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p. 1843-1850
Morts de Personnes Illustres.
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Si nous n'étions pas dans l'usage de rendre certains devoirs à la Mémoire des Personnes celebres [...]
Mots clefs :
Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, Personnes célèbres, Mort, Esprit, Lieutenant, Roi, Paris, Seigneur, Gouverneur, Église, Jean-François Félibien, Jacques Leullier
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texteReconnaissance textuelle : Morts de Personnes Illustres.
Mors de Personnes Illustres.
Si nous n'étions pas dans l'usage de rendre
certains devoirs à la Mémoire des Personnes ce- i
lebres que la mort nous enleve , nous commencerions
par la Marquise de Lambert , décedée à
Paris le 12 . Juillet 1733. dans la 86.année de son
âge , géneralment regrettée , à cause des grandes
qualitez de son coeur et de son esprit. Nous
avons d'elle un excellent Ouvrage sous ce titre :
Avi
1814 MERCURE DE FRANCE
Avis d'une Mere à son Fils et à sa Fille , imprimé
à Paris chez Ganeau en 1728. 1. vol . in 12.
et des Refléxions sur les Femmes , dont il y a une
Edition de Hollande.
La Marquise le Lambert, qui se nommoit Anne-
Therese de Marguenat de Courcelles , étoit
Fille unique d'Etienne de Marguenat, Seigneur de
Courcelles , Maître ordinaire en la Chambre des
Comptes, mort le 22. May 1650. et de Monique
Passart , morte le 21. Juillet 1692. alors
femme en secondes Nôces de François le Coigneux
, Seigneur de la Rocheturpin et de Bachau-:
mont , celebre par son bel esprit . Elle avoit été
mariée le 22. Février 1666. avec Henri de Lambert
, Marquis de S. Bris en Auxerrois , Baron de
Chitry et Augy , alors Capitaine au Régiment
Royal , et depuis Mestre de Camp d'un Régiment
de Cavalerie , fait Brigadier en 1674. Maréchal
de Camp le 25. Février 1677. Commandant de
Fribourg en Brisgaw, au mois de Novembre suivant
, Gouverneur de Longwy , et Lieutenant
General des Armées du Roy , au mois de Juillet
1682. et enfin Gouverneur et Lieutenant Gene
ral de la Ville et Duché de Luxembourg , au
mois de Juin 1684. mort au mois de Juillet 686.
Elle en avoit eu , outre deux Filles mortes en
bas âge , un Fils et une autre Fille , le Fils est
Henry- François de Lambert , Mirquis de saint
Eris , né le 13. Décembre 1677. Lieutenant general
des Armées du Roy du 30. Mars 1720. et
Gouverneur de la Ville d'Auxerre , autrefois Colonel
du Régiment de Périgord. Il a été marié le
12. Janvier 1725. avec Angélique de Lariam de
Rochefort , veuve de Louis- François du Parc ,
Marquis de Loëmmaria , Lieutenant General des
Armées du Roy, mort le 4. Octobre 1709. la
Fille
AOUS T. 1733. 1815
Fille de la Marquise de Lambert étoit Marie-Thérese
de Lambert , qui avoit été mariée en 1703 .
avec Louis de Beaupoil , Comte de S. Aulaire
Seigneur de la Porcherie et de la Grenellerie ,
Colonel - Lieutenant du Régiment d'Enguien ,
Infanterie , tué au Combat de Ramersheim , dans
la haute Alsace , le 26. Août 1709. elle est morte
le 13. Juillet 1731. âgée de 52. ans , ayant laissé
une File unique nommée Therese- Eulalie de
Beaupoil de S. Aulaire , mariée le 7. révrier
1725. avec Anne - Pierre d'Harcourt , Marquis de
Beuvron , Seigneur de Tourneville , Lieutenant
General pour le Roy au Gouvernement de Normandie
, Gouverneur du vieux Palais de Roun
et Mestre de Camp de Cavalerie , Frere du Duc
d'Harcourt.
La Mere de la Marquise de Lambert , épousa ,
comme on l'a dit , M. de Bachaumont , qui nonseulement
faisoit fort agréablement des Vers
comme tout le monde sçait par le fameux vorge
dont il partagea la gloire avec la Chapelle , mais
qui de plus étoit homme de beaucoup d'esprit et
de plus encore , homme de très- bonne compagnie
, dans un temps où la bonne et la mauvaise
se mêloient beaucoup moins , et où l'on y étoit
bien plus difficile. Il s'affectionna à sa Belle fille ,
presque encore enfant , cause des dispositions
heureuses qu'il découvrit bien - tôt en elle et
il s'appliqua à les cultiver , tant par lui-mêmeque
par le monde choisi qui venoit dans sa maison
, et dont elle apprenoit sa Langue comme
on fait la Langue maternelle.
a
Elle se déroboit souvent aux plaisirs de son
age pour aller ire en son particulier , et elle s'accoûtuma
dès lors , de son propre mouvement , à
faire de petits Extraits de ce qui la frappoit le
plus
1846 MERCURE DE FRANCE
plus. C'étoient déja, ou des reflexions fines sur le
coeur humain , ou des tours d'expressions ingenieux
, mais le plus souvent des réfléxions .
Ce goût ne la quitta, ni quand elle fut obligée
de représenter à Luxembourg, dont M. le Marquis
de Lambert étoit Gouverneur , ni quand
après sa mort elle eut à essuyer de longs et
cruels Procès où il s'agissoit de toute sa fortune ;
enfin quand elle les eut conduits et gagnez avec
toute la capacité d'une personne qui n'eut point
eu d'autre talent ; libre enfin et Maîtresse d'un
bien assez considerable qu'elle avoit presque conquis
, elle établit dans Paris une Maison où il
étoit honorable d'être reçû. C'étoit la seule , à un
petit nombre d'exceptions près , qui se fût préservée
de la maladie Epidémique du jeu ; la seule
où l'on se trouvât pour se parler raisonnab ement
les uns les autres , et même avec esprit , selon
l'occasion . Aussi ceux qui avoient leurs raisons
pour trouver mauvais qu'il y eût encore de la
Conversation que que part , lançoient - ils , quand
ils le pouvoient , quelques traits malins contre
la Maison de Madame de Lambert , et Mme de
Lambert elle- même , très-délicate sur les discours
et sur l'opinion du Public , craignoit quelquefois
de donner trop à son goût ; elle avoit le
soin de se rassurer, en faisant refléxion , que
cette même Maison , si accusée d'esprit , elle y
faisoit une dépense très - noble et y recevoit beaucoup
plus de gens du Monde et de condition que
de gens illustres dans les Lettres ..
dans
Son extrême sensibilité sur les discours du Public
, fut mise à une bien plus rude épreuve . Elle
s'amusoit volontiers à écrire pour elle seule , et
elle voulut bien lire ses Ecrits à un très - petit
nombre d'amis particuliers ; car quoiqu'on n'écrive
A O UST. 1733. 1847
crive que pour soi , on écrit aussi un peu pour
les autres sans s'en douter . Elle fit plus , elle
laissa sortir ses papiers de ses mains , sous les
sermens les plus forts qu'on lui fit de la fidelité
la plus exacte. On viola les sermens ; des Auteurs
ne crurent point qu'une modestie d'Auteur pûr
être sincere ; is prirent des copies qui ne manquerent
pas d'échapper. Voilà les Avis d'une
Mere à son Fils , les Avis à sa Fille , imprimez ,
et elle se croit deshonorée . Une Femme de condition
faire des Livres , comment soutenir cette
infamie !
Le Public sentit bien cependant le mérite de
ces Ouvrages , la beauté du stile , la finesse et
l'élevation des sentimens , le ton aimable de vertu
qui y regne par tout. Il s'en fit en peu de temps
plusieurs Editions , soit en France , soit ailleurs ,
et ils furent traduits en Anglois. Mais Mme de
Lambert ne se consoloit point ; et on n'auroit
pas la hardiesse d'assurer ici une chose si peu
vrai-semblable , si après ces succès , on ne lui
avoit vû retirer de chez un Libraire , et payer au
prix qu'il voulut , toute l'Edition qu'il venoit de
faire d'un autre Ouvrage qu'on lui avoit dérobé.
Les qualitez de l'ame p us importantes , et
plus rares , surpassoient encore en elle les qualitez
de l'esprit. Elle étoit née courageuse , peu
susceptible d'aucune crainte , si ce n'étoit sur la
gloire; incapable de se rendre aux obstacles dang
une entreprise nécessaire ou vertueuse . Elle n'étoit
pas seulement ardente à servir ses amis sans
attendre leurs prieres , ni l'exposition , souvent
humiliante de leurs besoins , mais une bonne
action à faire , même en faveur des personnes
indifférentes , la tentoit toujours vivement , et il
falloit que les circonstances fussent bien contraires
,
1818 FRCURE DE FRANCE
traires , si elle n'y succomboit pas . Quelque
mauvais succès de ses générositez ne l'en avoient
point corrigée , et elle étoit toujours également
prête à hazarder de faire le bien . Ele fut fort
infirme pendant tout le cours de sa vie . Ses dernieres
années furent accablées de souffrances
pour lesquelles son courage naturel n'eût pas
suffi sans le secours de toute sa Religion.
Jean-François Felibien , Ecuyer , Sieur des Awaux
et de Javercy , Conseiller et Historiographe
du Roy , et de ses Bâtimens, Arts et Manufactures
de France , et Garde du Cabinet Royal
des Antiques , Secretaire de l'Académie Royale
d'Architecture , et cy- devant l'un des Pensionnaires
et Trésorier perpétuel de l'Académie des
Inscriptions et Biles Lettres , mourut à Paris le
23 Juin 1733 âgé d'environ 75 ans . Il étoit d'une
Famille fort connue dans la République des Lettres
. André Félibien , son pere , auquel il avoit
succedé en 1695.dans la place d'Historiographe
des Bâtimens et de Garde du Cabinet des Antiques,
a donné au public un grand nombre d'Ouvrages
, comme on peut le voir dans son éloge ,
rapporté d'aprés le trente- neuviéme Journal des
Sçavans , de l'année 695. dans le Dictionnaire
Historique , éditions de 1715 et 1732. Jacques
Fé ibien , son oncle , Chanoine et Archidiacre
de Vendôme , en l'Eglise de Chartres , mort
le 25 Novembre 1716. dans la 80 année de son
âge ; et Dom Michel Fél bien son frere , Bénédictin
, de la Congrégation de S. Maur, mort
le 25 Septembre 1719. Se sont aussi rendus célébres
par leurs Ouvrages . Il s'est fait connoître
aussi par les sens dont les principaux sont un
Recueil Historique de la Vie et des Ouvrages
des plus célebres Architectes ; les Plans des Mai-
1
1
sons
AOUS T. 1733. 1849
sons de Pline et leur Description ; la Description
de Versailles , et de celle de l'Eglise des Invalides.
Il s'étoit marié le 1 Septembre 1712 , avec
Caterine-Elizabeth Minet , fille de Louis Minet ,
Conseiller , Secretaire du Roy , et Avocat aux
Conseils, et d'Elizabeth Moufle.Il en avoit eu 11
enfans,mais ils sont tous morts jeunes ; de sorte
qu'il ne laisse pour héritiere qu'une Soeur , sçavoir
Marie- Anne Fé.ibien , veuve de Joachim
de Bruet , Chevalier , Seigneur de la Chesnais,
qui avoit commandé la Noblesse de la Provin
ce d'Orleans , Chartres et Pais Blésois , Vendômois
, Montargis , Estampes , Gien et Amboise
pendant les cinq dernieres années de la guerre
qui a été terminée psr la Paix de Risvvich.
Jacques Lullier , Prêtre, Docteur et Doyen de
de Faculté de Théologie de Paris , dont il avoit
reçu le Bonnet le 10 Juin 1675. Sénieur de la
Maison de Sorbonne , et ancien Curé de la Paroisse
de S. Louis en l'Isle Notre Dame mourut
en Sorbonne le 30 Juin , âgé d'environ 86
ans , son corps ayant été porté à S. Louis en
FIsle , il y fut inhumé le 2 Juillet . Il étoit le
quatriéme Curé de cette Paroisse , ayant succedé à
Bernard Crosse,mort le 6 Avril 1693 , à l'exemple
de ses Prédecesseurs qui avoient déja fait construire
le Choeur de l'Eglise de S.Louis , il entreprit
d'en continuer le Bâtiment , et vint à bout
de faire édifier la Nef , avec son Jubé, la Voute
de la Croisée , et une tres - belle Chapelle de la
Communion . Ce fut par ses soins que cette
nouvelle Eglise fut , cor sacrée le 14 Juillet 1726
par l'Evêque de Grenoble. Après avoir gouverné
cette Paroisse pendant plus de 33 ans , il résigna
sa Cure à Jacques- Barthelemi de la Broise
Curé de Notre-Dame de Bonnes Nouvelles, quì
en
1810 MERCURE DE FRANCE
en prit possession le 3 Novembre 1726. Voyez
touchant la cérémonie de la consécration de la
nouvelle Eglise de S. Louis , le Mercure du mois
d'Août 1726. pag. 1787.
Si nous n'étions pas dans l'usage de rendre
certains devoirs à la Mémoire des Personnes ce- i
lebres que la mort nous enleve , nous commencerions
par la Marquise de Lambert , décedée à
Paris le 12 . Juillet 1733. dans la 86.année de son
âge , géneralment regrettée , à cause des grandes
qualitez de son coeur et de son esprit. Nous
avons d'elle un excellent Ouvrage sous ce titre :
Avi
1814 MERCURE DE FRANCE
Avis d'une Mere à son Fils et à sa Fille , imprimé
à Paris chez Ganeau en 1728. 1. vol . in 12.
et des Refléxions sur les Femmes , dont il y a une
Edition de Hollande.
La Marquise le Lambert, qui se nommoit Anne-
Therese de Marguenat de Courcelles , étoit
Fille unique d'Etienne de Marguenat, Seigneur de
Courcelles , Maître ordinaire en la Chambre des
Comptes, mort le 22. May 1650. et de Monique
Passart , morte le 21. Juillet 1692. alors
femme en secondes Nôces de François le Coigneux
, Seigneur de la Rocheturpin et de Bachau-:
mont , celebre par son bel esprit . Elle avoit été
mariée le 22. Février 1666. avec Henri de Lambert
, Marquis de S. Bris en Auxerrois , Baron de
Chitry et Augy , alors Capitaine au Régiment
Royal , et depuis Mestre de Camp d'un Régiment
de Cavalerie , fait Brigadier en 1674. Maréchal
de Camp le 25. Février 1677. Commandant de
Fribourg en Brisgaw, au mois de Novembre suivant
, Gouverneur de Longwy , et Lieutenant
General des Armées du Roy , au mois de Juillet
1682. et enfin Gouverneur et Lieutenant Gene
ral de la Ville et Duché de Luxembourg , au
mois de Juin 1684. mort au mois de Juillet 686.
Elle en avoit eu , outre deux Filles mortes en
bas âge , un Fils et une autre Fille , le Fils est
Henry- François de Lambert , Mirquis de saint
Eris , né le 13. Décembre 1677. Lieutenant general
des Armées du Roy du 30. Mars 1720. et
Gouverneur de la Ville d'Auxerre , autrefois Colonel
du Régiment de Périgord. Il a été marié le
12. Janvier 1725. avec Angélique de Lariam de
Rochefort , veuve de Louis- François du Parc ,
Marquis de Loëmmaria , Lieutenant General des
Armées du Roy, mort le 4. Octobre 1709. la
Fille
AOUS T. 1733. 1815
Fille de la Marquise de Lambert étoit Marie-Thérese
de Lambert , qui avoit été mariée en 1703 .
avec Louis de Beaupoil , Comte de S. Aulaire
Seigneur de la Porcherie et de la Grenellerie ,
Colonel - Lieutenant du Régiment d'Enguien ,
Infanterie , tué au Combat de Ramersheim , dans
la haute Alsace , le 26. Août 1709. elle est morte
le 13. Juillet 1731. âgée de 52. ans , ayant laissé
une File unique nommée Therese- Eulalie de
Beaupoil de S. Aulaire , mariée le 7. révrier
1725. avec Anne - Pierre d'Harcourt , Marquis de
Beuvron , Seigneur de Tourneville , Lieutenant
General pour le Roy au Gouvernement de Normandie
, Gouverneur du vieux Palais de Roun
et Mestre de Camp de Cavalerie , Frere du Duc
d'Harcourt.
La Mere de la Marquise de Lambert , épousa ,
comme on l'a dit , M. de Bachaumont , qui nonseulement
faisoit fort agréablement des Vers
comme tout le monde sçait par le fameux vorge
dont il partagea la gloire avec la Chapelle , mais
qui de plus étoit homme de beaucoup d'esprit et
de plus encore , homme de très- bonne compagnie
, dans un temps où la bonne et la mauvaise
se mêloient beaucoup moins , et où l'on y étoit
bien plus difficile. Il s'affectionna à sa Belle fille ,
presque encore enfant , cause des dispositions
heureuses qu'il découvrit bien - tôt en elle et
il s'appliqua à les cultiver , tant par lui-mêmeque
par le monde choisi qui venoit dans sa maison
, et dont elle apprenoit sa Langue comme
on fait la Langue maternelle.
a
Elle se déroboit souvent aux plaisirs de son
age pour aller ire en son particulier , et elle s'accoûtuma
dès lors , de son propre mouvement , à
faire de petits Extraits de ce qui la frappoit le
plus
1846 MERCURE DE FRANCE
plus. C'étoient déja, ou des reflexions fines sur le
coeur humain , ou des tours d'expressions ingenieux
, mais le plus souvent des réfléxions .
Ce goût ne la quitta, ni quand elle fut obligée
de représenter à Luxembourg, dont M. le Marquis
de Lambert étoit Gouverneur , ni quand
après sa mort elle eut à essuyer de longs et
cruels Procès où il s'agissoit de toute sa fortune ;
enfin quand elle les eut conduits et gagnez avec
toute la capacité d'une personne qui n'eut point
eu d'autre talent ; libre enfin et Maîtresse d'un
bien assez considerable qu'elle avoit presque conquis
, elle établit dans Paris une Maison où il
étoit honorable d'être reçû. C'étoit la seule , à un
petit nombre d'exceptions près , qui se fût préservée
de la maladie Epidémique du jeu ; la seule
où l'on se trouvât pour se parler raisonnab ement
les uns les autres , et même avec esprit , selon
l'occasion . Aussi ceux qui avoient leurs raisons
pour trouver mauvais qu'il y eût encore de la
Conversation que que part , lançoient - ils , quand
ils le pouvoient , quelques traits malins contre
la Maison de Madame de Lambert , et Mme de
Lambert elle- même , très-délicate sur les discours
et sur l'opinion du Public , craignoit quelquefois
de donner trop à son goût ; elle avoit le
soin de se rassurer, en faisant refléxion , que
cette même Maison , si accusée d'esprit , elle y
faisoit une dépense très - noble et y recevoit beaucoup
plus de gens du Monde et de condition que
de gens illustres dans les Lettres ..
dans
Son extrême sensibilité sur les discours du Public
, fut mise à une bien plus rude épreuve . Elle
s'amusoit volontiers à écrire pour elle seule , et
elle voulut bien lire ses Ecrits à un très - petit
nombre d'amis particuliers ; car quoiqu'on n'écrive
A O UST. 1733. 1847
crive que pour soi , on écrit aussi un peu pour
les autres sans s'en douter . Elle fit plus , elle
laissa sortir ses papiers de ses mains , sous les
sermens les plus forts qu'on lui fit de la fidelité
la plus exacte. On viola les sermens ; des Auteurs
ne crurent point qu'une modestie d'Auteur pûr
être sincere ; is prirent des copies qui ne manquerent
pas d'échapper. Voilà les Avis d'une
Mere à son Fils , les Avis à sa Fille , imprimez ,
et elle se croit deshonorée . Une Femme de condition
faire des Livres , comment soutenir cette
infamie !
Le Public sentit bien cependant le mérite de
ces Ouvrages , la beauté du stile , la finesse et
l'élevation des sentimens , le ton aimable de vertu
qui y regne par tout. Il s'en fit en peu de temps
plusieurs Editions , soit en France , soit ailleurs ,
et ils furent traduits en Anglois. Mais Mme de
Lambert ne se consoloit point ; et on n'auroit
pas la hardiesse d'assurer ici une chose si peu
vrai-semblable , si après ces succès , on ne lui
avoit vû retirer de chez un Libraire , et payer au
prix qu'il voulut , toute l'Edition qu'il venoit de
faire d'un autre Ouvrage qu'on lui avoit dérobé.
Les qualitez de l'ame p us importantes , et
plus rares , surpassoient encore en elle les qualitez
de l'esprit. Elle étoit née courageuse , peu
susceptible d'aucune crainte , si ce n'étoit sur la
gloire; incapable de se rendre aux obstacles dang
une entreprise nécessaire ou vertueuse . Elle n'étoit
pas seulement ardente à servir ses amis sans
attendre leurs prieres , ni l'exposition , souvent
humiliante de leurs besoins , mais une bonne
action à faire , même en faveur des personnes
indifférentes , la tentoit toujours vivement , et il
falloit que les circonstances fussent bien contraires
,
1818 FRCURE DE FRANCE
traires , si elle n'y succomboit pas . Quelque
mauvais succès de ses générositez ne l'en avoient
point corrigée , et elle étoit toujours également
prête à hazarder de faire le bien . Ele fut fort
infirme pendant tout le cours de sa vie . Ses dernieres
années furent accablées de souffrances
pour lesquelles son courage naturel n'eût pas
suffi sans le secours de toute sa Religion.
Jean-François Felibien , Ecuyer , Sieur des Awaux
et de Javercy , Conseiller et Historiographe
du Roy , et de ses Bâtimens, Arts et Manufactures
de France , et Garde du Cabinet Royal
des Antiques , Secretaire de l'Académie Royale
d'Architecture , et cy- devant l'un des Pensionnaires
et Trésorier perpétuel de l'Académie des
Inscriptions et Biles Lettres , mourut à Paris le
23 Juin 1733 âgé d'environ 75 ans . Il étoit d'une
Famille fort connue dans la République des Lettres
. André Félibien , son pere , auquel il avoit
succedé en 1695.dans la place d'Historiographe
des Bâtimens et de Garde du Cabinet des Antiques,
a donné au public un grand nombre d'Ouvrages
, comme on peut le voir dans son éloge ,
rapporté d'aprés le trente- neuviéme Journal des
Sçavans , de l'année 695. dans le Dictionnaire
Historique , éditions de 1715 et 1732. Jacques
Fé ibien , son oncle , Chanoine et Archidiacre
de Vendôme , en l'Eglise de Chartres , mort
le 25 Novembre 1716. dans la 80 année de son
âge ; et Dom Michel Fél bien son frere , Bénédictin
, de la Congrégation de S. Maur, mort
le 25 Septembre 1719. Se sont aussi rendus célébres
par leurs Ouvrages . Il s'est fait connoître
aussi par les sens dont les principaux sont un
Recueil Historique de la Vie et des Ouvrages
des plus célebres Architectes ; les Plans des Mai-
1
1
sons
AOUS T. 1733. 1849
sons de Pline et leur Description ; la Description
de Versailles , et de celle de l'Eglise des Invalides.
Il s'étoit marié le 1 Septembre 1712 , avec
Caterine-Elizabeth Minet , fille de Louis Minet ,
Conseiller , Secretaire du Roy , et Avocat aux
Conseils, et d'Elizabeth Moufle.Il en avoit eu 11
enfans,mais ils sont tous morts jeunes ; de sorte
qu'il ne laisse pour héritiere qu'une Soeur , sçavoir
Marie- Anne Fé.ibien , veuve de Joachim
de Bruet , Chevalier , Seigneur de la Chesnais,
qui avoit commandé la Noblesse de la Provin
ce d'Orleans , Chartres et Pais Blésois , Vendômois
, Montargis , Estampes , Gien et Amboise
pendant les cinq dernieres années de la guerre
qui a été terminée psr la Paix de Risvvich.
Jacques Lullier , Prêtre, Docteur et Doyen de
de Faculté de Théologie de Paris , dont il avoit
reçu le Bonnet le 10 Juin 1675. Sénieur de la
Maison de Sorbonne , et ancien Curé de la Paroisse
de S. Louis en l'Isle Notre Dame mourut
en Sorbonne le 30 Juin , âgé d'environ 86
ans , son corps ayant été porté à S. Louis en
FIsle , il y fut inhumé le 2 Juillet . Il étoit le
quatriéme Curé de cette Paroisse , ayant succedé à
Bernard Crosse,mort le 6 Avril 1693 , à l'exemple
de ses Prédecesseurs qui avoient déja fait construire
le Choeur de l'Eglise de S.Louis , il entreprit
d'en continuer le Bâtiment , et vint à bout
de faire édifier la Nef , avec son Jubé, la Voute
de la Croisée , et une tres - belle Chapelle de la
Communion . Ce fut par ses soins que cette
nouvelle Eglise fut , cor sacrée le 14 Juillet 1726
par l'Evêque de Grenoble. Après avoir gouverné
cette Paroisse pendant plus de 33 ans , il résigna
sa Cure à Jacques- Barthelemi de la Broise
Curé de Notre-Dame de Bonnes Nouvelles, quì
en
1810 MERCURE DE FRANCE
en prit possession le 3 Novembre 1726. Voyez
touchant la cérémonie de la consécration de la
nouvelle Eglise de S. Louis , le Mercure du mois
d'Août 1726. pag. 1787.
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Résumé : Morts de Personnes Illustres.
Le texte rend hommage à plusieurs personnalités décédées, en mettant particulièrement en lumière la Marquise de Lambert. Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, connue sous le nom de Marquise de Lambert, est décédée à Paris le 12 juillet 1733 à l'âge de 86 ans. Elle était réputée pour ses grandes qualités de cœur et d'esprit. Parmi ses œuvres notables figurent 'Avis d'une Mère à son Fils et à sa Fille' et 'Réflexions sur les Femmes'. Née fille unique d'Étienne de Marguenat et de Monique Passart, elle épousa Henri de Lambert, un militaire distingué qui atteignit le grade de Lieutenant Général des Armées du Roi. La Marquise de Lambert eut un fils, Henri-François de Lambert, et une fille, Marie-Thérèse de Lambert, mariée à Louis de Beaupoil, Comte de Saint-Aulaire. La mère de la Marquise, Monique Passart, se remaria avec François Le Coigneux, connu pour son esprit et sa compagnie agréable. La Marquise de Lambert était également connue pour sa maison parisienne, où elle recevait des personnes de qualité, et pour ses écrits, qui furent publiés malgré ses réticences. Elle était également reconnue pour son courage et sa générosité. Le texte mentionne également la mort de Jean-François Felibien, historien et architecte, et de Jacques Lullier, doyen de la Faculté de Théologie de Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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