Résultats : 1861 texte(s)
Détail
Liste
1251
p. 221-224
ITALIE.
Début :
Selon les avis reçus de Sicile, les deux galeres du Roi [...]
Mots clefs :
Naples, Rome, Gênes, La Bastie, Turin, Comte de Noailles, Vaisseaux, Électeur de Cologne, Ouragan, Pascal de Paoli, Rebelles corses
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , le 16 Septembre.
Selon les avis reçus de Sicile , les deux galeres
du Roi la Saint- Antoine & la Saint-Janvier ayant
débarqué le 16 du mois dernier à Trapani le Régiment
qu'elles y ont conduit , la plupart des
Matelots des deux équipages defcendirent à terre.
On avoit ôté les chaînes aux Turcs de la galere
la Saint-Antoine , parce qu'ils devoient charrier
de l'eau. Ils affommerent les foldats qui les gardoient
, & ils fe rendirent maîtres du bâtiment.
L'équipage de la Galere la Saint - Jean accourut
pour les remettre aux fers. Auffi - tôt les Forçats de
cette feconde galere fuivirent l'exemple que leur
avoit donné la chiourme de la galere la Saint-
Antoine. Ces efclaves révoltés ont pris la fuite
fur ces deux bâtimens , & il n'a pas été poffible
de les atteindre
Un navire Maltois a apporté la nouvelle , que
les Forçats qui fe font emparés de ces deux galeres
du Roi , les ont conduites à Porto-Farina dans
le Royaume de Tunis. Sur cet avis , le Commandeur
Martinez a mis à la voile avec deux vaiffeaux
de guerre & quatre chabecs , dans la réfolution
, s'il ne peut reprendre ces deux bâtimens ,
de les bruler , ou de les couler à fond.
Les Baillis de Fleury , de Combreux & d'Uhegnas
, Ambaffadeurs extraordinaires de l'Ordre de
Saint Jean de Jérufalem , curent le 7 de ce mois
leur premiere audience publique du Roi , & enfuite
de la Reine . Ils furent accompagnés à ces
audiences par vingt Chevaliers de l'Ordre , arrivés
avec eux de Malte ; par quarante autres Che-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
valiers établis en cette Capitale , & par les équipages
des deux vaiffaux de guerre & des quatre
galeres de la Religion . Le Roi a fait remettre à
chaque Ambaffadeur une Croix de Malte , enrichie
de diamans . En fortant du palais , ils trouverent
deux cens trente efclaves , dont Sa Majefté
fait préfent au Grand Maître de l'Ordre.
DE ROME, le 27 Septembre .
L'Electeur de Cologne arriva le 24 en cette
capitale avec une nombreufe fuite . Il eft defcen
du au palais Nunez , que le Baron Scarlatti , Miniftre
de Baviere , avoit fait préparer pour le logement
de ce Prince.
Sa Sainteté a approuvé l'Institut & la Regle de
la nouvelle Congrégation de Saint Jean-Baptifte ,
dont les Prêtres fe deftinent à la converfion des
infidéles . La récolte du bled ayant été fort abondante
dans tout l'Etat Eccléfiaftique , le Gouver
nement a permis la fortie des grains .
DE GENES , le 15 Septembre.
Pendant un ouragan violent qui s'éleva ces
jours derniers , on s'apperçut qu'un bâtiment Anglois
couroit quelque rifque dans le milieu de
ce port . On lui envoya les bateaux de fecours
pour le tirer de péril . Le Capinaine refuſa leur
affiftance , & voulut forcer le vent ; mais le navire
alla ſe brifer contre les écueils , qui font
près de l'Arcenal . Heureufement l'équipage fe
fauva. Deux barques Napolitaines ont beaucoup
fouffert du même ouragan.
DE LA BASTIE , le 19 Septembre .
Mattra n'a point vu fans jaloufie l'élévation
NOVEMBRE. 1755. 223
de Pafcal de Paoli au pofte de Général en chef
des Rebelles. Il s'étoit flatté de partager du moins
avec lui la principale autorité . Déchu de fes efpérances
, il a réfolu la perte de ce rival . Cotoni
, Paganelli & les deux Santucci , font entrés
dans les vues de Mattra , & plufieurs Pieves fe
font déclarées pour lui . Avec leur fecours il s'eft
mis en campagne , faifant entendre à la plupart
de fes adhérens , qu'il n'agiffoit que pour s'oppofer
à certains projets dangereux de la faction
de Paoli. Ce dernier qui avoit des forces fupérieures
à celles de fon adverfaire , l'a défait près
d'Aleria , & l'a contraint de s'y réfugier avec les
débris de fes troupes. Mattra a reclamé la protection
du Marquis Jofeph Doria , offrant de rentrer
lui & fes partifans dans l'obéiffance , & de
défendre Aleria pour la République . Afin d'ôter
toute défiance , il a fait conduire ici dans une barque
fa femme & fes enfans pour gages de fa foumiflion
& de fa fidélité . On lui a envoyé des munitions
de guerre & de bouche. Selon les dernieres
nouvelles , Paoli marche avec un fort détachement
pour l'attaquer. Les Rebelles , voulant
intimider ceux que l'exemple de Mattra pourroit
entraîner , l'ont déclaré traître à la patrie , ainfi
que Cotoni , Paganelli & les Santucci. Les Maifons
de ces cinq chefs viennent d'être brulées ,
leurs biens ont été abandonnés au pillage , &
leurs têtes font miſes à prix. Paoli a fait en même
tems publier une amniftie pour tous les autres
Corfes qui ont pris les armes contre lui , & qui
iront le rejoindre dans un tems marqué.
DE TURIN , le 20 Septembre.
Le Comte de Noailles , Ambaffadeur extraor
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
dinaire du Roi de France , eut le 6 de ce mois
fon audience du Roi. Il y fut conduit dans un des
carroffes de Sa Majefté par le Comte de la Roque
, Chevalier de l'Ordre de l'Annonciade . Le
carroffe du Roi fut précédé d'uncarroffe du Comte
de la Roque , où le Grand Maître des cérémonies
étoit avec deux Gentilshommes , & fuivi d'un carroffe
du Chevalier Chauvelin , Ambaſſadeur ordinaire
de Sa Majesté Très - Chrétienne , où étoient
deux Gentilshommes du Comte de Noailles. En
arrivant au palais , le Comte de Noailles trouva
la garde fous les armes , qui rappella. Les Gardes
de la porte , les Cent Suiffes , & dans les appartemens
les Gardes du Corps , étoient pareillement
fous les armes. A la defcente du carroffe on conduifit
le Comte de Noailles à la Salle des Ambaffadeurs.
Quelques minutes après on vint l'y prendre
pour le faire monter chez le Roi . Il y fut
introduit par le Comte de la Roque & par le
Grand Maître des cérémonies , qui fe retirerent
auffi-tôt après qu'il fut entré. Le Roi étoit feul
avec le Chevalier Offorio , Miniftre chargé du
département des affaires étrangeres . Après cette
audience , le Comte de Noailles fut conduit à
celles du Duc de Savoye & de toute la Famille
royale. Il fut enfuite reconduit chez lui avec les
mêmes cérémonies .
Aujourd'hui le Comte de Noailles a eu les audiences
de congé du Roi & de la Famille royale.
Ce Seigneur emporte avec lui l'eftime générale.
Il part après-demain pour fe rendre à Parme . En
repaffant ici , il fera encore fa cour à Sa Majesté,
DE NAPLES , le 16 Septembre.
Selon les avis reçus de Sicile , les deux galeres
du Roi la Saint- Antoine & la Saint-Janvier ayant
débarqué le 16 du mois dernier à Trapani le Régiment
qu'elles y ont conduit , la plupart des
Matelots des deux équipages defcendirent à terre.
On avoit ôté les chaînes aux Turcs de la galere
la Saint-Antoine , parce qu'ils devoient charrier
de l'eau. Ils affommerent les foldats qui les gardoient
, & ils fe rendirent maîtres du bâtiment.
L'équipage de la Galere la Saint - Jean accourut
pour les remettre aux fers. Auffi - tôt les Forçats de
cette feconde galere fuivirent l'exemple que leur
avoit donné la chiourme de la galere la Saint-
Antoine. Ces efclaves révoltés ont pris la fuite
fur ces deux bâtimens , & il n'a pas été poffible
de les atteindre
Un navire Maltois a apporté la nouvelle , que
les Forçats qui fe font emparés de ces deux galeres
du Roi , les ont conduites à Porto-Farina dans
le Royaume de Tunis. Sur cet avis , le Commandeur
Martinez a mis à la voile avec deux vaiffeaux
de guerre & quatre chabecs , dans la réfolution
, s'il ne peut reprendre ces deux bâtimens ,
de les bruler , ou de les couler à fond.
Les Baillis de Fleury , de Combreux & d'Uhegnas
, Ambaffadeurs extraordinaires de l'Ordre de
Saint Jean de Jérufalem , curent le 7 de ce mois
leur premiere audience publique du Roi , & enfuite
de la Reine . Ils furent accompagnés à ces
audiences par vingt Chevaliers de l'Ordre , arrivés
avec eux de Malte ; par quarante autres Che-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
valiers établis en cette Capitale , & par les équipages
des deux vaiffaux de guerre & des quatre
galeres de la Religion . Le Roi a fait remettre à
chaque Ambaffadeur une Croix de Malte , enrichie
de diamans . En fortant du palais , ils trouverent
deux cens trente efclaves , dont Sa Majefté
fait préfent au Grand Maître de l'Ordre.
DE ROME, le 27 Septembre .
L'Electeur de Cologne arriva le 24 en cette
capitale avec une nombreufe fuite . Il eft defcen
du au palais Nunez , que le Baron Scarlatti , Miniftre
de Baviere , avoit fait préparer pour le logement
de ce Prince.
Sa Sainteté a approuvé l'Institut & la Regle de
la nouvelle Congrégation de Saint Jean-Baptifte ,
dont les Prêtres fe deftinent à la converfion des
infidéles . La récolte du bled ayant été fort abondante
dans tout l'Etat Eccléfiaftique , le Gouver
nement a permis la fortie des grains .
DE GENES , le 15 Septembre.
Pendant un ouragan violent qui s'éleva ces
jours derniers , on s'apperçut qu'un bâtiment Anglois
couroit quelque rifque dans le milieu de
ce port . On lui envoya les bateaux de fecours
pour le tirer de péril . Le Capinaine refuſa leur
affiftance , & voulut forcer le vent ; mais le navire
alla ſe brifer contre les écueils , qui font
près de l'Arcenal . Heureufement l'équipage fe
fauva. Deux barques Napolitaines ont beaucoup
fouffert du même ouragan.
DE LA BASTIE , le 19 Septembre .
Mattra n'a point vu fans jaloufie l'élévation
NOVEMBRE. 1755. 223
de Pafcal de Paoli au pofte de Général en chef
des Rebelles. Il s'étoit flatté de partager du moins
avec lui la principale autorité . Déchu de fes efpérances
, il a réfolu la perte de ce rival . Cotoni
, Paganelli & les deux Santucci , font entrés
dans les vues de Mattra , & plufieurs Pieves fe
font déclarées pour lui . Avec leur fecours il s'eft
mis en campagne , faifant entendre à la plupart
de fes adhérens , qu'il n'agiffoit que pour s'oppofer
à certains projets dangereux de la faction
de Paoli. Ce dernier qui avoit des forces fupérieures
à celles de fon adverfaire , l'a défait près
d'Aleria , & l'a contraint de s'y réfugier avec les
débris de fes troupes. Mattra a reclamé la protection
du Marquis Jofeph Doria , offrant de rentrer
lui & fes partifans dans l'obéiffance , & de
défendre Aleria pour la République . Afin d'ôter
toute défiance , il a fait conduire ici dans une barque
fa femme & fes enfans pour gages de fa foumiflion
& de fa fidélité . On lui a envoyé des munitions
de guerre & de bouche. Selon les dernieres
nouvelles , Paoli marche avec un fort détachement
pour l'attaquer. Les Rebelles , voulant
intimider ceux que l'exemple de Mattra pourroit
entraîner , l'ont déclaré traître à la patrie , ainfi
que Cotoni , Paganelli & les Santucci. Les Maifons
de ces cinq chefs viennent d'être brulées ,
leurs biens ont été abandonnés au pillage , &
leurs têtes font miſes à prix. Paoli a fait en même
tems publier une amniftie pour tous les autres
Corfes qui ont pris les armes contre lui , & qui
iront le rejoindre dans un tems marqué.
DE TURIN , le 20 Septembre.
Le Comte de Noailles , Ambaffadeur extraor
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
dinaire du Roi de France , eut le 6 de ce mois
fon audience du Roi. Il y fut conduit dans un des
carroffes de Sa Majefté par le Comte de la Roque
, Chevalier de l'Ordre de l'Annonciade . Le
carroffe du Roi fut précédé d'uncarroffe du Comte
de la Roque , où le Grand Maître des cérémonies
étoit avec deux Gentilshommes , & fuivi d'un carroffe
du Chevalier Chauvelin , Ambaſſadeur ordinaire
de Sa Majesté Très - Chrétienne , où étoient
deux Gentilshommes du Comte de Noailles. En
arrivant au palais , le Comte de Noailles trouva
la garde fous les armes , qui rappella. Les Gardes
de la porte , les Cent Suiffes , & dans les appartemens
les Gardes du Corps , étoient pareillement
fous les armes. A la defcente du carroffe on conduifit
le Comte de Noailles à la Salle des Ambaffadeurs.
Quelques minutes après on vint l'y prendre
pour le faire monter chez le Roi . Il y fut
introduit par le Comte de la Roque & par le
Grand Maître des cérémonies , qui fe retirerent
auffi-tôt après qu'il fut entré. Le Roi étoit feul
avec le Chevalier Offorio , Miniftre chargé du
département des affaires étrangeres . Après cette
audience , le Comte de Noailles fut conduit à
celles du Duc de Savoye & de toute la Famille
royale. Il fut enfuite reconduit chez lui avec les
mêmes cérémonies .
Aujourd'hui le Comte de Noailles a eu les audiences
de congé du Roi & de la Famille royale.
Ce Seigneur emporte avec lui l'eftime générale.
Il part après-demain pour fe rendre à Parme . En
repaffant ici , il fera encore fa cour à Sa Majesté,
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Résumé : ITALIE.
Le 16 septembre à Naples, deux galères royales, la Saint-Antoine et la Saint-Janvier, ont débarqué un régiment à Trapani. Les matelots ayant quitté les navires, les Turcs enchaînés sur la Saint-Antoine se sont révoltés et ont pris le contrôle du bâtiment. Les forçats de la Saint-Janvier ont imité cet exemple, permettant aux esclaves révoltés de s'échapper avec les deux galères. Un navire maltais a signalé que les forçats avaient conduit les galères à Porto-Farina, dans le Royaume de Tunis. En réponse, le Commandeur Martinez a navigué avec deux vaisseaux de guerre et quatre chabecs pour récupérer ou détruire les galères. À Rome, l'Électeur de Cologne est arrivé le 24 septembre et a été logé au palais Nunez. Le pape a approuvé la création de la Congrégation de Saint Jean-Baptiste, dédiée à la conversion des infidèles, et a autorisé l'exportation de grains en raison d'une récolte abondante. À Gênes, un ouragan a endommagé un bâtiment anglais et deux barques napolitaines. En Corse, Pascal Paoli a été nommé général en chef des rebelles, suscitant la jalousie de Mattra. Ce dernier, soutenu par Cotoni, Paganelli et les Santucci, a été défait par Paoli près d'Aleria. Mattra a demandé la protection du Marquis Joseph Doria et a envoyé sa famille en gage de fidélité. Paoli a publié une amnistie pour les rebelles qui se rendraient. À Turin, le Comte de Noailles, ambassadeur extraordinaire du roi de France, a eu son audience avec le roi de Sardaigne le 6 septembre. Il a été reconduit avec les mêmes cérémonies lors de son audience de congé et partira pour Parme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1252
p. 225
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Il n'y aura rien de décidé avant l'ouverture du Parlement sur [...]
Mots clefs :
Londres, Parlement, Destitutions, Régiments, Prince héréditaire du Maroc, Menace
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 9 Octobre.
Il n'y aura rien de décidé avant l'ouverture du
Parlement fur le parti que le Gouvernement pren
dra par rapport à fes différends avec la France.
Le Chevalier Robinfon s'étant démis de la
charge de Secrétaire d'Etat , le Roi en à difpofé
en faveur du fieur Fox , Secrétaire de la guerre.
Ces jours - ci , le Comte de Colloredo & le Knés
Galliczin , Envoyés extraordinaires des Cours de
Vienne & de Petersbourg , ont eu quelques conférences
avec les Miniftres de Sa Majesté.
Tous les Officiers des Régimens qui font en
Angleterre , ont ordre de rejoindre au plutôt leurs
Corps. Les penfionnaires externes de l'hôpital de
Chelſea en état de fervir , feront envoyés en garnifon
dans les places le long des côtes . On y fera
marcher auffi quelques nouvelles troupes. Le
Gouvernement fe propofe d'augmenter de deux
Compagnies plufieurs des Régimens d'Infanterie ,
& d'ajouter quinze hommes à chaque Escadron
des Régimens de Dragons.
Selon des avis reçus d'Afrique , le Prince héré
ditaire de Maroc marchoit à la tête de quarante
mille hommes pour réduire fous fon obéiffance les
villes de Salé , de Tétuan & de Tanger. Ce Prince
paroît être dans le deffein de chaffer les Anglois
de tout le pays où il commande .Il a fait expirer fous
la baftonnide un Gentilhomme de cette nation ,
nommé Montenai . Dès que le chef d'Efcadre Edgecumbe
en a été informé , il a envoyé un vaiffeau
de guerre à Tétuan , pour en retirer le fieur
Pettigrew qui y réfide en qualité de Conful de la
Grande- Bretagne.
DE LONDRES , le 9 Octobre.
Il n'y aura rien de décidé avant l'ouverture du
Parlement fur le parti que le Gouvernement pren
dra par rapport à fes différends avec la France.
Le Chevalier Robinfon s'étant démis de la
charge de Secrétaire d'Etat , le Roi en à difpofé
en faveur du fieur Fox , Secrétaire de la guerre.
Ces jours - ci , le Comte de Colloredo & le Knés
Galliczin , Envoyés extraordinaires des Cours de
Vienne & de Petersbourg , ont eu quelques conférences
avec les Miniftres de Sa Majesté.
Tous les Officiers des Régimens qui font en
Angleterre , ont ordre de rejoindre au plutôt leurs
Corps. Les penfionnaires externes de l'hôpital de
Chelſea en état de fervir , feront envoyés en garnifon
dans les places le long des côtes . On y fera
marcher auffi quelques nouvelles troupes. Le
Gouvernement fe propofe d'augmenter de deux
Compagnies plufieurs des Régimens d'Infanterie ,
& d'ajouter quinze hommes à chaque Escadron
des Régimens de Dragons.
Selon des avis reçus d'Afrique , le Prince héré
ditaire de Maroc marchoit à la tête de quarante
mille hommes pour réduire fous fon obéiffance les
villes de Salé , de Tétuan & de Tanger. Ce Prince
paroît être dans le deffein de chaffer les Anglois
de tout le pays où il commande .Il a fait expirer fous
la baftonnide un Gentilhomme de cette nation ,
nommé Montenai . Dès que le chef d'Efcadre Edgecumbe
en a été informé , il a envoyé un vaiffeau
de guerre à Tétuan , pour en retirer le fieur
Pettigrew qui y réfide en qualité de Conful de la
Grande- Bretagne.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 9 octobre à Londres, aucune décision n'est prise concernant les différends avec la France avant l'ouverture du Parlement. Le chevalier Robinfon démissionne de son poste de Secrétaire d'État, remplacé par le sieur Fox, Secrétaire de la guerre. Le comte de Colloredo et le prince Galliczin, envoyés des cours de Vienne et de Petersbourg, ont des conférences avec les ministres britanniques. Les officiers des régiments en Angleterre reçoivent l'ordre de rejoindre leurs corps. Les pensionnaires externes de l'hôpital de Chelsea en état de servir seront envoyés en garnison le long des côtes, accompagnés de nouvelles troupes. Le gouvernement prévoit d'augmenter plusieurs régiments d'infanterie de deux compagnies et d'ajouter quinze hommes à chaque escadron des régiments de dragons. Au Maroc, le prince héritier marche à la tête de quarante mille hommes pour soumettre les villes de Salé, Tétuan et Tanger, cherchant à chasser les Anglais du pays. Il a fait exécuter un gentilhomme anglais nommé Montenai. Informé, le chef d'escadre Edgecumbe envoie un vaisseau de guerre à Tétuan pour retirer le sieur Pettigrew, consul de Grande-Bretagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1253
p. 226-228
« Le Comte Dubois de la Mothe, chef d'Escadre des armées [...] »
Début :
Le Comte Dubois de la Mothe, chef d'Escadre des armées [...]
Mots clefs :
Sa Majesté, Chevalier, Directeur des monnaies, Arrêt du Conseil d'État, Parlement, Louis-Auguste de Bourbon, Offices des chancelleries
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texteReconnaissance textuelle : « Le Comte Dubois de la Mothe, chef d'Escadre des armées [...] »
E Comte Dubois de la Mothe , chef d'Eſcadre
7
rent le 25 d'Août avec les vaiffeaux l'Entrepre→
nant , l'Algonkin , l'Actif, l'Illuftre l'Opiniâtre ,
le Léopard & l'Apollon , eft entré avec quatre de
ces vaiffeaux le 21 Septembre à Breft , les trois
autres y font arrivés quelques jours après.
Le Roi a nommé le Chevalier de Crefnay Vice
-Amiral de France , le Marquis de la Galiffonniere
& le Comte Dubois de la Mothe Lieutenans-
Généraux de fes armées navales ; & M. de la
Clue , le Chevalier de Beauffremont & le Marquis
du Quefne , chefs d'Efcadre.
Sa Majesté a auffi donné la grande Croix de
P'Ordre de Saint Louis au Chevalier de Crefnay ,
& a fait Commandeur de cet Ordre M. Perrier
l'aîné , chef d'Eſcadre des armées navales.
Depuis le premier Septembre , il eft ordonné
aux Directeurs des Monnoies , par un Arrêt du
Confeil d'Etat , de payer , tant aux changeurs
qu'aux commerçans , huir deniers pour livre audelà
du prix fixé par les tarifs , fur toutes les efpeces
& matieres d'or & d'argent qu'on portera aux
Hôtels des Monnoies , à quelques fommes que
puiffent monter lefdites efpeces & matieres.
M. Moreau de Sechelles , Miniftre d'Etat , &
Controlleur Général des Finances , a été nommé
honoraire de l'Académie royale des Sciences .
Le 22 Septembre , l'Académie Françoiſe élut
P'Abbé de Boifmont pour remplir la place vacante
NOVEMBRE. 1755. 227
dans cette Compagnie par la mort de l'ancien
Evêque de Mirepoix.
Le nommé Jacques Bats , dit Moncrabeau , eft
mort dans la Paroiffe de Lauffignan , Sénéchauf
fée de Nerac , âgé de cent douze ans.
Monfeigneur le Dauphin arriva à Fontainebleau
, de Verfailles le 26 Septembre fur les fept
heures du foir.
Le même jour , les Députés du Parlement eurent
audience du Roi. Ils furent préſentés à Sa
Majefté par le Comte d'Argenfon , Miniftre &
Secrétaire d'Etat . La députation étoit compofée
de M.de Maupeou , premier Préfident , qui porta
la parole , & des Préfidens Molé & de Novion.
Louis - Augufte de Bourbon , Prince Souverain
de Dombes , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant-
Général de fes armées , Colonel - Général
des Suiffes & Grifons , Général des Carabiniers
, Gouverneur & Lieutenant- Général pour Sa
Majefté dans les provinces de haut & bas Languedoc
, mourut à Fontainebleau la nuit du
trente Septembre au premier Octobre entre mi.
nuit & une heure du matin . Ce Prince étoit âgé
de cinquante-cinq ans fix mois & vingt- fix jours ,
étant né le 4 Mars 1700. Il étoit fils de Louis-
Augufte de Bourbon , Duc du Maine , Prince légitimé
de France , Prince Souverain de Dombes ,
Comte d'Eu , Duc d'Aumale , Chevalier des Ordres
du Roi , Lieutenant- Général des Armées de
Sa Majefté , Gouverneur des provinces de haut &
bas Languedoc , Grand Maître de l'Artillerie de
France , Colonel- Général des Suiffes & Grifons ,
& Général des Carabiniers , mort le 14 Mai 1736 ;
& de Louife- Bénédicte de Bourbon- Condé , Princeffe
du Sang , morte le 23 Janvier 1753.
La nommée Hyppolite le Tullier , yeuve de
K vj
228 MERCURE DE FRANCE:
Guillaume du Hamel qu'elle avoit épousé en fea
condes nôces , eft morte le 19 Septembre , dans
la Paroiffe de Riville , Diocèfe de Rouen , âgée
de cent huit ans . Elle n'avoit eu pendant le cours
de fa vie aucune infirmité. Son fecond mari étoit
dans la cent deuxieme année de fon âge , lorfque
la mort l'enleva. Ils avoient vêcu enſemble foixante
ans.
La Reine & Mefdames de France arriverent de
Fontainebleau à Verſailles le 13 Octobre au foir.
Le Roi revint le 17.
Par Edit du mois de Décembre 1743 , Sa Majefté
avoit fixé à cent dix mille livres la finance
de chacun des Offices des Confeillers - Secrétaires
du Roi , Maiſon & Couronne de France , de la
grande Chancellerie. Mais le prix auquel les attributions
attachées à ces Offices les font monter
de jour en jour , faifant connoître que ladite finance
n'eft nullement proportionnée à leur valeur.
Sa Majesté a réfolu de l'augmenter de quarante
mille livres , pour , avec la fomme ci -deffus
de cent dix mille livres , former la fomme de
cinquante mille écus .
A l'égard des Offices des Chancelleries près les
Parlemens & les Confeils Supérieurs des Provinces
du Royaume , le Roi fixe la finance des Gardes
des Sceaux , des Audienciers , des Controlleurs
& des Payeurs des Gages , à foixante - cinq mille
livres ; & celle des Confeillers- Secrétaires , à cinquante
- cinq mille.
7
rent le 25 d'Août avec les vaiffeaux l'Entrepre→
nant , l'Algonkin , l'Actif, l'Illuftre l'Opiniâtre ,
le Léopard & l'Apollon , eft entré avec quatre de
ces vaiffeaux le 21 Septembre à Breft , les trois
autres y font arrivés quelques jours après.
Le Roi a nommé le Chevalier de Crefnay Vice
-Amiral de France , le Marquis de la Galiffonniere
& le Comte Dubois de la Mothe Lieutenans-
Généraux de fes armées navales ; & M. de la
Clue , le Chevalier de Beauffremont & le Marquis
du Quefne , chefs d'Efcadre.
Sa Majesté a auffi donné la grande Croix de
P'Ordre de Saint Louis au Chevalier de Crefnay ,
& a fait Commandeur de cet Ordre M. Perrier
l'aîné , chef d'Eſcadre des armées navales.
Depuis le premier Septembre , il eft ordonné
aux Directeurs des Monnoies , par un Arrêt du
Confeil d'Etat , de payer , tant aux changeurs
qu'aux commerçans , huir deniers pour livre audelà
du prix fixé par les tarifs , fur toutes les efpeces
& matieres d'or & d'argent qu'on portera aux
Hôtels des Monnoies , à quelques fommes que
puiffent monter lefdites efpeces & matieres.
M. Moreau de Sechelles , Miniftre d'Etat , &
Controlleur Général des Finances , a été nommé
honoraire de l'Académie royale des Sciences .
Le 22 Septembre , l'Académie Françoiſe élut
P'Abbé de Boifmont pour remplir la place vacante
NOVEMBRE. 1755. 227
dans cette Compagnie par la mort de l'ancien
Evêque de Mirepoix.
Le nommé Jacques Bats , dit Moncrabeau , eft
mort dans la Paroiffe de Lauffignan , Sénéchauf
fée de Nerac , âgé de cent douze ans.
Monfeigneur le Dauphin arriva à Fontainebleau
, de Verfailles le 26 Septembre fur les fept
heures du foir.
Le même jour , les Députés du Parlement eurent
audience du Roi. Ils furent préſentés à Sa
Majefté par le Comte d'Argenfon , Miniftre &
Secrétaire d'Etat . La députation étoit compofée
de M.de Maupeou , premier Préfident , qui porta
la parole , & des Préfidens Molé & de Novion.
Louis - Augufte de Bourbon , Prince Souverain
de Dombes , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant-
Général de fes armées , Colonel - Général
des Suiffes & Grifons , Général des Carabiniers
, Gouverneur & Lieutenant- Général pour Sa
Majefté dans les provinces de haut & bas Languedoc
, mourut à Fontainebleau la nuit du
trente Septembre au premier Octobre entre mi.
nuit & une heure du matin . Ce Prince étoit âgé
de cinquante-cinq ans fix mois & vingt- fix jours ,
étant né le 4 Mars 1700. Il étoit fils de Louis-
Augufte de Bourbon , Duc du Maine , Prince légitimé
de France , Prince Souverain de Dombes ,
Comte d'Eu , Duc d'Aumale , Chevalier des Ordres
du Roi , Lieutenant- Général des Armées de
Sa Majefté , Gouverneur des provinces de haut &
bas Languedoc , Grand Maître de l'Artillerie de
France , Colonel- Général des Suiffes & Grifons ,
& Général des Carabiniers , mort le 14 Mai 1736 ;
& de Louife- Bénédicte de Bourbon- Condé , Princeffe
du Sang , morte le 23 Janvier 1753.
La nommée Hyppolite le Tullier , yeuve de
K vj
228 MERCURE DE FRANCE:
Guillaume du Hamel qu'elle avoit épousé en fea
condes nôces , eft morte le 19 Septembre , dans
la Paroiffe de Riville , Diocèfe de Rouen , âgée
de cent huit ans . Elle n'avoit eu pendant le cours
de fa vie aucune infirmité. Son fecond mari étoit
dans la cent deuxieme année de fon âge , lorfque
la mort l'enleva. Ils avoient vêcu enſemble foixante
ans.
La Reine & Mefdames de France arriverent de
Fontainebleau à Verſailles le 13 Octobre au foir.
Le Roi revint le 17.
Par Edit du mois de Décembre 1743 , Sa Majefté
avoit fixé à cent dix mille livres la finance
de chacun des Offices des Confeillers - Secrétaires
du Roi , Maiſon & Couronne de France , de la
grande Chancellerie. Mais le prix auquel les attributions
attachées à ces Offices les font monter
de jour en jour , faifant connoître que ladite finance
n'eft nullement proportionnée à leur valeur.
Sa Majesté a réfolu de l'augmenter de quarante
mille livres , pour , avec la fomme ci -deffus
de cent dix mille livres , former la fomme de
cinquante mille écus .
A l'égard des Offices des Chancelleries près les
Parlemens & les Confeils Supérieurs des Provinces
du Royaume , le Roi fixe la finance des Gardes
des Sceaux , des Audienciers , des Controlleurs
& des Payeurs des Gages , à foixante - cinq mille
livres ; & celle des Confeillers- Secrétaires , à cinquante
- cinq mille.
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Résumé : « Le Comte Dubois de la Mothe, chef d'Escadre des armées [...] »
En août 1755, le Comte Dubois de la Mothe, chef d'escadre, revint avec plusieurs vaisseaux, dont l'Entreprenant, l'Algonkin, l'Actif, l'Illustre, l'Opiniâtre, le Léopard et l'Apollon. Quatre de ces vaisseaux arrivèrent à Brest le 21 septembre, les trois autres quelques jours plus tard. Le Roi nomma le Chevalier de Crefnay Vice-Amiral de France, le Marquis de la Galissonnière et le Comte Dubois de la Mothe Lieutenants-Généraux des armées navales, et M. de la Clue, le Chevalier de Beauffremont et le Marquis du Quesne chefs d'escadre. Le Chevalier de Crefnay reçut la grande Croix de l'Ordre de Saint Louis, et M. Perrier l'aîné, chef d'escadre, fut fait Commandeur de cet Ordre. Un arrêté du Conseil d'État ordonna aux Directeurs des Monnoies de payer huit deniers pour livre au-delà du prix fixé par les tarifs pour toutes les espèces et matières d'or et d'argent portées aux Hôtels des Monnoies. M. Moreau de Séchelles, Ministre d'État et Contrôleur Général des Finances, fut nommé honoraire de l'Académie royale des Sciences. L'Académie Française élut l'Abbé de Boisfont pour remplacer l'ancien Évêque de Mirepoix. Jacques Bats, dit Moncrabeau, mourut à l'âge de cent douze ans dans la paroisse de Laussignan. Le Dauphin arriva à Fontainebleau le 26 septembre, et les Députés du Parlement eurent audience du Roi le même jour. Louis-Auguste de Bourbon, Prince Souverain de Dombes, mourut à Fontainebleau la nuit du 30 septembre au 1er octobre à l'âge de cinquante-cinq ans. Hyppolite le Tullier, veuve de Guillaume du Hamel, mourut à l'âge de cent huit ans dans la paroisse de Riville. La Reine et Mesdames de France arrivèrent à Versailles le 13 octobre, et le Roi y revint le 17. Un édit de décembre 1743 fixait la finance des Offices des Conseillers-Secrétaires du Roi à cent dix mille livres. En 1755, le Roi décida d'augmenter cette somme de quarante mille livres, portant ainsi la finance à cent cinquante mille livres. Pour les Offices des Chancelleries près les Parlements et les Conseils Supérieurs des Provinces, la finance des Gardes des Sceaux, des Audienciers, des Contrôleurs et des Payeurs des Gages fut fixée à soixante-cinq mille livres, et celle des Conseillers-Secrétaires à cinquante-cinq mille livres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1254
p. 228-229
BENEFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a accordé l'Abbaye Sécularisée de Saint Gilles, Diocèse [...]
Mots clefs :
Sa Majesté, Diocèses, Abbaye, Ordre religieux
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texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNÉS.
BENEFICES DONNÉS.
A Majefté a accordé l'Abbaye Sécularifée de
Saint Gilles , Diocèfe de Nifines , à l'Abbé de
Coriolis , ancien Agent général du Clergé ; celle
NOVEMBRE. 1755. 229
de Mores , Ordre de Câteaux , Diocèse de Langres
, à l'Abbé d'Hélyot , Chapelain ordinaire de
Madame la Dauphine ; l'Abbaye Réguliere &
Elective de Saint Auguftin , Ordre de Prémontré ,
à Dom Charles Marche ; & celle de Saint Airy
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Verdun ,
Dom Urbain Seguin.
A Majefté a accordé l'Abbaye Sécularifée de
Saint Gilles , Diocèfe de Nifines , à l'Abbé de
Coriolis , ancien Agent général du Clergé ; celle
NOVEMBRE. 1755. 229
de Mores , Ordre de Câteaux , Diocèse de Langres
, à l'Abbé d'Hélyot , Chapelain ordinaire de
Madame la Dauphine ; l'Abbaye Réguliere &
Elective de Saint Auguftin , Ordre de Prémontré ,
à Dom Charles Marche ; & celle de Saint Airy
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Verdun ,
Dom Urbain Seguin.
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1255
p. 229-236
MARAIGES ET MORTS.
Début :
Louis-Hubert, Comte de Champagne & de la Roussiere, veuf de Dame [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Comte de la Suze, Comte de Champagne, Louise Julie Sylvie de Maridort, Magdeleine Françoise de Champagne, Seigneur, Marquis, Louis de Champagne, Evêque de Dijon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARAIGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
Louis-Hubert ,
Ouis- Hubert , Comte de Champagne & de la
Rouffiere, veufde Dame Bonne -Judith de Lopriac
de Donges , époufa le 24 Juin Dlle Louife- Julie-
Sylvie de Maridort, fille de Meffire Charles - Louis-
Augufte , Comte de Maridort , Baron du Bourgle-
Roi , Grand Sénéchal de la Province du Maine ;
& de Dame Julie -Hortenfe Colbert de Linieres ,
fille de Louis Comte de Linieres , & de Marie-
Louiſe du Bouchet de Sourches .
La Maiſon du Comte de Champagne eft contée
à jufte titre parmi les plus illuftres du Royaume
, tant par l'ancienneté de fon origine que par
le luftre de fes alliances & de fes dignités. Elle
eft fortie de la Maifon de Mathefelon , connue
dès le onzième fiécle , auquel vivoit Hubert , Seigneur
de Mathefelon & de Duretal . Il reçut cette
derniere Seigneurie l'an 1059 , de la libéralté de
Geoffroi Martel , Comte d'Anjou , qui dans l'Acte
de donation le qualifie fon coulin . Hugues
Seigneur de Mathefelon & de Duretal , fon fils
époufa Jeanne de Sablé , & fut pere de Thibaud
& de Brandelis de Mathefelon. Thibaud continua
la branche de Mathefelon , & Brandelis ayant
eu en partage la Seigneurie de Champagne de
Parcé au Maine , il prit ce dernier nom & le
ds
230 MERCURE DE FRANCE.
tranfmit à fa poftérité . De Brandelis qui vivoit
fous le regne de S. Louis , defcendoit au feptiéme
dégré , Baudouin de Champagne , Seigneur de la
Suze au Maine , Confeiller Chambellan des Rois
Louis XII & François I , pere de Nicolas de
Champagne , créé Comte de la Suze en 1566 ,
tué à la bataille de S. Denis l'année fuivante. Il
avoit épousé Françoife de Laval -Loué ; & de ce
mariage fortirent Louis de Champagne , Comte
de la Suze , & Brandelis , Marquis de Villaines ,
qui furent tous deux Chevaliers des ordres du Roi,
& formerent les deux branches de la Suze & de
Villaines.
Louis de Champagne , Comte de la Suze , fut
Confeiller d'Etat , Capitaine de cinquante hommes
d'armes , reçu Chevalier des ordres du Roi
dans la promotion de 1585 , & mourut à la ba→
taille de Coutras en 1 587. Il avoit époufé , par
contrat du 2 Mars 1572 , Magdeleine de Melun ,
fille de Charles , Seigneur de Normanville , de
laquelle il laila Louis de Champagne , 11 du
nom , Comte de la Suze , Maréchal de camp ès
armées du Roi , mort en 1636 , laiffant de fa
femme Charlotte de Roye de la Rochefoucauld ,
fille de Charles Comte de Rouci , entr'autres enfans
Gafpard de Champagne , Comte de la Suze .
allié à Henriette de Coligny , de laquelle il
fut féparé. 2 ° . A Louife de Clermont- Gallerande.
De ce cernier mariage nâquit Thibaut de
Champagne , Comte de la Suze , mort fans pofté
rité ; & trois filles dont la cadette Magdeleine-
Françoife de Champagne la Suze , étoit mere de
Louis- Hubert Comte de Champagne.
Brandelis de Champagne , Marquis de Villaines
, fecond fils de Nicolas Comte de la Suze
fut Confeiller d'Etat , & Capitaine de cinquante
NOVEMBRE. 1755. 231
hommes d'armes des Ordonnances du Roi , &
honoré en 1599 du collier des Ordres de Sa Majefté
. Il épousa Anne de Fefchal , Dame de Tucé ,
de laquelle il eut Hubert de Champagne , Marquis
de Villaines , marié 1. à Louiſe d'Arconna. 2°.
Par contrat du 29 Décembre 1644 à Catherine
Fouquet de la Varenne , fille de René , Marquis
de laVarenne , & de Jeanne de Girard de la Rouffiere.
Du premier lit vint Louife-Marie de Champagne
, femme de Claude de Talaru , Marquis
de Chalmazel , dont deſcend le Chevalier des Or
dres. Du fecond lit il laiffa deux garçons , René-
Brandelis , & Hubert - Jerôme de Champagne.
René-Brandelis de Champagne , Marquis deVillaines
& de la Varenne , mort le s Avril 1723 ,
n'ayant laiffé de fon mariage avec Catherine-
Thérefe le Royer que deux filles , dont la feconde
nommée Catherine de Champagne qui avoit été
mariée en 17394 Louis- Céfar ( le Tellier ) Comte
d'Eftrées , eft morte fans enfans le 19 Juillet 1742.
Sa foeur aînée , Marie de Champagne , a épousé
le 30 Avril 1732 , Céfar.Gabriel de Choifeul ,
Comte de Chevigni & de la Riviere , dont font
nés un fils & une fille.
Hubert - Jérôme de Champagne , Comte de
Villaines , frere cadet de René- Brandelis , avoit
épousé en 1700 , Magdeleine- Françoife de Champagne-
la-Suze , fille de Gafpard de Champagne ,
Comte de la Suze , & de Louife de Clermont- Gallerande.
Il eft pere de Louis-Hubert , Comte de
Champagne , qui donne lieu à cet article.
Quant à la famille du Comte de Maridort qui
porte pour armes d'azur , à 3 gerbes d'or , elle eft
connue dans le Maine parmi les plus nobles de
cette province depuis près de 400 ans. Jacques de
Maridor qui vivoit au commencement du quin-
{
232 MERCURE DE FRANCE.
zieme fiecle , fut feigneur des terres des Epinays
& de la Freflonniere , du chef de fa femme Françoile
Bocquet. Son fils Jacques de Maridort II . du
nom , feigneur de la Freflonniere , fut pere de
Jacques III. feigneur de la Freflonniere , allié avec
Laurette de Coainon , dame de S. Ouen , fille du ~
feigneur de la Roche-Coainon. De ce mariage
fortit Jean de Maridort , Seigneur de la Freflonniere
, de S. Ouen & de Château - Sénéchal , marié
en 15-10 à Marguerite de Maulay , dame de
Bretefin en Anjou, & de l'Artuzier, fille unique de
Foulques de Maulay & de Jeanne Lenfant de Varennes.
Il en eut Jacqueline de Maridort , alliée à
Guy d'Aflé , feigneur de Montfaucon & de l'Efpinay,
& deux fils qui eurent poftérité : fçavoir , Guillaume
& Hercules. L'aîné , feigneur châtelain de
Vaulx , époufa Renée de Mauny , dame de Verron,
de Vaulx , Courchardie dans le Maine & l'Anjou ,
fille de Pierre de Mauny, feigneur de S. Aiguan , &
de Françoile de Beaumanoir. Il eut de ce mariage
trois enfans : 1 °. Olivier, qui fuit ; 2 °. Radegonde,
mariée à Louis Frefneau , feigneur d'Aviré & de
Créance ; 3 °. Magdeleine de Maridort , alliée en
1561. à Joachim de Caradreux , Vicomte de Neuville,
fire de Chaftenay . Olivier de Maridort , feigneur
de la Freflonniere & de Vaulx , époufa en
1552 , Anne de Matignon , Dame d'honneur de
Jeanne d'Albret , Reine de Navarre , foeur du Maréchal
de Matignon , & fille de Jacques , Comte
de Matignon , & de Françoise de Silly. De cette
alliance il n'eut que trois filles : fçavoir , 1 ° . Françoiſe
de Maridort , Dame de la Freflonniere , mariée
en premieres nôces à Jean de Coefme , Baron
de Lucé- Bonneftable ; duquel elle n'eut point d'enfans
, & en fecondes nôces à Charles de Chambes ,
Comte de Montforcau , Marquis d'Avoir . 2°. AnNOVEMBRE.
1755. 233
I
he de Maridort , qui époufa Antoine de Longueval
, feigneur de Haraucourt . 3º. Philippe de Maridort
alliée à Yves de Lifcouet , feigneur de Lifcouet
& du Bois de la Roche.
Hercules de Maridort , par lequel la postérité
s'eft continuée jufqu'à préfent , fut feigneur de
S. Ouen , Bourg-le- Roi , Doucet , du Breuil , de
Mélangé & les Garnifons , du chef de fa femme ,
Guillelmine de Mauny , qu'il avoit épousée le dernier
Février 1532. Elle étoit niéce de Renée de
Mauny , femme de fon frere , & fille de François
de Mauny & d'Hélène de Villeblanche . Leur fils
Jean de Maridort , feigneur de S. Ouen , Bourgle-
Roi , Doucet , &c . fut marié par contrat du
19 Octobre 1566. à Claude de Tillon , Dame de
Groflé , fille d'Urbain de Tillon , feigneur de Sacé ,
& de Charlotte de Villeblanche . Il en eut David ,
qui fuit , & Jean de Maridort, feigneur du Bourgle-
Roi , Gentilhomme ordinaire de la chambre du
Roi , & Confeiller d'Etat , mort fans enfans de fes
deux femmes Hélene le Grand, & Barbe de S.Denis.
David de Maridort , feigneur de S. Ouen , &c.
décédé le 27 Septembre 1606. avoit épousé le s
Juin 1583 , Germaine de Riant , fille de Gilles de
Riant , Préfident du Parlement de Paris & de Magdeleine
Formel . Leur fils , Gilles de Maridor , feigneur
châtelain de S. Ouen , &c fut Centilhomme
ordinaire de la chambre du Roi , & marié le 13
Octobre 1613 , à Françoife de Vignolles , fille de
Pompée de Vignolles, Ecuyer, Seigneur de la Roche
& du Boudin, & de Louife de Lude. De ce mariage,
fortirent, 1 °. Louis, qui-fuit , 2º. Pompée qui a laiffé
postérité, & Marie de Maridort , femme de Charles
des Guets , feigneur de la Pinardiere.
Louis de Maridort, feigneur châtelain de Saint-
Quen , du Bourg- le-Roi , &c. fe maria en 1663 à
234 MERCURE DE FRANCE.
Sufanne de Crocelai , fille de Michel , feigneur de
Crocelai en Bretagne, & d'Anne Bitaud. De ce mariage
fortit , Louis - Charles de Maridor , feigneur
du Bourg- le- Roi , qui n'ayant point eu d'enfans
de fa femme N. de Riant , fe remaria en 1703. à
Elifabeth-Louife- Charlotte de Perochelle , fille
de Charles - François de Perochelle , feigneur de
Grandchamp , & de Marie- Françoife de Fontenay,
il eft pere de Charles- Louis - Augufte , Comte de
Maridort , & ayeul de Louife -Julie- Sylvie de Maridort
, Comteffe de Champagne.
René-Mans , Sire de Froullay , Comte de Teffé,
Marquis de Lavardin , Baron d'Ambriere , Comte
de Verny , de Froullay , &c , Grand d'Espagne, de
la premiere claffe , Lieutenant-Général pour le
Roi dans les provinces du Maine & du Perche ,
ainfi que dans le Comté de Laval , premier Ecuyer
de la Reine , & Colonel du régiment des Cravates
, fut marié le 26 Juin , dans l'Eglife paroiffiale
de S. Roch , à Adrienne - Catherine de
Noailles , fille de Louis de Noailles , Duc d'Ayen ,
Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant - Général
des armées de Sa Majefté , Capitaine de la
Compagnie Ecofloife des Gardes du Corps ;
Gouverneur de la province de Rouffillon en
furvivance du Maréchal Duc de Noailles , Gouverneur
& Capitaine des Chaffes de Saint Germain-
en- Laye; & de Catherine-Françoiſe - Charlotte
de Coffé - Briffac . La bénédiction nuptiale
leur a été donnée par le Curé de la paroiffe. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 22 du même
mois par leurs Majeftés & par la Famille royale .
Le Comte de Teffé eft fils de feu René- Mans , Sire
de Froullay , Marquis de Teffé , Grand d'Efpagne
, de la premiere claffe , Brigadier , Colonel
NOVEMBRE. 1755
235
Lieutenant du Régiment de la Reine- Infanterie,
& fon premier Ecuyer ; & de Marie - Charlotte
de Bethune- Charoft .
·
Le 16 Octobre fut célébré par l'Evêque de
Lefcars , dans la Chapelle de l'hôtel de Rothelin ,
rue du Cherche - midi , le mariage entre Meffire
Pons Fréderic de Pierre Chevalier , Seigneur
des Ports en Languedoc , Comte de Bernis , aîné
de la Maifon de Pierre ( en latin Petri ) connue
dès le onzieme fiecle ; fils de feu Meffire André de
Pierre, Chevalier , Seigneur des Ports , & de Dame
Anne- Therefe de Nigry , iffue d'une ancienne &
illuftre race.
Et Damoifelle-Marie- Helene-Elizabeth- Hyacinthe
de Narbonne- Pelet , fille de Meffire Clau
de de Narbonne- Pelet , Chevalier , Seigneur de
Verbron , Salgas , Rouffes , la Carriere , Montaigu
, & autres places ; chef de la quatrieme branche
de la Maifon de Narbonne-Pelet , laquelle
rapporte fon origine aux anciens Vicomtes de
Narbonne ; & de Dame Françoife - Heléne de Pierre
de Bernis , foeur du Marquis de ce nom , & de
l'Abbé de Bernis , Comte de Lyon , Ambaſſadeur
extraordinaire , & Miniftre Plénipotentiaire du
Roi à la Cour d'Espagne .
En faveur de ce mariage , le Roi a accordé au
Comte de Bernis un bon pour avoir un Régiment.
à fon tour.
Meffire Céfar-Antoine de la Luzerne , Comte
de Beuzeville , Maréchal des camps & armées du
Roi , & ci-devant Meftre de camp - Lieutenant .
du Régiment des Cuiraffers , mourut à Paris le
17 Juin , âgé de foixante- quatre ans.
Meffire Louis-Antoine de la Roche- Fontenille ,
Marquis de Rambures , auffi Maréchal de camp ,
236 MERCURE DE FRANCE:
eft mort à Paris dans le même mois , dans fa
cinquante-neuvieme année
Meffire Claude Bouhier , Evêque de Dijon , Abbé
de l'Abbaye de Fontaine- Daniel , Ordre de Cîteaux
, Diocèle du Mans , & Prieur de Pontarlier ,
Ordre du Val des Ecoliers , Diocèſe de Langres ,
mourut à Dijon le 21 Juin , dans fa foixante- onzieme
année.
Louis-Hubert ,
Ouis- Hubert , Comte de Champagne & de la
Rouffiere, veufde Dame Bonne -Judith de Lopriac
de Donges , époufa le 24 Juin Dlle Louife- Julie-
Sylvie de Maridort, fille de Meffire Charles - Louis-
Augufte , Comte de Maridort , Baron du Bourgle-
Roi , Grand Sénéchal de la Province du Maine ;
& de Dame Julie -Hortenfe Colbert de Linieres ,
fille de Louis Comte de Linieres , & de Marie-
Louiſe du Bouchet de Sourches .
La Maiſon du Comte de Champagne eft contée
à jufte titre parmi les plus illuftres du Royaume
, tant par l'ancienneté de fon origine que par
le luftre de fes alliances & de fes dignités. Elle
eft fortie de la Maifon de Mathefelon , connue
dès le onzième fiécle , auquel vivoit Hubert , Seigneur
de Mathefelon & de Duretal . Il reçut cette
derniere Seigneurie l'an 1059 , de la libéralté de
Geoffroi Martel , Comte d'Anjou , qui dans l'Acte
de donation le qualifie fon coulin . Hugues
Seigneur de Mathefelon & de Duretal , fon fils
époufa Jeanne de Sablé , & fut pere de Thibaud
& de Brandelis de Mathefelon. Thibaud continua
la branche de Mathefelon , & Brandelis ayant
eu en partage la Seigneurie de Champagne de
Parcé au Maine , il prit ce dernier nom & le
ds
230 MERCURE DE FRANCE.
tranfmit à fa poftérité . De Brandelis qui vivoit
fous le regne de S. Louis , defcendoit au feptiéme
dégré , Baudouin de Champagne , Seigneur de la
Suze au Maine , Confeiller Chambellan des Rois
Louis XII & François I , pere de Nicolas de
Champagne , créé Comte de la Suze en 1566 ,
tué à la bataille de S. Denis l'année fuivante. Il
avoit épousé Françoife de Laval -Loué ; & de ce
mariage fortirent Louis de Champagne , Comte
de la Suze , & Brandelis , Marquis de Villaines ,
qui furent tous deux Chevaliers des ordres du Roi,
& formerent les deux branches de la Suze & de
Villaines.
Louis de Champagne , Comte de la Suze , fut
Confeiller d'Etat , Capitaine de cinquante hommes
d'armes , reçu Chevalier des ordres du Roi
dans la promotion de 1585 , & mourut à la ba→
taille de Coutras en 1 587. Il avoit époufé , par
contrat du 2 Mars 1572 , Magdeleine de Melun ,
fille de Charles , Seigneur de Normanville , de
laquelle il laila Louis de Champagne , 11 du
nom , Comte de la Suze , Maréchal de camp ès
armées du Roi , mort en 1636 , laiffant de fa
femme Charlotte de Roye de la Rochefoucauld ,
fille de Charles Comte de Rouci , entr'autres enfans
Gafpard de Champagne , Comte de la Suze .
allié à Henriette de Coligny , de laquelle il
fut féparé. 2 ° . A Louife de Clermont- Gallerande.
De ce cernier mariage nâquit Thibaut de
Champagne , Comte de la Suze , mort fans pofté
rité ; & trois filles dont la cadette Magdeleine-
Françoife de Champagne la Suze , étoit mere de
Louis- Hubert Comte de Champagne.
Brandelis de Champagne , Marquis de Villaines
, fecond fils de Nicolas Comte de la Suze
fut Confeiller d'Etat , & Capitaine de cinquante
NOVEMBRE. 1755. 231
hommes d'armes des Ordonnances du Roi , &
honoré en 1599 du collier des Ordres de Sa Majefté
. Il épousa Anne de Fefchal , Dame de Tucé ,
de laquelle il eut Hubert de Champagne , Marquis
de Villaines , marié 1. à Louiſe d'Arconna. 2°.
Par contrat du 29 Décembre 1644 à Catherine
Fouquet de la Varenne , fille de René , Marquis
de laVarenne , & de Jeanne de Girard de la Rouffiere.
Du premier lit vint Louife-Marie de Champagne
, femme de Claude de Talaru , Marquis
de Chalmazel , dont deſcend le Chevalier des Or
dres. Du fecond lit il laiffa deux garçons , René-
Brandelis , & Hubert - Jerôme de Champagne.
René-Brandelis de Champagne , Marquis deVillaines
& de la Varenne , mort le s Avril 1723 ,
n'ayant laiffé de fon mariage avec Catherine-
Thérefe le Royer que deux filles , dont la feconde
nommée Catherine de Champagne qui avoit été
mariée en 17394 Louis- Céfar ( le Tellier ) Comte
d'Eftrées , eft morte fans enfans le 19 Juillet 1742.
Sa foeur aînée , Marie de Champagne , a épousé
le 30 Avril 1732 , Céfar.Gabriel de Choifeul ,
Comte de Chevigni & de la Riviere , dont font
nés un fils & une fille.
Hubert - Jérôme de Champagne , Comte de
Villaines , frere cadet de René- Brandelis , avoit
épousé en 1700 , Magdeleine- Françoife de Champagne-
la-Suze , fille de Gafpard de Champagne ,
Comte de la Suze , & de Louife de Clermont- Gallerande.
Il eft pere de Louis-Hubert , Comte de
Champagne , qui donne lieu à cet article.
Quant à la famille du Comte de Maridort qui
porte pour armes d'azur , à 3 gerbes d'or , elle eft
connue dans le Maine parmi les plus nobles de
cette province depuis près de 400 ans. Jacques de
Maridor qui vivoit au commencement du quin-
{
232 MERCURE DE FRANCE.
zieme fiecle , fut feigneur des terres des Epinays
& de la Freflonniere , du chef de fa femme Françoile
Bocquet. Son fils Jacques de Maridort II . du
nom , feigneur de la Freflonniere , fut pere de
Jacques III. feigneur de la Freflonniere , allié avec
Laurette de Coainon , dame de S. Ouen , fille du ~
feigneur de la Roche-Coainon. De ce mariage
fortit Jean de Maridort , Seigneur de la Freflonniere
, de S. Ouen & de Château - Sénéchal , marié
en 15-10 à Marguerite de Maulay , dame de
Bretefin en Anjou, & de l'Artuzier, fille unique de
Foulques de Maulay & de Jeanne Lenfant de Varennes.
Il en eut Jacqueline de Maridort , alliée à
Guy d'Aflé , feigneur de Montfaucon & de l'Efpinay,
& deux fils qui eurent poftérité : fçavoir , Guillaume
& Hercules. L'aîné , feigneur châtelain de
Vaulx , époufa Renée de Mauny , dame de Verron,
de Vaulx , Courchardie dans le Maine & l'Anjou ,
fille de Pierre de Mauny, feigneur de S. Aiguan , &
de Françoile de Beaumanoir. Il eut de ce mariage
trois enfans : 1 °. Olivier, qui fuit ; 2 °. Radegonde,
mariée à Louis Frefneau , feigneur d'Aviré & de
Créance ; 3 °. Magdeleine de Maridort , alliée en
1561. à Joachim de Caradreux , Vicomte de Neuville,
fire de Chaftenay . Olivier de Maridort , feigneur
de la Freflonniere & de Vaulx , époufa en
1552 , Anne de Matignon , Dame d'honneur de
Jeanne d'Albret , Reine de Navarre , foeur du Maréchal
de Matignon , & fille de Jacques , Comte
de Matignon , & de Françoise de Silly. De cette
alliance il n'eut que trois filles : fçavoir , 1 ° . Françoiſe
de Maridort , Dame de la Freflonniere , mariée
en premieres nôces à Jean de Coefme , Baron
de Lucé- Bonneftable ; duquel elle n'eut point d'enfans
, & en fecondes nôces à Charles de Chambes ,
Comte de Montforcau , Marquis d'Avoir . 2°. AnNOVEMBRE.
1755. 233
I
he de Maridort , qui époufa Antoine de Longueval
, feigneur de Haraucourt . 3º. Philippe de Maridort
alliée à Yves de Lifcouet , feigneur de Lifcouet
& du Bois de la Roche.
Hercules de Maridort , par lequel la postérité
s'eft continuée jufqu'à préfent , fut feigneur de
S. Ouen , Bourg-le- Roi , Doucet , du Breuil , de
Mélangé & les Garnifons , du chef de fa femme ,
Guillelmine de Mauny , qu'il avoit épousée le dernier
Février 1532. Elle étoit niéce de Renée de
Mauny , femme de fon frere , & fille de François
de Mauny & d'Hélène de Villeblanche . Leur fils
Jean de Maridort , feigneur de S. Ouen , Bourgle-
Roi , Doucet , &c . fut marié par contrat du
19 Octobre 1566. à Claude de Tillon , Dame de
Groflé , fille d'Urbain de Tillon , feigneur de Sacé ,
& de Charlotte de Villeblanche . Il en eut David ,
qui fuit , & Jean de Maridort, feigneur du Bourgle-
Roi , Gentilhomme ordinaire de la chambre du
Roi , & Confeiller d'Etat , mort fans enfans de fes
deux femmes Hélene le Grand, & Barbe de S.Denis.
David de Maridort , feigneur de S. Ouen , &c.
décédé le 27 Septembre 1606. avoit épousé le s
Juin 1583 , Germaine de Riant , fille de Gilles de
Riant , Préfident du Parlement de Paris & de Magdeleine
Formel . Leur fils , Gilles de Maridor , feigneur
châtelain de S. Ouen , &c fut Centilhomme
ordinaire de la chambre du Roi , & marié le 13
Octobre 1613 , à Françoife de Vignolles , fille de
Pompée de Vignolles, Ecuyer, Seigneur de la Roche
& du Boudin, & de Louife de Lude. De ce mariage,
fortirent, 1 °. Louis, qui-fuit , 2º. Pompée qui a laiffé
postérité, & Marie de Maridort , femme de Charles
des Guets , feigneur de la Pinardiere.
Louis de Maridort, feigneur châtelain de Saint-
Quen , du Bourg- le-Roi , &c. fe maria en 1663 à
234 MERCURE DE FRANCE.
Sufanne de Crocelai , fille de Michel , feigneur de
Crocelai en Bretagne, & d'Anne Bitaud. De ce mariage
fortit , Louis - Charles de Maridor , feigneur
du Bourg- le- Roi , qui n'ayant point eu d'enfans
de fa femme N. de Riant , fe remaria en 1703. à
Elifabeth-Louife- Charlotte de Perochelle , fille
de Charles - François de Perochelle , feigneur de
Grandchamp , & de Marie- Françoife de Fontenay,
il eft pere de Charles- Louis - Augufte , Comte de
Maridort , & ayeul de Louife -Julie- Sylvie de Maridort
, Comteffe de Champagne.
René-Mans , Sire de Froullay , Comte de Teffé,
Marquis de Lavardin , Baron d'Ambriere , Comte
de Verny , de Froullay , &c , Grand d'Espagne, de
la premiere claffe , Lieutenant-Général pour le
Roi dans les provinces du Maine & du Perche ,
ainfi que dans le Comté de Laval , premier Ecuyer
de la Reine , & Colonel du régiment des Cravates
, fut marié le 26 Juin , dans l'Eglife paroiffiale
de S. Roch , à Adrienne - Catherine de
Noailles , fille de Louis de Noailles , Duc d'Ayen ,
Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant - Général
des armées de Sa Majefté , Capitaine de la
Compagnie Ecofloife des Gardes du Corps ;
Gouverneur de la province de Rouffillon en
furvivance du Maréchal Duc de Noailles , Gouverneur
& Capitaine des Chaffes de Saint Germain-
en- Laye; & de Catherine-Françoiſe - Charlotte
de Coffé - Briffac . La bénédiction nuptiale
leur a été donnée par le Curé de la paroiffe. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 22 du même
mois par leurs Majeftés & par la Famille royale .
Le Comte de Teffé eft fils de feu René- Mans , Sire
de Froullay , Marquis de Teffé , Grand d'Efpagne
, de la premiere claffe , Brigadier , Colonel
NOVEMBRE. 1755
235
Lieutenant du Régiment de la Reine- Infanterie,
& fon premier Ecuyer ; & de Marie - Charlotte
de Bethune- Charoft .
·
Le 16 Octobre fut célébré par l'Evêque de
Lefcars , dans la Chapelle de l'hôtel de Rothelin ,
rue du Cherche - midi , le mariage entre Meffire
Pons Fréderic de Pierre Chevalier , Seigneur
des Ports en Languedoc , Comte de Bernis , aîné
de la Maifon de Pierre ( en latin Petri ) connue
dès le onzieme fiecle ; fils de feu Meffire André de
Pierre, Chevalier , Seigneur des Ports , & de Dame
Anne- Therefe de Nigry , iffue d'une ancienne &
illuftre race.
Et Damoifelle-Marie- Helene-Elizabeth- Hyacinthe
de Narbonne- Pelet , fille de Meffire Clau
de de Narbonne- Pelet , Chevalier , Seigneur de
Verbron , Salgas , Rouffes , la Carriere , Montaigu
, & autres places ; chef de la quatrieme branche
de la Maifon de Narbonne-Pelet , laquelle
rapporte fon origine aux anciens Vicomtes de
Narbonne ; & de Dame Françoife - Heléne de Pierre
de Bernis , foeur du Marquis de ce nom , & de
l'Abbé de Bernis , Comte de Lyon , Ambaſſadeur
extraordinaire , & Miniftre Plénipotentiaire du
Roi à la Cour d'Espagne .
En faveur de ce mariage , le Roi a accordé au
Comte de Bernis un bon pour avoir un Régiment.
à fon tour.
Meffire Céfar-Antoine de la Luzerne , Comte
de Beuzeville , Maréchal des camps & armées du
Roi , & ci-devant Meftre de camp - Lieutenant .
du Régiment des Cuiraffers , mourut à Paris le
17 Juin , âgé de foixante- quatre ans.
Meffire Louis-Antoine de la Roche- Fontenille ,
Marquis de Rambures , auffi Maréchal de camp ,
236 MERCURE DE FRANCE:
eft mort à Paris dans le même mois , dans fa
cinquante-neuvieme année
Meffire Claude Bouhier , Evêque de Dijon , Abbé
de l'Abbaye de Fontaine- Daniel , Ordre de Cîteaux
, Diocèle du Mans , & Prieur de Pontarlier ,
Ordre du Val des Ecoliers , Diocèſe de Langres ,
mourut à Dijon le 21 Juin , dans fa foixante- onzieme
année.
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Résumé : MARAIGES ET MORTS.
Le texte relate plusieurs événements de mariages et de décès au sein de la noblesse française. Louis-Hubert, Comte de Champagne et de la Rouffiere, veuf de Bonne-Judith de Lopriac de Donges, a épousé le 24 juin Louise-Julie-Sylvie de Maridort. Cette dernière est la fille de Charles-Louis-Auguste, Comte de Maridort, Baron du Bourg-Roi, Grand Sénéchal de la Province du Maine, et de Julie-Hortense Colbert de Linieres. La Maison du Comte de Champagne est l'une des plus illustres du Royaume, remontant à la Maison de Mathefelon au onzième siècle. Hubert, Seigneur de Mathefelon et de Duretal, reçut la Seigneurie de Duretal en 1059 de Geoffroi Martel, Comte d'Anjou. La lignée se poursuit avec Hugues, Thibaud et Brandelis de Mathefelon, ce dernier prenant le nom de Champagne et transmettant ce nom à sa postérité. Le texte détaille également les alliances et les dignités de la famille de Champagne, mentionnant des personnages comme Baudouin de Champagne et Nicolas de Champagne, ainsi que leurs descendants, qui ont occupé des postes prestigieux à la cour des rois de France. La famille de Maridort, connue dans le Maine depuis près de 400 ans, est également décrite. Jacques de Maridort, vivant au quinzième siècle, fut seigneur des terres des Epinays et de la Freslonnière. La lignée se poursuit avec Jacques II et III, et leurs descendants, jusqu'à Charles-Louis-Auguste, Comte de Maridort, père de Louise-Julie-Sylvie de Maridort. Le texte mentionne aussi d'autres mariages et décès notables, comme celui de René-Mans, Sire de Froullay, Comte de Tessé, et d'Adrienne-Catherine de Noailles, ainsi que le mariage de Pons Frédéric de Pierre, Chevalier, Seigneur des Ports en Languedoc, Comte de Bernis, et de Marie-Hélène-Élisabeth-Hyacinthe de Narbonne-Pelet. Enfin, le texte rapporte les décès de César-Antoine de la Luzerne, Comte de Beuzeville, Maréchal des camps et armées du Roi, de Louis-Antoine de la Roche-Fontenille, Marquis de Rambures, et de Claude Bouhier, Evêque de Dijon.
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1256
p. 67-72
COPIE de la Lettre écrite le 12 Août 1755. par M. Voisin, Avocat au Parlement à M. le Prince de ..... Chevalier de la Toison d'or.
Début :
MONSIEUR, La simple idée par écrit, que vous me demandez du Livre (I), dont, avant votre [...]
Mots clefs :
Princes, Gloire, Seigneurs, Magnificence, Prince, Devoirs, Richesses, Esprit
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texteReconnaissance textuelle : COPIE de la Lettre écrite le 12 Août 1755. par M. Voisin, Avocat au Parlement à M. le Prince de ..... Chevalier de la Toison d'or.
COPIE de la Leure écrite le 12 Août
1755. par M. Voifin , Avocat au Parlement
à M. le Prince de Chevalier de
la Toifon d'or,
MONSIEUR ,
14
La fimple idée par écrit , que vous me
demandez du Livre ( 1 ) , dont , avant votre
départ de Paris , j'ai eu l'honneur de.
vous entretenir , & auquel je travaille depuis
plufieurs années , exige elle-même un
affez grand détail par la multitude des objers.
Je crois , Monfieur , ne pouvoir
mieux fatisfaire à ce que vous défitez de
moi à cet égard , qu'en vous communiquant
par forme de lettres , le difcours
que je projette de mettre à la tête de l'ouvrage
pour y fervir d'introduction.
( 1 ) Ce Livre a pour titre , Le Confeilfamilier
& économique des Princes des grands Seigneurs ;
ou Moyens de conferver , d'augmenter & de perpétuer
les richeffes , la magnificence & la véritable
gloire de leurs Maiſons.
68 MERCURE DE FRANCE.
PREMIERE LETTRE.
Que les Princes & les grands Seigneurs
foient dans l'opulence , c'eft un attribut
naturel de leur condition : mais ils ne doivent
pas fe flatter de conferver , d'augmenter
, ni de perpétuer leurs richeffes , fans
une heureufe intelligence , foutenue de
cette économie libérale , qui ne prodigue
rien , pour donner fans ceffe avec difcernement.
Que les Princes & les grands Seigneurs
ayent en général le défir de la magnificence
, faut-il s'en étonner ? Ils naiffent
dans fon fein ; on en recrée leur enfance :
hommes formés , ils en ajoutent l'habitude
au goût naturel ; ils y meurent . Mais étoitce
une véritable magnificence que l'éclat
qui leur fit illufion pendant leur vie ? ou
n'étoit ce au contraire , qu'un faux brillant
qui , en deshonorant la mémoire de
ceux qu'il féduit , ne laiffe fouvent dans
leurs fucceffions que l'indigence & l'infolvabilité.
La véritable magnificence trouve dans
la fageffe qui la dirige , les moyens de ſe
conferver , de s'augmenter & de fe perpétuer.
Un efprit d'arrangement fans contrainte
, blâme ou avoue les motifs & les
occafions de la magnificence. Si la riche
DECEMBRE . 1755. 69
économie qui prend foin , quand il le faut,
que rien ne manque au fpectacle , lui prefcrit
cependant quelquefois des bornes ,
c'eſt pour faire , en évitant le défaut d'une
confufion inutile & choquante , fubfifter
cette magnificence même avec plus de folidité
, & pour affurer par-là à celui qui en´
fupporte la dépenfe , le fuffrage des perfonnes
dont le goût & la raifon font les
guides éclairés.
Que les Princes & les grands Seigneurs
confiderent la gloire de leurs Maifons
comme leur principal objet , & le plus
digne de les occuper , l'antiquité & la nobleffe
de leur origine femblent , à leur
naiffance , en graver le fentiment dans
leurs coeurs il feroit à fouhaiter qu'au
foin qu'on fe donne de leur en préfenter
fans ceffe la perfpective dans le cours de
leur éducation , on joignît l'attention de
leur développer les caracteres effentiels
de la véritable gloire , & de leur en infpirer
cet amour raiſonné qui , ennemi d'un
aveugle orgueil , reçoit de l'efprit même
du Chriftianifme , la permiffion d'aiguillonner
les gens d'honneur.
Penfer , comme on croit fincerement le
devoir ; s'inftruire , pour penfer mieux
encore ; faire ce qu'on peut & ce qu'on
doit par inclination pour le bon ordre
70 MERCURE DE FRANCE.
voilà en général la bafe inebranlable de
la véritable gloire des Princes & des
grands Seigneurs. C'eft , en un mot , le
fondement de la gloire folide dans tous
les états.
Ce principe annonce donc que , pour
conferver , augmenter & perpétuer la véritable
gloire des Grands , il faut ,
Premierement , qu'ils foyent convaincus
de l'indifpenfable néceffité de remplir les
devoirs de leur état .
Secondement , qu'ils travaillent folidement
à les connoître dans la vérité , parcequ'il
eft impoffible de bien faire ce dont
on ignore les principes .
Enfin il est néceffaire que les Grands
furmontent avec courage les dégoûts & les
contradictions que des paffions tumul- .
tueufes élevent quelquefois contre le regne
tranquille de l'ordre & de la raifon.
Que la réunion de ces ennemis intérieurs
n'effraye pas le combattant ; je ferai
voir dans fon lieu que l'idée du combat
eft plus terrible que le combat même. Le
Combattant doit craindre d'autant moins
d'effayer fes forces , que fon courage le
rend fûr d'une victoire , dont les fuites
font la paix du coeur & la gayeté de
l'efprit .
Les Princes & les Grands ont donc des
DECEMBRE . 1755. 71
devoirs d'état à remplir , & ce n'eft que
par leur exactitude à s'en acquitter , qu'ils
peuvent conferver , augmenter & perpétuer
la véritable gloire de leurs Maifons.
Mais pour fçavoir quelle eft l'étendue
des devoirs d'état des Princes & des
Grands , il faut déterminer quel eft leur
état même.
Parce qu'ils font grands , ne font- ils
qu'hommes de Cour , & ne fe croyent- ils
affujettis à des devoirs qu'envers la Cour ?
Je les confidere dans trois pofitions différentes
, dont chacune exige des connoiffances
qui lui font immédiatement néceffaires.
Le Prince ou le grand Seigneur, comme
particulier dans l'intérieur de fa maiſon &
de fes terres : Premiere Partie.
Le Prince ou le grand Seigneur perè
de famille : Seconde Partie.
Le Prince ou le grand Seigneur membre
de la Société , & homme d'Etat : Troifieme
Partie.
C'est en propofant mes réflexions fur
chacune de ces trois conditions , que je
mets fous les yeux des Princes & des
grands Seigneurs , les moyens de conferver
, d'augmenter & de perpétuer les richeffes
, la magnificence & la véritable
gloire de leurs Maiſons.
72 MERCURE DE FRANCE.
Ces trois points de vue fous lefquels les
Princes & les grands Seigneurs peuvent
être envifagés , font auffi la divifion naturelle
de ce difcours , dont les trois parties
réunies renferment le plan général de
l'Ouvrage.
1755. par M. Voifin , Avocat au Parlement
à M. le Prince de Chevalier de
la Toifon d'or,
MONSIEUR ,
14
La fimple idée par écrit , que vous me
demandez du Livre ( 1 ) , dont , avant votre
départ de Paris , j'ai eu l'honneur de.
vous entretenir , & auquel je travaille depuis
plufieurs années , exige elle-même un
affez grand détail par la multitude des objers.
Je crois , Monfieur , ne pouvoir
mieux fatisfaire à ce que vous défitez de
moi à cet égard , qu'en vous communiquant
par forme de lettres , le difcours
que je projette de mettre à la tête de l'ouvrage
pour y fervir d'introduction.
( 1 ) Ce Livre a pour titre , Le Confeilfamilier
& économique des Princes des grands Seigneurs ;
ou Moyens de conferver , d'augmenter & de perpétuer
les richeffes , la magnificence & la véritable
gloire de leurs Maiſons.
68 MERCURE DE FRANCE.
PREMIERE LETTRE.
Que les Princes & les grands Seigneurs
foient dans l'opulence , c'eft un attribut
naturel de leur condition : mais ils ne doivent
pas fe flatter de conferver , d'augmenter
, ni de perpétuer leurs richeffes , fans
une heureufe intelligence , foutenue de
cette économie libérale , qui ne prodigue
rien , pour donner fans ceffe avec difcernement.
Que les Princes & les grands Seigneurs
ayent en général le défir de la magnificence
, faut-il s'en étonner ? Ils naiffent
dans fon fein ; on en recrée leur enfance :
hommes formés , ils en ajoutent l'habitude
au goût naturel ; ils y meurent . Mais étoitce
une véritable magnificence que l'éclat
qui leur fit illufion pendant leur vie ? ou
n'étoit ce au contraire , qu'un faux brillant
qui , en deshonorant la mémoire de
ceux qu'il féduit , ne laiffe fouvent dans
leurs fucceffions que l'indigence & l'infolvabilité.
La véritable magnificence trouve dans
la fageffe qui la dirige , les moyens de ſe
conferver , de s'augmenter & de fe perpétuer.
Un efprit d'arrangement fans contrainte
, blâme ou avoue les motifs & les
occafions de la magnificence. Si la riche
DECEMBRE . 1755. 69
économie qui prend foin , quand il le faut,
que rien ne manque au fpectacle , lui prefcrit
cependant quelquefois des bornes ,
c'eſt pour faire , en évitant le défaut d'une
confufion inutile & choquante , fubfifter
cette magnificence même avec plus de folidité
, & pour affurer par-là à celui qui en´
fupporte la dépenfe , le fuffrage des perfonnes
dont le goût & la raifon font les
guides éclairés.
Que les Princes & les grands Seigneurs
confiderent la gloire de leurs Maifons
comme leur principal objet , & le plus
digne de les occuper , l'antiquité & la nobleffe
de leur origine femblent , à leur
naiffance , en graver le fentiment dans
leurs coeurs il feroit à fouhaiter qu'au
foin qu'on fe donne de leur en préfenter
fans ceffe la perfpective dans le cours de
leur éducation , on joignît l'attention de
leur développer les caracteres effentiels
de la véritable gloire , & de leur en infpirer
cet amour raiſonné qui , ennemi d'un
aveugle orgueil , reçoit de l'efprit même
du Chriftianifme , la permiffion d'aiguillonner
les gens d'honneur.
Penfer , comme on croit fincerement le
devoir ; s'inftruire , pour penfer mieux
encore ; faire ce qu'on peut & ce qu'on
doit par inclination pour le bon ordre
70 MERCURE DE FRANCE.
voilà en général la bafe inebranlable de
la véritable gloire des Princes & des
grands Seigneurs. C'eft , en un mot , le
fondement de la gloire folide dans tous
les états.
Ce principe annonce donc que , pour
conferver , augmenter & perpétuer la véritable
gloire des Grands , il faut ,
Premierement , qu'ils foyent convaincus
de l'indifpenfable néceffité de remplir les
devoirs de leur état .
Secondement , qu'ils travaillent folidement
à les connoître dans la vérité , parcequ'il
eft impoffible de bien faire ce dont
on ignore les principes .
Enfin il est néceffaire que les Grands
furmontent avec courage les dégoûts & les
contradictions que des paffions tumul- .
tueufes élevent quelquefois contre le regne
tranquille de l'ordre & de la raifon.
Que la réunion de ces ennemis intérieurs
n'effraye pas le combattant ; je ferai
voir dans fon lieu que l'idée du combat
eft plus terrible que le combat même. Le
Combattant doit craindre d'autant moins
d'effayer fes forces , que fon courage le
rend fûr d'une victoire , dont les fuites
font la paix du coeur & la gayeté de
l'efprit .
Les Princes & les Grands ont donc des
DECEMBRE . 1755. 71
devoirs d'état à remplir , & ce n'eft que
par leur exactitude à s'en acquitter , qu'ils
peuvent conferver , augmenter & perpétuer
la véritable gloire de leurs Maifons.
Mais pour fçavoir quelle eft l'étendue
des devoirs d'état des Princes & des
Grands , il faut déterminer quel eft leur
état même.
Parce qu'ils font grands , ne font- ils
qu'hommes de Cour , & ne fe croyent- ils
affujettis à des devoirs qu'envers la Cour ?
Je les confidere dans trois pofitions différentes
, dont chacune exige des connoiffances
qui lui font immédiatement néceffaires.
Le Prince ou le grand Seigneur, comme
particulier dans l'intérieur de fa maiſon &
de fes terres : Premiere Partie.
Le Prince ou le grand Seigneur perè
de famille : Seconde Partie.
Le Prince ou le grand Seigneur membre
de la Société , & homme d'Etat : Troifieme
Partie.
C'est en propofant mes réflexions fur
chacune de ces trois conditions , que je
mets fous les yeux des Princes & des
grands Seigneurs , les moyens de conferver
, d'augmenter & de perpétuer les richeffes
, la magnificence & la véritable
gloire de leurs Maiſons.
72 MERCURE DE FRANCE.
Ces trois points de vue fous lefquels les
Princes & les grands Seigneurs peuvent
être envifagés , font auffi la divifion naturelle
de ce difcours , dont les trois parties
réunies renferment le plan général de
l'Ouvrage.
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Résumé : COPIE de la Lettre écrite le 12 Août 1755. par M. Voisin, Avocat au Parlement à M. le Prince de ..... Chevalier de la Toison d'or.
Le document est une lettre datée du 12 août 1755, rédigée par M. Voifin, avocat au Parlement, adressée à M. le Prince de Chevalier de la Toison d'or. Voifin y présente un livre intitulé 'Le Conseil familier & économique des Princes des grands Seigneurs; ou Moyens de conserver, d'augmenter & de perpétuer les richesses, la magnificence & la véritable gloire de leurs Maisons'. L'auteur souligne l'importance pour les princes et grands seigneurs de posséder une intelligence économique afin de conserver et d'accroître leurs richesses. Il distingue la véritable magnificence, guidée par la sagesse, qui se maintient et s'accroît, de l'éclat trompeur qui peut mener à l'indigence. La gloire des maisons princières repose sur la connaissance et l'accomplissement des devoirs d'état, ainsi que sur le courage face aux passions tumultueuses. L'ouvrage de Voifin est structuré en trois parties. La première traite du prince en tant que particulier dans sa maison, la deuxième le considère en tant que père de famille, et la troisième en tant que membre de la société et homme d'État. Chaque section vise à fournir des moyens pour conserver, augmenter et perpétuer les richesses, la magnificence et la gloire des maisons princières.
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1257
p. 77-104
Analyse de l'Esprit des Loix, contenue dans la note qui accompagne l'Eloge de M. de Montesquieu par M. d'Alembert. Nous l'avions annoncée pour le premier Mercure de ce mois, & nous acquittons notre parole.
Début :
La plûpart des gens de Lettres qui ont parlé de l'Esprit des Loix, s'étant plus [...]
Mots clefs :
Montesquieu, De l'esprit des lois, Gouvernement, Peuple, Nature, Hommes, Lois, États, Esprit, Pays, Peuple, Peuples, Liberté, Religion, Gouvernement, Monarchie, Égalité, République, Servitude, Crimes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Analyse de l'Esprit des Loix, contenue dans la note qui accompagne l'Eloge de M. de Montesquieu par M. d'Alembert. Nous l'avions annoncée pour le premier Mercure de ce mois, & nous acquittons notre parole.
Analyfe de l'Esprit des Loix , contenue dans
la note qui accompagne l'Eloge de M. de
Montefquieu par M. d'Alembert. Nous
l'avions annoncée pour le premier Mercure
de ce mois , & nous acquittons notre
parole.
Lparle de l'efprit des Loix , s étant plus
A plupart des gens de Lettres qui ont
attachés à le critiquer qu'à en donner une
idée juſte , nous allons tâcher de fuppléer
à ce qu'ils auroient dû faire , & d'en développer
le plan , le caractere & l'objet.
Ceux qui en trouveront l'analy fe trop longue
, jugeront peut être, après l'avoir lue ,
qu'il n'y avoit que ce feul moyen de bien
faire faifir la méthode de l'Auteur . On
doit fe fouvenir d'ailleurs que l'hiftoire
des écrivains célebres n'eft que celle de
leurs penfées & de leurs travaux , & que
cette partie de leur éloge en eft la plus
effentielle & la plus utile , fur-tout à la
tête d'un ouvrage rel que l'Encyclopédie.
Les homme dans l'état de nature , abf-
D iij
78 MERCURE DE FRANCE.
traction faite de toute religion , ne connoiffant
dans les différends qu'ils peuvent
avoir , d'autre loi que celle des animaux ,
le droit du plus fort, on doit regarder l'établiffement
des fociétés comme une espece
de traité contre ce droit injufte ; traité
deftiné à établir entre les différentes parties
du genre humain une forte de balance.
Mais il en eft de l'équilibre moral
comme du phyſique : il eft rare qu'il foit
parfait & durable ; & les traités du genre
humain font , comme les traités entre nos
Princes , une femence continuelle de divifion.
L'intérêt , le befoin & le plaifir ,
ont rapproché les hommes ; mais ces mêmes
motifs les pouffent fans ceffe à vouloir
jouir des avantages de la focieté fans en
porter les charges ; & c'eft en ce fens qu'on
peut dire avec l'Auteur , que les hommes ,
dès qu'ils font en focieté , font en état de
guerre. Car la guerre fuppofe dans ceux
qui fe la font , finon l'égalité de force ,
au moins l'opinion de cette égalité , d'où
naît le defir & l'efpoir mutuel de fe vaincre
. Or dans l'état de focieté , fi la balance
n'eft jamais parfaite entre les hommes ,
elle n'eft pas non plus trop inégale : au contraire
, où ils n'auroient rien à fe difputer
dans l'état de nature , ou fi la néceffité les
y obligeoit , on ne verroit que la foibleffe
DECEMBRE. 1755 . 79
fuyant devant la force , des oppreffeurs
fans combat , & des opprimés fans réfiftance .
Voilà donc les hommes réunis & armés
tout-à- la-fois , s'embraffant d'un côté , fi
on peut parler ainfi , & cherchant de l'autre
à fe bleffer mutuellement : les loix font
le lien plus ou moins efficace , deſtiné à
fufpendre ou à retenir leurs coups. Mais
l'étendue prodigieufe du globe que nous
habitons , la nature différente des régions
de la terre & des peuples qui la couvrent ,
ne permettant pas que tous les hommes
vivent fous un feul & même gouvernement
, le humain a dû fe partager
genre
en un certain nombre d'Etats , diftingués
par la différence des loix auxquelles ils
obéiffent. Un feul gouvernement n'auroit
fait du genre humain qu'un corps exténué
& languiffant , étendu fans vigueur fur la
furface de la terre . Les différens Etats font
autant de corps agiles & robuftes , qui en
fe donnant la main les uns aux autres ,
n'en forment qu'un , & dont l'action réciproque
entretient partout le mouvement
& la vie .
On peut diftinguer trois fortes de gouvernemens
; le Républicain , le Monarchique
, le Defpotique . Dans le Républicain ,
le peuple en corps a la fouveraine puiffance
; dans le Monarchique , un feul
Div
So MERCURE DE FRANCE.
gouverne par des loix fondamentales ;
dans le Defpotique , on ne connoît d'autre
loi que la volonté du maître , ou plutôt
du tyran. Ce n'eft pas à dire qu'il n'y
ait dans l'univers que ces trois efpeces
d'Etats , ce n'eft pas à dire même qu'il y
ait des Etats qui appartiennent uniquement
& rigoureufement à quelqu'une de
ces formes : la plupart font , pour ainfi
dire , mi partis ou nuancés les uns des autres.
Ici la Monarchie incline au Defpotifme
; là le gouvernement monarchique eft
combiné avec le Républicain ; ailleurs ce
n'eft pas le peuple entier , c'eft feulement
une partie du peuple qui fait les loix .
Mais la divifion précédente n'en eft pas
moins exacte & moins jufte : les trois efpeces
de gouvernement qu'elle renferme
font tellement diftingués , qu'elles n'ont
proprement rien de commun ; & d'ailleurs
tous les Etats que nous connoiffons , participent
de l'une ou de l'autre. Il étoit
donc néceffaire de former de ces trois
efpeces des claffes particulieres , & de
s'appliquer à déterminer les loix qui leur
font propres ; il fera facile enfuite de modifier
ces loix dans l'application à quelque
gouvernement que ce foit , felon
qu'il appartiendra plus ou moins à ces différentes
formes.
DECEMBRE . 1755 .
Dans les divers Etats , les loix doivent
être relatives à leur nature , c'est- à- dire à
ce qui les conftitue , & à leur principe ,
c'eft-à- dire à ce qui les foutient & les fait
agir ; diftinction importante , la clef d'une
infinité de loix , & dont l'Auteur tire bien
des conféquences.
Les principales loix relatives à la nature
de la Démocratie font , que le peuple
y foit à certains égards le Monarque ,
à d'autres le Sujet ; qu'il élife & juge fes
Magiftrats , & que les Magiftrats en certaines
occafions décident. La nature de la
Monarchie demande qu'il y ait entre le
Monarque & le peuple beaucoup de pouvoirs
& de rangs intermédiaires , & un
corps , dépofitaire des loix médiateur
entre les fujets & le Prince . La nature du
Defpotifme exige que le tyran exerce fon
autorité , ou par lui feul , ou par un feul
qui le repréfente.
>
Quant au principe des trois gouvernemens
, celui de la Démocratie eft l'amour
de la République , c'eft à dire de l'égalité
dans les Monarchies où un feul eft le
difpenfareur des diftinctions & des ré- ,
compenfes , & où l'on s'accoutume à conconfondre
l'Etat avec ce feul homme , le
principe eft l'honneur , c'eft- à- dire l'ambition
& l'amour de l'eftime : fous le Def-
Dv
82
MERCURE DE FRANCE.
potifme enfin , c'eft la crainte. Plus ces
principes font en vigueur , plus le gouvernement
eft ftable ; plus ils s'alterent &
fe corrompent , plus il incline à fa deftruction
. Quand l'Auteur parle de l'égalité
dans les Démocraties , il n'entend pas
une égalité extrême , abfolue , & par conféquent
chimérique ; il entend cet heureux
équilibre qui rend tous les citoyens
également foumis aux loix , & également
intéreffés à les obferver.
Dans chaque gouvernement les loix de
l'éducation doivent être relatives au principe
; on entend ici par éducation celle
qu'on reçoit en entrant dans le monde , &
non celle des parens & des maîtres , qui
fouvent y eft contraire , fur- tout dans cerrains
Etats . Dans les Monarchies , l'éducation
doit avoir pour objet l'urbanité &
les égards réciproques : dans les Etats defpotiques
, la terreur & l'aviliffement des
efprits : dans les Républiques on a befoin
de toute la puiffance de l'éducation : elle
doit infpirer un fentiment noble , mais
pénible , le renoncement à foi-même , d'où
naît l'amour de la patrie.
Les loix que le Législateur donne , doivent
être conformes au principe de chaque
gouvernement ; dans la République ,
entretenir l'égalité & la frugalité ; dans
DECEMBRE. 1755. 83
la Monarchie , foutenir la nobleffe fans
écrafer le peuple ; fous le gouvernement
defpotique , tenir également tous les Etats
dans le filence. On ne doit point accufer
M. de Montefquieu d'avoir ici tracé aux
Souverains les principes du pouvoir arbitraire
, dont le nom feul eft fi odieux aux
Princes juftes , & à plus forte raifon au citoyen
fage & vertueux . C'eft travailler à
l'anéantir que de montrer ce qu'il faut faire
pour le conferver : la perfection de ce
gouvernement en eft la ruine ; & le code
exact de la tyrannie , tel que l'Auteur le
donne , eft en même tems la fatyre & le
fléau le plus redoutable des tyrans. A l'égard
des autres gouvernemens, ils ont chacun
leurs avantages ; le républicain eft plus
propte aux petits Etats ; le monarchique ,
aux grands ; le républicain plus fujer aux
excès , le monarchique, aux abus ; le républicain
apporte plus de maturité dans l'exécution
des loix , le monarchique plus de
promptitude.
La différence des principes des trois
gouvernemens doit en produire dans le
nombre & l'objet des loix , dans la forme
des jugemens & la nature des peines. La
conftitution des Monarchies étant invariable
& fondamentale , exige plus de loix
civiles & de tribunaux , afin que la juftice
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
foit rendue d'une maniere plus uniforme
& moins arbitraire ; dans les Etats modérés
, foit Monarchies , foit Républiques ,
on ne fçauroit apporter trop de formalités
aux loix criminelles. Les peines doivent
non feulement être en proportion avec le
crime , mais encore les plus douces qu'il
eft poffible , fur- tout dans la Démocratie ;
l'opinion attachée aux peines fera fouvent
plus d'effet que leur grandeur même. Dans
les Républiques , il faut juger felon la loi ,
parce qu'aucun particulier n'eft le maître
de l'altérer. Dans les Monarchies , la clémence
du Souverain peut quelquefois l'adoucir
; mais les crimes ne doivent jamais
y être jugés que par les Magiftrats expreffément
chargés d'en connoître. Enfin c'eft
principalement dans les Démocraties que
les loix doivent être féveres contre le luxe,
le relâchement des moeurs & la féduction
des femmes. Leur douceur & leur foibleffe
même les rend affez propres à gouverner
dans les Monarchies , & l'Hiftoire prouve
que fouvent elles ont porté la couronne
avec gloire.
M. de Montefquieu ayant ainfi parcouru
chaque gouvernement en particulier ,
les examine enfuite dans le rapport qu'ils
peuvent avoir les uns aux autres , mais
feulement fous le point de vue le plus
DECEM BRE. 1755. 85
"
général , c'est-à-dire fous celui qui eft uniquement
relatif à leur nature & à leur
principe. Envifagés de cette maniere , les
Etats ne peuvent avoir d'autres rapports
que celui de fe défendre , ou d'attaquer.
Les Républiques devant , par leur nature ,
renfermer un petit Etat , elles ne peuvent
fe défendre fans alliance ; mais c'eft avec
des Républiques qu'elles doivent s'allier .
La force defenfive de la Monarchie confifte
principalement à avoir des frontieres
hors d'infulte. Les Etats ont , comme les
hommes , le droit d'attaquer pour leur propre
confervation. Du droit de la guerre
dérive celui de conquête ; droit nécellaire ,
légitime & malheureux , qui laiſſe toujours
à payer une dette immenfe pour s'acquitter
envers la nature humaine , & dont la loi
générale eft de faire aux vaincus le moins
de mal qu'il eft poffible . Les Républiques
peuvent moins conquérir que les Monarchies
; des conquêtes immenfes fuppofent
le defpotifme ou l'affurent . Un des grands
principes de l'efprit de conquête doit être
de rendre meilleure , autant qu'il eft poffible
, la condition du peuple conquis :
c'eft fatisfaire tout- à - la-fois la loi naturelle
& la maxime , d'Etat . Rien n'eft plus
beau que le traité de paix de Gelon avec
les Carthaginois , par lequel il leur défen86
MERCURE DE FRANCE.
dit d'immoler à l'avenir leurs propres enfans.
Les Efpagnols , en conquérant le Pérou
, auroient dû obliger de même les habitans
à ne plus immoler des hommes à
leurs Dieux ; mais ils crurent plus avantageux
d'immoler ces peuples mêmes . Ils
n'eurent plus pour conquête qu'un vafte
défert : ils furent forcés à dépeupler leur
pays , & s'affoiblirent pour toujours par
leur propre victoire . On peut être obligé
quelquefois de changer les loix du peuple
vaincu ; rien ne peut jamais obliger de lui
ôter fes moeurs ou même fes coutumes ,
qui font fouvent toutes les moeurs . Mais
le moyen le plus für de conferver une conquête
, c'eft de mettre , s'il eft poffible , le
peuple vaincu au niveau du peuple conquerant
; de lui accorder les mêmes droits
& les mêmes privileges : c'eft ainfi qu'en
ont fouvent ufé les Romains ; c'eft ainfi
fur-tout qu'en ufa Céfar à l'égard des
Gaulois.
Jufqu'ici , en confiderant chaque gouvernement
, tant en lui-même , que dans
fon rapport aux autres , nous n'avons eu
égard ni à ce qui doit leur être commun ,
ni aux circonftances particulieres tirées
ou de la nature du pays , ou du génie des
peuples : c'eft ce qu'il faut maintenant développer.
DECEMBRE . 1755. 87
La loi commune de tous les gouvernemens
, du moins des gouvernemens modérés
, & par conféquent juftes , eft la liberté
politique dont chaque citoyen doit
jouir. Cette liberté n'eft point la licence
abfurde de faire tout ce qu'on veut , mais
le pouvoir de faire tout ce que les loix
permettent. Elle peut être envisagée , ou
dans fon rapport à la conftitution
dans fon rapport au citoyen.
ou
Il y a dans la conftitution de chaque
Etat deux fortes de pouvoirs , la puiflance
législative & l'exécutrice ; & cette derniere
a deux objets , l'intérieur de l'Etat
& le dehors . C'eft de la diftribution légitime
& de la répartition convenable de
ces différentes efpeces de pouvoirs que dépend
la plus grande perfection de la liberté
politique par rapport à la conftitution.
M. de Montefquieu en apporte pour
preuve la conftitution de la République
Romaine & celle de l'Angleterre . Il trouve
le principe de celle- ci dans cette loi
fondamentale du gouvernement des anciens
Germains , que les affaires peu importantes
y étoient décidées par les chefs ,
& que les grandes étoient portées au tribunal
de la nation , après avoir auparavant
été agitées par les chefs. M. de Monrefquieu
n'examine point fi les Anglois
8S MERCURE DE FRANCE.
jouiffent ou non de cette extrême liberté
politique que leur conftitution leur donne
, il lui fuffit qu'elle foit établie par
leurs loix : il eft encore plus éloigné de
vouloir faire la fatyre des autres Etats. Il
croit au contraire que l'excès , même dans
le bien , n'eft pas toujours défirable ; que
la liberté extrême a fes inconveniens ›
comme l'extrême fervitude ; & qu'en général
la nature humaine s'accommode
mieux d'un état moyen.
La liberté politique confidérée par rapport
au citoyen , confifte dans la fureté
où il eft à l'abri des loix , ou du moins
dans l'opinion de cette fureté, qui fait qu'un
citoyen n'en craint point un autre . C'eſt
principalement par la nature & la proportion
des peines , que cette liberté s'établit
ou fe détruit. Les crimes contre la Religion
doivent être punis par la privation
des biens que la Religion procure ; les
crimes contre les moeurs , par la honte
les crimes contre la tranquillité publique ,
par la prifon ou l'exil ; les crimes contre
la fureté , par les fupplices . Les écrits doivent
être moins punis que les actions , jamais
les fimples penfées ne doivent l'être :
accufations non juridiques , efpions , lettres
anonymes , toutes ces reffources de la
tyrannie , également honteufes à ceux qui
;
DECEMBRE . 1755. Se
en font l'inftrument, & à ceux qui s'en fervent
, doivent être profcrites dans un bon
gouvernement monarchique . Il n'eft permis
d'accufer qu'en face de la loi , qui punit
toujours ou l'accufé , ou le calomniateur.
Dans tout autre cas , ceux qui
gouvernent doivent dire avec l'Empereur
Conftance : Nous ne sçaurions foupçonner
celui à qui il a manqué un accuſateur , lorf
qu'il ne lui manquoit pas un ennemi . C'eſt
une très -bonne inftitution que celle d'une
partie publique qui fe charge , au nom de
l'Etat , de pourfuivre les crimes , & qui ait
toute l'utilité des délateurs , fans en avoir
les vils intérêts , les inconvéniens , & l'infamie.
La grandeur des impôts doit être en
proportion directe avec la liberté . Ainfi
dans les Démocraties ils peuvent être plus
grands qu'ailleurs, fans être onéreux , parce
que chaque citoyen les regarde comme
un tribut qu'il fe paye à lui-même , & qui
affure la tranquillité & le fort de chaque
membre. De plus , dans un Etat démocratique
, l'emploi infidele des deniers pu-,
blics eft plus difficile , parce qu'il eft plus
aifé de le connoître & de le punir , le dépofitaire
en devant compte , pour ainsi
dire , au premier citoyen qui l'exige .
Dans quelque gouvernement que ce foit,
90 MERCURE DE FRANCE.
l'efpece de tributs la moins onéreuſe , eft
celle qui eft établie fur les marchandiſes ;
parce que le citoyen paye
fans s'en appercevoir.
La quantité exceffive de troupes
en tems de paix , n'eft qu'un prétexte pour
charger le peuple d'impôts , un moyen
d'énerver l'Etat , & un inftrument de fervitude.
La régie des tributs qui en fait
rentrer le produit en entier dans le fifc
public , eft fans comparaifon moins à charge
au peuple, & par conféquent plus avantageufe
, lorfqu'elle peut avoir lieu , que
la ferme de ces mêmes tributs , qui laiſſe
toujours entre les mains de quelques particuliers
une partie des revenus de l'Etat.
Tout eft perdu furtout ( ce font ici les
termes de l'Auteur ) lorfque la profeffion
de traitant devient honorable ; & elle le
devient dès que le luxe eft en vigueur.
Laiffer quelques hommes fe nourrir de la
fubftance publique , pour les dépouiller à
leur tour , comme on l'a autrefois pratiqué
dans certains Etats , c'eft réparer une
injuftice par une autre , & faire deux maux
au lieu d'un .
Venons maintenant , avec M. de Montefquieu
, aux circonftances particulieres
indépendantes de la nature du gouvernement
, & qui doivent en modifier les loix.
Les circonftances qui viennent de la naDECEMBRE
1755. 91
ture du pays font de deux fortes ; les unes
ont rapport au climat , les autres au terrein.
Perfonne ne doute que le climat
n'influe fur la difpofition habituelle des
corps , & par conféquent fur les caracteres.
C'eft pourquoi les loix doivent fe conformer
au phyfique du climat dans les
chofes indifférentes , & au contraire le
combattre dans les effets vicieux : ainfi
dans les pays où l'ufage du vin eft nuifible
, c'eft une très -bonne loi que celle qui
l'interdit. Dans les pays où la chaleur du
climat porte à la pareffe , c'eft une trèsbonne
loi que celle qui encourage au travail.
Le gouvernement peut donc corriger
les effets du climat , & cela fuffit pour
mettre l'Esprit des Loix à couvert du reproche
très- injufte qu'on lui a fait d'attribuer
tout au froid & à la chaleur : car
outre que la chaleur & le froid ne font
pas la feule chofe par laquelle les climats
foient diftingués , il feroit auffi abfurde
de nier certains effets du climat que de
vouloir lui attribuer tout.
L'ufage des Efclaves établi dans les Pays
chauds de l'Afie & de l'Amérique , & réprouvé
dans les climats tempérés de l'Europe
, donne fujet à l'Auteur de traiter de
l'Esclavage civil. Les hommes n'ayant pas
plus de droit fur la liberté que fur la vie
92 MERCURE DE FRANCE.
les uns des autres , il s'enfuit que l'efclavage
, généralement parlant , eft contre la
loi naturelle. En effet , le droit d'esclavage
ne peut venir ni de la guerre , puifqu'il ne
pourroit être alors fondé que fur le rachat.
de la vie , & qu'il n'y a plus de droit fur la
vie de ceux qui n'attaquent plus ; ni de la
vente qu'un homme fait de lui- même à un
autre , puifque tout citoyen étant redevable
de fa vie à l'Etat , lui eft à plus forte
raifon redevable de fa liberté , & par conféquent
n'eft pas le maître de la vendre .
D'ailleurs quel feroit le prix de cette vente
? Ce ne peut être l'argent donné au vendeur
, puifqu'au moment qu'on fe rend
efclave , toutes les poffeffions appartiennent
au maître : or une vente fans prix eft
auffi chimérique qu'un contrat fans condition.
Il n'y a peut- être jamais eu qu'une
loi jufte en faveur de l'efclavage , c'étoit
la loi Romaine qui rendoit le débiteur efclave
du créancier ; encore cette loi ,
pour
être équitable , devoit borner la fervitude
quant au dégré & quant au tems. L'efclavage
peut tout au plus être toléré dans les
Etats defpotiques , où les hommes libres ,
trop foibles contre le gouvernement, cherchent
à devenir , pour leur propre utilité ,
les efclaves de ceux qui tyrannifent l'Etat ;
ou bien dans les climats dont la chaleur
2
DECEMBRE . 1755. 93
énerve fi fort le corps , & affoiblit tellement
le courage , que les hommes n'y font
portés à un devoir pénible , que par la
crainte du châtiment.
A côté de l'esclavage civil on peut placer
la fervitude domeftique , c'eft- à-dire ,
celle où les femmes font dans certains climats
: elle peut avoir lieu dans ces contrées
de l'Afie où elles font en état d'habiter
avec les hommes avant que de pouvoir
faire ufage de leur raifon ; nubiles par la
loi du climat , enfans par celle de la nature.
Cette fujétion devient encore plus néceffaire
dans les Pays où la polygamie eft
établie ; ufage que M. de Montefquieu ne
prétend pas juftifier dans ce qu'il a de contraire
à la Religion , mais qui dans les
lieux où il eft reçu ( & à ne parler que politiquement
) peut être fondé jufqu'à`un
certain point , ou fur la nature du Pays
ou fur le rapport du nombre des femmes
au nombre des hommes. M. de Montefquieu
parle à cette occafion de la Répudiation
& du Divorce ; & il établit fur de
bonnes raifons , que la répudiation une
fois admife , devroit être permife aux femmes
comme aux hommes.
Si le climat a tant d'influence fur la fervitude
domestique & civile , il n'en a pas
moins fur la fervitude politique , c'est- à94
MERCURE DE FRANCE.
dire fur celle qui foumet un peuple à un
autre. Les peuples du Nord font plus forts
& plus courageux que ceux du Midi ; ceux
ci doivent donc en géneral être fubjugués ,
ceux - là conquérans ; ceux - ci efclaves ,
ceux -là libres : c'eft auffi ce que l'Hiftoire
confirme . L'Afie a été conquiſe onze fois
par lès peuples du Nord ; l'Europe a fouffert
beaucoup moins de révolutions .
A l'égard des loix relatives à la nature
du terrein , il eft clair que la Démocratie
convient mieux que la Monarchie aux
Pays ftériles , où la terre a befoin de toute
l'induftrie des hommes. La liberté d'ailleurs
eft en ce cas une efpece de dédommagement
de la dureté du travail . Il faut
plus de loix pour un peuple agriculteur que
pour un peuple qui nourrit des troupeaux,
pour celui - ci que pour un peuple chaffeur,
pour un peuple qui fait ufage de la monnoie
, que pour celui qui l'ignore.
Enfin on doit avoir égard au génie particulier
de la Nation . La vanité qui groffit
les objets , eft un bon reffort pour le gouvernement
; l'orgueil qui les dépriſe eft un
reffort dangereux . Le Légiflateur doit ref
pecter jufqu'à un certain point les préjugés
, les paffions , les abus. Il doit imiter
Solon , qui avoit donné aux Athéniens ,
non les meilleures loix en elles-mêmes ,
DECEMBRE
1755. 95
mais les meilleures qu'ils puffent avoir . Le
caractere gai de ces peuples demandoit des
loix plus faciles ; le caractere dur des Lacédémoniens
, des loix plus féveres. Les
loix font un mauvais moyen pour changer
les manieres & les ufages ; c'eft par les récompenfes
& l'exemple qu'il faut tâcher
d'y parvenir. Il eft pourtant vrai en mêmetems
, que les loix d'un peuple , quand on
n'affecte pas d'y choquer groffierement &
directement fes moeurs , doivent influer
infenfiblement fur elles , foit pour les affermir,
foit pour les changer.
Après avoir approfondi de cette maniere
la nature & l'efprit des Loix par rapport
aux différentes efpeces de Pays & de
peuples , l'Auteur revient de nouveau à
confidérer les Etats les uns par rapport aux
autres. D'abord en les comparant entre
eux d'une maniere générale , il n'avoit
pu les envifager que par rapport au mal
qu'ils peuvent fe faire. Ici il les envifage
par rapport aux fecours mutuels
qu'ils peuvent le donner : or ces fecours
font principalement fondés fur le Commerce.
Si l'efprit de Commerce produit
naturellement un efprit d'intérêt oppofé
à la fublimité des vertus morales , il
rend auffi un peuple naturellement jufte ,
& en éloigne l'oifiveté & le brigandage.
96 MERCURE DE FRANCE.
Les Nations libres qui vivent fous des
gouvernemens modérés , doivent s'y livrer
plus que les Nations efclaves. Jamais une
Nation ne doit exclure de fon commerce
une autre Nation , fans de grandes raifons.
Au refte la liberté en ce genre n'eft pas une
faculté abfolue accordée aux Négocians de
faire ce qu'ils veulent ; faculté qui leur
feroit fouvent préjudiciable : elle confifte
à ne gêner les Négocians qu'en faveur du
Commerce. Dans la Monarchie la Nobleffe
ne doit point s'y adonner , encore
moins le Prince . Enfin il eft des Nations
auxquelles le Commerce eft défavantageux
; ce ne font pas celles qui n'ont befoin
de rien , mais celles qui ont besoin de
tout : paradoxe que l'Auteur rend fenfible
par l'exemple de la Pologne , qui manque
de tout , excepté de bled , & qui , par
le commerce qu'elle en fait , prive les
payfans de leur nourriture , pour fatisfaire
au luxe des Seigneurs. M. de Montefquieu ,
à l'occafion des loix que le Commerce
exige , fait l'hiftoire de fes différentes révolutions
; & cette partie de fon livre
n'eft ni la moins intéreffante , ni la moins
curieufe. Il compare l'appauvriffement de
l'Espagne ,, par la découverte de l'Amérique
, au fort de ce Prince imbécille de la
Fable , prêt à mourir de faim , pour avoir
demandé
1
DECEMBRE. 1755 : 97
demandé aux Dieux que tout ce qu'il toucheroit
fe convertit en or. L'ufage de la
monnoie étant une partie confidérable de
l'objet du Commerce , & fon principal
inftrument , il a cru devoir , en conféquence
, traiter des opérations fur la monnoie
, du change , du payement des dettes
publiques , du prêt à intérêt dont il fixe
les loix & les limites , & qu'il ne confond
nullement avec les excès fi juftement condamnés
de l'ufure.
La population & le nombre des habitans
ont avec le Commerce un rapport
immédiat ; & les mariages ayant pour objet
la population , M. de Montefquieu approfondit
ici cette importante matiere. Če
qui favorife le plus la propagation eft la
continence publique ; l'expérience prouve
que les conjonctions illicites y contribuent
peu , & même y nuifent. On a établi avec
juftice , pour les mariages , le confentement
des peres ; cependant on y doit mettre
des reftrictions : car la loi doit en général
favorifer les mariages. La loi qui
défend le mariage des meres avec les fils ,
oft ( indépendamment des préceptes de la
Religion ) une très-bonne loi civilę ; car
fans parler de plufieurs autres raifons , les
contractans étant d'âge très- différent , ces
fortes de mariages peuvent rarement avoir
I. Vol. E
98 MERCURE DE FRANCE.
>
la propagation pour objet. La loi qui défend
le mariage du pere avec la fille , eſt
fondée fur les mêmes motifs : cependant
( à ne parler que civilement ) elle n'eft pas
fi indifpenfablement néceffaire que l'autre
à l'objet de la population , puifque la vertu
d'engendrer finit beaucoup plus tard
dans les hommes ; auffi l'ufage contraire
a t'il eu lieu chez certains peuples que la
lumiere du Chriftianifme n'a point éclairés.
Comme la nature porte d'elle -même
au mariage , c'eft un mauvais gouvernement
que celui où on aura befoin d'y encourager.
La liberté , la fûreté , la modération
des impôts , la profcription du luxe,
font les vrais principes & les vrais foutiens
de la population : cependant on peut
avec fuccès faire des loix pour encourager
les mariages , quand , malgré la corruption
, il reste encore des refforts dans
le peuple qui l'attachent à fa patrie. Rien
n'eft plus beau que les loix d'Augufte pour
favorifer la propagation de l'efpece : par
malheur il fit ces loix dans la décadence ,
ou plutôt dans la chute de la République ;
& les citoyens découragés devoient prévoir
qu'ils ne mettroient plus au monde
que
des efclaves : auffi l'exécution de ces
loix fut elle bien foible durant tout le
tems des Empereurs payens. Conftantin
DECEM BRE . 1755. 99
enfin les abolit en fe faifant Chrétien ,
comme fi le Chriftianifme avoit pour but
de dépeupler la fociété , en confeillant à
un petit nombre la perfection du célibat.
L'établiſſement des hôpitaux , felon l'efprit
dans lequel il eft fait , peut nuire à la;
population , ou la favorifer. Il peut & il
doit même y avoir des hôpitaux dans un
Etat dont la plupart des citoyens n'ont que
leur , induftrie pour reffource , parce que
cette induftrie peut quelquefois être malheureuſe
; mais les fecours que ces hôpitaux
donnent , ne doivent être que paffagers
, pour ne point encourager la mendicité
& la fainéantife. Il faut commencer
par rendre le peuple riche , & bâtir enfuite
des hôpitaux pour les befoins imprévus
& preffans . Malheureux les Pays où
la multitude des hôpitaux & des monafteres
, qui ne font que des hôpitaux perpétuels
, fait que tout le monde eft à fon
aife , excepté ceux qui travaillent.
M. de Montefquieu n'a encore parlé
que des loix humaines. Il paffe maintenant
à celles de la Religion , qui dans prefque
tous les Etats font un objet fi effentiel
du gouvernement. Par- tout il fait l'éloge
du Chriftaifine ; il en montre les avantages
& la grandeur ; il cherche à le faire
aimer. Il foutient qu'il n'eft pas impoffi
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
ble , comme Bayle l'a prétendu , qu'une
fociété de parfaits Chrétiens forme un
Etat fubfiftant & durable . Mais il s'eft cru
permis auffi d'examiner ce que les différentes
Religions ( humainement parlant )
peuvent avoir de conforme ou de contraire
au génie & à la fituation des peuples
qui les profeffent. C'est dans ce point de
vue qu'il faut lire tout ce qu'il a écrit fur
cette matiere , & qui a été l'objet de tant
de déclamations injuftes. Il eft furprenant
furtout que dans un fiecle qui en appelle
tant d'autres barbares , on lui ait fait un
crime de ce qu'il dit de la tolérance ; comme
fi c'étoit approuver une religion que
de la tolérer comme fi enfin l'Evangile
même ne profcrivoit pas tout autre moyende
le répandre , que la douceur & la perfuafion.
Ceux en qui la fuperftition n'a
pas éteint tout fentiment de compaflion
& de juftice , ne pourront lire , fans être
attendris , la remontrance aux Inquifiteurs,
ce tribunal odieux , qui outrage la Religion
en paroiffant la venger.
Enfin après avoir traité en particulier
des différentes efpeces de loix que les
hommes peuvent avoir , il ne reste plus
qu'à les comparer toutes enfemble , & à
les examiner dans leur rapport avec les
chofes fur lefquelles elles ftatuent. Les
DECEMBRE. 1755. 101
hommes font gouvernés par différentes efpeces
de loix ; par le droit naturel , commun
à chaque individu ; par le droit divin
, qui eft celui de la Religion ; par le
droit eccléfiaftique , qui eft celui de la
police de la Religion ; par le droit civil ,
qui eft celui des membres d'une même
fociété
; par
le droit politique , qui eft celui
du gouvernement de cette fociété ; par
le droit des gens , qui eft celui des fociétés
les unes par rapport aux autres. Ces droits
ont chacun leurs objets diftingués , qu'il
faut bien fe garder de confondre. On
ne doit jamais régler par l'un ce qui appar
tient à l'autre , pour ne point mettre de dé
fordre ni d'injuftice dans les principes qui
gouvernent les hommes . Il faut enfin que
les principes qui prefcrivent le genre des
loix , & qui en circonfcrivent l'objet , regnent
auffi dans la maniere de les compofer.
L'efprit de modération doit , autant qu'il eft
poffible , en dicter toutes les difpofitions.
Des loix bien faites feront conformes à
l'efprit du Législateur , même en paroiffant
s'y oppofer. Telle étoit la fameuſe
loi de Solon , par laquelle tous ceux qui
ne prenoient point de part dans les féditions
, étoient déclarés infâmes . Elle prévenoit
les féditions , ou les rendoit utiles.
en forçant tous les membres de la Répu
1
1
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
blique à s'occuper de fes vrais intérêts .
L'Oftracifime même étoit une très - bonne
loi ; car d'un côté elle étoit honorable au
citoyen qui en étoit l'objet , & prévenoit
de l'autre les effets de l'ambition ; il falloit
d'ailleurs un très - grand nombre de fuffrages,
& on ne pouvoit bannir que tous les
cinq ans. Souvent les loix qui paroiffent les
mêmes, n'ont ni le même motif, ni le même
effet , ni la même équité : la forme du gouvernement
, les conjonctures & le génie du
peuple changent tout . Enfin le ftyle des
loix doit être fimple & grave : elles peuvent
fe difpenfer de motiver , parce que
le motif eft fuppofé exifter dans l'efprit
du Législateur ; mais quand elles motivent
, ce doit être fur des principes évidens
elles ne doivent pas reffembler à
cette loi qui , défendant aux aveugles de
plaider , apporte pour raifon qu'ils ne peuvent
pas voir les ornemens de la Magiftrature
.
M. de Montefquieu , pour montrer par
des exemples l'application de fes principes
, a choifi deux différens peuples , le
plus célébre de la terre , & celui dont
'Hiftoire nous intéreffe le plus , les Romains
& les François. Il ne s'attache qu'a
une partie de la Jurifprudence du premier;
celle qui regarde les fucceffions . A l'égard
DECEMBRE. 1755. 103
turs ,
des François , il entre dans le plus grand
détail fur l'origine & les révolutions de
leurs loix civiles , & fur les différens
ufages abolis ou fubfiftans , qui en ont été
la fuite il s'étend principalement fur les
loix féodales , cette efpece de gouvernement
inconnu à toute l'antiquité , qui le
fera peut- être pour toujours aux fiecles fur-
& qui a fait tant de biens & tant
de maux. Il difcute fur-tout ces loix dans
le rapport qu'elles ont à l'établiffement &
aux révolutions de la Monarchie Françoife
; il prouve , contre M. l'Abbé du
Bos , que les Francs font réellement entrés
en conquérans dans les Gaules , &
qu'il n'eft pas vrai , comme cet Auteur le
prétend , qu'ils ayent été appellés par les
peuples pour fuccéder aux droits des Empereurs
Romains qui les opprimoient :
détail profond , exact & curieux , mais
dans lequel il nous eft impoffible de le
fuivre , & dont les points principaux fe
trouveront d'ailleurs répandus dans différens
endroits de ce Dictionnaire , aux articles
qui s'y rapportent.
Telle eft l'analyfe générale , mais trèsinforme
& très-imparfaite , de l'ouvrage
de M. de Montefquieu : nous l'avons féparée
du refte de fon éloge , pour ne pas
trop interrompre la fuite de notre récit.
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
M. Dalembert nous permettra de combattre
ici fa modeftie . Nous ofons dire , d'après
la voix publique , que cette analyſe
eft un modele, qu'elle met l'Efprit des Loix
dans tout fon jour , & qu'il n'eft pas poffible
d'en faire une meilleure . Heureux
le texte , quelque mérite qu'il ait en foi ,
qui eft ainfi commenté !
la note qui accompagne l'Eloge de M. de
Montefquieu par M. d'Alembert. Nous
l'avions annoncée pour le premier Mercure
de ce mois , & nous acquittons notre
parole.
Lparle de l'efprit des Loix , s étant plus
A plupart des gens de Lettres qui ont
attachés à le critiquer qu'à en donner une
idée juſte , nous allons tâcher de fuppléer
à ce qu'ils auroient dû faire , & d'en développer
le plan , le caractere & l'objet.
Ceux qui en trouveront l'analy fe trop longue
, jugeront peut être, après l'avoir lue ,
qu'il n'y avoit que ce feul moyen de bien
faire faifir la méthode de l'Auteur . On
doit fe fouvenir d'ailleurs que l'hiftoire
des écrivains célebres n'eft que celle de
leurs penfées & de leurs travaux , & que
cette partie de leur éloge en eft la plus
effentielle & la plus utile , fur-tout à la
tête d'un ouvrage rel que l'Encyclopédie.
Les homme dans l'état de nature , abf-
D iij
78 MERCURE DE FRANCE.
traction faite de toute religion , ne connoiffant
dans les différends qu'ils peuvent
avoir , d'autre loi que celle des animaux ,
le droit du plus fort, on doit regarder l'établiffement
des fociétés comme une espece
de traité contre ce droit injufte ; traité
deftiné à établir entre les différentes parties
du genre humain une forte de balance.
Mais il en eft de l'équilibre moral
comme du phyſique : il eft rare qu'il foit
parfait & durable ; & les traités du genre
humain font , comme les traités entre nos
Princes , une femence continuelle de divifion.
L'intérêt , le befoin & le plaifir ,
ont rapproché les hommes ; mais ces mêmes
motifs les pouffent fans ceffe à vouloir
jouir des avantages de la focieté fans en
porter les charges ; & c'eft en ce fens qu'on
peut dire avec l'Auteur , que les hommes ,
dès qu'ils font en focieté , font en état de
guerre. Car la guerre fuppofe dans ceux
qui fe la font , finon l'égalité de force ,
au moins l'opinion de cette égalité , d'où
naît le defir & l'efpoir mutuel de fe vaincre
. Or dans l'état de focieté , fi la balance
n'eft jamais parfaite entre les hommes ,
elle n'eft pas non plus trop inégale : au contraire
, où ils n'auroient rien à fe difputer
dans l'état de nature , ou fi la néceffité les
y obligeoit , on ne verroit que la foibleffe
DECEMBRE. 1755 . 79
fuyant devant la force , des oppreffeurs
fans combat , & des opprimés fans réfiftance .
Voilà donc les hommes réunis & armés
tout-à- la-fois , s'embraffant d'un côté , fi
on peut parler ainfi , & cherchant de l'autre
à fe bleffer mutuellement : les loix font
le lien plus ou moins efficace , deſtiné à
fufpendre ou à retenir leurs coups. Mais
l'étendue prodigieufe du globe que nous
habitons , la nature différente des régions
de la terre & des peuples qui la couvrent ,
ne permettant pas que tous les hommes
vivent fous un feul & même gouvernement
, le humain a dû fe partager
genre
en un certain nombre d'Etats , diftingués
par la différence des loix auxquelles ils
obéiffent. Un feul gouvernement n'auroit
fait du genre humain qu'un corps exténué
& languiffant , étendu fans vigueur fur la
furface de la terre . Les différens Etats font
autant de corps agiles & robuftes , qui en
fe donnant la main les uns aux autres ,
n'en forment qu'un , & dont l'action réciproque
entretient partout le mouvement
& la vie .
On peut diftinguer trois fortes de gouvernemens
; le Républicain , le Monarchique
, le Defpotique . Dans le Républicain ,
le peuple en corps a la fouveraine puiffance
; dans le Monarchique , un feul
Div
So MERCURE DE FRANCE.
gouverne par des loix fondamentales ;
dans le Defpotique , on ne connoît d'autre
loi que la volonté du maître , ou plutôt
du tyran. Ce n'eft pas à dire qu'il n'y
ait dans l'univers que ces trois efpeces
d'Etats , ce n'eft pas à dire même qu'il y
ait des Etats qui appartiennent uniquement
& rigoureufement à quelqu'une de
ces formes : la plupart font , pour ainfi
dire , mi partis ou nuancés les uns des autres.
Ici la Monarchie incline au Defpotifme
; là le gouvernement monarchique eft
combiné avec le Républicain ; ailleurs ce
n'eft pas le peuple entier , c'eft feulement
une partie du peuple qui fait les loix .
Mais la divifion précédente n'en eft pas
moins exacte & moins jufte : les trois efpeces
de gouvernement qu'elle renferme
font tellement diftingués , qu'elles n'ont
proprement rien de commun ; & d'ailleurs
tous les Etats que nous connoiffons , participent
de l'une ou de l'autre. Il étoit
donc néceffaire de former de ces trois
efpeces des claffes particulieres , & de
s'appliquer à déterminer les loix qui leur
font propres ; il fera facile enfuite de modifier
ces loix dans l'application à quelque
gouvernement que ce foit , felon
qu'il appartiendra plus ou moins à ces différentes
formes.
DECEMBRE . 1755 .
Dans les divers Etats , les loix doivent
être relatives à leur nature , c'est- à- dire à
ce qui les conftitue , & à leur principe ,
c'eft-à- dire à ce qui les foutient & les fait
agir ; diftinction importante , la clef d'une
infinité de loix , & dont l'Auteur tire bien
des conféquences.
Les principales loix relatives à la nature
de la Démocratie font , que le peuple
y foit à certains égards le Monarque ,
à d'autres le Sujet ; qu'il élife & juge fes
Magiftrats , & que les Magiftrats en certaines
occafions décident. La nature de la
Monarchie demande qu'il y ait entre le
Monarque & le peuple beaucoup de pouvoirs
& de rangs intermédiaires , & un
corps , dépofitaire des loix médiateur
entre les fujets & le Prince . La nature du
Defpotifme exige que le tyran exerce fon
autorité , ou par lui feul , ou par un feul
qui le repréfente.
>
Quant au principe des trois gouvernemens
, celui de la Démocratie eft l'amour
de la République , c'eft à dire de l'égalité
dans les Monarchies où un feul eft le
difpenfareur des diftinctions & des ré- ,
compenfes , & où l'on s'accoutume à conconfondre
l'Etat avec ce feul homme , le
principe eft l'honneur , c'eft- à- dire l'ambition
& l'amour de l'eftime : fous le Def-
Dv
82
MERCURE DE FRANCE.
potifme enfin , c'eft la crainte. Plus ces
principes font en vigueur , plus le gouvernement
eft ftable ; plus ils s'alterent &
fe corrompent , plus il incline à fa deftruction
. Quand l'Auteur parle de l'égalité
dans les Démocraties , il n'entend pas
une égalité extrême , abfolue , & par conféquent
chimérique ; il entend cet heureux
équilibre qui rend tous les citoyens
également foumis aux loix , & également
intéreffés à les obferver.
Dans chaque gouvernement les loix de
l'éducation doivent être relatives au principe
; on entend ici par éducation celle
qu'on reçoit en entrant dans le monde , &
non celle des parens & des maîtres , qui
fouvent y eft contraire , fur- tout dans cerrains
Etats . Dans les Monarchies , l'éducation
doit avoir pour objet l'urbanité &
les égards réciproques : dans les Etats defpotiques
, la terreur & l'aviliffement des
efprits : dans les Républiques on a befoin
de toute la puiffance de l'éducation : elle
doit infpirer un fentiment noble , mais
pénible , le renoncement à foi-même , d'où
naît l'amour de la patrie.
Les loix que le Législateur donne , doivent
être conformes au principe de chaque
gouvernement ; dans la République ,
entretenir l'égalité & la frugalité ; dans
DECEMBRE. 1755. 83
la Monarchie , foutenir la nobleffe fans
écrafer le peuple ; fous le gouvernement
defpotique , tenir également tous les Etats
dans le filence. On ne doit point accufer
M. de Montefquieu d'avoir ici tracé aux
Souverains les principes du pouvoir arbitraire
, dont le nom feul eft fi odieux aux
Princes juftes , & à plus forte raifon au citoyen
fage & vertueux . C'eft travailler à
l'anéantir que de montrer ce qu'il faut faire
pour le conferver : la perfection de ce
gouvernement en eft la ruine ; & le code
exact de la tyrannie , tel que l'Auteur le
donne , eft en même tems la fatyre & le
fléau le plus redoutable des tyrans. A l'égard
des autres gouvernemens, ils ont chacun
leurs avantages ; le républicain eft plus
propte aux petits Etats ; le monarchique ,
aux grands ; le républicain plus fujer aux
excès , le monarchique, aux abus ; le républicain
apporte plus de maturité dans l'exécution
des loix , le monarchique plus de
promptitude.
La différence des principes des trois
gouvernemens doit en produire dans le
nombre & l'objet des loix , dans la forme
des jugemens & la nature des peines. La
conftitution des Monarchies étant invariable
& fondamentale , exige plus de loix
civiles & de tribunaux , afin que la juftice
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
foit rendue d'une maniere plus uniforme
& moins arbitraire ; dans les Etats modérés
, foit Monarchies , foit Républiques ,
on ne fçauroit apporter trop de formalités
aux loix criminelles. Les peines doivent
non feulement être en proportion avec le
crime , mais encore les plus douces qu'il
eft poffible , fur- tout dans la Démocratie ;
l'opinion attachée aux peines fera fouvent
plus d'effet que leur grandeur même. Dans
les Républiques , il faut juger felon la loi ,
parce qu'aucun particulier n'eft le maître
de l'altérer. Dans les Monarchies , la clémence
du Souverain peut quelquefois l'adoucir
; mais les crimes ne doivent jamais
y être jugés que par les Magiftrats expreffément
chargés d'en connoître. Enfin c'eft
principalement dans les Démocraties que
les loix doivent être féveres contre le luxe,
le relâchement des moeurs & la féduction
des femmes. Leur douceur & leur foibleffe
même les rend affez propres à gouverner
dans les Monarchies , & l'Hiftoire prouve
que fouvent elles ont porté la couronne
avec gloire.
M. de Montefquieu ayant ainfi parcouru
chaque gouvernement en particulier ,
les examine enfuite dans le rapport qu'ils
peuvent avoir les uns aux autres , mais
feulement fous le point de vue le plus
DECEM BRE. 1755. 85
"
général , c'est-à-dire fous celui qui eft uniquement
relatif à leur nature & à leur
principe. Envifagés de cette maniere , les
Etats ne peuvent avoir d'autres rapports
que celui de fe défendre , ou d'attaquer.
Les Républiques devant , par leur nature ,
renfermer un petit Etat , elles ne peuvent
fe défendre fans alliance ; mais c'eft avec
des Républiques qu'elles doivent s'allier .
La force defenfive de la Monarchie confifte
principalement à avoir des frontieres
hors d'infulte. Les Etats ont , comme les
hommes , le droit d'attaquer pour leur propre
confervation. Du droit de la guerre
dérive celui de conquête ; droit nécellaire ,
légitime & malheureux , qui laiſſe toujours
à payer une dette immenfe pour s'acquitter
envers la nature humaine , & dont la loi
générale eft de faire aux vaincus le moins
de mal qu'il eft poffible . Les Républiques
peuvent moins conquérir que les Monarchies
; des conquêtes immenfes fuppofent
le defpotifme ou l'affurent . Un des grands
principes de l'efprit de conquête doit être
de rendre meilleure , autant qu'il eft poffible
, la condition du peuple conquis :
c'eft fatisfaire tout- à - la-fois la loi naturelle
& la maxime , d'Etat . Rien n'eft plus
beau que le traité de paix de Gelon avec
les Carthaginois , par lequel il leur défen86
MERCURE DE FRANCE.
dit d'immoler à l'avenir leurs propres enfans.
Les Efpagnols , en conquérant le Pérou
, auroient dû obliger de même les habitans
à ne plus immoler des hommes à
leurs Dieux ; mais ils crurent plus avantageux
d'immoler ces peuples mêmes . Ils
n'eurent plus pour conquête qu'un vafte
défert : ils furent forcés à dépeupler leur
pays , & s'affoiblirent pour toujours par
leur propre victoire . On peut être obligé
quelquefois de changer les loix du peuple
vaincu ; rien ne peut jamais obliger de lui
ôter fes moeurs ou même fes coutumes ,
qui font fouvent toutes les moeurs . Mais
le moyen le plus für de conferver une conquête
, c'eft de mettre , s'il eft poffible , le
peuple vaincu au niveau du peuple conquerant
; de lui accorder les mêmes droits
& les mêmes privileges : c'eft ainfi qu'en
ont fouvent ufé les Romains ; c'eft ainfi
fur-tout qu'en ufa Céfar à l'égard des
Gaulois.
Jufqu'ici , en confiderant chaque gouvernement
, tant en lui-même , que dans
fon rapport aux autres , nous n'avons eu
égard ni à ce qui doit leur être commun ,
ni aux circonftances particulieres tirées
ou de la nature du pays , ou du génie des
peuples : c'eft ce qu'il faut maintenant développer.
DECEMBRE . 1755. 87
La loi commune de tous les gouvernemens
, du moins des gouvernemens modérés
, & par conféquent juftes , eft la liberté
politique dont chaque citoyen doit
jouir. Cette liberté n'eft point la licence
abfurde de faire tout ce qu'on veut , mais
le pouvoir de faire tout ce que les loix
permettent. Elle peut être envisagée , ou
dans fon rapport à la conftitution
dans fon rapport au citoyen.
ou
Il y a dans la conftitution de chaque
Etat deux fortes de pouvoirs , la puiflance
législative & l'exécutrice ; & cette derniere
a deux objets , l'intérieur de l'Etat
& le dehors . C'eft de la diftribution légitime
& de la répartition convenable de
ces différentes efpeces de pouvoirs que dépend
la plus grande perfection de la liberté
politique par rapport à la conftitution.
M. de Montefquieu en apporte pour
preuve la conftitution de la République
Romaine & celle de l'Angleterre . Il trouve
le principe de celle- ci dans cette loi
fondamentale du gouvernement des anciens
Germains , que les affaires peu importantes
y étoient décidées par les chefs ,
& que les grandes étoient portées au tribunal
de la nation , après avoir auparavant
été agitées par les chefs. M. de Monrefquieu
n'examine point fi les Anglois
8S MERCURE DE FRANCE.
jouiffent ou non de cette extrême liberté
politique que leur conftitution leur donne
, il lui fuffit qu'elle foit établie par
leurs loix : il eft encore plus éloigné de
vouloir faire la fatyre des autres Etats. Il
croit au contraire que l'excès , même dans
le bien , n'eft pas toujours défirable ; que
la liberté extrême a fes inconveniens ›
comme l'extrême fervitude ; & qu'en général
la nature humaine s'accommode
mieux d'un état moyen.
La liberté politique confidérée par rapport
au citoyen , confifte dans la fureté
où il eft à l'abri des loix , ou du moins
dans l'opinion de cette fureté, qui fait qu'un
citoyen n'en craint point un autre . C'eſt
principalement par la nature & la proportion
des peines , que cette liberté s'établit
ou fe détruit. Les crimes contre la Religion
doivent être punis par la privation
des biens que la Religion procure ; les
crimes contre les moeurs , par la honte
les crimes contre la tranquillité publique ,
par la prifon ou l'exil ; les crimes contre
la fureté , par les fupplices . Les écrits doivent
être moins punis que les actions , jamais
les fimples penfées ne doivent l'être :
accufations non juridiques , efpions , lettres
anonymes , toutes ces reffources de la
tyrannie , également honteufes à ceux qui
;
DECEMBRE . 1755. Se
en font l'inftrument, & à ceux qui s'en fervent
, doivent être profcrites dans un bon
gouvernement monarchique . Il n'eft permis
d'accufer qu'en face de la loi , qui punit
toujours ou l'accufé , ou le calomniateur.
Dans tout autre cas , ceux qui
gouvernent doivent dire avec l'Empereur
Conftance : Nous ne sçaurions foupçonner
celui à qui il a manqué un accuſateur , lorf
qu'il ne lui manquoit pas un ennemi . C'eſt
une très -bonne inftitution que celle d'une
partie publique qui fe charge , au nom de
l'Etat , de pourfuivre les crimes , & qui ait
toute l'utilité des délateurs , fans en avoir
les vils intérêts , les inconvéniens , & l'infamie.
La grandeur des impôts doit être en
proportion directe avec la liberté . Ainfi
dans les Démocraties ils peuvent être plus
grands qu'ailleurs, fans être onéreux , parce
que chaque citoyen les regarde comme
un tribut qu'il fe paye à lui-même , & qui
affure la tranquillité & le fort de chaque
membre. De plus , dans un Etat démocratique
, l'emploi infidele des deniers pu-,
blics eft plus difficile , parce qu'il eft plus
aifé de le connoître & de le punir , le dépofitaire
en devant compte , pour ainsi
dire , au premier citoyen qui l'exige .
Dans quelque gouvernement que ce foit,
90 MERCURE DE FRANCE.
l'efpece de tributs la moins onéreuſe , eft
celle qui eft établie fur les marchandiſes ;
parce que le citoyen paye
fans s'en appercevoir.
La quantité exceffive de troupes
en tems de paix , n'eft qu'un prétexte pour
charger le peuple d'impôts , un moyen
d'énerver l'Etat , & un inftrument de fervitude.
La régie des tributs qui en fait
rentrer le produit en entier dans le fifc
public , eft fans comparaifon moins à charge
au peuple, & par conféquent plus avantageufe
, lorfqu'elle peut avoir lieu , que
la ferme de ces mêmes tributs , qui laiſſe
toujours entre les mains de quelques particuliers
une partie des revenus de l'Etat.
Tout eft perdu furtout ( ce font ici les
termes de l'Auteur ) lorfque la profeffion
de traitant devient honorable ; & elle le
devient dès que le luxe eft en vigueur.
Laiffer quelques hommes fe nourrir de la
fubftance publique , pour les dépouiller à
leur tour , comme on l'a autrefois pratiqué
dans certains Etats , c'eft réparer une
injuftice par une autre , & faire deux maux
au lieu d'un .
Venons maintenant , avec M. de Montefquieu
, aux circonftances particulieres
indépendantes de la nature du gouvernement
, & qui doivent en modifier les loix.
Les circonftances qui viennent de la naDECEMBRE
1755. 91
ture du pays font de deux fortes ; les unes
ont rapport au climat , les autres au terrein.
Perfonne ne doute que le climat
n'influe fur la difpofition habituelle des
corps , & par conféquent fur les caracteres.
C'eft pourquoi les loix doivent fe conformer
au phyfique du climat dans les
chofes indifférentes , & au contraire le
combattre dans les effets vicieux : ainfi
dans les pays où l'ufage du vin eft nuifible
, c'eft une très -bonne loi que celle qui
l'interdit. Dans les pays où la chaleur du
climat porte à la pareffe , c'eft une trèsbonne
loi que celle qui encourage au travail.
Le gouvernement peut donc corriger
les effets du climat , & cela fuffit pour
mettre l'Esprit des Loix à couvert du reproche
très- injufte qu'on lui a fait d'attribuer
tout au froid & à la chaleur : car
outre que la chaleur & le froid ne font
pas la feule chofe par laquelle les climats
foient diftingués , il feroit auffi abfurde
de nier certains effets du climat que de
vouloir lui attribuer tout.
L'ufage des Efclaves établi dans les Pays
chauds de l'Afie & de l'Amérique , & réprouvé
dans les climats tempérés de l'Europe
, donne fujet à l'Auteur de traiter de
l'Esclavage civil. Les hommes n'ayant pas
plus de droit fur la liberté que fur la vie
92 MERCURE DE FRANCE.
les uns des autres , il s'enfuit que l'efclavage
, généralement parlant , eft contre la
loi naturelle. En effet , le droit d'esclavage
ne peut venir ni de la guerre , puifqu'il ne
pourroit être alors fondé que fur le rachat.
de la vie , & qu'il n'y a plus de droit fur la
vie de ceux qui n'attaquent plus ; ni de la
vente qu'un homme fait de lui- même à un
autre , puifque tout citoyen étant redevable
de fa vie à l'Etat , lui eft à plus forte
raifon redevable de fa liberté , & par conféquent
n'eft pas le maître de la vendre .
D'ailleurs quel feroit le prix de cette vente
? Ce ne peut être l'argent donné au vendeur
, puifqu'au moment qu'on fe rend
efclave , toutes les poffeffions appartiennent
au maître : or une vente fans prix eft
auffi chimérique qu'un contrat fans condition.
Il n'y a peut- être jamais eu qu'une
loi jufte en faveur de l'efclavage , c'étoit
la loi Romaine qui rendoit le débiteur efclave
du créancier ; encore cette loi ,
pour
être équitable , devoit borner la fervitude
quant au dégré & quant au tems. L'efclavage
peut tout au plus être toléré dans les
Etats defpotiques , où les hommes libres ,
trop foibles contre le gouvernement, cherchent
à devenir , pour leur propre utilité ,
les efclaves de ceux qui tyrannifent l'Etat ;
ou bien dans les climats dont la chaleur
2
DECEMBRE . 1755. 93
énerve fi fort le corps , & affoiblit tellement
le courage , que les hommes n'y font
portés à un devoir pénible , que par la
crainte du châtiment.
A côté de l'esclavage civil on peut placer
la fervitude domeftique , c'eft- à-dire ,
celle où les femmes font dans certains climats
: elle peut avoir lieu dans ces contrées
de l'Afie où elles font en état d'habiter
avec les hommes avant que de pouvoir
faire ufage de leur raifon ; nubiles par la
loi du climat , enfans par celle de la nature.
Cette fujétion devient encore plus néceffaire
dans les Pays où la polygamie eft
établie ; ufage que M. de Montefquieu ne
prétend pas juftifier dans ce qu'il a de contraire
à la Religion , mais qui dans les
lieux où il eft reçu ( & à ne parler que politiquement
) peut être fondé jufqu'à`un
certain point , ou fur la nature du Pays
ou fur le rapport du nombre des femmes
au nombre des hommes. M. de Montefquieu
parle à cette occafion de la Répudiation
& du Divorce ; & il établit fur de
bonnes raifons , que la répudiation une
fois admife , devroit être permife aux femmes
comme aux hommes.
Si le climat a tant d'influence fur la fervitude
domestique & civile , il n'en a pas
moins fur la fervitude politique , c'est- à94
MERCURE DE FRANCE.
dire fur celle qui foumet un peuple à un
autre. Les peuples du Nord font plus forts
& plus courageux que ceux du Midi ; ceux
ci doivent donc en géneral être fubjugués ,
ceux - là conquérans ; ceux - ci efclaves ,
ceux -là libres : c'eft auffi ce que l'Hiftoire
confirme . L'Afie a été conquiſe onze fois
par lès peuples du Nord ; l'Europe a fouffert
beaucoup moins de révolutions .
A l'égard des loix relatives à la nature
du terrein , il eft clair que la Démocratie
convient mieux que la Monarchie aux
Pays ftériles , où la terre a befoin de toute
l'induftrie des hommes. La liberté d'ailleurs
eft en ce cas une efpece de dédommagement
de la dureté du travail . Il faut
plus de loix pour un peuple agriculteur que
pour un peuple qui nourrit des troupeaux,
pour celui - ci que pour un peuple chaffeur,
pour un peuple qui fait ufage de la monnoie
, que pour celui qui l'ignore.
Enfin on doit avoir égard au génie particulier
de la Nation . La vanité qui groffit
les objets , eft un bon reffort pour le gouvernement
; l'orgueil qui les dépriſe eft un
reffort dangereux . Le Légiflateur doit ref
pecter jufqu'à un certain point les préjugés
, les paffions , les abus. Il doit imiter
Solon , qui avoit donné aux Athéniens ,
non les meilleures loix en elles-mêmes ,
DECEMBRE
1755. 95
mais les meilleures qu'ils puffent avoir . Le
caractere gai de ces peuples demandoit des
loix plus faciles ; le caractere dur des Lacédémoniens
, des loix plus féveres. Les
loix font un mauvais moyen pour changer
les manieres & les ufages ; c'eft par les récompenfes
& l'exemple qu'il faut tâcher
d'y parvenir. Il eft pourtant vrai en mêmetems
, que les loix d'un peuple , quand on
n'affecte pas d'y choquer groffierement &
directement fes moeurs , doivent influer
infenfiblement fur elles , foit pour les affermir,
foit pour les changer.
Après avoir approfondi de cette maniere
la nature & l'efprit des Loix par rapport
aux différentes efpeces de Pays & de
peuples , l'Auteur revient de nouveau à
confidérer les Etats les uns par rapport aux
autres. D'abord en les comparant entre
eux d'une maniere générale , il n'avoit
pu les envifager que par rapport au mal
qu'ils peuvent fe faire. Ici il les envifage
par rapport aux fecours mutuels
qu'ils peuvent le donner : or ces fecours
font principalement fondés fur le Commerce.
Si l'efprit de Commerce produit
naturellement un efprit d'intérêt oppofé
à la fublimité des vertus morales , il
rend auffi un peuple naturellement jufte ,
& en éloigne l'oifiveté & le brigandage.
96 MERCURE DE FRANCE.
Les Nations libres qui vivent fous des
gouvernemens modérés , doivent s'y livrer
plus que les Nations efclaves. Jamais une
Nation ne doit exclure de fon commerce
une autre Nation , fans de grandes raifons.
Au refte la liberté en ce genre n'eft pas une
faculté abfolue accordée aux Négocians de
faire ce qu'ils veulent ; faculté qui leur
feroit fouvent préjudiciable : elle confifte
à ne gêner les Négocians qu'en faveur du
Commerce. Dans la Monarchie la Nobleffe
ne doit point s'y adonner , encore
moins le Prince . Enfin il eft des Nations
auxquelles le Commerce eft défavantageux
; ce ne font pas celles qui n'ont befoin
de rien , mais celles qui ont besoin de
tout : paradoxe que l'Auteur rend fenfible
par l'exemple de la Pologne , qui manque
de tout , excepté de bled , & qui , par
le commerce qu'elle en fait , prive les
payfans de leur nourriture , pour fatisfaire
au luxe des Seigneurs. M. de Montefquieu ,
à l'occafion des loix que le Commerce
exige , fait l'hiftoire de fes différentes révolutions
; & cette partie de fon livre
n'eft ni la moins intéreffante , ni la moins
curieufe. Il compare l'appauvriffement de
l'Espagne ,, par la découverte de l'Amérique
, au fort de ce Prince imbécille de la
Fable , prêt à mourir de faim , pour avoir
demandé
1
DECEMBRE. 1755 : 97
demandé aux Dieux que tout ce qu'il toucheroit
fe convertit en or. L'ufage de la
monnoie étant une partie confidérable de
l'objet du Commerce , & fon principal
inftrument , il a cru devoir , en conféquence
, traiter des opérations fur la monnoie
, du change , du payement des dettes
publiques , du prêt à intérêt dont il fixe
les loix & les limites , & qu'il ne confond
nullement avec les excès fi juftement condamnés
de l'ufure.
La population & le nombre des habitans
ont avec le Commerce un rapport
immédiat ; & les mariages ayant pour objet
la population , M. de Montefquieu approfondit
ici cette importante matiere. Če
qui favorife le plus la propagation eft la
continence publique ; l'expérience prouve
que les conjonctions illicites y contribuent
peu , & même y nuifent. On a établi avec
juftice , pour les mariages , le confentement
des peres ; cependant on y doit mettre
des reftrictions : car la loi doit en général
favorifer les mariages. La loi qui
défend le mariage des meres avec les fils ,
oft ( indépendamment des préceptes de la
Religion ) une très-bonne loi civilę ; car
fans parler de plufieurs autres raifons , les
contractans étant d'âge très- différent , ces
fortes de mariages peuvent rarement avoir
I. Vol. E
98 MERCURE DE FRANCE.
>
la propagation pour objet. La loi qui défend
le mariage du pere avec la fille , eſt
fondée fur les mêmes motifs : cependant
( à ne parler que civilement ) elle n'eft pas
fi indifpenfablement néceffaire que l'autre
à l'objet de la population , puifque la vertu
d'engendrer finit beaucoup plus tard
dans les hommes ; auffi l'ufage contraire
a t'il eu lieu chez certains peuples que la
lumiere du Chriftianifme n'a point éclairés.
Comme la nature porte d'elle -même
au mariage , c'eft un mauvais gouvernement
que celui où on aura befoin d'y encourager.
La liberté , la fûreté , la modération
des impôts , la profcription du luxe,
font les vrais principes & les vrais foutiens
de la population : cependant on peut
avec fuccès faire des loix pour encourager
les mariages , quand , malgré la corruption
, il reste encore des refforts dans
le peuple qui l'attachent à fa patrie. Rien
n'eft plus beau que les loix d'Augufte pour
favorifer la propagation de l'efpece : par
malheur il fit ces loix dans la décadence ,
ou plutôt dans la chute de la République ;
& les citoyens découragés devoient prévoir
qu'ils ne mettroient plus au monde
que
des efclaves : auffi l'exécution de ces
loix fut elle bien foible durant tout le
tems des Empereurs payens. Conftantin
DECEM BRE . 1755. 99
enfin les abolit en fe faifant Chrétien ,
comme fi le Chriftianifme avoit pour but
de dépeupler la fociété , en confeillant à
un petit nombre la perfection du célibat.
L'établiſſement des hôpitaux , felon l'efprit
dans lequel il eft fait , peut nuire à la;
population , ou la favorifer. Il peut & il
doit même y avoir des hôpitaux dans un
Etat dont la plupart des citoyens n'ont que
leur , induftrie pour reffource , parce que
cette induftrie peut quelquefois être malheureuſe
; mais les fecours que ces hôpitaux
donnent , ne doivent être que paffagers
, pour ne point encourager la mendicité
& la fainéantife. Il faut commencer
par rendre le peuple riche , & bâtir enfuite
des hôpitaux pour les befoins imprévus
& preffans . Malheureux les Pays où
la multitude des hôpitaux & des monafteres
, qui ne font que des hôpitaux perpétuels
, fait que tout le monde eft à fon
aife , excepté ceux qui travaillent.
M. de Montefquieu n'a encore parlé
que des loix humaines. Il paffe maintenant
à celles de la Religion , qui dans prefque
tous les Etats font un objet fi effentiel
du gouvernement. Par- tout il fait l'éloge
du Chriftaifine ; il en montre les avantages
& la grandeur ; il cherche à le faire
aimer. Il foutient qu'il n'eft pas impoffi
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
ble , comme Bayle l'a prétendu , qu'une
fociété de parfaits Chrétiens forme un
Etat fubfiftant & durable . Mais il s'eft cru
permis auffi d'examiner ce que les différentes
Religions ( humainement parlant )
peuvent avoir de conforme ou de contraire
au génie & à la fituation des peuples
qui les profeffent. C'est dans ce point de
vue qu'il faut lire tout ce qu'il a écrit fur
cette matiere , & qui a été l'objet de tant
de déclamations injuftes. Il eft furprenant
furtout que dans un fiecle qui en appelle
tant d'autres barbares , on lui ait fait un
crime de ce qu'il dit de la tolérance ; comme
fi c'étoit approuver une religion que
de la tolérer comme fi enfin l'Evangile
même ne profcrivoit pas tout autre moyende
le répandre , que la douceur & la perfuafion.
Ceux en qui la fuperftition n'a
pas éteint tout fentiment de compaflion
& de juftice , ne pourront lire , fans être
attendris , la remontrance aux Inquifiteurs,
ce tribunal odieux , qui outrage la Religion
en paroiffant la venger.
Enfin après avoir traité en particulier
des différentes efpeces de loix que les
hommes peuvent avoir , il ne reste plus
qu'à les comparer toutes enfemble , & à
les examiner dans leur rapport avec les
chofes fur lefquelles elles ftatuent. Les
DECEMBRE. 1755. 101
hommes font gouvernés par différentes efpeces
de loix ; par le droit naturel , commun
à chaque individu ; par le droit divin
, qui eft celui de la Religion ; par le
droit eccléfiaftique , qui eft celui de la
police de la Religion ; par le droit civil ,
qui eft celui des membres d'une même
fociété
; par
le droit politique , qui eft celui
du gouvernement de cette fociété ; par
le droit des gens , qui eft celui des fociétés
les unes par rapport aux autres. Ces droits
ont chacun leurs objets diftingués , qu'il
faut bien fe garder de confondre. On
ne doit jamais régler par l'un ce qui appar
tient à l'autre , pour ne point mettre de dé
fordre ni d'injuftice dans les principes qui
gouvernent les hommes . Il faut enfin que
les principes qui prefcrivent le genre des
loix , & qui en circonfcrivent l'objet , regnent
auffi dans la maniere de les compofer.
L'efprit de modération doit , autant qu'il eft
poffible , en dicter toutes les difpofitions.
Des loix bien faites feront conformes à
l'efprit du Législateur , même en paroiffant
s'y oppofer. Telle étoit la fameuſe
loi de Solon , par laquelle tous ceux qui
ne prenoient point de part dans les féditions
, étoient déclarés infâmes . Elle prévenoit
les féditions , ou les rendoit utiles.
en forçant tous les membres de la Répu
1
1
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
blique à s'occuper de fes vrais intérêts .
L'Oftracifime même étoit une très - bonne
loi ; car d'un côté elle étoit honorable au
citoyen qui en étoit l'objet , & prévenoit
de l'autre les effets de l'ambition ; il falloit
d'ailleurs un très - grand nombre de fuffrages,
& on ne pouvoit bannir que tous les
cinq ans. Souvent les loix qui paroiffent les
mêmes, n'ont ni le même motif, ni le même
effet , ni la même équité : la forme du gouvernement
, les conjonctures & le génie du
peuple changent tout . Enfin le ftyle des
loix doit être fimple & grave : elles peuvent
fe difpenfer de motiver , parce que
le motif eft fuppofé exifter dans l'efprit
du Législateur ; mais quand elles motivent
, ce doit être fur des principes évidens
elles ne doivent pas reffembler à
cette loi qui , défendant aux aveugles de
plaider , apporte pour raifon qu'ils ne peuvent
pas voir les ornemens de la Magiftrature
.
M. de Montefquieu , pour montrer par
des exemples l'application de fes principes
, a choifi deux différens peuples , le
plus célébre de la terre , & celui dont
'Hiftoire nous intéreffe le plus , les Romains
& les François. Il ne s'attache qu'a
une partie de la Jurifprudence du premier;
celle qui regarde les fucceffions . A l'égard
DECEMBRE. 1755. 103
turs ,
des François , il entre dans le plus grand
détail fur l'origine & les révolutions de
leurs loix civiles , & fur les différens
ufages abolis ou fubfiftans , qui en ont été
la fuite il s'étend principalement fur les
loix féodales , cette efpece de gouvernement
inconnu à toute l'antiquité , qui le
fera peut- être pour toujours aux fiecles fur-
& qui a fait tant de biens & tant
de maux. Il difcute fur-tout ces loix dans
le rapport qu'elles ont à l'établiffement &
aux révolutions de la Monarchie Françoife
; il prouve , contre M. l'Abbé du
Bos , que les Francs font réellement entrés
en conquérans dans les Gaules , &
qu'il n'eft pas vrai , comme cet Auteur le
prétend , qu'ils ayent été appellés par les
peuples pour fuccéder aux droits des Empereurs
Romains qui les opprimoient :
détail profond , exact & curieux , mais
dans lequel il nous eft impoffible de le
fuivre , & dont les points principaux fe
trouveront d'ailleurs répandus dans différens
endroits de ce Dictionnaire , aux articles
qui s'y rapportent.
Telle eft l'analyfe générale , mais trèsinforme
& très-imparfaite , de l'ouvrage
de M. de Montefquieu : nous l'avons féparée
du refte de fon éloge , pour ne pas
trop interrompre la fuite de notre récit.
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
M. Dalembert nous permettra de combattre
ici fa modeftie . Nous ofons dire , d'après
la voix publique , que cette analyſe
eft un modele, qu'elle met l'Efprit des Loix
dans tout fon jour , & qu'il n'eft pas poffible
d'en faire une meilleure . Heureux
le texte , quelque mérite qu'il ait en foi ,
qui eft ainfi commenté !
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Résumé : Analyse de l'Esprit des Loix, contenue dans la note qui accompagne l'Eloge de M. de Montesquieu par M. d'Alembert. Nous l'avions annoncée pour le premier Mercure de ce mois, & nous acquittons notre parole.
Le texte présente une analyse de l'œuvre 'De l'esprit des lois' de Montesquieu, souvent mal comprise par les critiques. L'auteur de l'analyse se propose d'explorer le plan, le caractère et l'objet de l'ouvrage, en se concentrant sur les pensées et travaux de Montesquieu, ce qui est pertinent dans le contexte de l'Encyclopédie. L'analyse examine les concepts d'état de nature et de société, où les hommes, initialement régis par le droit du plus fort, établissent des sociétés pour créer un équilibre moral. Cet équilibre est rare et durable, et les hommes cherchent souvent à jouir des avantages de la société sans en porter les charges, ce qui les met en état de guerre. Le texte distingue trois types de gouvernements : républicain, monarchique et despotique. Dans le gouvernement républicain, le peuple détient la souveraineté ; dans le monarchique, un seul gouvernant règne selon des lois fondamentales ; dans le despotique, la loi est la volonté du maître. Ces formes de gouvernement peuvent se combiner ou se nuancer. Les lois doivent être adaptées à la nature et au principe de chaque gouvernement. Par exemple, dans une démocratie, le peuple est à la fois monarque et sujet, élisant et jugeant ses magistrats. Dans une monarchie, il existe des pouvoirs intermédiaires entre le monarque et le peuple. Dans un despotisme, le tyran exerce son autorité seul ou par un représentant. Les principes des gouvernements sont l'amour de la République pour la démocratie, l'honneur pour la monarchie, et la crainte pour le despotisme. L'éducation doit également être adaptée à ces principes. Les lois doivent être conformes au principe de chaque gouvernement, et les peines doivent être proportionnées aux crimes, avec une préférence pour les peines douces dans les démocraties. Le texte examine ensuite les rapports entre les gouvernements, soulignant que les républiques doivent s'allier entre elles pour se défendre, tandis que les monarchies doivent avoir des frontières sûres. Le droit de conquête est légitime mais doit être utilisé pour améliorer la condition des peuples conquis. Enfin, l'analyse aborde la liberté politique, définie comme le pouvoir de faire ce que les lois permettent. Cette liberté dépend de la distribution légitime et de la répartition convenable des pouvoirs législatif et exécutif dans chaque État. Montesquieu examine les constitutions de la République romaine et de l'Angleterre, soulignant que l'excès de liberté ou de servitude a des inconvénients et que la nature humaine s'accommode mieux d'un état moyen. Les crimes doivent être punis de manière proportionnée à leur gravité. Les impôts doivent être proportionnés à la liberté, et dans les démocraties, ils peuvent être plus élevés sans être onéreux. Une quantité excessive de troupes en temps de paix est un moyen d'énerver l'État et d'instaurer la servitude. Le texte aborde également les circonstances particulières qui modifient les lois, telles que le climat et le terrain. L'esclavage civil est jugé contraire à la loi naturelle et peut être toléré uniquement dans les États despotiques ou dans les climats chauds. Montesquieu traite des lois relatives à la nature du terrain et au génie particulier de la nation, soulignant que la démocratie convient mieux aux pays stériles où la terre nécessite toute l'industrie des hommes. Le texte discute également des lois concernant le mariage et la population, ainsi que des principes de gouvernement et des lois religieuses. Les lois contre les mariages incestueux sont fondées sur des motifs naturels, bien que leur nécessité puisse varier selon les cultures. La propagation de l'espèce est favorisée par la liberté, la sécurité, la modération des impôts et la prohibition du luxe. Montesquieu examine les lois humaines et religieuses, soulignant les avantages du christianisme tout en discutant de la tolérance religieuse. Il compare différentes espèces de lois, insistant sur l'importance de ne pas les confondre. Les lois doivent être simples, graves et motivées par des principes évidents.
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1258
p. 245-248
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Aujourd'hui, le Roi s'est rendu à la Chambre des Pairs [...]
Mots clefs :
Londres, Parlement, Sa Majesté, Discours, Colonies américaines, Adresse au roi, Régiments
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE
.
DE LONDRES , le 13 Novembre.
Aujourd'hui , le Roi s'eft rendu à la Chambre
des Pairs avec les cérémonies accoutumées ; & Sa
Majefté ayant mandé la Chambre des Communes ,
a fait l'ouverture du Parlement par le Difcours
fuivant.
Mylords & Meffieurs , La fituation critique où
font actuellement les affaires , & la volonté dans
laquelle je fuis conflamment de m'appuyer des avis
de l'affiftance de mon Parlement dans toutes les
occafions importantes , m'ont fait fouhaiter de vous
raffembler le plutôt qu'il feroit poffible. Depuis vo
tre derniere Seffion , j'ai pris les mesures qui pouvoient
le plus contribuer à protéger nos poffeffions en
Amérique , & à nous faire recouvrer ce qui en a été
enlevé ou par empietement ou par invasion , au mépris
de la paix , & contre la foi des Traités les plus
folemnels. Pour remplir ces objets , on a apporté
autant de diligence que d'attention , à mettre en
état les forces maritimes de ces Royaumes , & à les
employer : quelques troupes de terres ont été envoyées
dans l'Amérique Septentrionale , & l'on afourni aux
différentes Colonies tous les encouragemens propres
les animer tant à leur propre défense , qu'a la défenfe
des droits de la Grande Bretagne . Avec unfincere
defir de garantir mon Peuple des malheurs de la
guerre, & deprévenir , au milieu des troubles préfens
, tout ce qui pourroit en allumer une générale en
Europe , j'ai été toujours prêt à accepter des voies
raisonnables honorables d'accommodement ; mais
jufqu'ici la France n'en a proposé aucune. Auffij'ai
borné mes vues, à empêcher cette Puillance de faire
de nouvelles ufurpations , ou de foutenir celles qu'sty
Lij
246 MERCURE DE FRANCE.
le a déja faites ; à faire pleinement connoître le droit
que nous avons de demander une fatisfaction pour
des hoftilités commifes dans le tems d'une profonde
paix, à faire échouer les deffeins qui , felon ce
que diverfes apparences & plufieurs préparatifs donnent
lieu de croire , ont été formés contre mes Royaumes
& mes Domaines. l'ai ſuivi en cela le fiflême
que je vous ai communiqué précédemment , & vous
m'avez donné les plus fortes afurances , que vous
m'aideriez efficacement à le faire réuffer . Quelle
Puiffance pourroit nous reprocher des démarches fi
néceffaires à notre fureté? Mon Frere le Roi d'Elpagne
ne regarde point d'un oeil indifférent l'orage qui
s'est élevé; & prenant un vif intérêt au commun
bonheur de l'Europe , il défire ardemment le mainzien
de la tranquillitégénérale . Il m'a fait aſſurer,
qu'il perfifteroit dans les mêmes fentimens pacifiques.
Occupé de ces grandes fins , je ne doute pas que mon
Parlement ne me feconde avec vigueur & avec zele ,
& que , dans une conjoncture où il s'agit fi particulierement
de l'intérêt de la Nation , les promeffes que
vous m'avezfaites dans votre derniere Sffion n'ayent
leur plein effet. En conféquence , j'ai confidérablement
multiplié mes armemens fur mer; j'ai fait auſſi
une augmentation dans mes forces de terre , de la
maniere la moins onéreuse qu'il a été poffible ; j'ai
conclu en même tems deux Traités , l'un avec l'Impératrice
de Ruffie , l'autre avec le Landgrave de
Hele -Caffel , lefquels vous feront communiqués.
Meffieurs de la Chambre des Communes , J'ai ordonné
qu'on vous remit les états pour le fervice de
P'année prochaine & les comptes des dépenses extraordinaires
, qui ont été faites cette année , ſuivant le
pouvoir que j'ai reçu du Parlement . Je vois avecgrand
chagrin , que le befoin de l'Etat exige de forts
fubfides. Je vous de mande feulement lesfecours fans
DECEMBRE. 1755. 247
lefquels je ne pourrois foutenir les entreprises commencées
, conformément à vos intentions , pour la
fureté de mes Royaumes , pour les autres objets
dont je vous ai déja parlé. Quelques sommes que
vous mefournifficz , vous devez compter qu'elles feront
employées avec la plus exacte économie , & uniquement
aux usages pour lefquels vous les deſtinerez .
Mylords & Meffieurs , Je me repose sur votre affec
tion & fur votre fidélité , dont je fais depuis fi longtems
l'expérience. It ne s'eft jamais préfenté de circonftances
dans lesquelles mon honneur & les inté
rêts dela Grande- Bretagneayent requisplus que dans
celle- ci , que vous délibéraffiez avec zele , unanimité
promptitude. Après que le Roi s'eft rétiré ,
les deux Chambres ont réfolu de préfenter chacune
une Adreffe à Sa Majefté. Les Seigneurs préfenteront
demain la leur. La Chambre des Communes
doit préfenter la fenne après demain . On
affure que fi la guerre fe déclare , le fubfide pour
l'année 1756 fera de huit millions fterlings . Le
bruit court auffi , que le Parlement paffera un
Bill , pour établir la Milice dans toutes les Provinces
de la Grande-Bretagne. Le feur Henriques
a préfenté aujourd'hui à tous les Membres des
deux Chambres fon projet , pour lever trois millions
fterlings chaque année par une Loterie.
Sa Majesté a déclaré que fuppofé qu'on fût dans
la néceffité d'affembler une armée , le Duc de
Cumberland la commanderoit en chef , & qu'il
auroit fous fes ordres le Chevalier Ligonier , Général
de Cavalerie ; le fieur Hawley , le Lord Tirawley
, le fieur Campbell . le Duc de Marlboroug
& le Chevalier Mordaunt , Lieutenans- Généraux
, le fieur Stuart , les Comtes de Loudon &
& de Panmure , le Lord Georges Sackeville & le
Comte d'Ancram , Majors Généraux. Le Gouver
248 MERCURE DE FRANCE.
nement le propofe de faire encore une nouvelle
augmentation de vingt hommes par Compagnies
dans chaque Régiment d'Infanterie fur l'établiffement
de la GrandeBretagne . Il y aura une pareille
augmentation dans le Régiment de Cavalerie
des Gardes Bleues.
Le 19 , l'Amiral Weft fit voile de Plymouth avec
une efcadre. Il eft à préfent décidé que l'Amiral.
Boscawen hivernera avec la fienne en Amérique.
On a fait partir deux vaiffeaux , l'un pour le Ĥavre-
de -Grace , Pautre pour Saint-Malo . Ces Bâtimens
ont à bord un grand nombre de paflagers
& de négocians , qui fe font trouvés à bord des
prifes faites fur les François.
.
DE LONDRES , le 13 Novembre.
Aujourd'hui , le Roi s'eft rendu à la Chambre
des Pairs avec les cérémonies accoutumées ; & Sa
Majefté ayant mandé la Chambre des Communes ,
a fait l'ouverture du Parlement par le Difcours
fuivant.
Mylords & Meffieurs , La fituation critique où
font actuellement les affaires , & la volonté dans
laquelle je fuis conflamment de m'appuyer des avis
de l'affiftance de mon Parlement dans toutes les
occafions importantes , m'ont fait fouhaiter de vous
raffembler le plutôt qu'il feroit poffible. Depuis vo
tre derniere Seffion , j'ai pris les mesures qui pouvoient
le plus contribuer à protéger nos poffeffions en
Amérique , & à nous faire recouvrer ce qui en a été
enlevé ou par empietement ou par invasion , au mépris
de la paix , & contre la foi des Traités les plus
folemnels. Pour remplir ces objets , on a apporté
autant de diligence que d'attention , à mettre en
état les forces maritimes de ces Royaumes , & à les
employer : quelques troupes de terres ont été envoyées
dans l'Amérique Septentrionale , & l'on afourni aux
différentes Colonies tous les encouragemens propres
les animer tant à leur propre défense , qu'a la défenfe
des droits de la Grande Bretagne . Avec unfincere
defir de garantir mon Peuple des malheurs de la
guerre, & deprévenir , au milieu des troubles préfens
, tout ce qui pourroit en allumer une générale en
Europe , j'ai été toujours prêt à accepter des voies
raisonnables honorables d'accommodement ; mais
jufqu'ici la France n'en a proposé aucune. Auffij'ai
borné mes vues, à empêcher cette Puillance de faire
de nouvelles ufurpations , ou de foutenir celles qu'sty
Lij
246 MERCURE DE FRANCE.
le a déja faites ; à faire pleinement connoître le droit
que nous avons de demander une fatisfaction pour
des hoftilités commifes dans le tems d'une profonde
paix, à faire échouer les deffeins qui , felon ce
que diverfes apparences & plufieurs préparatifs donnent
lieu de croire , ont été formés contre mes Royaumes
& mes Domaines. l'ai ſuivi en cela le fiflême
que je vous ai communiqué précédemment , & vous
m'avez donné les plus fortes afurances , que vous
m'aideriez efficacement à le faire réuffer . Quelle
Puiffance pourroit nous reprocher des démarches fi
néceffaires à notre fureté? Mon Frere le Roi d'Elpagne
ne regarde point d'un oeil indifférent l'orage qui
s'est élevé; & prenant un vif intérêt au commun
bonheur de l'Europe , il défire ardemment le mainzien
de la tranquillitégénérale . Il m'a fait aſſurer,
qu'il perfifteroit dans les mêmes fentimens pacifiques.
Occupé de ces grandes fins , je ne doute pas que mon
Parlement ne me feconde avec vigueur & avec zele ,
& que , dans une conjoncture où il s'agit fi particulierement
de l'intérêt de la Nation , les promeffes que
vous m'avezfaites dans votre derniere Sffion n'ayent
leur plein effet. En conféquence , j'ai confidérablement
multiplié mes armemens fur mer; j'ai fait auſſi
une augmentation dans mes forces de terre , de la
maniere la moins onéreuse qu'il a été poffible ; j'ai
conclu en même tems deux Traités , l'un avec l'Impératrice
de Ruffie , l'autre avec le Landgrave de
Hele -Caffel , lefquels vous feront communiqués.
Meffieurs de la Chambre des Communes , J'ai ordonné
qu'on vous remit les états pour le fervice de
P'année prochaine & les comptes des dépenses extraordinaires
, qui ont été faites cette année , ſuivant le
pouvoir que j'ai reçu du Parlement . Je vois avecgrand
chagrin , que le befoin de l'Etat exige de forts
fubfides. Je vous de mande feulement lesfecours fans
DECEMBRE. 1755. 247
lefquels je ne pourrois foutenir les entreprises commencées
, conformément à vos intentions , pour la
fureté de mes Royaumes , pour les autres objets
dont je vous ai déja parlé. Quelques sommes que
vous mefournifficz , vous devez compter qu'elles feront
employées avec la plus exacte économie , & uniquement
aux usages pour lefquels vous les deſtinerez .
Mylords & Meffieurs , Je me repose sur votre affec
tion & fur votre fidélité , dont je fais depuis fi longtems
l'expérience. It ne s'eft jamais préfenté de circonftances
dans lesquelles mon honneur & les inté
rêts dela Grande- Bretagneayent requisplus que dans
celle- ci , que vous délibéraffiez avec zele , unanimité
promptitude. Après que le Roi s'eft rétiré ,
les deux Chambres ont réfolu de préfenter chacune
une Adreffe à Sa Majefté. Les Seigneurs préfenteront
demain la leur. La Chambre des Communes
doit préfenter la fenne après demain . On
affure que fi la guerre fe déclare , le fubfide pour
l'année 1756 fera de huit millions fterlings . Le
bruit court auffi , que le Parlement paffera un
Bill , pour établir la Milice dans toutes les Provinces
de la Grande-Bretagne. Le feur Henriques
a préfenté aujourd'hui à tous les Membres des
deux Chambres fon projet , pour lever trois millions
fterlings chaque année par une Loterie.
Sa Majesté a déclaré que fuppofé qu'on fût dans
la néceffité d'affembler une armée , le Duc de
Cumberland la commanderoit en chef , & qu'il
auroit fous fes ordres le Chevalier Ligonier , Général
de Cavalerie ; le fieur Hawley , le Lord Tirawley
, le fieur Campbell . le Duc de Marlboroug
& le Chevalier Mordaunt , Lieutenans- Généraux
, le fieur Stuart , les Comtes de Loudon &
& de Panmure , le Lord Georges Sackeville & le
Comte d'Ancram , Majors Généraux. Le Gouver
248 MERCURE DE FRANCE.
nement le propofe de faire encore une nouvelle
augmentation de vingt hommes par Compagnies
dans chaque Régiment d'Infanterie fur l'établiffement
de la GrandeBretagne . Il y aura une pareille
augmentation dans le Régiment de Cavalerie
des Gardes Bleues.
Le 19 , l'Amiral Weft fit voile de Plymouth avec
une efcadre. Il eft à préfent décidé que l'Amiral.
Boscawen hivernera avec la fienne en Amérique.
On a fait partir deux vaiffeaux , l'un pour le Ĥavre-
de -Grace , Pautre pour Saint-Malo . Ces Bâtimens
ont à bord un grand nombre de paflagers
& de négocians , qui fe font trouvés à bord des
prifes faites fur les François.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 13 novembre, le roi de Grande-Bretagne a ouvert le Parlement en présence des Chambres des Pairs et des Communes. Il a mis en lumière la situation critique des affaires et la nécessité de protéger les possessions en Amérique, menacées par des empiètements ou des invasions. Pour ce faire, des mesures ont été prises pour renforcer les forces maritimes et terrestres, et des encouragements ont été fournis aux colonies pour leur défense. Le roi a exprimé son désir d'éviter la guerre tout en se préparant à des accommodements honorables, mais la France n'a proposé aucune voie raisonnable. Il a également mentionné les efforts pour empêcher de nouvelles usurpations françaises et pour garantir les droits de la Grande-Bretagne. Le roi d'Espagne a assuré son soutien pacifique. Le Parlement a été informé de l'augmentation des armements et des forces terrestres, ainsi que de la conclusion de traités avec l'Impératrice de Russie et le Landgrave de Hesse-Cassel. Le roi a demandé des subsides pour soutenir les entreprises en cours et a assuré une gestion économique des fonds. Les Chambres ont résolu de présenter des adresses au roi, et des préparatifs militaires ont été annoncés, incluant la nomination de hauts gradés pour une éventuelle armée. Des augmentations de troupes dans les régiments d'infanterie et de cavalerie ont également été proposées. L'Amiral Boscawen hivernera en Amérique, et deux vaisseaux ont été envoyés vers la France avec des prisonniers.
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1259
p. 5
SUR LA NAISSANCE de M. le Comte de Provence.
Début :
Que du plus beau sang du monde, [...]
Mots clefs :
Naissance, Comte de Provence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LA NAISSANCE de M. le Comte de Provence.
SUR LA NAISSANCE
de M. le Comte de Provence.
Ue du plus beau fang du monde ,
Notre Dauphine féconde ,
Augmente les rejettons ;
Et nous donne autant de Princes
Que la France a de Provinces ,
Sans celles que nous prendrons.
de M. le Comte de Provence.
Ue du plus beau fang du monde ,
Notre Dauphine féconde ,
Augmente les rejettons ;
Et nous donne autant de Princes
Que la France a de Provinces ,
Sans celles que nous prendrons.
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1260
p. 6
Impromptu sur les Successeurs de Henry IV.
Début :
On vit en Louis treize un Antonin le Juste : [...]
Mots clefs :
Successeurs, Henry IV
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Impromptu sur les Successeurs de Henry IV.
Impromptu fur les Succeffeurs de Henry IV.
ON vit en Louis treize un Antonin le Jufte :-
Son fils renouvella le beau fiecle d'Auguſte :
Louis le Bien-aimé ſçait ſeul , par ſes vertus ,
Faire revivre Augufte , Antonin & Titus.
Par M. de Lanevere , ancien Monfquetaire
du Roi ; à Dax , le 18 Octobre , 1755.
ON vit en Louis treize un Antonin le Jufte :-
Son fils renouvella le beau fiecle d'Auguſte :
Louis le Bien-aimé ſçait ſeul , par ſes vertus ,
Faire revivre Augufte , Antonin & Titus.
Par M. de Lanevere , ancien Monfquetaire
du Roi ; à Dax , le 18 Octobre , 1755.
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1261
p. 50-51
VERS Sur M. le Comte de Provence.
Début :
Quel redoutable bruit ! Le Maître du tonnerre, [...]
Mots clefs :
Comte de Provence
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texteReconnaissance textuelle : VERS Sur M. le Comte de Provence.
Nous avons cru devoir inférer ici les différentes
pieces de vers qui nous ont été envoyées
fur la naillance de Monfeigneur le
Comte de Provence. Si elles ne marquent
pas toutes le talent , elles prouvent du
moins le zele , & un évenement aufli intérellant
pour la France , ne peut être trop
célébré,
DECEMBRE . 1755 . 1755. ST
QU
VERS
Sur M. le Comte de Provence.
Uel redoutable bruit ! Le Maître du tonnerre,
Las de régner aux Cieux , defcend-t'il fur la terre?
Dans les bras de Morphée on m'arrache au repos.
Mais un lys éclatant fuccede à mes pavots .
Réveil délicieux ! un Bourbon vient de naître ;
De tous les coeurs françois , il eft déja le maître :
La France tous les ans s'enrichit d'un Héros.
Quelle race en vertus fut jamais plus féconde ,
Et plus digne d'orner tous les trônes du monde ?
pieces de vers qui nous ont été envoyées
fur la naillance de Monfeigneur le
Comte de Provence. Si elles ne marquent
pas toutes le talent , elles prouvent du
moins le zele , & un évenement aufli intérellant
pour la France , ne peut être trop
célébré,
DECEMBRE . 1755 . 1755. ST
QU
VERS
Sur M. le Comte de Provence.
Uel redoutable bruit ! Le Maître du tonnerre,
Las de régner aux Cieux , defcend-t'il fur la terre?
Dans les bras de Morphée on m'arrache au repos.
Mais un lys éclatant fuccede à mes pavots .
Réveil délicieux ! un Bourbon vient de naître ;
De tous les coeurs françois , il eft déja le maître :
La France tous les ans s'enrichit d'un Héros.
Quelle race en vertus fut jamais plus féconde ,
Et plus digne d'orner tous les trônes du monde ?
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Résumé : VERS Sur M. le Comte de Provence.
En décembre 1755, des poèmes célèbrent la naissance du Comte de Provence. Ils expriment la surprise et la joie, comparant l'événement à un éclair après un sommeil paisible. Le nouveau-né, membre de la famille Bourbon, est acclamé comme un futur maître des cœurs français. Les poèmes soulignent la fécondité et la dignité de la race Bourbon.
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1262
p. 51
AUTRES.
Début :
Comment à nom le Jouvenceau ? [...]
Mots clefs :
Comte de Provence
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texteReconnaissance textuelle : AUTRES.
AUTRE S.
ComOmmmeenntt a nom le Jouvenceau ?
Ah ! c'eft le Comte de Provence.
Pour un petit Cadet de France ,
Cadédis , le friand morceau !
Un Gentilhomme n'eft pas mince
Quand d'un tel fief on le fait Prince.
Il eft déja l'efpoir , l'honneur de fa province.
Mais lorsqu'on fort d'un fang fi beau ;
Les plus petits font grands dès le berceau.
ComOmmmeenntt a nom le Jouvenceau ?
Ah ! c'eft le Comte de Provence.
Pour un petit Cadet de France ,
Cadédis , le friand morceau !
Un Gentilhomme n'eft pas mince
Quand d'un tel fief on le fait Prince.
Il eft déja l'efpoir , l'honneur de fa province.
Mais lorsqu'on fort d'un fang fi beau ;
Les plus petits font grands dès le berceau.
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1263
p. 52-53
VERS Présentés au Roi, le lendemain de l'accouchement de Madame la Dauphine, sur la naissance de Monseigneur le Comte de Provence, le 17 Novembre 1755.
Début :
Au milieu du repos des ombres de la nnit, [...]
Mots clefs :
Comte de Provence, Puissance
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texteReconnaissance textuelle : VERS Présentés au Roi, le lendemain de l'accouchement de Madame la Dauphine, sur la naissance de Monseigneur le Comte de Provence, le 17 Novembre 1755.
VERS
Préfentés au Roi , le lendemain de l'accouchement
de Madame la Dauphine , fur la
naissance de Monseigneur le Comte de
Provence , le 17 Novembre 1755.
Au milieu du repos des ombres de la nnit , - U
Quel aftre étincelant commence la carriere ?
Empreffez-vous , François ; par l'éclat qui le fuit
Célébrez dans vos chants fa naiffante lumiere.
Dans cet enfant chéri , que nous donnent les
- Dieux ,
De leurs nouveaux bienfaits fa naiſſance eft le
gage.
Son ayeul adoré poffede avantage
De régner dans fes fils fur ces climats heureux.
Pere & Roi fortuné , cette famille augufte ,
Ainfi que fon pouvoir , s'augmente chaque jour .
Maître de nos deſtins , s'il a tout notre amour ,
Quel hommage flatteur , quel tribut eſt plus jufte s
De l'Aurore au Couchant , les fiecles à venir ,
De ce Prince immortel méditeront l'hiſtoire .
Ses rares qualités , fa prudence , & fa gloire ,
Feront de nos neveux le plus cher fouvenir.
DECEMBRE. 1755. 53
Ses exploits , fa fageffe , affurent fa puiffance.
Envain de notre fort un grand peuple eft jaloux ,
Le ciel plaçant Louis pour élever la France ,
Eternife avec lui notre eſpoir le plus doux.
En formant des Héros pour régir cet empire ,
Louis , dans fes enfans , retrouve les vertus ;
Notre félicité , dans fes foins affidus ,
Eft un des fentimens que fon coeur leur infpire
Que le fang des Bourbons commande à l'univers !
Le bonheur des humains fondé fur leur puiffance,
Garantit l'avenir , fixe notre efpérance .
Qui pourroit fous leurs loix redouter des revers ?
La Seine, en arrofant ces fertiles rivages ,
De ces Princes chéris verra les defcendans
Auffi grands dans la paix , qu'illuftres conquérans,
De Tite , & de Trajan rappeller les images.
Par J. Martinot , Valet de Chambre , Hor-
Loger de Sa Majesté .
Préfentés au Roi , le lendemain de l'accouchement
de Madame la Dauphine , fur la
naissance de Monseigneur le Comte de
Provence , le 17 Novembre 1755.
Au milieu du repos des ombres de la nnit , - U
Quel aftre étincelant commence la carriere ?
Empreffez-vous , François ; par l'éclat qui le fuit
Célébrez dans vos chants fa naiffante lumiere.
Dans cet enfant chéri , que nous donnent les
- Dieux ,
De leurs nouveaux bienfaits fa naiſſance eft le
gage.
Son ayeul adoré poffede avantage
De régner dans fes fils fur ces climats heureux.
Pere & Roi fortuné , cette famille augufte ,
Ainfi que fon pouvoir , s'augmente chaque jour .
Maître de nos deſtins , s'il a tout notre amour ,
Quel hommage flatteur , quel tribut eſt plus jufte s
De l'Aurore au Couchant , les fiecles à venir ,
De ce Prince immortel méditeront l'hiſtoire .
Ses rares qualités , fa prudence , & fa gloire ,
Feront de nos neveux le plus cher fouvenir.
DECEMBRE. 1755. 53
Ses exploits , fa fageffe , affurent fa puiffance.
Envain de notre fort un grand peuple eft jaloux ,
Le ciel plaçant Louis pour élever la France ,
Eternife avec lui notre eſpoir le plus doux.
En formant des Héros pour régir cet empire ,
Louis , dans fes enfans , retrouve les vertus ;
Notre félicité , dans fes foins affidus ,
Eft un des fentimens que fon coeur leur infpire
Que le fang des Bourbons commande à l'univers !
Le bonheur des humains fondé fur leur puiffance,
Garantit l'avenir , fixe notre efpérance .
Qui pourroit fous leurs loix redouter des revers ?
La Seine, en arrofant ces fertiles rivages ,
De ces Princes chéris verra les defcendans
Auffi grands dans la paix , qu'illuftres conquérans,
De Tite , & de Trajan rappeller les images.
Par J. Martinot , Valet de Chambre , Hor-
Loger de Sa Majesté .
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Résumé : VERS Présentés au Roi, le lendemain de l'accouchement de Madame la Dauphine, sur la naissance de Monseigneur le Comte de Provence, le 17 Novembre 1755.
Le poème célèbre la naissance du Comte de Provence, futur Louis XVIII, le 17 novembre 1755. Présenté au Roi le lendemain de l'accouchement de Madame la Dauphine, il loue cet événement comme un signe des bienfaits divins et souligne l'augmentation du pouvoir et de la famille royale. Le texte prédit que les générations futures admireront l'histoire de ce prince, mettant en avant ses qualités, sa prudence et sa gloire. Il exalte également les exploits et la sagesse du roi Louis, comparant sa descendance à des héros capables de régir l'empire. La puissance des Bourbons est présentée comme garantissant l'avenir et l'espérance, assurant le bonheur des humains. La Seine est évoquée comme témoin des descendants de ces princes, aussi grands en paix qu'en tant que conquérants illustres, rappelant les images de Tite et de Trajan. Le poème est signé par J. Martinot, Valet de Chambre et Horloger de Sa Majesté.
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1264
p. 54-55
VERS Présentés au Roi à l'occasion de la naissance de Monseignenr le Comte de Provence, par M. Le Monnier.
Début :
Au milieu d'une nuit obscure, [...]
Mots clefs :
Comte de Provence, Bonheur
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texteReconnaissance textuelle : VERS Présentés au Roi à l'occasion de la naissance de Monseignenr le Comte de Provence, par M. Le Monnier.
VERS
Préfentés au Roi à l'occafion de la naissance
de Monfeignenr le Comte de Provence , par
M. Le Monnier.
Aumilieu d'une nuit obſcure , U
Quelle vive clarté ſe répand dans les airs ?
La terre en un inſtant ſe couvre de verdure :
Flore paroît braver la glace des hyvers :
Quel ſpectacle pompeux embellit la nature ?
Sur les bords argentés d'une onde vive & pure ;
S'éleve un tendre lys , l'amour de l'univers .
Mais que vois -je ?.... Du fein de fa tige féconde ,
Sort tout à coup un jeune enfant ;
Afon air doux & triomphant ,
Il paroît être né pour le bonheur du monde.
Tous les Dieux à l'envi , le comblent de leurs
dons :
Minerve lui fourit , la Gloire l'environne ,
La main des Graces le couronne.
Puis-je vous méconnoître , & race des Bourbons ,
A cette majefté dont l'éclat nous étonne !
Croiffez , aimable enfant , fous les yeux de Louis
Joignez à la vertu de votre illuftre mere
La valeur , la bonté de votre auguſte pere ,
Et méritez un jour le beau nom de fon fils.
DECEMBRE. 1755 . SS
Louis à ton bonheur rien ne peut mettre obſtacle.
Tout réuffit au-delà de tes voeux :
Comblés de tes bienfaits , nos coeurs font un
oracle
Qui t'annonce à jamais le fort le plus heureux.
Pourfuis : chaque moment d'un regne glorieux
Doit être confacré par un nouveau miracle.
Préfentés au Roi à l'occafion de la naissance
de Monfeignenr le Comte de Provence , par
M. Le Monnier.
Aumilieu d'une nuit obſcure , U
Quelle vive clarté ſe répand dans les airs ?
La terre en un inſtant ſe couvre de verdure :
Flore paroît braver la glace des hyvers :
Quel ſpectacle pompeux embellit la nature ?
Sur les bords argentés d'une onde vive & pure ;
S'éleve un tendre lys , l'amour de l'univers .
Mais que vois -je ?.... Du fein de fa tige féconde ,
Sort tout à coup un jeune enfant ;
Afon air doux & triomphant ,
Il paroît être né pour le bonheur du monde.
Tous les Dieux à l'envi , le comblent de leurs
dons :
Minerve lui fourit , la Gloire l'environne ,
La main des Graces le couronne.
Puis-je vous méconnoître , & race des Bourbons ,
A cette majefté dont l'éclat nous étonne !
Croiffez , aimable enfant , fous les yeux de Louis
Joignez à la vertu de votre illuftre mere
La valeur , la bonté de votre auguſte pere ,
Et méritez un jour le beau nom de fon fils.
DECEMBRE. 1755 . SS
Louis à ton bonheur rien ne peut mettre obſtacle.
Tout réuffit au-delà de tes voeux :
Comblés de tes bienfaits , nos coeurs font un
oracle
Qui t'annonce à jamais le fort le plus heureux.
Pourfuis : chaque moment d'un regne glorieux
Doit être confacré par un nouveau miracle.
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Résumé : VERS Présentés au Roi à l'occasion de la naissance de Monseignenr le Comte de Provence, par M. Le Monnier.
Le poème célèbre la naissance du Comte de Provence, futur Louis XVIII, en décembre 1755. Une nuit obscure s'illumine soudainement, symbolisant cet événement. La nature se transforme, se couvrant de verdure et de fleurs, et un lys, symbole de pureté, apparaît. Un jeune enfant, né pour le bonheur du monde, reçoit des dons divins : Minerve lui offre la sagesse, la Gloire l'entoure, et les Grâces le couronnent. Le poète reconnaît en cet enfant un membre de la race des Bourbons, admirant sa majesté. Il souhaite que le comte, sous le regard de Louis XV, combine la vertu de sa mère et la valeur et la bonté de son père, méritant ainsi le nom de fils de Louis. Le poème se conclut en affirmant que rien ne peut entraver le bonheur du comte, dont le règne sera marqué par des miracles et des succès constants.
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1265
p. 57-58
LA NAISSANCE de Monseigneur le Comte de Provence. MUSETTE. Par M. Thomassin de Juilly, Garde du Corps du Roi ; mise en chant par M. de Buri, Surintendant de la Musique de Sa Majesté.
Début :
Bruyans tambours, fieres trompettes, [...]
Mots clefs :
Comte de Provence, Naissance, Naissance du Comte de Provence, Amour, Voeux
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texteReconnaissance textuelle : LA NAISSANCE de Monseigneur le Comte de Provence. MUSETTE. Par M. Thomassin de Juilly, Garde du Corps du Roi ; mise en chant par M. de Buri, Surintendant de la Musique de Sa Majesté.
LA NAISSANCE
de Monfeigneur
le Comte de Provence.
MU. SET TE .
Par M. Thomafin de Juilly , Garde du
Corps du Roi, & mife en chant par M. de..
Buri , Surintendant de la Musique de San
Majefté.
BRuyans tambours , fieres trompettes ,
Faites éclater nos tranfports ;
Au fon de nos tendres mufettes ,
Mêlez pour toujours vos accords ..
Des Dieux vous ferviez la vengeance ,
Maintenant ils font fatisfaits :
N'annoncez plus que leur clémence.
Ne chantez plus que leurs bienfaits.`.
Que tout cede à la douce ivreffe
Que nous inſpire un fi beau jour !
Nous le devons à la tendrefle ,
Puifqu'il eft produit par l'amour.
Libres de foucis & de craintes ,
Livrons-nous aux plus doux loiſirs :
Cv
JS MERCURE DE FRANCE.
Baniffons le trouble & les plaintes ;
Voici le regne des plaifirs.
串
O vous , Race illuftre & féconde ,
Qui rendez l'efpoir à nos voeux !
De Héros rempliffez le Monde :
C'eſt à vous à le rendre heureux.
L'Amour pour embellir nos fêtes ,
Fait régner les Graces , les Ris ;
Mais ce Dieu ne fait des conquêtes
Que pour vous en offrir le prix.
串
Que Lucine à nos voeux propice ,
Préfide à nos jeux , à nos airs !
Que le boccage retentiffe
Du bruit de nos tendres concerts !
Confacrons , Bergers , à la gloire
Et nos chalumeaux & nos voix :
Qu'à jamais fes dons , fa mémoire ,
Soient les délices de nos bois !
A Arc en Barois , le 22 Nouembre 175.5-
de Monfeigneur
le Comte de Provence.
MU. SET TE .
Par M. Thomafin de Juilly , Garde du
Corps du Roi, & mife en chant par M. de..
Buri , Surintendant de la Musique de San
Majefté.
BRuyans tambours , fieres trompettes ,
Faites éclater nos tranfports ;
Au fon de nos tendres mufettes ,
Mêlez pour toujours vos accords ..
Des Dieux vous ferviez la vengeance ,
Maintenant ils font fatisfaits :
N'annoncez plus que leur clémence.
Ne chantez plus que leurs bienfaits.`.
Que tout cede à la douce ivreffe
Que nous inſpire un fi beau jour !
Nous le devons à la tendrefle ,
Puifqu'il eft produit par l'amour.
Libres de foucis & de craintes ,
Livrons-nous aux plus doux loiſirs :
Cv
JS MERCURE DE FRANCE.
Baniffons le trouble & les plaintes ;
Voici le regne des plaifirs.
串
O vous , Race illuftre & féconde ,
Qui rendez l'efpoir à nos voeux !
De Héros rempliffez le Monde :
C'eſt à vous à le rendre heureux.
L'Amour pour embellir nos fêtes ,
Fait régner les Graces , les Ris ;
Mais ce Dieu ne fait des conquêtes
Que pour vous en offrir le prix.
串
Que Lucine à nos voeux propice ,
Préfide à nos jeux , à nos airs !
Que le boccage retentiffe
Du bruit de nos tendres concerts !
Confacrons , Bergers , à la gloire
Et nos chalumeaux & nos voix :
Qu'à jamais fes dons , fa mémoire ,
Soient les délices de nos bois !
A Arc en Barois , le 22 Nouembre 175.5-
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Résumé : LA NAISSANCE de Monseigneur le Comte de Provence. MUSETTE. Par M. Thomassin de Juilly, Garde du Corps du Roi ; mise en chant par M. de Buri, Surintendant de la Musique de Sa Majesté.
Le poème célèbre la naissance du Comte de Provence, futur Louis XVIII, le 22 novembre 1755 à Arc-en-Barrois. Il commence par une invocation aux tambours et trompettes pour annoncer la joie et la clémence divine. Le texte exprime la gratitude pour ce jour heureux, attribué à l'amour et à la tendresse. Il appelle à bannir les soucis et les plaintes pour entrer dans un règne de plaisirs. Le poème s'adresse à une race illustre et féconde, espérant qu'elle remplisse le monde de héros pour le rendre heureux. L'amour est présenté comme le moteur des fêtes, embellissant les célébrations par les grâces et les rires. Le texte souhaite que Lucine, déesse des accouchements, préside aux jeux et aux airs musicaux. Enfin, il invite les bergers à consacrer leurs chalumeaux et leurs voix à la gloire, afin que les dons et la mémoire de cet événement soient à jamais les délices des bois.
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1266
p. 133-140
Lettre écrite de Belley, à l'occasion du passage de M. le Marquis de Paulmy par cette ville.
Début :
Vous avez pris, Monsieur, une trop grande part à l'établissement du College [...]
Mots clefs :
Collège, Collège du Belley, Belley, Marquis de Paulmy, Ministre, Honneur, Province, Coeur, Joie, Chanoine, Guerre, Voeux
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texteReconnaissance textuelle : Lettre écrite de Belley, à l'occasion du passage de M. le Marquis de Paulmy par cette ville.
Lettre écrite de Belley , à l'occafion du paſſage
de M. le Marquis de Paulmy par cette
ville.
Ous avez pris , Monfieur , une trop
grande part à l'établiffement
du Cotlege
du Belley , dont j'eus l'honneur de
vous entretenir , il y a quelques mois ( 1 ) ,
pour vous laiffer ignorer fes actions d'éclat
& fes fuccés , dans les occafions furtout
qui intéreffent particulierement
la ville
& la province. Vous conviendrez
aifément
que le paffage de M. le Marquis de
Paulmy par Belley , eft un de ces momens
précieux également propres à s'attirer
l'attention de nos Mufes , & à exciter la
joie dans le coeur de nos citoyens .
Ce Miniftre arriva ici le famedi s Juil- S
let dernier fur les dix heures du foir. La
porte de la ville par laquelle il fit fon entrée
, étoit illuminée avec gout , & chargée
d'un cartouche , où on lifoit cette infcription
, qui étoit de M. Vinfon , Chanoine
Régulier de S. Antoine , Syndic du
College.
( 1 ) Voyez le Mercure d'Avril de cette année,
Page 147.
134 MERCURE DE FRANCE.
Felici Adventui
Supremi Bellorum Moderatoris
Tanto exultans hofpite
Bellicenfis Civitas
Plaudit.
L'écuffon des armes de M. le Marquis
de Paulmy faifoit partie de la décoration
de la porte. Vous fçavez que ce font deux
lions d'or paffans fur un fond d'azur . M.
Vinfon y avoit fait ajouter ce mot , Defenfuri
incedunt ; allufion noble , qui caracrerife
heureufement les fonctions du Miniftre
occupé pour lors à la vifite de nos
places de guerre.
L'infcription qui étoit placée fur la façade
de l'Hôtel de ville , pareillement illuminée
, eft de la même main , & elle exprime
la même penfée avec plus de développement
:
Vigilantiffimo
Belli Adminiftro ,
Provincias Tutanti Prafentiá ,
Hoftes Providentia Continenti ,
Gratulatur Bellicium.
Le lendemain de fon arrivée , M. le
Marquis de Paulniy reçut les complimens
des Syndics de la province, & des Corps
DECEMBRE. 1755. 135.
de la ville. Voici celui qui fut prononcé
par M. Granier , Chanoine Régulier de S.
Antoine , Profeffeur de Rhétorique , &
qui fut également gouté du Miniftre &
du Public.
Monfeigneur , votre arrivée eft l'é-
" poque de la joie publique , & vous êtes ,
» Monfeigneur , le digne objet de notre
» admiration & de nos hommages . La na-
» ture , en vous comblant de fes dons les
plus rares , vous infpira l'ardeur de les
» cultiver. Aux talens fupérieurs vous
» joignîtes bientôt les connoiffances les
plus vaftes , les plus fublimes vertus ,
» & vous fçûtes toujours tempérer leur
» éclat par le voile attrayant des qualités
» fociables. Dans un âge encore tendre
» vous fixâtes les regards du Monarque &
" les fuffrages du public. La carriere eft
» d'abord ouverte aux grands hommes.
» Leur mérite en marque l'étendue . Une
nation prudente & notre ancienne alliée
» vous vit menager auprès d'elle les in-
" térêts de notre Monarchie . Elle eut tout
» lieu d'être furprife de trouver dans un
» Ambaſſadeur auffi jeune la pénétration
» la plus vive , la circonfpection la plus
» réfléchie , la prudence la plus confom-
» mée. Devenu depuis l'arbitre de la guer-
» re , on vous voit , Monfeigneur , avec
و ر
"
136 MERCURE DE FRANCE.
, ر
» une activité furprenante , parcourir le
» Royaume de l'une à l'autre extrêmité ,
examiner tout par vous-même , pour-
»voir à la fûreté de nos frontieres , &
faire paffer dans le coeur de nos enne-
»mis cette crainte pleine d'égards , que
la vigilance du gouvernement ne man-
" que jamais d'infpirer. Il convenoit à un
Roi conquerant & pacifique d'avoir un
Miniftre également jaloux de prévenir
» la guerre & de la faire avec fuccès . Plus
» la foudre , dont vous êtes dépofitaire ,
» caufe de terreur , moins vous aimez à
» la faire éclater. C'eft à vos foins & à vo-
» tre prudence que nos provinces doivent
» leur repos. Veuille le ciel conferver
» long - tems une vie fi précieuſe à la France
! Puiffent nos fentimens & nos voeux
» mériter au College de Belley l'honneur
»de votre protection !
Les Penfionnaires du College fignalerent
leur zele par un compliment en vers ,
de la compofition de M. Sutaine , auffi
Chanoine Régulier de S. Antoine , & Profeffeur
de Rhétorique. Ce fut M. Dugaz ,
de Lyon , l'un de ces penfionnaires , qui
devint l'interprete des fentimens communs
, qu'il exprima avec autant d'aflurance
que de bonne grace , en ces termes :
Quelle divinité puiſſante
DECEMBRE. 1755 137
Favorife ces lieux ?
Jamais fous le regne des Dieux ,
L'Univers gouta- t'il de grace plus touchante !
Nous te voyons , Paulmy , nos voeux font fatisfaits.
Le Ciel pouvoit -il mieux feconder nos fouhaits ,
Qu'en accordant à notre impatience
Le bonheur d'admirer le foutien de la France ?
Qui feroit infenfible à tes tendres égards ,
Miniftre du Dieu de la guerre ?
Pour venir dans ces lieux tu quittes ton tonnerre ;
Tu craindrois d'effrayer nos timides regards.
Autour de toi , les jeux , les ris , les
Viennent folâtrer tour à tour;
Et nous ne voyons fur tes traces ,
graces ,
Que des coeurs pénétrés de refpect & d'amour.
Sous l'ordre du plus grand des Princes ,
Ta prévoyante activité
Affure à nos riches Provinces
Une douce tranquillité.
Oui , c'eſt partes bienfaits , qu'aux bords de l'Hyppocrêne
,
Jaloux des faveurs d'Apollon ,
Nous allons cultiver dans le facré vallon
Les fruits heureux d'une innocente veine.
Tu t'en fouviens , Phoebus & les neuf Soeurs
Te répétoient encor leurs chanfons immortelles ,
Quand le plus grand des Rois , par de juftes faveurs
>
138 MERCURE DE FRANCE.
Remit entre tes mains fidelles
Le noble emploi d'aller chez des peuples prudens
( 1 )
Faire briller l'éclat qui t'environne ,
Et foutenir les droits de fa couronne.
Qui n'admira dès -lors les refforts tout puiffans
De ta fage induſtrie ›
A peine revenu dans ta chere Patrie ,
On vit de généreux rivaux , ( 2 )
On vit un corps illuftre , où regnent la ſageſſe ,
Le bon goût , les talens & le dieu du Permeffe ,
Admirer tes nobles travaux ;
Ceindre ton front du laurier de la gloire ,
Partager avec toi fes foins laborieux ;
Graver ton nom au Temple de Mémoire ,
Et t'élever au rang des Dieux.
Sans doute les neuf foeurs firent naître en ton ame
Ce feu divin dont la céleste flamme
Anime ton grand coeur.
Daigne voir leurs enfans avec un oeil flatteur ,
Reçois nos voeux & notre hommage ,
Ce fera de notre bonheur
Le garand le plus fûr , le plus précieux gage .
Ce n'eft point là l'unique témoignage
de la joie qu'a donné le College pendant
le féjour de M. le Marquis de Paulmy à
( 1 ) Ambaſſade de M. de Paulmi en Suiffe.
(2) Réception de M. de Paulmy à l'Académie
Françoile.
DECEMBRE . 1755. 139
Belley ; il a taché de l'amufer , & de le
retenir le plus longtemps qu'il étoit poffible
, par la repréfentation d'une Comédie ;
fpectacle d'autant plus agréable à nos Citoyens
, qu'il paroiffoit pour la premiere
fois dans cette ville. Pour peu que ce coup
d'effai pique votre curiofité , je me ferai
un plaifir de vous envoyer une autrefois
l'analyſe de la piece , à laquelle nous avons
unanimement accordé nos fuffrages.
J'ai l'honneur d'être , &c.
A Belley , le 15 Juillet , 1755 .
Duchefne , Libraire à Paris , rue S. Jacques
, au Temple du Gout , vient de mettre
en vente l'Année Musicale , ouvrage
périodique. Cet ouvrage d'agrément fe
diftribue toutes les femaines par une feuille
grand in 8 °. de quatre pages , contenant
des Ariettes & Vaudevilles nouveaux , &
des petits airs choifis par les plus habiles
Muficiens , tant Italiens que François.
Chaque feuille fe vend fix fols . Les amateurs
qui fouhaiteront s'abonner , payeront
pour Paris quinze livres
par année
& on les leur apportera chez eux au moment
qu'elles fortiront de deffous preffe ;
& pour la province on payera dix- huit livres
par an. Le Libraire fe charge de les
140 MERCURE DE FRANCE.
faire rendre à leur deftination , francs de
port. La premiere feuille a paru le premier
Août 1755.
de M. le Marquis de Paulmy par cette
ville.
Ous avez pris , Monfieur , une trop
grande part à l'établiffement
du Cotlege
du Belley , dont j'eus l'honneur de
vous entretenir , il y a quelques mois ( 1 ) ,
pour vous laiffer ignorer fes actions d'éclat
& fes fuccés , dans les occafions furtout
qui intéreffent particulierement
la ville
& la province. Vous conviendrez
aifément
que le paffage de M. le Marquis de
Paulmy par Belley , eft un de ces momens
précieux également propres à s'attirer
l'attention de nos Mufes , & à exciter la
joie dans le coeur de nos citoyens .
Ce Miniftre arriva ici le famedi s Juil- S
let dernier fur les dix heures du foir. La
porte de la ville par laquelle il fit fon entrée
, étoit illuminée avec gout , & chargée
d'un cartouche , où on lifoit cette infcription
, qui étoit de M. Vinfon , Chanoine
Régulier de S. Antoine , Syndic du
College.
( 1 ) Voyez le Mercure d'Avril de cette année,
Page 147.
134 MERCURE DE FRANCE.
Felici Adventui
Supremi Bellorum Moderatoris
Tanto exultans hofpite
Bellicenfis Civitas
Plaudit.
L'écuffon des armes de M. le Marquis
de Paulmy faifoit partie de la décoration
de la porte. Vous fçavez que ce font deux
lions d'or paffans fur un fond d'azur . M.
Vinfon y avoit fait ajouter ce mot , Defenfuri
incedunt ; allufion noble , qui caracrerife
heureufement les fonctions du Miniftre
occupé pour lors à la vifite de nos
places de guerre.
L'infcription qui étoit placée fur la façade
de l'Hôtel de ville , pareillement illuminée
, eft de la même main , & elle exprime
la même penfée avec plus de développement
:
Vigilantiffimo
Belli Adminiftro ,
Provincias Tutanti Prafentiá ,
Hoftes Providentia Continenti ,
Gratulatur Bellicium.
Le lendemain de fon arrivée , M. le
Marquis de Paulniy reçut les complimens
des Syndics de la province, & des Corps
DECEMBRE. 1755. 135.
de la ville. Voici celui qui fut prononcé
par M. Granier , Chanoine Régulier de S.
Antoine , Profeffeur de Rhétorique , &
qui fut également gouté du Miniftre &
du Public.
Monfeigneur , votre arrivée eft l'é-
" poque de la joie publique , & vous êtes ,
» Monfeigneur , le digne objet de notre
» admiration & de nos hommages . La na-
» ture , en vous comblant de fes dons les
plus rares , vous infpira l'ardeur de les
» cultiver. Aux talens fupérieurs vous
» joignîtes bientôt les connoiffances les
plus vaftes , les plus fublimes vertus ,
» & vous fçûtes toujours tempérer leur
» éclat par le voile attrayant des qualités
» fociables. Dans un âge encore tendre
» vous fixâtes les regards du Monarque &
" les fuffrages du public. La carriere eft
» d'abord ouverte aux grands hommes.
» Leur mérite en marque l'étendue . Une
nation prudente & notre ancienne alliée
» vous vit menager auprès d'elle les in-
" térêts de notre Monarchie . Elle eut tout
» lieu d'être furprife de trouver dans un
» Ambaſſadeur auffi jeune la pénétration
» la plus vive , la circonfpection la plus
» réfléchie , la prudence la plus confom-
» mée. Devenu depuis l'arbitre de la guer-
» re , on vous voit , Monfeigneur , avec
و ر
"
136 MERCURE DE FRANCE.
, ر
» une activité furprenante , parcourir le
» Royaume de l'une à l'autre extrêmité ,
examiner tout par vous-même , pour-
»voir à la fûreté de nos frontieres , &
faire paffer dans le coeur de nos enne-
»mis cette crainte pleine d'égards , que
la vigilance du gouvernement ne man-
" que jamais d'infpirer. Il convenoit à un
Roi conquerant & pacifique d'avoir un
Miniftre également jaloux de prévenir
» la guerre & de la faire avec fuccès . Plus
» la foudre , dont vous êtes dépofitaire ,
» caufe de terreur , moins vous aimez à
» la faire éclater. C'eft à vos foins & à vo-
» tre prudence que nos provinces doivent
» leur repos. Veuille le ciel conferver
» long - tems une vie fi précieuſe à la France
! Puiffent nos fentimens & nos voeux
» mériter au College de Belley l'honneur
»de votre protection !
Les Penfionnaires du College fignalerent
leur zele par un compliment en vers ,
de la compofition de M. Sutaine , auffi
Chanoine Régulier de S. Antoine , & Profeffeur
de Rhétorique. Ce fut M. Dugaz ,
de Lyon , l'un de ces penfionnaires , qui
devint l'interprete des fentimens communs
, qu'il exprima avec autant d'aflurance
que de bonne grace , en ces termes :
Quelle divinité puiſſante
DECEMBRE. 1755 137
Favorife ces lieux ?
Jamais fous le regne des Dieux ,
L'Univers gouta- t'il de grace plus touchante !
Nous te voyons , Paulmy , nos voeux font fatisfaits.
Le Ciel pouvoit -il mieux feconder nos fouhaits ,
Qu'en accordant à notre impatience
Le bonheur d'admirer le foutien de la France ?
Qui feroit infenfible à tes tendres égards ,
Miniftre du Dieu de la guerre ?
Pour venir dans ces lieux tu quittes ton tonnerre ;
Tu craindrois d'effrayer nos timides regards.
Autour de toi , les jeux , les ris , les
Viennent folâtrer tour à tour;
Et nous ne voyons fur tes traces ,
graces ,
Que des coeurs pénétrés de refpect & d'amour.
Sous l'ordre du plus grand des Princes ,
Ta prévoyante activité
Affure à nos riches Provinces
Une douce tranquillité.
Oui , c'eſt partes bienfaits , qu'aux bords de l'Hyppocrêne
,
Jaloux des faveurs d'Apollon ,
Nous allons cultiver dans le facré vallon
Les fruits heureux d'une innocente veine.
Tu t'en fouviens , Phoebus & les neuf Soeurs
Te répétoient encor leurs chanfons immortelles ,
Quand le plus grand des Rois , par de juftes faveurs
>
138 MERCURE DE FRANCE.
Remit entre tes mains fidelles
Le noble emploi d'aller chez des peuples prudens
( 1 )
Faire briller l'éclat qui t'environne ,
Et foutenir les droits de fa couronne.
Qui n'admira dès -lors les refforts tout puiffans
De ta fage induſtrie ›
A peine revenu dans ta chere Patrie ,
On vit de généreux rivaux , ( 2 )
On vit un corps illuftre , où regnent la ſageſſe ,
Le bon goût , les talens & le dieu du Permeffe ,
Admirer tes nobles travaux ;
Ceindre ton front du laurier de la gloire ,
Partager avec toi fes foins laborieux ;
Graver ton nom au Temple de Mémoire ,
Et t'élever au rang des Dieux.
Sans doute les neuf foeurs firent naître en ton ame
Ce feu divin dont la céleste flamme
Anime ton grand coeur.
Daigne voir leurs enfans avec un oeil flatteur ,
Reçois nos voeux & notre hommage ,
Ce fera de notre bonheur
Le garand le plus fûr , le plus précieux gage .
Ce n'eft point là l'unique témoignage
de la joie qu'a donné le College pendant
le féjour de M. le Marquis de Paulmy à
( 1 ) Ambaſſade de M. de Paulmi en Suiffe.
(2) Réception de M. de Paulmy à l'Académie
Françoile.
DECEMBRE . 1755. 139
Belley ; il a taché de l'amufer , & de le
retenir le plus longtemps qu'il étoit poffible
, par la repréfentation d'une Comédie ;
fpectacle d'autant plus agréable à nos Citoyens
, qu'il paroiffoit pour la premiere
fois dans cette ville. Pour peu que ce coup
d'effai pique votre curiofité , je me ferai
un plaifir de vous envoyer une autrefois
l'analyſe de la piece , à laquelle nous avons
unanimement accordé nos fuffrages.
J'ai l'honneur d'être , &c.
A Belley , le 15 Juillet , 1755 .
Duchefne , Libraire à Paris , rue S. Jacques
, au Temple du Gout , vient de mettre
en vente l'Année Musicale , ouvrage
périodique. Cet ouvrage d'agrément fe
diftribue toutes les femaines par une feuille
grand in 8 °. de quatre pages , contenant
des Ariettes & Vaudevilles nouveaux , &
des petits airs choifis par les plus habiles
Muficiens , tant Italiens que François.
Chaque feuille fe vend fix fols . Les amateurs
qui fouhaiteront s'abonner , payeront
pour Paris quinze livres
par année
& on les leur apportera chez eux au moment
qu'elles fortiront de deffous preffe ;
& pour la province on payera dix- huit livres
par an. Le Libraire fe charge de les
140 MERCURE DE FRANCE.
faire rendre à leur deftination , francs de
port. La premiere feuille a paru le premier
Août 1755.
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Résumé : Lettre écrite de Belley, à l'occasion du passage de M. le Marquis de Paulmy par cette ville.
La lettre, rédigée à Belley, célèbre la visite du Marquis de Paulmy dans cette ville. L'auteur exprime sa reconnaissance envers le Marquis pour son rôle dans la création du Collège de Belley et souligne l'importance de sa venue. Le Marquis est arrivé à Belley le samedi 3 juillet vers dix heures du matin. Il a été accueilli par une porte illuminée et décorée d'un cartouche portant l'inscription 'Felici Adventui Supremi Bellorum Moderatoris' et les armes du Marquis. Le lendemain, le Marquis a reçu les compliments des syndics de la province et de la ville. M. Granier, chanoine régulier de Saint-Antoine et professeur de rhétorique, a prononcé un discours en l'honneur du Marquis, mettant en avant ses talents, ses connaissances et ses vertus, ainsi que son rôle dans la diplomatie et la défense du royaume. Les pensionnaires du Collège ont également exprimé leur admiration par un compliment en vers composé par M. Sutaine. Pour marquer la joie de cette visite, le Collège a organisé une représentation théâtrale, un événement rare pour la ville. L'auteur propose d'envoyer une analyse de la pièce jouée. La lettre se conclut par une mention de la publication de l'Année Musicale par le libraire Duchefne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1267
p. 218-219
COUPLETS Sur la naissance de Monseigneur le Comte de Provence, chantés à la Comédie Italienne par M. Chanville.
Début :
Allons gai, chers camarades, [...]
Mots clefs :
Comte de Provence, Naissance du Comte de Provence, Comédie-Italienne
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texteReconnaissance textuelle : COUPLETS Sur la naissance de Monseigneur le Comte de Provence, chantés à la Comédie Italienne par M. Chanville.
COUPLETS
Sur la naissance de Monfeigneur
le Comte
de Provence , chantés à la Comédie Italienne
par M. Chanville.
Air : Adieu , ma charmante belle.
ALions gai , chers camarades ,
N'entendez-vous pas l'canon
C'est pour un nouveau Bourbon
Qu'il faut faire des gambades.
DECEMBRE . 1755. 219
Chantons , fêtons en ce jour ,
Ce charmant petit amour.
Pour nous quelle heureuſe chanfe ,
On dit vraiment qu'il eit dru ;
J'n'avons pas trop attendu
Pour un Comte de Provence ;
Dam , c'eft qu'il n'lui manque rien ,
Falloit l'tems pour fair' fi bien.
D'une bel' rofe éclipſée ,
La perte a fait not chagrin ,
La v❜la , grace à not deftin ,
Par un beau lys remplacée.
Chantons , célébrons fans fin.
Not' Dauphine & not' Dauphin.
Sur la naissance de Monfeigneur
le Comte
de Provence , chantés à la Comédie Italienne
par M. Chanville.
Air : Adieu , ma charmante belle.
ALions gai , chers camarades ,
N'entendez-vous pas l'canon
C'est pour un nouveau Bourbon
Qu'il faut faire des gambades.
DECEMBRE . 1755. 219
Chantons , fêtons en ce jour ,
Ce charmant petit amour.
Pour nous quelle heureuſe chanfe ,
On dit vraiment qu'il eit dru ;
J'n'avons pas trop attendu
Pour un Comte de Provence ;
Dam , c'eft qu'il n'lui manque rien ,
Falloit l'tems pour fair' fi bien.
D'une bel' rofe éclipſée ,
La perte a fait not chagrin ,
La v❜la , grace à not deftin ,
Par un beau lys remplacée.
Chantons , célébrons fans fin.
Not' Dauphine & not' Dauphin.
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Résumé : COUPLETS Sur la naissance de Monseigneur le Comte de Provence, chantés à la Comédie Italienne par M. Chanville.
Le texte célèbre la naissance du Comte de Provence, futur Louis XVIII, en décembre 1755. M. Chanville chante à la Comédie Italienne la joie des Français. La naissance, qualifiée de 'heureuse chance', remplace une perte récente, symbolisée par une 'belle rose'. Le couplet se termine par une célébration du Dauphin et de la Dauphine.
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1268
p. 225
DU NORD.
Début :
La proclamation de la Diete générale du royaume se fit le 13 [...]
Mots clefs :
Stockholm, Copenhague, Diète générale, Élection, Groenland, Tremblement de terre
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE STOCKHOLM , le 21 Octobre.
La proclamation de la Diete générale du royaume
fe fit le 13 de ce mois dans toute les places
publiques de cette capitale , avec les cérémonies
accoutumées . Le même jour, les Députés du Corps
de la Nobleffe , & ceux des trois autres Ordres .
préſenterent leurs pouvoirs. Le 17 , la Noblef
fe a procédé à l'élection d'un Maréchal de la
Diete , & les fuffrages ſe font réunis en faveur du
Comte Axel de Ferfen , Major - Général des armées
du Roi , & Chevalier de l'Ordre de l'Epée.
Aujourd'hui l'ouverture de la Diete s'eft faite
avec toute pompe poffible.
DE COPPENHAGUE, le 14 Nov.
Selon les nouvelles du Groenland , on y a
effuyé un violent tremblement de terre, & les
allarmes des habitans ont été d'autant plus vives ,
qu'ils n'avoient point d'idée de ce redoutable
phénomene.
DE STOCKHOLM , le 21 Octobre.
La proclamation de la Diete générale du royaume
fe fit le 13 de ce mois dans toute les places
publiques de cette capitale , avec les cérémonies
accoutumées . Le même jour, les Députés du Corps
de la Nobleffe , & ceux des trois autres Ordres .
préſenterent leurs pouvoirs. Le 17 , la Noblef
fe a procédé à l'élection d'un Maréchal de la
Diete , & les fuffrages ſe font réunis en faveur du
Comte Axel de Ferfen , Major - Général des armées
du Roi , & Chevalier de l'Ordre de l'Epée.
Aujourd'hui l'ouverture de la Diete s'eft faite
avec toute pompe poffible.
DE COPPENHAGUE, le 14 Nov.
Selon les nouvelles du Groenland , on y a
effuyé un violent tremblement de terre, & les
allarmes des habitans ont été d'autant plus vives ,
qu'ils n'avoient point d'idée de ce redoutable
phénomene.
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Résumé : DU NORD.
Le 13 octobre, la Diète générale du royaume de Suède a été proclamée à Stockholm. Les députés des quatre ordres ont présenté leurs pouvoirs. Le 17 octobre, Axel de Fersen a été élu Maréchal de la Diète. Par ailleurs, un tremblement de terre a causé l'alerte au Groenland.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1269
p. 226-227
ESPAGNE.
Début :
En considération des services du feu Comte de Perelada, qui a eu [...]
Mots clefs :
Madrid, Gibraltar, Comte de Perelada, Ambassadeur, Mort, Prise de Salé, Emprisonnement, Rançon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE MADRID , le 11 Novembre.
En confidération des ſervices du feu Comte de
Perelada , qui a eu le malheur de périr dans l'affreux
défaftre arrivé à Liſbonne , Sa Majeſté a envoyé
la Clef de Gentilhomme de la Chambre au
fils de cet Ambaffadeur , & l'a gratifié d'une
penfion de cinq cens doublons.
DE GIBRALTAR , le premier Octobre.
Diverſes lettres de Saffy affurent , que le Prin
DECEMBRE. 1755. 227
ce héréditaire de Maroc s'eft emparé de Salé , &
qu'il en a mis les principaux habitans aux fers ;
qu'il a fait éprouver le même traitement aux
Marchands Chrétiens établis dans la ville , &
qu'il exige d'eux une fomme confidérable pour
leur rendre la liberté.
DE MADRID , le 11 Novembre.
En confidération des ſervices du feu Comte de
Perelada , qui a eu le malheur de périr dans l'affreux
défaftre arrivé à Liſbonne , Sa Majeſté a envoyé
la Clef de Gentilhomme de la Chambre au
fils de cet Ambaffadeur , & l'a gratifié d'une
penfion de cinq cens doublons.
DE GIBRALTAR , le premier Octobre.
Diverſes lettres de Saffy affurent , que le Prin
DECEMBRE. 1755. 227
ce héréditaire de Maroc s'eft emparé de Salé , &
qu'il en a mis les principaux habitans aux fers ;
qu'il a fait éprouver le même traitement aux
Marchands Chrétiens établis dans la ville , &
qu'il exige d'eux une fomme confidérable pour
leur rendre la liberté.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 11 novembre, Sa Majesté a reconnu les services du Comte de Perelada, décédé à Lisbonne, en accordant à son fils la Clef de Gentilhomme de la Chambre et une pension annuelle de cinq cents doublons. Le 1er octobre, le prince héritier du Maroc a pris la ville de Salé, emprisonnant les habitants et les marchands chrétiens, et exigeant une rançon pour leur libération.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1270
p. 228-234
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le Chevalier d'Abreu, Ministre d'Espagne, & Don Louis d'Acunha, Ministre [...]
Mots clefs :
Londres, Général, Colonel, Amérique, Indiens d'Amérique, Combats, Johnson, Vaisseaux, Français, Amiraux, Chambre des communes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
DE LONDRES
, le 25 Novembre
.
Le Chevalier
d'Abreu
, Miniftre
d'Eſpagne
, &
Don Louis d'Acunha
, Miniftre
de Portugal
, ont
eu le mois paffé de fréquentes
conférences
avec
les Miniftres
du Roi. On affure qu'elles
ont roulé
fur la médiation
offerte par leurs Majeftés
Catholique
& très-fidele , pour accommoder
les différends
furvenus
entre cette Cour & celle de Fran- ce. Le bruit eft général
auffi que la commiffion de Don Mello de Caftro eft relative
à cet objet.
L'Amiral
Byng fit voile de ce port le 14 Octobre
avechuit vaiffeaux
de guerre. Il doit prendre
à Plymouth
quatre
autres vaiffeaux
& quelques
frégates
, & continuer
enfuite
fa route vers la Méditer- ranée. Les dernieres
nouvelles
de l'Amérique
portent
que le Général
Shirley
a commencé
l'âttaque
du Fort de la Couronne
, & que le Gouverneur
de la Virginie
fait lever avec toute la diligence
poffible
un Régiment
de douze cens hom- mes , dont le Colonel
Washington
aura le comDECEMBRE.
1755. 229
"
mandement . Selon les mêmes lettres , les Sauvages
font des courfes continuelles dans cette colonie ,
ainfi que dans la Pensilvanie & dans le Maryland ,
& ils y ont caufé beaucoup de ravages.
Une partie des cargaifons des bâtimens dont
les Anglois fe font emparés , dépériffant à bord ;
les propriétaires ont demandé la permiffion de
s'en défaire , offrant d'en remettre la valeur , fi les
circonstances l'exigent. En conféquence on a
commencé à vendre plufieurs des denrées & des
marchandiſes qui étoient fur ces bâtimens .
Voici les principales particularités que le Gouvernement
a jugé à propos de rendre publiques
au fujet de l'avantage remporté en Amérique par
Johnfon. Quelques Indiens , que ce Major Général
avoit envoyés à la découverte , lui vinrent
annoncer le 7 du mois de Septembre , qu'un détachement
de troupes Françoifes marchoit vers
un pofte avancé , où étoient deux cens cinquante
hommes du Régiment de New Hampshire , &
cinq Compagnies du Régiment de la Nouvelle
Yorck. Auffi-tôt le Sr Johnſon envoya ordre au
Colonel Blanchard , qui commandoit dans ce
pofte , de fe replier avec les troupes. On fut informé
la nuit fuivante , que les François étoient
arrivés à quatre milles en-deçà du pofte du Colonel
Blanchard . Le lendemain matin , on tint
Confeil de guerre. Il fut réfolu de détacher mille
hommes , fous le commandement du Colonel
Williams , pour aller à leur rencontre. Une heure
& demie après le départ de ce détachement ,
auquel fe joignirent deux cens Indiens , on entendit
tirer avec beaucoup de vivacité. On ne
douta point qu'il n'y eût une action d'engagée ,
& l'on jugea qu'elle fe paffoit à trois milles du
camp , où le feur Johnſon étoit rétranché près
230 MERCURE DE FRANCE.
du Lac Ceorges. Les feux des combattans s'ap
prochant peu à peu , il fut aifé de conjecturer
que les troupes du Colonel Williams étoient en
déroute. Le Lieutenant Colonel Colie fut détaché
en conféquence avec trois cens hommes pour favorifer
leur retraite . Entre dix & onze heures elles
revinrent en fort grand céfordre . A onze heures
& demie les François parurent. Ils n'étoient
qu'au nombre de dix - fept cens hommes , fçavoir
deux cens Grenadiers , huit cens Canadiens , &
fept cens Indiens . Ayant fait une courte halte à
cent cinquante toiles des retranchemens du Major
Général Johnſon , ils s'avancerent la bayonette
au bout du fufil , dirigeant leur principale attaque
vers le centre du camp . D'abord ils firent feu par
pelotons. Leurs décharges ne produifirent pas
beaucoup d'effet , parce que les Anglois étoient
Couverts d'un parapet . Ceux- ci commencerent à
faire jouer leur artillerie , & pour lors le combat
devint général . L'attaque des François fur des
plus vives. Ne pouvant entamer le centre du
camp , ils tournerent leurs efforts du côté de la
droite. Après avoir combattu jufqu'à quatre heures
après- midi avec une intrépidité peu commune
, ils furent enfin repouffes. Les Anglois les
voyant ébranlés , fortirent du retranchement , les
pourfuivirent , & firent trente prifonniers , parmi
fefquels eft le fieur de Dieskau , Général des trou
pes arrivées depuis peu de France en Canada. Il eſt
bleffé dangereufement d'un coup de feu à la jambe
, & de deux autres coup dans les deux hanches.
Son Major Général , & le fieur de Saint Pierre qui
commandoit les Indiens , ont été tués . On ne fçait
point au juſte à quoi monte la perte de part &
d'autre. Les uns prétendent que les François ont
perda mille hommes. Selon d'autres ils n'en ont
DECEMBRE.
1755. 231
perdu que fix cens. Du côté des Anglois , le Májor
General Johnſon a reçu un coup de feu dans
la cuifle , & l'on n'a pu retirer la balle de la plaie .
Le Colonel Williams , le Major Ashley , les Capitaines
Ingerzal , Putter , Ferral , Stodder , Mac-
Ginnes & Steven , ont perdu la vie dans le combat
du matin. A la défenſe du camp les Anglois
ont eu cent trente hommes tués , & foixante
bleffés. Le Colonel Titcomb eft du nombre des
premiers.
Les Seigneurs préfenterent le 14 de ce mois.
au Roi l'adreſſe fuivante. « Nous , les fideles Su-
»jets de Votre Majefté , les Loras Spirituels &
Temporels aflemblés en Parlement , deman
» dons la permiffion de la remercier de fa gra
>> cieuſe harangue émanée du trône . L'attention
» paternelle de Votre Majefté pour le bonheur
» de fes peuples , laquelle s'eft fait connoître dans
» toutes les occafions , fe manifefte d'une façon
» bien fenfible , dans cette conjoncture critique ,
» par l'ardent défir que Votre Majesté a montré
» de garantir la Grande Bretagne des calamités
de la guerre , & par la ferme réſolution où eft
» Votre Majesté de n'accepter que des propofi-
» tions raisonnables & honorables d'accommode-
» ment. Quand nous confidérons de quelle im-
>> portance la confervation des poffeffions de la
» Grande- Bretagne en Amérique eft au commer
» ce & à la prospérité de ces Royaumes , nous ne
>> pouvons voir avec indifférence tant d'ufurpa
» tions faites par la France dans le tems d'une pro-
» fonde paix, & contre la foi des traités les plus
>> folemnels. Rien ne peut furpaffer notre étonne
» ment d'une telle conduite , fi ce n'eft la recon-
>> noiffance que nous infpirent les foins pris par
» Votre Majesté pour protéger nos colonies con
232 MERCURE DE FRANCE .
>> tre les invaſions & contre les infultes , & pour
>> recouvrer les pays qui en ont été enlevés fi in-
» juftement. Si quelque Puiffance a pu fe trom-
» per jufqu'au point d'imaginer que Votre Ma-
»jefté & votre Parlement demeuraffent dans l'in-
» action à la vue de tant d'hoftilités que nous ne
> nous fommes point attirées , il y a long- tems
» qu'elle doit être revenue de fon erreur. Nous
reconnoiffons avec bien de la gratitude la fa-
» geffe & la bonté de Votre Majesté , dans la di-
» ligence qu'elle a apportée à multiplier fes ar-
>> memens maritimes , à augmenter les forces de
» terre , de maniere à procurer la fureté de fes
» peuples , fans leur impofer un fardeau trop
» onéreux , & à encourager les braves & fideles
fujets d'Amérique à faire en cette occaſion im-
» portante , tout ce que demandent d'eux leur
» devoir , leur bien- être & leur commun danger.
» Votre Majefté a fuffifamment prouvé qu'elle
» n'eft guidée par aucun motif d'ambition , ni par
>> aucun deffein d'exciter de nouveaux troubles .
» Sa prudence & fa magnanimité éclatent pleine-
>> ment par la difpofition où elle est de prévenir
» tout ce qui pourroit allumer en Europe une
» guerre générale , & de fe borner à pourſuivre
>> les fins falutaires & néceffaires qu'il lui a plu
» de nous expoſer. C'eft avec grand plaifir que
»>nous apprenons la déclaration pacifique de Sa
n Majefté Catholique. Une telle déclaration s'ac-
» corde parfaitement avec la bonne intelligence
>> qui fubfifte entre les deux Couronnes , & avec
» l'intérêt de toute l'Europe . Nous trahirions ce
» que nous devons à Votre Majefté & à notre Pa-
>> trie , fi nous ne promettions avec autant de fin-
» cérité que de zele , de féconder efficacement
» Votre Majesté dans une cauſe juſte & naționale,
DECEMBRE . 1755. 233
» Rien ne
manquera de notre part pour effectuer
» les affurances
que votre Parlement
vous a don-
» nées dans fa derniere feffion . Nous nous re-
» gardons comme obligés par les loix du devoir ,
» de l'honneur
& de la reconnoiffance
, à concou-
>> rir à toutes les mefures fages & indifpenfables
,
» que Votre Majefté a prifes pour la défenſe des
» droits de fa Couronne
, à faire échouer les ten-
» tatives qui pourroient
être faites par la France
» en haine de ces mefures , & à mettre Votre Ma-
» jefté en état de repouffer les entrepriſes
qui fe-
>> ront formées , non feulement
contre les Royau-
» mes , mais même contre fes autres Etats indé-
» pendans de la Couronne de la Grande-Bretagne,
» fuppofé qu'ils foient attaqués
à raifon de la
>> part que Votre Majefté a priſe à l'intérêt effen-
» tiel de cette Couronne . Animés de ces grandes
» & importantes
confidérations
, qu'il nous foit
» permis d'affurer Votre Majefté de notre fidélité
» & de notre attachement
pour fa perfonne
fa-
» crée , & de lui protefter que nous enviſageons
» le maintien de fon Gouvernement
& de la fucceffion
proteftante dans votre Royale Maifon ,
» comme le feul appui de notre Religion & de
» nos Libertés. Notre conduite inébranlable détrompera
quiconque fe feroit vainement flatté
» que des appareils menaçans puffent nous em-
» pêcher d'agir conféquemment à ces principes
» & elle prouvera que , quoique nous foyons bien
» éloignés de penfer à faire injure ou tort à quel-
» qu'un de nos voifins , nous fommes prêts à
» facrifier nos vies & nos fortunes pour la dé-
» fenſe de Votre Majefté , ainsi que pour la con-
» fervation des poffeffions , du commerce & des
» droits de la Grande-Bretagne. » Le Roi répondit
aux Seigneurs , Milords , je vous fais mes fin-
>
234 MERCURE DE FRANCE.
ceres remerciemens des marques d'affection & de
fidélité dont votre Adreffe eft remplie. Je vois avec
la plus grande fatisfaction le zele que vous montrez
pour ma perfonne & pour mon Gouvernement, auſſibien
que pour les véritables intérêts de votre patrie,
que je ne perdrai jamais de vue. Les affurances
que vous me donnez , de défendre méme mes
Etats indépendans de la Couronne de la Grande
Bretagne , font une forte preuve de votre attachement
pour moi, & de l'intérêt que vous prenez à
mon honneur. Rien ne me détournera de poursuivre
les mesures qui peuvent contribuer efficacement à
maintenir les poffeffions & les droits de la Nation ,
à nous procurer un accommodement folide
honorable.
L'adreffe qui fut préfentée le 15 par la Chambre
des Communes , eft conçue à peu - près dans
les mêmes termes que l'Adreffe de la Chambre-
Haute.
Les Amiraux Bofcawen , Moftyn & Holbourne
, font revenus d'Amérique avec leurs Efcadres
, lefquelles doivent être radoubées , afin de
fe remettre en mer , lorfque les circonftances
l'exigeront. Le vaiffeau de guerre François l'Efpérance
, a été conduit à Plymouth. Il a été pris
par l'efcadre de l'Amiral Weft , après avoir foutenu
un combat de quatre heures contre le vaiffeau
l'Orford , qu'il a fort maltraité , & un fecond
combat contre l'Amiral Weft lui- même . Comme
ce vaiffeau étoit fort vieux & criblé de coups ,
on y a mis le feu après en avoir retiré les agrets.
, le 25 Novembre
.
Le Chevalier
d'Abreu
, Miniftre
d'Eſpagne
, &
Don Louis d'Acunha
, Miniftre
de Portugal
, ont
eu le mois paffé de fréquentes
conférences
avec
les Miniftres
du Roi. On affure qu'elles
ont roulé
fur la médiation
offerte par leurs Majeftés
Catholique
& très-fidele , pour accommoder
les différends
furvenus
entre cette Cour & celle de Fran- ce. Le bruit eft général
auffi que la commiffion de Don Mello de Caftro eft relative
à cet objet.
L'Amiral
Byng fit voile de ce port le 14 Octobre
avechuit vaiffeaux
de guerre. Il doit prendre
à Plymouth
quatre
autres vaiffeaux
& quelques
frégates
, & continuer
enfuite
fa route vers la Méditer- ranée. Les dernieres
nouvelles
de l'Amérique
portent
que le Général
Shirley
a commencé
l'âttaque
du Fort de la Couronne
, & que le Gouverneur
de la Virginie
fait lever avec toute la diligence
poffible
un Régiment
de douze cens hom- mes , dont le Colonel
Washington
aura le comDECEMBRE.
1755. 229
"
mandement . Selon les mêmes lettres , les Sauvages
font des courfes continuelles dans cette colonie ,
ainfi que dans la Pensilvanie & dans le Maryland ,
& ils y ont caufé beaucoup de ravages.
Une partie des cargaifons des bâtimens dont
les Anglois fe font emparés , dépériffant à bord ;
les propriétaires ont demandé la permiffion de
s'en défaire , offrant d'en remettre la valeur , fi les
circonstances l'exigent. En conféquence on a
commencé à vendre plufieurs des denrées & des
marchandiſes qui étoient fur ces bâtimens .
Voici les principales particularités que le Gouvernement
a jugé à propos de rendre publiques
au fujet de l'avantage remporté en Amérique par
Johnfon. Quelques Indiens , que ce Major Général
avoit envoyés à la découverte , lui vinrent
annoncer le 7 du mois de Septembre , qu'un détachement
de troupes Françoifes marchoit vers
un pofte avancé , où étoient deux cens cinquante
hommes du Régiment de New Hampshire , &
cinq Compagnies du Régiment de la Nouvelle
Yorck. Auffi-tôt le Sr Johnſon envoya ordre au
Colonel Blanchard , qui commandoit dans ce
pofte , de fe replier avec les troupes. On fut informé
la nuit fuivante , que les François étoient
arrivés à quatre milles en-deçà du pofte du Colonel
Blanchard . Le lendemain matin , on tint
Confeil de guerre. Il fut réfolu de détacher mille
hommes , fous le commandement du Colonel
Williams , pour aller à leur rencontre. Une heure
& demie après le départ de ce détachement ,
auquel fe joignirent deux cens Indiens , on entendit
tirer avec beaucoup de vivacité. On ne
douta point qu'il n'y eût une action d'engagée ,
& l'on jugea qu'elle fe paffoit à trois milles du
camp , où le feur Johnſon étoit rétranché près
230 MERCURE DE FRANCE.
du Lac Ceorges. Les feux des combattans s'ap
prochant peu à peu , il fut aifé de conjecturer
que les troupes du Colonel Williams étoient en
déroute. Le Lieutenant Colonel Colie fut détaché
en conféquence avec trois cens hommes pour favorifer
leur retraite . Entre dix & onze heures elles
revinrent en fort grand céfordre . A onze heures
& demie les François parurent. Ils n'étoient
qu'au nombre de dix - fept cens hommes , fçavoir
deux cens Grenadiers , huit cens Canadiens , &
fept cens Indiens . Ayant fait une courte halte à
cent cinquante toiles des retranchemens du Major
Général Johnſon , ils s'avancerent la bayonette
au bout du fufil , dirigeant leur principale attaque
vers le centre du camp . D'abord ils firent feu par
pelotons. Leurs décharges ne produifirent pas
beaucoup d'effet , parce que les Anglois étoient
Couverts d'un parapet . Ceux- ci commencerent à
faire jouer leur artillerie , & pour lors le combat
devint général . L'attaque des François fur des
plus vives. Ne pouvant entamer le centre du
camp , ils tournerent leurs efforts du côté de la
droite. Après avoir combattu jufqu'à quatre heures
après- midi avec une intrépidité peu commune
, ils furent enfin repouffes. Les Anglois les
voyant ébranlés , fortirent du retranchement , les
pourfuivirent , & firent trente prifonniers , parmi
fefquels eft le fieur de Dieskau , Général des trou
pes arrivées depuis peu de France en Canada. Il eſt
bleffé dangereufement d'un coup de feu à la jambe
, & de deux autres coup dans les deux hanches.
Son Major Général , & le fieur de Saint Pierre qui
commandoit les Indiens , ont été tués . On ne fçait
point au juſte à quoi monte la perte de part &
d'autre. Les uns prétendent que les François ont
perda mille hommes. Selon d'autres ils n'en ont
DECEMBRE.
1755. 231
perdu que fix cens. Du côté des Anglois , le Májor
General Johnſon a reçu un coup de feu dans
la cuifle , & l'on n'a pu retirer la balle de la plaie .
Le Colonel Williams , le Major Ashley , les Capitaines
Ingerzal , Putter , Ferral , Stodder , Mac-
Ginnes & Steven , ont perdu la vie dans le combat
du matin. A la défenſe du camp les Anglois
ont eu cent trente hommes tués , & foixante
bleffés. Le Colonel Titcomb eft du nombre des
premiers.
Les Seigneurs préfenterent le 14 de ce mois.
au Roi l'adreſſe fuivante. « Nous , les fideles Su-
»jets de Votre Majefté , les Loras Spirituels &
Temporels aflemblés en Parlement , deman
» dons la permiffion de la remercier de fa gra
>> cieuſe harangue émanée du trône . L'attention
» paternelle de Votre Majefté pour le bonheur
» de fes peuples , laquelle s'eft fait connoître dans
» toutes les occafions , fe manifefte d'une façon
» bien fenfible , dans cette conjoncture critique ,
» par l'ardent défir que Votre Majesté a montré
» de garantir la Grande Bretagne des calamités
de la guerre , & par la ferme réſolution où eft
» Votre Majesté de n'accepter que des propofi-
» tions raisonnables & honorables d'accommode-
» ment. Quand nous confidérons de quelle im-
>> portance la confervation des poffeffions de la
» Grande- Bretagne en Amérique eft au commer
» ce & à la prospérité de ces Royaumes , nous ne
>> pouvons voir avec indifférence tant d'ufurpa
» tions faites par la France dans le tems d'une pro-
» fonde paix, & contre la foi des traités les plus
>> folemnels. Rien ne peut furpaffer notre étonne
» ment d'une telle conduite , fi ce n'eft la recon-
>> noiffance que nous infpirent les foins pris par
» Votre Majesté pour protéger nos colonies con
232 MERCURE DE FRANCE .
>> tre les invaſions & contre les infultes , & pour
>> recouvrer les pays qui en ont été enlevés fi in-
» juftement. Si quelque Puiffance a pu fe trom-
» per jufqu'au point d'imaginer que Votre Ma-
»jefté & votre Parlement demeuraffent dans l'in-
» action à la vue de tant d'hoftilités que nous ne
> nous fommes point attirées , il y a long- tems
» qu'elle doit être revenue de fon erreur. Nous
reconnoiffons avec bien de la gratitude la fa-
» geffe & la bonté de Votre Majesté , dans la di-
» ligence qu'elle a apportée à multiplier fes ar-
>> memens maritimes , à augmenter les forces de
» terre , de maniere à procurer la fureté de fes
» peuples , fans leur impofer un fardeau trop
» onéreux , & à encourager les braves & fideles
fujets d'Amérique à faire en cette occaſion im-
» portante , tout ce que demandent d'eux leur
» devoir , leur bien- être & leur commun danger.
» Votre Majefté a fuffifamment prouvé qu'elle
» n'eft guidée par aucun motif d'ambition , ni par
>> aucun deffein d'exciter de nouveaux troubles .
» Sa prudence & fa magnanimité éclatent pleine-
>> ment par la difpofition où elle est de prévenir
» tout ce qui pourroit allumer en Europe une
» guerre générale , & de fe borner à pourſuivre
>> les fins falutaires & néceffaires qu'il lui a plu
» de nous expoſer. C'eft avec grand plaifir que
»>nous apprenons la déclaration pacifique de Sa
n Majefté Catholique. Une telle déclaration s'ac-
» corde parfaitement avec la bonne intelligence
>> qui fubfifte entre les deux Couronnes , & avec
» l'intérêt de toute l'Europe . Nous trahirions ce
» que nous devons à Votre Majefté & à notre Pa-
>> trie , fi nous ne promettions avec autant de fin-
» cérité que de zele , de féconder efficacement
» Votre Majesté dans une cauſe juſte & naționale,
DECEMBRE . 1755. 233
» Rien ne
manquera de notre part pour effectuer
» les affurances
que votre Parlement
vous a don-
» nées dans fa derniere feffion . Nous nous re-
» gardons comme obligés par les loix du devoir ,
» de l'honneur
& de la reconnoiffance
, à concou-
>> rir à toutes les mefures fages & indifpenfables
,
» que Votre Majefté a prifes pour la défenſe des
» droits de fa Couronne
, à faire échouer les ten-
» tatives qui pourroient
être faites par la France
» en haine de ces mefures , & à mettre Votre Ma-
» jefté en état de repouffer les entrepriſes
qui fe-
>> ront formées , non feulement
contre les Royau-
» mes , mais même contre fes autres Etats indé-
» pendans de la Couronne de la Grande-Bretagne,
» fuppofé qu'ils foient attaqués
à raifon de la
>> part que Votre Majefté a priſe à l'intérêt effen-
» tiel de cette Couronne . Animés de ces grandes
» & importantes
confidérations
, qu'il nous foit
» permis d'affurer Votre Majefté de notre fidélité
» & de notre attachement
pour fa perfonne
fa-
» crée , & de lui protefter que nous enviſageons
» le maintien de fon Gouvernement
& de la fucceffion
proteftante dans votre Royale Maifon ,
» comme le feul appui de notre Religion & de
» nos Libertés. Notre conduite inébranlable détrompera
quiconque fe feroit vainement flatté
» que des appareils menaçans puffent nous em-
» pêcher d'agir conféquemment à ces principes
» & elle prouvera que , quoique nous foyons bien
» éloignés de penfer à faire injure ou tort à quel-
» qu'un de nos voifins , nous fommes prêts à
» facrifier nos vies & nos fortunes pour la dé-
» fenſe de Votre Majefté , ainsi que pour la con-
» fervation des poffeffions , du commerce & des
» droits de la Grande-Bretagne. » Le Roi répondit
aux Seigneurs , Milords , je vous fais mes fin-
>
234 MERCURE DE FRANCE.
ceres remerciemens des marques d'affection & de
fidélité dont votre Adreffe eft remplie. Je vois avec
la plus grande fatisfaction le zele que vous montrez
pour ma perfonne & pour mon Gouvernement, auſſibien
que pour les véritables intérêts de votre patrie,
que je ne perdrai jamais de vue. Les affurances
que vous me donnez , de défendre méme mes
Etats indépendans de la Couronne de la Grande
Bretagne , font une forte preuve de votre attachement
pour moi, & de l'intérêt que vous prenez à
mon honneur. Rien ne me détournera de poursuivre
les mesures qui peuvent contribuer efficacement à
maintenir les poffeffions & les droits de la Nation ,
à nous procurer un accommodement folide
honorable.
L'adreffe qui fut préfentée le 15 par la Chambre
des Communes , eft conçue à peu - près dans
les mêmes termes que l'Adreffe de la Chambre-
Haute.
Les Amiraux Bofcawen , Moftyn & Holbourne
, font revenus d'Amérique avec leurs Efcadres
, lefquelles doivent être radoubées , afin de
fe remettre en mer , lorfque les circonftances
l'exigeront. Le vaiffeau de guerre François l'Efpérance
, a été conduit à Plymouth. Il a été pris
par l'efcadre de l'Amiral Weft , après avoir foutenu
un combat de quatre heures contre le vaiffeau
l'Orford , qu'il a fort maltraité , & un fecond
combat contre l'Amiral Weft lui- même . Comme
ce vaiffeau étoit fort vieux & criblé de coups ,
on y a mis le feu après en avoir retiré les agrets.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 25 novembre, le Chevalier d'Abreu, ministre d'Espagne, et Don Louis d'Acunha, ministre du Portugal, ont tenu des conférences fréquentes avec les ministres du Roi de Grande-Bretagne. Ces discussions portaient sur la médiation proposée par les monarques catholique et fidèle pour résoudre les différends entre la Grande-Bretagne et la France. Il est également mentionné que la commission de Don Mello de Castro est liée à cet objet. En mer, l'Amiral Byng a quitté Londres le 14 octobre avec plusieurs vaisseaux de guerre, devant rejoindre d'autres navires à Plymouth avant de se diriger vers la Méditerranée. En Amérique, le Général Shirley a attaqué le Fort de la Couronne, tandis que le Gouverneur de la Virginie a levé un régiment de douze cents hommes sous le commandement du Colonel Washington. Les Sauvages menaient des raids continus dans les colonies de Virginie, Pennsylvanie et Maryland, causant de nombreux ravages. Certaines cargaisons des bâtiments capturés par les Anglais se détérioraient, et les propriétaires ont demandé la permission de s'en débarrasser, offrant de rembourser leur valeur si nécessaire. Plusieurs denrées et marchandises ont ainsi été mises en vente. Le Gouvernement britannique a rendu publiques les particularités de l'avantage remporté par le Major Général Johnson en Amérique. Des Indiens envoyés en reconnaissance ont informé Johnson de l'approche de troupes françaises. Johnson a ordonné au Colonel Blanchard de se replier. Un conseil de guerre a ensuite décidé d'envoyer mille hommes sous le commandement du Colonel Williams pour intercepter les Français. Une bataille a suivi, au cours de laquelle les Français, au nombre de sept cent soixante-dix hommes, ont été repoussés. Les Britanniques ont fait trente prisonniers, dont le Baron de Dieskau, blessé. Les pertes britanniques incluaient plusieurs officiers et cent trente hommes tués, ainsi que soixante blessés. Les Seigneurs ont présenté au Roi une adresse remerciant Sa Majesté pour sa harangue et exprimant leur soutien aux mesures prises pour garantir la Grande-Bretagne contre les calamités de la guerre. Ils ont souligné l'importance de conserver les possessions britanniques en Amérique et ont promis leur fidélité et leur attachement au Roi et à son Gouvernement. Le Roi a répondu en exprimant sa satisfaction et en réaffirmant son engagement à défendre les droits et les possessions de la Nation. La Chambre des Communes a présenté une adresse similaire le 15 décembre. Les Amiraux Boscawen, Moffyn et Holbourne sont revenus d'Amérique avec leurs escadres, qui doivent être radoubées. Le vaisseau français L'Espérance, pris après un combat contre l'escadre de l'Amiral West, a été incendié en raison de ses dommages.
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1271
p. 235-237
« Le Roi a donné au Comte d'Eu la charge de Colonel Général [...] »
Début :
Le Roi a donné au Comte d'Eu la charge de Colonel Général [...]
Mots clefs :
Régiment, Comte, Maréchal, Gouvernement, Duc de Richelieu, Chevalier de Vaudreuil, Charge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roi a donné au Comte d'Eu la charge de Colonel Général [...] »
LeRoi a a des suiffes & Grifons, &le E Roi a donné au Comte d'Eu la charge de
Gouvernement de la Province de Languedoc , qui
vaquoient par la mort du Prince de Dombes.
Sa Majesté a accordé au Maréchal Duc de Richelieu
, Premier Gentilhomme de fa Chambre ,
le Gouvernement de Guyenne , dont le Comte
d'Eu s'eft démis , ainfi que de la charge de Grand
Maître de l'Artillerie de France .
Le Roi a difpofé de la place de Confeiller d'Etat,
vacante par le décès du fieur Chauvelin , en faveur
du fieur de Senozan , Second Préſident de la
trieme Chambre des Enquêtes du Parlement.
qua-
Le Maréchal Duc de Richelieu s'eft démis de fa
Lieutenance-Générale de Languedoc , & le Roi
en a difpofé en faveur du Duc de Mirepoix , qui
commandera auffi dans la même Province à la
place du Maréchal de Richelieu.
L'Affemblée générale du Clergé ayant fini fes
féances , les Prélats & autres Députés qui la compofoient
, fe rendirent à Verſailles le 26 du mois
d'Octobre. Ils eurent audience du Roi avec les
honneurs qu'on rend au Clergé , quand il eft en
Corps , & avec les cérémonies obfervées , lorfque
les mêmes députés rendirent leurs ' refpects à
Sa Majefté le premier du mois de Juin. Le Cardinal
de la Rochefoucauld , Préſident de l'Affemblée
, étoit à la tête des Députés , & l'Evêque
d'Autun porta la parole.
Le nommé Euftache le Vafleur ,
compagnon
236 MERCURE DE FRANCE.
Bourrelier , mourut le 26 Octobre fur la Paroiffe
de Saint Eustache , dans la cent - huitieme année
de fon âge , étant né au mois d'Avril 1648 , à
DamPierre en Bray , Diocèfe de Rouen.
Sa Majefté a difpofé de la charge de Chevalier
d'Honneur de la Reine , vacante par la mort
du Maréchal de la Mothe- Houdancourt , en faveur
du Comte de Saulx- Tavannes , Lieutenant-
Général des Armées du Roi , Gouverneur du
Château du Taureau en Baffe - Bretagne , & l'un
des Meains de Monfeigneur le Dauphin.
Quoique le Parlement n'ait point pris de vacances
cette année , l'ouverture de fes féances
d'après la Saint Martin , s'eft faite avec les cérémonies
ordinaires. Monfieur de Maupeon , Premier
Préſident , & les Chambres ont affifté ,
fuivant l'ufage , dans la Chapelle de la grande
Salle du Palais , à une Meffe folemnelle , célébrée
par l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle.
Monfieur le Comte de Teffé eft parti de Verfailles
le 16 Octobre pour ſe rendre à Arpajon :
le régiment Royal Cravates , Cavalerie , dont il eft
Colonel , arriva en cette ville le 17 ; & le 18 ,
après avoir été reçu à la tête de ce Régiment , &
après la revue qu'il en a faite dans la plaine voifine
de la porte d'Etampes , il eft revenu accompagné
de plufieurs Seigneurs de la Cour au Château
d'Arpajon où il a logé pendant fon féjour en
cette ville le foir il y a eu un grand fouper pendant
lequel on a tiré un feu d'artifice , & les
trompettes du Régiment ont exécuté des fanfares.
Pendant tout le féjour de ce Régiment à Arpajon
, le Colonel a régalé tous les Officiers avec
autant de délicateffe que de fomptuofité : tous les
cavaliers ont également reffenti les effets de la
DECEMBRE . 1755. 237
générofité de M. le Comte de Teffé. La joie qu'a
témoigné tout ce Régiment de l'avoir pour Colonel
, fait efpérer qu'il y retrouvera les avantages
précieux dont il jouiffoit dans le corps des Grenadiers
de France , où il étoit eftimé & aimé univerfellement.
Le Chevalier de Vaudreuil , Lieutenant - Géné
ral des armées du Roi , Grand Croix de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , & Major du
Régiment des Gardes Françoiſes , a obtenu la retraite
de ce Régiment , & le Gouvernement de
Gravelines qui vaquoit par la mort du Maréchal
de la Mothe - Houdancourt. La Majorité vacante
dans le Régiment des Gardes Françoifes par la retraite
du Chevalier de Vaudreuil , a été donnée à
M. de Cornillon , Capitaine dans le même Régiment.
Gouvernement de la Province de Languedoc , qui
vaquoient par la mort du Prince de Dombes.
Sa Majesté a accordé au Maréchal Duc de Richelieu
, Premier Gentilhomme de fa Chambre ,
le Gouvernement de Guyenne , dont le Comte
d'Eu s'eft démis , ainfi que de la charge de Grand
Maître de l'Artillerie de France .
Le Roi a difpofé de la place de Confeiller d'Etat,
vacante par le décès du fieur Chauvelin , en faveur
du fieur de Senozan , Second Préſident de la
trieme Chambre des Enquêtes du Parlement.
qua-
Le Maréchal Duc de Richelieu s'eft démis de fa
Lieutenance-Générale de Languedoc , & le Roi
en a difpofé en faveur du Duc de Mirepoix , qui
commandera auffi dans la même Province à la
place du Maréchal de Richelieu.
L'Affemblée générale du Clergé ayant fini fes
féances , les Prélats & autres Députés qui la compofoient
, fe rendirent à Verſailles le 26 du mois
d'Octobre. Ils eurent audience du Roi avec les
honneurs qu'on rend au Clergé , quand il eft en
Corps , & avec les cérémonies obfervées , lorfque
les mêmes députés rendirent leurs ' refpects à
Sa Majefté le premier du mois de Juin. Le Cardinal
de la Rochefoucauld , Préſident de l'Affemblée
, étoit à la tête des Députés , & l'Evêque
d'Autun porta la parole.
Le nommé Euftache le Vafleur ,
compagnon
236 MERCURE DE FRANCE.
Bourrelier , mourut le 26 Octobre fur la Paroiffe
de Saint Eustache , dans la cent - huitieme année
de fon âge , étant né au mois d'Avril 1648 , à
DamPierre en Bray , Diocèfe de Rouen.
Sa Majefté a difpofé de la charge de Chevalier
d'Honneur de la Reine , vacante par la mort
du Maréchal de la Mothe- Houdancourt , en faveur
du Comte de Saulx- Tavannes , Lieutenant-
Général des Armées du Roi , Gouverneur du
Château du Taureau en Baffe - Bretagne , & l'un
des Meains de Monfeigneur le Dauphin.
Quoique le Parlement n'ait point pris de vacances
cette année , l'ouverture de fes féances
d'après la Saint Martin , s'eft faite avec les cérémonies
ordinaires. Monfieur de Maupeon , Premier
Préſident , & les Chambres ont affifté ,
fuivant l'ufage , dans la Chapelle de la grande
Salle du Palais , à une Meffe folemnelle , célébrée
par l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle.
Monfieur le Comte de Teffé eft parti de Verfailles
le 16 Octobre pour ſe rendre à Arpajon :
le régiment Royal Cravates , Cavalerie , dont il eft
Colonel , arriva en cette ville le 17 ; & le 18 ,
après avoir été reçu à la tête de ce Régiment , &
après la revue qu'il en a faite dans la plaine voifine
de la porte d'Etampes , il eft revenu accompagné
de plufieurs Seigneurs de la Cour au Château
d'Arpajon où il a logé pendant fon féjour en
cette ville le foir il y a eu un grand fouper pendant
lequel on a tiré un feu d'artifice , & les
trompettes du Régiment ont exécuté des fanfares.
Pendant tout le féjour de ce Régiment à Arpajon
, le Colonel a régalé tous les Officiers avec
autant de délicateffe que de fomptuofité : tous les
cavaliers ont également reffenti les effets de la
DECEMBRE . 1755. 237
générofité de M. le Comte de Teffé. La joie qu'a
témoigné tout ce Régiment de l'avoir pour Colonel
, fait efpérer qu'il y retrouvera les avantages
précieux dont il jouiffoit dans le corps des Grenadiers
de France , où il étoit eftimé & aimé univerfellement.
Le Chevalier de Vaudreuil , Lieutenant - Géné
ral des armées du Roi , Grand Croix de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , & Major du
Régiment des Gardes Françoiſes , a obtenu la retraite
de ce Régiment , & le Gouvernement de
Gravelines qui vaquoit par la mort du Maréchal
de la Mothe - Houdancourt. La Majorité vacante
dans le Régiment des Gardes Françoifes par la retraite
du Chevalier de Vaudreuil , a été donnée à
M. de Cornillon , Capitaine dans le même Régiment.
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Résumé : « Le Roi a donné au Comte d'Eu la charge de Colonel Général [...] »
Le roi a attribué plusieurs charges et gouvernements. Le Comte d'Eu a reçu le gouvernement de la province de Languedoc, vacant après la mort du Prince de Dombes. Le Maréchal Duc de Richelieu a été nommé gouverneur de Guyenne, succédant au Comte d'Eu, qui a également démissionné de la charge de Grand Maître de l'Artillerie de France. Le Sieur de Senozan a été nommé Conseiller d'État, remplaçant le Sieur Chauvelin. Le Duc de Mirepoix a été désigné pour la Lieutenance-Générale de Languedoc, succédant au Maréchal Duc de Richelieu. Le Cardinal de la Rochefoucauld et les députés du Clergé ont été reçus par le roi à Versailles le 26 octobre. Eustache le Vaseur, bourrelier, est décédé à Paris à l'âge de 108 ans. Le Comte de Saulx-Tavannes a été nommé Chevalier d'Honneur de la Reine, succédant au Maréchal de la Mothe-Houdancourt. Le Parlement a ouvert ses séances après la Saint Martin avec les cérémonies habituelles. Le Comte de Tesse a quitté Versailles pour Arpajon avec son régiment, le Royal Cravates, où il a été reçu et a logé au château. Le Chevalier de Vaudreuil a obtenu la retraite du Régiment des Gardes Françoises et le gouvernement de Gravelines, vacant après la mort du Maréchal de la Mothe-Houdancourt. La Majorité dans le Régiment des Gardes Françoises a été attribuée à M. de Cornillon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1272
p. 175
DU LEVANT.
Début :
Le 25 du mois dernier, Nischangi Pacha, Grand Visir, fut mandé [...]
Mots clefs :
Constantinople, Nischangi Pacha, Grand vizir, Exécution, Trahison, Saïd Effendi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
D U L E V" A A7 7 .
DE CoNsTANTINoPLE, le 2 Novembre.
LE 2 5 du mois dernier, Niſchangi Tacha ;
Grand Viſir , fut mandé par le Grand Seigneur,
qui ſur le champ lui ôta les Sceaux de l'Empire,
& le fit conduire entre les deux portes intérieures
du Palais. Il y demeura juſqu'au lendemain après
midi, qu'on lui apporta le fatal cordon. Ce Grand
Viſir n'étoit âgé que de trente-quatre ans.Son
corps a été expoſé à la vue du peuple avec un
écriteau conçu en ces termes : Voilà le corps du
fervers Niſchangi, qui a trahi la confiance du
Sultan ſon maître, & qui a mérité l'indignation
de Sa Hauteſſe par les forfaits dont il s'eſt rendu
coupable. Que chacun profite de cet exemple. Saïd
Effendi, dont le mérite & la probité ſont géné
ralement reconnus, a été déclaré Grand Vifir ;
& la place de Kiaya qu'il occupoit, a été donnée
au Reis Effendi.
DE CoNsTANTINoPLE, le 2 Novembre.
LE 2 5 du mois dernier, Niſchangi Tacha ;
Grand Viſir , fut mandé par le Grand Seigneur,
qui ſur le champ lui ôta les Sceaux de l'Empire,
& le fit conduire entre les deux portes intérieures
du Palais. Il y demeura juſqu'au lendemain après
midi, qu'on lui apporta le fatal cordon. Ce Grand
Viſir n'étoit âgé que de trente-quatre ans.Son
corps a été expoſé à la vue du peuple avec un
écriteau conçu en ces termes : Voilà le corps du
fervers Niſchangi, qui a trahi la confiance du
Sultan ſon maître, & qui a mérité l'indignation
de Sa Hauteſſe par les forfaits dont il s'eſt rendu
coupable. Que chacun profite de cet exemple. Saïd
Effendi, dont le mérite & la probité ſont géné
ralement reconnus, a été déclaré Grand Vifir ;
& la place de Kiaya qu'il occupoit, a été donnée
au Reis Effendi.
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Résumé : DU LEVANT.
Le 25 octobre, Nischangi Tacha, Grand Visir âgé de 34 ans, fut destitué et exécuté sur ordre du Grand Seigneur. Son corps fut exposé avec un écriteau dénonçant sa trahison. Saïd Effendi, connu pour son mérite, le remplaça. La fonction de Kiaya fut attribuée au Reis Effendi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1273
p. 176-177
ESPAGNE.
Début :
Le Roi a envoyé ordre aux Gouverneurs des provinces limitrophes [...]
Mots clefs :
Madrid, Tarifa, Tremblement de terre, Secours, Provisions, Argent, Dégâts, Secousses, Effondrement d'une montagne, Inondations
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
E S P A G N E.
D E M A D R 1 D , le 27 Novembre.
Le Roi a envoyé ordre aux Gouverneurs des
rovinces limitrophes au Portugal, de fournir aux
† tous les ſecours de vivres & d'argent
† pourroit leur procurer. Indépendamment
e cela, Sa Majeſté a fait expédier pluſieurs cou
riers avec des§conſidérables, afin que le
Secrétaire du feu Comte de la Perelada†
buât aux habitans de Liſbonne , qui ont été rui
nés par le déſaſtre qu'a #cette ville. Il n'y a
preſque aucune partie des deux Royaumes de Sa
Majeſté Très-Fidele, qui ne ſe ſoit reſſentie des
effets du tremblement de terre. Les villes de Por
to, de Santarem, de Guimaraens , de Bragance,
de Viana, de Lamego, deSintra , de Villaréal ,
|
J A N V I E R. 1756. 177
de Caſtellobranco, de Beja, de Portalegre, d'El
vas & de Taveira, préſentent , chacune en par
ticulier , de triſtes veſtiges du dégât que les ſe
conſſes y ont cauſé. Pluſieurs montagnes, entre
autres l'Eſtrella , l'Arrabida , le Marvan, & le
Monte Junio, ont été fortement ébranlées.Quel
ques-unes ſe ſont entr'ouvertes. La crue extraor
dinaire des eaux du Tage, de la Guadiana , du
Minho & du Douro, a produit des inondations ,
qui ont interrompu preſque toute communica
tion entre les différentes provinces.
D E T A R 1 F F A , le 19 Novembre,
Si l'on en croit diverſes lettres , les ſecouſſes
ont été encore plus violentes à Gibraltar que dans
toutes les autres villes de cette côte Une partie
de la montagne voiſine du port s'eſt écroulée ſuz
la ville , & y a cauſé un grand dommage.
D E M A D R 1 D , le 27 Novembre.
Le Roi a envoyé ordre aux Gouverneurs des
rovinces limitrophes au Portugal, de fournir aux
† tous les ſecours de vivres & d'argent
† pourroit leur procurer. Indépendamment
e cela, Sa Majeſté a fait expédier pluſieurs cou
riers avec des§conſidérables, afin que le
Secrétaire du feu Comte de la Perelada†
buât aux habitans de Liſbonne , qui ont été rui
nés par le déſaſtre qu'a #cette ville. Il n'y a
preſque aucune partie des deux Royaumes de Sa
Majeſté Très-Fidele, qui ne ſe ſoit reſſentie des
effets du tremblement de terre. Les villes de Por
to, de Santarem, de Guimaraens , de Bragance,
de Viana, de Lamego, deSintra , de Villaréal ,
|
J A N V I E R. 1756. 177
de Caſtellobranco, de Beja, de Portalegre, d'El
vas & de Taveira, préſentent , chacune en par
ticulier , de triſtes veſtiges du dégât que les ſe
conſſes y ont cauſé. Pluſieurs montagnes, entre
autres l'Eſtrella , l'Arrabida , le Marvan, & le
Monte Junio, ont été fortement ébranlées.Quel
ques-unes ſe ſont entr'ouvertes. La crue extraor
dinaire des eaux du Tage, de la Guadiana , du
Minho & du Douro, a produit des inondations ,
qui ont interrompu preſque toute communica
tion entre les différentes provinces.
D E T A R 1 F F A , le 19 Novembre,
Si l'on en croit diverſes lettres , les ſecouſſes
ont été encore plus violentes à Gibraltar que dans
toutes les autres villes de cette côte Une partie
de la montagne voiſine du port s'eſt écroulée ſuz
la ville , & y a cauſé un grand dommage.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 27 novembre, le roi d'Espagne a ordonné aux gouverneurs des provinces frontalières du Portugal de fournir des secours en vivres et en argent aux victimes du tremblement de terre qui a frappé Lisbonne. Plusieurs courriers ont été envoyés pour transmettre des aides financières aux habitants de Lisbonne. Les effets du séisme se sont fait sentir dans presque toutes les parties des royaumes de Sa Majesté Très-Fidèle. Les villes de Porto, Santarem, Guimaraens, Bragance, Viana, Lamego, Sintra, Villaréal, Castellobranco, Beja, Portalegre, Elvas et Taveira montrent des signes de destruction. Plusieurs montagnes, dont l'Estrella, l'Arrabida, le Marvan et le Monte Junio, ont été ébranlées et certaines se sont ouvertes. La crue extraordinaire des rivières Tage, Guadiana, Minho et Douro a provoqué des inondations, interrompant les communications entre les provinces. Le 19 novembre, des lettres rapportent que les secousses à Gibraltar ont été plus violentes qu'ailleurs, causant l'effondrement d'une partie de la montagne voisine du port et des dommages importants.
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1274
p. 179-182
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Les Communes délibérerent le 21 Novembre en grand Comité sur le [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des communes, Ministres étrangers, Landgrave de Hesle-Cassel, Vaisseaux, Octroi de fonds
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE- BRETAGNE.
DE LONDRES , le 11 Decembre.
Les Communes délibérerent le 21 Novembre
en grand Comité fur le fubfide , & elles accorderent
au Roi cinquante mille Matelots , en
y comprenant cinq mille cent trente- huit foldats
de marine. Le 26 , cette Chambre régla qu'on
leveroit quatre fchelings par livre fterling fur les
revenus des terres dans toute l'étendue de la Grande-
Bretagne , & que les droits fur la Dréche ſeroient
continués pendant l'année prochaine. Les
traités conclus avec l'Impératrice de Ruffie &
avec le Landgrave de Heffe Caffel furent remis â
la Chambre des Seigneurs par le Comte de Holderneff
, & à celle des Communes par M. Fox .
L'une & l'autre Chambre ont renvoyé à la quinzaine
l'examen de ces traités , & elles ont ordonné
que tous les membres feroient fommés d'y
affifter.
Plufieurs des Miniftres Ettangers furent le 25
Novembre en conférence avec les Miniftres du
Roi. La Compagnie des Indes Orientales tint le
26 une affemblée générale. Il y fut décidé que le
Dividende fur fon fonds capital , à compter du
commencement du mois de Janvier 1756 , feroit
réduit de huit à fix pour cent. Dans une affemblée
que le Corps de la Bourgeoisie de cette ville
tint le 25 Novembre , on propofa de fupplier le
Parlement d'établir en Angleterre une milice générale.
Mais la négative l'emporta à la pluralité
de quatre-vingt-fix voix contre foixante - fix . La
Milice particuliere des provinces méridionales
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
fe leve avec toute la diligence poffible . Le Duc de
Marlbouroug partira dans peu pour aller prendre
le commandement des troupes dans la province
de Kent . Suivant l'arrangement propofé
par le Général Ligonier , chaque Bataillon aura
déformais deux pieces de campagne. Quelques
Bataillons des Gardes à pied & une Compagnie
des Gardes du Corps ont reçu ordre de fe tenir
prêts à marcher. Le Duc de Bedfort a fait offre au
Roi d'entretenir à fes dépens pendant une année
un Corps de dix mille hommes . Des Commiffaires
font chargés d'aller vifiter les fortifications
de toutes les places d'Irlande , & de faire réparer
celies qui en auront befoin .
Quelques vaiffeaux & plufieurs chaloupes croifent
le long de la côte du Comté de Suffex , afin
de s'opposer aux defcentes qu'on pourroit tenter
dans ce te province.
En divers endroits de la Grande- Bretagne on
a obſervé dans les eaux la même agitation qui
s'eft fait remarquer en Hollande , en Allemagne
& en Italie , & qui a caufé de fi terribles ravages
à Cadix & dans le Portugal.
On propofa le 2 de ce mois à la Chambre d'encourager
les Matelots par quelques récompenfes.
extraordinaires , & de requérir que le Roi décla
rât légitimes les prifes faites fur les Francois. Ces
deux propofitions exciterent de longs débats , &
furent enfin rejettées.
On a embarqué ces jours - ci vingt - cinq mille
livres fterlings , & une grande quantité de toutes
fortes de provifions pour le Portugal . En faveur
de ce Royaume défolé on a levé l'embargo qui
avoit été mis dans tous les ports d'Irlande fur les
beftiaux & fur les grains.
Le s,le Comte de Holderneffremit à la Chambre
JANVIER. 1756. 181
les copies qu'elle avoit demandées de plufieurs an
ciens Traités. Elle réfolut de fupplier le Roi de
lai faire communiquer les Mémoires refpectifs
de ce Miniſtere & de celui de France au fujet des
différends qui regardent l'Amérique . Le Roi fe
rendit à la Chambre le ro , & S. M. ayant mandé les
Communes, donna fon confentement au Bill de la
Dréche. Lorsque le Roi fe fut retiré, les Seigneurs
prirent en confidération les deux Traités faits avec
' Impératrice de Ruffie & avec le Landgrave de
Heffe-Caffel. L'un & l'autre furent approuvés à
la pluralité de quatre-vingt - cinq voix contre douze.
Lei , le 6 & le 8 , la Chambre des Communes
examina en Committé le Bill de la taxe fur les ter
res. Il fut ordonné de porter un Bill pour recruter
plus promptement les troupes. La Chambre
a accordé neuf cens trente mille fix cens trois
livres sterlings pour l'entretien des troupes employées
dans la Grande- Bretagne ; deux cens huit
mille cinq cens trente- quatre pour les troupes
d'Amérique , ainfi que pour les garnifons de Ġibraltar
& de Port-Mahon ; cent cinquante- deux
mille quatre cens trente- cinq pour l'artillerie de
terre, cent quarante -fix mille pour les dépenses extraordinaires
que ce département a exigées, & auxquelles
le Parlement n'avoit pas pourvu ; cent
mille pour fecourir les malheureux qui ont été
rainés par la cataſtrophe de Liſbonne.
Le vaiffeau de guerre la Hamptoncourt , de
foixante-dix canons , a fait voile de Portsmouth
pour Lisbonne, chargé de provifions , & de cinquante
mille livres fterlings. Plufieurs autres vaiffeaux
partirone fucceffivement avec de femblables
fecours pour la même deſtination . Le Capitaine
& l'équipage d'un navire , appartenant à MM.
de Godwill & Cotterel ont déclaré que le & No182
MERCURE DE FRANCE.
vembre ils avoient effuyé en pleine mer , à plus
de foixante lieues des côtes du Portugal , une fecouffe
auffi violente que celle du plus fort tremblement
de terre.
DE LONDRES , le 11 Decembre.
Les Communes délibérerent le 21 Novembre
en grand Comité fur le fubfide , & elles accorderent
au Roi cinquante mille Matelots , en
y comprenant cinq mille cent trente- huit foldats
de marine. Le 26 , cette Chambre régla qu'on
leveroit quatre fchelings par livre fterling fur les
revenus des terres dans toute l'étendue de la Grande-
Bretagne , & que les droits fur la Dréche ſeroient
continués pendant l'année prochaine. Les
traités conclus avec l'Impératrice de Ruffie &
avec le Landgrave de Heffe Caffel furent remis â
la Chambre des Seigneurs par le Comte de Holderneff
, & à celle des Communes par M. Fox .
L'une & l'autre Chambre ont renvoyé à la quinzaine
l'examen de ces traités , & elles ont ordonné
que tous les membres feroient fommés d'y
affifter.
Plufieurs des Miniftres Ettangers furent le 25
Novembre en conférence avec les Miniftres du
Roi. La Compagnie des Indes Orientales tint le
26 une affemblée générale. Il y fut décidé que le
Dividende fur fon fonds capital , à compter du
commencement du mois de Janvier 1756 , feroit
réduit de huit à fix pour cent. Dans une affemblée
que le Corps de la Bourgeoisie de cette ville
tint le 25 Novembre , on propofa de fupplier le
Parlement d'établir en Angleterre une milice générale.
Mais la négative l'emporta à la pluralité
de quatre-vingt-fix voix contre foixante - fix . La
Milice particuliere des provinces méridionales
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
fe leve avec toute la diligence poffible . Le Duc de
Marlbouroug partira dans peu pour aller prendre
le commandement des troupes dans la province
de Kent . Suivant l'arrangement propofé
par le Général Ligonier , chaque Bataillon aura
déformais deux pieces de campagne. Quelques
Bataillons des Gardes à pied & une Compagnie
des Gardes du Corps ont reçu ordre de fe tenir
prêts à marcher. Le Duc de Bedfort a fait offre au
Roi d'entretenir à fes dépens pendant une année
un Corps de dix mille hommes . Des Commiffaires
font chargés d'aller vifiter les fortifications
de toutes les places d'Irlande , & de faire réparer
celies qui en auront befoin .
Quelques vaiffeaux & plufieurs chaloupes croifent
le long de la côte du Comté de Suffex , afin
de s'opposer aux defcentes qu'on pourroit tenter
dans ce te province.
En divers endroits de la Grande- Bretagne on
a obſervé dans les eaux la même agitation qui
s'eft fait remarquer en Hollande , en Allemagne
& en Italie , & qui a caufé de fi terribles ravages
à Cadix & dans le Portugal.
On propofa le 2 de ce mois à la Chambre d'encourager
les Matelots par quelques récompenfes.
extraordinaires , & de requérir que le Roi décla
rât légitimes les prifes faites fur les Francois. Ces
deux propofitions exciterent de longs débats , &
furent enfin rejettées.
On a embarqué ces jours - ci vingt - cinq mille
livres fterlings , & une grande quantité de toutes
fortes de provifions pour le Portugal . En faveur
de ce Royaume défolé on a levé l'embargo qui
avoit été mis dans tous les ports d'Irlande fur les
beftiaux & fur les grains.
Le s,le Comte de Holderneffremit à la Chambre
JANVIER. 1756. 181
les copies qu'elle avoit demandées de plufieurs an
ciens Traités. Elle réfolut de fupplier le Roi de
lai faire communiquer les Mémoires refpectifs
de ce Miniſtere & de celui de France au fujet des
différends qui regardent l'Amérique . Le Roi fe
rendit à la Chambre le ro , & S. M. ayant mandé les
Communes, donna fon confentement au Bill de la
Dréche. Lorsque le Roi fe fut retiré, les Seigneurs
prirent en confidération les deux Traités faits avec
' Impératrice de Ruffie & avec le Landgrave de
Heffe-Caffel. L'un & l'autre furent approuvés à
la pluralité de quatre-vingt - cinq voix contre douze.
Lei , le 6 & le 8 , la Chambre des Communes
examina en Committé le Bill de la taxe fur les ter
res. Il fut ordonné de porter un Bill pour recruter
plus promptement les troupes. La Chambre
a accordé neuf cens trente mille fix cens trois
livres sterlings pour l'entretien des troupes employées
dans la Grande- Bretagne ; deux cens huit
mille cinq cens trente- quatre pour les troupes
d'Amérique , ainfi que pour les garnifons de Ġibraltar
& de Port-Mahon ; cent cinquante- deux
mille quatre cens trente- cinq pour l'artillerie de
terre, cent quarante -fix mille pour les dépenses extraordinaires
que ce département a exigées, & auxquelles
le Parlement n'avoit pas pourvu ; cent
mille pour fecourir les malheureux qui ont été
rainés par la cataſtrophe de Liſbonne.
Le vaiffeau de guerre la Hamptoncourt , de
foixante-dix canons , a fait voile de Portsmouth
pour Lisbonne, chargé de provifions , & de cinquante
mille livres fterlings. Plufieurs autres vaiffeaux
partirone fucceffivement avec de femblables
fecours pour la même deſtination . Le Capitaine
& l'équipage d'un navire , appartenant à MM.
de Godwill & Cotterel ont déclaré que le & No182
MERCURE DE FRANCE.
vembre ils avoient effuyé en pleine mer , à plus
de foixante lieues des côtes du Portugal , une fecouffe
auffi violente que celle du plus fort tremblement
de terre.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 21 novembre, les Communes britanniques ont accordé au roi cinquante mille matelots, incluant cinq mille cent trente-huit soldats de marine. Le 26 novembre, elles ont décidé d'imposer une taxe de quatre schellings par livre sterling sur les revenus des terres et de maintenir les droits sur la drêche pour l'année suivante. Les traités avec l'impératrice de Russie et le landgrave de Hesse-Cassel ont été soumis aux Chambres des Lords et des Communes, qui ont reporté leur examen à la quinzaine. Plusieurs ministres étrangers ont rencontré les ministres du roi le 25 novembre. La Compagnie des Indes Orientales a réduit son dividende de huit à six pour cent à partir de janvier 1756. La proposition d'établir une milice générale en Angleterre a été rejetée par la bourgeoisie de Londres. La milice des provinces méridionales est en cours de levée, et le duc de Marlborough doit prendre le commandement des troupes dans le Kent. Le duc de Bedford a proposé d'entretenir un corps de dix mille hommes à ses frais. Des commissaires inspectent les fortifications en Irlande. Des navires patrouillent la côte du Suffolk pour prévenir des descentes ennemies. Des agitations sous-marines similaires à celles observées en Hollande, Allemagne et Italie ont été notées en Grande-Bretagne. La Chambre des Communes a rejeté des propositions de récompenses pour les matelots et de légitimation des prises sur les Français. Des provisions et des fonds ont été envoyés au Portugal, et l'embargo sur les bestiaux et les grains en Irlande a été levé. Le comte de Holderness a remis des copies d'anciens traités à la Chambre, qui a demandé au roi de communiquer les mémoires respectifs concernant les différends en Amérique. Le roi a approuvé le Bill de la drêche. Les Chambres ont examiné et approuvé les traités avec la Russie et la Hesse-Cassel. Des fonds ont été alloués pour l'entretien des troupes en Grande-Bretagne, en Amérique, et pour les garnisons de Gibraltar et de Port-Mahon, ainsi que pour l'artillerie et les dépenses extraordinaires. Des secours ont été envoyés à Lisbonne après le tremblement de terre. Plusieurs navires ont signalé une secousse violente en mer.
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1275
p. 199-213
Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
Début :
Sa Majesté Polonoise, Duc de Lorraine & de Bar, ayant conçu en 1752 [...]
Mots clefs :
Hôtel de ville, Sa Majesté, Statue, Naissance, Cérémonies, Duc de Gesvres, Duc de Fleury, Marchands, Régiments, Loterie
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texteReconnaissance textuelle : Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
Dédicace de la Statue du Roy , dans la Place
Royale de Nancy.
Sa Majesté Polonoife , Duc de Lorraine & de
Bar , ayant conçu en 1752 le deflein de faire élever
un monument de fa tendreffe à Sa Majesté
Très-Chrétienne , a dreffé elle - même le plan
d'une place , dont l'exécution confiée à M. Heré
de Corny, fon premier Architecte , répond à la
magnificence des idées de Sa Majesté & à la gran
deur du fujet . Les édifices qui environnent cette
place , font d'une fymmétrie parfaite . Celui du
fond eft deftiné à l'Hôtel de Ville . Ceux de droite
& de gauche forment quatre pavillons . La place
eft terminée par un Corps de bâtimens à un
étage , qui fait retour pour donner une rue de
communication de la Ville Neuve à la Ville
Vieille. Au fond de la rue eft un arc de triomphe
, compoféde trois portiques. Dans les quatre
angles de la place , dont l'extérieur eft décoré
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'une architecture d'ordre Corinthien en pilaftres
, on a mis quatre grands grillages fur un
plan ceintré. Les deux du fond font employés à
mafquer les baftions . Ils forment chacun un grand
portique & deux petits. Le portique du milieu
eft une cafcade , où l'on voit la figure de Neptune
fur fon char tiré par des chevaux marins ;
d'un côté , un fleuve & une Nayade ; & de l'autre
un dragon. Toutes les eaux que jettent ces différentes
figures , fe répandent en nappes dans un
vafte baffin. Les fontaines des petits portiques
font ornées de grouppes d'enfans qui jouent avec
des poiffons. Les deux autres grands grillages
font aux angles de l'Hôtel de Ville , & ils forment
deux effeces de portes Flamandes , de vingtdeux
pieds d'ouvertures , deftinés pour donner entrée
à quatre rues.
Au milieu de la place s'éleve un piedestal de
marbre blanc , fur lequel eft la ftatue pedeftre
de Louis XV habillé à la Romaine , cuiraflé &
revêtu du manteau royal . Cette figure de bronze
eft haute de onze pieds. Quatre bas reliefs auffi
de bronze décorent les quatre faces du piedeftal ,
& repréfentent , le premier le mariage du Roi
Très - Chrétien ; le fecond la paix conclue à Vienne
; le 3e la prife de poffeffion de la Lorraine ; le
quatrieme l'Academie des Sciences & Belles - Lettres
établie dans cette ville. Aux quatre angles du
piedeftal , fur le pallier des marches font quatre
figures coloffales , qui repréfentent la prudence ,
la juftice , la valeur & la clémence.
Sa Majefté Polonoiſe ayant fixé le jour de la
Dédicace de la ftatue au 26 Novembre ,vingt trois
jours auparavant à la Malgrange. La fête ne pouvoit
mieux commencer que par des actions de
graces , pour la naiffance de Monfeigneur le Com
ง
JANVIER. 1756. 201
te de Provence. Le Roi fe rendit le 25 à l'églife
primatiale , pour y aflitter à une Meffe folemnelle
, & au Te Deum. Le Primat revêtu de fes
habits pontificaux , reçut Sa Majesté à la porte de
l'églife , où les Compagnies fupérieures , les autres
Corps de Juftice , & le Clergé féculier &
régulier s'étoient rendus.
疹
Le lendemain 26 , Sa Majefté entendit dans
P'églife de Bon-Secours une Mefle célébrée par le
Primat. Vers midi , Sa Majefté arriva ici avec
toute la pompe de la Royauté. Le Régiment d'Infanterie
du Roi Très -Chrétien en garnifon dans
cette ville , bordoit en haie les rues depuis la porte
Saint Nicolas jufqu'à la place royale . Sa Majefté
Polonoife fut faluée de trois décharges de
l'artillerie des remparts. A la porte de l'Hôtel de
Ville , elle fut complimentée par M. Thibault ,
Lieutenant- Général de Police , à la tête des Magiftrats
.
Sa Majefté s'étant placée fur le balcon du grand
fallon de l'Hôtel de Ville , un Héraut d'Armes ,
précédé des Timballiers & Trompettes des plaifirs,"
& monté fur un cheval richement caparaçonné ,
fortit de deffous l'arc de triomphe , & en s'avançant
par la droite , il fit le tour de la place . Devant
chaque pavillon , il fit à haute voix la proclamation
de la Dédicace de la ftatue. La Nobleſſe
& le peuple répondirent à l'envi par des acclamations
réitérées. Alors on ôta de deffus la ftatue le
voile qui la couvroit , & de nouvelles acclamations
en couronnerent la Dédicace. Pendant la
cérémonie , l'artillerie des remparts & la moufqueterie
du Régiment du Roi Très - Chrétien firent
des falves continuelles .
Au lieu d'eau il coula du vin des Fontaines de
la place pendant le refte du jour . Quatre Confeil-
I y
202 MERCURE DE FRANCE.
lers de l'Hôtel de Ville jetterent à pleines mains
de l'argent par les fenêtres des quatre pavillons ,
& l'on diftr bua en même - tems dans toute la ville
des largeffes confidérables aux pauvres honteux .
Sa Majesté reçut les complimens de fa Cour fupérieure
, de fa Chambre des Comptes , de l'Académie
des Sciences & Belles- Lettres , & des quatre
Chapitres de Chanoineffes de Remiremont
d'Epinal , de Bouxieres & de Pouffay.
Sur les quatre heures elle fe rendit à la falle de
la Comédie , où elle entendit un prologue relatif
à la cérémonie du jour. L'Auteur des paroles eft
M. Paliffot de Montenoy , & la Mufique eft de M.
Surat . Après le fpectacle , Sa Majefté paffa à la
falle du bal paré que donnoit la Ville. Il étoit
compofé de toute la haute Nobleffe de Lorraine ,
& d'Etrangers de la plus grande diftinction , que le
défir de faire leur cour à Sa Majefté avoit attirés
de toutes parts. Le Roi y demeura une demi-heure,
& partit enfuite au bruit de l'artillerie , & au
milieu des acclamations dictées par l'allégrefle
générale.
En paffant près de la grande place de la Ville
Neuve , Sa Majefté y vit les Soldats & Sergens
des quatre Bataillons du Régiment du Roi , affis
à de longues tables , où la Ville leur avoit fait
fervir un repas dans lequel il régna autant d'ordre
que d'abondance. Les tables formoient un
quarré. Elles étoient éclairées par cinq pyramides
, dont quatre de vingt- trois pieds , & celle
du milieu de quarante , toutes furmontées de
fleurs de lys couronnées , ayant dans leurs corps
les armes de Sa Majefté Polonoife , & celles de la
Ville en feu tranfparent. Le devant & le derriere
des tables étoient ornés des faifceaux d'armes
du Régiment , fur chacun defquels il y avoit une
JANVIE R. 1756. 203
fleur de lys illuminée. Les drapeaux étoient déployés
autour des tables , fur lefquelles veillont
le Corps des Officiers , le Marquis de Guerchy ,
Colonel-Lieutenant , à la tête .
A la fuite du bal paré il y eut grand bal
mafqué à l'Hôtel de Ville.
Sa Majesté revint ici le 27. La Place royale
étoit illuminée fuivant l'ordre de l'architecture .
Après avoir confidéré l'illumination , le Roi defcendit
du grand fallon de l'Hôtel de Ville pour
fe rendre fous le periftile de l'arc de triomphe.
Avant fa fortie , M. Thibault lui préfenta fur
le feuil de la porte une médaille d'or . Eile porte
d'un côté la tête de Sa Majesté Polonoife avec cette
infcription : Stanislaus Í , Rex Polonia , Magnus
Duc Lithuania , Lotharingia & Barri . Au revers
eft la ftatue pedeſtre de Louis XV fur fon piedeftal
, avec cette légende : Uriufque immortalitati,
Et pour exergue , Civitas Nanceiana . MDCCLV.
En recevant cette médaille , qui a été gravée
par la Dame de Saint Urbain , Sa Majesté eut la
bonté de dire aux Magiftrtas : Meffieurs , fur ce médaillon
eft mon effigie , mais les vôtres font gravées
dans mon coeur.
On tira enfuite le magnifique feu d'artifice ,
qui avoit été préparé . Sa Majesté après le feu ,
retourna à la place royale , pour voir une feconde
fois l'illumination , & elle partit enfin au bruit de
nouvelles falves d'artillerie & de moufqueterie.
Pendant les trois jours qu'ont duré les réjouiffances
publiques , les habitans de Nancy ont fait
les honneurs de la Ville , en tenant table ouverte
pour les Etrangers , qui , après avoir admiré les
magnificences dont ils ont été témoins , ont remporté
la plus haute idée de l'amour fincere &
refpectueux des Lorrains pour leurs Majeftés
Très- Chrétienne & Polonoife.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Cette fête n'a point été particuliere à la ville
de Nancy : elle a été générale dans toutes les
villes & dans les bourgs de la Lorraine & du
Barrois.
Le 14 Décembre , les Députés de la Ville de
Nancy eurent l'honneur de préſenter au Roi les
Médailles d'or & d'argent , qui ont été frappées
à l'occafion de cette Dédicace. Le Roi pour leur
donner de fa fatisfaction une marque diftinguée ,
les reçut dans fon cabinet. Ils furent préfentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Fleury, premier Gentilhomme
de la Chambre , Gouverneur & Lieutenant-
Général de Lorraine & du Barrois, & par M.
le Comte d'Argenfon, Miniftre & Secrétaire d'Etat.
Les Députés eurent le même honneur chez la
Reine , chez Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, Monfeigneur le Duc de Berry , & Monfeigneur
le Comte de Provence , ainfi que chez Madame
, & chez Mefdames Victoire , Sophie &
Louife, étant préfentés de même par M. le Duc de
Fleury , & M. le Comte d'Argenfon. La Députation
étoit compofée de M. Thibault , Lieutenant-
Général de Police , & Chef du Magiſtrat de
Nancy ; de M. Breton , Confeiller pour la Nobleffe
; de M. Puiffeur , Confeiller pour le Tiers-
Etat ; & de M. Richer , Confeiller , Tréforier de
l'Hôtel de Ville de Nancy. M. Thibault porta la
parole.
Le 12 , la rentrée de la Cour des Aides fe fit
avec les cérémonies ordinaires. Après la Meffe
célébrée , felon la coutume , dans la falle de la
Cour , les trois Chambres s'affemblerent dans la
premiere , & l'on fit la lecture des Ordonnances
& des Réglemens. Les Huifliers ayant prêté ferJANVIER
. 1756. 205
ment , M. de Lamoignon de Malesherbes , Premier
Préfident , prononça un difcours fur le choix
des Etudes. Enfuite M. Boula de Mareuil , fecond
Avocat Général , prit la parole , & haranguafur
Pemploi du Tems.
M. de Landreville , Maréchal de Camp & chef
de Brigade des Gardes du Corps , vint le 17 Novembre
, de la part du Roi , annoncer la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence au Corps
de ville qui s'étoit affemblé fur la premiere nouvelle
que Madame la Dauphine avoit reffenti
quelques douleurs. M. le Marquis de Dreux , Grand
Maître des cérémonies , a remis en même tems
au Corps de ville une lettre de Sa Majeſté ſur le
même ſujet. Auffi - tôt les Prévôt des Marchands
& Echevins firent annoncer à toute la ville , par
une falve générale de l'artillerie , & par la cloche
de l'Hôtel de ville , qui a fonné jufqu'à minuit ,
la nouvelle faveur qu'il a plu à Dieu d'accorder à
la France.
A fix heures du foir on fit une feconde falve
de l'artillerie , après laquelle les Prévôt des Marchands
& Echevins allumerent , avec les cérémonies
ordinaires , le bucher qui avoit été dreſſé
dans la Place devant l'Hôtel de ville . On tira enfuite
une grande quantité de fufées volantes ; on
fit couler dans les quatre coins de la place des
fontaines de vin , & on diftribua au peuple du
pain & des viandes. Plufieurs Orcheftres remplis
de Muficiens , mêlerent le fon de leurs inftrumens
aux acclamations dictées par l'alegreffe
publique. La façade de l'Hôtel de ville fut illuminée
le foir par plufieurs filets de terrines , ainfi
que l'hôtel du Duc de Gefvres , Gouverneur de
Paris , celui du Prévôt des Marchands & les maifons
des Echevins & Officiers du Bureau de la
ville,
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence , on chanta le 23
Novembre le Te Deum dans l'églife Métropolitaine
, & l'Abbé de Saint Exupery , Doyen du
Chapitre , y officia. Le Chancelier & le Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat & Maîtres des Requêtes , y affifterent , ainfi
que le Parlement , la Chambre des Comptes ,
la Cour des Aides , & le Corps de ville , qui y
avoient été invités de la part de Sa Majesté par
le Marquis de Dreux , Grand Maître des cérémonies.
On tira le même jour dans la place de l'Hôtel
de ville , par ordre des Prévôt des Marchands &
Echevins , un très -beau feu d'artifice . La décoration
repréfentoit un Temple de Lucine , formant
par fon plan un quarré régulier de marbre blanc.
Une ordonnance compofite , portée fur un focle
& terminée par un attique , préfentoit fur chaque
face du quarré quatre colonnes ifolées , embraffées
par des branches de lys , & grouppées
deux à deux , qui foutenoient un fronton triangulaire.
A côté des colonnes étoient des figures de
fept pieds de proportion , repréfentant des Vertus.
Le milieu des façades étoit ouvert par un portique
élevé fur des dégrés de marbre blanc , qui
conduifoient jufqu'à l'autel , fur lequel étoit placée
la Déeffe . Les colonnes , les frontons , les panneaux
du focle & de l'attique étoient de marbre
ferancolin. L'intérieur du temple étoit de bréche
violette. Les chapiteaux , la frife , les moulures ,
les bas reliefs & les figures étoient en or . Au-deffus
du fronton étoit le médaillon des armes du
Roi , fupporté par le Génie de la France , & par
JANVIER. 1756. 207
une Renommée. Des Amours , foutenus fur des
nuages , formoient différens jeux , & fervoient
de couronnement à tout l'édifice . Le temple avoit
ving- cinq pieds de largeur fur quarante de hauteur.
Il portoit fur une terraffe de quarante-huit
pieds de baſe , dont les appuis formoient autour
de l'édifice principal , une enceinte décorée dans
tous les angles par des acroteres qui foutenoient
des vafes de fleurs . On montoit fur la terrafle
par des perrons diftribués fur toutes les faces .
Après l'artifice , la façade de l'Hôtel de ville fut
illuminée avec autant de goût que de magnifi- *
cence. Toutes les colonnes dans leur pourtour
étoient garnies de lampions . Des filets de terrines
regnoient le long des entablemens. Plufieurs
Juftres formés de lanternes de verre éclairoient
les autres parties . La place vis - à- vis de l'Hôtel de
ville étoit entourée d'Ifs , portant chacun plus de
cent cinquante lumieres .
Il y eut auffi de magnifiques illuminations
aux hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt des
Marchands , ainfi qu'aux maifons des Echevins &
des principaux Officiers du Corps de Ville .
Des fontaines de vin coulerent dans ces différens
endroits , de même que dans la place de
l'Hôtel de ville , & dans les autres principales places
de Paris ; & l'on diftribua du pain & des viandes
au peuple. On avoit placé des orcheftres partout
où le faifoient ces diftributions.
La cloche de l'Hôtel de ville fonna en tocfin
depuis cinq heures du matin juſqu'à minuit. Pendant
la journée il y eut quatre falves d'artillerie ;
une à cinq heures du matin , une à midi , une pendant
le Te Deum , & la derniere avant le feu
d'artifice .
Le 23 , la Vicomteffe de Cambis fut préſentée
à leurs Majeftés .
208 MERCURE DE FRANCE.
Le 24 , le Corps de ville alla à l'Eglife paroiffiale
de Saint Jean en Greve , pour rendre les
actions particulieres de graces ; & il affifta à un
Te Deum qu'il fic chanter en mufique L'Hôtel
de ville , les hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt
des Marchands , & les maiſons des Echevins
& des principaux Officiers du Corps de Ville furent
de nouveau illuminés.
Le Marquis de Braffac , un des Chambellans du
Roi de Pologne Duc de Lorraine & de Bar , eft
venu de la part de Sa Majefté Polonoiſe pour
complimenter ieurs Majeftés & la Famille royale
fur la naiffance de Monfeigneur le Comte de Provence
; & le 24 Novembre il s'acquitta de cette
commiffion.
M. Séguier , Avocat Général du Parlement ,
ouvrit le 24 les Audiences de la Grand'Chambre ,
par une barangue fur l'Emulation. Cette harangue
fut fuivie d'un difcours de M. de Maupeou , premier
Préfident , fur le Vice de la Jalousie.
Selon les lettres de Bordeaux , on y effuya le
premier Novembre une fecouffe de tremblement
de terre qui dura quelques minutes . Elle fut accompagnée
d'une agitation extraordinaire des
eaux de la Garonne. Heureufement la ville n'a
fouffert aucun dommage.
Conformément à l'ordre que le Roi avoit donné
, le Régiment des Gardes Suiffes s'affembla
à Versailles le 29 de Novembre dans la place
d'armes vis - à-vis de la grille du château , & il
forma un bataillon quarré. A midi & demi M. le
Comte d'Eu ayant averti le Roi , que le Régiment
étoit fous les armes , Sa Majesté monta à cheval ,
accompagnée de M.le Comte d'Argenfon ,Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de laGuerre,
ainsi que de M.le Marquis de Paulmy , Secrétaire
JANVIER. 1756. 209
d'Etat en ſurvivance de M. le Comte d'Argenſon.
Le Bataillon quarré s'ouvrit à l'arrivée du Roi ; Sa
Majefté y entra avec la fuite & avec les Officiers
des Gardes du Corps , & le Bataillon ſe referma
fur le champ , les Gardes du Corps reftant en
dehors. Les Capitaines des Gardes Suifles firent
un cercle autour de Sa Majefté ; les Lieutenans
formerent un fecond cercle , & les Sergens un
troifieme. Après que les tambours eurent battu
le ban , le Roi ordonna au Régiment de reconnoître
le Comte d'Eu pour Colonel Général des
Suiffes & Grifons , & de lui obéir en tout ce qui
concerne le fervice de Sa Majefté. Enfuite le Roi
fortit du Bataillon , & alla fe placer vis- à- vis de
la petite Ecurie , d'où Sa Majesté vit défiler le
Régiment. Le Comte d'Eu étoit à la tête. Lorfque
la premiere ligne fut paffée , ce Prince fe
plaça auprès de Sa Majeſté. Il donna le même jour
dans fon château de Clagny un fomptueux dîner
aux Officiers du Régiment , & il fit diftribuer du
pain , de la viande & du vin à tous les foldats .
Sur ce qui a été repréſenté au Roi , qu'entre les
différens moyens qui peuvent concourir avec ceux
que Sa Majefté s'elt déja procurés , pour fubvenir
aux dépenses extraordinaires auxquelles les circonftances
préfentes l'obligent , il n'en eft point
de plus facile & de plus défiré qu'une nouvelle
Loterie ; Sa Majesté s'y eſt d'autant plus volontiers
déterminée , que l'augmentation du bail de
fes Fermes la met en état d'y fatisfaire , fans rien
prendre fur fex autres revenus. En conféquence ,
par un Arrêt du Confeil d'Etat , du 11 de Novembre
, elle a établi une troiſieme Loterie royale.
Cette Loterie dont l'exécution durera douze
ans , à compter du premier Avril 1756 , & dont
le Roi a fixé le fonds à la fomme de trente mil
210 MERCURE DE FRANCE.
lions de livres , fut ouverte le 1t de Décembre au
Tréfor royal. Elle fera compofée de so mille billets
, chacun de fix cens livres. Il y aura cent mille
lots , dont cinquante mille , dits de rembourfement,
qui éteindront & amortiront le capital des
billets & cinquante mille de faveur , aufquels les
billets amortis par le remboursement qui leur
fera parvenu , participeront nonobftant ledit rem
bourfement. Les cent mille lots feront diftribués
en quatorze Tirages pendant le cours des douzé
années que durera la Loterie. Le premier tirage
du premier femeftre fe fera le 15 du mois d'Avril
prochain , & les cinq autres d'année en année au
même tems . Ces fix premiers tirages feront de
lots de rembourfement. Le feptieme qui fera de
faveur , ſe fera un mois après. Le premier des fix
tirages du deuxieme femeftre qui feront également
pour lots de remboursement , fe fera le 15
Avril 1762 , les cinq autres auffi d'année en année,
& le quatorzieme & dernier qui fera de faveur ,
un mois après le fixieme du fecond femeftre. Les
vingt-quatre mille deux ceux quarante huit billets,
qui auront obtenu les lots de rembourſement dans
les fix tirages du Ir femeftre , participeront feuls
au tirage de faveur qui les fuivra. De même les
vingt-cinq mille fept cens cinquante- deux billets.
aufquels feront échus les lots de remboursement
des fix tirages du deuxieme femeftre , auront feuls
part au quatorzieme tirage , qui formera la clôture
de la Loterie . A chacun des douze tirages
pour lots de remboursement il y aura un premier
lot de vingt mille livres , un fecond de dix mille,
un troifieme de quatre mille , deux autres de deux
mille. Dans le premier des deux tirages de faveur
le premier lot fera de cent vingt mille livies
, & le fecond de cinquante mille . Le princiJANVIE
R. 1756. 211
pal lot du quatorzieme & dernier tirage fera de
deux cens mille livres , & le fecond de quatrevingt
mille. Sa Majefté attribue pendant chacune
des deuxieme & fubfequentes années de l'exécution
de la Loterie , jufques & compris la onzieme,
vingt-quatre livres à chacun des billets qui entreront
dans la roue , pour concourir en chaque femeftre
au gain des lots de remboursement , & ce
jufqu'à ce qu'il leur en foit échu un à chacun ;
laquelle attribution fera payée , même pour l'année
révolue , au tems que lefdits lots échoiront
fans aucune réduction deſdits lots.
Il paroît une Ordonnance du Roi pour augmenter
de dix Maîtres chaque Compagnie des Régimens
de Cavalerie, tant Françoifes qu'Etrangeres,
même celles des cinq Brigades du Régiment des
Carabiniers.
Sa Majesté a accordé des lettres d'ennobliffement
à M. Daran , l'un de fes Chirurgiens , qui
s'eft acquis un nom célébre dans toute l'Europe.
Le Marquis de Soragna , Gentilhomme de la
Chambre de l'Infant Duc de Parme , & qui eft
venu de la part de ce Prince & de Madame Infante
pour complimenter leurs Majestés fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence
s'acquitta le 16 de fa commiffion. Il fut préfenté
par Don Jaimes Mafones de Lima & Sotomayor,
Ambaffadeur Extraordinaire & Plénipotentiaire
du Roi d'Efpagne.
Six cloches de la nouvelle Eglife Paroiffiale de
Saint Louis à Verfailles furent bénites le 15. M. le
Duc de Fleury & Me. la Ducheffe de Laynes , Dame
d'honneur de la Reine , les tinrent au nom de
leurs Majeftés & de la Famille royale. Le Curé de
la Paroiffe fit la cérémonie. Il y eut mufique , illumination
, feu , & plufieurs falves de mouſqueterie,
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 14,Mdme la Marquise de Gamaches fut préfentée
à leurs Majeftés & à la Famille royale .
Dans ces préfentations elle prit le tabouret
comme Grande d'Espagne , ayant hérité de la
Grandeffe par la mort du Maréchal de la Mothe .
Houdancourt , dont elle eft fille unique.
Madame la Marquiſe de Brehant fut préſentée le
même jour.
Le 17 M. le Marquis de Marigny, Directeur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , préfenta
à Leurs Majeftés plufieurs pieces de Tapif
ferie en haute- liffe , de la Manufacture des Gobelins.
Quatre de ces pieces repréfentent : la premiere
, Jafon affoupiffant le Dragon , enlevant
la Toifon d'Or , & partant avec Medée : la
deuxieme , le mariage de Jafon & de Creüfe , fille
du Roi de Corinthe : la troisieme , Creuſe confumée
par le feu de la robe fatale , dont Medée
lui a fait préfent : la quatrieme , Medée poignar
dant les deux fils qu'elle avoit eus de Jafon , &
embrafant Corinthe. Ces morceaux ont été exécutés
fur des Tableaux de feu M. de Troy , & ils
font les trois premiers de M. Cozette , & le dernier
de M. Audran. Trois autres Pieces font de M.
Audran. Les ſujets font la Scene s du quatrieme
Acte de l'Opera de Roland : la Scene 4 du cinquieme
Acte d'Armide , d'après feu M. Coypel
& l'Entrée de Marc - Antoine à Ephefe
d'après M. Nattoire , Directeur de l'Académie
de Peinture à Rome. Une huitieme Piece de l'exécution
de M. Cozette , eft une copie d'un Tableau
de M. Parrocel , d'Avignon , repréfentant
la Sainte-Famille , & qui a trois pieds deux pouces
de haut , fur deux pieds cinq pouces de large.
Par une Ordonnance du 8 de ce mois , le Roi
a réglé que les Bataillons du Régiment Royal
JANVIER . 1756. 213
Artillerie , les Compagnies de Mineurs & d'Ouvriers
qui fervent à leur fuite , les Officiers d'Artillerie
& les Ingénieurs , ne feroient dorénavant
qu'un feul & même Corps , fous la dénomination
de Corps Royal de l'Artillerie & du Génie.
On a répandu mal -à-propos le bruit , que le
Coche d'eau d'Auxerre avoit péri. Cette Voiture
n'a pas couru le moindre danger , & celles
de cette efpece ne vont que lorfque la riviere eft
navigable.
Le 18 Décembre les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt livres
les Billets de la premiere Loterie Royale à
huit cens quarante quatre ; ceux de la feconde
Loterie à fept cens vingt - huit , & ceux de la
troifieme Loterie à fix cens vingt-trois.
Royale de Nancy.
Sa Majesté Polonoife , Duc de Lorraine & de
Bar , ayant conçu en 1752 le deflein de faire élever
un monument de fa tendreffe à Sa Majesté
Très-Chrétienne , a dreffé elle - même le plan
d'une place , dont l'exécution confiée à M. Heré
de Corny, fon premier Architecte , répond à la
magnificence des idées de Sa Majesté & à la gran
deur du fujet . Les édifices qui environnent cette
place , font d'une fymmétrie parfaite . Celui du
fond eft deftiné à l'Hôtel de Ville . Ceux de droite
& de gauche forment quatre pavillons . La place
eft terminée par un Corps de bâtimens à un
étage , qui fait retour pour donner une rue de
communication de la Ville Neuve à la Ville
Vieille. Au fond de la rue eft un arc de triomphe
, compoféde trois portiques. Dans les quatre
angles de la place , dont l'extérieur eft décoré
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'une architecture d'ordre Corinthien en pilaftres
, on a mis quatre grands grillages fur un
plan ceintré. Les deux du fond font employés à
mafquer les baftions . Ils forment chacun un grand
portique & deux petits. Le portique du milieu
eft une cafcade , où l'on voit la figure de Neptune
fur fon char tiré par des chevaux marins ;
d'un côté , un fleuve & une Nayade ; & de l'autre
un dragon. Toutes les eaux que jettent ces différentes
figures , fe répandent en nappes dans un
vafte baffin. Les fontaines des petits portiques
font ornées de grouppes d'enfans qui jouent avec
des poiffons. Les deux autres grands grillages
font aux angles de l'Hôtel de Ville , & ils forment
deux effeces de portes Flamandes , de vingtdeux
pieds d'ouvertures , deftinés pour donner entrée
à quatre rues.
Au milieu de la place s'éleve un piedestal de
marbre blanc , fur lequel eft la ftatue pedeftre
de Louis XV habillé à la Romaine , cuiraflé &
revêtu du manteau royal . Cette figure de bronze
eft haute de onze pieds. Quatre bas reliefs auffi
de bronze décorent les quatre faces du piedeftal ,
& repréfentent , le premier le mariage du Roi
Très - Chrétien ; le fecond la paix conclue à Vienne
; le 3e la prife de poffeffion de la Lorraine ; le
quatrieme l'Academie des Sciences & Belles - Lettres
établie dans cette ville. Aux quatre angles du
piedeftal , fur le pallier des marches font quatre
figures coloffales , qui repréfentent la prudence ,
la juftice , la valeur & la clémence.
Sa Majefté Polonoiſe ayant fixé le jour de la
Dédicace de la ftatue au 26 Novembre ,vingt trois
jours auparavant à la Malgrange. La fête ne pouvoit
mieux commencer que par des actions de
graces , pour la naiffance de Monfeigneur le Com
ง
JANVIER. 1756. 201
te de Provence. Le Roi fe rendit le 25 à l'églife
primatiale , pour y aflitter à une Meffe folemnelle
, & au Te Deum. Le Primat revêtu de fes
habits pontificaux , reçut Sa Majesté à la porte de
l'églife , où les Compagnies fupérieures , les autres
Corps de Juftice , & le Clergé féculier &
régulier s'étoient rendus.
疹
Le lendemain 26 , Sa Majefté entendit dans
P'églife de Bon-Secours une Mefle célébrée par le
Primat. Vers midi , Sa Majefté arriva ici avec
toute la pompe de la Royauté. Le Régiment d'Infanterie
du Roi Très -Chrétien en garnifon dans
cette ville , bordoit en haie les rues depuis la porte
Saint Nicolas jufqu'à la place royale . Sa Majefté
Polonoife fut faluée de trois décharges de
l'artillerie des remparts. A la porte de l'Hôtel de
Ville , elle fut complimentée par M. Thibault ,
Lieutenant- Général de Police , à la tête des Magiftrats
.
Sa Majefté s'étant placée fur le balcon du grand
fallon de l'Hôtel de Ville , un Héraut d'Armes ,
précédé des Timballiers & Trompettes des plaifirs,"
& monté fur un cheval richement caparaçonné ,
fortit de deffous l'arc de triomphe , & en s'avançant
par la droite , il fit le tour de la place . Devant
chaque pavillon , il fit à haute voix la proclamation
de la Dédicace de la ftatue. La Nobleſſe
& le peuple répondirent à l'envi par des acclamations
réitérées. Alors on ôta de deffus la ftatue le
voile qui la couvroit , & de nouvelles acclamations
en couronnerent la Dédicace. Pendant la
cérémonie , l'artillerie des remparts & la moufqueterie
du Régiment du Roi Très - Chrétien firent
des falves continuelles .
Au lieu d'eau il coula du vin des Fontaines de
la place pendant le refte du jour . Quatre Confeil-
I y
202 MERCURE DE FRANCE.
lers de l'Hôtel de Ville jetterent à pleines mains
de l'argent par les fenêtres des quatre pavillons ,
& l'on diftr bua en même - tems dans toute la ville
des largeffes confidérables aux pauvres honteux .
Sa Majesté reçut les complimens de fa Cour fupérieure
, de fa Chambre des Comptes , de l'Académie
des Sciences & Belles- Lettres , & des quatre
Chapitres de Chanoineffes de Remiremont
d'Epinal , de Bouxieres & de Pouffay.
Sur les quatre heures elle fe rendit à la falle de
la Comédie , où elle entendit un prologue relatif
à la cérémonie du jour. L'Auteur des paroles eft
M. Paliffot de Montenoy , & la Mufique eft de M.
Surat . Après le fpectacle , Sa Majefté paffa à la
falle du bal paré que donnoit la Ville. Il étoit
compofé de toute la haute Nobleffe de Lorraine ,
& d'Etrangers de la plus grande diftinction , que le
défir de faire leur cour à Sa Majefté avoit attirés
de toutes parts. Le Roi y demeura une demi-heure,
& partit enfuite au bruit de l'artillerie , & au
milieu des acclamations dictées par l'allégrefle
générale.
En paffant près de la grande place de la Ville
Neuve , Sa Majefté y vit les Soldats & Sergens
des quatre Bataillons du Régiment du Roi , affis
à de longues tables , où la Ville leur avoit fait
fervir un repas dans lequel il régna autant d'ordre
que d'abondance. Les tables formoient un
quarré. Elles étoient éclairées par cinq pyramides
, dont quatre de vingt- trois pieds , & celle
du milieu de quarante , toutes furmontées de
fleurs de lys couronnées , ayant dans leurs corps
les armes de Sa Majefté Polonoife , & celles de la
Ville en feu tranfparent. Le devant & le derriere
des tables étoient ornés des faifceaux d'armes
du Régiment , fur chacun defquels il y avoit une
JANVIE R. 1756. 203
fleur de lys illuminée. Les drapeaux étoient déployés
autour des tables , fur lefquelles veillont
le Corps des Officiers , le Marquis de Guerchy ,
Colonel-Lieutenant , à la tête .
A la fuite du bal paré il y eut grand bal
mafqué à l'Hôtel de Ville.
Sa Majesté revint ici le 27. La Place royale
étoit illuminée fuivant l'ordre de l'architecture .
Après avoir confidéré l'illumination , le Roi defcendit
du grand fallon de l'Hôtel de Ville pour
fe rendre fous le periftile de l'arc de triomphe.
Avant fa fortie , M. Thibault lui préfenta fur
le feuil de la porte une médaille d'or . Eile porte
d'un côté la tête de Sa Majesté Polonoife avec cette
infcription : Stanislaus Í , Rex Polonia , Magnus
Duc Lithuania , Lotharingia & Barri . Au revers
eft la ftatue pedeſtre de Louis XV fur fon piedeftal
, avec cette légende : Uriufque immortalitati,
Et pour exergue , Civitas Nanceiana . MDCCLV.
En recevant cette médaille , qui a été gravée
par la Dame de Saint Urbain , Sa Majesté eut la
bonté de dire aux Magiftrtas : Meffieurs , fur ce médaillon
eft mon effigie , mais les vôtres font gravées
dans mon coeur.
On tira enfuite le magnifique feu d'artifice ,
qui avoit été préparé . Sa Majesté après le feu ,
retourna à la place royale , pour voir une feconde
fois l'illumination , & elle partit enfin au bruit de
nouvelles falves d'artillerie & de moufqueterie.
Pendant les trois jours qu'ont duré les réjouiffances
publiques , les habitans de Nancy ont fait
les honneurs de la Ville , en tenant table ouverte
pour les Etrangers , qui , après avoir admiré les
magnificences dont ils ont été témoins , ont remporté
la plus haute idée de l'amour fincere &
refpectueux des Lorrains pour leurs Majeftés
Très- Chrétienne & Polonoife.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Cette fête n'a point été particuliere à la ville
de Nancy : elle a été générale dans toutes les
villes & dans les bourgs de la Lorraine & du
Barrois.
Le 14 Décembre , les Députés de la Ville de
Nancy eurent l'honneur de préſenter au Roi les
Médailles d'or & d'argent , qui ont été frappées
à l'occafion de cette Dédicace. Le Roi pour leur
donner de fa fatisfaction une marque diftinguée ,
les reçut dans fon cabinet. Ils furent préfentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Fleury, premier Gentilhomme
de la Chambre , Gouverneur & Lieutenant-
Général de Lorraine & du Barrois, & par M.
le Comte d'Argenfon, Miniftre & Secrétaire d'Etat.
Les Députés eurent le même honneur chez la
Reine , chez Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, Monfeigneur le Duc de Berry , & Monfeigneur
le Comte de Provence , ainfi que chez Madame
, & chez Mefdames Victoire , Sophie &
Louife, étant préfentés de même par M. le Duc de
Fleury , & M. le Comte d'Argenfon. La Députation
étoit compofée de M. Thibault , Lieutenant-
Général de Police , & Chef du Magiſtrat de
Nancy ; de M. Breton , Confeiller pour la Nobleffe
; de M. Puiffeur , Confeiller pour le Tiers-
Etat ; & de M. Richer , Confeiller , Tréforier de
l'Hôtel de Ville de Nancy. M. Thibault porta la
parole.
Le 12 , la rentrée de la Cour des Aides fe fit
avec les cérémonies ordinaires. Après la Meffe
célébrée , felon la coutume , dans la falle de la
Cour , les trois Chambres s'affemblerent dans la
premiere , & l'on fit la lecture des Ordonnances
& des Réglemens. Les Huifliers ayant prêté ferJANVIER
. 1756. 205
ment , M. de Lamoignon de Malesherbes , Premier
Préfident , prononça un difcours fur le choix
des Etudes. Enfuite M. Boula de Mareuil , fecond
Avocat Général , prit la parole , & haranguafur
Pemploi du Tems.
M. de Landreville , Maréchal de Camp & chef
de Brigade des Gardes du Corps , vint le 17 Novembre
, de la part du Roi , annoncer la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence au Corps
de ville qui s'étoit affemblé fur la premiere nouvelle
que Madame la Dauphine avoit reffenti
quelques douleurs. M. le Marquis de Dreux , Grand
Maître des cérémonies , a remis en même tems
au Corps de ville une lettre de Sa Majeſté ſur le
même ſujet. Auffi - tôt les Prévôt des Marchands
& Echevins firent annoncer à toute la ville , par
une falve générale de l'artillerie , & par la cloche
de l'Hôtel de ville , qui a fonné jufqu'à minuit ,
la nouvelle faveur qu'il a plu à Dieu d'accorder à
la France.
A fix heures du foir on fit une feconde falve
de l'artillerie , après laquelle les Prévôt des Marchands
& Echevins allumerent , avec les cérémonies
ordinaires , le bucher qui avoit été dreſſé
dans la Place devant l'Hôtel de ville . On tira enfuite
une grande quantité de fufées volantes ; on
fit couler dans les quatre coins de la place des
fontaines de vin , & on diftribua au peuple du
pain & des viandes. Plufieurs Orcheftres remplis
de Muficiens , mêlerent le fon de leurs inftrumens
aux acclamations dictées par l'alegreffe
publique. La façade de l'Hôtel de ville fut illuminée
le foir par plufieurs filets de terrines , ainfi
que l'hôtel du Duc de Gefvres , Gouverneur de
Paris , celui du Prévôt des Marchands & les maifons
des Echevins & Officiers du Bureau de la
ville,
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence , on chanta le 23
Novembre le Te Deum dans l'églife Métropolitaine
, & l'Abbé de Saint Exupery , Doyen du
Chapitre , y officia. Le Chancelier & le Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat & Maîtres des Requêtes , y affifterent , ainfi
que le Parlement , la Chambre des Comptes ,
la Cour des Aides , & le Corps de ville , qui y
avoient été invités de la part de Sa Majesté par
le Marquis de Dreux , Grand Maître des cérémonies.
On tira le même jour dans la place de l'Hôtel
de ville , par ordre des Prévôt des Marchands &
Echevins , un très -beau feu d'artifice . La décoration
repréfentoit un Temple de Lucine , formant
par fon plan un quarré régulier de marbre blanc.
Une ordonnance compofite , portée fur un focle
& terminée par un attique , préfentoit fur chaque
face du quarré quatre colonnes ifolées , embraffées
par des branches de lys , & grouppées
deux à deux , qui foutenoient un fronton triangulaire.
A côté des colonnes étoient des figures de
fept pieds de proportion , repréfentant des Vertus.
Le milieu des façades étoit ouvert par un portique
élevé fur des dégrés de marbre blanc , qui
conduifoient jufqu'à l'autel , fur lequel étoit placée
la Déeffe . Les colonnes , les frontons , les panneaux
du focle & de l'attique étoient de marbre
ferancolin. L'intérieur du temple étoit de bréche
violette. Les chapiteaux , la frife , les moulures ,
les bas reliefs & les figures étoient en or . Au-deffus
du fronton étoit le médaillon des armes du
Roi , fupporté par le Génie de la France , & par
JANVIER. 1756. 207
une Renommée. Des Amours , foutenus fur des
nuages , formoient différens jeux , & fervoient
de couronnement à tout l'édifice . Le temple avoit
ving- cinq pieds de largeur fur quarante de hauteur.
Il portoit fur une terraffe de quarante-huit
pieds de baſe , dont les appuis formoient autour
de l'édifice principal , une enceinte décorée dans
tous les angles par des acroteres qui foutenoient
des vafes de fleurs . On montoit fur la terrafle
par des perrons diftribués fur toutes les faces .
Après l'artifice , la façade de l'Hôtel de ville fut
illuminée avec autant de goût que de magnifi- *
cence. Toutes les colonnes dans leur pourtour
étoient garnies de lampions . Des filets de terrines
regnoient le long des entablemens. Plufieurs
Juftres formés de lanternes de verre éclairoient
les autres parties . La place vis - à- vis de l'Hôtel de
ville étoit entourée d'Ifs , portant chacun plus de
cent cinquante lumieres .
Il y eut auffi de magnifiques illuminations
aux hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt des
Marchands , ainfi qu'aux maifons des Echevins &
des principaux Officiers du Corps de Ville .
Des fontaines de vin coulerent dans ces différens
endroits , de même que dans la place de
l'Hôtel de ville , & dans les autres principales places
de Paris ; & l'on diftribua du pain & des viandes
au peuple. On avoit placé des orcheftres partout
où le faifoient ces diftributions.
La cloche de l'Hôtel de ville fonna en tocfin
depuis cinq heures du matin juſqu'à minuit. Pendant
la journée il y eut quatre falves d'artillerie ;
une à cinq heures du matin , une à midi , une pendant
le Te Deum , & la derniere avant le feu
d'artifice .
Le 23 , la Vicomteffe de Cambis fut préſentée
à leurs Majeftés .
208 MERCURE DE FRANCE.
Le 24 , le Corps de ville alla à l'Eglife paroiffiale
de Saint Jean en Greve , pour rendre les
actions particulieres de graces ; & il affifta à un
Te Deum qu'il fic chanter en mufique L'Hôtel
de ville , les hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt
des Marchands , & les maiſons des Echevins
& des principaux Officiers du Corps de Ville furent
de nouveau illuminés.
Le Marquis de Braffac , un des Chambellans du
Roi de Pologne Duc de Lorraine & de Bar , eft
venu de la part de Sa Majefté Polonoiſe pour
complimenter ieurs Majeftés & la Famille royale
fur la naiffance de Monfeigneur le Comte de Provence
; & le 24 Novembre il s'acquitta de cette
commiffion.
M. Séguier , Avocat Général du Parlement ,
ouvrit le 24 les Audiences de la Grand'Chambre ,
par une barangue fur l'Emulation. Cette harangue
fut fuivie d'un difcours de M. de Maupeou , premier
Préfident , fur le Vice de la Jalousie.
Selon les lettres de Bordeaux , on y effuya le
premier Novembre une fecouffe de tremblement
de terre qui dura quelques minutes . Elle fut accompagnée
d'une agitation extraordinaire des
eaux de la Garonne. Heureufement la ville n'a
fouffert aucun dommage.
Conformément à l'ordre que le Roi avoit donné
, le Régiment des Gardes Suiffes s'affembla
à Versailles le 29 de Novembre dans la place
d'armes vis - à-vis de la grille du château , & il
forma un bataillon quarré. A midi & demi M. le
Comte d'Eu ayant averti le Roi , que le Régiment
étoit fous les armes , Sa Majesté monta à cheval ,
accompagnée de M.le Comte d'Argenfon ,Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de laGuerre,
ainsi que de M.le Marquis de Paulmy , Secrétaire
JANVIER. 1756. 209
d'Etat en ſurvivance de M. le Comte d'Argenſon.
Le Bataillon quarré s'ouvrit à l'arrivée du Roi ; Sa
Majefté y entra avec la fuite & avec les Officiers
des Gardes du Corps , & le Bataillon ſe referma
fur le champ , les Gardes du Corps reftant en
dehors. Les Capitaines des Gardes Suifles firent
un cercle autour de Sa Majefté ; les Lieutenans
formerent un fecond cercle , & les Sergens un
troifieme. Après que les tambours eurent battu
le ban , le Roi ordonna au Régiment de reconnoître
le Comte d'Eu pour Colonel Général des
Suiffes & Grifons , & de lui obéir en tout ce qui
concerne le fervice de Sa Majefté. Enfuite le Roi
fortit du Bataillon , & alla fe placer vis- à- vis de
la petite Ecurie , d'où Sa Majesté vit défiler le
Régiment. Le Comte d'Eu étoit à la tête. Lorfque
la premiere ligne fut paffée , ce Prince fe
plaça auprès de Sa Majeſté. Il donna le même jour
dans fon château de Clagny un fomptueux dîner
aux Officiers du Régiment , & il fit diftribuer du
pain , de la viande & du vin à tous les foldats .
Sur ce qui a été repréſenté au Roi , qu'entre les
différens moyens qui peuvent concourir avec ceux
que Sa Majefté s'elt déja procurés , pour fubvenir
aux dépenses extraordinaires auxquelles les circonftances
préfentes l'obligent , il n'en eft point
de plus facile & de plus défiré qu'une nouvelle
Loterie ; Sa Majesté s'y eſt d'autant plus volontiers
déterminée , que l'augmentation du bail de
fes Fermes la met en état d'y fatisfaire , fans rien
prendre fur fex autres revenus. En conféquence ,
par un Arrêt du Confeil d'Etat , du 11 de Novembre
, elle a établi une troiſieme Loterie royale.
Cette Loterie dont l'exécution durera douze
ans , à compter du premier Avril 1756 , & dont
le Roi a fixé le fonds à la fomme de trente mil
210 MERCURE DE FRANCE.
lions de livres , fut ouverte le 1t de Décembre au
Tréfor royal. Elle fera compofée de so mille billets
, chacun de fix cens livres. Il y aura cent mille
lots , dont cinquante mille , dits de rembourfement,
qui éteindront & amortiront le capital des
billets & cinquante mille de faveur , aufquels les
billets amortis par le remboursement qui leur
fera parvenu , participeront nonobftant ledit rem
bourfement. Les cent mille lots feront diftribués
en quatorze Tirages pendant le cours des douzé
années que durera la Loterie. Le premier tirage
du premier femeftre fe fera le 15 du mois d'Avril
prochain , & les cinq autres d'année en année au
même tems . Ces fix premiers tirages feront de
lots de rembourfement. Le feptieme qui fera de
faveur , ſe fera un mois après. Le premier des fix
tirages du deuxieme femeftre qui feront également
pour lots de remboursement , fe fera le 15
Avril 1762 , les cinq autres auffi d'année en année,
& le quatorzieme & dernier qui fera de faveur ,
un mois après le fixieme du fecond femeftre. Les
vingt-quatre mille deux ceux quarante huit billets,
qui auront obtenu les lots de rembourſement dans
les fix tirages du Ir femeftre , participeront feuls
au tirage de faveur qui les fuivra. De même les
vingt-cinq mille fept cens cinquante- deux billets.
aufquels feront échus les lots de remboursement
des fix tirages du deuxieme femeftre , auront feuls
part au quatorzieme tirage , qui formera la clôture
de la Loterie . A chacun des douze tirages
pour lots de remboursement il y aura un premier
lot de vingt mille livres , un fecond de dix mille,
un troifieme de quatre mille , deux autres de deux
mille. Dans le premier des deux tirages de faveur
le premier lot fera de cent vingt mille livies
, & le fecond de cinquante mille . Le princiJANVIE
R. 1756. 211
pal lot du quatorzieme & dernier tirage fera de
deux cens mille livres , & le fecond de quatrevingt
mille. Sa Majefté attribue pendant chacune
des deuxieme & fubfequentes années de l'exécution
de la Loterie , jufques & compris la onzieme,
vingt-quatre livres à chacun des billets qui entreront
dans la roue , pour concourir en chaque femeftre
au gain des lots de remboursement , & ce
jufqu'à ce qu'il leur en foit échu un à chacun ;
laquelle attribution fera payée , même pour l'année
révolue , au tems que lefdits lots échoiront
fans aucune réduction deſdits lots.
Il paroît une Ordonnance du Roi pour augmenter
de dix Maîtres chaque Compagnie des Régimens
de Cavalerie, tant Françoifes qu'Etrangeres,
même celles des cinq Brigades du Régiment des
Carabiniers.
Sa Majesté a accordé des lettres d'ennobliffement
à M. Daran , l'un de fes Chirurgiens , qui
s'eft acquis un nom célébre dans toute l'Europe.
Le Marquis de Soragna , Gentilhomme de la
Chambre de l'Infant Duc de Parme , & qui eft
venu de la part de ce Prince & de Madame Infante
pour complimenter leurs Majestés fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence
s'acquitta le 16 de fa commiffion. Il fut préfenté
par Don Jaimes Mafones de Lima & Sotomayor,
Ambaffadeur Extraordinaire & Plénipotentiaire
du Roi d'Efpagne.
Six cloches de la nouvelle Eglife Paroiffiale de
Saint Louis à Verfailles furent bénites le 15. M. le
Duc de Fleury & Me. la Ducheffe de Laynes , Dame
d'honneur de la Reine , les tinrent au nom de
leurs Majeftés & de la Famille royale. Le Curé de
la Paroiffe fit la cérémonie. Il y eut mufique , illumination
, feu , & plufieurs falves de mouſqueterie,
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 14,Mdme la Marquise de Gamaches fut préfentée
à leurs Majeftés & à la Famille royale .
Dans ces préfentations elle prit le tabouret
comme Grande d'Espagne , ayant hérité de la
Grandeffe par la mort du Maréchal de la Mothe .
Houdancourt , dont elle eft fille unique.
Madame la Marquiſe de Brehant fut préſentée le
même jour.
Le 17 M. le Marquis de Marigny, Directeur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , préfenta
à Leurs Majeftés plufieurs pieces de Tapif
ferie en haute- liffe , de la Manufacture des Gobelins.
Quatre de ces pieces repréfentent : la premiere
, Jafon affoupiffant le Dragon , enlevant
la Toifon d'Or , & partant avec Medée : la
deuxieme , le mariage de Jafon & de Creüfe , fille
du Roi de Corinthe : la troisieme , Creuſe confumée
par le feu de la robe fatale , dont Medée
lui a fait préfent : la quatrieme , Medée poignar
dant les deux fils qu'elle avoit eus de Jafon , &
embrafant Corinthe. Ces morceaux ont été exécutés
fur des Tableaux de feu M. de Troy , & ils
font les trois premiers de M. Cozette , & le dernier
de M. Audran. Trois autres Pieces font de M.
Audran. Les ſujets font la Scene s du quatrieme
Acte de l'Opera de Roland : la Scene 4 du cinquieme
Acte d'Armide , d'après feu M. Coypel
& l'Entrée de Marc - Antoine à Ephefe
d'après M. Nattoire , Directeur de l'Académie
de Peinture à Rome. Une huitieme Piece de l'exécution
de M. Cozette , eft une copie d'un Tableau
de M. Parrocel , d'Avignon , repréfentant
la Sainte-Famille , & qui a trois pieds deux pouces
de haut , fur deux pieds cinq pouces de large.
Par une Ordonnance du 8 de ce mois , le Roi
a réglé que les Bataillons du Régiment Royal
JANVIER . 1756. 213
Artillerie , les Compagnies de Mineurs & d'Ouvriers
qui fervent à leur fuite , les Officiers d'Artillerie
& les Ingénieurs , ne feroient dorénavant
qu'un feul & même Corps , fous la dénomination
de Corps Royal de l'Artillerie & du Génie.
On a répandu mal -à-propos le bruit , que le
Coche d'eau d'Auxerre avoit péri. Cette Voiture
n'a pas couru le moindre danger , & celles
de cette efpece ne vont que lorfque la riviere eft
navigable.
Le 18 Décembre les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt livres
les Billets de la premiere Loterie Royale à
huit cens quarante quatre ; ceux de la feconde
Loterie à fept cens vingt - huit , & ceux de la
troifieme Loterie à fix cens vingt-trois.
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Résumé : Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
En 1752, Stanislas Leszczyński, Duc de Lorraine et de Bar, décida d'élever un monument en l'honneur de Louis XV à Nancy. Il conçut une place royale, confiée à l'architecte Emmanuel Héré, entourée de bâtiments symétriques, incluant un hôtel de ville, quatre pavillons et un corps de bâtiments à un étage. La place était ornée de fontaines et de sculptures, notamment une statue de Neptune et des figures allégoriques. Au centre de la place, une statue pédestre de Louis XV en bronze, haute de onze pieds, était placée sur un piédestal de marbre blanc. Ce piédestal était décoré de quatre bas-reliefs représentant le mariage de Louis XV, la paix de Vienne, la prise de possession de la Lorraine et l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Nancy. Quatre figures colossales symbolisant la prudence, la justice, la valeur et la clémence étaient également présentes. La dédicace de la statue eut lieu le 26 novembre 1755. Stanislas assista à une messe solennelle et au Te Deum à l'église primatiale. Le lendemain, après une autre messe, il se rendit à la place royale accompagné de troupes et d'artillerie. Un héraut d'armes proclama la dédicace, et la statue fut dévoilée sous les acclamations du peuple. Des salves d'artillerie et de mousqueterie furent tirées, et du vin coula des fontaines. Des largesses furent distribuées aux pauvres. Stanislas reçut les compliments des autorités locales et assista à une représentation théâtrale suivie d'un bal. Le soir, un grand feu d'artifice fut tiré, et la place fut illuminée. Stanislas reçut une médaille commémorative et repartit au milieu des acclamations. Les réjouissances durèrent trois jours, avec des tables ouvertes pour les étrangers et des illuminations. La fête fut célébrée dans toute la Lorraine et le Barrois. Le 14 décembre, des députés de Nancy présentèrent des médailles au roi et à la famille royale à Versailles. En parallèle, des festivités eurent lieu à Paris, avec l'Hôtel de ville comme centre des célébrations. La façade fut illuminée avec des lampions et des lustres, et des fontaines de vin furent organisées. Le 23 novembre, la vicomtesse de Cambis fut présentée aux Majestés. Le 24 novembre, le Corps de ville se rendit à l'église paroissiale de Saint-Jean-en-Grève pour des actions de grâce. Le marquis de Braffiac complimenta la famille royale pour la naissance du comte de Provence. M. Séguier ouvrit les audiences de la Grand'Chambre avec une harangue sur l'émulation. À Bordeaux, un tremblement de terre fut ressenti sans causer de dommages. Le régiment des Gardes Suisses se rassembla à Versailles pour reconnaître le comte d'Eu comme colonel général. Le roi ordonna une nouvelle loterie royale pour subvenir aux dépenses extraordinaires. Le marquis de Soragna complimenta la famille royale, et six cloches de la nouvelle église paroissiale de Saint-Louis à Versailles furent bénites. Plusieurs présentations à la cour eurent lieu, notamment celle de la marquise de Gamaches et de la marquise de Brehant. M. le marquis de Marigny présenta des pièces de tapisserie de la manufacture des Gobelins aux Majestés. Une ordonnance royale régla la fusion de plusieurs bataillons en un seul corps. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes et des billets des loteries royales furent cotés à des valeurs spécifiques le 18 décembre.
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1276
p. 213
BENEFICES DONNÉS.
Début :
Le Roi a donné l'Abbaye de S. Armand, Ordre de S. Benoît, [...]
Mots clefs :
Ordre de St-Benoît, Diocèses, Vicaire général, Sa Majesté, Cardinal de la Rochefoucauld
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNÉS.
BENEFICES
DONNÉ s.
LE Roi a donné l'Abbaye de S. Amand , Ordre
de S. Benoît , Diocèle de Cambrai , au Cardinal
d'Yorck.
Sa Majesté a accordé l'Abbaye de S. Vandrille ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèſe de Rouen , au
Cardinal de la Rochefoucauld .
Elle a auffi donné l'Abbaye d'Aumale , Ordre de
Saint Benoît , Diocèfe de Rouen , à l'Abbé de
Savary de Breves , Vicaire Général de l'Archevêché
de Vienne ; celle de Chezi , même Ordre ,
Diocèfe de Soiffons , à l'Abbé Thierri , Chancelier
de l'Eglife Métropolitaine
& de l'Univerfité
de Paris ; celle de Beaulieu , Ordre de Saint Auguftin
, Diocèfe de Boulogne , à l'Abbé de Mons ,
Vicaire Général de l'Evêché de Saint - Flour ; &
Dioceile
de Ferrieres , Ordre de Saint Benoît ,
cèfe de Poitiers , à l'Abbé de Fretat de Sarra ,
Vicaire Général de l'Evêché du Puy,
DONNÉ s.
LE Roi a donné l'Abbaye de S. Amand , Ordre
de S. Benoît , Diocèle de Cambrai , au Cardinal
d'Yorck.
Sa Majesté a accordé l'Abbaye de S. Vandrille ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèſe de Rouen , au
Cardinal de la Rochefoucauld .
Elle a auffi donné l'Abbaye d'Aumale , Ordre de
Saint Benoît , Diocèfe de Rouen , à l'Abbé de
Savary de Breves , Vicaire Général de l'Archevêché
de Vienne ; celle de Chezi , même Ordre ,
Diocèfe de Soiffons , à l'Abbé Thierri , Chancelier
de l'Eglife Métropolitaine
& de l'Univerfité
de Paris ; celle de Beaulieu , Ordre de Saint Auguftin
, Diocèfe de Boulogne , à l'Abbé de Mons ,
Vicaire Général de l'Evêché de Saint - Flour ; &
Dioceile
de Ferrieres , Ordre de Saint Benoît ,
cèfe de Poitiers , à l'Abbé de Fretat de Sarra ,
Vicaire Général de l'Evêché du Puy,
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Résumé : BENEFICES DONNÉS.
Le Roi a attribué plusieurs abbayes. Saint-Amand (Cambrai) au Cardinal d'Yorck, Saint-Vandrille (Rouen) au Cardinal de la Rochefoucauld, Aumale (Rouen) à l'Abbé de Savary de Brèves, Chezi (Soissons) à l'Abbé Thierry, Beaulieu (Boulogne) à l'Abbé de Mons, Ferrières (Poitiers) à l'Abbé de Fretat de Sarra.
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1277
p. 217-218
DU NORD.
Début :
Quelque attentif que le Gouvernement soit à maintenir la sureté [...]
Mots clefs :
Varsovie, Stockholm, Sureté publique, Vols et brigandages, Exécutions, Mal contagieux, Secousses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DUNOR D.
DE WARSOVIE , le 29 Novembre.
QuelUelque attentif que le Gouvernement foit
à maintenir la fureté publique dans cette ville ,
les vols y font toujours fréquens. La femaine
derniere encore , le magafin d'un riche négociant
Arménien a été forcé , & l'on en a enlevé beau→
coup de marchandiſes de grande valeur . Les Juifs
étant foupçonnés d'être complices des voleurs ,
ou du moins de les favorifer , on a chaffé de cette
capitale toutes les perfonnes de cette nation , par
un decret qui fut publié avant-hier , & qui a été
exécuté aujourd'hui . Depuis quelques jours , on
a arrêté dix brigands , & hier on fe faifit d'un de
leurs chefs.
Au commencement du mois dernier , il arriva
de Bender à Laticzew un jeune Turc , qu'on fçavoit
avoir été domeftique dans la premiere de
ces deux villes. Sa dépenfe furpaffant de beaucoup
les facultés d'un homme de ſon état , il
fur mis aux arrêts , & interrogé par ordre des
Magiftrats . Il déclara qu'il avoit hérité du bien
de fon Maître , qui l'avoit inftitué fon légataire
, & qui étoit mort de la pefte avec toute fa
famille. Quelques jours après il mourut. Les prifonniers
qui avoient été renfermés avec lui dans
La même chambre , & même les Geoliers qui
II. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE.
les avoient fervis , ne tarderent pas à avoir le
même fort. Ces accidens ont d'abord caufé beaucoup
d'épouvante à Laticzew , & même dans la
ville de Nimirow , qui en eft voifine. La plupart
des habitans ont abandonné leurs maifons , & fe
font retirés dans les bois. Mais aucun d'eux n'étant
mort depuis avec des fymptomes de mal
contagieux , les inquiétudes font entierement
diffipées.
DE STOCKHOLM , le 9 Decembre.
Suivant les nouvelles de Dalecarlie , & de quel
ques autres provinces , on y a fenti le premier du
mois dernier une fecouffe , pendant laquelle les
eaux de plufieurs rivieres & de différens lacs ont
été extrêmement agitées.
DE WARSOVIE , le 29 Novembre.
QuelUelque attentif que le Gouvernement foit
à maintenir la fureté publique dans cette ville ,
les vols y font toujours fréquens. La femaine
derniere encore , le magafin d'un riche négociant
Arménien a été forcé , & l'on en a enlevé beau→
coup de marchandiſes de grande valeur . Les Juifs
étant foupçonnés d'être complices des voleurs ,
ou du moins de les favorifer , on a chaffé de cette
capitale toutes les perfonnes de cette nation , par
un decret qui fut publié avant-hier , & qui a été
exécuté aujourd'hui . Depuis quelques jours , on
a arrêté dix brigands , & hier on fe faifit d'un de
leurs chefs.
Au commencement du mois dernier , il arriva
de Bender à Laticzew un jeune Turc , qu'on fçavoit
avoir été domeftique dans la premiere de
ces deux villes. Sa dépenfe furpaffant de beaucoup
les facultés d'un homme de ſon état , il
fur mis aux arrêts , & interrogé par ordre des
Magiftrats . Il déclara qu'il avoit hérité du bien
de fon Maître , qui l'avoit inftitué fon légataire
, & qui étoit mort de la pefte avec toute fa
famille. Quelques jours après il mourut. Les prifonniers
qui avoient été renfermés avec lui dans
La même chambre , & même les Geoliers qui
II. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE.
les avoient fervis , ne tarderent pas à avoir le
même fort. Ces accidens ont d'abord caufé beaucoup
d'épouvante à Laticzew , & même dans la
ville de Nimirow , qui en eft voifine. La plupart
des habitans ont abandonné leurs maifons , & fe
font retirés dans les bois. Mais aucun d'eux n'étant
mort depuis avec des fymptomes de mal
contagieux , les inquiétudes font entierement
diffipées.
DE STOCKHOLM , le 9 Decembre.
Suivant les nouvelles de Dalecarlie , & de quel
ques autres provinces , on y a fenti le premier du
mois dernier une fecouffe , pendant laquelle les
eaux de plufieurs rivieres & de différens lacs ont
été extrêmement agitées.
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Résumé : DU NORD.
Le texte décrit des événements récents à Varsovie et dans d'autres régions. À Varsovie, malgré les efforts du gouvernement pour maintenir l'ordre, les vols persistent. La semaine précédente, un magasin appartenant à un riche négociant arménien a été cambriolé, et des marchandises de grande valeur ont été dérobées. Les Juifs, soupçonnés de complicité, ont été expulsés de la capitale par un décret publié avant-hier et exécuté aujourd'hui. Dix brigands ont été arrêtés, et l'un de leurs chefs a été capturé hier. Au début du mois dernier, un jeune Turc est arrivé de Bender à Laticzew. Suspecté de dépenses excessives, il a été arrêté et a déclaré avoir hérité de son maître, mort de la peste avec sa famille. Peu après, il est décédé, et d'autres prisonniers et geôliers ayant été en contact avec lui ont également succombé à la maladie. Cette épidémie a semé la panique à Laticzew et à Nimirow, poussant les habitants à fuir leurs maisons. Cependant, l'absence de nouveaux cas contagieux a dissipé les inquiétudes. De Stockholm, les nouvelles rapportent une secousse sismique en Dalécarlie et dans d'autres provinces le premier du mois dernier, durant laquelle les eaux de plusieurs rivières et lacs ont été fortement agitées.
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1278
p. 218-219
ALLEMAGNE.
Début :
Le 30 du mois dernier, on rendit de solemnelles actions de graces [...]
Mots clefs :
Dresde, Hambourg, Naissance, Madame la Dauphine, Portugal, Tremblement de terre, Secours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DRESDE , le 8 Decembre.
Le 30 du mois dernier , on rendit de folemnelles
actions de graces dans toutes les églifes de
cette ville , pour les heureufes couches de Madame
la Dauphine.
DE HAMBOURG , le 10 Decembre.
Sur la nouvelle de l'affreux déſaftre que le Por
tugal vient d'effuyer , la Régence de cette ville a
réfolu de faire partir inceffamment quatre navires
chargés de tous les fecours néceffaires dont
ce Royaume infortuné peut avoir befoin. La plú
part des Hambourgeois qui étoient établis à Lif
bonne , fe font heureufement fauvés , mais leurs
maiſons & leurs effets ont été enveloppés dans la
JANVIER. 1756. 219
difgrace commune , & ont été détruits , ou par
le tremblement , ou par le feu.
DE DRESDE , le 8 Decembre.
Le 30 du mois dernier , on rendit de folemnelles
actions de graces dans toutes les églifes de
cette ville , pour les heureufes couches de Madame
la Dauphine.
DE HAMBOURG , le 10 Decembre.
Sur la nouvelle de l'affreux déſaftre que le Por
tugal vient d'effuyer , la Régence de cette ville a
réfolu de faire partir inceffamment quatre navires
chargés de tous les fecours néceffaires dont
ce Royaume infortuné peut avoir befoin. La plú
part des Hambourgeois qui étoient établis à Lif
bonne , fe font heureufement fauvés , mais leurs
maiſons & leurs effets ont été enveloppés dans la
JANVIER. 1756. 219
difgrace commune , & ont été détruits , ou par
le tremblement , ou par le feu.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 30 novembre, des actions de grâce ont été célébrées à Dresde pour les accouchements de Madame la Dauphine. Le 10 décembre, Hambourg a envoyé quatre navires de secours au Portugal après le tremblement de terre. La plupart des Hambourgeois à Lisbonne ont survécu, mais leurs biens ont été détruits.
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1279
p. 219-221
ESPAGNE.
Début :
Le Roi désirant de favoriser les progrès des Sciences, particulierement [...]
Mots clefs :
Madrid, Sa Majesté, Financement des sciences, Tremblements de terre, Maroc, Dégâts, Tetuan, Tanger, Épouvante, Victimes de catastrophes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE MADRID , le 16 Decembre.
Le Roi défirant de favorifer les progrès des
Sciences , particulierement de celles qui femblent
devoir être les plus utiles , a donné au Collège de
Médecine la maifon de plaifance de Migafcalientes
, afin qu'on y forme un jardin des plantes
. En même tems Sa Majesté a affigné une
fomme confiderable , tant pour l'entretien de ce
jardin , que pour la fondation de deux chaires de
Botanique dont elle difpofè en faveur de Don
Jofeph Quer & de Don Juan Mingar. Don Jofeph
Zugnol , premier Médecin du Roi , aura la direction
de cet établiſſement.
Le premier du mois dernier on reffentit à
Maroc un affreux tremblement de terre , à la
même heure qu'en Efpagne. La plupart des
maiſons & des édifices publics de cette ville ont
été totalement renversés , & une grande multirude
d'habitans a été enfevelie fous les ruines.
Le nombre des perfonnes qui ont péri , ne peut
pas encore le fixer. A huit lieues de cette ville
la terre s'eft ouverte , & a englouti une peuplade
entiere d'Arabes , avec leurs tentes , pavillons
chevaux , chameaux , mules , & généralement.
tous leurs beftiaux. Un fort qu'ils avoient pour
leur chef-lieu , & dans lequel il y avoit cinq
mille perfonnes , a difparn. Il a péri auffi fix
mille hommes de Cavalerie qui étoient dans dif
férens quartiers autour de ce fort , fans qu'il
en foit échappé un feul. Dans les villes de Safi
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
& de Sainte-Croix , il y a eu auffi beaucoup de
maifons & d'édifices ruinés qui ont écrasé un
nombre confidérable de perfonnes. La mer fe
retira , & s'éleva enfuite à une hauteur , dont
l'hiftoire ne rapporte point d'exemple. Elle cau
fa un notable dommage aux vaiffeaux qui étoient
dans l'un & l'autre port , & elle remplit tous
les environs de la côte de divers débris qu'elle
jetta fort avant dans les terres , avec une quantité
prodigieufe de poiffon.
On apprend par les lettres de Tetuan , du 24
du même mois , que le 18 à dix heures du foir ,
on y avoit éprouvé pendant quatre minutes ,
ainfi que dans les peuplades des environs , un
fecond tremblement de terre auffi fort que le
premier qu'il avoit continué avec moins de
force jufqu'à l'après- midi du jour ſuivant ; mais
que le 20
à deux heures du matin , à cinq , à
neuf & à midi , il avoit recommencé avec la même
violence que la premiere fois, Tous les ha
bitans fe font fauvés à la campagne , où ils
étoient encore au départ des lettres dans une
confternation générale-
Le même tremblement de terre s'eſt fait ſentir
à Tanger. Les fecouffes y ont été plus ou
moins fortes par intervalles. On y a remarqué
que pendant vingt- quatre heures l'eau s'étoit retige
, & que toutes les fontaines étoient demeurées
à Tec.
Il vient d'arriver un exprès de Fez , avec la nouvelle
que les tremblemens de terre du 18 & du
19 , avoient ruiné la plupart des édifices & des
maifons des deux villes de Fez , où plus de trois
mille perfonnes avoient perdu la vie ; que dans
le même jour la fameufe ville de Méquinez
avoit été détruite , & qu'il n'y reftoit qu'une
JANVIER. 1756 . 221
feule maiſon. Tous les habitans ſe font retirés
dans les champs , où ils font campés. On compte
que quatre mille Maures ont été enterrés fous
les ruines , ainfi que huit mille Juifs qui vivoient
dans un quartier féparé , & dont le nombre
montoit jufqu'à feize mille. Les mêmes lettres
ajoutent qu'on reffent dans toute cette partie
de l'Afrique de continuels mouvemens de
la terre , & qu'on entend des bruits fourds qui
répandent partout l'épouvante.
DE MADRID , le 16 Decembre.
Le Roi défirant de favorifer les progrès des
Sciences , particulierement de celles qui femblent
devoir être les plus utiles , a donné au Collège de
Médecine la maifon de plaifance de Migafcalientes
, afin qu'on y forme un jardin des plantes
. En même tems Sa Majesté a affigné une
fomme confiderable , tant pour l'entretien de ce
jardin , que pour la fondation de deux chaires de
Botanique dont elle difpofè en faveur de Don
Jofeph Quer & de Don Juan Mingar. Don Jofeph
Zugnol , premier Médecin du Roi , aura la direction
de cet établiſſement.
Le premier du mois dernier on reffentit à
Maroc un affreux tremblement de terre , à la
même heure qu'en Efpagne. La plupart des
maiſons & des édifices publics de cette ville ont
été totalement renversés , & une grande multirude
d'habitans a été enfevelie fous les ruines.
Le nombre des perfonnes qui ont péri , ne peut
pas encore le fixer. A huit lieues de cette ville
la terre s'eft ouverte , & a englouti une peuplade
entiere d'Arabes , avec leurs tentes , pavillons
chevaux , chameaux , mules , & généralement.
tous leurs beftiaux. Un fort qu'ils avoient pour
leur chef-lieu , & dans lequel il y avoit cinq
mille perfonnes , a difparn. Il a péri auffi fix
mille hommes de Cavalerie qui étoient dans dif
férens quartiers autour de ce fort , fans qu'il
en foit échappé un feul. Dans les villes de Safi
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
& de Sainte-Croix , il y a eu auffi beaucoup de
maifons & d'édifices ruinés qui ont écrasé un
nombre confidérable de perfonnes. La mer fe
retira , & s'éleva enfuite à une hauteur , dont
l'hiftoire ne rapporte point d'exemple. Elle cau
fa un notable dommage aux vaiffeaux qui étoient
dans l'un & l'autre port , & elle remplit tous
les environs de la côte de divers débris qu'elle
jetta fort avant dans les terres , avec une quantité
prodigieufe de poiffon.
On apprend par les lettres de Tetuan , du 24
du même mois , que le 18 à dix heures du foir ,
on y avoit éprouvé pendant quatre minutes ,
ainfi que dans les peuplades des environs , un
fecond tremblement de terre auffi fort que le
premier qu'il avoit continué avec moins de
force jufqu'à l'après- midi du jour ſuivant ; mais
que le 20
à deux heures du matin , à cinq , à
neuf & à midi , il avoit recommencé avec la même
violence que la premiere fois, Tous les ha
bitans fe font fauvés à la campagne , où ils
étoient encore au départ des lettres dans une
confternation générale-
Le même tremblement de terre s'eſt fait ſentir
à Tanger. Les fecouffes y ont été plus ou
moins fortes par intervalles. On y a remarqué
que pendant vingt- quatre heures l'eau s'étoit retige
, & que toutes les fontaines étoient demeurées
à Tec.
Il vient d'arriver un exprès de Fez , avec la nouvelle
que les tremblemens de terre du 18 & du
19 , avoient ruiné la plupart des édifices & des
maifons des deux villes de Fez , où plus de trois
mille perfonnes avoient perdu la vie ; que dans
le même jour la fameufe ville de Méquinez
avoit été détruite , & qu'il n'y reftoit qu'une
JANVIER. 1756 . 221
feule maiſon. Tous les habitans ſe font retirés
dans les champs , où ils font campés. On compte
que quatre mille Maures ont été enterrés fous
les ruines , ainfi que huit mille Juifs qui vivoient
dans un quartier féparé , & dont le nombre
montoit jufqu'à feize mille. Les mêmes lettres
ajoutent qu'on reffent dans toute cette partie
de l'Afrique de continuels mouvemens de
la terre , & qu'on entend des bruits fourds qui
répandent partout l'épouvante.
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Résumé : ESPAGNE.
En Espagne, le roi a soutenu les avancées scientifiques, notamment en médecine, en offrant au Collège de Médecine la maison de Migascalientes pour créer un jardin des plantes. Il a également financé deux chaires de botanique, dirigées par Don Joseph Quer et Don Juan Mingar, sous la supervision de Don Joseph Zuniga, médecin du roi. Le 1er décembre, un violent tremblement de terre a frappé le Maroc et l'Espagne simultanément. À Marrakech, la plupart des bâtiments ont été détruits, causant de nombreuses victimes. Une peuplade arabe a été engloutie par une fissure terrestre, et un fort abritant cinq mille personnes a disparu, ainsi que six mille cavaliers. Les villes de Safi et de Sainte-Croix ont également subi des dégâts importants. La mer s'est retirée puis élevée, endommageant les navires et laissant des débris sur les côtes. Le 18 décembre, un second tremblement de terre a touché Tétouan et ses environs, avec des réplices jusqu'au 20 décembre. Les habitants se sont réfugiés à la campagne. Le même phénomène a été ressenti à Tanger, où les eaux se sont retirées pendant vingt-quatre heures. À Fez, les tremblements ont détruit la plupart des édifices, causant la mort de plus de trois mille personnes. La ville de Meknès a été détruite, ne laissant qu'une maison debout. Les habitants se sont réfugiés dans les champs. On compte environ quatre mille Maures et huit mille Juifs parmi les victimes. Des mouvements de terre et des bruits effrayants continuent de semer la peur dans toute cette région d'Afrique.
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1280
p. 221-223
ITALIE.
Début :
Les Jésuites, dans le Chapitre qu'ils tinrent le 30 Novembre, ont élu [...]
Mots clefs :
Rome, Gênes, Général des Jésuites, Élection, Patricien Grimaldi, Corse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE ROME , le 6 Decembre.
Les Jéfuites , dans le Chapitre qu'ils tinrent le
30 Novembre , ont élu pour leur Général le Pere
Louis Centurione , Génois . L'après - midi , ce nouveau
Général alla rendre fes refpects au Pape , &
recevoir la bénédiction de Sa Sainteté.
DE GENES , le
15
Decembre.
La connoiffance que le Patricien Jean -Jacques
Grimaldi a acquife de la Corfe pendant le long
féjour qu'il y a fait , & le zele avec lequel il veut
bien expofer fa perfonne pour rétablir l'ordre
dans l'intérieur de l'ifle , a déterminé le Gouvernement
à lui en confier le foin , de concert avec
le Patricien Jofeph Doria , qui lui a fuccédé en
qualité de Commiffaire Général . La premiere
opération du Patricien Grimaldi a été de faire
conftruire fur une éminence appellée l'Ifola Roffa
, une redoute , qui bat la Plage du même nom
par où il fe faifoit ci - devant beaucoup de débarquemens
frauduleux , Cette redoute a battu parti-
Kiij
i22 MERCURE DE FRANCE.
culierement en ruine dans le continent un fort
qui fervoit à les favorifer. Le Patricien Grimaldi
eft paffé delà à S. Florent. Après avoir mis cette
pla e en état de défenſe , il a fait rafer plufieurs
redoutes qui la dominoient du côté de la terre.
Il s'eft mis enfuite à la tête d'un certain nombre
de Piquets , avec lefquels il a deffein de pénétrer
peu-à- peu dans tous les endroits de l'ifle
Jes plus propres au brigandage , & dont les habitans
font plus difpofés à fuivre les impreffions
de ceux qui trouvent leur intérêt à le perpétuer.
Le 16 du mois dernier , il avoit déja franchi les
plaines d'Oletta & la province de Nebbio , jufques
& compris le même village d'Oletta. Tous les
poftes de Paoli fe font repliés fucceffivement les
uns fur les autres. Dans les environs du village
d'Oletta , fe croyant fuffifamment en force ils
ont fait front. Mais les meſures ont été fi bien
prifes , que malgré leur nombre & la vivacité de
leur feu ils ont été bientôt mis en fuite.
Le Général Génois eft resté maître de tout le
pays qu'il a parcouru , fans avoir fait d'autre perte
que celle d'un ſoldat . A la vérité , il en a couté
trois ou quatre à un détachement qui eft forti
trop foible de la Baftie quelques momens après
l'action , & qui a donné dans le gros des fuyards.
Le 24 du mois dernier , il furprit un de leur
poftes affez confidérable ; & le 27 M. Bacigalu
po , Officier de beaucoup de mérite qui eft fous
Tes ordres , fit abattre en leur préfence plus de
quatre cens arbres pour effayer de rendre les
chemins un peu plus furs , fans qu'aucun des
Rébelles ofât s'y oppofer. Le 4 de ce mois ,
Général Génois , après avoir fait occuper la men
tagne de Penne-Roffe , chargea un détachement
commandé par un de leurs principaux Chefs ,
JANVIER. 1756. 223
nommé Cafa Bianca . Ce détachement prit auflitôt
la fuite , à l'exception de quarante hommes ,
qui furent tués ou faits prifonniers. Le Commandant
qui fut bleflé mortellement , fut du nombre
des derniers . Les troupes Génoiſes n'ont pas
perdu un foldat dans cette action,
DE ROME , le 6 Decembre.
Les Jéfuites , dans le Chapitre qu'ils tinrent le
30 Novembre , ont élu pour leur Général le Pere
Louis Centurione , Génois . L'après - midi , ce nouveau
Général alla rendre fes refpects au Pape , &
recevoir la bénédiction de Sa Sainteté.
DE GENES , le
15
Decembre.
La connoiffance que le Patricien Jean -Jacques
Grimaldi a acquife de la Corfe pendant le long
féjour qu'il y a fait , & le zele avec lequel il veut
bien expofer fa perfonne pour rétablir l'ordre
dans l'intérieur de l'ifle , a déterminé le Gouvernement
à lui en confier le foin , de concert avec
le Patricien Jofeph Doria , qui lui a fuccédé en
qualité de Commiffaire Général . La premiere
opération du Patricien Grimaldi a été de faire
conftruire fur une éminence appellée l'Ifola Roffa
, une redoute , qui bat la Plage du même nom
par où il fe faifoit ci - devant beaucoup de débarquemens
frauduleux , Cette redoute a battu parti-
Kiij
i22 MERCURE DE FRANCE.
culierement en ruine dans le continent un fort
qui fervoit à les favorifer. Le Patricien Grimaldi
eft paffé delà à S. Florent. Après avoir mis cette
pla e en état de défenſe , il a fait rafer plufieurs
redoutes qui la dominoient du côté de la terre.
Il s'eft mis enfuite à la tête d'un certain nombre
de Piquets , avec lefquels il a deffein de pénétrer
peu-à- peu dans tous les endroits de l'ifle
Jes plus propres au brigandage , & dont les habitans
font plus difpofés à fuivre les impreffions
de ceux qui trouvent leur intérêt à le perpétuer.
Le 16 du mois dernier , il avoit déja franchi les
plaines d'Oletta & la province de Nebbio , jufques
& compris le même village d'Oletta. Tous les
poftes de Paoli fe font repliés fucceffivement les
uns fur les autres. Dans les environs du village
d'Oletta , fe croyant fuffifamment en force ils
ont fait front. Mais les meſures ont été fi bien
prifes , que malgré leur nombre & la vivacité de
leur feu ils ont été bientôt mis en fuite.
Le Général Génois eft resté maître de tout le
pays qu'il a parcouru , fans avoir fait d'autre perte
que celle d'un ſoldat . A la vérité , il en a couté
trois ou quatre à un détachement qui eft forti
trop foible de la Baftie quelques momens après
l'action , & qui a donné dans le gros des fuyards.
Le 24 du mois dernier , il furprit un de leur
poftes affez confidérable ; & le 27 M. Bacigalu
po , Officier de beaucoup de mérite qui eft fous
Tes ordres , fit abattre en leur préfence plus de
quatre cens arbres pour effayer de rendre les
chemins un peu plus furs , fans qu'aucun des
Rébelles ofât s'y oppofer. Le 4 de ce mois ,
Général Génois , après avoir fait occuper la men
tagne de Penne-Roffe , chargea un détachement
commandé par un de leurs principaux Chefs ,
JANVIER. 1756. 223
nommé Cafa Bianca . Ce détachement prit auflitôt
la fuite , à l'exception de quarante hommes ,
qui furent tués ou faits prifonniers. Le Commandant
qui fut bleflé mortellement , fut du nombre
des derniers . Les troupes Génoiſes n'ont pas
perdu un foldat dans cette action,
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Résumé : ITALIE.
Le 6 décembre, les Jésuites ont élu le Père Louis Centurione comme nouveau Général et il a reçu la bénédiction papale le même jour. À Gênes, le 15 décembre, Jean-Jacques Grimaldi a été nommé commissaire général de la Corse, avec Joseph Doria comme collaborateur. Grimaldi a construit une redoute sur l'Isola Rossa et renforcé les défenses de Saint-Florent. Il a ensuite repoussé les postes de Paoli dans les zones propices au brigandage. Le 16 décembre, il a pris le contrôle des plaines d'Oletta et de la province de Nebbio sans pertes significatives. Le 24 décembre, il a surpris un poste rebelle et, le 27, l'Officier Bacigalupo a dégagé les chemins sans opposition. Le 4 janvier, les troupes génoises ont attaqué un détachement rebelle commandé par Casa Bianca, tuant ou capturant quarante hommes sans perte de leur côté.
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1281
p. 223-224
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Les Seigneurs passerent le 16 Decembre le Bill de la taxe sur les terres. [...]
Mots clefs :
Londres, Taxes sur les terres, Vaisseaux marchands, Comte de Marchmont, Sa Majesté, Charges gouvernementales
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE- BRETAGNE.
DE LONDRES , le 22 Decembre.
Les Seigneurs pafferent le 16 Decembre le Bil
de la taxe fur les terres . Le 12 de ce mois , la
Chambre des Communes accorda au Roi cent
mille livres fterlings, pour mettre Sa Majesté en
état de remplir les engagemens avec l'Impératrice
de Ruffie ; & cinquante- quatre mille cent quarante
pour fatisfaire au traité conclu avec le Landgrave
de Heffe- Caffel.
Il a été ordonné d'augmenter de dix hommes
chaque Efcadron des Régimens de Dragons fur
l'établiſſement de la Grande Bretagne. Les trois
-Régimens des Gardes à pied on ordre de prépa
rer leurs bagages. On affure que le Gouverner
ment fera pafler au Printems prochain un corps
de troupes Angloifes dans les Pays-Bas. 4
Le Comte d'Egmont s'étant excufé d'accepter
la charge de Tréforier Général des troupes , le
Roi l'a partagée entre le Comte de Darlington &
M. Hay.
Tous les vaiffeaux marchands qui étoient prêts
à faire voile de Spithead pour Lifbonne , lors
qu'on été informé de la ruine de cette ville
feront déchargés inceffamment.
On affure que le Comte Marchmont doit fe
rendre à Berlin en qualité d'Envoyé Extraordi
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
naire & Plénipotentiaire de Sa Majefté auprès du
Roi de Pruffe. Le Roi a nommé le Duc de Marlboroug
, Grand Maître de l'Artillerie ; le Comte
de Gower , Garde du Sceau Privé ; le Comte de
Sandwich , Garde des Forêts d'Angleterre ; le
Comte de Hilfbouroug , Tréforier de la Maifon
de Sa Majesté. Le Roi a difpofé du Gouvernement
de la nouvelle Ecofle , vacant par la démiffion
du Colonel Hopfon , en faveur de M. Lawrence
, Lieutenant - Gouverneur de cette Province.
DE LONDRES , le 22 Decembre.
Les Seigneurs pafferent le 16 Decembre le Bil
de la taxe fur les terres . Le 12 de ce mois , la
Chambre des Communes accorda au Roi cent
mille livres fterlings, pour mettre Sa Majesté en
état de remplir les engagemens avec l'Impératrice
de Ruffie ; & cinquante- quatre mille cent quarante
pour fatisfaire au traité conclu avec le Landgrave
de Heffe- Caffel.
Il a été ordonné d'augmenter de dix hommes
chaque Efcadron des Régimens de Dragons fur
l'établiſſement de la Grande Bretagne. Les trois
-Régimens des Gardes à pied on ordre de prépa
rer leurs bagages. On affure que le Gouverner
ment fera pafler au Printems prochain un corps
de troupes Angloifes dans les Pays-Bas. 4
Le Comte d'Egmont s'étant excufé d'accepter
la charge de Tréforier Général des troupes , le
Roi l'a partagée entre le Comte de Darlington &
M. Hay.
Tous les vaiffeaux marchands qui étoient prêts
à faire voile de Spithead pour Lifbonne , lors
qu'on été informé de la ruine de cette ville
feront déchargés inceffamment.
On affure que le Comte Marchmont doit fe
rendre à Berlin en qualité d'Envoyé Extraordi
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
naire & Plénipotentiaire de Sa Majefté auprès du
Roi de Pruffe. Le Roi a nommé le Duc de Marlboroug
, Grand Maître de l'Artillerie ; le Comte
de Gower , Garde du Sceau Privé ; le Comte de
Sandwich , Garde des Forêts d'Angleterre ; le
Comte de Hilfbouroug , Tréforier de la Maifon
de Sa Majesté. Le Roi a difpofé du Gouvernement
de la nouvelle Ecofle , vacant par la démiffion
du Colonel Hopfon , en faveur de M. Lawrence
, Lieutenant - Gouverneur de cette Province.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 16 décembre, les Seigneurs ont approuvé la taxe sur les terres. Le 12 décembre, la Chambre des Communes a alloué 100 000 livres sterling au Roi pour les engagements avec l'Impératrice de Russie et 54 140 livres pour le traité avec le Landgrave de Hesse-Cassel. Une augmentation de dix hommes par escadron a été ordonnée pour les régiments de dragons en Grande-Bretagne. Les trois régiments des Gardes à pied doivent préparer leurs bagages pour une mission prévue dans les Pays-Bas au printemps. Le Comte d'Egmont ayant refusé le poste de Trésorier Général des troupes, celui-ci a été partagé entre le Comte de Darlington et M. Hay. Les vaisseaux marchands destinés à Lisbonne seront déchargés en raison de la ruine de cette ville. Le Comte Marchmont est nommé Envoyé Extraordinaire et Plénipotentiaire auprès du Roi de Prusse. Le Roi a nommé plusieurs personnalités à des postes importants : le Duc de Marlborough comme Grand Maître de l'Artillerie, le Comte de Gower comme Garde du Sceau Privé, le Comte de Sandwich comme Garde des Forêts d'Angleterre, et le Comte de Hillsborough comme Trésorier de la Maison du Roi. M. Lawrence a été désigné pour gouverner la nouvelle Écosse, poste laissé vacant par la démission du Colonel Hopson.
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1282
p. 228-235
NAISSANCES ET MORTS.
Début :
Le 11 Novembre, l'Abbé de Lorraine, & Mademoiselle de Brionne, au nom [...]
Mots clefs :
Naissances, Morts, Chauvelin, Lieutenant général des armées, Charlotte de Lorraine, Duc de Rochechouart, Baron de Veuilli Hautevesnes, Grands officiers de la couronne, Brigadier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NAISSANCES ET MORTS.
NAISSANCE
ET MORTS..
LE 11 Novembre , l'Abbé de Lorraine , &
Mademoiſelle de Brionnė , au nom du Prince
Charles de Lorraine , Gouverneur des Pays- bas ;
& de la Princeſſe Charlotte de Lorraine , tinrent
fur les Fonts dans l'égliſe de S. Germain-l'Auxerrois
une fille du Comte de Brionne, Grand Ecuyer
de France , laquelle fut nommée Anne-Charlotte,
La cérémonie fut fuivie d'une fête que donna
J'Abbé de Lorraine, ..
5
Jacques-Nompar de Caumont , Duc de Caumont
, Pair de France , fils de M. le Duc de la
Force , eft décédé à Bagnieres le 14 Juiller, 175.5: 1 âgé de quarante-un ans. Il avoit épousé Dame
Marie-Louife de Noailles , fille de M. le Maréchal
de Noailles. La maison de Caumont -la korce eft
fi connue par fon ancienneté , qu'il eft inutile
d'en dire davantage, an
Le 25
I
Août mourut en ſon château du Grand,
val fous Sucy , Meflire Nicolas Daine , Confeile
ler , Secrétaire du Roi , Maifon - Couronne de
France & de fes Finances , Syndic de fa Compagnie
, ancien premier Secrétaire au département
de la guerre , fils de feu Marius-Bafile Daine ,
Infpecteur Général de l'habillement des troupes
de Sa Majefté ; & de défunte Damoiselle Marie-
Magdeleine de Montigny. Illaifle de fon mariage
avec Dainoifelle Sufanne de Wefterbourg un fils ,
Meffire Marius - Jean - Baptifte - Nicolas Daine
JANVIER. 1756. 229
Confeiller du Roi , fon Procureur au Bureau ,
Chambre des Finances & Voyerie de la Généralité
de Paris , Affocié de l'Académie Royale des
Sciences & Belles - Lettres de Pruffe; & deux filles.
Dame Marie- Marthe Landry , veuve de Meffire
Pierre-Gui-Baltazard Emé de Guiffrey de Monteynard
, Comte de Marcieu , Marquis de Boultieres
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Gouverneur des ville & citadelle de Grenoble , &
fous Lieutenant des Gendarmes de la Garde ordinaire
de Sa Majefté , mourut à Paris. le premier
Octobre , âgée de vingt- un ans.
Voyez le Mercure d'Octobre de l'année 1753 .
Dame Anne- Elifabeth Filleul , veuve de Paul
de Montefquiou , Comte d'Artagnan , Brigadier
de Cavalerie , eft morte le 2 à Paris dans la cinquante-
cinquieme année.
Voyez fur Pilluftre Maifon de Montefquiou les
Tablettes biftoriques , VIIe partie , pag. 30s , &
Les grands Officiers de la Couronne , tome VII ,
pag. 262.
"
Meffire Jean- Antoine-François de S. Simon de
Courtomer ; Comte de la Noue , connu fous le
nom de Chevalier de Courtomer , Brigadier d'In
fanterie, ci- devant Capitaine d'une Compagnie de
Grenadiers dans le Régiment des Gardes Françoifes
, mourut le 6 Octobre au Château de Mezy en
bafle Normandie , dans la cinquante -'feptiemé
année de fon âge .
Armande -Amélie Du Plaffis - Richelieu – d'Aiguillon
, fille d'Emmanuel - Armand - Louis dur
Pleflis -Richelieu , Duc d'Aiguillon , Pair de Fran
ce, Maréchal des Camps & Armées du Roi , Lieutenant
Général pour Sa Majeſté dans le Comté
Nantois, & Commandant en Bretagne, nommé Che
valier des Ordres du Roi le 1 Janvier 1756 ; & de
-
230 MERCURE DE FRANCE .
Louife- Félicité de Brebant-Mauron , eft morte
à Paris le 13 Octobre , âgée de trois ans.
Meffire Bernard Chauvelin , Seigneur de Beauféjour
, Confeiller d'Etat ordinaire , eft mort à
Paris le 16 dans fa quatre- vingt-troifiéme année.
Il étoit veuf depuis le 21 Juillet 1735 , de
Catherine Martin , de laquelle il a faillé pour
enfans.
1º. Jacques- Bernard Chauvelin , d'abord Confeiller
au Parlement en 1725 , Maître des Requê
tes en 1728 , Intendant d'Amiens en 1731 , &
actuellement Confeiller d'Etat & Intendant des
Finances depuis 1751. Il a époufé le 16 Février
1719 , Marie , fille de Jean Ourfin , Secrétaire du
Roi & Receveur Général des Finances de la
généralité de Caen , de laquelle il a eu un fils ,
mort en 1737 , & cinq filles actuellement vi
vantes.
2º, Louis-Germain Chauvelin , Abbé de Saint
Jouin , Diocéfe de Poitiers , Doyen de l'Eglife
du Mans , & Chanoine honoraire de celle de
Paris.
3. Bernard- Louis , appellé le Chevalier de
Chauvelin , Commandeur de l'Ordre de Sain
Louis , Lieutenant général des armées du Roi ,
nommé Ambaffadeur auprès du Roi de Sardaigne
en 1753.
4. Henri-Pierre Chauvelin , Abbé Commen
dataire de Montiere-Ramey , Chanoine Hono
raire de l'Eglife de Paris , & Confeiller- Clerc
au Parlement.
5. Marie-Reine Chauvelin , morte en 1739 ,
ayant été mariée en 1734 à Gui Chartraire , Seigneur
de Ragny , & c.
M. Chauvelin dont nous annonçons la mort ,
avoit été fucceffivement Confeiller au Parlement,
JANVIE R. 1756. 23 ?
Maître des Requêtes , Intendant de Tours , d'Alençon
& d'Amiens , & Confeiller d'Erat & Maître
des Requêtes honoraire ; il étoit iffu de Jacques
Chauvelin , Treforier de France en la Généralité
de Paris , frere du célébre François Chauvelin,
reçu en 1562 Avocat au Parlement de Paris,
dont il fut la lumiere & l'oracle ; ce même François
Chauvelin, fut depuis Intendant des affaires en
France , de Marie Stuart Reine d'Ecoffe , & femme
de François II , enfuite Maître des Requêtes
de la Reine Catherine de Médicis , & Procureur
Général de Marie de Médicis , feconde femme de
Henri IV. Il fat bifayeul de Louis Chauvelin , Seignear
de Crifenoi , Maître des Requêtes & Confeiller
d'Etat ordinaire , mort en 1719 ; ce dernier
cut pour enfans.
I. Louis Chauvelin , mort le z Août 1715 , Avocat
Général au Parlement , & Grand Tréforier ,
Commandeur des Ordres du Roi ; laiffant pour
'enfans , 1 °. Louis Chauvelin , Seigneur de Crifenoi
, &c. aujourd'hui Préfident du Parlement de
Paris , lequel a épousé le 25 Novembre 1729
Marie-Renée , fille d'Antoine Jacomel , Seigneur
d'Atis & de Bienaffife , Capitaine de Grenadiers
dans le régiment de Souppa ; de cette alliance if
n'y a point d'enfans. 20. Magdeleine-Françoife
Chauvelin , veuve da Mars 1744 , de . Denis-
Louis Talon , Marquis du Tremblai , Préſident da
Parlement de Paris.
- II. Germain Louis Chauvelin , Marquis de
Grofbois , &c. Succeffivement Confeiller au Grand
Confeil , Maître des Requêtes , Avocat Général
au Parlement , Préfident à Mortier en 1718 ,
dont il s'eft demis en 1746 , Garde des Sceaux de
France en 1727 , qu'il a remis en 1737 , avec la
charge de Secrétaire d'Etat au département des
232 MERCURE DE FRANCE.
affaires étrangeres , dont il avoit été pourvu la
même année 1727 ; & Secrétaire - Commandeur
des ordres du Roi en 1736. Il a été marié le 12
Août 1718 à Anne , fille de Claude Cahouet , Seigneur
de Beauvais , premier Préfident des Tréforiers
de France , en la Généralité d'Orleans , &
'de N... Fontaines - des - Montées. De cette alliance
font fortis. 1 °. Claude - Louis Chauvelin , mort
Gouverneur de Brie - Comte - Robert en 1750 .
2º. Anne-Germain Chauvelin , mort jeune. 3°.
Anne-Efpérance Chauvelin , née en 1725 , veuve
fans enfans depuis 1748 , de Henri -François-
René Edouard Colbert , Comte de Maulevrier ,
Sous-Lieutenant des Gendarmes Anglois. 4° . Anne-
Magdeleine Chauvelin , née le 19 Novembre
1727, femme de Louis - Michel Chamillart , Comte
de la Suze , &c . Lieutenant général des armées
du Roi , & Grand Maréchal des Logis de ſa Maifon.
5. Anne -Sabine - Rofalie Chauvelin , née en
1732 , époufe de Jean - François de la Rochefou
cauld , Comte de Surgeres , Cornette des Gendarmes
de Flandres.
III. Angelique-Henriette Chauvelin , qui a été
mariée le 1 Mai 1712 , à Anne - Claude de Thiard .
Marquis de Biffy , Lieutenant général des Armées
du Roi.
Chauvelin, porte pour armes, d'argent au choux
pommé arraché de finople entouré par la tige
d'unferpent d'or , la tête en haut .
Anne- Charlotte de Conflans , fille de Hubert ,
Comte de Conflans , Lieutenant - Général des
armées navales , eft décédée à Paris , & a été inhumée
le 18 Octobre à S. Sulpice .
Damoiſelle Thérefe Charron de Menars de Neuville
, morte à Paris , âgée de quatre-vingt ans
futinhumée le 21 à S. Euftache.
JANVIER. 1756. 233
Marie -Magdeleine- Jofephe de Croy -Havre,
veuve de Paſcal - Gaëtan d'Aragon , Comte d'Aliffe
, de la branche des Ducs de Laurenzano
mourut à Bruxelles le 27 Octobre , âgée de foixante-
quinze ans. Elle étoit fille de Ferdinand-
François- Jofeph de Croy , Duc d'Havré , Prince
& Maréchal de l'Empire , Grand d'Eſpagne de la
premiere claffe , & Chevalier de l'Ordre de la toifon
d'or , & de Jofephe - Barbe de Hallewin ,
derniere de fa maiſon.
Meffire Michel-Antoine Barberie de Courteille ,
Abbé de l'Abbaye de Beaulieu , Ordre de faint
Auguftin , Diocèle de Boulogne , eft mort le
28 , âgé d'environ foixante- dix ans.
Auguftin- François de Rochechouart-Mortem art,
Comte de Vihiers,eft mort à Paris le 31 Octobre,
âgé de quatorze ans , étant né le 21 Juin 1741 .
Il étoit unique fils de Jean- Baptifte - Victor de
Rochechouart-Mortemart, Duc de Rochechouart,
Pair de France , & Brigadier d'Infanterie ; & de
fa premiere femme Eléonore - Gabrielle- Louife-
Françoile de Crux , morte le 3 Octobre 1742. Le
Duc de Rochechouart avoit époufé en fecondes
noces le 13 Janvier 1749 , Marie- Therefe- Sophie
de Rouvroy , de laquelle il eft refté veuf fans
enfans , le 21 Février 1750. Il a été marié en troifiemes
noces le premier Mai 1751 , avec Charlotte-
Natalie de Manneville , fille de Henri- Jofeph
, Comte de Manneville , Gouverneur de
Dieppe , de laquelle il a pour fils Victurnien-
Jean -Baptifte - Marie de Rochechouart , né le g
Février 1752
N
Voyez fur la Maifon de Rochechouart les
grands Officiers de la Couronne , tom. IV. p. 649.
Dom Honoré, Abbé de l'Abbaye Régulière, de
S. Amand , Ordre de S. Benoît, Diocèle de Tour234
MERCURE DE FRANCE.
nay , eft mort dans le mois d'Octobre en fon
Abbaye.
Charles-Louis de Lorraine , Prince de Pons &
de Mortagne , Comte de Marfan , Souverain de
Bedeilles , Marquis de Mirambeau , Chevalier des
Ordres du Roi , & Lieutenant- Général des armées
de Sa Majeſté , mourut à Paris le 1 Novembre
, âgé de cinquante-neuf ans onze mois
& treize jours , étant né le 19 Novembre 1696.
Il étoit fils de Charles de Lorraine , Comte dé
Marfan , mort le 13 Novembre 1708 , & de
Catherine-Théréfe de Goyon - Matignon , morte le
7 Décembre 1699. De fon mariage avec feue
Elizabeth de Roquelaure , il a eu Gafton-Jean-
Baptifte de Lorraine , Comte de Marfan , Brigadier
d'infanterie , & Colonel du Régiment de
fon nom , marié en 1736 à Marie - Louiſe de
Roban- Soubize , aujourd'hui Gouvernante des
enfans de France , lequel mourut le 2 Mai 1743 ;
Louis-Jofeph de Lorraine , Chevalier de l'Ordre
de Saint Jean de Jérufalem , mort le 13 Janvier
1727 ; Camille-Louis de Loraine , connu fous le
nom de Prince Camille , Maréchal des camps
& armées du Roi ; Léopoldine- Elizabeth -Charlotte
de Lorraine , d'abord Chanoineffe de l'Abbaye
de Remiremont , enfuite mariée le i Mars
1733 , à Joachim de Zuniga Soto - Mayor , Comte
de Bejar , Grand d'Efpagne ; Louife-Henriette
Gabrielle de Lorraine , mariée à Godefroi- Charles-
Henri de la Tour d'Auvergne , Prince de
Turenne , Maréchal de camp , Colonel général
de la Cavalerie de France ; & Marguerite- Louiſe-
Elizabeth de Lorraine , Chanoineffe de Remiremont.
Le 26 Novembre 1755 , eft morte à Château,
Thieri , Dame Marianne de Valfan , veuve deJANVIER.
1756 . 1756. 235
puis les Novembre 1745 , de Pierre de Cugnac ,
Chevalier Seigneur Baron de Veuilli , Hautevefnes,
Lici- lez -Chanoines & autres lieux , âgée de
foixante-onze ans trois mois & vingt- cinq jours;
elle étoit fille de François de Vaffan , d'une ancienne
nobleffe du Valois , & d'Anne Provoſt.
Elle avoit pour fils unique , Anne- Gabriel
Marquis de Cugnac , Chevalier Seigneur Baron de
Veuilli , Hautevefnes , Lici-lez- Chanoines , Bezale-
Gueri & autres lieux , décedé au Château de
Veuilli , le 28 Novembre 1755 , âgé de quarantefept
ans & neuf mois ; il avoit fervi Lieutenant
dans le régiment des Gardes Françoiſes , & avoit
épousé en 1728 , Jeanne -Marie-Jofeph Guyon ,
fille d'Armand-Jacque Guyon , & de Marie de
Bauoncle , duquel mariage il laiffe trois filles ,
fçavoir Jeanne- Anne-Magdeleine de Cugnac ,
Marie-Louife de Cugnac , mariée à N ... Forget ,
Capitaine général des Fauconneries du cabinet
du Roi , & Henriette-Diane de Cugnac.
Voyez pour la généalogie de cette mailon ,
le Mercure de Décembre 1745 , & l'Hiftoire
généalogique des Grands Officiers de la Couronne
, du Pere Anfelme , chapitre des grands Mattes
des eaux & forêts de France , & des Chevaliers
du Saint-Elprit.
ET MORTS..
LE 11 Novembre , l'Abbé de Lorraine , &
Mademoiſelle de Brionnė , au nom du Prince
Charles de Lorraine , Gouverneur des Pays- bas ;
& de la Princeſſe Charlotte de Lorraine , tinrent
fur les Fonts dans l'égliſe de S. Germain-l'Auxerrois
une fille du Comte de Brionne, Grand Ecuyer
de France , laquelle fut nommée Anne-Charlotte,
La cérémonie fut fuivie d'une fête que donna
J'Abbé de Lorraine, ..
5
Jacques-Nompar de Caumont , Duc de Caumont
, Pair de France , fils de M. le Duc de la
Force , eft décédé à Bagnieres le 14 Juiller, 175.5: 1 âgé de quarante-un ans. Il avoit épousé Dame
Marie-Louife de Noailles , fille de M. le Maréchal
de Noailles. La maison de Caumont -la korce eft
fi connue par fon ancienneté , qu'il eft inutile
d'en dire davantage, an
Le 25
I
Août mourut en ſon château du Grand,
val fous Sucy , Meflire Nicolas Daine , Confeile
ler , Secrétaire du Roi , Maifon - Couronne de
France & de fes Finances , Syndic de fa Compagnie
, ancien premier Secrétaire au département
de la guerre , fils de feu Marius-Bafile Daine ,
Infpecteur Général de l'habillement des troupes
de Sa Majefté ; & de défunte Damoiselle Marie-
Magdeleine de Montigny. Illaifle de fon mariage
avec Dainoifelle Sufanne de Wefterbourg un fils ,
Meffire Marius - Jean - Baptifte - Nicolas Daine
JANVIER. 1756. 229
Confeiller du Roi , fon Procureur au Bureau ,
Chambre des Finances & Voyerie de la Généralité
de Paris , Affocié de l'Académie Royale des
Sciences & Belles - Lettres de Pruffe; & deux filles.
Dame Marie- Marthe Landry , veuve de Meffire
Pierre-Gui-Baltazard Emé de Guiffrey de Monteynard
, Comte de Marcieu , Marquis de Boultieres
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Gouverneur des ville & citadelle de Grenoble , &
fous Lieutenant des Gendarmes de la Garde ordinaire
de Sa Majefté , mourut à Paris. le premier
Octobre , âgée de vingt- un ans.
Voyez le Mercure d'Octobre de l'année 1753 .
Dame Anne- Elifabeth Filleul , veuve de Paul
de Montefquiou , Comte d'Artagnan , Brigadier
de Cavalerie , eft morte le 2 à Paris dans la cinquante-
cinquieme année.
Voyez fur Pilluftre Maifon de Montefquiou les
Tablettes biftoriques , VIIe partie , pag. 30s , &
Les grands Officiers de la Couronne , tome VII ,
pag. 262.
"
Meffire Jean- Antoine-François de S. Simon de
Courtomer ; Comte de la Noue , connu fous le
nom de Chevalier de Courtomer , Brigadier d'In
fanterie, ci- devant Capitaine d'une Compagnie de
Grenadiers dans le Régiment des Gardes Françoifes
, mourut le 6 Octobre au Château de Mezy en
bafle Normandie , dans la cinquante -'feptiemé
année de fon âge .
Armande -Amélie Du Plaffis - Richelieu – d'Aiguillon
, fille d'Emmanuel - Armand - Louis dur
Pleflis -Richelieu , Duc d'Aiguillon , Pair de Fran
ce, Maréchal des Camps & Armées du Roi , Lieutenant
Général pour Sa Majeſté dans le Comté
Nantois, & Commandant en Bretagne, nommé Che
valier des Ordres du Roi le 1 Janvier 1756 ; & de
-
230 MERCURE DE FRANCE .
Louife- Félicité de Brebant-Mauron , eft morte
à Paris le 13 Octobre , âgée de trois ans.
Meffire Bernard Chauvelin , Seigneur de Beauféjour
, Confeiller d'Etat ordinaire , eft mort à
Paris le 16 dans fa quatre- vingt-troifiéme année.
Il étoit veuf depuis le 21 Juillet 1735 , de
Catherine Martin , de laquelle il a faillé pour
enfans.
1º. Jacques- Bernard Chauvelin , d'abord Confeiller
au Parlement en 1725 , Maître des Requê
tes en 1728 , Intendant d'Amiens en 1731 , &
actuellement Confeiller d'Etat & Intendant des
Finances depuis 1751. Il a époufé le 16 Février
1719 , Marie , fille de Jean Ourfin , Secrétaire du
Roi & Receveur Général des Finances de la
généralité de Caen , de laquelle il a eu un fils ,
mort en 1737 , & cinq filles actuellement vi
vantes.
2º, Louis-Germain Chauvelin , Abbé de Saint
Jouin , Diocéfe de Poitiers , Doyen de l'Eglife
du Mans , & Chanoine honoraire de celle de
Paris.
3. Bernard- Louis , appellé le Chevalier de
Chauvelin , Commandeur de l'Ordre de Sain
Louis , Lieutenant général des armées du Roi ,
nommé Ambaffadeur auprès du Roi de Sardaigne
en 1753.
4. Henri-Pierre Chauvelin , Abbé Commen
dataire de Montiere-Ramey , Chanoine Hono
raire de l'Eglife de Paris , & Confeiller- Clerc
au Parlement.
5. Marie-Reine Chauvelin , morte en 1739 ,
ayant été mariée en 1734 à Gui Chartraire , Seigneur
de Ragny , & c.
M. Chauvelin dont nous annonçons la mort ,
avoit été fucceffivement Confeiller au Parlement,
JANVIE R. 1756. 23 ?
Maître des Requêtes , Intendant de Tours , d'Alençon
& d'Amiens , & Confeiller d'Erat & Maître
des Requêtes honoraire ; il étoit iffu de Jacques
Chauvelin , Treforier de France en la Généralité
de Paris , frere du célébre François Chauvelin,
reçu en 1562 Avocat au Parlement de Paris,
dont il fut la lumiere & l'oracle ; ce même François
Chauvelin, fut depuis Intendant des affaires en
France , de Marie Stuart Reine d'Ecoffe , & femme
de François II , enfuite Maître des Requêtes
de la Reine Catherine de Médicis , & Procureur
Général de Marie de Médicis , feconde femme de
Henri IV. Il fat bifayeul de Louis Chauvelin , Seignear
de Crifenoi , Maître des Requêtes & Confeiller
d'Etat ordinaire , mort en 1719 ; ce dernier
cut pour enfans.
I. Louis Chauvelin , mort le z Août 1715 , Avocat
Général au Parlement , & Grand Tréforier ,
Commandeur des Ordres du Roi ; laiffant pour
'enfans , 1 °. Louis Chauvelin , Seigneur de Crifenoi
, &c. aujourd'hui Préfident du Parlement de
Paris , lequel a épousé le 25 Novembre 1729
Marie-Renée , fille d'Antoine Jacomel , Seigneur
d'Atis & de Bienaffife , Capitaine de Grenadiers
dans le régiment de Souppa ; de cette alliance if
n'y a point d'enfans. 20. Magdeleine-Françoife
Chauvelin , veuve da Mars 1744 , de . Denis-
Louis Talon , Marquis du Tremblai , Préſident da
Parlement de Paris.
- II. Germain Louis Chauvelin , Marquis de
Grofbois , &c. Succeffivement Confeiller au Grand
Confeil , Maître des Requêtes , Avocat Général
au Parlement , Préfident à Mortier en 1718 ,
dont il s'eft demis en 1746 , Garde des Sceaux de
France en 1727 , qu'il a remis en 1737 , avec la
charge de Secrétaire d'Etat au département des
232 MERCURE DE FRANCE.
affaires étrangeres , dont il avoit été pourvu la
même année 1727 ; & Secrétaire - Commandeur
des ordres du Roi en 1736. Il a été marié le 12
Août 1718 à Anne , fille de Claude Cahouet , Seigneur
de Beauvais , premier Préfident des Tréforiers
de France , en la Généralité d'Orleans , &
'de N... Fontaines - des - Montées. De cette alliance
font fortis. 1 °. Claude - Louis Chauvelin , mort
Gouverneur de Brie - Comte - Robert en 1750 .
2º. Anne-Germain Chauvelin , mort jeune. 3°.
Anne-Efpérance Chauvelin , née en 1725 , veuve
fans enfans depuis 1748 , de Henri -François-
René Edouard Colbert , Comte de Maulevrier ,
Sous-Lieutenant des Gendarmes Anglois. 4° . Anne-
Magdeleine Chauvelin , née le 19 Novembre
1727, femme de Louis - Michel Chamillart , Comte
de la Suze , &c . Lieutenant général des armées
du Roi , & Grand Maréchal des Logis de ſa Maifon.
5. Anne -Sabine - Rofalie Chauvelin , née en
1732 , époufe de Jean - François de la Rochefou
cauld , Comte de Surgeres , Cornette des Gendarmes
de Flandres.
III. Angelique-Henriette Chauvelin , qui a été
mariée le 1 Mai 1712 , à Anne - Claude de Thiard .
Marquis de Biffy , Lieutenant général des Armées
du Roi.
Chauvelin, porte pour armes, d'argent au choux
pommé arraché de finople entouré par la tige
d'unferpent d'or , la tête en haut .
Anne- Charlotte de Conflans , fille de Hubert ,
Comte de Conflans , Lieutenant - Général des
armées navales , eft décédée à Paris , & a été inhumée
le 18 Octobre à S. Sulpice .
Damoiſelle Thérefe Charron de Menars de Neuville
, morte à Paris , âgée de quatre-vingt ans
futinhumée le 21 à S. Euftache.
JANVIER. 1756. 233
Marie -Magdeleine- Jofephe de Croy -Havre,
veuve de Paſcal - Gaëtan d'Aragon , Comte d'Aliffe
, de la branche des Ducs de Laurenzano
mourut à Bruxelles le 27 Octobre , âgée de foixante-
quinze ans. Elle étoit fille de Ferdinand-
François- Jofeph de Croy , Duc d'Havré , Prince
& Maréchal de l'Empire , Grand d'Eſpagne de la
premiere claffe , & Chevalier de l'Ordre de la toifon
d'or , & de Jofephe - Barbe de Hallewin ,
derniere de fa maiſon.
Meffire Michel-Antoine Barberie de Courteille ,
Abbé de l'Abbaye de Beaulieu , Ordre de faint
Auguftin , Diocèle de Boulogne , eft mort le
28 , âgé d'environ foixante- dix ans.
Auguftin- François de Rochechouart-Mortem art,
Comte de Vihiers,eft mort à Paris le 31 Octobre,
âgé de quatorze ans , étant né le 21 Juin 1741 .
Il étoit unique fils de Jean- Baptifte - Victor de
Rochechouart-Mortemart, Duc de Rochechouart,
Pair de France , & Brigadier d'Infanterie ; & de
fa premiere femme Eléonore - Gabrielle- Louife-
Françoile de Crux , morte le 3 Octobre 1742. Le
Duc de Rochechouart avoit époufé en fecondes
noces le 13 Janvier 1749 , Marie- Therefe- Sophie
de Rouvroy , de laquelle il eft refté veuf fans
enfans , le 21 Février 1750. Il a été marié en troifiemes
noces le premier Mai 1751 , avec Charlotte-
Natalie de Manneville , fille de Henri- Jofeph
, Comte de Manneville , Gouverneur de
Dieppe , de laquelle il a pour fils Victurnien-
Jean -Baptifte - Marie de Rochechouart , né le g
Février 1752
N
Voyez fur la Maifon de Rochechouart les
grands Officiers de la Couronne , tom. IV. p. 649.
Dom Honoré, Abbé de l'Abbaye Régulière, de
S. Amand , Ordre de S. Benoît, Diocèle de Tour234
MERCURE DE FRANCE.
nay , eft mort dans le mois d'Octobre en fon
Abbaye.
Charles-Louis de Lorraine , Prince de Pons &
de Mortagne , Comte de Marfan , Souverain de
Bedeilles , Marquis de Mirambeau , Chevalier des
Ordres du Roi , & Lieutenant- Général des armées
de Sa Majeſté , mourut à Paris le 1 Novembre
, âgé de cinquante-neuf ans onze mois
& treize jours , étant né le 19 Novembre 1696.
Il étoit fils de Charles de Lorraine , Comte dé
Marfan , mort le 13 Novembre 1708 , & de
Catherine-Théréfe de Goyon - Matignon , morte le
7 Décembre 1699. De fon mariage avec feue
Elizabeth de Roquelaure , il a eu Gafton-Jean-
Baptifte de Lorraine , Comte de Marfan , Brigadier
d'infanterie , & Colonel du Régiment de
fon nom , marié en 1736 à Marie - Louiſe de
Roban- Soubize , aujourd'hui Gouvernante des
enfans de France , lequel mourut le 2 Mai 1743 ;
Louis-Jofeph de Lorraine , Chevalier de l'Ordre
de Saint Jean de Jérufalem , mort le 13 Janvier
1727 ; Camille-Louis de Loraine , connu fous le
nom de Prince Camille , Maréchal des camps
& armées du Roi ; Léopoldine- Elizabeth -Charlotte
de Lorraine , d'abord Chanoineffe de l'Abbaye
de Remiremont , enfuite mariée le i Mars
1733 , à Joachim de Zuniga Soto - Mayor , Comte
de Bejar , Grand d'Efpagne ; Louife-Henriette
Gabrielle de Lorraine , mariée à Godefroi- Charles-
Henri de la Tour d'Auvergne , Prince de
Turenne , Maréchal de camp , Colonel général
de la Cavalerie de France ; & Marguerite- Louiſe-
Elizabeth de Lorraine , Chanoineffe de Remiremont.
Le 26 Novembre 1755 , eft morte à Château,
Thieri , Dame Marianne de Valfan , veuve deJANVIER.
1756 . 1756. 235
puis les Novembre 1745 , de Pierre de Cugnac ,
Chevalier Seigneur Baron de Veuilli , Hautevefnes,
Lici- lez -Chanoines & autres lieux , âgée de
foixante-onze ans trois mois & vingt- cinq jours;
elle étoit fille de François de Vaffan , d'une ancienne
nobleffe du Valois , & d'Anne Provoſt.
Elle avoit pour fils unique , Anne- Gabriel
Marquis de Cugnac , Chevalier Seigneur Baron de
Veuilli , Hautevefnes , Lici-lez- Chanoines , Bezale-
Gueri & autres lieux , décedé au Château de
Veuilli , le 28 Novembre 1755 , âgé de quarantefept
ans & neuf mois ; il avoit fervi Lieutenant
dans le régiment des Gardes Françoiſes , & avoit
épousé en 1728 , Jeanne -Marie-Jofeph Guyon ,
fille d'Armand-Jacque Guyon , & de Marie de
Bauoncle , duquel mariage il laiffe trois filles ,
fçavoir Jeanne- Anne-Magdeleine de Cugnac ,
Marie-Louife de Cugnac , mariée à N ... Forget ,
Capitaine général des Fauconneries du cabinet
du Roi , & Henriette-Diane de Cugnac.
Voyez pour la généalogie de cette mailon ,
le Mercure de Décembre 1745 , & l'Hiftoire
généalogique des Grands Officiers de la Couronne
, du Pere Anfelme , chapitre des grands Mattes
des eaux & forêts de France , & des Chevaliers
du Saint-Elprit.
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Résumé : NAISSANCES ET MORTS.
En 1755 et début 1756, plusieurs naissances et décès notables ont été enregistrés. Le 11 novembre 1755, Anne-Charlotte, fille du Comte de Brionne, Grand Écuyer de France, est née et baptisée dans l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois. La cérémonie a été suivie d'une fête organisée par l'Abbé de Lorraine. Parmi les décès, Jacques-Nompar de Caumont, Duc de Caumont et Pair de France, est mort à Bagnères le 14 juillet 1755 à l'âge de quarante-et-un ans. Il était marié à Dame Marie-Louise de Noailles, fille du Maréchal de Noailles. Le 25 août, Meffire Nicolas Daine, Conseiller et Secrétaire du Roi, est décédé dans son château du Grand Val sous Sucy, laissant un fils et deux filles. Dame Marie-Marthe Landry, veuve de Meffire Pierre-Gui-Baltazard Emé de Guiffrey de Monteynard, est morte à Paris le 1er octobre à l'âge de vingt-et-un ans. Dame Anne-Élisabeth Filleul, veuve de Paul de Montesquiou, Comte d'Artagnan, est décédée à Paris le 2 octobre à l'âge de cinquante-cinq ans. Meffire Jean-Antoine-François de Saint Simon de Courtomer, Chevalier de Courtomer, est mort le 6 octobre au Château de Mezy en Basse-Normandie à l'âge de cinquante-sept ans. Armande-Amélie Du Plessis-Richelieu d'Aiguillon, fille du Duc d'Aiguillon, est décédée à Paris le 13 octobre à l'âge de trois ans. Bernard Chauvelin, Seigneur de Beauféjour et Conseiller d'État, est mort à Paris le 16 octobre à l'âge de quatre-vingt-trois ans, laissant plusieurs enfants, dont Jacques-Bernard Chauvelin, Conseiller d'État et Intendant des Finances, et Louis-Germain Chauvelin, Abbé de Saint-Jouin. D'autres décès notables incluent Dame Anne-Élisabeth de Conflans, fille du Comte de Conflans, décédée le 18 octobre, et Damoiselle Thérèse Charron de Menars de Neuville, morte à Paris à l'âge de quatre-vingts ans. Marie-Magdeleine-Joseph de Croy-Havré, veuve du Comte d'Aliffe, est décédée à Bruxelles le 27 octobre à l'âge de soixante-quinze ans. Meffire Michel-Antoine Barberie de Courteille, Abbé de l'Abbaye de Beaulieu, est mort le 28 octobre à l'âge d'environ soixante-dix ans. Augustin-François de Rochechouart-Mortemart, Comte de Vihiers, est décédé à Paris le 31 octobre à l'âge de quatorze ans. Dom Honoré, Abbé de l'Abbaye Régulière de Saint-Amand, est mort en octobre dans son abbaye. Charles-Louis de Lorraine, Prince de Pons et de Mortagne, est décédé à Paris le 1er novembre à l'âge de cinquante-neuf ans, laissant plusieurs enfants, dont Gaston-Jean-Baptiste de Lorraine, Comte de Marfan, et Louise-Henriette-Gabrielle de Lorraine, mariée au Prince de Turenne. Enfin, Dame Marianne de Valfan, veuve de Pierre de Cugnac, est morte à Château-Thierry le 26 novembre 1755 à l'âge de soixante-onze ans. Son fils unique, Anne-Gabriel Marquis de Cugnac, est décédé le 28 novembre 1755 à l'âge de quarante-sept ans, laissant trois filles.
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1283
p. 222-233
« Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit, [...] »
Début :
Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit, [...]
Mots clefs :
Roi, Bataillons, Protection des frontières, Sa Majesté britannique, Différends, Colonies américaines, Apaisement, Naissance du Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit, [...] »
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint -Efprit , tous en Manteau de
deuil , s'étant affemblés le a de Janvier , vers les
dix heures du matin dans le Cabinet du Roi , Sa
Majefté fortit de fon appartement pour aller à la
Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs Maffes , étoit en
Manteau violet ,le Collier de l'Ordre par- deffus ,
ainfi que celui de l'Ordre de la Toifon d'Or. Sa
FEVRI E R. 1756. 223
Majefté étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin
, du Duc d'Orléans , du Prince de Condé ,
du Comte de Clermont , du Prince de Conty , du
Comte de la Marche , du Comte d'Eu , du Duc
de Penthiévre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre . Elle affifta à la Meffe de
Requiem , que l'Archevêque de Narbonne , Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint - Esprit , célébra
pour le repos des ames des Chevaliers morts pendant
le cours de l'année derniere. Enfuite Sa Ma
jefté fut reconduite à fon appartement , ains
qu'Elle étoit venue à la Chapelle.
Le 3 , les Députés des Etats de Bretagne eurent
audience du Roi . Ils furent préfentés à Sa Majesté
par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de la
Province , & par M. le Comte de Saint Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits par M.
le Marquis de Dreux , Grand Maître des Cérémonies.
La Députation étoit compofée pour le Cler.
gé , de M. l'Evêque de Nantes qui porta la parole ;
de M. le Comte de Polignac pour la Nobleffe , &
de M. Marion , Député du Commerce de Saint-
Malo , pour le Tiers- Etat.
Le 4, Madame la Marquife de Broglie fur
préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
M. de Machault , Garde des Sceaux de France ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , préſenta le même jour au Roi M. le
Chevalier de Tourville , Officier des Vaiffeaux de
Sa Majesté.
Les Officiers Généraux qui feront employés
fur les côtes de l'Océan , depuis Dunkerque jufqu'à
la frontiere d'Efpagne , fous les ordres de M.
le Maréchal Duc de Belle-Ifle , font :
LIEUTENANS-GENERAUX , Meffieurs , le Mar
quis de Clermont Gallerande , fur les côtes de
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Saintonge , Païs d'Aunis & Poitou . Le Comte
d'Eftrées & le Duc d'Harcourt , côtes de Normandie
& du Gouvernement du Havre . Le Prince de
Soubize , côtes de Flandre. Le Duc de Chaulnes ,
côtes de Picardie & Calaifis. M. de Crémille , le
Marquis d'Hérouville , côtes de Guyenne , de
Bayonne & du Païs de Labour. Le Comte de Saint
Germain , côtes de Flandre.
t.
MARECHAUX DE CAMP . MM . le Duc d'Aiguillon
, côtes de Bretagne . Du Barail , côtes de
Flandre. Le Marquis de Dreux , côtes de Saintonge
, Païs d'Aunis & Poitou, Le Marquis de Puyfegur
, côtes de Normandie & du Gouvernement
du Havre. Le Marquis de Voyer , M. Lally , dans
le Boulonnois. Le Marquis de Narbonne , côtes
de Guyenne , de Bayonne & du Pais de Labour.
Le Marquis de Curfay , côtes de Bretagne. Le
Comte de Raymond , côtes de Normandie & du
Gouvernement du Havre .
T
Le Maréchal Duc de Richelieu , à qui le Roi a
donné le commandement général des côtes de la
Méditerranée depuis la frontiere d'Eſpagne jufqu'au
Var , aura fous fes ordres trois Lieutenans-
Généraux, & deux Maréchaux de Camp .
LIEUTENANS- GENERAUX employés fous les ordres
de ce Maréchal. Le Duc de Mirepoix , fur les côtes
de Languedoc. Le Comte de Graville , côtes
de Rouffillon . Le Marquis de Maillebois , côtes
de Provence.
MARECHAUX DE CAMP qui ferviront fous les
mêmes ordres. Le Comte de Moncan , côtes de
Languedoc. Le Comte de Lannion , côtes de Provence
.
On a annoncé l'année derniere , que l'Académie
de Pau avoit propofé pour le Sujet du Prix
qu'elle doit diftribuer en 1756 , L'utilité des déFEVRIER.
1756. 225
44
couvertesfaites dans les Sciences fous le Regne de
Louis XV. Une des Pieces de Poélies qui ont été
envoyées à cette Académie , a été adreffée par la
Pofte à l'Abbé de Sorberio , ci - devant Secrétaire
de la Compagnie , & on lit au bas cette Sentence ,
Eft aliquidfub Sole novum. L'Auteur n'a pas joine
à fon Poëme le billet cacheté qui devoit contenir
fon nom , & fur lequel devoit être répetée la
Sentence ci- deſſus mentionnée. Il eft averti qu'il
ne peut entrer en concours s'il ne répare cette
omiffion , en envoyant une autre copie de fon
ouvrage , accompagnée d'un Billet dans lequel i
obferve les deux formalités dont on vient de parler.
On a appris que le 21 du mois dernier il y avoit
eu un nouveau tremblement de terre à Lisbonne.
Plufieurs des maifons qui n'avoient été qu'ébranlées
, ont été détruites . Leur chûte a fait périt
encore plus de trois cens perfonnes. Nouvelle
incertaine .
Sur la démiſſion volontaire'de M. le Duc de
Bethune en faveur de M. le Duc de Charoft fon
petit- fils , le Roi a accordé à ce dernier la Lieurtenance
- Générale de Picardie & du Boulonnois ,
ainfi que le Gouvernement des Ville & Citadelle
de Calais.
On apprend de Luneville , que le Roi ayant
nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis M. de Baye , Brigadier
de Cavalerie , Commandant les deux Compagnies
des Cadets Gentilshommes du Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , Sa Majefté Polonoife
a fait l'honneur à cet Officier , de le revêtir lui-
-même du grand Cordon rouge.
La nuit du 26 au 27 de Décembre , on fentit
à Rocroy deux legeres fecouffes de tremblement
de terre , la premiere à onze heures cin-
K v
226 MERCURE DE FRANCE.
quante-fix minutes , la feconde à minuit douze
minutes . Elles s'annoncerent par un bruit fourd
de peu de durée , & le Ciel , au rapport des fentinelles
qui étoient pour lors en faction , parut tour
en feu.
M. Rouillé , Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant
le Département des Affaires Etrangeres , écrivit
le 21 du même mois à Monfieur Fox , Secrétaire
d'Etat du Roi d'Angleterre , la Lettre fuivante.
·
Monfieur , c'est par ordre du Roi mon Maître ,
que j'ai l'honneur d'envoyer à votre Excellence le
Mémoire que je joins ici , &c.
« Il n'a pas tenu au Roi que les différends concernant
l'Amérique n'ayent été terminés par les
» voies de la conciliation , & Sa Majesté eft en
» état de le démontrer à l'Univers entier par des
preuves authentiques.
Le Roi , toujours animé du défir le plus fin-
» cere de maintenir le repos public & la plus parfaite
intelligence avec Sa Majefté Britannique
» a fuivi avec la bonne foi & la confiance la plus
entiere la négociation relative à cet objet.
» Les affurances que le Roi de la Grande Bre-
» tagne & fes Miniftres renouvelloient fans ceffe
» de vive voix & par écrit , étoient fi formelles
» & fi préciſes fur les difpofitions pacifiques de Sa
Majefté Britannique , que le Roi fe feroit re-
» proché le moindre doute fur la droiture des in-
» tentions de la Cour de Londres .
» Il n'eft guere poflible de concevoir com-
» ment ces affurances pouvoient fe concilier avec
ples ordres offenfifs , donnés en Novembre 1754
au Général Braddock , & au mois d'Avril 1755à
» P'Amiral Bofſcawen.
» L'attaque au mois de Juillet dernier , & la
prife de deux vaiffeaux du Roi en pleine mer &
7 FEVRIER. 1756. 227
D fans déclaration de guerre , étoient une infulte
publique au pavillon de Sa Majefté ; & elle auroit
témoigné fur le champ tout le jufte reffen-
» tinient que lui infpiroit une entrepriſe fi irrégu
liere & fi violente , fi elle avoit pu croire que
» P'Amiral Boscawen n'eût agi que par les ordres.
» de la Cour.
» Le même motif avoit d'abord fufpendu le
» jugement du Roi fur les pirateries que les vaiffeaux
de guerre Anglois exercent depuis plu
» fieurs mois contre la navigation & le commervce
des fujets de Sa Majefté , au mépris du droit
des gens , de la foi des traités , des ufages établis
parmi les nations policées , & des égards
» qu'elles fe doivent réciproquement.
Le Roi avoit lieu d'attendre des fentimens
de Sa Majefté Britannique , qu'à fon retour à
» Londres elle défavoueroit la conduite de fon
Amirauté & de fes Officiers de mer , & qu'elle
» donneroit à Sa Majefté une fatisfaction'
tionnée à l'injure & au dommage,
propor
» Mais le Roi voyant que le Roi d'Angleterre
» bien loin de punir les brigandages de la Marine
» Angloife , les encourage au contraire , en demandant
à fes Sujets de nouveaux fecours con
» tre la France , Sa Majesté manqueroit à ce qu'el
» le doit à fa propre gloire , à la dignité de ſa
» Couronne , & à la défenfe de fes peoples , fi
elle différoit plus long - tems d'exiger du Roi
» de la Grande Bretagne une réparation éclatante:
» de l'outrage fait au pavillon François , & des
dommages caufes aux Sujets du Roi,
Sa Majefté croit donc devoir s'adreffer direc
tement à Sa Majefté Britannique , & lui deman
der la rehitution prompte & entiere de tous les
» vaiffeaux Francois , tant de guerre que mar-
3Y
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
chands, qui, contre toutes les loix & contre tou
tes les bienséances , ont été pris par la Marine
» Angloife , & de tous les Officiers , Soldats , Ma-
» telots , Artillerie , Munitions , Marchandifes , &
genéralement de tout ce qui appartenoit à ces
>> vaiffeaux .
»
» Le Roi aimera toujours mieux devoir à l'équité
du Roi d'Angleterre qu'à tout autre moyen
»la fatisfaction que Sa Majeſté a droit de recla-
» mer & toutes les Puiffances verront fans dou
» te dans la démarche qu'elle s'eft déterminée à
» faire une nouvelle preuve bien ſenſible de cet
» amour conftant pour la paix , qui dirige fes
» confeils & fes réfolutions.
» Si Sa Majefté Britannique ordonne la refti-
» tution des vailleaux dont il s'agit , le Roi fera
» difpofé à entier en négociation fur les autres
fatisfactions qui lui font légitimement dues , &
» continuera de fe prêter , comme il a fait précé-
» demment à un accommodement équitable &
» folide fur les difcuffions qui concernent l'Amé
>> rique.
» Mais fi , contre toute efpérance , le Roi d'Angleterre
fe refufe à la réquifition que le Roi luí
» fait , Sa Majefté regardera će deni de jufticé
» comme la déclaration de guerre la plus authen-
» tique , & comme un deffein forme par la Cour
» de Londres , de troubler le repos de l'Europe .
M. Fox á fait à M. Rouillé la réponſe qui fuit
& qui eft datée de Whitehall , le 13 Janvier.
Monfieur , j'ai reçu le 3 de ce mois la lettre
dont votre Excellence m'a honoré , en date du zí
du mois paffé , avec le Mémoire dont elle étoit accompagnée
. Je n'ai pas tardé à les mettre devant
le Roi mon Maître, c'eft par fes ordres que j'ai
P'honneur d'informer votre Excellence que Sa Ma
FEVRIER. 1756. 229
jefté continue de fouhaiter la confervation de la
tranquillité publique ; mais quoique le Roi fe prê
tera volontiers à un accommodement équitable &
folide , Sa Majesté ne fçauroit accorder la deman
de qu'on fait de la reftitution prompte entiere
de tous les vaiffeaux François , & de tout ce qui y
appartenoit , comme une condition préliminaire à
toute négociation ; le Roi n'ayant rien fait dans
toutes fes démarches , que ce que les hoftilités com
mencées pas la France en tems de pleine paix ( dont
on a les preuves les plus authentiques ) , & ce que
Sa Majesté doit à fon honneur , à la défense des
droits & poffeffions de fa Couronne , & à la fureté
defes Royaumes, ont rendu jufte indifpenfable.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 18 M. le Duc de Charoft prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Lieutenance- Générale
de Picardie & du Boulonnais , & pour le
Gouvernement
des Ville & Citadelle de Calais .
Monfeigneur le Dauphin & Madame la Dauphine
vinrent le 19 de Janvier à Paris , pour rendre
à Dieu leurs folemnelles actions de graces , à
l'occafion de la naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence. Ce Prince & cette Princeffe arriverent
fur les trois heures & demie après- midi à
PEglife Métropolitaine , & furent reçus à la porte
de l'Eglife par l'Abbé de Saint- xupery , Doyen
du Chapitre , à la tête des Chanoines . Ayant été
conduits dans le Choeur , ils affifterent au Te
Deum , auquel le Doyen officia . En fortant , ils
firent leur priere à la Chapelle de la Vierge . De
1'Eglife Métropolitaine , Monfeigneur le Dau
phin & Madame Pa Dauphine fe rendirent à celle
de Sainte Geneviévé . L'Abbé , à la tête de fa Communauté
, les reçut à la porte de l'Eglife . Lorfque
ce Prince & cette Princeffe furent entrés dans le
230 MERCURE DE FRANCE.
Choeur , on célebra le Salut. La Châffe de Sainte
Géneviéve étoit découverte. Monfeigneur le Dauphin
& Madame la Dauphine , en arrivant à l'Eglife
Métropolitaine & à celle de Sainte Géneviéve
, ont trouvé une Compagnie des Gardes Françoifes
& une des Gardes Suiffes fous les armes . Le
foir , ce Prince & cette Princeffe retournerent à
Verfailles. Le peuple eft accouru partout en foule
fur leur paffage , & a témoigné par fes acclamations
la joie que lui caufoit leur préfence.
Sa Majesté voulant qu'il foit pourvu au remplacement
des Soldats , qui manquent dans les
Bataillons de Milice , & en même- tems à la levée
de l'augmentation qu'Elle a réfolu de faire dans
ces Bataillons , a ordonné ce qui fuit . ARTICLE I.
Les Bataillons de Milice , qui font actuellement
compofés de cinq cens hommes en dix Compa
gnies , feront portés à cinq cens quatre-vingt-dix
hommes chacun , formant le même nombre de
dix Compagnies , dont une de Grenadiers de cinquante
hommes , une de Grenadiers Poftiches de
foixante , & huit de Fufiliers de pareil nombre ;
les neuf Compagnies , tant de Grenadiers Poftiches
que de Fusiliers , devant être augmentées
chacune de dix hommes. ART. II. Entend Sa Majefté
, que , conformément aux ordres qu'Elle
donnés pour fufpendre la délivrance des congés
d'ancienneté aux Cavaliers , Dragons & Soldats
de fes troupes , il ne foit également délivré aucun
congé d'ancienneté aux Soldats de fes Bataillons
de Milice pendant la préfente année ; fe réſervant
de régler ceux qui devront être expédiés dans la
fuite. ART. III. Veut Sa Majefté , qu'il foit incel
famment procédé par le fieur Berryer , Lieutenant-
Général de Police de la Ville de Paris , &
par les Intendans des Provinces & Généralités di
FEVRIER. 1756. 271
A
Royaume , ou leurs Subdélégués , à la levée tant
des remplacemens qu'il y a à faire pour completer
le fonds actuel des Bataillons de Milice de
leurs Départemens , que des quatre -vingt- dix
hommes d'augmentation par Bataillon , enforte
qu'ils puiffent être affemblés auffi- tôt que Sa Majesté
le preferira .
L'honneur qu'a la Provence , de voir porter fon
nom au troifiéme petit - Fils de France , faifoit à la
Ville d'Aix une loi de célébrer la naiffance de ce
Prince , par des réjouiffances éclatantes. La Fêtefut
annoncée le 12 de Décembre par plufieurs
troupes de Trompettes , de Tambours & de Tambourins
qui parcoururent la Ville . Le 14 , on
chanta le Te Deum dans l'Eglife Métropolitaine.
Un Bucher fut allumé dans la Place des Prêcheurs.
Devant l'Hôtel du Gouvernement , dont la façade
étoit illuminée avec autant de goût que de magnificence
, s'élevoit un Arc de Triomphe , fous lequel
le Duc de Villars fir diftribuer des viandes au
peuple pendant quatre heures confécutives . Toute
la nuit , il coula des quatre angles du Buffet quatre
Fontaines de vin. Une Cavalcade d'environ deux
cens Citoyens , divifés en quatre Compagnies
différemment habillées , fe promena dans les principales
rues. Trois de ces Compagnies , l'une de
Mafques de divers caracteres , l'autre de Cavaliers
Turcs , la troifiéme vêtue d'un riche uniforme
militaire , précédoient un Char orné de dorures
& d'emblêmes , & rempli de Symphonistes. Au
fond de ce Char , on voyoit deux perfonnes ,
dont l'une repréſentoit la Provence tenant dans fes
bras un Enfant , & l'autre le Roi René , qui regardoit
cet enfant avec complaifance . La quatriéme
Compagnie , habillée à la Chinoife ,fuivait
le Char. Chaque Compagnieavoit fes laftrumens,
232 MERCURE DE FRANCE.
*
fes Etendards & fes Officiers ; & la bride du cheval
de chaque Cavalier étoit tenue par un Valet
mafqué , lequel portoit un flambeau. Quinze Bergeres
& autant de Bergers fe rendirent chez M. le
Duc de Villars en chantant l'événement qui
caufoit l'allégreffe publique , & en exprimant la
leur d'une maniere d'autant plus tonchante
qu'elle étoit plus naïve . Il y eut au Gouvernement
un fouper fomptueux , & l'on y fervit huit tables,
compofant enfemble deux cens cinquante couverts.
M. le Duc de Villars donna le lendemain dans
la Salle de l'Hôtel de Ville un Bal , pendant lequel
on diftribua des rafraîchiffemens de toute
efpece Le 21 , ce Seigneur a la tête des Confuls
& du Corps de Ville , affifta à la Meffe , que la
Ville fit chanter dans l'Eghte des Dominicains . A
Pentrée de la nuit , on tira dans la Place de l'Hô .
tul de Ville , un feu d'artifice qui dura trois quarts
d'heure. La face de cet Hôtel étoit illuminée en
lampions & en pots à feu. Toutes les perfonnes
de diftinction y fouperent. Cette Fête , dans laquelle
la Nobleffe & le peuple ont fait éclater à
l'envi leur zele & leur joie , fera mémorable particuliérement
pour les pauvres . La Ville en a habillé
& diverſement fecouru un très- grand nombre,
& M. le Duc de Villars a répandu fes largeſſes
fur tous ceux qui le font préfentés.
Pendant le cours de l'année derniere , il eft
mort à Paris vingt mille vingt- une perſonnes :
il s'y eft fait dix-neuf mille quatre cens douze
baptêmes , & quatre mille cinq cens un mariages;
& il y a eu quatre mille deux cens foixantetreize
Enfans Trouvés.
Le 22 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quatorze cens livres : les Billets de la
premiere Loterie Royale , à huit cens vingt-cinq;
FEVRIER. 1756. 233
& ceux de la troifiéme Loterie , à fix cens dix- huit.
Ceux de la Seconde n'avoient point de prix fixe.
l'Ordre du Saint -Efprit , tous en Manteau de
deuil , s'étant affemblés le a de Janvier , vers les
dix heures du matin dans le Cabinet du Roi , Sa
Majefté fortit de fon appartement pour aller à la
Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs Maffes , étoit en
Manteau violet ,le Collier de l'Ordre par- deffus ,
ainfi que celui de l'Ordre de la Toifon d'Or. Sa
FEVRI E R. 1756. 223
Majefté étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin
, du Duc d'Orléans , du Prince de Condé ,
du Comte de Clermont , du Prince de Conty , du
Comte de la Marche , du Comte d'Eu , du Duc
de Penthiévre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre . Elle affifta à la Meffe de
Requiem , que l'Archevêque de Narbonne , Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint - Esprit , célébra
pour le repos des ames des Chevaliers morts pendant
le cours de l'année derniere. Enfuite Sa Ma
jefté fut reconduite à fon appartement , ains
qu'Elle étoit venue à la Chapelle.
Le 3 , les Députés des Etats de Bretagne eurent
audience du Roi . Ils furent préfentés à Sa Majesté
par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de la
Province , & par M. le Comte de Saint Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits par M.
le Marquis de Dreux , Grand Maître des Cérémonies.
La Députation étoit compofée pour le Cler.
gé , de M. l'Evêque de Nantes qui porta la parole ;
de M. le Comte de Polignac pour la Nobleffe , &
de M. Marion , Député du Commerce de Saint-
Malo , pour le Tiers- Etat.
Le 4, Madame la Marquife de Broglie fur
préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
M. de Machault , Garde des Sceaux de France ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , préſenta le même jour au Roi M. le
Chevalier de Tourville , Officier des Vaiffeaux de
Sa Majesté.
Les Officiers Généraux qui feront employés
fur les côtes de l'Océan , depuis Dunkerque jufqu'à
la frontiere d'Efpagne , fous les ordres de M.
le Maréchal Duc de Belle-Ifle , font :
LIEUTENANS-GENERAUX , Meffieurs , le Mar
quis de Clermont Gallerande , fur les côtes de
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Saintonge , Païs d'Aunis & Poitou . Le Comte
d'Eftrées & le Duc d'Harcourt , côtes de Normandie
& du Gouvernement du Havre . Le Prince de
Soubize , côtes de Flandre. Le Duc de Chaulnes ,
côtes de Picardie & Calaifis. M. de Crémille , le
Marquis d'Hérouville , côtes de Guyenne , de
Bayonne & du Païs de Labour. Le Comte de Saint
Germain , côtes de Flandre.
t.
MARECHAUX DE CAMP . MM . le Duc d'Aiguillon
, côtes de Bretagne . Du Barail , côtes de
Flandre. Le Marquis de Dreux , côtes de Saintonge
, Païs d'Aunis & Poitou, Le Marquis de Puyfegur
, côtes de Normandie & du Gouvernement
du Havre. Le Marquis de Voyer , M. Lally , dans
le Boulonnois. Le Marquis de Narbonne , côtes
de Guyenne , de Bayonne & du Pais de Labour.
Le Marquis de Curfay , côtes de Bretagne. Le
Comte de Raymond , côtes de Normandie & du
Gouvernement du Havre .
T
Le Maréchal Duc de Richelieu , à qui le Roi a
donné le commandement général des côtes de la
Méditerranée depuis la frontiere d'Eſpagne jufqu'au
Var , aura fous fes ordres trois Lieutenans-
Généraux, & deux Maréchaux de Camp .
LIEUTENANS- GENERAUX employés fous les ordres
de ce Maréchal. Le Duc de Mirepoix , fur les côtes
de Languedoc. Le Comte de Graville , côtes
de Rouffillon . Le Marquis de Maillebois , côtes
de Provence.
MARECHAUX DE CAMP qui ferviront fous les
mêmes ordres. Le Comte de Moncan , côtes de
Languedoc. Le Comte de Lannion , côtes de Provence
.
On a annoncé l'année derniere , que l'Académie
de Pau avoit propofé pour le Sujet du Prix
qu'elle doit diftribuer en 1756 , L'utilité des déFEVRIER.
1756. 225
44
couvertesfaites dans les Sciences fous le Regne de
Louis XV. Une des Pieces de Poélies qui ont été
envoyées à cette Académie , a été adreffée par la
Pofte à l'Abbé de Sorberio , ci - devant Secrétaire
de la Compagnie , & on lit au bas cette Sentence ,
Eft aliquidfub Sole novum. L'Auteur n'a pas joine
à fon Poëme le billet cacheté qui devoit contenir
fon nom , & fur lequel devoit être répetée la
Sentence ci- deſſus mentionnée. Il eft averti qu'il
ne peut entrer en concours s'il ne répare cette
omiffion , en envoyant une autre copie de fon
ouvrage , accompagnée d'un Billet dans lequel i
obferve les deux formalités dont on vient de parler.
On a appris que le 21 du mois dernier il y avoit
eu un nouveau tremblement de terre à Lisbonne.
Plufieurs des maifons qui n'avoient été qu'ébranlées
, ont été détruites . Leur chûte a fait périt
encore plus de trois cens perfonnes. Nouvelle
incertaine .
Sur la démiſſion volontaire'de M. le Duc de
Bethune en faveur de M. le Duc de Charoft fon
petit- fils , le Roi a accordé à ce dernier la Lieurtenance
- Générale de Picardie & du Boulonnois ,
ainfi que le Gouvernement des Ville & Citadelle
de Calais.
On apprend de Luneville , que le Roi ayant
nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis M. de Baye , Brigadier
de Cavalerie , Commandant les deux Compagnies
des Cadets Gentilshommes du Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , Sa Majefté Polonoife
a fait l'honneur à cet Officier , de le revêtir lui-
-même du grand Cordon rouge.
La nuit du 26 au 27 de Décembre , on fentit
à Rocroy deux legeres fecouffes de tremblement
de terre , la premiere à onze heures cin-
K v
226 MERCURE DE FRANCE.
quante-fix minutes , la feconde à minuit douze
minutes . Elles s'annoncerent par un bruit fourd
de peu de durée , & le Ciel , au rapport des fentinelles
qui étoient pour lors en faction , parut tour
en feu.
M. Rouillé , Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant
le Département des Affaires Etrangeres , écrivit
le 21 du même mois à Monfieur Fox , Secrétaire
d'Etat du Roi d'Angleterre , la Lettre fuivante.
·
Monfieur , c'est par ordre du Roi mon Maître ,
que j'ai l'honneur d'envoyer à votre Excellence le
Mémoire que je joins ici , &c.
« Il n'a pas tenu au Roi que les différends concernant
l'Amérique n'ayent été terminés par les
» voies de la conciliation , & Sa Majesté eft en
» état de le démontrer à l'Univers entier par des
preuves authentiques.
Le Roi , toujours animé du défir le plus fin-
» cere de maintenir le repos public & la plus parfaite
intelligence avec Sa Majefté Britannique
» a fuivi avec la bonne foi & la confiance la plus
entiere la négociation relative à cet objet.
» Les affurances que le Roi de la Grande Bre-
» tagne & fes Miniftres renouvelloient fans ceffe
» de vive voix & par écrit , étoient fi formelles
» & fi préciſes fur les difpofitions pacifiques de Sa
Majefté Britannique , que le Roi fe feroit re-
» proché le moindre doute fur la droiture des in-
» tentions de la Cour de Londres .
» Il n'eft guere poflible de concevoir com-
» ment ces affurances pouvoient fe concilier avec
ples ordres offenfifs , donnés en Novembre 1754
au Général Braddock , & au mois d'Avril 1755à
» P'Amiral Bofſcawen.
» L'attaque au mois de Juillet dernier , & la
prife de deux vaiffeaux du Roi en pleine mer &
7 FEVRIER. 1756. 227
D fans déclaration de guerre , étoient une infulte
publique au pavillon de Sa Majefté ; & elle auroit
témoigné fur le champ tout le jufte reffen-
» tinient que lui infpiroit une entrepriſe fi irrégu
liere & fi violente , fi elle avoit pu croire que
» P'Amiral Boscawen n'eût agi que par les ordres.
» de la Cour.
» Le même motif avoit d'abord fufpendu le
» jugement du Roi fur les pirateries que les vaiffeaux
de guerre Anglois exercent depuis plu
» fieurs mois contre la navigation & le commervce
des fujets de Sa Majefté , au mépris du droit
des gens , de la foi des traités , des ufages établis
parmi les nations policées , & des égards
» qu'elles fe doivent réciproquement.
Le Roi avoit lieu d'attendre des fentimens
de Sa Majefté Britannique , qu'à fon retour à
» Londres elle défavoueroit la conduite de fon
Amirauté & de fes Officiers de mer , & qu'elle
» donneroit à Sa Majefté une fatisfaction'
tionnée à l'injure & au dommage,
propor
» Mais le Roi voyant que le Roi d'Angleterre
» bien loin de punir les brigandages de la Marine
» Angloife , les encourage au contraire , en demandant
à fes Sujets de nouveaux fecours con
» tre la France , Sa Majesté manqueroit à ce qu'el
» le doit à fa propre gloire , à la dignité de ſa
» Couronne , & à la défenfe de fes peoples , fi
elle différoit plus long - tems d'exiger du Roi
» de la Grande Bretagne une réparation éclatante:
» de l'outrage fait au pavillon François , & des
dommages caufes aux Sujets du Roi,
Sa Majefté croit donc devoir s'adreffer direc
tement à Sa Majefté Britannique , & lui deman
der la rehitution prompte & entiere de tous les
» vaiffeaux Francois , tant de guerre que mar-
3Y
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
chands, qui, contre toutes les loix & contre tou
tes les bienséances , ont été pris par la Marine
» Angloife , & de tous les Officiers , Soldats , Ma-
» telots , Artillerie , Munitions , Marchandifes , &
genéralement de tout ce qui appartenoit à ces
>> vaiffeaux .
»
» Le Roi aimera toujours mieux devoir à l'équité
du Roi d'Angleterre qu'à tout autre moyen
»la fatisfaction que Sa Majeſté a droit de recla-
» mer & toutes les Puiffances verront fans dou
» te dans la démarche qu'elle s'eft déterminée à
» faire une nouvelle preuve bien ſenſible de cet
» amour conftant pour la paix , qui dirige fes
» confeils & fes réfolutions.
» Si Sa Majefté Britannique ordonne la refti-
» tution des vailleaux dont il s'agit , le Roi fera
» difpofé à entier en négociation fur les autres
fatisfactions qui lui font légitimement dues , &
» continuera de fe prêter , comme il a fait précé-
» demment à un accommodement équitable &
» folide fur les difcuffions qui concernent l'Amé
>> rique.
» Mais fi , contre toute efpérance , le Roi d'Angleterre
fe refufe à la réquifition que le Roi luí
» fait , Sa Majefté regardera će deni de jufticé
» comme la déclaration de guerre la plus authen-
» tique , & comme un deffein forme par la Cour
» de Londres , de troubler le repos de l'Europe .
M. Fox á fait à M. Rouillé la réponſe qui fuit
& qui eft datée de Whitehall , le 13 Janvier.
Monfieur , j'ai reçu le 3 de ce mois la lettre
dont votre Excellence m'a honoré , en date du zí
du mois paffé , avec le Mémoire dont elle étoit accompagnée
. Je n'ai pas tardé à les mettre devant
le Roi mon Maître, c'eft par fes ordres que j'ai
P'honneur d'informer votre Excellence que Sa Ma
FEVRIER. 1756. 229
jefté continue de fouhaiter la confervation de la
tranquillité publique ; mais quoique le Roi fe prê
tera volontiers à un accommodement équitable &
folide , Sa Majesté ne fçauroit accorder la deman
de qu'on fait de la reftitution prompte entiere
de tous les vaiffeaux François , & de tout ce qui y
appartenoit , comme une condition préliminaire à
toute négociation ; le Roi n'ayant rien fait dans
toutes fes démarches , que ce que les hoftilités com
mencées pas la France en tems de pleine paix ( dont
on a les preuves les plus authentiques ) , & ce que
Sa Majesté doit à fon honneur , à la défense des
droits & poffeffions de fa Couronne , & à la fureté
defes Royaumes, ont rendu jufte indifpenfable.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 18 M. le Duc de Charoft prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Lieutenance- Générale
de Picardie & du Boulonnais , & pour le
Gouvernement
des Ville & Citadelle de Calais .
Monfeigneur le Dauphin & Madame la Dauphine
vinrent le 19 de Janvier à Paris , pour rendre
à Dieu leurs folemnelles actions de graces , à
l'occafion de la naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence. Ce Prince & cette Princeffe arriverent
fur les trois heures & demie après- midi à
PEglife Métropolitaine , & furent reçus à la porte
de l'Eglife par l'Abbé de Saint- xupery , Doyen
du Chapitre , à la tête des Chanoines . Ayant été
conduits dans le Choeur , ils affifterent au Te
Deum , auquel le Doyen officia . En fortant , ils
firent leur priere à la Chapelle de la Vierge . De
1'Eglife Métropolitaine , Monfeigneur le Dau
phin & Madame Pa Dauphine fe rendirent à celle
de Sainte Geneviévé . L'Abbé , à la tête de fa Communauté
, les reçut à la porte de l'Eglife . Lorfque
ce Prince & cette Princeffe furent entrés dans le
230 MERCURE DE FRANCE.
Choeur , on célebra le Salut. La Châffe de Sainte
Géneviéve étoit découverte. Monfeigneur le Dauphin
& Madame la Dauphine , en arrivant à l'Eglife
Métropolitaine & à celle de Sainte Géneviéve
, ont trouvé une Compagnie des Gardes Françoifes
& une des Gardes Suiffes fous les armes . Le
foir , ce Prince & cette Princeffe retournerent à
Verfailles. Le peuple eft accouru partout en foule
fur leur paffage , & a témoigné par fes acclamations
la joie que lui caufoit leur préfence.
Sa Majesté voulant qu'il foit pourvu au remplacement
des Soldats , qui manquent dans les
Bataillons de Milice , & en même- tems à la levée
de l'augmentation qu'Elle a réfolu de faire dans
ces Bataillons , a ordonné ce qui fuit . ARTICLE I.
Les Bataillons de Milice , qui font actuellement
compofés de cinq cens hommes en dix Compa
gnies , feront portés à cinq cens quatre-vingt-dix
hommes chacun , formant le même nombre de
dix Compagnies , dont une de Grenadiers de cinquante
hommes , une de Grenadiers Poftiches de
foixante , & huit de Fufiliers de pareil nombre ;
les neuf Compagnies , tant de Grenadiers Poftiches
que de Fusiliers , devant être augmentées
chacune de dix hommes. ART. II. Entend Sa Majefté
, que , conformément aux ordres qu'Elle
donnés pour fufpendre la délivrance des congés
d'ancienneté aux Cavaliers , Dragons & Soldats
de fes troupes , il ne foit également délivré aucun
congé d'ancienneté aux Soldats de fes Bataillons
de Milice pendant la préfente année ; fe réſervant
de régler ceux qui devront être expédiés dans la
fuite. ART. III. Veut Sa Majefté , qu'il foit incel
famment procédé par le fieur Berryer , Lieutenant-
Général de Police de la Ville de Paris , &
par les Intendans des Provinces & Généralités di
FEVRIER. 1756. 271
A
Royaume , ou leurs Subdélégués , à la levée tant
des remplacemens qu'il y a à faire pour completer
le fonds actuel des Bataillons de Milice de
leurs Départemens , que des quatre -vingt- dix
hommes d'augmentation par Bataillon , enforte
qu'ils puiffent être affemblés auffi- tôt que Sa Majesté
le preferira .
L'honneur qu'a la Provence , de voir porter fon
nom au troifiéme petit - Fils de France , faifoit à la
Ville d'Aix une loi de célébrer la naiffance de ce
Prince , par des réjouiffances éclatantes. La Fêtefut
annoncée le 12 de Décembre par plufieurs
troupes de Trompettes , de Tambours & de Tambourins
qui parcoururent la Ville . Le 14 , on
chanta le Te Deum dans l'Eglife Métropolitaine.
Un Bucher fut allumé dans la Place des Prêcheurs.
Devant l'Hôtel du Gouvernement , dont la façade
étoit illuminée avec autant de goût que de magnificence
, s'élevoit un Arc de Triomphe , fous lequel
le Duc de Villars fir diftribuer des viandes au
peuple pendant quatre heures confécutives . Toute
la nuit , il coula des quatre angles du Buffet quatre
Fontaines de vin. Une Cavalcade d'environ deux
cens Citoyens , divifés en quatre Compagnies
différemment habillées , fe promena dans les principales
rues. Trois de ces Compagnies , l'une de
Mafques de divers caracteres , l'autre de Cavaliers
Turcs , la troifiéme vêtue d'un riche uniforme
militaire , précédoient un Char orné de dorures
& d'emblêmes , & rempli de Symphonistes. Au
fond de ce Char , on voyoit deux perfonnes ,
dont l'une repréſentoit la Provence tenant dans fes
bras un Enfant , & l'autre le Roi René , qui regardoit
cet enfant avec complaifance . La quatriéme
Compagnie , habillée à la Chinoife ,fuivait
le Char. Chaque Compagnieavoit fes laftrumens,
232 MERCURE DE FRANCE.
*
fes Etendards & fes Officiers ; & la bride du cheval
de chaque Cavalier étoit tenue par un Valet
mafqué , lequel portoit un flambeau. Quinze Bergeres
& autant de Bergers fe rendirent chez M. le
Duc de Villars en chantant l'événement qui
caufoit l'allégreffe publique , & en exprimant la
leur d'une maniere d'autant plus tonchante
qu'elle étoit plus naïve . Il y eut au Gouvernement
un fouper fomptueux , & l'on y fervit huit tables,
compofant enfemble deux cens cinquante couverts.
M. le Duc de Villars donna le lendemain dans
la Salle de l'Hôtel de Ville un Bal , pendant lequel
on diftribua des rafraîchiffemens de toute
efpece Le 21 , ce Seigneur a la tête des Confuls
& du Corps de Ville , affifta à la Meffe , que la
Ville fit chanter dans l'Eghte des Dominicains . A
Pentrée de la nuit , on tira dans la Place de l'Hô .
tul de Ville , un feu d'artifice qui dura trois quarts
d'heure. La face de cet Hôtel étoit illuminée en
lampions & en pots à feu. Toutes les perfonnes
de diftinction y fouperent. Cette Fête , dans laquelle
la Nobleffe & le peuple ont fait éclater à
l'envi leur zele & leur joie , fera mémorable particuliérement
pour les pauvres . La Ville en a habillé
& diverſement fecouru un très- grand nombre,
& M. le Duc de Villars a répandu fes largeſſes
fur tous ceux qui le font préfentés.
Pendant le cours de l'année derniere , il eft
mort à Paris vingt mille vingt- une perſonnes :
il s'y eft fait dix-neuf mille quatre cens douze
baptêmes , & quatre mille cinq cens un mariages;
& il y a eu quatre mille deux cens foixantetreize
Enfans Trouvés.
Le 22 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quatorze cens livres : les Billets de la
premiere Loterie Royale , à huit cens vingt-cinq;
FEVRIER. 1756. 233
& ceux de la troifiéme Loterie , à fix cens dix- huit.
Ceux de la Seconde n'avoient point de prix fixe.
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Résumé : « Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit, [...] »
En janvier 1756, les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit se réunirent pour une messe de requiem en mémoire des membres décédés. Le roi, accompagné du Dauphin et divers princes, était vêtu d'un manteau violet et des colliers des ordres du Saint-Esprit et de la Toison d'Or. Le 3 janvier, les députés des États de Bretagne furent reçus par le roi, présentés par le duc de Penthièvre et le comte de Saint Florentin. Le 4 janvier, la marquise de Broglie fut présentée à la famille royale, et le chevalier de Tourville fut introduit au roi par Machault, Garde des Sceaux. Plusieurs officiers généraux furent nommés pour surveiller les côtes de l'Océan et de la Méditerranée sous les ordres du maréchal duc de Belle-Isle et du maréchal duc de Richelieu. L'Académie de Pau proposa un sujet pour le prix de poésie de 1756. Un nouveau tremblement de terre à Lisbonne causa davantage de victimes. Le duc de Charost reçut la lieutenance générale de Picardie et du Boulonnais et prêta serment pour sa nouvelle fonction. Le roi de Pologne honora un officier français, et des secousses sismiques furent ressenties à Rocroy. Le ministre Rouillé écrivit au secrétaire d'État britannique Fox concernant les différends en Amérique et les attaques navales. Fox répondit que le roi d'Angleterre ne pouvait accorder la restitution des vaisseaux français comme condition préliminaire à toute négociation. Le Dauphin et la Dauphine se rendirent à Paris pour des actions de grâce à l'occasion de la naissance du comte de Provence. Le roi ordonna l'augmentation du nombre de soldats dans les bataillons de milice. Le document mentionne également la composition des compagnies militaires, incluant une de Grenadiers de cinquante hommes, une de Grenadiers Postiches de soixante, et huit de Fusiliers de cinquante hommes. Les neuf compagnies de Grenadiers Postiches et de Fusiliers doivent être augmentées chacune de dix hommes. Les congés d'ancienneté pour les soldats des Bataillons de Milice sont suspendus pour l'année en cours. Des festivités furent organisées à Aix pour célébrer la naissance du troisième petit-fils de France. Ces réjouissances inclurent des annonces par des troupes de trompettes et tambours, un Te Deum chanté dans l'église métropolitaine, un bûcher allumé sur la Place des Prêcheurs, et un Arc de Triomphe devant l'Hôtel du Gouvernement. Des distributions de nourriture et de vin furent faites, et une cavalcade de citoyens parcourut les principales rues. La fête comprenait également des masques, des cavaliers turcs, et des uniformes militaires, ainsi qu'un char orné de dorures et d'emblèmes. Enfin, le texte fournit des statistiques sur les naissances, mariages, et décès à Paris au cours de l'année précédente, ainsi que les prix des actions de la Compagnie des Indes et des billets de loterie.
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1284
p. 233
BENEFICES DONNÉS.
Début :
Le Roi a donné à l'Abbaye Réguliere & Elective de Marback, Ordre [...]
Mots clefs :
Abbaye, Dom Hergott, Diocèse de Bayeux, Dame de Baneville
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texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNÉS.
BENEFICES DONNÉS.
Le Roi a donné l'Abbaye Réguliere & Elective
de Marback , Ordre de Saint Auguftin , Diocèfe
de Bafle , à Dom Hergott , Religieux de cette
Abbaye , & celle de Cordillon , Ordre de Saint
Benoît , Diocèfe de Bayeux , à la Dame de Banneville
, Religieufe dudit Ordre .
Le Roi a donné l'Abbaye Réguliere & Elective
de Marback , Ordre de Saint Auguftin , Diocèfe
de Bafle , à Dom Hergott , Religieux de cette
Abbaye , & celle de Cordillon , Ordre de Saint
Benoît , Diocèfe de Bayeux , à la Dame de Banneville
, Religieufe dudit Ordre .
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1285
p. 225-226
DU LEVANT.
Début :
Selon les avis reçus de Perse, Azad Kan ayant marché à [...]
Mots clefs :
Constantinople, Azad Kan, Révolte perse, Incendie, Grand Caire, Acte criminel
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texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU
LEVANT.
DE
CONSTANTINOPLE , le 20 Décembre.
Selon les avis reçus de Perfe , Azad Kan ayant
marché à Cafbin , pour en réduire les Habitans
qui s'étoient révoltés , Karum Kan s'eft avancé
vers Ifpahan. A fon approche , la Garnifon qu'Azad
Kan y avoit laiffée,a abandonné la Ville après
l'avoir pillée. Les mêmes nouvelles ajoutent
qu'Achmet , Souverain des Aghuaus , eft entré
en Perfe avec une armée de cent mille hommes ;
qu'il s'y eft emparé de quelques places , & qu'il
pourfuit vivement les conquêtes.
Après la mort du Grand Vifir Nidfchangi Pacha
, on a trouvé dans fes coffres trois millions
d'écus , quoiqu'il n'ait été guere plus de deux
mois & demi à la tête des affaires de l'Empire.
Il y a eu le 2 de ce mois un áffreux incendie
au Grand Caire. Dix mille maiſons ont été réduites
en cendres , & le feu ayant pris pendant la
nuit , lorfque tous les habitans étoient livrés au
fommeil , plus de trois mille perfonnes ont été la
proie des fammes . On attribue ce malheur à la
fureur d'une des femmes du Beglerbey . Jaloufe de
la préférence donnée à une de fes rivales par ce
Pacha , elle a mis le feu au Sérail , contente de
perdre la vie , pourvu que les deux objets de fon
reffentiment euffent le même fort . Ses projets de
KY
226 MERCURE DE FRANCE.
vengeance n'ont point été remplis. Elle a péri
mais la rivale dont elle vouloit la mort , s'eft fauvée
ainsi que le Pacha. La perte causée par cet
embrafement , monte à douze millions de piaftres
.
Selon les dernieres nouvelles reçues de Perfe ,
Achmet , Souverain des Aghuans , après avoir
laiffé des Garnifons dans les places qu'il a foumifes,
eft retourné précipitamment dans les Etats,
fur l'avis que des mécontens y avoient excité quelques
troubles. Sédar Mahomet Chalan Kan , Ġouverneur
du Mafanderan , a quitté le parti d'Azad
Kan , pour ſe joindre à Karum Kam.
LEVANT.
DE
CONSTANTINOPLE , le 20 Décembre.
Selon les avis reçus de Perfe , Azad Kan ayant
marché à Cafbin , pour en réduire les Habitans
qui s'étoient révoltés , Karum Kan s'eft avancé
vers Ifpahan. A fon approche , la Garnifon qu'Azad
Kan y avoit laiffée,a abandonné la Ville après
l'avoir pillée. Les mêmes nouvelles ajoutent
qu'Achmet , Souverain des Aghuaus , eft entré
en Perfe avec une armée de cent mille hommes ;
qu'il s'y eft emparé de quelques places , & qu'il
pourfuit vivement les conquêtes.
Après la mort du Grand Vifir Nidfchangi Pacha
, on a trouvé dans fes coffres trois millions
d'écus , quoiqu'il n'ait été guere plus de deux
mois & demi à la tête des affaires de l'Empire.
Il y a eu le 2 de ce mois un áffreux incendie
au Grand Caire. Dix mille maiſons ont été réduites
en cendres , & le feu ayant pris pendant la
nuit , lorfque tous les habitans étoient livrés au
fommeil , plus de trois mille perfonnes ont été la
proie des fammes . On attribue ce malheur à la
fureur d'une des femmes du Beglerbey . Jaloufe de
la préférence donnée à une de fes rivales par ce
Pacha , elle a mis le feu au Sérail , contente de
perdre la vie , pourvu que les deux objets de fon
reffentiment euffent le même fort . Ses projets de
KY
226 MERCURE DE FRANCE.
vengeance n'ont point été remplis. Elle a péri
mais la rivale dont elle vouloit la mort , s'eft fauvée
ainsi que le Pacha. La perte causée par cet
embrafement , monte à douze millions de piaftres
.
Selon les dernieres nouvelles reçues de Perfe ,
Achmet , Souverain des Aghuans , après avoir
laiffé des Garnifons dans les places qu'il a foumifes,
eft retourné précipitamment dans les Etats,
fur l'avis que des mécontens y avoient excité quelques
troubles. Sédar Mahomet Chalan Kan , Ġouverneur
du Mafanderan , a quitté le parti d'Azad
Kan , pour ſe joindre à Karum Kam.
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Résumé : DU LEVANT.
Le texte décrit des événements politiques et militaires dans le Levant et à Constantinople. À Cafbin, Azad Kan a réprimé une révolte. À Ifpahan, la garnison d'Azad Kan a pillé et abandonné la ville face à l'avancée de Karum Kan. En Perse, Achmet, souverain des Aghuans, a envahi le pays avec une armée de cent mille hommes, conquérant plusieurs places fortes. Après la mort du Grand Vizir Nidfchangi Pacha, trois millions d'écus ont été trouvés dans ses coffres. Le 2 décembre, un incendie au Grand Caire a détruit dix mille maisons et causé plus de trois mille morts. Cet incendie est attribué à la vengeance d'une femme du Beglerbey, qui a mis le feu au Sérail. Les pertes matérielles sont estimées à douze millions de piastres. Récemment, Achmet est retourné dans ses États pour réprimer des troubles, et Sédar Mahomet Chalan Kan, gouverneur du Mafanderan, a changé d'allégeance en faveur de Karum Kan.
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1286
p. 227-228
ALLEMAGNE.
Début :
On apprend d'Erford, que la nuit du 13 au 14 de Janvier, [...]
Mots clefs :
Dresde, Hanovre, Cologne, Ouragan, Création d'un gouffre, Contrebande, Tabac, Capitation, Tremblement de terre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLE MÀ G N E.
DE DRESDE , le 2 Février.
On apprend d'Erford , que la nuit du 13 au 14
de Janvier , pendant un violent ouragan , la terre
s'eft entr'ouverte dans le village d'Ofermiffen , &
qu'il s'eft formé un gouffre , dont l'ouvertute a 33
pieds de diametre. Sa partie inférieure eft remplie
d'eau , & l'on n'a pu en trouver le fond avec une
corde de cinquante toifes de longueur.
On écrit de Bilvenfels , de Bavenſtein , d'Inwalde
& d'Altenbourg , qu'on y a effuyé diverſes
fecouffes de tremblement de terre , & que plufieurs
maiſons en ont été fortement ébranlées .
DE HANOVRE , le 28 Janvier.
Depuis l'arrivée du dernier courier que la Régence
a reçu de Londres , le bruit court qu'on fera
une réforme de quelques hommes par Compagnie
dans les troupes de cet Electorat . Comme
il eft extrêmement difficile d'empêcher la contrebande
du tabac , on penfe à fupprimer l'impoſition
établie ſur cette marchandiſe , & l'on y ſubftituera
une capitation modique , que payeront
toutes les perfonnes au deflus de l'âge de feize
ans .
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
DE COLOGNE , le 26 Janvier.
Ce matin , à trois heures cinquante - cinq minutes
, on a effuyé ici pendant fept ou huit fecondes
une legere fecouffe de tremblement de terre ,
dont la direction paroiffoit être de l'Ouest à l'Eft
DE DRESDE , le 2 Février.
On apprend d'Erford , que la nuit du 13 au 14
de Janvier , pendant un violent ouragan , la terre
s'eft entr'ouverte dans le village d'Ofermiffen , &
qu'il s'eft formé un gouffre , dont l'ouvertute a 33
pieds de diametre. Sa partie inférieure eft remplie
d'eau , & l'on n'a pu en trouver le fond avec une
corde de cinquante toifes de longueur.
On écrit de Bilvenfels , de Bavenſtein , d'Inwalde
& d'Altenbourg , qu'on y a effuyé diverſes
fecouffes de tremblement de terre , & que plufieurs
maiſons en ont été fortement ébranlées .
DE HANOVRE , le 28 Janvier.
Depuis l'arrivée du dernier courier que la Régence
a reçu de Londres , le bruit court qu'on fera
une réforme de quelques hommes par Compagnie
dans les troupes de cet Electorat . Comme
il eft extrêmement difficile d'empêcher la contrebande
du tabac , on penfe à fupprimer l'impoſition
établie ſur cette marchandiſe , & l'on y ſubftituera
une capitation modique , que payeront
toutes les perfonnes au deflus de l'âge de feize
ans .
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
DE COLOGNE , le 26 Janvier.
Ce matin , à trois heures cinquante - cinq minutes
, on a effuyé ici pendant fept ou huit fecondes
une legere fecouffe de tremblement de terre ,
dont la direction paroiffoit être de l'Ouest à l'Eft
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 2 février, des nouvelles d'Erfurt signalent la formation d'un gouffre à Ofermiffen la nuit du 13 au 14 janvier, durant un ouragan. Ce gouffre, d'un diamètre de 33 pieds et d'une profondeur supérieure à 50 toises, est rempli d'eau. Des secousses sismiques ont également été ressenties à Bilvenfels, Bavenstein, Inwalde et Altenbourg, provoquant des ébranlements dans plusieurs maisons. Le 28 janvier, des rumeurs à Hanovre évoquent une possible réforme des troupes et la suppression de l'imposition sur le tabac, remplacée par une capitation modique pour les personnes âgées de plus de 12 ans. Le 26 janvier, une légère secousse sismique a été ressentie à Cologne pendant sept ou huit secondes, allant de l'Ouest à l'Est.
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1287
p. 230-232
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On fait monter à plusieurs millions sterlings les pertes que les sujets [...]
Mots clefs :
Londres, Traite avec la Prusse, Amiral, Navires, Amérique, Colonies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE- BRETAGNE.
DE LONDRES , le 9 Février.
On fait monter à plufieurs millions fterlings
les pertes que les fujets du Roi ont effuyées par
le défaftre de Lisbonne. Toutes les lettres d'Amérique
ne parlent que des ravages caufés par les
Sauvages dans quelques unes des Colonies Angloifes.
Si l'on en croit les bruits publics , il a été ftipulé
par le Traité qui vient d'être conclu entre
cette Cour & celle de Berlin , que la Grande-
Bretagne payeroit au Roi de Pruffe vingt mille
livres fterlings pour indemnité des prifes illégitimes
faites fur les Prufliens par les Anglois pendant
la derniere guerre , & qu'en conféquence
Sa Majesté Pruffienne acquitteroit le refte des
dettes hypothéquées fur la Silésie.
On parle de former un camp dans la plaine de
Finchley. Le bruit court que le Corps de troupes
Heffoifes à la folde de la Grande- Bretagne , doit
être transporté inceffamment en Angleterre. Le
Gouvernement paroît être dans le deffein de
lever encore fix nouveaux Régimens. Les Amiraur
Ofborne , Moftyn & Townshend , firent voile
de Spithéad le 31 du mois dernier avec quinze
vaiffeaux de ligne & quatre frégates . Ils feront
joints à Plymouth par une Efcadre de fix vaiffeaux
& de huit frégates, que commande l'Amiral Weft.
Ces Amiraux prendront fous leur convoi une flotte
de deux cens navires marchands , qu'ils eſcorteront
jufqu'à une certaine hauteur . L'Amiral Holbourne
n'attend que fes derniers ordres pour
partir de Portſmouth avec fon Efcadre. Il a arboré
fon pavillon à bord du vaiffeau le Prince Geor
ges , de quatre -vingt - dix canons. Sur la nouvelle
MARS. 1756. 231
que
le Roi Très- Chrétien a fait arrêter tous les
bâtimens Anglois qui fe font trouvés dans fes
ports , la Cour a envoyé ordre dans les différens
perts de la Grande- Bretagne aux navires chargés
pour la France , de fufpendre leur départ.
Il paroît qu'on ne fera paffer d'abord en Angleterre
qu'une partie des troupes Heffoifes qui
ont été prifes à la folde de la Grande - Bretagne.
Le Gouvernement eft dans la réfolution d'augmenter
l'Infanterie en Irlande , jufqu'à douze
mille hommes . On y a envoyé ordre au Régiment
du Lord Jean Murray , à celui du Général
Orway , & à un Bataillon de Royal Ecoffois de fe
tenir prêts à s'embarquer pour la nouvelle Angleterre
. Les lettres qu'on reçoit de cette colonie ,
marquent que trois Officiers font partis de Philadelphie
pour faire conftruire dix Forts depuis la
riviere de Delawar jufqu'à Wills- Creek , ce qui
comprend une étendue de deux cens cinquante
milles. Ces avis ajoutent que les Gouverneurs
des différens établiffemens de l'Amérique Septentrionale
fe font raffemblés à la nouvelle Yorck ,
afin de concerter enfemble les opérations de la
campagne prochaine. Si l'on en croit les mêmes
avis , les fix Nations Iroquoifes fe font rangées
du côté des François. Hier l'Amiral Boscawen
partit pour Postmouth , où il va prendre le commandement
d'une Eſcadre. Celle qui eft fous les
ordres des Amiraux Oſborne , Mostyn & Townshend
, arriva le 3 à Plymouth , & y fut jointe lemême
jour par celle de l'Amiral Weft. Elles mirent
enfuite à la voile avec un vent favorable
pour leurs deftinations . Sa Majefté a nommé le
Comte d'Albemarle , Major Général .
Deux Juifs , dont l'un ſe nomme Wolf Iſaac
Liebman , & l'autre Jacob de Nadan Lévi Son232
MERCURE DE FRANCE.
fino , ont fait ici deux banqueroutes très - conf
dérables. La difette d'argent commence à être
telle ,que fideux navires chargés de piaftres qu'on
attend de Cadix n'arrivent pas bientôt , la confternatiod
fera générale.
DE LONDRES , le 9 Février.
On fait monter à plufieurs millions fterlings
les pertes que les fujets du Roi ont effuyées par
le défaftre de Lisbonne. Toutes les lettres d'Amérique
ne parlent que des ravages caufés par les
Sauvages dans quelques unes des Colonies Angloifes.
Si l'on en croit les bruits publics , il a été ftipulé
par le Traité qui vient d'être conclu entre
cette Cour & celle de Berlin , que la Grande-
Bretagne payeroit au Roi de Pruffe vingt mille
livres fterlings pour indemnité des prifes illégitimes
faites fur les Prufliens par les Anglois pendant
la derniere guerre , & qu'en conféquence
Sa Majesté Pruffienne acquitteroit le refte des
dettes hypothéquées fur la Silésie.
On parle de former un camp dans la plaine de
Finchley. Le bruit court que le Corps de troupes
Heffoifes à la folde de la Grande- Bretagne , doit
être transporté inceffamment en Angleterre. Le
Gouvernement paroît être dans le deffein de
lever encore fix nouveaux Régimens. Les Amiraur
Ofborne , Moftyn & Townshend , firent voile
de Spithéad le 31 du mois dernier avec quinze
vaiffeaux de ligne & quatre frégates . Ils feront
joints à Plymouth par une Efcadre de fix vaiffeaux
& de huit frégates, que commande l'Amiral Weft.
Ces Amiraux prendront fous leur convoi une flotte
de deux cens navires marchands , qu'ils eſcorteront
jufqu'à une certaine hauteur . L'Amiral Holbourne
n'attend que fes derniers ordres pour
partir de Portſmouth avec fon Efcadre. Il a arboré
fon pavillon à bord du vaiffeau le Prince Geor
ges , de quatre -vingt - dix canons. Sur la nouvelle
MARS. 1756. 231
que
le Roi Très- Chrétien a fait arrêter tous les
bâtimens Anglois qui fe font trouvés dans fes
ports , la Cour a envoyé ordre dans les différens
perts de la Grande- Bretagne aux navires chargés
pour la France , de fufpendre leur départ.
Il paroît qu'on ne fera paffer d'abord en Angleterre
qu'une partie des troupes Heffoifes qui
ont été prifes à la folde de la Grande - Bretagne.
Le Gouvernement eft dans la réfolution d'augmenter
l'Infanterie en Irlande , jufqu'à douze
mille hommes . On y a envoyé ordre au Régiment
du Lord Jean Murray , à celui du Général
Orway , & à un Bataillon de Royal Ecoffois de fe
tenir prêts à s'embarquer pour la nouvelle Angleterre
. Les lettres qu'on reçoit de cette colonie ,
marquent que trois Officiers font partis de Philadelphie
pour faire conftruire dix Forts depuis la
riviere de Delawar jufqu'à Wills- Creek , ce qui
comprend une étendue de deux cens cinquante
milles. Ces avis ajoutent que les Gouverneurs
des différens établiffemens de l'Amérique Septentrionale
fe font raffemblés à la nouvelle Yorck ,
afin de concerter enfemble les opérations de la
campagne prochaine. Si l'on en croit les mêmes
avis , les fix Nations Iroquoifes fe font rangées
du côté des François. Hier l'Amiral Boscawen
partit pour Postmouth , où il va prendre le commandement
d'une Eſcadre. Celle qui eft fous les
ordres des Amiraux Oſborne , Mostyn & Townshend
, arriva le 3 à Plymouth , & y fut jointe lemême
jour par celle de l'Amiral Weft. Elles mirent
enfuite à la voile avec un vent favorable
pour leurs deftinations . Sa Majefté a nommé le
Comte d'Albemarle , Major Général .
Deux Juifs , dont l'un ſe nomme Wolf Iſaac
Liebman , & l'autre Jacob de Nadan Lévi Son232
MERCURE DE FRANCE.
fino , ont fait ici deux banqueroutes très - conf
dérables. La difette d'argent commence à être
telle ,que fideux navires chargés de piaftres qu'on
attend de Cadix n'arrivent pas bientôt , la confternatiod
fera générale.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En février 1756, la Grande-Bretagne fait face à divers événements politiques et militaires. Les pertes britanniques dues au séisme de Lisbonne sont évaluées à plusieurs millions de sterlings. Les colonies américaines signalent des attaques de tribus indigènes. Un traité entre la Grande-Bretagne et la Prusse prévoit que la Grande-Bretagne paiera 20 000 livres sterlings pour des prises illégitimes, tandis que la Prusse remboursera des dettes hypothéquées sur la Silésie. Des préparatifs militaires sont en cours, incluant la formation d'un camp à Finchley et le transport de troupes hessoises en Angleterre. Plusieurs amiraux, tels Osborne, Mostyn, Townshend et West, préparent leurs escadres pour escorter une flotte de navires marchands. Le gouvernement britannique a ordonné l'arrêt des départs des navires à destination de la France après l'arrestation de bâtiments britanniques par le roi de France. Des troupes doivent être augmentées en Irlande et des régiments se préparent à partir pour la Nouvelle-Angleterre. Les gouverneurs des colonies américaines se réunissent à New York pour planifier la campagne prochaine, tandis que les nations iroquoises s'allient aux Français. L'amiral Boscawen prend le commandement d'une escadre à Portsmouth et le comte d'Albemarle est nommé major général. Deux banqueroutes importantes ont lieu à Londres, aggravant la pénurie d'argent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1288
p. 221-223
ALLEMAGNE.
Début :
Une nouvelle secousse de tremblement de terre, qui s'est fait [...]
Mots clefs :
Prague, Berlin, Bonn, Tremblement de terre, Dégâts, Convention, Roi, Sa Majesté anglaise, Troubles, Amérique
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE PRAGUE , le 4 Février.
UNB nouvelle fecouffe de tremblement de
terre , qui s'est fait fentir le 12 du mois dernier
en plufieurs endroits de la frontiere de ce Royaume,
a eu une fuite fâcheufe. Il a fallu fufpendie
le travail des mines , à caufe des eaux dont elles
fe font remplies , & des exhalaifons fulfureufes
dont les ouvriers fe font trouvés incommodés .
DE
BERLIN , le 14 Février.
Jufqu'ici on n'avoit eu que des copies infidelles
de la Convention conclue le mois dernier entre
le Roi & Sa Majefté Britannique. Voici les termes
dans lefquels cette Convention eft annoncée par
la Gazette de cette Ville. « Sa Majefté le Roi de
» Pruffe & Sa Majefté le Roi de la Grande- Breta-
>> gne , ayant mûrement confideré que les trou-
» bles qui fe font élevés depuis peu en Amérique ,
» pourroient facilement être étendus plus loin &
» même tranſportés en Europe ; les Hautes Puif-
>> fances Contractantes ayant d'ailleurs pris tou-
» jours fortement à coeur le falut & le bien être
» de l'Allemagne , leur patrie commune , & dé-
>> firant extrêmement d'y maintenir furtout la
paix & la tranquillité , Elles ont cru ne pouvoir
Kinj
222 MERCURE DE FRANCE.
>> mieux faire pour parvenir à un but auffi falu-
» taire , que d'arrêter entr'Elles & de faire figner
>> par leurs Miniftres le 16 Janvier , une Conven-
» tion, de Neutralité, regardant purement l'Alle-
>> magne , & ne tendant à l'offenfe de perfonne ;
» en vertu de laquelle Convention leurfdites Ma-
» jeftés fe font engagées réciproquement de ne
» pas permettre que des troupes étrangeres , de
quelque Nation qu'elles puiffent être en-
» traffent en Allemagne , ou y paffaffent auffi
long-tems que les fufdits troubles , & les fuites
» qui pourront en réfulter dureront ; mais de s'y
>> oppofer dans tous les cas le plus vigoureufe-
>> ment qu'il leur fera poffible , afin de garantir
» par- là l'Allemagne des inconvéniens d'une
» guerre funefte , de maintenir fes Loix fonda-
>> mentales & fes Conftitutions , & de la faire
>> jouir d'une paix non interrompue ; ce qui fait
l'unique objet de la Convention fufmentionnée.
» Leurs Majeftés le Roi de Pruffe & le Roi de la
» Grande-Bretagne , ayant au furplus faifi cette
» occafion favorable , pour applanir les différends
» qui ont fubfifté jufqu'à préfent entr'Elles , pår
» rapport au reftant des dettes hypothéquées for
» la Siléfie , & payables aux fujets de Sa Majefté
Britannique , auffi -bien qu'à l'égard d'un
» dédommagement à accorder aux fujets de Sa
» Majefté Pruffienne pour les pertes qu'ils ont
» faites far mer pendant la derniere guerre , lés
» deux Hautes Puiffances Contractantes ont heu-
>> reuſement terminé ces deux objets à leur fatis-
» faction réciproque ; de façon que l'arrêt mis il
» y a quelque tems fur lefdites dettes , fera levé
» auffi tôt que la ratification de Sa Majesté Britan-
» nique de la fufdite Convention de Neutralité
» pour l'Allemagne fera arrivée ici .
AVRIL. 1756 . 223
DE BONN , le 23 Février.
Le 18 , à huit heures fix minutes du matin , le
vent étant Sud- Oueft , & l'air légérement chargé ,
on effuya ici une fecouffe de tremblement de
terre , plus violente de beaucoup que celles des
26 & 27 Décembre & du 26 Janvier. Dans la
Ville de Cologne plus de cent cheminées font
tombées. Quelques maiſons ont été confidérablement
endommagées dans leurs murs & dans leur
charpente. Les Bateaux qui étoient fur le Rhin ,
ont éprouvé une agitation extraordinaire , & plufieurs
ont couru rifque de périr . Un peu avant
neuf heures & vingt minutes après , il y eut encore
deux autres fecouffes , Ce tremblement , à ce
qu'on apprend , s'eft fait auffi fentir à Paderborn ,
à Olnabruck , à Arenſberg , à Darmſtadt , à Wetzlar
, à Caffel , à Worms & à Manheim . Les lettres
de Liege confirment qu'il y a cauſé de grands
dommages. Elles marquent qu'entr'autres accidens
une malfe énorme de pierres s'eft détachée
d'une Tour de la Cathédrale , & a enfoncé les
planchers de plufieurs maiſons voifines.
DE PRAGUE , le 4 Février.
UNB nouvelle fecouffe de tremblement de
terre , qui s'est fait fentir le 12 du mois dernier
en plufieurs endroits de la frontiere de ce Royaume,
a eu une fuite fâcheufe. Il a fallu fufpendie
le travail des mines , à caufe des eaux dont elles
fe font remplies , & des exhalaifons fulfureufes
dont les ouvriers fe font trouvés incommodés .
DE
BERLIN , le 14 Février.
Jufqu'ici on n'avoit eu que des copies infidelles
de la Convention conclue le mois dernier entre
le Roi & Sa Majefté Britannique. Voici les termes
dans lefquels cette Convention eft annoncée par
la Gazette de cette Ville. « Sa Majefté le Roi de
» Pruffe & Sa Majefté le Roi de la Grande- Breta-
>> gne , ayant mûrement confideré que les trou-
» bles qui fe font élevés depuis peu en Amérique ,
» pourroient facilement être étendus plus loin &
» même tranſportés en Europe ; les Hautes Puif-
>> fances Contractantes ayant d'ailleurs pris tou-
» jours fortement à coeur le falut & le bien être
» de l'Allemagne , leur patrie commune , & dé-
>> firant extrêmement d'y maintenir furtout la
paix & la tranquillité , Elles ont cru ne pouvoir
Kinj
222 MERCURE DE FRANCE.
>> mieux faire pour parvenir à un but auffi falu-
» taire , que d'arrêter entr'Elles & de faire figner
>> par leurs Miniftres le 16 Janvier , une Conven-
» tion, de Neutralité, regardant purement l'Alle-
>> magne , & ne tendant à l'offenfe de perfonne ;
» en vertu de laquelle Convention leurfdites Ma-
» jeftés fe font engagées réciproquement de ne
» pas permettre que des troupes étrangeres , de
quelque Nation qu'elles puiffent être en-
» traffent en Allemagne , ou y paffaffent auffi
long-tems que les fufdits troubles , & les fuites
» qui pourront en réfulter dureront ; mais de s'y
>> oppofer dans tous les cas le plus vigoureufe-
>> ment qu'il leur fera poffible , afin de garantir
» par- là l'Allemagne des inconvéniens d'une
» guerre funefte , de maintenir fes Loix fonda-
>> mentales & fes Conftitutions , & de la faire
>> jouir d'une paix non interrompue ; ce qui fait
l'unique objet de la Convention fufmentionnée.
» Leurs Majeftés le Roi de Pruffe & le Roi de la
» Grande-Bretagne , ayant au furplus faifi cette
» occafion favorable , pour applanir les différends
» qui ont fubfifté jufqu'à préfent entr'Elles , pår
» rapport au reftant des dettes hypothéquées for
» la Siléfie , & payables aux fujets de Sa Majefté
Britannique , auffi -bien qu'à l'égard d'un
» dédommagement à accorder aux fujets de Sa
» Majefté Pruffienne pour les pertes qu'ils ont
» faites far mer pendant la derniere guerre , lés
» deux Hautes Puiffances Contractantes ont heu-
>> reuſement terminé ces deux objets à leur fatis-
» faction réciproque ; de façon que l'arrêt mis il
» y a quelque tems fur lefdites dettes , fera levé
» auffi tôt que la ratification de Sa Majesté Britan-
» nique de la fufdite Convention de Neutralité
» pour l'Allemagne fera arrivée ici .
AVRIL. 1756 . 223
DE BONN , le 23 Février.
Le 18 , à huit heures fix minutes du matin , le
vent étant Sud- Oueft , & l'air légérement chargé ,
on effuya ici une fecouffe de tremblement de
terre , plus violente de beaucoup que celles des
26 & 27 Décembre & du 26 Janvier. Dans la
Ville de Cologne plus de cent cheminées font
tombées. Quelques maiſons ont été confidérablement
endommagées dans leurs murs & dans leur
charpente. Les Bateaux qui étoient fur le Rhin ,
ont éprouvé une agitation extraordinaire , & plufieurs
ont couru rifque de périr . Un peu avant
neuf heures & vingt minutes après , il y eut encore
deux autres fecouffes , Ce tremblement , à ce
qu'on apprend , s'eft fait auffi fentir à Paderborn ,
à Olnabruck , à Arenſberg , à Darmſtadt , à Wetzlar
, à Caffel , à Worms & à Manheim . Les lettres
de Liege confirment qu'il y a cauſé de grands
dommages. Elles marquent qu'entr'autres accidens
une malfe énorme de pierres s'eft détachée
d'une Tour de la Cathédrale , & a enfoncé les
planchers de plufieurs maiſons voifines.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Du 12 janvier au 18 février, plusieurs régions frontalières du Royaume de Prusse ont été touchées par des tremblements de terre, causant des dommages aux mines et aux bâtiments, et perturbant les activités sur le Rhin. Les secousses ont été ressenties à Bonn, Cologne, Liège, Paderborn, Osnabrück, Arnsberg, Darmstadt, Wetzlar, Cassel, Worms et Mannheim. Parallèlement, le 14 février, les termes de la Convention de neutralité entre le Roi de Prusse et le Roi de Grande-Bretagne ont été annoncés. Signée le 16 janvier, cette convention vise à maintenir la paix en Allemagne en empêchant le passage de troupes étrangères pendant les troubles en Amérique. Les deux monarques ont également réglé des différends concernant des dettes hypothéquées pour la Silésie et des dédommagements pour les pertes subies lors de la dernière guerre. La levée de l'arrêt sur ces dettes interviendra après la ratification de la convention par la Grande-Bretagne.
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1289
p. 225-236
RELATION De l'Ambassade extraordinaire de la Religion de Malte auprès du Roi de deux Siciles, faite en 1755, à l'occasion du rétablissement du Commerce avec ces deux Royaumes.
Début :
Le Conseil ayant nommé MM. les Baillis de Fleury & [...]
Mots clefs :
Ambassade extraordinaire de la Religion de Malte, Roi des deux Siciles, Baillis, Bailli de Fleury, Bailli de Combreux, Navires, Sa Majesté, Bal, Roi, Secrétaire d'ambassade, Compliment, Palais, Banquet
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texteReconnaissance textuelle : RELATION De l'Ambassade extraordinaire de la Religion de Malte auprès du Roi de deux Siciles, faite en 1755, à l'occasion du rétablissement du Commerce avec ces deux Royaumes.
RELATΙΟΝ
De l'Ambaffade extraordinaire de la Religion
de Malie auprès du Roi de deur Siciles ,
faite en 1755 , à l'occaſion du rétabliſſement
du Commerce avec ces deux Royaumes.
LE Confeil'ayant nommé MM. les Baillis de
Fleury & de Combreux Ambaffadeurs extraordinaires
auprès du Roi des deux Siciles , pour aller
conjointement avec M. le Bailli Dueñas affurer
Sa Majefté des fentimens de la Religion , M. le
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
Bailli de Fleury , Capitaine Général des Efcadres
de l'Ordre , fit voile le 11 d'Août , avec quatre
galeres , & deux vaiffeaux. Lorsqu'il fut
hors du Port , il envoya confirmer à M. le Bailli
de Combreux , Commandant des deux Navires ,
tout ce dont il étoit convenu avec lui , que chaque
efcadre navigueroit felon la nature de fes bâtimens
, fans s'alfujettir à être toujours unies ,
parce que n'ayant d'autre objet que de fe rendre
promptement à Baye , où MM. les Ambaffadeurs
avoient bien des arrangemens préliminaires
à prendre , avant d'aller à Naples , celui
qui arriveroit le premier , mettroit la main à
P'oeuvre pour accélérer toutes chofes .
Le 16,M. le Bailli de Fleury ayant appris , avant
de mouiller à Baye , que le Roi chaffoit à l'Ifle
Procita, fit revirer , pavoifer , & mettre fon Efcadre
en front de Bandiere . En approchant de l'iſle
les galeres firent trois falves royales de moufqueterie
, & d'artillerie , après lefquelles M. le
Général envoya donner part à Sa Majesté , qu'auffi
-tôt qu'il avoit fçu qu'elle devoit retourner
à Naples , il avoit fait route fur cette ifle , pour
avoir l'honneur de l'escorter ; & de lui faire
fa cour comme Général , en attendant qu'il pût
la lui faire comme Ambaffadeur de l'Ordre.
>
M. le Bailli de Reggio fit dire que le Roi
en feroit fort aife , & qu'il ne falloit plus le
faluer que de la voix . M. le Bailli de Fleury defcendit
à terre avec MM. les Capitaines , &
M. le Provéditeur qu'il préfenta à Sa Majesté. II
eut auffi l'honneur de lui dire qu'ayant fçu qu'Elle
devoit paffer la mer , il avoit cru devoir le mettre
à portée de recevoir les ordres. Le Roi l'en remercia
d'un air extrêmement affable , & s'embarqua
tout de fuite. Les galeres l'accompagnerent
AVRIL. 1756. 227
jufqu'à fon débarquement en faifant les mêmes.
manoeuvres que fes galiotes . Sa Majeſté envoya
le foir quatre faifans à M. le Bailli de Fleury , &
lui fit offrir la Darfe , ou le Môle de Naples pour
les galeres. Son Excellence répondit qu'elle étoit
extrêmement fenfible aux bontés du Roi , mais
que le mauvais air de la Darfe lui feroit préférer
le Môle.
Le 18 , M. le Général fut s'établir dans la maifon
de M. le Prince d'Ardore , qu'il avoit empruntée
pour tout le tems de l'Ambaffade.
Le 20 , les vaiffeaux arriverent à Baye , & en
partirent deux jours après avec les galeres pour Naples.
En découvrant le Palais du Roi , les deux
Efcadres fe pavoiferent , & firent trois falves royale
de moufqueterie , & d'artillerie .
Le 24 , MM. les Baillis de Fleury , & de Combreux
eurent l'honneur d'être préſentés au Roi , &
à la Reine comme Officiers Généraux , avec MM .
les Chevaliers des deux Efcadres. Ils furent voir en
Corps le même jour les trois Miniftres d'Etat , &
tous les Chefs de Cour.
Le 27 , l'Introducteur intima à MM les Ambaffadeurs
que Sa Majefté avoit fixé leur Entrée
au 6 de Septembre. Leurs Excellences firent part
auffi - tôt de leur arrivée à tous les Miniftres Etran
gers , ainfi qu'on en étoit convenu. Elles informerent
auffi tous les Grands- Croix , & Chevaliers
de Malte du jour de l'Entrée .
Le 6 de Septembre , au lever du foleil , on pavoifa
les Efcadres. A huit heures du matin MM.
les Ambaffadeurs , & tous les Grands-Croix , &
Chevaliers fe rendirent fur la Capitane . Une heure
après le Majordom de femaine , & l'Introducteur
s'étant fait annoncer , leurs Excellences furent les
recevoir à la moitié de l'eſcalier du Môle , accom-
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE.
pagnées de MM . les Chevaliers qui fe rangerent
à droite , & à gauche. Les Gentilshommes , Pages
, & livrées de MM. les Ambaſſadeurs , bordoient
la haie depuis ledit efcalier jufqu'au carrofe
du Roi. Le Majordome , & l'Introducteur
prirent la droite de MM. les Ambaffadeurs , &
tous cinq furent dans cet Ordre s'affeoir dans la
pouppe de la Capitane , où perfonne n'entroit. Le
Corps de garde , un Caravanifte à la tête , préfenta
les Armes , & battit aux champs . On baifa la
tente , & on falua des trompettes , & de la voix .
Après une diftribution de rafraîchiffemens , &
un entretien qui fut très- bref, MM . les Chevaliers
monterent dans les carroffes des Miniftres, & Confeillers
d'Etat , dans ceux des Chefs de Cour , &
enfin dans ceux de la principale Nobleſſe . Tout le
cortege compofoit environ cent cinquante carroffes.
MM. les Ambaffadeurs partirent de la Capitane
avec le Majordome & l'Introducteur dans
l'ordre ci- deffus , & monterent dans le carroffe du
Roi. M. le Bailli Duenas , comme plus ancien ,
prit la droite dans le fond , M. le Bailli de Fleury
fa gauche , M. le Bailli de Combreux la droite
fur le devant , le Majordome à fa gauche , & l'Introducteur
fur un ftrapontin à la portiere droite.
Les deux Efcadres firent au départ du Correge
trois falves royales de moufqueterie & d'artil
lerie.
Douze coureurs de MM. les Ambaffadeurs ga-
Jonnés d'or ou d'argent fur toutes les coutures , &
trente-fix Valets de pied habillés de grande livrée
précédoient le carroffe du Roi. Six Pages de leurs
Excellences , galonnés très - richement , étoient à
droite , & à gauche des deux portieres . Quatre Vafets
de pied du Roi marchoient à côté deux.
Les trois carroffes de parade de MM. les AmAVRIL.
1756. 229
baffadenrs , attelés de fix chevaux chacun , magnifiquement
harnachés, fuivoient immédiatement celui
du Roi avec un Palefrenier qui marchoit à côté
des chevaux , habillé de grande livrée.
Le carroffe de l'Ambaffadeur plus ancien étoit vacant
, & marquoit le carroffe dureſpect .
MM. les Grands-Croix fuivoient dans les carroffes
des deux autres Ambaffadeurs , après lefquels
marchoient ceux des Miniftres , Confeillers d'Etat
, &c .
Le Secretaire d'Ambaffade étoit immédiatement
après le dernier carroffe des Chevaliers , &
les fix Gentilshommes de MM . les Ambaffadeurs ,
habillés très -richement , terminoient la fonction
dans trois autres carroffes.
On fit dans cet Ordre-là un grand tour par les
principales rue de la Ville. Tous les Corps de garde
devant lefquels paffoient MM. les Ambaffadeurs
portoient le fufil fur l'épaule , & rappelloient.
A 10 heures trois quarts ils arriverent au Palais.
Le carroffe feul du Roi & celui de refpect entrerent
dans la cour. MM . les Grands-Croix, & Chevaliers
defcendirent de carroffe à la parte de la Cour,
& vinrent précéder MM. les Ambaffadeurs. Les
Hallebardiers borderent la haie ſur l'eſcalier dans
les galeries, & dans leur falle . Le Commandant de
certe Compagnie fe trouva au bas de l'efcalier.Les
Gardes du Corps étoient le fufil fur l'épaule dans
leur falle , à la porte de laquelle le Capitaine reçut
MM les Ambaffadeurs. Les Sentinelles donnerent
le coup de talon . Auffi-tôt que leurs Excellences
furent arrivées dans la chambre , qui précédoit
la falle, du Trône , l'Introducteur fut en
donner part au Roi , qui vint fe placer debout
fous fon Dais avec les grands Officiers . MM. les
Ambaffadeurs , le Majordome , & l'Introducteur
230 MERCURE DE FRANCE.
feuls furent admis. Ils s'approcherent du Trône
en faifant trois profondes révérences , à chacune
defquelles le Roi levoit fon chapeau. M.
le Bailli Duenas , comme plus ancien , porta la
parole le premier , & remit les Letres de créance
, ainfi que Sa Majefté l'avoit décidé . M. le
Bailli de Fleury fit enfuite le compliment cijoint
:
» SIRE ,
>> La Religion , & le grand Maître ne défirent
rien plus ardemment que de plaire à Vo-
» tre Majefté . Leurs voeux & les miens , SIRE ,
» feroient remplis , fi je pouvois contribuer à ma-
>> nifefter à Votre Majefté toute l'étendue de ces
fentimens , & lui rendre les fervices de nos
» Efcadres agréables . n
M. le Bailli de Combreux confirma en peu
de mots les mêmes fentimens.
Sa Majefté répondit dans les termes les plus
obligeans. MM. les Ambaffadeurs fe rangerent
enfuite à la droite du Roi , pour laiffer défiler
MM. les Grands- Croix & Chevaliers , qui eurent
l'honneur de lui baifer la main.
Pendant l'Audience , MM. les Grinds- Croix
refterent à la porte de la falle , & MM. les
Chevaliers dans la chambre qui précédoit.
Au baiſe - main MM. les Grands-Croix pafferent
les premiers , enfuite le Corps des Galeres
avec moitié des Chevaliers Napolitains mêlés
, & enfin le Corps des Vaiffeaux avec l'autre
moitié des Chevaliers Napolitains .
Le baife -main fimi , MM. les Ambaffadeurs
fe retirerent dans l'ordre ci - deffus , & furent accompagnés
par le Capitaine des Gardes jufqu'à
AVRIL. 1756. 231
la porte , où il avoit été les recevoir Le même
cérémonial s'obferva chez la Reine ; dès
que M. le Bailli Duenas eût parlé , M. le Bailli
de Fleury prononça le difcours faivant :
MADAME ,
» Jamais l'Ordre de Malte n'a conçu des fentimens
plus vifs , que ceux que lui ont inf-
» piré les bontés de Votre Majefté Elles me
font efperer , MADAME , que vous voudrez
>> bien , en lui accordant votre protection , ajou
» ter encore à une grace auffi précieuſe , celle
» d'être perfuadée du défir qu'il a de la mé-
» riter.
M. le Bailli de Combreux fit enfuite fon
compliment. Sa Majefté répondit par des expreffions
très-obligeantes.
Après le baile - main , qui fe paffa comme chez
le Roi , MM . les Ambafladeurs furent à l'Audience
des Infants & Infantes qu'on avoit réunis
, & leur témoignerent en peu de mots les
fentimens de la Religion , leur Gouverneur &
Gouvernante répondirent pour leurs A. R. d'une
maniere extrêmement flatteufe . On y obferva
le même cérémonial qui s'étoit pratiqué chez
le Roi.
MM. les Ambaffadeurs fe retirerent enfuite
fur la Capitane dans l'ordre qu'ils en étoient
venus ; & après que le Majordome & l'Introducteur
fe furent repofés , ils les accompagnerent
jufqu'à la moitié de l'efcalier , où on les
avoit été recevoir. Peu de tems après leurs Excellences
furent voir Mezzo Infiocchi , le Miniftres
des Affaires Etrangeres , qui leur donna à
dîner avec les principales perfonnes de la Cour ,
231 MERCURE DE FRANCE.
·
& tous les Miniftres Etrangers. Après dîner ;
MM. les Ambaſſadeurs allerent voir dans le même
équipage les deux autres Miniftres d'Etat ,
& les deux Cardinaux.
Le foir on repréſenta l'Opéra au Théâtre de S.
Charles , qu'on avoit tout illuminé en flambeaux
de cire blanche. Il joua auffi quelques jours de
plus en faveur de l'Ambaflade.
Le 7 , M. le Bailli Duenas donna un dîner
femblable à celui du Miniftre des Affaires Errangeres.
"
Le 8 , M. le Bailli de Fleury demanda au Roi
la permiffion de donner une fête au Môle , &
de faire ôter les canons qui embarraffoient ; Sa
Majefté eut la bonté de le lui accorder. Dans
le même jour l'Artillerie fut tranſportée . Le projet
de la fête étoit de former trois grandes galeries
foutenues par des colonnes , de faire danfer
dans celle du milieu , & jouer dans les deux
autres. Quatre amphithéâtres , placés aux deux
extrêmités de la galerie dominante auroient
fervi pour la Mufique du Concert & du Bal.
L'Ambigu devoit être fervi dans la batterie qui est
après le Corps de Gardes. Les Galeres & les Vaiffeaux
illuminés auroient encadré la fête , & des
pyramides de lumieres , placées à droite & à gauche
dans toute la longeur du Môle , en devoient
faire l'avenue. En huit jours toute la charpente
fut élevée ; mais le mauvais tems qui furvint ,
obligea d'abandonner la place & de chercher
une maison.
>
Le jour de Notre- Dame de Pié -de-grotte ,
les Galeres & les Vaiffeaux furent mouiller auprès
de l'Eglife , où toute la Famille Royale devoit
venir en grand Gala.
Dès que le Roi parut , les deux Efcadres fe
AVRIL. 1756. 233
pavoiferent , & firent une falve royale de moufqueterie
& d'artillerie , qu'elles répéterent à
la Bénédiction , & lorfque Sa Majesté fortit de
l'Eglife .
Le 9 , M. le Général donna un dîner de 90
couverts à tous les Miniftres & Confeillers d'Etat
, Ambaffadeurs , Grands Officiers de la Cour ,
& autres perfonnes de confidération de la Ville
dans une falle qu'on avoit parée de tous les
ornemens qui pouvoient caractériſer l'objet de
la fête.
M. le Commandant des Vaiffeaux donna un
femblable repas. MM. les Capitaines des Galeres
firent éclater auffi leur magnificence par des
feftins & des bals également agréables & bien
fervis.
Le 13 , MM. les Baillis de Fleury & de Combreux
eurent l'honneur d'aller faire leur Cour
au Roi à Caferte , avec plufieurs Chevaliers des
deux Efcadres.
Le 14 , M. le Bailli Reggio envoya cent For
çats fur les Galeres , dont le Roi faifoit préfent
à la Religion .
Le 17 , M. le Bailli de Fleury donna un Bal
paré à toute la Cour & au Militaire ; Madame
la Ducheffe de Caftropignano en , fit les honneurs.
Il avoit emprunté un des plus grands Palais
de la Ville , des plus commodes & des
mieux fitués pour une femblable fête . On avoit
tendu tout l'appartement , qui étoit composé de
fix falles & deux grandes galeries , de damas
cramoifi , galonné d'or fur tous les lais , terminée
par une pente feftonnée , garnie de franges
d'or qui contournoit toutes les corniches.
La premiere falle après l'antichambre étoit
remplie de tables de jeu .
234 MERCURE DE FRANCE.
La Galerie d'après fervoit au Concert , on
l'on avoit raffemblé les meilleurs inftrumens &
les voix les plus célebres de Naples.
La troifieme , la quatrieme & la cinquieme
falle étoient confacrées encore au jeu .
1
La feconde Galerie fervoit pour le Bal ; on
l'avoit tendue en blanc bordé de moëre jaune
& verte galonnée d'or , terminée par une
pente blanche , feftonnée & garnie de franges
d'or. Deux Orchestres compofés de quarante inftrumens
, élevés en Amphithéâtres aux deux extrêmités
de la falle , jouoient enfemble ou alternativement
: le Maître à danfer des Infants
régloit les contredanfes .
>
La feptieme falle étoit diftinguée par le portrait
du Grand Maître , placé fous un dais galonné
d'or ; on jouoit dans cette falle comme
dans les quatre ci - deffus. Un cabinet de
toilette terminoit l'appartement qui étoit
éclairé autant qu'il pouvoit l'être . Toute la façade
de la maifon , & l'intérieur de la cour
étoient illuminés en flambeaux de cire blanche
& en pots à feu.
>
Un détachement de cinquante Suiffes avec un
Officier & deux Garçons Majors furent chargés
de garder la maifon , & de régler la place
des carroffes. Il y avoit un Sergent de Garde
dans chaque chambre. Les Buffets pour les rafraîchiffemens
, & l'Ambigu étoient diftribués
dans quatre chambres , qui avoient iffu dans le
milieu de l'appartement.
A huit heures du foir le Concert commença .
Deux heures après M. l'Ambaffadeur de France
ouvrit le Bal avec Madame la Princeffe d'Ardore
, fille de Madame la Ducheffe de Caftropignagno.
AVRIL. 1756. 235
Le Concert, le Bal , & environ foixante tables
de jeu occupoient alternativement toute l'Affemblée
. Cinquante Pages & foixante Valets de
chambre , empruntés felon l'ufage , diftribuerent
continuellement toutes fortes de glaces & d'affiettes
d'offices.
A une heure & demie on fervit cent vingtdeux
petites tables d'environ huit à dix couverts
chacune , en viandes froides , poiffons , & vins
étrangers. Cette façon d'ambigu neuve & bien
exécutée , fut extrêmement applaudie . On compta
plus de neuf cens perfonnes fervies à la fois.
Trois cens vingt Dames , & quatorze ou quinze
cens Cavaliers étoient priés .
Après l'ambigu , on recommença le Bal , &
la diftribution des glaces jufqu'à fix heures du
matin que la fête finit à la fatisfaction commune,
& fans le moindre accident.
Le jour de S. Ferdinand les Galeres furent
mouiller à Portici , & faluerent le Roi de trois
falves royales de moufqueterie & d'artillerie .
Le foir les deux Efcadres firent une même
falve après la Ville.
Le 20 , M. le Marquis de Janucci remit de la
part du Roi trois Croix de Diamans à MM.
les Ambaffadeurs , en y joignant les témoignages
les plus diftingués de la fatisfaction qu'avoit
Sa Majefté de leurs fervices.
Le 23 , MM . les Baillis de Fleury & de Combreux
préfenterent à Leurs Majeftés les Chevaliers
des deux Efcadres pour prendre congé . Leurs
Excellences le prirent elles -mêmes enfuite privativement
dans le Cabinet du Roi , en renouvellant
au Roi & à la Reine les fentimens de
la Religion , & les leurs propres. M. le Bailli de
Fleury porta la parole le premier , ainsi que le
236 MERCURE DE FRANCE.
Roi l'avoit décidé. MM. les Baillis Duenas &
de Combreux firent enfuite leur compliment.
Leurs Majeftés répondirent par les affurances les
plus fatteufes de leur protection & de leur bienveillance
, louant beaucoup la conduite noble
de MM. les Chevaliers , & furtout le bon gouvernement
de S. A. E.
Le 27 , MM. les Ambaffadeurs s'étant embarqués
, les deux Efcadres faluerent le Roi de trois
falves royales de moufqueterie & d'artillerie ,
& firent voile enfuite pour leur deſtination .
De l'Ambaffade extraordinaire de la Religion
de Malie auprès du Roi de deur Siciles ,
faite en 1755 , à l'occaſion du rétabliſſement
du Commerce avec ces deux Royaumes.
LE Confeil'ayant nommé MM. les Baillis de
Fleury & de Combreux Ambaffadeurs extraordinaires
auprès du Roi des deux Siciles , pour aller
conjointement avec M. le Bailli Dueñas affurer
Sa Majefté des fentimens de la Religion , M. le
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
Bailli de Fleury , Capitaine Général des Efcadres
de l'Ordre , fit voile le 11 d'Août , avec quatre
galeres , & deux vaiffeaux. Lorsqu'il fut
hors du Port , il envoya confirmer à M. le Bailli
de Combreux , Commandant des deux Navires ,
tout ce dont il étoit convenu avec lui , que chaque
efcadre navigueroit felon la nature de fes bâtimens
, fans s'alfujettir à être toujours unies ,
parce que n'ayant d'autre objet que de fe rendre
promptement à Baye , où MM. les Ambaffadeurs
avoient bien des arrangemens préliminaires
à prendre , avant d'aller à Naples , celui
qui arriveroit le premier , mettroit la main à
P'oeuvre pour accélérer toutes chofes .
Le 16,M. le Bailli de Fleury ayant appris , avant
de mouiller à Baye , que le Roi chaffoit à l'Ifle
Procita, fit revirer , pavoifer , & mettre fon Efcadre
en front de Bandiere . En approchant de l'iſle
les galeres firent trois falves royales de moufqueterie
, & d'artillerie , après lefquelles M. le
Général envoya donner part à Sa Majesté , qu'auffi
-tôt qu'il avoit fçu qu'elle devoit retourner
à Naples , il avoit fait route fur cette ifle , pour
avoir l'honneur de l'escorter ; & de lui faire
fa cour comme Général , en attendant qu'il pût
la lui faire comme Ambaffadeur de l'Ordre.
>
M. le Bailli de Reggio fit dire que le Roi
en feroit fort aife , & qu'il ne falloit plus le
faluer que de la voix . M. le Bailli de Fleury defcendit
à terre avec MM. les Capitaines , &
M. le Provéditeur qu'il préfenta à Sa Majesté. II
eut auffi l'honneur de lui dire qu'ayant fçu qu'Elle
devoit paffer la mer , il avoit cru devoir le mettre
à portée de recevoir les ordres. Le Roi l'en remercia
d'un air extrêmement affable , & s'embarqua
tout de fuite. Les galeres l'accompagnerent
AVRIL. 1756. 227
jufqu'à fon débarquement en faifant les mêmes.
manoeuvres que fes galiotes . Sa Majeſté envoya
le foir quatre faifans à M. le Bailli de Fleury , &
lui fit offrir la Darfe , ou le Môle de Naples pour
les galeres. Son Excellence répondit qu'elle étoit
extrêmement fenfible aux bontés du Roi , mais
que le mauvais air de la Darfe lui feroit préférer
le Môle.
Le 18 , M. le Général fut s'établir dans la maifon
de M. le Prince d'Ardore , qu'il avoit empruntée
pour tout le tems de l'Ambaffade.
Le 20 , les vaiffeaux arriverent à Baye , & en
partirent deux jours après avec les galeres pour Naples.
En découvrant le Palais du Roi , les deux
Efcadres fe pavoiferent , & firent trois falves royale
de moufqueterie , & d'artillerie .
Le 24 , MM. les Baillis de Fleury , & de Combreux
eurent l'honneur d'être préſentés au Roi , &
à la Reine comme Officiers Généraux , avec MM .
les Chevaliers des deux Efcadres. Ils furent voir en
Corps le même jour les trois Miniftres d'Etat , &
tous les Chefs de Cour.
Le 27 , l'Introducteur intima à MM les Ambaffadeurs
que Sa Majefté avoit fixé leur Entrée
au 6 de Septembre. Leurs Excellences firent part
auffi - tôt de leur arrivée à tous les Miniftres Etran
gers , ainfi qu'on en étoit convenu. Elles informerent
auffi tous les Grands- Croix , & Chevaliers
de Malte du jour de l'Entrée .
Le 6 de Septembre , au lever du foleil , on pavoifa
les Efcadres. A huit heures du matin MM.
les Ambaffadeurs , & tous les Grands-Croix , &
Chevaliers fe rendirent fur la Capitane . Une heure
après le Majordom de femaine , & l'Introducteur
s'étant fait annoncer , leurs Excellences furent les
recevoir à la moitié de l'eſcalier du Môle , accom-
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE.
pagnées de MM . les Chevaliers qui fe rangerent
à droite , & à gauche. Les Gentilshommes , Pages
, & livrées de MM. les Ambaſſadeurs , bordoient
la haie depuis ledit efcalier jufqu'au carrofe
du Roi. Le Majordome , & l'Introducteur
prirent la droite de MM. les Ambaffadeurs , &
tous cinq furent dans cet Ordre s'affeoir dans la
pouppe de la Capitane , où perfonne n'entroit. Le
Corps de garde , un Caravanifte à la tête , préfenta
les Armes , & battit aux champs . On baifa la
tente , & on falua des trompettes , & de la voix .
Après une diftribution de rafraîchiffemens , &
un entretien qui fut très- bref, MM . les Chevaliers
monterent dans les carroffes des Miniftres, & Confeillers
d'Etat , dans ceux des Chefs de Cour , &
enfin dans ceux de la principale Nobleſſe . Tout le
cortege compofoit environ cent cinquante carroffes.
MM. les Ambaffadeurs partirent de la Capitane
avec le Majordome & l'Introducteur dans
l'ordre ci- deffus , & monterent dans le carroffe du
Roi. M. le Bailli Duenas , comme plus ancien ,
prit la droite dans le fond , M. le Bailli de Fleury
fa gauche , M. le Bailli de Combreux la droite
fur le devant , le Majordome à fa gauche , & l'Introducteur
fur un ftrapontin à la portiere droite.
Les deux Efcadres firent au départ du Correge
trois falves royales de moufqueterie & d'artil
lerie.
Douze coureurs de MM. les Ambaffadeurs ga-
Jonnés d'or ou d'argent fur toutes les coutures , &
trente-fix Valets de pied habillés de grande livrée
précédoient le carroffe du Roi. Six Pages de leurs
Excellences , galonnés très - richement , étoient à
droite , & à gauche des deux portieres . Quatre Vafets
de pied du Roi marchoient à côté deux.
Les trois carroffes de parade de MM. les AmAVRIL.
1756. 229
baffadenrs , attelés de fix chevaux chacun , magnifiquement
harnachés, fuivoient immédiatement celui
du Roi avec un Palefrenier qui marchoit à côté
des chevaux , habillé de grande livrée.
Le carroffe de l'Ambaffadeur plus ancien étoit vacant
, & marquoit le carroffe dureſpect .
MM. les Grands-Croix fuivoient dans les carroffes
des deux autres Ambaffadeurs , après lefquels
marchoient ceux des Miniftres , Confeillers d'Etat
, &c .
Le Secretaire d'Ambaffade étoit immédiatement
après le dernier carroffe des Chevaliers , &
les fix Gentilshommes de MM . les Ambaffadeurs ,
habillés très -richement , terminoient la fonction
dans trois autres carroffes.
On fit dans cet Ordre-là un grand tour par les
principales rue de la Ville. Tous les Corps de garde
devant lefquels paffoient MM. les Ambaffadeurs
portoient le fufil fur l'épaule , & rappelloient.
A 10 heures trois quarts ils arriverent au Palais.
Le carroffe feul du Roi & celui de refpect entrerent
dans la cour. MM . les Grands-Croix, & Chevaliers
defcendirent de carroffe à la parte de la Cour,
& vinrent précéder MM. les Ambaffadeurs. Les
Hallebardiers borderent la haie ſur l'eſcalier dans
les galeries, & dans leur falle . Le Commandant de
certe Compagnie fe trouva au bas de l'efcalier.Les
Gardes du Corps étoient le fufil fur l'épaule dans
leur falle , à la porte de laquelle le Capitaine reçut
MM les Ambaffadeurs. Les Sentinelles donnerent
le coup de talon . Auffi-tôt que leurs Excellences
furent arrivées dans la chambre , qui précédoit
la falle, du Trône , l'Introducteur fut en
donner part au Roi , qui vint fe placer debout
fous fon Dais avec les grands Officiers . MM. les
Ambaffadeurs , le Majordome , & l'Introducteur
230 MERCURE DE FRANCE.
feuls furent admis. Ils s'approcherent du Trône
en faifant trois profondes révérences , à chacune
defquelles le Roi levoit fon chapeau. M.
le Bailli Duenas , comme plus ancien , porta la
parole le premier , & remit les Letres de créance
, ainfi que Sa Majefté l'avoit décidé . M. le
Bailli de Fleury fit enfuite le compliment cijoint
:
» SIRE ,
>> La Religion , & le grand Maître ne défirent
rien plus ardemment que de plaire à Vo-
» tre Majefté . Leurs voeux & les miens , SIRE ,
» feroient remplis , fi je pouvois contribuer à ma-
>> nifefter à Votre Majefté toute l'étendue de ces
fentimens , & lui rendre les fervices de nos
» Efcadres agréables . n
M. le Bailli de Combreux confirma en peu
de mots les mêmes fentimens.
Sa Majefté répondit dans les termes les plus
obligeans. MM. les Ambaffadeurs fe rangerent
enfuite à la droite du Roi , pour laiffer défiler
MM. les Grands- Croix & Chevaliers , qui eurent
l'honneur de lui baifer la main.
Pendant l'Audience , MM. les Grinds- Croix
refterent à la porte de la falle , & MM. les
Chevaliers dans la chambre qui précédoit.
Au baiſe - main MM. les Grands-Croix pafferent
les premiers , enfuite le Corps des Galeres
avec moitié des Chevaliers Napolitains mêlés
, & enfin le Corps des Vaiffeaux avec l'autre
moitié des Chevaliers Napolitains .
Le baife -main fimi , MM. les Ambaffadeurs
fe retirerent dans l'ordre ci - deffus , & furent accompagnés
par le Capitaine des Gardes jufqu'à
AVRIL. 1756. 231
la porte , où il avoit été les recevoir Le même
cérémonial s'obferva chez la Reine ; dès
que M. le Bailli Duenas eût parlé , M. le Bailli
de Fleury prononça le difcours faivant :
MADAME ,
» Jamais l'Ordre de Malte n'a conçu des fentimens
plus vifs , que ceux que lui ont inf-
» piré les bontés de Votre Majefté Elles me
font efperer , MADAME , que vous voudrez
>> bien , en lui accordant votre protection , ajou
» ter encore à une grace auffi précieuſe , celle
» d'être perfuadée du défir qu'il a de la mé-
» riter.
M. le Bailli de Combreux fit enfuite fon
compliment. Sa Majefté répondit par des expreffions
très-obligeantes.
Après le baile - main , qui fe paffa comme chez
le Roi , MM . les Ambafladeurs furent à l'Audience
des Infants & Infantes qu'on avoit réunis
, & leur témoignerent en peu de mots les
fentimens de la Religion , leur Gouverneur &
Gouvernante répondirent pour leurs A. R. d'une
maniere extrêmement flatteufe . On y obferva
le même cérémonial qui s'étoit pratiqué chez
le Roi.
MM. les Ambaffadeurs fe retirerent enfuite
fur la Capitane dans l'ordre qu'ils en étoient
venus ; & après que le Majordome & l'Introducteur
fe furent repofés , ils les accompagnerent
jufqu'à la moitié de l'efcalier , où on les
avoit été recevoir. Peu de tems après leurs Excellences
furent voir Mezzo Infiocchi , le Miniftres
des Affaires Etrangeres , qui leur donna à
dîner avec les principales perfonnes de la Cour ,
231 MERCURE DE FRANCE.
·
& tous les Miniftres Etrangers. Après dîner ;
MM. les Ambaſſadeurs allerent voir dans le même
équipage les deux autres Miniftres d'Etat ,
& les deux Cardinaux.
Le foir on repréſenta l'Opéra au Théâtre de S.
Charles , qu'on avoit tout illuminé en flambeaux
de cire blanche. Il joua auffi quelques jours de
plus en faveur de l'Ambaflade.
Le 7 , M. le Bailli Duenas donna un dîner
femblable à celui du Miniftre des Affaires Errangeres.
"
Le 8 , M. le Bailli de Fleury demanda au Roi
la permiffion de donner une fête au Môle , &
de faire ôter les canons qui embarraffoient ; Sa
Majefté eut la bonté de le lui accorder. Dans
le même jour l'Artillerie fut tranſportée . Le projet
de la fête étoit de former trois grandes galeries
foutenues par des colonnes , de faire danfer
dans celle du milieu , & jouer dans les deux
autres. Quatre amphithéâtres , placés aux deux
extrêmités de la galerie dominante auroient
fervi pour la Mufique du Concert & du Bal.
L'Ambigu devoit être fervi dans la batterie qui est
après le Corps de Gardes. Les Galeres & les Vaiffeaux
illuminés auroient encadré la fête , & des
pyramides de lumieres , placées à droite & à gauche
dans toute la longeur du Môle , en devoient
faire l'avenue. En huit jours toute la charpente
fut élevée ; mais le mauvais tems qui furvint ,
obligea d'abandonner la place & de chercher
une maison.
>
Le jour de Notre- Dame de Pié -de-grotte ,
les Galeres & les Vaiffeaux furent mouiller auprès
de l'Eglife , où toute la Famille Royale devoit
venir en grand Gala.
Dès que le Roi parut , les deux Efcadres fe
AVRIL. 1756. 233
pavoiferent , & firent une falve royale de moufqueterie
& d'artillerie , qu'elles répéterent à
la Bénédiction , & lorfque Sa Majesté fortit de
l'Eglife .
Le 9 , M. le Général donna un dîner de 90
couverts à tous les Miniftres & Confeillers d'Etat
, Ambaffadeurs , Grands Officiers de la Cour ,
& autres perfonnes de confidération de la Ville
dans une falle qu'on avoit parée de tous les
ornemens qui pouvoient caractériſer l'objet de
la fête.
M. le Commandant des Vaiffeaux donna un
femblable repas. MM. les Capitaines des Galeres
firent éclater auffi leur magnificence par des
feftins & des bals également agréables & bien
fervis.
Le 13 , MM. les Baillis de Fleury & de Combreux
eurent l'honneur d'aller faire leur Cour
au Roi à Caferte , avec plufieurs Chevaliers des
deux Efcadres.
Le 14 , M. le Bailli Reggio envoya cent For
çats fur les Galeres , dont le Roi faifoit préfent
à la Religion .
Le 17 , M. le Bailli de Fleury donna un Bal
paré à toute la Cour & au Militaire ; Madame
la Ducheffe de Caftropignano en , fit les honneurs.
Il avoit emprunté un des plus grands Palais
de la Ville , des plus commodes & des
mieux fitués pour une femblable fête . On avoit
tendu tout l'appartement , qui étoit composé de
fix falles & deux grandes galeries , de damas
cramoifi , galonné d'or fur tous les lais , terminée
par une pente feftonnée , garnie de franges
d'or qui contournoit toutes les corniches.
La premiere falle après l'antichambre étoit
remplie de tables de jeu .
234 MERCURE DE FRANCE.
La Galerie d'après fervoit au Concert , on
l'on avoit raffemblé les meilleurs inftrumens &
les voix les plus célebres de Naples.
La troifieme , la quatrieme & la cinquieme
falle étoient confacrées encore au jeu .
1
La feconde Galerie fervoit pour le Bal ; on
l'avoit tendue en blanc bordé de moëre jaune
& verte galonnée d'or , terminée par une
pente blanche , feftonnée & garnie de franges
d'or. Deux Orchestres compofés de quarante inftrumens
, élevés en Amphithéâtres aux deux extrêmités
de la falle , jouoient enfemble ou alternativement
: le Maître à danfer des Infants
régloit les contredanfes .
>
La feptieme falle étoit diftinguée par le portrait
du Grand Maître , placé fous un dais galonné
d'or ; on jouoit dans cette falle comme
dans les quatre ci - deffus. Un cabinet de
toilette terminoit l'appartement qui étoit
éclairé autant qu'il pouvoit l'être . Toute la façade
de la maifon , & l'intérieur de la cour
étoient illuminés en flambeaux de cire blanche
& en pots à feu.
>
Un détachement de cinquante Suiffes avec un
Officier & deux Garçons Majors furent chargés
de garder la maifon , & de régler la place
des carroffes. Il y avoit un Sergent de Garde
dans chaque chambre. Les Buffets pour les rafraîchiffemens
, & l'Ambigu étoient diftribués
dans quatre chambres , qui avoient iffu dans le
milieu de l'appartement.
A huit heures du foir le Concert commença .
Deux heures après M. l'Ambaffadeur de France
ouvrit le Bal avec Madame la Princeffe d'Ardore
, fille de Madame la Ducheffe de Caftropignagno.
AVRIL. 1756. 235
Le Concert, le Bal , & environ foixante tables
de jeu occupoient alternativement toute l'Affemblée
. Cinquante Pages & foixante Valets de
chambre , empruntés felon l'ufage , diftribuerent
continuellement toutes fortes de glaces & d'affiettes
d'offices.
A une heure & demie on fervit cent vingtdeux
petites tables d'environ huit à dix couverts
chacune , en viandes froides , poiffons , & vins
étrangers. Cette façon d'ambigu neuve & bien
exécutée , fut extrêmement applaudie . On compta
plus de neuf cens perfonnes fervies à la fois.
Trois cens vingt Dames , & quatorze ou quinze
cens Cavaliers étoient priés .
Après l'ambigu , on recommença le Bal , &
la diftribution des glaces jufqu'à fix heures du
matin que la fête finit à la fatisfaction commune,
& fans le moindre accident.
Le jour de S. Ferdinand les Galeres furent
mouiller à Portici , & faluerent le Roi de trois
falves royales de moufqueterie & d'artillerie .
Le foir les deux Efcadres firent une même
falve après la Ville.
Le 20 , M. le Marquis de Janucci remit de la
part du Roi trois Croix de Diamans à MM.
les Ambaffadeurs , en y joignant les témoignages
les plus diftingués de la fatisfaction qu'avoit
Sa Majefté de leurs fervices.
Le 23 , MM . les Baillis de Fleury & de Combreux
préfenterent à Leurs Majeftés les Chevaliers
des deux Efcadres pour prendre congé . Leurs
Excellences le prirent elles -mêmes enfuite privativement
dans le Cabinet du Roi , en renouvellant
au Roi & à la Reine les fentimens de
la Religion , & les leurs propres. M. le Bailli de
Fleury porta la parole le premier , ainsi que le
236 MERCURE DE FRANCE.
Roi l'avoit décidé. MM. les Baillis Duenas &
de Combreux firent enfuite leur compliment.
Leurs Majeftés répondirent par les affurances les
plus fatteufes de leur protection & de leur bienveillance
, louant beaucoup la conduite noble
de MM. les Chevaliers , & furtout le bon gouvernement
de S. A. E.
Le 27 , MM. les Ambaffadeurs s'étant embarqués
, les deux Efcadres faluerent le Roi de trois
falves royales de moufqueterie & d'artillerie ,
& firent voile enfuite pour leur deſtination .
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Résumé : RELATION De l'Ambassade extraordinaire de la Religion de Malte auprès du Roi de deux Siciles, faite en 1755, à l'occasion du rétablissement du Commerce avec ces deux Royaumes.
En 1755, le Conseil de l'Ordre de Malte désigna les Baillis de Fleury et de Combreux comme ambassadeurs extraordinaires auprès du Roi des Deux-Siciles pour rétablir le commerce entre les deux royaumes. Accompagnés du Bailli Dueñas, ils quittèrent Malte le 11 août avec quatre galères et deux vaisseaux. Le Bailli de Fleury, capitaine général des escadres, confirma les arrangements avec le Bailli de Combreux, chacun naviguant selon la nature de ses bâtiments pour se rendre rapidement à Baye. Le 16 août, apprenant que le Roi se trouvait à l'île Procida, le Bailli de Fleury se dirigea vers cette île, pavoisant et saluant le Roi avec des salves royales. Il fut reçu par le Roi, qui l'invita à l'escorter jusqu'à Naples. Le 18 août, le Bailli de Fleury s'installa dans la maison du Prince d'Ardore. Le 20 août, les vaisseaux arrivèrent à Baye et partirent deux jours plus tard pour Naples. Le 24 août, les Baillis de Fleury et de Combreux furent présentés au Roi et à la Reine, ainsi qu'aux ministres d'État et aux chefs de cour. Le 27 août, leur entrée officielle fut fixée au 6 septembre. Ce jour-là, après des salves royales et des saluts, les ambassadeurs furent reçus par le Majordome et l'Introducteur, puis conduits au palais royal dans un cortège de cent cinquante carrosses. Lors de l'audience, les Baillis remirent leurs lettres de créance et exprimèrent les sentiments de la Religion de Malte. Le Roi répondit de manière obligeante. Les ambassadeurs furent ensuite reçus par la Reine et les Infants, suivant un cérémonial similaire. Les jours suivants, des fêtes et des représentations d'opéra furent organisées en l'honneur des ambassadeurs. Le 13 septembre, les Baillis de Fleury et de Combreux rendirent visite au Roi à Caserte. Le 14 septembre, le Roi fit présent de cent forçats à la Religion. Le 17 septembre, le Bailli de Fleury organisa un bal à la cour. La fête somptueuse organisée dans une résidence, probablement celle d'un dignitaire ou d'un ambassadeur, fut marquée par une décoration luxueuse avec des galeries et des salles ornées de dorures, de franges et de tissus précieux. La soirée débuta par un concert à huit heures, suivi d'un bal ouvert par l'ambassadeur de France et la princesse d'Ardore. Environ soixante tables de jeu étaient disponibles, et des rafraîchissements et des glaces étaient servis dans quatre chambres. À une heure et demie, un dîner fut servi à cent vingt-deux petites tables, satisfaisant plus de neuf cents personnes. Environ trois cents vingt dames et quatorze à quinze cents cavaliers étaient invités. La fête se poursuivit avec le bal et la distribution de glaces jusqu'à six heures du matin. Le jour suivant, des galères saluèrent le roi à Portici, et le soir, deux escadres firent une salve après la ville. Le 20 avril, le marquis de Janucci remit des croix de diamants aux ambassadeurs au nom du roi. Le 23 avril, les baillis de Fleury et de Combreux présentèrent les chevaliers des escadres pour prendre congé, renouvelant leurs sentiments de respect et de loyauté. Le 27 avril, les ambassadeurs s'embarquèrent, et les escadres saluèrent le roi avant de partir pour leur destination.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1290
p. 236-238
« Par un Arrêt du Conseil d'Etat, du 24 Décembre 1754, [...] »
Début :
Par un Arrêt du Conseil d'Etat, du 24 Décembre 1754, [...]
Mots clefs :
Arrêt du Conseil d'État, Offices, Sa Majesté, Comte d'Egmont-Pignatelli, Mariage, Nomination, Comtesse d'Egmont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Par un Arrêt du Conseil d'Etat, du 24 Décembre 1754, [...] »
PAARRuunn Arrêt du Confeil d'Etat ,
du 24 Décembre
1754 , il avoit été réglé que les Offices qui
feroient levés vacans aux revenus cafuels pendant
le courant de l'année 1755 , par mort ou autrement
, ne payeroient que moitié des droits de
marc d'or , d'enregistrement chez les Gardes des
rôles & de fceau , enſemble de ceux de réception
& d'inſtallation dans les Cours & Jurifdictions ; &
que les perfonnes qui leveroient des Offices de
nouvelle création , ou aufquels n'auroit été pourvu
depuis leur création , ne payeroient pour s'en faire
pourvoir , que le tiers defdits droits de marc d'or ,
d'enregistrement , de fceau , de réception & d'intallation
. Sa Majefté , pour faciliter le débit deſdits
Offices , veut bien continuer la même grace
pendant l'année 1756 .
Meffire Cafimir , Comte d'Egmont -Pignatelli ,
Grand d'Efpagne de la premiere claffe , Brigadier
de Cavalerie & Meftre de Camp d'un Régiment
AVRIL 1756. 237
de fon nom , époufa le 10 Février en fecondes
nôces Demoiſelle Sophie- Jeanne- Louiſe-Armande-
Septimanie de Richelieu , fille de Louis - François-
Armand du Pleffis , Duc de Richelieu & de Fronfac
, Pair & Maréchal de France , Noble Genois ,
: Chevalier des Ordres du Roi , Premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté , & Gouverneur
de Guyenne ; & d'Elizabeth- Sophie de Lorraine-
Guife. La Bénédiction Nuptiale leur fut
donnée dans la Chapelle de l'Hôtel de Richelieu ,
par l'Evêque de Saint-Pons. Il y eut le foir avant
le fouper un feu d'artifice Chinois très-bien exécuté.
Les Cour , Jardin & façade de l'Hôtel
furent illuminés avec autant de goût que de magnificence.
Le jeu & la mufique ont contribué à
l'amufement de Paffemblée , qui étoit compofée
des perfonnes de la Cour les plus diftinguées. Le
Comte d'Egmont eft fils de feu Procope - Charles-
Nicolas- Auguftin - Léopold Pignatelli , Duc de
Bifaccia ou Bifache , Comte d'Egmont , Grand
d'Eſpagne ; & de Henriette-Julie de Durfort de
Duras.
M. le Marquis de Valory , Lieutenant Général
des Armées du Roi , Gouverneur de la Citadelle
de Lille , & Commandeur Honoraire de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , a été nommé
par Sa Majesté fon Miniftre Plénipotentiaire auprès
du Roi de Pruffe,
Le nommé Vallé , Suiffe du Roi à la Porte de
Saint Cyr , préfenta le 16 Février à Sa Majesté un
Animal , moitié Biche , moitié Ours , ayant un
cinquieme pied fur le milieu de la tête . Čet Animal
provient d'une Vache.
Le 20 Février , Monfeigneur le Dauphin &
Madame la Dauphine tinrent fur les Fonts dans
La Chapelle du Château , le fils du feu M. de la
238 MERCURE DE FRANCE.
Boffiere , Comte de Chambors , Ecuyer Ordinaire
du Roi , & de Dame le Petit d'Avaine , fon épouse.
L'Abbé de Raigecourt , Aumônier de Sa Majefté ,
fuppléa les cérémonies du Baptême , en préſence
du Curé de la Paroiffe de Notre-Dame , à cet
enfant , qui fut nommé Louis - Jofeph - Jean-
Baptifte .
Madame la Comteffe d'Egmont fut préfentée
le vingt -deux par Madame la Comteffe d'Egmont
Douairiere , fa belle-mere. Elle prit le tabouret
comme épouse d'un Grand d'Eſpagne.
Le Roi a fait fignifier aux Sujets de la Grande-
Bretagne un ordre de fortir de fes Etats.
Le Roi a accordé une penfion de douze cens li
vres à M. d'Alembert , de l'Académie Françoiſe
& de celle des Sciences .
Le 28 du mois dernier , M. Jouffroy fils , Peintre
de Dijon , montra à leurs Majeftés un Tableau de fa
façon , peint à l'huile fur une Glace . Ce Tableau
repréfente le tems qui découvre la vérité , & qui
foule aux pieds le menfonge. Le Roi le vit avec bonté,
ainfi que la Reine & Monfeigneur le Dauphin.
La demeure de l'Auteur eft au bout du Pont Notre-
Dame à l'Espérance , chez Bourdelier Tailleur .
du 24 Décembre
1754 , il avoit été réglé que les Offices qui
feroient levés vacans aux revenus cafuels pendant
le courant de l'année 1755 , par mort ou autrement
, ne payeroient que moitié des droits de
marc d'or , d'enregistrement chez les Gardes des
rôles & de fceau , enſemble de ceux de réception
& d'inſtallation dans les Cours & Jurifdictions ; &
que les perfonnes qui leveroient des Offices de
nouvelle création , ou aufquels n'auroit été pourvu
depuis leur création , ne payeroient pour s'en faire
pourvoir , que le tiers defdits droits de marc d'or ,
d'enregistrement , de fceau , de réception & d'intallation
. Sa Majefté , pour faciliter le débit deſdits
Offices , veut bien continuer la même grace
pendant l'année 1756 .
Meffire Cafimir , Comte d'Egmont -Pignatelli ,
Grand d'Efpagne de la premiere claffe , Brigadier
de Cavalerie & Meftre de Camp d'un Régiment
AVRIL 1756. 237
de fon nom , époufa le 10 Février en fecondes
nôces Demoiſelle Sophie- Jeanne- Louiſe-Armande-
Septimanie de Richelieu , fille de Louis - François-
Armand du Pleffis , Duc de Richelieu & de Fronfac
, Pair & Maréchal de France , Noble Genois ,
: Chevalier des Ordres du Roi , Premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté , & Gouverneur
de Guyenne ; & d'Elizabeth- Sophie de Lorraine-
Guife. La Bénédiction Nuptiale leur fut
donnée dans la Chapelle de l'Hôtel de Richelieu ,
par l'Evêque de Saint-Pons. Il y eut le foir avant
le fouper un feu d'artifice Chinois très-bien exécuté.
Les Cour , Jardin & façade de l'Hôtel
furent illuminés avec autant de goût que de magnificence.
Le jeu & la mufique ont contribué à
l'amufement de Paffemblée , qui étoit compofée
des perfonnes de la Cour les plus diftinguées. Le
Comte d'Egmont eft fils de feu Procope - Charles-
Nicolas- Auguftin - Léopold Pignatelli , Duc de
Bifaccia ou Bifache , Comte d'Egmont , Grand
d'Eſpagne ; & de Henriette-Julie de Durfort de
Duras.
M. le Marquis de Valory , Lieutenant Général
des Armées du Roi , Gouverneur de la Citadelle
de Lille , & Commandeur Honoraire de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , a été nommé
par Sa Majesté fon Miniftre Plénipotentiaire auprès
du Roi de Pruffe,
Le nommé Vallé , Suiffe du Roi à la Porte de
Saint Cyr , préfenta le 16 Février à Sa Majesté un
Animal , moitié Biche , moitié Ours , ayant un
cinquieme pied fur le milieu de la tête . Čet Animal
provient d'une Vache.
Le 20 Février , Monfeigneur le Dauphin &
Madame la Dauphine tinrent fur les Fonts dans
La Chapelle du Château , le fils du feu M. de la
238 MERCURE DE FRANCE.
Boffiere , Comte de Chambors , Ecuyer Ordinaire
du Roi , & de Dame le Petit d'Avaine , fon épouse.
L'Abbé de Raigecourt , Aumônier de Sa Majefté ,
fuppléa les cérémonies du Baptême , en préſence
du Curé de la Paroiffe de Notre-Dame , à cet
enfant , qui fut nommé Louis - Jofeph - Jean-
Baptifte .
Madame la Comteffe d'Egmont fut préfentée
le vingt -deux par Madame la Comteffe d'Egmont
Douairiere , fa belle-mere. Elle prit le tabouret
comme épouse d'un Grand d'Eſpagne.
Le Roi a fait fignifier aux Sujets de la Grande-
Bretagne un ordre de fortir de fes Etats.
Le Roi a accordé une penfion de douze cens li
vres à M. d'Alembert , de l'Académie Françoiſe
& de celle des Sciences .
Le 28 du mois dernier , M. Jouffroy fils , Peintre
de Dijon , montra à leurs Majeftés un Tableau de fa
façon , peint à l'huile fur une Glace . Ce Tableau
repréfente le tems qui découvre la vérité , & qui
foule aux pieds le menfonge. Le Roi le vit avec bonté,
ainfi que la Reine & Monfeigneur le Dauphin.
La demeure de l'Auteur eft au bout du Pont Notre-
Dame à l'Espérance , chez Bourdelier Tailleur .
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Résumé : « Par un Arrêt du Conseil d'Etat, du 24 Décembre 1754, [...] »
En décembre 1754, le Conseil d'État décida que les offices vacants en 1755 paieraient moitié des droits de marc d'or, d'enregistrement, de fceau, de réception et d'installation. Les nouveaux offices ou ceux non pourvus depuis leur création paieraient le tiers de ces droits. En 1756, le roi prolongea cette mesure pour faciliter la vente des offices. Le 10 février 1756, le comte Casimir d'Egmont-Pignatelli épousa Sophie-Jeanne-Louise-Armande-Septimanie de Richelieu, fille du duc de Richelieu. La cérémonie, bénie par l'évêque de Saint-Pons, inclut un feu d'artifice et des illuminations. Le marquis de Valory fut nommé ministre plénipotentiaire auprès du roi de Prusse. Le 16 février, un animal hybride, moitié biche, moitié ours, fut présenté au roi. Le 20 février, le dauphin et la dauphine baptisèrent le fils du comte de Chambors, nommé Louis-Joseph-Jean-Baptiste. La comtesse d'Egmont fut présentée à la cour et reçut le tabouret en tant qu'épouse d'un Grand d'Espagne. Le roi ordonna aux sujets britanniques de quitter ses États et accorda une pension de douze cents livres à M. d'Alembert. Le peintre Jouffroy fils présenta au roi un tableau intitulé 'Le temps découvrant la vérité et foulant aux pieds le mensonge'.
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1291
p. 195
DU LEVANT.
Début :
Le 9 de ce mois, le Chevalier de Vergennes, que le Roi de France [...]
Mots clefs :
Constantinople, Chevalier de Vergennes, Roi de France, Audience, Grand vizir, Sultane, Grossesse
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texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVANT.
le DE
CONSTANTINOPLE
14 , Février.
LE , de ce mois , le Chevalier de Vergennes ,
que le Roi de France a revêtu du caractere de fon
Ambaffadeur à la Porte eut en cette qualité fa
premiere audience du Grand Vifir. Il fut conduir
le lendemain à celle du Grand Seigneur , & il préfenta
la Lettre que Sa Majesté Très - Chrétienne a
écrite à Sa Hauteffe , pour la féliciter fur fon avénement
au Trône. On affure généralement qu'une
des Sultanes eft enceinte ; du moins il eft certain
que le Grand Seigneur a affigné un appartement
particulier à cette Favorite , & qu'elle eft traitée
avec des diftinctions , qui paroiffent confirmer le
bruit public.
le DE
CONSTANTINOPLE
14 , Février.
LE , de ce mois , le Chevalier de Vergennes ,
que le Roi de France a revêtu du caractere de fon
Ambaffadeur à la Porte eut en cette qualité fa
premiere audience du Grand Vifir. Il fut conduir
le lendemain à celle du Grand Seigneur , & il préfenta
la Lettre que Sa Majesté Très - Chrétienne a
écrite à Sa Hauteffe , pour la féliciter fur fon avénement
au Trône. On affure généralement qu'une
des Sultanes eft enceinte ; du moins il eft certain
que le Grand Seigneur a affigné un appartement
particulier à cette Favorite , & qu'elle eft traitée
avec des diftinctions , qui paroiffent confirmer le
bruit public.
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Résumé : DU LEVANT.
Le 14 février, le Chevalier de Vergennes, nouvel ambassadeur de France, a été reçu par le Grand Vizir et le Sultan. Il a remis une lettre du Roi de France félicitant le Sultan pour son avènement. Des rumeurs évoquent une grossesse d'une sultane, non confirmée, mais elle a reçu un appartement particulier et des distinctions.
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1292
p. 197-198
ITALIE.
Début :
Plusieurs habitants de cette Capitale prétendent que la nuit du 13 au 14 [...]
Mots clefs :
Naples, Palerme, Chevalier Gray, Audience du roi, Galères de Malte, Opium, Complot des Chiourmes, Empoisonnement, Mesures punitives
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
འ
DE NAPLES , le 26 Février.
Plufieurs habitans de cette Capitale prétendent
que la nuit du 13 au 14 la terre a tremblé ici
pendant quelques fecondes . Ces jours derniers le
Chevalier Gray , Envoyé Extraordinaire de Sa
Majefté Britannique , eut une audience du Roi . Il
a paffé ici un Vaiffeau Anglois , à bord duquel
étoit un Officier , qui eft defcendu à terre . Cet
Officier , après avoir conféré avec le Chevalier
Gray, & avec le fieur Jamiñeau , Conful de la
1
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Nation Angloife , s'eft rembarqué , & fon Batiment
a remis fur le champ à la voile. 1
DE PALERME , les Mars.
un
Deux Galeres de Malte ayant relâché ici ,
Forçat qui avoit eu la liberté de deſcendre à terre
demanda chez un Droguifte une certaine quantité
d'opium , & d'autres drogues fufpectes . Le Marchand
fous quelque prétexte , s'excufa de le fatisfaire
fur le champ , lui dit de repaffer dans une
heure , & pendant cet intervalle avertit les Commandans
des Galeres . L'Efclave fut arrêté ; il
avoua qu'une partie des Chiourmes avoit formé
le complot d'empoifonner tous les Chevaliers qui
étoient à bord des deux Bâtimens. On a pendu
ce miférable , & fes complices ont été jettés à la
mer.
འ
DE NAPLES , le 26 Février.
Plufieurs habitans de cette Capitale prétendent
que la nuit du 13 au 14 la terre a tremblé ici
pendant quelques fecondes . Ces jours derniers le
Chevalier Gray , Envoyé Extraordinaire de Sa
Majefté Britannique , eut une audience du Roi . Il
a paffé ici un Vaiffeau Anglois , à bord duquel
étoit un Officier , qui eft defcendu à terre . Cet
Officier , après avoir conféré avec le Chevalier
Gray, & avec le fieur Jamiñeau , Conful de la
1
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Nation Angloife , s'eft rembarqué , & fon Batiment
a remis fur le champ à la voile. 1
DE PALERME , les Mars.
un
Deux Galeres de Malte ayant relâché ici ,
Forçat qui avoit eu la liberté de deſcendre à terre
demanda chez un Droguifte une certaine quantité
d'opium , & d'autres drogues fufpectes . Le Marchand
fous quelque prétexte , s'excufa de le fatisfaire
fur le champ , lui dit de repaffer dans une
heure , & pendant cet intervalle avertit les Commandans
des Galeres . L'Efclave fut arrêté ; il
avoua qu'une partie des Chiourmes avoit formé
le complot d'empoifonner tous les Chevaliers qui
étoient à bord des deux Bâtimens. On a pendu
ce miférable , & fes complices ont été jettés à la
mer.
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Résumé : ITALIE.
Le 26 février à Naples, des habitants signalent un tremblement de terre nocturne. Le Chevalier Gray, représentant britannique, a récemment rencontré le Roi. Un vaisseau anglais a accosté, transportant un officier qui a rencontré Gray et Jamiñeau, consul anglais, avant de repartir. À Palerme, le 1er mars, deux galères de Malte ont fait escale. Un forçat a acheté des drogues suspectes, alertant les commandants. Il a avoué un complot pour empoisonner les Chevaliers à bord. Le forçat a été pendu, et ses complices jetés à la mer.
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1293
p. 198-200
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
La Cour a envoyé ordre à Portsmouth d'y préparer pour la [...]
Mots clefs :
Londres, Sa Majesté, Chambre des communes, Comte de Holderness, Amérique septentrionale, Régiment, Mobilisation, Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 25 Mars.
La Cour a envoyé ordre à Portſmouth d'y préparer
pour la Méditerranée une Eſcadre de dix
Vaiffeaux de guerre , dont les Amiraux Byng &
Weft auront le commandement . Les Commiffaires
de l'Amirauté ont fait arrêter à Sandwich l'équipage
d'une Chaloupe , qui a été détenue quelques
jours à Dunkerque , d'où elle a été relâchée .
Le 23 le Comte de Holderneff remit à la Chambre
, de la part du Roi , un Meffage , dont voici la
teneur. « Sa Majefté a reçu de différens endroits
» plufieurs avis réitérés , que la Cour de France
» a formé le projet de faire une invafion dans la
» Grande- Bretagne . Les grands préparatifs auf
» quels on travaille dans les Ports,de France , voiAVRIL.
1756.
199
» fins de mes Royaumes , & le langage que tien-
» nent les Miniftres François dans quelques Cours
étrangeres , ne laiffent prefque point lieu de
» douter de la réalité d'un tel deffein ; c'eft pour-
» quoi Sa Majesté a jugé qu'il étoit néceffaire de
>> vous faire part d'une nouvelle de fi haute im-
» portance pour le falut & le bonheur de la Na-
>> tion , & de vous informer qu'en conféquence
» des avis & des affurances de fon Parlement
» Elle a augmenté fes forces de terre & de mer ,
>> & pris les mesures convenables pour mettre fes
» Royaumes en état de défenſe contre une entrefon
prife conçue en haine des précautions dont Elle
» à ufé pour maintenir les droits & les poffeffions
» de la Couronne dans l'Amérique Septentrio-
» nale . Dans la vue de fe fortifier d'un nouveau
» fecours , Sa Majefté a requis que le Landgrave
» de Heffe-Caffel envoyât les troupes que par
» dernier Traité il eft obligé de fournir ; & les
» ordres font déja donnés pour leur tranſport. Sa
» Majesté fe repòfant fur la Protection Divine ,
>> ainfi que fur le zele & l'affection de ſes Sujets ,
» dont Elle a fait fi fouvent l'expérience , eft dé-
» terminée à ne négliger aucun moyen de fe dé-
>> fendre , & d'employer toutes les forces que Dieu
>> a mifes en fes mains , pour repouffer les efforts
>> hardis de fes ennemis. Elle ne doute point que
>> vous ne concouriez à un objet fi effentiel à
>> l'honneur de cette Couronne , au maintien de
» la Religion Proteftante , & à la confervation
» des libertés de ces Royaumes » . Le fieur Fox
porta à la Chambre des Communes un femblable
Meffage. Les deux Chambres ont préſenté chacune
une Adreffe à Sa Majefté pour l'affurer
qu'elles la feconderoient de tout leur pouvoir.
On affure que la Chambre des Communes , afin
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
de mettre le Roi en état de pourvoir plus efficacement
à la fureté de fa Perfonne & de fon Gouvernement
, autorifera Sa Majefté à emprunter jufqu'à
la concurrence d'un million fterling..
Tous les Officiers des troupes qui font en garnifon
à Gibraltar & dans l'Ile Minorque , partent
fucceffivement pour rejoindre leurs Corps . Le
Lord Bertie eft allé à Portfimouth , où il s'embarquera
pour Gibraltar avec fon Régiment . L'Amiral
Byng , à qui le Roi a donné le commandement
de l'Efcadre deftinée pour la Méditerranée ,
fe difpofe à mettre à la voile . On doit former
deux camps en Irlande , & l'on a ordonné d'y mettre
toutes les Milices fur pied.
DE LONDRES , le 25 Mars.
La Cour a envoyé ordre à Portſmouth d'y préparer
pour la Méditerranée une Eſcadre de dix
Vaiffeaux de guerre , dont les Amiraux Byng &
Weft auront le commandement . Les Commiffaires
de l'Amirauté ont fait arrêter à Sandwich l'équipage
d'une Chaloupe , qui a été détenue quelques
jours à Dunkerque , d'où elle a été relâchée .
Le 23 le Comte de Holderneff remit à la Chambre
, de la part du Roi , un Meffage , dont voici la
teneur. « Sa Majefté a reçu de différens endroits
» plufieurs avis réitérés , que la Cour de France
» a formé le projet de faire une invafion dans la
» Grande- Bretagne . Les grands préparatifs auf
» quels on travaille dans les Ports,de France , voiAVRIL.
1756.
199
» fins de mes Royaumes , & le langage que tien-
» nent les Miniftres François dans quelques Cours
étrangeres , ne laiffent prefque point lieu de
» douter de la réalité d'un tel deffein ; c'eft pour-
» quoi Sa Majesté a jugé qu'il étoit néceffaire de
>> vous faire part d'une nouvelle de fi haute im-
» portance pour le falut & le bonheur de la Na-
>> tion , & de vous informer qu'en conféquence
» des avis & des affurances de fon Parlement
» Elle a augmenté fes forces de terre & de mer ,
>> & pris les mesures convenables pour mettre fes
» Royaumes en état de défenſe contre une entrefon
prife conçue en haine des précautions dont Elle
» à ufé pour maintenir les droits & les poffeffions
» de la Couronne dans l'Amérique Septentrio-
» nale . Dans la vue de fe fortifier d'un nouveau
» fecours , Sa Majefté a requis que le Landgrave
» de Heffe-Caffel envoyât les troupes que par
» dernier Traité il eft obligé de fournir ; & les
» ordres font déja donnés pour leur tranſport. Sa
» Majesté fe repòfant fur la Protection Divine ,
>> ainfi que fur le zele & l'affection de ſes Sujets ,
» dont Elle a fait fi fouvent l'expérience , eft dé-
» terminée à ne négliger aucun moyen de fe dé-
>> fendre , & d'employer toutes les forces que Dieu
>> a mifes en fes mains , pour repouffer les efforts
>> hardis de fes ennemis. Elle ne doute point que
>> vous ne concouriez à un objet fi effentiel à
>> l'honneur de cette Couronne , au maintien de
» la Religion Proteftante , & à la confervation
» des libertés de ces Royaumes » . Le fieur Fox
porta à la Chambre des Communes un femblable
Meffage. Les deux Chambres ont préſenté chacune
une Adreffe à Sa Majefté pour l'affurer
qu'elles la feconderoient de tout leur pouvoir.
On affure que la Chambre des Communes , afin
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
de mettre le Roi en état de pourvoir plus efficacement
à la fureté de fa Perfonne & de fon Gouvernement
, autorifera Sa Majefté à emprunter jufqu'à
la concurrence d'un million fterling..
Tous les Officiers des troupes qui font en garnifon
à Gibraltar & dans l'Ile Minorque , partent
fucceffivement pour rejoindre leurs Corps . Le
Lord Bertie eft allé à Portfimouth , où il s'embarquera
pour Gibraltar avec fon Régiment . L'Amiral
Byng , à qui le Roi a donné le commandement
de l'Efcadre deftinée pour la Méditerranée ,
fe difpofe à mettre à la voile . On doit former
deux camps en Irlande , & l'on a ordonné d'y mettre
toutes les Milices fur pied.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 25 mars 1756, la Cour britannique a ordonné la préparation d'une escadre de dix vaisseaux de guerre à Portsmouth, destinée à la Méditerranée, sous le commandement des amiraux Byng et West. Le 23 mars, le Comte de Holderness a informé la Chambre des préparatifs français pour une invasion de la Grande-Bretagne. En réponse, le Roi a augmenté les forces terrestres et navales et a pris des mesures de défense, incluant la requête d'envoi de troupes du Landgrave de Hesse-Cassel. Les Chambres ont assuré leur soutien au Roi et ont autorisé un emprunt d'un million de sterling pour la sécurité du Royaume. Les officiers des troupes à Gibraltar et Minorque ont rejoint leurs corps, et l'Amiral Byng se préparait à partir pour la Méditerranée. Deux camps devaient être formés en Irlande, et les milices y étaient mobilisées.
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1294
p. 200-211
Relation des Fêtes données à Aix, au College Royal-Bourbon, de la Compagnie de Jesus, à l'occaison de la naissance de Monseigneur le Comte de Provence.
Début :
Les Colleges n'étant pas moins destinés à former de bons citoyens à l'Etat, [...]
Mots clefs :
Comte de Provence, Naissance, Fêtes, Prince, Sa Majesté, Contrées de France, Bénédiction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Relation des Fêtes données à Aix, au College Royal-Bourbon, de la Compagnie de Jesus, à l'occaison de la naissance de Monseigneur le Comte de Provence.
Relation des Fêtes données à Aix , au College
Royal- Bourbon , de la Compagnie de Jefus,
à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence .
LES Colleges n'étant pas moins deftinés à former
de bons citoyens à l'Etat , que des Sujets à
la République des Lettres , il n'eft pas furprenant
que ceux qui en ont la direction , dans les
événemens où nos Princes & la patrie font intéreffés
, excitent leurs jeunes Eleves à y prendre
part. La naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence étoit une époque trop favorable ,
pour que le College Royal - Bourbon des Jéfuites
AVRIL. 1756. 201
ne la célébrât pas . Il auroit cru négliger une
portion précieufe de l'éducation publique confiée
à fes foins , & manquer à ce qu'il doit à l'augufte
maifon des Bourbons fes fondateurs , s'il
avoit retenu captifs les tranfports de fa joie &
de fa reconnoiffance. C'eft dans ces vues qu'il
a donné quelques fêtes où la Religion & les
Beaux- Arts ont préfidé.
Le Vendredi matin , fecond jour de la nouvelle
année 1756 , elles furent annoncées par
diverfes décharges de boîtes . Vers les 11 heures ,
le P. Dufferre , l'un des Profeffeurs de Rhétorique
, prononça un Difcours François fur cet heureux
événement , en préſence de MM . les Confuls
& Affeffeurs d'Aix , Procureurs du Pays de
Provence , du Confeil de Ville , & d'une affemblée
des plus nombreufes & des plus brillantes
qu'on eût vues depuis long-temps. Ce qui fait
ehouer ces fortes de génethliaques , c'est que
pour l'ordinaire ils adoptent des idées trop vagues
, des préfages peu fondés , & qu'on y répete
ce qui a été déja dit bien des fois . Pour éviter
cet écueil , l'Orateur n'a envisagé la naiflance
du Prince dont il s'agit , que par l'intérêt qu'y
trouve la Provence . Mais il va nous tracer luimême
le plan de fon difcours , & nous en montrer
toute l'économie dans un exorde confacré en
grande partie à l'éloge des Bourbons.
Tandis que la Maifon puiffante , longtemps
rivale de nos Rois , & qui pendant tant de fiecles
a occupé le trône des Céfars , n'a pu échapper au
naufrage , ni continuer de donner des héritiers à
Charles V, Louis voit fa poftérité s'accroître , fe
perpétuer fous fes yeux , le fceptre affermi , la
fucceffion toujours plus affurée dans fon augufte
famille , le trône entouré de nouveaux foutiens ,
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
& la tranquillité publique porter fur un plus
grand nombre d'appuis.
Ces grands objets qui ouvrent un vafte champ
à l'éloquence , & qui intéreffent tout coeur François
, je pourrois ici les peindre , & annoncer la
fplendeur que jettera fur le royaume le Prince
naiffant. J'évoquerois , j'interrogerois les mânes
des ayeux célebres , à qui il doit fon origine , &
indiquant rapidement ces grands Hommes , ces
grands Rois à qui l'antiquité payenne eût élevé
des Temples , & aufquels l'admiration , la reconnoiffance
, ont parmi nous dreffé des autels dans
les coeurs , je dirois : Peuples , mefurez la gloire
du nouveau Bourbon fur celle de fes ancêtres ;
parce qu'ils ont été , préfagez ce qu'il fera . Il eft
du fang des Héros, de ce fang fait pour donner des
Rois au monde , ou pour les protéger , de ce fang
qui affis fur les trônes de France , d'Espagne , de
Naples , de Sicile, de Parme , fait partout des heureux
, & rend le joug de la Royauté préférable à la
liberté la plus douce. Un Bourbon en naiffant ,
averti par je ne fçais quel cri du coeur , d'afpirer
à une grandeur fupérieure à celle de fon rang.
Marchant au milieu des trophées de fes ayeux ,
invefti des rayons de leur gloire , entouré des
plus beaux modeles , témoin des titres illuftres
de Saint , de Grand , de Jufte , de Bien-aimé
titres que l'adulation ne prodigua point , que la
vérité a donnés , que l'envie elle -même n'a pu
refufer , partout où il porte les yeux , il voit
des traces d'héroïfme , des ftatues élevées à leur
magnanimité. Tous les livres , tous les tableaux ,
font l'hiftoire de leurs triomphes. A peine fçaurat'il
bégayer qu'on lui parlera de Fontenoi ,
de
Lawfeld , des Provinces que le courage de fon
ayeul a conquifes , & que fa modération a tendues
; on lui dira qu'interrompant lui- même le
eft
AVRIL 1756. 203
cours de fes exploits , & pofant de plein gré fon
tonnerre , il a préféré la conquête des coeurs à
toutes les autres victoires . Avec des exemples fi
voifins , des encouragemens fi puiffans , ne ſeroit-
ce pas une espece de prodige que ce Prince
vînt à dégénérer , & que des aigles qui ont porté
hardiment leur vol dans les cieux ,
n'euffent engendré
qu'une timide colombe ?
Tels font les augures que je formerois à la
gloire de la Nation , fi je n'avois pas à célébrer
la naiffance d'un Comte de Provence. Mais cette
dénomination demande des traits moins généraux
, & plus propres à exprimer l'intérêt particulier
que vous prenez à cet événement . Bor-
"
nons-nous donc à féliciter la Provence de l'honneur
qu'elle a de donner fon nom à l'augufte
enfant qui vient de naître , & effayons de réfoudre
deux queftions qui femblent embraffer tout
ce qu'offre ce fujet. Qu'est- ce qui a procuré à la
Provence une diftinction fi glorieuſe & que
doit-elle en attendre ? Je trouve qu'elle en eft
redevable à l'amour du Roi pour cette Province
& à l'attachement de cette Province pour nos
Rois. Que doit-elle s'en promettre ? La protec
tion la plus fignalée ; diftinction , par conféquent
, la plus glorieufe dans fes caufes , la plus
avantageufe dans fes effets.
Pour vous donner une idée de cette piece d'éloquence
, citons- en quelques morceaux qui
vous feront connoître le ton & la maniere de
P'Auteur.
La faveur dont la Provence vient d'être honorée
, n'eft point une de ces démonſtrations d'eftime
& de bienveillance qu'on fçait fi bien affecter
dans les Cours , démonftrations verbales &
extérieures que la politique , que la néceflité des
I vi
204 MERCURE DE FRANCE.
conjonctures arrache fouvent & dont on fe fert
quelquefois pour payer le mérite & les fervices
. C'eft une marque non fufpecte , non équivoque
, à laquelle on ne fçauroit méconnoître
les fentimens favorables du Prince à notre égard.
Ce n'eft point une de ces graces qui tombent
uniquement fur quelques particuliers qu'on
éleve aux premieres charges , tandis que le corps
entier refte dans la pouffiere. Celle dont il s'agit
intéreffe toute la Province. Ce n'eft point un de
ces témoignages d'attachement , connus feulement
de la perfonne qui les reçoit & qui n'éclatent
point au- dehors , qu'on donne dans le fecret ,
& qu'on peut défavouer en public . Rien de fi folemnel
que le témoignage d'affection donné à
cette province . En nommant fon auguſte petitfils
Comte de Provence , le Roi dit à toute l'Europe
, dit au monde entier attentif à ſes démarches
, que la Provence eft une contrée privilé
giée & favorite , que c'est un nom qui lui eft cher,
& qu'il met dans fa famille pour avoir occafion
de l'entendre fouvent répéter .
L'Orateur prouve enfuite que l'affection du
Roi pour la Provence , eft l'unique caufe qui aic
pu lui procurer une diftinction li glorieufe ; que
ce n'étoit point une obligation qu'il eût à remplir
, ni un ufage qu'il fallut refpecter.
Le Dauphiné compte avec raifon parmi fes
plus belles prérogatives , celle de donner fon nom
à l'héritier préfomptif de la Couronne . Mais fans
prétendre dégrader fes privileges , ne peut-on pas
dire que le nom de Dauphin eft moins une preuve
de la bienveillance de nos Rois que de leur
juftice, une grace qu'ils accordent , qu'une dette
qu'ils acquittent Ici fans être déterminé par le
devoir , ou averti par la coutume , fans trouver
AVRIL. 1756. 205
dans l'espace de trois ficcles la moindre trace d'une
pareille prédilection , Louis n'écoutant que fon
amour pour cette Province , veut être le premier
à lui donner cette marque de préférence , & qu'une
fi brillante époque pour elle date de fon regne :
attention précieufe du Souverain que la Provence
doit mettre dans les faftes de fa gloire . Eh quoi !
fi le moindre figne de bonté de la part de ces maîtres
du monde eft remarqué avec foin ; fi un coup
d'oeil favorable jetté comme par hazard , fi un
éloge échappé eft recueilli avec tranfport , une
faveur auffi réfléchie , auſſi déciſive , auffi intéreffante
, trouveroit - elle des coeurs froids & diftraits
?
La diftinction que reçoit la Provence , n'eft pas
feulement la preuve de l'attachement du Roi pour
cette Province ; c'eft encore la récompenfe de
l'attachement de cette Province pour nos Rois.
Ici on met fous un feul point de vue les principaux
monumens de zele & de fidélité par lesquels
les Provençaux ont fignalé leur amour pour nos
Souverains ; leurs exploits , les fervices qu'ils ont
rendus à la Monarchie lorfque leur Pays eft devenu
le théâtre de la guerre. Chaque coup de pinceau
eft un nouveau trait glorieux à la Provence .
Trois fois l'Autriche eft venu fondre dans ces
contrées avec des forces redoutables , & trois fois
cette aigle , qui comptant fur une proie certaine ,
avoit pris fon effor vers la Provence , a été obligée
de revoler vers les lieux d'où elle étoit partie
; ces armées nombreufes qui avoient inondées
vos villes , ont été diffipées comme l'ombre , &
ceux qui ont échappé au carnage , obligés honteufement
de s'enfuir , n'ont emporté avec eux que le regret
d'avoir
ofé attaquer
une nation
f
fidèle
& fi formidable
,
206 MERCURE DE FRANCE.
L'Orateur fait une mention particuliere de la derniere
irruption des Autrichiens en 1746. Il peint
avec les plus vives couleurs les défaftres aufquels
la Provence fut alors en proie , & les efforts héroïques
qu'elle oppofa aux armées ennemies . Et
il conclut ainfi ce morceau :
Mais quelle contrée fournit à la France dans
ces temps critiques des reffources fi prodigieufes ?
Eft-ce un de ces pays riches de leur propre fonds ,
qui dans l'étendue ou la fertilité, trouvent de quoi
faire les plus grandes avances , & fubvenir aux
plus preffans befoins ? Non : c'eſt la Province la
plus ftérile du Royaume , & une des plus petites ;
où la terre eft aufli ingrate que le ciel y eft beau ,
& qui produit le fuperflu fans donner le néceffaire.
Mais que ne peut pas l'amour de la patrie , le zele
pour fon Roi ? Il multiplie , il étend les reffources ;
il fupplée à la ftérilité du fol ; il compenfe le défaut
des richeffes ; il adoucit les charges les plus
pefantes. C'eft cet amour qui foutient , qui confole
la Province malgré l'épuifement où fes derniers
efforts l'ont réduite , & dont elle n'eft
encore relevée .
pas
La protection fignalée que la Provence trouvera
dans le Prince nouveau -né , & les effets avantageux
qui en réfulteront , font la matiere de la
feconde partie.
N'eft-il pas naturel , dit le P. D. que le nom
de Comte de Provence , nom qui n'ayant point
été porté avant lui par aucun fils de nos Rois
doit l'affecter d'avantage , lui rappelle fans ceffe
les intérêts de cette Province , foit pour elle un
titre à fa protection , un gage de fes bienfaits ?
Rien ne demande d'être manié avec plus d'art
que la louange. Elle n'offre que des fadeurs aux
Héros même qui en font l'objet , fi fe préfentant
AVRIL. 1756 . 207
trop à découvert , elle ne ménage point la modeltie
de ceux dont on prétend flatter l'amour - propre.
Notre Orateur a brûlé quelques grains d'encens
en l'honneur de ce qu'il y a de plus illuftre
dans la Provence ; mais c'eft un encens léger &
qui n'eft nullement infipide. Il fuppofe que dès
que la raifon aura éclairé le Comte de Provence ,
la Province dont il tire fon nom , fera un des premiers
objets de fa curiofité ; que charmé de connoître
cette contrée , fes moeurs , fes grands
hommes , on lui vantera la magnificence de cette
ville ( d'Aix , ) le ton d'aménité & de politeffe qui
y regne , ton qui fembloit être affecté à la Ĉapitale
du Royaume , & c. Les diverſes réponſes
faites au jeune Prince pour fatisfaire fa curiofité ,
renferment les éloges des Cours fouveraines , des
chefs qu'elles ont à leur tête , de M. le Duc de
Villars , Gouverneur de la Provence , de la Nobleffe
, des Provençaux célebres dans le monde
fçavant , &c. éloges d'autant plus flatteurs qu'ils
font plus indirects , & qu'en peu de mots ils offrent
un grand fens .
Quel défir ces divers Portraits n'infpireront- ils
pas au jeune Comte d'avoir près de fa perfonne
quelques membres de cette Province ? Pourra-t'il
les connoître fans aimer l'enjouement du caractere
, la vivacité de l'efprit qui femblent être
comme un des fruits de ce terroir ? & pour combien
l'honneur de l'approcher va- t'il être l'origine
de la fortune & l'époque de l'élévation ? ( 1 )
(1 ) Un détail intéreffant préfage ici aux divers
Habitans de la Provence , au Patriote zélé , au
Guerrier courageux , à l'amateur éclairé , à l'induftrieux
Négociant des avantages relatifs à leur
état. Cette Peinture riante femble contrafter avec
208 MERCURE DE FRANCE.
.....
Ainfi le Seigneur dont le bras vient de s'appéfantir
fi fenfiblement fur une grande partie de
la Provence , veut bien lui ménager des motifs de
confolation. Tandis que les fleuves qui l'arrofent
franchiffant leurs barrieres , & s'ouvrant des routes
nouvelles , ont montré , après leur débordement
l'aviron fendant les flots , là où deux jours
auparavant la charrue ouvroit la terre ; tandis
que ce nouveau déluge offroit l'affreux fpectacle
de digues renverfées , d'édifices écroulés , de
champs inondés, de troupeaux noyés , d'hommes
enfevelis fous les eaux , de malheureux placés entre
la famine & le naufrage , & du haut de leurs
maifons appellant avec des cris plaintifs la charité
bienfaifante ; dans le temps que nos Contrées
étoient ainsi déſolées par ces fléaux que je ne fais
qu'ébaucher , & qui auroient été bien plus funef
tes fans l'active prudence des Peres de la Patrie ,
du milieu des maux , du fein des défaftres , nous
voyons fortir l'efpérance. Sur l'horizon de laFrance
brille un nouvel Aftre dont l'éclat rejaillit en
grande partie fur cette Province , & lui annonce
les plus beaux jours. Des mains de Louis , la Provence
reçoit fon petit-fils pour Génie tutélaire ,
pour Protecteur . Et quel Protecteur ! Eft - ici un
de ces foibles appuis qui manquent aux befoins
les plus preffans , de ces fragiles rofeaux que le
moindre foufe déracine , de ces favoris dont la
chûte eft fort voisine de l'élévation , que la bizarre
fortune montre tantôt au faîte de la grandeur
, tantôt rampant dans la pouffiere , aujourd'hui
excitant l'envie , demain objet de compaffion
Le fang , la qualité du Protecteur dont je
le tableau des malheurs qui ont derniérement affligé
cette Province .
AVRIL. 1756. 209
parle , le mettent à l'abri de ces étranges viciffitude
; fon rang les place néceffairement , & toujours
à la fource des graces , & nos espérances ne
fçauroient fe repofer fur un appui plus folide.,
Il feroit trop long de fuivre l'Orateur dans la
defcription brillante des Fêtes magnifiques que
M. le Duc de Villars & la Ville d'Aix ont données
à l'occafion de cette naiffance. On y rappelle les
abondantes largeffes d'un Prélat ( 1 ) refpectable,
qui font allés chercher l'indigence dans les fombres
réduits où elle fe cachoit , y ont porté la joie ,.
& en ont chaffé la faim.
Verfez , ô mon Dieu ; les plus amples bénédictions
fur cette Princeffe , dont la fécondité eft le
prix de la vertu , qui au milieu des écueils & des
naufrages , montrant la piété la plus pure, fuit de fi
près les traces de l'Efther de la France . Continuez
à combler de vos bienfaits fon augufte époux qui ,
deftiné à retracer à nos neveux les regnes les plus
fortunés , donné par fes rares qualités les plus belles
efpérances. Plus flatté d'être le premier fujet
du Roi , que l'héritier préfomptif de la Couronne ,
ce Prince n'ambitionne point de porter la main
aux rênes d'un empire qu'il gouvernera toujours
trop tôt au gré de ſes défirs ; & à l'ombre d'un trône
où il voit affife avec Louis XV, la juftice , la clémence
, la valeur , la générofité , il fe contente de
fe montrer , de fe rendre toujours plus digne de
régner. Ne ceffez point , Seigneur , de préfider aux
Confeils de ce Roi bien aimé, pour qui renaiffent
ces jours brillans de la France , ou Louis XIV
voyoit fon Fils unique pere de trois Princes , &
une nombreuſe poſtérité affermir toujours plus le
Sceptre dans fon augufte maiſon : mais dans cette
(1) Monseigneur l'Archevêque d'Aix.
210 MERCURE DE FRANCE.
:
diftribution de faveurs céleftes , réſervez en une
part abondante pour le Comte de Provence . Ce
ne font point des profpérités humaines, des couronnes
fragiles que nous ſouhaitons , que nous deman-
'dons pour ce Prince , nos voeux ont un objet plus
fublime puiffe -t'il avoir pour la Religion un
amour inaltérable ,& la maintenir dans fes droits, à
l'exemple de fes ayeux , plus touchés du nom de
très- Chrétien , de Fils aîné de l'Eglife , que des
titres fuperbes de monarque & de conquérant !
que tandis que les arts éclaireront fon efprit , les
vertus forment fon coeur ! Ecartez de fa perfonne
ces hommes dangereux qui fe font une gloire
d'être les Miniftres des paffions des Princes, d'éveil
ler la volupté , & de lui prêter de nouvelles armes
contre leur foibleffe ! Qu'il détefte la flatterie, dont
le poifon defféche les plus beaux fruits du naturel
& de l'éducation ! & que la vérité trop fouvent
captive dans les palais des Grands , à travers les
barrieres & les nuages qu'on lui oppofe , faffe retentir
à fon oreille fes divins oracles ! Pour s'exciter
à l'héroïſme qu'il jette de temps en temps les yeux
fur les Bourbons fes ancêtres ! Non ; il na pas befoin
d'encouragemens étrangers : les exemples domeftiques
fuffifent ; & fans fortir de ſa famille , il trouvera
Augufte , Titus , Antonin & Trajan.
Ce Difcours qui parut être fort goûté des connoiffeurs
, fut fuivie d'une grand'Meſſe en Mufique.
Au fortir de l'Eglife , on trouva la Cour du College
tapiffée & décorée d'emblêmes , de devifes ,
de vers en plufieurs langues , où les Muſes Grecques
, Latines , Italiennes , Françoiſes & Provençales
, payoient à l'envi un tribut poétique au
nouveau Comte de Provence.
Le 3 & le MM. les Penfionnaires S repréfenteAVRIL.
1756. 211
rent un Drame Héroïque intitulé le Génie Tutélaire
, en trois Actes en vers , mêlé de chants &
de danfes. Cette Piece de Théâtre , de la compofition
du P. de Beaumanoir , Profeffeur de Rhétorique
, fut très -bien exécutée & généralement
applaudie. Elle offroit fous le voile de l'allégorie ,
tout ce qui peut intéreffer la Provence . Le concours
de Spectateurs qu'elle attira , fut prodigieux:
MM. les Confuls , à la tête du Confeil de Ville , ont
préfidés à la premiere repréſentation. M. le Duc
de Villars , Mefdames de la Tour , premieres Préfidentes
& Intendantes , & profque tout ce qu'il y
a de perfonnes de diftinction dans cette Ville ,
ont honoré la feconde de leur préfeace . Une brillante
illumination chaque jour a terminé la fête.
Royal- Bourbon , de la Compagnie de Jefus,
à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence .
LES Colleges n'étant pas moins deftinés à former
de bons citoyens à l'Etat , que des Sujets à
la République des Lettres , il n'eft pas furprenant
que ceux qui en ont la direction , dans les
événemens où nos Princes & la patrie font intéreffés
, excitent leurs jeunes Eleves à y prendre
part. La naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence étoit une époque trop favorable ,
pour que le College Royal - Bourbon des Jéfuites
AVRIL. 1756. 201
ne la célébrât pas . Il auroit cru négliger une
portion précieufe de l'éducation publique confiée
à fes foins , & manquer à ce qu'il doit à l'augufte
maifon des Bourbons fes fondateurs , s'il
avoit retenu captifs les tranfports de fa joie &
de fa reconnoiffance. C'eft dans ces vues qu'il
a donné quelques fêtes où la Religion & les
Beaux- Arts ont préfidé.
Le Vendredi matin , fecond jour de la nouvelle
année 1756 , elles furent annoncées par
diverfes décharges de boîtes . Vers les 11 heures ,
le P. Dufferre , l'un des Profeffeurs de Rhétorique
, prononça un Difcours François fur cet heureux
événement , en préſence de MM . les Confuls
& Affeffeurs d'Aix , Procureurs du Pays de
Provence , du Confeil de Ville , & d'une affemblée
des plus nombreufes & des plus brillantes
qu'on eût vues depuis long-temps. Ce qui fait
ehouer ces fortes de génethliaques , c'est que
pour l'ordinaire ils adoptent des idées trop vagues
, des préfages peu fondés , & qu'on y répete
ce qui a été déja dit bien des fois . Pour éviter
cet écueil , l'Orateur n'a envisagé la naiflance
du Prince dont il s'agit , que par l'intérêt qu'y
trouve la Provence . Mais il va nous tracer luimême
le plan de fon difcours , & nous en montrer
toute l'économie dans un exorde confacré en
grande partie à l'éloge des Bourbons.
Tandis que la Maifon puiffante , longtemps
rivale de nos Rois , & qui pendant tant de fiecles
a occupé le trône des Céfars , n'a pu échapper au
naufrage , ni continuer de donner des héritiers à
Charles V, Louis voit fa poftérité s'accroître , fe
perpétuer fous fes yeux , le fceptre affermi , la
fucceffion toujours plus affurée dans fon augufte
famille , le trône entouré de nouveaux foutiens ,
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
& la tranquillité publique porter fur un plus
grand nombre d'appuis.
Ces grands objets qui ouvrent un vafte champ
à l'éloquence , & qui intéreffent tout coeur François
, je pourrois ici les peindre , & annoncer la
fplendeur que jettera fur le royaume le Prince
naiffant. J'évoquerois , j'interrogerois les mânes
des ayeux célebres , à qui il doit fon origine , &
indiquant rapidement ces grands Hommes , ces
grands Rois à qui l'antiquité payenne eût élevé
des Temples , & aufquels l'admiration , la reconnoiffance
, ont parmi nous dreffé des autels dans
les coeurs , je dirois : Peuples , mefurez la gloire
du nouveau Bourbon fur celle de fes ancêtres ;
parce qu'ils ont été , préfagez ce qu'il fera . Il eft
du fang des Héros, de ce fang fait pour donner des
Rois au monde , ou pour les protéger , de ce fang
qui affis fur les trônes de France , d'Espagne , de
Naples , de Sicile, de Parme , fait partout des heureux
, & rend le joug de la Royauté préférable à la
liberté la plus douce. Un Bourbon en naiffant ,
averti par je ne fçais quel cri du coeur , d'afpirer
à une grandeur fupérieure à celle de fon rang.
Marchant au milieu des trophées de fes ayeux ,
invefti des rayons de leur gloire , entouré des
plus beaux modeles , témoin des titres illuftres
de Saint , de Grand , de Jufte , de Bien-aimé
titres que l'adulation ne prodigua point , que la
vérité a donnés , que l'envie elle -même n'a pu
refufer , partout où il porte les yeux , il voit
des traces d'héroïfme , des ftatues élevées à leur
magnanimité. Tous les livres , tous les tableaux ,
font l'hiftoire de leurs triomphes. A peine fçaurat'il
bégayer qu'on lui parlera de Fontenoi ,
de
Lawfeld , des Provinces que le courage de fon
ayeul a conquifes , & que fa modération a tendues
; on lui dira qu'interrompant lui- même le
eft
AVRIL 1756. 203
cours de fes exploits , & pofant de plein gré fon
tonnerre , il a préféré la conquête des coeurs à
toutes les autres victoires . Avec des exemples fi
voifins , des encouragemens fi puiffans , ne ſeroit-
ce pas une espece de prodige que ce Prince
vînt à dégénérer , & que des aigles qui ont porté
hardiment leur vol dans les cieux ,
n'euffent engendré
qu'une timide colombe ?
Tels font les augures que je formerois à la
gloire de la Nation , fi je n'avois pas à célébrer
la naiffance d'un Comte de Provence. Mais cette
dénomination demande des traits moins généraux
, & plus propres à exprimer l'intérêt particulier
que vous prenez à cet événement . Bor-
"
nons-nous donc à féliciter la Provence de l'honneur
qu'elle a de donner fon nom à l'augufte
enfant qui vient de naître , & effayons de réfoudre
deux queftions qui femblent embraffer tout
ce qu'offre ce fujet. Qu'est- ce qui a procuré à la
Provence une diftinction fi glorieuſe & que
doit-elle en attendre ? Je trouve qu'elle en eft
redevable à l'amour du Roi pour cette Province
& à l'attachement de cette Province pour nos
Rois. Que doit-elle s'en promettre ? La protec
tion la plus fignalée ; diftinction , par conféquent
, la plus glorieufe dans fes caufes , la plus
avantageufe dans fes effets.
Pour vous donner une idée de cette piece d'éloquence
, citons- en quelques morceaux qui
vous feront connoître le ton & la maniere de
P'Auteur.
La faveur dont la Provence vient d'être honorée
, n'eft point une de ces démonſtrations d'eftime
& de bienveillance qu'on fçait fi bien affecter
dans les Cours , démonftrations verbales &
extérieures que la politique , que la néceflité des
I vi
204 MERCURE DE FRANCE.
conjonctures arrache fouvent & dont on fe fert
quelquefois pour payer le mérite & les fervices
. C'eft une marque non fufpecte , non équivoque
, à laquelle on ne fçauroit méconnoître
les fentimens favorables du Prince à notre égard.
Ce n'eft point une de ces graces qui tombent
uniquement fur quelques particuliers qu'on
éleve aux premieres charges , tandis que le corps
entier refte dans la pouffiere. Celle dont il s'agit
intéreffe toute la Province. Ce n'eft point un de
ces témoignages d'attachement , connus feulement
de la perfonne qui les reçoit & qui n'éclatent
point au- dehors , qu'on donne dans le fecret ,
& qu'on peut défavouer en public . Rien de fi folemnel
que le témoignage d'affection donné à
cette province . En nommant fon auguſte petitfils
Comte de Provence , le Roi dit à toute l'Europe
, dit au monde entier attentif à ſes démarches
, que la Provence eft une contrée privilé
giée & favorite , que c'est un nom qui lui eft cher,
& qu'il met dans fa famille pour avoir occafion
de l'entendre fouvent répéter .
L'Orateur prouve enfuite que l'affection du
Roi pour la Provence , eft l'unique caufe qui aic
pu lui procurer une diftinction li glorieufe ; que
ce n'étoit point une obligation qu'il eût à remplir
, ni un ufage qu'il fallut refpecter.
Le Dauphiné compte avec raifon parmi fes
plus belles prérogatives , celle de donner fon nom
à l'héritier préfomptif de la Couronne . Mais fans
prétendre dégrader fes privileges , ne peut-on pas
dire que le nom de Dauphin eft moins une preuve
de la bienveillance de nos Rois que de leur
juftice, une grace qu'ils accordent , qu'une dette
qu'ils acquittent Ici fans être déterminé par le
devoir , ou averti par la coutume , fans trouver
AVRIL. 1756. 205
dans l'espace de trois ficcles la moindre trace d'une
pareille prédilection , Louis n'écoutant que fon
amour pour cette Province , veut être le premier
à lui donner cette marque de préférence , & qu'une
fi brillante époque pour elle date de fon regne :
attention précieufe du Souverain que la Provence
doit mettre dans les faftes de fa gloire . Eh quoi !
fi le moindre figne de bonté de la part de ces maîtres
du monde eft remarqué avec foin ; fi un coup
d'oeil favorable jetté comme par hazard , fi un
éloge échappé eft recueilli avec tranfport , une
faveur auffi réfléchie , auſſi déciſive , auffi intéreffante
, trouveroit - elle des coeurs froids & diftraits
?
La diftinction que reçoit la Provence , n'eft pas
feulement la preuve de l'attachement du Roi pour
cette Province ; c'eft encore la récompenfe de
l'attachement de cette Province pour nos Rois.
Ici on met fous un feul point de vue les principaux
monumens de zele & de fidélité par lesquels
les Provençaux ont fignalé leur amour pour nos
Souverains ; leurs exploits , les fervices qu'ils ont
rendus à la Monarchie lorfque leur Pays eft devenu
le théâtre de la guerre. Chaque coup de pinceau
eft un nouveau trait glorieux à la Provence .
Trois fois l'Autriche eft venu fondre dans ces
contrées avec des forces redoutables , & trois fois
cette aigle , qui comptant fur une proie certaine ,
avoit pris fon effor vers la Provence , a été obligée
de revoler vers les lieux d'où elle étoit partie
; ces armées nombreufes qui avoient inondées
vos villes , ont été diffipées comme l'ombre , &
ceux qui ont échappé au carnage , obligés honteufement
de s'enfuir , n'ont emporté avec eux que le regret
d'avoir
ofé attaquer
une nation
f
fidèle
& fi formidable
,
206 MERCURE DE FRANCE.
L'Orateur fait une mention particuliere de la derniere
irruption des Autrichiens en 1746. Il peint
avec les plus vives couleurs les défaftres aufquels
la Provence fut alors en proie , & les efforts héroïques
qu'elle oppofa aux armées ennemies . Et
il conclut ainfi ce morceau :
Mais quelle contrée fournit à la France dans
ces temps critiques des reffources fi prodigieufes ?
Eft-ce un de ces pays riches de leur propre fonds ,
qui dans l'étendue ou la fertilité, trouvent de quoi
faire les plus grandes avances , & fubvenir aux
plus preffans befoins ? Non : c'eſt la Province la
plus ftérile du Royaume , & une des plus petites ;
où la terre eft aufli ingrate que le ciel y eft beau ,
& qui produit le fuperflu fans donner le néceffaire.
Mais que ne peut pas l'amour de la patrie , le zele
pour fon Roi ? Il multiplie , il étend les reffources ;
il fupplée à la ftérilité du fol ; il compenfe le défaut
des richeffes ; il adoucit les charges les plus
pefantes. C'eft cet amour qui foutient , qui confole
la Province malgré l'épuifement où fes derniers
efforts l'ont réduite , & dont elle n'eft
encore relevée .
pas
La protection fignalée que la Provence trouvera
dans le Prince nouveau -né , & les effets avantageux
qui en réfulteront , font la matiere de la
feconde partie.
N'eft-il pas naturel , dit le P. D. que le nom
de Comte de Provence , nom qui n'ayant point
été porté avant lui par aucun fils de nos Rois
doit l'affecter d'avantage , lui rappelle fans ceffe
les intérêts de cette Province , foit pour elle un
titre à fa protection , un gage de fes bienfaits ?
Rien ne demande d'être manié avec plus d'art
que la louange. Elle n'offre que des fadeurs aux
Héros même qui en font l'objet , fi fe préfentant
AVRIL. 1756 . 207
trop à découvert , elle ne ménage point la modeltie
de ceux dont on prétend flatter l'amour - propre.
Notre Orateur a brûlé quelques grains d'encens
en l'honneur de ce qu'il y a de plus illuftre
dans la Provence ; mais c'eft un encens léger &
qui n'eft nullement infipide. Il fuppofe que dès
que la raifon aura éclairé le Comte de Provence ,
la Province dont il tire fon nom , fera un des premiers
objets de fa curiofité ; que charmé de connoître
cette contrée , fes moeurs , fes grands
hommes , on lui vantera la magnificence de cette
ville ( d'Aix , ) le ton d'aménité & de politeffe qui
y regne , ton qui fembloit être affecté à la Ĉapitale
du Royaume , & c. Les diverſes réponſes
faites au jeune Prince pour fatisfaire fa curiofité ,
renferment les éloges des Cours fouveraines , des
chefs qu'elles ont à leur tête , de M. le Duc de
Villars , Gouverneur de la Provence , de la Nobleffe
, des Provençaux célebres dans le monde
fçavant , &c. éloges d'autant plus flatteurs qu'ils
font plus indirects , & qu'en peu de mots ils offrent
un grand fens .
Quel défir ces divers Portraits n'infpireront- ils
pas au jeune Comte d'avoir près de fa perfonne
quelques membres de cette Province ? Pourra-t'il
les connoître fans aimer l'enjouement du caractere
, la vivacité de l'efprit qui femblent être
comme un des fruits de ce terroir ? & pour combien
l'honneur de l'approcher va- t'il être l'origine
de la fortune & l'époque de l'élévation ? ( 1 )
(1 ) Un détail intéreffant préfage ici aux divers
Habitans de la Provence , au Patriote zélé , au
Guerrier courageux , à l'amateur éclairé , à l'induftrieux
Négociant des avantages relatifs à leur
état. Cette Peinture riante femble contrafter avec
208 MERCURE DE FRANCE.
.....
Ainfi le Seigneur dont le bras vient de s'appéfantir
fi fenfiblement fur une grande partie de
la Provence , veut bien lui ménager des motifs de
confolation. Tandis que les fleuves qui l'arrofent
franchiffant leurs barrieres , & s'ouvrant des routes
nouvelles , ont montré , après leur débordement
l'aviron fendant les flots , là où deux jours
auparavant la charrue ouvroit la terre ; tandis
que ce nouveau déluge offroit l'affreux fpectacle
de digues renverfées , d'édifices écroulés , de
champs inondés, de troupeaux noyés , d'hommes
enfevelis fous les eaux , de malheureux placés entre
la famine & le naufrage , & du haut de leurs
maifons appellant avec des cris plaintifs la charité
bienfaifante ; dans le temps que nos Contrées
étoient ainsi déſolées par ces fléaux que je ne fais
qu'ébaucher , & qui auroient été bien plus funef
tes fans l'active prudence des Peres de la Patrie ,
du milieu des maux , du fein des défaftres , nous
voyons fortir l'efpérance. Sur l'horizon de laFrance
brille un nouvel Aftre dont l'éclat rejaillit en
grande partie fur cette Province , & lui annonce
les plus beaux jours. Des mains de Louis , la Provence
reçoit fon petit-fils pour Génie tutélaire ,
pour Protecteur . Et quel Protecteur ! Eft - ici un
de ces foibles appuis qui manquent aux befoins
les plus preffans , de ces fragiles rofeaux que le
moindre foufe déracine , de ces favoris dont la
chûte eft fort voisine de l'élévation , que la bizarre
fortune montre tantôt au faîte de la grandeur
, tantôt rampant dans la pouffiere , aujourd'hui
excitant l'envie , demain objet de compaffion
Le fang , la qualité du Protecteur dont je
le tableau des malheurs qui ont derniérement affligé
cette Province .
AVRIL. 1756. 209
parle , le mettent à l'abri de ces étranges viciffitude
; fon rang les place néceffairement , & toujours
à la fource des graces , & nos espérances ne
fçauroient fe repofer fur un appui plus folide.,
Il feroit trop long de fuivre l'Orateur dans la
defcription brillante des Fêtes magnifiques que
M. le Duc de Villars & la Ville d'Aix ont données
à l'occafion de cette naiffance. On y rappelle les
abondantes largeffes d'un Prélat ( 1 ) refpectable,
qui font allés chercher l'indigence dans les fombres
réduits où elle fe cachoit , y ont porté la joie ,.
& en ont chaffé la faim.
Verfez , ô mon Dieu ; les plus amples bénédictions
fur cette Princeffe , dont la fécondité eft le
prix de la vertu , qui au milieu des écueils & des
naufrages , montrant la piété la plus pure, fuit de fi
près les traces de l'Efther de la France . Continuez
à combler de vos bienfaits fon augufte époux qui ,
deftiné à retracer à nos neveux les regnes les plus
fortunés , donné par fes rares qualités les plus belles
efpérances. Plus flatté d'être le premier fujet
du Roi , que l'héritier préfomptif de la Couronne ,
ce Prince n'ambitionne point de porter la main
aux rênes d'un empire qu'il gouvernera toujours
trop tôt au gré de ſes défirs ; & à l'ombre d'un trône
où il voit affife avec Louis XV, la juftice , la clémence
, la valeur , la générofité , il fe contente de
fe montrer , de fe rendre toujours plus digne de
régner. Ne ceffez point , Seigneur , de préfider aux
Confeils de ce Roi bien aimé, pour qui renaiffent
ces jours brillans de la France , ou Louis XIV
voyoit fon Fils unique pere de trois Princes , &
une nombreuſe poſtérité affermir toujours plus le
Sceptre dans fon augufte maiſon : mais dans cette
(1) Monseigneur l'Archevêque d'Aix.
210 MERCURE DE FRANCE.
:
diftribution de faveurs céleftes , réſervez en une
part abondante pour le Comte de Provence . Ce
ne font point des profpérités humaines, des couronnes
fragiles que nous ſouhaitons , que nous deman-
'dons pour ce Prince , nos voeux ont un objet plus
fublime puiffe -t'il avoir pour la Religion un
amour inaltérable ,& la maintenir dans fes droits, à
l'exemple de fes ayeux , plus touchés du nom de
très- Chrétien , de Fils aîné de l'Eglife , que des
titres fuperbes de monarque & de conquérant !
que tandis que les arts éclaireront fon efprit , les
vertus forment fon coeur ! Ecartez de fa perfonne
ces hommes dangereux qui fe font une gloire
d'être les Miniftres des paffions des Princes, d'éveil
ler la volupté , & de lui prêter de nouvelles armes
contre leur foibleffe ! Qu'il détefte la flatterie, dont
le poifon defféche les plus beaux fruits du naturel
& de l'éducation ! & que la vérité trop fouvent
captive dans les palais des Grands , à travers les
barrieres & les nuages qu'on lui oppofe , faffe retentir
à fon oreille fes divins oracles ! Pour s'exciter
à l'héroïſme qu'il jette de temps en temps les yeux
fur les Bourbons fes ancêtres ! Non ; il na pas befoin
d'encouragemens étrangers : les exemples domeftiques
fuffifent ; & fans fortir de ſa famille , il trouvera
Augufte , Titus , Antonin & Trajan.
Ce Difcours qui parut être fort goûté des connoiffeurs
, fut fuivie d'une grand'Meſſe en Mufique.
Au fortir de l'Eglife , on trouva la Cour du College
tapiffée & décorée d'emblêmes , de devifes ,
de vers en plufieurs langues , où les Muſes Grecques
, Latines , Italiennes , Françoiſes & Provençales
, payoient à l'envi un tribut poétique au
nouveau Comte de Provence.
Le 3 & le MM. les Penfionnaires S repréfenteAVRIL.
1756. 211
rent un Drame Héroïque intitulé le Génie Tutélaire
, en trois Actes en vers , mêlé de chants &
de danfes. Cette Piece de Théâtre , de la compofition
du P. de Beaumanoir , Profeffeur de Rhétorique
, fut très -bien exécutée & généralement
applaudie. Elle offroit fous le voile de l'allégorie ,
tout ce qui peut intéreffer la Provence . Le concours
de Spectateurs qu'elle attira , fut prodigieux:
MM. les Confuls , à la tête du Confeil de Ville , ont
préfidés à la premiere repréſentation. M. le Duc
de Villars , Mefdames de la Tour , premieres Préfidentes
& Intendantes , & profque tout ce qu'il y
a de perfonnes de diftinction dans cette Ville ,
ont honoré la feconde de leur préfeace . Une brillante
illumination chaque jour a terminé la fête.
Fermer
Résumé : Relation des Fêtes données à Aix, au College Royal-Bourbon, de la Compagnie de Jesus, à l'occaison de la naissance de Monseigneur le Comte de Provence.
En avril 1756, le Collège Royal-Bourbon des Jésuites à Aix organisa des festivités pour célébrer la naissance du Comte de Provence. Ces événements visaient à former de bons citoyens et à honorer la maison des Bourbons, fondateurs du collège. Le 2 janvier 1756, le Père Dufferre, professeur de rhétorique, prononça un discours en présence de dignitaires locaux et d'une assemblée nombreuse. Il évita les généralités en se concentrant sur l'intérêt de la Provence pour la naissance du prince. Le discours souligna l'amour du roi pour la Provence et l'attachement de la Provence pour la monarchie, illustré par les services rendus lors des invasions autrichiennes. Le Père Dufferre mentionna également les ressources prodigieuses fournies par la Provence malgré sa stérilité, soulignant l'amour patriotique et le zèle pour le roi. Il conclut en espérant que le Comte de Provence, portant le nom de la province, en deviendrait un protecteur et un bienfaiteur. Parallèlement, le texte décrit les ravages causés par des inondations en Provence, avec des digues renversées, des édifices écroulés, des champs inondés, des troupeaux noyés et des hommes ensevelis. Malgré ces malheurs, une lueur d'espoir apparaît avec la naissance du Comte de Provence, présenté comme un appui solide et stable, contrairement aux favoris éphémères. Le Duc de Villars et la ville d'Aix organisèrent des fêtes magnifiques pour célébrer cette naissance, et un prélat respecté porta secours aux indigents. Des prières furent adressées pour la santé et la vertu du Comte de Provence, afin qu'il suive les traces de ses ancêtres illustres et gouverne avec justice et clémence. Les célébrations inclurent une grand-messe et une pièce de théâtre allégorique intitulée 'Le Génie Tutélaire', composée par le Père de Beaumanoir. Les représentations attirèrent un grand nombre de spectateurs distingués et furent marquées par des illuminations brillantes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1295
p. 217-234
MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
Début :
On a imprimé dans quelques ouvrages modernes, (I) que le Comte de [...]
Mots clefs :
Comtes, Marquis, Seigneurs, Mariages, Morts, Chevalier, Gentilhomme, Barons, Régiments, Ducs
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
MARIAGES ET MORTS.
AVERTISSEMENT.
On a imprimé dans quelques ouvrages modèrnes,
( 1 ) que le Comte de Rupelmonde tué à l'action
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 15
Avril 1745 , étoit le dernier rejetton de fa maiſon.
Ceux qui ont avancé cette anecdote généalogique
, paroiffent avoir ignoré que la Branche
ainée de cette maifon eft continuée en la perfonne
de Ferdinand -Gillon de Recourt-de- Lens-de-
Licques , des Comtes de Boulogne , Seigneur &
Marquis de Licques , & c. c'eft un fait dont on
peut fe convaincre par les éclairciffemens fuivans ,
que l'on a cru devoir donner au public pour le défabufer
des impreffions qu'une pareille erreur
pourroit lui laiffer.
•
Philippes de Recourt-de- Lens- de- Licques , des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
, & de Boninghe , Chaſtelain héréditaire de
Lens , &c. Gouverneur de Cambray & du Cambréfis,
d'Harlem, de Louvain , de Lille , de Tournay ,
de Douay & d'Orchies , fut commis par le Roy
d'Efpagne , le 12 May 1586 , pour régler avec les
Commiffaires du Roy Henry III , tous les différens
qui pouvoient naître fur l'interprétation & l'exécution
des articles de la treve , conclue à Cambray le
23 Décemb. 1585. Ce Seigneur qui s'acquit la réputation
d'un des grands Capitaines de fon fiècle ,
(1 ) Poëme de Fontenoy , & Hiftoire de la guerre
de 1741.
II. Vol. K
218 MERCURÉ DE FRANCE.
mourut à Bruxelles le Vendredi Saint 1588 , lorqu'il
alloit être nommé Chevalier de l'ordre de la
Toifon d'Or. Il avoit fait fon teftament le premier
jour de Mars 1587 , & avoit été marié du confentement
de l'Empereur & de fon Confeil , le 3 Juin
1554 , avec Jeanne de Witthem , d'une illuftre
Maifon de Brabant , fortie par bâtardiſe des anciens
fouverains de cette Province , & alliée aux maifons
les plus confidérables des pays-Bas . De ce mariage
fortirent Gabriel , Baron de Licques qui fuit , &
Philippes de Recours - de - Lens- de - Licques, des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque , &c .
qui a fait la branche des Comtes de Rupel
monde.
Gabriel de Recourt- de- Lens-de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
& de Boninghe , &c . gouverneur de Charlemont
, & Colonel d'un Régiment de dix Compagnies
de gens de pieds , mourut à la fleur de fon
age en 1589 , ayant eu de fon mariage , qu'il avoit
contracté le 8 Juillet 1581 , avec Helene de
Mérode , d'une maiſon auffi illustre par fon ancienneté
que par fes alliances & fes fervices , fille de
Jean de Mérode , Seigneur de Moriamez & de
Philippote de Montfort , Philippes Baron de Licques
qui fuit :
i
Philippe de Recourt - de-Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier Baron de-Licques
& de Boninghe , &c. Gouverneur de Bourbourg
, Grand Bailli des Bois du Comté de Hainaut
, & de la Forêt de Mormal , & Confeiller du
Confeil de Guerre du Roi d'Efpagne , mourut le
28 May 1657 , & époula en premiere nôces , en
1614 , Sufane de Langlée , d'une branche cadette
de l'illuftre Maifon de Wavrin , dont il n'eut que
des filles ; il fe remaria en fecondes nôces , le 13
Juin 1630 à Louiſe de Cruninghe , Baronne de
AVRIL. 1736. 219
Cruninghe , & Vicomteffe de Zélande , héritiere
de fa maiſon , une des plus grandes des Pays-Bas ;
& cette alliance le fit tenir à toutes les têtes couronnées
de l'Europe . Elle étoit fille & héritiere de
Maximilien , Baron de Cruninghe , Vicomte de
Zélande , &c. & d'Eve Baronne de Kniphaufen-
Inhaufen , & petite-fille de Jean Baron de Cruninghe
, Vicomte de Zélande , &c ; & de Jacqueline'
de Bourgogne , fille d'Adolphe de Bourgogne , Seigneur
de Bevres & de la Vere, Amiral de Flandres,
& Chevalier de la Toifon d'Or ; & d'Anne de
Berghes-glimes; & petite- fille de Philippes de Bourgogne
, Seigneur de Bevres & de la Vere , Amiral
de Flandre , Gouverneur d'Artois , & Chevalier de
la Toiſon d'Or ; & d'Anne de Borfelle , fille de
Wolfard de Borfelle , Seigneur de la Verre, Comte
de Grandpré , Maréchal de France Chevalier de la
Toifon d'Or , &c ; & de charlotte de Bourbon ,
fille de Louis de Bourbon , Comte de Montpenfier
, Dauphin d'Auvergne , &c ; & de Gabriele de
la Tour ; de ce deuxieme mariage vint Philippes-
Charles-Bartholomé , Marquis de Licques qui fuit ;
& c'eft à caufe de cette alliance que MM. de
Licques portent en écartelure dans le grand cachet
de leurs armes , celles de l'augufte Maiſon de
Bourbon.
Philippes-Charles- Bartholomé de Recourt-de-
Lens-de- Licques , des Comtes de Boulogne , Che
valier Marquis de Licques , Baron de Boninghe &
de Cruninghe , Vicomte de Zélande , & c. Grand
Bailli des bois du Comté de Hainaut , Capitaine
d'une Compagnie franche, puis de cent chevaux de
Cuiraffiers , & gentilhomme de la chambre du
Prince de Baviere , électeur de Cologne , époufa
le 23 Janvier 1659 , Marguerite-Caroline - Gertrude
de Berlo , Chanoinefle de Mouftier , d'une
2.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
illuftre Maiſon du pays de Liege , & fille de Paul ;
Baron de Berlo & de Bruff; & de Marie de L
Fontaine ; & eut de cette alliance un fils unique
nommé Ferdinand-Roch-Jean , Marquis de Lic
ques qui fuit ;
Ferdinand - Roch - Jean de Recourt- de- Lensde-
Licques des Comtes de Boulogne , Cheva
lier , Marquis de Licques, Baron de Boninghe ,
Vicomte de Zélande , &c . époufa le 23 Janvier
1700 , Anne-Michel- Alexandrine le Sart , mere.
d'un fils unique , nommé Ferdinand-Gillon , Marquis
de Licques qui fuit:
Ferdinand- Gillon de Recourt-de-Lens- de-Lic
ques des Comtes de Boulogne , Chevalier , Seigneur
& Marquis de Licques , Vicomte de Zélande
, Baron de Boninghe , &c . dernier hoir mâle
de fa maifon depuis la mort du Comte de Rupelmonde
, a épousé en 1730 Elifabeth de Lefpinayde
Marteville d'une ancienne maifon de Picardie ,
fille de Jacques , Marquis de Marteville , Maré
chal des Camps & Armées du Roi , & de Françoife
Abancourt. De ce mariage il n'a que trois filles ;
fçavoir :
?
1º. Catherine- Elifabeth-Henriette de Recourt
de-Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne ,
mariée , en 1748 , à Louis - Eugene-Marie de
Beauffort, Comte de Beauffort , & de Moulle , & c.
d'une des plus anciennes & des plus illuftrés Mai
fons de la province d'Artois , fils de feu Chriftophe
- Louis de Beauffort , Comte de Beauffort , & cs
& de Marie-Anne-Françoife - Jofephe de Croix ;
2°. Louife- Aimée dite Mademoiſelle de
Lens ;,
>
3°. Marie-Gabriele-Victoire- Nymphe , dite
Mademoiſelle de Licques.
Philippe de Recourt- de- Lens- de - Licques des
AVRIL 1756. 22X
Comtes de Boulogne , Seigneur & Baron de Wifkerque
, & c. frere cadet de Gabriel Baron de Lic
ques , cité ci-deffus , & comme lui fils de Philippes,
Baron de Licques , & de Jeanne de Witthem ,
fut Colonel d'Infanterie Wallone , & Grand Bailli
du pays de Waes. Il épousa le 11 Juin 1590 ,
Marguerite de Steelan , d'une très -ancienne maifon
de Flandres , & tefta le 14 Juin 1630 ; de ce
mariage vint Servat Baron de Wiskerque qui
fuit :
Servat de Recourt - de - Lens- de - Licques des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque, Grand
Bailli du pays de Wau , &c. époufa le 20 Septembre
1624 , Marguerite de Robles d'une illuftre mai .
fon originaire d'Efpagne, fille de Jean de Robles ,
Comte d'Annapes , Gouverneur de Lille , Douay
& Orchies & c. & de Marie de Liedekerque. De ce
mariage vint Philippes , Baron de Wiskerque &
Comte de Rupelmonde qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Baron de Wiskerque , Seigneur
& Comte de Rupelmonde , &c . époufa le 3
Juillet 1655 , Marguerite de Baerlandt , d'une
ancienne maison des Pays-Bas ; il mourat fore
jeune, & laila pour fils unique Philippes Comte de
Rupelmonde , qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de - Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque &c. époufa le 21 Avril 1677 ,
Marie- Anne -Euſebe Truchfes , née Comteffe de
Wolfegg , d'une grande maifon d'Allemagne , &
fille de Guillaume , Truchfes Comte de Wolfegg ,
Gouverneur d'Amberg en Baviere , & d'Iſabelle-
Claire de Ligne- d'Aremberg & d'Arfchoft ; il
eut de ce mariage Maximilien- Philippes- Jofeph
Comte de Rupelmonde qui fuit :
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Maximilien-Philippes-Jofeph de Recourt- de
Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne , Comté
de Rupelmonde , Baron de Wiskerque , &c. Maréchal
des Camps & Armées du Roi d'Eſpagne ,
fut tué au Siege de Brihuega en Eſpagne le i 1 Décemb.
1710 , & avoit épousé le 24 Janvier 1705,
Marie-Marguerite d'Alegre, Dame du Palais de la
Reine , d'une illuftre maifon d'Auvergne , fille
d'Yves , Marquis d'Alegre , Maréchal de France &
Chevalier des ordres du Roi : il en eut pour fils
unique Yves - Marie Comte de Rupelmonde qui
fuit :
24
Yves-Marie de Recourt -de - Lens - de- Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque , & c. Maréchal des camps &
armées du Roi , fut tué à la fleur de fon âge à l'acsion
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 1
Avril 1745. De fon mariage , dont le contrat fut
paffé en 1731 avec Marie- Chrétienne - Christine
de Gramont, dame du Palais de la Reine & fille de
Louis, Duc de Gramont , Pair de France, Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant général de fes Armées
, & Colonel du Régiment des gardes , & de-
Géneviève de Gontault de Biron , naquit le
Avril 1740 , un fils nommé Louis , mort peur de
temps avant fon Pere , en la perfonne de quis'éteignit
la feule branche cadette de la maifon de
Recourt- de-Lens- de- Licques , dont la branche
aînée feule fubfifte aujourd'hui dans la perfonne
du Marquis de Licques & de fes trois filles . Voyez
pour cette maifon qui par fon ancienneté,fes fervices
& fes alliances va de pair avec les plus grandes
du Royaume , l'Hiftoire des grands Officiers de la
Couronne , VII . vol . page 827 , où la Généalogie
eft rapportée ( affez imparfaitement ) à l'article des
Amiraux de France , à l'occafion de Charles de Re
AVRIL. 1756. 223
court-de Lens , & c. fait Amiral de France en 1418 .
Voyez auffi les tablettes Hiftoriques , Généalogiques
& Chronologiques , volume V. l'Armorial
Général de France de M. d'Hozier , premier Regiftre
, où il en eft parlé à l'occaſion de Ferdinand-
Roch -Jean , & de Ferdinand Gillon , Marquis
de Licques , fon fils , reçus Pages du Roi
dans fa grande écurie , l'un le 5 Août 1684 , &
l'autre le 21 Septembre 1722 , & ce que nous
avons dit de cette maifon dans les Mercures de:
France des mois de Juin 1731 , & 1745 , premier
volume , & c.
Jacques-François , Vicomte de CAMBIS , Colonel
du Régiment d'Infanterie de fon nom , fut marié le
18 Novemb. 1755. dans la Chapelle du Château de
Bellevue , avec Louife-Françoife- Gabriele de HENNIN
- LIETARD - DE - CHIMAY , fille d'Alexandre-
Gabriel de Hennin- Lietard , Prince de Chimay
Lieutenant Général des Armées du Roi , Lieutenant
-Feldt-Maréchal des Armées de l'Empereur ,
Grand d'Espagne de la premiere claffe , &c . mort:
le 18 Février 1745 , & de Gabriele- Françoife de
Beauvau , aujourd'hui Princeffe Douairiere de
Chimay. Le Curé de Meudon leur donna la Bénédiction
nuptiale . Leur Contrat de mariage avoit
été figné le 16 du même mois de Novembre , par
Leurs Majeftés & par la Famille Royale.
La Maifon de Cambis , originaire de Florence ,
a produit plufieurs grands hommes , entr'autres
Ludovifio Cambi , vivant en 1245 , lequel rendit
de grands fervices aux Papes Grégoire IX & Innocent
IV. Dante Cambi , Prieur de la Liberté de
Florence , qui vivoit en 1290 & 1300. Nero Cambi
, Gonfanonier de la République en 1421. Victor
Cambi , un des plus fameux partifans de la
faction Guelfe en 1450. François Cambi , qui
K.iiij.
224 MERCURE DE FRANCE.
époufa en 1492 Fiamette Corfini , &c. D'eux def
cendoit Luc Cambi , auquel cette Maiſon doit
fon établiſſement en France. Il quitta Florence
avec Marie de Pazzis , fon époufe , & Guy de
Cambi , fon frere , qui mourut fans enfans , pour
venir à Avignon , où il pofféda de grandes richeffes.
Il y fit fon Teftament le 13 Juin 1502 , &
laiffa douze enfans , fept garçons , dont trois ont
eu postérité , & cinq filles . Son fils aîné , Dominique
de Cambis , fut Baron d'Alais , Seigneur de
Saint-Paul , Saint-Martin - Malcap , &c. & tefta le
16 Janvier 1520. Il laiffa de fa femme Marguerite
Damians , entr'autres enfans Louis de Cambis
, Baron d'Alais , de Fons & de Sérignac , Seigneur
de Souftelles , &c. qui fut allié avec Marguerite
de Pluviers. De ce mariage vinrent entr'autres
, François de Cambis , Baron d'Alais , qui fuit ::
Jean de Cambis , Gentilhomme ordinaire du Prince
de Condé , Gouverneur de la Vignerie d'Alais ,
& Lieutenant de Roi au Gouvernement de Languedoc
, dont la poftérité fubfifte dans l'Orléa-.
nois , & Théodore de Cambis , Baron de Fons &
de Sérignac , qui forma une branche qui exifte
aujourd'hui en Languedoc.
François de Cambis , Baron d'Alais , fils aîné de-
Louis , fut Chevalier de l'Ordre du Roi , & époufa
Magdeleine de Villeneuve , fille de Claude , Marquis
de Trans , & d'Ifabelle de Feltres , de laquelle
il eut Georges de Cambis , Baron d'Alais , marié
à Itabelle de Thezan , fille d'Olivier , Vicomte du
Pujols & de Caffandre de Cenamy. De cette allian-.
ce fortirent quatre garçons , l'aîné defquels nommé
Jacques , époufa Catherine d'André , qui le
rendit pere de Jacques de Cambis , mort en 1653
fans poftérité . Sa foeur Ifabelle de Cambis , avoit
époufé Jacques de Berard , Seigneur de Montaler ,
AVRIL. 1756. 225
qui à caufe d'elle devint Baron d'Alais , Seigneur
de Souftelles , & c . Sa feconde foeur Ifabelle de
Cambis , époufa en 1655 Jean - François de la
Fare , Baron de la Salle , Meftre de Camp de
Cavalerie.
Nicolas de Cambis , cinquieme fils de Luc &
de Marie de Pazzis , fut auteur de la branche des
Seigneurs d'Auvaro en Provence , éteinte vers le
milieu du 16 fiecle .
Pierre de Cambis , fixieme fils de Luc , fut fait
Conful d'Avignon , du rang des Nobles de la
premiere claffe en 1547. Il avoit époufé dès le
28 Octobre 1525 , Françoiſe de Perruzzis , Dame
d'Orfan , au Diocèfe d'Uzès. Elle fut mere entr'autres
de Jéan de Cambis , Seigneur d'Orfan , Chevalier
de l'Ordre du Roi & de celui du Pape ,
premier Conful & Viguier de la Ville d'Avignon ,
au nom de laquelle il fut Ambaffadeur près du
Roi Henri III , qui le fit Chevalier de fa propre
main , & près du Pape . Il épouſa le 16 Avril 15552
Françoile de Clericis , qui le rendit pere de trois
garçons qui ont laiffé poftérité. Celle de Richard ,
qui étoit l'aîné , finit vers la fin du dernier fiecle.
Le ſecond nommé Louis , fit la branche des Seigneurs
d'Orfan dont on va parler ; & le troisieme ,
qui s'appelloit Antoine , fut auteur de celle des
Seigneurs d'Hortes , éteinte depuis environ cent
ans.
>
Louis de Cambis , fecond fils de Jean & de
Françoife de Clericis , fut Seigneur d'Orfan , &c.
premier Conful & Viguier d'Avignon , Capitaine
d'une Compagnie de Chevaux- Légers , & Chevalier
de l'Ordre du Roi. Il époufa par contrat du
16 Mai 1583 , Georgette de la Falêche , fille
d'Antoine , Chevalier de l'Ordre du Roi , & de
Françoife de Riccis. Il eut de ce mariage , 1º
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
f
t
Jean de Cambis , qui continua la ligne directe ;
2º. Paul de Cambis , auteur de la branche des
Marquis de Velleron , qui feront rapportés enfuite
; 3 ° . Octave de Cambis , Camerier du Pape
Urbain VIII.
I
Jean de Cambis , Seigneur d'Orfan , &c. fils
aîné de Louis & de Georgette de la Falêche , fut
allié par Contrat du 1 Mai 1616 , à Marguerite.
de Simiane , Dame de Cairane , qui le rendit pere
> entr'autres de Louis de Cambis , Seigneur d'Orfan
, &c. marié par Contrat du 13 Avril 1638 ,
avec Magdeleine de Baumefort. De cette alliance
vint entr'autres Charles de Cambis , Seigneur
d'Orfan & de Lagnes , qui époufa par Contrat du
30 Août 1674 , Marie- Anne Pilchotte de la Pape
dont vint Jacques de Cambis , Seigneur d'Orfan
&c. allié en 1690 , à Magdeleine de Guilhens de
Puy-Laval , qui fut mere de Louis - Charles de
: Cambis , Seigneur d'Orfan & de Lagnes , marié
en 1723 ´à Anne - Elifabeth de Pierne , fille de
Marc- Antoine , Seigneur d'Arenes & de Sufanne .
de Bafchi du Cayla. De ce mariage eft né le
7 Mars 1727 , Jacques- François de Cambis qui
donne lieu à cet article .
Paul de Cambis , fecond fils de Louis & de
Georgette de la Falêche , fut Baron de Brantes ,
Seigneur de Cairane , & Co- Seigneur de Velleron ,
Chevalier de l'Ordre du Roi , Capitaine- Lieutenant
du Régiment de Normandie , & Syndic de
la Nobleffe du Comté- Venaiffin , & en cette qualité
député au Roi Louis XIII . Il fut marié le 21
Février 1621 , à Gabriele de Rodulf, fille de Louis,
Seigneur de Limans , &c. & de Marthe de Grimoard
du Roure. De cette alliance vint François
de Cambis , Baron de Brantes , créé Marquis de
Velleron , par Bulle du Pape Clément IX. Il époufaAVRIL.
1756. 227
en 1653 Jeanne de Forbin , foeur du Cardinal de
Janfon, de laquelle il eut entr'autres Jofeph de
Cambis , & Louis-Dominique de Cambis qui ont :
laiffé postérité.
eft Jofeph de Cambis , Marquis de Velleron ,
mort le 6 Janvier 1736 , chef d'Efcadre des Galeres
du Roi , & Commandeur de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis. H avoit épousé Angélique
de Cambis de Fargues , de laquelle il a laiffé
1º. Jofeph-Louis-Dominique de Cambis , Marquis
de Velleron , dit le Comte de Cambis , né en
Novembre 1706 , Colonel de l'Infanterie du
Comté- Vénaiffin , marié le 13 Avril 1741 , avec :
Anne- Louiſe de la Queille de Châteaugué , dont
eft née Marie Jofephine - Louife Sophie de
Cambis ;
-
2º. Angélique-Touffaint de Cambis , allié le
16 Mars 1716, à Louis - Joſeph Gras, Seigneur de
Préville ;
3°. Jeanne de Cambis , mariée le 16 Avril 1719 ,.
à Antoine Hoftager , Seigneur de Roquetaillade.
Louis- Dominique , Comte de Cambis , Lieutenant
général des Armées de Sa Majeſté , ſecond
fils de François & de Jeanne de Forbin , eft mort
à Londres , où il étoit Ambaffadeur du Roi , le
12 Février 1740 , laiffant de fa femme Catherine
Nicole Gruin , morte en 1754 ;
1º. Louis-Jofeph-Nicolas , Marquis de Cambis
, né le 1 Mars 1725 , Brigadier de Cavalerie en
Décembre 1748 , Meftre de Camp du Régiment :
de Bourbon, & Gouverneur de Sifteron...
2 % Anne-Victoire de Cambis , née à Turin ou
fon pere étoit Ambaffadeur , le 1 Juin 1726 , mariée
en Avril 1746 au Marquis d'Herbouville ,
Capitaine de Gendarmerie.
CAMBIS porte pour Armes d'azur au chêne d'or ,
22S MERCURE DE FRANCE.
mouvant d'une montagne à fix copeaux de même ,
foutenus par deux lions auffi d'or.
Le 2 Novembre 1755 ,mourut en fon Château
d'Andechy en Picardie , François- Simon de Riencourt
, Comte d'Andechy, marié le 2 Mai 1695 , à
Jeanne- Jule de Guerin de Tarnaut , fille de Robert
de Guerin de Tarnaut ,. & de Jeanne Huaut
de Montmagny , dont il eut Jeanne- Jule Dame
de S. Cyr ; Anne- Françoife , mariée les Mai
1728 , à Pierre de Guerin de Tarnaut , fon oncle
maternel , ancien Colonel d'un Régiment d'Infanterie
de fon nom & René-Léonor , Chevalier
Comte d'Andechy,marié le 23 Juin 1719 , à Jeanne
de Forceville , fille de Charles , Chevalier Seigneur
de Forceville , & d'Antoinette du Mouchet
de Vauffelles ; dont Barbe Simon Comte de Riencourt
, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archyac
; Pierre de Riencourt, Prêtre ; Louis-François
, d'abord Page de Madame la Dauphine , puis
Lieutenant au Régiment d'Archyac , & trois filles
à S. Cyr
La Maifon de Riencourt alliée à celles . de
Mailloc , Montmorency , Amiens , Bournel , Ailly ,
Lamet , Rellencourt , Desfriches- Doria , Forceville
, la Fontaine , Guerin de Tarnaut , d'Angennes,
Fiercelin, Mareuil , Saiffeval , Saint Georges-
Verac , Joyeuse , &c..eft une des plus anciennes
de Picardie , où elle eft connue dès le commencement
du treizieme fiecle , comme on le
voit par les Cartulaires de différentes Abbayes.
En 1206 Thomas de Riencourt qualifié Chevalier ,
foufcrit à la donation de plufieurs biens que fait.
Enguerran de Pequigny Vidame d'Amiens , à l'Eglife
de Sainte Marie de Moliens . En 1223 Jean
de Riencourt fon fils tranfige avec les Religieux
de l'Abbaye du Gard, en préfence du Vidame d'A-
&
AVRIL. 1756. 229
"
miens , & leur laiffe quelques droits qu'il tenoit
d'Amelius de Bouelles fon ayeul , touchant les
marais de Croy. Hugues de Riencourt , fon fils ,
dans le dénombrement des terres de Riencourt &
Saint Leger , qu'il donne en 1259 , à Jean , Baron
de Pequigny, Vidame d'Amiens , prend les qualités
de Haut Puiffant Seigneur Meffire Hugues ,
Seigneur de Riencourt , Franqueville , Saint Leger,
Drueulfous Moliens le Vidame, Orival, Bergicourt ,
Tilloloy Vaux; ainfi il y a 500 ans que ces quatre
dernieres terres font dans la maifon de- Riencourt.
On trouve à la Chambre des Comptes de Paris
un Bref daté de Lyon , du Pape Innocent IV, à
P'Evêque d'Amiens , par lequel il accorde à Jeande
Ricncourt & à Hugues fon fils , dont on vient
de parler , les mêmes Indulgences que s'ils s'étoient
croifés pour la Terre Sainte , parce qu'ils
étoient difpofés à aller au fecours de l'Eglife Uni-
-verfelle contre les habitans d'Aix - la - Chapelle
{ contra Aquenſes } *;
" La Maifon s'eſt d'abord diviſée en deux bran→
ches formées par les deux enfans d'Enguerran ,
Seigneur de Riencourt , décedé en 1380. La branche
aînée eft tombée avec la Terre de ce nom
dans la maifon d'AUDENFORT , d'ou en celle de
TIERCELIN , par le mariage de Marguerite de Riencourt
, fille de Hugues, Seigneur de Riencourt , &
de Marie de Lamet , & petite- fille de Jean , Seigneur
de Riencourt , & de Márie de Montmorency,
* Comme le Pape étoit alors obligé de se fauver
de Rome a caufe de la guerre que lui faifoit l'Empereur
Frédéric II , qu'il avoit excommunié , le
Pape les engagea à lui prêter fecours , & à aller contre
les habitans d'Aix- la Chapelle , en leur promet
tant l'abſolution générale de leurs péchés..
230 MERCURE DE FRANCE.
*
de la branche de Bours , fille de Hugués de Monte
morency , Chevalier Seigneur de Bours , & de
Marie d'Ognies.
La branche de Riencourt d'Orival devenue aî→
née , s'eft fubdivifée en deux autres branches formées
par Raoul de Riencourt, Seigneur d'Orival ,.
Bergicourt , &c. & par Thomas de Riencourt-
Seigneur de Tilloloy , Vaux , &c. tous deux enfans
de Matthieu de Riencourt , vivant en 1430 .
Raoul de Riencourt , Chevalier Seigneur d'Orival
, Bergicourt , du Qefnel & Linas , vivoit en
1476 avec Jeanne de Borgeau fon épouſe , fille de
Jacques de Borgeau Seigneur dudit lieu , dont
deux enfans ; le cadet a formé la branche de Parfondru
près Laon. François de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Parfondru & Drouay , fils de
Pierre de Riencourt , Chevalier , Seigneur defdits
lieux , & d'Ifabelle de Sons , marié en 1639, à Ju--
dith-Anne de Joyeuse de la branche de Montgobert
, fille de Robert de Joyeuſe , Baron de Verpeil
& de Montgobert , & de Judith Hennequin ,., .
étoit de cette branche , qui fubfifte encore aujour
d'hui près de Rhetel en Champagne .
Antoine de Rien court , Chevalier , Seigneur
d'Orival dont on vient de parler , eut de fa femme
Marie de Saquefpée , Adrien , Seigneur d'Orival
, marié à Charlotte de la Motte , fille de Char--
les de la Motte , Chevalier , Seigneur de Ville &
Montigny , & de Jeanne d'Abbeville ; dont
François , Seigneur d'Orival , Bergicourt , Morvillier
, Graville , &c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Anjou , frere d'Henri III , qui de
Dianne de Maillor fa femme , fille de Nicolas-
Baron de Mailloc , & de Charlotte de Monchy, eut
François, Seigneur deſdits lieux , marié 1º . en 1642,
à Catherine de Sennemon , fille de Jean de SenneAVRIL.
1756. 232
mon , & de Gabriele de Tier celin ; 2 ° à Marie de
Moreuil , fille d'Artus de Moreuil , Chevalier de
l'Ordre du Roi , & de Charlotte de Halluyn. Du
fecond lit vinrent deux filles , l'une mariée dans la
maifon du Blaifel en Boulenois , l'autre , dans
celle de Venoix en Normandie , & Jean- Auguſtin
de Riencourt , Marquis d'Orival , marié le 4 Janvier
1683 à Marie-Anne Desfriches -Doria, fille de
Charles Desfriches , Baron de Braffeufe, & d'Annedes
Etangs ; dont un Chevalier de Malte mort ;
le Comte d'Orival , ancien Capitaine aux Gardes ,
& Charles- François de Riencourt , Marquis d'Orival
, ancien Colonel du Régiment de la Reine-
Dragons ; lequel de Marie d'Angennes fa femme,
fille de Charles- François d'Augennes , Chevalier
Seigneur de Maintenon , Commandant des Ifles
Saint Pierre & Guadeloupe en la Martinique , eut
Marie-Adelaïde de Riencourt, mariée le 2 Janvier
1742 , à Pierre- Cefar de Saint Georges , Marquis de
Verac , Lieutenant- Général de Poitou , qui n'ont
laiffé à leur mort qu'un fils unique appellé le
Marquis de Verac.
La branche de Tilloloy vient , comme nous l'a.
vons dit , de Thomas de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux , S. Severin ,
marié à N. Deamont ; dont Hugues marié en fe
condes nôces à N. de Jalaife, avec laquelle il vivoit
en 1550 ; dont Chriftophe de Riencourt marié le
11 Août 1561 , à Claude le Hochart , fille de Benoît
le Hochart , Seigneur de Lepinay, & de Guil
lemette de Bournel ; dont Nicolas de Riencourt
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
Saint Severin , marié le 9 Avril 1589 , avec Anne
d'Ailly , de la branche d'Annery , fille de Claude
d'Ailly, Chevalier , Seigneur de Montgerout, Lau
Bay , Clerfon , Montcornel &c. Chevalier de
232 MERCURE DE FRANCE.
l'Ordre du Roi , un des cent Gentilshommes de
la Maifon de Sa Majefté , Gentilhomme d'honneur
de la Reine , Enfeigne de la Compagnie des.
Gendarmes de M. de Villebon d'Eftouteville , &
de Jeanne de Joigny -Blondet fa premiere femme ,
veuve de Martin de Bournonville , Chevalier Seigneur
de Châteauregnaud , Gouverneur de Montreuil
. Heut de ce mariage Dianne de Riencourt ,
mariée à Charles de la Rue , Chevalier ; Anne
mariée en 1614 à François de Saiffeval , Chevalier
, Seigneur de Blerancourt ; Claude de Riencourt
qui a formé la branche de Boisgeffroy en
Normandie , où elle fubfifte encore ; marié 1º . à
Renée de l'Epinay ; 2 °. à Marie de Conveloire ; &
François de Riencourt,Chevalier, Seigneur de Til
loloy , marié le 16 Juin 1618 , à Marguerite de la
Fontaine , fille de Louis de la Fontaine , Chevalier
, Seigneur de Candore , & d'Ifabcau de Lan ;
dont trois enfans.
Le dernier , Leonor- René de Riencourt , Chevalier
Seigneur d'Andechy , Commandant du
fecond bataillon du Régiment de Lyonnois, marié
le 11 Septembre 1674 , à Catherine de Vinet ; dont
le Comte d'Andechy qui donne lieu à cet article.
Le fecond, Henri de Riencourt , Chevalier, Seigneur
de Ligneres , marié le 21 Décembre 1659 ,
à Marguerite de Hanffart , fille de Claude de Hanffart,
Seigneur d'Efcoquerre, & de Charlotte de l'Etoile
;
dont Louis de Riencourt qui , d'Elifabeth
d'Urre fa femme , à eu 1º . Louis- Claude de Rien
court , Seigneur de Ligneres , vivant actuellement
avec Catherine Gaillard fa femme , dont un fils
Page de la Reine , & plufieurs autres enfans. 2º .
Charles-Henri de Riencourt , qui a laidé à fà mort
plufieurs enfans d'Elifabeth de Cacheleu de Maifoncelle,
fa femme ; 3 ° . Louis,Chanoine d'Amiens ;
AVRIL. 1756. 233
4. Une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur
de Preville , & une autre mariée à Simon de Lana
glois, Chevalier, Capitaine au Régiment de Cham
pagne , Directeur des Fortifications du Soiffonmois.
Le fils aîné de François de Riencourt, & de Marguerite
de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt;
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
&c. eut de Marguerite Forestier fa- femme , une
fille mariée le 7 Janvier 1667 , à François de Forceville
, Chevalier , Seigneur de Forceville , Fontaines
, & c. & Ferdinand-Laurent de Riencourt ,
Capitaine de Cavalerie , marié le 4 Décembre
1684 , à Marie-Anne de Gaude , fille de Jean de
Gaude , Chevalier, Seigneur de Martainneville , &
de Marguerite de Croze ; dont Charles- Pierre- Paul
marié à N. de Bonnet ; Leonor-René , ancien Capitaine
de Cavalerie , & plufieurs autres enfans :
l'aîné de tous eft Louis- François de Riencourt, ancien
Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie
, marié à Marguerite de Ternifien veuve
de N. de Sarcus , Chevalier , Seigneur de Courcelies
, dont deux enfans dans le fervice & deux
filles.
Les Armes de la Maifon de Riencourt font
d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Catherine - Dorothée , née Princeffe Jablonouska
, époufe de Maximilien -François de Tenezyn
Duc Offolinski , Chevalier des Ordres du Roi ,
Grand Maître de la Maifon du Roi de Pologne
Duc de Lorraine , eft décédée fans enfans le s Janvier
1756. Elle étoit fille de Jean Staniflas , Palatin
de Ruffie , frere de Madame Royale , mere da
Roi de Pologne , & de Jeanne- Cafimire de Be
thune , niece de la Reine de Pologne , femme de
Jean LIL
234
Les deux illuftres Maifons de Jablonouski &
d'Offolinsky , des premieres de Pologne , font
connues & également recommendables par l'ancienneté
, l'illuftration & les grandes alliances
-par lefquelles elles appartiennent ou font alliées à
prefque tous les Souverains de l'Europe.
AVERTISSEMENT.
On a imprimé dans quelques ouvrages modèrnes,
( 1 ) que le Comte de Rupelmonde tué à l'action
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 15
Avril 1745 , étoit le dernier rejetton de fa maiſon.
Ceux qui ont avancé cette anecdote généalogique
, paroiffent avoir ignoré que la Branche
ainée de cette maifon eft continuée en la perfonne
de Ferdinand -Gillon de Recourt-de- Lens-de-
Licques , des Comtes de Boulogne , Seigneur &
Marquis de Licques , & c. c'eft un fait dont on
peut fe convaincre par les éclairciffemens fuivans ,
que l'on a cru devoir donner au public pour le défabufer
des impreffions qu'une pareille erreur
pourroit lui laiffer.
•
Philippes de Recourt-de- Lens- de- Licques , des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
, & de Boninghe , Chaſtelain héréditaire de
Lens , &c. Gouverneur de Cambray & du Cambréfis,
d'Harlem, de Louvain , de Lille , de Tournay ,
de Douay & d'Orchies , fut commis par le Roy
d'Efpagne , le 12 May 1586 , pour régler avec les
Commiffaires du Roy Henry III , tous les différens
qui pouvoient naître fur l'interprétation & l'exécution
des articles de la treve , conclue à Cambray le
23 Décemb. 1585. Ce Seigneur qui s'acquit la réputation
d'un des grands Capitaines de fon fiècle ,
(1 ) Poëme de Fontenoy , & Hiftoire de la guerre
de 1741.
II. Vol. K
218 MERCURÉ DE FRANCE.
mourut à Bruxelles le Vendredi Saint 1588 , lorqu'il
alloit être nommé Chevalier de l'ordre de la
Toifon d'Or. Il avoit fait fon teftament le premier
jour de Mars 1587 , & avoit été marié du confentement
de l'Empereur & de fon Confeil , le 3 Juin
1554 , avec Jeanne de Witthem , d'une illuftre
Maifon de Brabant , fortie par bâtardiſe des anciens
fouverains de cette Province , & alliée aux maifons
les plus confidérables des pays-Bas . De ce mariage
fortirent Gabriel , Baron de Licques qui fuit , &
Philippes de Recours - de - Lens- de - Licques, des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque , &c .
qui a fait la branche des Comtes de Rupel
monde.
Gabriel de Recourt- de- Lens-de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
& de Boninghe , &c . gouverneur de Charlemont
, & Colonel d'un Régiment de dix Compagnies
de gens de pieds , mourut à la fleur de fon
age en 1589 , ayant eu de fon mariage , qu'il avoit
contracté le 8 Juillet 1581 , avec Helene de
Mérode , d'une maiſon auffi illustre par fon ancienneté
que par fes alliances & fes fervices , fille de
Jean de Mérode , Seigneur de Moriamez & de
Philippote de Montfort , Philippes Baron de Licques
qui fuit :
i
Philippe de Recourt - de-Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier Baron de-Licques
& de Boninghe , &c. Gouverneur de Bourbourg
, Grand Bailli des Bois du Comté de Hainaut
, & de la Forêt de Mormal , & Confeiller du
Confeil de Guerre du Roi d'Efpagne , mourut le
28 May 1657 , & époula en premiere nôces , en
1614 , Sufane de Langlée , d'une branche cadette
de l'illuftre Maifon de Wavrin , dont il n'eut que
des filles ; il fe remaria en fecondes nôces , le 13
Juin 1630 à Louiſe de Cruninghe , Baronne de
AVRIL. 1736. 219
Cruninghe , & Vicomteffe de Zélande , héritiere
de fa maiſon , une des plus grandes des Pays-Bas ;
& cette alliance le fit tenir à toutes les têtes couronnées
de l'Europe . Elle étoit fille & héritiere de
Maximilien , Baron de Cruninghe , Vicomte de
Zélande , &c. & d'Eve Baronne de Kniphaufen-
Inhaufen , & petite-fille de Jean Baron de Cruninghe
, Vicomte de Zélande , &c ; & de Jacqueline'
de Bourgogne , fille d'Adolphe de Bourgogne , Seigneur
de Bevres & de la Vere, Amiral de Flandres,
& Chevalier de la Toifon d'Or ; & d'Anne de
Berghes-glimes; & petite- fille de Philippes de Bourgogne
, Seigneur de Bevres & de la Vere , Amiral
de Flandre , Gouverneur d'Artois , & Chevalier de
la Toiſon d'Or ; & d'Anne de Borfelle , fille de
Wolfard de Borfelle , Seigneur de la Verre, Comte
de Grandpré , Maréchal de France Chevalier de la
Toifon d'Or , &c ; & de charlotte de Bourbon ,
fille de Louis de Bourbon , Comte de Montpenfier
, Dauphin d'Auvergne , &c ; & de Gabriele de
la Tour ; de ce deuxieme mariage vint Philippes-
Charles-Bartholomé , Marquis de Licques qui fuit ;
& c'eft à caufe de cette alliance que MM. de
Licques portent en écartelure dans le grand cachet
de leurs armes , celles de l'augufte Maiſon de
Bourbon.
Philippes-Charles- Bartholomé de Recourt-de-
Lens-de- Licques , des Comtes de Boulogne , Che
valier Marquis de Licques , Baron de Boninghe &
de Cruninghe , Vicomte de Zélande , & c. Grand
Bailli des bois du Comté de Hainaut , Capitaine
d'une Compagnie franche, puis de cent chevaux de
Cuiraffiers , & gentilhomme de la chambre du
Prince de Baviere , électeur de Cologne , époufa
le 23 Janvier 1659 , Marguerite-Caroline - Gertrude
de Berlo , Chanoinefle de Mouftier , d'une
2.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
illuftre Maiſon du pays de Liege , & fille de Paul ;
Baron de Berlo & de Bruff; & de Marie de L
Fontaine ; & eut de cette alliance un fils unique
nommé Ferdinand-Roch-Jean , Marquis de Lic
ques qui fuit ;
Ferdinand - Roch - Jean de Recourt- de- Lensde-
Licques des Comtes de Boulogne , Cheva
lier , Marquis de Licques, Baron de Boninghe ,
Vicomte de Zélande , &c . époufa le 23 Janvier
1700 , Anne-Michel- Alexandrine le Sart , mere.
d'un fils unique , nommé Ferdinand-Gillon , Marquis
de Licques qui fuit:
Ferdinand- Gillon de Recourt-de-Lens- de-Lic
ques des Comtes de Boulogne , Chevalier , Seigneur
& Marquis de Licques , Vicomte de Zélande
, Baron de Boninghe , &c . dernier hoir mâle
de fa maifon depuis la mort du Comte de Rupelmonde
, a épousé en 1730 Elifabeth de Lefpinayde
Marteville d'une ancienne maifon de Picardie ,
fille de Jacques , Marquis de Marteville , Maré
chal des Camps & Armées du Roi , & de Françoife
Abancourt. De ce mariage il n'a que trois filles ;
fçavoir :
?
1º. Catherine- Elifabeth-Henriette de Recourt
de-Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne ,
mariée , en 1748 , à Louis - Eugene-Marie de
Beauffort, Comte de Beauffort , & de Moulle , & c.
d'une des plus anciennes & des plus illuftrés Mai
fons de la province d'Artois , fils de feu Chriftophe
- Louis de Beauffort , Comte de Beauffort , & cs
& de Marie-Anne-Françoife - Jofephe de Croix ;
2°. Louife- Aimée dite Mademoiſelle de
Lens ;,
>
3°. Marie-Gabriele-Victoire- Nymphe , dite
Mademoiſelle de Licques.
Philippe de Recourt- de- Lens- de - Licques des
AVRIL 1756. 22X
Comtes de Boulogne , Seigneur & Baron de Wifkerque
, & c. frere cadet de Gabriel Baron de Lic
ques , cité ci-deffus , & comme lui fils de Philippes,
Baron de Licques , & de Jeanne de Witthem ,
fut Colonel d'Infanterie Wallone , & Grand Bailli
du pays de Waes. Il épousa le 11 Juin 1590 ,
Marguerite de Steelan , d'une très -ancienne maifon
de Flandres , & tefta le 14 Juin 1630 ; de ce
mariage vint Servat Baron de Wiskerque qui
fuit :
Servat de Recourt - de - Lens- de - Licques des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque, Grand
Bailli du pays de Wau , &c. époufa le 20 Septembre
1624 , Marguerite de Robles d'une illuftre mai .
fon originaire d'Efpagne, fille de Jean de Robles ,
Comte d'Annapes , Gouverneur de Lille , Douay
& Orchies & c. & de Marie de Liedekerque. De ce
mariage vint Philippes , Baron de Wiskerque &
Comte de Rupelmonde qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Baron de Wiskerque , Seigneur
& Comte de Rupelmonde , &c . époufa le 3
Juillet 1655 , Marguerite de Baerlandt , d'une
ancienne maison des Pays-Bas ; il mourat fore
jeune, & laila pour fils unique Philippes Comte de
Rupelmonde , qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de - Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque &c. époufa le 21 Avril 1677 ,
Marie- Anne -Euſebe Truchfes , née Comteffe de
Wolfegg , d'une grande maifon d'Allemagne , &
fille de Guillaume , Truchfes Comte de Wolfegg ,
Gouverneur d'Amberg en Baviere , & d'Iſabelle-
Claire de Ligne- d'Aremberg & d'Arfchoft ; il
eut de ce mariage Maximilien- Philippes- Jofeph
Comte de Rupelmonde qui fuit :
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Maximilien-Philippes-Jofeph de Recourt- de
Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne , Comté
de Rupelmonde , Baron de Wiskerque , &c. Maréchal
des Camps & Armées du Roi d'Eſpagne ,
fut tué au Siege de Brihuega en Eſpagne le i 1 Décemb.
1710 , & avoit épousé le 24 Janvier 1705,
Marie-Marguerite d'Alegre, Dame du Palais de la
Reine , d'une illuftre maifon d'Auvergne , fille
d'Yves , Marquis d'Alegre , Maréchal de France &
Chevalier des ordres du Roi : il en eut pour fils
unique Yves - Marie Comte de Rupelmonde qui
fuit :
24
Yves-Marie de Recourt -de - Lens - de- Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque , & c. Maréchal des camps &
armées du Roi , fut tué à la fleur de fon âge à l'acsion
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 1
Avril 1745. De fon mariage , dont le contrat fut
paffé en 1731 avec Marie- Chrétienne - Christine
de Gramont, dame du Palais de la Reine & fille de
Louis, Duc de Gramont , Pair de France, Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant général de fes Armées
, & Colonel du Régiment des gardes , & de-
Géneviève de Gontault de Biron , naquit le
Avril 1740 , un fils nommé Louis , mort peur de
temps avant fon Pere , en la perfonne de quis'éteignit
la feule branche cadette de la maifon de
Recourt- de-Lens- de- Licques , dont la branche
aînée feule fubfifte aujourd'hui dans la perfonne
du Marquis de Licques & de fes trois filles . Voyez
pour cette maifon qui par fon ancienneté,fes fervices
& fes alliances va de pair avec les plus grandes
du Royaume , l'Hiftoire des grands Officiers de la
Couronne , VII . vol . page 827 , où la Généalogie
eft rapportée ( affez imparfaitement ) à l'article des
Amiraux de France , à l'occafion de Charles de Re
AVRIL. 1756. 223
court-de Lens , & c. fait Amiral de France en 1418 .
Voyez auffi les tablettes Hiftoriques , Généalogiques
& Chronologiques , volume V. l'Armorial
Général de France de M. d'Hozier , premier Regiftre
, où il en eft parlé à l'occaſion de Ferdinand-
Roch -Jean , & de Ferdinand Gillon , Marquis
de Licques , fon fils , reçus Pages du Roi
dans fa grande écurie , l'un le 5 Août 1684 , &
l'autre le 21 Septembre 1722 , & ce que nous
avons dit de cette maifon dans les Mercures de:
France des mois de Juin 1731 , & 1745 , premier
volume , & c.
Jacques-François , Vicomte de CAMBIS , Colonel
du Régiment d'Infanterie de fon nom , fut marié le
18 Novemb. 1755. dans la Chapelle du Château de
Bellevue , avec Louife-Françoife- Gabriele de HENNIN
- LIETARD - DE - CHIMAY , fille d'Alexandre-
Gabriel de Hennin- Lietard , Prince de Chimay
Lieutenant Général des Armées du Roi , Lieutenant
-Feldt-Maréchal des Armées de l'Empereur ,
Grand d'Espagne de la premiere claffe , &c . mort:
le 18 Février 1745 , & de Gabriele- Françoife de
Beauvau , aujourd'hui Princeffe Douairiere de
Chimay. Le Curé de Meudon leur donna la Bénédiction
nuptiale . Leur Contrat de mariage avoit
été figné le 16 du même mois de Novembre , par
Leurs Majeftés & par la Famille Royale.
La Maifon de Cambis , originaire de Florence ,
a produit plufieurs grands hommes , entr'autres
Ludovifio Cambi , vivant en 1245 , lequel rendit
de grands fervices aux Papes Grégoire IX & Innocent
IV. Dante Cambi , Prieur de la Liberté de
Florence , qui vivoit en 1290 & 1300. Nero Cambi
, Gonfanonier de la République en 1421. Victor
Cambi , un des plus fameux partifans de la
faction Guelfe en 1450. François Cambi , qui
K.iiij.
224 MERCURE DE FRANCE.
époufa en 1492 Fiamette Corfini , &c. D'eux def
cendoit Luc Cambi , auquel cette Maiſon doit
fon établiſſement en France. Il quitta Florence
avec Marie de Pazzis , fon époufe , & Guy de
Cambi , fon frere , qui mourut fans enfans , pour
venir à Avignon , où il pofféda de grandes richeffes.
Il y fit fon Teftament le 13 Juin 1502 , &
laiffa douze enfans , fept garçons , dont trois ont
eu postérité , & cinq filles . Son fils aîné , Dominique
de Cambis , fut Baron d'Alais , Seigneur de
Saint-Paul , Saint-Martin - Malcap , &c. & tefta le
16 Janvier 1520. Il laiffa de fa femme Marguerite
Damians , entr'autres enfans Louis de Cambis
, Baron d'Alais , de Fons & de Sérignac , Seigneur
de Souftelles , &c. qui fut allié avec Marguerite
de Pluviers. De ce mariage vinrent entr'autres
, François de Cambis , Baron d'Alais , qui fuit ::
Jean de Cambis , Gentilhomme ordinaire du Prince
de Condé , Gouverneur de la Vignerie d'Alais ,
& Lieutenant de Roi au Gouvernement de Languedoc
, dont la poftérité fubfifte dans l'Orléa-.
nois , & Théodore de Cambis , Baron de Fons &
de Sérignac , qui forma une branche qui exifte
aujourd'hui en Languedoc.
François de Cambis , Baron d'Alais , fils aîné de-
Louis , fut Chevalier de l'Ordre du Roi , & époufa
Magdeleine de Villeneuve , fille de Claude , Marquis
de Trans , & d'Ifabelle de Feltres , de laquelle
il eut Georges de Cambis , Baron d'Alais , marié
à Itabelle de Thezan , fille d'Olivier , Vicomte du
Pujols & de Caffandre de Cenamy. De cette allian-.
ce fortirent quatre garçons , l'aîné defquels nommé
Jacques , époufa Catherine d'André , qui le
rendit pere de Jacques de Cambis , mort en 1653
fans poftérité . Sa foeur Ifabelle de Cambis , avoit
époufé Jacques de Berard , Seigneur de Montaler ,
AVRIL. 1756. 225
qui à caufe d'elle devint Baron d'Alais , Seigneur
de Souftelles , & c . Sa feconde foeur Ifabelle de
Cambis , époufa en 1655 Jean - François de la
Fare , Baron de la Salle , Meftre de Camp de
Cavalerie.
Nicolas de Cambis , cinquieme fils de Luc &
de Marie de Pazzis , fut auteur de la branche des
Seigneurs d'Auvaro en Provence , éteinte vers le
milieu du 16 fiecle .
Pierre de Cambis , fixieme fils de Luc , fut fait
Conful d'Avignon , du rang des Nobles de la
premiere claffe en 1547. Il avoit époufé dès le
28 Octobre 1525 , Françoiſe de Perruzzis , Dame
d'Orfan , au Diocèfe d'Uzès. Elle fut mere entr'autres
de Jéan de Cambis , Seigneur d'Orfan , Chevalier
de l'Ordre du Roi & de celui du Pape ,
premier Conful & Viguier de la Ville d'Avignon ,
au nom de laquelle il fut Ambaffadeur près du
Roi Henri III , qui le fit Chevalier de fa propre
main , & près du Pape . Il épouſa le 16 Avril 15552
Françoile de Clericis , qui le rendit pere de trois
garçons qui ont laiffé poftérité. Celle de Richard ,
qui étoit l'aîné , finit vers la fin du dernier fiecle.
Le ſecond nommé Louis , fit la branche des Seigneurs
d'Orfan dont on va parler ; & le troisieme ,
qui s'appelloit Antoine , fut auteur de celle des
Seigneurs d'Hortes , éteinte depuis environ cent
ans.
>
Louis de Cambis , fecond fils de Jean & de
Françoife de Clericis , fut Seigneur d'Orfan , &c.
premier Conful & Viguier d'Avignon , Capitaine
d'une Compagnie de Chevaux- Légers , & Chevalier
de l'Ordre du Roi. Il époufa par contrat du
16 Mai 1583 , Georgette de la Falêche , fille
d'Antoine , Chevalier de l'Ordre du Roi , & de
Françoife de Riccis. Il eut de ce mariage , 1º
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
f
t
Jean de Cambis , qui continua la ligne directe ;
2º. Paul de Cambis , auteur de la branche des
Marquis de Velleron , qui feront rapportés enfuite
; 3 ° . Octave de Cambis , Camerier du Pape
Urbain VIII.
I
Jean de Cambis , Seigneur d'Orfan , &c. fils
aîné de Louis & de Georgette de la Falêche , fut
allié par Contrat du 1 Mai 1616 , à Marguerite.
de Simiane , Dame de Cairane , qui le rendit pere
> entr'autres de Louis de Cambis , Seigneur d'Orfan
, &c. marié par Contrat du 13 Avril 1638 ,
avec Magdeleine de Baumefort. De cette alliance
vint entr'autres Charles de Cambis , Seigneur
d'Orfan & de Lagnes , qui époufa par Contrat du
30 Août 1674 , Marie- Anne Pilchotte de la Pape
dont vint Jacques de Cambis , Seigneur d'Orfan
&c. allié en 1690 , à Magdeleine de Guilhens de
Puy-Laval , qui fut mere de Louis - Charles de
: Cambis , Seigneur d'Orfan & de Lagnes , marié
en 1723 ´à Anne - Elifabeth de Pierne , fille de
Marc- Antoine , Seigneur d'Arenes & de Sufanne .
de Bafchi du Cayla. De ce mariage eft né le
7 Mars 1727 , Jacques- François de Cambis qui
donne lieu à cet article .
Paul de Cambis , fecond fils de Louis & de
Georgette de la Falêche , fut Baron de Brantes ,
Seigneur de Cairane , & Co- Seigneur de Velleron ,
Chevalier de l'Ordre du Roi , Capitaine- Lieutenant
du Régiment de Normandie , & Syndic de
la Nobleffe du Comté- Venaiffin , & en cette qualité
député au Roi Louis XIII . Il fut marié le 21
Février 1621 , à Gabriele de Rodulf, fille de Louis,
Seigneur de Limans , &c. & de Marthe de Grimoard
du Roure. De cette alliance vint François
de Cambis , Baron de Brantes , créé Marquis de
Velleron , par Bulle du Pape Clément IX. Il époufaAVRIL.
1756. 227
en 1653 Jeanne de Forbin , foeur du Cardinal de
Janfon, de laquelle il eut entr'autres Jofeph de
Cambis , & Louis-Dominique de Cambis qui ont :
laiffé postérité.
eft Jofeph de Cambis , Marquis de Velleron ,
mort le 6 Janvier 1736 , chef d'Efcadre des Galeres
du Roi , & Commandeur de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis. H avoit épousé Angélique
de Cambis de Fargues , de laquelle il a laiffé
1º. Jofeph-Louis-Dominique de Cambis , Marquis
de Velleron , dit le Comte de Cambis , né en
Novembre 1706 , Colonel de l'Infanterie du
Comté- Vénaiffin , marié le 13 Avril 1741 , avec :
Anne- Louiſe de la Queille de Châteaugué , dont
eft née Marie Jofephine - Louife Sophie de
Cambis ;
-
2º. Angélique-Touffaint de Cambis , allié le
16 Mars 1716, à Louis - Joſeph Gras, Seigneur de
Préville ;
3°. Jeanne de Cambis , mariée le 16 Avril 1719 ,.
à Antoine Hoftager , Seigneur de Roquetaillade.
Louis- Dominique , Comte de Cambis , Lieutenant
général des Armées de Sa Majeſté , ſecond
fils de François & de Jeanne de Forbin , eft mort
à Londres , où il étoit Ambaffadeur du Roi , le
12 Février 1740 , laiffant de fa femme Catherine
Nicole Gruin , morte en 1754 ;
1º. Louis-Jofeph-Nicolas , Marquis de Cambis
, né le 1 Mars 1725 , Brigadier de Cavalerie en
Décembre 1748 , Meftre de Camp du Régiment :
de Bourbon, & Gouverneur de Sifteron...
2 % Anne-Victoire de Cambis , née à Turin ou
fon pere étoit Ambaffadeur , le 1 Juin 1726 , mariée
en Avril 1746 au Marquis d'Herbouville ,
Capitaine de Gendarmerie.
CAMBIS porte pour Armes d'azur au chêne d'or ,
22S MERCURE DE FRANCE.
mouvant d'une montagne à fix copeaux de même ,
foutenus par deux lions auffi d'or.
Le 2 Novembre 1755 ,mourut en fon Château
d'Andechy en Picardie , François- Simon de Riencourt
, Comte d'Andechy, marié le 2 Mai 1695 , à
Jeanne- Jule de Guerin de Tarnaut , fille de Robert
de Guerin de Tarnaut ,. & de Jeanne Huaut
de Montmagny , dont il eut Jeanne- Jule Dame
de S. Cyr ; Anne- Françoife , mariée les Mai
1728 , à Pierre de Guerin de Tarnaut , fon oncle
maternel , ancien Colonel d'un Régiment d'Infanterie
de fon nom & René-Léonor , Chevalier
Comte d'Andechy,marié le 23 Juin 1719 , à Jeanne
de Forceville , fille de Charles , Chevalier Seigneur
de Forceville , & d'Antoinette du Mouchet
de Vauffelles ; dont Barbe Simon Comte de Riencourt
, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archyac
; Pierre de Riencourt, Prêtre ; Louis-François
, d'abord Page de Madame la Dauphine , puis
Lieutenant au Régiment d'Archyac , & trois filles
à S. Cyr
La Maifon de Riencourt alliée à celles . de
Mailloc , Montmorency , Amiens , Bournel , Ailly ,
Lamet , Rellencourt , Desfriches- Doria , Forceville
, la Fontaine , Guerin de Tarnaut , d'Angennes,
Fiercelin, Mareuil , Saiffeval , Saint Georges-
Verac , Joyeuse , &c..eft une des plus anciennes
de Picardie , où elle eft connue dès le commencement
du treizieme fiecle , comme on le
voit par les Cartulaires de différentes Abbayes.
En 1206 Thomas de Riencourt qualifié Chevalier ,
foufcrit à la donation de plufieurs biens que fait.
Enguerran de Pequigny Vidame d'Amiens , à l'Eglife
de Sainte Marie de Moliens . En 1223 Jean
de Riencourt fon fils tranfige avec les Religieux
de l'Abbaye du Gard, en préfence du Vidame d'A-
&
AVRIL. 1756. 229
"
miens , & leur laiffe quelques droits qu'il tenoit
d'Amelius de Bouelles fon ayeul , touchant les
marais de Croy. Hugues de Riencourt , fon fils ,
dans le dénombrement des terres de Riencourt &
Saint Leger , qu'il donne en 1259 , à Jean , Baron
de Pequigny, Vidame d'Amiens , prend les qualités
de Haut Puiffant Seigneur Meffire Hugues ,
Seigneur de Riencourt , Franqueville , Saint Leger,
Drueulfous Moliens le Vidame, Orival, Bergicourt ,
Tilloloy Vaux; ainfi il y a 500 ans que ces quatre
dernieres terres font dans la maifon de- Riencourt.
On trouve à la Chambre des Comptes de Paris
un Bref daté de Lyon , du Pape Innocent IV, à
P'Evêque d'Amiens , par lequel il accorde à Jeande
Ricncourt & à Hugues fon fils , dont on vient
de parler , les mêmes Indulgences que s'ils s'étoient
croifés pour la Terre Sainte , parce qu'ils
étoient difpofés à aller au fecours de l'Eglife Uni-
-verfelle contre les habitans d'Aix - la - Chapelle
{ contra Aquenſes } *;
" La Maifon s'eſt d'abord diviſée en deux bran→
ches formées par les deux enfans d'Enguerran ,
Seigneur de Riencourt , décedé en 1380. La branche
aînée eft tombée avec la Terre de ce nom
dans la maifon d'AUDENFORT , d'ou en celle de
TIERCELIN , par le mariage de Marguerite de Riencourt
, fille de Hugues, Seigneur de Riencourt , &
de Marie de Lamet , & petite- fille de Jean , Seigneur
de Riencourt , & de Márie de Montmorency,
* Comme le Pape étoit alors obligé de se fauver
de Rome a caufe de la guerre que lui faifoit l'Empereur
Frédéric II , qu'il avoit excommunié , le
Pape les engagea à lui prêter fecours , & à aller contre
les habitans d'Aix- la Chapelle , en leur promet
tant l'abſolution générale de leurs péchés..
230 MERCURE DE FRANCE.
*
de la branche de Bours , fille de Hugués de Monte
morency , Chevalier Seigneur de Bours , & de
Marie d'Ognies.
La branche de Riencourt d'Orival devenue aî→
née , s'eft fubdivifée en deux autres branches formées
par Raoul de Riencourt, Seigneur d'Orival ,.
Bergicourt , &c. & par Thomas de Riencourt-
Seigneur de Tilloloy , Vaux , &c. tous deux enfans
de Matthieu de Riencourt , vivant en 1430 .
Raoul de Riencourt , Chevalier Seigneur d'Orival
, Bergicourt , du Qefnel & Linas , vivoit en
1476 avec Jeanne de Borgeau fon épouſe , fille de
Jacques de Borgeau Seigneur dudit lieu , dont
deux enfans ; le cadet a formé la branche de Parfondru
près Laon. François de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Parfondru & Drouay , fils de
Pierre de Riencourt , Chevalier , Seigneur defdits
lieux , & d'Ifabelle de Sons , marié en 1639, à Ju--
dith-Anne de Joyeuse de la branche de Montgobert
, fille de Robert de Joyeuſe , Baron de Verpeil
& de Montgobert , & de Judith Hennequin ,., .
étoit de cette branche , qui fubfifte encore aujour
d'hui près de Rhetel en Champagne .
Antoine de Rien court , Chevalier , Seigneur
d'Orival dont on vient de parler , eut de fa femme
Marie de Saquefpée , Adrien , Seigneur d'Orival
, marié à Charlotte de la Motte , fille de Char--
les de la Motte , Chevalier , Seigneur de Ville &
Montigny , & de Jeanne d'Abbeville ; dont
François , Seigneur d'Orival , Bergicourt , Morvillier
, Graville , &c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Anjou , frere d'Henri III , qui de
Dianne de Maillor fa femme , fille de Nicolas-
Baron de Mailloc , & de Charlotte de Monchy, eut
François, Seigneur deſdits lieux , marié 1º . en 1642,
à Catherine de Sennemon , fille de Jean de SenneAVRIL.
1756. 232
mon , & de Gabriele de Tier celin ; 2 ° à Marie de
Moreuil , fille d'Artus de Moreuil , Chevalier de
l'Ordre du Roi , & de Charlotte de Halluyn. Du
fecond lit vinrent deux filles , l'une mariée dans la
maifon du Blaifel en Boulenois , l'autre , dans
celle de Venoix en Normandie , & Jean- Auguſtin
de Riencourt , Marquis d'Orival , marié le 4 Janvier
1683 à Marie-Anne Desfriches -Doria, fille de
Charles Desfriches , Baron de Braffeufe, & d'Annedes
Etangs ; dont un Chevalier de Malte mort ;
le Comte d'Orival , ancien Capitaine aux Gardes ,
& Charles- François de Riencourt , Marquis d'Orival
, ancien Colonel du Régiment de la Reine-
Dragons ; lequel de Marie d'Angennes fa femme,
fille de Charles- François d'Augennes , Chevalier
Seigneur de Maintenon , Commandant des Ifles
Saint Pierre & Guadeloupe en la Martinique , eut
Marie-Adelaïde de Riencourt, mariée le 2 Janvier
1742 , à Pierre- Cefar de Saint Georges , Marquis de
Verac , Lieutenant- Général de Poitou , qui n'ont
laiffé à leur mort qu'un fils unique appellé le
Marquis de Verac.
La branche de Tilloloy vient , comme nous l'a.
vons dit , de Thomas de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux , S. Severin ,
marié à N. Deamont ; dont Hugues marié en fe
condes nôces à N. de Jalaife, avec laquelle il vivoit
en 1550 ; dont Chriftophe de Riencourt marié le
11 Août 1561 , à Claude le Hochart , fille de Benoît
le Hochart , Seigneur de Lepinay, & de Guil
lemette de Bournel ; dont Nicolas de Riencourt
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
Saint Severin , marié le 9 Avril 1589 , avec Anne
d'Ailly , de la branche d'Annery , fille de Claude
d'Ailly, Chevalier , Seigneur de Montgerout, Lau
Bay , Clerfon , Montcornel &c. Chevalier de
232 MERCURE DE FRANCE.
l'Ordre du Roi , un des cent Gentilshommes de
la Maifon de Sa Majefté , Gentilhomme d'honneur
de la Reine , Enfeigne de la Compagnie des.
Gendarmes de M. de Villebon d'Eftouteville , &
de Jeanne de Joigny -Blondet fa premiere femme ,
veuve de Martin de Bournonville , Chevalier Seigneur
de Châteauregnaud , Gouverneur de Montreuil
. Heut de ce mariage Dianne de Riencourt ,
mariée à Charles de la Rue , Chevalier ; Anne
mariée en 1614 à François de Saiffeval , Chevalier
, Seigneur de Blerancourt ; Claude de Riencourt
qui a formé la branche de Boisgeffroy en
Normandie , où elle fubfifte encore ; marié 1º . à
Renée de l'Epinay ; 2 °. à Marie de Conveloire ; &
François de Riencourt,Chevalier, Seigneur de Til
loloy , marié le 16 Juin 1618 , à Marguerite de la
Fontaine , fille de Louis de la Fontaine , Chevalier
, Seigneur de Candore , & d'Ifabcau de Lan ;
dont trois enfans.
Le dernier , Leonor- René de Riencourt , Chevalier
Seigneur d'Andechy , Commandant du
fecond bataillon du Régiment de Lyonnois, marié
le 11 Septembre 1674 , à Catherine de Vinet ; dont
le Comte d'Andechy qui donne lieu à cet article.
Le fecond, Henri de Riencourt , Chevalier, Seigneur
de Ligneres , marié le 21 Décembre 1659 ,
à Marguerite de Hanffart , fille de Claude de Hanffart,
Seigneur d'Efcoquerre, & de Charlotte de l'Etoile
;
dont Louis de Riencourt qui , d'Elifabeth
d'Urre fa femme , à eu 1º . Louis- Claude de Rien
court , Seigneur de Ligneres , vivant actuellement
avec Catherine Gaillard fa femme , dont un fils
Page de la Reine , & plufieurs autres enfans. 2º .
Charles-Henri de Riencourt , qui a laidé à fà mort
plufieurs enfans d'Elifabeth de Cacheleu de Maifoncelle,
fa femme ; 3 ° . Louis,Chanoine d'Amiens ;
AVRIL. 1756. 233
4. Une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur
de Preville , & une autre mariée à Simon de Lana
glois, Chevalier, Capitaine au Régiment de Cham
pagne , Directeur des Fortifications du Soiffonmois.
Le fils aîné de François de Riencourt, & de Marguerite
de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt;
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
&c. eut de Marguerite Forestier fa- femme , une
fille mariée le 7 Janvier 1667 , à François de Forceville
, Chevalier , Seigneur de Forceville , Fontaines
, & c. & Ferdinand-Laurent de Riencourt ,
Capitaine de Cavalerie , marié le 4 Décembre
1684 , à Marie-Anne de Gaude , fille de Jean de
Gaude , Chevalier, Seigneur de Martainneville , &
de Marguerite de Croze ; dont Charles- Pierre- Paul
marié à N. de Bonnet ; Leonor-René , ancien Capitaine
de Cavalerie , & plufieurs autres enfans :
l'aîné de tous eft Louis- François de Riencourt, ancien
Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie
, marié à Marguerite de Ternifien veuve
de N. de Sarcus , Chevalier , Seigneur de Courcelies
, dont deux enfans dans le fervice & deux
filles.
Les Armes de la Maifon de Riencourt font
d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Catherine - Dorothée , née Princeffe Jablonouska
, époufe de Maximilien -François de Tenezyn
Duc Offolinski , Chevalier des Ordres du Roi ,
Grand Maître de la Maifon du Roi de Pologne
Duc de Lorraine , eft décédée fans enfans le s Janvier
1756. Elle étoit fille de Jean Staniflas , Palatin
de Ruffie , frere de Madame Royale , mere da
Roi de Pologne , & de Jeanne- Cafimire de Be
thune , niece de la Reine de Pologne , femme de
Jean LIL
234
Les deux illuftres Maifons de Jablonouski &
d'Offolinsky , des premieres de Pologne , font
connues & également recommendables par l'ancienneté
, l'illuftration & les grandes alliances
-par lefquelles elles appartiennent ou font alliées à
prefque tous les Souverains de l'Europe.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
Le texte traite des mariages et des décès au sein de la famille Recourt-de-Lens-de-Licques, des Comtes de Boulogne. Il corrige une erreur selon laquelle le Comte de Rupelmonde, tué en 1745, était le dernier descendant de sa maison. En réalité, la branche aînée continue avec Ferdinand-Gillon de Recourt-de-Lens-de-Licques. Le texte détaille les mariages et les décès de plusieurs membres de cette famille. Philippes de Recourt-de-Lens-de-Licques, gouverneur de plusieurs villes, a joué un rôle dans la régulation des différends entre le Roi d'Espagne et le Roi Henry III en 1586. Il est mort à Bruxelles en 1588. Son fils Gabriel est décédé en 1589, laissant un fils, Philippes, qui a continué la branche des Comtes de Rupelmonde. Philippe de Recourt-de-Lens-de-Licques, gouverneur de Bourbourg, a épousé Suzanne de Langlée en 1614 et Louise de Cruninghe en 1630. De ce second mariage est né Philippes-Charles-Bartholomé, Marquis de Licques. Ferdinand-Roch-Jean, fils de Philippes-Charles-Bartholomé, a épousé Anne-Michel-Alexandrine le Sart en 1700. Leur fils Ferdinand-Gillon a épousé Élisabeth de Lefpinay de Marteville en 1730, mais ils ont eu trois filles, Catherine-Élisabeth-Henriette, Louise-Aimée et Marie-Gabriele-Victoire-Nymphe. Le texte mentionne également Philippe de Recourt-de-Lens-de-Licques, Colonel d'Infanterie Wallone, et ses descendants, dont Maximilien-Philippe-Joseph, tué en 1710, et Yves-Marie, tué en 1745. Yves-Marie a laissé un fils, Louis, mort peu après son père, marquant la fin de la branche cadette de la famille. Enfin, le texte mentionne le mariage de Jacques-François, Vicomte de Cambis, avec Louise-Françoise-Gabriele de Hennin-Lietard de Chimay en 1755, et l'histoire de la maison de Cambis, originaire de Florence, avec plusieurs figures notables. Le texte présente également la généalogie et les alliances de la famille Riencourt. Louis de Riencourt, marié à Élisabeth d'Urre, a eu plusieurs enfants, dont Louis-Claude, Seigneur de Ligneres, marié à Catherine Gaillard, et Charles-Henri, qui a eu plusieurs enfants avec Élisabeth de Cacheleu de Maifoncelle. Louis de Riencourt a également eu un fils chanoine à Amiens, une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur de Preville, et une autre mariée à Simon de Langlois, Chevalier et Capitaine au Régiment de Champagne. Le fils aîné de François de Riencourt et Marguerite de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt, Chevalier et Seigneur de Tilloloy, Vaux, et Arleux, a eu une fille mariée en 1667 à François de Forceville et Ferdinand-Laurent de Riencourt, Capitaine de Cavalerie, marié en 1684 à Marie-Anne de Gaude. Ferdinand-Laurent a eu plusieurs enfants, dont Charles-Pierre-Paul, marié à N. de Bonnet, et Léonor-René, ancien Capitaine de Cavalerie. Louis-François de Riencourt, ancien Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie, marié à Marguerite de Ternisien, veuve de N. de Sarcus, a eu deux fils dans le service et deux filles. Les armes de la maison Riencourt sont d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
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1296
p. 248-249
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le 6, le Lord Marie, les Aldermans & les Scheriffs, [...]
Mots clefs :
Londres, Adresse au roi, Allégeance au roi, Lord Marie, Shérifs, Aldermans, Thomas Pownall, Gouverneur de la Nouvelle Angleterre, Régiments, Amérique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 15 Avril.
Le 6, le Lord Marie , les Aldermans & les Scheriffs
, préfenterent au Roi une Adreſſe , par laquelle
ils affurerent Sa Majefté , qu'ils facrifieroient
leurs biens & leurs vies pour la défenſe de
fa Perfonne & de fon Gouvernement. Le Roi répondit
: Je vous remercie des marques que vous
me donnez de votre zele & de votre affection , &
je me repose fermement ſur vos promeffes. La Ville
de Londres peut toujours compter fur ma bienveil
MA I. 1756. 249
Lance fur ma protection. Le Corps des Négocians
de cette Capitale , & le Scheriff du Duché
d'Yorck , ont préfenté auffi des Adreffes à Sa Majeſté.
Le fieur Thomas Pownall vient d'être nommé
Gouverneur de la Nouvelle Angleterre , à la place
du fieur Shirley. Une partie des troupes deftinées
pour l'Acadie eft déja embarquée à Plymouth. On
fe propofe d'envoyer une fomme confidérable en
Amérique. Les , les Amiraux Byng & Weft firent
voile de Spitéad avec dix Vaiffeaux de guerre
pour la Méditerranée. Le Chef d'Efcadre Keppel
les fuivit le même jour avec 4 Vaiffeaux . Le Gouvernement
a donné ordre de couler à fond tous les
Bâtimens de Pêcheur , qui ont été pris fur les
François Le nombre des troupes Hanovériennes
qui doivent paffer dans la Grande - Bretagne , fera
de neuf mille hommes d'Infanterie , neuf cens de
Cavalerie , & trois cens du Corps d'Artillerie Gn
a tiré de l'Arcenal de la Tour quarante pieces decanon
, pour les tranſporter à Portſmouth . Sui
vant les nouvelles de Saffron - Walden , le 18 du
mois dernier à dix heures du matin , on y entendit
tout à coup un bruit extraordinaire . Peu après,
il tomba une grande quantité de grêle , dont la
plupart des grains avoient jufqu'à trois pouces &
demi de circonférence .
La Cour a ordonné de reftituer le Vaiſſeau
François , dont le Vaiffeau de guerre l'Expérience
s'eft emparé à peu de diſtance de Cadix,
DE LONDRES , le 15 Avril.
Le 6, le Lord Marie , les Aldermans & les Scheriffs
, préfenterent au Roi une Adreſſe , par laquelle
ils affurerent Sa Majefté , qu'ils facrifieroient
leurs biens & leurs vies pour la défenſe de
fa Perfonne & de fon Gouvernement. Le Roi répondit
: Je vous remercie des marques que vous
me donnez de votre zele & de votre affection , &
je me repose fermement ſur vos promeffes. La Ville
de Londres peut toujours compter fur ma bienveil
MA I. 1756. 249
Lance fur ma protection. Le Corps des Négocians
de cette Capitale , & le Scheriff du Duché
d'Yorck , ont préfenté auffi des Adreffes à Sa Majeſté.
Le fieur Thomas Pownall vient d'être nommé
Gouverneur de la Nouvelle Angleterre , à la place
du fieur Shirley. Une partie des troupes deftinées
pour l'Acadie eft déja embarquée à Plymouth. On
fe propofe d'envoyer une fomme confidérable en
Amérique. Les , les Amiraux Byng & Weft firent
voile de Spitéad avec dix Vaiffeaux de guerre
pour la Méditerranée. Le Chef d'Efcadre Keppel
les fuivit le même jour avec 4 Vaiffeaux . Le Gouvernement
a donné ordre de couler à fond tous les
Bâtimens de Pêcheur , qui ont été pris fur les
François Le nombre des troupes Hanovériennes
qui doivent paffer dans la Grande - Bretagne , fera
de neuf mille hommes d'Infanterie , neuf cens de
Cavalerie , & trois cens du Corps d'Artillerie Gn
a tiré de l'Arcenal de la Tour quarante pieces decanon
, pour les tranſporter à Portſmouth . Sui
vant les nouvelles de Saffron - Walden , le 18 du
mois dernier à dix heures du matin , on y entendit
tout à coup un bruit extraordinaire . Peu après,
il tomba une grande quantité de grêle , dont la
plupart des grains avoient jufqu'à trois pouces &
demi de circonférence .
La Cour a ordonné de reftituer le Vaiſſeau
François , dont le Vaiffeau de guerre l'Expérience
s'eft emparé à peu de diſtance de Cadix,
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 6 avril, les autorités de Londres, incluant le Lord Maire, les Aldermen et les Sheriffs, ont exprimé leur dévouement à défendre le roi et son gouvernement, même au prix de leurs biens et de leurs vies. Le roi a remercié et affirmé sa confiance en leur soutien. Les négociants de Londres et le Sheriff du Duché d'York ont également présenté des adresses similaires. Thomas Pownall a été nommé gouverneur de la Nouvelle Angleterre, succédant à Shirley. Des troupes pour l'Acadie ont été embarquées à Plymouth, et des renforts pour l'Amérique sont prévus. Les amiraux Byng et West, ainsi que le chef d'escadre Keppel, ont pris la mer vers la Méditerranée avec des vaisseaux de guerre. Le gouvernement a ordonné de couler les bateaux de pêche français capturés et a préparé des troupes hanovriennes pour la Grande-Bretagne, incluant de l'infanterie, de la cavalerie et de l'artillerie. Des canons ont été transférés de la Tour de Londres à Portsmouth. À Saffron-Walden, un phénomène météorologique inhabituel avec une chute de grêle de grande taille a été observé. La Cour a ordonné la restitution d'un vaisseau français capturé par le navire de guerre l'Expérience près de Cadix.
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1297
p. 250-256
« Le 4 Avril, M. le Marquis de Paulmy, Secretaire d'Etat au [...] »
Début :
Le 4 Avril, M. le Marquis de Paulmy, Secretaire d'Etat au [...]
Mots clefs :
Sa Majesté, Nominations, Arrêt du Conseil d'État, Pensions, Duchesse de Mazarin, Marais, Culture de la terre, Académies, Clergé, Ouragan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4 Avril, M. le Marquis de Paulmy, Secretaire d'Etat au [...] »
LE 4 Avril , M. le Marquis de Pauliny , Secretaire
d'Etat au Département de la Guerre ,
furvivance de M. le Comte d'Argenfon , & Chancelier
de l'Ordre Royal & Militaire de Saint
Louis , préfenta au Roi les Commandeurs & Of
ficiers de l'Ordre , & les Bourfes de Jettons , ainfi
qu'il eft d'ufage.
Madame la Marquife de Choifeul & Madame
la Comteffe d'Efpiés furent préfentées le même
jour à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
Ce même jour , M. le Marquis de Monteil partit
pour le rendre à Bonn , en qualité de Miniftre
Plénipotentiaire du Roi près de l'Electeur de Cologne,
1
M.le Duc d'Orléans ayant invité le fieur Tronshin
, célebre Profeffeur de Médecine à Geneve
de fe rendre à Paris , pour inoculer la petite vérole
à M. le Duc de Chartres & à Mademoiſelle , cette
opération s'est faite au Palais Royal , le 25 du
mois dernier , après la préparation néceflaire
fans incifion , au moyen d'un léger véficatoire. Le
fuccès a répondu aux efpérances de M. le Duc &
de Madame la Ducheffe d'Orléans, & aux voeux de
toute la France .
Sur ce qui a été repréfenté au Roi , que plufieurs
terreins en marais & inondés , feroient propres
à produire de la Garance , & que quelques
perfonnes s'offroient à faire les frais néceffaires
pour cultiver cette plante qu'on eft obligé de tirer
MA I. 1756. 25T
par
des pays étrangers , & pour deffécher lesdits marais
, s'il lui plaifoit les faire jouir de quelques
exemptions & privileges , nommément de ceux
qui font attribués par l'Edit de 1607, ainfi que
la Déclaration de 1641 , & autres réglemens
fubféquens , à ceux qui font le defféchement des
marais incultes , Sa Majefté a ordonné que les particuliers
, qui voudroient entreprendre de cultiver
des plantations de Garance dans des marais &
autres lieux de pareille nature , ne pourroient
pendant vingt années , à compter du jour que les
defféchemens & défrichemens auront été commencés
, être impofés à la taille , eux ni ceux
qui feroient employés à ladite exploitation , pour
raifon de la propriété ou du profit à faire fur l'exploitation
des terres cultivées en Garance. Au cas
dans lequel ils feroient d'ailleurs impofables
pour leurs autres biens , facultés & exploitations ,
ils feront taxés d'office par l'Intendant & Commiffaire
départi . Veut de plus Sa Majefté qu'il leur
foit permis de tenir , tant à Paris que dans les autres
Villes & Lieux du Royaume , des magafins
de Garance provenant de leurs exploitations , &
de la vendre , foit en gros , foit en détail , fans
qu'ils puiffent être troublés ni inquiétés. Sa Majefté
évoque à Elle & à fon Confeil tous les procès
, différends & conteftations ; que ceux qui entreprendront
la culture defdites Garances pourront
avoirs, ou en demandant ou en défendant ,
pendant le cours de cinq années , pour raifon de
leurs entreprifes & des privileges à eux accordés .
Conféquemment Elle les renvoie, pardevant les In--
tendans & Commiffaires départis , pour être jugés
par eux en premiere inftance , fauf l'appel aus
Confeil.
22
Parsun Arrêt du Confeil d'Etat , l'Ordre de
Lvj
252 MERCURE DE FRANCE.
Malte , en payant la fomme de deux cens cine
quante mille livres par forme de don gratuit , eft
déchargé de l'exécution de l'Edit du mois de Mai:
1749 , portant établiffement du Vingtieme. Lef
dites deux cens cinquante mille livres feront
payées en cinq années , à raiſon de cinquante
mille livres chaque paiement , dont le premier
fera fait au mois d'Octobre prochain , & ainfi
d'année en année, jafqu'à l'entier acquittement de
la fomme totale. Entend Sa Majefté , que les penfions
établies & conftituées par les familles en faveur
des Chevaliers & Freres Novices , & les biens
'dont la jouiffance leur aura été abandonnée pour
le paiement , ou qui leur tiendront lieu defdites
penfions alimentaires , foient exemts de toute retenue
ou impofition du Vingtieme. Au cas que les
propriétaires , fermiers ou admodiateurs , mé
Tayers , locataires , receveurs , procureurs & autres
faifant valoir les biens chargés defdites penfions
, ayent été compris dans les rôles de ladite
impofition du Vingtieme , pour la totalité du produit
des biens dont ils jouiffent , fans aucune déduction
pour raifon des penfions dont ils font
chargés ; ils obtiendront , en repréſentant au. Prevôt
des Marchands & aux Intendans les titres enbonne
& due forme conftitutifs de ces penfions ,
les modérations du Vingtieme des fommes dont
ils feront tenus envers lefdits Chevaliers & Freres
Novices.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu lefeur
Pingré , Chanoine Régulier & Bibliothécai
re de l'Abbaye de Sainte Geneviève , & le fieur
de Belidor , Colonel d'Infanterie , pour remplis
la place d'Affocié Libre qu'occupoit le feu fieur de
Gamaches dans cette Compagnie , le Roi informé
du mérite & des talens de l'un & de l'autre , les a
{
MAI. 1756. 253
nommés tous les deux. En même tems , Sa Majefté
a réglé que la premiere place , qui viendroir
à vaquer dans la Claffe des Affociés Libres , ne
feroit point remplie.
M. d'Alembert , de l'Académie Françoiſe & de
celle des Sciences , vient d'être nommé par cette
derniere Académie , Penfionnaire furnuméraire.
Le même Académicien vient auffi d'être élu extraordinairement
, à la recommandation du Pape ,
Affocié étranger de l'Inftitut de Bologne.
On apprend de Marfeille , que le Navire la
Sainte Elizabeth , Capitaine Jean-Jofeph Portail,
a eu , en revenant de Smirne , deux combats à
foutenir contre deux Bâtimens Anglois.
M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre du Roi , & Gouverneur de Paris ,
& M. le Comte d'Argenſon , Miniftre & Secretaire
d'Etat , accompagnés de M. de Bernage ,, Prevôt
des Marchands, & de M. Stocard, Premier Echevin,
préfenterent le 8 à Sa Majeſté , avec M. le Marquis
de Marigny , Directeur & Ordonnateur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , le Modele
en relief de la Place que la Ville fait conftruire
pour la Statue équestre du Roi. M. le Marquis de
Marigni conduifit enfuite le Roi au Modele de
P'Ecole Militaire. Sa Majefté donna des marques
de fa fatisfaction de l'un & de l'autre.
Le 9 Avril , à l'occaſion de la mort de la Princeffe
Douairiere de Rohan , le Prince de Condé ,
accompagné du Chevalier de Rohan & du Duc de
Duras , falua en long manteau de deuil leurs Ma
jeftés & la Famille Royale . La Princeffe de Guémené
, la Princeffe de Rohan , la Comteffe de
Marfan , la jeune Princeffe de Soubize , la Ducheffe
de Duras , la Ducheffe de Mazarin & la Ducheffe
de Chaulnes , saquitterent l'après- midi du
même cérémonial
254 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi a accordé les Entrées de la Chambre
à l'Evêque de Chartres , Premier Aumônier
de la Reine , & frere de M. le Duc de Fleury .
La mort de Madame la Maréchal de Maillebois
laiffant une place vacante parmi les Dames nommées
pour accompagner Madame , le Roi en a
difpofé en faveur de Madame la Ducheffe de
Mazarin.
Sur la démiffion que M. le Duc de Bethune a
donné de fa place de Capitaine des Gardes du
Corps , Sa Majefté y a nommé M. le Duc de Mirpoix.
3 à
On a été informé par un courier , qui arriva le
14 Avril , de Rome , que le s le Pape avoit fait la
Promotion des Cardinaux pour les Couronnes. Les
nouveaux Membres du Sacré College font , M. de
Saulx de Tavannes , Archevêque de Rouen , à la
nomination du Roi l'Evêque de Conftance ,
la nomination de l'Empereur ; l'Archevêque de
Vienne en Autriche , à la nomination de l'Impératrice
Reine de Bohême & de Hongrie ; l'Archevêque
de Seville , à la nomination du Roi d'Efpagnes
M. de Luynes , Archevêque de Sens , à la
nomination du Chevalier de Saint Georges ; PA
chevêque de Turin , à la nomination du Roi de
Sardaigne ; Don François Saldanha de Gama ,
Principal de la Patriarchale de Lifbonne , à la
nomination du Roi de Portugal , M. dec Gêvre
Evêque de Beauvais , à la nomination du Roi de
Pologne Electeurs de Saxe ; & le fieur Archinto
Gouverneur de Rome
Le 13 Avril , à neuf heures & demie du
matin, Madame la Princeffe de Condé accoucha
heureufement d'un Prince , que le Roi a nommé
Duc de Bourbon. 1
Un Arrêt du Confeil d'Etat fixe à cinq livres da
MA I. 1756. 255
cent pefant les droits d'entrée dans le Royaume
fur les clous moyens & petits , venans de l'étran
ger, & à cinquante fols , auffi du cent pefant , les
droits fur les gros clous , dont le milliers en nombre
fera du poids de deux cens cinquante livres poidsde
marc..
Le premier tirage de la troifieme Loterie
Royale s'eft fait le 7 & les cinq jours fuivans . Le
principal Lot eſt échu au numéro 21959 ,
fecond au numéro 2378.
"
& le
Le Jeudi Saint , l'Evêque de Nantes ayant fait
PAbfoute, & le Roi ayant entendu le Sermon de la
Cêne de M. l'Abbé Bon , Théologal de la Cathédrale
d'Autun , Sa Majesté a lavé les pieds à douze
Pauvres , & les a fervis à table . M. le Prince de
Condé, Grand Maître de la Maiſon du Roi ,, étoit
à la tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le
fervice , dont les plats ont été portés par Monfei
gneur leDauphin , M. le Comte de Clermont, M. le
Prince de Conty, M. le Comte de la Marche , M. let
Comte d'Eu , M. le Duc de Penthievre , & par les
principaux Officiers de Sa Majefté .
La Reine entendit le Sermon de la Cêne , de M.
l'Abbé d'Efpiard , Chanoine de l'Eglife Métropo
litaine de Befançon , Confeiller- Clerc au Parle
ment de la même. Ville , & Prédicateur ordinaire
de Sa Majefté . L'Evêque de Nantes fit enfuite l'Abfoute
, après laquelle la Reine lava les pieds à
douze pauvres filles , que Sa Majefté fervit à table.
M.le Marquis de Chalmazel, premier Maître d'Hôtel
de la Reine , précéda le fervice . Les plats furent
portés par Madame la Dauphine , par Madame
, par Madame Sophie , par les Dames du Pa
lais , & par plufieurs autres Dames de la Cour.
M. de Sechelles ayant demandé la permiffion
de remettre la place de Contrôleur Général des
256 MERCURE DE FRANCE.
Finances à M. Peirenc de Moras , que le Roi lui
avoit donné pour adjoint , Sa Majefté y a confenti
; mais en même temps Elle a témoigné défiter
que ce Miniftre continuât d'affifter auConfeil .
Selon les avis reçus de Clermont en Auvergne
il s'y éleva le 18 après-midi un vent violent . Vers
les cinq heures du foir , il devint fi terrible , que
perfonne n'ofoit fortir de chez foi , & chacun
craignoit en même tems d'être enfeveli fous les
ruines de fa maifon . I renverfa plufieurs Bâtimens
& déracina une grande quantité des plus gros
arbres. Toutes les vitres des maiſons ont été caf
fées , prefque toutes les tuiles des toits emportées ,
& la plupart des cheminées abattues . Il y a eu un
homme tué dans la Ville . A.Riom , une Religieufe
du Monaftere de Notre- Dame a eu le même fort.
Plufieurs perfonnes ont été bleffées dangereufement.
Cet ouragan ne s'eft heureufement fait fendans
l'étendue de trois ou quatre lieues . Sa
que
durée n'a guere excédé deux heures .
tir
Sa Majefté a honoré de Lettres de Nobleffe M.
Dulattier , premier Chirurgien de la Reine.
Le 22 Avril , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt - dixfept
livres ies Billets de la feconde Loterie
Royale , à fept cens trente -fix . Ceux de la premiere
& de la troifieme Loterie n'avoient point .
de prix fixe.
d'Etat au Département de la Guerre ,
furvivance de M. le Comte d'Argenfon , & Chancelier
de l'Ordre Royal & Militaire de Saint
Louis , préfenta au Roi les Commandeurs & Of
ficiers de l'Ordre , & les Bourfes de Jettons , ainfi
qu'il eft d'ufage.
Madame la Marquife de Choifeul & Madame
la Comteffe d'Efpiés furent préfentées le même
jour à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
Ce même jour , M. le Marquis de Monteil partit
pour le rendre à Bonn , en qualité de Miniftre
Plénipotentiaire du Roi près de l'Electeur de Cologne,
1
M.le Duc d'Orléans ayant invité le fieur Tronshin
, célebre Profeffeur de Médecine à Geneve
de fe rendre à Paris , pour inoculer la petite vérole
à M. le Duc de Chartres & à Mademoiſelle , cette
opération s'est faite au Palais Royal , le 25 du
mois dernier , après la préparation néceflaire
fans incifion , au moyen d'un léger véficatoire. Le
fuccès a répondu aux efpérances de M. le Duc &
de Madame la Ducheffe d'Orléans, & aux voeux de
toute la France .
Sur ce qui a été repréfenté au Roi , que plufieurs
terreins en marais & inondés , feroient propres
à produire de la Garance , & que quelques
perfonnes s'offroient à faire les frais néceffaires
pour cultiver cette plante qu'on eft obligé de tirer
MA I. 1756. 25T
par
des pays étrangers , & pour deffécher lesdits marais
, s'il lui plaifoit les faire jouir de quelques
exemptions & privileges , nommément de ceux
qui font attribués par l'Edit de 1607, ainfi que
la Déclaration de 1641 , & autres réglemens
fubféquens , à ceux qui font le defféchement des
marais incultes , Sa Majefté a ordonné que les particuliers
, qui voudroient entreprendre de cultiver
des plantations de Garance dans des marais &
autres lieux de pareille nature , ne pourroient
pendant vingt années , à compter du jour que les
defféchemens & défrichemens auront été commencés
, être impofés à la taille , eux ni ceux
qui feroient employés à ladite exploitation , pour
raifon de la propriété ou du profit à faire fur l'exploitation
des terres cultivées en Garance. Au cas
dans lequel ils feroient d'ailleurs impofables
pour leurs autres biens , facultés & exploitations ,
ils feront taxés d'office par l'Intendant & Commiffaire
départi . Veut de plus Sa Majefté qu'il leur
foit permis de tenir , tant à Paris que dans les autres
Villes & Lieux du Royaume , des magafins
de Garance provenant de leurs exploitations , &
de la vendre , foit en gros , foit en détail , fans
qu'ils puiffent être troublés ni inquiétés. Sa Majefté
évoque à Elle & à fon Confeil tous les procès
, différends & conteftations ; que ceux qui entreprendront
la culture defdites Garances pourront
avoirs, ou en demandant ou en défendant ,
pendant le cours de cinq années , pour raifon de
leurs entreprifes & des privileges à eux accordés .
Conféquemment Elle les renvoie, pardevant les In--
tendans & Commiffaires départis , pour être jugés
par eux en premiere inftance , fauf l'appel aus
Confeil.
22
Parsun Arrêt du Confeil d'Etat , l'Ordre de
Lvj
252 MERCURE DE FRANCE.
Malte , en payant la fomme de deux cens cine
quante mille livres par forme de don gratuit , eft
déchargé de l'exécution de l'Edit du mois de Mai:
1749 , portant établiffement du Vingtieme. Lef
dites deux cens cinquante mille livres feront
payées en cinq années , à raiſon de cinquante
mille livres chaque paiement , dont le premier
fera fait au mois d'Octobre prochain , & ainfi
d'année en année, jafqu'à l'entier acquittement de
la fomme totale. Entend Sa Majefté , que les penfions
établies & conftituées par les familles en faveur
des Chevaliers & Freres Novices , & les biens
'dont la jouiffance leur aura été abandonnée pour
le paiement , ou qui leur tiendront lieu defdites
penfions alimentaires , foient exemts de toute retenue
ou impofition du Vingtieme. Au cas que les
propriétaires , fermiers ou admodiateurs , mé
Tayers , locataires , receveurs , procureurs & autres
faifant valoir les biens chargés defdites penfions
, ayent été compris dans les rôles de ladite
impofition du Vingtieme , pour la totalité du produit
des biens dont ils jouiffent , fans aucune déduction
pour raifon des penfions dont ils font
chargés ; ils obtiendront , en repréſentant au. Prevôt
des Marchands & aux Intendans les titres enbonne
& due forme conftitutifs de ces penfions ,
les modérations du Vingtieme des fommes dont
ils feront tenus envers lefdits Chevaliers & Freres
Novices.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu lefeur
Pingré , Chanoine Régulier & Bibliothécai
re de l'Abbaye de Sainte Geneviève , & le fieur
de Belidor , Colonel d'Infanterie , pour remplis
la place d'Affocié Libre qu'occupoit le feu fieur de
Gamaches dans cette Compagnie , le Roi informé
du mérite & des talens de l'un & de l'autre , les a
{
MAI. 1756. 253
nommés tous les deux. En même tems , Sa Majefté
a réglé que la premiere place , qui viendroir
à vaquer dans la Claffe des Affociés Libres , ne
feroit point remplie.
M. d'Alembert , de l'Académie Françoiſe & de
celle des Sciences , vient d'être nommé par cette
derniere Académie , Penfionnaire furnuméraire.
Le même Académicien vient auffi d'être élu extraordinairement
, à la recommandation du Pape ,
Affocié étranger de l'Inftitut de Bologne.
On apprend de Marfeille , que le Navire la
Sainte Elizabeth , Capitaine Jean-Jofeph Portail,
a eu , en revenant de Smirne , deux combats à
foutenir contre deux Bâtimens Anglois.
M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre du Roi , & Gouverneur de Paris ,
& M. le Comte d'Argenſon , Miniftre & Secretaire
d'Etat , accompagnés de M. de Bernage ,, Prevôt
des Marchands, & de M. Stocard, Premier Echevin,
préfenterent le 8 à Sa Majeſté , avec M. le Marquis
de Marigny , Directeur & Ordonnateur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , le Modele
en relief de la Place que la Ville fait conftruire
pour la Statue équestre du Roi. M. le Marquis de
Marigni conduifit enfuite le Roi au Modele de
P'Ecole Militaire. Sa Majefté donna des marques
de fa fatisfaction de l'un & de l'autre.
Le 9 Avril , à l'occaſion de la mort de la Princeffe
Douairiere de Rohan , le Prince de Condé ,
accompagné du Chevalier de Rohan & du Duc de
Duras , falua en long manteau de deuil leurs Ma
jeftés & la Famille Royale . La Princeffe de Guémené
, la Princeffe de Rohan , la Comteffe de
Marfan , la jeune Princeffe de Soubize , la Ducheffe
de Duras , la Ducheffe de Mazarin & la Ducheffe
de Chaulnes , saquitterent l'après- midi du
même cérémonial
254 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi a accordé les Entrées de la Chambre
à l'Evêque de Chartres , Premier Aumônier
de la Reine , & frere de M. le Duc de Fleury .
La mort de Madame la Maréchal de Maillebois
laiffant une place vacante parmi les Dames nommées
pour accompagner Madame , le Roi en a
difpofé en faveur de Madame la Ducheffe de
Mazarin.
Sur la démiffion que M. le Duc de Bethune a
donné de fa place de Capitaine des Gardes du
Corps , Sa Majefté y a nommé M. le Duc de Mirpoix.
3 à
On a été informé par un courier , qui arriva le
14 Avril , de Rome , que le s le Pape avoit fait la
Promotion des Cardinaux pour les Couronnes. Les
nouveaux Membres du Sacré College font , M. de
Saulx de Tavannes , Archevêque de Rouen , à la
nomination du Roi l'Evêque de Conftance ,
la nomination de l'Empereur ; l'Archevêque de
Vienne en Autriche , à la nomination de l'Impératrice
Reine de Bohême & de Hongrie ; l'Archevêque
de Seville , à la nomination du Roi d'Efpagnes
M. de Luynes , Archevêque de Sens , à la
nomination du Chevalier de Saint Georges ; PA
chevêque de Turin , à la nomination du Roi de
Sardaigne ; Don François Saldanha de Gama ,
Principal de la Patriarchale de Lifbonne , à la
nomination du Roi de Portugal , M. dec Gêvre
Evêque de Beauvais , à la nomination du Roi de
Pologne Electeurs de Saxe ; & le fieur Archinto
Gouverneur de Rome
Le 13 Avril , à neuf heures & demie du
matin, Madame la Princeffe de Condé accoucha
heureufement d'un Prince , que le Roi a nommé
Duc de Bourbon. 1
Un Arrêt du Confeil d'Etat fixe à cinq livres da
MA I. 1756. 255
cent pefant les droits d'entrée dans le Royaume
fur les clous moyens & petits , venans de l'étran
ger, & à cinquante fols , auffi du cent pefant , les
droits fur les gros clous , dont le milliers en nombre
fera du poids de deux cens cinquante livres poidsde
marc..
Le premier tirage de la troifieme Loterie
Royale s'eft fait le 7 & les cinq jours fuivans . Le
principal Lot eſt échu au numéro 21959 ,
fecond au numéro 2378.
"
& le
Le Jeudi Saint , l'Evêque de Nantes ayant fait
PAbfoute, & le Roi ayant entendu le Sermon de la
Cêne de M. l'Abbé Bon , Théologal de la Cathédrale
d'Autun , Sa Majesté a lavé les pieds à douze
Pauvres , & les a fervis à table . M. le Prince de
Condé, Grand Maître de la Maiſon du Roi ,, étoit
à la tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le
fervice , dont les plats ont été portés par Monfei
gneur leDauphin , M. le Comte de Clermont, M. le
Prince de Conty, M. le Comte de la Marche , M. let
Comte d'Eu , M. le Duc de Penthievre , & par les
principaux Officiers de Sa Majefté .
La Reine entendit le Sermon de la Cêne , de M.
l'Abbé d'Efpiard , Chanoine de l'Eglife Métropo
litaine de Befançon , Confeiller- Clerc au Parle
ment de la même. Ville , & Prédicateur ordinaire
de Sa Majefté . L'Evêque de Nantes fit enfuite l'Abfoute
, après laquelle la Reine lava les pieds à
douze pauvres filles , que Sa Majefté fervit à table.
M.le Marquis de Chalmazel, premier Maître d'Hôtel
de la Reine , précéda le fervice . Les plats furent
portés par Madame la Dauphine , par Madame
, par Madame Sophie , par les Dames du Pa
lais , & par plufieurs autres Dames de la Cour.
M. de Sechelles ayant demandé la permiffion
de remettre la place de Contrôleur Général des
256 MERCURE DE FRANCE.
Finances à M. Peirenc de Moras , que le Roi lui
avoit donné pour adjoint , Sa Majefté y a confenti
; mais en même temps Elle a témoigné défiter
que ce Miniftre continuât d'affifter auConfeil .
Selon les avis reçus de Clermont en Auvergne
il s'y éleva le 18 après-midi un vent violent . Vers
les cinq heures du foir , il devint fi terrible , que
perfonne n'ofoit fortir de chez foi , & chacun
craignoit en même tems d'être enfeveli fous les
ruines de fa maifon . I renverfa plufieurs Bâtimens
& déracina une grande quantité des plus gros
arbres. Toutes les vitres des maiſons ont été caf
fées , prefque toutes les tuiles des toits emportées ,
& la plupart des cheminées abattues . Il y a eu un
homme tué dans la Ville . A.Riom , une Religieufe
du Monaftere de Notre- Dame a eu le même fort.
Plufieurs perfonnes ont été bleffées dangereufement.
Cet ouragan ne s'eft heureufement fait fendans
l'étendue de trois ou quatre lieues . Sa
que
durée n'a guere excédé deux heures .
tir
Sa Majefté a honoré de Lettres de Nobleffe M.
Dulattier , premier Chirurgien de la Reine.
Le 22 Avril , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt - dixfept
livres ies Billets de la feconde Loterie
Royale , à fept cens trente -fix . Ceux de la premiere
& de la troifieme Loterie n'avoient point .
de prix fixe.
Fermer
Résumé : « Le 4 Avril, M. le Marquis de Paulmy, Secretaire d'Etat au [...] »
Le 4 avril, le Marquis de Pauliny présenta au Roi les Commandeurs et Officiers de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, ainsi que les Bourdes de Jettons. Madame la Marquise de Choiseul et Madame la Comtesse d'Espiès furent également présentées au Roi et à la Famille Royale. Le Marquis de Monteil fut envoyé à Bonn en tant que Ministre Plénipotentiaire du Roi près de l'Électeur de Cologne. Le Duc d'Orléans fit venir le professeur de médecine Tronshin à Paris pour inoculer la petite vérole au Duc de Chartres et à Mademoiselle, opération réussie au Palais Royal le 25 du mois précédent. Le Roi accorda des exemptions fiscales pour vingt ans aux particuliers cultivant la garance dans des marais, ainsi que la permission de vendre cette plante sans être inquiétés. Il suspendit également les procès liés à cette culture pour cinq ans. Un arrêt du Conseil d'État exempta Malte du Vingtième en échange d'un paiement de 250 000 livres sur cinq ans et exempta les pensions des Chevaliers de Malte de cette imposition. L'Académie Royale des Sciences élut Pingré et Belidor comme Associés Libres, nommés par le Roi. D'Alembert fut nommé Pensionnaire surnuméraire et Associé étranger de l'Institut de Bologne. Le navire Sainte Elizabeth eut deux combats contre des bâtiments anglais. Le Duc de Gesvres et le Comte d'Argenson présentèrent au Roi le modèle de la Place pour la Statue équestre du Roi et celui de l'École Militaire. Le 9 avril, le Prince de Condé et plusieurs princesses saluèrent le Roi et la Famille Royale à l'occasion de la mort de la Princesse Douairière de Rohan. Le Roi accorda l'Entrée de la Chambre à l'Évêque de Chartres et nomma la Duchesse de Mazarin pour accompagner Madame, remplaçant la Maréchale de Maillebois. Le Duc de Mirpoix fut nommé Capitaine des Gardes du Corps. Le Pape promit plusieurs nouveaux cardinaux, dont l'Archevêque de Rouen à la nomination du Roi. Le 13 avril, la Princesse de Condé accoucha d'un prince, nommé Duc de Bourbon par le Roi. Un arrêt du Conseil d'État fixa les droits d'entrée pour les clous étrangers. La troisième Loterie Royale eut lieu du 7 au 12 avril. Le Jeudi Saint, le Roi et la Reine lavèrent les pieds de douze pauvres. Un violent ouragan frappa Clermont en Auvergne, causant des dégâts et des victimes. Le Roi anoblit Dulattier, premier Chirurgien de la Reine. Le 22 avril, les actions de la Compagnie des Indes étaient à 1 497 livres et les billets de la seconde Loterie Royale à 736 livres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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Fermer
1298
p. 256
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye de Bonnefont, Ordre de Cîteaux, [...]
Mots clefs :
Abbayes, Diocèses, Ordre de Cîteaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS..
SA Majefté a donné l'Abbaye de Bonnefont ,
Ordre de Cîteaux , Diocefe de Cominges , à l'Abbé
de Meyere , Vicaire Général de l'Evêché de
Laon , & l'Abbaye Réguliere du Pin , même Or--
dre , Dioceſe de Poitiers , à Dom Rouleau
Religieux de cer . Ordre , & Abbé de la Colombe.
SA Majefté a donné l'Abbaye de Bonnefont ,
Ordre de Cîteaux , Diocefe de Cominges , à l'Abbé
de Meyere , Vicaire Général de l'Evêché de
Laon , & l'Abbaye Réguliere du Pin , même Or--
dre , Dioceſe de Poitiers , à Dom Rouleau
Religieux de cer . Ordre , & Abbé de la Colombe.
Fermer
1299
p. 257-261
MORTS.
Début :
Joseph de Mailly, Marquis de Mailly-Hancourt, mourut le 7 Décembre dernier [...]
Mots clefs :
Morts, Marquis, Seigneur, Chevalier, Maison de Lostanges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S.
Correction pour le premier volume de Janvier
1756.
L'articlefuivant ayant été donné peu exactement
dans le premier volume de Janvier, on le répétera ici
en entier.
Jofeph de Mailly , Marquis de Mailly-Haucourt
, mourut le 7 Décembre dernier au Château
de la Roche d'Evaux , dans le Maine , âgé de 75
ans . Il avoit été Page de la Petite Ecurie , enfuite
Moufquetaire Gris , d'où il paffa dans le Régiment
du Roi , qu'il ne quitta après plufieurs campagnes
que pour le marier en 1704 , à N.... de la Riviere
d'Evaux , de laquelle il a eu fix enfans , defquels
deux font morts en bas- âge,un étant Chevalier de
Malte , deux autres font morts plus âgés , l'un
Chevalier de Malte , & l'autre Eccléfiaftique . Lès
deux qui reftent font le Comte de Mailly , Lieutenant
Général des Armées du Roi , Infpecteur de
Cavalerie , & Demoiſelle Marie- Jofephe- Magdeleine
de Mailly domiciliée à Paris depuis plufieurs
années.
Correction pour le second volume de Janvier
1756.
p. 231 , lig. 21, aujourd'hui Préſident du Parlement,
effacez aujourd'hui , & lifez Préfident du Parlement
de Paris , mort à Soiffons le 29 Avril 1754
lequel avoit époufé le 25 Novembre 1729 , 1729 , &c.
2
Meffire Louis - Antoine- Charles de Saint
Simon , appellé le Chevalier de Courtomer
Chevalier de l'Ordre de Saint Jean de Jéruſalem,.
eft mort au Château de la Motte - Fouqué en
258 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , âgé de vingt-un ans. Il étoit fils de
feu Meffire Gui- Antoine de Saint Simon , Marquis
de Courtomer, Meftre de Camp de Cavalerie,
& Capitaine des Gardes de feue Madame la Ducheffe
de Berri .
Meffire Jean-Louis de Loflanges , Marquis de
Beduer, Comte de Corn , Goudon, & c . Seigneur de
Sainte Neboule , Saint Laurens , Camboufie , Patron
de Liflac , eft mort le 27 Décembre dans fon
Château de Beduer en Querci , & a été inhumé le
lendemain dans l'Eglife du Monaftere des Religieufes
de Liffac. Il ne laiffe pas d'enfans de Marie
Pulcherie - Anaftafie de Foucaud - d'Alzon
Dame de Jonnac , Mandens , &c . fon épouse
qu'il a inftituée héritiere de tous fes biens , à la
charge de les rendre à fon choix à un Loftanges.
-
·
>
La Maiſon de Loftanges tire fon nom du Châ
teau de Loftanges , dans le Bas-Limofin , où elle
étoit confidérable dès le douzieme fiecle. La branche
des Marquis de Beduer eft fortie de celle de
Saint Alvaire , laquelle avoit été formée par
Jean-Aimar de Loftanges , Chevalier , qui époufa
le 27 Septembre 1446 , Antoinette de Vayrines ,
dite de Limeuil , Dame de Saint - Alvaire en Périgord
, de laquelle il eut entr'autres , Jean , dit
Janicor de Loftanges , Seigneur de Saint - Alvaire ,
allié par contrat , du 3 Janvier 1508 , à Marie
fille de Jean de Salagnac , Seigneur de la Motte-
Fenelon , Maître d'Hôtel ordinaire du Roi , & de
Catherine de Lauzieres-Themines. De ce mariage
fortirent, entr'autres , Bertrand , dont nous allons
parler ; & François , Auteur de la branche des Seigneurs
de Palliez en Saintonge.
Bertrand de Loftanges , Seigneur de Saint- Alvaire
, fut pere par Marie de Montberon de Hugues
, Seigneur de Saint - Alvaire , Chevalier de
ΜΑΙ . 1796. 259
l'ordre du Roi , Gentilhomme de la Chambre ,
Capitaine de cinquante hommes d'Armes de fes
Ordonnances , marié à Galiotte de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Baron de Vaillac , Chevalier
de l'ordre du Roi , Gouverneur du Château-
Trompette , &c ; & de Jeanne le Brun , Dame
de Boiffet. Il eut de certe alliance , 1º . Jean-
Louis , qui a continué la branche de Saint- Alvaire.
2. Louis-François , qui a formé celle des
Marquis de Beduer , que nous rapporterons enfuite.
.
Jean-Louis de Loftanges , Baron de Saint - Alvaire
, fut allié à Elifabeth , fille de Jacques de
Cruffol , Duc d'Uzès , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , & de Françoile de Clermont-
Tonnerre. Il eut de ce mariage , entr'autres , Emmanuel-
Galliot de Loftanges , Marquis de Saint-
Alvaire , Sénéchal , & Gouverneur de Querci ,
qui de fa femme Claude - Simonne Eberard de
Saint-Sulpice , Dame du Vigan , a eu, entr'autres,
Louis de Loftanges qui fuit : Emmanuel , dit le
Comte de Saint-Alvaire , Gouverneur & Sénéchal
de Querci ; Louis , Seigneur d'Uffel ; & François ,
dit le Chevalier de Saint- Alvaire .
Louis de Loftanges , Marquis de Saint- Alvaire
, Baron du Vigan , Sénéchal & Gouverneur de
Querci , Chevalier de Saint Louis , perdit un ceil
à la Bataille de Senef , & fut noyé dans la Dordogne
en Décembre 1705. Il avoit épousé Roſe ,
fille de Louis , Marquis de Cadrieu , & de Marie
de Saint- Nectaire de Veyrieres , de laquelle il a eu ,
entr'autres , Armand - Louis - Claude - Simon de
Loftanges , Marquis de Sainte Alvaire , Sénéchal
& Gouverneur de Querci , allié en 1719 à Marie
de Larmandie de Longua. Leurs enfans font ,
1º. Armand - Louis - Marie , Marquis de Lof
tanges , Meftre de Camp du Régiment des Cui
260 MERCURE DE FRANCE..
raffiers du Roi , premier Ecuyer de Madame Adelaïde
, marié le 8 Mai 1754 , à Marie -Elizabeth-
Charlotte-Pauline de Galucci de l'Hôpital. Voyez
le Mercure du mois de Juin 1754 , fecond volume
pag. 197.
2º. Alexandre- Rofe de Loftanges , Marquis de
Cadrieu , né le 18 Octobre 1723 , Capitaine de
Dragons.
A
3. N ... de Loftanges , dit le Vicomte de
Saint - Alvaire , né en 1733 .
4°. Marie-Julie de Loftanges.
5º , 6º & 7°. Trois autres filles.
Louis-François de Loftanges , fecond fils de
Flugues , Seigneur de Saint- Alvaire & de Galiotte
de Gourdon de Genouillac , fut Colonel d'un Régiment
d'Infanterie dans les Armées des Rois Henri
IV & Louis XIII . II forma la branche des
Marquis de Beduer. Il époufa , 19. Jeanne de Luzech
, veuve & donataire de Jean de Narbonnez
Baron de Puillaunez & de Beduer , de laquelle il
n'eut point d'enfans. 2 ° Jeanne de Marqueyssac,
yeuve de N.... de Saint Aftier , Seigneur de Borie
, dont vint , entr'autres , Jean- Louis de Loftanges
, Comte de Beduer , Capitaine Commandant
le Régiment de Candale Cavalerie , député
de la Nobleffe de Guyenne , puis de celle de
Périgord. Il fut marié à Françoiſe de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Seigneur de Reillac ,
& en eut deux fils , Francois- Louis qui fuit , &
Jean - Marguerit de Loftanges , Auteur de la
Branche de Cuxac , qui fera rapportée.
François-Louis -de Loftanges , Comte de Beduer
, qui mourut en 1692 , eut de fa femme
Marie-Renée Menardeau , entr'autres Louis- Henri
& Laurent de Loftanges. Louis - Henri- de
Loftanges , Comte de Beduer , fut marié à Fran
soife du Mont de laquelle il eut
>
MA I. 1756.
261
1. Louis de Loftanges , Marquis de Beduer ,
mort en Septembre 1746 , fans enfans de N..
du Maine du Bourg , petite fille du Maréchal du
Bourg , actuellement vivante.
..
20. Jean Louis , qui donne lieu à cet article ,
3°. Renée de Loſtanges , aujourd'hui Prieure de
Liffac.
Laurent de Loftanges , frere de Louis- Henri ,
a laiffé un fils nommé Louis de Loftanges , Seigneur
de Jarmons , Cornette de Cavaleriiee ,, àà préfent
Chefde la Branche de Beduer.
-
Jean Marguerit de Loftanges , fecond fils de
Jean-Louis, Comte de Beduer ; & de Françoife de
Gourdon de Genouillac , fut Marquis de Felains ,
Seigneur de Cufac ou Cuxac , en Rouergue , &
mourut en 1691. Il avoit épousé Marguerite de
Corn-d'Ampare dont il eut , entr'autres enfans ,
Jean-François de Loftanges , Seigneur de Cuxac ,
marié le 10 Août 1711 , à Françoiſe de la Mothe.
La Maifon de Loftanges porte pour Armes
d'argent au Lion de gueules courronné , accompagné
de cinq étoiles de même en orle.
Meffire François- Edouard le Gras de Vauberfey,
Chevalier , Seigneur de Montgenot , Lieute
nant des Maréchaux de France au département de
Champagne & de Brie , eft mort le 7 Mars dans
fon Château de Montgenot en Champagne , âgé
de 54 ans. Il avoit époufé le 11 Septembre dernier
Demoiſelle Marie Claire de Relongue - de la
Louptiere.
Correction pour le premier volume de Janvier
1756.
L'articlefuivant ayant été donné peu exactement
dans le premier volume de Janvier, on le répétera ici
en entier.
Jofeph de Mailly , Marquis de Mailly-Haucourt
, mourut le 7 Décembre dernier au Château
de la Roche d'Evaux , dans le Maine , âgé de 75
ans . Il avoit été Page de la Petite Ecurie , enfuite
Moufquetaire Gris , d'où il paffa dans le Régiment
du Roi , qu'il ne quitta après plufieurs campagnes
que pour le marier en 1704 , à N.... de la Riviere
d'Evaux , de laquelle il a eu fix enfans , defquels
deux font morts en bas- âge,un étant Chevalier de
Malte , deux autres font morts plus âgés , l'un
Chevalier de Malte , & l'autre Eccléfiaftique . Lès
deux qui reftent font le Comte de Mailly , Lieutenant
Général des Armées du Roi , Infpecteur de
Cavalerie , & Demoiſelle Marie- Jofephe- Magdeleine
de Mailly domiciliée à Paris depuis plufieurs
années.
Correction pour le second volume de Janvier
1756.
p. 231 , lig. 21, aujourd'hui Préſident du Parlement,
effacez aujourd'hui , & lifez Préfident du Parlement
de Paris , mort à Soiffons le 29 Avril 1754
lequel avoit époufé le 25 Novembre 1729 , 1729 , &c.
2
Meffire Louis - Antoine- Charles de Saint
Simon , appellé le Chevalier de Courtomer
Chevalier de l'Ordre de Saint Jean de Jéruſalem,.
eft mort au Château de la Motte - Fouqué en
258 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , âgé de vingt-un ans. Il étoit fils de
feu Meffire Gui- Antoine de Saint Simon , Marquis
de Courtomer, Meftre de Camp de Cavalerie,
& Capitaine des Gardes de feue Madame la Ducheffe
de Berri .
Meffire Jean-Louis de Loflanges , Marquis de
Beduer, Comte de Corn , Goudon, & c . Seigneur de
Sainte Neboule , Saint Laurens , Camboufie , Patron
de Liflac , eft mort le 27 Décembre dans fon
Château de Beduer en Querci , & a été inhumé le
lendemain dans l'Eglife du Monaftere des Religieufes
de Liffac. Il ne laiffe pas d'enfans de Marie
Pulcherie - Anaftafie de Foucaud - d'Alzon
Dame de Jonnac , Mandens , &c . fon épouse
qu'il a inftituée héritiere de tous fes biens , à la
charge de les rendre à fon choix à un Loftanges.
-
·
>
La Maiſon de Loftanges tire fon nom du Châ
teau de Loftanges , dans le Bas-Limofin , où elle
étoit confidérable dès le douzieme fiecle. La branche
des Marquis de Beduer eft fortie de celle de
Saint Alvaire , laquelle avoit été formée par
Jean-Aimar de Loftanges , Chevalier , qui époufa
le 27 Septembre 1446 , Antoinette de Vayrines ,
dite de Limeuil , Dame de Saint - Alvaire en Périgord
, de laquelle il eut entr'autres , Jean , dit
Janicor de Loftanges , Seigneur de Saint - Alvaire ,
allié par contrat , du 3 Janvier 1508 , à Marie
fille de Jean de Salagnac , Seigneur de la Motte-
Fenelon , Maître d'Hôtel ordinaire du Roi , & de
Catherine de Lauzieres-Themines. De ce mariage
fortirent, entr'autres , Bertrand , dont nous allons
parler ; & François , Auteur de la branche des Seigneurs
de Palliez en Saintonge.
Bertrand de Loftanges , Seigneur de Saint- Alvaire
, fut pere par Marie de Montberon de Hugues
, Seigneur de Saint - Alvaire , Chevalier de
ΜΑΙ . 1796. 259
l'ordre du Roi , Gentilhomme de la Chambre ,
Capitaine de cinquante hommes d'Armes de fes
Ordonnances , marié à Galiotte de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Baron de Vaillac , Chevalier
de l'ordre du Roi , Gouverneur du Château-
Trompette , &c ; & de Jeanne le Brun , Dame
de Boiffet. Il eut de certe alliance , 1º . Jean-
Louis , qui a continué la branche de Saint- Alvaire.
2. Louis-François , qui a formé celle des
Marquis de Beduer , que nous rapporterons enfuite.
.
Jean-Louis de Loftanges , Baron de Saint - Alvaire
, fut allié à Elifabeth , fille de Jacques de
Cruffol , Duc d'Uzès , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , & de Françoile de Clermont-
Tonnerre. Il eut de ce mariage , entr'autres , Emmanuel-
Galliot de Loftanges , Marquis de Saint-
Alvaire , Sénéchal , & Gouverneur de Querci ,
qui de fa femme Claude - Simonne Eberard de
Saint-Sulpice , Dame du Vigan , a eu, entr'autres,
Louis de Loftanges qui fuit : Emmanuel , dit le
Comte de Saint-Alvaire , Gouverneur & Sénéchal
de Querci ; Louis , Seigneur d'Uffel ; & François ,
dit le Chevalier de Saint- Alvaire .
Louis de Loftanges , Marquis de Saint- Alvaire
, Baron du Vigan , Sénéchal & Gouverneur de
Querci , Chevalier de Saint Louis , perdit un ceil
à la Bataille de Senef , & fut noyé dans la Dordogne
en Décembre 1705. Il avoit épousé Roſe ,
fille de Louis , Marquis de Cadrieu , & de Marie
de Saint- Nectaire de Veyrieres , de laquelle il a eu ,
entr'autres , Armand - Louis - Claude - Simon de
Loftanges , Marquis de Sainte Alvaire , Sénéchal
& Gouverneur de Querci , allié en 1719 à Marie
de Larmandie de Longua. Leurs enfans font ,
1º. Armand - Louis - Marie , Marquis de Lof
tanges , Meftre de Camp du Régiment des Cui
260 MERCURE DE FRANCE..
raffiers du Roi , premier Ecuyer de Madame Adelaïde
, marié le 8 Mai 1754 , à Marie -Elizabeth-
Charlotte-Pauline de Galucci de l'Hôpital. Voyez
le Mercure du mois de Juin 1754 , fecond volume
pag. 197.
2º. Alexandre- Rofe de Loftanges , Marquis de
Cadrieu , né le 18 Octobre 1723 , Capitaine de
Dragons.
A
3. N ... de Loftanges , dit le Vicomte de
Saint - Alvaire , né en 1733 .
4°. Marie-Julie de Loftanges.
5º , 6º & 7°. Trois autres filles.
Louis-François de Loftanges , fecond fils de
Flugues , Seigneur de Saint- Alvaire & de Galiotte
de Gourdon de Genouillac , fut Colonel d'un Régiment
d'Infanterie dans les Armées des Rois Henri
IV & Louis XIII . II forma la branche des
Marquis de Beduer. Il époufa , 19. Jeanne de Luzech
, veuve & donataire de Jean de Narbonnez
Baron de Puillaunez & de Beduer , de laquelle il
n'eut point d'enfans. 2 ° Jeanne de Marqueyssac,
yeuve de N.... de Saint Aftier , Seigneur de Borie
, dont vint , entr'autres , Jean- Louis de Loftanges
, Comte de Beduer , Capitaine Commandant
le Régiment de Candale Cavalerie , député
de la Nobleffe de Guyenne , puis de celle de
Périgord. Il fut marié à Françoiſe de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Seigneur de Reillac ,
& en eut deux fils , Francois- Louis qui fuit , &
Jean - Marguerit de Loftanges , Auteur de la
Branche de Cuxac , qui fera rapportée.
François-Louis -de Loftanges , Comte de Beduer
, qui mourut en 1692 , eut de fa femme
Marie-Renée Menardeau , entr'autres Louis- Henri
& Laurent de Loftanges. Louis - Henri- de
Loftanges , Comte de Beduer , fut marié à Fran
soife du Mont de laquelle il eut
>
MA I. 1756.
261
1. Louis de Loftanges , Marquis de Beduer ,
mort en Septembre 1746 , fans enfans de N..
du Maine du Bourg , petite fille du Maréchal du
Bourg , actuellement vivante.
..
20. Jean Louis , qui donne lieu à cet article ,
3°. Renée de Loſtanges , aujourd'hui Prieure de
Liffac.
Laurent de Loftanges , frere de Louis- Henri ,
a laiffé un fils nommé Louis de Loftanges , Seigneur
de Jarmons , Cornette de Cavaleriiee ,, àà préfent
Chefde la Branche de Beduer.
-
Jean Marguerit de Loftanges , fecond fils de
Jean-Louis, Comte de Beduer ; & de Françoife de
Gourdon de Genouillac , fut Marquis de Felains ,
Seigneur de Cufac ou Cuxac , en Rouergue , &
mourut en 1691. Il avoit épousé Marguerite de
Corn-d'Ampare dont il eut , entr'autres enfans ,
Jean-François de Loftanges , Seigneur de Cuxac ,
marié le 10 Août 1711 , à Françoiſe de la Mothe.
La Maifon de Loftanges porte pour Armes
d'argent au Lion de gueules courronné , accompagné
de cinq étoiles de même en orle.
Meffire François- Edouard le Gras de Vauberfey,
Chevalier , Seigneur de Montgenot , Lieute
nant des Maréchaux de France au département de
Champagne & de Brie , eft mort le 7 Mars dans
fon Château de Montgenot en Champagne , âgé
de 54 ans. Il avoit époufé le 11 Septembre dernier
Demoiſelle Marie Claire de Relongue - de la
Louptiere.
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Résumé : MORTS.
En 1756, plusieurs décès et corrections de généalogie ont été enregistrés. Joseph de Mailly, Marquis de Mailly-Haucourt, est décédé le 7 décembre 1755 au Château de la Roche d'Evaux à l'âge de 75 ans. Il a occupé divers postes militaires et a eu six enfants. Deux sont décédés en bas âge, deux sont Chevaliers de Malte, un est ecclésiastique, et deux survivants sont le Comte de Mailly et Demoiselle Marie-Josèphe-Madeleine de Mailly. Le texte mentionne également des corrections pour le second volume de janvier 1756. Louis-Antoine-Charles de Saint Simon, Chevalier de Courtomer, est décédé à l'âge de 21 ans au Château de la Motte-Fouqué en Normandie. Jean-Louis de Loflanges, Marquis de Beduer, est décédé le 27 décembre 1755 dans son Château de Beduer en Quercy et a été inhumé le lendemain. Il n'a laissé aucun enfant et a institué son épouse héritière de tous ses biens. La Maison de Loflanges, tirant son nom du Château de Loflanges en Bas-Limousin, est mentionnée comme étant considérable dès le douzième siècle. Le texte détaille la généalogie des Marquis de Beduer, incluant plusieurs générations et alliances matrimoniales. François-Édouard le Gras de Vauberfey, Chevalier et Seigneur de Montgenot, est décédé le 7 mars 1756 à l'âge de 54 ans dans son Château de Montgenot en Champagne. Il avait épousé Demoiselle Marie Claire de Relongue-de-la-Louptiere.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1300
p. 207
DU NORD.
Début :
En conséquence d'un Décret qui vient d'être publié, les Vaisseaux soit [...]
Mots clefs :
Copenhague, Décret, Vaisseaux, Cronenbourg
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE
COPPENHAGUE , le IS Avril.
EN conféquence d'un Décret qui vient d'être
publié, les Vaiffeaux foit nationaux foit étrangers,
feront tenus à l'avenir , lorfqu'ils pafferont le
Sund , de baiffer le pavillon pendant cinq minutes
devant la fortereffe de Cronenbourg , fous
peine d'y être contrains par le canon de cette
Fortereffe.
DE
COPPENHAGUE , le IS Avril.
EN conféquence d'un Décret qui vient d'être
publié, les Vaiffeaux foit nationaux foit étrangers,
feront tenus à l'avenir , lorfqu'ils pafferont le
Sund , de baiffer le pavillon pendant cinq minutes
devant la fortereffe de Cronenbourg , fous
peine d'y être contrains par le canon de cette
Fortereffe.
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