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751
p. 2567-2570
LETTRE écrite au sujet d'une nouvelle Edition des Romans de Mlle de Scudery.
Début :
J'apprends, Messieurs, qu'on réimprie les grands et fameux Romans de [...]
Mots clefs :
Nouvelle édition, Mademoiselle de Scudéry, Romans, Femmes illustres, Académie des Belles-Lettres
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite au sujet d'une nouvelle Edition des Romans de Mlle de Scudery.
LETTRE écrite au sujet d'une nouvelle
Edition des Romans de Mlle de Scudery.
J'Apprends me ,Messieurs et fameux, qu'on Romans réimpri- de
Mlle de Scudery ; tous les amateurs de la
politesse et de la galanterie héroïque s'en
réjouissent.
Comme j'ignore le nom de l'Imprimeur
qui entreprend cette Edition, je m'adresse à vous , pour lui faire sçavoir dans votre Journal , que presque toutes les descriptions de Palais et de pays qui sont
dans ses Ouvrages n'ont d'imaginaire que
les noms : cette illustre fille dont le cœur
étoit encore , s'il se peut, superieur à l'esprit , toujours occupée de ses amis et des
Lieux qu'ils aimoient , se plaisoit à les célébrer. Toutes ses descriptions ont un fondement veritable , représentant quelqu'une des jolies Maisons de campagne des environs de Paris ; elle y joint ordinairement le Portrait pris aussi d'après nature
du Maître de la maison ; tous ses amis
étoient d'un mérite rare ; ce qu'il y a eu
de gens fameux dans son siécle , soit à la
Cour , soit dans les Lettres , se sont fait
I. Vol. /C . un
2568 MERCURE DE FRANCE
un honneur d'être en liaison avec elle; de
son tems , les talens étoient infiniment réverés , je le remarque à la honte de celuici. Il seroit également curieux et interes-
"sant pour le Public de reconnoître tant de
Portraits faits par cette habile main , et
d'apprendre ce qui a caracterisé ce nombre infini de gens celébres qui ont illustré le Régne de Louis XIV. L'Imprimeur
rajeuniroit extrêmement ses anciens Romans , s'il donnoit la clef des Portraits et
des Descriptions. Ce qui ne paroît qu'une
fiction deviendroit un morceau précieux
pour la Litterature , et très- chér aux descendans des grands hommes qu'elle a représentez ceux qui possedent à présent
Jes Maisons qu'elle a décrites , et où elle
n'a souvent ajoûté que les ornemens pompeux , des colomnes de marbre ou de jaspe, verroient aussi avec joye leurs Maisons immortalisées ; les habitans des pays
qu'elle a peints y prendroient part ; parlà , l'ouvrage seroit plus universellement
recherché , et le Public qui ignore souvent les beautez les plus proches de lui
apprendroit par ces Notes à connoître
les dons que la Nature et l'Art ont répandus dans tous les environs de Paris.
La difficulté de trouver des gens assez
instruits de ces Anecdotes , pour fournir I. Vol. la
DECEMBRE. 1732 2569.
la clef que je propose , arrêtera peut-être
l'Imprimeur ; mais il doit , en déclarant
son nom et sa demeure dans le Mercure,
demander des secours à ceux qui sont en
état de lui en donner; si je n'étois pas
en Province je lui en procurerois , je lui
indique toûjours dans Paris M. de Cham
bord de l'Académie des Belles- Lettres ,
que je sçais qui travaille à l'Histoire des
Femmes illustres dans les Lettres , et qui
á été ami particulier de Mlle de Scudery;
M. l'Abbé Boquillon , attaché à elle par
des sentimens qui lui ont fait entreprendre l'Histoire de cette celebre Fille , Ouvrage que la délicatesse de son stile peut "
rendre aussi agréable que la matiere en
est interessante , et que le Public désire
avecempressement depuis trop long tems.
On peut tirer aussi de grandes lumieres de Me l'Heritier , à qui nous devons
l'ingénieuse apothéose de Mlle de Scudery,
Ouvrage très-applaudi , et qu'il seroit
fort convenable de réimprimer à l'occasion de la nouvelle Edition de ses Romans.
On se plaint depuis long- temps de
la négligence avec laquelle la plupart des
Imprimeurs François servent le Public ,
ils ne sçavent presque jamais consulter
les Gens de Lettres et n'ont nul soin d'en普
I. Vol. richir C ij
2570 MERCURE DE FRANCE
richir leurs Editions de ce qui peut les
rendre précieuses ; cette négligence est
absolument contre leur interêt : Les Etrangers , soit par amour pour les Lettres , soit
par une politique mieux entenduë , l'emportent de beaucoup sur nous à cet égard.
Je suis , &c.
Le 15. Novembre 1732.
Edition des Romans de Mlle de Scudery.
J'Apprends me ,Messieurs et fameux, qu'on Romans réimpri- de
Mlle de Scudery ; tous les amateurs de la
politesse et de la galanterie héroïque s'en
réjouissent.
Comme j'ignore le nom de l'Imprimeur
qui entreprend cette Edition, je m'adresse à vous , pour lui faire sçavoir dans votre Journal , que presque toutes les descriptions de Palais et de pays qui sont
dans ses Ouvrages n'ont d'imaginaire que
les noms : cette illustre fille dont le cœur
étoit encore , s'il se peut, superieur à l'esprit , toujours occupée de ses amis et des
Lieux qu'ils aimoient , se plaisoit à les célébrer. Toutes ses descriptions ont un fondement veritable , représentant quelqu'une des jolies Maisons de campagne des environs de Paris ; elle y joint ordinairement le Portrait pris aussi d'après nature
du Maître de la maison ; tous ses amis
étoient d'un mérite rare ; ce qu'il y a eu
de gens fameux dans son siécle , soit à la
Cour , soit dans les Lettres , se sont fait
I. Vol. /C . un
2568 MERCURE DE FRANCE
un honneur d'être en liaison avec elle; de
son tems , les talens étoient infiniment réverés , je le remarque à la honte de celuici. Il seroit également curieux et interes-
"sant pour le Public de reconnoître tant de
Portraits faits par cette habile main , et
d'apprendre ce qui a caracterisé ce nombre infini de gens celébres qui ont illustré le Régne de Louis XIV. L'Imprimeur
rajeuniroit extrêmement ses anciens Romans , s'il donnoit la clef des Portraits et
des Descriptions. Ce qui ne paroît qu'une
fiction deviendroit un morceau précieux
pour la Litterature , et très- chér aux descendans des grands hommes qu'elle a représentez ceux qui possedent à présent
Jes Maisons qu'elle a décrites , et où elle
n'a souvent ajoûté que les ornemens pompeux , des colomnes de marbre ou de jaspe, verroient aussi avec joye leurs Maisons immortalisées ; les habitans des pays
qu'elle a peints y prendroient part ; parlà , l'ouvrage seroit plus universellement
recherché , et le Public qui ignore souvent les beautez les plus proches de lui
apprendroit par ces Notes à connoître
les dons que la Nature et l'Art ont répandus dans tous les environs de Paris.
La difficulté de trouver des gens assez
instruits de ces Anecdotes , pour fournir I. Vol. la
DECEMBRE. 1732 2569.
la clef que je propose , arrêtera peut-être
l'Imprimeur ; mais il doit , en déclarant
son nom et sa demeure dans le Mercure,
demander des secours à ceux qui sont en
état de lui en donner; si je n'étois pas
en Province je lui en procurerois , je lui
indique toûjours dans Paris M. de Cham
bord de l'Académie des Belles- Lettres ,
que je sçais qui travaille à l'Histoire des
Femmes illustres dans les Lettres , et qui
á été ami particulier de Mlle de Scudery;
M. l'Abbé Boquillon , attaché à elle par
des sentimens qui lui ont fait entreprendre l'Histoire de cette celebre Fille , Ouvrage que la délicatesse de son stile peut "
rendre aussi agréable que la matiere en
est interessante , et que le Public désire
avecempressement depuis trop long tems.
On peut tirer aussi de grandes lumieres de Me l'Heritier , à qui nous devons
l'ingénieuse apothéose de Mlle de Scudery,
Ouvrage très-applaudi , et qu'il seroit
fort convenable de réimprimer à l'occasion de la nouvelle Edition de ses Romans.
On se plaint depuis long- temps de
la négligence avec laquelle la plupart des
Imprimeurs François servent le Public ,
ils ne sçavent presque jamais consulter
les Gens de Lettres et n'ont nul soin d'en普
I. Vol. richir C ij
2570 MERCURE DE FRANCE
richir leurs Editions de ce qui peut les
rendre précieuses ; cette négligence est
absolument contre leur interêt : Les Etrangers , soit par amour pour les Lettres , soit
par une politique mieux entenduë , l'emportent de beaucoup sur nous à cet égard.
Je suis , &c.
Le 15. Novembre 1732.
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Résumé : LETTRE écrite au sujet d'une nouvelle Edition des Romans de Mlle de Scudery.
La lettre discute de la réimpression des romans de Mlle de Scudéry et de l'intérêt qu'elle suscite. L'auteur, ignorant le nom de l'imprimeur, se tourne vers le journal pour transmettre des informations essentielles. Les descriptions de palais et de pays dans les œuvres de Mlle de Scudéry sont inspirées de lieux réels, souvent des maisons de campagne autour de Paris, et les portraits des maîtres de ces maisons sont basés sur des personnes réelles. Les amis de Mlle de Scudéry étaient des figures célèbres de son époque, tant à la cour qu'en littérature. L'auteur propose que l'imprimeur enrichisse l'édition en fournissant une clé pour identifier les portraits et les descriptions, ce qui rendrait l'ouvrage précieux pour la littérature et les descendants des grands hommes représentés. Cela permettrait également aux propriétaires actuels des maisons décrites de voir leurs biens immortalisés. L'auteur mentionne la difficulté de trouver des personnes suffisamment instruites pour fournir ces informations et recommande plusieurs individus à Paris, comme M. de Chambord et l'Abbé Boquillon, pour aider l'imprimeur. La lettre critique également la négligence des imprimeurs français, qui ne consultent pas assez les gens de lettres pour enrichir leurs éditions, contrairement aux étrangers.
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752
p. 2580-2581
« Estre Auteur et sensé, fut toûjours difficile; [...] »
Début :
Estre Auteur et sensé, fut toûjours difficile; [...]
Mots clefs :
Goût, Amour, Public, Génie
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texteReconnaissance textuelle : « Estre Auteur et sensé, fut toûjours difficile; [...] »
Estre Auteur et sensé , fut toûjours difficile ;
Tel est le préjugé de la Cour , de la Ville :
Préjugé contre moi peut être de saison ;
Ai-je dans mon Ouvrage écouté la raison ?
Je l'ignore. Au Public ambitieux de plaire ,
( L'amour propre enfanta ce projet témeraire )
Des faux Sçavans du temps je trace les Portraits :
Mais qui déciderà si j'ai saisi leurs traits ?
I. Vol. Comé-
DECEMBRE. 1732. 2581
Comédiens en Corps , duppes des apparences ,
Rarement le Public confirme vos Sentences.
Par envie , ou par air, Savans , vous blâmez tout
Grand Monde délicat qui possedez le goût ,
Vous êtes trop poli pour être bien sincere.
Quel parti puis-je prendre ? O Ciel ! que dois- je faire ? ....
Quel Génie à l'instant se présente à mes yeux !
Vole à Sceaux , me dit-il , on rassemble en ces
Lieux
Esprit , talent , bonté , sincerité Romaine ,
Amour des Arts, sçavoir , goût épuré d'Athéne ;
A cette Cour choisie expose tes Ecrits ,
Une Muse y préside , on t'y dira leur prix
Tel est le préjugé de la Cour , de la Ville :
Préjugé contre moi peut être de saison ;
Ai-je dans mon Ouvrage écouté la raison ?
Je l'ignore. Au Public ambitieux de plaire ,
( L'amour propre enfanta ce projet témeraire )
Des faux Sçavans du temps je trace les Portraits :
Mais qui déciderà si j'ai saisi leurs traits ?
I. Vol. Comé-
DECEMBRE. 1732. 2581
Comédiens en Corps , duppes des apparences ,
Rarement le Public confirme vos Sentences.
Par envie , ou par air, Savans , vous blâmez tout
Grand Monde délicat qui possedez le goût ,
Vous êtes trop poli pour être bien sincere.
Quel parti puis-je prendre ? O Ciel ! que dois- je faire ? ....
Quel Génie à l'instant se présente à mes yeux !
Vole à Sceaux , me dit-il , on rassemble en ces
Lieux
Esprit , talent , bonté , sincerité Romaine ,
Amour des Arts, sçavoir , goût épuré d'Athéne ;
A cette Cour choisie expose tes Ecrits ,
Une Muse y préside , on t'y dira leur prix
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Résumé : « Estre Auteur et sensé, fut toûjours difficile; [...] »
En décembre 1732, un auteur évoque les défis de la création et de la réception de son œuvre, marquée par des préjugés à la cour et en ville. Il souhaite peindre les portraits des faux savants et des comédiens, critiqués pour leur manque de sincérité. Un génie lui conseille de se rendre à Sceaux, où il trouvera des esprits éclairés et pourra exposer ses écrits.
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753
p. 2594-2597
A MADLLE de Malcrais de la Vigne du Croisic en Bretagne.
Début :
D'un maritime Port l'ornement et la gloire, [...]
Mots clefs :
Gloire, Tribunaux, Travaux, Art, Débats, Verve poétique, Voltaire, Houdard
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texteReconnaissance textuelle : A MADLLE de Malcrais de la Vigne du Croisic en Bretagne.
'A MADILE de Malcrais de la Vigne
du Croisic en Bretagne.
D'Unmaritime Port l'ornement et la gloire ,
Aimable et sçavante Malcrais ,
Souffre qu'un Habitant des Rives de la Loire
Te témoigne la part qu'il prend à tes succès.
Nantes d'un œil de complaisance
Alieu de regarder le fruit de tes travaux ;
Le séjour où tu pris naissance ,
Est soumis à ses Tribunaux.
Que dis-je , il t'en souvient , vingt fois notre
Rivage,
Entendit I, Vol.
DECEMBRE. 1732. 2599
Entendit de tes Vers les sons harmonieux ,
Et tu fis dans nos Murs le noble apprentissage ,
De cet Art si cheri des hommes et des Dieux.
O que j'aime à te voir , en Bergere affligée ,
Du départ d'un Amant en bute aux flots amers
Confier la douleur où ton ame est plongée ,
Aux rapides Oiseaux qui traversent les Mers !
Que des constantes Tourterelles ,
Tu peins bien les tendres amours ,
Et que par ce portrait de leurs ardeurs fidelles ,
Tu dois faire rougir les Amans de nos jours !
Qui peut sans répandre des larmes ,
Qui peut sans frissonner d'horreur,
Ecouter le récit des cruelles allarmes ,
Dont la mort de ton Pere avoit saisi ton cœur j
Corisque , Ménalis , quelle délicatesse ,
Respirent vos jaloux débats !
Oui , d'une paisible tendresse
Yos soupçons , vos dépits surpassent les appas,
Poursuis, Malcrais, poursuis; désabuse la Seine,
Quidans son préjugé contre certains Cantons ,
S'imagine que l'Hipocrêne,
I. Vol.
Diij Dé-
2596 MERCURE DE FRANCE
Dédaigne d'arroser ceux que nous habitons.
Force-la d'avouer que la terre Armorique.
Connoît Phébus et les neuf Sœurs ,
Et que la Verve Poëtique ,
fait sentir aussi ses divines fureurs.
Mais quoi ! sans être si tardive ,
Elle a déja rendu justice à tes accords ,
Et la Marne, comme elle , à tes sons attentive ,
En a fait éclater ses éloquents transports.
Houdart tout prêt d'entrer dans la fatale Barque
Charmé de tes talens divers ,
Voulut t'en donner une marque ,
En vantant à la fois et ta Prose et tes Versi
Voltaire, le fameux Voltaire ,
Enchanté comme lui de tes doctes Ecrits ,
Vient d'apprendre à toute la Terre,
Combien il en sent tout le prix.
C'est donc & honte extrême ! à ta seule Patrie ,
Qu'on peut à juste droit reprocher aujourdhui ,
De ne sçavoir pas rendre à ton rare génie ,
L'honneur qu'elle reçoit de lui,
1. Vol
DECEMBRE. 1732. 2597
Et moi, que ta belle ame honore ,
Du précieux dépôt de tous tes sentimens ,
Je suis bien plus coupable encore ,
D'avoir tant balancé pour t'offrir mon encens!
Pardonne , illustre Amie , Apollon m'est avare ,
Des faveurs que sans cesse il verse dans ton sein :
Heureux que ma verve bizarre ,
Ait du moins en ce jour secondé mon dessein.
Chevaye , Auditeur à la Chambre des
Comptes de Bretagne.
du Croisic en Bretagne.
D'Unmaritime Port l'ornement et la gloire ,
Aimable et sçavante Malcrais ,
Souffre qu'un Habitant des Rives de la Loire
Te témoigne la part qu'il prend à tes succès.
Nantes d'un œil de complaisance
Alieu de regarder le fruit de tes travaux ;
Le séjour où tu pris naissance ,
Est soumis à ses Tribunaux.
Que dis-je , il t'en souvient , vingt fois notre
Rivage,
Entendit I, Vol.
DECEMBRE. 1732. 2599
Entendit de tes Vers les sons harmonieux ,
Et tu fis dans nos Murs le noble apprentissage ,
De cet Art si cheri des hommes et des Dieux.
O que j'aime à te voir , en Bergere affligée ,
Du départ d'un Amant en bute aux flots amers
Confier la douleur où ton ame est plongée ,
Aux rapides Oiseaux qui traversent les Mers !
Que des constantes Tourterelles ,
Tu peins bien les tendres amours ,
Et que par ce portrait de leurs ardeurs fidelles ,
Tu dois faire rougir les Amans de nos jours !
Qui peut sans répandre des larmes ,
Qui peut sans frissonner d'horreur,
Ecouter le récit des cruelles allarmes ,
Dont la mort de ton Pere avoit saisi ton cœur j
Corisque , Ménalis , quelle délicatesse ,
Respirent vos jaloux débats !
Oui , d'une paisible tendresse
Yos soupçons , vos dépits surpassent les appas,
Poursuis, Malcrais, poursuis; désabuse la Seine,
Quidans son préjugé contre certains Cantons ,
S'imagine que l'Hipocrêne,
I. Vol.
Diij Dé-
2596 MERCURE DE FRANCE
Dédaigne d'arroser ceux que nous habitons.
Force-la d'avouer que la terre Armorique.
Connoît Phébus et les neuf Sœurs ,
Et que la Verve Poëtique ,
fait sentir aussi ses divines fureurs.
Mais quoi ! sans être si tardive ,
Elle a déja rendu justice à tes accords ,
Et la Marne, comme elle , à tes sons attentive ,
En a fait éclater ses éloquents transports.
Houdart tout prêt d'entrer dans la fatale Barque
Charmé de tes talens divers ,
Voulut t'en donner une marque ,
En vantant à la fois et ta Prose et tes Versi
Voltaire, le fameux Voltaire ,
Enchanté comme lui de tes doctes Ecrits ,
Vient d'apprendre à toute la Terre,
Combien il en sent tout le prix.
C'est donc & honte extrême ! à ta seule Patrie ,
Qu'on peut à juste droit reprocher aujourdhui ,
De ne sçavoir pas rendre à ton rare génie ,
L'honneur qu'elle reçoit de lui,
1. Vol
DECEMBRE. 1732. 2597
Et moi, que ta belle ame honore ,
Du précieux dépôt de tous tes sentimens ,
Je suis bien plus coupable encore ,
D'avoir tant balancé pour t'offrir mon encens!
Pardonne , illustre Amie , Apollon m'est avare ,
Des faveurs que sans cesse il verse dans ton sein :
Heureux que ma verve bizarre ,
Ait du moins en ce jour secondé mon dessein.
Chevaye , Auditeur à la Chambre des
Comptes de Bretagne.
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Résumé : A MADLLE de Malcrais de la Vigne du Croisic en Bretagne.
Le poème est dédié à Madame de Malcrais de la Vigne du Croisic en Bretagne. L'auteur, habitant des rives de la Loire, exprime son admiration pour les succès littéraires de Madame de Malcrais. Bien que Nantes ne puisse revendiquer sa naissance, la ville a entendu ses vers harmonieux et a vu son apprentissage de la poésie. Le poème mentionne des œuvres spécifiques de Madame de Malcrais, telles que des poèmes sur la douleur d'une bergère affligée par le départ d'un amant et sur la mort de son père. L'auteur loue sa délicatesse et son talent poétique, comparant ses écrits à ceux inspirés par les Muses. Voltaire a également reconnu la valeur de ses écrits. Le poème critique la patrie de Madame de Malcrais, qui ne lui rend pas justice, et l'auteur s'excuse pour avoir tardé à lui rendre hommage. L'auteur se présente comme Chevaye, Auditeur à la Chambre des Comptes de Bretagne.
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754
p. 2605-2612
EPITRE A M. Aroüet de Voltaire, par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, pour le remercier du présent qu'il lui a fait de son Histoire de Charles XII. de sa Henriade et du Recueil de quelques-unes de ses Tragédies.
Début :
Tes deux Héros, Voltaire, enfin sont arrivez; [...]
Mots clefs :
Voltaire, Henriade, Charles XII, Tragédies, Tasse, Politesse, Plume, Gloire, Amitiés
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE A M. Aroüet de Voltaire, par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, pour le remercier du présent qu'il lui a fait de son Histoire de Charles XII. de sa Henriade et du Recueil de quelques-unes de ses Tragédies.
EPITRE
A M. Aronet de Voltaire , par MH de
Malcrais de la Vigne , du Croisic en
Bretagne , pour le remercier du présent
qu'il lui afait de son Histoire de Ĉharles
XII. de sa Henriade et du Recueil de
quelques-unes de ses Tragédies.
TEs deux Héros , Voltaire, enfin sont arrivez;
Bonjour, leur ai-je dit , couple de Rois celebres,
Conquerans dont les noms , de l'horreur des te
nebres ,
Ont été par Voltaire à jamais préservez.
Vous êtes- vous bien conservez ,
Pendant la longueur du voyage ?
Auriez-vous essuyé d'un insolent orage,
Les brusques incommoditez ?
1. Vel
2606 MERCURE DE FRANCE
Non, vos habits brillans (a) n'ont point été gatez.
Votre Redingote luisante ,
Faite d'une toile glissante , (b)
Des torrens pluvieux vous a très-bien gardez ;
Mais combien avez- vous ŝuspendu mon attente ♣
Combien mes plaisirs retardez ,
Ont-ils fait murmurer mon ame impatiente !
Trois fois dix jours , bon Dieu ! pour venir de Paris
AuPays des Bretons ! votre marche est trop lente:
Où si je l'ai bien compris ,
Il faut que vous ayez pris
La route des Pirenéés ;
Autrement sans m'étonner ,
Je ne puis m'imaginer ,
Qu'à si petites journées,
Guerrier veuille cheminer.
Cependant Charles douzième , (c)
S'offre à mes regards contens ,
Mars autant que Mars lui- même ,
Terrible , armé jusqu'aux dents ,
Comme sil alloit se battre.
Quel air d'intrépidité ?
Il est encor tout botté.
(a) Ces Livres étoient couverts de papier marbré.
(b) Ils étoient enveloppez dans une toile cirée.
(c) Allusion à l'Estampe qui est en tête de l'His- toire de Charles XII
1. Vol.
Ni
DECEMBRE. 1732. 260%
Ni Charles ni , Henry quatre,
N'étoient de minces Héros ,
Enervés dans le repos ,
Qui craignent la pleuresie .
Et n'épargnent leurs Chevaux ,
Que pour épargner leur vie.
Après avoir attendu pendant un grand
mois , j'ai reçû , Monsieur , le présent dont vous m'avez honorée. Vous avez
ajoûté à Charles XII. et à la Henriade
que vous me promettiez dans le Mercure de Septembre , Oedipe , Mariamne
et Brutus. Cette genereuse politesse m'a
surprise agréablement , je n'avois vû jusqu'à ce jour votre Brutus que par Extrait ; et qu'est-ce qu'un Extrait quand la Piece est toute belle ? cela ne sert
qu'à mettre le Lecteur en appétit , j'étois
comme celle à qui l'on fait sentir une
Orange, qu'on lui ôte aussi-tôt de dessous le nez , afin qu'il ne lui en demeure
que l'odeur. La paresse du Messager m'a
fort impatientée , et le feu Pere du Cerceau n'a jamais murmuré davantage contre le Messager du Mans. Vous ne sçau-
- riez croire combien vos Vers et votre présent m'ont rendue glorieuse.Vedendo dono
cosi gentile, non resto nel mio cuore dramma,
cba 1. Vol.
2608 MERCURE DE FRANCE
che non fosse od amista , è fiamma. Personne ne me vient voir que je n'en fasse
parade à ses yeux 3 enfin je ne me troquerois pas aujourd'hui pour une autre.
Que quelqu'un désormais me dise ,
Que mon Pegase va le trot ,
Que mon Phébus parle ostrogot ,
Et que mes Vers sont Marchandise ,
Avendre un sou marqué le lot ;
Je répondrai tout aussi-tôt ,
Esprit fait dans un méchant moule,
Demandez à Voltaire , à ce fameux Auteur ;
Il sçait comment ma veine coule ,
Et si mes Vers sont sans valeur ;
Marchand d'oignon se connoît en ciboule.
Comme je prise infiniment tout ce qui
sort de votre plume , et que je serois fachée de perdre de vos Ouvrages , jusqu'à
la moindre ligne ; je me suis chagrinée
quand j'ai vu qu'à la fin du volume de la
Henriade , il manquoit quelques feüillets à la vie du Tasse, de cet homme divin
avec qui vous partagez tout mon cœur.
Mais à cheval donné regarde- t- on la bride ♪
Ce mot m'est échappé , Voltaire , ami, par don ,
C'est le Proverbe qui me guide
1. Vol.
DECEMBRE. 1732. 2609
A faire la comparaison
Qui convient mal au riche don ,
Dont en divers climats mon nom se glorifie
Exprimons-nous donc autrement ;
Supposons que d'un Diamant
Un humain libéral un autre gratifie ,
Se persuadera- t- on qu'il fut si délicat ,
Qu'à cause d'un petit éclat ,
Dont le défaut laissât la pierre moins finie
D'accepter le présent il fit cérémonie !
Je ne me suis nullement étonnée, quand
j'ai vû par la Piéce que vous m'adressez
que toutce qu'il y a de beau étoit du ressort de votre esprit. Vous vous êtes , pour
ainfi dire , signalé en tous genres , Historien du premier ordre , Poëte excellent
Epique , Tragique , Comique , &c. est- il
quelqu'illustre de l'Antiquité , dont vous
dussiez envier la gloire ? que n'avez- vous
point essayé ? et en quoi n'avez - vous
point réussi ? j'avouerai pourtant qu'il est
une exception , mais une touchante exception à faire à la plénitude de votre
contentement : quoi à trente- sept ans vous
Vous trouvez hors d'âge de pouvoir aimer ? vous avez donc été bien amoureux
à vingt , et comme un dépensier vous
avez mangé le fond et le revenu de bon
1. Vol. no
2610 MERCURE DE FRANCE
3
ne heure. Que la condition de certains
hommes est bizarre ! à dix neuf et vingt
ans vous faisiez des Vers à merveille , à
trente- sept vous vous en acquittez encore mieux. Helas ! et trente sept ans en
amour ne représentent que l'ombre , et
le fantôme de votre premiere et douce
réalité !
Votre expérience confirme
La verité de ce qu'on lit ,
Qu'esprit est prompt , mais qne chair est ing firme ,
D'ailleurs Ciceron nous a dit ,
Ce docte Ciceron , Professeur en sagesse ,
Que les plaisirs vifs et pressans
Où se laisse avec fougue emporter la jeug nesse >
La livrent par avance aux désirs impuissans
De la foible et triste vieillesse.
Je me trompe , Monsieur , et je dois
penser tout autrement fur votre compte.
Si vous quittez l'Amour , c'est que vous
avez découvert tout le faux de ses charmes , et penetré tout le vuide de ses
plaisirs. Votre sort bien loin d'être à
plaindre est digne d'envie , et vous n'en
êtes encore que plus estimable. Vous
avez fait les mêmes refléxions qu'Arioste
I.Vol. dans
'DECEMBRE: 1732: 2611
7
dans la premiere Stance du chant 24 de
Roland furieux.
Chi mette il piè sù l'amorosa pania ;
Cerchi ritrarlo , è non v'inveschi l'ale ;
Che non è in somma Amor, se non insania }
Al gindicio dè savii , universale.
C'est trop parler morale , chut , je vois
que toutes les oreilles ne s'y prêtent pas
de la même maniere. Je reviens à Charles XII. et à la Henriade dont je ne sçaurois me lasser de vous remercier , je vous
assure que quoique venus les derniers ils
feront au rang principal dans ma petite
Bibliotheque , et qu'avec vos Tragédies Ce seront mes Livres favoris.
Mais comme je les ai reçus ,
D'un Tafetas changeant légerement vétus
J'ai craint que le froid et la brume
Venans avec l'Hiver , afreux porteur de rhume
Ne les eussent incommodez.
C'est pourquoi proprement on a pris leur me
sure ,
Puis on a mis sur eux des habits sans cou
ture ,
D'or magnifiquement bordez ,
A qui le taferas a servi de doublure.
J'accepte avec joye l'amitié que vous
I. Vol. me
2612 MERCURE DE FRANCE
me promettez à la fin de votre Lettre.
Nous nous en sommes donné des preuves
réciproques que je crois aussi since es de
votre part qu'elles le sont de la mienne.
Les amitiez que le hazard fait naître sont
souvent de plus longue durée que les autres. Il ne tiendra point à moi que la
nôtre ne finisse jamais. Je voudrois avoir
quelque chose qui fut digne de vous être
envoyé en revanche de votre présent ;
mais c'est là souhaitter l'impossible.
Quel ch'io vi debbo , posso di parole
Pagare in parte , è d'opera d'inchiostro
Ne che pocho vi dia da imputar sono ,
Che quanto io posso , dar , tutto vi dono.
·
Vous voudrez bien que les sentimens
de mon cœur suppléent au reste. Je suis
avec toute la reconnoissance , toute l'amitié et tout le respect possible , Monsieur , votre très humble, &c.
A M. Aronet de Voltaire , par MH de
Malcrais de la Vigne , du Croisic en
Bretagne , pour le remercier du présent
qu'il lui afait de son Histoire de Ĉharles
XII. de sa Henriade et du Recueil de
quelques-unes de ses Tragédies.
TEs deux Héros , Voltaire, enfin sont arrivez;
Bonjour, leur ai-je dit , couple de Rois celebres,
Conquerans dont les noms , de l'horreur des te
nebres ,
Ont été par Voltaire à jamais préservez.
Vous êtes- vous bien conservez ,
Pendant la longueur du voyage ?
Auriez-vous essuyé d'un insolent orage,
Les brusques incommoditez ?
1. Vel
2606 MERCURE DE FRANCE
Non, vos habits brillans (a) n'ont point été gatez.
Votre Redingote luisante ,
Faite d'une toile glissante , (b)
Des torrens pluvieux vous a très-bien gardez ;
Mais combien avez- vous ŝuspendu mon attente ♣
Combien mes plaisirs retardez ,
Ont-ils fait murmurer mon ame impatiente !
Trois fois dix jours , bon Dieu ! pour venir de Paris
AuPays des Bretons ! votre marche est trop lente:
Où si je l'ai bien compris ,
Il faut que vous ayez pris
La route des Pirenéés ;
Autrement sans m'étonner ,
Je ne puis m'imaginer ,
Qu'à si petites journées,
Guerrier veuille cheminer.
Cependant Charles douzième , (c)
S'offre à mes regards contens ,
Mars autant que Mars lui- même ,
Terrible , armé jusqu'aux dents ,
Comme sil alloit se battre.
Quel air d'intrépidité ?
Il est encor tout botté.
(a) Ces Livres étoient couverts de papier marbré.
(b) Ils étoient enveloppez dans une toile cirée.
(c) Allusion à l'Estampe qui est en tête de l'His- toire de Charles XII
1. Vol.
Ni
DECEMBRE. 1732. 260%
Ni Charles ni , Henry quatre,
N'étoient de minces Héros ,
Enervés dans le repos ,
Qui craignent la pleuresie .
Et n'épargnent leurs Chevaux ,
Que pour épargner leur vie.
Après avoir attendu pendant un grand
mois , j'ai reçû , Monsieur , le présent dont vous m'avez honorée. Vous avez
ajoûté à Charles XII. et à la Henriade
que vous me promettiez dans le Mercure de Septembre , Oedipe , Mariamne
et Brutus. Cette genereuse politesse m'a
surprise agréablement , je n'avois vû jusqu'à ce jour votre Brutus que par Extrait ; et qu'est-ce qu'un Extrait quand la Piece est toute belle ? cela ne sert
qu'à mettre le Lecteur en appétit , j'étois
comme celle à qui l'on fait sentir une
Orange, qu'on lui ôte aussi-tôt de dessous le nez , afin qu'il ne lui en demeure
que l'odeur. La paresse du Messager m'a
fort impatientée , et le feu Pere du Cerceau n'a jamais murmuré davantage contre le Messager du Mans. Vous ne sçau-
- riez croire combien vos Vers et votre présent m'ont rendue glorieuse.Vedendo dono
cosi gentile, non resto nel mio cuore dramma,
cba 1. Vol.
2608 MERCURE DE FRANCE
che non fosse od amista , è fiamma. Personne ne me vient voir que je n'en fasse
parade à ses yeux 3 enfin je ne me troquerois pas aujourd'hui pour une autre.
Que quelqu'un désormais me dise ,
Que mon Pegase va le trot ,
Que mon Phébus parle ostrogot ,
Et que mes Vers sont Marchandise ,
Avendre un sou marqué le lot ;
Je répondrai tout aussi-tôt ,
Esprit fait dans un méchant moule,
Demandez à Voltaire , à ce fameux Auteur ;
Il sçait comment ma veine coule ,
Et si mes Vers sont sans valeur ;
Marchand d'oignon se connoît en ciboule.
Comme je prise infiniment tout ce qui
sort de votre plume , et que je serois fachée de perdre de vos Ouvrages , jusqu'à
la moindre ligne ; je me suis chagrinée
quand j'ai vu qu'à la fin du volume de la
Henriade , il manquoit quelques feüillets à la vie du Tasse, de cet homme divin
avec qui vous partagez tout mon cœur.
Mais à cheval donné regarde- t- on la bride ♪
Ce mot m'est échappé , Voltaire , ami, par don ,
C'est le Proverbe qui me guide
1. Vol.
DECEMBRE. 1732. 2609
A faire la comparaison
Qui convient mal au riche don ,
Dont en divers climats mon nom se glorifie
Exprimons-nous donc autrement ;
Supposons que d'un Diamant
Un humain libéral un autre gratifie ,
Se persuadera- t- on qu'il fut si délicat ,
Qu'à cause d'un petit éclat ,
Dont le défaut laissât la pierre moins finie
D'accepter le présent il fit cérémonie !
Je ne me suis nullement étonnée, quand
j'ai vû par la Piéce que vous m'adressez
que toutce qu'il y a de beau étoit du ressort de votre esprit. Vous vous êtes , pour
ainfi dire , signalé en tous genres , Historien du premier ordre , Poëte excellent
Epique , Tragique , Comique , &c. est- il
quelqu'illustre de l'Antiquité , dont vous
dussiez envier la gloire ? que n'avez- vous
point essayé ? et en quoi n'avez - vous
point réussi ? j'avouerai pourtant qu'il est
une exception , mais une touchante exception à faire à la plénitude de votre
contentement : quoi à trente- sept ans vous
Vous trouvez hors d'âge de pouvoir aimer ? vous avez donc été bien amoureux
à vingt , et comme un dépensier vous
avez mangé le fond et le revenu de bon
1. Vol. no
2610 MERCURE DE FRANCE
3
ne heure. Que la condition de certains
hommes est bizarre ! à dix neuf et vingt
ans vous faisiez des Vers à merveille , à
trente- sept vous vous en acquittez encore mieux. Helas ! et trente sept ans en
amour ne représentent que l'ombre , et
le fantôme de votre premiere et douce
réalité !
Votre expérience confirme
La verité de ce qu'on lit ,
Qu'esprit est prompt , mais qne chair est ing firme ,
D'ailleurs Ciceron nous a dit ,
Ce docte Ciceron , Professeur en sagesse ,
Que les plaisirs vifs et pressans
Où se laisse avec fougue emporter la jeug nesse >
La livrent par avance aux désirs impuissans
De la foible et triste vieillesse.
Je me trompe , Monsieur , et je dois
penser tout autrement fur votre compte.
Si vous quittez l'Amour , c'est que vous
avez découvert tout le faux de ses charmes , et penetré tout le vuide de ses
plaisirs. Votre sort bien loin d'être à
plaindre est digne d'envie , et vous n'en
êtes encore que plus estimable. Vous
avez fait les mêmes refléxions qu'Arioste
I.Vol. dans
'DECEMBRE: 1732: 2611
7
dans la premiere Stance du chant 24 de
Roland furieux.
Chi mette il piè sù l'amorosa pania ;
Cerchi ritrarlo , è non v'inveschi l'ale ;
Che non è in somma Amor, se non insania }
Al gindicio dè savii , universale.
C'est trop parler morale , chut , je vois
que toutes les oreilles ne s'y prêtent pas
de la même maniere. Je reviens à Charles XII. et à la Henriade dont je ne sçaurois me lasser de vous remercier , je vous
assure que quoique venus les derniers ils
feront au rang principal dans ma petite
Bibliotheque , et qu'avec vos Tragédies Ce seront mes Livres favoris.
Mais comme je les ai reçus ,
D'un Tafetas changeant légerement vétus
J'ai craint que le froid et la brume
Venans avec l'Hiver , afreux porteur de rhume
Ne les eussent incommodez.
C'est pourquoi proprement on a pris leur me
sure ,
Puis on a mis sur eux des habits sans cou
ture ,
D'or magnifiquement bordez ,
A qui le taferas a servi de doublure.
J'accepte avec joye l'amitié que vous
I. Vol. me
2612 MERCURE DE FRANCE
me promettez à la fin de votre Lettre.
Nous nous en sommes donné des preuves
réciproques que je crois aussi since es de
votre part qu'elles le sont de la mienne.
Les amitiez que le hazard fait naître sont
souvent de plus longue durée que les autres. Il ne tiendra point à moi que la
nôtre ne finisse jamais. Je voudrois avoir
quelque chose qui fut digne de vous être
envoyé en revanche de votre présent ;
mais c'est là souhaitter l'impossible.
Quel ch'io vi debbo , posso di parole
Pagare in parte , è d'opera d'inchiostro
Ne che pocho vi dia da imputar sono ,
Che quanto io posso , dar , tutto vi dono.
·
Vous voudrez bien que les sentimens
de mon cœur suppléent au reste. Je suis
avec toute la reconnoissance , toute l'amitié et tout le respect possible , Monsieur , votre très humble, &c.
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Résumé : EPITRE A M. Aroüet de Voltaire, par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, pour le remercier du présent qu'il lui a fait de son Histoire de Charles XII. de sa Henriade et du Recueil de quelques-unes de ses Tragédies.
L'épître est une lettre de remerciement écrite par MH de Malcrais de la Vigne à Voltaire. Elle exprime sa gratitude pour la réception de plusieurs ouvrages, notamment l'Histoire de Charles XII, la Henriade, et des tragédies telles que Œdipe, Mariamne et Brutus. L'auteur mentionne son impatience due au retard de la livraison des livres, qui ont été protégés par une toile cirée pendant leur voyage. L'auteur admire particulièrement les personnages de Charles XII et Henri IV, qu'elle décrit comme des héros intrépides. Elle loue la générosité de Voltaire et la qualité exceptionnelle de ses œuvres, qu'elle considère comme des chefs-d'œuvre en histoire et en poésie. Elle note une petite lacune dans le volume de la Henriade, mais cela n'altère en rien son admiration pour Voltaire. MH de Malcrais de la Vigne conclut en acceptant l'amitié de Voltaire et en exprimant son désir de lui offrir quelque chose en retour, bien qu'elle reconnaisse que cela soit impossible. Elle exprime sa gratitude et son admiration pour Voltaire, soulignant la valeur de ses contributions littéraires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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754
755
p. 2627-2634
Bibliotheque Germanique, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE GERMANIQUE, ou Histoire Litteraire d'Allemagne, de Suisse et [...]
Mots clefs :
Bibliothèque germanique, Histoire littéraire, Article, Société royale des sciences de Berlin, Inondation
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texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Germanique, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE GERMANIQUE , ou Histoire Litteraire d'Allemagne , de Suisse et
I- Vol, des
2628 MERCURE DE FRANCE
des Pays du Nord , année 1730. Tome
19 et 20. A Amsterdam , chez P. Humbert , 1730. in- 12 de plus de 550 pages
sans les Tables.
Le deuxième article de ce Volume regarde les Mémoires de la Societé Royale des
Sciences de Berlin. Troisiéme vol. in-4.
1727. avec fig.
Page 38. Il n'y a point de Ville en Allemagne , ni guére ailleurs , où l'on puis
se faire plus d'Observations Anatomiques
que dans le Théatre de l'Académie de
Berlin. Chaque année on y disséque jusqu'à soixante cadavres humains , sous la
démonstration de M. Buddéus , Docteur
en Médecine , Professeur en Anatomie
et Directeur de la Classe de Physique et
de Médecine.
ans ,
Pag. 39. Une femme âgée d'environ 20
étant devenuë furieuse , fut enfermée dans une prison , où elle mourut l'an
1726 ; étant ouverte , on remarqua dans
le cerveau quelques singularitez qu'on
ne jugea pas avoir causé la manie , non
plus que celles de la poitrine : mais l'ouverture du bas- ventre étonna. Outre que
les intestins pliés et entortillés , n'étoient
point dans leur place naturelle , l'ovaire
droit étoit aussi gros qu'un œufde poule pesoit un once , et au-dedans étoit
1. Vol.
plein
DECEMBRE. 1732. 2619
plein d'une touffe de poils , long de deux
pouces , crépus vers le milieu , et environnés d'une matiere semblable à du suif
mais séparée en petits grains. Ces poils ,
brulés à la chandelle, rendoient une mauvaise odeur comme les autres poils , ou
les ongles.
Page 40. M. Trisch , fait partau Public
d'un secret qu'il a appris de M. de HuneKen , Seigneur de Carpzow , et dont il a
lui- même vû les épreuves. Lorsque le
tronc des arbres a quelque chose qui choque les yeux , ou fait soupçonner quelque maladie , lorsque l'écorce d'un pomier ou d'un poirier est trop raboteuse ;
lorsque la résine coule d'un cerisier , ou
qu'il s'y forme de gros boutons , &c. pour
les rendre plus beaux , et en même tems
plus fertiles , il faut leur ôter entierement
toute l'écorce , depuis l'espece de couronne que forment les premieres branches
jusqu'à terre : ensorte que le bois blanc
de l'arbre soit égal et bien uni. Le tems
le plus propre est le Solstice d'Eté , ou
quand le suc de l'arbre coule plus abondamment , et il est aisé de le rendre égal
par tout , avec une plume d'oye. Mais
autant qu'on le peut, il faut le deffendre
contre la trop grande ardeur des rayons du Soleil , ou contre le sable que le vent
I. Vol.
Y
2630 MERCURE DE FRANCE
y peut pousser : soit en étendant des linges , ou en plantant des roseaux , ou de
quelqu'autre maniere.
Page 46. Mémoire de M. Scheuchzer
Docteur en Médecine , et Professeur en
Mathématique à Zurich , &c. L'hyver le
plus doux qu'on eut vû en Suisse depuis
long- tems , fut suivi d'une Eclipse totale
du Soleil , qui arriva le 22 Mai au soir
1724. et d'une inondation furieuse qui
survint deux jours après , avec des Tonneres extraordinaires. Pendant le fort de
l'Eclipse , on vit autour du Soleil un anneau , ou une couronne lumineuse , deux
fois plus large et plus claire que celle
qu'on remarqua durant l'Eclipse totale de
l'an 1706. et que les Astronomes attribuerent à l'Atmosphere de la Lune. M.
Scheuchzer étoit alors à Kusnac , où le
Soleil se coucha entierement éclipsé : mais
quand il fut sous l'horizon la clarté
revint , et les ténébres furent dissipées.
>
L'inondation fit de grands ravages à
l'Eglise et aux environs. Durant la tempête, le Tonnerre brûla le drap d'un Tailleur qui travailloit dans son poele , déchira l'habit qui lui couvroit la poitrine ;
lui arracha un soulier et le blessa en plusieurs endroits : les fenêtres furent détruiI. Vol.
tes
DECEMBR E. 1732. 263r
tes , sans que le plomb fut endommagé ;
ailleurs le plomb fut fondu , le verre demeurant entier en d'autres , les seules
verges de fer furent fsappées : il y eut un
Poele , dont toutes les fenêtres furent jettées sur le pavé , &c.
:
Page 48. Au mois d'Octobre mourut
un homme , qui un an auparavant avoit
perdu tout d'un coup les cheveux et la
barbe. Au bout d'un tems les cheveux
étoient revenus blancs , déliés comme de
la soye , et crépus comme la laine de
brebis: mais trois semaines avant sa mort,
ils reprirent leur couleur naturelle. En ce
tems là vivoit un autre homme à qui la
moitié de la barbe devint blanche après
avoir été touchée par une femme , qui à
cause de cela fut cruë sorciere : mais appliquée à la question , elle ne confessa
rien.
On trouve à la page 18 3. à l'article des
nouvelles de Schwabach , l'extrait d'une
Lettre de M. Baratier , au sujet des progrès de son fils, cet Enfant précoce, dont
il a été parlé dans le 17. de cette Bibliotheque , et dont nous avons aussi déja
parlé plusieurs fois nous mêmes. Voici
I'Extrait de cette Lettre.
Par la Grace de Dieu , la santé de mon
fils s'est bien fortifiée depuis deux ans ,
I.Vol. ct
2632 MERCURE DE FRANCE
•
et il continue à faire des progrès dans ses
Etudes , proportionnés à ceux qu'il a fait
ci- devant. Je n'entreprendrai pas de vous
en faire le récit , le tems ne me le permettant pas. Je dirai seulement en gros
que sa principale étude jusqu'à présent , a
été la Langue Hébraïque , dans laquelle
il a fait de tels progrès , qu'on peut dire
qu'il l'a presque épuisée ; je veux dire
qu'il se trouvera très-s - peu de mots ou de
passages , si rares ou si obscurs et énigmatiques qu'ils soyent , dont il ne puisse
rendre raison , dans tout le Canon Hebreu ou Chaldaïque de l'Ecriture Sainte.
Il sçait par cœur en Hebreu tous les Pseaumes, les Proverbes et le Livre de Job ,
outre le Recueil des Passages des autres
Livres de l'Ecriture - Sainte , tant Chaldaïques qu'Hebreux , dans les Biblia parva Henr. Optii. Il a écrit pour la seconde
fois un Dictionnaire Hebreu , où il a recüeilli tous les mots , ou rares , ou difficiles ou équivoques , qui se trouvent
dans l'Original de la Bible , où il allégue
en même-tems les Passages où ils se trouvent , sur lesquels il exerce sa petite critique. Il a copié le Livre dont je viens de
faire mention , en Hebreu , avec une Version de sa façon des Biblia parva. La
Critique et la Philologie Sacrée ont fait
,
I. Vol.
pen-
DECEMBRE. 1732. 2633
1
pendant quelque-tems ses délices. Outre
la Synopse de Polus qu'il consulte souvent , il a parcouru divers bons Auteurs
en ce genre d'Etude , tels que Buxtorfii
Synagoga , Hottingeri Thesaurus Phylologicus, Carpzovii critica Sacra , Leusden
Glassius , Bochart , Lightfoot , &c. qu'il n'a pas lûs à la verité tout entiers , surtout ces trois derniers , mais dont il a parcouru les Ouvrages à ses heures de ré-
· création , en s'arrêtant aux endroits qui
lui plaisoient. Présentement il se divertit
à l'Histoire et à la Géographie , tant ancienne que moderne : la lecture de la Geographie de Bochart lui a fait naître le
goût de cette Science , que je lui laisse
cultiver tout seul , comme il pourra , sans
m'en mêler. Il est d'une avidité extrême
et d'une curiosité insatiable pour toutes
sortes de Langues et de Sciences. Les idées
qu'il en puise dans les diverses lectures
qu'il fait , irritent de telle sorte sa curiosité , qu'il voudroit tout d'un coup embrasser l'Encyclopedie des Sciences. Mais
comme cela le distrait trop des Etudes
qui conviennent à son âge , et l'occuperoit trop prématurement , je suis obligé
de reprimer cette avidité , et de lui défendre sous peine des verges , de lire aucun Livre sans ma permission. Châtiment
I. Vol. qu'il
2634 MERCURE DE FRANCE
qu'il n'a pourtant encorejamais éprouvé ,
depuis cette fois , dont j'ai fait mention
dans mon Traité. Il possede de telle sorte les Racines Hebraïques , ou Chaldaïques , de l'Ecriture Sainte , qu'il peut dire ce que telle Racine signifie , en Arabe ,
en Ethiopien , en Syriaque , ou faire l'application de ces diverses significations
dans les passages où ces mots se rencontrent , pour leur donner diverses interprétations , ou pour juger des differentes
Versions ; en quoi il fait paroître un jugement et une étudition qui le feroient
souffrir dans une Conference , ou dans
une conversation de Sçavans avec lesquels aussi il prend beaucoup de plaisir de converser.
Page 186. M. J. Seb. Stedler , Professeur de Mathématique , &c. a observé
sur le grand hyver qu'il y a eu à la fin de 1728. et au commencement de 1729.
que près des maisons , et même dans des
endroits sabloneux , la terre a été gelée
jusqu'à quinze pouces de profondeur , et
que le froid a été dde trois degrez plus violent qu'en 1709.
I- Vol, des
2628 MERCURE DE FRANCE
des Pays du Nord , année 1730. Tome
19 et 20. A Amsterdam , chez P. Humbert , 1730. in- 12 de plus de 550 pages
sans les Tables.
Le deuxième article de ce Volume regarde les Mémoires de la Societé Royale des
Sciences de Berlin. Troisiéme vol. in-4.
1727. avec fig.
Page 38. Il n'y a point de Ville en Allemagne , ni guére ailleurs , où l'on puis
se faire plus d'Observations Anatomiques
que dans le Théatre de l'Académie de
Berlin. Chaque année on y disséque jusqu'à soixante cadavres humains , sous la
démonstration de M. Buddéus , Docteur
en Médecine , Professeur en Anatomie
et Directeur de la Classe de Physique et
de Médecine.
ans ,
Pag. 39. Une femme âgée d'environ 20
étant devenuë furieuse , fut enfermée dans une prison , où elle mourut l'an
1726 ; étant ouverte , on remarqua dans
le cerveau quelques singularitez qu'on
ne jugea pas avoir causé la manie , non
plus que celles de la poitrine : mais l'ouverture du bas- ventre étonna. Outre que
les intestins pliés et entortillés , n'étoient
point dans leur place naturelle , l'ovaire
droit étoit aussi gros qu'un œufde poule pesoit un once , et au-dedans étoit
1. Vol.
plein
DECEMBRE. 1732. 2619
plein d'une touffe de poils , long de deux
pouces , crépus vers le milieu , et environnés d'une matiere semblable à du suif
mais séparée en petits grains. Ces poils ,
brulés à la chandelle, rendoient une mauvaise odeur comme les autres poils , ou
les ongles.
Page 40. M. Trisch , fait partau Public
d'un secret qu'il a appris de M. de HuneKen , Seigneur de Carpzow , et dont il a
lui- même vû les épreuves. Lorsque le
tronc des arbres a quelque chose qui choque les yeux , ou fait soupçonner quelque maladie , lorsque l'écorce d'un pomier ou d'un poirier est trop raboteuse ;
lorsque la résine coule d'un cerisier , ou
qu'il s'y forme de gros boutons , &c. pour
les rendre plus beaux , et en même tems
plus fertiles , il faut leur ôter entierement
toute l'écorce , depuis l'espece de couronne que forment les premieres branches
jusqu'à terre : ensorte que le bois blanc
de l'arbre soit égal et bien uni. Le tems
le plus propre est le Solstice d'Eté , ou
quand le suc de l'arbre coule plus abondamment , et il est aisé de le rendre égal
par tout , avec une plume d'oye. Mais
autant qu'on le peut, il faut le deffendre
contre la trop grande ardeur des rayons du Soleil , ou contre le sable que le vent
I. Vol.
Y
2630 MERCURE DE FRANCE
y peut pousser : soit en étendant des linges , ou en plantant des roseaux , ou de
quelqu'autre maniere.
Page 46. Mémoire de M. Scheuchzer
Docteur en Médecine , et Professeur en
Mathématique à Zurich , &c. L'hyver le
plus doux qu'on eut vû en Suisse depuis
long- tems , fut suivi d'une Eclipse totale
du Soleil , qui arriva le 22 Mai au soir
1724. et d'une inondation furieuse qui
survint deux jours après , avec des Tonneres extraordinaires. Pendant le fort de
l'Eclipse , on vit autour du Soleil un anneau , ou une couronne lumineuse , deux
fois plus large et plus claire que celle
qu'on remarqua durant l'Eclipse totale de
l'an 1706. et que les Astronomes attribuerent à l'Atmosphere de la Lune. M.
Scheuchzer étoit alors à Kusnac , où le
Soleil se coucha entierement éclipsé : mais
quand il fut sous l'horizon la clarté
revint , et les ténébres furent dissipées.
>
L'inondation fit de grands ravages à
l'Eglise et aux environs. Durant la tempête, le Tonnerre brûla le drap d'un Tailleur qui travailloit dans son poele , déchira l'habit qui lui couvroit la poitrine ;
lui arracha un soulier et le blessa en plusieurs endroits : les fenêtres furent détruiI. Vol.
tes
DECEMBR E. 1732. 263r
tes , sans que le plomb fut endommagé ;
ailleurs le plomb fut fondu , le verre demeurant entier en d'autres , les seules
verges de fer furent fsappées : il y eut un
Poele , dont toutes les fenêtres furent jettées sur le pavé , &c.
:
Page 48. Au mois d'Octobre mourut
un homme , qui un an auparavant avoit
perdu tout d'un coup les cheveux et la
barbe. Au bout d'un tems les cheveux
étoient revenus blancs , déliés comme de
la soye , et crépus comme la laine de
brebis: mais trois semaines avant sa mort,
ils reprirent leur couleur naturelle. En ce
tems là vivoit un autre homme à qui la
moitié de la barbe devint blanche après
avoir été touchée par une femme , qui à
cause de cela fut cruë sorciere : mais appliquée à la question , elle ne confessa
rien.
On trouve à la page 18 3. à l'article des
nouvelles de Schwabach , l'extrait d'une
Lettre de M. Baratier , au sujet des progrès de son fils, cet Enfant précoce, dont
il a été parlé dans le 17. de cette Bibliotheque , et dont nous avons aussi déja
parlé plusieurs fois nous mêmes. Voici
I'Extrait de cette Lettre.
Par la Grace de Dieu , la santé de mon
fils s'est bien fortifiée depuis deux ans ,
I.Vol. ct
2632 MERCURE DE FRANCE
•
et il continue à faire des progrès dans ses
Etudes , proportionnés à ceux qu'il a fait
ci- devant. Je n'entreprendrai pas de vous
en faire le récit , le tems ne me le permettant pas. Je dirai seulement en gros
que sa principale étude jusqu'à présent , a
été la Langue Hébraïque , dans laquelle
il a fait de tels progrès , qu'on peut dire
qu'il l'a presque épuisée ; je veux dire
qu'il se trouvera très-s - peu de mots ou de
passages , si rares ou si obscurs et énigmatiques qu'ils soyent , dont il ne puisse
rendre raison , dans tout le Canon Hebreu ou Chaldaïque de l'Ecriture Sainte.
Il sçait par cœur en Hebreu tous les Pseaumes, les Proverbes et le Livre de Job ,
outre le Recueil des Passages des autres
Livres de l'Ecriture - Sainte , tant Chaldaïques qu'Hebreux , dans les Biblia parva Henr. Optii. Il a écrit pour la seconde
fois un Dictionnaire Hebreu , où il a recüeilli tous les mots , ou rares , ou difficiles ou équivoques , qui se trouvent
dans l'Original de la Bible , où il allégue
en même-tems les Passages où ils se trouvent , sur lesquels il exerce sa petite critique. Il a copié le Livre dont je viens de
faire mention , en Hebreu , avec une Version de sa façon des Biblia parva. La
Critique et la Philologie Sacrée ont fait
,
I. Vol.
pen-
DECEMBRE. 1732. 2633
1
pendant quelque-tems ses délices. Outre
la Synopse de Polus qu'il consulte souvent , il a parcouru divers bons Auteurs
en ce genre d'Etude , tels que Buxtorfii
Synagoga , Hottingeri Thesaurus Phylologicus, Carpzovii critica Sacra , Leusden
Glassius , Bochart , Lightfoot , &c. qu'il n'a pas lûs à la verité tout entiers , surtout ces trois derniers , mais dont il a parcouru les Ouvrages à ses heures de ré-
· création , en s'arrêtant aux endroits qui
lui plaisoient. Présentement il se divertit
à l'Histoire et à la Géographie , tant ancienne que moderne : la lecture de la Geographie de Bochart lui a fait naître le
goût de cette Science , que je lui laisse
cultiver tout seul , comme il pourra , sans
m'en mêler. Il est d'une avidité extrême
et d'une curiosité insatiable pour toutes
sortes de Langues et de Sciences. Les idées
qu'il en puise dans les diverses lectures
qu'il fait , irritent de telle sorte sa curiosité , qu'il voudroit tout d'un coup embrasser l'Encyclopedie des Sciences. Mais
comme cela le distrait trop des Etudes
qui conviennent à son âge , et l'occuperoit trop prématurement , je suis obligé
de reprimer cette avidité , et de lui défendre sous peine des verges , de lire aucun Livre sans ma permission. Châtiment
I. Vol. qu'il
2634 MERCURE DE FRANCE
qu'il n'a pourtant encorejamais éprouvé ,
depuis cette fois , dont j'ai fait mention
dans mon Traité. Il possede de telle sorte les Racines Hebraïques , ou Chaldaïques , de l'Ecriture Sainte , qu'il peut dire ce que telle Racine signifie , en Arabe ,
en Ethiopien , en Syriaque , ou faire l'application de ces diverses significations
dans les passages où ces mots se rencontrent , pour leur donner diverses interprétations , ou pour juger des differentes
Versions ; en quoi il fait paroître un jugement et une étudition qui le feroient
souffrir dans une Conference , ou dans
une conversation de Sçavans avec lesquels aussi il prend beaucoup de plaisir de converser.
Page 186. M. J. Seb. Stedler , Professeur de Mathématique , &c. a observé
sur le grand hyver qu'il y a eu à la fin de 1728. et au commencement de 1729.
que près des maisons , et même dans des
endroits sabloneux , la terre a été gelée
jusqu'à quinze pouces de profondeur , et
que le froid a été dde trois degrez plus violent qu'en 1709.
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Résumé : Bibliotheque Germanique, &c. [titre d'après la table]
Le texte est un extrait de la 'Bibliothèque Germanique' ou 'Histoire Littéraire d'Allemagne, de Suisse et des Pays du Nord' pour l'année 1730, publié à Amsterdam. Il présente divers articles et observations scientifiques et littéraires. Un article notable provient des Mémoires de la Société Royale des Sciences de Berlin, où des dissections anatomiques sont régulièrement effectuées. Par exemple, une femme de 20 ans, devenue furieuse et décédée en 1726, a révélé des anomalies dans ses organes internes, notamment des poils anormaux dans son ovaire droit. Un autre article, rédigé par M. Trisch, décrit une méthode pour soigner les arbres malades en enlevant leur écorce et en protégeant le bois exposé. M. Scheuchzer, professeur à Zurich, rapporte une éclipse totale du Soleil en 1724, suivie d'une inondation et de phénomènes météorologiques extrêmes. Il décrit également divers dommages causés par la foudre. Le texte mentionne également des cas médicaux inhabituels, comme un homme ayant perdu et récupéré ses cheveux, et une femme accusée de sorcellerie après avoir touché la barbe d'un homme. Enfin, une lettre de M. Baratier parle des progrès exceptionnels de son fils dans l'étude de la langue hébraïque et d'autres disciplines académiques. L'enfant maîtrise déjà de nombreux textes sacrés et montre une curiosité insatiable pour diverses sciences.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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756
p. 2648-2649
« La derniere Comédie que les Comédiens François joüerent à Fontainbleau [...] »
Début :
La derniere Comédie que les Comédiens François joüerent à Fontainbleau [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Théâtre, Palais de Bourbon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La derniere Comédie que les Comédiens François joüerent à Fontainbleau [...] »
A derniere Comédie que les Comédiens François joüerent à Fontainebleau , fat celle des Abderites , dont l'execution fut parfaite , ainsi que celle du
Balet , dans lequel les meilleurs Sujets
de l'Opera danserent. Vous avons parlé 3
1. Vol. de
DECEMBRE. 1732. 2649
de cette Piece en un Acte , dans le Mercure de Juillet , page 1652. au sujet d'une Représentation qui en fut donnée au
Palais de Bourbon.
Les mêmes Comédiens remirent au
Theatre sur la fin du mois dernier , la
Comédie de l'Important , de l'Abbé Bruys,
dont le sieur Quinault joue le principal
Rôle dans la grande perfection , et la
petite Dlle Dufresne , âgée de 5. à 6. ans ,
y joue un Rôle avec des graces , une
vivacité et une intelligence fort au- dessus
de son âge.
Nous parlerons dans le second Volume
du Mercure de ce mois , d'une nouvelle
Piece qu'on repete actuellement sur ce
Théatre , sous le titre du Complaisant.
La Tragédie de Cassius et Victor
Balet , dans lequel les meilleurs Sujets
de l'Opera danserent. Vous avons parlé 3
1. Vol. de
DECEMBRE. 1732. 2649
de cette Piece en un Acte , dans le Mercure de Juillet , page 1652. au sujet d'une Représentation qui en fut donnée au
Palais de Bourbon.
Les mêmes Comédiens remirent au
Theatre sur la fin du mois dernier , la
Comédie de l'Important , de l'Abbé Bruys,
dont le sieur Quinault joue le principal
Rôle dans la grande perfection , et la
petite Dlle Dufresne , âgée de 5. à 6. ans ,
y joue un Rôle avec des graces , une
vivacité et une intelligence fort au- dessus
de son âge.
Nous parlerons dans le second Volume
du Mercure de ce mois , d'une nouvelle
Piece qu'on repete actuellement sur ce
Théatre , sous le titre du Complaisant.
La Tragédie de Cassius et Victor
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Résumé : « La derniere Comédie que les Comédiens François joüerent à Fontainbleau [...] »
En décembre 1732, les comédiens français ont joué 'Les Abderites' et un ballet à Fontainebleau. La pièce 'L'Important' a été reprise fin novembre avec Quinault et Mlle Dufresne. Le Mercure annonce 'Le Complaisant' et mentionne 'Cassius et Victor'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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757
p. 2649-2659
Cassius et Victorinus, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
La Tragédie de Cassius et Victorinus n'ayant été représentée au Théatre françois [...]
Mots clefs :
Tragédie, Cassius et Victorinus, Théâtre-Français, Histoire ecclésiastique, Chrétiens, Épée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cassius et Victorinus, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
La Tragédie de Cassius et Victorinus
n'ayant été représentée au Théatre françois qu'une au deux fois tout au plus par
semaine , il ne nous a pas été possible de
retenir la disposition du Poëme , scene par
scene, c'est pourquoi nous n'en donnerons
pas un Extrait bien précis ; le nom de M
de la Grange doit suffire au Lecteur , pour
lui persuader que rien n'y a manqué du
côtéde ce qu'on appelle Théatral ; nous
n'avons guere d'Auteurs qui s'y connoissent mieux que M. de la Grange. Il a pris
I. Vol son F vj
2650 MERCURE DE FRANCE
son sujet , selon toutes les apparences, dans
Gregoire de Tours ; voici ce que cet Historien en dit : C'est dans ce lieu , c'est-à- dire à Clermont en Auvergne , que Cassius
et Victorinus , unis en Jesus- Christ par un
amour vraimentfraternel, ont gagné le Royaumedes Cieux auprix de leur sang car l'Antiquité rapporte que Victorinus fut esclave
d'un Grand- Prêtre des faux Dieux , &
qu'ayant souvent exercé ses persécutions dans
un bourg qu'on appelloit communément le
bourg des Chrétiens , il en trouva un qui
s'appelloit Cassius , qui l'amena à la foi
de Jesus Christ par ses prédications et par ses
miracles ; il en fut si touché que renonçant
au culte des Idoles , et consacré par le baptê- me il se donna tout entier à l'exercice de
toutes les vertus chrétiennes. Peu de tems après
ayant été tous deux associez à la palme du
Martyre, ils monterent ensemble au Royaume des Cieux.
&
2
·
M. Baillet ne dit rien là- dessus qui ne
s'accorde parfaitement à ce que nous venons de dire ; voici ses paroles : S. Cassi
et S. Victorin honorez à Clermont en Auvergne le 15 de Mai, avec 6266. Martyrs tuez
par des barbares idolâtres , venus d'au- delà
du Rhin. S. Prix , Evêque de Clermont au
VII. siécle aroit composé leurs. Actes , qui
sontperdus. Victorin servoit un Prêtre idoİ. Vol. Tatre a
DECEMBRE. 1732. * 2651
latre; mais par la fréquentation qu'il avoit
avec Cassi , il se convertit et fut martyrisé.
et celui de S. Cassi se gardoient
encore à Clermont au dixiéme siécie.
Son
corps
Voilà tout ce que l'Histoire Ecclésiastique a fourni à l'Auteur de la Tragédie en
question ; ce qu'on appelle la Fable étoit
en bonnes mains. M. de la Grange a ennobli les personnages dont il avoit besoin ;
Victorinus , de simple serviteur ou esclave
d'un Grand Prêtre , cft devenu Grand- Prê
tre lui- même , et Cassius à qui Gregoire de
Tours nedonne aucune qualité, que celle de
Prédicateur de l'Evangile, est tiré de l'obscurité ou peut être le Ciel l'avoit fait naî
tre , pour se voir Pere d'un Empereur
sans avoir été Empereur lui-même ; ce
Claudius que M. de la Grange lui donne pour fils ne peut être que celui qu'on
appelle Claude le Gothique ; pour Victorinus , il ne suffisoit pas pour accommoder l'action théatrale aux mœurs du tems,
d'en avoir fait un Grand - Prêtre , il falloit
lui donner une fille digne de la recherche
d'un Empereur ; cette fille s'appelle Justine , et c'est elle qui donne lieu au peu
d'amour qui regne dans cette Tragédie ;
on auroit mêmefouhaité qu'il n'y en cut
point eu du tout.
Le premier Acte est employé presque
I. Vol. tout
2652 MERCURE DE FRANCE
>
tout entier à en exposer le sujet. Justine,
fille de Victorinus Grand-Prêtre des
faux Dieux , ouvre la scene avec sa confidente , laquelle la félicite sur la nouvel→
le dignité de Claudius son Amant que
l'armée vient d'elever à l'Empire. La joie
de Justine est balancée par la crainte de
F'avenir , la clémence que Victorinus son
Pere exerce envers les Chrétiens la fait
trembler pour lui ; elle sçait que Claudius
est porté à les persecuter par un motif
qu'on apprend dans la suite de la Piece ;
son Pere , loin de calmer ses allarmes ,
les redouble ; cependant il lui commande d'accepter la main qui la doit élever à
l'Empire ; quand même elle seroit teinte
du sang de celui qui lui a donné la vie.
Victorinus s'ouvre avec plus de liberté à
son confident : il lui dit qu'aussi-tôt qu'il
a appris la prochaine arrivée de l'Empereur , il a mis Gelas en lieu de seureté ;
ce Gelas qui passe pour son esclave , est
un Chrétien qui par un effet miraculeux
a sauvé sa fille Justine d'un monstre auquel elle étoit dévouée par les Oracles des Dieux. Son confident tâche de le rassurer en lui représentant que l'amour de
' Empereur pour sa fille , l'empêchera
bien de donner la mort à unChrétien qui
a sauvé sa Maîtresse.
I. Vol. L'arrivée
DECEMBRE. 1732. 2653
3.
L'arrivée deClaudius redouble la frayeur
de Victorinus ; ce Prince lui apprend
qu'en approchant de ce lieu, que l'Auteur
n'a pas designé aux spectateurs , il est entré dans des souterrains où des Chrétiens
célebroient leurs mysteres ; que ces victi
mes se sont jertées en foule au devant du
fer qui les attendoit ; qu'un seul de cette
troupe attendoit la mort sans la chercher,.
qu il n'a pû soutenir l'aspect de ce vénerable vieillard , sans un saisissement qui
Pa rendu immobile; qu'il a ordonné qu'on
l'épargnar's il se flatte que ce Chrétien
touch de sa clémence , pourra lui apprendre quels ont été les meurtriers de son
Pere , qui ayant disparu depuis quelques
années, sans qu'on en ait jamais oui parler,
avoit donné lieu de soupçonner que les
Chrétiens dont il étoit alors le plus ardent persécuteur , l'avoient assassiné. Le
portrait que Claudius fait de ce vieillard,
le lieu , et toutes les autres circonstances
ne laissent point douter Victorinus que
ce ne soit Gelas ; il demande grace pour
lui à l'Empereur , et pour le mieux exciter à la clémence , il lui dit que ce Chrétien a sauvé Justine d'une mort certaine;
Claudius attribue le respect et les sentimens de tendresse qu'il a conçus à l'asde ce Chrétien à une espece de pres- pect
>
I. Vola sentiment
2654 MERCURE DE FRANCE
sentiment qui lui a annoncé au fond du
cœur l'obligation qu'il lui avoit.
Le vieillard eft bientôt présenté à Claudius qui ne peut le revoir sans trouble ;
on verra dans peu que c'est un nouveau
pressentiment que la nature ajoute à celui
de la reconnoissance , et que ce premier
partoit de la même source. Gelas résiste
avec fermeté à la priere que Claudius lui
fait de renoncer au Christianisme , ou du
moins de le feindre , pour se dérober à la
fureur du peuple , des Prêtres et même de
l'armée. Claudius ajoute à cette priere le
motif qui le porte lui- même plus particu
liérement à persécuter ceux qu'il croit
avoir été les meurtriers de son Pere Cassius. Gelas après lui avoir dit que les Chrétiens sont incapables de pareils forfaits ,
lui annonce que son pere est encore vivant , qu'il est plus près de lui qu'il ne
pense , mais qu'il ne le connoîtra qu'après
qu'il lui aura fait donner la mort à luimême, par qui il apprend qu'il est encore
en vie. Cette espece d'Oracle prononcé
par une bouche si respectée , met Claudius dans une très - cruclle situation ; il ne
sçait à quoi se résoudre, et charge Victorinus,qui arrive , d'arracher le malheureux
à la mort.
Cette Scene entre Gelas et Victorinus
I. Vol.
DECEMBRE. 1732. 2655
'est une des plus interessantes de la Tragédie , et c'est pourtant celle qui a donné
plus de prise à la Critique ; nous allons
en exposer le fond pour mettre nos Lecteurs en état d'en juger. Dans la Scene
précédente les Spectateurs viennent d'apprendre que Cassius n'est pas mort , mais
ils ne s'attendent pas à le revoir revivre en la personne de Gelas même ; ce
même Gelas , qui ne s'est pas découvert
à son propre fils , se fait connoître à Victorinus pour ce même Cassius que Claudius croit avoir été assassiné par les Chrétiens , et qu'il vange par tout ce que sa
fureur lui peut inspirer de plus cruel
contre ces innocentes victimes. Ce Cassius
avoit été , comme nous l'avons déja dit
un des plus implacables persecuteurs des
Chrétiens ; il raconte à Victorinus comment il a été converti à la Foy ; cette
description est très-belle , l'Auteur n'a
pas crû en pouvoir choisir un modele
plus frappant que dans les Actes des
Apôtres , et les Spectateurs lui ont sçû
bon gré de l'avoir puisée dans une sour
ce si capable d'inspirer une sainte terreur.
Mais comme ce qui nous saisit le plus
dans un Ouvrage , nous paroît le plus
digne de nos reflexions , on examine cette
Scene avec plus de séverité que toutes
I. Vol. les
2656 MERCURE DE FRANCE
les autres ; on ne souffre qu'avec beau,
coup de peine qu'un pere , dont le fils est
prêt à devenir le parricide , ne se fasse
pas connoître à lui ; on pese le silence
avec le mo if, et le motif n'est pas toutà-fait satisfaisant. Le faux Gelas dit à
Victorinus qu'il a fait serment de ne se
faire connoître à P rsonne pour Cassius :
pourquoi, done,dit-on, découvre-t'il son
nom et sa condition à Victorinus ? Son
serment est-il moins violé et ne seroitil pas plus raisonnable qu'il eût juré de
ne se faire jamais connoître à son fils , de
peur que la tendresse paternelle ne le
trahît jusqu'au point de retomber dans
ses erreurs par une foiblesse dont il craindroit de ne pouvoir triompher ? ce motif auroit quelque lueur de vrai-semblan- ·
ce , et contribueroit un peu à faire excuser l'indiscretion du serment. Ce serment, ajoûte- t'on , seroit toûjours trèscondamnable , puisqu'il seroit fait contre
son propre fils , qui , par le silence de
son pere , perd la grace de la conversion
et par l'erreur dont ce même pere devient complice , est visiblement exposé à
devenir parricide : un pere , dit-on , est
obligé parmi les Chrétiens , à élever son
fils dans la seule Religion où il peut se
sauver , et celui- cy laisse le sien dans le
1. Vol.
Paganisme
DECEMBRE. 1732. 2657
Paganisme qui doit le perdre à jamais.
Voilà les plus fortes Critiques qu'on a
faites sur cette Tragédie ; achevons d'instruire le Lecteur de ce qui lui reste encore à sçavoir. Victorinus après quelques
objections très-sensées qu'il a faites à Cassius , lui promet le secret qu'il lui demande , d'autant plus qu'il s'y est déja
engagé par serment avant que de rien
apprend e. L'Auteur a même pris soin
de le faire jurer , non-seulement par les
Dieux des Payens , mais par le Dieu que
Cassius adore , et qu'il brule d'impatience
de connoître pour l'adorer à son tour.
Les Prêtres qui lui sont subordonnez sont
bien loin d'une si heureuse disposition
le fanatisme s'empare de leurs cœurs , jusqu'à refuser l'entrée de leur Temple à
leur Empereur, s'il ne leur livre le faux
Gelas ; le Peuple et l'Armée suivent un
exemple si pernicieux ; la désobeïssance
et la félonie regnent par tout ; Victorinus
déja à demi Chrétien , pour réprimer
cette insolence , tire une épée que Gelas
ayoit mis entre ses mains , comme un
gage assuré de la victoire ; le saint enchantement , s'il nous est permis de nous
expliquer ainsi , se trouve en deffaut
on lui arrache cette épée dont l'Auteur
a besoin pour un nouvel incident théa
I. Vol. tral
2658 MERCURE DE FRANCE
tral ; cette fatale épée est reconnuë pour
être la même dont Cassius étoit autrefois
armé. Claudius est confirmé par là dans
la croyance où il a toûjours été , que ce
sont les Chrétiens qui ont assassiné son
pere ; il accuse Victorinus d'avoir part à
ce meurtre, et ordonne qu'on l'aille chercher pour le punir de sa perfidie ; le faux
Gelas dit à Claudius que Victorinus est
innocent de ce meurtre, et lui déclare que
c'est lui-même qui a donné cette épée à
son ami ; Claudius irrité lui demande de
qui il la tenoit lui-même ; le faux Gelas lui
dit que c'est un secret qu'il ne sçauroit
Jui réveler. Claudius ne doutant plus.
que ce ne soit lui-même qui a tué son
pere , ordonne qu'on le mene à la mort ;
le faux Gelas reçoit cet Arrêt comme une
grace , et lui promet en reconnoissance
qu'il va bien-tôt reconnoître son pere ;
on emmene la victime ; Justine , dont
nous avons très-peu parlé , parce qu'elle'
est très- peu nécessaire à la Piece , vient
protester à Claudius qu'il n'y a plus d'amour ni d'hymen pour eux , si Victorinus
son pere , et Gelas , son libérateur , périssent. Claudius ne peut tenir contre cette
menace ; il ordonne qu'on aille révoquer
les ordres sanglans qu'il a donnez ; Justine y va elle-même , mais c'en est déja
I. Vol. fait ;
DECEMBRE. 1732. 2659
fait. Victorinus ayant rencontré Cassius
qu'on menoit au supplice , a voulu être le
compagnon de son martyre , sur l'assurance que Cassius lui a donnée que son
sang versé lui tiendroit lieu de Baptême.
Il s'est déclaré Chrétien , et a été soudain accablé d'une grêle de fleches.
Cassius a eu le même sort ; mais le Ciela permis qu'il lui reste encore assez de
vie pour venir se faire reconnoître à son
pere , et pour l'inviter à se faire Chrétien ; il lui prédit que bien- tôt un Empereur doit établir la Foy de Jesus- Christ,
et l'exhorte à mériter que ce choix le
regarde cependant Claudius n'est touché que du parricide dont il vient de
se soüiller et son pere expiré , il ne
songe qu'à empêcher Justine de se donner la mort , ou qu'à mourir avec elle.
ر
Cette Piece , au reste , est très - bien répresentée par la Dile Baron, et par les
sieurs Grandval , Sarrazin et le Grand ,
qui remplissent les principaux Rôles de
Justine , de Claudius , de Cassius et de
Victorinus.
n'ayant été représentée au Théatre françois qu'une au deux fois tout au plus par
semaine , il ne nous a pas été possible de
retenir la disposition du Poëme , scene par
scene, c'est pourquoi nous n'en donnerons
pas un Extrait bien précis ; le nom de M
de la Grange doit suffire au Lecteur , pour
lui persuader que rien n'y a manqué du
côtéde ce qu'on appelle Théatral ; nous
n'avons guere d'Auteurs qui s'y connoissent mieux que M. de la Grange. Il a pris
I. Vol son F vj
2650 MERCURE DE FRANCE
son sujet , selon toutes les apparences, dans
Gregoire de Tours ; voici ce que cet Historien en dit : C'est dans ce lieu , c'est-à- dire à Clermont en Auvergne , que Cassius
et Victorinus , unis en Jesus- Christ par un
amour vraimentfraternel, ont gagné le Royaumedes Cieux auprix de leur sang car l'Antiquité rapporte que Victorinus fut esclave
d'un Grand- Prêtre des faux Dieux , &
qu'ayant souvent exercé ses persécutions dans
un bourg qu'on appelloit communément le
bourg des Chrétiens , il en trouva un qui
s'appelloit Cassius , qui l'amena à la foi
de Jesus Christ par ses prédications et par ses
miracles ; il en fut si touché que renonçant
au culte des Idoles , et consacré par le baptê- me il se donna tout entier à l'exercice de
toutes les vertus chrétiennes. Peu de tems après
ayant été tous deux associez à la palme du
Martyre, ils monterent ensemble au Royaume des Cieux.
&
2
·
M. Baillet ne dit rien là- dessus qui ne
s'accorde parfaitement à ce que nous venons de dire ; voici ses paroles : S. Cassi
et S. Victorin honorez à Clermont en Auvergne le 15 de Mai, avec 6266. Martyrs tuez
par des barbares idolâtres , venus d'au- delà
du Rhin. S. Prix , Evêque de Clermont au
VII. siécle aroit composé leurs. Actes , qui
sontperdus. Victorin servoit un Prêtre idoİ. Vol. Tatre a
DECEMBRE. 1732. * 2651
latre; mais par la fréquentation qu'il avoit
avec Cassi , il se convertit et fut martyrisé.
et celui de S. Cassi se gardoient
encore à Clermont au dixiéme siécie.
Son
corps
Voilà tout ce que l'Histoire Ecclésiastique a fourni à l'Auteur de la Tragédie en
question ; ce qu'on appelle la Fable étoit
en bonnes mains. M. de la Grange a ennobli les personnages dont il avoit besoin ;
Victorinus , de simple serviteur ou esclave
d'un Grand Prêtre , cft devenu Grand- Prê
tre lui- même , et Cassius à qui Gregoire de
Tours nedonne aucune qualité, que celle de
Prédicateur de l'Evangile, est tiré de l'obscurité ou peut être le Ciel l'avoit fait naî
tre , pour se voir Pere d'un Empereur
sans avoir été Empereur lui-même ; ce
Claudius que M. de la Grange lui donne pour fils ne peut être que celui qu'on
appelle Claude le Gothique ; pour Victorinus , il ne suffisoit pas pour accommoder l'action théatrale aux mœurs du tems,
d'en avoir fait un Grand - Prêtre , il falloit
lui donner une fille digne de la recherche
d'un Empereur ; cette fille s'appelle Justine , et c'est elle qui donne lieu au peu
d'amour qui regne dans cette Tragédie ;
on auroit mêmefouhaité qu'il n'y en cut
point eu du tout.
Le premier Acte est employé presque
I. Vol. tout
2652 MERCURE DE FRANCE
>
tout entier à en exposer le sujet. Justine,
fille de Victorinus Grand-Prêtre des
faux Dieux , ouvre la scene avec sa confidente , laquelle la félicite sur la nouvel→
le dignité de Claudius son Amant que
l'armée vient d'elever à l'Empire. La joie
de Justine est balancée par la crainte de
F'avenir , la clémence que Victorinus son
Pere exerce envers les Chrétiens la fait
trembler pour lui ; elle sçait que Claudius
est porté à les persecuter par un motif
qu'on apprend dans la suite de la Piece ;
son Pere , loin de calmer ses allarmes ,
les redouble ; cependant il lui commande d'accepter la main qui la doit élever à
l'Empire ; quand même elle seroit teinte
du sang de celui qui lui a donné la vie.
Victorinus s'ouvre avec plus de liberté à
son confident : il lui dit qu'aussi-tôt qu'il
a appris la prochaine arrivée de l'Empereur , il a mis Gelas en lieu de seureté ;
ce Gelas qui passe pour son esclave , est
un Chrétien qui par un effet miraculeux
a sauvé sa fille Justine d'un monstre auquel elle étoit dévouée par les Oracles des Dieux. Son confident tâche de le rassurer en lui représentant que l'amour de
' Empereur pour sa fille , l'empêchera
bien de donner la mort à unChrétien qui
a sauvé sa Maîtresse.
I. Vol. L'arrivée
DECEMBRE. 1732. 2653
3.
L'arrivée deClaudius redouble la frayeur
de Victorinus ; ce Prince lui apprend
qu'en approchant de ce lieu, que l'Auteur
n'a pas designé aux spectateurs , il est entré dans des souterrains où des Chrétiens
célebroient leurs mysteres ; que ces victi
mes se sont jertées en foule au devant du
fer qui les attendoit ; qu'un seul de cette
troupe attendoit la mort sans la chercher,.
qu il n'a pû soutenir l'aspect de ce vénerable vieillard , sans un saisissement qui
Pa rendu immobile; qu'il a ordonné qu'on
l'épargnar's il se flatte que ce Chrétien
touch de sa clémence , pourra lui apprendre quels ont été les meurtriers de son
Pere , qui ayant disparu depuis quelques
années, sans qu'on en ait jamais oui parler,
avoit donné lieu de soupçonner que les
Chrétiens dont il étoit alors le plus ardent persécuteur , l'avoient assassiné. Le
portrait que Claudius fait de ce vieillard,
le lieu , et toutes les autres circonstances
ne laissent point douter Victorinus que
ce ne soit Gelas ; il demande grace pour
lui à l'Empereur , et pour le mieux exciter à la clémence , il lui dit que ce Chrétien a sauvé Justine d'une mort certaine;
Claudius attribue le respect et les sentimens de tendresse qu'il a conçus à l'asde ce Chrétien à une espece de pres- pect
>
I. Vola sentiment
2654 MERCURE DE FRANCE
sentiment qui lui a annoncé au fond du
cœur l'obligation qu'il lui avoit.
Le vieillard eft bientôt présenté à Claudius qui ne peut le revoir sans trouble ;
on verra dans peu que c'est un nouveau
pressentiment que la nature ajoute à celui
de la reconnoissance , et que ce premier
partoit de la même source. Gelas résiste
avec fermeté à la priere que Claudius lui
fait de renoncer au Christianisme , ou du
moins de le feindre , pour se dérober à la
fureur du peuple , des Prêtres et même de
l'armée. Claudius ajoute à cette priere le
motif qui le porte lui- même plus particu
liérement à persécuter ceux qu'il croit
avoir été les meurtriers de son Pere Cassius. Gelas après lui avoir dit que les Chrétiens sont incapables de pareils forfaits ,
lui annonce que son pere est encore vivant , qu'il est plus près de lui qu'il ne
pense , mais qu'il ne le connoîtra qu'après
qu'il lui aura fait donner la mort à luimême, par qui il apprend qu'il est encore
en vie. Cette espece d'Oracle prononcé
par une bouche si respectée , met Claudius dans une très - cruclle situation ; il ne
sçait à quoi se résoudre, et charge Victorinus,qui arrive , d'arracher le malheureux
à la mort.
Cette Scene entre Gelas et Victorinus
I. Vol.
DECEMBRE. 1732. 2655
'est une des plus interessantes de la Tragédie , et c'est pourtant celle qui a donné
plus de prise à la Critique ; nous allons
en exposer le fond pour mettre nos Lecteurs en état d'en juger. Dans la Scene
précédente les Spectateurs viennent d'apprendre que Cassius n'est pas mort , mais
ils ne s'attendent pas à le revoir revivre en la personne de Gelas même ; ce
même Gelas , qui ne s'est pas découvert
à son propre fils , se fait connoître à Victorinus pour ce même Cassius que Claudius croit avoir été assassiné par les Chrétiens , et qu'il vange par tout ce que sa
fureur lui peut inspirer de plus cruel
contre ces innocentes victimes. Ce Cassius
avoit été , comme nous l'avons déja dit
un des plus implacables persecuteurs des
Chrétiens ; il raconte à Victorinus comment il a été converti à la Foy ; cette
description est très-belle , l'Auteur n'a
pas crû en pouvoir choisir un modele
plus frappant que dans les Actes des
Apôtres , et les Spectateurs lui ont sçû
bon gré de l'avoir puisée dans une sour
ce si capable d'inspirer une sainte terreur.
Mais comme ce qui nous saisit le plus
dans un Ouvrage , nous paroît le plus
digne de nos reflexions , on examine cette
Scene avec plus de séverité que toutes
I. Vol. les
2656 MERCURE DE FRANCE
les autres ; on ne souffre qu'avec beau,
coup de peine qu'un pere , dont le fils est
prêt à devenir le parricide , ne se fasse
pas connoître à lui ; on pese le silence
avec le mo if, et le motif n'est pas toutà-fait satisfaisant. Le faux Gelas dit à
Victorinus qu'il a fait serment de ne se
faire connoître à P rsonne pour Cassius :
pourquoi, done,dit-on, découvre-t'il son
nom et sa condition à Victorinus ? Son
serment est-il moins violé et ne seroitil pas plus raisonnable qu'il eût juré de
ne se faire jamais connoître à son fils , de
peur que la tendresse paternelle ne le
trahît jusqu'au point de retomber dans
ses erreurs par une foiblesse dont il craindroit de ne pouvoir triompher ? ce motif auroit quelque lueur de vrai-semblan- ·
ce , et contribueroit un peu à faire excuser l'indiscretion du serment. Ce serment, ajoûte- t'on , seroit toûjours trèscondamnable , puisqu'il seroit fait contre
son propre fils , qui , par le silence de
son pere , perd la grace de la conversion
et par l'erreur dont ce même pere devient complice , est visiblement exposé à
devenir parricide : un pere , dit-on , est
obligé parmi les Chrétiens , à élever son
fils dans la seule Religion où il peut se
sauver , et celui- cy laisse le sien dans le
1. Vol.
Paganisme
DECEMBRE. 1732. 2657
Paganisme qui doit le perdre à jamais.
Voilà les plus fortes Critiques qu'on a
faites sur cette Tragédie ; achevons d'instruire le Lecteur de ce qui lui reste encore à sçavoir. Victorinus après quelques
objections très-sensées qu'il a faites à Cassius , lui promet le secret qu'il lui demande , d'autant plus qu'il s'y est déja
engagé par serment avant que de rien
apprend e. L'Auteur a même pris soin
de le faire jurer , non-seulement par les
Dieux des Payens , mais par le Dieu que
Cassius adore , et qu'il brule d'impatience
de connoître pour l'adorer à son tour.
Les Prêtres qui lui sont subordonnez sont
bien loin d'une si heureuse disposition
le fanatisme s'empare de leurs cœurs , jusqu'à refuser l'entrée de leur Temple à
leur Empereur, s'il ne leur livre le faux
Gelas ; le Peuple et l'Armée suivent un
exemple si pernicieux ; la désobeïssance
et la félonie regnent par tout ; Victorinus
déja à demi Chrétien , pour réprimer
cette insolence , tire une épée que Gelas
ayoit mis entre ses mains , comme un
gage assuré de la victoire ; le saint enchantement , s'il nous est permis de nous
expliquer ainsi , se trouve en deffaut
on lui arrache cette épée dont l'Auteur
a besoin pour un nouvel incident théa
I. Vol. tral
2658 MERCURE DE FRANCE
tral ; cette fatale épée est reconnuë pour
être la même dont Cassius étoit autrefois
armé. Claudius est confirmé par là dans
la croyance où il a toûjours été , que ce
sont les Chrétiens qui ont assassiné son
pere ; il accuse Victorinus d'avoir part à
ce meurtre, et ordonne qu'on l'aille chercher pour le punir de sa perfidie ; le faux
Gelas dit à Claudius que Victorinus est
innocent de ce meurtre, et lui déclare que
c'est lui-même qui a donné cette épée à
son ami ; Claudius irrité lui demande de
qui il la tenoit lui-même ; le faux Gelas lui
dit que c'est un secret qu'il ne sçauroit
Jui réveler. Claudius ne doutant plus.
que ce ne soit lui-même qui a tué son
pere , ordonne qu'on le mene à la mort ;
le faux Gelas reçoit cet Arrêt comme une
grace , et lui promet en reconnoissance
qu'il va bien-tôt reconnoître son pere ;
on emmene la victime ; Justine , dont
nous avons très-peu parlé , parce qu'elle'
est très- peu nécessaire à la Piece , vient
protester à Claudius qu'il n'y a plus d'amour ni d'hymen pour eux , si Victorinus
son pere , et Gelas , son libérateur , périssent. Claudius ne peut tenir contre cette
menace ; il ordonne qu'on aille révoquer
les ordres sanglans qu'il a donnez ; Justine y va elle-même , mais c'en est déja
I. Vol. fait ;
DECEMBRE. 1732. 2659
fait. Victorinus ayant rencontré Cassius
qu'on menoit au supplice , a voulu être le
compagnon de son martyre , sur l'assurance que Cassius lui a donnée que son
sang versé lui tiendroit lieu de Baptême.
Il s'est déclaré Chrétien , et a été soudain accablé d'une grêle de fleches.
Cassius a eu le même sort ; mais le Ciela permis qu'il lui reste encore assez de
vie pour venir se faire reconnoître à son
pere , et pour l'inviter à se faire Chrétien ; il lui prédit que bien- tôt un Empereur doit établir la Foy de Jesus- Christ,
et l'exhorte à mériter que ce choix le
regarde cependant Claudius n'est touché que du parricide dont il vient de
se soüiller et son pere expiré , il ne
songe qu'à empêcher Justine de se donner la mort , ou qu'à mourir avec elle.
ر
Cette Piece , au reste , est très - bien répresentée par la Dile Baron, et par les
sieurs Grandval , Sarrazin et le Grand ,
qui remplissent les principaux Rôles de
Justine , de Claudius , de Cassius et de
Victorinus.
Fermer
Résumé : Cassius et Victorinus, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
Le texte présente la tragédie 'La Tragédie de Cassius et Victorinus', représentée au Théâtre français et écrite par M. de la Grange. Cette œuvre s'inspire de l'histoire de Cassius et Victorinus, deux martyrs chrétiens mentionnés par Grégoire de Tours. Selon cet historien, Victorinus, esclave d'un grand-prêtre païen, se convertit au christianisme grâce aux prédications et miracles de Cassius. Les deux hommes furent martyrisés peu après leur conversion. La tragédie modifie certains éléments historiques pour des raisons théâtrales. Victorinus devient grand-prêtre et Cassius est présenté comme le père de l'empereur Claude le Gothique. La pièce introduit également Justine, fille de Victorinus, qui est promise à Claude. L'intrigue se concentre sur les persécutions des chrétiens et les dilemmes moraux des personnages. La tragédie commence par une discussion entre Justine et son confident à propos de son futur mariage avec Claude. Victorinus, inquiet pour les chrétiens, cache Gelas, un chrétien qui a sauvé Justine. L'arrivée de Claude révèle qu'il a épargné un vieillard chrétien, Gelas, qui se révèle être Cassius, le père de Claude. Cassius, autrefois persécuteur des chrétiens, se convertit et est prêt à mourir pour sa foi. La pièce se termine par le martyre de Cassius et Victorinus, qui se déclarent chrétiens avant leur exécution. Claude, bouleversé, tente de sauver Justine de la détresse. La tragédie est bien interprétée par des acteurs tels que la Dile Baron, Grandval, Sarrazin et le Grand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
758
p. 2660-2667
La Soeur Ridicule, Comédie de M. Montfleury,
Début :
Cette Pièce eut autrefois un grand succès sous le titre du Comédien [...]
Mots clefs :
Montfleury, Comédiens-Français, Parnasse, Soeur ridicule, Théâtre, Dangeville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Soeur Ridicule, Comédie de M. Montfleury,
La Sœur Ridicule , Comédie de
M. Montfleury.
C
Ette Piéce eut autrefois un grand
succès sous le titre du Comédien
Poete ; elle fut faite en quatre Actes seulement , parce que le Prologue étoit tellement lié à la Piéce qu'il tenoit lieu de
premier Acte ; le Théatre ayant changé
de face depuis la naissance de cette Comédie , et étant devenu plus épuré , les
Comédiens attentifs à se conformer au
goût du Public , avoient negligé de la remettre au Théatre ; mais n'ayant point
de nouveauté à donner pendant l'absence
de leurs Camarades , lorsque la Cour
étoit à Fontainebleau , ils en ont hazardé
quelques Représentations , dont le demi
succès a fait voir que le Théatre retomberoit facilement dans la bassesse d'où
Moliere l'avoit tiré , si on continuoit à
faire rire le Public aux dépens des bienféances. En effet , on a remarqué à la premiere Représentation de la Soeur Ridicule , que les Spectateurs avoient une espéce de honte de s'y divertir , et que les
ris du Parterre n'étoient pas de bon
alloy ; la pudeur des Dames en fut si
allarmée , qu'à peine s'en trouva - t'il I. Vol. deux
DECEMBRE. 1732. 2661
1
deux à la seconde Représentation ; mais
elles se sont enhardies dans la suite
et le nombre des curieuses croissant
tous les jours , on a eu lieu de présumer que ce goût pourroit bien redevenir à la mode , s'il se trouvoit encore des Scarrons et des Montfleuris ; ce
n'est pas qu'on ne doive faire cas du fond
de la Sœur, Ridicule ; l'intrigue en est
très comique , et l'action théatrale y est
ménagée avec un art infini ; mais il seroit à souhaiter qu'on y ménageât assez
les oreilles délicates , pour leur épargner
les grossiéretez.
Cette Piéce a été précedée d'un Proloque nouveau qui a pour titre le Caprice et
la Ressource ; nous en allons donner un
Extrait succint.
Ce Prologue a remplacé celui dont nous
venons de parler , et qui tenoit lieu anciennement du premier Acte à la Piéce.
Il a été reçû d'une maniere à faire connoître qu'on ne regrettoit pas le premier;
il a paru très- vif, mais assez peu correct.
L'Auteur en est anonyme , ' on ne peut
lui refuser la qualité d'homme d'esprit
c'est dommage qu'il se mette au - dessus
des régles dès son premier Ouvrage. L'iI. Vol. déo
1662 MERCURE DE FRANCE
dée de son Prologue n'est pas neuf ; la
voici en deux mots.
:: Les Comédiens François, en l'absence de
leurs Camarades qui jouent à la Cour, voudroient amuser la Ville par quelque nouveauté ; ils vont au Parnasse pour en chercher une. La Ressource et le Caprice , nou
velles Divinitez de la façon de l'Auteur
leur conseillent de remettre au Théatre la
Sœur Ridicule ; ils n'osent esperer de réussir par un genre de Comédie proscrit depuis long- tems ; mais la Ressource et le
Caprice les encouragent.
Le Théatre représente le Parnasse, trois
Comédiens ouvrent la Scene ; Crispin
qui est l'un des trois , fait une refléxion
qui ne fait guère d'honneur aux Auteurs
modernes : la voici.
Je fais une refléxion.
Je crois que c'est dans ces Retraites
Qu'habitent les anciens Poëtes
Et de ce côté les nouveaux.
>
Voici la raison qu'il en donne.
C'est que j'entends gazoüiller des oyseaux }
Que j'apperçois des fleurs , une verte prairie ;
Des Bosquets enchantés , des Lauriers , des ruis seaux ;
1. Vol.
DECEMBRE. 1732. 2663
Et je ne vois dans cette autre partie
Que des bourbiers et des crapaux.
,
Ce trait satyrique a paru peu délicat.
Nous citons ces Vers pour mettre sous les
yeux du Lecteur l'injustice d'un mépris
qui doit retomber sur celui qui le fait
éclater contre ses propres interêts ; car
enfin , pourquoi , dit - on s'avise-t'il
d'entrer dans une lice qui n'est qu'un
bourbier N'est- ce pas se mettre luimême au rang des crapaux , que de se
mêler parmi ces Auteurs Modernes, dont
il se fait une si vilaine idée ; on dira peutêtre pour l'excuser que ce n'est pas lui qui
parle ainsi , mais les Comédiens ; Il faut
donc qu'il leur en ait bien imposé par le
brillant de son coup d'essai , pour leur
faire dire du mal de ces mêmes Auteurs ,
qui leur donnent assez souvent des nouveautez utiles pour eux , et agréables au
Public. Après ces deux refléxions , que
les Spectateurs ont faites avant nous , passons àquelques Fragmens de l'Ouvrage
qui ont fait plaisir par la vivacité de la
Critique que l'Auteur répand abondamment. Ici c'est la Ressource qui parle.
"Après avoir joüi des plaisirs de la vie ,
Une Coquette enfin subit les loix du tems >
1. Vol. G On
2654 MERCURE DE FRANCE
On redouble le rouge et les ajustemens ;
Mais quand la Nature est flétrie ,
Bien-tôt tout l'art n'y peut plus rien.
Et bien , alors par mon moyen
Elle a recours à la prudoterie.
Je suis mere de l'Industrie ;
La Nature vous forme avec mille défauts ?
J'ai pour les réparer les secrets les plus beaux ;
Je dérobe avec art une épaule qui chocque
Sous un tourbillon de cheveux ;
Et sous un panier monstrueux
Je cache une taille équivoque.
Par des ajustemens differemment placés ,
Je donne des mines riantes ,
Tendres , naïves , innocentes ;
Je fais sortir des yeux qui sont trop enfon- cés ;
J'ai jusqu'à cent façons de gorges différen tes , &c.
Une jeune veuve soupire ,
Et regrette l'Epoux qui régnoit sur son cœur ?
Elle succomberoit à son triste martyre ;
Je lui trouve an consolateur.
L'Amour se fait sentir au cœur des jeunes
filles ?
Il faut surprendre les Mamans ?
On a recours à moi ; j'endors les surveil lans ;
1. Vol. Je
DECEMBRE. 1732 2665
Je fais taire les chiens , je fais tomber les gril- les.
Au milieu des amusemens ,
Il faut songer à menager sa gloire?
J'arrange tout si bien que l'Hymen ne peut croire
Que l'Amour ait pris les devans.
On peut aisément juger pales Vers
que l'on vient de lire , que l'Auteur n'est
pas si crapau ; le Public est trop équita- ble pour ne le pas tirer du bourbier avec
bien de ses Confreres qu'il y plonge indistinctement.
Dans la troisiéme Scene le Caprice s'ex
prime ainsi en parlant de la Mode.
C'est moi , selon ma fantaisie,
Qui régle tous ses mouvemens.
Arbitre des évenemens ;
Je fais et les plaisirs es les maux de la vie ;
J'invente tous les jours de nouveaux changea mens ;
Et j'ai , quand il m'en prend envie ,
Mille visages differens.
Dans cette inconstance éternelle ;
C'est envain qu'on croiroit rencontrer la Rai- son :
C'estmoi qui tiens sa place ; et , sans comparai
6on ,
I. Vol Gij J'ai
666 MERCURE DE FRANCE
A
J'ai beaucoup plus de sujets qu'elle.
La raison ne vient pas toujours quand on l'ap¬
pelle ;
Et le Caprice est toujours de saison.
La Ressource finit ainsi ce Prologue
en s'adressant au Parterre.
Protegez dre.
es Acteurs , ils ont droit de l'atten
Quel autre effort pouvoient- ils entreprendre
Si la Piéce ne prend pas bien ?
Quand la Ressource ne peut rien ,
Il ne reste qu'à s'aller pendre.
Le Caprice pour eux doit auſſi travailler.
Four capter votre bienveillance , *
Ce n'est pas trop le lieu d'aller vous rappel ler ,
Qu'il est un peu de votre connoissance ;
Il en sera tout ce que vous voudrez :
Vous même vous déciderez ;
Ne consultez que l'indulgence :
Vous allez régler nos destins ;
Que notre Piéce réussisse.
Applaudissez , battez des mains :
Allons , Messieurs , un bon Caprice.
Les deux principaux Roles de la Res
source et du Caprice , ont été parfaite1. Vel. ment
DECEMBRE. 1732. 2667
ment remplis par les Dlles Dangeville la
jeune , et la Motte.
Dans la Sœur Ridicule , les Rôles de
Pascal , de Gusman , d'Henrique , et du
Chevalier de Fondsec , sont joüez par les
Srs Poisson , Montmesnil , Grandval et
Dangeville neveu , et la Tante , Babet et
Jacinte par les Dlles Dangeville , Poisson,
et Dangeville la jeune..
La Comédie de la Soeur Ridicule se trouve
dans les Oeuvres de Montfleury au Tome second , sous le titre general du Comédien Poëte
Piéce qui fut d'abord jouée en cinq Actes , et
dont le premier Acte contient un Sujet détaché
et complet , imprimée ailleurs sous le titre du
Garçon sans conduite , de même que les quatre
Actes suivans , qui forment précisément la Co- médie de la Soeur Ridicule , se trouvent imprimés
à Caën l'an 1750. sous le titre des Amans infor- tunez et contens.
Les Coméd
M. Montfleury.
C
Ette Piéce eut autrefois un grand
succès sous le titre du Comédien
Poete ; elle fut faite en quatre Actes seulement , parce que le Prologue étoit tellement lié à la Piéce qu'il tenoit lieu de
premier Acte ; le Théatre ayant changé
de face depuis la naissance de cette Comédie , et étant devenu plus épuré , les
Comédiens attentifs à se conformer au
goût du Public , avoient negligé de la remettre au Théatre ; mais n'ayant point
de nouveauté à donner pendant l'absence
de leurs Camarades , lorsque la Cour
étoit à Fontainebleau , ils en ont hazardé
quelques Représentations , dont le demi
succès a fait voir que le Théatre retomberoit facilement dans la bassesse d'où
Moliere l'avoit tiré , si on continuoit à
faire rire le Public aux dépens des bienféances. En effet , on a remarqué à la premiere Représentation de la Soeur Ridicule , que les Spectateurs avoient une espéce de honte de s'y divertir , et que les
ris du Parterre n'étoient pas de bon
alloy ; la pudeur des Dames en fut si
allarmée , qu'à peine s'en trouva - t'il I. Vol. deux
DECEMBRE. 1732. 2661
1
deux à la seconde Représentation ; mais
elles se sont enhardies dans la suite
et le nombre des curieuses croissant
tous les jours , on a eu lieu de présumer que ce goût pourroit bien redevenir à la mode , s'il se trouvoit encore des Scarrons et des Montfleuris ; ce
n'est pas qu'on ne doive faire cas du fond
de la Sœur, Ridicule ; l'intrigue en est
très comique , et l'action théatrale y est
ménagée avec un art infini ; mais il seroit à souhaiter qu'on y ménageât assez
les oreilles délicates , pour leur épargner
les grossiéretez.
Cette Piéce a été précedée d'un Proloque nouveau qui a pour titre le Caprice et
la Ressource ; nous en allons donner un
Extrait succint.
Ce Prologue a remplacé celui dont nous
venons de parler , et qui tenoit lieu anciennement du premier Acte à la Piéce.
Il a été reçû d'une maniere à faire connoître qu'on ne regrettoit pas le premier;
il a paru très- vif, mais assez peu correct.
L'Auteur en est anonyme , ' on ne peut
lui refuser la qualité d'homme d'esprit
c'est dommage qu'il se mette au - dessus
des régles dès son premier Ouvrage. L'iI. Vol. déo
1662 MERCURE DE FRANCE
dée de son Prologue n'est pas neuf ; la
voici en deux mots.
:: Les Comédiens François, en l'absence de
leurs Camarades qui jouent à la Cour, voudroient amuser la Ville par quelque nouveauté ; ils vont au Parnasse pour en chercher une. La Ressource et le Caprice , nou
velles Divinitez de la façon de l'Auteur
leur conseillent de remettre au Théatre la
Sœur Ridicule ; ils n'osent esperer de réussir par un genre de Comédie proscrit depuis long- tems ; mais la Ressource et le
Caprice les encouragent.
Le Théatre représente le Parnasse, trois
Comédiens ouvrent la Scene ; Crispin
qui est l'un des trois , fait une refléxion
qui ne fait guère d'honneur aux Auteurs
modernes : la voici.
Je fais une refléxion.
Je crois que c'est dans ces Retraites
Qu'habitent les anciens Poëtes
Et de ce côté les nouveaux.
>
Voici la raison qu'il en donne.
C'est que j'entends gazoüiller des oyseaux }
Que j'apperçois des fleurs , une verte prairie ;
Des Bosquets enchantés , des Lauriers , des ruis seaux ;
1. Vol.
DECEMBRE. 1732. 2663
Et je ne vois dans cette autre partie
Que des bourbiers et des crapaux.
,
Ce trait satyrique a paru peu délicat.
Nous citons ces Vers pour mettre sous les
yeux du Lecteur l'injustice d'un mépris
qui doit retomber sur celui qui le fait
éclater contre ses propres interêts ; car
enfin , pourquoi , dit - on s'avise-t'il
d'entrer dans une lice qui n'est qu'un
bourbier N'est- ce pas se mettre luimême au rang des crapaux , que de se
mêler parmi ces Auteurs Modernes, dont
il se fait une si vilaine idée ; on dira peutêtre pour l'excuser que ce n'est pas lui qui
parle ainsi , mais les Comédiens ; Il faut
donc qu'il leur en ait bien imposé par le
brillant de son coup d'essai , pour leur
faire dire du mal de ces mêmes Auteurs ,
qui leur donnent assez souvent des nouveautez utiles pour eux , et agréables au
Public. Après ces deux refléxions , que
les Spectateurs ont faites avant nous , passons àquelques Fragmens de l'Ouvrage
qui ont fait plaisir par la vivacité de la
Critique que l'Auteur répand abondamment. Ici c'est la Ressource qui parle.
"Après avoir joüi des plaisirs de la vie ,
Une Coquette enfin subit les loix du tems >
1. Vol. G On
2654 MERCURE DE FRANCE
On redouble le rouge et les ajustemens ;
Mais quand la Nature est flétrie ,
Bien-tôt tout l'art n'y peut plus rien.
Et bien , alors par mon moyen
Elle a recours à la prudoterie.
Je suis mere de l'Industrie ;
La Nature vous forme avec mille défauts ?
J'ai pour les réparer les secrets les plus beaux ;
Je dérobe avec art une épaule qui chocque
Sous un tourbillon de cheveux ;
Et sous un panier monstrueux
Je cache une taille équivoque.
Par des ajustemens differemment placés ,
Je donne des mines riantes ,
Tendres , naïves , innocentes ;
Je fais sortir des yeux qui sont trop enfon- cés ;
J'ai jusqu'à cent façons de gorges différen tes , &c.
Une jeune veuve soupire ,
Et regrette l'Epoux qui régnoit sur son cœur ?
Elle succomberoit à son triste martyre ;
Je lui trouve an consolateur.
L'Amour se fait sentir au cœur des jeunes
filles ?
Il faut surprendre les Mamans ?
On a recours à moi ; j'endors les surveil lans ;
1. Vol. Je
DECEMBRE. 1732 2665
Je fais taire les chiens , je fais tomber les gril- les.
Au milieu des amusemens ,
Il faut songer à menager sa gloire?
J'arrange tout si bien que l'Hymen ne peut croire
Que l'Amour ait pris les devans.
On peut aisément juger pales Vers
que l'on vient de lire , que l'Auteur n'est
pas si crapau ; le Public est trop équita- ble pour ne le pas tirer du bourbier avec
bien de ses Confreres qu'il y plonge indistinctement.
Dans la troisiéme Scene le Caprice s'ex
prime ainsi en parlant de la Mode.
C'est moi , selon ma fantaisie,
Qui régle tous ses mouvemens.
Arbitre des évenemens ;
Je fais et les plaisirs es les maux de la vie ;
J'invente tous les jours de nouveaux changea mens ;
Et j'ai , quand il m'en prend envie ,
Mille visages differens.
Dans cette inconstance éternelle ;
C'est envain qu'on croiroit rencontrer la Rai- son :
C'estmoi qui tiens sa place ; et , sans comparai
6on ,
I. Vol Gij J'ai
666 MERCURE DE FRANCE
A
J'ai beaucoup plus de sujets qu'elle.
La raison ne vient pas toujours quand on l'ap¬
pelle ;
Et le Caprice est toujours de saison.
La Ressource finit ainsi ce Prologue
en s'adressant au Parterre.
Protegez dre.
es Acteurs , ils ont droit de l'atten
Quel autre effort pouvoient- ils entreprendre
Si la Piéce ne prend pas bien ?
Quand la Ressource ne peut rien ,
Il ne reste qu'à s'aller pendre.
Le Caprice pour eux doit auſſi travailler.
Four capter votre bienveillance , *
Ce n'est pas trop le lieu d'aller vous rappel ler ,
Qu'il est un peu de votre connoissance ;
Il en sera tout ce que vous voudrez :
Vous même vous déciderez ;
Ne consultez que l'indulgence :
Vous allez régler nos destins ;
Que notre Piéce réussisse.
Applaudissez , battez des mains :
Allons , Messieurs , un bon Caprice.
Les deux principaux Roles de la Res
source et du Caprice , ont été parfaite1. Vel. ment
DECEMBRE. 1732. 2667
ment remplis par les Dlles Dangeville la
jeune , et la Motte.
Dans la Sœur Ridicule , les Rôles de
Pascal , de Gusman , d'Henrique , et du
Chevalier de Fondsec , sont joüez par les
Srs Poisson , Montmesnil , Grandval et
Dangeville neveu , et la Tante , Babet et
Jacinte par les Dlles Dangeville , Poisson,
et Dangeville la jeune..
La Comédie de la Soeur Ridicule se trouve
dans les Oeuvres de Montfleury au Tome second , sous le titre general du Comédien Poëte
Piéce qui fut d'abord jouée en cinq Actes , et
dont le premier Acte contient un Sujet détaché
et complet , imprimée ailleurs sous le titre du
Garçon sans conduite , de même que les quatre
Actes suivans , qui forment précisément la Co- médie de la Soeur Ridicule , se trouvent imprimés
à Caën l'an 1750. sous le titre des Amans infor- tunez et contens.
Les Coméd
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Résumé : La Soeur Ridicule, Comédie de M. Montfleury,
La pièce 'La Sœur Ridicule' de M. Montfleury, initialement intitulée 'Le Comédien Poète', est une œuvre en quatre actes, avec un prologue servant de premier acte. Lors de sa réapparition sur scène, le théâtre avait évolué vers plus de décence, mais les comédiens, manquant de nouveautés, la reprirent pendant l'absence de la cour à Fontainebleau. Les représentations connurent un demi-succès, révélant une possible régression du goût du public. Lors de la première représentation, les spectateurs éprouvèrent une certaine honte à s'amuser, et les rires du parterre furent mitigés. La pudeur des dames fut alarmée, mais elles finirent par revenir, suggérant un possible retour des goûts anciens. L'intrigue de la pièce est comique et bien structurée, mais elle contient des grossièretés. Un nouveau prologue, 'Le Caprice et la Ressource', fut ajouté. Ce prologue, bien que vif, manquait de correction. Il raconte comment les comédiens, en quête de nouveauté, consultent les divinités Ressource et Caprice, qui leur conseillent de rejouer 'La Sœur Ridicule'. Le prologue fut bien accueilli, malgré quelques traits satiriques jugés peu délicats. Les rôles principaux du prologue furent interprétés par les demoiselles Dangeville et la Motte. Dans 'La Sœur Ridicule', les rôles de Pascal, Gusman, Henrique et du Chevalier de Fondsec furent joués par les sieurs Poisson, Montmesnil, Grandval et Dangeville neveu, tandis que les rôles de la Tante, Babet et Jacinte furent interprétés par les demoiselles Dangeville, Poisson et Dangeville la jeune. La pièce est disponible dans les œuvres de Montfleury, initialement jouée en cinq actes sous le titre 'Le Garçon sans conduite' et réimprimée sous divers titres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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759
p. 2667-2673
Arlequin au Parnasse, ou la Folie de Melpomene, &c. [titre d'après la table]
Début :
Les Comédiens Italiens donnerent le 4. de ce mois la premiere représentation [...]
Mots clefs :
Arlequin, Comédiens-Italiens, Parodie, Zaïre, Parnasse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arlequin au Parnasse, ou la Folie de Melpomene, &c. [titre d'après la table]
es Comédiens Italiens donnerent le 4.
de ce mois la premiere représentation
d'une Parodie de la Tragédie de Zaire.
Cette petite Piece est intitulée : Arlequin
au Parnasse , ou la Folie de Melpomene.
Comme l'Auteur à qui on` l'attribue la
désavoie , nous nous dispenserons de le
nommer ; mais comme nous ne devons
pas moins à nos engagemens envers le Public , qu'à la modestie des Autheurs qui
veulent se dérober à la gloire qui leur est
D. I. Vel. duë, G iij
2368 MERCURE DE FRANCE
düe , nous n'avons garde de nous imposer
silence sur une maniere de Parodier, qui a
parû très singuliere et tout- à-fait neuve
aux connoisseurs ; voicy en peu de mots
l'idée de l'Autheur anonime.
LeThéatre represente le Mont Parnasse,
Arlequin et un de ses camarades forment
le noble dessein d'y monter pour obtenir
de Thalie quelqu'heureuse nouveauté ,
qui attire des spectateurs à leur Théatre.
La difficulté rebute Arlequin ; il ne veut
pas se donner la peine de grimper si haut,
et prétend en être suffisamment dispensé
par l'exemple de bien des Auteurs qui du
pied du Parnasse , prétendent égaler ceux
qui s'élevent jusqu'à la double cime. Il se
croit inspiré , il tient déja le titre d'une
Piece nouvelle ; voilà le Parnasse , dit-il,
et me voicy; je n'ai donc qu'à intituler
ma Piéce , Arlequin au Parnasse : son camarade a beau lui diré , qu'un titre ne suf
fit pas , et qu'il faut inventer de quoi le
remplir , il lui répond que cela pourra venir chemin faisant.
Thalie vient finir la contestation , et
leur dit qu'elle leur apporte le sujet, attendu que sa sœur Melpomene vient de devenir folle tout subitement ; cet heureux
évenement donne lieu à la seconde partie du titre de la Piece et les extravaganI. Vol ces
DECEMBRE. 1732. 2669
tes deMelpomene en fournissent le sujet.
Thalie cede la place à Melpomene qui s'avance; elle fait entendre qu'elle va rejoindre Apollon qui doit déliberer en plein conseil sur les moyens les plus propres à remé
dier aux folles saillies de la Muse tragique.
Melpomene arrive ; l'entousiasme dont
elle est transportée , lui fait tenir des discours injurieux au Sophocle et à l'Euripide de la France ; l'idée dont elle est remplie lui promet des succès infiniment plus
éclatants que tous ceux des Corneilles et
des Racines ; des routes nouvelles s'ouvrent devant ses pas ; elle y va entrer pour
La premiere fois , et tout lui répond de
remplir dignement la brillante carriere
qu'elle se propose de commencer. Le camarade d'Arlequin ne lui faithumblement
La réverence que sous le nom de Comédien François ; pour Arlequin , ne pouvant l'aborder à la faveur de la même
imposture , attendu que son habit et son
masque le décéleroient aux yeux de la superbe Muse, il prend le parti de suivre Thalie , comme Muse de sa connoissance. Melpomene trompée par le nom
de Comédien François , que le camarade
d'Arlequin se donne , lui dit qu'ils n'ont
ses heureux camarades et lui , qu'à préparer leurs cofres-forts , et que la riche
I. Vol. Giiij idée
2670 MERCURE DE FRANCE
idée qu'elle roule dans sa tête sera un Perou pour leur Troupe. Comme cette idée
n'est pas encore assez débrouillée , la Muse se jette sur un lit de gazon pour y rêver et elle s'y endort. Des songes chimeriques se présentent à elle , et achevent de
lui faire digerer le Chef d'oeuvre qu'elle
s'est promis. Elle s'éveille enfin et fait entendre que son ouvrage est consommé.
Le Comédien Italien , soi disant Comédien François , la prie de lui donner sa
Tragédie ; elle ne lui répond que par de
magnifiques promesses réïterées , sans se
donner la peine de lui dire ni quel est le
sujet de sa Piece , ni quelle en est la distribution : il y a des Auteurs , ajoute- t-elle,
qui croyent se couvrir de gloire, en disant
qu'ils ont fait cinq Actes en trois semaines , et moi je ne demande que trois minutes , et si tu en veux voir une épreuve,
je vais te la donner sur le champ : allons ,
poursuit- elle, que les cinq Actes dont j'ai
besoin obéissent à ma voix ; qu'ils paroissent à mes yeux. A peine a- t-elle parlé ;
qu'on voit sortir cinq Actes personifiez et
numerotez du premier au cinquiéme par
une étiquette qui les distingue les uns des autres.
Chacun de ces Actės , à commencer par
le premier , rend compte de la fonction
I.Vol.
qu'il
DECEMBRE. 1732. 2871
qu'il a dans la nouvelle Tragédie qui doit
attirer tout Paris. L'ordre de la marche
théatrale est un peu troublé par une petite.
altercation qui s'éleve entre le second et
le troisiéme , qui se reprochent récipro-.
quement d'être déplacez ; les autres se
suivent conformément au numero qu'on.
leur a assigné.
Le cinquiéme Acte paroit enfin , tout
fier d'être destiné à finir un si bel ouvrage ; voici les derniers vers qu'il récite
avec une parfaite sécurité , en parlant de
son Héros.
Du même fer il se perce lui-même;
At-onjamais fini par un plus beau Morceau ?
Melpomene en est si satisfaite qu'elle en
pleure de joie. Quoi ? Muse, vous pleurez!
dit le cinquiéme Acte personifié ; la Muse remplit le dernier hémistiche , par ces paroles que l'admiration lui arrache , trèsbeau , très-beau , très- beau.
Le ravissement de la Muse tragique et
de ses cinq Actes est troublé par l'arrivée.
de Thalie , qui dit d'un air malicieux
qu'elle apporte le sixième Acte ; Melpomene jette sur elle de fiers regards qui lui
annoncent le cas qu'elle fait de l'addition
qu'elle prétend faire à son chef- d'œuvre
mais Thalie.rabbat son orgueil , en lui ap1. Vol.
Gy pre-
2672 MERCURE DE FRANCE
prenant que le Conseil du Mont sacré
vient de la condamner aux petites Maisons , et ses cinq Actes à l'oubli. Melpomene en est au désespoir , et ses cinq Actes se reprochent les uns aux autres l'affront qu'ils viennent de recevoir ; on auroit souhaitté que l'Auteur eut saisi ce
nouyer incident pour critiquer la Piéce
qui est l'objet de la Parodie , et que chaque Acte fit voir maniere de reproche les défauts qu'on y peut censurer.
Les cinq Actes ayant enfin disparu ,
Melpomene finit par ces Vers , parodiez du Čid.
par
Pleurez , pleurez mes yeux ; fondez en cata ractes ;
Je perds toute ma gloire en perdant mes cinq Actes.
,
Au reste , tous les Amateurs de Piéces
de Théatre ont été surpris , que l'Auteur
d'une idée si neuve , et si susceptible de
traits comiques l'ait si négligemment
remplie ; on diroit qu'il n'a voulu donner qu'une esquisse , pour apprendre aux
faiseurs de Parodies , qu'on peut s'écartér
des sentiers trop battus dans ce genre de
Comédie , qui pourroit être très- utile , si
l'on ne s'y attachoit plutôt à divertir qu'à
instruire et à corriger. Nous n'avons vû
1. Vol. depuis
DECEMBRE. 1732. 2673
depuis plusieurs années que très-peu de
Parodies dignes d'être estimées ; telles
sont , Oedipe travesti , Agnés de Chaillot , et le mauvais Ménage ; la plupart
des autres ne sont qu'une imitation servile des Tragédies qu'elles prétendent tourner en ridicule ; ce genre est sans contredit le plus aisé ; mais il s'en faut bien qu'il
soit le plus estimable , et le plus couru ,
à moins qu'on n'y trouve quelque heureux incident qui attire le Public , soit
par la beauté du Spectacle , soit par quelque chose de bruyant , tel que la fureur
que de Roland , &c.
de ce mois la premiere représentation
d'une Parodie de la Tragédie de Zaire.
Cette petite Piece est intitulée : Arlequin
au Parnasse , ou la Folie de Melpomene.
Comme l'Auteur à qui on` l'attribue la
désavoie , nous nous dispenserons de le
nommer ; mais comme nous ne devons
pas moins à nos engagemens envers le Public , qu'à la modestie des Autheurs qui
veulent se dérober à la gloire qui leur est
D. I. Vel. duë, G iij
2368 MERCURE DE FRANCE
düe , nous n'avons garde de nous imposer
silence sur une maniere de Parodier, qui a
parû très singuliere et tout- à-fait neuve
aux connoisseurs ; voicy en peu de mots
l'idée de l'Autheur anonime.
LeThéatre represente le Mont Parnasse,
Arlequin et un de ses camarades forment
le noble dessein d'y monter pour obtenir
de Thalie quelqu'heureuse nouveauté ,
qui attire des spectateurs à leur Théatre.
La difficulté rebute Arlequin ; il ne veut
pas se donner la peine de grimper si haut,
et prétend en être suffisamment dispensé
par l'exemple de bien des Auteurs qui du
pied du Parnasse , prétendent égaler ceux
qui s'élevent jusqu'à la double cime. Il se
croit inspiré , il tient déja le titre d'une
Piece nouvelle ; voilà le Parnasse , dit-il,
et me voicy; je n'ai donc qu'à intituler
ma Piéce , Arlequin au Parnasse : son camarade a beau lui diré , qu'un titre ne suf
fit pas , et qu'il faut inventer de quoi le
remplir , il lui répond que cela pourra venir chemin faisant.
Thalie vient finir la contestation , et
leur dit qu'elle leur apporte le sujet, attendu que sa sœur Melpomene vient de devenir folle tout subitement ; cet heureux
évenement donne lieu à la seconde partie du titre de la Piece et les extravaganI. Vol ces
DECEMBRE. 1732. 2669
tes deMelpomene en fournissent le sujet.
Thalie cede la place à Melpomene qui s'avance; elle fait entendre qu'elle va rejoindre Apollon qui doit déliberer en plein conseil sur les moyens les plus propres à remé
dier aux folles saillies de la Muse tragique.
Melpomene arrive ; l'entousiasme dont
elle est transportée , lui fait tenir des discours injurieux au Sophocle et à l'Euripide de la France ; l'idée dont elle est remplie lui promet des succès infiniment plus
éclatants que tous ceux des Corneilles et
des Racines ; des routes nouvelles s'ouvrent devant ses pas ; elle y va entrer pour
La premiere fois , et tout lui répond de
remplir dignement la brillante carriere
qu'elle se propose de commencer. Le camarade d'Arlequin ne lui faithumblement
La réverence que sous le nom de Comédien François ; pour Arlequin , ne pouvant l'aborder à la faveur de la même
imposture , attendu que son habit et son
masque le décéleroient aux yeux de la superbe Muse, il prend le parti de suivre Thalie , comme Muse de sa connoissance. Melpomene trompée par le nom
de Comédien François , que le camarade
d'Arlequin se donne , lui dit qu'ils n'ont
ses heureux camarades et lui , qu'à préparer leurs cofres-forts , et que la riche
I. Vol. Giiij idée
2670 MERCURE DE FRANCE
idée qu'elle roule dans sa tête sera un Perou pour leur Troupe. Comme cette idée
n'est pas encore assez débrouillée , la Muse se jette sur un lit de gazon pour y rêver et elle s'y endort. Des songes chimeriques se présentent à elle , et achevent de
lui faire digerer le Chef d'oeuvre qu'elle
s'est promis. Elle s'éveille enfin et fait entendre que son ouvrage est consommé.
Le Comédien Italien , soi disant Comédien François , la prie de lui donner sa
Tragédie ; elle ne lui répond que par de
magnifiques promesses réïterées , sans se
donner la peine de lui dire ni quel est le
sujet de sa Piece , ni quelle en est la distribution : il y a des Auteurs , ajoute- t-elle,
qui croyent se couvrir de gloire, en disant
qu'ils ont fait cinq Actes en trois semaines , et moi je ne demande que trois minutes , et si tu en veux voir une épreuve,
je vais te la donner sur le champ : allons ,
poursuit- elle, que les cinq Actes dont j'ai
besoin obéissent à ma voix ; qu'ils paroissent à mes yeux. A peine a- t-elle parlé ;
qu'on voit sortir cinq Actes personifiez et
numerotez du premier au cinquiéme par
une étiquette qui les distingue les uns des autres.
Chacun de ces Actės , à commencer par
le premier , rend compte de la fonction
I.Vol.
qu'il
DECEMBRE. 1732. 2871
qu'il a dans la nouvelle Tragédie qui doit
attirer tout Paris. L'ordre de la marche
théatrale est un peu troublé par une petite.
altercation qui s'éleve entre le second et
le troisiéme , qui se reprochent récipro-.
quement d'être déplacez ; les autres se
suivent conformément au numero qu'on.
leur a assigné.
Le cinquiéme Acte paroit enfin , tout
fier d'être destiné à finir un si bel ouvrage ; voici les derniers vers qu'il récite
avec une parfaite sécurité , en parlant de
son Héros.
Du même fer il se perce lui-même;
At-onjamais fini par un plus beau Morceau ?
Melpomene en est si satisfaite qu'elle en
pleure de joie. Quoi ? Muse, vous pleurez!
dit le cinquiéme Acte personifié ; la Muse remplit le dernier hémistiche , par ces paroles que l'admiration lui arrache , trèsbeau , très-beau , très- beau.
Le ravissement de la Muse tragique et
de ses cinq Actes est troublé par l'arrivée.
de Thalie , qui dit d'un air malicieux
qu'elle apporte le sixième Acte ; Melpomene jette sur elle de fiers regards qui lui
annoncent le cas qu'elle fait de l'addition
qu'elle prétend faire à son chef- d'œuvre
mais Thalie.rabbat son orgueil , en lui ap1. Vol.
Gy pre-
2672 MERCURE DE FRANCE
prenant que le Conseil du Mont sacré
vient de la condamner aux petites Maisons , et ses cinq Actes à l'oubli. Melpomene en est au désespoir , et ses cinq Actes se reprochent les uns aux autres l'affront qu'ils viennent de recevoir ; on auroit souhaitté que l'Auteur eut saisi ce
nouyer incident pour critiquer la Piéce
qui est l'objet de la Parodie , et que chaque Acte fit voir maniere de reproche les défauts qu'on y peut censurer.
Les cinq Actes ayant enfin disparu ,
Melpomene finit par ces Vers , parodiez du Čid.
par
Pleurez , pleurez mes yeux ; fondez en cata ractes ;
Je perds toute ma gloire en perdant mes cinq Actes.
,
Au reste , tous les Amateurs de Piéces
de Théatre ont été surpris , que l'Auteur
d'une idée si neuve , et si susceptible de
traits comiques l'ait si négligemment
remplie ; on diroit qu'il n'a voulu donner qu'une esquisse , pour apprendre aux
faiseurs de Parodies , qu'on peut s'écartér
des sentiers trop battus dans ce genre de
Comédie , qui pourroit être très- utile , si
l'on ne s'y attachoit plutôt à divertir qu'à
instruire et à corriger. Nous n'avons vû
1. Vol. depuis
DECEMBRE. 1732. 2673
depuis plusieurs années que très-peu de
Parodies dignes d'être estimées ; telles
sont , Oedipe travesti , Agnés de Chaillot , et le mauvais Ménage ; la plupart
des autres ne sont qu'une imitation servile des Tragédies qu'elles prétendent tourner en ridicule ; ce genre est sans contredit le plus aisé ; mais il s'en faut bien qu'il
soit le plus estimable , et le plus couru ,
à moins qu'on n'y trouve quelque heureux incident qui attire le Public , soit
par la beauté du Spectacle , soit par quelque chose de bruyant , tel que la fureur
que de Roland , &c.
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Résumé : Arlequin au Parnasse, ou la Folie de Melpomene, &c. [titre d'après la table]
Le 4 décembre, les Comédiens Italiens ont présenté la première représentation d'une parodie intitulée 'Arlequin au Parnasse, ou la Folie de Melpomene', inspirée de la tragédie 'Zaire'. L'auteur de cette pièce est resté anonyme par respect pour sa modestie. L'intrigue se déroule sur le Mont Parnasse, où Arlequin et un camarade cherchent une nouveauté pour attirer des spectateurs. Arlequin, paresseux, préfère rester au pied du Mont Parnasse et se contente de trouver un titre pour sa pièce. Thalie intervient alors pour annoncer que Melpomene, la muse de la tragédie, est devenue folle, fournissant ainsi le sujet de la parodie. Dans son délire, Melpomene critique les tragédiens français et promet des succès éclatants. Elle s'endort et rêve de son œuvre, qu'elle présente ensuite sous forme de cinq actes personnifiés. Thalie interrompt finalement Melpomene en annonçant que le conseil du Mont Parnasse a condamné Melpomene aux petites maisons et ses actes à l'oubli. La pièce se termine par une parodie de vers du 'Cid'. Les amateurs de théâtre ont été surpris par la négligence de l'auteur, qui n'a pas pleinement exploité le potentiel comique de son idée. La parodie est vue comme une esquisse, encourageant les futurs auteurs à innover dans ce genre. Le texte mentionne quelques parodies estimables comme 'Oedipe travesti', 'Agnès de Chaillot' et 'Le mauvais ménage', mais critique la plupart des autres pour leur imitation servile des tragédies.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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760
p. 2673-2674
« Le 9 Décembre les mêmes Comédiens donnerent une Piéce nouvelle en un Acte [...] »
Début :
Le 9 Décembre les mêmes Comédiens donnerent une Piéce nouvelle en un Acte [...]
Mots clefs :
Comédiens, Opéra comique, Pierrot, Théâtre italien
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 9 Décembre les mêmes Comédiens donnerent une Piéce nouvelle en un Acte [...] »
Le 9 Décembre les mêmes Comédiens
donnerent une Piéce nouvelle en un Acte et en Vers , sous le titre des Enfans
Trouvez , ou le Sultan poli par l'Amour.
Cette Comédie , bien écrite et ingénieusement composée est fort applaudie. Nous
en donnerons un Extrait plus détaillé
dans le second Volume du Mercure de
ce mois , actuellement sous presse.
Le premier Décembre , le sieur Hamoche ,
ancien Acteur de l'Opéra Comique , connu depuis long-tems du Public sous le nom de Pierrot ,
ayant eu ordre de débuter sur le Théatre Italien;
ily joua trois differens Rôles dans trois Comédies qui furent représentées le même jour , sça1. Vol. GV voir )
2674 MERCURE DE FRANCE
voir dans les Paysans de qualité , le Tour de Carnaval , et dans le Triomphe de l'Interêt , il a joué encore d'autres Rôles dans deux Piéces de l'ancien Théatre Italien , et il a été applaudi du Public. Il fit un compliment aux Spectateurs pour
se les rendre favorables , lequel fut terminé par
ces quatre Vers parodiez du Tartuffe.
En vous est mon espoir , mon bien , ma quiétude
De vous dépend mapeine ou ma béatitude ,
Etje vais être enfin par votre seul Arrêt
Heureux , si vous voulés , malheureux , s'il vous
plaît.
Le s Décembre , le sieur Thomassin le fils ;
reparut encore sur le Théatre Italien , et joüa
dans la Comédie du Je ne sçai quoi , le Rôle du
Maître à Chanter , qui est une Parodie d'un des
Actes du Ballet des Fêtes Venitiennes. Ce jeune
homme joue avec intelligence , et paroît avoir
du talent pour le Théatre ; il peut le perfectionner s'il s'applique à imiter ceux de son pere
qui est en possession de plaire au Public dès qu'il
paroît sur la Scene. Ce nouvel Acteur a été reçû
depuis peu dans la Troupe.
donnerent une Piéce nouvelle en un Acte et en Vers , sous le titre des Enfans
Trouvez , ou le Sultan poli par l'Amour.
Cette Comédie , bien écrite et ingénieusement composée est fort applaudie. Nous
en donnerons un Extrait plus détaillé
dans le second Volume du Mercure de
ce mois , actuellement sous presse.
Le premier Décembre , le sieur Hamoche ,
ancien Acteur de l'Opéra Comique , connu depuis long-tems du Public sous le nom de Pierrot ,
ayant eu ordre de débuter sur le Théatre Italien;
ily joua trois differens Rôles dans trois Comédies qui furent représentées le même jour , sça1. Vol. GV voir )
2674 MERCURE DE FRANCE
voir dans les Paysans de qualité , le Tour de Carnaval , et dans le Triomphe de l'Interêt , il a joué encore d'autres Rôles dans deux Piéces de l'ancien Théatre Italien , et il a été applaudi du Public. Il fit un compliment aux Spectateurs pour
se les rendre favorables , lequel fut terminé par
ces quatre Vers parodiez du Tartuffe.
En vous est mon espoir , mon bien , ma quiétude
De vous dépend mapeine ou ma béatitude ,
Etje vais être enfin par votre seul Arrêt
Heureux , si vous voulés , malheureux , s'il vous
plaît.
Le s Décembre , le sieur Thomassin le fils ;
reparut encore sur le Théatre Italien , et joüa
dans la Comédie du Je ne sçai quoi , le Rôle du
Maître à Chanter , qui est une Parodie d'un des
Actes du Ballet des Fêtes Venitiennes. Ce jeune
homme joue avec intelligence , et paroît avoir
du talent pour le Théatre ; il peut le perfectionner s'il s'applique à imiter ceux de son pere
qui est en possession de plaire au Public dès qu'il
paroît sur la Scene. Ce nouvel Acteur a été reçû
depuis peu dans la Troupe.
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Résumé : « Le 9 Décembre les mêmes Comédiens donnerent une Piéce nouvelle en un Acte [...] »
Le 9 décembre, les comédiens ont présenté 'Les Enfants Trouvés, ou le Sultan poli par l'Amour', une pièce en un acte et en vers, bien écrite et applaudie. Un extrait détaillé sera publié dans le second volume du Mercure de ce mois. Le 1er décembre, le sieur Hamoche, ancien acteur de l'Opéra Comique connu sous le nom de Pierrot, a débuté au Théâtre Italien. Il a interprété trois rôles dans 'Les Paysans de qualité', 'Le Tour de Carnaval' et 'Le Triomphe de l'Intérêt', ainsi que d'autres rôles dans deux pièces de l'ancien Théâtre Italien. Hamoche a été applaudi et a adressé un compliment aux spectateurs, concluant par des vers parodiés du 'Tartuffe'. Le 10 décembre, le sieur Thomassin le fils a joué le rôle du Maître à Chanter dans 'Le Je ne sçai quoi', une parodie du ballet 'Les Fêtes Venitiennes'. Thomassin le fils a montré intelligence et talent, et peut perfectionner son art en imitant son père, apprécié du public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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761
p. 2674-2683
EXTRAIT de la Tragédie de Biblis, annoncée dans le dernier Mercure.
Début :
Le Théatre représente d'abord le Palais de Neptune; Amphitrite paroît [...]
Mots clefs :
Tragédie, Biblis, Sujets, Théâtre, Dieux, Oracle, Opéra, Chant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Tragédie de Biblis, annoncée dans le dernier Mercure.
EXTRAIT de la Tragédie de Biblis
annoncée dans le dernier Mercure.
LEE Théatre représente d'abord le Palais de Neptune ; Amphitrite paroît
sur un Trône , entouré de Nymphes
de Nereides, de DieuxMarins, et de FleuI. Vol.
ves.
DECEMBRE. 732 2678
ves. Amphitrite expose le sujet du Prolo
gue par ces Vers :
Vous qui formez la Cour du Souverain dest Mers ,
Glorieux soutiens de son Trône
Célebrez avec moi l'heureux jour où Latone
Evita le courroux de la Reine des Airs :
Par les bienfaits du Dieu de l'Onde
Apollon et Diane embellissent le monde.
Les Sujets de Neptune et d'Amphitri
te célebrent cet heureux évenement
Neptune vient se joindre à cette Fête. Junon la vient troubler , et fait connoître.
son indignation par ces Vers qui lient le
Prologue à la Tragédie.
Neptune est donc toujours contraire à mes de sirs ! & c.
Ah ! si le Dieu du jour et sa coupable mere
N'ont point éprouvé mon courroux ,
Du moins faisons tomber mes coups
Sur ce sang criminel qui ne sçauroit me plaire
Hâtons-nous , suivons ma fureur ;
Que l'Amour seconde ma haine ;
Qu'il allume des feux dont la coupable ar deur
Rende ma vangeance certaine , &c.
La Scene est à Milet. Au premier Acte
I. Val.
le
2676 MERCURE DE FRANCE
,
le Théatre représente le Temple d'Apollon. Caunus , frere de Biblis , ouvre la
Scene avec Ismene , Souveraine de la Carie. Après lui avoir parlé de son amour
il lui dit que le bonheur que lui fait esperer la Victoire qu'il vient de remporter
sur les Rebelles de ses Etats , est troublé
par la langueur mortelle de sa Sœur. Ils
implorent tous deux le secours du Ciel.
Biblis vient ; Ismene la laisse avec son
frere.
Biblis ne dit rien à Caunus qui puisse
lui faire soupçonner le détestable amour
dont elle brûle pour lui ; elle lui fait seulement entendre que les Dieux , et surtout Apollon dont elle est Prêtresse, sont
irritez contre elle. Pour rendre le calme
à ses États et à son cœur , elle le prie
d'accepter la Couronne que sa qualité de
grande Prêtresse du Dieu qui leur a donné la naissance a fait tomber sur sa tête ;
elle le presse de renvoyer Ismene dans ses
Etats ; ce dernier ordre le surprend ; il
persiste à refuser la Couronne , mais elle
lui apprend que tout est disposé à le reconnoître pour Roi ; elle lui prescrit ce, -
qui lui reste à faire par ces Vers :
Le peuple vient ici se ranger sous vos loix ;
Recevez son premier hommage ;
1. Vol.
Il
DECEMBRE. 1732. 2677
Il faut
gage A
que dans ce Temple un serment vous enrespecter les Décrets de nos Rois.
Le couronnement de Caunus est le sujet de la Fête de cet Acte ; le nouveau Roi
fait le serment que Biblis lui a imposé ;
le serment est interrompu par le bruit du
Tonnerre, et Apollon fait entendre l'Ora-›
cle que voici.
Tremble , malheureux , tremble , à l'aspect de ces lieux ;
Laisse jouir Biblis de la Couronne ;
Le plus cruel malheur pour toi seul l'environne ,
Fui ; respecte mon sang , et le Trône et les
Dieux.
Caunus se résout à obéïr aux Dieux ; les
peuples sortent avec lui ; Biblis reste seule
et fait connoître que c'est elle que l'Oracle regarde ; elle s'exprime ainsi :
Quelle fatale ardeur dans mon ame s'allume !
Ou suis-je ? qu'est- ce que je voi ?
Le feu mortel qui me consume
Dans un abîme affreux m'entraîne malgré moi ?
Le Théatre représente un Port de mer
au second Acte ; on y voit des Vaisseaux préparés pour le départ d'Ismene.
I. Vol. Ipis
2678 MERCURE DE FRANCE
Iphis , Prince d'Ionie , et amoureux de
Biblis , témoigne sa frayeur sur le péril
de sa Princesse.
Biblis vient le prier d'empêcher le départ de Caunus ; Iphis refuse de lui
obeïr , fondé sur la menace et l'ordre absolu d'Apollon ; Biblis lui deffend de la
voir jamais , s'il n'éxécute ce qu'elle lui
ordonne ; il se détermine enfin à lui
obeïr , quoiqu'il lui en puisse coûter.
Ismene se plaint tendrement à Caunus
de ce qu'il la renvoye dans ses Etats sans
l'y suivre ; Caunus lui répond qu'il n'ose l'associer à ses malheurs ; enfin touché
de ses larmes et excité par son amour , il
se réfout à partir avec elle.
Les Sujets d'Ismene et une Troupe de
Matelots, viennent célebrer la Victoire qui
a rétabli leur Souveraine sur le Trônequ'on avoit usurpé sur elle. Cette Fête a
fait un très grand plaisir , tant par rapport aux Danses parfaitement éxécutées
par les Dlles Camargo et Salé , que par les
Canevats chantés par la Dlle Petitpas.
La Fête est interrompue par Iphis , qui
vient annoncer à Caunus que Biblis se
soustrait pour jamais aux yeux de ses
Peuples ; tous les Ioniens le conjurent de
ne point partir et de régner sur eux ;
Caunus oppose à leurs prieres les mena- ,
I. Vol. ces
DECEMBRE. 1732 2679
ces d'Apollon ; il ne se détermine à rien ,
et fait entendre seulement qu'il va consulter les Dieux une seconde fois.
Au troisiéme Acte , le Théatre représente un Antre ; on y voit un Tombeau en
forme de Pyramide , où sont les Ancêtres
de Biblis. Elle se plaint de son sort par
ces Vers :
Séjour impénetrable à la clarté des Cieux ,
Antres affreux , objets funebres ,
Frémissez avec moi de mon sort rigoureux ;
Mais n'en rougissez pas , Manes de mes Ayeux ;
Je viens cacher mes feux dans l'horreur des te nebres.
Je n'ai point fait l'aveu du crime de mon cœur ,
Ma mort va lui donner sa premiere innocence ;
excitez la vengeance,
Dont je vais punir mon ardeur.
Ranimez mon courage ,
Séjour impénetrable , &c.
Iphis arrive ; Biblis irritée , lui ordonne
de la laisser dans ce lieu d'horreur ; Iphis
lui dit que Caunus viendra bien- tôt se
joindre à lui pour la rendre à la lumiere;
ce dernier coup accable Biblis ; elle de
mande à Iphis d'où vient que Caunus
n'est point parti ; Iphis étonné , lui répond que ce n'est que par son ordre exprès qu'il l'a retenu ; Biblis lui dit qu'il
I. Vol.
ne
2680 MERCURE DE FRANCE
ne devoit point lui obéïr ; elle lui deffend
d'apprendre à Caunus en quel lieu elle
s'est retirée et exige même un serment de lui sur ce sujet, Iphis la quitte en
l'assurant qu'il amenera bientôt son frere.
Biblis accablée de douleur , s'endort ; le
Théatre change et représente les Champs
Elisées. Des Songes sous la forme d'Amans heureux et d'Amans malheureux ,
se présentent à elle ; les premiers expos
sent leurs plaisirs par leurs danses et par
leurs chants , et les derniers expriment
leurs tourmens. Cette funeste image éveille Biblis en sursaut ; elle continuë à gé
mir des maux où le Ciel la condamne.
Caunus vient , sa présence augmente
le supplice de Biblis ; elle lui fait même
sentir que plus elle le voit , et plus elle
est malheureuse ; Caunus ne peut rien
comprendre à ce mystere. Biblis prend
enfin une derniere et noble résolution
qu'elle fait connoître par ces Vers qui finissent ce troisiéme Acte.
Venez , le Ciel m'éclaire ,
Je puis , sans l'offenser , voir encor la lumiere;
Couronnons de tendres ardeurs ;
Que l'Hymen àjamais vous joigne avec Ismene,
à
part.
Dieux , que ce Sacrifice appaise votre haine.
I. Vol.
Le
DECEMBRE. 1732. 1681
Le Théatre représente au quatriéme
'Acte , un lieu embelli pour celebrer l'Hymen de Caunus et d'Ismene. Celle- cy se
livre au doux plaisir de l'esperance. Biblis vient ; ismene lui témoigne sa reconnoissance au sujet de son Hymen , auquel elle a bien voulu consentir ; elle la
presse de renoncer au dessein qu'elle a
formé de quitter la Couronne et la vie ;
Biblis lui fait entendre qu'elle est toû
jours dans la résolution de cesser de vivre.
Caunus vient , suivi d'une troupe de
Peuples de divers endroits de la Grece ;
il invite sa sœur Biblis à couronner la
constance d'Iphis , comme Ismene va
couronner la sienne. La Fête commence ;
les Peuples témoignent par leurs chants
et par leurs jeux , le plaisir qu'ils ont de
voir finir leurs malheurs. Biblis invite
Caunus et Ismene à s'approcher de l'Autel pour être unis à jamais , et leur parle
ainsi :
Approchez, il est temps que l'Hymen vous unisse
Joignez vous à mes vœux au pié de cet Autel ;
Il faut qu'un sacrifice auguste et solemnel ,
Rende à jamais le Ciel à votre Hymen propice.
On amene la victime , sous prétexte
de l'immoler : Biblis veut s'immoler ellemême; Caunus lui retient le bras , elle
s'en plaint par ces Vers :
2682 MERCURE DE FRANCE
Dieux ! faudra t'il toujours par un funeste sort ,
Me voir retenir à la vie ,
Par cette même main qui me donne la mort.
Au cinquiéme Acte , le Théatre représente le Palais de Biblis. Caunus commence à soupçonner l'amour incestueux
de sa sœur , du moins il le fait connoître
par ces Vers qui commencent le dernier
Acte.
Qu'ai-je entendu ? grands Dieux ! et quel Démon barbare ,
A conduit la main de Biblis ?
Une soudaine horreur de mon ame s'empare ;
Où suis- je ? qu'ai-je vû ; je tremble ¦ je fréq
mis , &c.
Ismene vient s'affliger avec Caunus , du funeste présage qui vient de préceder leur Hymen ; Iphis tout éperdu ,
annonce à Caunus que Biblis persiste
dans le dessein de mourir , et que son
nom est sorti cent fois de la bouche
de cette sœur infortunée. Caunus veut
partir sans la voir , pour obéïr aux Dieux.
Biblis vient , elle prie Iphis , et Ismene.
de se retirer ; l'affreuse verité lui échappe,
Caunus en est épouvanté ; elle saisit le
moment de sa mortelle frayeur pour se
frapper.
1. Vol.
On
DECEMBRE. 1732: 2683
On a trouvé ce cinquiéme Acte superAu ; et tout le monde convient que la
Tragédie auroit beaucoup mieux fini par
' le sacrifice volontaire de Biblis , qui auroit pû être suivi de l'aveu de son amour
incestueux , auqel cas il auroit fallu mettre un Acte intermediaire. Au reste cette
Tragédie a été parfaitement executée.
Les Diles le Maure et Pélissier y ont
soutenu la réputation qu'elles se sont si
justement acquise par la beauté du chant
et par la justesse de l'action . Le sieur Dupré se fait tous les jours plus admirer par
la noblesse , la legereté et la finesse de sa danse,
annoncée dans le dernier Mercure.
LEE Théatre représente d'abord le Palais de Neptune ; Amphitrite paroît
sur un Trône , entouré de Nymphes
de Nereides, de DieuxMarins, et de FleuI. Vol.
ves.
DECEMBRE. 732 2678
ves. Amphitrite expose le sujet du Prolo
gue par ces Vers :
Vous qui formez la Cour du Souverain dest Mers ,
Glorieux soutiens de son Trône
Célebrez avec moi l'heureux jour où Latone
Evita le courroux de la Reine des Airs :
Par les bienfaits du Dieu de l'Onde
Apollon et Diane embellissent le monde.
Les Sujets de Neptune et d'Amphitri
te célebrent cet heureux évenement
Neptune vient se joindre à cette Fête. Junon la vient troubler , et fait connoître.
son indignation par ces Vers qui lient le
Prologue à la Tragédie.
Neptune est donc toujours contraire à mes de sirs ! & c.
Ah ! si le Dieu du jour et sa coupable mere
N'ont point éprouvé mon courroux ,
Du moins faisons tomber mes coups
Sur ce sang criminel qui ne sçauroit me plaire
Hâtons-nous , suivons ma fureur ;
Que l'Amour seconde ma haine ;
Qu'il allume des feux dont la coupable ar deur
Rende ma vangeance certaine , &c.
La Scene est à Milet. Au premier Acte
I. Val.
le
2676 MERCURE DE FRANCE
,
le Théatre représente le Temple d'Apollon. Caunus , frere de Biblis , ouvre la
Scene avec Ismene , Souveraine de la Carie. Après lui avoir parlé de son amour
il lui dit que le bonheur que lui fait esperer la Victoire qu'il vient de remporter
sur les Rebelles de ses Etats , est troublé
par la langueur mortelle de sa Sœur. Ils
implorent tous deux le secours du Ciel.
Biblis vient ; Ismene la laisse avec son
frere.
Biblis ne dit rien à Caunus qui puisse
lui faire soupçonner le détestable amour
dont elle brûle pour lui ; elle lui fait seulement entendre que les Dieux , et surtout Apollon dont elle est Prêtresse, sont
irritez contre elle. Pour rendre le calme
à ses États et à son cœur , elle le prie
d'accepter la Couronne que sa qualité de
grande Prêtresse du Dieu qui leur a donné la naissance a fait tomber sur sa tête ;
elle le presse de renvoyer Ismene dans ses
Etats ; ce dernier ordre le surprend ; il
persiste à refuser la Couronne , mais elle
lui apprend que tout est disposé à le reconnoître pour Roi ; elle lui prescrit ce, -
qui lui reste à faire par ces Vers :
Le peuple vient ici se ranger sous vos loix ;
Recevez son premier hommage ;
1. Vol.
Il
DECEMBRE. 1732. 2677
Il faut
gage A
que dans ce Temple un serment vous enrespecter les Décrets de nos Rois.
Le couronnement de Caunus est le sujet de la Fête de cet Acte ; le nouveau Roi
fait le serment que Biblis lui a imposé ;
le serment est interrompu par le bruit du
Tonnerre, et Apollon fait entendre l'Ora-›
cle que voici.
Tremble , malheureux , tremble , à l'aspect de ces lieux ;
Laisse jouir Biblis de la Couronne ;
Le plus cruel malheur pour toi seul l'environne ,
Fui ; respecte mon sang , et le Trône et les
Dieux.
Caunus se résout à obéïr aux Dieux ; les
peuples sortent avec lui ; Biblis reste seule
et fait connoître que c'est elle que l'Oracle regarde ; elle s'exprime ainsi :
Quelle fatale ardeur dans mon ame s'allume !
Ou suis-je ? qu'est- ce que je voi ?
Le feu mortel qui me consume
Dans un abîme affreux m'entraîne malgré moi ?
Le Théatre représente un Port de mer
au second Acte ; on y voit des Vaisseaux préparés pour le départ d'Ismene.
I. Vol. Ipis
2678 MERCURE DE FRANCE
Iphis , Prince d'Ionie , et amoureux de
Biblis , témoigne sa frayeur sur le péril
de sa Princesse.
Biblis vient le prier d'empêcher le départ de Caunus ; Iphis refuse de lui
obeïr , fondé sur la menace et l'ordre absolu d'Apollon ; Biblis lui deffend de la
voir jamais , s'il n'éxécute ce qu'elle lui
ordonne ; il se détermine enfin à lui
obeïr , quoiqu'il lui en puisse coûter.
Ismene se plaint tendrement à Caunus
de ce qu'il la renvoye dans ses Etats sans
l'y suivre ; Caunus lui répond qu'il n'ose l'associer à ses malheurs ; enfin touché
de ses larmes et excité par son amour , il
se réfout à partir avec elle.
Les Sujets d'Ismene et une Troupe de
Matelots, viennent célebrer la Victoire qui
a rétabli leur Souveraine sur le Trônequ'on avoit usurpé sur elle. Cette Fête a
fait un très grand plaisir , tant par rapport aux Danses parfaitement éxécutées
par les Dlles Camargo et Salé , que par les
Canevats chantés par la Dlle Petitpas.
La Fête est interrompue par Iphis , qui
vient annoncer à Caunus que Biblis se
soustrait pour jamais aux yeux de ses
Peuples ; tous les Ioniens le conjurent de
ne point partir et de régner sur eux ;
Caunus oppose à leurs prieres les mena- ,
I. Vol. ces
DECEMBRE. 1732 2679
ces d'Apollon ; il ne se détermine à rien ,
et fait entendre seulement qu'il va consulter les Dieux une seconde fois.
Au troisiéme Acte , le Théatre représente un Antre ; on y voit un Tombeau en
forme de Pyramide , où sont les Ancêtres
de Biblis. Elle se plaint de son sort par
ces Vers :
Séjour impénetrable à la clarté des Cieux ,
Antres affreux , objets funebres ,
Frémissez avec moi de mon sort rigoureux ;
Mais n'en rougissez pas , Manes de mes Ayeux ;
Je viens cacher mes feux dans l'horreur des te nebres.
Je n'ai point fait l'aveu du crime de mon cœur ,
Ma mort va lui donner sa premiere innocence ;
excitez la vengeance,
Dont je vais punir mon ardeur.
Ranimez mon courage ,
Séjour impénetrable , &c.
Iphis arrive ; Biblis irritée , lui ordonne
de la laisser dans ce lieu d'horreur ; Iphis
lui dit que Caunus viendra bien- tôt se
joindre à lui pour la rendre à la lumiere;
ce dernier coup accable Biblis ; elle de
mande à Iphis d'où vient que Caunus
n'est point parti ; Iphis étonné , lui répond que ce n'est que par son ordre exprès qu'il l'a retenu ; Biblis lui dit qu'il
I. Vol.
ne
2680 MERCURE DE FRANCE
ne devoit point lui obéïr ; elle lui deffend
d'apprendre à Caunus en quel lieu elle
s'est retirée et exige même un serment de lui sur ce sujet, Iphis la quitte en
l'assurant qu'il amenera bientôt son frere.
Biblis accablée de douleur , s'endort ; le
Théatre change et représente les Champs
Elisées. Des Songes sous la forme d'Amans heureux et d'Amans malheureux ,
se présentent à elle ; les premiers expos
sent leurs plaisirs par leurs danses et par
leurs chants , et les derniers expriment
leurs tourmens. Cette funeste image éveille Biblis en sursaut ; elle continuë à gé
mir des maux où le Ciel la condamne.
Caunus vient , sa présence augmente
le supplice de Biblis ; elle lui fait même
sentir que plus elle le voit , et plus elle
est malheureuse ; Caunus ne peut rien
comprendre à ce mystere. Biblis prend
enfin une derniere et noble résolution
qu'elle fait connoître par ces Vers qui finissent ce troisiéme Acte.
Venez , le Ciel m'éclaire ,
Je puis , sans l'offenser , voir encor la lumiere;
Couronnons de tendres ardeurs ;
Que l'Hymen àjamais vous joigne avec Ismene,
à
part.
Dieux , que ce Sacrifice appaise votre haine.
I. Vol.
Le
DECEMBRE. 1732. 1681
Le Théatre représente au quatriéme
'Acte , un lieu embelli pour celebrer l'Hymen de Caunus et d'Ismene. Celle- cy se
livre au doux plaisir de l'esperance. Biblis vient ; ismene lui témoigne sa reconnoissance au sujet de son Hymen , auquel elle a bien voulu consentir ; elle la
presse de renoncer au dessein qu'elle a
formé de quitter la Couronne et la vie ;
Biblis lui fait entendre qu'elle est toû
jours dans la résolution de cesser de vivre.
Caunus vient , suivi d'une troupe de
Peuples de divers endroits de la Grece ;
il invite sa sœur Biblis à couronner la
constance d'Iphis , comme Ismene va
couronner la sienne. La Fête commence ;
les Peuples témoignent par leurs chants
et par leurs jeux , le plaisir qu'ils ont de
voir finir leurs malheurs. Biblis invite
Caunus et Ismene à s'approcher de l'Autel pour être unis à jamais , et leur parle
ainsi :
Approchez, il est temps que l'Hymen vous unisse
Joignez vous à mes vœux au pié de cet Autel ;
Il faut qu'un sacrifice auguste et solemnel ,
Rende à jamais le Ciel à votre Hymen propice.
On amene la victime , sous prétexte
de l'immoler : Biblis veut s'immoler ellemême; Caunus lui retient le bras , elle
s'en plaint par ces Vers :
2682 MERCURE DE FRANCE
Dieux ! faudra t'il toujours par un funeste sort ,
Me voir retenir à la vie ,
Par cette même main qui me donne la mort.
Au cinquiéme Acte , le Théatre représente le Palais de Biblis. Caunus commence à soupçonner l'amour incestueux
de sa sœur , du moins il le fait connoître
par ces Vers qui commencent le dernier
Acte.
Qu'ai-je entendu ? grands Dieux ! et quel Démon barbare ,
A conduit la main de Biblis ?
Une soudaine horreur de mon ame s'empare ;
Où suis- je ? qu'ai-je vû ; je tremble ¦ je fréq
mis , &c.
Ismene vient s'affliger avec Caunus , du funeste présage qui vient de préceder leur Hymen ; Iphis tout éperdu ,
annonce à Caunus que Biblis persiste
dans le dessein de mourir , et que son
nom est sorti cent fois de la bouche
de cette sœur infortunée. Caunus veut
partir sans la voir , pour obéïr aux Dieux.
Biblis vient , elle prie Iphis , et Ismene.
de se retirer ; l'affreuse verité lui échappe,
Caunus en est épouvanté ; elle saisit le
moment de sa mortelle frayeur pour se
frapper.
1. Vol.
On
DECEMBRE. 1732: 2683
On a trouvé ce cinquiéme Acte superAu ; et tout le monde convient que la
Tragédie auroit beaucoup mieux fini par
' le sacrifice volontaire de Biblis , qui auroit pû être suivi de l'aveu de son amour
incestueux , auqel cas il auroit fallu mettre un Acte intermediaire. Au reste cette
Tragédie a été parfaitement executée.
Les Diles le Maure et Pélissier y ont
soutenu la réputation qu'elles se sont si
justement acquise par la beauté du chant
et par la justesse de l'action . Le sieur Dupré se fait tous les jours plus admirer par
la noblesse , la legereté et la finesse de sa danse,
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Résumé : EXTRAIT de la Tragédie de Biblis, annoncée dans le dernier Mercure.
La tragédie de Biblis, présentée au théâtre, commence par un prologue où Amphitrite, entourée de nymphes et de dieux marins, célèbre la protection d'Apollon et Diane contre Junon. Neptune rejoint la fête, mais Junon intervient pour exprimer sa colère et sa vengeance. L'action se déroule à Milet. Au premier acte, dans le temple d'Apollon, Caunus, frère de Biblis, parle à Ismene, souveraine de Carie, de son amour et de la maladie de sa sœur. Biblis apparaît et, sans révéler son amour incestueux pour Caunus, lui demande de devenir roi et de renvoyer Ismene. Caunus refuse la couronne mais accepte de renvoyer Ismene. Lors de son couronnement, une voix divine interrompt le serment, révélant que Biblis est maudite. Au deuxième acte, dans un port de mer, Iphis, amoureux de Biblis, refuse de retenir Caunus. Ismene et Caunus décident de partir ensemble. Une fête est interrompue par Iphis, annonçant la disparition de Biblis. Au troisième acte, dans une grotte, Biblis se plaint de son sort et décide de se sacrifier. Iphis lui annonce que Caunus viendra la chercher. Biblis, accablée, s'endort et fait des cauchemars. À son réveil, Caunus arrive, mais Biblis décide de se sacrifier pour apaiser les dieux. Au quatrième acte, lors de la célébration du mariage de Caunus et Ismene, Biblis tente de se sacrifier mais est arrêtée par Caunus. Au cinquième acte, dans le palais de Biblis, Caunus découvre la vérité sur l'amour incestueux de sa sœur. Biblis, épouvantée, se frappe mortellement. La tragédie se termine par la mort de Biblis, et l'exécution est saluée pour sa qualité.
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762
p. 2683-2685
Isis, Opera remis, [titre d'après la table]
Début :
Le Dimanche 14. de ce mois, l'Academie Royale de Musique remit au Théatre [...]
Mots clefs :
Isis, Théâtre, Académie royale de musique, Tragédie, Lully, Quinault, Opéra
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Isis, Opera remis, [titre d'après la table]
e Dimanche 14. de ce mois , l'Academie Royale de Musique remit au Théatre Isis , Tragédie , dont les paroles sont
de Quinault , et la Musique de Lully. C'est
le septième Opera de ces illustres Auteurs.
Ils avoient déja fait ensemble Psiché , les
Fêtes de l'Amour et de Bacchus , Cadmus et
Hermione, Alceste, Thesée, et Atys . Isis n'avoit point été repris depuis 1720. Feu Mile
Fournet y chantoit alors le principal Rôle et le sieur Thévenard celui d'Hierax.
Dans la nouveauté de cet Opera , les deux
Rôles étoient joüez par la Dlle Aubry et
par le sieur Gayes et celui de Junon par
1. Vel.
la
2684 MERCURE DE FRANCE
la Diles. Christophle. Aujourd'hui ces Rôles
sont remplis par la Dlle le Maure , par
le sieur Chassé et par la Dle Antier. On représenta Isis sur le Théatre du Château
de S. Germain en Laye , devant le Roy,
en 1677. il servit de divertissement à la
Cour pendant une partie du Carnaval.
Il parut ensuite sur le Théatre de Paris ,
au mois d'Août de la même année.
L'admirable Trio des Parques. Le fil de
la vie , &c. que M. de Lully estimoit tant.
lui-même , passe pour le plus beau qu'il
ait jamais fait en ce genre.
Isis , selon M. de Freneuse , dans sa
comparaison de la Musique Françoise à la
Musique Italienne , est le plus sçavant
Opera de la composition de M. de Lully,
et qui cependant eut le moins de succès
dans sa nouveauté.
La plainte de Pan , à la sixiéme Scene
du troisiéme Acte : Hélas ! quel bruit
entend-je? &c. est regardée comme un
chef- d'œuvre , par la maniere dont il l'a
rendue après l'avoir copiée d'après nature,
à ce qu'on prétend ; car on croit entendre le même bruit et le même siflement
fait le vent en hyver à la campagne , que dans une grande maison , lorsqu'il s'engouffre dans les portes , dans les coridors ou dans les cheminées ; ce bruit ap- ذر IVol.
proche
DECEMBRE. 1732. 2685
proche fort du sifflement plaintif que font les Roseaux et d'autres Plantes de
cette espece agitées par le vent. C'est une
imitation naïve et parfaite de la Nature.
M. le Brun , dans son Théatre Lyrique,
a raison de dire qu'il faut éviter de mettre sur le Théatre un Dieu favorisé d'une
Mortelle , comme dans cette Piece , parce
qu'on ne s'interesse guere pour un Amant
dont le bonheur égale le pouvoir , કે
moins que l'incertitude de la Divinité ne
fasse subsister l'interêt.
On reproche à l'Auteur sur ce Poëme
que la Furie Erinnis , qu'il a introduite
est trop tranquille , &c. Nous parlerons
plus amplement de cet Opera, en rendant
compte à nos Lecteurs de son exécution ,
de son succès et des observations du Public en general , et des Critiques en particulier.
de Quinault , et la Musique de Lully. C'est
le septième Opera de ces illustres Auteurs.
Ils avoient déja fait ensemble Psiché , les
Fêtes de l'Amour et de Bacchus , Cadmus et
Hermione, Alceste, Thesée, et Atys . Isis n'avoit point été repris depuis 1720. Feu Mile
Fournet y chantoit alors le principal Rôle et le sieur Thévenard celui d'Hierax.
Dans la nouveauté de cet Opera , les deux
Rôles étoient joüez par la Dlle Aubry et
par le sieur Gayes et celui de Junon par
1. Vel.
la
2684 MERCURE DE FRANCE
la Diles. Christophle. Aujourd'hui ces Rôles
sont remplis par la Dlle le Maure , par
le sieur Chassé et par la Dle Antier. On représenta Isis sur le Théatre du Château
de S. Germain en Laye , devant le Roy,
en 1677. il servit de divertissement à la
Cour pendant une partie du Carnaval.
Il parut ensuite sur le Théatre de Paris ,
au mois d'Août de la même année.
L'admirable Trio des Parques. Le fil de
la vie , &c. que M. de Lully estimoit tant.
lui-même , passe pour le plus beau qu'il
ait jamais fait en ce genre.
Isis , selon M. de Freneuse , dans sa
comparaison de la Musique Françoise à la
Musique Italienne , est le plus sçavant
Opera de la composition de M. de Lully,
et qui cependant eut le moins de succès
dans sa nouveauté.
La plainte de Pan , à la sixiéme Scene
du troisiéme Acte : Hélas ! quel bruit
entend-je? &c. est regardée comme un
chef- d'œuvre , par la maniere dont il l'a
rendue après l'avoir copiée d'après nature,
à ce qu'on prétend ; car on croit entendre le même bruit et le même siflement
fait le vent en hyver à la campagne , que dans une grande maison , lorsqu'il s'engouffre dans les portes , dans les coridors ou dans les cheminées ; ce bruit ap- ذر IVol.
proche
DECEMBRE. 1732. 2685
proche fort du sifflement plaintif que font les Roseaux et d'autres Plantes de
cette espece agitées par le vent. C'est une
imitation naïve et parfaite de la Nature.
M. le Brun , dans son Théatre Lyrique,
a raison de dire qu'il faut éviter de mettre sur le Théatre un Dieu favorisé d'une
Mortelle , comme dans cette Piece , parce
qu'on ne s'interesse guere pour un Amant
dont le bonheur égale le pouvoir , કે
moins que l'incertitude de la Divinité ne
fasse subsister l'interêt.
On reproche à l'Auteur sur ce Poëme
que la Furie Erinnis , qu'il a introduite
est trop tranquille , &c. Nous parlerons
plus amplement de cet Opera, en rendant
compte à nos Lecteurs de son exécution ,
de son succès et des observations du Public en general , et des Critiques en particulier.
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Résumé : Isis, Opera remis, [titre d'après la table]
Le 14 du mois, l'Académie Royale de Musique a présenté l'opéra 'Isis' au Théâtre Isis, avec des paroles de Quinault et la musique de Lully. Cet opéra est le septième de leur collaboration, après 'Psiché', 'Les Fêtes de l'Amour et de Bacchus', 'Cadmus et Hermione', 'Alceste', 'Thésée' et 'Atys'. 'Isis' n'avait pas été repris depuis 1720, où Mlle Fournet et le sieur Thévenard interprétaient les rôles principaux. Lors de la nouvelle représentation, les rôles étaient tenus par la Dlle Aubry, le sieur Gayes et la Dlle Christophle. Actuellement, les rôles sont interprétés par la Dlle le Maure, le sieur Chassé et la Dlle Antier. 'Isis' a été joué pour la première fois au Théâtre du Château de Saint-Germain-en-Laye devant le roi en 1677, puis à Paris en août de la même année. L'opéra est célèbre pour son admirable trio des Parques, que Lully considérait comme l'un de ses plus beaux morceaux. Selon M. de Freneuse, 'Isis' est l'opéra le plus savant de Lully, bien qu'il ait eu peu de succès lors de sa première représentation. La plainte de Pan dans la sixième scène du troisième acte est particulièrement remarquée pour son imitation parfaite des bruits naturels. M. le Brun critique l'introduction d'un dieu favorisé par une mortelle, estimant que cela réduit l'intérêt dramatique. On reproche également à l'auteur d'avoir introduit une Furie Erinnis trop tranquille.
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763
p. 2685
« On apprend de Vienne, qu'on y avoit représenté le 5. Novembre avec un très-grand succès [...] »
Début :
On apprend de Vienne, qu'on y avoit représenté le 5. Novembre avec un très-grand succès [...]
Mots clefs :
Opéra, Adrien, Théâtre du marché au foin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On apprend de Vienne, qu'on y avoit représenté le 5. Novembre avec un très-grand succès [...] »
On apprend de Vienne , qu'on y avoit repré- senté les . Novembre avec un très- grand succès , le nouvel Opera d'Adrien , composé à l'oc casion de l'Anniversaire de laNaissance de l'Empereur , par le sieur Caldara , Sous- Maître de la
Chapelle de Musique de S. M. Imp.
On a représenté à Londres , sur le Théatre du
Marché au Foin , le nouvel Opera de Caton ,
dont le principal Rô'e est chanté par la Signora
Celestine Gismondi , nouvelle Chanteuse Italienne,
qui est fort applaudie.
Chapelle de Musique de S. M. Imp.
On a représenté à Londres , sur le Théatre du
Marché au Foin , le nouvel Opera de Caton ,
dont le principal Rô'e est chanté par la Signora
Celestine Gismondi , nouvelle Chanteuse Italienne,
qui est fort applaudie.
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764
p. 2719
MADRIGAL. A Madlle de Catellan, Maîtresse des Jeux Floraux de Toulouse, pour le jour de sa Naissance.
Début :
Les Graces en ce jour et les Vertus naquirent, [...]
Mots clefs :
Jeux floraux, Toulouse, Belles-lettres, Mariage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL. A Madlle de Catellan, Maîtresse des Jeux Floraux de Toulouse, pour le jour de sa Naissance.
MADRIGAL.
A Madlle de Catellan , Maîtresse des
Jeux Floraux de Toulouse
jour de sa Naissance.
L
• pour le
Es Graces en ce jour et les Vertus naquirent ,
Les Dieux en vous les réunirent.
Rendre heureux un Mortel étoit l'objet des
Cieux :
Mais vous avés trompé , trop aimable Clarice ,
Par une cruelle injustice ,
Et les vœux des Mortels et l'attente des Dieux.
Ce Madrigal convient à une Demoiselle
qui a meprisé les engagemens du Mariage
pour s'attacher à cultiver les BellesLettres.
A Madlle de Catellan , Maîtresse des
Jeux Floraux de Toulouse
jour de sa Naissance.
L
• pour le
Es Graces en ce jour et les Vertus naquirent ,
Les Dieux en vous les réunirent.
Rendre heureux un Mortel étoit l'objet des
Cieux :
Mais vous avés trompé , trop aimable Clarice ,
Par une cruelle injustice ,
Et les vœux des Mortels et l'attente des Dieux.
Ce Madrigal convient à une Demoiselle
qui a meprisé les engagemens du Mariage
pour s'attacher à cultiver les BellesLettres.
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765
s. p.
ODE. A LA POESIE.
Début :
C'est toi, divine Poësie, [...]
Mots clefs :
Poésie, Autels, Divin langage, Harmonie, Renommée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE. A LA POESIE.
OD E.
A LA POESIE.
'Est toi , divine Poësie ,
Qu'on entend seule dans les Cieur
De concert avec l'Ambroisie ,
Tu donnes l'être à tous les Dieux {
Apollon te tient lieu de Pere ;
Il commande qu'on te revere ,
Et qu'on t'éleve des Autels,
II. Vol. A ij Los
2734 MERCURE DE FRANCE
Les chastes filles de memoire ,
Ne cessent de chanter ta gloire ,
Et de l'inspirer aux Mortels,
Ils étoient avant te connoître ,
Errans dans le vaste Univers ;
Mais dès qu'ils te virent paroître ,
Charmez de tes accens divers ,
Ennemis de la solitude ,
Ils coururent en multitude ,
Jouir des fruits de ta beauté ;
Bien-tôt leurs rustiques aziles ,
Formerent de superbes Villes ,
Ou ton nom seul fut respecté.
諾
Quelle fut alors ta puissance
Tu regnois seule dans les cœurs ;
Sans effort et sans violence ,
Tout fléchissoit sous tes douceurs,
Maîtresse de toute la Terre ,
Tu sçus sans le Dieu de la guerre ,
Sur le Trône placer des Rois ;
Et des fiers Lions de la Thrace ,
Adoucir la féroce audace ,
Par les seuls charmes de ta voix.
II, Vol.
On
DECEMBRE. 1732. 2735.
On ne vit plus cet air sauvage ,
Regner parmi les Nations,
Chacun de ton divin langage .
Faisoit ses occupations.
Jusques à la Philosophie ,
Cette fille du Ciel chérie ,
Emprunta l'éclat de tes sons;
Afin d'être sûre de plaire ,
Et de paroître moins severe ,
En donnant ses sages leçons.
Dans peu sur la double Colline ,
On vit monter tes Favoris ,
Soutenus de l'ardeur divine ,
Dont tu remplissois leurs esprits.
Une Couronne toute prête ,
Les attendoit au haut du faîte ,
Pour prix de leurs rares efforts ;
Les Mortels qui s'en voyoient ceindre ,
N'avoient plus desormais à craindre ,
D'augmenter le nombre des Morts.
Par ton secours le tendre Orphée,
Jadis dans l'infernal séjour ,
Se sçut élever un Trophée ,
Dont se glorifia l'Amour.
11. Vol. A
Pluton iij
736 MERCURE DE FRANCE
Pluton , Némesis , les Furies ,
Suspendirent leurs barbaries ,
Et Cerbere ses hurlemens ;
Aux premiers accords de sa Lyre ,
Les plaisirs dans le sombre Empire ,
Prirent la place des tourmens.
Arion en Proye aux Corsaires ,
'Alloit voir terminer son sort :
Déja par leurs mains sanguinaires ,
Il voyoit préparer sa mort ,
Mais par la puissance infinie ,
De ton attrayante harmonie ,
Il désarma leur cruauté ;
Et força le Peuple de l'Onde ,
A quitter sa Grotte profonde ,
Pour lui rendre la liberté.
來
Thebes vit jadis ses murailles ,
Renaître à la voix d'Amphion.
Oui, c'est ainsi que tu travailles.
Fille pleine d'invention ;
Tului fis faire ce miracle ,
Sans qu'il trouvât aucun obstacle ,
Dans son projet audacieux.1
Quel n'est pas ton bonheur suprême ?
II. Vol. Le
DECEMBRE. 1732 2737
Le Dieu du Tonnerre lui-même ,
Tient de toi le Sceptre des Cieux !
Qu'un Héros gagne des batailles ,
Et renverse mille remparts ;
Que la mort et les funerailles ,
Suivent par tout ses Etendarts.
Quoiqu'en dise la Renommée ,
Cette gloire n'est que fumée ,
Le temps la met vite au tombeau ;
Son bras eût-il lancé la foudre ,
Réduit tout l'Univers en poudre ,
Cela n'est rien sans ton Pinceau ,
Le Dieu qui fit armer la Grece ,
Contre les malheureux Troyens ,
Le Dieu qui nous plaît , qui nous blesse ,
Le fait souvent par tes moyens.
De l'ame la plus indocile ,
Tu lui rends la route facile ,
Tu l'y fais regner en vainqueur.
Il en seroit bien moius à craindre ,
Si tu ne l'aidois à se plaindre ,
Quand on l'accable de rigueurs.
Je ne marche dans ta carriere ,
II. Vol. A iiij En-
2738 MERCURE DE FRANCE
Encore que d'un pas tremblant ;
Depeur
de heurter la barriere ,
Qui deffend d'aller en avant.
Heureux si dans cette peinture ,
Ebauche foible et sans parure ,
De ce que peuvent tes attraits ,
Je pouvois avoir l'avantage ,
.
Que l'on reconnut ton ouvrage ,
Ou du moins quelqu'un de tes traits.
M. de S. R.
A LA POESIE.
'Est toi , divine Poësie ,
Qu'on entend seule dans les Cieur
De concert avec l'Ambroisie ,
Tu donnes l'être à tous les Dieux {
Apollon te tient lieu de Pere ;
Il commande qu'on te revere ,
Et qu'on t'éleve des Autels,
II. Vol. A ij Los
2734 MERCURE DE FRANCE
Les chastes filles de memoire ,
Ne cessent de chanter ta gloire ,
Et de l'inspirer aux Mortels,
Ils étoient avant te connoître ,
Errans dans le vaste Univers ;
Mais dès qu'ils te virent paroître ,
Charmez de tes accens divers ,
Ennemis de la solitude ,
Ils coururent en multitude ,
Jouir des fruits de ta beauté ;
Bien-tôt leurs rustiques aziles ,
Formerent de superbes Villes ,
Ou ton nom seul fut respecté.
諾
Quelle fut alors ta puissance
Tu regnois seule dans les cœurs ;
Sans effort et sans violence ,
Tout fléchissoit sous tes douceurs,
Maîtresse de toute la Terre ,
Tu sçus sans le Dieu de la guerre ,
Sur le Trône placer des Rois ;
Et des fiers Lions de la Thrace ,
Adoucir la féroce audace ,
Par les seuls charmes de ta voix.
II, Vol.
On
DECEMBRE. 1732. 2735.
On ne vit plus cet air sauvage ,
Regner parmi les Nations,
Chacun de ton divin langage .
Faisoit ses occupations.
Jusques à la Philosophie ,
Cette fille du Ciel chérie ,
Emprunta l'éclat de tes sons;
Afin d'être sûre de plaire ,
Et de paroître moins severe ,
En donnant ses sages leçons.
Dans peu sur la double Colline ,
On vit monter tes Favoris ,
Soutenus de l'ardeur divine ,
Dont tu remplissois leurs esprits.
Une Couronne toute prête ,
Les attendoit au haut du faîte ,
Pour prix de leurs rares efforts ;
Les Mortels qui s'en voyoient ceindre ,
N'avoient plus desormais à craindre ,
D'augmenter le nombre des Morts.
Par ton secours le tendre Orphée,
Jadis dans l'infernal séjour ,
Se sçut élever un Trophée ,
Dont se glorifia l'Amour.
11. Vol. A
Pluton iij
736 MERCURE DE FRANCE
Pluton , Némesis , les Furies ,
Suspendirent leurs barbaries ,
Et Cerbere ses hurlemens ;
Aux premiers accords de sa Lyre ,
Les plaisirs dans le sombre Empire ,
Prirent la place des tourmens.
Arion en Proye aux Corsaires ,
'Alloit voir terminer son sort :
Déja par leurs mains sanguinaires ,
Il voyoit préparer sa mort ,
Mais par la puissance infinie ,
De ton attrayante harmonie ,
Il désarma leur cruauté ;
Et força le Peuple de l'Onde ,
A quitter sa Grotte profonde ,
Pour lui rendre la liberté.
來
Thebes vit jadis ses murailles ,
Renaître à la voix d'Amphion.
Oui, c'est ainsi que tu travailles.
Fille pleine d'invention ;
Tului fis faire ce miracle ,
Sans qu'il trouvât aucun obstacle ,
Dans son projet audacieux.1
Quel n'est pas ton bonheur suprême ?
II. Vol. Le
DECEMBRE. 1732 2737
Le Dieu du Tonnerre lui-même ,
Tient de toi le Sceptre des Cieux !
Qu'un Héros gagne des batailles ,
Et renverse mille remparts ;
Que la mort et les funerailles ,
Suivent par tout ses Etendarts.
Quoiqu'en dise la Renommée ,
Cette gloire n'est que fumée ,
Le temps la met vite au tombeau ;
Son bras eût-il lancé la foudre ,
Réduit tout l'Univers en poudre ,
Cela n'est rien sans ton Pinceau ,
Le Dieu qui fit armer la Grece ,
Contre les malheureux Troyens ,
Le Dieu qui nous plaît , qui nous blesse ,
Le fait souvent par tes moyens.
De l'ame la plus indocile ,
Tu lui rends la route facile ,
Tu l'y fais regner en vainqueur.
Il en seroit bien moius à craindre ,
Si tu ne l'aidois à se plaindre ,
Quand on l'accable de rigueurs.
Je ne marche dans ta carriere ,
II. Vol. A iiij En-
2738 MERCURE DE FRANCE
Encore que d'un pas tremblant ;
Depeur
de heurter la barriere ,
Qui deffend d'aller en avant.
Heureux si dans cette peinture ,
Ebauche foible et sans parure ,
De ce que peuvent tes attraits ,
Je pouvois avoir l'avantage ,
.
Que l'on reconnut ton ouvrage ,
Ou du moins quelqu'un de tes traits.
M. de S. R.
Fermer
Résumé : ODE. A LA POESIE.
Le poème célèbre la poésie comme une force divine et puissante, honorée par les dieux, notamment Apollon, et chantée par les filles de la mémoire. Avant la poésie, les mortels erraient dans l'univers, mais après l'avoir découverte, ils se rassemblèrent pour en jouir, formant des villes où son nom était respecté. La poésie régna dans les cœurs, plaçant des rois sur le trône sans violence et adoucissant les lions féroces de la Thrace. Elle transforma les nations et influença la philosophie pour la rendre plus agréable. Les poètes, soutenus par l'ardeur divine, reçurent des couronnes pour leurs efforts. La poésie permit à Orphée de charmer les enfers et à Arion d'échapper à la mort grâce à sa musique. Thèbes vit ses murailles renaître à la voix d'Amphion. Même le dieu du tonnerre tient son sceptre des cieux grâce à la poésie, et les héros doivent leur gloire à l'art poétique. Le poète exprime son désir de suivre la voie de la poésie, espérant que son œuvre reflète ses attraits.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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766
p. 2738-2761
EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
Début :
On continue à faire dans ce College tous les ans avec un succès constant [...]
Mots clefs :
Collège de Louis le Grand, Plaidoyers, Père de la Santé, Délibération, Luxe, Rhétorique, Duel, Combat, Citoyens, Oisiveté, Indépendance, Prince, Discours, France
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
EXTRAIT des Plaidoyers prononcer
an College de Louis le Grand.
Ο
N continue à faire dans ce College
tous les ans avec un succès constant
des Plaidoyers François , qui pour l'or- dinaire se font sur des sujets propres à
former l'esprit et le cœur de la jeune
Noblesse qu'on y éleve .
Le Pere de la Sante , Jesuite , l'un des
Professeurs de Rhétorique , en fit réciter
un le 27. d'Août dernier , dont nous allons donner l'Extrait , et dont voici le
sujet tel qu'il étoit dans le Programme
imprimé.
II. Vol. DE-
DECEMBRE. 1732. 2739
DELIBERATION concernant la
jeune Noblesse d'un Etat. Sujet traité
en forme de Plaidoyer François , par
les Rhétoriciens du College de Louis
LE GRAND.
Le jeune Casimir , Prince des plus verò
tueux qu'ait eûs la Pologne , indigné des désordres qui commençoient à s'introduire parmi la jeune Noblesse de sa Cour , pressa
fortement le Roy son pere de réprimer cette
licence par des Loix salutaires. Le Roy
Casimir III. surnommé le Grand , établit
pour cet effet une Commission , à la tête de
laquelle il mit le Prince son fils , avec plein.
pouvoir de regler tout ce qu'il jugeroit de
plus convenable au bien public , après avoir
entendu les discours et pris les avis des Commissaires.
Casimir nomme pour la discussion de cette
importante affaire,quelques Seigneurs des plus
reglez et des mieux instruits de la conduite
des jeunes gens ; il leur ordonne de proposer
en sa présence ce qui leur semble le plus
répréhensible , et même d'indiquer les moyens
qui leur paroissent les plus capables d'ar
rêter le cours du mal ; il leur promet au
nom du Roy une place plus ou moins distinguée dans le Conseil d'Etat , suivant
Putilité plus ou moins grande de la découII. Vol A v verte
2740 MERCURE DE FRANCE
verte qu'ils feront et de la Loy qu'ils suggereront en cette Seance.
Le premier qui parle , porte sa plainte contre le Luxe ou les folles dépenses.
Le second contre le Duel on le faux
point d'honneur.
Le troisieme , contre l'oisiveté ou la fai
neantise.
Le quatrième , contre l'indépendance des
jeunes Seigneurs.
Chacun d'eux prétend que le desordre qu'il
releve, mérite le plus l'attention du Prince ,
et la séverité des Loix. Casimir dresse les
articles de la Loy , décide sur l'ordre qu'on
·garderà dans l'execution, et regle le rang que
les quatre Commissaires tiendront dans le
Conseil d'Etat. Tel est l'objet de cette déliberation et dujugement qui la doit suivre.
Casimir , dans un Discours Préliminaire , fait voir quelle doit être la vigilance d'un Prince sur tous les Membres d'un Etat et particulierement sur la
conduite de la jeune Noblesse , dont les
exemples sont d'une utile ou dangereuse
consequence, parce que donnant des Maîtres au Peuple , elle doit aussi lui donner des modelles. Il invite les Seigneurs
qui composent son Conseil à l'éclairer de
leurs lumieres dans la délibération qui
doit préceder le Reglement general.
II. Vol. Ex-
DECEMBRE. 1732. 2741
}
EXTRAIT DU I. DISCOURS.
Contre le Luxe.
Les Partisans du Luxe employent deux
prétextes pour colorer leurs folles dépenses ; 1. elles sont , disent- ils , nécessaires pour soutenir leur rang. 2 ° . Elles
contribuent même à la gloire et à l'utilité de la Nation. Le jeune Orateur employe deux veritez pour réfuter ces deux
prétextes ; 1º . le Luxe , bien loin de
mettre la jeune Noblesse en état de soutenir son rang , ruine les esperances des
plus grandes Maisons. 2 ° . Le Luxe , bien
loin d'être glorieux et utile à la Nation
épuise les plus sures ressources.
Premiere Partie.
Sur quoi est fondée l'esperance d'une
grande Maison sur opulence qu'elle
possede ou qu'elle attend. Le Luxe épuise
l'une et met hors d'état d'acquerir l'autre. Sur le mérite de ceux qui la compo-.
sent ? Un homme livré au luxe n'a gueres d'autre mérite que celui de bien arranger un repas , et d'autre talent que
celui de se ruiner avec éclat sur les places distinguées qu'elle peut occuper ? mais
ou ces places sont venales , et alors ces
II. Vol. A vj jeunes
2742 MERCURE DE FRANCE
jeunes dissipateurs trouveront-ils de quoi
les acheter ? ou c'est la liberalité du Prince
qui en fait la récompense de la capacité
et de l'application d'un sujet habile et
laborieux ; sont- ils de ce caractere sur
les alliances honorables qu'elle peut former mais où les trouver ? parmi des
égaux ? qui d'entre eux voudra courir les
risques de voir des biens , le fruit de ses
sueurs , devenir la proye d'un prodigue
qui en a déja tant dissipé ... pour soutenir une maison chancelante; il faudra
donc la dégrader , et mêlant un sang
illustre avec celui de quelqu'une de ces
familles ennoblies par une rapide et suspecte opulence , acheter des biens aux dépens de l'honneur , et former des nœuds
peu sortables , qui font la honte des Nobles et le ridicule des Riches ... Qu'estce qui a forcé tant de familles illustres
tombées par l'indigence dans une espece
de roture , à s'ensevelir dans le sombre
réduit d'une Campagne ignoré ? quest- ce
qui a confondu avec les fils des Artisans
les descendans de tant de Héros , dont
les mains enchaînées par la pauvreté , ne
peuvent plus manier d'autre fer que celui
des vils instrumens de leur travail ! remontons à la source : c'est un Pere ou un
Ayeul prodigue qui a donné dans tous les
II. Vol. travers
DECEMBRE. 1732. 2743
travers du faste. Posterité nombreuse que
vous êtes à plaindre ! faut- il qu'un Pere
dissipateur enfante tant de miseres et dé
sole tant de miserables ? .. Le luxe n'est .
pas moins préjudiciable à l'Etat dont il
épuise les ressources.
Seconde Partie.
Il est certaines occasions d'éclat qui authorisent une magnificence extraordinaire: elle est alors légitime pour le particu .
lier , et glorieuse pour la nation. Mais
que ces mêmes Seigneurs n'écoutant que
leur passion pour le luxe , dissipent en
dépenses frivoles et le bien qu'ils ont , et
celui qu'ils doivent , et celui qu'ils esperent ; c'est un abus criminel , c'est une injustice criante contre les droits du Prince,
de leurs créanciers , de leurs enfans et de
la nation entiere , dont elle ruine le commerce , et dont par - là elle épuise les ressources.
"
Il est certains besoins qui obligent le
Prince à demander des secours pour la
conservation de tout le corps de l'Etat :
si les particuliers prodiguent leurs fonds ,
comment préteront ils leur ministere au maintien de tout ce corps ? le commerce
nesera-t-il pas détruit,quand le marchand,
faute d'être payé, sera hors d'état de payer
II. Fol lui
2744 MERCURE DE FRANCE
lui-même , et quand obligé de faire une
banqueroute imprévue , il fera succomber ses correspondants sous ses ruines ,
comment pourvoira un dissipateur à l'éducation de ses enfans , dont il risque sur
une carte la fortune et la subsistance ? les
domestiques d'un tel maître , renvoyez
sans gages après plusieurs années de services , ne sont-ils pas réduits à la plus déplorable mendicité...Quelle inhumanité,
quede se repaître les yeux des larmes ameresque l'on fait verser à tant de misérables ?
Que ne trempe-t-il ses mains parricides
dans leur sang? que ne leur arrache- t il la
vie , puisqu'il les prive de toutes ses douceurs.
Ce furent ces considérations qui firent
autrefois proscrire le luxe de toutes les Républiques bien réglées , comme une des
principales sources du renversement des
Empires...L'Orateur conclut à réprimer
par une severité sans adoucissement une
licence qui est sans bornes ; et à faire , s'il
le faut , un malheureux pour le mettre
hors d'état d'en faire des millions d'autres.
EXTRAIT DU II. DISCOURS.
Contre le Duel.
Le duel , disent ses partisans , est une
II. Vol. voie
DECEMBRE. 1732. 2745
-voie glorieuse pour réparer l'honneur outragé et c'est , ajoutent- ils, un moyen des
plus éficaces pour former des braves à
l'Etat. Pour détruire ces deux idées chimériqués , l'Orateur en établit deux réelles , par lesquelles il prouve 1 ° . que le
duel à plus de quoi deshonorer un ´homme que de quoi lui faire honneur. 2°.Que
l'Etat y perd beaucoup plus qu'il n'y gagne.
Premiere Partie.
La premiere proposition doit paroître
aux duelistes paradoxe , on en établit la
verité sur les causes et les suites du duel.
Les unes et les autres deshonorent la raison , et doivent le faire regarder comme
une insigne folie et comme l'opprobre de
l'humanité.
De quelles sources partent d'ordinaire
ces combats singuliers ? consultons les acteurs de ces scenes tragiques ; c'est selon
eux courage, intrépidité, grandeur d'ame.
Consultons l'expérience , c'est fureur ,
emportement , petitesse d'esprit qui ne.
peut digerer une raillerie , ce sont tous les
vices qui font les lâches. Tel voudroit passer pour un Achille , qui n'est au fond
qu'un Thersite decidé. On brave le peril
quand il est éloigné; approche-t- il ? la pa- 11. Vol. leur
2746 MERCURE DE FRANCE
leur peinte sur le visage des champions
annonce le trouble de leur esprit. Les uns
cherchent un lieu écarté, pour n'avoir aucun témoin qui les censure , les autres
cherchent un lieu frequenté pour avoir
des amis officieux qui les separent. Les
separe-t-on ! on blâme en public comme
un mal dont on doit se plaindre , ce qu'en
secret on regarde comme un bien dont on
se felicite. A- t -on eu du dessous dans le
combat? les glaives étoient inégaux , un
hazard imprévu a decidé la querelle &c.
D'autres vont au combat avec moins
de lâcheté y vont- ils avec moins de folie ? Quel sujet les arme communément ?
un étranger paroît dans la ville ; il passe
pour brave , on veut être son ennemi. Il
faut du sang pour cimenter la connoissance, et pour paroître brave devenir inhu
main. Cent autres sujets plus legers armcnt cent autres combatans plus coupables. Quelles horreurs ! deux rivaux se
font un divertissement de ces combats
sanguinaires on en a vu autrefois s'enfermerdans des tonneaux où ils ne pouvoient
reculer et là renouveller les scenes effrayantes des cruels Andabates , qui se portoient
des coups à l'aveugle , comme pour ne pas
voi la mortq'ils s'entredonnoient Onen
a vu d'autres s'embrasser avant que de
II. Vol. s'égorger
DECEMBRE. 1732: 27+7 27+7
s'égorger , et le symbole de l'amitié devenir le signal d'un assassinat.
Je n'attaque jamais le premier, dira quelqu'un: Je vous loue; mais pourquoi vous
attaque-t-on ? que n'êtes vous plus humain , plus poli , plus complaisant ? On
m'attaque sans raison : pourquoi accepter
le cartel ? n'est- il point d'autre voye pour
vous faire justice ? mais si je refuse , je suis deshonoré ; ouy , si vous n'êtes scrupuleux que sur l'article du duel... mais l'usa
ge le veut dites l'abus. Si vous vous trouviés dans ces contrées barbares, où la loi de
l'honneur veut qu'on se jette dans la flamme du bucher , sur lequel se consume le
corps mort d'un ami , croiriez- vous pouvoir sans folie vous assujettir à une si étran
ge coutume ? ... mais je compte icy donner la mort et non pas la recevoir. Combien d'autres l'ont reçue en comptant la,
donner ? Du moins avoués, ou que vous la
craignez , et deslors vous êtes lâche , ou
que vous la cherchez de sang froid , et
deslors vous êtes insensé , et que vous y
exposant contre les loix de la conscience ,
vous êtes impie.
Quant aux effets du duel, il n'y a qu'à jetter les yeux sur ses suites infamantes.L'indignation du Prince, la perte de la liberté,
de la noblesse,des biens, de la vie; l'indiII. Vol. gence
2748 MERCURE DE FRANCE
gence , l'inominie qu'il attire sur la posterité du coupable , tout cela ne suffit il
pas pour faire voir combien le duël flétrit
l'honneur du Vivant et du Mort, du vainqueur et du vaincu : mais quel tort ne faitil pas à l'Etat ? c'est ce qui reste à exami- ner.
Seconde Partie.
Prétendre le duel forme des Braves que
à l'Etat , c'est ne pas avoir une juste idée
de la veritable bravoure. Elle consiste dans
un courage intrépide animépar le devoir,
soutenu par la justice , armé par le zele
pour la deffense de la Patrie . La valeur
des Duelistes a- t'elle ces caracteres ? Au
lieu de produire dans l'ame cette fermeté
tranquille qu'inspire la bonté du parti
pour lequel on combat , elle n'y enfante.
que le trouble et ces violens transports
qui suivent toujours les grands crimes. Au
lieu d'allumer dans le cœur et dans les
yeux ce beau feu qui fait reconnoître les
Heros , elle répand sur le visage une sombre fureur qui caracterise les assassins.
Le Duel est une espece d'image de la
Guerre civile ; le nombre des combattans
en fait presque l'unique difference. Il est
moindre dans le Duel , mais le péril n'en
est que plus certain. Ignorent-ils donc
II. Vol. qu'ils
DECEMBR E. 1732. 2749
qu'ils doivent leur sang au service du
Prince ? Leur est-il permis d'en disposer
au gré de leur haine ? et tourner leurs armes contre les Citoyens , n'est- ce pas les
tourner contre le sein de la Patrie , leur
Mere commune.
En vain veulent - ils s'authoriser par
l'exemple des anciens Heros. Leurs combats singuliers n'étoient rien moins que
des Duels , puisqu'ils ne s'agissoit point
entr'eux de vanger des injures particulieres , mais d'épargner pour l'interêt de
la Patrie le sang de la multitude. Tel fut
le combat des trois Horaces , et des trois
Curiaces. Les Romains qui lui ont donné
de si justes éloges , étoient les ennemis
les plus déclarez du Duel. On sçait combien l'ancienne Rome cherissoit le sang
de ses Citoyens de là ces Couronnes civiques pour quiconque avoit sauvé la vie
à un de ses Enfans : de là ces peines décernées contre tout Citoyen convaincu d'en
avoir appellé un autre dans la lice sanglan
te; on cessoit dès- lors d'être Citoyen , et
la profession de Dueliste conduisoit au
rang d'esclave gladiateur.
Les Maures dans un siecle plus barbare
avoient conçû une telle horreur pour ces
sortes de combats , qu'ils ne les permettoient qu'aux valets chargés du bagage de
II. Vol.
l'Ar-
2750 MERCURE DE FRANCE
l'Armée quel modele pour nos Duelistes ?
:
C'est donc ce monstre qu'il faut exterminer de la Pologne par une loy aussi severe dans son exécution , qu'immuable
dans sa durée. Punir certains crimes , c'est
prévenir la tentation de les commettre.
Une punition sévere dispense d'une punition fréquente. Après tout , le plus sûr
moyen d'abolir le duel dépend des particuliers. Qu'ils écoutent la raison aidée de
l'honneur et de la foi ; qu'ils soient hommes et Chrétiens , et ils cesseront d'être
Duelistes.
EXTRAIT DU III. DISCOURS,
Contre P'Oisiveté
L'Oisiveté fait trop d'heureux en idée
pour ne point avoir de Partisans. Que ne
doit pas craindre l'Etat d'un vice qui est
la source de tous les autres. Plus elle a
d'attraits qui la rendent dangereuse , plus
on doit empêcher qu'elle ne devienne
commune ; pour mieux connoîtte ce qu'on
doit en penser , il faut voir ce qu'on en
peut craindre. 10. Un homme oisif est un
citoyen inutile à la République. 20. il ne
peut lui être inutile sans devenir bien- tôt
pernicieux.
II. Vol. Pre-
DECEMBRE. 1732. 2758
Premiere Partie.
Je ne suis , dit un oisif , coupable d'au
eun vice qui me deshonore : je le veux
pourroit- on lui répondre ; mais votre fai
néantise ne vous rend- elle pas capable de
tous les vices ? Vous n'entrés dans aucune
Societé mauvaise ; à la bonne heure : mais
quel rang tenez- vous dans la Societé.humaine ? Vous n'êtes point un méchant
homme , soit : mais êtes- vous un homme?
Membres d'une même famille, Sujets d'un
même Roi , Parties d'une même Societé
nous avons des devoirs à remplir à leur
égard un oisif peut - il s'en acquitter ?
?
Comment veut-on qu'un jeune effeminé , toujours occupé à ne rien faire , ou
à faire des riens , soutienne le crédit de sa
famille pourra- t'il acquerir de la réputa
tion dans un Etat ? elle est le prix du
travail ; rendre des services aux amis atta
chez à sa maison ? il n'interromproit pas son repos pour ses interêts , le sacrifierat'il aux interêts d'autrui ? Eterniser les
vertus de ses peres , et le souvenir de leurs
travaux il faudroit une noble émulation , la mollesse en a éteint le feu dans
son cœur sa famille se flattoit qu'il seI. Vol. roit
#752 MERCURE DE FRANCE
roit son appui à peine sçait- il qu'il en est
membre.
:
Est- il plus utile à la Société civile ? la
Noblesse doit être comme l'ame de tout
ce corps de citoyens : le goût d'un Seigneur qui gouverneune Province en donne à tous ceux qui l'habitent : les Sciences , les beaux Arts , tout s'anime à sa
vûë , tout prend une forme riante : à sa
place substituer un homme oisif; quel
changement ! tout languit , tout s'endort
avec lui ; non- seulement il ne fait aucun
bien , mais il rend inutile le bien qu'on
avoit fait.
Que peuvent attendre le Prince et l'Etat , d'un homme qui se regarde comme
l'unique centre où doivent aboutir tous
ses sentimens , et toutes ses pensées ? quel
poste important lui confiera- t'on ? Sçaurat'il remettre ou entretenir dans une Province le bon ordre , prévoir et réprimer
les mauxque l'on craint ? quel embarras !
il ne craint d'autre mal que le sacrifice
de son repos. Chargera t'on ses foibles
mains de cette balance redoutable , qui
pese les interêts des hommes ? quel fardeau ! il faut s'en décharger dans une
main étrangere aux dépens de son honneur
et de nos fortunes. Lui confiera- t'on la
conduite des armées ? quel tumulte ! La
II. Vol. Guerre
DECEMBRE. 1732. 1732. 2753
Guerre s'accommoda t'elle jamais avec la
mollesse ? Ainsi l'oisif devient, tout à la
fois la honte de sa famille qu'il dégrade ,
de la Societé qu'il deshonore , de l'Etat
qu'il trahit : mais son portrait n'est encore qu'ébauché , il ne peut être citoyen.
inutile sans devenir citoyen perni
cieux.
>
Seconde Partie.
Dès que le poison de l'oisiveté s'est glis
sé dans un jeune cœur , il en glace toute
l'ardeur , il dérange tous ses ressorts , il
arrête tous ses mouvemens vers le bien
il en fait le theatre de ses passions et le
jouer des passions d'autrui. C'est par là
que l'oisiveté devient funeste aux jeunes
Seigneurs , et ne les rend presque jamais
inutiles qu'elle ne les rende en même
tems pernicieux à l'Etat.
Se refuser au bien , c'est presque tou
jours se livrer au mal. Qu'une Maison , où
ces Heros de la mollesse trouvent accès
est à plaindre que de vices , un seul vice
n'y fera t'il pas entrer ! ces discours ne feront ils point baisser les yeux à la sage
Retenue , à la timide Pudeur ? La Tem
pérance et la Sobrieté seront-elles respectées dans ses repas ? mais surtout , que ne
II.Vol. doin
4754 MERCURE DE FRANCE
doit pas craindre la République en général ?
Semblables à ces Insectes odieux , qui
ne subsistent qu'aux dépens de la république laborieuse des Abeilles , et la troublent sans cesse dans ses travaux utiles
ils vivent délicieusement dans le sein et
aux frais de la Patrie , et se servent souvent de leur aiguillon contre elle. Ils boivent les sucurs des citoyens laborieux , et
s'enyvrent quelquefois de leur sang.
Ce qui doit armer le plus les loix contre l'Oisiveté , c'est qu'elle réunit ce que
les trois autres vices qui entrent en concurrence avec elle ont de plus odieux . Un
jeune oisif qui confie le soin de sa maison
à un perfide Intendant dont il n'éxige
presque aucun compte , ne perd- il pas
souvent plus de biens par sa négligence ,
que le prodigue n'en dissipe par son luxe ? Ne le verra- t- on pas secouer bien-tôt
le joug de la contrainte qui gêne son humeur , et voulant donner à tous la loy ,
ne la recevoir que de son caprice ? L'amour des oisifs pour la vie douce est un
préservatif contre la tentation du duel ;
mais la seule idée que l'on a conçue de
leur peu de courage, n'engagera-t'elle pas
de jeunes Duelistes à les attaquer , ne futII. Vol. ce
DECEMBRE. 1732 2755
ce que pour se faire une réputation aux
dépens de la leur.
L'Orateur conclut à bannir de toutes
charges ceux qui seront convaincus de ce
vice , et à les noter par quelque punition
qui caracterise leur défaut.
EXTRAIT DU IV. DISCOURS.
Contre l'Indépendance.
L'ame du bon gouvernement c'est le
bon ordre ; le bon ordre ne subsiste que
par la subordination. L'Indépendance en
sappe tous les fondemens ; quand elle se
trouve dans les jeunes Seigneurs , 1º elle
les accoûtume à braver l'autorité ; 20 elle
les porte à prétendre mêmeau droit d'impunité.
Premiere Partie.
Pour connoître le danger de l'indépen
dance, il faut voir comment elle se forme
dans la jeune Noblesse , et jusqu'où elle
peut étendre ses progrès contre l'autorité
légitime. La naissance et l'éducation , voilà
ses sources. Comment éleve- t'on les jeunes Seigneurs ? L'or sous lequel ils rampent dans l'enfance éblouit leurs yeux ; le
faste qui les environne enfle leur esprit ;
les plaisirs qu'on leur procure corrom- II. Vol.
B pent
2755 MERCURE DE FRANCE
pent leur cœur : mollesse d'éducation qui
fait les délices de l'enfance , et prépare
les révoltes de la jeunesse.
,
La raison est à peine éclose , qu'ils ferment les yeux à sa lumiere , et les oreilles
à sa voix. Les Maîtres veulent- ils les rap.
peller aux devoirs? les flatteurs les en écartent , et leur apprennent qu'ils sont plus
nés pour commander que pour obéïr ; à
force de donner la loy, on s'habituë à ne la
plus recevoir. Veut-on s'opposer au mal ,
et les confier à des Maîtres plus amis du
devoir que de la fortune ? ils ne plient
que pour se redresser bien- tôt avec plus
de force dès qu'ils en auront la li
berté.
Quel bonheur pour un jeune Indépen
dant , s'il a auprès de lui un Mentor qui
craignant beaucoup moins pour la vie
que pour l'innocence de son Telemaque ,
aime mieux se précipiter avec lui du haut
d'un affreux Rocher , que de le voir se
précipiter dans l'abîme du vice ! Mais
trouve-t'on beaucoup de Gouverneurs de
ce caractere ? Combien flattent leur Eleve dans ses desirs , se mettent de moitié
avec lui pour ses plaisirs ; et devant être
ses maîtres , deviennent ses esclaves ! détestable éducation qui d'un indépendant
fait quelquefois un scelerat.
II. Vol.
L'In-
DECEMBRE.
873202757
L'Indépendance conduit à la révolte ,
l'Eleve intraitable devient fils rebelle ;
combien en a-t'on vû braver l'autorité
paternelle , outrager la Nature , et d'indépendans qu'ils étoient , n'avoir besoin
que de changer de nom pour devenir dénaturés ? Mauvais fils sera- t'il bon sujet ?
peut- on s'en flatter surtout dans un
Royaume électif, où l'on est quelquefois
tenté , de faire avec audace , ' ce qu'on croit
pouvoir faire avec avantage ?
,
La plus florissante République de la
terre , Rome la maîtresse du monde pres- -qu'entier , se vit sur le point d'être saccagée et réduite en cendres. Qui alluma
l'incendie ? une cabale de jeunes factieux ,
conduits par Catilina , et possedés du
démon de l'indépendance. Que de sang
ne fallut- il pas répandre pour éteindre ce
feu ? Autorité domestique et publique
loix divines et humaines , tout est sacrifié
à l'impérieux désir de se rendre indépendant. La loi violée s'arme- t'elle du glaive
pour vanger ces attentats ? Après avoir bravé ses réglemens , ils bravent ses menaces , et s'arrogent le droit d'impunité.
Seconde Partie.
Si l'on en croit les jeunes Seigneurs indépendans , leur jeunesse et leur condi11. Vol.
Bij tion
4758 MERCURE DE FRANCE
tion les mettent à couvert des loix et do
la punition qu'elles prescrivent.
La jeunesse est l'âge où le feu des passions s'allume ; c'est donc aussi le tems.
où l'on doit s'appliquer à l'éteindre. Fautil attendre que l'incendie ait pris des forces et se soit communiqué ? trop de severité , il est vrai , révolte et fait hair le
devoir , mais tropd'indulgence enhardit ,
et fait violer la loi.
- La Noblesse est l'état où les exemples
sont plus contagieux ; mais c'est donc
aussi l'etat où les punitions sont plus
- nécessaires. Les sujets d'un moindre étage regardent ces jeunes Seigneurs autant
comme leurs modéles que comme leurs
maîtres. Un coupable de la sorte impuni
fait un million de coupables dans l'espé
rance de l'impunité.
Aussi Rome et Sparte punissoient- elles
séverement l'indépendance et le mépris
des loix dans les jeunes gens de qualité.
Deux Chevaliers Romains furent autrefois dégradés de leur ordre , et mis au
rang des Plebéïens , pour n'avoir pas assez promptement obéï à un Proconsul.
peu de roture parut alors un excellent
remède contre le vertige de l'indépendance. Comme l'élévation du rang produit les fumées de l'orgueil , l'humilia
Un
tion les dissipe
DECEMBRE. 1732 2750
EXTRAIT DU V. DISCOURS.
Fait par le Prince après les Plaidoyers:
Casimir après avoir entendu les discours
des Parties , fait sentir le fort et le foible
des raisons alleguées , et en ajoute plu
sieurs nouvelles dont le détail seroit long.
Il établit pour principe que le premier
desordre contre lequel doive sévir le Législateur , est celui qui porte un plus
grand préjudice au plus grand nombre des
sujets ; c'est à dire , celui qui est le plus
considérable en lui- même et le plus étendu
dans ses suites. Sur ce principe il éxamine
les quatres desordres proposez , et les balance long-tems par une infinité de preu
ves que nous sommes fâchez d'omettre
mais que ne nous permet pas la brièveté
que nous nous sommes prescrite dans les
extraits. Il résulte de cet examen que les
jeunes Seigneurs independans sont les
plus coupables , sur tout parce qu'ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, c'est- à- dire l'obéïssance et la soumission : et nous pouvons , dit le Juge , espe- rer de mettre un frein à l'amour des folles
dépenses , à la manie du faux point-d'hon- neur , à l'indolence et à l'oisiveté des faineans par de bons et salutaires Edits : mais
II. Vol. Biij pour
260 MERCURE DE FRANCE
2
,
cepenpour l'indépendant , si son caprice le porte à être dissipateur , dueliste , et indolent de profession , en vertu de son systeme et de ses principes d'indépendance , il
se maintiendra en possession de ces trois
desordres , et ses maximes favorites nous
répondent par avance qu'il comptera pour
rien la loi que nous allons porter contre
lui et contre ses consorts. Portons - la
dant cette loi , &c.
Là- dessus le Prince prononce , 1° contre
l'Indépendance , 2 ° contre l'Oisiveté , 3 ° .
contre le Duel , 4° contre le Luxe , et il
rend raison de l'ordre qu'il observe en ce
Jugement. Ensuite il porte differentes loix
qu'il croit les plus propres à remedier à
chaque desordre , et telles à peu près qu'Athenes en porta contre l'Indépendance ,
Lacedemone contre l'Oisiveté , Rome
contre le Luxe , et la France avec une partie de l'Europe contre le Duel.
Enfin M. d'Aligre qui avoit été complimenté par M. le Pelletier de Rosambo sur
la noblesse et la dignité avec laquelle il
avoit présidé à ce Jugement , le felicita à
son tour de la finesse et de la délicatesse
d'esprit qui avoit éclaté dans son discours ;
il fit aussi compliment à M. de Bussy sur
son éloquence et sur son talent à parler
en public; à M. Petit, sur son beau feu
II. Vol. d'imagina
DECEMBRE. 1732. 2761
d'imagination ; à M. de Verac sur l'élegance de son Plaidoyer et les graces de sa prononciation . L'illustre Assemblée souscrivit sans peine à la justice de ces éloges.
an College de Louis le Grand.
Ο
N continue à faire dans ce College
tous les ans avec un succès constant
des Plaidoyers François , qui pour l'or- dinaire se font sur des sujets propres à
former l'esprit et le cœur de la jeune
Noblesse qu'on y éleve .
Le Pere de la Sante , Jesuite , l'un des
Professeurs de Rhétorique , en fit réciter
un le 27. d'Août dernier , dont nous allons donner l'Extrait , et dont voici le
sujet tel qu'il étoit dans le Programme
imprimé.
II. Vol. DE-
DECEMBRE. 1732. 2739
DELIBERATION concernant la
jeune Noblesse d'un Etat. Sujet traité
en forme de Plaidoyer François , par
les Rhétoriciens du College de Louis
LE GRAND.
Le jeune Casimir , Prince des plus verò
tueux qu'ait eûs la Pologne , indigné des désordres qui commençoient à s'introduire parmi la jeune Noblesse de sa Cour , pressa
fortement le Roy son pere de réprimer cette
licence par des Loix salutaires. Le Roy
Casimir III. surnommé le Grand , établit
pour cet effet une Commission , à la tête de
laquelle il mit le Prince son fils , avec plein.
pouvoir de regler tout ce qu'il jugeroit de
plus convenable au bien public , après avoir
entendu les discours et pris les avis des Commissaires.
Casimir nomme pour la discussion de cette
importante affaire,quelques Seigneurs des plus
reglez et des mieux instruits de la conduite
des jeunes gens ; il leur ordonne de proposer
en sa présence ce qui leur semble le plus
répréhensible , et même d'indiquer les moyens
qui leur paroissent les plus capables d'ar
rêter le cours du mal ; il leur promet au
nom du Roy une place plus ou moins distinguée dans le Conseil d'Etat , suivant
Putilité plus ou moins grande de la découII. Vol A v verte
2740 MERCURE DE FRANCE
verte qu'ils feront et de la Loy qu'ils suggereront en cette Seance.
Le premier qui parle , porte sa plainte contre le Luxe ou les folles dépenses.
Le second contre le Duel on le faux
point d'honneur.
Le troisieme , contre l'oisiveté ou la fai
neantise.
Le quatrième , contre l'indépendance des
jeunes Seigneurs.
Chacun d'eux prétend que le desordre qu'il
releve, mérite le plus l'attention du Prince ,
et la séverité des Loix. Casimir dresse les
articles de la Loy , décide sur l'ordre qu'on
·garderà dans l'execution, et regle le rang que
les quatre Commissaires tiendront dans le
Conseil d'Etat. Tel est l'objet de cette déliberation et dujugement qui la doit suivre.
Casimir , dans un Discours Préliminaire , fait voir quelle doit être la vigilance d'un Prince sur tous les Membres d'un Etat et particulierement sur la
conduite de la jeune Noblesse , dont les
exemples sont d'une utile ou dangereuse
consequence, parce que donnant des Maîtres au Peuple , elle doit aussi lui donner des modelles. Il invite les Seigneurs
qui composent son Conseil à l'éclairer de
leurs lumieres dans la délibération qui
doit préceder le Reglement general.
II. Vol. Ex-
DECEMBRE. 1732. 2741
}
EXTRAIT DU I. DISCOURS.
Contre le Luxe.
Les Partisans du Luxe employent deux
prétextes pour colorer leurs folles dépenses ; 1. elles sont , disent- ils , nécessaires pour soutenir leur rang. 2 ° . Elles
contribuent même à la gloire et à l'utilité de la Nation. Le jeune Orateur employe deux veritez pour réfuter ces deux
prétextes ; 1º . le Luxe , bien loin de
mettre la jeune Noblesse en état de soutenir son rang , ruine les esperances des
plus grandes Maisons. 2 ° . Le Luxe , bien
loin d'être glorieux et utile à la Nation
épuise les plus sures ressources.
Premiere Partie.
Sur quoi est fondée l'esperance d'une
grande Maison sur opulence qu'elle
possede ou qu'elle attend. Le Luxe épuise
l'une et met hors d'état d'acquerir l'autre. Sur le mérite de ceux qui la compo-.
sent ? Un homme livré au luxe n'a gueres d'autre mérite que celui de bien arranger un repas , et d'autre talent que
celui de se ruiner avec éclat sur les places distinguées qu'elle peut occuper ? mais
ou ces places sont venales , et alors ces
II. Vol. A vj jeunes
2742 MERCURE DE FRANCE
jeunes dissipateurs trouveront-ils de quoi
les acheter ? ou c'est la liberalité du Prince
qui en fait la récompense de la capacité
et de l'application d'un sujet habile et
laborieux ; sont- ils de ce caractere sur
les alliances honorables qu'elle peut former mais où les trouver ? parmi des
égaux ? qui d'entre eux voudra courir les
risques de voir des biens , le fruit de ses
sueurs , devenir la proye d'un prodigue
qui en a déja tant dissipé ... pour soutenir une maison chancelante; il faudra
donc la dégrader , et mêlant un sang
illustre avec celui de quelqu'une de ces
familles ennoblies par une rapide et suspecte opulence , acheter des biens aux dépens de l'honneur , et former des nœuds
peu sortables , qui font la honte des Nobles et le ridicule des Riches ... Qu'estce qui a forcé tant de familles illustres
tombées par l'indigence dans une espece
de roture , à s'ensevelir dans le sombre
réduit d'une Campagne ignoré ? quest- ce
qui a confondu avec les fils des Artisans
les descendans de tant de Héros , dont
les mains enchaînées par la pauvreté , ne
peuvent plus manier d'autre fer que celui
des vils instrumens de leur travail ! remontons à la source : c'est un Pere ou un
Ayeul prodigue qui a donné dans tous les
II. Vol. travers
DECEMBRE. 1732. 2743
travers du faste. Posterité nombreuse que
vous êtes à plaindre ! faut- il qu'un Pere
dissipateur enfante tant de miseres et dé
sole tant de miserables ? .. Le luxe n'est .
pas moins préjudiciable à l'Etat dont il
épuise les ressources.
Seconde Partie.
Il est certaines occasions d'éclat qui authorisent une magnificence extraordinaire: elle est alors légitime pour le particu .
lier , et glorieuse pour la nation. Mais
que ces mêmes Seigneurs n'écoutant que
leur passion pour le luxe , dissipent en
dépenses frivoles et le bien qu'ils ont , et
celui qu'ils doivent , et celui qu'ils esperent ; c'est un abus criminel , c'est une injustice criante contre les droits du Prince,
de leurs créanciers , de leurs enfans et de
la nation entiere , dont elle ruine le commerce , et dont par - là elle épuise les ressources.
"
Il est certains besoins qui obligent le
Prince à demander des secours pour la
conservation de tout le corps de l'Etat :
si les particuliers prodiguent leurs fonds ,
comment préteront ils leur ministere au maintien de tout ce corps ? le commerce
nesera-t-il pas détruit,quand le marchand,
faute d'être payé, sera hors d'état de payer
II. Fol lui
2744 MERCURE DE FRANCE
lui-même , et quand obligé de faire une
banqueroute imprévue , il fera succomber ses correspondants sous ses ruines ,
comment pourvoira un dissipateur à l'éducation de ses enfans , dont il risque sur
une carte la fortune et la subsistance ? les
domestiques d'un tel maître , renvoyez
sans gages après plusieurs années de services , ne sont-ils pas réduits à la plus déplorable mendicité...Quelle inhumanité,
quede se repaître les yeux des larmes ameresque l'on fait verser à tant de misérables ?
Que ne trempe-t-il ses mains parricides
dans leur sang? que ne leur arrache- t il la
vie , puisqu'il les prive de toutes ses douceurs.
Ce furent ces considérations qui firent
autrefois proscrire le luxe de toutes les Républiques bien réglées , comme une des
principales sources du renversement des
Empires...L'Orateur conclut à réprimer
par une severité sans adoucissement une
licence qui est sans bornes ; et à faire , s'il
le faut , un malheureux pour le mettre
hors d'état d'en faire des millions d'autres.
EXTRAIT DU II. DISCOURS.
Contre le Duel.
Le duel , disent ses partisans , est une
II. Vol. voie
DECEMBRE. 1732. 2745
-voie glorieuse pour réparer l'honneur outragé et c'est , ajoutent- ils, un moyen des
plus éficaces pour former des braves à
l'Etat. Pour détruire ces deux idées chimériqués , l'Orateur en établit deux réelles , par lesquelles il prouve 1 ° . que le
duel à plus de quoi deshonorer un ´homme que de quoi lui faire honneur. 2°.Que
l'Etat y perd beaucoup plus qu'il n'y gagne.
Premiere Partie.
La premiere proposition doit paroître
aux duelistes paradoxe , on en établit la
verité sur les causes et les suites du duel.
Les unes et les autres deshonorent la raison , et doivent le faire regarder comme
une insigne folie et comme l'opprobre de
l'humanité.
De quelles sources partent d'ordinaire
ces combats singuliers ? consultons les acteurs de ces scenes tragiques ; c'est selon
eux courage, intrépidité, grandeur d'ame.
Consultons l'expérience , c'est fureur ,
emportement , petitesse d'esprit qui ne.
peut digerer une raillerie , ce sont tous les
vices qui font les lâches. Tel voudroit passer pour un Achille , qui n'est au fond
qu'un Thersite decidé. On brave le peril
quand il est éloigné; approche-t- il ? la pa- 11. Vol. leur
2746 MERCURE DE FRANCE
leur peinte sur le visage des champions
annonce le trouble de leur esprit. Les uns
cherchent un lieu écarté, pour n'avoir aucun témoin qui les censure , les autres
cherchent un lieu frequenté pour avoir
des amis officieux qui les separent. Les
separe-t-on ! on blâme en public comme
un mal dont on doit se plaindre , ce qu'en
secret on regarde comme un bien dont on
se felicite. A- t -on eu du dessous dans le
combat? les glaives étoient inégaux , un
hazard imprévu a decidé la querelle &c.
D'autres vont au combat avec moins
de lâcheté y vont- ils avec moins de folie ? Quel sujet les arme communément ?
un étranger paroît dans la ville ; il passe
pour brave , on veut être son ennemi. Il
faut du sang pour cimenter la connoissance, et pour paroître brave devenir inhu
main. Cent autres sujets plus legers armcnt cent autres combatans plus coupables. Quelles horreurs ! deux rivaux se
font un divertissement de ces combats
sanguinaires on en a vu autrefois s'enfermerdans des tonneaux où ils ne pouvoient
reculer et là renouveller les scenes effrayantes des cruels Andabates , qui se portoient
des coups à l'aveugle , comme pour ne pas
voi la mortq'ils s'entredonnoient Onen
a vu d'autres s'embrasser avant que de
II. Vol. s'égorger
DECEMBRE. 1732: 27+7 27+7
s'égorger , et le symbole de l'amitié devenir le signal d'un assassinat.
Je n'attaque jamais le premier, dira quelqu'un: Je vous loue; mais pourquoi vous
attaque-t-on ? que n'êtes vous plus humain , plus poli , plus complaisant ? On
m'attaque sans raison : pourquoi accepter
le cartel ? n'est- il point d'autre voye pour
vous faire justice ? mais si je refuse , je suis deshonoré ; ouy , si vous n'êtes scrupuleux que sur l'article du duel... mais l'usa
ge le veut dites l'abus. Si vous vous trouviés dans ces contrées barbares, où la loi de
l'honneur veut qu'on se jette dans la flamme du bucher , sur lequel se consume le
corps mort d'un ami , croiriez- vous pouvoir sans folie vous assujettir à une si étran
ge coutume ? ... mais je compte icy donner la mort et non pas la recevoir. Combien d'autres l'ont reçue en comptant la,
donner ? Du moins avoués, ou que vous la
craignez , et deslors vous êtes lâche , ou
que vous la cherchez de sang froid , et
deslors vous êtes insensé , et que vous y
exposant contre les loix de la conscience ,
vous êtes impie.
Quant aux effets du duel, il n'y a qu'à jetter les yeux sur ses suites infamantes.L'indignation du Prince, la perte de la liberté,
de la noblesse,des biens, de la vie; l'indiII. Vol. gence
2748 MERCURE DE FRANCE
gence , l'inominie qu'il attire sur la posterité du coupable , tout cela ne suffit il
pas pour faire voir combien le duël flétrit
l'honneur du Vivant et du Mort, du vainqueur et du vaincu : mais quel tort ne faitil pas à l'Etat ? c'est ce qui reste à exami- ner.
Seconde Partie.
Prétendre le duel forme des Braves que
à l'Etat , c'est ne pas avoir une juste idée
de la veritable bravoure. Elle consiste dans
un courage intrépide animépar le devoir,
soutenu par la justice , armé par le zele
pour la deffense de la Patrie . La valeur
des Duelistes a- t'elle ces caracteres ? Au
lieu de produire dans l'ame cette fermeté
tranquille qu'inspire la bonté du parti
pour lequel on combat , elle n'y enfante.
que le trouble et ces violens transports
qui suivent toujours les grands crimes. Au
lieu d'allumer dans le cœur et dans les
yeux ce beau feu qui fait reconnoître les
Heros , elle répand sur le visage une sombre fureur qui caracterise les assassins.
Le Duel est une espece d'image de la
Guerre civile ; le nombre des combattans
en fait presque l'unique difference. Il est
moindre dans le Duel , mais le péril n'en
est que plus certain. Ignorent-ils donc
II. Vol. qu'ils
DECEMBR E. 1732. 2749
qu'ils doivent leur sang au service du
Prince ? Leur est-il permis d'en disposer
au gré de leur haine ? et tourner leurs armes contre les Citoyens , n'est- ce pas les
tourner contre le sein de la Patrie , leur
Mere commune.
En vain veulent - ils s'authoriser par
l'exemple des anciens Heros. Leurs combats singuliers n'étoient rien moins que
des Duels , puisqu'ils ne s'agissoit point
entr'eux de vanger des injures particulieres , mais d'épargner pour l'interêt de
la Patrie le sang de la multitude. Tel fut
le combat des trois Horaces , et des trois
Curiaces. Les Romains qui lui ont donné
de si justes éloges , étoient les ennemis
les plus déclarez du Duel. On sçait combien l'ancienne Rome cherissoit le sang
de ses Citoyens de là ces Couronnes civiques pour quiconque avoit sauvé la vie
à un de ses Enfans : de là ces peines décernées contre tout Citoyen convaincu d'en
avoir appellé un autre dans la lice sanglan
te; on cessoit dès- lors d'être Citoyen , et
la profession de Dueliste conduisoit au
rang d'esclave gladiateur.
Les Maures dans un siecle plus barbare
avoient conçû une telle horreur pour ces
sortes de combats , qu'ils ne les permettoient qu'aux valets chargés du bagage de
II. Vol.
l'Ar-
2750 MERCURE DE FRANCE
l'Armée quel modele pour nos Duelistes ?
:
C'est donc ce monstre qu'il faut exterminer de la Pologne par une loy aussi severe dans son exécution , qu'immuable
dans sa durée. Punir certains crimes , c'est
prévenir la tentation de les commettre.
Une punition sévere dispense d'une punition fréquente. Après tout , le plus sûr
moyen d'abolir le duel dépend des particuliers. Qu'ils écoutent la raison aidée de
l'honneur et de la foi ; qu'ils soient hommes et Chrétiens , et ils cesseront d'être
Duelistes.
EXTRAIT DU III. DISCOURS,
Contre P'Oisiveté
L'Oisiveté fait trop d'heureux en idée
pour ne point avoir de Partisans. Que ne
doit pas craindre l'Etat d'un vice qui est
la source de tous les autres. Plus elle a
d'attraits qui la rendent dangereuse , plus
on doit empêcher qu'elle ne devienne
commune ; pour mieux connoîtte ce qu'on
doit en penser , il faut voir ce qu'on en
peut craindre. 10. Un homme oisif est un
citoyen inutile à la République. 20. il ne
peut lui être inutile sans devenir bien- tôt
pernicieux.
II. Vol. Pre-
DECEMBRE. 1732. 2758
Premiere Partie.
Je ne suis , dit un oisif , coupable d'au
eun vice qui me deshonore : je le veux
pourroit- on lui répondre ; mais votre fai
néantise ne vous rend- elle pas capable de
tous les vices ? Vous n'entrés dans aucune
Societé mauvaise ; à la bonne heure : mais
quel rang tenez- vous dans la Societé.humaine ? Vous n'êtes point un méchant
homme , soit : mais êtes- vous un homme?
Membres d'une même famille, Sujets d'un
même Roi , Parties d'une même Societé
nous avons des devoirs à remplir à leur
égard un oisif peut - il s'en acquitter ?
?
Comment veut-on qu'un jeune effeminé , toujours occupé à ne rien faire , ou
à faire des riens , soutienne le crédit de sa
famille pourra- t'il acquerir de la réputa
tion dans un Etat ? elle est le prix du
travail ; rendre des services aux amis atta
chez à sa maison ? il n'interromproit pas son repos pour ses interêts , le sacrifierat'il aux interêts d'autrui ? Eterniser les
vertus de ses peres , et le souvenir de leurs
travaux il faudroit une noble émulation , la mollesse en a éteint le feu dans
son cœur sa famille se flattoit qu'il seI. Vol. roit
#752 MERCURE DE FRANCE
roit son appui à peine sçait- il qu'il en est
membre.
:
Est- il plus utile à la Société civile ? la
Noblesse doit être comme l'ame de tout
ce corps de citoyens : le goût d'un Seigneur qui gouverneune Province en donne à tous ceux qui l'habitent : les Sciences , les beaux Arts , tout s'anime à sa
vûë , tout prend une forme riante : à sa
place substituer un homme oisif; quel
changement ! tout languit , tout s'endort
avec lui ; non- seulement il ne fait aucun
bien , mais il rend inutile le bien qu'on
avoit fait.
Que peuvent attendre le Prince et l'Etat , d'un homme qui se regarde comme
l'unique centre où doivent aboutir tous
ses sentimens , et toutes ses pensées ? quel
poste important lui confiera- t'on ? Sçaurat'il remettre ou entretenir dans une Province le bon ordre , prévoir et réprimer
les mauxque l'on craint ? quel embarras !
il ne craint d'autre mal que le sacrifice
de son repos. Chargera t'on ses foibles
mains de cette balance redoutable , qui
pese les interêts des hommes ? quel fardeau ! il faut s'en décharger dans une
main étrangere aux dépens de son honneur
et de nos fortunes. Lui confiera- t'on la
conduite des armées ? quel tumulte ! La
II. Vol. Guerre
DECEMBRE. 1732. 1732. 2753
Guerre s'accommoda t'elle jamais avec la
mollesse ? Ainsi l'oisif devient, tout à la
fois la honte de sa famille qu'il dégrade ,
de la Societé qu'il deshonore , de l'Etat
qu'il trahit : mais son portrait n'est encore qu'ébauché , il ne peut être citoyen.
inutile sans devenir citoyen perni
cieux.
>
Seconde Partie.
Dès que le poison de l'oisiveté s'est glis
sé dans un jeune cœur , il en glace toute
l'ardeur , il dérange tous ses ressorts , il
arrête tous ses mouvemens vers le bien
il en fait le theatre de ses passions et le
jouer des passions d'autrui. C'est par là
que l'oisiveté devient funeste aux jeunes
Seigneurs , et ne les rend presque jamais
inutiles qu'elle ne les rende en même
tems pernicieux à l'Etat.
Se refuser au bien , c'est presque tou
jours se livrer au mal. Qu'une Maison , où
ces Heros de la mollesse trouvent accès
est à plaindre que de vices , un seul vice
n'y fera t'il pas entrer ! ces discours ne feront ils point baisser les yeux à la sage
Retenue , à la timide Pudeur ? La Tem
pérance et la Sobrieté seront-elles respectées dans ses repas ? mais surtout , que ne
II.Vol. doin
4754 MERCURE DE FRANCE
doit pas craindre la République en général ?
Semblables à ces Insectes odieux , qui
ne subsistent qu'aux dépens de la république laborieuse des Abeilles , et la troublent sans cesse dans ses travaux utiles
ils vivent délicieusement dans le sein et
aux frais de la Patrie , et se servent souvent de leur aiguillon contre elle. Ils boivent les sucurs des citoyens laborieux , et
s'enyvrent quelquefois de leur sang.
Ce qui doit armer le plus les loix contre l'Oisiveté , c'est qu'elle réunit ce que
les trois autres vices qui entrent en concurrence avec elle ont de plus odieux . Un
jeune oisif qui confie le soin de sa maison
à un perfide Intendant dont il n'éxige
presque aucun compte , ne perd- il pas
souvent plus de biens par sa négligence ,
que le prodigue n'en dissipe par son luxe ? Ne le verra- t- on pas secouer bien-tôt
le joug de la contrainte qui gêne son humeur , et voulant donner à tous la loy ,
ne la recevoir que de son caprice ? L'amour des oisifs pour la vie douce est un
préservatif contre la tentation du duel ;
mais la seule idée que l'on a conçue de
leur peu de courage, n'engagera-t'elle pas
de jeunes Duelistes à les attaquer , ne futII. Vol. ce
DECEMBRE. 1732 2755
ce que pour se faire une réputation aux
dépens de la leur.
L'Orateur conclut à bannir de toutes
charges ceux qui seront convaincus de ce
vice , et à les noter par quelque punition
qui caracterise leur défaut.
EXTRAIT DU IV. DISCOURS.
Contre l'Indépendance.
L'ame du bon gouvernement c'est le
bon ordre ; le bon ordre ne subsiste que
par la subordination. L'Indépendance en
sappe tous les fondemens ; quand elle se
trouve dans les jeunes Seigneurs , 1º elle
les accoûtume à braver l'autorité ; 20 elle
les porte à prétendre mêmeau droit d'impunité.
Premiere Partie.
Pour connoître le danger de l'indépen
dance, il faut voir comment elle se forme
dans la jeune Noblesse , et jusqu'où elle
peut étendre ses progrès contre l'autorité
légitime. La naissance et l'éducation , voilà
ses sources. Comment éleve- t'on les jeunes Seigneurs ? L'or sous lequel ils rampent dans l'enfance éblouit leurs yeux ; le
faste qui les environne enfle leur esprit ;
les plaisirs qu'on leur procure corrom- II. Vol.
B pent
2755 MERCURE DE FRANCE
pent leur cœur : mollesse d'éducation qui
fait les délices de l'enfance , et prépare
les révoltes de la jeunesse.
,
La raison est à peine éclose , qu'ils ferment les yeux à sa lumiere , et les oreilles
à sa voix. Les Maîtres veulent- ils les rap.
peller aux devoirs? les flatteurs les en écartent , et leur apprennent qu'ils sont plus
nés pour commander que pour obéïr ; à
force de donner la loy, on s'habituë à ne la
plus recevoir. Veut-on s'opposer au mal ,
et les confier à des Maîtres plus amis du
devoir que de la fortune ? ils ne plient
que pour se redresser bien- tôt avec plus
de force dès qu'ils en auront la li
berté.
Quel bonheur pour un jeune Indépen
dant , s'il a auprès de lui un Mentor qui
craignant beaucoup moins pour la vie
que pour l'innocence de son Telemaque ,
aime mieux se précipiter avec lui du haut
d'un affreux Rocher , que de le voir se
précipiter dans l'abîme du vice ! Mais
trouve-t'on beaucoup de Gouverneurs de
ce caractere ? Combien flattent leur Eleve dans ses desirs , se mettent de moitié
avec lui pour ses plaisirs ; et devant être
ses maîtres , deviennent ses esclaves ! détestable éducation qui d'un indépendant
fait quelquefois un scelerat.
II. Vol.
L'In-
DECEMBRE.
873202757
L'Indépendance conduit à la révolte ,
l'Eleve intraitable devient fils rebelle ;
combien en a-t'on vû braver l'autorité
paternelle , outrager la Nature , et d'indépendans qu'ils étoient , n'avoir besoin
que de changer de nom pour devenir dénaturés ? Mauvais fils sera- t'il bon sujet ?
peut- on s'en flatter surtout dans un
Royaume électif, où l'on est quelquefois
tenté , de faire avec audace , ' ce qu'on croit
pouvoir faire avec avantage ?
,
La plus florissante République de la
terre , Rome la maîtresse du monde pres- -qu'entier , se vit sur le point d'être saccagée et réduite en cendres. Qui alluma
l'incendie ? une cabale de jeunes factieux ,
conduits par Catilina , et possedés du
démon de l'indépendance. Que de sang
ne fallut- il pas répandre pour éteindre ce
feu ? Autorité domestique et publique
loix divines et humaines , tout est sacrifié
à l'impérieux désir de se rendre indépendant. La loi violée s'arme- t'elle du glaive
pour vanger ces attentats ? Après avoir bravé ses réglemens , ils bravent ses menaces , et s'arrogent le droit d'impunité.
Seconde Partie.
Si l'on en croit les jeunes Seigneurs indépendans , leur jeunesse et leur condi11. Vol.
Bij tion
4758 MERCURE DE FRANCE
tion les mettent à couvert des loix et do
la punition qu'elles prescrivent.
La jeunesse est l'âge où le feu des passions s'allume ; c'est donc aussi le tems.
où l'on doit s'appliquer à l'éteindre. Fautil attendre que l'incendie ait pris des forces et se soit communiqué ? trop de severité , il est vrai , révolte et fait hair le
devoir , mais tropd'indulgence enhardit ,
et fait violer la loi.
- La Noblesse est l'état où les exemples
sont plus contagieux ; mais c'est donc
aussi l'etat où les punitions sont plus
- nécessaires. Les sujets d'un moindre étage regardent ces jeunes Seigneurs autant
comme leurs modéles que comme leurs
maîtres. Un coupable de la sorte impuni
fait un million de coupables dans l'espé
rance de l'impunité.
Aussi Rome et Sparte punissoient- elles
séverement l'indépendance et le mépris
des loix dans les jeunes gens de qualité.
Deux Chevaliers Romains furent autrefois dégradés de leur ordre , et mis au
rang des Plebéïens , pour n'avoir pas assez promptement obéï à un Proconsul.
peu de roture parut alors un excellent
remède contre le vertige de l'indépendance. Comme l'élévation du rang produit les fumées de l'orgueil , l'humilia
Un
tion les dissipe
DECEMBRE. 1732 2750
EXTRAIT DU V. DISCOURS.
Fait par le Prince après les Plaidoyers:
Casimir après avoir entendu les discours
des Parties , fait sentir le fort et le foible
des raisons alleguées , et en ajoute plu
sieurs nouvelles dont le détail seroit long.
Il établit pour principe que le premier
desordre contre lequel doive sévir le Législateur , est celui qui porte un plus
grand préjudice au plus grand nombre des
sujets ; c'est à dire , celui qui est le plus
considérable en lui- même et le plus étendu
dans ses suites. Sur ce principe il éxamine
les quatres desordres proposez , et les balance long-tems par une infinité de preu
ves que nous sommes fâchez d'omettre
mais que ne nous permet pas la brièveté
que nous nous sommes prescrite dans les
extraits. Il résulte de cet examen que les
jeunes Seigneurs independans sont les
plus coupables , sur tout parce qu'ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, c'est- à- dire l'obéïssance et la soumission : et nous pouvons , dit le Juge , espe- rer de mettre un frein à l'amour des folles
dépenses , à la manie du faux point-d'hon- neur , à l'indolence et à l'oisiveté des faineans par de bons et salutaires Edits : mais
II. Vol. Biij pour
260 MERCURE DE FRANCE
2
,
cepenpour l'indépendant , si son caprice le porte à être dissipateur , dueliste , et indolent de profession , en vertu de son systeme et de ses principes d'indépendance , il
se maintiendra en possession de ces trois
desordres , et ses maximes favorites nous
répondent par avance qu'il comptera pour
rien la loi que nous allons porter contre
lui et contre ses consorts. Portons - la
dant cette loi , &c.
Là- dessus le Prince prononce , 1° contre
l'Indépendance , 2 ° contre l'Oisiveté , 3 ° .
contre le Duel , 4° contre le Luxe , et il
rend raison de l'ordre qu'il observe en ce
Jugement. Ensuite il porte differentes loix
qu'il croit les plus propres à remedier à
chaque desordre , et telles à peu près qu'Athenes en porta contre l'Indépendance ,
Lacedemone contre l'Oisiveté , Rome
contre le Luxe , et la France avec une partie de l'Europe contre le Duel.
Enfin M. d'Aligre qui avoit été complimenté par M. le Pelletier de Rosambo sur
la noblesse et la dignité avec laquelle il
avoit présidé à ce Jugement , le felicita à
son tour de la finesse et de la délicatesse
d'esprit qui avoit éclaté dans son discours ;
il fit aussi compliment à M. de Bussy sur
son éloquence et sur son talent à parler
en public; à M. Petit, sur son beau feu
II. Vol. d'imagina
DECEMBRE. 1732. 2761
d'imagination ; à M. de Verac sur l'élegance de son Plaidoyer et les graces de sa prononciation . L'illustre Assemblée souscrivit sans peine à la justice de ces éloges.
Fermer
Résumé : EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
Le texte relate un plaidoyer prononcé au Collège de Louis le Grand, où les élèves de rhétorique abordent des sujets destinés à former l'esprit et le cœur de la jeune noblesse. Le sujet choisi est la délibération concernant la jeune noblesse d'un État, inspirée par le prince Casimir de Pologne. Indigné par les désordres parmi la noblesse, Casimir demande à son père, le roi Casimir III, d'établir une commission pour réprimer ces excès. Le roi nomme des seigneurs pour discuter des problèmes et proposer des lois. Les quatre principaux désordres identifiés sont le luxe, le duel, l'oisiveté et l'indépendance des jeunes seigneurs. Chaque orateur argue que son désordre mérite la plus grande attention et sévérité. Casimir dresse ensuite les articles de la loi, décide de l'ordre d'exécution et règle le rang des commissaires dans le Conseil d'État. Dans le premier discours, contre le luxe, l'orateur réfute les prétextes des partisans du luxe, affirmant que celui-ci ruine les grandes maisons et épuise les ressources de la nation. Il souligne que le luxe empêche la jeune noblesse de soutenir son rang et est préjudiciable à l'État. Le luxe est décrit comme une injustice criante contre les droits du prince, des créanciers, des enfants et de la nation entière. Dans le deuxième discours, contre le duel, l'orateur démontre que le duel déshonore plus qu'il n'honore et que l'État y perd plus qu'il n'y gagne. Il critique les motivations des duels, souvent basées sur la fureur et la petitesse d'esprit, et non sur le véritable courage. Le duel est comparé à une forme de guerre civile et est jugé impie et insensé. L'orateur conclut en appelant à la répression sévère de ces désordres pour le bien public. Le texte aborde également l'oisiveté, décrite comme la source de nombreux autres vices. Un homme oisif est inutile à la République et devient rapidement pernicieux. L'oisiveté est comparée à un poison qui glace l'ardeur des jeunes cœurs et les rend funestes à l'État. Les oisifs vivent aux dépens de la patrie et troublent les travaux utiles des citoyens laborieux. L'indépendance est également critiquée. Elle s'enracine dans une éducation malsaine qui enseigne aux jeunes nobles à commander plutôt qu'à obéir. Cette indépendance conduit à la révolte et au mépris des lois. Les jeunes indépendants se croient au-dessus des lois et des punitions. Le texte cite l'exemple de la République romaine, où l'indépendance a failli la détruire. Les punitions sévères sont nécessaires pour dissuader les jeunes nobles de leur comportement rebelle. Enfin, le texte mentionne un discours du Prince qui examine quatre désordres : l'indépendance, l'oisiveté, le duel et le luxe. Il conclut que les jeunes seigneurs indépendants sont les plus coupables car ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, l'obéissance et la soumission. Le Prince prononce des lois contre ces quatre maux, en commençant par l'indépendance. Le document mentionne également des compliments échangés lors d'un jugement. M. d'Aligre a été félicité pour la noblesse et la dignité avec lesquelles il a présidé au jugement. Il a ensuite complimenté plusieurs personnes pour leurs talents respectifs. L'assemblée a approuvé ces éloges.
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767
p. 2761-2763
EPITRE à M. de Voltaire, par M. Clement, Conseiller du Roi, Receveur des Tailles de Dreux.
Début :
De tes talens admirateur sincere, [...]
Mots clefs :
Voltaire, Talents, Malcrais, Lire, Sensibilité
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE à M. de Voltaire, par M. Clement, Conseiller du Roi, Receveur des Tailles de Dreux.
EPITRE à M. de Voltaire , par M. Cle
ment , Conseiller du Roi , Receveur des
Tailles de Dreux.
DEE tes talens admirateur sincere ,
Je t'adresse , illustre Voltaire ,
Ce foible essai que j'ai construit ,
Loin des Curieux et du bruit
Si ma Muse ici pour te plaire
;
Fait par hazard des efforts superflus ,
Ton silence bien- tôt m'apprenant à me taire ,
De mes deffauts me corrigera plus
Que ne seroit le sifflet du Partere.
D'où vient donc ce transport nouveau ?
Les Provinciaux , vas tu dire ,
Connoissent-ils le charme de ma Lire !
Oui ; Voltaire , ici le vrai beau
Sur les cœurs maintient son empire ,
Et , comme à Paris , l'on sçait rire
Des vains efforts d'un débile cerveau.
Jadis , en ce lieu les Druides ,
: -II. Vol. Biiij Fai-
2762 MERCURE DE FRANCE
Faisoient sous leurs mains homicides,
Gémir les crédules humains ;
Tu sçais qu'arbitres des destins ,
Aux Mortels simples , sans science ,
Ils faisoient respecter leur trompeuse igno rance ;
Nous vivons sous un autre tems ,
De ces beaux lieux les doctes habitans ,
Desabusés du faux , du ridicule ,
Ont sçû bannir préjugés et scrupule ,
'Amour du vrai charme ici les esprits
De toi sans cesse en relit les écrits ,
Et ta Henriade immortelle >
Par des traits touchans , enchanteurs ;
De la ligue et de ses fureurs
Nous rend la peinture si belle ,
Que nous cherissons les malheurs
Qui de ta muse ont excité le zele.
Charles , Brutus , Edipe , enfans de ton loisir;
Nous offrent tour à tour un différent plaisir.
De tes Vers la douce harmonie
Tient surtout mon ame ravie ;
Que ne puis-je avec dignité ,
Te peindre ici ma sensibilité !
Et t'exprimer avec ton énergie
A quel point tu m'as enchanté!
Vains efforts , je sens ma foiblesse ,
Et tout mon feu n'est qu'une yvresse ,
II. Vol. Dont
DECEMBRE. 1732. 2763
Dont tu ris peut-être à présent.
Reçois du moins ce badinage ,
D'un œil moderé , complaisant ;
Si Malcrais sçût plus dignement
T'offrir de son pays le fastueux hommage ,
Qu'il te souvienne seulement ,
Qu'inferieurs à son ouvrage ,
Nous l'égalons en sentiment.
ment , Conseiller du Roi , Receveur des
Tailles de Dreux.
DEE tes talens admirateur sincere ,
Je t'adresse , illustre Voltaire ,
Ce foible essai que j'ai construit ,
Loin des Curieux et du bruit
Si ma Muse ici pour te plaire
;
Fait par hazard des efforts superflus ,
Ton silence bien- tôt m'apprenant à me taire ,
De mes deffauts me corrigera plus
Que ne seroit le sifflet du Partere.
D'où vient donc ce transport nouveau ?
Les Provinciaux , vas tu dire ,
Connoissent-ils le charme de ma Lire !
Oui ; Voltaire , ici le vrai beau
Sur les cœurs maintient son empire ,
Et , comme à Paris , l'on sçait rire
Des vains efforts d'un débile cerveau.
Jadis , en ce lieu les Druides ,
: -II. Vol. Biiij Fai-
2762 MERCURE DE FRANCE
Faisoient sous leurs mains homicides,
Gémir les crédules humains ;
Tu sçais qu'arbitres des destins ,
Aux Mortels simples , sans science ,
Ils faisoient respecter leur trompeuse igno rance ;
Nous vivons sous un autre tems ,
De ces beaux lieux les doctes habitans ,
Desabusés du faux , du ridicule ,
Ont sçû bannir préjugés et scrupule ,
'Amour du vrai charme ici les esprits
De toi sans cesse en relit les écrits ,
Et ta Henriade immortelle >
Par des traits touchans , enchanteurs ;
De la ligue et de ses fureurs
Nous rend la peinture si belle ,
Que nous cherissons les malheurs
Qui de ta muse ont excité le zele.
Charles , Brutus , Edipe , enfans de ton loisir;
Nous offrent tour à tour un différent plaisir.
De tes Vers la douce harmonie
Tient surtout mon ame ravie ;
Que ne puis-je avec dignité ,
Te peindre ici ma sensibilité !
Et t'exprimer avec ton énergie
A quel point tu m'as enchanté!
Vains efforts , je sens ma foiblesse ,
Et tout mon feu n'est qu'une yvresse ,
II. Vol. Dont
DECEMBRE. 1732. 2763
Dont tu ris peut-être à présent.
Reçois du moins ce badinage ,
D'un œil moderé , complaisant ;
Si Malcrais sçût plus dignement
T'offrir de son pays le fastueux hommage ,
Qu'il te souvienne seulement ,
Qu'inferieurs à son ouvrage ,
Nous l'égalons en sentiment.
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Résumé : EPITRE à M. de Voltaire, par M. Clement, Conseiller du Roi, Receveur des Tailles de Dreux.
L'épître est adressée à Voltaire par M. Clément, Conseiller du Roi et Receveur des Tailles de Dreux. L'auteur exprime son admiration pour les talents de Voltaire et lui présente un essai écrit à l'abri des regards curieux. Il anticipe le silence de Voltaire, qui corrigera plus efficacement que les critiques du public. L'auteur souligne que les provinciaux, comme les Parisiens, apprécient le véritable talent et se moquent des efforts médiocres. Il compare les Druides, qui imposaient leur ignorance, aux habitants actuels de Dreux, éclairés et débarrassés des préjugés. Ces habitants aiment la vérité et lisent les œuvres de Voltaire, notamment 'L'Henriade', qui les enchante par sa beauté et son émotion. L'auteur mentionne également d'autres œuvres de Voltaire, comme 'Charles XII', 'Brutus' et 'Œdipe', et admire la douceur de ses vers. Il conclut en offrant ce badinage à Voltaire, espérant qu'il le recevra avec complaisance, et se compare à Malcrais, un autre admirateur de Voltaire.
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768
p. 2767-2770
RÉPONSE de Madame Meheult à la Lettre inserée dans le Mercure du mois d'Octobre dernier, page 2149. au sujet de son Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
Début :
La Lettrce que vous avez fait paroître, Monsieur, dans le Mercure, me comble [...]
Mots clefs :
Histoire d'Émilie, Reconnaissance, Sentiment, Objection, Reproche
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE de Madame Meheult à la Lettre inserée dans le Mercure du mois d'Octobre dernier, page 2149. au sujet de son Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
REPONSE de Madame Meheult à la
Lettre insérée dans le Mercure du mois
d'Octobre dernier , page 2149. au sujet de
son Histoire d'Emilie , ou des Amours de
Mlle de ....
A Lettre que vous avez fait paroître ,
Monsieur, dans le Mercure , me comble de tant de gloire , que je ne puis sans
ingratitude me dispenser de vous en marquer publiquement ma reconnoissance
d'ailleurs la Critique qui succede aux Eloges me demande une réponse , le silence
dans ces occasions peut être regardé comme un aveu tacite de sa défaite , un pareil
soupçon me seroit trop injurieux. Une
Femme doit sçavoir se deffendre , la résistance est pour elle une vertu essentielle.
Dès que l'on est informé, dites- vous ,
II. Vol que
2768 MERCURE DE FRANCE
que l'amour d'Emilie pour M. de Saint
Hilaire n'est qu'une feinte , l'esprit n'a
plus rien qui l'occupe , et ce vuide est
rempli par de longues conversations qui
ennuyent extrêmement le Lecteur.
Ce sentiment n'est pas assûrement géne
ral , ces longs entretiens ont eu le suffrage des Maîtres dans l'Art d'écrire , mais
chacun a sa façon de penser , et il me sieroit mal d'en parler davantage.
Les amours de mon Héroïne et du Comte viennent subitement , ils se plaignent
sans cesse , lors que rien ne semble les traverser.
La personne qui fait cette objection n'a
jamais aimé véritablement , les allarmes
sont le partage des amans , mais l'experience seule peut prouver ce que je dis.
On m'accuse aussi d'avoir fait mourir
mes Acteurs sans aucune utilité.
Ce raisonnement est si frivole qu'il ne
mérite pas la peine d'être relevé. Je n'ai
cherché dans mon Ouvrage qu'à rendre
les avantures vrai-semblables : former une
fiction et vouloir éviter le Romanesque ,
est une entreprise assez difficile . Il faut
puiser dans les sentimens, et chercher des
incidens ordinaires. Rien ne l'estplus que
la mort ; la douleur que cause un si triste
moment noustouche , nous émeut et nous
11. Vol. arrache
DECEMBRE. 1732 2769
arrache des larmes , d'autant plus volontiers que nous sommes tous les jours exposez à la même peine.
Enfin on me reproche que je ne devois
pas me servir des exemples odieux de Julie , de Messaline et de Marguerite de Valois que de semblables porttaits ne conviennent pas dans la bouche d'une Mere.
:
Si l'on me condamne , il faut auparavant proscrire les Livres qui sont entre
les mains de tout le monde. Pour moi ,
je n'avois pas 14. ans , que je sçavois l'Histoire Romaine par cœur. Hé ! qu'auroit
pu citer Mad. de Reville ? des Elus sanctifiez dès le berceau ? Flore donnoit dans
des foiblesses , et l'application n'eut pas
été juste. Des conversions ? elles sont toujours précedées du vice , ainsi j'aurois tombé infailliblement dans le même deffaut.
Emilie après son escapade devroit être
plus humble , et refuser sa main à M. de
S. Hilaire pour l'unique motif qu'elle ne
se croit plus digne de lui. C'est penser trop sagement ; j'eusse mal soutenu le caractere de mon Héroïne. Une coquette des plus étourdies ne devient pas
si- tôt raisonnable.
Je ne sçai , Monsieur , si vous trouverez cette replique suffisante , je suis un
foible Athlete , et si j'ose entrer en lice
II.Vol avec
2770 MERCURE DE FRANCE
avec vous , c'est moins pour remporter le.
prix , que pour vous assurer que je serai
toute ma vie , Monsieur , votre &c.
Brucelle Mebenst.
Lettre insérée dans le Mercure du mois
d'Octobre dernier , page 2149. au sujet de
son Histoire d'Emilie , ou des Amours de
Mlle de ....
A Lettre que vous avez fait paroître ,
Monsieur, dans le Mercure , me comble de tant de gloire , que je ne puis sans
ingratitude me dispenser de vous en marquer publiquement ma reconnoissance
d'ailleurs la Critique qui succede aux Eloges me demande une réponse , le silence
dans ces occasions peut être regardé comme un aveu tacite de sa défaite , un pareil
soupçon me seroit trop injurieux. Une
Femme doit sçavoir se deffendre , la résistance est pour elle une vertu essentielle.
Dès que l'on est informé, dites- vous ,
II. Vol que
2768 MERCURE DE FRANCE
que l'amour d'Emilie pour M. de Saint
Hilaire n'est qu'une feinte , l'esprit n'a
plus rien qui l'occupe , et ce vuide est
rempli par de longues conversations qui
ennuyent extrêmement le Lecteur.
Ce sentiment n'est pas assûrement géne
ral , ces longs entretiens ont eu le suffrage des Maîtres dans l'Art d'écrire , mais
chacun a sa façon de penser , et il me sieroit mal d'en parler davantage.
Les amours de mon Héroïne et du Comte viennent subitement , ils se plaignent
sans cesse , lors que rien ne semble les traverser.
La personne qui fait cette objection n'a
jamais aimé véritablement , les allarmes
sont le partage des amans , mais l'experience seule peut prouver ce que je dis.
On m'accuse aussi d'avoir fait mourir
mes Acteurs sans aucune utilité.
Ce raisonnement est si frivole qu'il ne
mérite pas la peine d'être relevé. Je n'ai
cherché dans mon Ouvrage qu'à rendre
les avantures vrai-semblables : former une
fiction et vouloir éviter le Romanesque ,
est une entreprise assez difficile . Il faut
puiser dans les sentimens, et chercher des
incidens ordinaires. Rien ne l'estplus que
la mort ; la douleur que cause un si triste
moment noustouche , nous émeut et nous
11. Vol. arrache
DECEMBRE. 1732 2769
arrache des larmes , d'autant plus volontiers que nous sommes tous les jours exposez à la même peine.
Enfin on me reproche que je ne devois
pas me servir des exemples odieux de Julie , de Messaline et de Marguerite de Valois que de semblables porttaits ne conviennent pas dans la bouche d'une Mere.
:
Si l'on me condamne , il faut auparavant proscrire les Livres qui sont entre
les mains de tout le monde. Pour moi ,
je n'avois pas 14. ans , que je sçavois l'Histoire Romaine par cœur. Hé ! qu'auroit
pu citer Mad. de Reville ? des Elus sanctifiez dès le berceau ? Flore donnoit dans
des foiblesses , et l'application n'eut pas
été juste. Des conversions ? elles sont toujours précedées du vice , ainsi j'aurois tombé infailliblement dans le même deffaut.
Emilie après son escapade devroit être
plus humble , et refuser sa main à M. de
S. Hilaire pour l'unique motif qu'elle ne
se croit plus digne de lui. C'est penser trop sagement ; j'eusse mal soutenu le caractere de mon Héroïne. Une coquette des plus étourdies ne devient pas
si- tôt raisonnable.
Je ne sçai , Monsieur , si vous trouverez cette replique suffisante , je suis un
foible Athlete , et si j'ose entrer en lice
II.Vol avec
2770 MERCURE DE FRANCE
avec vous , c'est moins pour remporter le.
prix , que pour vous assurer que je serai
toute ma vie , Monsieur , votre &c.
Brucelle Mebenst.
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Résumé : RÉPONSE de Madame Meheult à la Lettre inserée dans le Mercure du mois d'Octobre dernier, page 2149. au sujet de son Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
Madame Meheult répond à une critique de son ouvrage 'Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...' publiée dans le Mercure d'octobre. Elle exprime sa gratitude pour les éloges et justifie la nécessité de répondre aux critiques pour éviter les malentendus. Elle défend les longues conversations entre ses personnages, soutenues par des maîtres de l'art d'écrire, et explique que les alarmes et les plaintes des amants sont naturelles. Madame Meheult réfute l'accusation de faire mourir ses personnages sans utilité, affirmant que la mort est un incident ordinaire et émouvant. Elle justifie l'utilisation d'exemples historiques comme Julie, Messaline et Marguerite de Valois, nécessaires pour éviter des défauts littéraires. Elle défend également le caractère de son héroïne, Emilie, en expliquant que sa coquetterie et son étourderie sont cohérentes avec son personnage. Madame Meheult conclut en se déclarant prête à défendre son œuvre, sans chercher à remporter un prix, mais à assurer sa reconnaissance envers son interlocuteur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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769
p. 2770-2772
EPITRE, A M. l'Abbé Ploment, sur ses Noëls.
Début :
Sage Plomet, dont la plume rapide, [...]
Mots clefs :
Noëls, Plume, Écrits, Gloire
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE, A M. l'Abbé Ploment, sur ses Noëls.
EPITRE,
A M. l'Abbé Plomet , sur ses Noëls.
Sage Plomet , dont la plume rapide ,
Juste et sçavante en ses productions ,
Fut souvent le fidelle guide,
De nos timides Amphions,
Reçois avec bonté ces Essais de ma Lyre ;
Elle t'en doit les premiers fruits ,
Puisqu'elle a pris dans tes Ecrits ,
L'entousiasme qui l'inspire.
On t'a vu penetré d'une divine ardeur,
Du Sauveur desHumains celebrer la Naissance
Par tes charmans accords le coupable Pécheur ,
Sentoit renaître dans son cœur
D'un heureux avenir , la flateuse esperance.
Aux approches de ce grand jour ,
Le Public révéroit dans son impatience ,
Ces marques de ton saint amour,
Et les chantoit avec reconnoissance :
.... II. Vol. Mais
DECEMBRE. 1732 277)
Mais hélas ! il n'a plus cet innocent plaisir ;
Il le demande en vain , Plomet le lui refuse ,
Tes amis seuls, reçus dans ton pieux loisir ,
Partagent avec toi les efforts de ta Muse.
Des saints Lauriers que ta main à cueillis ,
Le Public te doit un hommage ;
Mais ces talens qui furent ton partage ,
Te furent-ils donnez , pour être ensevelis ?
Quoi ! craindrois- tu les Critiques cruelles ,
D'un Censeur étourdi ?
Tes Noëls précedens sont tes garants fidelles,
Rime , Plomet , tu seras applaudi.
La pâle jalousie et la haine barbare ,
Voudront semer en vain leurs ennuyeux discours
Le Languedoc charmé , t'admirera toûjours ,
Et la gloire qu'il te prépare ,
Vaut bien le danger que tu cours.
Des honneurs qu'on te doit , sage dispensatrice
L'équitable Posterité ,
Sçaura mieux te rendre justice ,
Et l'on verra la verité ,
Terrasser la noire malice.
Corneille ( dira-t'on ) La Fontaine , Rousseau;
Despreaux , Racine , Moliere ,
Paroissant animez d'un feu toûjours nouveau ,
Scurent chacun à leur maniere ,
Parcourir sans égaux leur brillante carriere ;
୮
II. Vol.
Heureux
2772 MERCURE DE FRANCE
Heureux de partager entr'eux un don si beau.
Couverts d'une éternelle gloire ,
Leurs noms chéris deviendront immortels ;
Mais parmi les Sçavans que nous vante l'Histoire,
Plomet s'est distingué par ses pieux Noëls.
L'Abbé Cros , de Montpellier.
A M. l'Abbé Plomet , sur ses Noëls.
Sage Plomet , dont la plume rapide ,
Juste et sçavante en ses productions ,
Fut souvent le fidelle guide,
De nos timides Amphions,
Reçois avec bonté ces Essais de ma Lyre ;
Elle t'en doit les premiers fruits ,
Puisqu'elle a pris dans tes Ecrits ,
L'entousiasme qui l'inspire.
On t'a vu penetré d'une divine ardeur,
Du Sauveur desHumains celebrer la Naissance
Par tes charmans accords le coupable Pécheur ,
Sentoit renaître dans son cœur
D'un heureux avenir , la flateuse esperance.
Aux approches de ce grand jour ,
Le Public révéroit dans son impatience ,
Ces marques de ton saint amour,
Et les chantoit avec reconnoissance :
.... II. Vol. Mais
DECEMBRE. 1732 277)
Mais hélas ! il n'a plus cet innocent plaisir ;
Il le demande en vain , Plomet le lui refuse ,
Tes amis seuls, reçus dans ton pieux loisir ,
Partagent avec toi les efforts de ta Muse.
Des saints Lauriers que ta main à cueillis ,
Le Public te doit un hommage ;
Mais ces talens qui furent ton partage ,
Te furent-ils donnez , pour être ensevelis ?
Quoi ! craindrois- tu les Critiques cruelles ,
D'un Censeur étourdi ?
Tes Noëls précedens sont tes garants fidelles,
Rime , Plomet , tu seras applaudi.
La pâle jalousie et la haine barbare ,
Voudront semer en vain leurs ennuyeux discours
Le Languedoc charmé , t'admirera toûjours ,
Et la gloire qu'il te prépare ,
Vaut bien le danger que tu cours.
Des honneurs qu'on te doit , sage dispensatrice
L'équitable Posterité ,
Sçaura mieux te rendre justice ,
Et l'on verra la verité ,
Terrasser la noire malice.
Corneille ( dira-t'on ) La Fontaine , Rousseau;
Despreaux , Racine , Moliere ,
Paroissant animez d'un feu toûjours nouveau ,
Scurent chacun à leur maniere ,
Parcourir sans égaux leur brillante carriere ;
୮
II. Vol.
Heureux
2772 MERCURE DE FRANCE
Heureux de partager entr'eux un don si beau.
Couverts d'une éternelle gloire ,
Leurs noms chéris deviendront immortels ;
Mais parmi les Sçavans que nous vante l'Histoire,
Plomet s'est distingué par ses pieux Noëls.
L'Abbé Cros , de Montpellier.
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Résumé : EPITRE, A M. l'Abbé Ploment, sur ses Noëls.
L'épître de l'Abbé Cros, de Montpellier, est adressée à l'Abbé Plomet, qu'il loue pour sa plume rapide, juste et savante, souvent bénéfique aux poètes débutants. L'auteur exprime sa gratitude envers Plomet, dont les écrits ont stimulé son enthousiasme poétique. Plomet est célébré pour sa capacité à célébrer la naissance du Sauveur, inspirant ainsi les pécheurs à espérer un avenir heureux. Cependant, l'auteur regrette que le public ne puisse plus profiter des Noëls de Plomet, car celui-ci les réserve désormais à ses amis proches. Il encourage Plomet à ne pas craindre les critiques et à continuer à écrire, soulignant que ses précédents Noëls témoignent de son talent. L'auteur prédit que le Languedoc continuera d'admirer Plomet et que la postérité lui rendra justice, terrassant ainsi la malice. L'épître mentionne également des grands noms de la littérature comme Corneille, La Fontaine, Rousseau, Despreaux, Racine et Molière, comparant leur gloire immortelle à celle que Plomet pourrait atteindre grâce à ses Noëls.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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770
p. 2781-2785
EPITRE, De Mlle de Malcrais de la Vigne, à M. V. D. G. de Marseille, pour répondre à ses Vers, imprimez dans le Mercure d'Octobre 1732. page 2188.
Début :
Monsieur, dont l'ame perplexe, [...]
Mots clefs :
Perplexe, Beau sexe, Pédant, Docteur, Briller, Art de la poésie, Portrait
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE, De Mlle de Malcrais de la Vigne, à M. V. D. G. de Marseille, pour répondre à ses Vers, imprimez dans le Mercure d'Octobre 1732. page 2188.
EPITRE,
De Mede Malcrais de la Vigne , à M.
V. D. G. de Marseille , pour répondre à
ses Vers, imprimez dans le Mercure d'Octobre 1732. page 2188 .
{
Monsieur , dont l'ame perplexe ,
S'alambique en cent façons ,
II. Vol. Cij Votre
2782 MERCURE DE FRANCE
Votre idée est circonflexe ;
Sous le grand lambris convexe ,
Il est des gens de tous noms.
Mais sçavez- vous qu'au beau Sexe ,
Vos Vers sont injurieux ?
'Arrêtez , Messieurs les hommes :
Vous êtes si glorieux ,
Que vous croyez que nous sommes ,
Auprès de vous des Atomes ,
Ou des riens harmonieux.
Sçachez pourtant que les Dames ,
Quoiqu'en dise un fol Auteur ,
Ainsi que vous ,
ont des ames ,
Et que les celestes flâmes ,
Ont coulé dans notre cœur ;
Cependant n'allez pas croire ,
Ou je garde le tacet ,
Qu'ici je veuille avec gloire ,
Mettre du Docteur Docet ,
Sur ma coeffe le bonnet ;
J'en romprois mon Ecritoire ,
Et m'irois pendre tout net ,
M'étreignant de mon lacet,
Cés Pédans à l'humeur cruë ,
Dès qu'ils s'offrent à ma vue ,
Me plaisent moins qu'un Valet,
Qui dans chaque coin de ruë ,
II, Vol. Fait
DECEMBRE. 1732. 2783
Fait entendre son siflet.
Si je voulois , par exemple,
Trancher ici du Docteur ,
Je dirois , mon cher Seigneur ,
Vous, qui fréquentez le Temple
Du Dieu Versificateur ,
Connoîtriez -vous Corine
Leontion , Eccello ,
Sapho , Prasille , Occello ,
Théano , Cléobuline ?
>
Au monde est- il un canton
Qui ne vante des Poëtes ,
Qui , quoi qu'ayant des cornettes .
Ont fait sonner leurs Musettes ,
Sur plus d'un merveilleux ton ,
Aussi-bien que Coridon ?
L'Antique et Moderne Rome ,
Vit et voit briller les siens ,
Notre France en a tout comme
Ces doubles Italiens ,
Et par tout on les renomme,
Plus que Donna Giustina ,
Et Signora Colonna.
Si point ici ne les nomme
C'est pour abreger chemin ,
Et je croi bien qu'en Provence ,
Le beau Sexe feminin ,
II. Vol. C
Mieux iij
2784 MERCURE DE FRANCE
Mieux qu'en nul endroit de France ,
Fait voir qu'il a l'esprit fin ,
Assaisonné de Science :
Beau Païs des Troubadours !
C'est chez vous que l'Italie >
De l'Art de la Poësie ,
Apprit les excellens tours.
Mais alte - là , mon génie ,
Je vois que je passerois ,
Pour une grande Pédante ,
Moi , qui passer ne voudrois ;
Que pour petite Sçavante.
'Au surplus bien mieux que vous ,
Des Vers nous devrions faire ,
La raison en est très claire ,
Si , comme vous dites tous
Caprice domine en nous >
Avec cervelle legere.
Mais ce n'est point là le fait ,
Et votre ame impatiente ,
Me demande mon Portrait ;
Je vais être complaisante ,
Et vous serez satisfait ;
C'est trop , et j'en suis dolente ,
Avoir suspendu l'attente ,
D'un aimable Curieux.
Taille un peu courte , grands yeux ,
II. Vol. Bouche
DECEMBRE. 1732. 2785
Bouche riante et vermeille ,
Avec un air de douceur ,
Monsieur l'Auteur de Marseille ,
C'est-là Malcrais ou sa Sœur.
De Mede Malcrais de la Vigne , à M.
V. D. G. de Marseille , pour répondre à
ses Vers, imprimez dans le Mercure d'Octobre 1732. page 2188 .
{
Monsieur , dont l'ame perplexe ,
S'alambique en cent façons ,
II. Vol. Cij Votre
2782 MERCURE DE FRANCE
Votre idée est circonflexe ;
Sous le grand lambris convexe ,
Il est des gens de tous noms.
Mais sçavez- vous qu'au beau Sexe ,
Vos Vers sont injurieux ?
'Arrêtez , Messieurs les hommes :
Vous êtes si glorieux ,
Que vous croyez que nous sommes ,
Auprès de vous des Atomes ,
Ou des riens harmonieux.
Sçachez pourtant que les Dames ,
Quoiqu'en dise un fol Auteur ,
Ainsi que vous ,
ont des ames ,
Et que les celestes flâmes ,
Ont coulé dans notre cœur ;
Cependant n'allez pas croire ,
Ou je garde le tacet ,
Qu'ici je veuille avec gloire ,
Mettre du Docteur Docet ,
Sur ma coeffe le bonnet ;
J'en romprois mon Ecritoire ,
Et m'irois pendre tout net ,
M'étreignant de mon lacet,
Cés Pédans à l'humeur cruë ,
Dès qu'ils s'offrent à ma vue ,
Me plaisent moins qu'un Valet,
Qui dans chaque coin de ruë ,
II, Vol. Fait
DECEMBRE. 1732. 2783
Fait entendre son siflet.
Si je voulois , par exemple,
Trancher ici du Docteur ,
Je dirois , mon cher Seigneur ,
Vous, qui fréquentez le Temple
Du Dieu Versificateur ,
Connoîtriez -vous Corine
Leontion , Eccello ,
Sapho , Prasille , Occello ,
Théano , Cléobuline ?
>
Au monde est- il un canton
Qui ne vante des Poëtes ,
Qui , quoi qu'ayant des cornettes .
Ont fait sonner leurs Musettes ,
Sur plus d'un merveilleux ton ,
Aussi-bien que Coridon ?
L'Antique et Moderne Rome ,
Vit et voit briller les siens ,
Notre France en a tout comme
Ces doubles Italiens ,
Et par tout on les renomme,
Plus que Donna Giustina ,
Et Signora Colonna.
Si point ici ne les nomme
C'est pour abreger chemin ,
Et je croi bien qu'en Provence ,
Le beau Sexe feminin ,
II. Vol. C
Mieux iij
2784 MERCURE DE FRANCE
Mieux qu'en nul endroit de France ,
Fait voir qu'il a l'esprit fin ,
Assaisonné de Science :
Beau Païs des Troubadours !
C'est chez vous que l'Italie >
De l'Art de la Poësie ,
Apprit les excellens tours.
Mais alte - là , mon génie ,
Je vois que je passerois ,
Pour une grande Pédante ,
Moi , qui passer ne voudrois ;
Que pour petite Sçavante.
'Au surplus bien mieux que vous ,
Des Vers nous devrions faire ,
La raison en est très claire ,
Si , comme vous dites tous
Caprice domine en nous >
Avec cervelle legere.
Mais ce n'est point là le fait ,
Et votre ame impatiente ,
Me demande mon Portrait ;
Je vais être complaisante ,
Et vous serez satisfait ;
C'est trop , et j'en suis dolente ,
Avoir suspendu l'attente ,
D'un aimable Curieux.
Taille un peu courte , grands yeux ,
II. Vol. Bouche
DECEMBRE. 1732. 2785
Bouche riante et vermeille ,
Avec un air de douceur ,
Monsieur l'Auteur de Marseille ,
C'est-là Malcrais ou sa Sœur.
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Résumé : EPITRE, De Mlle de Malcrais de la Vigne, à M. V. D. G. de Marseille, pour répondre à ses Vers, imprimez dans le Mercure d'Octobre 1732. page 2188.
L'épître de Mede Malcrais de la Vigne, adressée à un homme de Marseille, répond à des vers publiés dans le Mercure d'octobre 1732. L'auteur réfute les propos injurieux envers les femmes, affirmant qu'elles possèdent des âmes et des flammes célestes. Elle exprime son aversion pour les docteurs pédants. L'auteur mentionne des poétesses célèbres et souligne que la Provence, berceau des troubadours, a influencé l'Italie dans l'art de la poésie. Elle reconnaît l'esprit fin et scientifique des femmes provençales. L'auteur décrit ensuite son propre portrait, se présentant avec une taille courte, de grands yeux, une bouche riante et vermeille, et un air de douceur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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771
p. 2814-2817
A Mlle de Malcrais de la Vigne, STANCES IRREGULIERES Pour servir de Réponse à son Madrigal imprimé dans le Mercure d'Octobre 1732.
Début :
Au Parnasse François mon nom est ignoré, [...]
Mots clefs :
Portrait, Injure, Sort, Voeux, Immortelle gloire, Marne, Coeur, Parnasse, Arts
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texteReconnaissance textuelle : A Mlle de Malcrais de la Vigne, STANCES IRREGULIERES Pour servir de Réponse à son Madrigal imprimé dans le Mercure d'Octobre 1732.
A Mile de Malcrais de la Vigne ,
STANCES IRREGULIERES
Pour servir de Réponse à son Madrigal
imprimé dans le Mercure d'Octobre 1732.
AuParnasse François mon nom est ignoré;
Malcrais, de le sçavoir n'ayez aucune envie;
Trouvez bon seulement qu'en stile bigaré
Je vous offre aujourd'hui le Tableau de ma vie.
L'amour propre d'abord y place mon Portrait.
L'attitude n'en est pas sûre , ´
Mais l'air de tête n'est pas laid.
Par certains dons de la Nature
Le correctifest apporté
Aux défauts que dans ma figure
II. Vol. Aux
DECEMBRE. 1732 2815
Exagere l'adversité ,
Et de mes amis l'équité
Me sçait venger de cette injure.
Mon esprit curieux cherche la verité
Dont le charme secret l'attire
Après elle , mon cœur n'aspire
Qu'à la parfaite liberté.
2
Sans accuser le sort , content du necessaire ,
Debarassé des soins qui chargent le vulgaire ,
Je renferme mes vœux dans un petit réduit ,
Loin des Grands , loin des sots , de la pompe et
du bruit
Je n'y songe qu'à satisfaire
Mon penchant pour les Arts , et mon goût solftaire.
A l'ombre des Ormeaux dans mes momens per- dus,
Des champêtres plaisirs je trace des images,
Je veux qu'en ces petits ouvrages
On me retrouve encor quand je ne serai
plus.
Je ressens l'aiguillon de l'immortelle gloire,.
Et pressé du desir d'assurer ma mémoire
Ne pouvant partager les travaux des Guer
Je
riers ,
cultive le Mirthe au défaut des Lauriers.
Mon instinct m'a conduit aux Rives du Permesse ;
Euterpe quelquefois m'y donne des leçons ,
II. Vol Sut
2816 MERCURE DE FRANCE
Sur la Flute de Pan je les redis sans cesse
Aux Driades de nos valons ,
Et je décris les lieux où jadis la tendresse
Dicta mes premieres chansons.
Simple sans être sot , Champenois sans ru- desse ,
'Ami du naturel je cherche quand j'écris
Plus à toucher les cœurs qu'à flatter les esprits.
Pour la Ville , la Cour , les Grands et leur es- time ,
Je n'eus jamais la passion
Que fait naître l'ambition ,
Toujours sur la raison , rarement sur la rime
Je fixe mon attention ,
Et c'est moins la refléxion
Que le sentiment qui m'anime ,
Qui régle mon expression.
Permettez donc, illustre Fée
Qu'ici j'exprime simplement
Que je regrette amerement
Le tems où la bonne Zirphée
Sensible à mon empressement
M'eut des plaines de la Champagne
Jusqu'aux rives de la Bretagne
Transporté par enchantement.
Les cœurs qu'un desir héroïque
Portoit aux sublimes amours ,
Contre l'absence tirannique
II. Vol. Dans
DECEMBRE. 1732. 2817
Dans son Art trouvoient des secours ;
Son Char plus rapide qu'Eole ,
Plus prompt que l'Aigle qui s'envole ,
Les entraînoit vers leur beauté ;
Je sens leurs flâmes les plus vives ;
O Marne ! pourquoi sur tes Rives ,
Suis-je donc encor arrêté ?
Un cœur n'est pas toujours son maître ;
Je sçais qu'il viendroit un moment ,
Où le plaisir de vous connoître ,
Se feroit payer cherement.
Mais pour vous voir , pour vous entendre,
Tout risquer et tout entreprendre ,
Ne me paroît point une erreur.
A vos charmes , Fille divine ,
Dans l'ardeur qui me prédomine ,
Je suis prêt à livrer mon cœur.
STANCES IRREGULIERES
Pour servir de Réponse à son Madrigal
imprimé dans le Mercure d'Octobre 1732.
AuParnasse François mon nom est ignoré;
Malcrais, de le sçavoir n'ayez aucune envie;
Trouvez bon seulement qu'en stile bigaré
Je vous offre aujourd'hui le Tableau de ma vie.
L'amour propre d'abord y place mon Portrait.
L'attitude n'en est pas sûre , ´
Mais l'air de tête n'est pas laid.
Par certains dons de la Nature
Le correctifest apporté
Aux défauts que dans ma figure
II. Vol. Aux
DECEMBRE. 1732 2815
Exagere l'adversité ,
Et de mes amis l'équité
Me sçait venger de cette injure.
Mon esprit curieux cherche la verité
Dont le charme secret l'attire
Après elle , mon cœur n'aspire
Qu'à la parfaite liberté.
2
Sans accuser le sort , content du necessaire ,
Debarassé des soins qui chargent le vulgaire ,
Je renferme mes vœux dans un petit réduit ,
Loin des Grands , loin des sots , de la pompe et
du bruit
Je n'y songe qu'à satisfaire
Mon penchant pour les Arts , et mon goût solftaire.
A l'ombre des Ormeaux dans mes momens per- dus,
Des champêtres plaisirs je trace des images,
Je veux qu'en ces petits ouvrages
On me retrouve encor quand je ne serai
plus.
Je ressens l'aiguillon de l'immortelle gloire,.
Et pressé du desir d'assurer ma mémoire
Ne pouvant partager les travaux des Guer
Je
riers ,
cultive le Mirthe au défaut des Lauriers.
Mon instinct m'a conduit aux Rives du Permesse ;
Euterpe quelquefois m'y donne des leçons ,
II. Vol Sut
2816 MERCURE DE FRANCE
Sur la Flute de Pan je les redis sans cesse
Aux Driades de nos valons ,
Et je décris les lieux où jadis la tendresse
Dicta mes premieres chansons.
Simple sans être sot , Champenois sans ru- desse ,
'Ami du naturel je cherche quand j'écris
Plus à toucher les cœurs qu'à flatter les esprits.
Pour la Ville , la Cour , les Grands et leur es- time ,
Je n'eus jamais la passion
Que fait naître l'ambition ,
Toujours sur la raison , rarement sur la rime
Je fixe mon attention ,
Et c'est moins la refléxion
Que le sentiment qui m'anime ,
Qui régle mon expression.
Permettez donc, illustre Fée
Qu'ici j'exprime simplement
Que je regrette amerement
Le tems où la bonne Zirphée
Sensible à mon empressement
M'eut des plaines de la Champagne
Jusqu'aux rives de la Bretagne
Transporté par enchantement.
Les cœurs qu'un desir héroïque
Portoit aux sublimes amours ,
Contre l'absence tirannique
II. Vol. Dans
DECEMBRE. 1732. 2817
Dans son Art trouvoient des secours ;
Son Char plus rapide qu'Eole ,
Plus prompt que l'Aigle qui s'envole ,
Les entraînoit vers leur beauté ;
Je sens leurs flâmes les plus vives ;
O Marne ! pourquoi sur tes Rives ,
Suis-je donc encor arrêté ?
Un cœur n'est pas toujours son maître ;
Je sçais qu'il viendroit un moment ,
Où le plaisir de vous connoître ,
Se feroit payer cherement.
Mais pour vous voir , pour vous entendre,
Tout risquer et tout entreprendre ,
Ne me paroît point une erreur.
A vos charmes , Fille divine ,
Dans l'ardeur qui me prédomine ,
Je suis prêt à livrer mon cœur.
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Résumé : A Mlle de Malcrais de la Vigne, STANCES IRREGULIERES Pour servir de Réponse à son Madrigal imprimé dans le Mercure d'Octobre 1732.
Le texte est une réponse à un madrigal de Mile de Malcrais de la Vigne, publié dans le Mercure d'octobre 1732. L'auteur, restant anonyme au Parnasse français, dresse un tableau de sa vie. Il décrit son portrait, notant que la nature a atténué ses défauts et que l'adversité accentue ses traits. Il apprécie l'équité de ses amis et aspire à la vérité et à la liberté. L'auteur se satisfait du nécessaire, éloigné des grands et des sots, et se consacre aux arts et à la solitude. Il souhaite laisser une trace par ses œuvres et préfère cultiver la gloire par les arts plutôt que par les guerres. Il se définit comme simple et naturel, cherchant à toucher les cœurs plutôt que flatter les esprits. L'auteur regrette un temps passé avec une certaine Zirphée et exprime son désir de la revoir, prêt à tout risquer pour elle. Il conclut en déclarant son ardeur pour les charmes de cette fille divine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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772
p. 2842-2850
Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République [...]
Mots clefs :
Hommes illustres, République des Lettres, Mémoires, Godeau, Diocèse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
MEMOIRES pour servir à PHistoire
des Hommes Illustres dans la République
des Lettres , &c. Tome XVIII. de 411.
pages , sans les Tables. A Paris , chez
Briasson , rue S. Jacques , à la Science ,
M. DCC. XXXII.
,
Les Memoires qui font la matiere de
ce XVIIIe Volume , contiennent la Vie
et le Catalogue des Ouvrages de trentecinq Auteurs , entre lesquels nous avons
choisi l'article d'Antoine Godeau , pour
suivre notre coûtume , et pour ne point
exceder, les bornes prescrites dans notre
Journal.
Antoine Godeau nâquit à Dreux , Ville
du Diocèse de Chartres , où son pere
étoit Elû , et d'une des meilleures familles du Lieu , vers l'an 1605.
Il s'adonna de bonne heure à la Poësie
Françoise , et se fit connoître avantageusement de ce côté-là. Il étoit un peu pa11. Vol.
.rent
DECEMBRE. 1732: 2843
rent de M. Conrart , et logeoit chez lui
lorsqu'il venoit à Paris. Les Poësies qu'il
y apportoit de Dreux , donnerent lieu à
M. Conrart d'assembler dans sa Maison
quelques Gens de Lettres , pour en entendre la lecture , et ces Assemblées furent
proprement l'origine de l'établissement
de l'Académie Françoise , dans laquelle
M. Godeau eut entrée des premiers.
Ses vûës tendirent d'abord vers le mariage , et il rechercha la fille du Lieutenant General de Dreux ; mais se voyant
rejetté , parce qu'il étoit petit et laid , il
quitta sa Patrie et vint s'établir à Paris.
M. Conrart l'ayant fait connoître à
M. Chapelain ; celui- cy le produisit à
l'Hôtel de Rambouillet , qui étoit alors
le Tribunal où il falloit faire preuve d'esprit et de mérite pour être admis au
rang des Illustres ; il y fut goûté , et c'étoit de lui que Mademoiselle de Ramboüillet ( Julie d'Angennes ) disoit dans
une de ses Lettres à Voiture : Il y
y a ici
un homme plus petit que vous d'une coudée.
et je vous jure , mille fois plus galint. Sa
taille et l'affection que cette Demoiselle
lui témoignoit , lui firent alors donner
le nom de Nain de Julie.
On voit par-là que si M.Godeau n'avoit
du côté du corps rien qui méritât de l'atII. Vol. tention
2814 MERCURE DE FRANCE
tention , les qualitez de son esprit et son
mérite suppléoient à ce deffaut. Quelque
temps après qu'il se fûr fixé à Paris , it
embrassa l'Etat Ecclesiastique ; et l'esprie
de pieté qui lui avoit inspiré ce dessein ,
lui inspira aussi celui de ne plus exercer
le talent et l'inclination qu'il avoit pour
la Poësie , que sur des sujets chrétiens.
Il fit en 1636. une Paraphrase du Cantique : Benedicite omnia opera Domini Domin , qui étant bien versifiée et écrite
d'un stile noble et riche , lui attira un
applaudissement general. Elle plut si fort
au Cardinal de Richelieu , à qui il l'avoit
présentée , qu'après l'avoir luë et reluë
en sa présence , il lui dit : Vous me donnez le Benedicite , et moije vous donne
Grasse. Jeu de mots , que l'occasion fit
naître ; car l'Evêché de Grasse vaquoit
alors , et le Cardinal qui connoissoit d'ail
leurs son mérite et sçavoit le bruit que
faisoient ses Prédications , fut par-là déterminé à le placer sur le champ.
Il fut nommé à cet Evêché l'an 1536.
et fut sacré à S. Magloire au mois de Décembre de la même année , par Eleonor
d'Estampes , Evêque de Chartres , et depuis Archevêque de Reims , assisté d'Etienne Pouget , Evêque de Dardanie et *
* Ce nom est defiguré , il faut dire Etienne de Puget.
DECEMBRE. 1732. 2845
depuis de Marseille , et de Bertrand Des
pruotz , Evêque de S. Papoul.
-Aussi-tôt après son Sacre , il se retira
dans son Diocèse , pour s'appliquer tout
entier aux fonctions de l'Episcopat. Il y
annonça avec zele la parole de Dieu , y
tint plusieurs Synodes , composa quantité
d'Instructions Pastorales pour son Clergé
et y rétablit la discipline Ecclesiastique.
Il réunit à l'Evêché de Grasse , par
droit de Patronage , l'Eglise d'Antibes ,
qui depuis que le Siege Episcopal en
avoit été transferé à Grasse , n'avoit été
d'aucun Diocèse , et par ce moyen il
fit revivre la discipline Ecclesiastique ,
dont il ne restoit presque plus aucun
vestige.
y
Il obtint du Pape Innocent X. des Bul.
les d'union de l'Evêché de Vence , avec
celui de Grasse , comme son Predecesseur
Guillaume le Blanc en avoit obtenu de
Clement VIII. Cette union n'étoit pas
contraire aux Canons , et paroissoit bien
fondée , parce que ces deux Evêchez ensemble n'étoient que de dix mille livres
de revenu ; qu'ils n'avoient aussi ensemblee que trente Paroisses , et que les Villes de Vence et de Grasse n'étoient éloignées l'une de l'autre que de trois licües.
Cependant voyant que le Peuple et le
II Vol. Clergé
2046 MERCURE DE FRANCE
Clergé de Vence , s'opposoient à cette
union , il aima mieux ceder son droit
que de n'être pas agréable à quelquesuns de ces Diocesains , et d'avoir à poursuivre un Procès , et se contenta de l'E
glise de Vence.
Il assista aux Assemblées generales du
Clergé , tenues en 1645. et 1656. Dans
la premiere il composa et récita , par ordre du Clergé , l'Eloge de Petrus Aurelius,
qui avoit soutenu vivement les droits des
Evêques contre quelques Réguliers. Dans
la seconde , il fut un des Prélats qui témoignerent le plus de zele et d'indignation contre les Propositions de Morale
relâchée, qui avoient été dénoncez à cette
Assemblée , et ce fut par son avis qu'elle
fit imprimer les Instructions de S. Charles Borromée , dont il avoit inseré une
partie dans ses Statuts Synodaux.
Il passa le reste de sa vie dans son Diocèse ,continuellement occupé, soit à faire
ses visites , soit à prêcher , soit à lire ou à
composer , soit à vacquer aux affaires Ecclesiastiques ou temporelles de son Diocèse.
J'ai trouvé dans un Livre peu connu ,
intitulé : Le Confiteor de l'infidele Voyageur , parfeu George Martin , Renegat ;
Extrait de ses Voyages. Lyon , 1680. in 8.
II. Vol. à
DECEMBRE. 1732 2847
à la page 244. qu'en passant à Vence ,
il vit M. Godeau , qui en étoit Evêque ,
et que Dieu l'avoit éprouvé par la perte
de la vûë , qu'il enduroit avec beaucoup
de tranquillité d'esprit ; particularité dont
je n'ai vû faire mention en aucun autre
endroit.
Il eut une attaque d'apoplexie le 17
Avril 1672. qui étoit le jour de Pâques , et il en mourut à Vence le 21 du
même mois , âgé de 67 ans.
Les occupations de son Ministere ne
l'ont pas empêché de composer un grand
nombre d'Ouvrages considerables , tant
en Prose qu'en Vers. Aussi avoit- il une
facilité et une fécondité prodigieuse. Il
disoit ordinairement que le Paradis d'un
Auteur est de composer , que son Purgatoire est de relire et de retoucher ses
compositions ; mais que son Enfer est
de corriger les Epreuves de l'Imprimeur.
M. Boileau Despreaux n'a pas jugé trop
favorablement de sa Poësie , voici com
me il en parle dans sa Lettre neuviéme à
M. de Maucrois. » Je suis persuadé
>> aussi- bien que vous , que M. Godeau est
>>un Poëte fort estimable. Il me semble
pourtant qu'on peut dire de lui ce que
» Longin dit d'Hyperide , qu'il est touII. Vol. »jours
2848 MERCURE DE FRANCE
»jours à jeun , et qu'il n'a rien qui remuë
>> ni qui échauffe ; en un mot , qu'il n'a
"point cette force du stile , et cette vivacité d'expression , qu'on cherche dans
»les Ouvrages , et qui les font durer. Je
»ne sçai point s'il passera à la Posterité;
» mais il faudra pour cela qu'il réssuscite;
puisqu'on peut dire qu'il est déja mort ,
»n'étant presque plus maintenant lû de
» personne.
>>
M. de Maucroix , dans sa Réponse à
cette Lettre de Despreaux , s'exprime ain
si sur son sujet. Je tombe d'accord que
>> M. Godeau écrivoit avec beaucoup de
» facilité , disons avec trop de facilité. Il
faisoit deux ou trois Vers , comme dit
»Horace , Stans pede in uno. Ce n'est pas
ainsi que se font les bons Vers. Je m'en
rapporte volontiers à votre propre ex-
» périence. Néanmoins parmi les Vers
négligez de M. Godeau , il y en a de
»beaux qui lui échappent. Dès notre
>> jeunesse nous nous sommes apperçus
» qu'il ne varie pas assez. La plupart de
» ses Ouvrages sont comme des Logogryphes ; car il commence toujours par
»'exprimer les circonstances d'une chose,
» et puis il y joint le mor ; on ne voit
»point d'autre figure dans son Benedicité,
20
II. Vol » dans
DECEMBRE. 1732. 2849
dans son Laudate , et dans ses Canti-
» ques.
Le P. Vavasseur , Jesuite , a porté un
jugement encore plus désavantageux de
la Poësie de M. Godeau , dans l'Ouvrage
qu'il a publié contre lui , sous le nom de
Candidus Hesychius , et sous ce titre : An,
tonius Godellus Episcopus Grassensis , an
Elogii Aureliani scriptor idoneus , idemque utrum Poëta ? Constantia ( ou plutôt )
Paris , 1650. in 8. Mais cet Auteur y outre les choses , et fait voir par ce qu'il dit
contre la personne même de M. Godeau
que la passion avoit la principale part à
sa Critique.
Nous n'ajouterons point ici le Catalogue des Ouvrages de M. Godeau fort bien
raisonné et composé de LIX. Articles ,
parce que ce détail nous meneroit trop
Join..
Voici les noms des autres Sçavans dont
la Vie et les Ouvrages sont rapportez dans
ce XVIII. Tome des Mémoires,
Jean Jacques Boissard. Jean Alphonse.
Borelli, Jean Broekhuisen. Guillaume Burton. Isaac Casaubon. Meric Casaubon.
Pierre de Caseneuve. Gautier Charlton.
Louis Cousin. Janus Dousa. Janus Dousa
le fils. George Dousa. Jean de la Fontaine,
Claude François Fraguier. Leonard FuchII. Vol. sius.
2850 MERCURE DE FRANCE
sius. Jean-Baptiste Gelli. Edouart Herbert.
Maurice Hilaret. François- Michel Janicon. Fean de Labadie. Christian Longomontan. Jerôme Maggi. Henri Meibonius.
RobertMaurison. Augustin Niphus. Severin
Pineau. Bilibald Pirckheimer. Michel Poccianti, Samuel de Pufendorf. Jean Racine.
Richard Staniburst. Louis Transillo. André
Valladier. Jacques Ware.
des Hommes Illustres dans la République
des Lettres , &c. Tome XVIII. de 411.
pages , sans les Tables. A Paris , chez
Briasson , rue S. Jacques , à la Science ,
M. DCC. XXXII.
,
Les Memoires qui font la matiere de
ce XVIIIe Volume , contiennent la Vie
et le Catalogue des Ouvrages de trentecinq Auteurs , entre lesquels nous avons
choisi l'article d'Antoine Godeau , pour
suivre notre coûtume , et pour ne point
exceder, les bornes prescrites dans notre
Journal.
Antoine Godeau nâquit à Dreux , Ville
du Diocèse de Chartres , où son pere
étoit Elû , et d'une des meilleures familles du Lieu , vers l'an 1605.
Il s'adonna de bonne heure à la Poësie
Françoise , et se fit connoître avantageusement de ce côté-là. Il étoit un peu pa11. Vol.
.rent
DECEMBRE. 1732: 2843
rent de M. Conrart , et logeoit chez lui
lorsqu'il venoit à Paris. Les Poësies qu'il
y apportoit de Dreux , donnerent lieu à
M. Conrart d'assembler dans sa Maison
quelques Gens de Lettres , pour en entendre la lecture , et ces Assemblées furent
proprement l'origine de l'établissement
de l'Académie Françoise , dans laquelle
M. Godeau eut entrée des premiers.
Ses vûës tendirent d'abord vers le mariage , et il rechercha la fille du Lieutenant General de Dreux ; mais se voyant
rejetté , parce qu'il étoit petit et laid , il
quitta sa Patrie et vint s'établir à Paris.
M. Conrart l'ayant fait connoître à
M. Chapelain ; celui- cy le produisit à
l'Hôtel de Rambouillet , qui étoit alors
le Tribunal où il falloit faire preuve d'esprit et de mérite pour être admis au
rang des Illustres ; il y fut goûté , et c'étoit de lui que Mademoiselle de Ramboüillet ( Julie d'Angennes ) disoit dans
une de ses Lettres à Voiture : Il y
y a ici
un homme plus petit que vous d'une coudée.
et je vous jure , mille fois plus galint. Sa
taille et l'affection que cette Demoiselle
lui témoignoit , lui firent alors donner
le nom de Nain de Julie.
On voit par-là que si M.Godeau n'avoit
du côté du corps rien qui méritât de l'atII. Vol. tention
2814 MERCURE DE FRANCE
tention , les qualitez de son esprit et son
mérite suppléoient à ce deffaut. Quelque
temps après qu'il se fûr fixé à Paris , it
embrassa l'Etat Ecclesiastique ; et l'esprie
de pieté qui lui avoit inspiré ce dessein ,
lui inspira aussi celui de ne plus exercer
le talent et l'inclination qu'il avoit pour
la Poësie , que sur des sujets chrétiens.
Il fit en 1636. une Paraphrase du Cantique : Benedicite omnia opera Domini Domin , qui étant bien versifiée et écrite
d'un stile noble et riche , lui attira un
applaudissement general. Elle plut si fort
au Cardinal de Richelieu , à qui il l'avoit
présentée , qu'après l'avoir luë et reluë
en sa présence , il lui dit : Vous me donnez le Benedicite , et moije vous donne
Grasse. Jeu de mots , que l'occasion fit
naître ; car l'Evêché de Grasse vaquoit
alors , et le Cardinal qui connoissoit d'ail
leurs son mérite et sçavoit le bruit que
faisoient ses Prédications , fut par-là déterminé à le placer sur le champ.
Il fut nommé à cet Evêché l'an 1536.
et fut sacré à S. Magloire au mois de Décembre de la même année , par Eleonor
d'Estampes , Evêque de Chartres , et depuis Archevêque de Reims , assisté d'Etienne Pouget , Evêque de Dardanie et *
* Ce nom est defiguré , il faut dire Etienne de Puget.
DECEMBRE. 1732. 2845
depuis de Marseille , et de Bertrand Des
pruotz , Evêque de S. Papoul.
-Aussi-tôt après son Sacre , il se retira
dans son Diocèse , pour s'appliquer tout
entier aux fonctions de l'Episcopat. Il y
annonça avec zele la parole de Dieu , y
tint plusieurs Synodes , composa quantité
d'Instructions Pastorales pour son Clergé
et y rétablit la discipline Ecclesiastique.
Il réunit à l'Evêché de Grasse , par
droit de Patronage , l'Eglise d'Antibes ,
qui depuis que le Siege Episcopal en
avoit été transferé à Grasse , n'avoit été
d'aucun Diocèse , et par ce moyen il
fit revivre la discipline Ecclesiastique ,
dont il ne restoit presque plus aucun
vestige.
y
Il obtint du Pape Innocent X. des Bul.
les d'union de l'Evêché de Vence , avec
celui de Grasse , comme son Predecesseur
Guillaume le Blanc en avoit obtenu de
Clement VIII. Cette union n'étoit pas
contraire aux Canons , et paroissoit bien
fondée , parce que ces deux Evêchez ensemble n'étoient que de dix mille livres
de revenu ; qu'ils n'avoient aussi ensemblee que trente Paroisses , et que les Villes de Vence et de Grasse n'étoient éloignées l'une de l'autre que de trois licües.
Cependant voyant que le Peuple et le
II Vol. Clergé
2046 MERCURE DE FRANCE
Clergé de Vence , s'opposoient à cette
union , il aima mieux ceder son droit
que de n'être pas agréable à quelquesuns de ces Diocesains , et d'avoir à poursuivre un Procès , et se contenta de l'E
glise de Vence.
Il assista aux Assemblées generales du
Clergé , tenues en 1645. et 1656. Dans
la premiere il composa et récita , par ordre du Clergé , l'Eloge de Petrus Aurelius,
qui avoit soutenu vivement les droits des
Evêques contre quelques Réguliers. Dans
la seconde , il fut un des Prélats qui témoignerent le plus de zele et d'indignation contre les Propositions de Morale
relâchée, qui avoient été dénoncez à cette
Assemblée , et ce fut par son avis qu'elle
fit imprimer les Instructions de S. Charles Borromée , dont il avoit inseré une
partie dans ses Statuts Synodaux.
Il passa le reste de sa vie dans son Diocèse ,continuellement occupé, soit à faire
ses visites , soit à prêcher , soit à lire ou à
composer , soit à vacquer aux affaires Ecclesiastiques ou temporelles de son Diocèse.
J'ai trouvé dans un Livre peu connu ,
intitulé : Le Confiteor de l'infidele Voyageur , parfeu George Martin , Renegat ;
Extrait de ses Voyages. Lyon , 1680. in 8.
II. Vol. à
DECEMBRE. 1732 2847
à la page 244. qu'en passant à Vence ,
il vit M. Godeau , qui en étoit Evêque ,
et que Dieu l'avoit éprouvé par la perte
de la vûë , qu'il enduroit avec beaucoup
de tranquillité d'esprit ; particularité dont
je n'ai vû faire mention en aucun autre
endroit.
Il eut une attaque d'apoplexie le 17
Avril 1672. qui étoit le jour de Pâques , et il en mourut à Vence le 21 du
même mois , âgé de 67 ans.
Les occupations de son Ministere ne
l'ont pas empêché de composer un grand
nombre d'Ouvrages considerables , tant
en Prose qu'en Vers. Aussi avoit- il une
facilité et une fécondité prodigieuse. Il
disoit ordinairement que le Paradis d'un
Auteur est de composer , que son Purgatoire est de relire et de retoucher ses
compositions ; mais que son Enfer est
de corriger les Epreuves de l'Imprimeur.
M. Boileau Despreaux n'a pas jugé trop
favorablement de sa Poësie , voici com
me il en parle dans sa Lettre neuviéme à
M. de Maucrois. » Je suis persuadé
>> aussi- bien que vous , que M. Godeau est
>>un Poëte fort estimable. Il me semble
pourtant qu'on peut dire de lui ce que
» Longin dit d'Hyperide , qu'il est touII. Vol. »jours
2848 MERCURE DE FRANCE
»jours à jeun , et qu'il n'a rien qui remuë
>> ni qui échauffe ; en un mot , qu'il n'a
"point cette force du stile , et cette vivacité d'expression , qu'on cherche dans
»les Ouvrages , et qui les font durer. Je
»ne sçai point s'il passera à la Posterité;
» mais il faudra pour cela qu'il réssuscite;
puisqu'on peut dire qu'il est déja mort ,
»n'étant presque plus maintenant lû de
» personne.
>>
M. de Maucroix , dans sa Réponse à
cette Lettre de Despreaux , s'exprime ain
si sur son sujet. Je tombe d'accord que
>> M. Godeau écrivoit avec beaucoup de
» facilité , disons avec trop de facilité. Il
faisoit deux ou trois Vers , comme dit
»Horace , Stans pede in uno. Ce n'est pas
ainsi que se font les bons Vers. Je m'en
rapporte volontiers à votre propre ex-
» périence. Néanmoins parmi les Vers
négligez de M. Godeau , il y en a de
»beaux qui lui échappent. Dès notre
>> jeunesse nous nous sommes apperçus
» qu'il ne varie pas assez. La plupart de
» ses Ouvrages sont comme des Logogryphes ; car il commence toujours par
»'exprimer les circonstances d'une chose,
» et puis il y joint le mor ; on ne voit
»point d'autre figure dans son Benedicité,
20
II. Vol » dans
DECEMBRE. 1732. 2849
dans son Laudate , et dans ses Canti-
» ques.
Le P. Vavasseur , Jesuite , a porté un
jugement encore plus désavantageux de
la Poësie de M. Godeau , dans l'Ouvrage
qu'il a publié contre lui , sous le nom de
Candidus Hesychius , et sous ce titre : An,
tonius Godellus Episcopus Grassensis , an
Elogii Aureliani scriptor idoneus , idemque utrum Poëta ? Constantia ( ou plutôt )
Paris , 1650. in 8. Mais cet Auteur y outre les choses , et fait voir par ce qu'il dit
contre la personne même de M. Godeau
que la passion avoit la principale part à
sa Critique.
Nous n'ajouterons point ici le Catalogue des Ouvrages de M. Godeau fort bien
raisonné et composé de LIX. Articles ,
parce que ce détail nous meneroit trop
Join..
Voici les noms des autres Sçavans dont
la Vie et les Ouvrages sont rapportez dans
ce XVIII. Tome des Mémoires,
Jean Jacques Boissard. Jean Alphonse.
Borelli, Jean Broekhuisen. Guillaume Burton. Isaac Casaubon. Meric Casaubon.
Pierre de Caseneuve. Gautier Charlton.
Louis Cousin. Janus Dousa. Janus Dousa
le fils. George Dousa. Jean de la Fontaine,
Claude François Fraguier. Leonard FuchII. Vol. sius.
2850 MERCURE DE FRANCE
sius. Jean-Baptiste Gelli. Edouart Herbert.
Maurice Hilaret. François- Michel Janicon. Fean de Labadie. Christian Longomontan. Jerôme Maggi. Henri Meibonius.
RobertMaurison. Augustin Niphus. Severin
Pineau. Bilibald Pirckheimer. Michel Poccianti, Samuel de Pufendorf. Jean Racine.
Richard Staniburst. Louis Transillo. André
Valladier. Jacques Ware.
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Résumé : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Le texte présente les mémoires sur des hommes illustres dans la République des Lettres, en particulier le XVIIIe volume, qui retrace la vie et les œuvres de trente-cinq auteurs. L'article choisi est celui d'Antoine Godeau, né vers 1605 à Dreux, dans le diocèse de Chartres. Godeau s'est distingué par ses talents en poésie française et a été introduit dans les cercles littéraires par M. Conrart, contribuant ainsi à la fondation de l'Académie Française. Rejeté pour un mariage en raison de son apparence, Godeau s'est établi à Paris où il a été présenté à l'Hôtel de Rambouillet. Malgré sa petite taille, il a gagné l'estime de Mademoiselle de Rambouillet. Il a ensuite embrassé la vie ecclésiastique et s'est consacré à la poésie chrétienne. En 1636, il a écrit une paraphrase du Cantique 'Benedicite omnia opera Domini Dominus', qui a été bien accueillie par le Cardinal de Richelieu, lui valant l'évêché de Grasse. Godeau a exercé ses fonctions épiscopales avec zèle, rétablissant la discipline ecclésiastique et unifiant les diocèses de Grasse et d'Antibes. Il a également participé aux assemblées du clergé et a composé de nombreux ouvrages en prose et en vers. Sa poésie a été critiquée par des contemporains comme Boileau et M. de Maucroix, qui ont jugé son style trop facile et manquant de force. Godeau est décédé le 21 avril 1672 à Vence, à l'âge de 67 ans, après avoir souffert d'une attaque d'apoplexie. Le texte mentionne également d'autres savants dont les vies et œuvres sont rapportées dans ce volume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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773
p. 2850-2852
La Vie est un Songe, Comédie, [titre d'après la table]
Début :
LA VIE EST UN SONGE, Comédie héroïque de M. de Boissy, représentée par [...]
Mots clefs :
La vie est un songe, Boissy, Comédie héroïque, Comédiens-Italiens, Traduction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Vie est un Songe, Comédie, [titre d'après la table]
LA VIE EST UN SONGE , Comédie héroïque de M. de Boissy , représentée par
les Comédiens Italiens , au mois de Novembre 1732. prix , 24 sols. A Paris
chez P. Prauli , Quai de Gêvres , 1732.
in- 8. de 80 pages , prix 24 sols.
Cette Piéce en Vers libres , n'est pas
une simple Traduction de l'Italien ; on a
senti dans les Représentations , les changemens avantageux que l'Auteur a faits
dans ce Poëme ; pour donner une idée de
la maniere dontil est écrit, et du caractere
des deux principaux Personnages , nous
Insererons ici un Fragment de la Scene
entre Bazile , Roi de Pologne , et Sigismond , son fils , retenu dans une dure
captivité par son Pere depuis sa nais- sance.
II. Vol. Le
DECEMBRE.
1732. 2851
Le
Roy.
Ah ! ces retours affreux et l'horreur qu'ils t’ins«
pirent ,
Me font trop voir que les Astres sont vrais
Dans le malheur qu'ils me prédirent :
Il est écrit sur ton front irrité ;
Et j'y lis d'un Tyran toute la dureté.
Sigismond.
Pere cruel ! dont la bouche m'outrage ,
Si je suis un Tiran , n'en accuse que toi ;
Par ton ordre , élevé comme un monstre sau→
vage ,
Je ne fais que répondre aux soins qu'on cut de , moi ,
J'imite ton exemple , et je suis ton ouvrage ,
D'autant plus excusable en mon emportement ,
Que la raison l'approuve , et que ma tiran
nie
Par un juste retour et par un mouvement
Que la Nature justifie
N'aspire qu'à punir les Tirans de mavie;
Mais toi , Pere coupable et bourreau de ton
fils ,
Tu t'es montré cruel contre toute justice ,
Contre les droits humains et les loix du Pays,
Pour m'enterrer vivant dans un noir précipice ,
11. Vol. F
Quel
2852 MERCURE DE FRANCE
Quel forfait en naissant avois-je donc commis
C'est peu de me cacher à ma Patrie entiere ,
Tum'as tout refusé jusques à la lumiere :
Pour la premiere fois aujourd'hui j'en jóüis,
Dans les transports de sa colere ,
Contre moy, que pourroit imaginer de pis,
Le plus cruel de tous mes ennemis ?
Parens dénaturés , à vos ordres bizares ,
Quoi nos jours innocens seront- ils asser vis?
Serés- vous envers nous impunément barba
res ,
Et les ressentimens nous sont- ils interdits ?
Non , non 2 c'est une erreur dont vous êtes sé duits.
Par une sage prévoyance
Les équitables Dieux ont borné vos pouvoirs
Ainsi que nous , Vous avés vos devoirs,
Et si nous vous devons avec l'obéissance
Des marques de respect et de reconnoissance ,
Vous nous devés des soins à votre tour ,
Conformes à notre naissance •
Et des preuves de votre amour.
les Comédiens Italiens , au mois de Novembre 1732. prix , 24 sols. A Paris
chez P. Prauli , Quai de Gêvres , 1732.
in- 8. de 80 pages , prix 24 sols.
Cette Piéce en Vers libres , n'est pas
une simple Traduction de l'Italien ; on a
senti dans les Représentations , les changemens avantageux que l'Auteur a faits
dans ce Poëme ; pour donner une idée de
la maniere dontil est écrit, et du caractere
des deux principaux Personnages , nous
Insererons ici un Fragment de la Scene
entre Bazile , Roi de Pologne , et Sigismond , son fils , retenu dans une dure
captivité par son Pere depuis sa nais- sance.
II. Vol. Le
DECEMBRE.
1732. 2851
Le
Roy.
Ah ! ces retours affreux et l'horreur qu'ils t’ins«
pirent ,
Me font trop voir que les Astres sont vrais
Dans le malheur qu'ils me prédirent :
Il est écrit sur ton front irrité ;
Et j'y lis d'un Tyran toute la dureté.
Sigismond.
Pere cruel ! dont la bouche m'outrage ,
Si je suis un Tiran , n'en accuse que toi ;
Par ton ordre , élevé comme un monstre sau→
vage ,
Je ne fais que répondre aux soins qu'on cut de , moi ,
J'imite ton exemple , et je suis ton ouvrage ,
D'autant plus excusable en mon emportement ,
Que la raison l'approuve , et que ma tiran
nie
Par un juste retour et par un mouvement
Que la Nature justifie
N'aspire qu'à punir les Tirans de mavie;
Mais toi , Pere coupable et bourreau de ton
fils ,
Tu t'es montré cruel contre toute justice ,
Contre les droits humains et les loix du Pays,
Pour m'enterrer vivant dans un noir précipice ,
11. Vol. F
Quel
2852 MERCURE DE FRANCE
Quel forfait en naissant avois-je donc commis
C'est peu de me cacher à ma Patrie entiere ,
Tum'as tout refusé jusques à la lumiere :
Pour la premiere fois aujourd'hui j'en jóüis,
Dans les transports de sa colere ,
Contre moy, que pourroit imaginer de pis,
Le plus cruel de tous mes ennemis ?
Parens dénaturés , à vos ordres bizares ,
Quoi nos jours innocens seront- ils asser vis?
Serés- vous envers nous impunément barba
res ,
Et les ressentimens nous sont- ils interdits ?
Non , non 2 c'est une erreur dont vous êtes sé duits.
Par une sage prévoyance
Les équitables Dieux ont borné vos pouvoirs
Ainsi que nous , Vous avés vos devoirs,
Et si nous vous devons avec l'obéissance
Des marques de respect et de reconnoissance ,
Vous nous devés des soins à votre tour ,
Conformes à notre naissance •
Et des preuves de votre amour.
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Résumé : La Vie est un Songe, Comédie, [titre d'après la table]
Le texte présente 'La Vie est un Songe', une comédie héroïque de M. de Boissy, jouée par les Comédiens Italiens à Paris en novembre 1732. L'œuvre, publiée par P. Prauli, est disponible en format in-8 de 80 pages au prix de 24 sols. Contrairement à une simple traduction de l'italien, la pièce a été modifiée par l'auteur. Un extrait de la scène entre Bazile, roi de Pologne, et Sigismond, son fils retenu en captivité depuis sa naissance, illustre le style et les personnages principaux. Sigismond, libéré, exprime son amertume et sa colère envers son père, l'accusant de l'avoir élevé dans des conditions inhumaines, ce qui l'a rendu tyrannique. Sigismond justifie ses actions par les mauvais traitements subis et affirme que les parents ont des devoirs envers leurs enfants, notamment des preuves d'amour et de respect.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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774
p. 2868-2883
Les Enfans Trouvez, Parodie, [titre d'après la table]
Début :
Le 9. Décembre, les Comédiens Italiens donnerent la première Représentation [...]
Mots clefs :
Enfants trouvés, Romagnesi, Riccoboni, Comédiens-Italiens, Pièce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Enfans Trouvez, Parodie, [titre d'après la table]
PECTACLE S.
LEE 9. Décembre , les Comédiens Italiens donnerent la premiere Représentation des Enfans Trouvez , ou le Sultan poli par l'Amour , dont les Sieurs Dominique , Romagnesy et Riccoboni, sont.
les Auteurs. Cette Piece fut reçue peu favorablement du Public à la premiere Représentation , et on prétend qu'une assemblée tumultueuse mêlée de quelques
personnes mal intentionnées , en fut la
cause. La Piéce fut écoutée beaucoup plus
tranquillement à la seconde Représentation , et elle a toujours été de plus en
plus goûtée et applaudie. Nous allons tâcher de mettre le Lecteur en état d'en
juger.
ACTEURS..
Themire,
Fatime ,
la Dlle Sylvia.
la Dlle la Lande.
Diaphane , Roi de Tripoli , le sieur RoAlcidor , Pere de Themire , le sieur Domagnesy
minique.
Ale 11.
Cara
Volcan
DECEMBR E. 1732. 2869
Carabin , frere de Themire , le sicur RicOrosmin , Visir ,
Un Esclave ,
coboni.
Arlequin.
le sieur Sticotti.
Fatime ouvre la Scene , et paroît surprise de voirThemire plus gaye et plus contente qu'à l'ordinaire ; elle lui en demande la raison , et dit :
Quoi ! vous ne tournés plus les yeux vers les climats ,
Qu ce vaillant François devoit guider nos pas ?
Vous ne me parlés plus des plaisirs que la
France
Permet à notre Sexe avec tant de licence ,
Vous ne l'ignorés pás ; c'est là que les maris
Vivent d'intelligence avec les Favoris ;
Que la femme y bravant la contrainte fa- tale ,
Est prude avec renom dale.
" coquette sans scan◄
Themire lui répond que le Serrail fait
aujourd'hui tout son bonheur , et ajoûte :
Chez les Mahometans dès l'enfance enfermée ,
A leur façon d'agir ils m'ont accoûtumée.
II. Vol. Tout
2870 MERCURE DE FRANCE
Tout le monde en convient , le Roi de Tri
poli ,
Est malgré sa moustache , un Seigneur trèspoli.
Fatime représente à Themire que ce
jeune Officier qui est parti , et qui va revenir pour briser leurs fers , se donnera
de la peine en vain. Themire répond que
cet Officier est Gascon , &c. et découvre
en même tems à sa Confidente l'amour
qu'elle a pour le Sultan , et lui apprend
qu'il doit l'épouser dans la journée , Fati
me l'en félicite , et lui dit :
Mais ce cœur qui se livre à de si doux trans
* ports
En épousant un Turc , n'a-t'il point de re mords ?
Carabin vous a dit cent fois par la fenêtre ,
Que le sang d'un François vous avoit donné l'être ,
Que vous et vos parens dans un combat faq tal ,
Aviez subi le joug d'un Corsaire brutal.
Ne vous souvient - il plus que dans une Gag lere....
Themire.
Ma foi , s'il m'en souvient , il ne m'en souvient
guére.
II. Vol. Themi
DECEMBRE. 1732. 2877
Themire continuë , et fait le Portrait
du Sultan.
Oui , si le Ciel aux fers eut condamné sa
vie ,
Si l'Affrique à mes loix se voyoit asservie ,
Ou mon amour me trompe , ou Themire au
jourd'ui ,
Pour l'élever à soi descendroit jusqu'à lui.
Fatime.
r le faut avouer , cette pensée est belle ,
Mais convenés aussi qu'elle n'est pas nou
velle,
Diaphane arrive , et dit à Themire qu'il
pourroit lui faire un long discours ,lui
parler de ses Ayeux et des malheurs des
Sultans , ses Confreres.
Au sein des voluptez bien loin que je m'endorme ,
Si je tiens un Serrail > ce n'est que pour la
forme ;
Les loix que dès long-tems suivent les Mahomets ,
Nous deffendent le vin , moi je me le per
mets,
Tout usage ancien céde à ma politique,
Et je suisun Sultan de nouvelle fabrique,
Parlons seulement de l'amour que j'ai
II.Vel pour
2872 MERCURE DE FRANCE
pour vous poursuit-il . ) Je jure de vous
prendre pour Maîtresse et pour Femme
est-ce assez ? Oui, répond Themire, je ne
veux rien de plus , &c.
Orosmin vient annoncer au Sultan le retour de Carabin.
Pourquoi n'entre- t'il pas , dit le Sultan,
Orosmin.
Vous sçavez que toujours votre porte est fer mée.
Le Sultan.
Oui , c'étoit autrefois la régle accoûtumée ,
Mais , il faut que d'entrer , on ait permis- sion ,
Si tu veux qu'au Sérrail se passe l'action.
Carabin dit au Sultan qu'il apporte de
France de l'argent comptant , et continue :
Grace au Ciel , c'en est fait , et la somme est
complette ;
Commence par lâcher la fille et la soubrete ,
Nous choisirons après dix autres prisoniers.
Quant à moi je demeure , étant court de de niers ;
Qu'ils partent sur le champ , je resterai pour
gage,
II. Vol. Le
DECEMBRE. 1732 2873
Le Sultan.
N'en rachete que neuf, et met - toi du voya
ge.....
Embarque cent Captifs , si tu veux , dit
le Sultan , mais pour Themire , ne croy
pas que tout l'or du monde puisse m'engager à re la rendre. Carabin est fort surpris que le Sultan veuille manquer à sa
parole , à quoi le Sultan répond :
Lorsque je te promis d'accorder ta demande ,
Ce n'étoit qu'un Enfant , à présent elle est
grande....
Du moins ,, dit ' le Gascon , ne me refuse
pas ce malheureux Vieillard , puisqu'il n'a
peut-être pas une heure à vivre. Le Sultan
consent de le rendre pourvû qu'il meure
auparavant , &c.
Themire reste avec Carabin , et lui dit
qu'elle est fâchée de ne pouvoir partir
avec lui , mais qu'il peut compter qu'elle
aura toujours beaucoup de déference pour
tous les François , &c.
Alcidor , ce venerable Vieillard , arrive ;
il est soutenu par deux François , sa vue
est si troublée , et son corps est si foible
qu'à peine il peut se soûtenir ; il deman
de où il est , et à qui il doit le bonheur
de revoir la lumiere, Themire répond
II. Vol. que
2874 MERCURE DE FRANCE
que c'est à ce Cavalier ( en montrant
Carabin. )
Alcidor.
Des Chevaliers Gascons je reconnois l'ardeur ,
S'ils n'ont pas de grands biens , ils ont tous de l'honneur.
Themire demande au Gascón com nent
Il a pû faire pour trouver une somme si considérable. Il répond :
Echapé de mes fers , chose impossible à croire ,
Arrivant au pays je me fis Grenadier,
On ne s'enrichit point à ce noble métier ;
Je me remis sur Mer , et l'ingrate fortune ,
Ne me traita pas mieux dans le sein de Neptune,
Je fus repris , Madame , et par un grand bon heur ,
Je vous vis au Serrail malgré le Grand Sei
gneur ;
Eunuques blancs et noirs , Bostangis , Jannis- saires ,
Ne m'empêcherent point de vous parler d'af
faires;
Le trait est surprenant , mais passons là - dessus.
Or , comme en mon Pays on craint peu les refus ,
Fallai voir le Sultan , lequel sur ma parole ,
Me laissa repartir pour un projet frivole,
II.Vol. Avec
DECEMBRE 1732 2875
Avec lui cependant , je m'étois engagé ,
De revenir bien-tôt payer votre congé.
> De retour dans la France une veuve fring
gante ,
Me prit en mariage aux bords de la Cha- rante.
Elle mourut bien-tôt , une autre succeda ,
Et cette autre en trois mois à son tour déceda.
Je convolai bien- tôt avec une troisiéme ,
Qui mourut en Avril , je ne sçais le quan tiéme ?
Heritier de leurs biens , et plus content qu'un
Roi ,
J'ai vendu trois Châteaux qui n'étoient moi.
pas à
Alcidor leur demande s'ils ne pourroient
leur donner des nouvelles de deux de
ses Enfans , et dit :
pas
Mon fils fut fait esclave , et sa sœur plus petite ,
Au Serrail avec lui , par des Turcs fut con.
duite.
Il m'arriva reprend le Gascon ) même chose
jadis.
A l'âge de quatre ans par les Turcs je fus
pris ,
Mené dans le Serrail avec cette personne ,
Et d'être tant soit peu ma sœur,
çonne.
je la soup
II. Vol. G. Themire
2876 MERCURE DE FRANCE
Themire.
Qu'entends-je !
Alcidor étonné.
Ce minois , cet air vif et coquet ,
De ma défunte femme est le vivant por trait ,
Même à ce que je crois , ce Gascon me res
semble.
Dans quel tems , s'il vous plaît , fûtes-vous pris
ensemble ?
Je ne prétens ici rien décider en l'air :
Surtout en fait d'enfans , on ne peut trop vois clair.
Carabin.
Je fus , il m'en souvient , pris en mil sept cent
seize.
Alcidor.
Epoque trop heureuse , et qui me comble d'aise ,
Et quel âge avez-vous à présent ?
Carabin.
J'ai vingt ans.
Alcidor.
Et vous ?
Themire.
J'en ai dix-huit.
Alcidor.
Baisez-moi, mes Enfans.
II.Vol. La
DECEMBRE. 1732 2877 La reconnoissance se fait d'une maniere très-comique , le pere embrasse ses enfans , et poursuit :
Quand je songe en quels lieux je la vois retea nuë ,
Je n'ose sur ma fille ensor jetter la vuë ,
Ojour qui me la rens , comment me la renstu ?
Tu pleures , je t'entends..... tu n'as plus de
vertu !
Themire avoue ingénument àson pere
que le Sultan l'adore et doit bien tôt l'épouser. Alcidor lui fait de sanglans reproches , et se retire outré de désespoir.
1
Themire reste avec Carabin , qui l'engage à le suivre , après lui avoir représenté son crime.
Themire y consent après
avoir combattu quelque tems , et dit à
son frere :
Mais du moins tu devrois aller voir notre
Pere
Nous le laissons mourir d'une étrange mad
niere.
Bon , répond Carabin , je le compte
pour mort ; il fait promettre en mêmetems à sa sœur de se tenir prête pour fuïr
avec lui,et se retire. Themire reste seule,
s'éxamine et se demande à elle- même , si
II. Vol. Gij elle
2878 MERCURE DE FRANCE
elle est Turque ou Françoise , et ne pouvant pas bien se définir , elle termine son
Monologue par ces Vers qu'elle adresse au
Sultan.
Ah ! puisque ta devois m'épouser dès ce soir ,
Pourquoi m'apprenoit-on aujourd'hui mon de
voir ?
Frere trop rigoureux , du moins pour me l'apa
prendre ,
Jusqu'à demain matin tu pouvois bien at
tendre.
Le Sultan arrive à la fin du Monologue pour conduire avec lui Themire à la
Mosquée : venez , lui dit- il ,
Themire l'appercevant,
Où me cacher !
Le Sultan.
Que dites-vous ?
Themire.
Je n'ose,
Le Sultan.
Vous n'osez ?
Themire,
Non, Seigneur.
Le Sultan.
Et pourquoi donc ?
II. Vol Themire
DECEMBRE. 1732. 2875
Themire:
Le Sultan.
Pour cause.
Ah ! je vois ce que c'est , sans doute la pu deur....
Themire.
Non, ce n'est point cela ; vous vous trompez ;
Seigneur..
Elle prie le Sultan de vouloir bien dif
ferer cet Hymen , le Sultan s'emporte et
dit , lorsque Themire se retire :
Je n'y comprens plus rien pourquoi partir si-tôt ?
Dites-moi vos raisons...
Themire en s'en allant.
Je les dirai tantôt.
Le Sultan reste avec le Vizir ; il commence àsoupçonnerThemire d'inconstance , et Carabin d'être son Rival , le Vizir lui dit :
Prenez- vous ce Garçon , Seigneur , pour une bête ,
Vous les avez laissés ensemble tête à tête.
Le Sultan.
Je ne le ferai plus.
II. Vol. G iij Le
2330 MERCURE DE FRANCE
Le Vizir.
Vous aurez bien raison ,
Ah ! que la prévoyance est ici de saison !
tain. ...
Themire revient , le Sultan lui fait encore des reproches , et lui dit qu'il ne la
reverra jamais. Quoi , Seigneur , répond
Themire , est-il bien assûré que vous ne
m'aimez plus ? Non , rien n'est plus cerque j'aimai... que je hais. . . .
Themire éclate de rire,le Sultan lui dit avec
transport,Themire vous riez...elle répond:
Eh !qui pourroit s'empêcher de rire de
toutes vos extravagances et de mon incertitude ? le Sultan toujours plus amoureux,
ne pouvant pas se contraindre , lui avoüe
qu'il l'aime plus que jamais , et que tout
ce qu'il lui a dit , n'étoit que pour rire.
Themire prie le Sultan de lui accorder du
moins une grace. Et de quoi s'agit-il a
répond le Sultan.
Themire.
Permettés que je sorte;
་
Le Sultan.
Quoi toujours me quitter , et de la mêms sorte !..
Themire lui dit en sortant, quedemain
II. Vol. tous
DECEMBRE. 1732. 2881
tous ses secrets lui seront revelez. Le Sultan reste avec le Vizir ; un Esclave lui apporte une Lettre adressée à Themire , par
laquelle Carabin lui marque de se rendre
vers la Mosquée par un sentier obscur."
Le Sultan se livre à toute sa fureur , et
ordonne au Vizir d'aller poignarder l'infidelle, puis le retient, en disant :
Je prétends lui parler , qu'on le fasse venir.
Le Vizir.
Encor un entretien , Seigneur !
Le Sultan.
C'est pour finit.
Finissez sans cela , répond le Visir. ...
mais il me vient une bonne idée , faites
remettre cette Lettre entre les mains de
Themire , et qu'elle ne sache point que
vous l'avez ouverte. Le Sultan approuve
fort le conseil du Vizir , qui promet de
recacheter la Lettre et de la faire rendre
à Themire. Le Sultan resté seul, dit :
Le Vizir a raison , et de cette maniere ,
La conduite sera beaucoup plus réguliere;
Car si je la voyois , il faudroit lui prouver
Qu'elle m'est infidelle , et cherche à se sau- ver. I
, .II. Vol. Ginij Mais
2882 MERCURE DE FRANCE
Mais je n'en ferai rien , et n'osant lui répon➡ dre ,
J'oublirois les moyens que j'ai de la confon- dre ;
Je connois ma foiblesse , et sans les employer
On me verroit sans fruit encor la renvoyer.
Le Vizir arrive avec empressement ; il
'dit au Sultan qu'il a fait rendre la Lettre
à Themire, qui a promis de venir bien- tôt
aurendez-vous trouver Carabin.Themire
y arrive, conduite par Fatime; on entend
quelque bruit ; elle dit est-ce vous Carabin ? lequel répond , êtes-vous là , ma
sœur ? Le Sultan qui s'étoit avancé à l'arrivée de Themire pour la poignarder, s'écrie avec étonnement :
Ma sœur ah ! j'allois faire une belle so- tise !
Cet éclaircissement m'épargne une méprise.
Themire.
Que vois-je , le Sultan !
Carabin.
Nous sommes découverts,
Ah ! Sandis , nous allons retomber dans les
fers.
Le Sultan à Carabin.
Est- elle bien ta sœur ?
II. Vol. Carabin
DECEMBRE. 1732 288 3
Carabin.
Alcidor est son pere.
Je suis fils d'Alcidor , ergo , je suis son frere.
Le Sultan fait encore des reproches à
Themire, et dit ensuite qu'il est trop délicat pour la garder ; qu'elle peut partir ,
&c. le Vizir ajoûte:
C'est fort bien fait , Seigneur , renvoyés la Ma toise ;
Qu'elle fasse à Paris l'amour à la Françoise.
Le Sultan dit ensuite que puisquil faut
necessairement que quelqu'un meure , il
va se tuer, mais Carabin l'arrête , en lui
disant :
Ah ! ne vous tuez pas avant notre voyage ;
Car si vous expirez on nous remet en cage ,
Que de la mort au moins nous soyons ga rantis.
Le Sultan,
Hé bien ! je metuerai quand vous serés partis.
LEE 9. Décembre , les Comédiens Italiens donnerent la premiere Représentation des Enfans Trouvez , ou le Sultan poli par l'Amour , dont les Sieurs Dominique , Romagnesy et Riccoboni, sont.
les Auteurs. Cette Piece fut reçue peu favorablement du Public à la premiere Représentation , et on prétend qu'une assemblée tumultueuse mêlée de quelques
personnes mal intentionnées , en fut la
cause. La Piéce fut écoutée beaucoup plus
tranquillement à la seconde Représentation , et elle a toujours été de plus en
plus goûtée et applaudie. Nous allons tâcher de mettre le Lecteur en état d'en
juger.
ACTEURS..
Themire,
Fatime ,
la Dlle Sylvia.
la Dlle la Lande.
Diaphane , Roi de Tripoli , le sieur RoAlcidor , Pere de Themire , le sieur Domagnesy
minique.
Ale 11.
Cara
Volcan
DECEMBR E. 1732. 2869
Carabin , frere de Themire , le sicur RicOrosmin , Visir ,
Un Esclave ,
coboni.
Arlequin.
le sieur Sticotti.
Fatime ouvre la Scene , et paroît surprise de voirThemire plus gaye et plus contente qu'à l'ordinaire ; elle lui en demande la raison , et dit :
Quoi ! vous ne tournés plus les yeux vers les climats ,
Qu ce vaillant François devoit guider nos pas ?
Vous ne me parlés plus des plaisirs que la
France
Permet à notre Sexe avec tant de licence ,
Vous ne l'ignorés pás ; c'est là que les maris
Vivent d'intelligence avec les Favoris ;
Que la femme y bravant la contrainte fa- tale ,
Est prude avec renom dale.
" coquette sans scan◄
Themire lui répond que le Serrail fait
aujourd'hui tout son bonheur , et ajoûte :
Chez les Mahometans dès l'enfance enfermée ,
A leur façon d'agir ils m'ont accoûtumée.
II. Vol. Tout
2870 MERCURE DE FRANCE
Tout le monde en convient , le Roi de Tri
poli ,
Est malgré sa moustache , un Seigneur trèspoli.
Fatime représente à Themire que ce
jeune Officier qui est parti , et qui va revenir pour briser leurs fers , se donnera
de la peine en vain. Themire répond que
cet Officier est Gascon , &c. et découvre
en même tems à sa Confidente l'amour
qu'elle a pour le Sultan , et lui apprend
qu'il doit l'épouser dans la journée , Fati
me l'en félicite , et lui dit :
Mais ce cœur qui se livre à de si doux trans
* ports
En épousant un Turc , n'a-t'il point de re mords ?
Carabin vous a dit cent fois par la fenêtre ,
Que le sang d'un François vous avoit donné l'être ,
Que vous et vos parens dans un combat faq tal ,
Aviez subi le joug d'un Corsaire brutal.
Ne vous souvient - il plus que dans une Gag lere....
Themire.
Ma foi , s'il m'en souvient , il ne m'en souvient
guére.
II. Vol. Themi
DECEMBRE. 1732. 2877
Themire continuë , et fait le Portrait
du Sultan.
Oui , si le Ciel aux fers eut condamné sa
vie ,
Si l'Affrique à mes loix se voyoit asservie ,
Ou mon amour me trompe , ou Themire au
jourd'ui ,
Pour l'élever à soi descendroit jusqu'à lui.
Fatime.
r le faut avouer , cette pensée est belle ,
Mais convenés aussi qu'elle n'est pas nou
velle,
Diaphane arrive , et dit à Themire qu'il
pourroit lui faire un long discours ,lui
parler de ses Ayeux et des malheurs des
Sultans , ses Confreres.
Au sein des voluptez bien loin que je m'endorme ,
Si je tiens un Serrail > ce n'est que pour la
forme ;
Les loix que dès long-tems suivent les Mahomets ,
Nous deffendent le vin , moi je me le per
mets,
Tout usage ancien céde à ma politique,
Et je suisun Sultan de nouvelle fabrique,
Parlons seulement de l'amour que j'ai
II.Vel pour
2872 MERCURE DE FRANCE
pour vous poursuit-il . ) Je jure de vous
prendre pour Maîtresse et pour Femme
est-ce assez ? Oui, répond Themire, je ne
veux rien de plus , &c.
Orosmin vient annoncer au Sultan le retour de Carabin.
Pourquoi n'entre- t'il pas , dit le Sultan,
Orosmin.
Vous sçavez que toujours votre porte est fer mée.
Le Sultan.
Oui , c'étoit autrefois la régle accoûtumée ,
Mais , il faut que d'entrer , on ait permis- sion ,
Si tu veux qu'au Sérrail se passe l'action.
Carabin dit au Sultan qu'il apporte de
France de l'argent comptant , et continue :
Grace au Ciel , c'en est fait , et la somme est
complette ;
Commence par lâcher la fille et la soubrete ,
Nous choisirons après dix autres prisoniers.
Quant à moi je demeure , étant court de de niers ;
Qu'ils partent sur le champ , je resterai pour
gage,
II. Vol. Le
DECEMBRE. 1732 2873
Le Sultan.
N'en rachete que neuf, et met - toi du voya
ge.....
Embarque cent Captifs , si tu veux , dit
le Sultan , mais pour Themire , ne croy
pas que tout l'or du monde puisse m'engager à re la rendre. Carabin est fort surpris que le Sultan veuille manquer à sa
parole , à quoi le Sultan répond :
Lorsque je te promis d'accorder ta demande ,
Ce n'étoit qu'un Enfant , à présent elle est
grande....
Du moins ,, dit ' le Gascon , ne me refuse
pas ce malheureux Vieillard , puisqu'il n'a
peut-être pas une heure à vivre. Le Sultan
consent de le rendre pourvû qu'il meure
auparavant , &c.
Themire reste avec Carabin , et lui dit
qu'elle est fâchée de ne pouvoir partir
avec lui , mais qu'il peut compter qu'elle
aura toujours beaucoup de déference pour
tous les François , &c.
Alcidor , ce venerable Vieillard , arrive ;
il est soutenu par deux François , sa vue
est si troublée , et son corps est si foible
qu'à peine il peut se soûtenir ; il deman
de où il est , et à qui il doit le bonheur
de revoir la lumiere, Themire répond
II. Vol. que
2874 MERCURE DE FRANCE
que c'est à ce Cavalier ( en montrant
Carabin. )
Alcidor.
Des Chevaliers Gascons je reconnois l'ardeur ,
S'ils n'ont pas de grands biens , ils ont tous de l'honneur.
Themire demande au Gascón com nent
Il a pû faire pour trouver une somme si considérable. Il répond :
Echapé de mes fers , chose impossible à croire ,
Arrivant au pays je me fis Grenadier,
On ne s'enrichit point à ce noble métier ;
Je me remis sur Mer , et l'ingrate fortune ,
Ne me traita pas mieux dans le sein de Neptune,
Je fus repris , Madame , et par un grand bon heur ,
Je vous vis au Serrail malgré le Grand Sei
gneur ;
Eunuques blancs et noirs , Bostangis , Jannis- saires ,
Ne m'empêcherent point de vous parler d'af
faires;
Le trait est surprenant , mais passons là - dessus.
Or , comme en mon Pays on craint peu les refus ,
Fallai voir le Sultan , lequel sur ma parole ,
Me laissa repartir pour un projet frivole,
II.Vol. Avec
DECEMBRE 1732 2875
Avec lui cependant , je m'étois engagé ,
De revenir bien-tôt payer votre congé.
> De retour dans la France une veuve fring
gante ,
Me prit en mariage aux bords de la Cha- rante.
Elle mourut bien-tôt , une autre succeda ,
Et cette autre en trois mois à son tour déceda.
Je convolai bien- tôt avec une troisiéme ,
Qui mourut en Avril , je ne sçais le quan tiéme ?
Heritier de leurs biens , et plus content qu'un
Roi ,
J'ai vendu trois Châteaux qui n'étoient moi.
pas à
Alcidor leur demande s'ils ne pourroient
leur donner des nouvelles de deux de
ses Enfans , et dit :
pas
Mon fils fut fait esclave , et sa sœur plus petite ,
Au Serrail avec lui , par des Turcs fut con.
duite.
Il m'arriva reprend le Gascon ) même chose
jadis.
A l'âge de quatre ans par les Turcs je fus
pris ,
Mené dans le Serrail avec cette personne ,
Et d'être tant soit peu ma sœur,
çonne.
je la soup
II. Vol. G. Themire
2876 MERCURE DE FRANCE
Themire.
Qu'entends-je !
Alcidor étonné.
Ce minois , cet air vif et coquet ,
De ma défunte femme est le vivant por trait ,
Même à ce que je crois , ce Gascon me res
semble.
Dans quel tems , s'il vous plaît , fûtes-vous pris
ensemble ?
Je ne prétens ici rien décider en l'air :
Surtout en fait d'enfans , on ne peut trop vois clair.
Carabin.
Je fus , il m'en souvient , pris en mil sept cent
seize.
Alcidor.
Epoque trop heureuse , et qui me comble d'aise ,
Et quel âge avez-vous à présent ?
Carabin.
J'ai vingt ans.
Alcidor.
Et vous ?
Themire.
J'en ai dix-huit.
Alcidor.
Baisez-moi, mes Enfans.
II.Vol. La
DECEMBRE. 1732 2877 La reconnoissance se fait d'une maniere très-comique , le pere embrasse ses enfans , et poursuit :
Quand je songe en quels lieux je la vois retea nuë ,
Je n'ose sur ma fille ensor jetter la vuë ,
Ojour qui me la rens , comment me la renstu ?
Tu pleures , je t'entends..... tu n'as plus de
vertu !
Themire avoue ingénument àson pere
que le Sultan l'adore et doit bien tôt l'épouser. Alcidor lui fait de sanglans reproches , et se retire outré de désespoir.
1
Themire reste avec Carabin , qui l'engage à le suivre , après lui avoir représenté son crime.
Themire y consent après
avoir combattu quelque tems , et dit à
son frere :
Mais du moins tu devrois aller voir notre
Pere
Nous le laissons mourir d'une étrange mad
niere.
Bon , répond Carabin , je le compte
pour mort ; il fait promettre en mêmetems à sa sœur de se tenir prête pour fuïr
avec lui,et se retire. Themire reste seule,
s'éxamine et se demande à elle- même , si
II. Vol. Gij elle
2878 MERCURE DE FRANCE
elle est Turque ou Françoise , et ne pouvant pas bien se définir , elle termine son
Monologue par ces Vers qu'elle adresse au
Sultan.
Ah ! puisque ta devois m'épouser dès ce soir ,
Pourquoi m'apprenoit-on aujourd'hui mon de
voir ?
Frere trop rigoureux , du moins pour me l'apa
prendre ,
Jusqu'à demain matin tu pouvois bien at
tendre.
Le Sultan arrive à la fin du Monologue pour conduire avec lui Themire à la
Mosquée : venez , lui dit- il ,
Themire l'appercevant,
Où me cacher !
Le Sultan.
Que dites-vous ?
Themire.
Je n'ose,
Le Sultan.
Vous n'osez ?
Themire,
Non, Seigneur.
Le Sultan.
Et pourquoi donc ?
II. Vol Themire
DECEMBRE. 1732. 2875
Themire:
Le Sultan.
Pour cause.
Ah ! je vois ce que c'est , sans doute la pu deur....
Themire.
Non, ce n'est point cela ; vous vous trompez ;
Seigneur..
Elle prie le Sultan de vouloir bien dif
ferer cet Hymen , le Sultan s'emporte et
dit , lorsque Themire se retire :
Je n'y comprens plus rien pourquoi partir si-tôt ?
Dites-moi vos raisons...
Themire en s'en allant.
Je les dirai tantôt.
Le Sultan reste avec le Vizir ; il commence àsoupçonnerThemire d'inconstance , et Carabin d'être son Rival , le Vizir lui dit :
Prenez- vous ce Garçon , Seigneur , pour une bête ,
Vous les avez laissés ensemble tête à tête.
Le Sultan.
Je ne le ferai plus.
II. Vol. G iij Le
2330 MERCURE DE FRANCE
Le Vizir.
Vous aurez bien raison ,
Ah ! que la prévoyance est ici de saison !
tain. ...
Themire revient , le Sultan lui fait encore des reproches , et lui dit qu'il ne la
reverra jamais. Quoi , Seigneur , répond
Themire , est-il bien assûré que vous ne
m'aimez plus ? Non , rien n'est plus cerque j'aimai... que je hais. . . .
Themire éclate de rire,le Sultan lui dit avec
transport,Themire vous riez...elle répond:
Eh !qui pourroit s'empêcher de rire de
toutes vos extravagances et de mon incertitude ? le Sultan toujours plus amoureux,
ne pouvant pas se contraindre , lui avoüe
qu'il l'aime plus que jamais , et que tout
ce qu'il lui a dit , n'étoit que pour rire.
Themire prie le Sultan de lui accorder du
moins une grace. Et de quoi s'agit-il a
répond le Sultan.
Themire.
Permettés que je sorte;
་
Le Sultan.
Quoi toujours me quitter , et de la mêms sorte !..
Themire lui dit en sortant, quedemain
II. Vol. tous
DECEMBRE. 1732. 2881
tous ses secrets lui seront revelez. Le Sultan reste avec le Vizir ; un Esclave lui apporte une Lettre adressée à Themire , par
laquelle Carabin lui marque de se rendre
vers la Mosquée par un sentier obscur."
Le Sultan se livre à toute sa fureur , et
ordonne au Vizir d'aller poignarder l'infidelle, puis le retient, en disant :
Je prétends lui parler , qu'on le fasse venir.
Le Vizir.
Encor un entretien , Seigneur !
Le Sultan.
C'est pour finit.
Finissez sans cela , répond le Visir. ...
mais il me vient une bonne idée , faites
remettre cette Lettre entre les mains de
Themire , et qu'elle ne sache point que
vous l'avez ouverte. Le Sultan approuve
fort le conseil du Vizir , qui promet de
recacheter la Lettre et de la faire rendre
à Themire. Le Sultan resté seul, dit :
Le Vizir a raison , et de cette maniere ,
La conduite sera beaucoup plus réguliere;
Car si je la voyois , il faudroit lui prouver
Qu'elle m'est infidelle , et cherche à se sau- ver. I
, .II. Vol. Ginij Mais
2882 MERCURE DE FRANCE
Mais je n'en ferai rien , et n'osant lui répon➡ dre ,
J'oublirois les moyens que j'ai de la confon- dre ;
Je connois ma foiblesse , et sans les employer
On me verroit sans fruit encor la renvoyer.
Le Vizir arrive avec empressement ; il
'dit au Sultan qu'il a fait rendre la Lettre
à Themire, qui a promis de venir bien- tôt
aurendez-vous trouver Carabin.Themire
y arrive, conduite par Fatime; on entend
quelque bruit ; elle dit est-ce vous Carabin ? lequel répond , êtes-vous là , ma
sœur ? Le Sultan qui s'étoit avancé à l'arrivée de Themire pour la poignarder, s'écrie avec étonnement :
Ma sœur ah ! j'allois faire une belle so- tise !
Cet éclaircissement m'épargne une méprise.
Themire.
Que vois-je , le Sultan !
Carabin.
Nous sommes découverts,
Ah ! Sandis , nous allons retomber dans les
fers.
Le Sultan à Carabin.
Est- elle bien ta sœur ?
II. Vol. Carabin
DECEMBRE. 1732 288 3
Carabin.
Alcidor est son pere.
Je suis fils d'Alcidor , ergo , je suis son frere.
Le Sultan fait encore des reproches à
Themire, et dit ensuite qu'il est trop délicat pour la garder ; qu'elle peut partir ,
&c. le Vizir ajoûte:
C'est fort bien fait , Seigneur , renvoyés la Ma toise ;
Qu'elle fasse à Paris l'amour à la Françoise.
Le Sultan dit ensuite que puisquil faut
necessairement que quelqu'un meure , il
va se tuer, mais Carabin l'arrête , en lui
disant :
Ah ! ne vous tuez pas avant notre voyage ;
Car si vous expirez on nous remet en cage ,
Que de la mort au moins nous soyons ga rantis.
Le Sultan,
Hé bien ! je metuerai quand vous serés partis.
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Résumé : Les Enfans Trouvez, Parodie, [titre d'après la table]
Le 9 décembre, les Comédiens Italiens ont présenté pour la première fois la pièce 'Les Enfants Trouvés, ou le Sultan poli par l'Amour', écrite par les sieurs Dominique, Romagnesy et Riccoboni. La réception initiale fut tumultueuse, mais la pièce a gagné en popularité par la suite. La pièce met en scène plusieurs personnages, dont Themire, Fatime, Diaphane (roi de Tripoli), Alcidor (père de Themire), Carabin (frère de Themire), et Orosmin (visir). Themire, retenue dans le sérail, exprime son bonheur malgré les circonstances. Fatime évoque un officier français qui pourrait les libérer, mais Themire avoue son amour pour le sultan et son intention de l'épouser. Le sultan Diaphane, respectueux des lois mahométanes mais indulgent et politique, déclare son amour à Themire et lui promet de l'épouser. Carabin arrive avec de l'argent pour racheter des captifs, mais le sultan refuse de rendre Themire. Alcidor, le père de Themire, apparaît ensuite, faible et aveugle. Carabin raconte comment il a amassé une fortune en France pour racheter Themire. Alcidor reconnaît Themire et Carabin comme ses enfants, enlevés par des Turcs lorsqu'ils étaient jeunes. Themire avoue à son père son amour pour le sultan et son intention de l'épouser. Alcidor, outré, se retire. Themire décide ensuite de suivre Carabin pour fuir le sérail. Le sultan, soupçonnant une infidélité, ordonne au vizir de poignarder Themire, mais change d'avis après avoir intercepté une lettre de Carabin. Le sultan découvre que Carabin est le frère de Themire, évitant ainsi une tragédie. La pièce se termine par cet éclaircissement, révélant les liens familiaux et les intentions sincères des personnages. Le sultan exprime des reproches à Themire et lui permet de partir. Le vizir approuve cette décision et suggère que Themire puisse vivre à Paris. Le sultan annonce son intention de se tuer, mais Carabin l'en dissuade, arguant qu'ils seraient remis en cage s'il se tuait avant leur départ. Le sultan accepte alors de reporter son geste jusqu'après leur départ.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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775
p. 2883-2893
Isis, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le 14 Décembre l'Académie Royale de Musique remit au Théatre la Tragédie [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Tragédie, Isis, Opéra, Théâtre, Décorations, Habits
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texteReconnaissance textuelle : Isis, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
Le 14 Décembre l'Académie Royale de
Musique remitau Théatre la Tragédie d'Isis. La grande réputation de Mrs de Lully
et Quinault , Auteurs de cet Opéra , en
doivent toujours garantir le succès ; le
II. Vol.
Gv Public
2884 MERCURE DE FRANCE
Public l'a revûë avec beaucoup de satisfaction.
Le Théatre représente au Prologue le
Palais de la Renommée ; la suite de cette
Déesse à cent voix , chante cés Vers :
Publions en tous lieux ,
Du plus grand des Heros la valeur triom
phante ;
Que la Terre et les Cieux
Retentissent du bruit de sa gloire éclatante.
La Renommée anime sa suite à chanter
le Heros de la France , et s'exprime
ainsi :
C'est lui dont les Dieux ont fait choix ,
Pour faire le bonheur de l'Empire François ;
En vain pourle troubler tout s'unit , tout cons
pire s
C'est en vain que l'envie a ligué tant de Rois ;
Heureux l'Empire
Qui suit ses loix !
Neptune ,
annoncé par les Tritons
vient au Palais de la Renommée , et dit
à la gloire du Heros qu'on celébre :
Mon Empire a servi de Théatre à la Guerre ;
Publiez des Exploits nouveaux;
II. Vol C'est
DECEMBRE. 1732. 2885
C'est le même Vainqueur si fameux sur là terre ,
Qui triomphe encor sur les eaux.
La Renommée chante avec Neptune
ces quatre Vers :
Celebrez
Celebrons son grand nom sur la Terre et sus
l'Onde
Qu'il ne soit pas borné par les plus vastes
Mers ,
Qu'il vole jusqu'au bout du monde ;
Qu'il dure autant que l'Univers.
Apollon , les Muses et les beaux Arts
viennent se joindre à cette Fête , et se
préparent à aller faire entendre leurs
chants dans une auguste Cour. La Renommée finit le Prologue par ces Vers à
la gloire du Vainqueur :
Ennemis de la paix , tremblez :
Vous le verrez bien-tôt courir à la victoire :
Vos efforts redoublés
Ne serviront qu'à redoubler sa gloire.
Ce Prologue a été très- applaudi ; la
Dile Antier qui le commence et qui le fi.
nit , n'y a pas peu contribué.
Au premier Acte le Théatre représente
de riantes Prairies , où le Fleuve Inachus
II. Vol. G vj ser-
2886 MERCURE DE FRANCE
serpente. Hierax , frere d'Argus et Amant
d'Io , fille d'Inachus , se plaint de l'inconstance de sa Maitresse. Pirante , son
ami , paroît surpris de sa tristesse , dans
le temps qu'il va posseder l'objet de son
amour ; Hierax lui répond :
L'inconstante n'a plus l'empressement extrême ,
De cet amour naissant qui répondoit au mien ;
Son changement paroît en dépit d'elle- même ;
Je ne le connoîs que trop bien ;
Sa bouche quelquefois dit encor qu'elle m'aime ;
Mais son cœur ni ses yeux ne m'en disent plus
rien.
Dans la suite de cette Scene , qui est
sans contredit la plus belle de la Piece ,
le même Hierax s'exprime ainsi :
Ce fut dans ces Vallons , où par mille détours ,
Inachus prend plaisir à prolonger son cours ;
Ce fut sur son charmant Rivage ,
Que sa fille volage ,
Me promit de m'aimer toûjours :
Le Zéphir fut témoin , l'Onde fut attentive ,
Quand la Nymphe jurâ de ne changer jamais ;
Mais le Zéphir leger et l'Onde fugitive ,
Ont enfin emporté les sermens qu'elle a faits.
Io se deffend le mieux qu'elle peut de
ΙΙ. vol. l'in-
DECEMBRE. 1732 2887
l'inconstance qu'Hierax lui reproche , elle
le prie de differer son Hymen de quelques jours , attendu un songe qu'elle a
fait ; elle ajoûte qu'il n'a point à se plaindre de quelque préference , puisqu'aucun
de ses Rivaux ne l'emporte sur lui , il
lui répond tendrement :
Le mal de mes Rivaux, n'égale point ma peine ;
La douce illusion d'une esperance vaïne ,
Ne les fait point tomber du faîte du bonheur.
Aucun d'eux, comme moi, n'a perdu votre cœur
Commeeux, à votre humeur sévere ,
Je ne suis point accoûtumé ,
Quel tourment de cesser de plaire ,
Lorsqu'on a fait l'essai du plaisir d'être aimé!
Hierax quitte Io , pour lui épargner
un fâcheux entretien ; lo dissimule moins
en parlant à Mycene , sa Confidente ; elle
lui avoue qu'Hierax se plaint avec justice;
puisque Jupiter est son Rival ; elle ajoûte
qu'elle se deffend autant qu'elle peut contre l'amour du plus grand des Dieux.
Mycene quitte la place à Mercure , qui
descend et qui annonce aux Peuples queJupiter vient les rendre heureux ; il parle un
autre langage à Io, à qui il fait tout l'honneur de la prochaine arrivée de Jupiter ;
la Nymphe tâche encore de se deffendre
f II. Fol
2888 MERCURE DE FRANCE
en faveur d'Hierax. Jupiter descend des
Cieux les Peuples s'assemblent pour lui
témoigner leur reconnoissance , &c. Cette
Fête finit le premier Acte.
Au second Acte , le Théatre est obscurci par des nuages qui l'environnent
de tous côtez ; lo ne sçait à quoi attri♣
buer cet évenement ; Jupiter la vient
rassurer , et lui dit et lui dit que c'est pour trom- per les yeux jaloux de Junon , qu'un nuage l'environne ; il la presse de répondre
son amour , elle ne fait que peu de
résistance , et n'a plus d'autre recours que
la fuite.
Mercure vient avertir Jupiter du danger qui menace ses nouvelles amours ; il
lui dit qu'il vient de voir Iris , et que
sans doute Junon n'est pas loin. Jupiter
allarmé , lui dit d'amuser Iris , et va pourvoir à la seureté d'Io.
La Scene entre Mercure et Iris est
très-legerement écrite , c'est la derniere.
dans ce goût badin que Quinault ait osé
mettre dans ses Tragédies Lyriques ; il
a bien senti que cette sorte de Comique
y étoit déplacée. Rien n'est plus élegant
que la Scene qui suit le Dialogue de Mercure et d'Iris , elle est entre Junon
et Iris ; en voici deux fragmens : c'est
Junon qui Parle de Jupiter.
II- Vol. Nos;
DECEMBRE. 1732. 2889
Non, non; je ne suis point une crédule Epouse,
Qu'on puisse tromper aisément ;
Voyons qui feindra mieux de Jupiter Amant,
Ou de Junon jalouse ,
Il est Maître des Cieux , la Terre suit sa loi
Sous sa toute-puissance, il faut que tout échisse
Mais puisqu'il ne prétend s'armer que d'artifice ,
Tout Jupiter qu'il est , il est moins fort que
inoi , &c. ...
L'Amour , cet amour infidelle ,
Qui du plus haut des Cieux l'appelle ,
Fait que tout lui rit- ici bas ;
Près d'une Maitresse nouvelle .
1
Dans le fond des Deserts , on trouve des appas
Et le Ciel même ne plaît pas ,
Avec une Epouse immortelle.
Quoique les Vers cités jusqu'ici , soient
les plus beaux de la Piece , nous en aurions encore à inserer dans cet Extrait ,
qui satisferoient la curiosité du Lecteurs
mais pour éviter la prolixité sur un Opera
fort connu, hous nous contenterons de
suivre l'action théatrale.
Jupiter arrive ; il demande à Junon
quel dessin l'appelle en ces lieux , attendu qu'elle devoit se rendre dans les
Jardins d'Hébé , pour embellir sa Cour
d'une nouvelle Nymphe ; Junon lui as11. Vol sure
2890 MERCURE DE FRANCE
sure qu'elle ne le suivra pas plus loin ,
et qu'elle vient lui demander une nouvelle marque.de son amour. Jupiter lui
promet de lui tout accorder , elle lui
demande la fille d'Inachus ; Jupiter ne
peut se retracter ; il ordonne à Mercure
d'aller tout disposer au gré de la Reine
des Cieux ; ici le Théatre change et répresente les Jardins d'Hébé ; les Nymphes
de cette Déesse qui préside à la Jeunesse,
font la Fête de cet Acte; Io est présentée
à Hébé , pour être un des plus beaux
ornemens de sa Cour.
•
Le Théatre représente au troisiéme
'Acte , un lieu solitaire , qui sert de demeure à Argus , auprès d'un Lac. Argus
annonce à lo que Junon l'a commise à sa
garde. Io se plaint de l'oubli de Jupiter.
Hierax veut entrer dans le lieu où Argus enferme lo ; Argus s'y oppose, et lui
apprend que Jupiter est son Rival.
Mercure , déguisé en Berger , vient à
la tête d'une Troupe qu'il a disposée à
servir l'amour du plus puissant des Dieux.
Il fait entendre à Argus que c'est par l'ordre de Pan qu'on va celebrer une fête en
l'honneur de Syrinx , que ce Dieu des
Bois a tendrement aimée ; Argus lui répond qu'il veutbien se prêter à leurs jeux
Innocens ; la Représentation de cette peII. Vol. tite
DECEMBRE. 1732 2890
tite Tragedie l'endort. Mercure se sert
de cet heureux moment de sommeil pour
enlever Io ; mais Hierax qui est present
ne dort pas ; il éveille Argus ; ils implorent tous deux l'assistance de Junon.
Mercure fait éprouver sa vengeance à Argus et à Hierax ; d'un coup de Caducée ,
il donne la mort à Argus et transforme
Hierax en Oyseau de Proye. Junon descend des Cieux. Mercure se retire et laisse
la malheureuse lo au pouvoir de sa jalouse Rivale. La Furie Erynnis évoquée
par Junon sort des Enfers ; Junon lui ordonne d'exercer ses plus cruelles barbaries sur sa nouvelle victime ; elle rend la
vie à Argus , qui changé en Paon , vient
se placer sur le devant du Char de Junon
et se met aux pieds de cette jalouse
Déesse.
Les deux derniers Actes ne roulent que
sur les divers supplices que la Furie fait
éprouver à Io. Cette infortunée Rivale
de l'Epouse de Jupiter est traînée des
Climats glacez aux Climats brûlans ;
elle se précipite dans la Mer,pour y trouver la fin de ses peines , et l'impitoyable
Erynnis l'en retire ; elle est enfin transportée à l'Antre fatal, où les Parques font
leur séjour. Elle leur demande la mort.
Ces trois inexorables Déïtez lui annonII. Vol. cent
2892 MERCURE DE FRANCE
cent qu'elle ne peut voir finir ses malheurs qu'en fléchissant la colere de Junon. Io invoque Jupiter. Ce Maître des
Dieux vient la consoler, mais il lui décla
re que depuis qu'il l'a soumise au pouvoir de la jalouse Reine des Cieux , il ne
peut la secourir qu'elle n'y consente ; il
ajoute que plus il l'aime , et plus il irrite
son implacable ennemie. Io le conjure
tendrement de l'aimer assez , pour contraindre sa redoutable Rivale à lui donner la mort. Junon vient enfin ; Jupiter la presse de se contenter des maux qu'elle
a faits à lo; Junon ne consent à vaincre są
vengeance qu'après que Jupiter aura vaincu son amour. Jupiter le lui promet; il
en jure par le Styx. Après le serment
Junon appaisée ordonne à la Furie de
ne plus tourmenter lo,et de rentrer dans
les Enfers. Junon consent qu'Io soit mise au rang des Divinitez que l'Univers adore ; les Dieux descendent des Cieux pour
recevoir cette nouvelle Déesse et pour
l'associer à leur gloire ; les Egyptiens
chez qui cette derniere action se passe
viennent celebrer son Apothéose et la reconnoissent pour leur Divinité tutelaire ,
sous le nom d'Isis.
Voilà quelle est cette Tragedie sur laquelle on a porté differens jugemens. On II. Vol. con-
DECEMBRE. 1732 2893
convient que la Musique en est tresbelle , et la versification tres- élegante ;
mais on n'y sent point cet interêt , qui
doit être l'ame de tous les Ouvrages de
Théatre; on rend pourtant juftice à Quinault ; il y a mis tout ce qui a dépendu
de lui , et si l'on a quelque chose à lui reprocher , c'est le choix du sujet qui ne
peut rien offrir que de triste et de desagréable.
Au reste cet Opera est tres-bien remis et tres-bien executé ; le sieur Chassé
qui est chargé du Rôle d'Hierax , et de
celui de Pan , s'en acquitte tres-bien et
merite parfaitement les applaudissemens
du public , de même que la De Antier ,
dans le rôle de Junon ; la Dlle le Maure
a toujours ces sons charmans , et cette
action naturelle qui la rendent si chere
aux Spectateurs. Elle joue le principal
Rôle.
Les Décorations et les Habits répon
dent à la magnificence du Spectacle , et
le Ballet figuré par le S Blondi est tresbien entendu et tres varié, La Dlle Ca
margo et le S Dupré , &c. y brillent à
leur ordinaire.
Musique remitau Théatre la Tragédie d'Isis. La grande réputation de Mrs de Lully
et Quinault , Auteurs de cet Opéra , en
doivent toujours garantir le succès ; le
II. Vol.
Gv Public
2884 MERCURE DE FRANCE
Public l'a revûë avec beaucoup de satisfaction.
Le Théatre représente au Prologue le
Palais de la Renommée ; la suite de cette
Déesse à cent voix , chante cés Vers :
Publions en tous lieux ,
Du plus grand des Heros la valeur triom
phante ;
Que la Terre et les Cieux
Retentissent du bruit de sa gloire éclatante.
La Renommée anime sa suite à chanter
le Heros de la France , et s'exprime
ainsi :
C'est lui dont les Dieux ont fait choix ,
Pour faire le bonheur de l'Empire François ;
En vain pourle troubler tout s'unit , tout cons
pire s
C'est en vain que l'envie a ligué tant de Rois ;
Heureux l'Empire
Qui suit ses loix !
Neptune ,
annoncé par les Tritons
vient au Palais de la Renommée , et dit
à la gloire du Heros qu'on celébre :
Mon Empire a servi de Théatre à la Guerre ;
Publiez des Exploits nouveaux;
II. Vol C'est
DECEMBRE. 1732. 2885
C'est le même Vainqueur si fameux sur là terre ,
Qui triomphe encor sur les eaux.
La Renommée chante avec Neptune
ces quatre Vers :
Celebrez
Celebrons son grand nom sur la Terre et sus
l'Onde
Qu'il ne soit pas borné par les plus vastes
Mers ,
Qu'il vole jusqu'au bout du monde ;
Qu'il dure autant que l'Univers.
Apollon , les Muses et les beaux Arts
viennent se joindre à cette Fête , et se
préparent à aller faire entendre leurs
chants dans une auguste Cour. La Renommée finit le Prologue par ces Vers à
la gloire du Vainqueur :
Ennemis de la paix , tremblez :
Vous le verrez bien-tôt courir à la victoire :
Vos efforts redoublés
Ne serviront qu'à redoubler sa gloire.
Ce Prologue a été très- applaudi ; la
Dile Antier qui le commence et qui le fi.
nit , n'y a pas peu contribué.
Au premier Acte le Théatre représente
de riantes Prairies , où le Fleuve Inachus
II. Vol. G vj ser-
2886 MERCURE DE FRANCE
serpente. Hierax , frere d'Argus et Amant
d'Io , fille d'Inachus , se plaint de l'inconstance de sa Maitresse. Pirante , son
ami , paroît surpris de sa tristesse , dans
le temps qu'il va posseder l'objet de son
amour ; Hierax lui répond :
L'inconstante n'a plus l'empressement extrême ,
De cet amour naissant qui répondoit au mien ;
Son changement paroît en dépit d'elle- même ;
Je ne le connoîs que trop bien ;
Sa bouche quelquefois dit encor qu'elle m'aime ;
Mais son cœur ni ses yeux ne m'en disent plus
rien.
Dans la suite de cette Scene , qui est
sans contredit la plus belle de la Piece ,
le même Hierax s'exprime ainsi :
Ce fut dans ces Vallons , où par mille détours ,
Inachus prend plaisir à prolonger son cours ;
Ce fut sur son charmant Rivage ,
Que sa fille volage ,
Me promit de m'aimer toûjours :
Le Zéphir fut témoin , l'Onde fut attentive ,
Quand la Nymphe jurâ de ne changer jamais ;
Mais le Zéphir leger et l'Onde fugitive ,
Ont enfin emporté les sermens qu'elle a faits.
Io se deffend le mieux qu'elle peut de
ΙΙ. vol. l'in-
DECEMBRE. 1732 2887
l'inconstance qu'Hierax lui reproche , elle
le prie de differer son Hymen de quelques jours , attendu un songe qu'elle a
fait ; elle ajoûte qu'il n'a point à se plaindre de quelque préference , puisqu'aucun
de ses Rivaux ne l'emporte sur lui , il
lui répond tendrement :
Le mal de mes Rivaux, n'égale point ma peine ;
La douce illusion d'une esperance vaïne ,
Ne les fait point tomber du faîte du bonheur.
Aucun d'eux, comme moi, n'a perdu votre cœur
Commeeux, à votre humeur sévere ,
Je ne suis point accoûtumé ,
Quel tourment de cesser de plaire ,
Lorsqu'on a fait l'essai du plaisir d'être aimé!
Hierax quitte Io , pour lui épargner
un fâcheux entretien ; lo dissimule moins
en parlant à Mycene , sa Confidente ; elle
lui avoue qu'Hierax se plaint avec justice;
puisque Jupiter est son Rival ; elle ajoûte
qu'elle se deffend autant qu'elle peut contre l'amour du plus grand des Dieux.
Mycene quitte la place à Mercure , qui
descend et qui annonce aux Peuples queJupiter vient les rendre heureux ; il parle un
autre langage à Io, à qui il fait tout l'honneur de la prochaine arrivée de Jupiter ;
la Nymphe tâche encore de se deffendre
f II. Fol
2888 MERCURE DE FRANCE
en faveur d'Hierax. Jupiter descend des
Cieux les Peuples s'assemblent pour lui
témoigner leur reconnoissance , &c. Cette
Fête finit le premier Acte.
Au second Acte , le Théatre est obscurci par des nuages qui l'environnent
de tous côtez ; lo ne sçait à quoi attri♣
buer cet évenement ; Jupiter la vient
rassurer , et lui dit et lui dit que c'est pour trom- per les yeux jaloux de Junon , qu'un nuage l'environne ; il la presse de répondre
son amour , elle ne fait que peu de
résistance , et n'a plus d'autre recours que
la fuite.
Mercure vient avertir Jupiter du danger qui menace ses nouvelles amours ; il
lui dit qu'il vient de voir Iris , et que
sans doute Junon n'est pas loin. Jupiter
allarmé , lui dit d'amuser Iris , et va pourvoir à la seureté d'Io.
La Scene entre Mercure et Iris est
très-legerement écrite , c'est la derniere.
dans ce goût badin que Quinault ait osé
mettre dans ses Tragédies Lyriques ; il
a bien senti que cette sorte de Comique
y étoit déplacée. Rien n'est plus élegant
que la Scene qui suit le Dialogue de Mercure et d'Iris , elle est entre Junon
et Iris ; en voici deux fragmens : c'est
Junon qui Parle de Jupiter.
II- Vol. Nos;
DECEMBRE. 1732. 2889
Non, non; je ne suis point une crédule Epouse,
Qu'on puisse tromper aisément ;
Voyons qui feindra mieux de Jupiter Amant,
Ou de Junon jalouse ,
Il est Maître des Cieux , la Terre suit sa loi
Sous sa toute-puissance, il faut que tout échisse
Mais puisqu'il ne prétend s'armer que d'artifice ,
Tout Jupiter qu'il est , il est moins fort que
inoi , &c. ...
L'Amour , cet amour infidelle ,
Qui du plus haut des Cieux l'appelle ,
Fait que tout lui rit- ici bas ;
Près d'une Maitresse nouvelle .
1
Dans le fond des Deserts , on trouve des appas
Et le Ciel même ne plaît pas ,
Avec une Epouse immortelle.
Quoique les Vers cités jusqu'ici , soient
les plus beaux de la Piece , nous en aurions encore à inserer dans cet Extrait ,
qui satisferoient la curiosité du Lecteurs
mais pour éviter la prolixité sur un Opera
fort connu, hous nous contenterons de
suivre l'action théatrale.
Jupiter arrive ; il demande à Junon
quel dessin l'appelle en ces lieux , attendu qu'elle devoit se rendre dans les
Jardins d'Hébé , pour embellir sa Cour
d'une nouvelle Nymphe ; Junon lui as11. Vol sure
2890 MERCURE DE FRANCE
sure qu'elle ne le suivra pas plus loin ,
et qu'elle vient lui demander une nouvelle marque.de son amour. Jupiter lui
promet de lui tout accorder , elle lui
demande la fille d'Inachus ; Jupiter ne
peut se retracter ; il ordonne à Mercure
d'aller tout disposer au gré de la Reine
des Cieux ; ici le Théatre change et répresente les Jardins d'Hébé ; les Nymphes
de cette Déesse qui préside à la Jeunesse,
font la Fête de cet Acte; Io est présentée
à Hébé , pour être un des plus beaux
ornemens de sa Cour.
•
Le Théatre représente au troisiéme
'Acte , un lieu solitaire , qui sert de demeure à Argus , auprès d'un Lac. Argus
annonce à lo que Junon l'a commise à sa
garde. Io se plaint de l'oubli de Jupiter.
Hierax veut entrer dans le lieu où Argus enferme lo ; Argus s'y oppose, et lui
apprend que Jupiter est son Rival.
Mercure , déguisé en Berger , vient à
la tête d'une Troupe qu'il a disposée à
servir l'amour du plus puissant des Dieux.
Il fait entendre à Argus que c'est par l'ordre de Pan qu'on va celebrer une fête en
l'honneur de Syrinx , que ce Dieu des
Bois a tendrement aimée ; Argus lui répond qu'il veutbien se prêter à leurs jeux
Innocens ; la Représentation de cette peII. Vol. tite
DECEMBRE. 1732 2890
tite Tragedie l'endort. Mercure se sert
de cet heureux moment de sommeil pour
enlever Io ; mais Hierax qui est present
ne dort pas ; il éveille Argus ; ils implorent tous deux l'assistance de Junon.
Mercure fait éprouver sa vengeance à Argus et à Hierax ; d'un coup de Caducée ,
il donne la mort à Argus et transforme
Hierax en Oyseau de Proye. Junon descend des Cieux. Mercure se retire et laisse
la malheureuse lo au pouvoir de sa jalouse Rivale. La Furie Erynnis évoquée
par Junon sort des Enfers ; Junon lui ordonne d'exercer ses plus cruelles barbaries sur sa nouvelle victime ; elle rend la
vie à Argus , qui changé en Paon , vient
se placer sur le devant du Char de Junon
et se met aux pieds de cette jalouse
Déesse.
Les deux derniers Actes ne roulent que
sur les divers supplices que la Furie fait
éprouver à Io. Cette infortunée Rivale
de l'Epouse de Jupiter est traînée des
Climats glacez aux Climats brûlans ;
elle se précipite dans la Mer,pour y trouver la fin de ses peines , et l'impitoyable
Erynnis l'en retire ; elle est enfin transportée à l'Antre fatal, où les Parques font
leur séjour. Elle leur demande la mort.
Ces trois inexorables Déïtez lui annonII. Vol. cent
2892 MERCURE DE FRANCE
cent qu'elle ne peut voir finir ses malheurs qu'en fléchissant la colere de Junon. Io invoque Jupiter. Ce Maître des
Dieux vient la consoler, mais il lui décla
re que depuis qu'il l'a soumise au pouvoir de la jalouse Reine des Cieux , il ne
peut la secourir qu'elle n'y consente ; il
ajoute que plus il l'aime , et plus il irrite
son implacable ennemie. Io le conjure
tendrement de l'aimer assez , pour contraindre sa redoutable Rivale à lui donner la mort. Junon vient enfin ; Jupiter la presse de se contenter des maux qu'elle
a faits à lo; Junon ne consent à vaincre są
vengeance qu'après que Jupiter aura vaincu son amour. Jupiter le lui promet; il
en jure par le Styx. Après le serment
Junon appaisée ordonne à la Furie de
ne plus tourmenter lo,et de rentrer dans
les Enfers. Junon consent qu'Io soit mise au rang des Divinitez que l'Univers adore ; les Dieux descendent des Cieux pour
recevoir cette nouvelle Déesse et pour
l'associer à leur gloire ; les Egyptiens
chez qui cette derniere action se passe
viennent celebrer son Apothéose et la reconnoissent pour leur Divinité tutelaire ,
sous le nom d'Isis.
Voilà quelle est cette Tragedie sur laquelle on a porté differens jugemens. On II. Vol. con-
DECEMBRE. 1732 2893
convient que la Musique en est tresbelle , et la versification tres- élegante ;
mais on n'y sent point cet interêt , qui
doit être l'ame de tous les Ouvrages de
Théatre; on rend pourtant juftice à Quinault ; il y a mis tout ce qui a dépendu
de lui , et si l'on a quelque chose à lui reprocher , c'est le choix du sujet qui ne
peut rien offrir que de triste et de desagréable.
Au reste cet Opera est tres-bien remis et tres-bien executé ; le sieur Chassé
qui est chargé du Rôle d'Hierax , et de
celui de Pan , s'en acquitte tres-bien et
merite parfaitement les applaudissemens
du public , de même que la De Antier ,
dans le rôle de Junon ; la Dlle le Maure
a toujours ces sons charmans , et cette
action naturelle qui la rendent si chere
aux Spectateurs. Elle joue le principal
Rôle.
Les Décorations et les Habits répon
dent à la magnificence du Spectacle , et
le Ballet figuré par le S Blondi est tresbien entendu et tres varié, La Dlle Ca
margo et le S Dupré , &c. y brillent à
leur ordinaire.
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Résumé : Isis, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
Le 14 décembre, l'Académie Royale de Musique présenta l'opéra 'Isis' au théâtre, écrit par Jean-Baptiste Lully et Philippe Quinault, deux auteurs déjà célèbres. Le public accueillit favorablement la pièce. Le prologue se déroule au Palais de la Renommée, où la déesse et sa suite chantent les exploits d'un héros français. Neptune, accompagné des Tritons, célèbre les victoires de ce héros sur terre et sur mer. Apollon, les Muses et les beaux-arts se joignent à la fête, et la Renommée conclut en annonçant une victoire prochaine du héros. Dans le premier acte, la scène représente des prairies traversées par le fleuve Inachus. Hierax, frère d'Argus et amant d'Io, se plaint de l'inconstance de sa maîtresse. Io, fille d'Inachus, avoue finalement que Jupiter est son rival. Mercure annonce l'arrivée de Jupiter, qui vient rendre les peuples heureux. Io tente de résister à l'amour de Jupiter mais finit par fuir. Le second acte commence par un nuage qui obscurcit le théâtre. Jupiter rassure Io en expliquant que cela trompe Junon. Mercure avertit Jupiter du danger que représente Junon. Junon découvre la trahison de Jupiter et exige Io. Jupiter doit céder et ordonne à Mercure de préparer tout pour Junon. Io est présentée à Hébé dans les jardins d'Hébé. Le troisième acte se déroule près d'un lac, où Argus garde Io. Hierax veut entrer, mais Argus l'en empêche et révèle que Jupiter est son rival. Mercure, déguisé en berger, endort Argus et enlève Io. Junon descend des cieux et ordonne à la Furie Erynnis de tourmenter Io. Les deux derniers actes décrivent les supplices infligés à Io par la Furie. Io est traînée à travers divers climats, se précipite dans la mer, et est finalement conduite à l'antre des Parques. Elle invoque Jupiter, qui lui explique qu'il ne peut la secourir sans le consentement de Junon. Junon finit par apaiser sa vengeance après que Jupiter jure de vaincre son amour. Io est alors reconnue comme une divinité sous le nom d'Isis par les Égyptiens. L'opéra est bien exécuté, avec des décors magnifiques et des performances remarquables des acteurs, notamment le sieur Chassé, la De Antier, et la Dlle le Maure. La musique et la versification sont très appréciées, bien que l'intérêt dramatique soit jugé insuffisant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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776
s. p.
AVERTISSEMENT.
Début :
NOUS avons lieu de rendre de nouvelles graces à nos Lecteurs, en leur [...]
Mots clefs :
Mercure, Pièces en prose et en vers, Livre, Public, Nouvelles, Mérite, Ouvrages, Mémoires
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texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
AVERLTISSEMENT;
NQUS avons lieu de rendre de noul
‘ vielles graves a nos Lecteurs, en leur
présentant aucommencement de cette année
‘Wëïïëëëëïëïäïîï '
le cent soixante-sixiéme Volume du Merm
cure de France , auquel nous travaillons de4
puis le mois de fuir: 17 u. sans que ce Li
‘ure ait soufièrt aucune interruption: il a.
toujours parû relgulierement au temps marqué
et quelquefois même avec des Supplémens ,'
selon Fexigence des cas. Nous redouàleroizs
nos soins et notre application pour que la
lecture du Mercure soit désormais encore
plus utile et plus agreable.
En remerciant nos Lecteurs du cas qu’ils
claignent faire de ce Livre ,V nous leur de
mandons toujours quelque ‘indulgence pourles
endroits qui leur paraîtront négligez et ois
la diction ne sera pas assez chatiée. Le Lec
teur judicieux fera _, s’il lui plaît , reflexiore
que dans un Ouvrage ‘tel que celui- ci , il
t5! îVÊI-ñisë de manquer, même dans les
choses les plus communes , dont chacune m
particulier est facile, mais qui ramassées ,'
font ensemHe une multiplicité si grande,
A n; ‘qm
AVERTISSEMENT.
qu'il est hien malaisé de donner à toutes la mg
me atfentio/Lquelqiue soin qu'on y apporte; sur
Iout quand une telle collection est faite en
aussi peu de temps. L’Auteur du Mercure
ne peut jamais avoir celui de faire sur cha
que article les reflésçions qu'y ferait une per
sonne qui n’a que cet article en tête, le seul
aitquel elle s’interesse et peut- être ‘le ‘seul
qu'elle lit. Une chose qui parois un Peu in
" juste , c'est qu'on nous reproche quelquefois
des inattentions , et qu'on ne nous sfache au
cun gré des corrections sans nomhre qu'on
fait et des fautes qu'on évite.
Nous; faisons de la part du Puhlic, de
nouvelles instances aux Lihraires qui en
woyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure, d'en marquer le prix au juste,
cela sert hcaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent lit-dessus 2; les
acheter‘, et qui ne sont pas sûrs ‘de l’exac
litnde des Messagers et des autres persan-q
ne: qu’elles chagent de leurs commissions ,_
qui soin/en: les font surpayer. o
On invite aussi les Marchands et les Ou?
wriers qui ont quelques nouvelles Modes,
soit par des Etofles nouvelles _, Hahits _,
.Ajustemens , Perruques, C oeflures, Ornemens
de tête et autres parures , ainsiqtte de Meu
bles , Carosses , Chaises etautres choses , soit
four futilité _, soit pour Pagrément, d'en don
W57‘
AVERTISSEMENT.
mr quelques Memoires pour en avertir le
Public, ce qui pourra faire plaisir}; divers
Particuliers , et procurer un débit avantae
geux aux Marchands et aux Ouvriers.
Plusieurs Piéces en Prose et en Vers , en
voyées pour le Mercure , sont souvent si mal
écrites qu’on ne peut les déchzfrer, et elles sont
pourcela rejettées; d’autres sont bonnes. a quel;
ques égards et défectueuses a d’aittres; lors
qu’elles peuvent en valoir la peine , nous les
retoucloons avec soin s mais comme nous ne
prenons ce parti qu’a:vcc répugnance , nous
prions les Auteurs de ne le pas trouver mau
vais , et de travailler leurs Ouvrages avec le
plus d’attentian qu’il leur sera possible. «fi on
servait leur adresse _, on leur indiqueroit‘ les
corrections a faire. . '
Les Scavans et les Curieux sont priez. de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre plus utile , en nous communiquant les
Mémoires et les Pièces en Prose et en Vers
qui peuvent instruire et amuser. Aucun genre
de Littérature n’est exclus‘ de ce Recueil, ou
l ’on tâche de faire regnerune agréable variété;
Poësie , -Elaquence , nouvelles Découvertes
dans les Arts et dans les Sciences, Morale,
Politique, Antiquitez, Histoire sacre’: et pro
fane, Voyages, Historiettes, Mythologie, Phy
sique et Métaphysique , Piéees de T/gäum ,
jurisprudence , Anatomie et Médocine _, Cri
» A iiij ' tique
I 2
AVERTISSEMENT.
tique , Mathématique, Mémoires , Projets;
Traductions , Grammaires , Piéccs amusan
tes et récréatives cÿc. Quand les morceaux
d’une certaine considération seront trop longs,
on les placera dans unVolumc extraordinaire,
tt on fera cnsorte qu’on puisse les en détacher
facilement pour la satisfaction des Ans/tours
et des personnes qui ne ‘veulent avoir que cer
taines Piéccs.
A [égard de la Jurisprudence, nous con?‘ 7
tinucrons autant que nous le pourrons, de faire
part au Public des Questions importantes,
nouvelles ou singuliers: qui se presentcront é! '
I
qui seront discutees et jugées‘ dans les diflè
rens Parlement et autres Cours S uperieures du
Royaume , en observant l'ordre et la métho
deque nous avons déja tenu en pareille ma.
tien , ‘sur quoi nous prions Messieurs les
Avocats et les Parties interessées de vouloir
bien nous fournir les [Mémoires nécessaires.
Il n’:st peut-être point dZ/Irticlc dans ce Li
vre qui regarde plus directement le bien pu
blic que celui-la _, et qui se fassc plus lim‘
Qtelques Morceaux de Pros: et de Vers
rtjetttz. par bonnes raisons , ont souvent don
né lieu a des plaintes de la part des person
nes intéressées; mais nous les prions de con
‘siderer que c’est toujours malgré nous que car-i
tains: Picces sont rclzutées ; nous ne nous en
rappartonspas toitjours à notre seul jigemflnt ,
- ñïh
I
w
I?‘
AVERTISSEMENT.
3ans l: choix que nous faisons de telles qui
méritent Ffmprossion. '
‘Un: autre espace d: plainte qui nous est
venue depuis pou , merite de trouver ici su
place. On est surpris, dit-on , de voir dun:
la Aigreur; ‘des Enigmes ct des Logogrjiphes
sur des mots qui ne sont point propres , et on
a raison: il faut dans la honno reg/e que l:
sujet en soit un mot purement physique. Les
noms de Villes ni de Lieux n’)! conviennent
point : moins encore des noms épiteihiqueLUn
Lagagqphe surlæidjectfCurie uxÿommc celui
du mois dejuillet dernier n'est pus régulier,
non plus que celui dont le mot est la Belouzc
dans le même endroit _, à muse de Partial: la
qui ne peut fumais entrer dans lu oomhinkison
du substantif, s. sujet du Logogiyphe Üo‘.
Qgpiqtfon dit toujours la précaution de
faire mettre un mais à lu tête de chaque Mer
cure , pour avertir qu’on ne recevra point de
Lettres ni de Paquets par lu Poste dont I:
port ne soit afinnchi , il en vient cependant -
quelquefois qu’on est obligé de rehutor. Ceux
qui n’uuront pas pris cette précaution ne doi
' vent point, être surpris de ne pus woirparoi
tre les Piéces qu’ils ont envoyées, lesquelles
sont dÿzilleurs perduës pour aux s’ils n’en
ont pusgurdé de Copie. '
Les personnes qui desireront riz/air le Mer
mrt des premiers , soit dans les Provinces ait
' A _v_ dans
A VERTISSEMÈNT.
dans le: Pais Etrangers , n'auront qu’): s’aol
dresser a NI. Moreau, Commis au Mer
cure , vis-à-viç la Comédie Françoise, à
Paris , qui leleur envoyera par la voie la
plu: convenable , et avant qu’il soit en vente
ici. Le: amis à qui on {adresse pour cela ne
sont pas ordinairement fort exacts: il: n’en—
voyant ‘gzteres acheter ce Livre précisément
dans le tems qu’il paraît ', ils ne manquent
pas de le lire , souvent il: le prÊtent, et ne«
Ëenvoyent enfin que fort tard, sou: le prétexte
specieux que le Mercure n’a pas paru plûtot.
a Nous renouvellon: la priere que nous avons
' olëja faite, quand on envoye des Piëees, soit en
Vers soit en Prose , ole le: faire transcrire lisi
blement sur de: papier: séparez et d'une gran
deur raisonnable avec des marges et que les
noms propres, surtout, soient exactement écrits.
Nous aurons toujours les même: égard: pour
les Auteurs qui ne veulent pas se faire con
naître; mai: il serait bon qu’ils olonnassent
une adresse, sur tout quanol il fagit de quel
que Ouvrage qui peut demander des éclair
cissemens ; car souvent faute aÏ’un tel secours
des Pièces nous restent entre les qnains sans
pouvoir le: employer. —
Nous prions peux , qui , par le moyen de
leur: corresponelance: , reçoivent des nouvel
les ÆAfrique . du Levant, de Perse , de
'* Tartarie , du Japon ,_ de la Chine , de: In
des
ÀVERTISS E MENT.
‘1"'
des Orientales et _Occidentales et d’autre:
Pays et Contrées éloignées; les Capitaines ,
Pilotes et Ofiiciers de Navires et les Voya
geurs , de vouloir nous faire part de ces Nou
velles a Padresse generale du Mercure. Ces
matieres peuvent rouler surles Guerres présen
tes de ces Etats et de leurs Voisinsgles Révo
lutions, les ‘Traitez. de Paix ou de Treve;
les- occupations ‘des Souverains , la Religion
des Peuples, leurs Céremonies , Coritumes et
‘Usages, les Phénomenes e_t ‘les Productions
de la Nature et de FArt, comme Pier
res précieuses, Pierres figurées , Marcassites
rares , Pétrifications et Cristalisations ex
traordtnaires , Coquillages _, eÿc Edzfices ,
anciens ei modernes , ‘Ruines , Statues , Bas-y
Reliefs , Inscriptions , qMédailles , Pierres
gravées , Tableaux , 0%.. _
Nous serons plus attentifs que jamais a
apprendre au Public la mort des Scavans
et de ceux qui se sont distinguée dans les
Arts et dans les Mécaniques; on y joindra
le récit cle leurs principales occupations , de
leurs Ouvrages et des plus consideraltles
actions de leur vie. L’Histoire des Lettres
et des Arts doit cette marque de reconnais
sance a la mémoire de ceux qui sjisont rené
dus celeltres ou qui les ont cultivez. avec
soin. Nous esperons que les parens et les
amiÿsde ces illustres Morts aideront volon
A vj fiers
i
AVERTISSEMENT.
,\.
tiers a leur rendre ce devoir par les instrucè‘
' ‘ tions qu’tls voudront bien nous fournir. Ce
que nous venons de dire, regarde, non-seu
lement Paris , mais encore toutes les Province:
du Royaume et lesPays Etrangersgqui peuvent
fournir des évenemens considerables, Morts ,
Mariages , Actes solemnels , FÊtes et autre!
faits dignes d'être transmis 2; la Pesterité.
On a fait au Mercure , et même plul
sieurs fois l'honneur ‘de le critiquer; c’est une
gloire qui manquait a ce Livre. On a beau
dire , nous ne changerons rien a notre
méthode, puisque nos Lecteurs la trouvent
passablement bonne. Un Ottvrage de la na
ture de celui- ci ne sgauroit plaire également
à tout le monde, à cause de la ntultiplicitê
et de la variera’ des matieres , dont quelques
unes sont lues parcertains Lecteurs avec plai
sir et avidité, et par'd’autres avec des dispo
sitions contraires. M du Fresni avait bien
raison de dire que pour que le Mercure fi:
generalement approuvé , ilfaudrait que com
me un autre Prothée , il pût prendre entre
les mains de chaque Lecteur, une forme cons
venable a l'idée qu’il s’en est faite.
C’est'assez pour ce Livre, de contribuer
tous les mois en quelque chose a l'instruc
tion et a Pamusement des Citoyens ; Le
Mercure ne doit rien ‘prétendre au-delä.
Nous sfavons, il est ‘vrai , que la Critique
outre:
AVERTISSEMENT’.
' 0m70’! ou la médisance, plus ou moins ma3
ligmmsflt épicée, fut toujours un mets dé.
llfitñîv‘ pour beaucoup de Lecteurs; mai!
outre que nous n‘): avons pas le moindre
perle/tant , nous renoncons et de très- bon coeur
àqla dangereuse gloire d’être lies et applaudi!
aux dépens dfpersonne.
Nou: serons encore plus retenus sur les
lvûflflgflî, que quelques Lecteurs n’ont pas
approuvées, et en eflet , nous nous sommes
apparent que nous y trouvions peu d’a—
vanrage; au contraire , nous nous somme!
_ vûs exposez. a des especes de reproches , au
lieu de témoignages de reconnaissances, sur
tout de l'a part des gens a talens , car
tel qrfon loue , ne doute nullement que ce
W r01‘! une cbose qui lui est absolument
dûë, souvent même il trouve qu’on ne le
loue pas assez, et ceux quîon neloue pas,‘
du qu’on loue moins , sonttres-indisposez; et
prétendant qu’on loite les autres à leurs dé
‘pans , ils sont doublement fêcloez.
Nous donnons ordinairement des Extraits
des Pieces nouvellesiqui paraissent ‘sur les
‘Ï/oéatres de Paris , et nous faisons quelques
observations d’aprês le jugement du Public,‘
sur les beautez. et sur les défiants qu’on y
V0M/63 la crainte de blesser la délicates-fi‘
des Auteurs , nous retient quelquefois et nous
empêche d’aller plus loin , et crainte aussi
quo
AVERTISSEMENT.
que voulant être plus sinceres , on ne nous‘
accuse efÊtre parriaux. Si les Aztteur: eux
même: voulaient bien prendre sur eux cl:
faire un Extrait ou un [Mémoire "de leur:
Ouvrage: , sans dissimuler les eieflauts qifon
y trouve, cela nous donnerait la hardiesse
a"e"tre un peu plu: severe:, le Lecteur leur
en sftturoit gré , et il: n’): periroient pas, par
les remarques , a charge et a décharge, que
nous ne manquerions paseïajoûter , sans au
Hier de faire remarquer Pextrême difiïculte’
qu'il y al de plaire aujourolVoui au Public
et le péril que courent tous les Ouvrages ot"es
prit qu’on lui présente : nous faisons avec
efaurant plus de confiance cette priere aux
Auteurs Dramatiques et à tous aietres , que
certainement Corneille, Qiinault , Moliere ,
Racine‘, Üc, nauroient pas rougi el’avouer
de: deflaut: dans leurs Pieces.
Nous têclaerons de conserver‘ dan: no:
Narration: la simplicitéJa clarté et la précision
que nous tâchons d) mettre, ainsi que Perdre
dans Farangement de: Pieces en Prose et en
Ver: , et dans la disposition des fait: , afin
qu’une infinité de circonstances que nous rap
portons et le grand détail dans lequelnoits som
mes souvent obligez. a"entrer, ne soient point a
charge aux Lecteurs , et ce qui est encore plus
essentiel dans un Ouvrage tel que celui-c): ,
nous zêcleeron: de soutenir le caractere de mo
' ‘ - ‘ deration
‘AVERTISSEMENT.
‘deration , de :incerité et olïmpartialité , qu'on
itou: a aléja fait la justice de nou: attribuer.
Le: Pieces :er0nt toûjours placée: sans af
fectation ole rang et sans distinction pour le
mérite et la primauté. Le: premiere: yeçtas
seront toûjours le: pretniere: employées, hors le
ca: qzfun Ouvrage soit tellement du temps qu’il
mérite pour cela seulement la prefirence.
Le: honnête: gens nous, scavent gré el’a4
voir garanti ce Livre depuis près ale-douze
an: que nous y travaillons , non-seulement
de toute Satyre , mai: mérite de Portrait: trop
ironique: , trop ressemhlan: et trop sus
ceptible: ofapplication. Mais nous admet
"zron: tres-volontier: le: Ouvrages dans les
quel: une plume legere sïelgayera, même vi
vement, contre divers caracteres bien incom
mode: et souvent très- dangereux dan: la
Sllclûté‘, encore y faut- il mettre cette clause ,
t que le Lecteur n’): puisse reconnaître une telle
permntte en paniculier, mai: que chaque Pa r
ticulier se puisse reconnaître en quelque chose
dan: la peinture gîflfiflîllf de: vice: et ale: ri
dicules ale :on siecle. _
Il nou: reste a marquer notre reconnoi:
sauce et a remercier au nom du Public, plu
Jieuïa‘ Sçavan: du premier ordre , Æaimahles
JI/Iuse: , et quantité ol’autre: permnne: Æun
mérite distingué , dont les Production: enri
chissent le Mercure, et le font lire et re
chercher,
NQUS avons lieu de rendre de noul
‘ vielles graves a nos Lecteurs, en leur
présentant aucommencement de cette année
‘Wëïïëëëëïëïäïîï '
le cent soixante-sixiéme Volume du Merm
cure de France , auquel nous travaillons de4
puis le mois de fuir: 17 u. sans que ce Li
‘ure ait soufièrt aucune interruption: il a.
toujours parû relgulierement au temps marqué
et quelquefois même avec des Supplémens ,'
selon Fexigence des cas. Nous redouàleroizs
nos soins et notre application pour que la
lecture du Mercure soit désormais encore
plus utile et plus agreable.
En remerciant nos Lecteurs du cas qu’ils
claignent faire de ce Livre ,V nous leur de
mandons toujours quelque ‘indulgence pourles
endroits qui leur paraîtront négligez et ois
la diction ne sera pas assez chatiée. Le Lec
teur judicieux fera _, s’il lui plaît , reflexiore
que dans un Ouvrage ‘tel que celui- ci , il
t5! îVÊI-ñisë de manquer, même dans les
choses les plus communes , dont chacune m
particulier est facile, mais qui ramassées ,'
font ensemHe une multiplicité si grande,
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AVERTISSEMENT.
qu'il est hien malaisé de donner à toutes la mg
me atfentio/Lquelqiue soin qu'on y apporte; sur
Iout quand une telle collection est faite en
aussi peu de temps. L’Auteur du Mercure
ne peut jamais avoir celui de faire sur cha
que article les reflésçions qu'y ferait une per
sonne qui n’a que cet article en tête, le seul
aitquel elle s’interesse et peut- être ‘le ‘seul
qu'elle lit. Une chose qui parois un Peu in
" juste , c'est qu'on nous reproche quelquefois
des inattentions , et qu'on ne nous sfache au
cun gré des corrections sans nomhre qu'on
fait et des fautes qu'on évite.
Nous; faisons de la part du Puhlic, de
nouvelles instances aux Lihraires qui en
woyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure, d'en marquer le prix au juste,
cela sert hcaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent lit-dessus 2; les
acheter‘, et qui ne sont pas sûrs ‘de l’exac
litnde des Messagers et des autres persan-q
ne: qu’elles chagent de leurs commissions ,_
qui soin/en: les font surpayer. o
On invite aussi les Marchands et les Ou?
wriers qui ont quelques nouvelles Modes,
soit par des Etofles nouvelles _, Hahits _,
.Ajustemens , Perruques, C oeflures, Ornemens
de tête et autres parures , ainsiqtte de Meu
bles , Carosses , Chaises etautres choses , soit
four futilité _, soit pour Pagrément, d'en don
W57‘
AVERTISSEMENT.
mr quelques Memoires pour en avertir le
Public, ce qui pourra faire plaisir}; divers
Particuliers , et procurer un débit avantae
geux aux Marchands et aux Ouvriers.
Plusieurs Piéces en Prose et en Vers , en
voyées pour le Mercure , sont souvent si mal
écrites qu’on ne peut les déchzfrer, et elles sont
pourcela rejettées; d’autres sont bonnes. a quel;
ques égards et défectueuses a d’aittres; lors
qu’elles peuvent en valoir la peine , nous les
retoucloons avec soin s mais comme nous ne
prenons ce parti qu’a:vcc répugnance , nous
prions les Auteurs de ne le pas trouver mau
vais , et de travailler leurs Ouvrages avec le
plus d’attentian qu’il leur sera possible. «fi on
servait leur adresse _, on leur indiqueroit‘ les
corrections a faire. . '
Les Scavans et les Curieux sont priez. de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre plus utile , en nous communiquant les
Mémoires et les Pièces en Prose et en Vers
qui peuvent instruire et amuser. Aucun genre
de Littérature n’est exclus‘ de ce Recueil, ou
l ’on tâche de faire regnerune agréable variété;
Poësie , -Elaquence , nouvelles Découvertes
dans les Arts et dans les Sciences, Morale,
Politique, Antiquitez, Histoire sacre’: et pro
fane, Voyages, Historiettes, Mythologie, Phy
sique et Métaphysique , Piéees de T/gäum ,
jurisprudence , Anatomie et Médocine _, Cri
» A iiij ' tique
I 2
AVERTISSEMENT.
tique , Mathématique, Mémoires , Projets;
Traductions , Grammaires , Piéccs amusan
tes et récréatives cÿc. Quand les morceaux
d’une certaine considération seront trop longs,
on les placera dans unVolumc extraordinaire,
tt on fera cnsorte qu’on puisse les en détacher
facilement pour la satisfaction des Ans/tours
et des personnes qui ne ‘veulent avoir que cer
taines Piéccs.
A [égard de la Jurisprudence, nous con?‘ 7
tinucrons autant que nous le pourrons, de faire
part au Public des Questions importantes,
nouvelles ou singuliers: qui se presentcront é! '
I
qui seront discutees et jugées‘ dans les diflè
rens Parlement et autres Cours S uperieures du
Royaume , en observant l'ordre et la métho
deque nous avons déja tenu en pareille ma.
tien , ‘sur quoi nous prions Messieurs les
Avocats et les Parties interessées de vouloir
bien nous fournir les [Mémoires nécessaires.
Il n’:st peut-être point dZ/Irticlc dans ce Li
vre qui regarde plus directement le bien pu
blic que celui-la _, et qui se fassc plus lim‘
Qtelques Morceaux de Pros: et de Vers
rtjetttz. par bonnes raisons , ont souvent don
né lieu a des plaintes de la part des person
nes intéressées; mais nous les prions de con
‘siderer que c’est toujours malgré nous que car-i
tains: Picces sont rclzutées ; nous ne nous en
rappartonspas toitjours à notre seul jigemflnt ,
- ñïh
I
w
I?‘
AVERTISSEMENT.
3ans l: choix que nous faisons de telles qui
méritent Ffmprossion. '
‘Un: autre espace d: plainte qui nous est
venue depuis pou , merite de trouver ici su
place. On est surpris, dit-on , de voir dun:
la Aigreur; ‘des Enigmes ct des Logogrjiphes
sur des mots qui ne sont point propres , et on
a raison: il faut dans la honno reg/e que l:
sujet en soit un mot purement physique. Les
noms de Villes ni de Lieux n’)! conviennent
point : moins encore des noms épiteihiqueLUn
Lagagqphe surlæidjectfCurie uxÿommc celui
du mois dejuillet dernier n'est pus régulier,
non plus que celui dont le mot est la Belouzc
dans le même endroit _, à muse de Partial: la
qui ne peut fumais entrer dans lu oomhinkison
du substantif, s. sujet du Logogiyphe Üo‘.
Qgpiqtfon dit toujours la précaution de
faire mettre un mais à lu tête de chaque Mer
cure , pour avertir qu’on ne recevra point de
Lettres ni de Paquets par lu Poste dont I:
port ne soit afinnchi , il en vient cependant -
quelquefois qu’on est obligé de rehutor. Ceux
qui n’uuront pas pris cette précaution ne doi
' vent point, être surpris de ne pus woirparoi
tre les Piéces qu’ils ont envoyées, lesquelles
sont dÿzilleurs perduës pour aux s’ils n’en
ont pusgurdé de Copie. '
Les personnes qui desireront riz/air le Mer
mrt des premiers , soit dans les Provinces ait
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A VERTISSEMÈNT.
dans le: Pais Etrangers , n'auront qu’): s’aol
dresser a NI. Moreau, Commis au Mer
cure , vis-à-viç la Comédie Françoise, à
Paris , qui leleur envoyera par la voie la
plu: convenable , et avant qu’il soit en vente
ici. Le: amis à qui on {adresse pour cela ne
sont pas ordinairement fort exacts: il: n’en—
voyant ‘gzteres acheter ce Livre précisément
dans le tems qu’il paraît ', ils ne manquent
pas de le lire , souvent il: le prÊtent, et ne«
Ëenvoyent enfin que fort tard, sou: le prétexte
specieux que le Mercure n’a pas paru plûtot.
a Nous renouvellon: la priere que nous avons
' olëja faite, quand on envoye des Piëees, soit en
Vers soit en Prose , ole le: faire transcrire lisi
blement sur de: papier: séparez et d'une gran
deur raisonnable avec des marges et que les
noms propres, surtout, soient exactement écrits.
Nous aurons toujours les même: égard: pour
les Auteurs qui ne veulent pas se faire con
naître; mai: il serait bon qu’ils olonnassent
une adresse, sur tout quanol il fagit de quel
que Ouvrage qui peut demander des éclair
cissemens ; car souvent faute aÏ’un tel secours
des Pièces nous restent entre les qnains sans
pouvoir le: employer. —
Nous prions peux , qui , par le moyen de
leur: corresponelance: , reçoivent des nouvel
les ÆAfrique . du Levant, de Perse , de
'* Tartarie , du Japon ,_ de la Chine , de: In
des
ÀVERTISS E MENT.
‘1"'
des Orientales et _Occidentales et d’autre:
Pays et Contrées éloignées; les Capitaines ,
Pilotes et Ofiiciers de Navires et les Voya
geurs , de vouloir nous faire part de ces Nou
velles a Padresse generale du Mercure. Ces
matieres peuvent rouler surles Guerres présen
tes de ces Etats et de leurs Voisinsgles Révo
lutions, les ‘Traitez. de Paix ou de Treve;
les- occupations ‘des Souverains , la Religion
des Peuples, leurs Céremonies , Coritumes et
‘Usages, les Phénomenes e_t ‘les Productions
de la Nature et de FArt, comme Pier
res précieuses, Pierres figurées , Marcassites
rares , Pétrifications et Cristalisations ex
traordtnaires , Coquillages _, eÿc Edzfices ,
anciens ei modernes , ‘Ruines , Statues , Bas-y
Reliefs , Inscriptions , qMédailles , Pierres
gravées , Tableaux , 0%.. _
Nous serons plus attentifs que jamais a
apprendre au Public la mort des Scavans
et de ceux qui se sont distinguée dans les
Arts et dans les Mécaniques; on y joindra
le récit cle leurs principales occupations , de
leurs Ouvrages et des plus consideraltles
actions de leur vie. L’Histoire des Lettres
et des Arts doit cette marque de reconnais
sance a la mémoire de ceux qui sjisont rené
dus celeltres ou qui les ont cultivez. avec
soin. Nous esperons que les parens et les
amiÿsde ces illustres Morts aideront volon
A vj fiers
i
AVERTISSEMENT.
,\.
tiers a leur rendre ce devoir par les instrucè‘
' ‘ tions qu’tls voudront bien nous fournir. Ce
que nous venons de dire, regarde, non-seu
lement Paris , mais encore toutes les Province:
du Royaume et lesPays Etrangersgqui peuvent
fournir des évenemens considerables, Morts ,
Mariages , Actes solemnels , FÊtes et autre!
faits dignes d'être transmis 2; la Pesterité.
On a fait au Mercure , et même plul
sieurs fois l'honneur ‘de le critiquer; c’est une
gloire qui manquait a ce Livre. On a beau
dire , nous ne changerons rien a notre
méthode, puisque nos Lecteurs la trouvent
passablement bonne. Un Ottvrage de la na
ture de celui- ci ne sgauroit plaire également
à tout le monde, à cause de la ntultiplicitê
et de la variera’ des matieres , dont quelques
unes sont lues parcertains Lecteurs avec plai
sir et avidité, et par'd’autres avec des dispo
sitions contraires. M du Fresni avait bien
raison de dire que pour que le Mercure fi:
generalement approuvé , ilfaudrait que com
me un autre Prothée , il pût prendre entre
les mains de chaque Lecteur, une forme cons
venable a l'idée qu’il s’en est faite.
C’est'assez pour ce Livre, de contribuer
tous les mois en quelque chose a l'instruc
tion et a Pamusement des Citoyens ; Le
Mercure ne doit rien ‘prétendre au-delä.
Nous sfavons, il est ‘vrai , que la Critique
outre:
AVERTISSEMENT’.
' 0m70’! ou la médisance, plus ou moins ma3
ligmmsflt épicée, fut toujours un mets dé.
llfitñîv‘ pour beaucoup de Lecteurs; mai!
outre que nous n‘): avons pas le moindre
perle/tant , nous renoncons et de très- bon coeur
àqla dangereuse gloire d’être lies et applaudi!
aux dépens dfpersonne.
Nou: serons encore plus retenus sur les
lvûflflgflî, que quelques Lecteurs n’ont pas
approuvées, et en eflet , nous nous sommes
apparent que nous y trouvions peu d’a—
vanrage; au contraire , nous nous somme!
_ vûs exposez. a des especes de reproches , au
lieu de témoignages de reconnaissances, sur
tout de l'a part des gens a talens , car
tel qrfon loue , ne doute nullement que ce
W r01‘! une cbose qui lui est absolument
dûë, souvent même il trouve qu’on ne le
loue pas assez, et ceux quîon neloue pas,‘
du qu’on loue moins , sonttres-indisposez; et
prétendant qu’on loite les autres à leurs dé
‘pans , ils sont doublement fêcloez.
Nous donnons ordinairement des Extraits
des Pieces nouvellesiqui paraissent ‘sur les
‘Ï/oéatres de Paris , et nous faisons quelques
observations d’aprês le jugement du Public,‘
sur les beautez. et sur les défiants qu’on y
V0M/63 la crainte de blesser la délicates-fi‘
des Auteurs , nous retient quelquefois et nous
empêche d’aller plus loin , et crainte aussi
quo
AVERTISSEMENT.
que voulant être plus sinceres , on ne nous‘
accuse efÊtre parriaux. Si les Aztteur: eux
même: voulaient bien prendre sur eux cl:
faire un Extrait ou un [Mémoire "de leur:
Ouvrage: , sans dissimuler les eieflauts qifon
y trouve, cela nous donnerait la hardiesse
a"e"tre un peu plu: severe:, le Lecteur leur
en sftturoit gré , et il: n’): periroient pas, par
les remarques , a charge et a décharge, que
nous ne manquerions paseïajoûter , sans au
Hier de faire remarquer Pextrême difiïculte’
qu'il y al de plaire aujourolVoui au Public
et le péril que courent tous les Ouvrages ot"es
prit qu’on lui présente : nous faisons avec
efaurant plus de confiance cette priere aux
Auteurs Dramatiques et à tous aietres , que
certainement Corneille, Qiinault , Moliere ,
Racine‘, Üc, nauroient pas rougi el’avouer
de: deflaut: dans leurs Pieces.
Nous têclaerons de conserver‘ dan: no:
Narration: la simplicitéJa clarté et la précision
que nous tâchons d) mettre, ainsi que Perdre
dans Farangement de: Pieces en Prose et en
Ver: , et dans la disposition des fait: , afin
qu’une infinité de circonstances que nous rap
portons et le grand détail dans lequelnoits som
mes souvent obligez. a"entrer, ne soient point a
charge aux Lecteurs , et ce qui est encore plus
essentiel dans un Ouvrage tel que celui-c): ,
nous zêcleeron: de soutenir le caractere de mo
' ‘ - ‘ deration
‘AVERTISSEMENT.
‘deration , de :incerité et olïmpartialité , qu'on
itou: a aléja fait la justice de nou: attribuer.
Le: Pieces :er0nt toûjours placée: sans af
fectation ole rang et sans distinction pour le
mérite et la primauté. Le: premiere: yeçtas
seront toûjours le: pretniere: employées, hors le
ca: qzfun Ouvrage soit tellement du temps qu’il
mérite pour cela seulement la prefirence.
Le: honnête: gens nous, scavent gré el’a4
voir garanti ce Livre depuis près ale-douze
an: que nous y travaillons , non-seulement
de toute Satyre , mai: mérite de Portrait: trop
ironique: , trop ressemhlan: et trop sus
ceptible: ofapplication. Mais nous admet
"zron: tres-volontier: le: Ouvrages dans les
quel: une plume legere sïelgayera, même vi
vement, contre divers caracteres bien incom
mode: et souvent très- dangereux dan: la
Sllclûté‘, encore y faut- il mettre cette clause ,
t que le Lecteur n’): puisse reconnaître une telle
permntte en paniculier, mai: que chaque Pa r
ticulier se puisse reconnaître en quelque chose
dan: la peinture gîflfiflîllf de: vice: et ale: ri
dicules ale :on siecle. _
Il nou: reste a marquer notre reconnoi:
sauce et a remercier au nom du Public, plu
Jieuïa‘ Sçavan: du premier ordre , Æaimahles
JI/Iuse: , et quantité ol’autre: permnne: Æun
mérite distingué , dont les Production: enri
chissent le Mercure, et le font lire et re
chercher,
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Résumé : AVERTISSEMENT.
Le texte est un avertissement concernant la publication du cent soixante-sixième volume du Mercure de France. L'éditeur exprime sa gratitude aux lecteurs et demande leur indulgence pour les éventuelles négligences, soulignant la difficulté de maintenir une attention constante sur chaque article, surtout compte tenu du délai de publication. Il invite les libraires à indiquer le prix exact des livres annoncés et les marchands à partager les nouvelles modes et produits. L'éditeur mentionne également la réception de pièces en prose et en vers, certaines étant rejetées pour des raisons de lisibilité ou de qualité. Les savants et curieux sont encouragés à contribuer avec des mémoires et des pièces instructives et amusantes. Le Mercure couvre divers genres littéraires et scientifiques, et les articles trop longs sont placés dans des volumes extraordinaires. L'éditeur promet de continuer à informer le public des questions juridiques importantes et des événements notables. Il demande également aux lecteurs de bien transcrire les pièces envoyées et de fournir des nouvelles de diverses régions du monde. Le Mercure vise à instruire et à divertir les citoyens chaque mois, sans prétendre à une approbation universelle. L'éditeur exprime son désir de recevoir des extraits ou des mémoires des auteurs eux-mêmes, afin de pouvoir offrir des critiques constructives. Par ailleurs, le texte est un avertissement préliminaire à un ouvrage. L'auteur souligne l'importance de la modération, de l'honnêteté et de l'impartialité dans son travail. Les pièces seront présentées sans affectation, sans distinction de mérite ou de primauté, sauf si l'ouvrage est ancien et mérite une préférence pour cette raison. L'auteur garantit que le livre, rédigé sur une période de près de douze ans, est exempt de satire et de portraits trop ironiques ou susceptibles d'application personnelle. Cependant, il accepte les œuvres où une plume légère critique des caractères incommodes et dangereux, à condition que chaque lecteur puisse se reconnaître dans la peinture des vices et des ridicules de son siècle. Enfin, l'auteur exprime sa reconnaissance et remercie divers savants, muses et personnes de mérite distingué dont les productions enrichissent le Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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777
p. 18-22
LES PROGRES DE LA TRAGEDIE Sous le Regne de Louis le Grand. ODE.
Début :
Toy, qui fais l'honneur de la Scene, [...]
Mots clefs :
Louis, Roi, Scène, Gloire, Tragédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES PROGRES DE LA TRAGEDIE Sous le Regne de Louis le Grand. ODE.
LES PROGRÈS DE LA TRAGEDIE
Sous le Rogue u’: Louis le Grand.
O D E.
TOy, qui fais l'honneur de la Scene .
Par la noblesse de tes Chants , -
C'est à ra gloire , Melpomene ,
Qie je consacre mes accents.
OEielle Divinité mïnspire!
C’est toi, Muse , aydc mon délire 5:
a Immortaliscr tcs succès.“ 4 "
' ‘b s .
je vois tes rapides progrès;
A LOUIS tu dois ces merveilles;
Il sçut en couronnant tes veilles ,
JANVIER.‘ 173g.
i Ce Roy ne borne pas sa gloire , '
"A former sous lui des Guerriers;
, Il veut au Temple de Metnoire ,
' Te faire part doses Lauriers.
Ami des Sçavans ,‘comme Auguste,
Sous un Regnc aussi long que juste’,
Il sçair animer leurs travauk g
Du mérite Juge équitable;
_ Il va d’un regard favorable ,
En faire dïllustres Rivaux.
‘Déjà ses faveurs. nous ramenent.
La respectable Antiquité;
sophocle , Euripidc . reprennent,
Sous d’autres noms, leur Majesté.
Les Corneilles toujours sublimes ,
Charmeur par leurs sages maximes.
Un Roy dont ils sont ébloüis ;
Leurs Héros instruisent , enchanteur ;
Et lesgrands traits qu’ils nous présentent ,‘
sont autant de traitsde Louxs.
s
Sçavans ,la carriere est ouver‘;
Par le plus grand des. Souverains 5
Des Lauriers dont elle est couverte ,
iVous sont présentez par ses mains:
jhppercjois le tendre Racine , _,
' B v;
n
ce MERCURE DE FRANCE
Que j'aime à plaindre une Héroïne ,
Qÿil fait pleurer dans ses beaux Vers l
Elle y soupire sans faiblesse
Et le Héros qu’elle interesse ,
sans rougir y vante ses fers.
Reine des coeurs , poursuis , acheve g‘
Ton triomphe sera parfait;
le vois déja plus d’un Eleve ,
Digne du Maître qui l’a fait:
Pleins du HËIOS qui les inspire ,
Au spectateur qui les admire , '
Ils donnent d’utiles trésors;
Louis , c’est toi seul qui les guides g
A tes récompenses solides ,
Nous devons leurs nobles cEorts.
Le Théatre devient utile ;
La Scene nous Offre des moeurs;
Ce Champ que Lotus rend fertile,’
Porte ses fruits dans tous les coeurs.
Dans ces mêmes lieux où le crime,
Reçut un cultflllegitime ,
je vois ses Autels abbatus il
l J’): déteste ses artifices;
Tout change , l’Ecole des vices ,
Devient PEcolc des venus.
r
'
. site:
I 'A N V I E RI 1733;
‘Quel es: ton pouvoir , Melpomcne:
Tu sçais tromper le spectateur ;
Ton génie enchante 1a Scene ,
Et passe jusques dans PActeur;
Par une flarcuse imposture .
I.’Art cultivé devient nature ,
Effet de ces dons précieux ,
Tulme fais voir Monime en larmes ;
Je reconnais tes puissants charrues,
Aux pleurs qui coulent de mes yeux.
Ces prodiges qu’on voie paraître,‘
V Enfantent la perfection ;
C’cst roi , Louis, qui les fait naître,‘
Au sein de Pémulation. '
Plus d'un Roy qui suit tes exemples,‘
De ses mains éleve des Temples ,
A ces Dieux du sacré “Vallon ,
Mais c’esr élever â ta gloire‘,
Autant de Temples de Mcmoire ;
Leur gout éternisc ton nom.
/
.
Triomphe , heureuse Tragédie ,
Tes succès ne sont point borne: 5
Phébus orne de son génie ,
Des Sujeis qlfil a courouncz.
Ces Eleves inimitables , '
Laborieux , infatigables 1
p,»
Ibfficng
r: MERCUR r. .13 E FRANCE
Tbffrent des secours assidus;
Dignes duRoy qui les vit naître.
Ils sçavent se faire connoître ,
A PHériticr de ses vertus.
Canamur tenues Grnndiu;
Hor. Carm, Lib. 1°. 0d. vr.‘
Priere à Dieu pour le Re).
"Grand Dieu, dans notre Roy , conserve ton Ol-Ê
vrage; _
C’est notre appui , c’est ton imagt ;
En prolongeant ses jours , tu nous rendras heu-i
rVeeurxseg tes ‘ dons sur son auguste Race ; i
Et que bien-tôt sa gloire efface ,
Celle des Rois les ‘plus fameux.
, Par _M. Cnrolet.
Sous le Rogue u’: Louis le Grand.
O D E.
TOy, qui fais l'honneur de la Scene .
Par la noblesse de tes Chants , -
C'est à ra gloire , Melpomene ,
Qie je consacre mes accents.
OEielle Divinité mïnspire!
C’est toi, Muse , aydc mon délire 5:
a Immortaliscr tcs succès.“ 4 "
' ‘b s .
je vois tes rapides progrès;
A LOUIS tu dois ces merveilles;
Il sçut en couronnant tes veilles ,
JANVIER.‘ 173g.
i Ce Roy ne borne pas sa gloire , '
"A former sous lui des Guerriers;
, Il veut au Temple de Metnoire ,
' Te faire part doses Lauriers.
Ami des Sçavans ,‘comme Auguste,
Sous un Regnc aussi long que juste’,
Il sçair animer leurs travauk g
Du mérite Juge équitable;
_ Il va d’un regard favorable ,
En faire dïllustres Rivaux.
‘Déjà ses faveurs. nous ramenent.
La respectable Antiquité;
sophocle , Euripidc . reprennent,
Sous d’autres noms, leur Majesté.
Les Corneilles toujours sublimes ,
Charmeur par leurs sages maximes.
Un Roy dont ils sont ébloüis ;
Leurs Héros instruisent , enchanteur ;
Et lesgrands traits qu’ils nous présentent ,‘
sont autant de traitsde Louxs.
s
Sçavans ,la carriere est ouver‘;
Par le plus grand des. Souverains 5
Des Lauriers dont elle est couverte ,
iVous sont présentez par ses mains:
jhppercjois le tendre Racine , _,
' B v;
n
ce MERCURE DE FRANCE
Que j'aime à plaindre une Héroïne ,
Qÿil fait pleurer dans ses beaux Vers l
Elle y soupire sans faiblesse
Et le Héros qu’elle interesse ,
sans rougir y vante ses fers.
Reine des coeurs , poursuis , acheve g‘
Ton triomphe sera parfait;
le vois déja plus d’un Eleve ,
Digne du Maître qui l’a fait:
Pleins du HËIOS qui les inspire ,
Au spectateur qui les admire , '
Ils donnent d’utiles trésors;
Louis , c’est toi seul qui les guides g
A tes récompenses solides ,
Nous devons leurs nobles cEorts.
Le Théatre devient utile ;
La Scene nous Offre des moeurs;
Ce Champ que Lotus rend fertile,’
Porte ses fruits dans tous les coeurs.
Dans ces mêmes lieux où le crime,
Reçut un cultflllegitime ,
je vois ses Autels abbatus il
l J’): déteste ses artifices;
Tout change , l’Ecole des vices ,
Devient PEcolc des venus.
r
'
. site:
I 'A N V I E RI 1733;
‘Quel es: ton pouvoir , Melpomcne:
Tu sçais tromper le spectateur ;
Ton génie enchante 1a Scene ,
Et passe jusques dans PActeur;
Par une flarcuse imposture .
I.’Art cultivé devient nature ,
Effet de ces dons précieux ,
Tulme fais voir Monime en larmes ;
Je reconnais tes puissants charrues,
Aux pleurs qui coulent de mes yeux.
Ces prodiges qu’on voie paraître,‘
V Enfantent la perfection ;
C’cst roi , Louis, qui les fait naître,‘
Au sein de Pémulation. '
Plus d'un Roy qui suit tes exemples,‘
De ses mains éleve des Temples ,
A ces Dieux du sacré “Vallon ,
Mais c’esr élever â ta gloire‘,
Autant de Temples de Mcmoire ;
Leur gout éternisc ton nom.
/
.
Triomphe , heureuse Tragédie ,
Tes succès ne sont point borne: 5
Phébus orne de son génie ,
Des Sujeis qlfil a courouncz.
Ces Eleves inimitables , '
Laborieux , infatigables 1
p,»
Ibfficng
r: MERCUR r. .13 E FRANCE
Tbffrent des secours assidus;
Dignes duRoy qui les vit naître.
Ils sçavent se faire connoître ,
A PHériticr de ses vertus.
Canamur tenues Grnndiu;
Hor. Carm, Lib. 1°. 0d. vr.‘
Priere à Dieu pour le Re).
"Grand Dieu, dans notre Roy , conserve ton Ol-Ê
vrage; _
C’est notre appui , c’est ton imagt ;
En prolongeant ses jours , tu nous rendras heu-i
rVeeurxseg tes ‘ dons sur son auguste Race ; i
Et que bien-tôt sa gloire efface ,
Celle des Rois les ‘plus fameux.
, Par _M. Cnrolet.
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Résumé : LES PROGRES DE LA TRAGEDIE Sous le Regne de Louis le Grand. ODE.
Le texte 'Les Progrès de la Tragédie' rend hommage à Louis XIV et à l'essor de la tragédie sous son règne. L'auteur célèbre la muse Melpomène et les avancées rapides de la tragédie, qu'il attribue au soutien du roi. Louis XIV est présenté comme un protecteur des arts et des sciences, comparé à Auguste pour son soutien aux savants. Sous son règne, les tragédies classiques de Sophocle et Euripide sont réinterprétées, et des auteurs comme Corneille et Racine continuent de briller. Le théâtre devient un lieu d'éducation morale, transformant les mœurs et combattant le vice. Le pouvoir de la tragédie est souligné, capable de toucher profondément les spectateurs. Le texte se conclut par une prière pour la longévité et la gloire du roi, espérant que sa dynastie surpassera celle des rois les plus célèbres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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778
p. 22-34
LETTRE écrite à une Dame de Province, au sujet de la Critique du Spectacle de la Nature, par le R. P. G. Minime, inserée dans le Mercure de France du mois de Novembre dernier.
Début :
Vous avez donc lû, Madame, le Spectacle de la Nature ? Ce que vous [...]
Mots clefs :
Spectacle de la nature, Dialogues, Vérité, Critiques, Poème dramatique, Pièces de théâtre, Jeunes gens, Silence, Personnages, Lettres, Savants, Critique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à une Dame de Province, au sujet de la Critique du Spectacle de la Nature, par le R. P. G. Minime, inserée dans le Mercure de France du mois de Novembre dernier.
L E TTR écrire à une Dame de Province,
au sujet dard, Critique du Spectacle de
la Nature, par le R 1’. G rMinime,
inserée dans le Mercure de F rance du
mai: de Novembre dernier.
Ous avezhclonc lû , Madame , le
Spectacle de la Nature? Ce que vous
A m’cn avez écrit , me fait connoxtre qu’en
-. ' ' - Provincq
.‘ 'J
JANVIER. ‘I753. ‘a;
Ÿrovince comme à Paris , il trouve des
Apologistes et des Critiques, et que le
nombre des premiers y est , comme ici ,
le plus grand. Ce que les autres trou
vent à redire dans cet Ouvrage , ne porte
et ne peut porter aucune atteinte à son
mérite. Les sujets y sont traitez avec‘ tant
de gtace et de solidité , que les plus dif
‘ficiles sont obligez d'avouer que ce ne
peut être que la production d’un habile
‘homme. Ce seroit peu que ce Livre n’eût.
d’autres avantages que les beautez de la
Langue, et qu'il ne présenxât à l'esprit
qu'une vaine recherche de choses qui
dans le fond nous interessent peu: il y
a, on le peut dire, un vrai profit, je
‘ne dis pas à le" lire , mais à l'étudier.
L’Auteur ne s’est pas contenté d‘y t'as
sembler tout ce qui est le plus capabe de
ïpicqucr la curiosité , il s’est aussi appli
‘qué à nous faire comprendre Pusage qu'on
en doit faire, et à prescrire les bornes
qu’elle doit avoir. -
Qlelque bonne idée, dites vous, que
vous en ayez , et quelque excellv nt que
cet Ouvrage vous ait paiû et vous pa
roisse encore, vous rie-pouvez» vous em
' “cher de vous rendre aux raisons du
. P. G. Minime, dont la Lettre Criti
z _ que est , au ‘jugement de plusicgurs. ,' fort
" " ' ‘ judicieuse
'14 MERCURE DE FRANCE
judicieuse. Il est vrai que d’abord on est
frappé de ce u’il dit; mais si on y
prend bien garde , c’est que son stile aisé
et insinuant fait recevoir pour bon tout
ce qui, éxauniné de près , paroît tout
autrement. Je vous exposerai, si vous
voulez bien me le permettre , quelques
réflexions que j'ai Faites sur cette Lettre,
et je serai assez témeraire pour hazarder
de dire librement ce que j'en pense. Je
ne Pentteprcnds que parce que FAuteur
du Spectacle de la Nature a résolu de ne
I
, as re ondre.
P ~,UP I O d l du .
u 1l me soit permis e e 1re. nos
Sçavans ne devroient pas affecter tant
dîndifference pour les Critiques que l’on
fait de leurs Ouvrages. Il y en a,sans
doute , qui ne méritent pas dattention.
I.e faux et l'absurde qui y domine, les
détruit assez, et le meilleur moyen de
réfuter les Auteurs de ces Critiques , est
de garder le silence en les laissant s’ap
plaudir d'un triomphe imaginaire. Mais
qu’en confonde les bonnes Critiques avec
les mauvaises, c’est ce qui ne peut être
qu’injuste,et même , si je l’ose dire , peu
conforme à la charité.
L‘Amo.ur de la paix ne peut être 1e
"principe d’une t lle conduite , et quand
Vil seroit vrai , personne ne s'en persuade
a
J A N VI E R.’ I753.‘ a‘;
"t'a. Les uns prendront le silence d"un Au
teur censuré pour un mépris , et les autres
pourun aveu de ses erreurs; ce qui me
paroi‘: égalemïtt dangereux. A quoi ne
s’emportent pas ceux qui se croyent mé-‘
Prisez E OEe d’invectives de leur partÊ
souvent dans des Ecrits publics. Que de
termes peu mesurez! Et, le dirai je ? que
dïnjures débitées avec amphase et d'une
maniere siindigne du Christianisme! mais
cela n’est propre qu’à ceux qui se croyent
mêprisez. Qie ne disent et que ne pensent
pas ceux qui ont connoissance et de l’Ou—
vrage et de sa Critique? ils se laissent fa-a
cilement emporter â de vains. discours,
delà à la médisance et insensiblement-à la
calomnie. _
Ceux qui au contraire ont assez de va-Î
nité pour regarder le silence d’un Auteur
contre lequel ils auront écrit , comme
un aveu des fautes qu’ils prétendront avoir
relevées , ceux-là , dis- je , ne tardent:
gueres de s’enhardir à quelque chose de
plus , ils se familiarisent avec leurs prê
jugez , et y entraînent les simples et les
ignorans; enfin ils se croyent de grands
génies, et cette erreur dont on ne tra
vaille pas â les désabuser , les engage à
deshonorer la République des Lettres par
des fratras de\ Livres qui ne contiennent
le plus souvent que des mots:
f2? MERCURE DE FRANCE
z On me dira que de véritables Chrétiens
ne tomberont jamais dans l’un ni dans
_1’autre de ces excès. Il est vrai: mais peut
_on se flatter qu’en n'a affaire qu‘à de tol
les gens e Tout un PubliÊnÆst-"il päs té-'
moin de ce qui se passe , et entte-t-il dans
des vuës si justes et si saintes? 1l est né:
cessaire de lui faire connoitre la vérité soie
en avoiiant ses fautes de bonne foi , soit
en réfutant sans aigreur ce qui est injuse
tement censuré. Pardonnezomoi , Maclay-Ï
_me , cette petite disgression , je reviens
à la lettre du R. P. G.
_ Je ne puis y souffrir les équivoques de
Ioäanges et de blâme qui y regnent. (Lie!
est le but de la Critique , si ce n’est de
faire connoîtrc la vérité et de combattre
_lc Faux? Dira-t-on que c’est remplir cc
but, lotsqu’on ne ÿexplique que d’une
maniere équivoque? Il faut, et surtout
dans la Satyre , ÿexpliquer nettement , et
ne point aller chercher du mistcre où il n’y
en a point. C’est abuser de la Critique ,‘
que de ne la pas faire servir à montrer la.
-verité dans tout son jour , et à ne la faire
appercevoir qu'au travers d’une fausse
lueur, ou même d’une épaisse obscurité.
Le R. P. G. auroit pu-temperer quelques
‘termes qui sonnent mal, mais sans doute
il a agi de bonne foi. Il ne fam pas lui
prem’
JANVIE RA.‘ 17332-17
prctcr trop de malice; cela sera échappe’ à
son attention, et il n’aura pas manqué de
se condamner le remier là-dessus.
Bien difierent e vous , Madame ,le R.‘
P. trouve les Dialogues du Spectacle de la
nature froids et languissanrs 5 la raison
qu’il‘cn donne, c'est que les Interlocu
teurs ne lui plaisent pas , parce qu’ils lui
sont inconnus. Il voudroit qu'au lieu de
ceux-ci , on eut fait parler un Dcscartes ,
un Rohault, un P. Malebranchc, 85e. Il
veut prouver son sentiment par l’exem
pie du Poëme Dramatique, et il seroit d'a
vis que, comme dans celui-ci , on n’in-‘
troduisit dans le Dialogue que des homà
mes célebres Je serois tenté de croire que
le R.. P. G. ne cormoît pas bien la nature
ni du Dialogue ni du Poëme Dramatique.‘
Il est vrai qu’on ne perd rien à ignorer
celui-ci et qu’un bon Religieux n’en doit
prepdreconnoissanccqueäpour être mieux
en etat de faire senrirJe anger des SPCC!
taeles. Mais il fandroit être plus circons
pect sur ce qu'on avance. Comparer le
Dialogue au PoëmeDramatique , des:
comparer un sim le appartement à un
grand Palais‘, et ire qu’on_ peut se for
mer la même idée de cet Appartement
que de tout le Palais cl’ont il n’esr qu’une
très-petite partie: sur ce pied un Palais
‘ CI
O
'23 MER CURE DE FRANCE
en contiendroit une centaine d’aurres ,
comme un Poëme Dramatique renferme
roqir en luièmême trente ou quarante au
tres Poëmes Dramatiques , puisque toutes
les Scenes sont presque toujours autant '
de Dialogues, il est inutile dînsisrer sur:
le faux de cette comparaison , il se fait
assez sentir de lui même. Je remarquerai
seulement que les Dialogues sont suscepÂ
Iibles du grand et du merveilleux; ce
pendant le R. P. G. semblene mettre de
difïerence entre les Pièces de Thèarrè et
l'es Dialogues qu’en ce que lcs sujets de
ceux cl sont plus paisibles et plus rran-.
quilès que ceux quioccupenr no‘; Thèarres.
Il cuOEsoit du témoignage et de Pexem
le de Ciccrompour‘ llcur moyen dïnrerespsreroulveesrleqcuteeulres mdeainls
un Dialogue èroit de nefaire parler que
de ‘grands hommes qui se fussent rendus
fameux dans les Sciences sur lesquelles on
veut discourir. Le R. P. G. auroir pu
employer de bonnes raisons pour assurer
son sentiment, plutosr que d’allcr cheræ
cher dans I-Iorace des passages qui ne re
äardentque les Pièces de Théarre. Je veux
ien pour un moment qu’il n'y air point
de diflërence ( quant au fond) entre le
Poëme Dramatique et: le Dialogue. Alors
si des Pièces de Thèarre ont eu un grand
succès
JANVIE RJ17”. 2’
"succès , quoique le fonds et les personna
ges soient de pures fictions, il faut con
venir que des Dialogues dont le sujet est
important , mais dont les interlocuteurs
«sont imaginez , peuvent et avec plus de.
raison que ces Pieces , être du goût des
Sçavans. Or presque toutes les Coméq
dies n’ont d’autre fonds que la fiction
et d'autres personnages que des noms en
l'ait. .
Je ne veux pour preuve de ceci ue
les Comedies de Terence; elles ont ait
tadmiration de tous les siecles et sont en
core aujourdbui les délices des amateurs
des Belles-Lettres. Cependant comment
connoîtuon les personnages qui y jouent
leurs rôles? quel est leur Pays ‘.7 quelles
sont leurs grandes actions P ou dira-fion
que ces Pieccs si parfaites, ne sont pas
es Poëmes Dramatiques?
Le précepte d’Horace de nîmroduire
sur la Scene que des Heros connus , ne re-u.
garde que le Tragique. Encore ce Poëre ne‘
dit-il pas qu’on ne puisse passer outre,
et la manierc dont il le propose est plu
_tôt un conseil qu'une reglc dont la pra.
tique soit absolument necessaire. Ccst ce
pendant â la Comedie plutôt qug 1a T,"
êdie , que le R. P, G. compare le Dia-ç
Îogue. Pourquoi donc citer Horaçe O _
. » n
3e MERCURE DE FRANCE
Ou accordera que le Dialogue feroit
Plus d’impression sur l’esprit des Lec
teurs si on n’y faisoit parler que des
rands hommes. Mais quoi 2 ne tiendra
‘t’il ’à l l l b h d ï
qu eut mettre (ans a ouc e es
discours qu’ils ont peut-être bien tenus
à quelques Particuliers , mais qui ne sont
peut-être jamais entrez ni dans leurs con
versations ni dans leurs disputes? Qïon
ne s’y trompe pas , les Dialogues de Ci
ceron ne sont pas tout-Êt-fait de l’ima
gination de ce sçavant Orateur; il n’a.a
fait dire à ses Interlocuteurs que ce qu’ils
avoienr dit entre eux 5 il est vrai qu'il a
poli leurs discours et que même il y a mis
du sien ; mais le fond est réel 3 ce qui est
nécessaire pour conserver la vrai-sem
blance. .
On peut dire la même chose de Platon.
Ces deux Auteûrs qu’en peut regarder
comme les plus sages et les plus éclairez
de PAntiquitÉ Payenne, nous ont laissé"
dans leurs Dialogues des Chefs-d'oeuvres
de l’Art. Mais ils ne sont faits que pour
"des hommes dont le jugement est formé.
Ces Dialogues s, tout beaux qu’ils sont ,
_ne pourroient, entre les mains de jeu;
nes gens , que leur causer du dégoût et
de l'ennui; tandis que je suis persuadé
que l'es‘ Entretiens ‘du Spectacle de la N44
‘ mm
J V Ï E R. I73;. 31;
mm les charmeront et ne les lasserone
iamais. Cependant les Interlocuteurs de
ces derniers sont deo personnages ima
ginez et ceux des autres sont des homo.
.mes de la plus haute réputation. Et qui
de ce catactere le R. P. G. auroit-il voulu
qu’on fit parler dans les Dialogues du
Spectacle de la Nature? M" Descartes ,
Gassendi , Rohault, Régis , «Sec? C’eûc
été sans doute un plaisant spectacle de
voir ces esprits sublimes , tout pleins de
‘grands objets qu’ils venoient de méditer,
en‘ venir tout d’un coup aux prises les
uns apec les autres sur un Insecte , un
Coquillage , un Poisson , un Oiseau , ôcc.‘
Voilà cependantce qui auroir été du goût
du R. P. Ne pourrdit-on pas lui deman
der s’il y a bien pensé ?
De plus , que fairedire 5. ces grandi
hommes sur des matieres ausquelles ils
ne se sont peut-être jamais arrêtés. Ou il
eût fallu les faire parler en Philosophes,
et‘ alors les jeunes gens pour qui prin
cipalempnt l’Ouvrage dont il s'agir a été
compose,.n’y ourroienratteindre; ou il
eût fallu les aire entrer clairs un Petit
détail de choses qui ne pouvoient être
nouvelles ni aux uns ni aux autres, ce
qui‘ ne seroit plus soutenir leurs carac
teres. Pourquoi le R. P. G. voudroit-il
a {IONS
‘g: MERCURE DE FRANCE
nous persuader qu’un jeune homme â la
{leur de son âge , soit inca able de Par
tention qu’il faut apporter a des Confeq
rences reglées, sur tout lorsque la ma
tiere qu’on y traite est curieuse , agréable
et‘ interessante i‘ Il n’est que trop vrai ;
les jeunes gens de condition sont pou:
‘la plupart ennemis de toute application
d'esprit à ce qui regarde la Religion e:
les Belles-Lettres, et c’est ce qu'on ne
peut trop déplorer. Mais aussi n’y a t’il
pas toûjours de ces heureux génies qui
se portent au bien dès leur jeunesse , _el:
qui saisissent avidement tout ce qu’ils
çroyent pouvoir contribuer à les‘ rendre
meilleurs? ne peut-on pas en supposer
cun pareil? ' v
Je ne sçai ce qui peut faire paroîtrc
méprlsables au R. P. les petits traits de
morale ré andus dans les Entretiens dont
il s’agit. c prétendu defiaut qu’on re
proche encore à un homme recomman
dable par sa pieté et par sa science , s'é
Vanoüitoit bien-tôt; si on pensoit une
bonne fois ue c’est pour jeunesse quclil écrigaussi-bl’iiennsqtruuectli’oAnudteeulra
du Spectacle d: la Nature. Les jeunes gens
font rarement refléxion sur ce qu'ils lisent,
ce qui fait qu’ils ne retirent aucun fruit de
routes leurs lecturesll est donc important
de
, JANVIER. 1733.‘ 5;!
de les accoûtumer de bonne heure à peu;
9er et à tirer d’utilcs leçons de tout ce
qui‘ passe devant leurs yeux. Je veux
bien que dans une Histoire composée
pourjdes Sçavans , on se d_ispense de met.
tre des Refléxions morales un peu éten
duës; mais on ne doit pas blâmer ceux
qui ppur Putilité des jeunes gens, ju,
genra propos d’en ‘user autrement. Si
tant de personnes s’élev_cnt contre cette
pratique-fil faut en convenir, des: que lfa.
mour propre n’y trouve pas son compte.
Une verité qu’on lui montre au doigt, lui
déplaît; il voudroit toujours avoir la satis
factionde l’appercevoir le premienCcst de
tous les ‘vices le plus dominant dans l’hom-,
me et le’ plus injurieux àlaMajesté divine;
dedesr cependant- celui qu’on‘ fomente
avec le plus d’ardeur , au lieu de tâcher
de le réprimer. Il est triste quede nos‘
jours on veüille en faire l’ame de l’ins
nruçriorndes Enfans. Grandinconvenieqt
que "des personnes sensées ont remarqué
ansAun‘ nouveausystême , qui d’ailleurs'
paropxtexcellent. . » ,_ .
_ lînfin le Portrait dt} ŸAne que le R.P.G;
a voulu tourneren ridicule , paroît tel
détache de ce qui précede et de ce qui
\5UlÎ. u’o_n le lise dans le Livrp même
e}: qufpn 1e liscisans préjugé , on n’y dé
couvrira
'54. MERCURE DE FRANCE
couvrira qu’un simple badinage , qugâ
la verité , auroir mieux convenu dansla.
bouche d’un Candidat de Réthorique.
' J ‘ai Fhbnneur d’être , Madame, ôcc.
Le x9 Dccembn 1732.
au sujet dard, Critique du Spectacle de
la Nature, par le R 1’. G rMinime,
inserée dans le Mercure de F rance du
mai: de Novembre dernier.
Ous avezhclonc lû , Madame , le
Spectacle de la Nature? Ce que vous
A m’cn avez écrit , me fait connoxtre qu’en
-. ' ' - Provincq
.‘ 'J
JANVIER. ‘I753. ‘a;
Ÿrovince comme à Paris , il trouve des
Apologistes et des Critiques, et que le
nombre des premiers y est , comme ici ,
le plus grand. Ce que les autres trou
vent à redire dans cet Ouvrage , ne porte
et ne peut porter aucune atteinte à son
mérite. Les sujets y sont traitez avec‘ tant
de gtace et de solidité , que les plus dif
‘ficiles sont obligez d'avouer que ce ne
peut être que la production d’un habile
‘homme. Ce seroit peu que ce Livre n’eût.
d’autres avantages que les beautez de la
Langue, et qu'il ne présenxât à l'esprit
qu'une vaine recherche de choses qui
dans le fond nous interessent peu: il y
a, on le peut dire, un vrai profit, je
‘ne dis pas à le" lire , mais à l'étudier.
L’Auteur ne s’est pas contenté d‘y t'as
sembler tout ce qui est le plus capabe de
ïpicqucr la curiosité , il s’est aussi appli
‘qué à nous faire comprendre Pusage qu'on
en doit faire, et à prescrire les bornes
qu’elle doit avoir. -
Qlelque bonne idée, dites vous, que
vous en ayez , et quelque excellv nt que
cet Ouvrage vous ait paiû et vous pa
roisse encore, vous rie-pouvez» vous em
' “cher de vous rendre aux raisons du
. P. G. Minime, dont la Lettre Criti
z _ que est , au ‘jugement de plusicgurs. ,' fort
" " ' ‘ judicieuse
'14 MERCURE DE FRANCE
judicieuse. Il est vrai que d’abord on est
frappé de ce u’il dit; mais si on y
prend bien garde , c’est que son stile aisé
et insinuant fait recevoir pour bon tout
ce qui, éxauniné de près , paroît tout
autrement. Je vous exposerai, si vous
voulez bien me le permettre , quelques
réflexions que j'ai Faites sur cette Lettre,
et je serai assez témeraire pour hazarder
de dire librement ce que j'en pense. Je
ne Pentteprcnds que parce que FAuteur
du Spectacle de la Nature a résolu de ne
I
, as re ondre.
P ~,UP I O d l du .
u 1l me soit permis e e 1re. nos
Sçavans ne devroient pas affecter tant
dîndifference pour les Critiques que l’on
fait de leurs Ouvrages. Il y en a,sans
doute , qui ne méritent pas dattention.
I.e faux et l'absurde qui y domine, les
détruit assez, et le meilleur moyen de
réfuter les Auteurs de ces Critiques , est
de garder le silence en les laissant s’ap
plaudir d'un triomphe imaginaire. Mais
qu’en confonde les bonnes Critiques avec
les mauvaises, c’est ce qui ne peut être
qu’injuste,et même , si je l’ose dire , peu
conforme à la charité.
L‘Amo.ur de la paix ne peut être 1e
"principe d’une t lle conduite , et quand
Vil seroit vrai , personne ne s'en persuade
a
J A N VI E R.’ I753.‘ a‘;
"t'a. Les uns prendront le silence d"un Au
teur censuré pour un mépris , et les autres
pourun aveu de ses erreurs; ce qui me
paroi‘: égalemïtt dangereux. A quoi ne
s’emportent pas ceux qui se croyent mé-‘
Prisez E OEe d’invectives de leur partÊ
souvent dans des Ecrits publics. Que de
termes peu mesurez! Et, le dirai je ? que
dïnjures débitées avec amphase et d'une
maniere siindigne du Christianisme! mais
cela n’est propre qu’à ceux qui se croyent
mêprisez. Qie ne disent et que ne pensent
pas ceux qui ont connoissance et de l’Ou—
vrage et de sa Critique? ils se laissent fa-a
cilement emporter â de vains. discours,
delà à la médisance et insensiblement-à la
calomnie. _
Ceux qui au contraire ont assez de va-Î
nité pour regarder le silence d’un Auteur
contre lequel ils auront écrit , comme
un aveu des fautes qu’ils prétendront avoir
relevées , ceux-là , dis- je , ne tardent:
gueres de s’enhardir à quelque chose de
plus , ils se familiarisent avec leurs prê
jugez , et y entraînent les simples et les
ignorans; enfin ils se croyent de grands
génies, et cette erreur dont on ne tra
vaille pas â les désabuser , les engage à
deshonorer la République des Lettres par
des fratras de\ Livres qui ne contiennent
le plus souvent que des mots:
f2? MERCURE DE FRANCE
z On me dira que de véritables Chrétiens
ne tomberont jamais dans l’un ni dans
_1’autre de ces excès. Il est vrai: mais peut
_on se flatter qu’en n'a affaire qu‘à de tol
les gens e Tout un PubliÊnÆst-"il päs té-'
moin de ce qui se passe , et entte-t-il dans
des vuës si justes et si saintes? 1l est né:
cessaire de lui faire connoitre la vérité soie
en avoiiant ses fautes de bonne foi , soit
en réfutant sans aigreur ce qui est injuse
tement censuré. Pardonnezomoi , Maclay-Ï
_me , cette petite disgression , je reviens
à la lettre du R. P. G.
_ Je ne puis y souffrir les équivoques de
Ioäanges et de blâme qui y regnent. (Lie!
est le but de la Critique , si ce n’est de
faire connoîtrc la vérité et de combattre
_lc Faux? Dira-t-on que c’est remplir cc
but, lotsqu’on ne ÿexplique que d’une
maniere équivoque? Il faut, et surtout
dans la Satyre , ÿexpliquer nettement , et
ne point aller chercher du mistcre où il n’y
en a point. C’est abuser de la Critique ,‘
que de ne la pas faire servir à montrer la.
-verité dans tout son jour , et à ne la faire
appercevoir qu'au travers d’une fausse
lueur, ou même d’une épaisse obscurité.
Le R. P. G. auroit pu-temperer quelques
‘termes qui sonnent mal, mais sans doute
il a agi de bonne foi. Il ne fam pas lui
prem’
JANVIE RA.‘ 17332-17
prctcr trop de malice; cela sera échappe’ à
son attention, et il n’aura pas manqué de
se condamner le remier là-dessus.
Bien difierent e vous , Madame ,le R.‘
P. trouve les Dialogues du Spectacle de la
nature froids et languissanrs 5 la raison
qu’il‘cn donne, c'est que les Interlocu
teurs ne lui plaisent pas , parce qu’ils lui
sont inconnus. Il voudroit qu'au lieu de
ceux-ci , on eut fait parler un Dcscartes ,
un Rohault, un P. Malebranchc, 85e. Il
veut prouver son sentiment par l’exem
pie du Poëme Dramatique, et il seroit d'a
vis que, comme dans celui-ci , on n’in-‘
troduisit dans le Dialogue que des homà
mes célebres Je serois tenté de croire que
le R.. P. G. ne cormoît pas bien la nature
ni du Dialogue ni du Poëme Dramatique.‘
Il est vrai qu’on ne perd rien à ignorer
celui-ci et qu’un bon Religieux n’en doit
prepdreconnoissanccqueäpour être mieux
en etat de faire senrirJe anger des SPCC!
taeles. Mais il fandroit être plus circons
pect sur ce qu'on avance. Comparer le
Dialogue au PoëmeDramatique , des:
comparer un sim le appartement à un
grand Palais‘, et ire qu’on_ peut se for
mer la même idée de cet Appartement
que de tout le Palais cl’ont il n’esr qu’une
très-petite partie: sur ce pied un Palais
‘ CI
O
'23 MER CURE DE FRANCE
en contiendroit une centaine d’aurres ,
comme un Poëme Dramatique renferme
roqir en luièmême trente ou quarante au
tres Poëmes Dramatiques , puisque toutes
les Scenes sont presque toujours autant '
de Dialogues, il est inutile dînsisrer sur:
le faux de cette comparaison , il se fait
assez sentir de lui même. Je remarquerai
seulement que les Dialogues sont suscepÂ
Iibles du grand et du merveilleux; ce
pendant le R. P. G. semblene mettre de
difïerence entre les Pièces de Thèarrè et
l'es Dialogues qu’en ce que lcs sujets de
ceux cl sont plus paisibles et plus rran-.
quilès que ceux quioccupenr no‘; Thèarres.
Il cuOEsoit du témoignage et de Pexem
le de Ciccrompour‘ llcur moyen dïnrerespsreroulveesrleqcuteeulres mdeainls
un Dialogue èroit de nefaire parler que
de ‘grands hommes qui se fussent rendus
fameux dans les Sciences sur lesquelles on
veut discourir. Le R. P. G. auroir pu
employer de bonnes raisons pour assurer
son sentiment, plutosr que d’allcr cheræ
cher dans I-Iorace des passages qui ne re
äardentque les Pièces de Théarre. Je veux
ien pour un moment qu’il n'y air point
de diflërence ( quant au fond) entre le
Poëme Dramatique et: le Dialogue. Alors
si des Pièces de Thèarre ont eu un grand
succès
JANVIE RJ17”. 2’
"succès , quoique le fonds et les personna
ges soient de pures fictions, il faut con
venir que des Dialogues dont le sujet est
important , mais dont les interlocuteurs
«sont imaginez , peuvent et avec plus de.
raison que ces Pieces , être du goût des
Sçavans. Or presque toutes les Coméq
dies n’ont d’autre fonds que la fiction
et d'autres personnages que des noms en
l'ait. .
Je ne veux pour preuve de ceci ue
les Comedies de Terence; elles ont ait
tadmiration de tous les siecles et sont en
core aujourdbui les délices des amateurs
des Belles-Lettres. Cependant comment
connoîtuon les personnages qui y jouent
leurs rôles? quel est leur Pays ‘.7 quelles
sont leurs grandes actions P ou dira-fion
que ces Pieccs si parfaites, ne sont pas
es Poëmes Dramatiques?
Le précepte d’Horace de nîmroduire
sur la Scene que des Heros connus , ne re-u.
garde que le Tragique. Encore ce Poëre ne‘
dit-il pas qu’on ne puisse passer outre,
et la manierc dont il le propose est plu
_tôt un conseil qu'une reglc dont la pra.
tique soit absolument necessaire. Ccst ce
pendant â la Comedie plutôt qug 1a T,"
êdie , que le R. P, G. compare le Dia-ç
Îogue. Pourquoi donc citer Horaçe O _
. » n
3e MERCURE DE FRANCE
Ou accordera que le Dialogue feroit
Plus d’impression sur l’esprit des Lec
teurs si on n’y faisoit parler que des
rands hommes. Mais quoi 2 ne tiendra
‘t’il ’à l l l b h d ï
qu eut mettre (ans a ouc e es
discours qu’ils ont peut-être bien tenus
à quelques Particuliers , mais qui ne sont
peut-être jamais entrez ni dans leurs con
versations ni dans leurs disputes? Qïon
ne s’y trompe pas , les Dialogues de Ci
ceron ne sont pas tout-Êt-fait de l’ima
gination de ce sçavant Orateur; il n’a.a
fait dire à ses Interlocuteurs que ce qu’ils
avoienr dit entre eux 5 il est vrai qu'il a
poli leurs discours et que même il y a mis
du sien ; mais le fond est réel 3 ce qui est
nécessaire pour conserver la vrai-sem
blance. .
On peut dire la même chose de Platon.
Ces deux Auteûrs qu’en peut regarder
comme les plus sages et les plus éclairez
de PAntiquitÉ Payenne, nous ont laissé"
dans leurs Dialogues des Chefs-d'oeuvres
de l’Art. Mais ils ne sont faits que pour
"des hommes dont le jugement est formé.
Ces Dialogues s, tout beaux qu’ils sont ,
_ne pourroient, entre les mains de jeu;
nes gens , que leur causer du dégoût et
de l'ennui; tandis que je suis persuadé
que l'es‘ Entretiens ‘du Spectacle de la N44
‘ mm
J V Ï E R. I73;. 31;
mm les charmeront et ne les lasserone
iamais. Cependant les Interlocuteurs de
ces derniers sont deo personnages ima
ginez et ceux des autres sont des homo.
.mes de la plus haute réputation. Et qui
de ce catactere le R. P. G. auroit-il voulu
qu’on fit parler dans les Dialogues du
Spectacle de la Nature? M" Descartes ,
Gassendi , Rohault, Régis , «Sec? C’eûc
été sans doute un plaisant spectacle de
voir ces esprits sublimes , tout pleins de
‘grands objets qu’ils venoient de méditer,
en‘ venir tout d’un coup aux prises les
uns apec les autres sur un Insecte , un
Coquillage , un Poisson , un Oiseau , ôcc.‘
Voilà cependantce qui auroir été du goût
du R. P. Ne pourrdit-on pas lui deman
der s’il y a bien pensé ?
De plus , que fairedire 5. ces grandi
hommes sur des matieres ausquelles ils
ne se sont peut-être jamais arrêtés. Ou il
eût fallu les faire parler en Philosophes,
et‘ alors les jeunes gens pour qui prin
cipalempnt l’Ouvrage dont il s'agir a été
compose,.n’y ourroienratteindre; ou il
eût fallu les aire entrer clairs un Petit
détail de choses qui ne pouvoient être
nouvelles ni aux uns ni aux autres, ce
qui‘ ne seroit plus soutenir leurs carac
teres. Pourquoi le R. P. G. voudroit-il
a {IONS
‘g: MERCURE DE FRANCE
nous persuader qu’un jeune homme â la
{leur de son âge , soit inca able de Par
tention qu’il faut apporter a des Confeq
rences reglées, sur tout lorsque la ma
tiere qu’on y traite est curieuse , agréable
et‘ interessante i‘ Il n’est que trop vrai ;
les jeunes gens de condition sont pou:
‘la plupart ennemis de toute application
d'esprit à ce qui regarde la Religion e:
les Belles-Lettres, et c’est ce qu'on ne
peut trop déplorer. Mais aussi n’y a t’il
pas toûjours de ces heureux génies qui
se portent au bien dès leur jeunesse , _el:
qui saisissent avidement tout ce qu’ils
çroyent pouvoir contribuer à les‘ rendre
meilleurs? ne peut-on pas en supposer
cun pareil? ' v
Je ne sçai ce qui peut faire paroîtrc
méprlsables au R. P. les petits traits de
morale ré andus dans les Entretiens dont
il s’agit. c prétendu defiaut qu’on re
proche encore à un homme recomman
dable par sa pieté et par sa science , s'é
Vanoüitoit bien-tôt; si on pensoit une
bonne fois ue c’est pour jeunesse quclil écrigaussi-bl’iiennsqtruuectli’oAnudteeulra
du Spectacle d: la Nature. Les jeunes gens
font rarement refléxion sur ce qu'ils lisent,
ce qui fait qu’ils ne retirent aucun fruit de
routes leurs lecturesll est donc important
de
, JANVIER. 1733.‘ 5;!
de les accoûtumer de bonne heure à peu;
9er et à tirer d’utilcs leçons de tout ce
qui‘ passe devant leurs yeux. Je veux
bien que dans une Histoire composée
pourjdes Sçavans , on se d_ispense de met.
tre des Refléxions morales un peu éten
duës; mais on ne doit pas blâmer ceux
qui ppur Putilité des jeunes gens, ju,
genra propos d’en ‘user autrement. Si
tant de personnes s’élev_cnt contre cette
pratique-fil faut en convenir, des: que lfa.
mour propre n’y trouve pas son compte.
Une verité qu’on lui montre au doigt, lui
déplaît; il voudroit toujours avoir la satis
factionde l’appercevoir le premienCcst de
tous les ‘vices le plus dominant dans l’hom-,
me et le’ plus injurieux àlaMajesté divine;
dedesr cependant- celui qu’on‘ fomente
avec le plus d’ardeur , au lieu de tâcher
de le réprimer. Il est triste quede nos‘
jours on veüille en faire l’ame de l’ins
nruçriorndes Enfans. Grandinconvenieqt
que "des personnes sensées ont remarqué
ansAun‘ nouveausystême , qui d’ailleurs'
paropxtexcellent. . » ,_ .
_ lînfin le Portrait dt} ŸAne que le R.P.G;
a voulu tourneren ridicule , paroît tel
détache de ce qui précede et de ce qui
\5UlÎ. u’o_n le lise dans le Livrp même
e}: qufpn 1e liscisans préjugé , on n’y dé
couvrira
'54. MERCURE DE FRANCE
couvrira qu’un simple badinage , qugâ
la verité , auroir mieux convenu dansla.
bouche d’un Candidat de Réthorique.
' J ‘ai Fhbnneur d’être , Madame, ôcc.
Le x9 Dccembn 1732.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite à une Dame de Province, au sujet de la Critique du Spectacle de la Nature, par le R. P. G. Minime, inserée dans le Mercure de France du mois de Novembre dernier.
La lettre de L E TTR, publiée dans le Mercure de France de novembre 1752, examine la critique du 'Spectacle de la Nature' par le Père G. Minime. L'auteur note que cet ouvrage suscite des avis variés, tant en province qu'à Paris, et reconnaît ses mérites malgré les critiques. Il souligne que le livre offre un véritable profit à l'étude, au-delà des simples beautés linguistiques. L'auteur critique sévèrement la lettre du Père G. Minime, la qualifiant d'équivoque et malveillante, et regrette que l'auteur du 'Spectacle de la Nature' ne réponde pas aux critiques. Il insiste sur la nécessité de prendre en compte et de réfuter les critiques sans aigreur. L'auteur conteste également les comparaisons établies par le Père G. Minime entre le dialogue et le poème dramatique, défendant la pertinence des interlocuteurs imaginaires dans les dialogues. Il conclut en soulignant l'importance de la morale et de l'éducation des jeunes gens à travers des lectures appropriées. Par ailleurs, le texte aborde la pratique des réflexions morales dans l'écriture de l'histoire. Il reconnaît que, bien que les historiens puissent éviter ces réflexions dans des œuvres destinées à des savants, d'autres souhaitent les inclure pour l'utilité des jeunes gens. Cette pratique est critiquée, notamment parce qu'elle heurte l'amour-propre, un vice dominant et injurieux à la majesté divine, souvent encouragé plutôt que réprimé. L'auteur exprime sa tristesse face à l'intégration de ce vice dans l'éducation des enfants, soulignant un inconvénient remarqué par des personnes sensées. Le texte mentionne également un portrait ridicule d'une jeune fille, présenté comme un simple badinage plutôt qu'une critique sérieuse. La lettre se termine par l'expression de l'honneur de l'auteur à être au service de Madame, datée du 19 décembre 1732.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
779
p. 78-80
PARALLELE de Théophraste et de la Bruyere.
Début :
Ils ont eu tous deux l'avantage d'écrire parfaitement, chacun dans sa langue, [...]
Mots clefs :
Théophraste, La Bruyère, Goût
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PARALLELE de Théophraste et de la Bruyere.
PÂ RA L L E L E de 77254717721516
\ et de lu Bruyore.
Ls ont tous deux Pavantage dïécri
re parfaÏement , chacun dans sa lan
ue , et tous deux dans le même genré
âe composition. Tyrtame fut surnommé
Théophraste, dest-â-dire , un homme
"dont le langage est divin 5 si les surnoms
avoient lieu chez nous comme chez les
Grecs , on appelleroit la ‘Bruyete , B0;
i c c
JA NVI 12R’; ‘:732’: ' 7g
ï
che d'or. L’un a lus de douceur dans son
stile et däiménite dans Pélocution ; il y a
des traits plus hardis , plus vlifs et plus pi.
uants dans Faurre. On it vo entiers
%héophraste pour être instruit, mais il
faut vouloir l’étre;c’est une leçon qu’il
faut apprendre. La Bruyere se lit par re
création , il instruit en recréant et sans
qu’on le veüillew, c'est une critique amu
sante qu’on veut lire. Il y a une MonoJ
tomie dans le Grec, beaucoup plus de
variété et de brillant dans le François.‘
C'est un grand Tableau des passions;
chez l’un le portrait d'un grand nombre
d’hommes y est ébauché; chez Pautre ils
sont tous tirez d’après nature‘, les carac
teres y seroient épuisez s’ils le pouvoient
pêtrc. Théophraste a fait des Peintures gé
nérales des vices et ‘des vertus. Il y a quel
que chose dans Pusage du monde qui n’est
ni vice ni vertu a la Bruyere l’a connu et‘
l’a attrappé. Le premier est fécond en
définitions Métaphysiques, toutes bel
les et heureuses , c’étoit peut — être le
goût de son tcms.‘ Le second a aussi tra
vaillé selon le goût du sien _, et les a né,
gljgécs. ' Ï
Théophraste enfin , selon la manierc
de vivre quïlavoit contractée à l’Ecole de
Platon et d’Aristote, étoit VraimentlPlty
, 0S0:
3o MERCURE DE FRANCE
losophe dans ses moeurs, et comme tel il
en vouloir peut-être plus à la destruction.’
du vice même ,qu’il peint avec des cou,
leurs si noires et si belles. C’est un Prédi
cateur zélé cle la i/ertu. La Bruyere plus
_ Versé parmi les hommes _, en vouloir peut.
être plus aux hommes mêmes , desquels
il avoiuleplus à souffrir; c’est un Misang
xrope rejouissant,
P. C. PASSERAT.‘
\ et de lu Bruyore.
Ls ont tous deux Pavantage dïécri
re parfaÏement , chacun dans sa lan
ue , et tous deux dans le même genré
âe composition. Tyrtame fut surnommé
Théophraste, dest-â-dire , un homme
"dont le langage est divin 5 si les surnoms
avoient lieu chez nous comme chez les
Grecs , on appelleroit la ‘Bruyete , B0;
i c c
JA NVI 12R’; ‘:732’: ' 7g
ï
che d'or. L’un a lus de douceur dans son
stile et däiménite dans Pélocution ; il y a
des traits plus hardis , plus vlifs et plus pi.
uants dans Faurre. On it vo entiers
%héophraste pour être instruit, mais il
faut vouloir l’étre;c’est une leçon qu’il
faut apprendre. La Bruyere se lit par re
création , il instruit en recréant et sans
qu’on le veüillew, c'est une critique amu
sante qu’on veut lire. Il y a une MonoJ
tomie dans le Grec, beaucoup plus de
variété et de brillant dans le François.‘
C'est un grand Tableau des passions;
chez l’un le portrait d'un grand nombre
d’hommes y est ébauché; chez Pautre ils
sont tous tirez d’après nature‘, les carac
teres y seroient épuisez s’ils le pouvoient
pêtrc. Théophraste a fait des Peintures gé
nérales des vices et ‘des vertus. Il y a quel
que chose dans Pusage du monde qui n’est
ni vice ni vertu a la Bruyere l’a connu et‘
l’a attrappé. Le premier est fécond en
définitions Métaphysiques, toutes bel
les et heureuses , c’étoit peut — être le
goût de son tcms.‘ Le second a aussi tra
vaillé selon le goût du sien _, et les a né,
gljgécs. ' Ï
Théophraste enfin , selon la manierc
de vivre quïlavoit contractée à l’Ecole de
Platon et d’Aristote, étoit VraimentlPlty
, 0S0:
3o MERCURE DE FRANCE
losophe dans ses moeurs, et comme tel il
en vouloir peut-être plus à la destruction.’
du vice même ,qu’il peint avec des cou,
leurs si noires et si belles. C’est un Prédi
cateur zélé cle la i/ertu. La Bruyere plus
_ Versé parmi les hommes _, en vouloir peut.
être plus aux hommes mêmes , desquels
il avoiuleplus à souffrir; c’est un Misang
xrope rejouissant,
P. C. PASSERAT.‘
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Résumé : PARALLELE de Théophraste et de la Bruyere.
Le texte compare les œuvres de Théophraste et de La Bruyère, deux auteurs ayant excellé dans leur langue respective et dans le même genre de composition. Théophraste, surnommé 'l'homme au langage divin', se distingue par un style doux et une éloquence aimable. Son œuvre nécessite un effort pour être comprise et instruit ceux qui souhaitent apprendre. En revanche, La Bruyère se lit par récréation et instruit de manière amusante et involontaire. Son style est plus varié et brillant. Théophraste a peint des portraits généraux des vices et des vertus, tandis que La Bruyère a capturé des aspects de la vie mondaine qui ne sont ni vices ni vertus. Théophraste est riche en définitions métaphysiques, reflétant le goût de son époque. La Bruyère, quant à lui, a travaillé selon le goût de son temps et a négligé certains aspects. Théophraste, influencé par Platon et Aristote, était un philosophe dans ses mœurs et visait la destruction du vice. La Bruyère, plus immergé dans la société, semblait en vouloir aux hommes eux-mêmes, dont il avait plus à souffrir. Il est décrit comme un misanthrope réjouissant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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780
p. 81
RÉPONSE aux dix Vers adressez à Mlle de Malcrais, dans le Mercure d'Octobre 1732. sur les mêmes Rimes, par Mlle D. S. F. **
Début :
Toy, qui prétends que parmi bons Ecrits, [...]
Mots clefs :
Mlle de Malcrais, Esprits, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE aux dix Vers adressez à Mlle de Malcrais, dans le Mercure d'Octobre 1732. sur les mêmes Rimes, par Mlle D. S. F. **
R ÊP O NS E aux dix Ver: adrersez. à
M “‘ a’: Malcmir, dam le Mercure
d'Octa6'æ 1732. sur les même: Rime: ,
par Mm D. S. F.’* *
TOy , qui prétends que parmi bons Ecrits ,
Ceux d'une femme ont peine à trouver place ,
Qyi re l’a dit .> apprends-le nous , degraçe ,
'I_‘u te connois assez ‘mal en Esprits ,'
Du nôtre , Ami, soiLdit-sans te déplaire,
L’esprit de _l’hom'me emprunte sa façon ;
Qxoique Malcrais l’ait brillant et profond;
Ceci n’est pas chose extraordinaire ,
Mais naturelle , et partant, ton soupçon ,
N’.est que 1e fruit d’un être imaginaire.
M “‘ a’: Malcmir, dam le Mercure
d'Octa6'æ 1732. sur les même: Rime: ,
par Mm D. S. F.’* *
TOy , qui prétends que parmi bons Ecrits ,
Ceux d'une femme ont peine à trouver place ,
Qyi re l’a dit .> apprends-le nous , degraçe ,
'I_‘u te connois assez ‘mal en Esprits ,'
Du nôtre , Ami, soiLdit-sans te déplaire,
L’esprit de _l’hom'me emprunte sa façon ;
Qxoique Malcrais l’ait brillant et profond;
Ceci n’est pas chose extraordinaire ,
Mais naturelle , et partant, ton soupçon ,
N’.est que 1e fruit d’un être imaginaire.
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Résumé : RÉPONSE aux dix Vers adressez à Mlle de Malcrais, dans le Mercure d'Octobre 1732. sur les mêmes Rimes, par Mlle D. S. F. **
Le 6 octobre 1732, l'auteur répond à Malcmir, contestant l'idée que les écrits des femmes sont moins valorisés. Il affirme que l'esprit humain, masculin ou féminin, est similaire. Il conclut que les préjugés contre les écrits féminins sont infondés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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781
p. 95-100
Abregé de l'Histoire des 24. Peres de l'Eglise, &c. [titre d'après la table]
Début :
ABREGÉ de l'Histoire des 24. Peres de l'Eglise. HISTOIRE abregée des Empereurs [...]
Mots clefs :
Style, Empereurs romains, Beau, Poètes, Règne, Auteurs
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texteReconnaissance textuelle : Abregé de l'Histoire des 24. Peres de l'Eglise, &c. [titre d'après la table]
Anneau’ dePHistoire de 24. Peres de
PEglise} Hrsrome abregée des Empereurs
Romains , depuis JulesÎCesar jusqu?
Constantin le Grand. CARACTERES de 58 A
des meilleurs Historiens , Orareurs , et
Poëtes Grecs , Latins et François. Brochu
re in-u, Le prix est 1g sols. A Pari; f
' - chez‘,
9?,‘ ME RCU RE DE FRANC Ë
1
cheg. ‘Tintin , rua? Judas , Montagne sainte
Genwiéw , 173 z. -
Cet Ouvrage est propre à orner l’es-‘
prit des jeunes gens des deux sexes, qui
pourront acquérir en très-peu de tems une_
connaissance generale des matieres qui y
sont traitées. Il est coznposé de trois par
ties. Dans la premier-e , l’Auteur rapporte
en peu de mots la vie de chacun des 2.4.
Petes de l’E lise. Dans la seconde , il dé-L
crit d’un stiFe vif et animé la vie des an
ciens Empereurs Romains , avec les traits
les plus frapans et les mieux marquez qui
ont signalé leur Empire. On n’a qu’à_lire,
entr’auttes,l’article de Neton et de Dio-À
cletien. Dans la troisième , il marque d’u
ne manière nette et concise, quel a été.
le caractere des Auteurs dont il traite _,’
les bonnes et les mauvaises qualirez de
leur stile. Il n’a dit que deux mots de nos
Poëtes François , Corneille , Racine, Boi
leau, Moliete , 8C0. parce qu'ils sont assez -
con nus.
Cet Ouvrage en general est bien écrit.‘
Le stile des Caracteres est fleuri et bril-j
lant. O'n en pourra juger si on lit l’arti—‘
cle de Tire-Live , page 12,4. Les Çarac-Ï
reres de Fenelon , page 145. et les suivans
jusqu’à la page r55. La beauté du papier:
ctdes caradtcres répondent à la maniete
- ’ ' ‘ dont
u
a
JANVIE R. 1733. 97
dont il est écrit , mais pour mettre sous
les yeux du Lecteur quelque chose qui
_ lui donne une idée de ces Portraits, choi
sissons celui-ci parmi les Empereurs Ro
mains. '
. v
Au meilleur de tous les Peres succeda a
le plus méchant derous les fils. Commo
de ayant pris les Rênes de l’Empire dans
un âge encore tendre , se iaissa entiere
ment corrompre par les flateurs ; de sorte
que sans avoir aucune des qualitez de
Marc-Aurele , il eut presque tous les via
ces de Neron ', quoique son extrême
cruauté cr ses infames débauches eussent
fait revivre le tems malheureux de Domi
tien et de Caligula , il voulut cependant
que son Règne fut appellé le siècle d’or.
"Les Palmes fréquentes qu’il remporta
dans les Combats des Gladiateurs , étoient
quelque chose pour lui de plus grand que
les Triomphes les plus honorables et les
plus glorieux. Il étoit si adroit à lancer le
Javelot et à tirer de l’A rc,qu’il tuoit quel-a
‘quefois en un seul jour cent bêtes sauva
ges. Il lançoit ensuite les Javelots et les
Flèches sur le peuple pour couronner un‘
si beau spectacle. Fier de semblables Ex
ploits , il ajoûta au grand nombre des tia
tres magnifiques qu'il s’étoit déja donnés ,
çeluî dflnvincible et d’Hercule Romaicn.
e
98-M'ERCURE DE FRANCE.‘
Ce monstre plus féroce que toutes les
bêtes qu’il avoir fait périr , fut empoison
né par sa Maîtresse Marcia , e: ensuite
étranglé par un Athlète nommé Narcis
'se ,.la r56 année de son Règne , et la 32.5
“de son âge.
MALHERBE est un des Auteurs à qui la
. Poésie Françoise a le plus dbbligarion.
C’est lui quile premier fit sentir une jus
te cadence dans nos Vers , et qui nous
apprit le choix et Parrangement des mots.
La Nature ne l’avoit pas faitgrand Poëte t,
mais il cortigea cedéfaut par son esprit
et par son travail. (Qelques-unes de ses,
Odes ne vieilliront jamais , parce que le
bon goût est de tous les siécles. Il y mon;
tre d’un stile plein et uniforme tout ce
que la Nature a de plus sublime et de
plus beau , de plus naïf et de plus sim
ple. Ses pensées sont justes , ses expresà
rions sont nobles , son vers aisé , sesifign
tes variées , mais il ne s’en permet jamais
de trop hardies , et sage jusques dans ses
cmportemens , il a presque toujours fait
voit qu’en peut être raisonnable sans être
froid.
-“ Rousseau s’est rendu très-celébre par‘
ses Poésies. C’est un des Auteurs de notre
siecle qu’on lit et qu’en estime le plus.
Le Poëte , mais leaPoëtc admirable {par
J. a roi:
Ï JANVIER)‘ 1733.
‘toit dans plusieurs de ses Odes. On
toit , en lisant sa Traduction des Pseaue
mes de David , qu’il étoit animé du mê- u
‘ me feu dont ce Prophete étoit embrasé.‘
Son Ode contre la Fortune , vaut seule
un long Poëme , et surpasse tout ce que
les Anciens ont jamais fait de meilleur en
ce genre , 86C. * ,.
. LA M o -r r s. La Politesse de lîexpresa
sion , et la justesse du raisonnement," forà
ment le caractere propre de cet Illustre
Académicien , 8m. .
LA FONTAINE , qu’on peut appeller le
Phedre François , est dans toutes ses fa.
‘blcs ingénieux , naïf et charmant a on ne
peut le lire sans être agréablement ÏDSÂ
truie , et on n’en peut quitter la lecture,
tans souhaiter de la reprendre. .
t CLsMaNr MARDI‘ vivoit sous le Regne
de François I. c’est le plus ancien de nos
bons Poëtes; mais il semble renaître tous
les ans; sa vivacité naturelle er son agré
ment lui donnentun air de jeunesse qui’
brille jusques dans son vieux langage. Il
afait en qznelque- sorte la fortune de beau
coup d’anciens motsnqubn emprunte
volontiers de lui , et qu on employe mê
me à titre d'ornement. Jamais il ne fiat
plus à la mode qu'à ptesent ',.il est du hel
esprit de le copier t, et on est presque sûr
d’être
t
äooMEiRCURiîeDEFRANCËg
d’êtte applaudi de certaines gcns,avcc
une piece Marotique. .
Du CsaceAu a mieux imité que per.‘
sonne, l'élégant badinage de Marot. La
charmante naïveté qui se trouve dans ses
pensées, ses tours ingénieux, sa diction
pure et enjoüée ne sont pas ses seuls ta
ens , il sçait aussi répandre une noblesse
et une dignité merveilleuse sur les cho
ses qui en patoissent le moins suscepti
bles. Cc qu’il dit,est ordinairement assez
commun pour le Fond , mais il le presen
te sous des jours qui lui donnent un
air de nouveauté et quelque chose de pi-q
quant. Le naturel et le vrai sont , pour
ainsi dire, le fond et la matiere de ses
Ouvrages. Rien de plus simple pour l’ot
dinairc que ses sujets ; mais il a soin de
les relever par une ‘versification aisée et
coulante; par une fécondité, une délicaé
tesse 5 une netteté d'expression , et , si
j'ose le dire , par une qui plaisent infinimentl.égSèareMtéusdee Pesitncgeaayu;‘ l
ct badine , mais elle ne s’écarte jamais des
regles de la bienséance et du devoir.
PEglise} Hrsrome abregée des Empereurs
Romains , depuis JulesÎCesar jusqu?
Constantin le Grand. CARACTERES de 58 A
des meilleurs Historiens , Orareurs , et
Poëtes Grecs , Latins et François. Brochu
re in-u, Le prix est 1g sols. A Pari; f
' - chez‘,
9?,‘ ME RCU RE DE FRANC Ë
1
cheg. ‘Tintin , rua? Judas , Montagne sainte
Genwiéw , 173 z. -
Cet Ouvrage est propre à orner l’es-‘
prit des jeunes gens des deux sexes, qui
pourront acquérir en très-peu de tems une_
connaissance generale des matieres qui y
sont traitées. Il est coznposé de trois par
ties. Dans la premier-e , l’Auteur rapporte
en peu de mots la vie de chacun des 2.4.
Petes de l’E lise. Dans la seconde , il dé-L
crit d’un stiFe vif et animé la vie des an
ciens Empereurs Romains , avec les traits
les plus frapans et les mieux marquez qui
ont signalé leur Empire. On n’a qu’à_lire,
entr’auttes,l’article de Neton et de Dio-À
cletien. Dans la troisième , il marque d’u
ne manière nette et concise, quel a été.
le caractere des Auteurs dont il traite _,’
les bonnes et les mauvaises qualirez de
leur stile. Il n’a dit que deux mots de nos
Poëtes François , Corneille , Racine, Boi
leau, Moliete , 8C0. parce qu'ils sont assez -
con nus.
Cet Ouvrage en general est bien écrit.‘
Le stile des Caracteres est fleuri et bril-j
lant. O'n en pourra juger si on lit l’arti—‘
cle de Tire-Live , page 12,4. Les Çarac-Ï
reres de Fenelon , page 145. et les suivans
jusqu’à la page r55. La beauté du papier:
ctdes caradtcres répondent à la maniete
- ’ ' ‘ dont
u
a
JANVIE R. 1733. 97
dont il est écrit , mais pour mettre sous
les yeux du Lecteur quelque chose qui
_ lui donne une idée de ces Portraits, choi
sissons celui-ci parmi les Empereurs Ro
mains. '
. v
Au meilleur de tous les Peres succeda a
le plus méchant derous les fils. Commo
de ayant pris les Rênes de l’Empire dans
un âge encore tendre , se iaissa entiere
ment corrompre par les flateurs ; de sorte
que sans avoir aucune des qualitez de
Marc-Aurele , il eut presque tous les via
ces de Neron ', quoique son extrême
cruauté cr ses infames débauches eussent
fait revivre le tems malheureux de Domi
tien et de Caligula , il voulut cependant
que son Règne fut appellé le siècle d’or.
"Les Palmes fréquentes qu’il remporta
dans les Combats des Gladiateurs , étoient
quelque chose pour lui de plus grand que
les Triomphes les plus honorables et les
plus glorieux. Il étoit si adroit à lancer le
Javelot et à tirer de l’A rc,qu’il tuoit quel-a
‘quefois en un seul jour cent bêtes sauva
ges. Il lançoit ensuite les Javelots et les
Flèches sur le peuple pour couronner un‘
si beau spectacle. Fier de semblables Ex
ploits , il ajoûta au grand nombre des tia
tres magnifiques qu'il s’étoit déja donnés ,
çeluî dflnvincible et d’Hercule Romaicn.
e
98-M'ERCURE DE FRANCE.‘
Ce monstre plus féroce que toutes les
bêtes qu’il avoir fait périr , fut empoison
né par sa Maîtresse Marcia , e: ensuite
étranglé par un Athlète nommé Narcis
'se ,.la r56 année de son Règne , et la 32.5
“de son âge.
MALHERBE est un des Auteurs à qui la
. Poésie Françoise a le plus dbbligarion.
C’est lui quile premier fit sentir une jus
te cadence dans nos Vers , et qui nous
apprit le choix et Parrangement des mots.
La Nature ne l’avoit pas faitgrand Poëte t,
mais il cortigea cedéfaut par son esprit
et par son travail. (Qelques-unes de ses,
Odes ne vieilliront jamais , parce que le
bon goût est de tous les siécles. Il y mon;
tre d’un stile plein et uniforme tout ce
que la Nature a de plus sublime et de
plus beau , de plus naïf et de plus sim
ple. Ses pensées sont justes , ses expresà
rions sont nobles , son vers aisé , sesifign
tes variées , mais il ne s’en permet jamais
de trop hardies , et sage jusques dans ses
cmportemens , il a presque toujours fait
voit qu’en peut être raisonnable sans être
froid.
-“ Rousseau s’est rendu très-celébre par‘
ses Poésies. C’est un des Auteurs de notre
siecle qu’on lit et qu’en estime le plus.
Le Poëte , mais leaPoëtc admirable {par
J. a roi:
Ï JANVIER)‘ 1733.
‘toit dans plusieurs de ses Odes. On
toit , en lisant sa Traduction des Pseaue
mes de David , qu’il étoit animé du mê- u
‘ me feu dont ce Prophete étoit embrasé.‘
Son Ode contre la Fortune , vaut seule
un long Poëme , et surpasse tout ce que
les Anciens ont jamais fait de meilleur en
ce genre , 86C. * ,.
. LA M o -r r s. La Politesse de lîexpresa
sion , et la justesse du raisonnement," forà
ment le caractere propre de cet Illustre
Académicien , 8m. .
LA FONTAINE , qu’on peut appeller le
Phedre François , est dans toutes ses fa.
‘blcs ingénieux , naïf et charmant a on ne
peut le lire sans être agréablement ÏDSÂ
truie , et on n’en peut quitter la lecture,
tans souhaiter de la reprendre. .
t CLsMaNr MARDI‘ vivoit sous le Regne
de François I. c’est le plus ancien de nos
bons Poëtes; mais il semble renaître tous
les ans; sa vivacité naturelle er son agré
ment lui donnentun air de jeunesse qui’
brille jusques dans son vieux langage. Il
afait en qznelque- sorte la fortune de beau
coup d’anciens motsnqubn emprunte
volontiers de lui , et qu on employe mê
me à titre d'ornement. Jamais il ne fiat
plus à la mode qu'à ptesent ',.il est du hel
esprit de le copier t, et on est presque sûr
d’être
t
äooMEiRCURiîeDEFRANCËg
d’êtte applaudi de certaines gcns,avcc
une piece Marotique. .
Du CsaceAu a mieux imité que per.‘
sonne, l'élégant badinage de Marot. La
charmante naïveté qui se trouve dans ses
pensées, ses tours ingénieux, sa diction
pure et enjoüée ne sont pas ses seuls ta
ens , il sçait aussi répandre une noblesse
et une dignité merveilleuse sur les cho
ses qui en patoissent le moins suscepti
bles. Cc qu’il dit,est ordinairement assez
commun pour le Fond , mais il le presen
te sous des jours qui lui donnent un
air de nouveauté et quelque chose de pi-q
quant. Le naturel et le vrai sont , pour
ainsi dire, le fond et la matiere de ses
Ouvrages. Rien de plus simple pour l’ot
dinairc que ses sujets ; mais il a soin de
les relever par une ‘versification aisée et
coulante; par une fécondité, une délicaé
tesse 5 une netteté d'expression , et , si
j'ose le dire , par une qui plaisent infinimentl.égSèareMtéusdee Pesitncgeaayu;‘ l
ct badine , mais elle ne s’écarte jamais des
regles de la bienséance et du devoir.
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Résumé : Abregé de l'Histoire des 24. Peres de l'Eglise, &c. [titre d'après la table]
Le document présente un ouvrage intitulé 'Anneau de l'Histoire de 24 Pères de l'Église et des Empereurs Romains, depuis Jules César jusqu'à Constantin le Grand'. Cet ouvrage est structuré en trois parties. La première partie expose brièvement la vie de 24 Pères de l'Église. La seconde partie décrit de manière vivante la vie des anciens empereurs romains, en mettant en avant leurs traits les plus marquants. La troisième partie évalue de façon concise les caractéristiques des auteurs grecs, latins et français, en mentionnant brièvement des poètes français tels que Corneille, Racine, Boileau et Molière. L'ouvrage est bien écrit, avec un style fleuri et brillant, et est destiné à enrichir l'esprit des jeunes gens des deux sexes en leur offrant une connaissance générale des matières traitées. Parmi les empereurs romains, le texte mentionne Commode, fils de Marc-Aurèle, qui se laissa corrompre par les flatteurs. Son règne fut marqué par la cruauté et les débauches. Commode fut empoisonné par sa maîtresse Marcia et ensuite étranglé par un athlète nommé Narcisse. Le document mentionne également des poètes français tels que Malherbe, connu pour avoir introduit une juste cadence dans la poésie française, et Rousseau, célèbre pour ses poésies et sa traduction des Psaumes de David. La Fontaine est décrit comme le Phèdre français, ingénieux et charmant. Marot, vivant sous le règne de François I, est loué pour sa vivacité et son agrément, tandis que Du Bellay est apprécié pour son élégant badinage et sa diction pure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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782
p. 100-106
Poësies composées et récitées au College de Louis le Grand, [titre d'après la table]
Début :
MUSAE RHETORICES seu Carminum libri sex, à selectis Rhetorices Alumnis in [...]
Mots clefs :
Collège Louis le Grand, Roi, Reine, Frères, Poésies, Rhétoriciens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Poësies composées et récitées au College de Louis le Grand, [titre d'après la table]
Mvsæ RHETORICES seu Carminum li-' _
bri sex , à selectis Rhetorices Alumnis in
Regio Ludovici Magni Collegio , élabo
tari
JANŸIE R} 173;: x61‘
e tari et palàm recitati, 8Ce. dest-à-dire,
‘six Livres de Paësits , comparée: et retirées,
par des Rbétoricien: choisir , du Collage de
LOUIS LE GRAND ,mr divers Sujets propo
ne parle R. P. m; LA SANTE , de la Cam
Przgnie de Jnsus. vol. in 12. de 28S pag.
A Paris , chez les Freres Barâou , ruë S.
Jacques, aux Cicognes , 1732.
Ce Recueil a déja reçu les applaudisseä
mens du Public éclairé; il fait également
honneur à ‘Phabile Maître qui en a four- a
ni les sujets , et aux illustres Eleves qui
les ont heureusement exécutez. La gran
de variété ui s'y trouve en augmente l’a
grémcnt gi fait en même - temps notre
embarras, étant assez difficile de se dé
terminer our le choix dans un nombre
considéra le de Pièces difFerentes , qui
ont ‘toutes leurs beautez, et dont la plus:
part excellent dans leur genre. v
Nous nous arrêterpns à l’une de celles.
qui nous ont le plus frappez et dontle
sujet a interessé toute l’Europe. C'est
l'heureuse convalescence du Roy , célé
brée par M‘ le Marquis de Charost ,fils
de M.le Duc de Bethune. Cette‘ belle
Piece est _la XII‘, du III‘ Livre, et porte
ce titre : CHARITUM Trutnupnus ,siz/e 4d‘
LuDovrcuM moïèi gratin: drpopnlanti:
vutorem soterm.
Le
m MER CURE m: FRANCE.‘
"7
Le Poëre représente d’abord le Roy et
l la Reine goûtantâ Fontainebleau les plais
sirs innocens de la‘ plus belle des Saisons;
Plaisir , au milieu desquels une cruelle et
dangereuse contagion empoisonne l'air ,2
attaque le plus aimable des Rois.
En: lues , mal: fæda lues , quam taèidus Ami"
Pulmomcm exhala penetvalilru: , inficit auras ,
fltque abigit Zephiros , hilare»: quiêm invide‘
Aulam ,
Imvidm namque sole: fwar Julian m'en tarda.
‘ Suit le portrait inimitable de la petite
Verole naissante, et la description de ses
progrès. Les Graces afiligées, font des
efiorts inutiles. Elles s’attachent à defïen
cire du moins FAuguste Visage du Monar
que attaqué :
Obsimmt tlmrites ; turôam m! rider inumm ,
Dira Eraêi sobales. Rimsfugere , pa-varem ,
Conteperejoci. Q5455 se con-verrai ad‘ nm: ,
Gms Charitùm e gemit , et Iiegem defmdere forums
Cum negueat , Regis certat defendere «vultus ,
Conspimos vultus , ubi pactofoedere juntm
Insidet imgusm mm Majestzm wenusms ,
Et simul 06s: uium, simul mm ne i nifumorelmi
Î S3
La Reine , notre Auguste Reine , en.
vérin
_, J A N VIE R8 1733, ‘je;
véritable Amazone , pourparlcr le lcn;
gageide llllustre Poëte, non seulement
se’ joint a la Troupe des Graces, dans le
même dessein; mais s’exposc à tous les
dangers de la plus intime communica-g;
{ion , pour sauver un Epoux; un Monar-‘
que si cher. Cet endroit est des mieux
touchez.
s
I
Sallkitäs Cbtrrimm m?» partimr Âmuon , r!
Inclytz ; ne: raison rastas âme sedula tmltum ,
Corpus a 0mn: km CoNJUx animes» Manrrt.‘ ‘
Propagnnre parut , propriaque mlute salutam
Rners amentis amant opte: Rnema redmzptamQ
Tout ce qui suit est si beau, si pathe-i
tique,sur tout Pendroit qui peint la consç.
tance héroïque du Roy, 8re. que nous -
croïons devoir le donner icy dans son en
tier. Les Connoisseurs nous en sçauront
gré. V n.
REGINÆ que»: mngit amer ,° ne: peut‘: imago ,'
Nec dolar , nm fbrmn vint/e parie-u!» terre»: ,
Consmntem L onoicr animum. Livet aria Ring,
Àtque jaci fugiimt , ager Mme» ipse jocamr ,
Pugna fit Heroi Indus , ma vulnmz rider;
B 0 R n o N r n n M meurtris meminit Mmm ma:
dom/Indis
æugnnnzem namm jtwnt pimmarer , c: min ,
. V3
m, MERCURE DE FRANCE
' î’i prvpria extrudit virus , plantasque salnkres ,
Qe/as pari: ipsn. , tiäi solers Medieina , ministmt ,
Pharmuaque et parus agro interdieit amaros , I
Èt proml ire juëet «venu. instrument/t semnda ,
Qtippe ‘nefas repumt pretioso bac sanguine rings‘.
" A: neque mm nntuia sngax , Medeeinawve [ms
dens ,
Ne: sueei , planuque lev/tut, superant-ve dolarema
Q5217» z'ictrix inmnmssa constant?» menti: ,
fltque Profeem Polo , nutrita m6 I-Imcuu-z virtus.
l
Durn Lonoxx pugnæt, pugnä dum «uineie, e)
ntram ,
E memâris Aulaîquefugat m5 Tnrtam Pestem ;
Fuma , lneessentis fnemt que nnntia Monstri ,
figue mem varias Europe impleverat Urlzes.
Ha: rewlnns adit , nuque tuba plant/lente per omne!
Lat» refert populos Regem vieisse, nefzmdnm
Dzjfugisse luge». Gaudet gens quaque seqnestrum ,
' Convaluisse mum , qui num Regm serermt ,
fufigque‘ Pacatafaeit Arbiter aria manda. ,
5.4i Cburins dignnm ante alias diademite fron-î
rem ,
v Ut damita intnctam Pesti videre , triumpbum , .
Cpneinuers , simulque hilnres dngrere ehoreas ,
Unanimesqtu nm’ manimmmm insigne triltm
fi” 9 L
Extra;
‘n
æ
JANVIER. 1733.‘ ‘m,
‘î, _.
Extruxere , êrew‘ signutum curmine , Amas-i: , l’
Qfiad munus insculpsit celuntis ucumim tcli ;
H00 LODOIX CHARIruM DEFORMI rx non-n
TROPÆUM , t w
Versiculi scriptor , Lonorcxs umubila nome» ,
flltius infixit Gullorum in peczan umutum r
Hi ccleéruntinomcn , vurïisque trapau, Pyrasguo
Erexere lacis z Lonorco saspit: ,saspes
Gullia ncmpe sibi , valut ‘a-gra est agru‘, vuidetur.
Nos etium ingmata ingenui Pietutis Alumni,
Nos qui te à tencris sumeruri et umure docemur ,'
O noNn REX ; guasque ips; tua dzgnuris umare
Muneriéusque tufs , hîc exultumus avances , _
Te sulva , tegue incalumi ; gua vindice regnut
Relligia et stuâili , quam sperut ,pace fluetur.
Hinc amnes m‘ pluusu Strepitugue secundo ,‘
E: festa‘ prace lani ium testumur umcmtes ,
Qoemque prius mæstis oneruvimus athem van": ,'
Missiliêus recreure juvut nunc igniéus. Ædes
Hac dulci clumare sonuizt , Rsx vrvnaufllumnas
Instigunt studiis , excmpla , et. -vace Magistrat;
fi E X valet , ucclumunt , Kex dzgnus «uirverai
nvm‘- ' '
Basnxus n: Cuanosr.
Nous sommes fâchez de ne pouvoir pas
klonner icy d’autres Morceaux de ce Re
,_ J. _ q F’ cedil
o
{eËM ERCURF. DE FRANCE.‘
æ
cueil qui meritent une attention particn.
liere; mais nous ne sçaurions passer sous;
silence le beau Discours Préliminaire
aiclclressé aux Lecteurs par le Libraire,qou
lntôt par les Éditeurs du Receuil; Ce
Ëiscours , outre l'instruction et l'utilité
ufil renferme , est d’une élégance et‘
‘une pureté de Diction peu commune,
ensortcv qu’en est presque étonné cle voir
icÿ les Freres Barbe}: parler aussi admi
rablement bien Latin que les Eriennes,
les Manuces , 8Ce.
bri sex , à selectis Rhetorices Alumnis in
Regio Ludovici Magni Collegio , élabo
tari
JANŸIE R} 173;: x61‘
e tari et palàm recitati, 8Ce. dest-à-dire,
‘six Livres de Paësits , comparée: et retirées,
par des Rbétoricien: choisir , du Collage de
LOUIS LE GRAND ,mr divers Sujets propo
ne parle R. P. m; LA SANTE , de la Cam
Przgnie de Jnsus. vol. in 12. de 28S pag.
A Paris , chez les Freres Barâou , ruë S.
Jacques, aux Cicognes , 1732.
Ce Recueil a déja reçu les applaudisseä
mens du Public éclairé; il fait également
honneur à ‘Phabile Maître qui en a four- a
ni les sujets , et aux illustres Eleves qui
les ont heureusement exécutez. La gran
de variété ui s'y trouve en augmente l’a
grémcnt gi fait en même - temps notre
embarras, étant assez difficile de se dé
terminer our le choix dans un nombre
considéra le de Pièces difFerentes , qui
ont ‘toutes leurs beautez, et dont la plus:
part excellent dans leur genre. v
Nous nous arrêterpns à l’une de celles.
qui nous ont le plus frappez et dontle
sujet a interessé toute l’Europe. C'est
l'heureuse convalescence du Roy , célé
brée par M‘ le Marquis de Charost ,fils
de M.le Duc de Bethune. Cette‘ belle
Piece est _la XII‘, du III‘ Livre, et porte
ce titre : CHARITUM Trutnupnus ,siz/e 4d‘
LuDovrcuM moïèi gratin: drpopnlanti:
vutorem soterm.
Le
m MER CURE m: FRANCE.‘
"7
Le Poëre représente d’abord le Roy et
l la Reine goûtantâ Fontainebleau les plais
sirs innocens de la‘ plus belle des Saisons;
Plaisir , au milieu desquels une cruelle et
dangereuse contagion empoisonne l'air ,2
attaque le plus aimable des Rois.
En: lues , mal: fæda lues , quam taèidus Ami"
Pulmomcm exhala penetvalilru: , inficit auras ,
fltque abigit Zephiros , hilare»: quiêm invide‘
Aulam ,
Imvidm namque sole: fwar Julian m'en tarda.
‘ Suit le portrait inimitable de la petite
Verole naissante, et la description de ses
progrès. Les Graces afiligées, font des
efiorts inutiles. Elles s’attachent à defïen
cire du moins FAuguste Visage du Monar
que attaqué :
Obsimmt tlmrites ; turôam m! rider inumm ,
Dira Eraêi sobales. Rimsfugere , pa-varem ,
Conteperejoci. Q5455 se con-verrai ad‘ nm: ,
Gms Charitùm e gemit , et Iiegem defmdere forums
Cum negueat , Regis certat defendere «vultus ,
Conspimos vultus , ubi pactofoedere juntm
Insidet imgusm mm Majestzm wenusms ,
Et simul 06s: uium, simul mm ne i nifumorelmi
Î S3
La Reine , notre Auguste Reine , en.
vérin
_, J A N VIE R8 1733, ‘je;
véritable Amazone , pourparlcr le lcn;
gageide llllustre Poëte, non seulement
se’ joint a la Troupe des Graces, dans le
même dessein; mais s’exposc à tous les
dangers de la plus intime communica-g;
{ion , pour sauver un Epoux; un Monar-‘
que si cher. Cet endroit est des mieux
touchez.
s
I
Sallkitäs Cbtrrimm m?» partimr Âmuon , r!
Inclytz ; ne: raison rastas âme sedula tmltum ,
Corpus a 0mn: km CoNJUx animes» Manrrt.‘ ‘
Propagnnre parut , propriaque mlute salutam
Rners amentis amant opte: Rnema redmzptamQ
Tout ce qui suit est si beau, si pathe-i
tique,sur tout Pendroit qui peint la consç.
tance héroïque du Roy, 8re. que nous -
croïons devoir le donner icy dans son en
tier. Les Connoisseurs nous en sçauront
gré. V n.
REGINÆ que»: mngit amer ,° ne: peut‘: imago ,'
Nec dolar , nm fbrmn vint/e parie-u!» terre»: ,
Consmntem L onoicr animum. Livet aria Ring,
Àtque jaci fugiimt , ager Mme» ipse jocamr ,
Pugna fit Heroi Indus , ma vulnmz rider;
B 0 R n o N r n n M meurtris meminit Mmm ma:
dom/Indis
æugnnnzem namm jtwnt pimmarer , c: min ,
. V3
m, MERCURE DE FRANCE
' î’i prvpria extrudit virus , plantasque salnkres ,
Qe/as pari: ipsn. , tiäi solers Medieina , ministmt ,
Pharmuaque et parus agro interdieit amaros , I
Èt proml ire juëet «venu. instrument/t semnda ,
Qtippe ‘nefas repumt pretioso bac sanguine rings‘.
" A: neque mm nntuia sngax , Medeeinawve [ms
dens ,
Ne: sueei , planuque lev/tut, superant-ve dolarema
Q5217» z'ictrix inmnmssa constant?» menti: ,
fltque Profeem Polo , nutrita m6 I-Imcuu-z virtus.
l
Durn Lonoxx pugnæt, pugnä dum «uineie, e)
ntram ,
E memâris Aulaîquefugat m5 Tnrtam Pestem ;
Fuma , lneessentis fnemt que nnntia Monstri ,
figue mem varias Europe impleverat Urlzes.
Ha: rewlnns adit , nuque tuba plant/lente per omne!
Lat» refert populos Regem vieisse, nefzmdnm
Dzjfugisse luge». Gaudet gens quaque seqnestrum ,
' Convaluisse mum , qui num Regm serermt ,
fufigque‘ Pacatafaeit Arbiter aria manda. ,
5.4i Cburins dignnm ante alias diademite fron-î
rem ,
v Ut damita intnctam Pesti videre , triumpbum , .
Cpneinuers , simulque hilnres dngrere ehoreas ,
Unanimesqtu nm’ manimmmm insigne triltm
fi” 9 L
Extra;
‘n
æ
JANVIER. 1733.‘ ‘m,
‘î, _.
Extruxere , êrew‘ signutum curmine , Amas-i: , l’
Qfiad munus insculpsit celuntis ucumim tcli ;
H00 LODOIX CHARIruM DEFORMI rx non-n
TROPÆUM , t w
Versiculi scriptor , Lonorcxs umubila nome» ,
flltius infixit Gullorum in peczan umutum r
Hi ccleéruntinomcn , vurïisque trapau, Pyrasguo
Erexere lacis z Lonorco saspit: ,saspes
Gullia ncmpe sibi , valut ‘a-gra est agru‘, vuidetur.
Nos etium ingmata ingenui Pietutis Alumni,
Nos qui te à tencris sumeruri et umure docemur ,'
O noNn REX ; guasque ips; tua dzgnuris umare
Muneriéusque tufs , hîc exultumus avances , _
Te sulva , tegue incalumi ; gua vindice regnut
Relligia et stuâili , quam sperut ,pace fluetur.
Hinc amnes m‘ pluusu Strepitugue secundo ,‘
E: festa‘ prace lani ium testumur umcmtes ,
Qoemque prius mæstis oneruvimus athem van": ,'
Missiliêus recreure juvut nunc igniéus. Ædes
Hac dulci clumare sonuizt , Rsx vrvnaufllumnas
Instigunt studiis , excmpla , et. -vace Magistrat;
fi E X valet , ucclumunt , Kex dzgnus «uirverai
nvm‘- ' '
Basnxus n: Cuanosr.
Nous sommes fâchez de ne pouvoir pas
klonner icy d’autres Morceaux de ce Re
,_ J. _ q F’ cedil
o
{eËM ERCURF. DE FRANCE.‘
æ
cueil qui meritent une attention particn.
liere; mais nous ne sçaurions passer sous;
silence le beau Discours Préliminaire
aiclclressé aux Lecteurs par le Libraire,qou
lntôt par les Éditeurs du Receuil; Ce
Ëiscours , outre l'instruction et l'utilité
ufil renferme , est d’une élégance et‘
‘une pureté de Diction peu commune,
ensortcv qu’en est presque étonné cle voir
icÿ les Freres Barbe}: parler aussi admi
rablement bien Latin que les Eriennes,
les Manuces , 8Ce.
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Résumé : Poësies composées et récitées au College de Louis le Grand, [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil de poèmes intitulé 'Mvsæ RHETORICES seu Carminum libri sex', composé par des élèves en rhétorique du Collège de Louis le Grand. Publié en 1732 à Paris par les Frères Barbe, cet ouvrage a été acclamé par le public éclairé et rend hommage tant aux maîtres qui ont fourni les sujets qu'aux élèves qui les ont exécutés. La diversité et la qualité des pièces rendent difficile le choix parmi elles. Une pièce particulière, la douzième du troisième livre, intitulée 'CHARITUM Trutnupnus Ludovici Magni gratiam depropnanti vutorem sotern', est mise en avant. Ce poème, écrit par le Marquis de Charost, célèbre la convalescence du roi. Il décrit le roi et la reine à Fontainebleau, affectés par une contagion. La reine, comparée à une Amazone, se joint aux Grâces pour sauver le roi. Le poème détaille ensuite la convalescence héroïque du roi, avec des descriptions pathétiques et émouvantes. Le texte exprime le regret de ne pas pouvoir mentionner d'autres morceaux du recueil, mais souligne l'élégance et la pureté du discours préliminaire adressé aux lecteurs par les éditeurs.
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783
p. 106-108
Traité des dissentions entre les Nobles et le Peuple, &c. [titre d'après la table]
Début :
TRAITÉ DES DISSENSIONS entre les Nobles et le Peuple, dans les Républiques [...]
Mots clefs :
Nobles, Peuple, Républiques, Mensonges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité des dissentions entre les Nobles et le Peuple, &c. [titre d'après la table]
TRAITE‘ DES DISSENSIQNS entre les
Nobles et le Peuple, dans les Républi
ques d‘Athénes et de Rome , 8re. L’Art
de ramper en" Poësie,et l’Art du MCfl-z
songe Politique , traduits de ’ nglois cle
M. Suvift; in 12.. de 564. pa , ‘sans les
Tables ct lüäverrissement. A Aletbobaé
thapseudopolis , et se vend à, Paris , chez.
Îean-Frnnpois fosse , me‘ S, Jacques, à I4
Flenr de Lys d'or. 1733; i a ' '
._ Le nom seul de M. Son/ifs, Auteur des
Voyages de Gnlliwr , traduits en Fran-L
coi; depuis quelques années, suffit pour
rendre ce Recueil recommandable; les
trois Traitez dont il est composé, sont
‘légalement interessans‘ chacun dans son
genre. On voir par le premier ,qui est
_
A
l JANVIER.‘ 17.33." ‘m7
1'111 Ouvrage sérieux; combien l-es Dissen<
Jsions sont dangeripuses dans quelque Etat
ue ce soit; u’e äue jamais (qu'auesdénseasveantteargmeinednhttiirdeess
deux partis , ou même au désavantage de
tous les deux , et que souvent la Tyran
“nie d'un seul en est le fruit. L’Auteur y
ta principalement en vûë les troubles
ecPAngleterresmais ce qu’il dit de cet Etar‘,
peut servir (Plnstructlon à plusieurs au
tres Ro aumes. ‘ -
Le secyond ', est une Critique badine et
ironique des Poëtes modernes, qui au lieu
de suivre les anciens, et de tendre au vé
ritable sublime , ont suivi une nouvelle
‘routgen se livrant à une façon de penser,
bizarre etanti-naturelle ,et enséloignanc
des routes du sens commlun , pour courir
a rês le faux bel Es rir,i est intitulé:Tra'i
"ri; du Barn: ou du gtofond. L’Auteur fait
sentir que certains Ecrivains croïant s'é
lever jus’ u’au sublime , tombent plutôt
dans Pabime , ce qu’il appelle le profond
ou autrement le 1ms. '
Le troisiéme est un Extrait burlesque
d’un Traité imaginaire du Mensonge Po
litique, qu’on feint être actuellement sous
fjäessecpt qu’on proposp par slousäqption.
A n y istin ue et ex l ue es l eren
tés sortes degMensongpesîlet on donne’ un
"3 F Prof
4108 M ËRCURE DE îFRANCE
, Paroîtra allégorique en bien des endroits.
Nobles et le Peuple, dans les Républi
ques d‘Athénes et de Rome , 8re. L’Art
de ramper en" Poësie,et l’Art du MCfl-z
songe Politique , traduits de ’ nglois cle
M. Suvift; in 12.. de 564. pa , ‘sans les
Tables ct lüäverrissement. A Aletbobaé
thapseudopolis , et se vend à, Paris , chez.
Îean-Frnnpois fosse , me‘ S, Jacques, à I4
Flenr de Lys d'or. 1733; i a ' '
._ Le nom seul de M. Son/ifs, Auteur des
Voyages de Gnlliwr , traduits en Fran-L
coi; depuis quelques années, suffit pour
rendre ce Recueil recommandable; les
trois Traitez dont il est composé, sont
‘légalement interessans‘ chacun dans son
genre. On voir par le premier ,qui est
_
A
l JANVIER.‘ 17.33." ‘m7
1'111 Ouvrage sérieux; combien l-es Dissen<
Jsions sont dangeripuses dans quelque Etat
ue ce soit; u’e äue jamais (qu'auesdénseasveantteargmeinednhttiirdeess
deux partis , ou même au désavantage de
tous les deux , et que souvent la Tyran
“nie d'un seul en est le fruit. L’Auteur y
ta principalement en vûë les troubles
ecPAngleterresmais ce qu’il dit de cet Etar‘,
peut servir (Plnstructlon à plusieurs au
tres Ro aumes. ‘ -
Le secyond ', est une Critique badine et
ironique des Poëtes modernes, qui au lieu
de suivre les anciens, et de tendre au vé
ritable sublime , ont suivi une nouvelle
‘routgen se livrant à une façon de penser,
bizarre etanti-naturelle ,et enséloignanc
des routes du sens commlun , pour courir
a rês le faux bel Es rir,i est intitulé:Tra'i
"ri; du Barn: ou du gtofond. L’Auteur fait
sentir que certains Ecrivains croïant s'é
lever jus’ u’au sublime , tombent plutôt
dans Pabime , ce qu’il appelle le profond
ou autrement le 1ms. '
Le troisiéme est un Extrait burlesque
d’un Traité imaginaire du Mensonge Po
litique, qu’on feint être actuellement sous
fjäessecpt qu’on proposp par slousäqption.
A n y istin ue et ex l ue es l eren
tés sortes degMensongpesîlet on donne’ un
"3 F Prof
4108 M ËRCURE DE îFRANCE
, Paroîtra allégorique en bien des endroits.
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Résumé : Traité des dissentions entre les Nobles et le Peuple, &c. [titre d'après la table]
Le document présente trois traités traduits de l'anglais par M. Swift, auteur des 'Voyages de Gulliver'. Le premier traité, 'Traité des Dissensions', met en garde contre les dangers des dissensions dans les États, illustrés par les troubles en Angleterre mais applicables à d'autres royaumes. Le second traité, 'L'Art de ramper en Poésie', est une critique ironique des poètes modernes qui, en cherchant le sublime, tombent souvent dans l'abîme ou le 'profond'. Le troisième traité est un extrait burlesque d'un traité imaginaire sur le 'Mensonge Politique', présenté sous forme allégorique et satirique. L'ouvrage est publié à Paris en 1733 par Jean-François Fosset et Jacques à l'Enseigne de Lys d'or.
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784
p. 120-121
Fille sçavante à Boulogne, [titre d'après la table]
Début :
Nous apprenons de Boulogne, qu'on voit dans cette Ville plusieurs Recueils [...]
Mots clefs :
Laura Bassi, Fille savante, Bologne, Portrait, Recueils
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Fille sçavante à Boulogne, [titre d'après la table]
Nous apprenons de Boulogne‘, qu’en
‘voit dans cetteVille plusieurs Recueils
‘de Vers Latins et Italiens, qui y ontété
‘publiez pour celébret le mérite de Made
moiselle B4555 , laquelle a soutenu en La
‘tin publiquement des Thèses sur toute
la Philosophie, avec de grands ‘applaus
dissemens; plusieurs Dames sçavantes, ce
qui n’est pas rare en Italie, comme nous
Tavons remarqué plus d"une fois , ont
‘orné ces Recueils de Pieces de leur façon’.
‘On voit à la tête'du plus cousiderable le
Portrait en taille-douce de cette. illustre
.14. ‘plus
‘J A NvV I E R‘; 173;. ' 1'21
Î
Fille , qui à Page de 2o. ans se trouve ag-'
grégée au Collcge des Philosophes de PU-e
niversité de Boulogne, avec le Titre de
Docfeur, dont elle a pris leiGrade en
Ÿrandeisolfimnité , étant déja Membre de
a ’Institut des Sciences de la même Ville.‘
Dansce Portrait elle paroîr reïrétuë de
la Fourrure de Docteur, avec cette_Ins-,
criprion : LAURA MARIA - CHATARINA
BA s s r , Phil. Doct. Cal. Academ.’ Im
titut. Scientiar. Soviet. eÆt. A7171. XX;
Et au bas est gravé ce Distique , faisant
allusion à la celebre Laure de Petrarque,
leur» «mie , ingenio que et termine nom Petrartha.
Laum haqelaquio et mente Petrarrlm sibi.
‘voit dans cetteVille plusieurs Recueils
‘de Vers Latins et Italiens, qui y ontété
‘publiez pour celébret le mérite de Made
moiselle B4555 , laquelle a soutenu en La
‘tin publiquement des Thèses sur toute
la Philosophie, avec de grands ‘applaus
dissemens; plusieurs Dames sçavantes, ce
qui n’est pas rare en Italie, comme nous
Tavons remarqué plus d"une fois , ont
‘orné ces Recueils de Pieces de leur façon’.
‘On voit à la tête'du plus cousiderable le
Portrait en taille-douce de cette. illustre
.14. ‘plus
‘J A NvV I E R‘; 173;. ' 1'21
Î
Fille , qui à Page de 2o. ans se trouve ag-'
grégée au Collcge des Philosophes de PU-e
niversité de Boulogne, avec le Titre de
Docfeur, dont elle a pris leiGrade en
Ÿrandeisolfimnité , étant déja Membre de
a ’Institut des Sciences de la même Ville.‘
Dansce Portrait elle paroîr reïrétuë de
la Fourrure de Docteur, avec cette_Ins-,
criprion : LAURA MARIA - CHATARINA
BA s s r , Phil. Doct. Cal. Academ.’ Im
titut. Scientiar. Soviet. eÆt. A7171. XX;
Et au bas est gravé ce Distique , faisant
allusion à la celebre Laure de Petrarque,
leur» «mie , ingenio que et termine nom Petrartha.
Laum haqelaquio et mente Petrarrlm sibi.
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Résumé : Fille sçavante à Boulogne, [titre d'après la table]
Le texte décrit les réalisations académiques de Mademoiselle B4555, également connue sous le nom de Laura Maria Chatarina Bass, à Boulogne. À l'âge de 20 ans, elle a soutenu publiquement des thèses en philosophie, recevant de grands applaudissements. Plusieurs dames savantes, une occurrence fréquente en Italie, ont contribué à des recueils de vers latins et italiens publiés en son honneur. Ces recueils incluent son portrait en taille-douce, la montrant vêtue de la fourrure de docteur, avec l'inscription 'LAURA MARIA CHATARINA BASS, Phil. Doct. Cal. Academ. Institut. Scientiar. Soviet. eÆt. A7171. XX'. Un distique fait allusion à Laure de Pétrarque. Elle a été agrégée au Collège des Philosophes de l'Université de Boulogne et a obtenu le titre de Docteur, étant déjà membre de l'Institut des Sciences de la même ville.
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785
p. 172-173
Prix de l'Académie de Marseille, [titre d'après la table]
Début :
L'Académie de Marseille avertit le public que le 25 Août, jour et Fête de [...]
Mots clefs :
Académie de Marseille, Maréchal de Villars, Prix, Ode, Utilité des prix académiques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prix de l'Académie de Marseille, [titre d'après la table]
'Académie de Marseille avertit le
pu-
Lblic que le 25. Août , jour et Fête de
S. Louis , de la présente année 1733 , elle
adjugera le prix que M. le Maréchal de
Villars , son Protecteur, vient de fonder ,
à une Piece de Poësie de rio Vers au plus ,
et de 80 au moins , qui sera une Ode, ou
un Poëme à Rimes plattes , dont le sujet
sera l'Utilité des Prix Académiques à l'occasion
de la fondation de celui de l'Aca
démie <
JANVIER. 17337 173
démie des Belles Lettres de Marseille.
On addressera les Ouvrages destinez
au Concours , à M. de Chalamont de la
Visclede , Secretaire perpetuel de l'Açadémie
des Belles Lettres de Marseille , ruë
de l'Evêché ; on affranchira les Paquets à
la Poste ; ils ne seront reçûs que jusqu'au
1 May inclusivement ; les Auteurs ne
mettront point leurs noms au bas de
leurs Ouvrages , mais une Sentence de
l'Ecriture , des Peres ou des Auteurs prophanes
, et ne se feront connoître en aucune
façon , jusqu'au jour de la décision
parce que si cela arrivoit par leur faute ,
ils seroient exclus du concours.
En envoyant les Ouvrages , il faut.
marquer une adresse , à laquelle M. le Secretaire
envoyera son Récepissé , et l'Auteur
de l'Ouvrage Couronné n'aura qu'à
representer le Récepissé ou le faire res
présenter , moyennant quoi le Prix sera
remis.
pu-
Lblic que le 25. Août , jour et Fête de
S. Louis , de la présente année 1733 , elle
adjugera le prix que M. le Maréchal de
Villars , son Protecteur, vient de fonder ,
à une Piece de Poësie de rio Vers au plus ,
et de 80 au moins , qui sera une Ode, ou
un Poëme à Rimes plattes , dont le sujet
sera l'Utilité des Prix Académiques à l'occasion
de la fondation de celui de l'Aca
démie <
JANVIER. 17337 173
démie des Belles Lettres de Marseille.
On addressera les Ouvrages destinez
au Concours , à M. de Chalamont de la
Visclede , Secretaire perpetuel de l'Açadémie
des Belles Lettres de Marseille , ruë
de l'Evêché ; on affranchira les Paquets à
la Poste ; ils ne seront reçûs que jusqu'au
1 May inclusivement ; les Auteurs ne
mettront point leurs noms au bas de
leurs Ouvrages , mais une Sentence de
l'Ecriture , des Peres ou des Auteurs prophanes
, et ne se feront connoître en aucune
façon , jusqu'au jour de la décision
parce que si cela arrivoit par leur faute ,
ils seroient exclus du concours.
En envoyant les Ouvrages , il faut.
marquer une adresse , à laquelle M. le Secretaire
envoyera son Récepissé , et l'Auteur
de l'Ouvrage Couronné n'aura qu'à
representer le Récepissé ou le faire res
présenter , moyennant quoi le Prix sera
remis.
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Résumé : Prix de l'Académie de Marseille, [titre d'après la table]
L'Académie de Marseille a annoncé l'attribution d'un prix le 25 août 1733, à l'occasion de la fête de Saint Louis. Ce prix, créé par le Maréchal de Villars, récompense une œuvre poétique composée de 10 à 80 vers. L'œuvre doit être une ode ou un poème en rimes plates, traitant de l'utilité des prix académiques lors de la fondation du prix de l'Académie des Belles Lettres de Marseille. Les soumissions doivent être envoyées à M. de Chalamont de la Visclede, secrétaire perpétuel de l'Académie, au plus tard le 1er mai 1733. Les auteurs ne doivent pas signer leurs œuvres mais inclure une sentence tirée de l'Écriture, des Pères de l'Église ou des auteurs profanes. Ils doivent également fournir une adresse pour recevoir un récépissé, nécessaire pour la remise du prix. Les auteurs ne doivent pas se révéler avant la décision finale, sous peine d'exclusion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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786
p. 184-185
CONTRE LES AUTEURS SATYRIQUES.
Début :
Dieu des Vers, puissant Apollon, [...]
Mots clefs :
Auteurs satiriques, Dieux
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texteReconnaissance textuelle : CONTRE LES AUTEURS SATYRIQUES.
CONTRE LES AUTEURS SATYRIQUES,
Dieu des Vers , puissant Apollon ,
Peux - tu souffrir sur le Parnasse ,
Peux-tu voir répandus dans le sacré Vallon
D'implacables Démons dont l'insolente audace
Par les plus indignes Chansons ,
De ta Lyre aujourd'hui font mépriser les sons ?
Les Eumenides ennemies ,
Dont la noire fureur en tous lieux se répand ,
Ont- elles converti les Muses en Furies ?
L'Hypocrene en bourbier , et Pegase en Serpent
Il paroit tous les jours des Satyres nouvelles ,
Dans le Public sans cesse on séme des Bre
vets ,
Des Monorimes , * des Couplets ;
Et ces injurieux Libelles
Armés de leurs traits odieux ,
Portent des atteintes cruelles ,
Sans épargner même les Dieux :
* Ouvrage tout en mêmes rimes et d'une satyre
ontrée.
2
C'est
JANVIER.
1733. 185
C'est l'Enfer qui vomit ces insolents ouvra
ges;
Ce tissu de fiel et d'outrages
Ajoûte à la malignité
L'imposture et l'impiété ;
Les plus hautes vertus deviennent leurs victi
mes ,
Et les Auteurs de tant de crimes
Se flattent de l'impunité.
De ces nouveaux Pythons purge à jamais la
terre ,
Fils du plus grand des Dieux , de sa gloire ja
Joux ,
Frappe , fais tomber sous tes coups
Des Monstres dignes du Tonnerre .
Dieu des Vers , puissant Apollon ,
Peux - tu souffrir sur le Parnasse ,
Peux-tu voir répandus dans le sacré Vallon
D'implacables Démons dont l'insolente audace
Par les plus indignes Chansons ,
De ta Lyre aujourd'hui font mépriser les sons ?
Les Eumenides ennemies ,
Dont la noire fureur en tous lieux se répand ,
Ont- elles converti les Muses en Furies ?
L'Hypocrene en bourbier , et Pegase en Serpent
Il paroit tous les jours des Satyres nouvelles ,
Dans le Public sans cesse on séme des Bre
vets ,
Des Monorimes , * des Couplets ;
Et ces injurieux Libelles
Armés de leurs traits odieux ,
Portent des atteintes cruelles ,
Sans épargner même les Dieux :
* Ouvrage tout en mêmes rimes et d'une satyre
ontrée.
2
C'est
JANVIER.
1733. 185
C'est l'Enfer qui vomit ces insolents ouvra
ges;
Ce tissu de fiel et d'outrages
Ajoûte à la malignité
L'imposture et l'impiété ;
Les plus hautes vertus deviennent leurs victi
mes ,
Et les Auteurs de tant de crimes
Se flattent de l'impunité.
De ces nouveaux Pythons purge à jamais la
terre ,
Fils du plus grand des Dieux , de sa gloire ja
Joux ,
Frappe , fais tomber sous tes coups
Des Monstres dignes du Tonnerre .
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Résumé : CONTRE LES AUTEURS SATYRIQUES.
En janvier 1733, une supplique est adressée à Apollon pour qu'il intervienne contre les auteurs satiriques. L'auteur exprime son indignation face à la prolifération de satires impertinentes qui dénigrent la poésie sacrée et offensent les dieux. Ces satires sont décrites comme des démons implacables et des furies, comparées à des monstres issus de l'enfer. Elles prennent diverses formes, telles que des brevets, des monorimes et des couplets, et sont qualifiées de libelles injurieux armés de traits odieux. L'auteur dénonce la malignité, l'imposture et l'impiété de ces œuvres, qui visent même les plus hautes vertus. Il appelle Apollon à purger la terre de ces monstres, les comparant à des Pythons, et à les frapper avec la puissance de son père, Zeus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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787
p. 212
RONDEAU A Mlle de Malcrais.
Début :
Pour un Normand jaloux de vos Ecrits, [...]
Mots clefs :
Normand
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RONDEAU A Mlle de Malcrais.
RONDE A U
A Me de Malcrais.
Our un Normand jaloux de vos Ecrits ,
Brête au coeur gent , aurez -vous du mépris ?
Vous n'auriez tort , je suis un pauvre here
Mais , entre nous , je ne m'ébahis guére
Que composiez oeuvrés d'un si haut prix.
諾
De ce métier , le Dieu des beaux Esprits ,
Phébus vous a tous les secrets appris :
Onèques , je pense , on ne le vit tant faire
Pour un Normand.
;
Ce n'est pas tout , car l'Enfant de Cypris ,
Ce fin matois qui tantôt m'a surpris
Lisant vos Vers , m'a juré que pour plaire
Avez volé la ceinture à sa Mere ;
Et je l'en crois , moi , qui souvent l'ai pris
Pour un Normand.
F. M. F.
A Me de Malcrais.
Our un Normand jaloux de vos Ecrits ,
Brête au coeur gent , aurez -vous du mépris ?
Vous n'auriez tort , je suis un pauvre here
Mais , entre nous , je ne m'ébahis guére
Que composiez oeuvrés d'un si haut prix.
諾
De ce métier , le Dieu des beaux Esprits ,
Phébus vous a tous les secrets appris :
Onèques , je pense , on ne le vit tant faire
Pour un Normand.
;
Ce n'est pas tout , car l'Enfant de Cypris ,
Ce fin matois qui tantôt m'a surpris
Lisant vos Vers , m'a juré que pour plaire
Avez volé la ceinture à sa Mere ;
Et je l'en crois , moi , qui souvent l'ai pris
Pour un Normand.
F. M. F.
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Résumé : RONDEAU A Mlle de Malcrais.
L'auteur admire les écrits de Madame de Malcrais, une écrivaine normande. Il attribue son talent à Phébus et rapporte qu'un compliment de Cupidon sur ses vers. Cupidon a comparé ses écrits à la ceinture de Vénus. L'auteur conclut en croyant Cupidon, qui l'a souvent confondue avec une Normande.
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788
p. 213-228
REFLEXIONS sur le nouveau Traité du Sublime de M. Silvain, Avocat au Parlement de Paris, dont il est fait mention dans le Mercure de Novembre 1732.
Début :
L'Auteur de ce nouvel Ouvrage a prétendu rencherir sur le Traité du Sublime [...]
Mots clefs :
Sublime, Définition, Longin, Vrai, Despréaux, Sentiments, Élévation, Force, Grandeur, Exemples, Style, Éloquence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS sur le nouveau Traité du Sublime de M. Silvain, Avocat au Parlement de Paris, dont il est fait mention dans le Mercure de Novembre 1732.
REFLEXIONS sur le nouveau Traité
du Sublime de M. Silvain , Avocat an
Parlement de Paris , dont il est fait mention
dans le Mercure de Novembre
1732.
L'entu de ce nusur le Traité du Su--
' Auteur de ce nouvel Ouvrage a préblime
de Longin , traduit depuis longtems
par l'Illustre M. Despreaux , et malgré
les Eclaircissemens qui se voyent dans
la Préface du même Traité, sur la nature et
le caractere du Sublime , M. Silvain a
fait le procès à Longin , sous prétexte
qu'il a manqué de donner la veritable définition
du Sublime ; mais il est aisé de
faire voir que l'Auteur s'est trompé dans
ses idées , et que c'est à tort qu'il a voulu
établir sa réputation sur les ruines de
celle de Longin : il ne faut pour cela que
rapporter les paroles de M. Despreaux
qui sont une Apologie parfaite de l'un et
de l'autre.
>
» Il ne reste plus , dit M. Despreaux ;
" pour finir cette Préface , que de dire ce
» que Longin entend par Sublime ; car
» comme il a écrit de cette maniere après
25 Cé
214 MERCURE DE FRANCE
» Cécilius , qui avoit presque employé
"tout son Livre à montrer ce que c'est
"que Sublime , il n'a pas crû devoir re-
» battre une chose qui n'avoit été déja
discutée
que trop
par un autre. Il faut
» donc sçavoir que par Sublime , Longin
» n'entend pas ce que les Orateurs appel-
» lent le stile sublime , mais cet extraor-
» dinaire et ce merveilleux qui frappe dans
» le discours , et qui fait qu'un Ouvrage
» enleve , ravit , transporte . Le stile su-
» blime veut toujours de grands mots
»
,
mais le Sublime se peut trouver dans
» une seule pensée , dans une seule figu-
» re , dans un tour de paroles . Une chose
peut être dans le stile sublime , et n'ê-
» tre pourtant pas sublime : c'est - à - dire
» n'avoir rien d'extraordinaire et de sur-
» prenant. Par exemple , le Souverain
» Arbitre de la Nature , d'une seule paro-
» le forma la lumiere . Voilà qui est dans
» le stile sublime , cela n'est pas néan-
» moins sublime , parce qu'il n'y a rien là
» de fort merveilleux , et qu'un autre ne
pût aisément trouver. Mais Dicu dit
» que la lumiere se fasse , et la lumiere se
fit : ce tour extraordinaire d'expression
» qui marque si bien l'obéissance de la
créature aux ordres du Créateur , est
veritablement sublime , et a quelque
F
» cho
>>
FEVRIER . 1733 215
» chose de divin . Il.faut donc entendre
» par sublime dans Longin , l'extraordi-
» naire , le surprenant , et comme je l'ai
» traduit , le merveilleux dans le dis
» cours.
Voilà les paroles de M. Despreaux ; il
est bien surprenant qu'après un pareil
éclaircissement , tiré des pensées et des
éxemples de Longin , qui a cité , quoique
Payen , le Passage de la Genese comme
une marque du vrai Sublime , M. Silvain
ait pourtant accusé l'ancien Rhe
teur de n'avoir pas connu le Sublime
d'avoir oublié le principal but de son
Ouvrage , qui étoit , à ce qu'il prétend ,
de donner la définition du Sublime ; comme
si le manque de définition empêchoit
d'entendre ce qu'a dit Longin dans le reste
de son Ouvrage , où il marque si expressément
ce que c'est que le Sublime
ainsi qu'on l'a vû par les paroles de
M. Despreaux.
que
La surprise est d'autant plus grande ;
M. Silvain en est convenu lui - même,
par ce qu'il a fait dire à Longin même ,
page 372. Il faut sçavoir , dit-il , que
» par sublime , Longin n'entend pas ce
» que les Orateurs appellent le stile Su
»blime , mais cet extraordinaire et ce
>> merveilleux qui frape dans le discours ,
> et
216 MERCURE DE FRANCE
net qui fait qu'un Ouvrage enleve , ravit
, transporte. C'est en propres termes
ce qu'a dit M. Despreaux , dont
l'Auteur a copié les paroles. Il paroit donc
qu'il s'est contredit lui-même , quand il
a accusé Longin de n'avoir pas connu le
Sublime , après qu'il en a donné la notion
la plus claire et la plus parfaite qu'on
pouvoit souhaiter. N'importe ; parce que
Longin n'a point donné la définition litterale
du Sublime , le Censeur lui fait son
procès , il l'accuse d'imprudence et d'ignorance.
C'est ce qu'il a fait à la page
381. où il s'exprime de la sorte : » Je ne
» répeterai point ici , dit-il , ce que j'ai
déja dit , qu'il me paroît que Longin
» n'a pas bien traité sa matiere , et qu'il
» n'a pas connu le Sublime. On le mon-
» treroit plus aisément , ajoûte t'il , s'il
» en avoit donné une définition , et on ne
>> peut connoître ce qu'il pense que par
» ses raisonnemens et ses exemples. Peuton
excuser une pareille contradiction ? et
n'est- ce pas manquer d'équité que de condamner
d'uncôté ce qu'on a approuvé de
33
Pautre ?
Quoi donc ne suffit- il pas que Lon-
?
gin ait montré par ses raisonnemens et
par ses exemples ce que c'est que le Sublime
? Faut- il que le manque de définition
qui
FEVRIER: 1733. 217
qui peut aisément être suppléé , détruise
ce qu'il a dit si clairement , et en termes
si précis , que le Censeur n'a pû s'empêcher
de lui rendre cette justice à la page
372. » qu'il a parfaitement connu la natu-
» re du Sublime ; mais il prétend ensuite
» qu'or, la connoîtroit mieux , s'il en avoit
» donné une définition . Peut- il ignorer
qu'il y a des choses qui s'entendent quelquefois
plus aisément par des raisonnemens
et par des exemples que par des définitions
, et que le sentiment causé par
ces exemples est d'ordinaire plus vif, plus
prompt et plus décisif que par la connoissance
qu'on tire d'une simple définition
?
D'ailleurs , comme les définitions doivent
toujours être courtes , et renfermer
beaucoup en peu de mots ; il n'est pas
fort aisé d'y réussir , et Longin a senti
sans doute la difficulté qu'il y a d'en faire
une bonne , principalement dans un sujet
qui embrasse tant de matieres et de
notions differentes ; mais quand on pour.
roit attribuer son silence à quelqu'autre
cause , il est injuste d'attaquer la réputa,
tion d'un ancien Rheteur , estimé et reveré
de tous les Sçavans , de l'accuser de
n'avoir pas connu le Sublime , dans le
tems qu'on avoue qu'il en a donné les
exem
218 MERCURE DE FRANCE:
exemples les plus convaincants .
Mais il paroît que l'Auteur n'a blâme
Longin du manque de définition , que
pour avoir lieu d'en donner une de sa façon
, et pour la faire passer pour excellente
, il faut donc voir et examiner cette
définition , telle qu'on l'a rapportée dans
le Mercure , page 2415.
» Le Sublime , dit- il , est un discours
» d'un tour extraordinaire , qui par les
» plus nobles images , et par les plus
>> grands sentimens , dont il fait sentir
» toute la noblesse par ce tour même d'expression
, éleve l'ame au - dessus de ces
» idées ordinaires de grandeur , et qui la
» portant tout-à- coup avec admiration à
» ce qu'il y a de plus élevé dans la Natu-
» re la ravit , et lui donne une haute
idée d'elle- même.
,
:
Voilà sa définition ; l'Auteur du Mercure
a dit nettement sur le rapport du
Public , que bien des gens l'ont trouvée
trop longue , et que c'est plutôt une des
cription qu'une définition . En cela ils ont
eu raison il s'agissoit de montrer ce que
le sublime est en lui-même , et non pas
quels sont les effets qu'il produit ; il falloit
marquer la cause et l'origine de ces
effets. En suivant cette régle , il auroit
pû définir le Sublime , autant du moins
que
FEVRIER. 1733 219
que la chose est possible ; au lieu qu'en
mettant plusieurs phrases tout de suite
il n'a fait proprement qu'une tirade d'Eloquence
, qui n'a pû contenter les vrais
Connoisseurs. J'ajoûte que sa prétenduë
définition est fausse presque dans toutes
ses parties. Venons à la preuve , et reprenons.
» Le Sublime , dit- il , est un discours
d'un tour extraordinaire , qui par les
plus nobles images , et par les plus grands
» sentimens , dont il fait sentir toute la
» noblesse par ce tour même d'expression ,
» éleve l'ame au - dessus de ses idées ordinaires
de grandeur...
A quoi bon parler en cet endroit des
plus nobles images et des plus grands sentimens
, puisqu'il paroît par le sentiment
de M. Despreaux , que le Sublime se peut
trouver dans une pensée , dans une figu
dans un tour de paroles ; or comment
faire entrer dans un si petit espace
ces images ou ces sentimens dont parle
l'Auteur à moins que chaque pensée
chaque figure et chaque tour d'expression
, ne fussent aussi longues que sa définition
Ignore- t'il que le Sublime peut
quelquefois se rencontrer dans un seul
mot : c'est ce qu'on pourroit justifier par
des exemples , et il ne sert de rien d'alleguer
220 MERCURE DE FRANCE
leguer que cette derniere espece de Su
blime ne regarde que les sentimens : car
on peut répondre , que c'est presque dans
les seuls sentimens que le Sublime se manifeste
et se fait sentir , et il s'ensuit de
là que sa définition n'est pas exacte.
Mais à quoi bon ajoûter , que le Subli
me en portant l'ame tout à coup à ce
» qu'il y a de plus élevé dans la Nature
la ravit , et lui donne une haute idée d'elle-
même ? Est- il vrai qu'on ne puisse être
frappé d'un trait sublime , sans concevoir
aussi- tôt une haute idée de soi - même ?
Quelqu'un a- t'il fait cette refléxion
qu'en lisant un Ouvrage qui l'a charmé ,
qui l'a enlevé , il s'est rendu ce témoigna
ge en secret ; » voilà un trait admirable
qui me donne une grande idée de moi-
» même ; je m'estime , et je m'applaudis
» de cette pensée , comme si c'étoit moi
» qui l'eusse produite ; me voilà rempli
» d'un noble orgüeil : je n'ai plus rien à
» désirer , après la belle idée qu'on me
donne de ma grandeur et de ma péné-
» tration naturelle. Je le répéte , a- t'on
jamais fait un pareil retour , une pareille
refléxion sur soi - même ? que si personne
n'oseroit tenir ce langage , comment l'Auteur
a- t'il pû faire entrer cette idée dans
sa définition ?
11
FEVRIER . 1733. 221
•
.
,
Il est vrai qu'il a copié cet endroit du
Traité de Longin , qui dit que le Su-
»blime inspire à l'ame , je ne sçai quel
>> noble orgueil , comme si elle avoit con-
» çû les choses mêmes qu'elle admire :
mais outre que cette expression n'est pas
tout-à- fait semblable à celle de l'Auteur ,
et que M. Despreaux s'est bien gardé de
l'inserer dans ses Eclaircissemens ne
croyant pas , sans doute , que cela fut nécessaire
,l'Auteur devoit distinguer ce qui
est solide de ce qui ne l'est pas : et l'on
ne doit pas suivre les Anciens , quand ils
paroissent aller trop loin. Quoiqu'il en
soit , cette refléxion sur soi même ne peut
guére arriver que dans les occasions où
P'Orateur parle avec beaucoup de passion ;
car la passion est l'ame de la parole ; et
alors le coeur émû et transporté de la justesse
et de l'élévation de ce qu'il sent , il
applaudit à ces sentimens , comme s'il
les avoit lui - même conçûs : mais cela ne
va pas jusqu'à donner aux Auditeurs une
plus grande idée d'eux mêmes , ni à leur
inspirer de l'orgueil : cet orgüeil seroit
trop imperceptible pour pouvoir être démêlé
parmi les mouvemens d'admiration
que cause le Sublime . On l'admire veritablement
, mais on ne pense nullement.
à s'admirer soi-même. Au surplus , cette
B éxa222
MERCURE DE FRANCE
éxageration de Longin n'empêche pas
qu'il n'ait parfaitement connu et exprimé
le caractere du Sublime ; mais l'Auteur
ne devoit pas la faire entrer dans sa définition
, ainsi qu'on vient de le dire.
On voit par tout ce détail , où l'on a
été obligé d'entrer , que cette définition
est défectueuse ; qu'elle péche par sa longueur
, et par les paroles inutiles dont
elle est chargée ; et qu'on a eu raison
de relever les fautes qu'il y a commises.
2
On me dira , sans doute , que puisque
j'ai entrepris de blâmer celle de l'Auteur
je suis obligé d'en donner une autre , et
qu'il faut necessairement qu'elle soit meilleure.
Eh bien , je vais la donner cette
définition ; je suis persuadé du moins
qu'on n'y trouvera pas les mêmes défauts
que dans la sienne . Je dis donc , que
le Sublime n'est autre chose , que le vrai
dans toute son élevation et toute sa force.
Cette notion est courte , elle est simple
elle comprend tout ce qu'on peut dire du
Sublime.
Je dis le vrai , soit dans la Nature ;
soit dans l'Eloquence et dans la Poësie
parce qu'il n'y a que le vrai qui puisse
frapper , plaire , toucher , persuader , et
remplir l'ame d'admiration et de plaisir.
C'est
FEVRIER.
1733 225
C'est la maxime de Despreaux , comme
il paroît par ces deux Vers .
Rien n'est beau que le vrai , le vrai seul est aimable,
Il doit régner par tout , et même dans la
Fable.
Je dis , dans toute son élévation et toute
sa force , pour le distinguer des expres
sions ordinaires , qui n'ont rien que de
médiocre , parce que c'est la mediocrité
des sentimens et des pensées qui éloigne
absolument le discours de la grandeur et
de la noblesse du Sublime.
Je soûtiens que lorsqu'un Auteur s'est
élevé au dessus de la mediocrité , c'est
une necessité que ses Ouvrages soient sublimes
et pour s'en convaincre , il ne
faut que jetter les yeux sur les grands
Hommes qui se sont signalez de nos jours
dans l'Eloquence et dans la Poësie. Les
Corneilles , les Racines ont été sublimes
dans leurs Tragédies . Combien de traits
y remarque - t'on qui frappent tout à la
fois l'esprit et le coeur ? quelle grandeur ,
quelle elevation , quelle noblesse ! plusieurs
Livres sont remplis des differents
traits qu'on en a recueillis ; c'est pour
quoi il n'est pas necessaire de s'étendre là
dessus .
Bij Les
224 MERCURE DE FRANCE
Les Despreaux , les Lafontaines ont été
sublimes dans leurs Poësies , l'un a excellé
dans la Satyre , et dans ses Epitres
au Roi , dans lesquelles on peut dire qu'il
égalé le merite de ce grand Prince,
L'autre dans ses Fables , selon le sentiment
de M. de la Bruyere , a élevé les petits
Sujets jusqu'au sublime , a été plus loin
que ses modeles , modele lui- même difficile
à imiter. Il faut ajoûter ce qu'a dit
M. de la Motte , en parlant du même
Poëte .
Au gré de ce nouvel Esope ,
Les animaux prennent la voix ;
Sous leurs discours il enveloppe
Des Leçons même pour les Rois.
Une douceur simple , élegante ,
En riant , par tout y présente
La Nature et la Verité ,
De quelle grace il les anime !
Oui , peut- être que le Sublime
Cede à cette naïveté.
Voila le Sublime attribué à un Auteur¸
qui n'a écrit cependant que des Fables ,
D'où vient cela ? c'est qu'en faisant agir
et parler les animaux d'une maniere qui
şemble n'avoir rien que de puerile , il en
a tiré des moralitez si élevées et si toui
chan
FEVRIER. 1733. 225
:
chantes , qu'elles enseignent les plus grandes
vertus et les pensées les plus raisonnables
c'est par cette élevation et cette
force qu'il a prêtée aux petits sujets, qu'il
les a rendus veritablement sublimes; d'où
vient , dis-je , cet heureux succès ? c'est
que cet Auteur inimitable a mis par tout
le vrai dans son plus beau jour ; c'est
qu'il a sçû instruire en riant , en badinant
, et par ce badinage spirituel , qu'on
avoit crû impossible avant lui dans les Fables
; il a enlevé l'estime , l'admiration et
les applaudissemens des plus grands hommes.
Sera- t- on surpris de me voir loüer
si avantageusement un tel Poëte ? J'oserai
dire encore , que ses Fables me paroissenţ
divines , et que c'est peut-être ce que
nous avons en notre Langue de plus parfait.
Mais revenons à notre définition.Questce
que le Sublime dans l'Eloquence ? Je
le dirai selon les principes que j'ai déja
posez ; c'est le vrai exprimé dans toute
son élevation et toute sa force , soit par
rapport à l'esprit , soit par rapport au
coeur. En pourra-t'on disconvenir ? Les
Bossuets , les Flechiers , les Bourdalouës ,
n'en sont- ils pas des preuves convaincantes
? Qu'on lise les Oraisons Funebres de
M. Bossuet, de la Reine d'Angleterre , de
Biij la
1
226 MERCURE DE FRANCE
la Duchesse d'Orleans , et du grand Prin
ce de Condé , on y trouvera et le Sublime
religieux , et le Sublime naturel , alliez
ensemble dans toute leur perfection . J'en
rapporterois des exemples , ou plutôt je
les ai ci - devant rapportez dans mes Refléxions
sur l'Eloquence , inserées dans l'un
des Mercures.
,
:
Qu'on lise celles de l'éloquent M. Fléchier
surtout celles de la Reine et de
M. de Turenne , on y verra le vrai dans
toute son élevation et toute sa force : les
vertus chrétiennes , les vertus civiles >
morales et militaires y paroissent dans
tout leur éclat on est ébloui de la grandeur
du Heros , mais on ne l'est pas
moins de celle de l'Orateur. On en peut
dire autant de ses Panegyriques des Saints
qui sont des Chef- d'oeuvres. Voilà pour
ce qui regarde le Sublime des louanges.
Quant au fameux Bourdalouë on
trouve dans ses Discours le vrai , c'est àdire
, la raison dans sa plus grande élévation
et sa plus grande force ; et c'est là
que regne le Sublime de la persuasion et
de la science des moeurs : sans parler de
ses Oraisons Funebres où il n'a pas
moins brillé que dans sesDiscours de morale
.
Voilà
FEVRIER. 1733 . 227
6
Voilà ma définition pleinement justifiée
et dans la cause et dans les effets. La voilà
exprimée avec la briéveté et la précision
qui manquent à celle du Censeur de
Longin.
On me permettra d'ajouter , que le Sublime
doit être partagé dans celui des
faits , et dans celui des sentimens ou des
expressions. Le sublime des faits , tel
qu'on le voit dans les Histoires , ne sçauroit
être imité ; il dépend uniquement de
la grandeur de ceux qui en sont les Auteurs.
Il n'y a que celui des sentimens et
des expressions qui puisse être l'objet de
l'Art, et il est inutile de demander là- dessus
s'il y a un Art du Sublime . Qui en
doute mais il n'est pas necessaire d'en
donner des régles : ou plutôt la plus sûre
et la plus précise , c'est d'exprimer le
vrai dans toute son élevation et toute sa
force ; c'est de l'étudier , de l'approfon
dir , d'en mesurer toute l'étenduë , de
l'embellir de tous les ornemens et de toute
la vivacité que la Nature et l'Art peuvent
fournir ; et comme j'ai déja dit , que
la passion est l'ame de la parole , c'est
en l'animant , en l'élevant , en la perfectionnant
, qu'on peut parvenir au Subli
me , c'est par cette voye qu'on s'y doir
prendre mais il faut pour cela que la
B iiij Na228
MERCURE DE FRANCE
Nature ait donné à l'Orateur , au Poëte ,
à l'Ecrivain , toure la force et toute la
grandeur de génie qui convient à ces
trois differentes Professions.
J. C.
A Nismes le 3 Janvier 1733 .
du Sublime de M. Silvain , Avocat an
Parlement de Paris , dont il est fait mention
dans le Mercure de Novembre
1732.
L'entu de ce nusur le Traité du Su--
' Auteur de ce nouvel Ouvrage a préblime
de Longin , traduit depuis longtems
par l'Illustre M. Despreaux , et malgré
les Eclaircissemens qui se voyent dans
la Préface du même Traité, sur la nature et
le caractere du Sublime , M. Silvain a
fait le procès à Longin , sous prétexte
qu'il a manqué de donner la veritable définition
du Sublime ; mais il est aisé de
faire voir que l'Auteur s'est trompé dans
ses idées , et que c'est à tort qu'il a voulu
établir sa réputation sur les ruines de
celle de Longin : il ne faut pour cela que
rapporter les paroles de M. Despreaux
qui sont une Apologie parfaite de l'un et
de l'autre.
>
» Il ne reste plus , dit M. Despreaux ;
" pour finir cette Préface , que de dire ce
» que Longin entend par Sublime ; car
» comme il a écrit de cette maniere après
25 Cé
214 MERCURE DE FRANCE
» Cécilius , qui avoit presque employé
"tout son Livre à montrer ce que c'est
"que Sublime , il n'a pas crû devoir re-
» battre une chose qui n'avoit été déja
discutée
que trop
par un autre. Il faut
» donc sçavoir que par Sublime , Longin
» n'entend pas ce que les Orateurs appel-
» lent le stile sublime , mais cet extraor-
» dinaire et ce merveilleux qui frappe dans
» le discours , et qui fait qu'un Ouvrage
» enleve , ravit , transporte . Le stile su-
» blime veut toujours de grands mots
»
,
mais le Sublime se peut trouver dans
» une seule pensée , dans une seule figu-
» re , dans un tour de paroles . Une chose
peut être dans le stile sublime , et n'ê-
» tre pourtant pas sublime : c'est - à - dire
» n'avoir rien d'extraordinaire et de sur-
» prenant. Par exemple , le Souverain
» Arbitre de la Nature , d'une seule paro-
» le forma la lumiere . Voilà qui est dans
» le stile sublime , cela n'est pas néan-
» moins sublime , parce qu'il n'y a rien là
» de fort merveilleux , et qu'un autre ne
pût aisément trouver. Mais Dicu dit
» que la lumiere se fasse , et la lumiere se
fit : ce tour extraordinaire d'expression
» qui marque si bien l'obéissance de la
créature aux ordres du Créateur , est
veritablement sublime , et a quelque
F
» cho
>>
FEVRIER . 1733 215
» chose de divin . Il.faut donc entendre
» par sublime dans Longin , l'extraordi-
» naire , le surprenant , et comme je l'ai
» traduit , le merveilleux dans le dis
» cours.
Voilà les paroles de M. Despreaux ; il
est bien surprenant qu'après un pareil
éclaircissement , tiré des pensées et des
éxemples de Longin , qui a cité , quoique
Payen , le Passage de la Genese comme
une marque du vrai Sublime , M. Silvain
ait pourtant accusé l'ancien Rhe
teur de n'avoir pas connu le Sublime
d'avoir oublié le principal but de son
Ouvrage , qui étoit , à ce qu'il prétend ,
de donner la définition du Sublime ; comme
si le manque de définition empêchoit
d'entendre ce qu'a dit Longin dans le reste
de son Ouvrage , où il marque si expressément
ce que c'est que le Sublime
ainsi qu'on l'a vû par les paroles de
M. Despreaux.
que
La surprise est d'autant plus grande ;
M. Silvain en est convenu lui - même,
par ce qu'il a fait dire à Longin même ,
page 372. Il faut sçavoir , dit-il , que
» par sublime , Longin n'entend pas ce
» que les Orateurs appellent le stile Su
»blime , mais cet extraordinaire et ce
>> merveilleux qui frape dans le discours ,
> et
216 MERCURE DE FRANCE
net qui fait qu'un Ouvrage enleve , ravit
, transporte. C'est en propres termes
ce qu'a dit M. Despreaux , dont
l'Auteur a copié les paroles. Il paroit donc
qu'il s'est contredit lui-même , quand il
a accusé Longin de n'avoir pas connu le
Sublime , après qu'il en a donné la notion
la plus claire et la plus parfaite qu'on
pouvoit souhaiter. N'importe ; parce que
Longin n'a point donné la définition litterale
du Sublime , le Censeur lui fait son
procès , il l'accuse d'imprudence et d'ignorance.
C'est ce qu'il a fait à la page
381. où il s'exprime de la sorte : » Je ne
» répeterai point ici , dit-il , ce que j'ai
déja dit , qu'il me paroît que Longin
» n'a pas bien traité sa matiere , et qu'il
» n'a pas connu le Sublime. On le mon-
» treroit plus aisément , ajoûte t'il , s'il
» en avoit donné une définition , et on ne
>> peut connoître ce qu'il pense que par
» ses raisonnemens et ses exemples. Peuton
excuser une pareille contradiction ? et
n'est- ce pas manquer d'équité que de condamner
d'uncôté ce qu'on a approuvé de
33
Pautre ?
Quoi donc ne suffit- il pas que Lon-
?
gin ait montré par ses raisonnemens et
par ses exemples ce que c'est que le Sublime
? Faut- il que le manque de définition
qui
FEVRIER: 1733. 217
qui peut aisément être suppléé , détruise
ce qu'il a dit si clairement , et en termes
si précis , que le Censeur n'a pû s'empêcher
de lui rendre cette justice à la page
372. » qu'il a parfaitement connu la natu-
» re du Sublime ; mais il prétend ensuite
» qu'or, la connoîtroit mieux , s'il en avoit
» donné une définition . Peut- il ignorer
qu'il y a des choses qui s'entendent quelquefois
plus aisément par des raisonnemens
et par des exemples que par des définitions
, et que le sentiment causé par
ces exemples est d'ordinaire plus vif, plus
prompt et plus décisif que par la connoissance
qu'on tire d'une simple définition
?
D'ailleurs , comme les définitions doivent
toujours être courtes , et renfermer
beaucoup en peu de mots ; il n'est pas
fort aisé d'y réussir , et Longin a senti
sans doute la difficulté qu'il y a d'en faire
une bonne , principalement dans un sujet
qui embrasse tant de matieres et de
notions differentes ; mais quand on pour.
roit attribuer son silence à quelqu'autre
cause , il est injuste d'attaquer la réputa,
tion d'un ancien Rheteur , estimé et reveré
de tous les Sçavans , de l'accuser de
n'avoir pas connu le Sublime , dans le
tems qu'on avoue qu'il en a donné les
exem
218 MERCURE DE FRANCE:
exemples les plus convaincants .
Mais il paroît que l'Auteur n'a blâme
Longin du manque de définition , que
pour avoir lieu d'en donner une de sa façon
, et pour la faire passer pour excellente
, il faut donc voir et examiner cette
définition , telle qu'on l'a rapportée dans
le Mercure , page 2415.
» Le Sublime , dit- il , est un discours
» d'un tour extraordinaire , qui par les
» plus nobles images , et par les plus
>> grands sentimens , dont il fait sentir
» toute la noblesse par ce tour même d'expression
, éleve l'ame au - dessus de ces
» idées ordinaires de grandeur , et qui la
» portant tout-à- coup avec admiration à
» ce qu'il y a de plus élevé dans la Natu-
» re la ravit , et lui donne une haute
idée d'elle- même.
,
:
Voilà sa définition ; l'Auteur du Mercure
a dit nettement sur le rapport du
Public , que bien des gens l'ont trouvée
trop longue , et que c'est plutôt une des
cription qu'une définition . En cela ils ont
eu raison il s'agissoit de montrer ce que
le sublime est en lui-même , et non pas
quels sont les effets qu'il produit ; il falloit
marquer la cause et l'origine de ces
effets. En suivant cette régle , il auroit
pû définir le Sublime , autant du moins
que
FEVRIER. 1733 219
que la chose est possible ; au lieu qu'en
mettant plusieurs phrases tout de suite
il n'a fait proprement qu'une tirade d'Eloquence
, qui n'a pû contenter les vrais
Connoisseurs. J'ajoûte que sa prétenduë
définition est fausse presque dans toutes
ses parties. Venons à la preuve , et reprenons.
» Le Sublime , dit- il , est un discours
d'un tour extraordinaire , qui par les
plus nobles images , et par les plus grands
» sentimens , dont il fait sentir toute la
» noblesse par ce tour même d'expression ,
» éleve l'ame au - dessus de ses idées ordinaires
de grandeur...
A quoi bon parler en cet endroit des
plus nobles images et des plus grands sentimens
, puisqu'il paroît par le sentiment
de M. Despreaux , que le Sublime se peut
trouver dans une pensée , dans une figu
dans un tour de paroles ; or comment
faire entrer dans un si petit espace
ces images ou ces sentimens dont parle
l'Auteur à moins que chaque pensée
chaque figure et chaque tour d'expression
, ne fussent aussi longues que sa définition
Ignore- t'il que le Sublime peut
quelquefois se rencontrer dans un seul
mot : c'est ce qu'on pourroit justifier par
des exemples , et il ne sert de rien d'alleguer
220 MERCURE DE FRANCE
leguer que cette derniere espece de Su
blime ne regarde que les sentimens : car
on peut répondre , que c'est presque dans
les seuls sentimens que le Sublime se manifeste
et se fait sentir , et il s'ensuit de
là que sa définition n'est pas exacte.
Mais à quoi bon ajoûter , que le Subli
me en portant l'ame tout à coup à ce
» qu'il y a de plus élevé dans la Nature
la ravit , et lui donne une haute idée d'elle-
même ? Est- il vrai qu'on ne puisse être
frappé d'un trait sublime , sans concevoir
aussi- tôt une haute idée de soi - même ?
Quelqu'un a- t'il fait cette refléxion
qu'en lisant un Ouvrage qui l'a charmé ,
qui l'a enlevé , il s'est rendu ce témoigna
ge en secret ; » voilà un trait admirable
qui me donne une grande idée de moi-
» même ; je m'estime , et je m'applaudis
» de cette pensée , comme si c'étoit moi
» qui l'eusse produite ; me voilà rempli
» d'un noble orgüeil : je n'ai plus rien à
» désirer , après la belle idée qu'on me
donne de ma grandeur et de ma péné-
» tration naturelle. Je le répéte , a- t'on
jamais fait un pareil retour , une pareille
refléxion sur soi - même ? que si personne
n'oseroit tenir ce langage , comment l'Auteur
a- t'il pû faire entrer cette idée dans
sa définition ?
11
FEVRIER . 1733. 221
•
.
,
Il est vrai qu'il a copié cet endroit du
Traité de Longin , qui dit que le Su-
»blime inspire à l'ame , je ne sçai quel
>> noble orgueil , comme si elle avoit con-
» çû les choses mêmes qu'elle admire :
mais outre que cette expression n'est pas
tout-à- fait semblable à celle de l'Auteur ,
et que M. Despreaux s'est bien gardé de
l'inserer dans ses Eclaircissemens ne
croyant pas , sans doute , que cela fut nécessaire
,l'Auteur devoit distinguer ce qui
est solide de ce qui ne l'est pas : et l'on
ne doit pas suivre les Anciens , quand ils
paroissent aller trop loin. Quoiqu'il en
soit , cette refléxion sur soi même ne peut
guére arriver que dans les occasions où
P'Orateur parle avec beaucoup de passion ;
car la passion est l'ame de la parole ; et
alors le coeur émû et transporté de la justesse
et de l'élévation de ce qu'il sent , il
applaudit à ces sentimens , comme s'il
les avoit lui - même conçûs : mais cela ne
va pas jusqu'à donner aux Auditeurs une
plus grande idée d'eux mêmes , ni à leur
inspirer de l'orgueil : cet orgüeil seroit
trop imperceptible pour pouvoir être démêlé
parmi les mouvemens d'admiration
que cause le Sublime . On l'admire veritablement
, mais on ne pense nullement.
à s'admirer soi-même. Au surplus , cette
B éxa222
MERCURE DE FRANCE
éxageration de Longin n'empêche pas
qu'il n'ait parfaitement connu et exprimé
le caractere du Sublime ; mais l'Auteur
ne devoit pas la faire entrer dans sa définition
, ainsi qu'on vient de le dire.
On voit par tout ce détail , où l'on a
été obligé d'entrer , que cette définition
est défectueuse ; qu'elle péche par sa longueur
, et par les paroles inutiles dont
elle est chargée ; et qu'on a eu raison
de relever les fautes qu'il y a commises.
2
On me dira , sans doute , que puisque
j'ai entrepris de blâmer celle de l'Auteur
je suis obligé d'en donner une autre , et
qu'il faut necessairement qu'elle soit meilleure.
Eh bien , je vais la donner cette
définition ; je suis persuadé du moins
qu'on n'y trouvera pas les mêmes défauts
que dans la sienne . Je dis donc , que
le Sublime n'est autre chose , que le vrai
dans toute son élevation et toute sa force.
Cette notion est courte , elle est simple
elle comprend tout ce qu'on peut dire du
Sublime.
Je dis le vrai , soit dans la Nature ;
soit dans l'Eloquence et dans la Poësie
parce qu'il n'y a que le vrai qui puisse
frapper , plaire , toucher , persuader , et
remplir l'ame d'admiration et de plaisir.
C'est
FEVRIER.
1733 225
C'est la maxime de Despreaux , comme
il paroît par ces deux Vers .
Rien n'est beau que le vrai , le vrai seul est aimable,
Il doit régner par tout , et même dans la
Fable.
Je dis , dans toute son élévation et toute
sa force , pour le distinguer des expres
sions ordinaires , qui n'ont rien que de
médiocre , parce que c'est la mediocrité
des sentimens et des pensées qui éloigne
absolument le discours de la grandeur et
de la noblesse du Sublime.
Je soûtiens que lorsqu'un Auteur s'est
élevé au dessus de la mediocrité , c'est
une necessité que ses Ouvrages soient sublimes
et pour s'en convaincre , il ne
faut que jetter les yeux sur les grands
Hommes qui se sont signalez de nos jours
dans l'Eloquence et dans la Poësie. Les
Corneilles , les Racines ont été sublimes
dans leurs Tragédies . Combien de traits
y remarque - t'on qui frappent tout à la
fois l'esprit et le coeur ? quelle grandeur ,
quelle elevation , quelle noblesse ! plusieurs
Livres sont remplis des differents
traits qu'on en a recueillis ; c'est pour
quoi il n'est pas necessaire de s'étendre là
dessus .
Bij Les
224 MERCURE DE FRANCE
Les Despreaux , les Lafontaines ont été
sublimes dans leurs Poësies , l'un a excellé
dans la Satyre , et dans ses Epitres
au Roi , dans lesquelles on peut dire qu'il
égalé le merite de ce grand Prince,
L'autre dans ses Fables , selon le sentiment
de M. de la Bruyere , a élevé les petits
Sujets jusqu'au sublime , a été plus loin
que ses modeles , modele lui- même difficile
à imiter. Il faut ajoûter ce qu'a dit
M. de la Motte , en parlant du même
Poëte .
Au gré de ce nouvel Esope ,
Les animaux prennent la voix ;
Sous leurs discours il enveloppe
Des Leçons même pour les Rois.
Une douceur simple , élegante ,
En riant , par tout y présente
La Nature et la Verité ,
De quelle grace il les anime !
Oui , peut- être que le Sublime
Cede à cette naïveté.
Voila le Sublime attribué à un Auteur¸
qui n'a écrit cependant que des Fables ,
D'où vient cela ? c'est qu'en faisant agir
et parler les animaux d'une maniere qui
şemble n'avoir rien que de puerile , il en
a tiré des moralitez si élevées et si toui
chan
FEVRIER. 1733. 225
:
chantes , qu'elles enseignent les plus grandes
vertus et les pensées les plus raisonnables
c'est par cette élevation et cette
force qu'il a prêtée aux petits sujets, qu'il
les a rendus veritablement sublimes; d'où
vient , dis-je , cet heureux succès ? c'est
que cet Auteur inimitable a mis par tout
le vrai dans son plus beau jour ; c'est
qu'il a sçû instruire en riant , en badinant
, et par ce badinage spirituel , qu'on
avoit crû impossible avant lui dans les Fables
; il a enlevé l'estime , l'admiration et
les applaudissemens des plus grands hommes.
Sera- t- on surpris de me voir loüer
si avantageusement un tel Poëte ? J'oserai
dire encore , que ses Fables me paroissenţ
divines , et que c'est peut-être ce que
nous avons en notre Langue de plus parfait.
Mais revenons à notre définition.Questce
que le Sublime dans l'Eloquence ? Je
le dirai selon les principes que j'ai déja
posez ; c'est le vrai exprimé dans toute
son élevation et toute sa force , soit par
rapport à l'esprit , soit par rapport au
coeur. En pourra-t'on disconvenir ? Les
Bossuets , les Flechiers , les Bourdalouës ,
n'en sont- ils pas des preuves convaincantes
? Qu'on lise les Oraisons Funebres de
M. Bossuet, de la Reine d'Angleterre , de
Biij la
1
226 MERCURE DE FRANCE
la Duchesse d'Orleans , et du grand Prin
ce de Condé , on y trouvera et le Sublime
religieux , et le Sublime naturel , alliez
ensemble dans toute leur perfection . J'en
rapporterois des exemples , ou plutôt je
les ai ci - devant rapportez dans mes Refléxions
sur l'Eloquence , inserées dans l'un
des Mercures.
,
:
Qu'on lise celles de l'éloquent M. Fléchier
surtout celles de la Reine et de
M. de Turenne , on y verra le vrai dans
toute son élevation et toute sa force : les
vertus chrétiennes , les vertus civiles >
morales et militaires y paroissent dans
tout leur éclat on est ébloui de la grandeur
du Heros , mais on ne l'est pas
moins de celle de l'Orateur. On en peut
dire autant de ses Panegyriques des Saints
qui sont des Chef- d'oeuvres. Voilà pour
ce qui regarde le Sublime des louanges.
Quant au fameux Bourdalouë on
trouve dans ses Discours le vrai , c'est àdire
, la raison dans sa plus grande élévation
et sa plus grande force ; et c'est là
que regne le Sublime de la persuasion et
de la science des moeurs : sans parler de
ses Oraisons Funebres où il n'a pas
moins brillé que dans sesDiscours de morale
.
Voilà
FEVRIER. 1733 . 227
6
Voilà ma définition pleinement justifiée
et dans la cause et dans les effets. La voilà
exprimée avec la briéveté et la précision
qui manquent à celle du Censeur de
Longin.
On me permettra d'ajouter , que le Sublime
doit être partagé dans celui des
faits , et dans celui des sentimens ou des
expressions. Le sublime des faits , tel
qu'on le voit dans les Histoires , ne sçauroit
être imité ; il dépend uniquement de
la grandeur de ceux qui en sont les Auteurs.
Il n'y a que celui des sentimens et
des expressions qui puisse être l'objet de
l'Art, et il est inutile de demander là- dessus
s'il y a un Art du Sublime . Qui en
doute mais il n'est pas necessaire d'en
donner des régles : ou plutôt la plus sûre
et la plus précise , c'est d'exprimer le
vrai dans toute son élevation et toute sa
force ; c'est de l'étudier , de l'approfon
dir , d'en mesurer toute l'étenduë , de
l'embellir de tous les ornemens et de toute
la vivacité que la Nature et l'Art peuvent
fournir ; et comme j'ai déja dit , que
la passion est l'ame de la parole , c'est
en l'animant , en l'élevant , en la perfectionnant
, qu'on peut parvenir au Subli
me , c'est par cette voye qu'on s'y doir
prendre mais il faut pour cela que la
B iiij Na228
MERCURE DE FRANCE
Nature ait donné à l'Orateur , au Poëte ,
à l'Ecrivain , toure la force et toute la
grandeur de génie qui convient à ces
trois differentes Professions.
J. C.
A Nismes le 3 Janvier 1733 .
Fermer
Résumé : REFLEXIONS sur le nouveau Traité du Sublime de M. Silvain, Avocat au Parlement de Paris, dont il est fait mention dans le Mercure de Novembre 1732.
Le texte critique le traité sur le Sublime de M. Silvain, avocat au Parlement de Paris, publié en novembre 1732. Silvain reproche à Longin, dont le traité a été traduit par M. Despreaux, de ne pas avoir fourni une définition adéquate du Sublime. Cependant, le texte conteste cette accusation en citant Despreaux, qui explique que Longin définit le Sublime comme 'l'extraordinaire et le merveilleux' dans le discours, capable de ravir et de transporter le lecteur. Despreaux illustre cette notion avec des exemples, comme la création de la lumière par Dieu dans la Genèse. Le texte souligne que Silvain se contredit en accusant Longin de ne pas connaître le Sublime, tout en reconnaissant que Longin en a donné une notion claire. Silvain critique Longin pour ne pas avoir fourni une définition littérale, mais le texte argue que les raisonnements et les exemples de Longin suffisent à expliquer le Sublime. La définition de Silvain est jugée trop longue et inexacte, car elle se concentre sur les effets plutôt que sur la cause du Sublime. En conclusion, le texte propose une définition alternative du Sublime comme 'le vrai dans toute son élévation et toute sa force', soulignant que seul le vrai peut frapper et toucher l'âme. Cette définition est illustrée par les œuvres des grands auteurs comme Corneille et Racine, dont les tragédies sont marquées par la grandeur et la noblesse. Le texte discute également des qualités sublimes des œuvres de Jean de La Fontaine et de Jean-Baptiste de Boileau-Despréaux. Boileau est loué pour ses satires et ses épîtres au roi, tandis que La Fontaine est célébré pour ses fables, qui élèvent des sujets modestes au sublime. La Fontaine est décrit comme un maître de la moralité et de la vérité, capable d'instruire en riant et d'obtenir l'admiration des grands hommes. Le texte compare également le sublime dans l'éloquence, illustré par des orateurs comme Bossuet, Fléchier et Bourdalouë, qui expriment le vrai avec élévation et force. Il conclut que le sublime peut être partagé entre les faits et les sentiments ou expressions, et que l'art du sublime réside dans l'expression du vrai avec passion et génie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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789
p. 317
Méthode pour apprendre l'Orthographe et la Langue Françoise, [titre d'après la table]
Début :
METHODE pour apprendre l'Orthographe et la Langue Françoise sans sçavoir [...]
Mots clefs :
Méthode, Orthographe, Langue française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Méthode pour apprendre l'Orthographe et la Langue Françoise, [titre d'après la table]
METHODE pour apprendre l'Orthographe
et la Langue Françoise sans scavoir
le Latin , avec la Clef et les Thê
mes tout préparez pour l'enseigner . Troisiéme
Edition , revûë , corrigée et mise
dans un nouvel ordre . Par M. JACQUIER
1. vol . in 8. A Paris , chez le Clerc , le
Gras Robustel , eett la Veuve Pissot ,
M DCC XXXIII. pp. 392. Le prix est
de quatre livres relié.
,
?
>
Nous ne répeterons rien ici sur le mérite
de cet Ouvrage , que nous apprenons
avoir eu l'Approbation de plusieurs
Connoisseurs , et dont la pratique a déja
été et est encore utile à beaucoup de
personnes. L'Auteur ne pouvoit mieux
marquer sa reconnoissance envers le Public
, qu'en lui présentant cette troisiéme
Edition , dans laquelle il n'a rien
oublié pour rendre son Livre encore
plus clair et plus utile à ceux qui jugeront
à propos de s'en servir.
et la Langue Françoise sans scavoir
le Latin , avec la Clef et les Thê
mes tout préparez pour l'enseigner . Troisiéme
Edition , revûë , corrigée et mise
dans un nouvel ordre . Par M. JACQUIER
1. vol . in 8. A Paris , chez le Clerc , le
Gras Robustel , eett la Veuve Pissot ,
M DCC XXXIII. pp. 392. Le prix est
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Nous ne répeterons rien ici sur le mérite
de cet Ouvrage , que nous apprenons
avoir eu l'Approbation de plusieurs
Connoisseurs , et dont la pratique a déja
été et est encore utile à beaucoup de
personnes. L'Auteur ne pouvoit mieux
marquer sa reconnoissance envers le Public
, qu'en lui présentant cette troisiéme
Edition , dans laquelle il n'a rien
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plus clair et plus utile à ceux qui jugeront
à propos de s'en servir.
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Résumé : Méthode pour apprendre l'Orthographe et la Langue Françoise, [titre d'après la table]
L'ouvrage 'METHODE pour apprendre l'Orthographe et la Langue Françoise sans scavoir le Latin' de M. Jacquier, publié en 1733 à Paris, propose une méthode d'apprentissage de l'orthographe et de la langue française sans connaître le latin. La troisième édition, révisée et corrigée, compte 392 pages et est vendue quatre livres relié. L'ouvrage a été approuvé par plusieurs connaisseurs et a aidé de nombreuses personnes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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790
p. 327-332
Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE ITALIQUE, ou Histoire Litteraire de l'Italie, Septembre, Octobre, [...]
Mots clefs :
Maffei, Public, Anciens, Terre, Italie, Histoire, Université de Turin, Journaliste, Savants, Monuments, Italie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE ITALIQUE , ou Histoire
Litteraire de l'Italie , Septembre , Octo
bre , Novembre et Décembre 1728. Tom,
3. de 316 pag. avec la Table des Maticses.
A Genéve , chez Marc- Michel Bousquet
et Compagnie.
5 Le premier article de ce Volume est la
suite de l'Extrait de l'Histoire Diplomatique
de M. Maffei , très- connu parmi les
Sçavans d'Italie , et contient des Recherches
sur l'origine des Etrusques et des anciens
Latins, sur leur Gouvernement , leur
Langue, leurs Caracteres , leurs Ecritures,
leurs Coûtumes et leur Religion . M. Maf-
F vi fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
>
fei , après avoir recueilli dans différens
Auteurs tout ce qu'il a pû trouver de Monumens
anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu'il s'étoit
proposé et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
ses propres recherches , les Antiquitez qui
auroient pû échapper à l'attention des
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes
des Pierres sépulcrales , &c . il s'est crû
en état de donner un Systême assez suivi
sur l'Histoire de ces anciens Habitans de
PItalie. Il croit donc que les Etruriens furent
des Descendans des Emins , Peuple
fort et puissant qui tiroit son origine de
Chanaan , et que les Mohabite chasserent
du Pays qu'il habitoit , c'est-à - dire , dé ce
pays qui environnoit le Torrent d'Arnon ,
du côté du Midi et du Septentrion , et
qui confinoit à l'Arabie . M. Maffey montre
la vraisemblance de cette conjecture
par la ressemblance des Noms , des Villes
, des Fleuves , des Divinitez , et même
des Peuples d'Etrurie , il les montre encore
par la ressemblance des Dialectes
par le nombre de leurs Villes , par la forme
de leur Gouvernement , par leur Religion
, leurs Sacrifices , leurs Danses et
leurs Coûtumes , ce qui s'accorde assez
avce
FEVRIER. 1733. 329
avec l'Ecriture - Sainte sur laquelle il se
fonde particulierement .
Nous passons sous silence les remar
ques que fait M. Maffei sur l'Ecriture de
ces Peuples , sur les Pélagiens qui habiterent
l'Italie avec les Toscans , et dont il
éxamine plusieurs Monumens qui peuvent
servir à l'Histoire de ces Peuples , aussibien
qu'à celle de Rome même , que ce
Sçavant Ecrivain , appuyé sur plusieurs.
Monumens d'une grande antiquité , et
fondé d'ailleurs sur d'autres raisons assez
plausibles , croit être plus ancienne que
Romulus . Nous avertirons seulement que
cette Dissertation de M. Maffei est comme
Abbregé d'un Ouvrage beaucoup plus
étendu qu'il promet au Public. Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du martyre
de Ferme et de Rustique , ni de la
vie de S. Zenon , Evêque de Verone dansle
troisiéme siécle , ni de la Lettre de
S. Chrysostome à Cesirius , que le même
Auteur a donné au Public avec de sçavantes
Notes , et dont le Journaliste Protestant
rend compte en peu de mots , en
ajoûtant seulement quelques Remarques
conformes à ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d'ailleurs des Personnes
qui aiment la belle Litterature .
Vaick
330 MERCURE DE FRANCE
>
Voici le titre des Articles suivans . Art.1.
Iliade d'Omero , &c. c'est - à-dire , l'Iliade
et l'Odyssée d'Homere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. l'Ab .
bé Antoine-Marie Salvini. A Florence
chez Glo , 1723. in 8. Le Journaliste en
parle avec beaucoup d'éloges.
Art. 3. Relation de l'ouverture solemnelle
de deux Cours d'Anatomie faits en
public au Théatre Anatomique de l'Université
de Turin le 24. Février 1724. et
le 26 Février de l'an 1725.
Art. 4. Recueil des diverses Formules
et des Discours Académiques de M. Augustin
Campiani , Jurisconsulte Napolitain
, et Professeur dans l'Université de
Turin , &c. avec les Discours de M. Bernard
André Lama , Napolitain , Professeur
en Eloquence dans l'Université de
Turin . A Turin , de l'Imprimerie de Jean
Radix , 1728. in - 8 .
Art. 5. sur une Observation des anciens
Childéens. Quoique cette Observation
ne soit point d'un Italien , le Journaliste
a crû pouvoir la placer dans son
Recueil , comme étant très - curieuse et
digne d'être présentée au Public, de qui ils
demandent le suffrage pour lui en communiquer
d'autres semblables.
L'Auteur de cette Remarque prouve
par
FEVRIER . 1733. 332
par un Passage d'Achilles Tatius dans le
Ch . 18 de son Introduction aux Phenomênes
d'Aratus , publiée par leP. Petau dans
son Vranologium , que les Chaldéens ont
connu assez au juste l'étenduë de la circonference
du Globe terrestre , pour déterminer
qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit le Soleil autour
de la terre , et arriveroit en même
tems que lui au point équinoxial , c'est- àdire
, que dans l'espace d'une année Solaire
qu'ils déterminoient à 365. jours et
quelques heures , un homme marchant
d'un bon pas pourroit faire le tour de la
terre , et le feroit en effet , toutes choses
étant égales d'ailleurs.
Art. 6. Recueil des Historiens de l'Ita
, par M. Muratori , Tom. 6.
lie ,
Nous ne pouvons donner une idée de
cet Ouvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin .
i
Art. 7. Francisci Travagini super Observationibus
, &c. c'est- à - dire , Recherche
Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , fondez sur les Observations qu'il
a faites sur les derniers tremblemens de
terre , principalement celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réellement
à Venise , 1669 , in-4º , de 29 pag.
sans
332 MERCURE DE FRANCE
sans l'Epitre Dédicatoire qui sert de Préface.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Inscriptions
Etrusques , à M. le Marquis de
Maffei , à Verone.
Art. 9. Lettre de M.... sur le Caractere
des Italiens.
Le 10 Article annonce le Projet de
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique , Chronologique et Litteraire de
la Bible , par le P. Calmet ; cette Souscription
fut proposée et éxecutée en 1728.
et 29. par les Libraires de Geneve ; ainsi
il seroit inutile d'en parler.
Art. 11. Nouvelles Litteraires , elles ne
contiennent presque rien de particulier
qui n'ait été annoncé dans nos Journaux.
On trouve à la fin de ce Tome une Tar
ble des Matieres des 1. 2. et 3. Tomes
de la Bibliotheque des Sçavans d'Italie.
Litteraire de l'Italie , Septembre , Octo
bre , Novembre et Décembre 1728. Tom,
3. de 316 pag. avec la Table des Maticses.
A Genéve , chez Marc- Michel Bousquet
et Compagnie.
5 Le premier article de ce Volume est la
suite de l'Extrait de l'Histoire Diplomatique
de M. Maffei , très- connu parmi les
Sçavans d'Italie , et contient des Recherches
sur l'origine des Etrusques et des anciens
Latins, sur leur Gouvernement , leur
Langue, leurs Caracteres , leurs Ecritures,
leurs Coûtumes et leur Religion . M. Maf-
F vi fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
>
fei , après avoir recueilli dans différens
Auteurs tout ce qu'il a pû trouver de Monumens
anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu'il s'étoit
proposé et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
ses propres recherches , les Antiquitez qui
auroient pû échapper à l'attention des
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes
des Pierres sépulcrales , &c . il s'est crû
en état de donner un Systême assez suivi
sur l'Histoire de ces anciens Habitans de
PItalie. Il croit donc que les Etruriens furent
des Descendans des Emins , Peuple
fort et puissant qui tiroit son origine de
Chanaan , et que les Mohabite chasserent
du Pays qu'il habitoit , c'est-à - dire , dé ce
pays qui environnoit le Torrent d'Arnon ,
du côté du Midi et du Septentrion , et
qui confinoit à l'Arabie . M. Maffey montre
la vraisemblance de cette conjecture
par la ressemblance des Noms , des Villes
, des Fleuves , des Divinitez , et même
des Peuples d'Etrurie , il les montre encore
par la ressemblance des Dialectes
par le nombre de leurs Villes , par la forme
de leur Gouvernement , par leur Religion
, leurs Sacrifices , leurs Danses et
leurs Coûtumes , ce qui s'accorde assez
avce
FEVRIER. 1733. 329
avec l'Ecriture - Sainte sur laquelle il se
fonde particulierement .
Nous passons sous silence les remar
ques que fait M. Maffei sur l'Ecriture de
ces Peuples , sur les Pélagiens qui habiterent
l'Italie avec les Toscans , et dont il
éxamine plusieurs Monumens qui peuvent
servir à l'Histoire de ces Peuples , aussibien
qu'à celle de Rome même , que ce
Sçavant Ecrivain , appuyé sur plusieurs.
Monumens d'une grande antiquité , et
fondé d'ailleurs sur d'autres raisons assez
plausibles , croit être plus ancienne que
Romulus . Nous avertirons seulement que
cette Dissertation de M. Maffei est comme
Abbregé d'un Ouvrage beaucoup plus
étendu qu'il promet au Public. Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du martyre
de Ferme et de Rustique , ni de la
vie de S. Zenon , Evêque de Verone dansle
troisiéme siécle , ni de la Lettre de
S. Chrysostome à Cesirius , que le même
Auteur a donné au Public avec de sçavantes
Notes , et dont le Journaliste Protestant
rend compte en peu de mots , en
ajoûtant seulement quelques Remarques
conformes à ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d'ailleurs des Personnes
qui aiment la belle Litterature .
Vaick
330 MERCURE DE FRANCE
>
Voici le titre des Articles suivans . Art.1.
Iliade d'Omero , &c. c'est - à-dire , l'Iliade
et l'Odyssée d'Homere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. l'Ab .
bé Antoine-Marie Salvini. A Florence
chez Glo , 1723. in 8. Le Journaliste en
parle avec beaucoup d'éloges.
Art. 3. Relation de l'ouverture solemnelle
de deux Cours d'Anatomie faits en
public au Théatre Anatomique de l'Université
de Turin le 24. Février 1724. et
le 26 Février de l'an 1725.
Art. 4. Recueil des diverses Formules
et des Discours Académiques de M. Augustin
Campiani , Jurisconsulte Napolitain
, et Professeur dans l'Université de
Turin , &c. avec les Discours de M. Bernard
André Lama , Napolitain , Professeur
en Eloquence dans l'Université de
Turin . A Turin , de l'Imprimerie de Jean
Radix , 1728. in - 8 .
Art. 5. sur une Observation des anciens
Childéens. Quoique cette Observation
ne soit point d'un Italien , le Journaliste
a crû pouvoir la placer dans son
Recueil , comme étant très - curieuse et
digne d'être présentée au Public, de qui ils
demandent le suffrage pour lui en communiquer
d'autres semblables.
L'Auteur de cette Remarque prouve
par
FEVRIER . 1733. 332
par un Passage d'Achilles Tatius dans le
Ch . 18 de son Introduction aux Phenomênes
d'Aratus , publiée par leP. Petau dans
son Vranologium , que les Chaldéens ont
connu assez au juste l'étenduë de la circonference
du Globe terrestre , pour déterminer
qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit le Soleil autour
de la terre , et arriveroit en même
tems que lui au point équinoxial , c'est- àdire
, que dans l'espace d'une année Solaire
qu'ils déterminoient à 365. jours et
quelques heures , un homme marchant
d'un bon pas pourroit faire le tour de la
terre , et le feroit en effet , toutes choses
étant égales d'ailleurs.
Art. 6. Recueil des Historiens de l'Ita
, par M. Muratori , Tom. 6.
lie ,
Nous ne pouvons donner une idée de
cet Ouvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin .
i
Art. 7. Francisci Travagini super Observationibus
, &c. c'est- à - dire , Recherche
Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , fondez sur les Observations qu'il
a faites sur les derniers tremblemens de
terre , principalement celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réellement
à Venise , 1669 , in-4º , de 29 pag.
sans
332 MERCURE DE FRANCE
sans l'Epitre Dédicatoire qui sert de Préface.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Inscriptions
Etrusques , à M. le Marquis de
Maffei , à Verone.
Art. 9. Lettre de M.... sur le Caractere
des Italiens.
Le 10 Article annonce le Projet de
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique , Chronologique et Litteraire de
la Bible , par le P. Calmet ; cette Souscription
fut proposée et éxecutée en 1728.
et 29. par les Libraires de Geneve ; ainsi
il seroit inutile d'en parler.
Art. 11. Nouvelles Litteraires , elles ne
contiennent presque rien de particulier
qui n'ait été annoncé dans nos Journaux.
On trouve à la fin de ce Tome une Tar
ble des Matieres des 1. 2. et 3. Tomes
de la Bibliotheque des Sçavans d'Italie.
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Résumé : Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
Le volume de la 'BIBLIOTHEQUE ITALIQUE, ou Histoire Littéraire de l'Italie' couvre les mois de septembre à décembre 1728. Publié à Genève par Marc-Michel Bousquet et Compagnie, ce volume de 316 pages comprend une table des matières. Le premier article est la suite de l''Histoire Diplomatique' de M. Maffei, qui examine l'origine des Étrusques et des anciens Latins. Maffei explore leur gouvernement, langue, caractères, écritures, coutumes et religion. Pour ses recherches, il a recueilli des monuments anciens et entrepris un voyage en Toscane. Il propose que les Étruriens étaient des descendants des Émins, un peuple puissant originaire de Chanaan, chassé par les Moabites. Cette théorie est soutenue par des similitudes dans les noms, villes, fleuves, divinités, dialectes et coutumes. Le volume inclut également des traductions de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère en vers italiens par l'abbé Antoine-Marie Salvini. D'autres contributions notables sont une relation de cours d'anatomie à l'Université de Turin, et un recueil de formules académiques de M. Augustin Campiani et M. Bernard André Lama. Des articles traitent également des observations des anciens Chaldéens, d'un recueil d'historiens italiens par M. Muratori, et de recherches sur les tremblements de terre par François Travagini. Le volume se conclut par une table des matières des trois tomes de la 'BIBLIOTHEQUE ITALIQUE'.
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791
p. 426-431
RÉPONSE à Madame MEHEULT, Auteur de l'Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
Début :
Je voudrois, MADAME, pouvoir me dispenser de répondre aux raisons [...]
Mots clefs :
Emilie, Lecteur, Règles, Amour, Sentiments, Héroïne, Caractère, Histoire d'Émilie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à Madame MEHEULT, Auteur de l'Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
REPONSE à Madame MEHEULT
Auteur de l'Histoire d'Emilie , on
des Amours de Mule de...
J
E voudrois , MADAME , pouvoir
me dispenser de répondre aux raisons
que vous venez d'alléguer pour la deffence
d'Emilie. Outre que j'ai quelque confusjon
de combattre les sentimens d'une
Dame dont j'honore et respecte infiniment
le mérite , je sens bien que c'est
mal reconnoître la confiance que vous
avez euë pour moi ; j'aurois sans doute
sacrifié à ces considérations la vanité que
l'on peut gouter , en soûtenant ses sentimens
contre un adversaire tel que
vous , si de pressantes sollicitations ne
m'avoient pas , pour ainsi dire , forcé à
répli
MARS. 1733 . 427
répliquer ; quoiqu'il en soit , si je rentre
dans la carriere , si j'ose faire quelques
nouvelles observations , ce sera toujours
avec ces égards que l'émulation et que
les Regles de la politesse nous prescrivent.
Dès que l'on est infortuné que l'amour
d'Emilie, n'est qu'une feinte , l'esprit n'a
plus rien qui l'occupe . Voilà l'objection ;
mais vous avez négligé d'y répondre ;
on convient avec les Maitres de l'Art, que
vos Entretiens sont beaux ; s'ils sont ennu
yeux,c'est parce qu'il n'y a plus d'interêt,
et qu'ils ne concourent à rien. Vous conviendrez
que les plus grandes beautez ne
font plus d'effet , dès le moment qu'elles
sont déplacées . Les Allarmes , dites- vous,
sont le partage des Amans , il est vrai. La
crainte de l'infidélité , le moindre éloignement
de l'objet que l'on aime; les dangers
ausquels on est exposé dans le cours
de la Vie , sont pour eux des sources intarissables
de craintes et d'allarmes . Celles
que l'on reproche à Emilie ne sont pas de
cette nature ; elle craint, sans cesse , que
sa mere ne veuille pas l'unir à son cher
Comte. Mais cette appréhension est- elle
fondée ? Au contraire, il semble que tout
conspire à son bonheur ; l'union intime
des deux familles ; la naissance de l'une ,
les
$28 MERCURE DE FRANCE
}
les grands biens de l'autre , sont des rai
sons qui doivent lever tous ses doutes.
On vous reproche aussi d'avoir fait
mourir trop de personnes sans utilité
pour votre sujet. Ce raisonnement , ditesvous
, est si frivole qu'il ne merite pas la peine
d'être rélévé. Je m'en tiendrai, si vous le
souhaittez , à cette décision . Mais est- elle
sans replique ? Pour rendre les évenemens
vrai-semblables , ajoutez -vous , il faut puiser
dans les sentimens et chercher des incidens
ordinaires. Rien ne l'est plus que la morts
la douleur que nous cause un si triste moment
nous touche , nous émeut , et nous fait répandre
des larmes.Cela est incontestable .Aussi
dans une Tragédie rien n'est plus tou
chant , rien n'est si pathetique qu'une
belle reconnoissance , qu'une déclaration
d'amour , et que le récit d'une mort héroïque
et courageuse ; cependant si ces
mêmes beautez se trouvoient sept ou huit
fois dans la même Piéce , au lieu de toucher
et de plaire , elles ennuyeroient et
rebuteroient le Lecteur ; l'esprit , ainsi
que nos sens , rejette une trop grande
uniformité ; il faut émouvoir , mais diver
sement ; vous me direz peut être , que
cela est bon dans un Poëme Dragmatioù
l'action est de peu de durée ; ne
Vous y trompez pas , Madame , les Regles
que ,
MAR S. 17337 429
gles sont à peu près les mêmes dans le
Roman , et dans une pièce de Théatre; du
moins leur but est égal , et le Lecteur ne
met guere de différence entre une Tragedie
et une Histoiriette qui n'occupe qu'un
volume .
Si l'on vous condamne d'avoir rapporté
les exemples de Julie , de Messaline et
de Marguerite de Valois . Il faut , ditesvous
, proscrire les Livres qui sont entre les
mains de tout le monde ; sans vouloir icy
trancher du critique , je crois qu'on peut
hardiment avancer qu'il y a beaucoup de
Livres non-seulement inutiles , mais mê
me très- dangereux ; enfin pour exprimer
cette pensée en deux mots , je dirai seulement
qu'il est toujours d'une dangereuse
conséquence de donner l'idée du vice
à la jeunesse ; qu'il est à craindre qu'elle
n'envisage pas tant l'infamie qui suit le
crime , que l'appas du vain plaisir qui l'y
entraîne ; en un mot , point d'ignorance
avec le vice .
Vous auriez mal soutenu le caractere de
votre Héroïne , en lui faisant refuser M. de
S. Hilaire , pour Punique motif qu'elle ne
se croioit plus digne de lui.
Enfin pour la premiere fois vous vous
exprimez dans les termes de l'Art ; vous
deviez bien , suivant ces mêmes princi-.
pes
430 MERCURE DE FRANCE
pes , répondre aux objections qui vous
ont été faites , d'avoir laissé le lecteur si
long-temps en suspens ', lorsqu'Emilie a
déclaré que son amour étoit simulé ;
pourquoi les Amours du Comte et d'Emilie
viennent trop subitement; et quelle
nécessité il y avoit à faire périr tant de
personnes ; mais vous l'avez négligé, vous
avez éludé , par des raisonnemens vagues
, des accusations réclles , de sorte
que la plupart de vos repliques ne tom
bent pas même sur l'imputation . Revenons
à notre examen,
Vous avez voulu soutenir le caractere
de votre Héroïne en lui faisant conserver
toute sa fierté ; ou, je me trompe , ou
l'intervale est bien court depuis son refus
jusqu'au temps de sa retraite ; cependant
on ne voit pas que cette résolution d'entrer
dans un Convent , soit la démarche
d'une Coquette des plus étourdies, done
elle est devenue bien- tôt raisonnable ;
d'ailleurs , il faut sçavoir quelquefois sor-.
tir des Regles , sur tout lorsque cela sert
à rendre une circonstance moins désagréable.
Voilà , Madame , ce que j'ai cru neces-.
saire d'expliquer pour soûtenir ce que
j'avois avancé, et pour satisfaire le Public; ›
au reste , on ne sçauroit nier que votre
Lettre
M A R⚫S, 1733. 43 %
Lettre ne soit bien écrite , et qu'elle ne
confirme bien dans les esprits , la haute
opinion qu'on a de vos heureux talens ;
pour moi , si je me sçai quelque gré d'avoir
écrit ma Lettre , ce n'est pas tant le
succès qu'elle a eu , qui me flatte , que le
bonheur d'avoir occasionné une réponse
qui m'est si honorable , et dont je ne perdrai
jamais le souvenir , non plus que
l'occasion de vous prouver le dévoliment
respectueux avec lequel je suis , Madame,
votre , &c.
C ***
Auteur de l'Histoire d'Emilie , on
des Amours de Mule de...
J
E voudrois , MADAME , pouvoir
me dispenser de répondre aux raisons
que vous venez d'alléguer pour la deffence
d'Emilie. Outre que j'ai quelque confusjon
de combattre les sentimens d'une
Dame dont j'honore et respecte infiniment
le mérite , je sens bien que c'est
mal reconnoître la confiance que vous
avez euë pour moi ; j'aurois sans doute
sacrifié à ces considérations la vanité que
l'on peut gouter , en soûtenant ses sentimens
contre un adversaire tel que
vous , si de pressantes sollicitations ne
m'avoient pas , pour ainsi dire , forcé à
répli
MARS. 1733 . 427
répliquer ; quoiqu'il en soit , si je rentre
dans la carriere , si j'ose faire quelques
nouvelles observations , ce sera toujours
avec ces égards que l'émulation et que
les Regles de la politesse nous prescrivent.
Dès que l'on est infortuné que l'amour
d'Emilie, n'est qu'une feinte , l'esprit n'a
plus rien qui l'occupe . Voilà l'objection ;
mais vous avez négligé d'y répondre ;
on convient avec les Maitres de l'Art, que
vos Entretiens sont beaux ; s'ils sont ennu
yeux,c'est parce qu'il n'y a plus d'interêt,
et qu'ils ne concourent à rien. Vous conviendrez
que les plus grandes beautez ne
font plus d'effet , dès le moment qu'elles
sont déplacées . Les Allarmes , dites- vous,
sont le partage des Amans , il est vrai. La
crainte de l'infidélité , le moindre éloignement
de l'objet que l'on aime; les dangers
ausquels on est exposé dans le cours
de la Vie , sont pour eux des sources intarissables
de craintes et d'allarmes . Celles
que l'on reproche à Emilie ne sont pas de
cette nature ; elle craint, sans cesse , que
sa mere ne veuille pas l'unir à son cher
Comte. Mais cette appréhension est- elle
fondée ? Au contraire, il semble que tout
conspire à son bonheur ; l'union intime
des deux familles ; la naissance de l'une ,
les
$28 MERCURE DE FRANCE
}
les grands biens de l'autre , sont des rai
sons qui doivent lever tous ses doutes.
On vous reproche aussi d'avoir fait
mourir trop de personnes sans utilité
pour votre sujet. Ce raisonnement , ditesvous
, est si frivole qu'il ne merite pas la peine
d'être rélévé. Je m'en tiendrai, si vous le
souhaittez , à cette décision . Mais est- elle
sans replique ? Pour rendre les évenemens
vrai-semblables , ajoutez -vous , il faut puiser
dans les sentimens et chercher des incidens
ordinaires. Rien ne l'est plus que la morts
la douleur que nous cause un si triste moment
nous touche , nous émeut , et nous fait répandre
des larmes.Cela est incontestable .Aussi
dans une Tragédie rien n'est plus tou
chant , rien n'est si pathetique qu'une
belle reconnoissance , qu'une déclaration
d'amour , et que le récit d'une mort héroïque
et courageuse ; cependant si ces
mêmes beautez se trouvoient sept ou huit
fois dans la même Piéce , au lieu de toucher
et de plaire , elles ennuyeroient et
rebuteroient le Lecteur ; l'esprit , ainsi
que nos sens , rejette une trop grande
uniformité ; il faut émouvoir , mais diver
sement ; vous me direz peut être , que
cela est bon dans un Poëme Dragmatioù
l'action est de peu de durée ; ne
Vous y trompez pas , Madame , les Regles
que ,
MAR S. 17337 429
gles sont à peu près les mêmes dans le
Roman , et dans une pièce de Théatre; du
moins leur but est égal , et le Lecteur ne
met guere de différence entre une Tragedie
et une Histoiriette qui n'occupe qu'un
volume .
Si l'on vous condamne d'avoir rapporté
les exemples de Julie , de Messaline et
de Marguerite de Valois . Il faut , ditesvous
, proscrire les Livres qui sont entre les
mains de tout le monde ; sans vouloir icy
trancher du critique , je crois qu'on peut
hardiment avancer qu'il y a beaucoup de
Livres non-seulement inutiles , mais mê
me très- dangereux ; enfin pour exprimer
cette pensée en deux mots , je dirai seulement
qu'il est toujours d'une dangereuse
conséquence de donner l'idée du vice
à la jeunesse ; qu'il est à craindre qu'elle
n'envisage pas tant l'infamie qui suit le
crime , que l'appas du vain plaisir qui l'y
entraîne ; en un mot , point d'ignorance
avec le vice .
Vous auriez mal soutenu le caractere de
votre Héroïne , en lui faisant refuser M. de
S. Hilaire , pour Punique motif qu'elle ne
se croioit plus digne de lui.
Enfin pour la premiere fois vous vous
exprimez dans les termes de l'Art ; vous
deviez bien , suivant ces mêmes princi-.
pes
430 MERCURE DE FRANCE
pes , répondre aux objections qui vous
ont été faites , d'avoir laissé le lecteur si
long-temps en suspens ', lorsqu'Emilie a
déclaré que son amour étoit simulé ;
pourquoi les Amours du Comte et d'Emilie
viennent trop subitement; et quelle
nécessité il y avoit à faire périr tant de
personnes ; mais vous l'avez négligé, vous
avez éludé , par des raisonnemens vagues
, des accusations réclles , de sorte
que la plupart de vos repliques ne tom
bent pas même sur l'imputation . Revenons
à notre examen,
Vous avez voulu soutenir le caractere
de votre Héroïne en lui faisant conserver
toute sa fierté ; ou, je me trompe , ou
l'intervale est bien court depuis son refus
jusqu'au temps de sa retraite ; cependant
on ne voit pas que cette résolution d'entrer
dans un Convent , soit la démarche
d'une Coquette des plus étourdies, done
elle est devenue bien- tôt raisonnable ;
d'ailleurs , il faut sçavoir quelquefois sor-.
tir des Regles , sur tout lorsque cela sert
à rendre une circonstance moins désagréable.
Voilà , Madame , ce que j'ai cru neces-.
saire d'expliquer pour soûtenir ce que
j'avois avancé, et pour satisfaire le Public; ›
au reste , on ne sçauroit nier que votre
Lettre
M A R⚫S, 1733. 43 %
Lettre ne soit bien écrite , et qu'elle ne
confirme bien dans les esprits , la haute
opinion qu'on a de vos heureux talens ;
pour moi , si je me sçai quelque gré d'avoir
écrit ma Lettre , ce n'est pas tant le
succès qu'elle a eu , qui me flatte , que le
bonheur d'avoir occasionné une réponse
qui m'est si honorable , et dont je ne perdrai
jamais le souvenir , non plus que
l'occasion de vous prouver le dévoliment
respectueux avec lequel je suis , Madame,
votre , &c.
C ***
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Résumé : RÉPONSE à Madame MEHEULT, Auteur de l'Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
Le texte est une réponse à Madame Meheult, autrice de l'Histoire d'Émilie. L'auteur commence par exprimer sa réticence à répondre aux arguments de Madame Meheult, par respect pour son mérite et sa confiance. Cependant, il se sent obligé de répliquer en raison de pressantes sollicitations. Il souligne que les objections à l'histoire d'Émilie sont fondées sur l'absence d'intérêt et la déplacation des beautés littéraires. L'auteur critique également la mort de plusieurs personnages sans utilité pour le sujet et l'excès de scènes similaires, qui peuvent ennuyer le lecteur. Il mentionne aussi la dangerosité de donner des exemples de vice à la jeunesse. L'auteur reproche à Madame Meheult de ne pas avoir répondu aux objections sur la simulation de l'amour d'Émilie et la nécessité de la mort de certains personnages. Enfin, il reconnaît la qualité de la lettre de Madame Meheult et exprime son respect et sa gratitude pour sa réponse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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792
p. 435-441
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 12 Novembre 1732. sur quelques sujets de Litterature.
Début :
J'ai été ravi d'apprendre par votre Lettre du 11 Août arrivée ici depuis [...]
Mots clefs :
Constantinople, Évêché de Troade, Patriarches d'Alexandrie, Patriarche, Ouvrage, Prélats, Voltaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 12 Novembre 1732. sur quelques sujets de Litterature.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople
le 12 Novembre 1732. sur
quelques sujets de Litterature.
JA
' Ai été ravi d'apprendre par votre
Lettre du 11 Août arrivée ici depuis
peu de jours , que parmi les Piéces qui
composoient mon Paquet du 6 Juin vous
en ayez trouvé qui vous ont fait plaisir.
J'ai toujours dessein de vous en procurer
quand je vous écris , et jose présumer
que j'y réussirois plus souvent , s'il m'étoit
permis de vous mander tout ce qui
vient à ma connoissance.
Je vous remercie des discours prononcez
à l'Académie Françoise contenus dans
votre derniere dépêche. Quand il me
vient de ces morceaux de main de Maître,
je les dévore , et je me rappelle avec un
vrai plaisir le goût de l'Eloquence et de
la belle diction , dont j'ai presque perdu
l'idée , à force d'entendre jargonner et
baragouiner ici le François , depuis plu
sieurs années que j'ai quitté Paris.
Quand j'aurai vû dans le Mercure que
vous m'envoyez , l'explication que vous
avez donnée de la Porte Othomane , terme
Bij usité
436 MERCURE DE FRANCE
usité pour signifier la Cour , ou le Palais
du Grand - Seigneur , je vous dirai si cette
explication s'accorde avec ce qu'on pense
ici sur le même sujet , que nul Voyageur
n'a encore traité .
Vous trouverez dans ce Paquet une
Liste , la moins imparfaite qu'on ait pû
dresser , des Patriarches d'Alexandrie, que
M. l'Ambassadeur a reçue du Caire depuis
15 jours , pour le grand Ouvrage
qui s'imprime au Louvre , et auquel vous
vous interessez . J'ai écrit fortement par
ses ordres à la personne qui a envoyé cette
Liste de redoubler ses soins pour remplir
les Lacunes , où les noms qu'on n'a
pû encore découvrir , et à une autre personne
qui est à Alexandrie , de mettre
tout en usage pour parvenir à nous dresser
des Catalogues complets , tant des
Patriarches de cette Ville , que de ceux
des Coptes , & c,
Vous avez très - bien fait de ne rien dire
de positif sur l'Etat présent de la Ville et
de l'Evêché de Troade à la fin de la Dissertation
, que vous avez publiée au sujet
d'une Médaille rare de cette ancienne Vil
le ; car le Mémoire que je vous ai envoyé
d'abord là-dessus n'est rien moins qu'éxact.
Vous en jugerez par cet article de
la Lettre que m'écrit le R, P. N, Jésuite
MARS. 1733. 437
suite , à qui je m'étois addressé pour
cela.
>>
و ر
» Je vous dirai , Monsieur , que les in
» formations que je vous donnai il y a
quelques mois sur l'Evêché de Troade
» me paroissent fausses aujourd'hui . Un
» habile Grec avec qui j'ai fait connois-
» sance depuis six semaines , m'en a don-
» né d'autres , auxquelles je crois devoir
» ajoûter plus de foi : c'est un Prêtre des
» plus sçavans de Constantinople ; il a
» surtout une grande connoissance des
» Evêchez , il étudie beaucoup , et espere ,
>> devenir lui - même Métropolitain au
» premier jour. Il m'a donc assuré , tant
» pour les informations qu'il a prises du
» Patriarche d'ici , que par l'autorité d'un
» Livre que le défunt Patriarche de Jeru-
» salem avoit fait imprimer quelques an-
» nées avant sa mort , que c'est le Métropolitain
de Cyzique , dont le Siege a
» été transferé au Bourg d'Arta- Queui
» et non pas celui de l'Evêque de Troade ,
» comme je vous l'avois marqué ; que ce
» Métropolitain de Cysique n'avoit pas
>> présentement un seul Suffragant sous
lui , et que depuis bien du tems il n'y
» avoit plus d'Evêché de Troade ni en
» état , ni de nom.
>>
Je pancherois fort à préférer cette der-
Bij niere
438 MERCURE DE FRANCE
niere Notice , que je viens de recevoir
de mon obligeant Jésuite , à celle qu'il
m'avoit ci -devant envoyée , et dont heureusement
vous n'avez fait aucun usage ;
ma raison est que le défunt Patriarche de
Jerusalem , dont il me parle , étoit un
Prélat fort éclairé , et qu'à moins de vouloir
douter de tout , on ne sçauroit penser
qu'il n'ait dit vrai sur ce qu'il a écrit
de l'Evêché de Troade.
Son Livre , au reste , petit in -fol. imprimé
à Terzovvitz en Valaquie , est en
Grec Vulgaire , mais si pur et si élégant ,
que plus des deux tiers sont du Grec Litteral.
J'ai déja fait quelques tentatives
pour l'acquerir , persuadé qu'il pourroit
être de quelque utilité à votre illustre
ami pour la perfection de l'Ouvrage dont
j'ai parlé ci - dessus : mais il est fort rare ;
l'Auteur , qui l'avoit fait imprimer à ses
frais , en ayant retiré tous les Exemplaires
pour en faire des présens à ses amis . Je ne
désespere pourtant pas d'avoir le plaisir
de vous l'envoyer.
J'ai écrit depuis peu et au R. P. Jesui
te et à d'autres personnes capables , au
sujet des noms des Patriarches de Constantinople
, et des Evêques , &c. que
vous me demandez , et je vous envoyerai
par la premiere occasion le fruit de leurs
ReMARS.
1733. 439
Recherches j'ai cependant une remarque
à vous faire à l'égard des Prélats , qui
sont actuellement en place , et dont vous
souhaitez avoir les noms , par rapport
à l'Ouvrage en question . C'est que les
Prélatures grecques étant sujettes à des
changemens fréquens et subits , par la
simonie , si fort en usage parmi les Moines
Schismatiques , qui vivent sous la
domination des Mahometans , vous pou
vez presque vous assurer qu'une bonne
partie des Prélats , dont je vous enverrai
les noms ne seront plus en place ,
non seulement quand vous recevrez ma
Lettre , où je vous aurai marqué ces
noms ; mais que peut être même ils au
ront déja eur plusieurs Successeurs , sans
que j'en aye pu avoir connoissance avant
que cette même Lettre parte d'ici . Inconvenient
dont nous avons un exemple récent
en la personne de Jéremie , qui vient
de remonter sur le Siége Patriarchal de
Constantinople , et qui est à la veille d'en
descendre pour la seconde fois , par les
intrigues de celui qu'il a supplanté . Inconvenient
, dis je , auquel on ne peut
guére remédier que par la Chronologie ,
et en fixant les Epoques de l'Installation ,
& c. ce qui encore n'est pas sans difficulté.
J'ai lû depuis quelques- tems la belle
B iiij
His440
MERCURE DE FRANCE
Histoire , ou plutôt , à mon avis , le bel
Abregé de l'Histoire de Charles XII . par
M. de Voltaire . Je ne sçai , et je vous
prie de m'en dire votre sentiment , si les
Gens de Lettres en sont aussi satisfaits que
les Gens de Cour , et ce qu'on appelle le
beau monde , à qui les charmes du stile
suffisent. Pour moi qui cherche à m'instiuire
à fond , et qui aime un peu le détail
, je trouve que M. de V. coule souvent
avec un peu trop de rapidité sur des
faits et sur des Evenemens , dont les particularitez
interessantes n'auroient pas , ce
me semble, moins bien figuré, que le reste
dans l'Histoire de son Heros . Je trouve
encore , et j'en suis même fâché , que ce
charmant Historien n'a pas toujours été
également bien servi en Mémoires. Il en
auroit pû trouver aisément de plus instructifs
et de plus fideles que beaucoup de
ceux qu'il a mis en oeuvre, surtout pour
ce qui regarde ce Pays-ci , dont il ne paroît
pas avoir des Notions fort éxactes .
Qui ne riroit , en effet , quand on lit
entr'autres choses que les femmes y conservent
plus long- tems leur fraicheur et
leur beauté qu'ailleurs ? tandis que ce fait
est entierement opposé à la verité , n'y
ayant peut être pas de Pays où , la fleur de
la Jeunesse s'efface plutôt chez le beau
Sexe
MARS. 1733
44
Sexe que dans celui- ci . Au surplus, M. de
V. n'a vraisemblablement erré sur cet article
que pour avoir adopté , peut - être
avec trop de confiance , les rapports de
certains esprits aussi superficiels que décisifs
, qui parlent de tout affirmativement
, quoique fort à la legere , et qui
n'ayant pas acquis à Constantinople , où
l'on se ressouvient fort bien d'eux , la réputation
de gens sur lesquels on peut fai
re fond , n'auroient pas dû trouver une
crédulité si facile dans un génie superieur
comme cet admirable Ecri
vain.
Au reste , Monsieur , je ne prétends
pas confondre ici avec les personnes dont
je viens de parler le Voyageur la Mo.
traye , qui , à peu de choses près , est fort
veridique dans ce qu'il rapporte du Rof
de Suede , et dont pour l'honneur de la
verité et de l'éxactitude , il auroit été au
contraire à souhaiter que notre Historien
eut préferé plus souvent les connoissances
à celles d'autres personnes , qui quoique
plus lumineuses , en apparence , n'
toient pas des guides si sûrs.
le 12 Novembre 1732. sur
quelques sujets de Litterature.
JA
' Ai été ravi d'apprendre par votre
Lettre du 11 Août arrivée ici depuis
peu de jours , que parmi les Piéces qui
composoient mon Paquet du 6 Juin vous
en ayez trouvé qui vous ont fait plaisir.
J'ai toujours dessein de vous en procurer
quand je vous écris , et jose présumer
que j'y réussirois plus souvent , s'il m'étoit
permis de vous mander tout ce qui
vient à ma connoissance.
Je vous remercie des discours prononcez
à l'Académie Françoise contenus dans
votre derniere dépêche. Quand il me
vient de ces morceaux de main de Maître,
je les dévore , et je me rappelle avec un
vrai plaisir le goût de l'Eloquence et de
la belle diction , dont j'ai presque perdu
l'idée , à force d'entendre jargonner et
baragouiner ici le François , depuis plu
sieurs années que j'ai quitté Paris.
Quand j'aurai vû dans le Mercure que
vous m'envoyez , l'explication que vous
avez donnée de la Porte Othomane , terme
Bij usité
436 MERCURE DE FRANCE
usité pour signifier la Cour , ou le Palais
du Grand - Seigneur , je vous dirai si cette
explication s'accorde avec ce qu'on pense
ici sur le même sujet , que nul Voyageur
n'a encore traité .
Vous trouverez dans ce Paquet une
Liste , la moins imparfaite qu'on ait pû
dresser , des Patriarches d'Alexandrie, que
M. l'Ambassadeur a reçue du Caire depuis
15 jours , pour le grand Ouvrage
qui s'imprime au Louvre , et auquel vous
vous interessez . J'ai écrit fortement par
ses ordres à la personne qui a envoyé cette
Liste de redoubler ses soins pour remplir
les Lacunes , où les noms qu'on n'a
pû encore découvrir , et à une autre personne
qui est à Alexandrie , de mettre
tout en usage pour parvenir à nous dresser
des Catalogues complets , tant des
Patriarches de cette Ville , que de ceux
des Coptes , & c,
Vous avez très - bien fait de ne rien dire
de positif sur l'Etat présent de la Ville et
de l'Evêché de Troade à la fin de la Dissertation
, que vous avez publiée au sujet
d'une Médaille rare de cette ancienne Vil
le ; car le Mémoire que je vous ai envoyé
d'abord là-dessus n'est rien moins qu'éxact.
Vous en jugerez par cet article de
la Lettre que m'écrit le R, P. N, Jésuite
MARS. 1733. 437
suite , à qui je m'étois addressé pour
cela.
>>
و ر
» Je vous dirai , Monsieur , que les in
» formations que je vous donnai il y a
quelques mois sur l'Evêché de Troade
» me paroissent fausses aujourd'hui . Un
» habile Grec avec qui j'ai fait connois-
» sance depuis six semaines , m'en a don-
» né d'autres , auxquelles je crois devoir
» ajoûter plus de foi : c'est un Prêtre des
» plus sçavans de Constantinople ; il a
» surtout une grande connoissance des
» Evêchez , il étudie beaucoup , et espere ,
>> devenir lui - même Métropolitain au
» premier jour. Il m'a donc assuré , tant
» pour les informations qu'il a prises du
» Patriarche d'ici , que par l'autorité d'un
» Livre que le défunt Patriarche de Jeru-
» salem avoit fait imprimer quelques an-
» nées avant sa mort , que c'est le Métropolitain
de Cyzique , dont le Siege a
» été transferé au Bourg d'Arta- Queui
» et non pas celui de l'Evêque de Troade ,
» comme je vous l'avois marqué ; que ce
» Métropolitain de Cysique n'avoit pas
>> présentement un seul Suffragant sous
lui , et que depuis bien du tems il n'y
» avoit plus d'Evêché de Troade ni en
» état , ni de nom.
>>
Je pancherois fort à préférer cette der-
Bij niere
438 MERCURE DE FRANCE
niere Notice , que je viens de recevoir
de mon obligeant Jésuite , à celle qu'il
m'avoit ci -devant envoyée , et dont heureusement
vous n'avez fait aucun usage ;
ma raison est que le défunt Patriarche de
Jerusalem , dont il me parle , étoit un
Prélat fort éclairé , et qu'à moins de vouloir
douter de tout , on ne sçauroit penser
qu'il n'ait dit vrai sur ce qu'il a écrit
de l'Evêché de Troade.
Son Livre , au reste , petit in -fol. imprimé
à Terzovvitz en Valaquie , est en
Grec Vulgaire , mais si pur et si élégant ,
que plus des deux tiers sont du Grec Litteral.
J'ai déja fait quelques tentatives
pour l'acquerir , persuadé qu'il pourroit
être de quelque utilité à votre illustre
ami pour la perfection de l'Ouvrage dont
j'ai parlé ci - dessus : mais il est fort rare ;
l'Auteur , qui l'avoit fait imprimer à ses
frais , en ayant retiré tous les Exemplaires
pour en faire des présens à ses amis . Je ne
désespere pourtant pas d'avoir le plaisir
de vous l'envoyer.
J'ai écrit depuis peu et au R. P. Jesui
te et à d'autres personnes capables , au
sujet des noms des Patriarches de Constantinople
, et des Evêques , &c. que
vous me demandez , et je vous envoyerai
par la premiere occasion le fruit de leurs
ReMARS.
1733. 439
Recherches j'ai cependant une remarque
à vous faire à l'égard des Prélats , qui
sont actuellement en place , et dont vous
souhaitez avoir les noms , par rapport
à l'Ouvrage en question . C'est que les
Prélatures grecques étant sujettes à des
changemens fréquens et subits , par la
simonie , si fort en usage parmi les Moines
Schismatiques , qui vivent sous la
domination des Mahometans , vous pou
vez presque vous assurer qu'une bonne
partie des Prélats , dont je vous enverrai
les noms ne seront plus en place ,
non seulement quand vous recevrez ma
Lettre , où je vous aurai marqué ces
noms ; mais que peut être même ils au
ront déja eur plusieurs Successeurs , sans
que j'en aye pu avoir connoissance avant
que cette même Lettre parte d'ici . Inconvenient
dont nous avons un exemple récent
en la personne de Jéremie , qui vient
de remonter sur le Siége Patriarchal de
Constantinople , et qui est à la veille d'en
descendre pour la seconde fois , par les
intrigues de celui qu'il a supplanté . Inconvenient
, dis je , auquel on ne peut
guére remédier que par la Chronologie ,
et en fixant les Epoques de l'Installation ,
& c. ce qui encore n'est pas sans difficulté.
J'ai lû depuis quelques- tems la belle
B iiij
His440
MERCURE DE FRANCE
Histoire , ou plutôt , à mon avis , le bel
Abregé de l'Histoire de Charles XII . par
M. de Voltaire . Je ne sçai , et je vous
prie de m'en dire votre sentiment , si les
Gens de Lettres en sont aussi satisfaits que
les Gens de Cour , et ce qu'on appelle le
beau monde , à qui les charmes du stile
suffisent. Pour moi qui cherche à m'instiuire
à fond , et qui aime un peu le détail
, je trouve que M. de V. coule souvent
avec un peu trop de rapidité sur des
faits et sur des Evenemens , dont les particularitez
interessantes n'auroient pas , ce
me semble, moins bien figuré, que le reste
dans l'Histoire de son Heros . Je trouve
encore , et j'en suis même fâché , que ce
charmant Historien n'a pas toujours été
également bien servi en Mémoires. Il en
auroit pû trouver aisément de plus instructifs
et de plus fideles que beaucoup de
ceux qu'il a mis en oeuvre, surtout pour
ce qui regarde ce Pays-ci , dont il ne paroît
pas avoir des Notions fort éxactes .
Qui ne riroit , en effet , quand on lit
entr'autres choses que les femmes y conservent
plus long- tems leur fraicheur et
leur beauté qu'ailleurs ? tandis que ce fait
est entierement opposé à la verité , n'y
ayant peut être pas de Pays où , la fleur de
la Jeunesse s'efface plutôt chez le beau
Sexe
MARS. 1733
44
Sexe que dans celui- ci . Au surplus, M. de
V. n'a vraisemblablement erré sur cet article
que pour avoir adopté , peut - être
avec trop de confiance , les rapports de
certains esprits aussi superficiels que décisifs
, qui parlent de tout affirmativement
, quoique fort à la legere , et qui
n'ayant pas acquis à Constantinople , où
l'on se ressouvient fort bien d'eux , la réputation
de gens sur lesquels on peut fai
re fond , n'auroient pas dû trouver une
crédulité si facile dans un génie superieur
comme cet admirable Ecri
vain.
Au reste , Monsieur , je ne prétends
pas confondre ici avec les personnes dont
je viens de parler le Voyageur la Mo.
traye , qui , à peu de choses près , est fort
veridique dans ce qu'il rapporte du Rof
de Suede , et dont pour l'honneur de la
verité et de l'éxactitude , il auroit été au
contraire à souhaiter que notre Historien
eut préferé plus souvent les connoissances
à celles d'autres personnes , qui quoique
plus lumineuses , en apparence , n'
toient pas des guides si sûrs.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 12 Novembre 1732. sur quelques sujets de Litterature.
L'auteur d'une lettre datée du 12 novembre 1732 à Constantinople exprime sa satisfaction de savoir que certaines pièces envoyées ont été appréciées par le destinataire. Il souhaite poursuivre l'envoi d'informations intéressantes. Il remercie également pour les discours prononcés à l'Académie Française, qu'il trouve particulièrement agréables après avoir entendu des versions déformées du français à Constantinople. L'auteur mentionne avoir reçu une liste des Patriarches d'Alexandrie par l'intermédiaire de l'ambassadeur au Caire, destinée à un grand ouvrage imprimé au Louvre. Il a demandé à des personnes de compléter cette liste et d'en dresser d'autres pour les Patriarches d'Alexandrie et des Coptes. Concernant l'état de la ville et de l'évêché de Troade, l'auteur déconseille de faire des déclarations définitives, car les informations précédentes se sont avérées inexactes. Un Jésuite a fourni de nouvelles informations, affirmant que le Métropolitain de Cyzique, dont le siège a été transféré à Arta-Queui, est le véritable titulaire, et non l'évêque de Troade. L'auteur préfère cette nouvelle notice et espère acquérir un livre rare du défunt Patriarche de Jérusalem pour compléter l'ouvrage en question. Il a également écrit à des personnes compétentes pour obtenir les noms des Patriarches de Constantinople et des évêques, notant que les changements fréquents parmi les prélats grecs rendent ces informations rapidement obsolètes. Enfin, l'auteur commente l'ouvrage de Voltaire sur Charles XII, trouvant que Voltaire passe trop rapidement sur certains détails intéressants et qu'il n'a pas toujours été bien informé, notamment sur les femmes de Constantinople. Il apprécie cependant le style de Voltaire et regrette qu'il n'ait pas utilisé des mémoires plus fiables.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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793
p. 462
A MADEMOISELLE de Malcrais de la Vigne, par le Poëte de S. Denis Combarnazat, en Auvergne.
Début :
A Saint Denis combarnazat, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADEMOISELLE de Malcrais de la Vigne, par le Poëte de S. Denis Combarnazat, en Auvergne.
AMADEMOISELLE de Malcrais
de la Vigne , par le Poëte de S. Denis
Combarnazai , en Auvergne.
A Saint Denis combarnazar ,
Auriez -vous cru , Malcrais , qu'on vous préconisat
?
L'autre jour Alcidon , Magistrat respectable ,
A Table ,
Chanta sur un Bachique ton
Tout cou-ou- ouleroit dans le gosier * Breton.
Un Chanteur pointilleux , reprit sur la notte ,
Alcidon l'endormit en sifflant - la Linotte.
Belle Malcrais , vos accens gracieux ,
Annoncent vosre Gloire aux plus sauvages Lieux
Votre Muse inspire ses charmes
Aux climats où César vit arrêter ses armes
Par la valeur de Vercingetorix ;
Vous pourriez vous flater d'humaniser le Stix .
Chanson de Mlle de Malcrais.
de la Vigne , par le Poëte de S. Denis
Combarnazai , en Auvergne.
A Saint Denis combarnazar ,
Auriez -vous cru , Malcrais , qu'on vous préconisat
?
L'autre jour Alcidon , Magistrat respectable ,
A Table ,
Chanta sur un Bachique ton
Tout cou-ou- ouleroit dans le gosier * Breton.
Un Chanteur pointilleux , reprit sur la notte ,
Alcidon l'endormit en sifflant - la Linotte.
Belle Malcrais , vos accens gracieux ,
Annoncent vosre Gloire aux plus sauvages Lieux
Votre Muse inspire ses charmes
Aux climats où César vit arrêter ses armes
Par la valeur de Vercingetorix ;
Vous pourriez vous flater d'humaniser le Stix .
Chanson de Mlle de Malcrais.
Fermer
Résumé : A MADEMOISELLE de Malcrais de la Vigne, par le Poëte de S. Denis Combarnazat, en Auvergne.
Le poème 'Mademoiselle de Malcrais' pose une question rhétorique à Malcrais. Il mentionne Alcidon, un magistrat, et un chanteur pointilleux. Il loue les accents gracieux de Mademoiselle de Malcrais, capable d'inspirer des charmes même dans des climats où César affronta Vercingétorix. Il suggère qu'elle pourrait humaniser le Styx.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
794
p. 463-469
DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
Début :
MESSIEURS, Nous venons partager avec vous la joïe que nous [...]
Mots clefs :
Académie de La Rochelle, Établissement, La Rochelle, Société littéraire, Sciences, Public, Amour, Gloire, Province, Postérité, Belles-lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
DISCOURS prononcé dans l'Hôtel
de Ville de la Rochelle , le 18 Juillet
1732. par M.Regnaud , l'un des Membres
de la nouvelle Académie Royale , à
la tête de la Compagnie.
M
ESSIEURS ,
Nous venons partager avec vous la
joïe que nous cause un Etablissement
aussi glorieux pour cette Ville , qu'il lui
sera utile dans la suite. Cette Société Litteraire
qui s'est formée sous vos yeux, qui
des son commencement a eu l'approba
tion de M. Bignon , Intendant de la Province
, est aujourd'hui honorée de la Protection
de Monseigneur le Prince de
Conti , et érigée en Corps Académique ,
par les Lettres Patentes , qu'il a plû au
Roy de nous accorder .
L'amour de l'Etude avoit fait naître
l'idée de cet Etablissement , la Sagesse
l'a conduit , la Vertu l'a protegé , et l'authorité
Souveraine vient de le rendre stable
, par une de ces graces singulieres que
S. M. ne répand que sur les Villes qui lúi
sont les plus attachées , les plus soumises ,
Ciiij et
464 MERCURE DE FRANCE
et , si je l'ose dire , les plus cheres.
Prérogative bien glorieuse pour nous
mais encore plus interressante ! elle nous
découvre le caractere bienfaisant du Prince,
sous les Loix duquel nous avons le bonheur
de vivre , son zele à étendre l'Empire
des Lettres jusqu'aux extrémitez de la
France , et, ce qui doit nous toucher plus
vivement, son attention à procurer à cette
Ville , tout ce qui peut lui être avantageux.
En effet , MESSIEURS , nos besoins
sont satisfaits , dès qu'il les connoît ; il
sçait que le commerce de cette Ville a
perdu de son activité et de son étenduë
que notre Port est devenu inaccessible
aux Vaisseaux ; il en ordonne le rétablis
sement , l'ouvrage est commencé , et l'expérience
de celui à qui il est confié , nous
assure du succès .
ོ་
བ་
Vraiment Pere de ses Peuples , il veille
sans cesse à leur conservation ; des maladies
Périodiques affligent les habitans de
cette Ville ; il ordonne d'en chercher la
cause, on la découvre, et déja nous voïons
près de cette Digue fameuse , qui sembloit
devoir nous éloigner de la Mer en lui
prescrivant de nouvelles bornes , mille
bras occupez au salut public.
Mieux instruit que nous sommes de
"no"
MARS. 1733.
465
nos propres interêts , il prévient les suites
funestes de cette avidité qui avoit porté
les Contrées voisines à changer l'usage de
leurs Terres , sans faire attention , qu'en
multipliant à l'excès , les fruits d'une
même espece , elles causoient une abondance
capable de ruiner la principale ressource
de cette Province.
Il semble , MESSIEURS , que cet Astre
ne soit placé sur nos têtes que pour
nous faire sentir la douceur de ses influences
; toujours attentif à recompenser
le mérite et les services de ses Sujets , il
vient de répandre un nouveau lustre
sur une Compagnie encore plus - respectable
par les qualitez de l'esprit et
du coeur , que par le nouvel éclat dont
S. M. a bien voulu l'honorer.
Secondant les voeux d'un Corps qué la
piété et le sçavoir ont toujours distingués
il veut , à l'honneur de la Religion élever
des Autels , dignes de sa Magnificence
Royale , dans les mêmes lieux où l'on regrete
encore ceux que la Guerre et l'Hérésie
ont renverses avec tant de fureur.
›
Notre reconnoissance se ranime à la
vûë de tous ces bienfaits ; mais eussionsnous
pû , MESSIEURS la marquer
d'une manière assez éclatante , si la nouvelle
faveur que nous recevons de S. M.
C v
ne
466 MERCURE DE FRANCE
ne nous mettoit en état de la rendre publique
, et de la faire passer jusqu'à la
posterité la plus reculée.
L'amour des Letttes , et leurs progrès
dans un Etat sont des marques assurées
de grandeur et de prosperité , et leur Etablissement
dans une Ville , et pour tous
les Citoiens , une source de gloire , à laquelle
chacun a droit de prétendre,à proportion
de ses talens .
Vous le sçavez , MESSIEURS , et j'ose
le dire , vous le sçavez par expérience
quels sont les avantages que l'on retire de
la connoissance et de l'amour des belles
Lettres ; jamais l'ame n'est mieux préparée
à la vertu que lorsque les Sciences y
ont répandu la lumiere , plus on est instruit
, micux on est en état de remplir ses
devoirs.
Pour nous en convaincre , parcourons
les differens états d'une Ville où les Lettres
et les Sciences sont cultivées ; nous y
verrons tous les Postes également bien
remplis ; l'authorité y esr sans aigreur ;
Pobéissance sans contrainte ; un heureux
Equilibre y entretient l'harmonie et la
paix ; il regne entre ses habitans , " une
émulation sans envie ; des moeurs douces.
et policées y rendent la société agréable ;
les Arts sont portez à leur perfection , la
ReliMAR
S. 1733 .
467
Religion est honorée et respectée, les Loix
sont en vigueur, chacun est occupé au milieu
de l'abondance.
.. Ce sont-là , MESSIEURS , les fruits
des Sciences et des Belles - Lettres , dont
vous avez jetté les premieres semences
dans cette Province , par l'établissement
de ces Ecoles publiques , où l'on cultive
sans cesse les biens les plus précieux de la
vie , la sience et la vertu.
De là sont sortis ces grands sentimens ,
ces nobles idées , qui se sont dévelopées
peu à peu , et ausquelles il ne manquoit
que le temps et l'occasion pour éclater.
Telle est aussi , MESSIEURS , l'origine de
cette Société Litteraire , à la gloire de laquelle
vous vous trouvez interressez par
des motifs si pressans.
Jettez les yeux pour un moment , sur
un avenir , qui n'est peut - être pas si
éloigné ; et vous verrez les effets de la
noble émulation que cet établissement
va exciter dans tous les coeurs de nos Concitoiens
; vous verrez que ces Plantes si
cheres que vous cultivez avec tant de précaution
, que ces Enfans , dignes de tout
votre amour , comme de tous vos soins ;
seront les premiets à profiter de tous ces
avantages ; ces genies propres aux plus
grandes choses , cultivez par une heu-
C vi reuse
468 MERCURE DE FRANCE
reuse éducation et animez par des exem-
-ples domestiques , rempliront dignement
la place de leurs Peres , et deviendront.
un jour comme eux l'honneur et la gloire
de leur Patrie.
Si le coeur se porte sans cesse vers l'objet
qu'il aime , avec quelle impatience,
MESSIEURS , n'attendez vous point
ces heureux momens où vous pourrez
faire usage de ces sentimens de générosité
qui vous sont si naturels , et qui conviennent
si - bien au poste que voire mérite
semble vous avoir procuré avant le
temps ?
Vous n'aurez , MESSIEURS, qu'à laisser
agir . votre reconnoissance , envers les
Lettres , nos désirs seront remplis , et
l'Académie aura lieu de se féliciter d'une
si heureuse circonstance.
Tour se déclare en notre faveur ; vous.
connoissez ; MESSIEURS , le prix des
Lettres , et vous en faites la matiere de
vos plus douces occupations , les uns par
d'élégantes traductions que le public attend
avec impatience ; les autres par des
Discours aussi solides qu'éloquens , prononcez
avec grace en diverses occasions ;
d'autres , par des recherches et des Anecdotes
aussi utiles à tous les Etats , que
glorieuses à ceux qui se sont appliquez à
former
MARS. 1733.
469
former ces précieux dépôts. Enfin , MESSIEURS,
Votre gout pour les Sciences et
votre zele pour l'intérêt public , nous
donnent lieu d'esperer que vous contribuerez
de tout votre pouvoir à soutenir
un Etablissement qui ne sauroit être indifferent
à ceux qu'une heureuse éducation
distingne du yulgaire.
La gloire du Roy , celle du Prince
notre Auguste Protecteur, le Bien public,
nos interêts communs . Voilà , MESSIEURS ,
les motifs qui doivent nous réunir , pour
faire éclater notre juste reconnoissance ret
pour apprendre à la postérité que les plus
brillantes Victoires des Regnes précédens
cedenr aux douceurs dont nous
jouissons sous le meilleur de tous les
Rois.
de Ville de la Rochelle , le 18 Juillet
1732. par M.Regnaud , l'un des Membres
de la nouvelle Académie Royale , à
la tête de la Compagnie.
M
ESSIEURS ,
Nous venons partager avec vous la
joïe que nous cause un Etablissement
aussi glorieux pour cette Ville , qu'il lui
sera utile dans la suite. Cette Société Litteraire
qui s'est formée sous vos yeux, qui
des son commencement a eu l'approba
tion de M. Bignon , Intendant de la Province
, est aujourd'hui honorée de la Protection
de Monseigneur le Prince de
Conti , et érigée en Corps Académique ,
par les Lettres Patentes , qu'il a plû au
Roy de nous accorder .
L'amour de l'Etude avoit fait naître
l'idée de cet Etablissement , la Sagesse
l'a conduit , la Vertu l'a protegé , et l'authorité
Souveraine vient de le rendre stable
, par une de ces graces singulieres que
S. M. ne répand que sur les Villes qui lúi
sont les plus attachées , les plus soumises ,
Ciiij et
464 MERCURE DE FRANCE
et , si je l'ose dire , les plus cheres.
Prérogative bien glorieuse pour nous
mais encore plus interressante ! elle nous
découvre le caractere bienfaisant du Prince,
sous les Loix duquel nous avons le bonheur
de vivre , son zele à étendre l'Empire
des Lettres jusqu'aux extrémitez de la
France , et, ce qui doit nous toucher plus
vivement, son attention à procurer à cette
Ville , tout ce qui peut lui être avantageux.
En effet , MESSIEURS , nos besoins
sont satisfaits , dès qu'il les connoît ; il
sçait que le commerce de cette Ville a
perdu de son activité et de son étenduë
que notre Port est devenu inaccessible
aux Vaisseaux ; il en ordonne le rétablis
sement , l'ouvrage est commencé , et l'expérience
de celui à qui il est confié , nous
assure du succès .
ོ་
བ་
Vraiment Pere de ses Peuples , il veille
sans cesse à leur conservation ; des maladies
Périodiques affligent les habitans de
cette Ville ; il ordonne d'en chercher la
cause, on la découvre, et déja nous voïons
près de cette Digue fameuse , qui sembloit
devoir nous éloigner de la Mer en lui
prescrivant de nouvelles bornes , mille
bras occupez au salut public.
Mieux instruit que nous sommes de
"no"
MARS. 1733.
465
nos propres interêts , il prévient les suites
funestes de cette avidité qui avoit porté
les Contrées voisines à changer l'usage de
leurs Terres , sans faire attention , qu'en
multipliant à l'excès , les fruits d'une
même espece , elles causoient une abondance
capable de ruiner la principale ressource
de cette Province.
Il semble , MESSIEURS , que cet Astre
ne soit placé sur nos têtes que pour
nous faire sentir la douceur de ses influences
; toujours attentif à recompenser
le mérite et les services de ses Sujets , il
vient de répandre un nouveau lustre
sur une Compagnie encore plus - respectable
par les qualitez de l'esprit et
du coeur , que par le nouvel éclat dont
S. M. a bien voulu l'honorer.
Secondant les voeux d'un Corps qué la
piété et le sçavoir ont toujours distingués
il veut , à l'honneur de la Religion élever
des Autels , dignes de sa Magnificence
Royale , dans les mêmes lieux où l'on regrete
encore ceux que la Guerre et l'Hérésie
ont renverses avec tant de fureur.
›
Notre reconnoissance se ranime à la
vûë de tous ces bienfaits ; mais eussionsnous
pû , MESSIEURS la marquer
d'une manière assez éclatante , si la nouvelle
faveur que nous recevons de S. M.
C v
ne
466 MERCURE DE FRANCE
ne nous mettoit en état de la rendre publique
, et de la faire passer jusqu'à la
posterité la plus reculée.
L'amour des Letttes , et leurs progrès
dans un Etat sont des marques assurées
de grandeur et de prosperité , et leur Etablissement
dans une Ville , et pour tous
les Citoiens , une source de gloire , à laquelle
chacun a droit de prétendre,à proportion
de ses talens .
Vous le sçavez , MESSIEURS , et j'ose
le dire , vous le sçavez par expérience
quels sont les avantages que l'on retire de
la connoissance et de l'amour des belles
Lettres ; jamais l'ame n'est mieux préparée
à la vertu que lorsque les Sciences y
ont répandu la lumiere , plus on est instruit
, micux on est en état de remplir ses
devoirs.
Pour nous en convaincre , parcourons
les differens états d'une Ville où les Lettres
et les Sciences sont cultivées ; nous y
verrons tous les Postes également bien
remplis ; l'authorité y esr sans aigreur ;
Pobéissance sans contrainte ; un heureux
Equilibre y entretient l'harmonie et la
paix ; il regne entre ses habitans , " une
émulation sans envie ; des moeurs douces.
et policées y rendent la société agréable ;
les Arts sont portez à leur perfection , la
ReliMAR
S. 1733 .
467
Religion est honorée et respectée, les Loix
sont en vigueur, chacun est occupé au milieu
de l'abondance.
.. Ce sont-là , MESSIEURS , les fruits
des Sciences et des Belles - Lettres , dont
vous avez jetté les premieres semences
dans cette Province , par l'établissement
de ces Ecoles publiques , où l'on cultive
sans cesse les biens les plus précieux de la
vie , la sience et la vertu.
De là sont sortis ces grands sentimens ,
ces nobles idées , qui se sont dévelopées
peu à peu , et ausquelles il ne manquoit
que le temps et l'occasion pour éclater.
Telle est aussi , MESSIEURS , l'origine de
cette Société Litteraire , à la gloire de laquelle
vous vous trouvez interressez par
des motifs si pressans.
Jettez les yeux pour un moment , sur
un avenir , qui n'est peut - être pas si
éloigné ; et vous verrez les effets de la
noble émulation que cet établissement
va exciter dans tous les coeurs de nos Concitoiens
; vous verrez que ces Plantes si
cheres que vous cultivez avec tant de précaution
, que ces Enfans , dignes de tout
votre amour , comme de tous vos soins ;
seront les premiets à profiter de tous ces
avantages ; ces genies propres aux plus
grandes choses , cultivez par une heu-
C vi reuse
468 MERCURE DE FRANCE
reuse éducation et animez par des exem-
-ples domestiques , rempliront dignement
la place de leurs Peres , et deviendront.
un jour comme eux l'honneur et la gloire
de leur Patrie.
Si le coeur se porte sans cesse vers l'objet
qu'il aime , avec quelle impatience,
MESSIEURS , n'attendez vous point
ces heureux momens où vous pourrez
faire usage de ces sentimens de générosité
qui vous sont si naturels , et qui conviennent
si - bien au poste que voire mérite
semble vous avoir procuré avant le
temps ?
Vous n'aurez , MESSIEURS, qu'à laisser
agir . votre reconnoissance , envers les
Lettres , nos désirs seront remplis , et
l'Académie aura lieu de se féliciter d'une
si heureuse circonstance.
Tour se déclare en notre faveur ; vous.
connoissez ; MESSIEURS , le prix des
Lettres , et vous en faites la matiere de
vos plus douces occupations , les uns par
d'élégantes traductions que le public attend
avec impatience ; les autres par des
Discours aussi solides qu'éloquens , prononcez
avec grace en diverses occasions ;
d'autres , par des recherches et des Anecdotes
aussi utiles à tous les Etats , que
glorieuses à ceux qui se sont appliquez à
former
MARS. 1733.
469
former ces précieux dépôts. Enfin , MESSIEURS,
Votre gout pour les Sciences et
votre zele pour l'intérêt public , nous
donnent lieu d'esperer que vous contribuerez
de tout votre pouvoir à soutenir
un Etablissement qui ne sauroit être indifferent
à ceux qu'une heureuse éducation
distingne du yulgaire.
La gloire du Roy , celle du Prince
notre Auguste Protecteur, le Bien public,
nos interêts communs . Voilà , MESSIEURS ,
les motifs qui doivent nous réunir , pour
faire éclater notre juste reconnoissance ret
pour apprendre à la postérité que les plus
brillantes Victoires des Regnes précédens
cedenr aux douceurs dont nous
jouissons sous le meilleur de tous les
Rois.
Fermer
Résumé : DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
Le 18 juillet 1732, M. Regnaud, membre de la nouvelle Académie Royale de La Rochelle, a prononcé un discours célébrant la création d'une société littéraire dans la ville. Cette initiative a été approuvée par M. Bignon, Intendant de la Province, et protégée par Monseigneur le Prince de Conti, avant d'être officialisée par des lettres patentes du roi. L'établissement de cette académie est perçu comme une source de gloire et d'utilité pour La Rochelle. Le discours souligne la bienveillance du roi envers les villes loyales et soumises, mettant en avant son zèle pour l'expansion des lettres et son attention aux besoins de La Rochelle. Le roi a ordonné la restauration du port et la lutte contre les maladies périodiques affectant la ville. Il a également pris des mesures pour prévenir les conséquences néfastes de l'avidité agricole dans les régions voisines. L'académie est vue comme un moyen de promouvoir la vertu et la connaissance, contribuant à une société harmonieuse et prospère. Le discours encourage les membres à cultiver les lettres et les sciences, soulignant leur rôle dans le développement des talents et des vertus civiques. La reconnaissance envers le roi et le prince est exprimée, ainsi que l'espoir de voir les jeunes générations bénéficier de cette éducation et devenir un jour l'honneur de leur patrie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
795
p. 481-488
LETTRE à Mr Titon du Tillet, ancien Commissaire Provincial des Guerres, &c. sur la nouvelle Edition de son Livre, intitulé Le Parnasse François.
Début :
J'ai lu, Monsieur, avec beaucoup d'attention et de plaisir la Description du [...]
Mots clefs :
Mort, Article, Académie française, Paris, Abbé d'Olivet, Parnasse français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à Mr Titon du Tillet, ancien Commissaire Provincial des Guerres, &c. sur la nouvelle Edition de son Livre, intitulé Le Parnasse François.
LETTRE à M Titon du Tillet , ancien
Commissaire Provincial des Guerres
& c. sur la nouvelle Edition de son
Livre , intitulé Le Parnasse François
J
>
" Ai lu , Monsieur , avec beaucoup d'attention
et de plaisir la Descripilon du
Parnasse François , dont vous venez de
donner une nouvelle Edition . Cet Ouvrage
ne peut qu'être d'une extrême utilité
, et d'un agrément infini à ceux qui
voudront connoître le génie des Portes
et des Musiciens que votre zéle et vos
travaux n'immortalisent pas moins que
D les
482 MERCURE DE FRANCE
les beaux Ouvrages qu'ils ont laissez . Cependant
comme il n'est pas possible que
dans un Ouvrage si étendu , et qui a dû
vous coûter beaucoup de soins et de recherches
, il ne soit échapé quelques fau
tes ;je me suis flatté, Monsieur, que vous
ne trouveriez pas mauvais que je vous
fisse part de quelques Remarques que j'y
ai faites. C'est dans cette confiance. que
j'ai l'honneur de vous les addresser,
I
Pag. 211 , 212 , 213. ce n'est point des
Fueteaux qu'il faut écrire , mais des Yveteaux.
Pag, 225 , article de Voiture ; il nâquit
à Amiens en 1598 , & c. Selon la Lettre
de Balzac , citée par M. l'Abbé d'Olivet ,
dans son Histoire de l'Académie Françoise
, Voiture devoit être né en 1594,
Pag. 24 % Du Ryer n'est point mort en
1656 , mais en 1658, Voyez l'Histoire de
l'Académie Françoise,
Pag. 257. Guill. Colleter n'est point
mort le 25 Février , mais le 19 Février,
La date de sa naissance est omise ; c'est
le 12 Mars 196. selon Moréry.
Pag. 269. article de Saint - Amant, Il
mourut en 1661 , c'étoit sur la fin de Dé
cembre ; il étoit dans sa 67 ° année,
Pag. 281. au lieu de Pillet , il faut
écrire Pilet.
Pag.
MARS. 1733- 483
Pag. 293. article de Loret , mort en 16.5
ou 1666, il est certainement mort en 1665.
Voyez la Muse Historique , tome 4. tout
à la fin.
Pag. 294. article de Racan ; au lieu de
Honorat de Beuil , on doit écrire Honorat
de Bueil.
Pag. 334. Chapelain n'est point mort
le 2 Février , mais le 22 Février.
Pag. 344. d'Andilly n'est point mort
le 7 Septembre , mais le 17 Septembre.
Pag. 36c . Le P. Vavasseur n'est point
mort le 16 Decembre , mais le 14 De-.
cembre.
Pag. 365. Claude Nicole , il faut écrire
Nicolle , selon Bayle.
Pag . 380. Thomas Corneille , né en
165 ajoutez , le 20 Août ; et mettez par
conséquent , mort dans sa quatre- vingtcinquième
année , au lieu de dans sa quatre
vingt quatrième.
Pag. 393. et suivantes. Il faut écrire
Lulli , et non pas Lully ; car c'est faire un
nom François d'un nom Italien .
Pag. 396. ligne 34. Au lieu de Marais
des Marets , il faut lire Marais Desmarets,
car ce sont deux personnes différentes.
Pag. 437. Ménage n'est point mort le
13 Juillet , mais le 23 Juillet.
Pag 444. ( tout au bas . ) On doit écrire
Dij Mon484
MERCURE DE FRANCE
Montreul , &c. M. l'Abbé d'Olivet , dans
son Histoire de l'Académie Françoise ,
dit qu'il faut écrire Montereul.
Pag. 465. article de Santeul , né à Paris
, le 12 Mars 1630. mort le 5 Aout 1697 .
dans sa soixante-septième année. puisqu'il
étoit né au mois de Mars 1630 , il est clair
qu'au mois d'Août 1697. il couroit sa
soixante huitième année .
Pag. 473. Racine ne vint pas au monde
en 1640 mais le 21 Decembre 1639 .
Voyez son Eloge , au devant de l'Edition
de Londres , et encore l'Histoire de
l'Académie Françoise .
Pag. 478. article de Ségrais. La date de
sa naissance est omise ; c'est le 22 Août
1624. Voyez Segraisiana.
Pag. 5oz. Joseph - François Duché. Cet
Auteur signe Duché de Vancy , au bas de
l'Epître Dédicatoire de sa Tragédie de
Jonathas. On a oublié de dire qu'il est
Auteur de la Traduction anonyme des
Préceptes de Phocylide , qui fut imprimée à
Paris , chez Delaulne , en 1698 .
Pag. 519. article de Fléchier. On a oublié
de mettre la date de sa naissance ; il
nâquit le 10 Juin 1632 .
Pag. 533. article de Boileau Despréaux.
il n'est point mort le 11 Mars , mais le 13
Mars.
Pag.
MARS . 485 1733
Pag. 541. Ferme - l'Huis , c'est Fermelhuis.
mais de Piles.
Ce n'est point De Pilles ,
Pag. 553. article de Tourreil , né le 8
Novembre ; il faut mettre le 18 Novembre.
Voyez son Eloge , par M. de Boze ;
Histoire et Mémoires de l'Académie des
Inscriptions et Belles - Lettres .
Pag. 574. M. Huet n'est point mort en
1711. mais en 1721 .
Pag. 584. article de Campistron.
M. le Duc de Vendôme lui demanda de
composer les paroles d'un Divertissement
- pour son Château d'Anet. Il n'eût été
pas
hors de propos de mettre le Titre de cette
Piéce , et en quel temps elle fut fatte.
Vous sçavez , Monsieur , que c'est la Pastorale
d'Acis et Galatée , qui fut mise en
Musique par le celebre Jean Baptiste
Lulli , en 1686. et représentée la même
année à Anet , et l'année suivante à Paris,
avec un succès prodigieux.
·
Pag. 612. au lieu de Richard de la Lande
, il faut écrire , Richard de Lalande.
Pag. 629. M. de la Monnoye , nâquit le
16 Juin 1641. Cette date est omise.
Voyez son Eloge , par M. de Sallengre ,
il est à la tête de ses Poësies .
Pag. 647. Celle de M. de Valincour n'y
Diij est
486 MERCURE DE FRANCE
est point non plus ; il nâquit le 1 Mars
153. Voyez , Monsieur , son Eloge , par
M. de Fontenelle , Histoire et Mémoires
de l'Académie des Sciences , année 1730.
Pag. 650. celle de M. du Cerceau est
aussi oubliée ; c'est le 12 Novemb. 1670 .
Pag. 655 celle de M. de la Motte a
échappé pareillement ; il nâquit le 26
Janvier 1672. Voy.la Lettre de M.l'Abbé
Trublet.
Article de Chaulieu. Ce n'est point
Guillaume Auffrie , ni Guiaume Ansfric,
comme l'écrit M. l'Abbé d'Olivet
, mais Guillaume Amfrye. Sa famille
étoit originaire d'Angleterre , ce nom le .
désigne assez . Il nâquit en 1639. Voyez
la nouvelle Edition de ses Oeuvres.
Le nom d'une Illustre Chanteuse est
tout- à fait défiguré; on doit écrire Mlie de
Leufroy, et non Milele Froid.
On doit être surpris de ne point trouver
parmi les Poëtes le célebre Jean de
Lingendes , qui étoit un Poëte fort tendre :
et fort châtié dans ses expressions Il n'est
pas obligé dans le Recueil de Barbin .
Voicy le Titre d'un de ses Ouvrages :
Les Changemens de la Bergere Iris. Paris
Toussaint du Bray , 1618 in 12. Ce Volume
est d'environ 300 pag. Ce ne sont
d'un bout à l'autre que des Stances sur le
même sujet. M.
MARS. 7733. 487
M. Doujat , de l'Académie Françoise ,
devoit aussi avoir un article dans votre
Livre. Quoique ce Sçavant homme n'ait
pas tiré sa principale gloire de ses Poësies;
il y en a pourtant de lui qui ne sont pas
à mépriser . Il en a fait de Latines et de
Françoises en assez grand nombre , mais
qui n'ont point été recueillies en un corps.
Voici le Titre d'un de ses Ouvrages , en
Vers , qu'il a fait imprimer l'année même
de sa mort : Eloges des Personnes Illustres
de l'ancien Testament , pour donner
quelque teinture de l'Histoire Sacrée : A
Pusage de Monseigneur le Duc de Bour
gogne. Paris , Gab. Martin , 1688. in 8 .
Vous deviez sans doute, Monsieur, par
ler de cet Auteur , comme vous avez fait
mention de Charpentier , et de quelques
autres , dont les Vers ne sont pas , à la vé→
rité , dans la bouche de tout le monde ,
mais que le Public , et sur- tout les Gens
de Lettres , sont bien aises de connoître.
- Entre les Musiciens François , il n'est
point fait mention des deux Boësset , Pere
et Fils , qui pourtant avoient beaucoup
de réputation , et qui sont encore trèsconnus
aujourd'hui par une infinité de
beaux Airs , qui ont été imprimez et que
tout le monde admire ; le Pere est Auteur
entr'autres de celui qu'on appele
D`iiij les
488 MERCURE DE FRANCE
les Folies d'Espagne , sur lequel M. de Sé
grais a fait des paroles charmantes.
Voilà , Monsieur , les Remarquès et les
Observations que j'ai faites sur votre excellent
Ouvrage .J'ai l'honneur d'être, & c.
C. G. M.
Commissaire Provincial des Guerres
& c. sur la nouvelle Edition de son
Livre , intitulé Le Parnasse François
J
>
" Ai lu , Monsieur , avec beaucoup d'attention
et de plaisir la Descripilon du
Parnasse François , dont vous venez de
donner une nouvelle Edition . Cet Ouvrage
ne peut qu'être d'une extrême utilité
, et d'un agrément infini à ceux qui
voudront connoître le génie des Portes
et des Musiciens que votre zéle et vos
travaux n'immortalisent pas moins que
D les
482 MERCURE DE FRANCE
les beaux Ouvrages qu'ils ont laissez . Cependant
comme il n'est pas possible que
dans un Ouvrage si étendu , et qui a dû
vous coûter beaucoup de soins et de recherches
, il ne soit échapé quelques fau
tes ;je me suis flatté, Monsieur, que vous
ne trouveriez pas mauvais que je vous
fisse part de quelques Remarques que j'y
ai faites. C'est dans cette confiance. que
j'ai l'honneur de vous les addresser,
I
Pag. 211 , 212 , 213. ce n'est point des
Fueteaux qu'il faut écrire , mais des Yveteaux.
Pag, 225 , article de Voiture ; il nâquit
à Amiens en 1598 , & c. Selon la Lettre
de Balzac , citée par M. l'Abbé d'Olivet ,
dans son Histoire de l'Académie Françoise
, Voiture devoit être né en 1594,
Pag. 24 % Du Ryer n'est point mort en
1656 , mais en 1658, Voyez l'Histoire de
l'Académie Françoise,
Pag. 257. Guill. Colleter n'est point
mort le 25 Février , mais le 19 Février,
La date de sa naissance est omise ; c'est
le 12 Mars 196. selon Moréry.
Pag. 269. article de Saint - Amant, Il
mourut en 1661 , c'étoit sur la fin de Dé
cembre ; il étoit dans sa 67 ° année,
Pag. 281. au lieu de Pillet , il faut
écrire Pilet.
Pag.
MARS. 1733- 483
Pag. 293. article de Loret , mort en 16.5
ou 1666, il est certainement mort en 1665.
Voyez la Muse Historique , tome 4. tout
à la fin.
Pag. 294. article de Racan ; au lieu de
Honorat de Beuil , on doit écrire Honorat
de Bueil.
Pag. 334. Chapelain n'est point mort
le 2 Février , mais le 22 Février.
Pag. 344. d'Andilly n'est point mort
le 7 Septembre , mais le 17 Septembre.
Pag. 36c . Le P. Vavasseur n'est point
mort le 16 Decembre , mais le 14 De-.
cembre.
Pag. 365. Claude Nicole , il faut écrire
Nicolle , selon Bayle.
Pag . 380. Thomas Corneille , né en
165 ajoutez , le 20 Août ; et mettez par
conséquent , mort dans sa quatre- vingtcinquième
année , au lieu de dans sa quatre
vingt quatrième.
Pag. 393. et suivantes. Il faut écrire
Lulli , et non pas Lully ; car c'est faire un
nom François d'un nom Italien .
Pag. 396. ligne 34. Au lieu de Marais
des Marets , il faut lire Marais Desmarets,
car ce sont deux personnes différentes.
Pag. 437. Ménage n'est point mort le
13 Juillet , mais le 23 Juillet.
Pag 444. ( tout au bas . ) On doit écrire
Dij Mon484
MERCURE DE FRANCE
Montreul , &c. M. l'Abbé d'Olivet , dans
son Histoire de l'Académie Françoise ,
dit qu'il faut écrire Montereul.
Pag. 465. article de Santeul , né à Paris
, le 12 Mars 1630. mort le 5 Aout 1697 .
dans sa soixante-septième année. puisqu'il
étoit né au mois de Mars 1630 , il est clair
qu'au mois d'Août 1697. il couroit sa
soixante huitième année .
Pag. 473. Racine ne vint pas au monde
en 1640 mais le 21 Decembre 1639 .
Voyez son Eloge , au devant de l'Edition
de Londres , et encore l'Histoire de
l'Académie Françoise .
Pag. 478. article de Ségrais. La date de
sa naissance est omise ; c'est le 22 Août
1624. Voyez Segraisiana.
Pag. 5oz. Joseph - François Duché. Cet
Auteur signe Duché de Vancy , au bas de
l'Epître Dédicatoire de sa Tragédie de
Jonathas. On a oublié de dire qu'il est
Auteur de la Traduction anonyme des
Préceptes de Phocylide , qui fut imprimée à
Paris , chez Delaulne , en 1698 .
Pag. 519. article de Fléchier. On a oublié
de mettre la date de sa naissance ; il
nâquit le 10 Juin 1632 .
Pag. 533. article de Boileau Despréaux.
il n'est point mort le 11 Mars , mais le 13
Mars.
Pag.
MARS . 485 1733
Pag. 541. Ferme - l'Huis , c'est Fermelhuis.
mais de Piles.
Ce n'est point De Pilles ,
Pag. 553. article de Tourreil , né le 8
Novembre ; il faut mettre le 18 Novembre.
Voyez son Eloge , par M. de Boze ;
Histoire et Mémoires de l'Académie des
Inscriptions et Belles - Lettres .
Pag. 574. M. Huet n'est point mort en
1711. mais en 1721 .
Pag. 584. article de Campistron.
M. le Duc de Vendôme lui demanda de
composer les paroles d'un Divertissement
- pour son Château d'Anet. Il n'eût été
pas
hors de propos de mettre le Titre de cette
Piéce , et en quel temps elle fut fatte.
Vous sçavez , Monsieur , que c'est la Pastorale
d'Acis et Galatée , qui fut mise en
Musique par le celebre Jean Baptiste
Lulli , en 1686. et représentée la même
année à Anet , et l'année suivante à Paris,
avec un succès prodigieux.
·
Pag. 612. au lieu de Richard de la Lande
, il faut écrire , Richard de Lalande.
Pag. 629. M. de la Monnoye , nâquit le
16 Juin 1641. Cette date est omise.
Voyez son Eloge , par M. de Sallengre ,
il est à la tête de ses Poësies .
Pag. 647. Celle de M. de Valincour n'y
Diij est
486 MERCURE DE FRANCE
est point non plus ; il nâquit le 1 Mars
153. Voyez , Monsieur , son Eloge , par
M. de Fontenelle , Histoire et Mémoires
de l'Académie des Sciences , année 1730.
Pag. 650. celle de M. du Cerceau est
aussi oubliée ; c'est le 12 Novemb. 1670 .
Pag. 655 celle de M. de la Motte a
échappé pareillement ; il nâquit le 26
Janvier 1672. Voy.la Lettre de M.l'Abbé
Trublet.
Article de Chaulieu. Ce n'est point
Guillaume Auffrie , ni Guiaume Ansfric,
comme l'écrit M. l'Abbé d'Olivet
, mais Guillaume Amfrye. Sa famille
étoit originaire d'Angleterre , ce nom le .
désigne assez . Il nâquit en 1639. Voyez
la nouvelle Edition de ses Oeuvres.
Le nom d'une Illustre Chanteuse est
tout- à fait défiguré; on doit écrire Mlie de
Leufroy, et non Milele Froid.
On doit être surpris de ne point trouver
parmi les Poëtes le célebre Jean de
Lingendes , qui étoit un Poëte fort tendre :
et fort châtié dans ses expressions Il n'est
pas obligé dans le Recueil de Barbin .
Voicy le Titre d'un de ses Ouvrages :
Les Changemens de la Bergere Iris. Paris
Toussaint du Bray , 1618 in 12. Ce Volume
est d'environ 300 pag. Ce ne sont
d'un bout à l'autre que des Stances sur le
même sujet. M.
MARS. 7733. 487
M. Doujat , de l'Académie Françoise ,
devoit aussi avoir un article dans votre
Livre. Quoique ce Sçavant homme n'ait
pas tiré sa principale gloire de ses Poësies;
il y en a pourtant de lui qui ne sont pas
à mépriser . Il en a fait de Latines et de
Françoises en assez grand nombre , mais
qui n'ont point été recueillies en un corps.
Voici le Titre d'un de ses Ouvrages , en
Vers , qu'il a fait imprimer l'année même
de sa mort : Eloges des Personnes Illustres
de l'ancien Testament , pour donner
quelque teinture de l'Histoire Sacrée : A
Pusage de Monseigneur le Duc de Bour
gogne. Paris , Gab. Martin , 1688. in 8 .
Vous deviez sans doute, Monsieur, par
ler de cet Auteur , comme vous avez fait
mention de Charpentier , et de quelques
autres , dont les Vers ne sont pas , à la vé→
rité , dans la bouche de tout le monde ,
mais que le Public , et sur- tout les Gens
de Lettres , sont bien aises de connoître.
- Entre les Musiciens François , il n'est
point fait mention des deux Boësset , Pere
et Fils , qui pourtant avoient beaucoup
de réputation , et qui sont encore trèsconnus
aujourd'hui par une infinité de
beaux Airs , qui ont été imprimez et que
tout le monde admire ; le Pere est Auteur
entr'autres de celui qu'on appele
D`iiij les
488 MERCURE DE FRANCE
les Folies d'Espagne , sur lequel M. de Sé
grais a fait des paroles charmantes.
Voilà , Monsieur , les Remarquès et les
Observations que j'ai faites sur votre excellent
Ouvrage .J'ai l'honneur d'être, & c.
C. G. M.
Fermer
Résumé : LETTRE à Mr Titon du Tillet, ancien Commissaire Provincial des Guerres, &c. sur la nouvelle Edition de son Livre, intitulé Le Parnasse François.
L'auteur écrit à M. Titon du Tillet, ancien commissaire provincial des guerres, pour discuter de la nouvelle édition de son ouvrage 'Le Parnasse François'. Il exprime son enthousiasme pour cet ouvrage, le jugeant à la fois utile et agréable pour découvrir le génie des poètes et des musiciens. Cependant, il note plusieurs erreurs factuelles et orthographiques qu'il a identifiées. Parmi les corrections proposées, figurent des rectifications concernant les dates de naissance et de décès de divers auteurs, des corrections de noms propres et des précisions sur des détails biographiques. L'auteur signale également des omissions notables, comme l'absence de certains poètes ou musiciens célèbres dans le recueil. Il insiste sur l'importance de ces corrections pour garantir l'exactitude et la complétude de l'ouvrage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
796
p. 507-523
Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE RAISONNÉE des Ouvrages des Sçavans de l'Europe, T. VI. [...]
Mots clefs :
Médecine, Médecins, Histoire, Amsterdam, Remèdes, Raison, Lois, Préface, Corps, Latin, Canini
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE RAISONNE'E des
Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
T. VI. et VII . de 482. pages chacun ,
sans les Tables , pour l'année 1734. A
Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith,
M. DCC. XXXI.
Nous allons faire connoître quelques
Ouvrages dont on trouve les Extraits
dans ce Recueil.
AMENITEZ DE MEDECINE , où l'on décrit
son origine , ses progrès , son excellence
, sa necessité , son usage , les récompenses
, les honneurs et les privile
ges accordez aux Medecins. On y examine
encore si la Médecine a été autrefois
une étude qui n'appartenoit qu'aux
Esclaves. Par Dan . Vink. A Vtrecht ,
1730. in 8. de $ 28. pages , sans l'Epitre
Dédicatoire , la Préface et la Table. L'Ouvrage
est en Latin.
Pour donner une idée de ce Livre et de
l'Extrait du Journaliste , nous emprunterons
ce raisonnement de la page 121 .
L'obe E ij
1508 MERCURE
DE FRANCE
L'objet de la Medecine est l'Homme ,
le plus noble de tous les Animaux , qui
a été fait à l'Image de Dieu , son Créateur
, de qui il a reçû un Empire absolu
sur toutes les autres Créatures. Une autre
raison qui prouve encore cette excellence
, c'est que la fin de la Medecine est
la santé , le plus grand de tous les biens.
Supposez , dit l'Auteur , qu'un homme
soit élevé aux honneurs , qu'il jouisse des
plaisirs et des richesses ; supposez même
qu'il possede la plus belle de toutes les
femmes , et qu'il ait une vaste connoissance
de tous les Arts et de toutes les
Sciences ; il n'en sera pas pour cela plus ,
heureux , si la santé lui manque, Il reste
donc à conclurre que la Médecine est préferable
à tous les autres Arts , et qu'il n'y
a rien dont les Hommes doivent faire
plus de cas. Mais on est bien éloigné de
porter ce jugement , dès qu'on vient à
reflechir sur les abus qui se commettent
aujourd'hui dans la Médecine, Ces abus
sont en si grand nombre et de telle consequence
, qu'il seroit avantageux au Genre
Humain , que personne n'exerçât cette
Profession , et qu'on laissât plutôt agir la
Nature toute seule. De cent personnes
qui s'ingerent de prescrire des Remedes,
n'y en a peut-être pas dix à qui on
dûr
MARS. 1733. 509
dût se confier. Les femmelettes , les Barbiers
, les Apotiquaires , et sur tout les
Empiriques , sont à present ceux qui ont
le plus de vogue. Ces gens- là qui n'ont
ni étude ni principes , sont , pour l'ordinaire
les premiers à donner leurs avis ,
et le Peuple qui n'est pas en état d'examiner
ce qu'on lui propose, n'a recours
aux Médecins qu'à l'extremité , et lorsque
la Nature n'est plus en état de seconder
les Remedes. L'Auteur pouvoit
employer ici l'Epigramme connuë d'un
Poëte Anglois.
Fingunt se cuncti Medicos Idiota , sacerdos ,
Fudaus , Monachus , Histrio , Rasor , Anni,
Une chose qui rend la Médecine moins
estimable, c'est qu'après tant d'experiences
qu'on a faites dans tous les siecles , et
malgré tous les sistêmes qui ont été inventez
depuis quelques temps , on n'est pas
encore convenu de la Méthode qu'il seroit
à propos de suivre dans le traite
ment d'une seule maladie.
On lit à la page 134. que Mithridate
Roy de Pont , n'étoit pas moins curieux
de la Médecine qu'Attalus. Dès que Pompée
se fut rendu maître du Palais de ce
Prince , il fit foüiller dans toutes ses Cas- .
settes et ses Cabinets , et on y trouva
E iij plu310
MERCURE DE FRANCE
plusieurs Livres qui contenoient des se
crets contre la plupart des Maladies. Ce
qui engagea ce General de donner ordre
à Pompeius- Lenæus , son Affranchi ,
de traduire ces Livres en Latin , afin que
le Peuple Romain pût faire usage de ces
Remedes . Il y avoit entre autres Remedes
le fameux Antidote qui porte le nom
de ce Roy , et qui consistoit en 20. feüilles
de Rue , un grain de Sel , deux Noix
et deux Figues seiches. C'étoit là tout le
secret. Il falloit piler ces Drogues avec
du vin et prendre le Remede tous les
matins à jeun.
L'Auteur avoit observé plus haut , au
sujet de l'Anatomie , que du temps d'Aristote
on n'avoit encore dissequé que
des bêtes , et personne n'avoit osé fouiller
dans les Corps Humains , qu'on regardoit
comme quelque chose de sacré
Dans la suite , les Rois passerent par dessus
le scrupule qu'on s'étoit fait jusqu'alors
, et ils accorderent aux Medecins les
corps des Criminels qui avoient été suppliciez
. Il y a même des Auteurs qui
prétendent qu'on remit entre les mains
d'Erasistrate et d'Hérophile, plusieurs de ces
malheureux pour les dissequer tout vifs ;
afin qu'on pût découvrir des choses qu'il
n'étoit pas possible de découvrir autrement.
Sur
1
MARS. 1733- Sti
Cela étoit fondé sur la coûtume que certains
Peuples avoient d'exposer les Mala
des dans les Carrefours et dans les Places
publiques. Cette méthode , qui étoit fort
simple, s'est, dit- on , pratiquée long -temps
chez les Babyloniens , les Assyriens et les
Egyptiens. Les Babyloniens, dit Herodote,
font porter les Malades dans les Places
publiques , afin que les Passans qui les
voyent, et qui ont eu une maladie sembla
ble à la lueur , ou qui ont vû quelqu'un
malade, leur donnent conseil et les encouragent
à pratiquer ce qu'eux- mêmes ont
pratiqué avec succès en de semblables
cas ; ensorte qu'il n'est permis à personne
de passer auprès des Malades sans s'informer
de leurs maladies .
LES VOYAGES et Avantures du Capitaine
Robert Boyle , &c. traduit de l'Anglois.
A Amsterdam , chez les Wetsteins
et Smith , 1730. deux volumes in 12. de
341. pages pour le premier , et 276. pour
le second , sans la Table , la Préface et .
PEpitre Dédicatoire au Chevalier Guill .
Jonge , Commissaire de la Trésorerie et
Chevalier du Bain.
HISTOIRE DE LA MEDECINE , depuis le
commencement du Monde jusqu'à l'an
É iiij
de
412 MERCURE DE FRANCE
de Rome DXXXV. par M. Schulze ;
Docteur en Medecine et Professeur public
à Altorf, Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature . A Leipsik,
&c. 1728. in 4. de 437. pages . L'Ouvrage
est en Latin.
Entre diverses Remarques que fournissent
les détails de la Médecine des
Malabares , disent les Journalistes , page
177. nous nous bornerons à une seule ,
qui regarde les grands Privileges qu'ont
les Prêtres de cette Nation. Il n'y a aucun
Clergé en Europe qui en possede
d'aussi considerables.
Car ceux-là sont tout à la fois d'une
maniere despotique , Médecins de l'ame
et du corps. Maîtres absolus des consciences
, ils les dirigent à leur gré . Préparateurs
des Remedes qu'il leur plaît d'employer
, ils n'ont personne à qui en
rendre compte. Joignez à ces avantages
une troisiéme prérogative dont jouissent
les principaux d'entre eux ; c'est d'avoir
un droit à cette faveur de leur Souveraine
, à laquelle les Epoux seuls parmi
nous peuvent prétendre. Voici comment
s'exprime sur ce point un Géographe
François Les Bramins ont un employ
» assez étrange , puisque l'un des principaux
est obligé de passer la premiere
:
» nuit
MARS. 1733 513
nuit avec la Reine quand elle est mariée
, et il y a beaucoup d'apparence
»que le plus vieux n'est pas ordinaire-
» ment choisi. Le Roy envoye la valeur
» de 4. ou 500. ducats pour cette fatigue,
>> et quand il est prêt de voyager , il
» confie ses femmes à l'un de ces Prêtres
» qui contribue , autant qu'il le peut , à
les consoler de son absence . Les Fils ›
>> ne succedent point par cette raison ,
» parce qu'ils pourroient bien n'être pas
» du Sang Royal , mais après la mort du .
» Roy , on prend le fils de sa Soeur pour
» remplir sa place , & c.
Les Grecs ne se bornerent point , uniquement
à la Médecine Pharmaceutique .
ils tirerent encore parti des exercices qui ,
étoient en vogue parmi eux , pour en
former une Médecine particuliere que.
nous nommerons Médecine Gymnastique,
qui consistoit dans l'Art de s'exercer pour
la santé , et dont on attribue l'invention .
à Herodicus ou Prodicus , contemporain
et Précepteur d'Hippocrate.
Tous les Exercices relevoient de la Médecine
, en ce qu'ils étoient d'abord dirigez
par des Médecins , les principales
Villes et les Académies un peu celebres,
se faisant un Titre d'en avoir un , qui eut
inspection sur ces exercices. Dans la suite,
E v di514
MERCURE DE FRANCE
diverses personnes , sans avoir étudié la
Médecine , usurperent cette Charge , et
non seulement se chargerent du soin qui
regardoit les Bains , les Frictions , les Oignemens
, mais même entreprirent de
panser les blessures et de remettre les
membres disloquez.
Ces gens - là étoient ceux qui dans les
commencemens ne s'acquittoient de ces
sortes de fonctions , que selon les Ordonnances
des Médecins , lesquels on nommoit
pour cette raison , Aliptas , Baigneux
Reunctores , Oigneurs; gens de
condition basse et servile , de qui Pline
parle , quand il dit que Prodicas procura
le premier un bon revenu aux Domestiques
qui oignoient . Ceux d'entr'eux qui
s'acquirent quelque expérience en ce
genre , s'arrogerent peu à peu le Titre de
Médecins oignans , puis enfin celui de
Médecins proprement dits. La chose fut
portée si loin , à la honte des vrais Médecins
, qu'on acheta à bas prix plusieurs.
Esclaves , qui dans leur service avoient
appris cet Art , pour exercer cet emploi
chez les Grands Seigneurs de Rome. D'où
est venu le reproche de condition abjecte
, dont on a assuré qu'étoient autrefois
les Médecins parmi les Romains ; ce
qu'on ne peut neanmoins prouver que de
ceux
MARS. 1733 .
Sis
ceux qui portent parmi nous le nom de
Baigneux , lesquels répondent parfaite
ment aux Baigneux de ce temps - là.
RECUEIL de Discours , sur diverses matieres
importantes ; traduits ou compo
sez par J.Barbeyrac, Professeur en Droit ,
dans l'Université de Groningue. Il y a
joint un Eloge historique de feu M.Noodt,
en 2 tom. in 12. dont le 1er . contient en
tout 417 pag. et le 28 344. A Amsterdam,
chez P. Humbert , 1731.
Dans la Dissertation sur les Duels , on
fait d'abord une énumeration des différentes
sortes de Duels ou Combats singuliers
, et des diverses causes pour lesquelles
on en est venu à ces combats
chez différentes Nations , selon ce que
l'Histoire nous en apprend . On en trou
ve jusqu'à onze sortes , dont la derniere
est le Duel , qu'on se propose de com
battre , ou celui, qui se rapporte à la repa
Fation d'honneur.
Cette espece de Duel étoit absolument
hors d'usage , non seulement chez les
Grecs et les Romains , mais encore chez
les Egyptiens , et les anciens Peuples de
PAsie. Il doit uniquement son origine à
des Peuples barbares , venus des Parties
Septentrionales de l'Europe , qui ne pau-
E vi
vans
516 MERCURE DE FRANCE
vant souffrir la discipline des Loix , ou
des Magistrats , vouloient décider toute.
sorte de differents à la pointe de l'épée.
Delà nâquit le Duel , qu'on introduisit
pour se purger de quelque crime , dans la
pensée que Dieu déclareroit par l'évé
nement du combat , qui avoit raison du
Diffamateur , ou du Diffamé .
Les Lombards porterent en Italie cette
mauvaise coutume ; et les autres Peuples
du Nord l'introduisirent dans tous
les Païs , au dedans et au dehors de l'Empire
Romain , où ils s'établirent ; les Saxons
, par exemple , en Angleterre. On
fit des Loix là- dessus aussi sérieusement
que s'il se fut agi de la chose du monde
la plus raisonnable et la plus légitime.
Lorsque le Droit Romain eut été remis
en vogue , les Commentateurs tâcherent
d'y trouver de quoi autoriser le
Duel. A cela se joignirent les Croisades ,
et l'institution des Ordres de Chevalerie.
Ces Chevaliers vinrent à former des Regles
du point d'honneur . Les Jurisconsultes
traiterent cette matiere comme une
partie de la Jurisprudence ; d'autres, comme
une science particuliere et toute nouvelle
; cela produisit une infinité de Livres
sur le Duel , sur la science de la Chevalerie,
comme parlent les Italiens , et sous di-
<
vers
MARS. 1733 2 517
vers autres Titres semblables ; on en pourroit
composer une Bibliotheque , et quelques-
uns étant devenus rares aujourd'hui,
il s'est trouvé en Italie des Gens qui ont
promis d'en faire imprimer un Recueil
de dix volumes in fol.
-
Il est facile de montrer combien l'usage
du Duel est contraire à la raison , à
la Loy naturelle , et sur tout aux maximes
de la Religion Chrétienne ; aussi suppose
t'on cela , comme suffisamment
démontré par divers Auteurs . La grande
difficulté consiste à trouver les moïens de
déraciner de l'esprit des Sots , dont le
nombre est fort grand , le préjugé du
point d'honneur , qui empêche que toutes
les Loix les plus sévéres , faites jusqu'icy
, contre cette mode pernicieuse ,
ne soient assez efficaces pour l'abolir.
M. Flicher veut qu'on tire le remede du
mal même , et que l'on retienne par la
crainte d'un plus grand deshonneur
ceux qui croïent être deshonorez , s'ils
n'ont recours au Duel . Il faudroit, dit- il ,
faire des nouvelles Loix, qui exposassent
les contrevenans au mépris et à la risée
publique ; ordonner , par exemple , que
les Corps de ceux qui auroient été tuez
en Duel , fussent traitez de même que
ceux des Criminels , punis du dernier
sup318
MERCURE DE FRANCE
supplice ; deffendre de porter les Armes
aux Duellistes , à qui on auroit fait grace
de la vie ; et cela , sous condition que
s'ils les portoient depuis , leur pardon
deviendroit nul ; exclure de tout emploi.
Militaire ceux qui auroient appellé quelqu'un
en Duel , ou qui auroient rêpondu
à l'appel ; en un mot , faire ensorte
que de telles gens , qui , par une pure folie
, auroient ainsi violé les Loix de la
Société humaine , fussent désormais bannis
de la Société et du commerce des
Sages.
REFUTATION des Erreurs de Benoît
de Spinosa , par M. de Fénelon , Archevêque
de Cambray , par le P. Lami , Bẹ-
nedictin , et par M.le Comte de Boulain .
villiers , avec la Vie de Spinosa , écrite
par M. Jean Colerus , Ministre de l'Eglise
Luthérienne de la Haye ; augmentée
de beaucoup de particularitez , tirées d'une
Vie manuscrite de ce Philosophe , faite
par un de ses amis. A Bruxelles , chez
François Foppens , 1731. in 8º .
TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins
, divisé en trois parties , par M.Everard
Otton , Jurisconsulte et Professeur ;
in 8. de $70 pag. A 2 chez Ofmans
et
MARS.
1733 F19
et Bosch , 1731. L'Ouvrage est en Latin.
L'UTILITE , LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE
de la Révélation Chrétienne , def
fendues contre un Livre publié depuis
peu , qui a pour Titre : La Religion Chré
tienne , aussi ancienne que la Création, &c.
ParJacques Foster ; en grand in 8. pages
367. sans la Préface ; seconde Edition, augmentée
d'un Postscript. A Londres , chez.
J. Noon. 1731. L'Ouvrage est en Anglois
.
SUPPLEMENT à un des Ouvrages ,
faits pour la deffense de la validité des
Ordinations Anglicanes , pour servir de
derniere réponse au nouvel Ouvrage du
P. le Quien , et aux Censures de quelques,
Evêques de France. Par le P. le Courayer,
Chanoine Régulier de Sainte Géneviéve.
A Amsterdam, 1732. in 12. pag. 636. sâns.
la Préface et les Preuves.
IMAGES DES HEROS et des Grands
Hommes de l'Antiquité, dessinées sur des
Médailles , des Pierres antiques , et autres
anciens Monumens , par Jean- Ange
Canini , gravées par Picart le Romain , &c.
avec les Observations de Jean - Ange et
Marc- Ant. Canini ; données en Italien
ر و پ
Sur
320 MERCURE DE FRANCE
sur ces Images , diverses Remarques du
Traducteur , et le Texte Original à côté
de la Traduction . A Amsterdam, chez B..
Picart et J. F. Bernard , 1731. in 4. pag.
377. et 115. Figures .
On apprend icy que cet Ouvrage parut
en 1669. in fol. que Jean- Ange Canini
joignoit à une assez grande connoissance
de l'Histoire ancienne et de la Mythologie
, le talent de dessiner les Pierres gravées
, et les Médailles avec une légéreté
de main admirable , qu'il avoit sur tout
l'art, peu commun , de conserver toute la
finesse des airs de tête de l'antiquité, & c.
Entre un grand nombre de Portraits
d'Alexandre , que Canini avoit dessinez ,
il en choisit quatre , préférablement aux
autres , tant à cause de la différence des
traits du visage , que parce qu'il n'y en a
pas un qui ne lui fournisse l'occasion de
faire part à ses Lecteurs de recherches
curieuses ; il fait d'abord quelques réfléxions
sur la délicatesse de ce Prince , qui 、
ne lui permit jamais de souffrir que des
Ouvriers médiocres travaillassent à rendre
ses traits , et il regrette sur tout le
Tableau d'Apelles , où Aléxandre étoit si
ressemblant ,, que son. Cheval se mit à
hennir à cette vûë , preuve évidente qu'il
reconnoissoit son Maître. Cette Histoire ,
rap
MARS: 1733. Str
rapportée un peu trop légérement par
Pline , mais digne de tenir sa place parmi
les Fables , dont l'Histoire diverse d'Elien
est remplie , prouve au moins l'idée
qu'on avoit de l'habileté du Peintre,et ne
permet pas de douter qu'il n'eut réussi à
attraper la Physionomie d'Alexandre.
I
Nous avons omis de dire quelque chose
d'un Article curieux , qui est le dernier
des Nouvelles Litteraires de la premiere
Partie du 1 vol. du Journal , dont nous
rendons compte. Cet article est datté de
Constantinople , et regarde l'Etablisse
ment , les progrès et les productions de
la nouvelle Imprimerie,établie dans cette
Capitale de l'Empire Turc. Les principales
circonstances de ces choses se trouvent
aussi dans le Journal des Sçavans , mais
écrites avec plus d'exactitude ; et nous
avons aussi fait part au Public de ce qui
nous est venu à droiture de Constanti
nople , sur le même sujet. Il est à propos
que plus d'un Journal fasse mention d'un
Evenement si singulier , et qui interesse
toute la République des Lettres. Les Livres
les plus considérables dont on fait
mention icy , qui sont nouvellement
sortis de cette Imprimerie , et dont on
marque le prix , sont :
Tarichi
322 MERCURE DE FRANCE
Tarichi Missiri gadin - vve gedid , ou
Histoire des Antiquitez d'Egypte , & c.
On y trouve aussi l'Histoire de tous les
Princes qui ont regné dans l'Egypte ,
jusqu'à la Conquête des Turcs , &c. Le
prix est de trois Piastres .
Gulseni Chalefa. Le Chapelet des Califes
, par Naimi Radé. On rapporte l'origine
et l'Histoire de Babylone , avec celle
des Princes qui y ont regné depuis l'an
127. de l'Hégire , 744. de J. C.
que le
premier Califes des Abassides commença
à regner jusqu'à l'an 1130. de l'Hégire ,
1717. de J. C. que regnoit le Sultan Achmet
, Empereur des Turcs .
On avertit dans le même Article, qu'on
va travailler dans cette Imprimerie, à un
Atlas Turc , Ouvrage d'un Mahometan
moderne, qui traite de l'Histoire et de la
Géographie de tous les Etats de l'Asie.
On ajoutera un Livre de Mathématique ,
avec Figures , une Mappe - Monde , et les
Cartes Generales des 4 Parties du Monde,
la Carte de l'Egypte , et une autre des
Royaumes et des Provinces de l'Asie.
Au reste il y a bien des fautes dans tout
cet Enoncé , soit de la part du Journaliste
, soit de celle de l'Imprimeur ; nous
venons de corriger la plus considérable ,
qui se trouve au bas de la pag. 236. où
pour
MARS. 1733 . 523
,
pour dire le premier Calife des Abassides
on a imprimé des Abissins ; dans la page
précédente , Mehemet Tixclebi pour
Tchelibi. Holdemian , pour Holderman ,
nom d'un R. P. Jesuite , page 237. &c.
Enfin on fait Achmet III, qui vient d'être
détrôné , le 115. Empereur des Turcs,
qui n'est tout au plus que le XXVII .
Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
T. VI. et VII . de 482. pages chacun ,
sans les Tables , pour l'année 1734. A
Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith,
M. DCC. XXXI.
Nous allons faire connoître quelques
Ouvrages dont on trouve les Extraits
dans ce Recueil.
AMENITEZ DE MEDECINE , où l'on décrit
son origine , ses progrès , son excellence
, sa necessité , son usage , les récompenses
, les honneurs et les privile
ges accordez aux Medecins. On y examine
encore si la Médecine a été autrefois
une étude qui n'appartenoit qu'aux
Esclaves. Par Dan . Vink. A Vtrecht ,
1730. in 8. de $ 28. pages , sans l'Epitre
Dédicatoire , la Préface et la Table. L'Ouvrage
est en Latin.
Pour donner une idée de ce Livre et de
l'Extrait du Journaliste , nous emprunterons
ce raisonnement de la page 121 .
L'obe E ij
1508 MERCURE
DE FRANCE
L'objet de la Medecine est l'Homme ,
le plus noble de tous les Animaux , qui
a été fait à l'Image de Dieu , son Créateur
, de qui il a reçû un Empire absolu
sur toutes les autres Créatures. Une autre
raison qui prouve encore cette excellence
, c'est que la fin de la Medecine est
la santé , le plus grand de tous les biens.
Supposez , dit l'Auteur , qu'un homme
soit élevé aux honneurs , qu'il jouisse des
plaisirs et des richesses ; supposez même
qu'il possede la plus belle de toutes les
femmes , et qu'il ait une vaste connoissance
de tous les Arts et de toutes les
Sciences ; il n'en sera pas pour cela plus ,
heureux , si la santé lui manque, Il reste
donc à conclurre que la Médecine est préferable
à tous les autres Arts , et qu'il n'y
a rien dont les Hommes doivent faire
plus de cas. Mais on est bien éloigné de
porter ce jugement , dès qu'on vient à
reflechir sur les abus qui se commettent
aujourd'hui dans la Médecine, Ces abus
sont en si grand nombre et de telle consequence
, qu'il seroit avantageux au Genre
Humain , que personne n'exerçât cette
Profession , et qu'on laissât plutôt agir la
Nature toute seule. De cent personnes
qui s'ingerent de prescrire des Remedes,
n'y en a peut-être pas dix à qui on
dûr
MARS. 1733. 509
dût se confier. Les femmelettes , les Barbiers
, les Apotiquaires , et sur tout les
Empiriques , sont à present ceux qui ont
le plus de vogue. Ces gens- là qui n'ont
ni étude ni principes , sont , pour l'ordinaire
les premiers à donner leurs avis ,
et le Peuple qui n'est pas en état d'examiner
ce qu'on lui propose, n'a recours
aux Médecins qu'à l'extremité , et lorsque
la Nature n'est plus en état de seconder
les Remedes. L'Auteur pouvoit
employer ici l'Epigramme connuë d'un
Poëte Anglois.
Fingunt se cuncti Medicos Idiota , sacerdos ,
Fudaus , Monachus , Histrio , Rasor , Anni,
Une chose qui rend la Médecine moins
estimable, c'est qu'après tant d'experiences
qu'on a faites dans tous les siecles , et
malgré tous les sistêmes qui ont été inventez
depuis quelques temps , on n'est pas
encore convenu de la Méthode qu'il seroit
à propos de suivre dans le traite
ment d'une seule maladie.
On lit à la page 134. que Mithridate
Roy de Pont , n'étoit pas moins curieux
de la Médecine qu'Attalus. Dès que Pompée
se fut rendu maître du Palais de ce
Prince , il fit foüiller dans toutes ses Cas- .
settes et ses Cabinets , et on y trouva
E iij plu310
MERCURE DE FRANCE
plusieurs Livres qui contenoient des se
crets contre la plupart des Maladies. Ce
qui engagea ce General de donner ordre
à Pompeius- Lenæus , son Affranchi ,
de traduire ces Livres en Latin , afin que
le Peuple Romain pût faire usage de ces
Remedes . Il y avoit entre autres Remedes
le fameux Antidote qui porte le nom
de ce Roy , et qui consistoit en 20. feüilles
de Rue , un grain de Sel , deux Noix
et deux Figues seiches. C'étoit là tout le
secret. Il falloit piler ces Drogues avec
du vin et prendre le Remede tous les
matins à jeun.
L'Auteur avoit observé plus haut , au
sujet de l'Anatomie , que du temps d'Aristote
on n'avoit encore dissequé que
des bêtes , et personne n'avoit osé fouiller
dans les Corps Humains , qu'on regardoit
comme quelque chose de sacré
Dans la suite , les Rois passerent par dessus
le scrupule qu'on s'étoit fait jusqu'alors
, et ils accorderent aux Medecins les
corps des Criminels qui avoient été suppliciez
. Il y a même des Auteurs qui
prétendent qu'on remit entre les mains
d'Erasistrate et d'Hérophile, plusieurs de ces
malheureux pour les dissequer tout vifs ;
afin qu'on pût découvrir des choses qu'il
n'étoit pas possible de découvrir autrement.
Sur
1
MARS. 1733- Sti
Cela étoit fondé sur la coûtume que certains
Peuples avoient d'exposer les Mala
des dans les Carrefours et dans les Places
publiques. Cette méthode , qui étoit fort
simple, s'est, dit- on , pratiquée long -temps
chez les Babyloniens , les Assyriens et les
Egyptiens. Les Babyloniens, dit Herodote,
font porter les Malades dans les Places
publiques , afin que les Passans qui les
voyent, et qui ont eu une maladie sembla
ble à la lueur , ou qui ont vû quelqu'un
malade, leur donnent conseil et les encouragent
à pratiquer ce qu'eux- mêmes ont
pratiqué avec succès en de semblables
cas ; ensorte qu'il n'est permis à personne
de passer auprès des Malades sans s'informer
de leurs maladies .
LES VOYAGES et Avantures du Capitaine
Robert Boyle , &c. traduit de l'Anglois.
A Amsterdam , chez les Wetsteins
et Smith , 1730. deux volumes in 12. de
341. pages pour le premier , et 276. pour
le second , sans la Table , la Préface et .
PEpitre Dédicatoire au Chevalier Guill .
Jonge , Commissaire de la Trésorerie et
Chevalier du Bain.
HISTOIRE DE LA MEDECINE , depuis le
commencement du Monde jusqu'à l'an
É iiij
de
412 MERCURE DE FRANCE
de Rome DXXXV. par M. Schulze ;
Docteur en Medecine et Professeur public
à Altorf, Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature . A Leipsik,
&c. 1728. in 4. de 437. pages . L'Ouvrage
est en Latin.
Entre diverses Remarques que fournissent
les détails de la Médecine des
Malabares , disent les Journalistes , page
177. nous nous bornerons à une seule ,
qui regarde les grands Privileges qu'ont
les Prêtres de cette Nation. Il n'y a aucun
Clergé en Europe qui en possede
d'aussi considerables.
Car ceux-là sont tout à la fois d'une
maniere despotique , Médecins de l'ame
et du corps. Maîtres absolus des consciences
, ils les dirigent à leur gré . Préparateurs
des Remedes qu'il leur plaît d'employer
, ils n'ont personne à qui en
rendre compte. Joignez à ces avantages
une troisiéme prérogative dont jouissent
les principaux d'entre eux ; c'est d'avoir
un droit à cette faveur de leur Souveraine
, à laquelle les Epoux seuls parmi
nous peuvent prétendre. Voici comment
s'exprime sur ce point un Géographe
François Les Bramins ont un employ
» assez étrange , puisque l'un des principaux
est obligé de passer la premiere
:
» nuit
MARS. 1733 513
nuit avec la Reine quand elle est mariée
, et il y a beaucoup d'apparence
»que le plus vieux n'est pas ordinaire-
» ment choisi. Le Roy envoye la valeur
» de 4. ou 500. ducats pour cette fatigue,
>> et quand il est prêt de voyager , il
» confie ses femmes à l'un de ces Prêtres
» qui contribue , autant qu'il le peut , à
les consoler de son absence . Les Fils ›
>> ne succedent point par cette raison ,
» parce qu'ils pourroient bien n'être pas
» du Sang Royal , mais après la mort du .
» Roy , on prend le fils de sa Soeur pour
» remplir sa place , & c.
Les Grecs ne se bornerent point , uniquement
à la Médecine Pharmaceutique .
ils tirerent encore parti des exercices qui ,
étoient en vogue parmi eux , pour en
former une Médecine particuliere que.
nous nommerons Médecine Gymnastique,
qui consistoit dans l'Art de s'exercer pour
la santé , et dont on attribue l'invention .
à Herodicus ou Prodicus , contemporain
et Précepteur d'Hippocrate.
Tous les Exercices relevoient de la Médecine
, en ce qu'ils étoient d'abord dirigez
par des Médecins , les principales
Villes et les Académies un peu celebres,
se faisant un Titre d'en avoir un , qui eut
inspection sur ces exercices. Dans la suite,
E v di514
MERCURE DE FRANCE
diverses personnes , sans avoir étudié la
Médecine , usurperent cette Charge , et
non seulement se chargerent du soin qui
regardoit les Bains , les Frictions , les Oignemens
, mais même entreprirent de
panser les blessures et de remettre les
membres disloquez.
Ces gens - là étoient ceux qui dans les
commencemens ne s'acquittoient de ces
sortes de fonctions , que selon les Ordonnances
des Médecins , lesquels on nommoit
pour cette raison , Aliptas , Baigneux
Reunctores , Oigneurs; gens de
condition basse et servile , de qui Pline
parle , quand il dit que Prodicas procura
le premier un bon revenu aux Domestiques
qui oignoient . Ceux d'entr'eux qui
s'acquirent quelque expérience en ce
genre , s'arrogerent peu à peu le Titre de
Médecins oignans , puis enfin celui de
Médecins proprement dits. La chose fut
portée si loin , à la honte des vrais Médecins
, qu'on acheta à bas prix plusieurs.
Esclaves , qui dans leur service avoient
appris cet Art , pour exercer cet emploi
chez les Grands Seigneurs de Rome. D'où
est venu le reproche de condition abjecte
, dont on a assuré qu'étoient autrefois
les Médecins parmi les Romains ; ce
qu'on ne peut neanmoins prouver que de
ceux
MARS. 1733 .
Sis
ceux qui portent parmi nous le nom de
Baigneux , lesquels répondent parfaite
ment aux Baigneux de ce temps - là.
RECUEIL de Discours , sur diverses matieres
importantes ; traduits ou compo
sez par J.Barbeyrac, Professeur en Droit ,
dans l'Université de Groningue. Il y a
joint un Eloge historique de feu M.Noodt,
en 2 tom. in 12. dont le 1er . contient en
tout 417 pag. et le 28 344. A Amsterdam,
chez P. Humbert , 1731.
Dans la Dissertation sur les Duels , on
fait d'abord une énumeration des différentes
sortes de Duels ou Combats singuliers
, et des diverses causes pour lesquelles
on en est venu à ces combats
chez différentes Nations , selon ce que
l'Histoire nous en apprend . On en trou
ve jusqu'à onze sortes , dont la derniere
est le Duel , qu'on se propose de com
battre , ou celui, qui se rapporte à la repa
Fation d'honneur.
Cette espece de Duel étoit absolument
hors d'usage , non seulement chez les
Grecs et les Romains , mais encore chez
les Egyptiens , et les anciens Peuples de
PAsie. Il doit uniquement son origine à
des Peuples barbares , venus des Parties
Septentrionales de l'Europe , qui ne pau-
E vi
vans
516 MERCURE DE FRANCE
vant souffrir la discipline des Loix , ou
des Magistrats , vouloient décider toute.
sorte de differents à la pointe de l'épée.
Delà nâquit le Duel , qu'on introduisit
pour se purger de quelque crime , dans la
pensée que Dieu déclareroit par l'évé
nement du combat , qui avoit raison du
Diffamateur , ou du Diffamé .
Les Lombards porterent en Italie cette
mauvaise coutume ; et les autres Peuples
du Nord l'introduisirent dans tous
les Païs , au dedans et au dehors de l'Empire
Romain , où ils s'établirent ; les Saxons
, par exemple , en Angleterre. On
fit des Loix là- dessus aussi sérieusement
que s'il se fut agi de la chose du monde
la plus raisonnable et la plus légitime.
Lorsque le Droit Romain eut été remis
en vogue , les Commentateurs tâcherent
d'y trouver de quoi autoriser le
Duel. A cela se joignirent les Croisades ,
et l'institution des Ordres de Chevalerie.
Ces Chevaliers vinrent à former des Regles
du point d'honneur . Les Jurisconsultes
traiterent cette matiere comme une
partie de la Jurisprudence ; d'autres, comme
une science particuliere et toute nouvelle
; cela produisit une infinité de Livres
sur le Duel , sur la science de la Chevalerie,
comme parlent les Italiens , et sous di-
<
vers
MARS. 1733 2 517
vers autres Titres semblables ; on en pourroit
composer une Bibliotheque , et quelques-
uns étant devenus rares aujourd'hui,
il s'est trouvé en Italie des Gens qui ont
promis d'en faire imprimer un Recueil
de dix volumes in fol.
-
Il est facile de montrer combien l'usage
du Duel est contraire à la raison , à
la Loy naturelle , et sur tout aux maximes
de la Religion Chrétienne ; aussi suppose
t'on cela , comme suffisamment
démontré par divers Auteurs . La grande
difficulté consiste à trouver les moïens de
déraciner de l'esprit des Sots , dont le
nombre est fort grand , le préjugé du
point d'honneur , qui empêche que toutes
les Loix les plus sévéres , faites jusqu'icy
, contre cette mode pernicieuse ,
ne soient assez efficaces pour l'abolir.
M. Flicher veut qu'on tire le remede du
mal même , et que l'on retienne par la
crainte d'un plus grand deshonneur
ceux qui croïent être deshonorez , s'ils
n'ont recours au Duel . Il faudroit, dit- il ,
faire des nouvelles Loix, qui exposassent
les contrevenans au mépris et à la risée
publique ; ordonner , par exemple , que
les Corps de ceux qui auroient été tuez
en Duel , fussent traitez de même que
ceux des Criminels , punis du dernier
sup318
MERCURE DE FRANCE
supplice ; deffendre de porter les Armes
aux Duellistes , à qui on auroit fait grace
de la vie ; et cela , sous condition que
s'ils les portoient depuis , leur pardon
deviendroit nul ; exclure de tout emploi.
Militaire ceux qui auroient appellé quelqu'un
en Duel , ou qui auroient rêpondu
à l'appel ; en un mot , faire ensorte
que de telles gens , qui , par une pure folie
, auroient ainsi violé les Loix de la
Société humaine , fussent désormais bannis
de la Société et du commerce des
Sages.
REFUTATION des Erreurs de Benoît
de Spinosa , par M. de Fénelon , Archevêque
de Cambray , par le P. Lami , Bẹ-
nedictin , et par M.le Comte de Boulain .
villiers , avec la Vie de Spinosa , écrite
par M. Jean Colerus , Ministre de l'Eglise
Luthérienne de la Haye ; augmentée
de beaucoup de particularitez , tirées d'une
Vie manuscrite de ce Philosophe , faite
par un de ses amis. A Bruxelles , chez
François Foppens , 1731. in 8º .
TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins
, divisé en trois parties , par M.Everard
Otton , Jurisconsulte et Professeur ;
in 8. de $70 pag. A 2 chez Ofmans
et
MARS.
1733 F19
et Bosch , 1731. L'Ouvrage est en Latin.
L'UTILITE , LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE
de la Révélation Chrétienne , def
fendues contre un Livre publié depuis
peu , qui a pour Titre : La Religion Chré
tienne , aussi ancienne que la Création, &c.
ParJacques Foster ; en grand in 8. pages
367. sans la Préface ; seconde Edition, augmentée
d'un Postscript. A Londres , chez.
J. Noon. 1731. L'Ouvrage est en Anglois
.
SUPPLEMENT à un des Ouvrages ,
faits pour la deffense de la validité des
Ordinations Anglicanes , pour servir de
derniere réponse au nouvel Ouvrage du
P. le Quien , et aux Censures de quelques,
Evêques de France. Par le P. le Courayer,
Chanoine Régulier de Sainte Géneviéve.
A Amsterdam, 1732. in 12. pag. 636. sâns.
la Préface et les Preuves.
IMAGES DES HEROS et des Grands
Hommes de l'Antiquité, dessinées sur des
Médailles , des Pierres antiques , et autres
anciens Monumens , par Jean- Ange
Canini , gravées par Picart le Romain , &c.
avec les Observations de Jean - Ange et
Marc- Ant. Canini ; données en Italien
ر و پ
Sur
320 MERCURE DE FRANCE
sur ces Images , diverses Remarques du
Traducteur , et le Texte Original à côté
de la Traduction . A Amsterdam, chez B..
Picart et J. F. Bernard , 1731. in 4. pag.
377. et 115. Figures .
On apprend icy que cet Ouvrage parut
en 1669. in fol. que Jean- Ange Canini
joignoit à une assez grande connoissance
de l'Histoire ancienne et de la Mythologie
, le talent de dessiner les Pierres gravées
, et les Médailles avec une légéreté
de main admirable , qu'il avoit sur tout
l'art, peu commun , de conserver toute la
finesse des airs de tête de l'antiquité, & c.
Entre un grand nombre de Portraits
d'Alexandre , que Canini avoit dessinez ,
il en choisit quatre , préférablement aux
autres , tant à cause de la différence des
traits du visage , que parce qu'il n'y en a
pas un qui ne lui fournisse l'occasion de
faire part à ses Lecteurs de recherches
curieuses ; il fait d'abord quelques réfléxions
sur la délicatesse de ce Prince , qui 、
ne lui permit jamais de souffrir que des
Ouvriers médiocres travaillassent à rendre
ses traits , et il regrette sur tout le
Tableau d'Apelles , où Aléxandre étoit si
ressemblant ,, que son. Cheval se mit à
hennir à cette vûë , preuve évidente qu'il
reconnoissoit son Maître. Cette Histoire ,
rap
MARS: 1733. Str
rapportée un peu trop légérement par
Pline , mais digne de tenir sa place parmi
les Fables , dont l'Histoire diverse d'Elien
est remplie , prouve au moins l'idée
qu'on avoit de l'habileté du Peintre,et ne
permet pas de douter qu'il n'eut réussi à
attraper la Physionomie d'Alexandre.
I
Nous avons omis de dire quelque chose
d'un Article curieux , qui est le dernier
des Nouvelles Litteraires de la premiere
Partie du 1 vol. du Journal , dont nous
rendons compte. Cet article est datté de
Constantinople , et regarde l'Etablisse
ment , les progrès et les productions de
la nouvelle Imprimerie,établie dans cette
Capitale de l'Empire Turc. Les principales
circonstances de ces choses se trouvent
aussi dans le Journal des Sçavans , mais
écrites avec plus d'exactitude ; et nous
avons aussi fait part au Public de ce qui
nous est venu à droiture de Constanti
nople , sur le même sujet. Il est à propos
que plus d'un Journal fasse mention d'un
Evenement si singulier , et qui interesse
toute la République des Lettres. Les Livres
les plus considérables dont on fait
mention icy , qui sont nouvellement
sortis de cette Imprimerie , et dont on
marque le prix , sont :
Tarichi
322 MERCURE DE FRANCE
Tarichi Missiri gadin - vve gedid , ou
Histoire des Antiquitez d'Egypte , & c.
On y trouve aussi l'Histoire de tous les
Princes qui ont regné dans l'Egypte ,
jusqu'à la Conquête des Turcs , &c. Le
prix est de trois Piastres .
Gulseni Chalefa. Le Chapelet des Califes
, par Naimi Radé. On rapporte l'origine
et l'Histoire de Babylone , avec celle
des Princes qui y ont regné depuis l'an
127. de l'Hégire , 744. de J. C.
que le
premier Califes des Abassides commença
à regner jusqu'à l'an 1130. de l'Hégire ,
1717. de J. C. que regnoit le Sultan Achmet
, Empereur des Turcs .
On avertit dans le même Article, qu'on
va travailler dans cette Imprimerie, à un
Atlas Turc , Ouvrage d'un Mahometan
moderne, qui traite de l'Histoire et de la
Géographie de tous les Etats de l'Asie.
On ajoutera un Livre de Mathématique ,
avec Figures , une Mappe - Monde , et les
Cartes Generales des 4 Parties du Monde,
la Carte de l'Egypte , et une autre des
Royaumes et des Provinces de l'Asie.
Au reste il y a bien des fautes dans tout
cet Enoncé , soit de la part du Journaliste
, soit de celle de l'Imprimeur ; nous
venons de corriger la plus considérable ,
qui se trouve au bas de la pag. 236. où
pour
MARS. 1733 . 523
,
pour dire le premier Calife des Abassides
on a imprimé des Abissins ; dans la page
précédente , Mehemet Tixclebi pour
Tchelibi. Holdemian , pour Holderman ,
nom d'un R. P. Jesuite , page 237. &c.
Enfin on fait Achmet III, qui vient d'être
détrôné , le 115. Empereur des Turcs,
qui n'est tout au plus que le XXVII .
Fermer
Résumé : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil de la Bibliothèque Raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe pour l'année 1734, publié à Amsterdam. Il met en avant plusieurs ouvrages notables, dont 'Amenitez de Médecine' de Dan. Vink. Cet ouvrage explore l'origine, les progrès, l'excellence et la nécessité de la médecine, ainsi que les abus actuels de cette profession. L'auteur souligne que la médecine, ayant pour objet l'homme, est préférable à tous les autres arts, mais les abus fréquents la rendent moins estimable. Le texte mentionne également des pratiques anciennes, comme les méthodes de traitement des maladies chez les Babyloniens et les Assyriens, et les privilèges des prêtres malabares en matière de médecine. D'autres ouvrages cités incluent 'Les Voyages et Aventures du Capitaine Robert Boyle' et 'Histoire de la Médecine' de M. Schulze, qui couvre la médecine depuis ses débuts jusqu'à l'an 412 de Rome. Le texte aborde également la médecine gymnastique des Grecs et l'évolution des duels, une pratique introduite par des peuples barbares et adoptée par divers peuples européens. Les duels étaient utilisés pour purger des crimes et étaient réglementés par des lois et des ordres de chevalerie. Le texte conclut en discutant des difficultés à éradiquer les préjugés liés au point d'honneur et à l'usage des duels. Le texte présente également une liste de divers ouvrages et articles publiés entre 1731 et 1733. Parmi ces publications, on trouve des réfutations et des défenses de positions philosophiques et religieuses. Par exemple, 'REFUTATION des Erreurs de Benoît de Spinosa' par M. de Fénelon, le P. Lami et le Comte de Boulainvilliers, qui inclut une biographie de Spinoza écrite par Jean Colerus. Un autre ouvrage notable est 'L'UTILITE, LA VE'RITE' et L'EXCELLENCE de la Révélation Chrétienne' par Jacques Foster, qui défend la religion chrétienne contre un livre récent. Le texte mentionne également des traités juridiques et historiques, comme 'TRAITE' de la sûreté des Grands Chemins' par Everard Otton et 'IMAGES DES HEROS et des Grands Hommes de l'Antiquité' par Jean-Ange Canini, illustré par Picart. Enfin, le texte discute de l'établissement d'une imprimerie à Constantinople et des ouvrages qu'elle produit, tels que des histoires des antiquités égyptiennes et des calendriers des califes. Plusieurs erreurs typographiques sont également corrigées dans le texte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
797
p. 523-528
La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
Début :
LA RELIGION DEFENDUE, Poëme. Brochure in 8. de 46. pages, 1733. [...]
Mots clefs :
Dieu, Religion, Esprit, Épître à Uranie, Poème, Poète chrétien
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
LA RELIGION DEFFENDUE , Poëme.
Brochure in 8. de 46. pages , 1733.
Rien n'est plus loüable et plus digne
d'un Poëte Chrétien , que le sujet de ce
Poëme , auquel une autre Piece de Poësie
d'une trempe toute differente , qui
n'a trouvé aucun Approbateur parmi les
honnêtes Gens , a donné lieu . Il paroît
au contraire que celle- cy a été goutée
de tous les Gens de bien et de plusieurs
Connoisseurs , à la tête desquels nous
n'hésiterons point de mettre M.leCardinal
de Polignac , dont le suffrage est important.
S. E. ne s'est pas contentée de loüer
le Poëme , mais nous apprenons qu'elle
s'est fait un plaisir d'en distribuer plusieurs
Exemplaires. La Piece mérite
en effet cette distinction. L'Auteur ,
que nous sçavons être un homme du
monde , connu par d'autres Ouvrages
y répond exactement à l'Epitre à Uranie,
em
524 MERCURE DE FRANCE
en ornant des agrémens de la Poësie les
preuves sensibles et invincibles de la Religion
Chrétienne . Donnons ici quelques
de ce que nous venons de dire preuves
par deux ou trois Endroits de ce Poëme,
dont le commencement est tel.
Un Lucrece nouveau prétend que ton Génie ,
De la Religion sonde la verité :
J'y consens , sçavante Uranie
La Foi de la Raison ne craint point la clarté.
Mais ne présumons pas de notre intelligence ,
Que tout à ses efforts soit pleinement ouvert.
Nous jugeons des faits seuls et de leur évidence
Et le reste est pour nous de tenebres couvert.
Ces Globes enflamez qui roulent sur nos têtes ,
Et ceux qui des premiers empruntent leur splen
deur ,
Mon esprit veut avec ardeur ,
>
Les mettre au rang de ses conquêtes ;
Il n'apperçoit de ces grands Corps ,
Que les mouvemens , l'ordre etles divers rapports
Mais leur harmonie admirable ,
Le ressort qui les meut , et leur germe
Sont un abyme impenetrable ,
Qui me surpasse et me confond.
fécond ,
Le Poëte passe ensuite à la connoissance
de l'Homme , et s'exprime ainsi :
Si
MARS. 1733.
525
Je n'ose m'observer , eh ! que suis- je moi-même ?
Prodige merveilleux , autant qu'il est commun !
Deux Etres distinguez qui n'en composent qu'un,
Vivant et sublime Problême ;
Deux Etres ennemis qui font societé ,
Deux Etres assortis qui souvent sont en guerre ;
Un Atome enchaîné dans un coin de la Terre ,
Comme un point de l'Immensité ;
Un Esprit qui , brisant le joug de la matiere ,
Par sa grande velocité ,
unit dans un moment à la Nature entiere
Se plonge dans l'infinité ,
Et par les plus sûrs témognages ,
Trouve enfin la Divinité ,
Peinte et cachée en ses Ouvrages .
De l'Ame avec le Corps je connois l'union ,
Je sens l'alternative étrange et réguliere
De leur mutuelle action ;
Mais j'en ignore la maniere,
Puis refléchissant sur ce qu'il vient
d'exposer si noblement , il conclud .
C'est ainsi que nos connoissances ,
Se bornent toutes à des faits ,
Dont nous tirons des conséquences ,
pour nous la Source est sous un voile
Mais dont
épais.
Aces Principes il en ajoûte d'autres
aussi
$ 26 MERCURE DE FRANCE
aussi solidement établis , et il les oppose
en ces termes à la Doctrine erronée de
l'Auteur de l'Epitre à Uranie.
Voilà des Principes sacrés ,
Et d'une éternelle origine ;
Que l'Esprit fort qui t'endoctrine , `
Ou te cache, Uranie , ou n'a point penetrés ,
C'est eux que ta raison doit recevoir pour guides
. Dans l'examen qu'elle entreprend ;
Devant eux passeront de même qu'un Torrent ,
Ces Vers bien cadencés , mais de sens toujours
vuides ,
Qui du Dieu des Chrétiens font un Monstre
odieux .
De ton Lucrece alors les routes détournées ,
Par toi seront abandonnées ,
Et le sentier du Christ plaira seul à tes yeux.
Nous sommes forcez par la necessité
de nos bornes , de nous arrêter là et de
ne pas suivre le Poëte Chrétien dans le
reste de son Ouvrage , qui contient proprement
l'Histoire abregée et une Apologie
solide de notre sainte Religion ;
on y trouve des traits charmans et lumineux
, avec une réfutation , toujours
invincible , des Argumens proposez par
l'Esprit d'erreur et de mensonge.
Nous ne sçaurions omettre en finissane
MARS. 1733 527
sant , que rien n'est plus heureusement
développé que le salutaire Mystere de
la Grace , exposé , suivant la Doctri
ne de l'Eglise : la bonté et la justice de
Dieu y sont conciliées selon le même esprit
; et le Poëte termine enfin cette importante
matiere , et tout son Ouvrage ,
par ces Vers cy , que le temps où nous
sommes , particulierement consacré à la
Religion et à la pieté, rendra encore plus
dignes dattention.
Aces fideles traits reconnois , Uranie ,
Le Dieu qu'adorent les Chrétiens,
Non , ce n'est point ce Dieu qui dans sa tyrannic
Des vertus qu'il prescrit nous ôtant les moyens ,
Nous punit de sa barbarie ;
Ce Dieu plein de fureur en son aveuglement ,
Ce Dieu ridicule et volage ,
Qui n'agit qu'au hazard et toujours se dément ;
Tel enfin que l'Impie en a tracé l'image.
Notre Dieu , juste , égal et rempli de bonté,
N'ordonne rien qu'il n'aide à faire ,
Ne punit que l'iniquité ,
Se donne à la vertu lui-même pour salaire ,
Et sa sagesse éclate en tout ce qu'il opere.
Pour un Dieu qui n'a pas limité ses bienfaits ;
Oserions-nous borner notre reconnoissance ?
Soyons de son amour embrasez à jamais ;
Qu'il
28 MERCURE DE FRANCE
Qu'il soit toute notre esperance .
Si nous devons l'aimer , nous devons le servir
Dans la Religion qu'il établit lui- même ,
Afin que nous puissions ravir
La Palme du bonheur suprême.
Sans doute que de l'homme un si juste retour
N'acroîtra point de Dieu la gloire ou la puissance.
Mais il a mis sa complaisance ,
Dans ce tribut de notre amour.
Tout autre culte est un outrage
Qui le rend contre nous un Juge rigoureux ;
Et la forme de notre hommage
Lui fait seule adopter nos vertus et nos voeux .
Brochure in 8. de 46. pages , 1733.
Rien n'est plus loüable et plus digne
d'un Poëte Chrétien , que le sujet de ce
Poëme , auquel une autre Piece de Poësie
d'une trempe toute differente , qui
n'a trouvé aucun Approbateur parmi les
honnêtes Gens , a donné lieu . Il paroît
au contraire que celle- cy a été goutée
de tous les Gens de bien et de plusieurs
Connoisseurs , à la tête desquels nous
n'hésiterons point de mettre M.leCardinal
de Polignac , dont le suffrage est important.
S. E. ne s'est pas contentée de loüer
le Poëme , mais nous apprenons qu'elle
s'est fait un plaisir d'en distribuer plusieurs
Exemplaires. La Piece mérite
en effet cette distinction. L'Auteur ,
que nous sçavons être un homme du
monde , connu par d'autres Ouvrages
y répond exactement à l'Epitre à Uranie,
em
524 MERCURE DE FRANCE
en ornant des agrémens de la Poësie les
preuves sensibles et invincibles de la Religion
Chrétienne . Donnons ici quelques
de ce que nous venons de dire preuves
par deux ou trois Endroits de ce Poëme,
dont le commencement est tel.
Un Lucrece nouveau prétend que ton Génie ,
De la Religion sonde la verité :
J'y consens , sçavante Uranie
La Foi de la Raison ne craint point la clarté.
Mais ne présumons pas de notre intelligence ,
Que tout à ses efforts soit pleinement ouvert.
Nous jugeons des faits seuls et de leur évidence
Et le reste est pour nous de tenebres couvert.
Ces Globes enflamez qui roulent sur nos têtes ,
Et ceux qui des premiers empruntent leur splen
deur ,
Mon esprit veut avec ardeur ,
>
Les mettre au rang de ses conquêtes ;
Il n'apperçoit de ces grands Corps ,
Que les mouvemens , l'ordre etles divers rapports
Mais leur harmonie admirable ,
Le ressort qui les meut , et leur germe
Sont un abyme impenetrable ,
Qui me surpasse et me confond.
fécond ,
Le Poëte passe ensuite à la connoissance
de l'Homme , et s'exprime ainsi :
Si
MARS. 1733.
525
Je n'ose m'observer , eh ! que suis- je moi-même ?
Prodige merveilleux , autant qu'il est commun !
Deux Etres distinguez qui n'en composent qu'un,
Vivant et sublime Problême ;
Deux Etres ennemis qui font societé ,
Deux Etres assortis qui souvent sont en guerre ;
Un Atome enchaîné dans un coin de la Terre ,
Comme un point de l'Immensité ;
Un Esprit qui , brisant le joug de la matiere ,
Par sa grande velocité ,
unit dans un moment à la Nature entiere
Se plonge dans l'infinité ,
Et par les plus sûrs témognages ,
Trouve enfin la Divinité ,
Peinte et cachée en ses Ouvrages .
De l'Ame avec le Corps je connois l'union ,
Je sens l'alternative étrange et réguliere
De leur mutuelle action ;
Mais j'en ignore la maniere,
Puis refléchissant sur ce qu'il vient
d'exposer si noblement , il conclud .
C'est ainsi que nos connoissances ,
Se bornent toutes à des faits ,
Dont nous tirons des conséquences ,
pour nous la Source est sous un voile
Mais dont
épais.
Aces Principes il en ajoûte d'autres
aussi
$ 26 MERCURE DE FRANCE
aussi solidement établis , et il les oppose
en ces termes à la Doctrine erronée de
l'Auteur de l'Epitre à Uranie.
Voilà des Principes sacrés ,
Et d'une éternelle origine ;
Que l'Esprit fort qui t'endoctrine , `
Ou te cache, Uranie , ou n'a point penetrés ,
C'est eux que ta raison doit recevoir pour guides
. Dans l'examen qu'elle entreprend ;
Devant eux passeront de même qu'un Torrent ,
Ces Vers bien cadencés , mais de sens toujours
vuides ,
Qui du Dieu des Chrétiens font un Monstre
odieux .
De ton Lucrece alors les routes détournées ,
Par toi seront abandonnées ,
Et le sentier du Christ plaira seul à tes yeux.
Nous sommes forcez par la necessité
de nos bornes , de nous arrêter là et de
ne pas suivre le Poëte Chrétien dans le
reste de son Ouvrage , qui contient proprement
l'Histoire abregée et une Apologie
solide de notre sainte Religion ;
on y trouve des traits charmans et lumineux
, avec une réfutation , toujours
invincible , des Argumens proposez par
l'Esprit d'erreur et de mensonge.
Nous ne sçaurions omettre en finissane
MARS. 1733 527
sant , que rien n'est plus heureusement
développé que le salutaire Mystere de
la Grace , exposé , suivant la Doctri
ne de l'Eglise : la bonté et la justice de
Dieu y sont conciliées selon le même esprit
; et le Poëte termine enfin cette importante
matiere , et tout son Ouvrage ,
par ces Vers cy , que le temps où nous
sommes , particulierement consacré à la
Religion et à la pieté, rendra encore plus
dignes dattention.
Aces fideles traits reconnois , Uranie ,
Le Dieu qu'adorent les Chrétiens,
Non , ce n'est point ce Dieu qui dans sa tyrannic
Des vertus qu'il prescrit nous ôtant les moyens ,
Nous punit de sa barbarie ;
Ce Dieu plein de fureur en son aveuglement ,
Ce Dieu ridicule et volage ,
Qui n'agit qu'au hazard et toujours se dément ;
Tel enfin que l'Impie en a tracé l'image.
Notre Dieu , juste , égal et rempli de bonté,
N'ordonne rien qu'il n'aide à faire ,
Ne punit que l'iniquité ,
Se donne à la vertu lui-même pour salaire ,
Et sa sagesse éclate en tout ce qu'il opere.
Pour un Dieu qui n'a pas limité ses bienfaits ;
Oserions-nous borner notre reconnoissance ?
Soyons de son amour embrasez à jamais ;
Qu'il
28 MERCURE DE FRANCE
Qu'il soit toute notre esperance .
Si nous devons l'aimer , nous devons le servir
Dans la Religion qu'il établit lui- même ,
Afin que nous puissions ravir
La Palme du bonheur suprême.
Sans doute que de l'homme un si juste retour
N'acroîtra point de Dieu la gloire ou la puissance.
Mais il a mis sa complaisance ,
Dans ce tribut de notre amour.
Tout autre culte est un outrage
Qui le rend contre nous un Juge rigoureux ;
Et la forme de notre hommage
Lui fait seule adopter nos vertus et nos voeux .
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Résumé : La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
La brochure 'LA RELIGION DEFFENDUE, Poëme', publiée en 1733, est une œuvre poétique de 46 pages. Elle est acclamée pour son sujet digne d'un poète chrétien et a été appréciée par des personnes respectables, dont le Cardinal de Polignac. Le poème répond à une autre œuvre poétique jugée inappropriée par les honnêtes gens. L'auteur, un homme du monde connu pour ses autres ouvrages, utilise la poésie pour présenter les preuves de la religion chrétienne. Le poème commence par une réflexion sur les limites de la compréhension humaine face à la complexité de l'univers et de l'âme humaine. Il explore ensuite la nature duale de l'homme, à la fois matériel et spirituel, et conclut que les connaissances humaines sont limitées à des faits observables. Le poème oppose ensuite les principes sacrés de la religion chrétienne aux doctrines erronées, réfutant les arguments des esprits forts. Il développe également le mystère de la grâce, conciliant la bonté et la justice de Dieu. Le poème se termine par une description du Dieu chrétien comme juste, égal et rempli de bonté. Il invite à adorer et servir ce Dieu dans la religion qu'il établit, soulignant que tout autre culte est un outrage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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798
p. 529-530
Dictionnaire abregé de la Fable, &c. [titre d'après la table]
Début :
DICTIONNAIRE ABREGÉ DE LA FABLE, pour l'intelligence des Poëtes et la connoissance [...]
Mots clefs :
Chompré, Fable, Dictionnaire, Avertissement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dictionnaire abregé de la Fable, &c. [titre d'après la table]
DICTIONNAIRE ABREGE DE LA FABLE ,
pour l'intelligence des Poëtes et la connoissance
des Tableaux et des Statuës , dont
les Sujets sont tirez de la Fable. Par
M. Chompré , Maître de Pension . Seconde
Edition , revue , corrigée et augmentée. A
Paris , chez Jean Dessaint , rue S. Jan de
Beauvais , 733. in 12. de 278 pages.
Cet Ouvrage est considerablement augmenté
, quoique la petitesse du volume et
du caractere qu'on a employé dans cette
seconde Edition , semble ne le pas annoncer
d'abord. M. Chompré dit dans 1 Avertissement
qui est à la tête , qu'on a donné
cette forme au Livre , afin qu'on puisse
le porter sans embarras , lorsqu'on voudra
faire usage du peu d'Iconologie qu'il
y a répandue , et dont on trouve la clef
dans le même Avertissement. Il paroît
F qu'on
530 MERCURE DE FRANCE
qu'on a imprimé ce petit Ouvrage avec
soin , et il y a lieu de présumer que le
Public ne le goûtera pas moins que le
premier , d'autant plus que l'Auteur a
évité avec attention tout ce qui pouvoit
donner atteinte aux bonnes moeurs , s'é
tant proposé sur tout l'utilité des jeunes
gens à l'éducation desquels il travaille.
Nous ajoûterons que l'Ouvrage peur n'ê
tre pas indifferent aux gens plus avancez
pour se rappeller des traits qui échapent
à la memoire , et qu'on retrouve sur le
champ dans ce petit Dictionnaire.
pour l'intelligence des Poëtes et la connoissance
des Tableaux et des Statuës , dont
les Sujets sont tirez de la Fable. Par
M. Chompré , Maître de Pension . Seconde
Edition , revue , corrigée et augmentée. A
Paris , chez Jean Dessaint , rue S. Jan de
Beauvais , 733. in 12. de 278 pages.
Cet Ouvrage est considerablement augmenté
, quoique la petitesse du volume et
du caractere qu'on a employé dans cette
seconde Edition , semble ne le pas annoncer
d'abord. M. Chompré dit dans 1 Avertissement
qui est à la tête , qu'on a donné
cette forme au Livre , afin qu'on puisse
le porter sans embarras , lorsqu'on voudra
faire usage du peu d'Iconologie qu'il
y a répandue , et dont on trouve la clef
dans le même Avertissement. Il paroît
F qu'on
530 MERCURE DE FRANCE
qu'on a imprimé ce petit Ouvrage avec
soin , et il y a lieu de présumer que le
Public ne le goûtera pas moins que le
premier , d'autant plus que l'Auteur a
évité avec attention tout ce qui pouvoit
donner atteinte aux bonnes moeurs , s'é
tant proposé sur tout l'utilité des jeunes
gens à l'éducation desquels il travaille.
Nous ajoûterons que l'Ouvrage peur n'ê
tre pas indifferent aux gens plus avancez
pour se rappeller des traits qui échapent
à la memoire , et qu'on retrouve sur le
champ dans ce petit Dictionnaire.
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Résumé : Dictionnaire abregé de la Fable, &c. [titre d'après la table]
Le 'Dictionnaire abrégé de la Fable' de M. Chompré vise à éclairer les poètes et à faciliter la compréhension des tableaux et statues inspirés par la fable. La seconde édition, revue, corrigée et augmentée, a été publiée à Paris chez Jean Dessaint. Malgré sa petite taille et son caractère réduit, l'ouvrage a été enrichi. M. Chompré justifie ce format par la facilité de transport et la consultation de son iconologie. L'impression soignée évite tout contenu susceptible de nuire aux bonnes mœurs, visant particulièrement l'utilité des jeunes en éducation. L'ouvrage peut également servir aux personnes plus âgées pour rappeler des détails oubliés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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799
p. 532-544
Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, &c. [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République [...]
Mots clefs :
Elena Cornaro Piscopia, Grecque, Valbonnais, Padoue, Catalogue, Épitaphe, Rigord, Docteur, Journal, République
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, &c. [titre d'après la table]
MEMOIRES pour servir à l'Histoire
des Hommes Illustres dans la République
des Lettres , & c. Tome XIX . de 408.
pages . A Paris , chez Briasson , à la
Science , M. DCC . XXXII.
Dans ce nouveau Volume des Memoires
du R. P. Niceron , executé sur le
même plan de ceux qui ont precedé , on
trouve un abregé de la vie de XXIX.
Sçavans en divers genres d'érudition ,
avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages
, ce qui fait la matiere d'une lecture
également agréable et instructive ;
on en pourra juger par le nom et le
mérite de ces Sçavans , qui sont ainsi rangez
dans la Table qui suit le Frontispice
' du Livre .
Ambroise Camaldule , Marc Battaglini ,
Olans
MARS. 1733.
$33
Olaus Borrichius , fean de la Bruyere , Joachim
Camerarius, Herman Conringius, Jean
de Cordes , Helene Lucrece Cornara Piscopia
, Quinto Mario Corrado , Sébastien
Corrado , Pierre Danés , Antoine Faure
Claude Faure de Vaugelas , foachim Frideric
Feller , Nicodême Frischlin , Jacques
Goar, Hugues Grotius , Pierre Guilleband
Chrétien Huygens , Thomas James , Engelbert
Kaemfer , Martin Lippenius , Hippolyte
Jule Pilet de la Menardiere , François
de la Mothe le Vayer , Bernardin Ochin ,
Jean- Isaac Pontamus , Jean- Pierre de Valbonnais
, Degorée Whear , Guillaume Xi ,
lander.
Le plus ancien de tous ces Sçavans est
Ambroise Camaldule , qui étant né en
1378. mourut en l'année 1439. C'est aussi
l'un des plus recommandables par sa pieté
et par son Erudition.L'Article qui le concerne
est fort bien rempli , ct le Catalogue
de ses Ouvrages travaillé avec soin .
L'Article de Bernardin Ochin , mort
en 1564. est curieux dans son genre. Ce
Personnage est une espece de Problême,
parmi les Sçavans ; on peut en dire du
bien et du mal sans s'écarter de la verité.
Notre Editeur n'a rien oublié pour débrouiller
tout ce qui regarde Ochin , en
quoi on peut dire qu'il a réussi beaucoup
Fii mieux
634 MERCURE DE FRANCE
mieux que les Critiques qui l'ont precedé
, sans en excepter M. Bayle , qui dans
son Dictionnaire s'est fort égayé sur
son Chapitre. Au reste , loin qu'Ochin ait
été l'Instituteur des Capucins , selon l'erreur
de plusieurs Ecrivains , on soutient
ici qu'il n'entra chez eux qu'en l'année
1534. dans le temps que cette Réforme
de l'Ordre de S. François commençoit
à faire du bruit. On avertit en mêmetemps
que pour être bien et sûrement
instruit au sujet de cet Auteur , il ne
faut point se fier tout- à - fait à l'Ecrivain
des Annales des Capucins.
Parmi les plus modernes d'entre les
Sçavans , dont il est fait mention dans
ce Volume , il n'en est point dont l'Article
fasse plus de plaisir à lire que celui
de Jean Pierre Moret de Bourchenu , Marquis
de Valbonnais , né à Grenoble en
1651. et mort le 2. Mars 1730. Premier
Président de la Chambre des Comp-"
tes de Dauphiné. Il a tenu un rang considerable
dans la République des Lettres
et il l'a enrichie de plusieurs Ouvrages ,
dont le Catalogue paroît ici avec une
Critique exacte de la part de l'Editeur.
L'Article VIII . de ce Catalogue indique
une Lettre de notre sçavant Magistrat
sur une Epitaphe Grecque, inserée dans
les
MARS. 1733.
535
les Memoires de Trévoux, Décembre 1715.
page 2246. Cette Epitaphe , pour le dire
en passant et par occasion , est celle d'une
Dame Grecque , trouvée à Marseille il
y a déja bien des années , sur une petite
Colomne de Marbre blanc , que M. Rigord
, Subdelegué de l'Intendant de Provence
en cette Ville , fit enlever et placer
à l'entrée de son Cabinet. Il en envoya
peu de temps après une copie à
Paris à un de ses Amis , pour la communiquer
aux Antiquaires .
Cet Ami l'ayant examinée , il en envoya
une Explication à M. Rigord dans
ane Lettre qui fut imprimée dans le Journal
de Trévoux du mois d'Octobre 1714.
à laquelle les Auteurs du Journal donnerent
en même- temps une autre Expli
cation .
M. Rigord , de son côté , ayant trouvé
quelque difficulté dans ces deux Explications
, en proposa une autre dans une
Dissertation adressée à M.le PrésidentBon,
qui fut rendue publique dans le même
Journal , Juillet 1715 .
Ces differentes Explications réveillerent
l'attention de M. de Valbonnais , qui dans
une Lettre aussi adressée au Président
Bon , et imprimée dans le mois de Décembre
1716. du même Journal , prit le
Fiiij ton
536 MERCURE DE FRANCE
ton de Maître , et censurant tout ce qui
avoit parû sur ce sujet , donna sa propre
Explication de l'Epitaphe Grecque ,
Explication qui , pour ne rien dissimuler
, ne fut pas heureuse .
Car l'Auteur de la premiere Interpretation
dont le sens avoit paru le plus
naturel à M. Rigord , à M. Galland et
à d'autres Antiquaires distinguez , démontra
par une Lettre imprimée dans le
Mercure du mois d'Août 1721. que celle
de M. de Valbonnais étoit insoutenable,
en ce que , pour l'admettre , il falloit admettre
aussi un Paradoxe capable de ré
volter tous les Antiquaires , sçavoir que
du temps de Marseille Payenne , temps
de la composition de l'Epitaphe , la Langue
Grecque étoit éttangere dans cette
Ville , et qu'un Grec n'entendoit rien
dans la Langue qu'on y parloit ; à Marseille
Colonie Grecque , où l'on a trouvé
tant de Monumens Grecs , et où encore
aujourd'hui on reconnoît des traces
de son origine dans la Langue vulgaire
qu'on y parle , &c.
Il faut rendre ici justice à M. de Valbonnais
, qui ayant vécu encore près de
dix ans depuis la publication de cette Lettre
dans le Mercure , n'a pas jugé à propos
d'y répondre , plus amateur de la
verité
MARS. 1733 .
537
verité , qu'il avoit sans doute reconnue
la reflexion , qu'attaché à ses propres
sentimens.
par
Pour ne pas déroger à notre coûtume
, sans exceder les bornes qui nous sont
prescrites , nous employerons ici l'Article
entier qui précede celui de M. de Valbonnais
et qui regarde l'Illustre Lucrece Cornara,
prasuadez que tous nos Lecteurs , et
surtout les Dames , nous en sçaurons gré.
HELENE Lucrece Cornara Piscopia,
naquit à Venise le 5. Juin 1646. de Jean-
Baptiste Cornaro , Procurateur de Saint
Marc. Dès sa plus tendre Enfance elle
donna des marques de ce qu'elle devien
droit un jour. Jean - Baptiste Fabris , homme
docte , et ami de son pere , ayant remarqué
en elle des dispositions heureuses
pour les Sciences , l'engagea à s'y appliquer.
A peine avoit elle sept ans -
qu'on lui donna des Maîtres pour lui apprendre
la Langue Latine. Ce furent Jean
Valesio , Chanoine de S. Marc , et le Docteur
Bartolotti . Les progrès qu'elle fit
bien-tôt en cette Langue par leurs instructions
, déterminerent son Pere à lui
faire apprendre aussi la Langue Grecque.
Fabris lui en donna les premieres leçons;
mais étant mort peu de temps après , Loüis
Gradenigo , Préfet de la Bibliotheque pu-
Fy blique
$ 38 MERCURE DE FRANCE
blique de Venise , prit sa place et continua
ce qu'il avoit commencé.
La june Cornara apprit ces Langues
avec beaucoup de facilité, et passa ensuite
à l'Hébraïque , à la Grecque vulgaire , à
l'Espagnole et à la Françoise , dans lesquelles
elle ne fit pas de moindres progrès
, elle voulut aussi sçavoir quelque
chose de l'Arabe.
Lorsqu'elle fut suffisamment instruite
de ce côté là , on l'appliqua à la Philosophie
et aux Mathématiques , dans lesquelles
elle eut pour Maître Charles Ri
naldini , qui les professoit à Padoue , et
ensuite à la Théologie , dont Hipolite
Marcheti , Prêtre de l'Oratoire , lui donna
des leçons.
Cette science lui plut particulierement
et elle s'y rendit si habile , que l'on consulta
les plus habiles gens de la France
et de l'Italie , pour sçavoir si l'on pouvoit
lui donner les degrez du Doctorat
en Théologie ; quelques Italiens composerent
même des Dissertations pour prouver
que cela se pouvoit , et que ce n'étoit
pas une chose opposée au précepte de l'Apôtre,
qui deffend aux femmes de parler
dans l'Eglise Charles Rinaldini son
Maître de Philosophie , fut de ce nombre.
Mais quelques obstacles qui se rencontrerent
MARS. 1733. 539
trerent dans cette affaire , obligerent le
Pere de la jeune Cornara , qui souhaitoit
avec passion de voir sa fille honorée
d'un titre singulier , à renoncer à son
premier dessein et à se tourner du côté
de la Philosophie , où il esperoit trouver
moins d'oppositions.
Il songea donc alors à la faire recevoir
Docteur en Philosophie dans l'Université
de Padoüe ; l'exemple étoit nouveau.
On n'avoit point encore vû de
Fille élevée au Doctorat. On sçavoit bien
que sainte Gertrude parloit souvent des
Mysteres de la Religion dans des Assemblées
nombreuses , et que sainte Catherine
de Sienne avoit harangué un jour
le Pape en présence des Cardinaux ; mais
ces actions particulieres étoicnt quelque
chose de moins considerable que de donner
en forme le Bonnet de Docteur à
une Fille . Quelques inconveniens qu'il y
cût à craindre de celle - cy, on crut devoir
passer par- dessus. On marquà le jour pour
la leçon d'épreuve de Lucrece Cornara ,
qui aussi humble que sçavante , eut d'abord
de la peine à accepter l'honneur que
l'on vouloit lui faire , et ne se rendit
que par obéîssance pour la volonté de
son Pere.
Ce jour qui étoit le 25. Juin 1678 .
Fvj étant
$40 MERCURE DE FRANCE
étant venu , on s'assembla , non point
dans les Ecoles publiques , suivant la coûtume
mais dans une Chip lle de la Cathédrale
, dédiée à la Vierge , que l'on
crut plus propre à contenir l'affluence
du Monde que la nouveauté du Spectacle
sembloit devoir y attirer. Cornara
y fit un Discours très-sc vant et trèséloquent
sur un Texte d'Aristote , qui
mérita les applaudissemens de toute l'Assemblée
et reçut ensuite le Bonnet de
Docteur , avec toutes les ceremonies usitées
en cette occasion .
Cette action attira sur elle les
yeux de toute l'Europe , et depuis ce
temps là elle fut visitée par tous les Curieux
qui voyagerent en Italie.
Elle avoit déja été auparavant aggrégée
à plusieurs Académies comme à celles
des Infecondi de Rome , des Intronati
de Sienne , & c .
Plusieurs personnes de mérite la rechercherent
en mariage , mais elle avoit
fait voeu de virginité dès l'âge d'onze ans,
et elle persista toute sa vie , dans le dessein
de l'observer quoique ses paren en
eussent obtenu la dispense de Rome
pour l'engager à se marier Elle vouloit
même se retirer entierement du Monde ;
mais la répugnance que sa famille témoigna
MARS .
540 1733
permoigna
pour cette résolution , ne lui
mit pas de l'exécuter; elle se contenta donc
de faire des voeux simples de Religion , en
qualité d'Oblate, de l'Ordre de S Benoît ,
entre les mains de Corneille Codanini
Abbé de S. George , et de recevoir de lui
l'habit des Religieuses de cet Ordre , qu'el
le porta toujours depuis , sous ses habits,
séculiers.
Son attachement extraordinaire à l'étu
de , et particulierement à celle des Langues
Grecque et Hébraïque , affoiblir si
fort sa complexion , qui étoit déja foible
d'elle - même, qu'elle tomba dans une langueur
et dans differentes infirmitez , qui
la conduisirent peu à peu au tombeau.
Elle mourut le 25 Juillet 1604. dans la
38 année de son âge , et fut enterrée à
Sainte Justine de Padoue , avec cette Epitaphe.
D. O. M.
HELENA Lucretia Cornelia Piscopia
, Joan. Bapti te D Marci Procuratoris
Filia , que moribus et Doctrina supra sexum
, et Laurea ad memoriam Posteritatis.
insignis , privatis votis coram Cornelio Codanino
Abbate S. Georgii Majoris emissis,
S. Benedicti Institutum ab ineunte alate
complexa , et religiosè prosecuta , in Monachorum
$42 MERCURE DE FRANCE
chorum Conditorium ut vivens optaverat ,
post acerba fata , admissa est Monachis H.
M. PP. Anno D. 1684.
Les Académies dont elle étoit , s'empresserent
à lui faire des Pompes Funebres
, et l'on a sur ce sujet l'Ouvrage suivant
: Le Pompe Funebri celebrate da Signori
Academici Infecondi in Roma per la
morte dell' Illust. Sign. Elena Lucretia Cornara
Piscopia , Accademica detta linalterabile.
In Padoua 1685. infol.
Catalogue de ses Ouvrages.
1º . Lettera o vero colloquio di Christo nostro
Redentore all' Anima devota composta
dal R.P. D. Giovanni Lanspergio Cartusiano
in Lingua Latina Transportata poscia
in idioma Spagnuolo dal P. F. Andrea Capiglia
, Monaco della Certosa , Prior del
Paular: Or vien tradotte di Spagnulo in
Italiano dall' Ill. Sign . Elena Lucretia Cornara
Piscopia , In Venezia , 1673. in 24.
Cette traduction a été réimprimée dans le
Recueil suivant .
2º . Helena Lucretia ( que et Scholastica)
Cornelia Piscopia l'irginis pietate et eruditione
admirabilis Ordinis D. Benedicti privatis
votis adscripta Opera que quidem haberi
potuerunt. Parma 1688. in 8. pag. 310
Cette
MARS. 1733.
548
Cette Edition des Ouvrages de Cornara
donnée par Benoit Bacchini , qui a mis
la tête une vie fort ample de cette Sças
vante , est divisée en trois Parties ; la
premiere contient un Panégyrique Italien
de la République de Venise , tout
rempli de Fleurs et de Saillies Italiennes ,
et l'Explication de deux Problêmes de
Politique , aussi en Italien . On voit dans
la seconde , des Eloges Latins , en Stile
Lapidaire , de l'Empereur , du Roy de
Pologne , du Pape Innocent XI . &c. Enfin
la troisiéme renferme quelques Lettres
Latines et Italiennes de notre Sçavante
, ou qui lui ont été écrites , avec
la Traduction dont il est parlé cydessus.
C'est à cela que se termine tout le
contenu de ce Recueil . Le nom de Scholastique
, qu'elle porte dans le titre , lui
avoit été donné par l'Abbé Codadini, lorsqu'elle
fit ses voeux entre ses mains .
Voyez sa Vie par Benoît Bicchini , à la
tête de ses Oeuvres , et dans un Recueil
intitulé , Vita Selecta Vratislavia , 1711.
in 8. Sa Vie écrite en Italien pir Maximilien
Deza , et imprimée en 1617 Les
Pompes, funebres des Infecondi de Rome.
Gregorio Leti Italia Regnante; T. 4. p. 44 .
Nous ajoûterons , avec la permission
du
344 MERCURE DE FRANCE
du R. P. Niceron , que cette celebre Fille
étant aussi aggregée à l'Académie des Ricovrati
de Padoüe , on fit son Eloge dans
cette Académie , dans une Assemblée publique
à laquelle présida un illustre Acadé
micien François; sçavoir Charles Patin ,fils
du fameux Guy , Professeur en Medecine
dans l'Université de Padoüe et Chevalier
de S. Marc .
des Hommes Illustres dans la République
des Lettres , & c. Tome XIX . de 408.
pages . A Paris , chez Briasson , à la
Science , M. DCC . XXXII.
Dans ce nouveau Volume des Memoires
du R. P. Niceron , executé sur le
même plan de ceux qui ont precedé , on
trouve un abregé de la vie de XXIX.
Sçavans en divers genres d'érudition ,
avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages
, ce qui fait la matiere d'une lecture
également agréable et instructive ;
on en pourra juger par le nom et le
mérite de ces Sçavans , qui sont ainsi rangez
dans la Table qui suit le Frontispice
' du Livre .
Ambroise Camaldule , Marc Battaglini ,
Olans
MARS. 1733.
$33
Olaus Borrichius , fean de la Bruyere , Joachim
Camerarius, Herman Conringius, Jean
de Cordes , Helene Lucrece Cornara Piscopia
, Quinto Mario Corrado , Sébastien
Corrado , Pierre Danés , Antoine Faure
Claude Faure de Vaugelas , foachim Frideric
Feller , Nicodême Frischlin , Jacques
Goar, Hugues Grotius , Pierre Guilleband
Chrétien Huygens , Thomas James , Engelbert
Kaemfer , Martin Lippenius , Hippolyte
Jule Pilet de la Menardiere , François
de la Mothe le Vayer , Bernardin Ochin ,
Jean- Isaac Pontamus , Jean- Pierre de Valbonnais
, Degorée Whear , Guillaume Xi ,
lander.
Le plus ancien de tous ces Sçavans est
Ambroise Camaldule , qui étant né en
1378. mourut en l'année 1439. C'est aussi
l'un des plus recommandables par sa pieté
et par son Erudition.L'Article qui le concerne
est fort bien rempli , ct le Catalogue
de ses Ouvrages travaillé avec soin .
L'Article de Bernardin Ochin , mort
en 1564. est curieux dans son genre. Ce
Personnage est une espece de Problême,
parmi les Sçavans ; on peut en dire du
bien et du mal sans s'écarter de la verité.
Notre Editeur n'a rien oublié pour débrouiller
tout ce qui regarde Ochin , en
quoi on peut dire qu'il a réussi beaucoup
Fii mieux
634 MERCURE DE FRANCE
mieux que les Critiques qui l'ont precedé
, sans en excepter M. Bayle , qui dans
son Dictionnaire s'est fort égayé sur
son Chapitre. Au reste , loin qu'Ochin ait
été l'Instituteur des Capucins , selon l'erreur
de plusieurs Ecrivains , on soutient
ici qu'il n'entra chez eux qu'en l'année
1534. dans le temps que cette Réforme
de l'Ordre de S. François commençoit
à faire du bruit. On avertit en mêmetemps
que pour être bien et sûrement
instruit au sujet de cet Auteur , il ne
faut point se fier tout- à - fait à l'Ecrivain
des Annales des Capucins.
Parmi les plus modernes d'entre les
Sçavans , dont il est fait mention dans
ce Volume , il n'en est point dont l'Article
fasse plus de plaisir à lire que celui
de Jean Pierre Moret de Bourchenu , Marquis
de Valbonnais , né à Grenoble en
1651. et mort le 2. Mars 1730. Premier
Président de la Chambre des Comp-"
tes de Dauphiné. Il a tenu un rang considerable
dans la République des Lettres
et il l'a enrichie de plusieurs Ouvrages ,
dont le Catalogue paroît ici avec une
Critique exacte de la part de l'Editeur.
L'Article VIII . de ce Catalogue indique
une Lettre de notre sçavant Magistrat
sur une Epitaphe Grecque, inserée dans
les
MARS. 1733.
535
les Memoires de Trévoux, Décembre 1715.
page 2246. Cette Epitaphe , pour le dire
en passant et par occasion , est celle d'une
Dame Grecque , trouvée à Marseille il
y a déja bien des années , sur une petite
Colomne de Marbre blanc , que M. Rigord
, Subdelegué de l'Intendant de Provence
en cette Ville , fit enlever et placer
à l'entrée de son Cabinet. Il en envoya
peu de temps après une copie à
Paris à un de ses Amis , pour la communiquer
aux Antiquaires .
Cet Ami l'ayant examinée , il en envoya
une Explication à M. Rigord dans
ane Lettre qui fut imprimée dans le Journal
de Trévoux du mois d'Octobre 1714.
à laquelle les Auteurs du Journal donnerent
en même- temps une autre Expli
cation .
M. Rigord , de son côté , ayant trouvé
quelque difficulté dans ces deux Explications
, en proposa une autre dans une
Dissertation adressée à M.le PrésidentBon,
qui fut rendue publique dans le même
Journal , Juillet 1715 .
Ces differentes Explications réveillerent
l'attention de M. de Valbonnais , qui dans
une Lettre aussi adressée au Président
Bon , et imprimée dans le mois de Décembre
1716. du même Journal , prit le
Fiiij ton
536 MERCURE DE FRANCE
ton de Maître , et censurant tout ce qui
avoit parû sur ce sujet , donna sa propre
Explication de l'Epitaphe Grecque ,
Explication qui , pour ne rien dissimuler
, ne fut pas heureuse .
Car l'Auteur de la premiere Interpretation
dont le sens avoit paru le plus
naturel à M. Rigord , à M. Galland et
à d'autres Antiquaires distinguez , démontra
par une Lettre imprimée dans le
Mercure du mois d'Août 1721. que celle
de M. de Valbonnais étoit insoutenable,
en ce que , pour l'admettre , il falloit admettre
aussi un Paradoxe capable de ré
volter tous les Antiquaires , sçavoir que
du temps de Marseille Payenne , temps
de la composition de l'Epitaphe , la Langue
Grecque étoit éttangere dans cette
Ville , et qu'un Grec n'entendoit rien
dans la Langue qu'on y parloit ; à Marseille
Colonie Grecque , où l'on a trouvé
tant de Monumens Grecs , et où encore
aujourd'hui on reconnoît des traces
de son origine dans la Langue vulgaire
qu'on y parle , &c.
Il faut rendre ici justice à M. de Valbonnais
, qui ayant vécu encore près de
dix ans depuis la publication de cette Lettre
dans le Mercure , n'a pas jugé à propos
d'y répondre , plus amateur de la
verité
MARS. 1733 .
537
verité , qu'il avoit sans doute reconnue
la reflexion , qu'attaché à ses propres
sentimens.
par
Pour ne pas déroger à notre coûtume
, sans exceder les bornes qui nous sont
prescrites , nous employerons ici l'Article
entier qui précede celui de M. de Valbonnais
et qui regarde l'Illustre Lucrece Cornara,
prasuadez que tous nos Lecteurs , et
surtout les Dames , nous en sçaurons gré.
HELENE Lucrece Cornara Piscopia,
naquit à Venise le 5. Juin 1646. de Jean-
Baptiste Cornaro , Procurateur de Saint
Marc. Dès sa plus tendre Enfance elle
donna des marques de ce qu'elle devien
droit un jour. Jean - Baptiste Fabris , homme
docte , et ami de son pere , ayant remarqué
en elle des dispositions heureuses
pour les Sciences , l'engagea à s'y appliquer.
A peine avoit elle sept ans -
qu'on lui donna des Maîtres pour lui apprendre
la Langue Latine. Ce furent Jean
Valesio , Chanoine de S. Marc , et le Docteur
Bartolotti . Les progrès qu'elle fit
bien-tôt en cette Langue par leurs instructions
, déterminerent son Pere à lui
faire apprendre aussi la Langue Grecque.
Fabris lui en donna les premieres leçons;
mais étant mort peu de temps après , Loüis
Gradenigo , Préfet de la Bibliotheque pu-
Fy blique
$ 38 MERCURE DE FRANCE
blique de Venise , prit sa place et continua
ce qu'il avoit commencé.
La june Cornara apprit ces Langues
avec beaucoup de facilité, et passa ensuite
à l'Hébraïque , à la Grecque vulgaire , à
l'Espagnole et à la Françoise , dans lesquelles
elle ne fit pas de moindres progrès
, elle voulut aussi sçavoir quelque
chose de l'Arabe.
Lorsqu'elle fut suffisamment instruite
de ce côté là , on l'appliqua à la Philosophie
et aux Mathématiques , dans lesquelles
elle eut pour Maître Charles Ri
naldini , qui les professoit à Padoue , et
ensuite à la Théologie , dont Hipolite
Marcheti , Prêtre de l'Oratoire , lui donna
des leçons.
Cette science lui plut particulierement
et elle s'y rendit si habile , que l'on consulta
les plus habiles gens de la France
et de l'Italie , pour sçavoir si l'on pouvoit
lui donner les degrez du Doctorat
en Théologie ; quelques Italiens composerent
même des Dissertations pour prouver
que cela se pouvoit , et que ce n'étoit
pas une chose opposée au précepte de l'Apôtre,
qui deffend aux femmes de parler
dans l'Eglise Charles Rinaldini son
Maître de Philosophie , fut de ce nombre.
Mais quelques obstacles qui se rencontrerent
MARS. 1733. 539
trerent dans cette affaire , obligerent le
Pere de la jeune Cornara , qui souhaitoit
avec passion de voir sa fille honorée
d'un titre singulier , à renoncer à son
premier dessein et à se tourner du côté
de la Philosophie , où il esperoit trouver
moins d'oppositions.
Il songea donc alors à la faire recevoir
Docteur en Philosophie dans l'Université
de Padoüe ; l'exemple étoit nouveau.
On n'avoit point encore vû de
Fille élevée au Doctorat. On sçavoit bien
que sainte Gertrude parloit souvent des
Mysteres de la Religion dans des Assemblées
nombreuses , et que sainte Catherine
de Sienne avoit harangué un jour
le Pape en présence des Cardinaux ; mais
ces actions particulieres étoicnt quelque
chose de moins considerable que de donner
en forme le Bonnet de Docteur à
une Fille . Quelques inconveniens qu'il y
cût à craindre de celle - cy, on crut devoir
passer par- dessus. On marquà le jour pour
la leçon d'épreuve de Lucrece Cornara ,
qui aussi humble que sçavante , eut d'abord
de la peine à accepter l'honneur que
l'on vouloit lui faire , et ne se rendit
que par obéîssance pour la volonté de
son Pere.
Ce jour qui étoit le 25. Juin 1678 .
Fvj étant
$40 MERCURE DE FRANCE
étant venu , on s'assembla , non point
dans les Ecoles publiques , suivant la coûtume
mais dans une Chip lle de la Cathédrale
, dédiée à la Vierge , que l'on
crut plus propre à contenir l'affluence
du Monde que la nouveauté du Spectacle
sembloit devoir y attirer. Cornara
y fit un Discours très-sc vant et trèséloquent
sur un Texte d'Aristote , qui
mérita les applaudissemens de toute l'Assemblée
et reçut ensuite le Bonnet de
Docteur , avec toutes les ceremonies usitées
en cette occasion .
Cette action attira sur elle les
yeux de toute l'Europe , et depuis ce
temps là elle fut visitée par tous les Curieux
qui voyagerent en Italie.
Elle avoit déja été auparavant aggrégée
à plusieurs Académies comme à celles
des Infecondi de Rome , des Intronati
de Sienne , & c .
Plusieurs personnes de mérite la rechercherent
en mariage , mais elle avoit
fait voeu de virginité dès l'âge d'onze ans,
et elle persista toute sa vie , dans le dessein
de l'observer quoique ses paren en
eussent obtenu la dispense de Rome
pour l'engager à se marier Elle vouloit
même se retirer entierement du Monde ;
mais la répugnance que sa famille témoigna
MARS .
540 1733
permoigna
pour cette résolution , ne lui
mit pas de l'exécuter; elle se contenta donc
de faire des voeux simples de Religion , en
qualité d'Oblate, de l'Ordre de S Benoît ,
entre les mains de Corneille Codanini
Abbé de S. George , et de recevoir de lui
l'habit des Religieuses de cet Ordre , qu'el
le porta toujours depuis , sous ses habits,
séculiers.
Son attachement extraordinaire à l'étu
de , et particulierement à celle des Langues
Grecque et Hébraïque , affoiblir si
fort sa complexion , qui étoit déja foible
d'elle - même, qu'elle tomba dans une langueur
et dans differentes infirmitez , qui
la conduisirent peu à peu au tombeau.
Elle mourut le 25 Juillet 1604. dans la
38 année de son âge , et fut enterrée à
Sainte Justine de Padoue , avec cette Epitaphe.
D. O. M.
HELENA Lucretia Cornelia Piscopia
, Joan. Bapti te D Marci Procuratoris
Filia , que moribus et Doctrina supra sexum
, et Laurea ad memoriam Posteritatis.
insignis , privatis votis coram Cornelio Codanino
Abbate S. Georgii Majoris emissis,
S. Benedicti Institutum ab ineunte alate
complexa , et religiosè prosecuta , in Monachorum
$42 MERCURE DE FRANCE
chorum Conditorium ut vivens optaverat ,
post acerba fata , admissa est Monachis H.
M. PP. Anno D. 1684.
Les Académies dont elle étoit , s'empresserent
à lui faire des Pompes Funebres
, et l'on a sur ce sujet l'Ouvrage suivant
: Le Pompe Funebri celebrate da Signori
Academici Infecondi in Roma per la
morte dell' Illust. Sign. Elena Lucretia Cornara
Piscopia , Accademica detta linalterabile.
In Padoua 1685. infol.
Catalogue de ses Ouvrages.
1º . Lettera o vero colloquio di Christo nostro
Redentore all' Anima devota composta
dal R.P. D. Giovanni Lanspergio Cartusiano
in Lingua Latina Transportata poscia
in idioma Spagnuolo dal P. F. Andrea Capiglia
, Monaco della Certosa , Prior del
Paular: Or vien tradotte di Spagnulo in
Italiano dall' Ill. Sign . Elena Lucretia Cornara
Piscopia , In Venezia , 1673. in 24.
Cette traduction a été réimprimée dans le
Recueil suivant .
2º . Helena Lucretia ( que et Scholastica)
Cornelia Piscopia l'irginis pietate et eruditione
admirabilis Ordinis D. Benedicti privatis
votis adscripta Opera que quidem haberi
potuerunt. Parma 1688. in 8. pag. 310
Cette
MARS. 1733.
548
Cette Edition des Ouvrages de Cornara
donnée par Benoit Bacchini , qui a mis
la tête une vie fort ample de cette Sças
vante , est divisée en trois Parties ; la
premiere contient un Panégyrique Italien
de la République de Venise , tout
rempli de Fleurs et de Saillies Italiennes ,
et l'Explication de deux Problêmes de
Politique , aussi en Italien . On voit dans
la seconde , des Eloges Latins , en Stile
Lapidaire , de l'Empereur , du Roy de
Pologne , du Pape Innocent XI . &c. Enfin
la troisiéme renferme quelques Lettres
Latines et Italiennes de notre Sçavante
, ou qui lui ont été écrites , avec
la Traduction dont il est parlé cydessus.
C'est à cela que se termine tout le
contenu de ce Recueil . Le nom de Scholastique
, qu'elle porte dans le titre , lui
avoit été donné par l'Abbé Codadini, lorsqu'elle
fit ses voeux entre ses mains .
Voyez sa Vie par Benoît Bicchini , à la
tête de ses Oeuvres , et dans un Recueil
intitulé , Vita Selecta Vratislavia , 1711.
in 8. Sa Vie écrite en Italien pir Maximilien
Deza , et imprimée en 1617 Les
Pompes, funebres des Infecondi de Rome.
Gregorio Leti Italia Regnante; T. 4. p. 44 .
Nous ajoûterons , avec la permission
du
344 MERCURE DE FRANCE
du R. P. Niceron , que cette celebre Fille
étant aussi aggregée à l'Académie des Ricovrati
de Padoüe , on fit son Eloge dans
cette Académie , dans une Assemblée publique
à laquelle présida un illustre Acadé
micien François; sçavoir Charles Patin ,fils
du fameux Guy , Professeur en Medecine
dans l'Université de Padoüe et Chevalier
de S. Marc .
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Résumé : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, &c. [titre d'après la table]
Le Tome XIX des 'Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres' du R. P. Niceron, publié en 1732 à Paris, présente des résumés biographiques de 29 savants de divers domaines, accompagnés d'un catalogue raisonné de leurs œuvres. Parmi les savants mentionnés figurent Ambroise Camaldule, Bernardin Ochin, et Jean-Pierre de Valbonnais. Ambroise Camaldule, né en 1378 et mort en 1439, est particulièrement recommandé pour sa piété et son érudition. L'article sur Bernardin Ochin, mort en 1564, est noté pour sa complexité et les divergences d'opinions qu'il suscite. Jean-Pierre de Valbonnais, né en 1651 et mort en 1730, est souligné pour ses contributions significatives à la République des Lettres. Le texte mentionne également une controverse académique concernant une épitaphe grecque trouvée à Marseille, à laquelle Valbonnais a participé. Le texte inclut également une biographie détaillée de Hélène Lucrece Cornara Piscopia, née en 1646 à Venise, qui a reçu un doctorat en philosophie à l'Université de Padoue en 1678. Elle était polyglotte et a traduit plusieurs œuvres. Cornara est décédée en 1684 et a été honorée par diverses académies. Par ailleurs, le texte traite de la vie et des œuvres d'une femme nommée Scholastique. Le nom de Scholastique lui a été donné par l'Abbé Codadini lors de ses vœux. Plusieurs sources documentent sa vie, notamment une biographie par Benoît Bicchini, publiée dans un recueil intitulé 'Vita Selecta Vratislavia' en 1711. Une autre biographie en italien a été écrite par Maximilien Deza et imprimée en 1617. Les pompes funèbres des Infecondi de Rome, décrites par Gregorio Leti dans 'Italia Regnante', volume 4, page 44, mentionnent également Scholastique. Le texte mentionne aussi que Scholastique était membre de l'Académie des Ricovrati de Padoue. Un éloge en son honneur a été prononcé lors d'une assemblée publique présidée par Charles Patin, fils du célèbre Guy Patin, professeur de médecine à l'Université de Padoue et chevalier de Saint-Marc.
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« Il vient de paroître chez Prault, Quay de Gêvres, un grand in 8. de 370. pag. sous le titre de [...] »
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Il vient de paroître chez Prault, Quay de Gêvres, un grand in 8. de 370. pag. sous le titre de [...]
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Il vient de paroître chez Prault , Quay de Gêvres
, un grand in 8. de 370. pag. sous le titre de
Bibliotheque des Théatres , contenant le Catalogue
alphabetique des Pieces Dramatiques , Opera ,
Parodies , Opera Comiques , et le temps de leurs
représentations ; avec des Anecdotes sur la plupart
des Pieces contenues en ce Recueil , et sur ,
la Vie des Auteurs . Musiciens et Acteurs. C'est
un Ouvrage très- laborieux , qu'une infinité de
Curieux voudront avoir. Il se vend 3 , livres.
, un grand in 8. de 370. pag. sous le titre de
Bibliotheque des Théatres , contenant le Catalogue
alphabetique des Pieces Dramatiques , Opera ,
Parodies , Opera Comiques , et le temps de leurs
représentations ; avec des Anecdotes sur la plupart
des Pieces contenues en ce Recueil , et sur ,
la Vie des Auteurs . Musiciens et Acteurs. C'est
un Ouvrage très- laborieux , qu'une infinité de
Curieux voudront avoir. Il se vend 3 , livres.
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