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51
p. 195-198
DU NORD
Début :
Le Roi de Grande-Bretagne ayant demandé que l'Impératrice employât ses bons [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Grande-Bretagne, Comtes, Marquis, Impératrice Reine, Mémoire, Varsovie, Lettre à l'Empereur, Roi de Prusse, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
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Résumé : DU NORD
Le 20 décembre, depuis Pétersbourg, il a été rapporté que le roi de Grande-Bretagne avait demandé à l'impératrice de Russie d'intervenir en tant que médiatrice entre les cours de Vienne, Dresde et Berlin. L'impératrice a refusé cette demande. Le comte Bestuchef, Grand Chancelier, a remis un mémoire au chevalier Hambury-Williams, ambassadeur d'Angleterre, expliquant les motifs du refus. L'impératrice a souligné qu'elle n'avait pas anticipé une telle demande et qu'elle ne changerait pas d'avis. Elle a également mentionné que les menaces de la Prusse, notamment celle d'attaquer ses troupes, ne faisaient que renforcer sa décision. Malgré la guerre, l'impératrice a autorisé l'envoi de soixante mille muids de blé et dix mille tonneaux de farine en Suède, où une disette régnait. Le même jour, depuis Varsovie, une lettre du roi à l'empereur a été diffusée. Le roi exprime sa gratitude pour les décrets envoyés à la Diète générale de l'Empire concernant l'invasion de la Prusse dans ses États héréditaires. Il décrit les hostilités croissantes et les difficultés de son armée, bloquée à Pirna, qui a dû se rendre en raison de la disette. Le roi demande à l'empereur d'intervenir pour stopper les violences et restaurer les constitutions et lois sacrées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 185-186
PAYS-BAS.
Début :
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder le présent [...]
Mots clefs :
La Haye, Comte d'Affry, Mémoire, Armée, Camps militaires, Roi, États électoraux, Protection, Rhin, Düsseldorf
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texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 4 Mars.
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder
le préfent qu'ils ont reçu du Bey de Tripoli
. Le 28 du mois dernier , le Comte d'Affry ,
Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté Très-
Chrétienne , remit aux Etats Généraux le Mémoire
fuivant : « Hauts & Puiffans Seigneurs ,.
» le Roi mon Maître , indépendamment des en-
» gagemens défenfifs qu'il a contractés avec l'Im-
» pératrice Reine de Hongrie & de Boheme , par
» le traité de Verſailles du premier Mai de l'année
>> derniere , doit en qualité de Garant de la paix
» de Weftphalie , des Conftitutions & des Liber-
» tés Germaniques , fecourir les Princes , qui
» étant injuſtement opprimés , ou ménacés d'une
» oppreffion prochaine , réclament la preftation
» de cette garantie. En conféquence de la réqui-
» fition de plufieurs Etats de l'Empire , Sa Ma-
» jeftéfe propofe d'affembler fur le Bas - Rhin une
» armée qui fera plus ou moins confidérable , & .
>> divifée en un où plufieurs Corps , felon que la
>> fituation & les intérêts de fes Alliés pourront
D
l'exiger. Le Roi ayant pour objet la fûreté &
» la tranquillité de fes Amis & de ſes Voifins , ne
» defire rien plus fincérement que de contribuer
» à rétablir le plutôt qu'il fera poffible le repos
» public fur des fondemens équitables & folides.
» Les troupes de Sa Majefté ſe mettront en mar-
>> che du 14 au 30 du mois prochain , pour cam-
» per entre le Rhin & la Meufe , à la hauteur de
» Duffeldorp . Elles auront attention à ne donner
>> aucun fujet de plainte à quelque Puiffance que
186 MERCURE DE FRANCE.
•
» ce foit , & furtout aux Etats Géneraux . Le Roi
>> comptant fur la fidélité inviolable de Leurs
» Hautes Puiffances à la neutralité qu'Elles ont
>> promis d'obferver , continuera de fon côté à
>> leur donner , dans toutes les occafions , les
» preuves les moins équivoques du véritable inté-
» rêt qu'il prend à leur profpé rité . Les troupes du
>> Roi , bien loin d'entreprendre rien qui puiffe
» être un fujet d'inquiétude pour Leurs Hautes
» Puiffances , feront employées à leur défenſe , ſi
>> en haine de leur neutralité , on attentoit à leur
>> repos , à leur liberté ou à leur commerce. Le
>> Roi mon Maître confiera volontiers aux Etats
» Généraux les réfolutions ultérieures , que les
» conjonctures pourront exiger de fa prévoyance
» & de fes engagemens. Sa Majefté attend de l'é-
>> quité & de l'amitié de Leurs Hautes Puiffances,
» qu'Elles feront en garde contre les fauffes nou-
» velles , par lefquelles on tâchera de leur faire
» illufion , & qu'elles s'en rapporteront avec une
>> confiance entiere aux affurances qu'Elle leur
» donne des fentimens auffi finceres que conftańs
» & évidens de fon eftime & de fon affection pour
leur République. »
Le Roi de la Grande -Bretagne & le Roi de
Pruffe ont auffi informé Leurs Hautes Puiffances ,
qu'ils feront dans la néceffité d'affembler une
armée d'obfervation dans les Provinces de leur
domination , voifines des Etats de la République ,
afin de mettre leurs Etats Electoraux à l'abri des
entrepriſes dont ils font ménacés.
DE LA HAYE , le 4 Mars.
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder
le préfent qu'ils ont reçu du Bey de Tripoli
. Le 28 du mois dernier , le Comte d'Affry ,
Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté Très-
Chrétienne , remit aux Etats Généraux le Mémoire
fuivant : « Hauts & Puiffans Seigneurs ,.
» le Roi mon Maître , indépendamment des en-
» gagemens défenfifs qu'il a contractés avec l'Im-
» pératrice Reine de Hongrie & de Boheme , par
» le traité de Verſailles du premier Mai de l'année
>> derniere , doit en qualité de Garant de la paix
» de Weftphalie , des Conftitutions & des Liber-
» tés Germaniques , fecourir les Princes , qui
» étant injuſtement opprimés , ou ménacés d'une
» oppreffion prochaine , réclament la preftation
» de cette garantie. En conféquence de la réqui-
» fition de plufieurs Etats de l'Empire , Sa Ma-
» jeftéfe propofe d'affembler fur le Bas - Rhin une
» armée qui fera plus ou moins confidérable , & .
>> divifée en un où plufieurs Corps , felon que la
>> fituation & les intérêts de fes Alliés pourront
D
l'exiger. Le Roi ayant pour objet la fûreté &
» la tranquillité de fes Amis & de ſes Voifins , ne
» defire rien plus fincérement que de contribuer
» à rétablir le plutôt qu'il fera poffible le repos
» public fur des fondemens équitables & folides.
» Les troupes de Sa Majefté ſe mettront en mar-
>> che du 14 au 30 du mois prochain , pour cam-
» per entre le Rhin & la Meufe , à la hauteur de
» Duffeldorp . Elles auront attention à ne donner
>> aucun fujet de plainte à quelque Puiffance que
186 MERCURE DE FRANCE.
•
» ce foit , & furtout aux Etats Géneraux . Le Roi
>> comptant fur la fidélité inviolable de Leurs
» Hautes Puiffances à la neutralité qu'Elles ont
>> promis d'obferver , continuera de fon côté à
>> leur donner , dans toutes les occafions , les
» preuves les moins équivoques du véritable inté-
» rêt qu'il prend à leur profpé rité . Les troupes du
>> Roi , bien loin d'entreprendre rien qui puiffe
» être un fujet d'inquiétude pour Leurs Hautes
» Puiffances , feront employées à leur défenſe , ſi
>> en haine de leur neutralité , on attentoit à leur
>> repos , à leur liberté ou à leur commerce. Le
>> Roi mon Maître confiera volontiers aux Etats
» Généraux les réfolutions ultérieures , que les
» conjonctures pourront exiger de fa prévoyance
» & de fes engagemens. Sa Majefté attend de l'é-
>> quité & de l'amitié de Leurs Hautes Puiffances,
» qu'Elles feront en garde contre les fauffes nou-
» velles , par lefquelles on tâchera de leur faire
» illufion , & qu'elles s'en rapporteront avec une
>> confiance entiere aux affurances qu'Elle leur
» donne des fentimens auffi finceres que conftańs
» & évidens de fon eftime & de fon affection pour
leur République. »
Le Roi de la Grande -Bretagne & le Roi de
Pruffe ont auffi informé Leurs Hautes Puiffances ,
qu'ils feront dans la néceffité d'affembler une
armée d'obfervation dans les Provinces de leur
domination , voifines des Etats de la République ,
afin de mettre leurs Etats Electoraux à l'abri des
entrepriſes dont ils font ménacés.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 4 mars, les États Généraux des Pays-Bas ont transmis au Prince Stadhouder un message du Bey de Tripoli. Le 28 février, le Comte d'Affry, ministre plénipotentiaire du roi de France, a remis aux États Généraux un mémoire. Ce document stipule que le roi de France, en tant que garant de la paix de Westphalie et des libertés germaniques, doit secourir les princes injustement opprimés ou menacés. En réponse à des requêtes de plusieurs États de l'Empire, le roi propose de rassembler une armée sur le Bas-Rhin, dont la taille et la division dépendront des besoins des alliés. Cette armée, visant à rétablir la paix, se mettra en marche entre le 14 et le 30 du mois suivant pour camper entre le Rhin et la Meuse, près de Duffeldorp. Le roi assure qu'il respectera la neutralité des États Généraux et que ses troupes seront employées à leur défense si nécessaire. Les rois de Grande-Bretagne et de Prusse ont également informé les États Généraux de leur intention de rassembler des armées d'observation dans leurs provinces voisines des États de la République pour protéger leurs États électoraux contre les menaces.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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53
p. 179-184
DU NORD
Début :
Le 15 de ce mois, le Chevalier Douglas, Ministre du Roi de France, [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Prières pour le Roi de France, Copenhague, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Varsovie, Réponse au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin, Roi de Prusse, Cour de Berlin, Mémoire, Roi
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
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Résumé : DU NORD
Le 15 février, le Chevalier Douglas, ministre du Roi de France, a organisé un Te Deum dans l'église des Missionnaires Catholiques Romains à Saint-Pétersbourg pour célébrer la récupération de la santé du Roi de France. La musique de l'Impératrice a interprété un motet, et presque tous les ministres étrangers et les seigneurs y ont assisté. Le même jour, Douglas a donné une fête somptueuse dans l'hôtel loué pour le Marquis de l'Hôpital, nouvel ambassadeur de France. La cour russe a partagé la joie des Français établis en ville, et plusieurs seigneurs russes ont exprimé leurs sentiments par des repas somptueux et des bals magnifiques. À Copenhague, le gouvernement a établi des lits pour les enfants pauvres dans la maison de Bonftræd afin qu'ils puissent être inoculés contre la petite vérole. Une tempête a jeté sur la côte de Westerhever un poisson inconnu de six pieds de longueur. À Varsovie, un écrit intitulé 'Les preuves évidentes' compare la conduite du Roi de Pologne à celle du Roi de Prusse concernant l'enlèvement de documents du Cabinet de Dresde. Le texte critique la Prusse pour avoir justifié son invasion en Saxe par des soupçons non fondés et des copies de documents. Il souligne l'injustice de déclarer la guerre sans preuve solide et sans tentative de réconciliation. Le Roi de Prusse a reconnu la nécessité de clarifier ses soupçons avant d'agir. Le mémoire est suivi de quarante-quatre pièces justificatives, dont une lettre du Roi de Pologne au Roi de Prusse datée du 12 septembre. Cette lettre propose des garanties pour assurer la libre navigation de l'Elbe et la sécurité des troupes pendant la guerre. Le Roi de Pologne offre également de retirer ses troupes des territoires prussiens en échange de la restitution de ses États et de la sécurité de ses armées.
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54
p. 208-210
ADDITION A LA PARTIE FUGITIVE. Vers du R. de P. à M. de V.
Début :
Croyez que si j'étois Voltaire, [...]
Mots clefs :
Voltaire, Ennui, Devoirs, Mémoire, Mort, Hommage
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texteReconnaissance textuelle : ADDITION A LA PARTIE FUGITIVE. Vers du R. de P. à M. de V.
ADDITION
A LA PARTIE FUGITIVE
Vers du R. de P. à M. de V.
CROYEZ que fi j'étois Voltaire ,
Et particulier comme lui ,
Me contentant du néceffaire ,
Je verrois voltiger la fortune légére ,
Et m'en mocquerois aujourd'hui,
Je connois l'ennui des grandeurs ,
Le fardeau des devoirs , le jargon des flatteurs ,
Ces miféres de toute efpece
Et ces détails de petiteffe ,
Dont on eft accablé dans le fein des honneurs s
Je méprife la vaine gloire;
MAR S. 1758: 209
Quoique Poëte & fouverain ,
Quand du cifeau fatal terminant mon deftin ,
Atropos m'aura vu plongé dans la nuit noire ,
Qu'importe l'honneur incertain
De vivre après ma mort au temple de mémoire !
Un inftant de bonheur vaut mille ans dans l'hif- .
toire .
Nos deftins font- ils donc fi beaux ?
Les doux plaifirs de la molleffe ,
La vive & naïve allegreffe
Ont toujours fui des Grands la pompe & les faifceaux
:
Nés pour la liberté leur troupe enchantereffe ,
Préfere l'aimable pareffe
Aux aufteres devoirs guides de nos travaux.
Ainfi la fortune volage
N'a jamais caufé mes ennuis ;
Soit qu'elle me flatte ou m'outrage ,
Je dormirai toutes les nuits
En lui refufant mon hommage .
Mais notre état nous fait la loi ,
Il nous oblige , il nous engage
A meſurer notre courage
Sur ce qu'exige notre emploi.
Voltaire dans fon hermitage
Dans un pays dont l'héritage ,
Eft fon antique bonne foi ,
Peut fe livrer en paix à la vertu fauvage ,
Dont Platon nous marqua la foi :
210 MERCURE DE FRANCE:
Pour moi , menacé du naufrage ,
Je dois , en affrontant l'orage ,
Penfer , vivre & mourir en Roi,
A LA PARTIE FUGITIVE
Vers du R. de P. à M. de V.
CROYEZ que fi j'étois Voltaire ,
Et particulier comme lui ,
Me contentant du néceffaire ,
Je verrois voltiger la fortune légére ,
Et m'en mocquerois aujourd'hui,
Je connois l'ennui des grandeurs ,
Le fardeau des devoirs , le jargon des flatteurs ,
Ces miféres de toute efpece
Et ces détails de petiteffe ,
Dont on eft accablé dans le fein des honneurs s
Je méprife la vaine gloire;
MAR S. 1758: 209
Quoique Poëte & fouverain ,
Quand du cifeau fatal terminant mon deftin ,
Atropos m'aura vu plongé dans la nuit noire ,
Qu'importe l'honneur incertain
De vivre après ma mort au temple de mémoire !
Un inftant de bonheur vaut mille ans dans l'hif- .
toire .
Nos deftins font- ils donc fi beaux ?
Les doux plaifirs de la molleffe ,
La vive & naïve allegreffe
Ont toujours fui des Grands la pompe & les faifceaux
:
Nés pour la liberté leur troupe enchantereffe ,
Préfere l'aimable pareffe
Aux aufteres devoirs guides de nos travaux.
Ainfi la fortune volage
N'a jamais caufé mes ennuis ;
Soit qu'elle me flatte ou m'outrage ,
Je dormirai toutes les nuits
En lui refufant mon hommage .
Mais notre état nous fait la loi ,
Il nous oblige , il nous engage
A meſurer notre courage
Sur ce qu'exige notre emploi.
Voltaire dans fon hermitage
Dans un pays dont l'héritage ,
Eft fon antique bonne foi ,
Peut fe livrer en paix à la vertu fauvage ,
Dont Platon nous marqua la foi :
210 MERCURE DE FRANCE:
Pour moi , menacé du naufrage ,
Je dois , en affrontant l'orage ,
Penfer , vivre & mourir en Roi,
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Résumé : ADDITION A LA PARTIE FUGITIVE. Vers du R. de P. à M. de V.
Le poème de R. de P. à M. de V., daté de mars 1758, exprime le mépris de l'auteur pour les grandeurs et les honneurs, qu'il considère comme des sources d'ennui et de fardeaux. Il privilégie la simplicité et les plaisirs modestes à la 'vaine gloire'. L'auteur, bien qu'il soit poète et souverain, rejette l'honneur posthume, préférant un instant de bonheur à une longue mémoire historique. Il observe que les grands, nés pour la liberté, préfèrent la paix aux devoirs austères. La fortune, qu'elle soit favorable ou défavorable, ne le trouble pas, et il refuse de lui rendre hommage. Cependant, il reconnaît que sa position l'oblige à mesurer son courage selon les exigences de sa fonction. Contrairement à Voltaire, qui peut se consacrer à la vertu sauvage dans son ermitage, l'auteur doit affronter les tempêtes et persévérer, vivre et mourir en roi.
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55
p. 203-204
De Ratisbonne, le 30 Novembre.
Début :
Le Baron de Ponickau, Ministre du Roi de Pologne, Electeur de Saxe, [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Électeur de Saxe, Mémoire, Traitements inhumains, Diète, Vengeance
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texteReconnaissance textuelle : De Ratisbonne, le 30 Novembre.
De Ratisbonne , le 30 Novembre.
Le Baron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe , préfenta le 24. de ce
mois , à la Diéte de l'Empire , un mémoire contenant
l'expofé fidéle des excès commis par le
Comte de Schmettau dans les Fauxbourgs de
Drefde. La lecture de ce mémoire remplit d'horreur
tous les Membres de la Diéte , en leur apprenant
le traitement inhumain fait aux Habitans
de ces Fauxbourgs qui , au moment qu'ils
fe croyoient plus en fureté , par les promeffes
réitérées du Comte Schmettau , virent le Feu
embrafer leurs maiſons , l'Artillerie & la Moufqueterie
de la Place employées à leur ôter la
liberté de fuir , & qui ne fe fauverent au milieu
des flammes , qu'après avoir perdu tous leurs
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
effets , & après avoir effuyé toutes fortesde cruautés
de la part de la Soldatefque.
›
On préfume que la Diéte prendra des mefures
, pour tirer vengeance des excès commis
par le Commandant de Drefde qui offenfent
toutes les Loix Divines & Humaines. Plus
de 350 maifons ont été réduites en cendres
dans cet incendie. On eftime les dommages qu'il
a caufés par le feul embrafement des magafins
& des marchandiſes , monter à quatre millions
de Rixdales.
Le Baron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe , préfenta le 24. de ce
mois , à la Diéte de l'Empire , un mémoire contenant
l'expofé fidéle des excès commis par le
Comte de Schmettau dans les Fauxbourgs de
Drefde. La lecture de ce mémoire remplit d'horreur
tous les Membres de la Diéte , en leur apprenant
le traitement inhumain fait aux Habitans
de ces Fauxbourgs qui , au moment qu'ils
fe croyoient plus en fureté , par les promeffes
réitérées du Comte Schmettau , virent le Feu
embrafer leurs maiſons , l'Artillerie & la Moufqueterie
de la Place employées à leur ôter la
liberté de fuir , & qui ne fe fauverent au milieu
des flammes , qu'après avoir perdu tous leurs
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
effets , & après avoir effuyé toutes fortesde cruautés
de la part de la Soldatefque.
›
On préfume que la Diéte prendra des mefures
, pour tirer vengeance des excès commis
par le Commandant de Drefde qui offenfent
toutes les Loix Divines & Humaines. Plus
de 350 maifons ont été réduites en cendres
dans cet incendie. On eftime les dommages qu'il
a caufés par le feul embrafement des magafins
& des marchandiſes , monter à quatre millions
de Rixdales.
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Résumé : De Ratisbonne, le 30 Novembre.
Le Baron de Ponickau, ministre du Roi de Pologne et Électeur de Saxe, a présenté le 24 novembre à la Diète de l'Empire un mémoire dénonçant les excès du Comte de Schmettau à Dresde. Ce document a révélé les traitements inhumains infligés aux habitants, qui avaient été assurés de leur sécurité par le Comte. Leurs maisons ont été incendiées, et l'artillerie ainsi que la mousqueterie ont empêché leur fuite. Les habitants ont subi diverses cruautés avant de pouvoir échapper aux flammes, perdant tous leurs biens. La Diète envisage des mesures pour punir ces violations des lois divines et humaines. L'incendie a détruit plus de 350 maisons, et les dommages causés par la destruction des magasins et des marchandises sont estimés à quatre millions de Rixdales.
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56
p. 205-206
De la Haye, le 24 Novembre.
Début :
Les Députés du Corps des Négociants d'Amsterdam & des autres Villes [...]
Mots clefs :
Députés, Hollande, Mémoire, Princesse, Pirateries, Commerce, Fabriques, Anglais, Amsterdam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De la Haye, le 24 Novembre.
De la Haye , le 24 Novembre.
Les Députés du Corps des Négociants d'Amſterdam
& des autres Villes de Hollande , ont
préſenté à la Princeſſe Gouvernante un nouveau
Mémoire dans lequel , après lui avoir rappellé
les plaintes qui lui ont déja été adreflé au fujet
des pirateries des Anglois , & les promeſſes qu'elle
leur a faites d'y remédier ; ils lui expofent que
le mal a toujours été depuis en augmentant ,
& que l'interruption de leur Commerce eft fur
le point d'entraîner la ruine des plus riches Né206
MERCURE DE FRANCE.
gociants , & l'inaction totale de leurs meilleures
fabriques.
Du 30.
Les Députés de la Compagnie des Commerçans
d'Amfterdam , ont reçu une réponſe favorable
en apparence au Mémoire qu'ils avoient
préſenté , au fujet des Pirateries des Anglois .
Les Députés du Corps des Négociants d'Amſterdam
& des autres Villes de Hollande , ont
préſenté à la Princeſſe Gouvernante un nouveau
Mémoire dans lequel , après lui avoir rappellé
les plaintes qui lui ont déja été adreflé au fujet
des pirateries des Anglois , & les promeſſes qu'elle
leur a faites d'y remédier ; ils lui expofent que
le mal a toujours été depuis en augmentant ,
& que l'interruption de leur Commerce eft fur
le point d'entraîner la ruine des plus riches Né206
MERCURE DE FRANCE.
gociants , & l'inaction totale de leurs meilleures
fabriques.
Du 30.
Les Députés de la Compagnie des Commerçans
d'Amfterdam , ont reçu une réponſe favorable
en apparence au Mémoire qu'ils avoient
préſenté , au fujet des Pirateries des Anglois .
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Résumé : De la Haye, le 24 Novembre.
Le 24 novembre à La Haye, les députés du Corps des Négociants d'Amsterdam et d'autres villes de Hollande ont adressé un mémoire à la Princesse Gouvernante, dénonçant les pirateries anglaises et leur aggravation. Ils soulignaient les risques pour les négociants et l'interruption du commerce. Le 30 novembre, les députés de la Compagnie des Commerçants d'Amsterdam ont reçu une réponse favorable.
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57
p. 203-204
DE LA HAYE, le 12. Décembre.
Début :
La Ville d'Amsterdam a envoyé cinq Députés à Alphen, où ils vont [...]
Mots clefs :
Députés, Vaisseaux, Anglais, Négociants, Mémoire, Audience, Princesse gouvernante, Troupes, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LA HAYE, le 12. Décembre.
DE LA HAYE , le 12. Décembre:
La Ville d'Amfterdam a envoyé cinq Députés ,
Alphen , où ils ont trouvé cinq autres Députés
de la Ville de Rotterdam . L'objet de cette députation
étoit de délibérer enſemble fur ce qu'il
convenoit de faire dans la conjoncture préfente.
Il n'y a aucune efpérance que les Vaiffeaux pris
par les Anglois , foient rendus. L'infenfibilité du
Ministére de Londres aux plaintes de nos Négociants
, a déterminé à préfenter un nouveau
Mémoire à la Princeffe Gouvernante qui n'y a répondu
que par de foibles affurances de protec
tion.
Le 6. de ce mois il artiva une quatriéme Dé--
putation des Négociants , plus nombreuſe que
les précédentes. Les Députés , après avoir con
féré d'abord avec le Président de femaine & les
autres Membres de l'Etat , fe rendirent à l'Au--
dience de la Princeffe Gouvernante , & lur préfenterent
un nouveau Mémoire ou les griefs ,
dont on s'eft déja plein tant de fois , étoient exprimés
avec beaucoup d'énergie. Ce Mémoire
dont il s'eft répandu des copies , a fait ici de
fortes impreffions. Le Général York s'eſt donné
de grands mouvements pour les détruire , il
dit qu'il avoit reçu ordre de fa Cour , d'entre
a
Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
en Négociation avec leurs Hautes fuifances, pour
donner aux Intéreffés la fatisfaction qu'ils demandoient
; & il a propofé de nommer des Commiffaires
chargés fpécialement de traiter cette
affaire avec lui.
On eft convaincu que cette démarche de fa
part n'eft qu'un moyen imaginé pour fufpendre
le bon effet du Mémoire ; & qu'il n'a parlé de
négociation , que dans l'efpérance de faire naître
des incidents & des longueurs propres à anéantir
les difpofitions où l'on paroît être de ſe faire
juſtice .
Du 26.
Les Etats Généraux ont écrit une Lettre aux
Etats de Hollande & de Weftfrife fur l'augmen
cation des troupes. Cette Lettre , en date du 11 .
Décembre , porte en fubftance : que la Princefle
Gouvernante s'étoit préſentée à l'Aſſemblée afin
d'expofer combien il étoit important de prendre
une derniere réfolution fur l'augmentation des
troupes de terre , néceffaire à la fureté du Pays ,
& fur l'équipement des Vailleaux , vivement
follicité par les Négociants ; qu'il paroît en effet
que la tranquillité de la République exige , qu'on
fe décide promptement fur ces deux points ;
& que le feul moyen de les remplir efficacement ,
c'eft de mettre plus de concert qu'il y en a eu
jufqu'à préfent dans les délibérations particuliéres
des Provinces-Unies , & d'empêcher que leurs
vue's oppofées ne produifent un Schifme dont
les fuites ne pourroient être que funeſtes. La Princeffe
Gouvernante eft fort mal. Sa maladie eft
une Hydropifie que les Médecins jugent d'une
efpéce très-dangereuſe.
La Ville d'Amfterdam a envoyé cinq Députés ,
Alphen , où ils ont trouvé cinq autres Députés
de la Ville de Rotterdam . L'objet de cette députation
étoit de délibérer enſemble fur ce qu'il
convenoit de faire dans la conjoncture préfente.
Il n'y a aucune efpérance que les Vaiffeaux pris
par les Anglois , foient rendus. L'infenfibilité du
Ministére de Londres aux plaintes de nos Négociants
, a déterminé à préfenter un nouveau
Mémoire à la Princeffe Gouvernante qui n'y a répondu
que par de foibles affurances de protec
tion.
Le 6. de ce mois il artiva une quatriéme Dé--
putation des Négociants , plus nombreuſe que
les précédentes. Les Députés , après avoir con
féré d'abord avec le Président de femaine & les
autres Membres de l'Etat , fe rendirent à l'Au--
dience de la Princeffe Gouvernante , & lur préfenterent
un nouveau Mémoire ou les griefs ,
dont on s'eft déja plein tant de fois , étoient exprimés
avec beaucoup d'énergie. Ce Mémoire
dont il s'eft répandu des copies , a fait ici de
fortes impreffions. Le Général York s'eſt donné
de grands mouvements pour les détruire , il
dit qu'il avoit reçu ordre de fa Cour , d'entre
a
Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
en Négociation avec leurs Hautes fuifances, pour
donner aux Intéreffés la fatisfaction qu'ils demandoient
; & il a propofé de nommer des Commiffaires
chargés fpécialement de traiter cette
affaire avec lui.
On eft convaincu que cette démarche de fa
part n'eft qu'un moyen imaginé pour fufpendre
le bon effet du Mémoire ; & qu'il n'a parlé de
négociation , que dans l'efpérance de faire naître
des incidents & des longueurs propres à anéantir
les difpofitions où l'on paroît être de ſe faire
juſtice .
Du 26.
Les Etats Généraux ont écrit une Lettre aux
Etats de Hollande & de Weftfrife fur l'augmen
cation des troupes. Cette Lettre , en date du 11 .
Décembre , porte en fubftance : que la Princefle
Gouvernante s'étoit préſentée à l'Aſſemblée afin
d'expofer combien il étoit important de prendre
une derniere réfolution fur l'augmentation des
troupes de terre , néceffaire à la fureté du Pays ,
& fur l'équipement des Vailleaux , vivement
follicité par les Négociants ; qu'il paroît en effet
que la tranquillité de la République exige , qu'on
fe décide promptement fur ces deux points ;
& que le feul moyen de les remplir efficacement ,
c'eft de mettre plus de concert qu'il y en a eu
jufqu'à préfent dans les délibérations particuliéres
des Provinces-Unies , & d'empêcher que leurs
vue's oppofées ne produifent un Schifme dont
les fuites ne pourroient être que funeſtes. La Princeffe
Gouvernante eft fort mal. Sa maladie eft
une Hydropifie que les Médecins jugent d'une
efpéce très-dangereuſe.
Fermer
Résumé : DE LA HAYE, le 12. Décembre.
Le 12 décembre à La Haye, des députés d'Amsterdam et de Rotterdam se sont réunis pour discuter de la situation actuelle. Les vaisseaux pris par les Anglais ne seront pas rendus malgré les plaintes des négociants. Un nouveau mémoire a été présenté à la princesse gouvernante, qui a répondu par des assurances de protection jugées insuffisantes. Le 6 décembre, une quatrième délégation de négociants a présenté un mémoire énergique à la princesse gouvernante, suscitant de fortes impressions. Le général York a proposé une négociation pour suspendre l'effet du mémoire. Le 26 décembre, les États Généraux ont demandé aux États de Hollande et de Westfrise d'augmenter les troupes et d'équiper les vaisseaux, sollicité par les négociants. La princesse gouvernante a souligné l'importance de ces mesures pour la sûreté du pays et a appelé à une plus grande unité dans les délibérations des Provinces-Unies. La princesse gouvernante est gravement malade, souffrant d'une hydropisie jugée très dangereuse par les médecins.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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58
p. 205-207
De la Haye, le 11 Janvier.
Début :
Les Députés des Négociants d'Amsterdam ont présenté une Requête aux Etats de [...]
Mots clefs :
Députés, Négociants, Requête, Jugements, Commerce, Princesse gouvernante, Navires, Cargaison, Hollande, Mémoire, Ministre, Violences, Nations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De la Haye, le 11 Janvier.
De la Haye , le 11 Janvier.".
Les Députés des Négociants d'Amſterdam ont
préfenté une Requête auxiEtats de Hollande &
de Weftfrife, qui porte en fubftance qu'ils ont
déja pris la liberté de s'adreffer aux Etats Généraux
& à la Princeffe. Gouvernante , pour fe
plaindre des Pirateries , des confifcations & des
Jugements injuftes des Anglois ; que bien loin
que leurs plaintes ayent produit quelqu'effet , ils
voyent au contraire augmenter de jour en jour
les donmages caufés au commerce de la Ré
publique , qu'afin de prévenir fa ruine totale» ,
ils fe font adreffés pour la quatrième fois le fept
du mois dernier à la Princeffe Gouvernante
en lui représentant que le mal étoit parvenu à
fan comble , qu'il étoit d'une néceffité abſolue
C
206 MERCURE DE FRANCE.
d'y remédier , en faifant les plus fortes inftances
à la Cour de Londres , pour obtenir la reftitue
tion des Navires enlevés & de leur cargaison ,
& en accordant pour l'avenir au commerce des
Hollandois , une protection fuffifante , qu'ils ont
vû avec douleur par la réponſe de la Princeſſe ,
qu'il y avoit peu d'eſpérance de voir ces deux objets
remplis qu'il eft pourtant néceffaire qu'ils
le foient au plutôt , fi l'on ne veut pas que plufieurs
milliers d'habitans fe trouvent réduits à
la mifére ; qu'ils ont recours à leurs nobles Puiſfances
, comme aux peres de la patrie , pour les
prier de prendre à ce fujet les réfolutions que
leur fagelle jugera les plus propres à prévenir la
ruine du commerce & de la navigation.
.Du II.
Les Etats de Hollande & de Weſtfriſe ſe raffemblerent
hier pour reprendre le cours de leurs délibérations.
Le Mémoire qui fut préfenté aux Etats
Généraux le 22 du mois dernier par le Général
York , Miniftre Plénipotentiaire de la Cour de
Londres , a été rendu public. Ce Mémoire porte
en fubftance , que le Roi d'Angleterre ne sçauroit
efpérer de terminer heureuſement la guerre dans
laquelle il s'eft engagé contre la France , fi les
Puillances neutres s'arrogent le droit de faire le
commerce des ennemis de la Grande Bretagne ;
qu'il ne peut fe perfuader que d'anciens Alliés
veuillent , pour le profit paffager de quelques
Particuliers , que l'Angleterre foit lézée dans un
point auffi ellentiel .
L'Auteur du Mémoire entre enfuite dans la
difcution des plaintes faites par les Négociants
Hollandois. Il prétend que toutes les prites faites
fur eux , ont été faites avec juftice ; que les plaintes
excitées par les excès de quelques Armateurs
Anglois , ne font peut-être que trop fondées ;
FEVRIER. 1759. 207
que Sa Majefté Britanique déplore véritablement
ces violences commifes à la honte de la Nation .
Les Députés des Négociants d'Amſterdam ont
préfenté une Requête auxiEtats de Hollande &
de Weftfrife, qui porte en fubftance qu'ils ont
déja pris la liberté de s'adreffer aux Etats Généraux
& à la Princeffe. Gouvernante , pour fe
plaindre des Pirateries , des confifcations & des
Jugements injuftes des Anglois ; que bien loin
que leurs plaintes ayent produit quelqu'effet , ils
voyent au contraire augmenter de jour en jour
les donmages caufés au commerce de la Ré
publique , qu'afin de prévenir fa ruine totale» ,
ils fe font adreffés pour la quatrième fois le fept
du mois dernier à la Princeffe Gouvernante
en lui représentant que le mal étoit parvenu à
fan comble , qu'il étoit d'une néceffité abſolue
C
206 MERCURE DE FRANCE.
d'y remédier , en faifant les plus fortes inftances
à la Cour de Londres , pour obtenir la reftitue
tion des Navires enlevés & de leur cargaison ,
& en accordant pour l'avenir au commerce des
Hollandois , une protection fuffifante , qu'ils ont
vû avec douleur par la réponſe de la Princeſſe ,
qu'il y avoit peu d'eſpérance de voir ces deux objets
remplis qu'il eft pourtant néceffaire qu'ils
le foient au plutôt , fi l'on ne veut pas que plufieurs
milliers d'habitans fe trouvent réduits à
la mifére ; qu'ils ont recours à leurs nobles Puiſfances
, comme aux peres de la patrie , pour les
prier de prendre à ce fujet les réfolutions que
leur fagelle jugera les plus propres à prévenir la
ruine du commerce & de la navigation.
.Du II.
Les Etats de Hollande & de Weſtfriſe ſe raffemblerent
hier pour reprendre le cours de leurs délibérations.
Le Mémoire qui fut préfenté aux Etats
Généraux le 22 du mois dernier par le Général
York , Miniftre Plénipotentiaire de la Cour de
Londres , a été rendu public. Ce Mémoire porte
en fubftance , que le Roi d'Angleterre ne sçauroit
efpérer de terminer heureuſement la guerre dans
laquelle il s'eft engagé contre la France , fi les
Puillances neutres s'arrogent le droit de faire le
commerce des ennemis de la Grande Bretagne ;
qu'il ne peut fe perfuader que d'anciens Alliés
veuillent , pour le profit paffager de quelques
Particuliers , que l'Angleterre foit lézée dans un
point auffi ellentiel .
L'Auteur du Mémoire entre enfuite dans la
difcution des plaintes faites par les Négociants
Hollandois. Il prétend que toutes les prites faites
fur eux , ont été faites avec juftice ; que les plaintes
excitées par les excès de quelques Armateurs
Anglois , ne font peut-être que trop fondées ;
FEVRIER. 1759. 207
que Sa Majefté Britanique déplore véritablement
ces violences commifes à la honte de la Nation .
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Résumé : De la Haye, le 11 Janvier.
Le 11 janvier, les députés des négociants d'Amsterdam ont soumis une requête aux États de Hollande et de Westfrise, dénonçant les pirateries, confiscations et jugements injustes des Anglais, qui nuisent au commerce de la République. Malgré plusieurs plaintes auprès des États Généraux et de la Princesse Gouvernante, aucune solution n'a été trouvée. Les négociants demandent une intervention urgente auprès de la Cour de Londres pour récupérer les navires et cargaisons confisqués, et assurer une protection future au commerce hollandais. La réponse de la Princesse est peu encourageante, mais les négociants insistent sur la nécessité de ces mesures pour éviter la misère de milliers de personnes et prévenir la ruine du commerce et de la navigation. Parallèlement, les États de Hollande et de Westfrise ont repris leurs délibérations et rendu public un mémoire du Général York, ministre plénipotentiaire de la Cour de Londres. Ce mémoire affirme que le Roi d'Angleterre ne peut terminer la guerre contre la France si les puissances neutres continuent de commercer avec les ennemis de la Grande-Bretagne, tout en reconnaissant les excès de certains armateurs anglais.
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59
p. *211-211
DE LA HAYE, le 1 Octobre.
Début :
Le Général York présenta le 28 du mois dernier à L.H.P. un Mémoire dans lequel [...]
Mots clefs :
Général York, Mémoire, Plaintes, Hollandais, Commerce, Ennemis
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texteReconnaissance textuelle : DE LA HAYE, le 1 Octobre.
DE LA HAYE , le 1 Octobre.
Le Général York préfenta le 28 du mois dernier
à L. H. P. un Mémoire dans lequel ce Miniftre
leur fait , au nom du Roi d'Angleterre ,
les plus vives plaintes contre les Hollandois , qu'il
accufe de faire par terre un commerce prohibé
avec la France. Après avoir repréſenté combien
cette conduite eft contraire à l'intelligence que
les Traités ont établie entre les deux Nations , il
parle des préparatifs immenfes que les François
font fur leurs côtes pour tenter une invaſion en
Angleterre ; il fait fentir qu'il eft très - effentiel
pour la fureté de ce Royaume , que fes ennemis
ne reçoivent aucune efpéce de fecours des Puiffances
neutres ; qu'on a droit d'attendre de l'équité
de L. H. P. qu'Elles empêcheront qu'aucun
de leurs fujets ne viole en ce point la foi des
Traités & les régles de la neutralité ; & qu'Elles
doivent cette reconnoiffance aux preuves de modération
& de folide amitié que S. M. Brit . leur
a données , en réprimant les excès des armateurs
Anglois , & en mettant des bornes à leur licence
par un acte du Parlement.
Le Général York préfenta le 28 du mois dernier
à L. H. P. un Mémoire dans lequel ce Miniftre
leur fait , au nom du Roi d'Angleterre ,
les plus vives plaintes contre les Hollandois , qu'il
accufe de faire par terre un commerce prohibé
avec la France. Après avoir repréſenté combien
cette conduite eft contraire à l'intelligence que
les Traités ont établie entre les deux Nations , il
parle des préparatifs immenfes que les François
font fur leurs côtes pour tenter une invaſion en
Angleterre ; il fait fentir qu'il eft très - effentiel
pour la fureté de ce Royaume , que fes ennemis
ne reçoivent aucune efpéce de fecours des Puiffances
neutres ; qu'on a droit d'attendre de l'équité
de L. H. P. qu'Elles empêcheront qu'aucun
de leurs fujets ne viole en ce point la foi des
Traités & les régles de la neutralité ; & qu'Elles
doivent cette reconnoiffance aux preuves de modération
& de folide amitié que S. M. Brit . leur
a données , en réprimant les excès des armateurs
Anglois , & en mettant des bornes à leur licence
par un acte du Parlement.
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Résumé : DE LA HAYE, le 1 Octobre.
Le 1er octobre à La Haye, le général York a remis un mémoire au nom du roi d'Angleterre au Prince de Pays-Bas-Orange. Ce document dénonce le commerce terrestre prohibé entre les Hollandais et la France, violant ainsi les traités entre les deux nations. Le mémoire souligne également les préparatifs français pour une invasion en Angleterre. Le général York insiste sur la nécessité de prévenir tout soutien des puissances neutres aux ennemis de l'Angleterre. Il demande au Prince de Pays-Bas-Orange d'empêcher ses sujets de violer les traités et les règles de neutralité. Le mémoire rappelle enfin les preuves de modération et d'amitié du roi britannique, notamment par la répression des excès des armateurs anglais via un acte du Parlement.
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60
p. 204-205
DE LA HAYE, le 31 Octobre.
Début :
Les contestations survenues entre les Etats-Généraux & le ministère Anglois, [...]
Mots clefs :
Contestations , Députés, Sa Majesté britannique, Mémoire, Ministères, Commerce
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texteReconnaissance textuelle : DE LA HAYE, le 31 Octobre.
De LA HAYE , le 31 Oftobre. 10
2
Les conteftations furvenues entre les Etats-
Généraux & le miniſtère Anglois , font fur le
point d'être terminées . Conformément aux dernières
inftructions que nos Députés avoient reçues
de Leurs Hautes Puiffances , ils préfenterent le
18 de ce mois aux Miniftres de Sa Majesté Bri
tannique un Mémoire dans lequel ils expofoient
que les Etats- Généraux s'étoient toujours prêtés
aux voies de conciliation ; mais que le ministère
Anglois avoit paru faire peu de cas de leurs rerefufant
d'y répondre par écrits
que Leurs Hautes Puiffances defiroient fincèrehent
le maintien de la bonne intelligence entre
préfentation
P
CDECEMBRE. 1759.2 20
les deux Nations qu'Elles demandoient ſeule
ment que leurs Sujets ne fullent point troublés
dans la jouillance des droits & des prérogatives
qui leur ont été accordés par les Traités , & no--
tamment par celui de 1674. Le miniſtère Anglois
a promis carnos Députés qu'ils recevroient inceffamment
une réponfe fatisfaifante.
Il rette pourtant encore une difficulté , c'eft
que la Cour de Londres prétend interdire à nos
Négocians tout commerce avec les Ports de
France. Elle défigne fpécialement les Ports de la
Seine & de fon embouchure. On ne croit pas que
la République confente a une interdiction fi préjudiciable
aux privilèges de la neutralité qu'elle a
embrallée.
2
Les conteftations furvenues entre les Etats-
Généraux & le miniſtère Anglois , font fur le
point d'être terminées . Conformément aux dernières
inftructions que nos Députés avoient reçues
de Leurs Hautes Puiffances , ils préfenterent le
18 de ce mois aux Miniftres de Sa Majesté Bri
tannique un Mémoire dans lequel ils expofoient
que les Etats- Généraux s'étoient toujours prêtés
aux voies de conciliation ; mais que le ministère
Anglois avoit paru faire peu de cas de leurs rerefufant
d'y répondre par écrits
que Leurs Hautes Puiffances defiroient fincèrehent
le maintien de la bonne intelligence entre
préfentation
P
CDECEMBRE. 1759.2 20
les deux Nations qu'Elles demandoient ſeule
ment que leurs Sujets ne fullent point troublés
dans la jouillance des droits & des prérogatives
qui leur ont été accordés par les Traités , & no--
tamment par celui de 1674. Le miniſtère Anglois
a promis carnos Députés qu'ils recevroient inceffamment
une réponfe fatisfaifante.
Il rette pourtant encore une difficulté , c'eft
que la Cour de Londres prétend interdire à nos
Négocians tout commerce avec les Ports de
France. Elle défigne fpécialement les Ports de la
Seine & de fon embouchure. On ne croit pas que
la République confente a une interdiction fi préjudiciable
aux privilèges de la neutralité qu'elle a
embrallée.
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Résumé : DE LA HAYE, le 31 Octobre.
Le 31 octobre 1759, à La Haye, les tensions entre les États-Généraux et le ministère anglais étaient sur le point de se résoudre. Le 18 octobre, les députés des États-Généraux avaient présenté un mémoire aux ministres britanniques, soulignant les efforts de conciliation des États-Généraux face à l'indifférence anglaise. Les États-Généraux exprimaient leur volonté de maintenir de bonnes relations et demandaient le respect des droits et prérogatives accordés par les traités, notamment celui de 1674. Le ministère anglais promit une réponse satisfaisante. Cependant, une difficulté persistait : la Cour de Londres souhaitait interdire aux négociants des États-Généraux tout commerce avec les ports français de la Seine et de son embouchure. La République refusait cette interdiction, la jugeant préjudiciable à ses privilèges de neutralité.
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61
p. 214-215
DE PARIS, le 5 Avril.
Début :
On fit, le 22 du mois dernier, la procession qu'on a coutume de faire tous les ans, [...]
Mots clefs :
Capitale, Henri IV, Procession, Mémoire, Discours latin, Auteur, Goût du siècle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 5 Avril.
De PARIS , le 5 Avril.
On fit , le 22 du mois dernier , la proceffion.
qu'on a coutume de faire tous les ans , en mé
moire de la réduction de cette Capitale fous l'obéillance
de Henri IV. Le Duc de Luynes , Gouverneur
de Paris , ainsi que le Corps de Ville , y
affifterent.
Le 28 , le Pere Geoffroy , l'un des Profeffeurs
de Rhétorique du Collège de Louis - le - Grand,
AVRIL. 1760. 215.
prononça un difcours latin ,dans lequel il examina
fi un Auteur doit fe conformer au goût de foi fiécle,
ou s'il doit écrire pour lesfiècles à venir ? Le Clergé,
en Corps, honora l'allemblée de la préſence , ainfi
que plufieurs autres Prélats , le Prévôt des Marchands
, & divers Magiftrats.
On fit , le 22 du mois dernier , la proceffion.
qu'on a coutume de faire tous les ans , en mé
moire de la réduction de cette Capitale fous l'obéillance
de Henri IV. Le Duc de Luynes , Gouverneur
de Paris , ainsi que le Corps de Ville , y
affifterent.
Le 28 , le Pere Geoffroy , l'un des Profeffeurs
de Rhétorique du Collège de Louis - le - Grand,
AVRIL. 1760. 215.
prononça un difcours latin ,dans lequel il examina
fi un Auteur doit fe conformer au goût de foi fiécle,
ou s'il doit écrire pour lesfiècles à venir ? Le Clergé,
en Corps, honora l'allemblée de la préſence , ainfi
que plufieurs autres Prélats , le Prévôt des Marchands
, & divers Magiftrats.
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Résumé : DE PARIS, le 5 Avril.
Le 22 mars, une procession commémorait la soumission de Paris sous Henri IV. Le Duc de Luynes et le Corps de Ville y participèrent. Le 28 mars, le Père Geoffroy discuta de la pertinence de l'écriture pour les générations futures. Le clergé, des prélats, le Prévôt des Marchands et des magistrats assistèrent à cet événement.
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62
p. 233-234
LETTRE de M. Morand, à M. Fréron, sur le Reméde contre la Goutte, de M. Chavy De Mongerbet, dans l'Année Littéraire de Janvier 1760.
Début :
Je vous avoue, Monsieur, qu'en lisant le Mémoire de M. Chavy de Mongerbet, Médecin à Bourg en Bresse, [...]
Mots clefs :
Médecin, Goutte, Témoignage, Mémoire, Remèdes, Tisanes, Plantes, Guérison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Morand, à M. Fréron, sur le Reméde contre la Goutte, de M. Chavy De Mongerbet, dans l'Année Littéraire de Janvier 1760.
LETTRE de M. MORAND , à M. FRERON ,
fur le Reméde contre la Goutte, de M. CHAVY -
DE MONGERBET , dans l'Année Littéraire de
Janvier 1760 .
JE vous avoue , Monfieur , qu'en lifant le Mémoire
de M. Chavy de Mongerbet , Médecin à
Bourg en Breffe , fur la Goutte , je nefus pas plus
perfuadé que vous : mais ce Médecin eft venu à Paris;
& plufieurs goutteux , entr'autres un très grand
Seigneur, ayant pris fes remédes ; j'ai eu des témoignages
très avantageux de leur effet , de lapart
de ces perfonnes fi intéressées à dire la vérité. Le
principal confifle en une ptifane que j'ai goûtée ,
qui n'eft point défagréable à prendre , & dont M. de
Mongerbet m'a très-honnêtement confié la compofi
tion . Je puis donc certifier, qu'il n'y a rien dans cette
ptifane qui doive en faire craindre l'ufage . Il n'y
entre aucune préparation tirée des minéraux ; elle
eft compofée dufuc de beaucoup de plantes , affezfinn
gulièrement afforties . ....
J'ai l'honneur d'être , & c . MORAnd .
Suite de la Feuille .
Après ce témoignage , il n'eft pas poffible ,
Monfieur , de douter des bons effets de la Ptifane
de M. de Mongerbet. M. Morand n'eſt pas le feul
à qui il ait donné la connoiffance de fon reméde :
ill'a auffi communiqué à M. Peſtalozzi , Médecin
de Lyon , très-célèbre & très- habile dans fon Art..
Ce procédé de M. Mongerbet , prouve qu'il agic
de bonne foi , & qu'il eft perfuadé que fa recette
procure des foulagemens réels. M. de Mongerbet
ne doit point être confondu avec les
234 MERCURE DE FRANCE.
Empyriques , qui inondent le Public de promeft
fes qui ne font éfficaces que pour eux . C'eſt un
Médecin qui a communiqué fa recette à d'habiles
perfonnes de l'Art , qui affurent qu'on peut s'en
fervir avec fruit ; ce que fes effets falutaires prouvent
encore mieux que leurs témoignages
quoiqu'ils foient d'une très-grande autorité.
fur le Reméde contre la Goutte, de M. CHAVY -
DE MONGERBET , dans l'Année Littéraire de
Janvier 1760 .
JE vous avoue , Monfieur , qu'en lifant le Mémoire
de M. Chavy de Mongerbet , Médecin à
Bourg en Breffe , fur la Goutte , je nefus pas plus
perfuadé que vous : mais ce Médecin eft venu à Paris;
& plufieurs goutteux , entr'autres un très grand
Seigneur, ayant pris fes remédes ; j'ai eu des témoignages
très avantageux de leur effet , de lapart
de ces perfonnes fi intéressées à dire la vérité. Le
principal confifle en une ptifane que j'ai goûtée ,
qui n'eft point défagréable à prendre , & dont M. de
Mongerbet m'a très-honnêtement confié la compofi
tion . Je puis donc certifier, qu'il n'y a rien dans cette
ptifane qui doive en faire craindre l'ufage . Il n'y
entre aucune préparation tirée des minéraux ; elle
eft compofée dufuc de beaucoup de plantes , affezfinn
gulièrement afforties . ....
J'ai l'honneur d'être , & c . MORAnd .
Suite de la Feuille .
Après ce témoignage , il n'eft pas poffible ,
Monfieur , de douter des bons effets de la Ptifane
de M. de Mongerbet. M. Morand n'eſt pas le feul
à qui il ait donné la connoiffance de fon reméde :
ill'a auffi communiqué à M. Peſtalozzi , Médecin
de Lyon , très-célèbre & très- habile dans fon Art..
Ce procédé de M. Mongerbet , prouve qu'il agic
de bonne foi , & qu'il eft perfuadé que fa recette
procure des foulagemens réels. M. de Mongerbet
ne doit point être confondu avec les
234 MERCURE DE FRANCE.
Empyriques , qui inondent le Public de promeft
fes qui ne font éfficaces que pour eux . C'eſt un
Médecin qui a communiqué fa recette à d'habiles
perfonnes de l'Art , qui affurent qu'on peut s'en
fervir avec fruit ; ce que fes effets falutaires prouvent
encore mieux que leurs témoignages
quoiqu'ils foient d'une très-grande autorité.
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Résumé : LETTRE de M. Morand, à M. Fréron, sur le Reméde contre la Goutte, de M. Chavy De Mongerbet, dans l'Année Littéraire de Janvier 1760.
Dans la lettre de M. Morand à M. Fréron, publiée dans l'Année Littéraire de janvier 1760, il est question du remède contre la goutte proposé par M. Chavy de Mongerbet, médecin à Bourg-en-Bresse. Initialement sceptique, M. Morand change d'avis après avoir entendu des témoignages positifs, y compris celui d'un grand seigneur. Le principal remède est une ptilane, dont la composition, partagée honnêtement par M. de Mongerbet, inclut diverses plantes et exclut toute préparation minérale, la rendant sûre à utiliser. M. Morand atteste donc de l'innocuité et de l'efficacité de ce traitement. De plus, M. de Mongerbet a partagé sa recette avec M. Pestalozzi, un médecin lyonnais renommé, démontrant ainsi sa bonne foi et sa conviction des bienfaits de son remède. Contrairement aux empiriques qui font des promesses fallacieuses, M. de Mongerbet a communiqué sa recette à des professionnels compétents, confirmant l'efficacité de son traitement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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63
p. 239-240
DE WARSOVIE, le 16 Avril.
Début :
Il est arrivé ici trois cens cinquante Suédois ; qui avoient été forcés de prendre parti [...]
Mots clefs :
Soldats, Troupes du roi de Prusse, Suédois, Baron, Déserteurs, Chancelier, Couronne, Mémoire, Droit seigneurial, Réparations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE WARSOVIE, le 16 Avril.
De WARSOVIE , le 16 Avril.
Il eſt arrivé ici trois cens cinquante Suédois ;
qui avoient été forcés de prendre parti dans les
troupes du Roi de Pruffe , & qui ont trouvé lemoyen
de s'évader. Le Baron de Hopken , Miniftre
du Roi de Suéde en çetre Cour , leur a
fait diftribuer une gratification , & les a fait partir
pour rejoindre leurs anciens Corps. Une troupe
de quarante Déferteurs Praffiens, eft auffi arrivée
ici. Ils ont rapporté que la défertion étoit grande
parmi les troupes Pruffiennes ; & qu'une foule de
foldats enrolés de force n'alpiroient qu'après l'ouverture
de la campagne,pour déferter plus facilement.
Le Chancelier de la Couronne de Pologne , a
fait remettre depuis peu , au fieur Benoit , Secrétaire
de la légation de Pruffe en cette Cour , un
nouveau mémoire concernant les griefs dont
cette Couronne fe plaint depuis longtemps , fans
avoir pu obtenir aucune fatisfaction de Sa Majesté
Pruffienne . Ce mémoire porte, entr'autres choles
» que la Cour de Berlin , fans aucun égard à l'exacte
» neutralité qu'obferve un Royaume libre , trou-
» ble , interrompt & détruit fon commerce , en
» faiſant arrêter les Voituriers , & confifquer les
» marchandiſes & effets qu'ils conduifent ; que le
» Réſident de la même Cour s'ingère dans l'éco-
>> nomie & l'adminiftration de la Juftice de la
» Ville de Dantzick , en accordant une protec
tion contraire à toutes fortes de droits , à des
Citoyens coupables , avec des menaces injurieu
240 MERCURE DE FRANCE.
» fes au droit Seigneurial , appartenant à la ſeule
» République : que cette Cour , par ce moyen
» violent & par mille autres inonde la Po-
» logne d'une monnoie de mauvais aloi , qui ne
» contient que la quatrième partie de la valeur
> intrinféque qu'elle devroit avoir , & qu'on em-
» porte en même temps de ce Royaume toutes
» les bonnes efpèces d'or & d'argent : enfin que
» les troupes Pruffiennes ont enlevé de fa maifon
>> le fieur de Sulkowsky , Véneur du grand Du-
>> ché de Lithuanie , & que la Cour de Berlin le
> retient jufqu'à préfent prifonnier dans la Forte-
2 refle de Glogau , après avoir enrôlé par force
» les gens tenus pour fa garde & pour fon ſervice
→ particulier.
On finit par demander , au nom des Miniftres
& du Sénat , les réparations convenables .
Il eſt arrivé ici trois cens cinquante Suédois ;
qui avoient été forcés de prendre parti dans les
troupes du Roi de Pruffe , & qui ont trouvé lemoyen
de s'évader. Le Baron de Hopken , Miniftre
du Roi de Suéde en çetre Cour , leur a
fait diftribuer une gratification , & les a fait partir
pour rejoindre leurs anciens Corps. Une troupe
de quarante Déferteurs Praffiens, eft auffi arrivée
ici. Ils ont rapporté que la défertion étoit grande
parmi les troupes Pruffiennes ; & qu'une foule de
foldats enrolés de force n'alpiroient qu'après l'ouverture
de la campagne,pour déferter plus facilement.
Le Chancelier de la Couronne de Pologne , a
fait remettre depuis peu , au fieur Benoit , Secrétaire
de la légation de Pruffe en cette Cour , un
nouveau mémoire concernant les griefs dont
cette Couronne fe plaint depuis longtemps , fans
avoir pu obtenir aucune fatisfaction de Sa Majesté
Pruffienne . Ce mémoire porte, entr'autres choles
» que la Cour de Berlin , fans aucun égard à l'exacte
» neutralité qu'obferve un Royaume libre , trou-
» ble , interrompt & détruit fon commerce , en
» faiſant arrêter les Voituriers , & confifquer les
» marchandiſes & effets qu'ils conduifent ; que le
» Réſident de la même Cour s'ingère dans l'éco-
>> nomie & l'adminiftration de la Juftice de la
» Ville de Dantzick , en accordant une protec
tion contraire à toutes fortes de droits , à des
Citoyens coupables , avec des menaces injurieu
240 MERCURE DE FRANCE.
» fes au droit Seigneurial , appartenant à la ſeule
» République : que cette Cour , par ce moyen
» violent & par mille autres inonde la Po-
» logne d'une monnoie de mauvais aloi , qui ne
» contient que la quatrième partie de la valeur
> intrinféque qu'elle devroit avoir , & qu'on em-
» porte en même temps de ce Royaume toutes
» les bonnes efpèces d'or & d'argent : enfin que
» les troupes Pruffiennes ont enlevé de fa maifon
>> le fieur de Sulkowsky , Véneur du grand Du-
>> ché de Lithuanie , & que la Cour de Berlin le
> retient jufqu'à préfent prifonnier dans la Forte-
2 refle de Glogau , après avoir enrôlé par force
» les gens tenus pour fa garde & pour fon ſervice
→ particulier.
On finit par demander , au nom des Miniftres
& du Sénat , les réparations convenables .
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Résumé : DE WARSOVIE, le 16 Avril.
Le 16 avril, 350 Suédois, contraints de servir dans les troupes prussiennes, se sont évadés et ont rejoint leurs anciens corps après avoir reçu une gratification du Baron de Hopken. Parallèlement, 40 déserteurs prussiens ont signalé une grande défection parmi les troupes prussiennes, avec de nombreux soldats enrôlés de force prévoyant de déserter après l'ouverture de la campagne. Le chancelier de la Couronne de Pologne a remis un mémoire au sieur Benoit, secrétaire de la légation prussienne, détaillant les griefs de la Pologne contre la Prusse. Ce mémoire accuse la Prusse de perturber le commerce polonais en arrêtant les voituriers et en confisquant les marchandises, d'interférer dans l'économie et l'administration de la justice à Dantzig, et de protéger des citoyens coupables. La Prusse est également accusée d'introduire une monnaie de mauvaise qualité en Pologne et d'exporter les bonnes espèces d'or et d'argent. De plus, les troupes prussiennes ont enlevé le sieur de Sulkowsky, véner du grand-duché de Lituanie, et le retiennent prisonnier à la forteresse de Glogau après avoir enrôlé de force ses gardes. Le mémoire demande des réparations appropriées au nom des ministres et du Sénat polonais.
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64
p. 192-194
DE VIENNE, le 4 Juin.
Début :
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-Géneraux, par le baron [...]
Mots clefs :
Impératrice Reine, Baron, États généraux , Majestés, Déclaration, Angleterre, Prusse, Nominations, Ministre plénipotentiaire, Duc, Mémoire, Prince Charles de Lorraine, Fêtes, Préparatifs , Baron de Laudon, Marquis de Paulmy, Varsovie, Ambassadeur, Congrès
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le 4 Juin.
De VIENNE , le 4 Juin.
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-
Géneraux , par le Baron de Reifchach , Ambaffadeur
Plénipotentiaire de Leurs Majeſtés Imriales
, une déclaration en réponſe à celle des Rois
d'Angleterre & de Pruile.
Elle porte que , pour répondre aux deſirs de
Leurs Majeftés Britannique & Pruffienne pour le
rérabliſſement de la paix , Leurs Majeſtés l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le
Roi Très-Chrétien , & l'Impératrice de toutes les
Ruffies , également animées du defir de contri
buer au rétabliffement de la tranquillité publiqua
fur un pied folide & équitable , déclaren:,
Que Sa Majefté Catholique ayant bien voulu
» offrir la médiation pour la guèrre qui fubfifte
» depuis quelques années entre la Erance & l'An-
» gleterre
JUILLET. 1786.
>>
gleterre ; & cette guèrre n'ayant d'ailleurs rien
de commun avec celle que foutiennent égale
ment depuis quelques années les deux Impératrices
avec leurs Alliés contre le Roi de Pruffe
; Sa Majefté Très-Chrétienne eft prête à trai
ter de la paix perſonnelle avec l'Angleterre, par
les bons offices de Sa Majefté Catholique, dont
elle s'eft fait un plaifir d'accepter la médiation.
"Quant à la guerre qui regarde directement
Sa Majefté Pruffienne; leurs Majeftés l'Impérasitrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le Rai
Très- Chrétien , & l'Impératrice de Ruffie, font
>> difpofés à donner les mains à l'établitlement du
Congrès propofé. Mais comme , en vertu de
leurs traités , elles ne peuvent prendre aucun
engagement relatif à la paix , que conjointe-
» ment avec leurs Alliés ; il fera nécellaire pour
qu'elles puiffent s'expliquer définitivement fur
ce fajet , qu'avant tout il plaife à Leurs Majeftés
Britannique & Pruffienne de faire parvenir
lear invitation à un Congrès , à toutes.
celles des Puiffances qui fe trouvent directement
en guèrre contre le Roi de Prulle ; nommément
à Sa Majefté le Roi de Suéde , ainfi
» qu'à Sa Majefté le Roi de Pologne , Electeur
» de Saxe , lefquels fpécialement doivent être
invités au futur Congrès.
L'Impératrice Reine nomma , le 3 du mois
dernier , jour de l'Invention de la Sainte-Croix ,
I'Infante Ifabelle, Dame de l'Ordre de la Croix
Etoilée. L'Archiducheffe Marie-Anne reçut , en
fon nom , la Croix , des mains de Sa Majesté.
Le 13 du même mois , la Cour , raſſemblée à
Schonbrun , fut en Gala , à l'occafion de l'Anniverſaire
de l'Impératrice Reine , qui eſt entrée
de ce jour , dans la quarante-quatrième année.
I, Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE:
Le Baron de Breteuil , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de France auprès de l'Impératrice de
Ruffie , eft parti d'ici pour continuer la route
après avoir pris congé de Leurs Majeſtés .
On apprend de Warfovie , que le Duc
de Courlande eft dangereufement malade. Le
fieur Benoit , Sécrétaire de Légation du Roi de
Pruffe , à la Cour de Pologne , a remis un Mémoire
, en réponse à celui que cette Cour lui avoit
fait remettre parfon Vice- Chancelier . Il nie dans
ce Mémoire la plupart des griefs allégués par
ce Miniftre , & il y forme contre le Roi & la
République de Pologne , un grand nombre dé
plaintes, énoncées d'une maniere fort vive.
Le Prince Charles de Lorraine , & la Prin
ceffe fa foeur , arriveront le mois prochain de
Bruxelles en cette Ville , pour affifter au mariage
de l'Archiduc Jofeph . On travaille aux prépaatifs
des fêtes que l'on donnera à cette occafion.
Toutes les troupes,aux ordres du Baron de Lau
don , campèrent le 31 du mois dernier , dans
les environs de Frankenſtein.
Le Marquis de Paulmy, Miniftre , ci - devant
Secrétaire d'Etat de la Guerre , eft arrivé depuis
peu , dans cette Ville , pour le rendre a Warfovie
en qualité d'Ambafladeur de Sa Majesté Très-
Chrétienne auprès du Roi & de la République de
Pologne. Il a été préfenté , le z de ce mois , à
Leurs Majeftés Impériales & Royales , & à leur
Famille , par le Comte de Choifeul , Ambaffadeur
de France en cette Cour ; & l'Ambaffadrice
a préfenté le même jour , à Sa Majesté Impériale
& Royale Apoftolique , la Marquise de Paulmy.
L'Impératrice Reine a fait remettre aux Etats-
Géneraux , par le Baron de Reifchach , Ambaffadeur
Plénipotentiaire de Leurs Majeſtés Imriales
, une déclaration en réponſe à celle des Rois
d'Angleterre & de Pruile.
Elle porte que , pour répondre aux deſirs de
Leurs Majeftés Britannique & Pruffienne pour le
rérabliſſement de la paix , Leurs Majeſtés l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le
Roi Très-Chrétien , & l'Impératrice de toutes les
Ruffies , également animées du defir de contri
buer au rétabliffement de la tranquillité publiqua
fur un pied folide & équitable , déclaren:,
Que Sa Majefté Catholique ayant bien voulu
» offrir la médiation pour la guèrre qui fubfifte
» depuis quelques années entre la Erance & l'An-
» gleterre
JUILLET. 1786.
>>
gleterre ; & cette guèrre n'ayant d'ailleurs rien
de commun avec celle que foutiennent égale
ment depuis quelques années les deux Impératrices
avec leurs Alliés contre le Roi de Pruffe
; Sa Majefté Très-Chrétienne eft prête à trai
ter de la paix perſonnelle avec l'Angleterre, par
les bons offices de Sa Majefté Catholique, dont
elle s'eft fait un plaifir d'accepter la médiation.
"Quant à la guerre qui regarde directement
Sa Majefté Pruffienne; leurs Majeftés l'Impérasitrice
Reine de Hongrie & de Bohême , le Rai
Très- Chrétien , & l'Impératrice de Ruffie, font
>> difpofés à donner les mains à l'établitlement du
Congrès propofé. Mais comme , en vertu de
leurs traités , elles ne peuvent prendre aucun
engagement relatif à la paix , que conjointe-
» ment avec leurs Alliés ; il fera nécellaire pour
qu'elles puiffent s'expliquer définitivement fur
ce fajet , qu'avant tout il plaife à Leurs Majeftés
Britannique & Pruffienne de faire parvenir
lear invitation à un Congrès , à toutes.
celles des Puiffances qui fe trouvent directement
en guèrre contre le Roi de Prulle ; nommément
à Sa Majefté le Roi de Suéde , ainfi
» qu'à Sa Majefté le Roi de Pologne , Electeur
» de Saxe , lefquels fpécialement doivent être
invités au futur Congrès.
L'Impératrice Reine nomma , le 3 du mois
dernier , jour de l'Invention de la Sainte-Croix ,
I'Infante Ifabelle, Dame de l'Ordre de la Croix
Etoilée. L'Archiducheffe Marie-Anne reçut , en
fon nom , la Croix , des mains de Sa Majesté.
Le 13 du même mois , la Cour , raſſemblée à
Schonbrun , fut en Gala , à l'occafion de l'Anniverſaire
de l'Impératrice Reine , qui eſt entrée
de ce jour , dans la quarante-quatrième année.
I, Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE:
Le Baron de Breteuil , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de France auprès de l'Impératrice de
Ruffie , eft parti d'ici pour continuer la route
après avoir pris congé de Leurs Majeſtés .
On apprend de Warfovie , que le Duc
de Courlande eft dangereufement malade. Le
fieur Benoit , Sécrétaire de Légation du Roi de
Pruffe , à la Cour de Pologne , a remis un Mémoire
, en réponse à celui que cette Cour lui avoit
fait remettre parfon Vice- Chancelier . Il nie dans
ce Mémoire la plupart des griefs allégués par
ce Miniftre , & il y forme contre le Roi & la
République de Pologne , un grand nombre dé
plaintes, énoncées d'une maniere fort vive.
Le Prince Charles de Lorraine , & la Prin
ceffe fa foeur , arriveront le mois prochain de
Bruxelles en cette Ville , pour affifter au mariage
de l'Archiduc Jofeph . On travaille aux prépaatifs
des fêtes que l'on donnera à cette occafion.
Toutes les troupes,aux ordres du Baron de Lau
don , campèrent le 31 du mois dernier , dans
les environs de Frankenſtein.
Le Marquis de Paulmy, Miniftre , ci - devant
Secrétaire d'Etat de la Guerre , eft arrivé depuis
peu , dans cette Ville , pour le rendre a Warfovie
en qualité d'Ambafladeur de Sa Majesté Très-
Chrétienne auprès du Roi & de la République de
Pologne. Il a été préfenté , le z de ce mois , à
Leurs Majeftés Impériales & Royales , & à leur
Famille , par le Comte de Choifeul , Ambaffadeur
de France en cette Cour ; & l'Ambaffadrice
a préfenté le même jour , à Sa Majesté Impériale
& Royale Apoftolique , la Marquise de Paulmy.
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Résumé : DE VIENNE, le 4 Juin.
Le 4 juin 1786, l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême a transmis une déclaration aux États-Généraux via le Baron de Reifchach, ambassadeur des Majestés Impériales. Cette déclaration répondait à celle des Rois d'Angleterre et de Prusse concernant le rétablissement de la paix. L'Impératrice Reine, le Roi Très-Chrétien et l'Impératrice de toutes les Russies exprimaient leur désir de contribuer à la tranquillité publique sur une base solide et équitable. La France, par l'intermédiaire de Sa Majesté Catholique, proposait sa médiation pour mettre fin à la guerre entre la France et l'Angleterre, indépendamment des conflits impliquant les deux Impératrices et leurs alliés contre le Roi de Prusse. La France était prête à négocier une paix personnelle avec l'Angleterre sous la médiation de la Majesté Catholique. Pour la guerre impliquant la Prusse, les Majestés Impériales étaient disposées à participer à un congrès proposé, mais elles nécessitaient l'invitation de toutes les puissances en guerre contre la Prusse, notamment le Roi de Suède et le Roi de Pologne. Le 3 juillet, l'Impératrice Reine a nommé l'Infante Isabelle, Dame de l'Ordre de la Croix Étoilée, et l'Archiduchesse Marie-Anne a reçu la Croix des mains de Sa Majesté. Le 13 juillet, la Cour s'est rassemblée à Schönbrun pour célébrer l'anniversaire de l'Impératrice Reine, qui entrait dans sa quarante-quatrième année. Le Baron de Breteuil, ministre plénipotentiaire du Roi de France auprès de l'Impératrice de Russie, a quitté Vienne. À Varsovie, le Duc de Courlande était gravement malade, et le Sieur Benoit, secrétaire de légation du Roi de Prusse, a remis un mémoire en réponse à celui du Vice-Chancelier de Pologne, contestant les griefs et formulant de nombreuses plaintes. Le Prince Charles de Lorraine et la Princesse sa sœur devaient arriver de Bruxelles pour assister au mariage de l'Archiduc Joseph. Les troupes du Baron de Laudon ont campé près de Frankenstein. Le Marquis de Paulmy, ancien secrétaire d'État à la Guerre, est arrivé en qualité d'ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne auprès du Roi et de la République de Pologne.
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65
p. 205-206
LETTRE à l'Auteur du Mercure.
Début :
Monsieur, L'avertissement amphibologique du Libraire de Madame R. ... Auteur des Mémoires [...]
Mots clefs :
Mémoire, Auteur, Lettres, Ouvrage, Livre, Libraire, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à l'Auteur du Mercure.
LETTRE à l'Auteur du Mercure.
ONSIEUR ,
L'avertiffement amphibologique du Libraire de
Madame R.... Auteur des Mémoires de Milady
2C6 MERCURE
DE FRANCE
>
B.... meforce à vous prier inftamment de vou-.
loir bien inftruire le Public , que l'Auteur des
Lettres de Fanny Butler , & de celles de Milady
Juliette Catesby n'a aucune prétention fur un
Quvrage, qui fans doute feroit beaucoup d'honpas
même
neur à fa plume ; mais qui ne lui eft
connu . Un de mes amis m'apporta hier une copie
de ce fingulier avertillement , & ne put me,
rendre compte de l'hiftoire de Milady B .... Mon génie peu fertile en événemens , & l'extrême
parelle de mon efprit , ne me permettront
jamais , je crois , d'entreprendre
un Livre en
quatre parties. Le Libraire de Madame R.... par
fa mal adroite façon de s'exprimer , a riſqué de lui enlever un avantage qu'elle a fur moi.Je lui en
reconnoîtrois bien d'autres , peut- être,fi j'avois le
temps de lirefon Livre. Jele penfe , & j'ai d'autang
plus de raifon de me le perfuader , qu'il n'eft,
pas ordinaire de rappeller au Public des Ouvra
ges,qui ont eu le bonheur d'obtenir fon fuffrage,
fans être bien für de l'agrément , de celui qu'on
préfente à leur fuite. J'en juge par moi -même,
Le fuccès de Milady Catesby m'a fi fort éffrayée, que je n'ai encore olé tenter un nouvel éffai. Il
elt fi rare de plaire deux fois ! R.
ONSIEUR ,
L'avertiffement amphibologique du Libraire de
Madame R.... Auteur des Mémoires de Milady
2C6 MERCURE
DE FRANCE
>
B.... meforce à vous prier inftamment de vou-.
loir bien inftruire le Public , que l'Auteur des
Lettres de Fanny Butler , & de celles de Milady
Juliette Catesby n'a aucune prétention fur un
Quvrage, qui fans doute feroit beaucoup d'honpas
même
neur à fa plume ; mais qui ne lui eft
connu . Un de mes amis m'apporta hier une copie
de ce fingulier avertillement , & ne put me,
rendre compte de l'hiftoire de Milady B .... Mon génie peu fertile en événemens , & l'extrême
parelle de mon efprit , ne me permettront
jamais , je crois , d'entreprendre
un Livre en
quatre parties. Le Libraire de Madame R.... par
fa mal adroite façon de s'exprimer , a riſqué de lui enlever un avantage qu'elle a fur moi.Je lui en
reconnoîtrois bien d'autres , peut- être,fi j'avois le
temps de lirefon Livre. Jele penfe , & j'ai d'autang
plus de raifon de me le perfuader , qu'il n'eft,
pas ordinaire de rappeller au Public des Ouvra
ges,qui ont eu le bonheur d'obtenir fon fuffrage,
fans être bien für de l'agrément , de celui qu'on
préfente à leur fuite. J'en juge par moi -même,
Le fuccès de Milady Catesby m'a fi fort éffrayée, que je n'ai encore olé tenter un nouvel éffai. Il
elt fi rare de plaire deux fois ! R.
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Résumé : LETTRE à l'Auteur du Mercure.
Cette lettre vise à clarifier l'attribution de certaines œuvres littéraires. L'auteur nie être l'auteur des 'Mémoires de Milady', des 'Lettres de Fanny Butler' et des 'Lettres de Milady Juliette Catesby'. Bien qu'elle reconnaisse la qualité potentielle de ces ouvrages, elle affirme ne pas en être l'auteure. L'auteur mentionne avoir reçu une copie d'un avertissement du libraire de Madame R., qui a suggéré qu'elle pourrait être l'auteure de ces œuvres. Elle exprime son incapacité à écrire un livre en quatre parties en raison de son manque d'imagination et de la paresse de son esprit. Le succès de 'Milady Catesby' l'a dissuadée de tenter une nouvelle œuvre, craignant de ne pas pouvoir reproduire un tel succès. Elle souligne également qu'il est rare de plaire deux fois au public avec des œuvres successives.
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66
p. 200-201
Remédes.
Début :
M. De Clairon, Président à la Chambre des Comptes & Cour des Aides [...]
Mots clefs :
Famille royale, Roi, Ministres, Mémoire, Plantes, Fièvre, Pleurésie, Guérison, Dysenterie, Hémorroïdes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Remédes.
Remédes.
M. DE CLAIRON , Préfident à la Chambre des
Comptes & Cour des Aides de Franche - Comté , a
prefenté au Roi , à la Reine , a la Famille Royale
, à tous les Miniftres , à M. le Maréchal de
Belleifle , à M. le Maréchal de Broglie , à M. de
Senac , premier Médecin du Roi , & à Meffieurs
de la Facultéde Médecine de Paris , un Mémoire
par lequel il leur expofe la découverte qu'il a
DECEMBRE. 1760. 201
faite de plufieurs Plantes fpécifiques pour la guérifon
des fiévres de toute espéce , des pleurélies &
au plus tard au cinquiéme accès , des obftructions
du foye & de la rate , de l'hydropifie , de la
rétention d'urine caufée par la pierre dans un
mois , de la dyfenterie même jufqu'au fang
dans huit jours , des fleurs blanches dans la révolution
de deux mois à n'en prendre que fix jours
defuite par mois, & des hémorroïdes en vingt - quatre
heures. Il a fait un Traité qui enfeigne la maniè
re de fe les procurer & de s'en fervir , qui a mérité
l'approbation de MM . les Cenfeurs de la Faculté
de Médecine de Paris , de M. de Senac , & de plufeurs
autres Médecins , & en attendant que ce
Traité parvienne à la connoillance du Public ,
i en offre à MM. les Médecins , Chirurgiens &
Apoticaires , & à quiconque en voudra faire ufage
, parce qu'il en garantit l'éthcacité & une
prompte guérifon . Il eft logé à la rue du Plâtre ,
près la rue S. Jacques , chez un Marchand Herborifte.
M. DE CLAIRON , Préfident à la Chambre des
Comptes & Cour des Aides de Franche - Comté , a
prefenté au Roi , à la Reine , a la Famille Royale
, à tous les Miniftres , à M. le Maréchal de
Belleifle , à M. le Maréchal de Broglie , à M. de
Senac , premier Médecin du Roi , & à Meffieurs
de la Facultéde Médecine de Paris , un Mémoire
par lequel il leur expofe la découverte qu'il a
DECEMBRE. 1760. 201
faite de plufieurs Plantes fpécifiques pour la guérifon
des fiévres de toute espéce , des pleurélies &
au plus tard au cinquiéme accès , des obftructions
du foye & de la rate , de l'hydropifie , de la
rétention d'urine caufée par la pierre dans un
mois , de la dyfenterie même jufqu'au fang
dans huit jours , des fleurs blanches dans la révolution
de deux mois à n'en prendre que fix jours
defuite par mois, & des hémorroïdes en vingt - quatre
heures. Il a fait un Traité qui enfeigne la maniè
re de fe les procurer & de s'en fervir , qui a mérité
l'approbation de MM . les Cenfeurs de la Faculté
de Médecine de Paris , de M. de Senac , & de plufeurs
autres Médecins , & en attendant que ce
Traité parvienne à la connoillance du Public ,
i en offre à MM. les Médecins , Chirurgiens &
Apoticaires , & à quiconque en voudra faire ufage
, parce qu'il en garantit l'éthcacité & une
prompte guérifon . Il eft logé à la rue du Plâtre ,
près la rue S. Jacques , chez un Marchand Herborifte.
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Résumé : Remédes.
M. de Clairon, Président à la Chambre des Comptes et Cour des Aides de Franche-Comté, a soumis un mémoire au Roi, à la Reine, à la Famille Royale, aux ministres, aux maréchaux de Belleisle et de Broglie, à M. de Senac, premier Médecin du Roi, et aux membres de la Faculté de Médecine de Paris. Ce mémoire décrit la découverte de plusieurs plantes spécifiques pour traiter diverses maladies, telles que les fièvres, les pleurésies, les obstructions du foie et de la rate, l'hydropisie, la rétention d'urine causée par des calculs rénaux, la dysenterie, les flux blancs et les hémorroïdes. M. de Clairon a rédigé un traité sur l'utilisation de ces plantes, approuvé par les censeurs de la Faculté de Médecine de Paris, M. de Senac et d'autres médecins. En attendant la publication de ce traité, il met ces remèdes à disposition des médecins, chirurgiens, apothicaires et toute personne intéressée, garantissant leur efficacité et une guérison rapide. M. de Clairon réside rue du Plâtre, près de la rue Saint-Jacques, chez un marchand herboriste.
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67
p. 102-113
EXTRAIT de la Séance publique de la Société Littéraire de CLERMONT en Auvergne, tenue dans la Salle de l'Hôtel-de-Ville.
Début :
Le 25 Août 1762. M. DEVERNINES, ancien Directeur, ouvrit la séance par la lecture d'une [...]
Mots clefs :
Analyse, Poids, Anneaux, Vase, Observations, Baromètre, Mémoire, Instrument
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Séance publique de la Société Littéraire de CLERMONT en Auvergne, tenue dans la Salle de l'Hôtel-de-Ville.
EXTRAIT de la Séance publique de la
Société Littéraire de CLERMONT
en Auvergne , tenue dans la Salle de
l'Hôtel-de-Ville.
Le 25 Août 1762.
M. DEVERNINES , ancien Directeur
, ouvrit la féance par la lecture d'une
Differtation fur un vafe antique , trouvé
dans la terre aux environs de Lezoux
petite Ville à quatre lieues de Clermont,
Ce vafe profond d'environ trois pouces
, fur cinq pouces de diamétre , eſt
compofé d'une terre qui approche de
la couleur rouge & très-fine ; il eft orné
de reliefs , repréfentant des perfonnages
, qui portent un linge déplié ;
plufieurs anneaux font déffinés autour
des perfonnages. On diftingue aifément
qu'ils font formés par un ferpent qui
FEVRIER. 1763. 103
mord fa queue ; l'Auteur s'attache d'a
bord à l'antiquité du vafe ; il le compare
à un de même nature dont il a
donné la defcription il y a quelques
années , & les rapporte l'un & l'autre
aux temps où les Romains établis dans
les Gaules , y porterent leurs ufages &
leurs moeurs. L'ufage de ces vafes , étoit
felon l'Auteur , de fervir à certaines libations
dans les Fêtes que célébroient
les Payens ; celui dont il eft queſtion
dans cette differtation paroît avoir rapport
par fes emblêmes aux Fêtes des Saturnales.
Les ferpents qui fe mordent
la queue font un emblême connu du
retour de l'année ; l'Auteur termine fa
differtation par des confidérations oeconomiques
, fur la matière dont eft compofé
ce vafe . Il prétend que dans la
Ville de Lezoux où on trouve une
grande quantité de pareils monumens ,
il y avoit une manufacture de poterie
de cette forte ; & il conclud qu'il feroit
très -utile d'établir dans ce même
lieu une manufacture de fayance ; il exhorte
fes Compatriotes à profiter de
cet avantage .
M. Ozy , a lu l'analyfe des eaux de
Contrexville en Lorraine ; M. Bagard,
premier Médecin du Roi de Pologne
E ix
104 MERCURE DE FRANCE.
Duc de Lorraine & de Bar , a attribué
aux eaux de Contrexville , la faculté
de foulager & guérir les maladies
occafionnées par la pierre & le
calcul ; le Mémoire qu'il a lu le 10 Janvier
1760 , dans une Affemblée publique
de la Société de Nancy , contient
une obfervation fuivie & détaillée des
qualités spécifiques de ces eaux découvertes
par l'analyfe & conftatées par
l'expérience. Des qualités fi falutaires
ont engagé certaines perfonnes de cette
Province à en faire tranfporter pour
leurs ufages . On ne pouvoit pas encore
juger de l'effet de ces eaux lorf
que M. de Ballainvilliers , Intendant
d'Auvergne , dont la vigilance & la
fagacité , faififfent généralement tout
ce qui peut concourrir au bien public ,
& dont l'âme bienfaifante fouhaite avec
ardeur l'éxiftence d'un remede fi puiffant
, fi confolant & fi rare , a chargé
M. Ozy de faire l'analyſe raifonnée de
ces eaux ; il a exigé que les éxpériences.
en fuffent faites en préfence des Do-
&teurs qui compofent le College de
Médecine de cette Ville. C'eft de cette
analyfe dont M. Ozy a rapporté les
procédés & les réfultats dans cette affemblée.
FEVRIER. 1763. 105
» Je m'y fuis appliqué , dit l'Auteur
» avec toute l'attention dont je fuis
» capable; mon zéle pour foulager l'hom-
» me dans fes douleurs & pour concour-
» rir à des vues fi généreufes n'a laiffé
" rien échapper de ce que l'Auteur de
la premiere Analyfe a mis fous les
" yeux du Public. Je l'ai fuivi fcrupuleuſement
, j'ai comparé mes procédés
avec les fiens , & fi je parois con-
» tredire ou affoiblir les réfultats des
» premieres expériences , c'eſt à mon
attachement invincible pour la vérité
» qu'il faut en imputer les motifs . D'ail-
» leurs je n'entreprends pas d'augmen-
» ter ou de diminuer la réputation de ces
eaux ; je me renferme dans la partie
chymique, laiffant aux Maîtres de l'art
qui ont affifté à mes Obſervations le
» droit de décider.
Il n'eft pas poffible de fuivre l'Auteur
dans fon analyfe , il faudroit rapporter
le Mémoire en entier. On fe
borne aux points de divifion entre la
première & la feconde analyſe. M. Bagard
prétend prouver par le mêlange
de l'huile de tartre par défaillance avec
le firop violat & fon changement de
couleur en verd , l'éxiftence d'un fet
alkali volatil dans ces eaux minérales ;
E v
106 MERCURE DE FRANCE.
dit
pour expliquer ce phénomène , M. Ozy
que T'alkali fixe qui a été verſé dans
ces eaux en eft la feule caufe . M. Bagard
a . paru étonné de ce qu'après
l'addition d'une certaine quantité d'alkali
fixe au mêlange de l'eau minérale
avec le firop violat , il s'eft fait un précipité
en poudre blanche. M. Ozy n'y
voit que la décompofition de la felenite
que contiennent ces eaux minérales ;
il opére le même phénomène en verfant
de l'alkali fixe ou de l'huile de
tartre par défaillance dans l'eau minérale
; il obtient un precépité blanc , qui
n'eft autre chofe que la terre feleniteufe
qui étoit unie à l'acide vitriolique , &
qui enfemble forment le fel feleniteux,
M. Bagard a cru voir des petits
criftaux de fel , après le mêlange de
l'huile de vitriol ; M. Ozy , n'y a vu
que des bulles d'air. Il prouve même
qu'il ne pouvoit y avoir aucun fel ар-
parent.
L'huile de vitriol verfée ſur le mêlange
après la diffolution de Saturne , a
préfenté aux yeux de M. Bagard des
globules blancs ; M. Ozy n'y a vu
qu'une décompofition du fel de faturne:
mais il n'y a vu aucune indication du
favon foupçonné par M. Bagard. La
FEVRIER. 1763. 107
diffolution d'argent a décélé une petite
quantité de fel marin ; le précipité jaune
d'une belle couleur de citron qui,
s'eft formé par le mêlange de la diffolution
de mercure dans l'efprit de
nitre , a donné occafion à M. Ozy ,
d'éprouver par différentes tentatives
la poffibilité de la compofition du tartre
vitriolé par l'acide nitreux . Les réſultats
ont donné l'affirmative.
M. Ozy a répété les mêmes expériences
fur une chopine des mêmes eaux ,
concentrée réduite au tiers : elles ont
toutes produit les mêmes effets . Cette
opération a été faite par le Chymiſte ,
pour rendre par la concentration les
principes que M. Bagard avoit cru voir
dans ces eaux plus fenfibles & plus
palpables. Après l'analyfe préliminaire
de ces eaux le Chymifte a éxaminé le
réfidu d'une évaporation jufqu'à ficcité
de foixante-huit livres de ces eaux , le
fédiment a été de deux onces & demie;
& après avoir fait fur ce réfidu différentes
éxpériences , il en a conclu
que ces foixante - huit livres d'eaux contenoient
environ un gros & huit grains .
de fel marin à baze terreufe , un peu
de terre calcaire & le refte de felenite .
La différence principale entre les deux
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
analyſes eft l'exiſtence d'une eſpéce de
favon que M. Bagard prétend avoir
découvert dans ces eaux , & que M.:
Ozy n'y trouve pas ; celle d'un fel acide ;
& auffi celle de l'alkali volatil minéral.
Si le fel acide eft réellement contenu
dans ces eaux , dit M. Ozy , il
en exclut néceffairement la fubftance
favoneufe pour l'alkali volatil minéral
, il eft inconnu jufqu'à préfent à
l'Académicien de Clermont. Il ne croit
pas que deux fubftances fi oppofées
l'une à l'autre , telles qu'un acide & un
alkali , puiffent librement exiſter dans
un même véhicule , fans fe détruire
mutuellement , ou plutôt fans fe combiner
enſemble. M. Ozy n'a pas découvert
de faffran de Mars dans ces
eaux. Il s'eft même convaincu par des
expériences répétées que ces eaux ne
contiennent point de fer. Il n'a point :
vu les grains blancs dont parle M. Bagard
, malgré la plus fcrupuleufe attention
qu'ily a portée . Il rend raiſon des
différens réfultats des expériences de
M. Bagard , qui ont pu l'induire en
erreur fur l'existence d'une fubftance
favoneufe & du faffran de Mars dans .
ces eaux. Il termine fon analyſe en difant
que ffii cceess eaux ont une vertu
FEVRIER. 1763 . 139
fithontriptique , il ne croit pas qu'on
puiffe l'attribuer à d'autres fubftances:
qu'à la terre calcaire qu'elle contiennent
; & pour énoncer l'expérience fuivante
, j'ai mis deux pierres tirées de la
même vefcie en éxpérience ; l'une dans
des eaux de Contrexville ; l'autre dans
de l'eau commune , chacunes fermées .
dans un bocal de verre , bouché avec
un parchemin mouillé & placé dans
la chambre chaude d'un Boulanger ; je
les
y ai laiffées pendant fix jours : après
ce temps j'ai apperçu dans chaque bocal
un commencement de décompofi- :
tion de la pierre indiquée , par des flocons
blancs qui fe précipitoient au fond :
du vaſe. J'ai retiré les pierres & les ai
pefé ; la pierre qui a féjourné dans
l'eau de Contrexville , du poids d'un
gros & quinze grains , s'eft trouvée
réduite à un gros & dix grains.
Celle qui a féjourné dans l'eau.commune
, de trois gros & quinze grains ,
s'eft trouvée réduite à trois gros & un
grain. Il réfulte de cette éxpérience que
la pierre qui a féjourné dans les eaux
minérales a perdu un feizième de plus
à-peu-près que celle qui a féjourné
dans l'eau commune.
La Séance a été terminée par un
1
110 MERCURE DE FRANCE.
Mémoire de M. de Feligonde , Secré
taire de la Société , fur les variations
fingulières des Baromêtres .
L'Auteur de ce Mémoire annonce
que par une fuite d'obfervations journalières
fur le Baromêtre , il s'eft apperçu
du peu de folidité des prédictions
météorologiques de cet inftrument
que dans le cours des années 1761 &,
1762 , & notamment lors de la levée
des foins , temps où le nombre des Obfervateurs
eft très-grand , les confultans
ont été trompés plufieurs fois . Ils
fe font plaints avec amertume de l'infidélité
de leur guide ; mais avoient - ils
raifon ? & cet inftrument , pour rem- ,
plir fon véritable objet , doit-il être infaillible
dans les applications multipliées
qu'on veut faire de fes facultés ? Ce .
font ces confidérations qui ont engagé
l'Auteur à traiter premierement de l'ap- .
plication qu'on doit faire des effets du
Baromêtre ; deuxièmement , des caufes :
qui dans certaines circonftances déran- :
gent la marche de cet inftrument.
Les premiers objets qui fixerent les
vues des Phyficiens dans la gradation
des Baromêtres , font compris dans le
Mémoire au nombre de trois.
De terminer la hauteur de l'athmofFEVRIER.
1763. ITE
phère par le poids de la colonne d'air ;
eftimer les hauteurs des montagnes &
des différens points de la terre ; annoncer
les changemens de temps , les féchereffes
, les pluyes , les vents & les
tempêtes .
L'Auteur rapporte les
expériences,
faites par les Phyficiens les plus célébres
, plufieurs obfervations inférées
dans les Mémoires de différentes Académies
, & fes propres obfervations :
defquelles il réfulte premierement , que
l'ufage du Baromêtre n'a pas également
réuffi dans tous les climats pour déterminer
le poids de l'athmosphère , ou la
hauteur de la colonne d'air.
Deuxièmement , que les méthodes
inventées pour déterminer, par le moyen
des Baromêtres , la hauteur de différens
points du globe , font encore bien imparfaites
, & quelquefois fautives par
les circonftances.
Troifiémement , que les pronostics
des vents & de la pluye , des orages ,
& c. t: ouvent dans l'expérience journa
lière des
contradictions fatales au fyftême
.
Cette fuite
d'obfervations paroît
ébranler un peu les prédictions météorologiques
des Baromêtres. L'Auteur
112 MERCURE DE FRANCE.
n'en tire cependant pas la conféquence ,"
& avant d'ouvrir fon fentiment , il paffe
à la feconde partie.
Le poids de la colonne d'air comme
caufe principale , les altérations de ce
fluide , comme cauſe accidentelle , concourent
à élever le mercure dans le tube
renverfé.
L'Auteur découvre dans les différentes
hauteurs de la colonne la denfité
des couches & l'élafticité des molécules
d'air qui la compofent ; la fource
& l'origine de toutes les variations qui
fe manifeftent dans les expériences. Il
en fait l'application aux contrariétés que
préfentent celles qu'il a rapportées dans
la première partie.
Il explique par les effets des vents
contraires , des vapeurs de différentes
natures , des fels volatils , des paffages
précipités du froid au chaud , des chaleurs
exceffives , des froids immodérés
les contremarches par lefquelles la liqueur
contenue dans le Baromêtre induit
les confultans en erreur.
D'où il conclut qu'on ne doit regarder
comme véritable objet du Baromêtre
, que la détermination du poids abfolu
de la colonne d'ajrqui le domine ;
mais que ce poids étant l'effet d'une multitude
de puiffances fujettes à des variaFEVRIER.
1763. 113
,
tions continuelles , on ne doit pas regarder
cet inftrument comme infaillible
foit dans la connoiffance de la hauteur
de l'athmosphère , foit dans les mesures
des différentes élévations , foit dans les
prédictions météorologiques .
On ne doit cependant pas abandonner
l'ufage de cet inftrument , 1 °. parce qu'il
remplit conftamment fon premier objet;
2º. parce que fes obfervations ont répandu
dans la phyfique de grandes
lumières , & qu'on a lieu d'en attendre
des découvertes intéreffantes , fi on continue
à l'obferver avec éxactitude & à
le réformer avec précaution .
Société Littéraire de CLERMONT
en Auvergne , tenue dans la Salle de
l'Hôtel-de-Ville.
Le 25 Août 1762.
M. DEVERNINES , ancien Directeur
, ouvrit la féance par la lecture d'une
Differtation fur un vafe antique , trouvé
dans la terre aux environs de Lezoux
petite Ville à quatre lieues de Clermont,
Ce vafe profond d'environ trois pouces
, fur cinq pouces de diamétre , eſt
compofé d'une terre qui approche de
la couleur rouge & très-fine ; il eft orné
de reliefs , repréfentant des perfonnages
, qui portent un linge déplié ;
plufieurs anneaux font déffinés autour
des perfonnages. On diftingue aifément
qu'ils font formés par un ferpent qui
FEVRIER. 1763. 103
mord fa queue ; l'Auteur s'attache d'a
bord à l'antiquité du vafe ; il le compare
à un de même nature dont il a
donné la defcription il y a quelques
années , & les rapporte l'un & l'autre
aux temps où les Romains établis dans
les Gaules , y porterent leurs ufages &
leurs moeurs. L'ufage de ces vafes , étoit
felon l'Auteur , de fervir à certaines libations
dans les Fêtes que célébroient
les Payens ; celui dont il eft queſtion
dans cette differtation paroît avoir rapport
par fes emblêmes aux Fêtes des Saturnales.
Les ferpents qui fe mordent
la queue font un emblême connu du
retour de l'année ; l'Auteur termine fa
differtation par des confidérations oeconomiques
, fur la matière dont eft compofé
ce vafe . Il prétend que dans la
Ville de Lezoux où on trouve une
grande quantité de pareils monumens ,
il y avoit une manufacture de poterie
de cette forte ; & il conclud qu'il feroit
très -utile d'établir dans ce même
lieu une manufacture de fayance ; il exhorte
fes Compatriotes à profiter de
cet avantage .
M. Ozy , a lu l'analyfe des eaux de
Contrexville en Lorraine ; M. Bagard,
premier Médecin du Roi de Pologne
E ix
104 MERCURE DE FRANCE.
Duc de Lorraine & de Bar , a attribué
aux eaux de Contrexville , la faculté
de foulager & guérir les maladies
occafionnées par la pierre & le
calcul ; le Mémoire qu'il a lu le 10 Janvier
1760 , dans une Affemblée publique
de la Société de Nancy , contient
une obfervation fuivie & détaillée des
qualités spécifiques de ces eaux découvertes
par l'analyfe & conftatées par
l'expérience. Des qualités fi falutaires
ont engagé certaines perfonnes de cette
Province à en faire tranfporter pour
leurs ufages . On ne pouvoit pas encore
juger de l'effet de ces eaux lorf
que M. de Ballainvilliers , Intendant
d'Auvergne , dont la vigilance & la
fagacité , faififfent généralement tout
ce qui peut concourrir au bien public ,
& dont l'âme bienfaifante fouhaite avec
ardeur l'éxiftence d'un remede fi puiffant
, fi confolant & fi rare , a chargé
M. Ozy de faire l'analyſe raifonnée de
ces eaux ; il a exigé que les éxpériences.
en fuffent faites en préfence des Do-
&teurs qui compofent le College de
Médecine de cette Ville. C'eft de cette
analyfe dont M. Ozy a rapporté les
procédés & les réfultats dans cette affemblée.
FEVRIER. 1763. 105
» Je m'y fuis appliqué , dit l'Auteur
» avec toute l'attention dont je fuis
» capable; mon zéle pour foulager l'hom-
» me dans fes douleurs & pour concour-
» rir à des vues fi généreufes n'a laiffé
" rien échapper de ce que l'Auteur de
la premiere Analyfe a mis fous les
" yeux du Public. Je l'ai fuivi fcrupuleuſement
, j'ai comparé mes procédés
avec les fiens , & fi je parois con-
» tredire ou affoiblir les réfultats des
» premieres expériences , c'eſt à mon
attachement invincible pour la vérité
» qu'il faut en imputer les motifs . D'ail-
» leurs je n'entreprends pas d'augmen-
» ter ou de diminuer la réputation de ces
eaux ; je me renferme dans la partie
chymique, laiffant aux Maîtres de l'art
qui ont affifté à mes Obſervations le
» droit de décider.
Il n'eft pas poffible de fuivre l'Auteur
dans fon analyfe , il faudroit rapporter
le Mémoire en entier. On fe
borne aux points de divifion entre la
première & la feconde analyſe. M. Bagard
prétend prouver par le mêlange
de l'huile de tartre par défaillance avec
le firop violat & fon changement de
couleur en verd , l'éxiftence d'un fet
alkali volatil dans ces eaux minérales ;
E v
106 MERCURE DE FRANCE.
dit
pour expliquer ce phénomène , M. Ozy
que T'alkali fixe qui a été verſé dans
ces eaux en eft la feule caufe . M. Bagard
a . paru étonné de ce qu'après
l'addition d'une certaine quantité d'alkali
fixe au mêlange de l'eau minérale
avec le firop violat , il s'eft fait un précipité
en poudre blanche. M. Ozy n'y
voit que la décompofition de la felenite
que contiennent ces eaux minérales ;
il opére le même phénomène en verfant
de l'alkali fixe ou de l'huile de
tartre par défaillance dans l'eau minérale
; il obtient un precépité blanc , qui
n'eft autre chofe que la terre feleniteufe
qui étoit unie à l'acide vitriolique , &
qui enfemble forment le fel feleniteux,
M. Bagard a cru voir des petits
criftaux de fel , après le mêlange de
l'huile de vitriol ; M. Ozy , n'y a vu
que des bulles d'air. Il prouve même
qu'il ne pouvoit y avoir aucun fel ар-
parent.
L'huile de vitriol verfée ſur le mêlange
après la diffolution de Saturne , a
préfenté aux yeux de M. Bagard des
globules blancs ; M. Ozy n'y a vu
qu'une décompofition du fel de faturne:
mais il n'y a vu aucune indication du
favon foupçonné par M. Bagard. La
FEVRIER. 1763. 107
diffolution d'argent a décélé une petite
quantité de fel marin ; le précipité jaune
d'une belle couleur de citron qui,
s'eft formé par le mêlange de la diffolution
de mercure dans l'efprit de
nitre , a donné occafion à M. Ozy ,
d'éprouver par différentes tentatives
la poffibilité de la compofition du tartre
vitriolé par l'acide nitreux . Les réſultats
ont donné l'affirmative.
M. Ozy a répété les mêmes expériences
fur une chopine des mêmes eaux ,
concentrée réduite au tiers : elles ont
toutes produit les mêmes effets . Cette
opération a été faite par le Chymiſte ,
pour rendre par la concentration les
principes que M. Bagard avoit cru voir
dans ces eaux plus fenfibles & plus
palpables. Après l'analyfe préliminaire
de ces eaux le Chymifte a éxaminé le
réfidu d'une évaporation jufqu'à ficcité
de foixante-huit livres de ces eaux , le
fédiment a été de deux onces & demie;
& après avoir fait fur ce réfidu différentes
éxpériences , il en a conclu
que ces foixante - huit livres d'eaux contenoient
environ un gros & huit grains .
de fel marin à baze terreufe , un peu
de terre calcaire & le refte de felenite .
La différence principale entre les deux
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
analyſes eft l'exiſtence d'une eſpéce de
favon que M. Bagard prétend avoir
découvert dans ces eaux , & que M.:
Ozy n'y trouve pas ; celle d'un fel acide ;
& auffi celle de l'alkali volatil minéral.
Si le fel acide eft réellement contenu
dans ces eaux , dit M. Ozy , il
en exclut néceffairement la fubftance
favoneufe pour l'alkali volatil minéral
, il eft inconnu jufqu'à préfent à
l'Académicien de Clermont. Il ne croit
pas que deux fubftances fi oppofées
l'une à l'autre , telles qu'un acide & un
alkali , puiffent librement exiſter dans
un même véhicule , fans fe détruire
mutuellement , ou plutôt fans fe combiner
enſemble. M. Ozy n'a pas découvert
de faffran de Mars dans ces
eaux. Il s'eft même convaincu par des
expériences répétées que ces eaux ne
contiennent point de fer. Il n'a point :
vu les grains blancs dont parle M. Bagard
, malgré la plus fcrupuleufe attention
qu'ily a portée . Il rend raiſon des
différens réfultats des expériences de
M. Bagard , qui ont pu l'induire en
erreur fur l'existence d'une fubftance
favoneufe & du faffran de Mars dans .
ces eaux. Il termine fon analyſe en difant
que ffii cceess eaux ont une vertu
FEVRIER. 1763 . 139
fithontriptique , il ne croit pas qu'on
puiffe l'attribuer à d'autres fubftances:
qu'à la terre calcaire qu'elle contiennent
; & pour énoncer l'expérience fuivante
, j'ai mis deux pierres tirées de la
même vefcie en éxpérience ; l'une dans
des eaux de Contrexville ; l'autre dans
de l'eau commune , chacunes fermées .
dans un bocal de verre , bouché avec
un parchemin mouillé & placé dans
la chambre chaude d'un Boulanger ; je
les
y ai laiffées pendant fix jours : après
ce temps j'ai apperçu dans chaque bocal
un commencement de décompofi- :
tion de la pierre indiquée , par des flocons
blancs qui fe précipitoient au fond :
du vaſe. J'ai retiré les pierres & les ai
pefé ; la pierre qui a féjourné dans
l'eau de Contrexville , du poids d'un
gros & quinze grains , s'eft trouvée
réduite à un gros & dix grains.
Celle qui a féjourné dans l'eau.commune
, de trois gros & quinze grains ,
s'eft trouvée réduite à trois gros & un
grain. Il réfulte de cette éxpérience que
la pierre qui a féjourné dans les eaux
minérales a perdu un feizième de plus
à-peu-près que celle qui a féjourné
dans l'eau commune.
La Séance a été terminée par un
1
110 MERCURE DE FRANCE.
Mémoire de M. de Feligonde , Secré
taire de la Société , fur les variations
fingulières des Baromêtres .
L'Auteur de ce Mémoire annonce
que par une fuite d'obfervations journalières
fur le Baromêtre , il s'eft apperçu
du peu de folidité des prédictions
météorologiques de cet inftrument
que dans le cours des années 1761 &,
1762 , & notamment lors de la levée
des foins , temps où le nombre des Obfervateurs
eft très-grand , les confultans
ont été trompés plufieurs fois . Ils
fe font plaints avec amertume de l'infidélité
de leur guide ; mais avoient - ils
raifon ? & cet inftrument , pour rem- ,
plir fon véritable objet , doit-il être infaillible
dans les applications multipliées
qu'on veut faire de fes facultés ? Ce .
font ces confidérations qui ont engagé
l'Auteur à traiter premierement de l'ap- .
plication qu'on doit faire des effets du
Baromêtre ; deuxièmement , des caufes :
qui dans certaines circonftances déran- :
gent la marche de cet inftrument.
Les premiers objets qui fixerent les
vues des Phyficiens dans la gradation
des Baromêtres , font compris dans le
Mémoire au nombre de trois.
De terminer la hauteur de l'athmofFEVRIER.
1763. ITE
phère par le poids de la colonne d'air ;
eftimer les hauteurs des montagnes &
des différens points de la terre ; annoncer
les changemens de temps , les féchereffes
, les pluyes , les vents & les
tempêtes .
L'Auteur rapporte les
expériences,
faites par les Phyficiens les plus célébres
, plufieurs obfervations inférées
dans les Mémoires de différentes Académies
, & fes propres obfervations :
defquelles il réfulte premierement , que
l'ufage du Baromêtre n'a pas également
réuffi dans tous les climats pour déterminer
le poids de l'athmosphère , ou la
hauteur de la colonne d'air.
Deuxièmement , que les méthodes
inventées pour déterminer, par le moyen
des Baromêtres , la hauteur de différens
points du globe , font encore bien imparfaites
, & quelquefois fautives par
les circonftances.
Troifiémement , que les pronostics
des vents & de la pluye , des orages ,
& c. t: ouvent dans l'expérience journa
lière des
contradictions fatales au fyftême
.
Cette fuite
d'obfervations paroît
ébranler un peu les prédictions météorologiques
des Baromêtres. L'Auteur
112 MERCURE DE FRANCE.
n'en tire cependant pas la conféquence ,"
& avant d'ouvrir fon fentiment , il paffe
à la feconde partie.
Le poids de la colonne d'air comme
caufe principale , les altérations de ce
fluide , comme cauſe accidentelle , concourent
à élever le mercure dans le tube
renverfé.
L'Auteur découvre dans les différentes
hauteurs de la colonne la denfité
des couches & l'élafticité des molécules
d'air qui la compofent ; la fource
& l'origine de toutes les variations qui
fe manifeftent dans les expériences. Il
en fait l'application aux contrariétés que
préfentent celles qu'il a rapportées dans
la première partie.
Il explique par les effets des vents
contraires , des vapeurs de différentes
natures , des fels volatils , des paffages
précipités du froid au chaud , des chaleurs
exceffives , des froids immodérés
les contremarches par lefquelles la liqueur
contenue dans le Baromêtre induit
les confultans en erreur.
D'où il conclut qu'on ne doit regarder
comme véritable objet du Baromêtre
, que la détermination du poids abfolu
de la colonne d'ajrqui le domine ;
mais que ce poids étant l'effet d'une multitude
de puiffances fujettes à des variaFEVRIER.
1763. 113
,
tions continuelles , on ne doit pas regarder
cet inftrument comme infaillible
foit dans la connoiffance de la hauteur
de l'athmosphère , foit dans les mesures
des différentes élévations , foit dans les
prédictions météorologiques .
On ne doit cependant pas abandonner
l'ufage de cet inftrument , 1 °. parce qu'il
remplit conftamment fon premier objet;
2º. parce que fes obfervations ont répandu
dans la phyfique de grandes
lumières , & qu'on a lieu d'en attendre
des découvertes intéreffantes , fi on continue
à l'obferver avec éxactitude & à
le réformer avec précaution .
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Résumé : EXTRAIT de la Séance publique de la Société Littéraire de CLERMONT en Auvergne, tenue dans la Salle de l'Hôtel-de-Ville.
Lors de la séance publique de la Société Littéraire de Clermont, tenue le 25 août 1762, plusieurs sujets furent abordés. M. Devernines présenta une dissertation sur un vase antique découvert près de Lezoux. Ce vase, mesurant trois pouces de profondeur et cinq pouces de diamètre, est fabriqué en terre fine de couleur rouge et orné de reliefs représentant des personnages drapés entourés d'anneaux formés par un serpent se mordant la queue. Devernines attribua ce vase à l'époque romaine, suggérant qu'il servait à des libations lors des fêtes païennes, notamment les Saturnales, et que les serpents symbolisaient le retour de l'année. Il proposa également de réactiver la manufacture de poterie à Lezoux pour produire de la faïence. M. Ozy présenta ensuite une analyse des eaux de Contrexville en Lorraine, attribuant à ces eaux des propriétés curatives contre les maladies liées à la pierre et au calcul. Cette analyse, commandée par M. de Ballainvilliers, Intendant d'Auvergne, visait à vérifier les observations de M. Bagard, premier médecin du Roi de Pologne. Ozy souligna des divergences dans les résultats des analyses, notamment sur la présence d'un sel alcalin volatil et d'un sel acide. Il conclut que les eaux de Contrexville ont une vertu lithontriptique due à la terre calcaire qu'elles contiennent. Enfin, M. de Feligonde présenta un mémoire sur les variations singulières des baromètres. Il discuta de l'inconstance des prédictions météorologiques des baromètres, attribuant ces erreurs à diverses causes comme les vents contraires, les vapeurs et les variations de température. Feligonde recommanda de continuer à utiliser cet instrument pour ses apports en physique, malgré ses limitations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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68
p. 139-140
SUPPLÉMENT à l'Article des Piéces fugitives. NOUVELLE INSCRIPTION, Pour être mise sur le Mausolée de M. DE CRÉBILLON.
Début :
O TOI, qui dans la Tombe emportes nos regrets ! [...]
Mots clefs :
Tombe, Gloire, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUPPLÉMENT à l'Article des Piéces fugitives. NOUVELLE INSCRIPTION, Pour être mise sur le Mausolée de M. DE CRÉBILLON.
SUPPLÉMENT à l'Article des Piéces
fugitives.
NOUVELLE INSCRIPTION ,
Pour être mife fur le Maufolée de M. DE CRÉ-
ΤΟΙ ,
BILLON.
qui dans la Tombe emportes nos regrets
!
La gloire te couronne au centre de la Paix.
Crébillon , Ecrivain ſublime ,
Ta mémoire à nos coeurs devient chère à jamais.
De ton Roi, de tous les Français ,
Ces marbres immortels te confacrent l'eftime.
1
140 MERCURE DE FRANCE.
HUNC Tumulum juffu Ludovici XV
Generofiffimi Artium renumeratoris ,
Pofuit
MARCHIO DE MARIGNY,
Regalium Præfectus Edificiorum ,
Anno Reparatæ Salutis ....Die... Menfis ....
Quam Mirantes Ampliffimam ingenii
Mercedem ,
Gens acclamat Erudita ,
Studiofa virtus triumphat & accenditur ;
Invidia autem erubefcit & tacet.
BRUNET .
fugitives.
NOUVELLE INSCRIPTION ,
Pour être mife fur le Maufolée de M. DE CRÉ-
ΤΟΙ ,
BILLON.
qui dans la Tombe emportes nos regrets
!
La gloire te couronne au centre de la Paix.
Crébillon , Ecrivain ſublime ,
Ta mémoire à nos coeurs devient chère à jamais.
De ton Roi, de tous les Français ,
Ces marbres immortels te confacrent l'eftime.
1
140 MERCURE DE FRANCE.
HUNC Tumulum juffu Ludovici XV
Generofiffimi Artium renumeratoris ,
Pofuit
MARCHIO DE MARIGNY,
Regalium Præfectus Edificiorum ,
Anno Reparatæ Salutis ....Die... Menfis ....
Quam Mirantes Ampliffimam ingenii
Mercedem ,
Gens acclamat Erudita ,
Studiofa virtus triumphat & accenditur ;
Invidia autem erubefcit & tacet.
BRUNET .
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Résumé : SUPPLÉMENT à l'Article des Piéces fugitives. NOUVELLE INSCRIPTION, Pour être mise sur le Mausolée de M. DE CRÉBILLON.
Le texte est un supplément à un article sur des pièces fugitives, présentant une nouvelle inscription pour le mausolée de Crébillon. Cette inscription honore Crébillon comme un écrivain sublime, dont la mémoire est chère aux Français. Commandée par Louis XV et placée par le marquis de Marigny, elle souligne l'admiration pour le génie de Crébillon et la victoire de la vertu studieuse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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69
p. 99-117
ACADÉMIES. EXTRAIT du Mémoire lu à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 13 Novembre 1762 par M. DE PARCIEUX, de la même Académie ; sur un moyen de donner une abondante quantité de bonne eau dans tous les Quartiers de PARIS.
Début :
LES Anciens & surtout les Romains furent toujours occupés du soin de procurer [...]
Mots clefs :
Pouces, Eaux , Projet, Mémoire, Rivière, Aqueduc
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texteReconnaissance textuelle : ACADÉMIES. EXTRAIT du Mémoire lu à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 13 Novembre 1762 par M. DE PARCIEUX, de la même Académie ; sur un moyen de donner une abondante quantité de bonne eau dans tous les Quartiers de PARIS.
ACADÉMIE S.
EXTRAIT du Mémoire lu à l'Affemblée
publique de l'Académie Royale
des Sciences , le 13 Novembre 1762 23
par M. DE PARCIEUX , de la même
Académie; fur un moyen de donner
une abondante quantité de bonne eau
dans tous les Quartiers de PARIS
LESES Anciens & furtout les Romains
furent toujours occupés du foin de procurer
de l'eau aux Villes de leur domination
. Nous en avons une preuve
dans les monumens qu'ils conftruifoient
pour cet ufage & qui fubfiftent encore
dans plufieurs Villes de France. On en
voit à Lyon , à Nifmes , à Fréjus , à
Joigny proche Metz , & c. Au lieu d'imiter
leur exemple & d'employer les
moyens dont ils fe fervirent autrefois,
nous avons eu jufqu'ici recours à des
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
1
machines pour fournir à la Capitale le
peu d'eau qu'elle a , fi ce n'eſt les eaux
de Rungis que la Reine Marie de Médicis
y fit venir dans le fiécle dernier.
L'infuffifance de ces Machines a fait
naître à M. Dep . l'idée d'un projet qu'il
développe dans le Mémoire que nous
annonçons ; projet d'autant plus utile
qu'il remplit parfaitement fon objet
fans des dépenfes énormes ; pour en
rendre l'éxécution moins éffrayante
M. Dep. remet en peu de mots fous
les yeux les immenfes travaux que fi
rent les Romains dans les Gaules dans
le peu de temps qu'ils les ont poffédées ,
pour la conduite des eaux. Il fait enfuite
voir la néceffité d'adopter fon projet
en prouvant que la plupart des
Quartiers de Paris manquent d'eau ou
n'en ont qu'en très-petites quantité.
Après des Obfervations fort éxactes
& dont on pourra voir le détail dans
le Mémoire , M. D. a trouvé qu'il pouvoit
faire venir les eaux de la Rivière
d'Yvette prifes à Vaugien à la Place de
la Porte S. Michel , d'où fe feroit la
diftribution dans tout le refte de Paris ;
diftribution d'autant plus facile que les
eaux de l'Yvette viendroient à la même
hauteur que celles de Rungis , qu'on
MARS. 1763.
101
comme communement d'Arcueil.
L'Aqueduc propofé parcourra - un
chemin de dix-fept à dix -huit mille
toifes en côtoyant d'abord le lit naturel
de l'Yvette depuis Vaugien jufqu'à Palaifeau.
De la vallée de l'Yvette pour
fe rendre à celle de la Bievres , on lui
pratiquera un paffage fous une partie
de la montagne qui eft entre Palaifeau
& Maffy. Arrivée dans la vallée de la
Bievres , le Canal dans lequel coulera
l'eau de l'Yvette fuivra la côte droite
de la Bievres , viendra paffer la gorge
de Fiernes ou de Tourvoye fur un pont
aqueduc , continuera enfuite fa route
fous Fiernes & fous l'Hay , & arrivera
à Arcueil. Là elle paffera la vallée fur
un autre pont aqueduc joignant celui
de la Reine Marie de Médicis , fur lequel
paffent les eaux de Rungis & elle
fuivra enfuite l'aqueduc actuel jufqu'au
Fauxbourg S. Jacques.
Pour faire connoître d'une manière
plus fenfible les endroits par où doit
paffer ce canal ou cet aqueduc , M.
de Parcieux a joint à fon Mémoire une
carte du lieu où l'on voit le cours de
la rivière d'Yvette depuis fes premieres
fources jufqu'à Paris ; le cours de la
riviere de Biévres , & celui du nouveau
canal, E. iij
102 MERCURE DE FRANCE.
La nature du terrein dont les eaux
pluviales tombent dans l'Yvette avoit
bien fait préffentir à M. D. que l'eau
devoit en être bonne ; néanmoins pour
s'en affurer complettement , il en a fait
porter un certain nombre de bouteilles
pleines & cachetées à MM. Hellot &
Macquer , habiles Chymiftes de la même
Académie , qui l'ont fait paffer par toutes
les épreuves que la Chymie fournit
; & l'on voit par leur examen rapporté
tout au long à la fin du Mémoire ,
que cette eau eft de la plus excellente
qualité.
L'abondance des eaux étoit encore
un point éffentiel dont il falloit s'affurer
, de la quantité de pieds cubes d'eau
que dépenfoient par feconde les moulins
de Vaugien & le dernier du ruiffeau
de Gif dans les temps des plus baffes
eaux , M. D. a conclu qu'il paffoit
plus de 1000 pouces d'eau à Vaugien,
& plus de 200 à Gif
En effet , fi l'on circonfcrit le terrein
qui envoye fes eaux pluviales aux deux
prifes de Vaugien & de Gif , on trouve
, dit M. D. que plus de 36 millions
de toifes quarrées envoyent leurs eaux
à Vaugien ou à Gif & nous croyons
qu'il auroit dire plus de pu
millions ; 40
MARS. 1763 ) 103
mais il aime-mieux annoncer moins ,
afin qu'on ne foit pas trompé dans fon
attente.
Le tiers de l'eau qui tombe fur ce
terrein que M. Mariotte fuppofe s'imbiber
pour fournir les fources , pris
moyennement pour toute l'année , don
neroit plus de trois mille pouces d'eau
continuels . Si on fait les réfervoirs néceffaires
pour conferver le trop de certains
temps pour remplacer le moins
des autres , ou voit qu'il eft aifé de
procurer à la Ville de Paris deux mille
pouces d'eau continuels & davantage.
Après avoir parlé des moyens d'amener
l'eau de l'Yvette à Paris , & de
ce qu'il y aura à faire pour l'avoir toute
l'année pure , belle & limpide , M.
D. fait l'analyse de l'eau de la Seine
telle qu'on la puife prèfque dans tout
Paris . Après avoir montré ce qu'il entre
d'égoûts dans cette rivière par la rive
droite , qui eft beaucoup plus la Marne
que la Seine , il fait remarquer ce que
l'autre rive reçoit , & voici comme il
s'exprime :
La rive gauche de la rivière eft encore
bien pire ; on le concevra aifément
, fi on fe repréſente que tous les
égoûts de la partie méridionale de Pa-
E iij
104 MERCURE DE FRANCE.
ris tombent dans la Seine , dans Paris
même ou au-deffus , par la rivière des
Gobelins , dans laquelle fe rendent les
égoûts de toute efpéce , de Bicêtre &
de l'Hôpital , ceux des Fauxbourgs
Saint-Jacques , Saint-Marceau & Saint-
Victor , lefquels joints à tout ce que
cette rivière reçoit des Blanchiffeufes
dont fon cours eft couvert depuis &
compris le Clos- Payen jufqu'au Pontaux-
tripes , & à tout ce que les Teinturiers
, Mégiffiers , Tanneurs , Amidonniers
, Braffeurs & autres ouvriers y
jettent , la rendent indifpenfablement la
plus vilaine & la plus mal-faine qu'on
puiffe imaginer.
La rive gauche de la Seine reçoit
cette eau à fon entrée dans Paris , vient
laver les trains de bois qui font les trois
quarts de l'année le long du Port de la
Tournelle , rencontre les égoûts des
foffés Saint-Bernard & des Grands-degrés
; celui de la Place Maubert , qui
feul feroit capable de gâter une grande
rivière : ainfi préparée elle vient paffer
fous les ponts de l'Hôtel-Dieu , où elle
reçoit de cet Hôpital immenfe , toutes
les ....... on n'ofe le dire : arrivent
enfuite l'égoût de la rue de la Harpe
ceux du quai des Auguftins , & enfin
t
MARS. 1763. TOS
par les trois qui fortent fous le qua
Malaquais , les immondices d'une grande
partie de Paris ; & c'eſt de l'eau qui
coule le long de cette rive , prife audeffous
du Pont- neuf, dont eft abreuvé
tout le fauxbourg Saint- Germain ,
ou peu s'en faut , & affez généralement
celle qu'on boit dans tout Paris ..
On ne trouvera pas que ce tableau
foit flaté ; mais M. D. n'annonce rien.
qui ne foit connu de tout Paris.
Tout le monde fent aisément que
ce projet eft un des plus grands des
plus utiles , des plus importans,des plus
intéreffans & des plus urgens qu'on puiffe.
propofer pour cette grande Ville , &
M. D. n'oublie rien de tout ce qui peut
faire efpérer aux Citoyens que fon
projet fera éxécuté un jour. Il ne diffimule
pas que tout ce qu'il y a à faire
pour amener l'eau jufqu'à la rue Hyacinthe
& pour la diftribuer dans Pa ---
ris , doit coûter même affez confidérablement
: mais , dit- il , Paris n'en vaut
il pas bien la peine ? pourroit -on fe
perfuader & voudroit-on perfuader aux
autres , que nous.fommes arrivés dans:
un fiécle où l'on n'ofe plus entreprendre
les chofes les plus grandes & les
plus utiles ? Que l'on compare feule
,
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
ment , eu égard au nombre d'habitans,
& qu'on cherche à mettre quelque proportion
, fi on le peut , entre ce que
l'on propofe pour la Capitale de la
France , & ce que l'on vient de faire
pour une ville de province ; alors le
projet n'éffrayera plus.
On compte qu'il y a aux environs
de 800 mille âmes dans dans Paris , &
36 à 40 mille à Montpellier ; ce dernier
nombre n'eft au plus que la vingtiéme
partie du premier.
On vient d'amener à Montpellier les
eaux de plufieurs fources réunies , lefquelles
donnent aux environs de 70
à
So pouces , dans les plus grandes féchereffes
, par un aqueduc de 7409 toifes
de long , voûté dans toute fa lon--
gueur , de trois pieds de largeur fur 6
de hauteur fous clef, dans l'étendue duquel
il a fallu percer une montagne de
200 toifes de longueur , faire plufieurs
ponts - aqueducs pour traverfer les basfonds
, entr'autres un fur la Lironde qui
eft affez confidérable , & celui qui traverfe
le vallon de la Merci fous le Peirou
, lequel eft compofé de deux ponts
l'une fur l'autre ; le premier de 64 arches
de cinq toifes de diamètre , & le fecond
de 140 arches de deux toiſes chacune,&
MARS. 1763. 107
de plus l'épaiffeur des piles & des culées ;
ce dernier a près de 400 toifes de long
fur 60 pieds de hauteur du deffous de
la rigole à l'endroit le plus bas du vallon
C'est tout au plus , fi le projet pour a
mener l'Yvette à Paris , demande trois
ou quatre fois autant d'ouvrage , pour
vingt fois autant d'habitans & pour la
Capitale de la France.
La ville de Carcaffonne , laquelle ,
felon Dom Vaiffette , dans fa Géographie
hiftorique , ne contient que 8000 à
10000 habitans , a trouvé dans la bonne
adminiſtration de fes revenus , auffi-
bien que dans la ville de Montpellier
, le moyen de fe procurer 2 à
300 pouces d'eau , par un petit aqueduc
de 3 pieds de haut , fur 18 pouces
de largeur , & de 4000 toifes de long,
porté fur des arceaux en plufieurs endroits.
Cette eau eft une partie de la
rivière d'Aude , qu'on a dérivée il y a
12 ou 15 ans .
Au refte , il faut attendre , fans défefpérer
, continue M. D. que des Savans
capables de juger de toutes les parties.
d'un pareil projet & d'évaluer le prix
de chacune , que la Cour ou les Magiftrats
commettront , ayent prononcé.
J'ofe affurer , en attendant leur exa-
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
men , qu'il y a eu de nos jours des
monumens commencés & finis , & d'autres
commencés qui marchent à grands
pas à leur perfection , qui couteront
plus que celui-ci Je les crois tous néceffaires
, mais celui de donner de l'eau
à Paris l'eft autant qu'aucun , & l'on
peut trouver des moyens pour celui-ci,
comme on en a trouvé pour ceux-là..
Les grands hommes , & nous en
avons , ont de grandes reffources : pourquoi
ne s'en trouveroit - il pas qui imitaffent
Gérard de Poiffi ce refpe&table
& généreux citoyen , qui a immortalifé
fon nom pour avoir donné onze
mille marcs d'argent , deftinés à faire
paver les rues de Paris. Quelle gloire
ne s'eft-il pas acquife , en employant
une partie de fes richeffes pour l'utili
té de fes concitoyens ? Puifque la mémoire
de cet acte généreux s'eft confervée
jufqu'à nous , elle durera vraifemblablement
auffi long-temps qu'il y
aura des hommes dans Paris.
M. Dép. fait voir dans fon Mémoire
qu'il faudroit 1881000 livres de notre
monnoye pour faire à préfent ce qu'on
faifoit alors avec la valeur de onze mille
marcs d'argent.
Quels éxemples de générofité ne nous
MARS. 1763. 109
donnent pas nos voifins ! un célébre
Médecin Anglois , vient de donner aux
environs de cinq millions de livres de
notre monnoye , pour faire bâtir un
Amphithéâtre anatomique , non compris
les fondations qu'il fe propofe de
faire pour les Profeffeurs. Qu'auroit- il
donné pour faire venir de l'eau à Londres
, fi celle de la nouvelle rivière n'y
avoit déjà été menée ? Efpérons que nos
plus riches Citoyens ne le céderont en
rien à la générofité des Anglois.
On peut trouver de ces grandes actions
dans tous les fiécles ; le quartier
de l'Univerfité eft couvert de monumens
fondés par la générofité de plufieurs
dignes Patriotes , proportionnée
à leur fortune ; & fous le règne de
LOUIS XV il y a des ames auffi généreufes
que fous celui de Philipe- Augufte
; je les crois même en plus grand
nombre : le zéle avec lequel les principaux
Corps & plufieurs dignes & grands
Citoyens fe font empreffés de contribuer
au rétabliffement de la Marine françoiſe
, en eft une preuve.
La ville de Reims n'oublira jamais
le nom & le bienfait de M. Godinot ,
qui après avoir fait des embelliffemens
Coufidérables à la Cathédrale dont il
fio MERCURE DE FRANCE.
étoit Chanoine , a procuré de l'eau à
fes concitoyens par une machine qu'il
a fait conftruire à fes ' dépens ainfi
qu'une grande partie des conduites &
des fontaines qui la diftribuent dans
tous les quartiers ; on lui a encore l'obligation
de plufieurs autres travaux publics.
Il y a certainement dans Paris des
âmes auffi bienfaifantes qu'à Reims ;
mais avec le noble defir d'être utile à
fes concitoyens , il faut l'heureux concours
des facultés .
Quel eft le citoyen zélé pour le bien.
public , dit M. D. qui ne donnât volontiers
fi les autres moyens manquent,
une ou deux années du revenu de fa
maifon pour y faire venir en tout temps
une quantité d'eau fuffifante ? Que ne
donneroit-on pas dans nombre de Châteaux
où l'eau manque, pour avoir une
fource d'un pouce d'eau feulement ?
quelles dépenfes ne fait- on pas quelquefois
pour s'en procurer dans des
maifons qu'on n'habite qu'en paſſant ?
ne feroit-ce pas faire de fon argent un
meilleur ufage que de l'employer en
lambris , en dorures & en autres ornemens
fuperflus & paffagers ? la bonne
eau fera toujours de mode.
En effet , quel avantage d'avoir dans
MAR S. 1763.
III
la maifon qu'on habite le plus longtems ,
une fource de bonne eau , fourniffant
l'office , la falle à manger , coulant fans
ceffe dans la cuifine , entraînant les immondices
fans leur laiffer le temps de
fermenter & d'empuantir & infecter
l'air des endroits où l'on conferve les
viandes & de ceux où on les prépapare.
Quelle fatisfaction de voir laver
fa cuifine & tous fes recoins dix
fois par jour , fi l'on veut fon eft moins
pareffeux à nétoyer partout quand l'eau
ne coute pas à tirer.
Non feulement cette abondance d'eau
tiendra le dedans de la maison propre &
frais , mais auffi les rues qui deviendront
des ruiffeaux formés tant par l'eau
de refte qui fortira des grandes maifons
que par celles qu'on employera à laver.
Ces ruiffeaux entraîneront fans ceffe les
boues , entretiendront le pavé propre &'
mouillé auprès des ruiffeaux pour le foulagement
des chevaux. En Eté on arrofera
, ou pour mieux dire , on lavera
les rues avec cette eau auffi fouvent
qu'on le voudra , au lieu de deux fois
qu'on les humecte à préfent avec fort
peu d'eau & fouvent avec de l'eau vilaine
& puante , qui jettée en petite
112 MERCURE DE FRANCE .
quantité , ne fait que tenir la boue délayée
pendant un peu de temps & infecter
d'autant mieux l'air , l'abondance
de celle-ci le rendra fain & falubre ,
ce qui eft fi important pour la fanté des
citoyens & d'autant plus néceffaire que
le nombre des habitans eft plus confidérable
; tout le monde fent de refte
que le féjour des boues & immondices
contre les murs ou contre les bornes
doit de néceffité rendre l'air bas , infecté
& mal fain & c'est celui que
nous refpirons.
"
"
Quelle tranquillité d'avoir dans fa
maiſon un réſervoir toujours plein d'eau
& fans ceffe renouvellé pour fournir un
fecours prompt & à propos dans un cas
de malheur tant pour foi que pour le
voifinage !
Dans la feconde partie de cet intéreffant
Mémoire , M. Dep. rend compte
de ce qui l'a conduit à former ce
projet , & de ce qu'il a fait pour s'af--
furer d'abord de la poffibilité, & enfuite.
pour dire exactement à quelle hauteur
l'eau pouvoit arriver à Paris. Il a fallu
pour cela rapporter le tout à un point
fixe & immuable , & c'eft au fol de l'Églife
N. D. qu'il a rapporté toutes ſes.
opérations.
MARS. 1763. 113
Faifant abftraction de la pente qui
fait couler l'eau de moulin en moulin
depuis Vaugien jufqu'à Paris , les chutes
des moulins ont fait connoître à M.
D. de combien l'eau de Vaugien étoit
plus élevée que l'eau de la Seine fous le
Pont de l'Hôtel- Dieu , de laquelle déduifant
la quantité de pieds & pouces
dont le fol de N. D. étoit plus élevé
que la Seine le même jour qu'il mefuroit
les chutes des moulins , le refte
donne l'élévation de l'eau de Vaugien
fur le fol de N. D. qui eft de 83 pieds
9 pouces.
Le nivellement que M. D. a fait &
repété plufieurs fois pour parvenir à
connoître de combien l'arrivée des eaux
d'Arcueil eft plus élevée que le même
fol de N. D. fuppofe des opérations
fort intéreffantes pour les perfonnes
qui font au fait de ces matiéres ; mais
comme elles ne font pas à la portée
de tous nos Le&curs , nous nous contenterons
d'en rapporter les principaux
réfultats.
1°. Le haut de la Tour méridionale
de N. D. eft plus élevé que le fol de
l'Eglife pris au bas de l'efcalier des.
Tours de 204 pieds 9 pouces. 2 °. Le haut
du parapet de l'Obfervatoire et plus.
114 MERCURE DE FRANCE .
haut que le même fol de N. D. de
161 pieds d'où il fuit que la Tour
méridionale de N. D. eft plus élevée
que le haut de l'Obfervatoire de 43
pieds 9 pouces. 3° . Le bouillon d'arrivée
des eaux d'Arcueil eft plus élevée
que le le fol de N. D. de 67 pieds 10
pouces & demie , qui ôtés de 83 pieds
9 pouces dont l'eau de Vaugien eft plus
élevée que le même fol de N. D, refte
15 pieds 10 pouces & demi , dont
l'eau de l'Yvette à Vaugien eft plus
élevée que l'arrivée des eaux d'Arcueil
à côté de l'Obfervatoire , non compris
la pente qui la fait couler de moulin
en moulin depuis Vaugien jufqu'à
Paris.
4º Le haut de la Place de l'Eftrapade
eft plus élevé que le fol de N. D. de
81 pieds 3 pouces.
5°. Enfin l'endroit le plus élevé du parapet
du pont de l'Hôtel-Dieu eft plus
élevé que le fol de N. D. de 10 pieds 6
pouces , ce qui donne le moyen de connoitre
de combien la Seine eft plus baffe
que le fol de N. D.
M. D. avec cette modeftie qui
convient aux vrais Sçavans qui n'ont
d'autres vues que celles du bien public,
MARS.
115
veut bien n'être pas cru fur fa parole ,
´'il demande lui-même qu'on faffe examiner
fon projet ; mais il defire que ce
foit par les perfonnes les plus capables
& les plus propres à infpirer la confiance
que l'objet mérite . Comme il
connoît bien la vérité de ce qu'il propofe
, on voit en plufieurs endroits de
fon Mémoire qu'il eft pleinement perfuadé
que fon projet fera exécuté à l'avenir
s'il ne l'eft à préfent. Voici comment
il s'exprime en un endroit.
Ne connoiffant rien de plus urgent
à
faire pour une grande ville , après la
conftruction des ponts , quand il en
faut que de procurer dans tous les
quartiers une fuffifante quantité de
bonne eau ; & connoiffant affez bien
les environs de Paris , pour pouvoir affurer
qu'il n'y a que la riviére d'Yvette
qui, donnant cette fuffifante quantité
de bonne eau , puiffe y arriver à une
hauteur propre à l'envoyer dans tous
les quartiers , à moins de l'aller prendre
beaucoup plus loin ; je crois être fondé
à me perfuader que ce projet fera
éxécuté à l'avenir , s'il ne l'eft à préfent
, & d'autant plus , comme je l'ai
déja fait obferver , que c'eft la feule
dépense que la Ville puiffe faire dont
116 MERCURE DE FRANCE.
les fonds tui rentrent avec avantage ,
en faifant le bien des citoyens , cette
dépenſe n'étant , à proprement dire
qu'une avance ou de l'argent placé.
Mais quand même cette dépenfe ne
devroitjamais rentrer : pour une grande
ville , capitale d'un grand royaume , il
faut de grandes chofes
Il regarde donc l'éxécution de ce
projet comme indifpenfable , foit dans
peu , foit à l'avenir or dans quelque
temps qu'on l'entreprenne , on doit
faire le tout de manière à pouvoir recevoir
& laiffer couler plus de 2000 pou--
ces d'eau, vû qu'on peut les avoir dèsà-
préfent les trois quarts de l'année
& qu'on pourra fe les procurer pour
toute l'année quand on le voudra , & c..
Quand même M. Dep. n'auroit pas
la fatisfaction de voir éxécuter ſon projet
, il pourra fe flatter d'avoir rendu un
fervice éffentiel à fa patrie , en faisant .
une fi heureufe découverte . Elle intéreffa
tout le monde dès qu'il commença
à en faire
part , & jamais
Mémoire
n'a été écouté
avec plus d'attention
ni
plus applaudi
qu'il le fut lorsqu'il
en fit.
la lecture
à l'Affemblée
de la rentrée
publique
de l'Académie
Royale
des.
Sciences
, du mois de Novembre
derMARS.
1763. 117
>
nicr. Le Miniftre toujours attentif à ce
qui peut contribuer au bien public , a
voulu qu'il fut imprimé à l'Imprimerie
Royale.
Lorfque M. Dep. eut l'honneur de le
préfenter au Roi , il en fut accueilli favorablement
, & Sa Majesté voulut bien
entrer avec lui dans des détails qui marquoient
fort l'intérêt qu'Elle y prenoit.
Ce Mémoire ne fe vend pas ; on n'en
a tiré que le nombre d'exemplaires qu'on
a voulu donner ; mais on le trouvera
dans la fuite des Mémoires de l'Académie
des Sciences , pour l'année 1762.
EXTRAIT du Mémoire lu à l'Affemblée
publique de l'Académie Royale
des Sciences , le 13 Novembre 1762 23
par M. DE PARCIEUX , de la même
Académie; fur un moyen de donner
une abondante quantité de bonne eau
dans tous les Quartiers de PARIS
LESES Anciens & furtout les Romains
furent toujours occupés du foin de procurer
de l'eau aux Villes de leur domination
. Nous en avons une preuve
dans les monumens qu'ils conftruifoient
pour cet ufage & qui fubfiftent encore
dans plufieurs Villes de France. On en
voit à Lyon , à Nifmes , à Fréjus , à
Joigny proche Metz , & c. Au lieu d'imiter
leur exemple & d'employer les
moyens dont ils fe fervirent autrefois,
nous avons eu jufqu'ici recours à des
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
1
machines pour fournir à la Capitale le
peu d'eau qu'elle a , fi ce n'eſt les eaux
de Rungis que la Reine Marie de Médicis
y fit venir dans le fiécle dernier.
L'infuffifance de ces Machines a fait
naître à M. Dep . l'idée d'un projet qu'il
développe dans le Mémoire que nous
annonçons ; projet d'autant plus utile
qu'il remplit parfaitement fon objet
fans des dépenfes énormes ; pour en
rendre l'éxécution moins éffrayante
M. Dep. remet en peu de mots fous
les yeux les immenfes travaux que fi
rent les Romains dans les Gaules dans
le peu de temps qu'ils les ont poffédées ,
pour la conduite des eaux. Il fait enfuite
voir la néceffité d'adopter fon projet
en prouvant que la plupart des
Quartiers de Paris manquent d'eau ou
n'en ont qu'en très-petites quantité.
Après des Obfervations fort éxactes
& dont on pourra voir le détail dans
le Mémoire , M. D. a trouvé qu'il pouvoit
faire venir les eaux de la Rivière
d'Yvette prifes à Vaugien à la Place de
la Porte S. Michel , d'où fe feroit la
diftribution dans tout le refte de Paris ;
diftribution d'autant plus facile que les
eaux de l'Yvette viendroient à la même
hauteur que celles de Rungis , qu'on
MARS. 1763.
101
comme communement d'Arcueil.
L'Aqueduc propofé parcourra - un
chemin de dix-fept à dix -huit mille
toifes en côtoyant d'abord le lit naturel
de l'Yvette depuis Vaugien jufqu'à Palaifeau.
De la vallée de l'Yvette pour
fe rendre à celle de la Bievres , on lui
pratiquera un paffage fous une partie
de la montagne qui eft entre Palaifeau
& Maffy. Arrivée dans la vallée de la
Bievres , le Canal dans lequel coulera
l'eau de l'Yvette fuivra la côte droite
de la Bievres , viendra paffer la gorge
de Fiernes ou de Tourvoye fur un pont
aqueduc , continuera enfuite fa route
fous Fiernes & fous l'Hay , & arrivera
à Arcueil. Là elle paffera la vallée fur
un autre pont aqueduc joignant celui
de la Reine Marie de Médicis , fur lequel
paffent les eaux de Rungis & elle
fuivra enfuite l'aqueduc actuel jufqu'au
Fauxbourg S. Jacques.
Pour faire connoître d'une manière
plus fenfible les endroits par où doit
paffer ce canal ou cet aqueduc , M.
de Parcieux a joint à fon Mémoire une
carte du lieu où l'on voit le cours de
la rivière d'Yvette depuis fes premieres
fources jufqu'à Paris ; le cours de la
riviere de Biévres , & celui du nouveau
canal, E. iij
102 MERCURE DE FRANCE.
La nature du terrein dont les eaux
pluviales tombent dans l'Yvette avoit
bien fait préffentir à M. D. que l'eau
devoit en être bonne ; néanmoins pour
s'en affurer complettement , il en a fait
porter un certain nombre de bouteilles
pleines & cachetées à MM. Hellot &
Macquer , habiles Chymiftes de la même
Académie , qui l'ont fait paffer par toutes
les épreuves que la Chymie fournit
; & l'on voit par leur examen rapporté
tout au long à la fin du Mémoire ,
que cette eau eft de la plus excellente
qualité.
L'abondance des eaux étoit encore
un point éffentiel dont il falloit s'affurer
, de la quantité de pieds cubes d'eau
que dépenfoient par feconde les moulins
de Vaugien & le dernier du ruiffeau
de Gif dans les temps des plus baffes
eaux , M. D. a conclu qu'il paffoit
plus de 1000 pouces d'eau à Vaugien,
& plus de 200 à Gif
En effet , fi l'on circonfcrit le terrein
qui envoye fes eaux pluviales aux deux
prifes de Vaugien & de Gif , on trouve
, dit M. D. que plus de 36 millions
de toifes quarrées envoyent leurs eaux
à Vaugien ou à Gif & nous croyons
qu'il auroit dire plus de pu
millions ; 40
MARS. 1763 ) 103
mais il aime-mieux annoncer moins ,
afin qu'on ne foit pas trompé dans fon
attente.
Le tiers de l'eau qui tombe fur ce
terrein que M. Mariotte fuppofe s'imbiber
pour fournir les fources , pris
moyennement pour toute l'année , don
neroit plus de trois mille pouces d'eau
continuels . Si on fait les réfervoirs néceffaires
pour conferver le trop de certains
temps pour remplacer le moins
des autres , ou voit qu'il eft aifé de
procurer à la Ville de Paris deux mille
pouces d'eau continuels & davantage.
Après avoir parlé des moyens d'amener
l'eau de l'Yvette à Paris , & de
ce qu'il y aura à faire pour l'avoir toute
l'année pure , belle & limpide , M.
D. fait l'analyse de l'eau de la Seine
telle qu'on la puife prèfque dans tout
Paris . Après avoir montré ce qu'il entre
d'égoûts dans cette rivière par la rive
droite , qui eft beaucoup plus la Marne
que la Seine , il fait remarquer ce que
l'autre rive reçoit , & voici comme il
s'exprime :
La rive gauche de la rivière eft encore
bien pire ; on le concevra aifément
, fi on fe repréſente que tous les
égoûts de la partie méridionale de Pa-
E iij
104 MERCURE DE FRANCE.
ris tombent dans la Seine , dans Paris
même ou au-deffus , par la rivière des
Gobelins , dans laquelle fe rendent les
égoûts de toute efpéce , de Bicêtre &
de l'Hôpital , ceux des Fauxbourgs
Saint-Jacques , Saint-Marceau & Saint-
Victor , lefquels joints à tout ce que
cette rivière reçoit des Blanchiffeufes
dont fon cours eft couvert depuis &
compris le Clos- Payen jufqu'au Pontaux-
tripes , & à tout ce que les Teinturiers
, Mégiffiers , Tanneurs , Amidonniers
, Braffeurs & autres ouvriers y
jettent , la rendent indifpenfablement la
plus vilaine & la plus mal-faine qu'on
puiffe imaginer.
La rive gauche de la Seine reçoit
cette eau à fon entrée dans Paris , vient
laver les trains de bois qui font les trois
quarts de l'année le long du Port de la
Tournelle , rencontre les égoûts des
foffés Saint-Bernard & des Grands-degrés
; celui de la Place Maubert , qui
feul feroit capable de gâter une grande
rivière : ainfi préparée elle vient paffer
fous les ponts de l'Hôtel-Dieu , où elle
reçoit de cet Hôpital immenfe , toutes
les ....... on n'ofe le dire : arrivent
enfuite l'égoût de la rue de la Harpe
ceux du quai des Auguftins , & enfin
t
MARS. 1763. TOS
par les trois qui fortent fous le qua
Malaquais , les immondices d'une grande
partie de Paris ; & c'eſt de l'eau qui
coule le long de cette rive , prife audeffous
du Pont- neuf, dont eft abreuvé
tout le fauxbourg Saint- Germain ,
ou peu s'en faut , & affez généralement
celle qu'on boit dans tout Paris ..
On ne trouvera pas que ce tableau
foit flaté ; mais M. D. n'annonce rien.
qui ne foit connu de tout Paris.
Tout le monde fent aisément que
ce projet eft un des plus grands des
plus utiles , des plus importans,des plus
intéreffans & des plus urgens qu'on puiffe.
propofer pour cette grande Ville , &
M. D. n'oublie rien de tout ce qui peut
faire efpérer aux Citoyens que fon
projet fera éxécuté un jour. Il ne diffimule
pas que tout ce qu'il y a à faire
pour amener l'eau jufqu'à la rue Hyacinthe
& pour la diftribuer dans Pa ---
ris , doit coûter même affez confidérablement
: mais , dit- il , Paris n'en vaut
il pas bien la peine ? pourroit -on fe
perfuader & voudroit-on perfuader aux
autres , que nous.fommes arrivés dans:
un fiécle où l'on n'ofe plus entreprendre
les chofes les plus grandes & les
plus utiles ? Que l'on compare feule
,
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
ment , eu égard au nombre d'habitans,
& qu'on cherche à mettre quelque proportion
, fi on le peut , entre ce que
l'on propofe pour la Capitale de la
France , & ce que l'on vient de faire
pour une ville de province ; alors le
projet n'éffrayera plus.
On compte qu'il y a aux environs
de 800 mille âmes dans dans Paris , &
36 à 40 mille à Montpellier ; ce dernier
nombre n'eft au plus que la vingtiéme
partie du premier.
On vient d'amener à Montpellier les
eaux de plufieurs fources réunies , lefquelles
donnent aux environs de 70
à
So pouces , dans les plus grandes féchereffes
, par un aqueduc de 7409 toifes
de long , voûté dans toute fa lon--
gueur , de trois pieds de largeur fur 6
de hauteur fous clef, dans l'étendue duquel
il a fallu percer une montagne de
200 toifes de longueur , faire plufieurs
ponts - aqueducs pour traverfer les basfonds
, entr'autres un fur la Lironde qui
eft affez confidérable , & celui qui traverfe
le vallon de la Merci fous le Peirou
, lequel eft compofé de deux ponts
l'une fur l'autre ; le premier de 64 arches
de cinq toifes de diamètre , & le fecond
de 140 arches de deux toiſes chacune,&
MARS. 1763. 107
de plus l'épaiffeur des piles & des culées ;
ce dernier a près de 400 toifes de long
fur 60 pieds de hauteur du deffous de
la rigole à l'endroit le plus bas du vallon
C'est tout au plus , fi le projet pour a
mener l'Yvette à Paris , demande trois
ou quatre fois autant d'ouvrage , pour
vingt fois autant d'habitans & pour la
Capitale de la France.
La ville de Carcaffonne , laquelle ,
felon Dom Vaiffette , dans fa Géographie
hiftorique , ne contient que 8000 à
10000 habitans , a trouvé dans la bonne
adminiſtration de fes revenus , auffi-
bien que dans la ville de Montpellier
, le moyen de fe procurer 2 à
300 pouces d'eau , par un petit aqueduc
de 3 pieds de haut , fur 18 pouces
de largeur , & de 4000 toifes de long,
porté fur des arceaux en plufieurs endroits.
Cette eau eft une partie de la
rivière d'Aude , qu'on a dérivée il y a
12 ou 15 ans .
Au refte , il faut attendre , fans défefpérer
, continue M. D. que des Savans
capables de juger de toutes les parties.
d'un pareil projet & d'évaluer le prix
de chacune , que la Cour ou les Magiftrats
commettront , ayent prononcé.
J'ofe affurer , en attendant leur exa-
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
men , qu'il y a eu de nos jours des
monumens commencés & finis , & d'autres
commencés qui marchent à grands
pas à leur perfection , qui couteront
plus que celui-ci Je les crois tous néceffaires
, mais celui de donner de l'eau
à Paris l'eft autant qu'aucun , & l'on
peut trouver des moyens pour celui-ci,
comme on en a trouvé pour ceux-là..
Les grands hommes , & nous en
avons , ont de grandes reffources : pourquoi
ne s'en trouveroit - il pas qui imitaffent
Gérard de Poiffi ce refpe&table
& généreux citoyen , qui a immortalifé
fon nom pour avoir donné onze
mille marcs d'argent , deftinés à faire
paver les rues de Paris. Quelle gloire
ne s'eft-il pas acquife , en employant
une partie de fes richeffes pour l'utili
té de fes concitoyens ? Puifque la mémoire
de cet acte généreux s'eft confervée
jufqu'à nous , elle durera vraifemblablement
auffi long-temps qu'il y
aura des hommes dans Paris.
M. Dép. fait voir dans fon Mémoire
qu'il faudroit 1881000 livres de notre
monnoye pour faire à préfent ce qu'on
faifoit alors avec la valeur de onze mille
marcs d'argent.
Quels éxemples de générofité ne nous
MARS. 1763. 109
donnent pas nos voifins ! un célébre
Médecin Anglois , vient de donner aux
environs de cinq millions de livres de
notre monnoye , pour faire bâtir un
Amphithéâtre anatomique , non compris
les fondations qu'il fe propofe de
faire pour les Profeffeurs. Qu'auroit- il
donné pour faire venir de l'eau à Londres
, fi celle de la nouvelle rivière n'y
avoit déjà été menée ? Efpérons que nos
plus riches Citoyens ne le céderont en
rien à la générofité des Anglois.
On peut trouver de ces grandes actions
dans tous les fiécles ; le quartier
de l'Univerfité eft couvert de monumens
fondés par la générofité de plufieurs
dignes Patriotes , proportionnée
à leur fortune ; & fous le règne de
LOUIS XV il y a des ames auffi généreufes
que fous celui de Philipe- Augufte
; je les crois même en plus grand
nombre : le zéle avec lequel les principaux
Corps & plufieurs dignes & grands
Citoyens fe font empreffés de contribuer
au rétabliffement de la Marine françoiſe
, en eft une preuve.
La ville de Reims n'oublira jamais
le nom & le bienfait de M. Godinot ,
qui après avoir fait des embelliffemens
Coufidérables à la Cathédrale dont il
fio MERCURE DE FRANCE.
étoit Chanoine , a procuré de l'eau à
fes concitoyens par une machine qu'il
a fait conftruire à fes ' dépens ainfi
qu'une grande partie des conduites &
des fontaines qui la diftribuent dans
tous les quartiers ; on lui a encore l'obligation
de plufieurs autres travaux publics.
Il y a certainement dans Paris des
âmes auffi bienfaifantes qu'à Reims ;
mais avec le noble defir d'être utile à
fes concitoyens , il faut l'heureux concours
des facultés .
Quel eft le citoyen zélé pour le bien.
public , dit M. D. qui ne donnât volontiers
fi les autres moyens manquent,
une ou deux années du revenu de fa
maifon pour y faire venir en tout temps
une quantité d'eau fuffifante ? Que ne
donneroit-on pas dans nombre de Châteaux
où l'eau manque, pour avoir une
fource d'un pouce d'eau feulement ?
quelles dépenfes ne fait- on pas quelquefois
pour s'en procurer dans des
maifons qu'on n'habite qu'en paſſant ?
ne feroit-ce pas faire de fon argent un
meilleur ufage que de l'employer en
lambris , en dorures & en autres ornemens
fuperflus & paffagers ? la bonne
eau fera toujours de mode.
En effet , quel avantage d'avoir dans
MAR S. 1763.
III
la maifon qu'on habite le plus longtems ,
une fource de bonne eau , fourniffant
l'office , la falle à manger , coulant fans
ceffe dans la cuifine , entraînant les immondices
fans leur laiffer le temps de
fermenter & d'empuantir & infecter
l'air des endroits où l'on conferve les
viandes & de ceux où on les prépapare.
Quelle fatisfaction de voir laver
fa cuifine & tous fes recoins dix
fois par jour , fi l'on veut fon eft moins
pareffeux à nétoyer partout quand l'eau
ne coute pas à tirer.
Non feulement cette abondance d'eau
tiendra le dedans de la maison propre &
frais , mais auffi les rues qui deviendront
des ruiffeaux formés tant par l'eau
de refte qui fortira des grandes maifons
que par celles qu'on employera à laver.
Ces ruiffeaux entraîneront fans ceffe les
boues , entretiendront le pavé propre &'
mouillé auprès des ruiffeaux pour le foulagement
des chevaux. En Eté on arrofera
, ou pour mieux dire , on lavera
les rues avec cette eau auffi fouvent
qu'on le voudra , au lieu de deux fois
qu'on les humecte à préfent avec fort
peu d'eau & fouvent avec de l'eau vilaine
& puante , qui jettée en petite
112 MERCURE DE FRANCE .
quantité , ne fait que tenir la boue délayée
pendant un peu de temps & infecter
d'autant mieux l'air , l'abondance
de celle-ci le rendra fain & falubre ,
ce qui eft fi important pour la fanté des
citoyens & d'autant plus néceffaire que
le nombre des habitans eft plus confidérable
; tout le monde fent de refte
que le féjour des boues & immondices
contre les murs ou contre les bornes
doit de néceffité rendre l'air bas , infecté
& mal fain & c'est celui que
nous refpirons.
"
"
Quelle tranquillité d'avoir dans fa
maiſon un réſervoir toujours plein d'eau
& fans ceffe renouvellé pour fournir un
fecours prompt & à propos dans un cas
de malheur tant pour foi que pour le
voifinage !
Dans la feconde partie de cet intéreffant
Mémoire , M. Dep. rend compte
de ce qui l'a conduit à former ce
projet , & de ce qu'il a fait pour s'af--
furer d'abord de la poffibilité, & enfuite.
pour dire exactement à quelle hauteur
l'eau pouvoit arriver à Paris. Il a fallu
pour cela rapporter le tout à un point
fixe & immuable , & c'eft au fol de l'Églife
N. D. qu'il a rapporté toutes ſes.
opérations.
MARS. 1763. 113
Faifant abftraction de la pente qui
fait couler l'eau de moulin en moulin
depuis Vaugien jufqu'à Paris , les chutes
des moulins ont fait connoître à M.
D. de combien l'eau de Vaugien étoit
plus élevée que l'eau de la Seine fous le
Pont de l'Hôtel- Dieu , de laquelle déduifant
la quantité de pieds & pouces
dont le fol de N. D. étoit plus élevé
que la Seine le même jour qu'il mefuroit
les chutes des moulins , le refte
donne l'élévation de l'eau de Vaugien
fur le fol de N. D. qui eft de 83 pieds
9 pouces.
Le nivellement que M. D. a fait &
repété plufieurs fois pour parvenir à
connoître de combien l'arrivée des eaux
d'Arcueil eft plus élevée que le même
fol de N. D. fuppofe des opérations
fort intéreffantes pour les perfonnes
qui font au fait de ces matiéres ; mais
comme elles ne font pas à la portée
de tous nos Le&curs , nous nous contenterons
d'en rapporter les principaux
réfultats.
1°. Le haut de la Tour méridionale
de N. D. eft plus élevé que le fol de
l'Eglife pris au bas de l'efcalier des.
Tours de 204 pieds 9 pouces. 2 °. Le haut
du parapet de l'Obfervatoire et plus.
114 MERCURE DE FRANCE .
haut que le même fol de N. D. de
161 pieds d'où il fuit que la Tour
méridionale de N. D. eft plus élevée
que le haut de l'Obfervatoire de 43
pieds 9 pouces. 3° . Le bouillon d'arrivée
des eaux d'Arcueil eft plus élevée
que le le fol de N. D. de 67 pieds 10
pouces & demie , qui ôtés de 83 pieds
9 pouces dont l'eau de Vaugien eft plus
élevée que le même fol de N. D, refte
15 pieds 10 pouces & demi , dont
l'eau de l'Yvette à Vaugien eft plus
élevée que l'arrivée des eaux d'Arcueil
à côté de l'Obfervatoire , non compris
la pente qui la fait couler de moulin
en moulin depuis Vaugien jufqu'à
Paris.
4º Le haut de la Place de l'Eftrapade
eft plus élevé que le fol de N. D. de
81 pieds 3 pouces.
5°. Enfin l'endroit le plus élevé du parapet
du pont de l'Hôtel-Dieu eft plus
élevé que le fol de N. D. de 10 pieds 6
pouces , ce qui donne le moyen de connoitre
de combien la Seine eft plus baffe
que le fol de N. D.
M. D. avec cette modeftie qui
convient aux vrais Sçavans qui n'ont
d'autres vues que celles du bien public,
MARS.
115
veut bien n'être pas cru fur fa parole ,
´'il demande lui-même qu'on faffe examiner
fon projet ; mais il defire que ce
foit par les perfonnes les plus capables
& les plus propres à infpirer la confiance
que l'objet mérite . Comme il
connoît bien la vérité de ce qu'il propofe
, on voit en plufieurs endroits de
fon Mémoire qu'il eft pleinement perfuadé
que fon projet fera exécuté à l'avenir
s'il ne l'eft à préfent. Voici comment
il s'exprime en un endroit.
Ne connoiffant rien de plus urgent
à
faire pour une grande ville , après la
conftruction des ponts , quand il en
faut que de procurer dans tous les
quartiers une fuffifante quantité de
bonne eau ; & connoiffant affez bien
les environs de Paris , pour pouvoir affurer
qu'il n'y a que la riviére d'Yvette
qui, donnant cette fuffifante quantité
de bonne eau , puiffe y arriver à une
hauteur propre à l'envoyer dans tous
les quartiers , à moins de l'aller prendre
beaucoup plus loin ; je crois être fondé
à me perfuader que ce projet fera
éxécuté à l'avenir , s'il ne l'eft à préfent
, & d'autant plus , comme je l'ai
déja fait obferver , que c'eft la feule
dépense que la Ville puiffe faire dont
116 MERCURE DE FRANCE.
les fonds tui rentrent avec avantage ,
en faifant le bien des citoyens , cette
dépenſe n'étant , à proprement dire
qu'une avance ou de l'argent placé.
Mais quand même cette dépenfe ne
devroitjamais rentrer : pour une grande
ville , capitale d'un grand royaume , il
faut de grandes chofes
Il regarde donc l'éxécution de ce
projet comme indifpenfable , foit dans
peu , foit à l'avenir or dans quelque
temps qu'on l'entreprenne , on doit
faire le tout de manière à pouvoir recevoir
& laiffer couler plus de 2000 pou--
ces d'eau, vû qu'on peut les avoir dèsà-
préfent les trois quarts de l'année
& qu'on pourra fe les procurer pour
toute l'année quand on le voudra , & c..
Quand même M. Dep. n'auroit pas
la fatisfaction de voir éxécuter ſon projet
, il pourra fe flatter d'avoir rendu un
fervice éffentiel à fa patrie , en faisant .
une fi heureufe découverte . Elle intéreffa
tout le monde dès qu'il commença
à en faire
part , & jamais
Mémoire
n'a été écouté
avec plus d'attention
ni
plus applaudi
qu'il le fut lorsqu'il
en fit.
la lecture
à l'Affemblée
de la rentrée
publique
de l'Académie
Royale
des.
Sciences
, du mois de Novembre
derMARS.
1763. 117
>
nicr. Le Miniftre toujours attentif à ce
qui peut contribuer au bien public , a
voulu qu'il fut imprimé à l'Imprimerie
Royale.
Lorfque M. Dep. eut l'honneur de le
préfenter au Roi , il en fut accueilli favorablement
, & Sa Majesté voulut bien
entrer avec lui dans des détails qui marquoient
fort l'intérêt qu'Elle y prenoit.
Ce Mémoire ne fe vend pas ; on n'en
a tiré que le nombre d'exemplaires qu'on
a voulu donner ; mais on le trouvera
dans la fuite des Mémoires de l'Académie
des Sciences , pour l'année 1762.
Fermer
Résumé : ACADÉMIES. EXTRAIT du Mémoire lu à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 13 Novembre 1762 par M. DE PARCIEUX, de la même Académie ; sur un moyen de donner une abondante quantité de bonne eau dans tous les Quartiers de PARIS.
En 1762, M. de Parcieux présente à l'Académie Royale des Sciences un projet visant à fournir une abondante quantité d'eau potable à Paris. Les Romains et d'autres anciens avaient déjà construit des infrastructures pour acheminer l'eau dans leurs villes. À Paris, les machines utilisées jusqu'alors étaient insuffisantes, à l'exception des eaux de Rungis apportées par Marie de Médicis. Le projet de M. de Parcieux propose de capter les eaux de la rivière d'Yvette à Vaugien et de les acheminer jusqu'à la Porte Saint-Michel, d'où elles seraient distribuées dans toute la ville. L'aqueduc proposé parcourrait environ dix-sept à dix-huit mille toises, suivant le lit naturel de l'Yvette jusqu'à Palaiseau, puis traversant une montagne pour rejoindre la vallée de la Bièvre. L'eau suivrait ensuite la côte droite de la Bièvre, traversant plusieurs ponts aqueducs jusqu'à Arcueil, où elle rejoindrait l'aqueduc actuel. M. de Parcieux a analysé la qualité de l'eau de l'Yvette, confirmée par les chimistes Hellot et Macquer comme étant de la plus excellente qualité. Il a également estimé la quantité d'eau disponible, concluant qu'il était possible de fournir à Paris deux mille pouces d'eau continus. Le projet est présenté comme essentiel et urgent pour Paris, qui manque d'eau ou n'en dispose qu'en petites quantités. M. de Parcieux compare les travaux nécessaires à ceux réalisés dans d'autres villes comme Montpellier et Carcassonne, soulignant que Paris, avec sa population plus importante, mérite un tel investissement. Il espère que des citoyens généreux, inspirés par des exemples historiques de philanthropie, contribueront à la réalisation de ce projet. Le texte discute également des avantages d'une eau courante pour la propreté des cuisines, l'évacuation des immondices, et la salubrité de l'air. Les rues deviendraient des ruisseaux permettant d'évacuer les boues et de maintenir le pavé propre. En été, les rues pourraient être arrosées plus fréquemment avec de l'eau propre, améliorant ainsi la qualité de l'air et la santé des citoyens. Le mémoire de M. Dep. a été bien accueilli lors de sa présentation à l'Académie Royale des Sciences et a suscité un grand intérêt. Le ministre et le roi ont également montré un intérêt favorable pour ce projet. Le mémoire est disponible dans les publications de l'Académie des Sciences pour l'année 1762.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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70
p. 191-193
SUITE de la Copie d'un Mémoire en faveur du Duc de Biren, & envoyé de Mittau le 16 Janvier 1763.
Début :
Le Duc Jean-Ernest, en recevant la première nouvelle de l'intrusion du Prince Charles, [...]
Mots clefs :
Duc de Biren, Prince Charles, Prisonnier, Jugement, Impératrice de Russie, Justice, Couronne, Roi de Pologne, Duc de Courlande, Diète, Possession, Fiefs, Sénat, Nomination, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Copie d'un Mémoire en faveur du Duc de Biren, & envoyé de Mittau le 16 Janvier 1763.
SUITE de la Copie d'un Mémoire en faveur du
Duc de Biren , & envoyé de Mittau le 16
Janvier 1763.
"
"
"
Le Duc Jean- Erneft , en recevant la première
nouvelle de l'intruſion du Prince Charles , vou.
lut protefter contr'elle ; mais étant toujours
, détenu prifonnier en Ruffie , il ne lui fut pas
,, poffible d'éxécuter fon deffein ; cependant comme
il n'a jamais renoncé aux droits qu'il a légitimement
acquis , & dont il n'a jamais été
privé par aucun jugement légal , il doit les
>>conferver entiers.
» Auffi , dès que le fucceffeur immédiat de
l'Impératrice Elifabeth eut rompu ſes chaînes ,
fongea-t-il à faire valoir fes droits & à fe re-
> mettre en poffeffion de fes Duchés.
גכ
ג כ
L'Impératrice Catherine II , qui le trouva
» libre , à fon avénement à la Couronne , für
> touchée des longs malheurs qu'il avoit efluyés ;
» & comme Elle étoit intimement perfuadée de
la juftice de la caufe , fondée fur les titres &
> les faits inconteftables ci -deffus détaillés , Effe
> crut , par l'amour feul de l'équité , devoir fai
accorder fa haute protection & fon appui pour
» le rétablir dans les Etats.
» Dans cette vue , tous les moyens amiables
192 MERCURE DE FRANCE.
5)
furent employés de fa part à la Cour de Po
logne , & le Duc Jean Erneft ne manqua pas
non plus de repréſenter ſon droit par des lettres
>>convenables & refpectueuses.
» Mais comme Sa Majeſté Polonoiſe n'a écou
té dans cette occafion que la voix de la ten-
>> dreffe paternelle , il n'eft pas étonnant que
» l'Impératrice ait eu à la fin recours à des voies
plus efficaces pour faire rentrer le Duc Jean-
Erneft dans la poffeffion d'une Principauté don't
on paroilloit vouloir le dépouiller injuftement.
>> Car par tout ce qu'on vient d'expoſer , il eſt
clair , 1. que le Duc Jean -Erneſt fut établi
» Duc de Courlande par la feule autorité légitime
» en Pologne , qui eft celle d'un Décret de la
» Diete , en vertu duquel le Roi lui a folemnelle-
> ment conféré ce Fief , tant pour lui que pour
»fa poftérité mâle. 2 °. Que puifque le Roi & le
» Sénat fe font pendant dix ans intéreffés en la
faveur le faire remettre en liberté & en
pour
poffeffion de fes Duchés , ils ont conftamment
>> reconnu fon droit. 3 °. Qu'il n'a pû tout d'un
coup en être légitimement privé par le Senatus
Confilium de 1758 , auquel les loix n'en
avoient pas donné l'autorité. 4 ° . Que de plus ,
dans le prétendu jugement du Sénat , aucune
formalité requife n'a été obfervée , le Duc Jean-
Erneft n'ayant été ni cité ni oui en défenſe . 5º .
Que le Prince Charles n'a été nommé à fa place
fur la fuppofition que le Duc Jean - Erneft &
fa Famille ne feroient jamais remis en liberté ;
mais le contraire étant arrivé , tout ce qui
que
» a été établi fur ce fondement tombe de foi -mê-
» me , & qu'ainfi le Duc Jean- Erneft doit rentrer
» de plein droit dans fes Duchés ? & 6 ° . que fi
le Prince Charles fe trouve compromis d'une
»maniére
"
""
"
ر د
"
» que
DƆ
M A I. 1763. 193
18
ゴ
1:
manière défagréable dans cette affaire , ce n'eft
pas la faute da Duc Jean- Erneſt , mais de ceux
qui ont engagé ce Prince dans une ſemblable
démarche , fans avoir égard à la justice , &fans
prévoir les fuites.
Duc de Biren , & envoyé de Mittau le 16
Janvier 1763.
"
"
"
Le Duc Jean- Erneft , en recevant la première
nouvelle de l'intruſion du Prince Charles , vou.
lut protefter contr'elle ; mais étant toujours
, détenu prifonnier en Ruffie , il ne lui fut pas
,, poffible d'éxécuter fon deffein ; cependant comme
il n'a jamais renoncé aux droits qu'il a légitimement
acquis , & dont il n'a jamais été
privé par aucun jugement légal , il doit les
>>conferver entiers.
» Auffi , dès que le fucceffeur immédiat de
l'Impératrice Elifabeth eut rompu ſes chaînes ,
fongea-t-il à faire valoir fes droits & à fe re-
> mettre en poffeffion de fes Duchés.
גכ
ג כ
L'Impératrice Catherine II , qui le trouva
» libre , à fon avénement à la Couronne , für
> touchée des longs malheurs qu'il avoit efluyés ;
» & comme Elle étoit intimement perfuadée de
la juftice de la caufe , fondée fur les titres &
> les faits inconteftables ci -deffus détaillés , Effe
> crut , par l'amour feul de l'équité , devoir fai
accorder fa haute protection & fon appui pour
» le rétablir dans les Etats.
» Dans cette vue , tous les moyens amiables
192 MERCURE DE FRANCE.
5)
furent employés de fa part à la Cour de Po
logne , & le Duc Jean Erneft ne manqua pas
non plus de repréſenter ſon droit par des lettres
>>convenables & refpectueuses.
» Mais comme Sa Majeſté Polonoiſe n'a écou
té dans cette occafion que la voix de la ten-
>> dreffe paternelle , il n'eft pas étonnant que
» l'Impératrice ait eu à la fin recours à des voies
plus efficaces pour faire rentrer le Duc Jean-
Erneft dans la poffeffion d'une Principauté don't
on paroilloit vouloir le dépouiller injuftement.
>> Car par tout ce qu'on vient d'expoſer , il eſt
clair , 1. que le Duc Jean -Erneſt fut établi
» Duc de Courlande par la feule autorité légitime
» en Pologne , qui eft celle d'un Décret de la
» Diete , en vertu duquel le Roi lui a folemnelle-
> ment conféré ce Fief , tant pour lui que pour
»fa poftérité mâle. 2 °. Que puifque le Roi & le
» Sénat fe font pendant dix ans intéreffés en la
faveur le faire remettre en liberté & en
pour
poffeffion de fes Duchés , ils ont conftamment
>> reconnu fon droit. 3 °. Qu'il n'a pû tout d'un
coup en être légitimement privé par le Senatus
Confilium de 1758 , auquel les loix n'en
avoient pas donné l'autorité. 4 ° . Que de plus ,
dans le prétendu jugement du Sénat , aucune
formalité requife n'a été obfervée , le Duc Jean-
Erneft n'ayant été ni cité ni oui en défenſe . 5º .
Que le Prince Charles n'a été nommé à fa place
fur la fuppofition que le Duc Jean - Erneft &
fa Famille ne feroient jamais remis en liberté ;
mais le contraire étant arrivé , tout ce qui
que
» a été établi fur ce fondement tombe de foi -mê-
» me , & qu'ainfi le Duc Jean- Erneft doit rentrer
» de plein droit dans fes Duchés ? & 6 ° . que fi
le Prince Charles fe trouve compromis d'une
»maniére
"
""
"
ر د
"
» que
DƆ
M A I. 1763. 193
18
ゴ
1:
manière défagréable dans cette affaire , ce n'eft
pas la faute da Duc Jean- Erneſt , mais de ceux
qui ont engagé ce Prince dans une ſemblable
démarche , fans avoir égard à la justice , &fans
prévoir les fuites.
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Résumé : SUITE de la Copie d'un Mémoire en faveur du Duc de Biren, & envoyé de Mittau le 16 Janvier 1763.
Le mémoire du 16 janvier 1763 soutient la cause du Duc Jean-Erneft de Biren, détenu en Russie et empêché d'empêcher l'intrusion du Prince Charles en Courlande. Le Duc n'a jamais renoncé à ses droits légitimes sur le duché, acquis par un décret de la Diète polonaise et confirmés par le roi de Pologne. À sa libération, il a cherché à récupérer ses duchés. L'Impératrice Catherine II, convaincue de la justesse de sa cause, lui a offert sa protection. Des démarches amiables auprès de la cour de Pologne ayant échoué, l'Impératrice a dû recourir à des moyens plus efficaces. Le mémoire souligne que le Duc Jean-Erneft a été légitimement établi Duc de Courlande par un décret de la Diète, reconnu par le roi et le Sénat polonais pendant dix ans. Le jugement du Sénat de 1758, le privant de ses droits, est jugé illégal car les formalités nécessaires n'avaient pas été respectées. Le Prince Charles ayant été nommé sous l'hypothèse que le Duc ne serait jamais libéré, la situation ayant changé, le Duc Jean-Erneft doit récupérer ses duchés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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71
p. 196-197
De la HAYE, le 23 Décembre 1763.
Début :
Le Comte de Wartensleben, Ministre des Seigneurs Etats-Généraux auprès des trois [...]
Mots clefs :
Comte, Ministres, Landgrave de Hesle-Cassel, Arrestation, Mémoire, Résumé des faits, États généraux , Détention, Motifs, Testament, Mauvaises intentions, Injures
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De la HAYE, le 23 Décembre 1763.
De la HAYE , le 23 Décembre 1763 .
Le Comte de Wartenfleben , Miniftre des Seigneurs
Etats-Généraux auprès des trois Electeurs
Eccléfiaftiques & des Cercles du Haut & Bas-
Rhin , s'étant rendu à Caffel pour les affaires parculieres
, le Landgrave de Heffe l'a fait arrêter
par un bas- Officier & huit fufiliers qui , après
lui avoir ôté ſon épée , l'ont étroitement enfermé
dans une chambre où il eſt gardé à vue. Leurs
Hautes Puiffances , étonnées d'un acte de violence
fi contraire aux droits des gens , ont dépêché au
Landgrave de Heffe un Courier qui eft revenu
fans apporter réponſe , mais depuis le Langdgrave
a répondu à la Lettre des Etats-Généraux. Cette
réponse fut accompagnée d'un mémoire contenant
l'expofé des motifs juftificatifs de la conduite
du Landgrave en cette occafion. Le Comte de
Wartenfleben a envoyé , de fon côté , à les maîtres
un mémoire contenant le détail des faits. Les mo
tifs du Landgrave n'ayant pas paru fuffifans pour,
autorifer la violence commife envers le Comte
Leurs Hautes Puiffances ont envoyé hier à Caffel
une Eftafette chargée de la réplique qu'Elles ont
jugé à propos de faire à la réponſe du Landgrave
, & par laquelle Elles infiftent avec force fur
la demande d'une fatisfaction éclatante & proportionnée
à l'injure faite à la République dans
la perfonne de fon Miniftre. Les Etats Généraux
témoignent dans cette réplique le defir qu'ils
ant de ne devoir cette fatisfaction qu'à l'équité de
ji I.
JANVIER. 1764. 197
ce Prince fans être obligés de recourir à des
moyens dont ils ne feroient ufage qu'à regret.
Le Landgrave a fait publier le mémoire dans
lequel il expofe fes motifs . Voici le précis des faits
qui ont donné lieu à la détention du Comte.
>
La Baronne de Gorz'avoit quitté la Heffe pour
éviter les troubles de la guerre & s'étoit retirée
à Francfort fur le Mein , où elle mourut en 1762 .
Elle légua par fon Teftament tous les biens pour
établir un Chapitre de Dames à fon Château de
Homberg dans la Heffe & elle nomma - le
.Comte de Wartenfleben fon éxécuteur Teftamentaire
& Directeur de cet établiffement. On
accufe ce Miniftre d'avoir eu des vues contraires
-aux intérêts de la Nobleffe du Pays , & aux difpolitions
da Teftament de la Baronne de Goerz ,
en prétendant fonder hors de la Heffe le Chapitre
dont l'établiffement lui étoit confié. Le Landgrave
: lui fit déclarer qu'il ne permettroit pas que l'on
s'écartât des difpofitions du Teftament & enjoignit
à la Régence de pourvoit a la fûreté de l'héritage,
En conféquence , la Régence demanda au Comte
la reftitution des deniers & effets dont il avoit été
mis en poffeffion ; mais ce Miniftre , au lieu de les
rendre , les fit fortir hors de la Heffe. Ces procédés
ayant paru auffi injurieux à la dignité du
Landgrave & de la Régence , que contraires aux
intentions de la Baronne de Goerz , le Comte de
Wartenfleben n'étant pas d'ailleurs accrédité à
la Cour de Caffel , le Landgrave a cru devoir
le faire arrêter pour l'obliger à fe foumettre aux
clauſes du Teftament dont il eft l'Exécuteur.
Le Comte de Wartenfleben , Miniftre des Seigneurs
Etats-Généraux auprès des trois Electeurs
Eccléfiaftiques & des Cercles du Haut & Bas-
Rhin , s'étant rendu à Caffel pour les affaires parculieres
, le Landgrave de Heffe l'a fait arrêter
par un bas- Officier & huit fufiliers qui , après
lui avoir ôté ſon épée , l'ont étroitement enfermé
dans une chambre où il eſt gardé à vue. Leurs
Hautes Puiffances , étonnées d'un acte de violence
fi contraire aux droits des gens , ont dépêché au
Landgrave de Heffe un Courier qui eft revenu
fans apporter réponſe , mais depuis le Langdgrave
a répondu à la Lettre des Etats-Généraux. Cette
réponse fut accompagnée d'un mémoire contenant
l'expofé des motifs juftificatifs de la conduite
du Landgrave en cette occafion. Le Comte de
Wartenfleben a envoyé , de fon côté , à les maîtres
un mémoire contenant le détail des faits. Les mo
tifs du Landgrave n'ayant pas paru fuffifans pour,
autorifer la violence commife envers le Comte
Leurs Hautes Puiffances ont envoyé hier à Caffel
une Eftafette chargée de la réplique qu'Elles ont
jugé à propos de faire à la réponſe du Landgrave
, & par laquelle Elles infiftent avec force fur
la demande d'une fatisfaction éclatante & proportionnée
à l'injure faite à la République dans
la perfonne de fon Miniftre. Les Etats Généraux
témoignent dans cette réplique le defir qu'ils
ant de ne devoir cette fatisfaction qu'à l'équité de
ji I.
JANVIER. 1764. 197
ce Prince fans être obligés de recourir à des
moyens dont ils ne feroient ufage qu'à regret.
Le Landgrave a fait publier le mémoire dans
lequel il expofe fes motifs . Voici le précis des faits
qui ont donné lieu à la détention du Comte.
>
La Baronne de Gorz'avoit quitté la Heffe pour
éviter les troubles de la guerre & s'étoit retirée
à Francfort fur le Mein , où elle mourut en 1762 .
Elle légua par fon Teftament tous les biens pour
établir un Chapitre de Dames à fon Château de
Homberg dans la Heffe & elle nomma - le
.Comte de Wartenfleben fon éxécuteur Teftamentaire
& Directeur de cet établiffement. On
accufe ce Miniftre d'avoir eu des vues contraires
-aux intérêts de la Nobleffe du Pays , & aux difpolitions
da Teftament de la Baronne de Goerz ,
en prétendant fonder hors de la Heffe le Chapitre
dont l'établiffement lui étoit confié. Le Landgrave
: lui fit déclarer qu'il ne permettroit pas que l'on
s'écartât des difpofitions du Teftament & enjoignit
à la Régence de pourvoit a la fûreté de l'héritage,
En conféquence , la Régence demanda au Comte
la reftitution des deniers & effets dont il avoit été
mis en poffeffion ; mais ce Miniftre , au lieu de les
rendre , les fit fortir hors de la Heffe. Ces procédés
ayant paru auffi injurieux à la dignité du
Landgrave & de la Régence , que contraires aux
intentions de la Baronne de Goerz , le Comte de
Wartenfleben n'étant pas d'ailleurs accrédité à
la Cour de Caffel , le Landgrave a cru devoir
le faire arrêter pour l'obliger à fe foumettre aux
clauſes du Teftament dont il eft l'Exécuteur.
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Résumé : De la HAYE, le 23 Décembre 1763.
Le 23 décembre 1763, le Comte de Wartenfleben, ministre des États-Généraux, a été arrêté à Cassel par le Landgrave de Hesse. Cet acte a provoqué l'indignation des Hautes Puissances, qui ont demandé des explications au Landgrave. Ce dernier a justifié son action par un mémoire, tout comme le Comte de Wartenfleben. Les motifs du Landgrave n'ont pas été jugés suffisants, et les États-Généraux ont exigé une satisfaction proportionnée à l'injure faite à la République. Ils ont souhaité résoudre l'affaire par l'équité du Prince, évitant des moyens plus radicaux. L'arrestation est liée à un conflit concernant l'exécution du testament de la Baronne de Gorz, qui avait légué ses biens pour établir un Chapitre de Dames à Homberg. Le Landgrave accuse le Comte de vouloir établir ce Chapitre hors de la Hesse, contraignant ainsi l'arrestation du Comte pour le forcer à se conformer aux clauses testamentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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72
p. 235-237
De FRANCFORT, le 5 Janvier 1764.
Début :
Le Landgrave de Hesse-Cassel ayant résolu de rentrer dans le Corps du Cercle [...]
Mots clefs :
Landgrave de Hesle-Cassel, Mémoire, Régence, Chapitre, Baronne, Comte, Colonel, Exécuteur testamentaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De FRANCFORT, le 5 Janvier 1764.
De FRANCFORT , les Janvier 1764 .
Le Landgrave de Heſſe-Caffel ayant réſolu de
rentrer dans le Corps du Cercle du Haut-Rhin
comme Membre de ce Corps , dont ſa Maiſon
s'étoit détachée depuis pluſieurs années , a adreſſé
à ce ſujet une Lettre aux Etats du Cercle afdemblés
en cette Ville , par laquelle il leur fait part
de ſes intentions .
Il paroît ici un nouveau Mémoire dans lequel
les faits qui ont donné lieu à la détention du
Comte de Wartenſfleben ſont rapportés avec des
circonstances différentes de celles qui ſont contenues
dans l'Expoſé qu'a fait publier à ce ſujet la
Régence de Heſſe-Caffel. Suivant ce Mémoire,
la Baronne de Goerz légua tout ſon bien pour
établir dans ſa maiſon de Hombourg un Chapitre
deDames Nobles , & nomma le Comte de Wartenfleben
Exécuteur de ſon Testament avec des
pleins pouvoirs illimités , ratifiant d'avance tout
ce qu'il jugeroit à propos d'ordonner à ce ſujet.
L'Empereur confirma cette fondation & promit
d'accorder fa protection au Chapitre. La Baronne
de Goerz , que des ſujets de mécontentement
avoient déterminée à quitter la Heffe , exigea
1
236 MERCURE DE FRANCE.
du Comte de, Wartenſleben le ſerment de transférer
ce Chapitre dans un autre Pays Proteftant.
Le 26 Décembre , elle remit un blanc-ſeing au
Comte de Wartellenben pour revendiquer & emporter
trois coffres qu'elle avoit laiffés dans ſa
maiſon de Hombourg en Heſſe. Le Comte de
Wittgenstein , Colonel au ſervice de France ſe
chargea de les faire emporter : il arriva ſur les
lieux muni du blanc-ſeing que l'homme d'affaires
de la Baronne reconnut & en vertu duquel on lui
livra les coffres , pendant qu'on les chargeoit fur
une voiture , les Baillis de Hombourg ſurvinrent
&les firent enlever de force , ſous prétexte que
le plein-pouvoir étoit faux. La publication du
Teftament étant faite , la Ville de Francfort fit
délivrer à l'Exécuteur Teftamentaire tout ce qui
ſe trouvoit dans la maiſon de la Baronne : celuici
en fit faire un inventaire très-légal : il obſerva
les mêmes formalités vis-à-vis de la Régence de
Caffel& tranſporta publiquement une partie de
ces effets à Mayence. Après neuf mois de délai ,
le Bailli de Hombourg rendit les trois coffres que
le Comte de Wittgenstein avoit cachetés ; mais
le Comtede Wartenfleben éprouva plus de difficultés
à Caffel au ſujet de l'article du Teſtament
qui porte que la défunte deſtine ſa maiſonde
Hombourg à l'érection du Chapitre au cas que le
Landgrave veuille lui accorder les droits qui ſeront
demandés par le Directeur ; ſans néanmoins
que cette diſpoſtion empêche l'Exécuteur Teſta
mentaire de transférer ce Chapitre dans un autre
endroit , s'il le juge convenable , & ôte aux Dames
la liberté de pouvoir fortir du Pays quand elles
pourront s'établir ailleurs plus avantageuſement.
Surce ſujet, le Landgrave & la Régence enſuite ,
déclarerentqu'on n'admettroit de cet articleque
FEVRIER. 1764. 237
se qui regardoit l'établiſſement à Hombourg ,&
que tout le reſte étoit regardé comme nul. Enfin
on exigea que le Comte ſe ſoumît à cet égard
aux diſpoſitions de Son Alteſle Sérénitſime, &
qu'il lui rendît compte de ſon adminiſtration
Le Landgrave de Heſſe-Caffel ayant réſolu de
rentrer dans le Corps du Cercle du Haut-Rhin
comme Membre de ce Corps , dont ſa Maiſon
s'étoit détachée depuis pluſieurs années , a adreſſé
à ce ſujet une Lettre aux Etats du Cercle afdemblés
en cette Ville , par laquelle il leur fait part
de ſes intentions .
Il paroît ici un nouveau Mémoire dans lequel
les faits qui ont donné lieu à la détention du
Comte de Wartenſfleben ſont rapportés avec des
circonstances différentes de celles qui ſont contenues
dans l'Expoſé qu'a fait publier à ce ſujet la
Régence de Heſſe-Caffel. Suivant ce Mémoire,
la Baronne de Goerz légua tout ſon bien pour
établir dans ſa maiſon de Hombourg un Chapitre
deDames Nobles , & nomma le Comte de Wartenfleben
Exécuteur de ſon Testament avec des
pleins pouvoirs illimités , ratifiant d'avance tout
ce qu'il jugeroit à propos d'ordonner à ce ſujet.
L'Empereur confirma cette fondation & promit
d'accorder fa protection au Chapitre. La Baronne
de Goerz , que des ſujets de mécontentement
avoient déterminée à quitter la Heffe , exigea
1
236 MERCURE DE FRANCE.
du Comte de, Wartenſleben le ſerment de transférer
ce Chapitre dans un autre Pays Proteftant.
Le 26 Décembre , elle remit un blanc-ſeing au
Comte de Wartellenben pour revendiquer & emporter
trois coffres qu'elle avoit laiffés dans ſa
maiſon de Hombourg en Heſſe. Le Comte de
Wittgenstein , Colonel au ſervice de France ſe
chargea de les faire emporter : il arriva ſur les
lieux muni du blanc-ſeing que l'homme d'affaires
de la Baronne reconnut & en vertu duquel on lui
livra les coffres , pendant qu'on les chargeoit fur
une voiture , les Baillis de Hombourg ſurvinrent
&les firent enlever de force , ſous prétexte que
le plein-pouvoir étoit faux. La publication du
Teftament étant faite , la Ville de Francfort fit
délivrer à l'Exécuteur Teftamentaire tout ce qui
ſe trouvoit dans la maiſon de la Baronne : celuici
en fit faire un inventaire très-légal : il obſerva
les mêmes formalités vis-à-vis de la Régence de
Caffel& tranſporta publiquement une partie de
ces effets à Mayence. Après neuf mois de délai ,
le Bailli de Hombourg rendit les trois coffres que
le Comte de Wittgenstein avoit cachetés ; mais
le Comtede Wartenfleben éprouva plus de difficultés
à Caffel au ſujet de l'article du Teſtament
qui porte que la défunte deſtine ſa maiſonde
Hombourg à l'érection du Chapitre au cas que le
Landgrave veuille lui accorder les droits qui ſeront
demandés par le Directeur ; ſans néanmoins
que cette diſpoſtion empêche l'Exécuteur Teſta
mentaire de transférer ce Chapitre dans un autre
endroit , s'il le juge convenable , & ôte aux Dames
la liberté de pouvoir fortir du Pays quand elles
pourront s'établir ailleurs plus avantageuſement.
Surce ſujet, le Landgrave & la Régence enſuite ,
déclarerentqu'on n'admettroit de cet articleque
FEVRIER. 1764. 237
se qui regardoit l'établiſſement à Hombourg ,&
que tout le reſte étoit regardé comme nul. Enfin
on exigea que le Comte ſe ſoumît à cet égard
aux diſpoſitions de Son Alteſle Sérénitſime, &
qu'il lui rendît compte de ſon adminiſtration
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Résumé : De FRANCFORT, le 5 Janvier 1764.
En janvier 1764, le Landgrave de Hesse-Cassel a annoncé son intention de réintégrer le Corps du Cercle du Haut-Rhin. Parallèlement, un mémoire a relaté les événements menant à la détention du Comte de Wartensleben. La Baronne de Goerz avait légué ses biens pour créer un chapitre de dames nobles à Hombourg, nommant le Comte exécuteur testamentaire. L'Empereur a confirmé cette fondation. La Baronne a ensuite exigé le transfert du chapitre dans un autre pays protestant. Le 26 décembre, elle a remis un blanc-seing au Comte pour récupérer des coffres à Hombourg, saisis par les baillis locaux. Après la publication du testament, Francfort a délivré les biens de la Baronne à l'exécuteur, qui en a fait un inventaire et transporté des effets à Mayence. Neuf mois plus tard, les coffres ont été rendus au Comte, mais des désaccords sont survenus concernant la maison de Hombourg. Le Landgrave et la Régence ont refusé de valider l'intégralité du testament, exigeant que le Comte se soumette à leurs dispositions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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73
p. 200-204
LETTRE de M. DE LA DIXMERIE à M. DE LA PLACE.
Début :
J'ai lu, Monsieur, dans votre Mercure du mois de Juillet dernier, Article [...]
Mots clefs :
Mémoire, Histoire de France, Anecdotes, Ouvrage, Historiens, Bibliothèque, Saint-Esprit, Ordres, Naples
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. DE LA DIXMERIE à M. DE LA PLACE.
LETTRE de M. DE LA DIXMERIE
à M. DE LA PLACE.
J'AI lu , Monfieur , dans votre Mercure
du mois de Juillet dernier , Article
des Nouvelles Littéraires , cette annonce
: Mémoire pour fervir à l'Hiftoire
de France du quatorziéme fiécle , contenant
les Statuts de l'Ordre du S. Efprit
AU DROIT DESIROU DU NOEU , inf
titué à Naples , en 1352 , par Louis
Premier du Nom , Roi de Jerufalem ,
JUILLET. 1764. 201
de Naples & de Sicile , & renouvellé en
1579 par Henri III , Roi de France
,fous le titre de l'ORDRE DU S. Es-
PRIT , avec une notice fur le manufcrit
original qui renferme les anciens Statuts
, & des Remarques Hiftoriques fur
cet Ordre , par M. LEFEVRE , Prétre
de la Doctrine Chrétienne. Brochure
de quatre vingt-deux pages.
J'ai cru fur ce titre , que je trouverois
dans cette petite brochure quelques
Anecdotes & quelques faits concernant
notre Ordre du S. Efprit ; il n'y
en a pas un feul , excepté que l'Auteur
dit qu'il a été renouvellé d'après
celui de Naples.
M. de Saintfoix , en 1758 , fit imprimer
un petit Ouvrage fur notre
Ordre du S. Efprit ; il le préfenta même
au Roi ; il y rapporte les Statuts
de celui de Naples avec des notes &
quelques Anecdotes fur cet Ordre qui
font à- peu-près les mêmes que celles
de M. Le Fevre. Je ne prétends pas
dire que M. Le Fevre ait vù ce petit
Ouvrage de M. de Saintfoix ; j'ai même
des raifons pour ne le pas croire ;
mais voici ce que M. de Saintfoix y
dit : Louis d'Anjou , Roi de Jérufalem
& de Naples , inflitua , en 1352 ,
I v
202 MERCURE DE FRANCE .
un Ordre du S. Efprit. Plufieurs dé
nos Hiftoriens difent qu'attendu les
troubles dont fon régne fut agité dès
l'an 1354 , cet Ordre du S. Efprit
ne putfe foutenir, & que peut - être igno
reroit-on qu'il eût exifté , fi le hafard
n'avoit pas fait tomber le titre original
de fon inflitution entre les mains d'un
Noble Vénitien qui en fit préfent a
Henri III , lorfqu'il paffa par Venife
à fon retour de Pologne ; que ce
Prince voulant s'en approprier l'idée,
le tint fort caché , & qu'après avoir
fait extraire par Chiverni , Chancelier
de France , ce qu'il en vouloit tirer
pour fon nouvel Ordre , il lui ordonna
de le briller ; que Chiverni conferva
cette pièce rare & curieufe , en
partie à caufe des belles mignatures
dont elle étoit ornée ; qu'après fa mort ,
elle paffa dans la Bibliothèque de fon
Fils , & de cette Bibliothèque dans celle
du Président de Maifons . Si ces Hiftoriens
avoient confronté les Statuts de
rOrdre du S. Efprit de Naples , inftituée
en 1352 ; avec ceux de l'Ordre
de l'Etoile , inftitué à Paris un an
auparavant , en 1351 , par le Roi
Jean , ils auroient vu qu'ils font les
mêmes , & qu'étant les mêmes , & ceux
JUILLET. 1764. 203
de l'Ordre de l'Etoile étant très connus
en France , Henri III par conséquent
n'avoit pas pu penfer à s'en approprier
l'idée. D'ailleurs parmi les Statuts de
notre Ordre du S. Efprit , il n'y en
a' au que ou
femblent à ceux de cinq qui refl'Ordre
S.
prit de Naples , & ces quatre ou cinq
Statuts fe trouvent auffi parmi ceux de
S. Michel inftitué par Louis XI: ainfi
ce ne feroit pas de l'Ordre du S. Ef
prit de Naples que Henri III les auroit
pris, mais de celui de S. Michel. Enfin
fi ces Hiftoriens avoient la les Statuts
de nos Ordres de S. Michel & du
S. Efprit , ils auroient vu que le fond
eft entierement le même , & qu'il n'y
a que les changemens qu'exigeoient les
temps différens ; le droit féodal par
rapport a la convocation des grands
& petits Vaffaux , fubfiftoit encore du
temps de Louis XI , au lieu qu'il ne
fubfiftoit plus du temps de Henri III.
Voilà ce qu'avoit dit M. de Saintfoix
& ce que nous retrouverons fans
doute dans fon Hiftoire des Ordres
du Roi . On peut juger à préfent fis
M. Le Fevre a raifon de mettre dans
le titre de fa Brochure que Henri III
Ivj
204 MERCURE DE FRANCE.
n'a fait que renouveller l'Ordre du
S. Efprit de Naples.
J'ai l'honneur d'être & c.
DE LA DIX MERIE,
A Paris , le 7 Juillet 1764.
à M. DE LA PLACE.
J'AI lu , Monfieur , dans votre Mercure
du mois de Juillet dernier , Article
des Nouvelles Littéraires , cette annonce
: Mémoire pour fervir à l'Hiftoire
de France du quatorziéme fiécle , contenant
les Statuts de l'Ordre du S. Efprit
AU DROIT DESIROU DU NOEU , inf
titué à Naples , en 1352 , par Louis
Premier du Nom , Roi de Jerufalem ,
JUILLET. 1764. 201
de Naples & de Sicile , & renouvellé en
1579 par Henri III , Roi de France
,fous le titre de l'ORDRE DU S. Es-
PRIT , avec une notice fur le manufcrit
original qui renferme les anciens Statuts
, & des Remarques Hiftoriques fur
cet Ordre , par M. LEFEVRE , Prétre
de la Doctrine Chrétienne. Brochure
de quatre vingt-deux pages.
J'ai cru fur ce titre , que je trouverois
dans cette petite brochure quelques
Anecdotes & quelques faits concernant
notre Ordre du S. Efprit ; il n'y
en a pas un feul , excepté que l'Auteur
dit qu'il a été renouvellé d'après
celui de Naples.
M. de Saintfoix , en 1758 , fit imprimer
un petit Ouvrage fur notre
Ordre du S. Efprit ; il le préfenta même
au Roi ; il y rapporte les Statuts
de celui de Naples avec des notes &
quelques Anecdotes fur cet Ordre qui
font à- peu-près les mêmes que celles
de M. Le Fevre. Je ne prétends pas
dire que M. Le Fevre ait vù ce petit
Ouvrage de M. de Saintfoix ; j'ai même
des raifons pour ne le pas croire ;
mais voici ce que M. de Saintfoix y
dit : Louis d'Anjou , Roi de Jérufalem
& de Naples , inflitua , en 1352 ,
I v
202 MERCURE DE FRANCE .
un Ordre du S. Efprit. Plufieurs dé
nos Hiftoriens difent qu'attendu les
troubles dont fon régne fut agité dès
l'an 1354 , cet Ordre du S. Efprit
ne putfe foutenir, & que peut - être igno
reroit-on qu'il eût exifté , fi le hafard
n'avoit pas fait tomber le titre original
de fon inflitution entre les mains d'un
Noble Vénitien qui en fit préfent a
Henri III , lorfqu'il paffa par Venife
à fon retour de Pologne ; que ce
Prince voulant s'en approprier l'idée,
le tint fort caché , & qu'après avoir
fait extraire par Chiverni , Chancelier
de France , ce qu'il en vouloit tirer
pour fon nouvel Ordre , il lui ordonna
de le briller ; que Chiverni conferva
cette pièce rare & curieufe , en
partie à caufe des belles mignatures
dont elle étoit ornée ; qu'après fa mort ,
elle paffa dans la Bibliothèque de fon
Fils , & de cette Bibliothèque dans celle
du Président de Maifons . Si ces Hiftoriens
avoient confronté les Statuts de
rOrdre du S. Efprit de Naples , inftituée
en 1352 ; avec ceux de l'Ordre
de l'Etoile , inftitué à Paris un an
auparavant , en 1351 , par le Roi
Jean , ils auroient vu qu'ils font les
mêmes , & qu'étant les mêmes , & ceux
JUILLET. 1764. 203
de l'Ordre de l'Etoile étant très connus
en France , Henri III par conséquent
n'avoit pas pu penfer à s'en approprier
l'idée. D'ailleurs parmi les Statuts de
notre Ordre du S. Efprit , il n'y en
a' au que ou
femblent à ceux de cinq qui refl'Ordre
S.
prit de Naples , & ces quatre ou cinq
Statuts fe trouvent auffi parmi ceux de
S. Michel inftitué par Louis XI: ainfi
ce ne feroit pas de l'Ordre du S. Ef
prit de Naples que Henri III les auroit
pris, mais de celui de S. Michel. Enfin
fi ces Hiftoriens avoient la les Statuts
de nos Ordres de S. Michel & du
S. Efprit , ils auroient vu que le fond
eft entierement le même , & qu'il n'y
a que les changemens qu'exigeoient les
temps différens ; le droit féodal par
rapport a la convocation des grands
& petits Vaffaux , fubfiftoit encore du
temps de Louis XI , au lieu qu'il ne
fubfiftoit plus du temps de Henri III.
Voilà ce qu'avoit dit M. de Saintfoix
& ce que nous retrouverons fans
doute dans fon Hiftoire des Ordres
du Roi . On peut juger à préfent fis
M. Le Fevre a raifon de mettre dans
le titre de fa Brochure que Henri III
Ivj
204 MERCURE DE FRANCE.
n'a fait que renouveller l'Ordre du
S. Efprit de Naples.
J'ai l'honneur d'être & c.
DE LA DIX MERIE,
A Paris , le 7 Juillet 1764.
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Résumé : LETTRE de M. DE LA DIXMERIE à M. DE LA PLACE.
M. de La Dixmerie écrit à M. de La Place au sujet d'une brochure de M. Lefèvre intitulée 'Mémoire pour servir à l'histoire de France du quatorzième siècle'. Cette brochure traite des Statuts de l'Ordre du Saint-Esprit, institué à Naples en 1352 par Louis Ier, Roi de Jérusalem, de Naples et de Sicile, et renouvelé en 1579 par Henri III. La brochure ne contient aucune autre information sur l'Ordre du Saint-Esprit, sauf la mention de son renouvellement par Henri III. M. de La Dixmerie compare cette brochure à un ouvrage de M. de Saintfoix publié en 1758. Saintfoix relate que Louis d'Anjou a institué l'Ordre du Saint-Esprit en 1352, mais que les troubles de son règne ont empêché sa pérennité. Henri III a redécouvert cet ordre grâce à un titre original trouvé par un noble vénitien et a décidé de le renouveler. Saintfoix souligne que les Statuts de l'Ordre du Saint-Esprit de Naples sont identiques à ceux de l'Ordre de l'Étoile, institué en 1351 par le Roi Jean. Il note également des similitudes avec les Statuts de l'Ordre de Saint-Michel, institué par Louis XI. Saintfoix conclut que Henri III a probablement repris les Statuts de l'Ordre de Saint-Michel pour renouveler l'Ordre du Saint-Esprit. M. de La Dixmerie conclut que M. Lefèvre a raison de mentionner dans le titre de sa brochure que Henri III a renouvelé l'Ordre du Saint-Esprit de Naples.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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74
p. 186-189
« L'Impératrice a fait communiquer aux différentes Cours le Mémoire [...] »
Début :
L'Impératrice a fait communiquer aux différentes Cours le Mémoire [...]
Mots clefs :
Mémoire, Impératrice, Confédération, République, Humanité, Engagement, Constitution, Sa Majesté impériale, Amitié, Circonstances, Alliance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Impératrice a fait communiquer aux différentes Cours le Mémoire [...] »
L'I'MIMPPEERRAATTRRIICCEE a fait communiquer aux diffé."
rentes Cours le Mémoire ſuivant , concernant les
affaires de Pologne & particulièrement la Confédération
de Lithuanie.
« Sa Majefté Impériale , ſenſiblement touchée
>> de l'état violent où se trouve la Pologne, ne
>> peut la voir avec indifférence à la veilled'une
>> guerre inteſtine. Les droits de l'humanité ſeule
▸ ne lui permettroient pas de refter tranquille
ſpectatrice desfureurs qui , après avoir fait couler
>> des torrens deſang,entraîneroient la deſtruction
>>> totale de cette Nation. Les Souverains font
>> les défenſeurs du genre humain , & le pouvoir
qu'il ont ſur une partie des hommes leur donne
>> le droitde s'intéreſſer au bien de tous . Mais ,
indépendamment de ces motifs , Sa Majesté
Impériale a des engagemens perſonnels qui
>>>réclament ſon aſſiſtance en faveur de la Polo
>>>gne. Médiatrice naturelle & autoriſée par les
>>>Traités, entre les différens Etats qui compoſent
ככ
la République , Elle veille à l'exemple de ſes
>> Prédéceſſeurs, à ce que rien ne puifle porterat-
>>> teinte aux conſtitutions fondamentales de cette
République. Sa Majefté Impériale , qui avoit
>> prévu les circonstances toujours critiques d'un
interregne , crut , auffi- tôt après la mort du
>> Roi , remplir les devoirs ſacrés de l'humanité
» & de la foi des Traités , en faiſant aſſurer la
République par ſes Miniſtres & en l'affurant
Elle -même par ſes Lettres qu'Elle alloit redou
AOUST. 1764 . 187
לכ bler d'attention pour prévenir les dangers auxquels
laperte de ſon Chef pouvoit l'expoſer. Les
Miniſtres de S. M. I. dans toutes les Cours de
>> l'Europe ont eu ordre d'y faire connoître ces
>> diſpoſitions que ſa conduite a parfaitement juf
tifiées juſqu'a ce jour. Aux engagemens de l'amitié
& de l'alliance , l'Impératrice joint ceux
>> du voisinage qui rend les premières obligations
>>plus étroites & en forme d'autres uniquement
>>>propres à l'Etat voiſin . Une correfpondance mu-
>> tuelle eſt le fondement des avantages &le lien
>> du bonheur réciproque de deux Etats limitro-
>> trophes , quand l'un eft attaqué en quelqu'une
>> de ſes parties. Le contrecoup qu'en reſſent ſon
>> voiſin force celui- ci à prendre part à ce mal .
Alors , les motifs de l'amitié & de l'alliance re-
> çoivent de nouvelles forces & exigent de lui les
>>plus grands efforts après ceux qu'il ſe doit à
>> foi-même. Toutes ces conſidérations ont inſpiré
à Sa Majefté Impériale les démarches qu'Elle
>> a faites , ainſi que les aſſurances qui les ont précédées
& qu'Elle a rénérées autant de fois que
>> les circonstances l'ont éxigé. Aujourd'hui , ſa
gloire , la proſpérité de ſon regne , ſon atten--
driſſement ſur les malheurs de ſes voiſins & le
propre intérêt de ſon Peuple éxigent qu'Elle
>> rempliſſe des paroles qui ne ſont pas moins fa-
>> crées que dictées par l'honneur & la ſageſſe .
>>C'eſt une Nation qui vient l'en prier , qui ré
>> clame ſes engagemens , qui l'appelle à ſon ſe-
>>c>ours : Sa Majeſté Impériale ſe rendroit coupable
du mal ultérieur , fi Elle ne déféroit à des
motifs ſi preſſans. Dans la droiture des principes
qui la guident & des ſentimens qui l'ani-
❤ment, Elle a donc ordonné , auſſi- tôt après la
188 MERCURE DE FRANCE .
réclamation faite par la Confédération géné
>>>rale de Lithuanie , qu'un corps de ſes troupes
>> marchat vers cette Province pour y appuyer les
>>>bonnes intentions des vrais Patriotes , pour y
>> arrêter tout déſordre , y maintenir la liberté
>> des Citoyens & rendre aux conſtitutions de la
>> République leur première vigueur. Sa Majesté
>> Impériale devoit cette marque de confiance au
"zèle patriotique de la Confédération qui , loin
>>>de s'oppoſer à la tenue de la Dière Générale ,
>> ſeule voiepropre à conſolider les conſtitutions
" de la Républiquedans une circonſtance auffi critique
que celle de l'interregne, achargé fon
>Maréchald'y envoyer des Députés pour expo-
5ſer aux Etats de la République aſſemblés , la
>>>pureté de ſes intentions & lajuſtice de ſes de-
>> firs , & pour engager ſes frères des Provinces
>>> de la Couronne à ſecourir de concert la Patrie ,
>> en leur rappellant l'union de la Lithuanie avec
>le Royaume, union confirmée par un ferment
>>facré& maintenue inaltérablement depuis plu-
>>> fieurs fiécles.
>>La néceſſité du ſecours que l'Impératrice en-
>>voye à cette Province eſt d'autant plus preſſante
que depuis que la Confédération s'eft
>>>formée , on apprend que le Prince Radziwill ,
> armé depuis longtemps & le plus ardent à
>> troubler le repos de ſa Patrie , a fait des entrepriſes
contre la Confédération ,& ſe propoſe
»d'empêcher dès ſa naiſſance tout le bien qu'on
>> doit naturellement s'en promettre.
» Les Généraux de Sa Majeſté Impériale
>>n'ont d'autres inſtructions que de reſter tran-
>>> quilles , de s'oppoſer à toute eſpéce de violen--
>> ces & d'éviter ſcrupuleuſement d'en commer--
>> tre la plus légére , de faciliter en tout les liAOUST.
1764. 189
bres délibérations de la Nobleſſe , de garder
uniquement la défenſive , & enfin de ne faire
uſage de leurs armes que lorſqu'on les atta-
>>quera eux- mêmes ou les dépôts précieux com-
>>>mis à leur garde.
>>L'Impératrice, fondée ſur les ſentimens d'humanité
&d'amour pour la paix qu'elle a fait
>> connoître depuis le commencement de ſon ré-
>>gne , ne doute pas qu'on ne rende la juſtiće
qui eſt due à la légitimité de la démarche
>> qu'Elle ſe trouve obligée de faire. Comme Sa
>> Majesté Impériale avoit prévu cet événement ,
>>>Elle avoit tout fait pour le détourner ; &
»quoique toutes les Puillances avec leſquelles
Elle est en amitié ſoient moins intérellées
»qu'Elle aux affaires préſentes , Elle n'avoit pas
balancé à leur en faire part , & avoit cru fe de-
>> voir cette fatisfaction à Elle- même , à la pureté
>>de ſes intentions & à l'uniformité des principes
qu'elle a admis invariablement. p.
rentes Cours le Mémoire ſuivant , concernant les
affaires de Pologne & particulièrement la Confédération
de Lithuanie.
« Sa Majefté Impériale , ſenſiblement touchée
>> de l'état violent où se trouve la Pologne, ne
>> peut la voir avec indifférence à la veilled'une
>> guerre inteſtine. Les droits de l'humanité ſeule
▸ ne lui permettroient pas de refter tranquille
ſpectatrice desfureurs qui , après avoir fait couler
>> des torrens deſang,entraîneroient la deſtruction
>>> totale de cette Nation. Les Souverains font
>> les défenſeurs du genre humain , & le pouvoir
qu'il ont ſur une partie des hommes leur donne
>> le droitde s'intéreſſer au bien de tous . Mais ,
indépendamment de ces motifs , Sa Majesté
Impériale a des engagemens perſonnels qui
>>>réclament ſon aſſiſtance en faveur de la Polo
>>>gne. Médiatrice naturelle & autoriſée par les
>>>Traités, entre les différens Etats qui compoſent
ככ
la République , Elle veille à l'exemple de ſes
>> Prédéceſſeurs, à ce que rien ne puifle porterat-
>>> teinte aux conſtitutions fondamentales de cette
République. Sa Majefté Impériale , qui avoit
>> prévu les circonstances toujours critiques d'un
interregne , crut , auffi- tôt après la mort du
>> Roi , remplir les devoirs ſacrés de l'humanité
» & de la foi des Traités , en faiſant aſſurer la
République par ſes Miniſtres & en l'affurant
Elle -même par ſes Lettres qu'Elle alloit redou
AOUST. 1764 . 187
לכ bler d'attention pour prévenir les dangers auxquels
laperte de ſon Chef pouvoit l'expoſer. Les
Miniſtres de S. M. I. dans toutes les Cours de
>> l'Europe ont eu ordre d'y faire connoître ces
>> diſpoſitions que ſa conduite a parfaitement juf
tifiées juſqu'a ce jour. Aux engagemens de l'amitié
& de l'alliance , l'Impératrice joint ceux
>> du voisinage qui rend les premières obligations
>>plus étroites & en forme d'autres uniquement
>>>propres à l'Etat voiſin . Une correfpondance mu-
>> tuelle eſt le fondement des avantages &le lien
>> du bonheur réciproque de deux Etats limitro-
>> trophes , quand l'un eft attaqué en quelqu'une
>> de ſes parties. Le contrecoup qu'en reſſent ſon
>> voiſin force celui- ci à prendre part à ce mal .
Alors , les motifs de l'amitié & de l'alliance re-
> çoivent de nouvelles forces & exigent de lui les
>>plus grands efforts après ceux qu'il ſe doit à
>> foi-même. Toutes ces conſidérations ont inſpiré
à Sa Majefté Impériale les démarches qu'Elle
>> a faites , ainſi que les aſſurances qui les ont précédées
& qu'Elle a rénérées autant de fois que
>> les circonstances l'ont éxigé. Aujourd'hui , ſa
gloire , la proſpérité de ſon regne , ſon atten--
driſſement ſur les malheurs de ſes voiſins & le
propre intérêt de ſon Peuple éxigent qu'Elle
>> rempliſſe des paroles qui ne ſont pas moins fa-
>> crées que dictées par l'honneur & la ſageſſe .
>>C'eſt une Nation qui vient l'en prier , qui ré
>> clame ſes engagemens , qui l'appelle à ſon ſe-
>>c>ours : Sa Majeſté Impériale ſe rendroit coupable
du mal ultérieur , fi Elle ne déféroit à des
motifs ſi preſſans. Dans la droiture des principes
qui la guident & des ſentimens qui l'ani-
❤ment, Elle a donc ordonné , auſſi- tôt après la
188 MERCURE DE FRANCE .
réclamation faite par la Confédération géné
>>>rale de Lithuanie , qu'un corps de ſes troupes
>> marchat vers cette Province pour y appuyer les
>>>bonnes intentions des vrais Patriotes , pour y
>> arrêter tout déſordre , y maintenir la liberté
>> des Citoyens & rendre aux conſtitutions de la
>> République leur première vigueur. Sa Majesté
>> Impériale devoit cette marque de confiance au
"zèle patriotique de la Confédération qui , loin
>>>de s'oppoſer à la tenue de la Dière Générale ,
>> ſeule voiepropre à conſolider les conſtitutions
" de la Républiquedans une circonſtance auffi critique
que celle de l'interregne, achargé fon
>Maréchald'y envoyer des Députés pour expo-
5ſer aux Etats de la République aſſemblés , la
>>>pureté de ſes intentions & lajuſtice de ſes de-
>> firs , & pour engager ſes frères des Provinces
>>> de la Couronne à ſecourir de concert la Patrie ,
>> en leur rappellant l'union de la Lithuanie avec
>le Royaume, union confirmée par un ferment
>>facré& maintenue inaltérablement depuis plu-
>>> fieurs fiécles.
>>La néceſſité du ſecours que l'Impératrice en-
>>voye à cette Province eſt d'autant plus preſſante
que depuis que la Confédération s'eft
>>>formée , on apprend que le Prince Radziwill ,
> armé depuis longtemps & le plus ardent à
>> troubler le repos de ſa Patrie , a fait des entrepriſes
contre la Confédération ,& ſe propoſe
»d'empêcher dès ſa naiſſance tout le bien qu'on
>> doit naturellement s'en promettre.
» Les Généraux de Sa Majeſté Impériale
>>n'ont d'autres inſtructions que de reſter tran-
>>> quilles , de s'oppoſer à toute eſpéce de violen--
>> ces & d'éviter ſcrupuleuſement d'en commer--
>> tre la plus légére , de faciliter en tout les liAOUST.
1764. 189
bres délibérations de la Nobleſſe , de garder
uniquement la défenſive , & enfin de ne faire
uſage de leurs armes que lorſqu'on les atta-
>>quera eux- mêmes ou les dépôts précieux com-
>>>mis à leur garde.
>>L'Impératrice, fondée ſur les ſentimens d'humanité
&d'amour pour la paix qu'elle a fait
>> connoître depuis le commencement de ſon ré-
>>gne , ne doute pas qu'on ne rende la juſtiće
qui eſt due à la légitimité de la démarche
>> qu'Elle ſe trouve obligée de faire. Comme Sa
>> Majesté Impériale avoit prévu cet événement ,
>>>Elle avoit tout fait pour le détourner ; &
»quoique toutes les Puillances avec leſquelles
Elle est en amitié ſoient moins intérellées
»qu'Elle aux affaires préſentes , Elle n'avoit pas
balancé à leur en faire part , & avoit cru fe de-
>> voir cette fatisfaction à Elle- même , à la pureté
>>de ſes intentions & à l'uniformité des principes
qu'elle a admis invariablement. p.
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Résumé : « L'Impératrice a fait communiquer aux différentes Cours le Mémoire [...] »
L'Impératrice de Russie exprime sa préoccupation face à la situation violente en Pologne, particulièrement en Lituanie. Elle justifie son intervention par des motifs humanitaires et des engagements personnels, se présentant comme une médiatrice naturelle et autorisée par les traités entre les différents États de la République polonaise. L'Impératrice rappelle ses actions passées pour assurer la stabilité de la Pologne après la mort du roi et ses efforts pour prévenir les dangers liés à l'interrègne. Elle souligne les obligations de voisinage et les avantages réciproques d'une correspondance mutuelle entre États limitrophes. Les récentes réclamations de la Confédération générale de Lituanie l'ont poussée à envoyer des troupes pour soutenir les patriotes, maintenir l'ordre et restaurer les constitutions de la République. Ces troupes ont pour mission de rester tranquilles, d'éviter toute violence et de faciliter les délibérations de la noblesse. L'Impératrice espère que ses actions seront comprises et justifiées par les autres puissances, avec lesquelles elle a partagé ses intentions et ses principes. Elle mentionne également les menaces posées par le Prince Radziwill, qui trouble l'ordre public en Lituanie.
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75
p. 147-148
De FRANCFORT, le 2 Septembre 1764.
Début :
Le différend qui étoit survenu entre les Etats-Généraux & le Landgrave [...]
Mots clefs :
États-généraux, Landgrave, Dispute, Régence, Cassel, Comte, Ministres, Conseillers, Estime, Amitié, Déclaration, Envoyé , Satisfaction, Pouvoir, Mémoire, Hautes Puissances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De FRANCFORT, le 2 Septembre 1764.
De FRANCFORT , le 2 Septembre 1764.
Le différend qui étoit furvenu entre les Etats-
Généraux & le Landgrave de Heffe - Caffel au
fujet de la conduite tenue par la Régence de
-Caffel à l'égard du Comte de Warſtenſleben , Miniftre
de Leurs Hautes Puiffances auprès du
Cercle du- Haut - Rhin . vient d'être terminé . Le
Sieur de Mofer , Confeiller Privé , que le Landgrave
avoit envoyé pour cet effet en qualité de
fon Miniftre à la Haye , fut introduit , le 30 du
mois dernier , dans la Chambre de Treves ; il
y fit en François aux Députés des Etats - Généraux
la Déclaration fuivante qu'il leur remit enfuite
par écrit en Langue Allemande.
20
39
» Son Altele Séréniflime Mgr le Landgrave
Régnant de Heffe- Caffel , en conféquence de
l'eftime & de l'amitié qu'il a vouées de tout
temps aux Seigneurs les Etats - Généraux , a appris
» avec fenfibilité le mécontentement que Leurs
Hautes Puiffances,contre toute attente , fe croyent
» autorifées à prendre de la conduite tenue par
» la Régence de Caffel , pour des raifons con-
» nues , à l'égard du Comte de Wartenfleben.
Comme Son Alteffe Séréniffime eft très- éloignée
de conniver en aucune manière , avec au-
>> cun de fes Collégues de juftice , en ce qui
» pourroit léfer les droits & les dignités d'un
Etat voifin & ami , Elle m'a envoyé expreſſément
ici , par confidération particulière d'amitié
, pour témoigner & réitérer qu'en tout
Son Altele Séréniffime n'a jamais eu la vo-
» lonté ni l'intention d'offenfer la République
» ou de porter la moindre atteinte à les droits
» & prérogatives.
» Son Altele Séréniffime effére & fe flatte
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
que Leurs Hautes Puiffances trouveront cette
>> Déclaration conforme au defir fincère avec
»lequel Mgr le Landgrave demande l'amitié
& la bienveillance de l'Etat , tant pour le préfent
que pour l'avenir.
Les Etats -Généraux ont fait répondre au Sieur
Mofer par leurs Députés , qu'ils étoient contens
de cette Déclaration , & que c'étoit avec bien
de la fatisfaction qu'ils voyoient terminer par là
les différends furvenus entre eux & le Landgrave
de Heffe- Caffel , & rétablir la bonne intelligence
& l'amitié qui de tout temps ont fubfifté
entre la République & la Maiſon de Heffe ,
& au maintien defquelles Leurs Hautes Puiflances
Le propofent de concourir de tout leur pouvoir.
Le 4 du même mois , le feur de Mofer eut une
nouvelle conférence avec les Députés des Etats-
Généraux , & leur remit un Mémoire concernant
les Griefs de Landgrave de Heffe contre le Comte
de Wartenfleben qui , de fon côté , a envoyé à
Leurs Hautes Puiffances un autre Mémoire , par
jequel il juftifié la conduite .
Le différend qui étoit furvenu entre les Etats-
Généraux & le Landgrave de Heffe - Caffel au
fujet de la conduite tenue par la Régence de
-Caffel à l'égard du Comte de Warſtenſleben , Miniftre
de Leurs Hautes Puiffances auprès du
Cercle du- Haut - Rhin . vient d'être terminé . Le
Sieur de Mofer , Confeiller Privé , que le Landgrave
avoit envoyé pour cet effet en qualité de
fon Miniftre à la Haye , fut introduit , le 30 du
mois dernier , dans la Chambre de Treves ; il
y fit en François aux Députés des Etats - Généraux
la Déclaration fuivante qu'il leur remit enfuite
par écrit en Langue Allemande.
20
39
» Son Altele Séréniflime Mgr le Landgrave
Régnant de Heffe- Caffel , en conféquence de
l'eftime & de l'amitié qu'il a vouées de tout
temps aux Seigneurs les Etats - Généraux , a appris
» avec fenfibilité le mécontentement que Leurs
Hautes Puiffances,contre toute attente , fe croyent
» autorifées à prendre de la conduite tenue par
» la Régence de Caffel , pour des raifons con-
» nues , à l'égard du Comte de Wartenfleben.
Comme Son Alteffe Séréniffime eft très- éloignée
de conniver en aucune manière , avec au-
>> cun de fes Collégues de juftice , en ce qui
» pourroit léfer les droits & les dignités d'un
Etat voifin & ami , Elle m'a envoyé expreſſément
ici , par confidération particulière d'amitié
, pour témoigner & réitérer qu'en tout
Son Altele Séréniffime n'a jamais eu la vo-
» lonté ni l'intention d'offenfer la République
» ou de porter la moindre atteinte à les droits
» & prérogatives.
» Son Altele Séréniffime effére & fe flatte
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
que Leurs Hautes Puiffances trouveront cette
>> Déclaration conforme au defir fincère avec
»lequel Mgr le Landgrave demande l'amitié
& la bienveillance de l'Etat , tant pour le préfent
que pour l'avenir.
Les Etats -Généraux ont fait répondre au Sieur
Mofer par leurs Députés , qu'ils étoient contens
de cette Déclaration , & que c'étoit avec bien
de la fatisfaction qu'ils voyoient terminer par là
les différends furvenus entre eux & le Landgrave
de Heffe- Caffel , & rétablir la bonne intelligence
& l'amitié qui de tout temps ont fubfifté
entre la République & la Maiſon de Heffe ,
& au maintien defquelles Leurs Hautes Puiflances
Le propofent de concourir de tout leur pouvoir.
Le 4 du même mois , le feur de Mofer eut une
nouvelle conférence avec les Députés des Etats-
Généraux , & leur remit un Mémoire concernant
les Griefs de Landgrave de Heffe contre le Comte
de Wartenfleben qui , de fon côté , a envoyé à
Leurs Hautes Puiffances un autre Mémoire , par
jequel il juftifié la conduite .
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Résumé : De FRANCFORT, le 2 Septembre 1764.
Le 2 septembre 1764, un différend entre les États-Généraux et le Landgrave de Hesse-Cassel concernant la conduite de la Régence de Cassel à l'égard du Comte de Warstensleben, ministre des Hautes Puissances auprès du Cercle du Haut-Rhin, a été résolu. Le Sieur de Moser, conseiller privé et ministre du Landgrave, a été envoyé à La Haye pour cette mission. Le 30 août, il a présenté une déclaration en français aux députés des États-Généraux, qu'il leur a ensuite remise par écrit en langue allemande. Le Landgrave a exprimé son mécontentement face à la conduite de la Régence de Cassel et a affirmé son intention de ne jamais offenser la République ou porter atteinte à ses droits et prérogatives. Il a également réitéré son désir de maintenir l'amitié et la bienveillance avec les États-Généraux. Les États-Généraux ont accepté cette déclaration et ont exprimé leur satisfaction de voir les différends terminés, rétablissant ainsi la bonne intelligence et l'amitié entre la République et la Maison de Hesse. Le 4 septembre, le Sieur de Moser a eu une nouvelle conférence avec les députés des États-Généraux pour discuter des griefs du Landgrave contre le Comte de Warstensleben, qui a également envoyé un mémoire pour justifier sa conduite.
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76
p. 151-156
De VERSAILLES, le 12 Septembre 1764.
Début :
Le 19 du mois dernier, le Maréchal de Clermont-Tonnerre, prêta [...]
Mots clefs :
Maréchal, Serment, Symphonie, Auteurs, Duc, Ministre, Secrétaire, Famille royale, Nominations, Démissions, Évêque, Comtesse, Madame, Députés, Audience, Contrat de mariage, Cérémonies, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Mémoire, Histoire de France, Dictionnaire, Volumes
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texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 12 Septembre 1764.
De VERSAILLES , le 12 Septembre 1764.
Le 19 du mois dernier , le Maréchal de Cler
mont - Tonnerre , prêta ferment entre les mains
du Roi pour la Lieutenance Générale & le Commandement
du Dauphiné.
Le 24 , Dom Nicolas Chanlatte , nommé le
à l'Abbaye de Pontigni , eut l'honneur d'être
préfenté à Sa Majesté.
4
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
Le 25 , Fête de S. Louis , les Haut- bois de :
fa Chambre ont joué , au lever du Roi , plufieurs
morceaux de fymphonie de la compofilion
du Sieur Dard , Ordinaire de la Mufique.
Ce foir , Leurs Majeftés ont foupé à leur grand
Couvert. Les Muficiens du Roi ont éxécuté
pendant le fouper plufieurs morceaux de fymphonie
de différens Auteurs , fous la direction
du Sieur de Bury , Surintendant de la Mufique
de Sa Majefté , en furvivance du Sieur Rebel .
La veille , le Corps de Ville fe rendit ici où .
ayant à fa tête le Duc de Chevreufe , Gouver
neur de Paris , il eut audience du Roi avec les
cérémonies accoutumées. Il fut préfenté à Sa
Majefté par le Comte de S. Florentin , Miniſtre
& Secrétaire d'Etat , & conduit par le Sieur de
Nantouillet , Maître des Cérémonies. Le Sieur
Bignon , Confeiller d'Etat , Commandeur des
Ordres du Roi & Bibliothécaire de Sa Majefté ,
nouveau Frévôt des Marchands ; & les Sieurs
Martel , Confeiller du Roi , Notaire honoraire
Confeiller Quartinier de l'Hôtel de Villė ,
& Gauthier de Rougemont , Négociant , nouveaux
Echevins prêterent entre les mains
du Roi le ferment de fidélité dont le Comte de
S. Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
qui fut préfenté par le Sieur de la Porte , Premier
Avocat du Roi au Châtelet . Après cette Audience
le Corps de Ville eut l'honneur de rendre les
refpects à la Reine & à la Famille Royale.
>
-
Le même jour , Leurs Majeftés ainfi que la Famille
Royale, ont figné le Contrat de mariage du
Comte de la Rochefoucault avec Demoiſelle
de Lannion.
Le 2 , le Comte de Woronzow , Grand - Chancelier
de Ruffie , prit congé de Leurs Majeftés
& de la Famille Royale,
NOVEMBRE. 1764. 153
Le lendemain , les Députés du Parlement de
Bretagne eurent audience du Roi. Ils furent
préfentés à Sa Majefté parle Comte de S. Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de cette Province , & conduits par
le Sieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies.
Sa Majefté les reçut dans fon fauteuil en préfence
de fes Miniftres & de fes Grands Officiers , &
leur permit de lui préfenter les remontrance
dont ils avoient été chargés par leur Compagnies
Le Roi a nommé l'Evêque de Tulle à l'Evêch ;
de Soiffons , & l'Abbé de S. Sauveur , Vicairé
Général du Diocèfe d'Amiens à l'Evêché de Tullee
Sa Majesté a donné l'Abbaye de S. Evroul ..
Ordre de S. Benoît , Diocèle de Lizieux , à l'E-,
vêque de Rennes , & l'Abbaye d'Annay , Ordrede
Cîteaux , Diocèle d'Arras à la Dame de
Brifoeuil , Religieufe de la même Abbaye .
›
Le 31 , les Députés du Parlement de Bretagne
furent prefentés au Roi au nombre de fept par
le Comte de S. Florentin , & conduits par le Sieur
Bourlier de S. Hilaire ,Maître-d'Hôtel Ördinaire de
Sa Majesté. Le Roi les reçut dans fon fauteuil en
préſence de fes Miniftres & des Grands Officiers ,
& leur fit part de fes intentions au fujet des
repréfentations qu'ils avoient préfentées le 16
à Sa Majefté de la part de leurCompagnie.
La Comteffe de Sommyevre, ayant été nomméo
pour accompagner Madame Adélaïde , à la place
de la Comtelle de Narbonne , s été préſentée
au Roi , le 2 de ce mois , en cette qualité par™
Madame Adélaïde .
Le 3 , les Députés de Languedoc eurent audience
de Sa Majesté. Ils furent préfentés par
le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province , &
par le Comte de S. Florentin , & conduits par
G v
154 MERCURE DE FRANCE .
le Sieur de Nantouillet , Maitre des Cérémonies .
La Députation étoit compofée , pour le Clergé ,
de l'Archevêque de Toulouſe qui porta la parole ;
pour la Nobleffe , du Vicomte de Polignac ;
& pour le Tiers - Etat , du Sieur Alifon , Lieutenant-
Maire de Nifmes , du Sieur Gaulard ,
Maire d'Anet , & du Sieur de la Fage , Syndic
Général de la Province . Ils furent enfuite conduits
à l'Audience de la Reine & de la Famille
Royale.
Le 8 , Leurs Majeftés ainsi que la Famille Royale,
fignerent le Contrat de mariage du Sieur Bignon ,
Fils du Prévôt des Marchands de la , Ville de
Paris , avec Demoiſelle de Hennot du Rozel .
Le même jour , le Sieur de Clugni , Conſeiller
au Parlement de Dijon , ci- devant Intendant de
S. Domingue , fut préfenté à Sa Majesté par le
Duc de Choiseul.
Le Roi ayant nommé Chevaliers des Ordres
Royaux , Militaires & Hofpitaliers de Notre-
Dame du Mont- Carmel & de S. Lazare de Jérufalem
le Comte de Redmond , Lieutenant -Général
de fes Armées , & le Comte d'Amblimond ,
Lieutenant de Vaiffeau , ces Chevaliers furent
reçus , le 9 , dans l'appartement & en préſence
de Mgr le Duc de Berry , Grand - Maître defdits
Ordres , après avoir fait leur profeffion &
l'émiffion de leurs voeux entre les mains du
Comte de S. Florentin , Gérent & Adminiſtrateur
de ces Ordres , pendant la minorité de Mgr
le Grand- Maître dont les nouveaux Chevaliers
eurent l'honneur de baifer la main en figne
d'obédience. Plufieurs Chevaliers & Commandeurs
, ainfi que les Grands Officiers desdits
Crdres , ont affifté à cette Cérémonie. La Meffe
a été célébrée par l'Abbé Frottier , Chapelain
du Roi.
NOVEMBRE. 1764. 155
Le même jour , l'Evêque d'Avranches fut facré
dans la Chapelle du Chateau , par l'Archevêque
de Reims , aflifté de l'Evêque de Senlis & de
celui de Soiffons , ci - devant Evêque de Tulle.
L'Abbé , le Bibliothécaire & le Procureur de
Sainte Genevieve eurent l'honneur d'être préfentés
au Roi , le même jour , par le Comte de
S. Florentin , Miniftre & Secrétaire d'Etat , &
de faire leurs remercîmens à Sa Majesté à l'oce
cafion de la Cérémonie du 6. Ils furent prcfentés
le même jour , à Mgr le Dauphin.
Le 10 , l'Evêque d'Avranches & celui de Vabres
prêterent ferment entre les mains du Roi pendant
la Meffe , dans la Chapelle du Château .
L'Académie Royale des Infcriptions & Belles-
Lettres eut l'honneur de préfenter , le 3 de ce
mois , à Leurs Majeſtés & à la Famille Royale les
XXIX & XXXe Volumes de fes Mémoires . Le
fieur de Fontanieu , Confeiller d'Etat , Intendant-
Général des Meubles de la Couronne , a préſenté
au Roi deux Sucriers d'Or très - artiftement travaillés
& faits par le fieur Roettiers , Orfévre
ordinaire de la Maifon de Sa Majeſté.
Le Sieur Gallonde , Chanoine Régulier de Ste
Génevieve , a eu l'honneur de préfenter au Roi
le premier Volume d'un Abrégé Chronologique
de l'Hiftoire de France écrit de fa main en lettres
Romaines.
Le fieur Duchefne , fils du Prévôt des Bâtimens
du Roi , & âgé de feize ans , a eu l'honneur de
préfenter au Roi un Livre intitulé . Manuel Botanique
contenant les propriétés des Plantes utiles
pour la nourriture , d'ufage en Médecine , employées
dans les Arts , ou d'ornement pour les jardins
& que l'on trouve à la Campagne aux environs de
Paris .
G vj
156 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur Blondeau de Charnage , Penfionnaire
du Roi , a eu autfi l'honneur de préfenter à Sa
Majefté le quatriéme Volume de fon Dictionnaire
des Titres Originaux concernant les Droits de la
Couronne ; les Fiefs , l'Hiftoire , la Généalogie ,
& c.
Le Geur Valeyre fils , Imprimeur Libraire , eut
l'honneur de préſenter à Monſeigneur le Duc de
Berry , à Monfeigneur le Comte de Provence
& à Monfeigneur le Comte d'Artois , le Spectacle
Hiftorique ou Mémorial des principaux événemens
irés de l'Hiftoire Univerfelle.
Le 19 du mois dernier , le Maréchal de Cler
mont - Tonnerre , prêta ferment entre les mains
du Roi pour la Lieutenance Générale & le Commandement
du Dauphiné.
Le 24 , Dom Nicolas Chanlatte , nommé le
à l'Abbaye de Pontigni , eut l'honneur d'être
préfenté à Sa Majesté.
4
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
Le 25 , Fête de S. Louis , les Haut- bois de :
fa Chambre ont joué , au lever du Roi , plufieurs
morceaux de fymphonie de la compofilion
du Sieur Dard , Ordinaire de la Mufique.
Ce foir , Leurs Majeftés ont foupé à leur grand
Couvert. Les Muficiens du Roi ont éxécuté
pendant le fouper plufieurs morceaux de fymphonie
de différens Auteurs , fous la direction
du Sieur de Bury , Surintendant de la Mufique
de Sa Majefté , en furvivance du Sieur Rebel .
La veille , le Corps de Ville fe rendit ici où .
ayant à fa tête le Duc de Chevreufe , Gouver
neur de Paris , il eut audience du Roi avec les
cérémonies accoutumées. Il fut préfenté à Sa
Majefté par le Comte de S. Florentin , Miniſtre
& Secrétaire d'Etat , & conduit par le Sieur de
Nantouillet , Maître des Cérémonies. Le Sieur
Bignon , Confeiller d'Etat , Commandeur des
Ordres du Roi & Bibliothécaire de Sa Majefté ,
nouveau Frévôt des Marchands ; & les Sieurs
Martel , Confeiller du Roi , Notaire honoraire
Confeiller Quartinier de l'Hôtel de Villė ,
& Gauthier de Rougemont , Négociant , nouveaux
Echevins prêterent entre les mains
du Roi le ferment de fidélité dont le Comte de
S. Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
qui fut préfenté par le Sieur de la Porte , Premier
Avocat du Roi au Châtelet . Après cette Audience
le Corps de Ville eut l'honneur de rendre les
refpects à la Reine & à la Famille Royale.
>
-
Le même jour , Leurs Majeftés ainfi que la Famille
Royale, ont figné le Contrat de mariage du
Comte de la Rochefoucault avec Demoiſelle
de Lannion.
Le 2 , le Comte de Woronzow , Grand - Chancelier
de Ruffie , prit congé de Leurs Majeftés
& de la Famille Royale,
NOVEMBRE. 1764. 153
Le lendemain , les Députés du Parlement de
Bretagne eurent audience du Roi. Ils furent
préfentés à Sa Majefté parle Comte de S. Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de cette Province , & conduits par
le Sieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies.
Sa Majefté les reçut dans fon fauteuil en préfence
de fes Miniftres & de fes Grands Officiers , &
leur permit de lui préfenter les remontrance
dont ils avoient été chargés par leur Compagnies
Le Roi a nommé l'Evêque de Tulle à l'Evêch ;
de Soiffons , & l'Abbé de S. Sauveur , Vicairé
Général du Diocèfe d'Amiens à l'Evêché de Tullee
Sa Majesté a donné l'Abbaye de S. Evroul ..
Ordre de S. Benoît , Diocèle de Lizieux , à l'E-,
vêque de Rennes , & l'Abbaye d'Annay , Ordrede
Cîteaux , Diocèle d'Arras à la Dame de
Brifoeuil , Religieufe de la même Abbaye .
›
Le 31 , les Députés du Parlement de Bretagne
furent prefentés au Roi au nombre de fept par
le Comte de S. Florentin , & conduits par le Sieur
Bourlier de S. Hilaire ,Maître-d'Hôtel Ördinaire de
Sa Majesté. Le Roi les reçut dans fon fauteuil en
préſence de fes Miniftres & des Grands Officiers ,
& leur fit part de fes intentions au fujet des
repréfentations qu'ils avoient préfentées le 16
à Sa Majefté de la part de leurCompagnie.
La Comteffe de Sommyevre, ayant été nomméo
pour accompagner Madame Adélaïde , à la place
de la Comtelle de Narbonne , s été préſentée
au Roi , le 2 de ce mois , en cette qualité par™
Madame Adélaïde .
Le 3 , les Députés de Languedoc eurent audience
de Sa Majesté. Ils furent préfentés par
le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province , &
par le Comte de S. Florentin , & conduits par
G v
154 MERCURE DE FRANCE .
le Sieur de Nantouillet , Maitre des Cérémonies .
La Députation étoit compofée , pour le Clergé ,
de l'Archevêque de Toulouſe qui porta la parole ;
pour la Nobleffe , du Vicomte de Polignac ;
& pour le Tiers - Etat , du Sieur Alifon , Lieutenant-
Maire de Nifmes , du Sieur Gaulard ,
Maire d'Anet , & du Sieur de la Fage , Syndic
Général de la Province . Ils furent enfuite conduits
à l'Audience de la Reine & de la Famille
Royale.
Le 8 , Leurs Majeftés ainsi que la Famille Royale,
fignerent le Contrat de mariage du Sieur Bignon ,
Fils du Prévôt des Marchands de la , Ville de
Paris , avec Demoiſelle de Hennot du Rozel .
Le même jour , le Sieur de Clugni , Conſeiller
au Parlement de Dijon , ci- devant Intendant de
S. Domingue , fut préfenté à Sa Majesté par le
Duc de Choiseul.
Le Roi ayant nommé Chevaliers des Ordres
Royaux , Militaires & Hofpitaliers de Notre-
Dame du Mont- Carmel & de S. Lazare de Jérufalem
le Comte de Redmond , Lieutenant -Général
de fes Armées , & le Comte d'Amblimond ,
Lieutenant de Vaiffeau , ces Chevaliers furent
reçus , le 9 , dans l'appartement & en préſence
de Mgr le Duc de Berry , Grand - Maître defdits
Ordres , après avoir fait leur profeffion &
l'émiffion de leurs voeux entre les mains du
Comte de S. Florentin , Gérent & Adminiſtrateur
de ces Ordres , pendant la minorité de Mgr
le Grand- Maître dont les nouveaux Chevaliers
eurent l'honneur de baifer la main en figne
d'obédience. Plufieurs Chevaliers & Commandeurs
, ainfi que les Grands Officiers desdits
Crdres , ont affifté à cette Cérémonie. La Meffe
a été célébrée par l'Abbé Frottier , Chapelain
du Roi.
NOVEMBRE. 1764. 155
Le même jour , l'Evêque d'Avranches fut facré
dans la Chapelle du Chateau , par l'Archevêque
de Reims , aflifté de l'Evêque de Senlis & de
celui de Soiffons , ci - devant Evêque de Tulle.
L'Abbé , le Bibliothécaire & le Procureur de
Sainte Genevieve eurent l'honneur d'être préfentés
au Roi , le même jour , par le Comte de
S. Florentin , Miniftre & Secrétaire d'Etat , &
de faire leurs remercîmens à Sa Majesté à l'oce
cafion de la Cérémonie du 6. Ils furent prcfentés
le même jour , à Mgr le Dauphin.
Le 10 , l'Evêque d'Avranches & celui de Vabres
prêterent ferment entre les mains du Roi pendant
la Meffe , dans la Chapelle du Château .
L'Académie Royale des Infcriptions & Belles-
Lettres eut l'honneur de préfenter , le 3 de ce
mois , à Leurs Majeſtés & à la Famille Royale les
XXIX & XXXe Volumes de fes Mémoires . Le
fieur de Fontanieu , Confeiller d'Etat , Intendant-
Général des Meubles de la Couronne , a préſenté
au Roi deux Sucriers d'Or très - artiftement travaillés
& faits par le fieur Roettiers , Orfévre
ordinaire de la Maifon de Sa Majeſté.
Le Sieur Gallonde , Chanoine Régulier de Ste
Génevieve , a eu l'honneur de préfenter au Roi
le premier Volume d'un Abrégé Chronologique
de l'Hiftoire de France écrit de fa main en lettres
Romaines.
Le fieur Duchefne , fils du Prévôt des Bâtimens
du Roi , & âgé de feize ans , a eu l'honneur de
préfenter au Roi un Livre intitulé . Manuel Botanique
contenant les propriétés des Plantes utiles
pour la nourriture , d'ufage en Médecine , employées
dans les Arts , ou d'ornement pour les jardins
& que l'on trouve à la Campagne aux environs de
Paris .
G vj
156 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur Blondeau de Charnage , Penfionnaire
du Roi , a eu autfi l'honneur de préfenter à Sa
Majefté le quatriéme Volume de fon Dictionnaire
des Titres Originaux concernant les Droits de la
Couronne ; les Fiefs , l'Hiftoire , la Généalogie ,
& c.
Le Geur Valeyre fils , Imprimeur Libraire , eut
l'honneur de préſenter à Monſeigneur le Duc de
Berry , à Monfeigneur le Comte de Provence
& à Monfeigneur le Comte d'Artois , le Spectacle
Hiftorique ou Mémorial des principaux événemens
irés de l'Hiftoire Univerfelle.
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Résumé : De VERSAILLES, le 12 Septembre 1764.
En septembre et novembre 1764, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 19 août, le Maréchal de Clermont-Tonnerre a prêté serment pour la Lieutenance Générale et le Commandement du Dauphiné. Le 24 août, Dom Nicolas Chanlatte a été présenté au roi pour l'Abbaye de Pontigny. Le 25 août, à la fête de Saint Louis, les musiciens de la chambre du roi ont interprété des symphonies. Ce même jour, le corps de ville de Paris, dirigé par le Duc de Chevreuse, a eu audience avec le roi et a prêté serment de fidélité. Le 1er septembre, le roi a signé le contrat de mariage du Comte de La Rochefoucault. Le 2 septembre, le Comte de Woronzow, Grand-Chancelier de Russie, a pris congé des souverains. Le 3 novembre, les députés du Parlement de Bretagne ont présenté leurs remontrances au roi. Le roi a également nommé plusieurs évêques et abbés, dont l'Évêque de Tulle à l'évêché de Soissons et l'Abbé de Saint-Sauveur à l'évêché de Tulle. Le 31 octobre, les députés du Parlement de Bretagne ont été reçus par le roi pour discuter de leurs représentations. La Comtesse de Sommerville a été nommée pour accompagner Madame Adélaïde. Le 3 novembre, les députés de Languedoc ont eu audience avec le roi. Le 8 novembre, le roi a signé le contrat de mariage du Sieur Bignon et le Sieur de Clugny a été présenté au roi. Le 9 novembre, les Comtes de Redmond et d'Amblimond ont été reçus comme Chevaliers des Ordres Royaux et l'Évêque d'Avranches a été sacré. Diverses présentations de livres et d'objets d'art ont également eu lieu, notamment par le Sieur de Fontanieu, le Sieur Gallonde, le Sieur Duchefne, le Sieur Blondeau de Charnage, et le Sieur Valeyre fils.
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77
p. 190-196
LETTRE à M. DE LA PLACE, Auteur du Mercure, sur feu M. LE CLAIR, premier Symphoniste du ROI.
Début :
MONSIEUR, Si c'est un tribut dû à la mémoire des hommes célèbres [...]
Mots clefs :
Génie, Musique, Oeuvres, Hommes, Hommages, Duc, Violon, Talents, Symphonie, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M. DE LA PLACE, Auteur du Mercure, sur feu M. LE CLAIR, premier Symphoniste du ROI.
LETTRE à M. DE LA PLACE , Auteur
du Mercure , fur feu M. LE CLAIR
premier Symphoniſte du ROI.
MONSIE ONSIEUR
Si c'eſt un tribut dû à la mémoire des
hommes célébres que les éloges que
la reconnoiffance de leurs Concitoyens
confacre après leur mort en leur honneur
dans les faftes des beaux- Arts ; il
me femble auffi qu'ils font une confolation
touchante pour ceux qui les ont
NOVEMBRE. 1764. 191
connus plus particuliérement ; j'avois
avec les bons Citoyens , verfé des larmes
à ce Service funébre fi bien exécuté
par l'Académie Royale de Mufique ,
pour ce génie profond qui a changé en
Science la Méchanique de fon art ; je ne
penfois point que j'aurois fitôt à regretter
un homme auffi fçavant(M. Leclair) que
l'affaffinat le plus tragique , nous a enlevé
la nuit du 22 au 23 du préſent mois
d'Octobre.
Il étoit né à Lyon , le 16 Mai 1697 ,
du mariage d'Antoine Leclair , Muficien
de Sa Majefté Louis XIV , & de Benoîte
Ferriere. Jean-Marie Leclair , celui
que nous regrettons , fut dans fa
jeuneffe attaché à M. Bonnier père , &
à fon fils M. Bonnier de Lamofſſon , Tréforier
des Etats de Languedoc. Bientôt
il eut la place de premier Symphoniſte
de Sa Majesté Louis XV. Il fut même
honoré des bontés d'un Monarque , Père
de fes Peuples & des beaux Arts. Un
Brevet expédié au fieur Leclair du 5
Avril 173 , figné par le Duc de Gévres ,
lui affura un honneur qui étoit autant
une juftice qu'une récompenfe.
L'envie de voyager le fit paffer en Hollande
, il y fut comblé des bienfaits de
S. A. Madame la Princeffe d'Orange ,
192 MERCURE DE FRANCE.
& revint à Paris jouir en paix de fa réputation
& de l'eftime des gens de bien.
Il ne faifoit plus d'Ecoliers , & n'étoit
plus qu'Amateur , quand M. le Duc
de Gramont crut rendre fervice au Public
en faifant une douce violence à cette
inaction qui enfeveliffoit des talens aufli
fupérieurs.
Ce Seigneur le penfionna , & cet art
heureux de conduire à ne vouloir que
leurs volontés , dont les Grands font
un ufage fi glorieux , quand le goût des
Arts le confacre ; cet Art enchanteur
rendit à Leclair tout fon amour pour
le travail.
Il avoit compofé dans fa jeuneffe quatre
Livres de Sonates à violon feul , deux
Livres de Duo deux divertiffemens
fous le titre de Récréations , deux Livres
de Trio , deux Livres de Concerto
& l'Opéra de Scilla & Glaucus , dont la
partie harmonique ne le céde en rien aux
plus beaux morceaux de Rameau. A l'âge
de foixante ans , toute la vigueur de fon
génie fembla prendre de nouvelles forces
pour répondre aux bontés d'un Seigneur
dont il avoit été le maître.
Il avoit compofé pour lui l'Acte d'Apollon
& Climene , dont les paroles font
de M. le Marquis de Senneterre , exécuté
aux
NOVEMBRE . 1764. 193
aux charmantes Fêtes de Puttau. Depuis
, il a fait un divertiffement pour
la Provençale; deux Ariettes fupérieures ,
l'une pour la Gouvernante , l'autre pour
le Tuteur , dont le rôle n'avoit rien de
brillant à chanter.
•
Rameau avoit pris du Ballet des Arts ,
dont les paroles font de M. de la Mothe,
& la Mufique de M. de la Barre
l'Acte de Pigmalion , qu'il a refait entièrement.
M. le Duc de Gramont fuivit
la même idée pour les quatre autres
Actes : il fit travailler le Clair & Naudé ,
cet homme fi connu par fon goût fupérieur
pour le chant . Le premier fe
chargea de l'harmonie , & le fecond
de la mélodie. Ainfi les quatre Actes
font entièrement retravaillés , & furtout
celui de la Peinture , où le goût & le
génie femblent avoir épuifé leurs connoiffances.
Ces deux hommes ainfi réunis par
une concorde fi rare parmi les perfonnes
d'un même Art , ont travaillé encore
le Ballet des Saifons , Paroles de
Pic , Mufique de Lulli & de Colaſſe ,
& la Tragédie d'Arion de l'Abbé Pellegrin
,dont la Mufique eft de M. Matho .
Le Clair travailloit à cette Tragédie
quand il eft mort. Il ne manquoit our F
I
194 MERCURE DE FRANCE.
rendre l'Ouvrage parfait , que quelques
airs de violon ,
M. le Duc de Gramont, toujours attentif
à confacrer à la postérité la mémoire des
hommes de génie , avoit fait une collection
des plus beaux morceaux de
Mufique d'un homme étonnant , mort
chez lui à l'âge de trente ans. Il fe
nommoit Martin & avoit étéVioloncéle
à l'Opéra . M. le Duc de Gramonile l'étoit
attahé par fes bienfaits , & a de lui des
Ouvrages de la première beauté. C'eſt
en réuniffant le génie de ces trois Compofiteurs
qu'il eft parvenu à mettre en
ordre tant d'Ouvrages différens , dont
il pourra faire préfent au Public , s'il
paroît les defirer , & les recevoir comme
des monumens de ce que peut l'union
des talens confacrée par l'amitié .
Le Clair étoit fait pour la connoître
& la rendre aimable . Il avoit dans les
moeurs cette noble fimplicité , caractère
diftin&tif du génie. Il étoit férieux
& penfeur , n'aimoit point le grand
monde. Il n'avoit ni cette modeftie intéreffée
qui mandie des éloges , ni
cet orgueil qui en rend indigne. Il étoit
affez grand Homme pour ofer dire
qu'il étoit content de fes Ouvrages ,
& pour les retoucher s'il croyait qu'un
NOVEMBRE . 1764. 195
meilleur avis lui eut découvert des beautés
qu'il n'avoit point faifies.
L'Europe entière connoît fes Sonates;
& fi la France a des Gavinies & des
Capron , ce font fes Ouvrages qui les
ont formés. Il débrouilla le premier
l'art du violon ; il en décompofa les
difficultés & les beautés. Il manqua un
le Clair à Lulli ; il eft créateur de cette
éxécution brillante qui diftingue nos
Orchestres , & Rameau lui doit autant
qu'à fon propre génie,
La furveille de fa mort il apporta à M.
le Duc de Gramont un morceau de Mufique
plein de feu & d'enthouſiaſme.
il falloit le voir, à foixante-ſept ans , éxécuter
avec une vigueur étonnante , communiquer
à un Orcheſtre tout fon
feu , & fi près du jour fatal , goûter
le plaifir d'être admiré lavec cette joie modefte
& pure qui conviendroit fi bien
à un jeune homme qu'on loueroit pour
la première fois .
Il femble que l'amitié ait des préffentimens.
Celle de M. leDuc de Gramont pour
le Clair , je me fers de fes expreffions ,
en eut d'affreux . Il lui offrit mille fois
un logement chez lui , & l'avoit déterminé
à l'accepter quand il fut affaffiné,
Il eſt fans doute des monftres qui ne font
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
ni de leurs pays , ni de leur fiécle. Que
d'êtres n'ont de l'homme que la figure
humaine !
Perfuadé , Monfieur , que les talens
de l'efprit font peu de chofe fans les
fentimens de l'âme , ma première étude
a toujours été de jouir des affections
de la mienne. J'ai connu le Clair , j'ai
pu l'admirer & l'eftimer. Je vous écris
l'âme encore faifie de l'affreux récit
de fa mort. S'il eft impoffible de confacrer
à tous les grands Hommes des
monumens en marbre , & d'y graver
des vers à leur honneur , en voici que
j'ai trouvé gravés pour lui dans mon
coeur & que le Public au moins daignera
peut-être agréer,
Le premier des François , le Clair, à fon génie
Sçut l'art d'affervir fon archet.
Du grand Rameau rival par l'harmonie
Il eft mâle , élégant , tendre & toujours parfait.
Lui feul méritoit bien de rendre les Ouvrages;
Lamitié careffa ſes moeurs :
Il fut eftimé par les Sages ,
Admiré par les Connoiffeurs.
J'ai l'honneur d'être &c,
Le 26 Octobre 1764.
DE ROZOI
du Mercure , fur feu M. LE CLAIR
premier Symphoniſte du ROI.
MONSIE ONSIEUR
Si c'eſt un tribut dû à la mémoire des
hommes célébres que les éloges que
la reconnoiffance de leurs Concitoyens
confacre après leur mort en leur honneur
dans les faftes des beaux- Arts ; il
me femble auffi qu'ils font une confolation
touchante pour ceux qui les ont
NOVEMBRE. 1764. 191
connus plus particuliérement ; j'avois
avec les bons Citoyens , verfé des larmes
à ce Service funébre fi bien exécuté
par l'Académie Royale de Mufique ,
pour ce génie profond qui a changé en
Science la Méchanique de fon art ; je ne
penfois point que j'aurois fitôt à regretter
un homme auffi fçavant(M. Leclair) que
l'affaffinat le plus tragique , nous a enlevé
la nuit du 22 au 23 du préſent mois
d'Octobre.
Il étoit né à Lyon , le 16 Mai 1697 ,
du mariage d'Antoine Leclair , Muficien
de Sa Majefté Louis XIV , & de Benoîte
Ferriere. Jean-Marie Leclair , celui
que nous regrettons , fut dans fa
jeuneffe attaché à M. Bonnier père , &
à fon fils M. Bonnier de Lamofſſon , Tréforier
des Etats de Languedoc. Bientôt
il eut la place de premier Symphoniſte
de Sa Majesté Louis XV. Il fut même
honoré des bontés d'un Monarque , Père
de fes Peuples & des beaux Arts. Un
Brevet expédié au fieur Leclair du 5
Avril 173 , figné par le Duc de Gévres ,
lui affura un honneur qui étoit autant
une juftice qu'une récompenfe.
L'envie de voyager le fit paffer en Hollande
, il y fut comblé des bienfaits de
S. A. Madame la Princeffe d'Orange ,
192 MERCURE DE FRANCE.
& revint à Paris jouir en paix de fa réputation
& de l'eftime des gens de bien.
Il ne faifoit plus d'Ecoliers , & n'étoit
plus qu'Amateur , quand M. le Duc
de Gramont crut rendre fervice au Public
en faifant une douce violence à cette
inaction qui enfeveliffoit des talens aufli
fupérieurs.
Ce Seigneur le penfionna , & cet art
heureux de conduire à ne vouloir que
leurs volontés , dont les Grands font
un ufage fi glorieux , quand le goût des
Arts le confacre ; cet Art enchanteur
rendit à Leclair tout fon amour pour
le travail.
Il avoit compofé dans fa jeuneffe quatre
Livres de Sonates à violon feul , deux
Livres de Duo deux divertiffemens
fous le titre de Récréations , deux Livres
de Trio , deux Livres de Concerto
& l'Opéra de Scilla & Glaucus , dont la
partie harmonique ne le céde en rien aux
plus beaux morceaux de Rameau. A l'âge
de foixante ans , toute la vigueur de fon
génie fembla prendre de nouvelles forces
pour répondre aux bontés d'un Seigneur
dont il avoit été le maître.
Il avoit compofé pour lui l'Acte d'Apollon
& Climene , dont les paroles font
de M. le Marquis de Senneterre , exécuté
aux
NOVEMBRE . 1764. 193
aux charmantes Fêtes de Puttau. Depuis
, il a fait un divertiffement pour
la Provençale; deux Ariettes fupérieures ,
l'une pour la Gouvernante , l'autre pour
le Tuteur , dont le rôle n'avoit rien de
brillant à chanter.
•
Rameau avoit pris du Ballet des Arts ,
dont les paroles font de M. de la Mothe,
& la Mufique de M. de la Barre
l'Acte de Pigmalion , qu'il a refait entièrement.
M. le Duc de Gramont fuivit
la même idée pour les quatre autres
Actes : il fit travailler le Clair & Naudé ,
cet homme fi connu par fon goût fupérieur
pour le chant . Le premier fe
chargea de l'harmonie , & le fecond
de la mélodie. Ainfi les quatre Actes
font entièrement retravaillés , & furtout
celui de la Peinture , où le goût & le
génie femblent avoir épuifé leurs connoiffances.
Ces deux hommes ainfi réunis par
une concorde fi rare parmi les perfonnes
d'un même Art , ont travaillé encore
le Ballet des Saifons , Paroles de
Pic , Mufique de Lulli & de Colaſſe ,
& la Tragédie d'Arion de l'Abbé Pellegrin
,dont la Mufique eft de M. Matho .
Le Clair travailloit à cette Tragédie
quand il eft mort. Il ne manquoit our F
I
194 MERCURE DE FRANCE.
rendre l'Ouvrage parfait , que quelques
airs de violon ,
M. le Duc de Gramont, toujours attentif
à confacrer à la postérité la mémoire des
hommes de génie , avoit fait une collection
des plus beaux morceaux de
Mufique d'un homme étonnant , mort
chez lui à l'âge de trente ans. Il fe
nommoit Martin & avoit étéVioloncéle
à l'Opéra . M. le Duc de Gramonile l'étoit
attahé par fes bienfaits , & a de lui des
Ouvrages de la première beauté. C'eſt
en réuniffant le génie de ces trois Compofiteurs
qu'il eft parvenu à mettre en
ordre tant d'Ouvrages différens , dont
il pourra faire préfent au Public , s'il
paroît les defirer , & les recevoir comme
des monumens de ce que peut l'union
des talens confacrée par l'amitié .
Le Clair étoit fait pour la connoître
& la rendre aimable . Il avoit dans les
moeurs cette noble fimplicité , caractère
diftin&tif du génie. Il étoit férieux
& penfeur , n'aimoit point le grand
monde. Il n'avoit ni cette modeftie intéreffée
qui mandie des éloges , ni
cet orgueil qui en rend indigne. Il étoit
affez grand Homme pour ofer dire
qu'il étoit content de fes Ouvrages ,
& pour les retoucher s'il croyait qu'un
NOVEMBRE . 1764. 195
meilleur avis lui eut découvert des beautés
qu'il n'avoit point faifies.
L'Europe entière connoît fes Sonates;
& fi la France a des Gavinies & des
Capron , ce font fes Ouvrages qui les
ont formés. Il débrouilla le premier
l'art du violon ; il en décompofa les
difficultés & les beautés. Il manqua un
le Clair à Lulli ; il eft créateur de cette
éxécution brillante qui diftingue nos
Orchestres , & Rameau lui doit autant
qu'à fon propre génie,
La furveille de fa mort il apporta à M.
le Duc de Gramont un morceau de Mufique
plein de feu & d'enthouſiaſme.
il falloit le voir, à foixante-ſept ans , éxécuter
avec une vigueur étonnante , communiquer
à un Orcheſtre tout fon
feu , & fi près du jour fatal , goûter
le plaifir d'être admiré lavec cette joie modefte
& pure qui conviendroit fi bien
à un jeune homme qu'on loueroit pour
la première fois .
Il femble que l'amitié ait des préffentimens.
Celle de M. leDuc de Gramont pour
le Clair , je me fers de fes expreffions ,
en eut d'affreux . Il lui offrit mille fois
un logement chez lui , & l'avoit déterminé
à l'accepter quand il fut affaffiné,
Il eſt fans doute des monftres qui ne font
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
ni de leurs pays , ni de leur fiécle. Que
d'êtres n'ont de l'homme que la figure
humaine !
Perfuadé , Monfieur , que les talens
de l'efprit font peu de chofe fans les
fentimens de l'âme , ma première étude
a toujours été de jouir des affections
de la mienne. J'ai connu le Clair , j'ai
pu l'admirer & l'eftimer. Je vous écris
l'âme encore faifie de l'affreux récit
de fa mort. S'il eft impoffible de confacrer
à tous les grands Hommes des
monumens en marbre , & d'y graver
des vers à leur honneur , en voici que
j'ai trouvé gravés pour lui dans mon
coeur & que le Public au moins daignera
peut-être agréer,
Le premier des François , le Clair, à fon génie
Sçut l'art d'affervir fon archet.
Du grand Rameau rival par l'harmonie
Il eft mâle , élégant , tendre & toujours parfait.
Lui feul méritoit bien de rendre les Ouvrages;
Lamitié careffa ſes moeurs :
Il fut eftimé par les Sages ,
Admiré par les Connoiffeurs.
J'ai l'honneur d'être &c,
Le 26 Octobre 1764.
DE ROZOI
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Résumé : LETTRE à M. DE LA PLACE, Auteur du Mercure, sur feu M. LE CLAIR, premier Symphoniste du ROI.
La lettre rend hommage à Jean-Marie Leclair, un célèbre musicien français décédé la nuit du 22 au 23 octobre 1764. Né à Lyon le 16 mai 1697, Leclair était le fils d'Antoine Leclair, musicien de Louis XIV, et de Benoîte Ferrière. Au cours de sa carrière, il a servi divers patrons, notamment les Bonnier, avant de devenir premier symphoniste de Louis XV. Leclair a composé plusieurs œuvres notables, incluant des sonates, des duos, des trios, des concertos, et l'opéra 'Scilla et Glaucus'. À l'âge de soixante ans, il a repris son activité musicale grâce au soutien du Duc de Gramont, qui l'a pensionné. Leclair a également collaboré avec d'autres compositeurs sur des ballets et des tragédies. Connu pour sa simplicité et son sérieux, il a marqué l'Europe par ses sonates et son influence sur l'art du violon. Sa mort a été ressentie comme une grande perte, tant par ses contemporains que par le Duc de Gramont, qui lui était très attaché.
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