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1
p. 1444
RUSSIE.
Début :
Le 23. May, la Princesse Anne de Meckelbourg, reçut à Petersbourg, des mains du [...]
Mots clefs :
Anne de Mecklembourg, Saint-Petersbourg, Tsarine
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texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
E 23. May , la Princesse Anne de Meckel-
Lbourg , reçut à Petersbourg , des mains du
Confesseur de la Czarine , la Communion , selon
le Rit de l'Eglise Grecque.
La Czarine a ordonné qu'on choisît des Pilotes
experts qui connussent parfaitement le Pôle
pour tenter de nouveau le voyage de la Chine
par la Mer de Tartarie.
E 23. May , la Princesse Anne de Meckel-
Lbourg , reçut à Petersbourg , des mains du
Confesseur de la Czarine , la Communion , selon
le Rit de l'Eglise Grecque.
La Czarine a ordonné qu'on choisît des Pilotes
experts qui connussent parfaitement le Pôle
pour tenter de nouveau le voyage de la Chine
par la Mer de Tartarie.
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2
p. 2060
RUSSIE.
Début :
On apprend de Petersbourg, que le 28. Août, la Czarine fit dépêcher un Courier au General [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Tsarine
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texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
N apprend de Petersbourg , que le 28. Aoûr,
la Czarine fit dépêcher un Courier au General
Lucci , qui étoit campé sur les bords de la
Duna , aux environs de Riga , avec le Corps de
Troupes qu'il commande , et l'on a sçû depuis
que ce Courier lui a porté l'ordre de s'avancer
avec ses Troupes jusqu'à Shlohensko , Village
de Lithuanie.
N apprend de Petersbourg , que le 28. Aoûr,
la Czarine fit dépêcher un Courier au General
Lucci , qui étoit campé sur les bords de la
Duna , aux environs de Riga , avec le Corps de
Troupes qu'il commande , et l'on a sçû depuis
que ce Courier lui a porté l'ordre de s'avancer
avec ses Troupes jusqu'à Shlohensko , Village
de Lithuanie.
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3
p. 149-151
« M. Morand, de l'Académie des Sciences, & Secrétaire perpétuel de l'Académie [...] »
Début :
M. Morand, de l'Académie des Sciences, & Secrétaire perpétuel de l'Académie [...]
Mots clefs :
Académie des sciences, Académie de chirurgie, Moscou, Saint-Petersbourg, Sages-femmes
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texteReconnaissance textuelle : « M. Morand, de l'Académie des Sciences, & Secrétaire perpétuel de l'Académie [...] »
M. Morand , de l'Académie des Sciences
, & Secrétaire perpétuel de l'Académie
de Chirurgie , qui a autant de zéle pour le
bien de l'humanité de talent pour le
procurer , nous a communiqué une ordonnance
rendue par l'Impératrice de Ruffe
, qui porte que » toutes les Sages fem-
» mes , tant à Mofcou qu'à Petersbourg ,
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
و ر
"
39
» devront être examinées par des Médecins
» & Chirurgiens experts , ainfi que par
» des Sages femmes jurées , après quoi on
» leur fera prêter ferment fuivant le for-
» mulaire joint à la même ordonnance . Le
» nombre de ces Sages femmes eft fixé à
» quinze pour Mofcou , & à dix pour Pétersbourg.
A mesure qu'il y en aura de
» furnuméraires , on en fera paffer une
» dans chaque ville du Gouvernement , &
fucceffivement dans les villes provinciales
, afin qu'avec le tems tout l'Empire
» foit pourvû de Sages femmes. Leur ſalai-
» re eft reglé par une lifte annexée à ladite
» Ordonnance , & chacun fera tenu de le
» payer fans contradiction . Outre les Sages
» femmes ordinaires , il y en aura deux à
" Mofcou & deux à Pétersbourg pour tou
» tes fortes de cas extraordinaires , lefquel-
» les feront aux gages de la Couronne.
» Celles de Mofcou auront , la premiere
» deux cens roubles , & la feconde cent
cinquante ; celles de Pétersbourg , la pre-
» miere trois cens , & la feconde deux
» cens roubles par année . Chaque Sage
» femme jurée tiendra deux apprentives.
»
Pour l'inftruction fondamentale & la
»confirmation réguliere des Sages fem-
» mes , on établira tant à Mofcou qu'à Pé-
» tersbourg , dans chacune de ces deux vil-
00
DECEMBRE. 1754 151
»
"
» les , une école fous l'infpection d'un Mé-
>> decin & d'un Chirurgien , lefquels Méde-
» cins & Chirurgiens feront nommés Profeffeurs
en l'art d'accoucher , & les Chirur-
" giens , Accoucheurs ; ils feront auffi aux
» gages de la Couronne. Les premiers au-
» ront depuis trois cens jufqu'à fix cens
» roubles , & les derniers entre deux cens
»& quatre cens roubles par année . Le Collégé
de Médecine ne demande pour tous
» ces frais & autres qu'une fimple fomme
>> annuelle de trois mille roubles ; laquelle
» fomme devant être , comme de raifon
» fupportée par le public , l'on a formé
» une taxe , dont la liſte eft de même join-
» te à l'Ordonnance , & en conféquence de
laquelle chacun fera obligé de payer fuivant
le rang du mari de l'accouchée , fans
exception de qui que ce foit , fous peine
» d'exécution. Cette fomme fera avancée
» en trois termes annuellement par le tré-
»for de la Couronne , au Collège de Mé-
» decine , qui en fera enfuite la reftitution
» du produit de la taxe . Tout cet établif-
» fement eft foumis à la direction du même
» Collége , qui eft chargé auffi de la per-
»ception des deniers affectés à fon ufage.
, & Secrétaire perpétuel de l'Académie
de Chirurgie , qui a autant de zéle pour le
bien de l'humanité de talent pour le
procurer , nous a communiqué une ordonnance
rendue par l'Impératrice de Ruffe
, qui porte que » toutes les Sages fem-
» mes , tant à Mofcou qu'à Petersbourg ,
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
و ر
"
39
» devront être examinées par des Médecins
» & Chirurgiens experts , ainfi que par
» des Sages femmes jurées , après quoi on
» leur fera prêter ferment fuivant le for-
» mulaire joint à la même ordonnance . Le
» nombre de ces Sages femmes eft fixé à
» quinze pour Mofcou , & à dix pour Pétersbourg.
A mesure qu'il y en aura de
» furnuméraires , on en fera paffer une
» dans chaque ville du Gouvernement , &
fucceffivement dans les villes provinciales
, afin qu'avec le tems tout l'Empire
» foit pourvû de Sages femmes. Leur ſalai-
» re eft reglé par une lifte annexée à ladite
» Ordonnance , & chacun fera tenu de le
» payer fans contradiction . Outre les Sages
» femmes ordinaires , il y en aura deux à
" Mofcou & deux à Pétersbourg pour tou
» tes fortes de cas extraordinaires , lefquel-
» les feront aux gages de la Couronne.
» Celles de Mofcou auront , la premiere
» deux cens roubles , & la feconde cent
cinquante ; celles de Pétersbourg , la pre-
» miere trois cens , & la feconde deux
» cens roubles par année . Chaque Sage
» femme jurée tiendra deux apprentives.
»
Pour l'inftruction fondamentale & la
»confirmation réguliere des Sages fem-
» mes , on établira tant à Mofcou qu'à Pé-
» tersbourg , dans chacune de ces deux vil-
00
DECEMBRE. 1754 151
»
"
» les , une école fous l'infpection d'un Mé-
>> decin & d'un Chirurgien , lefquels Méde-
» cins & Chirurgiens feront nommés Profeffeurs
en l'art d'accoucher , & les Chirur-
" giens , Accoucheurs ; ils feront auffi aux
» gages de la Couronne. Les premiers au-
» ront depuis trois cens jufqu'à fix cens
» roubles , & les derniers entre deux cens
»& quatre cens roubles par année . Le Collégé
de Médecine ne demande pour tous
» ces frais & autres qu'une fimple fomme
>> annuelle de trois mille roubles ; laquelle
» fomme devant être , comme de raifon
» fupportée par le public , l'on a formé
» une taxe , dont la liſte eft de même join-
» te à l'Ordonnance , & en conféquence de
laquelle chacun fera obligé de payer fuivant
le rang du mari de l'accouchée , fans
exception de qui que ce foit , fous peine
» d'exécution. Cette fomme fera avancée
» en trois termes annuellement par le tré-
»for de la Couronne , au Collège de Mé-
» decine , qui en fera enfuite la reftitution
» du produit de la taxe . Tout cet établif-
» fement eft foumis à la direction du même
» Collége , qui eft chargé auffi de la per-
»ception des deniers affectés à fon ufage.
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Résumé : « M. Morand, de l'Académie des Sciences, & Secrétaire perpétuel de l'Académie [...] »
M. Morand, membre de l'Académie des Sciences et Secrétaire perpétuel de l'Académie de Chirurgie, a communiqué une ordonnance de l'Impératrice de Russie. Cette ordonnance impose que toutes les sages-femmes à Moscou et à Saint-Pétersbourg soient examinées par des médecins, chirurgiens experts et sages-femmes jurées. Le nombre de sages-femmes est limité à quinze pour Moscou et dix pour Saint-Pétersbourg. Les sages-femmes surnuméraires seront envoyées dans les villes du gouvernement et les villes provinciales pour couvrir l'ensemble de l'Empire. Leur salaire est réglementé et doit être payé sans contestation. Deux sages-femmes à Moscou et deux à Saint-Pétersbourg seront dédiées aux cas extraordinaires, rémunérées par la Couronne. Chaque sage-femme jurée supervisera deux apprenties. Pour la formation et la confirmation des sages-femmes, des écoles seront établies à Moscou et à Saint-Pétersbourg sous la supervision de médecins et chirurgiens, nommés professeurs en art d'accoucher et accoucheurs, également rémunérés par la Couronne. Le Collège de Médecine demande une somme annuelle de trois mille roubles pour ces frais, soutenue par le public via une taxe basée sur le rang du mari de l'accouchée. Cette somme sera avancée par le trésor de la Couronne et restituée par le Collège de Médecine, qui dirige l'ensemble de cet établissement et perçoit les fonds affectés à son usage.
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4
p. 186-188
DU NORD.
Début :
Avant hier sur le midi, la Grande Duchesse sentit quelques douleurs. Une demi-heure après elle [...]
Mots clefs :
Copenhague, Roi, Ambassadeur, Saint-Petersbourg
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 3 Octobre.
Avant -bier for le midi , la Grande Ducheffe fen
tit quelques de aleurs. Une demi-heure après elle
DECEMBRE. 1754. 187
accoucha d'un Prince , dont la naiffance fut annoncée
au peuple par les falves réitérées du canon
de la citadelle & de l'Amirauté . La Grande Ducheffe
fe porte auffi bien qu'on puiffe le defirer
de même que le jeune Prince , qui a été ondoyé ,
& nomméPaul.
DE COPPENHAGUE , le 27 Octobre.
"
Le 23 de ce mois , le Roi fit l'honneur au Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majeſté Très-
Chrétienne , de dîner chez lui dans une maiſon
de plaifance , que ce Miniftre a fait orner avec
beaucoup de goût . La table étoit de quinze couverts.
Sa Majesté fit placer l'Ambaſſadrice à fa
droite , & l'Ambaffadeur à fa gauche. Les autres
places furent remplies par les Miniftres
d'Etat , & par quelques-uns des principaux Seigneurs
de la Cour. Une magnifique illumination
& un très-beau feu d'artifice terminerent
la fête. La décoration du feu repréſentoit un aro
de triomphe , fur le fronton duquel étoit le chiffre
du Roi , avec cette infcription : Friderico V. Pio ,
Felici , P. P. Optimo Principi . De chaque côté de
cette décoration s'élevoient cinq grandes pyra
mides. Elles étoient liées enfemble par des guir-
Landes , & chargées chacune d'un cartouche contenant
quelque enblême relatif aux vertus de Sa
Majefté, ou le tableau allégorique de quelqu'un
des établiflemens qu'elle a faits pour l'augmenta
tion du commerce , & pour le progrès des arts.
Des vafes à l'antique étoient placés dans les entredeux
des pyramides L'artifice occupoit toute la
longueur de la décoration ; & du milieu , ainfi
que des extrêmités , on voyoit fortir fans interruption
des gerbes de feu . On découvroit à tra
vers les arcades de l'arc de triomphe une perfpec188
MERCURE DE FRANCE.
tive de pots à feu , de trois cens pas de longueur .
Le Roi , en fe retirant , témoigna à l'Ambaffadeur
& à l'Ambaffadrice combien il étoit fatisfait
de la réception qu'ils lui avoient faite.
Avant -bier for le midi , la Grande Ducheffe fen
tit quelques de aleurs. Une demi-heure après elle
DECEMBRE. 1754. 187
accoucha d'un Prince , dont la naiffance fut annoncée
au peuple par les falves réitérées du canon
de la citadelle & de l'Amirauté . La Grande Ducheffe
fe porte auffi bien qu'on puiffe le defirer
de même que le jeune Prince , qui a été ondoyé ,
& nomméPaul.
DE COPPENHAGUE , le 27 Octobre.
"
Le 23 de ce mois , le Roi fit l'honneur au Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majeſté Très-
Chrétienne , de dîner chez lui dans une maiſon
de plaifance , que ce Miniftre a fait orner avec
beaucoup de goût . La table étoit de quinze couverts.
Sa Majesté fit placer l'Ambaſſadrice à fa
droite , & l'Ambaffadeur à fa gauche. Les autres
places furent remplies par les Miniftres
d'Etat , & par quelques-uns des principaux Seigneurs
de la Cour. Une magnifique illumination
& un très-beau feu d'artifice terminerent
la fête. La décoration du feu repréſentoit un aro
de triomphe , fur le fronton duquel étoit le chiffre
du Roi , avec cette infcription : Friderico V. Pio ,
Felici , P. P. Optimo Principi . De chaque côté de
cette décoration s'élevoient cinq grandes pyra
mides. Elles étoient liées enfemble par des guir-
Landes , & chargées chacune d'un cartouche contenant
quelque enblême relatif aux vertus de Sa
Majefté, ou le tableau allégorique de quelqu'un
des établiflemens qu'elle a faits pour l'augmenta
tion du commerce , & pour le progrès des arts.
Des vafes à l'antique étoient placés dans les entredeux
des pyramides L'artifice occupoit toute la
longueur de la décoration ; & du milieu , ainfi
que des extrêmités , on voyoit fortir fans interruption
des gerbes de feu . On découvroit à tra
vers les arcades de l'arc de triomphe une perfpec188
MERCURE DE FRANCE.
tive de pots à feu , de trois cens pas de longueur .
Le Roi , en fe retirant , témoigna à l'Ambaffadeur
& à l'Ambaffadrice combien il étoit fatisfait
de la réception qu'ils lui avoient faite.
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Résumé : DU NORD.
Le 3 octobre 1754 à Petersbourg, la Grande Duchesse donna naissance à un prince, nommé Paul. La mère et l'enfant se portaient bien, et la nouvelle fut célébrée par des salves de canon. Le 23 octobre à Copenhague, le Roi rendit hommage au Président Ogier, Ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne, en dînant chez lui dans une maison de plaisance. Quinze convives étaient présents, incluant l'Ambassadrice à la droite du Roi et l'Ambassadeur à sa gauche, ainsi que des ministres d'État et des seigneurs de la Cour. La soirée se termina par une illumination et un feu d'artifice représentant un arc de triomphe avec le chiffre du Roi et des pyramides ornées d'emblèmes et de tableaux allégoriques. Le Roi exprima sa satisfaction à l'Ambassadeur et à l'Ambassadrice pour la réception.
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5
p. 203
DU NORD.
Début :
Pour donner un plus grand lustre à la ville de Moscou, l'Impératrice se propose d'y établir [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Université, Impératrice
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE PETERSBOURG , le 17 Novembre.
Pour donner un plus grand luftre à la ville de
Mofcou , l'Impératrice fe propofe d'y établir
une Univerfité. On prétend que toutes les per--
fonnes d'une condition au- deffus du commun ,
feront obligées d'y envoyer leurs enfans. Sa Majefté
Impériale a ordonné que le nombre des Ecoles
publiques für augmenté , & que le peuple ne
manquât nulle part des fecours néceffaires pour
fon inftruction.
DE PETERSBOURG , le 17 Novembre.
Pour donner un plus grand luftre à la ville de
Mofcou , l'Impératrice fe propofe d'y établir
une Univerfité. On prétend que toutes les per--
fonnes d'une condition au- deffus du commun ,
feront obligées d'y envoyer leurs enfans. Sa Majefté
Impériale a ordonné que le nombre des Ecoles
publiques für augmenté , & que le peuple ne
manquât nulle part des fecours néceffaires pour
fon inftruction.
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6
p. 201-202
DU NORD.
Début :
Le Comte Desalleurs, Ambassadeur de France, mourut ici le 23 Novembre, après une [...]
Mots clefs :
Stockholm, Copenhague, Saint-Petersbourg, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE CONSTANTINOPLE , le 1 Décembre.
L
E Comte Defalleurs , Ambaffadeur de France
, mourut ici le 23 Novembre , après une
maladie d'environ ſept femaines. Il avoit été cidevant
Envoyé extraordinaire & Miniftre Plénipotentiaire
auprès du Roi & de la République de
Pologne. Le pere du Comte Defalleurs avoit été
auffi Ambaffadeur à la Porte.
Mahomet V. du nom , mourut le 13 Decembre
en cette ville , âgé de cinquante- huit ans deux
mois & vingt-cinq jours. Depuis quelque tems ,
ce Prince étoit fort incommodé d'un rhume. Le
2 de ce mois il fut attaqué de la fievre & d'une
toux féche & violente , qui firent craindre une
fluxion de poitrine . A ces accidens fe joignit un
flux de fang : cependant Sa Hauteffe en peu de
jours, moyennant les remedes qu'on employa pour
fa guérifon , fe trouva confidérablement
foulagée.
Defirant de calmer les inquiétudes du peuple &
des Janiffaires , elle alla le 13 Décembre à cheval
à la grande Mofquée ; mais à fon retour au Sérail
elle fe fentit fuffoquée , & en un inftant elle expira.
Auffi- tôt qu'elle eut rendu le dernier ſoupir ,
fon frere Ofman troifieme du nom , fut procla
mé Empereur. Le nouveau Sultan eft âgé de cin-
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
quante- fix ans. Celui qu'on vient de perdre , eft
univerfellement regretté . Les Janiffaires l'avoient
mis fur le throne le 20 Octobre 1730 , à la place
d'Achmet III fon oncle , qui avoit été élevé en
1703 à l'Empire , après la dépofition de Muſtapha
II , pere de Mahomet V & d'Oſman III , açtuellement
regnant.
DE PETERSBOURG , le 3 Décembre.
Selon les lettres de Mofcou , l'on y a célébré
d'une façon éclatante la naiffance du grand Prince
de Ruffic. Illuminations , feux d'artifice , fpectacles
, bals publics , rien n'a été épargné. Le Clergé
, les principaux Seigneurs , les Tribunaux , &
chaque corps de la bourgeoifie , le font empreffés
à l'envi de fignaler leur zele par des fêtes fomptueufes.
La charité s'eft jointe à la magnificence ,
pour que les indigens partageaffent plus vivement
l'allégreffe commune , & l'on a répandu dans leur
fein d'abondantes aumônes .
DE STOCKHOLM , le 12 Décembre.
On a découvert l'auteur des faux billets de banque
répandus dans ce Royaume. C'eſt un Orfévre
de Salhberg , ville de la Weftmanie. Il a été
arrêté , & l'on inftruit fan procès.
DE COPPENHAGUE , le 14 Décembre.
Quelques douleurs que la Reine fentit ces jours.
derniers , firent croire que cette Princeffe touchoit
au terme de fa groffeffe , mais elles n'ont
point eu de fuite ; & Sa Majefté continue de tenix
appartement une fois la ſemaine.
DE CONSTANTINOPLE , le 1 Décembre.
L
E Comte Defalleurs , Ambaffadeur de France
, mourut ici le 23 Novembre , après une
maladie d'environ ſept femaines. Il avoit été cidevant
Envoyé extraordinaire & Miniftre Plénipotentiaire
auprès du Roi & de la République de
Pologne. Le pere du Comte Defalleurs avoit été
auffi Ambaffadeur à la Porte.
Mahomet V. du nom , mourut le 13 Decembre
en cette ville , âgé de cinquante- huit ans deux
mois & vingt-cinq jours. Depuis quelque tems ,
ce Prince étoit fort incommodé d'un rhume. Le
2 de ce mois il fut attaqué de la fievre & d'une
toux féche & violente , qui firent craindre une
fluxion de poitrine . A ces accidens fe joignit un
flux de fang : cependant Sa Hauteffe en peu de
jours, moyennant les remedes qu'on employa pour
fa guérifon , fe trouva confidérablement
foulagée.
Defirant de calmer les inquiétudes du peuple &
des Janiffaires , elle alla le 13 Décembre à cheval
à la grande Mofquée ; mais à fon retour au Sérail
elle fe fentit fuffoquée , & en un inftant elle expira.
Auffi- tôt qu'elle eut rendu le dernier ſoupir ,
fon frere Ofman troifieme du nom , fut procla
mé Empereur. Le nouveau Sultan eft âgé de cin-
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
quante- fix ans. Celui qu'on vient de perdre , eft
univerfellement regretté . Les Janiffaires l'avoient
mis fur le throne le 20 Octobre 1730 , à la place
d'Achmet III fon oncle , qui avoit été élevé en
1703 à l'Empire , après la dépofition de Muſtapha
II , pere de Mahomet V & d'Oſman III , açtuellement
regnant.
DE PETERSBOURG , le 3 Décembre.
Selon les lettres de Mofcou , l'on y a célébré
d'une façon éclatante la naiffance du grand Prince
de Ruffic. Illuminations , feux d'artifice , fpectacles
, bals publics , rien n'a été épargné. Le Clergé
, les principaux Seigneurs , les Tribunaux , &
chaque corps de la bourgeoifie , le font empreffés
à l'envi de fignaler leur zele par des fêtes fomptueufes.
La charité s'eft jointe à la magnificence ,
pour que les indigens partageaffent plus vivement
l'allégreffe commune , & l'on a répandu dans leur
fein d'abondantes aumônes .
DE STOCKHOLM , le 12 Décembre.
On a découvert l'auteur des faux billets de banque
répandus dans ce Royaume. C'eſt un Orfévre
de Salhberg , ville de la Weftmanie. Il a été
arrêté , & l'on inftruit fan procès.
DE COPPENHAGUE , le 14 Décembre.
Quelques douleurs que la Reine fentit ces jours.
derniers , firent croire que cette Princeffe touchoit
au terme de fa groffeffe , mais elles n'ont
point eu de fuite ; & Sa Majefté continue de tenix
appartement une fois la ſemaine.
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Résumé : DU NORD.
Le 23 novembre à Constantinople, le Comte Defalleurs, ambassadeur de France, est décédé après une maladie de sept semaines. Il avait précédemment servi en tant qu'Envoyé extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire auprès du Roi et de la République de Pologne. Son père avait également été ambassadeur à la Porte. Le 13 décembre, Mahomet V est mort à Constantinople à l'âge de cinquante-huit ans, deux mois et vingt-cinq jours. Il souffrait d'un rhume et a été atteint de fièvre et d'une toux violente le 2 décembre. Bien qu'il ait montré des signes d'amélioration grâce aux remèdes, il est décédé d'une suffocation en rentrant au Sérail après une visite à la grande Mosquée. Son frère Osman III lui a succédé sur le trône. Mahomet V était monté sur le trône le 20 octobre 1730, succédant à son oncle Achmet III, qui avait été déposé en 1703. À Pétersbourg, la naissance du grand Prince de Russie a été célébrée avec des illuminations, des feux d'artifice, des spectacles et des bals publics. Le clergé, les seigneurs et la bourgeoisie ont organisé des fêtes somptueuses et des aumônes ont été distribuées aux indigents. À Stockholm, un orfèvre de Salhberg, en Westmanie, a été arrêté pour avoir fabriqué de faux billets de banque. À Copenhague, la Reine a ressenti des douleurs, mais celles-ci n'ont pas abouti à une grossesse. Elle continue de tenir son appartement une fois par semaine.
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7
p. 166-168
DU NORD.
Début :
L'anniversaire de la naissance de l'Impératrice qui est entrée dans la quarante-cinquiéme année [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Stockholm, Copenhague, Impératrice
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DUNOR D.
DE PETERSBOURG , le 4 Janvier.
L'anniverfaire de la naiffance de l'Impératrice
qui eft entrée dans la quarante-cinquième année
de fon âge , fut célébré le 29 du mois dernier avec
beaucoup de magnificence. Toute la Cour s'étant
affemblée le matin dans l'appartement du Grand
Duc , l'accompagna chez Sa Majesté Impériale,
A midi , l'Impératrice dîna en public avec ce Prin
ce ; on fervit une autre table pour la nobleffe de
la premiere & de la feconde claffe . Il y eut le foir
un bal dans la Galerie. Le Grand Duc ſoupa à
une table de deux cens couverts : on tira un feu
d'artifice , & toutes les rues furent illuminées.
Vis-à-vis la principale porte du Palais étoit une
décoration repréfentant le Cirque de Rome , &
éclairée par un grand nombre de pots à feu.
Une toux dont le Prince Paul Petrowitz a été
incommodé , a donné quelque inquiétude ; mais
les allarmes font diffipées , & ce Prince eft parfaitement
rétabli . Il ne fe paffe point de jour que
Impératrice ne lui rende vifite. La Grande DuMARS.
1755. 167
cheffe , après avoir gardé le lit pendant quelque
tems , commence à jouir d'une meilleure fanté.
Le bruit qui avoit couru que cette Princefle étoit
de nouveau enceinte , ne fe confirme pas.
DE STOCKHOLM , le 14 Janvier.
L'Hôpital établi en faveur des malades néceſſiteux
, a tout le fuccès qu'on peut defirer. Les
foins & les libéralités de la fociété qui a fondé la
maiſon des enfans trouvés , l'ont déja miſe en état
d'entretenir cinquante de ces malheureuſes victimes
de la mifere ou de l'infenfibilité de leurs parens.
Le zele du bien public animant également
ici tous les états , les Médecins travaillent de
concert à fixer la meilleure méthode d'inoculer la
petite vérole.
Malgré la rigueur dont l'hyer eft cette année
dans les pays même les plus méridionaux de l'Europe
, la faifon eft ici tellement temperée que
les côtes , & même les rivieres de ce royaume ,
n'ont pas ceffé d'être navigables , tandis que les
ports de la mer Baltique , du côté de la Pomeranie
& de la Pruffe , font totalement fermés par les
glaces .
DE COPPENHAGUE , le 24 Janvier.
Depuis que l'Hôtel des Invalides eft rebâti ;
en fait filer de la laine aux foldats qu'on y entretient
, & ce travail contribue à leur procurer divers
avantages que ne leur fournit pas la fondation.
Le premier des deux prix propofés par l'Académie
de Peinture , de Sculpture & d'Architecture
, a été adjugé au fieur Slod . Le fieur Schultz
xemporté le fecond. Le Baron de Pleffen , Cham
168 MERCURE DE FRANCE.
bellan , & le fieur Gram , Confeiller des Conférences
, ont été élus Académiciens honoraires de
cette Académie .
DE PETERSBOURG , le 4 Janvier.
L'anniverfaire de la naiffance de l'Impératrice
qui eft entrée dans la quarante-cinquième année
de fon âge , fut célébré le 29 du mois dernier avec
beaucoup de magnificence. Toute la Cour s'étant
affemblée le matin dans l'appartement du Grand
Duc , l'accompagna chez Sa Majesté Impériale,
A midi , l'Impératrice dîna en public avec ce Prin
ce ; on fervit une autre table pour la nobleffe de
la premiere & de la feconde claffe . Il y eut le foir
un bal dans la Galerie. Le Grand Duc ſoupa à
une table de deux cens couverts : on tira un feu
d'artifice , & toutes les rues furent illuminées.
Vis-à-vis la principale porte du Palais étoit une
décoration repréfentant le Cirque de Rome , &
éclairée par un grand nombre de pots à feu.
Une toux dont le Prince Paul Petrowitz a été
incommodé , a donné quelque inquiétude ; mais
les allarmes font diffipées , & ce Prince eft parfaitement
rétabli . Il ne fe paffe point de jour que
Impératrice ne lui rende vifite. La Grande DuMARS.
1755. 167
cheffe , après avoir gardé le lit pendant quelque
tems , commence à jouir d'une meilleure fanté.
Le bruit qui avoit couru que cette Princefle étoit
de nouveau enceinte , ne fe confirme pas.
DE STOCKHOLM , le 14 Janvier.
L'Hôpital établi en faveur des malades néceſſiteux
, a tout le fuccès qu'on peut defirer. Les
foins & les libéralités de la fociété qui a fondé la
maiſon des enfans trouvés , l'ont déja miſe en état
d'entretenir cinquante de ces malheureuſes victimes
de la mifere ou de l'infenfibilité de leurs parens.
Le zele du bien public animant également
ici tous les états , les Médecins travaillent de
concert à fixer la meilleure méthode d'inoculer la
petite vérole.
Malgré la rigueur dont l'hyer eft cette année
dans les pays même les plus méridionaux de l'Europe
, la faifon eft ici tellement temperée que
les côtes , & même les rivieres de ce royaume ,
n'ont pas ceffé d'être navigables , tandis que les
ports de la mer Baltique , du côté de la Pomeranie
& de la Pruffe , font totalement fermés par les
glaces .
DE COPPENHAGUE , le 24 Janvier.
Depuis que l'Hôtel des Invalides eft rebâti ;
en fait filer de la laine aux foldats qu'on y entretient
, & ce travail contribue à leur procurer divers
avantages que ne leur fournit pas la fondation.
Le premier des deux prix propofés par l'Académie
de Peinture , de Sculpture & d'Architecture
, a été adjugé au fieur Slod . Le fieur Schultz
xemporté le fecond. Le Baron de Pleffen , Cham
168 MERCURE DE FRANCE.
bellan , & le fieur Gram , Confeiller des Conférences
, ont été élus Académiciens honoraires de
cette Académie .
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Résumé : DU NORD.
Le 29 décembre, l'anniversaire de l'Impératrice russe, qui entrait dans sa quarante-cinquième année, fut célébré avec magnificence. La Cour se rassembla dans l'appartement du Grand Duc avant de se rendre chez Sa Majesté Impériale. À midi, l'Impératrice dîna en public avec le Grand Duc, tandis qu'une autre table était servie pour la noblesse des première et seconde classes. Un bal eut lieu dans la Galerie, suivi d'un souper du Grand Duc à une table de deux cents couverts. Un feu d'artifice fut tiré et les rues furent illuminées. Une décoration représentant le Cirque de Rome était placée devant la principale porte du Palais. Le Prince Paul Petrowitz, incommodé par une toux, se porta mieux, dissipant les inquiétudes. L'Impératrice lui rendait visite quotidiennement. La Grande Duchesse, après une période de repos, commençait à recouvrer une meilleure santé. Les rumeurs sur une nouvelle grossesse de la Grande Duchesse ne se confirmèrent pas. À Stockholm, l'hôpital pour les malades nécessiteux rencontra un grand succès, permettant d'entretenir cinquante enfants trouvés. Les médecins travaillaient ensemble pour fixer la meilleure méthode d'inoculation contre la petite vérole. Malgré un hiver rigoureux en Europe, les côtes et rivières suédoises restaient navigables. À Copenhague, l'Hôtel des Invalides, récemment reconstruit, employait les soldats à filer de la laine. L'Académie de Peinture, de Sculpture et d'Architecture attribua ses prix à MM. Slod et Schultz. MM. le Baron de Pleffen et Gram furent élus Académiciens honoraires.
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8
p. 186-187
DU NORD.
Début :
Plusieurs personnes versées dans la connaissance des loix, ont reçu l'ordre [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Varsovie, Stockholm
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 28 Février.
Plufieurs perfonnes verfées dans la connoiffance
des loix , ont reçu ordre de P'Impératrice de
travailler à la réduction d'un nouveau Code. Ik
portera Ie nom de Code Elizabeth . Sa Majefté
Împériale vient d'affigner un fonds de trente mille
roubles , pour fubvenir aux premieres dépenses de
l'établiffement d'une Univerfité dans la ville de
Mofcou. Le Chevalier de Luffy , François de nation
, a entrepris de donner une feuille périodi
que , intitulée le Cameleon littéraire. Tous les Seigneurs
de cette Cour étant dans le goût de la
littérature françoife , s'intéreffent vivement au
fuccès de cet ouvrage.-
DE WARSOVIE , le 17 Mars.
Selon les avis reçus de Dubno , Hadzi Ali Aga ,
Ambaffadeur du Grand Seigneur , a amené de
Conftantinople deux Sauvages qui ont été trouvés
dans les bois , & qu'il doit préfenter au Roi de la
part de Sa Hauteffe. Le fieur Durand , Miniftre de
Sa Majesté très -Chrétienne auprès de la République
, arriva ici le 4 .
DE STOCKHOLM , le 4 Mars.
Il paroît un Edit , par lequel il eft défendu à
tous Matelots , employés fur les vaiffeaux Suédois ,
de paffer dans les pays étrangers , fous peine d'être
déclarés inhabiles à recueillir les fucceffions qui
pourroient dans la fuite leur écheoir , & de perdre
MAI 1759. 187
ce qui leur fera dû fur les bâtimens , à bord defquels
ils auront fervi .
Sa Majefté vient de faire publier qu'elle accorderoit
des gratifications confidérables & plufieurs
priviléges aux entrepreneurs qui voudroient établir
des carroffes publics pour aller d'une Province
à l'autre , & des voitures pour le tranfport des
marchandifes.
DE PETERSBOURG , le 28 Février.
Plufieurs perfonnes verfées dans la connoiffance
des loix , ont reçu ordre de P'Impératrice de
travailler à la réduction d'un nouveau Code. Ik
portera Ie nom de Code Elizabeth . Sa Majefté
Împériale vient d'affigner un fonds de trente mille
roubles , pour fubvenir aux premieres dépenses de
l'établiffement d'une Univerfité dans la ville de
Mofcou. Le Chevalier de Luffy , François de nation
, a entrepris de donner une feuille périodi
que , intitulée le Cameleon littéraire. Tous les Seigneurs
de cette Cour étant dans le goût de la
littérature françoife , s'intéreffent vivement au
fuccès de cet ouvrage.-
DE WARSOVIE , le 17 Mars.
Selon les avis reçus de Dubno , Hadzi Ali Aga ,
Ambaffadeur du Grand Seigneur , a amené de
Conftantinople deux Sauvages qui ont été trouvés
dans les bois , & qu'il doit préfenter au Roi de la
part de Sa Hauteffe. Le fieur Durand , Miniftre de
Sa Majesté très -Chrétienne auprès de la République
, arriva ici le 4 .
DE STOCKHOLM , le 4 Mars.
Il paroît un Edit , par lequel il eft défendu à
tous Matelots , employés fur les vaiffeaux Suédois ,
de paffer dans les pays étrangers , fous peine d'être
déclarés inhabiles à recueillir les fucceffions qui
pourroient dans la fuite leur écheoir , & de perdre
MAI 1759. 187
ce qui leur fera dû fur les bâtimens , à bord defquels
ils auront fervi .
Sa Majefté vient de faire publier qu'elle accorderoit
des gratifications confidérables & plufieurs
priviléges aux entrepreneurs qui voudroient établir
des carroffes publics pour aller d'une Province
à l'autre , & des voitures pour le tranfport des
marchandifes.
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Résumé : DU NORD.
En 1759, plusieurs événements politiques et culturels marquants ont eu lieu en Europe. À Saint-Pétersbourg, l'impératrice Élisabeth a ordonné la création du Code Élisabeth, un nouveau code législatif, et a alloué trente mille roubles pour fonder une université à Moscou. Le Chevalier de Luffy a lancé la publication périodique 'Le Caméléon littéraire', soutenue par des seigneurs de la cour intéressés par la littérature française. À Varsovie, Hadzi Ali Aga, ambassadeur du Grand Seigneur, a présenté deux individus sauvages au roi, et le ministre français Durand est arrivé le 4 mars. À Stockholm, un édit a interdit aux matelots suédois de s'expatrier, sous peine de perdre leurs droits successoraux et leurs salaires. La reine suédoise a annoncé des gratifications et des privilèges pour les entrepreneurs établissant des services de carrosses publics et de transport de marchandises entre provinces.
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9
p. 218-219
DU NORD.
Début :
On a fait venir ici du village de Wedenskeo un paysan, [...]
Mots clefs :
Copenhague, Stockholm, Saint-Petersbourg, Sa Majesté impériale, Comte, Grand Maréchal de la Cour, Etude des arts, Législation, Naissances
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DUNOR D.
DE PETERSBOURG , le 3 Avril.
On a fait venir ici du village de Wedenskeo un
payſan , nommé Jacques Kirilof , qui , par la
nombreuſe famille qu'il a de deux mariages , eft
l'objet de la curiofité générale. Sa premiere femme
eft accouchée quatre fois de quatre enfans
fept fois de trois & dix fois de deux . Celle qu'il a
épousée en fecondes noces , a mis au monde trois
enfans dans fa premiere couche : elle eft accouchée
fix fois de deux , & elle eft encore enceinte.
Sa Majefté Impériale a fait préfent de y5o0o0 roubles
à ce payfan.
DE STOCKHOLM , le 22 Avril.
Comme les lettres de divers couriers ont été
enlevées depuis quelque tems , le Sénat a fait une'
loi , par laquelle il eft dit que les perfonnes qui
feront convaincues d'un pareil attentat , fubiront
le même fupplice que les voleurs de grand che
min. Le gouvernement s'occupe férieufement
des moyens d'augmenter les progrès de l'agriculture
& du, commerce dans le Duché de Finlande.
Il invite les perfonnes que l'amour du bien public
anime , & qui par leurs lumieres font en état d'y
contribuer , à communiquer par écrit leurs avis
für cette matiere. Honneurs , exemptions, primes
JUIN. 1755. 219
tout fera employé pour exciter l'émulation . On
fe propofe d'applanir toutes les routes qui menent
à l'induftrie , & d'éloigner tous les obſtacles qui
peuvent l'empêcher de s'étendre.
DE COPPENHAGUE , le 18 Avril.
Diverfes fciences ont été cultivées en Dane
marck avec fuccès. Le gouvernement defirant
plus d'application à l'étude des arts qui intéreffent
plus généralement la fociété , vient d'inviter par
un programme les Sçavans Danois à leur confacrer
une partie de leurs méditations . Il les exhorte
à travailler principalement fur la navigation , fur
le commerce & les manufactures , fur les moyens
d'augmenter les revenus , de diminuer les dépen
fes , de fubvenir aux befains & de procurer des
commodités . En même tems , il demande qu'on
ne s'attache point à des idées purement fyftématiques
, qu'on borne l'étendue des differtations à
deux ou trois feuilles d'impreffion , & qu'on n'y
faffe point parade d'une érudition fuperfue . Tous
les ouvrages qui rempliront les vûes du Roi .
feront imprimés à fes dépens. Il faudra les adreffer
au Comte de Moltke , grand Maréchal de la
Cour. Les Auteurs peuvent écrire en latin , françois
, allemand ou danois. On recevra avec plaifir
les obfervations , non feulement des fçavans.
mais même de toutes les perfonnes qui auront à
communiquer quelque projet avantageux ; elles
ne doivent pas s'embarraffer du ftyle. Leurs mémoires
feront remis à des perfonnes habiles , qui
leur donneront la forme convenable , & qui les
traduiront en danois , s'ils font compofés dans une
autre langue,
DE PETERSBOURG , le 3 Avril.
On a fait venir ici du village de Wedenskeo un
payſan , nommé Jacques Kirilof , qui , par la
nombreuſe famille qu'il a de deux mariages , eft
l'objet de la curiofité générale. Sa premiere femme
eft accouchée quatre fois de quatre enfans
fept fois de trois & dix fois de deux . Celle qu'il a
épousée en fecondes noces , a mis au monde trois
enfans dans fa premiere couche : elle eft accouchée
fix fois de deux , & elle eft encore enceinte.
Sa Majefté Impériale a fait préfent de y5o0o0 roubles
à ce payfan.
DE STOCKHOLM , le 22 Avril.
Comme les lettres de divers couriers ont été
enlevées depuis quelque tems , le Sénat a fait une'
loi , par laquelle il eft dit que les perfonnes qui
feront convaincues d'un pareil attentat , fubiront
le même fupplice que les voleurs de grand che
min. Le gouvernement s'occupe férieufement
des moyens d'augmenter les progrès de l'agriculture
& du, commerce dans le Duché de Finlande.
Il invite les perfonnes que l'amour du bien public
anime , & qui par leurs lumieres font en état d'y
contribuer , à communiquer par écrit leurs avis
für cette matiere. Honneurs , exemptions, primes
JUIN. 1755. 219
tout fera employé pour exciter l'émulation . On
fe propofe d'applanir toutes les routes qui menent
à l'induftrie , & d'éloigner tous les obſtacles qui
peuvent l'empêcher de s'étendre.
DE COPPENHAGUE , le 18 Avril.
Diverfes fciences ont été cultivées en Dane
marck avec fuccès. Le gouvernement defirant
plus d'application à l'étude des arts qui intéreffent
plus généralement la fociété , vient d'inviter par
un programme les Sçavans Danois à leur confacrer
une partie de leurs méditations . Il les exhorte
à travailler principalement fur la navigation , fur
le commerce & les manufactures , fur les moyens
d'augmenter les revenus , de diminuer les dépen
fes , de fubvenir aux befains & de procurer des
commodités . En même tems , il demande qu'on
ne s'attache point à des idées purement fyftématiques
, qu'on borne l'étendue des differtations à
deux ou trois feuilles d'impreffion , & qu'on n'y
faffe point parade d'une érudition fuperfue . Tous
les ouvrages qui rempliront les vûes du Roi .
feront imprimés à fes dépens. Il faudra les adreffer
au Comte de Moltke , grand Maréchal de la
Cour. Les Auteurs peuvent écrire en latin , françois
, allemand ou danois. On recevra avec plaifir
les obfervations , non feulement des fçavans.
mais même de toutes les perfonnes qui auront à
communiquer quelque projet avantageux ; elles
ne doivent pas s'embarraffer du ftyle. Leurs mémoires
feront remis à des perfonnes habiles , qui
leur donneront la forme convenable , & qui les
traduiront en danois , s'ils font compofés dans une
autre langue,
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Résumé : DU NORD.
En avril 1755, plusieurs événements marquants se sont produits en Europe. À Saint-Pétersbourg, Jacques Kirilof, un paysan issu de deux mariages, a reçu 50 000 roubles du souverain impérial. À Stockholm, le Sénat a instauré une loi sévère contre le vol des courriers. En Finlande, le gouvernement a lancé un appel à idées pour promouvoir l'agriculture et le commerce. À Copenhague, le gouvernement danois a encouragé les savants à étudier la navigation, le commerce, les manufactures et les finances publiques. Les mémoires acceptés seront imprimés aux frais du roi et peuvent être rédigés en latin, français, allemand ou danois.
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10
p. 238-241
DU NORD.
Début :
On équippe à Cronstadt quatre frégates, sur lesquelles on fera embarquer [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Varsovie, Stockholm, Copenhague, Comte, Incendie, Ministre du grand seigneur, Comte de Frisenbourg, Alger, Paix, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Cosaques Haydamakis, Accident
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE PETERSBOURG , le 16 Juin.
On équippe à Cronstadt quatre frégates , fur
lefquelles on fera embarquer un certain nombre
de cadets de marine , pour les exercer dans Part
de la navigation. Il eft décidé que le commeree
demeurera libre entre Conftantinople & Temernikow
, jufqu'à ce qu'il fe forme une compagnie
marchande dans ce dernier port.
Sa Majefté Impériale a gratifié d'une penfion de
cinquante mille roubles le Comte Rafoumowski
, Hetman de l'Ukraine , pour l'indemnifer de
la perte de divers droits dont il jouiffoit , & qu'on
a fupprimés.
On n'a reçu que le 4 de ce mois les lettres qu'on
devoit recevoir de Stockholm le 29 du mois dernier.
La plupart étoient ouvertes . Il en manquoit
quelques-unes de celles qu'on attendoit. Le Maître
de la derniere pofte de Suede a mandé , que la
valife avoit été trouvée fur le grand chemin dans
l'état qu'il l'envoyoit , & que l'on ignoroit ce que
le courier étoit devenu .
Selon les nouvelles d'Efthonie , la ville de
Dorpt a été prefque totalement détruite par un
incendie. On doit au Régiment de Peterſbourg la
confervation du petit nombre de maifons qui ont
AOUST . 1755. 239
été préfervées de l'embrafement. Quatre foldats
de ce Régiment ont eu le malheur de périr dans
les flammes , & plus de cinquante ont été bleffés,
Sa Majesté Impériale tint le 12 de ce mois un
Confeil d'Etat , à l'occafion de quelques dépêches
de M. Obreskoy , fon Réfident à Conftantinople.
On vient de recevoir la trifte nouvelle d'un incendie
, qui a réduit deux mille cinq cens mai
fons en cendres dans la ville de Moſcou.
DE WARSOVIE , le 16 Juin.
Le Miniftre du Grand Seigneur , en revenant
de Frauſtadt , a repaffé à Radom , & il y a été
reçu avec beaucoup de magnificence par le Comte
Malachowski , Maréchal du tribunal des revenus
de la Couronne. Le Gouvernement a affigné
feize mille écus pour les frais du voyage du Comte
de Mnifzeck , qui doit aller complimenter , au
nom du Roi & de la République , le Grand Seigneur
fur fon avenement au trône . Un tiers de
cette fomme fera payé par le Grand Duché de
Lithuanie. Le Roi a envoyé au Miniftre de Sa
Hauteffe un fervice de porcelaine , de la plus grande
beauté. Les Cofaques Haydamakis ont recommencé
depuis peu leurs courfes. Une troupe de
ces brigands ayant pénétré dans la Staroftie de
Byalacerkiew , a pillé le village de Jenifzewska ,
& maffacré le Prêtre qui deffervoit l'églife grec
que.
DE STOCKHOLM , le 18 Juin.
Des lettres écrites d'Alger , le 2 du mois dera
nier , donnent lieu d'efperer que la paix continue
ra de ſubſiſter entre la Suede & les Algériens. -
240 MERCURE DE FRANCE.
1
Le 6 , le Comte de Solms , nouvel Envoyé ex→
traordinaire du Roi de Pruffe , arriva de Berlin , &
le 10 il eut fes premieres audiences du Roi & de
la Reine.
Il paroît une Ordonnance , portant que conformément
à ce qui a été réglé dans la derniere
Diéte , aucun repréfentant d'une famille noble
n'aura féance aux Etats , s'il ne produit des pouvoirs
fignés par la famille qu'il fera chargé de
repréſenter.
M. Aurivillius , Médecin à Upfal , y a effayé
l'inoculation de la petite vérole fur un petit garçon
de huit ans. Cette expérience a eu tout lefuccès
qu'on pouvoit defirer. M. Leche , Profeffeur
à Abo , vient de faire la même épreuve ſur ſa propre
fille , & il a également réuffi .
DE COPPENHAGUE , le 21 Juin.
Sa Majesté a nommé Chevalier de l'Ordre de
l'Elephant le Comte de Frifenbourg , Lieutenantgénéral
, & Confeiller privé .
Un navire Hollandois a conduit ici un rhinoceros
, âgé de treize ans . Cet animal chaque jour
mange trente livres de pain , & quatre-vingt livres
de foin. Il pefe foixante quintaux.
Le Roi pofa le 12 de ce mois la premiere pierre
de l'Eglife Allemande , que l'on conftruit à Chriftianshaven.
Les troupes qui étoient campées , fe féparerent
le 16. Dès le 14 , elles avoient ceffé de mancuvrer.
Ce dernier jour a été marqué par un fâcheux
accident. Dans le tems qu'un Canonier ouvroit
une caiffe remplie de cartouches , & pofée ſur un
charior , un étincelle d'une méche fut portée de
ce côté par le vent , & mit le feu à la poudre.
A O UST.
1755. 241
Le chariot ayant fauté en l'air , les éclats tuerent
trois hommes , & en blefferent plufieurs autres.
DE PETERSBOURG , le 16 Juin.
On équippe à Cronstadt quatre frégates , fur
lefquelles on fera embarquer un certain nombre
de cadets de marine , pour les exercer dans Part
de la navigation. Il eft décidé que le commeree
demeurera libre entre Conftantinople & Temernikow
, jufqu'à ce qu'il fe forme une compagnie
marchande dans ce dernier port.
Sa Majefté Impériale a gratifié d'une penfion de
cinquante mille roubles le Comte Rafoumowski
, Hetman de l'Ukraine , pour l'indemnifer de
la perte de divers droits dont il jouiffoit , & qu'on
a fupprimés.
On n'a reçu que le 4 de ce mois les lettres qu'on
devoit recevoir de Stockholm le 29 du mois dernier.
La plupart étoient ouvertes . Il en manquoit
quelques-unes de celles qu'on attendoit. Le Maître
de la derniere pofte de Suede a mandé , que la
valife avoit été trouvée fur le grand chemin dans
l'état qu'il l'envoyoit , & que l'on ignoroit ce que
le courier étoit devenu .
Selon les nouvelles d'Efthonie , la ville de
Dorpt a été prefque totalement détruite par un
incendie. On doit au Régiment de Peterſbourg la
confervation du petit nombre de maifons qui ont
AOUST . 1755. 239
été préfervées de l'embrafement. Quatre foldats
de ce Régiment ont eu le malheur de périr dans
les flammes , & plus de cinquante ont été bleffés,
Sa Majesté Impériale tint le 12 de ce mois un
Confeil d'Etat , à l'occafion de quelques dépêches
de M. Obreskoy , fon Réfident à Conftantinople.
On vient de recevoir la trifte nouvelle d'un incendie
, qui a réduit deux mille cinq cens mai
fons en cendres dans la ville de Moſcou.
DE WARSOVIE , le 16 Juin.
Le Miniftre du Grand Seigneur , en revenant
de Frauſtadt , a repaffé à Radom , & il y a été
reçu avec beaucoup de magnificence par le Comte
Malachowski , Maréchal du tribunal des revenus
de la Couronne. Le Gouvernement a affigné
feize mille écus pour les frais du voyage du Comte
de Mnifzeck , qui doit aller complimenter , au
nom du Roi & de la République , le Grand Seigneur
fur fon avenement au trône . Un tiers de
cette fomme fera payé par le Grand Duché de
Lithuanie. Le Roi a envoyé au Miniftre de Sa
Hauteffe un fervice de porcelaine , de la plus grande
beauté. Les Cofaques Haydamakis ont recommencé
depuis peu leurs courfes. Une troupe de
ces brigands ayant pénétré dans la Staroftie de
Byalacerkiew , a pillé le village de Jenifzewska ,
& maffacré le Prêtre qui deffervoit l'églife grec
que.
DE STOCKHOLM , le 18 Juin.
Des lettres écrites d'Alger , le 2 du mois dera
nier , donnent lieu d'efperer que la paix continue
ra de ſubſiſter entre la Suede & les Algériens. -
240 MERCURE DE FRANCE.
1
Le 6 , le Comte de Solms , nouvel Envoyé ex→
traordinaire du Roi de Pruffe , arriva de Berlin , &
le 10 il eut fes premieres audiences du Roi & de
la Reine.
Il paroît une Ordonnance , portant que conformément
à ce qui a été réglé dans la derniere
Diéte , aucun repréfentant d'une famille noble
n'aura féance aux Etats , s'il ne produit des pouvoirs
fignés par la famille qu'il fera chargé de
repréſenter.
M. Aurivillius , Médecin à Upfal , y a effayé
l'inoculation de la petite vérole fur un petit garçon
de huit ans. Cette expérience a eu tout lefuccès
qu'on pouvoit defirer. M. Leche , Profeffeur
à Abo , vient de faire la même épreuve ſur ſa propre
fille , & il a également réuffi .
DE COPPENHAGUE , le 21 Juin.
Sa Majesté a nommé Chevalier de l'Ordre de
l'Elephant le Comte de Frifenbourg , Lieutenantgénéral
, & Confeiller privé .
Un navire Hollandois a conduit ici un rhinoceros
, âgé de treize ans . Cet animal chaque jour
mange trente livres de pain , & quatre-vingt livres
de foin. Il pefe foixante quintaux.
Le Roi pofa le 12 de ce mois la premiere pierre
de l'Eglife Allemande , que l'on conftruit à Chriftianshaven.
Les troupes qui étoient campées , fe féparerent
le 16. Dès le 14 , elles avoient ceffé de mancuvrer.
Ce dernier jour a été marqué par un fâcheux
accident. Dans le tems qu'un Canonier ouvroit
une caiffe remplie de cartouches , & pofée ſur un
charior , un étincelle d'une méche fut portée de
ce côté par le vent , & mit le feu à la poudre.
A O UST.
1755. 241
Le chariot ayant fauté en l'air , les éclats tuerent
trois hommes , & en blefferent plufieurs autres.
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Résumé : DU NORD.
Le 16 juin, quatre frégates sont équipées à Cronstadt pour l'entraînement des cadets de marine. Il est décidé que le commerce restera libre entre Constantinople et Temernikow jusqu'à la création d'une compagnie marchande à Temernikow. Le Comte Rafoumowski, Hetman de l'Ukraine, reçoit une pension de cinquante mille roubles pour compenser la suppression de certains droits. Les lettres de Stockholm, attendues le 29 mai, sont reçues le 4 juin, certaines étant ouvertes ou manquantes. Un incendie a détruit la ville de Dorpt en Estonie, épargnant quelques maisons grâce à l'intervention du Régiment de Petersbourg, qui a perdu quatre soldats et en a blessé plus de cinquante. Un autre incendie à Moscou a réduit deux mille cinq cents maisons en cendres. Le 12 juin, la Russie tient un Conseil d'État concernant des dépêches de son résident à Constantinople. À Varsovie, le ministre du Grand Seigneur est reçu magnifiquement à Radom. Le gouvernement alloue seize mille écus pour le voyage du Comte de Mnifzeck auprès du Grand Seigneur. Les Cosaques Haydamakis reprennent leurs pillages, attaquant un village en Ukraine. À Stockholm, des lettres d'Alger laissent espérer la continuation de la paix entre la Suède et les Algériens. Le Comte de Solms, nouvel envoyé du Roi de Prusse, arrive à Stockholm. Une ordonnance stipule que les représentants nobles doivent produire des pouvoirs signés. Des expériences d'inoculation de la variole réussissent en Suède. À Copenhague, le Comte de Frisenbourg est nommé Chevalier de l'Ordre de l'Élephant. Un rhinocéros est amené par un navire hollandais. Le Roi pose la première pierre de l'Église Allemande à Christianshaven. Un accident impliquant un canonnier fait trois morts et plusieurs blessés.
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11
p. 230
DU NORD.
Début :
On enseigne actuellement au Régiment de Petersbourg un nouvel exercice [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Stockholm, Copenhague, Enseignement militaire, Election de députés, Diète générale, Brigades, Marine
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 6 Juillet.
On enfeigne actuellement au Régiment de Peterfbourg
un nouvel exercice , que l'Impératrice
a refolu de preferire à toute fon infanterie . Sa Majefté
Impériale fe propofe auffi d'en établir un
nouveau pour la cavalerie .
DE STOCKHOLM , le 23 Juillet.
On procéde dans toutes les provinces à l'élection
des Députés qui doivent affifter à la Diete
générale.
DE COPPENHAGUE , le 25 Juillet.
Jufqu'à préfent , le Corps de la Marine n'avoit
été composé que de trois Brigades. Le Roi vient
d'en créer une quatrième , dont M. de Lutzow a
été déclaré Commandant.´
DE PETERSBOURG , le 6 Juillet.
On enfeigne actuellement au Régiment de Peterfbourg
un nouvel exercice , que l'Impératrice
a refolu de preferire à toute fon infanterie . Sa Majefté
Impériale fe propofe auffi d'en établir un
nouveau pour la cavalerie .
DE STOCKHOLM , le 23 Juillet.
On procéde dans toutes les provinces à l'élection
des Députés qui doivent affifter à la Diete
générale.
DE COPPENHAGUE , le 25 Juillet.
Jufqu'à préfent , le Corps de la Marine n'avoit
été composé que de trois Brigades. Le Roi vient
d'en créer une quatrième , dont M. de Lutzow a
été déclaré Commandant.´
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Résumé : DU NORD.
Le document relate des nouvelles militaires et politiques européennes. À Saint-Pétersbourg, un nouveau type d'exercice est enseigné à l'infanterie et envisagé pour la cavalerie. À Stockholm, des élections désignent les députés pour la Diète générale. À Copenhague, la Marine ajoute une quatrième brigade commandée par M. de Lutzow.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 221-223
DU NORD.
Début :
L'Impératrice, toujours attentive à soulager les malheureux, a fait remettre [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Grand Varadin, Grad Varazdin, Dresde, Cologne, Impératrice, Tombeau royal, Sauterelles, Borax, Accident, Jean-Pierre de Herwegh
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 15 Août.
L'Impératrice , toujours attentive à foulager
les malheureux , a fait remettre cent mille roubles
au Gouverneur de Mofcou , pour être diftria
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
bués aux habitans de cette ville , qui ont le plus
fouffert par les derniers incendies.
Les lettres de Belogorodfled marquent que des
fauterelles , d'une efpece qui n'eſt connue en
Ruffie que depuis quelques années , ont ravagé
une grande étendue de pays dans le diftrict de
Nowoskolski , & qu'enfuite elles ont été prefque
toutes dévorées par des fauterelles d'une autre
espece.
DU GRAND VARADIN , le 22 Août.
Des ouvriers en creufant la terre , ont trouvé
un tombeau de brique , couvert de trois pierres
de taille , dans lequel étoient un globe de vermeil
, une couronne à fleurons auffi d'argent doré,
garnie de rubis & d'éméraudes , un manteau d'une
riche étoffe , & une agrafe d'or maffif. Ces différens
indices font juger que ce Monument eft un
tombeau royal . En effet , l'hiftoire nous apprend
que dans l'endroit où il a été découvert , Saint
Ladiflas Roi de Hongrie, a bâti une églife , & que
ce Prince qui eft mort en 1995 , y a été inhumé ,
ainsi que le Roi André , mort en 1235 ; & la Reine
Marie , morte en 1392. Les offemens qu'on a
tirés de ce monument étant petits & grêles , on
préfume que ce tombeau eft celui de la Reine
Marie. On a demandé à l'Impératrice la permiffion
de fouiller dans les environs pour chercher
les tombeaux de S. Ladiflas & du Roi André.
DE DRESDE , le 31 Août
.
Un particulier a découvert dans cet électorat ,
une terre minérale , dont on compofe un borax ,
qui s'emploie avec fuccès pour fondre l'or &
l'argent , ainfi que pour la foudure . Les CommifOCTOBRE.
1755. 223'
faires que le Gouvernement a chargés d'en faire
l'examen , ont jugé que ce borax avoit toutes les
propriétés que celui de Venife.
On a arrêté dans la Luface une voiture , qui
conduifoit en pays étranger plufieurs quintaux
de la terre , dont on fe fert pour fabriquer la porcelaine
de Saxe . Les lettres de Græfenhain font
mention d'un cruel accident . Un effain étranger
s'étant introduit dans une ruche du Juge du lieu ,
les abeilles domeftiques font entrées en fureur.
Elles fe fopt jettées fur tout ce qu'elles ont rencontré
dans la cour de la maiſon entr'autres
fur un cocher qui y rentroit avec les chevaux
& elles ne l'ont point quitté qu'elles ne Payent
laiffé mort fur la place .
,
DE COLOGNE , le 25 Août.
"
M. Jean -Pierre de Herwegh étant mort le 15
de ce mois , après avoir été trente-quatre ans à
la tête de la Régence , le Sénat s'affembla le zi
pour lui donner un fucceffeur. Tous les fuffrages
fe font réunis en faveur de M. Jean-Gafpard - Tofeph
Zum de Putz.
DE PETERSBOURG , le 15 Août.
L'Impératrice , toujours attentive à foulager
les malheureux , a fait remettre cent mille roubles
au Gouverneur de Mofcou , pour être diftria
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
bués aux habitans de cette ville , qui ont le plus
fouffert par les derniers incendies.
Les lettres de Belogorodfled marquent que des
fauterelles , d'une efpece qui n'eſt connue en
Ruffie que depuis quelques années , ont ravagé
une grande étendue de pays dans le diftrict de
Nowoskolski , & qu'enfuite elles ont été prefque
toutes dévorées par des fauterelles d'une autre
espece.
DU GRAND VARADIN , le 22 Août.
Des ouvriers en creufant la terre , ont trouvé
un tombeau de brique , couvert de trois pierres
de taille , dans lequel étoient un globe de vermeil
, une couronne à fleurons auffi d'argent doré,
garnie de rubis & d'éméraudes , un manteau d'une
riche étoffe , & une agrafe d'or maffif. Ces différens
indices font juger que ce Monument eft un
tombeau royal . En effet , l'hiftoire nous apprend
que dans l'endroit où il a été découvert , Saint
Ladiflas Roi de Hongrie, a bâti une églife , & que
ce Prince qui eft mort en 1995 , y a été inhumé ,
ainsi que le Roi André , mort en 1235 ; & la Reine
Marie , morte en 1392. Les offemens qu'on a
tirés de ce monument étant petits & grêles , on
préfume que ce tombeau eft celui de la Reine
Marie. On a demandé à l'Impératrice la permiffion
de fouiller dans les environs pour chercher
les tombeaux de S. Ladiflas & du Roi André.
DE DRESDE , le 31 Août
.
Un particulier a découvert dans cet électorat ,
une terre minérale , dont on compofe un borax ,
qui s'emploie avec fuccès pour fondre l'or &
l'argent , ainfi que pour la foudure . Les CommifOCTOBRE.
1755. 223'
faires que le Gouvernement a chargés d'en faire
l'examen , ont jugé que ce borax avoit toutes les
propriétés que celui de Venife.
On a arrêté dans la Luface une voiture , qui
conduifoit en pays étranger plufieurs quintaux
de la terre , dont on fe fert pour fabriquer la porcelaine
de Saxe . Les lettres de Græfenhain font
mention d'un cruel accident . Un effain étranger
s'étant introduit dans une ruche du Juge du lieu ,
les abeilles domeftiques font entrées en fureur.
Elles fe fopt jettées fur tout ce qu'elles ont rencontré
dans la cour de la maiſon entr'autres
fur un cocher qui y rentroit avec les chevaux
& elles ne l'ont point quitté qu'elles ne Payent
laiffé mort fur la place .
,
DE COLOGNE , le 25 Août.
"
M. Jean -Pierre de Herwegh étant mort le 15
de ce mois , après avoir été trente-quatre ans à
la tête de la Régence , le Sénat s'affembla le zi
pour lui donner un fucceffeur. Tous les fuffrages
fe font réunis en faveur de M. Jean-Gafpard - Tofeph
Zum de Putz.
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Résumé : DU NORD.
Le texte relate divers événements historiques et découvertes en Europe. À Saint-Pétersbourg, le 15 août, l'Impératrice a alloué cent mille roubles au Gouverneur de Moscou pour aider les habitants touchés par des incendies récents. À Belogorod, des sauterelles ont ravagé le district de Nowoskolski avant d'être détruites par une autre espèce. À Grand Varadin, le 22 août, des ouvriers ont découvert un tombeau de brique contenant un globe de vermeil, une couronne d'argent doré garnie de rubis et d'émeraudes, un manteau richement orné, et une agrafe d'or massif. Ce tombeau est présumé appartenir à la Reine Marie, morte en 1392. Des recherches sont autorisées pour localiser les tombeaux de Saint Ladislas et du Roi André. À Dresde, le 31 août, un particulier a découvert une terre minérale permettant de composer un borax utilisé pour fondre l'or et l'argent, ainsi que pour la soudure. Cette découverte a été validée par les commissaires du Gouvernement. Par ailleurs, une voiture transportant de la terre pour fabriquer la porcelaine de Saxe a été arrêtée en Lusace. Un accident tragique est également rapporté à Græfenhain, où un essaim d'abeilles a tué un cocher après avoir été perturbé par un étranger. À Cologne, le 25 août, M. Jean-Pierre de Herwegh est décédé après trente-quatre ans à la tête de la Régence. Le Sénat s'est réuni pour élire M. Jean-Gaspard-Joseph Zum de Putz comme successeur.
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13
p. 217-218
DU NORD.
Début :
Une troupe de voleurs commettoit depuis quelques tems beaucoup de brigandages [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Stockholm, Drontheim, Brigandage, Commerce, Biorno Stafelgraan, Tempête
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE PETERSBOURG , le 5 Septembre.
les
Une troupe de voleurs commettoit depuis quel
que tems beaucoup de brigandages dans les environs
de Mofcou. On a découvert qu'elle avoit
pour chefun ancien Officier d'Artillerie , qui pour
quelques malverfations avoit été privé de fon emploi
. Il a été arrêté , ainfi que plufieurs de fes complices.
Ayant prouvé qu'il étoit Gentilhomme ,
au lieu de recevoir le Knout en public , il l'a reçu
dans une chambre de la Citadelle ; & au lieu
de le marquer fur le front & fur les joues , on
s'eft contenté de le marquer fur une épaule. Enfuite
il a été conduit à Rogerwik , pour y être
employé aux travaux,
K
218 MERCURE DE FRANCE.
DE STOCKHOLM , le 11 Septembre.
Deux navires chargés de bled étant arrivés de
Dantzick , & ayant fait baiffer confidérablement
le prix de cette denrée , un riche négociant , nommé
Borno Stafelgraan , qui en avoit fait de grands
amas , dans l'efpérance de profiter de la difette
s'eft pendu de défe fpoir. Les Magiftrats ont fait
attacher fon cadavre à une potence , & ont confifqué
fon magafin , dont ils ont envoyé les grains
aux Hôpitaux. Sa femme a été condamnée à une
amende de quatorze cens écus .
DE DRONTHEIM , le 2 Septembre.
On effuya le 26 du mois dernier dans le Comté
de Jalfberg une tempête fi terrible , que des per-
Tonnes âgées de quatre- vingt-dix ans , ne fe fouviennent
point d'en avoir vu une pareille. Vers
les dix heures du matin , il ſe forma à l'oueft , au
nord & à l'eft , d'épais nuages qui fe raffemblerent
au mieu de l'horifon , & obfcureirent le
ciel de tous côtés , excepté au fud. Entre midi &
une heure , l'orage commença par une pluie violente
, accompagnée d'affreux coups de tonnerre,
A cette pluie fuccéda une grêle d'une groffeur
prodigieufe. Les fruits de la terre de plus de quarante
métairies , ont été totalement détruits. Toutes
les vitres qui regardoient le couchant , le feptentrion
& le levant , ont été brifées . Plufieurs
perfonnes , dans la campagne , ont été tuées ou
bleflées . Le feu du ciel à réduit en cendres cing
ou fix maiſons.
DE PETERSBOURG , le 5 Septembre.
les
Une troupe de voleurs commettoit depuis quel
que tems beaucoup de brigandages dans les environs
de Mofcou. On a découvert qu'elle avoit
pour chefun ancien Officier d'Artillerie , qui pour
quelques malverfations avoit été privé de fon emploi
. Il a été arrêté , ainfi que plufieurs de fes complices.
Ayant prouvé qu'il étoit Gentilhomme ,
au lieu de recevoir le Knout en public , il l'a reçu
dans une chambre de la Citadelle ; & au lieu
de le marquer fur le front & fur les joues , on
s'eft contenté de le marquer fur une épaule. Enfuite
il a été conduit à Rogerwik , pour y être
employé aux travaux,
K
218 MERCURE DE FRANCE.
DE STOCKHOLM , le 11 Septembre.
Deux navires chargés de bled étant arrivés de
Dantzick , & ayant fait baiffer confidérablement
le prix de cette denrée , un riche négociant , nommé
Borno Stafelgraan , qui en avoit fait de grands
amas , dans l'efpérance de profiter de la difette
s'eft pendu de défe fpoir. Les Magiftrats ont fait
attacher fon cadavre à une potence , & ont confifqué
fon magafin , dont ils ont envoyé les grains
aux Hôpitaux. Sa femme a été condamnée à une
amende de quatorze cens écus .
DE DRONTHEIM , le 2 Septembre.
On effuya le 26 du mois dernier dans le Comté
de Jalfberg une tempête fi terrible , que des per-
Tonnes âgées de quatre- vingt-dix ans , ne fe fouviennent
point d'en avoir vu une pareille. Vers
les dix heures du matin , il ſe forma à l'oueft , au
nord & à l'eft , d'épais nuages qui fe raffemblerent
au mieu de l'horifon , & obfcureirent le
ciel de tous côtés , excepté au fud. Entre midi &
une heure , l'orage commença par une pluie violente
, accompagnée d'affreux coups de tonnerre,
A cette pluie fuccéda une grêle d'une groffeur
prodigieufe. Les fruits de la terre de plus de quarante
métairies , ont été totalement détruits. Toutes
les vitres qui regardoient le couchant , le feptentrion
& le levant , ont été brifées . Plufieurs
perfonnes , dans la campagne , ont été tuées ou
bleflées . Le feu du ciel à réduit en cendres cing
ou fix maiſons.
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Résumé : DU NORD.
En Russie, au début septembre, une bande de voleurs dirigée par un ancien officier d'artillerie, démis pour malversations, a été arrêtée à Moscou. Le chef, en raison de son statut de gentilhomme, a été fouetté en privé et marqué sur l'épaule avant d'être envoyé à Rogervik pour travailler. En Suède, l'arrivée de deux navires de blé à Stockholm a fait chuter les prix, ruinant Borno Stafelgraan, qui s'est pendu. Les autorités ont exposé son cadavre et confisqué ses biens pour les hôpitaux, tandis que sa femme a été condamnée à une amende de quatorze cents écus. À Drontheim, une tempête dévastatrice a frappé le comté de Jalsberg le 26 août, détruisant les récoltes de plus de quarante métairies, blessant ou tuant plusieurs personnes, et incendiant cinq ou six maisons.
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14
p. 185
DU NORD.
Début :
Sur la nouvelle des hostilités commises par le Roi de Prusse [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Saxe, Roi de Prusse, Impératrice, Troupes, Livonie
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE PETERSBOURG , le 17 Septembre.
Sur la nouvelle des hoftilités commiſes par le
Roi de Pruffe dans la Saxe , & de l'invaſion dont
ce Prince menace la Boheme , l'Impératrice a ordonné
d'affembler dans la Livonie un Corps con→
fidérable de troupes , deftiné à fecourir l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & le Roi
de Pologne Electeur de Saxe. Le Feld -Maréchal
Apraxin aura le commandement de cette armée.
DE PETERSBOURG , le 17 Septembre.
Sur la nouvelle des hoftilités commiſes par le
Roi de Pruffe dans la Saxe , & de l'invaſion dont
ce Prince menace la Boheme , l'Impératrice a ordonné
d'affembler dans la Livonie un Corps con→
fidérable de troupes , deftiné à fecourir l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & le Roi
de Pologne Electeur de Saxe. Le Feld -Maréchal
Apraxin aura le commandement de cette armée.
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15
p. 207-210
DU NORD.
Début :
Le temps s'étant remis au beau, on ne doute pas que les troupes [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Mouvements des troupes, Subsistances, Reine de Pologne, Varsovie, Sénateurs, Grand Chancelier de Russie, Lettre circulaire, Roi de Prusse, Souverains, Feld-Maréchal Apraxin, Paix, Comte de Bestuchef, Stockholm, Paix de Westphalie, Suède, Électeurs, Commissaires
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
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Résumé : DU NORD.
En 1756-1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Europe. En Russie, les troupes commandées par le Feld-Maréchal Apraxin avancent sans rencontrer de maladies ni de désertions, grâce aux subsistances fournies le long de leur trajet. L'Impératrice de Russie a également envoyé des fonds à la Reine de Pologne pour aider les habitants affectés par l'invasion prussienne. À Varsovie, le Comte de Bestuchef, Grand Chancelier de Russie, adresse une lettre circulaire aux Sénateurs polonais, exprimant la compassion de l'Impératrice pour le roi de Pologne et condamnant les actions du roi de Prusse. La Russie prévoit d'envoyer des troupes sous le commandement d'Apraxin pour secourir le roi de Pologne, traversant une partie du territoire polonais. Le Comte de Bestuchef appelle à l'unité et à la tranquillité en Pologne pour soutenir le roi. En Suède, le Comte de Goes et le Baron de Sack réclament des secours pour la Saxe, mais la Suède doit se concerter avec la France avant de prendre une décision. La Suède renouvelle son traité avec la France pour douze ans. Par ailleurs, en Suède, les auteurs d'une conspiration sont condamnés à mort.
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16
p. 195-198
DU NORD
Début :
Le Roi de Grande-Bretagne ayant demandé que l'Impératrice employât ses bons [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Grande-Bretagne, Comtes, Marquis, Impératrice Reine, Mémoire, Varsovie, Lettre à l'Empereur, Roi de Prusse, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
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Résumé : DU NORD
Le 20 décembre, depuis Pétersbourg, il a été rapporté que le roi de Grande-Bretagne avait demandé à l'impératrice de Russie d'intervenir en tant que médiatrice entre les cours de Vienne, Dresde et Berlin. L'impératrice a refusé cette demande. Le comte Bestuchef, Grand Chancelier, a remis un mémoire au chevalier Hambury-Williams, ambassadeur d'Angleterre, expliquant les motifs du refus. L'impératrice a souligné qu'elle n'avait pas anticipé une telle demande et qu'elle ne changerait pas d'avis. Elle a également mentionné que les menaces de la Prusse, notamment celle d'attaquer ses troupes, ne faisaient que renforcer sa décision. Malgré la guerre, l'impératrice a autorisé l'envoi de soixante mille muids de blé et dix mille tonneaux de farine en Suède, où une disette régnait. Le même jour, depuis Varsovie, une lettre du roi à l'empereur a été diffusée. Le roi exprime sa gratitude pour les décrets envoyés à la Diète générale de l'Empire concernant l'invasion de la Prusse dans ses États héréditaires. Il décrit les hostilités croissantes et les difficultés de son armée, bloquée à Pirna, qui a dû se rendre en raison de la disette. Le roi demande à l'empereur d'intervenir pour stopper les violences et restaurer les constitutions et lois sacrées.
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17
p. 179-180
DU NORD
Début :
Il se trouvoit dans l'armée destinée à agir contre le Roi de Prusse, [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Prusse, Impératrice de Russie, Officiers russes, Copenhague, Inoculation, Petite vérole, Succès, Norvège, Secousses
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
"
Il fe trouvoit dans l'armée deftinée à agir con
tre le Roi de Pruffe , plufieurs Officiers nés fujets
de ce Prince. L'Impératrice n'a point voulu less
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
obliger de porter les armes contre leur Souverain.
Ils ont été remplacés par des Officiers Ruffiens
dans les Régimens où ils étoient employés , &
le Feld-Maréchal Apraxin les ayant renvoyés ici ,
on les fait partir fucceffivement , pour aller remplir
les nouveaux poftes qu'on leur deftine.
DE COPENHAGUE , le 18 Février.
Le Roi dîna les de ce mois chez le Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majefté Très- Chrétienne.
Depuis fix mois , plus de cent perfonnes
ont été inoculées de la petite vérole en cette Ville.
Aucune n'eft morte , ni ne reffent la moindre incommodité.
Selon les lettres écrites de diverfes
Provinces , l'inoculation y a le même fuccès . On
a eu quelque peine à introduire cette méthode en
Norwege , mais elle commence à s'y établir.
On mande de Norwege , que le premier , le
19 , le 22 , le 23 , le 24 & le 25 du mois dernier ,
on a entendu dans la Province d'Aggerhus plufleurs
bruits fouterreins , & que le 4 de ce mois
on y a fenti deux fecouffes de tremblement de:
terre.
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
"
Il fe trouvoit dans l'armée deftinée à agir con
tre le Roi de Pruffe , plufieurs Officiers nés fujets
de ce Prince. L'Impératrice n'a point voulu less
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
obliger de porter les armes contre leur Souverain.
Ils ont été remplacés par des Officiers Ruffiens
dans les Régimens où ils étoient employés , &
le Feld-Maréchal Apraxin les ayant renvoyés ici ,
on les fait partir fucceffivement , pour aller remplir
les nouveaux poftes qu'on leur deftine.
DE COPENHAGUE , le 18 Février.
Le Roi dîna les de ce mois chez le Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majefté Très- Chrétienne.
Depuis fix mois , plus de cent perfonnes
ont été inoculées de la petite vérole en cette Ville.
Aucune n'eft morte , ni ne reffent la moindre incommodité.
Selon les lettres écrites de diverfes
Provinces , l'inoculation y a le même fuccès . On
a eu quelque peine à introduire cette méthode en
Norwege , mais elle commence à s'y établir.
On mande de Norwege , que le premier , le
19 , le 22 , le 23 , le 24 & le 25 du mois dernier ,
on a entendu dans la Province d'Aggerhus plufleurs
bruits fouterreins , & que le 4 de ce mois
on y a fenti deux fecouffes de tremblement de:
terre.
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Résumé : DU NORD
Le texte décrit deux événements distincts. À Saint-Pétersbourg, le 26 février, plusieurs officiers prussiens servaient dans une armée destinée à agir contre leur propre roi. L'impératrice a refusé de les obliger à combattre leur souverain et les a remplacés par des officiers russes. À Copenhague, le 18 février, le roi a dîné chez le président Ogier, ambassadeur de France. Depuis six mois, plus de cent personnes ont été inoculées contre la petite vérole à Copenhague sans complications. Cette méthode a également réussi dans diverses provinces, bien que son introduction en Norvège ait rencontré des difficultés. Par ailleurs, des bruits souterrains et des tremblements de terre ont été signalés dans la province d'Aggerhus en Norvège les 1er, 19, 22, 23, 24 et 25 du mois précédent, ainsi que le 4 du mois en cours.
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18
p. 179-184
DU NORD
Début :
Le 15 de ce mois, le Chevalier Douglas, Ministre du Roi de France, [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Prières pour le Roi de France, Copenhague, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Varsovie, Réponse au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin, Roi de Prusse, Cour de Berlin, Mémoire, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
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Résumé : DU NORD
Le 15 février, le Chevalier Douglas, ministre du Roi de France, a organisé un Te Deum dans l'église des Missionnaires Catholiques Romains à Saint-Pétersbourg pour célébrer la récupération de la santé du Roi de France. La musique de l'Impératrice a interprété un motet, et presque tous les ministres étrangers et les seigneurs y ont assisté. Le même jour, Douglas a donné une fête somptueuse dans l'hôtel loué pour le Marquis de l'Hôpital, nouvel ambassadeur de France. La cour russe a partagé la joie des Français établis en ville, et plusieurs seigneurs russes ont exprimé leurs sentiments par des repas somptueux et des bals magnifiques. À Copenhague, le gouvernement a établi des lits pour les enfants pauvres dans la maison de Bonftræd afin qu'ils puissent être inoculés contre la petite vérole. Une tempête a jeté sur la côte de Westerhever un poisson inconnu de six pieds de longueur. À Varsovie, un écrit intitulé 'Les preuves évidentes' compare la conduite du Roi de Pologne à celle du Roi de Prusse concernant l'enlèvement de documents du Cabinet de Dresde. Le texte critique la Prusse pour avoir justifié son invasion en Saxe par des soupçons non fondés et des copies de documents. Il souligne l'injustice de déclarer la guerre sans preuve solide et sans tentative de réconciliation. Le Roi de Prusse a reconnu la nécessité de clarifier ses soupçons avant d'agir. Le mémoire est suivi de quarante-quatre pièces justificatives, dont une lettre du Roi de Pologne au Roi de Prusse datée du 12 septembre. Cette lettre propose des garanties pour assurer la libre navigation de l'Elbe et la sécurité des troupes pendant la guerre. Le Roi de Pologne offre également de retirer ses troupes des territoires prussiens en échange de la restitution de ses États et de la sécurité de ses armées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 173-176
DU NORD.
Début :
L'Impératrice a fait arrêter à Nerwa le Maréchal Apraxin, & des Commissaires [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Impératrice, Feld-Maréchal Apraxin, Détention, Officiers, Lettre, Batailles, Armées, Victoire, Conseil de guerre, Régiments d'infanterie, Démission
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 15 Décembre.
L'IMPERATRICE a fait arrêter à Nerwa le Maréchal
Apraxin , & des Commiffaires font nomme
pour aller l'interroger fur plufieurs chefs d'accufation
produits à la Cour contre lui.
Depuis la détention de ce Maréchal , on a rendu
publique une Lettre très - forte , adreffée directe-
-ment à Sa Majesté Impériale le 14 Novembre dernier
, par le Général Sibilsky , Officier Polonois ,
qui commandoit un corps de troupes dans l'armée
Ruffienne . Cette Lettre s'exprime en ces termes :
a Très Séréniffime Impératrice , Votre Majefté
» Impériale , en me confiant le commandement
-» d'an corps de troupes de l'armée qu'Elle a fait
» marcher en Pruffe , m'a donné une marque
• ·
de fa bienveillance fi diftinguée & fi précieuſe ,
» que je n'ai point de termes affez forts pour ex-
> primer la reconnoiffance dont je fuis pénétré.
» Il m'eût été bien glorieux de vous facrifier ma
» vie au lit d'honneur : c'étoit-là l'objet de mon
» zele , le terme de mon ambition , & le moyen
» de m'acquitter envers V. M. I. Mais mon deſtin
» veut que je fois encore redevable à cet égard .
» Peut- être aurai-je même le regret d'emporter
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE.
» cette dette au tombeau. Quoi qu'il en foit , je
ne puis , Très-Séréniffime Impératrice , diffimuler
» l'étonnement dont je fus faifi à mon arrivée fur
» le territoire ennemi , lorfque je vis les Cofaques
>> brûler , faccager & commettre les plus cruels
» excès , au mépris de toutes les loix de la guerre
» reçues chez les Nations policées . Dès-lors il me
» fut aifé de prévoir la difette de fubfiftances , où,
par une fuite naturelle de cet abus , ſe trouve-
» roit l'armée de V. M. I. Mais ma furpriſe & ma
» douleur augmenterent bien davantage , lorf-
» qu'après cette victoire complette , où les trou-
» pes de V. M. I. mirent l'ennemi en fuite , & dans
>> un défordre dont il étoit facile de profiter , pour
achever fa ruine , & lui porter un coup dont il
» n'eût pu fe relever , je vis négliger tous ces
» avantages , & que j'eus même la mortification
» de ne pouvoir obtenir trois Régimens d'Infante-
Drie , avec lefquels j'aurois moi - même entrepris
» d'aller à la pourfuite des vaincus . Mes propofi-
» tions étoient fondées fur l'expérience & fur la
→
nature des circonftances actuelles : j'y faifois
» enviſager une continuation de fuccès nullement
» douteux , mes raifons étoient appuyées fur des
» certitudes , plutôt que fur des probabilités ; enfin
j'offrois de garantir de ma perfonne l'exécu-
» tion de tout ce que je propofois. Mais j'eus le
» malheur de n'être pas écouté , & j'eus lieu bientôt
après de déplorer le réfultat inopiné, du
» Confeil de Guerre , où la retraite de l'armée de
» V. M. I. fut réfolue ; retraite auffi prématurée
» que précipitée , & qui s'exécuta par une armée
» victorieufe , pleine de courage & d'ardeur , brû-
» lant du defir de retourner au combat , encore
» fuffifamment pourvue de vivres & de munitions
» de guerre, & dont la moitié eût fuffi pour détruire
FEVRIER. 1758. 175
» entiérement un ennemi faifi de crainte & d'ef-
» froi . Je n'adhérai point au réſultat de ce Confeil
, parce que j'aurois été obligé d'agir contre
» mon devoir ; je ne le fignai pas non plus , parce
» que j'aurois bleffé ma confcience. Ainfi voyant
» que les opérations militaires étoient finies pour
» cette année , qu'on laiffoit là Konifberg ( quoi-
» que cette Ville qui n'attendoit que le moment
» de fe foumettre à V. M. I. eût déja dreffé une
» capitulation ) ; qu'enfin il n'étoit plus queftion
» que d'anticiper le temps des quartiers d'hyver' ;
>> par toutes ces confidérations , je jugeai que ma
» préſence ne pouvoit plus être d'aucune utilité à
» l'armée , & je priai le Feld- Maréchal Comte
» d'Apraxin de m'accorder ma démiffion ,
» vertu du plein pouvoir dont il étoit muni , & de
» permettre que je m'en retournaffe à Warfovie.
» Il y confentit , & fe chargea même d'en répon-
» dre à V. M. I , comme le prouve l'écrit figné de
» fa main dont je joins ici la copie.
en
» J'efpere donc que V. M. I. ne défaprouvera
» point mon départ de l'armée , & qu'Elle voudra
» bien me permettre de lui renouveller très - hum-
» blement l'offre de mes fervices . Quelque mé-
» diocres qu'ils foient , je la fupplie de les agréer ,
» fielle trouve à propos de faire reprendre le fil
>> des opérations militaires. Entiérement, foumis
>> aux volontés de V. M. I. je n'afpire qu'à la fer-
» vir utilement , & à faire connoître , au prix
» même de ma vie , le profond refpect dont je
» fuis pénétré pour fon augufte perfonne ». A
Warfovie , le 14 Novembre 1757. Signé , Sibilsky,
Baron de Wolfsberg.
On fait toutes les difpofitions néceffaires pour
faire rentrer inceffamment une armée de quatrevingts
mille hommes de troupes Ruffiennes dans
H iv
176 MERCURE DE FRANCE.
le Royaume de Pruffe. Quatorze Régimens tirés
de l'intérieur de l'Empire font déja en marche ,
pour en remplacer quelques autres , & furtout les
troupes irrégulieres.
DE PETERSBOURG , le 15 Décembre.
L'IMPERATRICE a fait arrêter à Nerwa le Maréchal
Apraxin , & des Commiffaires font nomme
pour aller l'interroger fur plufieurs chefs d'accufation
produits à la Cour contre lui.
Depuis la détention de ce Maréchal , on a rendu
publique une Lettre très - forte , adreffée directe-
-ment à Sa Majesté Impériale le 14 Novembre dernier
, par le Général Sibilsky , Officier Polonois ,
qui commandoit un corps de troupes dans l'armée
Ruffienne . Cette Lettre s'exprime en ces termes :
a Très Séréniffime Impératrice , Votre Majefté
» Impériale , en me confiant le commandement
-» d'an corps de troupes de l'armée qu'Elle a fait
» marcher en Pruffe , m'a donné une marque
• ·
de fa bienveillance fi diftinguée & fi précieuſe ,
» que je n'ai point de termes affez forts pour ex-
> primer la reconnoiffance dont je fuis pénétré.
» Il m'eût été bien glorieux de vous facrifier ma
» vie au lit d'honneur : c'étoit-là l'objet de mon
» zele , le terme de mon ambition , & le moyen
» de m'acquitter envers V. M. I. Mais mon deſtin
» veut que je fois encore redevable à cet égard .
» Peut- être aurai-je même le regret d'emporter
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE.
» cette dette au tombeau. Quoi qu'il en foit , je
ne puis , Très-Séréniffime Impératrice , diffimuler
» l'étonnement dont je fus faifi à mon arrivée fur
» le territoire ennemi , lorfque je vis les Cofaques
>> brûler , faccager & commettre les plus cruels
» excès , au mépris de toutes les loix de la guerre
» reçues chez les Nations policées . Dès-lors il me
» fut aifé de prévoir la difette de fubfiftances , où,
par une fuite naturelle de cet abus , ſe trouve-
» roit l'armée de V. M. I. Mais ma furpriſe & ma
» douleur augmenterent bien davantage , lorf-
» qu'après cette victoire complette , où les trou-
» pes de V. M. I. mirent l'ennemi en fuite , & dans
>> un défordre dont il étoit facile de profiter , pour
achever fa ruine , & lui porter un coup dont il
» n'eût pu fe relever , je vis négliger tous ces
» avantages , & que j'eus même la mortification
» de ne pouvoir obtenir trois Régimens d'Infante-
Drie , avec lefquels j'aurois moi - même entrepris
» d'aller à la pourfuite des vaincus . Mes propofi-
» tions étoient fondées fur l'expérience & fur la
→
nature des circonftances actuelles : j'y faifois
» enviſager une continuation de fuccès nullement
» douteux , mes raifons étoient appuyées fur des
» certitudes , plutôt que fur des probabilités ; enfin
j'offrois de garantir de ma perfonne l'exécu-
» tion de tout ce que je propofois. Mais j'eus le
» malheur de n'être pas écouté , & j'eus lieu bientôt
après de déplorer le réfultat inopiné, du
» Confeil de Guerre , où la retraite de l'armée de
» V. M. I. fut réfolue ; retraite auffi prématurée
» que précipitée , & qui s'exécuta par une armée
» victorieufe , pleine de courage & d'ardeur , brû-
» lant du defir de retourner au combat , encore
» fuffifamment pourvue de vivres & de munitions
» de guerre, & dont la moitié eût fuffi pour détruire
FEVRIER. 1758. 175
» entiérement un ennemi faifi de crainte & d'ef-
» froi . Je n'adhérai point au réſultat de ce Confeil
, parce que j'aurois été obligé d'agir contre
» mon devoir ; je ne le fignai pas non plus , parce
» que j'aurois bleffé ma confcience. Ainfi voyant
» que les opérations militaires étoient finies pour
» cette année , qu'on laiffoit là Konifberg ( quoi-
» que cette Ville qui n'attendoit que le moment
» de fe foumettre à V. M. I. eût déja dreffé une
» capitulation ) ; qu'enfin il n'étoit plus queftion
» que d'anticiper le temps des quartiers d'hyver' ;
>> par toutes ces confidérations , je jugeai que ma
» préſence ne pouvoit plus être d'aucune utilité à
» l'armée , & je priai le Feld- Maréchal Comte
» d'Apraxin de m'accorder ma démiffion ,
» vertu du plein pouvoir dont il étoit muni , & de
» permettre que je m'en retournaffe à Warfovie.
» Il y confentit , & fe chargea même d'en répon-
» dre à V. M. I , comme le prouve l'écrit figné de
» fa main dont je joins ici la copie.
en
» J'efpere donc que V. M. I. ne défaprouvera
» point mon départ de l'armée , & qu'Elle voudra
» bien me permettre de lui renouveller très - hum-
» blement l'offre de mes fervices . Quelque mé-
» diocres qu'ils foient , je la fupplie de les agréer ,
» fielle trouve à propos de faire reprendre le fil
>> des opérations militaires. Entiérement, foumis
>> aux volontés de V. M. I. je n'afpire qu'à la fer-
» vir utilement , & à faire connoître , au prix
» même de ma vie , le profond refpect dont je
» fuis pénétré pour fon augufte perfonne ». A
Warfovie , le 14 Novembre 1757. Signé , Sibilsky,
Baron de Wolfsberg.
On fait toutes les difpofitions néceffaires pour
faire rentrer inceffamment une armée de quatrevingts
mille hommes de troupes Ruffiennes dans
H iv
176 MERCURE DE FRANCE.
le Royaume de Pruffe. Quatorze Régimens tirés
de l'intérieur de l'Empire font déja en marche ,
pour en remplacer quelques autres , & furtout les
troupes irrégulieres.
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Résumé : DU NORD.
Le 15 décembre, l'impératrice a ordonné l'arrestation du maréchal Apraxin à Nerwa. Des commissaires ont été désignés pour l'interroger sur plusieurs accusations portées contre lui. Parallèlement, une lettre du général Sibilsky, officier polonais commandant un corps de troupes dans l'armée russe, a été rendue publique. Datée du 14 novembre, cette lettre exprime la gratitude de Sibilsky envers l'impératrice pour lui avoir confié le commandement des troupes en Prusse. Il regrette de n'avoir pu sacrifier sa vie pour elle et critique les actions des Cosaques, qui ont brûlé, pillé et commis des excès sur le territoire ennemi, compromettant ainsi les approvisionnements de l'armée. Sibilsky déplore également la négligence des avantages militaires après une victoire, notamment le refus de poursuivre l'ennemi malgré ses propositions fondées sur l'expérience et les circonstances. Il mentionne sa démission et son retour à Varsovie, espérant que l'impératrice acceptera ses services pour les futures opérations militaires. En outre, des préparatifs sont en cours pour faire entrer 80 000 hommes de troupes russes en Prusse, avec des régiments de l'intérieur de l'Empire en marche pour les remplacer.
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