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1
p. 316-319
Cabinet des Curiositez de Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
Début :
Monseigneur le Dauphin ayant marqué son bon goût pour tout [...]
Mots clefs :
Cabinet des curiosités, Dauphin, Cabinet, Curieux, Cabinets, Pierre Mignard
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texteReconnaissance textuelle : Cabinet des Curiositez de Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
Monſeigneur le Dauphin
ayant marqué ſon bon goût
pour tout ce qui eft curieux,
dans un temps où ceux de
des Amb. de Siam. 303
l'âge que ce Prince avoit alors
, ſçavent à peine le nom
d'aucune des choſes antiques
& modernes qui compoſent
les Cabinets des ſçavans Curieux
, a pris plaiſir à en faire
un digne de luy. Lorſque
les Ambaſſadeurs allerent voir
ce Cabinet , Me de Joyeux
premier Valet de Chambre
de Monseigneur , & dont
l'activité eſt extraordinaire
pour le ſervice de ce Prince ,
leur montra non ſeulement
tout ce qu'il contient; mais
comme il ſçait parfaitement
l'hiſtoire de chaque Piece an
tique (fil'on peut parler ainfi)
304 Suite du Voyage
il fatisfit pleinement à toutes
les demandes des Ambaffadeurs
, & c'eſt beaucoup dire.
Il leur dit même le prix de
beaucoup de choſes , dont ils
defirerent d'apprendre la valeur
, & ils ne laiſſerent rien
à examiner dans ce Cabinet ,
quoy qu'il confifte en trois
Pieces qui pourroient ſeparément
eftre appellées Cabinets
, & qui toutes enſemble
renferment ce qu'on nomme
Cabinet de Monſeigneur.
L'Ambaſſadeur en trouva le
Parquet de Marqueterie admirable
, & voulut ſçavoir à
combien en revenoit la toiſe.
des Amb. de Siam. 305
Il monta fur un échaffaut qui
eſt dans le même lieu , pour
voir un Plafonds auquel M
Mignard travailloit. Il dit en
fortant , Qu'il ne s'étonnoit pas
de voir de grandes choses & de
grandes richeffes en France , ny
que Monseigneur eust mesme des
Treſors ; mais qu'il y avoit à
s'étonner de ce que les Indes eftoient
plus dans fon Cabinet , que
dans les Indes meſmes , puiſqu'on
y voyoit l'élite de tout ce qu'elles
pouvoient avoir jamais eu de plus
beau.
ayant marqué ſon bon goût
pour tout ce qui eft curieux,
dans un temps où ceux de
des Amb. de Siam. 303
l'âge que ce Prince avoit alors
, ſçavent à peine le nom
d'aucune des choſes antiques
& modernes qui compoſent
les Cabinets des ſçavans Curieux
, a pris plaiſir à en faire
un digne de luy. Lorſque
les Ambaſſadeurs allerent voir
ce Cabinet , Me de Joyeux
premier Valet de Chambre
de Monseigneur , & dont
l'activité eſt extraordinaire
pour le ſervice de ce Prince ,
leur montra non ſeulement
tout ce qu'il contient; mais
comme il ſçait parfaitement
l'hiſtoire de chaque Piece an
tique (fil'on peut parler ainfi)
304 Suite du Voyage
il fatisfit pleinement à toutes
les demandes des Ambaffadeurs
, & c'eſt beaucoup dire.
Il leur dit même le prix de
beaucoup de choſes , dont ils
defirerent d'apprendre la valeur
, & ils ne laiſſerent rien
à examiner dans ce Cabinet ,
quoy qu'il confifte en trois
Pieces qui pourroient ſeparément
eftre appellées Cabinets
, & qui toutes enſemble
renferment ce qu'on nomme
Cabinet de Monſeigneur.
L'Ambaſſadeur en trouva le
Parquet de Marqueterie admirable
, & voulut ſçavoir à
combien en revenoit la toiſe.
des Amb. de Siam. 305
Il monta fur un échaffaut qui
eſt dans le même lieu , pour
voir un Plafonds auquel M
Mignard travailloit. Il dit en
fortant , Qu'il ne s'étonnoit pas
de voir de grandes choses & de
grandes richeffes en France , ny
que Monseigneur eust mesme des
Treſors ; mais qu'il y avoit à
s'étonner de ce que les Indes eftoient
plus dans fon Cabinet , que
dans les Indes meſmes , puiſqu'on
y voyoit l'élite de tout ce qu'elles
pouvoient avoir jamais eu de plus
beau.
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Résumé : Cabinet des Curiositez de Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
Le texte relate la visite des ambassadeurs de Siam au cabinet de curiosités du Dauphin. Le Dauphin, passionné par les objets rares, avait rassemblé une collection impressionnante. Me de Joyeux, premier valet de chambre du Dauphin, guida les ambassadeurs à travers les trois pièces du cabinet. Il expliqua l'histoire de chaque pièce antique et indiqua le prix de nombreuses œuvres. Les ambassadeurs furent particulièrement impressionnés par le parquet de marqueterie et le plafond, œuvre de Mignard. Ils admirèrent la richesse et la diversité des objets, soulignant que le cabinet abritait les trésors les plus prestigieux des Indes.
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2
p. 44-48
Division du Mercure [titre d'après la table]
Début :
Je souhaite pouvoir vous donner tous les mois des extraits [...]
Mots clefs :
Parties, Curieux, Livre, Division du Mercure
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texteReconnaissance textuelle : Division du Mercure [titre d'après la table]
Je foulante pouvoir
vous donner tous les mois
des extraits auffi curieux
que celuy- cy & que ceGALANT.
45
tuy quifuitfur les coquillages
, jay refolu dans la
fuite de raffembler tous
・ceux que j'auray en un
feul endroit du Livre ,
afin que ceux qui en font
curieuxpuiffentmefmeles
faire relier tous dans un
petit volume au bout de
l'année: ainfi je diftribueray
le Mercure en 4.
partie Lune pour toutes
les Pieces qui regarderont
les Sciences , la Litterature
, les Arts , &
146 · MERCURE
L'autre partie fera pour
les Nouvelles , les Marts,
les Mariages , &l'autre
pour les pieces de Poefies,
l'autre pourles Hifto-
C
'
riettes, Contes , & autres
amufements quifont pour
le plus grand nombre ,
Peffentiel d'un Mercure
Galant
Par cette divifion que
jobferveray autant qu'il
-fera poffible , on pourra
fame relier auffi feparement
ces quatres Parties
GALANT . 3:47
les
3
les
du Livre , chacun felon.
goust qu'il aura M
pour les Sciences , ou pour.
La Poefie , ou pour les
Nouvelles , ou pour.
Hiftoriettes , Enigmes ,
Queftion, 5.c.Mais.comme
il peut entrer dans la
compofition
d'un Mercure
une infinité de chofes
qui n'ont pas un rapport
bien juste à chacune de
ces quatres Claffes où je
reduis cette divifion , on
me pardonnera
a'en pla
48 MERCURE
cer quelques-unes ou je
pourray, même defaire
ces parties feparees plus
groffes ou plus petites ,par
rapport a la quantité €5
à lefpece des materiaux
qui me viendront.
vous donner tous les mois
des extraits auffi curieux
que celuy- cy & que ceGALANT.
45
tuy quifuitfur les coquillages
, jay refolu dans la
fuite de raffembler tous
・ceux que j'auray en un
feul endroit du Livre ,
afin que ceux qui en font
curieuxpuiffentmefmeles
faire relier tous dans un
petit volume au bout de
l'année: ainfi je diftribueray
le Mercure en 4.
partie Lune pour toutes
les Pieces qui regarderont
les Sciences , la Litterature
, les Arts , &
146 · MERCURE
L'autre partie fera pour
les Nouvelles , les Marts,
les Mariages , &l'autre
pour les pieces de Poefies,
l'autre pourles Hifto-
C
'
riettes, Contes , & autres
amufements quifont pour
le plus grand nombre ,
Peffentiel d'un Mercure
Galant
Par cette divifion que
jobferveray autant qu'il
-fera poffible , on pourra
fame relier auffi feparement
ces quatres Parties
GALANT . 3:47
les
3
les
du Livre , chacun felon.
goust qu'il aura M
pour les Sciences , ou pour.
La Poefie , ou pour les
Nouvelles , ou pour.
Hiftoriettes , Enigmes ,
Queftion, 5.c.Mais.comme
il peut entrer dans la
compofition
d'un Mercure
une infinité de chofes
qui n'ont pas un rapport
bien juste à chacune de
ces quatres Claffes où je
reduis cette divifion , on
me pardonnera
a'en pla
48 MERCURE
cer quelques-unes ou je
pourray, même defaire
ces parties feparees plus
groffes ou plus petites ,par
rapport a la quantité €5
à lefpece des materiaux
qui me viendront.
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Résumé : Division du Mercure [titre d'après la table]
Le projet éditorial présenté vise à compiler et organiser des extraits mensuels dans un ouvrage intitulé 'Mercure Galant'. À la fin de l'année, ces extraits seront réunis en un seul volume, divisé en quatre parties distinctes. La première partie couvrira les sciences, la littérature et les arts. La deuxième partie traitera des nouvelles, des naissances et des mariages. La troisième partie sera dédiée à la poésie, tandis que la quatrième partie inclura des historiettes, des contes et d'autres amusements pour un large public. Cette structure permettra aux lecteurs d'acheter séparément les sections qui correspondent à leurs intérêts. L'auteur se réserve le droit de placer certaines contributions dans des catégories appropriées ou d'ajuster la taille des sections en fonction du contenu disponible.
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3
p. 763-764
Tableaux en petit point, [titre d'après la table]
Début :
Le Sieur Tessier, connu pour les Portraits au petit point [...]
Mots clefs :
Portraits, Société des arts, Tableaux, Aiguille, Curieux, Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tableaux en petit point, [titre d'après la table]
A Amiens le 9. Fevrier 1731 .
Le Sicur Tessier , connu pour les Portraits au
рем
764 MERCURE DE FRANCE
petit point , vient de donner de nouvelles preuves
de son habileté , et du goût qu'il a toûjours eu
pour ces sortes d'Ouvrages , par deux morceaux
qu'il a présenté à la Societé des Arts , de laquelle
il a l'honneur d'être Membre.
L'approbation que cette Compagnie lui en a
donnée , fera connoître le mérite de cet Ouvrage.
t :
Ce jourd'hui le Sieur Tessier , Peintre & Tapissier
, Associé en la Classe des Arts de
goût de ladite Societé , a présenté à la Compagnie
deux Tableaux enpetit point , représentant
le Roi & la Reine en Buste , de grandeur naturelle
, lesquels ont parû être executez avec une
grande régularité ; l'aiguille y afondu les nuan
ces des laines avec la même harmonie que le
pinceau méle & réunit les couleurs , la Societé
a jugé que ces fortes d'Ouvrages feroient plaifir
aux amateurs des beaux Arts & aux personnes
de goûts en consequence & pour faire cennoitre
le mérite & le talent admirable du Sieur
Tessier , elle a trouvé à propos de lui délivrer
le présent Extrait , à Paris ce 28. Novembre
1730.
Le Sieur Tessier a lieu d'esperer que les Curieux
s'adresseront à lui pour faire fabriquer ce
dont ils auront besoin en ce Genre . Il a actuelle
lement chez lui le Portrait du Roi et de la Reiné ,
une Vierge et une Madeleine , d'après M. le
Brun.
Sa demeure est sur le Pont Notre- Dame , près
la Pompe au Tapis de Turquie , à Paris .
Le Sicur Tessier , connu pour les Portraits au
рем
764 MERCURE DE FRANCE
petit point , vient de donner de nouvelles preuves
de son habileté , et du goût qu'il a toûjours eu
pour ces sortes d'Ouvrages , par deux morceaux
qu'il a présenté à la Societé des Arts , de laquelle
il a l'honneur d'être Membre.
L'approbation que cette Compagnie lui en a
donnée , fera connoître le mérite de cet Ouvrage.
t :
Ce jourd'hui le Sieur Tessier , Peintre & Tapissier
, Associé en la Classe des Arts de
goût de ladite Societé , a présenté à la Compagnie
deux Tableaux enpetit point , représentant
le Roi & la Reine en Buste , de grandeur naturelle
, lesquels ont parû être executez avec une
grande régularité ; l'aiguille y afondu les nuan
ces des laines avec la même harmonie que le
pinceau méle & réunit les couleurs , la Societé
a jugé que ces fortes d'Ouvrages feroient plaifir
aux amateurs des beaux Arts & aux personnes
de goûts en consequence & pour faire cennoitre
le mérite & le talent admirable du Sieur
Tessier , elle a trouvé à propos de lui délivrer
le présent Extrait , à Paris ce 28. Novembre
1730.
Le Sieur Tessier a lieu d'esperer que les Curieux
s'adresseront à lui pour faire fabriquer ce
dont ils auront besoin en ce Genre . Il a actuelle
lement chez lui le Portrait du Roi et de la Reiné ,
une Vierge et une Madeleine , d'après M. le
Brun.
Sa demeure est sur le Pont Notre- Dame , près
la Pompe au Tapis de Turquie , à Paris .
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Résumé : Tableaux en petit point, [titre d'après la table]
Le 9 février 1731, à Amiens, le Sieur Tessier, connu pour ses portraits au petit point, a présenté deux tableaux à la Société des Arts. Ces œuvres représentent le Roi et la Reine en buste, de grandeur naturelle, et ont été exécutées avec une grande régularité. L'aiguille y fond les nuances des laines de manière harmonieuse, comparable à l'utilisation du pinceau. La Société des Arts a reconnu le mérite et le talent de Tessier en délivrant un extrait le 28 novembre 1730. Tessier espère recevoir des commandes similaires. Il possède également les portraits du Roi et de la Reine, ainsi qu'une Vierge et une Madeleine, d'après M. le Brun. Sa demeure est située sur le Pont Notre-Dame, près de la Pompe au Tapis de Turquie, à Paris.
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4
p. 1416-1462
LETTRE écrite de Paris, à un Nouvelliste de Province.
Début :
Vous avez bien de l'ardeur pour les nouvelles, Monsieur [...]
Mots clefs :
Nouvellistes, Nouvelles, Paris, Province, Méprisable, Nuisible, Oisiveté, Choses vaines, Curieux, Guinguet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Paris, à un Nouvelliste de Province.
LETTRE écrite de Paris , un Nouvelliste
de Province.
Ous avez bien de l'ardeur pour les
nouvelles ,Monsieur , vous qui faisiez , il n'y a pas deux ans , des réfléxions
si sensées contre cette dangereuse passion ; je comprens par vos reproches que
mes Lettres vous touchent peu , quand il
n'y a pas unChapitre complet de nouvelles. Je vous crois dès - à - present tout le
talent et tout le zele d'un Nouvelliste du
premier ordre , et je ne doute pas que
vous n'acqueriez encore des qualitez pour
mériter une place distinguée dans cet il
lustre Corps.Je suis bien sur que vous n'ê
res pas des derniers à vous rendre tous les
II. Vol jours
JUIN. 732. 1417
jours sous la Halle du Marché, à la gran de
Place , au Cloître des C. ou à l'avenue
pour être aux aguets et saisir des passans
quelque nouvelle de la premiere main.
Vous êtes donc bien changé , et sans
doute vous n'avez pas conservé le moindre souvenir de nos entretiens sournois
aux Tuilleries , ( car c'est toujours là le
grand Bureau et comme le Chef- lieu des
Nouvellistes ) en observant ces Troupes
nombreuses de gens oisifs , tantot ambulans , tantôt sédentaires ; tantôt formant
un grand Corps à l'arrivée d'un Notable
ou d'un des principaux Membres du Bu
reau, tantôt divisés par pelotons, et l'instant d'après rassemblez , au moindre mot
pris à la volée , et tous également empresScz, pour apprendre ou pour débiter
quelque nouvelle , souvent hazardée; l'avidité des uns, l'air composé et important
des autres , cela nous divertissoit beaucoup, sans compter les raissonemens gra
ves et politiques , les conjectures puériles ou frivoles les sentimens hétéroclites
soutenus avec chaleur et à grand bruit;car
tous les hommes, mêmes les moins vains.
et les plus raisonnables , sont amoureux
de leurs opinions et jusques dans les plus
petites choses , où ils n'ont pas le moindre interêt; aveuglez par celui de l'amour
3
}
1. Vol pro-
1448 MERCURE DE FRANCE
propre qui les anime , ils tombent dans
les plus grands excès.
Mais où vais-je m'engager , peut-être
par un mouvement de ce même amour
propre dont je viens de parler , et contre
lequel je crois être fort en garde ? Nul
Mortel ne peut se vanter de n'êstre pas
dupe à cet égard ; on l'a deja dit cent et
cent fois et en cent manieres differentes :
Baste. Il est question des Nouvellistes et
des nouvelles, de ces cheres nouvelles qui
vous tiennent si fort au cœur, et je n'en
ai point à vous dire.Comment faire?Trouver quelque chose d'équivalent, cela n'est
pas possible; ma foy , puisque vous n'êtes
Bas ennemi du babil et que je suis en train
de babiller , je vais réfléchir sur ce qui a
fait dabord le sujet de cette Lettre, et vous
exposer , selon les idées qui se présentefont à mon esprit , les sentimens qu'on
peut avoir et les réfléxions qu'on peut
faire sur cette matiere.
1
Il n'y a rien de si raisonnable , ni de si
naturel en general , que de s'informer et
mêmed'avoir quelque empressement pour
être instruit des Evenemens qui arrivent
sur le grand Théatre du Monde , et qui
doivent interesser la curiosité d'un honête homme. Il est même honteux de n'être
pas au courant, pour ainsi dire , de cerIL Vol.
Ataines
JUIN. 1732. 1449
taines nouvelles Historiques , Politiques
et Litteraires. Mais voir des gens, ne s'oc
cuper uniquement que de nouvelles , négliger leurs propres affaires , en perdre ,
pour ainsi dire , le boire et le manger ,
sans être capables d'autre chose ; c'est ce
que je blâme, car il n'y a que l'excès qui
rend cette passion méprisable. Tous les
jours on est fatigué et impatienté par
ces Cazaniers, d'un esprit borné et indiffe
rent , qui ne lisant rien , et ne cherchant
point à s'instruire veulent sçavoir ou
vous apprendre ce que personne n'ignore
depuis long temps.
و
Mais exposons , si vous me le permettez , Monsieur , ce ridicule dans un plus
grand jour, pour faire sentir le faux esprit
dans lequel on s'occupe à sçavoir des nouvelles , et combien le temps qu'on y employe est non seulement tres- mal employé , mais encore nuisible par le dégré
de vanité qu'on acquiert en voulant pénétrer , deviner juste , et prédire l'avenir
avec un ton de Prophete ; sans compter le
danger qu'il y a de s'engager insensiblement dans une espece de parti , dont le
moindre inconvenient est de se faire trop
connoître , se dégrader en quelque maniere , et se laisser confondre dans une
foule , si-non méprisé, au moins bien peu
II. Vol. Ipesti-
1450 MERCURE DE FRANCE
estimé, ou devenir fameux, et enfin l'ob
jet de la dérision publique ; on en a plus
d'un exemple , de ces gens dont la figure,
la tête et le visage sont remarquables;qu'on
voit par tout, qu'on ne sçauroit définir
et que personne ne connoît, sans compter
encore les choses les plus indifferentes et
les plus innocentes en elles- mêmes , qui redites sans la moindre altération , et sans
aucun dessein malin , mais sans y faire assez d'attention , et par la seule envie de
parler , sont très- propres à faire les plus
grandes tracasseries, ou à donner bien du
ridicule , selon le temps , les lieux , les
circonstances et les personnes devant qui
on parle. Je ne dis rien du danger que
l'on court avec les étourdis , les emportez , les opiniâtres , les impolis, les impudens , ou les timides complaisans à l'excès , également dangereux , et les fades
railleurs qui vous rient au nez , et qui par
des questions ou par des réponses aussi
inconsiderées que choquantes , vous mettent dans la dure nécessité de les traiter ,
(car la patience échape)avec le ton que mérite une grossiereté dire en face. Mais
sans avoir part au démêlé, il est tres-fâcheux d'en être témoin , et plus encore
d'être cité.
Il ne fautpas réver bien profondement
II. Vol. pour
JUIN. 1732. 1451
pour voir que le premier principe de
cette passion est l'oisiveté, pour laquelle
les gens qui ont passé leur jeunesse en dis
sipation et dans des amusemens frivoles
ont beaucoup de gout. Or un homme sans
Occupation , et certainement sans genie ,
cherche à perdre du temps avec le même
empressement qu'un joueur de profession
cherche à gagner ; delà ce penchant pour
les choses qui n'occupent que superficiellement , où l'esprit n'a presque aucune
opération à faire , opérations que les autres fontpour eux,qu'ils adoptent même,
et desquelles ils font encore leur profit ,
en les allant débiter comme les leurs, avec
la modestie d'un Docteur de mauvais
aloy.
Quand ce penchant est une fois déterminé vers l'oisiveté , le frivole , le superficiel et les choses vaines , pour lesquelles
il ne faut nulle application , quand il est
augmenté par l'esprit de curiosité qui fut
toujours , comme vous sçavez, la passion
dominante de l'homme dès son enfance
et qui s'est accruë à l'infini à mesure que
les faits se sont multipliez sur la terre,et
dans sa tête ; on ne doit point s'étonner
du progrès et des désordres qu'il fait , ni
de la corruption qu'il cause. Il ne tiendroit qu'à moi de vous en faire icy une
II. Vol. I ij -lon-
1452 MERCURE DE FRANCE
longue énumération, et vous prouver par
des exemples, combien la curiosité outrée ,
a été funeste à l'un et à l'autre sexe.
Une chose bien singuliere , et qu'il ne
tiendra qu'à vous , Monsieur , de remarquer; c'est que la plupart de ces curieux
insatiables , de ces quéteurs de nouvelles,
qui les cherchent avec tant d'ardeur et de
peine , ne s'y interressent point du tout
dans le fond , et ne sont pas plus sensibles à un fait , à un Evenement éclatant
et remarquable pour l'Histoire de notre
temps , qu'à une aventure de Guinguette.C'est l'esprit d'ostentation et de vanité
qui les fait agir , croyant ainsi se rendre
recommandables, en débitant avec autant
d'amphase que de fadeur , des choses triviales qui ne sont pas ignorées au Marchéneuf.
J'ai quelquefois ri de bon cœur , je vous
l'avoue , de ces hommes importans qui
toujours sortent , ou viennent d'une Maison , qui ont dîné dans une Maison , qui
frequentent une Maison , qui ont vû et entendu dans une Maison , &c. Ces Maisons
qu'on ne désigne mistérieusement qu'à
demi , pour faire valoir la nouvelle , ne
sont pas des Maisons du commun , non ,
mais elles sont souvent telles qu'un Gripesou ne les avouëroit pas , et il arrive
II. Vol. même
JUIN. 17320 1453
même que quand ces Maisons sont telles
qu'onveut le faire entendre, le vain Narrateur,avec son ton imposant , et ses airs de
confiance et de protection , n'y est pas
plus considéré que le Gripesou.
Quand ces Messieurs font tant que de
citer,Dieu sçait s'ils choisissent des Noms
respectables et de Gens en place.Combien
ils font sonner haut le commerce étroit
et familier qu'ils ont avec les Grands ,
qu'ils ne qualifient même jamais de Monsieur, c'est le grand air. Ils ne débitent
même la nouvelle , et ne la repetent cent
et cent fois que pour la citation et pour
les circonstances qu'ils y mettent, pour se
faire citer eux-mêmes; et si le lieu de la
Scene est à la Comédie , à l'Opéra ou à
quelques autres Spectacles , où ils ont été
en passant faire montre de leur parure ,
la narration n'en est pas plus modeste.
A la vérité il faudroit peut être moins
blâmer des gens qui sans talens et sans
avoir rien d'acquis , n'étant plus en état
de s'appliquer à quelque chose d'utile ,
veulent cependant sé faire une sorte de
réputation. Que dis-je , de réputation ?
On voit tous les jours des intrus , qui en
sont tellement avides, qu'ils s'aventurent,
de parler à leur tour et même avant ,
croyant prudemment que de se mon C
02.11. Vol.
Liij trer
1494 MERCURE DE FRANCE
trer en public , pêle - mêle , avec d'hon
nêtes gens , cela ne nuit point à la leur.
Celle de Nouvelliste , quoique personne
ne l'envie , ne laisse- pas de flater les gens
d'un certain caractere ; une application
heureuse , une conjecture hazardée qui
réussit, est seule capable de les mettre en
crédit dans leur canton ; mais il arrive
aussi qu'ils s'en applaudissent à l'excès et
qu'ils deviennent presque toujours intrai-
'tables , par la maniere altiere dont ils soutiennent leurs sentimens , ausquels ils
veulent durement assujettir les autres; et
le cœur enflé et toujours plus avide de
cette petite gloire , on n'attend plus les
nouvelles ; on va audevant ,on les devine , et grands raisonnemens ensuite pour
appuyer son opinion. Opinion souvent
contestée tumultuairement, où celui dont
le ton de la voix est le plus haut , a pres
que toujours l'avantage.
Mais quand j'y fais réfléxion , presque
tous les hommes sont extrémement flatez
de s'imaginer avoir en eux la faculté de
voir plus clair que les autres dans l'ave
nir. Cela leur annonce une étenduë de lumieres et une pénétration,avec le secours
de laquelle ils croyent percer les voiles
les plus épais , pénétrer dans les secrets
du cabinet et de la politique la plus pro2011. Vol. Ju fonde
JUIN 1732: 1455
3
fonde , et même de prophétiser. Faites- y
bien attention , Monsieur , c'est peut-être
l'Idole la plus universellement chérie de
l'homme; car rien ne nous pique tant
que ce raisonnement intérieur , dicté par
F'amour propres il est réservé à ma péné- tration de découvrir une chose cachée aux
yeux de tous les autres hommes. Vous en
connoissez , Monsieur , que pareille foiblesse a quelquefois couverts d'un ridicu
le humiliant : mais ce qui est sans doute
à la honte de la nature humaine , c'est
que ce ne sont pas des hommes du commun qui se donnent de ces travers ; ce
sont ordinairement ceux qui avec l'ostentation de briller , à quelque prix que
ce soit , ont le plus de ressources dans
l'esprit , le plus de lumieres , de sagacité
et de talens pour le raisonnement méthodique , aisé , agréable et séduisant ; il
est fâcheux qu'on ne puisse pas toujours
jouir de leur commerce sans danger ; car
sur d'autres sujets , on trouve beaucoup
de justesse, de précision, des descriptions,
des définitions, des réfléxions fines et délicates , &c, soyons donc en garde , mon
cher Monsieur , contre ce subtil poison ,
souvent pernicieux dans ses effets.
Les Nouvellistes qui ont quelque teinture de Geographie , de Politique , des
interêts des Princes &c. tiennent à juste
II. Vol. Liiij titre
1434 MERCURE DEFRANCE
titre le haut bout , et brillent à peù
de frais auprès de ceux qui parlent sans
regle , sans connoissances , et qui ne se
piquent que d'aller loin sans se piquer
d'aller droit, mais ce ne sont pas toujours
ceux qui plaisent le plus dans leurs réflexions sur les raisons d'Etat , les differentes inclinations et les vues des Grands et
du Peuple , la situation et les circonstances particulieres de l'état présent des affaires du Monde , et sur les conséquences
qu'on en peut tirer , surtout quand leurs
discours ne sont ni bornez ni sagement
ménagez. Car , qu'on ait vu passer un
Courrier, qu'on ait observé certains mouvemens à la Cour , ou remarqué dans le.
visage , ou dans les manieres , l'empresse
ment, la tristesse ou la gayeté d'un Prince,
d'un Ministre , d'un Grand ; en voilà assez pour former tel ou tel évenement ,
qu'on rend plus ou moins vraisemblable
selon que l'on a l'art de l'arranger et de le
narrer , sans oublier le ton misterieux et
reservé , pour faire entendre que l'on en
sçait bien plus que l'on n'en fait connoître. Si l'évenement ne répond.pas àla pro
phetie, le faux prophete enest quitte pour
être quelques jours sans se montrer at
même auditoire.
Quelqu'uns , et ceux-cy ne sont nullementennuyeux , se plaisent à débiter des
CC 11. Vole nou
JUIN.1732 1457
1
nouvelles , non seulement sans gravité ,
mais d'un air leger , naturel , agreable ,
et à les embellir par un tour fin et plaisant ; ils les ornent de circonstances qui
les relevent à la vérité , le fait raconté ,
qui n'est souvent que le prétexte de la :
narration , n'a nul fondement , mais il
devient dans leur bouche une nouvelle
toute nouvelle , ou un petit Roman qui
fait plaisir pour peu qu'on se prête à la
fiction et aux épisodes.
La varieté des caracteres est fort- grande parmi les Nouvellistes ; nous venons
d'en voir un fort gai , en voici un tout
opposé et qui n'est pas moins vrai , Ce
sont ces esprits taciturnes , pleins de malignité , avides de poison et qui ne répandent que de la noirceur , à qui on doit
sçavoir gré quand ils n'emportent pas la
piece , et qu'ils ne sont que médisans ou
désobligeans. De tels hommes ne respirent que les évenemens tragiques , les rumeurs , les soulevemens , les révolutions ;
des Campagnes désolées , des Villes saccagées , des Incendies , des Naufrages , de
grandes defaites , des meurtres et des carnages ; et faute d'un pareil ragout , ils
s'acharnent souvent sur un infortuné qui
périt , et qui n'est peut- être pas toûjours
aussi coupable aux yeux de Dieu qu'aux
yeux des hommes.
II. Vol. ܀ . On
1458 MERCURE DE FRANCE
On les voit , ces esprits amers et par
tiaux , mettre avec une égale satisfaction dans le plus grand jour , les avantages de la cause qu'ils favorisent , et les
revers de celle à laquelle ils sont contraires. Toûjours portez à tourner les nou- velles selon les mouvemens de leur cœur; :
les croire ou les rejetter , les publier ou les
suprimer , les enfler ou les extenuer : sur
quoi on peut faire cette réflexion , qui est
que lors qu'ils ont par hazard embrassé.
le bon party , ils ne lui font pas grand
bien , et ils se font grand tort à eux- mê
mes.
Or il est aisé de juger dans quelle
impatience doivent être ceux qui esperent les bons succès qu'ils attendent
et qui fatent leur sentiment , et dans
quelles perplexitez ils sont sur les évenemens qu'ils craignent et qui relevent le
party contraire. Dans l'un et l'autre cas
( et l'un ne va gueres sans l'autre ) l'incertitude est au même degré , et les agite
aussi vivement , car la moderation etla
patience sont des vertus peu connues de
ces hommes toûjours empressez et toûjours insatiables. Leur passion est trop
animée et trop ardente pour ce qu'ils
souhaittent ou pour ce qu'ils craignent.
Ils comptent tous les instans ; leur ins
quiétude est à charge à tout le monde et
11. Vol. à
JUIN. 1732 1459
à eux-mêmes , plus ou moins , selon le
degré de leur préoccupation.
Mais reprenons des idées plus gayes,
et disons que vous prenez , Monsieur ,
un très-mauvais party de rester en Province , où les nouvelles sont toûjours assez rares , surannées , mal sûres, car on ne
les sçait gueres que d'un seul endroit ,
encore faut-il souvent les aller chercher ;
ensorte qu'un nouvelliste des moins affamez ,de ce Pays-cy mourroit d'inanition
en peu de tems dans vos cantons. Vive
Paris,morbleu, où il y a toûjours plus de
cent atteliers ouverts, où se debitent et se
fabriquent des nouvelles de toute espece.
Autems et aux heures dePromenade, il n'y
a qu'à s'y transporter , on jouit des agrémens de la saison , de la magnificence du
lieu , des agrémens , de la propreté et de
la varieté infinie du beau monde ; le tems
est - il mauvais , fait - il trop froid ,
trop chaud , les Caffez sont ouverts dès
le grand matin jusqu'à minuit ; vous y
trouvez quantité d'honnêtes gens qui
vous attendent , ou qui ne se font pas
attendre long-tems. C'est-là qu'arrivent
tous les batteurs d'estrade, et les ambulans
qui ne manquent gueres à certaines heures , sans compter les passans non habituez,que le hazard amene, et qui semblent
venir exprès de differens quartiers pour
11. Vel. instruire
1460 MERCURE DE FRANCE
instruire le. Bureau à point nommé des
affaires de leur district et de ce qu'ils
ont appris en chemin.
all
Vous sçavez l'agrément des Caffez à
Paris ; ils sont au point , que si dans une
Relation bien écrite , ont en avoit fait
une description exacte il y a 60. ans , et
bien circonstanciée dans la plus exacte
verité, et sur le pied que nous les voyons
aujourd'hui , on auroit dit , c'est un Roman fait à plaisir , une fiction imaginée
pour donner une idée du pays de Coca.
gne, ou d'une ville bâtie et policée par les
Fées. En effet , quel Souverain , quelle
Republique auroit imaginé et auroit eu
le pouvoir d'établir pour la commodité
publique , dans toutes les rues d'une florissante ville , des lieux commodes pour
se mettre à couvert des injures du tems.
infiniment secourables pour les gens sans
voitures , qui ont affaire à differens quartiers pour se reposer , se rafraichir en Eté ,
se chaufer en Hyver , et en même tems
avoir l'agrément de la conversation à son
choix car à chaque table, matiere differente , sans compter les nouveautez qu'on
apprend sur toutes sortes de fujets , et
l'amusement ou plutôt l'occupation du
jeu des Echets , sur lequel il n'arrive gueres ni dispute ni bruit ; ce n'est pas qu'on
y peste moins qu'à un autre jeu , mais
11. Vol. Ac'est
JAU IN. 1732. 1461
c'est toûjours entre cuir et chair.
Ces lieux sont ornez de Glaces , de Ta
bleaux , de Tables de marbre , de siéges
et de meubles convenables , éclairez par
des Lustres de cristal , échaufez par de
bons poëles dans la rigueur de l'Hyver ,
où l'on entre et d'où l'on sort sans façon
quelconque,car toute contrainte et tout céremonial en sont bannis ; personne ne fait
les honneurs de l'assemblée , personne ne
les reçoit , chacun est le maître de convention tacite,tous les rangs sont ainsi reglez,
et le tout sans qu'il en coûte une obole
quand on n'a rien à dépenser. D'ailleurs
quels secours , quelles commoditez , de
combien de sortes de rafraichissemens
de liqueurs et de choses agreables aux
frians ! sans compter la bonne compagnie
des Gens d'esprit et de Lettres de differens
états , avec lesquels il y a à profiter , et
où l'on peut lire utilement dans le grand
livre du Monde. Pour la société et l'agré
ment de la vie civile , je défie qu'on puisse
citer , en parcourant tous les Historiens
connus , rien de comparable aux Caffez ,
où le plus petit Bourgeois pour quatre fols
se fait servir du caffé proprement , diligemment , en vaisselle d'argent et même
de vermeil , et peut commander et prendre le ton de Seigneur.
Voila encore une longue disgression sur
11. Vol.
les
1462 MERCURE DE FRANCE
les Caffez , je vous prie de me la pardonner : c'étoit pour vous dire que c'est-là
proprement que les nouvelles sont exa- minées à fond, commentées , rédigées et
mises au net, chacun y met sa note et fait
sa remarque , et par le concours , la variété des circonstances et des suffrages , une
nouvelle est constatée vraie , de bon aloi ,
et admise , ou rejettée comme marchandise de rebut. Je n'ajoute plus que ce mot
pour finir.
Les nouvelles , at reste , sont profitables à plusieurs personnes,quelques-uns en
font un commerce utile pour satisfaire la
curiosité des campagnards et de gens de
province , sans compter tant de sortes de
personnes qui excitent par-là la liberalité et la reconnoissance de leurs parens , de
leurs Superieurs , de leurs Protecteurs
dont ils attendent quelque secours pres
sans ou quelque bienfait. Il y en a même
et plus d'un dans Paris qui avec des nouvelles un peu bien arrangées , ornées et
mises en valeur , en appaisent leurs créanciers , et même en contentent leurs hôtes.
Je vous demande pardon de la longueur
de cette lettre , je souhaitte que vous la
trouviez un peu amusante ; j'espere que
vous ne la laisserez pas sans réponse. Je
l'attens et suis , Monsieur , votre &c.
de Province.
Ous avez bien de l'ardeur pour les
nouvelles ,Monsieur , vous qui faisiez , il n'y a pas deux ans , des réfléxions
si sensées contre cette dangereuse passion ; je comprens par vos reproches que
mes Lettres vous touchent peu , quand il
n'y a pas unChapitre complet de nouvelles. Je vous crois dès - à - present tout le
talent et tout le zele d'un Nouvelliste du
premier ordre , et je ne doute pas que
vous n'acqueriez encore des qualitez pour
mériter une place distinguée dans cet il
lustre Corps.Je suis bien sur que vous n'ê
res pas des derniers à vous rendre tous les
II. Vol jours
JUIN. 732. 1417
jours sous la Halle du Marché, à la gran de
Place , au Cloître des C. ou à l'avenue
pour être aux aguets et saisir des passans
quelque nouvelle de la premiere main.
Vous êtes donc bien changé , et sans
doute vous n'avez pas conservé le moindre souvenir de nos entretiens sournois
aux Tuilleries , ( car c'est toujours là le
grand Bureau et comme le Chef- lieu des
Nouvellistes ) en observant ces Troupes
nombreuses de gens oisifs , tantot ambulans , tantôt sédentaires ; tantôt formant
un grand Corps à l'arrivée d'un Notable
ou d'un des principaux Membres du Bu
reau, tantôt divisés par pelotons, et l'instant d'après rassemblez , au moindre mot
pris à la volée , et tous également empresScz, pour apprendre ou pour débiter
quelque nouvelle , souvent hazardée; l'avidité des uns, l'air composé et important
des autres , cela nous divertissoit beaucoup, sans compter les raissonemens gra
ves et politiques , les conjectures puériles ou frivoles les sentimens hétéroclites
soutenus avec chaleur et à grand bruit;car
tous les hommes, mêmes les moins vains.
et les plus raisonnables , sont amoureux
de leurs opinions et jusques dans les plus
petites choses , où ils n'ont pas le moindre interêt; aveuglez par celui de l'amour
3
}
1. Vol pro-
1448 MERCURE DE FRANCE
propre qui les anime , ils tombent dans
les plus grands excès.
Mais où vais-je m'engager , peut-être
par un mouvement de ce même amour
propre dont je viens de parler , et contre
lequel je crois être fort en garde ? Nul
Mortel ne peut se vanter de n'êstre pas
dupe à cet égard ; on l'a deja dit cent et
cent fois et en cent manieres differentes :
Baste. Il est question des Nouvellistes et
des nouvelles, de ces cheres nouvelles qui
vous tiennent si fort au cœur, et je n'en
ai point à vous dire.Comment faire?Trouver quelque chose d'équivalent, cela n'est
pas possible; ma foy , puisque vous n'êtes
Bas ennemi du babil et que je suis en train
de babiller , je vais réfléchir sur ce qui a
fait dabord le sujet de cette Lettre, et vous
exposer , selon les idées qui se présentefont à mon esprit , les sentimens qu'on
peut avoir et les réfléxions qu'on peut
faire sur cette matiere.
1
Il n'y a rien de si raisonnable , ni de si
naturel en general , que de s'informer et
mêmed'avoir quelque empressement pour
être instruit des Evenemens qui arrivent
sur le grand Théatre du Monde , et qui
doivent interesser la curiosité d'un honête homme. Il est même honteux de n'être
pas au courant, pour ainsi dire , de cerIL Vol.
Ataines
JUIN. 1732. 1449
taines nouvelles Historiques , Politiques
et Litteraires. Mais voir des gens, ne s'oc
cuper uniquement que de nouvelles , négliger leurs propres affaires , en perdre ,
pour ainsi dire , le boire et le manger ,
sans être capables d'autre chose ; c'est ce
que je blâme, car il n'y a que l'excès qui
rend cette passion méprisable. Tous les
jours on est fatigué et impatienté par
ces Cazaniers, d'un esprit borné et indiffe
rent , qui ne lisant rien , et ne cherchant
point à s'instruire veulent sçavoir ou
vous apprendre ce que personne n'ignore
depuis long temps.
و
Mais exposons , si vous me le permettez , Monsieur , ce ridicule dans un plus
grand jour, pour faire sentir le faux esprit
dans lequel on s'occupe à sçavoir des nouvelles , et combien le temps qu'on y employe est non seulement tres- mal employé , mais encore nuisible par le dégré
de vanité qu'on acquiert en voulant pénétrer , deviner juste , et prédire l'avenir
avec un ton de Prophete ; sans compter le
danger qu'il y a de s'engager insensiblement dans une espece de parti , dont le
moindre inconvenient est de se faire trop
connoître , se dégrader en quelque maniere , et se laisser confondre dans une
foule , si-non méprisé, au moins bien peu
II. Vol. Ipesti-
1450 MERCURE DE FRANCE
estimé, ou devenir fameux, et enfin l'ob
jet de la dérision publique ; on en a plus
d'un exemple , de ces gens dont la figure,
la tête et le visage sont remarquables;qu'on
voit par tout, qu'on ne sçauroit définir
et que personne ne connoît, sans compter
encore les choses les plus indifferentes et
les plus innocentes en elles- mêmes , qui redites sans la moindre altération , et sans
aucun dessein malin , mais sans y faire assez d'attention , et par la seule envie de
parler , sont très- propres à faire les plus
grandes tracasseries, ou à donner bien du
ridicule , selon le temps , les lieux , les
circonstances et les personnes devant qui
on parle. Je ne dis rien du danger que
l'on court avec les étourdis , les emportez , les opiniâtres , les impolis, les impudens , ou les timides complaisans à l'excès , également dangereux , et les fades
railleurs qui vous rient au nez , et qui par
des questions ou par des réponses aussi
inconsiderées que choquantes , vous mettent dans la dure nécessité de les traiter ,
(car la patience échape)avec le ton que mérite une grossiereté dire en face. Mais
sans avoir part au démêlé, il est tres-fâcheux d'en être témoin , et plus encore
d'être cité.
Il ne fautpas réver bien profondement
II. Vol. pour
JUIN. 1732. 1451
pour voir que le premier principe de
cette passion est l'oisiveté, pour laquelle
les gens qui ont passé leur jeunesse en dis
sipation et dans des amusemens frivoles
ont beaucoup de gout. Or un homme sans
Occupation , et certainement sans genie ,
cherche à perdre du temps avec le même
empressement qu'un joueur de profession
cherche à gagner ; delà ce penchant pour
les choses qui n'occupent que superficiellement , où l'esprit n'a presque aucune
opération à faire , opérations que les autres fontpour eux,qu'ils adoptent même,
et desquelles ils font encore leur profit ,
en les allant débiter comme les leurs, avec
la modestie d'un Docteur de mauvais
aloy.
Quand ce penchant est une fois déterminé vers l'oisiveté , le frivole , le superficiel et les choses vaines , pour lesquelles
il ne faut nulle application , quand il est
augmenté par l'esprit de curiosité qui fut
toujours , comme vous sçavez, la passion
dominante de l'homme dès son enfance
et qui s'est accruë à l'infini à mesure que
les faits se sont multipliez sur la terre,et
dans sa tête ; on ne doit point s'étonner
du progrès et des désordres qu'il fait , ni
de la corruption qu'il cause. Il ne tiendroit qu'à moi de vous en faire icy une
II. Vol. I ij -lon-
1452 MERCURE DE FRANCE
longue énumération, et vous prouver par
des exemples, combien la curiosité outrée ,
a été funeste à l'un et à l'autre sexe.
Une chose bien singuliere , et qu'il ne
tiendra qu'à vous , Monsieur , de remarquer; c'est que la plupart de ces curieux
insatiables , de ces quéteurs de nouvelles,
qui les cherchent avec tant d'ardeur et de
peine , ne s'y interressent point du tout
dans le fond , et ne sont pas plus sensibles à un fait , à un Evenement éclatant
et remarquable pour l'Histoire de notre
temps , qu'à une aventure de Guinguette.C'est l'esprit d'ostentation et de vanité
qui les fait agir , croyant ainsi se rendre
recommandables, en débitant avec autant
d'amphase que de fadeur , des choses triviales qui ne sont pas ignorées au Marchéneuf.
J'ai quelquefois ri de bon cœur , je vous
l'avoue , de ces hommes importans qui
toujours sortent , ou viennent d'une Maison , qui ont dîné dans une Maison , qui
frequentent une Maison , qui ont vû et entendu dans une Maison , &c. Ces Maisons
qu'on ne désigne mistérieusement qu'à
demi , pour faire valoir la nouvelle , ne
sont pas des Maisons du commun , non ,
mais elles sont souvent telles qu'un Gripesou ne les avouëroit pas , et il arrive
II. Vol. même
JUIN. 17320 1453
même que quand ces Maisons sont telles
qu'onveut le faire entendre, le vain Narrateur,avec son ton imposant , et ses airs de
confiance et de protection , n'y est pas
plus considéré que le Gripesou.
Quand ces Messieurs font tant que de
citer,Dieu sçait s'ils choisissent des Noms
respectables et de Gens en place.Combien
ils font sonner haut le commerce étroit
et familier qu'ils ont avec les Grands ,
qu'ils ne qualifient même jamais de Monsieur, c'est le grand air. Ils ne débitent
même la nouvelle , et ne la repetent cent
et cent fois que pour la citation et pour
les circonstances qu'ils y mettent, pour se
faire citer eux-mêmes; et si le lieu de la
Scene est à la Comédie , à l'Opéra ou à
quelques autres Spectacles , où ils ont été
en passant faire montre de leur parure ,
la narration n'en est pas plus modeste.
A la vérité il faudroit peut être moins
blâmer des gens qui sans talens et sans
avoir rien d'acquis , n'étant plus en état
de s'appliquer à quelque chose d'utile ,
veulent cependant sé faire une sorte de
réputation. Que dis-je , de réputation ?
On voit tous les jours des intrus , qui en
sont tellement avides, qu'ils s'aventurent,
de parler à leur tour et même avant ,
croyant prudemment que de se mon C
02.11. Vol.
Liij trer
1494 MERCURE DE FRANCE
trer en public , pêle - mêle , avec d'hon
nêtes gens , cela ne nuit point à la leur.
Celle de Nouvelliste , quoique personne
ne l'envie , ne laisse- pas de flater les gens
d'un certain caractere ; une application
heureuse , une conjecture hazardée qui
réussit, est seule capable de les mettre en
crédit dans leur canton ; mais il arrive
aussi qu'ils s'en applaudissent à l'excès et
qu'ils deviennent presque toujours intrai-
'tables , par la maniere altiere dont ils soutiennent leurs sentimens , ausquels ils
veulent durement assujettir les autres; et
le cœur enflé et toujours plus avide de
cette petite gloire , on n'attend plus les
nouvelles ; on va audevant ,on les devine , et grands raisonnemens ensuite pour
appuyer son opinion. Opinion souvent
contestée tumultuairement, où celui dont
le ton de la voix est le plus haut , a pres
que toujours l'avantage.
Mais quand j'y fais réfléxion , presque
tous les hommes sont extrémement flatez
de s'imaginer avoir en eux la faculté de
voir plus clair que les autres dans l'ave
nir. Cela leur annonce une étenduë de lumieres et une pénétration,avec le secours
de laquelle ils croyent percer les voiles
les plus épais , pénétrer dans les secrets
du cabinet et de la politique la plus pro2011. Vol. Ju fonde
JUIN 1732: 1455
3
fonde , et même de prophétiser. Faites- y
bien attention , Monsieur , c'est peut-être
l'Idole la plus universellement chérie de
l'homme; car rien ne nous pique tant
que ce raisonnement intérieur , dicté par
F'amour propres il est réservé à ma péné- tration de découvrir une chose cachée aux
yeux de tous les autres hommes. Vous en
connoissez , Monsieur , que pareille foiblesse a quelquefois couverts d'un ridicu
le humiliant : mais ce qui est sans doute
à la honte de la nature humaine , c'est
que ce ne sont pas des hommes du commun qui se donnent de ces travers ; ce
sont ordinairement ceux qui avec l'ostentation de briller , à quelque prix que
ce soit , ont le plus de ressources dans
l'esprit , le plus de lumieres , de sagacité
et de talens pour le raisonnement méthodique , aisé , agréable et séduisant ; il
est fâcheux qu'on ne puisse pas toujours
jouir de leur commerce sans danger ; car
sur d'autres sujets , on trouve beaucoup
de justesse, de précision, des descriptions,
des définitions, des réfléxions fines et délicates , &c, soyons donc en garde , mon
cher Monsieur , contre ce subtil poison ,
souvent pernicieux dans ses effets.
Les Nouvellistes qui ont quelque teinture de Geographie , de Politique , des
interêts des Princes &c. tiennent à juste
II. Vol. Liiij titre
1434 MERCURE DEFRANCE
titre le haut bout , et brillent à peù
de frais auprès de ceux qui parlent sans
regle , sans connoissances , et qui ne se
piquent que d'aller loin sans se piquer
d'aller droit, mais ce ne sont pas toujours
ceux qui plaisent le plus dans leurs réflexions sur les raisons d'Etat , les differentes inclinations et les vues des Grands et
du Peuple , la situation et les circonstances particulieres de l'état présent des affaires du Monde , et sur les conséquences
qu'on en peut tirer , surtout quand leurs
discours ne sont ni bornez ni sagement
ménagez. Car , qu'on ait vu passer un
Courrier, qu'on ait observé certains mouvemens à la Cour , ou remarqué dans le.
visage , ou dans les manieres , l'empresse
ment, la tristesse ou la gayeté d'un Prince,
d'un Ministre , d'un Grand ; en voilà assez pour former tel ou tel évenement ,
qu'on rend plus ou moins vraisemblable
selon que l'on a l'art de l'arranger et de le
narrer , sans oublier le ton misterieux et
reservé , pour faire entendre que l'on en
sçait bien plus que l'on n'en fait connoître. Si l'évenement ne répond.pas àla pro
phetie, le faux prophete enest quitte pour
être quelques jours sans se montrer at
même auditoire.
Quelqu'uns , et ceux-cy ne sont nullementennuyeux , se plaisent à débiter des
CC 11. Vole nou
JUIN.1732 1457
1
nouvelles , non seulement sans gravité ,
mais d'un air leger , naturel , agreable ,
et à les embellir par un tour fin et plaisant ; ils les ornent de circonstances qui
les relevent à la vérité , le fait raconté ,
qui n'est souvent que le prétexte de la :
narration , n'a nul fondement , mais il
devient dans leur bouche une nouvelle
toute nouvelle , ou un petit Roman qui
fait plaisir pour peu qu'on se prête à la
fiction et aux épisodes.
La varieté des caracteres est fort- grande parmi les Nouvellistes ; nous venons
d'en voir un fort gai , en voici un tout
opposé et qui n'est pas moins vrai , Ce
sont ces esprits taciturnes , pleins de malignité , avides de poison et qui ne répandent que de la noirceur , à qui on doit
sçavoir gré quand ils n'emportent pas la
piece , et qu'ils ne sont que médisans ou
désobligeans. De tels hommes ne respirent que les évenemens tragiques , les rumeurs , les soulevemens , les révolutions ;
des Campagnes désolées , des Villes saccagées , des Incendies , des Naufrages , de
grandes defaites , des meurtres et des carnages ; et faute d'un pareil ragout , ils
s'acharnent souvent sur un infortuné qui
périt , et qui n'est peut- être pas toûjours
aussi coupable aux yeux de Dieu qu'aux
yeux des hommes.
II. Vol. ܀ . On
1458 MERCURE DE FRANCE
On les voit , ces esprits amers et par
tiaux , mettre avec une égale satisfaction dans le plus grand jour , les avantages de la cause qu'ils favorisent , et les
revers de celle à laquelle ils sont contraires. Toûjours portez à tourner les nou- velles selon les mouvemens de leur cœur; :
les croire ou les rejetter , les publier ou les
suprimer , les enfler ou les extenuer : sur
quoi on peut faire cette réflexion , qui est
que lors qu'ils ont par hazard embrassé.
le bon party , ils ne lui font pas grand
bien , et ils se font grand tort à eux- mê
mes.
Or il est aisé de juger dans quelle
impatience doivent être ceux qui esperent les bons succès qu'ils attendent
et qui fatent leur sentiment , et dans
quelles perplexitez ils sont sur les évenemens qu'ils craignent et qui relevent le
party contraire. Dans l'un et l'autre cas
( et l'un ne va gueres sans l'autre ) l'incertitude est au même degré , et les agite
aussi vivement , car la moderation etla
patience sont des vertus peu connues de
ces hommes toûjours empressez et toûjours insatiables. Leur passion est trop
animée et trop ardente pour ce qu'ils
souhaittent ou pour ce qu'ils craignent.
Ils comptent tous les instans ; leur ins
quiétude est à charge à tout le monde et
11. Vol. à
JUIN. 1732 1459
à eux-mêmes , plus ou moins , selon le
degré de leur préoccupation.
Mais reprenons des idées plus gayes,
et disons que vous prenez , Monsieur ,
un très-mauvais party de rester en Province , où les nouvelles sont toûjours assez rares , surannées , mal sûres, car on ne
les sçait gueres que d'un seul endroit ,
encore faut-il souvent les aller chercher ;
ensorte qu'un nouvelliste des moins affamez ,de ce Pays-cy mourroit d'inanition
en peu de tems dans vos cantons. Vive
Paris,morbleu, où il y a toûjours plus de
cent atteliers ouverts, où se debitent et se
fabriquent des nouvelles de toute espece.
Autems et aux heures dePromenade, il n'y
a qu'à s'y transporter , on jouit des agrémens de la saison , de la magnificence du
lieu , des agrémens , de la propreté et de
la varieté infinie du beau monde ; le tems
est - il mauvais , fait - il trop froid ,
trop chaud , les Caffez sont ouverts dès
le grand matin jusqu'à minuit ; vous y
trouvez quantité d'honnêtes gens qui
vous attendent , ou qui ne se font pas
attendre long-tems. C'est-là qu'arrivent
tous les batteurs d'estrade, et les ambulans
qui ne manquent gueres à certaines heures , sans compter les passans non habituez,que le hazard amene, et qui semblent
venir exprès de differens quartiers pour
11. Vel. instruire
1460 MERCURE DE FRANCE
instruire le. Bureau à point nommé des
affaires de leur district et de ce qu'ils
ont appris en chemin.
all
Vous sçavez l'agrément des Caffez à
Paris ; ils sont au point , que si dans une
Relation bien écrite , ont en avoit fait
une description exacte il y a 60. ans , et
bien circonstanciée dans la plus exacte
verité, et sur le pied que nous les voyons
aujourd'hui , on auroit dit , c'est un Roman fait à plaisir , une fiction imaginée
pour donner une idée du pays de Coca.
gne, ou d'une ville bâtie et policée par les
Fées. En effet , quel Souverain , quelle
Republique auroit imaginé et auroit eu
le pouvoir d'établir pour la commodité
publique , dans toutes les rues d'une florissante ville , des lieux commodes pour
se mettre à couvert des injures du tems.
infiniment secourables pour les gens sans
voitures , qui ont affaire à differens quartiers pour se reposer , se rafraichir en Eté ,
se chaufer en Hyver , et en même tems
avoir l'agrément de la conversation à son
choix car à chaque table, matiere differente , sans compter les nouveautez qu'on
apprend sur toutes sortes de fujets , et
l'amusement ou plutôt l'occupation du
jeu des Echets , sur lequel il n'arrive gueres ni dispute ni bruit ; ce n'est pas qu'on
y peste moins qu'à un autre jeu , mais
11. Vol. Ac'est
JAU IN. 1732. 1461
c'est toûjours entre cuir et chair.
Ces lieux sont ornez de Glaces , de Ta
bleaux , de Tables de marbre , de siéges
et de meubles convenables , éclairez par
des Lustres de cristal , échaufez par de
bons poëles dans la rigueur de l'Hyver ,
où l'on entre et d'où l'on sort sans façon
quelconque,car toute contrainte et tout céremonial en sont bannis ; personne ne fait
les honneurs de l'assemblée , personne ne
les reçoit , chacun est le maître de convention tacite,tous les rangs sont ainsi reglez,
et le tout sans qu'il en coûte une obole
quand on n'a rien à dépenser. D'ailleurs
quels secours , quelles commoditez , de
combien de sortes de rafraichissemens
de liqueurs et de choses agreables aux
frians ! sans compter la bonne compagnie
des Gens d'esprit et de Lettres de differens
états , avec lesquels il y a à profiter , et
où l'on peut lire utilement dans le grand
livre du Monde. Pour la société et l'agré
ment de la vie civile , je défie qu'on puisse
citer , en parcourant tous les Historiens
connus , rien de comparable aux Caffez ,
où le plus petit Bourgeois pour quatre fols
se fait servir du caffé proprement , diligemment , en vaisselle d'argent et même
de vermeil , et peut commander et prendre le ton de Seigneur.
Voila encore une longue disgression sur
11. Vol.
les
1462 MERCURE DE FRANCE
les Caffez , je vous prie de me la pardonner : c'étoit pour vous dire que c'est-là
proprement que les nouvelles sont exa- minées à fond, commentées , rédigées et
mises au net, chacun y met sa note et fait
sa remarque , et par le concours , la variété des circonstances et des suffrages , une
nouvelle est constatée vraie , de bon aloi ,
et admise , ou rejettée comme marchandise de rebut. Je n'ajoute plus que ce mot
pour finir.
Les nouvelles , at reste , sont profitables à plusieurs personnes,quelques-uns en
font un commerce utile pour satisfaire la
curiosité des campagnards et de gens de
province , sans compter tant de sortes de
personnes qui excitent par-là la liberalité et la reconnoissance de leurs parens , de
leurs Superieurs , de leurs Protecteurs
dont ils attendent quelque secours pres
sans ou quelque bienfait. Il y en a même
et plus d'un dans Paris qui avec des nouvelles un peu bien arrangées , ornées et
mises en valeur , en appaisent leurs créanciers , et même en contentent leurs hôtes.
Je vous demande pardon de la longueur
de cette lettre , je souhaitte que vous la
trouviez un peu amusante ; j'espere que
vous ne la laisserez pas sans réponse. Je
l'attens et suis , Monsieur , votre &c.
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Résumé : LETTRE écrite de Paris, à un Nouvelliste de Province.
La lettre, rédigée par un nouvelliste de province à un correspondant parisien, traite de la passion pour les nouvelles. L'auteur reconnaît l'enthousiasme de son destinataire pour les nouvelles et admire ses qualités de nouvelliste. Il évoque des observations faites aux Tuileries, où des groupes de personnes se rassemblaient pour échanger des nouvelles, souvent sans fondement. L'auteur critique ceux qui négligent leurs affaires pour se consacrer uniquement à la collecte de nouvelles, soulignant que cette passion peut devenir méprisable par excès. Il décrit les dangers de cette curiosité excessive, tels que la vanité, l'engagement dans des partis, et les risques de se ridiculiser en public. La lettre met en garde contre l'oisiveté et la superficialité, qui poussent les gens à chercher des nouvelles sans véritable intérêt. L'auteur observe que beaucoup de nouvellistes agissent par vanité, cherchant à se rendre importants en débitant des informations triviales. Il conclut en soulignant les risques de cette passion, notamment pour ceux qui possèdent des ressources intellectuelles mais les utilisent de manière pernicieuse. Le texte discute également des différents types de nouvellistes et de la manière dont ils présentent les nouvelles. Certains nouvellistes, bien que non ennuyeux, racontent des nouvelles sans gravité, les embellissant avec des détails fictifs pour les rendre agréables. D'autres, plus taciturnes et malveillants, se délectent des événements tragiques et des rumeurs, souvent exagérant la culpabilité des individus. Ces esprits amers et partisans manipulent les nouvelles selon leurs préférences, ce qui peut nuire à la cause qu'ils soutiennent. Le texte souligne également l'impatience et l'inquiétude de ceux qui attendent des nouvelles favorables ou craignent des événements défavorables. Le texte contraste la province, où les nouvelles sont rares et peu fiables, avec Paris, où les cafés sont des lieux de rencontre privilégiés pour échanger des nouvelles. Les cafés parisiens sont décrits comme des endroits confortables et conviviaux, où les gens de tous rangs peuvent se réunir pour discuter et partager des informations. Les nouvelles y sont examinées, commentées et validées par la communauté. Enfin, le texte mentionne que les nouvelles peuvent être profitables à diverses personnes, notamment celles qui en font un commerce pour satisfaire la curiosité des provinciaux ou apaiser leurs créanciers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1570-1571
AUTRE LOGOGRIPHE.
Début :
Mon tout désigne un caractere [...]
Mots clefs :
Curieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE LOGOGRIPHE.
AUTRE LOGOGRIP HE.
Montout désigne un caractere
Que blâment les honnêtes gens.
Si vous voulez dévoiler ce mistere
Tirez de l'alphabet six membres differens ,
Et de l'un deux faites un double usage ,
Vous formerez mon nom. Après cet assem
blage ,
Si vous me divisez , je cache plusieurs sens :
Je vais pour les trouver vous tracer une voye.
Trois , quatre , trois , et cinq , témoigne de la
1 joye.
Six , quatre , cinq, deux , sepr , est l'ouvrage du
tems.
Trois , cinq , six , cinq , illusion trompeuse
Qui fatte quelquefois , d'autres fois est facheuse.
Mettez trois , cinq , après un , deux ,
Je suis l'effet heureux
Que produit un art secourable.
Quatre , ci q , deux , dans plus d'une maison
J'assemble les gens à la table.
Quatre , deux , trois et cinq , on n'a plus de
raison.
Cinq, un et six , j'ai l'avantage
De
JUILLET. 1732. 1571
De porter en tous lieux du Souverain l'image.
Deux , quatre et cinq , chacun me chérit fort ,
Et franchement on n'a pas tort
Aussi malgré soi l'on me quitte ,
Et de m'avoir perdu c'est l'ordinaire suite
Que les Bergers comme les Roist
Servent de proye à six , cinq , trois.
Montout désigne un caractere
Que blâment les honnêtes gens.
Si vous voulez dévoiler ce mistere
Tirez de l'alphabet six membres differens ,
Et de l'un deux faites un double usage ,
Vous formerez mon nom. Après cet assem
blage ,
Si vous me divisez , je cache plusieurs sens :
Je vais pour les trouver vous tracer une voye.
Trois , quatre , trois , et cinq , témoigne de la
1 joye.
Six , quatre , cinq, deux , sepr , est l'ouvrage du
tems.
Trois , cinq , six , cinq , illusion trompeuse
Qui fatte quelquefois , d'autres fois est facheuse.
Mettez trois , cinq , après un , deux ,
Je suis l'effet heureux
Que produit un art secourable.
Quatre , ci q , deux , dans plus d'une maison
J'assemble les gens à la table.
Quatre , deux , trois et cinq , on n'a plus de
raison.
Cinq, un et six , j'ai l'avantage
De
JUILLET. 1732. 1571
De porter en tous lieux du Souverain l'image.
Deux , quatre et cinq , chacun me chérit fort ,
Et franchement on n'a pas tort
Aussi malgré soi l'on me quitte ,
Et de m'avoir perdu c'est l'ordinaire suite
Que les Bergers comme les Roist
Servent de proye à six , cinq , trois.
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6
p. 1768
Enigme, Logogryphes, &c. [titre d'après la table]
Début :
Oignon, est le mot de l'Enigme de Juillet. La [...]
Mots clefs :
Oignon, La Belouze, Curieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Enigme, Logogryphes, &c. [titre d'après la table]
Oignon , est le mot de l'Enigme de
Juillet. La Belouze et Curieux , sont les
mots des deux Logogryphes.
Juillet. La Belouze et Curieux , sont les
mots des deux Logogryphes.
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7
p. 671-681
DESCRIPTION des Curiositez Naturelles et autres, du Cabinet de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, dans la Ville d'Eu en Normandie.
Début :
J'avois addressé à un de mes amis à Paris, un Détail de mon Cabinet pour [...]
Mots clefs :
Cabinet, Curiosités, Pierres, Pierre, Caillou, Cailloux, Suc pétrifiant, Coquille, Coquilles, Morceaux, Morceau, Empreinte, Cristallin, Poisson, Curieux, Roche, Étoiles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DESCRIPTION des Curiositez Naturelles et autres, du Cabinet de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, dans la Ville d'Eu en Normandie.
DESCRIPTION des Curiositez
Naturelles et autres , du Cabinet de
M. Capperon , ancien Doyen de S. Maxent
, dans la Ville d'Eu en Normandie.
'Avois addressé à un de mes amis à
Paris , un Détail de mon Cabinet pour
sa satisfaction particuliere , et j'étois fort
éloigné de croire que ce Détail méritât
d'être publié. Mon ami et plusieurs personnes
éclairées sur ces sortes de choses
en ont jugé autrement , et m'ont engagé
à le laisser imprimer.J'espere du moins
que cela pourra exciter d'autres Curieux
qui possedent des raretez considerables ,
à en donner connoissance au Public par
la même voye , ce qui fera plaisir , sans
doute , à beaucoup de personnes , et en
excitera d'autres à faire de semblables Recherches
, capables de faire admirer les
Pro-
1 C iij
672 MERCURE DE FRANCE
Productions singulieres de la Nature et
l'immensité de la sagesse de son Auteur..
MINERA U X.
Un morceau de Mine d'argent , de la
grosseur d'un oeuf, où sont quantité de
filets d'argent qui sortent de la Pierre ;
deux morceaux de Mine de Cuivre ; deux
autres où le Cuivre se trouve incorporé
dans de la pierre d'Ardoise ; deux morceaux
de Mine d'Etain de Cornouaille ;
plusieurs morceaux de Mine de Fer.
Pierres précieuses on curieuses.
Deux morceaux d'Emeraude brute, dont
P'un est gros comme un oeuf de Pigeon .
Plusieurs morceaux de Turquoise brute.
Un morceau d'Ametiste brute. Pierre
d'Hyacinthe brute. Plusieurs Grenats .
Autres Grenats de Bohême . Diverses Agathes
de differentes couleurs , dont quelques-
unes sont gravées. Pierre d'Azur.
Pierre de Jade. La Pierre Selenite , qui
se couppe par filets argentez , dont les
Turcs font des Aigrettes . Des Pierres ,
dites de la Croix . Plusieurs morceaux de
la Pierre Hematite. Des Pierres Crapau
dines. Plusieurs Pierres d'Hirondelles . Des.
Pierres Judaïques. Differentes Pierres Stel
laires. Trois Pierres nommées Cornes
d'Ammon;
手画
AVRIL. 1733 .
873
Ammon , à l'une desquelles il se trouve
une Coquille fossile attachée; ce qui prouve
la verité de ce qui a été dit à l'Académie
des Sciences , que ces Pierres ne
sont formées que par le suc pétrifiant
qui s'est introduit dans le creux d'une
sorte de Coquille , où il s'est durci en
pierre, et moulé selon la figure interieure
de la Coquille. J'ai plusieurs Cailloux
qui prouvent la même chose , gardant la
figure des Coquilles dans lesquelles ils se
sont formez . Plusieurs Pierres nommées
Pyrites , toutes hérissées de pointes trèsaiguës,
en forme de pointes de Diamans.-
Deux de ces Pierres fort grosses , attachées
à de gros Cailloux , sur lesquels
elles se sont formées . Autres Pierres qu'on
peut nommer Cerebellites , parce qu'elles
ont la figure du Cerveau humain . Quatre
differentes sortes de Pierres d'Aigles ,
dont quelques- unes se nomment Geodes.
Plusieurs Pierres où paroissent diverses
figures peintes au naturel , qu'on nomme
Camayeux. La premiere représente
un Lyon entier. La 2. un Christ , dont
les lineamens du visage , du nez , des
yeux , de la bouche ; les cheveux sont
tracez par la Nature seule. La 3. un homme
avec un bonnet de couleur diferente,
ayant les mains croisées. La 4. une autre
C iiij formée
374 MERCURE DE FRANCE
formée en buste . La 5. une femme avec
sa coëffure très - bien faite. La 6. autre
figure d'homme avec un long bonnet. La
7. une tête de Loup très- naturelle . La
8. une tête de Cochon aussi très - naturelle.
La 9. une autre où la Nature seule
a peint d'un côté une Vipere , et de
l'autre côté un Brochet. La 10. une Pierre
dite de Florence , où est représentée
une Ville. La Pierre nommée Dendrite ,
où sont représentées naturellement des
herbes très -menuës. Enfin une Pierre
d'Aiman armée , dont la force est sensible
à deux pieds de distance.
Le Systême de la formation des Pierres
parfaitement démontré par les Pierres
mêmes , rangées pour cela sur une Tablette.
On voit premierement un Caillou ,
au centre duquel est la Coquille d'un
Oursin ou Hérisson de Mer totalement
devenue Caillou , par la raison que le suc
pétrifiant qui a formé le Caillou , l'ayant
enveloppée, il s'est insinué dans cette Coquille
par les deux trous qui y sont naturellement
, et l'ayant par ce moyen remplie
, il en a fait un Caillou parfait , qui
ne tenoit au Caillou qui l'enveloppoit
que par ces deux endroits , ayant par là
une même continuité ; ce qui démontre
qu'il
AVRIL. 1733. 675
qu'il y a dans la terre un suc pétrifiant
ou Cristalin , lequel étant d'abord liquide
se durcit et se congele ensuite , et
forme par ce moyen les Pierres et les Cailloux.
Une Pierre de Grez , où sont plusieurs
petits Cailloux de differentes couleurs
et séparez , laquelle Pierre s'est formée
par le suc pétrifiant , qui s'étant insinué
dans du sable où étoient ces petits
Cailloux , en a fait une seule masse de
pierre. Divers Cailloux où sont differentes
empreintes . Dans le premier est une
très- belle empreinte de six especes de
boutons , et quatre longues figures d'éguilles.
Un autre où est l'empreinte d'une
Coquille. Trois autres cù sont les empreintes
des Coquilles des Hérissons de
Mer ou Oursins . Autre où est une belle
empreinte d'une portion de Coquille singuliere.
Autre Pierre comme l'Ardoise
venant de l'Ifle d'Acadie , où est l'empreinte
d'une espece de Fougere d'un côté,
et de l'autre est l'empreinte de deux Plantes
de Capilaire. Toutes ces empreintes
justifient que les Pierres sont formées
d'un suc pétrifiant , lequel se congelant
contre certains corps , en prend la figure
et l'empreinte.
Un morceau de Cristal de Roche , gros
comme une balle de Jeu de Paume , for-
Cy mé
376 MERCURE DE FRANCE
mé en pointe et à six pans. Autre sorte
de Cristal de Roche formé par éguilles ;
ce qui n'est autre chose que le suc pétrifiant
et Cristalin congelé dans toute
sa pureté . Autre morceau de Cristal de
Roche , formé aussi à six pans , et coloré
de verd en partie ; ce qui démontre que
toutes les Pierres précieuses , sont formées
de suc cristalin très- pur , lequel se
colore diversement , suivant les Métaux
et autres corps sur lesquels il lesquels passe. Autre
Caillou , pierre à fusil , haut de trois
pouces et de pareille largeur , d'où le
suc pétrifiant , ayant abondamment exu-`
dé et comme vegeté , a formé plusieurs
branches rondes et grosses comme le petit
deigt. Autre semblable Caillou , où
ce suc a exudé en élevations rondes
comme la Gomme exude quelquefois des
Cerisiers. Plusieurs autres semblables Cailloux
, dans le creux desquels se voyent
une infinité de brillants ; ce qui vient
de ce que le suc cristalin ayant exudé
du Caillou , au centre duquel il se trouvoit
de l'eau , ce suc s'est cristalisé à facettes
, ce qui lui arrive toutes les fois
qu'il se cristalise , se formant toujours à
six pans dans sa cristalisation. Suivent
diverses congellations de ce suc , tant sur
des pierres , que sur des Coquilles . En-
,
fin
AVRIL. 1733
677
in paroissent differentes pétrifications ,
qui viennent de ce que le suc pétrifiant
s'étant rencontré dans la terre où étoient
certains corps , et les ayant penetrez comme
le sucre pénetre une Confiture seche ,
les a durcis et pétrifiez .
Pétrifications.
Un morceau de bois de Hêtre parfaitiement
pétrifié , jettant du feu comme
un autre Caillou . Autre morceau de bois
pourri pétrifié. Un Caillou qui paroît
avoir été une branche d'arbre pétrifiée.
Autre , qui paroît une Poire pétrifiée.
Une Figue parfaitement pétrifiée . Une
Huitre entiere parfaitement pétrifiée.
Quatre ou cinq autres moins parfaites.
Grand nombre d'autres Coquillages dans
tout leur entier , parfaitement pétrifiés ,
dont plusieurs sont encore attachez aux
Cailloux. Des Cupules de glands pétrifiez ,
Herbe espece de Coraline pétrifiée , dont
une est attachée au Caillou . Grand nombre
de têtes de l'herbe nommée Presle ,
et autres fragmens de la même Herbe
pétrifiée. Noyau de Prune séparé en deux
parties , pétrifié. Oeil et Dent de Serpent
pétrifiez. Plusieurs Glossopetres , qu'on
dit être des Langues de Serpents pétrifiées
; mais qui sont plutôt des Dents du
C vj Poisson
678 MERCURE DE FRANCE
Poisson nommé Requein , comme il m'est
aisé de le justifier. Trois Ossemens de
Morts , faisant partie du Tibia , pétrifiez ; -
sur l'un desquels sont attachez des fragmens
de Coquilles , également pétrifiez.
Une Plante Marine, espece d'Ortie de Mer
pétrifiée. Garnd nombre de très - petites
Etoiles qui se trouvent dans une Fontaine
proche d'Alençon et ailleurs , que je crois
être des Embrions des Etoiles de Mer
pétrifiées .
Plantes pierreuses de la Mer.
Une Plante de Corail. Deux Madre
ports de differentes façons . Autre Plante
pierreuse nommée Rétepore . Autre d'un
beau rouge , formée de differens petits
tuyaux , couchez les uns sur les autres ;
elle se nomme Tabularia. Autre plus
grosse , de couleur grise et dont les tubes
sont rangez par ordre comme les
tuyaux des Orgues , pourquoi on peut
la nommer Orgue de Mer. Autre blanche
, formée sur un petit Caillou , qui est
agréablement frisée. Autre , formée en
vrai Champignon , qu'on peut justement
nommer Champignon de Mer. Deux Ombilics
de Mer , venant de la Méditerranée.
Quantité d'une sorte de Rocaille, couleur
de gris - de-lin , qu'on peut dire être une
espece
AVRIL 1733 679
espece de Corail. Il y en a aussi de blancs.
Differentes pieces d'autres Rocailles formées
de Tubes , où se nichent certains
Vers dans la Mer.
Coquillages.
Plusieurs Coquillages qu'il seroit en
nuyeux de nommer les uns après les
autres ; il y a entr'autres un beau Burgos
de la plus belle Nacre. Un Nautile ,
travaillé , sur lequel on a laissé une espece
de filigramme et qu'on a couppe
de sorte qu'il s'y trouve un Casque parfait.
La grande et la petite Pinna , &c.
11 y a aussi quantité de Coquilles fossilles
differentes , que j'ai trouvées dans
le creux des Montagnes , qualquefois
20. et 30. toises de profondeur , dont
plusieurs sont encore attachées aux Cailloux
et aux moilons , qui ne sont pas
connues ici. J'ai fait quelques Dissertations
sur l'origine de ces Coquilles , qui
ont été inserées dans les Mercures.
Poissons
Un petit Requein entier. La mâchoire
d'un autre plus gros , avec le nombre
prodigieux de ses dents. Des Orbes à Bouclier
, en Latin Orbis Scutatus. Un Polipe
desseché. Une grande Aragnée de
Mer
680 MERCURE DE FRANCE
Mer. Une autre plus petite , sur le dos
de laquelle plusieurs Ecailles d'Huitres se
trouvent attachées et incorporées. Differentes
especes d'Etoiles belles et curieuses,
sorte de Poisson . Plusieurs grandes et petites
Coquilles de l'Oursin , nommé en
Latin Echinus Spatagus.Des Poissons nommez
Eguilles de Mer , dont le corps n'est
pas rond, mais à plusieurs pans. Il y a aussi
quelques Plantes curieuses de la Mer , et des
Plumes de Mer , qui se tirent du dos du
Poisson nommé pour cela Calamar ; parce
qu'il a en même-temps dans le corps de
l'Encre dont on peut écrire. L'Oyseau
nommé dans Jonstons Anser Magellanicus
, lequel , quoique beaucoup plus gros
qu'une Oye , a des aîles qui n'ont que 4 .
pouces de longueur ; il m'a été envoyé de
Dieppe depuis peu .
Animaux differens.
Un petit Crocodile long de trois pieds
bien conservé. Quelques Ecailles de Tortuës
, très belles. Ecaille du dos de l'Armadillo
, Animal des Indes. Deux Senembys
ou Iguana , Lézard du Bresil . Une
Salamandre . Un Crapau à queue. Une
figure d'Aspic , qui paroît naturel. Plusieurs
petits Chevaux Marins. Un petit
Canard à deux têtes , desseché. Le Sauelete
AVRIL. 1733. 681
lete d'une Grenoüille. Le Taureau volant
du Brezil , sorte de gros Insecte .
Plusieurs autres Insectes curieux. Un Papillon
dont les aîles étendües ont quatre
pouces de longueur , qui a sur le dos la
figure d'une tête de Mort , et qui étant
vivant , pousse un cri assez haut. Un Lezard
singulier qui se conserve dans de
l'esprit de vin,
Autres choses curieuses .
Une espece de Passement fait avec l'Amiante
ou Lin incombustible. Racine
singuliere , dont toutes les fibres sont séparées
et à jour. Deux Oeufs d'Autruche.
Un grand Verre ardent et un Miroir
ardent. Une Urne Sépulchrale , et
les Portraits des 12. Césars , en Email.
Plusieurs differens Microscopes avec lesquels
j'ai trouvé la méthode de voir quels
sont les Sels qui sont dans l'air ; et les
figures specifiques de tous les Sels . Plusieurs
figures de Fruits. Un Dévidoir et
une grosse tête de Pavot , dans deux Bouteilles
de verre , dont le goulot est fort
étroit , de ma façon , Un Portefeuille rempli
de belles Estampes et Desseins curieux.
Une petite Ecuelle faite d'Ecorce
d'arbre proprement travaillée à l'usage
des Sauvages.
Le reste pour le prochain Mercure.
Naturelles et autres , du Cabinet de
M. Capperon , ancien Doyen de S. Maxent
, dans la Ville d'Eu en Normandie.
'Avois addressé à un de mes amis à
Paris , un Détail de mon Cabinet pour
sa satisfaction particuliere , et j'étois fort
éloigné de croire que ce Détail méritât
d'être publié. Mon ami et plusieurs personnes
éclairées sur ces sortes de choses
en ont jugé autrement , et m'ont engagé
à le laisser imprimer.J'espere du moins
que cela pourra exciter d'autres Curieux
qui possedent des raretez considerables ,
à en donner connoissance au Public par
la même voye , ce qui fera plaisir , sans
doute , à beaucoup de personnes , et en
excitera d'autres à faire de semblables Recherches
, capables de faire admirer les
Pro-
1 C iij
672 MERCURE DE FRANCE
Productions singulieres de la Nature et
l'immensité de la sagesse de son Auteur..
MINERA U X.
Un morceau de Mine d'argent , de la
grosseur d'un oeuf, où sont quantité de
filets d'argent qui sortent de la Pierre ;
deux morceaux de Mine de Cuivre ; deux
autres où le Cuivre se trouve incorporé
dans de la pierre d'Ardoise ; deux morceaux
de Mine d'Etain de Cornouaille ;
plusieurs morceaux de Mine de Fer.
Pierres précieuses on curieuses.
Deux morceaux d'Emeraude brute, dont
P'un est gros comme un oeuf de Pigeon .
Plusieurs morceaux de Turquoise brute.
Un morceau d'Ametiste brute. Pierre
d'Hyacinthe brute. Plusieurs Grenats .
Autres Grenats de Bohême . Diverses Agathes
de differentes couleurs , dont quelques-
unes sont gravées. Pierre d'Azur.
Pierre de Jade. La Pierre Selenite , qui
se couppe par filets argentez , dont les
Turcs font des Aigrettes . Des Pierres ,
dites de la Croix . Plusieurs morceaux de
la Pierre Hematite. Des Pierres Crapau
dines. Plusieurs Pierres d'Hirondelles . Des.
Pierres Judaïques. Differentes Pierres Stel
laires. Trois Pierres nommées Cornes
d'Ammon;
手画
AVRIL. 1733 .
873
Ammon , à l'une desquelles il se trouve
une Coquille fossile attachée; ce qui prouve
la verité de ce qui a été dit à l'Académie
des Sciences , que ces Pierres ne
sont formées que par le suc pétrifiant
qui s'est introduit dans le creux d'une
sorte de Coquille , où il s'est durci en
pierre, et moulé selon la figure interieure
de la Coquille. J'ai plusieurs Cailloux
qui prouvent la même chose , gardant la
figure des Coquilles dans lesquelles ils se
sont formez . Plusieurs Pierres nommées
Pyrites , toutes hérissées de pointes trèsaiguës,
en forme de pointes de Diamans.-
Deux de ces Pierres fort grosses , attachées
à de gros Cailloux , sur lesquels
elles se sont formées . Autres Pierres qu'on
peut nommer Cerebellites , parce qu'elles
ont la figure du Cerveau humain . Quatre
differentes sortes de Pierres d'Aigles ,
dont quelques- unes se nomment Geodes.
Plusieurs Pierres où paroissent diverses
figures peintes au naturel , qu'on nomme
Camayeux. La premiere représente
un Lyon entier. La 2. un Christ , dont
les lineamens du visage , du nez , des
yeux , de la bouche ; les cheveux sont
tracez par la Nature seule. La 3. un homme
avec un bonnet de couleur diferente,
ayant les mains croisées. La 4. une autre
C iiij formée
374 MERCURE DE FRANCE
formée en buste . La 5. une femme avec
sa coëffure très - bien faite. La 6. autre
figure d'homme avec un long bonnet. La
7. une tête de Loup très- naturelle . La
8. une tête de Cochon aussi très - naturelle.
La 9. une autre où la Nature seule
a peint d'un côté une Vipere , et de
l'autre côté un Brochet. La 10. une Pierre
dite de Florence , où est représentée
une Ville. La Pierre nommée Dendrite ,
où sont représentées naturellement des
herbes très -menuës. Enfin une Pierre
d'Aiman armée , dont la force est sensible
à deux pieds de distance.
Le Systême de la formation des Pierres
parfaitement démontré par les Pierres
mêmes , rangées pour cela sur une Tablette.
On voit premierement un Caillou ,
au centre duquel est la Coquille d'un
Oursin ou Hérisson de Mer totalement
devenue Caillou , par la raison que le suc
pétrifiant qui a formé le Caillou , l'ayant
enveloppée, il s'est insinué dans cette Coquille
par les deux trous qui y sont naturellement
, et l'ayant par ce moyen remplie
, il en a fait un Caillou parfait , qui
ne tenoit au Caillou qui l'enveloppoit
que par ces deux endroits , ayant par là
une même continuité ; ce qui démontre
qu'il
AVRIL. 1733. 675
qu'il y a dans la terre un suc pétrifiant
ou Cristalin , lequel étant d'abord liquide
se durcit et se congele ensuite , et
forme par ce moyen les Pierres et les Cailloux.
Une Pierre de Grez , où sont plusieurs
petits Cailloux de differentes couleurs
et séparez , laquelle Pierre s'est formée
par le suc pétrifiant , qui s'étant insinué
dans du sable où étoient ces petits
Cailloux , en a fait une seule masse de
pierre. Divers Cailloux où sont differentes
empreintes . Dans le premier est une
très- belle empreinte de six especes de
boutons , et quatre longues figures d'éguilles.
Un autre où est l'empreinte d'une
Coquille. Trois autres cù sont les empreintes
des Coquilles des Hérissons de
Mer ou Oursins . Autre où est une belle
empreinte d'une portion de Coquille singuliere.
Autre Pierre comme l'Ardoise
venant de l'Ifle d'Acadie , où est l'empreinte
d'une espece de Fougere d'un côté,
et de l'autre est l'empreinte de deux Plantes
de Capilaire. Toutes ces empreintes
justifient que les Pierres sont formées
d'un suc pétrifiant , lequel se congelant
contre certains corps , en prend la figure
et l'empreinte.
Un morceau de Cristal de Roche , gros
comme une balle de Jeu de Paume , for-
Cy mé
376 MERCURE DE FRANCE
mé en pointe et à six pans. Autre sorte
de Cristal de Roche formé par éguilles ;
ce qui n'est autre chose que le suc pétrifiant
et Cristalin congelé dans toute
sa pureté . Autre morceau de Cristal de
Roche , formé aussi à six pans , et coloré
de verd en partie ; ce qui démontre que
toutes les Pierres précieuses , sont formées
de suc cristalin très- pur , lequel se
colore diversement , suivant les Métaux
et autres corps sur lesquels il lesquels passe. Autre
Caillou , pierre à fusil , haut de trois
pouces et de pareille largeur , d'où le
suc pétrifiant , ayant abondamment exu-`
dé et comme vegeté , a formé plusieurs
branches rondes et grosses comme le petit
deigt. Autre semblable Caillou , où
ce suc a exudé en élevations rondes
comme la Gomme exude quelquefois des
Cerisiers. Plusieurs autres semblables Cailloux
, dans le creux desquels se voyent
une infinité de brillants ; ce qui vient
de ce que le suc cristalin ayant exudé
du Caillou , au centre duquel il se trouvoit
de l'eau , ce suc s'est cristalisé à facettes
, ce qui lui arrive toutes les fois
qu'il se cristalise , se formant toujours à
six pans dans sa cristalisation. Suivent
diverses congellations de ce suc , tant sur
des pierres , que sur des Coquilles . En-
,
fin
AVRIL. 1733
677
in paroissent differentes pétrifications ,
qui viennent de ce que le suc pétrifiant
s'étant rencontré dans la terre où étoient
certains corps , et les ayant penetrez comme
le sucre pénetre une Confiture seche ,
les a durcis et pétrifiez .
Pétrifications.
Un morceau de bois de Hêtre parfaitiement
pétrifié , jettant du feu comme
un autre Caillou . Autre morceau de bois
pourri pétrifié. Un Caillou qui paroît
avoir été une branche d'arbre pétrifiée.
Autre , qui paroît une Poire pétrifiée.
Une Figue parfaitement pétrifiée . Une
Huitre entiere parfaitement pétrifiée.
Quatre ou cinq autres moins parfaites.
Grand nombre d'autres Coquillages dans
tout leur entier , parfaitement pétrifiés ,
dont plusieurs sont encore attachez aux
Cailloux. Des Cupules de glands pétrifiez ,
Herbe espece de Coraline pétrifiée , dont
une est attachée au Caillou . Grand nombre
de têtes de l'herbe nommée Presle ,
et autres fragmens de la même Herbe
pétrifiée. Noyau de Prune séparé en deux
parties , pétrifié. Oeil et Dent de Serpent
pétrifiez. Plusieurs Glossopetres , qu'on
dit être des Langues de Serpents pétrifiées
; mais qui sont plutôt des Dents du
C vj Poisson
678 MERCURE DE FRANCE
Poisson nommé Requein , comme il m'est
aisé de le justifier. Trois Ossemens de
Morts , faisant partie du Tibia , pétrifiez ; -
sur l'un desquels sont attachez des fragmens
de Coquilles , également pétrifiez.
Une Plante Marine, espece d'Ortie de Mer
pétrifiée. Garnd nombre de très - petites
Etoiles qui se trouvent dans une Fontaine
proche d'Alençon et ailleurs , que je crois
être des Embrions des Etoiles de Mer
pétrifiées .
Plantes pierreuses de la Mer.
Une Plante de Corail. Deux Madre
ports de differentes façons . Autre Plante
pierreuse nommée Rétepore . Autre d'un
beau rouge , formée de differens petits
tuyaux , couchez les uns sur les autres ;
elle se nomme Tabularia. Autre plus
grosse , de couleur grise et dont les tubes
sont rangez par ordre comme les
tuyaux des Orgues , pourquoi on peut
la nommer Orgue de Mer. Autre blanche
, formée sur un petit Caillou , qui est
agréablement frisée. Autre , formée en
vrai Champignon , qu'on peut justement
nommer Champignon de Mer. Deux Ombilics
de Mer , venant de la Méditerranée.
Quantité d'une sorte de Rocaille, couleur
de gris - de-lin , qu'on peut dire être une
espece
AVRIL 1733 679
espece de Corail. Il y en a aussi de blancs.
Differentes pieces d'autres Rocailles formées
de Tubes , où se nichent certains
Vers dans la Mer.
Coquillages.
Plusieurs Coquillages qu'il seroit en
nuyeux de nommer les uns après les
autres ; il y a entr'autres un beau Burgos
de la plus belle Nacre. Un Nautile ,
travaillé , sur lequel on a laissé une espece
de filigramme et qu'on a couppe
de sorte qu'il s'y trouve un Casque parfait.
La grande et la petite Pinna , &c.
11 y a aussi quantité de Coquilles fossilles
differentes , que j'ai trouvées dans
le creux des Montagnes , qualquefois
20. et 30. toises de profondeur , dont
plusieurs sont encore attachées aux Cailloux
et aux moilons , qui ne sont pas
connues ici. J'ai fait quelques Dissertations
sur l'origine de ces Coquilles , qui
ont été inserées dans les Mercures.
Poissons
Un petit Requein entier. La mâchoire
d'un autre plus gros , avec le nombre
prodigieux de ses dents. Des Orbes à Bouclier
, en Latin Orbis Scutatus. Un Polipe
desseché. Une grande Aragnée de
Mer
680 MERCURE DE FRANCE
Mer. Une autre plus petite , sur le dos
de laquelle plusieurs Ecailles d'Huitres se
trouvent attachées et incorporées. Differentes
especes d'Etoiles belles et curieuses,
sorte de Poisson . Plusieurs grandes et petites
Coquilles de l'Oursin , nommé en
Latin Echinus Spatagus.Des Poissons nommez
Eguilles de Mer , dont le corps n'est
pas rond, mais à plusieurs pans. Il y a aussi
quelques Plantes curieuses de la Mer , et des
Plumes de Mer , qui se tirent du dos du
Poisson nommé pour cela Calamar ; parce
qu'il a en même-temps dans le corps de
l'Encre dont on peut écrire. L'Oyseau
nommé dans Jonstons Anser Magellanicus
, lequel , quoique beaucoup plus gros
qu'une Oye , a des aîles qui n'ont que 4 .
pouces de longueur ; il m'a été envoyé de
Dieppe depuis peu .
Animaux differens.
Un petit Crocodile long de trois pieds
bien conservé. Quelques Ecailles de Tortuës
, très belles. Ecaille du dos de l'Armadillo
, Animal des Indes. Deux Senembys
ou Iguana , Lézard du Bresil . Une
Salamandre . Un Crapau à queue. Une
figure d'Aspic , qui paroît naturel. Plusieurs
petits Chevaux Marins. Un petit
Canard à deux têtes , desseché. Le Sauelete
AVRIL. 1733. 681
lete d'une Grenoüille. Le Taureau volant
du Brezil , sorte de gros Insecte .
Plusieurs autres Insectes curieux. Un Papillon
dont les aîles étendües ont quatre
pouces de longueur , qui a sur le dos la
figure d'une tête de Mort , et qui étant
vivant , pousse un cri assez haut. Un Lezard
singulier qui se conserve dans de
l'esprit de vin,
Autres choses curieuses .
Une espece de Passement fait avec l'Amiante
ou Lin incombustible. Racine
singuliere , dont toutes les fibres sont séparées
et à jour. Deux Oeufs d'Autruche.
Un grand Verre ardent et un Miroir
ardent. Une Urne Sépulchrale , et
les Portraits des 12. Césars , en Email.
Plusieurs differens Microscopes avec lesquels
j'ai trouvé la méthode de voir quels
sont les Sels qui sont dans l'air ; et les
figures specifiques de tous les Sels . Plusieurs
figures de Fruits. Un Dévidoir et
une grosse tête de Pavot , dans deux Bouteilles
de verre , dont le goulot est fort
étroit , de ma façon , Un Portefeuille rempli
de belles Estampes et Desseins curieux.
Une petite Ecuelle faite d'Ecorce
d'arbre proprement travaillée à l'usage
des Sauvages.
Le reste pour le prochain Mercure.
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Résumé : DESCRIPTION des Curiositez Naturelles et autres, du Cabinet de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, dans la Ville d'Eu en Normandie.
Le texte présente le cabinet de curiosités de M. Capperon, ancien doyen de Saint-Maxent, situé à Eu en Normandie. Initialement destiné à un ami parisien, la description du cabinet a été publiée à la demande de personnes éclairées, dans l'espoir d'inciter d'autres collectionneurs à partager leurs découvertes. Le cabinet de M. Capperon renferme une variété de minéraux, pierres précieuses et objets naturalistes. Parmi les minéraux, on trouve des échantillons de mines d'argent, de cuivre, d'étain et de fer. Les pierres précieuses incluent des émeraudes, turquoises, améthystes, grenats, agates, ainsi que des pierres comme la pierre d'hyacinthe, la pierre d'azur, la pierre de jade et la pierre sélénite. Des pierres spécifiques telles que les cornes d'Ammon, les pyrites, les cérébellites et les géodes sont également présentes. Le texte décrit des pierres avec des figures naturelles, représentant des animaux et des personnages, et explique leur formation par un suc pétrifiant qui se durcit et se congèle. Des cristaux de roche, des pierres à fusil et des pétrifications de bois et de coquillages sont également mentionnés. Le cabinet comprend aussi une collection de coquillages, de poissons et d'animaux divers, comme un petit crocodile, des écailles de tortue, des lézards et des insectes curieux. Parmi les autres curiosités, on trouve des œufs d'autruche, des microscopes, des estampes et des objets artisanaux. La description se termine par une mention de la suite des curiosités à paraître dans le prochain Mercure de France.
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8
p. 1406-1407
« Le 22. Juin, l'Académie de Chirurgie, établie sous la protection du Roy, tint sa Séance publique [...] »
Début :
Le 22. Juin, l'Académie de Chirurgie, établie sous la protection du Roy, tint sa Séance publique [...]
Mots clefs :
Curieux, Maîtres, Académie de chirurgie, Gersaint, Mortain, Cabinet, Dugeron, Curiosités, Chirurgien
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texteReconnaissance textuelle : « Le 22. Juin, l'Académie de Chirurgie, établie sous la protection du Roy, tint sa Séance publique [...] »
Le 22. Juin , l'Académie de Chirurgie , établie
sous la protection du Roy , tint sa Séance pu
blique dans la grande Sale des Maîtres Chirur
giens de Paris , nous en rendrons compte le
mois prochain.
Les sieurs Gersaint et de Mortain , Marchands
PontNotre- Dame, donnent avis aux Curieux , qu'ils
ont rapporté d'un voyage qu'ils viennent de faire
en Hollande , quantité de Tabeaux et Desseins des
meilleurs Maîtres , avec un grand nombre d'Estampes
rares et des plus belles Epreuves. Ils ont
trouvé entre autres choses , chez un fameux Curieux
d'Amsterdam , un Cabinet de Coquilles des
mieux conservées , excellemment belles et des
plus singulieres , avec plusieurs autres curiositez
naturelles qui en font l'assortiment , qu'ils ven
II. Vol. droat
JUIN. 1734: 1407
dront en entier et sans division . C'est une des
Collections des plus parfaites en ce genre qu'il y
ait en France ; ils avertissent aussi qu'outre ce
Cabinet , ils en ont une grande quantité de doubles,
qu'ils pourront vendre séparement, et dont
la condition et la beauté sont égales.
La vente de toutes ces Curiositez se fera
dans leurs Maisons , Pont Notre Dame , et
ils auront soin d'avertir les Curieux par une
Affiche , du jour qu'ils seront en état de l'ouvrir
Le sieur Dugeron , ancien Chirurgien d'Armée
, continue de distribuer avec succès un:
Opiate qui préserve les Dents de se gâter et de
tomber ; ses Boëtes se vendent z . livres , 3. liv .
et 4. livres. Il demeure à Paris , rue du Four ,
près S. Eustache , avec Tableau.
sous la protection du Roy , tint sa Séance pu
blique dans la grande Sale des Maîtres Chirur
giens de Paris , nous en rendrons compte le
mois prochain.
Les sieurs Gersaint et de Mortain , Marchands
PontNotre- Dame, donnent avis aux Curieux , qu'ils
ont rapporté d'un voyage qu'ils viennent de faire
en Hollande , quantité de Tabeaux et Desseins des
meilleurs Maîtres , avec un grand nombre d'Estampes
rares et des plus belles Epreuves. Ils ont
trouvé entre autres choses , chez un fameux Curieux
d'Amsterdam , un Cabinet de Coquilles des
mieux conservées , excellemment belles et des
plus singulieres , avec plusieurs autres curiositez
naturelles qui en font l'assortiment , qu'ils ven
II. Vol. droat
JUIN. 1734: 1407
dront en entier et sans division . C'est une des
Collections des plus parfaites en ce genre qu'il y
ait en France ; ils avertissent aussi qu'outre ce
Cabinet , ils en ont une grande quantité de doubles,
qu'ils pourront vendre séparement, et dont
la condition et la beauté sont égales.
La vente de toutes ces Curiositez se fera
dans leurs Maisons , Pont Notre Dame , et
ils auront soin d'avertir les Curieux par une
Affiche , du jour qu'ils seront en état de l'ouvrir
Le sieur Dugeron , ancien Chirurgien d'Armée
, continue de distribuer avec succès un:
Opiate qui préserve les Dents de se gâter et de
tomber ; ses Boëtes se vendent z . livres , 3. liv .
et 4. livres. Il demeure à Paris , rue du Four ,
près S. Eustache , avec Tableau.
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Résumé : « Le 22. Juin, l'Académie de Chirurgie, établie sous la protection du Roy, tint sa Séance publique [...] »
Le 22 juin, l'Académie de Chirurgie a organisé une séance publique à Paris, dont le compte rendu sera publié le mois suivant. Les marchands Gersaint et de Mortain ont importé de Hollande divers tableaux, dessins, estampes rares et épreuves exceptionnelles. À Amsterdam, ils ont acquis un cabinet de coquilles remarquablement conservées et d'autres curiosités naturelles, formant l'une des collections les plus parfaites en France. Cette collection sera vendue en entier sans division, tandis que les doubles pourront être vendus séparément. La vente se tiendra dans leurs maisons au Pont Notre-Dame, avec une affiche indiquant la date d'ouverture. Par ailleurs, le sieur Dugeron, ancien chirurgien d'armée, distribue un opiate pour préserver les dents, vendu entre 2 et 4 livres. Il réside à Paris, rue du Four, près de l'église Saint-Eustache, où un tableau est exposé.
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