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1
p. 1919-1924
RÉPONSE du R. P. Tournemine, à l'Auteur de la Lettre, insérée dans le Mercure de Juillet, au sujet d'une Prophétie attribuée au Roy David.
Début :
MONSIEUR, J'ai lû votre sçavante Dissertation sur le 10e verset [...]
Mots clefs :
Version italique, Addition, Septante, Manuscrits, Origène, Texte hébreu, Version grecque, Prophétie, Christianisme, David
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE du R. P. Tournemine, à l'Auteur de la Lettre, insérée dans le Mercure de Juillet, au sujet d'une Prophétie attribuée au Roy David.
REPONSE du R. P. Tournemine , à
Ausur de la Lettre , insérée dans le
Mercure de fuillet , au sujet d'une Prophétie
attribuée au Roy David.
MONSIEUR ,
J'ai lû votre sçavante Dissertation sur
lero verset du Pseaume 95 , avec le plaisir
que donnent tous vos Ecrits ; où l'on
reconnoît une Critique juste et un soin
exact d'approfondir les matieres.
1
.
La difficulté consiste à décider si ces
pa oles ; Depuis qu'il a été attaché au Bois,
A ligno , qui suivent ces autres paroles :
1. Seigneur a regné , annoncez- le aux
Nations ; Dicite in Gentibus quia Dominus
gnavit , sont la traduction fidelle de la
ve ion des Septante , ou d'une Glose inée
dans cette version . Séparons ce qui
certain , des conjectures , ingénieusi
on le veut , mais après tout , conares.
Il est certain que le texte des
ante , sur lequel l'ancienne version
rat.que a été faite ; version qui est sûrement
du premier siécle de l'Eglise ,
os ,
concontenoit
ce que l'Auteur de la version
a traduit , à ligno .
On convient que tous les Manuscrit
de la version Italique étoient semblables
en cet endroit. Tous les Peres Latins , à
Rome , dans les Gaules , en Espagne , er
Afrique , ont lû dans leur Bible cette
prétendue addition pendant neuf siécles
Vous avez cité un grand nombre de ces
Peres Latins ; on pourroit en grossir le
Catalogue. Ils ont approuvé cette addition
depuis qu'ils ont connu qu'elle n'é
toit point dans les Exaples d'Origene, et
que S. Jerôme ne l'admettoit pas ; on a
chantoit dans le Pseautier Romain
dans le Pseautier Gallican .
,
Deux faits me frappent ; Saint Justin ,
dont l'érudition étoit vaste , né dans l'Orient
, et qui a vécu long temps à Rome
parle avec assurance de l'authenticité
de cette prétenduë Addition ; s'il avour
qu'elle ne se trouve pas dans quelques
manuscrits des Septante , il accuse les
Juifs de l'en avoir fait disparoître , et le
Juif Tryphon , son Adversaire , a de la
peine à les justifier.
On ne peut donc douter que l'Addition
prétendue n'ait été avant même !
Christianisme
dans quelques Exemplaires
des Septante. Tryphon qui paroît
Sca
MIKE. 1733 . 1921
eçavant , auroit confondu Jus'n , en ejettant
sur les Chrétiens la falsification
que le S. Docteur imputoit aux Juifs.
Les Manuscrits où se trouve votre Prophétie
, auroit dit le Docte Rabin , n'ont
paru que depuis la naissance du Christianisme
, et entre les mains des Chrétiens
; il n'ose avancer ce fait : Il connoissoit
donc que l'addition prétenduë ,
étoit plus ancienne que le Christianisme.
Origéne examina depuis en critique la
Question dont il s'agit , et il préféra les
Manuscrits où l'Addition n'étoit point ;
aux Manuscrits où elle étoit ; son autorité
entraîna tout l'Orient ; mais Rome
et l'Occident s'attacherent à la version
Italique , dont ils respectoient l'antiquité.
S. Jerôme suivit Origéne , sans pouvoir
amener à son sentiment qu'un fort
petit nombre de Latins.
...
Au sixième siècle , Cassiodore , si sçavant
et si curieux en Manuscrits de la
Bible , soutint la prétenduë Addition
par l'autorité des Septante ; il avoit donc
en main des Manuscrits de cette version
Grecque , où l'Addition se lisoit.
Lors même que l'Eglise Romaine reçût
la version Latine des Pseaumes , corrigée
par S. Jérôme , qui en avoit retranché à
ligne. Elle retint ces deux mots dans les
OffiOffices
divins , marquant par là fort clairement
qu'elle ne vouloit point décider
la question , qui par conséquent est encore
indécise.
›
Ce seroit parler trop affirmativemett,
de dire que cette Addition étoit inconnue
à tout l'Orient. S. Ephrem , Syrien
l'a citée dans son premier Sermon , de la
Résurrection ; il la lisoit donc dans les Manuscrits
de la version Syriaque de sonEglise
version traduite sur les Septante, et aussi
ancienne que l'Eglise ; les versions pos
terieures n'ont pas la même autorité.
C'est donc une verité constante que la
prétenduë Addition étoit dans plusieurs
anciens Manuscrits des Septante , dans
celui sur lequel la premiere version Syriaque
fut faite , dans ceux qu'avoit consulté
l'Auteur de la version Italique ;
dans ceux que S. Justin avoit vûs . Cette
prétendue Addition a- t - elle été insérée
dans la version des Septante ?En a- t- elle été
ôtée ? Voilà une matiere propre à
cer la sagacité des Critiques.
exer-
Je ne dirai pas que les Auteurs de l'ancienne
version Grecque ont ajouté quelques
mots au Texte Hebreu , comme Prophetes
; leur don de Prophétie ne mè
paroît pas établi .
Je ne dirai point qu'une Glose écrite
SEPTEMBRE: 1733. 1923
à la marge , a passé dans le Texte ; le respect
infini des Juifs et des Chrétiens
pour l'Ecriture Sainte , ne me permet pas
de le conjecturer.
Sur le même principe , je n'accuserai
pas
les Juifs d'avoir altéré la version des
Septante , ou le Texte Hebreu ; je me
contenterai de proposer modestement ce
qui me paroît plus vrai- semblable ..
Les Manuscrits sur lesquels travaillerent
les Auteurs de la premiere Version
Grecque , connus sous le nom des Septante
, étoient différens en quelques Endroits
du Texte Hebreu , tel qu'on l'a
aujourd'hui , sans soupçon de fraude ; le
temps seul , et les méprises des Copistes
ont pû causer cette différence .
Ici revient l'ingénieuse conjecture de
Salmeron et d'Agellius ; des Manuscrits
les uns en plus grand nombre , étoient
semblables au Texte Hebreu d'aujourd'hui
, dans les autres , on lisoit Hetz ,
au lieu Daph. Les Septante préférerent
ces derniers . Origêne crut qu'il falloit
corriger les Manuscrits des Septante sur
le Texte , tel qu'il étoit de son temps et
sur les autres Versions Grecques ; il marqua
d'un Obele. ce qu'il croyoit une
Addition. S. Jérôme embrassa le sentiment
d'Origene , et il eût de la peine à
B le
1924 MERCURE DE FRANCE
le faire recevoir dans l'Occident. Ainsi
l'Auteur de l'Hymne Vexilla Regis , soit
Fortunat , soit Théodulphe, a pû regarder
ces paroles , à ligno , comme originales
dans la Saince Ecriture. Je suis
Monsieur , & c.
Ausur de la Lettre , insérée dans le
Mercure de fuillet , au sujet d'une Prophétie
attribuée au Roy David.
MONSIEUR ,
J'ai lû votre sçavante Dissertation sur
lero verset du Pseaume 95 , avec le plaisir
que donnent tous vos Ecrits ; où l'on
reconnoît une Critique juste et un soin
exact d'approfondir les matieres.
1
.
La difficulté consiste à décider si ces
pa oles ; Depuis qu'il a été attaché au Bois,
A ligno , qui suivent ces autres paroles :
1. Seigneur a regné , annoncez- le aux
Nations ; Dicite in Gentibus quia Dominus
gnavit , sont la traduction fidelle de la
ve ion des Septante , ou d'une Glose inée
dans cette version . Séparons ce qui
certain , des conjectures , ingénieusi
on le veut , mais après tout , conares.
Il est certain que le texte des
ante , sur lequel l'ancienne version
rat.que a été faite ; version qui est sûrement
du premier siécle de l'Eglise ,
os ,
concontenoit
ce que l'Auteur de la version
a traduit , à ligno .
On convient que tous les Manuscrit
de la version Italique étoient semblables
en cet endroit. Tous les Peres Latins , à
Rome , dans les Gaules , en Espagne , er
Afrique , ont lû dans leur Bible cette
prétendue addition pendant neuf siécles
Vous avez cité un grand nombre de ces
Peres Latins ; on pourroit en grossir le
Catalogue. Ils ont approuvé cette addition
depuis qu'ils ont connu qu'elle n'é
toit point dans les Exaples d'Origene, et
que S. Jerôme ne l'admettoit pas ; on a
chantoit dans le Pseautier Romain
dans le Pseautier Gallican .
,
Deux faits me frappent ; Saint Justin ,
dont l'érudition étoit vaste , né dans l'Orient
, et qui a vécu long temps à Rome
parle avec assurance de l'authenticité
de cette prétenduë Addition ; s'il avour
qu'elle ne se trouve pas dans quelques
manuscrits des Septante , il accuse les
Juifs de l'en avoir fait disparoître , et le
Juif Tryphon , son Adversaire , a de la
peine à les justifier.
On ne peut donc douter que l'Addition
prétendue n'ait été avant même !
Christianisme
dans quelques Exemplaires
des Septante. Tryphon qui paroît
Sca
MIKE. 1733 . 1921
eçavant , auroit confondu Jus'n , en ejettant
sur les Chrétiens la falsification
que le S. Docteur imputoit aux Juifs.
Les Manuscrits où se trouve votre Prophétie
, auroit dit le Docte Rabin , n'ont
paru que depuis la naissance du Christianisme
, et entre les mains des Chrétiens
; il n'ose avancer ce fait : Il connoissoit
donc que l'addition prétenduë ,
étoit plus ancienne que le Christianisme.
Origéne examina depuis en critique la
Question dont il s'agit , et il préféra les
Manuscrits où l'Addition n'étoit point ;
aux Manuscrits où elle étoit ; son autorité
entraîna tout l'Orient ; mais Rome
et l'Occident s'attacherent à la version
Italique , dont ils respectoient l'antiquité.
S. Jerôme suivit Origéne , sans pouvoir
amener à son sentiment qu'un fort
petit nombre de Latins.
...
Au sixième siècle , Cassiodore , si sçavant
et si curieux en Manuscrits de la
Bible , soutint la prétenduë Addition
par l'autorité des Septante ; il avoit donc
en main des Manuscrits de cette version
Grecque , où l'Addition se lisoit.
Lors même que l'Eglise Romaine reçût
la version Latine des Pseaumes , corrigée
par S. Jérôme , qui en avoit retranché à
ligne. Elle retint ces deux mots dans les
OffiOffices
divins , marquant par là fort clairement
qu'elle ne vouloit point décider
la question , qui par conséquent est encore
indécise.
›
Ce seroit parler trop affirmativemett,
de dire que cette Addition étoit inconnue
à tout l'Orient. S. Ephrem , Syrien
l'a citée dans son premier Sermon , de la
Résurrection ; il la lisoit donc dans les Manuscrits
de la version Syriaque de sonEglise
version traduite sur les Septante, et aussi
ancienne que l'Eglise ; les versions pos
terieures n'ont pas la même autorité.
C'est donc une verité constante que la
prétenduë Addition étoit dans plusieurs
anciens Manuscrits des Septante , dans
celui sur lequel la premiere version Syriaque
fut faite , dans ceux qu'avoit consulté
l'Auteur de la version Italique ;
dans ceux que S. Justin avoit vûs . Cette
prétendue Addition a- t - elle été insérée
dans la version des Septante ?En a- t- elle été
ôtée ? Voilà une matiere propre à
cer la sagacité des Critiques.
exer-
Je ne dirai pas que les Auteurs de l'ancienne
version Grecque ont ajouté quelques
mots au Texte Hebreu , comme Prophetes
; leur don de Prophétie ne mè
paroît pas établi .
Je ne dirai point qu'une Glose écrite
SEPTEMBRE: 1733. 1923
à la marge , a passé dans le Texte ; le respect
infini des Juifs et des Chrétiens
pour l'Ecriture Sainte , ne me permet pas
de le conjecturer.
Sur le même principe , je n'accuserai
pas
les Juifs d'avoir altéré la version des
Septante , ou le Texte Hebreu ; je me
contenterai de proposer modestement ce
qui me paroît plus vrai- semblable ..
Les Manuscrits sur lesquels travaillerent
les Auteurs de la premiere Version
Grecque , connus sous le nom des Septante
, étoient différens en quelques Endroits
du Texte Hebreu , tel qu'on l'a
aujourd'hui , sans soupçon de fraude ; le
temps seul , et les méprises des Copistes
ont pû causer cette différence .
Ici revient l'ingénieuse conjecture de
Salmeron et d'Agellius ; des Manuscrits
les uns en plus grand nombre , étoient
semblables au Texte Hebreu d'aujourd'hui
, dans les autres , on lisoit Hetz ,
au lieu Daph. Les Septante préférerent
ces derniers . Origêne crut qu'il falloit
corriger les Manuscrits des Septante sur
le Texte , tel qu'il étoit de son temps et
sur les autres Versions Grecques ; il marqua
d'un Obele. ce qu'il croyoit une
Addition. S. Jérôme embrassa le sentiment
d'Origene , et il eût de la peine à
B le
1924 MERCURE DE FRANCE
le faire recevoir dans l'Occident. Ainsi
l'Auteur de l'Hymne Vexilla Regis , soit
Fortunat , soit Théodulphe, a pû regarder
ces paroles , à ligno , comme originales
dans la Saince Ecriture. Je suis
Monsieur , & c.
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Résumé : RÉPONSE du R. P. Tournemine, à l'Auteur de la Lettre, insérée dans le Mercure de Juillet, au sujet d'une Prophétie attribuée au Roy David.
Le Père Tournemine répond à une lettre publiée dans le Mercure de France, abordant une prophétie attribuée au roi David et mentionnée dans le Psaume 95. La principale difficulté concerne l'authenticité de l'expression 'Depuis qu'il a été attaché au Bois' (A ligno) dans la version des Septante. Tournemine distingue les faits certains des conjectures et confirme que le texte des Septante, utilisé pour la version latine ancienne, contenait bien cette expression. Les manuscrits de la version italique et les écrits des Pères Latins, de Rome aux Gaules, en Espagne et en Afrique, ont tous inclus cette addition pendant neuf siècles. Saint Justin, bien qu'il connaisse l'absence de cette addition dans certains manuscrits, accusait les Juifs de l'avoir supprimée. Tryphon, un Juif, défendait les Juifs contre cette accusation. Origène préférait les manuscrits sans l'addition, influençant ainsi l'Orient, tandis que Rome et l'Occident restaient fidèles à la version italique. Saint Jérôme, bien qu'il suivît Origène, n'a pu convaincre qu'un petit nombre de Latins. Cassiodore, au sixième siècle, soutenait l'addition en se basant sur les manuscrits des Septante. L'Église romaine, même après avoir adopté la version corrigée par Saint Jérôme, a conservé les mots 'A ligno' dans les offices divins, indiquant que la question restait indécise. Saint Éphrem, un Syrien, avait également cité cette addition, prouvant ainsi sa présence dans les anciens manuscrits des Septante et dans la version syriaque. Tournemine conclut que les différences entre les manuscrits des Septante et le texte hébreu actuel sont dues au temps et aux erreurs des copistes, et non à une fraude. Il rejette les accusations de falsification contre les Juifs ou les chrétiens et propose que les Septante aient préféré certains manuscrits contenant 'A ligno'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 891-901
LETTRE du R. P. Dom Augustin Calmet, Abbé de Senones, au sujet de la Prophétie attribuée au Roy David, &c.
Début :
MONSIEUR, J'ai reçu avec reconnoissance les deux volumes de votre [...]
Mots clefs :
David, Prophétie, Exemplaires grecs, Septante, Version, Grecs, Texte, Origène, Hébreu, Hébreux, Anciens, Juifs, Termes, Autorité, Justin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE du R. P. Dom Augustin Calmet, Abbé de Senones, au sujet de la Prophétie attribuée au Roy David, &c.
LETTRE du R. P. Dom Augustin
Calmet , Abbé de Senones , au sujet de
la Prophétie attribuée au Roy David, & c.
MoxONSIEUR ,
J'ai reçu avec reconnoissance les deux
volumes de votre Journal , dans lesquels
sont deux Lettres , l'une de vous , Monsieur
, et l'autre du R. P. Tournemine ,
sur ces paroles du Pseaume XCV v. 19.
Dicite in gentibus, quia Dominus regnavis
&c. Il est question de sçavoir si ces mots:
regnavit à ligno , que l'on explique du
Regne de J. C. par sa Croix , sçavoir
dis-je , si ces mots à ligno étoient originairement
au moins dans quelques.
Exemplaires du texte Hebreu ,si les Septante
interprêtes les y ont lûs , et les ont
inserez dans leur version ,, si c'est delà
qu'ils sont passez dans les anciennes Editions
latines , où la plûpart des anciens
Peres Latins , jusqu'au neuvième siècle
les ont lûs , ou si c'est une addition faite
après coup par quelques Chrétiens dans
certains Exemplaires grecs , d'où elle seroit
passée dans les Bibles latines , ou au
•
C vj
con-
ا ه س
892 MERCURE DE FRANCE
contraire , si ces mots ayant d'abord été
mis dans quelques Exemplaires latins
seroient passez dans quelques Exemplaires
grecs des Septante ; vous m'avez fait
l'honneur , Monsieur , de me citer dans
la Lettre que vous avez écrite sur ce sujet
, imprimée dans le Mercure d'Août
du mois dernier , et vous souhaitez que
je vous dise mon sentiment sur la Réponse
du R P. Tournemine , inserée dans
votre mois de Septembre suivant.
J'ai reçu tant de marques de bienveillance
du R. P. Tournemine pendant mon
séjour à Paris , il a annoncé mes Ouvrages
dans ses Journaux d'une maniere si
honnête et si polie , que je ne puis me
résoudre à entrer avec lui dans aucune
contestation . Si donc vous jugez à propos
de faire quelque usage de ce que j'ai
l'honneur de vous écrire , je vous prie de
le lui communiquer auparavant et de
lui déclarer que je le rends absolument
le maître de tout. Avec cette condition ,.
je vais vous exposer ce que je pense sur
le sujet en question.
Le R. P. T. dit qu'il est certain que le
Texte des Septante sur lequel l'ancienne
Version italique a été faite , version qui est
sûrement du premier siècle de l'Eglise , consenoit
de que l'Auteur de la version a traduit
MAY. 1734.
893
duit , à ligno ; pour le prouver il dit
1° . Que ces termes à ligno , se lisoient
dans l'ancienne version italique , 2 °. Que
S. Justin les lisoit dans ses Exemplaires
des LXX. 3 °. Que Cassiodore
soutient
la même leçon par l'autorité des L X X.
4°. Que S. Ephrem les lisoit aussi dans
la version Siriaque , faite dès les premiers
siécles de l'Eglise sur celle des LXX.
5°. Qu'Origene
ayant un Texte Hebreu
pareil à celui que nous avons aujourd'hui
,
crut qu'il falloit corriger le Texte des
LXX. sur ce Texte , et sur les autres
versions grecques ; et que S. Jerôme embrassa
le sentiment d'Origene , et eût de
la peine à le faire passer dans les Eglises
d'Occident. Examinons toutes ces preuves
.
1º. Est- il bien certain que l'ancienne
version des Septante contenoit ces mots ,
à ligno ? quelle raison en apporte-t'on !
on ne connoît ni Edition ni Manuscrit
qui les porte , le Manuscrit grec Alexandrin
, imprimé à Oxfort en 1707. qui
passe pour un des plus anciens qui soient
dans le monde,et où l'on voit les Obéles
et les Asterisques d'Origene, ne le marque
point , quoique dans le même verset dont
nous parlons , on ait marqué d'un obéle
la particule quia ri , qui n'est pas
dans
l'he
894 MERCURE DE FRANCE
l'hebreu. On ne le voit point non plus
dans ceux de Rome , qu'a suivi Nobilius
, ni dans ceux d'Alde , ni dans ceux
sur lesquels ont travaillé le P. Morin et
M. Bos , et dont ils raportent les Variantesdans
lesEditions qu'ils ont donnéesde
la version desSeptante.
Seroit- il possible que ces termes si favorables
au Christianisme , eussent été
effacez si universellement de tous les
Exemplairesqu'il n'en restât aucun vestige
, ni dans les Manuscrits les plus anciens
, ni dans les Peres ? Qu'Origene
Saint Clement d'Alexandrie ,Saint Irenée,
Eusebe de Cesarée , Saint Athanase , Saint
Chrysostome , les Chaînes grecques sur
les P'seaumes, n'eussent pas fait mention
de cette varieté ? On n'en voit rien dans
la nouvelle Edition d'Origene , dans laquelle
on a ramassé avec soin tout ce
qu'on a trouvé de lui épars en differens
endroits.
Les anciens Traducteurs grecs, Aquilay
Symmaque , et Theodotion , ne l'ont pas
fu , non plus que le Paraphraste Chaldéen,
ni l'ancienne Version Siriaque faite
sur l'hebreu ; ni les Apôtres , ni les hom
mes Apostoliques , n'ont point cité ce
passage avec l'addition , à ligno , quoique
si propre à convaincre les Juifs et les
Payens
MAY. 1734 855
Payens . Enfin les Eglises d'Orient ne
l'ont jamais lû dans leur Office ; d'où je
crois avoir lieu de conclure qu'il n'étoit
originairement, ni dans le Texte hebreu,
ni dans laVersion des Septante.
" 2º. J'avoue que ces termes à ligno
se lisoient dans l'ancienne Version italique
, que plusieurs Peres Latins les ont
lûs dans leurs Exemplaites , et que malgré
la réforme de Saint Jerôme , ont les
a chantés dans lesEglises latines pendant
près de neuf siécles , et encore les chantet'on
aujourd'hui dans l'Hymne Vexilla
Regis mais cela ne me persuade pas que,
ni l'hebreu , ni le grec des Septante ait
porté à ligno : je soupçonnerois bien plutôt
que quelque Chrétien du premier
siécle par une fraude pieuse , auroit inseré
ces termes dans quelque Pseautier Grec,
ou dans le Latin ; comme on a composé
dans le même tems le quatriéme Livre
d'Esdras , le Testament des douze Patriarches
, l'Evangile de l'Enfance de J. C.
et peut-être le fameux Passage de Joseph,
où il est parlé du Sauveur , et tant d'autres
Monuments anciens dont la supposition
est aujourd'hui reconnuë et avouée.
3 °. On soutient que Saint Justin le
Martyr lisoit l'addition à ligno , dans ses
Exemplaires des Septante. Če Saint accusoir
896 MERCURE DE FRANCE
soit hautement les Juifs de l'avoir retranché
de leurs Exemplaires hebreux , en
haine de J. C. et des Chrétiens. Tryphon
son Interlocuteur , qui étoit Juif , soutient
ce retranchement incroyable , sans
s'expliquer davantage ; ni lui ni Saint
Justin n'avoient pas en main les Exemplaires
ni grecs ni hebreux , pour les confronter.
Or dans ces sortes de disputes il faut
avoir piéces en main ; l'un avance , l'autre
nie , à qui croire ? Saint Justin ne
sçavoit pas l'hebreu , ni aparemment
Tryphon , ils n'étoient point à portée
des Bibliotéques , disputants à la campagne
et sur le bord de la Mer ; or il auroit
fallu pour décider la question consulter
plusieurs Exemplaires en l'une et en l'autre
Langu , et les comparer l'un à l'autre.
Saint Justin avance hardiment que les
Septante avoient lû à ligno : comme la
chose importoit peu à Tryphon , il n'en
demande point de preuves , mais il nie
que les Juifs ayent retranché ces termes
de leur Texte , sans en donner non plus
aucune raison ; d'ailleurs il paroît que
Saint Justin n'étoit nullement Critique ,
et si l'on exigeoit de lui des preuves de
tout ce qu'il avance principalement contre
les Juifs , il lui seroit certainement
malMAY
. 1734. 897
malaisé d'en donner ; il est tout aussi
croyable que les termes à ligno soient
passez du latin dans quelques Exemplaires
grecs , que non pas qu'ils soient passez
du Grec dans le Latin.
4°. Cassiodore sur le Pseaume XCV.
V. 10. lit Dominus regnavit : à ligno , et il
ajoûte à ligno : alii quidem non habent .
interpretes , sed nobis sufficit quod L X X.
Interpretum autoritate firmatum est : voilà
qui est précis et décisif : mais qui croira .
sur l'autorité de Cassiodore , qu'au sixième
siécle où il vivoit , le Texte des Septante
eut communément porté à ligno , pendant
que tous les Peres Grecs qui avoient.
écrit avant lui , ne lisoient point cette
addition , et qu'aucun de nos Exemplaires
grecs d'aujourd'hui , qui sont copiez
sur ceux de son temps , ne le porte.
5°. On dit que Saint Ephrem lisoit :
à ligno, dans les Exemplaires Syriaques de
son Eglise , puisqu'il le cite ainsi dans
son Sermon de la Croix. Il est vrai que
ce Saint lit : Dominus regnavit à ligno :
dans l'Edition latine du Sermon qu'on
cite ; mais on ne lit pas à ligno dans
l'Edition grecque d'Angleterre . De plus
ce Sermon de la Croix ne se trouve point
parmi ceux que M. Assemani a vûs en
Sy98
MERCURE DE FRANCE
Syriaque et en Arabe , et qu'il cite dans
le premier Tomè de sa Bibliothéque
Orientale , comme indubitablement de
Saint Ephrem .
On dit de plus que la Version Syriaque
est faite sur le Texte des Septante , qu'elle
est aussi ancienne que l'Eglise , et que les
Versions postérieures n'ont pas la même autorité.
Il est vrai qu'il y a uneVersion Syriaque
faite sur le Grec des Septante , mais elle
est moderne ; Masius en cite une faite
l'an 615. de J. C. je ne sçai si elle est
differente de celle d'un nommé Mar-
Abba mais tout cela est bien éloigné
des premiers siècles de l'Eglise. Cette
Traduction , faité sur le Grec , n'a ja̸ż
mais été imprimée , et est bien posté→
rieure et de moindre autorité que l'an
cienne Version Syriaque faite sur l'hebreu.
dès le premier siécle de l'Eglise , et imprimée
dans les Bibles Poliglottes de
M.le Jay à Paris en 1545. et ensuite réimprimées
à Londres par Walton avec
l'addition de quelques nouveaux Livres
de l'Ecriture, qui n'avoient pas paru dans
l'Edition de Paris ; je puis assurer que
l'addition à ligno n'est dans aucun Pseautier
Syriaque de ceux qui ont paru jusqu'ici
, je ne puis dire la même chose de
,
ceux
MA Y. 1734. 895
teux qui n'ont pas paru , et qui ne sont
pas venus à nôtre connoissance. Toujours
est- il vrai que Saint Ephrem n'a pas να
ces derniers , puisqu'ils sont plus récents
que lui : ainsi , soit qu'ils portent à lignoz
ou non, on nen peut rien inferer ni pour
ni contre ce Saint,de sorte que sans beaucoup
hazarder ; on peut avancer que ces
Versions ne portent point à ligno : puisqu'au
temps où elles ont été faites , ces
expressions ne se lisoient plus dans les
Septante.
6º. Enfin , Monsieur , puisque la derniere
réfléxion du R. P. Tournemine est
une pure conjecture empruntée de Sala
meron et d'Agellius , qui n'est fondée
sur aucun fait historique , ni sur aucun
témoignage des Anciens , ni sur aucun
Texte , ni sur aucun Manuscrit ; on peut
la laisser dans son être de conjecture ,
sans se donner la peine de la refuter ; on
peut
la nier tout net comme chose non
prouvée et improbable.
En effet quelle aparence que du temps
d'Origene il y eût des Exemplaires
hebreux
, quoiqu'en assez petit nombre ,
qui portassent Mihez yyo à ligno ; pendant
que le plus grand nombre lisoit aph
utique comme portent aujourd'hui
tous nos Exemplaires , et qu'on ne trou-
VO
800195
Joo MERCURE DE FRANCE
>
ve ni dans Origene , ni dans S. Jerôme
aucun vestige de cette ancienne leçon
pas même pour la rejetter ou pour la refuter.
Quelle aparence que la seule autorité
d'Origene ait pû d'un trait de plume
faire disparoître à ligno: de tous les Exemplaires
Grecs et Hebreux où il étoit ,
pendant que S. Jerôme apuyé de toute
l'autorité d'Origene et de celle de tous
les Manuscrits Grecs et Hebreux , d'où
l'on avoit retranché ces termes , n'a pû
réussir à les faire ôter des Textes latins
où ils étoient demeurez ?
Je ne m'étends pas ici à relever l'im
possibilité qu'il y a à corriger les anciens
Exemplaires grecs ni hebreux , et les corriger
de telle maniere que depuis tant de
siècles il ne paroisse aucun vestige de
l'ancienne leçon , ni dans les Manuscrits
ni dans les imprimez. Que les Juifs ayent
eû assez de malice pour l'ôter de tous
leurs livres ; cela est déja très difficile , les
Juifs convertis au Christianisme auroient
crié à la falsification . Mais que les Grecs
l'ayent voulu retrancher des leurs , cette
leçon se trouvant , dit- on , autorisée par
quelques Exemplaires hebreux , cela paroît
bien plus impossible , et plus incompréhensible
, le Christianisme ayant autant
d'interêt à la conserver pour convaincre
les
MAY.
901 1734:
les Juifs d'incredulité et de falsifica- ›
tion .
Voilà , Monsieur , quelles sont mes
réfléxions sur cette matiere . Je suis tou
jours & c.
A Senones le 2 Janvier 1734;
Calmet , Abbé de Senones , au sujet de
la Prophétie attribuée au Roy David, & c.
MoxONSIEUR ,
J'ai reçu avec reconnoissance les deux
volumes de votre Journal , dans lesquels
sont deux Lettres , l'une de vous , Monsieur
, et l'autre du R. P. Tournemine ,
sur ces paroles du Pseaume XCV v. 19.
Dicite in gentibus, quia Dominus regnavis
&c. Il est question de sçavoir si ces mots:
regnavit à ligno , que l'on explique du
Regne de J. C. par sa Croix , sçavoir
dis-je , si ces mots à ligno étoient originairement
au moins dans quelques.
Exemplaires du texte Hebreu ,si les Septante
interprêtes les y ont lûs , et les ont
inserez dans leur version ,, si c'est delà
qu'ils sont passez dans les anciennes Editions
latines , où la plûpart des anciens
Peres Latins , jusqu'au neuvième siècle
les ont lûs , ou si c'est une addition faite
après coup par quelques Chrétiens dans
certains Exemplaires grecs , d'où elle seroit
passée dans les Bibles latines , ou au
•
C vj
con-
ا ه س
892 MERCURE DE FRANCE
contraire , si ces mots ayant d'abord été
mis dans quelques Exemplaires latins
seroient passez dans quelques Exemplaires
grecs des Septante ; vous m'avez fait
l'honneur , Monsieur , de me citer dans
la Lettre que vous avez écrite sur ce sujet
, imprimée dans le Mercure d'Août
du mois dernier , et vous souhaitez que
je vous dise mon sentiment sur la Réponse
du R P. Tournemine , inserée dans
votre mois de Septembre suivant.
J'ai reçu tant de marques de bienveillance
du R. P. Tournemine pendant mon
séjour à Paris , il a annoncé mes Ouvrages
dans ses Journaux d'une maniere si
honnête et si polie , que je ne puis me
résoudre à entrer avec lui dans aucune
contestation . Si donc vous jugez à propos
de faire quelque usage de ce que j'ai
l'honneur de vous écrire , je vous prie de
le lui communiquer auparavant et de
lui déclarer que je le rends absolument
le maître de tout. Avec cette condition ,.
je vais vous exposer ce que je pense sur
le sujet en question.
Le R. P. T. dit qu'il est certain que le
Texte des Septante sur lequel l'ancienne
Version italique a été faite , version qui est
sûrement du premier siècle de l'Eglise , consenoit
de que l'Auteur de la version a traduit
MAY. 1734.
893
duit , à ligno ; pour le prouver il dit
1° . Que ces termes à ligno , se lisoient
dans l'ancienne version italique , 2 °. Que
S. Justin les lisoit dans ses Exemplaires
des LXX. 3 °. Que Cassiodore
soutient
la même leçon par l'autorité des L X X.
4°. Que S. Ephrem les lisoit aussi dans
la version Siriaque , faite dès les premiers
siécles de l'Eglise sur celle des LXX.
5°. Qu'Origene
ayant un Texte Hebreu
pareil à celui que nous avons aujourd'hui
,
crut qu'il falloit corriger le Texte des
LXX. sur ce Texte , et sur les autres
versions grecques ; et que S. Jerôme embrassa
le sentiment d'Origene , et eût de
la peine à le faire passer dans les Eglises
d'Occident. Examinons toutes ces preuves
.
1º. Est- il bien certain que l'ancienne
version des Septante contenoit ces mots ,
à ligno ? quelle raison en apporte-t'on !
on ne connoît ni Edition ni Manuscrit
qui les porte , le Manuscrit grec Alexandrin
, imprimé à Oxfort en 1707. qui
passe pour un des plus anciens qui soient
dans le monde,et où l'on voit les Obéles
et les Asterisques d'Origene, ne le marque
point , quoique dans le même verset dont
nous parlons , on ait marqué d'un obéle
la particule quia ri , qui n'est pas
dans
l'he
894 MERCURE DE FRANCE
l'hebreu. On ne le voit point non plus
dans ceux de Rome , qu'a suivi Nobilius
, ni dans ceux d'Alde , ni dans ceux
sur lesquels ont travaillé le P. Morin et
M. Bos , et dont ils raportent les Variantesdans
lesEditions qu'ils ont donnéesde
la version desSeptante.
Seroit- il possible que ces termes si favorables
au Christianisme , eussent été
effacez si universellement de tous les
Exemplairesqu'il n'en restât aucun vestige
, ni dans les Manuscrits les plus anciens
, ni dans les Peres ? Qu'Origene
Saint Clement d'Alexandrie ,Saint Irenée,
Eusebe de Cesarée , Saint Athanase , Saint
Chrysostome , les Chaînes grecques sur
les P'seaumes, n'eussent pas fait mention
de cette varieté ? On n'en voit rien dans
la nouvelle Edition d'Origene , dans laquelle
on a ramassé avec soin tout ce
qu'on a trouvé de lui épars en differens
endroits.
Les anciens Traducteurs grecs, Aquilay
Symmaque , et Theodotion , ne l'ont pas
fu , non plus que le Paraphraste Chaldéen,
ni l'ancienne Version Siriaque faite
sur l'hebreu ; ni les Apôtres , ni les hom
mes Apostoliques , n'ont point cité ce
passage avec l'addition , à ligno , quoique
si propre à convaincre les Juifs et les
Payens
MAY. 1734 855
Payens . Enfin les Eglises d'Orient ne
l'ont jamais lû dans leur Office ; d'où je
crois avoir lieu de conclure qu'il n'étoit
originairement, ni dans le Texte hebreu,
ni dans laVersion des Septante.
" 2º. J'avoue que ces termes à ligno
se lisoient dans l'ancienne Version italique
, que plusieurs Peres Latins les ont
lûs dans leurs Exemplaites , et que malgré
la réforme de Saint Jerôme , ont les
a chantés dans lesEglises latines pendant
près de neuf siécles , et encore les chantet'on
aujourd'hui dans l'Hymne Vexilla
Regis mais cela ne me persuade pas que,
ni l'hebreu , ni le grec des Septante ait
porté à ligno : je soupçonnerois bien plutôt
que quelque Chrétien du premier
siécle par une fraude pieuse , auroit inseré
ces termes dans quelque Pseautier Grec,
ou dans le Latin ; comme on a composé
dans le même tems le quatriéme Livre
d'Esdras , le Testament des douze Patriarches
, l'Evangile de l'Enfance de J. C.
et peut-être le fameux Passage de Joseph,
où il est parlé du Sauveur , et tant d'autres
Monuments anciens dont la supposition
est aujourd'hui reconnuë et avouée.
3 °. On soutient que Saint Justin le
Martyr lisoit l'addition à ligno , dans ses
Exemplaires des Septante. Če Saint accusoir
896 MERCURE DE FRANCE
soit hautement les Juifs de l'avoir retranché
de leurs Exemplaires hebreux , en
haine de J. C. et des Chrétiens. Tryphon
son Interlocuteur , qui étoit Juif , soutient
ce retranchement incroyable , sans
s'expliquer davantage ; ni lui ni Saint
Justin n'avoient pas en main les Exemplaires
ni grecs ni hebreux , pour les confronter.
Or dans ces sortes de disputes il faut
avoir piéces en main ; l'un avance , l'autre
nie , à qui croire ? Saint Justin ne
sçavoit pas l'hebreu , ni aparemment
Tryphon , ils n'étoient point à portée
des Bibliotéques , disputants à la campagne
et sur le bord de la Mer ; or il auroit
fallu pour décider la question consulter
plusieurs Exemplaires en l'une et en l'autre
Langu , et les comparer l'un à l'autre.
Saint Justin avance hardiment que les
Septante avoient lû à ligno : comme la
chose importoit peu à Tryphon , il n'en
demande point de preuves , mais il nie
que les Juifs ayent retranché ces termes
de leur Texte , sans en donner non plus
aucune raison ; d'ailleurs il paroît que
Saint Justin n'étoit nullement Critique ,
et si l'on exigeoit de lui des preuves de
tout ce qu'il avance principalement contre
les Juifs , il lui seroit certainement
malMAY
. 1734. 897
malaisé d'en donner ; il est tout aussi
croyable que les termes à ligno soient
passez du latin dans quelques Exemplaires
grecs , que non pas qu'ils soient passez
du Grec dans le Latin.
4°. Cassiodore sur le Pseaume XCV.
V. 10. lit Dominus regnavit : à ligno , et il
ajoûte à ligno : alii quidem non habent .
interpretes , sed nobis sufficit quod L X X.
Interpretum autoritate firmatum est : voilà
qui est précis et décisif : mais qui croira .
sur l'autorité de Cassiodore , qu'au sixième
siécle où il vivoit , le Texte des Septante
eut communément porté à ligno , pendant
que tous les Peres Grecs qui avoient.
écrit avant lui , ne lisoient point cette
addition , et qu'aucun de nos Exemplaires
grecs d'aujourd'hui , qui sont copiez
sur ceux de son temps , ne le porte.
5°. On dit que Saint Ephrem lisoit :
à ligno, dans les Exemplaires Syriaques de
son Eglise , puisqu'il le cite ainsi dans
son Sermon de la Croix. Il est vrai que
ce Saint lit : Dominus regnavit à ligno :
dans l'Edition latine du Sermon qu'on
cite ; mais on ne lit pas à ligno dans
l'Edition grecque d'Angleterre . De plus
ce Sermon de la Croix ne se trouve point
parmi ceux que M. Assemani a vûs en
Sy98
MERCURE DE FRANCE
Syriaque et en Arabe , et qu'il cite dans
le premier Tomè de sa Bibliothéque
Orientale , comme indubitablement de
Saint Ephrem .
On dit de plus que la Version Syriaque
est faite sur le Texte des Septante , qu'elle
est aussi ancienne que l'Eglise , et que les
Versions postérieures n'ont pas la même autorité.
Il est vrai qu'il y a uneVersion Syriaque
faite sur le Grec des Septante , mais elle
est moderne ; Masius en cite une faite
l'an 615. de J. C. je ne sçai si elle est
differente de celle d'un nommé Mar-
Abba mais tout cela est bien éloigné
des premiers siècles de l'Eglise. Cette
Traduction , faité sur le Grec , n'a ja̸ż
mais été imprimée , et est bien posté→
rieure et de moindre autorité que l'an
cienne Version Syriaque faite sur l'hebreu.
dès le premier siécle de l'Eglise , et imprimée
dans les Bibles Poliglottes de
M.le Jay à Paris en 1545. et ensuite réimprimées
à Londres par Walton avec
l'addition de quelques nouveaux Livres
de l'Ecriture, qui n'avoient pas paru dans
l'Edition de Paris ; je puis assurer que
l'addition à ligno n'est dans aucun Pseautier
Syriaque de ceux qui ont paru jusqu'ici
, je ne puis dire la même chose de
,
ceux
MA Y. 1734. 895
teux qui n'ont pas paru , et qui ne sont
pas venus à nôtre connoissance. Toujours
est- il vrai que Saint Ephrem n'a pas να
ces derniers , puisqu'ils sont plus récents
que lui : ainsi , soit qu'ils portent à lignoz
ou non, on nen peut rien inferer ni pour
ni contre ce Saint,de sorte que sans beaucoup
hazarder ; on peut avancer que ces
Versions ne portent point à ligno : puisqu'au
temps où elles ont été faites , ces
expressions ne se lisoient plus dans les
Septante.
6º. Enfin , Monsieur , puisque la derniere
réfléxion du R. P. Tournemine est
une pure conjecture empruntée de Sala
meron et d'Agellius , qui n'est fondée
sur aucun fait historique , ni sur aucun
témoignage des Anciens , ni sur aucun
Texte , ni sur aucun Manuscrit ; on peut
la laisser dans son être de conjecture ,
sans se donner la peine de la refuter ; on
peut
la nier tout net comme chose non
prouvée et improbable.
En effet quelle aparence que du temps
d'Origene il y eût des Exemplaires
hebreux
, quoiqu'en assez petit nombre ,
qui portassent Mihez yyo à ligno ; pendant
que le plus grand nombre lisoit aph
utique comme portent aujourd'hui
tous nos Exemplaires , et qu'on ne trou-
VO
800195
Joo MERCURE DE FRANCE
>
ve ni dans Origene , ni dans S. Jerôme
aucun vestige de cette ancienne leçon
pas même pour la rejetter ou pour la refuter.
Quelle aparence que la seule autorité
d'Origene ait pû d'un trait de plume
faire disparoître à ligno: de tous les Exemplaires
Grecs et Hebreux où il étoit ,
pendant que S. Jerôme apuyé de toute
l'autorité d'Origene et de celle de tous
les Manuscrits Grecs et Hebreux , d'où
l'on avoit retranché ces termes , n'a pû
réussir à les faire ôter des Textes latins
où ils étoient demeurez ?
Je ne m'étends pas ici à relever l'im
possibilité qu'il y a à corriger les anciens
Exemplaires grecs ni hebreux , et les corriger
de telle maniere que depuis tant de
siècles il ne paroisse aucun vestige de
l'ancienne leçon , ni dans les Manuscrits
ni dans les imprimez. Que les Juifs ayent
eû assez de malice pour l'ôter de tous
leurs livres ; cela est déja très difficile , les
Juifs convertis au Christianisme auroient
crié à la falsification . Mais que les Grecs
l'ayent voulu retrancher des leurs , cette
leçon se trouvant , dit- on , autorisée par
quelques Exemplaires hebreux , cela paroît
bien plus impossible , et plus incompréhensible
, le Christianisme ayant autant
d'interêt à la conserver pour convaincre
les
MAY.
901 1734:
les Juifs d'incredulité et de falsifica- ›
tion .
Voilà , Monsieur , quelles sont mes
réfléxions sur cette matiere . Je suis tou
jours & c.
A Senones le 2 Janvier 1734;
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Résumé : LETTRE du R. P. Dom Augustin Calmet, Abbé de Senones, au sujet de la Prophétie attribuée au Roy David, &c.
Le R. P. Dom Augustin Calmet, abbé de Senones, adresse une lettre à un destinataire non nommé pour discuter de la prophétie attribuée au roi David dans le Psaume XCV, verset 19. La lettre répond à une question soulevée dans le journal du destinataire concernant les mots 'regnavit à ligno' et leur origine dans les textes hébreux et grecs des Septante. Calmet examine les arguments du R. P. Tournemine, qui affirme que ces mots étaient présents dans les anciens textes des Septante et dans diverses versions anciennes. Calmet conteste cette affirmation en soulignant l'absence de ces mots dans les manuscrits anciens et les versions des Septante. Il mentionne que ni les manuscrits grecs les plus anciens, ni les Pères de l'Église n'ont fait mention de cette variante. Il suggère que ces mots ont pu être ajoutés par des chrétiens dans des exemplaires grecs ou latins postérieurs. Calmet examine également les témoignages de Saint Justin, Cassiodore, et Saint Éphrem, concluant que leurs références à 'regnavit à ligno' ne sont pas fiables ou sont basées sur des versions tardives. Il conclut que les mots 'regnavit à ligno' n'étaient pas originairement présents dans les textes hébreux ou grecs des Septante, mais ont probablement été ajoutés plus tard par des chrétiens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 63-77
« LETTRES DE M. L'ABBÉ DE *** A SES ELEVES. A Paris, chez Claude Hérissant, [...] »
Début :
LETTRES DE M. L'ABBÉ DE *** A SES ELEVES. A Paris, chez Claude Hérissant, [...]
Mots clefs :
Lettre, Lettres, Abbé, Prophétie, Israël, Ecriture Sainte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LETTRES DE M. L'ABBÉ DE *** A SES ELEVES. A Paris, chez Claude Hérissant, [...] »
LETTRES DE M. L'ABBÉ DE *** A SES
ÊLEVES . A Paris , chez Claude Hériſſant ,
rue neuve Notre-Dante , à la Croix d'or &
aux trois Vertus , fecond volume. in- 1 z.
•
On a rendu compte dans le Mercure
de .... 1752 , du premier volume de ces
lettres imprimées à Paris en 1751 ; chez
la veuve Colombat.
L'auteur avoit promis feize lettres . Le
premier volume en contient dix , & le fe
cond préfente les fix dernieres , dont l'ob
jet eft de prouver l'existence des termes
énigmatiques & généraux dans les ouvra
ges prophétiques , & de faire fentir qué
leur intelligence eft néceffaire pour entendre
parfaitement le fens littéral hiſtorique
des Prophetes , des Pfeaumes , de Job , des
Cantiques , & de quelques autres prophé
ties répandues dans l'Ecriture Sainte .
Ainfi la premiere lettre de ce fecond
volume , qui eft la X I dans l'ordre des
feize , eft employée à parler du ftyle prophétique
& des raifons de fon obfcurité ;
& depuis la page so jufqu'à la page 70 ,
où finit la lettre XI , l'auteur commence
à faire un effai fur une partie des termes
énigmatiques qu'il doit traiter dans la lettre
fuivante.
La XII lettre entre tout-à -fait en
matiere ; on y voit quantité de paffages
64 MERCURE DE FRANCE.
с
des livres prophétiques , développés relativement
au fens littéral exigé par l'hiſtoire ;
mais l'auteur ne fe contente pas de morceaux
détachés , qui pourroient ne pas
fatisfaire , faute de liaifon avec ce qui précede
& ce qui fuit. Il prend donc une
prophétie entiere , l'une des plus difficiles
qu'il ait pu choifir. C'eft le chapitre 14
d'Ifaïe , depuis le premier jufqu'au 22
verfet inclufivement. Cette lettre étoit
trop longue pour ne la pas divifer en deux
parties. La premiere contient deux avertif
femens ; l'un traite des quatre termes énigmatiques
, dont l'intelligence eft abfolument
effentielle à la lettre hiftorique de
cette prophétie d'lfaïe. Le fecond avertif
fement contient fept remarques grammaticales
, fuivies d'une obfervation fur l'u
fage de la profopopée dans les faints Livres.
Après les deux avertiffemens on trouve le
précis de la prophétie : elle regarde , dans
le premier fens littéral , la chute de l'empire
de Babylone ; on paffe enfuite à une
double verfion latine , dont la premiere
conferve fes termes énigmatiques , & la
feconde les développe : une verfion françoiſe
dans le même goût fuccede à la latine.
L'Auteur termine cette premiere parrie
par quelques remarques fur le peu d'ordre
avec lequel on a traité jufqu'ici ces
MAR S. 1755. 65
vingt-deux premiers verfets du chap. XIV
d'Ifaïe.
La feconde partie de la XII lettre comprend
les notes indifpenfables à l'intelligence
d'une pièce auffi difficile , quant au
fens littéral de l'ancien Ifraël ; mais afin
qu'on ne croye pas que cette explication
puiffe nuire au fens de l'Eglife chrétienne
attaché néceffairement à ce texte d'Ifaïe ,
l'auteur préfente d'autres notes relatives
au nouvel Ifraël ; elles font fuivies d'une
double verſion françoiſe , mife au - deſſous
de la verfion littérale relative à l'ancien
Ifraël. Cette lettre finit par une courte
réflexion fur la ſurpriſe que pourra cauſer
à quelques perfonnes l'établiffement d'un
double fens littéral , dont cependant les
preuves font dans les Peres , les Théologiens
, & les plus habiles commentateurs.
La XIII lettre roule fur les termes gé
néraux ou indéterminés , qu'il faut reftreindre
aux fignifications particulieres
exigées par les vues du Prophéte . On donne
en preuve les deux petits Cantiques
contenus dans le XII chapitre d'Ifaïe . Deux
fimples notes de l'auteur développent en
très- peu de mots le double fens de cette
prophétie , quant à l'ancien & quant au
nouvel Ifraël . On trouve enfuite l'examen
de plufieurs termes généraux du Pleaume
66 MERCURE DE FRANCE.
XXXVI . Heb. XXXVII , Noli amulari , &
d'un affez grand nombre d'autres , & furtout
des mots mifericorde & vérité qui ,
reftreints à leur vraie & exacte fignifica
tion , jettent un grand jour fur les paſſages
où ils fe rencontrent.
La lettre XIV eft une fuite du traité des
termes généraux .L'auteur apporte en preuve
le Pf. 1. Beatus vir , &c. qu'il regarde comme
un tiffu de termes indéterminés qui
reftreints au fens exigé par le Prophéte
s'entendent d'abord des Apoftats du tems
de la captivité de Babylone , & enfuite
de ceux de l'Eglife chrétienne ; des notes
étendues fuivent le texte , & nous paroiffent
comme démonftratives.
La X Ve lettre eft uniquement occupée
à prouver que les termes énigmatiques &
généraux qui font en ufage dans les li
vres prophétiques , entrent auffi dans la
compofition des Cantiques du N. T. On
en donne pour exemple le cantique Bene
dictus Dominus , Deus Ifraël.
La XVI ne contient point le Pf. LXVII .
Heb. LXVIII . Exurgat , Deus , promis dans
le volume I. Ce chef-d'oeuvre de la poëfie
des Hébreux , accompagné de notes , eût
donné trop d'étendue à ce fecond volume.
L'auteur à donc prié quelques - uns des
éleves qu'il a formés , de fe charger de
MARS. 1755. 67
"
l'édition de ce Pfeaame . Mais pour mieux
entendre tout ce que ceci veut dire , il eſt
néceffaire de fçavoir que depuis plus de
dix ans , il fe forme parmi les RR. PP.
Capucins de la rue faint Honoré , un petit
nombre de gens de lettres qui fe font
confacrés à l'étude du double fens litteral
de l'Ecriture Sainte . L'auteur de ces lettres
a tellement goûté leur maniere de travailler
, qu'il leur confie non-feulement fon
Exurgat , mais auffi Pexécution entiere de
fon plan , dont on lit l'efquiffe aux pages
454 & 455 de ce volume. On voit dans
cette X V I lettre , les avis qu'un pere ,
non-feulement tendre , mais éclairé , donne
à des enfans pleins d'un amour inaltérable
pour l'Ecriture Sainte , d'un courage à
toute épreuve & d'un travail infatigable.
Ils vont feconder dans peu les vûes de
leur maître , puifqu'ils donnent inceffamment
quatre volumes in- 12. pour commencer
l'exécution du travail qu'il leur
remet entre les mains .
Tel eft l'extrait du fecond volume des
lettres de M. l'Abbé de *** à fes éleves.
Quoique le mérite de cet ouvrage ne puiffe
être apprécié dans toute fa valeur que par
ceux qui ont fuivi & qui fuivent encore
fes leçons publiques ou particulieres , toujours
gratuites , il eft cependant aifé de
68 MERCURE DE FRANCE .
fentir que fon plan eft établi fur les folides
principes qu'il a puifés dans les premieres
fources pendant près de cinquante
ans d'étude.
ODES D'HORACE traduites par feu M.
l'Abbé Desfontaines , in - 12 . petit format ,
1754. A Paris , chez Chaubert , quai des
Auguftins ; avec approbation & privilege
du Roi. Nous avons vû des exemplaires de
cet ouvrage , qui au lieu de Paris portent
le nom de Berlin ; mais ils font f
femblables la forme & les caracteres ,
pour
que nous ne doutons point qu'ils ne fortent
de la même preffe ; la feule différence
que nous y avons remarquée eft que
dans les exemplaires de Paris on a retranché
les odes qui ne fe lifent point dans les
Colléges , & qu'elles fe trouvent dans ceux
de Berlin , au frontifpice defquels on lit
une épigraphe qui fait honneur aux fentimens
du Libraire qui diftribue les uns &
les autres , & à laquelle nous foufcrivons
volontiers.
Quis defideriofit pudor aut modus ,
Tam cari capitis. Hor. Od. XXIV. 1. I.
BIBLIOTHEQUE HISTORIQUE ET CRITI
QUE DU POITOU , contenant les vies des
MARS.
1755. 69
fçavans de cette province depuis le troifiéme
fiécle jufqu'à prefent ; une notice
de leurs ouvrages , avec des obfervations
pour en juger , &c . A Paris , chez Ganneau
, Libraire , rue Saint Severin , à S.
Louis & aux armes de Dombes. 1754 .
Cinq gros vol. in- 12 .
:
Il y a déja du tems que cet ouvrage a
paru cependant comme les Mercures précédens
n'en ont point parlé , nous nous
faifons un devoir de l'annoncer aujour
d'hui. Il feroit inutile d'entrer dans aucun
détail fur la forme que l'auteur a jugé
à propos de lui donner , ni fur la façon
dont il s'y eft pris pour le traiter. Le
compte exact qu'on en a rendu dans la
plupart des Journaux doit fuppléer fuffifamment
à notre filence. Nous obferverons
feulement que fi dans le nombre des
fçavans qui trouvent leur place dans cette
bibliotheque , il y en a qui fe font fait un
nom fameux dans la république des lettres ,
il s'en rencontre beaucoup auffi dont la
réputation ne paffe point les limites du
Poitou .
LA VIE DES PEINTRES FLAMANDS , ALLEMANDS
ET HOLLANDOIS , avec des portraits
gravés en taille-douce , une indication
de leurs ouvrages , & des réflexions
70 MERCURE DE FRANCE.
fur leurs différentes manieres. Par M. J. B.
Defcamps , Peintre , membre de l'Académie
royale des Sciences , Belles- Lettres &
Arts de Rouen , & Profeffeur de l'Ecole
du deffein de la même ville . A Paris ,
chez Defaint & Saillant , rue Saint Jean de
Beauvais ; Piffot , quai de Conti ; Durand
, rue du Foin , en entrant par la rue
Saint Jacques , la premiere porte cochere.
1754. Tome fecond , gros in-8 ° . Il y a
lieu d'efpérer que le public ne fera pas
un accueil moins favorable à ce volume
qu'à celui qui l'a précédé.
LE CALENDRIER DES LABOUREURS ET
DES FERMIERS , contenant les inftructions
néceffaires la conduite & pour le
pour
maniement d'une ferme dans tous les mois
de l'année ouvrage néceffaire aux per
fonnes qui vivent à la campagne , & à celles
qui font valoir leur bien. Traduit de
l'Anglois , fur la fixième édition de M.
R. Bradeley de la Société royale de
Londres , & Profeffeur de Botanique dans
l'Univerfité de Cambridge . A Paris , chez
Briaffon , Libraire , rue Saint Jacques , à
la Science. 1755 , vol. in- 12.-
ANALYSE DES DISSERTATIONS SUR PLUSIEURS
MATIÈRES MEDICO - PHYSIQUES . Par
MARS. 1755. 71
M. Olivier de Villeneuve , Docteur de la
Faculté de Médecine de Montpellier ,
Doyen des Médecins de la ville de Boulogne-
fur-mer. A Utrecht , 1754 , petit in-
12. 100 pages.
. DEMONSTRATION DE LA QUADRATURE
DU CERCLE ; par M. le Chevalier de Caufans
, ci - devant Colonel du Régiment
d'Infanterie de Conti . A Paris , chez Delaguette
, rue Saint Jacques , à l'Olivier ;
·in-4°. 22. pages.
On a toujours été jufqu'ici perfuadé
& non fans raifon , de l'inutilité des efforts
que l'on voudroit employer pour parvenir
à la découverte de la Quadrature du
cercle . On s'eft réuni à en regarder la démonftration
, non feulement comme impoffible
, mais comme impliquant les contradictions
les plus évidentes en géométrie .
Il n'eft donc pas aifé de détruire un préjugé
qui paroît fi bien fondé. Cependant
M. le Chevalier de Caufans, fans s'effrayér
des difficultés qu'on peut lui oppofer , n'a
pas laiffé de tenter la chofe en queftion .
Un grand nombre de perfonnes qui ont de
la peine à s'imaginer qu'elle foit traitée
férieufement, n'auroient pas manqué d'imputer
les tentatives de M. le Chevalier à
un pur jeu d'efprit.; il a pris la fage pré72
MERCURE DE FRANCE.
caution de leur ôter cette penfée , en propofant
la foufcription de la fomme de dix
mille livres à quiconque prouvera géométriquement
un paralogifme dans fa prétendue
quadrature du cercle qu'il s'efforce
de démontrer dans le petit ouvrage que
nous annonçons. Le prix confidérable attaché
à fa réfutation devoit néceffairement
attirer fur les bras de M. de Caufans
de puiffans adverfaires , qui fe difputaffent
à l'envi le mérite ( fi toutefois c'en eſt un )
de ruiner les conféquences fur lefquelles
il l'a bâtie ; mais il ne s'étoit peut- être pas
attendu à voir dans la foule des concur
rens entrer en lice une perfonne d'un ſexe ,
qui femble moins faite pour fe livrer à des
études épineufes & abftraites que pour
s'occuper des matieres d'agrément. Mlle
Le Mire , choquée de l'injufte prévention
où l'on eft contre les femmes , a été ja
loufe de l'honneur de les juftifier , en montrant
que leur efprit eft capable d'atteindre
aux vérités géométriques , fur lefquelles
il leur arrive de raifonner plus conféquemment
que bien des hommes. Elle a
donc jugé à propos de fe mettre fur les
rangs ; & pour cet effet elle a cru devoir
rendre public le fruit de fon travail , qui
paroît fous ce titre Le Quadricide , ou Paralogismes
prouvés géométriquement dans la
Quadrature
MARS. 1755 .
73
Quadrature de M. de Caufans. Par Mile
L.A. Le Mire , veuve J ... in- 4° . 28 pag.
chez Delaguette , & c.
Le long féjour que M. Galland a fait
dans les Etats du Grand Seigneur en qualité
d'Interpréte du Roi pour les Langues
orientales , l'a mis à portée de travailler
pour l'inftruction du public , en lui apprenant
ce qu'il a eu occafion d'y voir de plus
curieux. Comme il s'en eft rendu les langues
familieres , il n'a pas cru inutile de
commencer par la traduction de trois petites
pieces écrites par divers auteurs Mu
fulmans , dont les deux premieres tendent
à donner une idée des rits & c'es cérémonies
qui fe pratiquent au pélerinage de la
Mecque , des points fondamentaux de la
religion mahométane , & des obfervances
qu'elle impofe. On fe propofe dans la troifieme
de faire connoître la maniere dont
les Turcs cultivent les fciences. Cet ou
vrage de M. Galland eft compofé de cinq
morceaux différens , qui forment un recueil
qu'il difpofe en cet ordre. 1 ° . Rits & cérémonies
du pélerinage de la Mecque , fuivant
lafelle de l'Imam on Docteur Chafei ;
traduit de l'Arabe du Cheitch el Imam el
Aalim , & c . 2° . Catéchisme Muſulman , traduit
de l'Arabe du Cheitch on Docteur Aly
D
74 MERCURE DE FRANCE.
fils d'Iaakoub. 3. Traduction d'une differtation
de Zebny Effendi fur les fciences des
Turcs , & fur l'ordre qu'ils gardent dans le
cours de leurs études . 4° . Relation de l'ifle
de Chio , faite fur le lieu par l'auteur. 5º.
Autre relation de la Marche de la Sultane
Efma , fille de Sultan Ahmed , lorfqu'on la
conduifit à fon époux Iaakoub Pacha , grand
Maréchal de la Cour de Sultan Mahmoud ,
le 27 Février 1743. Cette relation termine
ce livre , qui fe vend à Paris , chez
Defaint & Saillant. 1754 , in- 12 . 214
pages.
COLLECTION DE DÉCISIONS NOUVELLES
& de notions relatives à la Jurifprudence
préfente ; par M. Denifart , Procureur
au Châtelet de Paris . A Paris , chez Savoye
, rue S. Jacques , à l'Eſpérance , audeffus
de la Fontaine de S. Severin ; & Le
Clerc , grande Salle du Palais , au fecond
pilier , 1754.
L'Auteur nous apprend dans la préface ,
que cet ouvrage fera compofé de cinq ou fix
volumes , dont il vient de mettre les deux
premiers au jour. Nous lui fouhaitons tout
le fuccès que l'importance de fon travail
paroît mériter. Nous ne pouvons même
nous empêcher de dire que M. Denifart
eft digne d'éloge , en ce qu'il a pris foin
MARS. 1755. 75
de développer aux yeux du public cette ingénuité
de caractere qui fied aux auteurs
libres de préjugés. On doit lui fçavoir
quelque gré de ne pas témoigner les effets
de la prévention outrée qu'on a d'ordinaire
en faveur de l'état qu'on exerce.
Il avoue que les maximes renfermées dans
le recueil qu'il publie , n'étant annoncées
que par un fimple Procureur du Châtelet
perdent beaucoup par là de la confiance qu'el
les méritent. Ce font les propres paroles de
M. Denifart , aufquelles il ne nous appartient
pas de répliquer , puifque c'eft une
perfonne de la profeffion qui fait cet aveu .
Nous ajoûterons feulement que fon exemple
eft une preuve qu'il fe trouve des Procureurs
qui ont fincerement en vûe le bien
-public.
ORAISONS CHOISIES DE CICERON ,
traduction nouvelle , avec le latin à côté ,
fur l'édition latine de Grævius , & des notes.
A Paris , chez Jofeph Barbou , rue S.
Jacques , près la fontaine S. Benoît , aux
Cigognes. 1754 , avec privilege du Roi.
2 vol . in- 12.
A juger en général de cette nouvelle
traduction , elle paroît avoir le mérite de
la fidélité. C'eft le côté par où il faut apprécier
le travail de l'auteur , puifque c'eſt
Dij
76 MERCURE DE FRANCE.
particulierement le but qu'il a cru devoir
fe propofer dans l'exécution ; il a pris la
précaution de nous avertir qu'il n'a eu
d'autre deffein que de travailler pour de
jeunes écoliers de troifieme , d'humanité ,
ou tout au plus de rhétorique.
C'eft pourquoi il s'eft attaché à rendre
mot pour mot le fens de l'Orateur latin.
On peut dire que le traducteur qui avoue
s'être borné à cet unique foin , a rempli
fon objet . Il a joint à fa verfion françoile
quelques notes dans les endroits où elles
lui ont paru néceffaires.
TRAITÉ DE LA POESIE FRANÇOISE ,
par le Pere Mourgues , Jéfuite. Nouvelle
édition , revûe , corrigée & augmentée ,
avec plufieurs obfervations fur chaque efpece
de poëfie. A Paris , chez Jofeph Barbou
, rue S. Jacques , près la fontaine faint
Benoît , aux Cigognes . 1755 , avec approbation
& privilege du Roi . in- 12 .
Livres que le fieur Barbon , Libraire &
Imprimeur , rue S. Jacques , aux Cigognes,
vient de recevoir de Hollande.
Aufonius , cum notis interpretatione
J. B. Souchay , ad ufum Delphini , in- 4°.
Homeri Ilias & Odiffea Grac . 18. 2 vol.
Recentiores Poëta Latini & Graci feletti
MARS 1785. 77
quinque , curis Jofephi Oliveti collecti ac
editi ; editio auctior & emendatior , in- 8 ° .
Pervigilium Veneris , cum notis Jufti Lipfii
, & Aufonii cupido cruci adfixus . in- 8 ° .
Théologie des Infectes , traduit de l'Al-
· lemand de M. Leffer , avec des remarques
de M. P. Lyonnet , 2 vol. in- 8 °.
Les Euvres de Machiavel , nouvelle
édition , augmentée de l'Anti- Machiavel ,
in- 12 . 6 vol.
L'Efpion Turc dans les Cours des Princes
chrétiens , in- 12 . 7 vol.
Les OEuvres de Rabelais , in - 12 . 6 Volumes.
Sermons de Caillart , in- 1 2. 2 vol .
Rob. Stephani Thefaurus lingua latine ;
in-fol. 4 vol.
Nouvelles difficultés propofées par un
Péripateticien à l'auteur du Voyage du
monde de Descartes , in- 12
ÊLEVES . A Paris , chez Claude Hériſſant ,
rue neuve Notre-Dante , à la Croix d'or &
aux trois Vertus , fecond volume. in- 1 z.
•
On a rendu compte dans le Mercure
de .... 1752 , du premier volume de ces
lettres imprimées à Paris en 1751 ; chez
la veuve Colombat.
L'auteur avoit promis feize lettres . Le
premier volume en contient dix , & le fe
cond préfente les fix dernieres , dont l'ob
jet eft de prouver l'existence des termes
énigmatiques & généraux dans les ouvra
ges prophétiques , & de faire fentir qué
leur intelligence eft néceffaire pour entendre
parfaitement le fens littéral hiſtorique
des Prophetes , des Pfeaumes , de Job , des
Cantiques , & de quelques autres prophé
ties répandues dans l'Ecriture Sainte .
Ainfi la premiere lettre de ce fecond
volume , qui eft la X I dans l'ordre des
feize , eft employée à parler du ftyle prophétique
& des raifons de fon obfcurité ;
& depuis la page so jufqu'à la page 70 ,
où finit la lettre XI , l'auteur commence
à faire un effai fur une partie des termes
énigmatiques qu'il doit traiter dans la lettre
fuivante.
La XII lettre entre tout-à -fait en
matiere ; on y voit quantité de paffages
64 MERCURE DE FRANCE.
с
des livres prophétiques , développés relativement
au fens littéral exigé par l'hiſtoire ;
mais l'auteur ne fe contente pas de morceaux
détachés , qui pourroient ne pas
fatisfaire , faute de liaifon avec ce qui précede
& ce qui fuit. Il prend donc une
prophétie entiere , l'une des plus difficiles
qu'il ait pu choifir. C'eft le chapitre 14
d'Ifaïe , depuis le premier jufqu'au 22
verfet inclufivement. Cette lettre étoit
trop longue pour ne la pas divifer en deux
parties. La premiere contient deux avertif
femens ; l'un traite des quatre termes énigmatiques
, dont l'intelligence eft abfolument
effentielle à la lettre hiftorique de
cette prophétie d'lfaïe. Le fecond avertif
fement contient fept remarques grammaticales
, fuivies d'une obfervation fur l'u
fage de la profopopée dans les faints Livres.
Après les deux avertiffemens on trouve le
précis de la prophétie : elle regarde , dans
le premier fens littéral , la chute de l'empire
de Babylone ; on paffe enfuite à une
double verfion latine , dont la premiere
conferve fes termes énigmatiques , & la
feconde les développe : une verfion françoiſe
dans le même goût fuccede à la latine.
L'Auteur termine cette premiere parrie
par quelques remarques fur le peu d'ordre
avec lequel on a traité jufqu'ici ces
MAR S. 1755. 65
vingt-deux premiers verfets du chap. XIV
d'Ifaïe.
La feconde partie de la XII lettre comprend
les notes indifpenfables à l'intelligence
d'une pièce auffi difficile , quant au
fens littéral de l'ancien Ifraël ; mais afin
qu'on ne croye pas que cette explication
puiffe nuire au fens de l'Eglife chrétienne
attaché néceffairement à ce texte d'Ifaïe ,
l'auteur préfente d'autres notes relatives
au nouvel Ifraël ; elles font fuivies d'une
double verſion françoiſe , mife au - deſſous
de la verfion littérale relative à l'ancien
Ifraël. Cette lettre finit par une courte
réflexion fur la ſurpriſe que pourra cauſer
à quelques perfonnes l'établiffement d'un
double fens littéral , dont cependant les
preuves font dans les Peres , les Théologiens
, & les plus habiles commentateurs.
La XIII lettre roule fur les termes gé
néraux ou indéterminés , qu'il faut reftreindre
aux fignifications particulieres
exigées par les vues du Prophéte . On donne
en preuve les deux petits Cantiques
contenus dans le XII chapitre d'Ifaïe . Deux
fimples notes de l'auteur développent en
très- peu de mots le double fens de cette
prophétie , quant à l'ancien & quant au
nouvel Ifraël . On trouve enfuite l'examen
de plufieurs termes généraux du Pleaume
66 MERCURE DE FRANCE.
XXXVI . Heb. XXXVII , Noli amulari , &
d'un affez grand nombre d'autres , & furtout
des mots mifericorde & vérité qui ,
reftreints à leur vraie & exacte fignifica
tion , jettent un grand jour fur les paſſages
où ils fe rencontrent.
La lettre XIV eft une fuite du traité des
termes généraux .L'auteur apporte en preuve
le Pf. 1. Beatus vir , &c. qu'il regarde comme
un tiffu de termes indéterminés qui
reftreints au fens exigé par le Prophéte
s'entendent d'abord des Apoftats du tems
de la captivité de Babylone , & enfuite
de ceux de l'Eglife chrétienne ; des notes
étendues fuivent le texte , & nous paroiffent
comme démonftratives.
La X Ve lettre eft uniquement occupée
à prouver que les termes énigmatiques &
généraux qui font en ufage dans les li
vres prophétiques , entrent auffi dans la
compofition des Cantiques du N. T. On
en donne pour exemple le cantique Bene
dictus Dominus , Deus Ifraël.
La XVI ne contient point le Pf. LXVII .
Heb. LXVIII . Exurgat , Deus , promis dans
le volume I. Ce chef-d'oeuvre de la poëfie
des Hébreux , accompagné de notes , eût
donné trop d'étendue à ce fecond volume.
L'auteur à donc prié quelques - uns des
éleves qu'il a formés , de fe charger de
MARS. 1755. 67
"
l'édition de ce Pfeaame . Mais pour mieux
entendre tout ce que ceci veut dire , il eſt
néceffaire de fçavoir que depuis plus de
dix ans , il fe forme parmi les RR. PP.
Capucins de la rue faint Honoré , un petit
nombre de gens de lettres qui fe font
confacrés à l'étude du double fens litteral
de l'Ecriture Sainte . L'auteur de ces lettres
a tellement goûté leur maniere de travailler
, qu'il leur confie non-feulement fon
Exurgat , mais auffi Pexécution entiere de
fon plan , dont on lit l'efquiffe aux pages
454 & 455 de ce volume. On voit dans
cette X V I lettre , les avis qu'un pere ,
non-feulement tendre , mais éclairé , donne
à des enfans pleins d'un amour inaltérable
pour l'Ecriture Sainte , d'un courage à
toute épreuve & d'un travail infatigable.
Ils vont feconder dans peu les vûes de
leur maître , puifqu'ils donnent inceffamment
quatre volumes in- 12. pour commencer
l'exécution du travail qu'il leur
remet entre les mains .
Tel eft l'extrait du fecond volume des
lettres de M. l'Abbé de *** à fes éleves.
Quoique le mérite de cet ouvrage ne puiffe
être apprécié dans toute fa valeur que par
ceux qui ont fuivi & qui fuivent encore
fes leçons publiques ou particulieres , toujours
gratuites , il eft cependant aifé de
68 MERCURE DE FRANCE .
fentir que fon plan eft établi fur les folides
principes qu'il a puifés dans les premieres
fources pendant près de cinquante
ans d'étude.
ODES D'HORACE traduites par feu M.
l'Abbé Desfontaines , in - 12 . petit format ,
1754. A Paris , chez Chaubert , quai des
Auguftins ; avec approbation & privilege
du Roi. Nous avons vû des exemplaires de
cet ouvrage , qui au lieu de Paris portent
le nom de Berlin ; mais ils font f
femblables la forme & les caracteres ,
pour
que nous ne doutons point qu'ils ne fortent
de la même preffe ; la feule différence
que nous y avons remarquée eft que
dans les exemplaires de Paris on a retranché
les odes qui ne fe lifent point dans les
Colléges , & qu'elles fe trouvent dans ceux
de Berlin , au frontifpice defquels on lit
une épigraphe qui fait honneur aux fentimens
du Libraire qui diftribue les uns &
les autres , & à laquelle nous foufcrivons
volontiers.
Quis defideriofit pudor aut modus ,
Tam cari capitis. Hor. Od. XXIV. 1. I.
BIBLIOTHEQUE HISTORIQUE ET CRITI
QUE DU POITOU , contenant les vies des
MARS.
1755. 69
fçavans de cette province depuis le troifiéme
fiécle jufqu'à prefent ; une notice
de leurs ouvrages , avec des obfervations
pour en juger , &c . A Paris , chez Ganneau
, Libraire , rue Saint Severin , à S.
Louis & aux armes de Dombes. 1754 .
Cinq gros vol. in- 12 .
:
Il y a déja du tems que cet ouvrage a
paru cependant comme les Mercures précédens
n'en ont point parlé , nous nous
faifons un devoir de l'annoncer aujour
d'hui. Il feroit inutile d'entrer dans aucun
détail fur la forme que l'auteur a jugé
à propos de lui donner , ni fur la façon
dont il s'y eft pris pour le traiter. Le
compte exact qu'on en a rendu dans la
plupart des Journaux doit fuppléer fuffifamment
à notre filence. Nous obferverons
feulement que fi dans le nombre des
fçavans qui trouvent leur place dans cette
bibliotheque , il y en a qui fe font fait un
nom fameux dans la république des lettres ,
il s'en rencontre beaucoup auffi dont la
réputation ne paffe point les limites du
Poitou .
LA VIE DES PEINTRES FLAMANDS , ALLEMANDS
ET HOLLANDOIS , avec des portraits
gravés en taille-douce , une indication
de leurs ouvrages , & des réflexions
70 MERCURE DE FRANCE.
fur leurs différentes manieres. Par M. J. B.
Defcamps , Peintre , membre de l'Académie
royale des Sciences , Belles- Lettres &
Arts de Rouen , & Profeffeur de l'Ecole
du deffein de la même ville . A Paris ,
chez Defaint & Saillant , rue Saint Jean de
Beauvais ; Piffot , quai de Conti ; Durand
, rue du Foin , en entrant par la rue
Saint Jacques , la premiere porte cochere.
1754. Tome fecond , gros in-8 ° . Il y a
lieu d'efpérer que le public ne fera pas
un accueil moins favorable à ce volume
qu'à celui qui l'a précédé.
LE CALENDRIER DES LABOUREURS ET
DES FERMIERS , contenant les inftructions
néceffaires la conduite & pour le
pour
maniement d'une ferme dans tous les mois
de l'année ouvrage néceffaire aux per
fonnes qui vivent à la campagne , & à celles
qui font valoir leur bien. Traduit de
l'Anglois , fur la fixième édition de M.
R. Bradeley de la Société royale de
Londres , & Profeffeur de Botanique dans
l'Univerfité de Cambridge . A Paris , chez
Briaffon , Libraire , rue Saint Jacques , à
la Science. 1755 , vol. in- 12.-
ANALYSE DES DISSERTATIONS SUR PLUSIEURS
MATIÈRES MEDICO - PHYSIQUES . Par
MARS. 1755. 71
M. Olivier de Villeneuve , Docteur de la
Faculté de Médecine de Montpellier ,
Doyen des Médecins de la ville de Boulogne-
fur-mer. A Utrecht , 1754 , petit in-
12. 100 pages.
. DEMONSTRATION DE LA QUADRATURE
DU CERCLE ; par M. le Chevalier de Caufans
, ci - devant Colonel du Régiment
d'Infanterie de Conti . A Paris , chez Delaguette
, rue Saint Jacques , à l'Olivier ;
·in-4°. 22. pages.
On a toujours été jufqu'ici perfuadé
& non fans raifon , de l'inutilité des efforts
que l'on voudroit employer pour parvenir
à la découverte de la Quadrature du
cercle . On s'eft réuni à en regarder la démonftration
, non feulement comme impoffible
, mais comme impliquant les contradictions
les plus évidentes en géométrie .
Il n'eft donc pas aifé de détruire un préjugé
qui paroît fi bien fondé. Cependant
M. le Chevalier de Caufans, fans s'effrayér
des difficultés qu'on peut lui oppofer , n'a
pas laiffé de tenter la chofe en queftion .
Un grand nombre de perfonnes qui ont de
la peine à s'imaginer qu'elle foit traitée
férieufement, n'auroient pas manqué d'imputer
les tentatives de M. le Chevalier à
un pur jeu d'efprit.; il a pris la fage pré72
MERCURE DE FRANCE.
caution de leur ôter cette penfée , en propofant
la foufcription de la fomme de dix
mille livres à quiconque prouvera géométriquement
un paralogifme dans fa prétendue
quadrature du cercle qu'il s'efforce
de démontrer dans le petit ouvrage que
nous annonçons. Le prix confidérable attaché
à fa réfutation devoit néceffairement
attirer fur les bras de M. de Caufans
de puiffans adverfaires , qui fe difputaffent
à l'envi le mérite ( fi toutefois c'en eſt un )
de ruiner les conféquences fur lefquelles
il l'a bâtie ; mais il ne s'étoit peut- être pas
attendu à voir dans la foule des concur
rens entrer en lice une perfonne d'un ſexe ,
qui femble moins faite pour fe livrer à des
études épineufes & abftraites que pour
s'occuper des matieres d'agrément. Mlle
Le Mire , choquée de l'injufte prévention
où l'on eft contre les femmes , a été ja
loufe de l'honneur de les juftifier , en montrant
que leur efprit eft capable d'atteindre
aux vérités géométriques , fur lefquelles
il leur arrive de raifonner plus conféquemment
que bien des hommes. Elle a
donc jugé à propos de fe mettre fur les
rangs ; & pour cet effet elle a cru devoir
rendre public le fruit de fon travail , qui
paroît fous ce titre Le Quadricide , ou Paralogismes
prouvés géométriquement dans la
Quadrature
MARS. 1755 .
73
Quadrature de M. de Caufans. Par Mile
L.A. Le Mire , veuve J ... in- 4° . 28 pag.
chez Delaguette , & c.
Le long féjour que M. Galland a fait
dans les Etats du Grand Seigneur en qualité
d'Interpréte du Roi pour les Langues
orientales , l'a mis à portée de travailler
pour l'inftruction du public , en lui apprenant
ce qu'il a eu occafion d'y voir de plus
curieux. Comme il s'en eft rendu les langues
familieres , il n'a pas cru inutile de
commencer par la traduction de trois petites
pieces écrites par divers auteurs Mu
fulmans , dont les deux premieres tendent
à donner une idée des rits & c'es cérémonies
qui fe pratiquent au pélerinage de la
Mecque , des points fondamentaux de la
religion mahométane , & des obfervances
qu'elle impofe. On fe propofe dans la troifieme
de faire connoître la maniere dont
les Turcs cultivent les fciences. Cet ou
vrage de M. Galland eft compofé de cinq
morceaux différens , qui forment un recueil
qu'il difpofe en cet ordre. 1 ° . Rits & cérémonies
du pélerinage de la Mecque , fuivant
lafelle de l'Imam on Docteur Chafei ;
traduit de l'Arabe du Cheitch el Imam el
Aalim , & c . 2° . Catéchisme Muſulman , traduit
de l'Arabe du Cheitch on Docteur Aly
D
74 MERCURE DE FRANCE.
fils d'Iaakoub. 3. Traduction d'une differtation
de Zebny Effendi fur les fciences des
Turcs , & fur l'ordre qu'ils gardent dans le
cours de leurs études . 4° . Relation de l'ifle
de Chio , faite fur le lieu par l'auteur. 5º.
Autre relation de la Marche de la Sultane
Efma , fille de Sultan Ahmed , lorfqu'on la
conduifit à fon époux Iaakoub Pacha , grand
Maréchal de la Cour de Sultan Mahmoud ,
le 27 Février 1743. Cette relation termine
ce livre , qui fe vend à Paris , chez
Defaint & Saillant. 1754 , in- 12 . 214
pages.
COLLECTION DE DÉCISIONS NOUVELLES
& de notions relatives à la Jurifprudence
préfente ; par M. Denifart , Procureur
au Châtelet de Paris . A Paris , chez Savoye
, rue S. Jacques , à l'Eſpérance , audeffus
de la Fontaine de S. Severin ; & Le
Clerc , grande Salle du Palais , au fecond
pilier , 1754.
L'Auteur nous apprend dans la préface ,
que cet ouvrage fera compofé de cinq ou fix
volumes , dont il vient de mettre les deux
premiers au jour. Nous lui fouhaitons tout
le fuccès que l'importance de fon travail
paroît mériter. Nous ne pouvons même
nous empêcher de dire que M. Denifart
eft digne d'éloge , en ce qu'il a pris foin
MARS. 1755. 75
de développer aux yeux du public cette ingénuité
de caractere qui fied aux auteurs
libres de préjugés. On doit lui fçavoir
quelque gré de ne pas témoigner les effets
de la prévention outrée qu'on a d'ordinaire
en faveur de l'état qu'on exerce.
Il avoue que les maximes renfermées dans
le recueil qu'il publie , n'étant annoncées
que par un fimple Procureur du Châtelet
perdent beaucoup par là de la confiance qu'el
les méritent. Ce font les propres paroles de
M. Denifart , aufquelles il ne nous appartient
pas de répliquer , puifque c'eft une
perfonne de la profeffion qui fait cet aveu .
Nous ajoûterons feulement que fon exemple
eft une preuve qu'il fe trouve des Procureurs
qui ont fincerement en vûe le bien
-public.
ORAISONS CHOISIES DE CICERON ,
traduction nouvelle , avec le latin à côté ,
fur l'édition latine de Grævius , & des notes.
A Paris , chez Jofeph Barbou , rue S.
Jacques , près la fontaine S. Benoît , aux
Cigognes. 1754 , avec privilege du Roi.
2 vol . in- 12.
A juger en général de cette nouvelle
traduction , elle paroît avoir le mérite de
la fidélité. C'eft le côté par où il faut apprécier
le travail de l'auteur , puifque c'eſt
Dij
76 MERCURE DE FRANCE.
particulierement le but qu'il a cru devoir
fe propofer dans l'exécution ; il a pris la
précaution de nous avertir qu'il n'a eu
d'autre deffein que de travailler pour de
jeunes écoliers de troifieme , d'humanité ,
ou tout au plus de rhétorique.
C'eft pourquoi il s'eft attaché à rendre
mot pour mot le fens de l'Orateur latin.
On peut dire que le traducteur qui avoue
s'être borné à cet unique foin , a rempli
fon objet . Il a joint à fa verfion françoile
quelques notes dans les endroits où elles
lui ont paru néceffaires.
TRAITÉ DE LA POESIE FRANÇOISE ,
par le Pere Mourgues , Jéfuite. Nouvelle
édition , revûe , corrigée & augmentée ,
avec plufieurs obfervations fur chaque efpece
de poëfie. A Paris , chez Jofeph Barbou
, rue S. Jacques , près la fontaine faint
Benoît , aux Cigognes . 1755 , avec approbation
& privilege du Roi . in- 12 .
Livres que le fieur Barbon , Libraire &
Imprimeur , rue S. Jacques , aux Cigognes,
vient de recevoir de Hollande.
Aufonius , cum notis interpretatione
J. B. Souchay , ad ufum Delphini , in- 4°.
Homeri Ilias & Odiffea Grac . 18. 2 vol.
Recentiores Poëta Latini & Graci feletti
MARS 1785. 77
quinque , curis Jofephi Oliveti collecti ac
editi ; editio auctior & emendatior , in- 8 ° .
Pervigilium Veneris , cum notis Jufti Lipfii
, & Aufonii cupido cruci adfixus . in- 8 ° .
Théologie des Infectes , traduit de l'Al-
· lemand de M. Leffer , avec des remarques
de M. P. Lyonnet , 2 vol. in- 8 °.
Les Euvres de Machiavel , nouvelle
édition , augmentée de l'Anti- Machiavel ,
in- 12 . 6 vol.
L'Efpion Turc dans les Cours des Princes
chrétiens , in- 12 . 7 vol.
Les OEuvres de Rabelais , in - 12 . 6 Volumes.
Sermons de Caillart , in- 1 2. 2 vol .
Rob. Stephani Thefaurus lingua latine ;
in-fol. 4 vol.
Nouvelles difficultés propofées par un
Péripateticien à l'auteur du Voyage du
monde de Descartes , in- 12
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Résumé : « LETTRES DE M. L'ABBÉ DE *** A SES ELEVES. A Paris, chez Claude Hérissant, [...] »
Le texte présente un compte rendu du second volume des 'Lettres de M. l'Abbé de *** à ses élèves', publié à Paris en 1755. Ce volume comprend six lettres supplémentaires, portant le total à douze, et se concentre sur l'interprétation des termes énigmatiques et généraux dans les œuvres prophétiques. L'objectif est de démontrer la nécessité de comprendre ces termes pour interpréter correctement le sens littéral historique des Prophètes, des Psaumes, de Job, des Cantiques et d'autres prophéties bibliques. La onzième lettre traite du style prophétique et de son obscurité. La douzième lettre analyse en détail le chapitre 14 d'Isaïe, expliquant les termes énigmatiques et fournissant des versions latines et françaises. La treizième lettre aborde les termes généraux ou indéterminés en utilisant les Cantiques du chapitre 12 d'Isaïe comme exemple. La quatorzième lettre continue l'étude des termes généraux en se basant sur le Psaume 1. La quinzième lettre prouve que ces termes sont également présents dans les Cantiques du Nouveau Testament. La seizième lettre, initialement prévue pour inclure le Psaume 67, a été modifiée pour laisser cette tâche à des élèves de l'abbé, qui travaillent sur le double sens littéral de l'Écriture Sainte. Le texte mentionne également plusieurs autres publications, telles que les 'Odes d'Horace' traduites par l'abbé Desfontaines, la 'Bibliothèque historique et critique du Poitou', la 'Vie des peintres flamands, allemands et hollandais' par M. J. B. Descamps, le 'Calendrier des laboureurs et des fermiers', l''Analyse des dissertations sur plusieurs matières médico-physiques' par M. Olivier de Villeneuve, et la 'Démonstration de la quadrature du cercle' par le chevalier de Caufans, ainsi qu'une réfutation par Mlle Le Mire. M. Galland a traduit des textes musulmans pour instruire le public sur les rites et cérémonies de la religion mahométane. Parmi les autres ouvrages et traductions publiés en 1754 et 1755, on trouve des traductions de textes musulmans, notamment le 'Pélerinage de la Mecque' selon la loi de l'Imam Chafei, traduit par Cheitch el Imam el Aalim, et un 'Catéchisme Musulman' traduit par Aly D. Le texte mentionne également une 'Traduction d'une dissertation de Zebny Effendi' sur les sciences des Turcs et une 'Relation de l'île de Chio'. Une autre relation décrit la marche de la Sultane Esma, fille de Sultan Ahmed, lors de son déplacement vers son époux, Iaakoub Pacha, en février 1743. Le texte évoque également une 'Collection de Décisions Nouvelles' par M. Denifart, Procureur au Châtelet de Paris, qui vise à développer des notions relatives à la jurisprudence. Denifart exprime son désir de présenter des maximes sans préjugés et reconnaît que son statut de Procureur peut limiter la confiance accordée à son ouvrage. Une nouvelle traduction des 'Oraisons Choisies de Cicéron' est publiée, destinée aux jeunes écoliers, avec le texte latin à côté et des notes explicatives. Le 'Traité de la Poésie Française' du Père Mourgues, Jésuite, est également mentionné, avec une nouvelle édition revue et augmentée. Enfin, le texte liste plusieurs ouvrages reçus par le sieur Barbon, libraire et imprimeur, incluant des œuvres d'Ausonius, Homère, des poètes latins et grecs, des textes théologiques, les œuvres de Machiavel, Rabelais, et des sermons de Caillart.
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