Résultats : 1867 texte(s)
Détail
Liste
1051
p. 1020-1023
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 23 du mois dernier, on délibera dans la Chambre des Communes, si on feroit une [...]
Mots clefs :
Chambre des communes, Membres, Parlement, Bill, Ville, Londres, Westminster
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE .
du mois dernier , on délibera dans la
Chambre des Communes , si on feroit une
seconde lecture du Bill, présenté le 17 à la Chambre
le Chevalier Charles Turner , pour établir
un nouveau Droit sur le Tabac , et d'un
autre Bill pour augmenter les impositions sur
le Vin et sur les Liqueurs fortes , et pour
changer la maniere de les percevoir : plusieurs
Membres insisterent pour que ces deux
Bills fussent rejettés. , et il fut résolu qu'on en
renverroit la lecture au 12 de Juin. Le soir , le
peuple ayant appris cette résolution , donna des
démonstrations de sa joye : on sonna les Cloches
, et la plupart des maisons de la Ville de
LonMAY.
1021 1733.
2
2
>
Condres furent illuminées : divers Membres du '
Parlement soupçonnez d'approuver les deux
ills proposez farent insultez par la populace en
etournant chez eux , et l'on brûla dans diffe-
S entes Places publiques , des figures de paille
usquelles ils avoient mis un cordon bleu en
charpe , tel que le portoient les Chevaliers de
Ordre de la Jarretiere. Le lendemain , sur les
plaintes qui furent portées à la Chambre par
eux de ses Membres qui avoient été insultés
t sur les remontrances qui lui furent faites
qu'il étoit de dangereuse conséquence de souffrir
que le peuple s'assemblat tumultueusement
autour de Westminster pendant les séances de
fa Chambre , elle déclara qu'attaquer ou menacer
un de ses Membres au sujet de sa conduite
dans le Parlement , et former des assemblées tumultueuses
pour faire passer un Bill , ou pour
empêcher qu'il ne passat , c'étoit violer les
droits du Parlement , donner atteinte à sa liberté
, et par conséquent désobéir à une des
plus anciennes et des plus importantes Loix de
l'Etat il fut ordonné que les Membres qui représentent
dans la Chambre la Ville de Londres
, le Comté de Middlesex et la Ville de
Westminster , signifieroient cette déclaration au
Lord Maire de Londres , au Sheriff de Middlesex
, et au Grand Bailly de Westminster , et
leur enjoindroient de la part de la Chambre , de
faire punir les Refractaires selon toute la ri
gueur
des Loix ,
ཌ་ ་
La nouvelle de la résolution prise par la
Chambre des Communes le 23 du mois dernier
au sujet de ce Bill concernant le Tabac , &c . a
été reçue par les habitans des Provinces ,
es inêmes démonstrations de joye que par ceux
avec
de
1022 MERCURE DE FRANCE
de la Ville de Londres. Dans les Villes principales
on a sonné les Cloches , et il y a eu des
feux et des illuminations. Le Conseil Commun
de Londres a fait remercier le Lord Maire , les
Aldermans et les Sheriffs , des soins qu'ils se
sont donnez pour que la Chambre reçût à tems
la Requête qu'ils avoient été chargez de lui présenter.
Il a fait aussi remercier Mrs François
Child , Jean Williams , et Geo . Caswell , Membres
du Parlement pour cette Ville , de la fermeté
avec laquelle ils se sont opposez aux deux
Bills présentez . Tous les Membres du Parlement
qui ont opiné pour qu'on les rejettat
ou pour qu'on en renvoyat la lecture , ont reçû
des complimens de la part des Villes qu'ils représentent
dans la Chambre.
Le 30 du mois dernier , la Chambre des
Communes délibera en grand Comité sur un
Bill pour empêcher les Mariages clandestins ,
et il fut resolu qu'à l'avenir il ne poarra se faire
aucun Mariage , si les Parties ne donnent une
déclaration affirmée par serment , et signée
de l'une des deux , portant leur âge , leur condition
, et leur demeure : qu'elles s'engageront
par un Acte public à payer une amende pour
laquelle elles seront poursuivies en justice , s'il
paroît dans la suite qu'elles ayent donné une
fausse déclaration ; qu'on ne délivrera point de
permissions de Mariage aux personnes qui ne
sont pas en âge de contracter , si elles n apportent
un consentement de leurs Parens et de
leurs Curateurs , et que le droit de marier sera
interdit à tout Ministre qui sera en prison. Mais
l'Article portant deffenses de délivrer aucune
permission de mariage aux personnes qui ne
sont pas en âge de contracter , si elles n'apporzent
MAY.
1023 1733
ent un consentement de leurs Parens et de
leurs Curateurs , a été rejetté à la pluralité des
voix.
Le Roi enverra dans peu un Messager au Parlement,
pour demander qu'il soit pourvû à la dot
de la Princesse Royale , et on compte que cette
dot sera de cent mille liv. sterl . d'argent comptant
, et de 10000. sterl. par an .
du mois dernier , on délibera dans la
Chambre des Communes , si on feroit une
seconde lecture du Bill, présenté le 17 à la Chambre
le Chevalier Charles Turner , pour établir
un nouveau Droit sur le Tabac , et d'un
autre Bill pour augmenter les impositions sur
le Vin et sur les Liqueurs fortes , et pour
changer la maniere de les percevoir : plusieurs
Membres insisterent pour que ces deux
Bills fussent rejettés. , et il fut résolu qu'on en
renverroit la lecture au 12 de Juin. Le soir , le
peuple ayant appris cette résolution , donna des
démonstrations de sa joye : on sonna les Cloches
, et la plupart des maisons de la Ville de
LonMAY.
1021 1733.
2
2
>
Condres furent illuminées : divers Membres du '
Parlement soupçonnez d'approuver les deux
ills proposez farent insultez par la populace en
etournant chez eux , et l'on brûla dans diffe-
S entes Places publiques , des figures de paille
usquelles ils avoient mis un cordon bleu en
charpe , tel que le portoient les Chevaliers de
Ordre de la Jarretiere. Le lendemain , sur les
plaintes qui furent portées à la Chambre par
eux de ses Membres qui avoient été insultés
t sur les remontrances qui lui furent faites
qu'il étoit de dangereuse conséquence de souffrir
que le peuple s'assemblat tumultueusement
autour de Westminster pendant les séances de
fa Chambre , elle déclara qu'attaquer ou menacer
un de ses Membres au sujet de sa conduite
dans le Parlement , et former des assemblées tumultueuses
pour faire passer un Bill , ou pour
empêcher qu'il ne passat , c'étoit violer les
droits du Parlement , donner atteinte à sa liberté
, et par conséquent désobéir à une des
plus anciennes et des plus importantes Loix de
l'Etat il fut ordonné que les Membres qui représentent
dans la Chambre la Ville de Londres
, le Comté de Middlesex et la Ville de
Westminster , signifieroient cette déclaration au
Lord Maire de Londres , au Sheriff de Middlesex
, et au Grand Bailly de Westminster , et
leur enjoindroient de la part de la Chambre , de
faire punir les Refractaires selon toute la ri
gueur
des Loix ,
ཌ་ ་
La nouvelle de la résolution prise par la
Chambre des Communes le 23 du mois dernier
au sujet de ce Bill concernant le Tabac , &c . a
été reçue par les habitans des Provinces ,
es inêmes démonstrations de joye que par ceux
avec
de
1022 MERCURE DE FRANCE
de la Ville de Londres. Dans les Villes principales
on a sonné les Cloches , et il y a eu des
feux et des illuminations. Le Conseil Commun
de Londres a fait remercier le Lord Maire , les
Aldermans et les Sheriffs , des soins qu'ils se
sont donnez pour que la Chambre reçût à tems
la Requête qu'ils avoient été chargez de lui présenter.
Il a fait aussi remercier Mrs François
Child , Jean Williams , et Geo . Caswell , Membres
du Parlement pour cette Ville , de la fermeté
avec laquelle ils se sont opposez aux deux
Bills présentez . Tous les Membres du Parlement
qui ont opiné pour qu'on les rejettat
ou pour qu'on en renvoyat la lecture , ont reçû
des complimens de la part des Villes qu'ils représentent
dans la Chambre.
Le 30 du mois dernier , la Chambre des
Communes délibera en grand Comité sur un
Bill pour empêcher les Mariages clandestins ,
et il fut resolu qu'à l'avenir il ne poarra se faire
aucun Mariage , si les Parties ne donnent une
déclaration affirmée par serment , et signée
de l'une des deux , portant leur âge , leur condition
, et leur demeure : qu'elles s'engageront
par un Acte public à payer une amende pour
laquelle elles seront poursuivies en justice , s'il
paroît dans la suite qu'elles ayent donné une
fausse déclaration ; qu'on ne délivrera point de
permissions de Mariage aux personnes qui ne
sont pas en âge de contracter , si elles n apportent
un consentement de leurs Parens et de
leurs Curateurs , et que le droit de marier sera
interdit à tout Ministre qui sera en prison. Mais
l'Article portant deffenses de délivrer aucune
permission de mariage aux personnes qui ne
sont pas en âge de contracter , si elles n'apporzent
MAY.
1023 1733
ent un consentement de leurs Parens et de
leurs Curateurs , a été rejetté à la pluralité des
voix.
Le Roi enverra dans peu un Messager au Parlement,
pour demander qu'il soit pourvû à la dot
de la Princesse Royale , et on compte que cette
dot sera de cent mille liv. sterl . d'argent comptant
, et de 10000. sterl. par an .
Fermer
Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En Grande-Bretagne, la Chambre des Communes a examiné deux projets de loi. Le premier visait à instaurer un nouveau droit sur le tabac, et le second à augmenter les taxes sur le vin et les liqueurs fortes. Plusieurs membres ont plaidé pour le rejet de ces projets, et il a été décidé de reporter leur lecture au 12 juin. La population londonienne a manifesté sa satisfaction par des démonstrations, des illuminations et des insultes envers certains parlementaires. La Chambre a condamné toute attaque ou menace contre ses membres et a ordonné aux représentants de Londres, Middlesex et Westminster de punir les perturbateurs selon la loi. La résolution de la Chambre a été accueillie avec joie dans les provinces, où des cloches ont sonné et des illuminations ont eu lieu. Le Conseil Commun de Londres a remercié les autorités et les membres du Parlement ayant s'opposé aux projets de loi. Le 30 du mois précédent, la Chambre des Communes a discuté d'un projet de loi visant à empêcher les mariages clandestins. Ce projet stipule que les mariages nécessitent une déclaration signée par l'une des parties, indiquant leur âge, condition et domicile. Les mariages des mineurs nécessitent le consentement de leurs parents et tuteurs, et les ministres en prison sont interdits de célébrer des mariages. Cependant, l'article sur le consentement des parents a été rejeté par la majorité des voix. Le Roi enverra prochainement un messager au Parlement pour demander de pourvoir à la dot de la Princesse Royale, estimée à cent mille livres sterling en argent comptant et dix mille livres sterling par an.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1052
p. 1023-1025
Entrée publique de l'Ambassad. de Sardaigne, [titre d'après la table]
Début :
Le 3 de ce mois, le Marquis de Rosignan, Ambassadeur ordinaire du [...]
Mots clefs :
Roi, Ambassadeur, Duchesse d'Orléans, Comte, Duc, Reine, Duchesse de Bourbon, Prince de Guise, Princesse de Conty, Carosses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée publique de l'Ambassad. de Sardaigne, [titre d'après la table]
E3 de ce mois , le Marquis de Rosignan
Ambassadeur ordinaire du
Roi de Sardaigne , fic son Entrée publique
dans Paris. Le Maréchal d'Etrées et
M. Hebert , Introducteur des Ambassadeurs
, allerent le prendre dans les Carosses
de L. M. au Convent de Picpus ,
d'où la Marche se fit en cet ordre : le
Čarosse de l'Introducteur , ceux du Ma
réchal d'Etrées , précedez de son Suisse
de son Ecuyer et de quatre Pages à che
val ; un Suisse de l'Ambassadeur à che
val ; sa Livrée à pied , quatre de ses Of
` ficiers , un Ecuyer et quatre Pages à che
val ; le Carosse du Roi , aux côtez du
quel marchoient la Livrée du Maréchal
I d'E
1024 MERCURE DE FRANCE
d'Etrées , et celle de M. Hebert ; le Carosse
de la Reine ; celui de Madame là
Duchesse d'Orleans ; ceux du Duc d'Orleans
, de la Duchesse de Bourbon Douairiere
, du Duc et de la Duchesse de
Bourbon , du Comte de Charolois , du
Comte de Clermont , de la Princesse de
Conty , premiere Douairiere ; de la Princesse
de Conty seconde Douairiere
du Prince et de la Princesse de Conty , du
Duc et de la Duchesse du Maine , du
Prince de Dombes , du Comte d'Eu , du
Comté et de la Comtesse de Toulouse
et celui de M. Chauvelin , Garde des
Sceaux , Ministre et Secretaire d'Etat
ayant le département des Affaires Etrangeres.
Les trois Carosses de l'Ambassadeur
marchoient ensuite à une distance
de 30 à 40 pas . Lorsque l'Ambassadeur
fut arrivé à son Hôtel , il fut complimenté
de la part du Roi par le Duc de
Rochechouart , Premier Gentilhomme
de la Chambre de S. M. de la part de la
Reine , par le Comte de Tessé , son premier
Ecuyer , et de la part de Madame
la Duchesse d'Orleans , par le Marquis
de Crevecoeur , premier Ecuyer de cette
Princesse.
Le 5. le Prince de Guise , et M. Hebert
, Introducteur des Ambassadeurs ,
alle
?
MAY.
1025 17330
allerent prendre l'Ambassadeur en son
Hôtel dans les Carosses du Roi et de la
Reine , et le conduisirent à Versailles ,
où il eut sa premiere Audience publique
du Roi. Il trouva à son passage , dans
l'avant- cour du Château , les Compagnies
des Gardes Françoises et Suisses
sous les armes, les Tambours appellants;
dans la Cour , les Gardes de la Porte , et
ceux de la Prévôté de l'Hôtel sous les
armes, àà lleeuurrss postes ordinaires , et sur
l'Escalier , les Cent Suisses en habits de
cérémonie , la Halebarde à la main. Il
fut reçû en dedans de la Salle des Gardes
par le Duc de Bethune , Capitaine des
Gardes du Corps , qui étoient en haye et
sous les armes.
Après l'Audience du Roi , l'Ambassadeur
fut conduit à l'Audience de la Reine
et à celle de Monseigneur le Dauphin,
par le Prince de Guise , et par M. Hebere
: à bert : il fut admis ensuite à celles de
Mesdames de France ; et après avoir été
traité par les Officiers du Roi , il fut reconduit
à Paris dans les Carosses de L.
M. avec les cérémonies accoûtumées.
Ambassadeur ordinaire du
Roi de Sardaigne , fic son Entrée publique
dans Paris. Le Maréchal d'Etrées et
M. Hebert , Introducteur des Ambassadeurs
, allerent le prendre dans les Carosses
de L. M. au Convent de Picpus ,
d'où la Marche se fit en cet ordre : le
Čarosse de l'Introducteur , ceux du Ma
réchal d'Etrées , précedez de son Suisse
de son Ecuyer et de quatre Pages à che
val ; un Suisse de l'Ambassadeur à che
val ; sa Livrée à pied , quatre de ses Of
` ficiers , un Ecuyer et quatre Pages à che
val ; le Carosse du Roi , aux côtez du
quel marchoient la Livrée du Maréchal
I d'E
1024 MERCURE DE FRANCE
d'Etrées , et celle de M. Hebert ; le Carosse
de la Reine ; celui de Madame là
Duchesse d'Orleans ; ceux du Duc d'Orleans
, de la Duchesse de Bourbon Douairiere
, du Duc et de la Duchesse de
Bourbon , du Comte de Charolois , du
Comte de Clermont , de la Princesse de
Conty , premiere Douairiere ; de la Princesse
de Conty seconde Douairiere
du Prince et de la Princesse de Conty , du
Duc et de la Duchesse du Maine , du
Prince de Dombes , du Comte d'Eu , du
Comté et de la Comtesse de Toulouse
et celui de M. Chauvelin , Garde des
Sceaux , Ministre et Secretaire d'Etat
ayant le département des Affaires Etrangeres.
Les trois Carosses de l'Ambassadeur
marchoient ensuite à une distance
de 30 à 40 pas . Lorsque l'Ambassadeur
fut arrivé à son Hôtel , il fut complimenté
de la part du Roi par le Duc de
Rochechouart , Premier Gentilhomme
de la Chambre de S. M. de la part de la
Reine , par le Comte de Tessé , son premier
Ecuyer , et de la part de Madame
la Duchesse d'Orleans , par le Marquis
de Crevecoeur , premier Ecuyer de cette
Princesse.
Le 5. le Prince de Guise , et M. Hebert
, Introducteur des Ambassadeurs ,
alle
?
MAY.
1025 17330
allerent prendre l'Ambassadeur en son
Hôtel dans les Carosses du Roi et de la
Reine , et le conduisirent à Versailles ,
où il eut sa premiere Audience publique
du Roi. Il trouva à son passage , dans
l'avant- cour du Château , les Compagnies
des Gardes Françoises et Suisses
sous les armes, les Tambours appellants;
dans la Cour , les Gardes de la Porte , et
ceux de la Prévôté de l'Hôtel sous les
armes, àà lleeuurrss postes ordinaires , et sur
l'Escalier , les Cent Suisses en habits de
cérémonie , la Halebarde à la main. Il
fut reçû en dedans de la Salle des Gardes
par le Duc de Bethune , Capitaine des
Gardes du Corps , qui étoient en haye et
sous les armes.
Après l'Audience du Roi , l'Ambassadeur
fut conduit à l'Audience de la Reine
et à celle de Monseigneur le Dauphin,
par le Prince de Guise , et par M. Hebere
: à bert : il fut admis ensuite à celles de
Mesdames de France ; et après avoir été
traité par les Officiers du Roi , il fut reconduit
à Paris dans les Carosses de L.
M. avec les cérémonies accoûtumées.
Fermer
Résumé : Entrée publique de l'Ambassad. de Sardaigne, [titre d'après la table]
Le 23 mai, le Marquis de Rosignan, ambassadeur du Roi de Sardaigne, fit son entrée publique à Paris. Le Maréchal d'Etrées et M. Hebert, Introducteur des Ambassadeurs, l'accueillirent au couvent de Picpus. La procession, organisée avec précision, comprenait les carrosses de l'Introducteur et du Maréchal, suivis par ceux des membres de la famille royale et des dignitaires, puis les trois carrosses de l'ambassadeur. À son arrivée à son hôtel, l'ambassadeur reçut des compliments de représentants du Roi, de la Reine et de Madame la Duchesse d'Orléans. Le 5 mai, le Prince de Guise et M. Hebert conduisirent l'ambassadeur à Versailles pour sa première audience publique avec le Roi. Les Gardes Françaises et Suisses étaient sous les armes lors de son passage. Après l'audience royale, l'ambassadeur fut reçu par la Reine et le Dauphin, puis par Mesdames de France. Il fut ensuite reconduit à Paris avec les cérémonies habituelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1053
p. 1125-1131
LE MÉPRIS DES RICHESSES. ODE. Qui a remporté le premier Prix à l'Académie des Jeux Floraux. Par M. Rainaud, de l'Oratoire, Préfet du College de Soissons.
Début :
Plutus, qui de nos coeurs avides, [...]
Mots clefs :
Plutus, Vol, Coeur, Coeurs, Désirs, Richesses, Plaisirs, Bonheur, Luxe, Académie des jeux floraux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE MÉPRIS DES RICHESSES. ODE. Qui a remporté le premier Prix à l'Académie des Jeux Floraux. Par M. Rainaud, de l'Oratoire, Préfet du College de Soissons.
E MEPRIS DES RICHESSES.
ODE.
Qui a remporté le premier Prix à
l'Académie des Jeux Floraux .
Par M. Rainaud , de l'Oratoire , Préfet du
College de Soissons.
PLutus , qui de nos coeurs avides ;
Bannis les innocens plaisirs ,
I. Vol.
Dvj Jusqu'à
1126 MERCURE DE FRANCE
Jusqu'à quand tes trésors perfides ,
Irriteront- ils nos désirs ?
Jusqu'à quand irons-nous , par d'aveugles ma
ximes ,
D'un Encens criminel et du sang des Victimes >
Offrir l'hommage à tes Autels ?
Tes funestes présents, enfantent nos miséres ,
Et qui sçait mépriser ces biens imaginaires ,
Est le plus riche des Mortels..
C'est en vain que
粥
de l'Opulence ,
'Adorant l'Eclat suborneur ,
Dans le luxe et dans l'abondance ,
On met le suprême bonheur.
Contemplons ce Crésus , pour qui les Arts s'épuisent
,
Pour qui la Terre et l'Onde à l'envi reprodui—
sent ,
Tout ce qui peut combler ses voeux ;
Dans le sein des plaisirs qu'enfante la molesse ,
Ce superbe mortel , aux yeux de la sagesse,
N'est qu'un illustre malheureux.
Quels traits à ma vûë il décéle !
Des besoins , toujours renaissans ;
J'apperçois la Troupe cruelle,
1. Vol. Qui
JUIN. 1733. 11-27
Qui le rend Esclave des sens.
Que de pâles soucis ! que de mortelles® craintes !
Sous ses lambris dorez , j'entends les tristes plaintes
;
C'est peu , quel spectacle nouveau !
Implacable Vautour , dans sa tristesse extrême ,
Son coeur qui se déchire , est toujours de luimême
,
Et la Victime et le Bourrean.
Doux repos que l'homme désire ,
Heureuse Paix , charme des coeurs r
Tu n'établis pas ton Empire ,
Dans les fastueuses grandeurs.
Loin des Palais pompeux , que le Luxe envi
ronne ,
De ceux que nos respects accablent sur le Thrône
,
Tu fuis la haute Majesté ;
Et des coeurs sans désirs , délicieux partage ;
Tu vas sous l'humble toît , habité par le Sage
Assurer sa félicité.
諾
Là , des Trésors , à qui tout céde ,
II dédaigne les vains appas ;
Trop content de ce qu'il possede',
Il méprise ce qu'il n'a pas..
I. Vol A
T128 MERCURE DE FRANCE
1
A l'envie , aux soupçons toujours inacsessible ,
L'inquiete Avarice , à son bonheur paisible ;
Ne vient jamais mêler l'ennui ;
Soleil , tu ne vois rien , dont son coeur soit
avide ;
Trop heureux ! il jouit d'un trésor plus solide ,
Qu'il porte toujours avec lui.
Fidelle aux Loix de la nature ,
Et Souverain de ses désirs ,
Sans soins , sans trouble , sans murmure ,
Il goute de parfaits plaisirs.
Envain sur l'Ocean , s'élevent les Tempêtes ;
Les Foudres menaçans , qui grondent sur nos
têtes
,
Ne l'arrachent point au sommeil ;
Tranquille , il ne va point , affrontant les maufrages
,
De leurs riches métaux , dépoüiller des rivages,
Eclairez d'un autre Soleil.
粥
Aveugle et bizare * Déesse ,
Qui regles le sort des humains ,
Dont les Autels fument sans cesse ;
De l'encens que t'offrent leurs mains ,
Tes éclatans revers signalant ta puissance ,
* La Fortune.
1. Vel. Ne
JUIN . 1733 .
1129
Ne sçauroient de son ame , ébranler la constance
Il brave leurs vaines rigueurs ,
Que pourroit contre lui ton courroux infléxible
Tu ne fais qu'affermir son courage invincible ,
En multipliant ses malheurs
Mais Dieux ! quel spectacle m'étonne !
L'Orage fond sur ses Moissons ,
L'Air s'embraze , l'Olympe tonne ,
Les Vents ont forcé leurs prisons.
Des Aquilons fougueux la cohorte effrénée ;
Emporte avec les dons de Cérès consternée ;
Ceux de Pomone et de Bachus .
De regreter ces biens ne peut -il se deffendre ›
Non , non , son coeur tranquille , avoit sçû les
attendre ,
Et tranquile, il les a perdus.
*
Vous qu'une implacable furie ,
Retient sous un joug odieux ,
Ministres de sa barbarie ,;
Brisez ses fers injurieux .
Dans ces frêles trésors , vos cruelles délices ,
Vous trouvez vos tourmens
supplices.
* L'Avarice.
Vous trouvez vos
1. Vol.
Ardens
1130 MERCURE DE FRANCE
Ardens à vous tyranniser ;
Plus heureux , ce * Romain , dont la vertu constante
,
Préfére au vain éclat de l'or qu'on lui présente ,
La gloire de le mépriser.
柒
Heureux le monde en son Enfance ,
Où l'homme , maître de son coeur
Dans la paix et dans l'innocence
Trouvoit un solide bonheur !
y
Pomone , tes présens faisoient sa nourriture ;
Son corps d'un vil feuillage , empruntoit sa pa→
rure "
Modeste ouvrage de ses mains ;
Et toujours affranchi de la sombre tristesse ,
Il goutoit ces vrais biens qu'au sein de la mo→
lesse ,
Regretent encor les humains.
Revivez „ antiques Exemples ,
De l'active frugalité ;
Que nos coeurs ne soient plus les temples
D'une aveugle Divinité.
Etoufons , au mépris de ses vaines largesses ,
Les désirs effrénez , qu'enfantent les Richesses ,
Sources fécondes de nos maux ,
* Curius.
I. Vol. Ec
JUIN. 1733. - 1131
It bornant ces besoins d'où renaissent nos peines
,
Sur les débris du faste et des grandeurs humai
mes ,
Etablissons notre repos,
潞
Quantò quisque sibi plura negaverit ,
A dis plura feret.
រ
Horat. Ode 16. lib. 3 .
ODE.
Qui a remporté le premier Prix à
l'Académie des Jeux Floraux .
Par M. Rainaud , de l'Oratoire , Préfet du
College de Soissons.
PLutus , qui de nos coeurs avides ;
Bannis les innocens plaisirs ,
I. Vol.
Dvj Jusqu'à
1126 MERCURE DE FRANCE
Jusqu'à quand tes trésors perfides ,
Irriteront- ils nos désirs ?
Jusqu'à quand irons-nous , par d'aveugles ma
ximes ,
D'un Encens criminel et du sang des Victimes >
Offrir l'hommage à tes Autels ?
Tes funestes présents, enfantent nos miséres ,
Et qui sçait mépriser ces biens imaginaires ,
Est le plus riche des Mortels..
C'est en vain que
粥
de l'Opulence ,
'Adorant l'Eclat suborneur ,
Dans le luxe et dans l'abondance ,
On met le suprême bonheur.
Contemplons ce Crésus , pour qui les Arts s'épuisent
,
Pour qui la Terre et l'Onde à l'envi reprodui—
sent ,
Tout ce qui peut combler ses voeux ;
Dans le sein des plaisirs qu'enfante la molesse ,
Ce superbe mortel , aux yeux de la sagesse,
N'est qu'un illustre malheureux.
Quels traits à ma vûë il décéle !
Des besoins , toujours renaissans ;
J'apperçois la Troupe cruelle,
1. Vol. Qui
JUIN. 1733. 11-27
Qui le rend Esclave des sens.
Que de pâles soucis ! que de mortelles® craintes !
Sous ses lambris dorez , j'entends les tristes plaintes
;
C'est peu , quel spectacle nouveau !
Implacable Vautour , dans sa tristesse extrême ,
Son coeur qui se déchire , est toujours de luimême
,
Et la Victime et le Bourrean.
Doux repos que l'homme désire ,
Heureuse Paix , charme des coeurs r
Tu n'établis pas ton Empire ,
Dans les fastueuses grandeurs.
Loin des Palais pompeux , que le Luxe envi
ronne ,
De ceux que nos respects accablent sur le Thrône
,
Tu fuis la haute Majesté ;
Et des coeurs sans désirs , délicieux partage ;
Tu vas sous l'humble toît , habité par le Sage
Assurer sa félicité.
諾
Là , des Trésors , à qui tout céde ,
II dédaigne les vains appas ;
Trop content de ce qu'il possede',
Il méprise ce qu'il n'a pas..
I. Vol A
T128 MERCURE DE FRANCE
1
A l'envie , aux soupçons toujours inacsessible ,
L'inquiete Avarice , à son bonheur paisible ;
Ne vient jamais mêler l'ennui ;
Soleil , tu ne vois rien , dont son coeur soit
avide ;
Trop heureux ! il jouit d'un trésor plus solide ,
Qu'il porte toujours avec lui.
Fidelle aux Loix de la nature ,
Et Souverain de ses désirs ,
Sans soins , sans trouble , sans murmure ,
Il goute de parfaits plaisirs.
Envain sur l'Ocean , s'élevent les Tempêtes ;
Les Foudres menaçans , qui grondent sur nos
têtes
,
Ne l'arrachent point au sommeil ;
Tranquille , il ne va point , affrontant les maufrages
,
De leurs riches métaux , dépoüiller des rivages,
Eclairez d'un autre Soleil.
粥
Aveugle et bizare * Déesse ,
Qui regles le sort des humains ,
Dont les Autels fument sans cesse ;
De l'encens que t'offrent leurs mains ,
Tes éclatans revers signalant ta puissance ,
* La Fortune.
1. Vel. Ne
JUIN . 1733 .
1129
Ne sçauroient de son ame , ébranler la constance
Il brave leurs vaines rigueurs ,
Que pourroit contre lui ton courroux infléxible
Tu ne fais qu'affermir son courage invincible ,
En multipliant ses malheurs
Mais Dieux ! quel spectacle m'étonne !
L'Orage fond sur ses Moissons ,
L'Air s'embraze , l'Olympe tonne ,
Les Vents ont forcé leurs prisons.
Des Aquilons fougueux la cohorte effrénée ;
Emporte avec les dons de Cérès consternée ;
Ceux de Pomone et de Bachus .
De regreter ces biens ne peut -il se deffendre ›
Non , non , son coeur tranquille , avoit sçû les
attendre ,
Et tranquile, il les a perdus.
*
Vous qu'une implacable furie ,
Retient sous un joug odieux ,
Ministres de sa barbarie ,;
Brisez ses fers injurieux .
Dans ces frêles trésors , vos cruelles délices ,
Vous trouvez vos tourmens
supplices.
* L'Avarice.
Vous trouvez vos
1. Vol.
Ardens
1130 MERCURE DE FRANCE
Ardens à vous tyranniser ;
Plus heureux , ce * Romain , dont la vertu constante
,
Préfére au vain éclat de l'or qu'on lui présente ,
La gloire de le mépriser.
柒
Heureux le monde en son Enfance ,
Où l'homme , maître de son coeur
Dans la paix et dans l'innocence
Trouvoit un solide bonheur !
y
Pomone , tes présens faisoient sa nourriture ;
Son corps d'un vil feuillage , empruntoit sa pa→
rure "
Modeste ouvrage de ses mains ;
Et toujours affranchi de la sombre tristesse ,
Il goutoit ces vrais biens qu'au sein de la mo→
lesse ,
Regretent encor les humains.
Revivez „ antiques Exemples ,
De l'active frugalité ;
Que nos coeurs ne soient plus les temples
D'une aveugle Divinité.
Etoufons , au mépris de ses vaines largesses ,
Les désirs effrénez , qu'enfantent les Richesses ,
Sources fécondes de nos maux ,
* Curius.
I. Vol. Ec
JUIN. 1733. - 1131
It bornant ces besoins d'où renaissent nos peines
,
Sur les débris du faste et des grandeurs humai
mes ,
Etablissons notre repos,
潞
Quantò quisque sibi plura negaverit ,
A dis plura feret.
រ
Horat. Ode 16. lib. 3 .
Fermer
Résumé : LE MÉPRIS DES RICHESSES. ODE. Qui a remporté le premier Prix à l'Académie des Jeux Floraux. Par M. Rainaud, de l'Oratoire, Préfet du College de Soissons.
L'ode 'E Mepris des Richesses' de M. Rainaud, préfet du Collège de Soissons, a remporté le premier prix à l'Académie des Jeux Floraux. Ce texte critique la quête incessante des richesses matérielles, qualifiées de 'trésors perfides' qui irritent les désirs et engendrent des misères. Rainaud dénonce l'adoration de l'opulence et du luxe, illustrée par l'exemple de Crésus, un homme riche mais malheureux, esclave de ses besoins et de ses craintes. Selon l'ode, la véritable richesse réside dans le mépris des biens imaginaires et dans la paix intérieure, loin des fastes et des grandeurs. Le sage, content de ce qu'il possède, est inaccessible aux soucis et aux désirs, et jouit d'une tranquillité inébranlable face aux tempêtes et aux malheurs. L'ode appelle à briser les fers de l'avarice et à revenir à une vie simple et frugale, comme celle des hommes dans leur enfance, où le bonheur était solide et affranchi de la tristesse. Elle conclut par une citation d'Horace, soulignant que celui qui se refuse beaucoup de choses recevra beaucoup des dieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1054
p. 1213-1220
A Constantinople, le 22 Avril 1733.
Début :
Les nouvelles venuës de Perse, par plusieurs Couriers, arrivez icy, portent que parmi [...]
Mots clefs :
Constantinople, Bagdad, Thamas Kouli-Kan, Topal Osman Pacha, Prince, Canons, Vaisseaux, Troupes, Côte, Nouvelles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Constantinople, le 22 Avril 1733.
A Constantinople , le 22 Avril 1733 .
LE
Es nouvelles venues de Perse , par plusieurs
Couriers , arrivez icy , portent que parmi
les Persans , qui sont en tres- grand nombre dans
Bagdad , il s'étoit formé un complot pour li
rer cette Place à l'Usurpateur Thamas - Kouli-
I. Vol.
Hij Kham
1214 MERCURE DE FRANCE
Kham , lequel faute de Canon pour en entreprendre
le Siége , et comptant sur ce qui s'y
tramoit en sa faveur, s'étoit borné jusqu'alors à
la bloquer du côté de la terre ; mais qu'Achmet
Pacha , Commandant Turc, avoit heureusement
découvert la conspiration peu de jours avant
qu'elle dût éclater : Sur quoi Kouli -Kham voïant
son coup manqué , avoit laissé la plus grande
partie de son armée aux environs de Bagdad ,
pour en continuer le Blocus , et avoit passé le
Tigre avec 25000 de ses meilleurs Soldats , la
pluspart Aghuans , qu'Achinet Pacha , comme
Ges Troupes passaient , avoit fait faire à propos
une sortie sur leur arriere-garde , dont environ
2000 hommes avoient été tuez ou noyez , que
Kouli Kham, après son passage étoit tombé sur
Kouch- Kalessi , Faux - Bourg de Bagdad , dont il
ost séparé par le Tigre , qu'il avoit pillé e
Fauxboug , et s'étoit ensuite campé le long du
Fleuve pour ôter toute communication entre
cette Ville , et l'armée Otomane , qui étoit dans
le Diarbekir , sous les ordres de Topal - Osman
Pacha , nouveau Genenal.
*
- Cependant le Tigre s'étant enflé tout d'un
coup considérablement, par la premiere fonte des
Néges , la rapidité de son cours avoit emporté
tous les Batteaux et Radeaux dont les Persans s'étoient
servis pour le passer ; de sorte que leur
General fort intrigué de ne pouvoir plus communiquer
avec ses Troupes restées de l'autre
côté du Fleuve , soit pour en tirer du secours
soit pour leur en donner , suivant les conjonc
tures , avoit pourtant trouvé moyen de leur faire
Nation barbare et rebelle , qui a donné lieu à la
grande Révolution de Perse,
>
I, Vol.
dire
JUIN. 1733.
1215
dire de filer le long de ce Fleuve , jusques vis-àvis
de Mesie , où, quand les eaux seroient écou
lées , elles pourroient le passer à gué ; qu'en attendant
, ce Général , pour se dédommager d'avoir
échoué à Bagdad , avoit formé le dessein
de surprendre Mosul ; et comme il sçavoit que
les habitans de cette derniere Ville en avoient
eux -mêmes réparé depuis peu l'Enceinte et la
Forteresse, qu'ils y avoient fait venir beaucoup de
provisions du Diarbekir , et que leur Garnison:
étoit renforcée , il avoit voulu joindre la ruse à
la force.
Pour cet effet , il leur avoit envoyé trois
Exprès , en differens temps pour les amuser , les
faisant assurer qu'il étoit venu dans leur voisinage
comme ami , et qu'ils n'avoient à craindre
aucun acte d'hostilité de sa part ; cependant au
moment même qu'il leur avoit dépêché son premier
Emissaire , il avoit fait marcher un Corps
de 10 à 12000 homines vers Mosul , qui y arriva
peu après son troisiéme Courier ; mais les
habitans ne prirent pas le change ; et loin de
prêter l'oreille à ses protestations d'amitié , réïtérées
avec tant d'affectation , ils se tinrent sibien
sur leurs gardes , que lorsque les Troupes
Persannes furent à la portée du Canon , ils firent
tirer dessus toute l'Artillerie de la Place ;
nonobstant le désorde que causa cette décharge,
les Persans ayant continué d'avancer , et étant
même entrez en partie dans la Ville , dont on
avoit exprès laissé une porte ouverte , la Garnison
et le Peuple les reçurent avec tant de bra
youre qu'ils les chasserent et les poursuivirent
* Ville moderne , peu éloignée des ruines de Nimive.
I. Vol. H iij long1216
MERCURE DE FRANCE
long - temps , ensorte qu'après en avoir tué
beaucoup , le reste s'étoit dissipé et avoit pris la
fuite à travers les Déserts .
En conséquence de ces deux Evenemens , qui
sont tres-avantageux aux Turcs dans un commencement
de Campagne , Achmet Pacha avoit ·
mandé au nouveau Séraskier Topal - Osman , de
ne se plus inquiéter pour Bagdad , qui étoit à
present en sûreté et bien pourvû de tout, et qu'il
ne songeât point à se mettre en mouvement
qu'auparavant tous les renforts de Troupes et
les munitions qu'il attendoit ne l'eussent joint.
Ce Seraskier avoit déja rassemblé 60000 hommes
dans ce Diarbekir , et reçu une bonne partie
des provisions qu'on lui avoit envoyées de
Constantinople par Aléxandrete. On ajoute
qu'ayant été obligé d'user de sévérité , pour
maintenir en vigueur la subordination dans son
armée , et pour tenir le monde dans son devoir ,
il avoit fait couper la tête à un Pacha , qui refusoit
d'obéir à ses Ordres , s'il ne montroit
ceux du G. S. et qu'il avoit fait subir le même
supplice à quelques Officiers , dont les Compagnies
n'étoient pas completes. Achmet Pacha
de son côté a exterminé tous ceux qui avoient
trempé dans la conspiration dont on a parlé au
commencement de ces nouvelles , et a fait passer
au fil de l'Epée les habitans d'un gros Village
près de Bagdad , nommé Gherbelai- Mahaladé” ,
pour avoir favorisé Thamis Kouli Kham.
Enfin , que les Troupes de ce dernier , qui
pour la plus grande partie sont composées de
toute sorte de gens ramassez , mal vétus , mal
armez , et propres seulement à faire du ravage
où ils ne trouvent point de résistance , avoient
fait un si grand dégat dans les Plaines de Bad-
1. Vol. dad,
JUIN. 1733. 1217
dad , pendant le Blocus de cette Place , que tous
son territoire est ruiné, de maniere à ne pouvoir
se rétablir de 20 ou 30 ans.
Les mêmes nouvelles portent que , sans avoir
égard au refus que fit dernierement M. Nepluck
au nom de la Czarine , d'accorder le passage sur
les Terres de sa Souveraine aux Tartares , le
Kham de la Crimée avoit ordre de faire`marcher
en Perse , il en étoit d'abord passé un Corps
d'environ 10 mille , qui sont à la solde du G. S.
et que depuis , plus de 20 mille volontaires de
cette même Nation , avoient pris journellement
la même route.
Mikal Voda , qui a été deux fois Prince de
Moldavie , et qui du temps de la Révolution
avoit obtenu la Principauté de Valaquie , dont il
fût déposé il y a plus d'un an , avoit fait depuis
peu quelques tentatives pour rentrer dans cette
derniere Principauté. Ses amis représenterent à
la Porte , qu'il paroissoit que le fils du feu Prince
Nicolas Mauro - Cordato , qui gouverne à
present la Valaquie , se trouvant trop jeune , et
n'ayant pas assez d'expérience , il seroit d'une
extrême conséquence pour cet Empire , de ne la
confier qu'à un Prince qui fut capable de la bien
gouverner , tel qu'étoit Mikal , qui avoit cydevant
donné des preuves de sa bonne conduite;
mais ces représentations n'ont rien produit en
sa faveur , et la Porte pour marquer cependant
qu'elle y avoit fait attention , s'est contentée do
donner la Principauté de Valaquie au Prince de
Moldavie , qui est un homme fait , et celle - ci
au jeune Prince de Valaquie . Les Ordres pour
faire cet échange , qui jettera ces Princes dans
d'aussi grandes dépenses que s'ils succedoient à
d'autres , ont été signifiez le 16 de ce mois à
Hij
•
+
I. Vol. leurs
1218 MERCURE DE FRANCE
leurs Kapi-Kiayar , ou Agens à la Porte , ausquels
on a donné le Caftan d'honneur , suivant
l'usage .
Les Algériens , qui étoient à Smirne depuis
às mois pour y faire des Recrues , et recevoir
celles qu'on faisoit icy pour eux , ayant mis à
la voile de Fogeri , dans les derniers jours du
mois de Mars , au nombre de neuf Vaisseaux ,
furent surpris , le premier d'Avril , vers les 9
heures du soir , d'un vent de Sud- Est si violent ,
que ne pouvant plus tenir la Mer sans un péri
évident , ils voulurent gagner la Rade de Mosconisy
pour s'y mettre à l'abri ; mais soit que
l'obscurité trompât les Pilotes , ou qu'ils ne connussent
pas bien ces Parages , au lieu de prendre
la grande Passe , qui est sure , et au Nord de
l'Ise de Metelin , ils prirent la petite , au Nord-
Ouest de cette Isie , qui est fort dangereuse la
Duit , parce qu'elle n'a qu'environ deux Cables
de l'argeur , dix pieds d'eau en quelques endroits,
et qu'elle a un Banc de Rochers du côté de l'Est ;
de sorte , que la nouvelle Patrone d'Alger , fort
beau Vaisseau de 70 Pieces de Canons de Fonte ,
construit depuis un an , échoua en entrant dans
ce mauvais passage , et que celui qui le commandoit
n'ayant pas eu l'attention d'éteindre
son Fanal de Poupe , ni de faire aucun signal ,
deux autres Vaisseaux qui le crurent mouillé ,
le suivirent , et écoüerent de même ; sçavoir, un
des deux Vaisseaux , dont le G. S. avoit fait
présent depuis peu à la République d'Alger, aussi
de 70 Canons , & l'ancienne Patrone de cette
Régence , percée pour un pareil nombre de Canons
, mais qui n'en avoit que 40 .
Des autres 6 Vaisseaux de cette Escadre, 3 qui
étoient les plus proches , et qui prenoient la mê-
I. Val me
JUIN.
1219 17337
même sort ;
me route , auroient eu vrai- semblablement le
mais une Chaloupe qu'on leur en
voya , les ayant informez du malheur qui venoit
d'arriver , ils gagnerent la grande Passe , et allerent
donner fond dans la Rade de Mosconisy.
A l'égard des trois derniers , ils étoient dispersez
et si fort au large qu'il ne fut pas possible
d'en joindre aucun , et qu'on a été même
plusieurs jours sans en avoir de nouvelles .
On a appris depuis , que l'un d'eux étoit venu
moüiller à Mosconisy avec ceux qui y étoient
déja , et qu'un autre ayant voulu regagner Foye
ri , avoit péri en rentrant dans ce Port , qu'à la.
vérité tout l'Equipage avoit eu le temps de se
sauver , mais que peu après ce Bâtiment , qui
étoit de 40 Canons , avoit coulé bas et disparu
totalement. Quant au troisiéme Vaisseau , on ne
sçait point encore ce qu'il est devenu .
les
Quoiqu'il ne se soit noyé que aix personnes
dans tous ces naufrages , et que les Aigériens se
fatent de relever leur ancienne Patrone , à quot
on doute pourtant qu'ils puissent parvenir ; il
est certain que la perte qu'ils ont faite en cette
occasion sera toujours fort considérable ; outre
qu'ils ne pourront rien retirer des deux premiers
gros Vaisseaux naufragez ;; que les Canons ,
Ancres et ce qu'il y avoit sur le premier et le
second Pont , toute la Mâture de ces Bâtimens
étant tombée tout à la fois , un quart d'heure
après qu'ils eurent échoué , on assure que 3 à
hommes en ont été écrașez ou estropiez, et
que la plupart de leurs Recruès , effrayées de tant
de désastres , ont deserté et pris la fuite de côté
400
et d'autre en Asie .
Jérémie , qui avoit été fait Patriarche de
Constantinople pour la seconde fois , au mois
I Vol Hv d'Oc1220
MERCURE DE FRANCE
d'Octobre de l'année derniere , a été déposé aujourd'hui
et exilé suivant la coûtume ; et Sera
phin , Archevêque de Nicomédie , a été mis à sa
place.
LE
Es nouvelles venues de Perse , par plusieurs
Couriers , arrivez icy , portent que parmi
les Persans , qui sont en tres- grand nombre dans
Bagdad , il s'étoit formé un complot pour li
rer cette Place à l'Usurpateur Thamas - Kouli-
I. Vol.
Hij Kham
1214 MERCURE DE FRANCE
Kham , lequel faute de Canon pour en entreprendre
le Siége , et comptant sur ce qui s'y
tramoit en sa faveur, s'étoit borné jusqu'alors à
la bloquer du côté de la terre ; mais qu'Achmet
Pacha , Commandant Turc, avoit heureusement
découvert la conspiration peu de jours avant
qu'elle dût éclater : Sur quoi Kouli -Kham voïant
son coup manqué , avoit laissé la plus grande
partie de son armée aux environs de Bagdad ,
pour en continuer le Blocus , et avoit passé le
Tigre avec 25000 de ses meilleurs Soldats , la
pluspart Aghuans , qu'Achinet Pacha , comme
Ges Troupes passaient , avoit fait faire à propos
une sortie sur leur arriere-garde , dont environ
2000 hommes avoient été tuez ou noyez , que
Kouli Kham, après son passage étoit tombé sur
Kouch- Kalessi , Faux - Bourg de Bagdad , dont il
ost séparé par le Tigre , qu'il avoit pillé e
Fauxboug , et s'étoit ensuite campé le long du
Fleuve pour ôter toute communication entre
cette Ville , et l'armée Otomane , qui étoit dans
le Diarbekir , sous les ordres de Topal - Osman
Pacha , nouveau Genenal.
*
- Cependant le Tigre s'étant enflé tout d'un
coup considérablement, par la premiere fonte des
Néges , la rapidité de son cours avoit emporté
tous les Batteaux et Radeaux dont les Persans s'étoient
servis pour le passer ; de sorte que leur
General fort intrigué de ne pouvoir plus communiquer
avec ses Troupes restées de l'autre
côté du Fleuve , soit pour en tirer du secours
soit pour leur en donner , suivant les conjonc
tures , avoit pourtant trouvé moyen de leur faire
Nation barbare et rebelle , qui a donné lieu à la
grande Révolution de Perse,
>
I, Vol.
dire
JUIN. 1733.
1215
dire de filer le long de ce Fleuve , jusques vis-àvis
de Mesie , où, quand les eaux seroient écou
lées , elles pourroient le passer à gué ; qu'en attendant
, ce Général , pour se dédommager d'avoir
échoué à Bagdad , avoit formé le dessein
de surprendre Mosul ; et comme il sçavoit que
les habitans de cette derniere Ville en avoient
eux -mêmes réparé depuis peu l'Enceinte et la
Forteresse, qu'ils y avoient fait venir beaucoup de
provisions du Diarbekir , et que leur Garnison:
étoit renforcée , il avoit voulu joindre la ruse à
la force.
Pour cet effet , il leur avoit envoyé trois
Exprès , en differens temps pour les amuser , les
faisant assurer qu'il étoit venu dans leur voisinage
comme ami , et qu'ils n'avoient à craindre
aucun acte d'hostilité de sa part ; cependant au
moment même qu'il leur avoit dépêché son premier
Emissaire , il avoit fait marcher un Corps
de 10 à 12000 homines vers Mosul , qui y arriva
peu après son troisiéme Courier ; mais les
habitans ne prirent pas le change ; et loin de
prêter l'oreille à ses protestations d'amitié , réïtérées
avec tant d'affectation , ils se tinrent sibien
sur leurs gardes , que lorsque les Troupes
Persannes furent à la portée du Canon , ils firent
tirer dessus toute l'Artillerie de la Place ;
nonobstant le désorde que causa cette décharge,
les Persans ayant continué d'avancer , et étant
même entrez en partie dans la Ville , dont on
avoit exprès laissé une porte ouverte , la Garnison
et le Peuple les reçurent avec tant de bra
youre qu'ils les chasserent et les poursuivirent
* Ville moderne , peu éloignée des ruines de Nimive.
I. Vol. H iij long1216
MERCURE DE FRANCE
long - temps , ensorte qu'après en avoir tué
beaucoup , le reste s'étoit dissipé et avoit pris la
fuite à travers les Déserts .
En conséquence de ces deux Evenemens , qui
sont tres-avantageux aux Turcs dans un commencement
de Campagne , Achmet Pacha avoit ·
mandé au nouveau Séraskier Topal - Osman , de
ne se plus inquiéter pour Bagdad , qui étoit à
present en sûreté et bien pourvû de tout, et qu'il
ne songeât point à se mettre en mouvement
qu'auparavant tous les renforts de Troupes et
les munitions qu'il attendoit ne l'eussent joint.
Ce Seraskier avoit déja rassemblé 60000 hommes
dans ce Diarbekir , et reçu une bonne partie
des provisions qu'on lui avoit envoyées de
Constantinople par Aléxandrete. On ajoute
qu'ayant été obligé d'user de sévérité , pour
maintenir en vigueur la subordination dans son
armée , et pour tenir le monde dans son devoir ,
il avoit fait couper la tête à un Pacha , qui refusoit
d'obéir à ses Ordres , s'il ne montroit
ceux du G. S. et qu'il avoit fait subir le même
supplice à quelques Officiers , dont les Compagnies
n'étoient pas completes. Achmet Pacha
de son côté a exterminé tous ceux qui avoient
trempé dans la conspiration dont on a parlé au
commencement de ces nouvelles , et a fait passer
au fil de l'Epée les habitans d'un gros Village
près de Bagdad , nommé Gherbelai- Mahaladé” ,
pour avoir favorisé Thamis Kouli Kham.
Enfin , que les Troupes de ce dernier , qui
pour la plus grande partie sont composées de
toute sorte de gens ramassez , mal vétus , mal
armez , et propres seulement à faire du ravage
où ils ne trouvent point de résistance , avoient
fait un si grand dégat dans les Plaines de Bad-
1. Vol. dad,
JUIN. 1733. 1217
dad , pendant le Blocus de cette Place , que tous
son territoire est ruiné, de maniere à ne pouvoir
se rétablir de 20 ou 30 ans.
Les mêmes nouvelles portent que , sans avoir
égard au refus que fit dernierement M. Nepluck
au nom de la Czarine , d'accorder le passage sur
les Terres de sa Souveraine aux Tartares , le
Kham de la Crimée avoit ordre de faire`marcher
en Perse , il en étoit d'abord passé un Corps
d'environ 10 mille , qui sont à la solde du G. S.
et que depuis , plus de 20 mille volontaires de
cette même Nation , avoient pris journellement
la même route.
Mikal Voda , qui a été deux fois Prince de
Moldavie , et qui du temps de la Révolution
avoit obtenu la Principauté de Valaquie , dont il
fût déposé il y a plus d'un an , avoit fait depuis
peu quelques tentatives pour rentrer dans cette
derniere Principauté. Ses amis représenterent à
la Porte , qu'il paroissoit que le fils du feu Prince
Nicolas Mauro - Cordato , qui gouverne à
present la Valaquie , se trouvant trop jeune , et
n'ayant pas assez d'expérience , il seroit d'une
extrême conséquence pour cet Empire , de ne la
confier qu'à un Prince qui fut capable de la bien
gouverner , tel qu'étoit Mikal , qui avoit cydevant
donné des preuves de sa bonne conduite;
mais ces représentations n'ont rien produit en
sa faveur , et la Porte pour marquer cependant
qu'elle y avoit fait attention , s'est contentée do
donner la Principauté de Valaquie au Prince de
Moldavie , qui est un homme fait , et celle - ci
au jeune Prince de Valaquie . Les Ordres pour
faire cet échange , qui jettera ces Princes dans
d'aussi grandes dépenses que s'ils succedoient à
d'autres , ont été signifiez le 16 de ce mois à
Hij
•
+
I. Vol. leurs
1218 MERCURE DE FRANCE
leurs Kapi-Kiayar , ou Agens à la Porte , ausquels
on a donné le Caftan d'honneur , suivant
l'usage .
Les Algériens , qui étoient à Smirne depuis
às mois pour y faire des Recrues , et recevoir
celles qu'on faisoit icy pour eux , ayant mis à
la voile de Fogeri , dans les derniers jours du
mois de Mars , au nombre de neuf Vaisseaux ,
furent surpris , le premier d'Avril , vers les 9
heures du soir , d'un vent de Sud- Est si violent ,
que ne pouvant plus tenir la Mer sans un péri
évident , ils voulurent gagner la Rade de Mosconisy
pour s'y mettre à l'abri ; mais soit que
l'obscurité trompât les Pilotes , ou qu'ils ne connussent
pas bien ces Parages , au lieu de prendre
la grande Passe , qui est sure , et au Nord de
l'Ise de Metelin , ils prirent la petite , au Nord-
Ouest de cette Isie , qui est fort dangereuse la
Duit , parce qu'elle n'a qu'environ deux Cables
de l'argeur , dix pieds d'eau en quelques endroits,
et qu'elle a un Banc de Rochers du côté de l'Est ;
de sorte , que la nouvelle Patrone d'Alger , fort
beau Vaisseau de 70 Pieces de Canons de Fonte ,
construit depuis un an , échoua en entrant dans
ce mauvais passage , et que celui qui le commandoit
n'ayant pas eu l'attention d'éteindre
son Fanal de Poupe , ni de faire aucun signal ,
deux autres Vaisseaux qui le crurent mouillé ,
le suivirent , et écoüerent de même ; sçavoir, un
des deux Vaisseaux , dont le G. S. avoit fait
présent depuis peu à la République d'Alger, aussi
de 70 Canons , & l'ancienne Patrone de cette
Régence , percée pour un pareil nombre de Canons
, mais qui n'en avoit que 40 .
Des autres 6 Vaisseaux de cette Escadre, 3 qui
étoient les plus proches , et qui prenoient la mê-
I. Val me
JUIN.
1219 17337
même sort ;
me route , auroient eu vrai- semblablement le
mais une Chaloupe qu'on leur en
voya , les ayant informez du malheur qui venoit
d'arriver , ils gagnerent la grande Passe , et allerent
donner fond dans la Rade de Mosconisy.
A l'égard des trois derniers , ils étoient dispersez
et si fort au large qu'il ne fut pas possible
d'en joindre aucun , et qu'on a été même
plusieurs jours sans en avoir de nouvelles .
On a appris depuis , que l'un d'eux étoit venu
moüiller à Mosconisy avec ceux qui y étoient
déja , et qu'un autre ayant voulu regagner Foye
ri , avoit péri en rentrant dans ce Port , qu'à la.
vérité tout l'Equipage avoit eu le temps de se
sauver , mais que peu après ce Bâtiment , qui
étoit de 40 Canons , avoit coulé bas et disparu
totalement. Quant au troisiéme Vaisseau , on ne
sçait point encore ce qu'il est devenu .
les
Quoiqu'il ne se soit noyé que aix personnes
dans tous ces naufrages , et que les Aigériens se
fatent de relever leur ancienne Patrone , à quot
on doute pourtant qu'ils puissent parvenir ; il
est certain que la perte qu'ils ont faite en cette
occasion sera toujours fort considérable ; outre
qu'ils ne pourront rien retirer des deux premiers
gros Vaisseaux naufragez ;; que les Canons ,
Ancres et ce qu'il y avoit sur le premier et le
second Pont , toute la Mâture de ces Bâtimens
étant tombée tout à la fois , un quart d'heure
après qu'ils eurent échoué , on assure que 3 à
hommes en ont été écrașez ou estropiez, et
que la plupart de leurs Recruès , effrayées de tant
de désastres , ont deserté et pris la fuite de côté
400
et d'autre en Asie .
Jérémie , qui avoit été fait Patriarche de
Constantinople pour la seconde fois , au mois
I Vol Hv d'Oc1220
MERCURE DE FRANCE
d'Octobre de l'année derniere , a été déposé aujourd'hui
et exilé suivant la coûtume ; et Sera
phin , Archevêque de Nicomédie , a été mis à sa
place.
Fermer
Résumé : A Constantinople, le 22 Avril 1733.
En avril 1733, des informations provenant de Perse signalent un complot à Bagdad visant à libérer la ville de l'usurpateur Thamas-Kouli-Kham. Ce dernier, manquant de canons, avait bloqué la ville par terre. Achmet Pacha, commandant turc, avait découvert la conspiration et lancé une sortie contre les forces persanes, tuant ou noyant environ 2000 hommes. Kouli-Kham, après avoir traversé le Tigre, avait pillé un faubourg de Bagdad et s'était campé le long du fleuve pour couper les communications entre Bagdad et l'armée ottomane. Le Tigre en crue avait emporté les bateaux et radeaux des Persans, empêchant leur général de communiquer avec ses troupes. Ce général avait alors ordonné à ses troupes de longer le fleuve jusqu'à Mesie pour le traverser à gué une fois les eaux écoulées. En attendant, il avait tenté de surprendre Mosul, mais les habitants, bien préparés, avaient repoussé l'attaque avec succès. Ces événements avaient rassuré Achmet Pacha concernant la sécurité de Bagdad. Topal-Osman Pacha, nouveau général ottoman, avait rassemblé 60 000 hommes à Diarbekir et reçu des provisions de Constantinople. Achmet Pacha avait également réprimé la conspiration à Bagdad et puni les habitants complices. Les troupes de Kouli-Kham, composées de gens mal armés, avaient ravagé les plaines de Bagdad, ruinant la région pour plusieurs décennies. Par ailleurs, malgré le refus de la Russie de laisser passer les Tartares, le khan de Crimée avait envoyé des troupes en Perse. En Moldavie, Mikal Voda avait tenté de récupérer la principauté de Valachie, mais la Porte avait préféré échanger les princes des deux principautés. Enfin, une escadre algérienne avait subi des naufrages près de Mosconisy en avril 1733, perdant plusieurs vaisseaux et canons. Les Algériens tentaient de relever leur ancienne patrone, mais la perte était considérable. À Constantinople, Jérémie avait été déposé de sa fonction de patriarche et remplacé par Séraphin, archevêque de Nicomédie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1055
p. 1220-1221
POLOGNE.
Début :
Le Maréchal de la Diette fit l'ouverture de la treiziéme Séance par la lecture du Projet de [...]
Mots clefs :
Diète, Primat, Nonces, Polonais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Maréchal de la Diette fit l'ouverture de la
Lreizième Séance par la lecture du Projet de
conféderation generale , lequel porte que les seuls
Gentilshommes Polonois , nez de pere et de mere
Polonois et Catholiques , pourront prétendre à la
Couronne ; que personne , hors le Primat , n'osera
proclamer le Roy , sous peine d'être déclaré
ennemi de la Patrie , et que l'on confisquera les
biens de tous les Gentilshommes qui sans raison
légitime , manqueront de se trouver à la Diette
d'Election .
Le 15.May, les Nonces tinrent les Sessions Pro
vinciales et allerent au Sénat, où on lût de nouveau
le Projet de Conféderation , dans lequel l'Evêque
de Plokow , le Palatin de Podolie et celui de
Vitebsk , chargez par le Primat d'y faire les
changemens qu'ils jugeroient convenables, avoient
insere que le Primat ni aucun Evêque ne procla→
meroit, en cas de scission , et que la Couronne ne
pourroit être déferée qu'à un Polonois qui n'auroit
aucune liaison de parenté ou d'alliance avec
les Puissances étrangeres ; la plupart des Nonces
s'éleverent contre cette derniere clause ; et dirent
qu'en l'admettant , on donneroit l'exclusion à
presque tous les Seigneurs de la Nation , puisqu'il
y en avoit très peu qui ne fussent alliez de
quelques Souverains ; ainsi elle fut rejettée à la
pluralité des voix.
Dans les Scéances du 17 et 18. May , le Primat
ayant demandé qu'on reglât le temps auquel
1. Vol. com.
JUIN. 1221 1733.
commenceroit la Diette d'Election , elle a été
fixée au 25. d'Août prochain.
que
Les Lettres de Warsovie du 22. May , portent
la Diette de convocation s'étoit séparée , et
que les Sénateurs et les Nonces avoient signé un
Acte de Confédération , conformément aux propositions
faites dans l'Assemblée par M. Maskalski
, Maréchal de la Diette , et par quelques
uns des Nonces.
Le Corps du Roy Sobieski , qui étoit en dépôt
depuis 37. aus dans un Appartement du Palais ,
a été mis sur un magnifique Lit de parade que le
Prince Jacques Sobieski , son fils , lui a fait préparer
dans une Chapelle de l'Eglise des Capucins.
La nuit du 20 au 21. May , le feu prit aux
Ecuries du Palais de Latti , appartenant au Prince
Lubomirski , Palatin de Cracovie , et elles furent
entierement brulées , aussi bien qu'un Corps
de Garde voisin , une Brasserie qui dépend du
Monastere des Religieuses Bernardines , et quelques
aurres Maisons ; on n'a pû sauver qu'une
très- petite partie des Chevaux et des Equipages
du Prince , et les fammes se seroient communiquées
au Palais du Roy , si on n'eût apporté un
prompt secours,
E Maréchal de la Diette fit l'ouverture de la
Lreizième Séance par la lecture du Projet de
conféderation generale , lequel porte que les seuls
Gentilshommes Polonois , nez de pere et de mere
Polonois et Catholiques , pourront prétendre à la
Couronne ; que personne , hors le Primat , n'osera
proclamer le Roy , sous peine d'être déclaré
ennemi de la Patrie , et que l'on confisquera les
biens de tous les Gentilshommes qui sans raison
légitime , manqueront de se trouver à la Diette
d'Election .
Le 15.May, les Nonces tinrent les Sessions Pro
vinciales et allerent au Sénat, où on lût de nouveau
le Projet de Conféderation , dans lequel l'Evêque
de Plokow , le Palatin de Podolie et celui de
Vitebsk , chargez par le Primat d'y faire les
changemens qu'ils jugeroient convenables, avoient
insere que le Primat ni aucun Evêque ne procla→
meroit, en cas de scission , et que la Couronne ne
pourroit être déferée qu'à un Polonois qui n'auroit
aucune liaison de parenté ou d'alliance avec
les Puissances étrangeres ; la plupart des Nonces
s'éleverent contre cette derniere clause ; et dirent
qu'en l'admettant , on donneroit l'exclusion à
presque tous les Seigneurs de la Nation , puisqu'il
y en avoit très peu qui ne fussent alliez de
quelques Souverains ; ainsi elle fut rejettée à la
pluralité des voix.
Dans les Scéances du 17 et 18. May , le Primat
ayant demandé qu'on reglât le temps auquel
1. Vol. com.
JUIN. 1221 1733.
commenceroit la Diette d'Election , elle a été
fixée au 25. d'Août prochain.
que
Les Lettres de Warsovie du 22. May , portent
la Diette de convocation s'étoit séparée , et
que les Sénateurs et les Nonces avoient signé un
Acte de Confédération , conformément aux propositions
faites dans l'Assemblée par M. Maskalski
, Maréchal de la Diette , et par quelques
uns des Nonces.
Le Corps du Roy Sobieski , qui étoit en dépôt
depuis 37. aus dans un Appartement du Palais ,
a été mis sur un magnifique Lit de parade que le
Prince Jacques Sobieski , son fils , lui a fait préparer
dans une Chapelle de l'Eglise des Capucins.
La nuit du 20 au 21. May , le feu prit aux
Ecuries du Palais de Latti , appartenant au Prince
Lubomirski , Palatin de Cracovie , et elles furent
entierement brulées , aussi bien qu'un Corps
de Garde voisin , une Brasserie qui dépend du
Monastere des Religieuses Bernardines , et quelques
aurres Maisons ; on n'a pû sauver qu'une
très- petite partie des Chevaux et des Equipages
du Prince , et les fammes se seroient communiquées
au Palais du Roy , si on n'eût apporté un
prompt secours,
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En 1733, la treizième séance de la Diète polonaise a présenté un projet de confédération générale restreignant l'accès à la couronne aux gentilshommes polonais catholiques de père et de mère polonais. Ce projet interdisait à quiconque, sauf au Primat, de proclamer le roi sous peine de trahison et prévoyait la confiscation des biens des gentilshommes absents sans raison légitime. Le 15 mai, les nonces ont relu le projet et ajouté des modifications, notamment que la couronne ne pourrait être offerte qu'à un Polonais sans liens de parenté avec des puissances étrangères, clause rejetée par la majorité des nonces. Les 17 et 18 mai, le Primat a fixé la date de la Diète d'élection au 25 août. Le 22 mai, la Diète de convocation s'est séparée après la signature d'un acte de confédération. Par ailleurs, le corps du roi Sobieski a été transféré dans une chapelle de l'église des Capucins. La nuit du 20 au 21 mai, un incendie a détruit les écuries du Palais de Latti appartenant au prince Lubomirski, mais un prompt secours a évité une catastrophe majeure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1056
p. 1419
Ouvrage sur les Finances et les Officiers Comptables, [titre d'après la table]
Début :
On nous prie d'inserer ici, qu'on est surpris qu'y ayant dans le Royaume plus de dix mille [...]
Mots clefs :
Officiers comptables, Finances, Greffe, Comptes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ouvrage sur les Finances et les Officiers Comptables, [titre d'après la table]
On nous prie d'inserer ici , qu'on est surpris
qu'y ayant dans le Royaume pius de dix mille
Officiers comptables , il ne se soit pas encore
formé une Compagnie pour composer un Ouvrage
sur la matiere des Finances , contenant ,
- sçavoir :
་
Les Edits de création de leurs Offices , à commencer
par les Gardes du Trésor Roya! jusqu'au
dernier Officier comptable , avec leurs Privileges
honorifiques et Exemptions ; de quelle maniere
leurs Receptions se doivent faire, tant à la Chambre
des Comptes , qu'au Bureau des Finances ,
leur place aux Compagnies , de- même qu'aux
Eglises , et generalement tout ce qui les concerne .
On trouvera au Greffe de la Chambre des
Comptes de Paris , presque toutes les Pieces nécessaires
pour composer cet Ouvrage , dont le
débit iroit à plus de dix mille Exemplaires . On
trouvera aussi au Greffe du Conseil , beaucoup
d'Arrêts , Reglemens , &c . à l'occasion des Offi
ciers des Finances.
qu'y ayant dans le Royaume pius de dix mille
Officiers comptables , il ne se soit pas encore
formé une Compagnie pour composer un Ouvrage
sur la matiere des Finances , contenant ,
- sçavoir :
་
Les Edits de création de leurs Offices , à commencer
par les Gardes du Trésor Roya! jusqu'au
dernier Officier comptable , avec leurs Privileges
honorifiques et Exemptions ; de quelle maniere
leurs Receptions se doivent faire, tant à la Chambre
des Comptes , qu'au Bureau des Finances ,
leur place aux Compagnies , de- même qu'aux
Eglises , et generalement tout ce qui les concerne .
On trouvera au Greffe de la Chambre des
Comptes de Paris , presque toutes les Pieces nécessaires
pour composer cet Ouvrage , dont le
débit iroit à plus de dix mille Exemplaires . On
trouvera aussi au Greffe du Conseil , beaucoup
d'Arrêts , Reglemens , &c . à l'occasion des Offi
ciers des Finances.
Fermer
Résumé : Ouvrage sur les Finances et les Officiers Comptables, [titre d'après la table]
Le texte souligne l'absence d'ouvrage sur les finances malgré plus de dix mille officiers comptables. Cet ouvrage devrait inclure les édits de création des offices, les privilèges, les procédures de réception et les aspects honorifiques. Les documents nécessaires se trouvent principalement au Greffe de la Chambre des Comptes de Paris et au Greffe du Conseil.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1057
p. 1444
Le 16 May.
Début :
Danum-Codja a été nommé hier Capitan-Pacha ; c'est la troisiéme fois qu'il est revêtu de [...]
Mots clefs :
Capitan pacha, Négrepont, Abdi Pacha
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le 16 May.
Le 16 May.
Danum Codja a été nommé hier Capitan-
Pacha; c'est la troisième fois qu'il est revêtu de
cette importante Charge. Son Muhurdar , ou
Garde Sceau , qu'il avoit envoyé ici pour affaia
eu ordre du G. V. d'aller à Négrépont
porter cette agréable nouvelle à son Maître.
res ,
Abdi , Pacha , qui a aussi été déja deux fois
Capitan Pacha , en fera les fonctions par interim,
jusqu'à l'arrivée de D'janum -Codja.
Bekir-Pacha , beau -frere du G. S. que celui- ci
releve , a été fait * Nidchangi de sa Hautesse ;
Cuperli , qui exerçoit cet emploi , va à Viddin ,
en qualité de Pacha ; celui qu'il remplace , vient
à Négrépont , et Abdoulla Cuperli , qui étoit Pacha
de cette Isle , et qu'on avoit dit dans les dernieres
nouvelles, avoir été envoyé en Perse, pour
y servir sous Topal - Osman Pacha , passe
Smirne , où il doit attendre de nouveaux ordres
du Grand Seigneur.
P. V. D.
* C'est celui qui fait le Paraphe du G. S.
Danum Codja a été nommé hier Capitan-
Pacha; c'est la troisième fois qu'il est revêtu de
cette importante Charge. Son Muhurdar , ou
Garde Sceau , qu'il avoit envoyé ici pour affaia
eu ordre du G. V. d'aller à Négrépont
porter cette agréable nouvelle à son Maître.
res ,
Abdi , Pacha , qui a aussi été déja deux fois
Capitan Pacha , en fera les fonctions par interim,
jusqu'à l'arrivée de D'janum -Codja.
Bekir-Pacha , beau -frere du G. S. que celui- ci
releve , a été fait * Nidchangi de sa Hautesse ;
Cuperli , qui exerçoit cet emploi , va à Viddin ,
en qualité de Pacha ; celui qu'il remplace , vient
à Négrépont , et Abdoulla Cuperli , qui étoit Pacha
de cette Isle , et qu'on avoit dit dans les dernieres
nouvelles, avoir été envoyé en Perse, pour
y servir sous Topal - Osman Pacha , passe
Smirne , où il doit attendre de nouveaux ordres
du Grand Seigneur.
P. V. D.
* C'est celui qui fait le Paraphe du G. S.
Fermer
Résumé : Le 16 May.
Le 16 mai, Danum Codja a été nommé Capitain-Pacha pour la troisième fois. En attendant son arrivée, Abdi Pacha assure l'intérim. Bekir-Pacha devient Nidchangi, remplaçant Cuperli, envoyé à Viddin. Abdoulla Cuperli, ancien Pacha de Négrépont, est à Smirne, attendant de nouveaux ordres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1058
p. 1445-1447
POLOGNE.
Début :
La Diette de convocation, avant que de se séparer, a reglé, qu'on ne presentera au Roy [...]
Mots clefs :
Diète, Diète d'élection, Empereur, République, Tsarine, Primat, Sénateurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
A Diette de convocation , avant que de se
séparer a reglé , qu'on ne presentera au Roy
qui sera élu , les Pacta Conventa , qu'après qu'ils
auront été examinez dans la Diette d'Election ;
que cette Diette connoîtra de tous les excès qui
auront été commis pendant l'interregne , que les
Diettes particulieres des Palatinats commenceront
à s'assembler le 24. du mois prochain ; que
personne ne pourra être admis à donner sa voix
pour l'Election du Roy, sans avoir prêté le même
serment qn'ont prêté les Sénateurs et les
Nonces , que ceux qui refuseront de prêter ce
serment , seront non-seulement privez du droit
de suffrage , mais encore déclarez ennemis de la
Patrie.
Il a été ordonné aussi qu'aucune Charge , de
quelque nature qu'elle soit , ni même aucune
place dans les Finances , ne pourront être possedées
que par les Catholiques; qu'on donneroit au
Primat et au Sénat,des pleins pouvoirs pour augmenter
les Troupes de la République, soit avant,
soit pendant la Diettt d'Election , selon que les
Occurences l'exigeroient.
les .
L'Acte de Conféderation , signé par tous les
Sénateurs et par les Nonces qui ont assisté à la
Diette génerale de Convocation , renferme quelques
articles qui n'étoient pas contenus dans le
Projet présenté par M. Maschalski , Maréchal de
la Diette , et dont les principaux sont , que la
Diette d'Election ne pourra durer plus de six semaines
; que le Primat ne proclamera point le
Roy qu'après qu'il aura demandé trois fois si on
est d'accord sur le Sujet qu'on veut élire , et qu'on
lui aura répondu chaque fois qu'il y a unanimité
II. Vol. de
1446 MERCURE DE FRANCE
de suffrages ; que le Roy qui sera élu , s'enga.
gera par serment avant son Couronnement ,
observer les nouveaux Pacta Conventa dont on
sera convenu dans la Diette ; que la formule de
ce serment sera la même que celle du serment de
Sigismond II. Henry , Etienne , Sigismond III.
Uladislas IV . Jean Casimir, Michel , Jean III . et le
feu Roi , ont preté ; qu'après le Couronnement ,
les nouveaux Pacta Conventa seront confirmez
par une Diette generale qui se tiendra pour cet
effet , que la Répblique accordera aux Eglises du
Rit Grec , qui sont dans les Terres de son obéïssance
, sa protection , et qu'on les maintiendra
dans tous leurs droits et dans toutes leurs prérogatives
.
Dans l'Assemblée du premier , il fut résolu
qu'avant de rien déterminer on députeroit aux
Ambassadeurs de l'Empereur et de la Czarine ,
et que les Sénateurs qu'on leur envoyeroit , seroient
chargez de les prier de faire de nouvelles
instances auprès de S. Majesté Impériale er de Sa
Majesté Czarienne, pour qu'elles retirassent incessamment
les Troupes qu'elles ont dans la Silesie
et dans la Curlande. Dans l'Assemblée du jour
suivant , le Primat présenta au Sénat une Lettre
que l'Empereur écrivoit à la République , et qui
ne fut point ouverte , parce que ce Prince n'y
donnoit pas à la République le titre de Sérénissime.
Les Députez qu'on avoit envoyez à l'Ambassadeur
de S. M. Imp. et à celui de S. M. Cz.
rapporterent que ces Ministres leur avoient répondu
que l'Empereur et la Czarine avoient fait
avancer des Troupes sur les Frontieres de Pologne,
uniquement dans le dessein de mettre leurs
Provinces à couvert des incursions de quelques
Polonois vagabons qui y avoient causé plusieurs
II. Vol.
déJUIN.
1733.
1447
désordres , et que le petit nombre de ces Troupes.
n'étoit pas capable de donner aucune inquiétude
à la République. Cette réponse n'ayant pas para
satisfaisante , on convint que le Primat écriroit
à l'Empereur et à la Czarine , pour les presser
de faire cesser les sujets d'allarmes que le voisinage
de leurs Troupes donnoit à la Nation : quelques
Sénateurs proposerent de faire monter la
Noblesse à cheval , mais cet avis ne passa point ,
et l'on croit que le Sénat se contentera d'envoyer
des Lettres circulaires dans tous les Palatinats ,
pour qu'elle se tienne prête à marcher au premier
ordre.
On prépare entre Warsovie et Wola, le lieu
où la Diette d'Election se tiendra , suivant la
coutume , et l'on commence à travailler aux fossez
et aux autres ouvrages qui y sont nécessaires,
A Diette de convocation , avant que de se
séparer a reglé , qu'on ne presentera au Roy
qui sera élu , les Pacta Conventa , qu'après qu'ils
auront été examinez dans la Diette d'Election ;
que cette Diette connoîtra de tous les excès qui
auront été commis pendant l'interregne , que les
Diettes particulieres des Palatinats commenceront
à s'assembler le 24. du mois prochain ; que
personne ne pourra être admis à donner sa voix
pour l'Election du Roy, sans avoir prêté le même
serment qn'ont prêté les Sénateurs et les
Nonces , que ceux qui refuseront de prêter ce
serment , seront non-seulement privez du droit
de suffrage , mais encore déclarez ennemis de la
Patrie.
Il a été ordonné aussi qu'aucune Charge , de
quelque nature qu'elle soit , ni même aucune
place dans les Finances , ne pourront être possedées
que par les Catholiques; qu'on donneroit au
Primat et au Sénat,des pleins pouvoirs pour augmenter
les Troupes de la République, soit avant,
soit pendant la Diettt d'Election , selon que les
Occurences l'exigeroient.
les .
L'Acte de Conféderation , signé par tous les
Sénateurs et par les Nonces qui ont assisté à la
Diette génerale de Convocation , renferme quelques
articles qui n'étoient pas contenus dans le
Projet présenté par M. Maschalski , Maréchal de
la Diette , et dont les principaux sont , que la
Diette d'Election ne pourra durer plus de six semaines
; que le Primat ne proclamera point le
Roy qu'après qu'il aura demandé trois fois si on
est d'accord sur le Sujet qu'on veut élire , et qu'on
lui aura répondu chaque fois qu'il y a unanimité
II. Vol. de
1446 MERCURE DE FRANCE
de suffrages ; que le Roy qui sera élu , s'enga.
gera par serment avant son Couronnement ,
observer les nouveaux Pacta Conventa dont on
sera convenu dans la Diette ; que la formule de
ce serment sera la même que celle du serment de
Sigismond II. Henry , Etienne , Sigismond III.
Uladislas IV . Jean Casimir, Michel , Jean III . et le
feu Roi , ont preté ; qu'après le Couronnement ,
les nouveaux Pacta Conventa seront confirmez
par une Diette generale qui se tiendra pour cet
effet , que la Répblique accordera aux Eglises du
Rit Grec , qui sont dans les Terres de son obéïssance
, sa protection , et qu'on les maintiendra
dans tous leurs droits et dans toutes leurs prérogatives
.
Dans l'Assemblée du premier , il fut résolu
qu'avant de rien déterminer on députeroit aux
Ambassadeurs de l'Empereur et de la Czarine ,
et que les Sénateurs qu'on leur envoyeroit , seroient
chargez de les prier de faire de nouvelles
instances auprès de S. Majesté Impériale er de Sa
Majesté Czarienne, pour qu'elles retirassent incessamment
les Troupes qu'elles ont dans la Silesie
et dans la Curlande. Dans l'Assemblée du jour
suivant , le Primat présenta au Sénat une Lettre
que l'Empereur écrivoit à la République , et qui
ne fut point ouverte , parce que ce Prince n'y
donnoit pas à la République le titre de Sérénissime.
Les Députez qu'on avoit envoyez à l'Ambassadeur
de S. M. Imp. et à celui de S. M. Cz.
rapporterent que ces Ministres leur avoient répondu
que l'Empereur et la Czarine avoient fait
avancer des Troupes sur les Frontieres de Pologne,
uniquement dans le dessein de mettre leurs
Provinces à couvert des incursions de quelques
Polonois vagabons qui y avoient causé plusieurs
II. Vol.
déJUIN.
1733.
1447
désordres , et que le petit nombre de ces Troupes.
n'étoit pas capable de donner aucune inquiétude
à la République. Cette réponse n'ayant pas para
satisfaisante , on convint que le Primat écriroit
à l'Empereur et à la Czarine , pour les presser
de faire cesser les sujets d'allarmes que le voisinage
de leurs Troupes donnoit à la Nation : quelques
Sénateurs proposerent de faire monter la
Noblesse à cheval , mais cet avis ne passa point ,
et l'on croit que le Sénat se contentera d'envoyer
des Lettres circulaires dans tous les Palatinats ,
pour qu'elle se tienne prête à marcher au premier
ordre.
On prépare entre Warsovie et Wola, le lieu
où la Diette d'Election se tiendra , suivant la
coutume , et l'on commence à travailler aux fossez
et aux autres ouvrages qui y sont nécessaires,
Fermer
Résumé : POLOGNE.
Lors de la Diète de convocation en Pologne, plusieurs décisions importantes ont été prises. Les Pacta Conventa doivent être présentés au roi élu après examen. La gestion des excès commis pendant l'interrègne est également abordée, ainsi que la convocation des Diètes particulières des Palatinats. Seuls les catholiques peuvent occuper des charges ou des postes financiers. Le Primat et le Sénat reçoivent des pleins pouvoirs pour augmenter les troupes de la République. L'Acte de Confédération, signé par les Sénateurs et les Nonces, stipule que la Diète d'Élection ne durera pas plus de six semaines et que le roi élu devra prêter serment d'observer les nouveaux Pacta Conventa. La République accorde sa protection aux Églises du Rite Grec. Lors des assemblées, il est décidé d'envoyer des députés aux ambassadeurs de l'Empereur et de la Czarine pour demander le retrait des troupes en Silésie et en Courlande. La réponse des ambassadeurs, jugée insatisfaisante, conduit le Sénat à envisager des mesures de préparation militaire. Enfin, des préparatifs sont en cours pour la tenue de la Diète d'Élection entre Varsovie et Wola.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1059
p. 1447-1449
ITALIE.
Début :
Le premier Juin, le Comte Jules Viscomti[,] nouveau Viceroy de Naples, accompagné de [...]
Mots clefs :
Giulio de Visconti, Vice-roi, Pape, Cardinal, Naples, Archevêque, Carrosses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
E premier Juin , le Comte Jules Viscomti
nouveau Viceroy de Naples , accompagné de
M. Gamberucci , Archevêque d'Amasie , de
M. Spinelli , Archevêque de Corinthe , de M. Alberti
, Archevêque de Palmire, et du Majordome
du Pape , et suivi d'un très - grand nombre de
II. Vel
Ca1448
MERCURE DE FRANCE
Carosses , alla visiter l'Eglise de S. Pierre , à la
porte de laquelle il fut reçu par plusieurs Députez
du Chapitre , qui suivant l'ordre que S. s.
avoit donné , lui montrerent les Reliques qu'on
y conserve.
Le 2. il eut Audience du Pape , étant conduit
par le Cardinal Cienfuegos , chargé des affaires
de l'Empereur à la Cour de Rome , et présenté
par le Cardinal Banchieri , Secretaire d'Etat , le
même jour il eut l'honneur de dîner avec S. S.
On avoit dressé deux tables , l'une sous un magnifique
Dais pour le Pape , l'autre à quelque
distance pour le Viceroy ; S. S. après avoir pris
dé lui la serviette et avoir beni les viandes , lui
fit signe de s'asseoir à la table qui lui avoit été
pféparée , et de se couvrir ; il y eut pendant le
repas un Concert , executé par la Musique de la
Chapelle ; après le repas , le Pape passa dans une
autre Salle avec le Viceroy , qui s'étant assis par
ordre de S. S. mais sans se couvrir , s'entreting
avec Elle pendant quelque temps ; il fut ensuite
reconduit dans son Appartement par le Majordome
et les deux premiers Maîtres des Cerémonies.
Le 4. le Viceroy eut du Pape son Audience
publique de congé , et il est parti accompagné
des Carosses du Cardinal Cienfuegos , de ceux de
l'Ambassadeur de Malte , et d'un grand nombre
d'autres Carosses , pour Castel-Gandolphe , où
S. S. lui avoit fait préparer un Appartement dans
Château. Il a reçu du Pape divers présens , entre
autres , le Corps de S. Clément Martyr , et
quatre Pieces de Tapisserie , réprésentant les quatres
Evangélistes , d'après les Tableaux du Guide,
t il a été traité par les Officiers de S. S. pendanɛ
tout le temps qu'il a demeuré à Rome,
II, Vol. LE
JUI N. 1733 . 1449
Le Pape a ordonné au Duc de Palombara ,
Gouverneur du Château S. Ange , de permettre
au Cardinal Coscia , de se promener de temps en
temps sur la platte- forme , à condition qu'il sera
gardé à vûë , qu'il n'approchera point du Parapet
et qu'il ne parlera à personne,
On apprend de Venise , que M. Alexandre
Zeno , est nommé pour aller résider à la Cour
de France , en qualité d'Ambassadeur Ordinaire
de la République , à la place de M. Mocenigo.
E premier Juin , le Comte Jules Viscomti
nouveau Viceroy de Naples , accompagné de
M. Gamberucci , Archevêque d'Amasie , de
M. Spinelli , Archevêque de Corinthe , de M. Alberti
, Archevêque de Palmire, et du Majordome
du Pape , et suivi d'un très - grand nombre de
II. Vel
Ca1448
MERCURE DE FRANCE
Carosses , alla visiter l'Eglise de S. Pierre , à la
porte de laquelle il fut reçu par plusieurs Députez
du Chapitre , qui suivant l'ordre que S. s.
avoit donné , lui montrerent les Reliques qu'on
y conserve.
Le 2. il eut Audience du Pape , étant conduit
par le Cardinal Cienfuegos , chargé des affaires
de l'Empereur à la Cour de Rome , et présenté
par le Cardinal Banchieri , Secretaire d'Etat , le
même jour il eut l'honneur de dîner avec S. S.
On avoit dressé deux tables , l'une sous un magnifique
Dais pour le Pape , l'autre à quelque
distance pour le Viceroy ; S. S. après avoir pris
dé lui la serviette et avoir beni les viandes , lui
fit signe de s'asseoir à la table qui lui avoit été
pféparée , et de se couvrir ; il y eut pendant le
repas un Concert , executé par la Musique de la
Chapelle ; après le repas , le Pape passa dans une
autre Salle avec le Viceroy , qui s'étant assis par
ordre de S. S. mais sans se couvrir , s'entreting
avec Elle pendant quelque temps ; il fut ensuite
reconduit dans son Appartement par le Majordome
et les deux premiers Maîtres des Cerémonies.
Le 4. le Viceroy eut du Pape son Audience
publique de congé , et il est parti accompagné
des Carosses du Cardinal Cienfuegos , de ceux de
l'Ambassadeur de Malte , et d'un grand nombre
d'autres Carosses , pour Castel-Gandolphe , où
S. S. lui avoit fait préparer un Appartement dans
Château. Il a reçu du Pape divers présens , entre
autres , le Corps de S. Clément Martyr , et
quatre Pieces de Tapisserie , réprésentant les quatres
Evangélistes , d'après les Tableaux du Guide,
t il a été traité par les Officiers de S. S. pendanɛ
tout le temps qu'il a demeuré à Rome,
II, Vol. LE
JUI N. 1733 . 1449
Le Pape a ordonné au Duc de Palombara ,
Gouverneur du Château S. Ange , de permettre
au Cardinal Coscia , de se promener de temps en
temps sur la platte- forme , à condition qu'il sera
gardé à vûë , qu'il n'approchera point du Parapet
et qu'il ne parlera à personne,
On apprend de Venise , que M. Alexandre
Zeno , est nommé pour aller résider à la Cour
de France , en qualité d'Ambassadeur Ordinaire
de la République , à la place de M. Mocenigo.
Fermer
Résumé : ITALIE.
Le 1er juin 1733, le Comte Jules Visconti, nouveau Viceroy de Naples, visita l'Église de Saint-Pierre à Rome en compagnie de dignitaires ecclésiastiques. Il fut accueilli par des députés du Chapitre qui lui montrèrent les reliques de l'église. Le 2 juin, il eut une audience avec le Pape, introduit par le Cardinal Cienfuegos et présenté par le Cardinal Banchieri. Le même jour, il dîna avec le Pape, qui bénit les viandes et ordonna un concert exécuté par la musique de la Chapelle. Après le dîner, le Pape s'entretint avec le Viceroy dans une autre salle. Le 4 juin, le Viceroy reçut son audience publique de congé du Pape et partit pour Castel-Gandolfo, où un appartement lui avait été préparé. Il reçut divers présents, dont le corps de Saint Clément Martyr et quatre pièces de tapisserie représentant les quatre Évangélistes. Le Pape ordonna également au Duc de Palombara de permettre au Cardinal Coscia de se promener sur la plate-forme du Château Saint-Ange sous certaines conditions. De plus, M. Alexandre Zeno fut nommé ambassadeur ordinaire de la République de Venise à la Cour de France, remplaçant M. Mocenigo.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1060
p. 1453-1455
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On écrit de Londres, que M. Guillaume Rener, convaincu d'avoir publié un Libelle [...]
Mots clefs :
Londres, Roi, Chambre des communes, Parlement, Princesse royale, Chambre des pairs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE .
One de un
N écrit de Londres , que M. Guillaume Rener
, convaincu d'avoir publié un Libelle
scandaleux et séditieux , intitulé , La Chance de
sept , a été condamné par la Cour du Banc du
Roy, à payer cinquante livres sterlings , à garder
prison pendant deux ans , et à donner pendant
sept des cautions de sa conduite.
Le 24. Juin , vers les quatre heures du soir ,
- le Roy se rendit à la Chambre des Pairs , avec les
ceremonies accoûtumées , et S. M. ayant mandé
la Chambre des Communes , donna son consentement
Royal au Bill , pour employer soo. mille
livres sterlings du fonds d'amortissement , au
service de l'année courante , et pour prendre sur
l'argent restant dans la Caisse de l'Echiquier les
80000. liv. sterl . accordées par le Parlement pour
la Dot de la Princesse Royale , et à plusieurs autres
Bills publics et particuliers ; S. M. fit ensuite
saux deux Chambres le Discours suivant.
Mylords et Messieurs , la saison où nous sommes
, et la diligence avec laquelle vous avez terminé
les affaires publiques , me font trouver à
propos de mettre fin à cette Séance du Parlement.
Messieurs de la Chambre des Communes , je
Nous remercie du zele avec lequel vous avez
II. Vol. I iiij pourvû
1454 MERCURE DE FRANCE
pourvû au service de l'année courante. Je n'ai
jamais demandé aucuns subsides à monPeuple que
ceux qui étoient absolument nécessaires pour
l'honneur , la sûreté et la deffense de ma Personne
et de mon Royaume , et je suis toujours trèssatisfait
, lorsqu'on peut fournir aux dépenses publiques
d'une maniere moins onereuse à mes
Sujets.
Mylords et Messieurs , je ne puis m'empêcher
de remarquer les efforts dont on a eu en dernier
lieu la méchanceté de se servir pour aigrir l'esprit
du Peuple , et pour exciter par les plus injustes
et les plus fausses représentations des tumultes
et des désordres qui ont presque menacé
la tranquillité du Royaume ; mais je me repose
sur la force de la verité pour dissiper des soupçons
mal fondez qui ont été répandus dans le
Public , qu'on formoit des desseins contre la liberté
de la Nation et sur votre fidelité , pour
› renverser et détruire les espérances de ceux qui
se plaisent dans la confusion . C'est mon inclination
, et ç'a toujours été mon étude de conserver
les droits de la Religion et de mes Sujets.De vo
tre côté, appliquez-vous à détromper ceux qui s'en
sont laissé imposer , et à les rendre sensibles au
bonheur dont ils joüissent , et au danger qu'ils
courent,en se laissant entraîner inconsidérément,
par des prétextes peu specieux , à leur propre
destruction.
Ensuite le Lord - Chancelier › par ordre du
Roy , prorogea le Parlement jusqu'au 26. de
Juillet prochain.
Dans la Session d'Amirauté , qui se tint le 16.
de Juin à Old- Baly , le Capitaine Harris , cydevant
Commandant le Vaisseau le Jean et Richard,
fut jugé pour le meurtre du nomméBeard,
II. Val.
JUIN. 1733. 1455
an de ses Matelots , qu'il tua le 2. Juin 173 1.
dans son passage de la Côte de Guinée à la Jamaïque
, et après une Séance d'environ 5. heu
res , il fut condamné à mort .
Le bruit court que le Prince d'Orange n'ira pas
en Angleterre , parce que plusieurs Ducs refursent
de lui ceder le pas , et que son Mariage avec
la Princesse Royale se fera par Procureur , aussi
bien que son installation en qualité de Chevalier
de l'Ordre de la Jarretiere.
One de un
N écrit de Londres , que M. Guillaume Rener
, convaincu d'avoir publié un Libelle
scandaleux et séditieux , intitulé , La Chance de
sept , a été condamné par la Cour du Banc du
Roy, à payer cinquante livres sterlings , à garder
prison pendant deux ans , et à donner pendant
sept des cautions de sa conduite.
Le 24. Juin , vers les quatre heures du soir ,
- le Roy se rendit à la Chambre des Pairs , avec les
ceremonies accoûtumées , et S. M. ayant mandé
la Chambre des Communes , donna son consentement
Royal au Bill , pour employer soo. mille
livres sterlings du fonds d'amortissement , au
service de l'année courante , et pour prendre sur
l'argent restant dans la Caisse de l'Echiquier les
80000. liv. sterl . accordées par le Parlement pour
la Dot de la Princesse Royale , et à plusieurs autres
Bills publics et particuliers ; S. M. fit ensuite
saux deux Chambres le Discours suivant.
Mylords et Messieurs , la saison où nous sommes
, et la diligence avec laquelle vous avez terminé
les affaires publiques , me font trouver à
propos de mettre fin à cette Séance du Parlement.
Messieurs de la Chambre des Communes , je
Nous remercie du zele avec lequel vous avez
II. Vol. I iiij pourvû
1454 MERCURE DE FRANCE
pourvû au service de l'année courante. Je n'ai
jamais demandé aucuns subsides à monPeuple que
ceux qui étoient absolument nécessaires pour
l'honneur , la sûreté et la deffense de ma Personne
et de mon Royaume , et je suis toujours trèssatisfait
, lorsqu'on peut fournir aux dépenses publiques
d'une maniere moins onereuse à mes
Sujets.
Mylords et Messieurs , je ne puis m'empêcher
de remarquer les efforts dont on a eu en dernier
lieu la méchanceté de se servir pour aigrir l'esprit
du Peuple , et pour exciter par les plus injustes
et les plus fausses représentations des tumultes
et des désordres qui ont presque menacé
la tranquillité du Royaume ; mais je me repose
sur la force de la verité pour dissiper des soupçons
mal fondez qui ont été répandus dans le
Public , qu'on formoit des desseins contre la liberté
de la Nation et sur votre fidelité , pour
› renverser et détruire les espérances de ceux qui
se plaisent dans la confusion . C'est mon inclination
, et ç'a toujours été mon étude de conserver
les droits de la Religion et de mes Sujets.De vo
tre côté, appliquez-vous à détromper ceux qui s'en
sont laissé imposer , et à les rendre sensibles au
bonheur dont ils joüissent , et au danger qu'ils
courent,en se laissant entraîner inconsidérément,
par des prétextes peu specieux , à leur propre
destruction.
Ensuite le Lord - Chancelier › par ordre du
Roy , prorogea le Parlement jusqu'au 26. de
Juillet prochain.
Dans la Session d'Amirauté , qui se tint le 16.
de Juin à Old- Baly , le Capitaine Harris , cydevant
Commandant le Vaisseau le Jean et Richard,
fut jugé pour le meurtre du nomméBeard,
II. Val.
JUIN. 1733. 1455
an de ses Matelots , qu'il tua le 2. Juin 173 1.
dans son passage de la Côte de Guinée à la Jamaïque
, et après une Séance d'environ 5. heu
res , il fut condamné à mort .
Le bruit court que le Prince d'Orange n'ira pas
en Angleterre , parce que plusieurs Ducs refursent
de lui ceder le pas , et que son Mariage avec
la Princesse Royale se fera par Procureur , aussi
bien que son installation en qualité de Chevalier
de l'Ordre de la Jarretiere.
Fermer
Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En Grande-Bretagne, M. Guillaume Rener a été condamné par la Cour du Banc du Roy à payer cinquante livres sterlings, à passer deux ans en prison et à fournir des cautions pour sa conduite après avoir publié un libelle scandaleux et séditieux intitulé 'La Chance de sept'. Le 24 juin, le roi a donné son consentement royal à plusieurs bills, notamment pour employer 500 000 livres sterlings du fonds d'amortissement et pour prélever 80 000 livres sterlings de la Caisse de l'Échiquier pour la dot de la Princesse Royale. Il a prononcé un discours, remerciant les membres du Parlement pour leur zèle et soulignant les efforts malveillants visant à troubler l'ordre public. Il a exprimé sa confiance en la vérité pour dissiper les soupçons et a prorogé le Parlement jusqu'au 26 juillet. Par ailleurs, le capitaine Harris a été jugé et condamné à mort pour le meurtre d'un matelot lors d'un voyage de la Côte de Guinée à la Jamaïque. Des rumeurs circulent également sur le mariage du Prince d'Orange avec la Princesse Royale, qui pourrait se faire par procureur en raison de désaccords protocolaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1061
p. 1654-1655
POLOGNE.
Début :
Dans la crainte que les Puissances Etrangeres pourroient troubler la liberté des suffrages [...]
Mots clefs :
Diète de convocation, Puissances étrangères, Troupes, Élection, Noblesse, Primat, Sénat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
Ans la crainte que les Puissances Etrangeres
D pourroient troubler la liberté des suffrages
dans la prochaine Diette d'Election , le Primat et
le.Senat ont résolu d'augmenter les Troupes de
la République , pour s'opposer à leurs entrepri
ses , et on assûre que si la Noblesse est contrainte
de monter à cheval , comme on dit qu'elle en
recevra l'ordre incessamment , le Primat la
commandera en personne.
Il a écrit sur la fin de Juin une Lettre Circulaire
JUILLET. 1732 . IESS
1
laire aux Seigneurs et aux Gentilshommes , qui
n'ont point assisté à la Diette de Convocation
pour leur donner part de l'Acte de Confédération
générale , par lequel il a été résolu d'ex-.
clure de la Couronne tous les Etrangers ; il les
exhorte par cette Lettre à ne point faire difficulté
de prêter le même Serment qu'ont prêté .
les Senateurs et les Nonces qui se sont trouvés
à cette Diette. Il les rassûre au sujet des
mouvemens des Troupes de quelques Puissances
voisines. Il remarque qu'elles ont trop d'équité
pour vouloir troubler le repos d'une Républi
que , qui ne les a point offensées , et qui souvent
même a sacrifié ses interêts au désir de
conserver avec elles une bonne intelligence , et
que si elles étoient assez injustes pour traiter
la Nation comme ennemie , parce qu'elle veut
être libre , les autres Puissances ne lui refuseroient
pas les secours dont elle auroit besoin
pour se délivrer de l'oppression.
Ce Prélat insinue ensuite que le Senat pourra
déroger au Réglement fait dans la Diette - de-
Convocation , pour fixer le nombre des personpes
, que chaque Gentilhomme pourroit mener
avec lui à celle d'Election , et qu'il sera peut-
Are convenable , que la Noblesse s'y fasse suivre
du plus grand nombre de gens armés qu'il serapossible.
Ans la crainte que les Puissances Etrangeres
D pourroient troubler la liberté des suffrages
dans la prochaine Diette d'Election , le Primat et
le.Senat ont résolu d'augmenter les Troupes de
la République , pour s'opposer à leurs entrepri
ses , et on assûre que si la Noblesse est contrainte
de monter à cheval , comme on dit qu'elle en
recevra l'ordre incessamment , le Primat la
commandera en personne.
Il a écrit sur la fin de Juin une Lettre Circulaire
JUILLET. 1732 . IESS
1
laire aux Seigneurs et aux Gentilshommes , qui
n'ont point assisté à la Diette de Convocation
pour leur donner part de l'Acte de Confédération
générale , par lequel il a été résolu d'ex-.
clure de la Couronne tous les Etrangers ; il les
exhorte par cette Lettre à ne point faire difficulté
de prêter le même Serment qu'ont prêté .
les Senateurs et les Nonces qui se sont trouvés
à cette Diette. Il les rassûre au sujet des
mouvemens des Troupes de quelques Puissances
voisines. Il remarque qu'elles ont trop d'équité
pour vouloir troubler le repos d'une Républi
que , qui ne les a point offensées , et qui souvent
même a sacrifié ses interêts au désir de
conserver avec elles une bonne intelligence , et
que si elles étoient assez injustes pour traiter
la Nation comme ennemie , parce qu'elle veut
être libre , les autres Puissances ne lui refuseroient
pas les secours dont elle auroit besoin
pour se délivrer de l'oppression.
Ce Prélat insinue ensuite que le Senat pourra
déroger au Réglement fait dans la Diette - de-
Convocation , pour fixer le nombre des personpes
, que chaque Gentilhomme pourroit mener
avec lui à celle d'Election , et qu'il sera peut-
Are convenable , que la Noblesse s'y fasse suivre
du plus grand nombre de gens armés qu'il serapossible.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En juillet 1732, en Pologne, le Primat et le Sénat ont décidé d'augmenter les troupes de la République pour prévenir toute ingérence étrangère lors de la prochaine Diète d'Élection, afin de protéger la liberté des suffrages. Le Primat a envoyé une lettre circulaire aux seigneurs et gentilshommes absents, les informant de la confédération générale excluant les étrangers de la Couronne et les exhortant à prêter le même serment que les sénateurs présents. La lettre rassure également sur les mouvements des troupes voisines, affirmant que la Pologne n'a jamais offensé leurs intérêts et que d'autres puissances viendraient en aide à la Pologne en cas d'oppression. De plus, le Primat suggère que le Sénat pourrait modifier le règlement concernant le nombre de personnes que chaque gentilshomme peut emmener à la Diète d'Élection, recommandant que la noblesse soit accompagnée du plus grand nombre de gens armés possible.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1062
p. 1660-1666
LE DOGE, les Gouverneurs et les Procurateurs, &c. de la République de Genes.
Début :
I. APRÉS avoir manifesté aux Peuples de notre Royaume de Corse, notre très grande modération [...]
Mots clefs :
Royaume de Corse, Magistrat, Peuples, Corse, Lieux, Nobles, Orateur, Corses, Villes, Bastia, Amnistie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE DOGE, les Gouverneurs et les Procurateurs, &c. de la République de Genes.
LE DOGE , les Gouverneurs et les
Procurateurs , &c. de la République de
Genes.
I. APRE's avoir manifesté aux Peuples de
notre Royaume de Corse , notre trèsgrande modération
et clémence , par le moyen d'une Amnistie
et d'un pardon general accordé à ceux qui
avoient encouru notre disgrace à l'occasion des
troubles passez , dans la vue de déclarer plus distinctement
notre volonté ferme et inviolable
non-seulement nous renouvellons et nous confirmons
l'Amnistie et le pardon general par nous
accordé , mais nous voulons de plus l'étendre er
P'appliquer à ceux qui , pour des fautes commises
auroient été citez et ensuite condamnez , tant
par contumace qu'autrement , jusqu'au mois
de juin de l'année 1732. inclusivement › sans
néanmoins y comprendre ceux qui auroient , depuis
ce temps-là,, commis de nouvelles fautes.
II.De plus dans la vue de consoler les Corses ,
et de nous préter à leurs supplications , nous
voulons bien leur remettre libéralement les dépenses
JUILLET. 1733. 1661
enses énormes que nous avons été obligez de
Faire pour rétablir la tranquillité et pour assurer
la prosperité de ce Royaume. Ensorte que les
Corses ne pourront jamais , à l'avenir , être molestez
, ni en géneral , ni en particulier , sur ce
sujet. Et pour effacer jusqu'au souvenir des troubles
passez , nous deffendons , sous peines trèsgriéves
, à toutes sortes de personnes de les inju
rier par des paroles ou d'une autre maniere , en
les traitant de Rebelles ou d'autres semblables expressions.
III. De tout temps nous avons donné aux
Corses des preuves de notre tendre affection jusqu'à
épuiser nos Finances pour la prosperité , la,
deffense et la conservation de ce Royaume. Cependant
, comme nous desirons de leur donner
une preuve nouvelle et genereuse de nos dispositions
favorables , nous leur remettons liberalement
à tous en general , à toutes les Villes , Communautez
et Lieux de cette Ifle , toutes dettes
dont ils pourroient nous rester redevables , tanti
pour les Tailles , que pour toutes les autres impo
sitions ordonnées pendant l'an 1732. et pour les
autres subsides en argent et en victuailles , qu'on
leur a fournies pendant les temps de disette ;
tellement que nous voulons que tous les comptes
passez pour les Tailles et subsides étant étéints,
on en commence de nouveaux depuis le frois de
Janvier de cette année courante , où seront ‘marquées
les dettes à venit desdits Corses.
IV . Pour entrer dans les desirs et les instances )
de ces Peuples , nous leur accordons la création
d'un Ordre de Noblesse natureile au Royaume
que nous donnerons pour cette premiere fois et
pour toutes les autres dans la suite , à des personnes
tirées des Familles du Royaume , que
I iij hous
162 MERCURE DE FRANCE
}
nous trouverons digne de ce degré , et qui après
les informations faites et vûes par nous , paroîtront
pourvûes des qualitez nécessaires pour soutenir
ce rang avec honneur.
V On aura pour ces Nobles les mêmes égards
qu'on a pour ceux qui sont tirez des Villes de
Terre-Ferme ; ils jouiront du titre de Magnifique
et du Privilege de se couvrir dans les Sérénissimes
Colleges de l'Etat et dans le Sénat Sérénissime
; ils seront aussi reçus à se couvrir en
présence des Magistrats et des Juges de la Répubique
, y compris les Gouverneurs Generaux et
les illustres Syndics,
V I. Le Livre où seront écrits les Nobles avec
leurs légitimes Descendans , sera conservé à Gé- ,
nes , entre les mains du Sérénissime Magistrat de
P'Ile de Corse , et un autre semblable à Bastie.
Les noms des Nobles seront écrits dans ce Livre
par le Chancelier dudit Magistrat et en sa présence
, et le même Chancelier fournira un Extrait
authentique du Livre de Génes , pour être ,
déposé à Bastie ; le susdit Magistrat établira encore
un Tarif modique pour les Inscriptions et
Extraits desdits Livres.
VII. Ce Noble jouira dans les lieux de la
résidence du Gouverneur de l'Ile , de la distinction
d'une Antichambre , où il ne sera pas permis
d'entrer à ceux qui ne seront pas dans le
rang des Nobles , ou du nombre des Juges et des
Magistrats du Royaume ou des Officiers de
guerre , jusqu'à l'Enseigne , inclusivement.
VIII. Comme notre principale attention
toajours été de conserver les loibles Coûtumes
et de favoriser tous les moyens propres à faire
fleurir la Religion et la pieté Chrétienne dans
l'Ile de Corse , à quoi la bonne vie des Ecclet
siastiques
JUILLET. 1922. 1563
siastiques contribue le plus , nous déclarons que
pour entretenir l'émulation nécessaire au Clergé,
pour s'avancer dans les 9ciences et dans la prati .
que des Canons , nous ne m ttrons aucun obsta
cle au concours des Esclesiastiques pour être élûs
à quelque Evêché de l'Ifle , à moins qu'ils ne nous
ayent donné des sujets de mécontentement ; et
afin que notre présent Decret ait toute la vigueur
qu'on peut desirer , nous révoquons tout autre
Decret qui seroit contraire .
IX. Dans cette vûe , afin que Sa Sainteté daigne
exaucer les instantes prieres des Peuples qui
demandent un Visiteur Apostolique , pour corriger
les abus et les désordres , et pour rétablir
la discipline Ecclesiastique dans les Diocèses
nous coopérerons volontiers à leurs desseins , sauf
certains égards que nous jugerons à propos de ne
pas perdre de vie , afin d'éviter que le Royaume
ne soit surchargé par le grand nombre de ces
visites , qui pourroient à la fin devenir onéreuses .
X. De- même toutes les fois qu'il arrivera que
Jes Peuples demanderont la permission de fonder
et de renter à leurs dépens un College dans les
Villes de l'Ifle , pour l'éducation et instruction
de la Jeunesse du Pays , dans les Sciences divines
et humaines , nous y donnerons volontiers les
mains , en appuyant leur déssein de notre autorité
et de notre protection , en le permettant et
même le favorisant , pourvû que la forme , les
reglemens et le régime de cè College soit par
nous approuvé , nous réservant la liberté de
changer lesdits Reglemens , suivant le besoin et
l'exigence des conjectures.
•
XI. Le Royaume pourra tenir à Gênes un Sujet
avec le titre d'Orateur , qui sera de la Nation
même , tiré du nombre de ceux qui seront les
I iiij plus
1664 MERCURE DE FRANCE
plus propres à cet emploi , suivant les ordres que
nous donnerons dans son temps. Il sera du devoir
de l'Orateur de nous représenter , et au Magistrat
de Corse , les suppliques du Royaume ,
des Provinces et autres lieux , quand même elles
seroient en forme de plainte contre les Juges qui
seroient accusez de grever les Peuples dans l'administration
de la Justice Civile et Criminelle ,
ou de quelqu'autre maniere que ce soit. Et ledit
Orateur sera pendant le temps de sa Charge , reçu
par les Magistrats comme s'il avoit le
Noble , quoique peut - être ne le fût pas.
rang de
XII. Nous avons de tout temps employé tous
les moyens pour augmenter la culture des terres
incultes et abandonnéesde l'Ifle. Nous avons à
ce sujet , dépensé des sommes d'argent considerables
, offert des Privileges et d'autres avantages.
Nous n'avons pas eu moins d'application à faire
valoir le Commerce, et à mettre en honneur les
Arts Méchaniques ; c'est pourquoi pour satisfaire
notre empressement pour la prosperité da
Royaume et le profit des Peuples , nous ordonnons
que le Magistrat dudit Royaume élira tous
les trois ans trois Députez de la Nation , deux
par-çà et un par- delà les Monts , avec le titre de
Promoteurs des Arts et du Commerce , avec les
Privileges et les Exemptions que nous jugerons à
propos de leur accorder , avec obligation à eux
de veiller , et d'agir pour arriver à cette fin , et
avec liberté à eux de representer aux suprêmes
Commandans de l'Ile et au Magistrat , par le ca.
nal de l'Orateur , ou d'une autre maniere , les
moyens pratiquables pour parvenir au but qu'on
se propose , et pour executer ensuite les mesures
que nous , ou le Magistrat , aurons jugé â propos
de prendre.
XIII
JUILLET. 1733. 1665
XIII. Un des plus grands profits qui pourroient
enrichir les Peuples , seroit la Récolte d'une
plus grande quantité de Soye . C'est pourquoi
pour les y engager davantage et pour exciter
leur industrie à cet égard , nous les exemptons
pour 25 ans du payement de tous droits sur lesdites
Soyes qui se pourroient tirer du Royaume .
XIV. Nous pensions , depuis quelque temps ,
d'établir deux Charges de Capitaines pour les
Ports de Bastie et d'Ayaccio , sur la consideration
des avantages que nous en pourrions tirer
pour notre service public. Aujourd'hui nous
sommes déterminez à établir ces deux Charges
qui seront conferées par nous , avec les appointemens
que nous donnons à notre Capitaine de
Cavalerie, de Bastie.Nous voulons de plus que ces
deux postes de Capitaines pour ces deux Ports ,
soient donnez à des Sujets de Nation Corse , qui
pendant le cours de leur Charge , seront traitez'
comme les Nobles , quand d'ailleurs ils ne seroient
pas tirez du Corps de la Noblesse , et feront les '
fonctions dont nous jugerons à propos de les
charger , suivant l'exigence de notre service public.
XV. Dans tous les Lieux où résideront les
Gouverneurs , les Magistrats et les Juges , il doit
y avoir un Avocat des pauvres Prisonniers , qui
sera chargé de veiller et presser le Jugement de
leur Cause , avec la liberté à eux accordée d'avoir
, en cas de besoin , recours à nous ou au Magistrat
de Corse , par le moyen de l'Orateur , ou
autrement. Il sera ainsi du devoir du Noble , tiré.
des douze , d'assister et de proteger les Prisonniers
, et même de faire expedier les autres qui
ont recours à la Justice , quand ils sont pauvres.
X V I. Les douze Nobles de de- çà les Monts et
I v les
1666 MERCURE DE FRANCE
1
les six de de- là , pourront élire un Avocat dans
leur district , pour assister tous ceux qui sont
poursuivis par la Justice , et pour appuyer les ,
suppliques de ceux qui sont pauvres , contre les
injustices les Juges , des Officiers et des Ministres.
Ils pourront encore , pour tous les Lieux où il y,
a des Juges , députer un Avocat pour cette Jurisdiction
, qui sera chargé , comme cy - dessus , de
nous informer, ou le Magistrat de Corse, par le
canal de l'Orateur , des suppliques de ceux qui
auroient sujet de se plaindre de leurs Juges.
"
XVII . Enfin , comme le retour sincere que.
nous nous promettons de la part des Corses ,
nous a engagé à leur faire ressentir les effets de
notre modération , les Communautez , les Villes,
les Lieux ou les Particuliers qui ne se rendroient
pas au devoir de la soumission envers la Répu-,
blique , comme le doivent des Sujets obéissants,
et fidels , sont déchus tout-à -fair du pardon et,
de 1 Amnistie qui est accordée par ces Présentes,
et toutes les poursuites déja intentées contre eux,
revivront au profit de notre Fisc. , puisqu'ils se
rendront indignes par leur perséverance à désobéir
, de recevoir les preuves de la génereuse clémence
qui n'est que pour favoriser la démarche
légitime de ceux qui rentrent dans le devoir.
Procurateurs , &c. de la République de
Genes.
I. APRE's avoir manifesté aux Peuples de
notre Royaume de Corse , notre trèsgrande modération
et clémence , par le moyen d'une Amnistie
et d'un pardon general accordé à ceux qui
avoient encouru notre disgrace à l'occasion des
troubles passez , dans la vue de déclarer plus distinctement
notre volonté ferme et inviolable
non-seulement nous renouvellons et nous confirmons
l'Amnistie et le pardon general par nous
accordé , mais nous voulons de plus l'étendre er
P'appliquer à ceux qui , pour des fautes commises
auroient été citez et ensuite condamnez , tant
par contumace qu'autrement , jusqu'au mois
de juin de l'année 1732. inclusivement › sans
néanmoins y comprendre ceux qui auroient , depuis
ce temps-là,, commis de nouvelles fautes.
II.De plus dans la vue de consoler les Corses ,
et de nous préter à leurs supplications , nous
voulons bien leur remettre libéralement les dépenses
JUILLET. 1733. 1661
enses énormes que nous avons été obligez de
Faire pour rétablir la tranquillité et pour assurer
la prosperité de ce Royaume. Ensorte que les
Corses ne pourront jamais , à l'avenir , être molestez
, ni en géneral , ni en particulier , sur ce
sujet. Et pour effacer jusqu'au souvenir des troubles
passez , nous deffendons , sous peines trèsgriéves
, à toutes sortes de personnes de les inju
rier par des paroles ou d'une autre maniere , en
les traitant de Rebelles ou d'autres semblables expressions.
III. De tout temps nous avons donné aux
Corses des preuves de notre tendre affection jusqu'à
épuiser nos Finances pour la prosperité , la,
deffense et la conservation de ce Royaume. Cependant
, comme nous desirons de leur donner
une preuve nouvelle et genereuse de nos dispositions
favorables , nous leur remettons liberalement
à tous en general , à toutes les Villes , Communautez
et Lieux de cette Ifle , toutes dettes
dont ils pourroient nous rester redevables , tanti
pour les Tailles , que pour toutes les autres impo
sitions ordonnées pendant l'an 1732. et pour les
autres subsides en argent et en victuailles , qu'on
leur a fournies pendant les temps de disette ;
tellement que nous voulons que tous les comptes
passez pour les Tailles et subsides étant étéints,
on en commence de nouveaux depuis le frois de
Janvier de cette année courante , où seront ‘marquées
les dettes à venit desdits Corses.
IV . Pour entrer dans les desirs et les instances )
de ces Peuples , nous leur accordons la création
d'un Ordre de Noblesse natureile au Royaume
que nous donnerons pour cette premiere fois et
pour toutes les autres dans la suite , à des personnes
tirées des Familles du Royaume , que
I iij hous
162 MERCURE DE FRANCE
}
nous trouverons digne de ce degré , et qui après
les informations faites et vûes par nous , paroîtront
pourvûes des qualitez nécessaires pour soutenir
ce rang avec honneur.
V On aura pour ces Nobles les mêmes égards
qu'on a pour ceux qui sont tirez des Villes de
Terre-Ferme ; ils jouiront du titre de Magnifique
et du Privilege de se couvrir dans les Sérénissimes
Colleges de l'Etat et dans le Sénat Sérénissime
; ils seront aussi reçus à se couvrir en
présence des Magistrats et des Juges de la Répubique
, y compris les Gouverneurs Generaux et
les illustres Syndics,
V I. Le Livre où seront écrits les Nobles avec
leurs légitimes Descendans , sera conservé à Gé- ,
nes , entre les mains du Sérénissime Magistrat de
P'Ile de Corse , et un autre semblable à Bastie.
Les noms des Nobles seront écrits dans ce Livre
par le Chancelier dudit Magistrat et en sa présence
, et le même Chancelier fournira un Extrait
authentique du Livre de Génes , pour être ,
déposé à Bastie ; le susdit Magistrat établira encore
un Tarif modique pour les Inscriptions et
Extraits desdits Livres.
VII. Ce Noble jouira dans les lieux de la
résidence du Gouverneur de l'Ile , de la distinction
d'une Antichambre , où il ne sera pas permis
d'entrer à ceux qui ne seront pas dans le
rang des Nobles , ou du nombre des Juges et des
Magistrats du Royaume ou des Officiers de
guerre , jusqu'à l'Enseigne , inclusivement.
VIII. Comme notre principale attention
toajours été de conserver les loibles Coûtumes
et de favoriser tous les moyens propres à faire
fleurir la Religion et la pieté Chrétienne dans
l'Ile de Corse , à quoi la bonne vie des Ecclet
siastiques
JUILLET. 1922. 1563
siastiques contribue le plus , nous déclarons que
pour entretenir l'émulation nécessaire au Clergé,
pour s'avancer dans les 9ciences et dans la prati .
que des Canons , nous ne m ttrons aucun obsta
cle au concours des Esclesiastiques pour être élûs
à quelque Evêché de l'Ifle , à moins qu'ils ne nous
ayent donné des sujets de mécontentement ; et
afin que notre présent Decret ait toute la vigueur
qu'on peut desirer , nous révoquons tout autre
Decret qui seroit contraire .
IX. Dans cette vûe , afin que Sa Sainteté daigne
exaucer les instantes prieres des Peuples qui
demandent un Visiteur Apostolique , pour corriger
les abus et les désordres , et pour rétablir
la discipline Ecclesiastique dans les Diocèses
nous coopérerons volontiers à leurs desseins , sauf
certains égards que nous jugerons à propos de ne
pas perdre de vie , afin d'éviter que le Royaume
ne soit surchargé par le grand nombre de ces
visites , qui pourroient à la fin devenir onéreuses .
X. De- même toutes les fois qu'il arrivera que
Jes Peuples demanderont la permission de fonder
et de renter à leurs dépens un College dans les
Villes de l'Ifle , pour l'éducation et instruction
de la Jeunesse du Pays , dans les Sciences divines
et humaines , nous y donnerons volontiers les
mains , en appuyant leur déssein de notre autorité
et de notre protection , en le permettant et
même le favorisant , pourvû que la forme , les
reglemens et le régime de cè College soit par
nous approuvé , nous réservant la liberté de
changer lesdits Reglemens , suivant le besoin et
l'exigence des conjectures.
•
XI. Le Royaume pourra tenir à Gênes un Sujet
avec le titre d'Orateur , qui sera de la Nation
même , tiré du nombre de ceux qui seront les
I iiij plus
1664 MERCURE DE FRANCE
plus propres à cet emploi , suivant les ordres que
nous donnerons dans son temps. Il sera du devoir
de l'Orateur de nous représenter , et au Magistrat
de Corse , les suppliques du Royaume ,
des Provinces et autres lieux , quand même elles
seroient en forme de plainte contre les Juges qui
seroient accusez de grever les Peuples dans l'administration
de la Justice Civile et Criminelle ,
ou de quelqu'autre maniere que ce soit. Et ledit
Orateur sera pendant le temps de sa Charge , reçu
par les Magistrats comme s'il avoit le
Noble , quoique peut - être ne le fût pas.
rang de
XII. Nous avons de tout temps employé tous
les moyens pour augmenter la culture des terres
incultes et abandonnéesde l'Ifle. Nous avons à
ce sujet , dépensé des sommes d'argent considerables
, offert des Privileges et d'autres avantages.
Nous n'avons pas eu moins d'application à faire
valoir le Commerce, et à mettre en honneur les
Arts Méchaniques ; c'est pourquoi pour satisfaire
notre empressement pour la prosperité da
Royaume et le profit des Peuples , nous ordonnons
que le Magistrat dudit Royaume élira tous
les trois ans trois Députez de la Nation , deux
par-çà et un par- delà les Monts , avec le titre de
Promoteurs des Arts et du Commerce , avec les
Privileges et les Exemptions que nous jugerons à
propos de leur accorder , avec obligation à eux
de veiller , et d'agir pour arriver à cette fin , et
avec liberté à eux de representer aux suprêmes
Commandans de l'Ile et au Magistrat , par le ca.
nal de l'Orateur , ou d'une autre maniere , les
moyens pratiquables pour parvenir au but qu'on
se propose , et pour executer ensuite les mesures
que nous , ou le Magistrat , aurons jugé â propos
de prendre.
XIII
JUILLET. 1733. 1665
XIII. Un des plus grands profits qui pourroient
enrichir les Peuples , seroit la Récolte d'une
plus grande quantité de Soye . C'est pourquoi
pour les y engager davantage et pour exciter
leur industrie à cet égard , nous les exemptons
pour 25 ans du payement de tous droits sur lesdites
Soyes qui se pourroient tirer du Royaume .
XIV. Nous pensions , depuis quelque temps ,
d'établir deux Charges de Capitaines pour les
Ports de Bastie et d'Ayaccio , sur la consideration
des avantages que nous en pourrions tirer
pour notre service public. Aujourd'hui nous
sommes déterminez à établir ces deux Charges
qui seront conferées par nous , avec les appointemens
que nous donnons à notre Capitaine de
Cavalerie, de Bastie.Nous voulons de plus que ces
deux postes de Capitaines pour ces deux Ports ,
soient donnez à des Sujets de Nation Corse , qui
pendant le cours de leur Charge , seront traitez'
comme les Nobles , quand d'ailleurs ils ne seroient
pas tirez du Corps de la Noblesse , et feront les '
fonctions dont nous jugerons à propos de les
charger , suivant l'exigence de notre service public.
XV. Dans tous les Lieux où résideront les
Gouverneurs , les Magistrats et les Juges , il doit
y avoir un Avocat des pauvres Prisonniers , qui
sera chargé de veiller et presser le Jugement de
leur Cause , avec la liberté à eux accordée d'avoir
, en cas de besoin , recours à nous ou au Magistrat
de Corse , par le moyen de l'Orateur , ou
autrement. Il sera ainsi du devoir du Noble , tiré.
des douze , d'assister et de proteger les Prisonniers
, et même de faire expedier les autres qui
ont recours à la Justice , quand ils sont pauvres.
X V I. Les douze Nobles de de- çà les Monts et
I v les
1666 MERCURE DE FRANCE
1
les six de de- là , pourront élire un Avocat dans
leur district , pour assister tous ceux qui sont
poursuivis par la Justice , et pour appuyer les ,
suppliques de ceux qui sont pauvres , contre les
injustices les Juges , des Officiers et des Ministres.
Ils pourront encore , pour tous les Lieux où il y,
a des Juges , députer un Avocat pour cette Jurisdiction
, qui sera chargé , comme cy - dessus , de
nous informer, ou le Magistrat de Corse, par le
canal de l'Orateur , des suppliques de ceux qui
auroient sujet de se plaindre de leurs Juges.
"
XVII . Enfin , comme le retour sincere que.
nous nous promettons de la part des Corses ,
nous a engagé à leur faire ressentir les effets de
notre modération , les Communautez , les Villes,
les Lieux ou les Particuliers qui ne se rendroient
pas au devoir de la soumission envers la Répu-,
blique , comme le doivent des Sujets obéissants,
et fidels , sont déchus tout-à -fair du pardon et,
de 1 Amnistie qui est accordée par ces Présentes,
et toutes les poursuites déja intentées contre eux,
revivront au profit de notre Fisc. , puisqu'ils se
rendront indignes par leur perséverance à désobéir
, de recevoir les preuves de la génereuse clémence
qui n'est que pour favoriser la démarche
légitime de ceux qui rentrent dans le devoir.
Fermer
Résumé : LE DOGE, les Gouverneurs et les Procurateurs, &c. de la République de Genes.
Le document est un édit émanant du Doge, des Gouverneurs et des Procurateurs de la République de Gênes, adressé aux peuples du Royaume de Corse. Les points essentiels sont les suivants : L'édit annonce une amnistie générale et un pardon pour les Corses condamnés jusqu'en juin 1732, à l'exception de ceux ayant commis de nouvelles fautes. Les dépenses engagées pour rétablir la tranquillité et assurer la prospérité du Royaume sont remises, et les Corses ne seront plus inquiétés à ce sujet. Toutes les dettes des Corses, qu'elles soient pour les tailles, les impôts ou les subsides, sont également remises. Les comptes passés sont effacés et de nouveaux commencent en janvier 1733. Un Ordre de Noblesse est créé pour le Royaume, avec des privilèges spécifiques pour les nobles, qui pourront se couvrir en présence des magistrats et des juges. Un livre des nobles sera conservé à Gênes et à Bastia. Les ecclésiastiques pourront concourir pour les évêchés sans obstacle, sauf en cas de mécontentement. Un Visiteur Apostolique pourrait être demandé pour corriger les abus. Les peuples pourront fonder des collèges pour l'éducation de la jeunesse, avec l'approbation des règlements par les autorités. Le Royaume pourra avoir un Orateur à Gênes pour représenter les suppliques et les plaintes des peuples. Des promoteurs des arts et du commerce seront élus pour veiller à la prospérité du Royaume. Les peuples sont exemptés du paiement des droits sur la soie pour 25 ans. Deux charges de capitaines pour les ports de Bastia et d'Ajaccio seront établies et confiées à des sujets corses. Un avocat des pauvres prisonniers sera nommé pour veiller à leur jugement. Enfin, les communautés ou particuliers ne se soumettant pas à la République seront déchus de l'amnistie et les poursuites contre eux revivront.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1063
p. 1751-1757
EXTRAIT d'une Lettre de Czaritien, contenant quelques Particularitez du Pays des Tartares Kalmuques.
Début :
Depuis la Lettre que je vous écrivis de Nova-Paulava, j'ai continué ma [...]
Mots clefs :
Kalmouks, Tartares, Pays, Nez, Femmes, Tentes, Tribut, Crimée, Gengis Khan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Czaritien, contenant quelques Particularitez du Pays des Tartares Kalmuques.
EXTRAIT d'une Lettre de Czaritien,
contenant quelques Particularitez du
Pays des Tartares Kalmuques .
Epuis la Lettre que je vous écrivis
trivia
de Nova- Paulava , j'ai continué ma
route jusqu'aux Lignes de Czaritien , et la
Ville de ce nom , où je me trouve à present
est presque
dans un nouveau Monde.Rien
ne s'y voit que des Kalmuques et des
Dromadaires
; et vers le Levant , il n'y
a pas une seule Ville jusqu'aux Frontieres
de la Chine . Le Pays au - delà du Volga
, Fleuve qui lave cette Ville , est entierement
habité par les Kalmuques ,
dans l'étenduë de 2000. Woërtes , du côté
de l'Orient . Ils sont sujets à l'Empire de
Russie , et gouvernez par un Kan de
leur Nation , qui est nommé par la Czarine
, quoique toujours choisi dans la mê
me Maison. Cette forme de Gouvernement
n'est pas ancienne parmi eux , car
le Kan d'aujourd'hui
n'en est que le septiéme
.
Au1752
MERCURE DE FRANCE
•
Autrefois chique Famille étoit gouvernée
par son Chef , sans relever que du
Souverain de la Russie ; mais à la fin ,
ce Prince trouva à propos de gouverner
ces Peuples par un Kan ou Viceroy , qui
tient de lui toute son autorité , et dont
la Charge est à vie. Je n'ai pû encore
apprendre s'ils payent de tribut ; mais
je suis plus disposé à croire qu'ils ne sont
obligez que de servir à leurs dépens ,
quand ils sont commandez dans les Expeditions
militaires. Ils sont tous Cavaliers
, et peuvent monter , à ce que j'ai
oui dire , à 200000. Combattans . Ils ne'
Sçavent presque ce que c'est que les Armes
à feu , mais ils sont très - adroits à ti
rer de l'Arc , et 1000. Kalmuques tiennent
bien tête à 3 ou 4. mille Tartares de
Krimée . Ils ont beaucoup de l'air des Negres
d'Affrique , mais leurs nez sont encore
plus camus , et leurs yeux à la Chinoise
, ne sont pas si ouverts de la moitié
Ils sont originairement Mogols , et fu÷
rent , dit-on , laissez dans ce Pays par
Ghengis Khan , lorsqu'il fit la conquête
de l'Asie; et quoiqu'ils disent eux -mê
mes qu'ils sont un reste de l'Armée Macédonienne
, qu'Alexandre le Grand laissa
sur les bords du Volga , leur langage et
leur écriture , qui sont un mauvais Mogol
,
A OUST . 1753 1733.
gol , prouvent clairement leur origine ;
outre qu'ils ont la même Religion , et
que leur Grand- Prêtre , ou Lama , réside
dans le Pays des Mogols , où les principaux
de leur Clergé sont obligez d'ailer
pour recevoir les Ordres Sacrez de leur
Religion. Ils sont fort dévots ; car dès
qu'ils cessent de parler , on les voit occupez
à dire leurs Chapelets , qu'ils portent
toujours pendus à leur col. Un jour
étant surpris de la vitesse avec laquelle
ils parcouroient ces Chapelets , je leur
dis que leur formule de priere devoit être
extrémement courte , ils me répondirent
qu'elle ne consistoit qu'en deux paroles.
mystérieuses , sçavoir , Ommani Badmehunc
, ce qui signifie une belle Fleur , et
une Pierre qui ne tire sa lumiere d'ellemêmes
mais de temps- en- temps ils prennent
un Grain de Chapeler plus grand
qui sert à des Prieres plus longues , dont
je n'ai pas appris le sens.
que
Ces gens - là content mille Miracles deleur
Lama , disant , que celui qui lui doit
succeder , déclare sa Mission aussi - tôt
qu'il est né. Ils s'imaginent qu'il connoît
leurs pensées et sçait leur faire
des réponses , sans qu'ils se donnent la
peine de lui parler. Il y a parmi eux plusieurs
Sectes differentes , quelques - uns
adorent
1754 MERCURE DE FRANCE
adorent des Idoles , les autres la Peau
d'un Lievre , car ils prétendent qu'autrefois
pendant tout le temps d'une famine,
40000. personnes avoient été nourries de
la chair d'un seul animal de cette espece.
Ils traitent leurs Morts de quatre manieres
differentes , suivant les quatre Elemens
, car ils brûlent les uns , ils jertent
les autres dans l'eau , ils en enterrent , et
11 y en a qu'ils exposent à l'air , observant
pour cela le temps de la Lune qu'ils
sont nez , ou qu'ils sont morts . Ils n'ont
presque aucune idée de compassion ; car
si leurs Femmes , leurs Peres ou leurs
Meres sont travaillez d'une longue maladie
, ou vicillissent , il les laissent mourir
de faim .
Leurs Tentes sont infiniment mieux
imaginées que les nôtres , et garantissent
mieux du froid ; aussi aimerois je mieux
y loger que dans certaines maisons que
j'ai vûës ailleurs . On place le feu au beau
milieu de la Tente , et l'on pratique une
ouverture dans le toit , qui est façonné
en dôme , par où la fumée monte , et
quand il ne fume plus , on ferme l'ouverture
; de sorte qu'on s'y chauffe tout
aussi-bien que dans une maison . Ces Tentes
sont construites d'une espece de Feutre
, mais qui est six fois plus épais que
celui
AOUS T. 1733 1755
celui dont on fait nos chapeaux , ce qui
fait qu'on y est chaudement en hyver
et fraîchement en é é . Mais le malheur
est qu'elles sont si pesantes , que la plus
ordinaire fait la charge d'un Dromadaire,
car je n'ai point vŷ de Chameaux à une
bosse , et une bonne Tente , ou dix ou̟
douze personnes pourroient coucher , feroit
bien la charge de deux de ces animaux
. Le Kan est à present à 15. ou, 16,
lieues d'ici , avec 10000. Tentes , habitées
par ses Sujets ; je compte de l'aller
voir avant de quitter ce Pays,
Les Kalmuques ont un usage singulier
en fait d'hospitalité , quand un Etranger
vient chez eux , la marque la plus
ordinaire de leur distinction , c'est de
lui donner le choix de leurs femmes ou
de leurs filles , pour passer la nuit avec
celle qu'il trouve le plus à son gré. Les
femmes sont habillées de même que les
hommes , ce qui cause souvent qu'on
se méprend de Sexe. Ils n'ont d'autres ri
chesses que leur Bétail , dont ils font un
grand trafic avec les Rus es. Leurs Chevaux
ne sont pas beaux , mais ils sont
d'une vigueur surprenante , ils font 20,
ou 25. liües par jour sans se fatiguer,
Le meilleur Cheval du Pays se vend 4,
5. pistoles , et un Cheval ordinaire ne
vaus
1756 MERCURE DE FRANCE
vaut que 4. ou 5. écus ; il est cependant
difficile de dompter leur férocité natarelle
,
ils vont presque tous le pas naturellement.
Je viens d'acheter ici quel
ques- uns de leurs Arcs et de leurs Fleches
, et comme vous me mandez que
vous en avez des Indes Occidentales , j'en
troquerai volontiers deux contre un des
vôtres.
J'espere partir de ce Pays- cy dans 8.
ou 10. jouts , et de continuer mon voyage
par le Don jusqu'à Asoph , là je serai
voisin d'un Peuple poli , et de deux Peuples
barbares. Vous jugerez facilement
que par le premier , j'entends les Turcs ,
et que les deux autres sont les Tartares
de Krimée et ceux de Cuban , les uns
sont au Couchant du Don , les autres au
Levant. Si j'y vois quelque chose digne
de remarque , je ne manquerai pas de
Vous en faire part.
Vous trouverez cy - jointe un Lettre du
Baron de Wedel ; il avoit la fievre lorsqu'il
l'écrivit , c'est une espece de tribut
que tout Etranger doit à ce climat , lorsqu'il
arrive , mais on en est quitte pour
3. ou 4. accès. Il paroît par sa Lettre
qu'il alloit marcher contre quelques Kalmuques
qui refusoient de déferer aux ordres
du Kan .
J'ai
A O UST. 1733. 1757
J'ai acheté un petit Kalmuque qui est
d'une beauté parfaite , selon cux , il n'a
presque rien qui ressemble à un nez , excepté
les narinesses yeux ne sont ouverts
que de la largeur d'une paille. Il est d'un
teint couleut de caivre , couleur trèsestimée
parmi eux.; sçachant lire et écrire
sa Langue. Si vous en avez la moindre
envie , mandez - le- moi , et aussi - tôt
que je serai à Petersbourg , où je compte
d'arriver vers la fin de l'année , je le ferai
partir.
contenant quelques Particularitez du
Pays des Tartares Kalmuques .
Epuis la Lettre que je vous écrivis
trivia
de Nova- Paulava , j'ai continué ma
route jusqu'aux Lignes de Czaritien , et la
Ville de ce nom , où je me trouve à present
est presque
dans un nouveau Monde.Rien
ne s'y voit que des Kalmuques et des
Dromadaires
; et vers le Levant , il n'y
a pas une seule Ville jusqu'aux Frontieres
de la Chine . Le Pays au - delà du Volga
, Fleuve qui lave cette Ville , est entierement
habité par les Kalmuques ,
dans l'étenduë de 2000. Woërtes , du côté
de l'Orient . Ils sont sujets à l'Empire de
Russie , et gouvernez par un Kan de
leur Nation , qui est nommé par la Czarine
, quoique toujours choisi dans la mê
me Maison. Cette forme de Gouvernement
n'est pas ancienne parmi eux , car
le Kan d'aujourd'hui
n'en est que le septiéme
.
Au1752
MERCURE DE FRANCE
•
Autrefois chique Famille étoit gouvernée
par son Chef , sans relever que du
Souverain de la Russie ; mais à la fin ,
ce Prince trouva à propos de gouverner
ces Peuples par un Kan ou Viceroy , qui
tient de lui toute son autorité , et dont
la Charge est à vie. Je n'ai pû encore
apprendre s'ils payent de tribut ; mais
je suis plus disposé à croire qu'ils ne sont
obligez que de servir à leurs dépens ,
quand ils sont commandez dans les Expeditions
militaires. Ils sont tous Cavaliers
, et peuvent monter , à ce que j'ai
oui dire , à 200000. Combattans . Ils ne'
Sçavent presque ce que c'est que les Armes
à feu , mais ils sont très - adroits à ti
rer de l'Arc , et 1000. Kalmuques tiennent
bien tête à 3 ou 4. mille Tartares de
Krimée . Ils ont beaucoup de l'air des Negres
d'Affrique , mais leurs nez sont encore
plus camus , et leurs yeux à la Chinoise
, ne sont pas si ouverts de la moitié
Ils sont originairement Mogols , et fu÷
rent , dit-on , laissez dans ce Pays par
Ghengis Khan , lorsqu'il fit la conquête
de l'Asie; et quoiqu'ils disent eux -mê
mes qu'ils sont un reste de l'Armée Macédonienne
, qu'Alexandre le Grand laissa
sur les bords du Volga , leur langage et
leur écriture , qui sont un mauvais Mogol
,
A OUST . 1753 1733.
gol , prouvent clairement leur origine ;
outre qu'ils ont la même Religion , et
que leur Grand- Prêtre , ou Lama , réside
dans le Pays des Mogols , où les principaux
de leur Clergé sont obligez d'ailer
pour recevoir les Ordres Sacrez de leur
Religion. Ils sont fort dévots ; car dès
qu'ils cessent de parler , on les voit occupez
à dire leurs Chapelets , qu'ils portent
toujours pendus à leur col. Un jour
étant surpris de la vitesse avec laquelle
ils parcouroient ces Chapelets , je leur
dis que leur formule de priere devoit être
extrémement courte , ils me répondirent
qu'elle ne consistoit qu'en deux paroles.
mystérieuses , sçavoir , Ommani Badmehunc
, ce qui signifie une belle Fleur , et
une Pierre qui ne tire sa lumiere d'ellemêmes
mais de temps- en- temps ils prennent
un Grain de Chapeler plus grand
qui sert à des Prieres plus longues , dont
je n'ai pas appris le sens.
que
Ces gens - là content mille Miracles deleur
Lama , disant , que celui qui lui doit
succeder , déclare sa Mission aussi - tôt
qu'il est né. Ils s'imaginent qu'il connoît
leurs pensées et sçait leur faire
des réponses , sans qu'ils se donnent la
peine de lui parler. Il y a parmi eux plusieurs
Sectes differentes , quelques - uns
adorent
1754 MERCURE DE FRANCE
adorent des Idoles , les autres la Peau
d'un Lievre , car ils prétendent qu'autrefois
pendant tout le temps d'une famine,
40000. personnes avoient été nourries de
la chair d'un seul animal de cette espece.
Ils traitent leurs Morts de quatre manieres
differentes , suivant les quatre Elemens
, car ils brûlent les uns , ils jertent
les autres dans l'eau , ils en enterrent , et
11 y en a qu'ils exposent à l'air , observant
pour cela le temps de la Lune qu'ils
sont nez , ou qu'ils sont morts . Ils n'ont
presque aucune idée de compassion ; car
si leurs Femmes , leurs Peres ou leurs
Meres sont travaillez d'une longue maladie
, ou vicillissent , il les laissent mourir
de faim .
Leurs Tentes sont infiniment mieux
imaginées que les nôtres , et garantissent
mieux du froid ; aussi aimerois je mieux
y loger que dans certaines maisons que
j'ai vûës ailleurs . On place le feu au beau
milieu de la Tente , et l'on pratique une
ouverture dans le toit , qui est façonné
en dôme , par où la fumée monte , et
quand il ne fume plus , on ferme l'ouverture
; de sorte qu'on s'y chauffe tout
aussi-bien que dans une maison . Ces Tentes
sont construites d'une espece de Feutre
, mais qui est six fois plus épais que
celui
AOUS T. 1733 1755
celui dont on fait nos chapeaux , ce qui
fait qu'on y est chaudement en hyver
et fraîchement en é é . Mais le malheur
est qu'elles sont si pesantes , que la plus
ordinaire fait la charge d'un Dromadaire,
car je n'ai point vŷ de Chameaux à une
bosse , et une bonne Tente , ou dix ou̟
douze personnes pourroient coucher , feroit
bien la charge de deux de ces animaux
. Le Kan est à present à 15. ou, 16,
lieues d'ici , avec 10000. Tentes , habitées
par ses Sujets ; je compte de l'aller
voir avant de quitter ce Pays,
Les Kalmuques ont un usage singulier
en fait d'hospitalité , quand un Etranger
vient chez eux , la marque la plus
ordinaire de leur distinction , c'est de
lui donner le choix de leurs femmes ou
de leurs filles , pour passer la nuit avec
celle qu'il trouve le plus à son gré. Les
femmes sont habillées de même que les
hommes , ce qui cause souvent qu'on
se méprend de Sexe. Ils n'ont d'autres ri
chesses que leur Bétail , dont ils font un
grand trafic avec les Rus es. Leurs Chevaux
ne sont pas beaux , mais ils sont
d'une vigueur surprenante , ils font 20,
ou 25. liües par jour sans se fatiguer,
Le meilleur Cheval du Pays se vend 4,
5. pistoles , et un Cheval ordinaire ne
vaus
1756 MERCURE DE FRANCE
vaut que 4. ou 5. écus ; il est cependant
difficile de dompter leur férocité natarelle
,
ils vont presque tous le pas naturellement.
Je viens d'acheter ici quel
ques- uns de leurs Arcs et de leurs Fleches
, et comme vous me mandez que
vous en avez des Indes Occidentales , j'en
troquerai volontiers deux contre un des
vôtres.
J'espere partir de ce Pays- cy dans 8.
ou 10. jouts , et de continuer mon voyage
par le Don jusqu'à Asoph , là je serai
voisin d'un Peuple poli , et de deux Peuples
barbares. Vous jugerez facilement
que par le premier , j'entends les Turcs ,
et que les deux autres sont les Tartares
de Krimée et ceux de Cuban , les uns
sont au Couchant du Don , les autres au
Levant. Si j'y vois quelque chose digne
de remarque , je ne manquerai pas de
Vous en faire part.
Vous trouverez cy - jointe un Lettre du
Baron de Wedel ; il avoit la fievre lorsqu'il
l'écrivit , c'est une espece de tribut
que tout Etranger doit à ce climat , lorsqu'il
arrive , mais on en est quitte pour
3. ou 4. accès. Il paroît par sa Lettre
qu'il alloit marcher contre quelques Kalmuques
qui refusoient de déferer aux ordres
du Kan .
J'ai
A O UST. 1733. 1757
J'ai acheté un petit Kalmuque qui est
d'une beauté parfaite , selon cux , il n'a
presque rien qui ressemble à un nez , excepté
les narinesses yeux ne sont ouverts
que de la largeur d'une paille. Il est d'un
teint couleut de caivre , couleur trèsestimée
parmi eux.; sçachant lire et écrire
sa Langue. Si vous en avez la moindre
envie , mandez - le- moi , et aussi - tôt
que je serai à Petersbourg , où je compte
d'arriver vers la fin de l'année , je le ferai
partir.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Czaritien, contenant quelques Particularitez du Pays des Tartares Kalmuques.
L'auteur d'une lettre, écrite depuis Czaritien, décrit les particularités du pays des Tartares Kalmuques. Il a voyagé depuis Nova-Paulava jusqu'à Czaritien, une ville peuplée uniquement de Kalmuques et de dromadaires. Le territoire au-delà du Volga, s'étendant sur 2000 Woërtes vers l'Orient, est entièrement habité par les Kalmuques, qui sont sujets de l'Empire de Russie. Ils sont gouvernés par un Kan nommé par la Czarine, le Kan actuel étant le septième de cette lignée. Les Kalmuques sont des cavaliers experts, capables de mobiliser 200 000 combattants. Ils maîtrisent l'arc mais ignorent les armes à feu. Physiquement, ils présentent des traits asiatiques et se considèrent comme les descendants de Gengis Khan, bien que leur langue et leur écriture soient mogoles. Leur religion est dirigée par un Lama résidant en pays mogol. Ils pratiquent diverses formes de dévotion, utilisant des chapelets pour prier et croient en plusieurs sectes, certaines adorant des idoles, d'autres la peau d'un lièvre. Ils traitent leurs morts selon les quatre éléments : par le feu, l'eau, la terre ou l'air. L'hospitalité kalmuque inclut l'offre de leurs femmes ou filles aux étrangers. Leurs tentes, en feutre épais, sont adaptées au climat et transportables par des dromadaires. Ils possèdent des chevaux vigoureux mais difficiles à dompter. L'auteur prévoit de quitter le pays dans huit à dix jours pour continuer son voyage vers le Don, puis vers Azoph, où il rencontrera les Turcs, les Tartares de Crimée et ceux de Cuban. Il mentionne également une lettre du Baron de Wedel, souffrant de fièvre, et l'achat d'un jeune Kalmuque qu'il propose de vendre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1064
p. 1787-1797
ELOGE de la Pauvreté, par M....
Début :
La nouveauté a un droit décidé de nous plaire, lorsqu'elle est ensemble [...]
Mots clefs :
Pauvreté, Biens, Heureux, Richesses, Bonheur, Pauvre, Opulence, Nature, Médiocrité, Besoins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de la Pauvreté, par M....
ELOGE de la Pauvreté
LA
M
....
par M.
A nouveauté a un droit décidé de
nous plaire , lorsqu'elle est ensemble
ingénieuse et utile ; ces deux qualitez ont
acquis l'immortalité à l'Eloge de la Folie
; mais les Emulateurs d'Erasme , plus
sensibles à l'envie de faire briller leur esprit
, que touchez du plaisir d'instruire¸
n'ont saisi que le titre pointilleux de son
Ouvrage , sa morale leur a échappé . Mon
E iij dessein
1788 MERCURE DE FRANCE
dessein est bien different dans cet Eloge ;
je quitte volontiers de toute admiration ,
pourvû que je persuade utilement que
la Pauvreté est le plus grand de tous les
biens , et le seul qui puisse nous procurer
une félicité constante .
Comme les raisons que j'employerai
ne paroîtront peut-être pas assez sérieuses
, je déclare que je ne prétens point
le prendre ici sur le ton dogmatique ;
je sçai que la verité , qui est triste d'ellemême
, ne s'insinue jamais plus sûrement
que lorsqu'elle se montre sous un visage
agréable.
Je trouve d'abord un air de mode
dans la Pauvreté qui me donne toute
la confiance dont j'ai besoin pour parler
sur une matiere si délicate ; elle
s'est glissée dans tous les Etats et dans
toutes les conditions . Ne seroit- ce point
parce qu'elle plaît , qu'elle est devenue .
si commune et le goût imitateur qui
regne aujourd'hui , n'auroit - il point servi
à son progrès quoiqu'il en soit , c'est
un détail où je ne dois point entrer ; il
me suffit que le plus grand nombre soit
interessé à me croire , et qu'il fasse par
prudence quelque cas d'un état dont il
est si près.
Pour ceux qui, nourris dans une aisance
V.QA
OUST . 17337 1989
voluptueuse , ne peuvent regarder la
Pauvreté sans effroi ; qu'ils apprennent
que celui qui me connoît point l'opulence
, trouve inutile tout ce qui n'est
pas nécessaire , qu'ils sont eux - mêmes
noyez dans des superfluitez que leurs
Peres ignoroient , et que le seul moyen
d'être vraiment heureux , c'est de regler
ses besoins sur la Nature et non pas sur
l'opinion.
En effet le plus grand malheur des
hommes , c'est de se persuader que les
richesses peuvent seules leur procurer le
repos , cette idée les engage à travailler
dans leur jeunesse , pour s'assurer dans
le déclin de leur âge , des jours sereins
et tranquiles. Quelle erreur ! Le principe
de leur félicité est dans leur coeur ,,
et non dans les biens qu'ils ont acquis ;
d'ailleurs l'experience fait connoître que
leur conservation coûte autant que leur
acquisition même.
L'on dira peut- la même expeut-
être que
perience décide contre moi , puisque le
Pauvre , malgré le bonheur que je lui
prête , semble faire tous ses efforts pour
se tirer de l'indigence . Que la Pauvreté
soit la mere de l'industrie , j'y consens
et c'est pour elle un grand éloge d'avoir
enfanté les Arts ; mais je soutiens
E iiij que
1790 MERCURE DE FRANCE
que l'envie de s'enrichir n'a point reveillé
le génie des Pauvres ; trop satisfaits
de leur indépendance , ils ont eû
pitié de l'esclavage des Riches , et leur
ont fourni charitablement les moyens de
recouvrer leur liberté , par un emploi indiscret
de leurs richesses .
Supposons , si l'on veut , que
l'homme
est aussi heureux avec l'abondance , qu'il
l'est en effet dans le sein de la Pauvreté .
Dans cette hypothese il en coûteroit bien
plus à l'indigent d'acquerir laborieusement
l'opulence , que d'être assez sage
pour s'en passer. L'un demande des soins ,
l'autre laisse une entiere liberté. Or s'il
étoit deux voyes pour arriver à un sort
heureux , celle qui va à son but à moins
des frais , doit , sans contredit , être préferée
.
J'avoüe que si les richesses n'étoient
attachées qu'à la vertu , il y auroit de la
honte à n'être pas riche ; mais si le hazard
distribue les biens , si la violence
les ravit , s'il faut souvent des crimes pour
se dérober à la Pauvreté , seroit - il raisonnable
d'attacher une espece d'opprobre
à un état , qui semble être le partage
de la Nature et de la vertu ?
Nos premiers Législateurs , les Philosophes
et les Poëtes , ces génies divins
3
A O UST. 1733. 1791
vins , qui ont eû une idée si juste du
Parfait et du Vrai , ont méprisé les richesses
avec tant de constance et sans
doute avec tant de sincerité, qu'ils furent
toujours mal nourris et mal vétus . Les
uns tendoient à l'état le plus vertueux ,
les autres prétendoient à une réputation
immortelle ; il faudroit être de bien mauvaise
humeur pour ne pas vouloir ressembler
à d'aussi honnêtes gens.
Parlons plus sérieusement. Nous ne
pouvons douter que la Nature ne soit
aussi prévoyante qu'elle est parfaite dans
ses productions ; il n'est point d'Animaux
à qui elle ne donne , avec la vie ,
tout ce qui est utile pour la conserver.
Seroit- elle plus injuste envers les hommes?
non , sans doute , elle a placé dans
le coeur et dans l'esprit de nos parens
toute la sensibilité et toute l'industrie
nécessaire pour fournir à nos besoins . Mais
elle n'est point allée au delà , les richesses
n'entrent pour rien dans le sistême.
de notre conservation ; ensorte qu'elles
sont à notre égard des biens étrangers
et superflus ; car on n'accuseroit pas la
Nature de nous les avoir refusées , si elles
nous eussent été nécessaires.
D'ailleurs son intention a été de mettre
une parfaite égalité entre les hom,
E v mes
1792 MERCURE DE FRANCE
mes . Mere tendre et affectionnée , elle
leur a également départi ses faveurs . Ce
principe bien reconnu , il est évident que
la force ou la fraude ont été les instru→
mens de la fortune du premier Riche ,
et qu'on doit regarder encore aujourd'hui
un nouveau Parvenu , comme l'ent
nemi et le tyran du genre humain . Mais
heureusement son iniquité no passe jamais.
à des successeurs éloignéz , et nous voyons
avec complaisance que le fils même restitue
bien-tôt au Public par de folles dé
penses , ce que le Pere avoit injustement
enlevé.
C'est peut-être dans la médiocrité que
l'on trouve le bonheur , les grands biens.
peuvent causer des peines , mais une fortune
médiocre exempte également et
des besoins de la vie , et de l'embarras
des richesses. Voila ce que le préjugé
offre de plus spécieux en faveur de la
médiocrité ; qu'il m'en coûtera peu pour
combattre ce raisonnement ! que la vic
roire est facile !
Si la médiocrité des biens faisoit celle
des désirs , il seroit juste de la préferer
à tous les autres Etats; mais la cupidité de
l'homme est si inquiéte , qu'elle le porte
à faire sans cesse des efforts pour s'accroître
et saisir avidement tout ce qui
t
peut
AOUST. 1733 : 1793
peut le conduire à un sort qu'il estime
plus heureux. Celui qui se trouve dans la
médiocrité , souhaite à proportion de ses
facultez , et dès qu'il souhaire il est malheureux.
Ce qui fait le bonheur du Pauvre
, c'est qu'il n'a rien pour soutenir ou
exciter son ambition , et que l'envie qu'il
pourroit avoir de s'élever , cesse ou s'évanouit
dès que les moyens lui en sont
ravis.
Il est aisé à présent de conclure qu'on
a eu tort de donner tant de louanges à
cette médiocrité chimérique , qui ne fait
qu'allumer nos desirs , sans pouvoir les
satisfaire . Examinez un Pere de famille
dans une fortune médiocre , si le present
F'agite , l'avenir l'inquiete encore davantage
; il n'y découvre que des changemens
fâcheux ; il y voit ses biens dissipez
avec profusion , ou du moins mal
ménagez. L'avenir est au contraire un
sujet de joye pour le Pauvre , tous les
hazards et toutes les révolutions sont
pour lui , et quand on supposeroit que
son coeur formât quelques desirs , il en
ressent la douceur sans en avoir l'inquiétude
; l'élevation de ses pareils le fait
jouir par avance des biens qu'il n'a pas ,
mais qu'il peut avoir ; le Riche vit dans la
crainte , le Pauvre dans l'esperance; quelle
disparité de bonheur ! Evi Dès
1794 MERCURE DE FRANCE
Dès- là nous voyons que la Pauvreté
ne nous prive d'aucuns des biens solides
de la vie , et qu'il ne manque pour achever
son triomphe que de montrer qu'elle
nous procure des plaisirs plus vifs et plus
que l'opulence même. délicats
La crainte de ne devoir qu'à ses largesses
, les complaisances d'un sexe enchanteur
, empoisonne nos plaisirs , et en ôte
tout le piquant ; notre délicatesse s'en offense
, et veut une tendresse toute gratuite.
Le Pauvre jouit de ce bonheur , et
ne le doit qu'à son mérite personnel ; tandis
que le Riche peut craindre à chaque
instant que les faveurs qu'on lui accorde
, ne prennent leur source dans la va
nité ou dans l'interêt.
Pareil avantage dans l'amitié. La Félicité
la plus parfaite , celle des Dieux, dit .
un ancien , seroit ennuïeuse sans la confiance
d'un ami ; ainsi tâchons d'ajoûter à
notre bonheur celui de nous attacher un
ami sincere , également sensible à nos
biens et à nos maux . Mais où le trouver ,
et comment le connoître ? Si des avantages
apparens surprennent sa complai
sance ; sous le nom d'ami , ne sera ce
point un fateur , dévoué à la fortune ,
plutôt qu'à la personne ? Pour faire cette
épreuve délicate , feignons qu'un malheur
AOUST. 1733. 1798
heur imprévu vient de nous enlever nos
richesses ; dans l'instant nous verrons ces
amis prétendus nous abandonner rapidement
, heureux encore si nos bienfaits
passez ne deviennent pas pour eux des
raisons de nous mépriser et de nous haïr .:
Mais le plus heureux effet de la Pauvreté
, c'est qu'elle nous ôte la cause des
vices , et nous laisse toutes les vertus à
pratiquer. L'humilité s'attire le respect
par elle - même ; c'est le fondement de
toutes les vertus , et nous aimons naturellement
autant les personnes humbles
et modestes , que nous fuïons les arrogans
et les présomptueux . Dans l'usage
du monde nous voïons que l'o gueil , la
jalousie , la haine sont des vices attach z
à l'opulence , et que l'honnêteté , la douceur
, la patience suivent la disette ; mais,
par une bizarrerie , dont on ne peut rendre
raison , on fuit les gens vertueux dans
l'indigence , pour idolatrer des insolens
dans la prosperité , comme si le respect
qu'on a pour les biens , devoit passer
jusqu'à ceux qui les possedent.
La reconnoissance seroit ignorée parmi
les hommes , si les pauvres ne l'avoient
fait connoître. Cette vertu des belles
ames agit chez l'indigent avec autant de
vivacité que l'esperance même ; les besoins
1797 MERCURE DE FRANCE
soins la multiplient et lui prêtent tous
les jours un nouveau feu.
La politique s'accorde enfin avec la
morale , à donner la préférence aux pauvres
sur les riches ; ceux cy sont infiniment
moins utiles à l'Etat que les premiers.
Retire til , en effet , quelque profit
de la bravoure meurtriere des Gens de
Guerre , des décisions innombrables et
ambigues des Juri consultes ; de l'esprit
inventif et ruineux des Partisans ; il ne
reste que des voeux à faire sur ce sujets
cependant tous ces membres de la République
ne peuvent se passer des pauvres
pour fournir à leurs besoinss mais le pauvre
qui travaille , subsiste indépendemment
d'eux le labour de ses mains lui
suffit , et il arrive à la fin de ses jours ;
sans superflu et sans misere.
Que dirai je davantage en faveur de
la Pauvreté ? J'ai fait voir qu'elle nous
rapproche de la nature , qu'elle éloigne
de nous des maux cruels , qui sont comme
l'appanage de la cupidité ; qu'elle
nous apprête des plaisirs purs et tranquiles
Il ne me reste qu'à donner un avis
salutaire aux Riches , que mon Discours
aura persuadeż : Je ne veux point qu'ils
imitent ce Philosophe insensé
*
qui jetta
* Cratés ou Aristippe , on attribuë cette espece
de folie à l'un et à l'autre.
AOUST. 1733. 1797
son argent dans la Mer , comme si la sagesse
eut été incompatible avec l'opulence
; la raison n'exige point un pareil
sacrifice . Elle nous avertit seulement de
ne souhaitter jamais plus de bien qu'il
n'en faut aux simples besoins de la natu
re , et nous montre le cas que nous devons
faire des Richesses , en voyant on
le de mérite de ceux qui les possepeu
dent , ou le mauvais usage qu'ils en font
LA
M
....
par M.
A nouveauté a un droit décidé de
nous plaire , lorsqu'elle est ensemble
ingénieuse et utile ; ces deux qualitez ont
acquis l'immortalité à l'Eloge de la Folie
; mais les Emulateurs d'Erasme , plus
sensibles à l'envie de faire briller leur esprit
, que touchez du plaisir d'instruire¸
n'ont saisi que le titre pointilleux de son
Ouvrage , sa morale leur a échappé . Mon
E iij dessein
1788 MERCURE DE FRANCE
dessein est bien different dans cet Eloge ;
je quitte volontiers de toute admiration ,
pourvû que je persuade utilement que
la Pauvreté est le plus grand de tous les
biens , et le seul qui puisse nous procurer
une félicité constante .
Comme les raisons que j'employerai
ne paroîtront peut-être pas assez sérieuses
, je déclare que je ne prétens point
le prendre ici sur le ton dogmatique ;
je sçai que la verité , qui est triste d'ellemême
, ne s'insinue jamais plus sûrement
que lorsqu'elle se montre sous un visage
agréable.
Je trouve d'abord un air de mode
dans la Pauvreté qui me donne toute
la confiance dont j'ai besoin pour parler
sur une matiere si délicate ; elle
s'est glissée dans tous les Etats et dans
toutes les conditions . Ne seroit- ce point
parce qu'elle plaît , qu'elle est devenue .
si commune et le goût imitateur qui
regne aujourd'hui , n'auroit - il point servi
à son progrès quoiqu'il en soit , c'est
un détail où je ne dois point entrer ; il
me suffit que le plus grand nombre soit
interessé à me croire , et qu'il fasse par
prudence quelque cas d'un état dont il
est si près.
Pour ceux qui, nourris dans une aisance
V.QA
OUST . 17337 1989
voluptueuse , ne peuvent regarder la
Pauvreté sans effroi ; qu'ils apprennent
que celui qui me connoît point l'opulence
, trouve inutile tout ce qui n'est
pas nécessaire , qu'ils sont eux - mêmes
noyez dans des superfluitez que leurs
Peres ignoroient , et que le seul moyen
d'être vraiment heureux , c'est de regler
ses besoins sur la Nature et non pas sur
l'opinion.
En effet le plus grand malheur des
hommes , c'est de se persuader que les
richesses peuvent seules leur procurer le
repos , cette idée les engage à travailler
dans leur jeunesse , pour s'assurer dans
le déclin de leur âge , des jours sereins
et tranquiles. Quelle erreur ! Le principe
de leur félicité est dans leur coeur ,,
et non dans les biens qu'ils ont acquis ;
d'ailleurs l'experience fait connoître que
leur conservation coûte autant que leur
acquisition même.
L'on dira peut- la même expeut-
être que
perience décide contre moi , puisque le
Pauvre , malgré le bonheur que je lui
prête , semble faire tous ses efforts pour
se tirer de l'indigence . Que la Pauvreté
soit la mere de l'industrie , j'y consens
et c'est pour elle un grand éloge d'avoir
enfanté les Arts ; mais je soutiens
E iiij que
1790 MERCURE DE FRANCE
que l'envie de s'enrichir n'a point reveillé
le génie des Pauvres ; trop satisfaits
de leur indépendance , ils ont eû
pitié de l'esclavage des Riches , et leur
ont fourni charitablement les moyens de
recouvrer leur liberté , par un emploi indiscret
de leurs richesses .
Supposons , si l'on veut , que
l'homme
est aussi heureux avec l'abondance , qu'il
l'est en effet dans le sein de la Pauvreté .
Dans cette hypothese il en coûteroit bien
plus à l'indigent d'acquerir laborieusement
l'opulence , que d'être assez sage
pour s'en passer. L'un demande des soins ,
l'autre laisse une entiere liberté. Or s'il
étoit deux voyes pour arriver à un sort
heureux , celle qui va à son but à moins
des frais , doit , sans contredit , être préferée
.
J'avoüe que si les richesses n'étoient
attachées qu'à la vertu , il y auroit de la
honte à n'être pas riche ; mais si le hazard
distribue les biens , si la violence
les ravit , s'il faut souvent des crimes pour
se dérober à la Pauvreté , seroit - il raisonnable
d'attacher une espece d'opprobre
à un état , qui semble être le partage
de la Nature et de la vertu ?
Nos premiers Législateurs , les Philosophes
et les Poëtes , ces génies divins
3
A O UST. 1733. 1791
vins , qui ont eû une idée si juste du
Parfait et du Vrai , ont méprisé les richesses
avec tant de constance et sans
doute avec tant de sincerité, qu'ils furent
toujours mal nourris et mal vétus . Les
uns tendoient à l'état le plus vertueux ,
les autres prétendoient à une réputation
immortelle ; il faudroit être de bien mauvaise
humeur pour ne pas vouloir ressembler
à d'aussi honnêtes gens.
Parlons plus sérieusement. Nous ne
pouvons douter que la Nature ne soit
aussi prévoyante qu'elle est parfaite dans
ses productions ; il n'est point d'Animaux
à qui elle ne donne , avec la vie ,
tout ce qui est utile pour la conserver.
Seroit- elle plus injuste envers les hommes?
non , sans doute , elle a placé dans
le coeur et dans l'esprit de nos parens
toute la sensibilité et toute l'industrie
nécessaire pour fournir à nos besoins . Mais
elle n'est point allée au delà , les richesses
n'entrent pour rien dans le sistême.
de notre conservation ; ensorte qu'elles
sont à notre égard des biens étrangers
et superflus ; car on n'accuseroit pas la
Nature de nous les avoir refusées , si elles
nous eussent été nécessaires.
D'ailleurs son intention a été de mettre
une parfaite égalité entre les hom,
E v mes
1792 MERCURE DE FRANCE
mes . Mere tendre et affectionnée , elle
leur a également départi ses faveurs . Ce
principe bien reconnu , il est évident que
la force ou la fraude ont été les instru→
mens de la fortune du premier Riche ,
et qu'on doit regarder encore aujourd'hui
un nouveau Parvenu , comme l'ent
nemi et le tyran du genre humain . Mais
heureusement son iniquité no passe jamais.
à des successeurs éloignéz , et nous voyons
avec complaisance que le fils même restitue
bien-tôt au Public par de folles dé
penses , ce que le Pere avoit injustement
enlevé.
C'est peut-être dans la médiocrité que
l'on trouve le bonheur , les grands biens.
peuvent causer des peines , mais une fortune
médiocre exempte également et
des besoins de la vie , et de l'embarras
des richesses. Voila ce que le préjugé
offre de plus spécieux en faveur de la
médiocrité ; qu'il m'en coûtera peu pour
combattre ce raisonnement ! que la vic
roire est facile !
Si la médiocrité des biens faisoit celle
des désirs , il seroit juste de la préferer
à tous les autres Etats; mais la cupidité de
l'homme est si inquiéte , qu'elle le porte
à faire sans cesse des efforts pour s'accroître
et saisir avidement tout ce qui
t
peut
AOUST. 1733 : 1793
peut le conduire à un sort qu'il estime
plus heureux. Celui qui se trouve dans la
médiocrité , souhaite à proportion de ses
facultez , et dès qu'il souhaire il est malheureux.
Ce qui fait le bonheur du Pauvre
, c'est qu'il n'a rien pour soutenir ou
exciter son ambition , et que l'envie qu'il
pourroit avoir de s'élever , cesse ou s'évanouit
dès que les moyens lui en sont
ravis.
Il est aisé à présent de conclure qu'on
a eu tort de donner tant de louanges à
cette médiocrité chimérique , qui ne fait
qu'allumer nos desirs , sans pouvoir les
satisfaire . Examinez un Pere de famille
dans une fortune médiocre , si le present
F'agite , l'avenir l'inquiete encore davantage
; il n'y découvre que des changemens
fâcheux ; il y voit ses biens dissipez
avec profusion , ou du moins mal
ménagez. L'avenir est au contraire un
sujet de joye pour le Pauvre , tous les
hazards et toutes les révolutions sont
pour lui , et quand on supposeroit que
son coeur formât quelques desirs , il en
ressent la douceur sans en avoir l'inquiétude
; l'élevation de ses pareils le fait
jouir par avance des biens qu'il n'a pas ,
mais qu'il peut avoir ; le Riche vit dans la
crainte , le Pauvre dans l'esperance; quelle
disparité de bonheur ! Evi Dès
1794 MERCURE DE FRANCE
Dès- là nous voyons que la Pauvreté
ne nous prive d'aucuns des biens solides
de la vie , et qu'il ne manque pour achever
son triomphe que de montrer qu'elle
nous procure des plaisirs plus vifs et plus
que l'opulence même. délicats
La crainte de ne devoir qu'à ses largesses
, les complaisances d'un sexe enchanteur
, empoisonne nos plaisirs , et en ôte
tout le piquant ; notre délicatesse s'en offense
, et veut une tendresse toute gratuite.
Le Pauvre jouit de ce bonheur , et
ne le doit qu'à son mérite personnel ; tandis
que le Riche peut craindre à chaque
instant que les faveurs qu'on lui accorde
, ne prennent leur source dans la va
nité ou dans l'interêt.
Pareil avantage dans l'amitié. La Félicité
la plus parfaite , celle des Dieux, dit .
un ancien , seroit ennuïeuse sans la confiance
d'un ami ; ainsi tâchons d'ajoûter à
notre bonheur celui de nous attacher un
ami sincere , également sensible à nos
biens et à nos maux . Mais où le trouver ,
et comment le connoître ? Si des avantages
apparens surprennent sa complai
sance ; sous le nom d'ami , ne sera ce
point un fateur , dévoué à la fortune ,
plutôt qu'à la personne ? Pour faire cette
épreuve délicate , feignons qu'un malheur
AOUST. 1733. 1798
heur imprévu vient de nous enlever nos
richesses ; dans l'instant nous verrons ces
amis prétendus nous abandonner rapidement
, heureux encore si nos bienfaits
passez ne deviennent pas pour eux des
raisons de nous mépriser et de nous haïr .:
Mais le plus heureux effet de la Pauvreté
, c'est qu'elle nous ôte la cause des
vices , et nous laisse toutes les vertus à
pratiquer. L'humilité s'attire le respect
par elle - même ; c'est le fondement de
toutes les vertus , et nous aimons naturellement
autant les personnes humbles
et modestes , que nous fuïons les arrogans
et les présomptueux . Dans l'usage
du monde nous voïons que l'o gueil , la
jalousie , la haine sont des vices attach z
à l'opulence , et que l'honnêteté , la douceur
, la patience suivent la disette ; mais,
par une bizarrerie , dont on ne peut rendre
raison , on fuit les gens vertueux dans
l'indigence , pour idolatrer des insolens
dans la prosperité , comme si le respect
qu'on a pour les biens , devoit passer
jusqu'à ceux qui les possedent.
La reconnoissance seroit ignorée parmi
les hommes , si les pauvres ne l'avoient
fait connoître. Cette vertu des belles
ames agit chez l'indigent avec autant de
vivacité que l'esperance même ; les besoins
1797 MERCURE DE FRANCE
soins la multiplient et lui prêtent tous
les jours un nouveau feu.
La politique s'accorde enfin avec la
morale , à donner la préférence aux pauvres
sur les riches ; ceux cy sont infiniment
moins utiles à l'Etat que les premiers.
Retire til , en effet , quelque profit
de la bravoure meurtriere des Gens de
Guerre , des décisions innombrables et
ambigues des Juri consultes ; de l'esprit
inventif et ruineux des Partisans ; il ne
reste que des voeux à faire sur ce sujets
cependant tous ces membres de la République
ne peuvent se passer des pauvres
pour fournir à leurs besoinss mais le pauvre
qui travaille , subsiste indépendemment
d'eux le labour de ses mains lui
suffit , et il arrive à la fin de ses jours ;
sans superflu et sans misere.
Que dirai je davantage en faveur de
la Pauvreté ? J'ai fait voir qu'elle nous
rapproche de la nature , qu'elle éloigne
de nous des maux cruels , qui sont comme
l'appanage de la cupidité ; qu'elle
nous apprête des plaisirs purs et tranquiles
Il ne me reste qu'à donner un avis
salutaire aux Riches , que mon Discours
aura persuadeż : Je ne veux point qu'ils
imitent ce Philosophe insensé
*
qui jetta
* Cratés ou Aristippe , on attribuë cette espece
de folie à l'un et à l'autre.
AOUST. 1733. 1797
son argent dans la Mer , comme si la sagesse
eut été incompatible avec l'opulence
; la raison n'exige point un pareil
sacrifice . Elle nous avertit seulement de
ne souhaitter jamais plus de bien qu'il
n'en faut aux simples besoins de la natu
re , et nous montre le cas que nous devons
faire des Richesses , en voyant on
le de mérite de ceux qui les possepeu
dent , ou le mauvais usage qu'ils en font
Fermer
Résumé : ELOGE de la Pauvreté, par M....
Le texte 'Éloge de la Pauvreté' défend la pauvreté comme le plus grand des biens, en se distinguant des émulateurs d'Érasme qui ont simplement copié le titre de 'L'Éloge de la Folie' sans en comprendre la morale. L'auteur vise à démontrer que la pauvreté procure une félicité constante. L'auteur observe que la pauvreté est devenue commune et populaire, peut-être en raison de son attrait et du goût imitatif contemporain. Il s'adresse à ceux qui craignent la pauvreté, expliquant que ceux qui ignorent l'opulence trouvent inutiles les superflus et que le bonheur réside dans la régulation des besoins selon la nature. Le texte critique l'idée que les richesses apportent le repos, affirmant que le véritable bonheur est intérieur et non matériel. Il souligne que la conservation des richesses coûte autant que leur acquisition. L'auteur reconnaît que la pauvreté stimule l'industrie, mais il soutient que l'envie de s'enrichir n'est pas la source du génie des pauvres. Il compare les efforts nécessaires pour acquérir l'opulence à la simplicité de se contenter de peu, préférant la voie qui demande moins d'efforts. L'auteur argue que les richesses ne sont pas nécessaires à la survie et que la nature a doté les hommes de tout ce qui est utile pour vivre. Le texte met en avant l'égalité naturelle entre les hommes et critique l'injustice des riches, qui acquièrent leurs biens par la force ou la fraude. Il souligne que la médiocrité des biens n'apporte pas le bonheur, car elle excite les désirs sans les satisfaire. L'auteur conclut que la pauvreté ne prive pas des biens solides de la vie et procure des plaisirs plus vifs et délicats. Il souligne que les pauvres jouissent de faveurs gratuites, contrairement aux riches qui peuvent craindre que les complaisances ne soient motivées par l'intérêt. La pauvreté est également présentée comme un moyen d'éviter les vices et de pratiquer les vertus, comme l'humilité et la reconnaissance. Enfin, le texte affirme que les pauvres sont plus utiles à l'État que les riches, car ils travaillent indépendamment et subsistent par leurs propres moyens. L'auteur conseille aux riches de ne pas souhaiter plus de biens que nécessaire pour les besoins naturels.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1065
p. 1865-1868
De Constantinople le 8. Juillet 1733.
Début :
Depuis la Lettre, Monsieur, que je vous écrivis le 14. du mois de May dernier, où [...]
Mots clefs :
Pacha , Perse, Djanum-Codja, Topal Osman Pacha, Capitan pacha, Constantinople, Galères, Tartares
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Constantinople le 8. Juillet 1733.
De Constantinople le 8. Juillet 1733.
Depuisle Le du mois de May dernier ,
Epuis la Lettre , Monsieur , que je vous
ou
je vous mandois que plus de 30000. Tartares
s'acheminoient vers la Perse par une nouvelle
route qu'ils s'étoient faite à travers les Rochers
du Mont Caucase , on a eu plusieurs avis qui
portent que leur nombre s'étoit acru de moitié
en chemin , et qu'ils étoient arrivez dans le Daguestan
; qu'ils s'y étoient joints aux Lesghis,Sujets
du G.S. qui habitent une partie des Montagnes
dont toute cette Province est composée;que
ces deux Peuples devoient aller incessamment
savager ensemble les Frontieres de Perse de ce
côté-là , et que les Lesghis , de l'autre partie du
Daguestan , qui est sous la domination des Moscovites
s'étoient la plupart révoltez pour se
mettre sous celle de l'Empire Ottoman. On dou
te cependant encore ici de la certitude de ces
nouvelles , parce que l'Aga , qui est allé par
ordre de la Porte, accompagner les Tartares dans
leur marche , et qui est chargé d'en venir rendre
compte , ainsi que de leur arrivée en Perse , n'est
pas encore de retour à Constantinople.
J'ajouterai à l'occasion des Tartares , que de
puis quelques jours il en vient par troupes aux
"
H vj
environs
1866 MERCURE DE FRANCE
environs de cette Ville , où ils campent avec
leurs chevaux , dont chaque Tartare en a amené ,
cinq ou six avec lui , pour charger son butin . Ce
sont des Volontaires du Budgiak dans la Bessarabie
, commandez par des Mirzas , ou petits
Princes du Pays , qui sans ordre du Khan de la
Crimée ni de la Porte , se sont déterminez de
leur propre mouvement à aller chercher fortune
en Perse. On compte qu'ils seront sept ou huit
mille ; on les expedie ici à mesure qu'ils arrivent
après un séjour fort court , en leur donnant des
Lettres de recommandation et des ordres pour
les Pachas et autres Officiers du G. S. qui doivent
les secourir dans leur passage par terre en
Asie , et les employer où ils jugeront à propos.
On attend tous les jours de Perse , des nouvelles
d'une grande importance ; quant à present
il ne se peut rien dire de positif sur l'état où sont
les affaires des Turcs en ce Pays - là . On assure
seulement que Topal - Osman- Pacha , a dû partir
de Mossul avec une grosse Armée , munie de toute
sorte de provisions en abondance , le 19. de la
Lune de Muharem , ce qui revient au 3c . de Juin;
qu'il marchoit dans le dessein d'aller faire lever
le blocus de Bagdad , et de combattre Thamas
Kouli Khan , qui commande une Armée Persanne
, à la verité , fort superieure par le nombre
à celle des Turcs , mais fort inferieure pour
la bonté des Troupes.
Quoique Djanum- Codja ait été fait Capitan-
Pacha pour la troisième fois dès le · ƒ . May , il
n'arriva cependant ici que le 8. Juin , parce que
quelques jours avant qu'on lui rendît cette dignité
et qu'on le retirât de Lepante , dont il étoit
Pacha depuis sa derniere disgrace , il y a deux
ans , on l'avoit nommé Pacha de l'Isle de Negrepont
A O UST . 1733. 1867
grepont , et ensuite de celle de Candie , de sorte
qu'à peine fut-il arrivé à cette premiere Isle
qu'il eut ordre de passer en Candie , où deux
jours après son débarquement , il reçut de nouveaux
ordres pour venir incessamment à Constantinople
reprendre la Charge de Capitan-
Pacha.
Abdi-Capoudan est mort le 12. Juin ; c'étoit
un homme doux et fort raisonnable . De Capitaine
du Port qu'il étoit , quand la Révolution
de Constantinople arriva le 28. Septembre 1730.
le G. S. Achmet III . avant que d'être détrôné ,
le fit Capitan - Pacha , mais il ne resta en place
qu'environ un mois , et il fut envoyé Pacha à
Napoli de Romanie , d'où on l'avoit fait venirpour
exercer , par interim , les fonctions de Capitan-
Pacha , ce qu'il a fait quoiqu'accablé d'infirmitez
, depuis le 16. May jusqu'au jour que
Djanum -Codja est revenu en dernier lieu remplir
cette importante Charge.
Le 28. Juin , ce nouveau Capitan - Pacha fit ce
qu'on appelle ici sa Sortie , c'est - à- dire , qu'il
alla avec toutes les Galeres , saluer le G. S. qui .
étoit dans un Kiose ou Pavillon du Serrail , au
rez - de -chaussée , sur le bord de la Mer. Sa
Hautesse le fit revêtir , suivant la coûtume
d'une Félisse de Samour , et fit donner un Caftan
à chacun des Beys ou Capitaine des douze
Galeres qui avoient accompagné la Bastarde ,
que Djanum- Codja montoit , et qui est pour le
rang comme la Reale ou la Patrone en France.
Après quoi toutes ces Galeres ayant fait chacune
une décharge de son Artillerie en passant devant
le Kiosc du Sultan , elles allerent moüiller
le long du Canal de la Mer Noire , du côté
d'Europe , depuis l'entrée du Port jusqu'à Bechik-
Tach. Le
1868 MERCURE DE FRANCE
Le 2. de ce mois , Djanum - Codja est parti
avec 10. Galeres seulement , les trois autres qui
rentrerent dans le Port
ayant apparemment
une autre destination. On dit qu'il va visiter
les principales Isles de l'Archipel , et de - là pren
dre le commandement des Vaisseaux du G. S.
qui ont pris les devans en differens temps an
nombre de douze , qui doivent être joints par
les cinq Vaisseaux que les Algeriens ont sauvés
de leur nauffrage aux Isles de Mosconisy , et
par deux ou trois autres qu'on acheve d'armer
ici , et dont un a déja fait voile depuis le départ
de Djanum- Codja.
Le Sultan Hassan , fils du feu G. S. Mustapha
, frere du G. S. d'aujourd'hui , mourut le
3. de Juin dernier , jour de la Fête du petit Bairam
, d'une maladie , dont , comme il arrive
d'ordinaire à la mort de ses pareils, le Public n'a
pas été bien informé. On dit que ce Prince , qui
avoit environ 34. ans , étoit beau , grand et bien
fait. C'étoit le cadet de S. H. et l'aîné du Sultan
Soliman,qu'on dit être aussi fort aimable, et qui
est le dernier des Enfans de Mustapha détrôné
en 1703. Je suis , &c .
P. V. D.
Depuisle Le du mois de May dernier ,
Epuis la Lettre , Monsieur , que je vous
ou
je vous mandois que plus de 30000. Tartares
s'acheminoient vers la Perse par une nouvelle
route qu'ils s'étoient faite à travers les Rochers
du Mont Caucase , on a eu plusieurs avis qui
portent que leur nombre s'étoit acru de moitié
en chemin , et qu'ils étoient arrivez dans le Daguestan
; qu'ils s'y étoient joints aux Lesghis,Sujets
du G.S. qui habitent une partie des Montagnes
dont toute cette Province est composée;que
ces deux Peuples devoient aller incessamment
savager ensemble les Frontieres de Perse de ce
côté-là , et que les Lesghis , de l'autre partie du
Daguestan , qui est sous la domination des Moscovites
s'étoient la plupart révoltez pour se
mettre sous celle de l'Empire Ottoman. On dou
te cependant encore ici de la certitude de ces
nouvelles , parce que l'Aga , qui est allé par
ordre de la Porte, accompagner les Tartares dans
leur marche , et qui est chargé d'en venir rendre
compte , ainsi que de leur arrivée en Perse , n'est
pas encore de retour à Constantinople.
J'ajouterai à l'occasion des Tartares , que de
puis quelques jours il en vient par troupes aux
"
H vj
environs
1866 MERCURE DE FRANCE
environs de cette Ville , où ils campent avec
leurs chevaux , dont chaque Tartare en a amené ,
cinq ou six avec lui , pour charger son butin . Ce
sont des Volontaires du Budgiak dans la Bessarabie
, commandez par des Mirzas , ou petits
Princes du Pays , qui sans ordre du Khan de la
Crimée ni de la Porte , se sont déterminez de
leur propre mouvement à aller chercher fortune
en Perse. On compte qu'ils seront sept ou huit
mille ; on les expedie ici à mesure qu'ils arrivent
après un séjour fort court , en leur donnant des
Lettres de recommandation et des ordres pour
les Pachas et autres Officiers du G. S. qui doivent
les secourir dans leur passage par terre en
Asie , et les employer où ils jugeront à propos.
On attend tous les jours de Perse , des nouvelles
d'une grande importance ; quant à present
il ne se peut rien dire de positif sur l'état où sont
les affaires des Turcs en ce Pays - là . On assure
seulement que Topal - Osman- Pacha , a dû partir
de Mossul avec une grosse Armée , munie de toute
sorte de provisions en abondance , le 19. de la
Lune de Muharem , ce qui revient au 3c . de Juin;
qu'il marchoit dans le dessein d'aller faire lever
le blocus de Bagdad , et de combattre Thamas
Kouli Khan , qui commande une Armée Persanne
, à la verité , fort superieure par le nombre
à celle des Turcs , mais fort inferieure pour
la bonté des Troupes.
Quoique Djanum- Codja ait été fait Capitan-
Pacha pour la troisième fois dès le · ƒ . May , il
n'arriva cependant ici que le 8. Juin , parce que
quelques jours avant qu'on lui rendît cette dignité
et qu'on le retirât de Lepante , dont il étoit
Pacha depuis sa derniere disgrace , il y a deux
ans , on l'avoit nommé Pacha de l'Isle de Negrepont
A O UST . 1733. 1867
grepont , et ensuite de celle de Candie , de sorte
qu'à peine fut-il arrivé à cette premiere Isle
qu'il eut ordre de passer en Candie , où deux
jours après son débarquement , il reçut de nouveaux
ordres pour venir incessamment à Constantinople
reprendre la Charge de Capitan-
Pacha.
Abdi-Capoudan est mort le 12. Juin ; c'étoit
un homme doux et fort raisonnable . De Capitaine
du Port qu'il étoit , quand la Révolution
de Constantinople arriva le 28. Septembre 1730.
le G. S. Achmet III . avant que d'être détrôné ,
le fit Capitan - Pacha , mais il ne resta en place
qu'environ un mois , et il fut envoyé Pacha à
Napoli de Romanie , d'où on l'avoit fait venirpour
exercer , par interim , les fonctions de Capitan-
Pacha , ce qu'il a fait quoiqu'accablé d'infirmitez
, depuis le 16. May jusqu'au jour que
Djanum -Codja est revenu en dernier lieu remplir
cette importante Charge.
Le 28. Juin , ce nouveau Capitan - Pacha fit ce
qu'on appelle ici sa Sortie , c'est - à- dire , qu'il
alla avec toutes les Galeres , saluer le G. S. qui .
étoit dans un Kiose ou Pavillon du Serrail , au
rez - de -chaussée , sur le bord de la Mer. Sa
Hautesse le fit revêtir , suivant la coûtume
d'une Félisse de Samour , et fit donner un Caftan
à chacun des Beys ou Capitaine des douze
Galeres qui avoient accompagné la Bastarde ,
que Djanum- Codja montoit , et qui est pour le
rang comme la Reale ou la Patrone en France.
Après quoi toutes ces Galeres ayant fait chacune
une décharge de son Artillerie en passant devant
le Kiosc du Sultan , elles allerent moüiller
le long du Canal de la Mer Noire , du côté
d'Europe , depuis l'entrée du Port jusqu'à Bechik-
Tach. Le
1868 MERCURE DE FRANCE
Le 2. de ce mois , Djanum - Codja est parti
avec 10. Galeres seulement , les trois autres qui
rentrerent dans le Port
ayant apparemment
une autre destination. On dit qu'il va visiter
les principales Isles de l'Archipel , et de - là pren
dre le commandement des Vaisseaux du G. S.
qui ont pris les devans en differens temps an
nombre de douze , qui doivent être joints par
les cinq Vaisseaux que les Algeriens ont sauvés
de leur nauffrage aux Isles de Mosconisy , et
par deux ou trois autres qu'on acheve d'armer
ici , et dont un a déja fait voile depuis le départ
de Djanum- Codja.
Le Sultan Hassan , fils du feu G. S. Mustapha
, frere du G. S. d'aujourd'hui , mourut le
3. de Juin dernier , jour de la Fête du petit Bairam
, d'une maladie , dont , comme il arrive
d'ordinaire à la mort de ses pareils, le Public n'a
pas été bien informé. On dit que ce Prince , qui
avoit environ 34. ans , étoit beau , grand et bien
fait. C'étoit le cadet de S. H. et l'aîné du Sultan
Soliman,qu'on dit être aussi fort aimable, et qui
est le dernier des Enfans de Mustapha détrôné
en 1703. Je suis , &c .
P. V. D.
Fermer
Résumé : De Constantinople le 8. Juillet 1733.
Le 8 juillet 1733, des rapports indiquent que plus de 30 000 Tartares se dirigeaient vers la Perse en empruntant une nouvelle route à travers les rochers du Mont Caucase. Leur nombre aurait doublé en chemin, atteignant environ 60 000. Ils se sont alliés aux Lesghis du Daguestan, sujets du Sultan, pour attaquer les frontières persanes. Parallèlement, les Lesghis sous domination moscovite se sont révoltés pour se placer sous l'Empire Ottoman. Cependant, ces informations restent incertaines, car l'Aga envoyé pour accompagner les Tartares n'est pas encore revenu. Des Tartares volontaires du Budgiak en Bessarabie, commandés par des Mirzas, sont également arrivés à Constantinople. Ils sont environ 7 000 à 8 000 et ont été envoyés vers la Perse avec des lettres de recommandation et des ordres pour les Pachas. En Perse, Topal Osman Pacha a quitté Mossul avec une armée pour lever le blocus de Bagdad et combattre Thamas Kouli Khan, dont l'armée persane est plus nombreuse mais moins qualifiée. Djanum Codja a été nommé Capitain-Pacha pour la troisième fois le 1er mai et est arrivé à Constantinople le 8 juin. Abdi-Capoudan, ancien Capitain-Pacha, est décédé le 12 juin. Le 28 juin, Djanum Codja a effectué sa 'Sortie' avec les galères pour saluer le Sultan. Le Sultan Hassan, fils du défunt Mustapha et frère du Sultan actuel, est mort le 3 juin à l'âge de 34 ans. Djanum Codja est parti le 2 juillet avec 10 galères pour visiter les principales îles de l'Archipel et prendre le commandement des vaisseaux du Sultan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1066
p. 1868-1870
POLOGNE.
Début :
Le Primat et le Sénat prennent des mesures pour que la République puisse mettre une [...]
Mots clefs :
République, Royaume, Noblesse, Liberté, Nation, Sénat, Prérogatives, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Primat et le Sénat prennent des mesures
pour que la République puisse mettre une
Armée considerable sur pied le mois prochain ;
on fait des levées dans tout le Royaume , et le
Régimentaire de la Couronne a reçû ordre de
faire prendre les armes à la trentiéme partie des
habitans du Pays qui ne sont pas Gentilshommes
, et qui sont en état de servir . La Noblesse
est
A O UST. 1733. 1869.
est prête aussi à monter à cheval , et elle parofe
résolue à deffendre jusqu'à la derniere extrémité
ses prérogatives contre les entreprises des Puissances
qui y voudroient donner atteinte.
On a fait avancer des Troupes sur les
Frontieres de Silesie , et elles doivent entrer dans
cette Province , si les Troupes Imperiales marchent
en Pologne.
Le 22. Juillet , le Primat remit au Comte de
Wilsech , la réponse à la déclaration que ce Ministre
lui avoit faite le 20. Juin de la part de
l'Empereur. Cette réponse contient que le Pri
mat et le Sénat n'ayant eu d'autre vûë que de
conserver l'union parmi la Noblesse et d'assurer '
sa liberté , et n'ayant fait depuis la mort du feu
Roy , aucune démarche qui ne tendît à ce but
ils ont lieu d'être surpris qu'on essaye de rendre,
leurs intentions suspectes à la Nation ; que c'est
faire une injure sensible à la Noblesse Polonoise .
que d'avancer qu'il y ait dans un Corps si jaloux
de ses prérogatives , quelqu'un qui ose impunément
entreprendre de contraindre les suffrages ,
employer pour cet effet les menaces et même la
violence , et qui fait dépendre les Déliberations
publiques de sa volonté particuliere ; que la République
verra toujours avec plaisir les Puissan
ces voisines la proteger , lorsque cette protection ,
ne deviendra pas une oppression , et que sous
prétexte de vouloir que la Nation soit libre , on
ne cherchera pas à lui ôter sa liberté , en se rendant
l'Arbitre et l'Interprete des Loix et des
Constitutions du Royaume ; qu'il appartient
aux seuls Polonois de les maintenir , de les abroger
ou de les interpreter ; et que comme ils ne
sont obligez de consulter aucune Puissance
Etrangere lorsqu'ils jugent à propos d'établir
quel
1370 MERCURE DE FRANCE
quelque nouvelle Loi dans leur Pays , ils n'ont
pas besoin du consentement d'aucun de leurs '
voisins pour déroger aux anciennes , quand ils
croyent que les circonstances le demandent ; que
si l'Empereur veut sincerement deffendre la liberté
de la Nation , c'est - à- dire , lui conserver le
droit d'être seule l'Arbitre et l'Interprete de ses
Loix , Sa Majesté Impériale satisfera en mêmetemps
à ce qu'elle se doit à elle-mê ‹ne , à
qu'elle doit à une République qui depuis longtemps
est son alliée , et qu'un dessein si conforme
aux regles de la justice , et si avantageux
au Royaume , excitera une sincere reconnoissance
dans les coeurs de tous les Polonois zelez
pour le bien public .
E Primat et le Sénat prennent des mesures
pour que la République puisse mettre une
Armée considerable sur pied le mois prochain ;
on fait des levées dans tout le Royaume , et le
Régimentaire de la Couronne a reçû ordre de
faire prendre les armes à la trentiéme partie des
habitans du Pays qui ne sont pas Gentilshommes
, et qui sont en état de servir . La Noblesse
est
A O UST. 1733. 1869.
est prête aussi à monter à cheval , et elle parofe
résolue à deffendre jusqu'à la derniere extrémité
ses prérogatives contre les entreprises des Puissances
qui y voudroient donner atteinte.
On a fait avancer des Troupes sur les
Frontieres de Silesie , et elles doivent entrer dans
cette Province , si les Troupes Imperiales marchent
en Pologne.
Le 22. Juillet , le Primat remit au Comte de
Wilsech , la réponse à la déclaration que ce Ministre
lui avoit faite le 20. Juin de la part de
l'Empereur. Cette réponse contient que le Pri
mat et le Sénat n'ayant eu d'autre vûë que de
conserver l'union parmi la Noblesse et d'assurer '
sa liberté , et n'ayant fait depuis la mort du feu
Roy , aucune démarche qui ne tendît à ce but
ils ont lieu d'être surpris qu'on essaye de rendre,
leurs intentions suspectes à la Nation ; que c'est
faire une injure sensible à la Noblesse Polonoise .
que d'avancer qu'il y ait dans un Corps si jaloux
de ses prérogatives , quelqu'un qui ose impunément
entreprendre de contraindre les suffrages ,
employer pour cet effet les menaces et même la
violence , et qui fait dépendre les Déliberations
publiques de sa volonté particuliere ; que la République
verra toujours avec plaisir les Puissan
ces voisines la proteger , lorsque cette protection ,
ne deviendra pas une oppression , et que sous
prétexte de vouloir que la Nation soit libre , on
ne cherchera pas à lui ôter sa liberté , en se rendant
l'Arbitre et l'Interprete des Loix et des
Constitutions du Royaume ; qu'il appartient
aux seuls Polonois de les maintenir , de les abroger
ou de les interpreter ; et que comme ils ne
sont obligez de consulter aucune Puissance
Etrangere lorsqu'ils jugent à propos d'établir
quel
1370 MERCURE DE FRANCE
quelque nouvelle Loi dans leur Pays , ils n'ont
pas besoin du consentement d'aucun de leurs '
voisins pour déroger aux anciennes , quand ils
croyent que les circonstances le demandent ; que
si l'Empereur veut sincerement deffendre la liberté
de la Nation , c'est - à- dire , lui conserver le
droit d'être seule l'Arbitre et l'Interprete de ses
Loix , Sa Majesté Impériale satisfera en mêmetemps
à ce qu'elle se doit à elle-mê ‹ne , à
qu'elle doit à une République qui depuis longtemps
est son alliée , et qu'un dessein si conforme
aux regles de la justice , et si avantageux
au Royaume , excitera une sincere reconnoissance
dans les coeurs de tous les Polonois zelez
pour le bien public .
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En 1733, en Pologne, le Primat et le Sénat entreprennent de lever une armée importante. Des levées sont organisées dans tout le royaume, et le Régimentaire de la Couronne doit armer un tiers des habitants non nobles aptes au service. La noblesse se prépare à défendre ses prérogatives contre les ingérences étrangères. Des troupes sont déployées aux frontières de Silésie, prêtes à intervenir si les forces impériales pénètrent en Pologne. Le 22 juillet, le Primat remet au Comte de Wilsech la réponse à une déclaration faite par ce ministre le 20 juin au nom de l'Empereur. La réponse souligne que le Primat et le Sénat ont toujours cherché à préserver l'union et la liberté au sein de la noblesse. Ils expriment leur surprise face aux suspicions sur leurs intentions et rejettent les accusations de contrainte ou de violence dans les délibérations publiques. La République polonaise affirme son droit de maintenir, abroger ou interpréter ses lois sans ingérence étrangère. Elle invite l'Empereur à défendre sincèrement la liberté de la nation en respectant son autonomie législative et constitutionnelle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1067
p. 1870-1871
LETTRE du Roy de France au Primat.
Début :
MON COUSIN, Je vois avec plaisir par votre Lettre du 10. [...]
Mots clefs :
République, Pologne, Sentiments, Gloire, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE du Roy de France au Primat.
LETTRE du Roy de France au Primat.
MON ON COUSIN ,
Je vois avec plaisir par votre Lettre du 10.
Juin , que la Sérenissime République de Pologne
attend de moi les mêmes sentimens d'amitié dont les
Rois mes prédecesseurs ont toujours cherché à lui
donner des marques les plus distinguées . Animé du
seul amour de la liberté qui est le droit naturel et
fondamental de votre Patrie , vous n'en desirez
pour elle que l'entiere jouissance, et vous lui préparés
une gloire immortelle en annonçant à toute l'Europe
que quelque choix que la Serenissime République
fasse , elle veut toujours observer exactement et religieusement
les Traitez d'Alliance faits et renouvellez
avec ses Voisins . Quel appui et quelle pro¬
tection ne doit pas esperer un Royaume qui se conduis
avec des sentimens aussi purs , et dont il n'est
pas
AOUST. 1732 . 1871
paspermis de douter lors u'un Prélat aussi bien instruit
des Maximes de sa Nation en porte l'assuran
ce aux yeux detoutes les Puissances de l'Europe. Jela
reçois personnellement avec une veritable satisfaction
, et prét à seconder et soutenir en toutes occasions
des principes si justes et si conformes au bon→
heur de la Couronne de Pologne et à la tranquillité
du Nord, j'en ferai avec joye le fondement de la
protection dont j'ai chargé le Marquis de Monti ,
de donner les plus fortes assurances à la Serenissime
Republique . Veville le Seigneur , par une suite
de benedictions qu'il a si souvent et si visiblement
répandues sur la Pologne , inspirer l'esprit d'union
et de concorde , et réunir les suffrages sur un sujet
dont les sentimens lui sorent assez connus pour
qu'elle puisse compter qu'il ne se souviendra que de
ce qu'il devra au bonheur et au maintien de sa
Patrie , aussi-bien qu'à la gloire et à la propaga
tion de notre sainte Foy . Sur ce , je prie Dieu qu'il
vous ait , Mon Cousin , en sa sainte et digne
garde. Signé, LOUIS.
Ecrit à Compiegne le 6. Juillet 1733 .
MON ON COUSIN ,
Je vois avec plaisir par votre Lettre du 10.
Juin , que la Sérenissime République de Pologne
attend de moi les mêmes sentimens d'amitié dont les
Rois mes prédecesseurs ont toujours cherché à lui
donner des marques les plus distinguées . Animé du
seul amour de la liberté qui est le droit naturel et
fondamental de votre Patrie , vous n'en desirez
pour elle que l'entiere jouissance, et vous lui préparés
une gloire immortelle en annonçant à toute l'Europe
que quelque choix que la Serenissime République
fasse , elle veut toujours observer exactement et religieusement
les Traitez d'Alliance faits et renouvellez
avec ses Voisins . Quel appui et quelle pro¬
tection ne doit pas esperer un Royaume qui se conduis
avec des sentimens aussi purs , et dont il n'est
pas
AOUST. 1732 . 1871
paspermis de douter lors u'un Prélat aussi bien instruit
des Maximes de sa Nation en porte l'assuran
ce aux yeux detoutes les Puissances de l'Europe. Jela
reçois personnellement avec une veritable satisfaction
, et prét à seconder et soutenir en toutes occasions
des principes si justes et si conformes au bon→
heur de la Couronne de Pologne et à la tranquillité
du Nord, j'en ferai avec joye le fondement de la
protection dont j'ai chargé le Marquis de Monti ,
de donner les plus fortes assurances à la Serenissime
Republique . Veville le Seigneur , par une suite
de benedictions qu'il a si souvent et si visiblement
répandues sur la Pologne , inspirer l'esprit d'union
et de concorde , et réunir les suffrages sur un sujet
dont les sentimens lui sorent assez connus pour
qu'elle puisse compter qu'il ne se souviendra que de
ce qu'il devra au bonheur et au maintien de sa
Patrie , aussi-bien qu'à la gloire et à la propaga
tion de notre sainte Foy . Sur ce , je prie Dieu qu'il
vous ait , Mon Cousin , en sa sainte et digne
garde. Signé, LOUIS.
Ecrit à Compiegne le 6. Juillet 1733 .
Fermer
Résumé : LETTRE du Roy de France au Primat.
Le roi de France écrit au Primat de Pologne pour exprimer sa satisfaction quant à l'amitié et à la liberté que la République de Pologne souhaite préserver. Il souligne l'importance de la liberté comme droit naturel et fondamental de la Pologne et approuve son désir de jouir pleinement de cette liberté. Le roi salue également l'engagement de la Pologne à respecter les traités d'alliance avec ses voisins. Il se déclare prêt à soutenir et protéger ces principes pour le bonheur de la Couronne de Pologne et la tranquillité du Nord. Le Marquis de Monti est chargé de transmettre ces assurances à la République. Le roi prie pour que l'union et la concorde soient inspirées en Pologne. La lettre est signée Louis et datée du 6 juillet 1733 à Compiègne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1068
p. 1871-1872
« Le Prêtre qui a été arrêté pour avoir distribué plusieurs Exemplaires de l'Ecrit intitulé, [...] »
Début :
Le Prêtre qui a été arrêté pour avoir distribué plusieurs Exemplaires de l'Ecrit intitulé, [...]
Mots clefs :
Saxe, Ministre, Ministres, Comte de Wackerbarth-Salmour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Prêtre qui a été arrêté pour avoir distribué plusieurs Exemplaires de l'Ecrit intitulé, [...] »
Le Prêtre qui a été arrêté pour avoir distri
bué plusieurs Exemplaires de l'Ecrit intitulé ,
Lettre d'un Nonce à son Ami , ayant déposé
qu'ils lui avoient été remis par le Comte de Wackerbart-
Salmour , qui lui avoit donné de l'argent
pour l'engager à les répandre ; le Sénat et
une partie de la Noblesse , ont exigé que le Pri
mat écrivit à l'Electeur de Saxe , pour lui rendre
compte de l'accusation formée contre ce
Ministre , et pour demander justice de l'abus
qu'ils prétendent qu'il a fait de son Caractere,
L'Electeur de Saxe a répondu à la Lettre du
Primat , qu'il est également porté , et par l'honneur
1872 MERCURE DE FRANCE
neur qu'il a d'être fils d'un Roy de Pologne , et
par sa propre inclination , à faire tous ses efforts
pour maintenir la liberté et pour assurer
le repos et le bonheur des Polonois , qu'il ne
sçauroit croire que ses Ministres ayent osé faire
aucune démarche contraire à ses intentions et
à ses ordres , et qu'il est assuré en particulier
de la probité du Comte de Wackerbart- Salmour
, et du zele que ce Ministre a pour entretenir
une union sincere et durable entre la Saxe
et la Pologne ; que les plaintes faites contre ce
Ministre , ne sont fondées que sur la déposition
d'un témoin , que diverses raisons rendent suspect
; qu'il a lieu d'être surpris que sur un fondement
si leger , on air attaqué l'honneur de
ses Ministres , et qu'on se soit fait justice dans
le temps même qu'on paroissoit l'attendre de
lui ; qu'ainsi il demande une satisfaction proportionnée
à l'offense , que ses Ministres ont
reçue par une accusation qui blesse le respect
da à leur Caractere.
bué plusieurs Exemplaires de l'Ecrit intitulé ,
Lettre d'un Nonce à son Ami , ayant déposé
qu'ils lui avoient été remis par le Comte de Wackerbart-
Salmour , qui lui avoit donné de l'argent
pour l'engager à les répandre ; le Sénat et
une partie de la Noblesse , ont exigé que le Pri
mat écrivit à l'Electeur de Saxe , pour lui rendre
compte de l'accusation formée contre ce
Ministre , et pour demander justice de l'abus
qu'ils prétendent qu'il a fait de son Caractere,
L'Electeur de Saxe a répondu à la Lettre du
Primat , qu'il est également porté , et par l'honneur
1872 MERCURE DE FRANCE
neur qu'il a d'être fils d'un Roy de Pologne , et
par sa propre inclination , à faire tous ses efforts
pour maintenir la liberté et pour assurer
le repos et le bonheur des Polonois , qu'il ne
sçauroit croire que ses Ministres ayent osé faire
aucune démarche contraire à ses intentions et
à ses ordres , et qu'il est assuré en particulier
de la probité du Comte de Wackerbart- Salmour
, et du zele que ce Ministre a pour entretenir
une union sincere et durable entre la Saxe
et la Pologne ; que les plaintes faites contre ce
Ministre , ne sont fondées que sur la déposition
d'un témoin , que diverses raisons rendent suspect
; qu'il a lieu d'être surpris que sur un fondement
si leger , on air attaqué l'honneur de
ses Ministres , et qu'on se soit fait justice dans
le temps même qu'on paroissoit l'attendre de
lui ; qu'ainsi il demande une satisfaction proportionnée
à l'offense , que ses Ministres ont
reçue par une accusation qui blesse le respect
da à leur Caractere.
Fermer
Résumé : « Le Prêtre qui a été arrêté pour avoir distribué plusieurs Exemplaires de l'Ecrit intitulé, [...] »
Un prêtre a été arrêté pour avoir distribué des exemplaires de 'Lettre d'un Nonce à son Ami'. Il a affirmé avoir reçu ces exemplaires et de l'argent du Comte de Wackerbart-Salmour pour les répandre. Suite à cette arrestation, le Sénat et une partie de la Noblesse ont demandé au Primat d'informer l'Électeur de Saxe des accusations contre le ministre et de réclamer justice pour l'abus présumé de son caractère. L'Électeur de Saxe a répondu en affirmant son engagement à maintenir la liberté et le bonheur des Polonais. Il a exprimé son incrédulité face aux accusations, soulignant la probité du Comte de Wackerbart-Salmour et son zèle pour l'union entre la Saxe et la Pologne. Il a également mentionné que les plaintes étaient basées sur la déposition d'un témoin suspect et a demandé une satisfaction proportionnée à l'offense faite à l'honneur de ses ministres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1069
p. 1917-1918
A L'AUTEUR de l'Eloge de la Pauvreté. RONDEAU.
Début :
A votre avis ne point compter d'Ecus, [...]
Mots clefs :
Pauvreté, Avis, Plutus, Silence, Abondance, Opulence, Indigence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A L'AUTEUR de l'Eloge de la Pauvreté. RONDEAU.
A L'AUTEUR de l'Eloge de la
Pauvreté.
RONDE A U.
A Votre avis ne point compter d'Ecus ,
Etre réduit à quelques Carolus ,
N'avoir souvent de quoi remplir sa Pance ,
Vaut mieux que vivre au sein de l'opulence ;
Et partager les faveurs de Plutus.
Pour m'en convaincre , il ne faut rien de
plus ;
Mais bien des gens suivant l'antique abus ,
Préfereroient une honnête abondance ;
A votre avis.
Peut1918
MERCURE DE FRANCE.
Peut- être même , en butte à leurs rebus ,
Traiteroient-ils vos raisons de bibuss ;
Pour votre honneur, forcez- les au silence ,
Et par vertu , réduit à l'indigence ,
Ramenez - les plus touchez que confus
A votre avis.
REPONSE.
A mon avis , rouler sur les Ecus ,
A prix d'honneur gagner des Carolus ,
Six fois par jour pouvoir remplir sa pance ,
Sont des biens faux qu'apprête l'opulence ,
Aux favoris de l'aveugle Plutus.
Pour vous guérir , s'il ne faut rien de plus ;
C'est qu'avez yû le dangereux abus
De ceux qui vont préférant l'abondance
A mon avis.
Défiez - vous de leurs subtils rebus ;
Leurs vains conseils valent moins que Bibus
Le temps sçaura les forcer au silence ;
Lors , par état , réduits à l'indigence ,
Ils reviendront , de leur erreur confus ,
A mon avis.
Pauvreté.
RONDE A U.
A Votre avis ne point compter d'Ecus ,
Etre réduit à quelques Carolus ,
N'avoir souvent de quoi remplir sa Pance ,
Vaut mieux que vivre au sein de l'opulence ;
Et partager les faveurs de Plutus.
Pour m'en convaincre , il ne faut rien de
plus ;
Mais bien des gens suivant l'antique abus ,
Préfereroient une honnête abondance ;
A votre avis.
Peut1918
MERCURE DE FRANCE.
Peut- être même , en butte à leurs rebus ,
Traiteroient-ils vos raisons de bibuss ;
Pour votre honneur, forcez- les au silence ,
Et par vertu , réduit à l'indigence ,
Ramenez - les plus touchez que confus
A votre avis.
REPONSE.
A mon avis , rouler sur les Ecus ,
A prix d'honneur gagner des Carolus ,
Six fois par jour pouvoir remplir sa pance ,
Sont des biens faux qu'apprête l'opulence ,
Aux favoris de l'aveugle Plutus.
Pour vous guérir , s'il ne faut rien de plus ;
C'est qu'avez yû le dangereux abus
De ceux qui vont préférant l'abondance
A mon avis.
Défiez - vous de leurs subtils rebus ;
Leurs vains conseils valent moins que Bibus
Le temps sçaura les forcer au silence ;
Lors , par état , réduits à l'indigence ,
Ils reviendront , de leur erreur confus ,
A mon avis.
Fermer
Résumé : A L'AUTEUR de l'Eloge de la Pauvreté. RONDEAU.
Le texte relate une discussion entre deux interlocuteurs sur la préférence entre la pauvreté et l'opulence. Le premier interlocuteur soutient que vivre avec peu d'argent est préférable à une vie d'opulence. Il note que beaucoup de gens préféreraient une abondance honnête. Le second interlocuteur rétorque que les biens matériels et la richesse sont des faux avantages offerts par l'opulence. Il met en garde contre les dangers des conseils de ceux qui préfèrent l'abondance et invite à se méfier de leurs arguments. Selon lui, le temps prouvera la justesse de son point de vue, forçant les opposants à reconnaître leur erreur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1070
p. 2060-2063
POLOGNE.
Début :
Le Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur de Saxe, qu'il seroit fondé à demander [...]
Mots clefs :
Stanislaw Poniatowski, Diète, République, Varsovie, Caractère, Pologne, Ministre, Électeur, Maréchal de la Diète
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur
de Saxe, qu'il seroit fondé à demander
une satisfaction à la République , si l'on avoit
violé le Droit des Gens en la personne de son
Ministre, que le Sénat est instruit de ce qui
est dû au caractere des Ministres des Princes ;
qu'il sçait qu'ils ne sont responsables de leurs
actions qu'à leurs Maîtres , lorsqu'ils n'abusent
point de leur caractere pour enfraindre les Loix
des Etats où ils résident , et pour en troubler la
tranquillité ; mais qu'il sçait aussi , et que plusieurs
exemples le lui ont appris , comment on
en doit user avec ces Ministres , quand ils ne se
tiennent point dans les bornes que la raison et
l'équité leur prescrivent ; que les Polonois prétendent
avoir des raisons suffisantes. pour croire
que le Comte de Wackerbart Salmour a fait régandre
dans le Public l'Eerit intitulé : Lettre
dun Nonce à son Ami , et qu'ainsi ils auroient
pû ne pas respecter le Droit des Gens dans la
personne d'un- Ministre qu'ils jugent ne l'avoir
pas respecté lui-même , que cependant la République
, sans se faire justice , comme l'Electeur
l'ent
SEPTEMBRE. 1733. 2061
Pen accuse , s'est contentée de lui porter ses
plaintes, que dans le Decret qui condamne au feu
l'Ecrit dont le Sénat se plaint , le Comte de Vackerbar
n'est pas nommé , si ce n'est dans la Déclaration
du Prêtre qui a été arreté pour l'avoir
distribué , qu'ainsi ce Ministre avance sans fondement
qu'on a blessé le respect dû à son caractere
, qu'il pourroit tout au plus , si la déclaration
du Prêtre étoit fausse , exiger qu'on le punît
comme un imposteur . Qu'au reste ce n'est pas
seulement sur la déposition de ce Témoin , mais
sur plusieurs autres indices que la République
appuye son accusation contre le Comte de Vackerbar
, et qu'elle persiste à demander justice de
Pabus qu'elle prétend qu'il a fait de son caractere
.
Il paroît à Warsovie une Réponse au Manifeste
, que la Czarine a fait répandre dans le
Royaume, et par lequel S. M. Czarienne assure les
Polonois,que si elle se détermine à faire entrer des
Troupes en Pologne , ce ne sera que pour leur
fournir les moyens d'élire librement un Roy ,
et que les Moscovites y observeront une si exacte
discipline , qu'aucun Sujet de la République
ne pourra se plaindre . L'Auteur de cette Répon
se remarque qu'on n'a jamais forcé une Nation
d'accepter un secours qu'elle ne demande pas ,
et que c'est mal prouver qu'on désire que les
Polonois soient libres , que de vouloir les proteger
malgré eux . Il ajoute que les instances que
les habitans de la Curlande ont fait à la Czarin e
pour qu'elle retirât ses Troupes de ce Duché ,
ne donnent pas lieu d'esperer qu'elles seront fort
disciplinées en Pologne. Le Comte de Lewolde ,
Ambassadeur Extraordinaire de la Czarine auprès
de la République , a fait entendre qu'il par
tiroit
2062 MERCURE DE FRANCE
tiroit de Warsovie pour se retirer à Konisberg
Le 13. Août , jour auquel on avoit fixé le
transport des Corps du Roy Jean III . et de celui
du feu Roy , du Château de Warsovie , au Palais
du Fauxbourg de Cracovie , on celebra dans la
Chapelle du Château , où ils étoient en dépôt
depuis trois jours , une Messe solemnelle de Requiem
, après laquelle M. Zaluski , Evêque de
Plocko , prononça l'Oraison Funebre du feu
Roy , et le Convoi se mit ensuite en marche
dans l'ordre suivant.
Les Décurions portant leurs Drapeaux cou
verts de crêpe , le Clergé Régulier , les Communautez
des Marchands , les Peres Missionnaires ,
les Evêques , un Maître et un Ayde des Cérémonies
, un Détachement des Gardes du Corps ; un
Carosse , dans lequel étoit le Corps du Roy
Jean III . les marques de sa dignité , portées
par
le Comte Szembeck , Palatin de Siradie, par
le Comte Plembocki , Palatin de Rava , et par
M.Lasceuscki, Castelan de Sochaczew ; les Gentilshommes-
Gardes , le Corps du feu Roy dans
un autre Carosse ; les marques de sa dignité ,
portées par le Comte Potoscki , Palatin de Kiovie
et par M. Rudzinski , Castelan de Czersk , le
Comte Pomatowsck , Régimentaire de la Cou-
'ronne , suivi des principaux Officiers Militaires ;
les Grands - Mousquetaires , ayant à leur tête
M. Potoscki, leur Colonel , fermoient la`marche.
Les Carosses étoient couverts de velours cramoisi
avec des galons et des crêpines d'or ; les
habits des Cochers , des Postillons et des Valets
de Pied , qui étoient aux Portieres , étoient de
velours de la même couleur , galonné d'or. Pendant
la marche du Convoi , il y eut plusieurs
décharges de l'Artillerie du Château et des Remparts
SEPTEMBRE . 1733. 2063
parts , et lorsqu'il fut arrivé au Palais du Fauxbourgs
de Cracovie , M. Kobielski , Suffragant
de l'Evêque de Cujavie , prononça une seconde
Oraison Funebre.
L'ouverture de la Diette d'Election se fit le 25.
Août , dans le Camp près de Warsovie. Le Pri- .
mat , M. Maschalski , Maréchal de la Diette générale
de Convocation , le Comte de Poniatowski
, Régimentaire de la Couronne , et plusieurs
Sénateurs , prononcerent des Discours
fort éloquens , pour déterminer la Noblesse à
ne point se laisser intimider par les menaces des
Puissances qui paroissent vouloir contraindre sa
liberté , et pour l'exhorter à ne connoître qu'el
le- même pour Interprete des Loix et des Conetitutions
du Royaume.
Dans la seconde Séance qui se tint le lendemain
, on commença à proceder à l'Election
du Maréchal de la Diette , et les Sujets proposez
furent Mrs Radziewski et Malachuski . La troi
siéme et la quatriéme Séance , qu ise sont tenuës
avant le 23. er le 24. ont été employées à
recueillir les suffrages ; M. Radziewski a cu
1422. voix , et M. Malachouski n'en ayant cu
que 67. s'est désisté de ses prétentions en fayeur
de son Concurrent , qui dans la huitiéme
Séance du 2. Septembre fut élû unanimement
Maréchal de la Dierre.
C
Quelques personnes ont affecté de publier que
les Troupes Moscovites , commandées par le
Général Lucci , s'étoient avancées en Lithuanie,
mais il ne paroît point que ce bruit donne beau
coup d'inquietude au Primat ni à la Noblesse."
E Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur
de Saxe, qu'il seroit fondé à demander
une satisfaction à la République , si l'on avoit
violé le Droit des Gens en la personne de son
Ministre, que le Sénat est instruit de ce qui
est dû au caractere des Ministres des Princes ;
qu'il sçait qu'ils ne sont responsables de leurs
actions qu'à leurs Maîtres , lorsqu'ils n'abusent
point de leur caractere pour enfraindre les Loix
des Etats où ils résident , et pour en troubler la
tranquillité ; mais qu'il sçait aussi , et que plusieurs
exemples le lui ont appris , comment on
en doit user avec ces Ministres , quand ils ne se
tiennent point dans les bornes que la raison et
l'équité leur prescrivent ; que les Polonois prétendent
avoir des raisons suffisantes. pour croire
que le Comte de Wackerbart Salmour a fait régandre
dans le Public l'Eerit intitulé : Lettre
dun Nonce à son Ami , et qu'ainsi ils auroient
pû ne pas respecter le Droit des Gens dans la
personne d'un- Ministre qu'ils jugent ne l'avoir
pas respecté lui-même , que cependant la République
, sans se faire justice , comme l'Electeur
l'ent
SEPTEMBRE. 1733. 2061
Pen accuse , s'est contentée de lui porter ses
plaintes, que dans le Decret qui condamne au feu
l'Ecrit dont le Sénat se plaint , le Comte de Vackerbar
n'est pas nommé , si ce n'est dans la Déclaration
du Prêtre qui a été arreté pour l'avoir
distribué , qu'ainsi ce Ministre avance sans fondement
qu'on a blessé le respect dû à son caractere
, qu'il pourroit tout au plus , si la déclaration
du Prêtre étoit fausse , exiger qu'on le punît
comme un imposteur . Qu'au reste ce n'est pas
seulement sur la déposition de ce Témoin , mais
sur plusieurs autres indices que la République
appuye son accusation contre le Comte de Vackerbar
, et qu'elle persiste à demander justice de
Pabus qu'elle prétend qu'il a fait de son caractere
.
Il paroît à Warsovie une Réponse au Manifeste
, que la Czarine a fait répandre dans le
Royaume, et par lequel S. M. Czarienne assure les
Polonois,que si elle se détermine à faire entrer des
Troupes en Pologne , ce ne sera que pour leur
fournir les moyens d'élire librement un Roy ,
et que les Moscovites y observeront une si exacte
discipline , qu'aucun Sujet de la République
ne pourra se plaindre . L'Auteur de cette Répon
se remarque qu'on n'a jamais forcé une Nation
d'accepter un secours qu'elle ne demande pas ,
et que c'est mal prouver qu'on désire que les
Polonois soient libres , que de vouloir les proteger
malgré eux . Il ajoute que les instances que
les habitans de la Curlande ont fait à la Czarin e
pour qu'elle retirât ses Troupes de ce Duché ,
ne donnent pas lieu d'esperer qu'elles seront fort
disciplinées en Pologne. Le Comte de Lewolde ,
Ambassadeur Extraordinaire de la Czarine auprès
de la République , a fait entendre qu'il par
tiroit
2062 MERCURE DE FRANCE
tiroit de Warsovie pour se retirer à Konisberg
Le 13. Août , jour auquel on avoit fixé le
transport des Corps du Roy Jean III . et de celui
du feu Roy , du Château de Warsovie , au Palais
du Fauxbourg de Cracovie , on celebra dans la
Chapelle du Château , où ils étoient en dépôt
depuis trois jours , une Messe solemnelle de Requiem
, après laquelle M. Zaluski , Evêque de
Plocko , prononça l'Oraison Funebre du feu
Roy , et le Convoi se mit ensuite en marche
dans l'ordre suivant.
Les Décurions portant leurs Drapeaux cou
verts de crêpe , le Clergé Régulier , les Communautez
des Marchands , les Peres Missionnaires ,
les Evêques , un Maître et un Ayde des Cérémonies
, un Détachement des Gardes du Corps ; un
Carosse , dans lequel étoit le Corps du Roy
Jean III . les marques de sa dignité , portées
par
le Comte Szembeck , Palatin de Siradie, par
le Comte Plembocki , Palatin de Rava , et par
M.Lasceuscki, Castelan de Sochaczew ; les Gentilshommes-
Gardes , le Corps du feu Roy dans
un autre Carosse ; les marques de sa dignité ,
portées par le Comte Potoscki , Palatin de Kiovie
et par M. Rudzinski , Castelan de Czersk , le
Comte Pomatowsck , Régimentaire de la Cou-
'ronne , suivi des principaux Officiers Militaires ;
les Grands - Mousquetaires , ayant à leur tête
M. Potoscki, leur Colonel , fermoient la`marche.
Les Carosses étoient couverts de velours cramoisi
avec des galons et des crêpines d'or ; les
habits des Cochers , des Postillons et des Valets
de Pied , qui étoient aux Portieres , étoient de
velours de la même couleur , galonné d'or. Pendant
la marche du Convoi , il y eut plusieurs
décharges de l'Artillerie du Château et des Remparts
SEPTEMBRE . 1733. 2063
parts , et lorsqu'il fut arrivé au Palais du Fauxbourgs
de Cracovie , M. Kobielski , Suffragant
de l'Evêque de Cujavie , prononça une seconde
Oraison Funebre.
L'ouverture de la Diette d'Election se fit le 25.
Août , dans le Camp près de Warsovie. Le Pri- .
mat , M. Maschalski , Maréchal de la Diette générale
de Convocation , le Comte de Poniatowski
, Régimentaire de la Couronne , et plusieurs
Sénateurs , prononcerent des Discours
fort éloquens , pour déterminer la Noblesse à
ne point se laisser intimider par les menaces des
Puissances qui paroissent vouloir contraindre sa
liberté , et pour l'exhorter à ne connoître qu'el
le- même pour Interprete des Loix et des Conetitutions
du Royaume.
Dans la seconde Séance qui se tint le lendemain
, on commença à proceder à l'Election
du Maréchal de la Diette , et les Sujets proposez
furent Mrs Radziewski et Malachuski . La troi
siéme et la quatriéme Séance , qu ise sont tenuës
avant le 23. er le 24. ont été employées à
recueillir les suffrages ; M. Radziewski a cu
1422. voix , et M. Malachouski n'en ayant cu
que 67. s'est désisté de ses prétentions en fayeur
de son Concurrent , qui dans la huitiéme
Séance du 2. Septembre fut élû unanimement
Maréchal de la Dierre.
C
Quelques personnes ont affecté de publier que
les Troupes Moscovites , commandées par le
Général Lucci , s'étoient avancées en Lithuanie,
mais il ne paroît point que ce bruit donne beau
coup d'inquietude au Primat ni à la Noblesse."
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En septembre 1733, le Primat de Pologne a répondu à une lettre de l'Électeur de Saxe concernant une affaire diplomatique. Il a souligné que la République polonaise respecte le droit des gens et le rôle des ministres des princes, mais peut prendre des mesures en cas d'abus de leur part. La République accuse le Comte de Wackerbarth Salmour d'avoir diffusé un écrit intitulé 'Lettre d'un Nonce à son Ami', justifiant ainsi une violation du droit des gens. Bien que le Comte n'ait pas été nommé dans le décret condamnant l'écrit, la République insiste sur la demande de justice pour les abus présumés. À Varsovie, une réponse au manifeste de la Czarine a été publiée, critiquant l'intervention militaire russe en Pologne. Le Comte de Lewolde, ambassadeur de la Czarine, a annoncé son départ pour Königsberg. Le 13 août, les corps du roi Jean III et du feu roi ont été transférés du Château de Varsovie au Palais du Faubourg de Cracovie, accompagnés d'une messe solennelle et d'oraisons funèbres. L'ouverture de la Diète d'Élection a eu lieu le 25 août près de Varsovie. Le Primat et plusieurs sénateurs ont prononcé des discours exhortant la noblesse à défendre sa liberté face aux menaces des puissances étrangères. Lors des séances suivantes, M. Radziewski a été élu Maréchal de la Diète. Quelques rumeurs ont circulé sur l'avancée des troupes moscovites en Lituanie, mais elles n'ont pas suscité d'inquiétude majeure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1071
p. 2068-2070
Pologne, &c. [titre d'après la table]
Début :
Les dernieres Lettres de Warsovie portent, que M. Radziewski, ayant donné avis au Sénat [...]
Mots clefs :
Radziewski, Élection du roi, Primat, Nonces, Sénateurs, Sénat, Séance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pologne, &c. [titre d'après la table]
Les dernieres Lettres de Warsovie portent,
que M. Radziewski , ayant donné avis au Senat
aussi-tôt après la fin de la IX . Séance de la
Diette d'Election , qu'il en avoit eté nommé Maréchal
, le Sénat envoya sur le champ des Députez
pour le complimenter , et le 3. Septembre
le Primat et les Sénateurs se rendirent au Kolo ,
pour se joindre à l'Assemblée des Nonces . Les
Ministres Etrangers ayant eu leur Audiance de
la Diette avec les cérémonies accoûtumées , tou
tes les Séances , tenues les jours suivans , furent
employées à prendre les mesures nécessaires pour
avancer l'Election du Roy , et il fut décidé le
11. qu'on y procederoit dans la Séance du lendemain.
Le Primat fit l'ouverture de cette Séance par
un Discours , dans lequel il réprésenta de quelle
importance il étoit à la Nation de choisir un
Prince également capable de la gouverner et de
la deffendre , il ajoûta que l'honneur et l'intérêt
de la Noblesse , dépendoient, du choix qu'elle
alloit faire et que le meilleur moyen d'assurer sa
réputation et sa liberté , étoit de montrer qu'elle
ne pouvoit être intimidée par aucunes menaces
et qu'elle sçavoit exposer sa vie et ses biens plutôt
que de recevoir la loi d'aucune Puissance.
د
le
Après que le Primat eut cessé de parler
Maréchal de la Diette recueillit les suffrages ;
En commençant par le Palatinat de Cracovie
dont
SEPTEMBRE. 1733. 2069
dont tous les Nonces donnerent leurs voix an
Roy Staniñas . Le Palatinat de Posnanie suivit cer
exemple , ainsi que tous les Sénateurs et tous les
Nonces qui étoient à la Diette , à l'exception de
deux Palatins qui se retirerent , mais qui n'entraînerent
avec eux aucun des Députez de leurs'
Palatinats.
M. Radziewski ayant demandé quatre fois
de suite , à haute voix , si l'on consentoit unanimement
à l'Election du Roy Staniſlas , on répondit
à chaque fois par une acclamation générale
, Vive le Roy Stanislas .
Le Primat fit ensuite la Proclamation en la
maniere prescrite par les Constitutions du Royaume
, et la nouvelle de l'Election fut annoncée à
la Ville par le bruit du Canon des Remparts et
la Mousqueterie des Troupes.
Lorsque la proclamation fut faite , le Primat,
le Sénat et les Nonces , se rendirent au Palais du
Marquis de Monti , Ambassadeur de France , et
après y avoir rendu leurs hommages au Roy ,
qui étoit arrivé à Varsovie la nuit du 8. au 9 .
de ce mois , le conduisirent à l'Eglise Cathédrale
où le Te Deum fut chanté.
Les résolutions prises par le Prince Vienovieski
, Régimentaire du Duché de Lithuanie , par
le Prince son frere , et par quelques Gentilshommes
qui s'étoient retirez du Kolo , avant le jour
de l'Election , ne sont point encore publiques.
On apprit le 9. que le Général Lucci , étoit
entré en Lithuanie avec le Corps de Moscovites
qu'il commande , et l'on ne doute pas que si ce
Géneral ne se retire avec ses Troupes , lorsqu'il
aura appris l'Election du Roy , Sa Majesté
n'aille à la tête de la Noblesse , le forcer de sortir
des Terres de la République.
i . H Tous
2070 MERCURE DE FRANCE
Tous les Sénateurs et les Nonces qui ont assisté
à la Dierte , se sont engagez par serment de
poursuivre , comme traitres à la Patrie , ceux
qui seront convaincus d'avoir appellé des Troupes
étrangeres en Pologne , et à ne jamais souf
frir qu'on leur accorde aucune Amnistie,
que M. Radziewski , ayant donné avis au Senat
aussi-tôt après la fin de la IX . Séance de la
Diette d'Election , qu'il en avoit eté nommé Maréchal
, le Sénat envoya sur le champ des Députez
pour le complimenter , et le 3. Septembre
le Primat et les Sénateurs se rendirent au Kolo ,
pour se joindre à l'Assemblée des Nonces . Les
Ministres Etrangers ayant eu leur Audiance de
la Diette avec les cérémonies accoûtumées , tou
tes les Séances , tenues les jours suivans , furent
employées à prendre les mesures nécessaires pour
avancer l'Election du Roy , et il fut décidé le
11. qu'on y procederoit dans la Séance du lendemain.
Le Primat fit l'ouverture de cette Séance par
un Discours , dans lequel il réprésenta de quelle
importance il étoit à la Nation de choisir un
Prince également capable de la gouverner et de
la deffendre , il ajoûta que l'honneur et l'intérêt
de la Noblesse , dépendoient, du choix qu'elle
alloit faire et que le meilleur moyen d'assurer sa
réputation et sa liberté , étoit de montrer qu'elle
ne pouvoit être intimidée par aucunes menaces
et qu'elle sçavoit exposer sa vie et ses biens plutôt
que de recevoir la loi d'aucune Puissance.
د
le
Après que le Primat eut cessé de parler
Maréchal de la Diette recueillit les suffrages ;
En commençant par le Palatinat de Cracovie
dont
SEPTEMBRE. 1733. 2069
dont tous les Nonces donnerent leurs voix an
Roy Staniñas . Le Palatinat de Posnanie suivit cer
exemple , ainsi que tous les Sénateurs et tous les
Nonces qui étoient à la Diette , à l'exception de
deux Palatins qui se retirerent , mais qui n'entraînerent
avec eux aucun des Députez de leurs'
Palatinats.
M. Radziewski ayant demandé quatre fois
de suite , à haute voix , si l'on consentoit unanimement
à l'Election du Roy Staniſlas , on répondit
à chaque fois par une acclamation générale
, Vive le Roy Stanislas .
Le Primat fit ensuite la Proclamation en la
maniere prescrite par les Constitutions du Royaume
, et la nouvelle de l'Election fut annoncée à
la Ville par le bruit du Canon des Remparts et
la Mousqueterie des Troupes.
Lorsque la proclamation fut faite , le Primat,
le Sénat et les Nonces , se rendirent au Palais du
Marquis de Monti , Ambassadeur de France , et
après y avoir rendu leurs hommages au Roy ,
qui étoit arrivé à Varsovie la nuit du 8. au 9 .
de ce mois , le conduisirent à l'Eglise Cathédrale
où le Te Deum fut chanté.
Les résolutions prises par le Prince Vienovieski
, Régimentaire du Duché de Lithuanie , par
le Prince son frere , et par quelques Gentilshommes
qui s'étoient retirez du Kolo , avant le jour
de l'Election , ne sont point encore publiques.
On apprit le 9. que le Général Lucci , étoit
entré en Lithuanie avec le Corps de Moscovites
qu'il commande , et l'on ne doute pas que si ce
Géneral ne se retire avec ses Troupes , lorsqu'il
aura appris l'Election du Roy , Sa Majesté
n'aille à la tête de la Noblesse , le forcer de sortir
des Terres de la République.
i . H Tous
2070 MERCURE DE FRANCE
Tous les Sénateurs et les Nonces qui ont assisté
à la Dierte , se sont engagez par serment de
poursuivre , comme traitres à la Patrie , ceux
qui seront convaincus d'avoir appellé des Troupes
étrangeres en Pologne , et à ne jamais souf
frir qu'on leur accorde aucune Amnistie,
Fermer
Résumé : Pologne, &c. [titre d'après la table]
Les dernières lettres de Varsovie rapportent que M. Radziewski, nommé Maréchal après la IXe séance de la Diète d'Élection, a été félicité par des députés du Sénat. Le 3 septembre, le Primat et les Sénateurs se sont rendus au Kolo pour rejoindre l'Assemblée des Nonces. Les ministres étrangers ont été reçus avec les cérémonies habituelles, et les séances suivantes ont été consacrées à préparer l'élection du roi. Le 11 septembre, il a été décidé de procéder à l'élection le lendemain. Le Primat a ouvert la séance en soulignant l'importance de choisir un prince capable de gouverner et de défendre la nation. Il a ajouté que l'honneur et l'intérêt de la noblesse dépendaient de ce choix et que la meilleure manière d'assurer leur réputation et leur liberté était de ne pas se laisser intimider par des menaces. Après le discours du Primat, le Maréchal de la Diète a recueilli les suffrages, débutant par le Palatinat de Cracovie, où tous les Nonces ont voté pour le roi Stanislas. Tous les Sénateurs et Nonces présents ont suivi cet exemple, à l'exception de deux Palatins qui se sont retirés sans entraîner leurs députés. M. Radziewski a demandé à haute voix quatre fois si l'on consentait unanimement à l'élection de Stanislas, et chaque fois, une acclamation générale a répondu 'Vive le roi Stanislas'. Le Primat a ensuite proclamé l'élection selon les constitutions du royaume, et la nouvelle a été annoncée par le canon et la mousqueterie. Le Primat, le Sénat et les Nonces se sont rendus au palais du Marquis de Monti, ambassadeur de France, pour conduire le roi Stanislas, arrivé à Varsovie la nuit du 8 au 9 septembre, à l'église cathédrale où le Te Deum a été chanté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1072
p. 2070-2072
« Les menaces de l'Empereur, ni même la marche des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le [...] »
Début :
Les menaces de l'Empereur, ni même la marche des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le [...]
Mots clefs :
Empereur, Troupes, Mois, Ville, Camp, Roi, Pologne, Électeur de Saxe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les menaces de l'Empereur, ni même la marche des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le [...] »
Les menaces de l'Empereur , ni même la marche
des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le
Duc Charles Leopold de Meckelbourg à ceder
l'administration de ses Etats au Duc Louis- Chrétien
son frere , n'ont pû le déterminer à șe sou- i
mettre au Decret Imperial. Il a déclaré par plusieurs
Manifestes qu'il ne reconnoissoit aucune
Puissance qui eût droit de le dépouiller d'une
autorité qu'il ne tenoit que de ses Ancêtres , et
qu'il étoit résolu de la soutenir jusqu'à la derniere
extremité. Il a pourvû en même- temps la
Ville de Schwerin de toutes les munitions nécessaires
pour une longue résistance , et il s'y est
rsnfermé dans le dessein de ne se rendre que lorsqu'il
ne lui restera plus aucune ressource . Une
partie des Habitans du Duché , et presque tous
les Païsans des environs de cette Ville , lui sont
demeurez fideles ; ce Prince ayant fait publier
que ses Sujets prissent les Armes , tous ceux qui
sont en état de les porter , obéirent . Ils se rendirent
le 14 Septembre par troupes dans la Plaine
vis-à- vis la principale Porte de la Ville, Quelquesuns
même se détacherent le lendemain pour al
ler reconnoître un Corps de 600. hommes que ›
la Commisson Impériale a déja fait entrer dans
ce Duché pour y faire mettre le Decret de l'Empereur
à execution , et qui a pris ses quartiers
dans quelques Villages voisins , mais qui ne pa-.
Loft plus dans la Place depuis que la Garnison
lui
SEPTEMBRE. 1733. 2701
lui a enlevé plusieurs Soldats dans une sortie
qu'elle fit la nuit du 10 au 11. de ce mois.
On apprend de Vienne, que le Comte Maurice.
Antoine Solari de Broglio , et M. de Heunisch ,
Ministres Plénipotentiaires du Roy de Sardai
gne , reçurent le 1o. de ce mois des mains de
P'Empereur , au nom du Roy leur Maître , l'investiture
de toutes les parties de ses Etats qui
sont Fiefs de l'Empire. Tous les Ministres d'Etat
et la plus grande partie de la principale Noblesse
assisterent à cette Cérémonie.
Le 13. S. M. I. assista à la Procession solemnelle
que le Clergé Séculier et Régulier a coûtume
de faire tous les ans à pareil jour , elle assista
ensnite dans l'Eglise Métropolitaine à la Messe
qui fut celebrée pontificalement par le Cardinal
Archevêque de Vienne , et au Te Deum qu'on
chanta , suivant l'usage , pour remercier Dieu de
la victoire que Jean Sobieski , Roy de Pologne ,
remporta sur les Turcs en 1683. et qui les obligea
de lever le Siege de devant cette Capitale.
Les Lettres de Glogaw , portent que le 30. du
mois dernier , le Prince Louis Wittemberg , avoit
fait la Revûë des Troupes qui sont campées près
de cette Place , et que le même jour les Troupes
que l'Electeur de Saxe devoit envoyer à ce Camp,
y étoient arrivées. Selon les derniers avis reçûs
de Pilsen , les Régimens de Hesse - Cassel et de
Marulli , se rendirent le 10. au Camp que l'Empereur
a formé entre cette Place et celle d'Egra.
Ceux de Konigseg et de Philippi , y arriverent
le lendemain , ils furent joints le 13. par le
Régiment de Lobkowitz , Cuirassiers , et par
celui du Comte de Soissons . Il y a actuellement
dans ce Camp 22000. hommes et 18. Pieces de
Canon.
Hij Од
107 MERCURE DE FRANCE
On écrit de Rome , que dans le Consistoite
secret que le Pape tint le 2. de ce mois , le Car
dinal Ottoboni proposa l'Evêché d'Acqs pour
PAbbé Dandigné , et préconisa le P. Charles
Martin pour l'Abbaye Réguliere de N. D. de
Cuicy, Ordre de Prémontré, Diocèse de Laon,
L'Electeur de Saxe a envoyé de magnifiques
présens au Cardinal Annibal Albani , chargé des
affaires de Pologne à la Cour de Rome.
des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le
Duc Charles Leopold de Meckelbourg à ceder
l'administration de ses Etats au Duc Louis- Chrétien
son frere , n'ont pû le déterminer à șe sou- i
mettre au Decret Imperial. Il a déclaré par plusieurs
Manifestes qu'il ne reconnoissoit aucune
Puissance qui eût droit de le dépouiller d'une
autorité qu'il ne tenoit que de ses Ancêtres , et
qu'il étoit résolu de la soutenir jusqu'à la derniere
extremité. Il a pourvû en même- temps la
Ville de Schwerin de toutes les munitions nécessaires
pour une longue résistance , et il s'y est
rsnfermé dans le dessein de ne se rendre que lorsqu'il
ne lui restera plus aucune ressource . Une
partie des Habitans du Duché , et presque tous
les Païsans des environs de cette Ville , lui sont
demeurez fideles ; ce Prince ayant fait publier
que ses Sujets prissent les Armes , tous ceux qui
sont en état de les porter , obéirent . Ils se rendirent
le 14 Septembre par troupes dans la Plaine
vis-à- vis la principale Porte de la Ville, Quelquesuns
même se détacherent le lendemain pour al
ler reconnoître un Corps de 600. hommes que ›
la Commisson Impériale a déja fait entrer dans
ce Duché pour y faire mettre le Decret de l'Empereur
à execution , et qui a pris ses quartiers
dans quelques Villages voisins , mais qui ne pa-.
Loft plus dans la Place depuis que la Garnison
lui
SEPTEMBRE. 1733. 2701
lui a enlevé plusieurs Soldats dans une sortie
qu'elle fit la nuit du 10 au 11. de ce mois.
On apprend de Vienne, que le Comte Maurice.
Antoine Solari de Broglio , et M. de Heunisch ,
Ministres Plénipotentiaires du Roy de Sardai
gne , reçurent le 1o. de ce mois des mains de
P'Empereur , au nom du Roy leur Maître , l'investiture
de toutes les parties de ses Etats qui
sont Fiefs de l'Empire. Tous les Ministres d'Etat
et la plus grande partie de la principale Noblesse
assisterent à cette Cérémonie.
Le 13. S. M. I. assista à la Procession solemnelle
que le Clergé Séculier et Régulier a coûtume
de faire tous les ans à pareil jour , elle assista
ensnite dans l'Eglise Métropolitaine à la Messe
qui fut celebrée pontificalement par le Cardinal
Archevêque de Vienne , et au Te Deum qu'on
chanta , suivant l'usage , pour remercier Dieu de
la victoire que Jean Sobieski , Roy de Pologne ,
remporta sur les Turcs en 1683. et qui les obligea
de lever le Siege de devant cette Capitale.
Les Lettres de Glogaw , portent que le 30. du
mois dernier , le Prince Louis Wittemberg , avoit
fait la Revûë des Troupes qui sont campées près
de cette Place , et que le même jour les Troupes
que l'Electeur de Saxe devoit envoyer à ce Camp,
y étoient arrivées. Selon les derniers avis reçûs
de Pilsen , les Régimens de Hesse - Cassel et de
Marulli , se rendirent le 10. au Camp que l'Empereur
a formé entre cette Place et celle d'Egra.
Ceux de Konigseg et de Philippi , y arriverent
le lendemain , ils furent joints le 13. par le
Régiment de Lobkowitz , Cuirassiers , et par
celui du Comte de Soissons . Il y a actuellement
dans ce Camp 22000. hommes et 18. Pieces de
Canon.
Hij Од
107 MERCURE DE FRANCE
On écrit de Rome , que dans le Consistoite
secret que le Pape tint le 2. de ce mois , le Car
dinal Ottoboni proposa l'Evêché d'Acqs pour
PAbbé Dandigné , et préconisa le P. Charles
Martin pour l'Abbaye Réguliere de N. D. de
Cuicy, Ordre de Prémontré, Diocèse de Laon,
L'Electeur de Saxe a envoyé de magnifiques
présens au Cardinal Annibal Albani , chargé des
affaires de Pologne à la Cour de Rome.
Fermer
Résumé : « Les menaces de l'Empereur, ni même la marche des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le [...] »
Le Duc Charles Léopold de Mecklembourg refuse de céder l'administration de ses États au Duc Louis-Chrétien, son frère, malgré les menaces et les troupes impériales. Il affirme ne reconnaître aucune autorité pouvant le dépouiller de son pouvoir héréditaire et se prépare à résister. Il fortifie la ville de Schwerin et y rassemble des munitions. Une partie des habitants et des paysans lui restent fidèles et prennent les armes. Le 14 septembre, ils se rassemblent près de la ville pour le soutenir. La garnison de Schwerin attaque un corps de troupes impériales, capturant plusieurs soldats. À Vienne, les ministres plénipotentiaires du Roi de Sardaigne reçoivent l'investiture impériale pour les fiefs impériaux. L'Empereur célèbre la victoire de Jean Sobieski sur les Turcs en 1683. À Glogau, le Prince Louis Wittemberg passe en revue les troupes, et plusieurs régiments rejoignent le camp impérial entre Pilsen et Egra, totalisant 22 000 hommes et 18 pièces de canon. À Rome, le Cardinal Ottoboni propose des nominations ecclésiastiques lors d'un consistoire secret, et l'Électeur de Saxe envoie des présents au Cardinal Annibal Albani, chargé des affaires de Pologne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1073
p. 2214-2215
« MEMOIRES de Frédéric-Henry de Nassau, Prince d'Orange, qui contiennent [...] »
Début :
MEMOIRES de Frédéric-Henry de Nassau, Prince d'Orange, qui contiennent [...]
Mots clefs :
Mémoires de Frédéric-Henry de Nassau, Maximes politiques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « MEMOIRES de Frédéric-Henry de Nassau, Prince d'Orange, qui contiennent [...] »
MEMOIRES de Frédéric-Henry de Nas
sau,
'!
OCTOBR E. 1733. 2275
sau , Prince d'Orange , qui contiennent
ses Expéditions Militaires depuis 1621 .
jusqu'à l'année 1645.enrichis du Portrait
du Prince et de figures représentant ses
Actions , dessinées et gravées par Bernard
Picart , in 4. Chez P. Humbert , à Amsterdam
.
MAXIMES POLITIQUES , nécessaires aux
Souverains , pour connoître les vices
d'un Favori , représenté dans la vie de
Sejan, &c. Dédiées à S. M. I. Charles VI.
par J. Baptiste Giacomazzi , &c. A Venise
, chez Albrizzi , in 12. de 166.
pages. L'Ouvrage est en Italien.
sau,
'!
OCTOBR E. 1733. 2275
sau , Prince d'Orange , qui contiennent
ses Expéditions Militaires depuis 1621 .
jusqu'à l'année 1645.enrichis du Portrait
du Prince et de figures représentant ses
Actions , dessinées et gravées par Bernard
Picart , in 4. Chez P. Humbert , à Amsterdam
.
MAXIMES POLITIQUES , nécessaires aux
Souverains , pour connoître les vices
d'un Favori , représenté dans la vie de
Sejan, &c. Dédiées à S. M. I. Charles VI.
par J. Baptiste Giacomazzi , &c. A Venise
, chez Albrizzi , in 12. de 166.
pages. L'Ouvrage est en Italien.
Fermer
Résumé : « MEMOIRES de Frédéric-Henry de Nassau, Prince d'Orange, qui contiennent [...] »
Le document décrit deux ouvrages. Le premier est les 'Mémoires' de Frédéric-Henry de Nassau, Prince d'Orange, relatant ses expéditions militaires de 1621 à 1645, illustré par Bernard Picart et publié à Amsterdam en octobre 1733. Le second est 'Maximes Politiques' de J. Baptiste Giacomazzi, dédié à l'empereur Charles VI, publié à Venise en 166 pages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1074
p. 2251-2255
MANIFESTE que les Etats de la République de Pologne, assemblez en Diette pour l'Election d'un Roy, ont publié à l'occasion de l'entrée des Troupes Russiennes dans le Grand-Duché de Lithuanie.
Début :
NOUS, les Sénateurs Spirituels et Séculiers, et toute la Noblesse de la Couronne de Pologne [...]
Mots clefs :
Élection, Royaume, République, Troupes étrangères, Libre, Patrie, Sang, Puissances, Grand-duché de Lituanie, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MANIFESTE que les Etats de la République de Pologne, assemblez en Diette pour l'Election d'un Roy, ont publié à l'occasion de l'entrée des Troupes Russiennes dans le Grand-Duché de Lithuanie.
MANIFESTE que les Etats de la
République de Pologne , assemblez en
Diette pour l'Election d'un Roy , one
publié à l'occasion de l'entrée des
Troupes Russiennes dans le Grand-
Duché de Lithuanie.
No
OUS , les Sénateurs Spirituels et Séculiers;
er toute la Noblesse de la Couronne de Polo-
Ene et du Grand-Duché de Lithuanie , voulant
derniser à jamais une Procedure aussi injuste , que
2262 MERCURE DE FRANCE
elle de l'entrée des Russiens , sçavoir faisons par la
Présente , a tous un chacun .
Nous avons toujours observé inviolablement es
saintement les Traitez d'Alliance et d'Amitié avec
les très - illustres Puissances voisines. Dans la derniere
Diette generale de Convocation , nous avons
non- seulement confirmé ces Traitez , mais nous y
avons donné , tant en notre nom , qu'au nom de
nos très - illustres Rois , les assurances les plus fortes
que nous entretiendrions religieusement et avecj oye
une amitié sincere avec lesdites Puissances .
Notre intention n'a jamais été de causer le moindre
préjudice à nos Voisins ; nous en prenons à témoin
le Grand-Dieu , notre Juge suprême : Nous
sommes assemblz ici au lieu ordinaire, entre Vvarsovie
et vola,selon l'ancienne pratique en usage depuis
le Regne du très- illustre Roy Sigismond Auguste ,
conformement aux Loix fondamentales et Constitutions
du Royaume et en vertu de nos Privileges et
des Pacta Conventa , faits avec nos très-illustres
Rois , afin d'y preceder d'un suffrage libre et una-
Aime , et de notre propre mouvement et volonté , à
l'Election d'un Roy , ainsi qu'il appartient à une
Nation libre , qui ne veut être contrainte ni dépendre
de qui que ce soit ; nous avons commencé pour
cet effet nos déliberations , en će qui regarde l'Election
et les affaires de notre Royaume, et nous l'avons
fait jusqu'à présent d'une maniere paisible , n'ayant
ni guerre ni aucun differend avec qui que ce soit, et
ne voulant pas nous méler des affaires étrangeres,
Mais comme nous avons appris que l'Armée de
la très-illustre Czarienne est entrée en Lithuanie es
qu'elle poursuit sa marche vers les Frontieres de
Pologne , dans le dessein d'opprimer , sous un pou
voir arbitraire notre libre Election , indépendante
de qui que ce soit; de violenter le premier et le plus
autheng
OCTOBRE. 17337 2253
Authentique de nos droits , qui est celui de l'Election;
de violer les Pacta et les Traitez conclus cy -devant
et en particulier celui du Pruth , de maîtriser notre
Patrie exempte de tout reproche , d'y faire couler des
ruisseaux de sang et de soüiller notre Pais d'un sang
innocent ; nous ne pouvons plus nous retenir ni nous
empêcher de manifester devant Dieu , les Puissances
voisines et le Monde entier , les injustices et les
violences qu'on commet envers nous , au moyen d'u
ne procedure aussi illégale que celle de l'entrée desdites
Troupes Czariennes dans ce Royaume , sans
que nous y ayons donné le moindre sujet , et qui no
rend qu'a ravager notre Pays par des attentats injustes
, et à opprimer les droits incontestables d'une
ibre Election , acquis par nos Ancêtres au prix de
feur sang et reconnus de tout temps par les Puissances
voisines,
- Nous nous adressons à tous les Potentats , et nous
Leur déclarons par la Présente , que notre intention
n'étant pas d'agir offensivement ( Dieu en est témoin )
nous avons résolu , selon le droit naturel , et permis
à un chacun pour sa propre deffense , de sacrifier notre
sang, nos vies et tout ce qui est en notre pouvoir
, à l'exemple de nos Ancêtres , pour le maintien
d'une Prérogative et d'un droit aussi précieux
que celui d'une libre Election , et d'appeller à notre
secours celui dont la vengeance poursuit les coupables
et dont la justice prend la defense des innocens
et les maintient dans leurs Droits , Libertez et Pré-
Kogatives : Ultima pro nobis vibrabit fulmina celum
, enfin le Ciel lancerases foudres en notre faveur.
par ··Comme nous avons appris , tant les Manifestes
des Moscovites, que par la voix publique , qu'il
se trouve quelques Membres de la République , tanı
de l'Ordre Ecclesiastique que de l'Ordre Séculier,
qui
254 MERCURE DE FRANCE
qui ont appellé lesdites Troupes étrangeres pour op➡
primer avec violence et à main armée la libre Elec
tion et troubler la tranquillité, tant interieure qu'exserieure
de la Patrie, la République les regarde com
me de veritables Monstres dégénérez de leur Race,
et une engeance de Vipere dénaturée et déchaînée
contre leur propre Mere ; Elle les desavoie et les
raye du Livre des vivans et de ceux qui sont éle
wex dans l'état de liberté , comme des gens indignes
de ce précieux gage ; elle les retranche et sépare du
Corps de la République comme des Membres pourris
et infectez du feu d'une rage infernale ; elle les déseste
comme des enfans illegitimes, qui n'appartienment
pas à l'héritage de leur commune Mere, parse
qu'ils ont osé lever leurs mains cruelles contre
elle. Elle les déclare ennemis de la Patrie , rebelles
infâmes et invindicabilia Capita , ainsi que tous
seux qui à l'avenir pourront les aller joindre , enwretenir
correspondance avec eux , ou qui les assisseront
directement ou indirectement , ces sortes de
gens étant véritablement des exnemis capitaux de
la Patrie, puisqu'ils ont entrepris d'y introduire des
Troupes ennemies et de l'inonder d'un Déluge da
sang et de larmes.
Les Etats de la République s'engagent de s'élever
Contre un tel ou tels , quelqu'en puisse être le
nombre ; de se saisir de leurs biens et de ceux de
Beurs Successeurs , pour les joindre au fisc , et s'em
servir ensuite pour dédommager ceux dont les biens
auront été ravagez par les Troupes étrangeres ,
introduites dans le Royaume d'une maniere så
impie.
La maison dans laquelle un tel ou tels ont habité,
sera razée, pour une marque éternelle de leur
trahison ; on ne leur accordera point d'Amnistie,
ils ne pourrons jamais être réhabilitez dans
Lesn
OCTOBRE. 1733. 2255
Teur précédente égalité ; leurs femmes même se
vont privées de leurs Privileges et prerogatives.
S'i arrive qu'un Evêque soit du nombre de tels
Sujets , il sera frustré de sa dignité , autorité et ac-
Sivité dans les Assemblées publiques , et les revenus
de ses biens seront mis en sequestre jusqu'à une dér
ision définitive à cet égard.
Il est expressément stipulé qu'aucun Evêque ni
Sénateur Séculier , ne pourra pendant ce temps de
rouble , sortir du Royaume ou envoyer quelqu'un
dans les Pays Etrangers , sous les peines portées cy
dessus contre les Rebelles , outre la confiscation de
ses biens et la perte de ses Charges , et ceux qui se
Prouveront actuellement hors du Royaume , seront
obligez d'y revenir sous les mêmes peines.
A cet effet , nous avons signé le présent Manifesta
dans tous ses points et clauses ; et si quelqu'un des
Evêques , Sénateurs , Ministres ou des Membres de
la Noblesse des deux Nations refusede le signerrfpa
reillement, il sera tenu , ipso facto , pour ennemi de
Ja Patrie. Fait au Camp Electoral , entre Vvar
sovie et Vvola, le 4. Septembre 1733.
République de Pologne , assemblez en
Diette pour l'Election d'un Roy , one
publié à l'occasion de l'entrée des
Troupes Russiennes dans le Grand-
Duché de Lithuanie.
No
OUS , les Sénateurs Spirituels et Séculiers;
er toute la Noblesse de la Couronne de Polo-
Ene et du Grand-Duché de Lithuanie , voulant
derniser à jamais une Procedure aussi injuste , que
2262 MERCURE DE FRANCE
elle de l'entrée des Russiens , sçavoir faisons par la
Présente , a tous un chacun .
Nous avons toujours observé inviolablement es
saintement les Traitez d'Alliance et d'Amitié avec
les très - illustres Puissances voisines. Dans la derniere
Diette generale de Convocation , nous avons
non- seulement confirmé ces Traitez , mais nous y
avons donné , tant en notre nom , qu'au nom de
nos très - illustres Rois , les assurances les plus fortes
que nous entretiendrions religieusement et avecj oye
une amitié sincere avec lesdites Puissances .
Notre intention n'a jamais été de causer le moindre
préjudice à nos Voisins ; nous en prenons à témoin
le Grand-Dieu , notre Juge suprême : Nous
sommes assemblz ici au lieu ordinaire, entre Vvarsovie
et vola,selon l'ancienne pratique en usage depuis
le Regne du très- illustre Roy Sigismond Auguste ,
conformement aux Loix fondamentales et Constitutions
du Royaume et en vertu de nos Privileges et
des Pacta Conventa , faits avec nos très-illustres
Rois , afin d'y preceder d'un suffrage libre et una-
Aime , et de notre propre mouvement et volonté , à
l'Election d'un Roy , ainsi qu'il appartient à une
Nation libre , qui ne veut être contrainte ni dépendre
de qui que ce soit ; nous avons commencé pour
cet effet nos déliberations , en će qui regarde l'Election
et les affaires de notre Royaume, et nous l'avons
fait jusqu'à présent d'une maniere paisible , n'ayant
ni guerre ni aucun differend avec qui que ce soit, et
ne voulant pas nous méler des affaires étrangeres,
Mais comme nous avons appris que l'Armée de
la très-illustre Czarienne est entrée en Lithuanie es
qu'elle poursuit sa marche vers les Frontieres de
Pologne , dans le dessein d'opprimer , sous un pou
voir arbitraire notre libre Election , indépendante
de qui que ce soit; de violenter le premier et le plus
autheng
OCTOBRE. 17337 2253
Authentique de nos droits , qui est celui de l'Election;
de violer les Pacta et les Traitez conclus cy -devant
et en particulier celui du Pruth , de maîtriser notre
Patrie exempte de tout reproche , d'y faire couler des
ruisseaux de sang et de soüiller notre Pais d'un sang
innocent ; nous ne pouvons plus nous retenir ni nous
empêcher de manifester devant Dieu , les Puissances
voisines et le Monde entier , les injustices et les
violences qu'on commet envers nous , au moyen d'u
ne procedure aussi illégale que celle de l'entrée desdites
Troupes Czariennes dans ce Royaume , sans
que nous y ayons donné le moindre sujet , et qui no
rend qu'a ravager notre Pays par des attentats injustes
, et à opprimer les droits incontestables d'une
ibre Election , acquis par nos Ancêtres au prix de
feur sang et reconnus de tout temps par les Puissances
voisines,
- Nous nous adressons à tous les Potentats , et nous
Leur déclarons par la Présente , que notre intention
n'étant pas d'agir offensivement ( Dieu en est témoin )
nous avons résolu , selon le droit naturel , et permis
à un chacun pour sa propre deffense , de sacrifier notre
sang, nos vies et tout ce qui est en notre pouvoir
, à l'exemple de nos Ancêtres , pour le maintien
d'une Prérogative et d'un droit aussi précieux
que celui d'une libre Election , et d'appeller à notre
secours celui dont la vengeance poursuit les coupables
et dont la justice prend la defense des innocens
et les maintient dans leurs Droits , Libertez et Pré-
Kogatives : Ultima pro nobis vibrabit fulmina celum
, enfin le Ciel lancerases foudres en notre faveur.
par ··Comme nous avons appris , tant les Manifestes
des Moscovites, que par la voix publique , qu'il
se trouve quelques Membres de la République , tanı
de l'Ordre Ecclesiastique que de l'Ordre Séculier,
qui
254 MERCURE DE FRANCE
qui ont appellé lesdites Troupes étrangeres pour op➡
primer avec violence et à main armée la libre Elec
tion et troubler la tranquillité, tant interieure qu'exserieure
de la Patrie, la République les regarde com
me de veritables Monstres dégénérez de leur Race,
et une engeance de Vipere dénaturée et déchaînée
contre leur propre Mere ; Elle les desavoie et les
raye du Livre des vivans et de ceux qui sont éle
wex dans l'état de liberté , comme des gens indignes
de ce précieux gage ; elle les retranche et sépare du
Corps de la République comme des Membres pourris
et infectez du feu d'une rage infernale ; elle les déseste
comme des enfans illegitimes, qui n'appartienment
pas à l'héritage de leur commune Mere, parse
qu'ils ont osé lever leurs mains cruelles contre
elle. Elle les déclare ennemis de la Patrie , rebelles
infâmes et invindicabilia Capita , ainsi que tous
seux qui à l'avenir pourront les aller joindre , enwretenir
correspondance avec eux , ou qui les assisseront
directement ou indirectement , ces sortes de
gens étant véritablement des exnemis capitaux de
la Patrie, puisqu'ils ont entrepris d'y introduire des
Troupes ennemies et de l'inonder d'un Déluge da
sang et de larmes.
Les Etats de la République s'engagent de s'élever
Contre un tel ou tels , quelqu'en puisse être le
nombre ; de se saisir de leurs biens et de ceux de
Beurs Successeurs , pour les joindre au fisc , et s'em
servir ensuite pour dédommager ceux dont les biens
auront été ravagez par les Troupes étrangeres ,
introduites dans le Royaume d'une maniere så
impie.
La maison dans laquelle un tel ou tels ont habité,
sera razée, pour une marque éternelle de leur
trahison ; on ne leur accordera point d'Amnistie,
ils ne pourrons jamais être réhabilitez dans
Lesn
OCTOBRE. 1733. 2255
Teur précédente égalité ; leurs femmes même se
vont privées de leurs Privileges et prerogatives.
S'i arrive qu'un Evêque soit du nombre de tels
Sujets , il sera frustré de sa dignité , autorité et ac-
Sivité dans les Assemblées publiques , et les revenus
de ses biens seront mis en sequestre jusqu'à une dér
ision définitive à cet égard.
Il est expressément stipulé qu'aucun Evêque ni
Sénateur Séculier , ne pourra pendant ce temps de
rouble , sortir du Royaume ou envoyer quelqu'un
dans les Pays Etrangers , sous les peines portées cy
dessus contre les Rebelles , outre la confiscation de
ses biens et la perte de ses Charges , et ceux qui se
Prouveront actuellement hors du Royaume , seront
obligez d'y revenir sous les mêmes peines.
A cet effet , nous avons signé le présent Manifesta
dans tous ses points et clauses ; et si quelqu'un des
Evêques , Sénateurs , Ministres ou des Membres de
la Noblesse des deux Nations refusede le signerrfpa
reillement, il sera tenu , ipso facto , pour ennemi de
Ja Patrie. Fait au Camp Electoral , entre Vvar
sovie et Vvola, le 4. Septembre 1733.
Fermer
Résumé : MANIFESTE que les Etats de la République de Pologne, assemblez en Diette pour l'Election d'un Roy, ont publié à l'occasion de l'entrée des Troupes Russiennes dans le Grand-Duché de Lithuanie.
En 1733, les États de la République de Pologne, réunis en Diète pour l'élection d'un roi, ont publié un manifeste en réponse à l'entrée des troupes russes dans le Grand-Duché de Lituanie. Les sénateurs spirituels et séculiers, ainsi que la noblesse des couronnes de Pologne et de Lituanie, expriment leur volonté de mettre fin à une procédure injuste déclenchée par cette intrusion. Ils affirment avoir toujours respecté les traités d'alliance et d'amitié avec les puissances voisines et déclarent que leur intention n'a jamais été de causer du préjudice à leurs voisins. Les États de Pologne soulignent qu'ils se sont réunis conformément aux lois fondamentales et aux constitutions du royaume pour procéder à l'élection libre d'un roi, sans guerre ni différend avec quiconque. Ils dénoncent l'entrée des troupes russes comme une violation de leurs droits et des traités antérieurs, notamment celui du Pruth, et comme une tentative d'opprimer leur élection libre et indépendante. Le manifeste appelle à la défense des droits et des libertés de la nation polonaise. Il stipule que ceux qui ont invité les troupes étrangères seront considérés comme des ennemis de la patrie et des rebelles. Les États s'engagent à confisquer les biens de ces individus et à les exclure de la République. Ils interdisent également aux évêques et sénateurs de quitter le royaume pendant cette période de trouble, sous peine de confiscation de leurs biens et de perte de leurs charges. Le manifeste est signé au camp électoral entre Varsovie et Vola, le 4 septembre 1733.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1075
p. 2255-2261
« L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre à 4. heures après midi, ayant été unanime, [...] »
Début :
L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre à 4. heures après midi, ayant été unanime, [...]
Mots clefs :
Roi, Couronne, Comte, Opposants, Varsovie, Lituanie, Élection, Sénateurs, Nonces, Diète, Stanislas Leszczynski
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre à 4. heures après midi, ayant été unanime, [...] »
L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre
à 4. heures après midi , ayant été una
nime , comme nous l'avons déja dit , le Primar
fit la Proclamation en ces termes ; Comme il a
plu au Roy des Rois , que tous les suffrages soient
unanimes en faveur de Stanislas Leszczinski , je
le nommeRoy de Pologne et Grand- Duc de Lithua
mie et de toutes les Provinces qui dépendent de ce
Royaume : Tous les Assistans s'écrierent là-dessus
, Vive le Roy Stanislas Leszczinski,
D'abord après la Proclamation du Roy , on
mit le feu , suivant l'usage , au Kolo , qui avoir
sé construir pour la tenue de la Diette, et Sa
Majesté
2256 MERCURE DE FRANCE
Majesté ayant entendu dans l'Eglise de S. Jean
le Te Deum , chanté au bruit des acclamations du
Peuple , se rendit , accompagnée du Sénat et des
Nonces , au Château.
Le lendemain Le Roy donna audience aux Mr
nistres Etrangers , aux Grands - Officiers de la
Couronne et à tous les Sénateurs qui sont à
Warsovie.
Le Sénat s'assembla le même jour pour déli
berer sur le parti qu'on prendroit par rapport à
P'entrée des Troupes Moscovites en Lithuanie
et sur la conduite qu'il étoit à propos de tenir
l'égard des Palatins et des Gentilshommes qui
s'étoient retirez du Kolo. Il fut résolu sur le premier
article, que le Roy seroit autorisé par la République
à prendre toutes les mesures convenables
pour s'opposer aux entreprises des Puissan-
Ces voisines.
Pour ce qui regarde le Prince Wienovieski ,
Régimentaire de Lithuanie , et ceux qui l'ont
suivi dans sa retraite , il fut décidé qu'on leur
envoyeroit encore une députation , afin de tâcher
de les ramener. Cette nouvelle tentative n'a pas
cú plus de succès que les précédentes , et non
contens d'avoir refusé de recevoir les Députez
qu'on leur envoya à Praage , où ils étoient campez
, ils dresserent une espece de Manifeste , dans
lequel ils essayent , par de fausses allégations
de justifier leurs démarches.
Le 14 les Gardes de la Couronne prêterent
Serment entre les mains du Roy , et monterent
la Garde au Château , Enseignes déployées , avec
les cérémonies ordinaires. Douze des Grands-
Mousquetaires , monterent aussi la Garde dans
PAnti-Chambre du Roy.
Il s'est formé dans l'Armée de Lithuanie , une
confé-
1
OCTOBRE . 1733- 2257
confédération , dont M. Pocci a été fait Maréchal
, et le Prince Wienovieski , craignant d'être,
abandonné , fit rompre le Pont de la Vistule , et
décampa la nuit du 16. au 17. Septembre pout
se retirer à Wingrouf. On l'a poursuivi et l'on
a pris quelques Domestiques et les Equipages du
Palatin de Cracovie , qui ont été rendus sur le
champ par ordre du Roy.
Le bruit qui a couru que le Prince Wienovies .
ki , frere du Régimentaire de Lithuanie , s'étoit
joint à lui , est sans fondement ; il est allé dans
ses Terres,et n'a point suivi le parti des opposans,
On a reçû avis que la Cavalerie des Moscovites
étoit arrivée à Ticóczin sur le Naref, à
vingt -quatre milles de Warsovie.
Le Sénat et les Nonces , dans la derniere Assemblée
qu'ils ont tenue , ont nommé des Dépu
tez de chaque Palatinat , pour demeurer auprès
de la personne du Roy , et pour l'assister de
leurs conseils. Ils ont laissé à S. M. le soin de
donner les ordres nécessaires pour inhumer les
Corps de ses Prédécesseurs , et la liberté de fixer
le jour de son Couronnement , et ils ont reglé
que l'Armée de la Couronne seroit augmentée de
Cent Compagnies de Cavalerie , composées chacune
de cent hommes, et que S.M. pourroit, quand
elle le jugeroit à propos , publier les Universaux ,
afin de faire monter à cheval toute la Noblesse du
Royaume. A la fin de la Séance , le Primat et
M. Radziewski , Maréchal de la Diette d'Election
, congédierent les Nonces , et la Diette se
sépara.
Le 20. Septembre , le Roi accompagné du Priat
, des Sénateurs et des Nonces , se rendit à
'Eglise S. Jean ; et après avoir fait le Serment
ordinaire et juré d'observer les Pacta Conventa ,
258 MERCURE DE FRANCE
+
il reçût le Diptôme ou Acte d'Election , des mains,
de M. Radziewski , qui le harangua avec beau
soup d'éloquence , au nom de la Noblesse . M.
tint ensuite le Senatus-Consilium , en la maniere
accoûtumée.
Le même jour , le Comte de Poniatowski s'étant
démis volontairement de la Charge de Régimentaire
de la Couronne , le Roy donna certe
Charge au Comte Potocki , frere du Primat er
Palatin de Kiovie , qui expedia sur le champ des
ordres pour faire assembler l'Armée , et qui doiz
faire prendre les Armes à 3000, hommes de ses
Vassaux.
Les Opposans ont fait remettre depuis peu au
Sénat le Manifeste qu'ils ont dressé pour essayer
de se justifier , tant auprès des Etrangers , que de
leurs Compatriotes ; le Sénat ayant fait une ré◄
ponse à ce Manifeste , la leur a envoyée , et leur
a fait déclarer qu'on leur accordoit jusqu'au 22 .
pour se déterminer à reconnoître le Roy uranimement
et légitimement élu , et que si après ca
temps ils n'étoient point rentrez dans leur de
voir , on les poursuivroit à la rigueur , comma
rebelles au Souverain et traîtres à la Patrie .
Le Roy ayant reçû avis le 22 , qu'ils pess
voient dans leur opposition , assembla le Sénat,
où il fut résolu que S M. iroit dans le Palatine .
de Prusse , afin d'être plus à portée d'assemble.
es Troupes et d'entretenir la communication.
entre cette Ville et celle de Dantzick , S. M. et
*consequence de cette Déliberation , partit la nusuivante
pour se rendre à cette derniere Ville ,
coucha le 24. 2 Lowitz , chez le Primat , qui
ayant été averti que le parti des Opposans avo
formé le projet de l'enlever, a été obligé
prendre des mesures pour ne pas tomber, er
eurs mains,
1
OCTOBR E. 1733. 2259.
Le Marquis de Monti , Ambassadeur de Frane
, la plus grande partie des Ministres Etrangers,
et tous les Sénateurs , excepté le Palatin de Kio
vie , qui est resté pour commander les Troupes
que le Roy a laissées à Warsovie , ont suivi
5. M. Les Gardes de la Couronne ne l'ont point
accompagnée , et ils ont eu ordre d'aller joindre
un Corps de Cavalerie qu'on a envoyé près du
Convent de Belliani , et de s'y fortifier pour disputer
le passage de la Vistule à la Cavalerie da
General Lucci.
On a appris qu'un Détachement des Troupes
de la République ayant attaqué l'Infanterie Mos
covite au passage d'une Riviere , avoit tué unc
partie de ceux qui l'avoient déja passée et mis le
reste en fuite. Le Parti opposé a enlevé de l'autre
côté de la Vistule les Bagages de M. Maschalki
, Maréchal de la derniere Diette Generale
de Convocation.
Mo
On a appris de Dantzick, que le 19. Septem- ,
bre , le Magistrat de cette Ville fit annoncer au
Peuple , au son des Trompettes , l'avenement du
Roy Stanislas au Trône de Pologne , et que le
lendemain il fut chanté à cette occasion un Te
Deum dans les Eglises de cette Ville , au bruit
de toute l'Artillerie des Remparts.
Les Lettres de Warsovie du commencement
de ce mois, portent que le Comte Potoscki , Régimentaire
de la Couronne , est campé avec un
Corps de
hommes à Mariemont ,
à 15000. 14.
où on lui a envoyé 18. pieces de Canon , avec
une grande quantité de munitions de guerre.
Les Gardes de la Couronne , qui étoient destinées
à aller disputer le passage de la Vistule aux
Moscovites , ont reçu un contre-ordre , et elles
doivent se rendre incessamment au Camp de ce
General. Gij Од
2260 MERCURE DE FRANCE ¦
On a expedié les ordres nécessaires pour augmenter
l'Armée de 100. Compagnies de Cavales
rie , composées chacune de 10c . hommes , insi
qu'il a été reglé dans la derniere Assemblée que
le Sénat et les Nonces ont tenue avant la sépara →
tion de la Diette d'Election.
Le Roy arriva à Dantzick le 2. Octobre , ac-.
compagné du Comte Poniatowski et de plusieurs
Seigneurs ; il y a été suivi par le Primat ,
le Palatin de Massovie , les trois Princes Czartorinski
, les Palatins de Russie et de Mariembourg
, l'Evêque de Plocko , M. Tobianski ,
Grand-Chambellan de la Couronne , le Comte
de Danhoff , Grand- Chambelan de Lithuanie
M. Ossolenski , Grand - Trésorier de la Couronne
, M. Bielinski , Maréchal de la Cour , et un
grand nombre d'autres personnes de distinction.
Le Comte Sapieha , Grand- Enseigne de Lithua
nie , M. Oginski , Grand- Trésorier de ce Duché
, et plusieurs autres Sénateurs ou Gentilshommes
, qui étoient dans le Camp des Opposans
, ont abandonné ce parti , et ils ont écrit au
Roy , pour l'assurer de leur soumission et de
leur fidelité , et pour le supplier de leur pardonner
s'ils ont differé si long- temps à lui rendre
hommage. Le reste des Opposans s'est retiré dans .
la Ville de Bialla , et ils paroissent persister dans
le dessein de joindre l'Armée du Géneral Lucci.
On écrit de Dantzick , que la plus grande par
tie des Sénateurs et de la principale Noblesse ,
sont venus y joindre le Roy, qui a résolu d'y de
meurer jusqu'à- ce qu'il se puisse mettre à la tête
de l'Armée de la Couronne. On y fait apporter
de Cracovie la Couronne , le Sceptre , le Globe
et les autres marques de la dignité Royale , qui
doivent servir au Couronnement de S. M.
Le
OCTOBR E. 1733- 2261
Le Corps des Grands- Mousquetaires , que le
Roy avoit licentie , ayant fait témoigner à S. M
que tous ceux qui le composoient desiroient de
porter les armes pour son service , S. M. les a
retenus à sa solde, et le Comte Blendowski les
commandera.
Outre les cent Compagnies de Cavalerie dont
la République a ordonné que les Troupes seroient
augmentées , le Roy en a fair lever 40.
chacune aussi de 100 hommes , que S. M. doit
entretenir à ses dépens.. J
Selon les derniers avis reçus du Camp de Mariemart,
le Comte Potoscki , Régimentaire de la
Couronne , a député le Castellan de Trock er
M. Swaykowski , Chanoine de Cracovie , aux
Opposans , pour leur donner part de sa nouvelle
Dignité , et les exhorter à prévenir par une
prompte soumission les Actes d'hostiilté que sa
Charge et leur desobéissance . l'alloient forcer
commettre contre eux. On ajoûte qu'il a fair
prendre les armes , ainsi qu'il s'y est engagé , à
3000. de ses Vassaux , qui sont en marche pour
se rendre à son Camp.
On mande de Warsovie , que les Opposans
persistoient dans leur révolte , malgré la retraite
de plusieurs d'entre eux , et que le 5. Octobre , à
l'instigation du Prince Wienovicsk , Régimentaire
de Lithuanie , et du Prince Lubomirski , et
forcez par les Moscovites , ils avoient élû tumultueusement
l'Electeur de Saxe , qu'ils avoient
fait proclamer à la hâte par l'Evêque de Cracovie
, et à qui ils avoient dépêché le Staroste Linowski
, pour lui donner part de cette préten
duë Election.
à 4. heures après midi , ayant été una
nime , comme nous l'avons déja dit , le Primar
fit la Proclamation en ces termes ; Comme il a
plu au Roy des Rois , que tous les suffrages soient
unanimes en faveur de Stanislas Leszczinski , je
le nommeRoy de Pologne et Grand- Duc de Lithua
mie et de toutes les Provinces qui dépendent de ce
Royaume : Tous les Assistans s'écrierent là-dessus
, Vive le Roy Stanislas Leszczinski,
D'abord après la Proclamation du Roy , on
mit le feu , suivant l'usage , au Kolo , qui avoir
sé construir pour la tenue de la Diette, et Sa
Majesté
2256 MERCURE DE FRANCE
Majesté ayant entendu dans l'Eglise de S. Jean
le Te Deum , chanté au bruit des acclamations du
Peuple , se rendit , accompagnée du Sénat et des
Nonces , au Château.
Le lendemain Le Roy donna audience aux Mr
nistres Etrangers , aux Grands - Officiers de la
Couronne et à tous les Sénateurs qui sont à
Warsovie.
Le Sénat s'assembla le même jour pour déli
berer sur le parti qu'on prendroit par rapport à
P'entrée des Troupes Moscovites en Lithuanie
et sur la conduite qu'il étoit à propos de tenir
l'égard des Palatins et des Gentilshommes qui
s'étoient retirez du Kolo. Il fut résolu sur le premier
article, que le Roy seroit autorisé par la République
à prendre toutes les mesures convenables
pour s'opposer aux entreprises des Puissan-
Ces voisines.
Pour ce qui regarde le Prince Wienovieski ,
Régimentaire de Lithuanie , et ceux qui l'ont
suivi dans sa retraite , il fut décidé qu'on leur
envoyeroit encore une députation , afin de tâcher
de les ramener. Cette nouvelle tentative n'a pas
cú plus de succès que les précédentes , et non
contens d'avoir refusé de recevoir les Députez
qu'on leur envoya à Praage , où ils étoient campez
, ils dresserent une espece de Manifeste , dans
lequel ils essayent , par de fausses allégations
de justifier leurs démarches.
Le 14 les Gardes de la Couronne prêterent
Serment entre les mains du Roy , et monterent
la Garde au Château , Enseignes déployées , avec
les cérémonies ordinaires. Douze des Grands-
Mousquetaires , monterent aussi la Garde dans
PAnti-Chambre du Roy.
Il s'est formé dans l'Armée de Lithuanie , une
confé-
1
OCTOBRE . 1733- 2257
confédération , dont M. Pocci a été fait Maréchal
, et le Prince Wienovieski , craignant d'être,
abandonné , fit rompre le Pont de la Vistule , et
décampa la nuit du 16. au 17. Septembre pout
se retirer à Wingrouf. On l'a poursuivi et l'on
a pris quelques Domestiques et les Equipages du
Palatin de Cracovie , qui ont été rendus sur le
champ par ordre du Roy.
Le bruit qui a couru que le Prince Wienovies .
ki , frere du Régimentaire de Lithuanie , s'étoit
joint à lui , est sans fondement ; il est allé dans
ses Terres,et n'a point suivi le parti des opposans,
On a reçû avis que la Cavalerie des Moscovites
étoit arrivée à Ticóczin sur le Naref, à
vingt -quatre milles de Warsovie.
Le Sénat et les Nonces , dans la derniere Assemblée
qu'ils ont tenue , ont nommé des Dépu
tez de chaque Palatinat , pour demeurer auprès
de la personne du Roy , et pour l'assister de
leurs conseils. Ils ont laissé à S. M. le soin de
donner les ordres nécessaires pour inhumer les
Corps de ses Prédécesseurs , et la liberté de fixer
le jour de son Couronnement , et ils ont reglé
que l'Armée de la Couronne seroit augmentée de
Cent Compagnies de Cavalerie , composées chacune
de cent hommes, et que S.M. pourroit, quand
elle le jugeroit à propos , publier les Universaux ,
afin de faire monter à cheval toute la Noblesse du
Royaume. A la fin de la Séance , le Primat et
M. Radziewski , Maréchal de la Diette d'Election
, congédierent les Nonces , et la Diette se
sépara.
Le 20. Septembre , le Roi accompagné du Priat
, des Sénateurs et des Nonces , se rendit à
'Eglise S. Jean ; et après avoir fait le Serment
ordinaire et juré d'observer les Pacta Conventa ,
258 MERCURE DE FRANCE
+
il reçût le Diptôme ou Acte d'Election , des mains,
de M. Radziewski , qui le harangua avec beau
soup d'éloquence , au nom de la Noblesse . M.
tint ensuite le Senatus-Consilium , en la maniere
accoûtumée.
Le même jour , le Comte de Poniatowski s'étant
démis volontairement de la Charge de Régimentaire
de la Couronne , le Roy donna certe
Charge au Comte Potocki , frere du Primat er
Palatin de Kiovie , qui expedia sur le champ des
ordres pour faire assembler l'Armée , et qui doiz
faire prendre les Armes à 3000, hommes de ses
Vassaux.
Les Opposans ont fait remettre depuis peu au
Sénat le Manifeste qu'ils ont dressé pour essayer
de se justifier , tant auprès des Etrangers , que de
leurs Compatriotes ; le Sénat ayant fait une ré◄
ponse à ce Manifeste , la leur a envoyée , et leur
a fait déclarer qu'on leur accordoit jusqu'au 22 .
pour se déterminer à reconnoître le Roy uranimement
et légitimement élu , et que si après ca
temps ils n'étoient point rentrez dans leur de
voir , on les poursuivroit à la rigueur , comma
rebelles au Souverain et traîtres à la Patrie .
Le Roy ayant reçû avis le 22 , qu'ils pess
voient dans leur opposition , assembla le Sénat,
où il fut résolu que S M. iroit dans le Palatine .
de Prusse , afin d'être plus à portée d'assemble.
es Troupes et d'entretenir la communication.
entre cette Ville et celle de Dantzick , S. M. et
*consequence de cette Déliberation , partit la nusuivante
pour se rendre à cette derniere Ville ,
coucha le 24. 2 Lowitz , chez le Primat , qui
ayant été averti que le parti des Opposans avo
formé le projet de l'enlever, a été obligé
prendre des mesures pour ne pas tomber, er
eurs mains,
1
OCTOBR E. 1733. 2259.
Le Marquis de Monti , Ambassadeur de Frane
, la plus grande partie des Ministres Etrangers,
et tous les Sénateurs , excepté le Palatin de Kio
vie , qui est resté pour commander les Troupes
que le Roy a laissées à Warsovie , ont suivi
5. M. Les Gardes de la Couronne ne l'ont point
accompagnée , et ils ont eu ordre d'aller joindre
un Corps de Cavalerie qu'on a envoyé près du
Convent de Belliani , et de s'y fortifier pour disputer
le passage de la Vistule à la Cavalerie da
General Lucci.
On a appris qu'un Détachement des Troupes
de la République ayant attaqué l'Infanterie Mos
covite au passage d'une Riviere , avoit tué unc
partie de ceux qui l'avoient déja passée et mis le
reste en fuite. Le Parti opposé a enlevé de l'autre
côté de la Vistule les Bagages de M. Maschalki
, Maréchal de la derniere Diette Generale
de Convocation.
Mo
On a appris de Dantzick, que le 19. Septem- ,
bre , le Magistrat de cette Ville fit annoncer au
Peuple , au son des Trompettes , l'avenement du
Roy Stanislas au Trône de Pologne , et que le
lendemain il fut chanté à cette occasion un Te
Deum dans les Eglises de cette Ville , au bruit
de toute l'Artillerie des Remparts.
Les Lettres de Warsovie du commencement
de ce mois, portent que le Comte Potoscki , Régimentaire
de la Couronne , est campé avec un
Corps de
hommes à Mariemont ,
à 15000. 14.
où on lui a envoyé 18. pieces de Canon , avec
une grande quantité de munitions de guerre.
Les Gardes de la Couronne , qui étoient destinées
à aller disputer le passage de la Vistule aux
Moscovites , ont reçu un contre-ordre , et elles
doivent se rendre incessamment au Camp de ce
General. Gij Од
2260 MERCURE DE FRANCE ¦
On a expedié les ordres nécessaires pour augmenter
l'Armée de 100. Compagnies de Cavales
rie , composées chacune de 10c . hommes , insi
qu'il a été reglé dans la derniere Assemblée que
le Sénat et les Nonces ont tenue avant la sépara →
tion de la Diette d'Election.
Le Roy arriva à Dantzick le 2. Octobre , ac-.
compagné du Comte Poniatowski et de plusieurs
Seigneurs ; il y a été suivi par le Primat ,
le Palatin de Massovie , les trois Princes Czartorinski
, les Palatins de Russie et de Mariembourg
, l'Evêque de Plocko , M. Tobianski ,
Grand-Chambellan de la Couronne , le Comte
de Danhoff , Grand- Chambelan de Lithuanie
M. Ossolenski , Grand - Trésorier de la Couronne
, M. Bielinski , Maréchal de la Cour , et un
grand nombre d'autres personnes de distinction.
Le Comte Sapieha , Grand- Enseigne de Lithua
nie , M. Oginski , Grand- Trésorier de ce Duché
, et plusieurs autres Sénateurs ou Gentilshommes
, qui étoient dans le Camp des Opposans
, ont abandonné ce parti , et ils ont écrit au
Roy , pour l'assurer de leur soumission et de
leur fidelité , et pour le supplier de leur pardonner
s'ils ont differé si long- temps à lui rendre
hommage. Le reste des Opposans s'est retiré dans .
la Ville de Bialla , et ils paroissent persister dans
le dessein de joindre l'Armée du Géneral Lucci.
On écrit de Dantzick , que la plus grande par
tie des Sénateurs et de la principale Noblesse ,
sont venus y joindre le Roy, qui a résolu d'y de
meurer jusqu'à- ce qu'il se puisse mettre à la tête
de l'Armée de la Couronne. On y fait apporter
de Cracovie la Couronne , le Sceptre , le Globe
et les autres marques de la dignité Royale , qui
doivent servir au Couronnement de S. M.
Le
OCTOBR E. 1733- 2261
Le Corps des Grands- Mousquetaires , que le
Roy avoit licentie , ayant fait témoigner à S. M
que tous ceux qui le composoient desiroient de
porter les armes pour son service , S. M. les a
retenus à sa solde, et le Comte Blendowski les
commandera.
Outre les cent Compagnies de Cavalerie dont
la République a ordonné que les Troupes seroient
augmentées , le Roy en a fair lever 40.
chacune aussi de 100 hommes , que S. M. doit
entretenir à ses dépens.. J
Selon les derniers avis reçus du Camp de Mariemart,
le Comte Potoscki , Régimentaire de la
Couronne , a député le Castellan de Trock er
M. Swaykowski , Chanoine de Cracovie , aux
Opposans , pour leur donner part de sa nouvelle
Dignité , et les exhorter à prévenir par une
prompte soumission les Actes d'hostiilté que sa
Charge et leur desobéissance . l'alloient forcer
commettre contre eux. On ajoûte qu'il a fair
prendre les armes , ainsi qu'il s'y est engagé , à
3000. de ses Vassaux , qui sont en marche pour
se rendre à son Camp.
On mande de Warsovie , que les Opposans
persistoient dans leur révolte , malgré la retraite
de plusieurs d'entre eux , et que le 5. Octobre , à
l'instigation du Prince Wienovicsk , Régimentaire
de Lithuanie , et du Prince Lubomirski , et
forcez par les Moscovites , ils avoient élû tumultueusement
l'Electeur de Saxe , qu'ils avoient
fait proclamer à la hâte par l'Evêque de Cracovie
, et à qui ils avoient dépêché le Staroste Linowski
, pour lui donner part de cette préten
duë Election.
Fermer
Résumé : « L'Election faite à Warsovie le 12. Septembre à 4. heures après midi, ayant été unanime, [...] »
Le 12 septembre, Stanislas Leszczinski est élu roi de Pologne et grand-duc de Lituanie à Varsovie. La proclamation est suivie de l'incendie du Kolo et du chant du Te Deum. Le roi reçoit ensuite les ministres étrangers, les grands officiers et les sénateurs. Le Sénat délibère sur l'entrée des troupes moscovites en Lituanie et la conduite à tenir envers les opposants. Il autorise le roi à prendre des mesures contre les entreprises des puissances voisines et décide d'envoyer une députation au prince Wienovieski et ses partisans. Le 14 septembre, les gardes de la couronne prêtent serment et montent la garde au château. Une confédération se forme dans l'armée de Lituanie, et le prince Wienovieski se retire à Wingrouf. Le Sénat nomme des députés de chaque palatinat pour assister le roi et régule l'augmentation de l'armée. Le 20 septembre, le roi prête serment et reçoit l'acte d'élection. Le comte de Poniatowski démissionne, et le comte Potocki est nommé à sa place. Les opposants, dirigés par le prince Wienovieski et le prince Lubomirski, élisent l'électeur de Saxe comme roi et lui envoient un messager. Le roi Stanislas se rend à Dantzick pour rassembler les troupes et maintenir la communication avec cette ville. Les sénateurs et la noblesse rejoignent le roi à Dantzick, où les insignes royaux sont apportés pour le couronnement. Le roi retient les Grands-Mousquetaires à sa solde et lève 40 compagnies de cavalerie supplémentaires. Malgré la retraite de certains opposants, ces derniers persistent dans leur révolte et élisent l'électeur de Saxe comme roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1076
p. 2263-2264
ALLEMAGNE.
Début :
On mande de Vienne, qu'on avoit envoyé ordre à cinq Compagnies du Régiment de [...]
Mots clefs :
Vienne, Charles Léopold, Commission impériale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N mande de Vienne , qu'on avoit envoyé
ordre à cinq Compagnies du Régiment de
Marcelli , Infanterie , de se rendre dans la Haute
Autriche , pour y faire cesser les desordres qu'y
commettent quelques Paysans , qui avoient de
mandé de sortir des Etats de l'Empereur , sous
prétexte qu'ils sont de la Religion Luthérienne .
et à qui l'on a refusé cette permission .
On a envoyé des Troupes en Hongrie , et dans
la Transylvanie , pour augmenter les Garnisons
des Places qui sont sur les Frontieres de la Pologne
, et les Gouverneurs d'Eperies , de Filleck
et de Swutzemberg , ont reçû ordre de faire gar
der exactement tous les passages par où les Po-
Jonois pourroient entrer de ce côté-là dans les
Pays de la domination Impériale.
Selon les dernieres Lettres du Duché de Meclbourg,
le Duc . Charles Léopold , persiste à ne
vouloir point ceder l'administration de ses Etats
au Duc Chrétien Louis , et ceux de ses Sujets qui
ont pris les armes pour maintenir son autorité .
loin d'être intimidez par l'approche de quelques
Troupes de l'Electorat d'Hanover , qui sont allées
joindre celles que la Commission Impériale
avoit déja envoyées pour les forcer de se soumettre
, les ont attaqué dans un défilé et leur
ont tué quelques Soldats. Le Décret que le Duc
Charles Léopod a fair publier , pour que ses Sujets
se missent en état de veiller à sa défense ,
porte que tous ceux qui sont en état de porter
les armes dans chaque lieu , ayent à se rendre à
Pendroit o la Milice de leur Territoire doit
s'assembler , qu'ils ayent soin de se pourvoir de
de pain et de vivres pour plusieurs jours , afin
Gij qu'on
1164 MERCURE DE FRANCE
qu'on ait le temps de donner les ordres nécessai
res pour subsistance , et que sur tout ils observent
une exacte discipline ou qu'ils s'abstiennent
de commettre aucuns excès , sous peine d'être
punis rigoureusement ; qu'ils marchent avec ton-.
te la diligence possible vers Schwerin , et que
par tout où ils rencontreront des Lunebourgeois,
ils courent sus et les traitent en ennemis .
On apprend de Vienne, que le Comte Maurice-
Antoine Solari de Breglio , Ministre Plénipotentiaire
du Roy de Sardaigne en cette Cour ,
ayant reçu ces jours derniers un Courier du Roy
son Maître , avec ordre de retourner à Turin
est parti sans prendre Audience de Sa Majesté
Impériale ni des Ministres.
Les 3600. hommes que le Comte de Schomborn
, Evêque et Prince de Bamberg er de
Wurtzbourg a fournis à l'Empereur , sont prêts
à se mettre en marche pour aller à Fribourg.
N mande de Vienne , qu'on avoit envoyé
ordre à cinq Compagnies du Régiment de
Marcelli , Infanterie , de se rendre dans la Haute
Autriche , pour y faire cesser les desordres qu'y
commettent quelques Paysans , qui avoient de
mandé de sortir des Etats de l'Empereur , sous
prétexte qu'ils sont de la Religion Luthérienne .
et à qui l'on a refusé cette permission .
On a envoyé des Troupes en Hongrie , et dans
la Transylvanie , pour augmenter les Garnisons
des Places qui sont sur les Frontieres de la Pologne
, et les Gouverneurs d'Eperies , de Filleck
et de Swutzemberg , ont reçû ordre de faire gar
der exactement tous les passages par où les Po-
Jonois pourroient entrer de ce côté-là dans les
Pays de la domination Impériale.
Selon les dernieres Lettres du Duché de Meclbourg,
le Duc . Charles Léopold , persiste à ne
vouloir point ceder l'administration de ses Etats
au Duc Chrétien Louis , et ceux de ses Sujets qui
ont pris les armes pour maintenir son autorité .
loin d'être intimidez par l'approche de quelques
Troupes de l'Electorat d'Hanover , qui sont allées
joindre celles que la Commission Impériale
avoit déja envoyées pour les forcer de se soumettre
, les ont attaqué dans un défilé et leur
ont tué quelques Soldats. Le Décret que le Duc
Charles Léopod a fair publier , pour que ses Sujets
se missent en état de veiller à sa défense ,
porte que tous ceux qui sont en état de porter
les armes dans chaque lieu , ayent à se rendre à
Pendroit o la Milice de leur Territoire doit
s'assembler , qu'ils ayent soin de se pourvoir de
de pain et de vivres pour plusieurs jours , afin
Gij qu'on
1164 MERCURE DE FRANCE
qu'on ait le temps de donner les ordres nécessai
res pour subsistance , et que sur tout ils observent
une exacte discipline ou qu'ils s'abstiennent
de commettre aucuns excès , sous peine d'être
punis rigoureusement ; qu'ils marchent avec ton-.
te la diligence possible vers Schwerin , et que
par tout où ils rencontreront des Lunebourgeois,
ils courent sus et les traitent en ennemis .
On apprend de Vienne, que le Comte Maurice-
Antoine Solari de Breglio , Ministre Plénipotentiaire
du Roy de Sardaigne en cette Cour ,
ayant reçu ces jours derniers un Courier du Roy
son Maître , avec ordre de retourner à Turin
est parti sans prendre Audience de Sa Majesté
Impériale ni des Ministres.
Les 3600. hommes que le Comte de Schomborn
, Evêque et Prince de Bamberg er de
Wurtzbourg a fournis à l'Empereur , sont prêts
à se mettre en marche pour aller à Fribourg.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En Allemagne, des unités du Régiment de Marcelli ont été envoyées en Haute-Autriche pour réprimer les troubles causés par des paysans luthériens opposés à l'autorité impériale. Des troupes ont également été déployées en Hongrie et en Transylvanie pour renforcer les garnisons frontalières avec la Pologne, et les gouverneurs ont reçu l'ordre de sécuriser les passages pour empêcher les Polonais d'entrer. Au Duché de Mecklembourg, le Duc Charles Léopold refuse de céder l'administration de ses États au Duc Chrétien Louis. Les sujets du Duc, armés pour maintenir son autorité, ont attaqué des troupes de l'Électorat de Hanovre et de la Commission Impériale, tuant plusieurs soldats. Le Duc a publié un décret ordonnant à ses sujets de se préparer à la défense, de se ravitailler et de maintenir la discipline, tout en traitant les Lunebourgeois comme des ennemis. À Vienne, le Comte Maurice-Antoine Solari de Breglio, Ministre Plénipotentiaire du Roi de Sardaigne, a quitté la cour impériale après avoir reçu l'ordre de retourner à Turin. Par ailleurs, les 3600 hommes fournis par le Comte de Schomborn, Évêque et Prince de Bamberg et de Wurtzbourg, sont prêts à partir pour Fribourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1077
p. 2264-2265
ITALIE.
Début :
Les Cardinaux Lercari, Caraffe et Guadagni, que le Pape a nommez pour donner leur avis [...]
Mots clefs :
Pape, Cardinaux, Électeur palatin, Imposition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIEM
Es . Cardinaux Lercari , Caraffe et Guadagni ,
que le Pape a nommez pour donner leur avis
sur la permission que l'Electeur Palatin a demandée
, d'établir une imposition sur les Ecclesiastiques
de ses Etats , afin de les faire contribuer
aux frais des réparations de quelques -unes
de ses Places , ont décidé que le Clergé de l'Electorat
payeroit cette contribution en forme de
don gratuit. Le Pape , en conféquence de cette.
déliberation , doit envoyer un Bref à l'Electeur
Palatin pour autoriser cette imposition où don
gratuit.
Les Cardinaux Davia , Georges Spinola , Spinola
de sainte Agnès , Falconien , Corsini , Gua
dagni , et Mosca , que le Pape avait nommez
pour
OCTOBRE. 1733. 2265
pour examiner de quelle maniere on pourroit
remedier aux abus ausquels les aziles , tant des
Eglises que des Palais des Ministres Etrangers ,
donnent lieu , ont reglé que l'azile des Eglises
pour les homicides , ne pourra durer que trois .
jours , après lequel temps il sera permis de se
saisir de leur personne et de les mettre entre les :
mains de la Justice. Le Cardinal Corsini a été
chargé d'écrire aux Ministres Etrangers qui résident
en cette Ville , pour les prier de ne pas
souffrir qu'aucune personne accusée de crimes ,
dont la punition importe à la sûreté publique ,
trouve le moyen en se retirant dans leurs Palais
d'éluder la juste rigueur des Loix.
Suivant le rapport des Capitaines des divers
Bâtimens arrivez à Venise depuis peu des Côtes
d'Afrique , Dgianum-Codja , Capitan- Pacha
de l'Empire Othoman , a escorté jusqu'à Alger
fes trois Vaisseaux de l'Escadre Algerienne , qui
étoient à la Rade de Mosconisy ; ce sont les
seuls qui ayent pû se sauver de la tempête qu'elle
essuya le premier du mois d'Avril dernier.
Dans le Consistoire du 28. du mois dernier ,
le Pape nomma Cardinaux , Jean- Baptiste Spino
la , Génois , Vice- Camerlingue , Gouverneur de
Rome , Protonotaire Apostolique , et Consulteur
du S. Office , et Marcel Pasteri , natif d'Ariano,
dans le Royaume de Naple , Archevêque de Nazianze
, Auditeur de Sa Sainteté , et Dataire de
la Pénitencerie ..
Es . Cardinaux Lercari , Caraffe et Guadagni ,
que le Pape a nommez pour donner leur avis
sur la permission que l'Electeur Palatin a demandée
, d'établir une imposition sur les Ecclesiastiques
de ses Etats , afin de les faire contribuer
aux frais des réparations de quelques -unes
de ses Places , ont décidé que le Clergé de l'Electorat
payeroit cette contribution en forme de
don gratuit. Le Pape , en conféquence de cette.
déliberation , doit envoyer un Bref à l'Electeur
Palatin pour autoriser cette imposition où don
gratuit.
Les Cardinaux Davia , Georges Spinola , Spinola
de sainte Agnès , Falconien , Corsini , Gua
dagni , et Mosca , que le Pape avait nommez
pour
OCTOBRE. 1733. 2265
pour examiner de quelle maniere on pourroit
remedier aux abus ausquels les aziles , tant des
Eglises que des Palais des Ministres Etrangers ,
donnent lieu , ont reglé que l'azile des Eglises
pour les homicides , ne pourra durer que trois .
jours , après lequel temps il sera permis de se
saisir de leur personne et de les mettre entre les :
mains de la Justice. Le Cardinal Corsini a été
chargé d'écrire aux Ministres Etrangers qui résident
en cette Ville , pour les prier de ne pas
souffrir qu'aucune personne accusée de crimes ,
dont la punition importe à la sûreté publique ,
trouve le moyen en se retirant dans leurs Palais
d'éluder la juste rigueur des Loix.
Suivant le rapport des Capitaines des divers
Bâtimens arrivez à Venise depuis peu des Côtes
d'Afrique , Dgianum-Codja , Capitan- Pacha
de l'Empire Othoman , a escorté jusqu'à Alger
fes trois Vaisseaux de l'Escadre Algerienne , qui
étoient à la Rade de Mosconisy ; ce sont les
seuls qui ayent pû se sauver de la tempête qu'elle
essuya le premier du mois d'Avril dernier.
Dans le Consistoire du 28. du mois dernier ,
le Pape nomma Cardinaux , Jean- Baptiste Spino
la , Génois , Vice- Camerlingue , Gouverneur de
Rome , Protonotaire Apostolique , et Consulteur
du S. Office , et Marcel Pasteri , natif d'Ariano,
dans le Royaume de Naple , Archevêque de Nazianze
, Auditeur de Sa Sainteté , et Dataire de
la Pénitencerie ..
Fermer
Résumé : ITALIE.
En octobre 1733, le Pape a nommé plusieurs cardinaux pour traiter divers sujets. Les cardinaux Lercari, Caraffe et Guadagni ont examiné la demande de l'Électeur Palatin d'imposer une taxe sur les ecclésiastiques pour financer des réparations militaires. Ils ont décidé que le clergé paierait cette contribution sous forme de don gratuit, avec autorisation papale par un bref. Les cardinaux Davia, Georges Spinola, Spinola de sainte Agnès, Falconien, Corsini, Guadagni et Mosca ont réglementé les abus liés aux asiles dans les églises et les palais des ministres étrangers, limitant l'asile pour homicides à trois jours. Le cardinal Corsini a informé les ministres étrangers de ne pas protéger les criminels. Par ailleurs, des rapports de navires à Venise ont mentionné que Dgianum-Codja, Capitan-Pacha de l'Empire Ottoman, a escorté des vaisseaux algériens jusqu'à Alger après une tempête en avril. Lors du consistoire du 28 septembre, le Pape a nommé Jean-Baptiste Spinola et Marcel Pasteri comme cardinaux, détaillant leurs fonctions et origines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1078
p. 2265-2266
PAYS-BAS.
Début :
On écrit de Bruxelles, que M. de Joinville, chargé des affaires du Roy de France auprès [...]
Mots clefs :
Archiduchesse, Sujets, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS.
N écrit de Bruxelles , que M. de Joinville ,
charge des affaires du Roy de France au
près de l'Archiduchesse , Gouvernante des Pays-
Bas , déclara le 16. de ce mois au Comte
G.Y
d'Hare
2266 MERCURE DE FRANCE
d'Harrach , suivant l'ordre qu'il en avoit reçu ,
que S. M. T. C. ne regardant point l'Arzhiduchesse
comme ayant aucune part aux sujets que
l'Empereur lui a donné de faire la guerre ; ni les
Pays-Bas , quoique possedez par ce Prince , com
me sujets aux hostilitez , elle ne faisoit point à
l'égard de cette Princesse ni du Pays qu'elle gouverne
, la démarche de le rappeller , et il ajoûta
qu'il lui étoit seulement prescrit de se retirer,
lorsqu'on lui feroit connoître où qu'il s'appercevroit
que l'Archiduchesse n'auroit pas la liberté
de laisser subsister cette marque de l'estime et de
la consideration du Roy pour elle . On espere de
cette déclaration que ce Pays- là continuera de
jouir de la Paix..
N écrit de Bruxelles , que M. de Joinville ,
charge des affaires du Roy de France au
près de l'Archiduchesse , Gouvernante des Pays-
Bas , déclara le 16. de ce mois au Comte
G.Y
d'Hare
2266 MERCURE DE FRANCE
d'Harrach , suivant l'ordre qu'il en avoit reçu ,
que S. M. T. C. ne regardant point l'Arzhiduchesse
comme ayant aucune part aux sujets que
l'Empereur lui a donné de faire la guerre ; ni les
Pays-Bas , quoique possedez par ce Prince , com
me sujets aux hostilitez , elle ne faisoit point à
l'égard de cette Princesse ni du Pays qu'elle gouverne
, la démarche de le rappeller , et il ajoûta
qu'il lui étoit seulement prescrit de se retirer,
lorsqu'on lui feroit connoître où qu'il s'appercevroit
que l'Archiduchesse n'auroit pas la liberté
de laisser subsister cette marque de l'estime et de
la consideration du Roy pour elle . On espere de
cette déclaration que ce Pays- là continuera de
jouir de la Paix..
Fermer
Résumé : PAYS-BAS.
Le 16 du mois, M. de Joinville, représentant du roi de France, a informé le Comte G.Y d'Harrach que le roi ne considère pas l'Archiduchesse des Pays-Bas impliquée dans les guerres de l'Empereur. Les Pays-Bas, bien que possédés par l'Empereur, ne sont pas en guerre. M. de Joinville se retirera si l'Archiduchesse n'a pas la liberté de maintenir cette marque de considération.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1079
p. 2267-2275
Motifs des Résolutions du Roy, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 15 de ce mois, on distribua à l'Imprimerie Royale, un imprimé, intitulé : Motifs [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Pologne, Empereur, République, Prince, Cour de Vienne, Armes, Électeur de Saxe, Europe, Liberté, Troupes, Trône, Élection, Couronne, Paix, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Motifs des Résolutions du Roy, &c. [titre d'après la table]
L
E. 1s de ce mois , on distribua à l'Imprimerie
Royale , un imprimé , intitulé : Motifs
des Résolutions du Roy , dont voici la teneur.
LE ROY a donné depuis son avenement à la
Couronne , des preuves éclatantes de sa modération
et de son amour pour la Paix , peut- être
même pourroit-on lui imputer de les avoir portées
trop loin : Cependant il a préféré le repos et
la félicité de ses peuples , à la funeste ambition
d'étendre les Limites de son Empire. Mais la mo,"
dération a ses bornes comme les autres vertus , ét
l'Europe jouiroit encore d'une tranquillité profonde
, si lès Ennemis de la France n'avoient pas
G vj forcé
·
2263 MERCURE DE FRANCE
forcé Sa Majesté à prendre les armes pour def
fendre la dignité de sa Couronne , la gloire de
la Nation Françoise , l'honneur et la liberté de
la Pologne.
*
Depuis que le Thrône de Pologne a été va
cant , le Roy a constamment, respecté la liberte
Polonoise , il n'a rien cxigé d'un peuple libre , et
seul arbitre de son sort. La République elle- mê--
me a imploré son secours, elle a redoublé ses instances
, à mesure que ses allarmes croissoient ,
et qu'elle se voyoit environnée d'armées ennemies
; elle a cherché dans l'équité et dans les for,
ces de Sa Majesté , un azyle toujours ouvert aux
Puissances qui sont menacées d'être opprimées,
Le Roy, a l'exemple de ses Ancêtres , a assuré sa
protection à la Pologne , il l'a déclaré 1 à tous
fes Souverains, mais dans, les termes les plus mesurez
, et avec cette modération digne des grands .
Princes. Il a même , dès les premiers momens.
fait connoître à la Cour de Vienne ce qui pou
voit seul prévenir les troubles en Europe ; et tou--
tes les démarches qu'il a faites depuis , sont autant
de monumens illustres de son amour pour
le maintien de la tranquillité publique..
Une conduite aussi sage n'a pas empêché la
Cour de Vienne , d'éclater contre un Prince né
dans le sein de la Pologne , et attaché au Roy
par des liens aussi étroits. Cette Cour encoura
gée par tant de mesures antérieures , favorables
a ses projets particuliers, a prodigué pour répondre
2 à la déclaration de Sa Majesté , les termes
les plus offensans , et qui devroient être inconnus
entre Princes que leurs Sceptres rendent égaux.Le
Roy n'est point sorti des bornes que sa sagesse
1. Cette declaration est imprimée N. 1.
2.Cette réponse est imprimée N. a.
lui
OCTOBRE 135 2269
lui avoit prefcrites : Il ne s'est point pressé de
tirer la vengeance que demandoit une insulte qui
lui devenoit personnelle ; et si les préparatifs necessaires
ont annoncé son juste ressentiment , il
en a suspendu les effets jusqu'au moment où il
ne lui a plus été possible de conserver la paix
sans blesser la dignité de sa Couronne , et l'honneur
de son Sang..
Peut-on douter que l'interêt personnel de l'Empereur
n'ait décidé de sa conduite , et n'ait dé◄
terminé les engagemens qu'il avoit pris pour dis
poser d'une Couronne indépendante de l'Empi
re , et qui n'étoit pas même encore vacante ID
prétendoit exclure également le Roy. Stanislaa
par le seul motif de ses liaisons avec la Francel'Electeur
de Saxe , parce qu'il paroissoit alors
avoir des interêts opposez à ceux de la Maison
d'Autriche. La mort du Roy Auguste a donné
lieu à de nouveaux projets : Cet Electeur s'est
hâté d'entrer dans toutes les vûës de l'Empereur,
et dès- lors il a cessé de mériter l'exclusion que
çe Prince et la Czarine lui avoient donnée . Cette
exclusion a été levée ; l'on a promis par un nou
veau Traité , d'élever l'Electeur de Saxe sur le
Thrône de Pologne , et les Troupes ennemies se
sont rapprochées de la République , pour la forcer
à souscrire à ces arrangemens ..
Les Polonois ont crú necessaire à leur liberté ,
d'exclure tout Prince étranger de la Couronne
qui étoit vacante. Cette exclusion a été pronon
cée par la Dictte de convocation , et elle a para
si essentielle , qu'elle a été affermie par un serment
solemnel. La Cour de Vienne a voulu franchir
cette nouvelle Barriere ; il n'est rien qu'elle
n'ait tenté pour procurer l'absolution de ce ser
ment ; comme si les interêts , et les projets sans
bor2270
MERCURE DE FRANCE
bornes ; de la Maison d'Autriche , devoient dé
cider d'un engagement, consacré par la Religion.
L'Empereur a redoublé ses efforts ; il avoit annoncé:
Qu'il ne permettroit jamais que Scanis-
» las remontât sur le Throne , sous prétexee de
sa premiere Election , ou de quelqu'autre ma-
» niere que ce fut. Ses Ministres près de la République
ont agi dans une parfaite intelligence
avec ceux de Saxe et de Moscovie ; il ont même
fait trophée de leur union, ils l'ont publiée avec
éclat à Warsovie ; toutes leurs déclarations ont
été faites dans le même esprit , mêmes insultes
au Roy de Pologne , mêmes ordres à la Répu
blique ; les menaces , les intrigues , les supposi
tions les plus calomnieuses, la marche des Troupes
, tout a été concerté entr'eux , tout leur a été
commun. Les Ministres de Saxe et de Moscovie,
fors de l'Election , se sont retirez chez celui de
l'Empereur ; et afin qu'il ne restår plus aucun
doute de leur union , le Ministre de l'Empereur
s'est joint à celui de Moscovie , pour notifier pus
bliquement au Primat l'entrée des Moscovites en
Pologne , et pour montrer à la République as➡
semblée les Fers qu'on lui avoit préparez. 1
"
La Cour de Vienne a -t-elle pu penser en im
poser à l'Europe , et se flatter de dissiper l'oras
ge, en differant de faire entrer ses Troupes en Po
logne , lors même qu'elle détérminoit les Moscovites
à y faire une irruption ? Elle a esperé que
les armes des Moscovites suffiroient pour intimider
et asservir les Polonois et d'ailleurs les
Troupes Imperiales et Saxones'n'étoient- elles
pas toujours sur les Frontieres de la Pologne
prêtes à y entrer pour soutenir leur violence !
** Cette déclaration est imprimée Nutz& A
A
OCTOBR E. 1733. 2271
A tous ces traits , il est difficile de reconnof
tre l'aggresseur. Les Traitez, par lesquels l'Empereur
a voulu disposer en Maître absolu de la
Couronne de Pologne ; l'exclusion qu'il s'est ef-
' forcé de donner sans authorité et sans pouvoir,
à un Prince que ses vertus rendent digne du
Thrône ; les assurances données à l'Electeur de
Saxe, pour le récompenser de sa docilité; la marche
des Troupes Impériales , de concert avec
celles de Saxe et de Moscovie; l'hoftilité que les
Moscovites ont commise dans le temps même de :
l'Election , pour assûrer par la force des armes
l'execution des projets de l'Empereur; cette hostilité
approuvée , et même annoncée par son Mi--
nistre. Toute cette conduite sera à jamais un té---
moignage public que ce Prince est seul autheur
de la guerre ; qu'il a forcé le Roy à prendre les
armes , par l'outrage qu'il a voulu faire à S. M.
et par les violences exercées ou par lui , on de
-son aveu , contre la République de Pologne.
>
Si tous ces efforts ont été inutiles lors de l'E- -
lection , le Roy et le Royaume de Pologne en
sont uniquement redevables à celui à qui seul
appartient de disposer des Couronnes , et qui
tient en ses mains les coeurs des Peuples, comme
ceux des Rois. Le courage des Polonois les a af
franchis de la servitude dans laquelle la Cour
'de Vienne vouloit les précipiter ; mais le Roy
ne peut demander raison qu'à l'Empereur, de son
opposition au rétablissement du Roy de Pologne
, de ses déclarations injurieuses , répandues
dans toute l'Europe par les Ennemis qu'il a suscitez
à la France et à la Pologne qui ne désiroient
que la paix et la liberté , des conseils qu'il
a donnez à la Cour de Russie des esperances
dont il a flatté celle de Saxe ; enfin de tous less
efforts
»
2272 MERCURE DE FRANCE
1
afforts qu'il fait encore pour soûtenir ses premiers
projets.
Envain la Cour de Vienne espere de cacher ses
intrigues aux yeux de l'Europe. On retrouve par
tout ses conseils , ses principes , ses expressions
indécentes , ses desseins formez contre la liberté
Polonoise.
›
Le Prince respectable contre lequel l'Empereur
s'éleve , est le même en qui la plus grande partie
des Souverains de l'Europe , et nommément
P'Empereur Joseph avoient reconnu le sacré
caractere de la Rayauté . L'alliance que le Roy
Stanislas avoit contractée avec le Roy , a changé
les dispositions et le langage de la Cour de Vienne
: Ce Prince est devenu dèslors,selon l'expics
sion des Alliez , un Citoyen proscrit de sa
Patrie . Cette variation auroit de quoi surpren
dre , si l'on n'en voyoit pas le principe dans le
projet que l'Empereur a formé d'offenser S. M.
dans la personne d'un Prince qui lui est cher , er
de se rendre le dispenrateur des Couronnes.
La République de Pologne n'a point de pré-
10gative plus précieuse que celle de disposer de
son Throne , attribut éminent de sa liberté , et
pour la conservation duquel on l'a vu verser son
sang. L'Empereur a voulu y donner atteinte ; il
n'a pas craint de marquer et le Prince qu'il vou
Toit exclure , et celui qu'il vouloit porter sur le
Throne. Il a entrepris de prononcer sans autho
rité , sur ce qui s'étoit passé dans l'intérieur de
la République au sujet de la premiere Election du
Roy de Pologne , il a décidé en Legislateur sou
verain des Loix qui doivent subsister en Pologne,
et des fondemens de la liberté qu'il a voulu ren-.
verser. Le seul menagement qu'il a cû pour elle ,
a été de déguiser ses entreprises sous les appa
rences
OCTOBRE . 1733. 2273
rences d'une protection trompeuse , et sous le
voile d'un prétendu Traité que le tumulte des
armes enfanta avec précipitation , et que la Republique
rendue à elle- même n'a pas crû devoir
suivre .
1
L'Empereur et la Czarine se sont toujours expliquez
à la République , comme on parle à un
Royaume tributaire , ou à une Nation subjugée .
Leurs menaces ont été accompagnées de la marche
de leurs Troupes jusques sur les Frontieres
P'armée Moscovite est entrée en Pologne . afin
de remplir ses engagemens avec l'Empereur , dans
le temps même de l'Election , dans la vue et pour
étouffer par le bruit des armes les Loix et les suf
frages de la République .
Cependant la Nation Polonoise a délibéré sur
l'Election de son Roy , avec cette tranquillité
que la justice seule peut inspirer au milieu des
dangers . Les voeux de la République avoient prévenu
le retour du Roy de Pologne , sa presence
a réuni les esprits , le Champ d'Election n'a retenti
que d'une voix en sa faveur , et cette déliberation
a été consommée avec une unanimité
dont on n'a pas vû d'exemple dans les Faftes de
la Pologne.
C'est cette unanimité qui devoit imposer un
silence eternel à ses Ennemis , puisqu'elle annonçoit
la volonté du Maître des Rois ; et c'est cependant
ce qui les détermine à se porter aux derniers
excès. Le comble est mis à la violence ; l'ar-'
mée Moscovite,par le concert des Alliez,s'avance
vers Varsovie ; les Troupes de l'Empereur et
de l'Electeur de Saxe sont prêtes à marcher sur
les mêmes traces , si les armes Moscovites ne
suffisent pas pour accabler un Peuple libre , qui
reclame ses droits les plus incontestables , et le
glorieux usage de sa liberté.
•
2174 MERCURE DE FRANCE
Que les Cours de Vienne et de Russie cessent
d'usurper l'auguste titre de Protecteurs de lo Pologne
: A ce titre même auroient - elles le droit
d'ouvrir et de fermer les Barrieres qui deffendent
l'accès du Throne vacant ? Ce n'est point e
touffant les droits d'une Nation , qu'on merite
le nom de son Protecteur , mais en la deffendant
contre ceux qui la voudroient opprimer.Le Roy
en avoit donné l'exemple à l'Empereur : Il no
craint point d'en prendre à témoin la Républi
que même et toute l'Europe : Quoique S. M.
dut souhaiter le rétablissement d'un Prince que
la France avoit reçu dans ses malheurs , et qui
lui est uni par les liens les plus sacrez , Elle n'a
rien exigé des Polonois , persuadée qu'il n'ap
partient qu'à la Nation Polonoise de rappeller
un Prince que les malheurs des temps avoient
long- temps séparé d'elle. La Lettre i de S. M.
au Primat du... ne réspire que la juftice et la
paix : l'Europe y reconnoîtra la droiture des intentions
du Roy; elle y verra combien le Roy
est éloigné d'inspirer au Roy de Pologne des
sentimens opposez aux interêts de la Républi
que ; et que s'il a souhaité avec empressement le
rétablissement de ce Prince , c'est pour concou
rir avec lui à l'observation des Traitez qui interessent
la Pologne, et contribuer en même- temps
à la félicité et à la gloire de cette République
à la tranquillité du Nord .
Ce n'est donc point par des vues d'ambition
ou d'interêt que le Roy prend les armes . Contente
de posseder un Royaume florissant , et de
regner sur un Peuple fidelle , Sa Majesté ne cherthe
point à reculer les bornes de sa domination.
Cette Lettre est imprimée N. 4
Ex
OCTOBRE. 17337 2275
Envain l'Empereur , pour interesser l'Empire
dans ses projets , cherche - t - il à l'allarmer sur
les desseins qu'il attribuë faussement à Sa Marsté.
L'Empereur a voulu la guerre , qu'il a renue
necessaire en outrageant le Roy dans ce qui
doit être le plus sacré parmi les Souverains . S
M. se propose d'effacer jusques aux moindres
traces de l'outrage que la Cour de Vienne a cru
lui faire , et de soutenir l'honneur de la France.
D'aussi justes motifs redoubleront encore l'ar
deur des Troupes Françoises : Elles prennent les
armes avec empressement pour vanger leur
Roy, et pour empêcher d'illustres Alliez de succomber
sous les forces que l'Empereur a suscitées
contre eux.C'est au Dieu des armées à donner
la Victoire. Le Roy peut l'invoquer avec
confiance , et esperer que ses succès respondront
à sa modération , à sa patience et à la pureté de
ses sentimens.
E. 1s de ce mois , on distribua à l'Imprimerie
Royale , un imprimé , intitulé : Motifs
des Résolutions du Roy , dont voici la teneur.
LE ROY a donné depuis son avenement à la
Couronne , des preuves éclatantes de sa modération
et de son amour pour la Paix , peut- être
même pourroit-on lui imputer de les avoir portées
trop loin : Cependant il a préféré le repos et
la félicité de ses peuples , à la funeste ambition
d'étendre les Limites de son Empire. Mais la mo,"
dération a ses bornes comme les autres vertus , ét
l'Europe jouiroit encore d'une tranquillité profonde
, si lès Ennemis de la France n'avoient pas
G vj forcé
·
2263 MERCURE DE FRANCE
forcé Sa Majesté à prendre les armes pour def
fendre la dignité de sa Couronne , la gloire de
la Nation Françoise , l'honneur et la liberté de
la Pologne.
*
Depuis que le Thrône de Pologne a été va
cant , le Roy a constamment, respecté la liberte
Polonoise , il n'a rien cxigé d'un peuple libre , et
seul arbitre de son sort. La République elle- mê--
me a imploré son secours, elle a redoublé ses instances
, à mesure que ses allarmes croissoient ,
et qu'elle se voyoit environnée d'armées ennemies
; elle a cherché dans l'équité et dans les for,
ces de Sa Majesté , un azyle toujours ouvert aux
Puissances qui sont menacées d'être opprimées,
Le Roy, a l'exemple de ses Ancêtres , a assuré sa
protection à la Pologne , il l'a déclaré 1 à tous
fes Souverains, mais dans, les termes les plus mesurez
, et avec cette modération digne des grands .
Princes. Il a même , dès les premiers momens.
fait connoître à la Cour de Vienne ce qui pou
voit seul prévenir les troubles en Europe ; et tou--
tes les démarches qu'il a faites depuis , sont autant
de monumens illustres de son amour pour
le maintien de la tranquillité publique..
Une conduite aussi sage n'a pas empêché la
Cour de Vienne , d'éclater contre un Prince né
dans le sein de la Pologne , et attaché au Roy
par des liens aussi étroits. Cette Cour encoura
gée par tant de mesures antérieures , favorables
a ses projets particuliers, a prodigué pour répondre
2 à la déclaration de Sa Majesté , les termes
les plus offensans , et qui devroient être inconnus
entre Princes que leurs Sceptres rendent égaux.Le
Roy n'est point sorti des bornes que sa sagesse
1. Cette declaration est imprimée N. 1.
2.Cette réponse est imprimée N. a.
lui
OCTOBRE 135 2269
lui avoit prefcrites : Il ne s'est point pressé de
tirer la vengeance que demandoit une insulte qui
lui devenoit personnelle ; et si les préparatifs necessaires
ont annoncé son juste ressentiment , il
en a suspendu les effets jusqu'au moment où il
ne lui a plus été possible de conserver la paix
sans blesser la dignité de sa Couronne , et l'honneur
de son Sang..
Peut-on douter que l'interêt personnel de l'Empereur
n'ait décidé de sa conduite , et n'ait dé◄
terminé les engagemens qu'il avoit pris pour dis
poser d'une Couronne indépendante de l'Empi
re , et qui n'étoit pas même encore vacante ID
prétendoit exclure également le Roy. Stanislaa
par le seul motif de ses liaisons avec la Francel'Electeur
de Saxe , parce qu'il paroissoit alors
avoir des interêts opposez à ceux de la Maison
d'Autriche. La mort du Roy Auguste a donné
lieu à de nouveaux projets : Cet Electeur s'est
hâté d'entrer dans toutes les vûës de l'Empereur,
et dès- lors il a cessé de mériter l'exclusion que
çe Prince et la Czarine lui avoient donnée . Cette
exclusion a été levée ; l'on a promis par un nou
veau Traité , d'élever l'Electeur de Saxe sur le
Thrône de Pologne , et les Troupes ennemies se
sont rapprochées de la République , pour la forcer
à souscrire à ces arrangemens ..
Les Polonois ont crú necessaire à leur liberté ,
d'exclure tout Prince étranger de la Couronne
qui étoit vacante. Cette exclusion a été pronon
cée par la Dictte de convocation , et elle a para
si essentielle , qu'elle a été affermie par un serment
solemnel. La Cour de Vienne a voulu franchir
cette nouvelle Barriere ; il n'est rien qu'elle
n'ait tenté pour procurer l'absolution de ce ser
ment ; comme si les interêts , et les projets sans
bor2270
MERCURE DE FRANCE
bornes ; de la Maison d'Autriche , devoient dé
cider d'un engagement, consacré par la Religion.
L'Empereur a redoublé ses efforts ; il avoit annoncé:
Qu'il ne permettroit jamais que Scanis-
» las remontât sur le Throne , sous prétexee de
sa premiere Election , ou de quelqu'autre ma-
» niere que ce fut. Ses Ministres près de la République
ont agi dans une parfaite intelligence
avec ceux de Saxe et de Moscovie ; il ont même
fait trophée de leur union, ils l'ont publiée avec
éclat à Warsovie ; toutes leurs déclarations ont
été faites dans le même esprit , mêmes insultes
au Roy de Pologne , mêmes ordres à la Répu
blique ; les menaces , les intrigues , les supposi
tions les plus calomnieuses, la marche des Troupes
, tout a été concerté entr'eux , tout leur a été
commun. Les Ministres de Saxe et de Moscovie,
fors de l'Election , se sont retirez chez celui de
l'Empereur ; et afin qu'il ne restår plus aucun
doute de leur union , le Ministre de l'Empereur
s'est joint à celui de Moscovie , pour notifier pus
bliquement au Primat l'entrée des Moscovites en
Pologne , et pour montrer à la République as➡
semblée les Fers qu'on lui avoit préparez. 1
"
La Cour de Vienne a -t-elle pu penser en im
poser à l'Europe , et se flatter de dissiper l'oras
ge, en differant de faire entrer ses Troupes en Po
logne , lors même qu'elle détérminoit les Moscovites
à y faire une irruption ? Elle a esperé que
les armes des Moscovites suffiroient pour intimider
et asservir les Polonois et d'ailleurs les
Troupes Imperiales et Saxones'n'étoient- elles
pas toujours sur les Frontieres de la Pologne
prêtes à y entrer pour soutenir leur violence !
** Cette déclaration est imprimée Nutz& A
A
OCTOBR E. 1733. 2271
A tous ces traits , il est difficile de reconnof
tre l'aggresseur. Les Traitez, par lesquels l'Empereur
a voulu disposer en Maître absolu de la
Couronne de Pologne ; l'exclusion qu'il s'est ef-
' forcé de donner sans authorité et sans pouvoir,
à un Prince que ses vertus rendent digne du
Thrône ; les assurances données à l'Electeur de
Saxe, pour le récompenser de sa docilité; la marche
des Troupes Impériales , de concert avec
celles de Saxe et de Moscovie; l'hoftilité que les
Moscovites ont commise dans le temps même de :
l'Election , pour assûrer par la force des armes
l'execution des projets de l'Empereur; cette hostilité
approuvée , et même annoncée par son Mi--
nistre. Toute cette conduite sera à jamais un té---
moignage public que ce Prince est seul autheur
de la guerre ; qu'il a forcé le Roy à prendre les
armes , par l'outrage qu'il a voulu faire à S. M.
et par les violences exercées ou par lui , on de
-son aveu , contre la République de Pologne.
>
Si tous ces efforts ont été inutiles lors de l'E- -
lection , le Roy et le Royaume de Pologne en
sont uniquement redevables à celui à qui seul
appartient de disposer des Couronnes , et qui
tient en ses mains les coeurs des Peuples, comme
ceux des Rois. Le courage des Polonois les a af
franchis de la servitude dans laquelle la Cour
'de Vienne vouloit les précipiter ; mais le Roy
ne peut demander raison qu'à l'Empereur, de son
opposition au rétablissement du Roy de Pologne
, de ses déclarations injurieuses , répandues
dans toute l'Europe par les Ennemis qu'il a suscitez
à la France et à la Pologne qui ne désiroient
que la paix et la liberté , des conseils qu'il
a donnez à la Cour de Russie des esperances
dont il a flatté celle de Saxe ; enfin de tous less
efforts
»
2272 MERCURE DE FRANCE
1
afforts qu'il fait encore pour soûtenir ses premiers
projets.
Envain la Cour de Vienne espere de cacher ses
intrigues aux yeux de l'Europe. On retrouve par
tout ses conseils , ses principes , ses expressions
indécentes , ses desseins formez contre la liberté
Polonoise.
›
Le Prince respectable contre lequel l'Empereur
s'éleve , est le même en qui la plus grande partie
des Souverains de l'Europe , et nommément
P'Empereur Joseph avoient reconnu le sacré
caractere de la Rayauté . L'alliance que le Roy
Stanislas avoit contractée avec le Roy , a changé
les dispositions et le langage de la Cour de Vienne
: Ce Prince est devenu dèslors,selon l'expics
sion des Alliez , un Citoyen proscrit de sa
Patrie . Cette variation auroit de quoi surpren
dre , si l'on n'en voyoit pas le principe dans le
projet que l'Empereur a formé d'offenser S. M.
dans la personne d'un Prince qui lui est cher , er
de se rendre le dispenrateur des Couronnes.
La République de Pologne n'a point de pré-
10gative plus précieuse que celle de disposer de
son Throne , attribut éminent de sa liberté , et
pour la conservation duquel on l'a vu verser son
sang. L'Empereur a voulu y donner atteinte ; il
n'a pas craint de marquer et le Prince qu'il vou
Toit exclure , et celui qu'il vouloit porter sur le
Throne. Il a entrepris de prononcer sans autho
rité , sur ce qui s'étoit passé dans l'intérieur de
la République au sujet de la premiere Election du
Roy de Pologne , il a décidé en Legislateur sou
verain des Loix qui doivent subsister en Pologne,
et des fondemens de la liberté qu'il a voulu ren-.
verser. Le seul menagement qu'il a cû pour elle ,
a été de déguiser ses entreprises sous les appa
rences
OCTOBRE . 1733. 2273
rences d'une protection trompeuse , et sous le
voile d'un prétendu Traité que le tumulte des
armes enfanta avec précipitation , et que la Republique
rendue à elle- même n'a pas crû devoir
suivre .
1
L'Empereur et la Czarine se sont toujours expliquez
à la République , comme on parle à un
Royaume tributaire , ou à une Nation subjugée .
Leurs menaces ont été accompagnées de la marche
de leurs Troupes jusques sur les Frontieres
P'armée Moscovite est entrée en Pologne . afin
de remplir ses engagemens avec l'Empereur , dans
le temps même de l'Election , dans la vue et pour
étouffer par le bruit des armes les Loix et les suf
frages de la République .
Cependant la Nation Polonoise a délibéré sur
l'Election de son Roy , avec cette tranquillité
que la justice seule peut inspirer au milieu des
dangers . Les voeux de la République avoient prévenu
le retour du Roy de Pologne , sa presence
a réuni les esprits , le Champ d'Election n'a retenti
que d'une voix en sa faveur , et cette déliberation
a été consommée avec une unanimité
dont on n'a pas vû d'exemple dans les Faftes de
la Pologne.
C'est cette unanimité qui devoit imposer un
silence eternel à ses Ennemis , puisqu'elle annonçoit
la volonté du Maître des Rois ; et c'est cependant
ce qui les détermine à se porter aux derniers
excès. Le comble est mis à la violence ; l'ar-'
mée Moscovite,par le concert des Alliez,s'avance
vers Varsovie ; les Troupes de l'Empereur et
de l'Electeur de Saxe sont prêtes à marcher sur
les mêmes traces , si les armes Moscovites ne
suffisent pas pour accabler un Peuple libre , qui
reclame ses droits les plus incontestables , et le
glorieux usage de sa liberté.
•
2174 MERCURE DE FRANCE
Que les Cours de Vienne et de Russie cessent
d'usurper l'auguste titre de Protecteurs de lo Pologne
: A ce titre même auroient - elles le droit
d'ouvrir et de fermer les Barrieres qui deffendent
l'accès du Throne vacant ? Ce n'est point e
touffant les droits d'une Nation , qu'on merite
le nom de son Protecteur , mais en la deffendant
contre ceux qui la voudroient opprimer.Le Roy
en avoit donné l'exemple à l'Empereur : Il no
craint point d'en prendre à témoin la Républi
que même et toute l'Europe : Quoique S. M.
dut souhaiter le rétablissement d'un Prince que
la France avoit reçu dans ses malheurs , et qui
lui est uni par les liens les plus sacrez , Elle n'a
rien exigé des Polonois , persuadée qu'il n'ap
partient qu'à la Nation Polonoise de rappeller
un Prince que les malheurs des temps avoient
long- temps séparé d'elle. La Lettre i de S. M.
au Primat du... ne réspire que la juftice et la
paix : l'Europe y reconnoîtra la droiture des intentions
du Roy; elle y verra combien le Roy
est éloigné d'inspirer au Roy de Pologne des
sentimens opposez aux interêts de la Républi
que ; et que s'il a souhaité avec empressement le
rétablissement de ce Prince , c'est pour concou
rir avec lui à l'observation des Traitez qui interessent
la Pologne, et contribuer en même- temps
à la félicité et à la gloire de cette République
à la tranquillité du Nord .
Ce n'est donc point par des vues d'ambition
ou d'interêt que le Roy prend les armes . Contente
de posseder un Royaume florissant , et de
regner sur un Peuple fidelle , Sa Majesté ne cherthe
point à reculer les bornes de sa domination.
Cette Lettre est imprimée N. 4
Ex
OCTOBRE. 17337 2275
Envain l'Empereur , pour interesser l'Empire
dans ses projets , cherche - t - il à l'allarmer sur
les desseins qu'il attribuë faussement à Sa Marsté.
L'Empereur a voulu la guerre , qu'il a renue
necessaire en outrageant le Roy dans ce qui
doit être le plus sacré parmi les Souverains . S
M. se propose d'effacer jusques aux moindres
traces de l'outrage que la Cour de Vienne a cru
lui faire , et de soutenir l'honneur de la France.
D'aussi justes motifs redoubleront encore l'ar
deur des Troupes Françoises : Elles prennent les
armes avec empressement pour vanger leur
Roy, et pour empêcher d'illustres Alliez de succomber
sous les forces que l'Empereur a suscitées
contre eux.C'est au Dieu des armées à donner
la Victoire. Le Roy peut l'invoquer avec
confiance , et esperer que ses succès respondront
à sa modération , à sa patience et à la pureté de
ses sentimens.
Fermer
Résumé : Motifs des Résolutions du Roy, &c. [titre d'après la table]
En octobre 1733, un imprimé intitulé 'Motifs des Résolutions du Roy' est distribué à l'Imprimerie Royale. Le roi de France y expose sa modération et son amour pour la paix, tout en soulignant que les ennemis de la France l'ont contraint à prendre les armes. Cette décision vise à défendre la dignité de sa couronne, la gloire de la nation française, ainsi que l'honneur et la liberté de la Pologne. Depuis la vacance du trône de Pologne, le roi a respecté la liberté polonaise et a protégé la Pologne face aux menaces extérieures. Cependant, la Cour de Vienne, encouragée par des mesures favorables à ses projets, a adopté des termes offensants et a incité des troupes ennemies à menacer la Pologne. Le roi de France a suspendu ses préparatifs de vengeance jusqu'à ce qu'il ne puisse plus conserver la paix sans blesser sa dignité. L'Empereur et la Czarine ont tenté d'imposer leurs choix pour le trône de Pologne, malgré les serments et les lois polonaises. Les troupes moscovites, saxonnes et impériales ont menacé et envahi la Pologne pour imposer leurs projets. Le roi de France affirme que ces actions sont la preuve que l'Empereur est l'agresseur et que la France ne cherche pas à étendre son empire mais à défendre la liberté et la paix. Les troupes françaises sont déterminées à défendre l'honneur de la France et à soutenir leur roi. Elles prennent les armes avec empressement pour venger leur souverain et protéger leurs alliés illustres menacés par les forces de l'empereur. La victoire est confiée au 'Dieu des armées'. Le roi peut invoquer ce divin soutien avec confiance, espérant que ses succès refléteront sa modération, sa patience et la pureté de ses sentiments.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1080
p. 2275-2276
COPIE de la Déclaration faite au nom du Roy, au mois de Mars 1733.
Début :
No I. Le Roy suspendroit encore son jugement sur l'objet du corps considérable [...]
Mots clefs :
Roi, Pologne, Polonais, Dessein, Contraindre, Liberté, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COPIE de la Déclaration faite au nom du Roy, au mois de Mars 1733.
COPIE de la Déclaration faite au nom
du Roy , au mois de Mars 1733.
No 1. T E Roy suspendroit encore son juge-
1.LE
ment sur l'objet du corps considérable
de Troupes que l'Empereur fait marcher vers la
Frontiére de Pologne , si les déclarations faites
par la plupart des Ministres Impériaux , pouvoient
permettre de douter du désir et même du
dessein de contraindre les Polonois. A la vûë d'un
-projet aussi hautement déclaré : Sa Majesté ne
peut dissimuler ,,
qu'outre l'interêt commun que
tous les Princes, ont de maintenir la liberté de la
Pologne, sa dignité et le rang qu'elle tient parmi
· les Puissances de l'Europe , la mettent en droit ,
›et l'obligent même à prendre part aux affaires
qui
2276 MERCURE DE FRANCE
qui peuvent troubler la tranquillité générale,
C'est dans cette vûe que le Roy a déja fait assúrer
les Polonois, qu'il maintiendroit autant qu'il
seroit en lui , la liberté entiere des suffrages , et
il ne se départira jamais de ces principes d'éq
té. Sa Majesté croit donc devoir déclarer qu'Elle
ne pourroit regarder toutes démarches ou entreprises
faites pour contraindre leurs suffrages , que
comme un dessein de troubler le repos de l'Europe:
Sa Majesté ne pourrait donc se dispenser
alors , d'agir avec le zele et la fermeté que l'im:
portance de la matière le requiert.
du Roy , au mois de Mars 1733.
No 1. T E Roy suspendroit encore son juge-
1.LE
ment sur l'objet du corps considérable
de Troupes que l'Empereur fait marcher vers la
Frontiére de Pologne , si les déclarations faites
par la plupart des Ministres Impériaux , pouvoient
permettre de douter du désir et même du
dessein de contraindre les Polonois. A la vûë d'un
-projet aussi hautement déclaré : Sa Majesté ne
peut dissimuler ,,
qu'outre l'interêt commun que
tous les Princes, ont de maintenir la liberté de la
Pologne, sa dignité et le rang qu'elle tient parmi
· les Puissances de l'Europe , la mettent en droit ,
›et l'obligent même à prendre part aux affaires
qui
2276 MERCURE DE FRANCE
qui peuvent troubler la tranquillité générale,
C'est dans cette vûe que le Roy a déja fait assúrer
les Polonois, qu'il maintiendroit autant qu'il
seroit en lui , la liberté entiere des suffrages , et
il ne se départira jamais de ces principes d'éq
té. Sa Majesté croit donc devoir déclarer qu'Elle
ne pourroit regarder toutes démarches ou entreprises
faites pour contraindre leurs suffrages , que
comme un dessein de troubler le repos de l'Europe:
Sa Majesté ne pourrait donc se dispenser
alors , d'agir avec le zele et la fermeté que l'im:
portance de la matière le requiert.
Fermer
Résumé : COPIE de la Déclaration faite au nom du Roy, au mois de Mars 1733.
En mars 1733, le roi de France suspend son jugement sur les troupes impériales se dirigeant vers la frontière polonaise, bien que les déclarations des ministres impériaux laissent peu de doute sur l'intention de contraindre les Polonais. Le roi souligne l'intérêt commun des princes européens à maintenir la liberté de la Pologne et son propre devoir de préserver la tranquillité générale. Il a déjà assuré aux Polonais qu'il soutiendra leur liberté de suffrage et ne dévira pas de ces principes d'égalité. Le roi déclare qu'il considérera toute tentative de contraindre les suffrages polonais comme une menace à la paix européenne et agira avec zèle et fermeté pour y répondre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1081
p. 2276-2277
DECLARATION de l'Empereur, en réponse de celle de Sa Majesté.
Début :
No 2. L'Empereur n'a pas jugé digne de son attention, les insinuations mal fondées, [...]
Mots clefs :
Empereur, République, Pologne, Droits, Alliés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DECLARATION de l'Empereur, en réponse de celle de Sa Majesté.
·DECLARATION de l'Empereur.
réponse de celle de Sa Majesté.
N° 2.
"
en
L'Empereur n'a pas jugé digne de son
>
dées , qu'on employoit en Pologne pour détourner
les bons Patriotes à mettre leur confiance en
un Prince ami , voisin et allié , qui , à l'exemple
de ses augustes Prédécesseurs , bien loin de permettre
qu'on donne la moindre atteinte à la liberté
de la République , et à sa constitution
telle qu'elle se trouve établie par les Loix , en
sera toujours le plus ferme appuyy..Garant de cette
liberté , en vertu des Pacta conventa qui depuis
deux siécles subsistent entre l'auguste Maison
d'Austriche, et les Sérénissimes Rois de Pologne,
et la République de ce nom , le soin de la maintenir
contre les entreprises de qui que ce soit , le
touche principalement ; et bien loin que ses Ministres
ayent imité ceux qui prétendent borner
les suffrages d'une Nation libre , à un seul sujet,
ils ont déclaré dès le commencement de l'interregne
, tant de vive voix , que par écrit : Que
PEmpereur ne souffrira pas , qu'aucuns moyens.
con-
1
OCTOBRE . 1733 2277
contraires aux droits d'une libre Election , tels
qu'ils se trouvent établis par les constitutions du
Royaume , y soient employez , quand même on
voudroit s'en servir pour faire monter sur le
Trône de Pologne un Candidat , qui d'ailleurs
useroit agréable .
Tels étant donc les sentimens de ce Prince , et
tels étant encore ceux de ses Alliez , dont il est
inséparable , il ne pouvoit qu'être extrêmement
surpris , que par une déclaration conçue en des
termes peu mesurez , et répandue avec une affectation
indécente , on ait voulu faire tomber sur
lui un reproche qui conviendroit mieux à ceux
qui agissent par des voies et des principes opposez.
Souverain dans ses Etats hereditaires , il n'a
à rendre aucun compte de la marche de ses Troupes
en Silesie ; la justice qui regle toutes ses actions
, ne laisse aucun doute sur le but qu'il s'est
proposé , et il fera paroître en cette occasion
comme en toute autre , autant de droiture en ce
qui regarde les droits d'autrui , que de fermeté
à soutenir les siens et ceux de ses alliez.
réponse de celle de Sa Majesté.
N° 2.
"
en
L'Empereur n'a pas jugé digne de son
>
dées , qu'on employoit en Pologne pour détourner
les bons Patriotes à mettre leur confiance en
un Prince ami , voisin et allié , qui , à l'exemple
de ses augustes Prédécesseurs , bien loin de permettre
qu'on donne la moindre atteinte à la liberté
de la République , et à sa constitution
telle qu'elle se trouve établie par les Loix , en
sera toujours le plus ferme appuyy..Garant de cette
liberté , en vertu des Pacta conventa qui depuis
deux siécles subsistent entre l'auguste Maison
d'Austriche, et les Sérénissimes Rois de Pologne,
et la République de ce nom , le soin de la maintenir
contre les entreprises de qui que ce soit , le
touche principalement ; et bien loin que ses Ministres
ayent imité ceux qui prétendent borner
les suffrages d'une Nation libre , à un seul sujet,
ils ont déclaré dès le commencement de l'interregne
, tant de vive voix , que par écrit : Que
PEmpereur ne souffrira pas , qu'aucuns moyens.
con-
1
OCTOBRE . 1733 2277
contraires aux droits d'une libre Election , tels
qu'ils se trouvent établis par les constitutions du
Royaume , y soient employez , quand même on
voudroit s'en servir pour faire monter sur le
Trône de Pologne un Candidat , qui d'ailleurs
useroit agréable .
Tels étant donc les sentimens de ce Prince , et
tels étant encore ceux de ses Alliez , dont il est
inséparable , il ne pouvoit qu'être extrêmement
surpris , que par une déclaration conçue en des
termes peu mesurez , et répandue avec une affectation
indécente , on ait voulu faire tomber sur
lui un reproche qui conviendroit mieux à ceux
qui agissent par des voies et des principes opposez.
Souverain dans ses Etats hereditaires , il n'a
à rendre aucun compte de la marche de ses Troupes
en Silesie ; la justice qui regle toutes ses actions
, ne laisse aucun doute sur le but qu'il s'est
proposé , et il fera paroître en cette occasion
comme en toute autre , autant de droiture en ce
qui regarde les droits d'autrui , que de fermeté
à soutenir les siens et ceux de ses alliez.
Fermer
Résumé : DECLARATION de l'Empereur, en réponse de celle de Sa Majesté.
L'Empereur répond à une accusation concernant les événements en Pologne en affirmant qu'il n'a jamais cherché à restreindre la liberté de la République polonaise. Il se présente comme garant de cette liberté, conformément aux Pacta conventa, des accords existants depuis deux siècles entre la Maison d'Autriche et les rois de Pologne. L'Empereur souligne que ses ministres ont toujours soutenu le droit à une élection libre en Pologne, sans favoriser un candidat particulier. Il exprime sa surprise face à une déclaration hostile qui lui attribue des intentions contraires à ses principes. L'Empereur affirme également son droit souverain de déplacer ses troupes en Silésie et assure qu'il agira avec justice et fermeté pour défendre ses droits et ceux de ses alliés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1082
p. 2277-2279
COPIA Declarationis Imperatoris, ipsiusque Foederatorum.
Début :
No 3. Sperabam, Celsissime Princeps Primas, quod declaratio a me nuper facta, litteraque [...]
Mots clefs :
Respublica, Declaratio imperatoris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COPIA Declarationis Imperatoris, ipsiusque Foederatorum.
COPIA Declarationis Imperatoris ,
ipsiusque Foederatorum .
N° 3.
Speraby
Perabam , Celsissime Princeps Primas
quod declaratio à me nuper facta , litteraque
augustissimi Imperatoris Romanorum ad Celsitudinem
vestram directa , non alium, quam clara
verba sonant , interpretabuntur sensum.
Inaudio contrarium ; nam sicut antehac scripto
publicabatur , quod Legati et Ministri aularumèxtranearum
declarationes suas minis et terroribut li
bera electioni inconvenientibus notum faciebant
quod ad Tronum Polonum , alium eligere non per
mis
2278 MERCURE DE FRANCE
missuri sint , nisi talem, qui illis ad placitum esse
ita defacto contrarius spargitur rumor , quod nempe
vicina sibi foederejunctapotentia ab aliis Reipu
blica colligatis timeant , disseminando quid et à quo
quilibet illorum eventurum sit mali , et quod h
vicinarum potentiarum unio brevi dissolvetur ter
pare.
: Hinc denuo declarare necesse duxi , quod vicini
non timeant , sed ament Rempublicam , usi ex nuperá
satis patet declaratione.
Quod libera gentis suffragia in arctos unius suijecti
limites , ad exemplum aliorum restringere nolint
, nec ullâ vi armorum , sed solum quâ veri
amici et confoederati , vi Pactorum conventorum &
fæderum , iis se opponere , qui contra constitutiones.
at leges pacem publicam turbare vellent, bent
enim sufficientes à Deo sibi concessas vires , ut et
contra quoscumque adversariorum conatus liberum
alectionis jus Reipublica propugnent , et se ab iis qui
hoc impedire , illosque contra omnem justitiam offendere
vellent , deffendant.
13
→ Ideoque , nec timent , nec terrent sed amica
consilia et quidem vi Pactorum et Guarantia prabent;
et denuo hortantur , ut liberis ac unanimibus
Polonia suffragiis ejusmodi Rex quiscumque
ille demum sit , eligatur à quo nec Reipublica libertati
periculum , nec vicinis excitandarum metus
immineat, nec necesse sit prudentissima adfuturami
lectionem congregata libertati novas ulteriores faere
declarationes ; sed ut ex nunc ita conveniant"
salva maneat libertas electionis , pax Reipublica
simulque vicinorum ac totius Europa.
t
Quod autem de dissensu cum Augustissime
Imperatore foedere junctarum Potentiarum spargitur
, præsentes declarabunt Ministri , quod inscpa
OCTOBRE. 2279 *
1733 .
separabiles sint, unum idemque sentiant , etRem
publicam nequaquam opprimere , sed illius libertasem
jusque leges ac constitutiones illasas conservare
, sicque pacem et tranquillitatem Reipublica
at vicinorum semper deffenderent velint.
Imputet Respublica sibi et non vicinis , si hac non
conservabitur ; et si hac declaratio non satis clara
est declarabit eventus.
ipsiusque Foederatorum .
N° 3.
Speraby
Perabam , Celsissime Princeps Primas
quod declaratio à me nuper facta , litteraque
augustissimi Imperatoris Romanorum ad Celsitudinem
vestram directa , non alium, quam clara
verba sonant , interpretabuntur sensum.
Inaudio contrarium ; nam sicut antehac scripto
publicabatur , quod Legati et Ministri aularumèxtranearum
declarationes suas minis et terroribut li
bera electioni inconvenientibus notum faciebant
quod ad Tronum Polonum , alium eligere non per
mis
2278 MERCURE DE FRANCE
missuri sint , nisi talem, qui illis ad placitum esse
ita defacto contrarius spargitur rumor , quod nempe
vicina sibi foederejunctapotentia ab aliis Reipu
blica colligatis timeant , disseminando quid et à quo
quilibet illorum eventurum sit mali , et quod h
vicinarum potentiarum unio brevi dissolvetur ter
pare.
: Hinc denuo declarare necesse duxi , quod vicini
non timeant , sed ament Rempublicam , usi ex nuperá
satis patet declaratione.
Quod libera gentis suffragia in arctos unius suijecti
limites , ad exemplum aliorum restringere nolint
, nec ullâ vi armorum , sed solum quâ veri
amici et confoederati , vi Pactorum conventorum &
fæderum , iis se opponere , qui contra constitutiones.
at leges pacem publicam turbare vellent, bent
enim sufficientes à Deo sibi concessas vires , ut et
contra quoscumque adversariorum conatus liberum
alectionis jus Reipublica propugnent , et se ab iis qui
hoc impedire , illosque contra omnem justitiam offendere
vellent , deffendant.
13
→ Ideoque , nec timent , nec terrent sed amica
consilia et quidem vi Pactorum et Guarantia prabent;
et denuo hortantur , ut liberis ac unanimibus
Polonia suffragiis ejusmodi Rex quiscumque
ille demum sit , eligatur à quo nec Reipublica libertati
periculum , nec vicinis excitandarum metus
immineat, nec necesse sit prudentissima adfuturami
lectionem congregata libertati novas ulteriores faere
declarationes ; sed ut ex nunc ita conveniant"
salva maneat libertas electionis , pax Reipublica
simulque vicinorum ac totius Europa.
t
Quod autem de dissensu cum Augustissime
Imperatore foedere junctarum Potentiarum spargitur
, præsentes declarabunt Ministri , quod inscpa
OCTOBRE. 2279 *
1733 .
separabiles sint, unum idemque sentiant , etRem
publicam nequaquam opprimere , sed illius libertasem
jusque leges ac constitutiones illasas conservare
, sicque pacem et tranquillitatem Reipublica
at vicinorum semper deffenderent velint.
Imputet Respublica sibi et non vicinis , si hac non
conservabitur ; et si hac declaratio non satis clara
est declarabit eventus.
Fermer
Résumé : COPIA Declarationis Imperatoris, ipsiusque Foederatorum.
L'empereur et les fédérés adressent une déclaration à un prince, clarifiant une précédente déclaration et les lettres de l'empereur romain. Ils réfutent les rumeurs selon lesquelles des légats et ministres étrangers menaçaient d'empêcher l'élection d'un roi de Pologne défavorable. Les puissances voisines affirment qu'elles n'ont pas l'intention de restreindre les suffrages libres du peuple polonais par la force, mais par des accords et traités. Elles déclarent utiliser leurs forces pour défendre le droit à une élection libre et protéger la paix publique. Les puissances encouragent à élire un roi qui préserve la liberté de la République et ne menace pas les voisins, afin de maintenir la paix en Pologne et en Europe. Les ministres présents clarifieront toute divergence avec l'empereur concernant les puissances alliées, affirmant qu'elles cherchent à conserver la liberté, les lois et les constitutions de la République, ainsi qu'à défendre la paix et la tranquillité. La République est invitée à se blâmer elle-même si ces principes ne sont pas respectés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1083
p. 2279
LETTRE du Roy, au Primat, du 6. Juillet 1733.
Début :
N. 4. MON COUSIN, je vois avec plaisir, &c. Cette Lettre est inserée, page 1870. du Mercure [...]
Mots clefs :
Primat, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE du Roy, au Primat, du 6. Juillet 1733.
LETTRE du Roy , an Primat , dis
6. Juillet 1733.
N. 4. MON COUSIN , je vois avec plaisir, &c.
Cette Lettre est inserée, page 1870. du Mercure
Août dernier."
6. Juillet 1733.
N. 4. MON COUSIN , je vois avec plaisir, &c.
Cette Lettre est inserée, page 1870. du Mercure
Août dernier."
Fermer
1084
p. 2279-2280
DECLARATION aux Electeurs et Princes de l'Empire.
Début :
Quoique le Mémoire des motifs qui déterminent les résolutions du Roy, ait suffisamment [...]
Mots clefs :
Corps germanique, Princes, Rhin, Empire, Allemagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DECLARATION aux Electeurs et Princes de l'Empire.
DECLARATION aux Electeurs et
Princes de l'Empire.
Uoique le Mémoire des motifs qui déter
minent les résolutions du Roy , ait suffisamment
montré à l'Europe , la pureté des intentions
de Sa Majesté ; cependant , en mêmetemps
qu'elle fait passer le Rhin à ses Troupes
Elle veut encore faire connoître plus particulierement
à l'Empire ses sentimens es ses principes ;
elle desire de conserver la paix avec le Corps
Germanique , et elle est dans la disposition d'ob
server avec lui les Traitez de Paix , aussi longtemps
que S. M. pourra le regarder comme ami.
Si S. M. en attaquant le Fort de Kel , s'assure des
passages sur le Rhin , ce n'est point par aucune
mauvaise intention contre le Corps Germanique,
dont elle a fait voir en plus d'une occasion que
ics interêts lui étoient chers , elle n'en veut à
aucun de ses Membres ; elle veut même en premant
des passages sur le Rhin, se mettre en état
2280 MERCURE DE FRANCE
de secourir ceux des Princes d'Allemagne que
P'Empereur voudra forcer à servir ses vûës particulieres
, et l'execution de ses projets . le a
donné ses ordres à ses Generaux , pour que les
Etats des Princes qui ne prendront point de par
et qui ne donneront pas de secours contre elle ,
soient traitez avec toute sorte d'attention et de
ménagemens. Sa Majesté , contente de ce qu'elle
possede , et bien éloignée de vouloit faire servir
le succès de ses armes à reculer ses Frontieres ,
n'hésite pas de déclarer solemnellement qu'elle
n'a aucunement en vue de faire des conquêtes ,
ni de conserver des établissemens qui pourroient
interesser la sureté du Territoire Germanique ;
elle veut seulement poursuivre son juste ressentiment
des sujets de mécontentement que l'Empereur
lui a donné à la face de toute l'Europe , elle
ne négligera rien pour que les Prines d'Allemagne
reconnoissent de plus en plus chaque jour ,
Combien elle désire de conserver avec eux cette
bonne intelligence , si nécessaire et si convenable
entre le garant des Traitez de Westphalie
et les Membres nu Corps Germanique ,
Princes de l'Empire.
Uoique le Mémoire des motifs qui déter
minent les résolutions du Roy , ait suffisamment
montré à l'Europe , la pureté des intentions
de Sa Majesté ; cependant , en mêmetemps
qu'elle fait passer le Rhin à ses Troupes
Elle veut encore faire connoître plus particulierement
à l'Empire ses sentimens es ses principes ;
elle desire de conserver la paix avec le Corps
Germanique , et elle est dans la disposition d'ob
server avec lui les Traitez de Paix , aussi longtemps
que S. M. pourra le regarder comme ami.
Si S. M. en attaquant le Fort de Kel , s'assure des
passages sur le Rhin , ce n'est point par aucune
mauvaise intention contre le Corps Germanique,
dont elle a fait voir en plus d'une occasion que
ics interêts lui étoient chers , elle n'en veut à
aucun de ses Membres ; elle veut même en premant
des passages sur le Rhin, se mettre en état
2280 MERCURE DE FRANCE
de secourir ceux des Princes d'Allemagne que
P'Empereur voudra forcer à servir ses vûës particulieres
, et l'execution de ses projets . le a
donné ses ordres à ses Generaux , pour que les
Etats des Princes qui ne prendront point de par
et qui ne donneront pas de secours contre elle ,
soient traitez avec toute sorte d'attention et de
ménagemens. Sa Majesté , contente de ce qu'elle
possede , et bien éloignée de vouloit faire servir
le succès de ses armes à reculer ses Frontieres ,
n'hésite pas de déclarer solemnellement qu'elle
n'a aucunement en vue de faire des conquêtes ,
ni de conserver des établissemens qui pourroient
interesser la sureté du Territoire Germanique ;
elle veut seulement poursuivre son juste ressentiment
des sujets de mécontentement que l'Empereur
lui a donné à la face de toute l'Europe , elle
ne négligera rien pour que les Prines d'Allemagne
reconnoissent de plus en plus chaque jour ,
Combien elle désire de conserver avec eux cette
bonne intelligence , si nécessaire et si convenable
entre le garant des Traitez de Westphalie
et les Membres nu Corps Germanique ,
Fermer
Résumé : DECLARATION aux Electeurs et Princes de l'Empire.
La déclaration aux Électeurs et Princes de l'Empire du Roi exprime son désir de préserver la paix avec le Corps Germanique et de respecter les traités de paix tant que l'Empire est considéré comme un allié. Le franchissement du Rhin par les troupes royales a pour but de sécuriser les passages sans intention hostile. Le Roi souhaite protéger les Princes d'Allemagne contre les pressions de l'Empereur et ordonne à ses généraux de traiter avec respect les États des Princes qui ne s'opposent pas à lui. Il affirme solennellement ne pas chercher à faire des conquêtes ou à étendre ses frontières au détriment du Territoire Germanique. Ses actions visent à répondre aux mécontentements causés par l'Empereur et à maintenir une bonne intelligence avec les Princes d'Allemagne, conformément à son rôle de garant des traités de Westphalie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1085
p. 2280-2281
ORDONNANCE du Roy, du 10 Octobre, portant Déclaration de guerre contre l'Empereur, dont la teneur suit.
Début :
Sa Majesté depuis son avenement à la Couronne, n'a rien eu plus à coeur que de concourir [...]
Mots clefs :
Déclaration de guerre, Empereur, Roi, Guerre, Dieu, Officiers, Lieutenants généraux, Maréchaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ORDONNANCE du Roy, du 10 Octobre, portant Déclaration de guerre contre l'Empereur, dont la teneur suit.
ORDONNANCE du Roy , du 10
Octobre , portant Déclaration de guerre
contre l'Empereur, dont la teneur suit.
Sronn
›
A Majesté depuis son avenement à la Couronne
, n'a rien eu plus à coeur que de concourir
à tout ce qui pouvoit contribuer au maintien
de la paix ; mais l'injure que l'Empereur
vient de lui faire en la personne du Roy de Pologne
son beau-pere , interesse trop l'honneur
de S. M. et la gloire de sa Couronne , pour ne
pas employer les forces que Dieu lui a confiées ,
OCTOBR E. 1733. 2281
en tirer une juste vengeance ; dans cette vûë, après
avoir répandu dans toutes les Cours de l'Europe ,
les justes motifs qui la forcent à prendre les armes,
Elle a résolu de déclarer la guerre, comme elle la
clare par la presente, par mer et par terre , à l'Empereur,
persuadée que Dieu qui connoît le desinteressement
et la justice de ses intentions , voudra
bien les favoriser de sadivine protection . Ordonne
et enjoint S.M. à tous ses Sujets, Vassaux et Serviteurs
, de courre sus aux Sujets de l'Empereur;
leur fait très - expresses inhibitions et deffenses
d'avoir cy- après avec eux aucune communication
, commerce ni intelligence , à peine de la
vie ; et en conséquence S. M. a dès - à-present
révoqué et révoque toutes permissions , passe
ports , sauve- gardes , et sauf- conduits qui pourroient
avoir été accordez par Elle , ou par ses
Lieutenans Generaux et autres ses Officiers , contraires
à la présente , et les a déclarez et déclare
nuls et de nulle valeur , deffendant à qui que ce
soit d'y avoit aucun égard. Mande et ordonne
S, M. à M. l'Amiral , aux Maréchaux de France ,
Gouverneurs et Lieutenans Generaux pour S. M.
en ses Provinces et Armées, Maréchaux de Camp,
Colonels , Mestres de Camp , Capitaines , Chefs
et Conducteurs de ses gens de guerre , tant de
cheval que de pied , François et Etrangers et
tous autres ses Officiers qu'il appartiendra , que
le contenu en la presente ils fassent executer ,
chacun à son égard , dans l'étendue de leurs pouvoirs
et jurisdictions ; car telle est la volonté de
Sa Majesté , laquelle veut et entend que la présente
soit publiée et affichée en toutes ses Villes ,
tant maritimes , qu'autres , et en tous ses Ports ,
Havres et autres lieux de son Royaume et terres
de son obéissance , que besoin sera , à ce qu'aucun
n'en prétende cause d'ignorance.
Octobre , portant Déclaration de guerre
contre l'Empereur, dont la teneur suit.
Sronn
›
A Majesté depuis son avenement à la Couronne
, n'a rien eu plus à coeur que de concourir
à tout ce qui pouvoit contribuer au maintien
de la paix ; mais l'injure que l'Empereur
vient de lui faire en la personne du Roy de Pologne
son beau-pere , interesse trop l'honneur
de S. M. et la gloire de sa Couronne , pour ne
pas employer les forces que Dieu lui a confiées ,
OCTOBR E. 1733. 2281
en tirer une juste vengeance ; dans cette vûë, après
avoir répandu dans toutes les Cours de l'Europe ,
les justes motifs qui la forcent à prendre les armes,
Elle a résolu de déclarer la guerre, comme elle la
clare par la presente, par mer et par terre , à l'Empereur,
persuadée que Dieu qui connoît le desinteressement
et la justice de ses intentions , voudra
bien les favoriser de sadivine protection . Ordonne
et enjoint S.M. à tous ses Sujets, Vassaux et Serviteurs
, de courre sus aux Sujets de l'Empereur;
leur fait très - expresses inhibitions et deffenses
d'avoir cy- après avec eux aucune communication
, commerce ni intelligence , à peine de la
vie ; et en conséquence S. M. a dès - à-present
révoqué et révoque toutes permissions , passe
ports , sauve- gardes , et sauf- conduits qui pourroient
avoir été accordez par Elle , ou par ses
Lieutenans Generaux et autres ses Officiers , contraires
à la présente , et les a déclarez et déclare
nuls et de nulle valeur , deffendant à qui que ce
soit d'y avoit aucun égard. Mande et ordonne
S, M. à M. l'Amiral , aux Maréchaux de France ,
Gouverneurs et Lieutenans Generaux pour S. M.
en ses Provinces et Armées, Maréchaux de Camp,
Colonels , Mestres de Camp , Capitaines , Chefs
et Conducteurs de ses gens de guerre , tant de
cheval que de pied , François et Etrangers et
tous autres ses Officiers qu'il appartiendra , que
le contenu en la presente ils fassent executer ,
chacun à son égard , dans l'étendue de leurs pouvoirs
et jurisdictions ; car telle est la volonté de
Sa Majesté , laquelle veut et entend que la présente
soit publiée et affichée en toutes ses Villes ,
tant maritimes , qu'autres , et en tous ses Ports ,
Havres et autres lieux de son Royaume et terres
de son obéissance , que besoin sera , à ce qu'aucun
n'en prétende cause d'ignorance.
Fermer
Résumé : ORDONNANCE du Roy, du 10 Octobre, portant Déclaration de guerre contre l'Empereur, dont la teneur suit.
Le 10 octobre 1733, une ordonnance royale déclare la guerre contre l'Empereur. Le roi exprime son souhait de préserver la paix depuis son accession au trône, mais une offense envers son beau-père, le roi de Pologne, par l'Empereur le contraint à réagir pour défendre son honneur et la gloire de sa couronne. Après avoir informé les cours européennes des raisons de cette décision, le roi proclame la guerre par mer et par terre. Il ordonne à tous ses sujets, vassaux et serviteurs de combattre les sujets de l'Empereur et interdit toute communication ou commerce avec eux, sous peine de mort. Toutes les autorisations contraires à cette ordonnance sont révoquées. Le roi charge ses officiers, de l'Amiral aux simples capitaines, de faire respecter cette ordonnance. La présente doit être publiée et affichée dans toutes les villes et ports du royaume pour éviter toute ignorance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1086
p. 2288-2291
« Le 3 de ce mois, la Reine entendit le Salut dans l'Eglise des Récolets, et le [...] »
Début :
Le 3 de ce mois, la Reine entendit le Salut dans l'Eglise des Récolets, et le [...]
Mots clefs :
Reine, Fontainebleau, Roi, Angerville, Comédiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 3 de ce mois, la Reine entendit le Salut dans l'Eglise des Récolets, et le [...] »
E3 de ce mois , la Reine entendit le
L'salut dans l'Eglise des Récolets, et le
24 elle y communia. L'après midi S. M.
entendit le Sermon du P. Sixte Ambriel
Récolet , et assista à la Benediction du
S. Sacrement. Le 9 , la Reine partit de
Versailles pour aller coucher au Château
de Petitbourg ; et le lendemain au soir
S. M. arriva à Fontainebleau.
Le 27 Septembre , il y eut concert chez
la Reine . M. de Blamon , Sur- Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le
Prologue et le premier Acte d'Amadis ,
qui fut continué le 30 , par le second et
le troisiéme Acte , et le in Octobre il fut
fini à Fontainebleau par le 4 et le s Les
Rôles du Prologue furent remplis par la
Dile Julie et par le Sr Dubourg , et ceux
de la Picce par les Dlles le Maure , Mathieu
et Julie , et par les Srs d'Angerville ,
Petillot , Godenesche et Dubourg.
Le 14 , la Reine demanda le Caprice
d'Erato. Divertissement de M. de Blamont.
La Dile le Maure y fit le principal
Rôle
1
OCTOBRE. 1733 . 2289
Rôle. La Dlle Matthieu , celui de Junon
et le sieur d'Angerville Apollon.
>
Le 21 , on chanta un autre Divertis
sement du même Auteur , intitulé le -
tour des Dieux sur la Terre ; qui fut fait à
l'occasion de la naissance de Monseigneur
le Dauphin, dont les paroles sont de M.
Tavenot. Les Dlles Lenner , Mathieu , du-
Hamel , Petitpas , et le Sr d'Angerville
exécuterent ce Divertissement qui fit un
tres- grand plaisir à toute la Cour.
- Le 8 Octobre , les Comédiens François
représenterent à Fontainebleau la Tragé--
die des Horaces , qui fut suivie de la pes
tite Comédie des Plaideurs.
Le 13 , le Misantrope et la Serenade.
Le 1s , Cinna , et le François à Londres.-
Le Sr Prin joua le principal Rôle dans la
Tragédie , et le Marquis de Polinville ,
dans la petite Piéce . Il y fut applaudi .
Le 20, l'Avare et le Baron de la Crasse..
Le 22 , Britannicus , et la petite Comé
die du Dédit , de feu M. Dutrêni.
Le 27 , La Fausse antipathie et le Mas
gnifique.
Le 29 , Electre et le Lot supposé.
Le 10 Octobre , les Comédiens Italiens
représenterent Heureux Stratagême ; Co
médie de M.de Marivaux,et la petite piece
du Je ne sçai quoi.
Hay Les
2250 MERCURE DE FRANCE
Le 17 , le Temple du Goût , le Bouquet ,
et l'Isle du Divorce . Ces trois Piéces furent
parfaitement bien représentées . La
Reine eut la bonté de faire dire aux Comédiens
Italiens , par le Duc de Gévres,
que S. M. en étoit tres- contente.
La Dlle Roland dansa différentes entrées
avec beaucoup d'applaudissement.
Le 24, Amante difficile , Comédie de
feu M. de la Motthe,et la Veuve Coquette..
Le 18 , le Roy accorda le titre de Maréchal
General de ses Camps et Armées
au Marêchal Duc de Villars , qui partit .
de Fontainebleau le Dimanche 25 de ce
mois , après midi pour se rendre à l'Armé
d'Italie..
Le 28 , M. Zeno , Ambassadeur de la
République de Venise , qui étoit arrivé àu
Paris le 22 , se rendit à Fontainebleau
avec M. Mocenigo , Ambassadeur de la
même République , auquel il succede »»
et il eût sa premiere audience du Roy et
de la Reine, étant conduit par le Chevalier
de Sainctor , Introducteur des Ambassadeurs.
La Direction des Economats , qu'avoie
fu. M. l'Archevêque de Rouen , a été
doni és
OCTOBRE. 1733: 2294
donnée à M. le Marquis du Muy. Nous
avions dit , sur des Mémoires peu exacts ,
que cette Direction avoit été donnée à
une autre personne .
L'salut dans l'Eglise des Récolets, et le
24 elle y communia. L'après midi S. M.
entendit le Sermon du P. Sixte Ambriel
Récolet , et assista à la Benediction du
S. Sacrement. Le 9 , la Reine partit de
Versailles pour aller coucher au Château
de Petitbourg ; et le lendemain au soir
S. M. arriva à Fontainebleau.
Le 27 Septembre , il y eut concert chez
la Reine . M. de Blamon , Sur- Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le
Prologue et le premier Acte d'Amadis ,
qui fut continué le 30 , par le second et
le troisiéme Acte , et le in Octobre il fut
fini à Fontainebleau par le 4 et le s Les
Rôles du Prologue furent remplis par la
Dile Julie et par le Sr Dubourg , et ceux
de la Picce par les Dlles le Maure , Mathieu
et Julie , et par les Srs d'Angerville ,
Petillot , Godenesche et Dubourg.
Le 14 , la Reine demanda le Caprice
d'Erato. Divertissement de M. de Blamont.
La Dile le Maure y fit le principal
Rôle
1
OCTOBRE. 1733 . 2289
Rôle. La Dlle Matthieu , celui de Junon
et le sieur d'Angerville Apollon.
>
Le 21 , on chanta un autre Divertis
sement du même Auteur , intitulé le -
tour des Dieux sur la Terre ; qui fut fait à
l'occasion de la naissance de Monseigneur
le Dauphin, dont les paroles sont de M.
Tavenot. Les Dlles Lenner , Mathieu , du-
Hamel , Petitpas , et le Sr d'Angerville
exécuterent ce Divertissement qui fit un
tres- grand plaisir à toute la Cour.
- Le 8 Octobre , les Comédiens François
représenterent à Fontainebleau la Tragé--
die des Horaces , qui fut suivie de la pes
tite Comédie des Plaideurs.
Le 13 , le Misantrope et la Serenade.
Le 1s , Cinna , et le François à Londres.-
Le Sr Prin joua le principal Rôle dans la
Tragédie , et le Marquis de Polinville ,
dans la petite Piéce . Il y fut applaudi .
Le 20, l'Avare et le Baron de la Crasse..
Le 22 , Britannicus , et la petite Comé
die du Dédit , de feu M. Dutrêni.
Le 27 , La Fausse antipathie et le Mas
gnifique.
Le 29 , Electre et le Lot supposé.
Le 10 Octobre , les Comédiens Italiens
représenterent Heureux Stratagême ; Co
médie de M.de Marivaux,et la petite piece
du Je ne sçai quoi.
Hay Les
2250 MERCURE DE FRANCE
Le 17 , le Temple du Goût , le Bouquet ,
et l'Isle du Divorce . Ces trois Piéces furent
parfaitement bien représentées . La
Reine eut la bonté de faire dire aux Comédiens
Italiens , par le Duc de Gévres,
que S. M. en étoit tres- contente.
La Dlle Roland dansa différentes entrées
avec beaucoup d'applaudissement.
Le 24, Amante difficile , Comédie de
feu M. de la Motthe,et la Veuve Coquette..
Le 18 , le Roy accorda le titre de Maréchal
General de ses Camps et Armées
au Marêchal Duc de Villars , qui partit .
de Fontainebleau le Dimanche 25 de ce
mois , après midi pour se rendre à l'Armé
d'Italie..
Le 28 , M. Zeno , Ambassadeur de la
République de Venise , qui étoit arrivé àu
Paris le 22 , se rendit à Fontainebleau
avec M. Mocenigo , Ambassadeur de la
même République , auquel il succede »»
et il eût sa premiere audience du Roy et
de la Reine, étant conduit par le Chevalier
de Sainctor , Introducteur des Ambassadeurs.
La Direction des Economats , qu'avoie
fu. M. l'Archevêque de Rouen , a été
doni és
OCTOBRE. 1733: 2294
donnée à M. le Marquis du Muy. Nous
avions dit , sur des Mémoires peu exacts ,
que cette Direction avoit été donnée à
une autre personne .
Fermer
Résumé : « Le 3 de ce mois, la Reine entendit le Salut dans l'Eglise des Récolets, et le [...] »
En octobre 1733, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour de France. Le 3 octobre, la Reine écouta un sermon et assista à la bénédiction du Saint-Sacrement. Elle se rendit au Château de Petitbourg le 9 octobre et à Fontainebleau le lendemain. Le 27 septembre, un concert fut organisé chez la Reine avec des extraits de l'opéra 'Amadis'. Le 14 octobre, la Reine demanda l'interprétation du 'Caprice d'Erato'. Le 21 octobre, un divertissement intitulé 'Tour des Dieux sur la Terre' fut chanté en l'honneur de la naissance du Dauphin. Les comédiens français représentèrent plusieurs pièces à Fontainebleau, notamment 'Les Horaces' le 8 octobre, 'Le Misantrope' le 13 octobre, 'Cinna' le 15 octobre, 'L'Avare' le 20 octobre, 'Britannicus' le 22 octobre, 'La Fausse antipathie' le 27 octobre, et 'Electre' le 29 octobre. Les comédiens italiens jouèrent 'Heureux Stratagème' le 10 octobre, 'Le Temple du Goût' le 17 octobre, et 'Amante difficile' le 24 octobre. Le 18 octobre, le Roi accorda le titre de Maréchal Général des Camps et Armées au Maréchal Duc de Villars, qui partit pour l'armée d'Italie le 25 octobre. Le 28 octobre, M. Zeno, Ambassadeur de la République de Venise, eut sa première audience auprès du Roi et de la Reine à Fontainebleau. La Direction des Économats, précédemment détenue par l'Archevêque de Rouen, fut confiée à M. le Marquis du Muy.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1087
p. 2291-2296
RECEPTION faite à S. A. S. Madame la Duchesse du Maine, par la Ville de Dreux. Extrait d'une Lettre de M. Clement, Receveur des Tailles de l'Election de Dreux.
Début :
Son Altesse Sérénissime partit d'Anet avec la Princesse sa fille, accompagnée [...]
Mots clefs :
Dreux, Hôtel de ville, Duchesse du Maine, Princesse, Officiers, Église, Jeunes gens, Honneur, Bourgeoisie, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RECEPTION faite à S. A. S. Madame la Duchesse du Maine, par la Ville de Dreux. Extrait d'une Lettre de M. Clement, Receveur des Tailles de l'Election de Dreux.
RECEPTIONfaite à S. A.S. Madame
La Duchesse du Maine , par la Ville de
Dreux. Extrait d'une Lettre de M. Clement
, Receveur des Tailles de l'Election
de Dreux.
Save
On Altesse Sérénissime partit d'Anet
ec la Princesse sa fille , accompagnée
d'un grand nombre de personnes du
premier rang , le 23. Septembre dernier ,
er arriva ici sur les 4. heures du soir ;
elle fut saluée à une lieüe de la Ville
par une Compagnie de jeunes Gens qui
s'étoient réunis pour aller au - devant
d'Elle , ayant un Trompette à leur tête ;:
ils étoient parfaitement bien montez
er la maniere dont ils avoient orné leurs
chevaux donnoit un air de galanterie à
cette Troupe, qui satis fit beaucoup S.A.S.
Ils la suivirent jusqu'à Dreux autour de
sa Caleche , laquelle étoit précedée par
les Officiers de sa Maison , et suivie des
Carosses des personnes qui l'accompa
groient.
y
Avant que d'entrer dans la Ville , le
Maire et les autres Officiers de la Ville ,
Hvj por
2192 MERCURE DE FRANCE
portant le Dais sous lequel S. A. S. de- ´
voit marcher jusqu'à l'Eglise , eurent
l'honneur de la complimenter et de fui
présenter avec les Clefs de la Ville , les
présens ordinaires de vins exquis et de
Confitures seches.-
S. A. S. entra dans Dreux , au milieu
d'un concours de peuple extraordinaire
et au bruit des Tambours et de
toutes les Cloches. Elle s'arrêta encore
pour recevoir les complimens du Bailliage
et des autres Corps de Judicature ;
elle répondit aux Harangues avec cette
dignité et cette délicatesse d'esprit si
connues de tous ceux qui ont l'honneur
de l'approcher. Elle fut conduite après
ces cérémonies à l'Eglise principale qui
est située sur le lieu le plus éminent de
la Ville où est aussi le Château des
anciens Comtes de Dreux .
La Princesse trouva sur son passage
toute la Bourgeoisie en haye et sous les
armes ; et de distance en distance elle
passoit sous des Arcs de Triomphes ,
dont la décoration exprimoit la joye qui
devoit regner dans une pareille Fête.
Les Chanoines de la Collegiale vinrent
la recevoir et la conduisirent jusqu'à
leur Eglise , où elle arriva environnée
de tous les Corps de la Ville . Après
s'être
1
OCTOBRE . 1733. 2193
·
s'être placée au milieu du Choeur , on
chanta le Te Deum , qui fut précédé
d'th Motet , dont l'execution parut satisfaire
S. A. S. Après les cérémonies de
l'Eglise, elle fut conduite dans une grande
Salle du Château , où l'on avoit élevé
un Théatre. Elle vit représenter par des
jeunes gens choisis de la Ville , la Tragédie
d'Oedipe , de M. de Voltaire , qui
fut suivie de Momus Fabuliste , de M.Fuzelier
. Ces deux Pieces furent assez bien
représentéss pour mériter les éloges de
S. A. S. Dans l'intervalle des deux Pieces
il y eut une petit Divertissement en Musique
, qui fut parfaitement executé et
dont voici les paroles.
Volez plaisir's heureux , enchantez nos esprits ,
Sçavantes filles du Permesse ,
Protegez nos Jeux et nos Ris ;
Quepartout on y reconnoisse,
Le goût et la délicatesse
Que vous ne prodiguez qu'à vos seuls Favoris
Volez plaisirs heureux , enchantez nos esprits.
La Fille de Condé vient embellir ces Rives ,
Druides accourez , vous , Nimphes fugitives ,
Qui vous ressouvenez d'avoir vû dans ces Lieux,
Briller ses illustres Ayeux ,
Aux accens de ma voix soyez plus attentives.
Celebrez ce jour prétieux,
L'ai
2294 MERCURE DE FRANCE
L'aimable esperance
Soutient nos désirs ,
Puissent nos plaisirs '
Et notre constance •
Fixer sa présence ;
Soyons les Rivaux ,
Des charmes de Sceaux .
La brillante Aurore
Montre ici ses feux ,
La naissante Flore
Y charme les yeux ;
Zéphir qui l'adore
La suit en ces lieux ,
Et les rend encore
Plus délicieux.
Chantons et repetons sans esse ,
Velez , plaisirs , &c..
Après la Comédie , S. A. S. fue
conduite , au bruit des Tambours , dans
la Maison la plus riante et la plus commode
de toute la Ville , où son logement
étoit préparé ; elle retrouva sur
son passage la Bourgeoisie sous les arfaisant
une double haye. Elle vit
avec plaisir les illuminations ingénieuses
dont tous les Habitans avoient orné leurs
Maisons. La Princesse passa sous de nouveaux
-Arcs de -Triomphe , que les Offciens
OCTOBRE..
ciers de Ville avoient eu
illuminer avec beauboup d'are
Elle se mit à table , et dans le meme
temps on servit par son ordre , un grand
soupé à l'Hôtel de Ville , où les Officiers
de Ville et tous les Corps de Judicatute
furent invitez . Après le souper on com
mença le Bal , que S. A. S. voulut bien
honorer de sa présence. Les Dames de
la Ville et des environs y vinrent en
Masque , habillées avec beaucoup de goût
et de magnificence. Les Danses durerent
jusqu'à quatre heures du matin , que la
Princesse et les Dames qui l'accompagnoient
, se retirerent. Le Bal cessé , tou
te la Bourgeoisie continua de monter la
Garde chez elle , et n'a point cessé jusqu'à
son départ de lui donner des mar
ques de son respect et de son attache
ment.
Le lendemain 24. S. A. S. fut occupée
à visiter les Eglises et les Monasteres de
cette Ville , laissant partout des marques
de sa libéralité. Elle vint ensuite
à l'Hôtel de Ville , les Officiers la complimenterent
de nouvean , et eurent
T'honneur de lui présenter une Collation
composée des plus beaux fruits de
La saison . La Princesse revint chez elle
où le divertissement déja donné fut exé,
cutê
CURE DE FRANCE
T
eau , accompagné de beaud'autre
Musique, S. A. S. retourna
à Anet le 25 , marquant une extrême
satisfaction d'avoir trouvé dans la
Ville de Dreux tous les coeurs si remplis
de respect et d'amour pour elle.
La compagnie de jeunes gens qni avoit
été audevant de la Princesse , se trouva
dans le même équipage à la Porte de la
Ville , dans le dessein de l'accompagner
jusqu'à Anet. S. A.S. leur sçût bon gré de
cette disposition et leur permit seulement
de la conduire à une lieuë de la Ville . Ils
revinrent à Dreux , où après avoir fait uu
grand souper dans l'Hôtel de Ville , ils
donnerent le Bal aux Dames , pour ter
miner cette galante fête .
La Duchesse du Maine , par la Ville de
Dreux. Extrait d'une Lettre de M. Clement
, Receveur des Tailles de l'Election
de Dreux.
Save
On Altesse Sérénissime partit d'Anet
ec la Princesse sa fille , accompagnée
d'un grand nombre de personnes du
premier rang , le 23. Septembre dernier ,
er arriva ici sur les 4. heures du soir ;
elle fut saluée à une lieüe de la Ville
par une Compagnie de jeunes Gens qui
s'étoient réunis pour aller au - devant
d'Elle , ayant un Trompette à leur tête ;:
ils étoient parfaitement bien montez
er la maniere dont ils avoient orné leurs
chevaux donnoit un air de galanterie à
cette Troupe, qui satis fit beaucoup S.A.S.
Ils la suivirent jusqu'à Dreux autour de
sa Caleche , laquelle étoit précedée par
les Officiers de sa Maison , et suivie des
Carosses des personnes qui l'accompa
groient.
y
Avant que d'entrer dans la Ville , le
Maire et les autres Officiers de la Ville ,
Hvj por
2192 MERCURE DE FRANCE
portant le Dais sous lequel S. A. S. de- ´
voit marcher jusqu'à l'Eglise , eurent
l'honneur de la complimenter et de fui
présenter avec les Clefs de la Ville , les
présens ordinaires de vins exquis et de
Confitures seches.-
S. A. S. entra dans Dreux , au milieu
d'un concours de peuple extraordinaire
et au bruit des Tambours et de
toutes les Cloches. Elle s'arrêta encore
pour recevoir les complimens du Bailliage
et des autres Corps de Judicature ;
elle répondit aux Harangues avec cette
dignité et cette délicatesse d'esprit si
connues de tous ceux qui ont l'honneur
de l'approcher. Elle fut conduite après
ces cérémonies à l'Eglise principale qui
est située sur le lieu le plus éminent de
la Ville où est aussi le Château des
anciens Comtes de Dreux .
La Princesse trouva sur son passage
toute la Bourgeoisie en haye et sous les
armes ; et de distance en distance elle
passoit sous des Arcs de Triomphes ,
dont la décoration exprimoit la joye qui
devoit regner dans une pareille Fête.
Les Chanoines de la Collegiale vinrent
la recevoir et la conduisirent jusqu'à
leur Eglise , où elle arriva environnée
de tous les Corps de la Ville . Après
s'être
1
OCTOBRE . 1733. 2193
·
s'être placée au milieu du Choeur , on
chanta le Te Deum , qui fut précédé
d'th Motet , dont l'execution parut satisfaire
S. A. S. Après les cérémonies de
l'Eglise, elle fut conduite dans une grande
Salle du Château , où l'on avoit élevé
un Théatre. Elle vit représenter par des
jeunes gens choisis de la Ville , la Tragédie
d'Oedipe , de M. de Voltaire , qui
fut suivie de Momus Fabuliste , de M.Fuzelier
. Ces deux Pieces furent assez bien
représentéss pour mériter les éloges de
S. A. S. Dans l'intervalle des deux Pieces
il y eut une petit Divertissement en Musique
, qui fut parfaitement executé et
dont voici les paroles.
Volez plaisir's heureux , enchantez nos esprits ,
Sçavantes filles du Permesse ,
Protegez nos Jeux et nos Ris ;
Quepartout on y reconnoisse,
Le goût et la délicatesse
Que vous ne prodiguez qu'à vos seuls Favoris
Volez plaisirs heureux , enchantez nos esprits.
La Fille de Condé vient embellir ces Rives ,
Druides accourez , vous , Nimphes fugitives ,
Qui vous ressouvenez d'avoir vû dans ces Lieux,
Briller ses illustres Ayeux ,
Aux accens de ma voix soyez plus attentives.
Celebrez ce jour prétieux,
L'ai
2294 MERCURE DE FRANCE
L'aimable esperance
Soutient nos désirs ,
Puissent nos plaisirs '
Et notre constance •
Fixer sa présence ;
Soyons les Rivaux ,
Des charmes de Sceaux .
La brillante Aurore
Montre ici ses feux ,
La naissante Flore
Y charme les yeux ;
Zéphir qui l'adore
La suit en ces lieux ,
Et les rend encore
Plus délicieux.
Chantons et repetons sans esse ,
Velez , plaisirs , &c..
Après la Comédie , S. A. S. fue
conduite , au bruit des Tambours , dans
la Maison la plus riante et la plus commode
de toute la Ville , où son logement
étoit préparé ; elle retrouva sur
son passage la Bourgeoisie sous les arfaisant
une double haye. Elle vit
avec plaisir les illuminations ingénieuses
dont tous les Habitans avoient orné leurs
Maisons. La Princesse passa sous de nouveaux
-Arcs de -Triomphe , que les Offciens
OCTOBRE..
ciers de Ville avoient eu
illuminer avec beauboup d'are
Elle se mit à table , et dans le meme
temps on servit par son ordre , un grand
soupé à l'Hôtel de Ville , où les Officiers
de Ville et tous les Corps de Judicatute
furent invitez . Après le souper on com
mença le Bal , que S. A. S. voulut bien
honorer de sa présence. Les Dames de
la Ville et des environs y vinrent en
Masque , habillées avec beaucoup de goût
et de magnificence. Les Danses durerent
jusqu'à quatre heures du matin , que la
Princesse et les Dames qui l'accompagnoient
, se retirerent. Le Bal cessé , tou
te la Bourgeoisie continua de monter la
Garde chez elle , et n'a point cessé jusqu'à
son départ de lui donner des mar
ques de son respect et de son attache
ment.
Le lendemain 24. S. A. S. fut occupée
à visiter les Eglises et les Monasteres de
cette Ville , laissant partout des marques
de sa libéralité. Elle vint ensuite
à l'Hôtel de Ville , les Officiers la complimenterent
de nouvean , et eurent
T'honneur de lui présenter une Collation
composée des plus beaux fruits de
La saison . La Princesse revint chez elle
où le divertissement déja donné fut exé,
cutê
CURE DE FRANCE
T
eau , accompagné de beaud'autre
Musique, S. A. S. retourna
à Anet le 25 , marquant une extrême
satisfaction d'avoir trouvé dans la
Ville de Dreux tous les coeurs si remplis
de respect et d'amour pour elle.
La compagnie de jeunes gens qni avoit
été audevant de la Princesse , se trouva
dans le même équipage à la Porte de la
Ville , dans le dessein de l'accompagner
jusqu'à Anet. S. A.S. leur sçût bon gré de
cette disposition et leur permit seulement
de la conduire à une lieuë de la Ville . Ils
revinrent à Dreux , où après avoir fait uu
grand souper dans l'Hôtel de Ville , ils
donnerent le Bal aux Dames , pour ter
miner cette galante fête .
Fermer
Résumé : RECEPTION faite à S. A. S. Madame la Duchesse du Maine, par la Ville de Dreux. Extrait d'une Lettre de M. Clement, Receveur des Tailles de l'Election de Dreux.
Le 23 septembre, la Duchesse du Maine, accompagnée de la Princesse sa fille et de nombreuses personnalités, arriva à Dreux vers 16 heures. Elle fut accueillie à une lieue de la ville par une compagnie de jeunes gens bien montés et galamment vêtus, qui la suivirent jusqu'à Dreux. À l'entrée de la ville, le maire et les officiers municipaux lui présentèrent les clés de la ville, des vins et des confitures, et la conduisirent sous un dais jusqu'à l'église principale. La Duchesse fut acclamée par une foule nombreuse et reçut les compliments des autorités locales. Après un Te Deum à l'église, elle assista à des représentations théâtrales au château, incluant 'Œdipe' de Voltaire et 'Momus Fabuliste' de Fuzelier, entrecoupées de musique. Le soir, elle fut conduite à sa résidence, où elle admira les illuminations et les arcs de triomphe. Un grand souper et un bal masqué suivirent, durant lesquels la Duchesse dansa jusqu'à quatre heures du matin. Le lendemain, elle visita les églises et monastères de la ville, distribuant des marques de sa libéralité. Elle quitta Dreux le 25 septembre, satisfaite de l'accueil reçu, et fut escortée par les jeunes gens jusqu'à une lieue de la ville. Ces derniers organisèrent un souper et un bal pour clôturer la fête.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1088
p. 2464-2466
LES ROIS. Ronde de Table de M. Duvigneau.
Début :
En nous donnant un Roi nouveau [...]
Mots clefs :
Roi, Emploi, Vin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES ROIS. Ronde de Table de M. Duvigneau.
LES ROIS.
Ronde de Table de M. Duvigneau.-
EN nous N nous donnant un Roi nouveau.
Le fort nous fut propice
Amis , au deftin le plus beau ,,
Préférons fon fervice .
Moi je ne veux point d'autre emploi ,
Que d'être l'Echanfon du Roi.
Qu'un Médecin sombre et bourru
Grand Prêcheur de Tisanne ,
Par un Argument biscornu
Sur le vin nous chicanne ,
Moi je ne veux point d'autre emploi ,
Que d'en verser toujours au Roi ,
Qu'un Chiffreur au fond d'un Bureau
Cloué fur l'Escabelle ..
A multiplier le Zero .
Se creuse la cervelle ;
Moi j'exerce un plus doux emploi
Moi
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
.
THE
NEW
YORKĮ
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
NOVEMBRE. 1733. 2465
Et sans compter je verse au Roi,
Qu'au Palais un Braillard garni
De sacs jusqu'à l'échine ,
A s'égosiller pour autrui ,
Se séche la poitrine.
Moi je ne veux point d'autre emploi
Que d'humecter celle du Roi
Que des Receveurs peu loyaux ,
En fraudant la Gabelle ,
Aux dépens des Deniers Royaux ,
Enflent leur escarcelle ;
Moi je fais mon plus riche emploi ,
De remplir ( la Bedaine . ) Le Coffre du Roi
Qu'un Banquier dans le Change Expert
Chaque matin s'épuise ,
Pour voir ce que notre Ecu perd
En Hollande , à Venise ;
Sans changer de vin , ni d'emploi ,
J'offre toujours du même au Roi,
'Aille qui voudra fur la Mer ,
En prodiguant fa vie ,
Einir dans un breuvage amer
Finis
466 MERCURE DE FRANCE
Sa course et sa folie ;
Moi je fais mon plus sage emploi
De noyer la raison du Roi.
Ler paroles sont de plusieurs bons Freres.
Ronde de Table de M. Duvigneau.-
EN nous N nous donnant un Roi nouveau.
Le fort nous fut propice
Amis , au deftin le plus beau ,,
Préférons fon fervice .
Moi je ne veux point d'autre emploi ,
Que d'être l'Echanfon du Roi.
Qu'un Médecin sombre et bourru
Grand Prêcheur de Tisanne ,
Par un Argument biscornu
Sur le vin nous chicanne ,
Moi je ne veux point d'autre emploi ,
Que d'en verser toujours au Roi ,
Qu'un Chiffreur au fond d'un Bureau
Cloué fur l'Escabelle ..
A multiplier le Zero .
Se creuse la cervelle ;
Moi j'exerce un plus doux emploi
Moi
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
.
THE
NEW
YORKĮ
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
NOVEMBRE. 1733. 2465
Et sans compter je verse au Roi,
Qu'au Palais un Braillard garni
De sacs jusqu'à l'échine ,
A s'égosiller pour autrui ,
Se séche la poitrine.
Moi je ne veux point d'autre emploi
Que d'humecter celle du Roi
Que des Receveurs peu loyaux ,
En fraudant la Gabelle ,
Aux dépens des Deniers Royaux ,
Enflent leur escarcelle ;
Moi je fais mon plus riche emploi ,
De remplir ( la Bedaine . ) Le Coffre du Roi
Qu'un Banquier dans le Change Expert
Chaque matin s'épuise ,
Pour voir ce que notre Ecu perd
En Hollande , à Venise ;
Sans changer de vin , ni d'emploi ,
J'offre toujours du même au Roi,
'Aille qui voudra fur la Mer ,
En prodiguant fa vie ,
Einir dans un breuvage amer
Finis
466 MERCURE DE FRANCE
Sa course et sa folie ;
Moi je fais mon plus sage emploi
De noyer la raison du Roi.
Ler paroles sont de plusieurs bons Freres.
Fermer
Résumé : LES ROIS. Ronde de Table de M. Duvigneau.
Le poème 'Les Rois' de la Ronde de Table de M. Duvigneau, daté de novembre 1733, exprime le désir du narrateur de servir le roi en tant qu'échanson, c'est-à-dire en versant du vin au roi. Il compare favorablement son rôle à ceux de divers autres métiers. Le narrateur critique le médecin qui dissuade de boire du vin, le chiffreur qui multiplie des zéros, le collecteur d'impôts qui fraude, et le banquier qui s'inquiète de la valeur de la monnaie. Il met en avant la simplicité et la satisfaction de son emploi, contrastant avec les difficultés et les tracas des autres professions mentionnées. Le poème se conclut par une référence à des frères qui ont prononcé ces paroles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1089
p. 2469-2471
TURQUIE ET PERSE.
Début :
Selon quelques avis de Constantinople, le bruit y courroit vers la fin d'Août que Schaph-Thamas, [...]
Mots clefs :
Thamas Kouli-Kan, Perse, Constantinople, Topal Osman Pacha, Ministres, Persans, Roi de Perse, Schach Tamas
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
TURQUIE ET PERSE.
Surat
Elon quelques avis de Constantinople , le
bruit y courroit vers la fin d'Août que Schaph-
Thamas , Roy de Perse détrôné , s'étoit rendu à
Ispahan depuis la défaite de Thamas-Koulikan,
son Usurpateur, qu'il étoit remonté sur le Thrône
, et qu'il avoit écrit à Topal Osman , pour
l'assurer qu'il désiroit d'observer le dernier Traité
de Paix que ses Ministres avoient conclu avec
ceux de la Porte.
On a appris depuis de Constantinople que le
Grand Seigneur a fait part à tous les Ministres
Etrangers qui résident près S. H. de la Victoire
remportée par l'Armée Otthomane , sur celle de
Thamas
2470 MERCURE DE FRANCE
Thamas Kouli - Kan,et 300 des principaux d'entre
les Persans, qui ont été faits prisonniers dans
le combat , et que Topal Osman a fait conduire
dans cette Capitale , ont été exposez pendant
plusieurs jours dans la Grande Place , vis-à- vis
le Sérail.
Le 3 Septembre , il arriva un Courrier , par
lequel ce General mande à Sa Hautesse qu'on
n'étoit pas encore instruit du lieu où Thamas-
Kouli -Kan s'étoit retire depuis sa défaite , et
qu'Achmet , Pacha de Bagdad , avoit reçu avis
de divers endroits , que Schahp- Thamas étoit retourné
à Ispahan, et que la plus grande partie de
la principale Noblesse Persanne s'y étoit renduë
pour reconnoître son légitime Souverain.
Achmet- Pacha a écrit depuis au G. S. pour
l'informer qu'on assuroit que le Roy de Perse
faisoit tous ses efforts pour détruire l'opinion où
l'on est à Constantinople , que toutes les démar
ches de Thamas - Kouli -Kan ont été concertées
avec lui ; qu'il avoit pour cet effet éloigné
du Ministere tous les Parens et Amis de Thamas◄
Kouli-Kan qu'il avoit rappellé ceux que ce Ministre
avoit dépossédez , et qu'il devoit envoyer
des Ambassadeurs à S. H. pour la prier de ne
point faire porter ni à lui , ni à son Royaume
la peine de la perfidie d'un Sujet Rebelle , dont
al désaprouvoit la conduite , et de lui accorder
une suspension d'Armes , pendant laquelle les
Ministres de la Porte et les siens pûssent convenir
des moyens d'établir une Paix durable entre
les Turcs et les Persans. On ne croît pas que le
G. S. écoute aucune proposition d'accommodement,
à moins que Schaph Thamas ne consente de
lui livrer Thamas - Kouli - Kan .
L'Escadre que le G. S. avoit envoyée pour
escorter
NOVEM 5 K E. 1733. 2471
escorter celle d'Alger est de retour aux Darda
nelles , mais Dgianum Codgia n'est pas encore
arrivé .
Le bruit court qu'on doit faire des levées considérables
d'hommes dans tous les Païs de la ,
domination de S. H. et l'on ne dit point les rai
sons qui l'engagent à faire cette augmentation
dans ses Troupes.
Par les Lettres du 20 Septembre , on apprend
que Topal Osman s'étoit emparé de la Ville de
Tauris , après un Siége de quelques jours, et qu'il
en faisoit rafer les fortifications. On confirme que
l'Armée Persanne a été entierement dissipée , que
Thamas - Kouli -Kan s'est sauvé dans les Déserts
, et que le Roy de Perse devoit envoyer des
Ambassadeurs à la Porte, pour prier S. H.d'ou
blier des Actes d'Hostilité , ausquels il n'a e
aucune part , et pour signer une nouvelle Ratification
du dernier Traité conclu entre les Turcs
et les Persans.
Surat
Elon quelques avis de Constantinople , le
bruit y courroit vers la fin d'Août que Schaph-
Thamas , Roy de Perse détrôné , s'étoit rendu à
Ispahan depuis la défaite de Thamas-Koulikan,
son Usurpateur, qu'il étoit remonté sur le Thrône
, et qu'il avoit écrit à Topal Osman , pour
l'assurer qu'il désiroit d'observer le dernier Traité
de Paix que ses Ministres avoient conclu avec
ceux de la Porte.
On a appris depuis de Constantinople que le
Grand Seigneur a fait part à tous les Ministres
Etrangers qui résident près S. H. de la Victoire
remportée par l'Armée Otthomane , sur celle de
Thamas
2470 MERCURE DE FRANCE
Thamas Kouli - Kan,et 300 des principaux d'entre
les Persans, qui ont été faits prisonniers dans
le combat , et que Topal Osman a fait conduire
dans cette Capitale , ont été exposez pendant
plusieurs jours dans la Grande Place , vis-à- vis
le Sérail.
Le 3 Septembre , il arriva un Courrier , par
lequel ce General mande à Sa Hautesse qu'on
n'étoit pas encore instruit du lieu où Thamas-
Kouli -Kan s'étoit retire depuis sa défaite , et
qu'Achmet , Pacha de Bagdad , avoit reçu avis
de divers endroits , que Schahp- Thamas étoit retourné
à Ispahan, et que la plus grande partie de
la principale Noblesse Persanne s'y étoit renduë
pour reconnoître son légitime Souverain.
Achmet- Pacha a écrit depuis au G. S. pour
l'informer qu'on assuroit que le Roy de Perse
faisoit tous ses efforts pour détruire l'opinion où
l'on est à Constantinople , que toutes les démar
ches de Thamas - Kouli -Kan ont été concertées
avec lui ; qu'il avoit pour cet effet éloigné
du Ministere tous les Parens et Amis de Thamas◄
Kouli-Kan qu'il avoit rappellé ceux que ce Ministre
avoit dépossédez , et qu'il devoit envoyer
des Ambassadeurs à S. H. pour la prier de ne
point faire porter ni à lui , ni à son Royaume
la peine de la perfidie d'un Sujet Rebelle , dont
al désaprouvoit la conduite , et de lui accorder
une suspension d'Armes , pendant laquelle les
Ministres de la Porte et les siens pûssent convenir
des moyens d'établir une Paix durable entre
les Turcs et les Persans. On ne croît pas que le
G. S. écoute aucune proposition d'accommodement,
à moins que Schaph Thamas ne consente de
lui livrer Thamas - Kouli - Kan .
L'Escadre que le G. S. avoit envoyée pour
escorter
NOVEM 5 K E. 1733. 2471
escorter celle d'Alger est de retour aux Darda
nelles , mais Dgianum Codgia n'est pas encore
arrivé .
Le bruit court qu'on doit faire des levées considérables
d'hommes dans tous les Païs de la ,
domination de S. H. et l'on ne dit point les rai
sons qui l'engagent à faire cette augmentation
dans ses Troupes.
Par les Lettres du 20 Septembre , on apprend
que Topal Osman s'étoit emparé de la Ville de
Tauris , après un Siége de quelques jours, et qu'il
en faisoit rafer les fortifications. On confirme que
l'Armée Persanne a été entierement dissipée , que
Thamas - Kouli -Kan s'est sauvé dans les Déserts
, et que le Roy de Perse devoit envoyer des
Ambassadeurs à la Porte, pour prier S. H.d'ou
blier des Actes d'Hostilité , ausquels il n'a e
aucune part , et pour signer une nouvelle Ratification
du dernier Traité conclu entre les Turcs
et les Persans.
Fermer
Résumé : TURQUIE ET PERSE.
À la fin août, des rumeurs à Surat indiquaient que Schah-Thamas avait repris le trône de Perse après la défaite de Thamas-Kouli-Kan. Schah-Thamas a affirmé vouloir respecter le traité de paix avec la Porte ottomane. L'armée ottomane a vaincu Thamas-Kouli-Kan, capturant ce dernier et 300 notables persans. Topal Osman a rapporté que Thamas-Kouli-Kan s'était enfui et que Schah-Thamas était retourné à Ispahan, soutenu par la noblesse persane. Achmet Pacha a informé le Grand Seigneur que Schah-Thamas cherchait à réfuter les accusations de complicité avec Thamas-Kouli-Kan et prévoyait d'envoyer des ambassadeurs pour négocier une paix durable. L'escadre ottomane revenue aux Dardanelles, des rumeurs de levées massives d'hommes circulaient. Topal Osman a pris la ville de Tauris, dispersant l'armée persane et forçant Thamas-Kouli-Kan à se réfugier dans les déserts. Schah-Thamas devait envoyer des ambassadeurs à la Porte pour demander une nouvelle ratification du traité de paix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1090
p. 2480
RUSSIE.
Début :
La Czarine a ordonné que tous ceux qui possedent des biens fonds dans les Pays de [...]
Mots clefs :
Tsarine, Biens-fonds
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
LA Czarine a ordonné que tous ceux qui pos
LAsedent des biens fonds dans les Pays de
son obéissance , payeront la huitième partie de
leurs revenus à l'Etat , et qu'on retiendra 15.
pour 10c. à tous ceux qui reçoivent des apoin
temens ou des Pensions de la Cour , afin de
fournir aux dépenses de la guerre.
LA Czarine a ordonné que tous ceux qui pos
LAsedent des biens fonds dans les Pays de
son obéissance , payeront la huitième partie de
leurs revenus à l'Etat , et qu'on retiendra 15.
pour 10c. à tous ceux qui reçoivent des apoin
temens ou des Pensions de la Cour , afin de
fournir aux dépenses de la guerre.
Fermer
1091
p. 2480-2489
POLOGNE.
Début :
La Cour du Roy à Danzick, est considerablement augmentée par l'arrivée d'un grand [...]
Mots clefs :
Élection, Troupes moscovites, Diète de convocation, Opposants, Diète, Régimentaire, Couronne, Comte, Électeur de Saxe, Lituanie, Noblesse, Dantzig, Ennemis, Serment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOCN E.
Lblement augmentée par l'arrivée d'un grand
A Cour du Roy à Danzick , est considera
nombre de Seigneurs et de Gentilshommes qui
vont offrir leurs services à S. M. Elle tint sur la
fin du mois dernier, avec le Primat et les principaus
NOVEMBRE. 1733. 248T
paux Sénateurs , plusieurs Conseils , et il a été
résolu de publier les Universaux pour faire monter
la Noblesse à cheval .
Le 20 Octobre , il arriva à Danzick un Cou
rier de Rome , dépêché par le Duc de S. Aignan,
Ambassadeur du Roy Très-Chrétien auprès du
Pape , par lequel le Roy a été informé des
instructions que S. S. a envoyées à son Nonce
en Pologne , et des ordres donnez à ce Ministre
de reconnoître le Roy, et de lui remettre la Reponse
de S. S. à la Lettre que S. M. lui avoit
écrite aussi - tôt après son Election.
Depuis la premiere nouvelle de l'Election faite
avec beaucoup de désordre en faveur de l'Elec
teur de Saxe le 5. Octobre , on a appris que le
General Lucci , qui commande les Troupes
Moscovites , avoit été très - allarmé de la division
qui s'étoit mise entre les Opposans , dont les
principaux songeoient chacun en leur particulier
à se faire élire ; que le Palatin de Cracovie
ayant même voulu se retirer de la Confédération,
le Géneral Lucci avoit pensé qu'il n'y avoit pas
un moment à perdre pour faire proclamer l'Electeur
de Saxe ; qu'il avoit , sans demander les
suffrages , crié seul , Vive Auguste , troisiéme
Roy de Pologne et du grand Duché de Lithuanie
; que l'Evêque de Posnanie avoit ensuite proclamé
ce Prince , et qu'il étoit entré avec ceux
qui s'étoient trouvez à cette prétenduë Election
dans l'Eglise des Bernardins , pour y chanter le
Te Deum. Les principaux Seigneurs Polonois
qui ont assisté à l'Election de l'Electeur de Saxe
et qui sont venus à notre connoissance , sont ,
les Evêques de Cracovie et de Posnanie , le Prince
Régimentaire de Lithuanie , les Palatins de
Cracovie , de Novogrod , de Podlachie , de Cul
G F
2482 MERCURE DE FRANCE
*
et de Czernikow , le Prince Sangusko , le Grand
Ecuyer Radzivil , le Comte de Cetner , l'Ecuyer
Tranchant de la Couronne , Rizewki , le Maré.
chal de la Confédération et de l'Election Ponenski
, les, Starostes de Vielun et de Bezzin', le
Comte Zawisza , les. Castellans de Radom , de
Podkommorszy , de Wiltzomer et Plater , et les
ComtesBraniski et Siednieki : ceux qui y ont adhés
ré depuis, sont, le Castelan de Cracovie, le Palatin
d'Inowladislaw , le Castellan de Lenziecinni , le
Staroste de Lenziecinni , et StarosteOppazinski.
"
Le Comte Potoki , Régimentaire de la Cou
ronne qui écrit ces nouvelles , ajoûte que les
Troupes de la Couronne étant sorties de Warsovie,
dans la crainte d'y manquer de fourages , le
parti des Opposans et les Moscovites avoient
passé la Vistule , et que sur cette nouvelle il
avoit mandé au Palatin de Lublin , qui continuë
à rassembler les Troupes , de s'approcher le plus
qu'il pourroit de Dantzik , pour empêcher les.
Moscovites et les Saxons , d'avancer dans la
Trusse Polonoise..
ce ,
Sur l'avis qu'on reçût à Massoire le 4. Octobre,
que quelques Partisans des Opposans avoient
fait conduire sécretement la nuit , une grande
quantité de Poudre et de Balles aux Cazernes du
Palais de Casimir , et que M. Jauch, Lieutenant Colonel,
qui y commande , en avoit eu connoissanil
fut résolu de s'assurer de cet Officier, mais
il prévint par sa fuite le dessein qu'on avoit contre
sa personne. Le peuple irrité de sa trahison ,
pilla la maison où il demeuroit , et l'on transporta
au Camp toutes les munitions qu'on trou
va dans les Cazernes. On eut beaucoup de peine
à arrêter les effets de l'indignation du Peuple et
de Regimentaire fut obligé d'emploïer , la force :
Pous
NOVEMBRE. 1733. 2453
pour empêcher qu'on ne mît le feu à la maison
du Palatin de Podlachie , et à celles de quelques
autres Seigneurs Opposans. Par les soins qu'on
apporta , leurs meubles et leurs effets ont été
conservez , et ils n'ont perdu dans cette émeute
que le Foin et l'Avoine , dont ils avoient fait un
amas considérable pour la nourriture des Chevaux
de l'Armée Moscovite , et qu'on a fait
mettre dans les magasins de celle de la Couronne.
Le 9. le Regimentaire envoya un Officier au
Ministre du Roi de Prusse , pour l'informer
qu'il avoit reçû ordre du Roi de quitter le Camp
de Mariemont et de ne point disputer le passage
de la Vistule aux Moscovites , et le même jour
il alla camper à Piaceczno .
:
Quelques Regimens Moscovites passérent là
Riviere le 11. et ils furent suivis le 13 , le 14 et
le 15.par plusieurs autres qui composent en tout
10 à 12000 hommes.
Plusieurs Opposans , qui mécontens du joug
des Moscovites ont abandonné leur parti , et se
sont rendus ptès du Roi à Dantzick , ont con→
firmé ce que le Comte Potocki , Regimentaire
de la Couronne , avoit mandé à S. M. la ma
niere violente avec laquelle la proclamation de
l'Electeur de Saxe s'étoit faite , et ils ont ajouté
qu'il ne s'étoit pas trouvé à cette Proclamation
plus de soo. Polonois ayant droit de suffrage.
Ils assurent que la plupart de ceux qui y ont assisté
, se plaignent hautement du peu d'égard que
le Général Lucci leur . a marqué en ne daignant
pas seulement permettre que le Maréchal de la
Conféderation recueillit les voix , et qu'il y a des
semences d'une division prochaine entre ce Géné
ral etles principaux Opposans..
Lies
484 MERCURE DE FRANCE
Le Palatin de Lublin s'est avancé vers les Fron
éres de cette Province , avec un corps de Trou
Pes pour la mettre à couvert des courses des Ennemis,
et il doit être joint par 2000. hommes que
cette Ville fait lever, et qu'elle entretiendra à ses
dépens pour le service du Roi .
L'Armée de la Couronne est encore campés
à Tarca ; on a enlevé divers convois aux Mos
Covites , qui bien loin de paroître dans le dessein
de former quelque entreprise , travaillent avec diligence
à se rétrancher dans leur Camp.
Lebruit qui a couru que le Comte Bienlinski ,
étoit du parti du Regimentaire de Lithuanie ,
étoit sans fondement : il est allé à Dantzick as
surer le Roi de sa fidélité , et il exerce auprès de
S. M. sa Charge de Maréchal de la Cour.
Selon d'autres Lettres de Dantzick , le Régimentaire
de la Couronne est toujours dans le
même Camp avec les Troupes qu'il commande ;
les Moscovites continuent à se retrancher avec
diligence prés de Varsovie , et il se passe peu de
jours qu'il n'y ait quelques combats entre les
deux Armées , ces Lettres ajoûtent que jusqu'à
présent les Troupes de la Couronne ont eu l'as
vantage dans toutes les occasions .
Le Comte Poccy que le Roi a nommé Regimentaire
de Lithuanie , à la place du Prince
Wienowieski , s'est mis par ordre de S. M. à la
tête des Troupes , qui ont été rassemblées dans
les Palatinats de Russie , de Mariembourg et de
Vilna , et l'on a appris qu'après avoir enlevé un
Convoi aux Ennemis , il s'étoit posté avec ses
Troupes le long de la Vistule au dessus de leur
Camp , afin d'être à portée d'arrêter tous les
Batteaux qui descendroient pour y porter des:
vivics.
Le
NOVEMBRE. 1733. 2485
Le Prince Czarterinski , Vice Chancelier de
la Couronne , le Castellan de Plocko , M. Tabiawski
, Chambellan de la Couronne , et le
Comte de Denhoff , Chambellan de Lithuanie ,
sont allés à Dantzick pour rendre leurs hom
mages à S. M. On y attend incessamment M.
Paulucci , Nonce du Pape , lequel a reçû ordre de
S. S. de complimenter le Roi sur son Election.
S. M. a ordonné qu'on publiât les Universaux
pour faire monter la Noblesse à Cheval , et elle
écrit en même tems aux Seigneurs et aux Gentils
- hommes de chaque Palatinat une Lettre circulaire,
qui contient , que les Opposans , en se
joignant aux Troupes Moscovites, ne laissent plus
lieu de douter qu'elles ne sont entrées que de
Jeur consentement et même à leur priere sur les
Terres de la Republique ; qu'on a d'ailleurs des
preuves certaines qu'elles y ont été appellées par
les principaux Chefs des rebelles , quoique plusieurs
d'entr'eux se fussent engagés par serment
dans la Diette d'Election à poursuivre comme
traîtres et comme ennemis de leur Patrie , ceux
qui auroient recours aux forces étrangères pour
faire réussir leurs desseins ; qu'on sçait que les
Evêques de Cracovie et de Posnanie sont allés
joindre le Géneral Lucci , afin de prendre avec
lui des mesures pour établir de leur propre authorité
une nouvelle République , composée
seulement de leurs adherans ; qu'ils sont revenus
avec les Moscovites à Praage , et que c'est par
leurs sollicitations réiterées et par celles du Prince
Wienovieski , ci - devant Regimentaire de Lithuanie
, que le Général Moscovite s'est déterminé
à précipiter la prétendue Election , faite
sans aucune formalité et contre toutes les Loix
du Royaume en faveur de l'Electeur de Saxe ;
que
-)
2486 MERCURE DE FRANCE
que l'Evêque de Posnanie en proclamant ce Prince
joint le parjure à la rébellion , puisqu'il s'étoit
engagé par un serment de n'élire et de ne reconnoître
pour Roi qu'un Polonois né de Pere et de
Mere Catholiques , et qui ne possédât aucunes
Terres hors du Royaume ; que depuis la proclamation
de l'Electeur de Saxe, et la jonction des
Opposans et des Moscovites , les uns et les autres
montrent la même ardeur à détruire la République
, et une égale haine pour ceux qui ne veu
lent pas contribuer à sa ruine , que tous les bons
citoïens sont interessés à ne pas souffrir plus
long-tems les attentats d'une Nation étrangere
qui prétend donner des loix à un Peuple libre ,
et la licence d'une troupe de Sujets rébelles , qui
se regardant eux- mêmes comme étrangers dans
leur propre Patrie, et lui ayant déclaré la Guerre,
ne méritent plus qu'on garde avec eux aucun
ménagement , qu'ainsi S. M. compte que la No-
Blesse Polonoise n'a pas besoin d'être exhortée
à se deffendre et à se vanger , et que tous les Gentils-
hommes zélés pour la liberté et pour l'honneur
de la Nation sont également empressés à
suivre l'ordre qui leur est donné de prendre les
Armes pour chasser les Moscovites et dompter
les rébelles.
S. M. ajoûte qu'elle se mettra à la tête de la
Noblesse aussi-tôt qu'elle sera assemblée , et qu'-
elle combattra moins pour conserver la Cou
ronne que pour délivrer la Pologne de la tyrannie
des Paissances étrangeres qui veulent l'opprimer..
Le Primat pour refuter de fausses allégations que
les Ministres de l'Empereur et de la Czarine ont
employées afin de justifier leurs démarches ,
donné un Manifeste , dans lequel il prouve par
a
NOVEMBRE. 1733. 2487
3
un simple récit de ce qui s'est passé depuis la
mort du feu Roi jusqu'à la derniere Election ,
que son premier soin dés le commencement de
PInterrégne a été de rétablir l'union parmi la
Noblesse , qu'après y être parvenu , il a profité
de la Diette extraordinaire , convoquée par le
feu Roi , pour déliberer avec la Noblesse sur ce
qui pourroit assurer la tranquillité et la liberté de
la Nation , et qu'il n'a fait jusqu'à la Diette générale
de convocation aucune démarche qui n'ait
été reglée par le Senat et par les Nonces , quoiqu'en
qualité de Primat il cût pu s'en dispenser
en bien des occasions ; que peu après l'ouverture
de la Diette générale de Convocation la plus
grande partie des.Nonces , trouvant aussi injuste
qu'injurieuse à la Noblesse, la résolution prise
dans une Diette précédente d'exclure les Polonois
du Trône , proposérent de leur propre mouvement
de donuer au contraire l'exclusion à tout
étranger que non seulement . ce projet fut una-.
nimément approuvé , mais que tous les Evêques ,.
les Sénateurs et les Nonces , s'obligérent par serment
à ne donner leurs suffrages qu'à un de leurs
Compatriotes , et que la Diette générale de Convocation
dans sa derniere séance déclara ce serment
une loi fondamentale du Royaume ; que
pendant la tenue de la Diette d'Election , les loix
établies dans la Diette de Convocation , ont toujours
été la regle de sa conduite ; que les Opposans
, en se retirant à Praage , n'ont observé aucune
des formalités qui pouvoient arrêter ou
suspendre les délibérations de la Diette ; qu'ils
quittérent le Camp destiné à l'Election du Roi ,
sans faire aucune protestation ; que lorsqu'on
leur envoya des Députés pour leur demander la
cause de leur retraite , ils répondirent que cette
retraite
2488 MERCURE DE FRANCE
retraite ne devoit troubler l'Election en aucune
maniere ; que ceux qui n'avoient pas signé la formule
de serment prescrit par la Diette contre
ceux qui avoient fait entrer les Troupes Moscovites
dans le Royaume , ne refusérent pas même
de la signer ; que leur retraite n'ayant point été
motivée ni accompagnée d'aucun Acte juridique
d'opposition aux résolutions de la Diette , on
avoit procédé selon les Loix à l'Election du Roi ;
que plus de cent Enseignes y avoient assisté
qu'après qu'il eut récueilli les suffrages en la maniere
accoutumée , tous se trouvérent réunis en
faveur de S. M. régnante , à l'exception de ceux
de quelques Nonces , qui se retirerent en décla
rant qu'ils ne donnoient point leurs voix , mais
qu'ils ne s'opposoient point à l'Election ; que M.
Kamienski , Capitaine du district de Krziemie ,
fut le seul qui protesta , mais qu'il ne persista pas
dans son opposition , et que ce ne fut qu'après
un désistement en forme de sa part , et après
avoir observé toutes les formalités ordonnées par
les Constitutions du Royaume, que se fit la Proclamation.
Le Comte Pocci Regimentaire de Lithuanie , a
envoyé à Dantzick un Courier , pour apprendre
au Roi , que le Convoy qu'il a enlevé aux Ennemis
étoit composé de 1500 Chariots , dont la
plus grande partie étoit chargée de munitions de
Guerre ; qu'on y avoit trouvé une somme considerable
d'argent , et que de 2000 hommes qui
escortoient ce Convoy , 600. avoient été tueż ,
et les autres faits prisonniers.
Ce Général a fait distribuer à ses Troupes un
tiers de l'argent qu'il a pris aux Ennemis , et il
attend les ordres de S. M. sur l'usage qu'il doit
faire du reste de cette somme.
LC
NOVEMBRE 1733. 2489
Le corps de Troupes qu'il commande sere
bientôt en état d'ôter aux Moscovites toute communication
avec l'Ukraine.
On a appris qu'il y a de la divison entre les
Ministres de l'Electeur de Saxe et les Opposans
parceque ces derniers ne veulent pas accorder aux
Moscovites un libre passage par la Pologne . Ce
differend retarde la signature des prétendus Pacta
Conventa que les Opposans ont dressés pour être
signés de l'Electeur de Saxe.
Le bruit court que le Comte Potocki Regi
mentaire de la Couronne , dont l'Armée augmente
tous les jours , doit quitter Tarca pous
aller camper à Lowitz .
Lblement augmentée par l'arrivée d'un grand
A Cour du Roy à Danzick , est considera
nombre de Seigneurs et de Gentilshommes qui
vont offrir leurs services à S. M. Elle tint sur la
fin du mois dernier, avec le Primat et les principaus
NOVEMBRE. 1733. 248T
paux Sénateurs , plusieurs Conseils , et il a été
résolu de publier les Universaux pour faire monter
la Noblesse à cheval .
Le 20 Octobre , il arriva à Danzick un Cou
rier de Rome , dépêché par le Duc de S. Aignan,
Ambassadeur du Roy Très-Chrétien auprès du
Pape , par lequel le Roy a été informé des
instructions que S. S. a envoyées à son Nonce
en Pologne , et des ordres donnez à ce Ministre
de reconnoître le Roy, et de lui remettre la Reponse
de S. S. à la Lettre que S. M. lui avoit
écrite aussi - tôt après son Election.
Depuis la premiere nouvelle de l'Election faite
avec beaucoup de désordre en faveur de l'Elec
teur de Saxe le 5. Octobre , on a appris que le
General Lucci , qui commande les Troupes
Moscovites , avoit été très - allarmé de la division
qui s'étoit mise entre les Opposans , dont les
principaux songeoient chacun en leur particulier
à se faire élire ; que le Palatin de Cracovie
ayant même voulu se retirer de la Confédération,
le Géneral Lucci avoit pensé qu'il n'y avoit pas
un moment à perdre pour faire proclamer l'Electeur
de Saxe ; qu'il avoit , sans demander les
suffrages , crié seul , Vive Auguste , troisiéme
Roy de Pologne et du grand Duché de Lithuanie
; que l'Evêque de Posnanie avoit ensuite proclamé
ce Prince , et qu'il étoit entré avec ceux
qui s'étoient trouvez à cette prétenduë Election
dans l'Eglise des Bernardins , pour y chanter le
Te Deum. Les principaux Seigneurs Polonois
qui ont assisté à l'Election de l'Electeur de Saxe
et qui sont venus à notre connoissance , sont ,
les Evêques de Cracovie et de Posnanie , le Prince
Régimentaire de Lithuanie , les Palatins de
Cracovie , de Novogrod , de Podlachie , de Cul
G F
2482 MERCURE DE FRANCE
*
et de Czernikow , le Prince Sangusko , le Grand
Ecuyer Radzivil , le Comte de Cetner , l'Ecuyer
Tranchant de la Couronne , Rizewki , le Maré.
chal de la Confédération et de l'Election Ponenski
, les, Starostes de Vielun et de Bezzin', le
Comte Zawisza , les. Castellans de Radom , de
Podkommorszy , de Wiltzomer et Plater , et les
ComtesBraniski et Siednieki : ceux qui y ont adhés
ré depuis, sont, le Castelan de Cracovie, le Palatin
d'Inowladislaw , le Castellan de Lenziecinni , le
Staroste de Lenziecinni , et StarosteOppazinski.
"
Le Comte Potoki , Régimentaire de la Cou
ronne qui écrit ces nouvelles , ajoûte que les
Troupes de la Couronne étant sorties de Warsovie,
dans la crainte d'y manquer de fourages , le
parti des Opposans et les Moscovites avoient
passé la Vistule , et que sur cette nouvelle il
avoit mandé au Palatin de Lublin , qui continuë
à rassembler les Troupes , de s'approcher le plus
qu'il pourroit de Dantzik , pour empêcher les.
Moscovites et les Saxons , d'avancer dans la
Trusse Polonoise..
ce ,
Sur l'avis qu'on reçût à Massoire le 4. Octobre,
que quelques Partisans des Opposans avoient
fait conduire sécretement la nuit , une grande
quantité de Poudre et de Balles aux Cazernes du
Palais de Casimir , et que M. Jauch, Lieutenant Colonel,
qui y commande , en avoit eu connoissanil
fut résolu de s'assurer de cet Officier, mais
il prévint par sa fuite le dessein qu'on avoit contre
sa personne. Le peuple irrité de sa trahison ,
pilla la maison où il demeuroit , et l'on transporta
au Camp toutes les munitions qu'on trou
va dans les Cazernes. On eut beaucoup de peine
à arrêter les effets de l'indignation du Peuple et
de Regimentaire fut obligé d'emploïer , la force :
Pous
NOVEMBRE. 1733. 2453
pour empêcher qu'on ne mît le feu à la maison
du Palatin de Podlachie , et à celles de quelques
autres Seigneurs Opposans. Par les soins qu'on
apporta , leurs meubles et leurs effets ont été
conservez , et ils n'ont perdu dans cette émeute
que le Foin et l'Avoine , dont ils avoient fait un
amas considérable pour la nourriture des Chevaux
de l'Armée Moscovite , et qu'on a fait
mettre dans les magasins de celle de la Couronne.
Le 9. le Regimentaire envoya un Officier au
Ministre du Roi de Prusse , pour l'informer
qu'il avoit reçû ordre du Roi de quitter le Camp
de Mariemont et de ne point disputer le passage
de la Vistule aux Moscovites , et le même jour
il alla camper à Piaceczno .
:
Quelques Regimens Moscovites passérent là
Riviere le 11. et ils furent suivis le 13 , le 14 et
le 15.par plusieurs autres qui composent en tout
10 à 12000 hommes.
Plusieurs Opposans , qui mécontens du joug
des Moscovites ont abandonné leur parti , et se
sont rendus ptès du Roi à Dantzick , ont con→
firmé ce que le Comte Potocki , Regimentaire
de la Couronne , avoit mandé à S. M. la ma
niere violente avec laquelle la proclamation de
l'Electeur de Saxe s'étoit faite , et ils ont ajouté
qu'il ne s'étoit pas trouvé à cette Proclamation
plus de soo. Polonois ayant droit de suffrage.
Ils assurent que la plupart de ceux qui y ont assisté
, se plaignent hautement du peu d'égard que
le Général Lucci leur . a marqué en ne daignant
pas seulement permettre que le Maréchal de la
Conféderation recueillit les voix , et qu'il y a des
semences d'une division prochaine entre ce Géné
ral etles principaux Opposans..
Lies
484 MERCURE DE FRANCE
Le Palatin de Lublin s'est avancé vers les Fron
éres de cette Province , avec un corps de Trou
Pes pour la mettre à couvert des courses des Ennemis,
et il doit être joint par 2000. hommes que
cette Ville fait lever, et qu'elle entretiendra à ses
dépens pour le service du Roi .
L'Armée de la Couronne est encore campés
à Tarca ; on a enlevé divers convois aux Mos
Covites , qui bien loin de paroître dans le dessein
de former quelque entreprise , travaillent avec diligence
à se rétrancher dans leur Camp.
Lebruit qui a couru que le Comte Bienlinski ,
étoit du parti du Regimentaire de Lithuanie ,
étoit sans fondement : il est allé à Dantzick as
surer le Roi de sa fidélité , et il exerce auprès de
S. M. sa Charge de Maréchal de la Cour.
Selon d'autres Lettres de Dantzick , le Régimentaire
de la Couronne est toujours dans le
même Camp avec les Troupes qu'il commande ;
les Moscovites continuent à se retrancher avec
diligence prés de Varsovie , et il se passe peu de
jours qu'il n'y ait quelques combats entre les
deux Armées , ces Lettres ajoûtent que jusqu'à
présent les Troupes de la Couronne ont eu l'as
vantage dans toutes les occasions .
Le Comte Poccy que le Roi a nommé Regimentaire
de Lithuanie , à la place du Prince
Wienowieski , s'est mis par ordre de S. M. à la
tête des Troupes , qui ont été rassemblées dans
les Palatinats de Russie , de Mariembourg et de
Vilna , et l'on a appris qu'après avoir enlevé un
Convoi aux Ennemis , il s'étoit posté avec ses
Troupes le long de la Vistule au dessus de leur
Camp , afin d'être à portée d'arrêter tous les
Batteaux qui descendroient pour y porter des:
vivics.
Le
NOVEMBRE. 1733. 2485
Le Prince Czarterinski , Vice Chancelier de
la Couronne , le Castellan de Plocko , M. Tabiawski
, Chambellan de la Couronne , et le
Comte de Denhoff , Chambellan de Lithuanie ,
sont allés à Dantzick pour rendre leurs hom
mages à S. M. On y attend incessamment M.
Paulucci , Nonce du Pape , lequel a reçû ordre de
S. S. de complimenter le Roi sur son Election.
S. M. a ordonné qu'on publiât les Universaux
pour faire monter la Noblesse à Cheval , et elle
écrit en même tems aux Seigneurs et aux Gentils
- hommes de chaque Palatinat une Lettre circulaire,
qui contient , que les Opposans , en se
joignant aux Troupes Moscovites, ne laissent plus
lieu de douter qu'elles ne sont entrées que de
Jeur consentement et même à leur priere sur les
Terres de la Republique ; qu'on a d'ailleurs des
preuves certaines qu'elles y ont été appellées par
les principaux Chefs des rebelles , quoique plusieurs
d'entr'eux se fussent engagés par serment
dans la Diette d'Election à poursuivre comme
traîtres et comme ennemis de leur Patrie , ceux
qui auroient recours aux forces étrangères pour
faire réussir leurs desseins ; qu'on sçait que les
Evêques de Cracovie et de Posnanie sont allés
joindre le Géneral Lucci , afin de prendre avec
lui des mesures pour établir de leur propre authorité
une nouvelle République , composée
seulement de leurs adherans ; qu'ils sont revenus
avec les Moscovites à Praage , et que c'est par
leurs sollicitations réiterées et par celles du Prince
Wienovieski , ci - devant Regimentaire de Lithuanie
, que le Général Moscovite s'est déterminé
à précipiter la prétendue Election , faite
sans aucune formalité et contre toutes les Loix
du Royaume en faveur de l'Electeur de Saxe ;
que
-)
2486 MERCURE DE FRANCE
que l'Evêque de Posnanie en proclamant ce Prince
joint le parjure à la rébellion , puisqu'il s'étoit
engagé par un serment de n'élire et de ne reconnoître
pour Roi qu'un Polonois né de Pere et de
Mere Catholiques , et qui ne possédât aucunes
Terres hors du Royaume ; que depuis la proclamation
de l'Electeur de Saxe, et la jonction des
Opposans et des Moscovites , les uns et les autres
montrent la même ardeur à détruire la République
, et une égale haine pour ceux qui ne veu
lent pas contribuer à sa ruine , que tous les bons
citoïens sont interessés à ne pas souffrir plus
long-tems les attentats d'une Nation étrangere
qui prétend donner des loix à un Peuple libre ,
et la licence d'une troupe de Sujets rébelles , qui
se regardant eux- mêmes comme étrangers dans
leur propre Patrie, et lui ayant déclaré la Guerre,
ne méritent plus qu'on garde avec eux aucun
ménagement , qu'ainsi S. M. compte que la No-
Blesse Polonoise n'a pas besoin d'être exhortée
à se deffendre et à se vanger , et que tous les Gentils-
hommes zélés pour la liberté et pour l'honneur
de la Nation sont également empressés à
suivre l'ordre qui leur est donné de prendre les
Armes pour chasser les Moscovites et dompter
les rébelles.
S. M. ajoûte qu'elle se mettra à la tête de la
Noblesse aussi-tôt qu'elle sera assemblée , et qu'-
elle combattra moins pour conserver la Cou
ronne que pour délivrer la Pologne de la tyrannie
des Paissances étrangeres qui veulent l'opprimer..
Le Primat pour refuter de fausses allégations que
les Ministres de l'Empereur et de la Czarine ont
employées afin de justifier leurs démarches ,
donné un Manifeste , dans lequel il prouve par
a
NOVEMBRE. 1733. 2487
3
un simple récit de ce qui s'est passé depuis la
mort du feu Roi jusqu'à la derniere Election ,
que son premier soin dés le commencement de
PInterrégne a été de rétablir l'union parmi la
Noblesse , qu'après y être parvenu , il a profité
de la Diette extraordinaire , convoquée par le
feu Roi , pour déliberer avec la Noblesse sur ce
qui pourroit assurer la tranquillité et la liberté de
la Nation , et qu'il n'a fait jusqu'à la Diette générale
de convocation aucune démarche qui n'ait
été reglée par le Senat et par les Nonces , quoiqu'en
qualité de Primat il cût pu s'en dispenser
en bien des occasions ; que peu après l'ouverture
de la Diette générale de Convocation la plus
grande partie des.Nonces , trouvant aussi injuste
qu'injurieuse à la Noblesse, la résolution prise
dans une Diette précédente d'exclure les Polonois
du Trône , proposérent de leur propre mouvement
de donuer au contraire l'exclusion à tout
étranger que non seulement . ce projet fut una-.
nimément approuvé , mais que tous les Evêques ,.
les Sénateurs et les Nonces , s'obligérent par serment
à ne donner leurs suffrages qu'à un de leurs
Compatriotes , et que la Diette générale de Convocation
dans sa derniere séance déclara ce serment
une loi fondamentale du Royaume ; que
pendant la tenue de la Diette d'Election , les loix
établies dans la Diette de Convocation , ont toujours
été la regle de sa conduite ; que les Opposans
, en se retirant à Praage , n'ont observé aucune
des formalités qui pouvoient arrêter ou
suspendre les délibérations de la Diette ; qu'ils
quittérent le Camp destiné à l'Election du Roi ,
sans faire aucune protestation ; que lorsqu'on
leur envoya des Députés pour leur demander la
cause de leur retraite , ils répondirent que cette
retraite
2488 MERCURE DE FRANCE
retraite ne devoit troubler l'Election en aucune
maniere ; que ceux qui n'avoient pas signé la formule
de serment prescrit par la Diette contre
ceux qui avoient fait entrer les Troupes Moscovites
dans le Royaume , ne refusérent pas même
de la signer ; que leur retraite n'ayant point été
motivée ni accompagnée d'aucun Acte juridique
d'opposition aux résolutions de la Diette , on
avoit procédé selon les Loix à l'Election du Roi ;
que plus de cent Enseignes y avoient assisté
qu'après qu'il eut récueilli les suffrages en la maniere
accoutumée , tous se trouvérent réunis en
faveur de S. M. régnante , à l'exception de ceux
de quelques Nonces , qui se retirerent en décla
rant qu'ils ne donnoient point leurs voix , mais
qu'ils ne s'opposoient point à l'Election ; que M.
Kamienski , Capitaine du district de Krziemie ,
fut le seul qui protesta , mais qu'il ne persista pas
dans son opposition , et que ce ne fut qu'après
un désistement en forme de sa part , et après
avoir observé toutes les formalités ordonnées par
les Constitutions du Royaume, que se fit la Proclamation.
Le Comte Pocci Regimentaire de Lithuanie , a
envoyé à Dantzick un Courier , pour apprendre
au Roi , que le Convoy qu'il a enlevé aux Ennemis
étoit composé de 1500 Chariots , dont la
plus grande partie étoit chargée de munitions de
Guerre ; qu'on y avoit trouvé une somme considerable
d'argent , et que de 2000 hommes qui
escortoient ce Convoy , 600. avoient été tueż ,
et les autres faits prisonniers.
Ce Général a fait distribuer à ses Troupes un
tiers de l'argent qu'il a pris aux Ennemis , et il
attend les ordres de S. M. sur l'usage qu'il doit
faire du reste de cette somme.
LC
NOVEMBRE 1733. 2489
Le corps de Troupes qu'il commande sere
bientôt en état d'ôter aux Moscovites toute communication
avec l'Ukraine.
On a appris qu'il y a de la divison entre les
Ministres de l'Electeur de Saxe et les Opposans
parceque ces derniers ne veulent pas accorder aux
Moscovites un libre passage par la Pologne . Ce
differend retarde la signature des prétendus Pacta
Conventa que les Opposans ont dressés pour être
signés de l'Electeur de Saxe.
Le bruit court que le Comte Potocki Regi
mentaire de la Couronne , dont l'Armée augmente
tous les jours , doit quitter Tarca pous
aller camper à Lowitz .
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En novembre 1733, la cour du roi à Danzick s'est renforcée avec l'arrivée de nombreux seigneurs et gentilshommes offrant leurs services. Le roi a reçu des instructions du pape via son nonce en Pologne, reconnaissant ainsi sa royauté. Depuis l'élection de l'Électeur de Saxe comme roi de Pologne le 5 octobre, des troubles ont éclaté. Le général Lucci, commandant les troupes moscovites, a proclamé Auguste III roi de Pologne sans consulter les suffrages, soutenu par l'évêque de Posnanie. Plusieurs seigneurs polonais ont assisté à cette élection controversée. Le comte Potocki, régimentaire de la couronne, a rapporté que les troupes moscovites et saxonnes ont traversé la Vistule. Il a ordonné au palatin de Lublin de se rapprocher de Danzick pour les contrer. À Massoire, des partisans des opposants ont été arrêtés pour avoir stocké des munitions. Le régimentaire a également informé le ministre du roi de Prusse de ne pas disputer le passage de la Vistule aux moscovites. Des opposants mécontents des moscovites ont rejoint le roi à Danzick, confirmant la violence de la proclamation de l'Électeur de Saxe. Le palatin de Lublin a rassemblé des troupes pour protéger sa province. L'armée de la couronne, campée à Tarca, a enlevé des convois aux moscovites. Le comte Potocki a été nommé régimentaire de Lithuanie et a posté ses troupes le long de la Vistule. Le roi a ordonné la publication des universaux pour mobiliser la noblesse et a écrit aux seigneurs pour dénoncer l'alliance des opposants avec les moscovites. Le primat a publié un manifeste réfutant les allégations des ministres de l'empereur et de la czarine, affirmant que son premier soin a été de rétablir l'union parmi la noblesse et de respecter les lois du royaume. Par ailleurs, le comte Pocci, régimentaire de Lithuanie, a informé le roi de la capture d'un convoi ennemi composé de 1500 chariots chargés de munitions et d'une somme considérable d'argent. Lors de cette opération, 600 des 2000 hommes escortant le convoi ont été tués, les autres étant faits prisonniers. Le comte Pocci a distribué un tiers de l'argent capturé à ses troupes et attend les ordres du roi concernant le reste. Le corps de troupes qu'il commande sera bientôt capable de couper toute communication entre les Moscovites et l'Ukraine. Une division entre les ministres de l'Électeur de Saxe et les opposants retarde la signature des Pacta Conventa, en raison du refus des opposants d'accorder un libre passage aux Moscovites à travers la Pologne. Enfin, le comte Potocki, régimentaire de la Couronne, doit quitter Tarca pour aller camper à Lowitz.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1092
p. 2490-2491
ITALIE.
Début :
Le Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter sur son Avénement au Trône, et il a [...]
Mots clefs :
Pape, Pologne, Congrégation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter
sur son Avénement au Trône , et il a
-envoyé ordre à M. Paulucci , son Nonce à Warsovie
, de se rendre à Dantzick auprès de S. M. P.
* Dans l'Assemblée de la Congrégation de Nonmullis
, qui se tint le 16 Octobre , il fut résolu
qu'on donneroit un mois à M. Coscia , Evêque
de Targa , pour répondre aux accusations formées
contre lui , et qu'il seroit constitué prisonnier
au Château de S. Ange jusqu'à la fin de
son Procès. On assure que le Cardinal son frete
est déterminé à se soumettre au jugement prononcé
par cette Congrégation, et qu'il acquitera
incessamment une partie des sommes au payement
desquelles il a été condamné.
La Congrégation établie pour examiner les
moyens de terminer les differens qui sont entre la
Cour de Rome et celle de Lisbonne , s'assembla
le 24. Octobre , et il y fut résolu qu'on accorderoit
au Roi de Portugal 4. pour 100. sur le
produit
NOVEMBRE. 1733. 2491
produit des Expéditions que la Datterie délivreroit
pour les Sujets de S. M. et que cet argent seroit
employé à faire rebâtir l'Eglise de S. Antoine
de la Nation Portugaise.
On a appris d'Ancone que le 19. et le 20 d'Octobre
, on y avoit senti deux nouvelles secousses
de tremblement de terre , qui avoient été très
violentes , et renversé plusieurs maisons tant de
la Ville que des environs.
On a appris à Genes le 10. de ce mois , par
L'Equipage d'un Bâtiment venu de Tunis , que
quelques jours avant son départ de ce Port , il y
étoit entré un Vaisseau Anglois , dont l'Equipa
ge s'érant soulevé contre son Commandant l'avoit
massacré , et avoit pris la résolution de courir
sur les Chrétiens ; que ces Pirates avoient fait
diverses prises assez considérables , et qu'ils s'étoient
empatés d'une Galiotte Venitienne , dont
ils avoient égorgé le Capitaine et tous les Matelots
ét à bord de laquelle ils avoient trouvé une som
me considérable d'argent ; qu'ils s'étoient rendus
ensuite à Tunis pour se mettre sous la protection
du Bey ; que le plus grand nombre avoit embrassé
le Mahométisme , et que celui , qu'ils avoient élu
pour leur Chef, avoit fait mettre aux fers ceux
qui avoient refusé de suivre l'exemple de leurs
camarades.
E Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter
sur son Avénement au Trône , et il a
-envoyé ordre à M. Paulucci , son Nonce à Warsovie
, de se rendre à Dantzick auprès de S. M. P.
* Dans l'Assemblée de la Congrégation de Nonmullis
, qui se tint le 16 Octobre , il fut résolu
qu'on donneroit un mois à M. Coscia , Evêque
de Targa , pour répondre aux accusations formées
contre lui , et qu'il seroit constitué prisonnier
au Château de S. Ange jusqu'à la fin de
son Procès. On assure que le Cardinal son frete
est déterminé à se soumettre au jugement prononcé
par cette Congrégation, et qu'il acquitera
incessamment une partie des sommes au payement
desquelles il a été condamné.
La Congrégation établie pour examiner les
moyens de terminer les differens qui sont entre la
Cour de Rome et celle de Lisbonne , s'assembla
le 24. Octobre , et il y fut résolu qu'on accorderoit
au Roi de Portugal 4. pour 100. sur le
produit
NOVEMBRE. 1733. 2491
produit des Expéditions que la Datterie délivreroit
pour les Sujets de S. M. et que cet argent seroit
employé à faire rebâtir l'Eglise de S. Antoine
de la Nation Portugaise.
On a appris d'Ancone que le 19. et le 20 d'Octobre
, on y avoit senti deux nouvelles secousses
de tremblement de terre , qui avoient été très
violentes , et renversé plusieurs maisons tant de
la Ville que des environs.
On a appris à Genes le 10. de ce mois , par
L'Equipage d'un Bâtiment venu de Tunis , que
quelques jours avant son départ de ce Port , il y
étoit entré un Vaisseau Anglois , dont l'Equipa
ge s'érant soulevé contre son Commandant l'avoit
massacré , et avoit pris la résolution de courir
sur les Chrétiens ; que ces Pirates avoient fait
diverses prises assez considérables , et qu'ils s'étoient
empatés d'une Galiotte Venitienne , dont
ils avoient égorgé le Capitaine et tous les Matelots
ét à bord de laquelle ils avoient trouvé une som
me considérable d'argent ; qu'ils s'étoient rendus
ensuite à Tunis pour se mettre sous la protection
du Bey ; que le plus grand nombre avoit embrassé
le Mahométisme , et que celui , qu'ils avoient élu
pour leur Chef, avoit fait mettre aux fers ceux
qui avoient refusé de suivre l'exemple de leurs
camarades.
Fermer
Résumé : ITALIE.
En octobre 1733, le Pape a félicité le Roi de Pologne pour son avènement au trône et a envoyé son nonce à Dantzig pour le rencontrer. La Congrégation de Nonmullis a accordé un mois à M. Coscia, évêque de Targa, pour répondre aux accusations contre lui et l'a maintenu prisonnier au Château Saint-Ange jusqu'à la fin de son procès. Le cardinal, frère de M. Coscia, a accepté de se soumettre au jugement de la Congrégation et de payer une partie des sommes pour lesquelles il a été condamné. Le 24 octobre, une réduction de 4 pour 100 sur les produits des expéditions délivrées par la Datérie a été accordée au Roi de Portugal pour financer la reconstruction de l'église Saint-Antoine de la Nation Portugaise. À Ancone, des secousses sismiques violentes ont détruit plusieurs maisons les 19 et 20 octobre. À Gênes, un équipage venu de Tunis a rapporté qu'un vaisseau anglais, dont l'équipage s'était mutiné, avait massacré son commandant et s'était attaqué aux chrétiens, se réfugiant à Tunis sous la protection du Bey. La majorité des mutins avait embrassé l'islam, les autres ayant été mis aux fers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1093
p. 2492
PAYS-BAS.
Début :
On mande de Bruxelle que le Comte d'Harach, ayant communiqué à l'Archiduchesse, [...]
Mots clefs :
Bruxelles, Joinville, Ministre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS
N mande de Bruxelle que le Comte d'Ha
rach, ayant communiqué à l'Archiduchesse,
Gouvernante des Pays- Bas , la Déclaration dont
on a parlé de M. de Joinville au nom du Roi de
France son Maîtte , S. A. S. avoit fait sçavoir à
ce Ministre Qu'Elle étoit très sensible à l'at
tention que S. M. T. C. avoit pour Elle et pour
le Pays de son Gouvernement à l'occasion de la
Guerre qu'Elle avoit résolu de faire à l'Empereur
son Frere . Qu'elle souhaitteroit ardemment que
cette Guerre ne fut pas de longue durée ; qu'Elle
verroit avec plaisir que M. de Joinville restât à
Bruxelle, qu'Elle en écriroit à la Cour de Vienne,
et que s'il arrivoit que l'Empereur ne jugeât pas
sa présence nécessaire dans ce Pays , Elle le feroit
avertir ; mais qu'en attendant on auroit pour lui
tous les égards dûs à un Ministre d'un grand
Roi , et dont la personne lui étoit d'ailleurs très
agréable.
N mande de Bruxelle que le Comte d'Ha
rach, ayant communiqué à l'Archiduchesse,
Gouvernante des Pays- Bas , la Déclaration dont
on a parlé de M. de Joinville au nom du Roi de
France son Maîtte , S. A. S. avoit fait sçavoir à
ce Ministre Qu'Elle étoit très sensible à l'at
tention que S. M. T. C. avoit pour Elle et pour
le Pays de son Gouvernement à l'occasion de la
Guerre qu'Elle avoit résolu de faire à l'Empereur
son Frere . Qu'elle souhaitteroit ardemment que
cette Guerre ne fut pas de longue durée ; qu'Elle
verroit avec plaisir que M. de Joinville restât à
Bruxelle, qu'Elle en écriroit à la Cour de Vienne,
et que s'il arrivoit que l'Empereur ne jugeât pas
sa présence nécessaire dans ce Pays , Elle le feroit
avertir ; mais qu'en attendant on auroit pour lui
tous les égards dûs à un Ministre d'un grand
Roi , et dont la personne lui étoit d'ailleurs très
agréable.
Fermer
Résumé : PAYS-BAS.
Le comte d'Harrach a transmis à l'archiduchesse une déclaration de M. de Joinville au nom du roi de France. L'archiduchesse a remercié le roi pour son soutien dans la guerre contre l'empereur, son frère. Elle a souhaité un conflit bref et proposé que M. de Joinville reste à Bruxelles. Elle informera Vienne et assurera à M. de Joinville les égards dus à un ministre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1094
p. 2500-2506
MANIFESTE de S. M. le Roi de Sardaigne.
Début :
Le Roi de Sardaigne étroitement uni au Roi de France, par les précieux liens du Sang et [...]
Mots clefs :
Roi de Sardaigne, Cour de Vienne, Empereur, Maison de Savoie, États, Royaume, Ministres, Occasion, Europe, Dignité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MANIFESTE de S. M. le Roi de Sardaigne.
MANIFESTE de S. M. le Roi de
Sardaigne.
E Roi de Sardaigne étroitement uni au Roi
L de France ,par les précieux liens du Sang et
de l'amitié , a vivement partagé sa juste sensibi
lité au sujet des Déclarations injurieuses , des
odieuses Négociations et des violentes voyes de
fait , par lesquelles l'Empereur a affecté de choquer
S. M. T. C. et s'est efforcé de fermer le che
min du Trône à un Prince , au sort duquel Elle
prenoit le plus tendre interêt , et qui étoit si digne
de la Couronne , que les insinuations , les
menaces et les hostilitez employées à lui enlever
les suffrages de la Nation Polonoise , n'ont pú
traverser son unanime Election.
Quoique
NOVEMBRE . 1733. 2501
1
Quoique l'esprit dominant à la Cour de Vien
ne se fut assez manifesté en Europe , pour que
les prétentions les plus étendues de sa part ne
dussent plus surprendre , on n'a pu toutesfois y
voir sans étonnement la naissance et le progrés
d'un si injuste engagement : soit que l'on considerât
la Personne du Roi , Stanislas , contre laquelle
il étoit formé , soit la dignité du Roi de
France , qu'il offençoit , soit la constitution du
Royaume de Pologne qu'il s'appoit par les fondemens,
soit enfin la nature des moyens employés à
le soutenir,tels que ceRoyaume se fut à peine attendu
à les voir mettre en oeuvre par le plus dangereux
de ses voisins .
L'objet que présente un grand Roi insulté de
propos déliberé dans l'endroit le plus sensible , et
le spectacle d'une Nation opprimée pour n'avoir
pas voulu renoncer à sa liberté , ne sçauroient
être regardez d'un ceil tranquille par aucune
Puissance. Mais combien le Roi de Sardaigne
n'a-t'il pas lieu d'en être frappé? Lui qui ne peut
s'approprier le bonheur d'une étroite parenté
avec S. M. T. C. sans participer en même tems
à l'outrage qu'on lui a intenté , ni envisager l'usage
que l'Empereur a aspiré de faire de son autorité
dans un Royaume indépendant , sans re-
Béchir aux conséquences de l'abus qu'il fait journellement
de cette même autorité dans une region
, qui lui est déja plus qu'à moitié soumise.
En vain le Roi de Sardaigne a-t-il voulu pendant
long- tems s'aveugler sur ces tristes conséquences
; la Cour de Vienne lui a fait sentir par
ses démarches qu'elle fondoit sur sa ruine celle
de la liberté de l'Italie , dont sa Maison Royale
avoit toujours été le plus ferme soutien .
Les premieres injustices de la Cour de Vienne
H iij
ont
502 MERCURE DE FRANCE
ont pour époque et pour date les tems mêmes
auxquels la Maison de Savoye faisoit les plus gé
néreux efforts en faveur de celle d'Autriche. Le
Traité d'alliance conclu en 1703. entre le feu.
Roi de Sardaigne et l'Empereur Leopold , aussi
mal executé du côté des assistances promises ,
qu'imparfaitement accompli du côté des cessions
stipulées , les considerables avances faites en ce
tems là pour l'entretien des Troupes Imperiales
en Piémont , non encore remboursées , sont les
monumens autentiques de la reconnoissance de
la Cour de Vienne.
Tel fut le traitement que le feu Roi Victor en
reçut en qualité de fidéle et d'utile Allié ; mais à
peine la dissolution de la ligue l'eut -elle obligé
d'entrer dans les mesures pacifiques qui se prirent
à Utrecht , où la pluralité des suffrages de
l'Europe lui décerna le Royaume de Sicile , par
des considerations qui devoient en perpetuer la
possession à la posterité la plus reculée ; que la
Cour de Vienne éclatant contre lui , s'en prie
d'une maniere outrageante à ses Ministres à Vien
ne et à Ratisbonne , par des Decrets aussi violens
qu'injustes , sans épargner les expressions les
plus piquantes , et sans menager la dignité toujours
respectable d'un Souverain.
Le Congrez d'Utrecht , contre lequel les Ministres
Autrichiens se déchaînoient sans cesse
avoit pourtant abondamment pourvû à la splen
deur et à l'élevation de l'Empereur , en lui assurant
la considerable addition des Pays Bas et des
Etats situez dans le continent d'Italie , à ceux
qu'il possedoit déja en Allemagne ; lui - même par
le succès de ses Armes contre le Turc avoit reculé
bien loin les bornes de sa domination du
ôté de la Hongrie et de la Transilvanie, Tant
do
NOVEMBRE . 1733. 2508
de prosperités devoient combler les voeux de la
Cour de Vienne . Cependant la seule Sicile échuë
au Roi Victor, étoit encore un objet suffisant à la
troubler. Il falut la lui ceder par un Traité qui
laissoit néanmoins jour à une discussion avantageuse
au nouveau Roi de Sardaigne. C'est ainsi
que la Maison de Savoye étoit sans cesse desti
née à contribuer à l'agrandissement de celle d'Autriche
, tantôt par les services les plus signalez »
tantôt par les sacrifices les plus coûteux.
N'auroit-on pas cru que la Cour de Vienne
dont on assouvissoit à l'envi les desirs , se seroit
du moins portée à rendre justice au Roi de Sardaigne
sur des articles moins essentiels , que la
sage disposition des Puissances contractantes
avoit renvoyées au Congrez désigné à Cambray,
Tant de condescendances ne firent qu'augmenter
sa dureté : envain les Plénipotentiaires s'y assemblerent
, la lenteur affectée , et l'infléxibilité des
Ministres Imperiaux firent perdre tout le fruit
de cette convocation , et même tout espoir de
voir renaître une occasion favorable de reparer
les préjudices supportez.
Le Roi de Sardaigne entierement livré parla à
la Cour de Vienne , sur le point de sa légitime
satisfaction , éprouva déslors tout le poids de
son aliénation pour lui. Elle n'a cessé depuis de
lui susciter des oppositions et des contestations
de toute espece.
Elle avoit déja prétendu mettre le Roi de Sar→
daigne au rang des simples Vassaux et Feuda
taires par rapport aux contributions , et cela de
l'autorité privée de l'Empereur , et de celle de son
Conseil , sans aucune délibération de la Diette ,
et même sur des lieux qui ont été declarez indé,
pendans de l'Empire par la Paix de Munster , re,
Hij gardée
2 (04 MER CURE DE FRANCE
gardée comme Loy sacrée et fondamentale pour
tout le Corps Germanique .
Elle a permis au Conseil Aulique d'écouter et
d'encourager les Vassaux et Sujets du Roi de Sardaigne
, au préjudice de la prérogative dont il
joint par sa Dignité de Vicaire de l'Empire , et
par les Diplômes accordez par les Empereurs à
la Maison de Savoye.
" Elle lui a formé des difficultez recherchées en
toute occasion , soit dans les Aquisitions qu'il a
faites de l'Empereur à prix d'argent , soit dans
les Investitures générales de ses Etats, en lui disputant
tantôt les Titres , tantôt les Distinctions
dont sa Maison a joui autrefois , et cela même
en s'éloignant par un exemple presque inoui , de
l'avis du Conseil Aulique.
Elle a éludé par des délais infinis la demande
des Titres et autres Ecritures appartenantes au
Duché de Montferrat , dont la rémission est
expressément stipulée par les mêmes Traitez ,
qui portent la cession de cet Etat , et vingt ans
de sollicitations n'ont pû les obtenir.
Afin d'ôter au Roy de Sardaigne les moyens
de se deffendre , elle a prétendu lui limiter la liberté
absolue de fortifier ses Places , que le droit
naturel , aussi- bien que les Traitez , lui accordent
; elle a tâché de forcer par des interprétations
artificieuses le vrai sens des mêmes Traitez.
Elle a fomenté avec soin et soutenu avec hauteur
, les injustes prétentions des Terres de l'Etat
de Milan , confinantes avec les Etats du Roy
de Sardaigne , rejettant même toutes les ouvertures
d'un raisonnable accord , souvent proposées
par ce Prince , la Cour de Vienne affectant
de tenir cette voye ouverte pour l'inquiéter et
roubler sa Jurisdiction.
Enfin
NOVEMBRE. 1733. 2505
•
Enfin la Cour de Vienne attentive aux occasions
de choquer celle de Turin par les endroits
les plus sensibles, a choisi le moment que les
Plenipotentiaires du Roy de Sardaigne alloient
prêter l'hommage de cette partie de ses Etats qui
reléve de l'Empice , pour introduire par surprise
une étrange nouveauté , et une odieuse distinction
contre l'usage établi , et recemment pratitiqué
envers les Rois d'Angleterre , de Dannemarc
et de Suede : Et sur les vives protestations
qui lui ont été faites à ce sujet par les Ministres
du Roi de Sardaigne, elle a prétendu reparer l'offense
au moyen de quelques excuses privées et
échapées par occasion à un Officier de la Cour
de l'Empereur , dont il a refusé de donner Acte.
Dans ces circonstances , le Roi de France qui
de son côté avoit donné pendant long- tems à la
Cour de Vienne les exemples de la plus singuliere
moderation , et les preuves de la plus sage tolerance
, a jugé qu'une pareille conduite cesseroit
d'être louable , dés qu'elle devenoit incompatible
avec sa gloire personnelle , l'honneur de son
Royaume , et l'appui qu'il devoir à ses Alliez . 11.
s'est déterminé à déclarer la Guerre à l'Empereur,
et a invité le Roi de Sardaigne à prendre à cette
Guerre la même part qu'il prenoit aux Motifs.
qui la rendoient indispensable.
Le Roi de Sardaigne engagé par tant d'endroits:
à épouser le jufte ressentiment de S. M. T. C.
ayant de plus ses propres griefs à reparer , convaincu
par une longue experience , que les maximes
de la Cour de Vienne , invariables sur son
compte , tendoient à miner sa Souveraineté , en.
attendant l'occasion de l'opprimer sans ressour
ce. Confirmé dans cette certitude par des exem
ples capables d'allarmer les plus grandes Puis-
Hr sances,
2506 MFRCURE DE FRANCE
sances , a signé un Traité , joignant avec confiance
ses Armes à celles d'un Prince , qui dépouillé
d'ambition , n'a cherché à se distinguer
en Europe que par son amour pour la Paix et par
l'équité de ses desseins .
Le Roy de Sardaigne , en qualité de Souverain
indépendant , est dispensé d'autoriser par des
exemples , les mesures qu'il est contraint de
prendre contre l'Empereur en qualité de Princes
de l'Empire , il en a d'illustres à suivre . Il sçau
ia s'y conformer en maintenant une indissolu
ble union avec cet Auguste Corps , et une par
faite amitié avec les dignes Membres qui le
composent , du nombre desquels il fait gloire
d'être.
C'est donc pour l'honneur de ses Augustes Alliez
, pour le sien propre , pour sa sureté , pour
la tranquillité et le bonheur de ses Etats , que le
Roy de Sardaigne , après avoir marqué par tou
tes ses déterminations, un sincere désir de maintenir
la bonne intelligence avec ses voisins , et d'é
pargner ses Peuples les calamitez de la guerre ,
prend maintenant les Armes .
à
En agissant par des motifs si dignes de déterminer
un Souverain , il espere non seulement .
de trouver dans ses Sujets les mêmes ressources
de zele , de fidélité et de valeur , que ses Augustes
Prédecesseurs ont trouvées en eux , mais aussi
que le Dieu desArmées protegera sa cause et qu'il
benira par d'heureux succès la justice de ses
desseins ,
Sardaigne.
E Roi de Sardaigne étroitement uni au Roi
L de France ,par les précieux liens du Sang et
de l'amitié , a vivement partagé sa juste sensibi
lité au sujet des Déclarations injurieuses , des
odieuses Négociations et des violentes voyes de
fait , par lesquelles l'Empereur a affecté de choquer
S. M. T. C. et s'est efforcé de fermer le che
min du Trône à un Prince , au sort duquel Elle
prenoit le plus tendre interêt , et qui étoit si digne
de la Couronne , que les insinuations , les
menaces et les hostilitez employées à lui enlever
les suffrages de la Nation Polonoise , n'ont pú
traverser son unanime Election.
Quoique
NOVEMBRE . 1733. 2501
1
Quoique l'esprit dominant à la Cour de Vien
ne se fut assez manifesté en Europe , pour que
les prétentions les plus étendues de sa part ne
dussent plus surprendre , on n'a pu toutesfois y
voir sans étonnement la naissance et le progrés
d'un si injuste engagement : soit que l'on considerât
la Personne du Roi , Stanislas , contre laquelle
il étoit formé , soit la dignité du Roi de
France , qu'il offençoit , soit la constitution du
Royaume de Pologne qu'il s'appoit par les fondemens,
soit enfin la nature des moyens employés à
le soutenir,tels que ceRoyaume se fut à peine attendu
à les voir mettre en oeuvre par le plus dangereux
de ses voisins .
L'objet que présente un grand Roi insulté de
propos déliberé dans l'endroit le plus sensible , et
le spectacle d'une Nation opprimée pour n'avoir
pas voulu renoncer à sa liberté , ne sçauroient
être regardez d'un ceil tranquille par aucune
Puissance. Mais combien le Roi de Sardaigne
n'a-t'il pas lieu d'en être frappé? Lui qui ne peut
s'approprier le bonheur d'une étroite parenté
avec S. M. T. C. sans participer en même tems
à l'outrage qu'on lui a intenté , ni envisager l'usage
que l'Empereur a aspiré de faire de son autorité
dans un Royaume indépendant , sans re-
Béchir aux conséquences de l'abus qu'il fait journellement
de cette même autorité dans une region
, qui lui est déja plus qu'à moitié soumise.
En vain le Roi de Sardaigne a-t-il voulu pendant
long- tems s'aveugler sur ces tristes conséquences
; la Cour de Vienne lui a fait sentir par
ses démarches qu'elle fondoit sur sa ruine celle
de la liberté de l'Italie , dont sa Maison Royale
avoit toujours été le plus ferme soutien .
Les premieres injustices de la Cour de Vienne
H iij
ont
502 MERCURE DE FRANCE
ont pour époque et pour date les tems mêmes
auxquels la Maison de Savoye faisoit les plus gé
néreux efforts en faveur de celle d'Autriche. Le
Traité d'alliance conclu en 1703. entre le feu.
Roi de Sardaigne et l'Empereur Leopold , aussi
mal executé du côté des assistances promises ,
qu'imparfaitement accompli du côté des cessions
stipulées , les considerables avances faites en ce
tems là pour l'entretien des Troupes Imperiales
en Piémont , non encore remboursées , sont les
monumens autentiques de la reconnoissance de
la Cour de Vienne.
Tel fut le traitement que le feu Roi Victor en
reçut en qualité de fidéle et d'utile Allié ; mais à
peine la dissolution de la ligue l'eut -elle obligé
d'entrer dans les mesures pacifiques qui se prirent
à Utrecht , où la pluralité des suffrages de
l'Europe lui décerna le Royaume de Sicile , par
des considerations qui devoient en perpetuer la
possession à la posterité la plus reculée ; que la
Cour de Vienne éclatant contre lui , s'en prie
d'une maniere outrageante à ses Ministres à Vien
ne et à Ratisbonne , par des Decrets aussi violens
qu'injustes , sans épargner les expressions les
plus piquantes , et sans menager la dignité toujours
respectable d'un Souverain.
Le Congrez d'Utrecht , contre lequel les Ministres
Autrichiens se déchaînoient sans cesse
avoit pourtant abondamment pourvû à la splen
deur et à l'élevation de l'Empereur , en lui assurant
la considerable addition des Pays Bas et des
Etats situez dans le continent d'Italie , à ceux
qu'il possedoit déja en Allemagne ; lui - même par
le succès de ses Armes contre le Turc avoit reculé
bien loin les bornes de sa domination du
ôté de la Hongrie et de la Transilvanie, Tant
do
NOVEMBRE . 1733. 2508
de prosperités devoient combler les voeux de la
Cour de Vienne . Cependant la seule Sicile échuë
au Roi Victor, étoit encore un objet suffisant à la
troubler. Il falut la lui ceder par un Traité qui
laissoit néanmoins jour à une discussion avantageuse
au nouveau Roi de Sardaigne. C'est ainsi
que la Maison de Savoye étoit sans cesse desti
née à contribuer à l'agrandissement de celle d'Autriche
, tantôt par les services les plus signalez »
tantôt par les sacrifices les plus coûteux.
N'auroit-on pas cru que la Cour de Vienne
dont on assouvissoit à l'envi les desirs , se seroit
du moins portée à rendre justice au Roi de Sardaigne
sur des articles moins essentiels , que la
sage disposition des Puissances contractantes
avoit renvoyées au Congrez désigné à Cambray,
Tant de condescendances ne firent qu'augmenter
sa dureté : envain les Plénipotentiaires s'y assemblerent
, la lenteur affectée , et l'infléxibilité des
Ministres Imperiaux firent perdre tout le fruit
de cette convocation , et même tout espoir de
voir renaître une occasion favorable de reparer
les préjudices supportez.
Le Roi de Sardaigne entierement livré parla à
la Cour de Vienne , sur le point de sa légitime
satisfaction , éprouva déslors tout le poids de
son aliénation pour lui. Elle n'a cessé depuis de
lui susciter des oppositions et des contestations
de toute espece.
Elle avoit déja prétendu mettre le Roi de Sar→
daigne au rang des simples Vassaux et Feuda
taires par rapport aux contributions , et cela de
l'autorité privée de l'Empereur , et de celle de son
Conseil , sans aucune délibération de la Diette ,
et même sur des lieux qui ont été declarez indé,
pendans de l'Empire par la Paix de Munster , re,
Hij gardée
2 (04 MER CURE DE FRANCE
gardée comme Loy sacrée et fondamentale pour
tout le Corps Germanique .
Elle a permis au Conseil Aulique d'écouter et
d'encourager les Vassaux et Sujets du Roi de Sardaigne
, au préjudice de la prérogative dont il
joint par sa Dignité de Vicaire de l'Empire , et
par les Diplômes accordez par les Empereurs à
la Maison de Savoye.
" Elle lui a formé des difficultez recherchées en
toute occasion , soit dans les Aquisitions qu'il a
faites de l'Empereur à prix d'argent , soit dans
les Investitures générales de ses Etats, en lui disputant
tantôt les Titres , tantôt les Distinctions
dont sa Maison a joui autrefois , et cela même
en s'éloignant par un exemple presque inoui , de
l'avis du Conseil Aulique.
Elle a éludé par des délais infinis la demande
des Titres et autres Ecritures appartenantes au
Duché de Montferrat , dont la rémission est
expressément stipulée par les mêmes Traitez ,
qui portent la cession de cet Etat , et vingt ans
de sollicitations n'ont pû les obtenir.
Afin d'ôter au Roy de Sardaigne les moyens
de se deffendre , elle a prétendu lui limiter la liberté
absolue de fortifier ses Places , que le droit
naturel , aussi- bien que les Traitez , lui accordent
; elle a tâché de forcer par des interprétations
artificieuses le vrai sens des mêmes Traitez.
Elle a fomenté avec soin et soutenu avec hauteur
, les injustes prétentions des Terres de l'Etat
de Milan , confinantes avec les Etats du Roy
de Sardaigne , rejettant même toutes les ouvertures
d'un raisonnable accord , souvent proposées
par ce Prince , la Cour de Vienne affectant
de tenir cette voye ouverte pour l'inquiéter et
roubler sa Jurisdiction.
Enfin
NOVEMBRE. 1733. 2505
•
Enfin la Cour de Vienne attentive aux occasions
de choquer celle de Turin par les endroits
les plus sensibles, a choisi le moment que les
Plenipotentiaires du Roy de Sardaigne alloient
prêter l'hommage de cette partie de ses Etats qui
reléve de l'Empice , pour introduire par surprise
une étrange nouveauté , et une odieuse distinction
contre l'usage établi , et recemment pratitiqué
envers les Rois d'Angleterre , de Dannemarc
et de Suede : Et sur les vives protestations
qui lui ont été faites à ce sujet par les Ministres
du Roi de Sardaigne, elle a prétendu reparer l'offense
au moyen de quelques excuses privées et
échapées par occasion à un Officier de la Cour
de l'Empereur , dont il a refusé de donner Acte.
Dans ces circonstances , le Roi de France qui
de son côté avoit donné pendant long- tems à la
Cour de Vienne les exemples de la plus singuliere
moderation , et les preuves de la plus sage tolerance
, a jugé qu'une pareille conduite cesseroit
d'être louable , dés qu'elle devenoit incompatible
avec sa gloire personnelle , l'honneur de son
Royaume , et l'appui qu'il devoir à ses Alliez . 11.
s'est déterminé à déclarer la Guerre à l'Empereur,
et a invité le Roi de Sardaigne à prendre à cette
Guerre la même part qu'il prenoit aux Motifs.
qui la rendoient indispensable.
Le Roi de Sardaigne engagé par tant d'endroits:
à épouser le jufte ressentiment de S. M. T. C.
ayant de plus ses propres griefs à reparer , convaincu
par une longue experience , que les maximes
de la Cour de Vienne , invariables sur son
compte , tendoient à miner sa Souveraineté , en.
attendant l'occasion de l'opprimer sans ressour
ce. Confirmé dans cette certitude par des exem
ples capables d'allarmer les plus grandes Puis-
Hr sances,
2506 MFRCURE DE FRANCE
sances , a signé un Traité , joignant avec confiance
ses Armes à celles d'un Prince , qui dépouillé
d'ambition , n'a cherché à se distinguer
en Europe que par son amour pour la Paix et par
l'équité de ses desseins .
Le Roy de Sardaigne , en qualité de Souverain
indépendant , est dispensé d'autoriser par des
exemples , les mesures qu'il est contraint de
prendre contre l'Empereur en qualité de Princes
de l'Empire , il en a d'illustres à suivre . Il sçau
ia s'y conformer en maintenant une indissolu
ble union avec cet Auguste Corps , et une par
faite amitié avec les dignes Membres qui le
composent , du nombre desquels il fait gloire
d'être.
C'est donc pour l'honneur de ses Augustes Alliez
, pour le sien propre , pour sa sureté , pour
la tranquillité et le bonheur de ses Etats , que le
Roy de Sardaigne , après avoir marqué par tou
tes ses déterminations, un sincere désir de maintenir
la bonne intelligence avec ses voisins , et d'é
pargner ses Peuples les calamitez de la guerre ,
prend maintenant les Armes .
à
En agissant par des motifs si dignes de déterminer
un Souverain , il espere non seulement .
de trouver dans ses Sujets les mêmes ressources
de zele , de fidélité et de valeur , que ses Augustes
Prédecesseurs ont trouvées en eux , mais aussi
que le Dieu desArmées protegera sa cause et qu'il
benira par d'heureux succès la justice de ses
desseins ,
Fermer
Résumé : MANIFESTE de S. M. le Roi de Sardaigne.
En novembre 1733, le Roi de Sardaigne publie un manifeste exprimant sa solidarité avec le Roi de France contre les actions de l'Empereur. L'Empereur a tenté d'empêcher l'élection du prince polonais Stanislas, soutenu par la France, ce que le Roi de Sardaigne condamne comme une atteinte à la liberté de la Pologne. Le manifeste souligne également les injustices passées de la Cour de Vienne envers la Maison de Savoie, notamment lors du traité d'Utrecht où la Sicile a été cédée au Roi de Sardaigne malgré les contestations autrichiennes. De plus, la Cour de Vienne a cherché à limiter la souveraineté du Roi de Sardaigne en matière de fortifications et de juridiction. En réponse à ces provocations, le Roi de France a déclaré la guerre à l'Empereur et a invité le Roi de Sardaigne à se joindre à lui. Le Roi de Sardaigne, motivé par les griefs personnels et la menace à sa souveraineté, a accepté cette alliance. Il espère que ses sujets le soutiendront avec zèle et fidélité et que la justice de sa cause sera bénie par des succès militaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1095
p. 2529-2530
Nombre des Baptêmes, Mariages, Enfans Trouvez et Morts de la Ville et Fauxbourgs de Paris, pendant l'année 1732.
Début :
Sçavoir : Baptêmes, 18607 Marîages, 3983 Enfans Trouvez, 2472 Morts, 17231 [...]
Mots clefs :
Baptêmes, Morts, Mariages, Enfants trouvés, Nombre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nombre des Baptêmes, Mariages, Enfans Trouvez et Morts de la Ville et Fauxbourgs de Paris, pendant l'année 1732.
Nombre des Baptêmes , Mariages, Enfans Trouvez
et Morts de la Ville et Fauxbourgs de Paris ,
pendant l'année 1732. Sçavoir :
Baptêmes ,..
Mariages ,
Enfans .Trouvez
18607
3993
24744
I T
Matis...
2530 MERCURE DE FRANCE
Morts ,
Maisons Religieuses , hommes
et filles ,
17231
}
17532
3012
est
Partant le nombre des Baptêmes de l'année
1732. excede celui des Morts de
Le nombre des Baptêmes dé 1732.
moindre que celui de 1731. de
Celui des Mariages est moindre de
Celui des Morts est moindre de
Celui des Enfans Trouvez est moindre de
1073
272
186
3300
65
et Morts de la Ville et Fauxbourgs de Paris ,
pendant l'année 1732. Sçavoir :
Baptêmes ,..
Mariages ,
Enfans .Trouvez
18607
3993
24744
I T
Matis...
2530 MERCURE DE FRANCE
Morts ,
Maisons Religieuses , hommes
et filles ,
17231
}
17532
3012
est
Partant le nombre des Baptêmes de l'année
1732. excede celui des Morts de
Le nombre des Baptêmes dé 1732.
moindre que celui de 1731. de
Celui des Mariages est moindre de
Celui des Morts est moindre de
Celui des Enfans Trouvez est moindre de
1073
272
186
3300
65
Fermer
Résumé : Nombre des Baptêmes, Mariages, Enfans Trouvez et Morts de la Ville et Fauxbourgs de Paris, pendant l'année 1732.
En 1732 à Paris, il y a eu 18 607 baptêmes, 3 993 mariages, 24 744 enfants trouvés, et 34 763 décès. Par rapport à 1731, les baptêmes ont augmenté de 1 073, les mariages ont diminué de 272, les décès ont baissé de 186, et les enfants trouvés ont diminué de 3 300. Le nombre de baptêmes a dépassé celui des décès.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1096
p. 2693
TURQUIE.
Début :
On a appris de Constantinople que le Grand Visir avoit déclaré par ordre du Grand [...]
Mots clefs :
Grand vizir, Effendi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE.
TUR QUI E.
Na appris de Constantinople que le Grand
Visit voit déclaré par ordre du Grand
Seigneur , au Résident de Moscovie à la Porte
que S H. regardoit comme une infraction aux
Traitez faits entre les Turcs et les Moscovites
l'entrée de ces derniers sur les Terres de la République
de Pologne.
>
On ajoute que le Mufti- Damas- Zadé- Effendi
avoit été déposé, et qu'Isaac Effendi, fils du Prédécesseur
de Damas - Zadé , avoit été nommé
pour lui succeder.
Selon des Lettres de cette même Ville , le Ministre
de l'Empereur à la Cour Othomane, a demandé
audience au G. S. pour lui faire part de
la prétendue Election faite par les Opposans de
Fologne en faveur de l'Electeur de Saxe.
Na appris de Constantinople que le Grand
Visit voit déclaré par ordre du Grand
Seigneur , au Résident de Moscovie à la Porte
que S H. regardoit comme une infraction aux
Traitez faits entre les Turcs et les Moscovites
l'entrée de ces derniers sur les Terres de la République
de Pologne.
>
On ajoute que le Mufti- Damas- Zadé- Effendi
avoit été déposé, et qu'Isaac Effendi, fils du Prédécesseur
de Damas - Zadé , avoit été nommé
pour lui succeder.
Selon des Lettres de cette même Ville , le Ministre
de l'Empereur à la Cour Othomane, a demandé
audience au G. S. pour lui faire part de
la prétendue Election faite par les Opposans de
Fologne en faveur de l'Electeur de Saxe.
Fermer
Résumé : TURQUIE.
Le texte relate des événements impliquant l'Empire ottoman et des puissances européennes. Le Grand Seigneur a dénoncé l'entrée des Moscovites en Pologne comme une violation des traités. Le Mufti Damas-Zadé Effendi a été remplacé par Isaac Effendi. Le Ministre de l'Empereur a annoncé au Grand Seigneur l'élection de l'Électeur de Saxe par les opposants polonais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1097
p. 2693-2697
POLOGNE.
Début :
On a appris sur la fin du mois dernier, par un Courrier, arrivé de l'Ukraine à Dantzik, [...]
Mots clefs :
Troupes, Moscovites, Général, Comte, Pologne, Armée, Varsovie, Noblesse, Gdańsk, Élection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En Pologne, des rapports récents signalent que le Khan de Budziack, à la tête d'un corps de Tartares, a attaqué les troupes du Général Wiesbach en Ukraine. Après une bataille indécise, les Moscovites se sont retirés à Kiow. Le Comte Pocci a transmis une lettre révélant que la Czarine ne fournira pas de nouveaux secours au Général Lesci. Des nobles ayant assisté à l'élection de l'Électeur de Saxe en Pologne rapportent que l'armée ennemie souffre de disette, les paysans ayant caché leurs provisions. Ils confirment que l'élection a été faite sous la contrainte des Moscovites et que la noblesse n'y a pas participé. La noblesse de plusieurs palatinats a formé une confédération pour chasser les troupes moscovites et saxonnes. Des villes et abbayes lèvent des troupes pour le service du Roi. Le Comte Potoski, avec une armée de 25 000 hommes, est campé entre Sandomir et Ospatow, tandis que le Palatin de Lublin et le Comte Pocci avancent avec leurs troupes pour contrer les ennemis. Les Moscovites, ayant quitté Warsovie, campent à Lowitz mais continuent de subir des attaques. Les levées de troupes dans la Prusse Polonoise se font avec succès, et plusieurs seigneurs harcèlent les Moscovites en attaquant leurs convois. Le Général Lesci demande en vain des renforts à la Czarine. Le Roi a reçu une copie de l'acte de confédération de la noblesse polonaise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1098
p. 2697-2704
PARALLELE, de l'Election à la Couronne de Pologne, faite en faveur du Serénissime STANISLAS LESZCZYNSKI, & du Sérénissime FREDERIC AUGUSTE.
Début :
1o. Le Serénissime Stanislas Leszczynski a eu pour lui les suffrages unanimes et prompts de [...]
Mots clefs :
Élection, Stanislas Leszczynski, Auguste III de Pologne, République, Royaume, Nomination, Constitution, Pologne, Diète de convocation, Suffrages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PARALLELE, de l'Election à la Couronne de Pologne, faite en faveur du Serénissime STANISLAS LESZCZYNSKI, & du Sérénissime FREDERIC AUGUSTE.
PARALLELE , de l'Election à la
Couronne de Pologne , faite en faveur du
Serenissime STANISLAS LESZCZYNSKI ,
du Serénissime FREDERIC AUGUSTE.
de
1°. Le Serénissime Stanislas Leszczynski a en
pour lui les suffrages unanimes et prompts
la Republique entiere , assemblée légitimement ,
c'est- à-dire de tous les Palatinats , Territoires
et Districts , au nombre de plus de 60000 hommes,
après que S. A.le Primat leur a eu demandễ
qui on devoit nommer Roi de Pologne ; et le
Grand Maréchal de la Couronne a proclamé ce
Prince en cette qualité .
I. De tant de milliers d'Hommes qui étoient ,
dans le Camp Electoral , pas un n'a nommé le
Serenissime Frédéric Auguste , et par conséquent
s'il n'a été proposé ni à la République ni par la
L. Voli
Ré
2698 MERCURE DE FRANCE
République , il n'a på en aucune maniere êtrè
nommé.
En quel tems .
2°. Le S. Stanislas a été élû dans le terme fixé
par unc constitution de la Diette de convocation
tenue cette année. Ainsi , on s'est conformé en
l'élisant à cette constitution qui prescrit pour des
raisons très importantes de terminer sans délai
P'Election du Roy , outre que dans le tempsmême
de l'Election , les Palatinats demandoient
qu'on pressa la nomination , comme il s'étoit
pratiqué dans un cas semblable ; sçavoir à l'Election
d'Uladislas IV. à laquelle les Russiens vou
loient mettre obstacle .
II. Lorsque le S. Frédéric Auguste a été élû ,
le temps de l'Election étoit passé , parce que cel
le du S Stanislas étant légitimement terminée
par la même , la Dietre d'Election l'étoit aussi ,
et que tous les Palatinats, Territoires et Districts
s'étoient retirez du Champ d'Election , après
avoir reçu les adieux de leur Maréchal , sans
avoir limité l'Acte d'Election , de sorte que si la
premiere Election avoit été deffectueuse , il en
faudroit faire une nouvelle , indiquer une nouvelle
Diette de Convocation , assembler de nouveau
les Diettines, expédier pour ce sujet de noupeaux
Universaux , & c,
En quel lieu.
3 °. Le S. Stanislas a été élû dans le lieu désigné
par une foule de Constitutions du Royaume,
et dernierement encore par celle de la Distte de
Convocation , tenue cette année ; c'est - à-dire
dans le Champ Electoral , ainsi qu'on l'appelle
proprement , entre Warsovie et le Village de
I. Vol. Vuola
DECEMBRE. 1733. 2899.
Vvola , où de temps immémorial des Elections
ont coûtume de se faire selon les anciennes Cons◄
titutions.
III. Le S. Frédéric- Auguste a été élû de l'autre
côté de la Vistule , dans la Plaine de Praage
joignant un Bois , près d'un Village , nommé
Kamien ; et là un grand Chemin a servi de
Champ Electoral , et une Hôtellerie de Szopa .
pour les Sénateurs au mépris des Constitutions,
Usages et Coutumes , et quoique les Dieures de
Convocation fixent toujours le temps et le lieu
où de tels Actes se doivent passer; tellement qu'un
Acte célébré hors du lieu , marqué par la Loy
est déslois absolument nul.
Par qui él .
4°. Le S. Stanislas a eu dans son E'ection , ce
qui en fait le point le plus essentiel ; sçavoir , la,
présence de tous les Palatinats , Terres , et Disericts
, sans en excepter un seul , qui après les
solemnitez ordinaires , Pont élû librement et de
plein gré, tellement que pour lui se sont réunies
les voix de plus de 60000 hommes , et d'un Peu-,
ple Electeur , dont la conduite et le droit song
irreprochables.
IV. Il ne s'est trouvé à l'Election du S. Frédéric-
Auguste, aucun Palatinar , Territoire , ni
District. li n'a été élû que par un petit nombre
de Gens et par de simples Particuliers , à qui la,
République n'avoit point donné pouvoir de le.
faire. Il a été élû par des Gens qu'on arrêta
lorsqu'ils retournoient chez eux après l'Election
et dont les uns donnérent leurs voix , ‹ffrayez,
par les Universaux du Général Lesci , qui menaçoit
de mettre tout à feu et à sang , tandis que
les autres vendirent bien leurs suffrages.
J. Vol.
ป
2700 MERCURE DE FRANCE
Il a été élû par des Parjures , dont quelques
uns avoient juré deux ou trois fois , que , se con
formant à l'intention unanime de la République
et aux Instructions expresses de la plupart des
Palatinats , Terres et Districts , ils n'éliroient
point de Candidat qui ne fut né de pere et de
mere Catholiques Romains , et qui cût des Domaines
ou des Armées hots du Royaume.
Il a eu pour Electeurs des Proscrits et des Ennemis
de la Patrie , déclarez tels , en partie par la
Constitution de la Diette de Convocation , contre
ceux qui éliroient un Roy étranger et ayant
des Domaines hors du Royaume, et en partie par
le Decret de la République entiere , assemblée
dans le Champ Electoral, Décret qu'elle a inséré
dans son Manifeste , contre l'invasion des Russiens
, et que signérent ceux - là même qui ont
adhéré à ces Russiens dans l'Election du S. Fré
deric- Auguste.
Au reste , je dis par le Décret , parce qu'effec
tivement il comprend , non seulement ceux qui
ont attiré l'Armée Russienne , mais encore tous
ceux qui pourroient dans la suite adhérer aux
Russiens , et que la République les y a déclareztous
également Ennemis de la Patrie , abandonnez
à la vengeance d'un chacun , &c.
Il faut aussi remarquer que n'y ayant à l'E
Tection aucun Député de la Grande Pologne , on
ya appellé deux jeunes Seigneurs du nom de
Dzialynski , qui faisoient leurs Etudes à Varsovie.
Ce qu'il y a de plus étrange , c'est qu'ur
Enfant de sept ans , Fils de l'Illustrissime Seigneur
Potocki, Maréchal de la Cour du Royaume
, a été invité à l'Election , et qu'on lui en a
fait signer l'Acte, afin , sans doute , qu'en voyant
ce nom parmi les autres , on puisse croire que
I. Fol. quel
DECEMBRE. 1733. 2701
quelqu'un de la Maison Potocki adhére au parti
de l'Electeur de Saxe.
Par qui nommé.
s . Le S. Stanislas a été nommé par Monsei
gneur Théodore Potocki , Archevêque de Gnêsne,
Primat du Royaume , c'est - à dire , un Prélat à
qui les Loix du Royaume , les Bulles des Papes ,
et particulierement la Constitution de la Diette
de Convocation , Constitution confirmée par le
serment des Evêques , conférent expres ément
et privativement à tous autres Evêques , le droit
de nommer le Roy. Tous sont donc exclus par
leurs sermens et sous certaines peines du droit
de nommer les Rois. Il y a même une Bulle du
Pape Sixte V. qui porté que , si un Roy a été
nommé par un autre que par le Primat du
Royaume , non - seulement l'Evêque qui a fait la
nomination , encourt des peines exprimées dans
cette Bulle , mais encore que cette nomination
est nulle et sans force.
V. Le S. Frederic Auguste a été nommé , non
par le Primat , mais par M. Hostus , Evêque de
Posnanie , en quoi ce Prélat a violé p.emierement
le serment géneral qu'il a prêté comme
Sénateur , de détourner tout ce qui peut être préjudiciable
à la République , puisque par sa nomination
il a attiré sur elle les plus grands maux,
porté atteinte à la liberté des Elections , occasionné
le renversement de l'Etat et des Loix ,
procuré l'effusion du sang humain , la désolation
du Royaume , l'oppression des Pauvres , la vio
lation des immunitez Ecclesiastiques , et enfin
le pillage des biens appartenans au Clergé .
Il a violé en second lieu le serment general
par lequel il s'est obligé dans la Diette de Con-
L. Vol. Vocation
2702 MERCURE DE FRANCE
vocation , de ne point élire de Roy étranger , on
ayant ses Domaines hors du Royaume.
Il a violé enfin le serment particulier que les au
tres Evêques et lui - même ont fait dans la susdite
Diette, de ne point attenter au droit de nommer
le Roy , droit que les Loix ont attaché à la dignité
du Primat. En un mot , le S. Auguste s'est
trouvé n'avoir que la nomination d'un Prélat ,
qui par cette nomination - là même , violoit tout
la fois trois sermens , et qui en même temps
encouroit les peines exprimées par le Decret que
la République entiere a inseré dans son Manifeste
et auquel lui - même a souscrit,
De quelle maniere ?
6. Le S. Stanillas a été élû par la République
avec une entiere liberté , et sans qu'il y cûr ni
Armée ni Troupes qui arrachassent les suffrages
de qui que ce soit en faveur d'un Candidat. Il a
été élú avec le consentement unanime de tous
ceux qui étoient dans le Champ Electoral , et sans
la moindre contradiction : Car il ne faut pas regarder
comme telles ni les oppositions que
M. Kaminski commençoit à faire dans le lieu
de la nomination , ni la retraite du Staroste d'O
poczyn , qui la veille de l'Election sortit du
Champ Electoral; le premier ramené par des re
montrances amiables et par de bons conseils , ré.
voqua son opposition de bon coeur et sans qu'on
lui fit la moindre violence ; il la révoqua à l'instant
et sur le lieu même , et il cria Vive Stanislase
Le second marqua par une Lettre la joye qu'il
avoit de l'heureux succès de l'Election et félicita
le Prince , sur qui elle étoit tombée , et quant
aux autres Electeurs , le lendemain de l'Election
ils allerent saluer l'Elû et l'assurer d'une parfaite
soumission.
DECEMBRE. 1733. 2703.
VI. Le S. Frederic Auguste a été élû avec
tout ce qui marque la derniere violence, puisque
les Electeurs étoient environnez d'une Armée
nombreuse , et qu'on n'obtint leurs suffrages
que par des persuasions armées . L'Election n'a
donc pas été libre. Mais comment eût - ele pů
l'être , lorsqu'un petit nombre de Citoyens pri-"
vez partagez en quatre Candidats , et devant
élire un Roy par confédération , voyoient dans
le parti du S. Frederic Auguste , le General Lesci,
agissant avec une autorité souveraine , nommer
et proclamer le premier ce Prince ? entraînez par.
la force superieure , ils ont accedé à cette Election
avec moins de joye que d'apparence de respect
, et on en trouve les preuves dans une Let-'
tre originale du même General Lesci au Comte
d'Osterman , où il s'exprime en ces termes :
Les Seigneurs Polonois étant divisez entre eux
sur le choix d'un Candidat , je les ai obligez par
des promesses et plus encore par des menaces , à dé
ferer la Couronne à l'Electeur de Saxe. Il sera assez
puissant pour se maintenir sur le Trône et pour
deffendre ceux qui l'y ont élevé.
L'Election du Sérenissime Auguste II. de
glorieuse mémoire , quoique faite par une Session
, a de grands avantages sur la prétendue
Election du S. Frederic Auguste. La premiere
fut l'ouvrage d'une partie considerable de la République
, légitimement assemblée dans le lieu
accoûtumé et désigné par la Constitution et le
temps de l'Election n'étoit pas encore écoulé ,
de sorte qu'en même- temps et au même endroit,
on nomma les deux Candidats en présence de
tous les Palatinats , Terres et Districts . La se
conde n'a été faite ni dans le lieu ni au temps
que les Loix marquaient , ni à la face de la Ré
山
1. Vol. publique
2704 MERCURE DE FRANCE
publique assemblée , et le S. Frederic Augusté a
été proclamé par une poignée d'hommes desti ."
tuez de tout pouvoir et autorité , par des hommes
que les Loix ont notez , par des hommes"
Sujets aux peines décernées contre les Traîtres ,'
et enfin sans qu'il ait assisté à cet Acte aucun
Palatinat , Territoire ni District.
Sans y être mieux
autorisé
, on a transferé
de
Praage
à Warsovie
, les Séances
touchant
les
Pacta
Conventa
, et on les y a continuées
15.
jours de suite aprés cette fausse
Election
. Par les´
mêmes
Pacta-Conventa
, on a ouvert
aux Trou."
pes Russiennes
le passage
en Pologne
, et on leur
a permis
d'y aller en tels lieux qu'il leur plairoit.
On a bien voulu
fournir
par là une occasion
continuelle
à des troubles
domestiques
, et
de justes
raisons
aux Etrangers
de nous déclarer
la guerre
, et on s'est peu soucié
d'einbarasser
la République.
Nous soumettons ce fidelle et exact Parallele
au jugement de l'Univers . Qu'on juge qui il
faut reconnoître pour légitime Roy de Pologne,
ou d'un Prince élû contre toutes sortes de Loix
et Constitutions et par la seule force des Armes
ou d'un autre qui a été élû selon ces Loix er
Constitutions , et que les suffrages libres et unanimes
de tout ce qu'il y avoit d'Electeurs , ont
élevé sur le Trône.
Couronne de Pologne , faite en faveur du
Serenissime STANISLAS LESZCZYNSKI ,
du Serénissime FREDERIC AUGUSTE.
de
1°. Le Serénissime Stanislas Leszczynski a en
pour lui les suffrages unanimes et prompts
la Republique entiere , assemblée légitimement ,
c'est- à-dire de tous les Palatinats , Territoires
et Districts , au nombre de plus de 60000 hommes,
après que S. A.le Primat leur a eu demandễ
qui on devoit nommer Roi de Pologne ; et le
Grand Maréchal de la Couronne a proclamé ce
Prince en cette qualité .
I. De tant de milliers d'Hommes qui étoient ,
dans le Camp Electoral , pas un n'a nommé le
Serenissime Frédéric Auguste , et par conséquent
s'il n'a été proposé ni à la République ni par la
L. Voli
Ré
2698 MERCURE DE FRANCE
République , il n'a på en aucune maniere êtrè
nommé.
En quel tems .
2°. Le S. Stanislas a été élû dans le terme fixé
par unc constitution de la Diette de convocation
tenue cette année. Ainsi , on s'est conformé en
l'élisant à cette constitution qui prescrit pour des
raisons très importantes de terminer sans délai
P'Election du Roy , outre que dans le tempsmême
de l'Election , les Palatinats demandoient
qu'on pressa la nomination , comme il s'étoit
pratiqué dans un cas semblable ; sçavoir à l'Election
d'Uladislas IV. à laquelle les Russiens vou
loient mettre obstacle .
II. Lorsque le S. Frédéric Auguste a été élû ,
le temps de l'Election étoit passé , parce que cel
le du S Stanislas étant légitimement terminée
par la même , la Dietre d'Election l'étoit aussi ,
et que tous les Palatinats, Territoires et Districts
s'étoient retirez du Champ d'Election , après
avoir reçu les adieux de leur Maréchal , sans
avoir limité l'Acte d'Election , de sorte que si la
premiere Election avoit été deffectueuse , il en
faudroit faire une nouvelle , indiquer une nouvelle
Diette de Convocation , assembler de nouveau
les Diettines, expédier pour ce sujet de noupeaux
Universaux , & c,
En quel lieu.
3 °. Le S. Stanislas a été élû dans le lieu désigné
par une foule de Constitutions du Royaume,
et dernierement encore par celle de la Distte de
Convocation , tenue cette année ; c'est - à-dire
dans le Champ Electoral , ainsi qu'on l'appelle
proprement , entre Warsovie et le Village de
I. Vol. Vuola
DECEMBRE. 1733. 2899.
Vvola , où de temps immémorial des Elections
ont coûtume de se faire selon les anciennes Cons◄
titutions.
III. Le S. Frédéric- Auguste a été élû de l'autre
côté de la Vistule , dans la Plaine de Praage
joignant un Bois , près d'un Village , nommé
Kamien ; et là un grand Chemin a servi de
Champ Electoral , et une Hôtellerie de Szopa .
pour les Sénateurs au mépris des Constitutions,
Usages et Coutumes , et quoique les Dieures de
Convocation fixent toujours le temps et le lieu
où de tels Actes se doivent passer; tellement qu'un
Acte célébré hors du lieu , marqué par la Loy
est déslois absolument nul.
Par qui él .
4°. Le S. Stanislas a eu dans son E'ection , ce
qui en fait le point le plus essentiel ; sçavoir , la,
présence de tous les Palatinats , Terres , et Disericts
, sans en excepter un seul , qui après les
solemnitez ordinaires , Pont élû librement et de
plein gré, tellement que pour lui se sont réunies
les voix de plus de 60000 hommes , et d'un Peu-,
ple Electeur , dont la conduite et le droit song
irreprochables.
IV. Il ne s'est trouvé à l'Election du S. Frédéric-
Auguste, aucun Palatinar , Territoire , ni
District. li n'a été élû que par un petit nombre
de Gens et par de simples Particuliers , à qui la,
République n'avoit point donné pouvoir de le.
faire. Il a été élû par des Gens qu'on arrêta
lorsqu'ils retournoient chez eux après l'Election
et dont les uns donnérent leurs voix , ‹ffrayez,
par les Universaux du Général Lesci , qui menaçoit
de mettre tout à feu et à sang , tandis que
les autres vendirent bien leurs suffrages.
J. Vol.
ป
2700 MERCURE DE FRANCE
Il a été élû par des Parjures , dont quelques
uns avoient juré deux ou trois fois , que , se con
formant à l'intention unanime de la République
et aux Instructions expresses de la plupart des
Palatinats , Terres et Districts , ils n'éliroient
point de Candidat qui ne fut né de pere et de
mere Catholiques Romains , et qui cût des Domaines
ou des Armées hots du Royaume.
Il a eu pour Electeurs des Proscrits et des Ennemis
de la Patrie , déclarez tels , en partie par la
Constitution de la Diette de Convocation , contre
ceux qui éliroient un Roy étranger et ayant
des Domaines hors du Royaume, et en partie par
le Decret de la République entiere , assemblée
dans le Champ Electoral, Décret qu'elle a inséré
dans son Manifeste , contre l'invasion des Russiens
, et que signérent ceux - là même qui ont
adhéré à ces Russiens dans l'Election du S. Fré
deric- Auguste.
Au reste , je dis par le Décret , parce qu'effec
tivement il comprend , non seulement ceux qui
ont attiré l'Armée Russienne , mais encore tous
ceux qui pourroient dans la suite adhérer aux
Russiens , et que la République les y a déclareztous
également Ennemis de la Patrie , abandonnez
à la vengeance d'un chacun , &c.
Il faut aussi remarquer que n'y ayant à l'E
Tection aucun Député de la Grande Pologne , on
ya appellé deux jeunes Seigneurs du nom de
Dzialynski , qui faisoient leurs Etudes à Varsovie.
Ce qu'il y a de plus étrange , c'est qu'ur
Enfant de sept ans , Fils de l'Illustrissime Seigneur
Potocki, Maréchal de la Cour du Royaume
, a été invité à l'Election , et qu'on lui en a
fait signer l'Acte, afin , sans doute , qu'en voyant
ce nom parmi les autres , on puisse croire que
I. Fol. quel
DECEMBRE. 1733. 2701
quelqu'un de la Maison Potocki adhére au parti
de l'Electeur de Saxe.
Par qui nommé.
s . Le S. Stanislas a été nommé par Monsei
gneur Théodore Potocki , Archevêque de Gnêsne,
Primat du Royaume , c'est - à dire , un Prélat à
qui les Loix du Royaume , les Bulles des Papes ,
et particulierement la Constitution de la Diette
de Convocation , Constitution confirmée par le
serment des Evêques , conférent expres ément
et privativement à tous autres Evêques , le droit
de nommer le Roy. Tous sont donc exclus par
leurs sermens et sous certaines peines du droit
de nommer les Rois. Il y a même une Bulle du
Pape Sixte V. qui porté que , si un Roy a été
nommé par un autre que par le Primat du
Royaume , non - seulement l'Evêque qui a fait la
nomination , encourt des peines exprimées dans
cette Bulle , mais encore que cette nomination
est nulle et sans force.
V. Le S. Frederic Auguste a été nommé , non
par le Primat , mais par M. Hostus , Evêque de
Posnanie , en quoi ce Prélat a violé p.emierement
le serment géneral qu'il a prêté comme
Sénateur , de détourner tout ce qui peut être préjudiciable
à la République , puisque par sa nomination
il a attiré sur elle les plus grands maux,
porté atteinte à la liberté des Elections , occasionné
le renversement de l'Etat et des Loix ,
procuré l'effusion du sang humain , la désolation
du Royaume , l'oppression des Pauvres , la vio
lation des immunitez Ecclesiastiques , et enfin
le pillage des biens appartenans au Clergé .
Il a violé en second lieu le serment general
par lequel il s'est obligé dans la Diette de Con-
L. Vol. Vocation
2702 MERCURE DE FRANCE
vocation , de ne point élire de Roy étranger , on
ayant ses Domaines hors du Royaume.
Il a violé enfin le serment particulier que les au
tres Evêques et lui - même ont fait dans la susdite
Diette, de ne point attenter au droit de nommer
le Roy , droit que les Loix ont attaché à la dignité
du Primat. En un mot , le S. Auguste s'est
trouvé n'avoir que la nomination d'un Prélat ,
qui par cette nomination - là même , violoit tout
la fois trois sermens , et qui en même temps
encouroit les peines exprimées par le Decret que
la République entiere a inseré dans son Manifeste
et auquel lui - même a souscrit,
De quelle maniere ?
6. Le S. Stanillas a été élû par la République
avec une entiere liberté , et sans qu'il y cûr ni
Armée ni Troupes qui arrachassent les suffrages
de qui que ce soit en faveur d'un Candidat. Il a
été élú avec le consentement unanime de tous
ceux qui étoient dans le Champ Electoral , et sans
la moindre contradiction : Car il ne faut pas regarder
comme telles ni les oppositions que
M. Kaminski commençoit à faire dans le lieu
de la nomination , ni la retraite du Staroste d'O
poczyn , qui la veille de l'Election sortit du
Champ Electoral; le premier ramené par des re
montrances amiables et par de bons conseils , ré.
voqua son opposition de bon coeur et sans qu'on
lui fit la moindre violence ; il la révoqua à l'instant
et sur le lieu même , et il cria Vive Stanislase
Le second marqua par une Lettre la joye qu'il
avoit de l'heureux succès de l'Election et félicita
le Prince , sur qui elle étoit tombée , et quant
aux autres Electeurs , le lendemain de l'Election
ils allerent saluer l'Elû et l'assurer d'une parfaite
soumission.
DECEMBRE. 1733. 2703.
VI. Le S. Frederic Auguste a été élû avec
tout ce qui marque la derniere violence, puisque
les Electeurs étoient environnez d'une Armée
nombreuse , et qu'on n'obtint leurs suffrages
que par des persuasions armées . L'Election n'a
donc pas été libre. Mais comment eût - ele pů
l'être , lorsqu'un petit nombre de Citoyens pri-"
vez partagez en quatre Candidats , et devant
élire un Roy par confédération , voyoient dans
le parti du S. Frederic Auguste , le General Lesci,
agissant avec une autorité souveraine , nommer
et proclamer le premier ce Prince ? entraînez par.
la force superieure , ils ont accedé à cette Election
avec moins de joye que d'apparence de respect
, et on en trouve les preuves dans une Let-'
tre originale du même General Lesci au Comte
d'Osterman , où il s'exprime en ces termes :
Les Seigneurs Polonois étant divisez entre eux
sur le choix d'un Candidat , je les ai obligez par
des promesses et plus encore par des menaces , à dé
ferer la Couronne à l'Electeur de Saxe. Il sera assez
puissant pour se maintenir sur le Trône et pour
deffendre ceux qui l'y ont élevé.
L'Election du Sérenissime Auguste II. de
glorieuse mémoire , quoique faite par une Session
, a de grands avantages sur la prétendue
Election du S. Frederic Auguste. La premiere
fut l'ouvrage d'une partie considerable de la République
, légitimement assemblée dans le lieu
accoûtumé et désigné par la Constitution et le
temps de l'Election n'étoit pas encore écoulé ,
de sorte qu'en même- temps et au même endroit,
on nomma les deux Candidats en présence de
tous les Palatinats , Terres et Districts . La se
conde n'a été faite ni dans le lieu ni au temps
que les Loix marquaient , ni à la face de la Ré
山
1. Vol. publique
2704 MERCURE DE FRANCE
publique assemblée , et le S. Frederic Augusté a
été proclamé par une poignée d'hommes desti ."
tuez de tout pouvoir et autorité , par des hommes
que les Loix ont notez , par des hommes"
Sujets aux peines décernées contre les Traîtres ,'
et enfin sans qu'il ait assisté à cet Acte aucun
Palatinat , Territoire ni District.
Sans y être mieux
autorisé
, on a transferé
de
Praage
à Warsovie
, les Séances
touchant
les
Pacta
Conventa
, et on les y a continuées
15.
jours de suite aprés cette fausse
Election
. Par les´
mêmes
Pacta-Conventa
, on a ouvert
aux Trou."
pes Russiennes
le passage
en Pologne
, et on leur
a permis
d'y aller en tels lieux qu'il leur plairoit.
On a bien voulu
fournir
par là une occasion
continuelle
à des troubles
domestiques
, et
de justes
raisons
aux Etrangers
de nous déclarer
la guerre
, et on s'est peu soucié
d'einbarasser
la République.
Nous soumettons ce fidelle et exact Parallele
au jugement de l'Univers . Qu'on juge qui il
faut reconnoître pour légitime Roy de Pologne,
ou d'un Prince élû contre toutes sortes de Loix
et Constitutions et par la seule force des Armes
ou d'un autre qui a été élû selon ces Loix er
Constitutions , et que les suffrages libres et unanimes
de tout ce qu'il y avoit d'Electeurs , ont
élevé sur le Trône.
Fermer
Résumé : PARALLELE, de l'Election à la Couronne de Pologne, faite en faveur du Serénissime STANISLAS LESZCZYNSKI, & du Sérénissime FREDERIC AUGUSTE.
Le texte compare les élections de Stanislas Leszczynski et Frédéric Auguste au trône de Pologne. Stanislas Leszczynski a été élu de manière unanime par plus de 60 000 hommes représentant tous les palatinats, territoires et districts de la République. Cette élection a eu lieu dans le champ électoral entre Varsovie et le village de Wola, conformément aux usages traditionnels et aux constitutions. Elle s'est déroulée dans le lieu et le temps prescrits par les lois en vigueur. En revanche, l'élection de Frédéric Auguste a eu lieu après l'expiration du délai légal et dans un lieu non désigné par les constitutions. Elle n'a pas impliqué la présence des palatinats, territoires et districts. Frédéric Auguste a été élu par un petit nombre de particuliers, souvent sous la contrainte et la menace, notamment de l'armée russe. De plus, il a été nommé par un évêque qui a violé plusieurs serments et constitutions, contrairement à Stanislas Leszczynski, nommé par le Primat du Royaume, en conformité avec les lois. L'élection de Stanislas Leszczynski s'est faite librement et sans violence, tandis que celle de Frédéric Auguste a été marquée par la présence de l'armée et des menaces. Le texte conclut en soumettant ce parallèle au jugement de l'univers pour déterminer le roi légitime de Pologne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1099
p. 2704-2712
MANIFESTE du Primat de Pologne.
Début :
Les faux rapports répandus dans le Public, à l'occasion de ce qui s'est passé en Pologne [...]
Mots clefs :
Élection, Roi, République, Interrègne, Liberté, Diète de convocation, Serment, Royaume, Primat, Ministres, Nation, Stanislas Leszczynski, Ennemis, Conduite, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MANIFESTE du Primat de Pologne.
MANIFESTE du Primat de Pologne:
Es faux rapports répandus dans le Public , à
l'occasion de ce qui s'est passé en Pologne
pendant l'interregne , les insinuations injustes ,
et malicieuses dont les ennemis du repos de la
République ont tâché de noircir ma conduite ,
J. Vel.
DECEMBRE. 1733 2705
en m'accusant d'avoir gouverné le Royaume d'une
maniere affectée et interessé , ont arrêté la liberté
des suffrages et violé les droits sur lesquels cette
liberté est fondée , et la necessité enfin de faire
voir au Monde entier que nos ennemis par de
pareils procedez , n'ont eu et n'ont encore pour
but que de ruiner et renverser totalement les
droits , les prérogatives et la liberté de notre
chere Patrie , sont des motifs trop pressans , pour
que je differe plus long- temps à justifier ma
conduite , afin de convaincre tout l'Univers par
une narration succincte et sincere de ce qui s'est
passé avant et après l'Election , la fausseté de ce
qu'on a publié de contraire,
Mon premier soin , depuis la mort du Roy
Auguste, de glorieuse memoire , a été de concilier
et de réunir nos Freres , et j'eus le bonheur
d'y réussir . Je n'entrepris rien que
du consentement
et de l'aveu du Sénat et de la Noblesse encore
assemblée à l'occasion de la Diette extraor
dinaire, convoquée par le feu Roy; j'envoyai des
Ministres aux Cours voisines , je tins de fréquens
Conseils avec les Sénateurs et les Minis
tres des deux Nations ; je ne signai que ce qui
avoit été unanimement résolu ; je pris les mesu
res convenables avec les Régimentaires des deux
Nations pour assurer la sureté interieure et exte
rieure du Royaume et prévenir les inconvéniens
qui pourroient résulter des Assemblées particu
lieres et illicites ; en un mot , afin de n'avoir
rien à me reprocher , je communiquai tout à la
République et ne fis rien sans son approbation ,
quoiqu'en qualité de Primat j'usse pû m'en dis
penser en bien des choses.
Le jour de l'assemblée de la Diette de Convo
Cation étant yenu , je me contentai d'y represen
J. Vol.
2756 MERCURE DE FRANCE
ter le danger auquel le Royaume se trouvoit ex
posé , et je laissai à la prudence d'une Nation libre
le soin de le prévenir. Il y eut au commence
ment de cette Diette de grands débats pour l'E
Jection d'un Maréchal ; les esprits parurent fort
animez , ce qui dura quelques jours et retarda
l'expedition des affaires ; mais par mes soins et
ceux du Sénat , le calmne fut enfin rétabli ; on
élût le Maréchal , et la Noblesse se joignit ensui
te au Sénat ; en qualité de Primat j'écoutai les
avis des Nonces, et me conformai à ce qu'ils désiroient
et à ce qu'ils rejettoient. Le principal
objet de leur délibération regardoit la résolution
prise cy- devant, d'exclure du Trône tout Piaste;
ils ressenroient vivement l'injustice d'une telle
résolution ; ils voyoient , avec indignation , la
honte qui en résultoit à la Nation ; et afin de le
rendre plus efficace , on résolut de le confirmer
par un serment. Cette résolution passa aussi unanimement.
Il est vrai qu'il y a eu à ce sujet des
débats tres vifs , mais ils n'ont eu pour objet que
le formulaire du Serment , et non le Serment
même. Après qu'en qualité de Primat , j'eus
prêté ce Serment , par lequel non seulement
tout Erranger , mais aussi tous ceux qui posse
dent des Provinces Etrangeres , ou qui ont des
Troupes sur pied , qui ne sont pas nez de peres et
de meres Catholiques , sont exclus du Trône.
Les Evêques, Sénateurs et autres le prêterent après
moi , et le firent tous avec joie et sans la moindre
contrainte Les Evêques jurerent aussi qu'ils
m'empiéteroient point sur les Droits du Primat.
La République déclara ensuite ce Serment com
me une Loy fondamentale du Royaume. Oa
dressa quelques Constitutions , et on fixa le jour
pour la Diette d'Election, au lieu ordinaire, con
CI. Vol.
forDECEMBRE.
1733 2707
formément aux Droits ; c'est par là que finit la
Diette de Convocation.
En attendant ce jour important je m'abstins de
toute intrigue , préjudiciab.e à la République ,
et bien loin que je fusse porté par un amour
aveugle pour aucun particulier, l'évitai avec soin
d'entrer dans aucune faction , j'avoue cepen ant
que je souhaitois fort que le Serenissime Roy
Stanislas fut élevé au Trône; je l'en croyois tres
digne, et même plus qu'aucun autre , à cause de
ses éminentes qualitez ; mais je declare en même.
temps que quelque fussent mes souhaits , mon
obstination n'alloit pas jusqu'à le vouloir au
préjudice de la République. J'avois mis toute
ma confiance en Dieu ; c'est par son secours et
celui de la libre Nation Polonoise que j'esperois
voir finir les maux de la République par l'E
lection d'un Roy désiré.
On me fit des offres avantageuses , on me fir
même des menaces , mais je rejettai les premieres
et méprisai les autres ; je n'ai jamais voulų
donner les mains directement ni indirectement
à l'entrée de quelqu'Armée Etrangere. J'ai rejetté
constamment les Instances faites par les
Ministres des Puissances voisines, pour une exclusion
, parce que je voyois qu'elle n'avoit pour
but que leur interêt et leur utilité particuliere ,
et qu'une pareille exclusion ne pouvoit être que
deshonorable à la République et tendre à sa totale
ruine . Comme lesdites Puissances ne laissoient
pas de continuer leurs Instances à ce sujet
, je m'apperçûs bien- tôt qu'on avoit dessein
d'enfoncer le Poignard dans le sein de notre -
berté . J'écrivis pour cet effet au nom de la République
, representée par ceux que les deux Na-
Lions avoient nommés à la Diette de Convoca-
I. Vol. tion
2708 MERCURE DE FRANCE
tion , pour me servir de conseil , à toutes le
Cours de l'Europe , pour les prier de ne pas per
mettre qu'on opprimâ: la Répub ique , d'envoir
des Ministres à S. M 1. et à l'Illustrissime Czarine
pour leur representer que nout ctions une
Nution libre que nous ne dépen tions de personne
, que nous ne permettrions jamais qu'on
donna: Pexclusion , les pliant de se désister de
leurs Instances à ce sujet , et de ne pas se mêlet
de notre Election qui ne dépend que de nous
seuls .
Le jour de l'ouverture de la Diette d'Election
étant venu , je n'eus en vue que l'exacte exécution
des Loix établies dans la Diette de Convocation
, en ce qui regarde l'Election et le maintien
inviolable de la liberté de la Patrie , les commencemens
de cette Diette furent fort paisibles,
et le Maréchal fut élû en peu de jours ; mais cette
tranquilité ne , dura guere ; les esprits s'échaufferent
à la nouvelle de l'entrée des Russiens
dans le Royaume , certifiée et affirmée par le
Chancelier et Régimentaire de Lithuanie toute
l'Assemblée en fut troublée , on fut surpris de
la conduite du Régimentaire en cette occasion ,
et après plusieurs Discours qui ne pouvoient lui
être agréables , on résolut de ne rien négliger
pour découvrir ceux qui avoient appellé les Russiens
dans le Royaume .
·
La peur ayant saisi le Régimentaire , apparemment
par un remords de conscience , il quitta
le Champ Electoral, sans faire aucune protes-
Lation et se retira à Praage,
-On lui envoya des Députez pour demander la
cause de sa Retraite ; sa réponse fut que sa Retraite
ne troubleroit en aucune maniere l'Elec
tion .
I. Vol. Peu
DECEMBRE . 1733. 2709
Peu de jours après, les Etats dresserent un Manifeste
contre ceux qui avoient appellé les Kussiens
dans le Royaume. Nous résolumes là - dessus
de proceder incessament à l'Election ,
selon
la teneur de la Constitution de la Diette de Convocation
, qui porte que l'Election se feroit dans
le terme le plus court qu'il seroit possible , mais
qu'au cas qu'elle ne se pût faire si- tôt qu'on le
souhaiteroit , la Diette ne dureroit neanmoins
que six semaines.
·
Avant que de proceder à l'Acte d'Election je
parcourus , à Cheval , selon le Cérémonial , les
Palatinats , les Starosties et les Districts assemblez
, pour
leur demander quel Roy ils souhaitoient
, et pour leur notifier en même temps
que la Proclamation se feroit le lendemain . Pendant
que j'en faisois le tour , on n'entendit
crier par tout que Vive le Roy Stanislas. Je conviens
cependant qu'il paroissoit qu'il y en avoit
quelques- uns qui y étoient contraires , ceux - cy
se retirreent dans leurs Quartiers, apparemment
pour y dresser le Niepozvalam.
Le lendemain j'achevai le tour des Palatinats , *
Starosties et Districts , je fus obligé dele faire à
pied , mon Cheval étant devenu ombrageux
par les cris réiterez de Vive le Roy Stanislas . Ces
cris se redoublerent avec tant de zéle que je ne
pus m'empêcher de me conformer aux pressantes
Instances de l'Assemblée , et de proceder incessamment
à la nomination du Roy ; mais
avant que de le faire, je déclarai absens ceux qui
s'étoient rendus à Praage ; et comme il ne paroissoit
personne pour contre- dire , car les uns se
tûrent , les autres partirent pour leurs Terres .
parmi ces derniers , le Staroste Opoczynski
1. Vol. ᏗᏤ gu
H
2710 MERCURE DE FRANCE
qui m'assura par une Lettre , qu'il s'étoit retiré
sans contradiction .
Je procedai , en vertu de ma Charge , à la no
mination du Roy , mais je fus interrompu park:
S.Kamienski, Capitaine du District de Krziemit,
dans le Palatinat de Vobhinie , qui me présenta
son Niepozwalam , ce qui m'obligea à garder k
silence pendant quelque temps , jusqu'à ce que
s'étant enfin désisté de sa contradiction , je pro
clamé le Serenissime Roy Stanislas , à present
regnant , sans aucune opposition , dont Dieu ,
qui connoît ce qu'il y a de plus caché dans nos
coeurs , est le témoin , ainsi que le Peuple , con
sistant en plus de 100 Enseignes , et criant una
nimement et sans cesse ; Vive le Roy Stanislas,
Je regarde comme un bonheur particulier d'
voir proclamé pour Roy , celui que des Nation
envieuses ont voulu exclure du Trône ; car
elles avoient réussi dans leur dessein , c'éto
fait à jamais de notre liberté , on nous auro
toujours forcé à élire un Roy à leur gré.
Voilà le récit sincere et veritable de tout
qui s'est passé à l'égard de l'Election de not
Roy , cependant , quelqu'unanime et légitin
qu'ait été cette Election , il se trouve de fau
Freres qui la révoquent en doute ; ils osent avar
cer qu'elle n'a été faite qu'en violant la liberté
et par là , ainsi que par toute la conduite qu'i
ont tenue depuis leur retraite à Praage , ils for
voir évidemment qu'ils ont appellé les Russier
dans le Royaume , ce qui les rend coupables e
tant de sang innocent qui sera peut- être vers
Mais supposé qu'il se soit trouvé quelques Pa
sonnes d'un sentiment opposé , le nombre e
étoit tres- petit , et elles n'ont paru que le jo
I.Vel
.qu'o
DECEMBRE. 1732. 2711
qu'on annonçoit au Peuple la prochaine Election
fixée au lendemain , et non le jour de la nomination
du Roy , qui , selon les Loix ou l'usage
ne se fait jamais à Cheval , mais dans les Tran
chées ou Quartiers préparez pour cet effet , et
où il étoit libre encore à ceux qui vouloient contredire
, d'exhiber leur Niepozvalam.
Les Ennemis du Roy voulant exécuter les pernicieux
desseins qu'ils avoient tramez à Praage ,
allérent joindre les Russiens , et formérent entr'eux
une prétendue République, ou, pour mieux
dire ,un Complot tumultueux de gens qui s'é
tant déclarez eux - mêmes Ennemis de la Patrie ,
en conséquence du Manifeste qu'ils avoient signé
, ne cherchent qu'à renverser la liberté , en
opprimant la veritable et innocente République.
Ce qu'il y a de plus déplorable , c'est qu'il se
trouve parmi eux des Apôtres du Seigneur , des
Evêques , qui comme Judas , trahissent leur propre
Mere , c'est- à- dire , leur Patrie. Ce sont ces.
Evêques qui coupables d'un triple parjure endure
cissent encore davantage les coeurs des Seigneurs
séculiers , en autorisant leur témérité ,
en leur faisant accroire qu'elle est juste et per
mise.
Les Opposans retournerent enfin à Praage ; Ils,
s'imaginoient que pourvu qu'ils pûssent proceder
à une nouvelle Election avant l'échéance des
six semaines que la Diette pouvoit durer , cette
Election seroit légitime ; mais ce terme n'ayant
point été établi comme une Loy , mais comme
une prolongation , au cas qu'on ne pût parvenir
plutôt à une Election , ne peut être regardé que
comme une chimere , puisque l'Election avoit
Jéja été faite légitimement et selon les Loix. Ils
crurent aussi que s'ils pouvoient se rendre sur
1
No I. Vol.
le Hij
2712 MERCURE DE FRANCE
le Champ Electoral , entre Varsovie et Vvola ,
leur Election seroit plus valide ; ils firent tous les
efforts imaginables , mais inutiles , afin d'y parvenir,
employant pour cet effet le fer et le feu.
Pendant ce temps-là on découvrit que les Ministres
de Russie et de Saxe entretenoient une
correspondance avec les Opposans; le Régimentaire
résolut là - dessus de les faire sortir de Varsovie,
et de les attaquer, en cas de refus , ce qu'il
fit , les Ministres Etrangers ne doivent jouir des
prérogatives du Droit des Gens , qu'aussi long.
temps qu'ils observent eux- mêmes les Loix qui
y sont attachéts.
Enfin les Opposans voyant qu'ils ne pouvoient
passer la Vistule , se retirerent dans un Bois , y
dressérent une espece de Kolo , et élurent un
Roy , mais quel Roy ? Un Etranger , un Prince
qui possede des Provinces hors du Royaume , et
qui a des Troupes sur pied , un Prince né d'une
Mere Luthérienne , un Prince enfin qui veut employer
ses Troupes pour réduire une Nation libre
, à une obéissance aveugle. Grand Dieu , à
quoi servent les Constitutions établies dans la
Diette de Convocation ? A quoi sert le serment
qu'on y a prêté ? A quoi sert cette Confédéra¬
tion si solemnelle, pour n'élire qu'un Piaste? &c.
Fait à Dantzick , le 10 Octobre 1733 .
Es faux rapports répandus dans le Public , à
l'occasion de ce qui s'est passé en Pologne
pendant l'interregne , les insinuations injustes ,
et malicieuses dont les ennemis du repos de la
République ont tâché de noircir ma conduite ,
J. Vel.
DECEMBRE. 1733 2705
en m'accusant d'avoir gouverné le Royaume d'une
maniere affectée et interessé , ont arrêté la liberté
des suffrages et violé les droits sur lesquels cette
liberté est fondée , et la necessité enfin de faire
voir au Monde entier que nos ennemis par de
pareils procedez , n'ont eu et n'ont encore pour
but que de ruiner et renverser totalement les
droits , les prérogatives et la liberté de notre
chere Patrie , sont des motifs trop pressans , pour
que je differe plus long- temps à justifier ma
conduite , afin de convaincre tout l'Univers par
une narration succincte et sincere de ce qui s'est
passé avant et après l'Election , la fausseté de ce
qu'on a publié de contraire,
Mon premier soin , depuis la mort du Roy
Auguste, de glorieuse memoire , a été de concilier
et de réunir nos Freres , et j'eus le bonheur
d'y réussir . Je n'entrepris rien que
du consentement
et de l'aveu du Sénat et de la Noblesse encore
assemblée à l'occasion de la Diette extraor
dinaire, convoquée par le feu Roy; j'envoyai des
Ministres aux Cours voisines , je tins de fréquens
Conseils avec les Sénateurs et les Minis
tres des deux Nations ; je ne signai que ce qui
avoit été unanimement résolu ; je pris les mesu
res convenables avec les Régimentaires des deux
Nations pour assurer la sureté interieure et exte
rieure du Royaume et prévenir les inconvéniens
qui pourroient résulter des Assemblées particu
lieres et illicites ; en un mot , afin de n'avoir
rien à me reprocher , je communiquai tout à la
République et ne fis rien sans son approbation ,
quoiqu'en qualité de Primat j'usse pû m'en dis
penser en bien des choses.
Le jour de l'assemblée de la Diette de Convo
Cation étant yenu , je me contentai d'y represen
J. Vol.
2756 MERCURE DE FRANCE
ter le danger auquel le Royaume se trouvoit ex
posé , et je laissai à la prudence d'une Nation libre
le soin de le prévenir. Il y eut au commence
ment de cette Diette de grands débats pour l'E
Jection d'un Maréchal ; les esprits parurent fort
animez , ce qui dura quelques jours et retarda
l'expedition des affaires ; mais par mes soins et
ceux du Sénat , le calmne fut enfin rétabli ; on
élût le Maréchal , et la Noblesse se joignit ensui
te au Sénat ; en qualité de Primat j'écoutai les
avis des Nonces, et me conformai à ce qu'ils désiroient
et à ce qu'ils rejettoient. Le principal
objet de leur délibération regardoit la résolution
prise cy- devant, d'exclure du Trône tout Piaste;
ils ressenroient vivement l'injustice d'une telle
résolution ; ils voyoient , avec indignation , la
honte qui en résultoit à la Nation ; et afin de le
rendre plus efficace , on résolut de le confirmer
par un serment. Cette résolution passa aussi unanimement.
Il est vrai qu'il y a eu à ce sujet des
débats tres vifs , mais ils n'ont eu pour objet que
le formulaire du Serment , et non le Serment
même. Après qu'en qualité de Primat , j'eus
prêté ce Serment , par lequel non seulement
tout Erranger , mais aussi tous ceux qui posse
dent des Provinces Etrangeres , ou qui ont des
Troupes sur pied , qui ne sont pas nez de peres et
de meres Catholiques , sont exclus du Trône.
Les Evêques, Sénateurs et autres le prêterent après
moi , et le firent tous avec joie et sans la moindre
contrainte Les Evêques jurerent aussi qu'ils
m'empiéteroient point sur les Droits du Primat.
La République déclara ensuite ce Serment com
me une Loy fondamentale du Royaume. Oa
dressa quelques Constitutions , et on fixa le jour
pour la Diette d'Election, au lieu ordinaire, con
CI. Vol.
forDECEMBRE.
1733 2707
formément aux Droits ; c'est par là que finit la
Diette de Convocation.
En attendant ce jour important je m'abstins de
toute intrigue , préjudiciab.e à la République ,
et bien loin que je fusse porté par un amour
aveugle pour aucun particulier, l'évitai avec soin
d'entrer dans aucune faction , j'avoue cepen ant
que je souhaitois fort que le Serenissime Roy
Stanislas fut élevé au Trône; je l'en croyois tres
digne, et même plus qu'aucun autre , à cause de
ses éminentes qualitez ; mais je declare en même.
temps que quelque fussent mes souhaits , mon
obstination n'alloit pas jusqu'à le vouloir au
préjudice de la République. J'avois mis toute
ma confiance en Dieu ; c'est par son secours et
celui de la libre Nation Polonoise que j'esperois
voir finir les maux de la République par l'E
lection d'un Roy désiré.
On me fit des offres avantageuses , on me fir
même des menaces , mais je rejettai les premieres
et méprisai les autres ; je n'ai jamais voulų
donner les mains directement ni indirectement
à l'entrée de quelqu'Armée Etrangere. J'ai rejetté
constamment les Instances faites par les
Ministres des Puissances voisines, pour une exclusion
, parce que je voyois qu'elle n'avoit pour
but que leur interêt et leur utilité particuliere ,
et qu'une pareille exclusion ne pouvoit être que
deshonorable à la République et tendre à sa totale
ruine . Comme lesdites Puissances ne laissoient
pas de continuer leurs Instances à ce sujet
, je m'apperçûs bien- tôt qu'on avoit dessein
d'enfoncer le Poignard dans le sein de notre -
berté . J'écrivis pour cet effet au nom de la République
, representée par ceux que les deux Na-
Lions avoient nommés à la Diette de Convoca-
I. Vol. tion
2708 MERCURE DE FRANCE
tion , pour me servir de conseil , à toutes le
Cours de l'Europe , pour les prier de ne pas per
mettre qu'on opprimâ: la Répub ique , d'envoir
des Ministres à S. M 1. et à l'Illustrissime Czarine
pour leur representer que nout ctions une
Nution libre que nous ne dépen tions de personne
, que nous ne permettrions jamais qu'on
donna: Pexclusion , les pliant de se désister de
leurs Instances à ce sujet , et de ne pas se mêlet
de notre Election qui ne dépend que de nous
seuls .
Le jour de l'ouverture de la Diette d'Election
étant venu , je n'eus en vue que l'exacte exécution
des Loix établies dans la Diette de Convocation
, en ce qui regarde l'Election et le maintien
inviolable de la liberté de la Patrie , les commencemens
de cette Diette furent fort paisibles,
et le Maréchal fut élû en peu de jours ; mais cette
tranquilité ne , dura guere ; les esprits s'échaufferent
à la nouvelle de l'entrée des Russiens
dans le Royaume , certifiée et affirmée par le
Chancelier et Régimentaire de Lithuanie toute
l'Assemblée en fut troublée , on fut surpris de
la conduite du Régimentaire en cette occasion ,
et après plusieurs Discours qui ne pouvoient lui
être agréables , on résolut de ne rien négliger
pour découvrir ceux qui avoient appellé les Russiens
dans le Royaume .
·
La peur ayant saisi le Régimentaire , apparemment
par un remords de conscience , il quitta
le Champ Electoral, sans faire aucune protes-
Lation et se retira à Praage,
-On lui envoya des Députez pour demander la
cause de sa Retraite ; sa réponse fut que sa Retraite
ne troubleroit en aucune maniere l'Elec
tion .
I. Vol. Peu
DECEMBRE . 1733. 2709
Peu de jours après, les Etats dresserent un Manifeste
contre ceux qui avoient appellé les Kussiens
dans le Royaume. Nous résolumes là - dessus
de proceder incessament à l'Election ,
selon
la teneur de la Constitution de la Diette de Convocation
, qui porte que l'Election se feroit dans
le terme le plus court qu'il seroit possible , mais
qu'au cas qu'elle ne se pût faire si- tôt qu'on le
souhaiteroit , la Diette ne dureroit neanmoins
que six semaines.
·
Avant que de proceder à l'Acte d'Election je
parcourus , à Cheval , selon le Cérémonial , les
Palatinats , les Starosties et les Districts assemblez
, pour
leur demander quel Roy ils souhaitoient
, et pour leur notifier en même temps
que la Proclamation se feroit le lendemain . Pendant
que j'en faisois le tour , on n'entendit
crier par tout que Vive le Roy Stanislas. Je conviens
cependant qu'il paroissoit qu'il y en avoit
quelques- uns qui y étoient contraires , ceux - cy
se retirreent dans leurs Quartiers, apparemment
pour y dresser le Niepozvalam.
Le lendemain j'achevai le tour des Palatinats , *
Starosties et Districts , je fus obligé dele faire à
pied , mon Cheval étant devenu ombrageux
par les cris réiterez de Vive le Roy Stanislas . Ces
cris se redoublerent avec tant de zéle que je ne
pus m'empêcher de me conformer aux pressantes
Instances de l'Assemblée , et de proceder incessamment
à la nomination du Roy ; mais
avant que de le faire, je déclarai absens ceux qui
s'étoient rendus à Praage ; et comme il ne paroissoit
personne pour contre- dire , car les uns se
tûrent , les autres partirent pour leurs Terres .
parmi ces derniers , le Staroste Opoczynski
1. Vol. ᏗᏤ gu
H
2710 MERCURE DE FRANCE
qui m'assura par une Lettre , qu'il s'étoit retiré
sans contradiction .
Je procedai , en vertu de ma Charge , à la no
mination du Roy , mais je fus interrompu park:
S.Kamienski, Capitaine du District de Krziemit,
dans le Palatinat de Vobhinie , qui me présenta
son Niepozwalam , ce qui m'obligea à garder k
silence pendant quelque temps , jusqu'à ce que
s'étant enfin désisté de sa contradiction , je pro
clamé le Serenissime Roy Stanislas , à present
regnant , sans aucune opposition , dont Dieu ,
qui connoît ce qu'il y a de plus caché dans nos
coeurs , est le témoin , ainsi que le Peuple , con
sistant en plus de 100 Enseignes , et criant una
nimement et sans cesse ; Vive le Roy Stanislas,
Je regarde comme un bonheur particulier d'
voir proclamé pour Roy , celui que des Nation
envieuses ont voulu exclure du Trône ; car
elles avoient réussi dans leur dessein , c'éto
fait à jamais de notre liberté , on nous auro
toujours forcé à élire un Roy à leur gré.
Voilà le récit sincere et veritable de tout
qui s'est passé à l'égard de l'Election de not
Roy , cependant , quelqu'unanime et légitin
qu'ait été cette Election , il se trouve de fau
Freres qui la révoquent en doute ; ils osent avar
cer qu'elle n'a été faite qu'en violant la liberté
et par là , ainsi que par toute la conduite qu'i
ont tenue depuis leur retraite à Praage , ils for
voir évidemment qu'ils ont appellé les Russier
dans le Royaume , ce qui les rend coupables e
tant de sang innocent qui sera peut- être vers
Mais supposé qu'il se soit trouvé quelques Pa
sonnes d'un sentiment opposé , le nombre e
étoit tres- petit , et elles n'ont paru que le jo
I.Vel
.qu'o
DECEMBRE. 1732. 2711
qu'on annonçoit au Peuple la prochaine Election
fixée au lendemain , et non le jour de la nomination
du Roy , qui , selon les Loix ou l'usage
ne se fait jamais à Cheval , mais dans les Tran
chées ou Quartiers préparez pour cet effet , et
où il étoit libre encore à ceux qui vouloient contredire
, d'exhiber leur Niepozvalam.
Les Ennemis du Roy voulant exécuter les pernicieux
desseins qu'ils avoient tramez à Praage ,
allérent joindre les Russiens , et formérent entr'eux
une prétendue République, ou, pour mieux
dire ,un Complot tumultueux de gens qui s'é
tant déclarez eux - mêmes Ennemis de la Patrie ,
en conséquence du Manifeste qu'ils avoient signé
, ne cherchent qu'à renverser la liberté , en
opprimant la veritable et innocente République.
Ce qu'il y a de plus déplorable , c'est qu'il se
trouve parmi eux des Apôtres du Seigneur , des
Evêques , qui comme Judas , trahissent leur propre
Mere , c'est- à- dire , leur Patrie. Ce sont ces.
Evêques qui coupables d'un triple parjure endure
cissent encore davantage les coeurs des Seigneurs
séculiers , en autorisant leur témérité ,
en leur faisant accroire qu'elle est juste et per
mise.
Les Opposans retournerent enfin à Praage ; Ils,
s'imaginoient que pourvu qu'ils pûssent proceder
à une nouvelle Election avant l'échéance des
six semaines que la Diette pouvoit durer , cette
Election seroit légitime ; mais ce terme n'ayant
point été établi comme une Loy , mais comme
une prolongation , au cas qu'on ne pût parvenir
plutôt à une Election , ne peut être regardé que
comme une chimere , puisque l'Election avoit
Jéja été faite légitimement et selon les Loix. Ils
crurent aussi que s'ils pouvoient se rendre sur
1
No I. Vol.
le Hij
2712 MERCURE DE FRANCE
le Champ Electoral , entre Varsovie et Vvola ,
leur Election seroit plus valide ; ils firent tous les
efforts imaginables , mais inutiles , afin d'y parvenir,
employant pour cet effet le fer et le feu.
Pendant ce temps-là on découvrit que les Ministres
de Russie et de Saxe entretenoient une
correspondance avec les Opposans; le Régimentaire
résolut là - dessus de les faire sortir de Varsovie,
et de les attaquer, en cas de refus , ce qu'il
fit , les Ministres Etrangers ne doivent jouir des
prérogatives du Droit des Gens , qu'aussi long.
temps qu'ils observent eux- mêmes les Loix qui
y sont attachéts.
Enfin les Opposans voyant qu'ils ne pouvoient
passer la Vistule , se retirerent dans un Bois , y
dressérent une espece de Kolo , et élurent un
Roy , mais quel Roy ? Un Etranger , un Prince
qui possede des Provinces hors du Royaume , et
qui a des Troupes sur pied , un Prince né d'une
Mere Luthérienne , un Prince enfin qui veut employer
ses Troupes pour réduire une Nation libre
, à une obéissance aveugle. Grand Dieu , à
quoi servent les Constitutions établies dans la
Diette de Convocation ? A quoi sert le serment
qu'on y a prêté ? A quoi sert cette Confédéra¬
tion si solemnelle, pour n'élire qu'un Piaste? &c.
Fait à Dantzick , le 10 Octobre 1733 .
Fermer
Résumé : MANIFESTE du Primat de Pologne.
En décembre 1733, le Primat de Pologne publie un manifeste pour répondre aux accusations portées contre lui concernant sa conduite pendant l'interrègne. L'auteur, J. Vel., réfute les insinuations selon lesquelles il aurait gouverné de manière intéressée et violé les droits de la République. Il affirme avoir agi dans l'intérêt du royaume, en conciliant les frères et en prenant des mesures avec l'approbation du Sénat et de la Noblesse. Il mentionne avoir envoyé des ministres aux cours voisines et avoir pris des mesures pour assurer la sécurité intérieure et extérieure du royaume. Le Primat décrit les événements entourant l'élection du roi, soulignant les débats initiaux et les efforts pour rétablir le calme. Il précise avoir écouté les avis des nonces et s'être conformé à leurs désirs. La principale résolution prise fut l'exclusion des Piastes du trône, confirmée par un serment. Il déclare avoir souhaité l'élection de Stanislas, mais sans préjudice pour la République. Il rejette les offres et menaces des puissances étrangères visant à influencer l'élection. Le manifeste détaille les actions entreprises pour maintenir la liberté de la Pologne et la légitimité de l'élection de Stanislas. Il mentionne les tentatives des opposants de contester l'élection et leur alliance avec les Russiens. Le Primat conclut en affirmant la légitimité de l'élection de Stanislas et en dénonçant les actions des opposants, qu'il qualifie de traîtres à la patrie. Un autre document, daté du 10 octobre 1733 et rédigé à Dantzick, dénonce un prince possédant des provinces en dehors du Royaume et ayant des troupes armées. Ce prince, né d'une mère luthérienne, souhaite utiliser ses troupes pour soumettre une nation libre à une obéissance aveugle. Le texte s'interroge sur l'utilité des constitutions établies lors de la Diète de Convocation, du serment prêté et de la solennelle confédération, qui semblent n'avoir servi qu'à élire un Piaste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1100
p. 2713-2714
ITALIE.
Début :
Le 24. Novembre, il parut à Rome un Bref par lequel le Pape accorde un Jubilé pour [...]
Mots clefs :
Empereur, Royaume de Naples, Subsides, Jubilé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E 24. Novembre , il parut à Rome an Bref
Lpar lequel le Pape accorde un Jubilé pour
tous les Fideles de l'un et l'autre sexe de cette
Ville , qui pendant l'une des deux premieres se
maines de l'Avent , jeûneront le Mercredy , le
Vendredy et le Samedy , et qui - après s'étre
Confessez et avoir communié , visiteront au
moins une fois les Eglises de Saint Pierre
du Vatican , de S. Jean de Latran et de sainte
Marie Majeure , et feront quelques aumônes aux
vres , pour obtenir du Ciel l'extirpation de
ésie , la conversion des Infidelles er la Paix
Surope.
apprend de Venise , que l'Agent de la Czaen
cette Ville , avoit fait partir plusieurs
Ouvriers en Etoffes de Laine et de Soye pour
Petersbourg , et qu'il avoit eu ordre d'engager
des Families dont les Chefs soient en état d'éta →
blir diverses Manufactures dans les principales
Villes de Moscovie.
Le Comte de Froulay , Ambassadeur de France
auprès de la République ; arriva à Venise
I.
au
Да. Vol. Hiij com
2714 MERCURE DE FRANCE
commencement de ce mois , sur une Galere
de l'Etat de Genes,
On mande de Naples , que le Corps de Ville
s'étant assemblé le 11. de Novembre pour déliberer
sur les subsides demandez par l'Empereur ,
a résolu de lui accorder un million de florins , et
on a chargé un certain nombre des principaux
Bourgeois de chaque quartier de regler la répartition
de cette somme sur les habitans .
Le Prince de Sant-Angelo Impériali, Régent de
la Cour de la Vicairerie , a proposé à l'Empereur
de permettre à tous ceux qui ont été bannis du
Royaume de Naples, pour quelque cause que ce
soit , d'y revenir , à condition que chacun d'eux
payera une somme proportionnée à la faute pour
laquelle il a été condamné au bannissement , et
on prétend que ce projet , s'il est executé , produira
deux millions de ducats .
On a publié un Decret de S. M. I. par lequel
il est ordonné à tous les Seigneurs et Gentils
hommes qui ont des Charges ou des biens fonds
dans le Royaume , et qui sont absents , d'y ve
nir résider , sous peine de saisie de leurs revenus.
La Noblesse de cet Etat a offert à l'Empereur
de lui fournir 800. chevaux.pour la remonte de
sa Cavalerie.
Les dernieres Lettres de Naples , portent que
le Conseil Collateral attend la réponse de l'Empereur
aux Remontrances faites à S. M. I. sur
Timpuissance où ce Royaume se trouve de payer
les subsides demandez .
Il a été proposé aux plus fameux Négocians
de cette Ville , de fournir à l'Empereur des secours
d'argent , mais les offres qu'ils ont faites
jusqu'à present , ne produisent pas une somme
considerable,
E 24. Novembre , il parut à Rome an Bref
Lpar lequel le Pape accorde un Jubilé pour
tous les Fideles de l'un et l'autre sexe de cette
Ville , qui pendant l'une des deux premieres se
maines de l'Avent , jeûneront le Mercredy , le
Vendredy et le Samedy , et qui - après s'étre
Confessez et avoir communié , visiteront au
moins une fois les Eglises de Saint Pierre
du Vatican , de S. Jean de Latran et de sainte
Marie Majeure , et feront quelques aumônes aux
vres , pour obtenir du Ciel l'extirpation de
ésie , la conversion des Infidelles er la Paix
Surope.
apprend de Venise , que l'Agent de la Czaen
cette Ville , avoit fait partir plusieurs
Ouvriers en Etoffes de Laine et de Soye pour
Petersbourg , et qu'il avoit eu ordre d'engager
des Families dont les Chefs soient en état d'éta →
blir diverses Manufactures dans les principales
Villes de Moscovie.
Le Comte de Froulay , Ambassadeur de France
auprès de la République ; arriva à Venise
I.
au
Да. Vol. Hiij com
2714 MERCURE DE FRANCE
commencement de ce mois , sur une Galere
de l'Etat de Genes,
On mande de Naples , que le Corps de Ville
s'étant assemblé le 11. de Novembre pour déliberer
sur les subsides demandez par l'Empereur ,
a résolu de lui accorder un million de florins , et
on a chargé un certain nombre des principaux
Bourgeois de chaque quartier de regler la répartition
de cette somme sur les habitans .
Le Prince de Sant-Angelo Impériali, Régent de
la Cour de la Vicairerie , a proposé à l'Empereur
de permettre à tous ceux qui ont été bannis du
Royaume de Naples, pour quelque cause que ce
soit , d'y revenir , à condition que chacun d'eux
payera une somme proportionnée à la faute pour
laquelle il a été condamné au bannissement , et
on prétend que ce projet , s'il est executé , produira
deux millions de ducats .
On a publié un Decret de S. M. I. par lequel
il est ordonné à tous les Seigneurs et Gentils
hommes qui ont des Charges ou des biens fonds
dans le Royaume , et qui sont absents , d'y ve
nir résider , sous peine de saisie de leurs revenus.
La Noblesse de cet Etat a offert à l'Empereur
de lui fournir 800. chevaux.pour la remonte de
sa Cavalerie.
Les dernieres Lettres de Naples , portent que
le Conseil Collateral attend la réponse de l'Empereur
aux Remontrances faites à S. M. I. sur
Timpuissance où ce Royaume se trouve de payer
les subsides demandez .
Il a été proposé aux plus fameux Négocians
de cette Ville , de fournir à l'Empereur des secours
d'argent , mais les offres qu'ils ont faites
jusqu'à present , ne produisent pas une somme
considerable,
Fermer
Résumé : ITALIE.
Le 24 novembre, un bref papal annonça un Jubilé à Rome pour les fidèles pratiquant le jeûne, la confession, la communion, la visite de trois églises spécifiques et les aumônes. Ces actions visaient à éradiquer la peste, convertir les infidèles et instaurer la paix en Europe. À Venise, l'agent du tsar envoya des ouvriers et reçut l'ordre d'engager des familles pour établir des manufactures en Moscovie. Le Comte de Froulay, ambassadeur de France, arriva à Venise début novembre. À Naples, le corps de ville accorda un million de florins à l'Empereur et chargea des bourgeois de répartir cette somme. Le Prince de Sant-Angelo Impériali proposa de permettre aux bannis de revenir en payant une somme proportionnée à leur faute. Un décret impérial ordonna aux seigneurs absents de revenir résider dans le royaume. La noblesse offrit 800 chevaux pour la cavalerie impériale. Le Conseil Collateral attendait la réponse de l'Empereur aux remontrances sur les subsides. Des négociations avec les négociants pour fournir des secours d'argent à l'Empereur étaient en cours, mais les offres restaient modestes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer