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1
p. 1081-1089
LETTRE de M. **** à M. l'Abbé *** Chanoine de l'Eglise de ...... au sujet d'une Legende déclarée fausse et digne de suppression par plusieurs Docteurs de Sorbonne.
Début :
Vous êtes très-occupé, Monsieur, à revoir le Breviaire de l'Eglise [...]
Mots clefs :
Légende, Sorbonne, Église, Docteur, Bréviaire, Évêque, Sainte Hélène, Cas, Sous-chantre, Docteurs
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. **** à M. l'Abbé *** Chanoine de l'Eglise de ...... au sujet d'une Legende déclarée fausse et digne de suppression par plusieurs Docteurs de Sorbonne.
LETTRE de M. **** à M..
l'Abbé✶✶✶ Chanoine de l'Eglise de......
au sujet d'une Legende déclarée fausse ct
digne de suppression par plusieurs Docteurs
de Sorbonne.
V
Ous êtes très- occupé , Monsieur ;
à revoir le Breviaire de l'Eglise
de *** et vous voulez le purger de
quantité de Fables qui se sont glissées
dans les Legendes . C'est aussi par où l'on
doit commencer lorsqu'on procede à la
reformation de ces sortes d'Ouvrages La
1. Vol. close
TO82 MERCURE DE FRANCE
chose a été recommandée dans tant de
Conciles , que j'ai été surpris qu'on eût
attendu si long-tems. Je ne sçai , au reste, si
vous y aurez beaucoup de satisfaction.
Outre que cette étude est assez seche ,
elle est sujette quelquefois à certaines
traverses ; la lumiere ne peut souvent se
faire place dans les tenebres sans quelque
coup d'éclat il y a des assauts à essuyer
et quelquefois même des injures. Je veux
vous divertir à cette occasion d'une Histoire
arrivée il y a quinze ans dans une
Ville que vous connoissez particuliere-
Ment. La premiere atteinte qu'un des
Membres qui composent le Chapitre , osa
donner à un Breviaire qui y servoit depuis
48. ans fut d'attaquer la Legende
d'une Sainte Helene. Ayant proposé en
yain la supposition de cette Legende , il
demanda l'avis à d'habiles Docteurs de
Sorbonne , et leur envoya la Legende
avec l'énoncé des choses dites publiquement
en consequence de la proposition .
Je vous fais part de la feuille trouvée en
Original dans les papiers d'un Curieux,
qui contient la Legende et la resolution
du cas . Ce cas vous frappera par sa singularités
mais quand l'obstination est singuliere
, il semble qu'il faut aussi employer
des remedes singuliers.
,
I. Vol. Copie
JUIN. 1734. 1083
Copie d'une feuille signée par cinq Doc
teurs de Sorbonne l'an 1718.
cùm
Sancta Helena Virginis, illuftri in gratia
genere,nata quanta sanctionis vita integritas
futura esset , apparuit. Episcopus enim matrem
invisens , nescio quid cygneum vicina
jam morte cecinisse fertur , et ventrem ejus
acervum tritici liliis vallatum appellasse ; et
prolata ad latus manu lilii florem videns,
dixisse , sicut lilium inter spinas , sic amica
mea inter filias. In ipso vero partu
mater ad congugem ire juberetur, ex utero vox
filia matrem ire prohibentis audita est.
Emisso partu Episcopus multa secundis om
nibus prastans , Helenam , id est lampadem,
merito dictamsignificavit . Cum populus pluviamjam
sex mensibus optaret , infantulam
incunis sub dio jacere præcipiens totâ nocte
cum populo Dominum precatus , sic pluviam
obtinuit , ut intactas cunas miratus sit. Plebs
tanto miraculo commota , in ipso cunarum
loco
præeunte Episcopo , Ecclefiam certantibus
omnium stu liis brevi construxit , et cujus
bonori dedicaretur ambigentibus , Helenagracili
voce exu'nis matris Maria Virgini
dedicandam esse respondit. Ipso die
Pentecostes jam septennem lustratibus undis
abluente Episcopo , columba toto spectante
I. Vol.
popula
1084 MERCURE DE FRANCE
populo qui confluxerat , annulum aureum
Helene digito inseruit.
Multis aliis miraculis Dominus Helenam
sibi despondisse testatus est. Ipso Palmarum
die , cum de more ramum gestans processisset
, ramus ex floribus mala punica
produxisse stupentibus turbis visus est et
grana puniceo colore rubentia populus universus
cum stupore vidit , deglutiit : quibus
surdi , muti , claudi et alii compluribus
morbis debilitati recuperatâ sanitate gratias
Christo reddiderunt. Prater patrem gravissimo
dentium dolore cruciatum , plures alios
sadem rabie furentes imposito capitis velo sanavit.
Quarto Nonas Maii quibus ad coelestem
sponsum commigravit , tantus liliorum.
atque rosarum imber de coelo in urbem in
qua obierat cecidit , ut Athenas etiam licet
dissitas odore suavissimo compleret. Tanta
Virginis corpus adhuc incorruptum ex Gra
cis circa annum 1209. advectum Ecclesia
Trescensis conservat ; ad cujus cultum singulari
pietate motus ex tota Dioecesi aliisque
locis populi concursus singulis annis fieri
solet.
>
Le Souchantre de l'Eglise où on lit
cette Legende , voyant que l'Evêque du
lieu l'a supprimée par tout le Diocèse ,
l'Evêque de l'Eglise où est le Corps appellé
de Sainte Helene , l'a fait aussi re-
I. Vgl.
tran
JUIN. 1734 1085
que
trancher du Breviaire de cette Eglise , et
les Vicaires Generaux de la Metropole
, dont l'une et l'autre Eglise sont suffragantes
, trouvent fort mauvais que l'on
continue à la lire dans la Cathedrale , lur
donnant même des qualifications quifont
de la peine à entendre , a proposé aux
Chapitres Generaux d'imiter l'exemple de
M. l'Evêque et de la retrancher de la lecture
publique. Mais quoiqu'il fût sûr que
la plupart des Chanoines la trouvoient
insupportable , voire même impudente' ,
il n'a pas réussi , parce qu'on n'a pas voulu
recevoir sa proposition; et ce qui a empêché
de faire opiner du fond , est qu'un
Docteur de Sorbonne et quelques Docteurs
de ..... ont dit , que si on ôtoit
cette Legende,ce ne seroit jamais fait , et
que tous les jours on trouveroit de pareils
défauts dans le Breviaire. Le Docteur
de Sorbonne a même ouvert la voye
d'une excellente défaite . Car quoique le
Souchantre n'eût allegué dans sa proposition
que l'autorité des personnes qui rejettent
cette Legende , et les periodes du
commencement qui blessent les oreilles
chastes , ce Docteur s'étendit fort au long
pour prouver que l'argument negatif est
de peu de poids, et que c'est celui dont se
servent les Calvinistes pour prouver que
I. Vol.
le
1086 MERCURE DE FRANCE
le culte des Images n'avoit pas lieu dans
les premiers siecles . Il ajoûta même , et
en cela il fut appuyé par un Docteur de....
que
5
si l'on retranchoit cette Legende , il
faudroit retrancher par la même raison le
Cantique des Cantiques et tous les endroits
de l'Ecriture , où il est parlé de generation
. Un autre ajoûta ces paroles
comme de la Genese : Et non cognovit
eam , et dit qu'il ne les faudroit plus lire
à l'Eglise si on ôtoit celles de la Legende.
On a donc continué de la dire encore cette
année ; mais le Prêtre qui la lisoit le fit
si rapidement , qu'à peine put - on l'entendre
, ne voulant pas rendre intelligibles
des paroles si indignes de l'Eglise.
Ce qu'il y a de fort étrange dans le
procedé du Docteur qui mene une bonne
partie de cette Compagnie , c'est que
justement c'est lui même qui deux ans auparavant
a empêché par la force de l'argument
negatif, qu'on n'admit pour Reliques
un corps venu de Catacombes de
Rome,à cause que la Legende qui se trouva
dans le coffre envoyé de Rome paroissoit
fabuleuse , n'étant aucunement appuyée
, ni par les Historiens , ni par les
Martyrologes. Cette Sainte Helene est
dans le même cas : Elle vient des Cimetieres
de la Grece , mais elle est incon-
I. Vol. nuë
JUIN. 1734. 1087
nue dans tous les Menées et les Meneloges.
La difference qu'il y a , est que son
culte est reçû depuis cinq cens ans , et
qu'elle a eu le malheur d'avoir des Historieus
peu chastes et peu modestes , au
lieu que la Sainte Alexandra , apportée
depuis peu de Rome , n'a point encore
eu de culte , quoique la Legende qu'on
lui a fabriquée n'ait rien de scandaleux.
Resolution du Cas.
Le Conseil soussigné , qui a vû l'exposé
ci- dessus , est d'avis que la Legengende
ci dessus rapportée n'étant nullelement
autorisée , et paroissant fabriquée
à plaisir par un Legendaire , doit être retranchée
de l'Office de l'Eglise en question
; que l'Evêque a très bien fait de la
supprimer,que le Souchantre fait son devoir
en empêchant qu'elle ne soit lûë
dans l'Eglise , et que ceux qui persistent
à la soutenir sont des rebelles ou des ignorans.
Déliberé à Paris ce 13. Juillet 1718.
Signé , Du Pin , Docteur de Sorbonne.
La décision du mois de Septembre
suivant est dans les mêmes termes , sinon
que quelqu'un des quatre Docteurs qui
se joignirent à M. Du Pin , raya le dernier
membre de la déliberation . De sorte
qu'elle est conçûë en ces peu de mots .
I.Vol.
Le
1088 MERCURE DE FRANCE
Le Conseil soussigné qui a vû l'exposé
ci dessus , est d'avis que la Legende
ci - dessus rapportée n'étant nullement autorisée
, et paroissant fabriquée à plaisir
par quelque Legendaire , doit être retranchée
de l'Office en question ; que l'Evêque
a très- bien fait de la supprimer ; que
le Souchantre fait son devoir en empêchant
qu'elle ne soit lûe dans l'Eglise.....
Déliberé à Paris le 9. Septembre 1718.
Signé , Hideux , Sindic , Lambert , Quinot
, L. Ellies du Pin , Auvray.
Vous avec vû , M. bien des questions
historiques traitées dans le cas de M. de
Sainte-Beuve ; mais je suis persuadé que
vous n'en avez jamais vû une semblable.
Celle-ci est originale en son genre. Je
vous divertirois bien davantage, si je vous
rapportois les scénes qui se passerent lorsqu'on
commença à impugner les paroles
d'une Messe de Notre- Dame des Neiges ,
qui est uniquement dans un Graduel écrit
à la main , et qui n'a jamais eu place dans
le Missel. L'Introïte commençoit ainsi :
Placuit divina providentia et le Pseaume
de cet Introïte étoit : Contra naturam temporis
aër nimiafrigoris congelatione constringitur
: et tanta nubium conftipatione dempsatur.
Jugez de la piece par l'échantillon .
Il étoit besoin le jour que cela se chantoit,
I. Vol.
que
JUIN, 1734 1089
que les Choristes s'armassent du serieux
le plus glaçant , pour ne pas blesser la
modestie en prononçant de si beaux textes.
On m'a appris depuis que la confection
d'un nouveau Breviaire a fait retrancher
tout cela , et qu'il n'y a plus de fables
dans l'Office de cette Eglise. Mais
que ceux qui ont travaillé à expulser toutes
les simplicités et tous les mensonges ,
n'ont pas été les maîtres de conserver des
anciens rites tout ce qu'il étoit à propos
de conserver. Je souhaite qu'on puisse dire
bien-tôt de celle pour laquelle vous
travaillez , que non - seulement vous y
avez retabli la verité et la sincerité dans
les Legendes , mais aussi la pureté et l'antiquité
dans les rites . Je suis , &c.
l'Abbé✶✶✶ Chanoine de l'Eglise de......
au sujet d'une Legende déclarée fausse ct
digne de suppression par plusieurs Docteurs
de Sorbonne.
V
Ous êtes très- occupé , Monsieur ;
à revoir le Breviaire de l'Eglise
de *** et vous voulez le purger de
quantité de Fables qui se sont glissées
dans les Legendes . C'est aussi par où l'on
doit commencer lorsqu'on procede à la
reformation de ces sortes d'Ouvrages La
1. Vol. close
TO82 MERCURE DE FRANCE
chose a été recommandée dans tant de
Conciles , que j'ai été surpris qu'on eût
attendu si long-tems. Je ne sçai , au reste, si
vous y aurez beaucoup de satisfaction.
Outre que cette étude est assez seche ,
elle est sujette quelquefois à certaines
traverses ; la lumiere ne peut souvent se
faire place dans les tenebres sans quelque
coup d'éclat il y a des assauts à essuyer
et quelquefois même des injures. Je veux
vous divertir à cette occasion d'une Histoire
arrivée il y a quinze ans dans une
Ville que vous connoissez particuliere-
Ment. La premiere atteinte qu'un des
Membres qui composent le Chapitre , osa
donner à un Breviaire qui y servoit depuis
48. ans fut d'attaquer la Legende
d'une Sainte Helene. Ayant proposé en
yain la supposition de cette Legende , il
demanda l'avis à d'habiles Docteurs de
Sorbonne , et leur envoya la Legende
avec l'énoncé des choses dites publiquement
en consequence de la proposition .
Je vous fais part de la feuille trouvée en
Original dans les papiers d'un Curieux,
qui contient la Legende et la resolution
du cas . Ce cas vous frappera par sa singularités
mais quand l'obstination est singuliere
, il semble qu'il faut aussi employer
des remedes singuliers.
,
I. Vol. Copie
JUIN. 1734. 1083
Copie d'une feuille signée par cinq Doc
teurs de Sorbonne l'an 1718.
cùm
Sancta Helena Virginis, illuftri in gratia
genere,nata quanta sanctionis vita integritas
futura esset , apparuit. Episcopus enim matrem
invisens , nescio quid cygneum vicina
jam morte cecinisse fertur , et ventrem ejus
acervum tritici liliis vallatum appellasse ; et
prolata ad latus manu lilii florem videns,
dixisse , sicut lilium inter spinas , sic amica
mea inter filias. In ipso vero partu
mater ad congugem ire juberetur, ex utero vox
filia matrem ire prohibentis audita est.
Emisso partu Episcopus multa secundis om
nibus prastans , Helenam , id est lampadem,
merito dictamsignificavit . Cum populus pluviamjam
sex mensibus optaret , infantulam
incunis sub dio jacere præcipiens totâ nocte
cum populo Dominum precatus , sic pluviam
obtinuit , ut intactas cunas miratus sit. Plebs
tanto miraculo commota , in ipso cunarum
loco
præeunte Episcopo , Ecclefiam certantibus
omnium stu liis brevi construxit , et cujus
bonori dedicaretur ambigentibus , Helenagracili
voce exu'nis matris Maria Virgini
dedicandam esse respondit. Ipso die
Pentecostes jam septennem lustratibus undis
abluente Episcopo , columba toto spectante
I. Vol.
popula
1084 MERCURE DE FRANCE
populo qui confluxerat , annulum aureum
Helene digito inseruit.
Multis aliis miraculis Dominus Helenam
sibi despondisse testatus est. Ipso Palmarum
die , cum de more ramum gestans processisset
, ramus ex floribus mala punica
produxisse stupentibus turbis visus est et
grana puniceo colore rubentia populus universus
cum stupore vidit , deglutiit : quibus
surdi , muti , claudi et alii compluribus
morbis debilitati recuperatâ sanitate gratias
Christo reddiderunt. Prater patrem gravissimo
dentium dolore cruciatum , plures alios
sadem rabie furentes imposito capitis velo sanavit.
Quarto Nonas Maii quibus ad coelestem
sponsum commigravit , tantus liliorum.
atque rosarum imber de coelo in urbem in
qua obierat cecidit , ut Athenas etiam licet
dissitas odore suavissimo compleret. Tanta
Virginis corpus adhuc incorruptum ex Gra
cis circa annum 1209. advectum Ecclesia
Trescensis conservat ; ad cujus cultum singulari
pietate motus ex tota Dioecesi aliisque
locis populi concursus singulis annis fieri
solet.
>
Le Souchantre de l'Eglise où on lit
cette Legende , voyant que l'Evêque du
lieu l'a supprimée par tout le Diocèse ,
l'Evêque de l'Eglise où est le Corps appellé
de Sainte Helene , l'a fait aussi re-
I. Vgl.
tran
JUIN. 1734 1085
que
trancher du Breviaire de cette Eglise , et
les Vicaires Generaux de la Metropole
, dont l'une et l'autre Eglise sont suffragantes
, trouvent fort mauvais que l'on
continue à la lire dans la Cathedrale , lur
donnant même des qualifications quifont
de la peine à entendre , a proposé aux
Chapitres Generaux d'imiter l'exemple de
M. l'Evêque et de la retrancher de la lecture
publique. Mais quoiqu'il fût sûr que
la plupart des Chanoines la trouvoient
insupportable , voire même impudente' ,
il n'a pas réussi , parce qu'on n'a pas voulu
recevoir sa proposition; et ce qui a empêché
de faire opiner du fond , est qu'un
Docteur de Sorbonne et quelques Docteurs
de ..... ont dit , que si on ôtoit
cette Legende,ce ne seroit jamais fait , et
que tous les jours on trouveroit de pareils
défauts dans le Breviaire. Le Docteur
de Sorbonne a même ouvert la voye
d'une excellente défaite . Car quoique le
Souchantre n'eût allegué dans sa proposition
que l'autorité des personnes qui rejettent
cette Legende , et les periodes du
commencement qui blessent les oreilles
chastes , ce Docteur s'étendit fort au long
pour prouver que l'argument negatif est
de peu de poids, et que c'est celui dont se
servent les Calvinistes pour prouver que
I. Vol.
le
1086 MERCURE DE FRANCE
le culte des Images n'avoit pas lieu dans
les premiers siecles . Il ajoûta même , et
en cela il fut appuyé par un Docteur de....
que
5
si l'on retranchoit cette Legende , il
faudroit retrancher par la même raison le
Cantique des Cantiques et tous les endroits
de l'Ecriture , où il est parlé de generation
. Un autre ajoûta ces paroles
comme de la Genese : Et non cognovit
eam , et dit qu'il ne les faudroit plus lire
à l'Eglise si on ôtoit celles de la Legende.
On a donc continué de la dire encore cette
année ; mais le Prêtre qui la lisoit le fit
si rapidement , qu'à peine put - on l'entendre
, ne voulant pas rendre intelligibles
des paroles si indignes de l'Eglise.
Ce qu'il y a de fort étrange dans le
procedé du Docteur qui mene une bonne
partie de cette Compagnie , c'est que
justement c'est lui même qui deux ans auparavant
a empêché par la force de l'argument
negatif, qu'on n'admit pour Reliques
un corps venu de Catacombes de
Rome,à cause que la Legende qui se trouva
dans le coffre envoyé de Rome paroissoit
fabuleuse , n'étant aucunement appuyée
, ni par les Historiens , ni par les
Martyrologes. Cette Sainte Helene est
dans le même cas : Elle vient des Cimetieres
de la Grece , mais elle est incon-
I. Vol. nuë
JUIN. 1734. 1087
nue dans tous les Menées et les Meneloges.
La difference qu'il y a , est que son
culte est reçû depuis cinq cens ans , et
qu'elle a eu le malheur d'avoir des Historieus
peu chastes et peu modestes , au
lieu que la Sainte Alexandra , apportée
depuis peu de Rome , n'a point encore
eu de culte , quoique la Legende qu'on
lui a fabriquée n'ait rien de scandaleux.
Resolution du Cas.
Le Conseil soussigné , qui a vû l'exposé
ci- dessus , est d'avis que la Legengende
ci dessus rapportée n'étant nullelement
autorisée , et paroissant fabriquée
à plaisir par un Legendaire , doit être retranchée
de l'Office de l'Eglise en question
; que l'Evêque a très bien fait de la
supprimer,que le Souchantre fait son devoir
en empêchant qu'elle ne soit lûë
dans l'Eglise , et que ceux qui persistent
à la soutenir sont des rebelles ou des ignorans.
Déliberé à Paris ce 13. Juillet 1718.
Signé , Du Pin , Docteur de Sorbonne.
La décision du mois de Septembre
suivant est dans les mêmes termes , sinon
que quelqu'un des quatre Docteurs qui
se joignirent à M. Du Pin , raya le dernier
membre de la déliberation . De sorte
qu'elle est conçûë en ces peu de mots .
I.Vol.
Le
1088 MERCURE DE FRANCE
Le Conseil soussigné qui a vû l'exposé
ci dessus , est d'avis que la Legende
ci - dessus rapportée n'étant nullement autorisée
, et paroissant fabriquée à plaisir
par quelque Legendaire , doit être retranchée
de l'Office en question ; que l'Evêque
a très- bien fait de la supprimer ; que
le Souchantre fait son devoir en empêchant
qu'elle ne soit lûe dans l'Eglise.....
Déliberé à Paris le 9. Septembre 1718.
Signé , Hideux , Sindic , Lambert , Quinot
, L. Ellies du Pin , Auvray.
Vous avec vû , M. bien des questions
historiques traitées dans le cas de M. de
Sainte-Beuve ; mais je suis persuadé que
vous n'en avez jamais vû une semblable.
Celle-ci est originale en son genre. Je
vous divertirois bien davantage, si je vous
rapportois les scénes qui se passerent lorsqu'on
commença à impugner les paroles
d'une Messe de Notre- Dame des Neiges ,
qui est uniquement dans un Graduel écrit
à la main , et qui n'a jamais eu place dans
le Missel. L'Introïte commençoit ainsi :
Placuit divina providentia et le Pseaume
de cet Introïte étoit : Contra naturam temporis
aër nimiafrigoris congelatione constringitur
: et tanta nubium conftipatione dempsatur.
Jugez de la piece par l'échantillon .
Il étoit besoin le jour que cela se chantoit,
I. Vol.
que
JUIN, 1734 1089
que les Choristes s'armassent du serieux
le plus glaçant , pour ne pas blesser la
modestie en prononçant de si beaux textes.
On m'a appris depuis que la confection
d'un nouveau Breviaire a fait retrancher
tout cela , et qu'il n'y a plus de fables
dans l'Office de cette Eglise. Mais
que ceux qui ont travaillé à expulser toutes
les simplicités et tous les mensonges ,
n'ont pas été les maîtres de conserver des
anciens rites tout ce qu'il étoit à propos
de conserver. Je souhaite qu'on puisse dire
bien-tôt de celle pour laquelle vous
travaillez , que non - seulement vous y
avez retabli la verité et la sincerité dans
les Legendes , mais aussi la pureté et l'antiquité
dans les rites . Je suis , &c.
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Résumé : LETTRE de M. **** à M. l'Abbé *** Chanoine de l'Eglise de ...... au sujet d'une Legende déclarée fausse et digne de suppression par plusieurs Docteurs de Sorbonne.
La lettre de M. **** à M. traite de la révision du Breviaire de l'Église de ***, visant à éliminer les fables et légendes erronées. L'auteur exprime sa surprise face au retard de cette tâche et mentionne les difficultés rencontrées, notamment les résistances et les injures. Il relate un incident survenu quinze ans auparavant dans une ville connue, où un membre du Chapitre avait attaqué la légende de Sainte Hélène, présente dans le Breviaire depuis 48 ans. Cette légende, jugée indécente et fabuleuse, avait été supprimée par l'évêque du diocèse et le souchantre de l'église où se trouvait le corps de Sainte Hélène. Malgré les avis des docteurs de Sorbonne et des vicaires généraux, la légende continuait d'être lue dans la cathédrale en raison de l'opposition de certains chanoines et docteurs. La légende de Sainte Hélène, rapportée dans une feuille signée par cinq docteurs de Sorbonne en 1718, décrivait divers miracles et événements miraculeux associés à Sainte Hélène. La décision finale des docteurs de Sorbonne fut de supprimer cette légende, jugée fabriquée et non autorisée. La lettre se conclut par un souhait que le nouveau Breviaire rétablisse la vérité, la sincérité, la pureté et l'antiquité dans les rites et les légendes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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