PSEAUME XLIX.
Dispofition qu'on doit apporter à la Priere,
LE ROI des Cieux et de la terre
Descend au milieu des éclairs ;
Sa voix comme un bruyant tonnerre ,
Se fait entendre dans les airs.
Dieux mortels , c'est vous qu'il appelle ;
11 tient la balance éternelle
Qui doit peser tous les humains
Dans ses yeux la flamme étincelle
Le glave brille entre ses mains.
Ministres de ses Loix augustes ,
Esprits Divins , qui le servez ,
Assemblés la troupe des justes ,
Que les oeuvres ont éprouvés ;
Et de ces serviteurs utiles
Separes les Ames serviles
Dont le zele oisif en sa foi ,
Par des holocaustes steriles
A cru satisfaire à la Loi.
Allez , saintes Intelligences ,
Executer ses volontés ;
;
Tand
JUIN.
1273
1734.
Tandis qu'à servir ses vengeances
Les Cieux et la Terre invités ,
Apprendront à ces miserables ,
Par des Prodiges innombrables ,
Que le jour fatal est venu ,
Qui fera connoître aux coupables
Le Juge qu'ils ont méconnu .
Ecoutez ce Juge severe ,
Hommes charnels , écoutez tous ,
Quand je viendrai dans ma colere
Lancer mes Jugemens sur vous ,
Vous m'alleguerez les Victimes ,
Que sur mes Autels legitimes
Chaque jour vous sacrifiez ;
Mais ne pensez pas que vos crimes
Par-là puissent être expiés.
Que m'inportent vos sacrifices ,
Vos offrandes et vos troupeaux ?
Dieu boit- il le sang des Genisses ?
Mange -t'il la chair des Taureaux ?
Ignorez-vous que son Empire
Embrasse tout ce qui respire
Et sur la Terre et dans les Mers ?
Et que son souffle seul inspire
L'ame à tout ce vaste Univers ?
Offrez , à l'exemple des Anges ,
H. Vol.
*
A
Y176 MERCURE DE FRANCE
A ce Dieu , votre unique appui
Un sacrifice de louanges ,
Le seul qui soit digne de lui.
Chantez d'une voix ferme et sûre
De cet Auteur de la Nature
Les bienfaits toujours renaissans :
Mais sçachez qu'une main impure
Peut souiller le plus pur encens.
Il a dit à l'homme profane :
» Oses-tu , pécheur criminel ,
» D'un Dieu dont la Loi te condamne
» Chanter le pouvoir éternel ?
»Toi , qui courant à ta ruine ,
Fus toujours sourd à ma Doctrine ;
Qui malgré mes secours puissans »
» Rejettant toute discipline ,
» N'as pris conseil que de tes senst
» Si tu voyois un adultere
» C'étoit lui que tu consultois ;
» Tu respirois le caractere
» Du Voleur que tu frequentois ;
» Ta bouche abondoit en malice ,
» Et ton coeur paîtri d'artifice ,
3 Contre ton frere encouragé
» S'applaudissoit du précipice
Où ta fraude l'avoit plongé.
Vol.
Coats
JUIN. 1734 1277
Contre une impieté si noire
Mes foudres furent sans emploi ,
» Et voila ce qui t'a fait croire
Que ton Dieu pensoit comme toi ;
Mais apprens , homme detestable ,
Que ma Justice formidable
Nese laise point prevenir,
Et n'en est pas moins redoutable
» Pour être tardive à punir.
Pensez-y donc , Ames grossieres ,
Commencez par regler vos moeurs ;
Moins de faste dans vos Prieres ;
Plus d'innocence dans vos coeurs,
Sans une ame bien enflamée ,
Sans la pratique confirmée
De mes preceptes immortels ,
Votre encens n'est qu'une fumée
Qui deshonore mes Autels.