Résultats : 739 texte(s)
Détail
Liste
401
p. 151-153
ITALIE.
Début :
Le 6. de ce mois, les Expeditionnaires Apostoliques présenterent au Pape, suivant l'usage [...]
Mots clefs :
Peuple, Messe, Sainte Marie, Tremblement de terre, Église, Rome
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
I ‘r A i. t 1:.
b
E s. de ce mois , les ExpeditionuairesApoe-a‘
‘ toliques présenterent au Pape , suivant l'au...‘
g: , cent Ecus d’or dans un Calice , et ‘ils com
plimenterenr S‘. S. par un Discours Latin que
M, Franç. César Moraldi prononça. ;
Les Entrepreneurs des Théarres , sur lesquels
on ne représente à Rorne que des Comédies , ont
obtenu la permisson de les rouvrir, â condition
de faire détruire les Loges, pour éviter tout su
jet de contestation surles distinctions entre les
Ambassadeurs et Ministres Etran ers._
On écrit de Naples que le n. Ëu mois dernier
' . ' 98
(:5: MERCURE DE FRANCÈ
on celcbra , selon la coutume , le Fête annuelle
instituée pour remercier Dieu de ce que cane
.1’ ille fut délivrée en 1s 3 x. de Pembrasemenr
‘tient elle étoit ménacée par les matieres enflam
méts que le Mont Vcsuve vomissoit alors. On
exposa dans l'Église Métropolitaine le Chef et le
Sang de S. Janvier, Protecteur de ce Royaume,
mais le Peuple qui y étoit accouru en fouie ,
n’ayant pas vu le Miracle ordinaire de la lique.
faction du Sang,fut extrêmement consterné. Le
CardinalArçhevêque et le Viccroi , touchez de
‘son desespoir‘, ordonnerent à quelques Prédica
teurs zclez de monter en chaire dans plusieurs
Eglises et de consoler le Peuple. Le P. Nobili ,
‘Capticin, qui étoit de ce nombre , ayant obtenu
desDéputcz du Trésor "la permission de prêcher
‘dans la Cha elle sa ion conserve les Reliques de
VS. Janvier, r mettre le Peuple à genoux et lui
pyant demande’ un signe de sa contrition , on en
tendit un cri generalqui dans Pinstant fut suivi
du Miracle dont tout le Peuple fut témoin. ‘
ces Lettres ajoûtent qu’on prend des mesures
et qu’on commencez‘: fiavaiiler pour réparer les
dommages caustz par le Tremblement de Terre
du 2. 9. Novembreces dommages sont beaucoup
plus considerables qu’on ne le cro oit, puisqtfil
y a des réparations pressantes â aire dans tous
les Edifices publics , comme au Palais de Viceroy,
,9‘. celui du Tribunal Royal, a‘ Fñglise Métropo
litaine , dont Paîie gauche de la Croisée est feu;
duë en trois endroits , à FEgiise de sainte Marie
lie la Paix , à celle de George , de sainte Marie .
Majeure _.-il. celles des Dames Franciscaines , des
Religieux des Pieuses Ecoles , du S. lcsprit , des
S S. Apôtres , et à dix on douze autres dont les
Ïondcmens ont été ébranlcz, Plusieurs autres
Jillss
J A NVIE R. I723? ‘r5;
filles de ce Royaume ont aussi ressenti les elferi
terribles de ce Tremblement de Terre , et les plus
maltraitées sont celle d’Ariano, qui est presque;
totalement détruite 5 Montefusco, Flumari , To-j
rclla , S. Mange , Mercogliano , Arpaja, san
Barbaro , Monttlla, ‘Guardia-Lombarda , Saut.
Angelo- Lombardo , Tuflb , S. Nazareth , Dcn-,
tecanne, la Grotte Miranda , Gefualdo , Leoue .
Calabrito et plusieurs autres.
Les dernieres Lettres reçûës au sujet de ce fu-j
nestc évenement, confirment que la Ville du.
riano est entierement détruite , n’y ayant plus
(Pfiglise sur pied‘, ensorte qu’on celebre la Messe
dans des Grottes. Près de zoo. Habitans de cette
Ville ont été ensevelis sou_s les ruines , le reste
s’étant sauve’ dans les campagnes où ils pcnserent
périr de froid le lendemain, a cause de la nege qui
tomba en abondance. Le Bourg de Pierra de Fusi
a eu le même sort, et plus de cent Habitans ont
perdu la vie. L’Eglise de celui d’Apico s’en onça,
pendant que PArchi-Prêtre celebroi’: la Messe. et:
tout le Peuple qui s’y étoit réfugie , eut le mal:
beur d’être écrasé.
b
E s. de ce mois , les ExpeditionuairesApoe-a‘
‘ toliques présenterent au Pape , suivant l'au...‘
g: , cent Ecus d’or dans un Calice , et ‘ils com
plimenterenr S‘. S. par un Discours Latin que
M, Franç. César Moraldi prononça. ;
Les Entrepreneurs des Théarres , sur lesquels
on ne représente à Rorne que des Comédies , ont
obtenu la permisson de les rouvrir, â condition
de faire détruire les Loges, pour éviter tout su
jet de contestation surles distinctions entre les
Ambassadeurs et Ministres Etran ers._
On écrit de Naples que le n. Ëu mois dernier
' . ' 98
(:5: MERCURE DE FRANCÈ
on celcbra , selon la coutume , le Fête annuelle
instituée pour remercier Dieu de ce que cane
.1’ ille fut délivrée en 1s 3 x. de Pembrasemenr
‘tient elle étoit ménacée par les matieres enflam
méts que le Mont Vcsuve vomissoit alors. On
exposa dans l'Église Métropolitaine le Chef et le
Sang de S. Janvier, Protecteur de ce Royaume,
mais le Peuple qui y étoit accouru en fouie ,
n’ayant pas vu le Miracle ordinaire de la lique.
faction du Sang,fut extrêmement consterné. Le
CardinalArçhevêque et le Viccroi , touchez de
‘son desespoir‘, ordonnerent à quelques Prédica
teurs zclez de monter en chaire dans plusieurs
Eglises et de consoler le Peuple. Le P. Nobili ,
‘Capticin, qui étoit de ce nombre , ayant obtenu
desDéputcz du Trésor "la permission de prêcher
‘dans la Cha elle sa ion conserve les Reliques de
VS. Janvier, r mettre le Peuple à genoux et lui
pyant demande’ un signe de sa contrition , on en
tendit un cri generalqui dans Pinstant fut suivi
du Miracle dont tout le Peuple fut témoin. ‘
ces Lettres ajoûtent qu’on prend des mesures
et qu’on commencez‘: fiavaiiler pour réparer les
dommages caustz par le Tremblement de Terre
du 2. 9. Novembreces dommages sont beaucoup
plus considerables qu’on ne le cro oit, puisqtfil
y a des réparations pressantes â aire dans tous
les Edifices publics , comme au Palais de Viceroy,
,9‘. celui du Tribunal Royal, a‘ Fñglise Métropo
litaine , dont Paîie gauche de la Croisée est feu;
duë en trois endroits , à FEgiise de sainte Marie
lie la Paix , à celle de George , de sainte Marie .
Majeure _.-il. celles des Dames Franciscaines , des
Religieux des Pieuses Ecoles , du S. lcsprit , des
S S. Apôtres , et à dix on douze autres dont les
Ïondcmens ont été ébranlcz, Plusieurs autres
Jillss
J A NVIE R. I723? ‘r5;
filles de ce Royaume ont aussi ressenti les elferi
terribles de ce Tremblement de Terre , et les plus
maltraitées sont celle d’Ariano, qui est presque;
totalement détruite 5 Montefusco, Flumari , To-j
rclla , S. Mange , Mercogliano , Arpaja, san
Barbaro , Monttlla, ‘Guardia-Lombarda , Saut.
Angelo- Lombardo , Tuflb , S. Nazareth , Dcn-,
tecanne, la Grotte Miranda , Gefualdo , Leoue .
Calabrito et plusieurs autres.
Les dernieres Lettres reçûës au sujet de ce fu-j
nestc évenement, confirment que la Ville du.
riano est entierement détruite , n’y ayant plus
(Pfiglise sur pied‘, ensorte qu’on celebre la Messe
dans des Grottes. Près de zoo. Habitans de cette
Ville ont été ensevelis sou_s les ruines , le reste
s’étant sauve’ dans les campagnes où ils pcnserent
périr de froid le lendemain, a cause de la nege qui
tomba en abondance. Le Bourg de Pierra de Fusi
a eu le même sort, et plus de cent Habitans ont
perdu la vie. L’Eglise de celui d’Apico s’en onça,
pendant que PArchi-Prêtre celebroi’: la Messe. et:
tout le Peuple qui s’y étoit réfugie , eut le mal:
beur d’être écrasé.
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Résumé : ITALIE.
En ce mois, les expéditionnaires apostoliques ont offert 100 écus d’or au Pape et ont prononcé un discours en latin. À Rome, les théâtres ont rouvert après avoir détruit les loges pour éviter les contestations sur les distinctions entre ambassadeurs et ministres étrangers. À Naples, la fête annuelle pour la délivrance de la ville en 1631 a eu lieu, mais le miracle de la liquéfaction du sang de Saint Janvier n’a pas eu lieu, consternant le peuple. Le cardinal archevêque et le vice-roi ont ordonné des prédications pour consoler la population. Le Père Nobili a obtenu la permission de prêcher et le miracle s’est produit après ses prières. Des mesures sont prises pour réparer les dommages causés par le tremblement de terre du 29 novembre, affectant divers édifices publics et plusieurs villes et villages, dont Ariano, Montefusco, Flumeri, et Pierra de Fusi. La ville d’Ariano est entièrement détruite avec près de 200 victimes, et l’église d’Apico s’est effondrée pendant la messe, tuant de nombreux fidèles.
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402
p. 190-191
SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
Début :
Dans l'excés des maux que j'endure, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Pénitent, Pécheur
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texteReconnaissance textuelle : SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
SONNET
Sur un Pécheur Pénitent.
Dans l'excés des maux que j'endure
Jay souvent prié le Seigneur 9"
D'agir avec moins de rigueur ,
A l'égard de sa Créature.
Kay
JANVIER . 1732. 191
Fay dit : Auteur de la Nature ,
Grand Dieu , voi ma triste langueur ;.
Infirme , je perds ma vigueur ,
Comme une fleur perd sa parure .
Mais , Seigneur , rejette ces voeux ;
Le soulagement que je veux
Est d'un ordre bien plus sublime.
Releve mon coeur abattu ;
Et d'un vil Esclave du crime ,
Fais un Enfant de la Vertu.
Liberati autem à peccato servi facti estis jussitin..
Rom. 6. 18. 22.
Sur un Pécheur Pénitent.
Dans l'excés des maux que j'endure
Jay souvent prié le Seigneur 9"
D'agir avec moins de rigueur ,
A l'égard de sa Créature.
Kay
JANVIER . 1732. 191
Fay dit : Auteur de la Nature ,
Grand Dieu , voi ma triste langueur ;.
Infirme , je perds ma vigueur ,
Comme une fleur perd sa parure .
Mais , Seigneur , rejette ces voeux ;
Le soulagement que je veux
Est d'un ordre bien plus sublime.
Releve mon coeur abattu ;
Et d'un vil Esclave du crime ,
Fais un Enfant de la Vertu.
Liberati autem à peccato servi facti estis jussitin..
Rom. 6. 18. 22.
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Résumé : SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
Le sonnet 'Sur un Pécheur Pénitent' décrit la souffrance et la repentance d'un individu. En janvier 1732, l'auteur prie Dieu de lui accorder une délivrance spirituelle. Il souhaite passer d'esclave du crime à enfant de la vertu, évoquant la libération du péché et la servitude de la justice.
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403
p. 258-261
ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
Début :
De mes tristes sanglots reçoy le sacrifice, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Ennemis, Innocence, Gloire, Heureux, Cruels, Âme, Victoire
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texteReconnaissance textuelle : ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
O D E.
L'Ame persecutée par les ennemis de son
innocence , invoque le Seigneur.
DE mes tristes sanglots reçoy le sacrifice ,
Mes cruels ennemis , Seigneur ,
arment contre mon sein la barbare injustice
D'une
FEVRIER. 1733. 259
D'une sacrilege fureur,
Mets dans tes mains , Seigneur , les traits de ta
vengeance ,
Déclare toi pour l'innocence ;
Qu'ils tombent à tes pieds sous tes coups abate
tus.
Que vois -je! ma plainte t'anime.
Tu parois dans ta gloire et déja dans l'abîme
,
Ces cruels ennemis gémissent confondus.
M
Tremblés Peuples , armé de sa foudre bra .
·
lante ,
Le Seigneur devient mon appui ,
Les Cieux sont étonnés de sa gloire écla
tante ,
L'Univers fléchit devant lui.
Sous son bras foudroyant , les plus superbes
têtes
Tombent au rang de ses conquêtes.
D'un témeraire orgueil l'éclat audacieux
Se dissipe devant sa gloire ,
Le Seigneur a vaincu ; graces à sa victoire ,
Mes jours à ses Autels couleront sous ses
yeux.
De mes fiers ennemis les fureurs criminel
les
Ne
160 MERCURE DE FRANCE
Ne troubleront plus mon bonheur ,
Et je puis aux beautez de ses loix éternelles
Consacrer à jamais mon coeur.
A l'abri de son Throne et charmé de sa
gloire ,
Le jour heureux de sa victoire
Retracé dans mes chants augmentera ma paix,
Rempli de sa bonté suprême ,
Puisse plutôt mon coeur s'oublier de lui- même
Que du prix glorieux qu'il tient de ses bien
faits !
Des frivoles grandeurs d'un pompeux escla
vage ,
Mes yeux ne sont plus éblouis ;
Je vois , dans le repos où le Seigneur m'en
gage ,
Ces fantômes évanouis.
Heureux , Seigneur , heureux , le coeur qui to
révere !
Embrasé d'un amour sincere ,
Il goûte des vrais biens Les solides appas :
De son innocence éternelle
Rien ne peut alterer la pureté fidelle ;
Il craint le seul malheur de ne te loüer pas.
譏
Non , non , le monde en vain m'étale ses `délices
,
Le
FEVRIER. 261 1733.
Le seul bonheur est sous ta loy ,
Et je ne compte plus que parmi les suplices
.
Les biens qui me privent de toi.
Le Seigneur est ma force , à l'ombre sal
taire
De son auguste Sanctuaire ,
Des traits les plus cruels je brave la rigueur.
Vous , dont une indigne licence
Poursuit sur cette mer la timide innocence ,
Voulez-vous triompher ? invoqués le Seigneur
,
Dominus pars hareditatis mea et Calicis mei
Tu es qui restitues hareditatem meam mihi.
Par M. l'Abbé P. V. de Marseilles
L'Ame persecutée par les ennemis de son
innocence , invoque le Seigneur.
DE mes tristes sanglots reçoy le sacrifice ,
Mes cruels ennemis , Seigneur ,
arment contre mon sein la barbare injustice
D'une
FEVRIER. 1733. 259
D'une sacrilege fureur,
Mets dans tes mains , Seigneur , les traits de ta
vengeance ,
Déclare toi pour l'innocence ;
Qu'ils tombent à tes pieds sous tes coups abate
tus.
Que vois -je! ma plainte t'anime.
Tu parois dans ta gloire et déja dans l'abîme
,
Ces cruels ennemis gémissent confondus.
M
Tremblés Peuples , armé de sa foudre bra .
·
lante ,
Le Seigneur devient mon appui ,
Les Cieux sont étonnés de sa gloire écla
tante ,
L'Univers fléchit devant lui.
Sous son bras foudroyant , les plus superbes
têtes
Tombent au rang de ses conquêtes.
D'un témeraire orgueil l'éclat audacieux
Se dissipe devant sa gloire ,
Le Seigneur a vaincu ; graces à sa victoire ,
Mes jours à ses Autels couleront sous ses
yeux.
De mes fiers ennemis les fureurs criminel
les
Ne
160 MERCURE DE FRANCE
Ne troubleront plus mon bonheur ,
Et je puis aux beautez de ses loix éternelles
Consacrer à jamais mon coeur.
A l'abri de son Throne et charmé de sa
gloire ,
Le jour heureux de sa victoire
Retracé dans mes chants augmentera ma paix,
Rempli de sa bonté suprême ,
Puisse plutôt mon coeur s'oublier de lui- même
Que du prix glorieux qu'il tient de ses bien
faits !
Des frivoles grandeurs d'un pompeux escla
vage ,
Mes yeux ne sont plus éblouis ;
Je vois , dans le repos où le Seigneur m'en
gage ,
Ces fantômes évanouis.
Heureux , Seigneur , heureux , le coeur qui to
révere !
Embrasé d'un amour sincere ,
Il goûte des vrais biens Les solides appas :
De son innocence éternelle
Rien ne peut alterer la pureté fidelle ;
Il craint le seul malheur de ne te loüer pas.
譏
Non , non , le monde en vain m'étale ses `délices
,
Le
FEVRIER. 261 1733.
Le seul bonheur est sous ta loy ,
Et je ne compte plus que parmi les suplices
.
Les biens qui me privent de toi.
Le Seigneur est ma force , à l'ombre sal
taire
De son auguste Sanctuaire ,
Des traits les plus cruels je brave la rigueur.
Vous , dont une indigne licence
Poursuit sur cette mer la timide innocence ,
Voulez-vous triompher ? invoqués le Seigneur
,
Dominus pars hareditatis mea et Calicis mei
Tu es qui restitues hareditatem meam mihi.
Par M. l'Abbé P. V. de Marseilles
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Résumé : ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
Le poème 'L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur' de l'Abbé P. V. de Marseilles décrit la souffrance d'une âme persécutée par des ennemis cruels et injustes. L'âme implore le Seigneur de prendre vengeance et de défendre son innocence. Le Seigneur répond à cette prière en apparaissant dans sa gloire et en terrassant les ennemis. L'auteur exalte la victoire du Seigneur, qui devient son appui et sa force. Grâce à cette victoire, l'âme peut désormais consacrer son cœur aux lois éternelles du Seigneur, à l'abri de sa gloire. L'auteur exprime son bonheur et sa révérence envers le Seigneur, rejetant les plaisirs mondains. Il affirme que le seul véritable bonheur réside dans la loyauté au Seigneur. Le poème se conclut par une invocation au Seigneur pour protéger l'innocence et restaurer son héritage.
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404
p. 317-326
Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
Début :
TRAITÉ sur la Magie, le Sortilége, les Possessions, Obsessions et Maléfices, où [...]
Mots clefs :
Église, Traite, Possessions, Magie, Maléfices, Preuves, Réalité, Devins, Magiciens, Astrologie
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texteReconnaissance textuelle : Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
TRAITE' sur la Magie , le Sortilége, les
F Pos318
MERCURE DE FRANCE
Possessions , Obsessions et Maléfices , où
l'on en démontre la vérité et la réalité ;
avec une Méthode sure et facile pour les
' discerner ; et les Réglemens contre les
Devins , Sorciers , Magiciens , & c. Ouvrage
très utile aux Ecclésiastiques , aux
Médecins , et aux Juges . Par M. D. de
304 pag. sans l'Avertissement , les Préfa
ces et les Edits qui sont à la fin.
L'Auteur de cet Ouvrage entre en matiere
dès la Préface ; il y combat les principaux
Argumens de ses Adversaires , et
tâche de leur inspirer des dispositions
plus favorables et plus judicieuses sur ces
importantes matieres. On y trouve par
tout un grand fond de Religion , et l'on
voit que c'est moins pour amener les autres
à son sentiment , que pour la gloire
de Dieu et l'utilité de l'Eglise qu'il a entrepris
cet Ouvrage . Depuis la page 17 de
sa Préface jusqu'à la fin . L'Auteur prend
un moïen bien efficace pour toucher les
Ecclesiastiques ou même les Juges , et
pour les porter à ne pas rester dans une
tranquillité dangereuse , fondez sur la
persuation où ils sont, qu'il n'y a ni Sorfilége
, ni Pacte , ni Maléfice. Il emploïe
le reste de la Préface à combattre et à détruire
une confiance si préjudiciable au
prochain , et si dangereuse à celui-là même
FEVRIER. 1733. 319
me qui demeure par là dans une inaction.
volontaire , et qui de peur de se croire
exclus du Catalogue des beaux Esprits ,
aime mieux exposer ceux qui seroient
réellement attaquez de ces Fléaux, à être les
-tristes et malheureuses victimes de la rage
du Démon , que de se donner la peine
d'examiner avec attention et sans préjugez,
dans un esprit de charité et dans une
disposition telle qu'il voudroit qu'on eût
pour lui en pareil cas , la nature de ces
maladies dont il entend parler , et qu'on
-ne lui présente que trop souvent . Mais
- seront- ils excusables aujour des vangeances
, s'écrie notre Auteur , lorsque le Souverain
Juge leur demandera compte de
leur administration , et que ceux qui
avoient été presentés à leurs soins , et
qu'ils avoient négligez , leur representeront
les maux incroïables , les tentations
et les fureurs ausquelles ils ont été abandonnés
pendant des années réïtérées par
la faute des Ministres ? Suffira-t-il de dire,
je ne croïois pas qu'il y en eut , je regardois
cela comme des Fables , et je regardois
ceux qu'on m'amenoit comme des
Comédiens interessez ; et quand bienmême
il n'y en auroit pas , ne seroit ce
pas , continue- t-il , une prévarication
dans le Ministere , et un péché contre la
Fij cha320
MERCURE DE FRANCE
"
charité chrétienné de ne pas examiner et
de s'endormir là - dessus , au hazard de
laisser son frere en proye à la fureur du
Démon .
Le premier Livre traite de la réalité de
la Magie. L'Aureur pour la prouver ap
porte des Passages tres - formels de l'ancien
Testament ; Passages dont on ne peut
se tirer, en disant , comme ont fait quelques
-uns , qu'en cela l'Ecriture s'accommode
à nos préjugez , puisque le Seigneur
deffend à son Peuple de souffrir
dans son sein aucun Magicien , aucun Devin
et aucun Enchanteur , puisqu'il déclare
qu'il exterminera du milieu de son
Peuple dans son indignation , celui qui
aura recours aux Magiciens , et qui lièra
-commerce avec eux . Le terme Latin est
remarquable , et fornicata fuerit ( anima )
cum eis. Enfin,puisqu'il y réprouve , qu'il
y anathématise les Enchanteurs et les
Devins. Or il faudroit dire que toutes
ces Déclarations de la volonté de Dieu et
de sa haine , sont des déclarations illusoires
et fondées sur nos préjugez , ce qui
seroit horrible à penser.
L'Auteur passe
à une autre preuve, qu'il tire des Rituels.
Il fait voir que l'Eglise a toujours crû
qu'il y avoit des Malefices, et qu'elle s'est
toujours regardée comme jouissant du
pou
FEVRIER 1733 . 321
pouvoir qu'elle a reçu de Jesus Christ
de chasser les Démons et de délivrer les
Corps de ces funestes maladies.
›
La persuasion dans laquelle ont été
toutes les Nations , et en particulier les
Egyptiens , du temps de Moïse , qu'ils
prenoient pour un Enchanteur , fournit
à notre Auteur un autre genre de
preuve
tres-puissant et tres efficace . Comment ,
dit -il , se seroit-il faire
pu
que tant de
Peuples , si bien policcz , si entendus .
dans les connoissances des Sciences humaines
, et gouvernez par de si grands
génies , se soient abusez unanimement sur
ce point , sans jamais avoir eu l'occasion
de se détromper , sans qu'aucun l'ait ja
mais révoqué en doute? Les Loix Romaines
en sont une preuve ; la rigueur des ,
Cours Souveraines qui ont de tout temps
sévi , soutenues en cela par les Princes ,
contre ceux qui ont été convaincus de ces
crimes ; la maniere dont on a procédé
contr'eux , l'aveu que presque tous en ont
fait , sans se retracter ; plusieurs Faits
dont quelques uns sont constatez , d'au-,
tres tres - vrai - semblables ; tout cela peut
passer pour un corps complet de preuves ,
plus fortes les unes que les autres .
L'Auteur insiste davantage sur la conduite
de l'Eglise à l'égard des Maléficiers
F iij das
312 MERCURE DE FRANCE
des Devins , des Enchanteurs , &c . elle
les excommunie , elle exorcise ceux qui
ont été atteints les Maléfices;elle propar
des examens dans lesquels elle spécifie
les différentes sortes de crimes que
les Maléfices renferment . Peut - on rien
trouver de mieux appuyé ?
pose
On trouve ensuite un Extrait du Traité
de la Police, de M.de Lamarre,T. 1. l'Auteur
en expose tout le Titre 7. qui traite
des Magiciens , des Sorciers , des Devineurs
et des Prognostiqueurs. Le premier
Chapitre de ce Titre regarde l'origine de
la Magie et de l'Astrologie judiciaire , et
la division de ces Arts en leur différentes
especes. M. de Lamarre prouve dans
le second Chapitre que ces Arts ont été
condamnez par la Loy de Dieu , et que
les Payens mêmes en ont eu horreut , et
les ont punis du dernier supplice. Le 3 °
chap . traite des Loix de l'Eglise et des
Princes temporels contre la Magie et
l'Astrologie judiciaire , depuis la naissance
du Christianisme . Le 4 est´un Recüeil
d'Ordonnances de nos Rois , contre
la Magie , l'Astrologie judicaire , &c.
depuis l'établissement de la Monarchie.
Notre Auteur termine ce Livre par
plusieurs Exemples fameux , par des traits
d'Histoire , rapportez dans S. Grégoire
le
FEVRIER . 1732 323
le Grand , et dans S. Chrysostome , par
le témoignage d'un tres - grand nombre
d'Auteurs dignes de foy ; enfin par des Décrets
de la Faculté de Théologie de Paris
et de l'Inquisition.
Le second Livre traite des Possessions ,
Obsessions et Maléficès. Il y est cependant
fort peu parlé de cette derniere sorte
de maladie , qui regarde davantage le
Livre précédents on en prouve la réalité
par des Textes formels du Nouveau Testament
, dont on ne peut décliner le poids
ni éluder l'autorité il y joint quelques
Commentateurs de l'Evangile , qui supposent
toujours fondez sur ces Passages
de l'Ecriture , la réalité de ces Maladies.
Mais ,comme ce n'est point assez de prouver
qu'il y en ait eu pendant la vie de
Jesus-Christ , si l'on ne montre que les
Possessions ont encore duré , après sa
Mort ; il prouve par les Actes des Apôtres
, qu'ils en ont guéri plusieurs de
differentes especés, en differens Païs. Il le
montre par le pouvoir que Jesus - Christ
leur a donné , et à l'Eglise en leur personne
, de chasser les Démons en son
nom ; promesse illusoire , pouvoir faux
et trompeur , si les Possessions devoient
cesser à la mort du Sauveur. Il le fait voir
par la persuasion où l'Eglise a toujours
F iiij été
324 MERCURE DE FRANCE
été qu'elle joüissoit du Privilege de chas
ser les Démons , par sa pratique , dans la
Bénédiction de l'eau , des Cloches , des
Maisons , des Ornemens qui lui appartiennent
, par ses Rituels , ses Canons
même et ses Anathêmes. Il le fait voir par
l'établissement de l'Ordre d'exorciser,,
par
les Regles que l'Eglise y impose , par
les conseils et les moyens qu'elle veut
qu'on observe pour découvrir les ruses et
les artifices du Démon dans le Corps des
Possedez.
Il le fait voir encore par l'autorité des
Peres et des Théologiens , de Tertullien ,
de S. Cyprien , de S. Chrysostome , de
S. Jerôme , de S.Gregoire Pape, de S.Thomas
, d'Yves de Chartres , de Guillaume
de Paris . L'Auteur le montre aussi parun
Extrait des Canons Pénitenciaux , tiré
des Instructions de S. Charles aux Confesseurs
, imprimées par ordre du Clergé
de France. Il y joint l'Extrait d'un Ou-
Nrage tres - curieux , de Paul du Bé , Docteur
en Médecine , qui fut approuvé en
1671, par M Puylon , Doyen de la Faculté
de Paris , Guy Patin , Professeur
Royal , Fontaine et de Mersenne ; cet
Extrait est considérable par les recherches
et les raisonnemens solides de cet ancien
et scavant Médecin ; il faut le voir
dans
FEVRIE R. 1733 325
dans le Livre même. Les preuves tirées
de la Tradition sont souvent interrompues
par d'autres preuves de fair ; telles
que les Possessions celebres de Loudun ,
de Laon , & c . Il se sert aussi de plusieurs
Histoires, rapportées par des Hommes Illustres
par leur science et par leur piété ,
ou par des Voïageurs dignes de foy. Mais
quelque vraies que puissent être ces Relations
, on ne se fonde pas de même sur
elles , pour en faire des preuves sans replique
.
L'Auteur passe enfin aux difficultez
qu'on objecte d'ordinaire , et il s'applià
les résoudre depuis la page 265.
que
jusqu'à la fin de son Livre.
On trouve dans cet Ouvrage beaucoup
de recherches et d'érudition , de zéle et
de charité ; il y faudroit peu -être un peu
plus de méthode , d'ordre et de choix
dans les preuves , plus d'instance sur celles
qui sont graves et puissantes , et un
stile plus châtié. Au reste , c'est un Ouvrage
que tout Ecclesiastique principalement
doit avoir , et dont il doit méditer
avec une attention sérieuse ,les argumens ,
peser toutes les raisons et les conséquen
ces .
On trouve à la fin un Edit de Louis
XIV . du 31 Août 1682. pour la puni-
Fv tion
326 MERCURE DE FRANCE
tion des Devins , Magiciens , Sorciers
&c . et une Déclaration du même Prince,
du 1 Juillet 1682. rendue contre les Bohémes
, et contre ceux qui leur donnent
retraite.
F Pos318
MERCURE DE FRANCE
Possessions , Obsessions et Maléfices , où
l'on en démontre la vérité et la réalité ;
avec une Méthode sure et facile pour les
' discerner ; et les Réglemens contre les
Devins , Sorciers , Magiciens , & c. Ouvrage
très utile aux Ecclésiastiques , aux
Médecins , et aux Juges . Par M. D. de
304 pag. sans l'Avertissement , les Préfa
ces et les Edits qui sont à la fin.
L'Auteur de cet Ouvrage entre en matiere
dès la Préface ; il y combat les principaux
Argumens de ses Adversaires , et
tâche de leur inspirer des dispositions
plus favorables et plus judicieuses sur ces
importantes matieres. On y trouve par
tout un grand fond de Religion , et l'on
voit que c'est moins pour amener les autres
à son sentiment , que pour la gloire
de Dieu et l'utilité de l'Eglise qu'il a entrepris
cet Ouvrage . Depuis la page 17 de
sa Préface jusqu'à la fin . L'Auteur prend
un moïen bien efficace pour toucher les
Ecclesiastiques ou même les Juges , et
pour les porter à ne pas rester dans une
tranquillité dangereuse , fondez sur la
persuation où ils sont, qu'il n'y a ni Sorfilége
, ni Pacte , ni Maléfice. Il emploïe
le reste de la Préface à combattre et à détruire
une confiance si préjudiciable au
prochain , et si dangereuse à celui-là même
FEVRIER. 1733. 319
me qui demeure par là dans une inaction.
volontaire , et qui de peur de se croire
exclus du Catalogue des beaux Esprits ,
aime mieux exposer ceux qui seroient
réellement attaquez de ces Fléaux, à être les
-tristes et malheureuses victimes de la rage
du Démon , que de se donner la peine
d'examiner avec attention et sans préjugez,
dans un esprit de charité et dans une
disposition telle qu'il voudroit qu'on eût
pour lui en pareil cas , la nature de ces
maladies dont il entend parler , et qu'on
-ne lui présente que trop souvent . Mais
- seront- ils excusables aujour des vangeances
, s'écrie notre Auteur , lorsque le Souverain
Juge leur demandera compte de
leur administration , et que ceux qui
avoient été presentés à leurs soins , et
qu'ils avoient négligez , leur representeront
les maux incroïables , les tentations
et les fureurs ausquelles ils ont été abandonnés
pendant des années réïtérées par
la faute des Ministres ? Suffira-t-il de dire,
je ne croïois pas qu'il y en eut , je regardois
cela comme des Fables , et je regardois
ceux qu'on m'amenoit comme des
Comédiens interessez ; et quand bienmême
il n'y en auroit pas , ne seroit ce
pas , continue- t-il , une prévarication
dans le Ministere , et un péché contre la
Fij cha320
MERCURE DE FRANCE
"
charité chrétienné de ne pas examiner et
de s'endormir là - dessus , au hazard de
laisser son frere en proye à la fureur du
Démon .
Le premier Livre traite de la réalité de
la Magie. L'Aureur pour la prouver ap
porte des Passages tres - formels de l'ancien
Testament ; Passages dont on ne peut
se tirer, en disant , comme ont fait quelques
-uns , qu'en cela l'Ecriture s'accommode
à nos préjugez , puisque le Seigneur
deffend à son Peuple de souffrir
dans son sein aucun Magicien , aucun Devin
et aucun Enchanteur , puisqu'il déclare
qu'il exterminera du milieu de son
Peuple dans son indignation , celui qui
aura recours aux Magiciens , et qui lièra
-commerce avec eux . Le terme Latin est
remarquable , et fornicata fuerit ( anima )
cum eis. Enfin,puisqu'il y réprouve , qu'il
y anathématise les Enchanteurs et les
Devins. Or il faudroit dire que toutes
ces Déclarations de la volonté de Dieu et
de sa haine , sont des déclarations illusoires
et fondées sur nos préjugez , ce qui
seroit horrible à penser.
L'Auteur passe
à une autre preuve, qu'il tire des Rituels.
Il fait voir que l'Eglise a toujours crû
qu'il y avoit des Malefices, et qu'elle s'est
toujours regardée comme jouissant du
pou
FEVRIER 1733 . 321
pouvoir qu'elle a reçu de Jesus Christ
de chasser les Démons et de délivrer les
Corps de ces funestes maladies.
›
La persuasion dans laquelle ont été
toutes les Nations , et en particulier les
Egyptiens , du temps de Moïse , qu'ils
prenoient pour un Enchanteur , fournit
à notre Auteur un autre genre de
preuve
tres-puissant et tres efficace . Comment ,
dit -il , se seroit-il faire
pu
que tant de
Peuples , si bien policcz , si entendus .
dans les connoissances des Sciences humaines
, et gouvernez par de si grands
génies , se soient abusez unanimement sur
ce point , sans jamais avoir eu l'occasion
de se détromper , sans qu'aucun l'ait ja
mais révoqué en doute? Les Loix Romaines
en sont une preuve ; la rigueur des ,
Cours Souveraines qui ont de tout temps
sévi , soutenues en cela par les Princes ,
contre ceux qui ont été convaincus de ces
crimes ; la maniere dont on a procédé
contr'eux , l'aveu que presque tous en ont
fait , sans se retracter ; plusieurs Faits
dont quelques uns sont constatez , d'au-,
tres tres - vrai - semblables ; tout cela peut
passer pour un corps complet de preuves ,
plus fortes les unes que les autres .
L'Auteur insiste davantage sur la conduite
de l'Eglise à l'égard des Maléficiers
F iij das
312 MERCURE DE FRANCE
des Devins , des Enchanteurs , &c . elle
les excommunie , elle exorcise ceux qui
ont été atteints les Maléfices;elle propar
des examens dans lesquels elle spécifie
les différentes sortes de crimes que
les Maléfices renferment . Peut - on rien
trouver de mieux appuyé ?
pose
On trouve ensuite un Extrait du Traité
de la Police, de M.de Lamarre,T. 1. l'Auteur
en expose tout le Titre 7. qui traite
des Magiciens , des Sorciers , des Devineurs
et des Prognostiqueurs. Le premier
Chapitre de ce Titre regarde l'origine de
la Magie et de l'Astrologie judiciaire , et
la division de ces Arts en leur différentes
especes. M. de Lamarre prouve dans
le second Chapitre que ces Arts ont été
condamnez par la Loy de Dieu , et que
les Payens mêmes en ont eu horreut , et
les ont punis du dernier supplice. Le 3 °
chap . traite des Loix de l'Eglise et des
Princes temporels contre la Magie et
l'Astrologie judiciaire , depuis la naissance
du Christianisme . Le 4 est´un Recüeil
d'Ordonnances de nos Rois , contre
la Magie , l'Astrologie judicaire , &c.
depuis l'établissement de la Monarchie.
Notre Auteur termine ce Livre par
plusieurs Exemples fameux , par des traits
d'Histoire , rapportez dans S. Grégoire
le
FEVRIER . 1732 323
le Grand , et dans S. Chrysostome , par
le témoignage d'un tres - grand nombre
d'Auteurs dignes de foy ; enfin par des Décrets
de la Faculté de Théologie de Paris
et de l'Inquisition.
Le second Livre traite des Possessions ,
Obsessions et Maléficès. Il y est cependant
fort peu parlé de cette derniere sorte
de maladie , qui regarde davantage le
Livre précédents on en prouve la réalité
par des Textes formels du Nouveau Testament
, dont on ne peut décliner le poids
ni éluder l'autorité il y joint quelques
Commentateurs de l'Evangile , qui supposent
toujours fondez sur ces Passages
de l'Ecriture , la réalité de ces Maladies.
Mais ,comme ce n'est point assez de prouver
qu'il y en ait eu pendant la vie de
Jesus-Christ , si l'on ne montre que les
Possessions ont encore duré , après sa
Mort ; il prouve par les Actes des Apôtres
, qu'ils en ont guéri plusieurs de
differentes especés, en differens Païs. Il le
montre par le pouvoir que Jesus - Christ
leur a donné , et à l'Eglise en leur personne
, de chasser les Démons en son
nom ; promesse illusoire , pouvoir faux
et trompeur , si les Possessions devoient
cesser à la mort du Sauveur. Il le fait voir
par la persuasion où l'Eglise a toujours
F iiij été
324 MERCURE DE FRANCE
été qu'elle joüissoit du Privilege de chas
ser les Démons , par sa pratique , dans la
Bénédiction de l'eau , des Cloches , des
Maisons , des Ornemens qui lui appartiennent
, par ses Rituels , ses Canons
même et ses Anathêmes. Il le fait voir par
l'établissement de l'Ordre d'exorciser,,
par
les Regles que l'Eglise y impose , par
les conseils et les moyens qu'elle veut
qu'on observe pour découvrir les ruses et
les artifices du Démon dans le Corps des
Possedez.
Il le fait voir encore par l'autorité des
Peres et des Théologiens , de Tertullien ,
de S. Cyprien , de S. Chrysostome , de
S. Jerôme , de S.Gregoire Pape, de S.Thomas
, d'Yves de Chartres , de Guillaume
de Paris . L'Auteur le montre aussi parun
Extrait des Canons Pénitenciaux , tiré
des Instructions de S. Charles aux Confesseurs
, imprimées par ordre du Clergé
de France. Il y joint l'Extrait d'un Ou-
Nrage tres - curieux , de Paul du Bé , Docteur
en Médecine , qui fut approuvé en
1671, par M Puylon , Doyen de la Faculté
de Paris , Guy Patin , Professeur
Royal , Fontaine et de Mersenne ; cet
Extrait est considérable par les recherches
et les raisonnemens solides de cet ancien
et scavant Médecin ; il faut le voir
dans
FEVRIE R. 1733 325
dans le Livre même. Les preuves tirées
de la Tradition sont souvent interrompues
par d'autres preuves de fair ; telles
que les Possessions celebres de Loudun ,
de Laon , & c . Il se sert aussi de plusieurs
Histoires, rapportées par des Hommes Illustres
par leur science et par leur piété ,
ou par des Voïageurs dignes de foy. Mais
quelque vraies que puissent être ces Relations
, on ne se fonde pas de même sur
elles , pour en faire des preuves sans replique
.
L'Auteur passe enfin aux difficultez
qu'on objecte d'ordinaire , et il s'applià
les résoudre depuis la page 265.
que
jusqu'à la fin de son Livre.
On trouve dans cet Ouvrage beaucoup
de recherches et d'érudition , de zéle et
de charité ; il y faudroit peu -être un peu
plus de méthode , d'ordre et de choix
dans les preuves , plus d'instance sur celles
qui sont graves et puissantes , et un
stile plus châtié. Au reste , c'est un Ouvrage
que tout Ecclesiastique principalement
doit avoir , et dont il doit méditer
avec une attention sérieuse ,les argumens ,
peser toutes les raisons et les conséquen
ces .
On trouve à la fin un Edit de Louis
XIV . du 31 Août 1682. pour la puni-
Fv tion
326 MERCURE DE FRANCE
tion des Devins , Magiciens , Sorciers
&c . et une Déclaration du même Prince,
du 1 Juillet 1682. rendue contre les Bohémes
, et contre ceux qui leur donnent
retraite.
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Résumé : Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Traité sur la Magie, le Sortilège, les Possessions, Obsessions et Maléfices', rédigé par M. D. Cet ouvrage vise à démontrer la réalité et la vérité de la magie et des maléfices, et propose une méthode pour les discerner. Il s'adresse principalement aux ecclésiastiques, médecins et juges. Dans la préface, l'auteur réfute les arguments de ses adversaires en insistant sur l'importance de reconnaître l'existence de la magie et des maléfices pour la gloire de Dieu et l'utilité de l'Église. Il critique ceux qui restent indifférents, les mettant en garde contre les dangers de cette inaction. Le premier livre traite de la réalité de la magie. L'auteur utilise des passages de l'Ancien Testament et des rituels de l'Église pour prouver son existence. Il souligne également la croyance universelle des nations anciennes, comme les Égyptiens, et les lois romaines sévères contre la magie. Le second livre aborde les possessions, obsessions et maléfices. L'auteur prouve leur réalité par des textes du Nouveau Testament et les pratiques de l'Église. Il cite divers auteurs et décrets pour appuyer ses arguments. L'ouvrage inclut des extraits de traités sur la police, des exemples historiques et des décrets de la Faculté de Théologie de Paris et de l'Inquisition. Il se termine par des édits de Louis XIV concernant la punition des devins, magiciens et sorciers. Globalement, l'ouvrage est riche en recherches et en érudition, bien que l'auteur suggère qu'il pourrait bénéficier d'une meilleure méthode et d'un style plus châtié. Il est recommandé aux ecclésiastiques pour méditer sérieusement ses arguments.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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405
p. 334-338
PROJET d'un Supplement pour la derniere Edition de S. Jérôme, en un Volume in folio, de la même forme que les précedens.
Début :
Un Religieux de la Congrégation de S. Maur, qui fait imprimer actuellement [...]
Mots clefs :
Saint Jérôme, Du Cange, Jean Martianay, Manuscrits, Congrégation de Saint-Maur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROJET d'un Supplement pour la derniere Edition de S. Jérôme, en un Volume in folio, de la même forme que les précedens.
PROJET d'un Supplement pour la
derniere Edition de S. Jérôme , en un
Volume in folio , de la même forme que
les précedens.
U
'N Religieux de la Congrégation de
S. Maur , quifait imprimer actuelle.
ment chez Osmont les Ouvrages de Saint
Justin , de Tatien , &c. donnera au Public
,
FEVRIER.
1733-339
blic , après avoir fini ce travail , un Sup
plément pour la derniere Edition de
S. Jerôme , qui contiendra :
1º . Ce qui reste à donner des Ouvrages
de S. Jerôme , comme sa Chronique
, que D. Jean Martianay n'a point
mise dans les Volumes précédens , le réservant
pour un Supplément dont on
lui a souvent entendu parler.
2º. Des Eclaircissemens sur le Texte
de S. Jerôme , par le moyen d'un trèsgrand
nombre de Manuscrits , la plupart
fort anciens , que l'on collationne actuel
lement avec toute l'exactitude possible ;
et afin que les secours qu'on en tirera
puissent servir à un plus grand nombre
de personnes , on aura soin dans tous
les Endroits que l'on corrigera , de marquer
non- seulement les pages de l'Edition
du P. Martianay , mais encore celles
des précédentes.
3. Des Observations sur plusieurs
points importans de la Doctrine de saint
Jerôme .
.
4°. La Vie du S. Docteur , avec la Critique
de ses Ouvrages.
5. Des Tables generales , que
l'on tâchera
de rendre commodes et utiles , autant
par l'ordre et l'arrangement , que
par la multitude des choses qui y entreront.
La
336 MERCURE DE FRANCE
La seule idée de ce Supplement suffic
pour en faire voir la necessité et pour
convaincre en même temps qu'on a en
vûë de procurer au Public les avantages
d'une nouvelle Edition , en lui en épargnant
la dépense. Car il n'y auroit gueres
plus de travail à recommencer tout de
nouveau. Mais une telle Entreprise feroit
tort à ceux qui ont le S. Jerôme du
P. Dom Jean Martianay , ce seroit dommage
que tant d'Exemplaires répandus
dans les Bibliotheques de l'Europe , devinssent
en quelque façon inutiles , et
qu'une Edition en cinq Volumes in folio
où l'on a corrigé un grand nombre d'endroits
par les Manuscrits , et qui d'ailleurs
est très bien conditionnée , perdît
si-tôt son prix . On a donc cru qu'il valoiť
mieux la perfectionner par un Suplément,
qui pourra même servir pour les autres
Editions. Après avoir pris les mesures convenables
pour contenter ceux qui ont les
Ouvrages de S. Jerôme , si la rareté des
Exemplaires rendoit une nouvelle Edition
necessaire ( ce qui paroît presque
hors de doute ) on executera ce dessein
d'autant plus volontiers , qu'il ne pourra
faire tort à personne , et qu'il ne coutera
à l'Editeur , que le soin de veiller sur le
travail des Imprimeurs.
Les
FEVRIER. 1733. 337
Les quatre premiers volumes de la
nouvelle Edition du Glossaire de M. du
Cange , se distribuent , comme nous l'avions
annoncé dans le précedent Mercure.
Ils comprennent depuis la Lettre A,
jusqu'à la Lettre O. inclusivement ; ce
qui prouve que cette Edition sera augmentée
de la moitié . Elle dédommagera
par là le Public du long- temps qu'elle
s'est fait attendre. Les Additions ne sont
cependant pas faites au hazard ; les R R.
PP. Benedictins de la Congrégation
de
S. Maur , nouveaux Editeurs , avertissent
dans leur Préface qu'ils ont eu soin de
n'y rien inscrer qui ne leur ait parû utile,
et qu'ils se sont fait un devoir de ne pas
s'écarter de l'excellent modele que leur
avoit tracé le grand Homme d'après lequel
ils ont travaillé. Il n'est guères)
possible de donner des exemples de ces
Additions ; comment se déterminer à un
choix dans un si grand nombre ? Il nous
suffira d'avertir qu'on trouve dans cette
Edition de nouveaux points d'Histoire ,
soit Ecclesiastique , soit Civile , discutez
et éclaircis , des Usages inconnus jusqu'à
présent , découverts et expliquez , un
nombre prodigieux de Mots recueillis
de Chartes , Manuscrits et d'Auteurs imprimez
, dont on développe l'intelligence
a
338 MERCURE DE FRANCE
ce ; en un mot,le Dessein de M. du Cange
exactement suivi et considerablement enrichi.
Les Editeurs n'ont rien oublié de
ce qui peut servir à illustrer la mémoire
de leur celebre Auteur ; ils ont mis son
Portrait très- bien gravé à la tête du Livre
, et ils ont fait suivre leur Préface de
la Lettre de M. Baluze à M. l'Abbé Renaudot
, sur la Vie et la Mort de M. du
Cange ; et pour ne rien omettre , ils y
ont ajoûté son Epitaphe et le Catalogue
de ses Ouvrages . L'Imprimeur de son
côté , n'a rien négligé pour la beauté de
l'Edition ; le Caractere en est net , le Papier
beau , les Planches qui nous représentent
les Monnoyes de nos Rois de
puis Philippe le Bel jusqu'à celle de nos
jours , et celle des Barons , sont proprement
gravées ; tout persuade , enfin jusqu'au
Frontispice , qu'on n'y a pas épargné
la dépense. Mais rien ne doit tant
Hatter les Gens de Lettre , que l'assurance
que donnent les Editeurs dans leur
Préface , qu'on ne discontinuera pas l'impression
des Volumes suivans.
derniere Edition de S. Jérôme , en un
Volume in folio , de la même forme que
les précedens.
U
'N Religieux de la Congrégation de
S. Maur , quifait imprimer actuelle.
ment chez Osmont les Ouvrages de Saint
Justin , de Tatien , &c. donnera au Public
,
FEVRIER.
1733-339
blic , après avoir fini ce travail , un Sup
plément pour la derniere Edition de
S. Jerôme , qui contiendra :
1º . Ce qui reste à donner des Ouvrages
de S. Jerôme , comme sa Chronique
, que D. Jean Martianay n'a point
mise dans les Volumes précédens , le réservant
pour un Supplément dont on
lui a souvent entendu parler.
2º. Des Eclaircissemens sur le Texte
de S. Jerôme , par le moyen d'un trèsgrand
nombre de Manuscrits , la plupart
fort anciens , que l'on collationne actuel
lement avec toute l'exactitude possible ;
et afin que les secours qu'on en tirera
puissent servir à un plus grand nombre
de personnes , on aura soin dans tous
les Endroits que l'on corrigera , de marquer
non- seulement les pages de l'Edition
du P. Martianay , mais encore celles
des précédentes.
3. Des Observations sur plusieurs
points importans de la Doctrine de saint
Jerôme .
.
4°. La Vie du S. Docteur , avec la Critique
de ses Ouvrages.
5. Des Tables generales , que
l'on tâchera
de rendre commodes et utiles , autant
par l'ordre et l'arrangement , que
par la multitude des choses qui y entreront.
La
336 MERCURE DE FRANCE
La seule idée de ce Supplement suffic
pour en faire voir la necessité et pour
convaincre en même temps qu'on a en
vûë de procurer au Public les avantages
d'une nouvelle Edition , en lui en épargnant
la dépense. Car il n'y auroit gueres
plus de travail à recommencer tout de
nouveau. Mais une telle Entreprise feroit
tort à ceux qui ont le S. Jerôme du
P. Dom Jean Martianay , ce seroit dommage
que tant d'Exemplaires répandus
dans les Bibliotheques de l'Europe , devinssent
en quelque façon inutiles , et
qu'une Edition en cinq Volumes in folio
où l'on a corrigé un grand nombre d'endroits
par les Manuscrits , et qui d'ailleurs
est très bien conditionnée , perdît
si-tôt son prix . On a donc cru qu'il valoiť
mieux la perfectionner par un Suplément,
qui pourra même servir pour les autres
Editions. Après avoir pris les mesures convenables
pour contenter ceux qui ont les
Ouvrages de S. Jerôme , si la rareté des
Exemplaires rendoit une nouvelle Edition
necessaire ( ce qui paroît presque
hors de doute ) on executera ce dessein
d'autant plus volontiers , qu'il ne pourra
faire tort à personne , et qu'il ne coutera
à l'Editeur , que le soin de veiller sur le
travail des Imprimeurs.
Les
FEVRIER. 1733. 337
Les quatre premiers volumes de la
nouvelle Edition du Glossaire de M. du
Cange , se distribuent , comme nous l'avions
annoncé dans le précedent Mercure.
Ils comprennent depuis la Lettre A,
jusqu'à la Lettre O. inclusivement ; ce
qui prouve que cette Edition sera augmentée
de la moitié . Elle dédommagera
par là le Public du long- temps qu'elle
s'est fait attendre. Les Additions ne sont
cependant pas faites au hazard ; les R R.
PP. Benedictins de la Congrégation
de
S. Maur , nouveaux Editeurs , avertissent
dans leur Préface qu'ils ont eu soin de
n'y rien inscrer qui ne leur ait parû utile,
et qu'ils se sont fait un devoir de ne pas
s'écarter de l'excellent modele que leur
avoit tracé le grand Homme d'après lequel
ils ont travaillé. Il n'est guères)
possible de donner des exemples de ces
Additions ; comment se déterminer à un
choix dans un si grand nombre ? Il nous
suffira d'avertir qu'on trouve dans cette
Edition de nouveaux points d'Histoire ,
soit Ecclesiastique , soit Civile , discutez
et éclaircis , des Usages inconnus jusqu'à
présent , découverts et expliquez , un
nombre prodigieux de Mots recueillis
de Chartes , Manuscrits et d'Auteurs imprimez
, dont on développe l'intelligence
a
338 MERCURE DE FRANCE
ce ; en un mot,le Dessein de M. du Cange
exactement suivi et considerablement enrichi.
Les Editeurs n'ont rien oublié de
ce qui peut servir à illustrer la mémoire
de leur celebre Auteur ; ils ont mis son
Portrait très- bien gravé à la tête du Livre
, et ils ont fait suivre leur Préface de
la Lettre de M. Baluze à M. l'Abbé Renaudot
, sur la Vie et la Mort de M. du
Cange ; et pour ne rien omettre , ils y
ont ajoûté son Epitaphe et le Catalogue
de ses Ouvrages . L'Imprimeur de son
côté , n'a rien négligé pour la beauté de
l'Edition ; le Caractere en est net , le Papier
beau , les Planches qui nous représentent
les Monnoyes de nos Rois de
puis Philippe le Bel jusqu'à celle de nos
jours , et celle des Barons , sont proprement
gravées ; tout persuade , enfin jusqu'au
Frontispice , qu'on n'y a pas épargné
la dépense. Mais rien ne doit tant
Hatter les Gens de Lettre , que l'assurance
que donnent les Editeurs dans leur
Préface , qu'on ne discontinuera pas l'impression
des Volumes suivans.
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Résumé : PROJET d'un Supplement pour la derniere Edition de S. Jérôme, en un Volume in folio, de la même forme que les précedens.
En février 1733, un religieux de la Congrégation de Saint-Maur, impliqué dans l'impression des œuvres de Saint Justin et Tatien chez Osmont, annonce la publication d'un supplément pour la dernière édition des œuvres de Saint Jérôme. Ce supplément inclura plusieurs éléments : les œuvres restantes de Saint Jérôme, telles que sa Chronique, non incluses dans les volumes précédents ; des éclaircissements sur le texte de Saint Jérôme basés sur une collation minutieuse de nombreux manuscrits anciens ; des observations sur des points doctrinaux importants de Saint Jérôme ; une biographie critique de Saint Jérôme ; et des tables générales pour faciliter la consultation. La nécessité de ce supplément est justifiée par le désir de procurer au public les avantages d'une nouvelle édition sans en supporter la dépense. Il permettra de perfectionner l'édition existante de Dom Jean Martianay, évitant ainsi de rendre inutiles les exemplaires déjà répandus en Europe. Si une nouvelle édition devient nécessaire en raison de la rareté des exemplaires, ce supplément pourra être utilisé pour la compléter. Par ailleurs, les quatre premiers volumes de la nouvelle édition du glossaire de M. du Cange sont distribués, couvrant les lettres de A à O. Cette édition est augmentée de moitié par rapport à la précédente et inclut de nombreuses additions utiles, telles que des points d'histoire, des usages inconnus, et des mots recueillis de diverses sources. Les éditeurs, les Pères bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, ont suivi fidèlement le modèle de M. du Cange et ont enrichi l'édition avec des éléments comme le portrait de l'auteur, une lettre sur sa vie et sa mort, son épitaphe, et un catalogue de ses œuvres. L'impression des volumes suivants est assurée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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406
p. 383-385
« Le 2 de ce mois, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, [...] »
Début :
Le 2 de ce mois, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, [...]
Mots clefs :
Roi, Comte, Archevêque, Chevaliers, Commandeurs, Fête de la Purification de la Sainte Vierge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 2 de ce mois, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, [...] »
FRANCE ,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
E 2 de ce mois , Fête de la Purifica-
Li tion de la Sainte Vierge , les Chevaliers
, Commandeurs , et Officiers des Ordres
du Roy , s'étant rendus vers les onze
heures dans le Cabinet du Roy, qui étoit
revenu exprès de Marly pour cette Cérémonie
, S. M. tint un Chapitre , dans lequel
l'Archevêque d'Aiby , et l'Archevêque
384 MERCURE DE FRANCÉ
vêque de Vienne , Premier Aumônier du
Roy , furent nommez Prélats , Commandeurs
de l'Ordre du S. Esprit , pour remplir
les deux Places vacantes par la more
de l'Archevêque de Lyon et de l'Eve
que de Metz.
Le Roy sortit ensuite de son Apparte
ment , pour aller à la Chapelle , S. M.
étoit précédée du Duc d'Orleans , du Duc
de Bourbon , du Comte de Charolois, du
Pr. de Conty , du Duc du Maine , du Pr.
de Dombes , du Comte d'Eu , du Comte
de Toulouse , et des Chevaliers , Come
mandeurs et Officiers de l'Ordre . Le Roy,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoit
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers ; le Cardinal
de Bissy, et le Cardinal de Polignac ,
Prelats Commandeurs , marchoient derriere
S. M.
Le Roy assista à la Bénédiction des
Clerges , à la Procession et à la Grande
Messe , célébrée par l'Abbé Brosseau ,
Chapelain ordinaire de la Chapelle de
Musique ; et lorsqu'elle fut finie , S. M.
fut reconduite à son appartement avec les
cérémonies accoutumées .
L'après midi , le Roy entendit le Sermon
du P. le Févre , de la Compagnie
de Jesus , et S. M. assista aux Vespres ,
chanFEVRIER.
1733 385
chantés
par la Musique. Vers le soir , le
Roy retourna au Château de Marly.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
E 2 de ce mois , Fête de la Purifica-
Li tion de la Sainte Vierge , les Chevaliers
, Commandeurs , et Officiers des Ordres
du Roy , s'étant rendus vers les onze
heures dans le Cabinet du Roy, qui étoit
revenu exprès de Marly pour cette Cérémonie
, S. M. tint un Chapitre , dans lequel
l'Archevêque d'Aiby , et l'Archevêque
384 MERCURE DE FRANCÉ
vêque de Vienne , Premier Aumônier du
Roy , furent nommez Prélats , Commandeurs
de l'Ordre du S. Esprit , pour remplir
les deux Places vacantes par la more
de l'Archevêque de Lyon et de l'Eve
que de Metz.
Le Roy sortit ensuite de son Apparte
ment , pour aller à la Chapelle , S. M.
étoit précédée du Duc d'Orleans , du Duc
de Bourbon , du Comte de Charolois, du
Pr. de Conty , du Duc du Maine , du Pr.
de Dombes , du Comte d'Eu , du Comte
de Toulouse , et des Chevaliers , Come
mandeurs et Officiers de l'Ordre . Le Roy,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoit
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers ; le Cardinal
de Bissy, et le Cardinal de Polignac ,
Prelats Commandeurs , marchoient derriere
S. M.
Le Roy assista à la Bénédiction des
Clerges , à la Procession et à la Grande
Messe , célébrée par l'Abbé Brosseau ,
Chapelain ordinaire de la Chapelle de
Musique ; et lorsqu'elle fut finie , S. M.
fut reconduite à son appartement avec les
cérémonies accoutumées .
L'après midi , le Roy entendit le Sermon
du P. le Févre , de la Compagnie
de Jesus , et S. M. assista aux Vespres ,
chanFEVRIER.
1733 385
chantés
par la Musique. Vers le soir , le
Roy retourna au Château de Marly.
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Résumé : « Le 2 de ce mois, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, [...] »
Le 2 février 1733, à Paris, les Chevaliers, Commandeurs et Officiers des Ordres du Roi se réunirent pour la fête de la Purification de la Sainte Vierge. Le Roi, de retour de Marly, présida un chapitre au cours duquel l'Archevêque d'Aiby et l'Archevêque de Vienne furent nommés Prélats et Commandeurs de l'Ordre du Saint-Esprit, succédant à l'Archevêque de Lyon et à l'Évêque de Metz, décédés. Le Roi, accompagné de ducs et princes, se rendit à la chapelle pour la bénédiction des clergés, une procession et une grande messe célébrée par l'Abbé Brosseau. Après la messe, il fut reconduit à son appartement avec les cérémonies habituelles. Dans l'après-midi, il écouta le sermon du Père Le Févre, jésuite, et assista aux vêpres chantées par la musique. En soirée, le Roi retourna au Château de Marly.
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407
p. 386-392
Description du Catafalque.
Début :
La Décoration de ce pompeux Appareil qui a attiré un si grand concours et tant d'admirateurs, [...]
Mots clefs :
Argent, Armes, Lumières, Noir, Marbre, Pilastres, Velours, Corniche, Hermine, Larmes, Estrade, Catafalque
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texteReconnaissance textuelle : Description du Catafalque.
Description du Catafalque.
A Décoration de ce pompeux Appareil qui a
attiré un si grand concours et tant d'admirateurs
, mérite bien que nous entrions là dessus en
quelque détail. On voyoit d'abord à la façade de
L'Eglise , au - dessus de la principale Porte , une
grande Tenture de drap noir , ornée de trois lez
de velours garnis d'Armes, Sur le milieu étoit
placé un grand morceau peint d'Architecture de
18. pieds de haut , sur 12. pieds de large , ceintré
par le haut , où étoient les Armes du Roy de Sardaigne
, avec les deux Ordres désignez , de saint
Maurice et de l'Annonciade , sous une Couronne
Royale , soutenue d'un côté par le Temps et de
l'autre par une Renommée sortant d'un Groupe
de Nuées , & c.
Sur les deux autres Portes laterales , on voyoit
les Chiffres du Roy Victor Amedée , dans de
grands Cartouches couronnez et soutenus par des
Renommées , et posés sur le même lez de ve◄
lours.
Toute la Nef étoit tendue de drap noir sur les
côtez , avec grandes Armes et Chiffres , alternativement
, rehaussez d'or et d'argent. Sur la
Tenture de la façade du Jubé, étoient trois lez de
velours chargez d'Armes , &c. Sur la Porte du
Choeur , on voyoit un grand morceau avec les
Armes en grand Manteau Royal d'étoffe d'or
doublé d'hermine , dans un Chambranle de Marbre
blanc , avec deux Guaisnes aux extrémitez et
deux Lions au-dessus servant de suport aux Armes
de Savoye.
Le Catafalque étoit placé à deux toises et demie
de l'entrée du Chour, construit dans la Nef,
Sur
FEVRIER. 17336
387
sur un Plan de 14, pieds et demi de long , sur 10.
pieds 3. pouces de large et s . pieds de hauteur ; cr
le dessus de l'Estrade , 10. pieds 10. pouces
pour
sur 7. pieds de large , les quatre Angles avancez
à Pans coupez , formant des Fiedestaux , entre
lesquels se trouvoient six degrez à chaque face,
Sur le devant des Piedestaux des Consoles saillantes
, de 18. à 20. pouces , étoient placées des
Têtes de Mort , avec des attributs , portant chacune
une Girandole de cinq lumieres ; le tout sur
un fond de Marbre d'Egypte vert et blanc.
Sur les Piedestaux s'élevoir un ordre Ionique ,
dont les quatre Colomnes en or , composées de
Faisseaux , de Picques liées ensemble avec Bandeaux
et Festons de Lauriers en argent , tournans
en torse au pourtour, et d'où sortoient des branches
en argent , qui portoient sur chaque Colomne
soixante lumieres ; leurs Architraves , Frises
et Corniches en Marbre blanc. Sur la Frise des
Muffles de Lions , en or ; de-même que les Ornemens
et Moulures des Entablemens.
>
Sur le Zocle des Entablemens des Colomnes s'élevoient
des Courbes, formant une espece de Balda,
quin en or , ayant à leurs extrémitez des Consoles
en or qui soutenoient une Frise , d'où tomboit
une Campanne en or , sur un fond noir avec
des Larmes et Glands d'argent ; au- dessus de la
Frise , une grosse Moulure de Baguette en or
garnie d'agraffes d'argent , d'où sortoient des
Branches d'argent, portant de-même des lumieres;
au- dessus une Gorge de six à sept pouces , avec
son Astragale et une Couronne fermée en or,
surmontant le tout. Le haut du Baldaquin , depuis
l'Entablement jusqu'à son extrémité , étoit
garni de plus de 200. lumieres , et le tout ensem
ble faisoit un effet admirable,
Sur
388 MERCURE DE FRANCE:
-
Sur les degrez de l'Estrade , en face de l'entrée
du Choeur , paroissoient la Prudence et la Valeur
avec leurs attributs.
Sur cette Estrade s'élevoit un Zocle à Pans coupez
, se terminant par un adoucissement de deux
pieds de haut , sur lequel étoit posé le Tombeau.
de Marbre Portore , soutenu par quatre Consoles
en or , ayant des têtes de Lions et terminant
par bas en ornemens , d'où sortoient des Pattes
du même animal , et aux quatre flancs du Tombeau
, dans des Couronnes de Lauriers , le Chiffre
, et des flambaux renversez par derriere en
Sautoirs . La Représentation du Tombeau étoir
couverte d'un grand Poële d'Etoffe d'or bordé
d'Hermine , croisé de Moire d'argent et cantonné
d'Armoiries en Broderie d'or. On avoit placé
sur le Tombeau , la Couronne sur un Carreau de
velours noir , couverte d'un Crêpe , et le Manteau
Royal , d'Etoffe d'or à fond rouge , bordé et
doublé d'Hermine , qui tomboit jusques sur l'Estrade
, autour de la Représentation, Sur l'Estrade
, plusieurs Trophées d'Armes en or , qui sem
bloient être jettés négligeamment sur les marches
de l'Estrade .
Toute la Machine ayant 37. pieds de haut jusqu'à
l'extremité de la Couronne , étoit surmontée
par un Pavillon très - riche , dont les Pans et
les chutes avoient 19. aulnes de long , ornées de
bandes d'Hermines , et semées de Croix et de
Larmes d'argent. Les quatre faces des six degrez
étoient garnies de 98. Chandeliers d'argent avec
des Cierges de deux livres chacun , à l'exception
des quatre ouvertures des encoignures du Catafalque
, dont les chutes du Pavillon étoient retroussées
par quatre Anges en or , sonnant de la
Trompette , qui sembloient sortir du dessous par
differens côtez. Le
FEVRIER . 1733. 389
Le Pourtour du Choeur , distribué en 18. Arcades
, dont dix ouvertes , foncées de noir , ou
l'on avoit pratiqué des Places ; les autres fermées
de noir avec des Paneaux en Hermine , étoient
ornées d'un ordre d'Architecture Ionique , les
Pilastres ayant 27. pieds de haut jusqu'à l'Entablement
, les Chapiteaux en or , ornez de Têtes
de Mort enveloppées d'Aîles dessechées , et couvertes
d'une Draperie d'argent , formant des chutes
à l'aplomb des Volutes. Sur chaque Pilastre
on voyoit une maniere de Cartouche ou Epitaphe
en Marbre blanc , de differentes formes ; les
uns enveloppez et surmontez d'une Tête de Lion
avec des Lampes sur les côtez; les autres, de Bordure
, d'Ornemens , et toujours au milieu de chacun
le Chiffre de Victor Amedée , avec une Girandole
de cinq lumieres. Par le bas , les fonds
des Pilastres en vert d'Egypte , les Corps et arrieres-
Corps de Marbre blanc ; les Bases étant cachées
par un Socle de deux pieds et demi de haut,
sur lequel étoit posé un Trophée d'Armes de 4 à
5. pieds de haut, en of ; tout le surplus de l'Architecture
, Corps , arriere - Corps , Corniche , Aftragale
, Archivoltes , peints en Marbre blanc.
Sur la Corniche s'élevoit un Attique de 14.
pieds , les Pilastres de même Marbre , tombant
à plomb sur ceux dont on vient de parler . Des
Chapiteaux tomboient en Trophées , une Tête de
Mort avec des Aîles et des Os en Sautoirs , des
branches de Cyprès finissant par un Gland , le
tout en or. Entre chaque Pilastre , un Panneau
formé sur le drap noir , par une bande d'Hermine
, au milieu duquel étoit un Cartouche avec
chacun un quartier des Armes , et il fortoit des
deux côtez desDrapeaux et Etendarts &.c .
3 Sur la Corniche au- dessus de chaque ouverture,
I des
* MERCURE DE FRANCE
des Chantournez , en Marbre blanc , fond noir,
semé de larmes d'argent , ayant chacun une Tête
de Mort au milien , avec des Aîles , portant cha
cun 21 lumieres. Sur la même Corniche , à l'aplomb
des Pilastres , des Vases en argent , fond
noir , portant chacun 9. lumieres .
Le premier lez de velours étoit placé au- dessus
de la Corniche de l'Attique , à so . pieds de haut,
chargé d'Armes et Chiffres , et semé de Croix et
de Larmes d'argent , et sur l'aplomb des Pilas
tres, un Blason avec differens Trophées d'Armes.
Le second lez de velours servait de Frise à la
Corniche , semé de- même que le premier , et de
Triglifes composées au- dessus des Pilastres , et
sur le milieu des Archivoltes étoient de grands
Cartouches , dont la Couronne passoit sur l'Astragale
et la Frise de la Corniche. Ces Cartouches
étoient ornez des Armes des Ordres , Couronnes ,
Festons deCyprès et autres attributs, en or et en
argent , et d'autres , alternativement , avec des
Chiffres et Manteaux d'Etoffe d'or et d'Hermine,
et au bas de chacun une Girandole de 5. lumieres.
-Du haut de l'Archivolte , des deux côtez de
chacun des Cartouches , tomboient des Rideaux
peints en noir , retroussez au- dessous des Impostés
, tombant en chutes le long de l'arriere-
Corps des Pilastres ; le tout orné de Franges et de
Cordons en argent et semez de Larmes , &c. Les
appuis des ouvertures des côtez de 3. pieds de
haut , le milieu plus élevé et orné au- dessus
de l'élevation , d'un Vase en argent et fond
noir , portant une Piramide de 21. lumieres ;
du pied des Vases tomboient des Festons de
Cyprès en or , accompagnez les uns de deux
Figures rehaussées d'argent , tenant des flam
beaux éteints , et d'autres alternativement ,
avec
FEVRIER. 1733. 391
avec des Lions , comme supports des Armes .
Le Plafond des Stales avoit une Moulure dorée
au Pourtour , sur laquelle regnoit une Bordure
de Trefles en forme de bandeau de Couronnes;
chaque Treffe portant une bougie derriere.
un filet de lumieres ; devant chaque Pilastre et
en retour du Jubé , une Girandole de sept lumieres
, qui interrompoit par Groupes la Bordure de
lumieres.
Du dessous de la Moulure des Stales tomboit
le troisiéme lez de velours , de même arrangement
d'Armes et de Chiffres que le premier , semé
de même , ayant de surplus des Festons herminez
de distance en distance , et qui enveloppoient
les Cartouches qui étoient sur le lez de
velours.
L'Autel étoit surmonté d'un Dais de 12. pieds
sur 7. pieds , avec des Campannes dedans et dehors
, en argent , sur fond noir ; les deux chutes
de Rideaux de Satin noir , semé de larmes et entouré
de Frange d'argent , avec 4. Bouquets de
plume en Aigrette , sur les 4. Angles , le Plafond
et la queue croisée de Moire d'argent , et cantonnée
d'Armes ; aux deux Pilastres à côté tomboient
des Trophées des Instrumens qui servent aux
Cerémonies Mortuaires ; ces deux Pilastres accompagnez
et soutenus par deux grandes Consoles
de Marbre blanc , avec une Girandole de
sept branches , posée sur le milieu de la Volutte.
Beux Anges prosternez , rehaussez d'argent ,
sur un Groupe de Nuées , qui répandoient en
partie sur les Consoles le surplus de la Décoration,
faisant simétrie avec le Pourtour du Choeur,
le reste de l'Autel orné avec une magnificence
convenable et éclairé d'un grand nombre de
Cierges , &C.
I ij Toute
392 MERCURE DE FRANCE
Toute cette Décoration avoit été ordonnée
par le Duc de la Trémouille , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy , et exécutée sous
la direction de M. de Selle , Intendant des menus
Plaisirs du Roy , par M. Perrault , Peintre
des Menus Plaisirs de S. M.
A Décoration de ce pompeux Appareil qui a
attiré un si grand concours et tant d'admirateurs
, mérite bien que nous entrions là dessus en
quelque détail. On voyoit d'abord à la façade de
L'Eglise , au - dessus de la principale Porte , une
grande Tenture de drap noir , ornée de trois lez
de velours garnis d'Armes, Sur le milieu étoit
placé un grand morceau peint d'Architecture de
18. pieds de haut , sur 12. pieds de large , ceintré
par le haut , où étoient les Armes du Roy de Sardaigne
, avec les deux Ordres désignez , de saint
Maurice et de l'Annonciade , sous une Couronne
Royale , soutenue d'un côté par le Temps et de
l'autre par une Renommée sortant d'un Groupe
de Nuées , & c.
Sur les deux autres Portes laterales , on voyoit
les Chiffres du Roy Victor Amedée , dans de
grands Cartouches couronnez et soutenus par des
Renommées , et posés sur le même lez de ve◄
lours.
Toute la Nef étoit tendue de drap noir sur les
côtez , avec grandes Armes et Chiffres , alternativement
, rehaussez d'or et d'argent. Sur la
Tenture de la façade du Jubé, étoient trois lez de
velours chargez d'Armes , &c. Sur la Porte du
Choeur , on voyoit un grand morceau avec les
Armes en grand Manteau Royal d'étoffe d'or
doublé d'hermine , dans un Chambranle de Marbre
blanc , avec deux Guaisnes aux extrémitez et
deux Lions au-dessus servant de suport aux Armes
de Savoye.
Le Catafalque étoit placé à deux toises et demie
de l'entrée du Chour, construit dans la Nef,
Sur
FEVRIER. 17336
387
sur un Plan de 14, pieds et demi de long , sur 10.
pieds 3. pouces de large et s . pieds de hauteur ; cr
le dessus de l'Estrade , 10. pieds 10. pouces
pour
sur 7. pieds de large , les quatre Angles avancez
à Pans coupez , formant des Fiedestaux , entre
lesquels se trouvoient six degrez à chaque face,
Sur le devant des Piedestaux des Consoles saillantes
, de 18. à 20. pouces , étoient placées des
Têtes de Mort , avec des attributs , portant chacune
une Girandole de cinq lumieres ; le tout sur
un fond de Marbre d'Egypte vert et blanc.
Sur les Piedestaux s'élevoir un ordre Ionique ,
dont les quatre Colomnes en or , composées de
Faisseaux , de Picques liées ensemble avec Bandeaux
et Festons de Lauriers en argent , tournans
en torse au pourtour, et d'où sortoient des branches
en argent , qui portoient sur chaque Colomne
soixante lumieres ; leurs Architraves , Frises
et Corniches en Marbre blanc. Sur la Frise des
Muffles de Lions , en or ; de-même que les Ornemens
et Moulures des Entablemens.
>
Sur le Zocle des Entablemens des Colomnes s'élevoient
des Courbes, formant une espece de Balda,
quin en or , ayant à leurs extrémitez des Consoles
en or qui soutenoient une Frise , d'où tomboit
une Campanne en or , sur un fond noir avec
des Larmes et Glands d'argent ; au- dessus de la
Frise , une grosse Moulure de Baguette en or
garnie d'agraffes d'argent , d'où sortoient des
Branches d'argent, portant de-même des lumieres;
au- dessus une Gorge de six à sept pouces , avec
son Astragale et une Couronne fermée en or,
surmontant le tout. Le haut du Baldaquin , depuis
l'Entablement jusqu'à son extrémité , étoit
garni de plus de 200. lumieres , et le tout ensem
ble faisoit un effet admirable,
Sur
388 MERCURE DE FRANCE:
-
Sur les degrez de l'Estrade , en face de l'entrée
du Choeur , paroissoient la Prudence et la Valeur
avec leurs attributs.
Sur cette Estrade s'élevoit un Zocle à Pans coupez
, se terminant par un adoucissement de deux
pieds de haut , sur lequel étoit posé le Tombeau.
de Marbre Portore , soutenu par quatre Consoles
en or , ayant des têtes de Lions et terminant
par bas en ornemens , d'où sortoient des Pattes
du même animal , et aux quatre flancs du Tombeau
, dans des Couronnes de Lauriers , le Chiffre
, et des flambaux renversez par derriere en
Sautoirs . La Représentation du Tombeau étoir
couverte d'un grand Poële d'Etoffe d'or bordé
d'Hermine , croisé de Moire d'argent et cantonné
d'Armoiries en Broderie d'or. On avoit placé
sur le Tombeau , la Couronne sur un Carreau de
velours noir , couverte d'un Crêpe , et le Manteau
Royal , d'Etoffe d'or à fond rouge , bordé et
doublé d'Hermine , qui tomboit jusques sur l'Estrade
, autour de la Représentation, Sur l'Estrade
, plusieurs Trophées d'Armes en or , qui sem
bloient être jettés négligeamment sur les marches
de l'Estrade .
Toute la Machine ayant 37. pieds de haut jusqu'à
l'extremité de la Couronne , étoit surmontée
par un Pavillon très - riche , dont les Pans et
les chutes avoient 19. aulnes de long , ornées de
bandes d'Hermines , et semées de Croix et de
Larmes d'argent. Les quatre faces des six degrez
étoient garnies de 98. Chandeliers d'argent avec
des Cierges de deux livres chacun , à l'exception
des quatre ouvertures des encoignures du Catafalque
, dont les chutes du Pavillon étoient retroussées
par quatre Anges en or , sonnant de la
Trompette , qui sembloient sortir du dessous par
differens côtez. Le
FEVRIER . 1733. 389
Le Pourtour du Choeur , distribué en 18. Arcades
, dont dix ouvertes , foncées de noir , ou
l'on avoit pratiqué des Places ; les autres fermées
de noir avec des Paneaux en Hermine , étoient
ornées d'un ordre d'Architecture Ionique , les
Pilastres ayant 27. pieds de haut jusqu'à l'Entablement
, les Chapiteaux en or , ornez de Têtes
de Mort enveloppées d'Aîles dessechées , et couvertes
d'une Draperie d'argent , formant des chutes
à l'aplomb des Volutes. Sur chaque Pilastre
on voyoit une maniere de Cartouche ou Epitaphe
en Marbre blanc , de differentes formes ; les
uns enveloppez et surmontez d'une Tête de Lion
avec des Lampes sur les côtez; les autres, de Bordure
, d'Ornemens , et toujours au milieu de chacun
le Chiffre de Victor Amedée , avec une Girandole
de cinq lumieres. Par le bas , les fonds
des Pilastres en vert d'Egypte , les Corps et arrieres-
Corps de Marbre blanc ; les Bases étant cachées
par un Socle de deux pieds et demi de haut,
sur lequel étoit posé un Trophée d'Armes de 4 à
5. pieds de haut, en of ; tout le surplus de l'Architecture
, Corps , arriere - Corps , Corniche , Aftragale
, Archivoltes , peints en Marbre blanc.
Sur la Corniche s'élevoit un Attique de 14.
pieds , les Pilastres de même Marbre , tombant
à plomb sur ceux dont on vient de parler . Des
Chapiteaux tomboient en Trophées , une Tête de
Mort avec des Aîles et des Os en Sautoirs , des
branches de Cyprès finissant par un Gland , le
tout en or. Entre chaque Pilastre , un Panneau
formé sur le drap noir , par une bande d'Hermine
, au milieu duquel étoit un Cartouche avec
chacun un quartier des Armes , et il fortoit des
deux côtez desDrapeaux et Etendarts &.c .
3 Sur la Corniche au- dessus de chaque ouverture,
I des
* MERCURE DE FRANCE
des Chantournez , en Marbre blanc , fond noir,
semé de larmes d'argent , ayant chacun une Tête
de Mort au milien , avec des Aîles , portant cha
cun 21 lumieres. Sur la même Corniche , à l'aplomb
des Pilastres , des Vases en argent , fond
noir , portant chacun 9. lumieres .
Le premier lez de velours étoit placé au- dessus
de la Corniche de l'Attique , à so . pieds de haut,
chargé d'Armes et Chiffres , et semé de Croix et
de Larmes d'argent , et sur l'aplomb des Pilas
tres, un Blason avec differens Trophées d'Armes.
Le second lez de velours servait de Frise à la
Corniche , semé de- même que le premier , et de
Triglifes composées au- dessus des Pilastres , et
sur le milieu des Archivoltes étoient de grands
Cartouches , dont la Couronne passoit sur l'Astragale
et la Frise de la Corniche. Ces Cartouches
étoient ornez des Armes des Ordres , Couronnes ,
Festons deCyprès et autres attributs, en or et en
argent , et d'autres , alternativement , avec des
Chiffres et Manteaux d'Etoffe d'or et d'Hermine,
et au bas de chacun une Girandole de 5. lumieres.
-Du haut de l'Archivolte , des deux côtez de
chacun des Cartouches , tomboient des Rideaux
peints en noir , retroussez au- dessous des Impostés
, tombant en chutes le long de l'arriere-
Corps des Pilastres ; le tout orné de Franges et de
Cordons en argent et semez de Larmes , &c. Les
appuis des ouvertures des côtez de 3. pieds de
haut , le milieu plus élevé et orné au- dessus
de l'élevation , d'un Vase en argent et fond
noir , portant une Piramide de 21. lumieres ;
du pied des Vases tomboient des Festons de
Cyprès en or , accompagnez les uns de deux
Figures rehaussées d'argent , tenant des flam
beaux éteints , et d'autres alternativement ,
avec
FEVRIER. 1733. 391
avec des Lions , comme supports des Armes .
Le Plafond des Stales avoit une Moulure dorée
au Pourtour , sur laquelle regnoit une Bordure
de Trefles en forme de bandeau de Couronnes;
chaque Treffe portant une bougie derriere.
un filet de lumieres ; devant chaque Pilastre et
en retour du Jubé , une Girandole de sept lumieres
, qui interrompoit par Groupes la Bordure de
lumieres.
Du dessous de la Moulure des Stales tomboit
le troisiéme lez de velours , de même arrangement
d'Armes et de Chiffres que le premier , semé
de même , ayant de surplus des Festons herminez
de distance en distance , et qui enveloppoient
les Cartouches qui étoient sur le lez de
velours.
L'Autel étoit surmonté d'un Dais de 12. pieds
sur 7. pieds , avec des Campannes dedans et dehors
, en argent , sur fond noir ; les deux chutes
de Rideaux de Satin noir , semé de larmes et entouré
de Frange d'argent , avec 4. Bouquets de
plume en Aigrette , sur les 4. Angles , le Plafond
et la queue croisée de Moire d'argent , et cantonnée
d'Armes ; aux deux Pilastres à côté tomboient
des Trophées des Instrumens qui servent aux
Cerémonies Mortuaires ; ces deux Pilastres accompagnez
et soutenus par deux grandes Consoles
de Marbre blanc , avec une Girandole de
sept branches , posée sur le milieu de la Volutte.
Beux Anges prosternez , rehaussez d'argent ,
sur un Groupe de Nuées , qui répandoient en
partie sur les Consoles le surplus de la Décoration,
faisant simétrie avec le Pourtour du Choeur,
le reste de l'Autel orné avec une magnificence
convenable et éclairé d'un grand nombre de
Cierges , &C.
I ij Toute
392 MERCURE DE FRANCE
Toute cette Décoration avoit été ordonnée
par le Duc de la Trémouille , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy , et exécutée sous
la direction de M. de Selle , Intendant des menus
Plaisirs du Roy , par M. Perrault , Peintre
des Menus Plaisirs de S. M.
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Résumé : Description du Catafalque.
Le texte décrit la décoration d'un catafalque dans une église, organisée par le Duc de la Trémouille et supervisée par M. de Selle et M. Perrault. La façade de l'église était ornée d'une grande tenture noire portant les armoiries et les symboles royaux, notamment ceux du roi de Sardaigne et de l'ordre de Saint-Maurice. Les portes latérales affichaient les chiffres du roi Victor-Amédée dans des cartouches soutenus par des renommées. À l'intérieur, la nef était tendue de drap noir avec des armoiries et des chiffres alternés, rehaussés d'or et d'argent. Le catafalque, situé à deux toises et demie de l'entrée du chœur, était construit sur une estrade de dimensions précises et décoré de têtes de mort, de girandoles et de colonnes ioniques en or et argent. Le tombeau, en marbre de Portore, était soutenu par des consoles dorées et couvert d'un poêle d'étoffe d'or bordé d'hermine. Le pourtour du chœur était structuré en 18 arcades, ornées d'un ordre architectural ionique avec des pilastres et des trophées d'armes. Les chapiteaux étaient décorés de têtes de mort et de drapeaux. Le plafond des stalles était orné de moulures dorées et de girandoles. L'autel était surmonté d'un dais avec des campanes en argent et des trophées d'instruments utilisés lors des cérémonies mortuaires. La décoration était éclairée par un grand nombre de cierges et de lumières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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408
p. 442-452
REMARQUES sur quelques endroits de la neuviéme Lettre du Voyage de Normandie, adressées à M. D. L. R.
Début :
J'ai lû, Monsieur, avec bien du plaisir, la Relation que vous avez donnée jusqu'icy [...]
Mots clefs :
Auxerre, Bayeux, Normandie, Renobert, Saints, Église, Églises, Confraternité, Mémoires, Diocèse, Reliques, Chasuble, Exupère, Dom Mabillon
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texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur quelques endroits de la neuviéme Lettre du Voyage de Normandie, adressées à M. D. L. R.
REMARQUES sur quelques endroits
de la neuviéme Lettre du l'oyage de Nor
mandie , adressées à M. D. L. R.
J
'ai lû , Monsieur , avec bien du plaisir,
la Relation que vous avez donnée jusqu'icy
en neuf Lettres , du Voïage que
Vous
MARS. 1733.
443
Vous avez fait en Normandie. La derniere
qui a paru dans le Mercure d'Oc
tobre dernier , m'a plus frappé que les
autres , parce qu'elle roule entierement
sur une Ville où j'ai été avant que j'eusse
atteint l'âge de vingt ans , uniquement
dans le dessein de trouver la verité autant
qu'elle peut se manifester à un jeune homme.
Vous n'y parlez presque que de Ba
yeux ; vous y nommez S. Renobert, Evê
que de cette Ville ; vous y dites un mot
de sa Chasuble et du Coffre d'Ivoire qui
la renferme ; toutes choses que j'avois
vûës dès le mois d'Octobre de l'année
1707. Je ne ferai pas comme les deux
Ecrivains qui ont profité des Remarques
que vous avez publiées dans les Mémoires
de Trévoux,d'Octobre 1714,sans vous
citer aucunement , & c. Pour moi je vous
avoüerai qu'ayant recherché tout ce qu'on
pouvoit dire de S. Renobert , sept ans
avant que vous en parlassiez , j'ai profité
depuis , avec grand plaisir , de ce que
j'en trouvai dans ces Mémoires , aussiqu'il
parût.
Il s'étoit élevé icy en 1709. we dispute
au sujet du siecle où ce Saint avoit vécu.
On écrivit vivement sur cette matiere ;
et chacun cherchoit des authoritez pour
appuier son sentiment. Comme la parcie
B vj Vic444
MERCURE DE FRANCE
victorieuse a été celle qui ne plaçoit ce
Saint qu'au 7 siécle , et non au 3 *, ni au
4 ; il a été naturel de faire une honorable
mention de l'observation qui parut
depuis dans les Mémoires de Trévoux
puisqu'elle étoit conforme au sentiment
que j'avois soutenu . Je ne sçavois pas ;
M ', que ce fut vous qui y eussiez donné
occasion ni que vous eussiez suivi d'abord
la Chronologie ordinaire de Bayeux.'
Je vous félicite donc aujourd'hui de ce
que vous vous trouvez réuni au sentiment
des Sçavans Bollandistes , qui a été
suivi par Dom Mabillon , par M. Baillet,
au 16 May ,par M. l'Abbé Chastellain , dans
son Martyrologe Universel, par le nouveau
Breviaire d'Auxerre de l'an 1726. par les
Auteurs du Martyrologe de Paris , de
l'an 1727. et qui vrai -semblablement le
sera aussi par les Continuateurs de Gallia
Christiana ; au moins étoit - ce le sentiment
vers lequel inclinoit dès l'an 171 26
Dom Denys de Sainte Marthe , votre illustre
ami , suivant ce qu'il m'en écrivit
alors. La Note que vous avez mise au bas
de la page 2122. de votre dernier Journal
, démontre que vous méprisez la Chro
nologie de l'Histoire moderne de l'Eglise
de Bayeux , puisque vous dites qu'el
le est rejettée par les meilleurs Critiques ,
MARS. 1733. 445
et que S. Renobert assista en 630. à un
Concile de Reims.
La Morlieze se plaignoit autrefois dans
ses Antiquitez d'Amiens , de ce que les
Ecrivains du Catalogue des Evêques
d'Amiens , ont arrangé ces Evêques , plus
secundùm gradum sanctitatis , quam antiquitatis.
C'est ce qui est arrivé à Bayeux,
et qui a induit en erreur , jusqu'à faire
fabriquer une Légende où l'on avance que
S.Renobert fut sacré à Brive la Gaillarde,
par S. Saturnin,Evêque de Toulouse. Hors
dans les Diocèses dans de Bayeux , d'Auxerre,
et de Besançon, cette Légende ne se retrouve
gueres de nos jours ; je doute que
vous puissiez la rencontrer dans Paris.
L'endroit le plus voisin de cette Ville où
je me ressouviens de l'avoir vûë dans un
Manuscrit de 500 ans , est l'Abbaye de
S. Yved de Braine , en Soissonnois ; elle Y
est contenue dans tout son fabuleux.
J'ai composé autrefois une longue Dissertation
, pour servir à épurer les Traditions
du Païs Bessin , touchant ce Saint.
Prelat. C'est le premier de mes Ouvrages
, et le fruit du voyage que je fis à
Bayeux il y a 25 ans. J'en ai donné communication
à des Sçavans du Clergé de la
même Ville , qui m'ont déclaré n'avoir
jamais ajouté plus de foy à la tradition
Bes
446 MERCURE DE FRANCE
*
>
Bessine des derniers siècles , qu'à celle
qui s'étoit glissée à Paris , sur S. Denys ,
et ils m'ont prié de la rendre publique.
Je n'ai pas oublié d'y parler de la Chasuble
de ce Saint , que j'eus l'honneur de
voir , et qu'on m'assura avoir été regardée
par Dom Mabillon , comme infiniment
plus authentique que l'Etole et le
Manipule qu'on y joignoit. Elle est d'étoffe
de soye , à fond bleu , semée d'espece
de Tréfles , de couleur blanche. Je remarquai
sur l'Etole , qui est d'une étoffe
différente, une semence de Perles . M.Hermant
, que je vis alors dans sa Cure de
Maltor , proche Caën , n'en sçavoit pas
plus que moi , sur toutes ces choses ; et
il me déclara qu'il ne travailloit que sur
les Mémoires d'un Chanoine moderne
de Bayeux. On pourroit croire que l'Etoffe
de cette Chasuble auroit simplement
servi à couvrir les Ossemens de S. Renobert
depuis son décès , et qu'elle seroit
celle- là même que la Reine Ermentrude,
Epouse de Charles le Chauve, envoya,
sans être obligé de faire remonter son antiquité
jusqu'au septiéme siecle. On a
quelques exemples d'autres Etoffes , qui
ont servi de Poile aux Sépulcres des
* M. Hermant , Curé de Maltot , qui a écris
ene Histoire imparfaite du Diocèse de Bayeux.
Saints
MAR S. 1733. 447
Saints , et qui ont pris la dénomination
de ces mêmes Saints , en qualité de Manteau
ou de Voile , ou sous tel autre nom
qu'on a voulu leur donner après les avoir
mises en oeuvre. Au reste , ces sortes de
Reliques n'en sont pas moins vénérables
quand même eiles n'auroient pas servi
aux Saints dès leur vivant , mais seulement
après leur mort , témoins l'honneur
que les Catahois rendent au Voile du
Cercueil de Sainte Agathe ; les Auxerrois
,au Suaire de 5.Germain et la confiance
que ces peuples ont dans ces Reliques.
Quant à l'Inscription Arabe du petit of
fre qui renferme la Chasuble de S. Renobert
, vous êtes certainement le premier
qui avez appris au Public , l'explication
qui en a été faite par une personne tresentenduë.
Vous ne marquez point , Monsieur , si
c'est le Cartulaire de l'Evêché de Bayeux,
qui dit que l'ancienne confraternité de
P'Eglise Cathedrale de la même Ville
avec celle d'Auxerre , est fondée sur ce
que S. Exupere venant d'Italie passa par
la Ville d'Auxerre , et y prêcha le Christianisme
. Rien de plus vrai que l'existence
de cette ancienne confraternité; j'en ai
des preuves de plusieurs siecles ; mais il
n'y a pas d'apparence qu'elle soit établie
Suf
448 MERCURE DE FRANCE
-
sur le motif que vous citez , qui n'est
peut-être , qu'une simple conjecture des
Chanoines de Bayeux. Si le passage de
S. Exupere par notre Ville , étoit un fondement
suffisant pour une confraternité ,
pourquoi n'en eussions nous point eu
avec Messieurs du Chapitre de Rouen ,
puisque S. Mellon , leur premier Evêque ,
passa aussi par Auxerre en venant de
Rome , et qu'il y fit même une guérison
miraculeuse, rapportée dans sa vie ? Pourquoi
ne serions-nous pas en pareille liaison
avec les Chapitres de Lyon et de
Marseille, puisque notre premier Evêque ,
S. Pérégrin , y passa en venant icy , et eut
la gloire d'y prêcher de la même maniere
, le Christianisme , selon ses Actes ?
Ce n'est donc point sur le passage de
S. Exupere qu'est fondée la confraternité
des Eglises d Bayeux et d'Auxerre , quand
même on le croiroit ainsi à Bayeux ; mais
sur une raison plus recevable, et qui a fait
naître de semblables confraternitez entre
plusieurs autres Eglises. C'est que nous
possedons les Reliques de quelques - uns
de leurs Saints fameux , ou qu'ils posscdent
celles de quelques - uns des nôtres .
C'est sur ce principe que les Eglises de
Beauvais et d'Auxerre sont en confraternité
Le Corps de S. Just , Enfant
natif
MARS. 17337 445
·
,
natif d'Auxerre , repose dans la Cathe
drale de Beauvais , excepté sa tête , qui
fut transportée à Auxerre du Lieu du
Beauvoisis , où il avoit souffert le Martyre
. Ce motif est spécifié dans l'acte de
rénovation , dont on trouvera des vestitiges
dans les Registres du Chapitre de
Beauvais , au 18 Juin 1646. C'est ainsi
qu'en Espagne , les Chanoines de Saragoce
, et ceux de S. Vincent de la Rode, sont
en association dès l'an 1171. en considération
du Chef de S. Valere , Evêque de
Saragoce a. Si le passage d'un Saint pouvoit
influer dans l'origine des Confraternitez
d'Eglises éloignées , telles que sont
celles de Bayeux et d'Auxerre ; il y auroit
plus d'apparence que ce seroit celui de
S. Germain , dans le Diocèse de Bayeux ,
qui avoit contribué à cette liaison , parce
que ce grand nombre d'Eglises qui sont
sous ce nom dans la Basse - Normandie,est
une preuve que dans l'un de ses deux
Voyages de la Grande- Bretagne, il a passé
dans le Païs Bessin , en allant ou en reve
nant. On ne craint point même de montrer
à une petite lieuë de Bayeux , dans
l'Eglise du Village de Guéron, une Nappe
d'Autel , sur laquelle on dit qu'il a
célébré en passant .
2 Castellan . Bimestr. Januar. 29. pag. 444.
Mais
450 MERCURE DE FRANCE
•
que
Mais sans remonter si - haut , il y a infi
niment plus d'apparence que l'union des
Eglises d'Auxerre et de Bayeux vient du
transport fait autrefois des Reliques de
S. Renobert , celebre Evêque de cette
derniere Ville , et de S. Zénon , son Diacre
, dans fa Ville et dans le Diocèse
d'Auxerre . Leur culte y devint si fameux ,
dès le commencement du treiziéme
siécle , la seconde Paroisse de la Cité
d'Auxerre , dans laquelle est contenuë
une bonne partie du Cloître des Chanoines
, étoit sous l'invocation de ce Saint
Prélat , comme elle l'est encore aujourd'hui
. De là vient que dans la Cathédra
le et dans le Diocèse d'Auxerre on a fair
de immémorial , et au moins de- temps
puis 500 ans , l'Office de S. Renobert , et
qu'il y a plusieurs Autels de son nom ;
au lieu que jamais il n'y a été fait men
tion de S. Exupere , et qu'il n'y a aucun
Autel connu sous son invocation .
Outre l'Inscription Mahometane que
Vous avez publiée , tirée de dessus le Coffre
d'Ivoire du Trésor de Bayeux , j'au
rois souhaité que vous eussiez remarqué
dans la même Eglise une autre Inscription
bien plus récente, qui consiste en ces
deux Vers :
Cre
MARS. 1733. 45t
Credite mira Dei ; Serpens fuit hic lapis extans s
Sic transformatum Bartholus attulit buc.
L'explication des merveilles de Dieu
dont il y est parlé , est , ce me semble
de la competence des Naturalistes , et de
ceux qui font attention aux pétrifications
singulieres.
Ce n'est pas assez que le R. P. Tournemine
nous ait appris comment ce Coffre
a pû servir dès le neuvième siècle à
renfermer l'Etofe que le Roy Charles le
Chauve et la Reine Ermentrude envoyerent
pour orner les Cercueils ou la Sépulture
des Saints Renobert et Zénon 1
dont les Corps étoient alors réfugiez sur
les confins des Diocèses d'Evreux et de
Lisieux. Il ne seroit pas moins curieux et
important de découvrir le lieu d'où se fit
cet envoi. Charles étoit alors dans un Palais
Royal , appellé Vetera- Domus , que je
croi pouvoir traduire Vieux- Maison , ou
Vieille-Maison . C'est ce que nous tenons
d'un Historien du temps , imprimé au
XII Tome du Spicilege , par un autre
Historien du même siècle , imprimé an
premier Tome de la Bibliotheque des Ma
nuscrits du P. Labbe , pag. 548. et réim
primé beaucoup plus exactement l'année
derniere dans les Actes des Saints ,
du 31
Juil
452 MERCURE DE FRANCE
,
Juillet. On apprend que ce Vieux - Mal
son étoit dans le Païs Roumois : In pago
Rothomagensi. Il seroit donc à désirer que
l'Historien de Rouen , dont vous parlez
à la page 2138. de votre même Lettre ,
fit connoître au Public la situation précise
de cet ancien Palais des Rois de France;
d'autant qu'il n'en est fait aucune merition
dans la Diplomatique de Dom Mabillon
, ni dans la Notice des Gaules de
M. de Valois , non plus que dans le Glossaire
de M. du Cange . L'Eglise du Titre
de S. Germain d'Auxerre , voisine de ce
Palais , selon Héric , peut servir à faciliter
cette découverte ; et si l'on trouve un
Vieux Maison au Païs Roumois , avec
une Eglise ou Chapelle de ce Titre , qui
en soit peu éloignée , on sera suffisamment
assuré de la position de cette Mai-
´son Royale, qui est restée inconnuë jusqu'icy.
CommeCharles y tenoit ses Plaids ,
dans le temps de sa dévotion envers S.Renobert
, il me paroît que la chose est assez
importante pour mériter d'être débroüillées
et puisque dès le neuviéme siecle , ce
Palais étoit très - ancien , selon que son
nom le marque, il pouvoit avoir été bâti
sous la premiere Race de nos Rois , et
peut- être dès le temps des Romains . Je
suis , Monsieur , & c.
A Auxerre , ce 20 Novombre 1732 .
de la neuviéme Lettre du l'oyage de Nor
mandie , adressées à M. D. L. R.
J
'ai lû , Monsieur , avec bien du plaisir,
la Relation que vous avez donnée jusqu'icy
en neuf Lettres , du Voïage que
Vous
MARS. 1733.
443
Vous avez fait en Normandie. La derniere
qui a paru dans le Mercure d'Oc
tobre dernier , m'a plus frappé que les
autres , parce qu'elle roule entierement
sur une Ville où j'ai été avant que j'eusse
atteint l'âge de vingt ans , uniquement
dans le dessein de trouver la verité autant
qu'elle peut se manifester à un jeune homme.
Vous n'y parlez presque que de Ba
yeux ; vous y nommez S. Renobert, Evê
que de cette Ville ; vous y dites un mot
de sa Chasuble et du Coffre d'Ivoire qui
la renferme ; toutes choses que j'avois
vûës dès le mois d'Octobre de l'année
1707. Je ne ferai pas comme les deux
Ecrivains qui ont profité des Remarques
que vous avez publiées dans les Mémoires
de Trévoux,d'Octobre 1714,sans vous
citer aucunement , & c. Pour moi je vous
avoüerai qu'ayant recherché tout ce qu'on
pouvoit dire de S. Renobert , sept ans
avant que vous en parlassiez , j'ai profité
depuis , avec grand plaisir , de ce que
j'en trouvai dans ces Mémoires , aussiqu'il
parût.
Il s'étoit élevé icy en 1709. we dispute
au sujet du siecle où ce Saint avoit vécu.
On écrivit vivement sur cette matiere ;
et chacun cherchoit des authoritez pour
appuier son sentiment. Comme la parcie
B vj Vic444
MERCURE DE FRANCE
victorieuse a été celle qui ne plaçoit ce
Saint qu'au 7 siécle , et non au 3 *, ni au
4 ; il a été naturel de faire une honorable
mention de l'observation qui parut
depuis dans les Mémoires de Trévoux
puisqu'elle étoit conforme au sentiment
que j'avois soutenu . Je ne sçavois pas ;
M ', que ce fut vous qui y eussiez donné
occasion ni que vous eussiez suivi d'abord
la Chronologie ordinaire de Bayeux.'
Je vous félicite donc aujourd'hui de ce
que vous vous trouvez réuni au sentiment
des Sçavans Bollandistes , qui a été
suivi par Dom Mabillon , par M. Baillet,
au 16 May ,par M. l'Abbé Chastellain , dans
son Martyrologe Universel, par le nouveau
Breviaire d'Auxerre de l'an 1726. par les
Auteurs du Martyrologe de Paris , de
l'an 1727. et qui vrai -semblablement le
sera aussi par les Continuateurs de Gallia
Christiana ; au moins étoit - ce le sentiment
vers lequel inclinoit dès l'an 171 26
Dom Denys de Sainte Marthe , votre illustre
ami , suivant ce qu'il m'en écrivit
alors. La Note que vous avez mise au bas
de la page 2122. de votre dernier Journal
, démontre que vous méprisez la Chro
nologie de l'Histoire moderne de l'Eglise
de Bayeux , puisque vous dites qu'el
le est rejettée par les meilleurs Critiques ,
MARS. 1733. 445
et que S. Renobert assista en 630. à un
Concile de Reims.
La Morlieze se plaignoit autrefois dans
ses Antiquitez d'Amiens , de ce que les
Ecrivains du Catalogue des Evêques
d'Amiens , ont arrangé ces Evêques , plus
secundùm gradum sanctitatis , quam antiquitatis.
C'est ce qui est arrivé à Bayeux,
et qui a induit en erreur , jusqu'à faire
fabriquer une Légende où l'on avance que
S.Renobert fut sacré à Brive la Gaillarde,
par S. Saturnin,Evêque de Toulouse. Hors
dans les Diocèses dans de Bayeux , d'Auxerre,
et de Besançon, cette Légende ne se retrouve
gueres de nos jours ; je doute que
vous puissiez la rencontrer dans Paris.
L'endroit le plus voisin de cette Ville où
je me ressouviens de l'avoir vûë dans un
Manuscrit de 500 ans , est l'Abbaye de
S. Yved de Braine , en Soissonnois ; elle Y
est contenue dans tout son fabuleux.
J'ai composé autrefois une longue Dissertation
, pour servir à épurer les Traditions
du Païs Bessin , touchant ce Saint.
Prelat. C'est le premier de mes Ouvrages
, et le fruit du voyage que je fis à
Bayeux il y a 25 ans. J'en ai donné communication
à des Sçavans du Clergé de la
même Ville , qui m'ont déclaré n'avoir
jamais ajouté plus de foy à la tradition
Bes
446 MERCURE DE FRANCE
*
>
Bessine des derniers siècles , qu'à celle
qui s'étoit glissée à Paris , sur S. Denys ,
et ils m'ont prié de la rendre publique.
Je n'ai pas oublié d'y parler de la Chasuble
de ce Saint , que j'eus l'honneur de
voir , et qu'on m'assura avoir été regardée
par Dom Mabillon , comme infiniment
plus authentique que l'Etole et le
Manipule qu'on y joignoit. Elle est d'étoffe
de soye , à fond bleu , semée d'espece
de Tréfles , de couleur blanche. Je remarquai
sur l'Etole , qui est d'une étoffe
différente, une semence de Perles . M.Hermant
, que je vis alors dans sa Cure de
Maltor , proche Caën , n'en sçavoit pas
plus que moi , sur toutes ces choses ; et
il me déclara qu'il ne travailloit que sur
les Mémoires d'un Chanoine moderne
de Bayeux. On pourroit croire que l'Etoffe
de cette Chasuble auroit simplement
servi à couvrir les Ossemens de S. Renobert
depuis son décès , et qu'elle seroit
celle- là même que la Reine Ermentrude,
Epouse de Charles le Chauve, envoya,
sans être obligé de faire remonter son antiquité
jusqu'au septiéme siecle. On a
quelques exemples d'autres Etoffes , qui
ont servi de Poile aux Sépulcres des
* M. Hermant , Curé de Maltot , qui a écris
ene Histoire imparfaite du Diocèse de Bayeux.
Saints
MAR S. 1733. 447
Saints , et qui ont pris la dénomination
de ces mêmes Saints , en qualité de Manteau
ou de Voile , ou sous tel autre nom
qu'on a voulu leur donner après les avoir
mises en oeuvre. Au reste , ces sortes de
Reliques n'en sont pas moins vénérables
quand même eiles n'auroient pas servi
aux Saints dès leur vivant , mais seulement
après leur mort , témoins l'honneur
que les Catahois rendent au Voile du
Cercueil de Sainte Agathe ; les Auxerrois
,au Suaire de 5.Germain et la confiance
que ces peuples ont dans ces Reliques.
Quant à l'Inscription Arabe du petit of
fre qui renferme la Chasuble de S. Renobert
, vous êtes certainement le premier
qui avez appris au Public , l'explication
qui en a été faite par une personne tresentenduë.
Vous ne marquez point , Monsieur , si
c'est le Cartulaire de l'Evêché de Bayeux,
qui dit que l'ancienne confraternité de
P'Eglise Cathedrale de la même Ville
avec celle d'Auxerre , est fondée sur ce
que S. Exupere venant d'Italie passa par
la Ville d'Auxerre , et y prêcha le Christianisme
. Rien de plus vrai que l'existence
de cette ancienne confraternité; j'en ai
des preuves de plusieurs siecles ; mais il
n'y a pas d'apparence qu'elle soit établie
Suf
448 MERCURE DE FRANCE
-
sur le motif que vous citez , qui n'est
peut-être , qu'une simple conjecture des
Chanoines de Bayeux. Si le passage de
S. Exupere par notre Ville , étoit un fondement
suffisant pour une confraternité ,
pourquoi n'en eussions nous point eu
avec Messieurs du Chapitre de Rouen ,
puisque S. Mellon , leur premier Evêque ,
passa aussi par Auxerre en venant de
Rome , et qu'il y fit même une guérison
miraculeuse, rapportée dans sa vie ? Pourquoi
ne serions-nous pas en pareille liaison
avec les Chapitres de Lyon et de
Marseille, puisque notre premier Evêque ,
S. Pérégrin , y passa en venant icy , et eut
la gloire d'y prêcher de la même maniere
, le Christianisme , selon ses Actes ?
Ce n'est donc point sur le passage de
S. Exupere qu'est fondée la confraternité
des Eglises d Bayeux et d'Auxerre , quand
même on le croiroit ainsi à Bayeux ; mais
sur une raison plus recevable, et qui a fait
naître de semblables confraternitez entre
plusieurs autres Eglises. C'est que nous
possedons les Reliques de quelques - uns
de leurs Saints fameux , ou qu'ils posscdent
celles de quelques - uns des nôtres .
C'est sur ce principe que les Eglises de
Beauvais et d'Auxerre sont en confraternité
Le Corps de S. Just , Enfant
natif
MARS. 17337 445
·
,
natif d'Auxerre , repose dans la Cathe
drale de Beauvais , excepté sa tête , qui
fut transportée à Auxerre du Lieu du
Beauvoisis , où il avoit souffert le Martyre
. Ce motif est spécifié dans l'acte de
rénovation , dont on trouvera des vestitiges
dans les Registres du Chapitre de
Beauvais , au 18 Juin 1646. C'est ainsi
qu'en Espagne , les Chanoines de Saragoce
, et ceux de S. Vincent de la Rode, sont
en association dès l'an 1171. en considération
du Chef de S. Valere , Evêque de
Saragoce a. Si le passage d'un Saint pouvoit
influer dans l'origine des Confraternitez
d'Eglises éloignées , telles que sont
celles de Bayeux et d'Auxerre ; il y auroit
plus d'apparence que ce seroit celui de
S. Germain , dans le Diocèse de Bayeux ,
qui avoit contribué à cette liaison , parce
que ce grand nombre d'Eglises qui sont
sous ce nom dans la Basse - Normandie,est
une preuve que dans l'un de ses deux
Voyages de la Grande- Bretagne, il a passé
dans le Païs Bessin , en allant ou en reve
nant. On ne craint point même de montrer
à une petite lieuë de Bayeux , dans
l'Eglise du Village de Guéron, une Nappe
d'Autel , sur laquelle on dit qu'il a
célébré en passant .
2 Castellan . Bimestr. Januar. 29. pag. 444.
Mais
450 MERCURE DE FRANCE
•
que
Mais sans remonter si - haut , il y a infi
niment plus d'apparence que l'union des
Eglises d'Auxerre et de Bayeux vient du
transport fait autrefois des Reliques de
S. Renobert , celebre Evêque de cette
derniere Ville , et de S. Zénon , son Diacre
, dans fa Ville et dans le Diocèse
d'Auxerre . Leur culte y devint si fameux ,
dès le commencement du treiziéme
siécle , la seconde Paroisse de la Cité
d'Auxerre , dans laquelle est contenuë
une bonne partie du Cloître des Chanoines
, étoit sous l'invocation de ce Saint
Prélat , comme elle l'est encore aujourd'hui
. De là vient que dans la Cathédra
le et dans le Diocèse d'Auxerre on a fair
de immémorial , et au moins de- temps
puis 500 ans , l'Office de S. Renobert , et
qu'il y a plusieurs Autels de son nom ;
au lieu que jamais il n'y a été fait men
tion de S. Exupere , et qu'il n'y a aucun
Autel connu sous son invocation .
Outre l'Inscription Mahometane que
Vous avez publiée , tirée de dessus le Coffre
d'Ivoire du Trésor de Bayeux , j'au
rois souhaité que vous eussiez remarqué
dans la même Eglise une autre Inscription
bien plus récente, qui consiste en ces
deux Vers :
Cre
MARS. 1733. 45t
Credite mira Dei ; Serpens fuit hic lapis extans s
Sic transformatum Bartholus attulit buc.
L'explication des merveilles de Dieu
dont il y est parlé , est , ce me semble
de la competence des Naturalistes , et de
ceux qui font attention aux pétrifications
singulieres.
Ce n'est pas assez que le R. P. Tournemine
nous ait appris comment ce Coffre
a pû servir dès le neuvième siècle à
renfermer l'Etofe que le Roy Charles le
Chauve et la Reine Ermentrude envoyerent
pour orner les Cercueils ou la Sépulture
des Saints Renobert et Zénon 1
dont les Corps étoient alors réfugiez sur
les confins des Diocèses d'Evreux et de
Lisieux. Il ne seroit pas moins curieux et
important de découvrir le lieu d'où se fit
cet envoi. Charles étoit alors dans un Palais
Royal , appellé Vetera- Domus , que je
croi pouvoir traduire Vieux- Maison , ou
Vieille-Maison . C'est ce que nous tenons
d'un Historien du temps , imprimé au
XII Tome du Spicilege , par un autre
Historien du même siècle , imprimé an
premier Tome de la Bibliotheque des Ma
nuscrits du P. Labbe , pag. 548. et réim
primé beaucoup plus exactement l'année
derniere dans les Actes des Saints ,
du 31
Juil
452 MERCURE DE FRANCE
,
Juillet. On apprend que ce Vieux - Mal
son étoit dans le Païs Roumois : In pago
Rothomagensi. Il seroit donc à désirer que
l'Historien de Rouen , dont vous parlez
à la page 2138. de votre même Lettre ,
fit connoître au Public la situation précise
de cet ancien Palais des Rois de France;
d'autant qu'il n'en est fait aucune merition
dans la Diplomatique de Dom Mabillon
, ni dans la Notice des Gaules de
M. de Valois , non plus que dans le Glossaire
de M. du Cange . L'Eglise du Titre
de S. Germain d'Auxerre , voisine de ce
Palais , selon Héric , peut servir à faciliter
cette découverte ; et si l'on trouve un
Vieux Maison au Païs Roumois , avec
une Eglise ou Chapelle de ce Titre , qui
en soit peu éloignée , on sera suffisamment
assuré de la position de cette Mai-
´son Royale, qui est restée inconnuë jusqu'icy.
CommeCharles y tenoit ses Plaids ,
dans le temps de sa dévotion envers S.Renobert
, il me paroît que la chose est assez
importante pour mériter d'être débroüillées
et puisque dès le neuviéme siecle , ce
Palais étoit très - ancien , selon que son
nom le marque, il pouvoit avoir été bâti
sous la premiere Race de nos Rois , et
peut- être dès le temps des Romains . Je
suis , Monsieur , & c.
A Auxerre , ce 20 Novombre 1732 .
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Résumé : REMARQUES sur quelques endroits de la neuviéme Lettre du Voyage de Normandie, adressées à M. D. L. R.
En mars 1733, l'auteur écrit à M. D. L. R. pour exprimer son plaisir d'avoir lu neuf lettres relatant un voyage en Normandie, notamment la dernière parue dans le Mercure d'octobre précédent, qui traite de Bayeux. L'auteur, ayant visité Bayeux avant l'âge de vingt ans, mentionne que cette lettre évoque l'évêque Saint Renobert, sa chasuble et le coffre d'ivoire qui la contient, des éléments qu'il a observés en octobre 1707. L'auteur a mené des recherches sur Saint Renobert sept ans avant la publication de M. D. L. R. et a apprécié les informations des Mémoires de Trévoux d'octobre 1714. Il note une controverse sur le siècle auquel appartenait Saint Renobert, avec des débats en 1709. La version victorieuse le place au VIIe siècle, conformément aux Bollandistes, Dom Mabillon et d'autres érudits. L'auteur félicite M. D. L. R. pour son alignement avec cette chronologie, rejetant celle de l'Histoire moderne de l'Église de Bayeux. La lettre aborde également des légendes locales, comme celle de la consécration de Saint Renobert à Brive-la-Gaillarde par Saint Saturnin, une légende peu répandue. L'auteur mentionne une dissertation qu'il a écrite pour épurer les traditions du pays Bessin concernant Saint Renobert et discute de la chasuble du saint, vue par Dom Mabillon et décrite comme plus authentique que d'autres reliques. Enfin, la lettre traite des confraternités entre les églises de Bayeux et d'Auxerre, remettant en question la raison officielle de cette liaison et suggérant qu'elle pourrait être due au transfert des reliques de Saint Renobert et de Saint Zénon. L'auteur exprime également son souhait de voir des recherches supplémentaires sur un ancien palais royal mentionné dans les sources historiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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409
p. 454-458
EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, au mois de Décembre 1732. sur l'état de la Religion en Moscovie.
Début :
On a imprimé dans la Gazette d'Amsterdam, du 25. Novembre dernier, [...]
Mots clefs :
Russie, Religion, Ribera, Clergé, Église, Luthériens, Libelle, Moscovie
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, au mois de Décembre 1732. sur l'état de la Religion en Moscovie.
EXTRAIT d'une Lettre écrite aux
Auteurs du Mercure , au mois de Décembre
1732. sur l'état de la Religion
en Moscovie.
O
Na imprimé dans la Gazette
d'Amsterdam , du 25. Novembre
dernier , une nouvelle qui fait le principal
sujet de cette Lettre. Cette Nouvelle
est ainsi énoncée. On écrit de Pesersbourg,
qu'on y avoit arrêté plusieurs personnes
à l'occasion d'un Libelle rempli d'in-
Vectives
MARS. 1733. 455
vectives contre les Protestans , et adressé an
Clergé de Russie.
La Moscovie fait aujourd'hui une figure
trop considerable dans l'Europe , et
la Religion Catholique est trop interessée
dans ce qui se passe au sujet du prétendu
Libelle , pour qu'on ne soit pas bien aise
de trouver dans votre Journal un petit
Commentaire , sur les paroles qui viennent
d'être rapportées .
Tout ce qu'il y a de veritables et de
zelez Moscovites , est aussi éloigné des
erreurs des Luthériens , qu'attaché au
Schisme qui les divise de l'Eglise Romaine
; mais la multitude des Luthériens
et des Calvinistes , qui depuis le Regne
de Pierre I. a commencé d'inonder la
Russie , a fait craindre au Clergé de cet
Empire , que leurs erreurs ne s'y introduisent
avec eux ; et 1Evenement n'a
que trop justifié cette crainte . Pour prévenir
ce malheur , le dernier Archevêque
de Resan , qui sous le titre d'Exarque
, étoit l'Administrateur du Patriar
chat , que le Czar a enfin aboli , et qui
étoit un Prélat également cher et rèspectable
à tous les Russes , composa un
Ouvrage en sa Langue , qu'il intitula :
Petra Fidei , et qui devoit être un préservatif
contre l'entrée et le progrès du
Lu
456 MERCURE DE FRANCE
Lutheranisme dans l'Eglise Grecque .
Cet Ouvrage allarma les Luthériens ,
qui y firent faire une Réponse par François
Buddée , l'un de leurs plus habiles
Professeurs ; c'est du moins sous son nom.
que l'Ouvrage a parû. Cette prétenduë
Apologie étant tombée entre les mains
du R. P. Ribera , Dominiquain , Docteur
en Théologie , qui avoit accompàgné
M. le Duc de Liria , Ambassadeur
de S. M. C. à la Cour de Russie , en
qualité d'Aumônier , avec le titre de
Missionnaire Apostolique ; le zele de ce
Pere s'enflamma à la vûe d'un Ouvrage
où la Religion Catholique , n'est , à la
verité , que foiblement attaquée , mais
où la passion prodiguoit les plus grossieres
calomnies , et n'épargnoit aucune
de ces expressions odieuses , dont les honnêtes
gens dans le Parti Luthérien ont
toûjours rougi.
L. P. Ribera répondit donc à cette
'Apologie ; il communiqua sa Réponse ,
avant que de la publier à des Personnes
du premier Rang dans le Clergé de
Russie , et l'Approbation unanime qu'ils
y donnerent le détermina à la dédier à
l'Imperatrice de Russie même.
La Cour de Moscovie n'auroit jamais
fait des affaires aux Partisans de cet Ouvrage
MARS. 17336
457
vrage , et n'en auroit pas même porté
ses plaintes dans des Cours Etrangeres
,
si le Ministere n'étoit composé que de
Membres
de l'Eglise Grecque ; voilà ce
que c'est que le prétendu Libelle dont
il est parlé dans la Gazette citée cy -dessus ."
Si vous voulez , avant que d'imprimer
ma Lettre , avoir une plus ample connoissance
de l'Ouvrage du P. Ribera ,.
vous en trouverez un Exemplaire chez
le R. P. le Quien , sçavant et celebre Do
miniquain du Convent de la Ruë S. Ho-'
noré , il se fera , sans doute , un plaisir
de vous le communiquer
. Je crois que
Pinterêt de la Religion doit engager les
Auteurs de differens Journaux Litteraires
d'en donner un Extrait.
Quoique ce ne soit pas le P. Ribera
qui vous écrit cette Lettre , si vous avez
besoin de quelques éclaircissemens sur
son contenu , vous pouvez vous adresser
à lui en droiture dans son Convent
à Vienne en Autriche , d'où je vous écris
ce 20 , Décembre 1732.
Je vous envoye en même-temps une
Traduction ou Imitation des fameux Vers
de Seneque. Stet quicumque volet , &c.
Elle a été faite pour le fameux Maréchal
Guy' de Staremberg , qui répetoit continuellement
et s'étoit appliqué ces Vers ;
Ç c'est
458 MERCURE DE FRANCE
que
c'est lui
le Traducteur
fait parler.
Avant que de publier la Lettre dont
on vient de lire l'Extrait , nous avons
cr devoir la communiquer
au R. P le
Quien, qui a bien voulu nous envoyer les
Observations
suivantes ,
Auteurs du Mercure , au mois de Décembre
1732. sur l'état de la Religion
en Moscovie.
O
Na imprimé dans la Gazette
d'Amsterdam , du 25. Novembre
dernier , une nouvelle qui fait le principal
sujet de cette Lettre. Cette Nouvelle
est ainsi énoncée. On écrit de Pesersbourg,
qu'on y avoit arrêté plusieurs personnes
à l'occasion d'un Libelle rempli d'in-
Vectives
MARS. 1733. 455
vectives contre les Protestans , et adressé an
Clergé de Russie.
La Moscovie fait aujourd'hui une figure
trop considerable dans l'Europe , et
la Religion Catholique est trop interessée
dans ce qui se passe au sujet du prétendu
Libelle , pour qu'on ne soit pas bien aise
de trouver dans votre Journal un petit
Commentaire , sur les paroles qui viennent
d'être rapportées .
Tout ce qu'il y a de veritables et de
zelez Moscovites , est aussi éloigné des
erreurs des Luthériens , qu'attaché au
Schisme qui les divise de l'Eglise Romaine
; mais la multitude des Luthériens
et des Calvinistes , qui depuis le Regne
de Pierre I. a commencé d'inonder la
Russie , a fait craindre au Clergé de cet
Empire , que leurs erreurs ne s'y introduisent
avec eux ; et 1Evenement n'a
que trop justifié cette crainte . Pour prévenir
ce malheur , le dernier Archevêque
de Resan , qui sous le titre d'Exarque
, étoit l'Administrateur du Patriar
chat , que le Czar a enfin aboli , et qui
étoit un Prélat également cher et rèspectable
à tous les Russes , composa un
Ouvrage en sa Langue , qu'il intitula :
Petra Fidei , et qui devoit être un préservatif
contre l'entrée et le progrès du
Lu
456 MERCURE DE FRANCE
Lutheranisme dans l'Eglise Grecque .
Cet Ouvrage allarma les Luthériens ,
qui y firent faire une Réponse par François
Buddée , l'un de leurs plus habiles
Professeurs ; c'est du moins sous son nom.
que l'Ouvrage a parû. Cette prétenduë
Apologie étant tombée entre les mains
du R. P. Ribera , Dominiquain , Docteur
en Théologie , qui avoit accompàgné
M. le Duc de Liria , Ambassadeur
de S. M. C. à la Cour de Russie , en
qualité d'Aumônier , avec le titre de
Missionnaire Apostolique ; le zele de ce
Pere s'enflamma à la vûe d'un Ouvrage
où la Religion Catholique , n'est , à la
verité , que foiblement attaquée , mais
où la passion prodiguoit les plus grossieres
calomnies , et n'épargnoit aucune
de ces expressions odieuses , dont les honnêtes
gens dans le Parti Luthérien ont
toûjours rougi.
L. P. Ribera répondit donc à cette
'Apologie ; il communiqua sa Réponse ,
avant que de la publier à des Personnes
du premier Rang dans le Clergé de
Russie , et l'Approbation unanime qu'ils
y donnerent le détermina à la dédier à
l'Imperatrice de Russie même.
La Cour de Moscovie n'auroit jamais
fait des affaires aux Partisans de cet Ouvrage
MARS. 17336
457
vrage , et n'en auroit pas même porté
ses plaintes dans des Cours Etrangeres
,
si le Ministere n'étoit composé que de
Membres
de l'Eglise Grecque ; voilà ce
que c'est que le prétendu Libelle dont
il est parlé dans la Gazette citée cy -dessus ."
Si vous voulez , avant que d'imprimer
ma Lettre , avoir une plus ample connoissance
de l'Ouvrage du P. Ribera ,.
vous en trouverez un Exemplaire chez
le R. P. le Quien , sçavant et celebre Do
miniquain du Convent de la Ruë S. Ho-'
noré , il se fera , sans doute , un plaisir
de vous le communiquer
. Je crois que
Pinterêt de la Religion doit engager les
Auteurs de differens Journaux Litteraires
d'en donner un Extrait.
Quoique ce ne soit pas le P. Ribera
qui vous écrit cette Lettre , si vous avez
besoin de quelques éclaircissemens sur
son contenu , vous pouvez vous adresser
à lui en droiture dans son Convent
à Vienne en Autriche , d'où je vous écris
ce 20 , Décembre 1732.
Je vous envoye en même-temps une
Traduction ou Imitation des fameux Vers
de Seneque. Stet quicumque volet , &c.
Elle a été faite pour le fameux Maréchal
Guy' de Staremberg , qui répetoit continuellement
et s'étoit appliqué ces Vers ;
Ç c'est
458 MERCURE DE FRANCE
que
c'est lui
le Traducteur
fait parler.
Avant que de publier la Lettre dont
on vient de lire l'Extrait , nous avons
cr devoir la communiquer
au R. P le
Quien, qui a bien voulu nous envoyer les
Observations
suivantes ,
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, au mois de Décembre 1732. sur l'état de la Religion en Moscovie.
En décembre 1732, une lettre adressée aux auteurs du Mercure traite de la situation religieuse en Moscovie. Elle fait référence à une nouvelle de la Gazette d'Amsterdam, rapportant l'arrestation de plusieurs personnes à Pesersbourg pour un libelle contenant des attaques contre les protestants, destiné au clergé russe. La Moscovie, en raison de son importance en Europe et des intérêts de la religion catholique, attire une attention particulière concernant ce libelle. Les Moscovites sont décrits comme éloignés des erreurs luthériennes et attachés au schisme qui les sépare de l'Église romaine. Cependant, l'afflux de luthériens et de calvinistes en Russie depuis le règne de Pierre I a inquiété le clergé local, craignant l'introduction de leurs doctrines. Pour contrer cette menace, le dernier archevêque de Resan a composé un ouvrage intitulé 'Petra Fidei' pour protéger l'Église grecque contre le luthéranisme. Cet ouvrage a suscité une réponse de François Budde, un professeur luthérien. La réponse est tombée entre les mains du père Ribera, un dominicain et docteur en théologie, qui a rédigé une réfutation. Cette réfutation a été approuvée par des membres éminents du clergé russe et dédiée à l'impératrice de Russie. La lettre suggère que la cour de Moscovie n'aurait pas réagi si le ministère était composé uniquement de membres de l'Église grecque. L'auteur de la lettre propose aux auteurs du Mercure de consulter le père le Quien pour obtenir un exemplaire de l'ouvrage du père Ribera et en donner un extrait. La lettre se conclut par une traduction des vers de Sénèque, faite pour le maréchal Guy de Starhemberg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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410
p. 458-461
OBSERVATIONS du R. P. le Quien.
Début :
Il paroît par la Réponse que le P. Ribera a publiée contre le Livre du Ministre [...]
Mots clefs :
Église, Exarque, Archevêque, Grecs schismatiques, Doctrine, Ribera, Protestants
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texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS du R. P. le Quien.
OBSERVATIONS du R. P. le Quien.
Il paroît par la Réponse que le P. Ri
bera a publice contre le Livre du Ministre
Luthérien François Buddeus , que
celui de l'Exarque Moscovite est un Ouvrage
de conséquence , et que c'est à bon.
droit que plusieurs Personnes judicieuses
ont écrit ici de ce Pays - là , qu'il est important
pour l'interêt de l'Eglise Catholique
qu'on le traduise en Latin , comme
on a fait en Grec un semblable Ecrit,
mais plus succint , de Pierre Mogilas ,
Archevêque et Métropolitain de la petite
Russie.
L'Ouvrage de l'Archevêque de Rezan ,
est solide et sérieux , très- digne du rang
que son Anteur a tenu dans son Eglise ;
et il n'a mérité d'être traité de Libelle
le Gazetier Hollandois, que parce que
par
ayant été composé pour prémunir ceux
de la Nation Kussienne contre les Nouveautez
pernicieuses qu'on vouloit y semer,
il a été à propos d'entrer dans quelque
M.ARS. 1733
459
que détail de la vie et des moeurs des
premiers Apôtres du nouvel Evangile.
Ce Prélat a crû , avec raison , que les
Moscovites faisant la comparaison de ces
Nouveautez avec les SS. Peres de l'Eglise
, dont ils ont , graces à Dieu , conservé
les Dogies , concevroient pour eux
plus d'éloignement et d'aversion . Rien ;
à la verité , n'est plus mortifiant pour
les Sectes Protestantes , qu'après les tentatives
réïterées et fréquentes qu'ils ont
faites pour introduire leur Doctrine chez
les Grecs Schismatiques , ils n'ayent obtenu
d'eux que des anathêmes , qu'ils
leur ont lancez dans plusieurs Conciles ;
et que dans un vaste Pays comme la Moscovie
, qui a si long - temps été fermé ,
pour ainssi - dire , aux Etrangers , la même
Doctrine que les Catholiques professent
et deffendent contre les Protestans , s'y
soit conservée pute et sans tache jusqu'à
présent.
Avant notre Exarque , Adam Olearius
tout Luthérien obstiné qu'il étoit , ne l'a
pas dissimulé en décrivant ses Voyages.
Il l'a même confirmé dans une Lettre
qu'il écrivit à M. du Cambout de Pont-
Château en 1667. témoignage qu'on ne
sçauroit dire avoir été obtenu par quelque
fraude que ce puisse être ; mais
C ij - donné
460 MERCURE DE FRANCE
donné par une personne non suspecte ,
pour détruire ce qu'un Ministre Calviniste
avoit crû devoir dire , qu'il avoit
écrit cela sans reflexion .
Les Protestans ont traité de Grecs latinisez
, ceux qui ont aussi donné des
témoignages de la conformité de la Doctrine
de leur Eglise avec celle de l'Eglise
Romaine , sur les Articles qui nous divisent
; on les a si solidement réfutez
qu'ils devroient rougir d'alleguer encore
une telle deffaite . C'est un lieu commun
des plus usez ; mais c'est en quoi Buddeus
, qui s'en sert pour s'y retrancher
a fait voir combien la Cause qu'il deffend
est insoutenable. C'est pourtant son
unique ressource , il veut qu'on croye
que l'Exarque Javorski , s'est voulu vens
dre et prostituer aux Romains , en pu
bliant son Ouvrage contre Luther.
Le Livre du P. Ribera merite d'être lû,
en attendant que nous ayions une Traduc
tion exacte de celui de l'Archevêque de
Rezan. Il est intitulé : RESPONSUM ANTAFOLOGETICUM
Ecclesia Catholica contra'
calumniosas Blasphemias Joan, Francisci
Buddei nomine vulgatas in Orthodoxos La
tinos et Gracos , quo PETRÆ FIDEI , à
Stephano Favorskio Resanensi Metropolita
&c. ad evertendum Lutheri Pantheon
jacte
MARS. 1733. 461
6
jacle , repetitus ictus . Datum ad omnes Fideles
et Sereniss . Altiss. et Potentiss. Domina
ANNE JOANNOWE , totius Russia Imperatrici
, & c. dicatum . A. R. P. F. Bernar
do Ribera , Barchinonensi ex Ord. Prad.
Sacra Theol. Doctore et Regio Prof. Publ.
apud Excell. D. Ducem DE LIRIA , &C.
Catholici Hispaniarum Regis Legatum in
Russiam , Missionario Apostolico . VIENNE
Typis Maria Theresia Volgein viduæ ,
Univ. Typogr. M. DCC . XXX I.
Cet ouvrage est d'une érudition exacte
et solide , et beaucoup plus ample que
ne l'est ordinairement celle des Théologiens
Espagnols , qui ne s'appliquent
guere à traiter de la Théologie Dogmatique.
L'Auteur témoigne qu'il ne l'a
publié qu'après l'avoir fait lire et examiner
par les Evêques de Russie , qui l'ont
exhorté à le faire au plutôt imprimer. Les
fréquentes Conférences qu'il a eûës avec
ces Prélats , lui font rendre d'eux ce témoignage
, que , quoiqu'ils se trouvent
aujourd'hui séparez de l'Eglise par la dépendance
où ils ont été de l'Eglise de
Constantinople , qui a fait schisme avec
celle de Rome , il n'a rien trouvé en eux.
de cette aversion et de cette haine que
les Grecs Schismatiques ont marqué dans
leurs Ecrits contre les Latins.
Il paroît par la Réponse que le P. Ri
bera a publice contre le Livre du Ministre
Luthérien François Buddeus , que
celui de l'Exarque Moscovite est un Ouvrage
de conséquence , et que c'est à bon.
droit que plusieurs Personnes judicieuses
ont écrit ici de ce Pays - là , qu'il est important
pour l'interêt de l'Eglise Catholique
qu'on le traduise en Latin , comme
on a fait en Grec un semblable Ecrit,
mais plus succint , de Pierre Mogilas ,
Archevêque et Métropolitain de la petite
Russie.
L'Ouvrage de l'Archevêque de Rezan ,
est solide et sérieux , très- digne du rang
que son Anteur a tenu dans son Eglise ;
et il n'a mérité d'être traité de Libelle
le Gazetier Hollandois, que parce que
par
ayant été composé pour prémunir ceux
de la Nation Kussienne contre les Nouveautez
pernicieuses qu'on vouloit y semer,
il a été à propos d'entrer dans quelque
M.ARS. 1733
459
que détail de la vie et des moeurs des
premiers Apôtres du nouvel Evangile.
Ce Prélat a crû , avec raison , que les
Moscovites faisant la comparaison de ces
Nouveautez avec les SS. Peres de l'Eglise
, dont ils ont , graces à Dieu , conservé
les Dogies , concevroient pour eux
plus d'éloignement et d'aversion . Rien ;
à la verité , n'est plus mortifiant pour
les Sectes Protestantes , qu'après les tentatives
réïterées et fréquentes qu'ils ont
faites pour introduire leur Doctrine chez
les Grecs Schismatiques , ils n'ayent obtenu
d'eux que des anathêmes , qu'ils
leur ont lancez dans plusieurs Conciles ;
et que dans un vaste Pays comme la Moscovie
, qui a si long - temps été fermé ,
pour ainssi - dire , aux Etrangers , la même
Doctrine que les Catholiques professent
et deffendent contre les Protestans , s'y
soit conservée pute et sans tache jusqu'à
présent.
Avant notre Exarque , Adam Olearius
tout Luthérien obstiné qu'il étoit , ne l'a
pas dissimulé en décrivant ses Voyages.
Il l'a même confirmé dans une Lettre
qu'il écrivit à M. du Cambout de Pont-
Château en 1667. témoignage qu'on ne
sçauroit dire avoir été obtenu par quelque
fraude que ce puisse être ; mais
C ij - donné
460 MERCURE DE FRANCE
donné par une personne non suspecte ,
pour détruire ce qu'un Ministre Calviniste
avoit crû devoir dire , qu'il avoit
écrit cela sans reflexion .
Les Protestans ont traité de Grecs latinisez
, ceux qui ont aussi donné des
témoignages de la conformité de la Doctrine
de leur Eglise avec celle de l'Eglise
Romaine , sur les Articles qui nous divisent
; on les a si solidement réfutez
qu'ils devroient rougir d'alleguer encore
une telle deffaite . C'est un lieu commun
des plus usez ; mais c'est en quoi Buddeus
, qui s'en sert pour s'y retrancher
a fait voir combien la Cause qu'il deffend
est insoutenable. C'est pourtant son
unique ressource , il veut qu'on croye
que l'Exarque Javorski , s'est voulu vens
dre et prostituer aux Romains , en pu
bliant son Ouvrage contre Luther.
Le Livre du P. Ribera merite d'être lû,
en attendant que nous ayions une Traduc
tion exacte de celui de l'Archevêque de
Rezan. Il est intitulé : RESPONSUM ANTAFOLOGETICUM
Ecclesia Catholica contra'
calumniosas Blasphemias Joan, Francisci
Buddei nomine vulgatas in Orthodoxos La
tinos et Gracos , quo PETRÆ FIDEI , à
Stephano Favorskio Resanensi Metropolita
&c. ad evertendum Lutheri Pantheon
jacte
MARS. 1733. 461
6
jacle , repetitus ictus . Datum ad omnes Fideles
et Sereniss . Altiss. et Potentiss. Domina
ANNE JOANNOWE , totius Russia Imperatrici
, & c. dicatum . A. R. P. F. Bernar
do Ribera , Barchinonensi ex Ord. Prad.
Sacra Theol. Doctore et Regio Prof. Publ.
apud Excell. D. Ducem DE LIRIA , &C.
Catholici Hispaniarum Regis Legatum in
Russiam , Missionario Apostolico . VIENNE
Typis Maria Theresia Volgein viduæ ,
Univ. Typogr. M. DCC . XXX I.
Cet ouvrage est d'une érudition exacte
et solide , et beaucoup plus ample que
ne l'est ordinairement celle des Théologiens
Espagnols , qui ne s'appliquent
guere à traiter de la Théologie Dogmatique.
L'Auteur témoigne qu'il ne l'a
publié qu'après l'avoir fait lire et examiner
par les Evêques de Russie , qui l'ont
exhorté à le faire au plutôt imprimer. Les
fréquentes Conférences qu'il a eûës avec
ces Prélats , lui font rendre d'eux ce témoignage
, que , quoiqu'ils se trouvent
aujourd'hui séparez de l'Eglise par la dépendance
où ils ont été de l'Eglise de
Constantinople , qui a fait schisme avec
celle de Rome , il n'a rien trouvé en eux.
de cette aversion et de cette haine que
les Grecs Schismatiques ont marqué dans
leurs Ecrits contre les Latins.
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Résumé : OBSERVATIONS du R. P. le Quien.
Le texte relate les observations du R. P. le Quien sur un ouvrage de l'Exarque Moscovite, considéré comme crucial pour l'Église Catholique et digne d'une traduction en latin. Cet ouvrage, rédigé par l'Archevêque de Rezan, est caractérisé par sa solidité et sa sérieux, ayant pour but de défendre les Moscovites contre les nouvelles doctrines protestantes. Les efforts des protestants pour diffuser leur doctrine en Russie ont été infructueux, comme l'a souligné Adam Olearius. Les protestants ont été contredits par des témoignages attestant de la conformité entre la doctrine de l'Église russe et celle de l'Église romaine. Le livre du P. Ribera, intitulé 'RESPONSUM ANTAFOLOGETICUM', est recommandé en attendant une traduction précise de l'ouvrage de l'Archevêque de Rezan. Cet ouvrage est apprécié pour son érudition et son ampleur. Il a été examiné par les évêques de Russie, qui n'ont manifesté aucune hostilité envers les Latins malgré le schisme avec l'Église de Rome.
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411
p. 472-480
LETTRE écrite à M. D. L. R. par M. L. B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, à l'occasion de ce qui est rapporté dans le Mercure du mois de Juin dernier, de la Réception de M. le Comte de Chastellux.
Début :
J'aurois bien souhaité, Monsieur, que le Mémoire qu'on vous a envoyé touchant [...]
Mots clefs :
Église, Auxerre, Chanoine, Chapitre, Ecclesia, Cathédrale, Comte de Chastellux, Chanoines, Tournon, Utrecht, Habits canoniaux
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. D. L. R. par M. L. B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, à l'occasion de ce qui est rapporté dans le Mercure du mois de Juin dernier, de la Réception de M. le Comte de Chastellux.
LETTRE écrite à M. D. L. R. par
M. L. B. Chanoine et Sous -Chantre
d'Auxerre , sur l'usage des Habits Canoniaux
et Militaires , à l'occasion de
ce qui est rapporté dans le Mercure du
mois deJuin dernier , de la Réception de
M. le Comte de Chastellux.
J
' Aurois bien souhaité , Monsieur ,
que
le Mémoire qu'on vous a envoyé touchant
la Réception de M. le Comte de
Chastellux , en qualité de premier Chanoine
Hereditaire de notre Eglise , eût
été plus érendu , pour la satisfaction du
Public , qui goûte assez ces sortes de détails
de Ceremonies rares ; mais cela n'a
pas dépendu de moi , et il a fallu déferer
au sentiment de quelques personnes que
je respecte , qui avoient recommandé la
brieveté .
Je suis bien aise qu'au moins on y ait
inseré l'origine du droit de la Maison de
Chastellux , et qu'on y ait parié de la
Ville de Cravan ou Crevan , conformé
ment aux Titres du XV . Siecle. Le peu
qu'on en dit me confirme dans l'idée que
j'ai eue depuis que j'ai pris connoissance
de
MARS. 1733 .
473
de nos Antiquitez , qu'on a voulu l'honorer
dans l'Eglise d'Aux erre à perpetuité
, par ce droit de Restituteur de la
principale Terre du Chapitre , de même
qu'on y honote le Donateur par des marques
d'une veneration particuliere presque
tous les jours de l'année , depuis le
temps de sa mort , arrivée au X. Siecle.
Ce seroit en effet s'exposer à être taxé
d'ingratitude , que d'en agir autrement :
Alias de ingratitudinis vitio , quod abominabile
meritò judicatur , et à quibusvis
fidelibus , præsertim viris Ecclesiasticis debet
effectualiter abhorreri , possemus non immeritò
reprehendi , disoient nos
Predecesseurs.
Les mêmes personnes qui s'exprimoient
ainsi il y a trois cent ans , te
noient par tradition de ceux qui les
avoient précedez , les marques de gratitude
qu'ils nous ont transmises envers
l'Evêque Guy le Sénonois , le premier de
tous ceux qui ont eu l'Eglise Cathédrale
pour sépulture ; et sa mémoire ne pourra
jamais tomber dans l'oubli , quoique
quelques personnes ayent contribué de
nos jours par inadvertance et peutêtre
sans le vouloir , à faire perdre de
vûë les vestiges qui restent de la reconnoissance
de ce bienfait. Je ne dis rien
sur l'origine de cette donation , qui ne
soit
474 MERCURE DE FRANCE
soit déja tout publié , et dont l'on n'ait
la preuve dans l'Histoire imprimée des
Evêques d'Auxerre aux pages 445. et
446. du premier Volume de la Bibliotheque
des Manuscrits du P. Labbe ,
Jesuite ; et les Etrangers qui examinent
soigneusement les Peintures de l'Eglise
Cathédrale d'Auxerre , ne manquent pas
d'y lire sous la figure de ce Guy, Beatus
Guydo , et d'en conclure quelque chose.
Mais ceci M. n'est pas le sujet de l'apostille
que vous avez faite au Memoire
qui vous fut envoyé au mois de Juin.
Il paroit que vous souhaiteriez sçavoir
si l'usage de voir des habits Militaires ou
Seculiers réunis avec les habits Canoniaux
sur une même personne est ancien , et s'il
est à present singulier à l'Eglise d' Auxerre.
Je ne sçaurois vous parler de l'Antiquité
de cet usage qu'en vous apprenant
en même temps qu'autrefois il n'étoit
pas si rarequil l'est de nos jours . Il étoit
assez commun de voir de gros Seigneurs
Bienfacteurs d'une Eglise avoir rang parmi
les Chanoines et se placer au Choeur
en habit Militaire , même avec des Eperons
et des Armes. Les Statuts du Chapitre
de Toul , compilez l'an 1491. s'expliquent
ainsi au Chapitre IV . Nobiles
Scutiferi et Milites specialiter hujus Ecclesia
M.A R 6. 1733. 479
sia Vassalli , cùm intrant Chorum , admitts
debent portare calcaria et arma ; et collo
cantur inter Archidiaconos et Canonicos ,
quia Defensores sunt Ecclesia pro debito
sue Nobilitatis. Ce petit Monument rédigé
en Latin , n'est point encore si curieux
à lire que celui que M. Baluse a
publié dans ses Preuves de l'Histoire de
la Maison d'Auvergne , à la page 471 .
Pour vous épargner la peine de le consulter
dans le Livre même , je transcrirai
ici en entier la Notice qu'en a donnée
ce celebre Antiquaire .
Extrait des Memoires d'André Duchesne
» Acte en datte du xxvij. Noyembre
1405. en présence de Jean Guineau ,
» Clerc Notaire , par lequel il appert
» comme Noble et Puissant Messire Gui-
» chard Dauphin , Chevalier Baron de
» la Ferté- Chauderon , Seigneur de Jali-
" gny , se transportą à la Porte de l'E-
>> glise Cathédrale de Nevers , les Epe
>> rons dorez chaussez , l'Epée ceinte et
>> le Faucon sur le poing : où étant vin-
>> rent au-devant de lui le College de la
dite Eglise , Chanoines et Chapelains ,
revétus de Chappes , avec la Croix
» l'Eau - Benite et les Cierges allumez . Et
» Messire Pierre le Clerc , Archidiacre de
» Desise
476 MERCURE DE FRANCE
"
» Desise en ladite Eglise , le prenant par
» la main , le mena en l'état cy - dessus
en l'Eglise jusques devant le Grand-
» Autel. Puis la Grand'Messe étant dite ,
>>
le menerent dans le Chapitre , où ils
>> le reçurent pour leur Confrere et Cha-
» noine , ainsi qu'il avoit été fait à ses
» Prédecesseurs , après qu'il eut donné
» son Serment sur les saints Evangiles , et
protesté qu'il ne réveleroit jamais les se-
>> crets du Chapitre en choses qui lui
» pourroient préjudicier. Puis baisa à la
» bouche ledit Archidiacre , Messire Jacques
de Besson , Jean de Maurigny et
» autres Chanoines d'icelle Eglise. Puis
>> remenerent ledit Baron en l'Eglise , et
» le firent asseoir au quatriéme Siege du
» côté de l'Archidiacte de Nevers , présens
Nobles hommes Messire Pierre de
» Veaulce , Jean de Montagu le Belin
Joseph de Citin , et Claudin Bastard
» de Jaligny , Chevaliers , Philippes de
» Villaines , Guichard de Villiers , Etien-
>> ne de Poisson, Guillaume de Chevenon,
Jean Chauderon , Jean d'Aligny le jeu
» ne , et Antoine d'Armes , Ecuyers.
Etant tombé sur un Livre intitulé ,
Le Chanoine , composé par Vital Bernard,
Chanoine du Puy en Vellay , et imprimé
en 1645. j'y ai lû aux pages 8o. et 81 .
ce
MARS. 1733
477
ce qui suit. » Le Duc de Brabant est Cha-
» noine né de l'Eglise Archiepiscopale
» d'Utrecht. Charles V. Empereur et Roy
» d'Espagne ; en cette qualité de Duc ,
» ( comme il alloit recevoir la Couronne
Imperiale en la Ville d'Aix -la - Chapelle)
» passant à Utrecht , y prit le Surplis et
>> assista au Service , comme les autres
» Chanoines, le 13. Octobre 15 20. Même
» Privilege est acquis au Seigneur de Tour-
» non , en l'Eglise de S. Just de Lyon .
"
Ici l'Auteur déclare son sentiment sur
l'origine de ce droit du Seigneur de Tournon
qu'il fait venir d'une Fondation du
quatriéme Siecle ; mais je ne veux pas
en être garant. Puis il ajoûte ce trait , qui
test plus curieux . » Paradin , en son His-
» toire de Lyon , dit qu'il assista en 1542 .
à la Prise de Possession de ce Droit
» honorifique d'un Seigneur de Tournon ,
et que Jacques de Tournon , Evêque
de Valence , son frere , le voyant re
» vétu d'une courte Robbe de Damas
» avec un Surplis dessus , l'Aumusse au
» bras et l'Epée au côté. Voilà , mon frere ,
❤ ( dit- il en le raillant ) qui représente bien
les trois Etats.
Je ne m'étends point sur un droit assez
semblable, dont jouissent 4 ou 5 Seigneurs
dans l'Eglise Cathedrale d'Auch , si on en
croit
478 MERCURE DE FRANCE
croît le même Chanoine , parce que je
n'en connois point assez les circonstances
, non plus que sur les droits de certains
Seigneurs dans l'Eglise de S. Martin
de Tours , où l'on dit que le Comte d'Anjou
est Chanoine ; de consuetudine et habet
Prebendam in blado et vino et nummis ; en
mémoire du Comte d'Anjou Ingelger ,
qui fit rapporter d'Auxerre à Tours , le
Corps de S. Martin , au neuvième siècle.
Voyez encore Héméré , en son Histoire
de S. Quentin , à la page 201.
Au reste , plus ces Auteurs sont succincts
sur ces sortes de matieres , plus ils
laissent d'obscurité
après eux ; et c'est
pour cela que je croi que le Cérémonial
observé en ces occasions , ne sçauroit être
trop expliqué. Pouvez - vous , en off.t ,
comprendre
ce que veut dire Platina ,
quand il écrit que le jour que Charles-
Quint assista au Service , dans la Cathedrale
d'Utrecht , il étoit talari indutus
linteo et sacra amictus vesie ? Vital Bernard
a tort de traduire , talare linteum , par le
mot de Surplis ; ce doit être une Aube
traînanté jusqu'aux
talons . Il laisse aussi
à deviner ce qu'étoit ce Sacra vestis qui le
couvroit ; c'étoit apparemment
une Chape
ou une Dalmatique
.
Je vous ai fait remarquer , Monsieur ,
en
MAR S. 1733- 479
en.1726. que les Empereurs lisoient encore
à Rome au xiy siécle , une Leçon à
P'Office des Grandes Fêtes , la Chape sur
le Corps , et l'Epée nuë à la main a . J'y
ajoutai une remarque touchant les Trésoriers
de quelques Cathédrales , qui anciennement
pouvoient assister à l'Office
avec des marques de distinction , sembla
bles à celles de M. de Chastellux . C'est
tout ce qui est de ma connoissance dans
la matiere dont il s'agit ; cat il ne me
reste aucune preuve qu'un semblable usag
existe dans l'Eglise de Chartres , ainsį
qu'on l'avoit divulgué , et il ne faut pas
confondre avec notre usage , celui de
Chartres, de faire présenter à l'Offrande ,
le 15 jour d'Août , par un Officier de la
Terre de Maintenon , un Epervier , pre
nant Proye ; lequel Oyseau doit être porté
par le Diacre au Régent de la Prébende
, duquel les Officiers de Maintenon
le rachetent, Ce que vous avez lû ci-dessus
, tiré des Statuts du Chapitre de Toul ,
avec ce que nous voyons dans le Nécrologe
de l'Eglise d'Auxerre , écrit au xr et
XIe siècles , et publié en partie par Dom
Martene b , où quantité de Seigneur sont
ainsi désignez ; Obiit N... Miles Sancti
a Mercure , Janvier 1726. pag. 31 et 32,
b Ampliss, Colleic, Tom. 6
Stephani
48 MERCURE DE FRANCE
Stephani , ou bien , Miles hujus Ecclesia.
Tout cela , dis- je , peut appuyer la pensée
qui vient naturellement , que le Chanoine
revêtu du Canonicat héréditaire
d'Auxerre , est à peu près dans l'état
où se trouvoient- ces anciens Deffenseurs
et Protecteurs des biens de l'Eglise .
M. Ducange , qui avoit vû cet Ouvrage
en manuscrit , n'a pas oublié dans
son Glossaire , celui qui est qualifié au
4 jour d'Avril dans ce Nécrologe : Hujus
Ecclesia Vexillarius ; et il paroît que
ce Titre de Vexillarius n'étoit pas fort
commun , puisqu'il ne rapporte que cet
exemple de Léoteric , Vicomte d'Auxer
re , qu'il joint à celui de Jacques , Roy
d'Arragon , qualifié en 1309. S. Romana
Ecclesia Vexillarius.
A Auxerre , le 10 Decembre 1732.
M. L. B. Chanoine et Sous -Chantre
d'Auxerre , sur l'usage des Habits Canoniaux
et Militaires , à l'occasion de
ce qui est rapporté dans le Mercure du
mois deJuin dernier , de la Réception de
M. le Comte de Chastellux.
J
' Aurois bien souhaité , Monsieur ,
que
le Mémoire qu'on vous a envoyé touchant
la Réception de M. le Comte de
Chastellux , en qualité de premier Chanoine
Hereditaire de notre Eglise , eût
été plus érendu , pour la satisfaction du
Public , qui goûte assez ces sortes de détails
de Ceremonies rares ; mais cela n'a
pas dépendu de moi , et il a fallu déferer
au sentiment de quelques personnes que
je respecte , qui avoient recommandé la
brieveté .
Je suis bien aise qu'au moins on y ait
inseré l'origine du droit de la Maison de
Chastellux , et qu'on y ait parié de la
Ville de Cravan ou Crevan , conformé
ment aux Titres du XV . Siecle. Le peu
qu'on en dit me confirme dans l'idée que
j'ai eue depuis que j'ai pris connoissance
de
MARS. 1733 .
473
de nos Antiquitez , qu'on a voulu l'honorer
dans l'Eglise d'Aux erre à perpetuité
, par ce droit de Restituteur de la
principale Terre du Chapitre , de même
qu'on y honote le Donateur par des marques
d'une veneration particuliere presque
tous les jours de l'année , depuis le
temps de sa mort , arrivée au X. Siecle.
Ce seroit en effet s'exposer à être taxé
d'ingratitude , que d'en agir autrement :
Alias de ingratitudinis vitio , quod abominabile
meritò judicatur , et à quibusvis
fidelibus , præsertim viris Ecclesiasticis debet
effectualiter abhorreri , possemus non immeritò
reprehendi , disoient nos
Predecesseurs.
Les mêmes personnes qui s'exprimoient
ainsi il y a trois cent ans , te
noient par tradition de ceux qui les
avoient précedez , les marques de gratitude
qu'ils nous ont transmises envers
l'Evêque Guy le Sénonois , le premier de
tous ceux qui ont eu l'Eglise Cathédrale
pour sépulture ; et sa mémoire ne pourra
jamais tomber dans l'oubli , quoique
quelques personnes ayent contribué de
nos jours par inadvertance et peutêtre
sans le vouloir , à faire perdre de
vûë les vestiges qui restent de la reconnoissance
de ce bienfait. Je ne dis rien
sur l'origine de cette donation , qui ne
soit
474 MERCURE DE FRANCE
soit déja tout publié , et dont l'on n'ait
la preuve dans l'Histoire imprimée des
Evêques d'Auxerre aux pages 445. et
446. du premier Volume de la Bibliotheque
des Manuscrits du P. Labbe ,
Jesuite ; et les Etrangers qui examinent
soigneusement les Peintures de l'Eglise
Cathédrale d'Auxerre , ne manquent pas
d'y lire sous la figure de ce Guy, Beatus
Guydo , et d'en conclure quelque chose.
Mais ceci M. n'est pas le sujet de l'apostille
que vous avez faite au Memoire
qui vous fut envoyé au mois de Juin.
Il paroit que vous souhaiteriez sçavoir
si l'usage de voir des habits Militaires ou
Seculiers réunis avec les habits Canoniaux
sur une même personne est ancien , et s'il
est à present singulier à l'Eglise d' Auxerre.
Je ne sçaurois vous parler de l'Antiquité
de cet usage qu'en vous apprenant
en même temps qu'autrefois il n'étoit
pas si rarequil l'est de nos jours . Il étoit
assez commun de voir de gros Seigneurs
Bienfacteurs d'une Eglise avoir rang parmi
les Chanoines et se placer au Choeur
en habit Militaire , même avec des Eperons
et des Armes. Les Statuts du Chapitre
de Toul , compilez l'an 1491. s'expliquent
ainsi au Chapitre IV . Nobiles
Scutiferi et Milites specialiter hujus Ecclesia
M.A R 6. 1733. 479
sia Vassalli , cùm intrant Chorum , admitts
debent portare calcaria et arma ; et collo
cantur inter Archidiaconos et Canonicos ,
quia Defensores sunt Ecclesia pro debito
sue Nobilitatis. Ce petit Monument rédigé
en Latin , n'est point encore si curieux
à lire que celui que M. Baluse a
publié dans ses Preuves de l'Histoire de
la Maison d'Auvergne , à la page 471 .
Pour vous épargner la peine de le consulter
dans le Livre même , je transcrirai
ici en entier la Notice qu'en a donnée
ce celebre Antiquaire .
Extrait des Memoires d'André Duchesne
» Acte en datte du xxvij. Noyembre
1405. en présence de Jean Guineau ,
» Clerc Notaire , par lequel il appert
» comme Noble et Puissant Messire Gui-
» chard Dauphin , Chevalier Baron de
» la Ferté- Chauderon , Seigneur de Jali-
" gny , se transportą à la Porte de l'E-
>> glise Cathédrale de Nevers , les Epe
>> rons dorez chaussez , l'Epée ceinte et
>> le Faucon sur le poing : où étant vin-
>> rent au-devant de lui le College de la
dite Eglise , Chanoines et Chapelains ,
revétus de Chappes , avec la Croix
» l'Eau - Benite et les Cierges allumez . Et
» Messire Pierre le Clerc , Archidiacre de
» Desise
476 MERCURE DE FRANCE
"
» Desise en ladite Eglise , le prenant par
» la main , le mena en l'état cy - dessus
en l'Eglise jusques devant le Grand-
» Autel. Puis la Grand'Messe étant dite ,
>>
le menerent dans le Chapitre , où ils
>> le reçurent pour leur Confrere et Cha-
» noine , ainsi qu'il avoit été fait à ses
» Prédecesseurs , après qu'il eut donné
» son Serment sur les saints Evangiles , et
protesté qu'il ne réveleroit jamais les se-
>> crets du Chapitre en choses qui lui
» pourroient préjudicier. Puis baisa à la
» bouche ledit Archidiacre , Messire Jacques
de Besson , Jean de Maurigny et
» autres Chanoines d'icelle Eglise. Puis
>> remenerent ledit Baron en l'Eglise , et
» le firent asseoir au quatriéme Siege du
» côté de l'Archidiacte de Nevers , présens
Nobles hommes Messire Pierre de
» Veaulce , Jean de Montagu le Belin
Joseph de Citin , et Claudin Bastard
» de Jaligny , Chevaliers , Philippes de
» Villaines , Guichard de Villiers , Etien-
>> ne de Poisson, Guillaume de Chevenon,
Jean Chauderon , Jean d'Aligny le jeu
» ne , et Antoine d'Armes , Ecuyers.
Etant tombé sur un Livre intitulé ,
Le Chanoine , composé par Vital Bernard,
Chanoine du Puy en Vellay , et imprimé
en 1645. j'y ai lû aux pages 8o. et 81 .
ce
MARS. 1733
477
ce qui suit. » Le Duc de Brabant est Cha-
» noine né de l'Eglise Archiepiscopale
» d'Utrecht. Charles V. Empereur et Roy
» d'Espagne ; en cette qualité de Duc ,
» ( comme il alloit recevoir la Couronne
Imperiale en la Ville d'Aix -la - Chapelle)
» passant à Utrecht , y prit le Surplis et
>> assista au Service , comme les autres
» Chanoines, le 13. Octobre 15 20. Même
» Privilege est acquis au Seigneur de Tour-
» non , en l'Eglise de S. Just de Lyon .
"
Ici l'Auteur déclare son sentiment sur
l'origine de ce droit du Seigneur de Tournon
qu'il fait venir d'une Fondation du
quatriéme Siecle ; mais je ne veux pas
en être garant. Puis il ajoûte ce trait , qui
test plus curieux . » Paradin , en son His-
» toire de Lyon , dit qu'il assista en 1542 .
à la Prise de Possession de ce Droit
» honorifique d'un Seigneur de Tournon ,
et que Jacques de Tournon , Evêque
de Valence , son frere , le voyant re
» vétu d'une courte Robbe de Damas
» avec un Surplis dessus , l'Aumusse au
» bras et l'Epée au côté. Voilà , mon frere ,
❤ ( dit- il en le raillant ) qui représente bien
les trois Etats.
Je ne m'étends point sur un droit assez
semblable, dont jouissent 4 ou 5 Seigneurs
dans l'Eglise Cathedrale d'Auch , si on en
croit
478 MERCURE DE FRANCE
croît le même Chanoine , parce que je
n'en connois point assez les circonstances
, non plus que sur les droits de certains
Seigneurs dans l'Eglise de S. Martin
de Tours , où l'on dit que le Comte d'Anjou
est Chanoine ; de consuetudine et habet
Prebendam in blado et vino et nummis ; en
mémoire du Comte d'Anjou Ingelger ,
qui fit rapporter d'Auxerre à Tours , le
Corps de S. Martin , au neuvième siècle.
Voyez encore Héméré , en son Histoire
de S. Quentin , à la page 201.
Au reste , plus ces Auteurs sont succincts
sur ces sortes de matieres , plus ils
laissent d'obscurité
après eux ; et c'est
pour cela que je croi que le Cérémonial
observé en ces occasions , ne sçauroit être
trop expliqué. Pouvez - vous , en off.t ,
comprendre
ce que veut dire Platina ,
quand il écrit que le jour que Charles-
Quint assista au Service , dans la Cathedrale
d'Utrecht , il étoit talari indutus
linteo et sacra amictus vesie ? Vital Bernard
a tort de traduire , talare linteum , par le
mot de Surplis ; ce doit être une Aube
traînanté jusqu'aux
talons . Il laisse aussi
à deviner ce qu'étoit ce Sacra vestis qui le
couvroit ; c'étoit apparemment
une Chape
ou une Dalmatique
.
Je vous ai fait remarquer , Monsieur ,
en
MAR S. 1733- 479
en.1726. que les Empereurs lisoient encore
à Rome au xiy siécle , une Leçon à
P'Office des Grandes Fêtes , la Chape sur
le Corps , et l'Epée nuë à la main a . J'y
ajoutai une remarque touchant les Trésoriers
de quelques Cathédrales , qui anciennement
pouvoient assister à l'Office
avec des marques de distinction , sembla
bles à celles de M. de Chastellux . C'est
tout ce qui est de ma connoissance dans
la matiere dont il s'agit ; cat il ne me
reste aucune preuve qu'un semblable usag
existe dans l'Eglise de Chartres , ainsį
qu'on l'avoit divulgué , et il ne faut pas
confondre avec notre usage , celui de
Chartres, de faire présenter à l'Offrande ,
le 15 jour d'Août , par un Officier de la
Terre de Maintenon , un Epervier , pre
nant Proye ; lequel Oyseau doit être porté
par le Diacre au Régent de la Prébende
, duquel les Officiers de Maintenon
le rachetent, Ce que vous avez lû ci-dessus
, tiré des Statuts du Chapitre de Toul ,
avec ce que nous voyons dans le Nécrologe
de l'Eglise d'Auxerre , écrit au xr et
XIe siècles , et publié en partie par Dom
Martene b , où quantité de Seigneur sont
ainsi désignez ; Obiit N... Miles Sancti
a Mercure , Janvier 1726. pag. 31 et 32,
b Ampliss, Colleic, Tom. 6
Stephani
48 MERCURE DE FRANCE
Stephani , ou bien , Miles hujus Ecclesia.
Tout cela , dis- je , peut appuyer la pensée
qui vient naturellement , que le Chanoine
revêtu du Canonicat héréditaire
d'Auxerre , est à peu près dans l'état
où se trouvoient- ces anciens Deffenseurs
et Protecteurs des biens de l'Eglise .
M. Ducange , qui avoit vû cet Ouvrage
en manuscrit , n'a pas oublié dans
son Glossaire , celui qui est qualifié au
4 jour d'Avril dans ce Nécrologe : Hujus
Ecclesia Vexillarius ; et il paroît que
ce Titre de Vexillarius n'étoit pas fort
commun , puisqu'il ne rapporte que cet
exemple de Léoteric , Vicomte d'Auxer
re , qu'il joint à celui de Jacques , Roy
d'Arragon , qualifié en 1309. S. Romana
Ecclesia Vexillarius.
A Auxerre , le 10 Decembre 1732.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite à M. D. L. R. par M. L. B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, à l'occasion de ce qui est rapporté dans le Mercure du mois de Juin dernier, de la Réception de M. le Comte de Chastellux.
La lettre de M. L. B., chanoine et sous-chantre d'Auxerre, aborde l'usage des habits canoniaux et militaires lors de la réception de M. le Comte de Chastellux en tant que premier chanoine héréditaire de l'Église d'Auxerre. L'auteur exprime des regrets quant à la brièveté du mémoire sur cette réception mais s'y conforme. Il rappelle l'origine du droit de la Maison de Chastellux, lié à la ville de Cravan ou Crevan, conformément aux titres du XVe siècle. L'auteur exprime sa gratitude envers l'évêque Guy le Sénonois, premier à être inhumé dans la cathédrale d'Auxerre au Xe siècle, et insiste sur l'importance de ne pas oublier cette reconnaissance malgré les tentatives de certaines personnes d'effacer ces souvenirs. Concernant l'usage des habits militaires ou séculiers avec les habits canoniaux, l'auteur note que cette pratique n'était pas rare autrefois. Il cite des exemples historiques, comme les statuts du Chapitre de Toul en 1491 et des actes du XVe siècle où des seigneurs bienfaiteurs portaient des habits militaires au chœur. Des cas similaires sont également mentionnés dans d'autres églises, telles que celles de Nevers, Utrecht et Lyon. L'auteur conclut en affirmant que le chanoine héréditaire d'Auxerre se trouve dans une situation comparable à celle des anciens défenseurs et protecteurs des biens de l'Église. Il appuie cette idée en citant des exemples tirés du nécrologe de l'Église d'Auxerre et des travaux de M. Ducange.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
412
p. 523-528
La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
Début :
LA RELIGION DEFENDUE, Poëme. Brochure in 8. de 46. pages, 1733. [...]
Mots clefs :
Dieu, Religion, Esprit, Épître à Uranie, Poème, Poète chrétien
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
LA RELIGION DEFFENDUE , Poëme.
Brochure in 8. de 46. pages , 1733.
Rien n'est plus loüable et plus digne
d'un Poëte Chrétien , que le sujet de ce
Poëme , auquel une autre Piece de Poësie
d'une trempe toute differente , qui
n'a trouvé aucun Approbateur parmi les
honnêtes Gens , a donné lieu . Il paroît
au contraire que celle- cy a été goutée
de tous les Gens de bien et de plusieurs
Connoisseurs , à la tête desquels nous
n'hésiterons point de mettre M.leCardinal
de Polignac , dont le suffrage est important.
S. E. ne s'est pas contentée de loüer
le Poëme , mais nous apprenons qu'elle
s'est fait un plaisir d'en distribuer plusieurs
Exemplaires. La Piece mérite
en effet cette distinction. L'Auteur ,
que nous sçavons être un homme du
monde , connu par d'autres Ouvrages
y répond exactement à l'Epitre à Uranie,
em
524 MERCURE DE FRANCE
en ornant des agrémens de la Poësie les
preuves sensibles et invincibles de la Religion
Chrétienne . Donnons ici quelques
de ce que nous venons de dire preuves
par deux ou trois Endroits de ce Poëme,
dont le commencement est tel.
Un Lucrece nouveau prétend que ton Génie ,
De la Religion sonde la verité :
J'y consens , sçavante Uranie
La Foi de la Raison ne craint point la clarté.
Mais ne présumons pas de notre intelligence ,
Que tout à ses efforts soit pleinement ouvert.
Nous jugeons des faits seuls et de leur évidence
Et le reste est pour nous de tenebres couvert.
Ces Globes enflamez qui roulent sur nos têtes ,
Et ceux qui des premiers empruntent leur splen
deur ,
Mon esprit veut avec ardeur ,
>
Les mettre au rang de ses conquêtes ;
Il n'apperçoit de ces grands Corps ,
Que les mouvemens , l'ordre etles divers rapports
Mais leur harmonie admirable ,
Le ressort qui les meut , et leur germe
Sont un abyme impenetrable ,
Qui me surpasse et me confond.
fécond ,
Le Poëte passe ensuite à la connoissance
de l'Homme , et s'exprime ainsi :
Si
MARS. 1733.
525
Je n'ose m'observer , eh ! que suis- je moi-même ?
Prodige merveilleux , autant qu'il est commun !
Deux Etres distinguez qui n'en composent qu'un,
Vivant et sublime Problême ;
Deux Etres ennemis qui font societé ,
Deux Etres assortis qui souvent sont en guerre ;
Un Atome enchaîné dans un coin de la Terre ,
Comme un point de l'Immensité ;
Un Esprit qui , brisant le joug de la matiere ,
Par sa grande velocité ,
unit dans un moment à la Nature entiere
Se plonge dans l'infinité ,
Et par les plus sûrs témognages ,
Trouve enfin la Divinité ,
Peinte et cachée en ses Ouvrages .
De l'Ame avec le Corps je connois l'union ,
Je sens l'alternative étrange et réguliere
De leur mutuelle action ;
Mais j'en ignore la maniere,
Puis refléchissant sur ce qu'il vient
d'exposer si noblement , il conclud .
C'est ainsi que nos connoissances ,
Se bornent toutes à des faits ,
Dont nous tirons des conséquences ,
pour nous la Source est sous un voile
Mais dont
épais.
Aces Principes il en ajoûte d'autres
aussi
$ 26 MERCURE DE FRANCE
aussi solidement établis , et il les oppose
en ces termes à la Doctrine erronée de
l'Auteur de l'Epitre à Uranie.
Voilà des Principes sacrés ,
Et d'une éternelle origine ;
Que l'Esprit fort qui t'endoctrine , `
Ou te cache, Uranie , ou n'a point penetrés ,
C'est eux que ta raison doit recevoir pour guides
. Dans l'examen qu'elle entreprend ;
Devant eux passeront de même qu'un Torrent ,
Ces Vers bien cadencés , mais de sens toujours
vuides ,
Qui du Dieu des Chrétiens font un Monstre
odieux .
De ton Lucrece alors les routes détournées ,
Par toi seront abandonnées ,
Et le sentier du Christ plaira seul à tes yeux.
Nous sommes forcez par la necessité
de nos bornes , de nous arrêter là et de
ne pas suivre le Poëte Chrétien dans le
reste de son Ouvrage , qui contient proprement
l'Histoire abregée et une Apologie
solide de notre sainte Religion ;
on y trouve des traits charmans et lumineux
, avec une réfutation , toujours
invincible , des Argumens proposez par
l'Esprit d'erreur et de mensonge.
Nous ne sçaurions omettre en finissane
MARS. 1733 527
sant , que rien n'est plus heureusement
développé que le salutaire Mystere de
la Grace , exposé , suivant la Doctri
ne de l'Eglise : la bonté et la justice de
Dieu y sont conciliées selon le même esprit
; et le Poëte termine enfin cette importante
matiere , et tout son Ouvrage ,
par ces Vers cy , que le temps où nous
sommes , particulierement consacré à la
Religion et à la pieté, rendra encore plus
dignes dattention.
Aces fideles traits reconnois , Uranie ,
Le Dieu qu'adorent les Chrétiens,
Non , ce n'est point ce Dieu qui dans sa tyrannic
Des vertus qu'il prescrit nous ôtant les moyens ,
Nous punit de sa barbarie ;
Ce Dieu plein de fureur en son aveuglement ,
Ce Dieu ridicule et volage ,
Qui n'agit qu'au hazard et toujours se dément ;
Tel enfin que l'Impie en a tracé l'image.
Notre Dieu , juste , égal et rempli de bonté,
N'ordonne rien qu'il n'aide à faire ,
Ne punit que l'iniquité ,
Se donne à la vertu lui-même pour salaire ,
Et sa sagesse éclate en tout ce qu'il opere.
Pour un Dieu qui n'a pas limité ses bienfaits ;
Oserions-nous borner notre reconnoissance ?
Soyons de son amour embrasez à jamais ;
Qu'il
28 MERCURE DE FRANCE
Qu'il soit toute notre esperance .
Si nous devons l'aimer , nous devons le servir
Dans la Religion qu'il établit lui- même ,
Afin que nous puissions ravir
La Palme du bonheur suprême.
Sans doute que de l'homme un si juste retour
N'acroîtra point de Dieu la gloire ou la puissance.
Mais il a mis sa complaisance ,
Dans ce tribut de notre amour.
Tout autre culte est un outrage
Qui le rend contre nous un Juge rigoureux ;
Et la forme de notre hommage
Lui fait seule adopter nos vertus et nos voeux .
Brochure in 8. de 46. pages , 1733.
Rien n'est plus loüable et plus digne
d'un Poëte Chrétien , que le sujet de ce
Poëme , auquel une autre Piece de Poësie
d'une trempe toute differente , qui
n'a trouvé aucun Approbateur parmi les
honnêtes Gens , a donné lieu . Il paroît
au contraire que celle- cy a été goutée
de tous les Gens de bien et de plusieurs
Connoisseurs , à la tête desquels nous
n'hésiterons point de mettre M.leCardinal
de Polignac , dont le suffrage est important.
S. E. ne s'est pas contentée de loüer
le Poëme , mais nous apprenons qu'elle
s'est fait un plaisir d'en distribuer plusieurs
Exemplaires. La Piece mérite
en effet cette distinction. L'Auteur ,
que nous sçavons être un homme du
monde , connu par d'autres Ouvrages
y répond exactement à l'Epitre à Uranie,
em
524 MERCURE DE FRANCE
en ornant des agrémens de la Poësie les
preuves sensibles et invincibles de la Religion
Chrétienne . Donnons ici quelques
de ce que nous venons de dire preuves
par deux ou trois Endroits de ce Poëme,
dont le commencement est tel.
Un Lucrece nouveau prétend que ton Génie ,
De la Religion sonde la verité :
J'y consens , sçavante Uranie
La Foi de la Raison ne craint point la clarté.
Mais ne présumons pas de notre intelligence ,
Que tout à ses efforts soit pleinement ouvert.
Nous jugeons des faits seuls et de leur évidence
Et le reste est pour nous de tenebres couvert.
Ces Globes enflamez qui roulent sur nos têtes ,
Et ceux qui des premiers empruntent leur splen
deur ,
Mon esprit veut avec ardeur ,
>
Les mettre au rang de ses conquêtes ;
Il n'apperçoit de ces grands Corps ,
Que les mouvemens , l'ordre etles divers rapports
Mais leur harmonie admirable ,
Le ressort qui les meut , et leur germe
Sont un abyme impenetrable ,
Qui me surpasse et me confond.
fécond ,
Le Poëte passe ensuite à la connoissance
de l'Homme , et s'exprime ainsi :
Si
MARS. 1733.
525
Je n'ose m'observer , eh ! que suis- je moi-même ?
Prodige merveilleux , autant qu'il est commun !
Deux Etres distinguez qui n'en composent qu'un,
Vivant et sublime Problême ;
Deux Etres ennemis qui font societé ,
Deux Etres assortis qui souvent sont en guerre ;
Un Atome enchaîné dans un coin de la Terre ,
Comme un point de l'Immensité ;
Un Esprit qui , brisant le joug de la matiere ,
Par sa grande velocité ,
unit dans un moment à la Nature entiere
Se plonge dans l'infinité ,
Et par les plus sûrs témognages ,
Trouve enfin la Divinité ,
Peinte et cachée en ses Ouvrages .
De l'Ame avec le Corps je connois l'union ,
Je sens l'alternative étrange et réguliere
De leur mutuelle action ;
Mais j'en ignore la maniere,
Puis refléchissant sur ce qu'il vient
d'exposer si noblement , il conclud .
C'est ainsi que nos connoissances ,
Se bornent toutes à des faits ,
Dont nous tirons des conséquences ,
pour nous la Source est sous un voile
Mais dont
épais.
Aces Principes il en ajoûte d'autres
aussi
$ 26 MERCURE DE FRANCE
aussi solidement établis , et il les oppose
en ces termes à la Doctrine erronée de
l'Auteur de l'Epitre à Uranie.
Voilà des Principes sacrés ,
Et d'une éternelle origine ;
Que l'Esprit fort qui t'endoctrine , `
Ou te cache, Uranie , ou n'a point penetrés ,
C'est eux que ta raison doit recevoir pour guides
. Dans l'examen qu'elle entreprend ;
Devant eux passeront de même qu'un Torrent ,
Ces Vers bien cadencés , mais de sens toujours
vuides ,
Qui du Dieu des Chrétiens font un Monstre
odieux .
De ton Lucrece alors les routes détournées ,
Par toi seront abandonnées ,
Et le sentier du Christ plaira seul à tes yeux.
Nous sommes forcez par la necessité
de nos bornes , de nous arrêter là et de
ne pas suivre le Poëte Chrétien dans le
reste de son Ouvrage , qui contient proprement
l'Histoire abregée et une Apologie
solide de notre sainte Religion ;
on y trouve des traits charmans et lumineux
, avec une réfutation , toujours
invincible , des Argumens proposez par
l'Esprit d'erreur et de mensonge.
Nous ne sçaurions omettre en finissane
MARS. 1733 527
sant , que rien n'est plus heureusement
développé que le salutaire Mystere de
la Grace , exposé , suivant la Doctri
ne de l'Eglise : la bonté et la justice de
Dieu y sont conciliées selon le même esprit
; et le Poëte termine enfin cette importante
matiere , et tout son Ouvrage ,
par ces Vers cy , que le temps où nous
sommes , particulierement consacré à la
Religion et à la pieté, rendra encore plus
dignes dattention.
Aces fideles traits reconnois , Uranie ,
Le Dieu qu'adorent les Chrétiens,
Non , ce n'est point ce Dieu qui dans sa tyrannic
Des vertus qu'il prescrit nous ôtant les moyens ,
Nous punit de sa barbarie ;
Ce Dieu plein de fureur en son aveuglement ,
Ce Dieu ridicule et volage ,
Qui n'agit qu'au hazard et toujours se dément ;
Tel enfin que l'Impie en a tracé l'image.
Notre Dieu , juste , égal et rempli de bonté,
N'ordonne rien qu'il n'aide à faire ,
Ne punit que l'iniquité ,
Se donne à la vertu lui-même pour salaire ,
Et sa sagesse éclate en tout ce qu'il opere.
Pour un Dieu qui n'a pas limité ses bienfaits ;
Oserions-nous borner notre reconnoissance ?
Soyons de son amour embrasez à jamais ;
Qu'il
28 MERCURE DE FRANCE
Qu'il soit toute notre esperance .
Si nous devons l'aimer , nous devons le servir
Dans la Religion qu'il établit lui- même ,
Afin que nous puissions ravir
La Palme du bonheur suprême.
Sans doute que de l'homme un si juste retour
N'acroîtra point de Dieu la gloire ou la puissance.
Mais il a mis sa complaisance ,
Dans ce tribut de notre amour.
Tout autre culte est un outrage
Qui le rend contre nous un Juge rigoureux ;
Et la forme de notre hommage
Lui fait seule adopter nos vertus et nos voeux .
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Résumé : La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
La brochure 'LA RELIGION DEFFENDUE, Poëme', publiée en 1733, est une œuvre poétique de 46 pages. Elle est acclamée pour son sujet digne d'un poète chrétien et a été appréciée par des personnes respectables, dont le Cardinal de Polignac. Le poème répond à une autre œuvre poétique jugée inappropriée par les honnêtes gens. L'auteur, un homme du monde connu pour ses autres ouvrages, utilise la poésie pour présenter les preuves de la religion chrétienne. Le poème commence par une réflexion sur les limites de la compréhension humaine face à la complexité de l'univers et de l'âme humaine. Il explore ensuite la nature duale de l'homme, à la fois matériel et spirituel, et conclut que les connaissances humaines sont limitées à des faits observables. Le poème oppose ensuite les principes sacrés de la religion chrétienne aux doctrines erronées, réfutant les arguments des esprits forts. Il développe également le mystère de la grâce, conciliant la bonté et la justice de Dieu. Le poème se termine par une description du Dieu chrétien comme juste, égal et rempli de bonté. Il invite à adorer et servir ce Dieu dans la religion qu'il établit, soulignant que tout autre culte est un outrage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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413
p. 564-566
L'Opera de Jephté, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 26. Février, second Jeudi de Carême, l'Académie Royale de Musique [...]
Mots clefs :
Jephté, Duo, Maure, Vastes cieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Opera de Jephté, &c. [titre d'après la table]
Le 26. Février , second Jeudi de Carême
, l'A adémie Royale de Musique
remit au Théatre Jephté , Tragédie , dont
le sujet est tiré de l'Ecriture Sainte ; cette
Piece a fait autant de plaisir qu'elle en
avoit fait dans sa nouveauté , et fair présumer
qu'on la reverra avec satisfaction
tous les Carêmes. On y a fait quelques
changemens que les Connoisseurs ont
approuvez ; les voici.
Dans la quatriéme Scene du second
Acte , Iphise avouoit à Almasie , sa Mere,
l'amour qu'elle avoit pour Ammon ; comme
elle faisoit un pareil aveu à Jephté
son Pere , au dernier Acte , on a jugé
à propos de supprimer celui du second
Acte ; on se contente de lui faire avoüer
qu'elle est coupable , sans lui faire specifier
MARS. 17331
56 F
cifier son crime ; c'est ce qu'elle fait par
ce Vers.
Quand le Ciel est armé , peut - on être sans
crime ?
On finit cette Scene par ce Duo :
Maître des vastes Cieux , Dieu vivant , Dieu jaloux
,
Sur de foibles roseaux , pourquoi déployezvous
,
Tout l'éclat de votre puissance ?
Cet amas de sable mouvant ,
Que dissipe un souffle de vent ,
Est digne de pitié plutôt que de
Maître des vastes Cieux , &c.
vengeance..
Ce Duo , chanté par les Diles Antier
et le Maure , a été generalement applaudi.
On a supprimé la Fête par où la Piece
finissoit , et qu'on n'avoit ajoûtée que
par condescendance au désir des Amateurs
outrez de la danse ; on a subtitué à
cette Fête des Actions de gracès comprises
dans ces quatre Vers :
Du plus beau de nos jours , consacrons la me
moire ;
Tendres voeux , doux transpors
, sans cesse renaissants
,
De
366 MERCURE DE FRANCE
De nos coeurs enflammez , volez comme Pen
cens ,
Jusqu'au Trône du Roy de gloire.
On a mis ces Vers en Trio , et ce Trio
est chanté par les trois plus belles voix
de l'Opera ; le Trio repeté par le Choeur
finit la Piece. Il n'y a point de changement
dans les principaux Acteurs de
la Tragédie ; il n'en est pas de même
dans le Prologue , et l'absence de la
Dlle Eremans en auroit diminué le prix ,
si toute autre que la Dlle Antier eût
été substituée à sa place. Le sieur Chassé ,
après une indisposition de quelques jours,
n'a parû qu'avec plus d'éclat , et tout
le monde convient que la Dlle le Maure
n'a jamais si bien chanté , ni si bien joüé
que dans cette reprise de Jephté .
, l'A adémie Royale de Musique
remit au Théatre Jephté , Tragédie , dont
le sujet est tiré de l'Ecriture Sainte ; cette
Piece a fait autant de plaisir qu'elle en
avoit fait dans sa nouveauté , et fair présumer
qu'on la reverra avec satisfaction
tous les Carêmes. On y a fait quelques
changemens que les Connoisseurs ont
approuvez ; les voici.
Dans la quatriéme Scene du second
Acte , Iphise avouoit à Almasie , sa Mere,
l'amour qu'elle avoit pour Ammon ; comme
elle faisoit un pareil aveu à Jephté
son Pere , au dernier Acte , on a jugé
à propos de supprimer celui du second
Acte ; on se contente de lui faire avoüer
qu'elle est coupable , sans lui faire specifier
MARS. 17331
56 F
cifier son crime ; c'est ce qu'elle fait par
ce Vers.
Quand le Ciel est armé , peut - on être sans
crime ?
On finit cette Scene par ce Duo :
Maître des vastes Cieux , Dieu vivant , Dieu jaloux
,
Sur de foibles roseaux , pourquoi déployezvous
,
Tout l'éclat de votre puissance ?
Cet amas de sable mouvant ,
Que dissipe un souffle de vent ,
Est digne de pitié plutôt que de
Maître des vastes Cieux , &c.
vengeance..
Ce Duo , chanté par les Diles Antier
et le Maure , a été generalement applaudi.
On a supprimé la Fête par où la Piece
finissoit , et qu'on n'avoit ajoûtée que
par condescendance au désir des Amateurs
outrez de la danse ; on a subtitué à
cette Fête des Actions de gracès comprises
dans ces quatre Vers :
Du plus beau de nos jours , consacrons la me
moire ;
Tendres voeux , doux transpors
, sans cesse renaissants
,
De
366 MERCURE DE FRANCE
De nos coeurs enflammez , volez comme Pen
cens ,
Jusqu'au Trône du Roy de gloire.
On a mis ces Vers en Trio , et ce Trio
est chanté par les trois plus belles voix
de l'Opera ; le Trio repeté par le Choeur
finit la Piece. Il n'y a point de changement
dans les principaux Acteurs de
la Tragédie ; il n'en est pas de même
dans le Prologue , et l'absence de la
Dlle Eremans en auroit diminué le prix ,
si toute autre que la Dlle Antier eût
été substituée à sa place. Le sieur Chassé ,
après une indisposition de quelques jours,
n'a parû qu'avec plus d'éclat , et tout
le monde convient que la Dlle le Maure
n'a jamais si bien chanté , ni si bien joüé
que dans cette reprise de Jephté .
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Résumé : L'Opera de Jephté, &c. [titre d'après la table]
Le 26 février 1733, l'Académie Royale de Musique a présenté la tragédie 'Jephté' au Théâtre, inspirée de l'Écriture Sainte. La pièce a connu un grand succès, comparable à celui de sa première représentation, et est prévue pour revenir chaque Carême. Plusieurs modifications ont été apportées et validées par les experts. Dans la quatrième scène du second acte, Iphise ne révèle plus son amour pour Ammon à sa mère Almasie, mais avoue seulement sa culpabilité sans préciser son crime. Cette scène se conclut par un duo chanté par les Demoiselles Antier et Maure, très applaudi. La fête finale a été supprimée et remplacée par un trio chanté par les trois meilleures voix de l'opéra, suivi par le chœur. Les principaux acteurs sont restés les mêmes, mais le prologue a été modifié, notamment par le remplacement de la Demoiselle Eremans par la Demoiselle Antier. Le sieur Chassé, après une indisposition, a repris brillamment, et la Demoiselle Maure a particulièrement bien chanté et joué lors de cette reprise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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414
p. 587-590
ITALIE.
Début :
Le Pape a fait publier un nouveau Decret pour reprimer le luxe dans l'Etat Ecclesiastique, [...]
Mots clefs :
Luxe, Église, Rome, Pape, Cardinaux, Vatican, Naples, Religieux, Corps, Sainte-Marie sur la Minerve, Obsèques, Benoît XIII
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E Pape a fait publier un nouveau Decret
pour reprimer le luxe dans l'Etat Ecclesiastique
, et pour deffendre à toutes personnes.
de porter dans les Païs de sont obéissance de
For ou de l'argent sur leurs habits.
Sa Sainteté a envoyé ordre à M. Cavalieri ,
son Nonce à la Cour de Portugal , de confirmer
par une nouvelle signature , les Immunitez accordées
à la Couronne et à la Nation Portugais
se , par Benoît XIII .
;
Le 21 Fevrier , veille du jour qu'on avoit choi
si pour transporter le Corps du feu Pape Benoît
XIII. de l'Eglise de S. Pierre du Vatican ,
dans celle de Sainte Marie sur la Minerves les
Cardinaux , au nombre de 18. tinrent Chapelle
Pontificale dans la Chapelle Pauline du Palaisdu
Quirinal , et ils assisterent à un Service solemnel
, pour le repos.de l'ame du Pape deffunt
le Cardinal Altieri de S. Mathieu celebra la Messe.
Le soir, on fit dans l'Eglise de S. Pierre du
Vatican l'ouverture du Cercueil de ce Pape , et
la reconnoissance de son Corps , en presence des.
Cardinaux Otthoboni , Petra , Lercari , Altieri
de S. Marhieu , Fini , Caraffe, Olivieri , Borghese
, Albani et del Giudice , et le Card. Albani
de S, Clement , Archiprêtre de cette Eglise , remit
le Corps au P. Jean - Benoît Zuanelli , Dominicain
, Maître du sacré Palais , et chargé par
le General de son Ordre , et par les Religieux de
Sainte Marie sur la Minerve , de le recevoir en
leur nom . Ensuite on porta processionnellement
le Cercueil dans la Nef de l'Eglise , au milieu
de laquelle on avoit élevé un magnifique Cata
Hvj falque
588 MERCURE DE FRANCE
falque , où on l'exposa. Il y fut gardé jusqu'au
moment du transport par les Religieux Dominicains
, qui réïtererent des Prieres pendant toute
la nuit.
Le 22 , les Chanoines de l'Eglise de S. Pierre
du Vatican firent un Service solemnel , qui fut
chanté à plusieurs Choeurs de Musique , auquel
M. Cervini , Archevêque titulaire de Nicomedie
officia Pontificalement. Après la Messe , M.Assemani
, Camerier d'honneur du Pape , prononça
en Latin l'Oraison Funebre , après quoi le
Prelat officiant , assistê des Evêques titulaires de
Gerapolis , de Cirene , de Costanza et de Marciana
, fit les Encensemens et les Absoutes. Le
même jour , après midi , tout le Clergé Secuhier
et Regulier s'étant rendu à l'Eglise de Saint
Pierre , on transporta le Corps dans celle de
Sainte Marie sur la Minerve , et la marche se fit
dans l'ordre suivant :
Les Domestiques de presque tous les Cardimaux
qui sont à Rome ; les Enfans du College
de S. Michel , et de celui de Salviati ; les Orphelins
, les Religieux de differens Ordres , les
Clercs reguliers ; le Clergé de chaque Paroisse ,
et les Chanoines de tous les Chapitres de la Ville.
400 Religieux Franciscains , marchant quatre à
quatre , et les Dominicains marchant 6 à 6,précedoient
le Brancard sur lequel étoit le Corps. Ils .
portoient tous des Flambeaux , ainsi que te reste
du Clergé et les autres personnes qui composoient
le Cortege. Les Hallebardiers de la Garde marchoient
autour du Brancard ; les deux Maîtres des
Ceremonies , les Evêques , les Clercs de Chambre
, et la Chambre secrete , venoient ensuite .
la marche étoit fermée par 40 Valets de pied du
Pape , et par les Equipages du Majordome de
S. S.
Le
MARS. 1733 589
Le Corps arriva vers les 7 -heures du soir à l'Eglise
de Sainte Marie sur la Minerve , qui étoit
toute tenduë de noir , et magnifiquement décorée.
Il y fut reçu par les Cardinaux Otthoboni
, Borghese et J. Bapt. Altieri , et on le plaça
au milieu de la Nef, sur une Estrade , au dessus
de laquelle étoit un riche Baldaquin , où il demeura
exposé pendant toute la nuit et le jour
suivant.
Le lendemain , il y eut Chapelle Pontificale
dans cette Eglise. 26 Cardinaux assisterent a
Service , qui fut chanté solemnellement ; après
la -Messe , qui fut celebrée par le Cardinal Altieri
de S. Mathieu , M. Philippe Piersanti , Chanoine
de S. Pierre du Vatican , et Maître des
Ceremonies du Pape , prononça l'Oraison Funebre
avec beaucoup d'éloquence , et les Absoutes
furent faites par les Cardinaux Petra
Fini , Caraffe et Lercari . Pendant le reste de la
journée l'Eglise fut ouverte , et il y eut un grand
concours de peuple ; le soir , les Religieux en
ayant fermé les Portes , se rendirent processionlement
dans la Nef, et après avoir récité les
Prieres accoutumées, ils porterent le Corps dans
une Chapelle , où il demeurera jusqu'à ce que le
Mausolée qu'on lui destine , soit achevé.
"
On vient d'apprendre que dans le Consistoire ;
tenu le 2 de ce mois , le Pape avoit nominé Cardinal
, M. Dominique Riviera , Protonotaire
Apostolique , et Secretaire de la Congrégation
de la Consulte. S. S. a donné la Charge de Secretaire
de la Congrégation de la Consulte ,
M. Bardi.
Par une Liste , publiée à Naples , des Dommages
, causez dans la Calabre , par le tremblement
de Terre , du 29 Novembre dernier , il pa-
πολύ .
F90
MERCURE DE FRANCE
Foît qu'il a péri en divers endroits 1940 petsonnes
, sans compter 1455 blessez , que les Villes
et Bourgs d'Ariano , Fiumari , Vallata , Lioni
, et S. Angelo , avoient été entierement renversez.
Les Bourgs de Mirabella et Carisi , réduits
en un Monceau de Pierres; y ayant eu dans
ces deux endroits 970 morts , parmi lesquels on
compte le Seigneur de Carisi , avec son épouse ,
et toute sa famille ; que la Ville Archiepiscopale
de Conza étoit dans un état pitoyable, la Cathedrale
ayant été entierement détruite, et que parmi
les autres Villes et Bourgs qui ont le plus
souffert , on compte Monte- Fiscoli , Capitale de
la Province , Bonito , Pietra de Fuci , Manical
ciati Frevico , S. Martin di Servinara , Monte
Rocheto , & c.
Le 15. Janvier on promena , selon la coûtume,
dans les rues de Naples , le Char de Triomphe
des Boulangers , sur lequel étoit représentée l'Aurore
conduite par les Crépuscules : ce Char qur
avoit été executé sur les desseins de M. Domique
Vaccard , celebre Architecte , fut conduit
par
la rue de Tolede à la Place du Palais , où il
tut abandonné au Peuple en presence du Viceroy.
Les Rhumes et Fluxions avec fiévre , ont regné
dans toute l'Italie et ont emporté bien du monde
, sur tout les personnes âgées ; on écrit de
Florence , qu'il y a encore en cette Ville bien
des gens attaquez de cette maladie ; de Rome et
de Naples , que les Rhumes y sont aussi communs
que dans le reste de l'Europe , et de Venise
que les plaisirs du Carnaval y ont été moins vis
Cette année , à cause des mêmes maladies.
E Pape a fait publier un nouveau Decret
pour reprimer le luxe dans l'Etat Ecclesiastique
, et pour deffendre à toutes personnes.
de porter dans les Païs de sont obéissance de
For ou de l'argent sur leurs habits.
Sa Sainteté a envoyé ordre à M. Cavalieri ,
son Nonce à la Cour de Portugal , de confirmer
par une nouvelle signature , les Immunitez accordées
à la Couronne et à la Nation Portugais
se , par Benoît XIII .
;
Le 21 Fevrier , veille du jour qu'on avoit choi
si pour transporter le Corps du feu Pape Benoît
XIII. de l'Eglise de S. Pierre du Vatican ,
dans celle de Sainte Marie sur la Minerves les
Cardinaux , au nombre de 18. tinrent Chapelle
Pontificale dans la Chapelle Pauline du Palaisdu
Quirinal , et ils assisterent à un Service solemnel
, pour le repos.de l'ame du Pape deffunt
le Cardinal Altieri de S. Mathieu celebra la Messe.
Le soir, on fit dans l'Eglise de S. Pierre du
Vatican l'ouverture du Cercueil de ce Pape , et
la reconnoissance de son Corps , en presence des.
Cardinaux Otthoboni , Petra , Lercari , Altieri
de S. Marhieu , Fini , Caraffe, Olivieri , Borghese
, Albani et del Giudice , et le Card. Albani
de S, Clement , Archiprêtre de cette Eglise , remit
le Corps au P. Jean - Benoît Zuanelli , Dominicain
, Maître du sacré Palais , et chargé par
le General de son Ordre , et par les Religieux de
Sainte Marie sur la Minerve , de le recevoir en
leur nom . Ensuite on porta processionnellement
le Cercueil dans la Nef de l'Eglise , au milieu
de laquelle on avoit élevé un magnifique Cata
Hvj falque
588 MERCURE DE FRANCE
falque , où on l'exposa. Il y fut gardé jusqu'au
moment du transport par les Religieux Dominicains
, qui réïtererent des Prieres pendant toute
la nuit.
Le 22 , les Chanoines de l'Eglise de S. Pierre
du Vatican firent un Service solemnel , qui fut
chanté à plusieurs Choeurs de Musique , auquel
M. Cervini , Archevêque titulaire de Nicomedie
officia Pontificalement. Après la Messe , M.Assemani
, Camerier d'honneur du Pape , prononça
en Latin l'Oraison Funebre , après quoi le
Prelat officiant , assistê des Evêques titulaires de
Gerapolis , de Cirene , de Costanza et de Marciana
, fit les Encensemens et les Absoutes. Le
même jour , après midi , tout le Clergé Secuhier
et Regulier s'étant rendu à l'Eglise de Saint
Pierre , on transporta le Corps dans celle de
Sainte Marie sur la Minerve , et la marche se fit
dans l'ordre suivant :
Les Domestiques de presque tous les Cardimaux
qui sont à Rome ; les Enfans du College
de S. Michel , et de celui de Salviati ; les Orphelins
, les Religieux de differens Ordres , les
Clercs reguliers ; le Clergé de chaque Paroisse ,
et les Chanoines de tous les Chapitres de la Ville.
400 Religieux Franciscains , marchant quatre à
quatre , et les Dominicains marchant 6 à 6,précedoient
le Brancard sur lequel étoit le Corps. Ils .
portoient tous des Flambeaux , ainsi que te reste
du Clergé et les autres personnes qui composoient
le Cortege. Les Hallebardiers de la Garde marchoient
autour du Brancard ; les deux Maîtres des
Ceremonies , les Evêques , les Clercs de Chambre
, et la Chambre secrete , venoient ensuite .
la marche étoit fermée par 40 Valets de pied du
Pape , et par les Equipages du Majordome de
S. S.
Le
MARS. 1733 589
Le Corps arriva vers les 7 -heures du soir à l'Eglise
de Sainte Marie sur la Minerve , qui étoit
toute tenduë de noir , et magnifiquement décorée.
Il y fut reçu par les Cardinaux Otthoboni
, Borghese et J. Bapt. Altieri , et on le plaça
au milieu de la Nef, sur une Estrade , au dessus
de laquelle étoit un riche Baldaquin , où il demeura
exposé pendant toute la nuit et le jour
suivant.
Le lendemain , il y eut Chapelle Pontificale
dans cette Eglise. 26 Cardinaux assisterent a
Service , qui fut chanté solemnellement ; après
la -Messe , qui fut celebrée par le Cardinal Altieri
de S. Mathieu , M. Philippe Piersanti , Chanoine
de S. Pierre du Vatican , et Maître des
Ceremonies du Pape , prononça l'Oraison Funebre
avec beaucoup d'éloquence , et les Absoutes
furent faites par les Cardinaux Petra
Fini , Caraffe et Lercari . Pendant le reste de la
journée l'Eglise fut ouverte , et il y eut un grand
concours de peuple ; le soir , les Religieux en
ayant fermé les Portes , se rendirent processionlement
dans la Nef, et après avoir récité les
Prieres accoutumées, ils porterent le Corps dans
une Chapelle , où il demeurera jusqu'à ce que le
Mausolée qu'on lui destine , soit achevé.
"
On vient d'apprendre que dans le Consistoire ;
tenu le 2 de ce mois , le Pape avoit nominé Cardinal
, M. Dominique Riviera , Protonotaire
Apostolique , et Secretaire de la Congrégation
de la Consulte. S. S. a donné la Charge de Secretaire
de la Congrégation de la Consulte ,
M. Bardi.
Par une Liste , publiée à Naples , des Dommages
, causez dans la Calabre , par le tremblement
de Terre , du 29 Novembre dernier , il pa-
πολύ .
F90
MERCURE DE FRANCE
Foît qu'il a péri en divers endroits 1940 petsonnes
, sans compter 1455 blessez , que les Villes
et Bourgs d'Ariano , Fiumari , Vallata , Lioni
, et S. Angelo , avoient été entierement renversez.
Les Bourgs de Mirabella et Carisi , réduits
en un Monceau de Pierres; y ayant eu dans
ces deux endroits 970 morts , parmi lesquels on
compte le Seigneur de Carisi , avec son épouse ,
et toute sa famille ; que la Ville Archiepiscopale
de Conza étoit dans un état pitoyable, la Cathedrale
ayant été entierement détruite, et que parmi
les autres Villes et Bourgs qui ont le plus
souffert , on compte Monte- Fiscoli , Capitale de
la Province , Bonito , Pietra de Fuci , Manical
ciati Frevico , S. Martin di Servinara , Monte
Rocheto , & c.
Le 15. Janvier on promena , selon la coûtume,
dans les rues de Naples , le Char de Triomphe
des Boulangers , sur lequel étoit représentée l'Aurore
conduite par les Crépuscules : ce Char qur
avoit été executé sur les desseins de M. Domique
Vaccard , celebre Architecte , fut conduit
par
la rue de Tolede à la Place du Palais , où il
tut abandonné au Peuple en presence du Viceroy.
Les Rhumes et Fluxions avec fiévre , ont regné
dans toute l'Italie et ont emporté bien du monde
, sur tout les personnes âgées ; on écrit de
Florence , qu'il y a encore en cette Ville bien
des gens attaquez de cette maladie ; de Rome et
de Naples , que les Rhumes y sont aussi communs
que dans le reste de l'Europe , et de Venise
que les plaisirs du Carnaval y ont été moins vis
Cette année , à cause des mêmes maladies.
Fermer
Résumé : ITALIE.
En février 1733, le Pape publia un décret visant à réprimer le luxe dans l'État ecclésiastique et à interdire le port de fourrure ou d'argent sur les habits dans les pays sous son obéissance. Il confirma également les immunités accordées à la Couronne et à la Nation portugaise par Benoît XIII. Le 21 février, les cardinaux célébrèrent une chapelle pontificale et un service solennel pour le repos de l'âme du Pape Benoît XIII. Le soir, le cercueil du Pape fut ouvert et son corps reconnu en présence de plusieurs cardinaux. Le corps fut ensuite transporté processionnellement à l'église Sainte-Marie-sur-la-Minerve, où il fut exposé jusqu'au lendemain. Le 22 février, un service solennel fut chanté à plusieurs chœurs de musique, suivi de l'oraison funèbre prononcée par M. Assemani. Le corps fut ensuite transporté à l'église Sainte-Marie-sur-la-Minerve dans une procession ordonnée, incluant divers clercs, religieux et domestiques des cardinaux. Le corps resta exposé jusqu'au lendemain, date à laquelle une chapelle pontificale fut tenue avec la participation de 26 cardinaux. Le soir, les religieux portèrent le corps dans une chapelle où il demeura jusqu'à l'achèvement de son mausolée. Le Pape nomma M. Dominique Riviera cardinal et secrétaire de la Congrégation de la Consulte, et M. Bardi à la charge de secrétaire de cette même congrégation. En Calabre, un tremblement de terre le 29 novembre précédent causa la mort de 1940 personnes et en blessa 1455, détruisant plusieurs villes et bourgs. À Naples, le char de triomphe des boulangers fut promené dans les rues le 15 janvier. Des épidémies de rhumes et de fluxions avec fièvre sévirent en Italie, affectant particulièrement les personnes âgées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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415
p. 626-642
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Caën, sur la Mort du R. P. de la Tour, Superieur General de la Congrégation de l'Oratoire.
Début :
Celui que nous pleurons si justement, n'a point été de ces Hommes qui [...]
Mots clefs :
Congrégation de l'Oratoire, Esprit, Mérite, Qualités, Génie, Religion, Fécondité, Charité, Éclat, Probité, Pierre-François d'Arerez de la Tour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Caën, sur la Mort du R. P. de la Tour, Superieur General de la Congrégation de l'Oratoire.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Caën,
sur la Mort du R. P. de la Tour , Superieur
General de la Congrégation de
POratoire.
Elui que nous pleurons si justement,
CEL
د
n'a point été de ces Hommes qui
enlevez de bonne heure et comme au
commencement de leur carriere , laissent
à la liberté des conjectures ce qu'ils
auroient été , s'ils eussent long- temps
vécu et qu'ils eussent eu le loisir de répondre
AVRIL. 1733 627
pondre à toutes les esperances qu'ils faisoient
concevoir ; le R. P. de la Tour a
tenu tout ce qu'on pouvoit se promettre
de lui ; il a été même beaucoup au - delà ;
il semble n'avoir passé par tous les degrez
de la vie humaine , que pour faire
sentir de quoi est capable un grand génie
cultivé par l'étude
l'étude , exercé par la
varieté et par la difficulté des conjonc
tures .
Son enfance brilla par tous les succès
litteraires qui recommandent un mérite
naissant. Ces fleurs qui contiennent ordinairement
d'heureux germes , produisirent
des fruits auffi exquis qu'abondans.
Il ne fut point de ces arbres qui
s'épuisent par une fécondité prématurée ;
il promit et accorda une longue et heureuse
fertilité. Né de parens dont la noblesse
recevoit un nouvel éclat de la probité
et de la Religion , son enfance fut
cultivée par une éducation qui dévelopa
promptement un naturel riche et propre
à toutes les Sciences.
La réputation de M. Cally , Professeur
de Philosophie dans l'Université de
Caën , attira le jeune de la Tour en cette
Ville , que les études ont rendue depuis
long- temps fameuse . La Philosophie de
Descartes y avoit été réduite à l'usage
A v des
628 MERCURE DE FRANCE
des Ecoles par ce celebre Professeur qui
eur Phonneur le premier de la rendre
méthodique et de la mettre à la portée
des jeunes gens , par cette clarté et par
cet air de démonstration qui éclatent
dans tout ce qu'il a écrit. Son Eleve ,
âgé de 17. ans , squtint des Theses publiques
à la fin de son Cours avec une
éclatante distinction .
Ce fut dans la Congrégation de l'O
ratoire où Dieu l'appella pour l'execution
de ses desseins sur lui , qu'il se trouva
au bout de quelque temps libre des
préjugez qui retiennent un esprit ordinaire
toujours captif. Sa penetration lui
fit concevoir que tous les sistêmes ne
sont en eux - mêmes qu'un arrangement ,
arbitraire d'idées , plus ou moins heureux
, suivant l'étendue et la force du
génie de ceux qui en sont les Auteurs.
>
Des vûës si saines éclairées par la Religion
, que le P. de la Tour étudia
avec le goût que la solidité de l'esprit
et la pureté des moeurs ne manquent
jamais d'inspirer , l'appliquerent de bonne
heure aux Instructions publiques . Un
stile pur sans affectation , noble sans en-
Aure une composition réguliere sans
être gênée , plus nourrie de l'Ecriture
Sainte et de la lecture des Peres qu'abondante
AVRÍL. · 1733 . 629
dante en ornemens et en descriptions
Aleuries ; une déclamation douce , un ton
gracieux , un geste naturel caracteriserent
ses discours et le firent écouter dans
Paris avec autant d'applaudissement que
de concours ; et ce qui fait la solide gloire
des Prédicateurs , ses Discours furent
accompagnez de beaucoup de fruits et
de succès bien marquez.
On ne tarda guéres à souhaiter d'a
voir pour Conducteur un homme en qui
on remarquoit tant de lumiere et tant
d'onction . Des pécheurs touchez , jugerent
qu'il leur préteroit volontiers une
main secourable pour rompre leurs chaînes
et pour les tirer de la région des
tenebres où les passions conduisent . Les
personnes qui avoient déja gouté le don
du Ciel , le regarderent comme un guide
assuré qui les meneroit par degrez vers
la perfection , &c.
Quelque éclat que jettât au- dehors le
mérite du P. de la Tour , on peut dire
qu'il n'en laissoit voir que la superficie.
Des talens beaucoup plus rares que celui
de l'Eloquence et de la Direction , se développoient
dans l'exercice de ses emplois
aux yeux de ceux qui avoient le
plus de droit d'en profiter. Ses Superieurs
et ses amis découvroient en li ce que
A vj l'hu630
MERCURE DE FRANCE
l'humilité chrétienne et une sincere mo
destie ne lui permettoient pas d'apper-
1
cevoir.
La démission volontaire du R. P. de
Sainte Marthe , cinquiéme General de
l'Oratoire , laissa une place où beaucoup
pouvoient aspirer , en considerant séparément
leurs grandes qualitez ; mais elle
ne pouvoit être glorieusement remplie
que par celui qui rassembloit , pour ainsi
dire , tous les divers mérites en sa personne.
(4) Ce Pere indiqua lui - même le
P. de la Tour , et tous les suffrages se
réünirent en faveur de la personne désignée.
Il falloit à la tête d'une Congréga
tion, protegée par ce qu'il y avoit de plus
distingue dans l'Eglise et dans l'Etat , un
homme d'une condition qui lui donnât
des entrées faciles chez les Grands , que
la naissance prévient toujours favorablement
. (b ) Le P. d'Arerez de la Tour étoit
d'une noblesse honorable. et attachée au
service du Prince . Ce privilege de la nais
sance , qui ne peut être difficilement suppléé
, étoit soutenu dans le P. de la Tour
par une taille avantageuse , par des traits
(a) Il étoit alors Directeur du Seminaire de Saint
Magloire
(b) Né à Paris en 1653 .
réguliers
AVRIL. 1733 631
réguliers et par une de ces belles phisionomies
qui sont comme l'image de
l'esprit et les premiers gàrants de la vertu .
Son exterieur sembloit avoir été fait pour
annoncer les qualitez d'une belle ame.
Il suffisoit de l'envisager pour être prévenu
en sa faveur . Lorsqu'il entreprenoit
d'insinuer quelque chose , son mérite
exterieur avoit déja préparé les voïes
à la persuasion .
Il falloit à la Congrégation de l'Oratoire
un genie assorti de toutes les
qualitez nécessaires à la constitution de
cet illustre Corps , qui se conduit par
des princips differens du Gouvernement
des Communautez Régulieres , et même
de presque toutes les Communautez Sé
culieres. On peut comparer cette Congrégation
à ces Etats politiques , où la
liberté a le plus d'étendue , où la subordination
ne fait point oublier à ceux qui
commandent qu'ils sont sujets , ni aux
sujets que leur obéissance est volontaire ,
et si j'ose me servir de ce terme , toute
spontanée.
La superiorité dans l'Oratoire y est
évitée avec autant de soin , qu'elle est
quelquefois recherchée ailleurs ; et la dépendance
, qui n'a rien de contraint ni
de servile , y jouit de presque toutes les
préro632
MERCURE DE FRANCE
prérogatives de l'égalité. On y est sans
défiance , parce qu'on n'a point d'interêt
de s'y supplanter . On ne s'y appréhende
point les uns les autres , parce que personne
n'y peut exercer une impérieuse
domination , et que le seul châtiment qui
y soit redoutable , est le malheur d'être
exclus d'une si aimable Societé.
Ce qui fait l'agrément de ceux qui dépendent
, rend dans l'Oratoire toute superiorité
onereuse et multiplie les difficultez
de la superiorité generale . Que de
talens divers ne faut il pas avoir pour en
remplir dignement les obligations ! Le
R. P. de la Tour étoit peut - être l'unique
qui pût en soutenir le poids auffi longtemps
sans s'affaiblir . Ce qui ne sera
point contesté , c'est qu'il a toûjours
mon ré une superiorité de vûës et une
fécondité de ressources .
Sa douceur toujours inalterable , lorsqu'il
ne s'agissoi que de ses propres interêts
, cedoit le plus tard et le plus rarement
qu'il étoit possible à une séverité
quelquefois nécessaire. Il accompagnoit
toujours les ordres que la nécessité lui
arrachoit , de tant de politesse et d'humanité
, que ceux à qui ils étoient envoyez
, étoient obligez de se blâmer euxmêmes
, dès que le trouble de la surprise
avoit
AVRIL. 1733 633
avoit fait place à de paisibles refléxions.
Ni les murmures enhardis par sa douceur
, ni les remontrances hors d'oeuvre ,
ni les plaintes trop peu respectueuses
qu'elle occasionna , ne purent jamais le
porter à user de ressentiment contre ceux
qui s'oublioient de la sorte à son égard .
Souvent ces indécens procedez ne faisoient
que reveiller son attention à multiplier
ses bons offices envers ceux qui
n'avoient lieu d'attendre que des mortifications.
Aussi peut- on dire que personne ne
connoissoit mieux les caracteres de la
charité que le R. P. de la Tour. C'étoit
le sujet ordinaire des discours qu'il faisoit
dans le cours de ses visites . Il mettoit
dans tour leur jour les traits que l'Apôtre
a employez pour peindre cette aimable
Vertu. Sa conduite étoit un sûr
interprete , son exemple un lumineux
commentaire. Que ceux qui ont eû le
-bonheur de le connoître , examinent
chacun de ces caracteres et le rapprochent
de la conduite de ce grand Homme
ils les trouveront tous , j'en suis
sûr , réalisez et réduits en pratique , sans
affoiblissement et sans interruption.
>
De-là ce désinteressement et cette génerosité
, dont le siécle présent n'a presque
334 MERCURE DE FRANCE
que conservé
que les noms. Ces sentimens
rares et encore respectez ,
pas
de ceux
mêmes qui n'ont la force de s'en revêtir
, ont passé par une heureuse émulation
du chef dans les membres .
Tant de réserve n'alloit pas à retenir
dans sa source la liberalité des personnes
riches : au contraire,en détournant la pente
de ces eaux qui auroient coulé dans
la Congrégation , il n'en étoit que plus
attentif à les conduire vers les lieux que
l'indigence ou des revers de fortune
avoient dessechez. Instruit des besoins
de plusieurs familles , qui pour sauver
l'éclat de leur nom , luttoient contre la
honte de la pauvreté , il avoit soin de
kur procurer des secours qui leur épargnoient
le pénible aveu de leur misere .
Rien ne feroit plus d'honneur à sa charité
que ce détail , s'il n'avoit caché ses .
bons offices avec plus de précaution que les
personnes nécessiteuses ne celoient leurs
besoins. Cependant on ne sçauroit taire
les génereux secours qu'il a fournis , non
seulement à plusieurs sujets de sa Congrégation
, mais encore à leurs parens ,
lorsqu'ils se trouvoient dans des conjonctures
fâcheuses. Il sembloit que leurs fa
milles cussent contracté une espece d'affinité
avec lui et eussent acquis un droit
à
A V RIL: 1733. 635
à son patrimoine. Il ne s'en réservoit que
ce qu'il ne pouvoit refuser à la simple
nécessité , aussi prodigue de son propre
bien qu'il étoit éloigné de recevoir celui
d'autrui.
L'usage qu'il a fait de son crédit ne
pouvoit pas aisément éviter les yeux du
Public. Comme il ne se déclaroit que
pour l'innocence attaquée et qu'il ne s'in
teressoit que pour des malheurs involontaires
, il ne craignoit point que ses démarches
fussent éclairées de trop près. Sa
candeur et sa probité ne lui permirent
jamais de surprendre la Religion des premiers
Magistrats en faveur de quelque
cause qui lui fut suspecte . Si leur confiance
pour lui alla jusqu'à le rendre dépositaire
des secrets de leur conscience ,
jamais il ne songea à retirer de ces marques
d'estime d'autre avantage que de
fournir de solides appuis à une Congrégation
qui lui étoit infiniment chere.
Une preuve indubitable de fa tendreffe
pour ce Corps célebre , est l'éloignement
qu'il témoigna pour les premieres dignitez
de l'Eglise. Son mérite étoit fort connu
à la Cour et ses amis songerent à lui
procurer le poids honorable de l'Episcopat
; mais il les pria de l'oublier à cet
égard , marquant un attachement pour
1
le
636 MERCURE DE FRANCE
le poste que la Providence lui avoit confié
, quoique moins éclatant.
Ce n'étoit pas le travail qu'il fuyoit.
Quels que soient les soins et la sollicitude
attachés à la qualité de Successeur des
Apôtres , la place qu'occuppoit le R. P.
de la Tour n'étoit ni moins difficile , ni
moins laborieuse . On peut dire qu'elle
étoit même plus pénible à plusieurs
égards , tant par les combats qu'il falloit
soûtenir au dehors , que par les craintes
qui regnoient au dedans. Borné , en apparence
, son emploi avoit une vaste étendûë
et tenoit à d'immenses détails. Il
vouloit tout voir et tout connoître par
lui -même. Toutes les réponses étoient de
sa main. La multitude des affaires ne
jettoit ni confusion dans ses idées , ni
désordre dans ses desseins , ni méprise
dans . l'execution . Consulté au-dehors et
au-dedans , il répondoit à toutes les questions
avec une netteté et une précision
toujours admirées. Admis au Conseil des
premiers Prélats du Royaume , sa facilité
à prévoir les inconveniens , la fécondité
de son génie pour découvrir des expédiens
, son habileté à prendre des tempéramens
justes entre des avis opposez ,
ramenoient souvent les opinions au sien ,
sans blesser la délicatesse des opinans .
La
AVRIL.
1733. 637
La
sagesse de ses décisions
sur toutes
les
questions
difficiles
, étoit
si connuë
, qu'il
étoit la ressource
ordinaire
et certaine
de
ceux
qui dans la nécessité
d'agir
, avoient
de la peine
à calmer
leurs
doutes
, et à
fixer
leur hésitation
. Ce qui donnoit
tant
de force
et un si grand
poids
à ses décisions
, c'étoit
une grande
connoissance
des
Loix
et de leurs
principes
, de la
Morale
et de ses sources
. Ces lumieres
qui dirigeoient
l'esprit
, avoient
une application
d'autant
plus
sure , qu'ennemie
des préjugez
, il étoit
toujours
en
garde
contre
la préocupation
. Des qualitez
si rares , même
dans
ceux qui gouvernent
, lui avoient
acquis
la confiance
de toute
la Congrégation
.
En tout cela , M. vous n'appercevez
que le mérite qui frappe les gens du
monde , pénetration d'esprit , étenduë de
génie , abondance de lumieres , connoissance
profonde des hommes ; en un mot ,
tout ce qui fait un grand homme capa
ble de gouverner les autres. Vous attendez
que j'acheve de vous montrer un
mérite qui subsiste au- delà des temps.
Vous admireriez quelques momens le
R. P. de la Tour , s'il n'avoit été pré
cisément qu'un génie sublime ; vous le
placeriez avec les grands Politiques , dont
les
638 MERCURE DE FRANCE
les noms sont conservez pour servir de
modeles à ceux qui occupent des postes
qu'ils ont laissez ; mais vous n'en seriez
que plus porté à gémir sur son sort , en
le voyant confondu avec tous ceux qui
après avoir fait un peu de bruit , descendent
et s'évanouissent dans l'obscurité
du tombeau . Vous le regarderiez en
soupirant comme un flambeau consumé
dont il ne resteroit qu'une inutile
cendre.
*
Rassurez - vous , M. cet homme , qui
au jugement d'un illustre Cardinal , *
juste estimateur du mérite , dont il avoit
obtenu l'amitié , avoit toutes les qualitez
propres pour gouverner ; cet homme
à qui M. le Premier Ministre , en loüant
sa sagesse , vient de donner un éloge
qu'il a emprunté de lui- même ; ce grand
homme étoit aussi pieux qu'éclairé. La
Religion présidoit à tout ce qu'il faisoit .
Toutes ces qualitez et toutes ses vertus
portoient sur le fondement solide de l'humilité
, simplicité parfaite en toutes choses
; simple dans son exterieur , simple
dans ses meubles , simple dans sa nourriture.
Point d'affectation , point de distinction
, point d'autre prééminence que
celle de son mérite . Son affabilité qui à
* Le Cardinal Gualterio,
augmenté
AVRIL. 17336 639
3
augmenté à mesure qu'il a jugé l'air grave
plus inutile , l'avoit rendu si populaire ,
qu'il paroissoit de niveau avec tout le
monde. Il ne pouvoit souffrir aucun respect
servile . Il étoit devenu l'Homme de
toutes les heures et de tous les momens.
Quoique chargé d'un grand nombre d'af
faires,et d'occupations , il ne faisoit point
sentir par un air distrait ou empressé
qu'on lui devenoit importun .
L'esprit d'Oraison qui fait un des plus
essentiels exercices de la Congrégation
de l'Oratoire ne s'affoiblit jamais en lui .
C'étoit dans sa communication avec Dieu
qu'il se délassoit de ses fatigues et qu'il
prenoit de nouvelles forces pour soutenir
le poids d'un travail continuel , G'étoit
aux pieds de Jesus - Christ qu'il portoit
ses tendres inquiétudes pour une
Congrégation qui a eté principalement
établie , afin de faire connoître et aimer
ce divin Sauveur. Il consultoit sans cesse
la Sagesse incarnée , qui est la lumiere
des Esprits , et il faisoit voir dans toute
sa conduite combien son commerce avec
ce Maître invisible , étoit intime et familier.
La tendresse du R. P. de la Tour pour
tous les Sujets de sa Congrégation ne se
terminoit pas à des soins généraux à l'égard
640 MERCURE DE FRANCE
gard de ceux qui étoient sous ses yeux.
Il ajoutoit sa vigilance à celles des Supericurs
, envers les malades qu'il visitoit
très-souvent. Il ne s'en tenoit point
à une stérile compassion , qui ne
vient quelquefois que d'un retour sur
soi-même , il ouvroit le chemin à des
consolations spirituelles par certaines
questions obligeantes , dont les malades
sentent tout le prix.
Je ne le suivrai point , M. dans toutes
les autres pratiques de pieté , ni dans
les augustes fonctions du Sacerdoce . Je
me contenterai de vous dire que l'esprit
de Religion les animoit toutes. Il étoit
aisé d'appercevoir qu'il étoit tout pénetré
de cet esprit qui donne le prix à nos
actions. Il n'en évitoit pas moins toute
singularité . On n'en remarquoit point
d'autre en lui , que celle de marcher toujours
d'un pas égal dans le chemin de la
Vertu. Comme il étoit par état le modele
d'une Congrégation entiere , il ne
laissoit voir que ce qui devoit être imité
de tous .
Il manqueroit un trait essentiel à la
foible esquisse que j'ai l'honneur de vous
envoyer , M. si j'oubliois que personne
n'avoit plus de qualitez pour se faire des
amis et pour les conserver . Son titre de
Superieur
AVRIL. 1733
641
Superieur ne le priva point des douceurs
d'une amitié intime , qu'il accorda à plusieurs
Sujets de la Congrégation . Sa charité
pour tous prenoit cette forme pour
des personnes dont le mérite approchoit
de plus près du sien , Cette disposition
à cultiver une vertu , dont le nom est
infiniment plus commun que la chose ,'
lui fit contracter au- dehors des amitiez
illustres , dont la seule mort a été le terme
inévitable.
per- Voilà , M. une légere idée de la
sonne que nous pleurons : Peinture trop
foible et trop imparfaite pour un Eloge ,
mais suffisante pour justifier l'étendue de
notre douleur, Les Amateurs de la probité
pleurent un modele , les Admirateurs
du mérite regrettent un homme
rare , les Personnes pieuses un guide
sûr et fidele , les Sujets de l'Oratoire ,
un Pere tendre et compatissant , la Congrégation
, son Protecteur et son plus
ferme appui .
2
Sa mort ne fut pas plutôt sçûë , qu'il
n'y eut personne de ceux qui sont éclairez
sur les veritables interêts de leur Corps ,
qui ne s'écriât comme Elisée lorsqu'Èlic
se sépara de lui . O mon Pere , mon Pere ;
vous nous êtes donc enlevé , vous qui étiez
le Char d'Israël et son Conducteur. Nous.
demeu842
MERCURE DE FRANCE
> demeurâmes saisis , consternez comme
si ce présent du Ciel nous avoit été donné
pour toûjours. Personne n'a refléchi
d'abord sur les avantages que l'illustre
mort acqueroit en quittant cette vie.
Nous n'avons été occupez jusqu'à présent
que de notre malheur."
Daigne le Ciel , si la Congrégation lui
est toujours chere , susciter un Elisée , en
qui l'efprit d'Elie se reproduise . Un homme
de Dieu dont la sage conduite soit
une imitation , ou plutôt une copie fidele
de celle à qui nous devons notre conservation
.
G. P. D. L.
A Caën , le 28. Février 1733 .
sur la Mort du R. P. de la Tour , Superieur
General de la Congrégation de
POratoire.
Elui que nous pleurons si justement,
CEL
د
n'a point été de ces Hommes qui
enlevez de bonne heure et comme au
commencement de leur carriere , laissent
à la liberté des conjectures ce qu'ils
auroient été , s'ils eussent long- temps
vécu et qu'ils eussent eu le loisir de répondre
AVRIL. 1733 627
pondre à toutes les esperances qu'ils faisoient
concevoir ; le R. P. de la Tour a
tenu tout ce qu'on pouvoit se promettre
de lui ; il a été même beaucoup au - delà ;
il semble n'avoir passé par tous les degrez
de la vie humaine , que pour faire
sentir de quoi est capable un grand génie
cultivé par l'étude
l'étude , exercé par la
varieté et par la difficulté des conjonc
tures .
Son enfance brilla par tous les succès
litteraires qui recommandent un mérite
naissant. Ces fleurs qui contiennent ordinairement
d'heureux germes , produisirent
des fruits auffi exquis qu'abondans.
Il ne fut point de ces arbres qui
s'épuisent par une fécondité prématurée ;
il promit et accorda une longue et heureuse
fertilité. Né de parens dont la noblesse
recevoit un nouvel éclat de la probité
et de la Religion , son enfance fut
cultivée par une éducation qui dévelopa
promptement un naturel riche et propre
à toutes les Sciences.
La réputation de M. Cally , Professeur
de Philosophie dans l'Université de
Caën , attira le jeune de la Tour en cette
Ville , que les études ont rendue depuis
long- temps fameuse . La Philosophie de
Descartes y avoit été réduite à l'usage
A v des
628 MERCURE DE FRANCE
des Ecoles par ce celebre Professeur qui
eur Phonneur le premier de la rendre
méthodique et de la mettre à la portée
des jeunes gens , par cette clarté et par
cet air de démonstration qui éclatent
dans tout ce qu'il a écrit. Son Eleve ,
âgé de 17. ans , squtint des Theses publiques
à la fin de son Cours avec une
éclatante distinction .
Ce fut dans la Congrégation de l'O
ratoire où Dieu l'appella pour l'execution
de ses desseins sur lui , qu'il se trouva
au bout de quelque temps libre des
préjugez qui retiennent un esprit ordinaire
toujours captif. Sa penetration lui
fit concevoir que tous les sistêmes ne
sont en eux - mêmes qu'un arrangement ,
arbitraire d'idées , plus ou moins heureux
, suivant l'étendue et la force du
génie de ceux qui en sont les Auteurs.
>
Des vûës si saines éclairées par la Religion
, que le P. de la Tour étudia
avec le goût que la solidité de l'esprit
et la pureté des moeurs ne manquent
jamais d'inspirer , l'appliquerent de bonne
heure aux Instructions publiques . Un
stile pur sans affectation , noble sans en-
Aure une composition réguliere sans
être gênée , plus nourrie de l'Ecriture
Sainte et de la lecture des Peres qu'abondante
AVRÍL. · 1733 . 629
dante en ornemens et en descriptions
Aleuries ; une déclamation douce , un ton
gracieux , un geste naturel caracteriserent
ses discours et le firent écouter dans
Paris avec autant d'applaudissement que
de concours ; et ce qui fait la solide gloire
des Prédicateurs , ses Discours furent
accompagnez de beaucoup de fruits et
de succès bien marquez.
On ne tarda guéres à souhaiter d'a
voir pour Conducteur un homme en qui
on remarquoit tant de lumiere et tant
d'onction . Des pécheurs touchez , jugerent
qu'il leur préteroit volontiers une
main secourable pour rompre leurs chaînes
et pour les tirer de la région des
tenebres où les passions conduisent . Les
personnes qui avoient déja gouté le don
du Ciel , le regarderent comme un guide
assuré qui les meneroit par degrez vers
la perfection , &c.
Quelque éclat que jettât au- dehors le
mérite du P. de la Tour , on peut dire
qu'il n'en laissoit voir que la superficie.
Des talens beaucoup plus rares que celui
de l'Eloquence et de la Direction , se développoient
dans l'exercice de ses emplois
aux yeux de ceux qui avoient le
plus de droit d'en profiter. Ses Superieurs
et ses amis découvroient en li ce que
A vj l'hu630
MERCURE DE FRANCE
l'humilité chrétienne et une sincere mo
destie ne lui permettoient pas d'apper-
1
cevoir.
La démission volontaire du R. P. de
Sainte Marthe , cinquiéme General de
l'Oratoire , laissa une place où beaucoup
pouvoient aspirer , en considerant séparément
leurs grandes qualitez ; mais elle
ne pouvoit être glorieusement remplie
que par celui qui rassembloit , pour ainsi
dire , tous les divers mérites en sa personne.
(4) Ce Pere indiqua lui - même le
P. de la Tour , et tous les suffrages se
réünirent en faveur de la personne désignée.
Il falloit à la tête d'une Congréga
tion, protegée par ce qu'il y avoit de plus
distingue dans l'Eglise et dans l'Etat , un
homme d'une condition qui lui donnât
des entrées faciles chez les Grands , que
la naissance prévient toujours favorablement
. (b ) Le P. d'Arerez de la Tour étoit
d'une noblesse honorable. et attachée au
service du Prince . Ce privilege de la nais
sance , qui ne peut être difficilement suppléé
, étoit soutenu dans le P. de la Tour
par une taille avantageuse , par des traits
(a) Il étoit alors Directeur du Seminaire de Saint
Magloire
(b) Né à Paris en 1653 .
réguliers
AVRIL. 1733 631
réguliers et par une de ces belles phisionomies
qui sont comme l'image de
l'esprit et les premiers gàrants de la vertu .
Son exterieur sembloit avoir été fait pour
annoncer les qualitez d'une belle ame.
Il suffisoit de l'envisager pour être prévenu
en sa faveur . Lorsqu'il entreprenoit
d'insinuer quelque chose , son mérite
exterieur avoit déja préparé les voïes
à la persuasion .
Il falloit à la Congrégation de l'Oratoire
un genie assorti de toutes les
qualitez nécessaires à la constitution de
cet illustre Corps , qui se conduit par
des princips differens du Gouvernement
des Communautez Régulieres , et même
de presque toutes les Communautez Sé
culieres. On peut comparer cette Congrégation
à ces Etats politiques , où la
liberté a le plus d'étendue , où la subordination
ne fait point oublier à ceux qui
commandent qu'ils sont sujets , ni aux
sujets que leur obéissance est volontaire ,
et si j'ose me servir de ce terme , toute
spontanée.
La superiorité dans l'Oratoire y est
évitée avec autant de soin , qu'elle est
quelquefois recherchée ailleurs ; et la dépendance
, qui n'a rien de contraint ni
de servile , y jouit de presque toutes les
préro632
MERCURE DE FRANCE
prérogatives de l'égalité. On y est sans
défiance , parce qu'on n'a point d'interêt
de s'y supplanter . On ne s'y appréhende
point les uns les autres , parce que personne
n'y peut exercer une impérieuse
domination , et que le seul châtiment qui
y soit redoutable , est le malheur d'être
exclus d'une si aimable Societé.
Ce qui fait l'agrément de ceux qui dépendent
, rend dans l'Oratoire toute superiorité
onereuse et multiplie les difficultez
de la superiorité generale . Que de
talens divers ne faut il pas avoir pour en
remplir dignement les obligations ! Le
R. P. de la Tour étoit peut - être l'unique
qui pût en soutenir le poids auffi longtemps
sans s'affaiblir . Ce qui ne sera
point contesté , c'est qu'il a toûjours
mon ré une superiorité de vûës et une
fécondité de ressources .
Sa douceur toujours inalterable , lorsqu'il
ne s'agissoi que de ses propres interêts
, cedoit le plus tard et le plus rarement
qu'il étoit possible à une séverité
quelquefois nécessaire. Il accompagnoit
toujours les ordres que la nécessité lui
arrachoit , de tant de politesse et d'humanité
, que ceux à qui ils étoient envoyez
, étoient obligez de se blâmer euxmêmes
, dès que le trouble de la surprise
avoit
AVRIL. 1733 633
avoit fait place à de paisibles refléxions.
Ni les murmures enhardis par sa douceur
, ni les remontrances hors d'oeuvre ,
ni les plaintes trop peu respectueuses
qu'elle occasionna , ne purent jamais le
porter à user de ressentiment contre ceux
qui s'oublioient de la sorte à son égard .
Souvent ces indécens procedez ne faisoient
que reveiller son attention à multiplier
ses bons offices envers ceux qui
n'avoient lieu d'attendre que des mortifications.
Aussi peut- on dire que personne ne
connoissoit mieux les caracteres de la
charité que le R. P. de la Tour. C'étoit
le sujet ordinaire des discours qu'il faisoit
dans le cours de ses visites . Il mettoit
dans tour leur jour les traits que l'Apôtre
a employez pour peindre cette aimable
Vertu. Sa conduite étoit un sûr
interprete , son exemple un lumineux
commentaire. Que ceux qui ont eû le
-bonheur de le connoître , examinent
chacun de ces caracteres et le rapprochent
de la conduite de ce grand Homme
ils les trouveront tous , j'en suis
sûr , réalisez et réduits en pratique , sans
affoiblissement et sans interruption.
>
De-là ce désinteressement et cette génerosité
, dont le siécle présent n'a presque
334 MERCURE DE FRANCE
que conservé
que les noms. Ces sentimens
rares et encore respectez ,
pas
de ceux
mêmes qui n'ont la force de s'en revêtir
, ont passé par une heureuse émulation
du chef dans les membres .
Tant de réserve n'alloit pas à retenir
dans sa source la liberalité des personnes
riches : au contraire,en détournant la pente
de ces eaux qui auroient coulé dans
la Congrégation , il n'en étoit que plus
attentif à les conduire vers les lieux que
l'indigence ou des revers de fortune
avoient dessechez. Instruit des besoins
de plusieurs familles , qui pour sauver
l'éclat de leur nom , luttoient contre la
honte de la pauvreté , il avoit soin de
kur procurer des secours qui leur épargnoient
le pénible aveu de leur misere .
Rien ne feroit plus d'honneur à sa charité
que ce détail , s'il n'avoit caché ses .
bons offices avec plus de précaution que les
personnes nécessiteuses ne celoient leurs
besoins. Cependant on ne sçauroit taire
les génereux secours qu'il a fournis , non
seulement à plusieurs sujets de sa Congrégation
, mais encore à leurs parens ,
lorsqu'ils se trouvoient dans des conjonctures
fâcheuses. Il sembloit que leurs fa
milles cussent contracté une espece d'affinité
avec lui et eussent acquis un droit
à
A V RIL: 1733. 635
à son patrimoine. Il ne s'en réservoit que
ce qu'il ne pouvoit refuser à la simple
nécessité , aussi prodigue de son propre
bien qu'il étoit éloigné de recevoir celui
d'autrui.
L'usage qu'il a fait de son crédit ne
pouvoit pas aisément éviter les yeux du
Public. Comme il ne se déclaroit que
pour l'innocence attaquée et qu'il ne s'in
teressoit que pour des malheurs involontaires
, il ne craignoit point que ses démarches
fussent éclairées de trop près. Sa
candeur et sa probité ne lui permirent
jamais de surprendre la Religion des premiers
Magistrats en faveur de quelque
cause qui lui fut suspecte . Si leur confiance
pour lui alla jusqu'à le rendre dépositaire
des secrets de leur conscience ,
jamais il ne songea à retirer de ces marques
d'estime d'autre avantage que de
fournir de solides appuis à une Congrégation
qui lui étoit infiniment chere.
Une preuve indubitable de fa tendreffe
pour ce Corps célebre , est l'éloignement
qu'il témoigna pour les premieres dignitez
de l'Eglise. Son mérite étoit fort connu
à la Cour et ses amis songerent à lui
procurer le poids honorable de l'Episcopat
; mais il les pria de l'oublier à cet
égard , marquant un attachement pour
1
le
636 MERCURE DE FRANCE
le poste que la Providence lui avoit confié
, quoique moins éclatant.
Ce n'étoit pas le travail qu'il fuyoit.
Quels que soient les soins et la sollicitude
attachés à la qualité de Successeur des
Apôtres , la place qu'occuppoit le R. P.
de la Tour n'étoit ni moins difficile , ni
moins laborieuse . On peut dire qu'elle
étoit même plus pénible à plusieurs
égards , tant par les combats qu'il falloit
soûtenir au dehors , que par les craintes
qui regnoient au dedans. Borné , en apparence
, son emploi avoit une vaste étendûë
et tenoit à d'immenses détails. Il
vouloit tout voir et tout connoître par
lui -même. Toutes les réponses étoient de
sa main. La multitude des affaires ne
jettoit ni confusion dans ses idées , ni
désordre dans ses desseins , ni méprise
dans . l'execution . Consulté au-dehors et
au-dedans , il répondoit à toutes les questions
avec une netteté et une précision
toujours admirées. Admis au Conseil des
premiers Prélats du Royaume , sa facilité
à prévoir les inconveniens , la fécondité
de son génie pour découvrir des expédiens
, son habileté à prendre des tempéramens
justes entre des avis opposez ,
ramenoient souvent les opinions au sien ,
sans blesser la délicatesse des opinans .
La
AVRIL.
1733. 637
La
sagesse de ses décisions
sur toutes
les
questions
difficiles
, étoit
si connuë
, qu'il
étoit la ressource
ordinaire
et certaine
de
ceux
qui dans la nécessité
d'agir
, avoient
de la peine
à calmer
leurs
doutes
, et à
fixer
leur hésitation
. Ce qui donnoit
tant
de force
et un si grand
poids
à ses décisions
, c'étoit
une grande
connoissance
des
Loix
et de leurs
principes
, de la
Morale
et de ses sources
. Ces lumieres
qui dirigeoient
l'esprit
, avoient
une application
d'autant
plus
sure , qu'ennemie
des préjugez
, il étoit
toujours
en
garde
contre
la préocupation
. Des qualitez
si rares , même
dans
ceux qui gouvernent
, lui avoient
acquis
la confiance
de toute
la Congrégation
.
En tout cela , M. vous n'appercevez
que le mérite qui frappe les gens du
monde , pénetration d'esprit , étenduë de
génie , abondance de lumieres , connoissance
profonde des hommes ; en un mot ,
tout ce qui fait un grand homme capa
ble de gouverner les autres. Vous attendez
que j'acheve de vous montrer un
mérite qui subsiste au- delà des temps.
Vous admireriez quelques momens le
R. P. de la Tour , s'il n'avoit été pré
cisément qu'un génie sublime ; vous le
placeriez avec les grands Politiques , dont
les
638 MERCURE DE FRANCE
les noms sont conservez pour servir de
modeles à ceux qui occupent des postes
qu'ils ont laissez ; mais vous n'en seriez
que plus porté à gémir sur son sort , en
le voyant confondu avec tous ceux qui
après avoir fait un peu de bruit , descendent
et s'évanouissent dans l'obscurité
du tombeau . Vous le regarderiez en
soupirant comme un flambeau consumé
dont il ne resteroit qu'une inutile
cendre.
*
Rassurez - vous , M. cet homme , qui
au jugement d'un illustre Cardinal , *
juste estimateur du mérite , dont il avoit
obtenu l'amitié , avoit toutes les qualitez
propres pour gouverner ; cet homme
à qui M. le Premier Ministre , en loüant
sa sagesse , vient de donner un éloge
qu'il a emprunté de lui- même ; ce grand
homme étoit aussi pieux qu'éclairé. La
Religion présidoit à tout ce qu'il faisoit .
Toutes ces qualitez et toutes ses vertus
portoient sur le fondement solide de l'humilité
, simplicité parfaite en toutes choses
; simple dans son exterieur , simple
dans ses meubles , simple dans sa nourriture.
Point d'affectation , point de distinction
, point d'autre prééminence que
celle de son mérite . Son affabilité qui à
* Le Cardinal Gualterio,
augmenté
AVRIL. 17336 639
3
augmenté à mesure qu'il a jugé l'air grave
plus inutile , l'avoit rendu si populaire ,
qu'il paroissoit de niveau avec tout le
monde. Il ne pouvoit souffrir aucun respect
servile . Il étoit devenu l'Homme de
toutes les heures et de tous les momens.
Quoique chargé d'un grand nombre d'af
faires,et d'occupations , il ne faisoit point
sentir par un air distrait ou empressé
qu'on lui devenoit importun .
L'esprit d'Oraison qui fait un des plus
essentiels exercices de la Congrégation
de l'Oratoire ne s'affoiblit jamais en lui .
C'étoit dans sa communication avec Dieu
qu'il se délassoit de ses fatigues et qu'il
prenoit de nouvelles forces pour soutenir
le poids d'un travail continuel , G'étoit
aux pieds de Jesus - Christ qu'il portoit
ses tendres inquiétudes pour une
Congrégation qui a eté principalement
établie , afin de faire connoître et aimer
ce divin Sauveur. Il consultoit sans cesse
la Sagesse incarnée , qui est la lumiere
des Esprits , et il faisoit voir dans toute
sa conduite combien son commerce avec
ce Maître invisible , étoit intime et familier.
La tendresse du R. P. de la Tour pour
tous les Sujets de sa Congrégation ne se
terminoit pas à des soins généraux à l'égard
640 MERCURE DE FRANCE
gard de ceux qui étoient sous ses yeux.
Il ajoutoit sa vigilance à celles des Supericurs
, envers les malades qu'il visitoit
très-souvent. Il ne s'en tenoit point
à une stérile compassion , qui ne
vient quelquefois que d'un retour sur
soi-même , il ouvroit le chemin à des
consolations spirituelles par certaines
questions obligeantes , dont les malades
sentent tout le prix.
Je ne le suivrai point , M. dans toutes
les autres pratiques de pieté , ni dans
les augustes fonctions du Sacerdoce . Je
me contenterai de vous dire que l'esprit
de Religion les animoit toutes. Il étoit
aisé d'appercevoir qu'il étoit tout pénetré
de cet esprit qui donne le prix à nos
actions. Il n'en évitoit pas moins toute
singularité . On n'en remarquoit point
d'autre en lui , que celle de marcher toujours
d'un pas égal dans le chemin de la
Vertu. Comme il étoit par état le modele
d'une Congrégation entiere , il ne
laissoit voir que ce qui devoit être imité
de tous .
Il manqueroit un trait essentiel à la
foible esquisse que j'ai l'honneur de vous
envoyer , M. si j'oubliois que personne
n'avoit plus de qualitez pour se faire des
amis et pour les conserver . Son titre de
Superieur
AVRIL. 1733
641
Superieur ne le priva point des douceurs
d'une amitié intime , qu'il accorda à plusieurs
Sujets de la Congrégation . Sa charité
pour tous prenoit cette forme pour
des personnes dont le mérite approchoit
de plus près du sien , Cette disposition
à cultiver une vertu , dont le nom est
infiniment plus commun que la chose ,'
lui fit contracter au- dehors des amitiez
illustres , dont la seule mort a été le terme
inévitable.
per- Voilà , M. une légere idée de la
sonne que nous pleurons : Peinture trop
foible et trop imparfaite pour un Eloge ,
mais suffisante pour justifier l'étendue de
notre douleur, Les Amateurs de la probité
pleurent un modele , les Admirateurs
du mérite regrettent un homme
rare , les Personnes pieuses un guide
sûr et fidele , les Sujets de l'Oratoire ,
un Pere tendre et compatissant , la Congrégation
, son Protecteur et son plus
ferme appui .
2
Sa mort ne fut pas plutôt sçûë , qu'il
n'y eut personne de ceux qui sont éclairez
sur les veritables interêts de leur Corps ,
qui ne s'écriât comme Elisée lorsqu'Èlic
se sépara de lui . O mon Pere , mon Pere ;
vous nous êtes donc enlevé , vous qui étiez
le Char d'Israël et son Conducteur. Nous.
demeu842
MERCURE DE FRANCE
> demeurâmes saisis , consternez comme
si ce présent du Ciel nous avoit été donné
pour toûjours. Personne n'a refléchi
d'abord sur les avantages que l'illustre
mort acqueroit en quittant cette vie.
Nous n'avons été occupez jusqu'à présent
que de notre malheur."
Daigne le Ciel , si la Congrégation lui
est toujours chere , susciter un Elisée , en
qui l'efprit d'Elie se reproduise . Un homme
de Dieu dont la sage conduite soit
une imitation , ou plutôt une copie fidele
de celle à qui nous devons notre conservation
.
G. P. D. L.
A Caën , le 28. Février 1733 .
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Caën, sur la Mort du R. P. de la Tour, Superieur General de la Congrégation de l'Oratoire.
Le texte est un extrait d'une lettre écrite à Caen en avril 1733, annonçant la mort du Père de la Tour, supérieur général de la Congrégation de l'Oratoire. Le Père de la Tour est présenté comme un homme aux talents et qualités exceptionnels, dépassant largement les attentes. Son enfance a été marquée par des succès littéraires et une éducation soignée, favorisée par la noblesse et la piété de ses parents. À l'âge de 17 ans, il a brillamment soutenu des thèses publiques en philosophie sous la direction de M. Cally à Caen. Entré dans la Congrégation de l'Oratoire, il s'est rapidement libéré des préjugés grâce à son esprit pénétrant et à son étude approfondie de la religion. Ses sermons, caractérisés par un style pur et une déclamation douce, ont été très appréciés à Paris. Sa réputation de prédicateur et de directeur spirituel a rapidement grandi, attirant tant des pécheurs que des personnes déjà pieuses. Le Père de la Tour a été choisi pour succéder au Père de Sainte-Marthe en tant que supérieur général de l'Oratoire. Sa noblesse, son éducation et ses qualités personnelles en faisaient un candidat idéal pour diriger une congrégation protégée par les plus hautes instances de l'Église et de l'État. Sa gestion a été marquée par une grande douceur et une sévérité mesurée, toujours accompagnée de politesse et d'humanité. Il était également connu pour sa générosité et son désintéressement, aidant de nombreuses familles dans le besoin sans chercher de reconnaissance. Son usage du crédit et de son influence a toujours été au service de l'innocence et des causes justes. Malgré des offres pour des postes épiscopaux, il a préféré rester à son poste à l'Oratoire, démontrant ainsi son attachement et son dévouement à la congrégation. Sa sagesse et sa connaissance des lois et de la morale ont fait de lui une ressource précieuse pour les décisions importantes. Le Père de la Tour était reconnu pour sa vigilance contre les préoccupations et ses rares qualités de gouvernance, lui valant la confiance de toute la Congrégation. Ses mérites incluaient une pénétration d'esprit, une étendue de génie, une abondance de lumières et une connaissance profonde des hommes. Il était admiré pour sa sagesse et son humilité, évitant toute affectation et préférant la simplicité en toutes choses. Sa piété et sa dévotion étaient constantes, trouvant dans la communication avec Dieu un réconfort et une force pour ses responsabilités. Il était également connu pour sa tendresse et sa vigilance envers les membres de sa Congrégation, notamment les malades. Sa capacité à se faire des amis et à les conserver était remarquable. Sa mort a été profondément regrettée par tous ceux qui le connaissaient, laissant un vide immense dans la Congrégation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
416
p. 730-732
ADDITION à la Lettre, inserée dans le Mercure de Mars dernier, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, &c.
Début :
Permettez, Monsieur, que je vous fasse part de ce que j'ai encore trouvé [...]
Mots clefs :
Orléans, Chastellux, Saint-Agnan, Éperons, Épée, Chapitre, Réception, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION à la Lettre, inserée dans le Mercure de Mars dernier, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, &c.
ADDITION à la Lettre , inferée
dans le Mercure de Mars dernier , sur
P'usage des Habits Canoniaux et Militaires
, & c.
P
Ermettez , Monsieur , que je vous
fasse part de ce que j'ai encore trouvé
de ressemblant au droit de M. de
Chastellux , depuis que je vous ai envoyé
mes Observations sur l'habillement
des Chanoines Honoraires Laïques
M. Hubert rapporte parmi les Preuves de
son Histoire de l'Eglise Royale de Saint-
Agnan d'Orleans , à la page 142. la reception
de 2 Doyens de ce Chapitre. Le 1
nommé Louis de Villers , pourvu par
Madame la Duchesse d'Orleans , fut reçû.
le 31 May 1480. On lit que dans la
cérémonie de sa reception au Chapitre , on
lui donna une Ceinture dorée , une Epée
aussi dorée , une Gibeciere , des Eperons
dorez , et un Oiseau sur le poing. Cui
tradiderunt Zonam deauratam , enfem deauratum,
unam Gibessariam, et Calcaria deanrata
, et Avem fupra pugnum ut moris est ,
prastitisque folitis ... Juramentis , & c.
Ayant été fait Evêque de Beauvais au
bout de 17 ans , M. le Duc d'Orleans
conAVRIL.
1733 731
confera la même dignité à Jacques Hurault
, à la reception duquel furent pratiquées
les mêmes Ceremonies l'an 1497 .
le 20 Septembre. Vous appercevez , sans
doute , de la difference entre notre Chanoine
Honoraire , Hereditaire , qui est
Laïc ; et ce Doyen , qui est un homme
d'Eglise , et dont la dignité n'est point
héréditaire.Illy a encore cela de different,
que le Doyen de S. Agnan d'Orleans devoit
être revêtu de Robe longue, au lieu
que nos Messieurs de Chastellux sont en
habit court , quoique couvert du Surplis
. Mais quand la ressemblance seroit
plus grande , etet quand même elle seroit
entiere pour ce qui est de l'habillement , et
du droit successif , on ne pourroit de nos
jours , mettre ce Doyen en parallele avoc
M. de Chastellux , parce que les Doyens
de S. Agnan ne sont plus reçûs avec l'équipage
dont j'ai parlé. Le même M.Hubert
nous apprend qu'en l'an 1546.
Charles Guillard prit possession du
Doyenné , le 8 Octobre , avec le Surplis
et l'Aumusse seulement ; qu'il ne voulut
point être installé suivant l'ancienne
Cérémonie , et qu'il 'se contenta que le
Chapitre lui donnât une déclaration ,
comme le Doyen pouvoit être mis en
* Page tent onzième.
*
pos732
MERCURE DE FRANCE
possession avec l'Epée au côté , la Gibeciere
, les Eperons dorez et l'Oiseau sur le
poing. Il ajoute que depuis ce temps - là
cette maniere d'investiture a cessé d'être
en usage , et qu'il n'en paroît plus d'exemples
dans les Archives de S. Agnan.Quoiqu'elle
soit affez remarquable , je ne
la trouve point dans le grand nombre
d'exemples d'investiture , rapportez par
M. Ducange , ou par ses illustres Augmentateurs.
L'Epée et le Ceinturon ou la
Ceinture paroissent bien dans ces sortes
de ceremonie ; mais il n'y est fait aucu
ne mention de Gibeciere ni d'Oyseau , non
plus que d'Eperons .
dans le Mercure de Mars dernier , sur
P'usage des Habits Canoniaux et Militaires
, & c.
P
Ermettez , Monsieur , que je vous
fasse part de ce que j'ai encore trouvé
de ressemblant au droit de M. de
Chastellux , depuis que je vous ai envoyé
mes Observations sur l'habillement
des Chanoines Honoraires Laïques
M. Hubert rapporte parmi les Preuves de
son Histoire de l'Eglise Royale de Saint-
Agnan d'Orleans , à la page 142. la reception
de 2 Doyens de ce Chapitre. Le 1
nommé Louis de Villers , pourvu par
Madame la Duchesse d'Orleans , fut reçû.
le 31 May 1480. On lit que dans la
cérémonie de sa reception au Chapitre , on
lui donna une Ceinture dorée , une Epée
aussi dorée , une Gibeciere , des Eperons
dorez , et un Oiseau sur le poing. Cui
tradiderunt Zonam deauratam , enfem deauratum,
unam Gibessariam, et Calcaria deanrata
, et Avem fupra pugnum ut moris est ,
prastitisque folitis ... Juramentis , & c.
Ayant été fait Evêque de Beauvais au
bout de 17 ans , M. le Duc d'Orleans
conAVRIL.
1733 731
confera la même dignité à Jacques Hurault
, à la reception duquel furent pratiquées
les mêmes Ceremonies l'an 1497 .
le 20 Septembre. Vous appercevez , sans
doute , de la difference entre notre Chanoine
Honoraire , Hereditaire , qui est
Laïc ; et ce Doyen , qui est un homme
d'Eglise , et dont la dignité n'est point
héréditaire.Illy a encore cela de different,
que le Doyen de S. Agnan d'Orleans devoit
être revêtu de Robe longue, au lieu
que nos Messieurs de Chastellux sont en
habit court , quoique couvert du Surplis
. Mais quand la ressemblance seroit
plus grande , etet quand même elle seroit
entiere pour ce qui est de l'habillement , et
du droit successif , on ne pourroit de nos
jours , mettre ce Doyen en parallele avoc
M. de Chastellux , parce que les Doyens
de S. Agnan ne sont plus reçûs avec l'équipage
dont j'ai parlé. Le même M.Hubert
nous apprend qu'en l'an 1546.
Charles Guillard prit possession du
Doyenné , le 8 Octobre , avec le Surplis
et l'Aumusse seulement ; qu'il ne voulut
point être installé suivant l'ancienne
Cérémonie , et qu'il 'se contenta que le
Chapitre lui donnât une déclaration ,
comme le Doyen pouvoit être mis en
* Page tent onzième.
*
pos732
MERCURE DE FRANCE
possession avec l'Epée au côté , la Gibeciere
, les Eperons dorez et l'Oiseau sur le
poing. Il ajoute que depuis ce temps - là
cette maniere d'investiture a cessé d'être
en usage , et qu'il n'en paroît plus d'exemples
dans les Archives de S. Agnan.Quoiqu'elle
soit affez remarquable , je ne
la trouve point dans le grand nombre
d'exemples d'investiture , rapportez par
M. Ducange , ou par ses illustres Augmentateurs.
L'Epée et le Ceinturon ou la
Ceinture paroissent bien dans ces sortes
de ceremonie ; mais il n'y est fait aucu
ne mention de Gibeciere ni d'Oyseau , non
plus que d'Eperons .
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Résumé : ADDITION à la Lettre, inserée dans le Mercure de Mars dernier, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, &c.
Le document complète une lettre antérieure publiée dans le Mercure de Mars, traitant de l'usage des habits canoniaux et militaires. L'auteur ajoute des observations sur l'habillement des chanoines honoraires laïques, en se basant sur l'œuvre de M. Hubert concernant l'Église Royale de Saint-Agnan d'Orléans. Hubert décrit la réception de deux doyens : Louis de Villers en 1480 et Jacques Hurault en 1497, qui reçurent une ceinture dorée, une épée, une gibecière, des éperons dorés et un oiseau sur le poing. Ces doyens étaient des hommes d'Église, à la différence des chanoines honoraires laïques de Chastellux, qui sont héréditaires et portent un habit court sous le surplis. En 1546, Charles Guillard prit possession du doyenné avec seulement le surplis et l'aumusse, mettant fin à l'ancienne cérémonie d'investiture. Depuis, cette pratique n'est plus en usage, et aucun exemple similaire n'est trouvé dans les archives ou les œuvres de M. Ducange et ses augmentateurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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417
p. 736-743
Dictionnaire des Cas de conscience, &c. [titre d'après la table]
Début :
LE DICTIONNAIRE DES CAS DE CONSCIENCE, décidez suivant les principes de [...]
Mots clefs :
Cas de conscience, Sang, Démon, Cadavres, Cadavre, Docteurs, Paris, Maléfice, Remèdes, Vexations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dictionnaire des Cas de conscience, &c. [titre d'après la table]
LE DICTIONNAIRE DES CAS DE CONSCIENCE
, décidez suivant les principes de
la morale , les usages de la Discipline Ecclesiastique
, l'authorité des Conciles et des
Canonistes , et là Jurisprudence du Royaume:
Par feu Mess . de Lamet et Fromageau,
Docteurs de la Maison et Société de Sorbonne
. A Paris , chez J.B. Coignard, fils,
et Hippolyte - Louis Guerin , Libraire , ruë
S. Jacques , 1733. 2 vol. in fol, tom . 1. 878
pag. tom. 2.820 pag. sans la Préface et la
Table des Matieres . Prix , 30 liv. reliez.
Le Recueil des Décisions de ces deux
Sçavans Docteurs , étoit désiré avec ardeur
depuis vingt ans . On peut regarder
cet Ouvrage comme un excellent
supplément au Dictionnaire de Pontas.
Le nom de M" de Lamet et Fromageau ,
fait l'éloge du Livre. Le premier sorti
d'une famille noble et illustre , s'étoit
consacré à l'étude de la Théologie dès
son bas âge. Il avoit été long- temps attaché
au Cardinal de Retz ; ensuite il s'étoit
joint à M. de Sainte- Beuve , pour décider
les cas de conscience qu'on leur
proposoit alors ; delà vient que la plu
part des cas de M. de Sainte- Beuve sonr
aussy
AVRIL . 1733 737
aussi signez de M. de Lamet. C'est dans
ce saint exercice qu'il avoit passé la plus.
grande partie de sa vie , jusqu'à sa mort
arrivée en 1691. à l'âge de 70 ans,
M. Fromageau , mort en 1705. nâquic
à Paris , d'une famille honnête , alliée à
plusieurs autres , distinguées dans la Robe.
Il fut nommé par M. de Lamet pour
être son Exécuteur Testamentaire . Il lui
avoit été associé très - long- temps dans la
décision des Cas de Conscience , dont ces
Docteurs avoient toujours eu attention
de retenir des Minutes sur des Registres
Journaux , qui sont les mêmes sur lesquels
on a imprimé ce Recueil,
Ces deux Docteurs ont été consultez
de leur temps , sur toutes les especes de
Cas ; leurs décisions ont souvent servi à
appuyer des Arrêts , et à terminer des
conteftations de la plus grande impor
tance. Comme ce Livre est déja répandu
dans le public , nous n'entrerons pas
dans un plus grand détail , pour en faire
connoître le mérite ; nous nous arrêterons
seulement à l'article des Malefices
page 13. &c. par le rapport que cette
matiere a avec un Mérnoire sur les Wampires
, que nous avons imprimé dans le
Mercure de May , 1732. pag. 890.
Demande. En Pologne et en Russie on
trou738
MERCURE DE FRANCE
trouve dans des Cadavres humains , qu'on
appelle Siviges , une certaine liqueur que
les peuples et quelques Sçavans même
croïent être du sang. On prétend que le
Demon le prend en des personnes vivantes
, et qu'il le porte dans ces Cadavres.
On dit que cet Esprit en sort de temps
en temps pour tourmenter les hommes ,
et qu'après bien des vexations , il rentre
dans ces Cadavres et y fait couler le sang
qu'il a succé , et qu'on y trouve en si
grande abondance , qu'il sort par la bouche
, par le nez , et sur tout par les oreil
les du Cadavre , qu'on voit nager dans
son Cercueil . Il mange aussi , dit- on , les
linges qui l'enveloppent. Pour l'en empêcher
, on prend garde lorsqu'on enselit
un mort , qu'aucun linge ne soit près
de sa bouche , et on la couvre de terre
aussi-bien que la gorge.
>
L'Esprit , qui sort de ce Cadavre , va la
nuit troubler le repos de ceux avec qui le
deffunt avoit de plus grandes liaisons . Il
les serre , il les embrasse , et leur fait tant
de mal, qu'ils s'éveillent en sursaut , criant
au secours , et assurant qu'ils voïent le
Spectre comme s'il étoit vivant. Ces hommes
ainsi tourmentez , deviennent maigres
et meurent en peu de temps. Le mal
s'étend quelquefois à des familles entieres
AVRIL 1738:
739
res , qui périssent l'un après l'autre.
Quelques -uns de ces esprits attaquent
les hommes , d'autres s'acharnent sur les
Bestiaux dont ils portent aussi le sang
dans les Cadavres , ce qui les fait languir
et mourir. Pour remedier à un si grand
mal , on fait du pain que l'on pétrit avec
le sang qui coule de ces Cadavres , on le
porte sur soy et on en mange , et par là
on se trouve soulagé; mais le grand remede
est de couper la tête du Cadavre.
Il eft à remarquer que quand on va visiter
les corps morts , dont la figure est
apparue en songe , on les trouve mols ,
fléxibles , enflez et rubiconds ; mais dès
qu'on leur a coupé la tête , le démon ne
va plus inquietter ceux qu'il tourmentoit
auparavant , et en peu
ils reprennent
leur embonpoint.
de temps
Une fille ayant été attaquée en dormant
, par un de ces Esprits , se reveilla ,
et criant par la douleur qu'elle sentoit ,
on courut pour la secourir; elle dit qu'el
le avoit vû la figure de sa mere , qui étoit
morte depuis long - temps. Comme on
voyoit qu'elle maigrissoit , on alla au
Cadavre , qu'on trouva mol , flexible et
rubicond. On lui coupa la tête , et on lui
ouvrit le coeur ; il en sortit beaucoup de
sang , après quoi la fille fut soulagée et se
porta très-bien depuis.
Ов
740 vi
On demande s'il est permis d'avoir recours
aux remedes dont on vient de parler
, pour faire cesser les véxations de ces
Esprits ?
On répond qu'on doit avant toutes
choses examiner scrupuleusement la vérité
des faits qui y sont rapportez . Car
ils sont si extraordinaires , qu'on a tout
sujet de craindre qu'il n'y ait beaucoup
d'illusion , et on n'y doit point ajouter .
foy qu'ils ne soient prouvez d'une maniere
si évidente qu'il soit impossible de
les révoquer en doute .
L'imagination, l'ignorance, la créduli-'
té excessive , la superstition , la grossiereté
de ceux qui content de parcilles avantures
, doivent faire craindre qu'il n'y en-'
tre de la fiction , de l'exageration , de
l'imposture , de l'illusion .
Mais supposé que ceux qui consultent
là- dessus , voyent sur les lieux que le peuple
, ou trompé , ou véritablement tourmenté
, employe pour se délivrer , les
deux remedes expliquez cy dessus , on
estime que ceux qui les employent , et
ceux qui demandent qu'on s'en serve
pour eux , pêchent également , et par
deux raisons .
1.Parce qu'on a toujours porté un grand
respect aux Corps des Deffunts , jusqu'à
vouA
V RI L. 1733 . 741
vouloir même que les Sépulchres fussent
inviolables; sur quoi , voyez le tit . 19.du
Code Leg. où il est dit qu'on doit punir
comme sacrilege , les Violateurs des Sépulchres.
Or c'est un attentat énorme
d'entrer dans un Sepulchre pour couper
la tête à un Cadavre. On peut voir enco
re là - dessus dans le Droit Canon les Excommunications
prononcées en pareils
cas. Dans celui dont il s'agit , le prétexte
est moins pardonnable , et plus contraire
au respect que méritent les Corps des
Fidéles. L'Authentique , ut defuncti , tit.
13. coll . 5. avoit dit auparavant , qui hominis
naturam non erubuit , dignus est et
gloriâ et aliis omnibus condemnari.
2º. La fin qu'on se propose dans ce qui
se pratique en Pologne et en Russie rend
encore la chose plus mauvaise . C'est, diton
, pour se délivrer de la véxation du
malin esprit et pour recouvrer la santé
qu'on mange un pain pétri du sang qui
sort des Cadavres , et qu'on leur coupe la
tête. Or il y a tout lieu de présumer que
si ce remede réussit , c'est en vertu d'un
pacte exprès ou tacite fait avec le démon
et qu'on chasse un Malefice par un autre;
car le pain pétri de sang , aussi - bien que
la tête coupée; ne peut pas naturellement
guérir une personne qui se meurt , ni
| Fij chasser
742 MERCURE DE FRANCE
chasser le démon qui la tourmente. On
ne peut pas dire non plus que Dieu fasse
des miracles dans ces occasions ; il faut
donc , supposé le fait vrai , y reconnoître
un pacte et reconnoître aussi que le démon
a promis de se retirer à la presence
du maléfice, après l'avoir lui - même conseillé.
Gerson , dans un Opuscule contre
la doctrine d'un Médecin de Montpellier
, dit , que la Faculté de Paris en a
jugé ainsi,
Or , selon S. Thomas , in 4. dist. 34.Q
1. art. 3. et selon le Decret de la Faculté
de Paris , de l'année 1318. rapporté à la
fin des Oeuvres du Maître des Sentences ,
art. 6. il n'est point permis de chasser
un maléfice par un autre,
Il suit de tout cela deux choses ; la premiere
, qu'on doit condamner la coutume
des Païs dont on vient de parler
comme réprouvée par l'un et l'autre
Droit , et par l'Ecriture , qui deffend de
faire un mal pour procurer un bien.
La seconde, que si après avoir consulté
de pieux et habiles Medecins, on ne peut
découvrir une cause naturelle de ces
maux , ni les guérir par des remedes naturels
, on doit recourir à ceux qui sont
marquez contre les véxations du démon,
dans le chapitre , şi per sortiarias 33.Q.2,
atqne
AVRIL. 1733. 743
atque maleficas occulto , sed numquam injusto
Deijudicio, permittente et Diabolo procurante
, &c. C'est le sentiment de Barthelemi
de Spina , Maître du Sacré Palais,
dans son Traité de Strigibus , cap . 33
Déliberé en Sorbonne , & c.
, décidez suivant les principes de
la morale , les usages de la Discipline Ecclesiastique
, l'authorité des Conciles et des
Canonistes , et là Jurisprudence du Royaume:
Par feu Mess . de Lamet et Fromageau,
Docteurs de la Maison et Société de Sorbonne
. A Paris , chez J.B. Coignard, fils,
et Hippolyte - Louis Guerin , Libraire , ruë
S. Jacques , 1733. 2 vol. in fol, tom . 1. 878
pag. tom. 2.820 pag. sans la Préface et la
Table des Matieres . Prix , 30 liv. reliez.
Le Recueil des Décisions de ces deux
Sçavans Docteurs , étoit désiré avec ardeur
depuis vingt ans . On peut regarder
cet Ouvrage comme un excellent
supplément au Dictionnaire de Pontas.
Le nom de M" de Lamet et Fromageau ,
fait l'éloge du Livre. Le premier sorti
d'une famille noble et illustre , s'étoit
consacré à l'étude de la Théologie dès
son bas âge. Il avoit été long- temps attaché
au Cardinal de Retz ; ensuite il s'étoit
joint à M. de Sainte- Beuve , pour décider
les cas de conscience qu'on leur
proposoit alors ; delà vient que la plu
part des cas de M. de Sainte- Beuve sonr
aussy
AVRIL . 1733 737
aussi signez de M. de Lamet. C'est dans
ce saint exercice qu'il avoit passé la plus.
grande partie de sa vie , jusqu'à sa mort
arrivée en 1691. à l'âge de 70 ans,
M. Fromageau , mort en 1705. nâquic
à Paris , d'une famille honnête , alliée à
plusieurs autres , distinguées dans la Robe.
Il fut nommé par M. de Lamet pour
être son Exécuteur Testamentaire . Il lui
avoit été associé très - long- temps dans la
décision des Cas de Conscience , dont ces
Docteurs avoient toujours eu attention
de retenir des Minutes sur des Registres
Journaux , qui sont les mêmes sur lesquels
on a imprimé ce Recueil,
Ces deux Docteurs ont été consultez
de leur temps , sur toutes les especes de
Cas ; leurs décisions ont souvent servi à
appuyer des Arrêts , et à terminer des
conteftations de la plus grande impor
tance. Comme ce Livre est déja répandu
dans le public , nous n'entrerons pas
dans un plus grand détail , pour en faire
connoître le mérite ; nous nous arrêterons
seulement à l'article des Malefices
page 13. &c. par le rapport que cette
matiere a avec un Mérnoire sur les Wampires
, que nous avons imprimé dans le
Mercure de May , 1732. pag. 890.
Demande. En Pologne et en Russie on
trou738
MERCURE DE FRANCE
trouve dans des Cadavres humains , qu'on
appelle Siviges , une certaine liqueur que
les peuples et quelques Sçavans même
croïent être du sang. On prétend que le
Demon le prend en des personnes vivantes
, et qu'il le porte dans ces Cadavres.
On dit que cet Esprit en sort de temps
en temps pour tourmenter les hommes ,
et qu'après bien des vexations , il rentre
dans ces Cadavres et y fait couler le sang
qu'il a succé , et qu'on y trouve en si
grande abondance , qu'il sort par la bouche
, par le nez , et sur tout par les oreil
les du Cadavre , qu'on voit nager dans
son Cercueil . Il mange aussi , dit- on , les
linges qui l'enveloppent. Pour l'en empêcher
, on prend garde lorsqu'on enselit
un mort , qu'aucun linge ne soit près
de sa bouche , et on la couvre de terre
aussi-bien que la gorge.
>
L'Esprit , qui sort de ce Cadavre , va la
nuit troubler le repos de ceux avec qui le
deffunt avoit de plus grandes liaisons . Il
les serre , il les embrasse , et leur fait tant
de mal, qu'ils s'éveillent en sursaut , criant
au secours , et assurant qu'ils voïent le
Spectre comme s'il étoit vivant. Ces hommes
ainsi tourmentez , deviennent maigres
et meurent en peu de temps. Le mal
s'étend quelquefois à des familles entieres
AVRIL 1738:
739
res , qui périssent l'un après l'autre.
Quelques -uns de ces esprits attaquent
les hommes , d'autres s'acharnent sur les
Bestiaux dont ils portent aussi le sang
dans les Cadavres , ce qui les fait languir
et mourir. Pour remedier à un si grand
mal , on fait du pain que l'on pétrit avec
le sang qui coule de ces Cadavres , on le
porte sur soy et on en mange , et par là
on se trouve soulagé; mais le grand remede
est de couper la tête du Cadavre.
Il eft à remarquer que quand on va visiter
les corps morts , dont la figure est
apparue en songe , on les trouve mols ,
fléxibles , enflez et rubiconds ; mais dès
qu'on leur a coupé la tête , le démon ne
va plus inquietter ceux qu'il tourmentoit
auparavant , et en peu
ils reprennent
leur embonpoint.
de temps
Une fille ayant été attaquée en dormant
, par un de ces Esprits , se reveilla ,
et criant par la douleur qu'elle sentoit ,
on courut pour la secourir; elle dit qu'el
le avoit vû la figure de sa mere , qui étoit
morte depuis long - temps. Comme on
voyoit qu'elle maigrissoit , on alla au
Cadavre , qu'on trouva mol , flexible et
rubicond. On lui coupa la tête , et on lui
ouvrit le coeur ; il en sortit beaucoup de
sang , après quoi la fille fut soulagée et se
porta très-bien depuis.
Ов
740 vi
On demande s'il est permis d'avoir recours
aux remedes dont on vient de parler
, pour faire cesser les véxations de ces
Esprits ?
On répond qu'on doit avant toutes
choses examiner scrupuleusement la vérité
des faits qui y sont rapportez . Car
ils sont si extraordinaires , qu'on a tout
sujet de craindre qu'il n'y ait beaucoup
d'illusion , et on n'y doit point ajouter .
foy qu'ils ne soient prouvez d'une maniere
si évidente qu'il soit impossible de
les révoquer en doute .
L'imagination, l'ignorance, la créduli-'
té excessive , la superstition , la grossiereté
de ceux qui content de parcilles avantures
, doivent faire craindre qu'il n'y en-'
tre de la fiction , de l'exageration , de
l'imposture , de l'illusion .
Mais supposé que ceux qui consultent
là- dessus , voyent sur les lieux que le peuple
, ou trompé , ou véritablement tourmenté
, employe pour se délivrer , les
deux remedes expliquez cy dessus , on
estime que ceux qui les employent , et
ceux qui demandent qu'on s'en serve
pour eux , pêchent également , et par
deux raisons .
1.Parce qu'on a toujours porté un grand
respect aux Corps des Deffunts , jusqu'à
vouA
V RI L. 1733 . 741
vouloir même que les Sépulchres fussent
inviolables; sur quoi , voyez le tit . 19.du
Code Leg. où il est dit qu'on doit punir
comme sacrilege , les Violateurs des Sépulchres.
Or c'est un attentat énorme
d'entrer dans un Sepulchre pour couper
la tête à un Cadavre. On peut voir enco
re là - dessus dans le Droit Canon les Excommunications
prononcées en pareils
cas. Dans celui dont il s'agit , le prétexte
est moins pardonnable , et plus contraire
au respect que méritent les Corps des
Fidéles. L'Authentique , ut defuncti , tit.
13. coll . 5. avoit dit auparavant , qui hominis
naturam non erubuit , dignus est et
gloriâ et aliis omnibus condemnari.
2º. La fin qu'on se propose dans ce qui
se pratique en Pologne et en Russie rend
encore la chose plus mauvaise . C'est, diton
, pour se délivrer de la véxation du
malin esprit et pour recouvrer la santé
qu'on mange un pain pétri du sang qui
sort des Cadavres , et qu'on leur coupe la
tête. Or il y a tout lieu de présumer que
si ce remede réussit , c'est en vertu d'un
pacte exprès ou tacite fait avec le démon
et qu'on chasse un Malefice par un autre;
car le pain pétri de sang , aussi - bien que
la tête coupée; ne peut pas naturellement
guérir une personne qui se meurt , ni
| Fij chasser
742 MERCURE DE FRANCE
chasser le démon qui la tourmente. On
ne peut pas dire non plus que Dieu fasse
des miracles dans ces occasions ; il faut
donc , supposé le fait vrai , y reconnoître
un pacte et reconnoître aussi que le démon
a promis de se retirer à la presence
du maléfice, après l'avoir lui - même conseillé.
Gerson , dans un Opuscule contre
la doctrine d'un Médecin de Montpellier
, dit , que la Faculté de Paris en a
jugé ainsi,
Or , selon S. Thomas , in 4. dist. 34.Q
1. art. 3. et selon le Decret de la Faculté
de Paris , de l'année 1318. rapporté à la
fin des Oeuvres du Maître des Sentences ,
art. 6. il n'est point permis de chasser
un maléfice par un autre,
Il suit de tout cela deux choses ; la premiere
, qu'on doit condamner la coutume
des Païs dont on vient de parler
comme réprouvée par l'un et l'autre
Droit , et par l'Ecriture , qui deffend de
faire un mal pour procurer un bien.
La seconde, que si après avoir consulté
de pieux et habiles Medecins, on ne peut
découvrir une cause naturelle de ces
maux , ni les guérir par des remedes naturels
, on doit recourir à ceux qui sont
marquez contre les véxations du démon,
dans le chapitre , şi per sortiarias 33.Q.2,
atqne
AVRIL. 1733. 743
atque maleficas occulto , sed numquam injusto
Deijudicio, permittente et Diabolo procurante
, &c. C'est le sentiment de Barthelemi
de Spina , Maître du Sacré Palais,
dans son Traité de Strigibus , cap . 33
Déliberé en Sorbonne , & c.
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Résumé : Dictionnaire des Cas de conscience, &c. [titre d'après la table]
Le texte traite du 'Dictionnaire des Cas de Conscience', rédigé par les docteurs de la Sorbonne, Messieurs de Lamet et Fromageau, publié en 1733 à Paris. Cet ouvrage, en deux volumes, est présenté comme un excellent complément au Dictionnaire de Pontas. Lamet, originaire d'une famille noble, s'était spécialisé en théologie et avait collaboré avec Sainte-Beuve pour résoudre des cas de conscience. Fromageau, issu d'une famille honnête, avait été nommé exécuteur testamentaire de Lamet et avait travaillé avec lui pendant de nombreuses années. Le texte aborde également des croyances populaires en Pologne et en Russie concernant les 'Siviges', des cadavres humains contenant une liqueur supposée être du sang, manipulée par un démon. Ce démon est censé tourmenter les vivants, causant maladies et décès. Les remèdes proposés incluent la consommation de pain pétri avec ce sang ou la décapitation des cadavres. Les auteurs du texte mettent en garde contre ces pratiques, les jugeant contraires au respect dû aux défunts et suspectant un pacte avec le démon. Ils recommandent de consulter des médecins et, en l'absence de cause naturelle, de recourir aux remèdes spirituels contre les vexations démoniaques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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418
p. 755-757
Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Début :
Il paroît un Livre nouveau intitulé, Traité de l'Opinion ou Mémoire pour servir à l'Histoire [...]
Mots clefs :
Opinion, Esprit humain, Pyrrhonisme, Histoire, Astronomie, Physique, Descartes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Il paroît un Livre nouveau intitulé , Traité
de l'Opinion ou Mémoire pour servir à l'Histoire
de l'Esprit humain . Le point de vûë de cet
Ouvrage est la Science de douter à propos , et
une sage défiance également éloignée de la crédulité
et du Pyrrhonisme. L'Auteur qui ne s'est
point nommé , execute ce Projet , en suivant les
Sciences prophanes , et en faisant voir par les
sentimens des Anciens et des Modernes , à quel
point l'opinion regne dans ces Sciences. Le premier
Livre roule sur les Belles - Lettres , les differens
Jugemens des Critiques , le Pyrrhonisme de
l'Histoire , les difficultez les plus celebres de la
Chronologie. Le second Livre est une Histoire
de toutes les Sectes Philosophiques ; Histoire , qui
selon l'Auteur , est proprement celle de l'opinion.
Le troisiéme renferme les questions les plus
importantes de la Métaphisique , les égaremens
de l'Idolâtrie , les prétendus Miracles du Paganisme
, les contradictions des Philosophes sur les
ames , sur les bêtes ; les divinations fondées sur
le commerce des Esprits par la Magie , la cabale,
les augures , présages , songes et autres moyens ,
dont on a souvent abusé pour séduire les esprits
faibles
56 MERCURE DE FRANCE
foibles Le quatriéme Livre traite de la Physique,
de l'Astronomie , de la Medecine , de la Chimie,
de l'Astronomie Judiciaire , et autres divinations
prétendues naturelles , les Fables débitées par les
Naturalistes y servent d'exemples de la licence
des Auteurs. Une contradiction du Systême de
Descartes est relevée dans le Chapitre de la Physique
, où l'on trouve en même-temps une réforme
de ce Systême , qui en y rétablissant l'uniformité
conserve tout ce que l'idée des Tourbillons
de Descartes a de brillant et de magnifique.
Le cinquiéme Livie contient deux . Chapitres ,
P'un sur les diferentes especes de Gouvernemens ,
Pantre sur les maximes politiques. La veritable
constitution du Gouvernement de France y est
expliquée , avec des Dissertations importantes
sur les Parlemens et Etats Generaux . Le sixiéme
Livre est un précis des pensées les plus remarqua
bles des Anciens sur la Morale. Les diferentes
Loix et Coûtumes des Peuples y sont exposées.
Tout l'Ouvrage est rempli d'une parfaite connoissance
de l'Antiquité et d'une profonde érudition
; le style en est clair et poli ; tant de sujets
si diversifiez contiennent des recherches immenses
en tous genres , chaque Science y est
traitée suivant son caractere particulier , et il en
résulte un assemblage d'excellens Mémoires pour
servir à l'Hist. de l'Esprit humain , qui peut égale
ment y reconnoître ses erreurs et y considerer les
monumens de ses Travaux les plus illustres.
Ce Livre est en six volumes in 12, dont
le dernier renferme quatre Tables très- amples ,
la premiere , des Chapitres ; la seconde, des noms
propres ; la troisiéme , des Mutieres , et la quatrieme
, des Aureurs citez . Le Prix est de 15. liv.
relié et de 12 liv.12. sols broché. Il se vend
chez
AVRIL. 1733.. 757
chez Guillaume de Bure , le pere , sur le Quay
des Augustins , à l'Image Saint Claude ; chez
Charles Osmons , ruë S. Jacques , à l'Olivier , et
chez Grégoire- Antoine du Puis , au Palais, à l'Enseigne
du S. Esprit.
Nous donnerons un Extrait plus étendu de cet
Ouvrage , que nous n'avons encore fait que parcourir.
de l'Opinion ou Mémoire pour servir à l'Histoire
de l'Esprit humain . Le point de vûë de cet
Ouvrage est la Science de douter à propos , et
une sage défiance également éloignée de la crédulité
et du Pyrrhonisme. L'Auteur qui ne s'est
point nommé , execute ce Projet , en suivant les
Sciences prophanes , et en faisant voir par les
sentimens des Anciens et des Modernes , à quel
point l'opinion regne dans ces Sciences. Le premier
Livre roule sur les Belles - Lettres , les differens
Jugemens des Critiques , le Pyrrhonisme de
l'Histoire , les difficultez les plus celebres de la
Chronologie. Le second Livre est une Histoire
de toutes les Sectes Philosophiques ; Histoire , qui
selon l'Auteur , est proprement celle de l'opinion.
Le troisiéme renferme les questions les plus
importantes de la Métaphisique , les égaremens
de l'Idolâtrie , les prétendus Miracles du Paganisme
, les contradictions des Philosophes sur les
ames , sur les bêtes ; les divinations fondées sur
le commerce des Esprits par la Magie , la cabale,
les augures , présages , songes et autres moyens ,
dont on a souvent abusé pour séduire les esprits
faibles
56 MERCURE DE FRANCE
foibles Le quatriéme Livre traite de la Physique,
de l'Astronomie , de la Medecine , de la Chimie,
de l'Astronomie Judiciaire , et autres divinations
prétendues naturelles , les Fables débitées par les
Naturalistes y servent d'exemples de la licence
des Auteurs. Une contradiction du Systême de
Descartes est relevée dans le Chapitre de la Physique
, où l'on trouve en même-temps une réforme
de ce Systême , qui en y rétablissant l'uniformité
conserve tout ce que l'idée des Tourbillons
de Descartes a de brillant et de magnifique.
Le cinquiéme Livie contient deux . Chapitres ,
P'un sur les diferentes especes de Gouvernemens ,
Pantre sur les maximes politiques. La veritable
constitution du Gouvernement de France y est
expliquée , avec des Dissertations importantes
sur les Parlemens et Etats Generaux . Le sixiéme
Livre est un précis des pensées les plus remarqua
bles des Anciens sur la Morale. Les diferentes
Loix et Coûtumes des Peuples y sont exposées.
Tout l'Ouvrage est rempli d'une parfaite connoissance
de l'Antiquité et d'une profonde érudition
; le style en est clair et poli ; tant de sujets
si diversifiez contiennent des recherches immenses
en tous genres , chaque Science y est
traitée suivant son caractere particulier , et il en
résulte un assemblage d'excellens Mémoires pour
servir à l'Hist. de l'Esprit humain , qui peut égale
ment y reconnoître ses erreurs et y considerer les
monumens de ses Travaux les plus illustres.
Ce Livre est en six volumes in 12, dont
le dernier renferme quatre Tables très- amples ,
la premiere , des Chapitres ; la seconde, des noms
propres ; la troisiéme , des Mutieres , et la quatrieme
, des Aureurs citez . Le Prix est de 15. liv.
relié et de 12 liv.12. sols broché. Il se vend
chez
AVRIL. 1733.. 757
chez Guillaume de Bure , le pere , sur le Quay
des Augustins , à l'Image Saint Claude ; chez
Charles Osmons , ruë S. Jacques , à l'Olivier , et
chez Grégoire- Antoine du Puis , au Palais, à l'Enseigne
du S. Esprit.
Nous donnerons un Extrait plus étendu de cet
Ouvrage , que nous n'avons encore fait que parcourir.
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Résumé : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Traité de l'Opinion ou Mémoire pour servir à l'Histoire de l'Esprit humain', écrit par un auteur anonyme. Cet ouvrage explore la science du doute raisonnable, évitant à la fois la crédulité et le pyrrhonisme. Structuré en six livres, il aborde divers sujets. Le premier livre traite des Belles-Lettres, des jugements critiques, du pyrrhonisme de l'histoire et des difficultés chronologiques. Le second livre examine les sectes philosophiques comme l'histoire de l'opinion. Le troisième livre couvre des questions métaphysiques, l'idolâtrie, les miracles païens, et les contradictions philosophiques sur les âmes et les bêtes, ainsi que les divinations par la magie et la cabale. Le quatrième livre critique la physique, l'astronomie, la médecine, la chimie et les divinations naturelles, notamment le système de Descartes. Le cinquième livre discute des formes de gouvernement et des maximes politiques, expliquant la constitution du gouvernement français et les Parlements. Le sixième livre présente un précis des pensées morales des Anciens et expose les lois et coutumes des peuples. L'ouvrage est caractérisé par une profonde érudition et un style clair, offrant une vaste connaissance de l'antiquité et des recherches approfondies dans divers domaines. Il est disponible en six volumes in-12, avec des tables des chapitres, des noms propres, des matières et des auteurs cités, au prix de 15 livres relié et 12 livres 12 sols broché. Il est en vente chez Guillaume de Bure, Charles Osmons et Grégoire-Antoine du Puis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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419
p. 759-760
Histoire complette de l'Eglise d'Evreux, [titre d'après la table]
Début :
M. Adam, Curé de S. Thomas d'Evreux en Normandie, qui travaille depuis long-temps à une [...]
Mots clefs :
Histoire ecclésiastique, Église d'Évreux, Évreux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire complette de l'Eglise d'Evreux, [titre d'après la table]
M.Adam, Curé de S. Thomas d'Evreux en Normandie
, qui travaille depuis long-temps à une
Histoire complette de l'Eglise d'Evreux , c'est - àdire
à une Histoire Ecclesiastique de la Ville Episcopale
et de tout le Diocèse , ce qui renferme les
Abbayes , Paroisses et Communautez Séculieres
et Régulieres qui s'y rencontrent, avertit les Personnes
, Maisons et Familles interessées , soit du
Pays dont on fait l'Histoire , soit étrangeres ,
que l'Ouyrage est fort avancé. Ceux qui voudront
bien lui fournir des Preuves , sur tout du
dehors , ou même Domestiques , c'est - à-dire
du
750 MERCURE DE FRANCE
que
du même Diocèse , ou qui voudront avoir quel-
Eclaircissement avec l'Auteur avant l'entiere
execution de l'Ouvrage qu'il prépare , sont priez
de les lui faite tenir en bonne forme , en 'affranchissant
, s'il leur plaît , leurs Lettres ou Paquets,
à l'adresse génerale du Mercure de France , ou
aux Libraires qui distribuent le Mercure à Paris.
L'Auteur ne manquera pas de marquer publiquement
sa reconnoissance aux personnes qui voudront
bien lui envoyer des Mémoires , er de faire
réponse à celles qui demanderont des Eclaircis
semens.
, qui travaille depuis long-temps à une
Histoire complette de l'Eglise d'Evreux , c'est - àdire
à une Histoire Ecclesiastique de la Ville Episcopale
et de tout le Diocèse , ce qui renferme les
Abbayes , Paroisses et Communautez Séculieres
et Régulieres qui s'y rencontrent, avertit les Personnes
, Maisons et Familles interessées , soit du
Pays dont on fait l'Histoire , soit étrangeres ,
que l'Ouyrage est fort avancé. Ceux qui voudront
bien lui fournir des Preuves , sur tout du
dehors , ou même Domestiques , c'est - à-dire
du
750 MERCURE DE FRANCE
que
du même Diocèse , ou qui voudront avoir quel-
Eclaircissement avec l'Auteur avant l'entiere
execution de l'Ouvrage qu'il prépare , sont priez
de les lui faite tenir en bonne forme , en 'affranchissant
, s'il leur plaît , leurs Lettres ou Paquets,
à l'adresse génerale du Mercure de France , ou
aux Libraires qui distribuent le Mercure à Paris.
L'Auteur ne manquera pas de marquer publiquement
sa reconnoissance aux personnes qui voudront
bien lui envoyer des Mémoires , er de faire
réponse à celles qui demanderont des Eclaircis
semens.
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Résumé : Histoire complette de l'Eglise d'Evreux, [titre d'après la table]
M. Adam, curé de Saint Thomas d'Évreux en Normandie, rédige une 'Histoire complète de l'Église d'Évreux'. Cette œuvre traite de l'histoire ecclésiastique de la ville épiscopale et du diocèse, incluant les abbayes, paroisses et communautés religieuses. L'auteur, ayant avancé significativement dans son travail, sollicite des preuves et des éclaircissements, qu'ils soient extérieurs ou domestiques, pour compléter son ouvrage. Les personnes intéressées peuvent envoyer leurs mémoires ou demandes d'éclaircissements à l'adresse générale du Mercure de France ou aux libraires distribuant le Mercure à Paris. L'auteur s'engage à reconnaître publiquement les contributions et à répondre aux demandes d'éclaircissements.
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420
p. 769-771
Eloge du P. Boursault, [titre d'après la table]
Début :
Le R. P. Claude-Edme Boursault, Superieur des Théatins, Prédicateur ordinaire du Roy, [...]
Mots clefs :
Claude-Edme Boursault, Théatins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Eloge du P. Boursault, [titre d'après la table]
Le R. P. Claude- Edme Boursault , Superieur
des Théatins , Prédicateur ordinaire du Roy,
mourut le 13. Mars , dans la 63. année de son
âge , étant né à Paris en 1670. de N. Boursault
fort connu par ses Ouvrages et par son mérite ,
lequel prit lui - même les prémiers soins de l'éducation
de son fils , ayant reconnu en lui un beau
maturel , et un fonds digne d'être cultivé. Ce Pere
Gi éclairé
770 MERCURE DE FRANCE
éclairé exerçoit sur tout la mémoire de son Err
fant , qu'il avoit dès lors des plus heureuses , en
lui faisant apprendre par coeur tout ce qu'il y
avoit de plus amusant dans ses Ouvrages , et des
lâge de six à sept ans il avoit l'honneur de déclamer
avec beaucoup de grace , des Vers à la
louange de Louis XIV. en présence de ce grand
Prince , se trouvant à son lever avec son Pere ,
ce qui lui attiroit les bontez du Roy et les caresses
de toute la Cour.
Il fit ensuite ses Etudes au College des Jesuites ,
se distinguant sur tout dans la Réthorique , qu'il
apprit sous le P. le Jay , lequel l'a toujours regardé
comme l'un de ses Disciples qui lui ont
fait le plus d'honneur .
A l'âge de 15 ans il entra dans la Congrégation
des Théatins , où il fit profession une année
après. Il étudia en Philosopie et en Théolo
gie sous le P. Caffaro , avec un succès qui commença
sa réputation.
Dès qu'il eut reçû le Diaconat , il commença
à prêcher , et il fit voir un des plus beaux talens
qui eût parû depuis long- temps pour la Chaire .
Un exterieur majestueux et édifiant , un esprit
sublime et solide , une imagination noble et brilkante
, une éloquence naturelle , en sorte qu'on
peut dire qu'il traitoit la vertu et la sagesse avec
magnificence. Pour être le premier Prédicateur
de son siecle , il ne lui manquoit que de la santé;
la sienne étoit fort foible et souvent attaquée de
diverses infirmitez qui le tenoient presque toujours
dans un état de langueur. Il a prêché devant
le Roy , avec beaucoup de succès , les Avents
de 1716. et de 1732. et le Carême de 1720. Il a
prêché d'ailleurs plusieurs Sermons détachez , er
des Panégyriques , pour lesquels il avoit un talent
particulier, En
AVRIL. 1733. 772
En l'année 1713. le P. Boursault fit le voyage
d'Angleterre avec le Duc d'Aumont , Ambassadeur
de France , qui l'y avoit engagé, Il s'attira
la consideration et l'estime de tous les Seigneurs
Anglois , et celle des Ministres des Cours Etrangeres.
Il cût sur tout une liaison tres- étroite
avec leMarquis deMonteleon , Ambassadeur d'Es
pagne , qui l'honora d'une amitié particuliere.
Il a été deux fois Supérieur de la Maison des
Théatins de Paris , laquelle a tout lieu de le regreter
, à cause de ses lumieres , de la douceur de
son caractere, de sa modestie et de son crédit.
La Cour et la Ville ont pris part à sa derniere
maladie et à sa mort , à l'exeinple du Roy et de
la Reine , qui ont bien voulu honorer sa mémoire
de leurs regrets . La seule et la plus solide
consolation qui reste à tous ceux qui ont connu
particulierement le P. Boursault , c'est la maniere
toute Religieuse et édifiante avec laquelle il
a profité de ses infirmitez pendant sa vie et à sa
mort.
des Théatins , Prédicateur ordinaire du Roy,
mourut le 13. Mars , dans la 63. année de son
âge , étant né à Paris en 1670. de N. Boursault
fort connu par ses Ouvrages et par son mérite ,
lequel prit lui - même les prémiers soins de l'éducation
de son fils , ayant reconnu en lui un beau
maturel , et un fonds digne d'être cultivé. Ce Pere
Gi éclairé
770 MERCURE DE FRANCE
éclairé exerçoit sur tout la mémoire de son Err
fant , qu'il avoit dès lors des plus heureuses , en
lui faisant apprendre par coeur tout ce qu'il y
avoit de plus amusant dans ses Ouvrages , et des
lâge de six à sept ans il avoit l'honneur de déclamer
avec beaucoup de grace , des Vers à la
louange de Louis XIV. en présence de ce grand
Prince , se trouvant à son lever avec son Pere ,
ce qui lui attiroit les bontez du Roy et les caresses
de toute la Cour.
Il fit ensuite ses Etudes au College des Jesuites ,
se distinguant sur tout dans la Réthorique , qu'il
apprit sous le P. le Jay , lequel l'a toujours regardé
comme l'un de ses Disciples qui lui ont
fait le plus d'honneur .
A l'âge de 15 ans il entra dans la Congrégation
des Théatins , où il fit profession une année
après. Il étudia en Philosopie et en Théolo
gie sous le P. Caffaro , avec un succès qui commença
sa réputation.
Dès qu'il eut reçû le Diaconat , il commença
à prêcher , et il fit voir un des plus beaux talens
qui eût parû depuis long- temps pour la Chaire .
Un exterieur majestueux et édifiant , un esprit
sublime et solide , une imagination noble et brilkante
, une éloquence naturelle , en sorte qu'on
peut dire qu'il traitoit la vertu et la sagesse avec
magnificence. Pour être le premier Prédicateur
de son siecle , il ne lui manquoit que de la santé;
la sienne étoit fort foible et souvent attaquée de
diverses infirmitez qui le tenoient presque toujours
dans un état de langueur. Il a prêché devant
le Roy , avec beaucoup de succès , les Avents
de 1716. et de 1732. et le Carême de 1720. Il a
prêché d'ailleurs plusieurs Sermons détachez , er
des Panégyriques , pour lesquels il avoit un talent
particulier, En
AVRIL. 1733. 772
En l'année 1713. le P. Boursault fit le voyage
d'Angleterre avec le Duc d'Aumont , Ambassadeur
de France , qui l'y avoit engagé, Il s'attira
la consideration et l'estime de tous les Seigneurs
Anglois , et celle des Ministres des Cours Etrangeres.
Il cût sur tout une liaison tres- étroite
avec leMarquis deMonteleon , Ambassadeur d'Es
pagne , qui l'honora d'une amitié particuliere.
Il a été deux fois Supérieur de la Maison des
Théatins de Paris , laquelle a tout lieu de le regreter
, à cause de ses lumieres , de la douceur de
son caractere, de sa modestie et de son crédit.
La Cour et la Ville ont pris part à sa derniere
maladie et à sa mort , à l'exeinple du Roy et de
la Reine , qui ont bien voulu honorer sa mémoire
de leurs regrets . La seule et la plus solide
consolation qui reste à tous ceux qui ont connu
particulierement le P. Boursault , c'est la maniere
toute Religieuse et édifiante avec laquelle il
a profité de ses infirmitez pendant sa vie et à sa
mort.
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Résumé : Eloge du P. Boursault, [titre d'après la table]
Claude-Edme Boursault, supérieur des Théatins et prédicateur ordinaire du roi, est décédé le 13 mars à l'âge de 63 ans. Né à Paris en 1670, il était le fils de Nicolas Boursault, reconnu pour ses œuvres. Son père, ayant identifié son potentiel, prit en charge son éducation. Dès l'âge de six à sept ans, Claude-Edme déclamait des vers en l'honneur de Louis XIV, ce qui lui valut les faveurs du souverain et de la cour. Il étudia au Collège des Jésuites, où il excella en rhétorique sous la direction du Père Le Jay. À 15 ans, il entra dans la Congrégation des Théatins et fit profession un an plus tard. Il étudia la philosophie et la théologie sous le Père Caffaro, acquérant une réputation notable. Ordonné diacre, il commença à prêcher, démontrant un talent exceptionnel pour la chaire. Son éloquence et son esprit lui valurent une grande admiration. Il prêcha devant le roi lors des Avents de 1716 et 1732, ainsi que le Carême de 1720, et composa plusieurs sermons et panégyriques. En 1713, il accompagna le Duc d'Aumont en Angleterre, où il gagna le respect des seigneurs anglais et des ministres étrangers. Il entretint une liaison étroite avec le Marquis de Monteleon, ambassadeur d'Espagne. Boursault fut deux fois supérieur de la Maison des Théatins de Paris, apprécié pour ses lumières, sa douceur et sa modestie. Lors de sa dernière maladie et de sa mort, la cour et la ville exprimèrent leurs regrets.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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421
p. 814-816
« Le jour du Jeudi Saint, 2. Avril, le Roy entendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Riviere, [...] »
Début :
Le jour du Jeudi Saint, 2. Avril, le Roy entendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Riviere, [...]
Mots clefs :
Poncet de la Rivière, Duc d'Orléans, Roi, Carrosse, Détachement, Duc d'Anjou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le jour du Jeudi Saint, 2. Avril, le Roy entendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Riviere, [...] »
L
E jour du Jeudi Saint , 2. Avril , le Roy en
tendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Ri
iere , Grand- Vicaire de l'Evêque de Sécz , après
quoi l'Evêque de Dijon fit l'Absoute. Ensuite le
Roy lava les pieds à douze pauvres , et S. M.
les servit à tacle, Le Duc de Bourbon , Grand-
Maître de la Maison du Roy , à la tête des Maîtres
d'Hôtel , précedoit le Service , dont les plats
étoient portez par le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le Prince
de Dombes , le Comte d'Eu et par les principaux
Officiers de S. M. Après cette Ceremonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château , ou
S. M. entendit la grande Messe , et assista à la
Procession et ensuite aux Vêpres .
Monseigneur le Duc d'Anjou mourut à Versailles
le 7. de ce mois vers les neuf heures du
matin , âgé de deux ans , sept mois et huit jours ,
étant né le 30. Août 1730. Le Roy et la Reine ,
qui avoient donné de grandes marques de sensibilité
à la mort de Madame de France , ont été
extrémement touchez de la perte de ce Prince.
Son Corps fut porté le même jour au soir , de
Versailles au Palais des Tuilleries . Le lendemain
'A VRÍL .
1733. 815
fat ouvert , embaumé , et mis dans le cercueil .
Le 9. vers les 7. heures du soir , il fut porté à
l'Abbaye Royale de S. Denis. La marche se fit
dans l'ordre suivant : Deux carosses du Roi , dans
lesquels étoient les femmes de Chambre de Mon
seigneur le Duc d'Anjou ; un troisième carosse
de S. M. où étoient les huit Gentilshommes otdinaires
, destinez à porter le Cercueil , et les
quatre coins du Poële de drap d'argent , qui le
couvroit. Un détachement de la seconde Compagnie
des Mousquetaires ; un pareil détachement
de la premiere Compagnie ; un détachement da
Quartier des Chevaux-Legers ; des Pages de la
grande et de la petite Ecurie du Roy , et des Pa
ges de la Reine , étoient à cheval devant le Carosse
dans lequel étoit le Corps'; des Valets de
pied de L. M. entouroient ce Ĉarosse , après lequel
marchoient un détachement des Gardes du
Corps et celui du Quartier des Gendarmes ; ils
portoient tous des flambeaux.
M. le Duc d'Orleans menoit le deüil ; M. l'Abbe
de Bellefonds , Aumônier du Roy de Quartier,
étoit à la droite dans le fond , portant le coeur z
M. le Duc d'Orleans à sa gauche , Mad. la Du
chesse de Tallard , Gouvernante des Enfans de
France , étoit vis - à- vis le Coeur. M: le Due de
Brissac , vis-à- vis de M. le Duc d'Orleans , avec
qui il étoit. A la Portiere droite , M. l'Abbé de
Brancas , Aumônier du Roy , et à la gauche
Mad, de Villefort , Sous- Gouvernante des Enfans
de France. Après le Carosse du Corps , celui de
M. le Duc d'Orleans , celui de Mad. la Duchesse
de Tallard , et celui de M. le Duc de Brissac fermoit
le Cortege. Les Carosses de la suite formoient
devant le même ordre.
Le Convoi arriva à l'Abbaye de S. Denis vers
I iij les
816 MERCURE DE FRANCE
les dix heures du soir ; l'Abbé de Bellefonds , pré
senta le Corps au Prieur de l'Abbaye , et il fit
Pinhumation. Après cette Ceremonie , le Coeur
fut porté dans le même Carosse à l'Abbaye Roya
le du Val de Grace.
E jour du Jeudi Saint , 2. Avril , le Roy en
tendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Ri
iere , Grand- Vicaire de l'Evêque de Sécz , après
quoi l'Evêque de Dijon fit l'Absoute. Ensuite le
Roy lava les pieds à douze pauvres , et S. M.
les servit à tacle, Le Duc de Bourbon , Grand-
Maître de la Maison du Roy , à la tête des Maîtres
d'Hôtel , précedoit le Service , dont les plats
étoient portez par le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le Prince
de Dombes , le Comte d'Eu et par les principaux
Officiers de S. M. Après cette Ceremonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château , ou
S. M. entendit la grande Messe , et assista à la
Procession et ensuite aux Vêpres .
Monseigneur le Duc d'Anjou mourut à Versailles
le 7. de ce mois vers les neuf heures du
matin , âgé de deux ans , sept mois et huit jours ,
étant né le 30. Août 1730. Le Roy et la Reine ,
qui avoient donné de grandes marques de sensibilité
à la mort de Madame de France , ont été
extrémement touchez de la perte de ce Prince.
Son Corps fut porté le même jour au soir , de
Versailles au Palais des Tuilleries . Le lendemain
'A VRÍL .
1733. 815
fat ouvert , embaumé , et mis dans le cercueil .
Le 9. vers les 7. heures du soir , il fut porté à
l'Abbaye Royale de S. Denis. La marche se fit
dans l'ordre suivant : Deux carosses du Roi , dans
lesquels étoient les femmes de Chambre de Mon
seigneur le Duc d'Anjou ; un troisième carosse
de S. M. où étoient les huit Gentilshommes otdinaires
, destinez à porter le Cercueil , et les
quatre coins du Poële de drap d'argent , qui le
couvroit. Un détachement de la seconde Compagnie
des Mousquetaires ; un pareil détachement
de la premiere Compagnie ; un détachement da
Quartier des Chevaux-Legers ; des Pages de la
grande et de la petite Ecurie du Roy , et des Pa
ges de la Reine , étoient à cheval devant le Carosse
dans lequel étoit le Corps'; des Valets de
pied de L. M. entouroient ce Ĉarosse , après lequel
marchoient un détachement des Gardes du
Corps et celui du Quartier des Gendarmes ; ils
portoient tous des flambeaux.
M. le Duc d'Orleans menoit le deüil ; M. l'Abbe
de Bellefonds , Aumônier du Roy de Quartier,
étoit à la droite dans le fond , portant le coeur z
M. le Duc d'Orleans à sa gauche , Mad. la Du
chesse de Tallard , Gouvernante des Enfans de
France , étoit vis - à- vis le Coeur. M: le Due de
Brissac , vis-à- vis de M. le Duc d'Orleans , avec
qui il étoit. A la Portiere droite , M. l'Abbé de
Brancas , Aumônier du Roy , et à la gauche
Mad, de Villefort , Sous- Gouvernante des Enfans
de France. Après le Carosse du Corps , celui de
M. le Duc d'Orleans , celui de Mad. la Duchesse
de Tallard , et celui de M. le Duc de Brissac fermoit
le Cortege. Les Carosses de la suite formoient
devant le même ordre.
Le Convoi arriva à l'Abbaye de S. Denis vers
I iij les
816 MERCURE DE FRANCE
les dix heures du soir ; l'Abbé de Bellefonds , pré
senta le Corps au Prieur de l'Abbaye , et il fit
Pinhumation. Après cette Ceremonie , le Coeur
fut porté dans le même Carosse à l'Abbaye Roya
le du Val de Grace.
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Résumé : « Le jour du Jeudi Saint, 2. Avril, le Roy entendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Riviere, [...] »
Le 2 avril, le roi écouta un sermon lors du Jeudi Saint, suivi de l'absoute par l'évêque de Dijon. Il lava ensuite les pieds de douze pauvres et les servit à table, une cérémonie dirigée par le duc de Bourbon et des nobles tels que le comte de Charolois et le comte de Clermont. Après cette cérémonie, le roi se rendit à la chapelle du château pour la messe, la procession et les vêpres. Le 7 avril, le duc d'Anjou mourut à Versailles à l'âge de deux ans, sept mois et huit jours. Le roi et la reine montrèrent une grande sensibilité à cette perte. Le corps du duc fut transporté aux Tuileries pour être embaumé et mis en cercueil. Le 9 avril, le cercueil fut transporté à l'Abbaye Royale de Saint-Denis, accompagné de plusieurs carrosses et détachements militaires. Le duc d'Orléans menait le deuil, accompagné de l'abbé de Bellefonds, de la duchesse de Tallard et du duc de Brissac. Le cœur du duc d'Anjou fut ensuite transporté à l'Abbaye Royale du Val-de-Grâce.
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422
p. 816-817
« Le Jeudy Saint 2. Avril, le Concert Spirituel continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bononcini, [...] »
Début :
Le Jeudy Saint 2. Avril, le Concert Spirituel continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bononcini, [...]
Mots clefs :
Composition, Musique, Maure, Compagnie, Reine, Concert spirituel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Jeudy Saint 2. Avril, le Concert Spirituel continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bononcini, [...] »
Le Jeudy Saint 2. Avril , le Concert Spirituel
continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bo
noncini , dont on a déja parlé , fit chanter un,
Miserere de sa composition , dans lequel la Dlle,
Erremens chanta differens Récits dans le goût ,
Italien , qui firent plaisir . La Dlle le Maure chanta
aussi un nouveau Pange lingua , alternativement
avec les Choeurs , sur la Sarabande du quatriéme
Acte de Jephté , dont les paroles sont
Nous vivons dans l'innocence , et sur le chant de
la Bergerie de Roland , quand on vient dans ce
Bocage , &c. M. Mouret y a ajoûté quelques
Versets en Musique.de sa composition. Cette
nouveauté a été très - applaudie .
Le même Concert fut interrompu pendant trois
jours à l'occasion de la mort du Duc d'Anjou ,
et fut continué le reste de la Semaine , jusques et
compris le Dimanche de Quasimodo. Les Diles
Erremens , Le Maure , Courvasier et Lenner , de
la Musique de la Reine , y ont chanté pendant
les trois semaines , differents petits Motets nouveaux
, à une et à deux voix , de la composition
des sieurs Mouret , le Maire et du Bousset , qui
ont été très- goûtez. Le sieur Massé , qui a une
très-belle voix de haute -contre et qui est de la Musique
de la Reine , a chanté pour la premiere fois
differens Récits avec justesse et applaudissement,
Le sieur Sommis , fameux joueur de Violon du
Roy de Sardaigne , y a executé differentes Son
nates et des Concerto , dans la derniere perfection,
et
AVKI L. 1733 . 817
et a été très- applaudi par de nombreuses Assem
blées , que la justesse et la brillante execution de
ce grand Maître y a attirées.
Le Pseaume , Exultate justi , à grand Choeur et
Symphonie, de la composition du sieur Bordier,
Maître de Musique de S. Innocent , executé lé
10. Avril , fut generalement applaudi .
Le 25. Mars , l'Abbé de Fitzjames , fils du Ma
réchal de Berwik , Abbé de l'Abbaye Royale de
S. Victor , y chanta solemnellement sa premierę
Messe , plusieurs Prélats et quantité de Personnes
de distinction , assisterent à cette Ceremonie
après laquelle M. l'Abbé donna un splendide
Repas.
Le 25. Avril , La Loterie de la Compagnie des
Indes , établie pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoûtumée à l'Hôtel
de la Compagnie. La Liste des Numero gagnans
des Actions etDixiémes d'Actions qui doi
vent être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 314. Actions.
continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bo
noncini , dont on a déja parlé , fit chanter un,
Miserere de sa composition , dans lequel la Dlle,
Erremens chanta differens Récits dans le goût ,
Italien , qui firent plaisir . La Dlle le Maure chanta
aussi un nouveau Pange lingua , alternativement
avec les Choeurs , sur la Sarabande du quatriéme
Acte de Jephté , dont les paroles sont
Nous vivons dans l'innocence , et sur le chant de
la Bergerie de Roland , quand on vient dans ce
Bocage , &c. M. Mouret y a ajoûté quelques
Versets en Musique.de sa composition. Cette
nouveauté a été très - applaudie .
Le même Concert fut interrompu pendant trois
jours à l'occasion de la mort du Duc d'Anjou ,
et fut continué le reste de la Semaine , jusques et
compris le Dimanche de Quasimodo. Les Diles
Erremens , Le Maure , Courvasier et Lenner , de
la Musique de la Reine , y ont chanté pendant
les trois semaines , differents petits Motets nouveaux
, à une et à deux voix , de la composition
des sieurs Mouret , le Maire et du Bousset , qui
ont été très- goûtez. Le sieur Massé , qui a une
très-belle voix de haute -contre et qui est de la Musique
de la Reine , a chanté pour la premiere fois
differens Récits avec justesse et applaudissement,
Le sieur Sommis , fameux joueur de Violon du
Roy de Sardaigne , y a executé differentes Son
nates et des Concerto , dans la derniere perfection,
et
AVKI L. 1733 . 817
et a été très- applaudi par de nombreuses Assem
blées , que la justesse et la brillante execution de
ce grand Maître y a attirées.
Le Pseaume , Exultate justi , à grand Choeur et
Symphonie, de la composition du sieur Bordier,
Maître de Musique de S. Innocent , executé lé
10. Avril , fut generalement applaudi .
Le 25. Mars , l'Abbé de Fitzjames , fils du Ma
réchal de Berwik , Abbé de l'Abbaye Royale de
S. Victor , y chanta solemnellement sa premierę
Messe , plusieurs Prélats et quantité de Personnes
de distinction , assisterent à cette Ceremonie
après laquelle M. l'Abbé donna un splendide
Repas.
Le 25. Avril , La Loterie de la Compagnie des
Indes , établie pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoûtumée à l'Hôtel
de la Compagnie. La Liste des Numero gagnans
des Actions etDixiémes d'Actions qui doi
vent être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 314. Actions.
Fermer
Résumé : « Le Jeudy Saint 2. Avril, le Concert Spirituel continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bononcini, [...] »
Le 2 avril, un concert du Concert Spirituel eut lieu au Château des Tuileries. Bononcini présenta un Miserere, avec la demoiselle Erremens interprétant des récits au goût italien. La demoiselle Le Maure chanta un nouveau Pange lingua, alternant avec les chœurs sur des extraits de Jephté et de la Bergerie de Roland. M. Mouret ajouta des versets musicaux, acclamés par le public. Le concert fut interrompu trois jours en raison du décès du Duc d'Anjou, puis reprit jusqu'au dimanche de Quasimodo. Les demoiselles Erremens, Le Maure, Courvasier et Lenner, ainsi que le sieur Massé, chantèrent divers motets nouveaux. Le sieur Sommis, violoniste du Roi de Sardaigne, exécuta des sonates et concertos avec maîtrise. Le 10 avril, le psaume Exultate justi de Bordier fut exécuté et applaudi. Le 25 mars, l'Abbé de Fitzjames chanta sa première messe à l'Abbaye Royale de Saint-Victor. Le 25 avril, la loterie de la Compagnie des Indes fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, remboursant 314 actions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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423
p. 869-874
ELOGE du R. P. le Quien, Dominiquain. Extrait d'une Lettre de M D. L. R. écrite à M. l'Abbé L. B. Chanoine de la Cathedrale d'Auxerre.
Début :
Le P. Michel le Quien nâquit à Boulogne sur Mer le 8. Octobre 1661. [...]
Mots clefs :
Michel Le Quien, Ouvrages, Mort, Éloge, Savant, Savants, Mémoires
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texteReconnaissance textuelle : ELOGE du R. P. le Quien, Dominiquain. Extrait d'une Lettre de M D. L. R. écrite à M. l'Abbé L. B. Chanoine de la Cathedrale d'Auxerre.
ELOGE du R. P. le Quien , Dominiquain.
Extrait d'une Lettre de M D.L..
R. écrite à M. l'Abbé L.B. Chanoine de
la Cathedrale d'Auxerre.
L
E P. Michel le Quien nîquit à Boulogne
sur Mer le 8. Octobre 1661 ..
d'une honnête famille , originaire de la
même Ville. Il fit ses premieres études à
Paris , dans le College du Plessis. A l'âge:
d'environ vingt ans il prit l'habit de
P'Ordre de S. Dominique , et fit son Noviciat
dans le Convent du Fauxbourg.
S. Germain ; mais dans la suite son amour
pour la plus exacte régularité le détermi
na à se faire affilier dans le Monastere
de la rue S. Honoré , qui est d'une Province
Réformée , où il a toujours demeu
ré , et où il est mort le 12 Mars dernier.
En sortant du Noviciat il apprit l'Hé
bren
870 MERCURE DE FRANCE
breu du P. Massoulié , qui possedoit à
fond cette Langue . Ce Religieux est connu
par plusieurs Ouvrages , sur tout par
celui qui est intitulé : Divus Thomas`sui
interpres. Le P. le Quien se mit ensuite
à la lecture de la Langue Grecque , qu'il
sçavoit parfaitement , et voulut aussi ap.
prendre l'Arabe ; connoissances qui lut
furent depuis d'une grande utilité.
Il n'avoit que trente ans lorsqu'il écrivit
contre l'Antiquité des Temps , du Pere
Pezron , qui fit une réponse , à laquelle
notre Sçavant repliqua , l'un et Fautre
Ouvrage , en 2 vol. in 12.
Dans la suite il fit encore une Dissertation
sur un autre Livre du P. Pezron,
intitulé: Essai du Commentaire sur les Prophetes.
Cette Dissertation fut insérée dans
les Mémoires de Trevoux , 1711 .
En 1712.il publia les Oeuvres de S. Jean
Damascene , tirées de diverses Editions
et des Monuscrits de France , d'Italie et
d'Angleterre, revues, traduites en Latin,
éclaircies par des Notes et des Dissertations
préliminaires, &c. 2. vol. infal.chez
de l'Epine
.
Il composa depuis quelques Ouvrages
particuliers , dont le plus important est
la Panoplie , contre les Grecs Schismatiques,
il s'est caché dans cet Ouvrage sous
le nom d'Etienne de Altimura.
Il
MAY. 871
#733 .
Il y a plusieurs Dissertations de sa façon
dans le Journal , intitulé : Mémoires
de Litterature et d'Histoire ; entr'autres sur
Sanchoniat , Auteur Phénicien ; sur S.Nicolas
, sur le Portus Iccius , &c.
Il a eu de plus une tres bonne part à
la nouvelle Edition de l'Historien Josephe
qui s'est faite en Angleterre , et que
tous les Sçavans estiment beaucoup .
Mais l'objet principal de l'application
infatigable du P. le Quien , a été depuis
plusieurs années , la composition d'une
Histoire generale de toutes les Eglises
d'Orient , et de celles de l'Affrique , dont
il publia le Projet dès l'année 1713. sous
le titre ORIENS CHRISTIANUS ET AFFRICA.
Plusieurs empêchemens , des Maladies
sur tout, ont retardé l'exécution de ce
Projet , qui se trouve cependant bien
avancée comme vous le verrez à la fin
de ma Lettre.
,
On peut mettre parmi les Distractions
qui ont empêché l'Auteur de publier luimême
son Ouvrage , la contestation , ou
plutôt la vive dispute qu'il a eue avec le
P. le Courrayer, au sujet des Ordinations
Anglicanes. Notre Sçavant Religieux s'y
donna tout entier ; ce qui a produit de
sa part une Réfutation en 2 vol. in 12.et
ensuite une Replique , sans compter la
Lettre
872 MERCURE DE FRANCE
Lettre qu'il me fit l'honneur de m'addresser
, sur la même matiere , du 14 Février
1731. insérée dans le Mercure d'Avril
suivant.
Le P. le Quien fut lié de bonne heure
avec beaucoup de Sçavans , sur tout
avec le R. P. Montfaucon , dont l'intime
amitié étoit de 46 ans , avec les Abbez
Renaudot , de Fleury , de Longuerie et
des Thuilleries , le P. Hardouin , M. Simon
, M. Ernest Grabbe , sçavant Anglois
, qui a parlé si avantageusement de
lui dans ses Notes sur S. Irenée , et avec
d'autres Sçavans et vertueux Etrangers.
Du nombre de ces derniers sont Mauto
Cordato , Prince de Valachie , qui lui
a envoyé son Livre des Offices , composé
en grec , à l'imitation de celui de Ciceron
, et Chrysante , dernier Patriarche
de Jerusalem , qui lui a aussi envoyé un
Ouvrage grec fort estimé , de sa composition.
La Piété du P. le Quien fut au moins
égale à son érudition , et on peut dire que
la science , bien loin d'affoiblir sa foy ,
servit au contraire toujours à nourrir en
lui l'esprit de Religion . La veritable
science , disoit- il souvent , enseigne à
être humble ; aussi n'a - t - on jamais vû de
mort plus chrétienne que celle qui a ter
phiné
MAY. 1733 . 873
miné sa course ; entr'autres dispositions
qu'il a fait paroître en mourant , il a déclaré
qu'il renonçoit à toute l'estime que
les hommes pourroient faire de sa personne
et de ses Ecrits , ne souhaitant autre
chose , si ce n'est que Dieu fut glorifié
par ses Ouvrages , &c. enfin ses
dernieres paroles , et qu'il repeta souvent,
furent celles de S. Ignace Martyr : Amor
meus Crucifixus est .
La veille de sa mort il parla avec une
parfaite tranquilité de son principal Ouvrage
, donnant à ceux qui doivent en
continuer l'Edition , tous les conseils et
tous les enseignemens necessaires ; il parla
aussi , et de la même maniere , de ses
autres Ouvrages Manuscrits , entre lesquels
sont plusieurs Dissert ons et l'His
toire de Boulogne sa Patrie , sans oublier
plusieurs petits détails Litteraires , les Livres
empruntez à ses amis , & c. le tout
avec la présence d'esprit d'un homme
bien sain , qui se dispose à faire un voyage.
Vous serez bien- alse d'apprendre que
le premier volume du grand Ouvrage
Oriens Christianus , est presque entierement
imprimé, et que le Manuscrit est
dans un tel état que l'impression pour
être continuée , comme elle le sera en
effet
874 MERCURE DE FRANCE
effer , sans que la mort de l'Auteur caus
aucune interruption .
Ce que je dois à sa mémoire et le mérite
de l'Ouvrage m'engageront à continuer
mes attentions , pour procurer du
côté du Levant , tous les Mémoires et les
aurres secours qui peuvent contribuer à
sa perfection.
Extrait d'une Lettre de M D.L..
R. écrite à M. l'Abbé L.B. Chanoine de
la Cathedrale d'Auxerre.
L
E P. Michel le Quien nîquit à Boulogne
sur Mer le 8. Octobre 1661 ..
d'une honnête famille , originaire de la
même Ville. Il fit ses premieres études à
Paris , dans le College du Plessis. A l'âge:
d'environ vingt ans il prit l'habit de
P'Ordre de S. Dominique , et fit son Noviciat
dans le Convent du Fauxbourg.
S. Germain ; mais dans la suite son amour
pour la plus exacte régularité le détermi
na à se faire affilier dans le Monastere
de la rue S. Honoré , qui est d'une Province
Réformée , où il a toujours demeu
ré , et où il est mort le 12 Mars dernier.
En sortant du Noviciat il apprit l'Hé
bren
870 MERCURE DE FRANCE
breu du P. Massoulié , qui possedoit à
fond cette Langue . Ce Religieux est connu
par plusieurs Ouvrages , sur tout par
celui qui est intitulé : Divus Thomas`sui
interpres. Le P. le Quien se mit ensuite
à la lecture de la Langue Grecque , qu'il
sçavoit parfaitement , et voulut aussi ap.
prendre l'Arabe ; connoissances qui lut
furent depuis d'une grande utilité.
Il n'avoit que trente ans lorsqu'il écrivit
contre l'Antiquité des Temps , du Pere
Pezron , qui fit une réponse , à laquelle
notre Sçavant repliqua , l'un et Fautre
Ouvrage , en 2 vol. in 12.
Dans la suite il fit encore une Dissertation
sur un autre Livre du P. Pezron,
intitulé: Essai du Commentaire sur les Prophetes.
Cette Dissertation fut insérée dans
les Mémoires de Trevoux , 1711 .
En 1712.il publia les Oeuvres de S. Jean
Damascene , tirées de diverses Editions
et des Monuscrits de France , d'Italie et
d'Angleterre, revues, traduites en Latin,
éclaircies par des Notes et des Dissertations
préliminaires, &c. 2. vol. infal.chez
de l'Epine
.
Il composa depuis quelques Ouvrages
particuliers , dont le plus important est
la Panoplie , contre les Grecs Schismatiques,
il s'est caché dans cet Ouvrage sous
le nom d'Etienne de Altimura.
Il
MAY. 871
#733 .
Il y a plusieurs Dissertations de sa façon
dans le Journal , intitulé : Mémoires
de Litterature et d'Histoire ; entr'autres sur
Sanchoniat , Auteur Phénicien ; sur S.Nicolas
, sur le Portus Iccius , &c.
Il a eu de plus une tres bonne part à
la nouvelle Edition de l'Historien Josephe
qui s'est faite en Angleterre , et que
tous les Sçavans estiment beaucoup .
Mais l'objet principal de l'application
infatigable du P. le Quien , a été depuis
plusieurs années , la composition d'une
Histoire generale de toutes les Eglises
d'Orient , et de celles de l'Affrique , dont
il publia le Projet dès l'année 1713. sous
le titre ORIENS CHRISTIANUS ET AFFRICA.
Plusieurs empêchemens , des Maladies
sur tout, ont retardé l'exécution de ce
Projet , qui se trouve cependant bien
avancée comme vous le verrez à la fin
de ma Lettre.
,
On peut mettre parmi les Distractions
qui ont empêché l'Auteur de publier luimême
son Ouvrage , la contestation , ou
plutôt la vive dispute qu'il a eue avec le
P. le Courrayer, au sujet des Ordinations
Anglicanes. Notre Sçavant Religieux s'y
donna tout entier ; ce qui a produit de
sa part une Réfutation en 2 vol. in 12.et
ensuite une Replique , sans compter la
Lettre
872 MERCURE DE FRANCE
Lettre qu'il me fit l'honneur de m'addresser
, sur la même matiere , du 14 Février
1731. insérée dans le Mercure d'Avril
suivant.
Le P. le Quien fut lié de bonne heure
avec beaucoup de Sçavans , sur tout
avec le R. P. Montfaucon , dont l'intime
amitié étoit de 46 ans , avec les Abbez
Renaudot , de Fleury , de Longuerie et
des Thuilleries , le P. Hardouin , M. Simon
, M. Ernest Grabbe , sçavant Anglois
, qui a parlé si avantageusement de
lui dans ses Notes sur S. Irenée , et avec
d'autres Sçavans et vertueux Etrangers.
Du nombre de ces derniers sont Mauto
Cordato , Prince de Valachie , qui lui
a envoyé son Livre des Offices , composé
en grec , à l'imitation de celui de Ciceron
, et Chrysante , dernier Patriarche
de Jerusalem , qui lui a aussi envoyé un
Ouvrage grec fort estimé , de sa composition.
La Piété du P. le Quien fut au moins
égale à son érudition , et on peut dire que
la science , bien loin d'affoiblir sa foy ,
servit au contraire toujours à nourrir en
lui l'esprit de Religion . La veritable
science , disoit- il souvent , enseigne à
être humble ; aussi n'a - t - on jamais vû de
mort plus chrétienne que celle qui a ter
phiné
MAY. 1733 . 873
miné sa course ; entr'autres dispositions
qu'il a fait paroître en mourant , il a déclaré
qu'il renonçoit à toute l'estime que
les hommes pourroient faire de sa personne
et de ses Ecrits , ne souhaitant autre
chose , si ce n'est que Dieu fut glorifié
par ses Ouvrages , &c. enfin ses
dernieres paroles , et qu'il repeta souvent,
furent celles de S. Ignace Martyr : Amor
meus Crucifixus est .
La veille de sa mort il parla avec une
parfaite tranquilité de son principal Ouvrage
, donnant à ceux qui doivent en
continuer l'Edition , tous les conseils et
tous les enseignemens necessaires ; il parla
aussi , et de la même maniere , de ses
autres Ouvrages Manuscrits , entre lesquels
sont plusieurs Dissert ons et l'His
toire de Boulogne sa Patrie , sans oublier
plusieurs petits détails Litteraires , les Livres
empruntez à ses amis , & c. le tout
avec la présence d'esprit d'un homme
bien sain , qui se dispose à faire un voyage.
Vous serez bien- alse d'apprendre que
le premier volume du grand Ouvrage
Oriens Christianus , est presque entierement
imprimé, et que le Manuscrit est
dans un tel état que l'impression pour
être continuée , comme elle le sera en
effet
874 MERCURE DE FRANCE
effer , sans que la mort de l'Auteur caus
aucune interruption .
Ce que je dois à sa mémoire et le mérite
de l'Ouvrage m'engageront à continuer
mes attentions , pour procurer du
côté du Levant , tous les Mémoires et les
aurres secours qui peuvent contribuer à
sa perfection.
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Résumé : ELOGE du R. P. le Quien, Dominiquain. Extrait d'une Lettre de M D. L. R. écrite à M. l'Abbé L. B. Chanoine de la Cathedrale d'Auxerre.
Le Père Michel Le Quien, dominicain, est né à Boulogne-sur-Mer le 8 octobre 1661. Après des études à Paris, il rejoignit l'Ordre de Saint Dominique et se distingua par son attachement à la régularité monastique. Polyglotte, il maîtrisait l'hébreu, le grec et l'arabe. Il publia plusieurs ouvrages, notamment en réponse aux écrits du Père Pezron. En 1712, il édita les œuvres de Saint Jean Damascène et rédigea diverses dissertations pour des journaux. Son œuvre majeure est l'Histoire générale des Églises d'Orient et d'Afrique, intitulée 'Oriens Christianus et Africa', dont le projet fut publié en 1713. Le Père Le Quien fut également impliqué dans une controverse avec le Père Le Courrayer au sujet des ordinations anglicanes. Connu pour ses amitiés avec de nombreux savants et sa piété, il mourut le 12 mars, laissant un ouvrage presque achevé et des instructions pour sa publication.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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424
p. 878-883
LETTRE écrite à M. Baron, Doyen de la Faculté de Medecine de Paris, par M. de Lepine, Docteur, Régent de la même Faculté, au sujet d'une These qui a pour titre, An à functionum integritate mentis Sanitas ? Soutenuë le huitiéme Janvier 1733. aux Ecoles de Médecine.
Début :
MONSIEUR, J'apprends avec une surprise extrême les bruits que [...]
Mots clefs :
Âme, Sentiments, Corps, Matière, Immortalité, Assertion, Religion, Proposition
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. Baron, Doyen de la Faculté de Medecine de Paris, par M. de Lepine, Docteur, Régent de la même Faculté, au sujet d'une These qui a pour titre, An à functionum integritate mentis Sanitas ? Soutenuë le huitiéme Janvier 1733. aux Ecoles de Médecine.
LETTRE écrite à M. Baron , Doyen
de la Faculté de Medecine de Paris
par M. de Lepine , Docteur , Régent de
la même Faculté , au sujet d'une These
qui a pour titre , An à functionum
integritate mentis Sanitas ? Soutenuë le
buitiéme Fanvier 1733. aux Ecoles de
Médecine.
MONSIEUR ,
J'apprens avec une surprise extrême
les bruits que l'on répand contre moi au
sujet d'une These que j'ai faite et à laquel'e
j'ai présidé le huitiéme Janvier de
la présente année , qui a pour titre : An
à functionum integritate mentis Sanitas ?
Rien n'est plus douloureux pour un
homme élevé dans des sentimens d'honneur
et de Religion , qui selon moi doivent
être inséparables , que de se voir attaqué
sur une matiere , où le simple soupçon
donne toujours là plus sensible atteinte
à notre réputation ; ainsi je m'estimerois
le plus malheureux des hommes ,
si je n'avois une ressource dans l'équité
de ceux qui sont en état de juger avec
con,
MAY. 1733. 879
connoissance de cause , et ce sont eux
que je me flatte de convaincre de la
pureté
et de l'orthodoxie des més sentimens.
Les objections qui me cont revenues
se réduisent à deux principales .
La premiere , d'avoir choisi une matiere
qui m'ait engagé à parler de l'Ame ,
de son essence et de ses opérations.
La seconde , d'avoir paru mettre en
problême sa spiritualité et son immortalité.
Je réponds à la premiere objection ,
que jusqu'ici dans nos Ecoles , sans que
personne l'ait trouvé mauvais , on a traité
la même matiere comme un point de
Physiologie très - important sous differens
titres . An mens sana in Corpore sano ? An
principium facultatum Anima ? & c.
Mais outre l'importance du sujet en
general , un motif particulier m'a déterminé
à le choisir. Beaucoup de gens sont
prévenus que tous les accidens qui dérangent
la tête de tant de differentes manieres
, en nous ôtant la liberté sont
des maladies qui attaquent réellement
l'esprit , et que si en même temps les
autres fonctions du Corps sont en bon
état , la Médecine ne peut être d'aucun
secours. ,
C
,
I
Par
$80 MERCURE DE FRANCE
Par une suite de préjugé on a vû dans
tous les temps enfermer des personnes
alienées , sans que leur famille ait daigné
faire les moindres tentatives pour
leur guérison.
De si tristes avantures m'ont excité à
combattre une erreur si préjudiciable au
Public , en faisant voir que les maladies
dont il s'agit , et que l'on croit avoir leur
siege dans l'ame même , ne sont que dans
les organes du corps , quelque bien disposez
qu'ils soient à tous autres égards ;
c'est dans ce sens qu'il faut entendre le
titre de ma These : An à functionum integritate
mentis Sanitas ?
Ayant à prouver que les prétendus dérangemens
de l'Esprit sont seulement de
vrais dérangemens
des parties internes du
Corps , telles que les Nerfs dans leurs
origines et dans leurs communications
,
j'établis pour principe certain que l'ame
ne peut être susceptible des altérations
que la corruption fait subir à la matiere,
c'est ce que je dis en termes formels , lig.
34. du quatrième Cor. p. 3. Num aëris constitutio
potest aliquid in Substantiam cogitantem
? Num terra venenati halitus vale
bunt eam corrumpere ? Absit
Cette proposition est une conséquence
nécessaire de l'Assertion qui est dans mon
premier
MAY. 1733 . 881
premier Corollaire touchant la Nature
de l'Ame. C'est là que je tâche d'exprimer
son Essence , et de la distinguer de
celle du Corps dans la définition que je
donne de la Vie. Communio est rei extensæ,
mobilis , que occupat spatium , que mutat
subinde locum , cum substantia que nullius
loci est capax , que proin sedem mutare nequit
, et tamen quocumque volueris illicò
transvolat.
Cette Assertion suffiroit pour me justifier
contre la seconde objection , elle
est décisive , elle ne renferme aucune
équivoque, et exclut toute espece de doute
: cependant on prétend en faire naître
l'idée sur ses paroles du premier Corol.
Num extensa et solida gaudeat trinâ dimentione
, roganti , non esse corpoream difficulter
probaveris ; At corpoream esse longè
difficilius demonstraveris. Je vous prie ,
Monsieur , de remarquer ici deux choses;
la premiere, qu'il ne s'y agit que de. preuves
philosophiques ; la seconde, que cette
proposition est d'un genre tout different
de celui des Assertions.
in-
Je compare seulement deux sentimens
contraires ; et avant que de donner ma
véritable réponse , je commence par
diquer le plus probable, en faisant remarquer,
que , si d'un côté il n'est pas aisé
C de
882 MERCURE DE FRANCE
"
de prouver l'immatérialité de l'ame , de
l'autre il est , sans comparaison , plus dif
ficile d'en démontrer la matérialité.
Je ne fais donc ici qu'exposer le dou
te ; mais je le résous ensuite , ou du
moins j'explique clairement ce que j'en
pense , lorsque je dis ailleurs ( ce qui est
vraiment Assertion ) que l'ame est une
substance pensante , qui ne peut être contenue
en aucun licu , et sur laquelle la
constitution de l'air n'a aucun pouvoir :
d'où il suit clairement qu'elle est spirituelle
; et par conséquent je suis bien éloigné
d'affirmer qu'on ne puisse prouver
ce que je regarde moi-même , et ce que
je donne comme absolument certain .
Pour ce qui regarde l'immortalité de
l'ame , il est vrai que je dis de Platon
Concupivit potiùs , quàm demonstravit z
mais la Religion pourroit- elle admettre
la démonstration qu'il s'imagine en donner
dans le Phedon , lorsqu'il dit que
l'ame étant à elle-même la cause de son
mouvement , elle ne peut jamais finir ?
Cer illustre Philosophe a pensé plus
conformément aux principes de la vraye
Religion dans le Timée, où il assure que
la seule volonté du Dieu suprême donne
l'immortalité à tous les êtres intelligens.
Après une justification aussi précise que
celle- cy ,
MAY. 1733. 883
celle-cy , si quelqu'un pouvoit encore
prétendre que dans la proposition Num
extensa , &c. je mets en problême la spiritualité
de l'ame , je desavoue non seu
lement , mais je déteste le sentiment qu'il
m'attribue , en suppliant les Juges équitables
de remarquer qu'il est formellementdétruit
par les deux Assertions, Substantia
cogitans , p. 3. Cor. 4. 1. 35. et
nullius loci capax , p . 1. Cor. 1. ligne derniere
, que j'ai rapportées.
Quoique je doute que mes expressions
ayent une interprétation si odieuse , je
suis sensiblement affligé si elles ont pû
y donner lieu ; et quelque témoignage
que je me rende à moi - même de l'intégrité
de ma foi et de la pureté de mes
intentions , je me reconnoîtrai coupable,
si l'on peut me convaincre , d'avoir parlé
d'une maniere à me faire soupçonner de
l'être mais le sentiment de ma conscience
me rassure , n'ayant jamais riem
pensé ni écrit que de conforme aux sentimens
de l'Eglise Catholique, Apostolique
et Romaine , dans le sein de laquelle
je veux vivre et mourir,
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentimens
d'estime , de considération et de
respect possible , &c.
A Paris , le 4. Avril 1733 .
de la Faculté de Medecine de Paris
par M. de Lepine , Docteur , Régent de
la même Faculté , au sujet d'une These
qui a pour titre , An à functionum
integritate mentis Sanitas ? Soutenuë le
buitiéme Fanvier 1733. aux Ecoles de
Médecine.
MONSIEUR ,
J'apprens avec une surprise extrême
les bruits que l'on répand contre moi au
sujet d'une These que j'ai faite et à laquel'e
j'ai présidé le huitiéme Janvier de
la présente année , qui a pour titre : An
à functionum integritate mentis Sanitas ?
Rien n'est plus douloureux pour un
homme élevé dans des sentimens d'honneur
et de Religion , qui selon moi doivent
être inséparables , que de se voir attaqué
sur une matiere , où le simple soupçon
donne toujours là plus sensible atteinte
à notre réputation ; ainsi je m'estimerois
le plus malheureux des hommes ,
si je n'avois une ressource dans l'équité
de ceux qui sont en état de juger avec
con,
MAY. 1733. 879
connoissance de cause , et ce sont eux
que je me flatte de convaincre de la
pureté
et de l'orthodoxie des més sentimens.
Les objections qui me cont revenues
se réduisent à deux principales .
La premiere , d'avoir choisi une matiere
qui m'ait engagé à parler de l'Ame ,
de son essence et de ses opérations.
La seconde , d'avoir paru mettre en
problême sa spiritualité et son immortalité.
Je réponds à la premiere objection ,
que jusqu'ici dans nos Ecoles , sans que
personne l'ait trouvé mauvais , on a traité
la même matiere comme un point de
Physiologie très - important sous differens
titres . An mens sana in Corpore sano ? An
principium facultatum Anima ? & c.
Mais outre l'importance du sujet en
general , un motif particulier m'a déterminé
à le choisir. Beaucoup de gens sont
prévenus que tous les accidens qui dérangent
la tête de tant de differentes manieres
, en nous ôtant la liberté sont
des maladies qui attaquent réellement
l'esprit , et que si en même temps les
autres fonctions du Corps sont en bon
état , la Médecine ne peut être d'aucun
secours. ,
C
,
I
Par
$80 MERCURE DE FRANCE
Par une suite de préjugé on a vû dans
tous les temps enfermer des personnes
alienées , sans que leur famille ait daigné
faire les moindres tentatives pour
leur guérison.
De si tristes avantures m'ont excité à
combattre une erreur si préjudiciable au
Public , en faisant voir que les maladies
dont il s'agit , et que l'on croit avoir leur
siege dans l'ame même , ne sont que dans
les organes du corps , quelque bien disposez
qu'ils soient à tous autres égards ;
c'est dans ce sens qu'il faut entendre le
titre de ma These : An à functionum integritate
mentis Sanitas ?
Ayant à prouver que les prétendus dérangemens
de l'Esprit sont seulement de
vrais dérangemens
des parties internes du
Corps , telles que les Nerfs dans leurs
origines et dans leurs communications
,
j'établis pour principe certain que l'ame
ne peut être susceptible des altérations
que la corruption fait subir à la matiere,
c'est ce que je dis en termes formels , lig.
34. du quatrième Cor. p. 3. Num aëris constitutio
potest aliquid in Substantiam cogitantem
? Num terra venenati halitus vale
bunt eam corrumpere ? Absit
Cette proposition est une conséquence
nécessaire de l'Assertion qui est dans mon
premier
MAY. 1733 . 881
premier Corollaire touchant la Nature
de l'Ame. C'est là que je tâche d'exprimer
son Essence , et de la distinguer de
celle du Corps dans la définition que je
donne de la Vie. Communio est rei extensæ,
mobilis , que occupat spatium , que mutat
subinde locum , cum substantia que nullius
loci est capax , que proin sedem mutare nequit
, et tamen quocumque volueris illicò
transvolat.
Cette Assertion suffiroit pour me justifier
contre la seconde objection , elle
est décisive , elle ne renferme aucune
équivoque, et exclut toute espece de doute
: cependant on prétend en faire naître
l'idée sur ses paroles du premier Corol.
Num extensa et solida gaudeat trinâ dimentione
, roganti , non esse corpoream difficulter
probaveris ; At corpoream esse longè
difficilius demonstraveris. Je vous prie ,
Monsieur , de remarquer ici deux choses;
la premiere, qu'il ne s'y agit que de. preuves
philosophiques ; la seconde, que cette
proposition est d'un genre tout different
de celui des Assertions.
in-
Je compare seulement deux sentimens
contraires ; et avant que de donner ma
véritable réponse , je commence par
diquer le plus probable, en faisant remarquer,
que , si d'un côté il n'est pas aisé
C de
882 MERCURE DE FRANCE
"
de prouver l'immatérialité de l'ame , de
l'autre il est , sans comparaison , plus dif
ficile d'en démontrer la matérialité.
Je ne fais donc ici qu'exposer le dou
te ; mais je le résous ensuite , ou du
moins j'explique clairement ce que j'en
pense , lorsque je dis ailleurs ( ce qui est
vraiment Assertion ) que l'ame est une
substance pensante , qui ne peut être contenue
en aucun licu , et sur laquelle la
constitution de l'air n'a aucun pouvoir :
d'où il suit clairement qu'elle est spirituelle
; et par conséquent je suis bien éloigné
d'affirmer qu'on ne puisse prouver
ce que je regarde moi-même , et ce que
je donne comme absolument certain .
Pour ce qui regarde l'immortalité de
l'ame , il est vrai que je dis de Platon
Concupivit potiùs , quàm demonstravit z
mais la Religion pourroit- elle admettre
la démonstration qu'il s'imagine en donner
dans le Phedon , lorsqu'il dit que
l'ame étant à elle-même la cause de son
mouvement , elle ne peut jamais finir ?
Cer illustre Philosophe a pensé plus
conformément aux principes de la vraye
Religion dans le Timée, où il assure que
la seule volonté du Dieu suprême donne
l'immortalité à tous les êtres intelligens.
Après une justification aussi précise que
celle- cy ,
MAY. 1733. 883
celle-cy , si quelqu'un pouvoit encore
prétendre que dans la proposition Num
extensa , &c. je mets en problême la spiritualité
de l'ame , je desavoue non seu
lement , mais je déteste le sentiment qu'il
m'attribue , en suppliant les Juges équitables
de remarquer qu'il est formellementdétruit
par les deux Assertions, Substantia
cogitans , p. 3. Cor. 4. 1. 35. et
nullius loci capax , p . 1. Cor. 1. ligne derniere
, que j'ai rapportées.
Quoique je doute que mes expressions
ayent une interprétation si odieuse , je
suis sensiblement affligé si elles ont pû
y donner lieu ; et quelque témoignage
que je me rende à moi - même de l'intégrité
de ma foi et de la pureté de mes
intentions , je me reconnoîtrai coupable,
si l'on peut me convaincre , d'avoir parlé
d'une maniere à me faire soupçonner de
l'être mais le sentiment de ma conscience
me rassure , n'ayant jamais riem
pensé ni écrit que de conforme aux sentimens
de l'Eglise Catholique, Apostolique
et Romaine , dans le sein de laquelle
je veux vivre et mourir,
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentimens
d'estime , de considération et de
respect possible , &c.
A Paris , le 4. Avril 1733 .
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Résumé : LETTRE écrite à M. Baron, Doyen de la Faculté de Medecine de Paris, par M. de Lepine, Docteur, Régent de la même Faculté, au sujet d'une These qui a pour titre, An à functionum integritate mentis Sanitas ? Soutenuë le huitiéme Janvier 1733. aux Ecoles de Médecine.
M. de Lepine, Docteur et Régent de la Faculté de Médecine de Paris, adresse une lettre à M. Baron, Doyen de la même faculté, en réponse aux critiques concernant une thèse soutenue le 8 janvier 1733, intitulée 'An à functionum integritate mentis Sanitas?'. M. de Lepine exprime sa surprise face aux rumeurs le visant et affirme sa pureté et orthodoxie. Les objections principales portent sur le choix du sujet, qui traite de l'âme, de son essence et de ses opérations, ainsi que sur la mise en problème de la spiritualité et de l'immortalité de l'âme. M. de Lepine justifie son choix en soulignant l'importance du sujet en physiologie et en médecine, notamment pour combattre l'erreur selon laquelle les troubles mentaux seraient des maladies de l'âme plutôt que du corps. Il affirme que les troubles mentaux sont des dérangements des organes du corps, comme les nerfs, et non de l'âme. Il établit que l'âme ne peut être altérée par la corruption de la matière, une proposition qu'il considère comme une conséquence nécessaire de l'assertion sur la nature de l'âme. Il distingue l'âme du corps dans la définition de la vie et affirme que l'âme est une substance pensante, spirituelle et immortelle, conforme aux principes de la religion catholique. M. de Lepine conclut en désavouant toute interprétation odieuse de ses propos et en affirmant son intégrité et sa foi. Il exprime son désir de vivre et mourir dans le sein de l'Église Catholique, Apostolique et Romaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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424
425
p. 979
La Médecine Théologique, [titre d'après la table]
Début :
LA MEDECINE THEOLOGIQUE, ou la Médecine créée, telle qu'elle se fait voir, sortie des [...]
Mots clefs :
Médecine théologique
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texteReconnaissance textuelle : La Médecine Théologique, [titre d'après la table]
LA MEDECINE THEOLOGIQUE , ou la Médecine
créée, telle qu'elle se fait voir , sortie des
mains de Dieu , Créateur de la Nature , et régie
par ses Loix , Ouvrage où s'explique l'Hygienne
par le Méchanisme , l'on y découvre les causes des
Maladies et leurs vrais Remedes, on a joint à la fin
les Theses de Médecine de l'Auteur de ce Traité ,
deux gros volumes in- 12. A Paris , chez Cavelier
, rue S. Jacques. 1733 .
créée, telle qu'elle se fait voir , sortie des
mains de Dieu , Créateur de la Nature , et régie
par ses Loix , Ouvrage où s'explique l'Hygienne
par le Méchanisme , l'on y découvre les causes des
Maladies et leurs vrais Remedes, on a joint à la fin
les Theses de Médecine de l'Auteur de ce Traité ,
deux gros volumes in- 12. A Paris , chez Cavelier
, rue S. Jacques. 1733 .
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426
p. 1028-1029
LETTRE écrite par M. l'Evêque de Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort de M. l'Archevêque de Roüen.
Début :
Après avoir rendu, Monsieur, dans mon Eglise Cathédrale une partie de ce que je dois à la [...]
Mots clefs :
Archevêque de Rouen, Prières, Prélat
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite par M. l'Evêque de Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort de M. l'Archevêque de Roüen.
LETTRE écrite par M. l'Evêque de
Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort
de M. l'Archevêque de Rouen .
A
Près avoir rendu , Monsieur , dans mon Eglise
Cathédrale une partie de ce que je dois à la
mémoire de feu M. l'Archevêque de Rouen ,
je m'empresse de le recommander à vos prieres dans
ce moment , où le Christianisme doit sanctifier tous
nos regrets : vous trouverez sans doute bien légitimes
ceux que me cause la perte d'un Prélat , ave
quel,quoiqu'uni par les liens du sang , je l'étois encore
bien plus intimement par tous ceux que peus
former la reconnoissance pour une longue suite de
bienfaits que j'en avois reçû , et l'heureuse expérience
que j'avois des talens dont le Ciel l'avois
favorisé. J'ai eu part aux uns , et j'ai été témoin
des autres , dès le moment qu'il voulut bien me
sonfier une partie du gouvernement du premier des
Diocèses
ΜΑΥ. 1 ཧ ༣༣ ; 1029
Diocèses où la Providence l'avoit conduit. Je lus
fus redevable des mêmes sentimens , lorsque placé
sur un des Siégesles plus distinguez du Royaume ,
il désira que je l'y suivisse. En tout lieu et en toute
rencontre , soit qu'il présidât aux Etats d'une Province
, dont les interêts se sont trouvés plus d'une
fois difficiles à être menagez , soit qu'il fut un des
Membres des diverses Assemblées du Clergé où il a
toujours parû avec éclat , soit qu'il eut quelque
sorte de part aux affaires publiques , soit qu'il s'appliquât
aux Fonctions ordinaires du Ministere Ecclesiastiqne
, par tout également il se montroit aux :
personnes équitables , digne du Poste qu'il occupoit
, et remplissant tout ce que la situation des
choses pouvoit demander de lui . Plus instruit qu'un
autre , il rendoit volontiers ses lumieres utiles à
tous ceux qui étoient à portée d'en profiter Touché
autant que je devois l'être de cet avantage , je
fus très-sensible à mon éloignement de sa Personne
, lorsqu'il me fut devenu indispensable : Une
mort plus prompte que je n'avois lieu de l'appréhen
der , rend à jamais durable cette séparation que je
ne puis envisager qu'avec l'amertume la plus cúisante.
L'heureuse habitude où je suis de vous voir
entrer dans les dispositions que je crois devoir vous
inspirer , me donne lieu d'esperer que vous m'aiderez
à m'acquitter de ce que la Religion éxige de
moi dans cette conjoncture ; c'est par ce motifque
je vous prie de vous souvenir dans vos Prieres et
dans vos Sacrifices , d'un Prélat auquel je me ferai
toujours l'honneur d'avoir été très - singulierement
attaché. Je suis , &c.
Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort
de M. l'Archevêque de Rouen .
A
Près avoir rendu , Monsieur , dans mon Eglise
Cathédrale une partie de ce que je dois à la
mémoire de feu M. l'Archevêque de Rouen ,
je m'empresse de le recommander à vos prieres dans
ce moment , où le Christianisme doit sanctifier tous
nos regrets : vous trouverez sans doute bien légitimes
ceux que me cause la perte d'un Prélat , ave
quel,quoiqu'uni par les liens du sang , je l'étois encore
bien plus intimement par tous ceux que peus
former la reconnoissance pour une longue suite de
bienfaits que j'en avois reçû , et l'heureuse expérience
que j'avois des talens dont le Ciel l'avois
favorisé. J'ai eu part aux uns , et j'ai été témoin
des autres , dès le moment qu'il voulut bien me
sonfier une partie du gouvernement du premier des
Diocèses
ΜΑΥ. 1 ཧ ༣༣ ; 1029
Diocèses où la Providence l'avoit conduit. Je lus
fus redevable des mêmes sentimens , lorsque placé
sur un des Siégesles plus distinguez du Royaume ,
il désira que je l'y suivisse. En tout lieu et en toute
rencontre , soit qu'il présidât aux Etats d'une Province
, dont les interêts se sont trouvés plus d'une
fois difficiles à être menagez , soit qu'il fut un des
Membres des diverses Assemblées du Clergé où il a
toujours parû avec éclat , soit qu'il eut quelque
sorte de part aux affaires publiques , soit qu'il s'appliquât
aux Fonctions ordinaires du Ministere Ecclesiastiqne
, par tout également il se montroit aux :
personnes équitables , digne du Poste qu'il occupoit
, et remplissant tout ce que la situation des
choses pouvoit demander de lui . Plus instruit qu'un
autre , il rendoit volontiers ses lumieres utiles à
tous ceux qui étoient à portée d'en profiter Touché
autant que je devois l'être de cet avantage , je
fus très-sensible à mon éloignement de sa Personne
, lorsqu'il me fut devenu indispensable : Une
mort plus prompte que je n'avois lieu de l'appréhen
der , rend à jamais durable cette séparation que je
ne puis envisager qu'avec l'amertume la plus cúisante.
L'heureuse habitude où je suis de vous voir
entrer dans les dispositions que je crois devoir vous
inspirer , me donne lieu d'esperer que vous m'aiderez
à m'acquitter de ce que la Religion éxige de
moi dans cette conjoncture ; c'est par ce motifque
je vous prie de vous souvenir dans vos Prieres et
dans vos Sacrifices , d'un Prélat auquel je me ferai
toujours l'honneur d'avoir été très - singulierement
attaché. Je suis , &c.
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Résumé : LETTRE écrite par M. l'Evêque de Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort de M. l'Archevêque de Roüen.
Le 27 avril 1733, l'évêque de Grenoble écrit à propos de la mort de l'archevêque de Rouen. Il mentionne avoir déjà rendu hommage à ce dernier dans son église cathédrale et le recommande aux prières du destinataire. L'évêque exprime ses regrets pour la perte d'un prélat avec qui il était lié par le sang et par la reconnaissance pour les nombreux bienfaits reçus. Il souligne les compétences et les talents de l'archevêque, dont il a été témoin lors de la gestion du diocèse de Rouen et dans diverses fonctions publiques et ecclésiastiques. L'archevêque était connu pour son équité et sa dignité, qu'il manifestait en présidant aux États d'une province, en participant aux assemblées du clergé ou en s'occupant des affaires publiques. L'évêque regrette la séparation soudaine causée par la mort inattendue de l'archevêque et espère l'aide du destinataire pour accomplir ses devoirs religieux. Il prie pour que l'archevêque soit souvenir dans les prières et les sacrifices.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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427
p. 1050-1062
DISSERTATION sur les Enseignes Militaires des François. par M. Beneton-de-Perrin, Ecuyer, ancien Gendarme de la Garde du Roy. Seconde Partie.
Début :
Après avoir dit dans la premiere Partie de cet Ouvrage ce qui obligea [...]
Mots clefs :
Saint Denis, Comtes de Vexin, Abbaye de Saint-Denis, Église, Seigneurs, Prince, Églises, Bannière, Dévotion, Monastère, Enseignes militaires
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texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION sur les Enseignes Militaires des François. par M. Beneton-de-Perrin, Ecuyer, ancien Gendarme de la Garde du Roy. Seconde Partie.
DISSERTATION sur les Enseignes
Militaires des François . par M. Benetonde-
Perrin , Ecuyer , ancien Gendarme
de la Garde du Roy. Seconde Partie .
A
Près avoir dit dans la premiere Partie
de cet Ouvrage ce qui obligea
les Rois de France à changer de Patron ,
et ce qui fit qu'à leur exemple le Peuple
diminua peu - à - peu sa dévotion a S.Martin
, pour la donner toute entiere à saint
Denis ; remontons présentement aux
temps qui ont précedé ce changement.
Sans entrer dans la fameuse dispute si
S. Denis , premier Evêque de Paris , est
le même que Denis l'Areopagite , converti
par
l'Apôtre S. Paul dans la Ville
d'Athénes , qui de Rome passa dans les
Gaules dès le premier siecle de l'Eglise ,
ou s'il est un autre Denis , qui , avec six
autres saints Missionnaires , ne vinrent dans
les Gaules qu'au temps de Décius ; il est
toujours certain qu'un S. Denis , Evêque,
fut le premier qui annonça aux Parisiens
les veritez de l'Evangile , et qu'il souffrit
le martyre avec deux de ses Compagnons
dans le lieu même où il avoit exercé sa
Mission .
Après
JUIN. 1733. 1051
Après la mort de ce Saint , une femme
vertueuse et riche , nommée Catule ,
devenue , sans doute , Chrétienne par les
´Sermons du Martyr, fit secrettement enlever
son Corps et ceux de ses Compagnons ,
et les fit inhumer tous trois dans un
Champ qui lui appartenoit , et qui à cause
d'elle fut appellé Catolacum , et Catalliacum.
Les Chrétiens , pour ne point oublier
l'endroit qui contenoit les Corps de
ces saints Martyrs , mirent dessus une
marque, ou Montjoye , et aussi tôt qu'ils
furent en liberté de faire quelque Acte
public de leur Religion , ils bâtirent sur
cet endroit une Oratoire ou petite Chapelle
, que sainte Géneviève changea en
Eglise et qui devint bien- tôt un Monastere
, puisque dès l'an 6c0 . sous Clotaire
second , il y avoit déja un Abbé
qui gouvernoit la Communauté Religicu
se de S. Denis .
Le Roy Dagobert fut le premier qui
donna à cette Abbaye de grandes possessions
en terres , et les Successcurs de ce
Prince se firent un mérite d'enrichir extraordinairement
le Monastere de S. Denis
, par de continuelles liberalitez , jusqu'au
temps de Charles le Chauve. Alors
les Normands étant venu aborder ent
Neustrie , et ces Barbares ayant remonté
1. Vol. Ay la
1052 MERCURE DE FRANCE
·
&
la Seine pour ravager les Païs voisins de
cette Riviete , les Religieux de S. Denys
recoururent à la protection des Rois ,
pour la conservation des biens qu'ils renoient
d'eux ; mais les Rois occupez aib
leurs, tant par les Guerres intestines , que
par les ravages que d'autres Normands
faisoient en attaquant le Royaume par
plusieurs endroits , et ne pouvant par
consequent s'engager à deffendre en personne
l'Abbaye de S. Denys ; ils commirent
ce soin aux Comtes du Véxin , qui
étoient leurs plus proches Officiers , et faisant
résidence aux environs de cette Abbaye;
par là plus à portée que tous autres
à veiller à sa deffense. Voilà l'origine et
l'établissement des premiers Avouez ou
Deffenseurs de S. Denys .
Les Comtes de Véxin étoient pour lors
des Officiers Amovibles , comme tous les
autres Comtes du Royaume ; ainsi l'Abbaye
de S.Denys changeoit d'Avoüé toutes
les fois que leVéxin changeoit de Gouverneur.
Cela dura jusqu'au Regne de Charles
le Simple, qui ayant cedé aux Normands
toute la Neustrie , avec une partie du
Véxin ; ceux qui devinrent Comtes de
l'autre partie de ce Païs , demeurée à la
France , s'en rendirent presque aussi-tôr
1. Vol.
SeiJUIN.
1733.
1053
Seigneurs proprietaires , et étendirent la
même propriété sur l'Avoüerie de S. Denys
, rendant ces deux Dignités héréditaires
dans leurs familles .
Les Historiens faute d'avoir mis de la
distinction entre la qualité de Comte et
celle d'Avoüé , ont cru que les derniers
Seigneurs du Véxin étoient Vassaux de
l'Abbaye de S. Denys pour leur Comté ;
ce qui n'est point mon sentiment.
Car si le Comté de Véxin eut relevé de
l'Abbaye de S. Denys , les Religieux auroient
été en droit d'exiger l'hommage
des Ducs de Normandie qui joüissoient
de la moitié de ce Comté; et l'on ne voit
point qu'aucun Prince Normand ait été
citté , ni se soit soumis à cet hommage.
Les premiers Comtes de Véxin n'ont
pas pû le faire; ils dépendoient entierement
des Rois qui n'auroient point souffert
que leurs Officiers allassent faire hommage
d'un Païs dont ils n'étoient que les
gardiens ; permettroit - on presentement
à un Gouverneur de Province ou de Ville
d'aller soumettre son Gouvernement
à une Eglise à laquelle il auroit dévotion ?
il en auroit été de même si les Comtes
de Véxin avoient voulu faire une semblable
démarche.
L'Abbaye de S. Denys n'a eu la Sei-
1. Vol.
A vj gneurie
1054 MERCURE DE FRANCE
gneurie du lieu où elle est scituée que par
la donation que lui en fit le Roy Robert,
l'an 996. En ce temps - là les Rois donnoient
assez aisément les Domaines utiles,
mais rarement les Justices et les Droits
Seigneuriaux ; ils éroient soigneux de se
les conserver ; ainsi il paroît peu croïable
qu'un Monastere qui n'étoit point Seigneur
du lieu où il étoit , pût avoir la Suseraineté
sur un territoire aussi considérable
que le Véxin , Les Rois avoient interêt
de soûtenir le droit de Suseraineté
sur ce territoire entier, parce que s'ils s'étoient
un peu relâchés , cela auroit servi
de prétexte aux Ducs de Normandie
lorsqu'ils furent devenus Rois d'Angleterre
, et les plus redoutables ennemis de
la France , pour soustraire une partie de
leur Domaine à l'hommage qu'ils devoient
à la Couronne , dans la prétention
qu'ils ne l'auroient dû qu'à l'Abbaye
de Saint Denys pour leur part du
Véxin.
,
Nos Rois connoissoient si bien que
leur interêt demandoit l'affoiblissement
des Comtes du Véxin , trop voisins de
Paris , que les derniers possesseurs de ce
Comté , étoient plutôt Comtes dans le
Païs , que Comtes du Païs , tant leur autorité
fut mitigée par les Rois , qui n'ai-
I. Vol. moient
JUIN. 1733 . 1055
moient point d'avoir un Vassal si puissant
à la porte de leur Capitale. Aussi
Philippe I. profita bien tôt de la mort ,
sans enfans , de Simon , surnommé le
Bienheureux , dernier de ces Comtes ,
arrivée l'an 1c88 . pour réünir à son Domaine
le Comté de Véxin , qu'il donna
ensuite à son fils , Loüis , surnommé le
Gros, et qui par ce moyen devint Avoüé
de S. Denys. C'est ce Prince , qui étant
Roy, fit un usage general de la Banniere
de l'Abbaye , dont il avoit l'Avouerie ,
et la fit porter dans toutes les Guerres
d'Etat qu'il entreprit. Après la réunion
du Véxin à la Couronne , la dévotion à
S. Denys devint si grande , que les Rois ,
successeurs de Louis le Gros , se firent
honneur d'être les premiers Avoüez de
l'Eglise de ce Saint.
Ils s'obligerent en cette qualité de
prendre les armes pour en conserver les
droits toutes les fois qu'il en seroit besoin
; et cette obligation leur fit naître
l'idée pieuse de se servir de la Banniere
de ce Monastere , non seulement dans les
occasions où il s'agiroit d'en deffendre les
biens , mais encore dans toutes celles où
il s'agiroit de la deffense de leur propre
Royaume , et d'avoir en cette Banniere
la nrême confiance que leurs Prédeces
1. Vol.
scurs
1056 MERCURE DE FRANCE
seurs avoient eue en celle de S. Martin ,
dont on ne faisoit plus d'usage .
L'Histoire nous a conservé la memoire
de ce qui se passa quand le Roy Louis
le Gros alla à S. Denys , l'an 1124. y lever
l'Oriflamme pour la premiere fois ,
afin de s'en servir dans la Guerre qu'il
alloit avoir contre l'Empereur Henry V.
,
La maniere dont ce Prince parla dans
l'Assemblée qui se tint à cette occasion ,
a donné lieu de croire qu'il y reconnut
n'avoir droit de se servir de la Banniere
de S. Denys , qu'en qualité de Vassal de
l'Abbaye , à cause du Comté de Vexin .
Voicy le discours du Roy , tiré d'une
Patente que Doublet nous a conservée
dans son Histoire de S.Denys. Liv. 3.
Presenti itaque Venerabili Abbate Prefata
Ecclesia Sugerio , quem fidelem et familiarem
optimatum nostrorum Vexillum de
altario beatorum Martyrum , ad quos comitatus
Vilcassini , quem nos ab ipsis infeodem
habemus , spectare dignoscitur , morem
antiquum antecessorum nostrorum servantes
et imitantes , signiferi jure , sicut Comites
Vilcassini soliti erant , suscepimus.
Ces termes qui ont paru décisifs à ceux
qui ont soutenu que le Roi fit alors hommage
du Comté de Vexin, ne me paroissent
pas tels ; cette preuve n'est point in-
I, Vol.
conJUIN.
1733 1057
contestable , selon moi ; la piété du Prince
, et sa grande dévotion à S. Denys , auroient
bien pû lui faire avancer des expressions
un peu fortes , sans distinguer
assez pourquoi les Comtes de Vexin rendoient
hommage ; confondant sa qualité
d'Avoué avec celle de Comte , et les termes
: De more Antecessorum suorum , peuvent
s'entendre que le Roy reconnoît
avoir , signiferi jure , le droit de porter
P'Enseigne de S. Denys , de même que les
Comtes de Vexin l'avoient en qualité
d'Avoüés , et par conséquent de Vassaux
de l'Abbaye en cette qualité.
Enfin , si on ne peut rien rabatre de la
forme des termes de cette reconnoissance
; la cause qui la fit faire ainsi , peut
être attribuée à l'usage où l'on étoit alors,
et qui avoit commencé dans le siecle précedent
, où le Seigneur d'un Fief croioit
faire un Acte de grande piété , en soumettant
volontairemént sa Terre à l'Eglise
d'un Saint , qu'il prenoit pour le:
Protecteur de sa famille.
On rendoit cette soumission , sans prétendre
préjudicier à celle qu'on devoit à
son Seigneur dominant, ce qui faisoit que
ce dernier la permettoit. Les Comtes de
Vexin auroient pû faire un pareil hommage
à S. Denys , sans préjudice de celui
qu'ils devoient aux Rois .
tos8 MERCURE DE FRANCE
Les Seigneurs de la Tour en Auvergne
soumirent leur Fief de la Tour à l'Abbaye
de Clugny , fauf ce qu'ils devoient
aux Comtes d'Auvergne leurs Souverains.
Munier , dans son Histoire d'Authun ;
rapporte les hommages que les Seigneurs
du Fief de Clugny lés - Authun , faisoient
devant l'Autel et la Chasse de S. Symphorien
de cette Ville , quoique ce Fief
de Clugny relevat d'un autre Seigneur.
Louis XI. Roy de France , fit hommage
pour lui et ses Successeurs Rois , du
Comté de Boulogne en Picardie , à Notre
Dame de la même Ville ; et Louis XIII. a
mis sa Couronne sons la protection de la
Sainte Vierge , par un voeu fait à l'Eglise
de Notre Dame de Paris ; toutes ces
soumissions volontaires et l'effet d'une
grande piété , ne tirent point à conséquence
, et ne peuvent point passer pour
de vraies sujettions.
que
Il faut penser la même chose de celle
les Comtes de Vexin devoient à Saint
Denys, et je suis persuadé que ces Comtes
ne la devoient que pour des Terres dépendantes
de l'Abbaye , dont ils jouissoient
en qualité d'Avoüez . En effet
qu'on examine bien la céremonie qui se
faisoit quand nos Rois alloient pren-
I. Vol.
dre
JUIN. 1733.
1059
dre l'Oriflame , on verra que ce n'étoit
qu'un Acte de dévotion qui n'avoit rien
qui sentit l'hommage juridique.
Le Roy après avoir fait sa priere devant
l'Autel sur lequel étoient les Chasses
des Martyrs , prenoit lui - même la Banniere
qui étoit aussi dessus l'Autel , pour
montrer qu'il ne tenoit le droit de la
prendre que de sa puissance , et que la
piété seule , qui l'engageoit à proteger le
Monastere , lui faisoit si fort estimer son
Enseigne, à cause du Saint à qui elle étoit
consacrée, qu'il esperoit par elle attirer la
protection du Ciel sur son Armée. Ensuite
le Roy tenant en main cette Enseigne
la remettoit à un des plus vaillans
Chevaliers de sa Cour , pour la porter en
son nom , pendant l'Expedition qu'on
alloit entreprendre , et ce Seigneur faisoit
serment de la deffendre au peril de
sa vie , et de la rapporter dans le lieu où
il la prenoit.
Je regarde les Porte - Oriflammes
comme les Vidâmes de nos Rois et les
Avoüés particuliers de Saint Denys.
J'ai déja dit que les Rois sont de droit
les Protecteurs et les Grands Avoüés de
toutes les Eglises de leur Royaume ; ils
avoient fait les Comtes d'Anjou et du
Vexin leurs Lieutenans dans celles de S.
I. Vol. Martin
1060 MERCURE DE FRANCE
Martin et de S. Denys , et ils ne firent
exercer ces Lieutenances par d'autres Seigneurs
, que quand la posterité mâle de
ces Comtes eut manqué.
Outre ces Lieutenans d'honneur , les
Grosses Abbayes avoient d'antres Avoüez
d'un plus bas étage pour avoir soin des
biens détachez et éloignez de ces Abbayes.
Ces Avouez particuliers se nommoient
Signiferi Ecclesiarum , Porte- Enseignes
des Eglises.
L'Abbaye de S.Denys en avoit plusieurs
à la fois , comme celui de Berneval en
Normandie , et les Seigneurs de Chevreuse
près Montfort. Ces derniers , l'an
1226 , remirent leur droit d'Avoüérie ,
moyennant une somme d'argent ; il falloit
cependant que par cette vente ils ne
se fussent pas dépouillez tout - à - fait de
l'honneur de contribuer à la deffense de
l'Abbaye de S. Denys , puisque les premiers
Porte Oriflammes connus , étoient
de cette famille , et qu'on n'en trouve
point qui ait exercé cet Ofice avant Anceau
, Sire de Chevreuse , qui perdit l'O
riflamme et la vie à la Bataille de Monsen
- Puelle , l'an 1304.
Chacun de ces Avoüez particuliers
avoit son Enseigne , comme cela se prouve
par le nom qu'on leur donnoit de
I. Vol. SiJUIN.
1733 1061
Signiferi Ecclesiarum ; ainsi l'Abbaye de
S. Denys ayant plusieurs Avoüez , devoit
avoir plusieurs Bannieres , qui toutes auroient
pû s'appeller Oriflammes , puisqu'elles
avoient toutes la même forme ,
par la raison que je vais dire ; cependant
on ne donna ce nom qu'à la principale ,
qui restoit dans l'Abbaye , et que l'on
regardoit proprement comme appartenante
aux Martyrs.
Toutes les Bannieres des Eglises dédiées
à des Saints de ce genre , étoient
rouges et frangées, de synope ou de verts
l'une de ces couleurs désignant les souffrances,
et l'autre l'esperance qui animoit
ces Saints en répandant leur sang pour
Jesus-Christ.
L'Eglise de Brioude en France , dédiée
à S. Julien Martyr, celles de Tubnigen
et de Bolbingen en Allemagne , de même
qu'une infinité d'autres Eglises qu'on me
dispensera de nommer , avoient de semblables
Bannieres ; l'Etendart des Dauphins
de Viennois étoit rouge , avec un
S. George representé dessus ; il servoit à
l'inauguration de chaque Dauphin . Après
qu'on avoit mis au nouveau Prince l'Epée
au côté , et l'Anneau au doigt , il
prenoit d'une main le Sceptre , et de
l'autre cet Etendart , qui après la cere-
1. Vol.
monie
1062 MERCURE DE FRANCE
monie étoit remis dans la Sacristie de l'Eglise
de S.André de Grenoble où il restoit
toujours en dépôt , comme l'ont remarqué
Jean Beneton , mon grand oncle , et
M. de Valbonnais dans leurs Mémoires
du Dauphiné.
Plusieurs Seigneurs qui se trouverent
Avoüez des Eglises lorsque l'on commençi
à prendre des Armoiries , s'en firent
avec les Bannieres qu'ils avoient droit de
porter ; telle est l'origine des Armes des
Comtes d'Auverge , des Seigneurs de Clin
champ en Normandie , et des Comtes de
Verdemberg en Allemagne . Ces trois
exemples suffiront pour prouver ce que
j'avance.
Le reste paroitra dans le Mercure pro¬
chain.
Militaires des François . par M. Benetonde-
Perrin , Ecuyer , ancien Gendarme
de la Garde du Roy. Seconde Partie .
A
Près avoir dit dans la premiere Partie
de cet Ouvrage ce qui obligea
les Rois de France à changer de Patron ,
et ce qui fit qu'à leur exemple le Peuple
diminua peu - à - peu sa dévotion a S.Martin
, pour la donner toute entiere à saint
Denis ; remontons présentement aux
temps qui ont précedé ce changement.
Sans entrer dans la fameuse dispute si
S. Denis , premier Evêque de Paris , est
le même que Denis l'Areopagite , converti
par
l'Apôtre S. Paul dans la Ville
d'Athénes , qui de Rome passa dans les
Gaules dès le premier siecle de l'Eglise ,
ou s'il est un autre Denis , qui , avec six
autres saints Missionnaires , ne vinrent dans
les Gaules qu'au temps de Décius ; il est
toujours certain qu'un S. Denis , Evêque,
fut le premier qui annonça aux Parisiens
les veritez de l'Evangile , et qu'il souffrit
le martyre avec deux de ses Compagnons
dans le lieu même où il avoit exercé sa
Mission .
Après
JUIN. 1733. 1051
Après la mort de ce Saint , une femme
vertueuse et riche , nommée Catule ,
devenue , sans doute , Chrétienne par les
´Sermons du Martyr, fit secrettement enlever
son Corps et ceux de ses Compagnons ,
et les fit inhumer tous trois dans un
Champ qui lui appartenoit , et qui à cause
d'elle fut appellé Catolacum , et Catalliacum.
Les Chrétiens , pour ne point oublier
l'endroit qui contenoit les Corps de
ces saints Martyrs , mirent dessus une
marque, ou Montjoye , et aussi tôt qu'ils
furent en liberté de faire quelque Acte
public de leur Religion , ils bâtirent sur
cet endroit une Oratoire ou petite Chapelle
, que sainte Géneviève changea en
Eglise et qui devint bien- tôt un Monastere
, puisque dès l'an 6c0 . sous Clotaire
second , il y avoit déja un Abbé
qui gouvernoit la Communauté Religicu
se de S. Denis .
Le Roy Dagobert fut le premier qui
donna à cette Abbaye de grandes possessions
en terres , et les Successcurs de ce
Prince se firent un mérite d'enrichir extraordinairement
le Monastere de S. Denis
, par de continuelles liberalitez , jusqu'au
temps de Charles le Chauve. Alors
les Normands étant venu aborder ent
Neustrie , et ces Barbares ayant remonté
1. Vol. Ay la
1052 MERCURE DE FRANCE
·
&
la Seine pour ravager les Païs voisins de
cette Riviete , les Religieux de S. Denys
recoururent à la protection des Rois ,
pour la conservation des biens qu'ils renoient
d'eux ; mais les Rois occupez aib
leurs, tant par les Guerres intestines , que
par les ravages que d'autres Normands
faisoient en attaquant le Royaume par
plusieurs endroits , et ne pouvant par
consequent s'engager à deffendre en personne
l'Abbaye de S. Denys ; ils commirent
ce soin aux Comtes du Véxin , qui
étoient leurs plus proches Officiers , et faisant
résidence aux environs de cette Abbaye;
par là plus à portée que tous autres
à veiller à sa deffense. Voilà l'origine et
l'établissement des premiers Avouez ou
Deffenseurs de S. Denys .
Les Comtes de Véxin étoient pour lors
des Officiers Amovibles , comme tous les
autres Comtes du Royaume ; ainsi l'Abbaye
de S.Denys changeoit d'Avoüé toutes
les fois que leVéxin changeoit de Gouverneur.
Cela dura jusqu'au Regne de Charles
le Simple, qui ayant cedé aux Normands
toute la Neustrie , avec une partie du
Véxin ; ceux qui devinrent Comtes de
l'autre partie de ce Païs , demeurée à la
France , s'en rendirent presque aussi-tôr
1. Vol.
SeiJUIN.
1733.
1053
Seigneurs proprietaires , et étendirent la
même propriété sur l'Avoüerie de S. Denys
, rendant ces deux Dignités héréditaires
dans leurs familles .
Les Historiens faute d'avoir mis de la
distinction entre la qualité de Comte et
celle d'Avoüé , ont cru que les derniers
Seigneurs du Véxin étoient Vassaux de
l'Abbaye de S. Denys pour leur Comté ;
ce qui n'est point mon sentiment.
Car si le Comté de Véxin eut relevé de
l'Abbaye de S. Denys , les Religieux auroient
été en droit d'exiger l'hommage
des Ducs de Normandie qui joüissoient
de la moitié de ce Comté; et l'on ne voit
point qu'aucun Prince Normand ait été
citté , ni se soit soumis à cet hommage.
Les premiers Comtes de Véxin n'ont
pas pû le faire; ils dépendoient entierement
des Rois qui n'auroient point souffert
que leurs Officiers allassent faire hommage
d'un Païs dont ils n'étoient que les
gardiens ; permettroit - on presentement
à un Gouverneur de Province ou de Ville
d'aller soumettre son Gouvernement
à une Eglise à laquelle il auroit dévotion ?
il en auroit été de même si les Comtes
de Véxin avoient voulu faire une semblable
démarche.
L'Abbaye de S. Denys n'a eu la Sei-
1. Vol.
A vj gneurie
1054 MERCURE DE FRANCE
gneurie du lieu où elle est scituée que par
la donation que lui en fit le Roy Robert,
l'an 996. En ce temps - là les Rois donnoient
assez aisément les Domaines utiles,
mais rarement les Justices et les Droits
Seigneuriaux ; ils éroient soigneux de se
les conserver ; ainsi il paroît peu croïable
qu'un Monastere qui n'étoit point Seigneur
du lieu où il étoit , pût avoir la Suseraineté
sur un territoire aussi considérable
que le Véxin , Les Rois avoient interêt
de soûtenir le droit de Suseraineté
sur ce territoire entier, parce que s'ils s'étoient
un peu relâchés , cela auroit servi
de prétexte aux Ducs de Normandie
lorsqu'ils furent devenus Rois d'Angleterre
, et les plus redoutables ennemis de
la France , pour soustraire une partie de
leur Domaine à l'hommage qu'ils devoient
à la Couronne , dans la prétention
qu'ils ne l'auroient dû qu'à l'Abbaye
de Saint Denys pour leur part du
Véxin.
,
Nos Rois connoissoient si bien que
leur interêt demandoit l'affoiblissement
des Comtes du Véxin , trop voisins de
Paris , que les derniers possesseurs de ce
Comté , étoient plutôt Comtes dans le
Païs , que Comtes du Païs , tant leur autorité
fut mitigée par les Rois , qui n'ai-
I. Vol. moient
JUIN. 1733 . 1055
moient point d'avoir un Vassal si puissant
à la porte de leur Capitale. Aussi
Philippe I. profita bien tôt de la mort ,
sans enfans , de Simon , surnommé le
Bienheureux , dernier de ces Comtes ,
arrivée l'an 1c88 . pour réünir à son Domaine
le Comté de Véxin , qu'il donna
ensuite à son fils , Loüis , surnommé le
Gros, et qui par ce moyen devint Avoüé
de S. Denys. C'est ce Prince , qui étant
Roy, fit un usage general de la Banniere
de l'Abbaye , dont il avoit l'Avouerie ,
et la fit porter dans toutes les Guerres
d'Etat qu'il entreprit. Après la réunion
du Véxin à la Couronne , la dévotion à
S. Denys devint si grande , que les Rois ,
successeurs de Louis le Gros , se firent
honneur d'être les premiers Avoüez de
l'Eglise de ce Saint.
Ils s'obligerent en cette qualité de
prendre les armes pour en conserver les
droits toutes les fois qu'il en seroit besoin
; et cette obligation leur fit naître
l'idée pieuse de se servir de la Banniere
de ce Monastere , non seulement dans les
occasions où il s'agiroit d'en deffendre les
biens , mais encore dans toutes celles où
il s'agiroit de la deffense de leur propre
Royaume , et d'avoir en cette Banniere
la nrême confiance que leurs Prédeces
1. Vol.
scurs
1056 MERCURE DE FRANCE
seurs avoient eue en celle de S. Martin ,
dont on ne faisoit plus d'usage .
L'Histoire nous a conservé la memoire
de ce qui se passa quand le Roy Louis
le Gros alla à S. Denys , l'an 1124. y lever
l'Oriflamme pour la premiere fois ,
afin de s'en servir dans la Guerre qu'il
alloit avoir contre l'Empereur Henry V.
,
La maniere dont ce Prince parla dans
l'Assemblée qui se tint à cette occasion ,
a donné lieu de croire qu'il y reconnut
n'avoir droit de se servir de la Banniere
de S. Denys , qu'en qualité de Vassal de
l'Abbaye , à cause du Comté de Vexin .
Voicy le discours du Roy , tiré d'une
Patente que Doublet nous a conservée
dans son Histoire de S.Denys. Liv. 3.
Presenti itaque Venerabili Abbate Prefata
Ecclesia Sugerio , quem fidelem et familiarem
optimatum nostrorum Vexillum de
altario beatorum Martyrum , ad quos comitatus
Vilcassini , quem nos ab ipsis infeodem
habemus , spectare dignoscitur , morem
antiquum antecessorum nostrorum servantes
et imitantes , signiferi jure , sicut Comites
Vilcassini soliti erant , suscepimus.
Ces termes qui ont paru décisifs à ceux
qui ont soutenu que le Roi fit alors hommage
du Comté de Vexin, ne me paroissent
pas tels ; cette preuve n'est point in-
I, Vol.
conJUIN.
1733 1057
contestable , selon moi ; la piété du Prince
, et sa grande dévotion à S. Denys , auroient
bien pû lui faire avancer des expressions
un peu fortes , sans distinguer
assez pourquoi les Comtes de Vexin rendoient
hommage ; confondant sa qualité
d'Avoué avec celle de Comte , et les termes
: De more Antecessorum suorum , peuvent
s'entendre que le Roy reconnoît
avoir , signiferi jure , le droit de porter
P'Enseigne de S. Denys , de même que les
Comtes de Vexin l'avoient en qualité
d'Avoüés , et par conséquent de Vassaux
de l'Abbaye en cette qualité.
Enfin , si on ne peut rien rabatre de la
forme des termes de cette reconnoissance
; la cause qui la fit faire ainsi , peut
être attribuée à l'usage où l'on étoit alors,
et qui avoit commencé dans le siecle précedent
, où le Seigneur d'un Fief croioit
faire un Acte de grande piété , en soumettant
volontairemént sa Terre à l'Eglise
d'un Saint , qu'il prenoit pour le:
Protecteur de sa famille.
On rendoit cette soumission , sans prétendre
préjudicier à celle qu'on devoit à
son Seigneur dominant, ce qui faisoit que
ce dernier la permettoit. Les Comtes de
Vexin auroient pû faire un pareil hommage
à S. Denys , sans préjudice de celui
qu'ils devoient aux Rois .
tos8 MERCURE DE FRANCE
Les Seigneurs de la Tour en Auvergne
soumirent leur Fief de la Tour à l'Abbaye
de Clugny , fauf ce qu'ils devoient
aux Comtes d'Auvergne leurs Souverains.
Munier , dans son Histoire d'Authun ;
rapporte les hommages que les Seigneurs
du Fief de Clugny lés - Authun , faisoient
devant l'Autel et la Chasse de S. Symphorien
de cette Ville , quoique ce Fief
de Clugny relevat d'un autre Seigneur.
Louis XI. Roy de France , fit hommage
pour lui et ses Successeurs Rois , du
Comté de Boulogne en Picardie , à Notre
Dame de la même Ville ; et Louis XIII. a
mis sa Couronne sons la protection de la
Sainte Vierge , par un voeu fait à l'Eglise
de Notre Dame de Paris ; toutes ces
soumissions volontaires et l'effet d'une
grande piété , ne tirent point à conséquence
, et ne peuvent point passer pour
de vraies sujettions.
que
Il faut penser la même chose de celle
les Comtes de Vexin devoient à Saint
Denys, et je suis persuadé que ces Comtes
ne la devoient que pour des Terres dépendantes
de l'Abbaye , dont ils jouissoient
en qualité d'Avoüez . En effet
qu'on examine bien la céremonie qui se
faisoit quand nos Rois alloient pren-
I. Vol.
dre
JUIN. 1733.
1059
dre l'Oriflame , on verra que ce n'étoit
qu'un Acte de dévotion qui n'avoit rien
qui sentit l'hommage juridique.
Le Roy après avoir fait sa priere devant
l'Autel sur lequel étoient les Chasses
des Martyrs , prenoit lui - même la Banniere
qui étoit aussi dessus l'Autel , pour
montrer qu'il ne tenoit le droit de la
prendre que de sa puissance , et que la
piété seule , qui l'engageoit à proteger le
Monastere , lui faisoit si fort estimer son
Enseigne, à cause du Saint à qui elle étoit
consacrée, qu'il esperoit par elle attirer la
protection du Ciel sur son Armée. Ensuite
le Roy tenant en main cette Enseigne
la remettoit à un des plus vaillans
Chevaliers de sa Cour , pour la porter en
son nom , pendant l'Expedition qu'on
alloit entreprendre , et ce Seigneur faisoit
serment de la deffendre au peril de
sa vie , et de la rapporter dans le lieu où
il la prenoit.
Je regarde les Porte - Oriflammes
comme les Vidâmes de nos Rois et les
Avoüés particuliers de Saint Denys.
J'ai déja dit que les Rois sont de droit
les Protecteurs et les Grands Avoüés de
toutes les Eglises de leur Royaume ; ils
avoient fait les Comtes d'Anjou et du
Vexin leurs Lieutenans dans celles de S.
I. Vol. Martin
1060 MERCURE DE FRANCE
Martin et de S. Denys , et ils ne firent
exercer ces Lieutenances par d'autres Seigneurs
, que quand la posterité mâle de
ces Comtes eut manqué.
Outre ces Lieutenans d'honneur , les
Grosses Abbayes avoient d'antres Avoüez
d'un plus bas étage pour avoir soin des
biens détachez et éloignez de ces Abbayes.
Ces Avouez particuliers se nommoient
Signiferi Ecclesiarum , Porte- Enseignes
des Eglises.
L'Abbaye de S.Denys en avoit plusieurs
à la fois , comme celui de Berneval en
Normandie , et les Seigneurs de Chevreuse
près Montfort. Ces derniers , l'an
1226 , remirent leur droit d'Avoüérie ,
moyennant une somme d'argent ; il falloit
cependant que par cette vente ils ne
se fussent pas dépouillez tout - à - fait de
l'honneur de contribuer à la deffense de
l'Abbaye de S. Denys , puisque les premiers
Porte Oriflammes connus , étoient
de cette famille , et qu'on n'en trouve
point qui ait exercé cet Ofice avant Anceau
, Sire de Chevreuse , qui perdit l'O
riflamme et la vie à la Bataille de Monsen
- Puelle , l'an 1304.
Chacun de ces Avoüez particuliers
avoit son Enseigne , comme cela se prouve
par le nom qu'on leur donnoit de
I. Vol. SiJUIN.
1733 1061
Signiferi Ecclesiarum ; ainsi l'Abbaye de
S. Denys ayant plusieurs Avoüez , devoit
avoir plusieurs Bannieres , qui toutes auroient
pû s'appeller Oriflammes , puisqu'elles
avoient toutes la même forme ,
par la raison que je vais dire ; cependant
on ne donna ce nom qu'à la principale ,
qui restoit dans l'Abbaye , et que l'on
regardoit proprement comme appartenante
aux Martyrs.
Toutes les Bannieres des Eglises dédiées
à des Saints de ce genre , étoient
rouges et frangées, de synope ou de verts
l'une de ces couleurs désignant les souffrances,
et l'autre l'esperance qui animoit
ces Saints en répandant leur sang pour
Jesus-Christ.
L'Eglise de Brioude en France , dédiée
à S. Julien Martyr, celles de Tubnigen
et de Bolbingen en Allemagne , de même
qu'une infinité d'autres Eglises qu'on me
dispensera de nommer , avoient de semblables
Bannieres ; l'Etendart des Dauphins
de Viennois étoit rouge , avec un
S. George representé dessus ; il servoit à
l'inauguration de chaque Dauphin . Après
qu'on avoit mis au nouveau Prince l'Epée
au côté , et l'Anneau au doigt , il
prenoit d'une main le Sceptre , et de
l'autre cet Etendart , qui après la cere-
1. Vol.
monie
1062 MERCURE DE FRANCE
monie étoit remis dans la Sacristie de l'Eglise
de S.André de Grenoble où il restoit
toujours en dépôt , comme l'ont remarqué
Jean Beneton , mon grand oncle , et
M. de Valbonnais dans leurs Mémoires
du Dauphiné.
Plusieurs Seigneurs qui se trouverent
Avoüez des Eglises lorsque l'on commençi
à prendre des Armoiries , s'en firent
avec les Bannieres qu'ils avoient droit de
porter ; telle est l'origine des Armes des
Comtes d'Auverge , des Seigneurs de Clin
champ en Normandie , et des Comtes de
Verdemberg en Allemagne . Ces trois
exemples suffiront pour prouver ce que
j'avance.
Le reste paroitra dans le Mercure pro¬
chain.
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Résumé : DISSERTATION sur les Enseignes Militaires des François. par M. Beneton-de-Perrin, Ecuyer, ancien Gendarme de la Garde du Roy. Seconde Partie.
La dissertation de M. Benetonde-Perrin explore l'évolution de la dévotion des rois et du peuple français de saint Martin à saint Denis. Saint Denis, premier évêque de Paris, a annoncé l'Évangile aux Parisiens et a été martyr. Après sa mort, une femme vertueuse, Catule, a fait inhumer son corps et ceux de ses compagnons dans un champ nommé Catolacum. Les chrétiens ont marqué cet endroit et y ont construit une chapelle, devenue monastère sous Clotaire II. Le roi Dagobert a enrichi l'abbaye de Saint-Denis, et ses successeurs ont continué à la protéger contre les Normands. Les comtes du Vexin, officiers des rois, ont été chargés de défendre l'abbaye. Sous Charles le Simple, les comtes du Vexin sont devenus seigneurs propriétaires et ont rendu l'avouerie de Saint-Denis héréditaire. Les historiens ont souvent confondu les rôles de comte et d'avoué, mais l'abbaye n'a obtenu la seigneurie du lieu qu'en 996 par donation du roi Robert. Philippe I a réuni le comté du Vexin à la couronne et a fait de la bannière de Saint-Denis l'emblème royal. Louis VI a levé l'oriflamme à Saint-Denis en 1124 pour une guerre contre l'empereur Henri V. Cet acte était un geste de dévotion plutôt qu'un hommage juridique. Les rois ont continué à utiliser l'oriflamme comme symbole de protection divine pour leurs armées. Les porte-oriflammes étaient considérés comme les vidâmes des rois et les avoués particuliers de Saint-Denis. Le texte mentionne également les enseignes particulières appelées 'Avoüez' utilisées par certaines abbayes et églises. Chaque Avoüez avait une enseigne spécifique. L'Abbaye de Saint-Denis possédait plusieurs bannières appelées Oriflammes, bien que ce nom soit réservé à la principale. Ces bannières étaient rouges et frangées de synope ou de vert, symbolisant respectivement les souffrances et l'espérance des martyrs. Des églises dédiées à des saints martyrs, comme celle de Brioude en France et celles de Tübingen et de Bolbingen en Allemagne, possédaient des bannières similaires. L'étendard des Dauphins de Viennois était rouge avec une représentation de Saint Georges et servait lors de l'inauguration des Dauphins. Après la cérémonie, il était conservé dans la sacristie de l'église de Saint-André de Grenoble. Certains seigneurs, devenus Avoüez des églises, ont adopté les bannières comme armoiries, expliquant l'origine des armes des Comtes d'Auvergne, des Seigneurs de Clinchamp en Normandie et des Comtes de Verdemberg en Allemagne.
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428
p. 1071-1077
LETTRE de M.... écrite à M. de .... Commandeur de l'Ordre de Saint Jean de Jerusalem, au sujet d'un Livre nouveau, intitulé : La Vie de Messire François Picquet, &c.
Début :
Vous avez vû, MONSIEUR, sur la fin de ma derniere Lettre, la résolution [...]
Mots clefs :
François Picquet, Lettre, Alep, Église, Consul, Religion, Sujet, Temps, Baron, Évêque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M.... écrite à M. de .... Commandeur de l'Ordre de Saint Jean de Jerusalem, au sujet d'un Livre nouveau, intitulé : La Vie de Messire François Picquet, &c.
LETTRE de M.... écrite à M. de
.... Commandeur de l'Ordre de Saint
Jean de Jerusalem , au sujet d'un Livre
nouveau , intitulé : La Vie de Messire
François Picquet , &c.
V
Ous avez vû , MONSIEUR , Sur
la fin de ma derniere Lettre , la ré- ·
solution prise par notre pieux Conseil,de
quitter la Ville d'Alep pour repasser en
France , frappé de la disgrace du Pacha
Mortasa son ami ,et craignant même pour
sa propre personne, quelque coup de trahison
, comme une suite de la catastrophe
de ce Pacha. Des motifs de Religion
lui firent differer de deux ans l'exécution
de son dessein.
·
Cet espace fournit des Evenemens ex-.
traordinaires , et qui sont détaillez au
long dans cette Histoire; d'un côté , la tirannie
des Gouverneurs donne lieu à
de cruelles persécutions à l'égard des
Chrétiens, et de l'autre on voit de grands
exemples de patience et de Religion de
la part de ceux- ci, dont quelques- uns terminent
glorieusement leur course, par
l'effusion de leur sang. Par touton voit
I. Vol. Bij le
1072 MERCURE DE FRANCE
le zéle et la piété de M. Picquet se signaler
en faveur de la Religion et du Christianisme
persécuté.
t
C'est à peu près dans ce même temps
que notre Consul , toujours disposé à favoriser
la Religion et ses Ministres , jusqu'à
loger dans sa Maison tous les Missionnaires
qui passoient par Alep , se fit
un devoir particulier d'y recevoir deux
grands Evêques , que Dieu , dit l'Historien
, a donné dans ces derniers temps à
son Eglise , pour animer les Ouvriers
Evangeliques à pénétrer , à leurexemple ,
dans les Régions les plus reculées de l'Orient
, afin d'y annoncer Jesus- Christ aux
Nations Infideles ; sçavoir,M . de la Motte-
Lambert , Evêque de Beryte , et M. Ignace
Cotolendi , Evêque de Metellopolis ;
dont le premier a travaillé avec tant de
zele aux Missions des Royaumes de Siam
et de la Cochinchine ; et le dernier reçut
au milieu de sa course , la couronne qu'il
alloit chercher dans le vaste Empire de
la Chine , pour lequel le S. Siége l'avoit
destiné .
M. Picquet en logeant chez lui tous
ces différens Ouvriers de la vigne . du Seigneur
, et en leur procurant toutes les facilitez
qui dépendoient de son autorité ,
les regaro it comme autant d'Apôtres ,
I. Vol.
qui
JUIN. 1733-
1073
qui alloient dissiper les ténébres de-l'infidélité
du Schisme et de l'Hérésie , répandues
dans l'Orient , pour l'éclairer des lu◄
mieres de l'Evangile. Mais qui eût pensé
alors , s'écrie icy l'Auteur , qu'il dût un
jour être lui- même du nombre de ces Ouvriers
Evangeliques, et que Dieu ne l'eut
envoïé dans le Levant , que pour y animer
son zéle à la vûë de ces Eglises Orientales
, et que pour le préparer, pour ainsi
dire , et le former , par une expérience
avancée , aux sentimens et à la vie des
Apôtres ?
C'est cependant tout ce qui arriva fort
peu de temps après à M. Picquet par les
dispositions particulieres de la Providen
ce qui l'avoit destiné au service de l'E
glise ; et tout cela de la maniere qu'il
est rapporté assez au long dans cette
Histoire , mais qu'il est impossible de
suivre dans une Lettre. Je me contenterai
des principales circonstances
dont la premiere est que notre Religieux
Consul reçut la Tonsure Cléricale à Alep
même , le 10 Décembre 1660. des mains
de l'Archevêque André des Syriens, dans
l'Eglise des Carmes Déchaux de la même
Ville. Ce Prélat fit son éloge en ces termes,
dans les Lettres de Cléricature qu'il
lui fit expédier.
I.Vol. Biiij FRAN1074
MERCURE DE FRANCE
FRANCISCUS PICQUET , &c. qui imitator
Joannis in castitate ejus , Elia in zelo ejus ,
et Joannis Eleemosynarii in liberalitate ejus ,
suscepit de manibus nostris indignis .
primam Tonsuram.
...
Sur le point de partir d'Alep pour se
rendre à Rome , après s'être épuisé en aumônes
, à l'occasion de la famine et de la
contagion qui affligerent la Syrie en
1661.Il eut la consolation de voir abjurer .
⚫le Schisme et l'Hérésie au Patriarche des
Grecs, Macaire , qui déclara , touché par
de si grands exemples de charité , que
l'Eglise Romaine étoit la seule véritable.
Cette déclaration fut faite en prêchant
dans son Eglise , en présence du Consul ,
des Missionnaires et de tout le Peuple ,
après la célébration des saints Mysteres.
réünir
De plus , le même Prélat remit à l'Illustre
Consul une Lettre pour le Pape ,
dans laquelle il le reconnoissoit pour le
Chef de l'Eglise Catholique , et promettoit
de faire tout son possible pour
toute sa Nation au S. Siége. Cette Lettre
fut souscrite non- seulement du Patriarche
des Grecs , mais encore de celui des
Arméniens , nommé Cachadour, et non pas
Caladour. Cette correction est de M. le
Chevalier Maunier d'Alep , et d'André
qui l'étoit des Syriens.
1. Vol.
Ce
JUIN. 1733. 1075
Ce dernier écrivit en particulier une
Lettre à la Congrégation de la Propagande
, au sujet de M. Picquet , toute remplie
de ses grandes qualitez , et des services
importans rendus à l'Eglise et à la
Religion durant son Consulat . Cette Lettre
est rapportée presqu'en son entier .
Cependant M. Baron qui fut son successeur
, étoit arrivé à Alep depuis plus
d'un an , en compagnie de M. l'Evêque
de Béryte . Comme vous vous interessez
à sa mémoire et encore plus à la vérité , je
me fais un devoir , Monsieur , d'inserer
icy ce que notre Historien a écrit au sujet
de ce digne successeur .
» Il avoit travaillé long- temps aupara-
» vant , dit-il , en parlant de M. Picquet,
>> à se choisir un successeur qui fut en.
» état de soutenir ce qu'il avoit si - heu-
» reusement commencé , et qui sçut s'ap-
» pliquer à l'avancement de la Religion
» et au soulagement des pauvres , sans
négliger les devoirs de sa charge. C'est
» M. François Baron , Marseillois , sur
» qui notre Consul avoit jetté les yeux ..
» Il étoit vertueux et intelligent , deux
qualitez essentielles pour accomplir les
desseins de M. Picquet.
"
Il y a tout lieu de croire que cet Endroit
des Mémoires sur lesquels notre
I. Vol.
Au- B v
1076 MERCURE DE FRANCE
'Auteur a travaillé n'est pas tout à fait
- -
exact , mais ce n'est pas icy le lieu de
l'examiner et de rétablir , s'il est possible ,
la vérité des faits au sujet de M. Baron .
Comme il est encore parlé de cet illustre
Consul , et pour la derniere fois , dans le
second Livre de cetre Histoire , je ne
manquerai pas , en vous rendant compte
de ce Livre , de m'arrêter sur ce sujet autant
qu'il sera necessaire , pour vous
donner les éclaircissemens que vous attendez
de moi .
Notre Historien continue dans le même
endroit , de parler de M. Baron , qui ,
comme on vient de le voir , étoit arrivé
à Alep long- temps avant le départ de
M. Picquet.
» Dans cet intervalle , dit-il , le serviteur
de Dieu lui donna toutes les ins-
» tructions qu'il jugea nécessaires pour
>> achever le grand Ouvrage auquel il
» avoit travaillé jusqu'alors avec tant de
» succès ; et les exemples rares de toutes
les vertus que M. Baron admira à loisir,
» lui apprirent à se regler autant qu'il
pourroit sur ce parfait modele. Il l'imi-
» ta de si près , que M. Pallu , Evêque
» d'Heliopolis , qu'il reçut avec la même
générosité , dont M. Picquet avoit usé
envers les autres Prélats Apostoliques ,'
1.Vol.
yas
JUIN 1733. 1077
» assure dans une Lettre , qu'il écrivit à
» la Congrégation , qu'il étoit un autre luimême
, non seulement par son emploi , mais
encore par sa rare piété et son . zele pour la
Propagation de la Foy, et par son inviolable
et respectueux attachement au S. Siége.
M. Picquet partit enfin d'Alep , et
s'embarqua à Alexandrette au commen-
-cement de l'année 1662. et après une Navigation
, traversée de plusieurs accidens ,
il arriva heureusement à Malte , d'où il
passa à Naples , et se rendit enfin à Romeau
commencement du mois de Mars,
Epoque qui termine le premier Livre de
l'Histoire de sa vie : le second Livre fera
le sujet de ma premiere Lettre. Je suis ,
Monsieur , votre , & c.
.... Commandeur de l'Ordre de Saint
Jean de Jerusalem , au sujet d'un Livre
nouveau , intitulé : La Vie de Messire
François Picquet , &c.
V
Ous avez vû , MONSIEUR , Sur
la fin de ma derniere Lettre , la ré- ·
solution prise par notre pieux Conseil,de
quitter la Ville d'Alep pour repasser en
France , frappé de la disgrace du Pacha
Mortasa son ami ,et craignant même pour
sa propre personne, quelque coup de trahison
, comme une suite de la catastrophe
de ce Pacha. Des motifs de Religion
lui firent differer de deux ans l'exécution
de son dessein.
·
Cet espace fournit des Evenemens ex-.
traordinaires , et qui sont détaillez au
long dans cette Histoire; d'un côté , la tirannie
des Gouverneurs donne lieu à
de cruelles persécutions à l'égard des
Chrétiens, et de l'autre on voit de grands
exemples de patience et de Religion de
la part de ceux- ci, dont quelques- uns terminent
glorieusement leur course, par
l'effusion de leur sang. Par touton voit
I. Vol. Bij le
1072 MERCURE DE FRANCE
le zéle et la piété de M. Picquet se signaler
en faveur de la Religion et du Christianisme
persécuté.
t
C'est à peu près dans ce même temps
que notre Consul , toujours disposé à favoriser
la Religion et ses Ministres , jusqu'à
loger dans sa Maison tous les Missionnaires
qui passoient par Alep , se fit
un devoir particulier d'y recevoir deux
grands Evêques , que Dieu , dit l'Historien
, a donné dans ces derniers temps à
son Eglise , pour animer les Ouvriers
Evangeliques à pénétrer , à leurexemple ,
dans les Régions les plus reculées de l'Orient
, afin d'y annoncer Jesus- Christ aux
Nations Infideles ; sçavoir,M . de la Motte-
Lambert , Evêque de Beryte , et M. Ignace
Cotolendi , Evêque de Metellopolis ;
dont le premier a travaillé avec tant de
zele aux Missions des Royaumes de Siam
et de la Cochinchine ; et le dernier reçut
au milieu de sa course , la couronne qu'il
alloit chercher dans le vaste Empire de
la Chine , pour lequel le S. Siége l'avoit
destiné .
M. Picquet en logeant chez lui tous
ces différens Ouvriers de la vigne . du Seigneur
, et en leur procurant toutes les facilitez
qui dépendoient de son autorité ,
les regaro it comme autant d'Apôtres ,
I. Vol.
qui
JUIN. 1733-
1073
qui alloient dissiper les ténébres de-l'infidélité
du Schisme et de l'Hérésie , répandues
dans l'Orient , pour l'éclairer des lu◄
mieres de l'Evangile. Mais qui eût pensé
alors , s'écrie icy l'Auteur , qu'il dût un
jour être lui- même du nombre de ces Ouvriers
Evangeliques, et que Dieu ne l'eut
envoïé dans le Levant , que pour y animer
son zéle à la vûë de ces Eglises Orientales
, et que pour le préparer, pour ainsi
dire , et le former , par une expérience
avancée , aux sentimens et à la vie des
Apôtres ?
C'est cependant tout ce qui arriva fort
peu de temps après à M. Picquet par les
dispositions particulieres de la Providen
ce qui l'avoit destiné au service de l'E
glise ; et tout cela de la maniere qu'il
est rapporté assez au long dans cette
Histoire , mais qu'il est impossible de
suivre dans une Lettre. Je me contenterai
des principales circonstances
dont la premiere est que notre Religieux
Consul reçut la Tonsure Cléricale à Alep
même , le 10 Décembre 1660. des mains
de l'Archevêque André des Syriens, dans
l'Eglise des Carmes Déchaux de la même
Ville. Ce Prélat fit son éloge en ces termes,
dans les Lettres de Cléricature qu'il
lui fit expédier.
I.Vol. Biiij FRAN1074
MERCURE DE FRANCE
FRANCISCUS PICQUET , &c. qui imitator
Joannis in castitate ejus , Elia in zelo ejus ,
et Joannis Eleemosynarii in liberalitate ejus ,
suscepit de manibus nostris indignis .
primam Tonsuram.
...
Sur le point de partir d'Alep pour se
rendre à Rome , après s'être épuisé en aumônes
, à l'occasion de la famine et de la
contagion qui affligerent la Syrie en
1661.Il eut la consolation de voir abjurer .
⚫le Schisme et l'Hérésie au Patriarche des
Grecs, Macaire , qui déclara , touché par
de si grands exemples de charité , que
l'Eglise Romaine étoit la seule véritable.
Cette déclaration fut faite en prêchant
dans son Eglise , en présence du Consul ,
des Missionnaires et de tout le Peuple ,
après la célébration des saints Mysteres.
réünir
De plus , le même Prélat remit à l'Illustre
Consul une Lettre pour le Pape ,
dans laquelle il le reconnoissoit pour le
Chef de l'Eglise Catholique , et promettoit
de faire tout son possible pour
toute sa Nation au S. Siége. Cette Lettre
fut souscrite non- seulement du Patriarche
des Grecs , mais encore de celui des
Arméniens , nommé Cachadour, et non pas
Caladour. Cette correction est de M. le
Chevalier Maunier d'Alep , et d'André
qui l'étoit des Syriens.
1. Vol.
Ce
JUIN. 1733. 1075
Ce dernier écrivit en particulier une
Lettre à la Congrégation de la Propagande
, au sujet de M. Picquet , toute remplie
de ses grandes qualitez , et des services
importans rendus à l'Eglise et à la
Religion durant son Consulat . Cette Lettre
est rapportée presqu'en son entier .
Cependant M. Baron qui fut son successeur
, étoit arrivé à Alep depuis plus
d'un an , en compagnie de M. l'Evêque
de Béryte . Comme vous vous interessez
à sa mémoire et encore plus à la vérité , je
me fais un devoir , Monsieur , d'inserer
icy ce que notre Historien a écrit au sujet
de ce digne successeur .
» Il avoit travaillé long- temps aupara-
» vant , dit-il , en parlant de M. Picquet,
>> à se choisir un successeur qui fut en.
» état de soutenir ce qu'il avoit si - heu-
» reusement commencé , et qui sçut s'ap-
» pliquer à l'avancement de la Religion
» et au soulagement des pauvres , sans
négliger les devoirs de sa charge. C'est
» M. François Baron , Marseillois , sur
» qui notre Consul avoit jetté les yeux ..
» Il étoit vertueux et intelligent , deux
qualitez essentielles pour accomplir les
desseins de M. Picquet.
"
Il y a tout lieu de croire que cet Endroit
des Mémoires sur lesquels notre
I. Vol.
Au- B v
1076 MERCURE DE FRANCE
'Auteur a travaillé n'est pas tout à fait
- -
exact , mais ce n'est pas icy le lieu de
l'examiner et de rétablir , s'il est possible ,
la vérité des faits au sujet de M. Baron .
Comme il est encore parlé de cet illustre
Consul , et pour la derniere fois , dans le
second Livre de cetre Histoire , je ne
manquerai pas , en vous rendant compte
de ce Livre , de m'arrêter sur ce sujet autant
qu'il sera necessaire , pour vous
donner les éclaircissemens que vous attendez
de moi .
Notre Historien continue dans le même
endroit , de parler de M. Baron , qui ,
comme on vient de le voir , étoit arrivé
à Alep long- temps avant le départ de
M. Picquet.
» Dans cet intervalle , dit-il , le serviteur
de Dieu lui donna toutes les ins-
» tructions qu'il jugea nécessaires pour
>> achever le grand Ouvrage auquel il
» avoit travaillé jusqu'alors avec tant de
» succès ; et les exemples rares de toutes
les vertus que M. Baron admira à loisir,
» lui apprirent à se regler autant qu'il
pourroit sur ce parfait modele. Il l'imi-
» ta de si près , que M. Pallu , Evêque
» d'Heliopolis , qu'il reçut avec la même
générosité , dont M. Picquet avoit usé
envers les autres Prélats Apostoliques ,'
1.Vol.
yas
JUIN 1733. 1077
» assure dans une Lettre , qu'il écrivit à
» la Congrégation , qu'il étoit un autre luimême
, non seulement par son emploi , mais
encore par sa rare piété et son . zele pour la
Propagation de la Foy, et par son inviolable
et respectueux attachement au S. Siége.
M. Picquet partit enfin d'Alep , et
s'embarqua à Alexandrette au commen-
-cement de l'année 1662. et après une Navigation
, traversée de plusieurs accidens ,
il arriva heureusement à Malte , d'où il
passa à Naples , et se rendit enfin à Romeau
commencement du mois de Mars,
Epoque qui termine le premier Livre de
l'Histoire de sa vie : le second Livre fera
le sujet de ma premiere Lettre. Je suis ,
Monsieur , votre , & c.
Fermer
Résumé : LETTRE de M.... écrite à M. de .... Commandeur de l'Ordre de Saint Jean de Jerusalem, au sujet d'un Livre nouveau, intitulé : La Vie de Messire François Picquet, &c.
La lettre de M.... à M. de..., Commandeur de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem, relate la vie de Messire François Picquet. En raison de la disgrâce du Pacha Mortasa et des menaces à sa sécurité, le Conseil de M. Picquet décide de quitter Alep pour la France. Cependant, des motifs religieux retardent son départ de deux ans. Durant cette période, les gouverneurs persécutent les chrétiens, qui montrent une grande patience et foi. M. Picquet se distingue par son zèle et sa piété en faveur des chrétiens persécutés. Le Consul d'Alep, toujours prêt à aider la religion et ses ministres, accueille deux grands évêques, M. de la Motte-Lambert et M. Ignace Cotolendi, qui œuvrent à l'évangélisation des régions reculées de l'Orient. M. Picquet les considère comme des apôtres et les soutient dans leur mission. Le 10 décembre 1660, M. Picquet reçoit la tonsure cléricale à Alep des mains de l'Archevêque André des Syriens. Avant de partir pour Rome, il assiste à l'abjuration du schisme et de l'hérésie par le Patriarche des Grecs, Macaire, qui reconnaît l'Église Romaine comme la seule véritable. M. Picquet quitte finalement Alep en 1662 et arrive à Rome au début du mois de mars. Son successeur, M. François Baron, est décrit comme vertueux et intelligent, et poursuit l'œuvre de M. Picquet avec succès. La lettre mentionne également des mémoires sur M. Baron, dont la véracité est contestée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
429
p. 1101-1125
TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
Début :
Vous me marquez, Monsieur, quelque satisfaction des Eclaircissemens contenus dans [...]
Mots clefs :
Marquis de Rosny, Prince, Artillerie, Religion, Duc de Sully, Duc de Savoie, Médaille, Mémoires, Seigneur, Dieu, Corps, Esprit, Enfants, Béthune, Melun
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
TROISIEME LETTRE de M. D. L.
R. écrite à M. A. C. D. S.T.au sujet du
Marquis de Rosny , depuis Duc de Sully
, &c. contenant quelques Remarques
Historiques.
Ous me Monsieur
quelque satisfaction des Eclaircissemens
contenus dans mes deux Lettres
précédentes , sur la premiere Question
que vous m'avez faite , au sujet du
Marquis de Rosny , premier Ministre
du Roi Henri Le Grand. Cela m'engage
de redoubler mes soins pour répondre
avec la même éxactitude et le même succès
aux autres demandes que vous me
faites sur ce sujet.
و
Instruit par P'Histoire de l'ancienneté
et de la Catholicité de la Maison de Bethune
dont le Marquis de Rosny se
trouvoit le Chef , vous êtes surpris que
ce Seigneur n'ait pas persevere dans la
Religion de ses Ancêtres vous me demandez
la cause de ce changement , à
quoi vous ajoutez deux ou trois autres
Questions , dont la Réponse fera tout le
sujet de cette Lettre.:
1. Fol. Cvi Da1102
MERCURE DE FRANCE
D'abord il est bon de vous dire , Monsieur
, que ce n'est pas le Marquis de
Rosny qui fait la premiere cause de cette
variation . Pour en être bien instruit , il
faut remonter jusqu'à Jean de Bethune
IV. du nom son Ayeul , lequel étant
encore assez jeune épousa Anne de Melun
, qui lui apporta en dot la Baronie
de Rosny , &c. Il en eut plusieurs Enfans
, lesquels eurent un double malheur
; le premier de perdre leur Mere
dans leur bas âge , et le second de voir
remarier leur Pere avec une simple Demoiselle
sans biens. Un troisiéme malheur
, suite des premiers , voulut que
Jean de Bethune n'eut ni ordre , ni oeconomie
dans ses affaires , qu'il s'endetta -
beaucoup , et qu'en mourant enfin retiré
au Château de Coucy , après avoir
aliené ses plus beaux Domaines
il ne
laissa presque rien à ses Enfans : de sorte
que François de Bethune son fils aîné ,
dépouillé de tous les grands biens de ses
Ancêtres , et ne jouissant que de ceux
d'Anne de Melun sa Mere , est comparé
par un Historien au Prince * Jean , surnommé
sans Terre , qui étant fils de Roi ,
se trouva presque sans aucune possession
, & c.
D
* Jean , fils de Henri II . Roi d'Angleterre .
1. Vol.
Ce
JUIN. 1733- 1103
Ce fils aîné épousa en 1557. Charlotte
Dauvet , qui lui donna sept Enfans. Il
s'attacha de bonne heure à Louis de Bourbon
, Prince de Condé , qui étoit alors
le Chef des Huguenots , et fit Profession
de la nouvelle Religion , à l'imitation de
plusieurs Grands Seigneurs , séduits par
les opinions des Novateurs , ou par des
motifs humains. En courant toutes les
fortunes du Prince il se trouva à la Bataille
de Jarnac , où il fut fait Prisonnier ;
j'omets le reste de son histoire pour marquer
seulement qu'en mourant en l'année
1577. il laissa pour Chef de sa Maison
Maximilien de Bethune, son Fils puisné ,
dont il s'agit particulierement ici .
Ce Seigneur suivit les traces de Fran
çois de Bethune son Pere , tant pour la
Religion dans laquelle il étoit né , que
du côté de la Fortune; il pourroit fournir
seul la matière d'une longue Histoire ,
que j'avois eu autrefois dessein d'entreprendre
ce Pere homme vertueux
de bon esprit , et brûlant du
loüable désir de relever sa Maison , avoit
jetté les yeux sur notre Maximilien , le
second des quatre fils qu'il eut de Charlotte
Dauvet.
,
د
Il avoit remarqué en lui non - seulement
une grande vigueur de corps et
I. Vol. d'es
1104 MERCURE DE FRANCE
d'esprit , mais encore une grande inclination
à la vertu , et une forte aversion
pour le vice , ce qui lui ayant fait concevoir
une grande espérance , il le fit appeller
un jour , disent les Mémoires qui
portent son nom , dans sa Chambre de
la Haute Tour , et en la seule présence
de la Durandiere , son Précepteur, il lui
tint un discours que sa briéveté et l'importance
du sujet m'engagent de rappor
ter ici.
» Maximilian , puisque la Coûtume
ne me permet pas de vous faire le prin-
» cipal Héritier de mes biens , je veux en
» récompense essayer de vous enrichir
» de vertus , et par le moyen d'icelles
» comme on me l'a prédit , j'espere que
» vous serez un jour quelque chose . Pré-
» parez- vous donc à supporter avec cou-
» rage , toutes les traverses et difficultez
» que vous rencontrerez dans le monde ,
» ct en les surmontant genereusement ,
acquerez- vous l'estime des gens d'hon-
» neur , et particulierement celle du
» Maître à qui je veux vous donner ; au
Service duquel je vous commande de
» vivre et mourir. Et quand je serai sur
mon partement pour aller à Vendôme
>> trouver la Reine de Navarre , et Mon-
» sieur le Prince son fils , auquel je veux
»
1. Vol. » Yous
JUIN. 1733- 1109
» vous donner , disposez-vous à venir
» avec moi , et vous préparer par une
Harangue à lui offrir votre service
» lors que je lui présenterai votre -Per-
» sonne .
la
Ce Discours pathétique et sensé , écou
té avec attention par un fils né pour
vertu , eut dans les suites tout le succès
que l'affection et la prévoyance d'un sage
Pere pouvoient esperer. Le Pere et le
Fils se rendirent bien-tôt auprès de la
Reine de Navarre , et le jeune Rosny
fut présenté au Prince son Fils , qui étoit
aussi fort jeune.
»
*
» Cela se fit , disent les Auteurs des
» Mémoires , en présence de la Reine sa
mere , avec des protestations que
» vous lui seriez à jamais très - fidele er
n très- obéïssant serviteur : ee que vous.
» lui jurâtes aussi , en si beaux termes
» avec tant de grace et d'assûrance
>> et un ton de voix si agréable , qu'il
conçût dès lors de bonnes espérances de
» vous. Et vous ayant relevé ( car vous
>> étiez à genoux , ) il vous embrassa deux
» fois , et vous dit : qu'il admiroit votre
gentillesse , vû votre âge , qui n'étoit
"
ת
La parole est ici adressée au Marquis de
Rosny , comme dans tout le corps de l'Ouvrage.
I. Vol.
» que
1106 MERCURE DE FRANCE
>>
que de onze années , et que lui aviés
» présenté votre service avec une si gran-
» de facilité , et étiés de si bonne race
» qu'il ne doutoit point qu'un jour vous
» n'en fissiés paroître les effets en vrai
» Gentilhomme . Et aussi vous promit il
» en foi de Prince , qu'en vous recevant
» de fort bon coeur , il vous aimeroit tou-
» jours , et qu'il ne se présenteroit jamais
» occasion de vous faire acquerir du bien
>> et de l'honneur , qu'il ne s'y employât
» de tout son coeur. Tous lesquels dis-
» cours , qui n'étoient lors que par com-
» plimens , ont eu depuis des Evénemens.
» plus avantageux que vous n'aviez ´es-
» péré.
Ces Evénemens que les mêmes Auteurs
ont rapporté fort au long , furent précédez
et mêlez de bien des traversés. La
Religion surtout , dont ce jeune Seigneur
faisoit profession , et qui fait le
principal article de vos demandes , pensa
lui coûter cher , dans la fatale journée
qui vit couler tant de sang François , au
milieu d'une profonde paix. Sa conservation
a quelque chose de singulier et de
merveilleux : elle merite bien que j'en
place ici le petit détail , tiré des mêmes
Mémoires .
» Voici ce que nous vous en avons
1. Vol. » oui
JUIN. 1733. 1107
noui conter : à sçavoir que vous ayant
» fait dessein d'aller faire votre Cour ce
» jour là , vous vous étiés couché la veille
de bonne heure , et que sur les trois
>> heures du matin , vous vous réveillâ-
» tes au bruit de plusieurs cris de peu-
» ples , et des allarmes que l'on sonnoit
» dans tous les Clochers. Le sieur de
» S. Julien , votre Gouverneur , et votre
» Valet de Chambre , ( qui s'étoient aussi
» éveillés au bruit , ) étant sortis de vo-
» tre logis , pour apprendre ce que c'é-
» toit , n'y rentrerent point ; et n'avez-
» vous jamais sçû ce qu'ils étoient deve-
» nus. De sorte qu'étant réduit vous
>> seul dans votre chambre et votre
» Hôte qui étoit de la Religion , vous
» pressant d'aller avec lui à la Messe , afin
» de garantir sa vie et sa maison de sac-
» cagement , vous vous résolûtes d'es-
» sayer à vous sauver dans le College de
Bourgogne.
"3
,
>> Pour ce faire,yous prîtes votre Robbe
>> d'Ecolier , un Livre sous votre bras , et
» vous vous mîtes en chemin . Par les
» ruës vous rencontrâtes trois Corps de
» Garde , l'un à celle de S. Jacques , un
>> autre à celle de la Harpe , et l'autre à
» l'issue du Cloître de S. Benoît. Au pre
» mier ayant été arrêté et rudoyé par
1. Vol. >> ceux
108 MERCURE DE FRANCE
» ceux de la Garde , un d'entr'eux pre
> nant votre Livre , et voyant que , de
» bonheur pour vous , c'étoit de grosses'
» Heures , vous fit passer , ce qui vous
» servit de passeport aux autres. En al-
>> lant vous vîtes enfoncer et piller des
» maisons , massacrer hommes , femmes .
» et enfans , avec les cris de tuë , tuë , ô
»Huguenot , ô Huguenot , ce qui vous
» faisoit souhaiter avec impatience d'être
» arrivé à la porte du College , où enfin
>> Dieu vous accompagna , sans qu'il vous
>> fût arrivé autre mal que la peur.
»
» A l'abord , le Portier vous refusa deux
» fois l'entrée de la porte mais enfin
» moyennant quatre Testons que vous
» lui donnâtes , il alla dire au Principal ,
» nommé la Faye , que vous étiés à la
» porte , et ce que vous demandiez , lequel
aussi- tôt meu de compassion
» étant votre particulier ami , vous vint
» faire entrer , empêché toutefois de ce
» qu'il feroit de vous , à cause de deux
» Ecclésiastiques qui étoient dans sa
» chambre , et qui disoient y avoir des-
» sein formé de tuer tous les Huguenots ,
» jusqu'aux enfans à la mammelle , et ce
à l'exemple des Vêpres Siciliennes .
» Néanmoins , par pitié , ce bon Personnage
vous mit dans une chambre fort
"
I. Vol. ≫ seJUIN.
1733.
1109
» secrette , dans laquelle personne n'en-
» trât que son Valet , qui vous y por-
» toit des vivres , et vous y servît trois
» jours durant , au bout desquels il se
» fit une publication de par le Roi , por-
" tant deffenses de plus tuer ni saccager
>> personne.
» Alors deux Archers de la Garde, Vas-
» saux de M. votre Pere , l'un nommé
» Ferrieres , et l'autre la Vieville , vin-
» rent avec leurs Hocquetons , et Halle-
» bardes à ce College , pour s'enquerir de
» vos nouvelles , et les mander à M. vo-
» tre Pere , qui étoit fort en peine de
» vous , duquel vous reçûtes une Lettre
» trois jours après , par laquelle il vous
mandoit de demeurer à Paris , et d'y
» continuer vos Etudes comme auparavant.
Et pour ce faire il jugeoit bien
qu'il vous faudroit aller à la Messe , à
» quoi il vous falloit résoudre , aussi-
» bien avoit fait votre Maître et beau-
>> coup d'autres : et que sur tout il vou-
» loit que vous courussiez toutes les for-
» tunes de ce Prince jusqu'à la mort
» afin que l'on ne vous pût reprocher de
l'avoir quitté en son adversité : à quoi
» vous vous rendîtes si soigneux , que
» vous en acquires l'estime d'un chacun .
Tout le monde sçait avec quelle exac-
I. Vol. titude
1110 MERCURE DE FRANCE
titude et quelle constante fidelité ce dernier
commandement de courir toutes les
fortunes de ce grand Prince fut éxécuté.
On en peut voir la preuve dans l'Histoire
, et sur tout dans les Mémoires des
Ecrivains que nous avons citez , lesquels
remarquent particulierement qu'au milieu
de toutes ses assiduitez auprès du
Prince , dans ces premiers tems de trouble
et de confusion , le jeune Rosny s'appliquoit
toujours à cultiver son esprit
par des connoissances solides. Ils parlent
en ces termes de cette circonstance ; en
» quelque condition que vous fussiés
» vous preniés toujours le tems de conti-
» nuer vos Etudes , sur tout de l'Histoi
de laquelle vous faisiés déja des Ex-
>> traits , tant pour les moeurs , que pour
» les choses naturelles ; et des Mathéma
>> re ,
tiques , lesquelles occupations fai-
» soient paroître votre inclination à la
>> vertu .
Dans la suite il se présenta une occasion
qui auroit pû , si Dieu l'avoit permis
, servir à éclairer ce jeune Seigneur
et à le faire rentrer dans la Religion de
ses Ancêtres. Il n'avoit qu'environ vingtdeux
ans , lorsqu'en l'année 1581. il lui
prit envie de faire un petit voyage en
Flandres , principalement pour y visiter
la
矍
1
•
M•
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NAHL
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BETHUN
01
SA
SSA
JUIN. 1733 1111
la Comtesse de Mastin sa Tante . Cette
Tante et le Vicomte de Gand son Ayeul
maternel , et son Parrain , l'avoient deshérité
, lui et François de Bethune son-
Pere , à cause de la Religion, Il partit
muni d'un Passe- port du Comte * de
Barlemont , son Parent et se rendit à
la Bassée , où demeuroit cette Dame. Il
en fut accueilli assez froidement , préve
nuë sur son sujet de la maniere que nous
allons le voir,
ར་ ་ .
Le lendemain matin elle mena son Ne
veu dans la grande Eglise de l'Abbaye
qu'elle avoit fondée , pour lui faire voir
les Sépultures de Marbre de ses Ancêtres,
qu'elle y avoit fait construire ; et entre
les autres celles d'Helene de Melun , femme
de Robert d'Artois , d'Hugues de
Melun , son Ayeul , le même qui l'avoit
deshérité , et d'Anne de Melun son Ayeule
, celle enfin qu'elle avoit fait élever
pour elle-même. Elle lui dit alors , ayant
les larmes aux yeux : » hélas ! mon Ne-
» veu , mon ami , que mon Pere votre
» Ayeul , et ma Soeur votre Grand mere,
* Le Comte de Barlemont étoit Président du
Conseil Royal des Finances , Gouverneur de Namur
Chevalier de la Toison d'Or , &c. J'ai
une Médaille de ce Seigneur frapée en 1576. selon
Laquelle il faut lire BERLAYMONT.
>
"
» s'ils
1112 MERCURE DE FRANCE
» s'ils étoient en vie , jetteroient de lar-
>> mes , et ressentiroient de déplaisirs ,
» aussi-bien que moi , de voir en vous
» l'un de leurs Enfans , ne point croire
» en Dieu , ni en sa Messe , et n'adresser
» ses Prieres qu'à l'ennemi d'enfer , qui
» vous renal ennemi des bonnes oeuvres ,
» ainsi que je l'ai entendu dire à nos bons
>> Peres ! & c.
"
•
Le jeune Neveu étrangement surpris ,
s'écria là- dessus : » Vrai Dieu , ma Tan-
» te , que dites - vous ? Jesus ! seroit- il
> bien possible que vous disiés ceci à bon
» escient , et qu'il y ait eu des gens si
pleins d'impostures et de calomnies
» que de vous avoir voulu persuader tel-
» les éxécrations , qui nous rendroient
indignes de vivre sur la terre ? 11 lui fit
ensuite un détail de sa Créance, lui récita
même l'Oraison Dominicale , le Symbole
, &c. Tout cela fait un Dialogue qui
mérite d'être lû dans le 18. Chap. du pre
mier Tome des Mémoires , on en jugera
par la fin , qui est telle. La Dame écou
ta fort attentivement cette récitation
sans rien repondre , tant que le Neveu
ne parla que de Dieu , de Jesus-Christ
et du S. Esprit , mais lorsqu'il dit qui est
né de la Vierge Marie , et ensuite , je crois
Ja Communion des Saints , & c. Elle se mit
JUIN. 1733. 1113
à crier , » hélas ! mon Neveu , mon ami ,
» est- il possible qu'en vos Oraisons vous
» parliés de la bonne Dame , et fassiés
» mention des Saints Bienheureux ? Or
» venez m'embrasser , puisque cela est :
» car je vous aime comme mon bon Ne-
» veu , et me semble en vous voyant , et
" vous oyant parler , que ma pauvre soeur
» est encore en vie : ô que j'ai de déplai-
» sir que mon Neveu votre Parrain et
» moi , vous avons deshérité : vrayement
je veux essayer à rompre tout cela , et
» vous le jure par la Sainte Vierge : les
» effets néanmoins ne suivirent pas les
» paroles , &c.
>>
t
Il faut convenir , Monsieur , qu'une
telle occasion de parler de la nouvelle
Religion , mieux ménagée , auroit pû
produire quelque bon effet sur l'esprit
du jeune Parent , mais ce n'étoit pas le
moyen sans doute de le faire entrer dans
la bonne voye , que d'employer de pareils
argumens , on ne corrige point l'erreur
par
d'autres erreurs .
Quoiqu'il en soit , le Marquis de Rosny
, en quittant la Dame sa Tante prit
le chemin de Bethune , Ville qu'il avoit
toujours souhaité de voir , et où malgré
sa Religion , opposée à la grande Catholicité
de ses Ancêtres , à celle des Fla-
S
I. Vol. mands
1114 MERCURE DE FRANCE
mands en général , et aux circonstances
du tems , il fut parfaitement bien reçû
régalé du vin de Ville , et honoré en plu
sieurs manieres comme descendu de
l'antique Maison des anciens Seigneurs
de Bethune. Il vit tout ce qui étoit à
voir dans cette Ville , et visita principalement
les Eglises où sont les Mausolées
de ces Seigneurs , d'où il revint en droi
ture à Rosny. 7
L'ordre des tems , qui s'accorde avec
celui de vos demandes , me fait passer ,
Monsicur , de la Religion de Maximilien
de Bethune , à laquelle j'aurai occasion
de revenir , à ses grandeurs temporelles
, récompense de son mérite et de
son attachement à la fortune et aux interêts
d'un grand Prince. Vous voulez
sçavoir d'abord quand et comment il fût
pourvû de la Charge de Grand - Maître
de l'Artillerie , et comment il en fût destitué
après la mort de son cher Maître.
Je crois d'abord trouver la premiere
origine de son élévation à cette Charge
dans l'Evénement de la Bataille de Coutras
, donnée le 20 Octobre 1587. entre
l'Armée Royale , ou plutôt de la Ligue ,
commandée par M. de Joyeuse , et celle
du Roi de Navarre , commandée par ce
Prince en personne , accompagné du
I. Vol. Prince
JUI N. 1733 : 1115
·
Prince de Condé , du Comte de Soissons
; et d'un nombre de Seigneurs des
plus qualifiez , qui suivoient sa Religion
et sa fortune . Le Marquis de Rosny
étoit non seulement des premiers
dans ce nombre ; mais le Roy son
Maître lui commit dans cette importante
journée le soin de tout ce qui regardoit
l'Artillerie , quoiqu'il ne fût encore
âgé que de 28 ans .
>>
,
Je n'oublierai pas ici ce que lui dit ce
vaillant Prince , au moment qu'il se sépara
de sa Personne pour aller éxécuter
ses ordres. » Mon ami Rosny ,
» c'est à ce coup qu'il faut faire paroî-
» tre votre esprit et votre diligence , qui
» nous est mille fois plus nécessaire
» qu'elle n'étoit hier , à cause que le
» corps nous presse , et que de l'Artillerie
bien logée , bien munie et bien exploitée
, dépendra en grande partie le
» gain de la bataille , lequelj'attends de
» Dieu , & c. Les Mémoires qui ont conservé
ce trait , marquent aussi de quelle
maniere le Marquis de Rosny éxécuta
les ordres du Roi , ils détaillent particulierement
l'opération de deux Canons et
d'une Coulevrine , placées et employées
» si à propos , qu'elles firent des mer-
» veilles , ne tirant une seule volée
I. Vol. D » qu'ils
1116 MERCURE DE FRANCE
» qu'ils ne fissent des rues dans les Es
» cadrons et Bataillons du Camp ennemi
, qui étoient jonchées de douze
» quinze , vingt , et quelquefois jusqu'à
vingt- cinq corps d'hommes et
» chevaux ; si bien que les ennemis , &c .
Le reste du Narré mene au gain entier
de la Bataille , dû en bonne partie
à cette vigoureuse canonade , ainsi que
le Roi l'avoit prédit.
Les Auteurs en finissant ce Narré
ajoûtent une circonstance qui ne doit
pas être omise , et qui confirme d'ailleurs
ce que je viens de dire au sujet de
l'Artillerie.
39 Si- tôt que vous vîtes les ennemis
» en déroute ( c'est toujours à M、de
» Rosny qu'ils parlent ) et que sans
» doute la Bataille étant gagnée , vous
» n'aviez plus que faire au Canon : Vous
» montâtes sur votre grand Cheval d'Es-
» pagne Bay , lequel M. de Bois- Breuil
>> vous faisoit tenir prêt derriere les Pié-
» ces , pour essayer d'apprendre des
> nouvelles de Mrs vos Freres que vous
cuidiés être avec M. de Joyeuse , er
» sçavoir aussi en quel état le Roy de
» Navarre étoit , lequel vous rencontrâ-
» tes. par- delà la Garenne , l'épée toute
sanglante au poing , poursuivant la
>>
1. Vol.
vicJUIN.
1733. 1117
>
» victoire et si- tôt qu'il vous apper-
» çût , vous cría ; et bien , mon ami
c'est à ce coup que nous ferons per-
»> dre l'opinion que l'on avoit prise
» que les Huguenots ne gagnoient jamais
de Batailles ; car en celle- ci la
» victoire est toute entiere.... et faut
>> confesser qu'à Dieu seul en appar-
" tient la gloire , car ils étoient deux
» fois aussi forts que nous ; et s'il en
» faut attribuer quelque chose aux hom-
» mes , croyez que M. de Clermont
» vous , et Bois du Lys , y devez avoir
» bonne part ; car vos Piéces ont fait
» merveilles aussi vous promets- je que
» je n'oublierai jamais le service que vous
» m'y avez rendu .
C'est ainsi que lui parla ce Prince
incomparable , et on peut dire qu'il
tint magnifiquement sa parole Royale :
car dès qu'il fût Roi de France , ce
qui arriva deux ans après , il eut une
attention particulière sur la fortune
d'un homme qui le servoit si bien , et
qui ne le quitta pas d'un pas , surtout
aux Batailles d'Arques et d'Ivry qui
suivirent , où l'Artillerie fit encore des
merveilles , et où M. de Rosny emporté
par sa valeur , fut percé de coups.
Enfin , le Roi après l'avoir fait suc-
1. Vol. Dij ces
1118 MERCURE DE FRANCE
· ,
>
après
cessivement Grand Voyer de France
Sur Intendant des Finances
avoir érigé la Baronie de Rosny en
Marquisat , lui accorda en l'année 1599.
la Charge de Grand - Maître de l'Artillerie
, sur la démission de M. d'Etrées
avec la qualité d'Officier de la Couronne
, Charge que ce Prince lui ménageoit
depuis long- tems , et dont il y a lieu de
croire que
la journée de Coutras avoit
été comme le gage. Il fut presque en
même- tems pourvû de la Sur- Intendance
des Bâtimens et de celles des Fortifications
, qui furent suivies du Gouverne
ment de la Bastille , de la grande Maîtrise
des Ports et Havres du Royaume
et du Gouvernement de Poictou,
L'Artillerie avoit asşûrément besoin
d'un Grand - Maître aussi entendu et
aussi vigilant , que l'étoit le Marquis
de Rosny. Tout étoit en désordre à cer
égard dans les Provinces , où il fut obligé
de casser près de 500 Officiers , inuti
les ou mal - intentionnez , et l'Arcenal
étoit dénué presque de toutes choses
quand il en prit possession . Le Roi l'y
vint voir quinze jours après. Il reçût ensuite
un pareil honneur de Charles Emanuel
, Duc de Savoye , qui étoit venu
en France pour traiter en pe sonne d'af-
>
faires importantes.
JUIN. 1733 1119
T
Les Mémoires qui font le détail de
cette visite , marquent une circonstance
qui doit avoir icy sa place.
» Comme M. de Savoye fût arrivé à
» l'Arsenac, il vous demanda aussi- tôt où
» étoient toutes vos Armes , Munitions
» et Artilleries; sur quoi vous vous trouvâtes
bien empêché , ayant honte de
» lui faire voir une Maison si pauvre et
» dénuée de toutes ces choses , qu'étoit
» l'Arsenac ; tellement qu'au lieu d'aller
aux Magazins, vous le menates aux At-
» teliers , ausquels vous faisiez ouvrer à
» puissance; et lors voyant quelques qua-
» rante affuts et rouage , ésquels on tra
» vailloit ; vingt Canons , nouvellement
» fondus , et des provisions et préparatifs
pour en fondre encore autant ; il
» vous demanda que c'est que vous vou-
» liez faire de tant d'Artillerie nouvelle-
» ment fonduë ? Vous lui répondites en
» riant : Monsieur , c'est pour prendre
" Mont-Mélian. Lors il vous demanda
y avez vous été ? Non, Monsieur , dit-
» tes-vous ; vraiement je le vois bien , ré-
' pondit- il , car vous ne diriez pas cela ;
>> Mont-Mélian ne se peut prendre. Bien ,
>> bien , Monsieur , dittes - vous , je vous
» en crois , neanmoins ne mettez pas le
» Roy en cette peine ; s'il me l'avoit
I.Vol. Diij >> com1120
MERCURE DE FRANCE
» commandé j'en viendrois bien à bout
>> mais je veux croire qu'il n'en sera point
» besoin, et que le Roy et vous, vous sé-
»parerez bien contens l'un de l'autre, & c. .
M. de Rosny avoit sans doute ses raisons
pour parler ainsi au Duc de Savoye ,
qui n'oublia rien pour le mettre dans ses
interêts. C'est en partie la matiere du 93
chap. dans le second volume des Mémoires
, où l'on voit que si ce Seigneur refusa
, de la part du Prince , une Boëte de
Diamans , et jusqu'à son Portrait , enrichi
de Pierreries , de trop grand prix , il
ne manqua en rien à son égard du côté
des bienséances et de la politesse . Dans le
même jour que se passa ce que je viens
de rapporter ; il eût l'honneur de traiter
splendidement à souper, dans l'Arsenal ,le
Roy , le Duc de Savoye , les Dames et les
Seigneurs les plus qualifiez de la Cour :
mais revenons à l'Artillerie.
Elle changea absolument de face sous
sa conduite , et l'Arsenal cy - devant si
dépourvu, qu'on n'osoit presque le laisser
voir aux Etrangers , devint , pour ainsi
dire , sous le nouveau Grand- Maître , la
terreur des Ennemis de la France , et cela
dans moins d'une année. Le premier
Prince , à qui la vigilance du Marquis de
Rosny devint fatale fut le Duc de Sa-
1. Vol.
voye
JUIN. 1733. 1121
voye même , et ce qui s'étoit dit dans
l'Arsenal entre ce Prince et le Grand
Maître , par maniere d'entretien et de
plaisanterie , au sujet de Mont - Mélian' ,
devint une affaire sérieuse et une verité
dont les circonstances sont marquées
dans l'Histoire.
»
Je n'en rapporterai icy qu'une. Le Duc
de Savoye refufant d'exécuter le Traité
conclu à Paris , le Roy lui déclara la Guerre
, marcha en personne avec deux corps
d'Armée , qui firent des Exploits rapides
dans la Savoye et dans la Bresse; et Montmélian
, Place prétendue imprénable ,
fut prise ; le Marquis de Rosny se signala
en plusieurs manieres dans cette Expedi
tion , et fit plus que le devoir de sa Charge
, en ne s'exposant que trop par tout.
La diligence de Rosny , dit Mezerai ;
» pourvût. si bien aux Munitions et à
» l'Artillerie , les ayant fait charrier par
» les Rivieres,qu'à la fin de Juillet(1600)
» il eût en ce Païs-là 40 Piéces de Canon
>> et de quoi tirer quarante mille coups.
» Aussi n'oublia -t - il rien en cette occa-
»sion pour se montrer digne de la Char-
>> ge de Grand- Maître de l'Artillerie, dont
» le Roy venoit de l'honorer , l'ayant
» même érigée en Charge de la Couron-
» ne. Deux ans auparavant il lui avoit
-
I. Vol.
D iiij » aussi
Î122 MERCURE DE FRANCE
» aussi donné celle de Grand -Voyer, con-
» noissant qu'il étoit Homme d'ordre et
qu'il pourvoiroit soigneusement à la
» réparation et à l'entretenement des
» Chemins, pour la commodité du Char-
» roy , dont en effet il s'acquitta fort
» bien. Entre autres choses , il obligea les
» Particuliers de planter des Ormes de
» distance en distance dans leurs Terres ,
» sur les bords des grands Chemins , pour
» fournir un jour de bois de Charonage
au roulage de l'Artillerie. On appelle
» encore aujourd'hui ces Arbres des
» Rosnys.
>
C'est à cette occasion de la Guerre de
Savoye , que fût frappée une belle Médaille
d'Henri IV. en opposition et pour
répondre à la Médaille satyrique , que les-
Courtisans du Duc de Savoye firent fraper
peu de temps après qu'il se fût emparé
du Marquisat de Saluces , en profitant
des Troubles de la Ligue. Sur celle - cy on
voyoit d'un côté la tête du Prince , avec
cette Légende : CAR . EM. D.G.Dux Sab .
P. PED . Et sur le Revers , un Centaure
qui en décochant une Fléche pose le pied
sur une Couronne renversée ; ce seul mot
OPPORTUNE se lisoit autour ; et dans
l'Exergue M. D. LXXXVIII . Dans la Médaille
du Roy , la face étoit chargée du
>
I.Vol. Buste
JUIN. 1733. 1123
Buste de ce grand Prince , la tête ceinte
de Laurier, et les épaules couvertes d'une
Peau de Lyon , avec cette Inscription :
ALCIDES HIC NOVUS OR BI . Au revers ,
le Roy , armé d'une Massuë , paroît assommer
d'une main le Centaure abbatu ,"
sur lequel est posé l'un des pieds du Vainqueur
, qui de l'autre main releve une
Couronne , avec ce seul mot : OPPORTUNIUS
. Cette Médaille qui n'est chargée.
d'aucune datte , doit avoir été frappée
dans le courant de l'année 1600.ou avant
le Traité de Paix conclu entre les deux
Princes , en l'année 1601.
Le Marquis de Rosny , qui avoit eu tant
de part aux travaux de son Maître dans
cette Guerre , eut aussi part à sa gloire ; car
quelque tems après on lui frappa une Médaille,
où l'on voit d'un côté sonBuste, avec
cette Légende : MAXI. DE BETHUNE , DUC
DE SULLY.G.M.DE L'ART.DE F.Et sur le revers
, une Aigle élevée dans les Airs , la
tête tournée vers le ciel , tenant dans ses
Serres la Foudre de Jupiter , dont ilsemble
attendre les ordres pour la lancer
avec ces mots : Quo JUSSA Jovis . Dans
l'Exergue M. DC. VII. Cette Devise semble
faire allusion à ce que notre Grand
Maître répondit au Duc de Savoye , au
sujet de Mont-Mélian : Si le Roy m'avoit
1.Vol DY
Ccm1124
MERCURE DE FRANCE
commandé de le prendre,j'en viendrois bien- '
tôt à bout , &c. L'Evenement justifia cette
réponse.» Le Gouverneur de cette Place,
» dit Mezeray , triompha d'abord en pa-
» roles , parce qu'il ne croyoit pas.qu'on
put dresser des Batteries pour l'attaquer;
» mais quand Rosny eut trouvé moyen
» d'en planter à cinq ou six endroits (car
que ne peuvent l'argent et le travail ) sa
» fierté s'amollit tout d'un coup ; il per-
» mit que sa femme nouât conversation
avec celle de Rosny , et ses craintes
» s'augmentant d'heure en heure , il ca-
» pitula le 14 Octobre , &c.
»
Maximilien de Bethune .est qualifié
Duc de Sully sur cette Médaille , parce
qu'en l'année précédente 1606. le Roy
avoit érigé la Baronie de Sully en Duché
et Pairie ; sa reception fut des plus magnifiques
, le Roy ayant assisté au Festin ,
qui fut donné à l'Arsenal , &c. Ce Grand-
Prince lui donna aussi la même année , la
Charge de Capitaine - Lieutenant de deux
cent Hommes d'Armes de la Reine.
Comme la Médaille de ce premier Duc
'de Sully , Grand- Maître de l'Artillerie ,
&c. est assez rare , je vous envoïe la gra
vure , que j'en ai fait faire par une ha-
* Anne de Courtenay , Epouse du Marquis de
Rosny , qui l'avoit suivi dans cette Guerre.
I.Vol bile
JUIN. 1733. 1125
bile main , sur l'Original du Cabinet de
M. le Duc de Sully , que ce Seigneur a
bien voulu me communiquer. Cet Original
est des mieux conservez , et si beau
que je le crois de Germain Dupré , cxcellent
Graveur de ce temps-là , dont
nous avons de tres - belles Médailles. Les
deux autres Médailles dont je viens de
vous parler,de Henry le Grand et du Duc
de Savoye , sont dans mon Cabinet .Vous
pourrez les voir quand vous viendrez à
Paris.
Je suis forcé de renvoyer à une autre
Lettre ce qui me reste à vous dire pour
satisfaire pleinement à toutes vos demandes
, et pour ne point allonger celle - ci
lavantage. Je suis toujours , Monsieur ,
& c .
A Paris , le 25 Avril 1733 .
R. écrite à M. A. C. D. S.T.au sujet du
Marquis de Rosny , depuis Duc de Sully
, &c. contenant quelques Remarques
Historiques.
Ous me Monsieur
quelque satisfaction des Eclaircissemens
contenus dans mes deux Lettres
précédentes , sur la premiere Question
que vous m'avez faite , au sujet du
Marquis de Rosny , premier Ministre
du Roi Henri Le Grand. Cela m'engage
de redoubler mes soins pour répondre
avec la même éxactitude et le même succès
aux autres demandes que vous me
faites sur ce sujet.
و
Instruit par P'Histoire de l'ancienneté
et de la Catholicité de la Maison de Bethune
dont le Marquis de Rosny se
trouvoit le Chef , vous êtes surpris que
ce Seigneur n'ait pas persevere dans la
Religion de ses Ancêtres vous me demandez
la cause de ce changement , à
quoi vous ajoutez deux ou trois autres
Questions , dont la Réponse fera tout le
sujet de cette Lettre.:
1. Fol. Cvi Da1102
MERCURE DE FRANCE
D'abord il est bon de vous dire , Monsieur
, que ce n'est pas le Marquis de
Rosny qui fait la premiere cause de cette
variation . Pour en être bien instruit , il
faut remonter jusqu'à Jean de Bethune
IV. du nom son Ayeul , lequel étant
encore assez jeune épousa Anne de Melun
, qui lui apporta en dot la Baronie
de Rosny , &c. Il en eut plusieurs Enfans
, lesquels eurent un double malheur
; le premier de perdre leur Mere
dans leur bas âge , et le second de voir
remarier leur Pere avec une simple Demoiselle
sans biens. Un troisiéme malheur
, suite des premiers , voulut que
Jean de Bethune n'eut ni ordre , ni oeconomie
dans ses affaires , qu'il s'endetta -
beaucoup , et qu'en mourant enfin retiré
au Château de Coucy , après avoir
aliené ses plus beaux Domaines
il ne
laissa presque rien à ses Enfans : de sorte
que François de Bethune son fils aîné ,
dépouillé de tous les grands biens de ses
Ancêtres , et ne jouissant que de ceux
d'Anne de Melun sa Mere , est comparé
par un Historien au Prince * Jean , surnommé
sans Terre , qui étant fils de Roi ,
se trouva presque sans aucune possession
, & c.
D
* Jean , fils de Henri II . Roi d'Angleterre .
1. Vol.
Ce
JUIN. 1733- 1103
Ce fils aîné épousa en 1557. Charlotte
Dauvet , qui lui donna sept Enfans. Il
s'attacha de bonne heure à Louis de Bourbon
, Prince de Condé , qui étoit alors
le Chef des Huguenots , et fit Profession
de la nouvelle Religion , à l'imitation de
plusieurs Grands Seigneurs , séduits par
les opinions des Novateurs , ou par des
motifs humains. En courant toutes les
fortunes du Prince il se trouva à la Bataille
de Jarnac , où il fut fait Prisonnier ;
j'omets le reste de son histoire pour marquer
seulement qu'en mourant en l'année
1577. il laissa pour Chef de sa Maison
Maximilien de Bethune, son Fils puisné ,
dont il s'agit particulierement ici .
Ce Seigneur suivit les traces de Fran
çois de Bethune son Pere , tant pour la
Religion dans laquelle il étoit né , que
du côté de la Fortune; il pourroit fournir
seul la matière d'une longue Histoire ,
que j'avois eu autrefois dessein d'entreprendre
ce Pere homme vertueux
de bon esprit , et brûlant du
loüable désir de relever sa Maison , avoit
jetté les yeux sur notre Maximilien , le
second des quatre fils qu'il eut de Charlotte
Dauvet.
,
د
Il avoit remarqué en lui non - seulement
une grande vigueur de corps et
I. Vol. d'es
1104 MERCURE DE FRANCE
d'esprit , mais encore une grande inclination
à la vertu , et une forte aversion
pour le vice , ce qui lui ayant fait concevoir
une grande espérance , il le fit appeller
un jour , disent les Mémoires qui
portent son nom , dans sa Chambre de
la Haute Tour , et en la seule présence
de la Durandiere , son Précepteur, il lui
tint un discours que sa briéveté et l'importance
du sujet m'engagent de rappor
ter ici.
» Maximilian , puisque la Coûtume
ne me permet pas de vous faire le prin-
» cipal Héritier de mes biens , je veux en
» récompense essayer de vous enrichir
» de vertus , et par le moyen d'icelles
» comme on me l'a prédit , j'espere que
» vous serez un jour quelque chose . Pré-
» parez- vous donc à supporter avec cou-
» rage , toutes les traverses et difficultez
» que vous rencontrerez dans le monde ,
» ct en les surmontant genereusement ,
acquerez- vous l'estime des gens d'hon-
» neur , et particulierement celle du
» Maître à qui je veux vous donner ; au
Service duquel je vous commande de
» vivre et mourir. Et quand je serai sur
mon partement pour aller à Vendôme
>> trouver la Reine de Navarre , et Mon-
» sieur le Prince son fils , auquel je veux
»
1. Vol. » Yous
JUIN. 1733- 1109
» vous donner , disposez-vous à venir
» avec moi , et vous préparer par une
Harangue à lui offrir votre service
» lors que je lui présenterai votre -Per-
» sonne .
la
Ce Discours pathétique et sensé , écou
té avec attention par un fils né pour
vertu , eut dans les suites tout le succès
que l'affection et la prévoyance d'un sage
Pere pouvoient esperer. Le Pere et le
Fils se rendirent bien-tôt auprès de la
Reine de Navarre , et le jeune Rosny
fut présenté au Prince son Fils , qui étoit
aussi fort jeune.
»
*
» Cela se fit , disent les Auteurs des
» Mémoires , en présence de la Reine sa
mere , avec des protestations que
» vous lui seriez à jamais très - fidele er
n très- obéïssant serviteur : ee que vous.
» lui jurâtes aussi , en si beaux termes
» avec tant de grace et d'assûrance
>> et un ton de voix si agréable , qu'il
conçût dès lors de bonnes espérances de
» vous. Et vous ayant relevé ( car vous
>> étiez à genoux , ) il vous embrassa deux
» fois , et vous dit : qu'il admiroit votre
gentillesse , vû votre âge , qui n'étoit
"
ת
La parole est ici adressée au Marquis de
Rosny , comme dans tout le corps de l'Ouvrage.
I. Vol.
» que
1106 MERCURE DE FRANCE
>>
que de onze années , et que lui aviés
» présenté votre service avec une si gran-
» de facilité , et étiés de si bonne race
» qu'il ne doutoit point qu'un jour vous
» n'en fissiés paroître les effets en vrai
» Gentilhomme . Et aussi vous promit il
» en foi de Prince , qu'en vous recevant
» de fort bon coeur , il vous aimeroit tou-
» jours , et qu'il ne se présenteroit jamais
» occasion de vous faire acquerir du bien
>> et de l'honneur , qu'il ne s'y employât
» de tout son coeur. Tous lesquels dis-
» cours , qui n'étoient lors que par com-
» plimens , ont eu depuis des Evénemens.
» plus avantageux que vous n'aviez ´es-
» péré.
Ces Evénemens que les mêmes Auteurs
ont rapporté fort au long , furent précédez
et mêlez de bien des traversés. La
Religion surtout , dont ce jeune Seigneur
faisoit profession , et qui fait le
principal article de vos demandes , pensa
lui coûter cher , dans la fatale journée
qui vit couler tant de sang François , au
milieu d'une profonde paix. Sa conservation
a quelque chose de singulier et de
merveilleux : elle merite bien que j'en
place ici le petit détail , tiré des mêmes
Mémoires .
» Voici ce que nous vous en avons
1. Vol. » oui
JUIN. 1733. 1107
noui conter : à sçavoir que vous ayant
» fait dessein d'aller faire votre Cour ce
» jour là , vous vous étiés couché la veille
de bonne heure , et que sur les trois
>> heures du matin , vous vous réveillâ-
» tes au bruit de plusieurs cris de peu-
» ples , et des allarmes que l'on sonnoit
» dans tous les Clochers. Le sieur de
» S. Julien , votre Gouverneur , et votre
» Valet de Chambre , ( qui s'étoient aussi
» éveillés au bruit , ) étant sortis de vo-
» tre logis , pour apprendre ce que c'é-
» toit , n'y rentrerent point ; et n'avez-
» vous jamais sçû ce qu'ils étoient deve-
» nus. De sorte qu'étant réduit vous
>> seul dans votre chambre et votre
» Hôte qui étoit de la Religion , vous
» pressant d'aller avec lui à la Messe , afin
» de garantir sa vie et sa maison de sac-
» cagement , vous vous résolûtes d'es-
» sayer à vous sauver dans le College de
Bourgogne.
"3
,
>> Pour ce faire,yous prîtes votre Robbe
>> d'Ecolier , un Livre sous votre bras , et
» vous vous mîtes en chemin . Par les
» ruës vous rencontrâtes trois Corps de
» Garde , l'un à celle de S. Jacques , un
>> autre à celle de la Harpe , et l'autre à
» l'issue du Cloître de S. Benoît. Au pre
» mier ayant été arrêté et rudoyé par
1. Vol. >> ceux
108 MERCURE DE FRANCE
» ceux de la Garde , un d'entr'eux pre
> nant votre Livre , et voyant que , de
» bonheur pour vous , c'étoit de grosses'
» Heures , vous fit passer , ce qui vous
» servit de passeport aux autres. En al-
>> lant vous vîtes enfoncer et piller des
» maisons , massacrer hommes , femmes .
» et enfans , avec les cris de tuë , tuë , ô
»Huguenot , ô Huguenot , ce qui vous
» faisoit souhaiter avec impatience d'être
» arrivé à la porte du College , où enfin
>> Dieu vous accompagna , sans qu'il vous
>> fût arrivé autre mal que la peur.
»
» A l'abord , le Portier vous refusa deux
» fois l'entrée de la porte mais enfin
» moyennant quatre Testons que vous
» lui donnâtes , il alla dire au Principal ,
» nommé la Faye , que vous étiés à la
» porte , et ce que vous demandiez , lequel
aussi- tôt meu de compassion
» étant votre particulier ami , vous vint
» faire entrer , empêché toutefois de ce
» qu'il feroit de vous , à cause de deux
» Ecclésiastiques qui étoient dans sa
» chambre , et qui disoient y avoir des-
» sein formé de tuer tous les Huguenots ,
» jusqu'aux enfans à la mammelle , et ce
à l'exemple des Vêpres Siciliennes .
» Néanmoins , par pitié , ce bon Personnage
vous mit dans une chambre fort
"
I. Vol. ≫ seJUIN.
1733.
1109
» secrette , dans laquelle personne n'en-
» trât que son Valet , qui vous y por-
» toit des vivres , et vous y servît trois
» jours durant , au bout desquels il se
» fit une publication de par le Roi , por-
" tant deffenses de plus tuer ni saccager
>> personne.
» Alors deux Archers de la Garde, Vas-
» saux de M. votre Pere , l'un nommé
» Ferrieres , et l'autre la Vieville , vin-
» rent avec leurs Hocquetons , et Halle-
» bardes à ce College , pour s'enquerir de
» vos nouvelles , et les mander à M. vo-
» tre Pere , qui étoit fort en peine de
» vous , duquel vous reçûtes une Lettre
» trois jours après , par laquelle il vous
mandoit de demeurer à Paris , et d'y
» continuer vos Etudes comme auparavant.
Et pour ce faire il jugeoit bien
qu'il vous faudroit aller à la Messe , à
» quoi il vous falloit résoudre , aussi-
» bien avoit fait votre Maître et beau-
>> coup d'autres : et que sur tout il vou-
» loit que vous courussiez toutes les for-
» tunes de ce Prince jusqu'à la mort
» afin que l'on ne vous pût reprocher de
l'avoir quitté en son adversité : à quoi
» vous vous rendîtes si soigneux , que
» vous en acquires l'estime d'un chacun .
Tout le monde sçait avec quelle exac-
I. Vol. titude
1110 MERCURE DE FRANCE
titude et quelle constante fidelité ce dernier
commandement de courir toutes les
fortunes de ce grand Prince fut éxécuté.
On en peut voir la preuve dans l'Histoire
, et sur tout dans les Mémoires des
Ecrivains que nous avons citez , lesquels
remarquent particulierement qu'au milieu
de toutes ses assiduitez auprès du
Prince , dans ces premiers tems de trouble
et de confusion , le jeune Rosny s'appliquoit
toujours à cultiver son esprit
par des connoissances solides. Ils parlent
en ces termes de cette circonstance ; en
» quelque condition que vous fussiés
» vous preniés toujours le tems de conti-
» nuer vos Etudes , sur tout de l'Histoi
de laquelle vous faisiés déja des Ex-
>> traits , tant pour les moeurs , que pour
» les choses naturelles ; et des Mathéma
>> re ,
tiques , lesquelles occupations fai-
» soient paroître votre inclination à la
>> vertu .
Dans la suite il se présenta une occasion
qui auroit pû , si Dieu l'avoit permis
, servir à éclairer ce jeune Seigneur
et à le faire rentrer dans la Religion de
ses Ancêtres. Il n'avoit qu'environ vingtdeux
ans , lorsqu'en l'année 1581. il lui
prit envie de faire un petit voyage en
Flandres , principalement pour y visiter
la
矍
1
•
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NAHL
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BETHUN
01
SA
SSA
JUIN. 1733 1111
la Comtesse de Mastin sa Tante . Cette
Tante et le Vicomte de Gand son Ayeul
maternel , et son Parrain , l'avoient deshérité
, lui et François de Bethune son-
Pere , à cause de la Religion, Il partit
muni d'un Passe- port du Comte * de
Barlemont , son Parent et se rendit à
la Bassée , où demeuroit cette Dame. Il
en fut accueilli assez froidement , préve
nuë sur son sujet de la maniere que nous
allons le voir,
ར་ ་ .
Le lendemain matin elle mena son Ne
veu dans la grande Eglise de l'Abbaye
qu'elle avoit fondée , pour lui faire voir
les Sépultures de Marbre de ses Ancêtres,
qu'elle y avoit fait construire ; et entre
les autres celles d'Helene de Melun , femme
de Robert d'Artois , d'Hugues de
Melun , son Ayeul , le même qui l'avoit
deshérité , et d'Anne de Melun son Ayeule
, celle enfin qu'elle avoit fait élever
pour elle-même. Elle lui dit alors , ayant
les larmes aux yeux : » hélas ! mon Ne-
» veu , mon ami , que mon Pere votre
» Ayeul , et ma Soeur votre Grand mere,
* Le Comte de Barlemont étoit Président du
Conseil Royal des Finances , Gouverneur de Namur
Chevalier de la Toison d'Or , &c. J'ai
une Médaille de ce Seigneur frapée en 1576. selon
Laquelle il faut lire BERLAYMONT.
>
"
» s'ils
1112 MERCURE DE FRANCE
» s'ils étoient en vie , jetteroient de lar-
>> mes , et ressentiroient de déplaisirs ,
» aussi-bien que moi , de voir en vous
» l'un de leurs Enfans , ne point croire
» en Dieu , ni en sa Messe , et n'adresser
» ses Prieres qu'à l'ennemi d'enfer , qui
» vous renal ennemi des bonnes oeuvres ,
» ainsi que je l'ai entendu dire à nos bons
>> Peres ! & c.
"
•
Le jeune Neveu étrangement surpris ,
s'écria là- dessus : » Vrai Dieu , ma Tan-
» te , que dites - vous ? Jesus ! seroit- il
> bien possible que vous disiés ceci à bon
» escient , et qu'il y ait eu des gens si
pleins d'impostures et de calomnies
» que de vous avoir voulu persuader tel-
» les éxécrations , qui nous rendroient
indignes de vivre sur la terre ? 11 lui fit
ensuite un détail de sa Créance, lui récita
même l'Oraison Dominicale , le Symbole
, &c. Tout cela fait un Dialogue qui
mérite d'être lû dans le 18. Chap. du pre
mier Tome des Mémoires , on en jugera
par la fin , qui est telle. La Dame écou
ta fort attentivement cette récitation
sans rien repondre , tant que le Neveu
ne parla que de Dieu , de Jesus-Christ
et du S. Esprit , mais lorsqu'il dit qui est
né de la Vierge Marie , et ensuite , je crois
Ja Communion des Saints , & c. Elle se mit
JUIN. 1733. 1113
à crier , » hélas ! mon Neveu , mon ami ,
» est- il possible qu'en vos Oraisons vous
» parliés de la bonne Dame , et fassiés
» mention des Saints Bienheureux ? Or
» venez m'embrasser , puisque cela est :
» car je vous aime comme mon bon Ne-
» veu , et me semble en vous voyant , et
" vous oyant parler , que ma pauvre soeur
» est encore en vie : ô que j'ai de déplai-
» sir que mon Neveu votre Parrain et
» moi , vous avons deshérité : vrayement
je veux essayer à rompre tout cela , et
» vous le jure par la Sainte Vierge : les
» effets néanmoins ne suivirent pas les
» paroles , &c.
>>
t
Il faut convenir , Monsieur , qu'une
telle occasion de parler de la nouvelle
Religion , mieux ménagée , auroit pû
produire quelque bon effet sur l'esprit
du jeune Parent , mais ce n'étoit pas le
moyen sans doute de le faire entrer dans
la bonne voye , que d'employer de pareils
argumens , on ne corrige point l'erreur
par
d'autres erreurs .
Quoiqu'il en soit , le Marquis de Rosny
, en quittant la Dame sa Tante prit
le chemin de Bethune , Ville qu'il avoit
toujours souhaité de voir , et où malgré
sa Religion , opposée à la grande Catholicité
de ses Ancêtres , à celle des Fla-
S
I. Vol. mands
1114 MERCURE DE FRANCE
mands en général , et aux circonstances
du tems , il fut parfaitement bien reçû
régalé du vin de Ville , et honoré en plu
sieurs manieres comme descendu de
l'antique Maison des anciens Seigneurs
de Bethune. Il vit tout ce qui étoit à
voir dans cette Ville , et visita principalement
les Eglises où sont les Mausolées
de ces Seigneurs , d'où il revint en droi
ture à Rosny. 7
L'ordre des tems , qui s'accorde avec
celui de vos demandes , me fait passer ,
Monsicur , de la Religion de Maximilien
de Bethune , à laquelle j'aurai occasion
de revenir , à ses grandeurs temporelles
, récompense de son mérite et de
son attachement à la fortune et aux interêts
d'un grand Prince. Vous voulez
sçavoir d'abord quand et comment il fût
pourvû de la Charge de Grand - Maître
de l'Artillerie , et comment il en fût destitué
après la mort de son cher Maître.
Je crois d'abord trouver la premiere
origine de son élévation à cette Charge
dans l'Evénement de la Bataille de Coutras
, donnée le 20 Octobre 1587. entre
l'Armée Royale , ou plutôt de la Ligue ,
commandée par M. de Joyeuse , et celle
du Roi de Navarre , commandée par ce
Prince en personne , accompagné du
I. Vol. Prince
JUI N. 1733 : 1115
·
Prince de Condé , du Comte de Soissons
; et d'un nombre de Seigneurs des
plus qualifiez , qui suivoient sa Religion
et sa fortune . Le Marquis de Rosny
étoit non seulement des premiers
dans ce nombre ; mais le Roy son
Maître lui commit dans cette importante
journée le soin de tout ce qui regardoit
l'Artillerie , quoiqu'il ne fût encore
âgé que de 28 ans .
>>
,
Je n'oublierai pas ici ce que lui dit ce
vaillant Prince , au moment qu'il se sépara
de sa Personne pour aller éxécuter
ses ordres. » Mon ami Rosny ,
» c'est à ce coup qu'il faut faire paroî-
» tre votre esprit et votre diligence , qui
» nous est mille fois plus nécessaire
» qu'elle n'étoit hier , à cause que le
» corps nous presse , et que de l'Artillerie
bien logée , bien munie et bien exploitée
, dépendra en grande partie le
» gain de la bataille , lequelj'attends de
» Dieu , & c. Les Mémoires qui ont conservé
ce trait , marquent aussi de quelle
maniere le Marquis de Rosny éxécuta
les ordres du Roi , ils détaillent particulierement
l'opération de deux Canons et
d'une Coulevrine , placées et employées
» si à propos , qu'elles firent des mer-
» veilles , ne tirant une seule volée
I. Vol. D » qu'ils
1116 MERCURE DE FRANCE
» qu'ils ne fissent des rues dans les Es
» cadrons et Bataillons du Camp ennemi
, qui étoient jonchées de douze
» quinze , vingt , et quelquefois jusqu'à
vingt- cinq corps d'hommes et
» chevaux ; si bien que les ennemis , &c .
Le reste du Narré mene au gain entier
de la Bataille , dû en bonne partie
à cette vigoureuse canonade , ainsi que
le Roi l'avoit prédit.
Les Auteurs en finissant ce Narré
ajoûtent une circonstance qui ne doit
pas être omise , et qui confirme d'ailleurs
ce que je viens de dire au sujet de
l'Artillerie.
39 Si- tôt que vous vîtes les ennemis
» en déroute ( c'est toujours à M、de
» Rosny qu'ils parlent ) et que sans
» doute la Bataille étant gagnée , vous
» n'aviez plus que faire au Canon : Vous
» montâtes sur votre grand Cheval d'Es-
» pagne Bay , lequel M. de Bois- Breuil
>> vous faisoit tenir prêt derriere les Pié-
» ces , pour essayer d'apprendre des
> nouvelles de Mrs vos Freres que vous
cuidiés être avec M. de Joyeuse , er
» sçavoir aussi en quel état le Roy de
» Navarre étoit , lequel vous rencontrâ-
» tes. par- delà la Garenne , l'épée toute
sanglante au poing , poursuivant la
>>
1. Vol.
vicJUIN.
1733. 1117
>
» victoire et si- tôt qu'il vous apper-
» çût , vous cría ; et bien , mon ami
c'est à ce coup que nous ferons per-
»> dre l'opinion que l'on avoit prise
» que les Huguenots ne gagnoient jamais
de Batailles ; car en celle- ci la
» victoire est toute entiere.... et faut
>> confesser qu'à Dieu seul en appar-
" tient la gloire , car ils étoient deux
» fois aussi forts que nous ; et s'il en
» faut attribuer quelque chose aux hom-
» mes , croyez que M. de Clermont
» vous , et Bois du Lys , y devez avoir
» bonne part ; car vos Piéces ont fait
» merveilles aussi vous promets- je que
» je n'oublierai jamais le service que vous
» m'y avez rendu .
C'est ainsi que lui parla ce Prince
incomparable , et on peut dire qu'il
tint magnifiquement sa parole Royale :
car dès qu'il fût Roi de France , ce
qui arriva deux ans après , il eut une
attention particulière sur la fortune
d'un homme qui le servoit si bien , et
qui ne le quitta pas d'un pas , surtout
aux Batailles d'Arques et d'Ivry qui
suivirent , où l'Artillerie fit encore des
merveilles , et où M. de Rosny emporté
par sa valeur , fut percé de coups.
Enfin , le Roi après l'avoir fait suc-
1. Vol. Dij ces
1118 MERCURE DE FRANCE
· ,
>
après
cessivement Grand Voyer de France
Sur Intendant des Finances
avoir érigé la Baronie de Rosny en
Marquisat , lui accorda en l'année 1599.
la Charge de Grand - Maître de l'Artillerie
, sur la démission de M. d'Etrées
avec la qualité d'Officier de la Couronne
, Charge que ce Prince lui ménageoit
depuis long- tems , et dont il y a lieu de
croire que
la journée de Coutras avoit
été comme le gage. Il fut presque en
même- tems pourvû de la Sur- Intendance
des Bâtimens et de celles des Fortifications
, qui furent suivies du Gouverne
ment de la Bastille , de la grande Maîtrise
des Ports et Havres du Royaume
et du Gouvernement de Poictou,
L'Artillerie avoit asşûrément besoin
d'un Grand - Maître aussi entendu et
aussi vigilant , que l'étoit le Marquis
de Rosny. Tout étoit en désordre à cer
égard dans les Provinces , où il fut obligé
de casser près de 500 Officiers , inuti
les ou mal - intentionnez , et l'Arcenal
étoit dénué presque de toutes choses
quand il en prit possession . Le Roi l'y
vint voir quinze jours après. Il reçût ensuite
un pareil honneur de Charles Emanuel
, Duc de Savoye , qui étoit venu
en France pour traiter en pe sonne d'af-
>
faires importantes.
JUIN. 1733 1119
T
Les Mémoires qui font le détail de
cette visite , marquent une circonstance
qui doit avoir icy sa place.
» Comme M. de Savoye fût arrivé à
» l'Arsenac, il vous demanda aussi- tôt où
» étoient toutes vos Armes , Munitions
» et Artilleries; sur quoi vous vous trouvâtes
bien empêché , ayant honte de
» lui faire voir une Maison si pauvre et
» dénuée de toutes ces choses , qu'étoit
» l'Arsenac ; tellement qu'au lieu d'aller
aux Magazins, vous le menates aux At-
» teliers , ausquels vous faisiez ouvrer à
» puissance; et lors voyant quelques qua-
» rante affuts et rouage , ésquels on tra
» vailloit ; vingt Canons , nouvellement
» fondus , et des provisions et préparatifs
pour en fondre encore autant ; il
» vous demanda que c'est que vous vou-
» liez faire de tant d'Artillerie nouvelle-
» ment fonduë ? Vous lui répondites en
» riant : Monsieur , c'est pour prendre
" Mont-Mélian. Lors il vous demanda
y avez vous été ? Non, Monsieur , dit-
» tes-vous ; vraiement je le vois bien , ré-
' pondit- il , car vous ne diriez pas cela ;
>> Mont-Mélian ne se peut prendre. Bien ,
>> bien , Monsieur , dittes - vous , je vous
» en crois , neanmoins ne mettez pas le
» Roy en cette peine ; s'il me l'avoit
I.Vol. Diij >> com1120
MERCURE DE FRANCE
» commandé j'en viendrois bien à bout
>> mais je veux croire qu'il n'en sera point
» besoin, et que le Roy et vous, vous sé-
»parerez bien contens l'un de l'autre, & c. .
M. de Rosny avoit sans doute ses raisons
pour parler ainsi au Duc de Savoye ,
qui n'oublia rien pour le mettre dans ses
interêts. C'est en partie la matiere du 93
chap. dans le second volume des Mémoires
, où l'on voit que si ce Seigneur refusa
, de la part du Prince , une Boëte de
Diamans , et jusqu'à son Portrait , enrichi
de Pierreries , de trop grand prix , il
ne manqua en rien à son égard du côté
des bienséances et de la politesse . Dans le
même jour que se passa ce que je viens
de rapporter ; il eût l'honneur de traiter
splendidement à souper, dans l'Arsenal ,le
Roy , le Duc de Savoye , les Dames et les
Seigneurs les plus qualifiez de la Cour :
mais revenons à l'Artillerie.
Elle changea absolument de face sous
sa conduite , et l'Arsenal cy - devant si
dépourvu, qu'on n'osoit presque le laisser
voir aux Etrangers , devint , pour ainsi
dire , sous le nouveau Grand- Maître , la
terreur des Ennemis de la France , et cela
dans moins d'une année. Le premier
Prince , à qui la vigilance du Marquis de
Rosny devint fatale fut le Duc de Sa-
1. Vol.
voye
JUIN. 1733. 1121
voye même , et ce qui s'étoit dit dans
l'Arsenal entre ce Prince et le Grand
Maître , par maniere d'entretien et de
plaisanterie , au sujet de Mont - Mélian' ,
devint une affaire sérieuse et une verité
dont les circonstances sont marquées
dans l'Histoire.
»
Je n'en rapporterai icy qu'une. Le Duc
de Savoye refufant d'exécuter le Traité
conclu à Paris , le Roy lui déclara la Guerre
, marcha en personne avec deux corps
d'Armée , qui firent des Exploits rapides
dans la Savoye et dans la Bresse; et Montmélian
, Place prétendue imprénable ,
fut prise ; le Marquis de Rosny se signala
en plusieurs manieres dans cette Expedi
tion , et fit plus que le devoir de sa Charge
, en ne s'exposant que trop par tout.
La diligence de Rosny , dit Mezerai ;
» pourvût. si bien aux Munitions et à
» l'Artillerie , les ayant fait charrier par
» les Rivieres,qu'à la fin de Juillet(1600)
» il eût en ce Païs-là 40 Piéces de Canon
>> et de quoi tirer quarante mille coups.
» Aussi n'oublia -t - il rien en cette occa-
»sion pour se montrer digne de la Char-
>> ge de Grand- Maître de l'Artillerie, dont
» le Roy venoit de l'honorer , l'ayant
» même érigée en Charge de la Couron-
» ne. Deux ans auparavant il lui avoit
-
I. Vol.
D iiij » aussi
Î122 MERCURE DE FRANCE
» aussi donné celle de Grand -Voyer, con-
» noissant qu'il étoit Homme d'ordre et
qu'il pourvoiroit soigneusement à la
» réparation et à l'entretenement des
» Chemins, pour la commodité du Char-
» roy , dont en effet il s'acquitta fort
» bien. Entre autres choses , il obligea les
» Particuliers de planter des Ormes de
» distance en distance dans leurs Terres ,
» sur les bords des grands Chemins , pour
» fournir un jour de bois de Charonage
au roulage de l'Artillerie. On appelle
» encore aujourd'hui ces Arbres des
» Rosnys.
>
C'est à cette occasion de la Guerre de
Savoye , que fût frappée une belle Médaille
d'Henri IV. en opposition et pour
répondre à la Médaille satyrique , que les-
Courtisans du Duc de Savoye firent fraper
peu de temps après qu'il se fût emparé
du Marquisat de Saluces , en profitant
des Troubles de la Ligue. Sur celle - cy on
voyoit d'un côté la tête du Prince , avec
cette Légende : CAR . EM. D.G.Dux Sab .
P. PED . Et sur le Revers , un Centaure
qui en décochant une Fléche pose le pied
sur une Couronne renversée ; ce seul mot
OPPORTUNE se lisoit autour ; et dans
l'Exergue M. D. LXXXVIII . Dans la Médaille
du Roy , la face étoit chargée du
>
I.Vol. Buste
JUIN. 1733. 1123
Buste de ce grand Prince , la tête ceinte
de Laurier, et les épaules couvertes d'une
Peau de Lyon , avec cette Inscription :
ALCIDES HIC NOVUS OR BI . Au revers ,
le Roy , armé d'une Massuë , paroît assommer
d'une main le Centaure abbatu ,"
sur lequel est posé l'un des pieds du Vainqueur
, qui de l'autre main releve une
Couronne , avec ce seul mot : OPPORTUNIUS
. Cette Médaille qui n'est chargée.
d'aucune datte , doit avoir été frappée
dans le courant de l'année 1600.ou avant
le Traité de Paix conclu entre les deux
Princes , en l'année 1601.
Le Marquis de Rosny , qui avoit eu tant
de part aux travaux de son Maître dans
cette Guerre , eut aussi part à sa gloire ; car
quelque tems après on lui frappa une Médaille,
où l'on voit d'un côté sonBuste, avec
cette Légende : MAXI. DE BETHUNE , DUC
DE SULLY.G.M.DE L'ART.DE F.Et sur le revers
, une Aigle élevée dans les Airs , la
tête tournée vers le ciel , tenant dans ses
Serres la Foudre de Jupiter , dont ilsemble
attendre les ordres pour la lancer
avec ces mots : Quo JUSSA Jovis . Dans
l'Exergue M. DC. VII. Cette Devise semble
faire allusion à ce que notre Grand
Maître répondit au Duc de Savoye , au
sujet de Mont-Mélian : Si le Roy m'avoit
1.Vol DY
Ccm1124
MERCURE DE FRANCE
commandé de le prendre,j'en viendrois bien- '
tôt à bout , &c. L'Evenement justifia cette
réponse.» Le Gouverneur de cette Place,
» dit Mezeray , triompha d'abord en pa-
» roles , parce qu'il ne croyoit pas.qu'on
put dresser des Batteries pour l'attaquer;
» mais quand Rosny eut trouvé moyen
» d'en planter à cinq ou six endroits (car
que ne peuvent l'argent et le travail ) sa
» fierté s'amollit tout d'un coup ; il per-
» mit que sa femme nouât conversation
avec celle de Rosny , et ses craintes
» s'augmentant d'heure en heure , il ca-
» pitula le 14 Octobre , &c.
»
Maximilien de Bethune .est qualifié
Duc de Sully sur cette Médaille , parce
qu'en l'année précédente 1606. le Roy
avoit érigé la Baronie de Sully en Duché
et Pairie ; sa reception fut des plus magnifiques
, le Roy ayant assisté au Festin ,
qui fut donné à l'Arsenal , &c. Ce Grand-
Prince lui donna aussi la même année , la
Charge de Capitaine - Lieutenant de deux
cent Hommes d'Armes de la Reine.
Comme la Médaille de ce premier Duc
'de Sully , Grand- Maître de l'Artillerie ,
&c. est assez rare , je vous envoïe la gra
vure , que j'en ai fait faire par une ha-
* Anne de Courtenay , Epouse du Marquis de
Rosny , qui l'avoit suivi dans cette Guerre.
I.Vol bile
JUIN. 1733. 1125
bile main , sur l'Original du Cabinet de
M. le Duc de Sully , que ce Seigneur a
bien voulu me communiquer. Cet Original
est des mieux conservez , et si beau
que je le crois de Germain Dupré , cxcellent
Graveur de ce temps-là , dont
nous avons de tres - belles Médailles. Les
deux autres Médailles dont je viens de
vous parler,de Henry le Grand et du Duc
de Savoye , sont dans mon Cabinet .Vous
pourrez les voir quand vous viendrez à
Paris.
Je suis forcé de renvoyer à une autre
Lettre ce qui me reste à vous dire pour
satisfaire pleinement à toutes vos demandes
, et pour ne point allonger celle - ci
lavantage. Je suis toujours , Monsieur ,
& c .
A Paris , le 25 Avril 1733 .
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Résumé : TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
La troisième lettre de M. D. L. à M. A. C. D. S. T. traite de la vie et de la conversion religieuse du Marquis de Rosny, devenu Duc de Sully. L'auteur répond à des questions sur les raisons de cette conversion et sur l'histoire de la famille Bethune. Jean de Bethune IV, ancêtre de Rosny, avait épousé Anne de Melun, apportant ainsi la Baronie de Rosny en dot. Après la mort de sa première épouse, il se remaria et dilapida ses biens, laissant ses enfants dans une situation précaire. François de Bethune, fils aîné de Jean, épousa Charlotte Dauvet et eut sept enfants. Il s'attacha au Prince de Condé et adopta la religion protestante. Son fils Maximilien, futur Marquis de Rosny, suivit ses traces. François, conscient des qualités de Maximilien, le prépara à servir le Prince de Condé, futur Henri IV. Maximilien fut présenté au Prince et jura fidélité, débutant ainsi une carrière marquée par la fidélité et l'excellence. Lors du massacre de la Saint-Barthélemy, Maximilien échappa à la mort en se déguisant et en se réfugiant au Collège de Bourgogne. Il continua ses études et servit fidèlement Henri IV, cultivant son esprit par des connaissances solides en histoire et en mathématiques. En 1581, il visita sa tante en Flandres, mais celle-ci, en raison de sa religion, l'accueillit froidement. Malgré les tentatives de retour à la foi catholique, Maximilien resta protestant et continua à servir Henri IV avec dévouement. La carrière militaire de Rosny fut marquée par des événements cruciaux, notamment la bataille de Coutras en 1587, où il dirigea l'artillerie pour le Roi de Navarre. Cette victoire fut en grande partie due à l'efficacité de l'artillerie dirigée par Rosny. Après la bataille, le Roi de Navarre exprima sa gratitude et reconnut l'importance de Rosny dans la victoire. Rosny reçut plusieurs charges et honneurs, notamment celle de Grand Maître de l'Artillerie en 1599, après avoir été successivement Grand Voyer de France et Surintendant des Finances. Il réorganisa l'artillerie, cassa des officiers inutiles ou mal intentionnés, et modernisa l'arsenal. Sa gestion fut si efficace que l'arsenal devint une terreur pour les ennemis de la France. Lors de la guerre contre le Duc de Savoie, Rosny joua un rôle clé en assurant les munitions et l'artillerie, contribuant à la prise de Montmélian. Sa diligence et son organisation furent saluées par Mezeray. Rosny avait également été chargé de la réparation et de l'entretien des chemins, obligeant les particuliers à planter des ormes pour le charroi de l'artillerie. Ces arbres sont encore appelés 'les Rosnys' de nos jours. Maximilien de Bethune fut élevé au rang de Duc de Sully en 1606, et reçut la charge de Capitaine-Lieutenant de deux cents hommes d'armes de la Reine la même année.
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430
p. 1143-1146
ODE SACRÉE, Sur quelques Versets du Pseaume XXV. v. VI. Lavabo inter innocentes manus meas.
Début :
Vous, à qui la Toute-puissance [...]
Mots clefs :
Autels, Âme, Temple
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texteReconnaissance textuelle : ODE SACRÉE, Sur quelques Versets du Pseaume XXV. v. VI. Lavabo inter innocentes manus meas.
ODE SA CREE,
Sur quelques Versets du Pseaume XXV.
V. VI .
Lavabo inter innocentes manus meas.
Vous Ous , à qui la Toute - puissance
Du vrai , fait sentir les beautéz ,
Esprits , qui maintenant goûtez ,
Les fruits de l'heureuse innocence
Et qui vous éloignez des profanes Humains ,
Au milieu de vous tous j'irai laver mes mains.
'
Et circumdabo altare tuum , Domine.
Je sens ton Esprit qui m'anime ,
Oui , grand Dieu , je veux dans mes Vers,
Chanter l'Auteur de l'Univers ,
Et t'immoler une victime ;
Parmi mes saints transports et mes tendres accents
,
Autour de tes Autels brulera mon encens.
V. VII.
Ut audiam vocem laudis et enarrem universa
mirabilia tua.
C'est pour entendre tes loüanges ,
Que je t'adresse ainsi mes voeux ;
1. Vol. Vien
E )
1144 MERCURE DE FRANCE
"
Vien , Seigneur , seconder mes feux ,
Joins ma voix à celle des Anges ;
De concert avec eux ma bouche publiera ,
Tous tes faits merveilleux ; l'air en retentira.
*. VIII .
Domine dilexi decorem domus tuæ et loum
habitationis gloria tua.
Enfin j'ai trouvé mes délices ,
Dans le séjour de ta Grandeur,
Et de ce céleste bonheur ,
Mon ame a senti les prémices ;
La beauté de ton Temple , et ta brillante Cour
Vont être désormais l'objet de mon amour.
Y. IX.
Neperdas cum impiis Deus animam meam.
Grand Dicu , ne confonds point mon ame,
Avec ces malheureux Mortels ,
Profanateurs de tes Autels ;
Eloigne moi de cette flamme ,
Dont ils seront la proye au jour de ton courroux,
Que tes foudres , Seigneur , ne tombent point
sur nous.
Et cum viris sanguinum vitam meam.
Loin d'ici ces Monstres de rage , ...
Dépouillez de l'humanité ,
Et dont l'avide cruauté ,*
I. Vol.
CherJUIN.
1733. 1145
Cherche le meurtre et le carnage ;
Ah ! ne me plonge point dans la nuit de la mort ,
Sauve moi de l'horreur de partager leur sort.
V. X.
In quorum manibus iniquitates sunt ,
dextera eorum repleta est muneribus.
Comblez des dons de la fortune ,
Quel bruit font- ils dans un Etat ?
Richesses , Dignitez , Eclat ,
Qui plus est , vertu non commune ,
Semblent les illustrer,les mettre au premier rang ;
Leurs sacrileges mains sont encor dans le sang.
V. X I.
Ego autem innocentia mea ingressus sum;
redime me et miserere mei .
>
Mais ma conduite est innocente ;
Que le noir tyran des Enfers ,
Ne me tienne plus dans ses fers ;
Que ta bonté toute- puissante ,
Détourne loin de moi sa domination ;
Rachepte cet objet de ta compassion .
V. XII.
Pes meus stetit in directo , in Ecclesiis
benedicam te Domine.
Dans le chemin de la justice ,
I. Vol. E iiij Ta
146 MERCURE DE FRANCE
Ta grace a raffermi mes pas ;
J'en ai connu les vrais appas ;
Ils mont fait détester le vice ,
De tes divins bienfaits vivement penetré ,
Je benirai ton nom dans ton Temple sacré.
Regnard de Bussieres .
Sur quelques Versets du Pseaume XXV.
V. VI .
Lavabo inter innocentes manus meas.
Vous Ous , à qui la Toute - puissance
Du vrai , fait sentir les beautéz ,
Esprits , qui maintenant goûtez ,
Les fruits de l'heureuse innocence
Et qui vous éloignez des profanes Humains ,
Au milieu de vous tous j'irai laver mes mains.
'
Et circumdabo altare tuum , Domine.
Je sens ton Esprit qui m'anime ,
Oui , grand Dieu , je veux dans mes Vers,
Chanter l'Auteur de l'Univers ,
Et t'immoler une victime ;
Parmi mes saints transports et mes tendres accents
,
Autour de tes Autels brulera mon encens.
V. VII.
Ut audiam vocem laudis et enarrem universa
mirabilia tua.
C'est pour entendre tes loüanges ,
Que je t'adresse ainsi mes voeux ;
1. Vol. Vien
E )
1144 MERCURE DE FRANCE
"
Vien , Seigneur , seconder mes feux ,
Joins ma voix à celle des Anges ;
De concert avec eux ma bouche publiera ,
Tous tes faits merveilleux ; l'air en retentira.
*. VIII .
Domine dilexi decorem domus tuæ et loum
habitationis gloria tua.
Enfin j'ai trouvé mes délices ,
Dans le séjour de ta Grandeur,
Et de ce céleste bonheur ,
Mon ame a senti les prémices ;
La beauté de ton Temple , et ta brillante Cour
Vont être désormais l'objet de mon amour.
Y. IX.
Neperdas cum impiis Deus animam meam.
Grand Dicu , ne confonds point mon ame,
Avec ces malheureux Mortels ,
Profanateurs de tes Autels ;
Eloigne moi de cette flamme ,
Dont ils seront la proye au jour de ton courroux,
Que tes foudres , Seigneur , ne tombent point
sur nous.
Et cum viris sanguinum vitam meam.
Loin d'ici ces Monstres de rage , ...
Dépouillez de l'humanité ,
Et dont l'avide cruauté ,*
I. Vol.
CherJUIN.
1733. 1145
Cherche le meurtre et le carnage ;
Ah ! ne me plonge point dans la nuit de la mort ,
Sauve moi de l'horreur de partager leur sort.
V. X.
In quorum manibus iniquitates sunt ,
dextera eorum repleta est muneribus.
Comblez des dons de la fortune ,
Quel bruit font- ils dans un Etat ?
Richesses , Dignitez , Eclat ,
Qui plus est , vertu non commune ,
Semblent les illustrer,les mettre au premier rang ;
Leurs sacrileges mains sont encor dans le sang.
V. X I.
Ego autem innocentia mea ingressus sum;
redime me et miserere mei .
>
Mais ma conduite est innocente ;
Que le noir tyran des Enfers ,
Ne me tienne plus dans ses fers ;
Que ta bonté toute- puissante ,
Détourne loin de moi sa domination ;
Rachepte cet objet de ta compassion .
V. XII.
Pes meus stetit in directo , in Ecclesiis
benedicam te Domine.
Dans le chemin de la justice ,
I. Vol. E iiij Ta
146 MERCURE DE FRANCE
Ta grace a raffermi mes pas ;
J'en ai connu les vrais appas ;
Ils mont fait détester le vice ,
De tes divins bienfaits vivement penetré ,
Je benirai ton nom dans ton Temple sacré.
Regnard de Bussieres .
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Résumé : ODE SACRÉE, Sur quelques Versets du Pseaume XXV. v. VI. Lavabo inter innocentes manus meas.
Le poème 'ODE SA CREE' s'inspire du Psaume XXV et exprime le désir du poète de purifier son âme et de se rapprocher de Dieu. Il souhaite laver ses mains parmi les innocents et offrir des louanges autour des autels divins. Le poète cherche à entendre et à proclamer les merveilles de Dieu, trouvant ses délices dans le séjour divin. Il implore Dieu de ne pas le confondre avec les impies et les meurtriers, mais de le protéger et de le racheter. Se décrivant comme innocent, il demande à Dieu de le délivrer des tyrans et des injustices. Le poète affirme avoir suivi le chemin de la justice et exprime sa gratitude pour les bienfaits divins, promettant de bénir le nom de Dieu dans son temple.
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431
p. 1168-1174
Nouvelle Edition des Ouvrages d'Origene, [titre d'après la table]
Début :
NOUVELLE EDITION des Ouvrages d'Origene, en cinq Volumes in-folio, Grecs [...]
Mots clefs :
Origène, Cause, Église, Traités, Écriture, Texte grec, Savant, Écrits, Fragments, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Edition des Ouvrages d'Origene, [titre d'après la table]
NOUVELLE EDITION des Ouvrages d'Origene
, en cinq Volumes in folio , Grecs
et Latins , par le R. P. Dom Charles de
la Rue , Religieux Benedictin de la Congrégation
de S. Maur. Les deux premiers
Volumes sont déja imprimez et se vendent
chez Jacques - Vincent , Libraire et
Imprimeur à Paris ruë S. Severin , ઢ
Ange.
I. Vol De
17336 JUIN. 1169
}
son
De tous les grands Hommes
qui ont
fait l'ornement
des premiers
siécles de
l'Eglise , il n'y en a peut- être aucun dont
le nom ait été et soit encore aussi célébre
, que celui d'Origene
, fils du S. Martyr
Léonide. Sa vie , son esprit , sa vaste
érudition
l'ont fait d'abord regarder comme
un prodige
de la Nature et de la grace ; máis cette estime universelle
dégenera
bientôt
en une persécution
presque
générale
qui s'éleva contre lui
ou par sa faute , ou par son malheur
que Démétrius qu par la jalousie
Evêque , avoit conçuë de sa réputation
. Il s'est vû chassé de son Pays , déposé du
Sacerdoce
, excommunié
même par les
deux premiers
Siéges du monde chrétien
, et par la plupart des autres , tandis
que de grands Saints soutenoient
sa cause
, et que Dieu sembloit
se déclarer pour
lui , en se servant de ses rares talens pour faire entrer dans la verité et dans le sein
de son Eglise des Ambroises
, des Grégoires
Thaumaturges
, et des Athenodores
.
Ha eu le même sort après sa mort . Des
Martyrs ont fait des Ecrits sanglans
contre
lui , et des Martyrs ont fait son Apologie.
Les uns l'ont détesté comme un
Ecrivain
pernicieux
, les autres l'ont regardé
comme le plus grand Maître qu'ait
1. Vol. Fiiij eu
1170 MERCURE DE FRANCE
eu l'Eglise après les Apôtres .
Il est donc assez surprenant que jus-`
qu'ici nous n'ayons pas encore eu rassemblez
dans un corps complet d'une
Edition éxacte , ce qui nous reste des
Ecrits d'un si grand Homme. Il est inutile
d'alléguer la collection de Merlin' , et
celle de Genebrard , puisque dès l'an
1636. une Assemblée générale du Clergé
de France les déclara insuffisantes , et
qu'elles sont encore aujourd'hui par tous
les Sçavans comptées presque pour rien ,
tant à cause de l'omission essentielle du
Texte Grec , qu'à cause de quelques
Traitez d'importance ; et d'un grand
nombre de Fragmens de conséquence qui
ne s'y trouvent pas .
L'illustre et sçavant M. Huet en avoit
promis une troisiéme ; mais quand même
il l'auroit achevée , elle n'auroit pas été
entiere , puisque les anciennes versions
dont le Texte grec est perdu , n'y au
roient pas été comprises . D'ailleurs , ce
docte Prélat est mort sans avoir même
donné la partie la plus considérable de
son Recueil ; sçavoir , les Traitez particuliers
sur des sujets qui n'ont pas un rapport
direct à l'explication de l'Ecriture-
Sainte. Il est vrai que d'autres ont publié
ces Piéces en Grec et en Latin , par-
1. Vol.
tic
JUIN. 1733.. 1171
tie avant lui , et partie après lui : mais
outre que dans leurs Editions le Texté
Grec est ordinairement tres fautif , pour
n'avoir été tiré que d'un seul Manuscrit ,
la Version latine qu'ils ont mise à côté
est souvent ou infidele , ou barbare . De
plus , presque tous ces Traitez particuliers
ont été imprimez séparément en
différens tems , en différens Pays , en différentes
formes de papier , et en trespetite
quantité d'Exemplaires : d'où il
est arrivé que quelques- uns sont aujourd'hui
tres- rares et tres chers.
Enfin , à force de chercher dans les
Manuscrits de France , d'Italie , d'An- .
gleterre et d'Allemagne , on a fait une
abondante récolte d'un tres grand nombre
de fragmens grecs qui n'avoient pas
encore vû le jour , et qui assûrent présentement
à Origene pour toujours quel
ques Commentaires et plusieurs Homelies
, que nous n'avions qu'en latin , eg
dont plusieurs Sçavans doutoient. De ce,
nombre sont les 39. Homelies sur S. Luc,
contre lesquels le Ministre Matthieu de ,
La Roque s'est inscrit en faux , et a fait
des efforts étranges , pour n'être pas obligé
de reconnoitre avec le docte Pearson
que les Lettres
de S. Ignace Martyr
, qui,
y sont citées , étoient connues
dans l'E-, 1. Fol.
Evi gli1172
MERCURE DE FRANCE
glise avant Eusebe. Presque tout le Grec
de ces 39 Homelies est aujourd'hui retrouvé.
Il est donc visible que rien n'étoit plus
nécessaire qu'une nouvelle Edition de
tout ce qui nous reste d'Origene , où
chaque Piéce soit imprimée en son rang ;
où le Grec qui nous reste se trouve revû
sur d'anciens Manuscrits, et où , quand il
manque , les anciennes Versions de Rufin
et de S. Jerôme y suppléent : le tout avec
des Notes et des Avertissemens préliminaires.
Tel est aussi le dessein de la nouvelle
Collection que nous annonçons au
Public en cinq Volumes in-folio , de la
même grandeur que les deux Tomes des
Hexaples , publiez en 1713. par le scavant
Pere Dom Bernard de Montfaucon ,
afin qu'ils puissent être placez à leur tête
ou à leur suite .
Le premier Volume renferme ce qui
nous reste des Lettres d'Origene , quelques
fragmens des Livres de la Résurrection
, et des Stromates ; les quatre Livres
des Principes , l'Exhortation au martyre ,
le Traité de la Priere , et l'Apologie de la
Religion Chrétienne en huit Livres
contre le Philosophe Celsus . On voit ensuite
en plus petits caracteres deux Traitez
supposez , sçavoir le Dialogue contre
I. Vol. les
JUIN. 1733. 1173
lés Marcionites , et le Livre intitulé Philosophica
: puis en forme d' Appendix les
Notes d'un sçavant Anglois sur le věritable
Traité de la Priere , les Remarques
d'Hoeschelius sur les huit Livres contre
Celse , et les Observations de Gronovius
sur les Philosophica. A la tête du Volume
est une Préface où l'Editeur a solidement
refuté l'opinion de ceux qui croyent que
les Ecrits d'Origene ont été corrompus
par les Hérétiques ; il rend compte en
détail de son travail sur chaque Traité
particulier. Ce Tome est terminé par
deux Index tres-amples , l'un des Passages
de l'Ecriture- Sainte , et l'autre des
choses mémorables. Il y en a toujours
deux semblables dans les suivans.
Les quatre autres Volumes contiennent
les Commentaires sur l'Ecriture. Au
commencement est une Préface qui dé
veloppe le Systême qu'Origene s'est formé
pour expliquer les Livres saints , et
l'Editeur fait voir les dangéreuses conséquences
qu'on en peut tirer. Le dernier
des cinq Volumes finit par la Vie d'Origene
, et par plusieurs Dissertations sur
ses sentimens , qui de son vivant ont causé
de grands troubles dans l'Eglise , et de
plus grands encore après sa mort.
Le caractere et le papier sont d'une
I:Vol. F vj
beausé
1174 MERCURE DE FRANCE
beauté qui fait honneur au Libraire.
, en cinq Volumes in folio , Grecs
et Latins , par le R. P. Dom Charles de
la Rue , Religieux Benedictin de la Congrégation
de S. Maur. Les deux premiers
Volumes sont déja imprimez et se vendent
chez Jacques - Vincent , Libraire et
Imprimeur à Paris ruë S. Severin , ઢ
Ange.
I. Vol De
17336 JUIN. 1169
}
son
De tous les grands Hommes
qui ont
fait l'ornement
des premiers
siécles de
l'Eglise , il n'y en a peut- être aucun dont
le nom ait été et soit encore aussi célébre
, que celui d'Origene
, fils du S. Martyr
Léonide. Sa vie , son esprit , sa vaste
érudition
l'ont fait d'abord regarder comme
un prodige
de la Nature et de la grace ; máis cette estime universelle
dégenera
bientôt
en une persécution
presque
générale
qui s'éleva contre lui
ou par sa faute , ou par son malheur
que Démétrius qu par la jalousie
Evêque , avoit conçuë de sa réputation
. Il s'est vû chassé de son Pays , déposé du
Sacerdoce
, excommunié
même par les
deux premiers
Siéges du monde chrétien
, et par la plupart des autres , tandis
que de grands Saints soutenoient
sa cause
, et que Dieu sembloit
se déclarer pour
lui , en se servant de ses rares talens pour faire entrer dans la verité et dans le sein
de son Eglise des Ambroises
, des Grégoires
Thaumaturges
, et des Athenodores
.
Ha eu le même sort après sa mort . Des
Martyrs ont fait des Ecrits sanglans
contre
lui , et des Martyrs ont fait son Apologie.
Les uns l'ont détesté comme un
Ecrivain
pernicieux
, les autres l'ont regardé
comme le plus grand Maître qu'ait
1. Vol. Fiiij eu
1170 MERCURE DE FRANCE
eu l'Eglise après les Apôtres .
Il est donc assez surprenant que jus-`
qu'ici nous n'ayons pas encore eu rassemblez
dans un corps complet d'une
Edition éxacte , ce qui nous reste des
Ecrits d'un si grand Homme. Il est inutile
d'alléguer la collection de Merlin' , et
celle de Genebrard , puisque dès l'an
1636. une Assemblée générale du Clergé
de France les déclara insuffisantes , et
qu'elles sont encore aujourd'hui par tous
les Sçavans comptées presque pour rien ,
tant à cause de l'omission essentielle du
Texte Grec , qu'à cause de quelques
Traitez d'importance ; et d'un grand
nombre de Fragmens de conséquence qui
ne s'y trouvent pas .
L'illustre et sçavant M. Huet en avoit
promis une troisiéme ; mais quand même
il l'auroit achevée , elle n'auroit pas été
entiere , puisque les anciennes versions
dont le Texte grec est perdu , n'y au
roient pas été comprises . D'ailleurs , ce
docte Prélat est mort sans avoir même
donné la partie la plus considérable de
son Recueil ; sçavoir , les Traitez particuliers
sur des sujets qui n'ont pas un rapport
direct à l'explication de l'Ecriture-
Sainte. Il est vrai que d'autres ont publié
ces Piéces en Grec et en Latin , par-
1. Vol.
tic
JUIN. 1733.. 1171
tie avant lui , et partie après lui : mais
outre que dans leurs Editions le Texté
Grec est ordinairement tres fautif , pour
n'avoir été tiré que d'un seul Manuscrit ,
la Version latine qu'ils ont mise à côté
est souvent ou infidele , ou barbare . De
plus , presque tous ces Traitez particuliers
ont été imprimez séparément en
différens tems , en différens Pays , en différentes
formes de papier , et en trespetite
quantité d'Exemplaires : d'où il
est arrivé que quelques- uns sont aujourd'hui
tres- rares et tres chers.
Enfin , à force de chercher dans les
Manuscrits de France , d'Italie , d'An- .
gleterre et d'Allemagne , on a fait une
abondante récolte d'un tres grand nombre
de fragmens grecs qui n'avoient pas
encore vû le jour , et qui assûrent présentement
à Origene pour toujours quel
ques Commentaires et plusieurs Homelies
, que nous n'avions qu'en latin , eg
dont plusieurs Sçavans doutoient. De ce,
nombre sont les 39. Homelies sur S. Luc,
contre lesquels le Ministre Matthieu de ,
La Roque s'est inscrit en faux , et a fait
des efforts étranges , pour n'être pas obligé
de reconnoitre avec le docte Pearson
que les Lettres
de S. Ignace Martyr
, qui,
y sont citées , étoient connues
dans l'E-, 1. Fol.
Evi gli1172
MERCURE DE FRANCE
glise avant Eusebe. Presque tout le Grec
de ces 39 Homelies est aujourd'hui retrouvé.
Il est donc visible que rien n'étoit plus
nécessaire qu'une nouvelle Edition de
tout ce qui nous reste d'Origene , où
chaque Piéce soit imprimée en son rang ;
où le Grec qui nous reste se trouve revû
sur d'anciens Manuscrits, et où , quand il
manque , les anciennes Versions de Rufin
et de S. Jerôme y suppléent : le tout avec
des Notes et des Avertissemens préliminaires.
Tel est aussi le dessein de la nouvelle
Collection que nous annonçons au
Public en cinq Volumes in-folio , de la
même grandeur que les deux Tomes des
Hexaples , publiez en 1713. par le scavant
Pere Dom Bernard de Montfaucon ,
afin qu'ils puissent être placez à leur tête
ou à leur suite .
Le premier Volume renferme ce qui
nous reste des Lettres d'Origene , quelques
fragmens des Livres de la Résurrection
, et des Stromates ; les quatre Livres
des Principes , l'Exhortation au martyre ,
le Traité de la Priere , et l'Apologie de la
Religion Chrétienne en huit Livres
contre le Philosophe Celsus . On voit ensuite
en plus petits caracteres deux Traitez
supposez , sçavoir le Dialogue contre
I. Vol. les
JUIN. 1733. 1173
lés Marcionites , et le Livre intitulé Philosophica
: puis en forme d' Appendix les
Notes d'un sçavant Anglois sur le věritable
Traité de la Priere , les Remarques
d'Hoeschelius sur les huit Livres contre
Celse , et les Observations de Gronovius
sur les Philosophica. A la tête du Volume
est une Préface où l'Editeur a solidement
refuté l'opinion de ceux qui croyent que
les Ecrits d'Origene ont été corrompus
par les Hérétiques ; il rend compte en
détail de son travail sur chaque Traité
particulier. Ce Tome est terminé par
deux Index tres-amples , l'un des Passages
de l'Ecriture- Sainte , et l'autre des
choses mémorables. Il y en a toujours
deux semblables dans les suivans.
Les quatre autres Volumes contiennent
les Commentaires sur l'Ecriture. Au
commencement est une Préface qui dé
veloppe le Systême qu'Origene s'est formé
pour expliquer les Livres saints , et
l'Editeur fait voir les dangéreuses conséquences
qu'on en peut tirer. Le dernier
des cinq Volumes finit par la Vie d'Origene
, et par plusieurs Dissertations sur
ses sentimens , qui de son vivant ont causé
de grands troubles dans l'Eglise , et de
plus grands encore après sa mort.
Le caractere et le papier sont d'une
I:Vol. F vj
beausé
1174 MERCURE DE FRANCE
beauté qui fait honneur au Libraire.
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Résumé : Nouvelle Edition des Ouvrages d'Origene, [titre d'après la table]
Le texte annonce la publication d'une nouvelle édition des œuvres d'Origène, un théologien des premiers siècles de l'Église, en cinq volumes in-folio, en grec et en latin, par le R. P. Dom Charles de la Rue, bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur. Les deux premiers volumes sont déjà imprimés et disponibles chez Jacques-Vincent, libraire à Paris. Origène, fils du martyr Léonide, est reconnu pour son érudition et son esprit, mais il a également été sujet à des persécutions et des controverses. Déposé du sacerdoce et excommunié par les principaux sièges chrétiens, il a néanmoins influencé de grands saints comme Ambroise et Grégoire de Nazianze. Après sa mort, les avis sur son œuvre restent partagés, certains le considérant comme un écrivain pernicieux, d'autres comme un maître éminent. Les précédentes collections de ses écrits, comme celles de Merlin et Genebrard, sont jugées insuffisantes par les savants. Une nouvelle édition est donc nécessaire pour rassembler et corriger les textes grecs et latins, souvent fautifs ou incomplets. Cette nouvelle édition inclut des fragments grecs récemment retrouvés et des commentaires sur l'Écriture Sainte. Le premier volume contient des lettres, des fragments de divers ouvrages, et des traités comme 'Les Principes' et 'L'Apologie contre Celsus'. Les volumes suivants contiennent des commentaires sur les Livres saints, une préface expliquant le système d'Origène pour interpréter les Écritures, et des dissertations sur ses sentiments controversés. L'édition est présentée avec soin, utilisant un caractère et un papier de qualité.
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432
p. 1192-1194
Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Début :
Le Public paroît trop attentif à tout ce qui regarde le vaste et superbe Edifice de l'Eglise de [...]
Mots clefs :
Servandoni, Église, Portail, Église de Saint-Sulpice, Cérémonie, Croix, Clergé, Architecte
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texteReconnaissance textuelle : Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Grand Portail de saint Sulpice.
CEREMONIE.
Le Public paroît trop attentif à tout ce qu
regarde le vaste ce superbe Edifice de l'Eglise de
S. Sulpice , pour ne pas lui faire part de la Cérémonie
qu'on fit le Lundy 11 May , jour
que l'on commença à creuser les fondemens du
grand Portail,
Elle commença par une Messe basse du S.Esprit,
célébrée à 8 heures du matin par M. le Curé ,
dont la piété et les grandes lumieres , sçavent sibien
allier le pieux et l'édifiant des Cérémonies
de l'Eglise , à ce qu'elles ont d'auguste et de
pompeux.
Le Clergé chanta pendant la Messe la Prose
du S. Esprit. Tous les Ouvriers du Bâtiment ỳ
assisterent , rangez sur deux lignes dans la Nef,
et il y eut un tres grand concours de Peuple .
Après la Messe , on fit une Procession en dehors
de l'Eglise , dans l'ordre suivant.
·
Tous les Massons et Ouvriers , au nombre de
I. Vol. près
JUIN. 1733. 1193
près de 200 , étoient précédez par une Banniere,
ornée de Festons de fleurs , d'un goût ingénieux
et tout-à-fait nouveau , chaque Artiste portoit
le principal Instrument de sa profession . La
Croix d'argent de la Paroisse venoit ensuite ,
portée par un Prêtre en Chape , et suivie de
tout le Clergé. M. le Curé marchoit le dernier ,
entre Mrs le Moine et Servandoni . Le premier a
peint le Plafond de la Chapelle de la Vierge,dont
nous avons donné la description dans le Mercure
de Mars , et le second est l'Architecte depuis
quelques années des travaux qu'on fait à
Saint Sulpice , et l'Auteur du dessein du Grand
Portail qu'on va construire . Le Dessein étoit attaché
à la Croix dont on vient de parler. Le
modele en relief a été exposé à la censure publique
pendant uri an, et admiré des plus grands
connoisseurs , comme un des plus beaux morceaux
d'Architecture qu'on puisse exécuter.
M. le Curé , accompagné de Mrs les Marguilliers,
s'arrêta avec tout le Clergé, à l'endroit
où la Fouille pour les fondations du Grand Portail
devoit se faire ; et ce digne Pasteur s'étant
tourné vers l'Eglise , entonna quelques Versets .
de l'Hymne de la Ste Vierge , ausquels le Peuple
qui étoit accouru en foule , répondit avec
beaucoup de zéle , de modestie et de religion.
Après l'Oraison , un Maître de Cérémonie en
Chape , présenta à M. le Curé une Pioche ,
avec laquelle il donna quelques coups , pour
commencer à ouvrir la terre et présenta le même
Outil à quelques personnes des plus distinguées
, ce qui termina cette Cérémonie. La Procession
rentra dans l'Eglise par la grande Porte,
en chantant le Te Deum , après quoi tous les
Travailleurs se mirent à l'Ouvrage.
I. Vol. Cc G iiij
1194 MERCURE DE FRANCE
Ce jour-là , le Chevalier Nicolas Servandoni ,
natif de Florence, Peintre et Architecte du Roy,
en ses Académies Royales de Peinture, Sculpture
et Architecture , étoit décoré du Colier de
POrdre de S. Jean de Latran , qu'il avoit reçu
des mains de Monsieur le Nonce . Le Pape a accordé
cette grace à cet habile Artiste, par sa Patente
, du 6 Mars 1732. qui le fait , crée et constituë
Chevalier du sacré Palais Apostolique et
Comte de S. Jean de Latran , en considération
de ses rares talens , de sa capacité et de ses Ouvrages
, et particulierement à l'occasion de la
premiere Pierre du Grand Autel de S. Sulpice ,
posée l'année derniere , au nom de Sa Sainteté ,
par son Excellence M. Delci , Nonce en France
; assisté du Chevalier Servandoni , faisant les
fonctions d'Architecte de ce grand Edifice. La
Croix qui pend au bas de son Cordon , enrichie
de Diamans brillans , est un présent de ce Prélat.
Le Koy a permis au Chevalier Servandoni de
porter cette marque d'honneur et de distinction ,
dont les plus celebres Artistes ont été décorez ,
comme le Cavalier Bernin , Carle Marat ,
et il a reçu à cette occasion une Lettre fort gracieuse
du Ministre , qui marque le cas que S.M.
fait du sieur Servandoni.
&c.
Nous donnerons incessamment une Description
exacte de cet Edifice , sur les Plans , les Coupes
, Profils , et Modéles en relief , exposez aux
yeux du Public , avec tous les dévelopemens et
ornemens de chaque Partie , qu'on exécute actuellement.
CEREMONIE.
Le Public paroît trop attentif à tout ce qu
regarde le vaste ce superbe Edifice de l'Eglise de
S. Sulpice , pour ne pas lui faire part de la Cérémonie
qu'on fit le Lundy 11 May , jour
que l'on commença à creuser les fondemens du
grand Portail,
Elle commença par une Messe basse du S.Esprit,
célébrée à 8 heures du matin par M. le Curé ,
dont la piété et les grandes lumieres , sçavent sibien
allier le pieux et l'édifiant des Cérémonies
de l'Eglise , à ce qu'elles ont d'auguste et de
pompeux.
Le Clergé chanta pendant la Messe la Prose
du S. Esprit. Tous les Ouvriers du Bâtiment ỳ
assisterent , rangez sur deux lignes dans la Nef,
et il y eut un tres grand concours de Peuple .
Après la Messe , on fit une Procession en dehors
de l'Eglise , dans l'ordre suivant.
·
Tous les Massons et Ouvriers , au nombre de
I. Vol. près
JUIN. 1733. 1193
près de 200 , étoient précédez par une Banniere,
ornée de Festons de fleurs , d'un goût ingénieux
et tout-à-fait nouveau , chaque Artiste portoit
le principal Instrument de sa profession . La
Croix d'argent de la Paroisse venoit ensuite ,
portée par un Prêtre en Chape , et suivie de
tout le Clergé. M. le Curé marchoit le dernier ,
entre Mrs le Moine et Servandoni . Le premier a
peint le Plafond de la Chapelle de la Vierge,dont
nous avons donné la description dans le Mercure
de Mars , et le second est l'Architecte depuis
quelques années des travaux qu'on fait à
Saint Sulpice , et l'Auteur du dessein du Grand
Portail qu'on va construire . Le Dessein étoit attaché
à la Croix dont on vient de parler. Le
modele en relief a été exposé à la censure publique
pendant uri an, et admiré des plus grands
connoisseurs , comme un des plus beaux morceaux
d'Architecture qu'on puisse exécuter.
M. le Curé , accompagné de Mrs les Marguilliers,
s'arrêta avec tout le Clergé, à l'endroit
où la Fouille pour les fondations du Grand Portail
devoit se faire ; et ce digne Pasteur s'étant
tourné vers l'Eglise , entonna quelques Versets .
de l'Hymne de la Ste Vierge , ausquels le Peuple
qui étoit accouru en foule , répondit avec
beaucoup de zéle , de modestie et de religion.
Après l'Oraison , un Maître de Cérémonie en
Chape , présenta à M. le Curé une Pioche ,
avec laquelle il donna quelques coups , pour
commencer à ouvrir la terre et présenta le même
Outil à quelques personnes des plus distinguées
, ce qui termina cette Cérémonie. La Procession
rentra dans l'Eglise par la grande Porte,
en chantant le Te Deum , après quoi tous les
Travailleurs se mirent à l'Ouvrage.
I. Vol. Cc G iiij
1194 MERCURE DE FRANCE
Ce jour-là , le Chevalier Nicolas Servandoni ,
natif de Florence, Peintre et Architecte du Roy,
en ses Académies Royales de Peinture, Sculpture
et Architecture , étoit décoré du Colier de
POrdre de S. Jean de Latran , qu'il avoit reçu
des mains de Monsieur le Nonce . Le Pape a accordé
cette grace à cet habile Artiste, par sa Patente
, du 6 Mars 1732. qui le fait , crée et constituë
Chevalier du sacré Palais Apostolique et
Comte de S. Jean de Latran , en considération
de ses rares talens , de sa capacité et de ses Ouvrages
, et particulierement à l'occasion de la
premiere Pierre du Grand Autel de S. Sulpice ,
posée l'année derniere , au nom de Sa Sainteté ,
par son Excellence M. Delci , Nonce en France
; assisté du Chevalier Servandoni , faisant les
fonctions d'Architecte de ce grand Edifice. La
Croix qui pend au bas de son Cordon , enrichie
de Diamans brillans , est un présent de ce Prélat.
Le Koy a permis au Chevalier Servandoni de
porter cette marque d'honneur et de distinction ,
dont les plus celebres Artistes ont été décorez ,
comme le Cavalier Bernin , Carle Marat ,
et il a reçu à cette occasion une Lettre fort gracieuse
du Ministre , qui marque le cas que S.M.
fait du sieur Servandoni.
&c.
Nous donnerons incessamment une Description
exacte de cet Edifice , sur les Plans , les Coupes
, Profils , et Modéles en relief , exposez aux
yeux du Public , avec tous les dévelopemens et
ornemens de chaque Partie , qu'on exécute actuellement.
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Résumé : Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Le 11 mai 1733, une cérémonie marqua le début des travaux de construction du grand portail de l'église Saint-Sulpice à Paris. La journée débuta par une messe basse du Saint-Esprit célébrée à 8 heures du matin par le curé, reconnu pour sa piété et ses grandes lumières. Pendant la messe, le clergé chanta la prose du Saint-Esprit, et les ouvriers du bâtiment assistèrent à la cérémonie, alignés dans la nef. Un grand nombre de fidèles participèrent également à l'événement. Après la messe, une procession eut lieu en dehors de l'église. Environ 200 maçons et ouvriers, précédés par une bannière ornée de festons de fleurs, portaient chacun l'instrument principal de leur profession. La croix d'argent de la paroisse, portée par un prêtre en chape, suivait, accompagnée de tout le clergé. Le curé marchait en dernier, entre les moines et Servandoni, l'architecte des travaux de Saint-Sulpice et auteur du dessein du grand portail. Le modèle en relief du portail avait été exposé et admiré pendant un an. Le curé, accompagné des marguilliers, s'arrêta à l'endroit où les fouilles pour les fondations devaient commencer. Il entonna des versets de l'hymne de la Sainte Vierge, auxquels le peuple répondit avec zèle et modestie. Après une oraison, un maître de cérémonie présenta une pioche au curé, qui donna quelques coups pour commencer les travaux. Quelques personnes distinguées firent de même. La procession rentra ensuite dans l'église en chantant le Te Deum, après quoi les travailleurs commencèrent leur ouvrage. Ce jour-là, le chevalier Nicolas Servandoni, peintre et architecte du roi, fut décoré du collier de l'Ordre de Saint-Jean de Latran par le nonce apostolique. Cette distinction, accordée par le pape, reconnaissait les talents et les œuvres de Servandoni, notamment sa contribution à la première pierre du grand autel de Saint-Sulpice posée l'année précédente. Le roi permit à Servandoni de porter cette marque d'honneur, déjà décernée à des artistes célèbres comme le Cavalier Bernin et Carle Marat.
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433
p. 1223-1224
ITALIE.
Début :
Le Pape signa le 9. May, le Jugement rendu par la Congrégation de Nonnullis, contre le [...]
Mots clefs :
Cardinal Coscia, Pape, Jugement, Revenus, Château Saint-Ange
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
E Pape signa le 9. May , le Jugement rendu
par la Congrégation de Nonnullis , contre le
Cardinal Coscia. Il a été rendu public et porte
que ce Cardinal restera prisonnier pendant dix
ans dans le Donjon du Château S. Ange ; qu'il
sera pendant le même temps privé de voix active
et passive dans l'Election d'un Pape ; qu'il ne sera
pas permis aux Cardinaux de l'appeller au Conelave
; et que si malgré cette deffense il y étoit
entré , l'Election dans laquelle il auroit donné sa
voix , sera nulle ; que jusqu'à- ce qu'il ait restitué
toutes les sommes qu'il a acquises par des voyes
illégitimes , il restera excommunié sans pouvoir
être absous par aucune autre personne que par
S. S. hors in articulo mortis ; que les sommes
provenantes de la restitution à laquelle il est condamné
, seront distribuées aux pauvres , suivant
la disposition des Bulles Apostoliques ; que préalablement
il payera 100. mille ducats qui seront
employez au soulagement des pauvres Paroisses
du Royaume de Hongrie ; que les revenus de ses
Abbayes de sainte Sophie et de S. Marc in Lermis
seront administrez par les Commissaires
qui seront nommez par le Pape , et qu'il ne conservera
aucune Jurisdiction spirituelle ni temporelle
sur les deux Abbayes , et sur tous les Benefices
ayant charge d'ames .
Aussi tôt que le Pape eut signé ce Jugement ,
il fut signifié au Cardinal Coscia , lequel après
avoir demeuré quelque temps sans parler , demanda
une Cassette, sous prétexte qu'il avoit be- L. Vol
soim
1224 MERCURE DE FRANCE
soin d'y prendre quelques Elexirs , et l'Officier
qui commandoit la Garde mise auprès de lui de
puis le 28. d'Avril , y ayant trouvé deux paquets.
de papiers , s'en saisit et les envoya à M. Ricci ,
Commissaire General des Armées , qui les porta
au Cardinal Secretaire d'Etat ; le soir on condui .
sit le Cardinal Coscia au Château S. Ange , et le
bruit court que M. Coscia , son frere , sera relégué
dans la Citadelle de Perouse.
Le Pape a déclaré qu'il vouloit non- seulement
que le Jugement prononcé coutre le Cardinal
Coscia , fút executé dans toute sa rigueur , mais
encore que ce Cardinal subît les peines portées .
par l'ancien Decret publié contre lui , par lequel
il étoit ordonné que pour être sorti de l'Etat Ecclesiastique
sans permission , et pour n'être point
revenu dans le terme de six mois , qui lui avoit
été accordé , il seroit interdit de toutes fonctions
Ecclesiastiques , privé de ses revenus , ainsi que
de toutes prérogatives , immunitez et exemptions
et même de l'entrée de l'Eglise , incapable de
conférer aucun Benefice , et de disposer par testament
d'aucun des biens qu'il avoit reçûs du
S. Siege.
La République de Génes a accordé la liberté
aux quatre Chefs des Mécontens de l'Ile de
Corse ; Don Louis Clafferi et l'Abbé Astelli ,
deux d'entre eux ont même obtenu du Gouvernement
, le premier , une pension de cent écus
par mois , avec Commission de Capitaine , er le
second, un Bencfice ; les deux autres ont refusé
d'être élargis , parce qu'on n'a pas voulu leur
permettre de retourner en Corse , où ils ont des
revenus considérables .
E Pape signa le 9. May , le Jugement rendu
par la Congrégation de Nonnullis , contre le
Cardinal Coscia. Il a été rendu public et porte
que ce Cardinal restera prisonnier pendant dix
ans dans le Donjon du Château S. Ange ; qu'il
sera pendant le même temps privé de voix active
et passive dans l'Election d'un Pape ; qu'il ne sera
pas permis aux Cardinaux de l'appeller au Conelave
; et que si malgré cette deffense il y étoit
entré , l'Election dans laquelle il auroit donné sa
voix , sera nulle ; que jusqu'à- ce qu'il ait restitué
toutes les sommes qu'il a acquises par des voyes
illégitimes , il restera excommunié sans pouvoir
être absous par aucune autre personne que par
S. S. hors in articulo mortis ; que les sommes
provenantes de la restitution à laquelle il est condamné
, seront distribuées aux pauvres , suivant
la disposition des Bulles Apostoliques ; que préalablement
il payera 100. mille ducats qui seront
employez au soulagement des pauvres Paroisses
du Royaume de Hongrie ; que les revenus de ses
Abbayes de sainte Sophie et de S. Marc in Lermis
seront administrez par les Commissaires
qui seront nommez par le Pape , et qu'il ne conservera
aucune Jurisdiction spirituelle ni temporelle
sur les deux Abbayes , et sur tous les Benefices
ayant charge d'ames .
Aussi tôt que le Pape eut signé ce Jugement ,
il fut signifié au Cardinal Coscia , lequel après
avoir demeuré quelque temps sans parler , demanda
une Cassette, sous prétexte qu'il avoit be- L. Vol
soim
1224 MERCURE DE FRANCE
soin d'y prendre quelques Elexirs , et l'Officier
qui commandoit la Garde mise auprès de lui de
puis le 28. d'Avril , y ayant trouvé deux paquets.
de papiers , s'en saisit et les envoya à M. Ricci ,
Commissaire General des Armées , qui les porta
au Cardinal Secretaire d'Etat ; le soir on condui .
sit le Cardinal Coscia au Château S. Ange , et le
bruit court que M. Coscia , son frere , sera relégué
dans la Citadelle de Perouse.
Le Pape a déclaré qu'il vouloit non- seulement
que le Jugement prononcé coutre le Cardinal
Coscia , fút executé dans toute sa rigueur , mais
encore que ce Cardinal subît les peines portées .
par l'ancien Decret publié contre lui , par lequel
il étoit ordonné que pour être sorti de l'Etat Ecclesiastique
sans permission , et pour n'être point
revenu dans le terme de six mois , qui lui avoit
été accordé , il seroit interdit de toutes fonctions
Ecclesiastiques , privé de ses revenus , ainsi que
de toutes prérogatives , immunitez et exemptions
et même de l'entrée de l'Eglise , incapable de
conférer aucun Benefice , et de disposer par testament
d'aucun des biens qu'il avoit reçûs du
S. Siege.
La République de Génes a accordé la liberté
aux quatre Chefs des Mécontens de l'Ile de
Corse ; Don Louis Clafferi et l'Abbé Astelli ,
deux d'entre eux ont même obtenu du Gouvernement
, le premier , une pension de cent écus
par mois , avec Commission de Capitaine , er le
second, un Bencfice ; les deux autres ont refusé
d'être élargis , parce qu'on n'a pas voulu leur
permettre de retourner en Corse , où ils ont des
revenus considérables .
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Résumé : ITALIE.
Le 9 mai, le Pape a signé un jugement de la Congrégation de Nonnullis condamnant le Cardinal Coscia à dix ans de prison au Château Saint-Ange. Ce jugement le prive de ses droits de vote lors des élections papales et interdit aux cardinaux de l'appeler au conclave. Toute élection où Coscia aurait voté serait nulle. Il reste excommunié jusqu'à la restitution des sommes acquises illégalement, qui seront distribuées aux pauvres. Il doit également payer 100 000 ducats pour aider les paroisses du Royaume de Hongrie. Les revenus de ses abbayes seront administrés par des commissaires nommés par le Pape, et il perd toute juridiction sur ces abbayes et bénéfices. Après la signature du jugement, des papiers compromettants ont été trouvés en sa possession. Le Pape a également déclaré que Coscia subirait les peines d'un ancien décret pour être sorti de l'État ecclésiastique sans permission. Par ailleurs, la République de Gênes a libéré quatre chefs des mécontents de l'île de Corse, accordant à deux d'entre eux des pensions et des bénéfices, tandis que les deux autres ont refusé la liberté pour ne pas pouvoir retourner en Corse.
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434
p. 1226-1229
« Le 26. May, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, tinrent leur Assemblée [...] »
Début :
Le 26. May, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, tinrent leur Assemblée [...]
Mots clefs :
Roi, Assemblée, Doctrine chrétienne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 26. May, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, tinrent leur Assemblée [...] »
E 26. May , les Prêtres de la Doctrihe
Chrétienne , tinrent leur Assemblée
Générale en cette Ville dans leur
1. Vol. Maison
MA Y. 1733 1227
Maison de S. Charles. Après la Messe
du S. Esprit , M. Hérault , Conseiller d'Etat
, nommé Commissaire par le Roy
pour y présider , en fit l'ouverture par
un Discours très- poli et très- éloquent ,
rempli sur tout de témoignages d'estime
et de consideration pour la Congrégation
de la Doctrine Chrétienne.
L'Assemblée cut d'autant plus lieu
d'être contente de ce Magistrat , qu'il
déclara expressément ne venir que dans
un esprit de paix , et qu'en effet il ne
proposa rien qui fût capable ni de bløsser
les sentimens , ni de gêner la liberté
des suffrages de ceux ausquels il parloit ;
aussi tout s'est- il passé dans une tranquillité
parfaite et dans une intelligence
si grande que dès ce jour là même et
à la premiere nomination , le Pere Bacarere
a été élû Superieur Général . Ce
Pere étoit actuellement Assistant pour
la troisième foit.
M. Herault, en sortant de l'Assemblée ,
ne put s'empêcher de marquer combien
il étoit édifié et satisfait de la maniere
dont toutes les choses s'étoient passées
dans cette Election . La Congrégation
espere beaucoup de la sagesse de ce nouveau
Général .
1. Vol.
Le
# 228 MERCURE DE FRANCE
Le Marquis de Chalmazel , que le Roy
a nommé son Envoyé Extraordinaire pour
aller complimenter l'Electeur de Saxe
sur la mort du Roy de Pologne , som
Pere , partit le 2. de ce mois pour se rendre
à Dresde.
Le 4. Fête du S. Sacrement , le Roy
accompagné du Duc d'Orleans , du Prince
de Conty , du Prince de Dombes , du
Comte d'Eu , et de ses principaux Officiers
, se rendit à l'Eglise de la Paroisse
de Versailles , où S.M. entendit la grand'-
Messe après avoir assisté à la Proces
sion qui alla , suivant l'usage , à la Chapelle
du Château.
Le même jour , il y eut Concert Spirituel
au Château des Tuilleries ; on
y chanta deux Motets de M. de la Lande,
dont l'exécution fit beaucoup de plaisir
; la Dile le Maure chanta seule un
Motet , qui fut tres- applaudi . Le sicur
le Clair l'aîné , dont on a déja eu occasion
de parler plusieurs fois au sujet de
differens Ouvrages qu'il a donnez au pu-'
blic , joiia un nouveau Concerto de sa
composition , qui fut généralement goûté
et applaudi par une tres nombreuse
assemblée.
尊
1. Vol Le
JUIN. 1733 . 1229
Le 7 Juin , le R. P. Bacarere , nouveau
General de la Doctrine Chrétienne
eut l'honneur de saluer le Roy , accompagné
de ses Assistans. Il fut présenté à
Sa Majesté par S. E. M. le Cardinal de
Fleury ; et fit un petit Discours que S.M.
écouta avec bonté.
Il alla ensuite chez les Ministres et les
principaux Seigneurs de la Cour , qui lui
firent compliment sur sa nouvelle Digni
té de General.
Le 12. le Roy partit de Versailles pour
aller à Compiegne.
Chrétienne , tinrent leur Assemblée
Générale en cette Ville dans leur
1. Vol. Maison
MA Y. 1733 1227
Maison de S. Charles. Après la Messe
du S. Esprit , M. Hérault , Conseiller d'Etat
, nommé Commissaire par le Roy
pour y présider , en fit l'ouverture par
un Discours très- poli et très- éloquent ,
rempli sur tout de témoignages d'estime
et de consideration pour la Congrégation
de la Doctrine Chrétienne.
L'Assemblée cut d'autant plus lieu
d'être contente de ce Magistrat , qu'il
déclara expressément ne venir que dans
un esprit de paix , et qu'en effet il ne
proposa rien qui fût capable ni de bløsser
les sentimens , ni de gêner la liberté
des suffrages de ceux ausquels il parloit ;
aussi tout s'est- il passé dans une tranquillité
parfaite et dans une intelligence
si grande que dès ce jour là même et
à la premiere nomination , le Pere Bacarere
a été élû Superieur Général . Ce
Pere étoit actuellement Assistant pour
la troisième foit.
M. Herault, en sortant de l'Assemblée ,
ne put s'empêcher de marquer combien
il étoit édifié et satisfait de la maniere
dont toutes les choses s'étoient passées
dans cette Election . La Congrégation
espere beaucoup de la sagesse de ce nouveau
Général .
1. Vol.
Le
# 228 MERCURE DE FRANCE
Le Marquis de Chalmazel , que le Roy
a nommé son Envoyé Extraordinaire pour
aller complimenter l'Electeur de Saxe
sur la mort du Roy de Pologne , som
Pere , partit le 2. de ce mois pour se rendre
à Dresde.
Le 4. Fête du S. Sacrement , le Roy
accompagné du Duc d'Orleans , du Prince
de Conty , du Prince de Dombes , du
Comte d'Eu , et de ses principaux Officiers
, se rendit à l'Eglise de la Paroisse
de Versailles , où S.M. entendit la grand'-
Messe après avoir assisté à la Proces
sion qui alla , suivant l'usage , à la Chapelle
du Château.
Le même jour , il y eut Concert Spirituel
au Château des Tuilleries ; on
y chanta deux Motets de M. de la Lande,
dont l'exécution fit beaucoup de plaisir
; la Dile le Maure chanta seule un
Motet , qui fut tres- applaudi . Le sicur
le Clair l'aîné , dont on a déja eu occasion
de parler plusieurs fois au sujet de
differens Ouvrages qu'il a donnez au pu-'
blic , joiia un nouveau Concerto de sa
composition , qui fut généralement goûté
et applaudi par une tres nombreuse
assemblée.
尊
1. Vol Le
JUIN. 1733 . 1229
Le 7 Juin , le R. P. Bacarere , nouveau
General de la Doctrine Chrétienne
eut l'honneur de saluer le Roy , accompagné
de ses Assistans. Il fut présenté à
Sa Majesté par S. E. M. le Cardinal de
Fleury ; et fit un petit Discours que S.M.
écouta avec bonté.
Il alla ensuite chez les Ministres et les
principaux Seigneurs de la Cour , qui lui
firent compliment sur sa nouvelle Digni
té de General.
Le 12. le Roy partit de Versailles pour
aller à Compiegne.
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Résumé : « Le 26. May, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, tinrent leur Assemblée [...] »
Le 26 mai 1733, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne tinrent leur Assemblée Générale à Paris. M. Hérault, Conseiller d'État et Commissaire du Roi, ouvrit l'assemblée en témoignant d'estime et de considération pour la congrégation. L'élection du Supérieur Général se déroula dans la tranquillité, et le Père Bacarere fut élu dès le premier tour. M. Hérault exprima sa satisfaction quant au déroulement de l'élection. Le même mois, le Marquis de Chalmazel partit pour Dresde afin de complimenter l'Électeur de Saxe sur la mort du Roi de Pologne. Le 4 mai, le Roi assista à la fête du Saint-Sacrement à Versailles et à une procession au château, suivie d'un concert spirituel aux Tuileries. Le 7 juin, le Père Bacarere salua le Roi et fut présenté par le Cardinal de Fleury. Il rendit ensuite visite aux ministres et principaux seigneurs de la cour. Le 12 juin, le Roi partit de Versailles pour se rendre à Compiègne.
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435
p. 1237-1240
« Le Samedy 16 May, les RR. PP. Dominiquains du Noviciat Général, du [...] »
Début :
Le Samedy 16 May, les RR. PP. Dominiquains du Noviciat Général, du [...]
Mots clefs :
Église, Noviciat général, Faubourg Saint-Germain, Coeur, Sanctuaire, Dominicains, Catherine de Ricci
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Samedy 16 May, les RR. PP. Dominiquains du Noviciat Général, du [...] »
Le Samedy 16 May , les RR . PP, Dominiquains
du Noviciat Général , du
Faubourg S. Germain , firent l'ouverture
d'une Solemnité , qui devoit durer'
trois jours dans leur Eglise, au sujet de la
Béatification de la Bienheureuse Catherine
de Ricci , Religieuse Prof.sse du Tiers-
Ordre de S. Dominique , au Monastere
de la Ville de Prato , dans la Toscane. La
Cérémonie commença par la publication
de la Bulle , accordée par N.S.P. le Pape
Clement XII. à l'instance du Grand Duc
de Toscane , et de tout l'Ordre de Saint
Dominique.
L'Eglise du Noviciat , l'une des plus
régulieres de Paris , étoit magnifiquement
ornée ; le Sanctuaire éclairé de plusieurs
Lustres , et le Maître Autel enrichi de
quantité de Reliquaires , de Vases , et de
Chandeliers d'argent. Le Portrait de la
Bienheureuse , paroissoit élevé au milieu
d'ure Gloire , sous le grand ceintre , qui
1. Vol. Iij sé1238
MERCURE DE FRANCE
sépare le Choeur du Sanctuaire , d'où
pendoient des Guirlandes , et de longs
Festons , soutenus par des Anges.
,
Le lendemain Dimanche , M. Menay ,
Chanoine Régulier de la Congrégation
de S. Antoine , prononça après Vêpres ,
le Panégyrique avec beaucoup de succès ;
et quelque temps après la Communauté
des RR. PP. Benedictins de l'Abbaye
Royale de S. Germain Desprez , vint processionnellement
chanter le Salut
l'Officiant donna la Benediction du tres-
Saint Sacrement. Le Lundy , la Commu
nauté des RR. PP. Augustins du Fauxbourg
S. Germain ; et le Mardy , celle des
RR. PP . Prémontrez , du même Fauxbourg
, firent les mêmes Cérémonies, qui
furent terminées par un Te Deum , sọ-
lemnellement chanté.
La sainte Religieuse, qui a donné lieu
à cette solemnité nâquit à Florence , le
2 Avril 1522 , de l'illustre Mai on de
Ricci , qui a donné divers Prélats et des
Cardinaux à l'Eglise . Elle fût un parfait
modele de la plus sublime piété , dont
l'éclat a brillé dans toute l'Italie , ensorte
que les Personnes les plus éminentes
dans l'Eglise et dans le Monde Chrétien,
voulurent la visiter et la consulter , à
I. Vol. Cause
JUIN 1733.
1239
cause des lumiéres extraordinaires , confirmées
par plusieurs Miracles , dont il
plaisoit au Ciel de la favoriser ; ce qui a
été reconnu par les plus grands Serviteurs
de Dieu de son temps ; en particulier
par S. Philippe de Néri , qui ne pouvoit
se lasser de publier les merveilles , qu'il
reconnoissoit dans cette Servante de Dieu.
Elle mourut le 3 Février 1589 , dans la
77 année de son âge. M. Cartari , Evêque
de Fiesoli a donné sa vie au Public
et M. l'Evêque de Pistoye fit en l'année
1614 les informations juridiques des Miracles
opérez par son intercession , pour
proceder ensuite à sa Béatification , laquelle
a été enfin concluë , déclarée , et
célébrée à Rome en cette année 1733 .
ainsi que dans tous les Monasteres de
l'Ordre de S, Dominique.
Le concours que cette cérémonie a áttiré
à celui du Noviciat de Paris , a don
né occasion de remarquer les nouveaux
Ouvrages qui en ont embelli l'Eglise. Le
principal est la construction d'un Choeur
à la Romaine , avec un double rang de
Stales , d'une Menuiserie, ornée de beaucoup
de Sculpture , les Panneaux sont
chargez de differens Tableaux de l'histoire
de la Passion, & c, sans compter deux
I. Vol. I iij autres
1240 MERCURE DE FRANCE
·
autres grands Tableaux , qui sont élevez
à l'entrée , en regard ; l'un , de S. Thomas
d'Aquin , l'autre , du S. Pape Pie V.
d'une très belle exécution. Le Plafond
peint par M. le Moine , Peintre fameux
de l'Académie Royale , attire les regards
des connoisseurs. Les Tableaux du Choeur
dont on vient de parler , et beaucoup.
d'autres qui sont dans cette Eglise et ailleurs
, sont du Frere André , Religieux
de la Maison , qui s'est acquis beaucoup
de réputation dans cet Art.On remarque
enfin la nouvelle disposition du Maître
Autel,tout construit d'un tres- beau Marbre,
avec les ornemens convenables, mais
d'une noble simplicité , sans parler du
Sanctuaire et des autres accompagnemens
qui donnent à cette Eglise une nouvelle
décoration , et un certain air de majesté.
du Noviciat Général , du
Faubourg S. Germain , firent l'ouverture
d'une Solemnité , qui devoit durer'
trois jours dans leur Eglise, au sujet de la
Béatification de la Bienheureuse Catherine
de Ricci , Religieuse Prof.sse du Tiers-
Ordre de S. Dominique , au Monastere
de la Ville de Prato , dans la Toscane. La
Cérémonie commença par la publication
de la Bulle , accordée par N.S.P. le Pape
Clement XII. à l'instance du Grand Duc
de Toscane , et de tout l'Ordre de Saint
Dominique.
L'Eglise du Noviciat , l'une des plus
régulieres de Paris , étoit magnifiquement
ornée ; le Sanctuaire éclairé de plusieurs
Lustres , et le Maître Autel enrichi de
quantité de Reliquaires , de Vases , et de
Chandeliers d'argent. Le Portrait de la
Bienheureuse , paroissoit élevé au milieu
d'ure Gloire , sous le grand ceintre , qui
1. Vol. Iij sé1238
MERCURE DE FRANCE
sépare le Choeur du Sanctuaire , d'où
pendoient des Guirlandes , et de longs
Festons , soutenus par des Anges.
,
Le lendemain Dimanche , M. Menay ,
Chanoine Régulier de la Congrégation
de S. Antoine , prononça après Vêpres ,
le Panégyrique avec beaucoup de succès ;
et quelque temps après la Communauté
des RR. PP. Benedictins de l'Abbaye
Royale de S. Germain Desprez , vint processionnellement
chanter le Salut
l'Officiant donna la Benediction du tres-
Saint Sacrement. Le Lundy , la Commu
nauté des RR. PP. Augustins du Fauxbourg
S. Germain ; et le Mardy , celle des
RR. PP . Prémontrez , du même Fauxbourg
, firent les mêmes Cérémonies, qui
furent terminées par un Te Deum , sọ-
lemnellement chanté.
La sainte Religieuse, qui a donné lieu
à cette solemnité nâquit à Florence , le
2 Avril 1522 , de l'illustre Mai on de
Ricci , qui a donné divers Prélats et des
Cardinaux à l'Eglise . Elle fût un parfait
modele de la plus sublime piété , dont
l'éclat a brillé dans toute l'Italie , ensorte
que les Personnes les plus éminentes
dans l'Eglise et dans le Monde Chrétien,
voulurent la visiter et la consulter , à
I. Vol. Cause
JUIN 1733.
1239
cause des lumiéres extraordinaires , confirmées
par plusieurs Miracles , dont il
plaisoit au Ciel de la favoriser ; ce qui a
été reconnu par les plus grands Serviteurs
de Dieu de son temps ; en particulier
par S. Philippe de Néri , qui ne pouvoit
se lasser de publier les merveilles , qu'il
reconnoissoit dans cette Servante de Dieu.
Elle mourut le 3 Février 1589 , dans la
77 année de son âge. M. Cartari , Evêque
de Fiesoli a donné sa vie au Public
et M. l'Evêque de Pistoye fit en l'année
1614 les informations juridiques des Miracles
opérez par son intercession , pour
proceder ensuite à sa Béatification , laquelle
a été enfin concluë , déclarée , et
célébrée à Rome en cette année 1733 .
ainsi que dans tous les Monasteres de
l'Ordre de S, Dominique.
Le concours que cette cérémonie a áttiré
à celui du Noviciat de Paris , a don
né occasion de remarquer les nouveaux
Ouvrages qui en ont embelli l'Eglise. Le
principal est la construction d'un Choeur
à la Romaine , avec un double rang de
Stales , d'une Menuiserie, ornée de beaucoup
de Sculpture , les Panneaux sont
chargez de differens Tableaux de l'histoire
de la Passion, & c, sans compter deux
I. Vol. I iij autres
1240 MERCURE DE FRANCE
·
autres grands Tableaux , qui sont élevez
à l'entrée , en regard ; l'un , de S. Thomas
d'Aquin , l'autre , du S. Pape Pie V.
d'une très belle exécution. Le Plafond
peint par M. le Moine , Peintre fameux
de l'Académie Royale , attire les regards
des connoisseurs. Les Tableaux du Choeur
dont on vient de parler , et beaucoup.
d'autres qui sont dans cette Eglise et ailleurs
, sont du Frere André , Religieux
de la Maison , qui s'est acquis beaucoup
de réputation dans cet Art.On remarque
enfin la nouvelle disposition du Maître
Autel,tout construit d'un tres- beau Marbre,
avec les ornemens convenables, mais
d'une noble simplicité , sans parler du
Sanctuaire et des autres accompagnemens
qui donnent à cette Eglise une nouvelle
décoration , et un certain air de majesté.
Fermer
Résumé : « Le Samedy 16 May, les RR. PP. Dominiquains du Noviciat Général, du [...] »
Du 16 au 18 mai, les Dominicains du Noviciat Général à Paris ont célébré une solennité de trois jours en l'honneur de la béatification de la Bienheureuse Catherine de Ricci, religieuse du Tiers-Ordre de Saint Dominique au monastère de Prato, en Toscane. La cérémonie a débuté par la publication de la bulle papale accordée par le Pape Clément XII à la demande du Grand Duc de Toscane et de l'Ordre de Saint Dominique. L'église du Noviciat, magnifiquement ornée, présentait un sanctuaire éclairé par plusieurs lustres et un maître-autel enrichi de reliquaires, vases et chandeliers d'argent. Le portrait de la bienheureuse était exposé au milieu d'une gloire, sous le grand cintre séparant le chœur du sanctuaire, décoré de guirlandes et de festons soutenus par des anges. Le dimanche suivant, le Chanoine Régulier M. Menay a prononcé un panégyrique après les vêpres. Les communautés des Bénédictins de l'Abbaye Royale de Saint-Germain-des-Prés, des Augustins et des Prémontrés ont participé aux cérémonies, qui se sont conclues par un Te Deum solennellement chanté. Catherine de Ricci, née à Florence le 2 avril 1522 dans une famille illustre, fut un modèle de piété. Ses lumières spirituelles et les miracles attribués à son intercession attirèrent des visites de personnalités éminentes, dont Saint Philippe de Néri. Elle mourut le 3 février 1589 à l'âge de 77 ans. Sa béatification, reconnue par les informations juridiques des miracles opérés par son intercession, a été célébrée en 1733 à Rome et dans tous les monastères de l'Ordre de Saint Dominique. La solennité a également mis en lumière les nouveaux ouvrages d'art dans l'église du Noviciat, notamment la construction d'un chœur à la romaine, des sculptures, des tableaux historiques et des œuvres de peintres renommés comme le Frère André. Le maître-autel, construit en marbre, et la nouvelle disposition du sanctuaire ont ajouté une majesté à l'église.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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436
p. 1262-1276
SUITE de la Dissertation sur les Enseignes Militaires des François.
Début :
Les Eglises dédiées à des Saints, du rang des Confesseurs, avoient leurs [...]
Mots clefs :
Enseignes militaires, Oriflamme, Abbaye de Saint-Denis, Montjoye, Rois, Tombeau, Armée, Saints, Montagne, Coutume, Martyrs, Trésor, Gardiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Dissertation sur les Enseignes Militaires des François.
SUITE de la Dissertation sur les
Enseignes Militaires des François.
La
Es Eglises dédiées à des Saints , du
rang des Confesseurs , avoient leurs
Bannieres de couleur Bleue ou Violette :
celle de S.Martin devoit être de cette cou-
* L'Auteur ne prétend point condamner le jugement
de l'Académie , et quiconque l'interpréteroit
ainsi , n'entendroit point le sens de la Strophe.
II. Vol. leus
JUIN. 1733. 1263
leur , et c'est peut - être ce qui fit que lorsque
nos Rois prirent des Fleurs de Lys
pour armoiries , ils les mirent sur un
fond de gros bleu , en l'honneur de saint
Martin , dont la dévotion n'étoit pas
tout-à- fait tombée dans ces temps - là.
On prit la coutume de faire les Bannieres
de couleurs qui montrassent la
classe des Saints à qui elles étoient dédiées
, conformement à l'usage des Ecclesiastiques
, qui ont toujours observé ,
en faisant l'Office Divin , d'avoir des ornemens
qui désignassent la qualité du
Saint dont on fait la fête , prenant des
Chappes blanches pour les fêtes des
Vierges , des rouges pour les Martyrs ,
des vertes et des bleues pour les Confesseurs
, et des noires pour l'Office des
Morts.
Toutes ces Bannieres se terminoient en
trois pointes , désignant la Trinité. Celle
de Saint Denys prit le nom d'Oriflamme;
à cause de sa forme qui étoit une Lance
dorée , à laquelle pendoit un morééau
d'Etoffe de soye rouge , taillé en ma→
niere de flamme à trois pointes , terminées
chacune par une Houpe verte.M.du
Cange a fait une Dissertation qui renferme
tout ce que les Auteurs François ont
II. Vol. A v ' écrit
1264 MERCURE DE FRANCE
écrit de cette mystérieuse Enseigne , on
peut y avoir recours.
L'emploi de celui qui la portoit pour
le Roy , n'étoit qu'une commission ; le
Gentilhomme qui en avoit été chargé
pendant une Guerre , la reportoit à saint
Denis aussi- tôt que la Guerre étoit finie ;
et si on avoit besoin de la reprendre pour
une autre expédition , la commission en
étoit donnée souvent à un autre Gentilhomme.
Mais comme le temps change les usages,
les derniers Porte Oriflammes se succedoient
quelquefois de pere en fils dans
cette fonction ; et de plus ils négligeoient
de rapporter ce pieux dépôt qu'on leur
avoit confié dans le lieu où il devoit être
et le gardoient chez eux , sur tout quand
l'expedition pour laquelle ont l'avoit
prise , n'étoit point terminée , et qu'il
falloit retourner à la Guerre la Campagne
suivante .
On voit par l'Histoire de l'Abbaye de
S. Denys , de Dom Félibien , ( pag. 313. )
que le Roy Charles VI.après avoir nommé
Hurin , Sire d'Aumont , pour garder
l'Oriflamme , lui ordonna d'aller prendre
cetre Enseigne que Guillaume des
Bordes ( qui la gardoit auparavant ) avoit
11. Vol.
reJUIN.
1733 .
1265
retenue chez lui , n'ayant point eu occasion
de la déployer pour le service du
Roy , et ordonna en même temps au Sire
d'Aumont de la reporter dans l'Abbaye
de S. Denys .
L'ignorance et la crédulité où l'on étoit
dans lessiéc les où l'Oriflamme fut en réputation
, faisoit débiter bien des contes
sur son origine , on prétendoit qu'elle
avoit été apportée du Ciel , par un Ange ,
avec l'Ecu flourdelisé , dans le temps de
la conversion de Clovis , et long - temps
après que cette Enseigne eut cessé de paroître
dans les Armées,on croïoit qu'elle s'en
étoit retournée au Ciel , on se persuadoit
core qu'elle ne s'usoit point ; mais présentement
qu'on est revenu de toutes ces
pieuses fables , il est raisonnable de penser
que quand l'Oriflamme étoit vieille
et déchirée, on en substituoit une autre à
sa place , et les Religieux faisoient de la
vieille ce qu'ils vouloient , et quelquefois
elle restoit au Porte - Oriflamme , qui
en disposoit à sa volonté; comme les Colonels
font aujourd'hui des Drapeaux et des
Etendarts qui ont servi à leurs Regimens
qu'ils gardent souvent chez eux comme
des marques honorables pour leurs Descendans
, quand ils n'en veulent pas disposer
en faveur de quelque Eglise où
II. Vol.
·A vj
il
1266 MERCURE DE FRANCE
ils ont dévotion , ou en faire quelqu'au
tre usage.
La coutume d'offrir à la Divinité les
Enseignes prises sur l'Ennemi est tresancienne
; les Payens mettoient dans les
Temples de leurs Dieux les Trophées
qu'ils rapportoient de la Guerre. Les Philistins
après avoir vaincu Saül , appendirent
les armes de ce Roy aux voutes du
Temple de leur Dieu Astaroth, ( Les Rois,
liv. 1. ) et dans l'histoire de Sablé , par
M. Ménage , on voit dans la Généalogie
des Seigneurs de Mayenne , qu'un de ces
Seigneurs étant revenu d'une Croisade
offrit à une Eglise de sa Terre les Enseignes
qu'il avoit rapportées de son voïage.
On expose dans l'Eglise de Notre - Dame
de Paris toutes les Enseignes de Terre
et de Mer qui se gagnent sur l'Ennemi
pendant une Guerre , et on ne les ôte que
quand la paix est faite.
Le Poëte Malherbe dans une Lettre
qu'il écrit à son Cousin , le 22 Decembre
1627. lui dit : Les Drapeaux pris sur les
Anglois , à l'attaque de l'Isle de Rhé ,
furent hier apportez au Louvre , on leur
fit faire un tour dans la Cour , selon la
coutume , et on les porta ensuite à N. D.
Il y en a 44. qui ont tous au bout d'enhaut
et au coin , qui est vers le bois , un
II. Vol mor
JUIN. 1733. 1267
morceau de Tafetas blanc , d'environ 3
pieds en quarré , et en ce Tafetas , il yуэa
une Croix rouge qui touche à toutes les
4 faces de ce quarré. De maniere qu'en
admettant ( comme on le doit ) le renouvellement
de l'Oriflamme, quand elle étoit
usée , on accordera deux opinions diffé
rentes d'Auteurs sur le sort que cette Enseigne
a eu depuis que nos Rois ne l'ont
plus fait porter dans leurs Armées ; ce
qui arriva sous Charles VII . pendant que
les Anglois étoient Maîtres de Paris. Les
uns soutenant qu'elle étoit toujours restée
dans le trésor de S. Denys , où on la
voyoit encore en 1534 et 1594. suivant
les Inventaires du même trésor, faits dans
ces années- là ; et les autres ont pensé
qu'elle a pû rester en la possession des
Gentilhommes qui en avoient la garde ,
et que par conséquent on peut trouver
des Oriflammes dans les Archives des
descendans de ces Gentilhommes. Messieurs
d'Harcourt en conservent un , qui
leur vient par succession de Pierre de
Villiers l'Isle - Adam , Grand - Maître de
France et Porte Oriflamme , dont la fille
épousa Jean de Garenciere , et fut Ayeul
d'une Tugdal de Karmoisien , mariée à
Jean de Gaillon , grand- pere de ' Françoise
de Gaillon femme de François.
II. Vol. d'Har
1268 MERCURE DE FRANCE
d'Harcourt , Seigneur de Beuvron , à la
posterité duquel appartient ( selon M. de
la Roque, dans son Histoire de la Maison
d'Harcourt , ) le droit de garder l'Oriflamme
, en supposant que cette dignité
étoit devenue sur sa fin héréditaire dans
les familles de ceux qui l'ont possedée .
Quant à la difference que le P. Daniel
( dans sa Milice Françoise ) trouve ,
entre l'Oriflamme, qui est chez Messieurs
d'Harcourt , et celle qui étoit dans le
Trésor de S.Denys , ce qui lui fait dire que
la premiere n'est pas la véritable , c'est
une minutie où il ne faut point s'arrêter ,
car quoique l'Etendart de S. Denys ait
été pendant long temps d'une seule couleur
pleine , la mode y'a pû faire ajouter
dans les derniers temps des ornemens ,
comme des Flammes et des Couronnes
en Broderies d'or. Il suffit que la couleur
de l'Oriflamme, conservée chez Messieurs
d'Harcourt, soit rouge, pour croire qu'el
le peut être aussi véritable que celle qui
se trouvoit dans le Trésor de S. Denys au
16 siécle, quoique celle - cy fut plus grande
et d'une étoffe unie .
Il n'est pas même certain qu'il n'y eut
qu'une Oriflamme d'usage en mêmetemps
, et que quand il y en avoit une à
l'Armée , il n'y en cut pas encore une
II. Vol.
autre
JUIN. 1733. 1269
autre qui restoit à S. Denys , pour les
besoins extraordinaires de l'Abbaye , ou
pour envoyer à une seconde Armée
Royale ; car l'Oriflamme étoit un Etendart
, attaché à l'Armée , et non à la personne
des Rois , comme je le ferai voir
en parlant de l'Etendart Royal , autre
Enseigne qui ne quittoit point le Corps
du Roy , au lieu que l'Oriflamme alloit
toute seule à la tête de l'armée , gardée
seulement par une Troupe de Cavaliers
d'Elite Vexillum sancti Dionisii quod
omnes præcedere in bella solebat.
Voicy ce que dit Rigord , Historien
de Philippe Auguste , en parlant de ce
qui se fit à S. Denis , lorsque ce Prince y
alla prendre l'Oriflamme pour son voyage
d'Outremer , après que le Roy , à genoux
devant le Sépulchre des Saints Martyrs
, eut imploré par ses prieres et ses larmes
, l'assistance du Ciel , il reçut la Pannetiere
et le Bourdon des mains de Guillaume
, Archevêque de Rheims , son oncle
maternel , et il y prit ensuite de sa propre
main deux Etendarts qui étoient sur la
Châsse des Saints Martyrs .
Voilà certainement une occasion où il
paroît deux Oriflammes à la fois , peutêtre
qu'on les doubloit pour n'en pas
manquer en cas qu'il s'en perdît une ;
II. Vol. en
270 MERCURE DE FRANCE
en supposant cela on accordera ce qui
se trouve dans deux Historiens , Jacques
Meyer et Guillaume Guyard , le premier
soutenant que la véritable Oriflamme
fut perdue au combat de Mons en
Puelle, et qu'elle ne se retrouva plus, pendant
que le second assure que l'Oriflamme
qui se perdit dans ce Combat , n'étoit
qu'une Enseigne contrefaite que le
Roy avoit fait paroître ce jour - là pour
encourager ses Soldats ; cecy sent bien
le conte fait à plaisir ; quelle raison le
Roy auroit-il eû de tromper ses Soldats.
dans la supposition de cette fausse Enseigne
? Ne vaut-il pas mieux convenir
que dans les occasions que l'on jugeoit
devoir être périlieuses , on se munissoit
de deux de ces Enseignes , pour pouvoir
les substituer l'une à l'autre , en cas qu'il
s'en perdit une , et que c'est ce qui fut
fait à la bataille de Mons en Puelle , où
l'une ayant été perduë la veille , il en
reparut une autre le lendemain .
Ce que je dis n'est point pour diminuer
l'estime que nous croyons que nos
Ancêtres faisoient de cet Etendart . Ils le
regardoient comme un Symbole de Religion
; et dans cette idée ils lui donnoient
le premier rang sur toutes leurs autres:
Enseignes .
4
II. Vol Qmaibus
JUIN . 1733: 1271
Omnibus in bellis habet omnia signa
preire , dans l'esperance que leur Saint
Patron , à qui appartenoit cette Enseigne,
obtiendroit du Ciel par ses prieres la direction
des guerres qu'ils entreprenoient
et les feroient réussir à leur avantage.
Le nom du Saint devint aussi leur cri
de guerre ; ce fut sous Louis le Gros
qu'on commença à invoquer S. Denis ,
Patron du Royaume , dans tous les besoins
Militaires par ces mots , MONTJOYE
SAINT DENIS , qui sont devenus la Devise
génerale de nos Rois. Dans tous les
temps et chez toutes les Nations , la
coûtume des Soldats étoit de faire de
grands cris avant que de combattre et
après avoir combattu ; les premiers de
ces cris pour exciter le courage et jetter
l'effroy dans le coeur de l'Ennemi , et les
seconds pour remercier les Dieux qu'on
adoroit du gain d'une bataille , et en célebrer
la premiere réjouissance .
Clovis dans le Champ de Colbrac ;
implore le secours du Dieu que sa femme
adore. Les François devenus Chrétiens ,
adressent leurs cris à S. Martin , ensuite
à S. Denis , esperant attirer sur eux les
faveurs du Ciel par l'intercession de leurs
Saints Protecteurs.
De tous les Auteurs qui ont voulu
II. Vol.
expliquer
1272 MERCURE DE FRANCE
expliquer le mot de Montjoye , qui précedoit
celui de S. Denis dans l'acclamation
Militaire des François , Mrs Ducange
et de Caseneuve , sont ceux qui ont
le mieux pensé sur la véritable signifisation
de ce mot , en disant que c'est
un vieux terme François qui exprime
une Colline ,
diminutif de Montagne 3
toute l'erreur du premier de ces deux
Sçavans , est de dire que par le mot de
Montjoye , il faut entendre seulement la
Montagne de Montmartre où S. Denis
fut martyrisé ; le Pere Daniel , dans sa
Milice Françoise , qui a voulu le relever
sur cette méprise , a plus mal fait que
lui en disant que Montmartre est une
veritable Montagne , qu'elle est trop
haute pour qu'on lui puisse donner ce
nom de Montjoye , et qu'elle se trouve
appellée par tout Montagne de Mars , et
non pas Montjoye , est- ce là une raison assez
solide pour que Montjoye ne puisse pas
signifier un petit Mont ? Si ce Pere avoit
poussé ses Recherches jusques dans les
usages que les Gaulois et les Germains
observoient en enterrant leurs Morts ,
il auroit trouvé la preuve que Montjoye
a signifié une petite Montagne artificielle
qui se formoit de la maniere que voicy :
Quand un Chef de Guerre de ces Na-
II. Vol. tions
JUIN. 1733. 1273
tions mouroit au milieu de son armée ,
après que le corps avoit été mis dans
une fosse avec toutes les ceremonies qui
s'observoient en pareil cas , chaque Soldat
portoit une pelletée de terre pour
recouvrir la fosse de son General , ca
qui formoit dessus une petite éminence
qui devenoit haute à proportion que
l'armée
qui faisoit l'enterrement , étoit nombreuse.
La Flandre et les Provinces qui l'avoisinent
, sont encore pleines de ces monticules
qu'on appelloit dans le Pays des
Tombes , pour mieux conserver le souvenir
du sujet qui les a produites ; avant
que de prendre ce nom de Tombes , elles
avoint celui de Montjoye , terme qui a
toujours signifié en vieux François une
élevation , qui sert à marquer un lieu
que l'on veut reconnoître , et où l'on
veut parvenir quand on en est éloigné.
›
Les Phares qui sont sur les Ports de
Mer , les Balises , faites de tonneaux ou
de pieces de bois flotantes sur l'eau pour
servir à guider les Vaisseaux entre des
Rochers cachez sous l'eau , et enfin toutes
sortes de marques propres à faire éviter
les dangers et à montrer les lieux éloignez
, ou ceux qui renferment des choses
dignes de memoire , étoient nommez
II. Vel. des
1274 MERCURE DE FRANCE
des Montjoyes , parcequ'elles apprenoient
avec plaisir à ceux qui les voyoient , des
Endroits que l'on auroit eu peine à re
trouver sans leurs secours.
On élevoit des Montjoyes sur les Tombeaux
des personnes de considération ,
plus ou moins magnifiques et remarqua
bles , selon la dignité de ces personnes ;
les premiers Chrétiens persécutez , mirent
des marques moins sensibles sur les Tombeaux
des Martyrs qui se trouvoient en
pleine campagne ; ces marques , qui n'étoient
souvent que de simples pierres ,
eurent le même nom . On n'oublia pas
sans doute de mettre une Montjoye sur
le Tombeau de S. Denis et de ses Compagnons
, jusqu'à-ce qu'on fût en liberté
de renfermer ce Tombeau dans une Eglise
; dans la suite l'Eglise où il étoit renfermé
étant devenue célebre par la dévotion
les Fidelles eurent à ce Tomque
beau , les Rois qui s'en rendirent les Protecteurs
, se regarderent en même-temps
comine les Gardiens de ce S. Tombeau ; et
pour montrer publiquement l'honneus
qu'ils se faisoient de cette qualité , ils
l'exprimoient par le nom ancien de Montjoye
, et prirent delà occasion de crier
à la guerre Montjoye S. Denis , comme
s'ils eussent voulu dire nous sommes les
II. Vel.
garN.
1733. 1275
"
gardiens du Tombeau de S. Denis , la
Banniere dont nous nous servons en est
la marque , et nous la portons pour deffendre
les biens qui appartiennent à ce
Saint , et qui ont été offerts à son Tombeau.
Dans toutes les Religions du Monde
les Princes qui ont eu de la pieté , se
sont toujours fait honneur d'être dépositaires
de quelques Monumens respectables
de ces Religions. Il semble même
que la destinée des Empires soit , pour
ainsi dire , attachée à la conservation de
ces Monumens. Les Payens enchaînoient
leurs Dieux . Une Ville croyoit ne jamais
succomber aux efforts de ses Ennemis
tant qu'elle étoit en possession de ses
Lares et de ses Pénates. La ruine de Troye
ne fut attribuée qu'à l'enlevement du
Palladium.
Les Empereurs Ottomans gardent avec
soin dans leur Serrail l'Etendart de guerre
et la Robbe de Mahomet. Tous les
Princes de cette Religion qui ont possedé
la Ville de Jérusalem , ont tous pris
la qualité de Maîtres ou de Possesseurs
du S. Tombeau.
Pourquoi nos Rois Très- Chrétiens ne
se seroient-ils pas fait le même honneur
de se dire les Gardiens du Tombeau d'un
II. Vol.
Martys
16/0 VIL
ע ע
Martyr de qui leurs Peuples tiennent la
Foy , et de montrer l'estime qu'ils faisoient
de ce Titre par ce cri d'allegresse
Montjoye S. Denis.
Enseignes Militaires des François.
La
Es Eglises dédiées à des Saints , du
rang des Confesseurs , avoient leurs
Bannieres de couleur Bleue ou Violette :
celle de S.Martin devoit être de cette cou-
* L'Auteur ne prétend point condamner le jugement
de l'Académie , et quiconque l'interpréteroit
ainsi , n'entendroit point le sens de la Strophe.
II. Vol. leus
JUIN. 1733. 1263
leur , et c'est peut - être ce qui fit que lorsque
nos Rois prirent des Fleurs de Lys
pour armoiries , ils les mirent sur un
fond de gros bleu , en l'honneur de saint
Martin , dont la dévotion n'étoit pas
tout-à- fait tombée dans ces temps - là.
On prit la coutume de faire les Bannieres
de couleurs qui montrassent la
classe des Saints à qui elles étoient dédiées
, conformement à l'usage des Ecclesiastiques
, qui ont toujours observé ,
en faisant l'Office Divin , d'avoir des ornemens
qui désignassent la qualité du
Saint dont on fait la fête , prenant des
Chappes blanches pour les fêtes des
Vierges , des rouges pour les Martyrs ,
des vertes et des bleues pour les Confesseurs
, et des noires pour l'Office des
Morts.
Toutes ces Bannieres se terminoient en
trois pointes , désignant la Trinité. Celle
de Saint Denys prit le nom d'Oriflamme;
à cause de sa forme qui étoit une Lance
dorée , à laquelle pendoit un morééau
d'Etoffe de soye rouge , taillé en ma→
niere de flamme à trois pointes , terminées
chacune par une Houpe verte.M.du
Cange a fait une Dissertation qui renferme
tout ce que les Auteurs François ont
II. Vol. A v ' écrit
1264 MERCURE DE FRANCE
écrit de cette mystérieuse Enseigne , on
peut y avoir recours.
L'emploi de celui qui la portoit pour
le Roy , n'étoit qu'une commission ; le
Gentilhomme qui en avoit été chargé
pendant une Guerre , la reportoit à saint
Denis aussi- tôt que la Guerre étoit finie ;
et si on avoit besoin de la reprendre pour
une autre expédition , la commission en
étoit donnée souvent à un autre Gentilhomme.
Mais comme le temps change les usages,
les derniers Porte Oriflammes se succedoient
quelquefois de pere en fils dans
cette fonction ; et de plus ils négligeoient
de rapporter ce pieux dépôt qu'on leur
avoit confié dans le lieu où il devoit être
et le gardoient chez eux , sur tout quand
l'expedition pour laquelle ont l'avoit
prise , n'étoit point terminée , et qu'il
falloit retourner à la Guerre la Campagne
suivante .
On voit par l'Histoire de l'Abbaye de
S. Denys , de Dom Félibien , ( pag. 313. )
que le Roy Charles VI.après avoir nommé
Hurin , Sire d'Aumont , pour garder
l'Oriflamme , lui ordonna d'aller prendre
cetre Enseigne que Guillaume des
Bordes ( qui la gardoit auparavant ) avoit
11. Vol.
reJUIN.
1733 .
1265
retenue chez lui , n'ayant point eu occasion
de la déployer pour le service du
Roy , et ordonna en même temps au Sire
d'Aumont de la reporter dans l'Abbaye
de S. Denys .
L'ignorance et la crédulité où l'on étoit
dans lessiéc les où l'Oriflamme fut en réputation
, faisoit débiter bien des contes
sur son origine , on prétendoit qu'elle
avoit été apportée du Ciel , par un Ange ,
avec l'Ecu flourdelisé , dans le temps de
la conversion de Clovis , et long - temps
après que cette Enseigne eut cessé de paroître
dans les Armées,on croïoit qu'elle s'en
étoit retournée au Ciel , on se persuadoit
core qu'elle ne s'usoit point ; mais présentement
qu'on est revenu de toutes ces
pieuses fables , il est raisonnable de penser
que quand l'Oriflamme étoit vieille
et déchirée, on en substituoit une autre à
sa place , et les Religieux faisoient de la
vieille ce qu'ils vouloient , et quelquefois
elle restoit au Porte - Oriflamme , qui
en disposoit à sa volonté; comme les Colonels
font aujourd'hui des Drapeaux et des
Etendarts qui ont servi à leurs Regimens
qu'ils gardent souvent chez eux comme
des marques honorables pour leurs Descendans
, quand ils n'en veulent pas disposer
en faveur de quelque Eglise où
II. Vol.
·A vj
il
1266 MERCURE DE FRANCE
ils ont dévotion , ou en faire quelqu'au
tre usage.
La coutume d'offrir à la Divinité les
Enseignes prises sur l'Ennemi est tresancienne
; les Payens mettoient dans les
Temples de leurs Dieux les Trophées
qu'ils rapportoient de la Guerre. Les Philistins
après avoir vaincu Saül , appendirent
les armes de ce Roy aux voutes du
Temple de leur Dieu Astaroth, ( Les Rois,
liv. 1. ) et dans l'histoire de Sablé , par
M. Ménage , on voit dans la Généalogie
des Seigneurs de Mayenne , qu'un de ces
Seigneurs étant revenu d'une Croisade
offrit à une Eglise de sa Terre les Enseignes
qu'il avoit rapportées de son voïage.
On expose dans l'Eglise de Notre - Dame
de Paris toutes les Enseignes de Terre
et de Mer qui se gagnent sur l'Ennemi
pendant une Guerre , et on ne les ôte que
quand la paix est faite.
Le Poëte Malherbe dans une Lettre
qu'il écrit à son Cousin , le 22 Decembre
1627. lui dit : Les Drapeaux pris sur les
Anglois , à l'attaque de l'Isle de Rhé ,
furent hier apportez au Louvre , on leur
fit faire un tour dans la Cour , selon la
coutume , et on les porta ensuite à N. D.
Il y en a 44. qui ont tous au bout d'enhaut
et au coin , qui est vers le bois , un
II. Vol mor
JUIN. 1733. 1267
morceau de Tafetas blanc , d'environ 3
pieds en quarré , et en ce Tafetas , il yуэa
une Croix rouge qui touche à toutes les
4 faces de ce quarré. De maniere qu'en
admettant ( comme on le doit ) le renouvellement
de l'Oriflamme, quand elle étoit
usée , on accordera deux opinions diffé
rentes d'Auteurs sur le sort que cette Enseigne
a eu depuis que nos Rois ne l'ont
plus fait porter dans leurs Armées ; ce
qui arriva sous Charles VII . pendant que
les Anglois étoient Maîtres de Paris. Les
uns soutenant qu'elle étoit toujours restée
dans le trésor de S. Denys , où on la
voyoit encore en 1534 et 1594. suivant
les Inventaires du même trésor, faits dans
ces années- là ; et les autres ont pensé
qu'elle a pû rester en la possession des
Gentilhommes qui en avoient la garde ,
et que par conséquent on peut trouver
des Oriflammes dans les Archives des
descendans de ces Gentilhommes. Messieurs
d'Harcourt en conservent un , qui
leur vient par succession de Pierre de
Villiers l'Isle - Adam , Grand - Maître de
France et Porte Oriflamme , dont la fille
épousa Jean de Garenciere , et fut Ayeul
d'une Tugdal de Karmoisien , mariée à
Jean de Gaillon , grand- pere de ' Françoise
de Gaillon femme de François.
II. Vol. d'Har
1268 MERCURE DE FRANCE
d'Harcourt , Seigneur de Beuvron , à la
posterité duquel appartient ( selon M. de
la Roque, dans son Histoire de la Maison
d'Harcourt , ) le droit de garder l'Oriflamme
, en supposant que cette dignité
étoit devenue sur sa fin héréditaire dans
les familles de ceux qui l'ont possedée .
Quant à la difference que le P. Daniel
( dans sa Milice Françoise ) trouve ,
entre l'Oriflamme, qui est chez Messieurs
d'Harcourt , et celle qui étoit dans le
Trésor de S.Denys , ce qui lui fait dire que
la premiere n'est pas la véritable , c'est
une minutie où il ne faut point s'arrêter ,
car quoique l'Etendart de S. Denys ait
été pendant long temps d'une seule couleur
pleine , la mode y'a pû faire ajouter
dans les derniers temps des ornemens ,
comme des Flammes et des Couronnes
en Broderies d'or. Il suffit que la couleur
de l'Oriflamme, conservée chez Messieurs
d'Harcourt, soit rouge, pour croire qu'el
le peut être aussi véritable que celle qui
se trouvoit dans le Trésor de S. Denys au
16 siécle, quoique celle - cy fut plus grande
et d'une étoffe unie .
Il n'est pas même certain qu'il n'y eut
qu'une Oriflamme d'usage en mêmetemps
, et que quand il y en avoit une à
l'Armée , il n'y en cut pas encore une
II. Vol.
autre
JUIN. 1733. 1269
autre qui restoit à S. Denys , pour les
besoins extraordinaires de l'Abbaye , ou
pour envoyer à une seconde Armée
Royale ; car l'Oriflamme étoit un Etendart
, attaché à l'Armée , et non à la personne
des Rois , comme je le ferai voir
en parlant de l'Etendart Royal , autre
Enseigne qui ne quittoit point le Corps
du Roy , au lieu que l'Oriflamme alloit
toute seule à la tête de l'armée , gardée
seulement par une Troupe de Cavaliers
d'Elite Vexillum sancti Dionisii quod
omnes præcedere in bella solebat.
Voicy ce que dit Rigord , Historien
de Philippe Auguste , en parlant de ce
qui se fit à S. Denis , lorsque ce Prince y
alla prendre l'Oriflamme pour son voyage
d'Outremer , après que le Roy , à genoux
devant le Sépulchre des Saints Martyrs
, eut imploré par ses prieres et ses larmes
, l'assistance du Ciel , il reçut la Pannetiere
et le Bourdon des mains de Guillaume
, Archevêque de Rheims , son oncle
maternel , et il y prit ensuite de sa propre
main deux Etendarts qui étoient sur la
Châsse des Saints Martyrs .
Voilà certainement une occasion où il
paroît deux Oriflammes à la fois , peutêtre
qu'on les doubloit pour n'en pas
manquer en cas qu'il s'en perdît une ;
II. Vol. en
270 MERCURE DE FRANCE
en supposant cela on accordera ce qui
se trouve dans deux Historiens , Jacques
Meyer et Guillaume Guyard , le premier
soutenant que la véritable Oriflamme
fut perdue au combat de Mons en
Puelle, et qu'elle ne se retrouva plus, pendant
que le second assure que l'Oriflamme
qui se perdit dans ce Combat , n'étoit
qu'une Enseigne contrefaite que le
Roy avoit fait paroître ce jour - là pour
encourager ses Soldats ; cecy sent bien
le conte fait à plaisir ; quelle raison le
Roy auroit-il eû de tromper ses Soldats.
dans la supposition de cette fausse Enseigne
? Ne vaut-il pas mieux convenir
que dans les occasions que l'on jugeoit
devoir être périlieuses , on se munissoit
de deux de ces Enseignes , pour pouvoir
les substituer l'une à l'autre , en cas qu'il
s'en perdit une , et que c'est ce qui fut
fait à la bataille de Mons en Puelle , où
l'une ayant été perduë la veille , il en
reparut une autre le lendemain .
Ce que je dis n'est point pour diminuer
l'estime que nous croyons que nos
Ancêtres faisoient de cet Etendart . Ils le
regardoient comme un Symbole de Religion
; et dans cette idée ils lui donnoient
le premier rang sur toutes leurs autres:
Enseignes .
4
II. Vol Qmaibus
JUIN . 1733: 1271
Omnibus in bellis habet omnia signa
preire , dans l'esperance que leur Saint
Patron , à qui appartenoit cette Enseigne,
obtiendroit du Ciel par ses prieres la direction
des guerres qu'ils entreprenoient
et les feroient réussir à leur avantage.
Le nom du Saint devint aussi leur cri
de guerre ; ce fut sous Louis le Gros
qu'on commença à invoquer S. Denis ,
Patron du Royaume , dans tous les besoins
Militaires par ces mots , MONTJOYE
SAINT DENIS , qui sont devenus la Devise
génerale de nos Rois. Dans tous les
temps et chez toutes les Nations , la
coûtume des Soldats étoit de faire de
grands cris avant que de combattre et
après avoir combattu ; les premiers de
ces cris pour exciter le courage et jetter
l'effroy dans le coeur de l'Ennemi , et les
seconds pour remercier les Dieux qu'on
adoroit du gain d'une bataille , et en célebrer
la premiere réjouissance .
Clovis dans le Champ de Colbrac ;
implore le secours du Dieu que sa femme
adore. Les François devenus Chrétiens ,
adressent leurs cris à S. Martin , ensuite
à S. Denis , esperant attirer sur eux les
faveurs du Ciel par l'intercession de leurs
Saints Protecteurs.
De tous les Auteurs qui ont voulu
II. Vol.
expliquer
1272 MERCURE DE FRANCE
expliquer le mot de Montjoye , qui précedoit
celui de S. Denis dans l'acclamation
Militaire des François , Mrs Ducange
et de Caseneuve , sont ceux qui ont
le mieux pensé sur la véritable signifisation
de ce mot , en disant que c'est
un vieux terme François qui exprime
une Colline ,
diminutif de Montagne 3
toute l'erreur du premier de ces deux
Sçavans , est de dire que par le mot de
Montjoye , il faut entendre seulement la
Montagne de Montmartre où S. Denis
fut martyrisé ; le Pere Daniel , dans sa
Milice Françoise , qui a voulu le relever
sur cette méprise , a plus mal fait que
lui en disant que Montmartre est une
veritable Montagne , qu'elle est trop
haute pour qu'on lui puisse donner ce
nom de Montjoye , et qu'elle se trouve
appellée par tout Montagne de Mars , et
non pas Montjoye , est- ce là une raison assez
solide pour que Montjoye ne puisse pas
signifier un petit Mont ? Si ce Pere avoit
poussé ses Recherches jusques dans les
usages que les Gaulois et les Germains
observoient en enterrant leurs Morts ,
il auroit trouvé la preuve que Montjoye
a signifié une petite Montagne artificielle
qui se formoit de la maniere que voicy :
Quand un Chef de Guerre de ces Na-
II. Vol. tions
JUIN. 1733. 1273
tions mouroit au milieu de son armée ,
après que le corps avoit été mis dans
une fosse avec toutes les ceremonies qui
s'observoient en pareil cas , chaque Soldat
portoit une pelletée de terre pour
recouvrir la fosse de son General , ca
qui formoit dessus une petite éminence
qui devenoit haute à proportion que
l'armée
qui faisoit l'enterrement , étoit nombreuse.
La Flandre et les Provinces qui l'avoisinent
, sont encore pleines de ces monticules
qu'on appelloit dans le Pays des
Tombes , pour mieux conserver le souvenir
du sujet qui les a produites ; avant
que de prendre ce nom de Tombes , elles
avoint celui de Montjoye , terme qui a
toujours signifié en vieux François une
élevation , qui sert à marquer un lieu
que l'on veut reconnoître , et où l'on
veut parvenir quand on en est éloigné.
›
Les Phares qui sont sur les Ports de
Mer , les Balises , faites de tonneaux ou
de pieces de bois flotantes sur l'eau pour
servir à guider les Vaisseaux entre des
Rochers cachez sous l'eau , et enfin toutes
sortes de marques propres à faire éviter
les dangers et à montrer les lieux éloignez
, ou ceux qui renferment des choses
dignes de memoire , étoient nommez
II. Vel. des
1274 MERCURE DE FRANCE
des Montjoyes , parcequ'elles apprenoient
avec plaisir à ceux qui les voyoient , des
Endroits que l'on auroit eu peine à re
trouver sans leurs secours.
On élevoit des Montjoyes sur les Tombeaux
des personnes de considération ,
plus ou moins magnifiques et remarqua
bles , selon la dignité de ces personnes ;
les premiers Chrétiens persécutez , mirent
des marques moins sensibles sur les Tombeaux
des Martyrs qui se trouvoient en
pleine campagne ; ces marques , qui n'étoient
souvent que de simples pierres ,
eurent le même nom . On n'oublia pas
sans doute de mettre une Montjoye sur
le Tombeau de S. Denis et de ses Compagnons
, jusqu'à-ce qu'on fût en liberté
de renfermer ce Tombeau dans une Eglise
; dans la suite l'Eglise où il étoit renfermé
étant devenue célebre par la dévotion
les Fidelles eurent à ce Tomque
beau , les Rois qui s'en rendirent les Protecteurs
, se regarderent en même-temps
comine les Gardiens de ce S. Tombeau ; et
pour montrer publiquement l'honneus
qu'ils se faisoient de cette qualité , ils
l'exprimoient par le nom ancien de Montjoye
, et prirent delà occasion de crier
à la guerre Montjoye S. Denis , comme
s'ils eussent voulu dire nous sommes les
II. Vel.
garN.
1733. 1275
"
gardiens du Tombeau de S. Denis , la
Banniere dont nous nous servons en est
la marque , et nous la portons pour deffendre
les biens qui appartiennent à ce
Saint , et qui ont été offerts à son Tombeau.
Dans toutes les Religions du Monde
les Princes qui ont eu de la pieté , se
sont toujours fait honneur d'être dépositaires
de quelques Monumens respectables
de ces Religions. Il semble même
que la destinée des Empires soit , pour
ainsi dire , attachée à la conservation de
ces Monumens. Les Payens enchaînoient
leurs Dieux . Une Ville croyoit ne jamais
succomber aux efforts de ses Ennemis
tant qu'elle étoit en possession de ses
Lares et de ses Pénates. La ruine de Troye
ne fut attribuée qu'à l'enlevement du
Palladium.
Les Empereurs Ottomans gardent avec
soin dans leur Serrail l'Etendart de guerre
et la Robbe de Mahomet. Tous les
Princes de cette Religion qui ont possedé
la Ville de Jérusalem , ont tous pris
la qualité de Maîtres ou de Possesseurs
du S. Tombeau.
Pourquoi nos Rois Très- Chrétiens ne
se seroient-ils pas fait le même honneur
de se dire les Gardiens du Tombeau d'un
II. Vol.
Martys
16/0 VIL
ע ע
Martyr de qui leurs Peuples tiennent la
Foy , et de montrer l'estime qu'ils faisoient
de ce Titre par ce cri d'allegresse
Montjoye S. Denis.
Fermer
Résumé : SUITE de la Dissertation sur les Enseignes Militaires des François.
Le texte aborde les enseignes militaires françaises, notamment les bannières dédiées à des saints confesseurs, qui étaient généralement de couleur bleue ou violette. La bannière de Saint Martin, par exemple, était bleue, influençant ainsi le choix du fond bleu des armoiries royales ornées de fleurs de lys. Les bannières ecclésiastiques étaient codifiées par couleur selon la classe des saints célébrés : blanches pour les vierges, rouges pour les martyrs, vertes et bleues pour les confesseurs, et noires pour les offices des morts. L'Oriflamme, bannière de Saint Denis, se distinguait par sa forme de lance dorée avec un morceau d'étoffe rouge en forme de flamme à trois pointes, chacune terminée par une houpe verte. Cette enseigne était portée par un gentilhomme lors des guerres et rapportée à l'abbaye de Saint Denis après chaque conflit. Avec le temps, cette fonction est devenue héréditaire, et les porteurs négligeaient parfois de rapporter l'Oriflamme. L'Oriflamme était considérée comme un symbole religieux et était utilisée pour encourager les troupes. Le cri de guerre 'Montjoie Saint Denis' est devenu la devise générale des rois de France. Le mot 'Montjoie' signifie une petite colline ou monticule artificiel formé par les soldats lors des enterrements de leurs chefs. Le texte traite également de l'origine et de la signification de l'Oriflamme, certains croyant qu'elle était apportée du ciel par un ange, tandis que d'autres pensent qu'elle était remplacée lorsqu'elle était usée. Les Montjoyes étaient des élévations servant à marquer des lieux importants ou à éviter des dangers, comme les phares et balises. Elles étaient également érigées sur les tombeaux de personnes de considération, et les premiers chrétiens utilisaient des marques simples sur les tombeaux des martyrs. Le tombeau de Saint Denis et de ses compagnons fut marqué par une Montjoye jusqu'à ce qu'il soit transféré dans une église. Cette église devint célèbre, et les rois, en tant que protecteurs, se considéraient comme les gardiens du tombeau. Ils criaient 'Montjoye Saint Denis' en guerre pour affirmer leur rôle de défenseurs des biens du saint. Dans diverses religions, les princes pieux se faisaient honneur de protéger des monuments religieux, croyant que la conservation de ces monuments était liée à la destinée de leurs empires. Par exemple, les Ottomans gardaient l'étendard de Mahomet, et les princes possédant Jérusalem se proclamaient maîtres du Saint Tombeau. De même, les rois très chrétiens se voyaient comme les gardiens du tombeau de Saint Denis, un martyr dont les peuples tenaient la foi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
437
p. 1392-1399
Systême Chronologique sur les trois Textes de la Bible, &c. [titre d'après la table]
Début :
ON VIENT de publier la premiere Partie d'un Ouvrage dédié et présenté au [...]
Mots clefs :
Histoire, Empire d'Assyrie, Rois, Babyloniens, Déjocès, Hérodote, Mèdes, Antiquités, Déluge, Cyrus, Bible
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Systême Chronologique sur les trois Textes de la Bible, &c. [titre d'après la table]
ON VIENT de publier la premiere Partie
d'un Ouvrage dédié et présenté au
Roy par l'Auteur , sous les auspices de
M. le Cardinal de Fleury , qui est intitulé
: SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les
trois Textes de la Bible ; sçavoir , l'Hebren
le Samaritain et le Grec , avec l'Histoire
des anciennes Monarchies expliquée et rétablie
, par M. Michel , de Toul. Cette
premiere Partie sera suivie d'une seconde
qui comprendra les Antiquitez Egyptiennes
, Phéniciennes , &c.
II. Vol. II
JUIN. 1733. 1393
Il est glorieux à l'Auteur d'avoir conçû
la vaste idée de réünir en un Corps
les Antiquitez de toutes les Nations , après
en avoir expliqué les points les plus obscurs
, conformement aux Historiens sacrez
et profanes . Cet Ouvrage plein d'érudition
, est écrit avec méthode et se
lit avec autant d'utilité que de plaisir ;
il développe avec beaucoup de clarté
toutes les difficultez qui empêchoient que
l'on ne fit tous les progrès que l'on désiroit
pour la connoissance parfaite de
l'Histoire,parce qu'il réunit avec les Elemens
, toute la Science des Antiquitez ,
ainsi il servira infiniment aux personnes
de l'un et de l'autre Sexe qui se livrent à
l'étude de l'Histoire ancienne pour parvenir
à la moderne.
2
Avant que de s'engager dans l'Histoire
, M. Michel établit une Chronologie
depuis la Création du monde jusqu'à
I'Empire de Cyrus , qui est le terme des
difficultez Chronologiques ; il fait cinq
intervales ; il a suivi l'Hébreu et le Samaritain
, avant le Déluge ; et depuis le
Déluge le Samaritain et les Septante
jusqu'à la sortie d'Egypte ; depuis cette
sortie jusqu'à la fondation du Temple
il compte 680 ans , et prouve son calcul
par le Livre des Juges, et le premier
II.Vol. des
1294 MERCURE DE FRANCE
des Rois , par S Paul , par les Historiens
Egyptiens , et par des observations Astronomiques
; il a dressé le se intervale
sur les Livres des Rois et des Paralipomenes
, jusqu'à l'Empire de Cyrus.
Il passe ensuite à l'origine et à l'établissement
des Monarchies, et il insinuë que
le premier gouvernement des hommes
fur celui des Peres de famille , qui s'unirent
pour former de plus grandes socié
et choisirent entr'eux les plus sages
pour gouverner , mais à cause des divisions
qui pouvoient naitre dans ce Gouvernement
de plusieurs , toute l'autorité
fut confiée à un seul ; et c'est cet état
Monarchique que l'Auteur regarde comme
le plus parfait , parce qu'il approche
le plus du premier modele , qui est celui
de Dieu , dans le gouvernement de l'Univers.
Après l'origine des Monarchies suit
l'histoire des Babyloniens.M. Michel leur
donne l'Antiquité sur tous les Peuples ,
et se fonde sur ce que le Païs de Babylone
fut le premier habité , et que Nembrod
, par qui les dominations ont été
établies , y regna ; sentiment qui est appuyé
par l'Ecriture. Il veut que l'usage
des Lettres ait passé des Babyloniens aux
Juifs par Abraham , et prétend que les
II. Vol. dix
JUIN. 1733- 1395
dix Rois Babyloniens , avant le Déluge ,
sont les dix Patriarches depuis Adam jusqu'à
Noé , et pour accorder la longue durée
du regne de ces Rois avec l'Ecriture ,
il veut que la révolution d'un jour ait
été comptée pour une année ; ce qu'il
prouve par le témoignage de plusieurs
Anciens.
Il reprend l'histoire des premiers Babyloniens
dépuis le Déluge , et continuë
la posterité de Noé par ce Patriarche ,
après avoir prouvé qu'il est le même
que Bel. Il lui attribue la fondation de
Babylone , et y fait regner Nembrod , auquel
succedent deux Dynasties de Rois
Caldéens et Arabes ; il fait passer la Monarchie
des Babyloniens aux Assyriens ,
après la conquête qu'en fit Ninus.
L'Auteur qui s'étend sur l'histoire des
premiers Assyriens , réunit ingénieusement
les sentimens de tous les Anciens ,
dans les passages qui scnbloient contradictoires,
et supplée par d'heureuses conjectures
, quand l'antiquité ne lui fournit
pas assez de monumens et de preuves,
Après 40 Rois Assyriens , il met la décadence
de l'Empire d'Assyrie sous Thonos
Concoleros , à qui les Grecs ont donné
le nom de Sardanapale , mais il ne fait
point périr ce Prince dans l'embrasement
J
II. Vol. de
1356 MERCURE DE FRANCE
"
de Ninive , il veut , au contraire , qu'il
soit mort de vieillesse dans la Cilicie , et
lui donne un Successeur à Ninive du
nom de Ninus. C'est ce Prince à qui Jonas
prêcha la pénitence, et l'Auteur prou .
ve par ce Prophete , que Ninive ne fut
point alors détruite , et que la revolte
des Babyloniens et des Medes ne fit qu'affoiblir
l'Empire d'Assyrie , sans le détruire.
Pour fixer le démembrement de cer
Empire , l'Auteur se sert de plusieurs
monumens constans ; entr'autres de la
durée de l'Empire d'Assyrie jusqu'à Teutame
, sous qui est placé le Siége de
Troye ; la suite des successeurs de Teutame
, la décadence de l'Empire d'Assyrie
, marquée par tous les Anciens , sous
l'Archontat d'Ariphron , la prédication
'de Jonas.
Il donne une suite des Rois Assyriens
depuis le second Ninus , successeur de
Sardanapale , jusqu'à Assarhadon , qui
réunit Babylone à son Empire . C'est sous
ce Prince qu'il place l'histoire de Judith,
et son sentiment paroît très- conforme à
la vérité. Après avoir répondu à quelques
objections que l'on pouvoit lui faire
, il prouve qu'Assarhadon est Nabuchodonosor
, que Déjoces est Arphaxad
II. Vol. que
JUIN. 1733 1397
NC
que l'histoire de Judith arriva durant
la minorité du Roy Manassés , et sous la
regence du grand Prêtre Eliacim . Alors
Judith étoit âgée de 26 ou 27 ans. Il rejette
le sentiment de ceux qui lui en
donnent 66 , parce qu'il ne croit pas ,
avec raison qu'une femme à cet âge puisse
donner de l'amour ; il fait finir l'Empire
d'Assyrie à Chiniladon , et prétend
que c'est le dernier Sardanapale dont
parle l'histoire , qui se brûla dans son Palais
; et comme il avoit prouvé par Jonas
que Ninive n'avoit point été détruite
sous Thonos - Concoleros , il se sert de
plusieurs passages des Proj hetes pour en
narquer la destruction du temps de
Chiniladon. Des ruines de l'Empire de
• Ninive s'éleverent deux Empires colla-
$ teraux, des Babyloniens et des Médes .
IS
0
L'Auteur commence par celui des Babyloniens
, fondé par le pere de Nabuchodonosor
le Grand ; il fait voir que les
E Interpretes de la Bible n'ont pû concilier
la datte de Daniel et de Jeremie pour
la prise de Jerusalem ; parce qu'ils n'ont
pas fait attention au temps où les Babytpoansiens
et les Juifs commençoient leur
année . Après avoir rapporté l'histoire de
Nabuchodonosor et de ses successeurs
jusqu'à Balthasar , il prétend que ce der-
II. Vol. nier
1398 MERCURE DE FRANCE
nier Prince a eu le nom de Nabonid , de
même que Darius le Méde ; et il fait voir
que pour avoir confondu les deux Princes
de ce nom , on n'a pû concilier les
passages des Anciens. Ce qu'il dit de Darius
, que Cyrus associa à son Empire ,
après la prise de Babylone , éclaircit beaucoup
l'histoire de ces deux Princes.
L'Auteur finit par l'histoire des Médes
qui se gouvernerent par leurs Loix jusqu'à
Déjoces , sous la souveraineté des
Rois d'Assirie , qui prenoient aussi le titre
de Rois des Médes , comme Rois de
ces deux Nations ; c'est ainsi qu'il accorde
Hérodote et Crésias , avec l'Ecriture .
Il prétend que Déjoces , qui est l'Apandas
de Ctesias , n'a regné que 22 ans , et
que c'est le dénouement d'une difficulté
qu'Hérodote fait naitre touchant les 128
ans de la domination qu'il attribuë aux
Médes dans toute l'Asie ; quoiqu'il en
compte 150 depuis Déjoces jusqu'à Cyrus
; car ces 22 ans qu'Hérodote retranche
, ne peuvent être attribués à la domination
des Scythes , puisqu'elle fut de
28 ans, selon Hérodote,qui les comprend
dans cette durée de 128 ans , mais ils doivent
finir avec le regne de Déjoces , qui
ne regna que sur la Médie , selon Hérodote
; au lieu que Phraortes , son fils
1
II. Vol. soumit
JUIN. 1733 1399
soumit toute l'Asie . L'Auteur a ajoûté
un Canon Chronologique des Histoires
dont il a traité , avec un Catalogue des
anciens Auteurs qu'il a citez , et l'Edition
de leurs Ouvrages.
On ne doute pas que la seconde partie,
qui comprendra le reste des Antiquitez ,
et que l'Auteur continuera de fai e imprimer
à ses frais , ne soit reçue du public
avec autant de satisfaction.
Ce Livre se trouve à Paris , chez Musier
, fils , Libraire , sur le Quai et au coin
de la rue des grands Augustins , à la Minerve
, 1733. in 4. de 378 pag sans l'Epître
au Roy , la Préface , le Canon Chronologique
, le Catalogue des Auteurs
citez , & c. Le prix est de 6 liv . broché.
d'un Ouvrage dédié et présenté au
Roy par l'Auteur , sous les auspices de
M. le Cardinal de Fleury , qui est intitulé
: SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les
trois Textes de la Bible ; sçavoir , l'Hebren
le Samaritain et le Grec , avec l'Histoire
des anciennes Monarchies expliquée et rétablie
, par M. Michel , de Toul. Cette
premiere Partie sera suivie d'une seconde
qui comprendra les Antiquitez Egyptiennes
, Phéniciennes , &c.
II. Vol. II
JUIN. 1733. 1393
Il est glorieux à l'Auteur d'avoir conçû
la vaste idée de réünir en un Corps
les Antiquitez de toutes les Nations , après
en avoir expliqué les points les plus obscurs
, conformement aux Historiens sacrez
et profanes . Cet Ouvrage plein d'érudition
, est écrit avec méthode et se
lit avec autant d'utilité que de plaisir ;
il développe avec beaucoup de clarté
toutes les difficultez qui empêchoient que
l'on ne fit tous les progrès que l'on désiroit
pour la connoissance parfaite de
l'Histoire,parce qu'il réunit avec les Elemens
, toute la Science des Antiquitez ,
ainsi il servira infiniment aux personnes
de l'un et de l'autre Sexe qui se livrent à
l'étude de l'Histoire ancienne pour parvenir
à la moderne.
2
Avant que de s'engager dans l'Histoire
, M. Michel établit une Chronologie
depuis la Création du monde jusqu'à
I'Empire de Cyrus , qui est le terme des
difficultez Chronologiques ; il fait cinq
intervales ; il a suivi l'Hébreu et le Samaritain
, avant le Déluge ; et depuis le
Déluge le Samaritain et les Septante
jusqu'à la sortie d'Egypte ; depuis cette
sortie jusqu'à la fondation du Temple
il compte 680 ans , et prouve son calcul
par le Livre des Juges, et le premier
II.Vol. des
1294 MERCURE DE FRANCE
des Rois , par S Paul , par les Historiens
Egyptiens , et par des observations Astronomiques
; il a dressé le se intervale
sur les Livres des Rois et des Paralipomenes
, jusqu'à l'Empire de Cyrus.
Il passe ensuite à l'origine et à l'établissement
des Monarchies, et il insinuë que
le premier gouvernement des hommes
fur celui des Peres de famille , qui s'unirent
pour former de plus grandes socié
et choisirent entr'eux les plus sages
pour gouverner , mais à cause des divisions
qui pouvoient naitre dans ce Gouvernement
de plusieurs , toute l'autorité
fut confiée à un seul ; et c'est cet état
Monarchique que l'Auteur regarde comme
le plus parfait , parce qu'il approche
le plus du premier modele , qui est celui
de Dieu , dans le gouvernement de l'Univers.
Après l'origine des Monarchies suit
l'histoire des Babyloniens.M. Michel leur
donne l'Antiquité sur tous les Peuples ,
et se fonde sur ce que le Païs de Babylone
fut le premier habité , et que Nembrod
, par qui les dominations ont été
établies , y regna ; sentiment qui est appuyé
par l'Ecriture. Il veut que l'usage
des Lettres ait passé des Babyloniens aux
Juifs par Abraham , et prétend que les
II. Vol. dix
JUIN. 1733- 1395
dix Rois Babyloniens , avant le Déluge ,
sont les dix Patriarches depuis Adam jusqu'à
Noé , et pour accorder la longue durée
du regne de ces Rois avec l'Ecriture ,
il veut que la révolution d'un jour ait
été comptée pour une année ; ce qu'il
prouve par le témoignage de plusieurs
Anciens.
Il reprend l'histoire des premiers Babyloniens
dépuis le Déluge , et continuë
la posterité de Noé par ce Patriarche ,
après avoir prouvé qu'il est le même
que Bel. Il lui attribue la fondation de
Babylone , et y fait regner Nembrod , auquel
succedent deux Dynasties de Rois
Caldéens et Arabes ; il fait passer la Monarchie
des Babyloniens aux Assyriens ,
après la conquête qu'en fit Ninus.
L'Auteur qui s'étend sur l'histoire des
premiers Assyriens , réunit ingénieusement
les sentimens de tous les Anciens ,
dans les passages qui scnbloient contradictoires,
et supplée par d'heureuses conjectures
, quand l'antiquité ne lui fournit
pas assez de monumens et de preuves,
Après 40 Rois Assyriens , il met la décadence
de l'Empire d'Assyrie sous Thonos
Concoleros , à qui les Grecs ont donné
le nom de Sardanapale , mais il ne fait
point périr ce Prince dans l'embrasement
J
II. Vol. de
1356 MERCURE DE FRANCE
"
de Ninive , il veut , au contraire , qu'il
soit mort de vieillesse dans la Cilicie , et
lui donne un Successeur à Ninive du
nom de Ninus. C'est ce Prince à qui Jonas
prêcha la pénitence, et l'Auteur prou .
ve par ce Prophete , que Ninive ne fut
point alors détruite , et que la revolte
des Babyloniens et des Medes ne fit qu'affoiblir
l'Empire d'Assyrie , sans le détruire.
Pour fixer le démembrement de cer
Empire , l'Auteur se sert de plusieurs
monumens constans ; entr'autres de la
durée de l'Empire d'Assyrie jusqu'à Teutame
, sous qui est placé le Siége de
Troye ; la suite des successeurs de Teutame
, la décadence de l'Empire d'Assyrie
, marquée par tous les Anciens , sous
l'Archontat d'Ariphron , la prédication
'de Jonas.
Il donne une suite des Rois Assyriens
depuis le second Ninus , successeur de
Sardanapale , jusqu'à Assarhadon , qui
réunit Babylone à son Empire . C'est sous
ce Prince qu'il place l'histoire de Judith,
et son sentiment paroît très- conforme à
la vérité. Après avoir répondu à quelques
objections que l'on pouvoit lui faire
, il prouve qu'Assarhadon est Nabuchodonosor
, que Déjoces est Arphaxad
II. Vol. que
JUIN. 1733 1397
NC
que l'histoire de Judith arriva durant
la minorité du Roy Manassés , et sous la
regence du grand Prêtre Eliacim . Alors
Judith étoit âgée de 26 ou 27 ans. Il rejette
le sentiment de ceux qui lui en
donnent 66 , parce qu'il ne croit pas ,
avec raison qu'une femme à cet âge puisse
donner de l'amour ; il fait finir l'Empire
d'Assyrie à Chiniladon , et prétend
que c'est le dernier Sardanapale dont
parle l'histoire , qui se brûla dans son Palais
; et comme il avoit prouvé par Jonas
que Ninive n'avoit point été détruite
sous Thonos - Concoleros , il se sert de
plusieurs passages des Proj hetes pour en
narquer la destruction du temps de
Chiniladon. Des ruines de l'Empire de
• Ninive s'éleverent deux Empires colla-
$ teraux, des Babyloniens et des Médes .
IS
0
L'Auteur commence par celui des Babyloniens
, fondé par le pere de Nabuchodonosor
le Grand ; il fait voir que les
E Interpretes de la Bible n'ont pû concilier
la datte de Daniel et de Jeremie pour
la prise de Jerusalem ; parce qu'ils n'ont
pas fait attention au temps où les Babytpoansiens
et les Juifs commençoient leur
année . Après avoir rapporté l'histoire de
Nabuchodonosor et de ses successeurs
jusqu'à Balthasar , il prétend que ce der-
II. Vol. nier
1398 MERCURE DE FRANCE
nier Prince a eu le nom de Nabonid , de
même que Darius le Méde ; et il fait voir
que pour avoir confondu les deux Princes
de ce nom , on n'a pû concilier les
passages des Anciens. Ce qu'il dit de Darius
, que Cyrus associa à son Empire ,
après la prise de Babylone , éclaircit beaucoup
l'histoire de ces deux Princes.
L'Auteur finit par l'histoire des Médes
qui se gouvernerent par leurs Loix jusqu'à
Déjoces , sous la souveraineté des
Rois d'Assirie , qui prenoient aussi le titre
de Rois des Médes , comme Rois de
ces deux Nations ; c'est ainsi qu'il accorde
Hérodote et Crésias , avec l'Ecriture .
Il prétend que Déjoces , qui est l'Apandas
de Ctesias , n'a regné que 22 ans , et
que c'est le dénouement d'une difficulté
qu'Hérodote fait naitre touchant les 128
ans de la domination qu'il attribuë aux
Médes dans toute l'Asie ; quoiqu'il en
compte 150 depuis Déjoces jusqu'à Cyrus
; car ces 22 ans qu'Hérodote retranche
, ne peuvent être attribués à la domination
des Scythes , puisqu'elle fut de
28 ans, selon Hérodote,qui les comprend
dans cette durée de 128 ans , mais ils doivent
finir avec le regne de Déjoces , qui
ne regna que sur la Médie , selon Hérodote
; au lieu que Phraortes , son fils
1
II. Vol. soumit
JUIN. 1733 1399
soumit toute l'Asie . L'Auteur a ajoûté
un Canon Chronologique des Histoires
dont il a traité , avec un Catalogue des
anciens Auteurs qu'il a citez , et l'Edition
de leurs Ouvrages.
On ne doute pas que la seconde partie,
qui comprendra le reste des Antiquitez ,
et que l'Auteur continuera de fai e imprimer
à ses frais , ne soit reçue du public
avec autant de satisfaction.
Ce Livre se trouve à Paris , chez Musier
, fils , Libraire , sur le Quai et au coin
de la rue des grands Augustins , à la Minerve
, 1733. in 4. de 378 pag sans l'Epître
au Roy , la Préface , le Canon Chronologique
, le Catalogue des Auteurs
citez , & c. Le prix est de 6 liv . broché.
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Résumé : Systême Chronologique sur les trois Textes de la Bible, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Système Chronologique sur les trois Textes de la Bible' (hébreu, samaritain et grec), rédigé par Michel de Toul et dédié au roi sous les auspices du Cardinal de Fleury. La première partie, publiée en juin 1733, traite des antiquités bibliques et des anciennes monarchies. Une seconde partie sur les antiquités égyptiennes et phéniciennes est annoncée. Michel de Toul vise à réunir les antiquités de diverses nations en expliquant les points obscurs conformément aux historiens sacrés et profanes. L'ouvrage est structuré avec méthode et érudition, facilitant la compréhension des difficultés historiques et des éléments des antiquités. L'auteur établit une chronologie depuis la Création du monde jusqu'à l'Empire de Cyrus, divisée en cinq intervalles. Il utilise les textes hébreu et samaritain avant le Déluge, et les textes samaritain et des Septante jusqu'à la sortie d'Égypte. Il calcule 680 ans entre la sortie d'Égypte et la fondation du Temple, en se basant sur divers textes bibliques et observations astronomiques. Michel de Toul explore ensuite l'origine et l'établissement des monarchies, suggérant que le premier gouvernement des hommes était celui des pères de famille, qui choisissaient les plus sages pour gouverner. Il considère le gouvernement monarchique comme le plus parfait, rapprochant le plus du modèle divin. Le texte détaille également l'histoire des Babyloniens, considérés comme le premier peuple, en se fondant sur des références bibliques et historiques. Il attribue aux Babyloniens l'usage des lettres, transmis aux Juifs par Abraham, et identifie les dix rois babyloniens avant le Déluge aux dix patriarches depuis Adam jusqu'à Noé. L'ouvrage continue avec l'histoire des Assyriens, après la conquête babylonienne par Ninus. Michel de Toul s'appuie sur divers monuments et témoignages anciens pour reconstruire cette période, en résolvant les contradictions et en comblant les lacunes par des conjectures. L'auteur traite ensuite de la décadence de l'Empire assyrien sous Thonos Concoleros, identifié comme Sardanapale, et de la destruction de Ninive sous Chiniladon. Il explore également les empires babylonien et mède, en conciliant les dates de Daniel et Jérémie pour la prise de Jérusalem et en clarifiant les règnes de Nabuchodonosor et Darius. Le livre se conclut par un canon chronologique et un catalogue des anciens auteurs cités, et est disponible à Paris chez Musier, fils, libraire. La seconde partie, à paraître, couvrira le reste des antiquités et sera également imprimée aux frais de l'auteur.
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438
p. 1408-1412
QUESTION touchant l'autorité des Musiciens en matiere de Chant d'Eglise.
Début :
Un Ecclésiastique de Province qui a été consulté sur le Chant Ecclesiastique [...]
Mots clefs :
Chant, Église, Églises, Musiciens, Plain-chant, Juges, Question
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUESTION touchant l'autorité des Musiciens en matiere de Chant d'Eglise.
Un Ecclesiastique de Province qui a
été consulté sur le Chant Ecclesiastique
par
les Editeurs des nouveaux Bréviaires
de plusieurs Diocèses , où l'on s'interesse
à avoir un Chant exempt de fautes
cependant varié , nous a prié de publier
ce qui suit :
QUESTION touchant l'autorité des
Musiciens en matiere de Chant d'Eglise.
Il y a dans l'esprit de plusieurs per-
II. Vol. sonnes
JUIN. 1733. 1409
sonnes des préjugez si profondément enracinez
en faveur de ce qu'on appelle
aujourd'hui Musiciens d'Eglise , qu'on
des peines infinies à les en faire revenir.
Ces personnes se reposent tellement sur
la capacité de ces sujets , qu'elles n'osent
jamais parler de Chant d'Eglise , Chant
Grégorien , Plain Chant , que selon
-
ce qu'elles leur en entendent dire. Comme
c'est une illusion , qui , quoique nouvelle
, peut avoir de grandes suites , j'ai
cru qu'il étoit nécessaire de présenter Requête
à Mercure , et de me servir de
sa médiation pour notifier au Public la
chose sur laquelle je demande le jugement
des Doctes. Ce n'est pas , Messieurs
que je comprenne tous les Musiciens dans
une même classe . J'en ai trouvé d'assez
équitables pour se rendre aux remarques
que je leur ai fait faire , et qui ont déclaré
qu'ils ne croyoient pas que la maniere
dont on leur donne connoissance
du Plain-Chant dans les Maîtrises out
Ecoles de Psallette , pendant leur jeunesse,
fut suffisante pour les faire regarder dans
la suite comme des Juges compétants sur
ces sortes de matieres. Je me trouve lié
le commerce de la vie avec un certain
nombre de personnes , dans la plupart
desquelles il a fallu détruire le préjugé
par
11. Vol. en G vj
1410 MERCURE DE FRANCE
en question . Cela s'est fait aisément à
l'égard du grand nombre qui est de bonne
volonté ; mais il en reste encore d'autres
à convaincre dont je n'espere en gagner
qu'un certain nombre, parce qu'il y
en aura encore quelqu'un qui voudra absolument
rester dans son sentiment. J'avoie
qu'un si petit objet étoit de trop
peu de conséquence pour mettre aux
champs le Messager des Muses ; mais
comme ce qui est arrivé ici , peut arriver
ailleurs , j'ai cru qu'il étoit bon d'avoir
là - dessus le sentiment des Connoisscurs.
Voici donc précisément le sujet
de la Question .
Si les Musiciens peuvent et doivent être
écoutez et suivis dans les raisonnemens qu'ils
tiennent sur le Plain- Chant ou Chants d'Eglise
? S'ils sont en état de raisonner et d'être
crus sur les manieres dont il est varié
dans les Eglises differentes ; et s'ils en sont
Fuges tout- à-fait compétants et irrefragables ?
S'il n'y a pas deux extrémitez à éviter :
l'une de ne les croire juges en rien ; l'autre de
les croire juges en tout ; et en quoi donc ils
peuvent être consultez , et écoutez.
Vos Journaux , Messieurs , sont dépositaires
des Remarques Critiques que les
mauvais raisonnemens qui ont été faits
sur cette matiere , ont attirés à leurs Au-
II. Vol. teurs
JUIN. 1733. 1411
•
teurs. ( a) Il n'y a pas jusqu'à l'Ombre de
M. Thiers , qui , sortie de son tombeau
les a montrés au doigt , lorsqu'elle a parlé
de ceux qui précipitent l'Office divin ,
soit parce que leur infirmité et leur âge
le leur fait toujours trouver trop long.
soit à cause que desservant deux Eglises
, ( b ) ils ne peuvent se deffaire , lorsqu'ils
sont au service de la Mere , de la
mauvaise habitude qu'ils ont contractée
à celui de la Fille. Il n'y a pas un an ,
qu'un Anonyme se plaignit encore dans
vos Journaux (c) de ceux qui se donnent
pour Maîtres , sans jamais avoir été Disciples.
Il semble par ce qu'il dit du Lieu
où les Fideles s'assemblent et sur le .
Nosce teipsum , qu'il ait eu en vûë de réprimer.
ceux qui sans aucune étude , ni
même aucune teinture du Chant , entre .
prennent de juger de sa composition avec
une confiance qui va jusqu'à vouloir
tourner en ridicule les plus magnifiques
expressions qui s'y trouvent. Telles sont ,
par exemple , celles de l'excellent Antiphonier
usité dans l'Eglise de Paris depuis
l'Episcopat de M. de Harlay ; entre
,
(a) Merc. Juin 1726. 1. vol. pag. 1177. Mer.
Août 1726. pag. 1739. 1747. 1759 .
(b) Merc. Juin 1731. 2. vol. pag. 1443
(c) Merc. de May 1732. pag. 907. et 908.
&
II. Vol. autres
1412 MERCURE
DE FRANCE
autres celle du Saule , Saule, quid me per
sequeris ? de la Conversion de S. Paul . Si je
voulois ajoûter quelque chose à ces remarques
, je ferois observer que ce seroi !
une chose inouie , que dans des Eglise
nombreuses de Chanoines qui ont un
Clergé subsidiaire , on proposât de diminuer
la Table des Chants Psalmodi.
ques, pour la rendre aussi simple et stérile
que celle des Eglises Monastiques,
La Monotonie convient aux Solitaires ;
mais une Eglise Cathédrale ne doit pas
se laisser mettre de niveau avec celle d'un
Monastere. C'est à quoi ne font pas at
tention ceux qui ne cessent de déclamer
contre la varieté et la richesse des Tables
Psalmodiques
d'Eglises Séculieres , Cathé
drales ou Collegiales
; et il leur sied trèsmal
de proposer d'un côté pour modele
de
la penurie Monastique
, tandis que
l'autre ils distribuent
à pleines mains un
Ecrit qui établit la difference
totale qui
doit étre entre le Clergé Séculier et l'état
des Moines.
Ce 3. May 1733 .
été consulté sur le Chant Ecclesiastique
par
les Editeurs des nouveaux Bréviaires
de plusieurs Diocèses , où l'on s'interesse
à avoir un Chant exempt de fautes
cependant varié , nous a prié de publier
ce qui suit :
QUESTION touchant l'autorité des
Musiciens en matiere de Chant d'Eglise.
Il y a dans l'esprit de plusieurs per-
II. Vol. sonnes
JUIN. 1733. 1409
sonnes des préjugez si profondément enracinez
en faveur de ce qu'on appelle
aujourd'hui Musiciens d'Eglise , qu'on
des peines infinies à les en faire revenir.
Ces personnes se reposent tellement sur
la capacité de ces sujets , qu'elles n'osent
jamais parler de Chant d'Eglise , Chant
Grégorien , Plain Chant , que selon
-
ce qu'elles leur en entendent dire. Comme
c'est une illusion , qui , quoique nouvelle
, peut avoir de grandes suites , j'ai
cru qu'il étoit nécessaire de présenter Requête
à Mercure , et de me servir de
sa médiation pour notifier au Public la
chose sur laquelle je demande le jugement
des Doctes. Ce n'est pas , Messieurs
que je comprenne tous les Musiciens dans
une même classe . J'en ai trouvé d'assez
équitables pour se rendre aux remarques
que je leur ai fait faire , et qui ont déclaré
qu'ils ne croyoient pas que la maniere
dont on leur donne connoissance
du Plain-Chant dans les Maîtrises out
Ecoles de Psallette , pendant leur jeunesse,
fut suffisante pour les faire regarder dans
la suite comme des Juges compétants sur
ces sortes de matieres. Je me trouve lié
le commerce de la vie avec un certain
nombre de personnes , dans la plupart
desquelles il a fallu détruire le préjugé
par
11. Vol. en G vj
1410 MERCURE DE FRANCE
en question . Cela s'est fait aisément à
l'égard du grand nombre qui est de bonne
volonté ; mais il en reste encore d'autres
à convaincre dont je n'espere en gagner
qu'un certain nombre, parce qu'il y
en aura encore quelqu'un qui voudra absolument
rester dans son sentiment. J'avoie
qu'un si petit objet étoit de trop
peu de conséquence pour mettre aux
champs le Messager des Muses ; mais
comme ce qui est arrivé ici , peut arriver
ailleurs , j'ai cru qu'il étoit bon d'avoir
là - dessus le sentiment des Connoisscurs.
Voici donc précisément le sujet
de la Question .
Si les Musiciens peuvent et doivent être
écoutez et suivis dans les raisonnemens qu'ils
tiennent sur le Plain- Chant ou Chants d'Eglise
? S'ils sont en état de raisonner et d'être
crus sur les manieres dont il est varié
dans les Eglises differentes ; et s'ils en sont
Fuges tout- à-fait compétants et irrefragables ?
S'il n'y a pas deux extrémitez à éviter :
l'une de ne les croire juges en rien ; l'autre de
les croire juges en tout ; et en quoi donc ils
peuvent être consultez , et écoutez.
Vos Journaux , Messieurs , sont dépositaires
des Remarques Critiques que les
mauvais raisonnemens qui ont été faits
sur cette matiere , ont attirés à leurs Au-
II. Vol. teurs
JUIN. 1733. 1411
•
teurs. ( a) Il n'y a pas jusqu'à l'Ombre de
M. Thiers , qui , sortie de son tombeau
les a montrés au doigt , lorsqu'elle a parlé
de ceux qui précipitent l'Office divin ,
soit parce que leur infirmité et leur âge
le leur fait toujours trouver trop long.
soit à cause que desservant deux Eglises
, ( b ) ils ne peuvent se deffaire , lorsqu'ils
sont au service de la Mere , de la
mauvaise habitude qu'ils ont contractée
à celui de la Fille. Il n'y a pas un an ,
qu'un Anonyme se plaignit encore dans
vos Journaux (c) de ceux qui se donnent
pour Maîtres , sans jamais avoir été Disciples.
Il semble par ce qu'il dit du Lieu
où les Fideles s'assemblent et sur le .
Nosce teipsum , qu'il ait eu en vûë de réprimer.
ceux qui sans aucune étude , ni
même aucune teinture du Chant , entre .
prennent de juger de sa composition avec
une confiance qui va jusqu'à vouloir
tourner en ridicule les plus magnifiques
expressions qui s'y trouvent. Telles sont ,
par exemple , celles de l'excellent Antiphonier
usité dans l'Eglise de Paris depuis
l'Episcopat de M. de Harlay ; entre
,
(a) Merc. Juin 1726. 1. vol. pag. 1177. Mer.
Août 1726. pag. 1739. 1747. 1759 .
(b) Merc. Juin 1731. 2. vol. pag. 1443
(c) Merc. de May 1732. pag. 907. et 908.
&
II. Vol. autres
1412 MERCURE
DE FRANCE
autres celle du Saule , Saule, quid me per
sequeris ? de la Conversion de S. Paul . Si je
voulois ajoûter quelque chose à ces remarques
, je ferois observer que ce seroi !
une chose inouie , que dans des Eglise
nombreuses de Chanoines qui ont un
Clergé subsidiaire , on proposât de diminuer
la Table des Chants Psalmodi.
ques, pour la rendre aussi simple et stérile
que celle des Eglises Monastiques,
La Monotonie convient aux Solitaires ;
mais une Eglise Cathédrale ne doit pas
se laisser mettre de niveau avec celle d'un
Monastere. C'est à quoi ne font pas at
tention ceux qui ne cessent de déclamer
contre la varieté et la richesse des Tables
Psalmodiques
d'Eglises Séculieres , Cathé
drales ou Collegiales
; et il leur sied trèsmal
de proposer d'un côté pour modele
de
la penurie Monastique
, tandis que
l'autre ils distribuent
à pleines mains un
Ecrit qui établit la difference
totale qui
doit étre entre le Clergé Séculier et l'état
des Moines.
Ce 3. May 1733 .
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Résumé : QUESTION touchant l'autorité des Musiciens en matiere de Chant d'Eglise.
Un ecclésiastique de province, sollicité par les éditeurs des nouveaux bréviaires de plusieurs diocèses pour ses réflexions sur le chant ecclésiastique, a décidé de publier ses pensées. Il s'interroge sur l'autorité des musiciens d'église en matière de chant grégorien ou plain-chant. Il observe que certaines personnes ont des préjugés en faveur des musiciens d'église, les considérant comme des juges compétents sans discussion. L'ecclésiastique souligne que cette illusion est récente mais pourrait avoir des conséquences importantes. Il a donc décidé de présenter une requête pour solliciter l'avis des doctes sur la question suivante : les musiciens peuvent-ils et doivent-ils être écoutés et suivis dans leurs raisonnements sur le plain-chant ou les chants d'église ? Sont-ils compétents pour juger des variations du chant dans différentes églises ? L'ecclésiastique met en garde contre deux extrêmes : ne pas croire les musiciens en rien ou les croire en tout. Il mentionne également des critiques passées dans les journaux concernant les mauvais raisonnements sur cette matière, y compris des remarques sur ceux qui précipitent l'office divin ou se donnent pour maîtres sans avoir été disciples. Il conclut en soulignant l'importance de la variété et de la richesse des tables psalmodiques dans les églises cathédrales, contrairement à la monotonie des églises monastiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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439
p. 1547-1551
ODE en l'honneur de l'Immaculée Conception de la Vierge, qui a remporté le Prix au Palinod de l'Université de Caën, le 8 Décembre 1732. SUJET. Le coeur de la Pucelle d'Orléans fut trouvé entier au milieu du feu après sa mort.
Début :
Ou vont ces Enfans de la terre, [...]
Mots clefs :
Sang, Coeur, Victoire, Gloire, Horreur, Dieu, Prix, Pucelle d'Orléans, Immaculée Conception de la Vierge, Palinod, Université de Caen
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texteReconnaissance textuelle : ODE en l'honneur de l'Immaculée Conception de la Vierge, qui a remporté le Prix au Palinod de l'Université de Caën, le 8 Décembre 1732. SUJET. Le coeur de la Pucelle d'Orléans fut trouvé entier au milieu du feu après sa mort.
ODE en l'honneur de l'Immaculée
Conception de la Vierge , qui a rem
porté le Prix au Palinod de l'Université
de Caën , le 8 Décembre 1732.A
?
SUJET Le coeur de la Pucelle d'Orleans
fut trouvé entier au milieu du feu après
sa mort.
7
U vont ces Enfans de la terre ,
Porter le ravage et l'horreur ?
La discorde souffle la guerre ,
Dvj
En
1548 MERCURE DE FRANCE
En vient seconder leur fureur ;
Le cruel démon du carnage ,
Les yeux étincelans de rage ,
Conduit leurs sacrileges pas ,
Leurs mains de sang toutes fumantes
Offrent des victimes sanglantes ,
Au Dieu barbare des combats.
FRANCE , cette affreuse tempête ,
Va dans ton sein porter l'effroi ,
Albion tente la conquête
Du Trône sacré de ton Roi :
Déja cette troupe homicide ,
Dans le fol espoir qui la guide ,
Fait avancer ses . Bataillons :
La Victoire errante et séduite
Marche sans rougir à la suite
De leurs superbes Pavillons.
Nos Citadelles foudroyées ,
Nos champs pleins de sang et d'horreur
}
De nos Cohortes effraïées ,
Ne peuvent réveiller l'ardeur :
François , qu'on va charger de chaînes ,
Songés que le sang de vos veines
Est celui de ces fiers Guerriers
Dom le courage infatigable ,
Au
JUILLET.
1733. 1549
Au Capitole redoutable ,
Alloit moissonner des lauriers.
La Fortune aux Anglois fidéle
Sur ses yeux mettant son bandeau ,
Ose ' armer pour leur querelle ,
Et se ranger sous leur drapeau ;
Leurs Troupes de sang alterées ,
De nos déplorables Contrées ,
Couvrent les campagnes de morts :
Jamais l'Euphrate sur ses rives ,
Ne vît tant de Meres plaintives ,
Que la Seine en voit sur ses bords.
Mais quoi quelle main vengeresse !
Vient frapper ces nouveaux Titans ?
Quelle foudroïante Déesse ;
Renverse leurs Drapeaux flotans !
Du Dieu terrible de la Thrace ,
Elle a le courage et l'audace ;
Bellone marche à ses côtés ;
Et son bras s'arme de la foudre ,
Qui va faire mordre la poudre
Aux ennemis épouventés
De nos Troupes le triste reste ,
Brûle de marcher sur ses pas :
Elle
1550 MERCURE DE FRANCE
Elle frape , et sa main funeste
Abbat des milliers de Soldats ;
Tel l'Ange en sa fureur rapide ,
Frapa le Soldat homicide
De l'infidele Assyrien ,
Lorsque son glaive redoutable
Dans une nuit épouventable ,
Vengea le Peuple Iduméen.
Avec une ardeur redoublée
Bravant les efforts ennemis ,
Nos Guerriers vont dans la mêlée ,
Venger la gloire de nos Lys :
Des blessés les clameurs touchantes
Des morts les entrailles fumantes ,
Redoublent l'horreur et l'effroi ;
Chacun jaloux de la victoire ,
Se trouve heureux d'avoir la gloire ,
De verser son sang pour son Roi.
A ces effrayantes images ,
Semble succeder le repos ;
Tant de meurtres et de ravages ,
Ont lassé la fiere Atropos :
Le bruit des guerrieres Trompettes
Ne fait plus taire nos Musettes :
Mais quoi quel funeste retour !
I
I
I
La
JUILLET.
1733. I551
La Fortune nous abandonne ,
Et notre vaillante Amazonne
Tombe dans les fers à son tour.
L'Anglois que la vengeance anime ,
Fait dresser un bucher cruel ,
Où cette innocente Victime
Va recevoir le coup mortel ;
Son coeur , l'appui de nos murailles ,
Son coeur qui gagnoit des Batailles,
Triomphe encore après sa mort ;
Et par une grace invisible ,`
Du Ciel , à son malheur sensible
Des feux brave le vain effort.
ALLUSIO N.
Ce coeur d'une nouvelle gloire
Brille encore au milieu du feu ,
En nous figurant la victoire
De l'Auguste Mere de Dieu :
Τ .
Le Démon par son imposture
Embrasa toute la Nature"
De son souffle pernicieux ;"
par une grace céleste , Mais
La VIERGE en ce débris funeste
Fût seule exempte de ses feux.
Par M. l'Abbé Turpin.
Conception de la Vierge , qui a rem
porté le Prix au Palinod de l'Université
de Caën , le 8 Décembre 1732.A
?
SUJET Le coeur de la Pucelle d'Orleans
fut trouvé entier au milieu du feu après
sa mort.
7
U vont ces Enfans de la terre ,
Porter le ravage et l'horreur ?
La discorde souffle la guerre ,
Dvj
En
1548 MERCURE DE FRANCE
En vient seconder leur fureur ;
Le cruel démon du carnage ,
Les yeux étincelans de rage ,
Conduit leurs sacrileges pas ,
Leurs mains de sang toutes fumantes
Offrent des victimes sanglantes ,
Au Dieu barbare des combats.
FRANCE , cette affreuse tempête ,
Va dans ton sein porter l'effroi ,
Albion tente la conquête
Du Trône sacré de ton Roi :
Déja cette troupe homicide ,
Dans le fol espoir qui la guide ,
Fait avancer ses . Bataillons :
La Victoire errante et séduite
Marche sans rougir à la suite
De leurs superbes Pavillons.
Nos Citadelles foudroyées ,
Nos champs pleins de sang et d'horreur
}
De nos Cohortes effraïées ,
Ne peuvent réveiller l'ardeur :
François , qu'on va charger de chaînes ,
Songés que le sang de vos veines
Est celui de ces fiers Guerriers
Dom le courage infatigable ,
Au
JUILLET.
1733. 1549
Au Capitole redoutable ,
Alloit moissonner des lauriers.
La Fortune aux Anglois fidéle
Sur ses yeux mettant son bandeau ,
Ose ' armer pour leur querelle ,
Et se ranger sous leur drapeau ;
Leurs Troupes de sang alterées ,
De nos déplorables Contrées ,
Couvrent les campagnes de morts :
Jamais l'Euphrate sur ses rives ,
Ne vît tant de Meres plaintives ,
Que la Seine en voit sur ses bords.
Mais quoi quelle main vengeresse !
Vient frapper ces nouveaux Titans ?
Quelle foudroïante Déesse ;
Renverse leurs Drapeaux flotans !
Du Dieu terrible de la Thrace ,
Elle a le courage et l'audace ;
Bellone marche à ses côtés ;
Et son bras s'arme de la foudre ,
Qui va faire mordre la poudre
Aux ennemis épouventés
De nos Troupes le triste reste ,
Brûle de marcher sur ses pas :
Elle
1550 MERCURE DE FRANCE
Elle frape , et sa main funeste
Abbat des milliers de Soldats ;
Tel l'Ange en sa fureur rapide ,
Frapa le Soldat homicide
De l'infidele Assyrien ,
Lorsque son glaive redoutable
Dans une nuit épouventable ,
Vengea le Peuple Iduméen.
Avec une ardeur redoublée
Bravant les efforts ennemis ,
Nos Guerriers vont dans la mêlée ,
Venger la gloire de nos Lys :
Des blessés les clameurs touchantes
Des morts les entrailles fumantes ,
Redoublent l'horreur et l'effroi ;
Chacun jaloux de la victoire ,
Se trouve heureux d'avoir la gloire ,
De verser son sang pour son Roi.
A ces effrayantes images ,
Semble succeder le repos ;
Tant de meurtres et de ravages ,
Ont lassé la fiere Atropos :
Le bruit des guerrieres Trompettes
Ne fait plus taire nos Musettes :
Mais quoi quel funeste retour !
I
I
I
La
JUILLET.
1733. I551
La Fortune nous abandonne ,
Et notre vaillante Amazonne
Tombe dans les fers à son tour.
L'Anglois que la vengeance anime ,
Fait dresser un bucher cruel ,
Où cette innocente Victime
Va recevoir le coup mortel ;
Son coeur , l'appui de nos murailles ,
Son coeur qui gagnoit des Batailles,
Triomphe encore après sa mort ;
Et par une grace invisible ,`
Du Ciel , à son malheur sensible
Des feux brave le vain effort.
ALLUSIO N.
Ce coeur d'une nouvelle gloire
Brille encore au milieu du feu ,
En nous figurant la victoire
De l'Auguste Mere de Dieu :
Τ .
Le Démon par son imposture
Embrasa toute la Nature"
De son souffle pernicieux ;"
par une grace céleste , Mais
La VIERGE en ce débris funeste
Fût seule exempte de ses feux.
Par M. l'Abbé Turpin.
Fermer
Résumé : ODE en l'honneur de l'Immaculée Conception de la Vierge, qui a remporté le Prix au Palinod de l'Université de Caën, le 8 Décembre 1732. SUJET. Le coeur de la Pucelle d'Orléans fut trouvé entier au milieu du feu après sa mort.
Le texte est une ode en l'honneur de l'Immaculée Conception, récompensée au Palinod de l'Université de Caen le 8 décembre 1732. Il évoque le cœur intact de Jeanne d'Arc retrouvé après sa mort. Le poème décrit les horreurs de la guerre, notamment les conflits entre la France et l'Angleterre au XVIe siècle. La France est menacée par les troupes anglaises, et la victoire semble incertaine. Une figure divine, comparée à Bellone, intervient pour renverser les ennemis. Les soldats français, malgré leurs pertes, continuent de se battre avec courage. Le texte se termine par une allusion au cœur de Jeanne d'Arc, symbolisant la victoire et la grâce divine. Cette image est comparée à la Vierge Marie, exemptée des feux de l'imposture démoniaque.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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440
p. 1615-1622
RÉPONSE à M. D. L. R. sur un Mémoire venu d'Amiens, au sujet de quelques cérémonies de la premiere Entrée des Evêques de cette Ville.
Début :
L'Ecrit dont vous m'avez prié de faire la lecture, renferme plusieurs choses curieuses, [...]
Mots clefs :
Évêque, Entrée, Amiens, Seigneur, Rivery, Cahors, Cessac, Seigneurs, Sentence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à M. D. L. R. sur un Mémoire venu d'Amiens, au sujet de quelques cérémonies de la premiere Entrée des Evêques de cette Ville.
REPONSE à M. D. L. R. sur un
Mémoire venu d'Amiens , au sujet de
quelques cérémonies de la premiere Entrée
des Evêques de cette Ville.
L'E
' Ecrit dont vous m'avez prié de faire la lecture
, renferme plusieurs choses curieuses ,
mais qui ne m'ont paru devoir agréer au Lecteur
qu'autant qu'il y aura un ordre plus méthodique
dans les matieres qui le composent.
M. Boullanger de Rivery est bien- aise que le
Public soit informé dans le temps de la vacance
du Siége Episcopal d'Amiens , de ce qui doit
Giiij être
1616 MERCURE DE FRANCE
être pratiqué à l'Entrée du futur Evêque , et sur
tout de la part qu'il doit prendre lui- même à
cette cérémonie. Ce qu'il marque dans cet Ecrit,
auquel il donne le nom de Manifeste , se voit
représenté à Amiens, dans une Tapisserie de l'Eglise
de S.Firmin le Confès . L'on y voit l'Entrée
d'un Evêque d'Amiens, dans sa ville Episcopale;
à son Joyeux Avenement. Le Prélat est monté
sur une Mule ; le Seigneur de Rivery portant
l'Ecu de ses Armes ( qui sont de Gueules à trois
pals de vair , au franc quartier d'or ) tient la
bride de la Mule , et conduit ainsi l'Evêque,suivi
de la Noblesse et du Peuple.On nous laisse ignorer
dans cet Ecrit les autres circonstances de
cette cérémonie ; mais on n'oublie point de remarquer
que le Seigneur de Rivery ayant servi
le Prélat à la descente de sa monture , est en
droit de revendiquer la Mule , comme à lui appartenante
, et même la Vaisselle servie aux Festins
de ce jour solemuel.
Cet usage ancien , attesté par M de la Morliere
, Chanoine de la Cathédrale d'Amiens et
Historiographe du Païs a été pratiqué dans
les Entrées de Messire Antoine de Créqui , le
1 Janvier 1564. dans celle de M. Geoffroy de la
Marthonie , le 25 Mars 1577. de M. François
le Febvre de Caumartin , le 1 Juillet 1618 et
trois Evêques depuis ce temps - là , qui sont
M. Favre , M. Feydeau de Brou et M Pierre
Sabatier, le dernier décédé , ont reconnu ce droit
du Seigneur de Rivery
Pour ce qui est de son origine , M Boullanger
de Rivery en fait la date bien ancienne dans
son Imprimé , puisqu'il ne craint point de remonter
jusqu'à S. Firmin , premier Evêque d'Amiens.
Sans le suivre dans les preuves qu'il a
apporté
JUILLET. 1733. 1617
apporté , que ce S. Apôtre du Païs a été le premier
Auteur des Institutions de Fiefs, dans la Ville
et Diocèse d'Amiens ; il me permettra de commencer
par douter de tout ce qu'il dit , qu'on
peut tirer tant des Chartes de l'Hôtel de Ville
de l'Evêché , et du Chapitre , que de celles des Seigneurs
de Picquigny et du Vidame d'Amiens .
En effet , si on y trouve ce qu'il dit y être ;
sçavoir , que de Puissans Seigneurs temporels
qui ne reconnoissoient aacun Souverain ni Seigneur
au dessus d'eux , voulurent bien avoüer tenir
leurs Terres et Seigneuries de S. Firmin ; et que
ce Saint Evêque , en reconnoissance , chargea
ses successeurs , lorsqu'ils recevroient le même
hommage à leur premiere Entrée, de gratifier le
principal de ces Seigneurs , de l'Anneau d'or
qu'ils porteroient au doigt ; et l'un des autres ,
de la monture sur laquelle ils feroient cette Entrée
, ce sont des faits sujets à revision , et sur
lesquels la Critique peut avoir de quoi s'exercer.
Il peut d'abord paroître extraordinaire
qu'un Evêque mort martyr , sous l'Empire de
Dioclétien , eut eu la derniere volonté qu'on lui
prête.
Au reste , je ne doute pas plus du droit qu'ont
le Vidame d'Amiens , et le Seigneur de Rivery
sur l'Anneau et sur la Mule de l'Evêque, qui fait
sa premiere Entrée â Amiens , que de celui qu'a
l'Evêque d'exiger d'eux l'hommage et la soumission
qui sont d'ancienne tradition ; je regarde
ces droits comme imprescriptibles de part
et d'autre , ainsi que le dit M. de Rivery ; mais
je suis persuadé qu'il ne convient aucunement
d'en faire remonter l'Epoque au troisiéme ou
quatrième siècle.
Ce qu'il dit dès le commencement de son Ma-
G v nifeste
16 : 3 MERCURE DE FRANCE
>
nifeste , touchant l'Eglise de Rome , qui étane.
opprimée par les Lombards se choisit des
Avouez ou Deffenseurs , même parmi les Têtes
Couronnées , et ce qu'il ajoute plus bas , touchant
les Evêques et les Monasteres , qui se
choisirent pareillement des Deffenseurs pour les
proteger contre les incursions des Tyrans ou
des Barbares , peut suffire pour fixer à quelques.
siecles près , l'origine de ces devoirs respectifs
et mutuels , entre les Seigneurs Ecclesiastiques,
et les seigneurs Laïques. Vous touchez , M.quel
que choses de ces Avouez, qu'on appelloit Porte-
Oriflammes ou Porte- Etendards , dans votre Jour
nal de Mars dernier , à la page 480 .
" Les exemples que M. Boullanger de Rivery.
apporte pour appuyer l'usage qui s'observe as
Amiens , sont excellens pour insinuer qu'il ne
conviendroit point de l'abolir. Il extrait de la
Gazette de France , du 9 May 1701. que le Pape
Cement XI . monta à Cheval dans le Jardin de
son Palais , le & Avril 1701. et qu'il s'exerça
pour la Cavalcade qu'il devoit faire le lende
main , jour de son 'Entrée publique , que le Prince
de Parme tint la bride du Cheval , et le Connêtable
l'Etrier il ajoute qu'il y est aussi marqué
, que le Duc de Parme est le Grand Gonfalonier
de l'Eglise , pourquoi il écartele par un
Pal de Gueules au Gonfalon Papal , c. M. de
Rivery trouve du rapport , entre les Armoiries
de la Tapisserie de S. Firmin , citée cy- dessus ,
et celles de ce Grand Gonfalonier ; mais on n'a
pas besoin de cela pour prouver les honneurs
que des Seigneurs séculiers se sont toujours plu
a rendre aux Evêques dans le temps de leur
reception.
•
Ce qu'il rapporte du Baron de Cessac au
Comté
JUILLET. 1733. 1619
Somté de Cahors est plus pressant. Quand un
Evêque de Cahors fait son Entrée solemnelle à
P'Evêché , ce Baron va.au devant de lui , hors
la Ville ; l'ayant rencontré àun certain Endroit.
marqué , il met pied à terre; après l'avoir salué ,
nuë tête et sans manteau , il prend la Mule de
P'Evêque par la bride , le conduit à l'Eglise Cathedrale
, de là au Palais Episcopal , où il s'arrête
pour le servir à table durant son diner, après
lequel il se retire avec la Mnle et le Buffet qui lui
appartiennent et lui sont acquis.
Cette soumission fut faite en 1604. par le
Baron de Cessac , et Messire Antoine Popinian
lors Evêque de Cahors ; mais elle fut suivie d'un
Procès entr'eux aux Requêtes du Palais de Toulouze
, sur ce que le sieur de Cessac prétendoit
que le Buffet dont l'Evêque s'étoit servi , n'étoit
point conforme et sortable à la célébrité de l'Acte
ni à la magnificence du Festin .
Surquoi intervint Sentence , le 15 May 1604.
qui ordonne qu'il sera procédé à l'estimation
des Droits par Experts ; eu égard à la qualité
des Parties , la célébrité de l'Acte , et la magnificence
du Festin. Estimation faite en conséquence
par Experts , à la somme de 3123 liv.sur quoi
autre Sentence , qui condamne l'Evêque à payer
pareille somme. Sentence qui fut confirmée par
Arrêt du même Parlement du Toulouse.
En 1627 23 ans après , M. Pierre de Habert ,
nouvellement pourvû de cet Evêché , ayant fait
son Entrée en la Ville de Cahors , sans avoit appellé
M. Pierre de Casilhac , Baron de Cessaç.
Autre Instance , aux Requêtes dn Palais , de la
part du Baron , qui demande , contre l'Evêque ,
condamnation de la somme de 3123 liv. pour ex
au lieu de la valeur de ses droits.
Gvj L'E1520
MERCURE DE FRANCE
;
L'Evêque soutient que c'est chose purement
du Seigneur , d'appeller son Vassal à pareille
cérémonie ; que d'ailleurs l'Entrée qu'il a faite
dans la Ville de Cahors n'étoit pas solemnelle
que le Clergé ne s'y étoit pas trouvé en Procession
, nonobstant quoi , par Sentence du 20 Fevrier
1530. il est condamné à payer au sieur de
Cessac la somme demandée , à la charge par lui
de se trouver à une Entrée plus solemnelle , si le
sieur Evêque en vouloit faire ; sans pouvoir prétendre
autres droits.
L'Evêque ayant appellé de cette Sentence , et
conclu sur Procês par écrit , aux Enquêtes , suz
la question de sçavoir , si le Baron de Cessac
qui devoit rendre ce service au sieur Evêque à sa
premiere Entrée , étoit en droit de contraindre
le sieur Evêque de l'accepter.
Par Arrêt du Parlement de Toulouze , rendu
le S Juillet 1630 au rapport de M. Olive Dumesnil
, Conseiller ; il fut jugé que l'obligation
du Seigneur et du Vassal est réciproque , qu'un
même lien mutuel les lie tous deux, quoique par
des devoirs différens ; notamment , dit l'Autheur
en cette rencontre , où tout l'honneur se réfere à
l'Evêque.
Il est dit par l'Arrêt qu'il a été bien jugé par
la Sentence dont étoit appel , et ledit sieur Evêque
condamné à payer ladite somme de 3123 liv .
si mieux il n'aime faire une Entrée plus solemnelle.
Ces Arrêts sont rapportez au long par M Olive
Dumesnil , en ses Questions Notables , Liv.
2. Chap. 8.
Les Institutions et formalitez prescrites entre
l'Evêque de Cahors , et le Baron de Cessac , pour
la cérémonie de l'Entrée de l'Evêque , en la Ville .
Capitale de Cahors. se trouvent pareilles, communes
JUILLET . 1733. 16: 1
nes et relatives à ce qui s'observe , et a été observé
en pareil cas , pour la cérémonie de l'Entrée de
l'Evêque d'Amiens, dans sa Ville Capitale, pareilles
feodalitez , pareils motifs , parité de raisons
, et par conséquent pareil jugement, mêmes
droits , même décision : Übi eadem ratio, ibi idem
jus. C'est ainsi que s'exprime M. de Rivery dans
son Manifeste.
Il y touche incidemment l'usage qui est observé
communément par les Evêques , qui est de
donner des repas aux Chanoines à certains jours
de l'année. Il dit que la Jurisprudence des Arrêts
a jugé ces Festins obligatoires à la nouvelle Entrée:
Ad comparandum favorem populi et militum.
De plus , que par Arrêt du Parlement de
Paris , du 16 May 1346. l'Evêque d'Angers a été
condamné à faire cinq ou six Festins par an à
son Chapitre ; et qu'un particulier même , qui
est l'Archiprêtre, fit condamner l'un de ses Successeurs
dans le même Evêchê , l'an 1385 , à lui
payer le jour de S Yves , l'évaluation d'un semblable
Festin .
very
"
Comme il m'a paru que le Seigneur de Ris'attachoit
à faire connoître au Public les
prérogatives attachées à sa Terre , j'ai été surpris
qu'il n'ait rien dit de la Chasse aux Cygnes,
qui est Seigneuriale en ce Pais- là, selon la Morliere
, Historien d'Amiens ; et qui n'appartient
selon lui , qu'à l'Evêque d'Amiens , au Chapitre,
à l'Abbé de Corbie , au Vidame , à cause de
Dours , Village situé sur la Riviere de Seine , au
Seigneur de Rivery , et à celui de Blangy sur
Somme.Vous en lirez , avec plaisir , un récit abregé
, dans l'Ouvrage de ce Chanoine , page 139 .
édition de 1622. in 8. Informez-vous , s'il vous
plaît , si cet usage subsiste encore ; et supposé
que
1622 MERCURE DE FRANCE
que cela soit , je vous invite à assigner à Mercure
une Séance sur la Riviere de Somme , entre
Ambons et Corbie , le premier Mardy d'Aoust ,
qui sera le quatrième jour du mois en la présente
année 1733. pour y voir les Baillifs des six
Seigneurs , cy-dessus nommez , s'acquitter de
leur devoir..
↓
Vous y verrez ( si l'usage n'est pas aboli ) six
graves Magistrats , se faire apporter toutes les
couvées de Cygnes , avec les peres et meres, dans
le Village de la Motte; et là suivant qu'on trou
ve les Peres de famille marquez , on marque de
même les Enfans . La couvée dont le pere se trouve
marqué d'une Crosse , au côté droit du bec
est censée appartenir à M. l'Evêquè , et son Baillif
fait matquer de même toute la filiation . La
marque du Chapitre est une Croix ; celle de
l'Abbé de Corbie , une Clef , celle du Vidame est
un Ecusson appliqué des deux côtez du bec du
Cygne , au lieu que le Seigneur de Blangy ne
l'applique que du côté gauche . Pour ce qui est da
Seigneur de Rivery , la marque qu'il fait apposer
par son Baillif , est une simple barre de travers
, sur le bec de l'Oyseau . C'est toujours un
Privilege singulier pour ce Seigneur de pouvoir
réunir son Baillif avec ceux de l'Evêque , đu Chapitre
de l'Abbé de Corbie, et du Vidame, pour
juger une cause aussi importante que l'est celle
du nombre des couvées des Cygnes qui se baignent
dans la Riviere de Somme , et le public ne
sera pas fàché d'en être informé. Je suis ,
&c.
Mémoire venu d'Amiens , au sujet de
quelques cérémonies de la premiere Entrée
des Evêques de cette Ville.
L'E
' Ecrit dont vous m'avez prié de faire la lecture
, renferme plusieurs choses curieuses ,
mais qui ne m'ont paru devoir agréer au Lecteur
qu'autant qu'il y aura un ordre plus méthodique
dans les matieres qui le composent.
M. Boullanger de Rivery est bien- aise que le
Public soit informé dans le temps de la vacance
du Siége Episcopal d'Amiens , de ce qui doit
Giiij être
1616 MERCURE DE FRANCE
être pratiqué à l'Entrée du futur Evêque , et sur
tout de la part qu'il doit prendre lui- même à
cette cérémonie. Ce qu'il marque dans cet Ecrit,
auquel il donne le nom de Manifeste , se voit
représenté à Amiens, dans une Tapisserie de l'Eglise
de S.Firmin le Confès . L'on y voit l'Entrée
d'un Evêque d'Amiens, dans sa ville Episcopale;
à son Joyeux Avenement. Le Prélat est monté
sur une Mule ; le Seigneur de Rivery portant
l'Ecu de ses Armes ( qui sont de Gueules à trois
pals de vair , au franc quartier d'or ) tient la
bride de la Mule , et conduit ainsi l'Evêque,suivi
de la Noblesse et du Peuple.On nous laisse ignorer
dans cet Ecrit les autres circonstances de
cette cérémonie ; mais on n'oublie point de remarquer
que le Seigneur de Rivery ayant servi
le Prélat à la descente de sa monture , est en
droit de revendiquer la Mule , comme à lui appartenante
, et même la Vaisselle servie aux Festins
de ce jour solemuel.
Cet usage ancien , attesté par M de la Morliere
, Chanoine de la Cathédrale d'Amiens et
Historiographe du Païs a été pratiqué dans
les Entrées de Messire Antoine de Créqui , le
1 Janvier 1564. dans celle de M. Geoffroy de la
Marthonie , le 25 Mars 1577. de M. François
le Febvre de Caumartin , le 1 Juillet 1618 et
trois Evêques depuis ce temps - là , qui sont
M. Favre , M. Feydeau de Brou et M Pierre
Sabatier, le dernier décédé , ont reconnu ce droit
du Seigneur de Rivery
Pour ce qui est de son origine , M Boullanger
de Rivery en fait la date bien ancienne dans
son Imprimé , puisqu'il ne craint point de remonter
jusqu'à S. Firmin , premier Evêque d'Amiens.
Sans le suivre dans les preuves qu'il a
apporté
JUILLET. 1733. 1617
apporté , que ce S. Apôtre du Païs a été le premier
Auteur des Institutions de Fiefs, dans la Ville
et Diocèse d'Amiens ; il me permettra de commencer
par douter de tout ce qu'il dit , qu'on
peut tirer tant des Chartes de l'Hôtel de Ville
de l'Evêché , et du Chapitre , que de celles des Seigneurs
de Picquigny et du Vidame d'Amiens .
En effet , si on y trouve ce qu'il dit y être ;
sçavoir , que de Puissans Seigneurs temporels
qui ne reconnoissoient aacun Souverain ni Seigneur
au dessus d'eux , voulurent bien avoüer tenir
leurs Terres et Seigneuries de S. Firmin ; et que
ce Saint Evêque , en reconnoissance , chargea
ses successeurs , lorsqu'ils recevroient le même
hommage à leur premiere Entrée, de gratifier le
principal de ces Seigneurs , de l'Anneau d'or
qu'ils porteroient au doigt ; et l'un des autres ,
de la monture sur laquelle ils feroient cette Entrée
, ce sont des faits sujets à revision , et sur
lesquels la Critique peut avoir de quoi s'exercer.
Il peut d'abord paroître extraordinaire
qu'un Evêque mort martyr , sous l'Empire de
Dioclétien , eut eu la derniere volonté qu'on lui
prête.
Au reste , je ne doute pas plus du droit qu'ont
le Vidame d'Amiens , et le Seigneur de Rivery
sur l'Anneau et sur la Mule de l'Evêque, qui fait
sa premiere Entrée â Amiens , que de celui qu'a
l'Evêque d'exiger d'eux l'hommage et la soumission
qui sont d'ancienne tradition ; je regarde
ces droits comme imprescriptibles de part
et d'autre , ainsi que le dit M. de Rivery ; mais
je suis persuadé qu'il ne convient aucunement
d'en faire remonter l'Epoque au troisiéme ou
quatrième siècle.
Ce qu'il dit dès le commencement de son Ma-
G v nifeste
16 : 3 MERCURE DE FRANCE
>
nifeste , touchant l'Eglise de Rome , qui étane.
opprimée par les Lombards se choisit des
Avouez ou Deffenseurs , même parmi les Têtes
Couronnées , et ce qu'il ajoute plus bas , touchant
les Evêques et les Monasteres , qui se
choisirent pareillement des Deffenseurs pour les
proteger contre les incursions des Tyrans ou
des Barbares , peut suffire pour fixer à quelques.
siecles près , l'origine de ces devoirs respectifs
et mutuels , entre les Seigneurs Ecclesiastiques,
et les seigneurs Laïques. Vous touchez , M.quel
que choses de ces Avouez, qu'on appelloit Porte-
Oriflammes ou Porte- Etendards , dans votre Jour
nal de Mars dernier , à la page 480 .
" Les exemples que M. Boullanger de Rivery.
apporte pour appuyer l'usage qui s'observe as
Amiens , sont excellens pour insinuer qu'il ne
conviendroit point de l'abolir. Il extrait de la
Gazette de France , du 9 May 1701. que le Pape
Cement XI . monta à Cheval dans le Jardin de
son Palais , le & Avril 1701. et qu'il s'exerça
pour la Cavalcade qu'il devoit faire le lende
main , jour de son 'Entrée publique , que le Prince
de Parme tint la bride du Cheval , et le Connêtable
l'Etrier il ajoute qu'il y est aussi marqué
, que le Duc de Parme est le Grand Gonfalonier
de l'Eglise , pourquoi il écartele par un
Pal de Gueules au Gonfalon Papal , c. M. de
Rivery trouve du rapport , entre les Armoiries
de la Tapisserie de S. Firmin , citée cy- dessus ,
et celles de ce Grand Gonfalonier ; mais on n'a
pas besoin de cela pour prouver les honneurs
que des Seigneurs séculiers se sont toujours plu
a rendre aux Evêques dans le temps de leur
reception.
•
Ce qu'il rapporte du Baron de Cessac au
Comté
JUILLET. 1733. 1619
Somté de Cahors est plus pressant. Quand un
Evêque de Cahors fait son Entrée solemnelle à
P'Evêché , ce Baron va.au devant de lui , hors
la Ville ; l'ayant rencontré àun certain Endroit.
marqué , il met pied à terre; après l'avoir salué ,
nuë tête et sans manteau , il prend la Mule de
P'Evêque par la bride , le conduit à l'Eglise Cathedrale
, de là au Palais Episcopal , où il s'arrête
pour le servir à table durant son diner, après
lequel il se retire avec la Mnle et le Buffet qui lui
appartiennent et lui sont acquis.
Cette soumission fut faite en 1604. par le
Baron de Cessac , et Messire Antoine Popinian
lors Evêque de Cahors ; mais elle fut suivie d'un
Procès entr'eux aux Requêtes du Palais de Toulouze
, sur ce que le sieur de Cessac prétendoit
que le Buffet dont l'Evêque s'étoit servi , n'étoit
point conforme et sortable à la célébrité de l'Acte
ni à la magnificence du Festin .
Surquoi intervint Sentence , le 15 May 1604.
qui ordonne qu'il sera procédé à l'estimation
des Droits par Experts ; eu égard à la qualité
des Parties , la célébrité de l'Acte , et la magnificence
du Festin. Estimation faite en conséquence
par Experts , à la somme de 3123 liv.sur quoi
autre Sentence , qui condamne l'Evêque à payer
pareille somme. Sentence qui fut confirmée par
Arrêt du même Parlement du Toulouse.
En 1627 23 ans après , M. Pierre de Habert ,
nouvellement pourvû de cet Evêché , ayant fait
son Entrée en la Ville de Cahors , sans avoit appellé
M. Pierre de Casilhac , Baron de Cessaç.
Autre Instance , aux Requêtes dn Palais , de la
part du Baron , qui demande , contre l'Evêque ,
condamnation de la somme de 3123 liv. pour ex
au lieu de la valeur de ses droits.
Gvj L'E1520
MERCURE DE FRANCE
;
L'Evêque soutient que c'est chose purement
du Seigneur , d'appeller son Vassal à pareille
cérémonie ; que d'ailleurs l'Entrée qu'il a faite
dans la Ville de Cahors n'étoit pas solemnelle
que le Clergé ne s'y étoit pas trouvé en Procession
, nonobstant quoi , par Sentence du 20 Fevrier
1530. il est condamné à payer au sieur de
Cessac la somme demandée , à la charge par lui
de se trouver à une Entrée plus solemnelle , si le
sieur Evêque en vouloit faire ; sans pouvoir prétendre
autres droits.
L'Evêque ayant appellé de cette Sentence , et
conclu sur Procês par écrit , aux Enquêtes , suz
la question de sçavoir , si le Baron de Cessac
qui devoit rendre ce service au sieur Evêque à sa
premiere Entrée , étoit en droit de contraindre
le sieur Evêque de l'accepter.
Par Arrêt du Parlement de Toulouze , rendu
le S Juillet 1630 au rapport de M. Olive Dumesnil
, Conseiller ; il fut jugé que l'obligation
du Seigneur et du Vassal est réciproque , qu'un
même lien mutuel les lie tous deux, quoique par
des devoirs différens ; notamment , dit l'Autheur
en cette rencontre , où tout l'honneur se réfere à
l'Evêque.
Il est dit par l'Arrêt qu'il a été bien jugé par
la Sentence dont étoit appel , et ledit sieur Evêque
condamné à payer ladite somme de 3123 liv .
si mieux il n'aime faire une Entrée plus solemnelle.
Ces Arrêts sont rapportez au long par M Olive
Dumesnil , en ses Questions Notables , Liv.
2. Chap. 8.
Les Institutions et formalitez prescrites entre
l'Evêque de Cahors , et le Baron de Cessac , pour
la cérémonie de l'Entrée de l'Evêque , en la Ville .
Capitale de Cahors. se trouvent pareilles, communes
JUILLET . 1733. 16: 1
nes et relatives à ce qui s'observe , et a été observé
en pareil cas , pour la cérémonie de l'Entrée de
l'Evêque d'Amiens, dans sa Ville Capitale, pareilles
feodalitez , pareils motifs , parité de raisons
, et par conséquent pareil jugement, mêmes
droits , même décision : Übi eadem ratio, ibi idem
jus. C'est ainsi que s'exprime M. de Rivery dans
son Manifeste.
Il y touche incidemment l'usage qui est observé
communément par les Evêques , qui est de
donner des repas aux Chanoines à certains jours
de l'année. Il dit que la Jurisprudence des Arrêts
a jugé ces Festins obligatoires à la nouvelle Entrée:
Ad comparandum favorem populi et militum.
De plus , que par Arrêt du Parlement de
Paris , du 16 May 1346. l'Evêque d'Angers a été
condamné à faire cinq ou six Festins par an à
son Chapitre ; et qu'un particulier même , qui
est l'Archiprêtre, fit condamner l'un de ses Successeurs
dans le même Evêchê , l'an 1385 , à lui
payer le jour de S Yves , l'évaluation d'un semblable
Festin .
very
"
Comme il m'a paru que le Seigneur de Ris'attachoit
à faire connoître au Public les
prérogatives attachées à sa Terre , j'ai été surpris
qu'il n'ait rien dit de la Chasse aux Cygnes,
qui est Seigneuriale en ce Pais- là, selon la Morliere
, Historien d'Amiens ; et qui n'appartient
selon lui , qu'à l'Evêque d'Amiens , au Chapitre,
à l'Abbé de Corbie , au Vidame , à cause de
Dours , Village situé sur la Riviere de Seine , au
Seigneur de Rivery , et à celui de Blangy sur
Somme.Vous en lirez , avec plaisir , un récit abregé
, dans l'Ouvrage de ce Chanoine , page 139 .
édition de 1622. in 8. Informez-vous , s'il vous
plaît , si cet usage subsiste encore ; et supposé
que
1622 MERCURE DE FRANCE
que cela soit , je vous invite à assigner à Mercure
une Séance sur la Riviere de Somme , entre
Ambons et Corbie , le premier Mardy d'Aoust ,
qui sera le quatrième jour du mois en la présente
année 1733. pour y voir les Baillifs des six
Seigneurs , cy-dessus nommez , s'acquitter de
leur devoir..
↓
Vous y verrez ( si l'usage n'est pas aboli ) six
graves Magistrats , se faire apporter toutes les
couvées de Cygnes , avec les peres et meres, dans
le Village de la Motte; et là suivant qu'on trou
ve les Peres de famille marquez , on marque de
même les Enfans . La couvée dont le pere se trouve
marqué d'une Crosse , au côté droit du bec
est censée appartenir à M. l'Evêquè , et son Baillif
fait matquer de même toute la filiation . La
marque du Chapitre est une Croix ; celle de
l'Abbé de Corbie , une Clef , celle du Vidame est
un Ecusson appliqué des deux côtez du bec du
Cygne , au lieu que le Seigneur de Blangy ne
l'applique que du côté gauche . Pour ce qui est da
Seigneur de Rivery , la marque qu'il fait apposer
par son Baillif , est une simple barre de travers
, sur le bec de l'Oyseau . C'est toujours un
Privilege singulier pour ce Seigneur de pouvoir
réunir son Baillif avec ceux de l'Evêque , đu Chapitre
de l'Abbé de Corbie, et du Vidame, pour
juger une cause aussi importante que l'est celle
du nombre des couvées des Cygnes qui se baignent
dans la Riviere de Somme , et le public ne
sera pas fàché d'en être informé. Je suis ,
&c.
Fermer
Résumé : RÉPONSE à M. D. L. R. sur un Mémoire venu d'Amiens, au sujet de quelques cérémonies de la premiere Entrée des Evêques de cette Ville.
Le texte est une réponse à M. D. L. R. concernant un mémoire sur les cérémonies de l'entrée des évêques à Amiens. L'auteur, M. Boullanger de Rivery, souligne que le document, bien que riche en informations, manque d'ordre méthodique. Il souhaite informer le public des pratiques lors de l'entrée d'un nouvel évêque, en mettant en avant son propre rôle dans cette cérémonie. Cette tradition est illustrée par une tapisserie de l'église Saint-Firmin, montrant l'évêque monté sur une mule, conduit par le Seigneur de Rivery tenant la bride. Après la descente de l'évêque, le Seigneur de Rivery revendique la mule et la vaisselle des festins. Cet usage est attesté par plusieurs entrées épiscopales, notamment celles de Messire Antoine de Créqui en 1564, Geoffroy de la Marthonie en 1577, et François le Febvre de Caumartin en 1618. M. Boullanger de Rivery fait remonter cette tradition à Saint Firmin, premier évêque d'Amiens. Cependant, l'auteur exprime des doutes sur l'authenticité de cette origine ancienne et les preuves apportées. Le texte mentionne également des exemples similaires à Cahors, où le Baron de Cessac conduit l'évêque et revendique des droits sur la mule et la vaisselle. Des litiges judiciaires ont confirmé ces droits réciproques entre les seigneurs laïques et ecclésiastiques. L'auteur note aussi l'usage de la chasse aux cygnes, un privilège partagé par plusieurs seigneurs, dont le Seigneur de Rivery. Il invite à une séance pour observer cette tradition et en informer le public.
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441
p. 1624-1626
LETTRE de M. Duhan de Mezieres, Chanoine de la Cathédrale de Chartres, contenant la Description de cette Eglise, &c.
Début :
Dans le Voyage que la Reine a fait l'année passée à Chartres., S. M. fut si frappée de [...]
Mots clefs :
Cathédrale Notre-Dame de Chartres, Chartres, Église, Chapelle, Choeur, Chanoines, Voûtes, Croisée
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Duhan de Mezieres, Chanoine de la Cathédrale de Chartres, contenant la Description de cette Eglise, &c.
LETTRE de M. Duhan de Mezieres ,
Chanoine de la Cathédrale de Chartres ,
contenant la Description de cette Eglise
& c.
?
D passée chaperequ,J. M. fut si frappéede
Ans le Voyage que la Reine a fait l'année
la beauté et de la grandeur de cet ancien Temple
, dédié suivant la Tradition par les Druïdes
La Vierge qui devoit enfanter , qu'elle ne pouvoit
se lasser de s'en faire raconter l'Histoire ansienne
et moderne ; mais comme ceux d'entre
nous qui eurent l'honneur d'entretenir cette
pieuse Princesse , n'étoient pas alors entierement
instruits de certaines choses qui concernent cette.
Eglise , nous avons d'abord jugé à propos d'en
faire prendre les dimensions avec la derniere
exactitude , et c'est au nom de la Compagnie
que je vous prie aujourd'hui de les inserer dans
votre Journal , en attendant l'Histoire generale
de cette Eglise à laquelle on travaille , laquelle
nous nous ferons un plaisir de vous communiquer.
Ce Temple superbe , que nous osons comparer
aux plus celébres Eglises de l'Europe ,
dans oeuvre depuis les Portes Royales de la Nef
jusqu'à la grande Chapelle de * Ś. .Piat exclusi-
* La Chapelle de S. Piat est tout - à -fait hors de
l'Edifice , située au chevet de l'Eglise , sans alterer
la beauté du Rond-point , qui s'éleve beaucoup
au- dessus. On monte par un escalier de 20 degrez
à cette Chapelle , qui est à peu près de la granvement
,
JUILLET. 173. 1525
ainsi que
vement , soixante et dix toises de longueur , et
huit de largeur sans parler des Aîles et des
Chapelles. La longueur de la Nef est de trentesix
toises , et sa hauteur de dix - neuf toises ,
celle du Choeur et de la Croisée .
Le Choeur , loin de 20 toises , et large de
huit , comme la Nef , passe pour un . Chefd'oeuvre
d'Architecture. Le Pourtour de ce
majestueux Edifice , et les sept grandes fenêtres
ceintrées , qui en forment le Rond- point , font
l'étonnement des Architectes et des Sculpteurs
les plus entendus.
>
Les Voûtes des doubles Aîles du Choeur , et
celles des bas côtez de la Croisée , et de la Nef
sont hautes de dix toises , depuis le pavé jusqu'à
l'extrémité de leurs clefs. La Croisée a trentedeux
toises et demie de long sur sept toises de
large sans y comprendre les Aîles ou bas
côtez .
>
Les Clochers de cette Eglise que l'on découvre
du Bourg de Palaiseau à quatre lieuës de
Paris , ont soixante et trois toises d'élevation
jusqu'aux Globes , qui portent des Croix , surmontées
, l'une d'un grand Soleil de Bronze doré
, et l'autre d'une Lune de Bronze argenté.
Les six grosses Tours dont l'Eglise est environnée
, et qu'on regarde avec raison comme
l'un des plus beaux Ouvrages Gothiques qu'il y
ait en France , sont hautes de trente toises : elles
sont bâties dans le goût de celles de Notre-
Dame de Paris , et attendent des Aiguilles ou des
deur de la Sainte-Chapelle de Paris. Enfin , la
Chapelle de S. Piat , élevée sur des voutes , fournit
au-dessous une vaste Sale où le Chapitre
tient ses Assemblées.
Рука-
1626 MERCURE DE FRANCE
Pyramides pareilles à celles des Clochers.
L'Eglise souterraine de Chartres , respectable
par cette haute antiquité , que personne n'igno-
. re a cent quarante - cinq toises de circuit , sous
de très- fortes voûtes. Elle est ornée , comme
les Catacombes de Rome et de Naples , d'un
grand nombre de Chapelles obscures , qui
sont enrichies des dons de nos Rois ; Reines
& c.
•
L'Eglise de Chartres est desservie par soixante)
et dix- huit Chanoines , y compris l'Abbé de
Cluny , et celui de S. Jean de Chartres , qui en
qualité de Chanoines , sont obligez de commertre
quelqu'un du Chapitre pour officier en leur
place et ce nombre de Chanoines est sans
compter les dix -sept Dignitez , les Chapelains ,
les Marguilliers - Prêtres , les Musiciens et les Enfans
de Choeur , ce qui fait un Clergé des plus
nombreux du Royaume.
:
Aux jours solemnels , les Chanoines portent
une Robbe de couleur de Pourpre , et on peut
dire qu'il n'est guères d'Eglises , où l'Office divin
se fasse avec tant de majesté. Entre les cerémonies
singulieres qui y sont en usage , celle - ci
est la plus marquée. A toutes les grandes Messes
du jour , le Celébrant , dans la plus humble
posture , et le Clergé entier à genoux , interrompent
le saint Sacrifice , pour demander à
Dieu , en chantant l'Exaudiat en Musique , la
conservation de la Personne sacrée du Roi , et
de toute la Famille Royale , ce qui ne se pratique
en aucune autre Eglise du Royaume que
nous sçachions.
A Chartres , le 10 Juin 1733.
Chanoine de la Cathédrale de Chartres ,
contenant la Description de cette Eglise
& c.
?
D passée chaperequ,J. M. fut si frappéede
Ans le Voyage que la Reine a fait l'année
la beauté et de la grandeur de cet ancien Temple
, dédié suivant la Tradition par les Druïdes
La Vierge qui devoit enfanter , qu'elle ne pouvoit
se lasser de s'en faire raconter l'Histoire ansienne
et moderne ; mais comme ceux d'entre
nous qui eurent l'honneur d'entretenir cette
pieuse Princesse , n'étoient pas alors entierement
instruits de certaines choses qui concernent cette.
Eglise , nous avons d'abord jugé à propos d'en
faire prendre les dimensions avec la derniere
exactitude , et c'est au nom de la Compagnie
que je vous prie aujourd'hui de les inserer dans
votre Journal , en attendant l'Histoire generale
de cette Eglise à laquelle on travaille , laquelle
nous nous ferons un plaisir de vous communiquer.
Ce Temple superbe , que nous osons comparer
aux plus celébres Eglises de l'Europe ,
dans oeuvre depuis les Portes Royales de la Nef
jusqu'à la grande Chapelle de * Ś. .Piat exclusi-
* La Chapelle de S. Piat est tout - à -fait hors de
l'Edifice , située au chevet de l'Eglise , sans alterer
la beauté du Rond-point , qui s'éleve beaucoup
au- dessus. On monte par un escalier de 20 degrez
à cette Chapelle , qui est à peu près de la granvement
,
JUILLET. 173. 1525
ainsi que
vement , soixante et dix toises de longueur , et
huit de largeur sans parler des Aîles et des
Chapelles. La longueur de la Nef est de trentesix
toises , et sa hauteur de dix - neuf toises ,
celle du Choeur et de la Croisée .
Le Choeur , loin de 20 toises , et large de
huit , comme la Nef , passe pour un . Chefd'oeuvre
d'Architecture. Le Pourtour de ce
majestueux Edifice , et les sept grandes fenêtres
ceintrées , qui en forment le Rond- point , font
l'étonnement des Architectes et des Sculpteurs
les plus entendus.
>
Les Voûtes des doubles Aîles du Choeur , et
celles des bas côtez de la Croisée , et de la Nef
sont hautes de dix toises , depuis le pavé jusqu'à
l'extrémité de leurs clefs. La Croisée a trentedeux
toises et demie de long sur sept toises de
large sans y comprendre les Aîles ou bas
côtez .
>
Les Clochers de cette Eglise que l'on découvre
du Bourg de Palaiseau à quatre lieuës de
Paris , ont soixante et trois toises d'élevation
jusqu'aux Globes , qui portent des Croix , surmontées
, l'une d'un grand Soleil de Bronze doré
, et l'autre d'une Lune de Bronze argenté.
Les six grosses Tours dont l'Eglise est environnée
, et qu'on regarde avec raison comme
l'un des plus beaux Ouvrages Gothiques qu'il y
ait en France , sont hautes de trente toises : elles
sont bâties dans le goût de celles de Notre-
Dame de Paris , et attendent des Aiguilles ou des
deur de la Sainte-Chapelle de Paris. Enfin , la
Chapelle de S. Piat , élevée sur des voutes , fournit
au-dessous une vaste Sale où le Chapitre
tient ses Assemblées.
Рука-
1626 MERCURE DE FRANCE
Pyramides pareilles à celles des Clochers.
L'Eglise souterraine de Chartres , respectable
par cette haute antiquité , que personne n'igno-
. re a cent quarante - cinq toises de circuit , sous
de très- fortes voûtes. Elle est ornée , comme
les Catacombes de Rome et de Naples , d'un
grand nombre de Chapelles obscures , qui
sont enrichies des dons de nos Rois ; Reines
& c.
•
L'Eglise de Chartres est desservie par soixante)
et dix- huit Chanoines , y compris l'Abbé de
Cluny , et celui de S. Jean de Chartres , qui en
qualité de Chanoines , sont obligez de commertre
quelqu'un du Chapitre pour officier en leur
place et ce nombre de Chanoines est sans
compter les dix -sept Dignitez , les Chapelains ,
les Marguilliers - Prêtres , les Musiciens et les Enfans
de Choeur , ce qui fait un Clergé des plus
nombreux du Royaume.
:
Aux jours solemnels , les Chanoines portent
une Robbe de couleur de Pourpre , et on peut
dire qu'il n'est guères d'Eglises , où l'Office divin
se fasse avec tant de majesté. Entre les cerémonies
singulieres qui y sont en usage , celle - ci
est la plus marquée. A toutes les grandes Messes
du jour , le Celébrant , dans la plus humble
posture , et le Clergé entier à genoux , interrompent
le saint Sacrifice , pour demander à
Dieu , en chantant l'Exaudiat en Musique , la
conservation de la Personne sacrée du Roi , et
de toute la Famille Royale , ce qui ne se pratique
en aucune autre Eglise du Royaume que
nous sçachions.
A Chartres , le 10 Juin 1733.
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Résumé : LETTRE de M. Duhan de Mezieres, Chanoine de la Cathédrale de Chartres, contenant la Description de cette Eglise, &c.
La lettre de M. Duhan de Mezieres, chanoine de la Cathédrale de Chartres, met en lumière la beauté et la grandeur de cette église, traditionnellement dédiée par les Druïdes à la Vierge qui devait enfanter. Lors de son voyage, la Reine fut impressionnée par ce temple et demanda des récits sur son histoire. Pour répondre à cette demande, les dimensions de l'église furent mesurées avec précision. La cathédrale de Chartres est comparée aux plus célèbres églises d'Europe. Elle mesure 1525 toises de longueur. La nef mesure 36 toises de longueur et 19 toises de hauteur. Le chœur, long de 20 toises et large de 8, est considéré comme un chef-d'œuvre d'architecture. Les voûtes des doubles ailes du chœur et celles des bas-côtés de la croisée et de la nef atteignent 10 toises de hauteur. La croisée mesure 32 toises et demie de long sur 7 toises de large. Les clochers, visibles depuis le bourg de Palaiseau, atteignent 63 toises d'élévation. L'église est entourée de six tours gothiques hautes de 30 toises. La chapelle de Saint-Piat, située au chevet de l'église, mesure 70 toises de longueur et 8 de largeur. L'église souterraine, ornée de nombreuses chapelles, a un circuit de 145 toises. La cathédrale est desservie par 68 chanoines, en plus des dignités, chapelains, marguilliers-prêtres, musiciens et enfants de chœur. Lors des jours solennels, les chanoines portent des robes pourpres et interrompent le saint sacrifice pour prier pour la conservation du Roi et de la famille royale.
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442
p. 1728-1731
ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume XXVIII. Afferte Domino filii Dei.
Début :
Images du Tres-Haut, Princes, Dieux de la Terre, [...]
Mots clefs :
Voix, Dieu, Gloire, Terrible, Ciel, Tourbillons
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texteReconnaissance textuelle : ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume XXVIII. Afferte Domino filii Dei.
ODE SACRE' E ,
Tirée du Pseaume X X VI I I.
Afferte Domina filii Dei..
I Mages du Tres- Haut , Princes , Dieux de "Iz
Terre ,
Qu'il instruit dans la Paix et qu'il forme â la
Guerre ,
Apprenez aux mortels à respecter ses Loix ;
Et que le Peuple Saint, conduit par votre Exem
ple ,
Adore dans son Temple,
Le Dieu , Maître des Rois.
La gloire de son Nom , fit toute votre gloire ,
Que pouvoient , sans l'aveu du Dieu de la victoire
>
Le zéle de vos coeurs ? l'effort de votre bras
Venez ,reconnoissez pleins d'amour et de crainte,
Dans
AOUST. 1733- 1729
Dans sa Majesté sainte ,
Un pouvoir que vous n'avez pas.
來
Quellé éclatante voix , dans les airs répanduë
,
Fait frémir de respect cette mer suspanduë ,
Qu'une invisible main soutient du haut des
Cieux ?
C'est la voix du Seigneur ; les abîmes l'enten
dent ;
Et les Ondes suspendent ,
Leurs Flots tumultueux.
Lâche intrépidité , constance de l'Impie ,
Pourras-tu soutenir cette voix ennemie
Que fait tonner sur toi le Dieu de Majesté ,
Tandis que l'innocent rempli de confiance ,
Même dans sa Puissance ,
Adore sa bonté ?
Quels Tourbillons affreux suivent sa voix
terrible ?
Quels cris ? Quels sifflemens ? Quelle tempête
horrible ?
Les Cedres du Liban volent en mille éclats :
Quels efforts redoublez , ébranlent leurs racines ,
Jus1730
MERCURE DE FRANCE
Jusqu'aux voutes voisines ,
Des Portes du trépasa
Liban , et vous Sion , fameux par cent mirzcles
,
Monts chéris , où le ciel nous rendoit des Ora
cles ,
Vos Sommets chancelants , s'éloignent de mes
yeux ,
:
Vous fuyez Telle on voit la Licorne tremblante
,
Fuir l'approche sanglante ,
Du Lion furieux .
Quels nuages , percez d'éclairs épouvantables ,
'Annoncent cette voix , aux Déserts effroyables ,
Où Jacob opprimé , fuyoit son ennemi ?
Queile pâle clarté , plus triste que les ombres ,
Luit dans ces antres sombres ?
Cades en a frémi.
Les Echos allarmez dans leur retraite obscure .
Répondent à la voix par un affreux murmure
Les Monstres des Forêts en avortent d'effroi :
Et l'Impie allarmé de sa perte infaillible ,
Voudroit du Dieu terrible ,
Avoir suivi la Loy.
Vain
AOUST . 1733 1731
Vains remors ! Dieu paroît , la gloire l'environne
,
Quels tourbillons de feux s'élancent de son
Trône ?
La Terre est embrasée , et le Ciel s'est enfui ;
Et la nature entiere , étonnée , éperduë ,
A ses pieds confonduë ,
Ne voit d'Etre que lui.
Mais le Juste , brillant d'une splendeur nou
velle ,
Retrouve avec transport cet objet de son zele ,
Terrible en sa fureur , prodigue en ses bienfaits
De son bonheur immense , il partage les charmes
,
Et goute sans allarmes ,
Une éternelle paix.
Tirée du Pseaume X X VI I I.
Afferte Domina filii Dei..
I Mages du Tres- Haut , Princes , Dieux de "Iz
Terre ,
Qu'il instruit dans la Paix et qu'il forme â la
Guerre ,
Apprenez aux mortels à respecter ses Loix ;
Et que le Peuple Saint, conduit par votre Exem
ple ,
Adore dans son Temple,
Le Dieu , Maître des Rois.
La gloire de son Nom , fit toute votre gloire ,
Que pouvoient , sans l'aveu du Dieu de la victoire
>
Le zéle de vos coeurs ? l'effort de votre bras
Venez ,reconnoissez pleins d'amour et de crainte,
Dans
AOUST. 1733- 1729
Dans sa Majesté sainte ,
Un pouvoir que vous n'avez pas.
來
Quellé éclatante voix , dans les airs répanduë
,
Fait frémir de respect cette mer suspanduë ,
Qu'une invisible main soutient du haut des
Cieux ?
C'est la voix du Seigneur ; les abîmes l'enten
dent ;
Et les Ondes suspendent ,
Leurs Flots tumultueux.
Lâche intrépidité , constance de l'Impie ,
Pourras-tu soutenir cette voix ennemie
Que fait tonner sur toi le Dieu de Majesté ,
Tandis que l'innocent rempli de confiance ,
Même dans sa Puissance ,
Adore sa bonté ?
Quels Tourbillons affreux suivent sa voix
terrible ?
Quels cris ? Quels sifflemens ? Quelle tempête
horrible ?
Les Cedres du Liban volent en mille éclats :
Quels efforts redoublez , ébranlent leurs racines ,
Jus1730
MERCURE DE FRANCE
Jusqu'aux voutes voisines ,
Des Portes du trépasa
Liban , et vous Sion , fameux par cent mirzcles
,
Monts chéris , où le ciel nous rendoit des Ora
cles ,
Vos Sommets chancelants , s'éloignent de mes
yeux ,
:
Vous fuyez Telle on voit la Licorne tremblante
,
Fuir l'approche sanglante ,
Du Lion furieux .
Quels nuages , percez d'éclairs épouvantables ,
'Annoncent cette voix , aux Déserts effroyables ,
Où Jacob opprimé , fuyoit son ennemi ?
Queile pâle clarté , plus triste que les ombres ,
Luit dans ces antres sombres ?
Cades en a frémi.
Les Echos allarmez dans leur retraite obscure .
Répondent à la voix par un affreux murmure
Les Monstres des Forêts en avortent d'effroi :
Et l'Impie allarmé de sa perte infaillible ,
Voudroit du Dieu terrible ,
Avoir suivi la Loy.
Vain
AOUST . 1733 1731
Vains remors ! Dieu paroît , la gloire l'environne
,
Quels tourbillons de feux s'élancent de son
Trône ?
La Terre est embrasée , et le Ciel s'est enfui ;
Et la nature entiere , étonnée , éperduë ,
A ses pieds confonduë ,
Ne voit d'Etre que lui.
Mais le Juste , brillant d'une splendeur nou
velle ,
Retrouve avec transport cet objet de son zele ,
Terrible en sa fureur , prodigue en ses bienfaits
De son bonheur immense , il partage les charmes
,
Et goute sans allarmes ,
Une éternelle paix.
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Résumé : ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume XXVIII. Afferte Domino filii Dei.
Le poème 'ODE SACRE' E' du Psaume 118 s'adresse aux 'Mages du Très-Haut,' 'Princes' et 'Dieux de la Terre,' les exhortant à instruire les mortels dans la paix et la guerre et à les guider pour respecter les lois divines. Le peuple saint doit adorer Dieu, maître des rois, dans son temple. La gloire de Dieu est la seule source de gloire pour ces dirigeants, car sans l'approbation divine, leurs efforts sont vains. Le poème décrit la voix puissante de Dieu, qui fait trembler la mer et les abîmes. Les impies ne peuvent soutenir cette voix, tandis que les innocents l'adorent avec confiance. Cette voix provoque des tourbillons, des cris et des tempêtes, ébranlant les cèdres du Liban et les montagnes de Sion. Les impies, alarmés par leur perte imminente, regrettent de ne pas avoir suivi la loi divine. Enfin, le poème décrit l'apparition de Dieu, entouré de gloire et de tourbillons de feu, embrasant la terre et effrayant le ciel. La nature entière est confondue et ne voit que Dieu. Les justes, brillants d'une nouvelle splendeur, retrouvent avec transport cet objet de leur zèle, partageant les charmes de son bonheur immense et goûtant une paix éternelle.
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443
p. 1731-1747
DÉFENSE du Cartésianisme, par M. le Gendre de S. Aubin ; contre les accusations des Docteurs Cudwort et Ray.
Début :
Un zèle indiscret est souvent l'occasion d'un scandale ; c'est l'idée qu'on [...]
Mots clefs :
Dieu, Cause, Sagesse, Mécanisme, Ray, Création, Physique, Mouvement, Nature, Lois, Corps, Causes, Principes, Cartésianisme, Descartes, Philosophie, Système, Phénomènes
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texteReconnaissance textuelle : DÉFENSE du Cartésianisme, par M. le Gendre de S. Aubin ; contre les accusations des Docteurs Cudwort et Ray.
DEFENSE du Cartesianisme, par M. le
Gendre de S. Aubin ; contre les accusations
des Docteurs Cudwort et Ray.
UN
N zéle indiscret est souvent l'occasion
d'un scandale;c'est l'idée qu'on
doit se former des accufations intentées
par les Docteurs Cudwort et Ray , contre
le Cartesianisme. Elles sont contenuës
dans un Livre Anglois , intitulé : L'Existenca
" 1732 MERCURE DE FRANCE
sence et la Sagesse de Dieu, manifestées dans
les Oeuvres de la Création ; par le sieur
Ray,Membre de la Société Royale. La Traduction
Françoise , imprimée à Utrecht,
en 1723. se débite depuis peu à Paris.
On est étonné qu'un Philosophe , qui
écrit uniquement en vûë de manifester la
Sagesse de Dieu dans la Création, débute,
page 5. par approuver un sentiment qu'il
atribue à des Philosophes judicieux ; sçavoir
, que plus les genres , ou les ordres
des Etres sont imparfaits , plus les especes
en sont nombreuses . Est- ce là un
préambule convenable à un Panégyriste
de la Sagesse de Dieu dans la Création ?
Ne devoit il pas plutôt dire que ce qui
paroît imparfait aux vues bornées de notre
entendement , a son utilité et sa destination
dans les Décrets éternels de la Providence
? Ce seroit là un beau champ
pour les Cartésiens qu'il attaque d'une
maniere outrageante ; ne pourroient- ils
pas le traiter de prévaricateur dans une
cause si évidente , et qu'il soutient si
mal ?
Pour faire éclater , dit il , page 12. la
grandeur et l'étendue infinie de l'esprit
de Dieu , il observe que rien ne marque
davantage la supériorité du génie , que
d'inventer des Machines differentes , qui
pros
AOU'ST. 1733. 1733
E
4
€
>
produisent le même effet , et soient destinées
aux mêmes fins . Mais suivant les notions
les plus saines et les plus communes ,
rien ne marque davantage la sagesse
de
l'ouvrier que le Méchanisme le plus simple
et le moins chargé de ressorts . C'est donc
sur une sorte de Méchanisme qu'il fonde
la sagesse de Dieu dans la Création, mais
sur un Mechanisme de détail , qu'il présente
à la pensée , d'une maniere aussi
basse , que celui des Cartésiens est sublime.
Quoique le sieur Ray tâche de décrier
le Cartesianisme sans ménagement, il établit
, pages 2 et 3. comme le sentiment le
plus universellement
reçu , tout ce que
cette Philosophie dans sa nouveauté parut
avoir de plus difficile à concilier avec la
Religion ; sçavoir, l Hypothèse des Tourbillons
, suivant laquelle chaque Etoile ,
pour me servir des propres termes du
Traducteur , est un Soleil ou un Corps
semblable à cet astre , environné de même
d'un Choeur de Planetes , qui tournent
autour de lui. Il avance de plus , qu'il
n'y a aucune de ces Planétes qui ne soit
remplie, selon toutes les apparences , d'une
grande variété de créatures corporelles ,
animées et inanimées . Personne n'ignore
que cette partie de la Physique nouvelle
fut
1734 MERCURE DE FRANCE
fut exposée à la censure , et allarma quelques
personnes pieuses , qui trouvoient
ce systême peu conforme à ce qui nous
cst enseigné sur la Création dans la Genése
; mais il a été reçu depuis comme
une hypothese , sur laquelle on écrit et
on dispute publiquement , et il y a longtemps
que tous les scrupules sont levez à
cet égard.
A la maniére dont le S Ray fait connoître
quels sont les principes de sa Phylosophie
, qui ne le prendroit pour un
Cartésien ? Sectateur de cette Physique ,
il va néanmoins lui imputer les intentions
les plus criminelles. » Il semble
» dit-il, pag. 28.qu'il soit necessaire d'exa-
>> miner un peu les principes d'une Secte
» de Déïstes de profession; j'entends celle
» de Descartes et de ses Disciples , qui
» ont pour but d'éluder et de détruire un
» argument qui a eu tant de force dans
» tous les siècles , pour prouver l'exis-
» tence d'un Dieu . Le premier grief d'une
accusation si grave , est que Descartes
exclud de la Physique toute la considération
des causes finales . Le Sr Ray cite ,
pages 29 et 30. les Passages des Méditations
Métaphysiques , des principes de
Philosophie , et de la quatrième Réponse
aux Objections de Gassendi , où Descartes
dit
AOUST. 1733 1735
1
dit
que toutes
les causes
qu'on
a accoutumé
de tirer
de la fin , ne sont
d'aucun
usage
dans
la Physique
,puisqu'on
ne sçauroit
se persuader
, sans
témérité
, qu'on
puisse
pénétrer
dans
les fins
que
Dieu
s'est proposées
. Il est facile
de répondre
à
cette
objection
, que
la raison
alléguée
par Descartes
, pour
ne pas expliquer
les effets
naturels
par
les fins que
Dieu s'est
proposées
, est trèspieuse
et trèsédifiante
, et qu'il
auro
t pû se contenter
d'établir
en général
, que la Physique
étant
une
recherche
des causes
naturelles
, ce
n'est
pas
parler
en Physicien
, que
de
donner
pour
cause
de la production
d'un Phénoméne
, que Dieu
a eu en vûë
de le
produire
. Car
c'est
ce que tout
Chrétien
sçait
, sans
étudier
la Physique
; cette
science
de tres
- bornée
qu'elle
est , deviendroit
infiniment
étenduë
, si l'on
recevoit
au nombre
des explications
Physiques
, qu'un
efft
naturel
arrive
, parce
qu'il
est conforme
à la fin que Dieu
s'est proposée
. Je suppose
que pour
expliquer
la construction
d'une
Montre
, on s'avisat
de dire
que
ce qui cause
les mouvemens
réglez
de cette
machine
, c'est
l'intention
de l'ouvrier
qui l'a faite
dans
le
dessein
de marquer
les heures
; cette
cause
finale
en Physique
ne seroit
comptée
G
pour
1736 MERCURE DE FRANCE
pour rien ; et on ne pourroit prouver
mieux que cette Montre est l'ouvrage
d'un Artiste , et non l'effet du hazard
qu'en faisant observer l'action du ressort,
le tirage de la chaîne , les engrainures des
rouës , et sur tout la proportion et le concours
des mouvemens. Quel est donc le
véritable objet de la Physique ,? C'est de
déduire les Phénoménes , des Loix géné
rales de la nature , établies par Dieu , et
rapportées au Créateur . Une pareille Philosophie
peut- elle donner lieu aux inveçtives
de l'Auteur Anglois » Les Carthé
» siens , dit- il , page 34. tâchent de dé-
» truire notre grand argument , en pré-
»tendant résoudre tous les Phénomènes
» de la nature , et rendre compte de la
» production et de la formation de l'Uni-
» vers , et de tous les Etres corporels qu'il
» contient , soit celestes ou terrestres ; ani-
» mez ou inanimcz , même sans en exclunre
les animaux , et cela par une foible
»hypothèse de la matiere divisée, et mise
» en mouvement de telle ct telle maniés
» re. . . . . De maniére que Dieu n'a eu
» autre chose à faire qu'à créer la matiére ,
»la diviser en partics , et la mettre en
»mouvement , suivant un petit nombre
de certaines Loix , et que cela ne pouvoit
manquer de produite de soi-même
...
12
AOUST. 1733 : 1737
le monde et toutes les créatures qui y
sont contenues. Pour la réfutation de
cette hypothése ,, continue cet Auteur ,
n'aurois qu'à renvoyer le Lecteur au
» systême du Docteur Cudwort ; mais
» pour lui épargner cette peine, je vais en
transcrire les paroles..... Dieuse con
tentant de regarder en spectateur in-
» différents ce Lusus Atomorum , ou cette
» danse agréable des Atômes , et les différents
effets qui en résultent. Non con-
» tens de cela , ces Déïstes méchaniques
» ont excédé et surpassé en ceci les Athées
» atomiques , par une extravagance plus
oursée que la leur ; car les Athées de
profession n'ont jamais osé affirmer que
» ce systéme régulier des choses fut le ré-
» sultat d'un mouvement fortuit d'Atomes
au commencement , avant d'avoir
produit pendant bien du temps des
combinaisons ineptes ou des assembla-
» ges de choses particulières , et des sys-
» têmes ridicules du tout. Ils supposoient
» même que la régularité des choses de ce
monde ne subsisteroit pas toujours , et
» que la confusion et le désordre s'y re-
> mettroient avec le temps ; qu'outre le
monde que nous habitons , il y en a encore
en ce moment un nombre inexprimable
d'autres irréguliers , dont il
Cij n'y
1738 MERCURE DE FRANCE
» n'y en a pas d'un entre mille et dix mil-
» le , qui ait une régularité pareille au
» nôtre ...... Mais nos Déïstes micha
» niques prétendent que leurs Atomes
» n'ont jamais bronché dans leurs mou-
» vemens, ni produit aucun systéme inep-
» te , ni aucunes formes impropres , et
» qu'ils se sont placez et rangez dès le
commencement avec tant d'ordre et de
» méthode , que la sagesse même n'auroit
» pû le faire mieux , ni avec plus d'exactitude.
C'est par cette raison que çes
» Déi tes re ettent absolument le grand
» a gument qui prouve l'Existence de
Dicu , tiré du Phénoméne de la nature
n artificielle des choses , sur lequel on a si
» fort insisé dans tous les siècles , et qui
» fait ordinairement le plus d'effet sur l'es-
» prit humain. Les Athées s'applaudissent
» cependant en secret , er triomphent de
>> voir la cause du Déïsme trahie de cette
» maniere par ses partisans et ses défen-
» seurs les plus zélez , et le grand argu-
» ment éludé pour favoriser leur cause.
Rien ne sçauroit marquer une plus gran
» de dépravation d'esprit , ni plus de folic
et de stupidité dans les Déïstes pré.en-
» dus , que de n'avoir aucun égard à la
forme régulière et artificielle des cho
ses , ni aux impressions de l'art et de
AOUST . 1733 . 1739
wla
sagesse divine , et de ne regarder
» le Monde et les productions de la Na-
» ture , qu'avec des yeux de boeuf ou de
» cheval.
Le sieur Ray , dans la fureur qui le
transporte , n'entend pas les termes dont
il se sert car qu'est- ce qu'un Déïste , suivant
la notion génerale ? C'est un impiet
qui ne suit aucune Religion particuliere ,
qui reconnoît , à la verité , l'existence de
Dieu mais qui refuse de croire les Mysteres
que Dieu a révelez. Or ces Deïstes qui refusent
de se rendre à l'évidence de la révé.
lation , ne sont pas ceux qui font le moins
valoir le grand argument de l'existence
de Dieu , tiré de sa sagesse dans la Création.
On ne sçait ce que le sieur Ray
veut dire par ces paroles : » Les Athées
» s'applaudissent cependant en secret , et
» triomphent de voir la cause du Déïsme
>>trahie de cette maniere par ses Parti-
» sans et ses Deffenseurs les plus zelez .
Il prend ici la cause du Déïsme pour une
bonne cause trahie , et il semble appli
quer aux Carthésiens les termes de Partis
sans et de Deffenseurs les plus zelez de
la bonne cause. Mais c'est bien plutôt
cet Auteur qui trahit la cause qu'il entreprend
de soutenir , par la foiblesse
avec laquelle il traite son sujet . S'il eût
Ciij fair
1740 MERCURE DE FRANCE
ა
fait remarquer , comme les Carthésiensces
Loix générales dont l'uniformité produit
un Monde si diversifié ; s'il se fût
élevé jusqu'à un méchanisme sublime
qui donnât une idée de la Création proportionnée
à ce que notre foible esprit
peut concevoir de plus grand et de plus
magnifique ; si en s'attachant à ce qu'il.
ya de plus merveilleux dans la Nature
il eût observé , comme ceux qu'il appelle-
Deistes , que cette multitude immense
de mouvemens des Corps Celestes , que
révolutions si constantes des Astres ,
que cette fécondité si riche et si brillan-.
te de l'Univers , que tous ces Phénomenes
si utiles à l'homme , et qui étalent
à ses yeux un spectacle digne du Créateur
, qu'enfin la beauté ravissante de
toutes les Oeuvres de Dieu , est un
témoignage continuel et invincible de sa
sagesse et de sa toute- puissance dans la
Création , par la simplicité et l'ordre des
ressorts qui y sont employez , il eût rem--
pli son sujet avec la dignité convenable ,
mais il ne s'arrête qu'à un petit détail ,
et ne présente par tout que des images.
basses et imparfaites d'un sujet qui surpasse
ses forces.
C'est favoriser l'athéïsme et le syste
me du hazard , que de rejetter le méchaA
O UST. 173′3 ; 1741
chanisme de la Nature , par lequel les
Carthésiens n'entendent autre chose que
les loix generales du mouvement établics
par le Créateur. Que chaque Philosophe
conçoive et suppose ces Loix
générales à son gré , que
differens Phisiciens
suivent des vues systématiquesfort
éloignées ; tous au moins doivent
convenir que ce n'est pas une pensée raisonnable
sur l'Etre suprême , de croire
que l'uniformité et la simplicité manquent
à ses Productions . Le principal but
de la Physique est donc de rapporter tous
les raisonnemens à ces principes. C'est à
quoi les Carthésiens ont beaucoup mieux
réussi qu'aucune autre Secte de Philosophes
, ayant mieux expliqué le méchanisme
general de la Nature; et ' on peut
dire que ceux qui tâchent d'étendre et
de pousser plus loin ce méchanisme , sont
ceux qui pensent et qui s'expliquent le
mieux au sujet de la sagesse et de la toùte-
puissance de Dieu dans la Création . A
la verité , le Philosophe rempli de pré
somption , se persuade qu'il peut concevoir
et faire entendre aux autres cet ordre
admirable établi dans les Ouvrages
de Dieu ; au lieu que le Physitien modeste
, qui connoît la foiblesse et l'incer
titude de ses lumieres , ne regarde tous
Ciij les
742 MERCURE DE FRANCE
les raisonnemens physiques que comme
des hypothéses.
>>
Continuons de rapporter la censure de
la Philosophie Carthésienne par l'Auteur
Anglois. Il se trouve , dit-il , pag. 35 .
» plusieurs Phénomenes dans la Ñature ,
» lesquels étant en partie au- dessus de la
»force et de la portée , et en partie con-
>> traires aux Loix du Méchanisme , ils
» ne sçauroient se résoudre sans avoir re-
>> cours aux causes finales et à quelques
» principes de vie ; par exemple , ce-
» lui de la gravité ou du penchant que
» les corps ont à descendre , le mouve-
» ment du diaphragme dans la respira-
» tion , la systole et la diastole du coeur ,
» qui n'est autre chose qu'une contraction
et un relâchement des muscles ,
» et par consequent ne sçauroit être un
» mouvement méchanique , mais un prin-
» cipe de vie. Nous pourrions encore
» ajoûter à cela entre plusieurs autres
» choses , l'intersection des plans de l'E-
» quateur et de l'Ecliptique ou du mou-
» vement diurne ou journalier de la Ter-
» re sur un axe qui n'est pas parallele à
celui de l'écliptique , ni perpendiculaire
à son plan ..... On ne sçauroit
» donc attribuer la continuation de ce
» double mouvement annuel et diurne
nde
23
A O UST. 17337 1748
de la Terre sur des axes non paralleles,
» à autre chose qu'à une cause finale ou
» mentale , ou rò fixTisov , parce qu'il
étoit à propos que cela fût ainsi , la
» varieté des saisons de l'année en dé
» pendant. Mais le plus considerable de
» tous les Phénoménes pir içuliers est la
»formation et l'organisation des corps
>> des animaux , remplis de tant de varietez
et de merveilles , que ces Philo-
» sophes méchaniques n'en pouvant faire
»la solution par le mouvement nécessaire
» de la matiere , sans qu'elle fût dirigée
par l'esprit à de certaines fins , ont pru-
» demment interrompu leur systéme en
» cet endroit , où ils devoient traiter des
» animaux , et n'en ont pas touché un
» seul mot.
23
On connoît clairement par cette critique
, que le sieur Ray est aussi peu
versé dans la Philosophie Carthésienne
qu'il est injuste dans l'accusation qu'il
intente contre elle. Nous avons vû plus
haut qu'il attribuë aux Carthésiens un
systéme d'Atomes , quoique les trois Elemens
de Descartes soient divisibles à l'infini
, et que par conséquent Descartes
rejette les Atomes , qui signifient des Elemens
indivisibles. Le sieur Ray ne se
trompe pas moins, en disant que dans les
C v Phé1744
MERCURE DE FRANCE
:
Phénomenes qu'il cite , il y a de la contrarieté
au Mechanisme de la Nature. Il
est vrai que les loix générales du mouvement
n'expliquent pas la construction
du corps des animaux , ni la forme de
ces organes merveilleux qui servent aux
differentes fonctions du principe qui les
anime. Le mouvement circulaire des
trois Elémens de Descartes ne peut faires
concevoir , par exemple, comment ont
été produits les instrumens de la faculté
visuelle ; mais les Carthésiens doivent :
seulement avouer que leur méchanisme ,
quoiqu'il n'y ait aucune contrarieté , est
insuffisant pour expliquer tous les Phé
noménes , et sur tout l'organisation admirable
des animaux ,, les corps animezz
et inanimez étant vrai- semblable--
ment produits suivant des loix differen--
tes, ou plutôt dont nous n'appercevons
pas la liaison. * Il ne s'ensuit pas de ce
que la Créature est incapable de conce
voir entierement le grand Ouvrage de :
la Création , qu'il lui soit defendu de rechercher
les causes physiques et naturel
+
La plupart même des Carthésiens estiment aun
aujet de l'organisation continuelle et toujours
cemblable , des Plantes et des Animaux , que tous :
res corps formez en même-temps par le Souve
fain Etre , dans les graines ou dans les oeufs , nesont
que se développer successivement,
leas
A O UST. 1733. 17455
les , suivant les principes les plus géné
caux et les plus simples , en les rappor
tánt à la sagesse et à la toute- puissance
du Créateur.
Les difficultez qui se trouveut sur la
pesanteur , ne peuvent se résoudre par
des principes de vie qui n'ont aucun rapport
avec elle , ou par des causes finales ,.
qui ne sont en aucune maniere des causes
physiques ; et si les explications que
Descartes a données de la pesanteur , ont
été attaquées par de fortes objections ,
tous les Philosophes se sont au moins
accordez à tirer ces Explications d'un '
méchanisme général de la Nature. Le
'steur Ray est si peu d'accord avec luid
même au sujet de la respiration et de la¹
systole et diastole du coeur, qu'après avoir
affirmé que ces mouvemens ne peuvent
être méchaniques , il regarde ailleurs com
me une question douteuse de sçavoir si
les bêtes sont des vrayes machines , ou
s'il convient de leur attribuer la vie et le
sentiment.
cliptiqueant
à l'intersection
de l'é-
1
de l'équateur , on en peut donner
plusieurs raisons qui n'ont rien de
contraire au systéme Carthésien . L'obli
quité de l'écliptique par rapport à l'équateur
, dont l'axe conserve toujours
son parallelisme est assurément la cause
av de
1746 MERCURE DE FRANCE
de la varieté des Saisons , mais cette cause
finale , encore une fois , ne peut passer
pour une cause phisique. L'Explication
naturelle de ce phénoméne peut se rapporter
, suivant les principes d'un Méchanisme
général , ou aux particules cannelées
, qui traversant les pores du G'obe
Terrestre d'un certain sens , déterminent
sa position , ou à la qualité du fluide qui
emporte la Terre par un mouvement
circulaire , ou à la pression des tourbillons
voisins , ou à la résistance que tout
corps solide apporte à l'impression du
mouvement qu'il reçoit , ou à toutes ces
causes réunis , ou aux differentes hypotheses
que la sagacité du Physicien lui
fera inventer. Dieu permet à l'homme
de faire quelques raisonnemens assez vraisemblables
sur les Corps Celestes , si prodigieusement
éloignez de nous ,
afin que
cette étude éleve notre esprit à la Majesté
de l'Etre suprême , en même - temps
que la présomption de l'homme est domptée
par la profonde ignorance où il est
de ce qui est au- dedans de lui - même et
de ce qui fait partie de sa propre substance.
C'est une calomnie insoutenable de
dire que les Carthésiens rejettent absolument
le grand argument qui prouve
» l'eA
O UST. 1733 1747
» l'éxistence de Dieu , tiré du phénoméne
de la forme artificielle des choses .
Nulle Philosophie au contraire ne donne
des idées aussi sublimes de la sagesse
de Dieu dans la Création ; nulle Physique
ne ramene davantage l'esprit au
Créateur , en rapportant tous les phénoménes
qu'elle peut expliquer à des loix
simples et génerales émanées nécessairement
de la Toute puissance divine . C'est
l'argument le plus invincible contre l'Athéïsme
, c'est l'exclusion la plus forte du
hazard , dont la régularité et l'uniformité
ne peuvent être les productions . Plus l'idée
d'un méchanisme est générale , constante
et uniforme , comme dans le Carthésianisme
, plus elle est inséparable des
idées de dessein et de sagesse. Ces Re-
Aléxions suffisent pour prouver des veritez
si évidentes, d'autant plus que pour
détruire l'Athéïsme par le raisonnement ,
il faudroit que quelque homme qui raisonne
fût capable d'Athéïsme , ce qui est
impossible. Il est donc certain que l'accusation
du Carthésianisme par les Docteurs
Cudwort et Ray , est au fond trèsfrivole
et très mal fondée , injurieuse à
plusieurs saints et sçavans personnages ,
qui ont soutenu cette Philosophie , et aux
Écoles qui l'enseignent publiquement.
Gendre de S. Aubin ; contre les accusations
des Docteurs Cudwort et Ray.
UN
N zéle indiscret est souvent l'occasion
d'un scandale;c'est l'idée qu'on
doit se former des accufations intentées
par les Docteurs Cudwort et Ray , contre
le Cartesianisme. Elles sont contenuës
dans un Livre Anglois , intitulé : L'Existenca
" 1732 MERCURE DE FRANCE
sence et la Sagesse de Dieu, manifestées dans
les Oeuvres de la Création ; par le sieur
Ray,Membre de la Société Royale. La Traduction
Françoise , imprimée à Utrecht,
en 1723. se débite depuis peu à Paris.
On est étonné qu'un Philosophe , qui
écrit uniquement en vûë de manifester la
Sagesse de Dieu dans la Création, débute,
page 5. par approuver un sentiment qu'il
atribue à des Philosophes judicieux ; sçavoir
, que plus les genres , ou les ordres
des Etres sont imparfaits , plus les especes
en sont nombreuses . Est- ce là un
préambule convenable à un Panégyriste
de la Sagesse de Dieu dans la Création ?
Ne devoit il pas plutôt dire que ce qui
paroît imparfait aux vues bornées de notre
entendement , a son utilité et sa destination
dans les Décrets éternels de la Providence
? Ce seroit là un beau champ
pour les Cartésiens qu'il attaque d'une
maniere outrageante ; ne pourroient- ils
pas le traiter de prévaricateur dans une
cause si évidente , et qu'il soutient si
mal ?
Pour faire éclater , dit il , page 12. la
grandeur et l'étendue infinie de l'esprit
de Dieu , il observe que rien ne marque
davantage la supériorité du génie , que
d'inventer des Machines differentes , qui
pros
AOU'ST. 1733. 1733
E
4
€
>
produisent le même effet , et soient destinées
aux mêmes fins . Mais suivant les notions
les plus saines et les plus communes ,
rien ne marque davantage la sagesse
de
l'ouvrier que le Méchanisme le plus simple
et le moins chargé de ressorts . C'est donc
sur une sorte de Méchanisme qu'il fonde
la sagesse de Dieu dans la Création, mais
sur un Mechanisme de détail , qu'il présente
à la pensée , d'une maniere aussi
basse , que celui des Cartésiens est sublime.
Quoique le sieur Ray tâche de décrier
le Cartesianisme sans ménagement, il établit
, pages 2 et 3. comme le sentiment le
plus universellement
reçu , tout ce que
cette Philosophie dans sa nouveauté parut
avoir de plus difficile à concilier avec la
Religion ; sçavoir, l Hypothèse des Tourbillons
, suivant laquelle chaque Etoile ,
pour me servir des propres termes du
Traducteur , est un Soleil ou un Corps
semblable à cet astre , environné de même
d'un Choeur de Planetes , qui tournent
autour de lui. Il avance de plus , qu'il
n'y a aucune de ces Planétes qui ne soit
remplie, selon toutes les apparences , d'une
grande variété de créatures corporelles ,
animées et inanimées . Personne n'ignore
que cette partie de la Physique nouvelle
fut
1734 MERCURE DE FRANCE
fut exposée à la censure , et allarma quelques
personnes pieuses , qui trouvoient
ce systême peu conforme à ce qui nous
cst enseigné sur la Création dans la Genése
; mais il a été reçu depuis comme
une hypothese , sur laquelle on écrit et
on dispute publiquement , et il y a longtemps
que tous les scrupules sont levez à
cet égard.
A la maniére dont le S Ray fait connoître
quels sont les principes de sa Phylosophie
, qui ne le prendroit pour un
Cartésien ? Sectateur de cette Physique ,
il va néanmoins lui imputer les intentions
les plus criminelles. » Il semble
» dit-il, pag. 28.qu'il soit necessaire d'exa-
>> miner un peu les principes d'une Secte
» de Déïstes de profession; j'entends celle
» de Descartes et de ses Disciples , qui
» ont pour but d'éluder et de détruire un
» argument qui a eu tant de force dans
» tous les siècles , pour prouver l'exis-
» tence d'un Dieu . Le premier grief d'une
accusation si grave , est que Descartes
exclud de la Physique toute la considération
des causes finales . Le Sr Ray cite ,
pages 29 et 30. les Passages des Méditations
Métaphysiques , des principes de
Philosophie , et de la quatrième Réponse
aux Objections de Gassendi , où Descartes
dit
AOUST. 1733 1735
1
dit
que toutes
les causes
qu'on
a accoutumé
de tirer
de la fin , ne sont
d'aucun
usage
dans
la Physique
,puisqu'on
ne sçauroit
se persuader
, sans
témérité
, qu'on
puisse
pénétrer
dans
les fins
que
Dieu
s'est proposées
. Il est facile
de répondre
à
cette
objection
, que
la raison
alléguée
par Descartes
, pour
ne pas expliquer
les effets
naturels
par
les fins que
Dieu s'est
proposées
, est trèspieuse
et trèsédifiante
, et qu'il
auro
t pû se contenter
d'établir
en général
, que la Physique
étant
une
recherche
des causes
naturelles
, ce
n'est
pas
parler
en Physicien
, que
de
donner
pour
cause
de la production
d'un Phénoméne
, que Dieu
a eu en vûë
de le
produire
. Car
c'est
ce que tout
Chrétien
sçait
, sans
étudier
la Physique
; cette
science
de tres
- bornée
qu'elle
est , deviendroit
infiniment
étenduë
, si l'on
recevoit
au nombre
des explications
Physiques
, qu'un
efft
naturel
arrive
, parce
qu'il
est conforme
à la fin que Dieu
s'est proposée
. Je suppose
que pour
expliquer
la construction
d'une
Montre
, on s'avisat
de dire
que
ce qui cause
les mouvemens
réglez
de cette
machine
, c'est
l'intention
de l'ouvrier
qui l'a faite
dans
le
dessein
de marquer
les heures
; cette
cause
finale
en Physique
ne seroit
comptée
G
pour
1736 MERCURE DE FRANCE
pour rien ; et on ne pourroit prouver
mieux que cette Montre est l'ouvrage
d'un Artiste , et non l'effet du hazard
qu'en faisant observer l'action du ressort,
le tirage de la chaîne , les engrainures des
rouës , et sur tout la proportion et le concours
des mouvemens. Quel est donc le
véritable objet de la Physique ,? C'est de
déduire les Phénoménes , des Loix géné
rales de la nature , établies par Dieu , et
rapportées au Créateur . Une pareille Philosophie
peut- elle donner lieu aux inveçtives
de l'Auteur Anglois » Les Carthé
» siens , dit- il , page 34. tâchent de dé-
» truire notre grand argument , en pré-
»tendant résoudre tous les Phénomènes
» de la nature , et rendre compte de la
» production et de la formation de l'Uni-
» vers , et de tous les Etres corporels qu'il
» contient , soit celestes ou terrestres ; ani-
» mez ou inanimcz , même sans en exclunre
les animaux , et cela par une foible
»hypothèse de la matiere divisée, et mise
» en mouvement de telle ct telle maniés
» re. . . . . De maniére que Dieu n'a eu
» autre chose à faire qu'à créer la matiére ,
»la diviser en partics , et la mettre en
»mouvement , suivant un petit nombre
de certaines Loix , et que cela ne pouvoit
manquer de produite de soi-même
...
12
AOUST. 1733 : 1737
le monde et toutes les créatures qui y
sont contenues. Pour la réfutation de
cette hypothése ,, continue cet Auteur ,
n'aurois qu'à renvoyer le Lecteur au
» systême du Docteur Cudwort ; mais
» pour lui épargner cette peine, je vais en
transcrire les paroles..... Dieuse con
tentant de regarder en spectateur in-
» différents ce Lusus Atomorum , ou cette
» danse agréable des Atômes , et les différents
effets qui en résultent. Non con-
» tens de cela , ces Déïstes méchaniques
» ont excédé et surpassé en ceci les Athées
» atomiques , par une extravagance plus
oursée que la leur ; car les Athées de
profession n'ont jamais osé affirmer que
» ce systéme régulier des choses fut le ré-
» sultat d'un mouvement fortuit d'Atomes
au commencement , avant d'avoir
produit pendant bien du temps des
combinaisons ineptes ou des assembla-
» ges de choses particulières , et des sys-
» têmes ridicules du tout. Ils supposoient
» même que la régularité des choses de ce
monde ne subsisteroit pas toujours , et
» que la confusion et le désordre s'y re-
> mettroient avec le temps ; qu'outre le
monde que nous habitons , il y en a encore
en ce moment un nombre inexprimable
d'autres irréguliers , dont il
Cij n'y
1738 MERCURE DE FRANCE
» n'y en a pas d'un entre mille et dix mil-
» le , qui ait une régularité pareille au
» nôtre ...... Mais nos Déïstes micha
» niques prétendent que leurs Atomes
» n'ont jamais bronché dans leurs mou-
» vemens, ni produit aucun systéme inep-
» te , ni aucunes formes impropres , et
» qu'ils se sont placez et rangez dès le
commencement avec tant d'ordre et de
» méthode , que la sagesse même n'auroit
» pû le faire mieux , ni avec plus d'exactitude.
C'est par cette raison que çes
» Déi tes re ettent absolument le grand
» a gument qui prouve l'Existence de
Dicu , tiré du Phénoméne de la nature
n artificielle des choses , sur lequel on a si
» fort insisé dans tous les siècles , et qui
» fait ordinairement le plus d'effet sur l'es-
» prit humain. Les Athées s'applaudissent
» cependant en secret , er triomphent de
>> voir la cause du Déïsme trahie de cette
» maniere par ses partisans et ses défen-
» seurs les plus zélez , et le grand argu-
» ment éludé pour favoriser leur cause.
Rien ne sçauroit marquer une plus gran
» de dépravation d'esprit , ni plus de folic
et de stupidité dans les Déïstes pré.en-
» dus , que de n'avoir aucun égard à la
forme régulière et artificielle des cho
ses , ni aux impressions de l'art et de
AOUST . 1733 . 1739
wla
sagesse divine , et de ne regarder
» le Monde et les productions de la Na-
» ture , qu'avec des yeux de boeuf ou de
» cheval.
Le sieur Ray , dans la fureur qui le
transporte , n'entend pas les termes dont
il se sert car qu'est- ce qu'un Déïste , suivant
la notion génerale ? C'est un impiet
qui ne suit aucune Religion particuliere ,
qui reconnoît , à la verité , l'existence de
Dieu mais qui refuse de croire les Mysteres
que Dieu a révelez. Or ces Deïstes qui refusent
de se rendre à l'évidence de la révé.
lation , ne sont pas ceux qui font le moins
valoir le grand argument de l'existence
de Dieu , tiré de sa sagesse dans la Création.
On ne sçait ce que le sieur Ray
veut dire par ces paroles : » Les Athées
» s'applaudissent cependant en secret , et
» triomphent de voir la cause du Déïsme
>>trahie de cette maniere par ses Parti-
» sans et ses Deffenseurs les plus zelez .
Il prend ici la cause du Déïsme pour une
bonne cause trahie , et il semble appli
quer aux Carthésiens les termes de Partis
sans et de Deffenseurs les plus zelez de
la bonne cause. Mais c'est bien plutôt
cet Auteur qui trahit la cause qu'il entreprend
de soutenir , par la foiblesse
avec laquelle il traite son sujet . S'il eût
Ciij fair
1740 MERCURE DE FRANCE
ა
fait remarquer , comme les Carthésiensces
Loix générales dont l'uniformité produit
un Monde si diversifié ; s'il se fût
élevé jusqu'à un méchanisme sublime
qui donnât une idée de la Création proportionnée
à ce que notre foible esprit
peut concevoir de plus grand et de plus
magnifique ; si en s'attachant à ce qu'il.
ya de plus merveilleux dans la Nature
il eût observé , comme ceux qu'il appelle-
Deistes , que cette multitude immense
de mouvemens des Corps Celestes , que
révolutions si constantes des Astres ,
que cette fécondité si riche et si brillan-.
te de l'Univers , que tous ces Phénomenes
si utiles à l'homme , et qui étalent
à ses yeux un spectacle digne du Créateur
, qu'enfin la beauté ravissante de
toutes les Oeuvres de Dieu , est un
témoignage continuel et invincible de sa
sagesse et de sa toute- puissance dans la
Création , par la simplicité et l'ordre des
ressorts qui y sont employez , il eût rem--
pli son sujet avec la dignité convenable ,
mais il ne s'arrête qu'à un petit détail ,
et ne présente par tout que des images.
basses et imparfaites d'un sujet qui surpasse
ses forces.
C'est favoriser l'athéïsme et le syste
me du hazard , que de rejetter le méchaA
O UST. 173′3 ; 1741
chanisme de la Nature , par lequel les
Carthésiens n'entendent autre chose que
les loix generales du mouvement établics
par le Créateur. Que chaque Philosophe
conçoive et suppose ces Loix
générales à son gré , que
differens Phisiciens
suivent des vues systématiquesfort
éloignées ; tous au moins doivent
convenir que ce n'est pas une pensée raisonnable
sur l'Etre suprême , de croire
que l'uniformité et la simplicité manquent
à ses Productions . Le principal but
de la Physique est donc de rapporter tous
les raisonnemens à ces principes. C'est à
quoi les Carthésiens ont beaucoup mieux
réussi qu'aucune autre Secte de Philosophes
, ayant mieux expliqué le méchanisme
general de la Nature; et ' on peut
dire que ceux qui tâchent d'étendre et
de pousser plus loin ce méchanisme , sont
ceux qui pensent et qui s'expliquent le
mieux au sujet de la sagesse et de la toùte-
puissance de Dieu dans la Création . A
la verité , le Philosophe rempli de pré
somption , se persuade qu'il peut concevoir
et faire entendre aux autres cet ordre
admirable établi dans les Ouvrages
de Dieu ; au lieu que le Physitien modeste
, qui connoît la foiblesse et l'incer
titude de ses lumieres , ne regarde tous
Ciij les
742 MERCURE DE FRANCE
les raisonnemens physiques que comme
des hypothéses.
>>
Continuons de rapporter la censure de
la Philosophie Carthésienne par l'Auteur
Anglois. Il se trouve , dit-il , pag. 35 .
» plusieurs Phénomenes dans la Ñature ,
» lesquels étant en partie au- dessus de la
»force et de la portée , et en partie con-
>> traires aux Loix du Méchanisme , ils
» ne sçauroient se résoudre sans avoir re-
>> cours aux causes finales et à quelques
» principes de vie ; par exemple , ce-
» lui de la gravité ou du penchant que
» les corps ont à descendre , le mouve-
» ment du diaphragme dans la respira-
» tion , la systole et la diastole du coeur ,
» qui n'est autre chose qu'une contraction
et un relâchement des muscles ,
» et par consequent ne sçauroit être un
» mouvement méchanique , mais un prin-
» cipe de vie. Nous pourrions encore
» ajoûter à cela entre plusieurs autres
» choses , l'intersection des plans de l'E-
» quateur et de l'Ecliptique ou du mou-
» vement diurne ou journalier de la Ter-
» re sur un axe qui n'est pas parallele à
celui de l'écliptique , ni perpendiculaire
à son plan ..... On ne sçauroit
» donc attribuer la continuation de ce
» double mouvement annuel et diurne
nde
23
A O UST. 17337 1748
de la Terre sur des axes non paralleles,
» à autre chose qu'à une cause finale ou
» mentale , ou rò fixTisov , parce qu'il
étoit à propos que cela fût ainsi , la
» varieté des saisons de l'année en dé
» pendant. Mais le plus considerable de
» tous les Phénoménes pir içuliers est la
»formation et l'organisation des corps
>> des animaux , remplis de tant de varietez
et de merveilles , que ces Philo-
» sophes méchaniques n'en pouvant faire
»la solution par le mouvement nécessaire
» de la matiere , sans qu'elle fût dirigée
par l'esprit à de certaines fins , ont pru-
» demment interrompu leur systéme en
» cet endroit , où ils devoient traiter des
» animaux , et n'en ont pas touché un
» seul mot.
23
On connoît clairement par cette critique
, que le sieur Ray est aussi peu
versé dans la Philosophie Carthésienne
qu'il est injuste dans l'accusation qu'il
intente contre elle. Nous avons vû plus
haut qu'il attribuë aux Carthésiens un
systéme d'Atomes , quoique les trois Elemens
de Descartes soient divisibles à l'infini
, et que par conséquent Descartes
rejette les Atomes , qui signifient des Elemens
indivisibles. Le sieur Ray ne se
trompe pas moins, en disant que dans les
C v Phé1744
MERCURE DE FRANCE
:
Phénomenes qu'il cite , il y a de la contrarieté
au Mechanisme de la Nature. Il
est vrai que les loix générales du mouvement
n'expliquent pas la construction
du corps des animaux , ni la forme de
ces organes merveilleux qui servent aux
differentes fonctions du principe qui les
anime. Le mouvement circulaire des
trois Elémens de Descartes ne peut faires
concevoir , par exemple, comment ont
été produits les instrumens de la faculté
visuelle ; mais les Carthésiens doivent :
seulement avouer que leur méchanisme ,
quoiqu'il n'y ait aucune contrarieté , est
insuffisant pour expliquer tous les Phé
noménes , et sur tout l'organisation admirable
des animaux ,, les corps animezz
et inanimez étant vrai- semblable--
ment produits suivant des loix differen--
tes, ou plutôt dont nous n'appercevons
pas la liaison. * Il ne s'ensuit pas de ce
que la Créature est incapable de conce
voir entierement le grand Ouvrage de :
la Création , qu'il lui soit defendu de rechercher
les causes physiques et naturel
+
La plupart même des Carthésiens estiment aun
aujet de l'organisation continuelle et toujours
cemblable , des Plantes et des Animaux , que tous :
res corps formez en même-temps par le Souve
fain Etre , dans les graines ou dans les oeufs , nesont
que se développer successivement,
leas
A O UST. 1733. 17455
les , suivant les principes les plus géné
caux et les plus simples , en les rappor
tánt à la sagesse et à la toute- puissance
du Créateur.
Les difficultez qui se trouveut sur la
pesanteur , ne peuvent se résoudre par
des principes de vie qui n'ont aucun rapport
avec elle , ou par des causes finales ,.
qui ne sont en aucune maniere des causes
physiques ; et si les explications que
Descartes a données de la pesanteur , ont
été attaquées par de fortes objections ,
tous les Philosophes se sont au moins
accordez à tirer ces Explications d'un '
méchanisme général de la Nature. Le
'steur Ray est si peu d'accord avec luid
même au sujet de la respiration et de la¹
systole et diastole du coeur, qu'après avoir
affirmé que ces mouvemens ne peuvent
être méchaniques , il regarde ailleurs com
me une question douteuse de sçavoir si
les bêtes sont des vrayes machines , ou
s'il convient de leur attribuer la vie et le
sentiment.
cliptiqueant
à l'intersection
de l'é-
1
de l'équateur , on en peut donner
plusieurs raisons qui n'ont rien de
contraire au systéme Carthésien . L'obli
quité de l'écliptique par rapport à l'équateur
, dont l'axe conserve toujours
son parallelisme est assurément la cause
av de
1746 MERCURE DE FRANCE
de la varieté des Saisons , mais cette cause
finale , encore une fois , ne peut passer
pour une cause phisique. L'Explication
naturelle de ce phénoméne peut se rapporter
, suivant les principes d'un Méchanisme
général , ou aux particules cannelées
, qui traversant les pores du G'obe
Terrestre d'un certain sens , déterminent
sa position , ou à la qualité du fluide qui
emporte la Terre par un mouvement
circulaire , ou à la pression des tourbillons
voisins , ou à la résistance que tout
corps solide apporte à l'impression du
mouvement qu'il reçoit , ou à toutes ces
causes réunis , ou aux differentes hypotheses
que la sagacité du Physicien lui
fera inventer. Dieu permet à l'homme
de faire quelques raisonnemens assez vraisemblables
sur les Corps Celestes , si prodigieusement
éloignez de nous ,
afin que
cette étude éleve notre esprit à la Majesté
de l'Etre suprême , en même - temps
que la présomption de l'homme est domptée
par la profonde ignorance où il est
de ce qui est au- dedans de lui - même et
de ce qui fait partie de sa propre substance.
C'est une calomnie insoutenable de
dire que les Carthésiens rejettent absolument
le grand argument qui prouve
» l'eA
O UST. 1733 1747
» l'éxistence de Dieu , tiré du phénoméne
de la forme artificielle des choses .
Nulle Philosophie au contraire ne donne
des idées aussi sublimes de la sagesse
de Dieu dans la Création ; nulle Physique
ne ramene davantage l'esprit au
Créateur , en rapportant tous les phénoménes
qu'elle peut expliquer à des loix
simples et génerales émanées nécessairement
de la Toute puissance divine . C'est
l'argument le plus invincible contre l'Athéïsme
, c'est l'exclusion la plus forte du
hazard , dont la régularité et l'uniformité
ne peuvent être les productions . Plus l'idée
d'un méchanisme est générale , constante
et uniforme , comme dans le Carthésianisme
, plus elle est inséparable des
idées de dessein et de sagesse. Ces Re-
Aléxions suffisent pour prouver des veritez
si évidentes, d'autant plus que pour
détruire l'Athéïsme par le raisonnement ,
il faudroit que quelque homme qui raisonne
fût capable d'Athéïsme , ce qui est
impossible. Il est donc certain que l'accusation
du Carthésianisme par les Docteurs
Cudwort et Ray , est au fond trèsfrivole
et très mal fondée , injurieuse à
plusieurs saints et sçavans personnages ,
qui ont soutenu cette Philosophie , et aux
Écoles qui l'enseignent publiquement.
Fermer
Résumé : DÉFENSE du Cartésianisme, par M. le Gendre de S. Aubin ; contre les accusations des Docteurs Cudwort et Ray.
Le texte est une défense du cartésianisme contre les critiques des docteurs Cudworth et Ray, exprimées dans leur ouvrage 'L'Existence et la Sagesse de Dieu, manifestées dans les Oeuvres de la Création'. Le défenseur du cartésianisme reproche à Ray d'avoir commencé son livre en approuvant l'idée que les êtres imparfaits sont plus nombreux que les parfaits, ce qui est jugé inapproprié pour un panégyriste de la sagesse divine. Ray est également critiqué pour avoir fondé la sagesse divine sur un mécanisme de détail, jugé bas et imparfait comparé au mécanisme sublime des cartésiens. Malgré ses attaques contre le cartésianisme, Ray reconnaît certaines hypothèses cartésiennes, comme celle des tourbillons et la diversité des créatures sur les planètes. Le défenseur du cartésianisme répond aux accusations de Ray en expliquant que Descartes exclut les causes finales de la physique pour se concentrer sur les causes naturelles. Il argue que cette approche est pieuse et édifiante, et que la physique doit déduire les phénomènes des lois générales de la nature établies par Dieu. Le texte critique Ray pour avoir accusé les cartésiens de détruire l'argument de l'existence de Dieu en réduisant la création à des lois mécaniques. Le défenseur du cartésianisme conclut que les cartésiens ont mieux expliqué le mécanisme général de la nature et la sagesse divine que toute autre secte philosophique. Le texte discute également de divers phénomènes naturels, comme la gravité, la respiration, les mouvements du cœur, et les mouvements de la Terre, qui semblent défier les lois du mécanisme et nécessitent l'intervention de causes finales ou de principes de vie. Il critique l'incapacité des philosophes mécanistes à expliquer l'organisation des corps animaux, soulignant que ces philosophes interrompent leur système lorsqu'ils abordent ce sujet. Les cartésiens reconnaissent l'insuffisance de leur mécanisme pour expliquer tous les phénomènes, notamment l'organisation des animaux, mais estiment que les corps animés et inanimés sont produits selon des lois différentes. Le texte aborde des difficultés spécifiques comme la pesanteur, la respiration, et les mouvements du cœur, soulignant que les explications cartésiennes, bien que critiquées, restent mécanistes. Il mentionne l'obliquité de l'écliptique par rapport à l'équateur et les diverses causes possibles de ce phénomène, tout en insistant sur le fait que les causes finales ne peuvent être des causes physiques. Enfin, le texte réfute l'accusation selon laquelle les cartésiens rejettent l'argument de la forme artificielle des choses pour prouver l'existence de Dieu. Il affirme que la philosophie cartésienne donne des idées sublimes de la sagesse divine et constitue un argument fort contre l'athéisme. Le texte conclut en dénonçant les accusations frivoles et mal fondées contre le cartésianisme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
444
p. 1764-1771
LETTRE écrite d'Auxerre, à M.... sur cette expression : Faire le déposuit, et sur les Bâtons des Confreries.
Début :
Vous me marquez, Monsieur, la peine où vous êtes de comprendre [...]
Mots clefs :
Deposuit, Bâton, Confréries, Verset, Vêpres, Bâtons, Paris, Évêque, Magnificat, Règlement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite d'Auxerre, à M.... sur cette expression : Faire le déposuit, et sur les Bâtons des Confreries.
LETTRE écrite d'Auxerre , à M. ...
sur cette expression : Faire le déposuit ,
et sur les Bâtons des Confreries.
Ous me marquez , Monsieur , la
peine où vous êtes de comprendre
le sens d'un ancien Reglement de Saint
Jacques de l'Hôpital de Paris , dont on
vous afait voir une copie ; et quoique ce
Reglement n'ait que 230 ans ou environ ,
il contient , dites - vous , certains usages
que vous n'entendez pas , et dont vous
souhaiteriez avoir l'explication. Selon ce
Reglement le Crieur est tenu , avant la
» Fête Monseigneur S. Jacques , d'aller
>> par la Ville à tout sa Clochette , et ves-
» tu de son Corset , crier la Confrairie.
» Item , doit à chaque Pelerin et Peleri-
»> ne quatre épingles pour attacher les
» quatre Cornets des Mantelets des hom-
» mes et les Chapeaux de fleurs des Fem--
» mes ; les Pelerins au Cueur , les Peleri-
» nes hors le Cueur . Item , doit May et
herbes vertes pour la jonchée. Et après
le dîner on porte le Bâton au Cueur , et l'a
est le Trésorier , qui chante et fait le Dé-
» posuit. » Vous demandez ce que c'est
"'
» que
AOUST. 1733. 1765
que faire le Deposuit. On dit bien en
France : Faire le Pain - beni , faire la Saint
Martin . On disoit autrefois, faire les Anges
, faire les trois Maries ,faire le Defruc
in , et même faire les Rois , pour signifier
que trois Ecclesiastiques étoient habillez
en maniere de Rois le jour de l'Epiphanie.
Mais il n'étoit pas plus rare d'y faire
le Deposuit. Ce n'est que le non- usage
qui a fit perdre de vûë la signification
de ce langage . Je vous prie d'avoir attention
à la pénultiéme ligne du Reglement;
elle sert à donner le dénouement de la
cérémonie du Deposuit. ( On porte le Bâton
au Cueur. )
C'est que dans les Confreries , outre
l'Image du S. Patron , placée ordinairement
au dessus des Autels des Eglises ,
ou dans quelque niche , et qu'il est impossible
de transporter , il y en avoit une
petite , que chacun des Confreres étoit
tenu de conserver chez lui pendant un
an à tour de Rôle , et cette Image au retour
de la Fêre, chaque année , étoit mise
sur la Table des Trésoriers ou Receveurs
de la Confrerie, dans la Nef de l'Eglise ,
ou même au Vestibule ; et afiu qu'elle
ne fut pas portée rustiquement par les
rues , mais avec dignité , on avoit un Bâ
ton , orné et embelli selon le temps , au
D iiij
bout
1766 MERCURE DE FRANCE
bout duquel on la portoit élevée ; et même
depuis cette Image resta ainsi posée
sur le Bâton même , qu'on orna dans la
suite de Fuzeaux , garnis de Fleurs et de
Rubans , et on eut soin de la couvrir
d'un petit Plafond ou d'une Arcade en
forme de Coquille ..
Les Bâtons modernes des Chantres de
plusieurs Eglises sont des diminutifs de
ces Bâtons de Confreries pour la forme ; il
n'y a que dans quelques-unes que l'on a
conservé l'ancien usage de les terminer
en Pommeau , en figure d'Oiseau , ou en
bec de Corbin , sans mettre aucun Saint
dessus . Mais venons au Deposuit. Le Magnificat
des Vêpres étant commencé , રે
T'approche du Verset :Deposuit potentes de
sede celui qui avoit rendu ou rapporté
le Bâton , sortoit de Charge ; et à ces paroles
suivantes : Et exaltavit humiles, on
mettoit en place celui à qui c'étoit le tour
de le prendre. Il y avoit quelques variétez
là- dessus selon les Païs ; mais presque
dans toute la France on avoit imaginé
que ce Verset du Magnificat exprimeroit
fort bien la céremonie ; l'un descendoit
en sortant de charge , et l'autre
montoit en y entrant.
;
Il y avoit des Endroits où c'étoit aux
Prêtres à faire cette espece d'installation;
d'au
AOUST. 1733. 1767
d'autres , où celui qui quittoit le Bâton
le mettoit entre les mains de celui qui lui
succedoit. Il paroît qu'à S. Jacques de
l'Hôpital c'étoit le Trésorier qui installoit
le nouveau Bâtonnier , et qui déposoit
l'ancien , en chantant Deposuit , ou'
bien c'étoit celui qui rendoit le Bâton
qu'on appelloit du nom de Trésorier.
Mais en quelques sens que vous le preniez
, soit qu'il installât et mît en place
ou qu'il cedât seulement sa place à un
autre , cela s'appelloit faire le Deposuit..
Dans le Diocèse dont je suis , je sçai que,
jusques bien avant dans le dernier siécle
le Deposuit étoit un Verset si distingué
dans le Magnifieit des secondes Vêpres
d'une Confrerie , qu'aussi - tôt qu'on le
commençoit , celui qui finissoit son année
de Bâtonnier , mettoit le Bâton entre
les mains de celui qui entroit en Charge ,
et à l'instant on sortoit du Choeur et les
Confreres alloient conduire le Bâ:on et
le Bâtonnier jusques dans sa maison.
剩
De vous dire si le Clergé étoit de cette
Procession , c'est ce que je ne sçai pas :
A Paris c'étoit l'usage au milieu de l'avant-
dernier siécle ; mais j'ai reconnu
par un grand nombre d'Ordonnances
Episcopales, faites vers l'an 16 20 et 1622 .
qne l'on finissoit ces jours- là les Vêpres
D.v ex:
1768 MERCURE DE FRANCE
ex abrupto , à Deposuit inclusivement ;
ce qui fut condamné avec raison par
M. de Donadieu , noire Evêque , qui
prescrit de finir les Vêpres à l'ordinaire ;
ce mauvais usage de cesser l'Office à ce
Verset , et de ne le pas continuer , mais
d'entonner tout d'un coup le Te Deum ,
ne pouvoit venir que de la complaisance
de quelques Ecclesiastiques , qui pour un´
leger interêt s'avillissoient jusqu'à aller
conduire des Laïques chez eux , et rendoient
ainsi ces Larques les maîtres des
cérémonies ; de même qu'on a vu encore
de nos jours , des ignares et non - lettrez
qui ont osé s'immiscer de montrer les
Rubriques à leurs Prêtres , et de regler
P'Office divin à leur fantaisie.
Comme un abus invetéré ne peut être
aboli que peu à peu et par la suite du
temps , qu'arriva-t- il de ces deffenses ?
On acheva les Vêpres ; mais après qu'el
les furent dites , on recommençoit le Magnificat
de nouveau , pour faire la cérémonie
; et afin d'avoir occasion de chanter
ce Cantique en entier, on trouva qu'il
étoit plus à propos de ne délivrer le Bâvon
à celui qui devoit le prendre , qu'au
Verset : Suscepit Israël , mais c'étoit toujours
à Deposuit que se faisoit l'abdication
de la Charge du Bâtonnier précédent.
AOUST. 1733. 1769
dent. Voici les termes d'un des Statuts
Synodaux , du 6 May 1642. Nous avions
alors pour Evêque Pierre de Broc. Pendant
que les Baons de Confrerie seront exposez
pour être encheris , l'on ne chantera
Magnificat , et n'appliquera- t- on point ces
Versets Deposuit et Suscepit àla délivranse
d'iceux ; ains , on chantera quelque Antienne
et Répons avec l'Oraison propre en
bonneur du Saint duquel on celebre la fête.
Que l'usage de faire ainsi le Deposuit fur
ancien , c'est ce qui paroît par le Régle
ment d'une des plus anciennes Confrexies
que je connoisse. C'e t celle de la
Fête du premier Janvier , qu'on appelloit
en quelques li ux La Fête des Foux &
Eudes de Sully , Evêque de Paris , ne
voulant et n'osant peut-ut-être pas Fabolir
sout à fait , se contenta de lui prescrire
certaines bornes , er statua pour ce qui
étoit des secondes Vêpres , que le Verset
Deposuit seroit dit tout au plus cinq fois à
et que si le Bâton étoit p is par quel
qu'un , alors on insererot le Te Deum
dans les Vêpres qui seroient terminées
par celui qui les auroit commencées
Deposuit quinquies ad plus dicetur loco
suo , er , si captus fuerit baculus , finito Te
Deum , consummabuntur Vespera ab eo
quofuerant inchoata.
*...
D vj
Co
1770 MERCURE DE FRANCE
Ce Statut qui est de l'an 1198 nous ap
prend l'antiquité des Bâtons des Confre
ries ; mais il nous insinue en même tems
qu'à Paris l'usage avoit été jusqu'alors
de chanter le Verset Deposuit tout autant
de fois qu'il étoit necessaire , jusqu'à ce
que quelqu'un eut pris le Bâton. Le Re
glement de l'Evêque restraint ce nombre
à cinq fois , en supposant qu'il pouvoir
arriver que le Bâton ne fut pas pris ; mais
il permet , au cas qu'il soit accepté , que
ie Te Deum. soit placé dans les Vêpres en
action de graces. Il semble par cet exposé
, que faire alors le Deposuit , étoit de
présenter le Baton pendant qu'on chante
le Verset Deposuit. Je ne sçai si je vous
mets au fait de ce langage, comme j'y suis;
moi , qui dès ma jeunesse , ait été accou
tumé à entendre faire des encheres sur
ces Batons des Saints après l'Office fini .
Voilà , au reste , une espece de Baton à
inserer dans le Glossaire de M.du Cange,
sous le titre de Baculus Confratriarum ou
Festivitatum. J'ai été surpris de ne le pas
trouver dans la nouvelle Edition qui
vient de paroître , non plus que le Defructus
, dont j'ai donné une ample explication
dans le Mercure de Février
1726. pag. 218.-
Je ne suis pas sorti des limites de l'ang
cienne
AOUST. 1733- 1771
cienne Province de Sens , pour ne pas
trop m'étendre en remarques sur cet usage
de faire le Deposuit ; vous pourrez apprendre
dans la suite , quelle étoit la pra
tique de quelques autres Provinces . Voici
les termes des Staturs du Synode de Paris-
1557. que j'ai cité cy dessus : Baculorum
eum imaginibus conductum ad domos Late
corum cum turba Sacerdotum Laïcorum mimorum
districtè.. .inhibemus . (fol.1 . n.18 . ),
Le P. le Brun a paru croire dans son Livre
contre les Comédiens que l'on faisoit des
boufonneries de Théatre en ces sortes,
d'occasions ; mais , non ; il est seulement
vrai que pour la conduite de ces Batons , il
y avoit des Violons qui joüoient des airs
d'Eglise , et les Farceurs ne sont nommez
dans ce Statut , que parce que souvent on
se servoit d'eux pour enen jouer, mais alors
ils étoient habillez modestement et de la
même maniere que l'on a pû en voir en
certains Pays encore de nos jours , à la
Procession de la Fête-Dieu , avant que le
tems fut venu d'y regarder de plus près.
Je suis , Monsieur , & c.
Ce 10 Avril 1733 .
sur cette expression : Faire le déposuit ,
et sur les Bâtons des Confreries.
Ous me marquez , Monsieur , la
peine où vous êtes de comprendre
le sens d'un ancien Reglement de Saint
Jacques de l'Hôpital de Paris , dont on
vous afait voir une copie ; et quoique ce
Reglement n'ait que 230 ans ou environ ,
il contient , dites - vous , certains usages
que vous n'entendez pas , et dont vous
souhaiteriez avoir l'explication. Selon ce
Reglement le Crieur est tenu , avant la
» Fête Monseigneur S. Jacques , d'aller
>> par la Ville à tout sa Clochette , et ves-
» tu de son Corset , crier la Confrairie.
» Item , doit à chaque Pelerin et Peleri-
»> ne quatre épingles pour attacher les
» quatre Cornets des Mantelets des hom-
» mes et les Chapeaux de fleurs des Fem--
» mes ; les Pelerins au Cueur , les Peleri-
» nes hors le Cueur . Item , doit May et
herbes vertes pour la jonchée. Et après
le dîner on porte le Bâton au Cueur , et l'a
est le Trésorier , qui chante et fait le Dé-
» posuit. » Vous demandez ce que c'est
"'
» que
AOUST. 1733. 1765
que faire le Deposuit. On dit bien en
France : Faire le Pain - beni , faire la Saint
Martin . On disoit autrefois, faire les Anges
, faire les trois Maries ,faire le Defruc
in , et même faire les Rois , pour signifier
que trois Ecclesiastiques étoient habillez
en maniere de Rois le jour de l'Epiphanie.
Mais il n'étoit pas plus rare d'y faire
le Deposuit. Ce n'est que le non- usage
qui a fit perdre de vûë la signification
de ce langage . Je vous prie d'avoir attention
à la pénultiéme ligne du Reglement;
elle sert à donner le dénouement de la
cérémonie du Deposuit. ( On porte le Bâton
au Cueur. )
C'est que dans les Confreries , outre
l'Image du S. Patron , placée ordinairement
au dessus des Autels des Eglises ,
ou dans quelque niche , et qu'il est impossible
de transporter , il y en avoit une
petite , que chacun des Confreres étoit
tenu de conserver chez lui pendant un
an à tour de Rôle , et cette Image au retour
de la Fêre, chaque année , étoit mise
sur la Table des Trésoriers ou Receveurs
de la Confrerie, dans la Nef de l'Eglise ,
ou même au Vestibule ; et afiu qu'elle
ne fut pas portée rustiquement par les
rues , mais avec dignité , on avoit un Bâ
ton , orné et embelli selon le temps , au
D iiij
bout
1766 MERCURE DE FRANCE
bout duquel on la portoit élevée ; et même
depuis cette Image resta ainsi posée
sur le Bâton même , qu'on orna dans la
suite de Fuzeaux , garnis de Fleurs et de
Rubans , et on eut soin de la couvrir
d'un petit Plafond ou d'une Arcade en
forme de Coquille ..
Les Bâtons modernes des Chantres de
plusieurs Eglises sont des diminutifs de
ces Bâtons de Confreries pour la forme ; il
n'y a que dans quelques-unes que l'on a
conservé l'ancien usage de les terminer
en Pommeau , en figure d'Oiseau , ou en
bec de Corbin , sans mettre aucun Saint
dessus . Mais venons au Deposuit. Le Magnificat
des Vêpres étant commencé , રે
T'approche du Verset :Deposuit potentes de
sede celui qui avoit rendu ou rapporté
le Bâton , sortoit de Charge ; et à ces paroles
suivantes : Et exaltavit humiles, on
mettoit en place celui à qui c'étoit le tour
de le prendre. Il y avoit quelques variétez
là- dessus selon les Païs ; mais presque
dans toute la France on avoit imaginé
que ce Verset du Magnificat exprimeroit
fort bien la céremonie ; l'un descendoit
en sortant de charge , et l'autre
montoit en y entrant.
;
Il y avoit des Endroits où c'étoit aux
Prêtres à faire cette espece d'installation;
d'au
AOUST. 1733. 1767
d'autres , où celui qui quittoit le Bâton
le mettoit entre les mains de celui qui lui
succedoit. Il paroît qu'à S. Jacques de
l'Hôpital c'étoit le Trésorier qui installoit
le nouveau Bâtonnier , et qui déposoit
l'ancien , en chantant Deposuit , ou'
bien c'étoit celui qui rendoit le Bâton
qu'on appelloit du nom de Trésorier.
Mais en quelques sens que vous le preniez
, soit qu'il installât et mît en place
ou qu'il cedât seulement sa place à un
autre , cela s'appelloit faire le Deposuit..
Dans le Diocèse dont je suis , je sçai que,
jusques bien avant dans le dernier siécle
le Deposuit étoit un Verset si distingué
dans le Magnifieit des secondes Vêpres
d'une Confrerie , qu'aussi - tôt qu'on le
commençoit , celui qui finissoit son année
de Bâtonnier , mettoit le Bâton entre
les mains de celui qui entroit en Charge ,
et à l'instant on sortoit du Choeur et les
Confreres alloient conduire le Bâ:on et
le Bâtonnier jusques dans sa maison.
剩
De vous dire si le Clergé étoit de cette
Procession , c'est ce que je ne sçai pas :
A Paris c'étoit l'usage au milieu de l'avant-
dernier siécle ; mais j'ai reconnu
par un grand nombre d'Ordonnances
Episcopales, faites vers l'an 16 20 et 1622 .
qne l'on finissoit ces jours- là les Vêpres
D.v ex:
1768 MERCURE DE FRANCE
ex abrupto , à Deposuit inclusivement ;
ce qui fut condamné avec raison par
M. de Donadieu , noire Evêque , qui
prescrit de finir les Vêpres à l'ordinaire ;
ce mauvais usage de cesser l'Office à ce
Verset , et de ne le pas continuer , mais
d'entonner tout d'un coup le Te Deum ,
ne pouvoit venir que de la complaisance
de quelques Ecclesiastiques , qui pour un´
leger interêt s'avillissoient jusqu'à aller
conduire des Laïques chez eux , et rendoient
ainsi ces Larques les maîtres des
cérémonies ; de même qu'on a vu encore
de nos jours , des ignares et non - lettrez
qui ont osé s'immiscer de montrer les
Rubriques à leurs Prêtres , et de regler
P'Office divin à leur fantaisie.
Comme un abus invetéré ne peut être
aboli que peu à peu et par la suite du
temps , qu'arriva-t- il de ces deffenses ?
On acheva les Vêpres ; mais après qu'el
les furent dites , on recommençoit le Magnificat
de nouveau , pour faire la cérémonie
; et afin d'avoir occasion de chanter
ce Cantique en entier, on trouva qu'il
étoit plus à propos de ne délivrer le Bâvon
à celui qui devoit le prendre , qu'au
Verset : Suscepit Israël , mais c'étoit toujours
à Deposuit que se faisoit l'abdication
de la Charge du Bâtonnier précédent.
AOUST. 1733. 1769
dent. Voici les termes d'un des Statuts
Synodaux , du 6 May 1642. Nous avions
alors pour Evêque Pierre de Broc. Pendant
que les Baons de Confrerie seront exposez
pour être encheris , l'on ne chantera
Magnificat , et n'appliquera- t- on point ces
Versets Deposuit et Suscepit àla délivranse
d'iceux ; ains , on chantera quelque Antienne
et Répons avec l'Oraison propre en
bonneur du Saint duquel on celebre la fête.
Que l'usage de faire ainsi le Deposuit fur
ancien , c'est ce qui paroît par le Régle
ment d'une des plus anciennes Confrexies
que je connoisse. C'e t celle de la
Fête du premier Janvier , qu'on appelloit
en quelques li ux La Fête des Foux &
Eudes de Sully , Evêque de Paris , ne
voulant et n'osant peut-ut-être pas Fabolir
sout à fait , se contenta de lui prescrire
certaines bornes , er statua pour ce qui
étoit des secondes Vêpres , que le Verset
Deposuit seroit dit tout au plus cinq fois à
et que si le Bâton étoit p is par quel
qu'un , alors on insererot le Te Deum
dans les Vêpres qui seroient terminées
par celui qui les auroit commencées
Deposuit quinquies ad plus dicetur loco
suo , er , si captus fuerit baculus , finito Te
Deum , consummabuntur Vespera ab eo
quofuerant inchoata.
*...
D vj
Co
1770 MERCURE DE FRANCE
Ce Statut qui est de l'an 1198 nous ap
prend l'antiquité des Bâtons des Confre
ries ; mais il nous insinue en même tems
qu'à Paris l'usage avoit été jusqu'alors
de chanter le Verset Deposuit tout autant
de fois qu'il étoit necessaire , jusqu'à ce
que quelqu'un eut pris le Bâton. Le Re
glement de l'Evêque restraint ce nombre
à cinq fois , en supposant qu'il pouvoir
arriver que le Bâton ne fut pas pris ; mais
il permet , au cas qu'il soit accepté , que
ie Te Deum. soit placé dans les Vêpres en
action de graces. Il semble par cet exposé
, que faire alors le Deposuit , étoit de
présenter le Baton pendant qu'on chante
le Verset Deposuit. Je ne sçai si je vous
mets au fait de ce langage, comme j'y suis;
moi , qui dès ma jeunesse , ait été accou
tumé à entendre faire des encheres sur
ces Batons des Saints après l'Office fini .
Voilà , au reste , une espece de Baton à
inserer dans le Glossaire de M.du Cange,
sous le titre de Baculus Confratriarum ou
Festivitatum. J'ai été surpris de ne le pas
trouver dans la nouvelle Edition qui
vient de paroître , non plus que le Defructus
, dont j'ai donné une ample explication
dans le Mercure de Février
1726. pag. 218.-
Je ne suis pas sorti des limites de l'ang
cienne
AOUST. 1733- 1771
cienne Province de Sens , pour ne pas
trop m'étendre en remarques sur cet usage
de faire le Deposuit ; vous pourrez apprendre
dans la suite , quelle étoit la pra
tique de quelques autres Provinces . Voici
les termes des Staturs du Synode de Paris-
1557. que j'ai cité cy dessus : Baculorum
eum imaginibus conductum ad domos Late
corum cum turba Sacerdotum Laïcorum mimorum
districtè.. .inhibemus . (fol.1 . n.18 . ),
Le P. le Brun a paru croire dans son Livre
contre les Comédiens que l'on faisoit des
boufonneries de Théatre en ces sortes,
d'occasions ; mais , non ; il est seulement
vrai que pour la conduite de ces Batons , il
y avoit des Violons qui joüoient des airs
d'Eglise , et les Farceurs ne sont nommez
dans ce Statut , que parce que souvent on
se servoit d'eux pour enen jouer, mais alors
ils étoient habillez modestement et de la
même maniere que l'on a pû en voir en
certains Pays encore de nos jours , à la
Procession de la Fête-Dieu , avant que le
tems fut venu d'y regarder de plus près.
Je suis , Monsieur , & c.
Ce 10 Avril 1733 .
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Résumé : LETTRE écrite d'Auxerre, à M.... sur cette expression : Faire le déposuit, et sur les Bâtons des Confreries.
En août 1733, une lettre rédigée à Auxerre répond à une demande d'explication sur un ancien règlement de la confrérie de Saint-Jacques de l'Hôpital de Paris, daté d'environ 230 ans plus tôt. Ce règlement décrit plusieurs pratiques, notamment le rôle du crieur avant la fête de Saint-Jacques, la distribution d'épingles aux pèlerins, et la préparation de jonchées pour la cérémonie. La lettre se concentre principalement sur l'explication de l'expression 'faire le déposuit,' une cérémonie où le bâton de la confrérie est porté au cœur de l'église. Ce bâton, souvent orné et surmonté d'une image sainte, est transmis d'un confrère à un autre lors du verset 'Deposuit' du Magnificat des vêpres. Cette cérémonie marque la fin du mandat d'un confrère et l'entrée en fonction d'un nouveau. La lettre mentionne également les variations de cette pratique selon les régions et les époques, soulignant l'antiquité et la diversité des usages associés aux bâtons des confréries.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
445
p. 1774-1787
LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. l'Abbé Foubert, Docteur de Sorbonne, au sujet d'une Prophetie attribuée au Roy David.
Début :
La difficulté que je vous ai proposée, Monsieur, il y a quelque temps, et [...]
Mots clefs :
Texte hébreu, Septante, Anciens, Paroles, Église, Calmet, Version, Auteur, Psautier, David, Vulgate, Génébrard, Justin, Verset, Hymne, Leçon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. l'Abbé Foubert, Docteur de Sorbonne, au sujet d'une Prophetie attribuée au Roy David.
LETTRE de M. D. L. R. écrite à:
M.l'Abbé Foubert , Docteur de Sorbonne,
au sujet d'une Prophetie attribuée au
Roy David.
1
LA
A difficulté que je vous ai proposée,
y a et
Monsieur , il y a quelque temps ,
que vos occupations ne vous permirent
pas alors de me résoudre , a fait le sujet
de quelques recherches de ma part ; vous.
me demandez ce que j'ai appris là- dessus
; la demande ne sçauroit venir plus
propos ; car d'un côté je suis en état
de vous rendre quelque compte , et de
l'autre nous voila dans le temps où l'Eglise
a commencé de chanter l'Hymne
respectable qui a donné lieu à la diffi
• à
culté .
Il s'agit , comme vous sçavez , d'accorder:
A O UST. 1733. 1775
der l'exacte verité avec les paroles de la
strophe que voici de l'Hymne Vexilla
Regis , &c.
Impleta sunt qua concinit
Davidfideli carmine "
Dicens in Nationibus ,
Regnavit à ligno Deus.
David , selon le pieux Auteur de l'Hym
ne , a donc chanté prophétiquement dans
ses Pseaumes que J. C. regneroit par le
Bois de la Croix , et c'est , Monsieur , ce
que d'abord j'ai été chercher dans ces sacrez
Cantiques dans la Vulgate , ne me
souvenant pas d'y avoir jamais lû rien
de pareil. Il est vrai que dans le Pseaume
XCV. Verset 10. on trouve ces paroles ,
dicite in gentibus quia Dominus regnavit
et rien davantage. Est- ce assez pour attribuer
à David la Prophétie en question?
Cependant c'est Fortunat , Evêque de
Poitiers , selon la plus commune opinion ,
qui a composé cet Hymne au vi . sie
cle , et il y a preuve qu'on l'a chanté en
France , au moins dès le IX.
Comme tout le monde n'a pas chez
soi une Bibliotheque , je n'ai pas été en
état d'abord de voir dans les sources ce
qui peut avoir donné lieu aux paroles de
Fortunat , mais j'ai tiré de Genebrard ,
dont
1776 MERCURE DE FRANCE
dont j'ai le Pseautier dans mon Cabinet ,
autant de lumieres qu'il m'en falloit pour
commencer au moins d'éclaircir ma dif
ficulté.
Vous sçavez que Genebrard , sçavant
Benedictin Docteur de Paris , Professeur
des Langues Saintes au College Royal ,
puis Archevêque d'Aix , a donné une Edition
des Pacaumes , selon la Vulgate, qu'il
a accompagnée de sçavans Commentaires
, Ouvrage dont il étoit plus capable
qu'un autre , et dont il y a eu cinq Editions.
La mienne est d'Anvers 1592. et
toute la derniere ,
Son Commentaire sur ce 10. Verset
du Pseaume 95. est assez long et rempli
d'une pieuse érudition . Voici le précis
de ce qui regarde notre Question . Genebrard
convient que regnavu à ligno n'est
point dans le Texte Hebreu ; mais il prétend
que les Septante l'ont ajoûté par
an esprit prophétique , en traduisant ce
Verset , trois cent ans avant J. C. c'est
ainsi , dit-il , que les Anciens l'ont tou
jours cité , sçavoir , S. Justin Martyr, Lactance
, Tertullien , Arnobe , S. Augustin,
Cassiodore, Théodulphe, (4 ) le Pseautier
Romain , &c. c'étoit , selon lui , la ma
(a) Théodulphe , Evêque d'Orleans , auquel on
attribuë aussi l'Hymne de la Passion.
niere
A O UST. 17335 1777
niere des Anciens , en traduisant l'Ecri
ture , d'insérer quelques mots , en passant
, pour servir à l'intelligence de ce
que la Lettre renferme de mysterieux.
c'est ainsi , continue- t'il , qu'en ont souvent
usé Jonathan et Onkelos , qui pour
cela même ne sont pas tant appellez Traducteurs
que Paraphrastes Chaldéens , en
quoi ils ont été imitcz par les Septante..
Genebrard donne ensuite quelques exemples
de cette maniere de traduire des
Septante , pour éclairer davantage le
Texte , et il paroît si persuadé de ce sentiment
, qu'il traite d'imprudence et de
témerité d'avoir retranché à ligno des
Exemplaires qui ont suivi , ces paroles
ayant , dit- il , été inspirées (a) par le
S. Esprit à ces très saints Prophetes ,
Traducteurs des Livres Sacrez. Il accuse
de ce retranchement les Juifs , comme
S. Justin le leur a effectivement reproché
, ou quelques demi sçavans , pour,
faire montre de leur capacité dans la
Langue Hébraïque , et pour critiquer les
Septante , ce qu'il appelle une vanité et
une méchanceté dont on ne voit , dit- il ,
(a) Male ergo has duas Voculas è nostris Exemplaribus
, qua de industria et per Spiritum Sanctum
a sanctissimis
his Prophetis fuerant interjecta sustlerunt
, sive Judai, &c. Genebr.
que
1778 MERCURE DE FRANCE
que trop d'exemples . Il finit en soute
mant la nécessité de cette Leçon , et en
l'expliquant d'une maniere plausible et
toujours édifiante par rapport à l'appli
cation qu'il en fait.
Je crois , Monsieur qu'en voilà autant
qu'il en faut pour justifier , du moins
pour autoriser l'Auteur de l'Hymne Ve
xilla Regis , d'avoir cité David avec l'addition
à ligno , qui a tant de Deffenseurs
et de si illustres Garants . Mais est- ce
assez , encore une fois , en bonne crititique
pour admettre des paroles qui ne
se trouvent ni dans le Texte Hébreu
qui est l'original , ni dans les Exemplaires
que nous avons aujourd'hui de la
Version des Septante , premiers Auteurs ,
selon Genebrard , de cette Addition ? Ce
qui , à vous dire le vrai , me paroît un
peu embarassant. Vous sçavez qu'on ne
peut jamais prescrire contre la verité
c'est un des plus beaux mots (a) de Tertullien
et une maxime certaine. Vous sçavez
aussi que la Mort du Messie est assez marquée
dans les Prophetes , dans David même
, qui en est lui- même une figure , sans
qu'il soit besoin de la caractériser ici
(a) Veritati nemo prascribere potest , non spatium
temporum , non patrocinia personarum , non privil
Begium regionum . Lib. de Velan. Virginib.
Par
JUILLET. 17337 1779
par des termes qui ne se trouvent pas
dans le Texte original .
it
A
i. Cela supposé , je crois qu'on peut en-
Gore reclamer en faveur de la verité contre
l'addition ou la glose attribuée aux
Septante , que je ne sçaurois encore bien
me persuader venir de la plume de ces
fameux Interpretes ; mais je n'ai pas envie
, Monsieur , pour constater ce fait ,
du moins pour l'éclaircir , d'aller m'enfoncer
dans une Bibliotheque avec une
foule d'Interpretes , de Commentateurs
de Critiques , qui peut- être , après avoir
employé bien du temps , me laisseroient
encore dans le doute où je suis. Je vous
défere cette pénible entreprise , comme
vous convenant mieux qu'à moy , et je
me contente de joindre à ce que j'ai déja
eu l'honneur de vous dire , quelques Remarques
d'un Critique moderne sur le
sujet en question , qui m'ont parâ avoir
de la solidité. Ce Critique est Dom Augustin
Calmet , Auteur d'un Commenraire
Litteral sur tous les Livres de l'Ancien
et du Nouveau Testament , dont
les premiers Volumes ont parû au commencement
de ce siecle. Vous connoissez
Get Ouvrage et vous pouvez en juger
mieux qu'un autre. Pour moi je fais un
sas particulier de son travail sur les Pseaumés,
1780 MERCURE DE FRANCE
mes. Ce Livre publié en 1713. 2. vol. in
4. chez Emery , a mérité l'Approbation
d'un ( 4 ) de vos illustres Confreres , qui
nous assure que les Explications de l'Auteur
, tirées des S S. Peres et des meilleurs
Interpretes , contribuent beaucoup à faire
entendre ce qu'il y a de plus difficile
et de plus obscur dans ce Livre divin .
Dom Calmet , après avoir rapporté le
Verset en question , Commoveatur ....
Dicite in gentibus quia Dominus regnavit
du XCV . Pseaume , et rapporte aussi un
Passage des Paralipomenes , parallele à
ce Verset pour le sens , mais un peu different
pour les expressions , fait voir qu'il
y a là -dessus dans les anciens Peres et
dans quelques anciens Pseautiers , une varieté
encore plus grande et bien plus importante
, qui est de lire regnavit à ligno ,
et il ajoûte aux autoritez citées par Genebrard
, celles de S. Léon Pape , de
l'Auteur de l'Opuscule des Montagnes de
Sina et de Sion. Sous le nom de S. Cyprien
, le Pseautier Gotique, celui de saint.
Germain des Prez , celui de Chartres , tous
Monumens où on lit , Dominus regnavit
àligno. Le P. Calmet auroit pû ajoûter
que cette Leçon se trouve aussi dansa
(a) M. Pastel, Docteur et ancien Professeur
orbonne.
Version
A O UST. 1733. 1781
Version Italique de l'Ecriture , faite sur
le Grec dès le siécle des Apôtres , et dont
toute l'Eglise Latine s'est servie jusqu'à
la Version de S. Jérôme , l'Eglise de Ro
me n'en ayant point eû d'autre dans l'Office
public , jusqu'au Pontificat de Pie V.
qui fit recevoir la Vulgate dans Rome.
C'est D. Calmet * même qui nous donne
cette instruction ; or cette ancienne Version
Italique , publiée de nouveau à
Rome en 1683. par le Cardinal Thomasi,
porte aussi Dominus regnavit à ligno.
Pour ne rien oublier , s'il est possible,
sur ce sujet , notre habile Commentateur
rapporte jusqu'à une conjecture proposée
par Agellius ; sçavoir , que les anciens
Textes Hébreux , au moins dans quelques
Livres , au lieu de Aph , que nous
lisons aujourd'hui après Malac, il a regné,
lisoient He du bois ; ce qui auroit donné
lieu aux Septante de traduire par : Le
Seigneur a regné par le bois . Leçon qui a
subsisté pendant quelques siecles , jusqu'à
ce que les Sçavans en Hébreu s'étant apperçus
que cela ne s'accordoit pas avec
le vrai Original , ils la retrancherent et
conserverent etenim , du . suivant , qui .
répond à Aph de l'Hébreu . Conjecture®
Dissert, sur le Texte et sur les anciennes V´ersions
des Pseaumes. Art. III . p. xxv.
assez
1782 MERCURE DE FRANCE
assez foible et assez mal appuyée , dit
D. Calmet , qui ouvre enfin son sentiment
particulier , et raisonne ainsi sur la
glose en question.
Si cette Leçon étoit autrefois géneralement
dans tous les Exemplaires des Septante
et dans les premieres Traductions.
Latines qui furent faites à l'usage des
Chrétiens , comment ceux - ci ont- ils si
facilement abandonné un Texte qui leur
étoit si favorable ? Si ce sont les Juifs
qui ont fait ce retranchement , pourquoi
les Chrétiens ont- ils eu pour eux la condescendance
d'admettre leur correction
dans leurs Exemplaires. Enfin si quelque
demi sçavant a pû êter de son Livre à
ligno , comment a- t'il pû faire le même
changement dans tous les Exemplaires
du Monde ?
Ces paroles ne sont en effet ni dans
PHébreu, ni dans le Chaldaique , ni dans
le Syriaque , ni dans les anciennes Versions
Grecques , faites sur l'Hébreu , ni
dans la Vulgate , l'Arabe et l'Ethiopienne,
faites sur les Septante ; ni dans la
Version de S. Jerôme , faite sur l'Hebreu.
Personne , que je sçache , continue Dom
Calmet , n'a accusé les Juifs d'avoir ôté
ces termes de leurs Exemplaires Hébreus
on ne les y trouve ni ici , ni dans le
passage
A O UST. 1733. 1783
passage parallele des Paralipomenes. Depuis
S. Justin on ne les a point vûs dans
les Septante.
N'est- il donc pas bien plus probable , com .
me le veut le Févre d'Estaples , et après
lui Justiniani , de Muis et quelques - autres
, que ces paroles à ligno , ayant été
mises par quelqu'un sur la marge de son
Pseautier , à l'endroit de regnavit , furent
ensuite inconsidérément fourrées dans le
Texte ; d'où enfin elles ont été bannies ,
parce qu'on a reconnu qu'elles n'étoient
ni dans les sources hébraïques , ni dans
les anciennes Versions des Grecs .
Il y a beaucoup d'apparence , ajoûtet'il
, que les Hexaples d'Origene servic
rent à arrêter le cours de cette maniere
de lire , en montrant qu'elle n'étoit fondée
ni dans le Texte Hébreu , ni dans
aucune Version ; et en effet , dit D. Calmet
en finissant , je ne sçache que saint
Justin le Martyr parmi les Grecs , qui
l'ait suivie ; tous les autres Peres , qui
ont vécu depuis Origene , et qui sont
en très - grand nombre , ne faisant pas
même mention de cette Leçon . Si elle
subsista plus long- temps parmi les Latins,
c'est que les Hexaples y furent moins
connues et qu'on étoit moins en état de reconnoître
l'erreur de cette Glose ajoutée, et ,
Ε inserée
1984 MERCURE DE FRANCE
inserée dans le Texte , par l'inspection
des Originaux .
Je crois , Monsieur, que ce raisonnement
et la conséquence vous paroîtront
justes. Il peut cependant rester un scrupule
là- dessus , c'est que si d'un côté les
Peres Grecs , à l'exception de S. Justin ,
n'ont point admis , n'ont pas même connû
la glose à ligno ; d'un autre côté l'E
glise Romaine l'a non - seulement admise,
mais elle l'a en quelque façon consacrée ,
en la chantant universellement par tout
dans son Office public , comme elle fait
depuis plus de 700. ans.
On pourroit opposer d'abord à cette
difficulté la grande maxime de Tertullien
, déja rapportée ; mais j'estime qu'il
est plus naturel de la concilier par l'autorité
de S. Jérôme , que vous trouverez ,
je crois , formelle et venir expressément
au sujet que nous traitons . Elle se trou-
·
* Outre S. Justin , on pourroit croire que Les
Heretiques dont il est parlé dans Origane , L. VI,
P. 298. contre Celse , faisoient allusion à ce Passage,
repetant sans cesse dans leurs Ecrits ces paroles
: Ubique autem illic lignum vitæ et Resurrec
tio carnis à ligno. Et en remontant encore plus
haut , l'Auteur de l'Epitre attribuée à S. Barnabé
pouvoit avoir en vûë ce même Passage, lorsqu'il dit.
Regnum Jesu in ligno extitit βασιλεία τοῦ Ἰησοῦ
καὶ τῷ ξύλω,
ve
A OUST. 1733 1785
ve dans l'Epitre à Sunia et à Fréteila
qui est toute remplie de varietez de Leçons
et de Remarques critiques sur le
Texte des Septante et sur la Vulgate. C'est
dans cette Lettre que le S. Docteur propose
une belle Regle dont l'application
se fait ici naturellement. Ilfaut , dit- il ,
réciter et chanter les Pseaumes ainsi que
Eglise les chante , mais aussi il faut sçavoir
, autant que l'on peut , ce que porte
le Texte Hébreu , et qu'autre chose est ce
qu'il faut chanter dans l'Eglise , par respect
pour l'Antiquité ; et autre chose , ce
qu'il faut sçavoir pour la parfaite intelligence
des Ecritures.
Le même S. Docteur qui a proposé cett
Regle , se plaint cependant qu'après avoi
corrigé le Pseautier de l'ancienne Vulgate
qui étoit fort altérée , par l'ordre du
Pape Damase , l'ancienne erreur eût plus
de force qu'à sa nouvelle réformation
plus antiquum errorem , quàm novam emendationem
valere , tant il est difficile d'abolir
certaines choses quand elles ont été
* Sic omninò psallendum ut fit in Ecclesia : es
tamen sciendum quid Hebraica veritas habeat :
atque aliud esse propter vetustatem in Ecclesia
decantandum , aliud sciendum propter eruditionem
scripturarum. S. Hyeron. Epist, ad Sun. es
Fretell.
Eij en
1736 MERCURE DE FRANCE .
en quelque façon consacrées par leur antiquité.
Je finis , .Monsieur , en soumettant à
vos lumieres tout ce que je viens de vous
exposer , et en vous exhortant d'étudier
vous-même cette matiere pour l'éclaircir
encore davantage. Vous trouverez un trèsbeau
Pseautier dans votre Bibliotheque de
Sorbonne, c'est un des plus anciens Manuscrits
de ce genre et des plus curieux. Si ,
quand j'étois au milieu de l'Eglise Marónite
du Mont Liban , la difficulté s'étoit
présentée , j'aurois pû m'assurer de
l'état où sont les anciens Pseautiers des
Maronites par rapport à la glose à
ligno si unis , comme ils se picquent de
l'être de tout temps , à l'Eglise Romaine
, ils l'ont admise , ou si , au contraire,
ils ont suivi la façon de lire le Verset
en question, comme le lit l'Eglise Orientale
, sans addition et conformément au
Texte Hébreu , cela peut avoir sa curiosité.
Je pourrai m'en éclaircir avec le
sçavant M. Assemanni , Maronite, dont
je vous ai parlé plus d'une fois , et à qui
>
Joseph Assemanni , Maronite du Mont Liban ;
Garde de la Bibliotheque du Vatican et Auteur
d'un nouveau Recueil d'anciens Monumens Ecclesiastiques
, sous le titre de Bibiotheque Orientale ,
&c, imprimé à Rome,
AOUST. 1733. 1787
je dois écrire au premier jour sur d'autres
sujets. J'ai l'honneur d'être , &c .
A Paris le 27. Mars 1733 .
M.l'Abbé Foubert , Docteur de Sorbonne,
au sujet d'une Prophetie attribuée au
Roy David.
1
LA
A difficulté que je vous ai proposée,
y a et
Monsieur , il y a quelque temps ,
que vos occupations ne vous permirent
pas alors de me résoudre , a fait le sujet
de quelques recherches de ma part ; vous.
me demandez ce que j'ai appris là- dessus
; la demande ne sçauroit venir plus
propos ; car d'un côté je suis en état
de vous rendre quelque compte , et de
l'autre nous voila dans le temps où l'Eglise
a commencé de chanter l'Hymne
respectable qui a donné lieu à la diffi
• à
culté .
Il s'agit , comme vous sçavez , d'accorder:
A O UST. 1733. 1775
der l'exacte verité avec les paroles de la
strophe que voici de l'Hymne Vexilla
Regis , &c.
Impleta sunt qua concinit
Davidfideli carmine "
Dicens in Nationibus ,
Regnavit à ligno Deus.
David , selon le pieux Auteur de l'Hym
ne , a donc chanté prophétiquement dans
ses Pseaumes que J. C. regneroit par le
Bois de la Croix , et c'est , Monsieur , ce
que d'abord j'ai été chercher dans ces sacrez
Cantiques dans la Vulgate , ne me
souvenant pas d'y avoir jamais lû rien
de pareil. Il est vrai que dans le Pseaume
XCV. Verset 10. on trouve ces paroles ,
dicite in gentibus quia Dominus regnavit
et rien davantage. Est- ce assez pour attribuer
à David la Prophétie en question?
Cependant c'est Fortunat , Evêque de
Poitiers , selon la plus commune opinion ,
qui a composé cet Hymne au vi . sie
cle , et il y a preuve qu'on l'a chanté en
France , au moins dès le IX.
Comme tout le monde n'a pas chez
soi une Bibliotheque , je n'ai pas été en
état d'abord de voir dans les sources ce
qui peut avoir donné lieu aux paroles de
Fortunat , mais j'ai tiré de Genebrard ,
dont
1776 MERCURE DE FRANCE
dont j'ai le Pseautier dans mon Cabinet ,
autant de lumieres qu'il m'en falloit pour
commencer au moins d'éclaircir ma dif
ficulté.
Vous sçavez que Genebrard , sçavant
Benedictin Docteur de Paris , Professeur
des Langues Saintes au College Royal ,
puis Archevêque d'Aix , a donné une Edition
des Pacaumes , selon la Vulgate, qu'il
a accompagnée de sçavans Commentaires
, Ouvrage dont il étoit plus capable
qu'un autre , et dont il y a eu cinq Editions.
La mienne est d'Anvers 1592. et
toute la derniere ,
Son Commentaire sur ce 10. Verset
du Pseaume 95. est assez long et rempli
d'une pieuse érudition . Voici le précis
de ce qui regarde notre Question . Genebrard
convient que regnavu à ligno n'est
point dans le Texte Hebreu ; mais il prétend
que les Septante l'ont ajoûté par
an esprit prophétique , en traduisant ce
Verset , trois cent ans avant J. C. c'est
ainsi , dit-il , que les Anciens l'ont tou
jours cité , sçavoir , S. Justin Martyr, Lactance
, Tertullien , Arnobe , S. Augustin,
Cassiodore, Théodulphe, (4 ) le Pseautier
Romain , &c. c'étoit , selon lui , la ma
(a) Théodulphe , Evêque d'Orleans , auquel on
attribuë aussi l'Hymne de la Passion.
niere
A O UST. 17335 1777
niere des Anciens , en traduisant l'Ecri
ture , d'insérer quelques mots , en passant
, pour servir à l'intelligence de ce
que la Lettre renferme de mysterieux.
c'est ainsi , continue- t'il , qu'en ont souvent
usé Jonathan et Onkelos , qui pour
cela même ne sont pas tant appellez Traducteurs
que Paraphrastes Chaldéens , en
quoi ils ont été imitcz par les Septante..
Genebrard donne ensuite quelques exemples
de cette maniere de traduire des
Septante , pour éclairer davantage le
Texte , et il paroît si persuadé de ce sentiment
, qu'il traite d'imprudence et de
témerité d'avoir retranché à ligno des
Exemplaires qui ont suivi , ces paroles
ayant , dit- il , été inspirées (a) par le
S. Esprit à ces très saints Prophetes ,
Traducteurs des Livres Sacrez. Il accuse
de ce retranchement les Juifs , comme
S. Justin le leur a effectivement reproché
, ou quelques demi sçavans , pour,
faire montre de leur capacité dans la
Langue Hébraïque , et pour critiquer les
Septante , ce qu'il appelle une vanité et
une méchanceté dont on ne voit , dit- il ,
(a) Male ergo has duas Voculas è nostris Exemplaribus
, qua de industria et per Spiritum Sanctum
a sanctissimis
his Prophetis fuerant interjecta sustlerunt
, sive Judai, &c. Genebr.
que
1778 MERCURE DE FRANCE
que trop d'exemples . Il finit en soute
mant la nécessité de cette Leçon , et en
l'expliquant d'une maniere plausible et
toujours édifiante par rapport à l'appli
cation qu'il en fait.
Je crois , Monsieur qu'en voilà autant
qu'il en faut pour justifier , du moins
pour autoriser l'Auteur de l'Hymne Ve
xilla Regis , d'avoir cité David avec l'addition
à ligno , qui a tant de Deffenseurs
et de si illustres Garants . Mais est- ce
assez , encore une fois , en bonne crititique
pour admettre des paroles qui ne
se trouvent ni dans le Texte Hébreu
qui est l'original , ni dans les Exemplaires
que nous avons aujourd'hui de la
Version des Septante , premiers Auteurs ,
selon Genebrard , de cette Addition ? Ce
qui , à vous dire le vrai , me paroît un
peu embarassant. Vous sçavez qu'on ne
peut jamais prescrire contre la verité
c'est un des plus beaux mots (a) de Tertullien
et une maxime certaine. Vous sçavez
aussi que la Mort du Messie est assez marquée
dans les Prophetes , dans David même
, qui en est lui- même une figure , sans
qu'il soit besoin de la caractériser ici
(a) Veritati nemo prascribere potest , non spatium
temporum , non patrocinia personarum , non privil
Begium regionum . Lib. de Velan. Virginib.
Par
JUILLET. 17337 1779
par des termes qui ne se trouvent pas
dans le Texte original .
it
A
i. Cela supposé , je crois qu'on peut en-
Gore reclamer en faveur de la verité contre
l'addition ou la glose attribuée aux
Septante , que je ne sçaurois encore bien
me persuader venir de la plume de ces
fameux Interpretes ; mais je n'ai pas envie
, Monsieur , pour constater ce fait ,
du moins pour l'éclaircir , d'aller m'enfoncer
dans une Bibliotheque avec une
foule d'Interpretes , de Commentateurs
de Critiques , qui peut- être , après avoir
employé bien du temps , me laisseroient
encore dans le doute où je suis. Je vous
défere cette pénible entreprise , comme
vous convenant mieux qu'à moy , et je
me contente de joindre à ce que j'ai déja
eu l'honneur de vous dire , quelques Remarques
d'un Critique moderne sur le
sujet en question , qui m'ont parâ avoir
de la solidité. Ce Critique est Dom Augustin
Calmet , Auteur d'un Commenraire
Litteral sur tous les Livres de l'Ancien
et du Nouveau Testament , dont
les premiers Volumes ont parû au commencement
de ce siecle. Vous connoissez
Get Ouvrage et vous pouvez en juger
mieux qu'un autre. Pour moi je fais un
sas particulier de son travail sur les Pseaumés,
1780 MERCURE DE FRANCE
mes. Ce Livre publié en 1713. 2. vol. in
4. chez Emery , a mérité l'Approbation
d'un ( 4 ) de vos illustres Confreres , qui
nous assure que les Explications de l'Auteur
, tirées des S S. Peres et des meilleurs
Interpretes , contribuent beaucoup à faire
entendre ce qu'il y a de plus difficile
et de plus obscur dans ce Livre divin .
Dom Calmet , après avoir rapporté le
Verset en question , Commoveatur ....
Dicite in gentibus quia Dominus regnavit
du XCV . Pseaume , et rapporte aussi un
Passage des Paralipomenes , parallele à
ce Verset pour le sens , mais un peu different
pour les expressions , fait voir qu'il
y a là -dessus dans les anciens Peres et
dans quelques anciens Pseautiers , une varieté
encore plus grande et bien plus importante
, qui est de lire regnavit à ligno ,
et il ajoûte aux autoritez citées par Genebrard
, celles de S. Léon Pape , de
l'Auteur de l'Opuscule des Montagnes de
Sina et de Sion. Sous le nom de S. Cyprien
, le Pseautier Gotique, celui de saint.
Germain des Prez , celui de Chartres , tous
Monumens où on lit , Dominus regnavit
àligno. Le P. Calmet auroit pû ajoûter
que cette Leçon se trouve aussi dansa
(a) M. Pastel, Docteur et ancien Professeur
orbonne.
Version
A O UST. 1733. 1781
Version Italique de l'Ecriture , faite sur
le Grec dès le siécle des Apôtres , et dont
toute l'Eglise Latine s'est servie jusqu'à
la Version de S. Jérôme , l'Eglise de Ro
me n'en ayant point eû d'autre dans l'Office
public , jusqu'au Pontificat de Pie V.
qui fit recevoir la Vulgate dans Rome.
C'est D. Calmet * même qui nous donne
cette instruction ; or cette ancienne Version
Italique , publiée de nouveau à
Rome en 1683. par le Cardinal Thomasi,
porte aussi Dominus regnavit à ligno.
Pour ne rien oublier , s'il est possible,
sur ce sujet , notre habile Commentateur
rapporte jusqu'à une conjecture proposée
par Agellius ; sçavoir , que les anciens
Textes Hébreux , au moins dans quelques
Livres , au lieu de Aph , que nous
lisons aujourd'hui après Malac, il a regné,
lisoient He du bois ; ce qui auroit donné
lieu aux Septante de traduire par : Le
Seigneur a regné par le bois . Leçon qui a
subsisté pendant quelques siecles , jusqu'à
ce que les Sçavans en Hébreu s'étant apperçus
que cela ne s'accordoit pas avec
le vrai Original , ils la retrancherent et
conserverent etenim , du . suivant , qui .
répond à Aph de l'Hébreu . Conjecture®
Dissert, sur le Texte et sur les anciennes V´ersions
des Pseaumes. Art. III . p. xxv.
assez
1782 MERCURE DE FRANCE
assez foible et assez mal appuyée , dit
D. Calmet , qui ouvre enfin son sentiment
particulier , et raisonne ainsi sur la
glose en question.
Si cette Leçon étoit autrefois géneralement
dans tous les Exemplaires des Septante
et dans les premieres Traductions.
Latines qui furent faites à l'usage des
Chrétiens , comment ceux - ci ont- ils si
facilement abandonné un Texte qui leur
étoit si favorable ? Si ce sont les Juifs
qui ont fait ce retranchement , pourquoi
les Chrétiens ont- ils eu pour eux la condescendance
d'admettre leur correction
dans leurs Exemplaires. Enfin si quelque
demi sçavant a pû êter de son Livre à
ligno , comment a- t'il pû faire le même
changement dans tous les Exemplaires
du Monde ?
Ces paroles ne sont en effet ni dans
PHébreu, ni dans le Chaldaique , ni dans
le Syriaque , ni dans les anciennes Versions
Grecques , faites sur l'Hébreu , ni
dans la Vulgate , l'Arabe et l'Ethiopienne,
faites sur les Septante ; ni dans la
Version de S. Jerôme , faite sur l'Hebreu.
Personne , que je sçache , continue Dom
Calmet , n'a accusé les Juifs d'avoir ôté
ces termes de leurs Exemplaires Hébreus
on ne les y trouve ni ici , ni dans le
passage
A O UST. 1733. 1783
passage parallele des Paralipomenes. Depuis
S. Justin on ne les a point vûs dans
les Septante.
N'est- il donc pas bien plus probable , com .
me le veut le Févre d'Estaples , et après
lui Justiniani , de Muis et quelques - autres
, que ces paroles à ligno , ayant été
mises par quelqu'un sur la marge de son
Pseautier , à l'endroit de regnavit , furent
ensuite inconsidérément fourrées dans le
Texte ; d'où enfin elles ont été bannies ,
parce qu'on a reconnu qu'elles n'étoient
ni dans les sources hébraïques , ni dans
les anciennes Versions des Grecs .
Il y a beaucoup d'apparence , ajoûtet'il
, que les Hexaples d'Origene servic
rent à arrêter le cours de cette maniere
de lire , en montrant qu'elle n'étoit fondée
ni dans le Texte Hébreu , ni dans
aucune Version ; et en effet , dit D. Calmet
en finissant , je ne sçache que saint
Justin le Martyr parmi les Grecs , qui
l'ait suivie ; tous les autres Peres , qui
ont vécu depuis Origene , et qui sont
en très - grand nombre , ne faisant pas
même mention de cette Leçon . Si elle
subsista plus long- temps parmi les Latins,
c'est que les Hexaples y furent moins
connues et qu'on étoit moins en état de reconnoître
l'erreur de cette Glose ajoutée, et ,
Ε inserée
1984 MERCURE DE FRANCE
inserée dans le Texte , par l'inspection
des Originaux .
Je crois , Monsieur, que ce raisonnement
et la conséquence vous paroîtront
justes. Il peut cependant rester un scrupule
là- dessus , c'est que si d'un côté les
Peres Grecs , à l'exception de S. Justin ,
n'ont point admis , n'ont pas même connû
la glose à ligno ; d'un autre côté l'E
glise Romaine l'a non - seulement admise,
mais elle l'a en quelque façon consacrée ,
en la chantant universellement par tout
dans son Office public , comme elle fait
depuis plus de 700. ans.
On pourroit opposer d'abord à cette
difficulté la grande maxime de Tertullien
, déja rapportée ; mais j'estime qu'il
est plus naturel de la concilier par l'autorité
de S. Jérôme , que vous trouverez ,
je crois , formelle et venir expressément
au sujet que nous traitons . Elle se trou-
·
* Outre S. Justin , on pourroit croire que Les
Heretiques dont il est parlé dans Origane , L. VI,
P. 298. contre Celse , faisoient allusion à ce Passage,
repetant sans cesse dans leurs Ecrits ces paroles
: Ubique autem illic lignum vitæ et Resurrec
tio carnis à ligno. Et en remontant encore plus
haut , l'Auteur de l'Epitre attribuée à S. Barnabé
pouvoit avoir en vûë ce même Passage, lorsqu'il dit.
Regnum Jesu in ligno extitit βασιλεία τοῦ Ἰησοῦ
καὶ τῷ ξύλω,
ve
A OUST. 1733 1785
ve dans l'Epitre à Sunia et à Fréteila
qui est toute remplie de varietez de Leçons
et de Remarques critiques sur le
Texte des Septante et sur la Vulgate. C'est
dans cette Lettre que le S. Docteur propose
une belle Regle dont l'application
se fait ici naturellement. Ilfaut , dit- il ,
réciter et chanter les Pseaumes ainsi que
Eglise les chante , mais aussi il faut sçavoir
, autant que l'on peut , ce que porte
le Texte Hébreu , et qu'autre chose est ce
qu'il faut chanter dans l'Eglise , par respect
pour l'Antiquité ; et autre chose , ce
qu'il faut sçavoir pour la parfaite intelligence
des Ecritures.
Le même S. Docteur qui a proposé cett
Regle , se plaint cependant qu'après avoi
corrigé le Pseautier de l'ancienne Vulgate
qui étoit fort altérée , par l'ordre du
Pape Damase , l'ancienne erreur eût plus
de force qu'à sa nouvelle réformation
plus antiquum errorem , quàm novam emendationem
valere , tant il est difficile d'abolir
certaines choses quand elles ont été
* Sic omninò psallendum ut fit in Ecclesia : es
tamen sciendum quid Hebraica veritas habeat :
atque aliud esse propter vetustatem in Ecclesia
decantandum , aliud sciendum propter eruditionem
scripturarum. S. Hyeron. Epist, ad Sun. es
Fretell.
Eij en
1736 MERCURE DE FRANCE .
en quelque façon consacrées par leur antiquité.
Je finis , .Monsieur , en soumettant à
vos lumieres tout ce que je viens de vous
exposer , et en vous exhortant d'étudier
vous-même cette matiere pour l'éclaircir
encore davantage. Vous trouverez un trèsbeau
Pseautier dans votre Bibliotheque de
Sorbonne, c'est un des plus anciens Manuscrits
de ce genre et des plus curieux. Si ,
quand j'étois au milieu de l'Eglise Marónite
du Mont Liban , la difficulté s'étoit
présentée , j'aurois pû m'assurer de
l'état où sont les anciens Pseautiers des
Maronites par rapport à la glose à
ligno si unis , comme ils se picquent de
l'être de tout temps , à l'Eglise Romaine
, ils l'ont admise , ou si , au contraire,
ils ont suivi la façon de lire le Verset
en question, comme le lit l'Eglise Orientale
, sans addition et conformément au
Texte Hébreu , cela peut avoir sa curiosité.
Je pourrai m'en éclaircir avec le
sçavant M. Assemanni , Maronite, dont
je vous ai parlé plus d'une fois , et à qui
>
Joseph Assemanni , Maronite du Mont Liban ;
Garde de la Bibliotheque du Vatican et Auteur
d'un nouveau Recueil d'anciens Monumens Ecclesiastiques
, sous le titre de Bibiotheque Orientale ,
&c, imprimé à Rome,
AOUST. 1733. 1787
je dois écrire au premier jour sur d'autres
sujets. J'ai l'honneur d'être , &c .
A Paris le 27. Mars 1733 .
Fermer
Résumé : LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. l'Abbé Foubert, Docteur de Sorbonne, au sujet d'une Prophetie attribuée au Roy David.
La lettre de M. D. L. R. à l'Abbé Foubert traite d'une prophétie attribuée au roi David, mentionnée dans l'hymne 'Vexilla Regis'. L'auteur cherche à vérifier l'exactitude des paroles 'Regnavit à ligno Deus' (Dieu a régné par le bois de la croix) dans les Psaumes. Ces mots ne figurent pas dans le texte hébreu original mais sont présents dans la version des Septante, traduite trois cents ans avant J.-C. Genebrard, un érudit bénédictin, soutient que les Septante ont ajouté ces mots par esprit prophétique, une pratique confirmée par plusieurs Pères de l'Église. Dom Augustin Calmet rapporte diverses lectures anciennes et suggère que les mots 'à ligno' pourraient avoir été ajoutés en marge et ensuite intégrés dans le texte. Calmet estime que cette glose n'est pas originaire des Septante et a été retirée lorsque les savants ont reconnu son inexactitude. L'auteur conclut en soulignant la difficulté de concilier ces divergences et en se référant à l'autorité de saint Jérôme pour résoudre cette question. Par ailleurs, un saint docteur propose une règle pour la récitation et le chant des Psaumes, recommandant de suivre la tradition de l'Église tout en connaissant le texte hébreu pour une meilleure compréhension des Écritures. Il déplore que, malgré la correction du Psaume par le Pape Damase, l'ancienne erreur ait persisté, soulignant la difficulté de réformer des pratiques anciennes. L'auteur mentionne également un Psaume ancien et curieux dans la bibliothèque de la Sorbonne et évoque une difficulté rencontrée au sein de l'Église Maronite du Mont Liban concernant la glose et la lecture des versets. Il se demande si les Maronites suivent la tradition romaine ou orientale et envisage de consulter Joseph Assemanni, un Maronite savant et gardien de la bibliothèque du Vatican, auteur d'un recueil de monuments ecclésiastiques. La lettre se conclut par une soumission des propos à la lumière du destinataire, l'encourageant à étudier davantage la matière.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
446
p. 1822-1831
Imitation de J. C[.] traduite, &c. [titre d'après la table]
Début :
IMITATION DE JESUS-CHRIST, traduite et revûe par M. L. Dufresnoy D. de S. [...]
Mots clefs :
Monde, Anciennes éditions, Imitations ordinaires, Titre, Consolation, Jésus-Christ, Original, Chapitre, Richesses, Caractère, Temps passé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Imitation de J. C[.] traduite, &c. [titre d'après la table]
IMITATION DE JESUS - CHRIST , traduite
et revûe par M. L. Dufresnoy D. de S.
sur l'ancien Original François , d'où l'on
a tiré un Chapitre qui manque dans les
autres Editions , in 12. A Anvers , et se
vend , à Paris , chez Michel- Etienne David,
Quay des Augustins , à la Providenee,
et chez Antoine- Claude Briasson , ruë
S. Facques , à la Science.
Cette Edition qui est belle et bien faite
seroit très- capable de renouveller la celebre
dispute qu'il y eut vers le milieu dư
XVII . siecle , sur l'Auteur de l'Imitation de
J.C.Ilest surprenant que tous ceux qui ont
pris parti pour le celebre Gerson , n'ayent
pas
A O UST. 1732. 1823
pas connu l'Original François de cet Ouvrage
, qui auroit été d'un grand secours
pour appuyer leur sentiment. On trouve
dans ces antiques Editions un air original
, qui ne sent point la contrainte
et la gêne d'un Traducteur . Ce qui peut
faire croire que l'on n'aura pas pensé à
ce Livre au temps de cette dispute , est
le changement de titre et le renversement
des Livres. Le Titre general de ces anciennes
Editions est conçû en ces termes :
Le Livre intitulé Internelle consolation ,
nouvellement corrigée : Consolationes tua latificaverunt
animam meam.
L'ordre des Livres n'est pas le mêine
dans ces anciennes Editions et dans les
Editions ordinaires de l'Imitation de J.C.
Ce qui fait le premier Livre dans nos
Editions , fait le troisiéme dans ces anciennes.
Sous ce Titre : cy commence la
tierce partie de l'interiore et parfaite Imitation
de Notre Seigneur Jesus - Christ ; Qui
-sequitur me non ambulat in tenebris.
Le second Livre des l'Imitations ordinaires
fait le premier dans ces anciennes
Editions , et porte pour titre : cy commence
le Livre intitulé , Internelle consolation
, lequel est moult utile pour la
consolation de toute humaine Creature : et
premierement parle de l'interiore conversation,
1824 MERCURE DE FRANCE
doit
tion , c'est à - dire , comment la personne
selon l'ame. Regnum Dei intra vos est, dicin
Dominus.
Le troisiéme Livre de nos Imitations
ordinaires , fait le second dans ces anciennes
Editions , sous ce titre : Cy com- <
mence le Traité de l'interiore collocution do
Notre Sauveur Jesus - Christ à l'Ame_dévote
, et est la seconde Partie de ce présent
Livre : Audiam quid loquetur in me Dominus
Deus.
Enfin le quatriéme Livre conserve dans
toutes les Editions , le même rang , et
a pour titre dans les anciennes Editions :
Cy commence la quarte Partie du présent
Livre , qui est de ensuivir Jesu- Christ et
contemner le Monde ; et traite principalement
du Sacrement de l'Autel.
Voila , sans doute , ce qui a fait qu'on
n'a point pensé à comparer ce Livre avec
nos Imitations ordinaires ; mais il est toujours
temps de le faire.
En revoyant cet Ouvrage sur les Textes
François que l'on croit Originaux ,
on a eu soin dans cette nouvelle Edition
de rétablir l'ordre observé dans les Imitations
ordinaires et de faire un juste
parallele, des unes et des autres , afin de
ne rien omettre.
Mais pour faire mieux connoître le
caractere
A O UST. 1733. 1815
caractere de cette Edition , on rapportera
ce que le nouveau Traducteur dit
dans sa Préface . » Je dirai donc ( ce sont
» ses paroles ) ce que j'ai examiné par
» moi-même. Le hazard m'a fait rencon-
>> trer quatre Editions Françoises de cet ex-
» cellent Ouvrage , imprimées toutes en
» caractere Gothique , sous le titre de l'In-
» ternelle consolation , c'est - à -dire , de la
»Consolation interieure . Toutes ces Edi-
» tions ont été faites à Paris , l'une en 1531.
» la seconde en 1554. la troisième et la
» quatrième sans date , mais beaucoup
plus anciennes. Il ne paroît ni par le
» Titre ni par aucune autre marque , que-
» ce soit une Traduction ; circonstance
» neanmoins que nos Ancêtres étoient
fort jaloux de faire connoître , quand
>> effectivement ils avoient traduit un Ouvrage.
Celui cy même a l'air Original
» dans ces anciennes Editions ; et tout
» ce qui , dans les Imitations ordinaires ,
» est restraint aux Religieux , se trouve
>> dans ces Editions appliqué aux Chrétiens
en general. C'est peut- être ce qui
pourroit faire penser que le celebreGER-
>> SON auroit d'abord fait ce Livre en
» François , et que depuis il aura été tra-
» duit en Latin par THOMAS A Kempis ,
» mais avec quelques changemens , sur
» tout
1726 MERCURE DE FRANCE
" tout aux endroits où il fait des appli
» cations particulieres aux Religieux , où
>>
aux personnes vivant en Communauté .
» C'est de ces anciennes Editions que nous
» avons tiré le Chapitre XXVI. du pre-
" mier Livre qui manque dans les Imi-
» tations ordinainès de l'Imitation de Je
sus- Christ ; elles nous ont même servi
» à déterminer le sens du Latin , quand
» il nous a parû y avoir quelque ambiguité.
La seule Edition de 1554. con-
» tenoit le 4. Livre qui manque dans les
trois autres .
Comme ce XXVI . Chapitre est impor
tant et ne se trouve en aucune Edition
Latine , on l'inserera ici en son ancien
langage , et on en trouvera la Traduction
dans la nouvelle Edition dont il est
ici question .
Contre la vanité du Monde ,ChapitreXXVI.
>> Certainement griefve et trop péril
» leuse est la conversation de ce Monde's
» car en délices est périe chasteté , humilité
» en richesses , pitié en - Marchandises ,
» verité en trop parler , charité en ce
» maling siecle . Et comme il est diffi-
» cile que ung arbre planté auprès d'un
" chemin commun , puisse garder son
" fruit jusques à ce que il soit meur;
ainsi
A O UST. 1733. 1827
ainsi est- il difficile que ung homme qui
» converse selon la vie du Monde , puis-
» se en soi garder parfaite netteté et justice
, c'est à sçavoir qu'il n'offense Dicu
» en plusieurs manieres. O comme sont
» aveuglez ceux qui quierent et demandent
la gloire et loüenge du Monde !
» Quelle chose est la joye et liesse du
» Monde , fors mauvaistié et mauvaise
» vie non punie et non corrigée ! C'est
» à sçavoir vacquer à luxure et yvto-
כ
ور
que
gnise , à gourmandise et à toutes va-
>> nitez mondaines , et de toutes ces cho-
» ses ne souffrir point de repréhension ,
» ne de punition ou correction en ce
Monde ; car les mauvais vivans en leurs.
délices , cuident être assurez quand ils
» ne sont point corrigez ou reprins pour
»leurs iniquitez ; et ne considerent pas
» qu'il n'est rien plus malheureux en ce
monde la félicité des pécheurs ,
» par laquelle ils tumbent en maladie
incurable , et leur maulvaise volunté
» est confermée en mal. Car si tu quiers
» et desire prelation , et proposes en ton
>> cueur vivre et converser justement et
» sainctement ; je loüe et approuve le bon
» propos; mas j'en trouve peu de tel effect,
» c'est-à - dire qu'il en est bien peu qui
yayent ainsi justement et sainctement
>>
» vescu
1828 MERCURE DE FRANCE
39
» vescu . C'est sauvaige chose de hault de-
» gré et petit cueur ; c'est-à - dire , d'une
» personne qui est en grand état en sainc-
» te Eglise , et son cueur n'est pas eslevé
» en hault à Notre Seigneur , ne aux cho-
>> ses divines. C'est sauvaige chose d'avoir
le premier siege et la vie derniere , c'est
à - dire plus basses que les autres. Grande
infélicité est instabilité de cueur. Les
» Prélats sont dignes de tant de morts
» comme ils baillent de maulvais exem-
» ples à leurs povres Subjets , et ceulx
» qui leurs sont commis. Si tu demandes
» et veulx acquerir sagesse mondaine , à
» grand péril tu t'abandonnes ; car la sa
» gesse du monde est terrienne , brutale ,
diabolique , ennemie du saulvement ,
» meurtriere de vie et mere de cupidité.
" Et si d'aventure tu desires et veulx avoir
>> les pompes et orgueils du siecle , et ay-
» mes les délices de la chair , advise - toy
» et considere bien comment toutes ces
» choses sont vaines et de peu de profit ,
» et que toutes ces vanitez sont comme
un songe. Que a profité à tous ceulx
» qui aymoient ce monde leur orgueil et
>> ventance et confiance de richesses ? tou-
» tes ces choses sont passées comme une
umbre , et comme une nef qui passe
par une eau courant et flotant , de la-
»
» quelle
# A O UST. 1733. 1829
ܬܵܐ
quelle nef on ne peut tantût montrer
» le signe du chemin par où elle est pas-
" sée. Certainement ils sont consommez
et faillis en leur mauvaistié ; et la plus
» grant pertie d'eulx ont délaissé le sentier
et enseignement de vérité . Où sont
maintenant les Princes et grands Sei-
» gneurs qui ont été au temps passé , qui
avoient grande domination et Seigneurie
sur la Terre , qui ont assemblez
» grans trésors d'or et d'argent , qui ont
» construit et édifié Citez , Villes et Chas-
» teaulx , qui par force d'armes ont comn
battu , vaincu et surmonté Roys et
» Royaulmes ? Où sont les sages et grans.
» Clercs du temps passé , qui ont mesuré
net descript le Monde ? Où est le bel
Absalon ? Où est Sanson le fort ? Où
est Alexandre le Vaillant ? Où sont les
» puissans Empereurs ? Où sont les nobles
Roys et Princes ? Que leur a profité
» leur sagesse et litterature mondaine?
Que leur a profité leur beauté ,
» leur force , leur proesse , leur vail-
» lance , leur puissance , la noblesse de
» leur lignage , leur grant Train , leurs
»grans Etats , et la superfluité de toutes
» les déceptives richesses ? Où sont les vo-
» luptez et plaisances charnelles et délec-
❤tations de leurs concupissences ? Où
לכ
≫ song
1830 MERCURE DE FRANCE
» sont les esbatemens , passe temps et plai-
>> sirs qu'ils ont prins en ce monde ? Où
» est leur arrogance et oultrecuidance? Où
» est la vaine gloire et vanité dont ils ont
» été pleins Hélas ! tout est failli et passé,
» adnichilé et esvanouy , on n'en peut
» plus rien trouver , ne les Reliques d'i-
» ceuls parmi les autres congnoistre ou
» discerner ; pour ce que leurs
corps sont
en terre pourris et des vers devorez , et
» leurs ames reçoivent la joye ou la poine
qu'elles ont desservy. Laissons donc-
» ques les plaisirs exteriores et mondains ;
» et suivons les interiores et qui sont
» de l'esperit ; en nous convertissant et
» retournant à Dieu de tout notre cueur ;
» et en faisant la volunté d'icelui . Auquel
» seul Roy immortel, invisible, seul Dieu,
» soit toute gloire , tout honneur et ac-
» tion de graces ; qui seul est commen-
" cement , moyen et fin de notre inter-
» nelle consolation . Amen .
Il est étonnant que le Traducteur Latin
aitomis tout te Chapite , qui renferme
des maximes si sages et si Chrétiennes
et qui peuvent ramener l'ame à de
vrais sentimens d'humilité. Ainsi avec
tous ces avantages , cette Version doit
passer pour la plus complette que nous
ayons cue jusqu'ici , et on ne doit pas
s'étonner
•
AOUST. 1733. 1831
s'étonner si on la recherche , comme l'on
fait depuis qu'on en a connu le mérite .
et revûe par M. L. Dufresnoy D. de S.
sur l'ancien Original François , d'où l'on
a tiré un Chapitre qui manque dans les
autres Editions , in 12. A Anvers , et se
vend , à Paris , chez Michel- Etienne David,
Quay des Augustins , à la Providenee,
et chez Antoine- Claude Briasson , ruë
S. Facques , à la Science.
Cette Edition qui est belle et bien faite
seroit très- capable de renouveller la celebre
dispute qu'il y eut vers le milieu dư
XVII . siecle , sur l'Auteur de l'Imitation de
J.C.Ilest surprenant que tous ceux qui ont
pris parti pour le celebre Gerson , n'ayent
pas
A O UST. 1732. 1823
pas connu l'Original François de cet Ouvrage
, qui auroit été d'un grand secours
pour appuyer leur sentiment. On trouve
dans ces antiques Editions un air original
, qui ne sent point la contrainte
et la gêne d'un Traducteur . Ce qui peut
faire croire que l'on n'aura pas pensé à
ce Livre au temps de cette dispute , est
le changement de titre et le renversement
des Livres. Le Titre general de ces anciennes
Editions est conçû en ces termes :
Le Livre intitulé Internelle consolation ,
nouvellement corrigée : Consolationes tua latificaverunt
animam meam.
L'ordre des Livres n'est pas le mêine
dans ces anciennes Editions et dans les
Editions ordinaires de l'Imitation de J.C.
Ce qui fait le premier Livre dans nos
Editions , fait le troisiéme dans ces anciennes.
Sous ce Titre : cy commence la
tierce partie de l'interiore et parfaite Imitation
de Notre Seigneur Jesus - Christ ; Qui
-sequitur me non ambulat in tenebris.
Le second Livre des l'Imitations ordinaires
fait le premier dans ces anciennes
Editions , et porte pour titre : cy commence
le Livre intitulé , Internelle consolation
, lequel est moult utile pour la
consolation de toute humaine Creature : et
premierement parle de l'interiore conversation,
1824 MERCURE DE FRANCE
doit
tion , c'est à - dire , comment la personne
selon l'ame. Regnum Dei intra vos est, dicin
Dominus.
Le troisiéme Livre de nos Imitations
ordinaires , fait le second dans ces anciennes
Editions , sous ce titre : Cy com- <
mence le Traité de l'interiore collocution do
Notre Sauveur Jesus - Christ à l'Ame_dévote
, et est la seconde Partie de ce présent
Livre : Audiam quid loquetur in me Dominus
Deus.
Enfin le quatriéme Livre conserve dans
toutes les Editions , le même rang , et
a pour titre dans les anciennes Editions :
Cy commence la quarte Partie du présent
Livre , qui est de ensuivir Jesu- Christ et
contemner le Monde ; et traite principalement
du Sacrement de l'Autel.
Voila , sans doute , ce qui a fait qu'on
n'a point pensé à comparer ce Livre avec
nos Imitations ordinaires ; mais il est toujours
temps de le faire.
En revoyant cet Ouvrage sur les Textes
François que l'on croit Originaux ,
on a eu soin dans cette nouvelle Edition
de rétablir l'ordre observé dans les Imitations
ordinaires et de faire un juste
parallele, des unes et des autres , afin de
ne rien omettre.
Mais pour faire mieux connoître le
caractere
A O UST. 1733. 1815
caractere de cette Edition , on rapportera
ce que le nouveau Traducteur dit
dans sa Préface . » Je dirai donc ( ce sont
» ses paroles ) ce que j'ai examiné par
» moi-même. Le hazard m'a fait rencon-
>> trer quatre Editions Françoises de cet ex-
» cellent Ouvrage , imprimées toutes en
» caractere Gothique , sous le titre de l'In-
» ternelle consolation , c'est - à -dire , de la
»Consolation interieure . Toutes ces Edi-
» tions ont été faites à Paris , l'une en 1531.
» la seconde en 1554. la troisième et la
» quatrième sans date , mais beaucoup
plus anciennes. Il ne paroît ni par le
» Titre ni par aucune autre marque , que-
» ce soit une Traduction ; circonstance
» neanmoins que nos Ancêtres étoient
fort jaloux de faire connoître , quand
>> effectivement ils avoient traduit un Ouvrage.
Celui cy même a l'air Original
» dans ces anciennes Editions ; et tout
» ce qui , dans les Imitations ordinaires ,
» est restraint aux Religieux , se trouve
>> dans ces Editions appliqué aux Chrétiens
en general. C'est peut- être ce qui
pourroit faire penser que le celebreGER-
>> SON auroit d'abord fait ce Livre en
» François , et que depuis il aura été tra-
» duit en Latin par THOMAS A Kempis ,
» mais avec quelques changemens , sur
» tout
1726 MERCURE DE FRANCE
" tout aux endroits où il fait des appli
» cations particulieres aux Religieux , où
>>
aux personnes vivant en Communauté .
» C'est de ces anciennes Editions que nous
» avons tiré le Chapitre XXVI. du pre-
" mier Livre qui manque dans les Imi-
» tations ordinainès de l'Imitation de Je
sus- Christ ; elles nous ont même servi
» à déterminer le sens du Latin , quand
» il nous a parû y avoir quelque ambiguité.
La seule Edition de 1554. con-
» tenoit le 4. Livre qui manque dans les
trois autres .
Comme ce XXVI . Chapitre est impor
tant et ne se trouve en aucune Edition
Latine , on l'inserera ici en son ancien
langage , et on en trouvera la Traduction
dans la nouvelle Edition dont il est
ici question .
Contre la vanité du Monde ,ChapitreXXVI.
>> Certainement griefve et trop péril
» leuse est la conversation de ce Monde's
» car en délices est périe chasteté , humilité
» en richesses , pitié en - Marchandises ,
» verité en trop parler , charité en ce
» maling siecle . Et comme il est diffi-
» cile que ung arbre planté auprès d'un
" chemin commun , puisse garder son
" fruit jusques à ce que il soit meur;
ainsi
A O UST. 1733. 1827
ainsi est- il difficile que ung homme qui
» converse selon la vie du Monde , puis-
» se en soi garder parfaite netteté et justice
, c'est à sçavoir qu'il n'offense Dicu
» en plusieurs manieres. O comme sont
» aveuglez ceux qui quierent et demandent
la gloire et loüenge du Monde !
» Quelle chose est la joye et liesse du
» Monde , fors mauvaistié et mauvaise
» vie non punie et non corrigée ! C'est
» à sçavoir vacquer à luxure et yvto-
כ
ور
que
gnise , à gourmandise et à toutes va-
>> nitez mondaines , et de toutes ces cho-
» ses ne souffrir point de repréhension ,
» ne de punition ou correction en ce
Monde ; car les mauvais vivans en leurs.
délices , cuident être assurez quand ils
» ne sont point corrigez ou reprins pour
»leurs iniquitez ; et ne considerent pas
» qu'il n'est rien plus malheureux en ce
monde la félicité des pécheurs ,
» par laquelle ils tumbent en maladie
incurable , et leur maulvaise volunté
» est confermée en mal. Car si tu quiers
» et desire prelation , et proposes en ton
>> cueur vivre et converser justement et
» sainctement ; je loüe et approuve le bon
» propos; mas j'en trouve peu de tel effect,
» c'est-à - dire qu'il en est bien peu qui
yayent ainsi justement et sainctement
>>
» vescu
1828 MERCURE DE FRANCE
39
» vescu . C'est sauvaige chose de hault de-
» gré et petit cueur ; c'est-à - dire , d'une
» personne qui est en grand état en sainc-
» te Eglise , et son cueur n'est pas eslevé
» en hault à Notre Seigneur , ne aux cho-
>> ses divines. C'est sauvaige chose d'avoir
le premier siege et la vie derniere , c'est
à - dire plus basses que les autres. Grande
infélicité est instabilité de cueur. Les
» Prélats sont dignes de tant de morts
» comme ils baillent de maulvais exem-
» ples à leurs povres Subjets , et ceulx
» qui leurs sont commis. Si tu demandes
» et veulx acquerir sagesse mondaine , à
» grand péril tu t'abandonnes ; car la sa
» gesse du monde est terrienne , brutale ,
diabolique , ennemie du saulvement ,
» meurtriere de vie et mere de cupidité.
" Et si d'aventure tu desires et veulx avoir
>> les pompes et orgueils du siecle , et ay-
» mes les délices de la chair , advise - toy
» et considere bien comment toutes ces
» choses sont vaines et de peu de profit ,
» et que toutes ces vanitez sont comme
un songe. Que a profité à tous ceulx
» qui aymoient ce monde leur orgueil et
>> ventance et confiance de richesses ? tou-
» tes ces choses sont passées comme une
umbre , et comme une nef qui passe
par une eau courant et flotant , de la-
»
» quelle
# A O UST. 1733. 1829
ܬܵܐ
quelle nef on ne peut tantût montrer
» le signe du chemin par où elle est pas-
" sée. Certainement ils sont consommez
et faillis en leur mauvaistié ; et la plus
» grant pertie d'eulx ont délaissé le sentier
et enseignement de vérité . Où sont
maintenant les Princes et grands Sei-
» gneurs qui ont été au temps passé , qui
avoient grande domination et Seigneurie
sur la Terre , qui ont assemblez
» grans trésors d'or et d'argent , qui ont
» construit et édifié Citez , Villes et Chas-
» teaulx , qui par force d'armes ont comn
battu , vaincu et surmonté Roys et
» Royaulmes ? Où sont les sages et grans.
» Clercs du temps passé , qui ont mesuré
net descript le Monde ? Où est le bel
Absalon ? Où est Sanson le fort ? Où
est Alexandre le Vaillant ? Où sont les
» puissans Empereurs ? Où sont les nobles
Roys et Princes ? Que leur a profité
» leur sagesse et litterature mondaine?
Que leur a profité leur beauté ,
» leur force , leur proesse , leur vail-
» lance , leur puissance , la noblesse de
» leur lignage , leur grant Train , leurs
»grans Etats , et la superfluité de toutes
» les déceptives richesses ? Où sont les vo-
» luptez et plaisances charnelles et délec-
❤tations de leurs concupissences ? Où
לכ
≫ song
1830 MERCURE DE FRANCE
» sont les esbatemens , passe temps et plai-
>> sirs qu'ils ont prins en ce monde ? Où
» est leur arrogance et oultrecuidance? Où
» est la vaine gloire et vanité dont ils ont
» été pleins Hélas ! tout est failli et passé,
» adnichilé et esvanouy , on n'en peut
» plus rien trouver , ne les Reliques d'i-
» ceuls parmi les autres congnoistre ou
» discerner ; pour ce que leurs
corps sont
en terre pourris et des vers devorez , et
» leurs ames reçoivent la joye ou la poine
qu'elles ont desservy. Laissons donc-
» ques les plaisirs exteriores et mondains ;
» et suivons les interiores et qui sont
» de l'esperit ; en nous convertissant et
» retournant à Dieu de tout notre cueur ;
» et en faisant la volunté d'icelui . Auquel
» seul Roy immortel, invisible, seul Dieu,
» soit toute gloire , tout honneur et ac-
» tion de graces ; qui seul est commen-
" cement , moyen et fin de notre inter-
» nelle consolation . Amen .
Il est étonnant que le Traducteur Latin
aitomis tout te Chapite , qui renferme
des maximes si sages et si Chrétiennes
et qui peuvent ramener l'ame à de
vrais sentimens d'humilité. Ainsi avec
tous ces avantages , cette Version doit
passer pour la plus complette que nous
ayons cue jusqu'ici , et on ne doit pas
s'étonner
•
AOUST. 1733. 1831
s'étonner si on la recherche , comme l'on
fait depuis qu'on en a connu le mérite .
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Résumé : Imitation de J. C[.] traduite, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente une édition de l''Imitation de Jésus-Christ' traduite et révisée par M. L. Dufresnoy. Cette édition, publiée à Anvers et vendue à Paris, se distingue par son ancien original français, qui inclut un chapitre absent dans d'autres éditions. Elle pourrait raviver la dispute du XVIIe siècle concernant l'auteur de l'œuvre, notamment Jean Gerson. Les anciennes éditions françaises, imprimées en caractères gothiques et titrées 'Livre intitulé Internelle consolation', présentent un ordre des livres différent des éditions ordinaires. Le premier livre des éditions modernes correspond au troisième dans les anciennes, et ainsi de suite. Cette édition rétablit l'ordre des livres et offre un parallèle avec les éditions ordinaires. Le traducteur a découvert plusieurs éditions françaises anciennes, toutes sans indication de traduction, ce qui suggère qu'elles pourraient être des originaux. Un chapitre important, le XXVI du premier livre, manquant dans les éditions latines, est inclus dans cette édition. Ce chapitre traite de la vanité du monde et de la nécessité de suivre les valeurs chrétiennes. L'édition est considérée comme la plus complète disponible.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
447
p. 1889-1892
DISCOURS prononcé par M. l'Evêque Duc de Laon, dans son Eglise Cathedrale, pour la Benediction des Etendarts du Régiment de LA CORNETTE BLANCHE, au mois d'Août 1733.
Début :
Per turmas, signa atque vexilla, Castrametabuntum Filii Israel, per gyrum Tabernaculi Foederis. [...]
Mots clefs :
Dieu, Gloire, Seigneur, Armées, Victoire, Turenne, Bénédiction, Régiment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS prononcé par M. l'Evêque Duc de Laon, dans son Eglise Cathedrale, pour la Benediction des Etendarts du Régiment de LA CORNETTE BLANCHE, au mois d'Août 1733.
DISCOURS prononcé par M. PEvêque
Duc de Laon , dans son Eglise
Cathedrale , pour la Benediction des
Etendarts du Régiment de LA CORNETTE
BLANCHE , au mois d'Août
1733.
Per turmas , signa atque vexilla, Castrametabun
tum Filii Israel . per gyrum Tabernaculı Foederis.
Num 2.
I
de
plus
L n'est rien , MESSIEURS ,
gréable gré ble au Seigneur que les hommages
des Guerriers. Mettre au pied de ses
Autels des Erendirts , c'est le reconnoître
pour le Dieu des Combats , le Dieu
des Triomphes et de la Victoire ; c'est lui
donner le titre sublime de Dieu des Armées
, qu'il prend lui- même si souvent
dans les Saintes Ecritures : Dominus Deus
exercituum.
Avec quelle complaisance ne jette til
donc pas les yeux sur cette auguste Céré
monie , sur cette Pompe brillante , avec
laquelle vous venez révérer dans son
Temple sa Grandeur et sa Puissance.
Oi , MESSIEURS , c'est parce que vous
l'avez toujours reconnu comme l'arbitre
suprême de votre destinée et l'unique
source du véritable héroisme , qu'il a ré--
Ivi panda vj
1890 MERCURE DE FRANCE
pandu tant de Gloire sur votre Illustre
Corps , et qu'il lui a donné de si fréquens
et de si heureux succès .
>
Il est vrai que tout a concouru à
vous les procurer , ces succès éclatans
conduits autrefois par M. de Turenne
c'est-à dire , par un Héros dont les rares
qualitez égaloient la haute Naissance ; et
commandez aujourd'hui par un Seigneur
du même Sang et de la même valeur
, il n'est pas surprenant que la Victoire
vous ait fuivi par tout, et que dans
le temps même de la Paix , la Gloire ne
Vous ait pas abandonné . Que vous ayez
fait tant de prodiges en Allemagne et en
Italie ; que M. de Turenne se soit crû invincible
à la tête de votre Régialent; que
Messieurs deCatinat et deVilleroy l'ayent
comblé d'Eloges; qu'à Luzara et à Calciil
ait ravi d'admiration M. le Duc
de Vendôme ; que vous soyez devenus ,
pour ainsi dire , sa Troupe favorie
qu'au lieu de prendre dans l'Infanterie
selon l'usage ordinaire , une Garde pour
sa Personne , il n'en ait pas voulu d'autre
que des Cavaliers si braves et si vigilans.
nato ,
et
3
Mais l'on peut dire aussi que sans le
secours du Tres- Haut , ces grands Capitaines
n'auroient pû inspirer à leurs Trou
pes de si glorieux sentimens.
A O UST. 1733. 1891
Oui , je le répéte , si vous avez été jusqu'ici
la terreur des Ennemis par votre
bravoure ,et si vous êtes aujourd'hui l'ornement
de l'Etat par votre Naissance et
vorre Probité , c'est qu'autrefois , comme
aujourd'hui , vous avez offert à Dieu vos
Armes avant les Batailles , et vos Trophées
après vos Victoires. Cette succession
de courage qu'on admire dans votre
invincible Légion , et qui a fourni aux
Armées du Roy des Généraux si distinguez
, n'est autre chose que la récompense
d'une si constante vertu .
Venez donc , Illustres Guerriers , consacrer
encore au Seigneur les préparatifs
de vos nouveaux Combats : Venez vous
dévouer vous - mêmes à la défenfe des
Autels de votre Dieu , de l'autorité de
votre Roy et de la sûreté de votre Patrie .
Semblables à cette Colomne de feu qui
brille sur vos Etendarts , continuez de
montrer aux autres le chemin de la Gloire
, et de leur apprendre, par votre exemple
, qu'il n'y a pas de valeur plus parfaite
que celle qui est soutenue par l'esprit.
de Religion .
Tel est . MESSIEURS , la grande , mais la
juste idée que vous laissez de vous dans
une Contrée qui ne vous perd qu'avec un
regret infini , et qui édifiée de la sagesse
de
1892 MERCURE DE FRANCE
de votre conduite , ne ces era de la proposer
pour modele à ceux qui vous y succederont.
Plaise au Ciel d'exaucer les voeux que je
fais pour une si noble Portion de nos Armées
, et après vous avoir accordé mille
Triomphes sur la terre , vous couronner
ensuite d'une gloire qui ne passera jamais.
Duc de Laon , dans son Eglise
Cathedrale , pour la Benediction des
Etendarts du Régiment de LA CORNETTE
BLANCHE , au mois d'Août
1733.
Per turmas , signa atque vexilla, Castrametabun
tum Filii Israel . per gyrum Tabernaculı Foederis.
Num 2.
I
de
plus
L n'est rien , MESSIEURS ,
gréable gré ble au Seigneur que les hommages
des Guerriers. Mettre au pied de ses
Autels des Erendirts , c'est le reconnoître
pour le Dieu des Combats , le Dieu
des Triomphes et de la Victoire ; c'est lui
donner le titre sublime de Dieu des Armées
, qu'il prend lui- même si souvent
dans les Saintes Ecritures : Dominus Deus
exercituum.
Avec quelle complaisance ne jette til
donc pas les yeux sur cette auguste Céré
monie , sur cette Pompe brillante , avec
laquelle vous venez révérer dans son
Temple sa Grandeur et sa Puissance.
Oi , MESSIEURS , c'est parce que vous
l'avez toujours reconnu comme l'arbitre
suprême de votre destinée et l'unique
source du véritable héroisme , qu'il a ré--
Ivi panda vj
1890 MERCURE DE FRANCE
pandu tant de Gloire sur votre Illustre
Corps , et qu'il lui a donné de si fréquens
et de si heureux succès .
>
Il est vrai que tout a concouru à
vous les procurer , ces succès éclatans
conduits autrefois par M. de Turenne
c'est-à dire , par un Héros dont les rares
qualitez égaloient la haute Naissance ; et
commandez aujourd'hui par un Seigneur
du même Sang et de la même valeur
, il n'est pas surprenant que la Victoire
vous ait fuivi par tout, et que dans
le temps même de la Paix , la Gloire ne
Vous ait pas abandonné . Que vous ayez
fait tant de prodiges en Allemagne et en
Italie ; que M. de Turenne se soit crû invincible
à la tête de votre Régialent; que
Messieurs deCatinat et deVilleroy l'ayent
comblé d'Eloges; qu'à Luzara et à Calciil
ait ravi d'admiration M. le Duc
de Vendôme ; que vous soyez devenus ,
pour ainsi dire , sa Troupe favorie
qu'au lieu de prendre dans l'Infanterie
selon l'usage ordinaire , une Garde pour
sa Personne , il n'en ait pas voulu d'autre
que des Cavaliers si braves et si vigilans.
nato ,
et
3
Mais l'on peut dire aussi que sans le
secours du Tres- Haut , ces grands Capitaines
n'auroient pû inspirer à leurs Trou
pes de si glorieux sentimens.
A O UST. 1733. 1891
Oui , je le répéte , si vous avez été jusqu'ici
la terreur des Ennemis par votre
bravoure ,et si vous êtes aujourd'hui l'ornement
de l'Etat par votre Naissance et
vorre Probité , c'est qu'autrefois , comme
aujourd'hui , vous avez offert à Dieu vos
Armes avant les Batailles , et vos Trophées
après vos Victoires. Cette succession
de courage qu'on admire dans votre
invincible Légion , et qui a fourni aux
Armées du Roy des Généraux si distinguez
, n'est autre chose que la récompense
d'une si constante vertu .
Venez donc , Illustres Guerriers , consacrer
encore au Seigneur les préparatifs
de vos nouveaux Combats : Venez vous
dévouer vous - mêmes à la défenfe des
Autels de votre Dieu , de l'autorité de
votre Roy et de la sûreté de votre Patrie .
Semblables à cette Colomne de feu qui
brille sur vos Etendarts , continuez de
montrer aux autres le chemin de la Gloire
, et de leur apprendre, par votre exemple
, qu'il n'y a pas de valeur plus parfaite
que celle qui est soutenue par l'esprit.
de Religion .
Tel est . MESSIEURS , la grande , mais la
juste idée que vous laissez de vous dans
une Contrée qui ne vous perd qu'avec un
regret infini , et qui édifiée de la sagesse
de
1892 MERCURE DE FRANCE
de votre conduite , ne ces era de la proposer
pour modele à ceux qui vous y succederont.
Plaise au Ciel d'exaucer les voeux que je
fais pour une si noble Portion de nos Armées
, et après vous avoir accordé mille
Triomphes sur la terre , vous couronner
ensuite d'une gloire qui ne passera jamais.
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Résumé : DISCOURS prononcé par M. l'Evêque Duc de Laon, dans son Eglise Cathedrale, pour la Benediction des Etendarts du Régiment de LA CORNETTE BLANCHE, au mois d'Août 1733.
En août 1733, dans la cathédrale de Laon, l'évêque Duc de Laon bénit les étendards du Régiment de La Cornette Blanche. Il exprime sa gratitude envers Dieu, le qualifiant de 'Dieu des Combats, des Triomphes et de la Victoire'. L'orateur célèbre les succès militaires du régiment, autrefois dirigé par M. de Turenne et aujourd'hui par un seigneur de même lignée. Il mentionne les éloges reçus de généraux comme Messieurs de Catinat et de Villeroi. Les victoires sont attribuées aux talents des capitaines et au soutien divin. L'évêque encourage les soldats à continuer de consacrer leurs armes et trophées à Dieu, à défendre les autels, l'autorité du roi et la sûreté de la patrie. Le discours se conclut par un vœu pour que le régiment continue de briller par sa valeur et sa piété, servant de modèle aux générations futures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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448
p. 1901-1903
LE CANTIQUE DES CANTIQUES. Suivant l'esprit des SS. Peres. Chap. 3.
Début :
Aimable et sainte solitude, [...]
Mots clefs :
Objet, Chercher, Cantique des cantiques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE CANTIQUE DES CANTIQUES. Suivant l'esprit des SS. Peres. Chap. 3.
LE
CANTIQUE
DES CANTIQUES.
Suivant l'esprit des SS . Peres . Chap. 3.
Imable et sainte solitude ,
Où sous les yeux de mon
Epoux ,
Libre de toute inquiétude ,
Tranquile , je goutois le repos le plus doux ;
Vous n'avez plus pour moi les mêmes charmes
,
A jj Vos
Vos attraits sont perdus sans cet objet divin ;
Dans une épaisse nuit et parmi mes allarmes ,
Je le cherche par tout , et je le cherche en vain,
Témoin de ma douleur , parlez , ô Cité sainte ,
De vos sacrez Remparts j'ai parcouru l'enceinte
Mais en vain de mes pleurs , tout mon sein s'est
lavé.
Où ne m'a point conduit l'ennui qui me dévore
?
Par tout j'ai demandé cet Epoux que j'adore ;
Je l'ai cherché par tout et ne l'ai point trouvé.
yois à quel point tu me transportes ,
Cher objet de ma passion ;
J'ai rencontré sous les murs de Sion ,
La Garde qui veille à ses Portes ;
Je leur demande tour à tour :
N'a-t-on point vû l'objet que cherche ma tendresse
?
Touchez des cris que mon coeur leur addresse
,
Ils ont respecté mon amour.
J'avance , et non loin d'eux , mais dans ce mo
ment même ,
Où mon espoir cessoit d'être flaté ,
Je retrouve celui que je cheris , qui m'aime ,
Et dans mes bras pressans , je le tiens arrêté ;
J'ai joui de sa vûë , et ne l'ai point quitté,
Que touché de mes feux, sensible à ma priere ,
Je ne l'aye emmené jusques au Sanctuaire.
Dans
SEPTEMBRE . 1733. 1503
Dans le sein de la Charité.
Quelle est dans sa route enflammée ,
Celle qui des déserts s'éleve jusqu'aux Cieux ,
Comme un Tourbillon de fumée ;
Qu'exalent à grands flots des parfums précieux?
Voici ce lit , ces ombres , ce mystere ,
Où repose le Salutaire ;
Déja fameux par de brillans succès ,
Les braves d'Israël en deffendent l'accès ,
Et placent là tout l'honneur de leurs armes
;
Leur glaive à la victoire instruit ,
En écarte au loin les allarmes,
Et les surprises de la nuit.
Salomon couronné par les mains de sa Mere ,
Est monté sur un Char plus lumineux encor
Que le bel Astre qui l'éclaire :
"
Les Cedres du Liban , l'argent , la pourpre ,
For ,
Forment ces diverses parties ,
Par un art délicat l'une à l'autre assorties.
A ■ dedans avec ton flambeau ,
Ardente Charité , c'est toi seule qui brilles ,
O , de Jérusalem , accourez , chastes filles
Et repaissez vos yeux d'un Spectacle si beau,
CANTIQUE
DES CANTIQUES.
Suivant l'esprit des SS . Peres . Chap. 3.
Imable et sainte solitude ,
Où sous les yeux de mon
Epoux ,
Libre de toute inquiétude ,
Tranquile , je goutois le repos le plus doux ;
Vous n'avez plus pour moi les mêmes charmes
,
A jj Vos
Vos attraits sont perdus sans cet objet divin ;
Dans une épaisse nuit et parmi mes allarmes ,
Je le cherche par tout , et je le cherche en vain,
Témoin de ma douleur , parlez , ô Cité sainte ,
De vos sacrez Remparts j'ai parcouru l'enceinte
Mais en vain de mes pleurs , tout mon sein s'est
lavé.
Où ne m'a point conduit l'ennui qui me dévore
?
Par tout j'ai demandé cet Epoux que j'adore ;
Je l'ai cherché par tout et ne l'ai point trouvé.
yois à quel point tu me transportes ,
Cher objet de ma passion ;
J'ai rencontré sous les murs de Sion ,
La Garde qui veille à ses Portes ;
Je leur demande tour à tour :
N'a-t-on point vû l'objet que cherche ma tendresse
?
Touchez des cris que mon coeur leur addresse
,
Ils ont respecté mon amour.
J'avance , et non loin d'eux , mais dans ce mo
ment même ,
Où mon espoir cessoit d'être flaté ,
Je retrouve celui que je cheris , qui m'aime ,
Et dans mes bras pressans , je le tiens arrêté ;
J'ai joui de sa vûë , et ne l'ai point quitté,
Que touché de mes feux, sensible à ma priere ,
Je ne l'aye emmené jusques au Sanctuaire.
Dans
SEPTEMBRE . 1733. 1503
Dans le sein de la Charité.
Quelle est dans sa route enflammée ,
Celle qui des déserts s'éleve jusqu'aux Cieux ,
Comme un Tourbillon de fumée ;
Qu'exalent à grands flots des parfums précieux?
Voici ce lit , ces ombres , ce mystere ,
Où repose le Salutaire ;
Déja fameux par de brillans succès ,
Les braves d'Israël en deffendent l'accès ,
Et placent là tout l'honneur de leurs armes
;
Leur glaive à la victoire instruit ,
En écarte au loin les allarmes,
Et les surprises de la nuit.
Salomon couronné par les mains de sa Mere ,
Est monté sur un Char plus lumineux encor
Que le bel Astre qui l'éclaire :
"
Les Cedres du Liban , l'argent , la pourpre ,
For ,
Forment ces diverses parties ,
Par un art délicat l'une à l'autre assorties.
A ■ dedans avec ton flambeau ,
Ardente Charité , c'est toi seule qui brilles ,
O , de Jérusalem , accourez , chastes filles
Et repaissez vos yeux d'un Spectacle si beau,
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Résumé : LE CANTIQUE DES CANTIQUES. Suivant l'esprit des SS. Peres. Chap. 3.
Le texte est un extrait du 'Cantique des Cantiques' interprété par les Pères de l'Église. Il décrit une quête spirituelle et une union mystique avec un époux divin. La narratrice exprime sa solitude et son désir de retrouver cet époux, le cherchant en vain dans une 'épaisse nuit' et parmi ses alarmes. Elle parcourt les remparts de la Cité sainte sans succès. Son ennui et sa douleur la poussent à demander aux gardes de Sion s'ils ont vu l'objet de sa tendresse. Finalement, elle retrouve son époux et le conduit au sanctuaire. Le texte se poursuit avec une description poétique de la Charité, comparée à un tourbillon de fumée s'élevant des déserts jusqu'aux Cieux, exhalant des parfums précieux. Il mentionne un lit mystique où repose le salutaire, défendu par les braves d'Israël. Salomon, couronné par sa mère, monte sur un char lumineux, orné de cèdres du Liban, d'argent et de pourpre. La Charité est présentée comme la seule à briller avec son flambeau, invitant les chastes filles de Jérusalem à contempler ce spectacle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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449
p. 1919-1924
RÉPONSE du R. P. Tournemine, à l'Auteur de la Lettre, insérée dans le Mercure de Juillet, au sujet d'une Prophétie attribuée au Roy David.
Début :
MONSIEUR, J'ai lû votre sçavante Dissertation sur le 10e verset [...]
Mots clefs :
Version italique, Addition, Septante, Manuscrits, Origène, Texte hébreu, Version grecque, Prophétie, Christianisme, David
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE du R. P. Tournemine, à l'Auteur de la Lettre, insérée dans le Mercure de Juillet, au sujet d'une Prophétie attribuée au Roy David.
REPONSE du R. P. Tournemine , à
Ausur de la Lettre , insérée dans le
Mercure de fuillet , au sujet d'une Prophétie
attribuée au Roy David.
MONSIEUR ,
J'ai lû votre sçavante Dissertation sur
lero verset du Pseaume 95 , avec le plaisir
que donnent tous vos Ecrits ; où l'on
reconnoît une Critique juste et un soin
exact d'approfondir les matieres.
1
.
La difficulté consiste à décider si ces
pa oles ; Depuis qu'il a été attaché au Bois,
A ligno , qui suivent ces autres paroles :
1. Seigneur a regné , annoncez- le aux
Nations ; Dicite in Gentibus quia Dominus
gnavit , sont la traduction fidelle de la
ve ion des Septante , ou d'une Glose inée
dans cette version . Séparons ce qui
certain , des conjectures , ingénieusi
on le veut , mais après tout , conares.
Il est certain que le texte des
ante , sur lequel l'ancienne version
rat.que a été faite ; version qui est sûrement
du premier siécle de l'Eglise ,
os ,
concontenoit
ce que l'Auteur de la version
a traduit , à ligno .
On convient que tous les Manuscrit
de la version Italique étoient semblables
en cet endroit. Tous les Peres Latins , à
Rome , dans les Gaules , en Espagne , er
Afrique , ont lû dans leur Bible cette
prétendue addition pendant neuf siécles
Vous avez cité un grand nombre de ces
Peres Latins ; on pourroit en grossir le
Catalogue. Ils ont approuvé cette addition
depuis qu'ils ont connu qu'elle n'é
toit point dans les Exaples d'Origene, et
que S. Jerôme ne l'admettoit pas ; on a
chantoit dans le Pseautier Romain
dans le Pseautier Gallican .
,
Deux faits me frappent ; Saint Justin ,
dont l'érudition étoit vaste , né dans l'Orient
, et qui a vécu long temps à Rome
parle avec assurance de l'authenticité
de cette prétenduë Addition ; s'il avour
qu'elle ne se trouve pas dans quelques
manuscrits des Septante , il accuse les
Juifs de l'en avoir fait disparoître , et le
Juif Tryphon , son Adversaire , a de la
peine à les justifier.
On ne peut donc douter que l'Addition
prétendue n'ait été avant même !
Christianisme
dans quelques Exemplaires
des Septante. Tryphon qui paroît
Sca
MIKE. 1733 . 1921
eçavant , auroit confondu Jus'n , en ejettant
sur les Chrétiens la falsification
que le S. Docteur imputoit aux Juifs.
Les Manuscrits où se trouve votre Prophétie
, auroit dit le Docte Rabin , n'ont
paru que depuis la naissance du Christianisme
, et entre les mains des Chrétiens
; il n'ose avancer ce fait : Il connoissoit
donc que l'addition prétenduë ,
étoit plus ancienne que le Christianisme.
Origéne examina depuis en critique la
Question dont il s'agit , et il préféra les
Manuscrits où l'Addition n'étoit point ;
aux Manuscrits où elle étoit ; son autorité
entraîna tout l'Orient ; mais Rome
et l'Occident s'attacherent à la version
Italique , dont ils respectoient l'antiquité.
S. Jerôme suivit Origéne , sans pouvoir
amener à son sentiment qu'un fort
petit nombre de Latins.
...
Au sixième siècle , Cassiodore , si sçavant
et si curieux en Manuscrits de la
Bible , soutint la prétenduë Addition
par l'autorité des Septante ; il avoit donc
en main des Manuscrits de cette version
Grecque , où l'Addition se lisoit.
Lors même que l'Eglise Romaine reçût
la version Latine des Pseaumes , corrigée
par S. Jérôme , qui en avoit retranché à
ligne. Elle retint ces deux mots dans les
OffiOffices
divins , marquant par là fort clairement
qu'elle ne vouloit point décider
la question , qui par conséquent est encore
indécise.
›
Ce seroit parler trop affirmativemett,
de dire que cette Addition étoit inconnue
à tout l'Orient. S. Ephrem , Syrien
l'a citée dans son premier Sermon , de la
Résurrection ; il la lisoit donc dans les Manuscrits
de la version Syriaque de sonEglise
version traduite sur les Septante, et aussi
ancienne que l'Eglise ; les versions pos
terieures n'ont pas la même autorité.
C'est donc une verité constante que la
prétenduë Addition étoit dans plusieurs
anciens Manuscrits des Septante , dans
celui sur lequel la premiere version Syriaque
fut faite , dans ceux qu'avoit consulté
l'Auteur de la version Italique ;
dans ceux que S. Justin avoit vûs . Cette
prétendue Addition a- t - elle été insérée
dans la version des Septante ?En a- t- elle été
ôtée ? Voilà une matiere propre à
cer la sagacité des Critiques.
exer-
Je ne dirai pas que les Auteurs de l'ancienne
version Grecque ont ajouté quelques
mots au Texte Hebreu , comme Prophetes
; leur don de Prophétie ne mè
paroît pas établi .
Je ne dirai point qu'une Glose écrite
SEPTEMBRE: 1733. 1923
à la marge , a passé dans le Texte ; le respect
infini des Juifs et des Chrétiens
pour l'Ecriture Sainte , ne me permet pas
de le conjecturer.
Sur le même principe , je n'accuserai
pas
les Juifs d'avoir altéré la version des
Septante , ou le Texte Hebreu ; je me
contenterai de proposer modestement ce
qui me paroît plus vrai- semblable ..
Les Manuscrits sur lesquels travaillerent
les Auteurs de la premiere Version
Grecque , connus sous le nom des Septante
, étoient différens en quelques Endroits
du Texte Hebreu , tel qu'on l'a
aujourd'hui , sans soupçon de fraude ; le
temps seul , et les méprises des Copistes
ont pû causer cette différence .
Ici revient l'ingénieuse conjecture de
Salmeron et d'Agellius ; des Manuscrits
les uns en plus grand nombre , étoient
semblables au Texte Hebreu d'aujourd'hui
, dans les autres , on lisoit Hetz ,
au lieu Daph. Les Septante préférerent
ces derniers . Origêne crut qu'il falloit
corriger les Manuscrits des Septante sur
le Texte , tel qu'il étoit de son temps et
sur les autres Versions Grecques ; il marqua
d'un Obele. ce qu'il croyoit une
Addition. S. Jérôme embrassa le sentiment
d'Origene , et il eût de la peine à
B le
1924 MERCURE DE FRANCE
le faire recevoir dans l'Occident. Ainsi
l'Auteur de l'Hymne Vexilla Regis , soit
Fortunat , soit Théodulphe, a pû regarder
ces paroles , à ligno , comme originales
dans la Saince Ecriture. Je suis
Monsieur , & c.
Ausur de la Lettre , insérée dans le
Mercure de fuillet , au sujet d'une Prophétie
attribuée au Roy David.
MONSIEUR ,
J'ai lû votre sçavante Dissertation sur
lero verset du Pseaume 95 , avec le plaisir
que donnent tous vos Ecrits ; où l'on
reconnoît une Critique juste et un soin
exact d'approfondir les matieres.
1
.
La difficulté consiste à décider si ces
pa oles ; Depuis qu'il a été attaché au Bois,
A ligno , qui suivent ces autres paroles :
1. Seigneur a regné , annoncez- le aux
Nations ; Dicite in Gentibus quia Dominus
gnavit , sont la traduction fidelle de la
ve ion des Septante , ou d'une Glose inée
dans cette version . Séparons ce qui
certain , des conjectures , ingénieusi
on le veut , mais après tout , conares.
Il est certain que le texte des
ante , sur lequel l'ancienne version
rat.que a été faite ; version qui est sûrement
du premier siécle de l'Eglise ,
os ,
concontenoit
ce que l'Auteur de la version
a traduit , à ligno .
On convient que tous les Manuscrit
de la version Italique étoient semblables
en cet endroit. Tous les Peres Latins , à
Rome , dans les Gaules , en Espagne , er
Afrique , ont lû dans leur Bible cette
prétendue addition pendant neuf siécles
Vous avez cité un grand nombre de ces
Peres Latins ; on pourroit en grossir le
Catalogue. Ils ont approuvé cette addition
depuis qu'ils ont connu qu'elle n'é
toit point dans les Exaples d'Origene, et
que S. Jerôme ne l'admettoit pas ; on a
chantoit dans le Pseautier Romain
dans le Pseautier Gallican .
,
Deux faits me frappent ; Saint Justin ,
dont l'érudition étoit vaste , né dans l'Orient
, et qui a vécu long temps à Rome
parle avec assurance de l'authenticité
de cette prétenduë Addition ; s'il avour
qu'elle ne se trouve pas dans quelques
manuscrits des Septante , il accuse les
Juifs de l'en avoir fait disparoître , et le
Juif Tryphon , son Adversaire , a de la
peine à les justifier.
On ne peut donc douter que l'Addition
prétendue n'ait été avant même !
Christianisme
dans quelques Exemplaires
des Septante. Tryphon qui paroît
Sca
MIKE. 1733 . 1921
eçavant , auroit confondu Jus'n , en ejettant
sur les Chrétiens la falsification
que le S. Docteur imputoit aux Juifs.
Les Manuscrits où se trouve votre Prophétie
, auroit dit le Docte Rabin , n'ont
paru que depuis la naissance du Christianisme
, et entre les mains des Chrétiens
; il n'ose avancer ce fait : Il connoissoit
donc que l'addition prétenduë ,
étoit plus ancienne que le Christianisme.
Origéne examina depuis en critique la
Question dont il s'agit , et il préféra les
Manuscrits où l'Addition n'étoit point ;
aux Manuscrits où elle étoit ; son autorité
entraîna tout l'Orient ; mais Rome
et l'Occident s'attacherent à la version
Italique , dont ils respectoient l'antiquité.
S. Jerôme suivit Origéne , sans pouvoir
amener à son sentiment qu'un fort
petit nombre de Latins.
...
Au sixième siècle , Cassiodore , si sçavant
et si curieux en Manuscrits de la
Bible , soutint la prétenduë Addition
par l'autorité des Septante ; il avoit donc
en main des Manuscrits de cette version
Grecque , où l'Addition se lisoit.
Lors même que l'Eglise Romaine reçût
la version Latine des Pseaumes , corrigée
par S. Jérôme , qui en avoit retranché à
ligne. Elle retint ces deux mots dans les
OffiOffices
divins , marquant par là fort clairement
qu'elle ne vouloit point décider
la question , qui par conséquent est encore
indécise.
›
Ce seroit parler trop affirmativemett,
de dire que cette Addition étoit inconnue
à tout l'Orient. S. Ephrem , Syrien
l'a citée dans son premier Sermon , de la
Résurrection ; il la lisoit donc dans les Manuscrits
de la version Syriaque de sonEglise
version traduite sur les Septante, et aussi
ancienne que l'Eglise ; les versions pos
terieures n'ont pas la même autorité.
C'est donc une verité constante que la
prétenduë Addition étoit dans plusieurs
anciens Manuscrits des Septante , dans
celui sur lequel la premiere version Syriaque
fut faite , dans ceux qu'avoit consulté
l'Auteur de la version Italique ;
dans ceux que S. Justin avoit vûs . Cette
prétendue Addition a- t - elle été insérée
dans la version des Septante ?En a- t- elle été
ôtée ? Voilà une matiere propre à
cer la sagacité des Critiques.
exer-
Je ne dirai pas que les Auteurs de l'ancienne
version Grecque ont ajouté quelques
mots au Texte Hebreu , comme Prophetes
; leur don de Prophétie ne mè
paroît pas établi .
Je ne dirai point qu'une Glose écrite
SEPTEMBRE: 1733. 1923
à la marge , a passé dans le Texte ; le respect
infini des Juifs et des Chrétiens
pour l'Ecriture Sainte , ne me permet pas
de le conjecturer.
Sur le même principe , je n'accuserai
pas
les Juifs d'avoir altéré la version des
Septante , ou le Texte Hebreu ; je me
contenterai de proposer modestement ce
qui me paroît plus vrai- semblable ..
Les Manuscrits sur lesquels travaillerent
les Auteurs de la premiere Version
Grecque , connus sous le nom des Septante
, étoient différens en quelques Endroits
du Texte Hebreu , tel qu'on l'a
aujourd'hui , sans soupçon de fraude ; le
temps seul , et les méprises des Copistes
ont pû causer cette différence .
Ici revient l'ingénieuse conjecture de
Salmeron et d'Agellius ; des Manuscrits
les uns en plus grand nombre , étoient
semblables au Texte Hebreu d'aujourd'hui
, dans les autres , on lisoit Hetz ,
au lieu Daph. Les Septante préférerent
ces derniers . Origêne crut qu'il falloit
corriger les Manuscrits des Septante sur
le Texte , tel qu'il étoit de son temps et
sur les autres Versions Grecques ; il marqua
d'un Obele. ce qu'il croyoit une
Addition. S. Jérôme embrassa le sentiment
d'Origene , et il eût de la peine à
B le
1924 MERCURE DE FRANCE
le faire recevoir dans l'Occident. Ainsi
l'Auteur de l'Hymne Vexilla Regis , soit
Fortunat , soit Théodulphe, a pû regarder
ces paroles , à ligno , comme originales
dans la Saince Ecriture. Je suis
Monsieur , & c.
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Résumé : RÉPONSE du R. P. Tournemine, à l'Auteur de la Lettre, insérée dans le Mercure de Juillet, au sujet d'une Prophétie attribuée au Roy David.
Le Père Tournemine répond à une lettre publiée dans le Mercure de France, abordant une prophétie attribuée au roi David et mentionnée dans le Psaume 95. La principale difficulté concerne l'authenticité de l'expression 'Depuis qu'il a été attaché au Bois' (A ligno) dans la version des Septante. Tournemine distingue les faits certains des conjectures et confirme que le texte des Septante, utilisé pour la version latine ancienne, contenait bien cette expression. Les manuscrits de la version italique et les écrits des Pères Latins, de Rome aux Gaules, en Espagne et en Afrique, ont tous inclus cette addition pendant neuf siècles. Saint Justin, bien qu'il connaisse l'absence de cette addition dans certains manuscrits, accusait les Juifs de l'avoir supprimée. Tryphon, un Juif, défendait les Juifs contre cette accusation. Origène préférait les manuscrits sans l'addition, influençant ainsi l'Orient, tandis que Rome et l'Occident restaient fidèles à la version italique. Saint Jérôme, bien qu'il suivît Origène, n'a pu convaincre qu'un petit nombre de Latins. Cassiodore, au sixième siècle, soutenait l'addition en se basant sur les manuscrits des Septante. L'Église romaine, même après avoir adopté la version corrigée par Saint Jérôme, a conservé les mots 'A ligno' dans les offices divins, indiquant que la question restait indécise. Saint Éphrem, un Syrien, avait également cité cette addition, prouvant ainsi sa présence dans les anciens manuscrits des Septante et dans la version syriaque. Tournemine conclut que les différences entre les manuscrits des Septante et le texte hébreu actuel sont dues au temps et aux erreurs des copistes, et non à une fraude. Il rejette les accusations de falsification contre les Juifs ou les chrétiens et propose que les Septante aient préféré certains manuscrits contenant 'A ligno'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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450
p. 1989-1990
LE PECHEUR TROUBLÉ AU-DEDANS DE LUI-MESME.
Début :
Grand Dieu, j'ai méprisé ta puissance suprême !... [...]
Mots clefs :
Pécheur, Dieu, Trouble
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE PECHEUR TROUBLÉ AU-DEDANS DE LUI-MESME.
LETECHEUR TROUBLE'
AU-DEDANS DE LUI -MESME.
Rand Dieu , j'ai méprisé ta puissance su-
Contre tes saintes Loix je me suis révolté ! ...
Je ne puis m'empêcher de me haïr moi- même ,
Quand je viens à penser à mon iniquité ...
Hélas ! de toutes parts mon malheur est ex
trême , • • •
J'ai tout perdu , grand Dieu , lorsque je t'ai
quitté.
De mes nombreux forfaits l'effrayante peinture
Se présente sans cesse à mon esprit troublé :
Enfant dénaturé , rebelle Créature ,
Je sens un bras vangeur dont je suis accablé.
Si le Ciel en courroux fait gronder son Ton
nerre ,
Une secrette horreur glace aussi- tôt mes sens ;
Je pense qu'à moi seul il déclare la guerre ;
Mille coups redoublez , mille Eclairs menaçants ,
Me semblent m'annoncer qu'il va purger la
Terre ,
Et me précipiter dans le lieu des tourmens.
Tantôt je crois entendre une voix redoutable ,'
Me dire que bien - tôt je remplirai mon sert ;
1990 MERCURE DE FRANCE
Et tantôt je crois voir le gouffre épouventable ,
Où tant de malheureux tombent après lent mors.
Soït que l'Astre du jour couronné de lumiere,
Dune course rapide abandonne les flots ;
Soit qu'il termine enfin sa pénible carriere ,
Et nous invite à prendre રે un paisible repos ;
Mon ame malgré moi se livre toute entiere ,
Aux remords , aux chagrins , aux soupirs , aux
sanglots .
Ainsi traine à regret sa miserable vie ,
Le Tigre furieux qu'un Chasseur a blessé ;
Il fuit dans les Deserts de l'ardente Lybieg
Mais il porte partout le trait qui l'a percé.
AU-DEDANS DE LUI -MESME.
Rand Dieu , j'ai méprisé ta puissance su-
Contre tes saintes Loix je me suis révolté ! ...
Je ne puis m'empêcher de me haïr moi- même ,
Quand je viens à penser à mon iniquité ...
Hélas ! de toutes parts mon malheur est ex
trême , • • •
J'ai tout perdu , grand Dieu , lorsque je t'ai
quitté.
De mes nombreux forfaits l'effrayante peinture
Se présente sans cesse à mon esprit troublé :
Enfant dénaturé , rebelle Créature ,
Je sens un bras vangeur dont je suis accablé.
Si le Ciel en courroux fait gronder son Ton
nerre ,
Une secrette horreur glace aussi- tôt mes sens ;
Je pense qu'à moi seul il déclare la guerre ;
Mille coups redoublez , mille Eclairs menaçants ,
Me semblent m'annoncer qu'il va purger la
Terre ,
Et me précipiter dans le lieu des tourmens.
Tantôt je crois entendre une voix redoutable ,'
Me dire que bien - tôt je remplirai mon sert ;
1990 MERCURE DE FRANCE
Et tantôt je crois voir le gouffre épouventable ,
Où tant de malheureux tombent après lent mors.
Soït que l'Astre du jour couronné de lumiere,
Dune course rapide abandonne les flots ;
Soit qu'il termine enfin sa pénible carriere ,
Et nous invite à prendre રે un paisible repos ;
Mon ame malgré moi se livre toute entiere ,
Aux remords , aux chagrins , aux soupirs , aux
sanglots .
Ainsi traine à regret sa miserable vie ,
Le Tigre furieux qu'un Chasseur a blessé ;
Il fuit dans les Deserts de l'ardente Lybieg
Mais il porte partout le trait qui l'a percé.
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Résumé : LE PECHEUR TROUBLÉ AU-DEDANS DE LUI-MESME.
Le texte relate la lutte intérieure d'un individu tourmenté par la culpabilité et la peur divine. Il reconnaît avoir méprisé la puissance de Dieu et s'être révolté contre ses lois, ce qui le pousse à se haïr lui-même en pensant à son iniquité. Il se perçoit comme un enfant dénaturé et une créature rebelle, accablée par un bras vengeur. À chaque signe de la colère divine, comme le tonnerre ou les éclairs, il ressent une horreur secrète et croit que la guerre lui est déclarée. Il est hanté par la vision de ses nombreux forfaits et craint d'être précipité dans un lieu de tourments. Qu'il soit jour ou nuit, son âme est livrée aux remords, aux chagrins, aux soupirs et aux sanglots. Sa vie misérable est comparée à celle d'un tigre blessé qui fuit dans les déserts tout en portant la blessure qui le tourmente.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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