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201
p. 194-202
ALLEMAGNE.
Début :
Comme les relations Prussiennes, insérées dans les Gazettes Etrangeres, ont [...]
Mots clefs :
Vienne, Bataille, Roi de Prusse, Artillerie, Armées, Prince Charles de Lorraine, Ennemis, Déplacement des troupes, Troupes, Lieutenant, Cavalerie, Attaques, Régiments, Prague, Maréchal Keith, Baron de Marshall, Uelzen, Marquis de Caraman, Capitaine, Osnabrück, Zell, Défense, Prince, Commander, Maréchal de Richelieu
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 17 Décembre.
Comme les relations Pruffiennes , inférées dans
les Gazettes Etrangeres , ont totalement altéré
les circonftances de la bataille donnée les en
Siléfie entre Neumarck & Liffa , la Cour a fait
publier le détail que l'on va fidélement rapporter.
« Le Roi de Pruffe ayant raffemblé à Parchwitz
» une armée d'environ quarante mille hommes ,
» avec une nombreuſe artillerie , tirée pour la plus
grande partie de Glogau , & une quantité prodi.
» gieufe de fafcines , de gabions , de fauciffès , &c.
que les payfans avoient été obligés de faire, prit
» pofte fur la droite du ruiffeau nommé Katz-
» Bach. Ce mouvement fit conjecturer que fon
» deffein étoit de pénétrer plus avant , pour s'em-
» parer d'abord de Neumarck & de Lignitz , at-
» taquer enfuite l'armée Impériale qui étoit cam-
» pée près de Breslau , ou lui couper les fubfif-
» tances qu'elle tiroit de la Boheme , en fe pla-
>> çant dans les environs de Strigau , ou fur les
» frontieres du Royaume. Le Prince Charles & le
Feld-Maréchal Comte de Daun réfolurent en
» conféquence de s'avancer au-delà de la Schweid.
» nitz , pour couvrir Lignitz , & tâcher de faire
» échouer les projets de l'ennemi. On commerça
» par renforcer la garniſon de cette derniere pla-
» çe , & l'on envoya à Neumarck un détache-
>> ment de Bannaliſtes , de Huffards & de Cava-
» lerie , foutenu par les Chevaux- Légers Saxons.
L'armée fut pourvue le 3 de tout ce dont elle
» avoit befoin pour quatre jours ; le 4 , elle forJANVIER.
1798.
195
» tit de fon camp , & le même jour elle paffa le
» Lóh & la Schweidnitz , pour prendre une nou-
» velle pofition . Les troupes défiloient , lorsqu'on
» apprit que le Roi de Pruffe marchoit depuis cinq
» heures du matin fur Neumarck , dou par con-
» féquent le détachement envoyé le 2 , avoit été
obligé de fe retirer . Sur cet avis , on laiffa der-
» riere la Schweidnitz tous les bagages de l'ar-
» mée , les colonnes prefferent leur marche , &
» ſe formerent en deux lignes . Le Général Comte
» Nadafty en forma avec fon Corps de Troupes
>> une troifieme , pour couvrir le flanc gauche de
» l'armée , & la réferve fat destinée à foutenir la
» droite. Cette droite étoit appuyée au village de
» Nypern , " l'armée avoit Leuthen à la gauche &
» Frobelwitz au centre : ces trois endroits furent
» garnis d'autant de troupes qu'il fut poffible . On
» mit dans Frobelwitz huit compagnies de Gre-
» nadiers & plufieurs piquets ; fept compagnies
» de Grenadiers & des piquets à Leuthen , & d'au-
» tres piquets à Nypern. Toutes les comp gnies compagnies
» de Grenadiers & les piquets de la réſerve furent
» placés à la droite de la Cavalerie , à la tête d'un
» bois. Le Major Général Luzinsky couvroit de
>> plus en quelque forte l'aile gauche avec deux
» Régimens de Huffards & quelques autres troupes
légeres. Il étoit foutenu par les Chevaux-
» Légers Saxons aux ordres du Comte de Noftitz ,
» Lieutenant - Général au fèrvice du Roi de Polo-
» gne , & le fieur de Morocz , Lieutenant Géné-
» ral , étoit à l'afle droite avec deux Régimens de
» Huffards & de troupes légeres . Tandis qu'on
» faifoit ces difpofitions , l'armée ennemie avoit
» dépaffé Neumarck: elle avoit fa droite à Krintfch
fa gauche à Bifchdorff , & fes poftes avancés
s'étendoient jufqu'à Born. Les deux armées paf-
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
» ferent dans cette pofition la nuit fous les armes.
>>> Le S avant le jour , le Comte Nadafty , com.
» me ' il avoit été convenu , joignit les troupes
» qui formoient la troifieme ligne à la Cavalerie
de la gauche de l'armée . & forma le flanc depuis
cet endroit juſqu'à une bauteur qui étoit
» de ce côté- là & qu'on avoit garnie d'artillerie.
» Delà il s'étendit en équerre , & fe forma de fa-
» çon que les Troupes Impériales étoient les plus
» près de l'armée , celles de Wirtemberg vers le
flanc , & celles de Baviere à l'extrêmité de l'angle.
A la pointe du jour , les ennemis firent ,
» tantôt fer leur droite , tantôt fur leur gauche ,
> divers mouvemens qui durerent jufqu'à midi..
» Ils fembloient cependant toujours menacer no-
» tre droite , & ce fut pour cette raiſon que le
>> Comte de Luchefi demanda plufieurs fois qu'on
lui fit paffer du renfort. Le Corps de réſerve y
avoit été deftiné ; mais on différa quelque tems
de l'y faire paffer , pour pouvoir pénétrer le
» deffein de l'ennemi. Enfin comme le Comte de
Luchefi infiftoit fortement pour être renforcé ,
» & que d'ailleurs on ne pouvoit pas trop bien
» démêler les mouvemens que les Pruffiens fai-
» foient derriere des hauteurs , on lui envoya la
» réſerve. Le Feld - Maréchal Comte de Daun fe
» porta même en perfonne à cette aîle , pour lá
commander en cas de befoin . A peine ce renfort
eut joint , qu'on vit la Cavalerie Pruffienne
fe porter fur notre gauche , & l'Infanterie marcher
à grand pas fur leur droite , ce qui fit ju-
» ger qu'ils en vouloient à l'aile gauche & à fon
» flanc. Auffitôt le Prince Charles & le Comte de
» Daun , ordonnerent au Prince Efterhaly , Ge
» néral de Cavalerie , & aux Généraux de Maqui-
» re & d'Angern , d'avancer avec les différens
睾
JANVIER. 1758. 197
Corps qu'ils commandoient , pour foutenir le
» flanc , & la feconde ligne eut le même ordre.
» L'ennemi s'étant approché de ce flanc envi
>> ron à une heure après-midi , le feu de fa mouf-
>> queterie commença en fe dirigeant contre les
» troupes de Wirtemberg , qui le foutiprent cou
» rageufement ; mais le fort de l'attaque s'étant
» porté fur ce flanc , les troupes auxiliaires furent
» obligées de céder au nombre , & la confufion
» qu'occafionna la fupériorité de l'ennemi dans
» cette partie, empêcha les Régimens Impériaux ,
» qui arrivoient pour foutenir les Auxiliaires , de
» pouvoir combattre en ordre. On fit tout ce qu'il
» étoit poffible de faire pour réparer le défordre ,
» mais on ne put jamais rallier ces Troupes . Après
>> ce premier avantage , l'ennemi qui avoit en
» même temps attaqué le village de Leuthen &
>> toute la gauche , avoit porté de ce côté-là la
» plus grande partie de fes forces. Cependant fa
» Cavalerie & fon Infanterie furent repouffées
» trois fois par nos Troupes avec une perte con-
» fidérable ; ainfi la victoire lui fut affez long-
» temps difputée & vendue un peu cherement.
» Mais les Pruffiens avoient pénétré par l'ouver-
» ture du flanc de la gauche ; ils s'avançoient
» par- là pour nous prendre à dos , & il n'étoit
plus poffible de l'empêcher ; il n'y avoit d'au-
» tre parti à prendre que de fe retirer fur les deux
rivieres de la Schweidnitz & du Loh : c'eft ce
» que l'on fit en très- bon ordre , & en faifant
» fur l'ennemi un feu continuel . Voilà comment
>> après un combat de plus de quatre heures , on
» a cédé le champ de bataille aux Pruffiens. Nous
» comptons parmi les morts , le Comte de Lu-
» chefi , Général de Cavalerie , & les Majors Gé-
D néraux Prince de Stolberg , Otterwolff & Preyf
Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
fach. Le Major Général Comte Odonel eft blefle
»& priſonnier , & nous avons pris de notre côté
» le Général Major de Krakow.
» Le Prince Charles & le Comte de Daun ſe
font portés partout où lear préſence a été né-
» ceffaire , ou pour donner leurs ordres , ou pour
animer les Troupes par leur exemple. Le Comte
» de Daun a eu une forte contufion , qui cepen-
» dant n'a ralenti en rien ſon ardeur & fon acti-
» vité. Les Princes de Saxe Xavier & Charles , ont
» donné dans cette occafion de nouvelles preuves
» de leur valeur.
DE PRAGUE , le 18 Décembre.
On vient d'apprendre que le Maréchal Keith
eft dans les montagnes de Saxe. Le Baron de
Marshall , pour l'empêcher de rentrer dans ce
Royaume , a formé fur les frontieres un cordon de
troupes.
Un détachement Pruffien qui eſcortoit deux
tonnés d'argent deſtinées pour Glatz , a été arraqué
par le Colonel Jahnus , & après une réſiſtance
affez vive , a été contraint d'abandonner le
menvoi.
D'ULTZEN , les Décembre.
M. le Marquis de Caraman avoit été détaché
de l'armée avec fon Régiment de Dragons & cent
quatre-vingt Chaffeurs de Fifcher commandés par
M. Clery , Lieutenant-Colonel de ce corps , &
dont cent étoient à cheval , pour obferver les
mouvemens des ennemis. Le 4 , M. le Marquis
de Caraman , qui avoit couché au Village de Bri
del , apperçut un corpsde plus de trois mille Ha
JANVIER. 1758. 199
*novriens qui le fuivoit . Il étoit compofé de douze
cens hommes de Cavalerie ; le refte étoit de l'Infanterie
, qui avoit deux pieces de canon. L'inégalité
de fes forces l'obligea de doubler le pas pour
gagner le Village d'Hembeke , où il auroit pu fe
défendre avec plus d'avantage qu'en rafe campagne
: mais la cavalerie Hanovrienne le ferra de fi
près , que voyant qu'il n'auroit pas le temps d'atteindre
Hembeke , quoiqu'un de fes Efcadrons y
fûtarrivé , il prit le parti de fe mettre en bataille.
Il chargea vigoureufement l'ennemi qui s'étoit
déja formé , & il fut fi bien fecondé par M. de
Clery, ainfi que par le feu des quatre - vingts Chaf
feurs de Fifcher , qu'il enfonça & mit en déroute
de corps de Cavalerie Hanovrienne qui étoit du
double plus fort que le fien. Onze Officiers du régiment
de Caraman ont été bleffés & trois d'entr'eux
font faits prifonniers : il y a eu cinq ou fix
Dragons tués & ſoixante - quinze bleflés . Voici la
lifte des Officiers .
-Capitaines. Le fieur Pinon bleffé & pris ; le
fieur le Feron , bleffé ; le Comte de Comminges
& fon neveu bleffés Lieutenans. Les fieurs du
Sauffay , Sacerre , des Fournaux , Dindy , &
Chellans , bleffés , le dernier prifonnier . Cornet
tés. Les fieurs de Cernieres , & Tely , bleffés
celui- ci prifonnier. M. le Marquis de Caraman
leur a tué plus de cent hommes , & fait plufieurs
prifonniers , entr'autres le Commandant des Chaf
eurs Hanovriens . Le Comte de Schullenbourg , Général
Major, qui les commandoit , a été bleffé. De
notre côté , on efpere qu'aucun des Officiers &
Dragons bleffés ne mourra , ni ne fera même
eftropié.
-Cette action diftinguée fait beaucoup d'honneur
à M. de Caraman, à fon Régiment , à M. de Clery,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE:
& aux foldats de Fifcher qu'il commandoir.
D'OSNABRUCH , le 20 Décembre.
Le 19 du même mois , à quatre heures du foir,
le fieur de Beauregard de Bellifle , Commiffaire
des guerres au fervice de France , ayant eu avis que
les Anglois faifoient paffer de l'argent aux Hanovriens
& au Roi de Pruffe , prit fi bien fon temps,
qu'avec un détachement du régiment de Condé ,
cavalerie , il furprit & arrêta quatre charriots
chargés de trente- huit-tonnes & de , fept caifles
pleines d'or & d'argent , partie monnoyés , partie
en lingots. Cet important coup de main fut fi
prompt , que ceux qui conduifoient le convoi
n'eurent pas le temps de fe mettre en défenſe . Le
tréfor qui a été déposé dans le logement du fiear
de Beauregard , eft gardé jour & nuit par un nombreux
détachement du même Régiment de Condé.
On a trouvé dans le Bureau de la pofte aux
chevaux , qui dépend de l'Etat d'Hanovre , quatre
lettres de voiture adreffées à différens Juifs,
Ce riche convoi étoit déja parvenu jufqu'à Brême;
mais il en étoit forti à l'approche des François ,
pour revenir à Nienbourg , & delà en cette Ville
chez le Maître des poftes . Celui- ci avoit ordre de
le garder , jufqu'à ce que les François ayant pris
leurs quatiers d'hiver, la route fût devenue libre
pour le tranfporter à l'armée des Hanovriens.
DE ZELL , le 26 Décembre.
La Citadelle de Harbourg fe défend toujours
avec la plus grande vigueur.
On apprend de Caffel, que M. le Prince de Soubife
y eft arrivé le 13 Décembre , & que tous les
JANVIER. 1758. 201
Régimens François , qui étoient dans le Comté de
Hanau , fe rendent fucceffivement dans le pays de
Helle .
Le 20 du même mois , le Prince Ferdinand de
Brunſwick fit faire un mouvement à ſes troupes
pour reculer fa droite. Il l'appuya au ruiffeau de
Kleinheelen , & fit occuper par des détachemens
les Villages de Groff & de Kleinheelen . Sa gauche
refta appuyée à la petite riviere de Lacht , &
fon quartier général à Altenhagen. L'armée de M.
le Maréchal de Richelieu avoit confervé ſon camp .
fur deux lignes . La droite étoit appuyée au petit
Village de Wefterzell , ayant en potence les Grenadiers
de France & les Grenadiers Royaux ; la
gauche tiroit au Pont de Schafferey , à l'extrêmité
du Fauxbourg de Zell , dit le Fauxbourg de Nienbourg
, & le front du camp étoit parconféquent
couvert par la Ville de Zell . Les mouvemens que
cette armée fit par fa droite fur l'Aller le 20 & le
21 , déterminerent les ennemis à garnir la riviere
de Lacht , & à mettre auffi plus de monde dans
le Village de Lacheindorff qu'ils occupoient,
*
Dans cette fituation , M. le Maréchal de Richelieu
qui avoit réfolu de paffer l'Aller , fit partir le 21
M. le Duc de Broglie , pour aller commander un
corps de Troupes qu'on avoit raffemblées dans le
Duché de Brême , avec ordre d'agir fur la Boheme
, de tourner la droite des ennemis , &
d'intercepter leurs convois. Le 22 & le 23 , il fit
différentes difpofitions , pour donner à l'ennemi
de l'inquiétude fur fa gauche & fur fes derrieres .
Le 24 , il donna fes ordres à M. le Marquis de
Villemur , pour paffer l'Aller à Muden , & favorifer
l'établiffement des ponts que le corps d'armée
devoit jetter fur cette riviere.
Male Comte Dauver & M. le Marquis de Caraman
202 MERCURE DE FRANCE.
étoient chargés en même temps de faire deux fauffes
attaques , l'une par le Fauxbourg de Lunebourg
, & l'autre par le pont de Schafferey , perdant
que M. le Duc d'Ayen , Lieutenant Général
, déboucheroit par le pont d'Altenzell , qui
avoit été retabli.
Le reste de l'armée fe pofta fur deux lignes à
Offenfen & à Schevachaufen .
Le 25, M. le Maréchal de Richelieu apprit à huit
heures du matin , que les attaques de la gauche
avoient pouflé les ennemis qui étoient devant élles
jufques dans leur camp , & qu'on l'avoit trouvé
abandonné , leur armée étant partie pendant
la nuit . Il ordonna auffitôt d'envoyer à leur pourfuite
tous les détachemens le plus en état d'y marcher
& de foutenir la fatigue & la rigueur, du
temps.
On leur a tué tout ce qu'une retraite extrêmement
précipitée a permis de joindre on leur a
fait jufqu'à ce jour environ cinq cens prifonniers ;
on leur a pris cent vingt chevaux & beaucoup de
charriots chargés de fubfiftances, de bagages &
d'agrez de pontons : il n'y a eu que vingt hommes
de
perte de notre côté. Les ennemis dirigent leur
retraite fur Lunebourg.
M. le Maréchal de Richelieu a établi hier fon
quartier général à Zell , & il a placé fon camp
dans le même terrein où étoit la veille l'armée du
Prince Ferdinand.
DE VIENNE , le 17 Décembre.
Comme les relations Pruffiennes , inférées dans
les Gazettes Etrangeres , ont totalement altéré
les circonftances de la bataille donnée les en
Siléfie entre Neumarck & Liffa , la Cour a fait
publier le détail que l'on va fidélement rapporter.
« Le Roi de Pruffe ayant raffemblé à Parchwitz
» une armée d'environ quarante mille hommes ,
» avec une nombreuſe artillerie , tirée pour la plus
grande partie de Glogau , & une quantité prodi.
» gieufe de fafcines , de gabions , de fauciffès , &c.
que les payfans avoient été obligés de faire, prit
» pofte fur la droite du ruiffeau nommé Katz-
» Bach. Ce mouvement fit conjecturer que fon
» deffein étoit de pénétrer plus avant , pour s'em-
» parer d'abord de Neumarck & de Lignitz , at-
» taquer enfuite l'armée Impériale qui étoit cam-
» pée près de Breslau , ou lui couper les fubfif-
» tances qu'elle tiroit de la Boheme , en fe pla-
>> çant dans les environs de Strigau , ou fur les
» frontieres du Royaume. Le Prince Charles & le
Feld-Maréchal Comte de Daun réfolurent en
» conféquence de s'avancer au-delà de la Schweid.
» nitz , pour couvrir Lignitz , & tâcher de faire
» échouer les projets de l'ennemi. On commerça
» par renforcer la garniſon de cette derniere pla-
» çe , & l'on envoya à Neumarck un détache-
>> ment de Bannaliſtes , de Huffards & de Cava-
» lerie , foutenu par les Chevaux- Légers Saxons.
L'armée fut pourvue le 3 de tout ce dont elle
» avoit befoin pour quatre jours ; le 4 , elle forJANVIER.
1798.
195
» tit de fon camp , & le même jour elle paffa le
» Lóh & la Schweidnitz , pour prendre une nou-
» velle pofition . Les troupes défiloient , lorsqu'on
» apprit que le Roi de Pruffe marchoit depuis cinq
» heures du matin fur Neumarck , dou par con-
» féquent le détachement envoyé le 2 , avoit été
obligé de fe retirer . Sur cet avis , on laiffa der-
» riere la Schweidnitz tous les bagages de l'ar-
» mée , les colonnes prefferent leur marche , &
» ſe formerent en deux lignes . Le Général Comte
» Nadafty en forma avec fon Corps de Troupes
>> une troifieme , pour couvrir le flanc gauche de
» l'armée , & la réferve fat destinée à foutenir la
» droite. Cette droite étoit appuyée au village de
» Nypern , " l'armée avoit Leuthen à la gauche &
» Frobelwitz au centre : ces trois endroits furent
» garnis d'autant de troupes qu'il fut poffible . On
» mit dans Frobelwitz huit compagnies de Gre-
» nadiers & plufieurs piquets ; fept compagnies
» de Grenadiers & des piquets à Leuthen , & d'au-
» tres piquets à Nypern. Toutes les comp gnies compagnies
» de Grenadiers & les piquets de la réſerve furent
» placés à la droite de la Cavalerie , à la tête d'un
» bois. Le Major Général Luzinsky couvroit de
>> plus en quelque forte l'aile gauche avec deux
» Régimens de Huffards & quelques autres troupes
légeres. Il étoit foutenu par les Chevaux-
» Légers Saxons aux ordres du Comte de Noftitz ,
» Lieutenant - Général au fèrvice du Roi de Polo-
» gne , & le fieur de Morocz , Lieutenant Géné-
» ral , étoit à l'afle droite avec deux Régimens de
» Huffards & de troupes légeres . Tandis qu'on
» faifoit ces difpofitions , l'armée ennemie avoit
» dépaffé Neumarck: elle avoit fa droite à Krintfch
fa gauche à Bifchdorff , & fes poftes avancés
s'étendoient jufqu'à Born. Les deux armées paf-
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
» ferent dans cette pofition la nuit fous les armes.
>>> Le S avant le jour , le Comte Nadafty , com.
» me ' il avoit été convenu , joignit les troupes
» qui formoient la troifieme ligne à la Cavalerie
de la gauche de l'armée . & forma le flanc depuis
cet endroit juſqu'à une bauteur qui étoit
» de ce côté- là & qu'on avoit garnie d'artillerie.
» Delà il s'étendit en équerre , & fe forma de fa-
» çon que les Troupes Impériales étoient les plus
» près de l'armée , celles de Wirtemberg vers le
flanc , & celles de Baviere à l'extrêmité de l'angle.
A la pointe du jour , les ennemis firent ,
» tantôt fer leur droite , tantôt fur leur gauche ,
> divers mouvemens qui durerent jufqu'à midi..
» Ils fembloient cependant toujours menacer no-
» tre droite , & ce fut pour cette raiſon que le
>> Comte de Luchefi demanda plufieurs fois qu'on
lui fit paffer du renfort. Le Corps de réſerve y
avoit été deftiné ; mais on différa quelque tems
de l'y faire paffer , pour pouvoir pénétrer le
» deffein de l'ennemi. Enfin comme le Comte de
Luchefi infiftoit fortement pour être renforcé ,
» & que d'ailleurs on ne pouvoit pas trop bien
» démêler les mouvemens que les Pruffiens fai-
» foient derriere des hauteurs , on lui envoya la
» réſerve. Le Feld - Maréchal Comte de Daun fe
» porta même en perfonne à cette aîle , pour lá
commander en cas de befoin . A peine ce renfort
eut joint , qu'on vit la Cavalerie Pruffienne
fe porter fur notre gauche , & l'Infanterie marcher
à grand pas fur leur droite , ce qui fit ju-
» ger qu'ils en vouloient à l'aile gauche & à fon
» flanc. Auffitôt le Prince Charles & le Comte de
» Daun , ordonnerent au Prince Efterhaly , Ge
» néral de Cavalerie , & aux Généraux de Maqui-
» re & d'Angern , d'avancer avec les différens
睾
JANVIER. 1758. 197
Corps qu'ils commandoient , pour foutenir le
» flanc , & la feconde ligne eut le même ordre.
» L'ennemi s'étant approché de ce flanc envi
>> ron à une heure après-midi , le feu de fa mouf-
>> queterie commença en fe dirigeant contre les
» troupes de Wirtemberg , qui le foutiprent cou
» rageufement ; mais le fort de l'attaque s'étant
» porté fur ce flanc , les troupes auxiliaires furent
» obligées de céder au nombre , & la confufion
» qu'occafionna la fupériorité de l'ennemi dans
» cette partie, empêcha les Régimens Impériaux ,
» qui arrivoient pour foutenir les Auxiliaires , de
» pouvoir combattre en ordre. On fit tout ce qu'il
» étoit poffible de faire pour réparer le défordre ,
» mais on ne put jamais rallier ces Troupes . Après
>> ce premier avantage , l'ennemi qui avoit en
» même temps attaqué le village de Leuthen &
>> toute la gauche , avoit porté de ce côté-là la
» plus grande partie de fes forces. Cependant fa
» Cavalerie & fon Infanterie furent repouffées
» trois fois par nos Troupes avec une perte con-
» fidérable ; ainfi la victoire lui fut affez long-
» temps difputée & vendue un peu cherement.
» Mais les Pruffiens avoient pénétré par l'ouver-
» ture du flanc de la gauche ; ils s'avançoient
» par- là pour nous prendre à dos , & il n'étoit
plus poffible de l'empêcher ; il n'y avoit d'au-
» tre parti à prendre que de fe retirer fur les deux
rivieres de la Schweidnitz & du Loh : c'eft ce
» que l'on fit en très- bon ordre , & en faifant
» fur l'ennemi un feu continuel . Voilà comment
>> après un combat de plus de quatre heures , on
» a cédé le champ de bataille aux Pruffiens. Nous
» comptons parmi les morts , le Comte de Lu-
» chefi , Général de Cavalerie , & les Majors Gé-
D néraux Prince de Stolberg , Otterwolff & Preyf
Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
fach. Le Major Général Comte Odonel eft blefle
»& priſonnier , & nous avons pris de notre côté
» le Général Major de Krakow.
» Le Prince Charles & le Comte de Daun ſe
font portés partout où lear préſence a été né-
» ceffaire , ou pour donner leurs ordres , ou pour
animer les Troupes par leur exemple. Le Comte
» de Daun a eu une forte contufion , qui cepen-
» dant n'a ralenti en rien ſon ardeur & fon acti-
» vité. Les Princes de Saxe Xavier & Charles , ont
» donné dans cette occafion de nouvelles preuves
» de leur valeur.
DE PRAGUE , le 18 Décembre.
On vient d'apprendre que le Maréchal Keith
eft dans les montagnes de Saxe. Le Baron de
Marshall , pour l'empêcher de rentrer dans ce
Royaume , a formé fur les frontieres un cordon de
troupes.
Un détachement Pruffien qui eſcortoit deux
tonnés d'argent deſtinées pour Glatz , a été arraqué
par le Colonel Jahnus , & après une réſiſtance
affez vive , a été contraint d'abandonner le
menvoi.
D'ULTZEN , les Décembre.
M. le Marquis de Caraman avoit été détaché
de l'armée avec fon Régiment de Dragons & cent
quatre-vingt Chaffeurs de Fifcher commandés par
M. Clery , Lieutenant-Colonel de ce corps , &
dont cent étoient à cheval , pour obferver les
mouvemens des ennemis. Le 4 , M. le Marquis
de Caraman , qui avoit couché au Village de Bri
del , apperçut un corpsde plus de trois mille Ha
JANVIER. 1758. 199
*novriens qui le fuivoit . Il étoit compofé de douze
cens hommes de Cavalerie ; le refte étoit de l'Infanterie
, qui avoit deux pieces de canon. L'inégalité
de fes forces l'obligea de doubler le pas pour
gagner le Village d'Hembeke , où il auroit pu fe
défendre avec plus d'avantage qu'en rafe campagne
: mais la cavalerie Hanovrienne le ferra de fi
près , que voyant qu'il n'auroit pas le temps d'atteindre
Hembeke , quoiqu'un de fes Efcadrons y
fûtarrivé , il prit le parti de fe mettre en bataille.
Il chargea vigoureufement l'ennemi qui s'étoit
déja formé , & il fut fi bien fecondé par M. de
Clery, ainfi que par le feu des quatre - vingts Chaf
feurs de Fifcher , qu'il enfonça & mit en déroute
de corps de Cavalerie Hanovrienne qui étoit du
double plus fort que le fien. Onze Officiers du régiment
de Caraman ont été bleffés & trois d'entr'eux
font faits prifonniers : il y a eu cinq ou fix
Dragons tués & ſoixante - quinze bleflés . Voici la
lifte des Officiers .
-Capitaines. Le fieur Pinon bleffé & pris ; le
fieur le Feron , bleffé ; le Comte de Comminges
& fon neveu bleffés Lieutenans. Les fieurs du
Sauffay , Sacerre , des Fournaux , Dindy , &
Chellans , bleffés , le dernier prifonnier . Cornet
tés. Les fieurs de Cernieres , & Tely , bleffés
celui- ci prifonnier. M. le Marquis de Caraman
leur a tué plus de cent hommes , & fait plufieurs
prifonniers , entr'autres le Commandant des Chaf
eurs Hanovriens . Le Comte de Schullenbourg , Général
Major, qui les commandoit , a été bleffé. De
notre côté , on efpere qu'aucun des Officiers &
Dragons bleffés ne mourra , ni ne fera même
eftropié.
-Cette action diftinguée fait beaucoup d'honneur
à M. de Caraman, à fon Régiment , à M. de Clery,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE:
& aux foldats de Fifcher qu'il commandoir.
D'OSNABRUCH , le 20 Décembre.
Le 19 du même mois , à quatre heures du foir,
le fieur de Beauregard de Bellifle , Commiffaire
des guerres au fervice de France , ayant eu avis que
les Anglois faifoient paffer de l'argent aux Hanovriens
& au Roi de Pruffe , prit fi bien fon temps,
qu'avec un détachement du régiment de Condé ,
cavalerie , il furprit & arrêta quatre charriots
chargés de trente- huit-tonnes & de , fept caifles
pleines d'or & d'argent , partie monnoyés , partie
en lingots. Cet important coup de main fut fi
prompt , que ceux qui conduifoient le convoi
n'eurent pas le temps de fe mettre en défenſe . Le
tréfor qui a été déposé dans le logement du fiear
de Beauregard , eft gardé jour & nuit par un nombreux
détachement du même Régiment de Condé.
On a trouvé dans le Bureau de la pofte aux
chevaux , qui dépend de l'Etat d'Hanovre , quatre
lettres de voiture adreffées à différens Juifs,
Ce riche convoi étoit déja parvenu jufqu'à Brême;
mais il en étoit forti à l'approche des François ,
pour revenir à Nienbourg , & delà en cette Ville
chez le Maître des poftes . Celui- ci avoit ordre de
le garder , jufqu'à ce que les François ayant pris
leurs quatiers d'hiver, la route fût devenue libre
pour le tranfporter à l'armée des Hanovriens.
DE ZELL , le 26 Décembre.
La Citadelle de Harbourg fe défend toujours
avec la plus grande vigueur.
On apprend de Caffel, que M. le Prince de Soubife
y eft arrivé le 13 Décembre , & que tous les
JANVIER. 1758. 201
Régimens François , qui étoient dans le Comté de
Hanau , fe rendent fucceffivement dans le pays de
Helle .
Le 20 du même mois , le Prince Ferdinand de
Brunſwick fit faire un mouvement à ſes troupes
pour reculer fa droite. Il l'appuya au ruiffeau de
Kleinheelen , & fit occuper par des détachemens
les Villages de Groff & de Kleinheelen . Sa gauche
refta appuyée à la petite riviere de Lacht , &
fon quartier général à Altenhagen. L'armée de M.
le Maréchal de Richelieu avoit confervé ſon camp .
fur deux lignes . La droite étoit appuyée au petit
Village de Wefterzell , ayant en potence les Grenadiers
de France & les Grenadiers Royaux ; la
gauche tiroit au Pont de Schafferey , à l'extrêmité
du Fauxbourg de Zell , dit le Fauxbourg de Nienbourg
, & le front du camp étoit parconféquent
couvert par la Ville de Zell . Les mouvemens que
cette armée fit par fa droite fur l'Aller le 20 & le
21 , déterminerent les ennemis à garnir la riviere
de Lacht , & à mettre auffi plus de monde dans
le Village de Lacheindorff qu'ils occupoient,
*
Dans cette fituation , M. le Maréchal de Richelieu
qui avoit réfolu de paffer l'Aller , fit partir le 21
M. le Duc de Broglie , pour aller commander un
corps de Troupes qu'on avoit raffemblées dans le
Duché de Brême , avec ordre d'agir fur la Boheme
, de tourner la droite des ennemis , &
d'intercepter leurs convois. Le 22 & le 23 , il fit
différentes difpofitions , pour donner à l'ennemi
de l'inquiétude fur fa gauche & fur fes derrieres .
Le 24 , il donna fes ordres à M. le Marquis de
Villemur , pour paffer l'Aller à Muden , & favorifer
l'établiffement des ponts que le corps d'armée
devoit jetter fur cette riviere.
Male Comte Dauver & M. le Marquis de Caraman
202 MERCURE DE FRANCE.
étoient chargés en même temps de faire deux fauffes
attaques , l'une par le Fauxbourg de Lunebourg
, & l'autre par le pont de Schafferey , perdant
que M. le Duc d'Ayen , Lieutenant Général
, déboucheroit par le pont d'Altenzell , qui
avoit été retabli.
Le reste de l'armée fe pofta fur deux lignes à
Offenfen & à Schevachaufen .
Le 25, M. le Maréchal de Richelieu apprit à huit
heures du matin , que les attaques de la gauche
avoient pouflé les ennemis qui étoient devant élles
jufques dans leur camp , & qu'on l'avoit trouvé
abandonné , leur armée étant partie pendant
la nuit . Il ordonna auffitôt d'envoyer à leur pourfuite
tous les détachemens le plus en état d'y marcher
& de foutenir la fatigue & la rigueur, du
temps.
On leur a tué tout ce qu'une retraite extrêmement
précipitée a permis de joindre on leur a
fait jufqu'à ce jour environ cinq cens prifonniers ;
on leur a pris cent vingt chevaux & beaucoup de
charriots chargés de fubfiftances, de bagages &
d'agrez de pontons : il n'y a eu que vingt hommes
de
perte de notre côté. Les ennemis dirigent leur
retraite fur Lunebourg.
M. le Maréchal de Richelieu a établi hier fon
quartier général à Zell , & il a placé fon camp
dans le même terrein où étoit la veille l'armée du
Prince Ferdinand.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le texte relate les événements militaires en Allemagne, notamment la bataille entre les forces prussiennes et impériales près de Neumarck et Liffa. Le roi de Prusse, à la tête d'une armée de quarante mille hommes et d'une artillerie nombreuse, a tenté de pénétrer plus avant pour attaquer l'armée impériale près de Breslau ou couper ses subsistances. Les forces impériales, sous les ordres du Prince Charles et du Feld-Maréchal Comte de Daun, ont avancé pour couvrir Lignitz et contrer les projets prussiens. La bataille a commencé le 5 décembre. Les Prussiens ont attaqué l'aile gauche des Impériaux, forçant ces derniers à se retirer en bon ordre après un combat de plus de quatre heures. Parmi les pertes impériales, on compte le Comte de Luchefi et plusieurs autres officiers. Le Prince Charles et le Comte de Daun ont montré un grand courage et une activité remarquable. D'autres événements militaires sont également mentionnés, comme les actions du Marquis de Caraman contre les Hanovriens et la capture d'un convoi d'argent destiné aux ennemis par le sieur de Beauregard. La citadelle de Harbourg continue de se défendre vigoureusement. Les mouvements des armées de Brunswick et de Richelieu sont détaillés, notamment la traversée de l'Aller par les forces françaises. Le 25, le Maréchal de Richelieu a reçu des nouvelles indiquant que les attaques sur la gauche avaient repoussé les ennemis jusqu'à leur camp, trouvé abandonné. L'armée ennemie s'était retirée pendant la nuit. Richelieu a ordonné de poursuivre les ennemis avec les détachements les plus aptes à supporter la fatigue et les conditions climatiques rigoureuses. Les forces françaises ont tué un nombre significatif d'ennemis en fuite, fait environ cinq cents prisonniers, capturé cent vingt chevaux et de nombreux chariots chargés de subsistances, de bagages et d'équipements de pontons. Les pertes françaises se sont élevées à vingt hommes. Les ennemis se dirigeaient vers Lunebourg. Le Maréchal de Richelieu a établi son quartier général à Zell, sur le terrain où se trouvait précédemment l'armée du Prince Ferdinand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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202
p. 191-203
ALLEMAGNE.
Début :
Les Prussiens depuis quelques temps avoient poussé de Magdebourg à Halberstadt [...]
Mots clefs :
Hanovre, Prusse, Maréchal de Richelieu, Détachement, Ennemis, Armées, Opérations militaires, Bohême, Prince Charles de Lorraine, Soldats croates, Batailles, Garnisons, Mouvements des troupes, Breme, Convention, Duc de Broglie, Articles, Négociations, Artillerie, Troupes, Hambourg, Paiements, Assemblée des États de Saxe, Francfort, Dantzig, Soldats russes, Avancées
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE HANOVRE , le 18 Janvier.
Les Pruffiens depuis quelque temps avoient
pouffé de Magdebourg à Halberstadt un corps
compofé de fix Bataillons , d'un Régiment de
Dragons & d'un Régiment de Huffards , & la préfence
de ces troupes autorifoit les habitans à refufer
les contributions en argent , & les fournitures
192 MERCURE DE FRANCE.
de grains auxquelles ils s'étoient foumis. D'autre
part , il étoit neceffaire de ravitailler le château
de Regenftein , qui n'avoit plus de vivres quepour
quelques jours. Toutes ces circonstances firent
prendre au Maréchal de Richelieu la réſolution
d'envoyer un fort détachement , pour enlever les
Pruffiens. Il choifit pour cette expédition le Marquis
de Voyer , Maréchal de Camp , qui étoit à
Wolfembuttel , & on lui donna onze Bataillons ,
trente - fix Piquets , deux Régimens de Cavalerie &
un de Huffards , avec quatre cens chevaux qui
étoient revenus de Brunswick. Le 10 , le Marquis
de Voyer raffembla ſes troupes fur le haut Oker ,
en faifant barrer les chemins pour arrêter tout ce
qui pouvoit avertir l'ennemi de fes difpofitions ,
& le même jour à l'entrée de la nuit , il les fit mar.
cher fur trois colonnes . Celle de la droite , aux
ordres du Comte Turpin , étoit compofée du Régiment
d'Infanterie de royal Baviere ; de celui de
Dumoutier , Cavalerie ; de trois cens Huffards en
avant , de quatre compagnies de Grenadiers , &
de douze Piquets venant de Goflar. Elle déboucha
de Schlad en dirigeant la marche par Stapelnbourg
& Dehrembourg , & elle devoit le porter
vers la porte de Halberstadt qui conduit à Quedlinbourg.
La colonne du centre , commandée par
M. le Marquis de Langeron , étoit formée de deux
Bataillons Autrichiens ; du Régiment de Condé ,
Infanterie ; du Bataillon des Grenadiers de Bergeret
, & du Régiment de Cavalerie de Berry. Cette
colonne , précédée par cent Huffards de Turpin ,
déboucha par Ornebourg , & marcha par Ofterwich
& Zillengen , pour fe rendre à la porte
d'Halberstadt , qui eft en face de ce chemin. Elle
avoit quatre pieces de canon & un pétard pour
faire fauter cette porte. La colonne de la gauche ,
анх
MARS. 178. 193
aux ordres du Marquis de Belzunce , confiftoic en
quatre bataillons de fon Régiment , fix compagnies
de Grenadiers , ving:-quatre Piquets , & les
quatre cens chevaux de Brunfwick . Elle partit
d'Achem , & marcha par la digue de Keendam . Sa
deftination étoit de paffer le ruiffeau d'Oltheim
au deffous d'Halberstadt , & d'en aller mafquer la
porte qui va à Groningue.
Ces trois colonnes déboucherent en même
temps à l'heure marquée , & le Marquis de Voyer
marcha avec celle du centre . Cette colonne &
celle de la gauche rencontrerent en chemin des
glaces qui leur cauferent quelque retard ; la troifieme
arriva devant Halberstadt le r au matin.
Les Pruffiens étoient fort tranquilles , parce qu'une
de leurs patrouilles , qui avoit été juſqu'à Öfterwich
, leur avoit rapporté qu'il n'y avoit rien de
nouveau. Mais une feconde patrouille ayant rencontré
l'avant-garde de M. le Comte Turpin , alla
porter l'allarme à Halberstadt , ce qui obligea les
ennemis à l'abandonner précipitamment , & à
laiffer leur hôpital avec beaucoup d'effets dans
cette Ville. Ils évacuerent en même temps Quedlinbourg
, & fe replierent fur Afcherleben pár la
route de la Sala.
Les fruits de cette expédition font d'avoir fait
entrer des vivres pour fix mois dans le château de
Regenftein, & d'avoir tiré d'Halberstadt deux cens
mille écus à compte des contributions que cette
Ville devoit . M. le Marquis de Voyer a fait diftri
buer aux troupes , par forme de gratification
foixante- dix mille rations de pain que les Pruffiens
n'ont pu emporter. Il a fait brûler un magazin
d'échelles préparées , felon toutes les apparen
ces , pour quelque entrepriſe ſecrete. On a de plus
abattu huit cens toifes du mur qui formoit l'en-
.
}
I -
194 MERCURE DE FRANCE:
ceinte d'Halberstadt : on a brifé & brûlé toutes les
portes de la Ville , & tous les pilaftres qui les fou
tenoient ont été détruits.
M. le Marquis de Voyer eft venu ici rendre
compte de toutes ces opérations à M. le Maréchal
de Richelieu. Ila amené avec lui pour ôtage M.
Dudick , homme de grande confidération dans le
pays ; les deux Chefs de la Régence d'Halberstadt ,
deux Référendaires du Clergé , & le principal Négociant
de laVille. Des deux cens mille écus exigés
à compte , la plus grande partie a été payée
Comptant en efpeces , & l'on a de bons effets pour
la fûreté du refte. Enfin , il nous eft encore venu
gratuitement deux mille cinq cens facs de grains ,
fans préjudice des cent vingt- cinq mille facs qut
étoient promis par la convention , dont l'inexécu
zion a été punie.
M.le Comte Turpin a détruit ou enlévé à Quedlinbourg
tous les magazins que l'ennemi y avoit
formés. Peu de jours après , les Pruffiens ont en
core abandonné Acherſleben , & tous les quartiers
qu'ils occupoient dans le pays. Une grande partie
des traîneurs & des prifonniers qu'on leur a faits ,
ant pris parti dans nas Régimens.
DE KONTSGRATZEN BOHEME , le 27 Janvier.
Depuis le départ du Prince Charles , le Maré
chal Comte de Daun continue de faire fes difpo
fitions , tant pour allurer fes cantonnemens &
faire échouer les entreprifes que les Pruffiens
pourroient tenter de ce côté- ci , que pour fe mettre
en état d'agir lui-même à la premiere occafion.
Le Général Comte Nadaftia fon quartier général
è Leitomiffel. L'armée fe renforce tous les jours ;
Le Royaume feulva fournir dix mille-recrues d'Infanterie.
MAR S. 1758 . 195
Sur l'avis qu'on a eu qu'un corps de Pruffiens
étoit en marche pour tenter une irruption dans la
Siléfie Autrichienne , les troupes de Baviere qui
s'étoient jointes au corps du Général Baron de
Marshal , cantonné aux environs de Welwaren ,
ont eu ordre de fe rendre du côté de Brinn en
Moravie.
Nos Croates ont repouffé vigoureuſement près
de Schatzlar vers Libau , un gros détachement de
Pruffiens , & ils ont fait des prifonniers.
Le corps du Général Marshal eſt dans une pofition
fort avantageufe. Il forme une chaîne qui
s'étend depuis Leitmeritz le long de l'Eger jufqu'à
Saatz ; enforte qu'il peut aifément fe porter en
force fur l'Elbe , & de tel autre côté où il fera
néceffaire.
Nous attendons inceffamment la garnifon de
Lignitz , qui eft en marche pour nous rejoindre.
Quatre mille Croates , à ce qu'on affure , le
font fait jour à travers l'armée ennemie, près do
Breslau , & ont pris la route de Pologne.
La garnifon de Schweidnitz a fait le 13 de Janvier
une vigoureufe fortie fur les troupes Pruffiennes
qui bloquent cette Place. Les ennemis y
ont perdu bien du monde , & le détachement de
la garnifon y eft rentré avec beaucoup de prifonniers
, de vivres , de bagages & de beftiaux.
Les Pruffiens ont fait du côté de Gratz en Styrie
une tentative qui a échouée. Le 15 , vers une
heure après midi , les ennemis au nombre de dixhuit
cens hommes d'Infanterie , & de deux mille
trois cens hommes, tant Cavalerie que Huffards ,
fe mirent en mouvement. Leur avant- garde qui
venoit de Schmirowitz , s'avança jufqu'à une métairie
dont elle s'empara fans peine . Le.refte des
Pruffiens qui s'étoit formé fur la montagne , la
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
defcendit en même temps , & tous enſemble' ils
attaquerent une brafferie fituée au bas de cette
montagne , & qui ferme de ce côté-là l'entrée de
Grátz . Ils avoient laiffé derriere eux fur la hauteur,
de l'artillerie qui , en les protégeant , foudroyoit le
front de l'attaque . Auffi- tôt que M. le Marquis de
Ville , Lieutenant-Général qui commande à Gratz,
avoit vu l'ennemi s'ébranler , il avoit envoyé ordre
au Colonel Simbshon de foutenir la braſſerie . Cet
Officier en conféquence fit occuper par quelques
troupes un jardin , qui eft au deffus de cette brafferie
, & il y plaça du canon qui fut fi bien fervi ,
qu'après une attaque qui dura plus d'une heure ,
les Pruffiens furent forcés de prendre la fuite &
de regagner la montagne. On les pourſuivit autant
qu'il fut poffible , & on leur tua encore ou on leur
bleffa une trentaine d'hommes. Cette retraite précipitée
fe fit avec tant de confufion , qu'ils abandonnerent
leurs morts & leurs bleffés . Leur perte ,
ycompris quelques prifonniers qu'on leur a faits ,
peut fe monter à peu près à quatre cens hommes.
Les Impériaux , de leur côté , n'ont eu que trenteun
bleffés & huit morts. Les Pruffiens qui étoient
partis de Troppau à fix heures du matin , n'y font
rentrés qu'à huit heures du foir : ils n'avoient
laiffé dans cette Ville qu'environ deux cens
hommes.
:
Sur quelques mouvemens faits par les Pruffiens
du côté de la Moravie , & vers les frontieres de la
Hongrie , on a détaché le Général Gaftheim avec
fix mille hommes pour occuper les gorges de Jablunka.
Les Hongrois des Cercles limitrophes
ont en même temps reçu ordre de fe tenir prêts à
monter à cheval au premier avis .
Les exactions que les Pruffiens font dans la Siléfie
Autrichienne , font fi exhorbitantes ; qu'une
MAR S. 17,8 . 197
grande partie des habitans déferte le pays . On
affure que la feule ville de Troppau a été taxée
quatre- vingts mille écus .
DE BREME , le 16 Janvier.
,
M. le Maréchal de Richelieu ayant des avis fûrs .
que les Hanovriens , non contens d'avoir enfreint
la convention de Clofterfeven en renouvellant .
les hoftilités qu'ils s'étoient engagés de ceffer
vouloient encore s'emparer de la ville de Brême, ce
qui nous auroit empêché de foutenir les quartiers
du bas- Aller , & nous auroit ôté la communication
avec l'Ooft - Frife , envoya ordre à M. le Duc
de Broglie de les prévenir. En conféquence cet
Officier Général fit marcher hier un détachement
au village de Hoffelhaufen , pour contenir les ennemis
qui s'y étoient préfentés ; & fur le foir , il
fit fommer les Magiftrats de Brême de recevoir les
troupes de Sa Majefté dans leur Ville . Après une
négociation qui dura jufqu'à dix heures , on lui
remit une porte qui fut occupée par fix compagnies
de Grenadiers . Ce matin M. le Duc de Bro-,
glie eft entré dans la Ville à la tête d'une compagnie
de Grenadiers , pour en impofer à la populace
, qui s'étoit ameutée devant la maifon de.
Ville , pendant que l'on travailloit au logement .
des Troupes. Le tumulte ayant été appaifé par fes
foins , la Garnifon eft entrée , & le logement s'eft.
fait fans aucune difficulté . Le Baron de Wormfer ,
Brigadier d'Infanterie eft refté dans la Ville poury
commander.
Accord fait entre M. le Duc de Broglie & les
Magiftrats de Brême.
Article Premier Comme l'occupation de la
Ville eft faite au nom de Sa Majefté Impériale ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
il s'entend qu'Elle ne fera aucun préjudice à la
liberté & immédiatéité de la Ville & du territoire
y appartenant , & à fes privileges.
Réponse. L'infraction de la Convention de Clofterfeven
étant la ſeule raiſon qui oblige M. le Maréchal-
Duc de Richelieu à s'emparer de la Ville
de Brême , elle ne doit point douter que fa liberté
immédiate & celle de fon territoire , ainfi
que fes privileges , ne foient confervés par Sa
Majefté Impériale.
Article IF. Conféquemment , le Gouvernement ,
la Religion & fon exercice dans les Eglifes Réformées
, ainfi que dans le Dôme , le Commerce ,
tant par terre que par eau l'Etat Politique ,
Eccléfiaftique & Militaire de la Ville , ne fouf
friront aucun changement.
"
Réponse . Accorde. Il fera même donné des
Gardes les jours de Fères , pour la tranquillité
du Service , toutes les fois qu'elles feront de
mandées.
Article III. Les Paffeports donnés par le Sénat,
tant pour les perfonnes que pour les marchan
difes & les hardes , feront refpectés .
Réponse. Accordé.
Article IV. Les fortifications de la Ville de
iheureront en létat préfent , fans aucun changement.
Réponfe. Si on y fait quelques changemens ,
ce fera plutôt pour les améliorer,
Article V. L'Arcenal de la Ville , fes muni
tions , les canons , les magazins à poudre & à
bled , & les attirails de guerre appartenant à
la Ville , refteront entiérement & pleinement à la
Ville.
Réponse. L'Arcenal , les munitions , les canons ,
les magazins à poudre & le magazin à bled , refte
MARS. 175.8. 199
-
ront à Meffieurs de la Ville . Les clefs de l'Arcenal ,
ainfi: que celles des magazins , feront entre les
mains de MM . les Magiftrats : on y mettra feulement
des Gardes , pour la fûreté de ce qui y eft
renfermé.
Article VI. La Ville fera difpenfée de loger des
Troupes Françoifes , qui y monteront la garde
conjointement avec celles de la Ville.
Réponse. On ne logera dans la Ville que la
quantité de Troupes néceffaires pour la fûreté , &
les Magiftrats peuvent être certains que toutes les
précautions feront prifes pour que les logemens
ne foient point à charge.
Article VII. On cédera une ou deux portes
de la Ville aux Troupes Françoifes , qui y montesont
la garde conjointement avec celles de la
Ville.
Réponse. Les Troupes Françoifes monteront la
garde aur portes conjointement avec les Troupes
de la Ville , mais à toutes les portes .
Article VIII. Auffi - tôt que la fituation préfente
des deux armées dans notre voisinage changera les
poftes , les fauxbourgs & le territoire de la Ville
ferant évacués fans aucune prétention ou exécution
, fons quelque prétexte que ce foit.
Réponse. Accordé, dès que les raifons de guerre
ne le demanderont plus. Cet article répond en
mêmetemps à celui qui fuit.
Article IX. Les portes de la Ville , les fauxbourgs
& le territoire feront évacués dans le cas
où le Général de l'armée Françoiſe donnera une
Déclaration qui portera qu'il ne veut plus occuper
la ville de Brême, & qu'il la laiffe jouir de la neu
tralité.
Réponse. Répondu par l'article précédent.
Article X. On ne demandera à la Ville ni por
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tions , ni rations , ni fubfiftances , ni chauffage ;
tout fera payé en argent comptant , fans forcer la
Bourgeoifie à la livraiſon.
Réponse . Tout fera payé en argent comptant
par les Officiers . Pour ce qui eft du chauffage , il
fera néceffaire que les hôtes y pourvoyent , juſqu'à
ce qu'on ait pu faire prendre des arrangemens
par les Commiffaires.
Article XI. Une exacte difcipline fera obfervée.
parmi les Troupes qui feront dans la Ville , dans
les fauxbourgs & le territoire.
Réponse. La meilleure & la plus exacte fera obfervée
; je leur en donne ma parole d'honneur .
Article XII. Leurs Majeftés Impériale & très-
Chrétienne voudront bien procurer la fûreté du
commerce , & garantir la Ville & fon territoire à
la paix prochaine en pleine liberté & immédiatéité
, & Elles ordonneront qu'elle foit dédommagée
de tout ce qu'elle a fouffert pendant cette
guerre.
Réponse. Accordé .
Article XIII. On n'établira dans la Ville ni
dans les fauxbourgs aucun hôpital.
Réponse . Accordé. On établira feulement dans
un des fauxbourgs un hôpital ambulant , pour
donner les premiers fecours aux malades & bleffés
, qu'on fera tranfporter enfuite dans les hôpitaux
de Hoya ou de Verden. Signé , le Duc de
Broglie.
" Au nom du Sénat , D. Smidt , L. Groning , J.
de Meinertshagen , J. Nonnen.
Au nom de la Bourgeoifie , F. H. Kroft , H.
Meyer , Pierre Wichelhaufen , André , J. Trevi-
Sanus.
MA RS. 1758. 201
DE HAMBOURG , le 28 Janvier.
1
2
Toutes les lettres de Léipfick & de Drefde ne.
parlent que des contributions dont l'Electorat de
Saxe eft accablé . Voici le réſultat de ces lettres .
dont on laiffe aux événemens à conftater l'exactitude.
La feule Ville de Léipfick , qui a déja payé
au Roi de Prufle , en efpeces , onze tonnes d'or ,
c'est-à-dire onze cens mille écus , ( fans ce qui lui
en a coûté pour les quartiers & pour l'Hôpital des
Pruffiens, ) a reçu ordre de fournir encore , au plus
tard à la fin du mois , la fomme de huit cents
mille écus , fous peine d'exécution militaire ; ce
qu'on a de la peine à concilier avec la promeffe ,
donnée par écrit de la part du Roi de Pruffe , que
cette Ville , après avoir fatisfait au paiement des
trois cents mille écus éxigés d'elle au mois d'oc
tobre dernier , feroit exempte de toutes autres
contributions . Il eft vrai que cette impofition eft
faite à titre d'emprunt ; mais elle doit être repartie
für les Négocians & les Bourgeois , principalement
fur les Catholiques Romains qui ont déja
contribué aux premieres.
On a fignifié en même temps à la Nobleffe de
Saxe des ordres précis de payer , fans autre délai
le don gratuit de fix cents mille écus qui lui a été '
demandé dès l'année derniere ; & il faut que le
paiement de cette fomme foit fait en trois termes
égaux , dont le dernier eft fixé au 15 février prochain.
L'affemblée des Etats de Saxe convoquée à
Léipfick , n'a encore rien réglé par rapport à l'ad-"
miniſtration des revenus de l'Electorat. Cependant
le Directoire de Torgau a confifqué depuis pen'le
Baillage de Barby qui eft affermé , & le fcellé a
été mis fur les greniers & les magafins publics.
L V
202. MERCURE DE FRANCE
Les exécutions militaires recommencent dans le
Cercle de Mifnie , pour les fournitures de froment
que les Pruffiens en exigent. On ſe ſert de la même
voie pour le recouvrement de tous les deniers
de la Stuer, qui font reftés entre les mains des Redeveurs
particuliers . Le cercle de Neuftadt eft obligé
de fournir , pour les Troupes du Maréchaf
Keith, cent foixante- cinq mille mefures de farine,
& cinquante- cinq mille cinq cens rations. Enfin
le chapitre de Merfebourg eft taxé à foixante- dix
mille écus , fans avoir pu obtenir de modération.
DE FRANCFORT , le 25 Janvier.
Un détachement Pruffien de cent cinquante
hommes , commandé рак le Partiſan Meyer , arriva
le 20 de ce mois à Niſchwitz , châtean appartenant
au Comte de Brulh , premier Miniftre :
de Sa Majefté Polonoife. Ce Partifan fit auffi-tôt
fonner le tocfia , pour affembler les Payfans du
Village & des environs ; enfuite il leur ordonna ,
fous peine d'exécution militaire , de fer rendre le
lendemain au château , avec des hâches , des -leviers
, des pelles & autres inftrumens ſemblables.
Ces ordres donnés , le détachement s'occupa le
refte du jour & toute la nuit à démeubler les appartemens
, ce qui ne fe fit pas fans pillage. Le
lendemain 21 , plus de deux cents Payfans s'étant'
rendus à l'heure marquée au château , le Partiſan
Meyer les obligea d'en brifer toutes les portes &
fenêtres , d'enfoncer les plafonds & les planchers ,
d'abattre les toits , de renverfer les efcaliers , les
cloiſons , les murs intérieurs , &c. ce qu'il fit faire
avec tant d'activité , qu'en moins de fix heures il
ne refta que la carcaffe du bâtiment . L'orangerie
& les jardins furent traités de même. Toutes les
allées furent coupées , les charmilles détruites ,
MAR S. 1758. 203
les bofquets & les paliffades arrachés ou brûlés ,
& plufieurs milliers d'arbres fruitiers fciés à un
demi- pied de terre. Après la deftruction da chatdau
, on alla piller les fermes & leurs dépendances
. qui ne furent garanties d'une ruine totale
qu'en payant fept mille florins au Partifan. Tous
les effets du château ont été conduits à Halle.
Le même jour, le magnifique château de Pforten
, dans la Luface , appartenant encore au Comte
de Brulh , fut mis au même état que celui de
Nifchwitz , par un détachement de Huffards dur
Régiment de Seckely.
DE DANTZICH , le 26 Janvier.
La marche des Ruffiens eft certaine. Uhe colonne
de leurs troupes d'environ dix mille hommes
, aux ordres du Général Romanzow , a paſſe
Tilfit & s'eft portée für Konigfberg. On affure
même que la garnifon de cette Ville , ainfi que
celle de Pillau , s'eft retirée , après avoir encloué
le canon qu'elle n'a pu emporter , & que les Magiftrats
de Konigsberg ont député au Général Fermer,
pour régler la Capitulation. On ajoute que
les Ruffiens obfervent partout la plus exacte difcipline.
DE HANOVRE , le 18 Janvier.
Les Pruffiens depuis quelque temps avoient
pouffé de Magdebourg à Halberstadt un corps
compofé de fix Bataillons , d'un Régiment de
Dragons & d'un Régiment de Huffards , & la préfence
de ces troupes autorifoit les habitans à refufer
les contributions en argent , & les fournitures
192 MERCURE DE FRANCE.
de grains auxquelles ils s'étoient foumis. D'autre
part , il étoit neceffaire de ravitailler le château
de Regenftein , qui n'avoit plus de vivres quepour
quelques jours. Toutes ces circonstances firent
prendre au Maréchal de Richelieu la réſolution
d'envoyer un fort détachement , pour enlever les
Pruffiens. Il choifit pour cette expédition le Marquis
de Voyer , Maréchal de Camp , qui étoit à
Wolfembuttel , & on lui donna onze Bataillons ,
trente - fix Piquets , deux Régimens de Cavalerie &
un de Huffards , avec quatre cens chevaux qui
étoient revenus de Brunswick. Le 10 , le Marquis
de Voyer raffembla ſes troupes fur le haut Oker ,
en faifant barrer les chemins pour arrêter tout ce
qui pouvoit avertir l'ennemi de fes difpofitions ,
& le même jour à l'entrée de la nuit , il les fit mar.
cher fur trois colonnes . Celle de la droite , aux
ordres du Comte Turpin , étoit compofée du Régiment
d'Infanterie de royal Baviere ; de celui de
Dumoutier , Cavalerie ; de trois cens Huffards en
avant , de quatre compagnies de Grenadiers , &
de douze Piquets venant de Goflar. Elle déboucha
de Schlad en dirigeant la marche par Stapelnbourg
& Dehrembourg , & elle devoit le porter
vers la porte de Halberstadt qui conduit à Quedlinbourg.
La colonne du centre , commandée par
M. le Marquis de Langeron , étoit formée de deux
Bataillons Autrichiens ; du Régiment de Condé ,
Infanterie ; du Bataillon des Grenadiers de Bergeret
, & du Régiment de Cavalerie de Berry. Cette
colonne , précédée par cent Huffards de Turpin ,
déboucha par Ornebourg , & marcha par Ofterwich
& Zillengen , pour fe rendre à la porte
d'Halberstadt , qui eft en face de ce chemin. Elle
avoit quatre pieces de canon & un pétard pour
faire fauter cette porte. La colonne de la gauche ,
анх
MARS. 178. 193
aux ordres du Marquis de Belzunce , confiftoic en
quatre bataillons de fon Régiment , fix compagnies
de Grenadiers , ving:-quatre Piquets , & les
quatre cens chevaux de Brunfwick . Elle partit
d'Achem , & marcha par la digue de Keendam . Sa
deftination étoit de paffer le ruiffeau d'Oltheim
au deffous d'Halberstadt , & d'en aller mafquer la
porte qui va à Groningue.
Ces trois colonnes déboucherent en même
temps à l'heure marquée , & le Marquis de Voyer
marcha avec celle du centre . Cette colonne &
celle de la gauche rencontrerent en chemin des
glaces qui leur cauferent quelque retard ; la troifieme
arriva devant Halberstadt le r au matin.
Les Pruffiens étoient fort tranquilles , parce qu'une
de leurs patrouilles , qui avoit été juſqu'à Öfterwich
, leur avoit rapporté qu'il n'y avoit rien de
nouveau. Mais une feconde patrouille ayant rencontré
l'avant-garde de M. le Comte Turpin , alla
porter l'allarme à Halberstadt , ce qui obligea les
ennemis à l'abandonner précipitamment , & à
laiffer leur hôpital avec beaucoup d'effets dans
cette Ville. Ils évacuerent en même temps Quedlinbourg
, & fe replierent fur Afcherleben pár la
route de la Sala.
Les fruits de cette expédition font d'avoir fait
entrer des vivres pour fix mois dans le château de
Regenftein, & d'avoir tiré d'Halberstadt deux cens
mille écus à compte des contributions que cette
Ville devoit . M. le Marquis de Voyer a fait diftri
buer aux troupes , par forme de gratification
foixante- dix mille rations de pain que les Pruffiens
n'ont pu emporter. Il a fait brûler un magazin
d'échelles préparées , felon toutes les apparen
ces , pour quelque entrepriſe ſecrete. On a de plus
abattu huit cens toifes du mur qui formoit l'en-
.
}
I -
194 MERCURE DE FRANCE:
ceinte d'Halberstadt : on a brifé & brûlé toutes les
portes de la Ville , & tous les pilaftres qui les fou
tenoient ont été détruits.
M. le Marquis de Voyer eft venu ici rendre
compte de toutes ces opérations à M. le Maréchal
de Richelieu. Ila amené avec lui pour ôtage M.
Dudick , homme de grande confidération dans le
pays ; les deux Chefs de la Régence d'Halberstadt ,
deux Référendaires du Clergé , & le principal Négociant
de laVille. Des deux cens mille écus exigés
à compte , la plus grande partie a été payée
Comptant en efpeces , & l'on a de bons effets pour
la fûreté du refte. Enfin , il nous eft encore venu
gratuitement deux mille cinq cens facs de grains ,
fans préjudice des cent vingt- cinq mille facs qut
étoient promis par la convention , dont l'inexécu
zion a été punie.
M.le Comte Turpin a détruit ou enlévé à Quedlinbourg
tous les magazins que l'ennemi y avoit
formés. Peu de jours après , les Pruffiens ont en
core abandonné Acherſleben , & tous les quartiers
qu'ils occupoient dans le pays. Une grande partie
des traîneurs & des prifonniers qu'on leur a faits ,
ant pris parti dans nas Régimens.
DE KONTSGRATZEN BOHEME , le 27 Janvier.
Depuis le départ du Prince Charles , le Maré
chal Comte de Daun continue de faire fes difpo
fitions , tant pour allurer fes cantonnemens &
faire échouer les entreprifes que les Pruffiens
pourroient tenter de ce côté- ci , que pour fe mettre
en état d'agir lui-même à la premiere occafion.
Le Général Comte Nadaftia fon quartier général
è Leitomiffel. L'armée fe renforce tous les jours ;
Le Royaume feulva fournir dix mille-recrues d'Infanterie.
MAR S. 1758 . 195
Sur l'avis qu'on a eu qu'un corps de Pruffiens
étoit en marche pour tenter une irruption dans la
Siléfie Autrichienne , les troupes de Baviere qui
s'étoient jointes au corps du Général Baron de
Marshal , cantonné aux environs de Welwaren ,
ont eu ordre de fe rendre du côté de Brinn en
Moravie.
Nos Croates ont repouffé vigoureuſement près
de Schatzlar vers Libau , un gros détachement de
Pruffiens , & ils ont fait des prifonniers.
Le corps du Général Marshal eſt dans une pofition
fort avantageufe. Il forme une chaîne qui
s'étend depuis Leitmeritz le long de l'Eger jufqu'à
Saatz ; enforte qu'il peut aifément fe porter en
force fur l'Elbe , & de tel autre côté où il fera
néceffaire.
Nous attendons inceffamment la garnifon de
Lignitz , qui eft en marche pour nous rejoindre.
Quatre mille Croates , à ce qu'on affure , le
font fait jour à travers l'armée ennemie, près do
Breslau , & ont pris la route de Pologne.
La garnifon de Schweidnitz a fait le 13 de Janvier
une vigoureufe fortie fur les troupes Pruffiennes
qui bloquent cette Place. Les ennemis y
ont perdu bien du monde , & le détachement de
la garnifon y eft rentré avec beaucoup de prifonniers
, de vivres , de bagages & de beftiaux.
Les Pruffiens ont fait du côté de Gratz en Styrie
une tentative qui a échouée. Le 15 , vers une
heure après midi , les ennemis au nombre de dixhuit
cens hommes d'Infanterie , & de deux mille
trois cens hommes, tant Cavalerie que Huffards ,
fe mirent en mouvement. Leur avant- garde qui
venoit de Schmirowitz , s'avança jufqu'à une métairie
dont elle s'empara fans peine . Le.refte des
Pruffiens qui s'étoit formé fur la montagne , la
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
defcendit en même temps , & tous enſemble' ils
attaquerent une brafferie fituée au bas de cette
montagne , & qui ferme de ce côté-là l'entrée de
Grátz . Ils avoient laiffé derriere eux fur la hauteur,
de l'artillerie qui , en les protégeant , foudroyoit le
front de l'attaque . Auffi- tôt que M. le Marquis de
Ville , Lieutenant-Général qui commande à Gratz,
avoit vu l'ennemi s'ébranler , il avoit envoyé ordre
au Colonel Simbshon de foutenir la braſſerie . Cet
Officier en conféquence fit occuper par quelques
troupes un jardin , qui eft au deffus de cette brafferie
, & il y plaça du canon qui fut fi bien fervi ,
qu'après une attaque qui dura plus d'une heure ,
les Pruffiens furent forcés de prendre la fuite &
de regagner la montagne. On les pourſuivit autant
qu'il fut poffible , & on leur tua encore ou on leur
bleffa une trentaine d'hommes. Cette retraite précipitée
fe fit avec tant de confufion , qu'ils abandonnerent
leurs morts & leurs bleffés . Leur perte ,
ycompris quelques prifonniers qu'on leur a faits ,
peut fe monter à peu près à quatre cens hommes.
Les Impériaux , de leur côté , n'ont eu que trenteun
bleffés & huit morts. Les Pruffiens qui étoient
partis de Troppau à fix heures du matin , n'y font
rentrés qu'à huit heures du foir : ils n'avoient
laiffé dans cette Ville qu'environ deux cens
hommes.
:
Sur quelques mouvemens faits par les Pruffiens
du côté de la Moravie , & vers les frontieres de la
Hongrie , on a détaché le Général Gaftheim avec
fix mille hommes pour occuper les gorges de Jablunka.
Les Hongrois des Cercles limitrophes
ont en même temps reçu ordre de fe tenir prêts à
monter à cheval au premier avis .
Les exactions que les Pruffiens font dans la Siléfie
Autrichienne , font fi exhorbitantes ; qu'une
MAR S. 17,8 . 197
grande partie des habitans déferte le pays . On
affure que la feule ville de Troppau a été taxée
quatre- vingts mille écus .
DE BREME , le 16 Janvier.
,
M. le Maréchal de Richelieu ayant des avis fûrs .
que les Hanovriens , non contens d'avoir enfreint
la convention de Clofterfeven en renouvellant .
les hoftilités qu'ils s'étoient engagés de ceffer
vouloient encore s'emparer de la ville de Brême, ce
qui nous auroit empêché de foutenir les quartiers
du bas- Aller , & nous auroit ôté la communication
avec l'Ooft - Frife , envoya ordre à M. le Duc
de Broglie de les prévenir. En conféquence cet
Officier Général fit marcher hier un détachement
au village de Hoffelhaufen , pour contenir les ennemis
qui s'y étoient préfentés ; & fur le foir , il
fit fommer les Magiftrats de Brême de recevoir les
troupes de Sa Majefté dans leur Ville . Après une
négociation qui dura jufqu'à dix heures , on lui
remit une porte qui fut occupée par fix compagnies
de Grenadiers . Ce matin M. le Duc de Bro-,
glie eft entré dans la Ville à la tête d'une compagnie
de Grenadiers , pour en impofer à la populace
, qui s'étoit ameutée devant la maifon de.
Ville , pendant que l'on travailloit au logement .
des Troupes. Le tumulte ayant été appaifé par fes
foins , la Garnifon eft entrée , & le logement s'eft.
fait fans aucune difficulté . Le Baron de Wormfer ,
Brigadier d'Infanterie eft refté dans la Ville poury
commander.
Accord fait entre M. le Duc de Broglie & les
Magiftrats de Brême.
Article Premier Comme l'occupation de la
Ville eft faite au nom de Sa Majefté Impériale ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
il s'entend qu'Elle ne fera aucun préjudice à la
liberté & immédiatéité de la Ville & du territoire
y appartenant , & à fes privileges.
Réponse. L'infraction de la Convention de Clofterfeven
étant la ſeule raiſon qui oblige M. le Maréchal-
Duc de Richelieu à s'emparer de la Ville
de Brême , elle ne doit point douter que fa liberté
immédiate & celle de fon territoire , ainfi
que fes privileges , ne foient confervés par Sa
Majefté Impériale.
Article IF. Conféquemment , le Gouvernement ,
la Religion & fon exercice dans les Eglifes Réformées
, ainfi que dans le Dôme , le Commerce ,
tant par terre que par eau l'Etat Politique ,
Eccléfiaftique & Militaire de la Ville , ne fouf
friront aucun changement.
"
Réponse . Accorde. Il fera même donné des
Gardes les jours de Fères , pour la tranquillité
du Service , toutes les fois qu'elles feront de
mandées.
Article III. Les Paffeports donnés par le Sénat,
tant pour les perfonnes que pour les marchan
difes & les hardes , feront refpectés .
Réponse. Accordé.
Article IV. Les fortifications de la Ville de
iheureront en létat préfent , fans aucun changement.
Réponfe. Si on y fait quelques changemens ,
ce fera plutôt pour les améliorer,
Article V. L'Arcenal de la Ville , fes muni
tions , les canons , les magazins à poudre & à
bled , & les attirails de guerre appartenant à
la Ville , refteront entiérement & pleinement à la
Ville.
Réponse. L'Arcenal , les munitions , les canons ,
les magazins à poudre & le magazin à bled , refte
MARS. 175.8. 199
-
ront à Meffieurs de la Ville . Les clefs de l'Arcenal ,
ainfi: que celles des magazins , feront entre les
mains de MM . les Magiftrats : on y mettra feulement
des Gardes , pour la fûreté de ce qui y eft
renfermé.
Article VI. La Ville fera difpenfée de loger des
Troupes Françoifes , qui y monteront la garde
conjointement avec celles de la Ville.
Réponse. On ne logera dans la Ville que la
quantité de Troupes néceffaires pour la fûreté , &
les Magiftrats peuvent être certains que toutes les
précautions feront prifes pour que les logemens
ne foient point à charge.
Article VII. On cédera une ou deux portes
de la Ville aux Troupes Françoifes , qui y montesont
la garde conjointement avec celles de la
Ville.
Réponse. Les Troupes Françoifes monteront la
garde aur portes conjointement avec les Troupes
de la Ville , mais à toutes les portes .
Article VIII. Auffi - tôt que la fituation préfente
des deux armées dans notre voisinage changera les
poftes , les fauxbourgs & le territoire de la Ville
ferant évacués fans aucune prétention ou exécution
, fons quelque prétexte que ce foit.
Réponse. Accordé, dès que les raifons de guerre
ne le demanderont plus. Cet article répond en
mêmetemps à celui qui fuit.
Article IX. Les portes de la Ville , les fauxbourgs
& le territoire feront évacués dans le cas
où le Général de l'armée Françoiſe donnera une
Déclaration qui portera qu'il ne veut plus occuper
la ville de Brême, & qu'il la laiffe jouir de la neu
tralité.
Réponse. Répondu par l'article précédent.
Article X. On ne demandera à la Ville ni por
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tions , ni rations , ni fubfiftances , ni chauffage ;
tout fera payé en argent comptant , fans forcer la
Bourgeoifie à la livraiſon.
Réponse . Tout fera payé en argent comptant
par les Officiers . Pour ce qui eft du chauffage , il
fera néceffaire que les hôtes y pourvoyent , juſqu'à
ce qu'on ait pu faire prendre des arrangemens
par les Commiffaires.
Article XI. Une exacte difcipline fera obfervée.
parmi les Troupes qui feront dans la Ville , dans
les fauxbourgs & le territoire.
Réponse. La meilleure & la plus exacte fera obfervée
; je leur en donne ma parole d'honneur .
Article XII. Leurs Majeftés Impériale & très-
Chrétienne voudront bien procurer la fûreté du
commerce , & garantir la Ville & fon territoire à
la paix prochaine en pleine liberté & immédiatéité
, & Elles ordonneront qu'elle foit dédommagée
de tout ce qu'elle a fouffert pendant cette
guerre.
Réponse. Accordé .
Article XIII. On n'établira dans la Ville ni
dans les fauxbourgs aucun hôpital.
Réponse . Accordé. On établira feulement dans
un des fauxbourgs un hôpital ambulant , pour
donner les premiers fecours aux malades & bleffés
, qu'on fera tranfporter enfuite dans les hôpitaux
de Hoya ou de Verden. Signé , le Duc de
Broglie.
" Au nom du Sénat , D. Smidt , L. Groning , J.
de Meinertshagen , J. Nonnen.
Au nom de la Bourgeoifie , F. H. Kroft , H.
Meyer , Pierre Wichelhaufen , André , J. Trevi-
Sanus.
MA RS. 1758. 201
DE HAMBOURG , le 28 Janvier.
1
2
Toutes les lettres de Léipfick & de Drefde ne.
parlent que des contributions dont l'Electorat de
Saxe eft accablé . Voici le réſultat de ces lettres .
dont on laiffe aux événemens à conftater l'exactitude.
La feule Ville de Léipfick , qui a déja payé
au Roi de Prufle , en efpeces , onze tonnes d'or ,
c'est-à-dire onze cens mille écus , ( fans ce qui lui
en a coûté pour les quartiers & pour l'Hôpital des
Pruffiens, ) a reçu ordre de fournir encore , au plus
tard à la fin du mois , la fomme de huit cents
mille écus , fous peine d'exécution militaire ; ce
qu'on a de la peine à concilier avec la promeffe ,
donnée par écrit de la part du Roi de Pruffe , que
cette Ville , après avoir fatisfait au paiement des
trois cents mille écus éxigés d'elle au mois d'oc
tobre dernier , feroit exempte de toutes autres
contributions . Il eft vrai que cette impofition eft
faite à titre d'emprunt ; mais elle doit être repartie
für les Négocians & les Bourgeois , principalement
fur les Catholiques Romains qui ont déja
contribué aux premieres.
On a fignifié en même temps à la Nobleffe de
Saxe des ordres précis de payer , fans autre délai
le don gratuit de fix cents mille écus qui lui a été '
demandé dès l'année derniere ; & il faut que le
paiement de cette fomme foit fait en trois termes
égaux , dont le dernier eft fixé au 15 février prochain.
L'affemblée des Etats de Saxe convoquée à
Léipfick , n'a encore rien réglé par rapport à l'ad-"
miniſtration des revenus de l'Electorat. Cependant
le Directoire de Torgau a confifqué depuis pen'le
Baillage de Barby qui eft affermé , & le fcellé a
été mis fur les greniers & les magafins publics.
L V
202. MERCURE DE FRANCE
Les exécutions militaires recommencent dans le
Cercle de Mifnie , pour les fournitures de froment
que les Pruffiens en exigent. On ſe ſert de la même
voie pour le recouvrement de tous les deniers
de la Stuer, qui font reftés entre les mains des Redeveurs
particuliers . Le cercle de Neuftadt eft obligé
de fournir , pour les Troupes du Maréchaf
Keith, cent foixante- cinq mille mefures de farine,
& cinquante- cinq mille cinq cens rations. Enfin
le chapitre de Merfebourg eft taxé à foixante- dix
mille écus , fans avoir pu obtenir de modération.
DE FRANCFORT , le 25 Janvier.
Un détachement Pruffien de cent cinquante
hommes , commandé рак le Partiſan Meyer , arriva
le 20 de ce mois à Niſchwitz , châtean appartenant
au Comte de Brulh , premier Miniftre :
de Sa Majefté Polonoife. Ce Partifan fit auffi-tôt
fonner le tocfia , pour affembler les Payfans du
Village & des environs ; enfuite il leur ordonna ,
fous peine d'exécution militaire , de fer rendre le
lendemain au château , avec des hâches , des -leviers
, des pelles & autres inftrumens ſemblables.
Ces ordres donnés , le détachement s'occupa le
refte du jour & toute la nuit à démeubler les appartemens
, ce qui ne fe fit pas fans pillage. Le
lendemain 21 , plus de deux cents Payfans s'étant'
rendus à l'heure marquée au château , le Partiſan
Meyer les obligea d'en brifer toutes les portes &
fenêtres , d'enfoncer les plafonds & les planchers ,
d'abattre les toits , de renverfer les efcaliers , les
cloiſons , les murs intérieurs , &c. ce qu'il fit faire
avec tant d'activité , qu'en moins de fix heures il
ne refta que la carcaffe du bâtiment . L'orangerie
& les jardins furent traités de même. Toutes les
allées furent coupées , les charmilles détruites ,
MAR S. 1758. 203
les bofquets & les paliffades arrachés ou brûlés ,
& plufieurs milliers d'arbres fruitiers fciés à un
demi- pied de terre. Après la deftruction da chatdau
, on alla piller les fermes & leurs dépendances
. qui ne furent garanties d'une ruine totale
qu'en payant fept mille florins au Partifan. Tous
les effets du château ont été conduits à Halle.
Le même jour, le magnifique château de Pforten
, dans la Luface , appartenant encore au Comte
de Brulh , fut mis au même état que celui de
Nifchwitz , par un détachement de Huffards dur
Régiment de Seckely.
DE DANTZICH , le 26 Janvier.
La marche des Ruffiens eft certaine. Uhe colonne
de leurs troupes d'environ dix mille hommes
, aux ordres du Général Romanzow , a paſſe
Tilfit & s'eft portée für Konigfberg. On affure
même que la garnifon de cette Ville , ainfi que
celle de Pillau , s'eft retirée , après avoir encloué
le canon qu'elle n'a pu emporter , & que les Magiftrats
de Konigsberg ont député au Général Fermer,
pour régler la Capitulation. On ajoute que
les Ruffiens obfervent partout la plus exacte difcipline.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En janvier 1758, les Prussiens déplacèrent des troupes de Magdebourg à Halberstadt, permettant aux habitants de refuser les contributions en argent et les fournitures de grains. Le maréchal de Richelieu envoya le marquis de Voyer avec onze bataillons, trente-six piquets, deux régiments de cavalerie et un de hussards, ainsi que quatre cents chevaux revenus de Brunswick, pour chasser les Prussiens. Le 10 janvier, le marquis de Voyer rassembla ses troupes sur le haut Oker et les fit marcher en trois colonnes vers Halberstadt. La colonne de droite, sous les ordres du comte Turpin, se dirigea vers la porte de Halberstadt menant à Quedlinbourg. La colonne du centre, commandée par le marquis de Langeron, se dirigea vers une autre porte de Halberstadt. La colonne de gauche, sous les ordres du marquis de Belzunce, devait passer le ruisseau d'Oltheim pour masquer une porte d'Halberstadt. Les trois colonnes débouchèrent simultanément, mais la colonne du centre et celle de gauche rencontrèrent des glaces, causant un retard. La colonne de droite arriva devant Halberstadt au matin et alerta les Prussiens, qui abandonnèrent précipitamment Halberstadt et Quedlinbourg, laissant leur hôpital et des effets. Les Français entrèrent dans Halberstadt, ravitaillèrent le château de Regenstein pour six mois et obtinrent deux cents mille écus à titre de contribution. Le marquis de Voyer distribua des rations de pain aux troupes et détruisit un magasin d'échelles et des parties des fortifications de la ville. Il ramena également des otages, dont M. Dudick, et des chefs de la régence d'Halberstadt. Les Prussiens abandonnèrent ensuite Achersleben et d'autres quartiers occupés. En Bohême, le maréchal comte de Daun préparait ses troupes pour contrer les Prussiens. Les Croates repoussèrent un détachement prussien près de Schatzlar, et la garnison de Schweidnitz fit une sortie contre les troupes prussiennes qui la bloquaient. Les Prussiens tentèrent une attaque près de Gratz, mais furent repoussés avec des pertes importantes. À Brême, le maréchal de Richelieu envoya le duc de Broglie pour empêcher les Hanovriens de s'emparer de la ville. Après une négociation, les magistrats de Brême acceptèrent de recevoir les troupes françaises. Un accord fut signé, garantissant la liberté et les privilèges de la ville, ainsi que la cohabitation des troupes françaises et locales. Les troupes françaises ne demanderont ni provisions ni chauffage à la ville, tout sera payé en argent comptant. Une discipline stricte sera observée parmi les troupes. Les Majestés Impériale et très-Chrétienne garantiront la sûreté du commerce et dédommageront la ville pour les souffrances endurées pendant la guerre. Aucun hôpital ne sera établi dans la ville, sauf un hôpital ambulant dans un faubourg pour les premiers secours. L'Électorat de Saxe subissait des contributions lourdes imposées par le Roi de Prusse, notamment à Leipzig, qui a déjà payé onze cents mille écus et doit en fournir huit cents mille de plus. La noblesse de Saxe doit également payer six cents mille écus en trois termes. Les exécutions militaires reprennent dans le Cercle de Misnie pour les fournitures de froment. Un détachement prussien a détruit le château de Nischwitz appartenant au Comte de Brulh, premier ministre de la Majesté Polonoise, et a pillé les fermes environnantes. La marche des Russes vers Königsberg est également confirmée, avec une colonne de dix mille hommes aux ordres du Général Romanzow.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
203
p. 193-197
ALLEMAGNE.
Début :
Ce qu'on sçait ici de certain des marches & des mouvements des Prussiens [...]
Mots clefs :
Prague, Mouvements des troupes, Prusse, Attaques, Ennemis, Postes militaires, Feld-maréchal, Colonel, Officiers, Hanau, Évacuation, Artillerie, Düsseldorf, Duc de Broglie, Bataillons, Troupes, Bautzen, Troupes autrichiennes, Wesel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE PRAGUE , le 3 Avril.
Ce qu'on fçait ici de certain des marches & des
E
mouvemens des Pruffiens en Siléfie , fe réduit au
détail fuivant. Le Roi arriva le 17 Mars de Breſlau
à Landshut ; il alla le 19 à Criffau , & le lendemain
il y transféra fon Quartier Général . Ses
Troupes font partagées en trois Corps . L'un d'environ
vingt -cinq mille hommes eft campé entre
Frauftad & Glogau , près des frontieres de Pologne
, pour obferver les mouvemens de l'armée ,
Ruffienne. Il y a dans la Haute Siléfie un autre
Corps deftiné à agir du côté de la Moravie. Le
troiſieme Corps eft dans la Luface , pour affurer
la communication entre la Saxe & la Siléfie . Ce
dernier fait partie de l'armée que le Roi commande
en perfonne , & qui eft forte , à ce qu'on prétend
, de plus de cinquante mille hommes.
ce ,
Les premiers pas des Pruffiens ont été dirigés
vers le Comté de Glatz. Ils s'y font portés en forpour
faire abandonner ce canton au Général
Janhus , & s'étendre eux- mêmes de ce côté- là ;
ce qui leur a réuffi . Leur grande fupériorité a obligé
le Général Janhus de fe replier , fuivant les
ordres qu'il en avoit , fur Mittelwalde , & delà
fur Senftenberg ; mais ce n'a pas été fans coup
I
194 MERCURE DE FRANCE.
férir. L'ennemi dans cette retraite , a¨efſuyé un
feu continuel , qui lui a fait perdre bien du monde.
Les Pruffiens depuis ont fait occuper Grulick
par cinq mille hommes d'Infanterie & quelques
chevaux. De là ils ont fait des excurſions jufqu'à
Wigftatl , & ont pillé le canton . Cependant , foit
qu'ils ayent eu avis des difpofitions qui fe faifoient
pour les recevoir vigoureufement , s'ils étoient
avancés vers nos frontieres , foit qu'ils ayent voulu
prévenir le débordement des eaux qui leur eût
coupé la retraite , s'ils avoient été attaqués , ils
n'ont pas gardé longtemps ce pofte. Dès le 25 ;
ils revinrent à Mittelwalde , ils marcherent enfuite
fur Schonfeld , pafferent Habetſchwerd , &
prirent de nouveau pofte à Ullerfdorff. Le Corps
entiers des Prufhiens , dont on croit que le véri
table objet étoit d'enlever le magafin que nous
avons à Leutomyffel , étoit , au rapport de leurs
Déferteurs , de quinze à feize mille hommes. Il
étoit commandé par le Général de la Mothe-Fon
quet , le Prince François de Brunſwick & le Gée
néral Putkammer.
L'ennemi continue de fe renforcer du côté de
Landshut. Il fe retranche auffi à Liébeau & à
Schoenberg.
Les poftes que les Pruffiens ont du côté de
Braunau vers les frontieres de la Siléfie , ont déja
tenté plufieurs fois de furprendre nos poftes avancés
; mais ils ont toujours été repouflés avec
perte,
L'armée du Feld- Maréchal Comte de Daun
s'eft miſe en marche le 24 , & s'avance du côté
de Braunau.
Les Pruffiens ayant échoué dans la tentative
qu'ils ont faite pour pénétrer dans ce Royaume
par Grulick , en ont fait depuis une nouvelle du
M. A I. 1758. 195
tôté de Reinerts. Le Prince François de Brunfwick,
avec un Corps de quatre mille hommes ,
s'eft porté le 28 Mars fur ce dernier pofte , &
après s'être formé fur les hauteurs dont la Place
eft environnée , il a fait attaquer par deux côtés
différens un Détachement de nos Troupes légeres
qui en formoit la Garnifon . L'Officier qui le commandoit
, étant obligé de céder à la fupériorité
de l'ennemi , fit fa retraite en fi bon ordre , qu'on
ne put jamais entamer fa Troupe , quoique les
Pruffiens l'attaquaffent à la fois par quatre côtés.
Une autre Compagnie de nos Troupes légeres
vint à fon fecours , & le Colonel de Zettwitz ,
qui commande dans ces quartiers -là , s'avança ,
pour la foutenir , avec quatre Compagnies des
mêmes Troupes. Le fen de part & d'autre fut trèsvif
; mais enfin les ennemis furent obligés de fe
replier avec perte , & de fe retirer par Ruckers.
Hs font prefque tous les jours de pareilles tentatives
, pour furprendre de petits poftes fur la frontiere
, & il s'y fait de continuelles eſcarmouches.
DE HANAU , le 2 Avril.
>
L'évacuation de Hanau , que toutes les difpefitions
des François avoient annoncée , ne paroît
rien moins que prochaine. Le Comte de Lorges
qui y commande , a reçu depuis peu ordre d'y
refter avec la Garniſon , & de s'y fortifier. On a
repris en conféquence , dès le jour de Pâques , les
travaux avec plus d'activité que jamais . Toutes les
Troupes , l'artillerie & les munitions , qui depuis
le 26 Mars marchoient vers le Rhin , reviennent
fur leurs pas ; la Garniſon eſt même augmentée
de deux Bataillons , & l'on garnit de canon les
remparts.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
DE DUSSELDORP , les Avril.
Les Troupes aux ordres du Duc de Broglie vont
paffer fucceffivement le Rhin , &, feront bientôt
toutes raffemblées dans ces quartiers- ci . Elles font
partagées en deux colonnes , dont chacune mar
che en trois Divifions . La premiere Divifion de la
Colonne de la droite , eft compofée des quatre
Bataillons du Régiment du Roi , & des dix Efcadrons
des Carabiniers ; la feconde , de l'artillerie
, des deux Bataillons de Dauphin , & de la
Brigade Impériale de trois Bataillons ; la troifieme
, des deux Bataillons de Touraine , de deux
Efcadrons de Montcalm , & des Grenadiers de
cette Colonne. Les trois Divifions de la Colonne
de la gauche , confiftent 1 ° , en deux Bataillons
de Provence , un de Foix , un de Tournaifis , un
de la Marck , deux de Rochefort , & deux de Planta.
2°. Deux de Caftellas , deux de Diefback , deux
Efcadrons de Royal Allemand , deux de Naffau ,
& deux de Poly. 3 °. Deux Bataillons de Vaubecourt
, un de Royal Lorraine , avec les Grenadiers
de cette Colonne , & fix Eſcadrons des Huf.
fards Impériaux de Czeczeni.
•
Une partie de ces Troupes étoit fortie de Soeft
le 28 du mois de Mars à midi , & elles étoient à
peine à quatre cents pas de la Ville , lorfque des
Huffards Pruffiens Noirs & Jaunes , fe montrerent
avec quelques Chaffeurs. Les Huffards de Czeczeni
les chargerent , & les repoufferent le fabre à
la main jufques fous les remparts de Soeft . Il y a
eu dans ce choc de part & d'autre environ quarante
hommes tués ou bleffés , & à peu près au
tant de chevaux. Le Marquis de Loftanges , Colonel
des Cuiraffiers , qui voulut être de la partie ,
a eu fon cheyal tué fous lui.
MA I. 1758. 197
DE BAUTZEN , dans la Haute Luface ,
le 27 Mars.
Il eft arrivé dans ces cantons un Corps de Trou
pes Autrichiennes aux ordres du Général de Sincere.
Ce Général vient d'établir des poftes de
communication avec la Boheme , & avec l'armée
du Comte de Daun . Par la pofition qu'il a prife ,
il est en même temps à portée de troubler de ce
côté- là les communications entre l'armée Pruffienne
& la Saxe. Un Détachement de Huffards ,
qui fut envoyé il y a quelques jours à la décou
-verte , s'eft avancé jufqu'à Cotbus , eft entré dans
cette Ville , a enlevé la Caiffe que le Roi de Pruffe
y faifoit garder , & s'eft retiré fans obſtacle avec ·
fon butin.
DE WESEL , le 12 Avril .
Les Troupes qui font cantonnées felon l'ordre
de bataille , peuvent fe raffembler en deux fois
vingt- quatre heures , & elles s'occupent avec fuc
cès de leurs réparations. Plufieurs Régimens font
déja complets , avec le fecours des Miliciens qui
y ont été incorporés . Chaque Officier Général eft
avec la Divifion dont le commandement lui eft
deftiné pour la campagne prochaine , & veille par
ce moyen au rétabliffement de la difcipline . Ainfi
il y a lieu d'efpérer que dans peu de temps , notre
armée fe trouvera en auffi bon état qu'elle étoit ,
il y a un an , avant que de paffer le Rhin.
DE PRAGUE , le 3 Avril.
Ce qu'on fçait ici de certain des marches & des
E
mouvemens des Pruffiens en Siléfie , fe réduit au
détail fuivant. Le Roi arriva le 17 Mars de Breſlau
à Landshut ; il alla le 19 à Criffau , & le lendemain
il y transféra fon Quartier Général . Ses
Troupes font partagées en trois Corps . L'un d'environ
vingt -cinq mille hommes eft campé entre
Frauftad & Glogau , près des frontieres de Pologne
, pour obferver les mouvemens de l'armée ,
Ruffienne. Il y a dans la Haute Siléfie un autre
Corps deftiné à agir du côté de la Moravie. Le
troiſieme Corps eft dans la Luface , pour affurer
la communication entre la Saxe & la Siléfie . Ce
dernier fait partie de l'armée que le Roi commande
en perfonne , & qui eft forte , à ce qu'on prétend
, de plus de cinquante mille hommes.
ce ,
Les premiers pas des Pruffiens ont été dirigés
vers le Comté de Glatz. Ils s'y font portés en forpour
faire abandonner ce canton au Général
Janhus , & s'étendre eux- mêmes de ce côté- là ;
ce qui leur a réuffi . Leur grande fupériorité a obligé
le Général Janhus de fe replier , fuivant les
ordres qu'il en avoit , fur Mittelwalde , & delà
fur Senftenberg ; mais ce n'a pas été fans coup
I
194 MERCURE DE FRANCE.
férir. L'ennemi dans cette retraite , a¨efſuyé un
feu continuel , qui lui a fait perdre bien du monde.
Les Pruffiens depuis ont fait occuper Grulick
par cinq mille hommes d'Infanterie & quelques
chevaux. De là ils ont fait des excurſions jufqu'à
Wigftatl , & ont pillé le canton . Cependant , foit
qu'ils ayent eu avis des difpofitions qui fe faifoient
pour les recevoir vigoureufement , s'ils étoient
avancés vers nos frontieres , foit qu'ils ayent voulu
prévenir le débordement des eaux qui leur eût
coupé la retraite , s'ils avoient été attaqués , ils
n'ont pas gardé longtemps ce pofte. Dès le 25 ;
ils revinrent à Mittelwalde , ils marcherent enfuite
fur Schonfeld , pafferent Habetſchwerd , &
prirent de nouveau pofte à Ullerfdorff. Le Corps
entiers des Prufhiens , dont on croit que le véri
table objet étoit d'enlever le magafin que nous
avons à Leutomyffel , étoit , au rapport de leurs
Déferteurs , de quinze à feize mille hommes. Il
étoit commandé par le Général de la Mothe-Fon
quet , le Prince François de Brunſwick & le Gée
néral Putkammer.
L'ennemi continue de fe renforcer du côté de
Landshut. Il fe retranche auffi à Liébeau & à
Schoenberg.
Les poftes que les Pruffiens ont du côté de
Braunau vers les frontieres de la Siléfie , ont déja
tenté plufieurs fois de furprendre nos poftes avancés
; mais ils ont toujours été repouflés avec
perte,
L'armée du Feld- Maréchal Comte de Daun
s'eft miſe en marche le 24 , & s'avance du côté
de Braunau.
Les Pruffiens ayant échoué dans la tentative
qu'ils ont faite pour pénétrer dans ce Royaume
par Grulick , en ont fait depuis une nouvelle du
M. A I. 1758. 195
tôté de Reinerts. Le Prince François de Brunfwick,
avec un Corps de quatre mille hommes ,
s'eft porté le 28 Mars fur ce dernier pofte , &
après s'être formé fur les hauteurs dont la Place
eft environnée , il a fait attaquer par deux côtés
différens un Détachement de nos Troupes légeres
qui en formoit la Garnifon . L'Officier qui le commandoit
, étant obligé de céder à la fupériorité
de l'ennemi , fit fa retraite en fi bon ordre , qu'on
ne put jamais entamer fa Troupe , quoique les
Pruffiens l'attaquaffent à la fois par quatre côtés.
Une autre Compagnie de nos Troupes légeres
vint à fon fecours , & le Colonel de Zettwitz ,
qui commande dans ces quartiers -là , s'avança ,
pour la foutenir , avec quatre Compagnies des
mêmes Troupes. Le fen de part & d'autre fut trèsvif
; mais enfin les ennemis furent obligés de fe
replier avec perte , & de fe retirer par Ruckers.
Hs font prefque tous les jours de pareilles tentatives
, pour furprendre de petits poftes fur la frontiere
, & il s'y fait de continuelles eſcarmouches.
DE HANAU , le 2 Avril.
>
L'évacuation de Hanau , que toutes les difpefitions
des François avoient annoncée , ne paroît
rien moins que prochaine. Le Comte de Lorges
qui y commande , a reçu depuis peu ordre d'y
refter avec la Garniſon , & de s'y fortifier. On a
repris en conféquence , dès le jour de Pâques , les
travaux avec plus d'activité que jamais . Toutes les
Troupes , l'artillerie & les munitions , qui depuis
le 26 Mars marchoient vers le Rhin , reviennent
fur leurs pas ; la Garniſon eſt même augmentée
de deux Bataillons , & l'on garnit de canon les
remparts.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
DE DUSSELDORP , les Avril.
Les Troupes aux ordres du Duc de Broglie vont
paffer fucceffivement le Rhin , &, feront bientôt
toutes raffemblées dans ces quartiers- ci . Elles font
partagées en deux colonnes , dont chacune mar
che en trois Divifions . La premiere Divifion de la
Colonne de la droite , eft compofée des quatre
Bataillons du Régiment du Roi , & des dix Efcadrons
des Carabiniers ; la feconde , de l'artillerie
, des deux Bataillons de Dauphin , & de la
Brigade Impériale de trois Bataillons ; la troifieme
, des deux Bataillons de Touraine , de deux
Efcadrons de Montcalm , & des Grenadiers de
cette Colonne. Les trois Divifions de la Colonne
de la gauche , confiftent 1 ° , en deux Bataillons
de Provence , un de Foix , un de Tournaifis , un
de la Marck , deux de Rochefort , & deux de Planta.
2°. Deux de Caftellas , deux de Diefback , deux
Efcadrons de Royal Allemand , deux de Naffau ,
& deux de Poly. 3 °. Deux Bataillons de Vaubecourt
, un de Royal Lorraine , avec les Grenadiers
de cette Colonne , & fix Eſcadrons des Huf.
fards Impériaux de Czeczeni.
•
Une partie de ces Troupes étoit fortie de Soeft
le 28 du mois de Mars à midi , & elles étoient à
peine à quatre cents pas de la Ville , lorfque des
Huffards Pruffiens Noirs & Jaunes , fe montrerent
avec quelques Chaffeurs. Les Huffards de Czeczeni
les chargerent , & les repoufferent le fabre à
la main jufques fous les remparts de Soeft . Il y a
eu dans ce choc de part & d'autre environ quarante
hommes tués ou bleffés , & à peu près au
tant de chevaux. Le Marquis de Loftanges , Colonel
des Cuiraffiers , qui voulut être de la partie ,
a eu fon cheyal tué fous lui.
MA I. 1758. 197
DE BAUTZEN , dans la Haute Luface ,
le 27 Mars.
Il eft arrivé dans ces cantons un Corps de Trou
pes Autrichiennes aux ordres du Général de Sincere.
Ce Général vient d'établir des poftes de
communication avec la Boheme , & avec l'armée
du Comte de Daun . Par la pofition qu'il a prife ,
il est en même temps à portée de troubler de ce
côté- là les communications entre l'armée Pruffienne
& la Saxe. Un Détachement de Huffards ,
qui fut envoyé il y a quelques jours à la décou
-verte , s'eft avancé jufqu'à Cotbus , eft entré dans
cette Ville , a enlevé la Caiffe que le Roi de Pruffe
y faifoit garder , & s'eft retiré fans obſtacle avec ·
fon butin.
DE WESEL , le 12 Avril .
Les Troupes qui font cantonnées felon l'ordre
de bataille , peuvent fe raffembler en deux fois
vingt- quatre heures , & elles s'occupent avec fuc
cès de leurs réparations. Plufieurs Régimens font
déja complets , avec le fecours des Miliciens qui
y ont été incorporés . Chaque Officier Général eft
avec la Divifion dont le commandement lui eft
deftiné pour la campagne prochaine , & veille par
ce moyen au rétabliffement de la difcipline . Ainfi
il y a lieu d'efpérer que dans peu de temps , notre
armée fe trouvera en auffi bon état qu'elle étoit ,
il y a un an , avant que de paffer le Rhin.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1758, les mouvements des troupes prussiennes en Silésie sont minutieusement rapportés. Le roi de Prusse a déplacé son quartier général à Criffau après être arrivé de Breslau. Les troupes prussiennes sont organisées en trois corps : un près des frontières de Pologne, un autre en Haute Silésie pour agir vers la Moravie, et le troisième en Lusace pour sécuriser les communications entre la Saxe et la Silésie. Ce dernier corps fait partie de l'armée personnelle du roi, forte de plus de cinquante mille hommes. Les Prussiens ont d'abord avancé vers le Comté de Glatz, forçant le général Janhus à se replier après des combats intenses. Ils ont ensuite occupé Grulick et effectué des raids jusqu'à Wigstatt, avant de se retirer vers Mittelwalde et Ullersdorff. Leur objectif semblait être de capturer un magasin à Leutomyßel. Les Prussiens renforcent leurs positions à Landshut, Liebau et Schoenberg, tentant régulièrement de surprendre les postes avancés français, mais sont souvent repoussés. L'armée du feld-maréchal Comte de Daun se dirige vers Braunau. Par ailleurs, les Prussiens ont tenté de pénétrer en royaume par Reinerts, mais ont été repoussés par les troupes légères françaises. Des escarmouches continues ont lieu le long de la frontière. À Hanau, l'évacuation annoncée des troupes françaises n'a pas eu lieu. Le comte de Lorges a reçu l'ordre de rester et de fortifier la ville. Les travaux de renforcement des remparts ont repris avec vigueur. Les troupes du duc de Broglie passent le Rhin et se rassemblent près de Düsseldorf. Elles sont divisées en deux colonnes, chacune en trois divisions, prêtes pour la campagne prochaine. Une escarmouche a eu lieu près de Soest entre les hussards français et prussiens, résultant en des pertes des deux côtés. En Haute Lusace, un corps de troupes autrichiennes sous le général Sincere a établi des postes de communication avec la Bohême et l'armée du comte de Daun, perturbant ainsi les communications prussiennes. Un détachement de hussards autrichiens a également capturé une caisse royale à Cottbus. Les troupes cantonnées à Wesel se préparent activement pour la campagne prochaine, avec des régiments complets et une discipline rétablie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
204
p. 195-199
ALLEMAGNE.
Début :
Les Prussiens avoient établi vis-à-vis de l'isle de Rugen, près de [...]
Mots clefs :
Stralsund, Prussiens, Artillerie, Contribution financière, Ratisbonne, Recrutement, Violence, Hambourg, Diminution des contributions, Poméranie, Armée impériale, Quartier général, Silésie, Troupes, Ennemi, Combats, Colonel, Mouvements des troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE STRALSUND , le 9 Avril. 9.
Les Pruffiens avoient établi vis- à - vis de l'iſle de
Rugen , près de Stahlbroë , une batterie qui incommodoit
beaucoup les Suédois . Ceux -ci ayant
pris la réfolution de la détruire , firent partir le 2
du mois d'Avril de Danholm , à un quart de lieue
de cette Ville , plufieurs bâtimens plats chargés
d'artillerie. La canonnade , qui fut très- vive de
part & d'autre , dura depuis cinq heures jufqu'à
neuf heures du matin , & les Suédois font venus à
bout de ruiner entiérement cette batterie.
Depuis les détachemens que les Pruffiens ont
été obligés de faire , pour s'opposer aux progrès
des Ruffiens , ils n'ont plus ici que quinze ou feize
mille hommes. Ainfi les Suédois fe difpofent à
quitter inceffamment l'ifle de Rugen & Stralfund ,
pour pénétrer une feconde fois dans la Poméranie
Pruffienne.
par
Malgré les affurances par écrit , données
le Maréchal de Lehwald aux Etats de la Poméra
nie Suédoife , qu'il ne feroit exigé d'eux aucune
autre contribution que celle qu'ils ont déja
payée , le Comte de Dohna , qui a pris le commandement
de l'armée Pruffienne , leur demande
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
encore foixante mille écus , & une certaine quantité
de bled .
DE RATISBONNE , le 7 Avril.
On écrit de Reftock , que le 28 du mois de
Mars , les Pruffiens ayant empêché d'ouvrir les
portes de la Ville , commencerent de grand matin
à vifiter toutes les maifons , & enleverent indiftinctement
tous ceux qui leur parurent propres
à porter les armes. La vifite dura jufqu'à neufheures
, & quantité de Négocians fe trouvant compris
dans le nombre de ces recrues bourgeoiles de
nouvelle efpece , la confternation fut générale .
Cependant les cris des femmes , des enfans & du
peuple , obligerent le Commandant Pruffien à
faire relâcher plufieurs hommes d'un âge avancé ;
mais ce ne fut qu'en leur déclarant qu'aucun d'eux
ne feroit exempt d'entrer au fervice du Roi de
Pruffe , à moins qu'il ne fût remplacé par un autre
en état de fervir. Comme à cette premiere vifite
, on ne put faire affez de recrue pour completter
le nombre auquel les Pruffiens ont taxé
cette Ville , la nuit fuivante ils recommencerent
à faire de nouvelles recherches , & ils s'emparerent
encore d'un grand nombre d'habitans,
DE HAMBOURG , le 19 Avril.
L'impoffibilité où le trouvent les habitans du
Duché de Mecklenbourg , de payer les contributions
en argent qui leur ont été impofées , a enfia
été reconnue , & le Roi de Pruffe en conféquence
, a permis d'accorder une diminution de
cinq cens mille écus .
Les Troupes Pruffiennes répandues dans ce mê
JUIN. 1758. 197
me Etat , vont l'évacuer , pour se rendre à l'armée
de Poméranie , qui a befoin de renforts . Le
détachement qui bloquoit la ville de Schwerin
étoit déja retiré le 13 .
Tous les avis qui viennent de Pomeranie , marquent
que les Pruffiens fortifient confidérablement
Stettin , & que par ordre du Roi de Pruffe , on
coupe dans les forêts voifines quarante mille paliffades
, pour être tranfportées dans cette Ville.
Du Quartier général de l'Armée Impériale
fur les frontieres de Silefie , le 18 Avril.
Une colonne de Troupes Pruffiennes , aux or
dres du Général de la Mothe.Fouquet , compofée
d'environ fix mille hommes , Infanterie , Cavalerie
& Huffards , s'eft portée de Winfchelbourg à
Braunau , & s'eft emparé de ce pofte , où nous
n'avions qu'un détachement de cent cinquante
hommes , pour obferver les mouvemens de l'ennemi
, & en donner avis fur le champ , avec ordre
de fe retirer , s'il s'avançoit avec des forces
fupérieures. Cette colonne à été bientôt ſuivie
d'un corps d'environ trois mille hommes qui ont
marché de Friedland à Ruppersdorff. Un détachement
de ce corps obligea d'abord nos poftes avancés
de fe replier fur une redoute établie à portée
de Podifch ; mais à l'arrivée de deux cens Huffards
qui venoient relever ces poftes , les ennemis
furent contraints de fe retirer eux-mêmes
jufqu'à Ruppersdorff. Les ennemis dans ce petit
choc n'ont perdu que neuf hommes tués , & deux
faits prifonniers ; mais le nombre de leurs bleffés
doit être plus grand . Nous y avons eu deux foldats
tués , un Lieutenant & onze hommes bleffés ,
& le fieur de Fourar , Lieutenant- Colonel du Ré-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
giment de Huffards de l'Empereur , ayant eu fon
cheval tué fous lui , a été fait priſonnier , ainfi
que quatre foldats qui venoient pour le dégager.
Le 8 Avril , le Colonel Pruffien le Noble , avec
un bataillon de Volontaires & deux Efcadrons de
Huffards , ayant tout-à-coup débouché d'un bois ,
attaqua vigoureufement nos poftesavancés d'Halbftadt.
La fupériorité du nombre obligea d'abord
les nôtres à fe replier jufqu'à une redoute qui était
hors de portée. Mais le Général Laundon , commandant
dans cette partie , fit fur le champ des
difpofitions qui arrêterent les Pruffiens . Un détachement
de Huffards , foutenu par des Croates ,
tomba rapidement le fabre à la main fur les ennemis
, & les obligea de fe replier eux- mêmes avec
la plus grande précipitation. Les Pruffiens , protégés
par un feu très-vif, tâcherent de regagner
le bois , & d'y reprendre pofte ; mais les Croates
les ayant tournés , les en empêcherent , & les re
menerent battant jufqu'à Halbftadt.
Pendant cette action , un autre détachement
Pruffien , compofé d'Infanterie & de Cavalerie ,
fit la même tentative du côté de Dieterbaſch ;
mais le Général Laundon y pourvut encore , &
l'ennemi fut repouffé avec perte.
Enfin le lendemain , un troifieme corps de
Pruffiens venant de Schwartzwaffer , voulut pénétrer
du côté de Schatzlar ; mais il n'ofa rien
entreprendre , parce que le pofte que nous y
avions , lui parut bien difpofé à le recevoir , & il
s'en retourna comme il étoit venu .
Depuis , le corps du Colonel le Noble , renfor
cé de trois bataillons de Grenadiers , parut vouloir
de nouveau forcer une redoute que nous avions
établie à Potifch. Cependant cette expédition fe
borna à détacher quelques troupes , pour débar
JUIN. 1758. 199
raffer les environs de Hutberg des abbatis qu'on
y avoit faits ; & le pofte que nous y avions , fe
défendit avec tant de vigueur , que l'ennemi fut
contraint d'abandonner l'entreprife. Ainfi toute
la troupe rentra dans fes quartiers à Dieterſbach ,
& travailla fur le champ à fe retrancher près d'une
ferme à portée de-là. La nuit fuivante , le Général
Laundon fit attaquer par les Croates le retranchement
des Pruffiens , & l'ennemi , après quelque
perte , fut encore obligé de fe retirer .
On vient d'apprendre que la ville de Schweidnitz
s'eft rendue aux ennemis , la nuit du 16 au
17 du mois d'Avril , aux mêmes conditions qu'elle
s'étoit rendue ci -devant aux troupes de l'Impératrice-
Reine.
DE STRALSUND , le 9 Avril. 9.
Les Pruffiens avoient établi vis- à - vis de l'iſle de
Rugen , près de Stahlbroë , une batterie qui incommodoit
beaucoup les Suédois . Ceux -ci ayant
pris la réfolution de la détruire , firent partir le 2
du mois d'Avril de Danholm , à un quart de lieue
de cette Ville , plufieurs bâtimens plats chargés
d'artillerie. La canonnade , qui fut très- vive de
part & d'autre , dura depuis cinq heures jufqu'à
neuf heures du matin , & les Suédois font venus à
bout de ruiner entiérement cette batterie.
Depuis les détachemens que les Pruffiens ont
été obligés de faire , pour s'opposer aux progrès
des Ruffiens , ils n'ont plus ici que quinze ou feize
mille hommes. Ainfi les Suédois fe difpofent à
quitter inceffamment l'ifle de Rugen & Stralfund ,
pour pénétrer une feconde fois dans la Poméranie
Pruffienne.
par
Malgré les affurances par écrit , données
le Maréchal de Lehwald aux Etats de la Poméra
nie Suédoife , qu'il ne feroit exigé d'eux aucune
autre contribution que celle qu'ils ont déja
payée , le Comte de Dohna , qui a pris le commandement
de l'armée Pruffienne , leur demande
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
encore foixante mille écus , & une certaine quantité
de bled .
DE RATISBONNE , le 7 Avril.
On écrit de Reftock , que le 28 du mois de
Mars , les Pruffiens ayant empêché d'ouvrir les
portes de la Ville , commencerent de grand matin
à vifiter toutes les maifons , & enleverent indiftinctement
tous ceux qui leur parurent propres
à porter les armes. La vifite dura jufqu'à neufheures
, & quantité de Négocians fe trouvant compris
dans le nombre de ces recrues bourgeoiles de
nouvelle efpece , la confternation fut générale .
Cependant les cris des femmes , des enfans & du
peuple , obligerent le Commandant Pruffien à
faire relâcher plufieurs hommes d'un âge avancé ;
mais ce ne fut qu'en leur déclarant qu'aucun d'eux
ne feroit exempt d'entrer au fervice du Roi de
Pruffe , à moins qu'il ne fût remplacé par un autre
en état de fervir. Comme à cette premiere vifite
, on ne put faire affez de recrue pour completter
le nombre auquel les Pruffiens ont taxé
cette Ville , la nuit fuivante ils recommencerent
à faire de nouvelles recherches , & ils s'emparerent
encore d'un grand nombre d'habitans,
DE HAMBOURG , le 19 Avril.
L'impoffibilité où le trouvent les habitans du
Duché de Mecklenbourg , de payer les contributions
en argent qui leur ont été impofées , a enfia
été reconnue , & le Roi de Pruffe en conféquence
, a permis d'accorder une diminution de
cinq cens mille écus .
Les Troupes Pruffiennes répandues dans ce mê
JUIN. 1758. 197
me Etat , vont l'évacuer , pour se rendre à l'armée
de Poméranie , qui a befoin de renforts . Le
détachement qui bloquoit la ville de Schwerin
étoit déja retiré le 13 .
Tous les avis qui viennent de Pomeranie , marquent
que les Pruffiens fortifient confidérablement
Stettin , & que par ordre du Roi de Pruffe , on
coupe dans les forêts voifines quarante mille paliffades
, pour être tranfportées dans cette Ville.
Du Quartier général de l'Armée Impériale
fur les frontieres de Silefie , le 18 Avril.
Une colonne de Troupes Pruffiennes , aux or
dres du Général de la Mothe.Fouquet , compofée
d'environ fix mille hommes , Infanterie , Cavalerie
& Huffards , s'eft portée de Winfchelbourg à
Braunau , & s'eft emparé de ce pofte , où nous
n'avions qu'un détachement de cent cinquante
hommes , pour obferver les mouvemens de l'ennemi
, & en donner avis fur le champ , avec ordre
de fe retirer , s'il s'avançoit avec des forces
fupérieures. Cette colonne à été bientôt ſuivie
d'un corps d'environ trois mille hommes qui ont
marché de Friedland à Ruppersdorff. Un détachement
de ce corps obligea d'abord nos poftes avancés
de fe replier fur une redoute établie à portée
de Podifch ; mais à l'arrivée de deux cens Huffards
qui venoient relever ces poftes , les ennemis
furent contraints de fe retirer eux-mêmes
jufqu'à Ruppersdorff. Les ennemis dans ce petit
choc n'ont perdu que neuf hommes tués , & deux
faits prifonniers ; mais le nombre de leurs bleffés
doit être plus grand . Nous y avons eu deux foldats
tués , un Lieutenant & onze hommes bleffés ,
& le fieur de Fourar , Lieutenant- Colonel du Ré-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
giment de Huffards de l'Empereur , ayant eu fon
cheval tué fous lui , a été fait priſonnier , ainfi
que quatre foldats qui venoient pour le dégager.
Le 8 Avril , le Colonel Pruffien le Noble , avec
un bataillon de Volontaires & deux Efcadrons de
Huffards , ayant tout-à-coup débouché d'un bois ,
attaqua vigoureufement nos poftesavancés d'Halbftadt.
La fupériorité du nombre obligea d'abord
les nôtres à fe replier jufqu'à une redoute qui était
hors de portée. Mais le Général Laundon , commandant
dans cette partie , fit fur le champ des
difpofitions qui arrêterent les Pruffiens . Un détachement
de Huffards , foutenu par des Croates ,
tomba rapidement le fabre à la main fur les ennemis
, & les obligea de fe replier eux- mêmes avec
la plus grande précipitation. Les Pruffiens , protégés
par un feu très-vif, tâcherent de regagner
le bois , & d'y reprendre pofte ; mais les Croates
les ayant tournés , les en empêcherent , & les re
menerent battant jufqu'à Halbftadt.
Pendant cette action , un autre détachement
Pruffien , compofé d'Infanterie & de Cavalerie ,
fit la même tentative du côté de Dieterbaſch ;
mais le Général Laundon y pourvut encore , &
l'ennemi fut repouffé avec perte.
Enfin le lendemain , un troifieme corps de
Pruffiens venant de Schwartzwaffer , voulut pénétrer
du côté de Schatzlar ; mais il n'ofa rien
entreprendre , parce que le pofte que nous y
avions , lui parut bien difpofé à le recevoir , & il
s'en retourna comme il étoit venu .
Depuis , le corps du Colonel le Noble , renfor
cé de trois bataillons de Grenadiers , parut vouloir
de nouveau forcer une redoute que nous avions
établie à Potifch. Cependant cette expédition fe
borna à détacher quelques troupes , pour débar
JUIN. 1758. 199
raffer les environs de Hutberg des abbatis qu'on
y avoit faits ; & le pofte que nous y avions , fe
défendit avec tant de vigueur , que l'ennemi fut
contraint d'abandonner l'entreprife. Ainfi toute
la troupe rentra dans fes quartiers à Dieterſbach ,
& travailla fur le champ à fe retrancher près d'une
ferme à portée de-là. La nuit fuivante , le Général
Laundon fit attaquer par les Croates le retranchement
des Pruffiens , & l'ennemi , après quelque
perte , fut encore obligé de fe retirer .
On vient d'apprendre que la ville de Schweidnitz
s'eft rendue aux ennemis , la nuit du 16 au
17 du mois d'Avril , aux mêmes conditions qu'elle
s'étoit rendue ci -devant aux troupes de l'Impératrice-
Reine.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1758, les Suédois ont détruit une batterie prussienne près de Stahlbroë, sur l'île de Rügen, après une intense canonnade. Les Prussiens, affaiblis par des détachements, ne comptaient plus que 15 à 16 000 hommes dans la région, permettant aux Suédois de préparer une nouvelle incursion en Poméranie prussienne. Le comte de Dohna, nouveau commandant prussien, a demandé aux États de la Poméranie suédoise une contribution supplémentaire de 60 000 écus et une quantité de blé, malgré les assurances du maréchal de Lehwald. À Reftock, les Prussiens ont enlevé des habitants pour les enrôler de force, provoquant une grande consternation. À Hambourg, le roi de Prusse a accordé une réduction de 500 000 écus aux habitants du Duché de Mecklenbourg, incapables de payer les contributions imposées. Les troupes prussiennes ont évacué cette région pour renforcer l'armée en Poméranie, où elles ont fortifié Stettin. Sur les frontières de Silésie, les Prussiens ont pris plusieurs postes avancés de l'armée impériale, notamment à Braunau et Halbstadt, après des affrontements mineurs. Ils ont également tenté sans succès de prendre plusieurs positions impériales, comme Schatzlar et Potifch. La ville de Schweidnitz s'est rendue aux Prussiens la nuit du 16 au 17 avril.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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205
p. 191-192
« La Flotte Angloise ayant paru le 4 du mois de Juin à la côte [...] »
Début :
La Flotte Angloise ayant paru le 4 du mois de Juin à la côte [...]
Mots clefs :
Flotte anglaise, Saint-Malo, Débarquement, Frégates, Combat naval, Capitaine, Troupes, Retraite des ennemis
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texteReconnaissance textuelle : « La Flotte Angloise ayant paru le 4 du mois de Juin à la côte [...] »
La Flotte Angloife ayant paru le 4 du mois de
A
Juin à la côte devant Saint- Malo , elle fit le lendemain
fon débarquement à Cancale . Le Commandant
qui étoit dans le Fort fit une vigoureufe
réfiftance ; mais il fut obligé de céder au feu de
deux Frégates qui avoient ruiné toutes les défenfes
du Fort , & il ſe retira avec fa troupe . Les ennemis
s'étendirent enfuite jufques dans le Fauxbourg
de Saint- Servant ; mais les deux mille hommes
qui y avoient pris pofte , s'en font retirés le 9
avant le jour , & font rentrés dans le camp établi
fur les hauteurs de Paramé . Le Capitaine qui
commandoit dans la redoute du Nés , s'en étant
apperçu , a détaché fon Lieutenant & trente hommes
qui ont pris poſte à la tête du Fauxbourg.
Sur les neuf heures , on a reconnu que la batterie
de mortiers , à laquelle l'ennemi travailloit depuis
plufieurs jours , étoit abandonnée , & qu'il y avoit
un grand mouvement dans le camp. Vers midi ,
a été totalement détendu ; toutes les Troupes fe
font mises en batailles , & à cinq heures elle ont
commencé à défiler vers Cancale. M. le Duc d'Aiguillon
a fait fortir de la Ville , à l'entrée de la
nuit , un Détachement de la Garniſon fous les
ordres de M.leComte de laTour d'Auvergne , compofé
de loixante
Gentilshommes Volontaires ,
d'environ cent cinquante Malouins & de quatre
cents cinquante hommes d'Infanterie , pour éclai
il
192 MERCURE DE FRANCE.
rer la marche des ennemis & entamer leur ar
riere-garde. Ils ont été joints fur les hauteurs de
Paramé par huit cents Gardes- Côtes & deux cents
cinquante Dragons. Le Comte d'Aubigny , Maréchal
de Camp , qui a conduit ce dernier Détachement
, a pris le commandement du tout. Les
Anglois ont laiffé dans leur camp une grande partie
de leurs fubfiftances , & pluſieurs canons encloués.
La retraite précipité des ennemis ne peut être
attribuée qu'à la nouvelle qu'ils ont reçue de la
prochaine arrivée des Troupes qui viennent de
Breft & de l'Orient au fecours de Saint-Malo . On
a fait une diligence incroyable , au moyen des
précautions qu'on a prifes d'établir des chariots
fur la route , pour porter les Soldats fatigués , &
du vin qu'on leur diſtribuoit de diftance en diftance..
A
Juin à la côte devant Saint- Malo , elle fit le lendemain
fon débarquement à Cancale . Le Commandant
qui étoit dans le Fort fit une vigoureufe
réfiftance ; mais il fut obligé de céder au feu de
deux Frégates qui avoient ruiné toutes les défenfes
du Fort , & il ſe retira avec fa troupe . Les ennemis
s'étendirent enfuite jufques dans le Fauxbourg
de Saint- Servant ; mais les deux mille hommes
qui y avoient pris pofte , s'en font retirés le 9
avant le jour , & font rentrés dans le camp établi
fur les hauteurs de Paramé . Le Capitaine qui
commandoit dans la redoute du Nés , s'en étant
apperçu , a détaché fon Lieutenant & trente hommes
qui ont pris poſte à la tête du Fauxbourg.
Sur les neuf heures , on a reconnu que la batterie
de mortiers , à laquelle l'ennemi travailloit depuis
plufieurs jours , étoit abandonnée , & qu'il y avoit
un grand mouvement dans le camp. Vers midi ,
a été totalement détendu ; toutes les Troupes fe
font mises en batailles , & à cinq heures elle ont
commencé à défiler vers Cancale. M. le Duc d'Aiguillon
a fait fortir de la Ville , à l'entrée de la
nuit , un Détachement de la Garniſon fous les
ordres de M.leComte de laTour d'Auvergne , compofé
de loixante
Gentilshommes Volontaires ,
d'environ cent cinquante Malouins & de quatre
cents cinquante hommes d'Infanterie , pour éclai
il
192 MERCURE DE FRANCE.
rer la marche des ennemis & entamer leur ar
riere-garde. Ils ont été joints fur les hauteurs de
Paramé par huit cents Gardes- Côtes & deux cents
cinquante Dragons. Le Comte d'Aubigny , Maréchal
de Camp , qui a conduit ce dernier Détachement
, a pris le commandement du tout. Les
Anglois ont laiffé dans leur camp une grande partie
de leurs fubfiftances , & pluſieurs canons encloués.
La retraite précipité des ennemis ne peut être
attribuée qu'à la nouvelle qu'ils ont reçue de la
prochaine arrivée des Troupes qui viennent de
Breft & de l'Orient au fecours de Saint-Malo . On
a fait une diligence incroyable , au moyen des
précautions qu'on a prifes d'établir des chariots
fur la route , pour porter les Soldats fatigués , &
du vin qu'on leur diſtribuoit de diftance en diftance..
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Résumé : « La Flotte Angloise ayant paru le 4 du mois de Juin à la côte [...] »
Le 4 juin, la flotte anglaise apparut devant Saint-Malo et débarqua à Cancale le lendemain. Le commandant du fort résista mais dut céder face au feu de deux frégates ennemies, ruinant les défenses. Les Anglais avancèrent jusqu'au faubourg de Saint-Servant et se retirèrent le 9 juin avant l'aube, rejoignant leur camp sur les hauteurs de Paramé. Le capitaine de la redoute du Nés envoya des hommes prendre position au faubourg. Vers midi, les troupes ennemies commencèrent à se retirer vers Cancale. Le duc d'Aiguillon envoya un détachement pour éclairer la marche des Anglais et attaquer leur arrière-garde. Ce détachement fut rejoint par des Gardes-Côtes et des Dragons. Les Anglais laissèrent derrière eux des subsistances et des canons encloués, leur retraite étant attribuée à la nouvelle de l'arrivée imminente des troupes de Brest et de l'Orient. Des mesures furent prises pour transporter les soldats fatigués et leur distribuer du vin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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206
p. 192-201
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la charge de premier [...]
Mots clefs :
Roi, Nominations, Marquis, Ordonnances du roi, Troupes, Rations des soldats, Ingénieur, Régiments, Amérique, Victoires françaises, Marquis de Vaudreuil, Les sauvages, Expéditions, Fort Carillon, Vaisseaux, Corsaires , Navires anglais, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la
charge de premier Maître d'Hôtel de Sa Majesté ,
vacante par la mort de M. le Marquis de Livry.
Le 21 Mai , M. le Comte de. Fouquet , nommé
Lieutenant-Général du Pays Meffin , prêta ferment
entre les mains du Roi.
24 Sa Majesté a nommé M. le Marquis d'Efears,
Menin de Monfeigneur le Dauphin.
፡ Il y a trois nouvelles Ordonnances du Roi concernant
les Troupes.
La premiere , du premier Mai , accorde une
augmentation de quatre onces par chaque ration
de pain de munition , dont la fourniture fera faite ,
fant en campagne que dans les garniſons , à commen
cer
JUILLET. 1798. 193
Γ
mencer du premier Juillet prochain , aux Troupes
de Sa Majefté , Françoifes & Etrangeres ; à
l'exception des Officiers auxquels le pain continuera
d'être fourni en campagne fur le pied de
vingt- quatre onces par ration .
Par la feconde , du même jour , il eft réglé que
dans les cas où par la difficulté des fourrages la
ration de Cavalerie ne pourra être compofée de
dix-huit livres de foin , ou de quinze livres de
foin & de cinq livres de paille , elle le fera de
douze livres de foin & de dix livres de paille ,
ou de neufliv. de foin , & de quinze liv. de paille.
Que la ration d'Infanterie fera , dans le même cas',
réduite de feize livres de foin , ou de douze livres
de foin & de huit livres de paille , à dix livres
de foin & dix livres de paille , ou à fept livres
de foin & quinze livres de paille . Que dans tous
les cas où l'avoine exiftant dans les magaſins ,
ne pourroit fuffire pour la confommation de la
Cavalérie & de l'Infanterie , on en fera la diftribution
de préférence à la Cavalerie , & qu'ily fera
fuppléé par rapport à l'Infanterie , avec du feigle ,
de l'orge ou de l'efpaute en paille , & par préférence
avec cette dernier efpece.
La troifieme , dus Mai , porte que les Ingé
nieurs qui avoient été réunis par l'Ordonnance
du 8 Décembre 1755 , au Corps de l'Artillerie ,
fous la dénomination de Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie , en feront défunis pour former
un Corps féparé fous la dénomination du Corps
des Ingénieurs. En conféquence les In énieurs
qui ont été incorporés dans les Bataillons du Corps
Royal , en vertu de l'Ordonnance du premier Dé
cembre 1756 , quitteront les charges & emplois
qu'ils rempliffent dans les Bataillons , & fe rendront
dans les réfidences qui leur feront affignées;
LVol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Ils ne feront dans les places & dans les armées ;
que le fervice d'Ingénieurs , & ne s'occuperont
plus à l'avenir des détails de l'Artillerie . Leur uniforme
fera de drap couleur bleu de Roi , paremens
de velours noirs , doublure de ferge rouge
vefte & culotte rouges ; l'habit fera garni jufqu'à
la taille de boutons de cuivre doré , cinq
fur chaque poche , & autant fur les manches.
teau ,
>
Dans la féance de l'Académie Françoiſe , tennuele
22 Mai , M. de la Curne de Sainte- Palaye,
de l'Académie des Infcriptions,à été élu pour remplir
la place vacante par la mort de M. de Boiffy.
Le Roi fit le 30 de Mai , dans la cour du Châla
revue des deux Compagnies des Moufquetaires
de fa Garde. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice à pied , Elle les vit défiler à cheval.
Monfeigneur le Dauphin accompagnoit le
Roi. La Reine , Madame la Dauphine , Madame
& Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe , virent
larevue d'un des appartemens du Château.
Sa Majefté tint le même jour le fceau , pour la
trentieme fois.
M. de Moras ayant donné fa démiffion de la
charge de Secrétaire d'Etat au Département de la
Marine , le Roi a confié ce Département à M.
de Maffiac , Lieutenant- Général de fes Armées
Navales , qui prêta ferment entre les mains de
Sa Majefté le premier de ce mois. Le Roi a confervé
à M. de Moras fa place dans les Confeils.
Le Roi a donné le Régiment de Cavalerie de
Lenoncourt à M. le Marquis de Touftain de Viray
, Capitaine de Cavalerie dans le Régiment
Royal- Pologne.
Le Roi a donné le Régiment de Champagne ,
vacant par la nomination de M. le Comte de
Gifors , à l'emploi de Meftre de Camp- Lieute◄
JUILLET. 1758. 195
nant du Régiment des Carabiniers , à M. le Marquis
de Juigné , Colonel dans les Grenadiers de
France.
Celui de Nice , vacant par la mort de M. le
le Comte de la Queuille , à M. le Vicomte de
Cambis , Colonel d'un Régiment d'Infanterie.
Celui de Cambis , à M. le Vicomte de la Tournelle
, Capitaine de Grenadiers dans le même Régiment.
Celui de Cambrefis , vacant par la démiffion
de M. le Marquis de la Châtre , à M. de la Galiffonniere
, Capitaine Aide-Major dans le Régi
ment du Roi , Infanterie.
Celui de Foix , vacant par la promotion de
M. le Chevalier de Grollier au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Rougé
Capitaine dans le Régiment de Vermandois ;
Et celui de Berwick , Irlandois , vacant par la
mort de M. le Comte de Filts - James , au fecond
fils de M. le Duc de Filtz - James , à condition
qu'il n'en prendra le commandement
que lorfqu'il aura rempli le temps de fervice
exigé par le Réglement que le Roi a donné le
29 Avril dernier.
Le Roi a donné à M. le Baron de Wurmfer ,
l'Inſpection des Troupes Allemandes dans fes
Armées .
Sa Majefté a fait choix de M. le Normant
de Mezy , Intendant des Armées Navales , pour
aider M. de Maffiac , Secrétaire d'Etat au Département
de la Marine , dans les fonctions &
dans les détails de ce Département , & fous fes
ordres , avec le titre d'Intendant Général de la
Marine & des Colonies.
Les de Juin , la Maifon de Sorbonne fit dans
fon Eglife un Service folemnel pour Benoît XIV,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
MM. le Cardinal de Tavannes , le Nonce , &
l'Archevêque d'Embrun y affifterent avec toute
la Maiſon en corps. La Maifon de Sorbonne
n'eft point dans l'ufage de faire des Services à
la mort des Papes ; mais elle a reçu tant de
bienfaits de Benoît XIV , qu'elle a cru devoir
en cette occafion donner des marques particu
lieres de fa reconnoiffance pour lui , & de fon
attachement au Saint Siege. Le feu Pape a fair
préfent à la Maifon de Sorbonne de fon Portrait
, & de tous les Ouvrages.
Le Roi a nommé M. le Comte de Murinais
, premier Cornette des Chevaux - Légers
d'Aquitaine , a la Soulieutenance des Gendarmes
Anglois , vacante par la promotion de M.
le Comte de Bouville , au grade de Maréchal
de Camp.
M. le Comte de Coffé , Guidon des Gendar.
mes d'Aquitaine , à la premiere Cornette des
Chevaux- Legers d'Aquitaine ;
Et M. le Marquis de Montauban , Lieutenant
en fecond dans le Régiment d'Infanterie
du Roi , au Guidon des Gendarmes d'Aquitaine,
On vient d'apprendre par une Goelette expédiée
de Québec , qui a apporté des lettres du
Canada en date du 3 Mai dernier , les nouvelles
fuivantes.
Quoique les expéditions de cet hiver n'ayent
pas été confidérables , cependant les François
ont eu la fupériorité dans toutes les rencon
contres qu'ils ont eues avec les Anglois , foit
par les établiſſemens qu'ils leur ont détruites ,
Toit par les chevelures que leurs Sauvages ont
enlevées. Parmi une infinité de petites entreprifes
, on n'en rapportera que deux , qui ſuffitont
pour faire juger de la bravoure des Canadiens
& des Sauvages nos Alliés .
JUILLET. 1758. 197
M. le Marquis de Vandreuil s'étant détermi
né à faire attaquer le Village Anglois des
Emigrans , fitué fur la riviere de Corlak , fervant
d'entrepôt an ennemis , & rempli de toutes
fortes d'effets & munitions , y envoya M. de
Beletre , Lieutenant des Troupes de la Colonie
, avec un Détachement de trois cens Ca
nadiens & Sauvages. Malgré la rigueur de la
faifon , M. de Beletre arriva près de Corlak
après des peines incroyables ; il ramaffa fur fa
route plufieurs Sauvages des cinq Nations Iroquoifes
& des Onneyoutes qui fe joignirent à
lui , & ayant paffé la riviere , moitié à la nage
& moitié dans l'eau jufqu'au col , il fit tour
de fuite fon plan d'attaque. Le Village étoit
couvert de cinq petits Forts que les Anglois
avoient été contraints d'abandonner depuis la
démolition de Choueguen , mais dont ils s'étoient
remis en poffeffion . M. de Beletre entreprit
de les emporter d'affaut l'un après Pautre
, & il y réuffit part l'épouvante qu'il jetta
parmi les Anglois. Le Chef du Village , qui
commandoit dans le premier , s'étant rendu à
difcrétion , M. de Beletre fe rendit bientôt maître
des autres , & il y fit mettre le feu. Pendant
cete opération , une partie de fa Troupe
s'attacha à piller & à brûler le Village compofé
d'environ foixante maifons . Le pillage fut
très-confidérable : outre une grande quantité de
farines , & de toutes fortes de grains , de munitions
& d'effets de toute efpece , on prit quatre
mille bêtes à cornes , trois mille moutons
autant de cochons , & cinq cents chevaux ; ce
qui ne doit pas furprendre , attendu que les
Anglois avoient formé dans ce Village un magafin
, pour la traite des cinq Nations Iroquoi
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
fes & de celles d'enhaut. On affure que le Chef
feul a fait une perte de quatre cents mille livres
. Une partie de la Garniſon du Fort Kouary
s'étant miſe en marche , pour venir au fecours
des Anglois , fut contrainte de repaffer la riviere
à la nage , après avoir effuyé plufieurs décharges
de moufqueterie . Cette petite expédition
s'eft faite le 13 Novembre dernier , & elle
a été d'autant plus avantageufe , qu'elle a produit
un bon effet fur l'efprit des Sauvages . Les
Anglois y ont perdu cinquante hommes , & on
Jeur a fait cent foixante-dix prifonniers , dont
plufieurs Officiers . La perte des François a été
fort peu confidérable.
La deuxieme expédition s'eſt paffée du côté du
Fort Carillon . M. le Marquis de Vaudreuil ayant
été informé que les Anglois méditoient une entreprife
fur ce Fort , en fit fortir un détachement
d'environ deux cens Canadiens & Sauvages , fous
le commandement de M. du Rentay , Cadet dans
les troupes de la Colonie. A peine M. du Rentay
fut en campagne , qu'il apperçut un détachement
Anglois , dont le nombre étoit prefqu'égal au fien,
qui étoit pofté fur la montage Pelée : c'étoit un
détachement de Troupes d'élite & de coureurs de
bois , commandés par le Major Robert Roger ,
fameux Partifan . Malgré la pofition avantageuſe
de l'ennemi , M. du Rentay l'attaqua , & par une
fuite fimulée , engagea le Major Robert à defcendre
fur lui ; celui - ci donna dans le piege , & defcendit
de la montagne avec précipitation , croyant
pourſuivre des fuyards ; mais il fut bientôt enveloppé.
Le combat fut très-vif , & dura pendant
quatre heures ; les Sauvages leverent la chevelure
au Major Robert Roger , à huit Officiers & à cent
quarante Anglois . On croit que le refte du déta
JUILLET. 1758. 199
chement a péri miférablement , deux Officiers Anglois
ayant été obligés de venir fe réfugier dans
le Fort Carillon. Cette action eft d'autant plus
belle , qu'elle a été conduite par un Cadet , & que
fes camarades , ainfi que les Ĉanadiens & les Sauvages
, ont combattu fous fes ordres avec toute la
valeur & la fubordination poffibles . Il y a eu treize
Iroquois & un Népiffingue tués , & deux Cadets ,
quinze Iroquois , un Abenakife & un Canadien
bleffés dangereufement.
M. le Duc de Modene pour reconnoître les
bons fervices que M. le Comte de Mozone , fon
Plénipotentiaire au Congrès d'Aix- la Chapelle , &
fon Miniftre à la Cour de France , vient d'accorà
Madame la Comteffe de Mozone , fa veuve ,
5000 liv . de rente .
Le Vaiffeau du Roi le Triton & la Frégate la
Minerve , ont pris & conduit à Toulon un Corfaire
Anglois armé de 18 canons , & de 107 hommes
d'équipage .
Deux autres Corfaires Anglois appellés , l'un
la Minerve , de Jerzey , de 10 canons & de 70
hommes d'équipage ; l'autre le Mercure , du même
port , armé de 4 canons & de 31 hommes d'équipage
, ont été pris par la Frégate du Roi la
Félicité, & la Corvette la Tourterelle . Il y avoit fur
le premier de ces Corfaires cinq ôtages provenans
d'un pareil nombre de bâtiment François qu'il
avoit rançonnés.
Le Navire Anglois l'Heureux Retour , de 115
tonneaux , charg de charbon de terre , a été pris
par le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne , qui
l'a fait conduire au Havre.
Les Corfaires le Conquérant & l'Agrippe , de
Cherbourg , ont pris & conduit en ce port , l'un
un Brigantin Anglois chargé de lin , l'autre un
liv
200 MERCURE DE FRANCE.
Navire de 90 tonneaux chargé de tuiles.
Il eft de plus arrivé à Cherbourg un Navire
Anglois de 90 tonneaux , qui a été pris par le
Corfaire le Printemps , de Dunkerque , & qui eft
chargé de bled.
Les Corfaires le Comte de la Riviere & le Mefny,
de Granville , ont fait deux rançons , l'une de
200 livres fterlings , l'autre de 700 guinées.
Le Corfaire la Menette , de l'Orient , a pris &
conduit à Morlaix trois Bateaux Anglois , dont un
eft chargé de poiffon frais , & les deux autres de
grains.
>
Le Navire Anglois le Menavé , de 80 tonneaux,
chargé de boeuf, de lard & de beurre d'Irlande
a été pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim ,
qui l'a fait conduire au Port- Louis.
Le Capitaine Anglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de Bayonne , a rançonné pour
2500 livres fterlings un Navire Anglois , dont il
s'étoit rendu maître..
La Gentille , autre Corfaire de Bayonne , s'eft
emparé d'un Navire Anglois chargé de harengs ,
qui a été conduit par relâche dans un port d'Efpagne.
La Frégate du Roi la Danaé , & la Corvette
l'Harmonie , fe font emparé d'un petit Corſaire
de Jerzey , armé de 4 canons , qui a été conduit
au Havre.
Le Senaw Anglois le Mairg , de 140 tonneaux
chargé de charbon de terre , a été pris par le
Corfaire l'Aventurier , de Dunkerque , où il eft
arrivé.
Le Corfaire le Don de Dieu y a auffi fait con
duire un Bateau Anglois qui étoit fur fon left , &
il a rançonné pour quatre - vingts- quinze guinées
un autre Bâtiment dont il s'étoit emparé..
JUILLET. 1758. ΣΟΥ
Le Corfaire le Duc d'Ayen a pris & conduit au
Havre le Navire Anglois le Prince Frédéric , de
120 tonneaux , chargé de raifins & de tartre.
On mande de Granville , que le Corfaire le
Machault , de ce port , a rançonné pour cinq
mille livres sterlings le Navire Anglois la Marie
dont il s'eft emparé.
Le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois la Tartare , de Briſtol , armé
de 24 canons & de 100 hommes d'équipage , & il
P'a fait conduire à Cherbourg.
Le même Corfaire a pris & conduit à Saint-
Malo le Navire Anglois la Conformation , de 275
tonneaux , chargé de 997 barrils de riz & de bois
d'acajou .
Il eft arrivé à Morlaix un Senaw Anglois appellé
la Bety , de 180 tonneaux , chargé de tabac ,
de merrain & de fer. Ce Bâtiment a été pris par
le Capitaine de Lille , commandant le Corfaire la
Fulvie , de Dunkerque.
LE Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la
charge de premier Maître d'Hôtel de Sa Majesté ,
vacante par la mort de M. le Marquis de Livry.
Le 21 Mai , M. le Comte de. Fouquet , nommé
Lieutenant-Général du Pays Meffin , prêta ferment
entre les mains du Roi.
24 Sa Majesté a nommé M. le Marquis d'Efears,
Menin de Monfeigneur le Dauphin.
፡ Il y a trois nouvelles Ordonnances du Roi concernant
les Troupes.
La premiere , du premier Mai , accorde une
augmentation de quatre onces par chaque ration
de pain de munition , dont la fourniture fera faite ,
fant en campagne que dans les garniſons , à commen
cer
JUILLET. 1798. 193
Γ
mencer du premier Juillet prochain , aux Troupes
de Sa Majefté , Françoifes & Etrangeres ; à
l'exception des Officiers auxquels le pain continuera
d'être fourni en campagne fur le pied de
vingt- quatre onces par ration .
Par la feconde , du même jour , il eft réglé que
dans les cas où par la difficulté des fourrages la
ration de Cavalerie ne pourra être compofée de
dix-huit livres de foin , ou de quinze livres de
foin & de cinq livres de paille , elle le fera de
douze livres de foin & de dix livres de paille ,
ou de neufliv. de foin , & de quinze liv. de paille.
Que la ration d'Infanterie fera , dans le même cas',
réduite de feize livres de foin , ou de douze livres
de foin & de huit livres de paille , à dix livres
de foin & dix livres de paille , ou à fept livres
de foin & quinze livres de paille . Que dans tous
les cas où l'avoine exiftant dans les magaſins ,
ne pourroit fuffire pour la confommation de la
Cavalérie & de l'Infanterie , on en fera la diftribution
de préférence à la Cavalerie , & qu'ily fera
fuppléé par rapport à l'Infanterie , avec du feigle ,
de l'orge ou de l'efpaute en paille , & par préférence
avec cette dernier efpece.
La troifieme , dus Mai , porte que les Ingé
nieurs qui avoient été réunis par l'Ordonnance
du 8 Décembre 1755 , au Corps de l'Artillerie ,
fous la dénomination de Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie , en feront défunis pour former
un Corps féparé fous la dénomination du Corps
des Ingénieurs. En conféquence les In énieurs
qui ont été incorporés dans les Bataillons du Corps
Royal , en vertu de l'Ordonnance du premier Dé
cembre 1756 , quitteront les charges & emplois
qu'ils rempliffent dans les Bataillons , & fe rendront
dans les réfidences qui leur feront affignées;
LVol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Ils ne feront dans les places & dans les armées ;
que le fervice d'Ingénieurs , & ne s'occuperont
plus à l'avenir des détails de l'Artillerie . Leur uniforme
fera de drap couleur bleu de Roi , paremens
de velours noirs , doublure de ferge rouge
vefte & culotte rouges ; l'habit fera garni jufqu'à
la taille de boutons de cuivre doré , cinq
fur chaque poche , & autant fur les manches.
teau ,
>
Dans la féance de l'Académie Françoiſe , tennuele
22 Mai , M. de la Curne de Sainte- Palaye,
de l'Académie des Infcriptions,à été élu pour remplir
la place vacante par la mort de M. de Boiffy.
Le Roi fit le 30 de Mai , dans la cour du Châla
revue des deux Compagnies des Moufquetaires
de fa Garde. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice à pied , Elle les vit défiler à cheval.
Monfeigneur le Dauphin accompagnoit le
Roi. La Reine , Madame la Dauphine , Madame
& Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe , virent
larevue d'un des appartemens du Château.
Sa Majefté tint le même jour le fceau , pour la
trentieme fois.
M. de Moras ayant donné fa démiffion de la
charge de Secrétaire d'Etat au Département de la
Marine , le Roi a confié ce Département à M.
de Maffiac , Lieutenant- Général de fes Armées
Navales , qui prêta ferment entre les mains de
Sa Majefté le premier de ce mois. Le Roi a confervé
à M. de Moras fa place dans les Confeils.
Le Roi a donné le Régiment de Cavalerie de
Lenoncourt à M. le Marquis de Touftain de Viray
, Capitaine de Cavalerie dans le Régiment
Royal- Pologne.
Le Roi a donné le Régiment de Champagne ,
vacant par la nomination de M. le Comte de
Gifors , à l'emploi de Meftre de Camp- Lieute◄
JUILLET. 1758. 195
nant du Régiment des Carabiniers , à M. le Marquis
de Juigné , Colonel dans les Grenadiers de
France.
Celui de Nice , vacant par la mort de M. le
le Comte de la Queuille , à M. le Vicomte de
Cambis , Colonel d'un Régiment d'Infanterie.
Celui de Cambis , à M. le Vicomte de la Tournelle
, Capitaine de Grenadiers dans le même Régiment.
Celui de Cambrefis , vacant par la démiffion
de M. le Marquis de la Châtre , à M. de la Galiffonniere
, Capitaine Aide-Major dans le Régi
ment du Roi , Infanterie.
Celui de Foix , vacant par la promotion de
M. le Chevalier de Grollier au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Rougé
Capitaine dans le Régiment de Vermandois ;
Et celui de Berwick , Irlandois , vacant par la
mort de M. le Comte de Filts - James , au fecond
fils de M. le Duc de Filtz - James , à condition
qu'il n'en prendra le commandement
que lorfqu'il aura rempli le temps de fervice
exigé par le Réglement que le Roi a donné le
29 Avril dernier.
Le Roi a donné à M. le Baron de Wurmfer ,
l'Inſpection des Troupes Allemandes dans fes
Armées .
Sa Majefté a fait choix de M. le Normant
de Mezy , Intendant des Armées Navales , pour
aider M. de Maffiac , Secrétaire d'Etat au Département
de la Marine , dans les fonctions &
dans les détails de ce Département , & fous fes
ordres , avec le titre d'Intendant Général de la
Marine & des Colonies.
Les de Juin , la Maifon de Sorbonne fit dans
fon Eglife un Service folemnel pour Benoît XIV,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
MM. le Cardinal de Tavannes , le Nonce , &
l'Archevêque d'Embrun y affifterent avec toute
la Maiſon en corps. La Maifon de Sorbonne
n'eft point dans l'ufage de faire des Services à
la mort des Papes ; mais elle a reçu tant de
bienfaits de Benoît XIV , qu'elle a cru devoir
en cette occafion donner des marques particu
lieres de fa reconnoiffance pour lui , & de fon
attachement au Saint Siege. Le feu Pape a fair
préfent à la Maifon de Sorbonne de fon Portrait
, & de tous les Ouvrages.
Le Roi a nommé M. le Comte de Murinais
, premier Cornette des Chevaux - Légers
d'Aquitaine , a la Soulieutenance des Gendarmes
Anglois , vacante par la promotion de M.
le Comte de Bouville , au grade de Maréchal
de Camp.
M. le Comte de Coffé , Guidon des Gendar.
mes d'Aquitaine , à la premiere Cornette des
Chevaux- Legers d'Aquitaine ;
Et M. le Marquis de Montauban , Lieutenant
en fecond dans le Régiment d'Infanterie
du Roi , au Guidon des Gendarmes d'Aquitaine,
On vient d'apprendre par une Goelette expédiée
de Québec , qui a apporté des lettres du
Canada en date du 3 Mai dernier , les nouvelles
fuivantes.
Quoique les expéditions de cet hiver n'ayent
pas été confidérables , cependant les François
ont eu la fupériorité dans toutes les rencon
contres qu'ils ont eues avec les Anglois , foit
par les établiſſemens qu'ils leur ont détruites ,
Toit par les chevelures que leurs Sauvages ont
enlevées. Parmi une infinité de petites entreprifes
, on n'en rapportera que deux , qui ſuffitont
pour faire juger de la bravoure des Canadiens
& des Sauvages nos Alliés .
JUILLET. 1758. 197
M. le Marquis de Vandreuil s'étant détermi
né à faire attaquer le Village Anglois des
Emigrans , fitué fur la riviere de Corlak , fervant
d'entrepôt an ennemis , & rempli de toutes
fortes d'effets & munitions , y envoya M. de
Beletre , Lieutenant des Troupes de la Colonie
, avec un Détachement de trois cens Ca
nadiens & Sauvages. Malgré la rigueur de la
faifon , M. de Beletre arriva près de Corlak
après des peines incroyables ; il ramaffa fur fa
route plufieurs Sauvages des cinq Nations Iroquoifes
& des Onneyoutes qui fe joignirent à
lui , & ayant paffé la riviere , moitié à la nage
& moitié dans l'eau jufqu'au col , il fit tour
de fuite fon plan d'attaque. Le Village étoit
couvert de cinq petits Forts que les Anglois
avoient été contraints d'abandonner depuis la
démolition de Choueguen , mais dont ils s'étoient
remis en poffeffion . M. de Beletre entreprit
de les emporter d'affaut l'un après Pautre
, & il y réuffit part l'épouvante qu'il jetta
parmi les Anglois. Le Chef du Village , qui
commandoit dans le premier , s'étant rendu à
difcrétion , M. de Beletre fe rendit bientôt maître
des autres , & il y fit mettre le feu. Pendant
cete opération , une partie de fa Troupe
s'attacha à piller & à brûler le Village compofé
d'environ foixante maifons . Le pillage fut
très-confidérable : outre une grande quantité de
farines , & de toutes fortes de grains , de munitions
& d'effets de toute efpece , on prit quatre
mille bêtes à cornes , trois mille moutons
autant de cochons , & cinq cents chevaux ; ce
qui ne doit pas furprendre , attendu que les
Anglois avoient formé dans ce Village un magafin
, pour la traite des cinq Nations Iroquoi
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
fes & de celles d'enhaut. On affure que le Chef
feul a fait une perte de quatre cents mille livres
. Une partie de la Garniſon du Fort Kouary
s'étant miſe en marche , pour venir au fecours
des Anglois , fut contrainte de repaffer la riviere
à la nage , après avoir effuyé plufieurs décharges
de moufqueterie . Cette petite expédition
s'eft faite le 13 Novembre dernier , & elle
a été d'autant plus avantageufe , qu'elle a produit
un bon effet fur l'efprit des Sauvages . Les
Anglois y ont perdu cinquante hommes , & on
Jeur a fait cent foixante-dix prifonniers , dont
plufieurs Officiers . La perte des François a été
fort peu confidérable.
La deuxieme expédition s'eſt paffée du côté du
Fort Carillon . M. le Marquis de Vaudreuil ayant
été informé que les Anglois méditoient une entreprife
fur ce Fort , en fit fortir un détachement
d'environ deux cens Canadiens & Sauvages , fous
le commandement de M. du Rentay , Cadet dans
les troupes de la Colonie. A peine M. du Rentay
fut en campagne , qu'il apperçut un détachement
Anglois , dont le nombre étoit prefqu'égal au fien,
qui étoit pofté fur la montage Pelée : c'étoit un
détachement de Troupes d'élite & de coureurs de
bois , commandés par le Major Robert Roger ,
fameux Partifan . Malgré la pofition avantageuſe
de l'ennemi , M. du Rentay l'attaqua , & par une
fuite fimulée , engagea le Major Robert à defcendre
fur lui ; celui - ci donna dans le piege , & defcendit
de la montagne avec précipitation , croyant
pourſuivre des fuyards ; mais il fut bientôt enveloppé.
Le combat fut très-vif , & dura pendant
quatre heures ; les Sauvages leverent la chevelure
au Major Robert Roger , à huit Officiers & à cent
quarante Anglois . On croit que le refte du déta
JUILLET. 1758. 199
chement a péri miférablement , deux Officiers Anglois
ayant été obligés de venir fe réfugier dans
le Fort Carillon. Cette action eft d'autant plus
belle , qu'elle a été conduite par un Cadet , & que
fes camarades , ainfi que les Ĉanadiens & les Sauvages
, ont combattu fous fes ordres avec toute la
valeur & la fubordination poffibles . Il y a eu treize
Iroquois & un Népiffingue tués , & deux Cadets ,
quinze Iroquois , un Abenakife & un Canadien
bleffés dangereufement.
M. le Duc de Modene pour reconnoître les
bons fervices que M. le Comte de Mozone , fon
Plénipotentiaire au Congrès d'Aix- la Chapelle , &
fon Miniftre à la Cour de France , vient d'accorà
Madame la Comteffe de Mozone , fa veuve ,
5000 liv . de rente .
Le Vaiffeau du Roi le Triton & la Frégate la
Minerve , ont pris & conduit à Toulon un Corfaire
Anglois armé de 18 canons , & de 107 hommes
d'équipage .
Deux autres Corfaires Anglois appellés , l'un
la Minerve , de Jerzey , de 10 canons & de 70
hommes d'équipage ; l'autre le Mercure , du même
port , armé de 4 canons & de 31 hommes d'équipage
, ont été pris par la Frégate du Roi la
Félicité, & la Corvette la Tourterelle . Il y avoit fur
le premier de ces Corfaires cinq ôtages provenans
d'un pareil nombre de bâtiment François qu'il
avoit rançonnés.
Le Navire Anglois l'Heureux Retour , de 115
tonneaux , charg de charbon de terre , a été pris
par le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne , qui
l'a fait conduire au Havre.
Les Corfaires le Conquérant & l'Agrippe , de
Cherbourg , ont pris & conduit en ce port , l'un
un Brigantin Anglois chargé de lin , l'autre un
liv
200 MERCURE DE FRANCE.
Navire de 90 tonneaux chargé de tuiles.
Il eft de plus arrivé à Cherbourg un Navire
Anglois de 90 tonneaux , qui a été pris par le
Corfaire le Printemps , de Dunkerque , & qui eft
chargé de bled.
Les Corfaires le Comte de la Riviere & le Mefny,
de Granville , ont fait deux rançons , l'une de
200 livres fterlings , l'autre de 700 guinées.
Le Corfaire la Menette , de l'Orient , a pris &
conduit à Morlaix trois Bateaux Anglois , dont un
eft chargé de poiffon frais , & les deux autres de
grains.
>
Le Navire Anglois le Menavé , de 80 tonneaux,
chargé de boeuf, de lard & de beurre d'Irlande
a été pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim ,
qui l'a fait conduire au Port- Louis.
Le Capitaine Anglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de Bayonne , a rançonné pour
2500 livres fterlings un Navire Anglois , dont il
s'étoit rendu maître..
La Gentille , autre Corfaire de Bayonne , s'eft
emparé d'un Navire Anglois chargé de harengs ,
qui a été conduit par relâche dans un port d'Efpagne.
La Frégate du Roi la Danaé , & la Corvette
l'Harmonie , fe font emparé d'un petit Corſaire
de Jerzey , armé de 4 canons , qui a été conduit
au Havre.
Le Senaw Anglois le Mairg , de 140 tonneaux
chargé de charbon de terre , a été pris par le
Corfaire l'Aventurier , de Dunkerque , où il eft
arrivé.
Le Corfaire le Don de Dieu y a auffi fait con
duire un Bateau Anglois qui étoit fur fon left , &
il a rançonné pour quatre - vingts- quinze guinées
un autre Bâtiment dont il s'étoit emparé..
JUILLET. 1758. ΣΟΥ
Le Corfaire le Duc d'Ayen a pris & conduit au
Havre le Navire Anglois le Prince Frédéric , de
120 tonneaux , chargé de raifins & de tartre.
On mande de Granville , que le Corfaire le
Machault , de ce port , a rançonné pour cinq
mille livres sterlings le Navire Anglois la Marie
dont il s'eft emparé.
Le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois la Tartare , de Briſtol , armé
de 24 canons & de 100 hommes d'équipage , & il
P'a fait conduire à Cherbourg.
Le même Corfaire a pris & conduit à Saint-
Malo le Navire Anglois la Conformation , de 275
tonneaux , chargé de 997 barrils de riz & de bois
d'acajou .
Il eft arrivé à Morlaix un Senaw Anglois appellé
la Bety , de 180 tonneaux , chargé de tabac ,
de merrain & de fer. Ce Bâtiment a été pris par
le Capitaine de Lille , commandant le Corfaire la
Fulvie , de Dunkerque.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le document relate divers événements et nominations à la cour du roi. Le marquis de Brunoy a été nommé premier Maître d'Hôtel du roi, succédant au marquis de Livry. Le comte de Fouquet a prêté serment en tant que Lieutenant-Général du Pays Meffin, et le marquis d'Effears a été nommé Menin du Dauphin. Trois ordonnances royales concernant les troupes ont été publiées : la première augmente la ration de pain, la deuxième régule les rations de fourrage en cas de difficulté, et la troisième rétablit le corps des Ingénieurs séparément de l'Artillerie. À l'Académie Française, de la Curne de Sainte-Palaye a été élu pour remplacer Boiffy. Le roi a passé en revue les Mousquetaires et a tenu le sceau pour la trentième fois. Plusieurs changements ont eu lieu dans les départements et régiments, notamment au Département de la Marine avec Moras et Massiac, et dans divers régiments de cavalerie et d'infanterie. Des nouvelles du Canada rapportent des succès militaires des Français contre les Anglais. Le duc de Modène a accordé une rente à la veuve du comte de Mozone. Plusieurs prises de navires anglais par des vaisseaux français sont également mentionnées. En juillet 1758, plusieurs actions navales impliquant des corsaires français ont été rapportées. La Gentille, un corsaire de Bayonne, a capturé un navire anglais chargé de harengs, lequel a été conduit dans un port espagnol. La frégate royale Danaé et la corvette l'Harmonie ont pris un petit corsaire de Jersey armé de quatre canons, conduit au Havre. Le corsaire l'Aventurier, de Dunkerque, a capturé le senau anglais le Mairg, chargé de charbon, et l'a ramené à Dunkerque. Le corsaire le Don de Dieu a conduit un bateau anglais et a rançonné un autre bâtiment pour quatre-vingt-quinze guinées. Le corsaire le Duc d'Ayen a pris le navire anglais le Prince Frédéric, chargé de raisins et de tartre, et l'a conduit au Havre. À Granville, le corsaire le Machault a rançonné le navire anglais la Marie pour cinq mille livres sterlings. Le capitaine Avice, commandant le corsaire la Comtesse de Bentheim, a capturé le corsaire anglais la Tartare, armé de vingt-quatre canons et cent hommes d'équipage, et l'a conduit à Cherbourg. Le même corsaire a également pris le navire anglais la Conformation, chargé de riz et de bois d'acajou, et l'a conduit à Saint-Malo. Enfin, le corsaire la Fulvie, de Dunkerque, a capturé le senau anglais la Bety, chargé de tabac, de merrain et de fer, lequel a été conduit à Morlaix.
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207
p. 201-206
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Roi, la Reine, & la Famille Royale, signerent le 11 Juin le Contrat [...]
Mots clefs :
Famille royale, Audiences, Bretagne, Anglais, Duc, Troupes, Munitions, Camp de Granville, Flotte anglaise, Régiments, Nominations, Ordonnance, Maréchal, Conseil, Brigades
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LeRoi , la Reine, & la Famille Royale , figne:
rent le 11 Juin le Contrat de mariage de M. le
Marquis d'Efparbès , avec Mademoiſelle Thoinard
de Jouy , & celui de M. le Comte de Guitaut
avec Mademoiſelle Durey de Meinieres.
Le IS le Prince Xavier de Saxe partit de Ver
failles vers les dix heures du foir pour fe rendre à
Parmée du Roi.
Iw
201 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majesté a tenu le Sceau pour la trente-unies
me & trente- deuxieme fois.
Madame la Ducheffe de Rohan-Chabot fut préfentée
le 18 au Roi & à la Reine , & elle prit le tabouret.
Le 19 , M. de Chevert , Lieutenant- Général
des Armées du Roi , arriva ici fur les fept heures
du foir. Il eut une conférence avec M. le Maréchal
Duc de Belle -Ifte , & il partit la nuit même pour
fe rendre à l'Armée de M. le Comte de Clermont.
Toutes les lettres qu'on reçoit de Bretagne confirment
que les Anglois fe font rembarqués les 1 1 ,
12 & 13 de Juin avec effroi & précipitation . Ils
n'ont point jugé à propos d'attendre l'arrivée des
Troupes que M. le Duc d'Aiguillon avoit fait venir
de divers endroits de la Province , ni celles
que M. le Duc d'Harcourt amenoit de Normandie.
Tout le dommage qu'ils ont caufé s'eft borné
à Saint- Servan , Fauxbourg de Saint - Malo ; ils
n'ont rien ofé entreprendre contre la Vile , ou
l'on avoit fait entrer deux mille hommes de Trou
pes , foutenus par trois mil e Bourgeois bien ar❤
més & d'une grande réfolution . Cette Ville étoit
d'ailleurs bien pourvue de munitions de toute efpece
, & par conféquent en état de faire une vigoureufe
défenfe. Les Troupes ont marqué beaucoup
d'ardeur pour marcher à l'ennemi , & les
Bretons le plus grand zele pour la défenſe de leur
Province. La Nobleffe , plufieurs Préfidens & Con
feillers du Parlement de Rennes faifoient armer
leurs Vaffaux , & les Ecoliers de Droit ne demandoient
des Officiers
que
les conduire contre
pour
les Anglois. L'Amiral Anfon avoit fait fortir le 15
fa flotte de la Baye de Cancale ; mais les vents
contraires l'ont obligé d'y rentrer , & elle y étoit
encore le Dimanche 18. Partout où fe porteront
les Anglois , ils trouveront nos côtes garnies & en
JUILLET. 1758. 203
état de faire échouer toutes leurs entrepriſes.
Une lettre du camp de Granville , en Baffe - Nor
mandie , datée du ro Juin , contient le détail fuivant.
« Le z de Juin vers les neuf heures du ma-
» tin , la Flotte Angloiſe párut à la Folle de Mon
» ville , & le même jour elle entra vers les fix heu
» res du foir dans l'Anfe de Vauville . Au premier
» avis qu'en reçut M. le Comte de Raymond , Ma.
» réchal de Camp , qui commande à Vallogne
>>> cet Officier Général fit marcher les Grenadiers
» du Régiment de Guyenne , avec un Piquet , &
#il envoya des ordres pour raffembler toutes les
» Troupes de ce quartier . Ces difpofitions devin→
rent inutiles par le départ de la flotte , qu'on re-
» vit le à trois heures du matin à la hauteur du
>> Cap Frehel & cette Flotte mouilla le même
» jour à neuf heures du matin fous Cancale. M.
>> le Com e de Coetlogon , Lieutenant- Général ,
» qui commande à Coutances , fit partir les Gre
>> nidiers de Saint - Chamond ; il donna en même-
>> temps des ordres pour faire marcher les Trou-
» pes de la Généralité , & pour les raffembler à
» Granville , où il arriva le lendemain 6 avec le
» Régiment de Saint - Chamond. Il trouva les ha
» bitans de cette Ville , qui étoient ratfurés par la
>>prefence & par les bonnes difpofitions de M. le
» Prince de Robec , dans la plus grande fécurité .
» Le même jour , ce Général alla reconnoître &
» marquer un camp , où toutes les Troupes fe
>> read rent avec la plus grande diligence. Le Sub-
» dé égué de l'Election de Coutances , que ce Gé
néral avoit char é de faire les approvifionne
» mens néc flaires , avoit pr's des metures fi exac-
> res , que le Régiment de Lorraine fut campé le
» 8 & le reste de l'armée le 9. Ce camp formé en
» quatre jours dans le canton le plus ingrat de la
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , fut abondamment pourvu de tou
tes chofes , & le bois de campement , ainfi que
le bois de chauffage ,fut fourni fi à propos , que
» le Soldat ne fit pas le moindre défordre . La vian-
» de pour le Soldat , eft ici taxée à trois fols , & le
pain le plus blanc à un fol fix deniers . >>
M. le Marquis de Villeroi a prêté ferment le 25
Juin , entre les mains du Roi , pour la furvivance
de la place de Capitaine des Gardes du Corps ,
dont M. le Duc de Villerei , fon oncle , eft titu→
laire. Il en a fait les fonctions le même jour.
Le Roi a nommé Protecteur des affaires de
France , à Rome , M. le Cardinal Profper Colonna
de Sciarra.
M. le Marquis de Cambis , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie , à qui le Roi avoit donné celui
de Nice , vacant par la mort de M. le Comte dela
Queille , ayant défiré de garder le fien , Sa<
Majefté a difpofé de celui de Nice , en faveur
de M. le Vicomte de la Tournelle , Capitaine de
Grenadiers dans le Régiment de Cambis.
Par une nouvelle Ordonnance rendue le premier
Juin dernier , le Roi a accordé une augmentation
de traitement aux Troupes d'Infante
rie Françoife , pour l'entretien du linge & de la
chauffure defdites Troupes.
Le 29. Juin , M. Rouillé , ci- devant Miniftre des
affaires étrangeres , M. le Marquis de Paulmy &
M. de Moras , eurent l'agrément du Roi , pour fe
retirer du Confeil.
Le 30 Juin , M. le Maréchal Duc de Belle- Me
à l'occafion de la mort de M. le Comte de Giſors ,
fon fils , eut l'honneur d'être vifité par le Roi ,
la Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
Infante & Madame Adelaide. Madame la Dauphine
& Mesdames Victoire, Sophie & Louife
JUILLET. 1758. 201
firent le lendemain premier Juillet , le même honce
Maréchal. neur à
Le 2 Juillet , Sa Majefté admit au Confeil M.
le Maréchal d'Eftrées , & M. de Berryer , qui
étoit déja du Confeil des dépêches . M. le Marquis
de Puyfieulx y reprit auffi féance.
Le même jour , M. le Duc de Trefmes prêta
ferment entre les mains du Roi , pour le Gouver
nement de l'Ile de France .
Le 3 Juillet , le Roi donna les entrées de la
Chambre à M. le Duc de Broglie , Lieutenant-
Général de fes Armées.
Le Roi a difpofé de la charge de Meftre de
Camp-Lieutenant du Régiment des Carabiniers
de Monſeigneur le Comte de Provence , en fa-*
veur de M. le Marquis de Poyanne , Lieutenant-
Général , Infpecteur Général des Troupes de
Cavalerie & de Dragons.
De la Brigade vacante dans le même Régiment
, par la mort de M. de la Tour , en faveur
de M. de Saint - André , Lieutenant- Colonel
de celle de Bovet , avec rang de Meſtre de
Camp.
Et de la Brigade vacante par la retraite de
M. de Maifons , en faveur de M. Poiffon de
Malvoifin , Meftre de Camp de Cavalerie..
Le 28, Juin , M. le Duc de Trefmes fut reçu
au Parlement , Pair de France,
Le 26 Juin , M. de la Curne de Sainte- Palaye ,
élu par l'Académie Françoife , pour remplir la
place vacante par la mort de M. Boiffy , prit
féance dans cette Compagnie , & prononça fon
difcours de remerciment auquel M. l'Abbé Alaric
répondit.
La Tartane que commandoit M. Calais d'Arles
, & dont un Ĉorfaire Anglois s'étoit emparé ,
106 MERCURE DE FRANCE.
a été réprife le premier de Jain , par le Navire
le Saint- Antoine, fur les côtes de Catalogue , &
ramenée dans ce Port.
LeRoi , la Reine, & la Famille Royale , figne:
rent le 11 Juin le Contrat de mariage de M. le
Marquis d'Efparbès , avec Mademoiſelle Thoinard
de Jouy , & celui de M. le Comte de Guitaut
avec Mademoiſelle Durey de Meinieres.
Le IS le Prince Xavier de Saxe partit de Ver
failles vers les dix heures du foir pour fe rendre à
Parmée du Roi.
Iw
201 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majesté a tenu le Sceau pour la trente-unies
me & trente- deuxieme fois.
Madame la Ducheffe de Rohan-Chabot fut préfentée
le 18 au Roi & à la Reine , & elle prit le tabouret.
Le 19 , M. de Chevert , Lieutenant- Général
des Armées du Roi , arriva ici fur les fept heures
du foir. Il eut une conférence avec M. le Maréchal
Duc de Belle -Ifte , & il partit la nuit même pour
fe rendre à l'Armée de M. le Comte de Clermont.
Toutes les lettres qu'on reçoit de Bretagne confirment
que les Anglois fe font rembarqués les 1 1 ,
12 & 13 de Juin avec effroi & précipitation . Ils
n'ont point jugé à propos d'attendre l'arrivée des
Troupes que M. le Duc d'Aiguillon avoit fait venir
de divers endroits de la Province , ni celles
que M. le Duc d'Harcourt amenoit de Normandie.
Tout le dommage qu'ils ont caufé s'eft borné
à Saint- Servan , Fauxbourg de Saint - Malo ; ils
n'ont rien ofé entreprendre contre la Vile , ou
l'on avoit fait entrer deux mille hommes de Trou
pes , foutenus par trois mil e Bourgeois bien ar❤
més & d'une grande réfolution . Cette Ville étoit
d'ailleurs bien pourvue de munitions de toute efpece
, & par conféquent en état de faire une vigoureufe
défenfe. Les Troupes ont marqué beaucoup
d'ardeur pour marcher à l'ennemi , & les
Bretons le plus grand zele pour la défenſe de leur
Province. La Nobleffe , plufieurs Préfidens & Con
feillers du Parlement de Rennes faifoient armer
leurs Vaffaux , & les Ecoliers de Droit ne demandoient
des Officiers
que
les conduire contre
pour
les Anglois. L'Amiral Anfon avoit fait fortir le 15
fa flotte de la Baye de Cancale ; mais les vents
contraires l'ont obligé d'y rentrer , & elle y étoit
encore le Dimanche 18. Partout où fe porteront
les Anglois , ils trouveront nos côtes garnies & en
JUILLET. 1758. 203
état de faire échouer toutes leurs entrepriſes.
Une lettre du camp de Granville , en Baffe - Nor
mandie , datée du ro Juin , contient le détail fuivant.
« Le z de Juin vers les neuf heures du ma-
» tin , la Flotte Angloiſe párut à la Folle de Mon
» ville , & le même jour elle entra vers les fix heu
» res du foir dans l'Anfe de Vauville . Au premier
» avis qu'en reçut M. le Comte de Raymond , Ma.
» réchal de Camp , qui commande à Vallogne
>>> cet Officier Général fit marcher les Grenadiers
» du Régiment de Guyenne , avec un Piquet , &
#il envoya des ordres pour raffembler toutes les
» Troupes de ce quartier . Ces difpofitions devin→
rent inutiles par le départ de la flotte , qu'on re-
» vit le à trois heures du matin à la hauteur du
>> Cap Frehel & cette Flotte mouilla le même
» jour à neuf heures du matin fous Cancale. M.
>> le Com e de Coetlogon , Lieutenant- Général ,
» qui commande à Coutances , fit partir les Gre
>> nidiers de Saint - Chamond ; il donna en même-
>> temps des ordres pour faire marcher les Trou-
» pes de la Généralité , & pour les raffembler à
» Granville , où il arriva le lendemain 6 avec le
» Régiment de Saint - Chamond. Il trouva les ha
» bitans de cette Ville , qui étoient ratfurés par la
>>prefence & par les bonnes difpofitions de M. le
» Prince de Robec , dans la plus grande fécurité .
» Le même jour , ce Général alla reconnoître &
» marquer un camp , où toutes les Troupes fe
>> read rent avec la plus grande diligence. Le Sub-
» dé égué de l'Election de Coutances , que ce Gé
néral avoit char é de faire les approvifionne
» mens néc flaires , avoit pr's des metures fi exac-
> res , que le Régiment de Lorraine fut campé le
» 8 & le reste de l'armée le 9. Ce camp formé en
» quatre jours dans le canton le plus ingrat de la
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , fut abondamment pourvu de tou
tes chofes , & le bois de campement , ainfi que
le bois de chauffage ,fut fourni fi à propos , que
» le Soldat ne fit pas le moindre défordre . La vian-
» de pour le Soldat , eft ici taxée à trois fols , & le
pain le plus blanc à un fol fix deniers . >>
M. le Marquis de Villeroi a prêté ferment le 25
Juin , entre les mains du Roi , pour la furvivance
de la place de Capitaine des Gardes du Corps ,
dont M. le Duc de Villerei , fon oncle , eft titu→
laire. Il en a fait les fonctions le même jour.
Le Roi a nommé Protecteur des affaires de
France , à Rome , M. le Cardinal Profper Colonna
de Sciarra.
M. le Marquis de Cambis , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie , à qui le Roi avoit donné celui
de Nice , vacant par la mort de M. le Comte dela
Queille , ayant défiré de garder le fien , Sa<
Majefté a difpofé de celui de Nice , en faveur
de M. le Vicomte de la Tournelle , Capitaine de
Grenadiers dans le Régiment de Cambis.
Par une nouvelle Ordonnance rendue le premier
Juin dernier , le Roi a accordé une augmentation
de traitement aux Troupes d'Infante
rie Françoife , pour l'entretien du linge & de la
chauffure defdites Troupes.
Le 29. Juin , M. Rouillé , ci- devant Miniftre des
affaires étrangeres , M. le Marquis de Paulmy &
M. de Moras , eurent l'agrément du Roi , pour fe
retirer du Confeil.
Le 30 Juin , M. le Maréchal Duc de Belle- Me
à l'occafion de la mort de M. le Comte de Giſors ,
fon fils , eut l'honneur d'être vifité par le Roi ,
la Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
Infante & Madame Adelaide. Madame la Dauphine
& Mesdames Victoire, Sophie & Louife
JUILLET. 1758. 201
firent le lendemain premier Juillet , le même honce
Maréchal. neur à
Le 2 Juillet , Sa Majefté admit au Confeil M.
le Maréchal d'Eftrées , & M. de Berryer , qui
étoit déja du Confeil des dépêches . M. le Marquis
de Puyfieulx y reprit auffi féance.
Le même jour , M. le Duc de Trefmes prêta
ferment entre les mains du Roi , pour le Gouver
nement de l'Ile de France .
Le 3 Juillet , le Roi donna les entrées de la
Chambre à M. le Duc de Broglie , Lieutenant-
Général de fes Armées.
Le Roi a difpofé de la charge de Meftre de
Camp-Lieutenant du Régiment des Carabiniers
de Monſeigneur le Comte de Provence , en fa-*
veur de M. le Marquis de Poyanne , Lieutenant-
Général , Infpecteur Général des Troupes de
Cavalerie & de Dragons.
De la Brigade vacante dans le même Régiment
, par la mort de M. de la Tour , en faveur
de M. de Saint - André , Lieutenant- Colonel
de celle de Bovet , avec rang de Meſtre de
Camp.
Et de la Brigade vacante par la retraite de
M. de Maifons , en faveur de M. Poiffon de
Malvoifin , Meftre de Camp de Cavalerie..
Le 28, Juin , M. le Duc de Trefmes fut reçu
au Parlement , Pair de France,
Le 26 Juin , M. de la Curne de Sainte- Palaye ,
élu par l'Académie Françoife , pour remplir la
place vacante par la mort de M. Boiffy , prit
féance dans cette Compagnie , & prononça fon
difcours de remerciment auquel M. l'Abbé Alaric
répondit.
La Tartane que commandoit M. Calais d'Arles
, & dont un Ĉorfaire Anglois s'étoit emparé ,
106 MERCURE DE FRANCE.
a été réprife le premier de Jain , par le Navire
le Saint- Antoine, fur les côtes de Catalogue , &
ramenée dans ce Port.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En juin et juillet 1758, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 11 juin, le roi et la reine ont signé les contrats de mariage du marquis d'Éparbès avec Mademoiselle Thoinard de Jouy, et du comte de Guitaut avec Mademoiselle Durey de Meinieres. Le prince Xavier de Saxe a quitté la cour pour rejoindre l'armée royale. Le roi a exercé ses fonctions de sceau pour la trente-et-unième et trente-deuxième fois. La duchesse de Rohan-Chabot a été présentée au roi et à la reine le 18 juin et a reçu le privilège du tabouret. Le 19 juin, M. de Chevert, lieutenant-général des armées du roi, est arrivé à Paris et a eu une conférence avec le maréchal duc de Belle-Isle avant de partir pour l'armée du comte de Clermont. En Bretagne, les Anglais ont tenté de débarquer à Saint-Malo les 11, 12 et 13 juin, mais ont dû se rembarquer sans attaquer, face à la résistance des troupes et des bourgeois armés. L'amiral Anson a également échoué à sortir sa flotte de la baie de Cancale en raison des vents contraires. En Basse-Normandie, une flotte anglaise est apparue près de Montville le 22 juin et a mouillé sous Cancale. Les troupes françaises se sont préparées et ont campé près de Granville. Le marquis de Villeroi a prêté serment pour la survivance de la place de capitaine des Gardes du Corps. Le roi a nommé le cardinal Prosper Colonna de Sciarra protecteur des affaires de France à Rome et a accordé une augmentation de traitement aux troupes d'infanterie pour l'entretien du linge et du chauffage. Le 29 juin, M. Rouillé, le marquis de Paulmy et M. de Moras ont obtenu l'agrément du roi pour se retirer du Conseil. Le 30 juin, le maréchal duc de Belle-Isle a été visité par le roi et la famille royale à l'occasion de la mort de son fils. Le 2 juillet, le roi a admis au Conseil le maréchal d'Estrées et M. de Berryer, et le duc de Trémoïlle a prêté serment pour le gouvernement de l'île de France. Le duc de Broglie a reçu les entrées de la Chambre. Plusieurs nominations et promotions ont été effectuées dans les régiments de cavalerie et d'infanterie. Le duc de Trémoïlle a été reçu au Parlement en tant que pair de France. M. de la Curne de Sainte-Palaye a été élu à l'Académie Française pour remplacer M. Boissy. Enfin, la tartane commandée par M. Calais d'Arles, capturée par un corsaire anglais, a été reprise et ramenée en Catalogne.
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208
p. 193-194
DU NORD.
Début :
M. le Marquis de Monteil, ci-devant Ministre Plénipotentiaire de S. M. T. C. [...]
Mots clefs :
Varsovie, Marquis de Monteil, Envoyé extraordinaire, Comte de Broglie, Major général, Troupes, Attaque, Stockholm, Galères, Provisions, Gottenbourg, Incendie, Fonderie
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE VARSOVIE , le 25 Juin.
leMarquisde Monteil , ci -devant Miniſtre
Plénipotentiaire de S. M. T. C. auprès de l'Electeur
de Cologne , a été nommé pour venir remplacer
ici , en qualité d'Envoyé Extraordinaire & de Miniſtre
Plénipotentiaire , M. le Comte de Broglie ,
qui eſt allé ſervir à l'armée de France.
On a cu avis que le Major Général Ruſſien
Demicku, ayant été détaché le 19 Juin , de Konitz
par le Comte de Romanzoff avec un corps
de Troupes , étoit arrivé le 20 au ſoir près de
Ratzembourg , & qu'y ayant trouvé un Parti de
Huſſards Pruffiens ,il l'avoit fait attaquer par cinq
cens Coſaques foutenus par quelques Eſcadrons
de Huſſards ; que les Coſaques avoient d'abord
diſperſé l'ennemi qui avoit laiſſé vingt morts ſur
laplace; qu'on avoit fait ſur lui trente deux priſonniers;
qu'enfin le reſte avoit pris la fuite , &
qu'il avoit été pourſuivi juſqu'au nouveau Stettin.
DE STOCKOLM , le 24 Juin.
On équipe actuellement en ce Port pluſieurs.
Galeres deſtinées à tranſporter en Pomeranie les
I
194 MERCURE DE FRANCE.
munitions & les proviſions néceſſaires pour l'armée
Suédoiſe..
Nous apprenons de Gottenbourg , que le 8 de
Juin, entre cinq & fix heures du foir , le feu prit
à la fonderie de canons qui étoit dans la citadelle
de cette ville , & que le bâtiment a ſauté en l'air .
Il y a péri ſept hommes avec un Officier , & deux
foldats d'Artillerie ont été dangereuſement bleſſés
àquelque diſtance. Le fracas des grenades & des
bombes qui étoient chargées , a duré près de deux
heures. Voilà le ſecond accident de cette nature
que nous effuyons , ce qui fait ſoupçonner que ce
n'eſt point l'effet du hazard.
DE VARSOVIE , le 25 Juin.
leMarquisde Monteil , ci -devant Miniſtre
Plénipotentiaire de S. M. T. C. auprès de l'Electeur
de Cologne , a été nommé pour venir remplacer
ici , en qualité d'Envoyé Extraordinaire & de Miniſtre
Plénipotentiaire , M. le Comte de Broglie ,
qui eſt allé ſervir à l'armée de France.
On a cu avis que le Major Général Ruſſien
Demicku, ayant été détaché le 19 Juin , de Konitz
par le Comte de Romanzoff avec un corps
de Troupes , étoit arrivé le 20 au ſoir près de
Ratzembourg , & qu'y ayant trouvé un Parti de
Huſſards Pruffiens ,il l'avoit fait attaquer par cinq
cens Coſaques foutenus par quelques Eſcadrons
de Huſſards ; que les Coſaques avoient d'abord
diſperſé l'ennemi qui avoit laiſſé vingt morts ſur
laplace; qu'on avoit fait ſur lui trente deux priſonniers;
qu'enfin le reſte avoit pris la fuite , &
qu'il avoit été pourſuivi juſqu'au nouveau Stettin.
DE STOCKOLM , le 24 Juin.
On équipe actuellement en ce Port pluſieurs.
Galeres deſtinées à tranſporter en Pomeranie les
I
194 MERCURE DE FRANCE.
munitions & les proviſions néceſſaires pour l'armée
Suédoiſe..
Nous apprenons de Gottenbourg , que le 8 de
Juin, entre cinq & fix heures du foir , le feu prit
à la fonderie de canons qui étoit dans la citadelle
de cette ville , & que le bâtiment a ſauté en l'air .
Il y a péri ſept hommes avec un Officier , & deux
foldats d'Artillerie ont été dangereuſement bleſſés
àquelque diſtance. Le fracas des grenades & des
bombes qui étoient chargées , a duré près de deux
heures. Voilà le ſecond accident de cette nature
que nous effuyons , ce qui fait ſoupçonner que ce
n'eſt point l'effet du hazard.
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Résumé : DU NORD.
Le texte décrit plusieurs événements militaires et diplomatiques en Europe. À Varsovie, le Marquis de Monteil a été nommé Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire, succédant au Comte de Broglie, parti servir dans l'armée française. Parallèlement, le Major Général Russe Demicku, envoyé par le Comte de Romanzoff, a attaqué des Hussards Prussiens près de Ratzembourg avec des Cosaques et des Hussards. Les Cosaques ont dispersé les Prussiens, laissant vingt morts et trente-deux prisonniers, et ont poursuivi les fuyards jusqu'au nouveau Stettin. À Stockholm, des galères sont équipées pour transporter des munitions et des provisions en Pomeranie pour l'armée suédoise. À Gottenbourg, un incendie a détruit une fonderie de canons dans la citadelle le 8 juin, causant la mort de sept hommes, dont un officier, et blessant gravement deux soldats d'artillerie. L'explosion a duré près de deux heures, suggérant un possible sabotage.
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209
p. 194-200
ALLEMAGNE.
Début :
Depuis le 26 Juin, les Prussiens ont évacué la Poméranie Suédoise. [...]
Mots clefs :
Stralsund, Prusse, Cavalerie, Infanterie, Armée suédoise, Vienne, Comte de Daun, Retraite, Perte de l'ennemi, Olomouc, Mouvements des troupes, Général, Corps, Quartier général, Wrocław, Russes, Général Browne, Hambourg, Bohême, Baron de Dombale, Troupes, Saxe, Dresde, Prince Henry, Strasbourg, Combats
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGN Ε.
DE STRALSUND , le 2 Juillet,
Depuis le 26 Juin, les Pruſſiens ont évacué la
Pomeranie Suédoiſe. Actuellement leur arrieregarde
eſt au-delà de la Peene , à un quart de lieue
de Loitz , & le reſte de leur armée campe entre
Paſſewalk & Prentzlow.
Un détachement de Cavalerie &d'Infanterie de
l'armée Suédoiſe eſt parti le premier Juillet , pour
déloger deux Bataillons Prufſiens poſtés à Swine
& à Peenemunde,&pour attaquer leur arrieregarde.
L'armée Suédoiſe ſera bientôt entiérement rafſemblée
& en état d'aller en avant. Elle ſe renforce
de jour en jour par l'arrivée des Troupes qui
étoient dans l'Ile de Rugen , & de celles qui viennent
de Carlſcroon, dont pluſieurs Corps joignent
ſucceſſivement. Les Huſſards Suédois ont déja été
àDemmin.
AOUST . 1738. 195
DE VIENNE , le 22 Juillet.
On apprendde Moravie que le Comte de Daun
pourſuit vivement les Prufſiens avec toute ſon armée.
Leur tetraite a été ſi précipitée qu'ils ont
abandonné leurs malades & leurs bleſſés , qui font
en très-grand nombre..
Tous les avis que nous recevons ne font que
confirmer la perte que l'ennemi ne pouvoit jamais
évites en ſe retirant, à la vue d'une armée nombreuſe
& fort ſupérieure , par des montagnes &
des défilés. On prétend que la nuit du 2 Juillet ,
on a fait ſur les Pruſſiens près de fix mille prifonniers
; que le Général Putkammer a été pris avec
ſept cens Fufiliers & trois cens Grenadiers ; qu'un
Corps de dix mille hommes eſt entiérement coupé;
que les ennemis ont encloué 60 pieces de leur
canon; que ladéſertion occaſionnée par cette retraite
, n'eſt pas concevable ; qu'enfin ils font les
plus grands efforts , pour gagner promptement le
Comté de Glatz , mais que les Croates & les Pandoures
font des marches forcées , pour tomber ſur
eux partout où ils peuvent les joindre , & qu'un
Corps de trois mille Croates , qui a fait en dix
heures neufmilles d'Allemagne , est allé ſe poſter
àReinertz , pour leur couper les paſſages.
D'OLMULTZ en Moravie , le 12 Juillet.
Il vint de tous côtés le 6 de ce moi des avis concernant
la marche des Pruſſiens , & l'on apprit
qu'une de leurs colonnes ſe portoit ſur Konitz &
Kornitz , que leur Quartier Général étoit ce jourlà
à Mariſch-Tribau ; qu'une autre colonne de
treize à quatorze mille hommes , aux ordres du
1 ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Général Fouquet , marchoit ſur Muglitz par Lit
tau & Auffée , & que cette colonne emmenoit
l'artillerie qui avoit fervi au ſiege.
La pourſuite des ennemis ſe fait en cet ordre.
Le Baron de Bucow , Général de Cavalerie , cotoye
toujours le Roi de Pruffe par ſon flanc gauche,
& il a pris pour cet effet poſte à Oppatowitz . Il a
envoyé à Zwittau & à Schonhengſt quelques Détachemens
de Croates , pour faire des abbatis , &
rendre les chemins de ce côté-là le plus impraticables
qu'il feroit poſſible. La ſeconde colonne eſt
obſervée par le Général de Laudon , qui s'eſt porté
juſqu'àHohenſtadt. Le GénéralComte de Saint-
Ignon est attaché à cette même colonne , & il s'eſt
avancé juſqu'à Bladendorff, où marche auſſi le
Général de Ziskowitz .
De fon côté , le Comte de Daun s'eſt diſpoſé
fur le champ à ſuivre l'ennemi avec toute l'armée.
Dès le même jour 3 , il fit jetter quatre ponts ſur
la Morave , où paſſerent le Corps des Grenadiers
& celui des Carabiniers Impériaux , qui vinrent
enfuite camper ſur les hauteurs de Khrenau. Le 4.
toute l'armée repaſſa la Morave en pluſieurs colonnes
, & elle entra vers le midi dans le camp
deDrahonitz .
Les Proffiens forcent tellement leurs marches,
que nos Détachemens ont beaucoup de peine à
lesjoindre. Cependant leGénéral de Laudon a atteint
leur arriere-garde avec ſes Troupes légeres ;
il leur a déja tué& bleſſé beaucoup de monde
il leur a même enlevé pluſieurs charriots , & il
les pourſuit avec une activité extraordinaire.
,
Le 9 de Juillet , le quartier général du Maréchal
de Daun étoit à Hara , près de Politſchan , &
fon avant-garde à Proſetch. Il continue avec ate
tention de ſuivre la marche des Prufſiens .
1.1
ز
AOUST. 17.58.197
L'entrée du Roi de Pruſſe en Moravie lui coû
te environ quinze mille hommes , dont il a
perdu fix mille au fiége de cette Place , quatre
mille hommes de ſes meilleures Troupes à la
défaite du convoi , & cinq mille déſerteurs , ſans
compter tout ce qu'il perd dans ſa retraite.
DE BRESLAW , les Juillet.
L'approche des Ruſſiens nous eſt confirmée par
tous les avis qui nous viennent des frontieres de
cette Province. Le Corps de Troupes commandé
par leGénéral Browne étoit le 28 du mois de Juin
àLiſſa& à Frauſtadt , & il s'avance à grandesjournées
vers l'Oder.
DE HAMBOURG , le 3 Juillet .
L'Armée du Général Fermer a dirigé ſa marche
fur Konitz , Tauchel & Friedland , ce qui le conduit
directement dans la nouvelle Marche. Les
Troupes légeres de cette armée ont pénétrée dans
laPomeraniePruſſienne par Tempelbourg & Beerwalde.
Quelques lettres de Lithuanie marquent , qu'un
troiſieme Corps de Troupes Ruſſiennes , compofé
de trente mille hommes , eſt encore en marche
pour ſe joindre à l'une des deux armées , qui s'avancent
dans les Etats de Pruffe .
On vient d'apprendre que la Reine& la Famille
Royale de Pruſſe ſont parties de Berlin pour ſe
rendre àMagdebourg : ainſi les Ruſſiens ſont peutêtre
à préſent maîtres de Berlin.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE:
Du Camp de l'Armée combinée à Saatz en
Boheme ,le 6 Juillet.
:
On apprit hier ici que le Baron de Dombale,
Lieutenant-Général , s'étoit mis le 26 Juin en marche
de Bamberg , pour entrer dans le Voigtland
&de- là en Saxe. Le général Comte Eſterhazy a
pouffé il y a quelques jours un fort détachement
aux ordres du Général Luzinsky, juſqu'à Oelſnitz,
d'où nos patrouilles vont fort près de Zwickau.
Suivant leur rapport , le Général Memplatz commande
en cette Ville , qui eſt occupée par un
Corps d'Infanterie , tandis qu'un Corps de Cavale.
rie eſt poſté ſur les derrieres , qui aboutiſſent au
grand chemin de Chemnitz.
Le Corps commandé par le Baron de Dombale,
eſt entré le premier de Juillet dans le camp de
Monichberg , en fort bon état , & bien pourvu
d'artillerie. Il a pouffé ſon avant-garde à Hoff,
&des poſtes à Lobenstein ; il a auſſi porté fur
Konigshoff un gros détachement de Haffards ,
pour éclairerde tous côtés les mouvemens des ennemis
, & s'oppoſer à leurs courſes.
Par les derniers avis de la Saxe on eſt informé
que le Prince Henry occupe encore avec ſon armée
le camp de Tſchoppau , & que fon quartier
général eſtdans le village de Gorna ; qu'il s'aſſemble
un gras corps de ſes troupes à Annaberg , d'où
les Prufliens,font courir le bruit qu'ils vont péné
trer en force en Boheme ; que cependant le camp
de Tſchoppau eft extrêmement fortifié ; qu'il y a
partout entre deux régimens une batterie de huit
canons , & quarante-deux groſſes pieces d'artillerie
à la réſerve ; que derriere ce camp les Pruffiens
ontjetté deux ponts ſur la riviere de Tſchoppau ,
AOUST. 1758. 199
đu côté de Waldkirckin & d'Henerſdorff; qu'ils
forment à Chemnitz un gros magaſin , & qu'enfin
le Prince Henry a fait marquer deux camps , l'un
àCheinzenback , l'autre à Wolchenſtein .
L'armée combinée doit dans deux jours fe met
tre en marche pour entrer en Saxe.
Si l'on en croit les déſerteurs qui nous viennent
de Siléfie , les Ruſſiens font fort près du grand
Glogau. Il y a déja eu une action entre l'avantgarde
de leur armée & les troupes de la garnifon
de Landshut, qui étoient forties de cette ville pour
efcorterunconvoi: on prétend que les Ruffiens
en ont détruit une partie , & enlevé l'autre.
DE DRESDE, le 30 Juin.
Nous apprenons que le Prince Henry a rappellé
la Garniſon de Léipfick , & qu'il n'a laiſſé dans
cette Ville que le Régiment de Saldern, avec quelques
centaines de malades.
11 part d'ici tous les jours une grande quantité
d'avoine pour le camp du Prince à Chemnitz ; les
Etats du Cercle de Miſnie ont fourni pour la tranfporter
cinq cens chariots , tous attelés de quatre
chevaux , qu'on a exigés d'eux par les voies dont
ufent ordinairement les Pruſſiens. Dans tous les
endroits de ce Cercle , qui n'ont pas fourni leurs
recrues , on enleve les jeunes gens de tout âge , &
l'on arrête les parens de ceux qui ont déferté du
ſervice Pruſſien. Le Cercle des montagnes eſt auſſi
tenu d'entretenir cinq cens charriots à quatre chevaux
pour le ſervice journalier du camp.
Le Quartier Général du Prince Henry eſt maintenant
à Gornau , entre Tichoppau & le pont de
Farbenbrukke. Ce Prince vient de détacher quatre
Bataillons pour garder le poſte de Freyberg ;
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
le reſte de ſes Troupes cantonne le long des frontieres
entre la Boheme & le Cercle des montagnes.
DE STRASBOURG , le II Juillet .
Trois Bataillons tirés des Régimens Saxons du
Prince Frederic , des Grenadiers du Roi & du
Prince Xavier , ſont attendus ici le 12, le 14 & le
17 de Juillet. Le 7, les Régimens des Gardes , du
Prince Joſeph , du Prince Clément & du Comtede
Brulh , entrerent en garniſon à Landau. Les Régimens
de Lubomirski & de Mundewitz, font entrés
hier à Weiſſembourg , & le 18 les Régimens du
Prince Maximilien, de Rochau & de Gotha, feront
rendus àHaguenau.
DE STRALSUND , le 2 Juillet,
Depuis le 26 Juin, les Pruſſiens ont évacué la
Pomeranie Suédoiſe. Actuellement leur arrieregarde
eſt au-delà de la Peene , à un quart de lieue
de Loitz , & le reſte de leur armée campe entre
Paſſewalk & Prentzlow.
Un détachement de Cavalerie &d'Infanterie de
l'armée Suédoiſe eſt parti le premier Juillet , pour
déloger deux Bataillons Prufſiens poſtés à Swine
& à Peenemunde,&pour attaquer leur arrieregarde.
L'armée Suédoiſe ſera bientôt entiérement rafſemblée
& en état d'aller en avant. Elle ſe renforce
de jour en jour par l'arrivée des Troupes qui
étoient dans l'Ile de Rugen , & de celles qui viennent
de Carlſcroon, dont pluſieurs Corps joignent
ſucceſſivement. Les Huſſards Suédois ont déja été
àDemmin.
AOUST . 1738. 195
DE VIENNE , le 22 Juillet.
On apprendde Moravie que le Comte de Daun
pourſuit vivement les Prufſiens avec toute ſon armée.
Leur tetraite a été ſi précipitée qu'ils ont
abandonné leurs malades & leurs bleſſés , qui font
en très-grand nombre..
Tous les avis que nous recevons ne font que
confirmer la perte que l'ennemi ne pouvoit jamais
évites en ſe retirant, à la vue d'une armée nombreuſe
& fort ſupérieure , par des montagnes &
des défilés. On prétend que la nuit du 2 Juillet ,
on a fait ſur les Pruſſiens près de fix mille prifonniers
; que le Général Putkammer a été pris avec
ſept cens Fufiliers & trois cens Grenadiers ; qu'un
Corps de dix mille hommes eſt entiérement coupé;
que les ennemis ont encloué 60 pieces de leur
canon; que ladéſertion occaſionnée par cette retraite
, n'eſt pas concevable ; qu'enfin ils font les
plus grands efforts , pour gagner promptement le
Comté de Glatz , mais que les Croates & les Pandoures
font des marches forcées , pour tomber ſur
eux partout où ils peuvent les joindre , & qu'un
Corps de trois mille Croates , qui a fait en dix
heures neufmilles d'Allemagne , est allé ſe poſter
àReinertz , pour leur couper les paſſages.
D'OLMULTZ en Moravie , le 12 Juillet.
Il vint de tous côtés le 6 de ce moi des avis concernant
la marche des Pruſſiens , & l'on apprit
qu'une de leurs colonnes ſe portoit ſur Konitz &
Kornitz , que leur Quartier Général étoit ce jourlà
à Mariſch-Tribau ; qu'une autre colonne de
treize à quatorze mille hommes , aux ordres du
1 ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Général Fouquet , marchoit ſur Muglitz par Lit
tau & Auffée , & que cette colonne emmenoit
l'artillerie qui avoit fervi au ſiege.
La pourſuite des ennemis ſe fait en cet ordre.
Le Baron de Bucow , Général de Cavalerie , cotoye
toujours le Roi de Pruffe par ſon flanc gauche,
& il a pris pour cet effet poſte à Oppatowitz . Il a
envoyé à Zwittau & à Schonhengſt quelques Détachemens
de Croates , pour faire des abbatis , &
rendre les chemins de ce côté-là le plus impraticables
qu'il feroit poſſible. La ſeconde colonne eſt
obſervée par le Général de Laudon , qui s'eſt porté
juſqu'àHohenſtadt. Le GénéralComte de Saint-
Ignon est attaché à cette même colonne , & il s'eſt
avancé juſqu'à Bladendorff, où marche auſſi le
Général de Ziskowitz .
De fon côté , le Comte de Daun s'eſt diſpoſé
fur le champ à ſuivre l'ennemi avec toute l'armée.
Dès le même jour 3 , il fit jetter quatre ponts ſur
la Morave , où paſſerent le Corps des Grenadiers
& celui des Carabiniers Impériaux , qui vinrent
enfuite camper ſur les hauteurs de Khrenau. Le 4.
toute l'armée repaſſa la Morave en pluſieurs colonnes
, & elle entra vers le midi dans le camp
deDrahonitz .
Les Proffiens forcent tellement leurs marches,
que nos Détachemens ont beaucoup de peine à
lesjoindre. Cependant leGénéral de Laudon a atteint
leur arriere-garde avec ſes Troupes légeres ;
il leur a déja tué& bleſſé beaucoup de monde
il leur a même enlevé pluſieurs charriots , & il
les pourſuit avec une activité extraordinaire.
,
Le 9 de Juillet , le quartier général du Maréchal
de Daun étoit à Hara , près de Politſchan , &
fon avant-garde à Proſetch. Il continue avec ate
tention de ſuivre la marche des Prufſiens .
1.1
ز
AOUST. 17.58.197
L'entrée du Roi de Pruſſe en Moravie lui coû
te environ quinze mille hommes , dont il a
perdu fix mille au fiége de cette Place , quatre
mille hommes de ſes meilleures Troupes à la
défaite du convoi , & cinq mille déſerteurs , ſans
compter tout ce qu'il perd dans ſa retraite.
DE BRESLAW , les Juillet.
L'approche des Ruſſiens nous eſt confirmée par
tous les avis qui nous viennent des frontieres de
cette Province. Le Corps de Troupes commandé
par leGénéral Browne étoit le 28 du mois de Juin
àLiſſa& à Frauſtadt , & il s'avance à grandesjournées
vers l'Oder.
DE HAMBOURG , le 3 Juillet .
L'Armée du Général Fermer a dirigé ſa marche
fur Konitz , Tauchel & Friedland , ce qui le conduit
directement dans la nouvelle Marche. Les
Troupes légeres de cette armée ont pénétrée dans
laPomeraniePruſſienne par Tempelbourg & Beerwalde.
Quelques lettres de Lithuanie marquent , qu'un
troiſieme Corps de Troupes Ruſſiennes , compofé
de trente mille hommes , eſt encore en marche
pour ſe joindre à l'une des deux armées , qui s'avancent
dans les Etats de Pruffe .
On vient d'apprendre que la Reine& la Famille
Royale de Pruſſe ſont parties de Berlin pour ſe
rendre àMagdebourg : ainſi les Ruſſiens ſont peutêtre
à préſent maîtres de Berlin.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE:
Du Camp de l'Armée combinée à Saatz en
Boheme ,le 6 Juillet.
:
On apprit hier ici que le Baron de Dombale,
Lieutenant-Général , s'étoit mis le 26 Juin en marche
de Bamberg , pour entrer dans le Voigtland
&de- là en Saxe. Le général Comte Eſterhazy a
pouffé il y a quelques jours un fort détachement
aux ordres du Général Luzinsky, juſqu'à Oelſnitz,
d'où nos patrouilles vont fort près de Zwickau.
Suivant leur rapport , le Général Memplatz commande
en cette Ville , qui eſt occupée par un
Corps d'Infanterie , tandis qu'un Corps de Cavale.
rie eſt poſté ſur les derrieres , qui aboutiſſent au
grand chemin de Chemnitz.
Le Corps commandé par le Baron de Dombale,
eſt entré le premier de Juillet dans le camp de
Monichberg , en fort bon état , & bien pourvu
d'artillerie. Il a pouffé ſon avant-garde à Hoff,
&des poſtes à Lobenstein ; il a auſſi porté fur
Konigshoff un gros détachement de Haffards ,
pour éclairerde tous côtés les mouvemens des ennemis
, & s'oppoſer à leurs courſes.
Par les derniers avis de la Saxe on eſt informé
que le Prince Henry occupe encore avec ſon armée
le camp de Tſchoppau , & que fon quartier
général eſtdans le village de Gorna ; qu'il s'aſſemble
un gras corps de ſes troupes à Annaberg , d'où
les Prufliens,font courir le bruit qu'ils vont péné
trer en force en Boheme ; que cependant le camp
de Tſchoppau eft extrêmement fortifié ; qu'il y a
partout entre deux régimens une batterie de huit
canons , & quarante-deux groſſes pieces d'artillerie
à la réſerve ; que derriere ce camp les Pruffiens
ontjetté deux ponts ſur la riviere de Tſchoppau ,
AOUST. 1758. 199
đu côté de Waldkirckin & d'Henerſdorff; qu'ils
forment à Chemnitz un gros magaſin , & qu'enfin
le Prince Henry a fait marquer deux camps , l'un
àCheinzenback , l'autre à Wolchenſtein .
L'armée combinée doit dans deux jours fe met
tre en marche pour entrer en Saxe.
Si l'on en croit les déſerteurs qui nous viennent
de Siléfie , les Ruſſiens font fort près du grand
Glogau. Il y a déja eu une action entre l'avantgarde
de leur armée & les troupes de la garnifon
de Landshut, qui étoient forties de cette ville pour
efcorterunconvoi: on prétend que les Ruffiens
en ont détruit une partie , & enlevé l'autre.
DE DRESDE, le 30 Juin.
Nous apprenons que le Prince Henry a rappellé
la Garniſon de Léipfick , & qu'il n'a laiſſé dans
cette Ville que le Régiment de Saldern, avec quelques
centaines de malades.
11 part d'ici tous les jours une grande quantité
d'avoine pour le camp du Prince à Chemnitz ; les
Etats du Cercle de Miſnie ont fourni pour la tranfporter
cinq cens chariots , tous attelés de quatre
chevaux , qu'on a exigés d'eux par les voies dont
ufent ordinairement les Pruſſiens. Dans tous les
endroits de ce Cercle , qui n'ont pas fourni leurs
recrues , on enleve les jeunes gens de tout âge , &
l'on arrête les parens de ceux qui ont déferté du
ſervice Pruſſien. Le Cercle des montagnes eſt auſſi
tenu d'entretenir cinq cens charriots à quatre chevaux
pour le ſervice journalier du camp.
Le Quartier Général du Prince Henry eſt maintenant
à Gornau , entre Tichoppau & le pont de
Farbenbrukke. Ce Prince vient de détacher quatre
Bataillons pour garder le poſte de Freyberg ;
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
le reſte de ſes Troupes cantonne le long des frontieres
entre la Boheme & le Cercle des montagnes.
DE STRASBOURG , le II Juillet .
Trois Bataillons tirés des Régimens Saxons du
Prince Frederic , des Grenadiers du Roi & du
Prince Xavier , ſont attendus ici le 12, le 14 & le
17 de Juillet. Le 7, les Régimens des Gardes , du
Prince Joſeph , du Prince Clément & du Comtede
Brulh , entrerent en garniſon à Landau. Les Régimens
de Lubomirski & de Mundewitz, font entrés
hier à Weiſſembourg , & le 18 les Régimens du
Prince Maximilien, de Rochau & de Gotha, feront
rendus àHaguenau.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En juillet 1758, plusieurs mouvements militaires significatifs ont eu lieu en Europe. Le 2 juillet, les Prussiens ont évacué la Poméranie suédoise, avec leur arrière-garde près de Loitz et le reste de l'armée entre Passewalk et Prentzlow. Les Suédois, renforcés par des troupes de l'île de Rügen et de Carlscroon, se préparent à avancer et ont envoyé un détachement pour attaquer les Prussiens à Swine, Peenemünde et leur arrière-garde. Le 22 juillet, depuis Vienne, il est rapporté que le comte de Daun poursuit les Prussiens en Moravie. Les Prussiens, en retraite, ont abandonné leurs malades et blessés. Les forces impériales ont fait environ six mille prisonniers, capturé le général Putkammer avec sept cents fusiliers et trois cents grenadiers, et coupé un corps de dix mille hommes. Les Prussiens ont également encloué soixante pièces de canon et subissent une désertion massive. Les Croates et les Pandoures les poursuivent activement. Le 12 juillet, depuis Olmütz, on apprend que les Prussiens se dirigent vers Konitz et Kornitz, avec leur quartier général à Marisch-Tribau. Une autre colonne, sous le général Fouquet, marche sur Muglitz avec l'artillerie du siège. Les forces impériales, sous les généraux Bucow, Laudon, Saint-Ignon et Ziskowitz, poursuivent les Prussiens. Le maréchal de Daun a traversé la Morave avec son armée et campe à Drahonitz. Le 31 juillet, depuis Breslau, l'approche des Russiens est confirmée. Le général Browne avance vers l'Oder. À Hambourg, l'armée du général Fermer se dirige vers Konitz, Tauchel et Friedland, pénétrant en Poméranie prussienne. Un troisième corps russe de trente mille hommes est en marche pour rejoindre les armées en Prusse. Le 6 juillet, depuis le camp de l'armée combinée à Saatz en Bohême, on rapporte que le baron de Dombale a marché vers le Voigtland et la Saxe. Le prince Henri occupe le camp de Tschoppau avec son armée, fortifié et bien approvisionné. L'armée combinée se prépare à entrer en Saxe. Les Russiens sont signalés près de Glogau, ayant engagé l'avant-garde prussienne. Le 30 juin, depuis Dresde, le prince Henri a rappelé la garnison de Leipzig, laissant seulement le régiment de Saldern. Des recrues et des chariots sont réquisitionnés pour le camp de Chemnitz. Le quartier général du prince Henri est à Gornau, et il a détaché des bataillons pour garder Freyberg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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210
p. 195-203
ALLEMAGNE.
Début :
L'Armée Impériale continue de suivre de près celle des Prussiens. [...]
Mots clefs :
Königgrätz, Armée impériale, Prusse, Général, Maréchal, Troupes, Bataille, Cavalerie, Grenadiers, Colonels, Ennemis, Bravoure, Défaite des ennemis, Armée du Prince de Soubise, Quartier général, Duc de Broglie, Infanterie, Régiments, Comte, Duc, Baron, Cassel, Munitions, Officiers
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGN Ε.
DE KONIGGRATZ EN BOHEME, le 17 Juillet .
L'ARMÉS Impériale continue de ſuivre de près
celle des Pruſſiens. La premiere campa le 3 àGewitz
, & en y arrivant , on apprit que le Roi de
Prufſe étoit déja àLeutomiſchel avec les deux premieres
colonnes de ſon armée ; mais que la troifieme
commandée d'abord par le Général Fouquet
, & actuellement par le Maréchal Keith
étoit encore à Zwittau & dans les environs , d'où
cependant elle commençoit à défiler. Le 7 , le
Comtede Laſci , Lieutenant général , qui avoit
dévancé l'armée pour marquer le camp deGewitz,
avec le corps desGrenadiers & des Carabiniers ,
ayant découvert cette troiſieme colonne qui marchoit
par Krenau à Zwittau , fit fes diſpoſitions
pour en charger l'arriere-garde. Il força d'abord le
village de Krenau ; il s'y foutint affez long-temps
pour arrêter la marche des ennemis , & il obligea
toute la colonne de faire halte. Nos Chaſſeurs ,
qui garniſſoient un bois au deſſus du Village , firentde-
là ſur les Prufſiens un feu continuel , leur
détruifirent pluſieurs charriots chargés de pontons
, prirent beaucoup de chevaux , & firent
quantité de butin. Les ennemis craignant de le
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
voir arrêter long-temps dans leur marche , prirent
leparti de ſe former & ſe préſenterent en bataille,
Comme le feu de leur canon qui n'étoit point
ſupérieur au nôttrree , ne fit point l'effet qu'ils en
attendoient; ils détacherent de l'Infantteerriiee&de
la Cavalerie pour attaquer le village de Krenau.
Quatre compagnies de Grenadiers aux ordres du
Général de Tillier , en occupoient le cimetiere ;
deux autres compagnies dans le Village flanquoient
ce poſte des deux côtés , & le Comte de
Brunian , Colonel des Huſſards Eſclavons , étoit
fur la gauche en dehors avec deux compagnies
de Carabiniers. Au premier choc la Cavalerie ennemie
prit la fuite , & l'Infanterie fut repouſſée
avec perte. La nuit étant ſurvenue , l'ennemi pro.
fita des ténebres pour nous dérober ſa marche ,
ce qu'il fit avec tant de promptitude & de précaution
qu'il nous échappa. L'armée Impériale ſe
remit le 9 en mouvement , & marcha en deux
colonnes par les montagnes ſur Politzka , où elle
ſéjourna le 10. Elle ſe porta le 11 à Sebranitz ,
comptantjoindre à Leutomiſchel la troiſieme colonne
des ennemis , & l'y attaquer ; mais elle en
étoit partie avant le jour , après avoir mis le feu
àfon camp , pendant que les deux autres colonnes
s'avançoient par Hollitz vers cette Place. Le 12 ,
cette troiſieme colonne prit la route des deux
premieres. Comme elle en étoit aſſez éloignée
pour ne pouvoirpas en être ſecourue , lesGénéraux
Laudohn , Ziskowitz & de Saint- Ignon , qui
continuoient de cotoyer l'ennemi ſur ſon flanç
gauche , réfolurent de l'attaquer. Le premier fit
d'abord feu fur les Pruffiens de quatre pieces de
canon , près du village de Woſtzetin : ils répondirent
de dix pieces de leur groſſe artillerie ; ce
pendant ils furent obligés de rebrouffer chemin
SEPTEMBRE. 1758 . 197
&de regagner les hauteurs où ils ſe retrancherent
fur le champ. Ils mirent auſſi le feu au village de
Woſtzetin , apparemment dans le deſſein de faire
connoître par ce ſignal au Roi de Pruſſe qu'ils
étoient attaqués. Tandis que nos Huſſards & nos
Croates harceloient les Pruffiens , le Général de
Saint- Ignon arriva avec ſa Cavalerie. Auffi-tôt
qu'il eut remarqué la façon dont la CavaleriePruffienne
ſe formoit , il la fit obſerver d'un côté par
lesChevaux- légers de Lowenstein , & la fit attaquer
de l'autre par les Grenadiers & les Dragons
de Wirtemberg. Cette attaque ſe fit avec tant
d'ordre & de bravoure , que les ennemis furent
pluſieurs fois renversés , enſuite mis en déroute ,
&totalement diſpertés , malgré leur artillerie qui
tiroit de quatre côtés différens. Déja nous nous
étions emparé de pluſieurs pieces de canon ; mais
l'arrivée du Roi de Pruffe qui accourut avec douze
mille hommes , obligea nos troupes de les abandonner
pour ſe replier ſur leurs anciens poſtes ,
&l'on ſe contenta d'emmener deux caiffons de
poudre & pluſieurs charriots , avec un ſeul étendard.
Cette affaire coûte aux ennemis en morts
bleffés & déferteurs , plus de mille hommes . L'armée
Impériale vint camper le 12 près de Hohenmauth
, & le 1s à Hrochow - Teunitz . Les ennemis
n'ont occupé cette Place qu'un jour , & nos
troupes s'en font remiſes en poffeffion le 14. On
apprend que l'armée Pruſſienne marche avec précipitation
par Jaromitz vers la Siléfie & le Comté
de Glatz.
5 ,
Du Quartier général de l'Armée du Prince
de Soubiſe à Caffel , le 9 Août.
M. le Prince de Soubiſe a détaché le 20 JuilletM.
I inj
198 MERCURE DE FRANCE.
Fiſcher, pour s'emparer du Fort de Zighenhein. La
garniſon ſe retiroit au moment que nos troupes
légeres y font arrivées. On a tué ou bleſſé aux
ennemis vingt hommes & fait environ quatrevingts
priſonniers. On a trouvé dans ce Fort quazorze
pieces de gros canon & fix mille ſacs de:
farine.
M. le Duc de Broglie , que le Prince de Soubiſe
avoit envoyé en avant, & qui commandoit l'avantgardede
l'armée depuis Friedberg , s'eſt avancé le
21 à Veſberg. L'armée est venue camper àHoltzdorff,
& les ennemis ont fait une marche rétro
grade. M. le Prince de Soubiſe a envoyé un renfort
d'une brigade d'Infanterie & d'une de Cavalerie
à M. le Duc de Broglie, pour le mettre en états
d'attaquer les ennemis , s'il en trouvoit l'occaſion.
favorable. M. le Duc de Broglie s'eſt avancé le
22 àHortz , & M. le Prince de Soubiſe a porté
foncamp à Yeſberg. Le 23 , M. le Duc de Broglie
s'eſt avancé à Caffel , dans l'intention d'attaquer.
Parriere-garde des ennemis , au moment qu'ils
décamperoient du village de Sunderhauſen od
étoit leur camp. Il a attendu que fon Infanterie
fût aux portes de Caffel , pour envoyer ordre aux
troupes légeres de paſſer la Fulda au gué du moulin
au deſſus de Caffel. L'Infanterie , la Cavalerie
&lesDragons ont joint au delà du village de Bertelhauſen.
Les ennemis avoient marché par leur
droite , pour ſe porter vers le grand chemin de
Munden. Ce mouvement a déterminé M. le Duc
deBroglie à ſe porter en diligence ſur le village
de Sunderhausen. Il a monté fur la hauteur d'où
il avu les ennemis en bataille , leur droite appuyée
àungrand eſcarpement de la Fulda , & leur gauche
à un bois très-fourré. Il a compris que l'affaire
devenoit féricaſe , & demandoit des diſpoſitions.
SEPTEMBRE. 1758 . 199
fages &meſurées. Il avoit laiffé dans Caffel deux
bataillons de Royal Deux-Ponts , & un bataillon
du même Régiment à Sunderhauſen , pour garder
le défilé en cas d'événement. Ce détachement
avoit réduit le corps qu'il commandoit à environ
ſept mille hommes , & les ennemis à qui il avoit
affaire, étoient plus forts que lui. Le terrein étant
étroit , il a mis l'Infanterie en premiere ligne , la
Cavalerie & les Dragons en ſeconde ligne , & il a
appuyé ſa droite au bois. Il ſe propoſoit d'attaquer
l'Infanterie que les ennemis avoient dans ce
bois , & de les tourner par leur gauche , pour les
culbuter dans la riviere , ſi l'attaque réuffiſſoit.
Lorſque ſa difpofition a été faite , il a placé dix
pieces de canon pour tirer fur la Cavalerie des
ennemis. L'incommodité de ce feu a déterminé
cetteCavalerie à charger l'Infanterie de M. le Duc
deBroglie. Alors ce Générał a fait doubler le Régiment
de Waldner derriere celui de Dieſback ,
&le Régiment de Royal-Baviere derriere un bataillon
de Deux- Ponts. Il a fait avancer par cer
intervalle les Régimens deWirtemberg , de Royal-
Allemand & de Naffau , commandés par M. le
Comte de Raugrave. Lorſque la cavalerie Heſſoiſe
les a vu dépaſſer l'Infanterie , elle s'eſt jettée ſur
fa droite , & a paru vouloir gagner notre gauche.
M. le Duc de Broglie a couru promptement au
Régiment de Raugrave ; il l'a fait avancer par un
intervalle de l'Infanterie ; il a fait marcher le Régiment
d'Apchon à la gauche de cette Infanterie ,
&ce mouvement a arrêté la Cavalerie des ennemis.
Pendant qu'elle étoit incertaine du parti
qu'elle devoit prendre , Wirtemberg , Royal-
Allemand&Naſſau l'ont chargée ; ils ont enfuite
plié , & ont été ſuivis aſſez vivement par les ennemis.
M. le Duc de Broglie a craint pendant un
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
moment que cela n'ébranlât l'Infanterie qui ſe
trouvoit ſans Cavalerie ; mais le Régiment de
Royal- Baviere a fait une ſi vive décharge ſur le
Régiment d'Iſembourg , & l'a maltraité de façon ,
que cette Cavalerie n'a plus reparu depuis.
Pendant ce temps-là ,MM. les Comtes de Waldner
& de Dieſback , la brigade Suiffe & trois compagnies
de Royal Deux- Ponts attaquoient le bois ,
ytrouvoient de la réſiſtance , mais s'y foutenoient
avec beaucoup de valeur. Toute l'Infanterie de la
droite & du centre des ennemis marchoit vivement
à notre gauche , où étoit la brigade de Rohan
, dont Beauvoiſis fermoit la gauche. Cette
Brigade effuyoit le plus grand feu , & y répondoit
avec la plus grande intrépidité. Les ennemis ont
reculé quelques centaines de pas ; mais ils font
revenus avec plus de fureur , & ſe couvrant de
l'eſcarpement , ils avoient un grand avantage fur
nos troupes qui étoient à découvert , de forte que
notre gauche a été obligée de ſe replier. Les ennemis
ſe ſont alongés le long de l'eſcarpement ,
& vouloient gagner nos derrieres. Pour les en
empêcher , M. le Duc de Broglie a fait avancer
quelques eſcadrons de notre Cavalerie qui s'étoient
ralliés . Le feu continuoit toujours avec beaucoup
de violence ; les Régimens de Rohan & de Beauvoiſis
perdoient beaucoup , & la poudre commençoit
à nous manquer. Alors M. le Duc de Broglie
a joint les deux bataillons de Royal- Baviere & de
Deux-Ponts à ceux de Rohan & de Beauvoiſis .
Ces Régimens ont d'abord foncé la bayonnette
au bout du fufil; les ennemis ont pris la fuite , &
ſe ſont jettés dans les bois qui bordent la riviere .
Comme il étoit ſept heures du ſoir , & que les
troupes étoient fatiguées de la marche forcée
qu'elles avoient faite le mêmejour , M. le Duc de
SEPTEMBRE. 1758. 201
)
Broglie a jugé à propos de s'arrêter. Il a envoyé le
Baron de Travers , Brigadier , avec fept cens volontaires
& les Huſſards à la pourſuite de l'ennemi.
L'affaire a duré trois heures , & a été très- vive.
M. le Comte de Roſen , qui s'y eſt conduit avec
beaucoup de valeur , eſt bleſſé de deux coups de
fabre , qui ne font pas dangereux ; M. le Prince de
Naſſau d'un coup de fufil dans le bras , M. le Marquis
de Puyſegur d'un coup de feu à la tête , qui
n'aura pas de ſuites fâcheuſes ; M. le Marquis de
Broglie , Aide de Camp , & neveu du Duc de Broglie
, eſt auſſi bleſſé d'un coup de feu à la cuiffe.
Les ſieurs de Saint-Martin , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Rohan , & du Rouſſet , Major de
Beauvoiſis , ont été tués. M. le Duc de Broglie a
euun cheval bleſſe ſous lui ; ſon Ecuyer& fon Aide
de Camp ont eu leurs chevaux tués. L'Infanterie
a fait des merveilles . La Brigade de Rohan s'eft
extrêmement diftinguée ; elle a pris quatre pieces
de canon aux ennemis , & M. le Prince de Rohan
s'y eſt acquis beaucoup de gloire. Le Régiment
d'Apchon a auffi combattu très-valeureuſement.
L'artillerie a été ſervie avec l'ardeur & l'activité
ordinaires . Cette action , qui eſt une ſuite des difpoſitions
&des marches de notre armée , commandée
par M. le Prince de Soubiſe , eſt une nouvelle
preuve du courage de nos troupes , qui toutes en
général ont bien fait leur devoir. M. le Prince de
Soubiſe a envoyé M. le Marquis d'Autichamp-
Beaumont, Aïde de Camp de M. le Duc de Broglie,
porter la nouvelle de ce combat à la Cour.
M. le Baron de Travers a pourſuivi les ennemis
juſqu'à Munden , d'où ils étoient déja partis. Il
s'en eſt peu fallu que le Prince d'Iſembourg , qui
s'y étoit arrêté , n'ait été pris.
Il y avoit dans Caſſel, au départ du courier, ſept
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
àhuit cens prifonniers , parmi leſquels cinquante
Officiers. Le Comte de Kanitz , qui commandoit
ſous le Prince d'iſembourg , eſt de ce nombre ,
ainſique lepremier Adjudantde ceGénéral &pluſieurs
Lieutenans-Colonels & Majors. La pertedes
Heſſoisdoit être très- conſidérable ; car outre trois
àquatre cens hommes qui ſe ſont précipités du
hautde l'eſcarpement & noyés dans la riviere , nos
foldats en ont fait un grand carnage , lorſqu'ils
les ont mis enfuite la bayonnette au bout dit fufil.
Les ennemis avoient à cette action ſeize pieces
decanon ; nous en avons pris ſept ſur le champ
debataille , & huit autres en les pourſuivant dans
leur retraite. Nous avons perdu de notre côté , par
le feu vifque nos troupes ont effuyé pendant une
heure , quatre cens hommes qui ont été tués,&
douze cens bleſlés ,&dans ce nombre plufieurs
Officiers. Les Milices Heſſoiſes , qui faisoient partie
de cette armée , ont jetté leurs armes &ſe ſont
ſauvées dans les bois , pour retournerdans leurs
villages. On croit que cette armée de huit mille
hommes eft réduite aujourd'hui à trois mille..
M. le Prince de Soubiſe eſt arrivé le 25 à Caſſel
avec le reſte de l'armée. Il y ſéjournera pendant:
quelques jours pour attendre le Duc de Wirtem-..
berg, qui doit l'y joindre le 31 avec fix mille hom--
mesdeſestroupes.
L'attaque de la redoute du fauxbourg de Koniggratz
a eu des fuites avantageuſes. Les Pruffiens
yont laiſſé pluſieurs morts,parmi lesquels s'eft
trouvé le fieur de Brankenbourg , Colonel du Régiment
de Pannowitz. Leur fuite précipitée a empêché
que leur perte ne fût auffi conſidérable
qu'elle devoit l'être. Ils ont emporté plufieurs de
leurs bleſſés , de forte qu'on ne sçauroit en évaluer
exactement le nombre. On leur a enlevé outre le
SEPTEMBRE. 1758 . 203
canon , cinq charriots de munitions , & un fixieme
qui a ſauté. Nous n'avons eu que deux foldats
tués & quinze bleſſés , avec un Officier.
Toute l'armée Pruffienne décampa le 26 des environs
de Koniggratz . Nos troupes légeres furent
détachées auflitôt pour l'incommoder dans ſa retraite.
Le Maréchal Daun fit marcher les jours
ſuivans ſon armée , qui eſt préſentement campée
entre Koniggratz & Jaromitz.
Les Généraux Jahnus & Ziſcowitz ont pénétré
en Siléſie , ont mis les Villes de Friedberg & de
Patſchar à contribution , ont ſurpris & enlevé un
convoi avec une caiſſe de trente-un mille florins
qui alloit à Breſlau.
Le 29 les ennemis ne firent aucun mouvement ;
ils porterent un détachement à Neustadt , & firent "
des diſpoſitions propres à perfuader qu'ils vouloient
s'établir aux environs. Le Maréchal Daun ,
dont le deſſein eſt de les contraindre à évacuer la
Boheme, fit marcher ſon armée le 30 fur trois
colonnes , & ſe forma en arrivant à Hollolowren
ordre de bataille , dans l'intention de combattre
les Pruſſiens. Ils avoient décampé la nuit , & paffé
la Métau. Le 31 , un nouveau mouvement de leur
part fit préſumer qu'ils vouloient entrer en Siléſie
parTrautnau. En conséquence, le Général Jahnus
fit des diſpoſitions qui arrêterent leur marche. Le
Comte de Kalnocki a eu ſon avant-garde attaquée
aux environs de Neustadt. Il a tué aux Pruffiens
ſoixante hommes , un Capitaine & un Lieutenant
, & leur a bleſſé beaucoup de monde. 11
n'a perdu que vingt-cinq hommes ,&pas un ſeul
Officier.
DE KONIGGRATZ EN BOHEME, le 17 Juillet .
L'ARMÉS Impériale continue de ſuivre de près
celle des Pruſſiens. La premiere campa le 3 àGewitz
, & en y arrivant , on apprit que le Roi de
Prufſe étoit déja àLeutomiſchel avec les deux premieres
colonnes de ſon armée ; mais que la troifieme
commandée d'abord par le Général Fouquet
, & actuellement par le Maréchal Keith
étoit encore à Zwittau & dans les environs , d'où
cependant elle commençoit à défiler. Le 7 , le
Comtede Laſci , Lieutenant général , qui avoit
dévancé l'armée pour marquer le camp deGewitz,
avec le corps desGrenadiers & des Carabiniers ,
ayant découvert cette troiſieme colonne qui marchoit
par Krenau à Zwittau , fit fes diſpoſitions
pour en charger l'arriere-garde. Il força d'abord le
village de Krenau ; il s'y foutint affez long-temps
pour arrêter la marche des ennemis , & il obligea
toute la colonne de faire halte. Nos Chaſſeurs ,
qui garniſſoient un bois au deſſus du Village , firentde-
là ſur les Prufſiens un feu continuel , leur
détruifirent pluſieurs charriots chargés de pontons
, prirent beaucoup de chevaux , & firent
quantité de butin. Les ennemis craignant de le
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
voir arrêter long-temps dans leur marche , prirent
leparti de ſe former & ſe préſenterent en bataille,
Comme le feu de leur canon qui n'étoit point
ſupérieur au nôttrree , ne fit point l'effet qu'ils en
attendoient; ils détacherent de l'Infantteerriiee&de
la Cavalerie pour attaquer le village de Krenau.
Quatre compagnies de Grenadiers aux ordres du
Général de Tillier , en occupoient le cimetiere ;
deux autres compagnies dans le Village flanquoient
ce poſte des deux côtés , & le Comte de
Brunian , Colonel des Huſſards Eſclavons , étoit
fur la gauche en dehors avec deux compagnies
de Carabiniers. Au premier choc la Cavalerie ennemie
prit la fuite , & l'Infanterie fut repouſſée
avec perte. La nuit étant ſurvenue , l'ennemi pro.
fita des ténebres pour nous dérober ſa marche ,
ce qu'il fit avec tant de promptitude & de précaution
qu'il nous échappa. L'armée Impériale ſe
remit le 9 en mouvement , & marcha en deux
colonnes par les montagnes ſur Politzka , où elle
ſéjourna le 10. Elle ſe porta le 11 à Sebranitz ,
comptantjoindre à Leutomiſchel la troiſieme colonne
des ennemis , & l'y attaquer ; mais elle en
étoit partie avant le jour , après avoir mis le feu
àfon camp , pendant que les deux autres colonnes
s'avançoient par Hollitz vers cette Place. Le 12 ,
cette troiſieme colonne prit la route des deux
premieres. Comme elle en étoit aſſez éloignée
pour ne pouvoirpas en être ſecourue , lesGénéraux
Laudohn , Ziskowitz & de Saint- Ignon , qui
continuoient de cotoyer l'ennemi ſur ſon flanç
gauche , réfolurent de l'attaquer. Le premier fit
d'abord feu fur les Pruffiens de quatre pieces de
canon , près du village de Woſtzetin : ils répondirent
de dix pieces de leur groſſe artillerie ; ce
pendant ils furent obligés de rebrouffer chemin
SEPTEMBRE. 1758 . 197
&de regagner les hauteurs où ils ſe retrancherent
fur le champ. Ils mirent auſſi le feu au village de
Woſtzetin , apparemment dans le deſſein de faire
connoître par ce ſignal au Roi de Pruſſe qu'ils
étoient attaqués. Tandis que nos Huſſards & nos
Croates harceloient les Pruffiens , le Général de
Saint- Ignon arriva avec ſa Cavalerie. Auffi-tôt
qu'il eut remarqué la façon dont la CavaleriePruffienne
ſe formoit , il la fit obſerver d'un côté par
lesChevaux- légers de Lowenstein , & la fit attaquer
de l'autre par les Grenadiers & les Dragons
de Wirtemberg. Cette attaque ſe fit avec tant
d'ordre & de bravoure , que les ennemis furent
pluſieurs fois renversés , enſuite mis en déroute ,
&totalement diſpertés , malgré leur artillerie qui
tiroit de quatre côtés différens. Déja nous nous
étions emparé de pluſieurs pieces de canon ; mais
l'arrivée du Roi de Pruffe qui accourut avec douze
mille hommes , obligea nos troupes de les abandonner
pour ſe replier ſur leurs anciens poſtes ,
&l'on ſe contenta d'emmener deux caiffons de
poudre & pluſieurs charriots , avec un ſeul étendard.
Cette affaire coûte aux ennemis en morts
bleffés & déferteurs , plus de mille hommes . L'armée
Impériale vint camper le 12 près de Hohenmauth
, & le 1s à Hrochow - Teunitz . Les ennemis
n'ont occupé cette Place qu'un jour , & nos
troupes s'en font remiſes en poffeffion le 14. On
apprend que l'armée Pruſſienne marche avec précipitation
par Jaromitz vers la Siléfie & le Comté
de Glatz.
5 ,
Du Quartier général de l'Armée du Prince
de Soubiſe à Caffel , le 9 Août.
M. le Prince de Soubiſe a détaché le 20 JuilletM.
I inj
198 MERCURE DE FRANCE.
Fiſcher, pour s'emparer du Fort de Zighenhein. La
garniſon ſe retiroit au moment que nos troupes
légeres y font arrivées. On a tué ou bleſſé aux
ennemis vingt hommes & fait environ quatrevingts
priſonniers. On a trouvé dans ce Fort quazorze
pieces de gros canon & fix mille ſacs de:
farine.
M. le Duc de Broglie , que le Prince de Soubiſe
avoit envoyé en avant, & qui commandoit l'avantgardede
l'armée depuis Friedberg , s'eſt avancé le
21 à Veſberg. L'armée est venue camper àHoltzdorff,
& les ennemis ont fait une marche rétro
grade. M. le Prince de Soubiſe a envoyé un renfort
d'une brigade d'Infanterie & d'une de Cavalerie
à M. le Duc de Broglie, pour le mettre en états
d'attaquer les ennemis , s'il en trouvoit l'occaſion.
favorable. M. le Duc de Broglie s'eſt avancé le
22 àHortz , & M. le Prince de Soubiſe a porté
foncamp à Yeſberg. Le 23 , M. le Duc de Broglie
s'eſt avancé à Caffel , dans l'intention d'attaquer.
Parriere-garde des ennemis , au moment qu'ils
décamperoient du village de Sunderhauſen od
étoit leur camp. Il a attendu que fon Infanterie
fût aux portes de Caffel , pour envoyer ordre aux
troupes légeres de paſſer la Fulda au gué du moulin
au deſſus de Caffel. L'Infanterie , la Cavalerie
&lesDragons ont joint au delà du village de Bertelhauſen.
Les ennemis avoient marché par leur
droite , pour ſe porter vers le grand chemin de
Munden. Ce mouvement a déterminé M. le Duc
deBroglie à ſe porter en diligence ſur le village
de Sunderhausen. Il a monté fur la hauteur d'où
il avu les ennemis en bataille , leur droite appuyée
àungrand eſcarpement de la Fulda , & leur gauche
à un bois très-fourré. Il a compris que l'affaire
devenoit féricaſe , & demandoit des diſpoſitions.
SEPTEMBRE. 1758 . 199
fages &meſurées. Il avoit laiffé dans Caffel deux
bataillons de Royal Deux-Ponts , & un bataillon
du même Régiment à Sunderhauſen , pour garder
le défilé en cas d'événement. Ce détachement
avoit réduit le corps qu'il commandoit à environ
ſept mille hommes , & les ennemis à qui il avoit
affaire, étoient plus forts que lui. Le terrein étant
étroit , il a mis l'Infanterie en premiere ligne , la
Cavalerie & les Dragons en ſeconde ligne , & il a
appuyé ſa droite au bois. Il ſe propoſoit d'attaquer
l'Infanterie que les ennemis avoient dans ce
bois , & de les tourner par leur gauche , pour les
culbuter dans la riviere , ſi l'attaque réuffiſſoit.
Lorſque ſa difpofition a été faite , il a placé dix
pieces de canon pour tirer fur la Cavalerie des
ennemis. L'incommodité de ce feu a déterminé
cetteCavalerie à charger l'Infanterie de M. le Duc
deBroglie. Alors ce Générał a fait doubler le Régiment
de Waldner derriere celui de Dieſback ,
&le Régiment de Royal-Baviere derriere un bataillon
de Deux- Ponts. Il a fait avancer par cer
intervalle les Régimens deWirtemberg , de Royal-
Allemand & de Naffau , commandés par M. le
Comte de Raugrave. Lorſque la cavalerie Heſſoiſe
les a vu dépaſſer l'Infanterie , elle s'eſt jettée ſur
fa droite , & a paru vouloir gagner notre gauche.
M. le Duc de Broglie a couru promptement au
Régiment de Raugrave ; il l'a fait avancer par un
intervalle de l'Infanterie ; il a fait marcher le Régiment
d'Apchon à la gauche de cette Infanterie ,
&ce mouvement a arrêté la Cavalerie des ennemis.
Pendant qu'elle étoit incertaine du parti
qu'elle devoit prendre , Wirtemberg , Royal-
Allemand&Naſſau l'ont chargée ; ils ont enfuite
plié , & ont été ſuivis aſſez vivement par les ennemis.
M. le Duc de Broglie a craint pendant un
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
moment que cela n'ébranlât l'Infanterie qui ſe
trouvoit ſans Cavalerie ; mais le Régiment de
Royal- Baviere a fait une ſi vive décharge ſur le
Régiment d'Iſembourg , & l'a maltraité de façon ,
que cette Cavalerie n'a plus reparu depuis.
Pendant ce temps-là ,MM. les Comtes de Waldner
& de Dieſback , la brigade Suiffe & trois compagnies
de Royal Deux- Ponts attaquoient le bois ,
ytrouvoient de la réſiſtance , mais s'y foutenoient
avec beaucoup de valeur. Toute l'Infanterie de la
droite & du centre des ennemis marchoit vivement
à notre gauche , où étoit la brigade de Rohan
, dont Beauvoiſis fermoit la gauche. Cette
Brigade effuyoit le plus grand feu , & y répondoit
avec la plus grande intrépidité. Les ennemis ont
reculé quelques centaines de pas ; mais ils font
revenus avec plus de fureur , & ſe couvrant de
l'eſcarpement , ils avoient un grand avantage fur
nos troupes qui étoient à découvert , de forte que
notre gauche a été obligée de ſe replier. Les ennemis
ſe ſont alongés le long de l'eſcarpement ,
& vouloient gagner nos derrieres. Pour les en
empêcher , M. le Duc de Broglie a fait avancer
quelques eſcadrons de notre Cavalerie qui s'étoient
ralliés . Le feu continuoit toujours avec beaucoup
de violence ; les Régimens de Rohan & de Beauvoiſis
perdoient beaucoup , & la poudre commençoit
à nous manquer. Alors M. le Duc de Broglie
a joint les deux bataillons de Royal- Baviere & de
Deux-Ponts à ceux de Rohan & de Beauvoiſis .
Ces Régimens ont d'abord foncé la bayonnette
au bout du fufil; les ennemis ont pris la fuite , &
ſe ſont jettés dans les bois qui bordent la riviere .
Comme il étoit ſept heures du ſoir , & que les
troupes étoient fatiguées de la marche forcée
qu'elles avoient faite le mêmejour , M. le Duc de
SEPTEMBRE. 1758. 201
)
Broglie a jugé à propos de s'arrêter. Il a envoyé le
Baron de Travers , Brigadier , avec fept cens volontaires
& les Huſſards à la pourſuite de l'ennemi.
L'affaire a duré trois heures , & a été très- vive.
M. le Comte de Roſen , qui s'y eſt conduit avec
beaucoup de valeur , eſt bleſſé de deux coups de
fabre , qui ne font pas dangereux ; M. le Prince de
Naſſau d'un coup de fufil dans le bras , M. le Marquis
de Puyſegur d'un coup de feu à la tête , qui
n'aura pas de ſuites fâcheuſes ; M. le Marquis de
Broglie , Aide de Camp , & neveu du Duc de Broglie
, eſt auſſi bleſſé d'un coup de feu à la cuiffe.
Les ſieurs de Saint-Martin , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Rohan , & du Rouſſet , Major de
Beauvoiſis , ont été tués. M. le Duc de Broglie a
euun cheval bleſſe ſous lui ; ſon Ecuyer& fon Aide
de Camp ont eu leurs chevaux tués. L'Infanterie
a fait des merveilles . La Brigade de Rohan s'eft
extrêmement diftinguée ; elle a pris quatre pieces
de canon aux ennemis , & M. le Prince de Rohan
s'y eſt acquis beaucoup de gloire. Le Régiment
d'Apchon a auffi combattu très-valeureuſement.
L'artillerie a été ſervie avec l'ardeur & l'activité
ordinaires . Cette action , qui eſt une ſuite des difpoſitions
&des marches de notre armée , commandée
par M. le Prince de Soubiſe , eſt une nouvelle
preuve du courage de nos troupes , qui toutes en
général ont bien fait leur devoir. M. le Prince de
Soubiſe a envoyé M. le Marquis d'Autichamp-
Beaumont, Aïde de Camp de M. le Duc de Broglie,
porter la nouvelle de ce combat à la Cour.
M. le Baron de Travers a pourſuivi les ennemis
juſqu'à Munden , d'où ils étoient déja partis. Il
s'en eſt peu fallu que le Prince d'Iſembourg , qui
s'y étoit arrêté , n'ait été pris.
Il y avoit dans Caſſel, au départ du courier, ſept
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
àhuit cens prifonniers , parmi leſquels cinquante
Officiers. Le Comte de Kanitz , qui commandoit
ſous le Prince d'iſembourg , eſt de ce nombre ,
ainſique lepremier Adjudantde ceGénéral &pluſieurs
Lieutenans-Colonels & Majors. La pertedes
Heſſoisdoit être très- conſidérable ; car outre trois
àquatre cens hommes qui ſe ſont précipités du
hautde l'eſcarpement & noyés dans la riviere , nos
foldats en ont fait un grand carnage , lorſqu'ils
les ont mis enfuite la bayonnette au bout dit fufil.
Les ennemis avoient à cette action ſeize pieces
decanon ; nous en avons pris ſept ſur le champ
debataille , & huit autres en les pourſuivant dans
leur retraite. Nous avons perdu de notre côté , par
le feu vifque nos troupes ont effuyé pendant une
heure , quatre cens hommes qui ont été tués,&
douze cens bleſlés ,&dans ce nombre plufieurs
Officiers. Les Milices Heſſoiſes , qui faisoient partie
de cette armée , ont jetté leurs armes &ſe ſont
ſauvées dans les bois , pour retournerdans leurs
villages. On croit que cette armée de huit mille
hommes eft réduite aujourd'hui à trois mille..
M. le Prince de Soubiſe eſt arrivé le 25 à Caſſel
avec le reſte de l'armée. Il y ſéjournera pendant:
quelques jours pour attendre le Duc de Wirtem-..
berg, qui doit l'y joindre le 31 avec fix mille hom--
mesdeſestroupes.
L'attaque de la redoute du fauxbourg de Koniggratz
a eu des fuites avantageuſes. Les Pruffiens
yont laiſſé pluſieurs morts,parmi lesquels s'eft
trouvé le fieur de Brankenbourg , Colonel du Régiment
de Pannowitz. Leur fuite précipitée a empêché
que leur perte ne fût auffi conſidérable
qu'elle devoit l'être. Ils ont emporté plufieurs de
leurs bleſſés , de forte qu'on ne sçauroit en évaluer
exactement le nombre. On leur a enlevé outre le
SEPTEMBRE. 1758 . 203
canon , cinq charriots de munitions , & un fixieme
qui a ſauté. Nous n'avons eu que deux foldats
tués & quinze bleſſés , avec un Officier.
Toute l'armée Pruffienne décampa le 26 des environs
de Koniggratz . Nos troupes légeres furent
détachées auflitôt pour l'incommoder dans ſa retraite.
Le Maréchal Daun fit marcher les jours
ſuivans ſon armée , qui eſt préſentement campée
entre Koniggratz & Jaromitz.
Les Généraux Jahnus & Ziſcowitz ont pénétré
en Siléſie , ont mis les Villes de Friedberg & de
Patſchar à contribution , ont ſurpris & enlevé un
convoi avec une caiſſe de trente-un mille florins
qui alloit à Breſlau.
Le 29 les ennemis ne firent aucun mouvement ;
ils porterent un détachement à Neustadt , & firent "
des diſpoſitions propres à perfuader qu'ils vouloient
s'établir aux environs. Le Maréchal Daun ,
dont le deſſein eſt de les contraindre à évacuer la
Boheme, fit marcher ſon armée le 30 fur trois
colonnes , & ſe forma en arrivant à Hollolowren
ordre de bataille , dans l'intention de combattre
les Pruſſiens. Ils avoient décampé la nuit , & paffé
la Métau. Le 31 , un nouveau mouvement de leur
part fit préſumer qu'ils vouloient entrer en Siléſie
parTrautnau. En conséquence, le Général Jahnus
fit des diſpoſitions qui arrêterent leur marche. Le
Comte de Kalnocki a eu ſon avant-garde attaquée
aux environs de Neustadt. Il a tué aux Pruffiens
ſoixante hommes , un Capitaine & un Lieutenant
, & leur a bleſſé beaucoup de monde. 11
n'a perdu que vingt-cinq hommes ,&pas un ſeul
Officier.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En 1758, des affrontements militaires ont eu lieu en Bohême entre les armées impériale et prussienne. Le 3 juillet, l'armée impériale, dirigée par le comte de Lascy, a découvert une colonne prussienne près de Zwittau. Le 7 juillet, Lascy a attaqué l'arrière-garde prussienne à Krenau, détruisant plusieurs charriots et capturant du butin. Les Prussiens, après une résistance initiale, se sont retirés à la nuit tombée. L'armée impériale a poursuivi les Prussiens et les a engagés près de Wostzetin le 12 juillet. Malgré une victoire initiale, l'arrivée du roi de Prusse avec des renforts a forcé les impériaux à se replier. Les Prussiens ont perdu plus de mille hommes, tandis que les impériaux ont capturé des canons et des charriots. Parallèlement, le prince de Soubise a détaché Fischer pour prendre le fort de Zighenhein, capturant des prisonniers et des provisions. Le duc de Broglie, sous les ordres de Soubise, a engagé les Prussiens près de Caffel le 23 juillet. Après une bataille intense, les impériaux ont repoussé les Prussiens, capturant des canons et infligeant des pertes significatives. Les impériaux ont perdu environ 1600 hommes, tandis que les Prussiens ont vu leur armée réduite de 8000 à 3000 hommes. Le prince de Soubise est arrivé à Cassel le 25 juillet pour attendre des renforts. En septembre 1758, une confrontation a opposé les forces prussiennes à celles du Maréchal Daun. Les Prussiens ont subi des pertes, dont le colonel de Brankenbourg, et ont dû fuir précipitamment. Les forces opposées ont capturé un canon, cinq charriots de munitions et un sixième qui a explosé. Les pertes autrichiennes se sont limitées à deux soldats tués, quinze blessés et un officier blessé. Le 26 septembre, l'armée prussienne a quitté les environs de Koniggratz. Les troupes légères autrichiennes ont harcelé les Prussiens en retraite. L'armée du Maréchal Daun s'est déplacée et est campée entre Koniggratz et Jaromitz. Les généraux Jahnus et Ziscowitz ont pénétré en Silésie, mis les villes de Friedberg et Patschar à contribution, et capturé un convoi contenant trente-et-un mille florins destiné à Breslau. Le 29 septembre, les ennemis n'ont fait aucun mouvement notable, mais ont envoyé un détachement à Neustadt. Le Maréchal Daun a avancé son armée en trois colonnes pour forcer les Prussiens à évacuer la Bohême. Cependant, les Prussiens avaient déjà quitté les lieux. Le 31 septembre, un mouvement prussien a suggéré une tentative d'entrée en Silésie via Trautnau, mais les dispositions du général Jahnus ont arrêté leur avancée. Le comte de Kalnocki a repoussé une attaque prussienne près de Neustadt, tuant soixante hommes, un capitaine et un lieutenant, et blessant de nombreux autres, tout en ne perdant que vingt-cinq hommes et aucun officier.
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211
p. 194-195
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Roi a nommé M. le Marquis de Contades Maréchal de France. [...]
Mots clefs :
Nominations, Louisbourg, Capitulation, Troupes, Duc, Ennemis, Anglais, Prisonniers, Marquis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Le Roi a nommé M. le Marquis de Contades
Maréchal de France.
On a appris par une Gazette extraordinaire de
Londres , que Louiſbourg avoit capitulé le 26
Juillet dernier. Quoique cette nouvelle ſoit annoncée
d'une maniere poſitive , cependant comme
cette Gazette ne contient aucun détail du
ſiege , ni de la priſe de la Place , & qu'on n'a reçu
aucune lettre du Gouverneur , ni des autres Offi
ciers. Il faut attendre des nouvelles plus circonf
tanciées à cet égard,
On a reçu avis le 13 Septembre que M. le Duc
d'Aiguillon , avec ce qu'il avoit pu raffembler
de troupes , avoit attaqué dans l'anſe de Catz le
lundi II , les Anglois au nombre de douze à
treize mille hommes , dans le temps qu'ils ſe
rembarquoient ; que les ennemis avoient d'abord
foutenu cette attaque avec beaucoup de fierté ;
mais qu'ils avoient été enfoncés , taillés en pieces
&culbutésdans la mer ; que nos troupes s'étoient
portées dans l'action avec la plus grande intrépidité
, & qu'elles avoient poursuivi les Anglois,
dans la mer même , en y entrant juſqu'à la ceinture
; que les Anglois ont eu plus de trois mille,
hommes tués fur le rivage , fans compter ceux
qui ſe font noyés , ſoit dans les bâtimens de
tranſport qui ont été coulés à fonds , foit en voulant
ſe ſauver à la nage ; qu'au départ du Courier,
OCTOBRE. 1758 . 195
le nombre des priſonniers montoit à plus de cinq
cens , parmi leſquels il y avoit beaucoup d'Officiers&
de la plus grande deſtinction ; que MM. le
Chevalier de Polignac & le Comte de la Tourd'Auvergne
, avoient été bleſſés dangereuſement ,
ainſi que M. le Marquis de Cucé , Cornette des
Mouſquetaires du Roi , qui étoit à l'action comme
Volontaire. Il paroît que la perte desAnglois
eſt en tout de quatre à cinq mille hommes.
Le Roi a nommé M. le Marquis de Contades
Maréchal de France.
On a appris par une Gazette extraordinaire de
Londres , que Louiſbourg avoit capitulé le 26
Juillet dernier. Quoique cette nouvelle ſoit annoncée
d'une maniere poſitive , cependant comme
cette Gazette ne contient aucun détail du
ſiege , ni de la priſe de la Place , & qu'on n'a reçu
aucune lettre du Gouverneur , ni des autres Offi
ciers. Il faut attendre des nouvelles plus circonf
tanciées à cet égard,
On a reçu avis le 13 Septembre que M. le Duc
d'Aiguillon , avec ce qu'il avoit pu raffembler
de troupes , avoit attaqué dans l'anſe de Catz le
lundi II , les Anglois au nombre de douze à
treize mille hommes , dans le temps qu'ils ſe
rembarquoient ; que les ennemis avoient d'abord
foutenu cette attaque avec beaucoup de fierté ;
mais qu'ils avoient été enfoncés , taillés en pieces
&culbutésdans la mer ; que nos troupes s'étoient
portées dans l'action avec la plus grande intrépidité
, & qu'elles avoient poursuivi les Anglois,
dans la mer même , en y entrant juſqu'à la ceinture
; que les Anglois ont eu plus de trois mille,
hommes tués fur le rivage , fans compter ceux
qui ſe font noyés , ſoit dans les bâtimens de
tranſport qui ont été coulés à fonds , foit en voulant
ſe ſauver à la nage ; qu'au départ du Courier,
OCTOBRE. 1758 . 195
le nombre des priſonniers montoit à plus de cinq
cens , parmi leſquels il y avoit beaucoup d'Officiers&
de la plus grande deſtinction ; que MM. le
Chevalier de Polignac & le Comte de la Tourd'Auvergne
, avoient été bleſſés dangereuſement ,
ainſi que M. le Marquis de Cucé , Cornette des
Mouſquetaires du Roi , qui étoit à l'action comme
Volontaire. Il paroît que la perte desAnglois
eſt en tout de quatre à cinq mille hommes.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le Roi a nommé M. le Marquis de Contades Maréchal de France. Une gazette extraordinaire de Londres a annoncé la capitulation de Louisbourg le 26 juillet, sans fournir de détails sur le siège ou la prise de la place, ni de lettres du gouverneur ou des officiers. Le 13 septembre, il a été rapporté que le Duc d'Aiguillon avait attaqué les Anglais, au nombre de douze à treize mille hommes, alors qu'ils se rembarquaient dans l'anse de Catz. Les Anglais ont d'abord résisté, mais ont été repoussés, subissant des pertes estimées à quatre à cinq mille hommes, avec plus de cinq cents prisonniers, dont plusieurs officiers de haut rang. Les troupes françaises ont montré une grande intrépidité, poursuivant les Anglais même dans la mer. Parmi les blessés figurent le Chevalier de Polignac, le Comte de la Tour d'Auvergne et le Marquis de Cucé.
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212
p. 198-203
Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Début :
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé par M. le Marquis de Vaudreuil, [...]
Mots clefs :
Marquis de Montcalm, Colonies, Canada, Protection, Troupes, Anglais, Chevalier, Renforts, Lac Saint-Sacrement, Mouvements des troupes, Grenadiers, Lieutenant colonel, Régiments, Détachement, Bataille, Colonnes milliaires, Munitions, Secours, Pertes ennemies, Les sauvages, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Détail de l'affaire qui s'eſt paſſsée le 8 Juillet entre
les Troupes du Roi , commandées par M. le Marquis
de Montcalm , & celles d'Angleterre , aux
ordres du Général Abercromby.
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé
par M. le Marquis de Vaudreuil , Gouverneur
Général du Canada, pour protéger la frontiere de
la Cólonie du côté du Lac Saint- Sacrement , fe
rendit à Carillon le 30 Juin. Il y trouva huit Bataillons
de troupes de terre , une compagnie de
Canonniers , deux à trois cens Ouvriers , & quelques
Sauvages. Il reçut quelques jours après un
renfort de quatre cens hommes des troupes de la
Colonie & des Canadiens , commandés par M. de
Remond , Capitaine. Il apprit à Carillon , que les
Anglois avoient aſſemblé au fonds du Lac Saint-
Sacrement , près des ruines du Fort Georges , une
armée compoſée de vingt mille hommes deMilice
, & de fix mille de troupes réglées , aux ordres
du Major Général Abercromby , & qu'elle devoit
ſe mettre en mouvement pour s'emparer du Fort
Carillon& envahir le Canada. Sur l'avis que M.
leMarquis de Montcalm en donna à M. le Marquisde
Vaudreuil ,& fur ceux que ce Gouverneur
en avoit déja reçus , il changea la deftination de
M. le Chevalier de Levis , qui avoit été détaché
du côté de Corlac ; il lui donna ordre de ſe joindre
à M. le Marquis de Montcalm , & fit les
diſpoſitions néceſſaires pour lui procurer d'autres
renforts.
M. le Marquis de Montcalm prit d'abord le
parti d'occuper le poſte de la Chute , fur le bord
du Lac Saint-Sacrement , pour retarder l'ennemi,
OCTOBRE. 1758.
ة ر و
Il y reſta juſqu'au 6 Juillet que les Anglois parurent
en force fur le Lac. M. le Marquis de Montcalm
repaſſa la riviere de la Chute avec toutes
fes troupes , pour venir camper ſous le Fort Carillon
, où il avoit déja fait tracer des retranchemens
. Il envoya en même temps différens détachemens
, pour harceler l'ennemi dans ſa deſcente.
Un de ces détachemens , commandé par MM. de
Trépezée & de Langis , s'étant égaré par la faure
des guides , tomba dans une colonne de l'armée
ennemie déja toute formée.
De ce détachement , qui étoit d'environ trois
cens hommes , il y eut deux Officiers tués , qua
tre Sauvages , & cent quatre-vingt- quatre foldats
desTroupes & Milices tués , ou priſonniers ; le
reſte joignit le corps de nos Troupes.
:
M. le Marquis de Montcalm n'avoit dans ſon
camp devant Carillon en y arrivant , qu'environ
deux mille huit cens hommes de troupes de France
, & quatre cens cinquante de la Colonie , encore
faut-il diſtraire de ce nombre un des batail
lons de Berry , lequel , à l'exception de ſa compagnie
deGrenadiers , fut occupé à la garde & au
ſervice du Fort .
2 Le 7 Juillet au masin , l'armée fut toute employé
au travail des abbatis , ſous la protection
des compagnies de Grenadiers & des Volontaires
qui la couvroient. Les Officiers , la hache à la
main, donnoient l'exemple , & les drapeaux étoient
plantés ſur l'ouvrage. La gauche occupée par les
bataillons de la Sarre & de Languedoc , étoit appuyée
à un eſcarpement diſtant de quatre- vingt
toiſes de la riviere de la Chute. Le fommet de
l'eſcarpement étoit couronné par un abbatis. Cet
abbatis flanquoit une trouée que gardoient de
front les deux compagnies de Volontaires de
1
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
me ,
Bernard&deDuprat. Derriere cette trouée , on
devoit placer fix pieces de canon. La droite gardée
par la Reine , Bearn &Guyenne, étoit également
appuyée à une hauteur dont la pente n'étoit pas
fi roide que celle de lagauche. Dans la plaine
entre cette hauteur & la riviere de Saint- Frederic
furent portés les Troupes de la Colonie & les
Canadiens , qui s'y retrancherent auſſi avec des
abbatis. Le canon du Fort étoit dirigé ſur cette
partie , ainſi que ſur le lieu où le débarquement
pouvoit ſe faire àla gauche de nos retranchemens.
Le centre ſuivoit les ſinuoſités du terrein , confervant
le ſommet des hauteurs , &toutes les parties
ſe flanquoient réciproquement. Ce centre étoit
formé par les bataillons de Royal Rouffillon &
par le premier bataillon de Berry. Dans tout le
front de la ligne , chaque bataillon avoit derriere
lui une compagnie de Grenadiers & un Piquet en
réſerve.
Ceseſpeces de retranchemens étoient faits de
zroncs d'arbres couchés les uns ſur les autres
ayant en avant des arbres renversés , dont les
branches coupées & pointues faifoient l'effet de
chevaux de frife .
Le 7 au foir , il arriva quatre cens hommes
d'élite des Troupes qui avoient d'abord eu une
deftination particuliere ſous les ordres de M. le
Chevalier de Levis. Leur arrivée répandit une
grande joie dans notte armée , & M. le Chevalier
de Levis arriva bientôt après avec M. de Sennezergues,
Lieutenant Colonel du Régiment de la Sarre.
M. le Marquis de Montcalm chargea le Chevalier
de Levis de la défenſe de la droite, le ſieur de
Bourlamaque de celle de la gauche , & il ſe réſerva
le commandement du centre , pour être plus à
portéede donner ſes ordres partout.
OCTOBRE. 1758. 201
L'armée coucha au bivouac. Le 8. à la pointe
du jour , on battit la générale , pour que toutes les
troupes puſſent connoître leurs poſtes. Après ce
mouvement , une partie fut employée à achever
l'abbatis , & l'autre à conſtruire les batteries .
Vers les dix heures du matin, les troupes legeres
des ennemis parurent de l'autre côté de la riviere
, & firent un grand feu , mais de fi loin , que
l'on continua le travail ſans leur répondre..
A midi & demi leur armée déboucha fur nous.
Nos gardes avancées , ainſi que les volontaires &
les compagnies de grenadiers , ſe replierent en bon
ordre,& rentrerent dans la ligne , ſans perdre un
ſeulhomme. Au moment même du ſignal convenu,
les travailleurs & toutes les troupes furent à leurs
armes& à leurs poſtes. La gauche fut la premiere
attaquée par deux colonnes , dont l'une cherchoit
à tourner le retranchement , & ſe trouva ſous le
feu du Régiment de la Sarre ; l'autre dirigea ſes
efforts ſur un angle ſaillant , entre Languedoc &
Berry. Le centre où étoit Royal Rouffillon , fut
attaqué preſqu'en même temps par une troiſieme
colonne,& une quatrieme porta ſon attaque vers
la droite , entre les Bataillons de Bearn & de la
Reine.
Comme les troupes de la Colonie & les Canadiens
, qui occupoient la plaine du côté de la riviere
de Saint - Frédéric ne furent point attaqués , ils
fortirent de leur retranchement , prirent en flanc
la colonne qui attaquoit notre droite ,& tomberent
deſſus avec la plus grande valeur ; çes troupes
étoient commandées par le ſieur de Remond , Capitaine.
Environ à cinq heures , la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de Royal Rouſillon , s'étoit
rejettée ſur l'angle ſaillant du retranchement , dé
Lv
202 MERCURE DE FRANCE.
fendu par le Bataillon de Guyenne & par la gauche
de celui de Bearn : la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de la Reine & de Bearn , s'y rejetta
auſſi , de forte que le danger devint très-grand
à cette attaque. M. le Chevalier de Levis s'y porta
avec quelques troupes de la droite : M. le Marquis
de Montcalm y accourut auſſi avec quelques
troupes de réſerve. Ils firent éprouver aux ennemis
une réſiſtance qui rallentit d'abord leur ardeur.
Le ſieur de Bourlamaque fut bleſſé à cette
attaque , & les ſieurs de Sennezergues & de Privat
, Lieutenans-Colonels , le ſuppléerent.
Vers les fix heures , les deux colonnes de la droite
abandonnerent leur attaque , vinrent faire encore
une tentative contre les Bataillons de Royal
Rouffillon & de Berry , &enfin tenterent un dernier
effort à la gauche.
Depuis fix heures juſqu'à ſept , l'armée ennemie
s'occupa de fa retraite , favoriſée par le feu de ſes
troupes légeres , qui dura juſqu'à la nuit.
Pendant l'action , le feu prit en pluſieurs endroits
; mais il fut éteint ſur le champ. On reçur
du Fort en munitions & en rafraîchiſſemens , tousles
ſecours néceſſaires .
L'obſcurité de la nuit , l'épuiſement & le petir
nombre de nos troupes , les forces de l'ennemi
qui , malgré ſa défaite , étoient encore bien ſupérieures
aux nôtres , la nature du pays dans lequel
on ne peut s'engager ſans guides , ne permirent
pas à nos troupes de pourſuivre lesAnglois. On
comptoit même qu'ils reviendroient le lendemain à
lacharge , mais ils avoient abandonné les poſtes
de la Chute & du Portage ; & M. le Chevalier de
Levis qui fut envoyé le lendemain pour les reconnoître
, ne trouva que des traces d'une fuite precipitée.
OCTOBRE. 1758 . 203
Ön eſtime la perte des ennemis d'après le rapport
de leurs priſonniers , à quatre mille hommes
tués ou bleſſés , parmi leſquels il y a pluſieurs
Officiers de marque. Le Lord How & le ſieur
Spitall , Major général des Troupes réglées , ont
été tués.
Cinq cens Sauvages qui étoient dans l'armée
Angloiſe , ſont toujours reſtés derriere , &n'ont
pas voulu prendre part à l'action .
Le ſuccès de cette journée eſt dû aux bonnes
diſpoſitions de M. le Marquis de Montcalm , &
à la valeur de nos troupes. MM. le Chevalier de
Levis & de Bourlamaque , ſe ſont diftingués dans
le commandement de la droite & de la gauche ;
le premier a eu pluſieurs coups de fufil dans fon
habit , & le ſecond a été bleſſé dangereuſement.
M. de Bougainville , Aide de Camp de M. le Marquis
de Montcalm & M. de Langis , ont été
bleſſés à ſes côtés. Tous les Officiers en général
méritent les plus grands éloges .
Nous avons perdu douze Officiers & quatrevingt-
douze foldats tués ſur le champ de bataille.
Il y a eu vingt- cinq Officiers , & deux cens quarante-
huit foldats bleſſés .
Le Corſaire le Moiſſonneur , eſt rentré dans le
port de Dunkerque avec une priſe Angloiſe eſtimée
vingt-deux mille livres , & une rançon de
deux cens cinquante guinées. Il va armer de nouveau
pour ſa troiſieme courſe , qui aura lieu à la
finde ce mois .
les Troupes du Roi , commandées par M. le Marquis
de Montcalm , & celles d'Angleterre , aux
ordres du Général Abercromby.
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé
par M. le Marquis de Vaudreuil , Gouverneur
Général du Canada, pour protéger la frontiere de
la Cólonie du côté du Lac Saint- Sacrement , fe
rendit à Carillon le 30 Juin. Il y trouva huit Bataillons
de troupes de terre , une compagnie de
Canonniers , deux à trois cens Ouvriers , & quelques
Sauvages. Il reçut quelques jours après un
renfort de quatre cens hommes des troupes de la
Colonie & des Canadiens , commandés par M. de
Remond , Capitaine. Il apprit à Carillon , que les
Anglois avoient aſſemblé au fonds du Lac Saint-
Sacrement , près des ruines du Fort Georges , une
armée compoſée de vingt mille hommes deMilice
, & de fix mille de troupes réglées , aux ordres
du Major Général Abercromby , & qu'elle devoit
ſe mettre en mouvement pour s'emparer du Fort
Carillon& envahir le Canada. Sur l'avis que M.
leMarquis de Montcalm en donna à M. le Marquisde
Vaudreuil ,& fur ceux que ce Gouverneur
en avoit déja reçus , il changea la deftination de
M. le Chevalier de Levis , qui avoit été détaché
du côté de Corlac ; il lui donna ordre de ſe joindre
à M. le Marquis de Montcalm , & fit les
diſpoſitions néceſſaires pour lui procurer d'autres
renforts.
M. le Marquis de Montcalm prit d'abord le
parti d'occuper le poſte de la Chute , fur le bord
du Lac Saint-Sacrement , pour retarder l'ennemi,
OCTOBRE. 1758.
ة ر و
Il y reſta juſqu'au 6 Juillet que les Anglois parurent
en force fur le Lac. M. le Marquis de Montcalm
repaſſa la riviere de la Chute avec toutes
fes troupes , pour venir camper ſous le Fort Carillon
, où il avoit déja fait tracer des retranchemens
. Il envoya en même temps différens détachemens
, pour harceler l'ennemi dans ſa deſcente.
Un de ces détachemens , commandé par MM. de
Trépezée & de Langis , s'étant égaré par la faure
des guides , tomba dans une colonne de l'armée
ennemie déja toute formée.
De ce détachement , qui étoit d'environ trois
cens hommes , il y eut deux Officiers tués , qua
tre Sauvages , & cent quatre-vingt- quatre foldats
desTroupes & Milices tués , ou priſonniers ; le
reſte joignit le corps de nos Troupes.
:
M. le Marquis de Montcalm n'avoit dans ſon
camp devant Carillon en y arrivant , qu'environ
deux mille huit cens hommes de troupes de France
, & quatre cens cinquante de la Colonie , encore
faut-il diſtraire de ce nombre un des batail
lons de Berry , lequel , à l'exception de ſa compagnie
deGrenadiers , fut occupé à la garde & au
ſervice du Fort .
2 Le 7 Juillet au masin , l'armée fut toute employé
au travail des abbatis , ſous la protection
des compagnies de Grenadiers & des Volontaires
qui la couvroient. Les Officiers , la hache à la
main, donnoient l'exemple , & les drapeaux étoient
plantés ſur l'ouvrage. La gauche occupée par les
bataillons de la Sarre & de Languedoc , étoit appuyée
à un eſcarpement diſtant de quatre- vingt
toiſes de la riviere de la Chute. Le fommet de
l'eſcarpement étoit couronné par un abbatis. Cet
abbatis flanquoit une trouée que gardoient de
front les deux compagnies de Volontaires de
1
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
me ,
Bernard&deDuprat. Derriere cette trouée , on
devoit placer fix pieces de canon. La droite gardée
par la Reine , Bearn &Guyenne, étoit également
appuyée à une hauteur dont la pente n'étoit pas
fi roide que celle de lagauche. Dans la plaine
entre cette hauteur & la riviere de Saint- Frederic
furent portés les Troupes de la Colonie & les
Canadiens , qui s'y retrancherent auſſi avec des
abbatis. Le canon du Fort étoit dirigé ſur cette
partie , ainſi que ſur le lieu où le débarquement
pouvoit ſe faire àla gauche de nos retranchemens.
Le centre ſuivoit les ſinuoſités du terrein , confervant
le ſommet des hauteurs , &toutes les parties
ſe flanquoient réciproquement. Ce centre étoit
formé par les bataillons de Royal Rouffillon &
par le premier bataillon de Berry. Dans tout le
front de la ligne , chaque bataillon avoit derriere
lui une compagnie de Grenadiers & un Piquet en
réſerve.
Ceseſpeces de retranchemens étoient faits de
zroncs d'arbres couchés les uns ſur les autres
ayant en avant des arbres renversés , dont les
branches coupées & pointues faifoient l'effet de
chevaux de frife .
Le 7 au foir , il arriva quatre cens hommes
d'élite des Troupes qui avoient d'abord eu une
deftination particuliere ſous les ordres de M. le
Chevalier de Levis. Leur arrivée répandit une
grande joie dans notte armée , & M. le Chevalier
de Levis arriva bientôt après avec M. de Sennezergues,
Lieutenant Colonel du Régiment de la Sarre.
M. le Marquis de Montcalm chargea le Chevalier
de Levis de la défenſe de la droite, le ſieur de
Bourlamaque de celle de la gauche , & il ſe réſerva
le commandement du centre , pour être plus à
portéede donner ſes ordres partout.
OCTOBRE. 1758. 201
L'armée coucha au bivouac. Le 8. à la pointe
du jour , on battit la générale , pour que toutes les
troupes puſſent connoître leurs poſtes. Après ce
mouvement , une partie fut employée à achever
l'abbatis , & l'autre à conſtruire les batteries .
Vers les dix heures du matin, les troupes legeres
des ennemis parurent de l'autre côté de la riviere
, & firent un grand feu , mais de fi loin , que
l'on continua le travail ſans leur répondre..
A midi & demi leur armée déboucha fur nous.
Nos gardes avancées , ainſi que les volontaires &
les compagnies de grenadiers , ſe replierent en bon
ordre,& rentrerent dans la ligne , ſans perdre un
ſeulhomme. Au moment même du ſignal convenu,
les travailleurs & toutes les troupes furent à leurs
armes& à leurs poſtes. La gauche fut la premiere
attaquée par deux colonnes , dont l'une cherchoit
à tourner le retranchement , & ſe trouva ſous le
feu du Régiment de la Sarre ; l'autre dirigea ſes
efforts ſur un angle ſaillant , entre Languedoc &
Berry. Le centre où étoit Royal Rouffillon , fut
attaqué preſqu'en même temps par une troiſieme
colonne,& une quatrieme porta ſon attaque vers
la droite , entre les Bataillons de Bearn & de la
Reine.
Comme les troupes de la Colonie & les Canadiens
, qui occupoient la plaine du côté de la riviere
de Saint - Frédéric ne furent point attaqués , ils
fortirent de leur retranchement , prirent en flanc
la colonne qui attaquoit notre droite ,& tomberent
deſſus avec la plus grande valeur ; çes troupes
étoient commandées par le ſieur de Remond , Capitaine.
Environ à cinq heures , la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de Royal Rouſillon , s'étoit
rejettée ſur l'angle ſaillant du retranchement , dé
Lv
202 MERCURE DE FRANCE.
fendu par le Bataillon de Guyenne & par la gauche
de celui de Bearn : la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de la Reine & de Bearn , s'y rejetta
auſſi , de forte que le danger devint très-grand
à cette attaque. M. le Chevalier de Levis s'y porta
avec quelques troupes de la droite : M. le Marquis
de Montcalm y accourut auſſi avec quelques
troupes de réſerve. Ils firent éprouver aux ennemis
une réſiſtance qui rallentit d'abord leur ardeur.
Le ſieur de Bourlamaque fut bleſſé à cette
attaque , & les ſieurs de Sennezergues & de Privat
, Lieutenans-Colonels , le ſuppléerent.
Vers les fix heures , les deux colonnes de la droite
abandonnerent leur attaque , vinrent faire encore
une tentative contre les Bataillons de Royal
Rouffillon & de Berry , &enfin tenterent un dernier
effort à la gauche.
Depuis fix heures juſqu'à ſept , l'armée ennemie
s'occupa de fa retraite , favoriſée par le feu de ſes
troupes légeres , qui dura juſqu'à la nuit.
Pendant l'action , le feu prit en pluſieurs endroits
; mais il fut éteint ſur le champ. On reçur
du Fort en munitions & en rafraîchiſſemens , tousles
ſecours néceſſaires .
L'obſcurité de la nuit , l'épuiſement & le petir
nombre de nos troupes , les forces de l'ennemi
qui , malgré ſa défaite , étoient encore bien ſupérieures
aux nôtres , la nature du pays dans lequel
on ne peut s'engager ſans guides , ne permirent
pas à nos troupes de pourſuivre lesAnglois. On
comptoit même qu'ils reviendroient le lendemain à
lacharge , mais ils avoient abandonné les poſtes
de la Chute & du Portage ; & M. le Chevalier de
Levis qui fut envoyé le lendemain pour les reconnoître
, ne trouva que des traces d'une fuite precipitée.
OCTOBRE. 1758 . 203
Ön eſtime la perte des ennemis d'après le rapport
de leurs priſonniers , à quatre mille hommes
tués ou bleſſés , parmi leſquels il y a pluſieurs
Officiers de marque. Le Lord How & le ſieur
Spitall , Major général des Troupes réglées , ont
été tués.
Cinq cens Sauvages qui étoient dans l'armée
Angloiſe , ſont toujours reſtés derriere , &n'ont
pas voulu prendre part à l'action .
Le ſuccès de cette journée eſt dû aux bonnes
diſpoſitions de M. le Marquis de Montcalm , &
à la valeur de nos troupes. MM. le Chevalier de
Levis & de Bourlamaque , ſe ſont diftingués dans
le commandement de la droite & de la gauche ;
le premier a eu pluſieurs coups de fufil dans fon
habit , & le ſecond a été bleſſé dangereuſement.
M. de Bougainville , Aide de Camp de M. le Marquis
de Montcalm & M. de Langis , ont été
bleſſés à ſes côtés. Tous les Officiers en général
méritent les plus grands éloges .
Nous avons perdu douze Officiers & quatrevingt-
douze foldats tués ſur le champ de bataille.
Il y a eu vingt- cinq Officiers , & deux cens quarante-
huit foldats bleſſés .
Le Corſaire le Moiſſonneur , eſt rentré dans le
port de Dunkerque avec une priſe Angloiſe eſtimée
vingt-deux mille livres , & une rançon de
deux cens cinquante guinées. Il va armer de nouveau
pour ſa troiſieme courſe , qui aura lieu à la
finde ce mois .
Fermer
Résumé : Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Le 8 juillet, les troupes françaises dirigées par le Marquis de Montcalm affrontèrent les forces anglaises commandées par le Général Abercromby près du Fort Carillon. Montcalm, envoyé par le Gouverneur Général du Canada, le Marquis de Vaudreuil, avait pour mission de défendre la frontière du Lac Saint-Sacrement. Informé de l'approche d'une armée anglaise de vingt-cinq mille hommes, il prit position à la Chute et fit construire des retranchements autour du Fort Carillon. Le 7 juillet, les troupes françaises renforcèrent leurs défenses. Le 8 juillet, à l'aube, les Anglais lancèrent leur attaque. Les Français, bien positionnés, repoussèrent les assauts ennemis grâce à une défense organisée et à l'utilisation stratégique des abattis et des canons. Les Canadiens et les milices jouèrent un rôle crucial en prenant à revers une colonne ennemie. La bataille dura jusqu'au soir, avec des pertes importantes pour les Anglais, estimées à quatre mille hommes tués ou blessés, incluant plusieurs officiers de haut rang. Les Français perdirent douze officiers et quatre-vingt-douze soldats tués, et vingt-cinq officiers et deux cent quarante-huit soldats blessés. Après la bataille, les Anglais se retirèrent, laissant derrière eux des traces de fuite précipitée. Le succès français fut attribué aux stratégies de Montcalm et au courage des troupes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
213
p. 209-214
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 18 Octobre, M. le Marquis de Conflans, Mestre de Camp [...]
Mots clefs :
Prince de Soubise, Divisions, Compagnies, Marquis, Troupes, Bataille, Ennemis, Force, Colonnes milliaires, Cavalerie, Résistance, Perte, Blessés et morts, Duc de Bourgogne, Problèmes de géométrie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
FRANC E.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 18 Octobre , M. le Marquis de Conflans ,
Meftre de Camp du Régiment d'Orleans , a ap
porté au Roi le détail de la bataille de Lutzelberg ,
gagnée par l'armée de Sa Majefté , commandée
par M. le Prince de Soubiſe.
La divifion de M. de Chevert , compofée de
vingt- cinq bataillons & dix- huit efcadrons , des.
Huffards de Berchiny , de la Légion Royale , & des
Volontaires de Flandre , arriva le 8 au camp fous
Caffel. 3
#1
Le 9 , celle aux ordres de M. le Duc de Filtz-
James , compofée de dix bataillons & de douze
efcadrons ; paffa la Fulde à la fuite de toute l'armée
. ¡ ་ "
M. le Prince de Soubife deftina la divifion dë
M. de Chevert à attaquer la gauche des ennemis ,
& M. le Marquis de Voyer fut détaché avec vingt
compagnies de Grenadiers , vingt Piquets , quatre
cents cinquante Carabiniers de la cavalerie , la Légion
Royale , les Volontaires de Flandre , & lé
corps de M. Fifcher , pour faire l'avant- garde de
cette divifion .
M. le Prince de Soubife fe propofant de faire
paffer à toute l'armée le ruiffeau de Benthenlagen ,,
& de la faire camper au- delà , chargea M. le Mar
210 MERCURE DE FRANCE.
quis de Voyer de faire fes difpofitions pour atta
quer le village d'Heligenrode ; mais les mouvemens
de l'ennemi déciderent M. le Prince de Soubife
à le faire tourner par fa gauche , & M. le Marquis
de Voyer fe porta en conféquence jufques fur
les hauteurs qui dominent le village d'Halem. Il
fut renforcé pendant la nuit de dix compagnies de
Grenadiers , de la Brigade des Palatins , & de celle
de Dauphin , cavalerie.
Le 10 , à la pointe du jour , on s'apperçut que
l'armée ennemie abandonnoit fon camp , pour occuper
une pofition plus reculée , fur des hauteurs
& dans des bois , qui couvroient également fon
front & fon flanc gauche , M. le Marquis de Voyer,
à la tête de fon avant- garde , palla dans ce même
inſtant le ravin de Dalem , & gagna les hauteurs
de Fifchenſtein ; il fit attaquer , par les Troupes
legeres , le hameau de Breck , & un bois de hautefutaye
qui eft en avant , dans le deffein d'avoir une
connoiffance exacte de la nouvelle pofition des
ennemis : il y eut un feu de moufqueterie fort vif,
& M. le Comte de Chabot repouffa Pennemi.
M. le Prince de Soubife , après avoir fait fes dif
pofitions , fit déboucher toutes les troupes. M. le
Duc de Broglie , à qui il avoit donné l'avant - garde
à commander , canonna l'armée ennemie & la
força de fe mettre en bataille.
x
5
Les troupes , qui avant l'arrivée de M. de Che
vert & de M. le Duc de Filtz James , compofoient
l'armée de M. le Prince de Soubife , fu ent defti¬
nées à attaquer le front de l'ennemi , tandis que
M. le Duc de Filtz- James en attaqueroit la gaus
che , & que M. de Chevert en tourneroit
flanc.
Toutes les troupes étant arrivées à leur point
de déboucher , les avant- gardes de M. le Duc de
NOVEMBRE. 1758. 217
Broglie , & de M. le Marquis de Voyer , rentrerent
dans les colonnes.
A deux heures trois quarts après midi , M. de
Chevert donna , par quatre coups de canon , le
fignal de l'attaque générale , ainfi qu'il en avoit
reçu l'ordre de M. le Prince de Soubife , & il dé❤
boucha en même temps pour marcher à l'ennemi.
Toutes les colonnes s'ébranlerent enfemble ; mais
ayant eu plus de chemin , ou plus d'obſtacles à furmonter
, le plus grand effort du combat fe fit à la
divifion de M. de Chevert.
Les ennemis le voyant entré dans le bois qui
couvroit leur flanc , & craignant , avec raiſon ,
pour leurs derrieres , dégarnirent leur droite , &
porterent la plus grande partie de leurs troupes
en équerre de ce côté là.
Ils fe préfenterent en force à la fortie du bois ,
que les troupes de M. de Chevert avoient traverfé
fur trois colonnes , dont deux d'infanterie , & la
cavalerie dans le centre.
Les ennemis fe voyant preffés par cette difpofition
, pritent le parti de faire avancer une colonne
nombreuſe , pour nous attaquer , & nous
empêcher de déboucher dans la plaine.
M. de Chevert , après l'a oir fait canonner par
fon artillerie , qui a été fervie pendant tout le courant
de la journée avec la plus grande vivacité &
le plus à propos , donna ordre à M. le Marquis de
Voyer , & à M,le Comte de Bellefont , qui étoient
à la tête de la Cavalerie , de charger cette colonne
; dans le moment elle fut attaquée & culbutée .
C'eſt à cette charge que M. le Marquis de Voyer
a été bleffé.
Il y avoit à la tête de chacune de ces colonnes
d'infanterie , une avant- garde de dix compagnies
de Grenadiers , commandée , fgavoir , celle de la
212 MERCURE DE FRANCE.
gauche , par M. le Comte de Salm , & celle de la
droite , par M. le Vicomte de Belfunce. Ce dernier
ayant été dangereufement bleffé , fut remplacé
par M. le Chevalier de Groflier.
La cavalerie , après ce premier combat , déboucha
dans la plaine, & s'y mit en bataille, pour
faire face à celle des ennemis , qui s'avançoit en
bon ordre , afin de favorifer la retraite de la colonne
d'infanterie , & de rétablir le combat ;
cette cavalerie fut bientôt pliée , & tant que la
bataille a duré , elle a toujours eu le même fort
à plufieurs repriſes différentes. Pendant ce temps,
M. le Comte de Luface , à la tête des Saxons ,
qui formoient la colonne de la gauche , attaqua
un gros corps d'ennemis poftés fur une hauteur ,
où ils avoient placé pluffeurs batteries , d'où ils
dominoient la plaine par laquelle nos colonnes
débouchoient. M. le Comte de Luface chargea
M : le Baron d'Hirne de prendre la hauteur à re
vers , tandis qu'il attaqueroit les ennemis de
front. La réfiftance de ceux-ci fut très - opiniâtre ;
mais M. le Comte de Luſace manoeuvra aveċ
tant d'habileté , & preffa l'attaque fi vivement ,
qu'il fe rendit maître de la hauteur , & du canon
que les ennemis y avoient établi . Alors la victoire
ne fut plus balancée , quoique les ennemis
fiffent encore plufieurs tentatives pour nous arrêter
, & favorifer leur retraite. Ils ont pris la
fuite par le village de Lutzelberg , & n'ont fauvé
les débris de leur armée , qu'à la faveur de la nuit.
Au premier moment de l'attaque de M. de Che
vert , M. le Prince de Soubife marcha de front à
l'ennemi , à la tête de fon armée , & la mit , par
la célérité de fes mouvemens , à portée de faire
un feu d'artillerie très-vif & très - fuivi fur l'àr
mée ennemie , qui fut contrainte de ſe jetter ,en
NOVEMBRE . 1758. 215
•
défordre , dans les bois qui bordent la Véra. Ce
Général fit marcher plufieurs détachemens de la
gauche de l'armée , qui ont pourfuivi les ennemis
jufqu'à trois heures du matin .
On ne peut encore rien dire de certain fur
leur perte, qui ne peut être moindre que de trois
à quatre mille hommes. Les troupes de notre
droite ont pris onze pieces de canon , & les Huf
fard de Berchiny , qui étoient fur le flanc gauche
de l'armée , en ont pris treize , avec plufieurs
drapeaux & étendards , & beaucoup de
bagages.
On ne fçait pas encore au jufte le nombre des
prifonniers ,, parce qu'on en amene à tous mo
momens , parmi lefquels il y a des Officiers de
tout grade. Notre perte ne paroît pas confidérable
on ne compte jufqu'à préfent qu'environ
cinq à fix cents hommes tués ou bleſſés . Les ennemis
fe font enfui dans le plus grand défordre ;
lorfqu'ils ont traverfé Munden , leur cavalerie
étoit confondue avec leur infanterie , & ils n'avoient
pas une feule piece de canon > ce qui fait
croire , qu'ils ont abandonné dans les bois ce qui
leur en reftoit.
Ce détail a été fait trop promptement , pour
pouvoir nommer tous ceux qui fe font diftingués
dans cette journée . On peut dire en général , que
toutes les troupes ont montré , à l'envi , une ardeur
& une fermeté digne des Saxons , des Palatins
, & des François ; tous les Commandans
généraux & particuliers leur ont montré l'exemple.
M. le Marquis de Crillon a été détaché avec
trois Brigades d'infanterie , & les troupes légeres
, pour fuivre les ennemis dans leur retraite,
Il s'eft porté jufqu'à Munden , où il a déja fait
quatre cents prifonniers. On ne fçauroit trop
. 114 MERCURE DE FRANCE.
louer les difpofitions générales de M. le Prince
de Soubife .
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , âgé de fix
ans onze mois , a préſenté au Roi un Livre des
Problêmes de Géométrie , qu'il a conftruit luimême
, & mis au trait. Il y a ajouté le premier
trait d'un exagone fortifié avec le tracé dù foffé ,
du chemin couvert & du glacis . Ce Livre forme un
un petit in-4°.
Il feroit difficile de fe perfuader, vu l'exactitude
& la netteté avec laquelle ces Problêmes font exécutés,
qu'ils font abfolument l'ouvrage d'un Prince
à peine âgé de fept ans , fi l'on n'avoit des témoins
qu'on ne peut récufer . Monfeigneur le Duc de
Bourgogne , qui avoit travaillé à former ce petit
Ouvrage , dans le deffein de le préfenter au Roi ,
le lui a dédié. L'Epitre Dédicatoire eft de fa compofition
, & elle eft écrite de ſa main .
Ilya long- temps qu'on fçait que ce jeune Prince
s'amule beaucoup de la Géométrie. On a fçu lui
faire une espece de jeu des premieres opérations de
cette ſcience . Les marques fingulieres de jugement
& de pénétration qu'il donne dans un âge anffi
tendre , en font concevoir les plus flatteufes efpérances.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 18 Octobre , M. le Marquis de Conflans ,
Meftre de Camp du Régiment d'Orleans , a ap
porté au Roi le détail de la bataille de Lutzelberg ,
gagnée par l'armée de Sa Majefté , commandée
par M. le Prince de Soubiſe.
La divifion de M. de Chevert , compofée de
vingt- cinq bataillons & dix- huit efcadrons , des.
Huffards de Berchiny , de la Légion Royale , & des
Volontaires de Flandre , arriva le 8 au camp fous
Caffel. 3
#1
Le 9 , celle aux ordres de M. le Duc de Filtz-
James , compofée de dix bataillons & de douze
efcadrons ; paffa la Fulde à la fuite de toute l'armée
. ¡ ་ "
M. le Prince de Soubife deftina la divifion dë
M. de Chevert à attaquer la gauche des ennemis ,
& M. le Marquis de Voyer fut détaché avec vingt
compagnies de Grenadiers , vingt Piquets , quatre
cents cinquante Carabiniers de la cavalerie , la Légion
Royale , les Volontaires de Flandre , & lé
corps de M. Fifcher , pour faire l'avant- garde de
cette divifion .
M. le Prince de Soubife fe propofant de faire
paffer à toute l'armée le ruiffeau de Benthenlagen ,,
& de la faire camper au- delà , chargea M. le Mar
210 MERCURE DE FRANCE.
quis de Voyer de faire fes difpofitions pour atta
quer le village d'Heligenrode ; mais les mouvemens
de l'ennemi déciderent M. le Prince de Soubife
à le faire tourner par fa gauche , & M. le Marquis
de Voyer fe porta en conféquence jufques fur
les hauteurs qui dominent le village d'Halem. Il
fut renforcé pendant la nuit de dix compagnies de
Grenadiers , de la Brigade des Palatins , & de celle
de Dauphin , cavalerie.
Le 10 , à la pointe du jour , on s'apperçut que
l'armée ennemie abandonnoit fon camp , pour occuper
une pofition plus reculée , fur des hauteurs
& dans des bois , qui couvroient également fon
front & fon flanc gauche , M. le Marquis de Voyer,
à la tête de fon avant- garde , palla dans ce même
inſtant le ravin de Dalem , & gagna les hauteurs
de Fifchenſtein ; il fit attaquer , par les Troupes
legeres , le hameau de Breck , & un bois de hautefutaye
qui eft en avant , dans le deffein d'avoir une
connoiffance exacte de la nouvelle pofition des
ennemis : il y eut un feu de moufqueterie fort vif,
& M. le Comte de Chabot repouffa Pennemi.
M. le Prince de Soubife , après avoir fait fes dif
pofitions , fit déboucher toutes les troupes. M. le
Duc de Broglie , à qui il avoit donné l'avant - garde
à commander , canonna l'armée ennemie & la
força de fe mettre en bataille.
x
5
Les troupes , qui avant l'arrivée de M. de Che
vert & de M. le Duc de Filtz James , compofoient
l'armée de M. le Prince de Soubife , fu ent defti¬
nées à attaquer le front de l'ennemi , tandis que
M. le Duc de Filtz- James en attaqueroit la gaus
che , & que M. de Chevert en tourneroit
flanc.
Toutes les troupes étant arrivées à leur point
de déboucher , les avant- gardes de M. le Duc de
NOVEMBRE. 1758. 217
Broglie , & de M. le Marquis de Voyer , rentrerent
dans les colonnes.
A deux heures trois quarts après midi , M. de
Chevert donna , par quatre coups de canon , le
fignal de l'attaque générale , ainfi qu'il en avoit
reçu l'ordre de M. le Prince de Soubife , & il dé❤
boucha en même temps pour marcher à l'ennemi.
Toutes les colonnes s'ébranlerent enfemble ; mais
ayant eu plus de chemin , ou plus d'obſtacles à furmonter
, le plus grand effort du combat fe fit à la
divifion de M. de Chevert.
Les ennemis le voyant entré dans le bois qui
couvroit leur flanc , & craignant , avec raiſon ,
pour leurs derrieres , dégarnirent leur droite , &
porterent la plus grande partie de leurs troupes
en équerre de ce côté là.
Ils fe préfenterent en force à la fortie du bois ,
que les troupes de M. de Chevert avoient traverfé
fur trois colonnes , dont deux d'infanterie , & la
cavalerie dans le centre.
Les ennemis fe voyant preffés par cette difpofition
, pritent le parti de faire avancer une colonne
nombreuſe , pour nous attaquer , & nous
empêcher de déboucher dans la plaine.
M. de Chevert , après l'a oir fait canonner par
fon artillerie , qui a été fervie pendant tout le courant
de la journée avec la plus grande vivacité &
le plus à propos , donna ordre à M. le Marquis de
Voyer , & à M,le Comte de Bellefont , qui étoient
à la tête de la Cavalerie , de charger cette colonne
; dans le moment elle fut attaquée & culbutée .
C'eſt à cette charge que M. le Marquis de Voyer
a été bleffé.
Il y avoit à la tête de chacune de ces colonnes
d'infanterie , une avant- garde de dix compagnies
de Grenadiers , commandée , fgavoir , celle de la
212 MERCURE DE FRANCE.
gauche , par M. le Comte de Salm , & celle de la
droite , par M. le Vicomte de Belfunce. Ce dernier
ayant été dangereufement bleffé , fut remplacé
par M. le Chevalier de Groflier.
La cavalerie , après ce premier combat , déboucha
dans la plaine, & s'y mit en bataille, pour
faire face à celle des ennemis , qui s'avançoit en
bon ordre , afin de favorifer la retraite de la colonne
d'infanterie , & de rétablir le combat ;
cette cavalerie fut bientôt pliée , & tant que la
bataille a duré , elle a toujours eu le même fort
à plufieurs repriſes différentes. Pendant ce temps,
M. le Comte de Luface , à la tête des Saxons ,
qui formoient la colonne de la gauche , attaqua
un gros corps d'ennemis poftés fur une hauteur ,
où ils avoient placé pluffeurs batteries , d'où ils
dominoient la plaine par laquelle nos colonnes
débouchoient. M. le Comte de Luface chargea
M : le Baron d'Hirne de prendre la hauteur à re
vers , tandis qu'il attaqueroit les ennemis de
front. La réfiftance de ceux-ci fut très - opiniâtre ;
mais M. le Comte de Luſace manoeuvra aveċ
tant d'habileté , & preffa l'attaque fi vivement ,
qu'il fe rendit maître de la hauteur , & du canon
que les ennemis y avoient établi . Alors la victoire
ne fut plus balancée , quoique les ennemis
fiffent encore plufieurs tentatives pour nous arrêter
, & favorifer leur retraite. Ils ont pris la
fuite par le village de Lutzelberg , & n'ont fauvé
les débris de leur armée , qu'à la faveur de la nuit.
Au premier moment de l'attaque de M. de Che
vert , M. le Prince de Soubife marcha de front à
l'ennemi , à la tête de fon armée , & la mit , par
la célérité de fes mouvemens , à portée de faire
un feu d'artillerie très-vif & très - fuivi fur l'àr
mée ennemie , qui fut contrainte de ſe jetter ,en
NOVEMBRE . 1758. 215
•
défordre , dans les bois qui bordent la Véra. Ce
Général fit marcher plufieurs détachemens de la
gauche de l'armée , qui ont pourfuivi les ennemis
jufqu'à trois heures du matin .
On ne peut encore rien dire de certain fur
leur perte, qui ne peut être moindre que de trois
à quatre mille hommes. Les troupes de notre
droite ont pris onze pieces de canon , & les Huf
fard de Berchiny , qui étoient fur le flanc gauche
de l'armée , en ont pris treize , avec plufieurs
drapeaux & étendards , & beaucoup de
bagages.
On ne fçait pas encore au jufte le nombre des
prifonniers ,, parce qu'on en amene à tous mo
momens , parmi lefquels il y a des Officiers de
tout grade. Notre perte ne paroît pas confidérable
on ne compte jufqu'à préfent qu'environ
cinq à fix cents hommes tués ou bleſſés . Les ennemis
fe font enfui dans le plus grand défordre ;
lorfqu'ils ont traverfé Munden , leur cavalerie
étoit confondue avec leur infanterie , & ils n'avoient
pas une feule piece de canon > ce qui fait
croire , qu'ils ont abandonné dans les bois ce qui
leur en reftoit.
Ce détail a été fait trop promptement , pour
pouvoir nommer tous ceux qui fe font diftingués
dans cette journée . On peut dire en général , que
toutes les troupes ont montré , à l'envi , une ardeur
& une fermeté digne des Saxons , des Palatins
, & des François ; tous les Commandans
généraux & particuliers leur ont montré l'exemple.
M. le Marquis de Crillon a été détaché avec
trois Brigades d'infanterie , & les troupes légeres
, pour fuivre les ennemis dans leur retraite,
Il s'eft porté jufqu'à Munden , où il a déja fait
quatre cents prifonniers. On ne fçauroit trop
. 114 MERCURE DE FRANCE.
louer les difpofitions générales de M. le Prince
de Soubife .
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , âgé de fix
ans onze mois , a préſenté au Roi un Livre des
Problêmes de Géométrie , qu'il a conftruit luimême
, & mis au trait. Il y a ajouté le premier
trait d'un exagone fortifié avec le tracé dù foffé ,
du chemin couvert & du glacis . Ce Livre forme un
un petit in-4°.
Il feroit difficile de fe perfuader, vu l'exactitude
& la netteté avec laquelle ces Problêmes font exécutés,
qu'ils font abfolument l'ouvrage d'un Prince
à peine âgé de fept ans , fi l'on n'avoit des témoins
qu'on ne peut récufer . Monfeigneur le Duc de
Bourgogne , qui avoit travaillé à former ce petit
Ouvrage , dans le deffein de le préfenter au Roi ,
le lui a dédié. L'Epitre Dédicatoire eft de fa compofition
, & elle eft écrite de ſa main .
Ilya long- temps qu'on fçait que ce jeune Prince
s'amule beaucoup de la Géométrie. On a fçu lui
faire une espece de jeu des premieres opérations de
cette ſcience . Les marques fingulieres de jugement
& de pénétration qu'il donne dans un âge anffi
tendre , en font concevoir les plus flatteufes efpérances.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 18 octobre, le Marquis de Conflans informa le roi de la victoire française à la bataille de Lutzelberg, dirigée par le Prince de Soubise. Le 8 octobre, la division de Chevert, composée de 25 bataillons et 18 escadrons, arriva au camp sous Cassel. Le 9 octobre, la division du Duc de Fitz-James, formée de 10 bataillons et 12 escadrons, traversa la Fulde. Le Prince de Soubise ordonna à Chevert d'attaquer la gauche ennemie et à Voyer de former l'avant-garde avec des grenadiers, des carabiniers, la Légion Royale et les Volontaires de Flandre. Le 10 octobre, l'armée ennemie se retira vers une position plus reculée. Voyer traversa le ravin de Dalem et atteignit les hauteurs de Fifchenstein, attaquant le hameau de Breck. À 14h30, le Prince de Soubise ordonna une attaque générale. Les ennemis, voyant Chevert dans le bois, renforcèrent leur gauche en dégarnissant leur droite. Chevert lança une charge de cavalerie, blessant le Marquis de Voyer. La cavalerie ennemie fut repoussée à plusieurs reprises. Le Comte de Lusace captura une hauteur stratégique, assurant la victoire. Les ennemis fuirent par Lutzelberg, abandonnant canons, drapeaux et bagages. Les pertes ennemies furent estimées entre 3 000 et 4 000 hommes, contre 500 à 600 pour les Français. Le Marquis de Crillon poursuivit les ennemis et captura 400 prisonniers à Munden. Par ailleurs, le Duc de Bourgogne, âgé de 6 ans, présenta au roi un livre de géométrie qu'il avait rédigé.
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214
p. 203-205
Détail de la retraite de M. le Duc de Chevreuse, de la ville de Soest, le 18 Octobre 1758.
Début :
Le 17 Octobre 1758, à six heures du soir, M. le Duc de Chevreuse, [...]
Mots clefs :
Duc de Chevreuse, Troupes, Détachement, Maréchal, Patrouilles, Force, Brigades, Cavalerie, Retraite
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Détail de la retraite de M. le Duc de Chevreuse, de la ville de Soest, le 18 Octobre 1758.
Détail de la retraite de M. le Duc de Chevreuse ,
de la ville de Soeft , le 18 Octobre 1758 .
4
Le 17 Octobre 1758 , à fix heures du foir , M.
le Duc de Chevreufe , fut averti par un payſan in
connu qu'un corps de 6000 hommes marchoit
fur lui ; il envoya fur le champ un détachement
& des patrouilles pour en fçavoir la vérité , &
dépêcha, après cela un Courier à M. le Maréchal
de Contades pour lui en donner avis , ainfi qu'à
1
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
M. de Beaufremont & M. de Fitz - James . Il fir
partir tous les équipages , mit les troupes fous les
armes & les y fit paffer la nuit . M. le Maréchal
lui manda par le retour de fon Courier de fe retirer
, s'il étoit attaqué par des forces fupérieures .
ou s'il avoit des avis certains de leur marche fur
lui ; mais qu'il n'avoit connoiffance que d'un Ré
giment de Huffards qui eût paflé la Lippe , ce qui fit
que le Duc de Chevreufe regarda encore comme
moins certain l'avis du payfan inconnu , d'autant
que fon détachement, & fes patrouilles lui avoient.
fait dire qu'ils ne trouvoient perfonne.
A 7 heures du matin le 18 , M. de Beaufre
mont qui l'avoit joint très - diligemment dans la
nuit , voyant qu'on n'appercevoit rien , voulut fe
retirer. M. le Duc de Chevreufe tâcha de l'engager
à refter ; mais comme l'ordre par écrit de M. le
Maréchal donné à M. de Beaufremont portoit feu
lement de refter en bataille à la tête du camp , il
prit le parti pour l'exécuter de fe retirer , & cela
fut heureux , puifque s'il s'étoit retiré avec M. le
Duc de Chevreuſe , il eût expofé fon corps & tous
les équipages de fa divifion à être pris . M. de
Beaufremont étoit encore fort près de M. le Duc
de Chevreufe , quand celui- ci prit le parti de fe
retirer ; mais comme il n'avoit que deux brigades
de Cavalerie qui euffent été inutiles dans le pays
convert , par lequel M. le Duc de Chevreufe s'étoit
affuré de fa retraite , il n'a pu que fçavoir gré
à M. de Beaufremont d'avoir rempli un objet plus
utile.
A huit heures du matin , une garde en avant du
camp de M. le Duc de Chevreufe , le fit avertir que
les ennemis paroiffoient , il s'y porta pour les reconnoître
; & ayant apperçu très- diftinctement
que le corps qui venoit à lui étoit de quatorze
DECEMBRE. 1758 . 1 205
mille hommes au moins , il commença fa retraite .
La Cavalerie des ennemis qui venoit au grand
trot , joignit fon arriere-garde qui étoit déja à
une affez grande diſtance de fon camp ; les huft
efcadrons qui la compofoient étoient fi peu nombreux
, qu'ils ne faifoient à peu près que la valeur
de quatre qui furent pouffés par cette Cavalerie
qui étoit au nombre de vingt - quatre escadrons. Il
y a eu un défordre inévitable , mais qui n'a duré
qu'un moment , parce qu'il envoya ordre à M. fe
Duc de Mazarin de fe placer avec les deux batail-
Ions de fon Régiment dans des haies , mouvement
qu'il a exécuté avec valeur & intelligence ,
les ennemis depuis ce temps n'ont fuivi qu'en
efcarmouchant , & nous n'avons perdu que deux
cens hommes.
Cette retraite n'a point porté coup à la jonction
de MM. de Chevert & de Fitz- James ; & quand
M. le Duc de Chevreufe auroit été affez malheureux
pour cela , elle étoit inévitable pour un
corps réduit à trois mille hommes , par tous les
détachemens qui étoient fortis , & qui font rentrés
fans aucune porte , devant un corps de quatorze
mille hommes fuivi d'une armée.
de la ville de Soeft , le 18 Octobre 1758 .
4
Le 17 Octobre 1758 , à fix heures du foir , M.
le Duc de Chevreufe , fut averti par un payſan in
connu qu'un corps de 6000 hommes marchoit
fur lui ; il envoya fur le champ un détachement
& des patrouilles pour en fçavoir la vérité , &
dépêcha, après cela un Courier à M. le Maréchal
de Contades pour lui en donner avis , ainfi qu'à
1
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
M. de Beaufremont & M. de Fitz - James . Il fir
partir tous les équipages , mit les troupes fous les
armes & les y fit paffer la nuit . M. le Maréchal
lui manda par le retour de fon Courier de fe retirer
, s'il étoit attaqué par des forces fupérieures .
ou s'il avoit des avis certains de leur marche fur
lui ; mais qu'il n'avoit connoiffance que d'un Ré
giment de Huffards qui eût paflé la Lippe , ce qui fit
que le Duc de Chevreufe regarda encore comme
moins certain l'avis du payfan inconnu , d'autant
que fon détachement, & fes patrouilles lui avoient.
fait dire qu'ils ne trouvoient perfonne.
A 7 heures du matin le 18 , M. de Beaufre
mont qui l'avoit joint très - diligemment dans la
nuit , voyant qu'on n'appercevoit rien , voulut fe
retirer. M. le Duc de Chevreufe tâcha de l'engager
à refter ; mais comme l'ordre par écrit de M. le
Maréchal donné à M. de Beaufremont portoit feu
lement de refter en bataille à la tête du camp , il
prit le parti pour l'exécuter de fe retirer , & cela
fut heureux , puifque s'il s'étoit retiré avec M. le
Duc de Chevreuſe , il eût expofé fon corps & tous
les équipages de fa divifion à être pris . M. de
Beaufremont étoit encore fort près de M. le Duc
de Chevreufe , quand celui- ci prit le parti de fe
retirer ; mais comme il n'avoit que deux brigades
de Cavalerie qui euffent été inutiles dans le pays
convert , par lequel M. le Duc de Chevreufe s'étoit
affuré de fa retraite , il n'a pu que fçavoir gré
à M. de Beaufremont d'avoir rempli un objet plus
utile.
A huit heures du matin , une garde en avant du
camp de M. le Duc de Chevreufe , le fit avertir que
les ennemis paroiffoient , il s'y porta pour les reconnoître
; & ayant apperçu très- diftinctement
que le corps qui venoit à lui étoit de quatorze
DECEMBRE. 1758 . 1 205
mille hommes au moins , il commença fa retraite .
La Cavalerie des ennemis qui venoit au grand
trot , joignit fon arriere-garde qui étoit déja à
une affez grande diſtance de fon camp ; les huft
efcadrons qui la compofoient étoient fi peu nombreux
, qu'ils ne faifoient à peu près que la valeur
de quatre qui furent pouffés par cette Cavalerie
qui étoit au nombre de vingt - quatre escadrons. Il
y a eu un défordre inévitable , mais qui n'a duré
qu'un moment , parce qu'il envoya ordre à M. fe
Duc de Mazarin de fe placer avec les deux batail-
Ions de fon Régiment dans des haies , mouvement
qu'il a exécuté avec valeur & intelligence ,
les ennemis depuis ce temps n'ont fuivi qu'en
efcarmouchant , & nous n'avons perdu que deux
cens hommes.
Cette retraite n'a point porté coup à la jonction
de MM. de Chevert & de Fitz- James ; & quand
M. le Duc de Chevreufe auroit été affez malheureux
pour cela , elle étoit inévitable pour un
corps réduit à trois mille hommes , par tous les
détachemens qui étoient fortis , & qui font rentrés
fans aucune porte , devant un corps de quatorze
mille hommes fuivi d'une armée.
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Résumé : Détail de la retraite de M. le Duc de Chevreuse, de la ville de Soest, le 18 Octobre 1758.
Le 17 octobre 1758, le Duc de Chevreuse fut averti par un paysan de l'approche de 6000 hommes. Il envoya des patrouilles et informa le Maréchal de Contades, ainsi que M. de Beaufremont et M. de Fitz-James. Le Maréchal conseilla au Duc de se retirer en cas d'attaque par des forces supérieures, mais l'alerte parut moins certaine. Le 18 octobre, M. de Beaufremont décida de se retirer malgré les tentatives du Duc de le retenir. À 8 heures, une garde avertit le Duc de l'approche de 14 000 ennemis. La cavalerie ennemie perturba temporairement l'arrière-garde du Duc. Le Duc de Mazarin reçut l'ordre de se placer dans des haies pour ralentir les ennemis. La retraite se poursuivit sans compromettre la jonction avec les troupes de MM. de Chevert et de Fitz-James. Les pertes furent limitées à deux cents hommes.
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215
p. 194
DE CONSTANTINOPLE, le 2. Novembre.
Début :
On est toujours fort occupé à la Porte, de la Guerre contre les [...]
Mots clefs :
Arabes, Rébellion, Troupes, Intervention
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE CONSTANTINOPLE, le 2. Novembre.
DE CONSTANTINOPLE , le 2. Novembre.
ON eft toujours fort occupé à la Porte , de
la Guerre contre les Arabes rebelles . Les Troupes
qu'on a mifes en mouvement contre eux ,
ont déja remporté divers avantages ; & on leur
envoye de nouveaux renforts , pour les mettre
en état d'éteindre plutôr ce feu de rebellion .
ON eft toujours fort occupé à la Porte , de
la Guerre contre les Arabes rebelles . Les Troupes
qu'on a mifes en mouvement contre eux ,
ont déja remporté divers avantages ; & on leur
envoye de nouveaux renforts , pour les mettre
en état d'éteindre plutôr ce feu de rebellion .
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216
p. 209-211
Extrait d'une Lettre de Pyrna le 11. Novembre.
Début :
La Famille Royale jouit jusqu'à présent d'une bonne santé ; c'est la seule [...]
Mots clefs :
Famille royale, Dresde, Incendie, Maréchal Daun, Cruauté, Lois de la guerre, Dégâts, Victimes, Armée impériale, Troupes, Sieur Zavoiski, Comte, Prince, Barbares
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Pyrna le 11. Novembre.
Extrait d'une Lettre de Pyrna le 11. Novembre.
La Famille Royale jouit jufqu'à préfent d'une
bonne fanté ; c'eft la feule nouvelle confolante
que je puiffe mander. Tout le reste eft un tiffu
d'horreurs. J'allai hier à la découverte fu feu que
j'avois apperçu du côté de Drefde . Je vis tous
les Faubourgs de cette Ville en flamme . Je me
hâtai d'aller au Quartier Général à Nɔdnitz . Je
rencontrai fur le chemin la femme d'un Colonel
, échappé à l'incendie , & qui fe fauvoit à pred
avec les deux petits enfans. Je trouvai le Maréchal
Daun & tous les Généraux plongés dans la
douleur. Ce Maréchal me fit appeller , & déplora
, les larmes aux yeux, ce cruel événement , en
proteftant qu'il n'y avoit donné aucune occafion .
Uniquement occupé du falut de la Famille
Royale , je propofai d'envoyer un Trompette au
Comte de Schmettau , qui commande à Dreſde ,
pour l'engager à ne rien attenter contre elle .
Le fieur Zavoiski , Colonel , s'offrir pour exécuter
cette commiffion , & partit fur le champ avec le
Trompette. Il fut chargé de dire au Commandant
, que le Maréchal Daun étoit également
furpris & indigné de l'action barbare qu'il commettoit
; qu'il n'y avoit donné aucun lieu , puifqu'il
n'avoit encore ni fommé la Ville , ni fait
tirer contre elle un feul coup de canon , ni enfin
pris un pouce du terrein des Fauxbourgs; que cette
cruauté étoit auffi oppofée aux Loix de la guerre ,
que contraire au Chriftianifme & aux principes
de l'humanité ; qu'il répondroit fur fa tête de
l'illuftre Famille Royale , au cas qu'il lui arrivât
le moindre accident.
Dès que le fieur Zavoiski fut parti , le Maréchal
Daun monta à cheval ; je l'accompagnai
au grand Jardin. Nous rencontrâmes une foule
de malheureux qui fuyoient avec effroi , abandonnant
leurs maifons réduites en cendres. Le
210 MERCURE DE FRANCE.
Maréchal Daun m'ordonna de leur procurer un
afyle & tous les fecours dont ils auroient befoin.
Je fis ouvrir fur le champ tous les pavillons de
ce Jardin , j'y fis entrer cette multitude d'infor
tunés pour les garantir de la rigueur du froid,
Je chargeai deux Magiftrats de Pyrna de faire
fournir la viande , le pain & toutes les chofes
qui leur feroient néceffaires.
"
>
A l'approche de l'Armée Impériale , plufieurs
perfonnes du Clergé vinrent demander au Commandant,
s'il y avoit quelque chofe à craindre
pour les habitans , & s'il étoit néceffaire qu'îls
fe retiralent pour le mettre en fureté avec leurs
effets. Il répondit » qu'on n'avoit rien à appré-
» hender , & que chacun pouvoit être tranquille
» dans fa maifon . » Il fit même publier le foir un
ordre à tous les habitans de ne pas fortir de chez
eux , afin qu'il n'arrivât de malheur à perfonne
en cas de furprife. Après de telles & fi fortes
affurances de la part , il envoya à quatre heures
du matin dans les fauxbourgs , les Huflards &
les Compagnies franches , aux ordres du fieur
Meyer. Ces troupes enfoncerent les portes des
maifons & y mirent le feu. Tandis qu'on empêchoit
à coups de fufil les habitans d'en fortir ,
on acheva de les détruire , en tirant fur elles à boulets
rouges. Ceux qui fefont fauvés ont été obligés
de gagner les Jardins & defuir par les derrieres .Un
grand nombre a péri dans les flammes . Nous tenons
ces détails de ceux qui ont échappé à l'incendie
. Ce Commandant pourra-t-il jamais fe juftifier
aux yeux du monde entier ? Il fait publier que les
habitans n'ont rien à craindre , il leur ordonne de
ne pas fortir de leurs maifons , & dans le moment
qu'on s'y attend le moins, il fait exercer contre ces
malheureux Habitans , toutes les cruautés que
nous venons de détailler & avant que notre
Armée ait commencé la moindre hoftilité .
>
JANVIER. 1759. 211
Le fieur Zavoiski revint fur le foir . Il rapporta,
qu'on l'avoit arrêté aux portes de Dreide pendant
deux heures ; qu'enfuite on l'avoit conduit ,
les yeux bandés au Comte de Schmettau , qui lui
avoit répondu » qu'il n'avoit rien fait qul
» ne fût conforme aux Loix de la Guerre , n'étant
pas obligé d'attendre qu'on l'attaquât ; qu'il
» avoit des ordres précis du Roi fon Maître
qu'il les éxécuteroit ponctuellement , en fe dé-
» fendant jufqu'à la derniére extrémité ; qu'il ne
» répondoit ni de la Ville , ni de la Famille
» Royale ; & qu'il ne fe foucioit point de ce qui
» pourroit en arriver. »
Le fieur Zavoifki ajouta qu'il lui avoit obfervé ,
que de tout temps & chez toutes les Nations ,
on avoit regardé les Princes comme des Perfonnes
facrées ; & qu'il falloit être plus que
Barbares pour ne les pas refpecter , qu'alors le
Comte de Schmettau avoit dit » qu'il venoit
d'envoyer un Officier aux Princes & aux Prin-
» ceffſes , avec ordre de faire en fon nom un
>complimeut convenable , & de leur demander
» pardon des démarches auxquelles des raiſons
»de Guerre l'obligeoient. >>
Que faire en cette extrémité ? faut-il expofer
la Famille Royale faut- il fe retirer fans rien
entreprendre ? C'eſt ce que je n'ofe décider ; &
malheureufement je n'y vois pas de milieu . Le
fieur Zavoiſki étoit chargé de tâcher de parve-
Lir jufqu'au Palais où cette Augufte Famlile
fait fa réſidence ; mais il n'a pu en obtenir la
permiffion.
La Famille Royale jouit jufqu'à préfent d'une
bonne fanté ; c'eft la feule nouvelle confolante
que je puiffe mander. Tout le reste eft un tiffu
d'horreurs. J'allai hier à la découverte fu feu que
j'avois apperçu du côté de Drefde . Je vis tous
les Faubourgs de cette Ville en flamme . Je me
hâtai d'aller au Quartier Général à Nɔdnitz . Je
rencontrai fur le chemin la femme d'un Colonel
, échappé à l'incendie , & qui fe fauvoit à pred
avec les deux petits enfans. Je trouvai le Maréchal
Daun & tous les Généraux plongés dans la
douleur. Ce Maréchal me fit appeller , & déplora
, les larmes aux yeux, ce cruel événement , en
proteftant qu'il n'y avoit donné aucune occafion .
Uniquement occupé du falut de la Famille
Royale , je propofai d'envoyer un Trompette au
Comte de Schmettau , qui commande à Dreſde ,
pour l'engager à ne rien attenter contre elle .
Le fieur Zavoiski , Colonel , s'offrir pour exécuter
cette commiffion , & partit fur le champ avec le
Trompette. Il fut chargé de dire au Commandant
, que le Maréchal Daun étoit également
furpris & indigné de l'action barbare qu'il commettoit
; qu'il n'y avoit donné aucun lieu , puifqu'il
n'avoit encore ni fommé la Ville , ni fait
tirer contre elle un feul coup de canon , ni enfin
pris un pouce du terrein des Fauxbourgs; que cette
cruauté étoit auffi oppofée aux Loix de la guerre ,
que contraire au Chriftianifme & aux principes
de l'humanité ; qu'il répondroit fur fa tête de
l'illuftre Famille Royale , au cas qu'il lui arrivât
le moindre accident.
Dès que le fieur Zavoiski fut parti , le Maréchal
Daun monta à cheval ; je l'accompagnai
au grand Jardin. Nous rencontrâmes une foule
de malheureux qui fuyoient avec effroi , abandonnant
leurs maifons réduites en cendres. Le
210 MERCURE DE FRANCE.
Maréchal Daun m'ordonna de leur procurer un
afyle & tous les fecours dont ils auroient befoin.
Je fis ouvrir fur le champ tous les pavillons de
ce Jardin , j'y fis entrer cette multitude d'infor
tunés pour les garantir de la rigueur du froid,
Je chargeai deux Magiftrats de Pyrna de faire
fournir la viande , le pain & toutes les chofes
qui leur feroient néceffaires.
"
>
A l'approche de l'Armée Impériale , plufieurs
perfonnes du Clergé vinrent demander au Commandant,
s'il y avoit quelque chofe à craindre
pour les habitans , & s'il étoit néceffaire qu'îls
fe retiralent pour le mettre en fureté avec leurs
effets. Il répondit » qu'on n'avoit rien à appré-
» hender , & que chacun pouvoit être tranquille
» dans fa maifon . » Il fit même publier le foir un
ordre à tous les habitans de ne pas fortir de chez
eux , afin qu'il n'arrivât de malheur à perfonne
en cas de furprife. Après de telles & fi fortes
affurances de la part , il envoya à quatre heures
du matin dans les fauxbourgs , les Huflards &
les Compagnies franches , aux ordres du fieur
Meyer. Ces troupes enfoncerent les portes des
maifons & y mirent le feu. Tandis qu'on empêchoit
à coups de fufil les habitans d'en fortir ,
on acheva de les détruire , en tirant fur elles à boulets
rouges. Ceux qui fefont fauvés ont été obligés
de gagner les Jardins & defuir par les derrieres .Un
grand nombre a péri dans les flammes . Nous tenons
ces détails de ceux qui ont échappé à l'incendie
. Ce Commandant pourra-t-il jamais fe juftifier
aux yeux du monde entier ? Il fait publier que les
habitans n'ont rien à craindre , il leur ordonne de
ne pas fortir de leurs maifons , & dans le moment
qu'on s'y attend le moins, il fait exercer contre ces
malheureux Habitans , toutes les cruautés que
nous venons de détailler & avant que notre
Armée ait commencé la moindre hoftilité .
>
JANVIER. 1759. 211
Le fieur Zavoiski revint fur le foir . Il rapporta,
qu'on l'avoit arrêté aux portes de Dreide pendant
deux heures ; qu'enfuite on l'avoit conduit ,
les yeux bandés au Comte de Schmettau , qui lui
avoit répondu » qu'il n'avoit rien fait qul
» ne fût conforme aux Loix de la Guerre , n'étant
pas obligé d'attendre qu'on l'attaquât ; qu'il
» avoit des ordres précis du Roi fon Maître
qu'il les éxécuteroit ponctuellement , en fe dé-
» fendant jufqu'à la derniére extrémité ; qu'il ne
» répondoit ni de la Ville , ni de la Famille
» Royale ; & qu'il ne fe foucioit point de ce qui
» pourroit en arriver. »
Le fieur Zavoifki ajouta qu'il lui avoit obfervé ,
que de tout temps & chez toutes les Nations ,
on avoit regardé les Princes comme des Perfonnes
facrées ; & qu'il falloit être plus que
Barbares pour ne les pas refpecter , qu'alors le
Comte de Schmettau avoit dit » qu'il venoit
d'envoyer un Officier aux Princes & aux Prin-
» ceffſes , avec ordre de faire en fon nom un
>complimeut convenable , & de leur demander
» pardon des démarches auxquelles des raiſons
»de Guerre l'obligeoient. >>
Que faire en cette extrémité ? faut-il expofer
la Famille Royale faut- il fe retirer fans rien
entreprendre ? C'eſt ce que je n'ofe décider ; &
malheureufement je n'y vois pas de milieu . Le
fieur Zavoiſki étoit chargé de tâcher de parve-
Lir jufqu'au Palais où cette Augufte Famlile
fait fa réſidence ; mais il n'a pu en obtenir la
permiffion.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Pyrna le 11. Novembre.
La lettre de Pyrna datée du 11 novembre décrit une situation critique à Dresde. La famille royale est en bonne santé, mais la ville est en flammes. L'auteur se rend au quartier général à Nodnitz où il rencontre le maréchal Daun et d'autres généraux en deuil. Daun nie toute responsabilité dans l'incendie. L'auteur propose d'envoyer un trompette au comte de Schmettau, commandant de Dresde, pour assurer la sécurité de la famille royale. Le colonel Zavoiski exécute cette mission, soulignant l'inhumanité des actions du commandant. Pendant ce temps, Daun et l'auteur rencontrent des réfugiés et leur fournissent de l'aide. Auparavant, le commandant de Dresde avait assuré aux habitants qu'ils n'avaient rien à craindre, mais il a ensuite ordonné l'incendie des faubourgs, causant de nombreuses victimes. Zavoiski rapporte que Schmettau justifie ses actions par des ordres royaux et ne garantit pas la sécurité de la famille royale. La situation est désespérée, et l'auteur hésite entre exposer la famille royale ou se retirer sans agir.
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217
p. 211-214
De Paris, le 2 Décembre.
Début :
Le Roi voulant constater d'une maniere fixe & certaine, le montant [...]
Mots clefs :
Dettes, Colonies, Service de la marine, Arrêt du Conseil d'État, Créances, Ordonnance du roi, Compagnie des dragons, Officiers, Fusils, Château, Marquis de Castries, Artillerie, Troupes, Parlement, Déclaration du roi, Notaires, Trésor royal, Rentes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Paris, le 2 Décembre.
De Paris , le 2 Décembre.
Le Roi voulant conftater d'une maniere fixe &
certaine , le montant des dettes contractées pour
le Service de la Marine & des Colonies , afin de
parvenir à les acquitter , a rendu un Arrèt dans
fon Confeil d'Etat , par lequel Sa Majefté or212
MERCURE DE FRANCE.
donne , que dans trois mois pour tout délai , les
Créanciers ou leurs Tuteurs & Curateurs , foient
tenus de repréfenter les Titres fur lesquels ils
fondent leur créance , pardevant les fieurs de
Fontanieu & de la Bourdonnaye , Conſeillers
d'Etat , Silhouette & de Boullongne , Maître des
Requêtes , & de Cotte , Maître des Requêtes &
Intendant du Commerce , pour être procédé à la
vérification des créances , & pourvû enfuite au
payement , & que les créances demeurent éteintes,
fi elles ne font pas répréſentées dans le terme
prefcrit.
Par un autre Arrêt de fon Confeil d'Etat , le
Roia preferit la forme dans laquelle les Créanciers,
leurs Repréfentans , ou leurs Fondés de procuration
fpéciale , doivent faire la repréfentation de
leurs Titres.
Il paroît une Ordonnance du Roi , en date du
21 Octobre dernier , pour établir une nouvelle
forme dans la compofition des Compagnies détachées
des Dragons , Gardes- Côtes de la Province
de Guyenne. Sa Majesté ordonne , qu'il y aura
dans cette Province 18 Compagnies de Dragons
de so hommes , qui formeront 9 Eſcadrons, & que
ces Dragons feront placés pendant le tems de la,
Guerre , de diftance en diſtance , & feront chargés
de fe rendre , de main en main , les Lettres &
les Avis concernant le Service , pour les faire parvenir
, fans retard , au Commandant Général
& à l'Intendant de la Province.
Dans une feconde Ordonnance , en date du 31
du même mois , Sa Majesté ordonne que les Of
ficiers & Sergents des Compagnies de Fufiliers de
fes Troupes d'Infanterie , foient dorénavant armés
de fufils avec leurs bayonnettes , ainfi que
ceux des Compagnies de Grenadiers.
Le Château de Rhinfels eft une des plus fortes
Places qui foit fur le Rhin. Il eft auprès de Saint
JANVIER. 1759. 213
foar , & lui fert de Citadelle . Cette Place nous
tant abſolument néceffaire pour allurer la liberté
e la navigation du Rhin , le Maréchal de Soubife
chargé le Marquis de Caftries , de s'en rendre
aître ; ce qu'il a exécuté avec tout le fuccès qu'on
ouvoit delirer. La Ville de Saint- Goar a été
Icaladée en même tems , par les Régimens de
aint-Germain & de la Féronnaye. Le Comte de
cey , à la tête de fon Régiment , s'eſt emparé de
chuartz -Haufen , & du Château de Calze. La
arniſon a été faite Priſonniere de Guerre , ainfi
ue celle de Saint- Goar , qui en voulant fe retirer
ans le Château , a été coupée & forcée de fe
endre. Le Gouverneur de ce Château a été fomé
& contraint de capituler. Les Troupes du
oi y font entrées . On y a trouvé une Artil
rie confiderable , dont on donnera le détail ,
orfque le Maréchal de Soubife aura envoyé les
Articles de la Capitulation.
Le Marquis de Caftries a acquis beaucoup
Phonneur , par fa prévoyance , & fon activité dans
oute la conduite de cette entrepriſe. Cette Place
It d'autant plus importante ,, qu'étant pourvue
l'une bonne Garnifon & de toutes les Munitions
éceffaires , elle peut tenir plus de fix femaines ,
u cas qu'elle foit attaquée.
Cette Nouvelle a été apportée par un Courrier
que le Maréchal de Soubife a dépêché , & qui eſt
Arrivé le 6. de ce mois.
Du 9.
Le 2. de ce mois , le Parlement enregistra une
Déclaration du Roi , donnée a Verſailles , le 29
Octobre de la préfente année,portant acceptation
des offres faites par les Notaires de Paris , d'acquérir
27120 liv. de rente au denier 2 , faifant partie
des 3002000 livres de rentes , créées par Edis
du mois d'Avril , fur les Aydes & Gabelles , en
214 MERCURE DE FRANCE.
payant au Tréfor Royal la fomme de 678000 liv.
enconféquence Sa Majefté ordonne que les Notaires
de Paris feront diftraits de l'Etat annéxé
à l'Edit du mois d'Août fuivant , portant création
d'un million effectif d'augmentation de gages.
Du 16.
Le 12 de ce mois , le Parlement , toutes les
Chambres affemblées , enregiſtra un Edit du Roi ,
portant création de 3006000 liv . de Rentes viageres
fur les Aydes & Gabelles. Il eſt ſtatué par
cet Edit , que les Conſtitutions particulieres de ces
Rentes , ne pourront être moindres , fur une
feule tête , de so livres , & fur deux têtes , de
40 livres de jouiffance annuelle , que les Rentes
acquifes fur une feule tête , feront reparties en fix
Claffes ; la premiere , depuis la naiſſance juſqu'à
so ans accomplis , à dix pour cent ; la feconde ,
depuis so , jufqu'à ƒs , à dix & demi ; la troifiéme
, depuis 55 , jufqu'à 60 , à onze ; la quatriéme
, depuis 60 , juſqu'à 65 , à douze ; la cinquiéme
, depuis 65 , juſqu'à 70 , à treize ; la fixiéme
depuis 70 , jufqu'à 75 , ans , & au- deffus ,
à quatorze pour cent , & que les Rentes fur deux
têtes feront acquifes fans diftinction d'âge & de
claffe , à huit pour cent.
On a trouvé dans la Citadelle de Rhinfels 72
piéces de canon , 35 mortiers , & beaucoup de
munitions de Guerre. On y a fait s 30 Priſonniers,
dont 20 Officiers & un Colonel .
Le Roi voulant conftater d'une maniere fixe &
certaine , le montant des dettes contractées pour
le Service de la Marine & des Colonies , afin de
parvenir à les acquitter , a rendu un Arrèt dans
fon Confeil d'Etat , par lequel Sa Majefté or212
MERCURE DE FRANCE.
donne , que dans trois mois pour tout délai , les
Créanciers ou leurs Tuteurs & Curateurs , foient
tenus de repréfenter les Titres fur lesquels ils
fondent leur créance , pardevant les fieurs de
Fontanieu & de la Bourdonnaye , Conſeillers
d'Etat , Silhouette & de Boullongne , Maître des
Requêtes , & de Cotte , Maître des Requêtes &
Intendant du Commerce , pour être procédé à la
vérification des créances , & pourvû enfuite au
payement , & que les créances demeurent éteintes,
fi elles ne font pas répréſentées dans le terme
prefcrit.
Par un autre Arrêt de fon Confeil d'Etat , le
Roia preferit la forme dans laquelle les Créanciers,
leurs Repréfentans , ou leurs Fondés de procuration
fpéciale , doivent faire la repréfentation de
leurs Titres.
Il paroît une Ordonnance du Roi , en date du
21 Octobre dernier , pour établir une nouvelle
forme dans la compofition des Compagnies détachées
des Dragons , Gardes- Côtes de la Province
de Guyenne. Sa Majesté ordonne , qu'il y aura
dans cette Province 18 Compagnies de Dragons
de so hommes , qui formeront 9 Eſcadrons, & que
ces Dragons feront placés pendant le tems de la,
Guerre , de diftance en diſtance , & feront chargés
de fe rendre , de main en main , les Lettres &
les Avis concernant le Service , pour les faire parvenir
, fans retard , au Commandant Général
& à l'Intendant de la Province.
Dans une feconde Ordonnance , en date du 31
du même mois , Sa Majesté ordonne que les Of
ficiers & Sergents des Compagnies de Fufiliers de
fes Troupes d'Infanterie , foient dorénavant armés
de fufils avec leurs bayonnettes , ainfi que
ceux des Compagnies de Grenadiers.
Le Château de Rhinfels eft une des plus fortes
Places qui foit fur le Rhin. Il eft auprès de Saint
JANVIER. 1759. 213
foar , & lui fert de Citadelle . Cette Place nous
tant abſolument néceffaire pour allurer la liberté
e la navigation du Rhin , le Maréchal de Soubife
chargé le Marquis de Caftries , de s'en rendre
aître ; ce qu'il a exécuté avec tout le fuccès qu'on
ouvoit delirer. La Ville de Saint- Goar a été
Icaladée en même tems , par les Régimens de
aint-Germain & de la Féronnaye. Le Comte de
cey , à la tête de fon Régiment , s'eſt emparé de
chuartz -Haufen , & du Château de Calze. La
arniſon a été faite Priſonniere de Guerre , ainfi
ue celle de Saint- Goar , qui en voulant fe retirer
ans le Château , a été coupée & forcée de fe
endre. Le Gouverneur de ce Château a été fomé
& contraint de capituler. Les Troupes du
oi y font entrées . On y a trouvé une Artil
rie confiderable , dont on donnera le détail ,
orfque le Maréchal de Soubife aura envoyé les
Articles de la Capitulation.
Le Marquis de Caftries a acquis beaucoup
Phonneur , par fa prévoyance , & fon activité dans
oute la conduite de cette entrepriſe. Cette Place
It d'autant plus importante ,, qu'étant pourvue
l'une bonne Garnifon & de toutes les Munitions
éceffaires , elle peut tenir plus de fix femaines ,
u cas qu'elle foit attaquée.
Cette Nouvelle a été apportée par un Courrier
que le Maréchal de Soubife a dépêché , & qui eſt
Arrivé le 6. de ce mois.
Du 9.
Le 2. de ce mois , le Parlement enregistra une
Déclaration du Roi , donnée a Verſailles , le 29
Octobre de la préfente année,portant acceptation
des offres faites par les Notaires de Paris , d'acquérir
27120 liv. de rente au denier 2 , faifant partie
des 3002000 livres de rentes , créées par Edis
du mois d'Avril , fur les Aydes & Gabelles , en
214 MERCURE DE FRANCE.
payant au Tréfor Royal la fomme de 678000 liv.
enconféquence Sa Majefté ordonne que les Notaires
de Paris feront diftraits de l'Etat annéxé
à l'Edit du mois d'Août fuivant , portant création
d'un million effectif d'augmentation de gages.
Du 16.
Le 12 de ce mois , le Parlement , toutes les
Chambres affemblées , enregiſtra un Edit du Roi ,
portant création de 3006000 liv . de Rentes viageres
fur les Aydes & Gabelles. Il eſt ſtatué par
cet Edit , que les Conſtitutions particulieres de ces
Rentes , ne pourront être moindres , fur une
feule tête , de so livres , & fur deux têtes , de
40 livres de jouiffance annuelle , que les Rentes
acquifes fur une feule tête , feront reparties en fix
Claffes ; la premiere , depuis la naiſſance juſqu'à
so ans accomplis , à dix pour cent ; la feconde ,
depuis so , jufqu'à ƒs , à dix & demi ; la troifiéme
, depuis 55 , jufqu'à 60 , à onze ; la quatriéme
, depuis 60 , juſqu'à 65 , à douze ; la cinquiéme
, depuis 65 , juſqu'à 70 , à treize ; la fixiéme
depuis 70 , jufqu'à 75 , ans , & au- deffus ,
à quatorze pour cent , & que les Rentes fur deux
têtes feront acquifes fans diftinction d'âge & de
claffe , à huit pour cent.
On a trouvé dans la Citadelle de Rhinfels 72
piéces de canon , 35 mortiers , & beaucoup de
munitions de Guerre. On y a fait s 30 Priſonniers,
dont 20 Officiers & un Colonel .
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Résumé : De Paris, le 2 Décembre.
Le 2 décembre, le roi de France a pris plusieurs mesures administratives et militaires. Pour régler les dettes de la Marine et des Colonies, il a ordonné aux créanciers de représenter leurs titres dans un délai de trois mois auprès de conseillers d'État et maîtres des requêtes, sous peine de voir leurs créances éteintes. Un autre arrêt a précisé la forme de représentation des titres. Sur le plan militaire, le roi a réorganisé les compagnies de dragons et de fusiliers en Guyenne. Il a créé 18 compagnies de dragons formant 9 escadrons, chargés de transmettre les lettres et avis concernant le service. Une autre ordonnance a stipulé que les officiers et sergents des compagnies de fusiliers doivent être armés de fusils avec baïonnettes, comme ceux des compagnies de grenadiers. Le maréchal de Soubise a pris le contrôle du château de Rhinfels et de la ville de Saint-Goar, capturant les garnisons et une artillerie considérable. Le marquis de Castries a joué un rôle clé dans cette opération, acquérant ainsi beaucoup d'honneur. La nouvelle de cette prise a été apportée par un courrier du maréchal de Soubise, arrivé le 6 janvier. Le 2 janvier, le Parlement a enregistré une déclaration royale acceptant les offres des notaires de Paris d'acquérir des rentes. Le 12 janvier, le Parlement a enregistré un édit créant 3 006 000 livres de rentes viagères sur les aides et gabelles, avec des constitutions particulières selon l'âge et le nombre de têtes. Dans la citadelle de Rhinfels, on a trouvé 72 pièces de canon, 35 mortiers, beaucoup de munitions de guerre, et fait 30 prisonniers, dont 20 officiers et un colonel.
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218
p. 196
De Leipsick, le 6. Décembre.
Début :
On mande de Cassel que les Troupes Hanovriennes sont rentrées dans la Hesse, [...]
Mots clefs :
Troupes, Provisions, Comte, Députation royale, Roi de Prusse, Ministres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Leipsick, le 6. Décembre.
De Leipfick, le 6. Décembre.
On mande de Caffel que les Troupes Hanovriennes
font rentrées dans la Heffe , au mo .
ment qu'elle a été évacuée par les François ;
que ce Pays eft fi dépourvû de Vivres , qu'on eft
obligé d'y en faire tranfporter de l'Electorat
d'Hanovre , & que la difficulté des tranſports
eft fi grande , qu'on eft perfuadé que ces Trouferont
forcées d'aller hiverner ailleurs.
pes
Les Troupes que le Comte de Dohna doit commander,
continuent de paffer par cette Ville; & nos
Magiftrats ne font occupés qu'à leur faire fournir
les Rations néceffaires de Vivres & de Fourages.
Du 8.
On mande de Dreſde que le Général Borch a
fait publier un écrit que l'on dit être émané de
la grande Députation Royale. Il y eft dit que
la
Saxe ne doit plus être regardée comme un fimple
dépôt remis entre les mains du Roi de Pruffe , &
que ce Prince eſt fondé à traiter déformais cet
Electorat comme un Pays conquis , l'ayant pris
für fes Ennemis par la force des armes.
Le Roi de Pruffe a donné ordre , que l'on mit
en féqueftre tous les biens des Miniftres d'Etat du
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , pour dédom
mager les Comtes de Podewils & de Dohna ,
des pertes qu'ils ont fouffertes de la part des
Ruffes & des Suédois.
On mande de Caffel que les Troupes Hanovriennes
font rentrées dans la Heffe , au mo .
ment qu'elle a été évacuée par les François ;
que ce Pays eft fi dépourvû de Vivres , qu'on eft
obligé d'y en faire tranfporter de l'Electorat
d'Hanovre , & que la difficulté des tranſports
eft fi grande , qu'on eft perfuadé que ces Trouferont
forcées d'aller hiverner ailleurs.
pes
Les Troupes que le Comte de Dohna doit commander,
continuent de paffer par cette Ville; & nos
Magiftrats ne font occupés qu'à leur faire fournir
les Rations néceffaires de Vivres & de Fourages.
Du 8.
On mande de Dreſde que le Général Borch a
fait publier un écrit que l'on dit être émané de
la grande Députation Royale. Il y eft dit que
la
Saxe ne doit plus être regardée comme un fimple
dépôt remis entre les mains du Roi de Pruffe , &
que ce Prince eſt fondé à traiter déformais cet
Electorat comme un Pays conquis , l'ayant pris
für fes Ennemis par la force des armes.
Le Roi de Pruffe a donné ordre , que l'on mit
en féqueftre tous les biens des Miniftres d'Etat du
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , pour dédom
mager les Comtes de Podewils & de Dohna ,
des pertes qu'ils ont fouffertes de la part des
Ruffes & des Suédois.
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Résumé : De Leipsick, le 6. Décembre.
Le 6 décembre, les troupes hanovriennes ont occupé la rivière Heffe, abandonnée par les Français. La région souffre d'un manque de vivres, obligeant les troupes à se ravitailler depuis l'Électorat d'Hanovre. Les problèmes de transport pourraient forcer les troupes à passer l'hiver ailleurs. Parallèlement, les troupes du Comte de Dohna traversent Leipfick, où les autorités locales leur fournissent les rations nécessaires. Le 8 décembre, des nouvelles de Dresde rapportent que le Général Borch a publié un document de la grande Députation Royale. Ce texte déclare que la Saxe n'est plus un simple dépôt aux mains du Roi de Prusse, mais un pays conquis. Le Roi de Prusse a ordonné la confiscation des biens des ministres d'État du Roi de Pologne, Électeur de Saxe, pour compenser les pertes subies par les Comtes de Podewils et de Dohna face aux Russes et aux Suédois.
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219
p. 196-197
DE DRESDE, le 14. Décembre.
Début :
Le 10, le Roi de Prusse partit de cette Ville pour se rendre en Silésie. [...]
Mots clefs :
Roi de Prusse, Troupes, Électorat, Comte de Dohna, Mouvements des troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE DRESDE, le 14. Décembre.
DE DRESDE , le 14. Décembre.
Le to , le Roi de Pruffe partit de cette Ville
pour le rendre en Siléfie . Son intention eſt de
paffer l'hyver à Breslau. Le Prince Henry commandera
en Saxe. Les Troupes qui étoient à les
prdres ont été renforcées de plufieurs Régiments
JANVIER. 1759. 197
de la grande armée , & de quelques Bataillons
détachés du Corps commandé par le Général
Wedel.
Cet Electorat eft taxé à neuf millions d'écus
pour l'année prochaine. Le Roi de Pruffe a donné
ordre que l'on abattît toutes les Forêts qui appartiennent
au Roi de Pologne , & que le bois
füt vendu par adjudication . Les fieurs de Zinow
& de Kleift font chargés de faire exécuter la vo-
Jonté du Roi.
On avoit cru d'abord que le Comte de Dɔhna
marchoit en Thuringe pour y prendre les quartiers.
On fçait à préfent que l'Armée qu'il commande
a une deſtination toute opposée. En
quittant Léipfik , elle a dirigé fa marche fur
Priegnitz ; & on affure qu'elle va fè répandre
dans la Poméramie & le Mecklenbourg.
Le to , le Roi de Pruffe partit de cette Ville
pour le rendre en Siléfie . Son intention eſt de
paffer l'hyver à Breslau. Le Prince Henry commandera
en Saxe. Les Troupes qui étoient à les
prdres ont été renforcées de plufieurs Régiments
JANVIER. 1759. 197
de la grande armée , & de quelques Bataillons
détachés du Corps commandé par le Général
Wedel.
Cet Electorat eft taxé à neuf millions d'écus
pour l'année prochaine. Le Roi de Pruffe a donné
ordre que l'on abattît toutes les Forêts qui appartiennent
au Roi de Pologne , & que le bois
füt vendu par adjudication . Les fieurs de Zinow
& de Kleift font chargés de faire exécuter la vo-
Jonté du Roi.
On avoit cru d'abord que le Comte de Dɔhna
marchoit en Thuringe pour y prendre les quartiers.
On fçait à préfent que l'Armée qu'il commande
a une deſtination toute opposée. En
quittant Léipfik , elle a dirigé fa marche fur
Priegnitz ; & on affure qu'elle va fè répandre
dans la Poméramie & le Mecklenbourg.
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Résumé : DE DRESDE, le 14. Décembre.
Le 14 décembre, le roi de Prusse quitta Dresde pour passer l'hiver à Breslau en Silésie. Le prince Henry prit le commandement en Saxe. Les troupes aux avant-postes furent renforcées par plusieurs régiments de la grande armée et des bataillons du corps du général Wedel. Pour l'année suivante, l'Électorat fut taxé à neuf millions d'écus. Le roi de Prusse ordonna l'abattage des forêts appartenant au roi de Pologne, avec vente du bois par adjudication. Les sieurs de Zinow et de Kleist furent chargés de cette tâche. Initialement, on pensait que le comte de Dohna se dirigeait vers la Thuringe. Cependant, son armée se dirigea vers le Priegnitz et se préparait à se répandre en Poméranie et Mecklembourg.
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220
p. 198
DE FRANCFORT, le 10. Décembre.
Début :
Les Troupes de l'Empire ont pris leurs quartiers dans la Franconie. [...]
Mots clefs :
Troupes, Baron, Prince, Prusse, Infanterie, Régiments, Maréchal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE FRANCFORT, le 10. Décembre.
DE FRANCFORT , le 10. Décembre.
Les Troupes de l'Empire ont pris leurs quartiers
dans la Franconie. Le Baron de Pretlach eſt
établi à Rotenbourg avec le corps qu'il comman-
`de. Le Prince de Deux Ponts a fon Quartier Général
à Nuremberg. Les Pruffiens occupent
les
Poftes de Plawen , de Reichenbac & de Géra. Le
bruit a couru que le Comte de Dohna alloit ſe
mettre en marche avec un corps de trente mille
hommes , dans l'intention de troubler la communication
des Quartiers de l'Armée de l'Empire
& des Armées Françoiles.
Le Maréchal de Soubile partit de Marbourg
le premier de ce mois , avec l'Arriere-Garde de
fon Armée , pour ſe rendre à Hanau , où lon
Quartier-Général fera établi pendant l'Hy ver . Le
Régiment de Rohan , Infanterie , y arriva le 2 ,
& celui de Piémont les deux jours fuivants . Le
Régiment Dauphin a fon Quartier à Friedberg ,
& celui de Royal Rouffillon à Winecken .
Les Troupes de l'Empire ont pris leurs quartiers
dans la Franconie. Le Baron de Pretlach eſt
établi à Rotenbourg avec le corps qu'il comman-
`de. Le Prince de Deux Ponts a fon Quartier Général
à Nuremberg. Les Pruffiens occupent
les
Poftes de Plawen , de Reichenbac & de Géra. Le
bruit a couru que le Comte de Dohna alloit ſe
mettre en marche avec un corps de trente mille
hommes , dans l'intention de troubler la communication
des Quartiers de l'Armée de l'Empire
& des Armées Françoiles.
Le Maréchal de Soubile partit de Marbourg
le premier de ce mois , avec l'Arriere-Garde de
fon Armée , pour ſe rendre à Hanau , où lon
Quartier-Général fera établi pendant l'Hy ver . Le
Régiment de Rohan , Infanterie , y arriva le 2 ,
& celui de Piémont les deux jours fuivants . Le
Régiment Dauphin a fon Quartier à Friedberg ,
& celui de Royal Rouffillon à Winecken .
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Résumé : DE FRANCFORT, le 10. Décembre.
Le 10 décembre, les troupes impériales se sont déployées en Franconie. Le Baron de Pretlach est à Rotenbourg, et le Prince de Deux Ponts à Nuremberg. Les Prussiens contrôlent Plawen, Reichenbach et Géra. Le Comte de Dohna pourrait perturber les communications avec trente mille hommes. Le Maréchal de Soubise a établi son quartier général à Hanau pour l'hiver. Divers régiments sont stationnés à Hanau, Friedberg et Winecken.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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221
p. 198-199
De Lipstadt, le 18 Décembre.
Début :
La Boulangerie de Campagne de l'Armée des Alliés, qui a été [...]
Mots clefs :
Troupes, Fourrages, Disette
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Lipstadt, le 18 Décembre.
De Lipstadt , le 18 Décembre.
La Boulangerie de Campagne de l'Armée des
Alliés , qui a été ici quelque temps , vient d'être
renvoyée à Lipperode. Malgré la rigueur de
l'Hyver , les Troupes Légeres continuent de faire
des Courſes. Lés Huffards de Turpen ſe font montrés
à Hagen & à Iferlhon dans le Comté de la
Marck , & ont enlevé beaucoup de Fourages.
Différents Partis des Volontaires de Flandre ont
voulu attaquer le Pofte d'Attendorn ; mais ils ont
JANVIER. 1759. 199
été repouflés par un Détachement des Huffardsnoirs
qui leur ont fait quelques Prifonniers.
On mande de Munfter , que la difette de Fourragesy
eft extrême , que les Entrepreneurs chargés
d'en fournir , font hors d'état de remplir
leurs engagements , à caufe que toute la Weſtphalie
le trouve épaifée , & que la Regence de
cette Ville eft à ce fujet dans un grand embarras.
La Boulangerie de Campagne de l'Armée des
Alliés , qui a été ici quelque temps , vient d'être
renvoyée à Lipperode. Malgré la rigueur de
l'Hyver , les Troupes Légeres continuent de faire
des Courſes. Lés Huffards de Turpen ſe font montrés
à Hagen & à Iferlhon dans le Comté de la
Marck , & ont enlevé beaucoup de Fourages.
Différents Partis des Volontaires de Flandre ont
voulu attaquer le Pofte d'Attendorn ; mais ils ont
JANVIER. 1759. 199
été repouflés par un Détachement des Huffardsnoirs
qui leur ont fait quelques Prifonniers.
On mande de Munfter , que la difette de Fourragesy
eft extrême , que les Entrepreneurs chargés
d'en fournir , font hors d'état de remplir
leurs engagements , à caufe que toute la Weſtphalie
le trouve épaifée , & que la Regence de
cette Ville eft à ce fujet dans un grand embarras.
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Résumé : De Lipstadt, le 18 Décembre.
Le 18 décembre, la Boulangerie de Campagne de l'Armée des Alliés a été déplacée de Lipstadt à Lipperode. Les hussards de Turpen ont pillé du fourrage à Hagen et Iferlhon. Des volontaires de Flandre ont attaqué Attendorn sans succès. Münster manque de fourrage, les entrepreneurs ne peuvent pas honorer leurs contrats. La régence de Münster est embarrassée par cette pénurie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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222
p. 203-204
DE LA HAYE, le 12. Décembre.
Début :
La Ville d'Amsterdam a envoyé cinq Députés à Alphen, où ils vont [...]
Mots clefs :
Députés, Vaisseaux, Anglais, Négociants, Mémoire, Audience, Princesse gouvernante, Troupes, Vaisseaux
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texteReconnaissance textuelle : DE LA HAYE, le 12. Décembre.
DE LA HAYE , le 12. Décembre:
La Ville d'Amfterdam a envoyé cinq Députés ,
Alphen , où ils ont trouvé cinq autres Députés
de la Ville de Rotterdam . L'objet de cette députation
étoit de délibérer enſemble fur ce qu'il
convenoit de faire dans la conjoncture préfente.
Il n'y a aucune efpérance que les Vaiffeaux pris
par les Anglois , foient rendus. L'infenfibilité du
Ministére de Londres aux plaintes de nos Négociants
, a déterminé à préfenter un nouveau
Mémoire à la Princeffe Gouvernante qui n'y a répondu
que par de foibles affurances de protec
tion.
Le 6. de ce mois il artiva une quatriéme Dé--
putation des Négociants , plus nombreuſe que
les précédentes. Les Députés , après avoir con
féré d'abord avec le Président de femaine & les
autres Membres de l'Etat , fe rendirent à l'Au--
dience de la Princeffe Gouvernante , & lur préfenterent
un nouveau Mémoire ou les griefs ,
dont on s'eft déja plein tant de fois , étoient exprimés
avec beaucoup d'énergie. Ce Mémoire
dont il s'eft répandu des copies , a fait ici de
fortes impreffions. Le Général York s'eſt donné
de grands mouvements pour les détruire , il
dit qu'il avoit reçu ordre de fa Cour , d'entre
a
Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
en Négociation avec leurs Hautes fuifances, pour
donner aux Intéreffés la fatisfaction qu'ils demandoient
; & il a propofé de nommer des Commiffaires
chargés fpécialement de traiter cette
affaire avec lui.
On eft convaincu que cette démarche de fa
part n'eft qu'un moyen imaginé pour fufpendre
le bon effet du Mémoire ; & qu'il n'a parlé de
négociation , que dans l'efpérance de faire naître
des incidents & des longueurs propres à anéantir
les difpofitions où l'on paroît être de ſe faire
juſtice .
Du 26.
Les Etats Généraux ont écrit une Lettre aux
Etats de Hollande & de Weftfrife fur l'augmen
cation des troupes. Cette Lettre , en date du 11 .
Décembre , porte en fubftance : que la Princefle
Gouvernante s'étoit préſentée à l'Aſſemblée afin
d'expofer combien il étoit important de prendre
une derniere réfolution fur l'augmentation des
troupes de terre , néceffaire à la fureté du Pays ,
& fur l'équipement des Vailleaux , vivement
follicité par les Négociants ; qu'il paroît en effet
que la tranquillité de la République exige , qu'on
fe décide promptement fur ces deux points ;
& que le feul moyen de les remplir efficacement ,
c'eft de mettre plus de concert qu'il y en a eu
jufqu'à préfent dans les délibérations particuliéres
des Provinces-Unies , & d'empêcher que leurs
vue's oppofées ne produifent un Schifme dont
les fuites ne pourroient être que funeſtes. La Princeffe
Gouvernante eft fort mal. Sa maladie eft
une Hydropifie que les Médecins jugent d'une
efpéce très-dangereuſe.
La Ville d'Amfterdam a envoyé cinq Députés ,
Alphen , où ils ont trouvé cinq autres Députés
de la Ville de Rotterdam . L'objet de cette députation
étoit de délibérer enſemble fur ce qu'il
convenoit de faire dans la conjoncture préfente.
Il n'y a aucune efpérance que les Vaiffeaux pris
par les Anglois , foient rendus. L'infenfibilité du
Ministére de Londres aux plaintes de nos Négociants
, a déterminé à préfenter un nouveau
Mémoire à la Princeffe Gouvernante qui n'y a répondu
que par de foibles affurances de protec
tion.
Le 6. de ce mois il artiva une quatriéme Dé--
putation des Négociants , plus nombreuſe que
les précédentes. Les Députés , après avoir con
féré d'abord avec le Président de femaine & les
autres Membres de l'Etat , fe rendirent à l'Au--
dience de la Princeffe Gouvernante , & lur préfenterent
un nouveau Mémoire ou les griefs ,
dont on s'eft déja plein tant de fois , étoient exprimés
avec beaucoup d'énergie. Ce Mémoire
dont il s'eft répandu des copies , a fait ici de
fortes impreffions. Le Général York s'eſt donné
de grands mouvements pour les détruire , il
dit qu'il avoit reçu ordre de fa Cour , d'entre
a
Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
en Négociation avec leurs Hautes fuifances, pour
donner aux Intéreffés la fatisfaction qu'ils demandoient
; & il a propofé de nommer des Commiffaires
chargés fpécialement de traiter cette
affaire avec lui.
On eft convaincu que cette démarche de fa
part n'eft qu'un moyen imaginé pour fufpendre
le bon effet du Mémoire ; & qu'il n'a parlé de
négociation , que dans l'efpérance de faire naître
des incidents & des longueurs propres à anéantir
les difpofitions où l'on paroît être de ſe faire
juſtice .
Du 26.
Les Etats Généraux ont écrit une Lettre aux
Etats de Hollande & de Weftfrife fur l'augmen
cation des troupes. Cette Lettre , en date du 11 .
Décembre , porte en fubftance : que la Princefle
Gouvernante s'étoit préſentée à l'Aſſemblée afin
d'expofer combien il étoit important de prendre
une derniere réfolution fur l'augmentation des
troupes de terre , néceffaire à la fureté du Pays ,
& fur l'équipement des Vailleaux , vivement
follicité par les Négociants ; qu'il paroît en effet
que la tranquillité de la République exige , qu'on
fe décide promptement fur ces deux points ;
& que le feul moyen de les remplir efficacement ,
c'eft de mettre plus de concert qu'il y en a eu
jufqu'à préfent dans les délibérations particuliéres
des Provinces-Unies , & d'empêcher que leurs
vue's oppofées ne produifent un Schifme dont
les fuites ne pourroient être que funeſtes. La Princeffe
Gouvernante eft fort mal. Sa maladie eft
une Hydropifie que les Médecins jugent d'une
efpéce très-dangereuſe.
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Résumé : DE LA HAYE, le 12. Décembre.
Le 12 décembre à La Haye, des députés d'Amsterdam et de Rotterdam se sont réunis pour discuter de la situation actuelle. Les vaisseaux pris par les Anglais ne seront pas rendus malgré les plaintes des négociants. Un nouveau mémoire a été présenté à la princesse gouvernante, qui a répondu par des assurances de protection jugées insuffisantes. Le 6 décembre, une quatrième délégation de négociants a présenté un mémoire énergique à la princesse gouvernante, suscitant de fortes impressions. Le général York a proposé une négociation pour suspendre l'effet du mémoire. Le 26 décembre, les États Généraux ont demandé aux États de Hollande et de Westfrise d'augmenter les troupes et d'équiper les vaisseaux, sollicité par les négociants. La princesse gouvernante a souligné l'importance de ces mesures pour la sûreté du pays et a appelé à une plus grande unité dans les délibérations des Provinces-Unies. La princesse gouvernante est gravement malade, souffrant d'une hydropisie jugée très dangereuse par les médecins.
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223
p. 202
De Cassel, le 30 Décembre.
Début :
Les Troupes qui ont leurs quartiers dans le Landgraviat de Hesse, [...]
Mots clefs :
Troupes, Disette, Approvisionnement, Électeurs, Princes, États, Maréchal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Cassel, le 30 Décembre.
De Caffel , le 30 Décembre.
Les Troupes qui ont leurs quartiers dans le
Landgraviat de Heffe , continuent d'y fouffrir
une grande difette de vivres & de fourages . Ceux
qu'on leur tranfporte de l'Electorat d'Hanovre
ne fuffifent point pour fournir à leur fubfiſtance ;
& ces tranfports deviennent de jour en jour plus
difficiles & plus embarraffants.
Toutes les Lettres de Franconie affurent que
plufieurs Electeurs , Princes & Etats de l'Empire ,
ont accordé aux François de faire , dans les pays
foumis à leur obéiffance , les levées néceffaires
pour compléter les Régiments Allemants qui
font au fervice de la France ; & que le fieur Delatouche
, Maréchal des Camps & Armées de Sa
Majefté Très-Chrétienne , a été choisi pour préfider
à l'exécution de cet arrangement , & veiller
à ce que la difcipline foit exactement obfervée.
Les Troupes qui ont leurs quartiers dans le
Landgraviat de Heffe , continuent d'y fouffrir
une grande difette de vivres & de fourages . Ceux
qu'on leur tranfporte de l'Electorat d'Hanovre
ne fuffifent point pour fournir à leur fubfiſtance ;
& ces tranfports deviennent de jour en jour plus
difficiles & plus embarraffants.
Toutes les Lettres de Franconie affurent que
plufieurs Electeurs , Princes & Etats de l'Empire ,
ont accordé aux François de faire , dans les pays
foumis à leur obéiffance , les levées néceffaires
pour compléter les Régiments Allemants qui
font au fervice de la France ; & que le fieur Delatouche
, Maréchal des Camps & Armées de Sa
Majefté Très-Chrétienne , a été choisi pour préfider
à l'exécution de cet arrangement , & veiller
à ce que la difcipline foit exactement obfervée.
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Résumé : De Cassel, le 30 Décembre.
Le 30 décembre, les troupes du Landgraviat de Heffe manquent de vivres et de fourrages. Les approvisionnements de l'Électorat d'Hanovre sont insuffisants. Plusieurs électeurs et princes de l'Empire autorisent les Français à recruter dans leurs territoires. Delatouche supervise cette opération.
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224
p. 207
De Francfort, le 4. Janvier.
Début :
Le Maréchal Prince de Soubise étant instruit que les Ennemis avoient formé [...]
Mots clefs :
Prince de Soubise, Ennemis, Maréchal, Magistrats, Troupes, Protection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Francfort, le 4. Janvier.
De Francfort , le 4. Janvier.
Le Maréchal Prince de Soubife étant inftruit
que les Ennemis avoient formé le projet d'attaquer
nos quartiers , a pris la réfolution , pour les
mettre en fureté , & pour protéger en même
temps le Cercle Electoral , d'occuper la Ville de
Francfort. Le Maréchal fit entrer le 2. les Troupes
du Roi dans cette Ville. Il fit affembler les Magiftrats
, qui , touchés des raiſons folides qui ont forcé
le Maréchal à prendre ce parti , ont confenti à
tout ce qu'il leur a propofé. Tout cela s'eft exécuté
dans le meilleur ordre. Les Boutiques de cette Ville
n'ont pas ceffé d'être ouvertes , & tous les Habitans
fe louent de la bonne difcipline que nos
Troupes y obfervent. Tous les Quartiers de nos
deux Armées font fort tranquilles.
Le Maréchal Prince de Soubife étant inftruit
que les Ennemis avoient formé le projet d'attaquer
nos quartiers , a pris la réfolution , pour les
mettre en fureté , & pour protéger en même
temps le Cercle Electoral , d'occuper la Ville de
Francfort. Le Maréchal fit entrer le 2. les Troupes
du Roi dans cette Ville. Il fit affembler les Magiftrats
, qui , touchés des raiſons folides qui ont forcé
le Maréchal à prendre ce parti , ont confenti à
tout ce qu'il leur a propofé. Tout cela s'eft exécuté
dans le meilleur ordre. Les Boutiques de cette Ville
n'ont pas ceffé d'être ouvertes , & tous les Habitans
fe louent de la bonne difcipline que nos
Troupes y obfervent. Tous les Quartiers de nos
deux Armées font fort tranquilles.
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Résumé : De Francfort, le 4. Janvier.
Le 4 janvier, le Maréchal Prince de Soubise a appris une attaque imminente contre les quartiers français à Francfort. Pour protéger le Cercle Électoral, il a introduit les troupes du Roi dans la ville le 2 janvier. Les magistrats ont accepté ses propositions. L'opération s'est déroulée sans incident, les habitants ont apprécié la discipline des troupes françaises. Les quartiers des deux armées sont restés calmes.
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225
p. *210-210
De Naples, le 20 Janvier.
Début :
On fait ici des préparatifs extraord. On recrute les vieilles Troupes, on forme de nouveaux [...]
Mots clefs :
Enrôlement, Préparatifs , Troupes, Milice, Armements, Artillerie, Munitions, Conseils
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Naples, le 20 Janvier.
De Naples, le 20 Janvier.
On fait ici des préparatifs extraord . On recrute
les vieilles Troupes , on forme de nouveaux Ré
gimens. Les Paylans des Frontieres du Royaume,
qui avoient coutume d'aller travailler l'hyver dans
l'Etat de l'Eglife , ont eu défenfe de s'abſenter.
On veut choilir parmi eux des hommes en état de
fervir , & en compofer un Corps de Milice. On
preffe l'Armement des Vaiffeaux & des Frégates.
On travaille à aſſembler une Artillerie formidable
; & on fait de grands amas de toutes eſpéces
de munitions de Guerre. Au milieu de ces mouvemens
, la Cour reçoit & dépêche des Couriers.
Les Confeils fe tiennent avec affiduité , & rien ne
tranfpire des réfolutions qu'on y a prifes.
On fait ici des préparatifs extraord . On recrute
les vieilles Troupes , on forme de nouveaux Ré
gimens. Les Paylans des Frontieres du Royaume,
qui avoient coutume d'aller travailler l'hyver dans
l'Etat de l'Eglife , ont eu défenfe de s'abſenter.
On veut choilir parmi eux des hommes en état de
fervir , & en compofer un Corps de Milice. On
preffe l'Armement des Vaiffeaux & des Frégates.
On travaille à aſſembler une Artillerie formidable
; & on fait de grands amas de toutes eſpéces
de munitions de Guerre. Au milieu de ces mouvemens
, la Cour reçoit & dépêche des Couriers.
Les Confeils fe tiennent avec affiduité , & rien ne
tranfpire des réfolutions qu'on y a prifes.
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Résumé : De Naples, le 20 Janvier.
À Naples, le 20 janvier, des préparatifs militaires sont en cours. Les troupes sont recrutées et de nouveaux régiments formés. Les paysans des frontières doivent rester pour constituer une milice. L'armement des vaisseaux et l'assemblage de l'artillerie sont accélérés. Des munitions sont stockées. La cour échange des courriers et tient des conseils secrets.
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226
p. 204
DE BRESLAU, le 6 Mars.
Début :
Un corps de troupes composé de 6 Bataillons & de 15 Escadrons, est entré en Pologne [...]
Mots clefs :
Bataillons, Escadrons, Troupes, Pologne, Prince, Officiers, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE BRESLAU, le 6 Mars.
DE BRESLAU, le 6 Mars.
UN corps de troupes compoſt de 6 Bataillons
& de 15 Efcadrons , eft entré en Pologne fur deux
Colonnes . Ils ont arrêté à Veiffen le Prince Sulkowski
, qui a été conduit à Glogau . On a défarmé
les Grenadiers & fes Dragons au nombre
d'environ 300 & on les a forcé d'entrer au fervice
du Roi de Pruffe,, à l'exception des Officiers auxquels
on a laiffé la liberté.
UN corps de troupes compoſt de 6 Bataillons
& de 15 Efcadrons , eft entré en Pologne fur deux
Colonnes . Ils ont arrêté à Veiffen le Prince Sulkowski
, qui a été conduit à Glogau . On a défarmé
les Grenadiers & fes Dragons au nombre
d'environ 300 & on les a forcé d'entrer au fervice
du Roi de Pruffe,, à l'exception des Officiers auxquels
on a laiffé la liberté.
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227
p. 200-203
DE PARIS, le 21 Avril.
Début :
Le sieur de Chaulieu, Aide-Major-Général du Corps d'Armée commandé [...]
Mots clefs :
Duc de Broglie, Armée, Alliés, Prince Ferdinand , Ennemis, Combats, Défense, Infanterie, Troupes, Déclaration du roi, Privilèges, Dons et pensions, Annulation, Arrêts du conseil, Fermes, Commissaires, Actions, Comptes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 21 Avril.
DE PARIs , le 2 1 Avril.
. Le fieur de Chaulieu, Aide-Major-Général du
Corps d'Armée commandé par le Duc de Broglie,
apporta au Roi Mardi 17, la nouvelle qui ſuit :
Le Duc de Broglie ayant appris que l'Armée
des Alliés, forte d'environ 4oooo hommes, &
commandée par le Prince Ferdinand de Brunſ
wick , étoit en pleine marche, pour ſe porter du
Pays de Fulde & de la Heſſe, ſur les quartiers que
l'Armée du Roi occupe entre le Mein & la Lohn,
raſſèmbla toutes ces Troupes le 12 Avril, dans
une poſition qu'il avoit reconnue longtemps au
paravant près du Village de Berghen, qui eſt à
environ deux lieuës de Francfort. .
, Les Ennemis parurent le 13 à huit heures du
matin à portée de ce poſte, & firent leurs diſpo
ſitions à la faveur d'un rideau qui les couvroit. Ils
déboucherent à dix heures ſur le Village de Berg
hen, qu'ils attaquerent avec la plus grande viva
cité. Le Duc de Broglie y avoit placé pluſieurs
Brigades d'Infanterie & une nombreuſe Artille
rie. Les Ennemis ont été repouſſés trois fois. Leur
feu a été très-vif & continuel. Ils ont combattu
pendant tout le jour, & ont été enfin forcés de ſe
retirer à l'entrée de la nuit, après avoir fait une
perte conſidérable.
Le Prince Camille de Lorraine , Lieutenant
- M A I. 1759. . 2 e r
Général, chargé de la défenſe de ce poſte , le
Comte d'Orlick & le Marquis de Saint Chamand,
Maréchaux de Camp, qui y commandoient ſous
ſes ordres, ſe ſont comportés avec tout le coura
ge, l'activité & l'intelligence poſſibles.
| Vingt-huit Bataillons ſeulement qui étoient à
† du Village , ont combattu. Le reſte de
Armée n'a point donné ; notre Cavalerie & celle
des Ennemis n'ont pû manoeuvrer, à cauſe de la
difficulté du terrein.
On n'a point encore de détails plus particuliers
de l'affai e ni de la perte que l'on a faite. On ſçait
ſeulement que le Baron de Ray , Brigadier d'in
fanterie, & les ſieurs Chab ié & Lamy de Be
zange, Offici rs c'artiilerie ont été tués Le Baron
d'Hyrn, commandant les T. oupes Saxonnes, a
été dangereuſement bleſſé d'un coup de canon.
Le Duc de Broglie a mandé, par un Courier ar
rivé le 19 , que ſes Ennt mis ſe ſont reti és, & ont
repris la même route qu'ils avoient tenue pour
venir attaquer Berghen. Ils ont abandonné plu
ſieurs piéces d'Artillerie. Leur perte eſt évaluée à
envi on 6ooo hommes. Les déſerteurs ont rap
porté que le Prince d'Iſembou g avoit été tué.
On attend un détail circonſtancié de cette af
faire.
Le 28 Avril.
| On vient de publier deux Déclarations du Roi
données à Verſailles le 27 de ce mois. Par la pre
miere S. M. fait rentrer dans la claſſe des contri
buables pendant la durée de la guerie & pendant
deux ans après la concluſion de la paix , ceux de
ſes Sujets qui, nés tailliables, ſe ſont ſouſtrait aux
impoſitions par l'acquiſition de différents offices
( cet article a des exceptions. ) Le privilége accor
dé aux Bourgeois le Paris & de Lyon de faire va-'
loir par leurs mains en exemption º,taille le la- '
- • t - - - V - - -. 3
2e2 MERcURE DE FRANCE. .
-
bourage d'une charrue , eſt pareillement ſuſ
pendu.
-
L'objet de la ſecon le Déclaration , eſt d'an
· nuller les dons & les penſions qui ont été obtenus
ſans titre légitime. Tous ceux qui jouiſſent de
dons, penſions, gratifications annuelles ( hormis
quelques claſſes exceptées) ſeront tenus de ſe pour
voirpardevant les Sec étaires d'État, chacun dans
ſon Département , comme auſſi par levant le
·Contrôleur Genéral des Finances pour en obtenir
la confirmation , ur l'examen qui en ſera fait
& ſur le compte qui en ſera rendu au Roi. Le
payement en demeurera ſu'pendu juſqu'a ce que
le Roi en ait ordonné la confirmation. Le fond
des penſions autres que celles des Princes du Sang,
que celles de l'Ordre de S Louis & celles qui font
partie des appointemens ou attribution d'emplois,
charges & offices ſera réduit déſormais a la ſom
sme de trois millions.
Ces deux Déclarations ont été ſuivies de trois
Arrêts du Conſeil de la même datte. Par le pre
mier Sa Majeſté ordonne que toutes les penſions
dons, gratifications, bénéfices &c. dont les Fer
miers de ſes Fermes ſeront chargés envers des
perſonnes qui ne ſont point employées à la régie
& à l'adminiſtration les Fermes ſeront anéanties
à commencer du premier de ce mois & que de
puis ce même jour les Fermiers du Roi ſeront
tenus de compter au profit de Sa Majeſté, in
dépen femment du prix de leurs Baux , de la
naoitié des bénéfices & émolument de ces Fermes
ſans y comprendre néanmoins les intérêts de leurs
fonds, qui leur ſeront alloués a cinq pour cent.
Dans le ſecond Arrêt le Roi ordonne que quatre
· Comm ſſaires nommés par Sa Majeſté aſſiſteront
aux divers comités de la Ferme générale, &
aux comptes qui ſeront rendus & arrêtés tous
M A I. 1759. , 2o3
1es ſix mois; que le droit de préſence de chacun
des Fermiers généraux ſera de vingt-quatre mille
livres par an , qu'ils auront de plus une grati
· fication annuelle de vingt-cinq mille livres , &
que ces dépenſes ſeront prélevées ſur le bénéfice.
Le troiſiéme Arrêt porte création de ſoixante
douze milles actions intéreſiées dans les Fermes
Générales. Chaque action ſera de mille livres, dont
l'intérêt a cinq pour cent, exempt de touteretenue,
ſera «cquitté au Tréſor royal ſur des coupons paya
bles de ſix mois en ſix mois, a commencer au pre
·mierOctobre prochain.Ces actions ſeront rembour
ſées par l'Adjudicataire du bail prochain des Fer
mes Générales, à raiſon de douze milleactions par
an, indépendament de l'intérêt de cinq pour cent;
les Actionnaires jouiront de la moitié du bénéfice
'queSa Majeſté s'eſt réſervée ſur le total des Fermes
· Générales, & ils en ſeront payés ſur des dividen
des particulieres, qui commenceront à courir du
premier de ce mois.Les Actionnaires porteurs de
· quatre actions pourront s'aſſembler tous les ſix
mois à l'Hôtel-de-Ville, & nommer entre eur
· deux Syn lics pour aſſiſter à la reddition des comp
tes de la Ferme-Générale.Comme ces comptes
ſont néceſſairement arriérés de ſix mois, le pre
-mier dividende ne ſera payé qu'au mois d'Avrii
17 59 & enſuite de fix mois en ſix mois. L'ac
-quiſition des actions ſe fera chez le Garde du Tré
† Royal, & le Bureau s'ouvrira le premier Mai.
JLe dividende ne commencera à courir du pre
-mier de ce mois que pour ceux qui auront acquis
des actions dans le courant du mois de Mai. Pouk
les autres le dividende n'aura cours que du joux
· de l'acquiſition
. Le fieur de Chaulieu, Aide-Major-Général du
Corps d'Armée commandé par le Duc de Broglie,
apporta au Roi Mardi 17, la nouvelle qui ſuit :
Le Duc de Broglie ayant appris que l'Armée
des Alliés, forte d'environ 4oooo hommes, &
commandée par le Prince Ferdinand de Brunſ
wick , étoit en pleine marche, pour ſe porter du
Pays de Fulde & de la Heſſe, ſur les quartiers que
l'Armée du Roi occupe entre le Mein & la Lohn,
raſſèmbla toutes ces Troupes le 12 Avril, dans
une poſition qu'il avoit reconnue longtemps au
paravant près du Village de Berghen, qui eſt à
environ deux lieuës de Francfort. .
, Les Ennemis parurent le 13 à huit heures du
matin à portée de ce poſte, & firent leurs diſpo
ſitions à la faveur d'un rideau qui les couvroit. Ils
déboucherent à dix heures ſur le Village de Berg
hen, qu'ils attaquerent avec la plus grande viva
cité. Le Duc de Broglie y avoit placé pluſieurs
Brigades d'Infanterie & une nombreuſe Artille
rie. Les Ennemis ont été repouſſés trois fois. Leur
feu a été très-vif & continuel. Ils ont combattu
pendant tout le jour, & ont été enfin forcés de ſe
retirer à l'entrée de la nuit, après avoir fait une
perte conſidérable.
Le Prince Camille de Lorraine , Lieutenant
- M A I. 1759. . 2 e r
Général, chargé de la défenſe de ce poſte , le
Comte d'Orlick & le Marquis de Saint Chamand,
Maréchaux de Camp, qui y commandoient ſous
ſes ordres, ſe ſont comportés avec tout le coura
ge, l'activité & l'intelligence poſſibles.
| Vingt-huit Bataillons ſeulement qui étoient à
† du Village , ont combattu. Le reſte de
Armée n'a point donné ; notre Cavalerie & celle
des Ennemis n'ont pû manoeuvrer, à cauſe de la
difficulté du terrein.
On n'a point encore de détails plus particuliers
de l'affai e ni de la perte que l'on a faite. On ſçait
ſeulement que le Baron de Ray , Brigadier d'in
fanterie, & les ſieurs Chab ié & Lamy de Be
zange, Offici rs c'artiilerie ont été tués Le Baron
d'Hyrn, commandant les T. oupes Saxonnes, a
été dangereuſement bleſſé d'un coup de canon.
Le Duc de Broglie a mandé, par un Courier ar
rivé le 19 , que ſes Ennt mis ſe ſont reti és, & ont
repris la même route qu'ils avoient tenue pour
venir attaquer Berghen. Ils ont abandonné plu
ſieurs piéces d'Artillerie. Leur perte eſt évaluée à
envi on 6ooo hommes. Les déſerteurs ont rap
porté que le Prince d'Iſembou g avoit été tué.
On attend un détail circonſtancié de cette af
faire.
Le 28 Avril.
| On vient de publier deux Déclarations du Roi
données à Verſailles le 27 de ce mois. Par la pre
miere S. M. fait rentrer dans la claſſe des contri
buables pendant la durée de la guerie & pendant
deux ans après la concluſion de la paix , ceux de
ſes Sujets qui, nés tailliables, ſe ſont ſouſtrait aux
impoſitions par l'acquiſition de différents offices
( cet article a des exceptions. ) Le privilége accor
dé aux Bourgeois le Paris & de Lyon de faire va-'
loir par leurs mains en exemption º,taille le la- '
- • t - - - V - - -. 3
2e2 MERcURE DE FRANCE. .
-
bourage d'une charrue , eſt pareillement ſuſ
pendu.
-
L'objet de la ſecon le Déclaration , eſt d'an
· nuller les dons & les penſions qui ont été obtenus
ſans titre légitime. Tous ceux qui jouiſſent de
dons, penſions, gratifications annuelles ( hormis
quelques claſſes exceptées) ſeront tenus de ſe pour
voirpardevant les Sec étaires d'État, chacun dans
ſon Département , comme auſſi par levant le
·Contrôleur Genéral des Finances pour en obtenir
la confirmation , ur l'examen qui en ſera fait
& ſur le compte qui en ſera rendu au Roi. Le
payement en demeurera ſu'pendu juſqu'a ce que
le Roi en ait ordonné la confirmation. Le fond
des penſions autres que celles des Princes du Sang,
que celles de l'Ordre de S Louis & celles qui font
partie des appointemens ou attribution d'emplois,
charges & offices ſera réduit déſormais a la ſom
sme de trois millions.
Ces deux Déclarations ont été ſuivies de trois
Arrêts du Conſeil de la même datte. Par le pre
mier Sa Majeſté ordonne que toutes les penſions
dons, gratifications, bénéfices &c. dont les Fer
miers de ſes Fermes ſeront chargés envers des
perſonnes qui ne ſont point employées à la régie
& à l'adminiſtration les Fermes ſeront anéanties
à commencer du premier de ce mois & que de
puis ce même jour les Fermiers du Roi ſeront
tenus de compter au profit de Sa Majeſté, in
dépen femment du prix de leurs Baux , de la
naoitié des bénéfices & émolument de ces Fermes
ſans y comprendre néanmoins les intérêts de leurs
fonds, qui leur ſeront alloués a cinq pour cent.
Dans le ſecond Arrêt le Roi ordonne que quatre
· Comm ſſaires nommés par Sa Majeſté aſſiſteront
aux divers comités de la Ferme générale, &
aux comptes qui ſeront rendus & arrêtés tous
M A I. 1759. , 2o3
1es ſix mois; que le droit de préſence de chacun
des Fermiers généraux ſera de vingt-quatre mille
livres par an , qu'ils auront de plus une grati
· fication annuelle de vingt-cinq mille livres , &
que ces dépenſes ſeront prélevées ſur le bénéfice.
Le troiſiéme Arrêt porte création de ſoixante
douze milles actions intéreſiées dans les Fermes
Générales. Chaque action ſera de mille livres, dont
l'intérêt a cinq pour cent, exempt de touteretenue,
ſera «cquitté au Tréſor royal ſur des coupons paya
bles de ſix mois en ſix mois, a commencer au pre
·mierOctobre prochain.Ces actions ſeront rembour
ſées par l'Adjudicataire du bail prochain des Fer
mes Générales, à raiſon de douze milleactions par
an, indépendament de l'intérêt de cinq pour cent;
les Actionnaires jouiront de la moitié du bénéfice
'queSa Majeſté s'eſt réſervée ſur le total des Fermes
· Générales, & ils en ſeront payés ſur des dividen
des particulieres, qui commenceront à courir du
premier de ce mois.Les Actionnaires porteurs de
· quatre actions pourront s'aſſembler tous les ſix
mois à l'Hôtel-de-Ville, & nommer entre eur
· deux Syn lics pour aſſiſter à la reddition des comp
tes de la Ferme-Générale.Comme ces comptes
ſont néceſſairement arriérés de ſix mois, le pre
-mier dividende ne ſera payé qu'au mois d'Avrii
17 59 & enſuite de fix mois en ſix mois. L'ac
-quiſition des actions ſe fera chez le Garde du Tré
† Royal, & le Bureau s'ouvrira le premier Mai.
JLe dividende ne commencera à courir du pre
-mier de ce mois que pour ceux qui auront acquis
des actions dans le courant du mois de Mai. Pouk
les autres le dividende n'aura cours que du joux
· de l'acquiſition
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Résumé : DE PARIS, le 21 Avril.
Le 17 avril 1759, le Duc de Broglie informa le Roi que l'Armée des Alliés, composée d'environ 40 000 hommes sous le commandement du Prince Ferdinand de Brunswick, se dirigeait vers les quartiers occupés par l'Armée du Roi entre le Mein et la Lohn. Le Duc de Broglie rassembla ses troupes près du village de Berghen, à environ deux lieues de Francfort. Le 13 avril, les ennemis attaquèrent le village avec vigueur mais furent repoussés trois fois malgré un feu intense et continu. Ils se retirèrent à l'entrée de la nuit après avoir subi des pertes considérables. Les combats impliquèrent vingt-huit bataillons, la cavalerie n'ayant pu manœuvrer en raison de la difficulté du terrain. Parmi les pertes françaises, on compte le Baron de Ray, les sieurs Chabot et Lamy de Bezange, et le Baron d'Hyrn, blessé. Le Prince Camille de Lorraine, le Comte d'Orlick et le Marquis de Saint Chamand se distinguèrent par leur courage et leur intelligence. Les ennemis laissèrent plusieurs pièces d'artillerie sur le champ de bataille, et leurs pertes furent évaluées à environ 6 000 hommes, incluant le Prince d'Isembourg, tué selon les déserteurs. Le 28 avril, deux Déclarations du Roi furent publiées à Versailles. La première réintégrait certains sujets dans la classe des contribuables pendant la guerre et deux ans après la paix. La seconde annulait les dons et pensions obtenus sans titre légitime, exigeant une confirmation par les Secrétaires d'État et le Contrôleur Général des Finances, et réduisait le fond des pensions à trois millions. Ces Déclarations furent suivies de trois Arrêts du Conseil. Le premier régissait l'annulation des pensions des Fermiers Généraux. Le second nommait des commissaires aux comités de la Ferme générale. Le troisième créait soixante-douze mille actions intéressées dans les Fermes Générales, avec un intérêt de cinq pour cent et un remboursement annuel de douze mille actions.
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228
p. 205-206
DE LEYPSICK, le 18 Avril.
Début :
Le Prince Henri, informé de l'état où se trouvoient les quartiers de l'Armée [...]
Mots clefs :
Prince Henri, Prusse, Troupes, Bohême, Infanterie, Attaque, Cavalerie, Fuite , Magasins, Incendie
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texteReconnaissance textuelle : DE LEYPSICK, le 18 Avril.
e LEX PSICK , le 18 Avril.
Le Prince Henri , informé de l'état où le trou-
voient les quartiers de l'Armée Autrichienne en-
deça de l'Elbe , forma ces jours paffés le projet
d'enlever & de détruire les magazins de cette Ar-
mée. Le 1s de ce mois il entra en Bohême du cố-
té de Peterfwalde avec une divifion de les troupes.
Le Général Hulfen pénétra du côté de Gafberg ,
avec une autre divifion . Il rencontra un abattis fur
fon pallage. Il difpofa fon Infanterie pour l'attaque
de ce retranchement ; & comme elle y trouvoir
beaucoup de réfiftance , il fit marcher fa Cavale-
rie fur Pillnitz pour prendre les Autrichiens à dos.
Ce mouvement les intimida , ils prirent la fuite
en défordre , & le Général Hulfen leur fit près de
deux mille Prifonniers. Enfuite le Prince Henri
partagea fon avant- garde en deux corps , dont
J'un marcha à Toplitz , & l'autre fe porta à Auffig.
a pillé & brûlé les magafins que les Autrichiens
5a09971261
206
MERCURE
DE
FRANCE
.
avoient
à
Lowofitz
&
à
Leitmezitz
.
Il
s'eſt
avancé
enfuite
avec
toute fa
divifion
jufqu'à
Budin
tandis
que
le
Général
Hullen
a
marché
avec
la
fienne
fur
Saatz
.
On
apprend
par
des
lettres
nouvellement
arri
vées
,
que
le
Prince
Henri de
Pruffe
eft
forti
de
la
Bohêne
avec
le
corps
qu'il
commande
Le Prince Henri , informé de l'état où le trou-
voient les quartiers de l'Armée Autrichienne en-
deça de l'Elbe , forma ces jours paffés le projet
d'enlever & de détruire les magazins de cette Ar-
mée. Le 1s de ce mois il entra en Bohême du cố-
té de Peterfwalde avec une divifion de les troupes.
Le Général Hulfen pénétra du côté de Gafberg ,
avec une autre divifion . Il rencontra un abattis fur
fon pallage. Il difpofa fon Infanterie pour l'attaque
de ce retranchement ; & comme elle y trouvoir
beaucoup de réfiftance , il fit marcher fa Cavale-
rie fur Pillnitz pour prendre les Autrichiens à dos.
Ce mouvement les intimida , ils prirent la fuite
en défordre , & le Général Hulfen leur fit près de
deux mille Prifonniers. Enfuite le Prince Henri
partagea fon avant- garde en deux corps , dont
J'un marcha à Toplitz , & l'autre fe porta à Auffig.
a pillé & brûlé les magafins que les Autrichiens
5a09971261
206
MERCURE
DE
FRANCE
.
avoient
à
Lowofitz
&
à
Leitmezitz
.
Il
s'eſt
avancé
enfuite
avec
toute fa
divifion
jufqu'à
Budin
tandis
que
le
Général
Hullen
a
marché
avec
la
fienne
fur
Saatz
.
On
apprend
par
des
lettres
nouvellement
arri
vées
,
que
le
Prince
Henri de
Pruffe
eft
forti
de
la
Bohêne
avec
le
corps
qu'il
commande
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Résumé : DE LEYPSICK, le 18 Avril.
Le 18 avril, le Prince Henri décida de s'emparer et de détruire les magasins de l'Armée Autrichienne au-delà de l'Elbe. Le 1er avril, il pénétra en Bohême avec une division de troupes près de Peterfwalde, tandis que le Général Hulfen entra du côté de Gafberg avec une autre division. Hulfen rencontra un abattis et déploya son infanterie pour attaquer ce retranchement. Face à la résistance, il fit avancer sa cavalerie vers Pillnitz pour prendre les Autrichiens à revers, ce qui les fit fuir en désordre, permettant à Hulfen de faire près de deux mille prisonniers. Le Prince Henri divisa ensuite son avant-garde en deux corps : l'un marcha vers Toplitz, l'autre vers Auffig, pillant et brûlant les magasins autrichiens à Lowofitz et à Leitmezitz. Le Prince Henri avança avec toute sa division jusqu'à Budin, tandis que le Général Hulfen marcha vers Saatz. Des lettres récentes indiquent que le Prince Henri de Prusse a quitté la Bohême avec le corps qu'il commandait.
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229
p. 213
DE MARBOURG le 10 Juin.
Début :
Il y a longtemps qu'on n'a vu des troupes en aussi bon état que celles qui composent [...]
Mots clefs :
Troupes, Armée française, Généraux, Régiment, Sieur Huisch, Ennemis, Reconnaissance, Infanterie, Cavalerie, Embuscade, Prisonniers, Attaques
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texteReconnaissance textuelle : DE MARBOURG le 10 Juin.
DE MARBOURG le 10 Juin.
Il y a longtemps qu'on n'a vu des troupes en
auffi bon état que celles qui compofent l'Armée
Françoife . On le loue partout de leur exacte difcipline
, & de l'attention des Généraux à ménager
les pays neutres qu'ils ont été obligés de traverfer.
Ils ont laiffé de fortes Garnifons à Francfort
, à Hanau & à Gieffen.
On parle beaucoup ici de la belle action que
vient de faire le fieur Huiſch , Lieutenant au Régiment
de Berchiny , Huffards. Ce Régiment
eroit à Velter le premier de ce mois. Le Comte
de Berchiny en ayant fait marcher une partie du
côté de Gemunde , détacha le fieur Huiſch avec
vingt- cinq Huſſards pour reconnoître un poſte que
les ennemis avoient à Gerberg. Ceux- ci avertis
de la marche de ce détachement , embufquèrent
fix cens hommes , moitié Infanterie , moitié Cavalerie
, dans un bois fitué le long du chemin ,
par où il devoit faire la retraite , & ne laiſſérent
à découvert qu'une grande garde très - foible que
le fieur Huifch repouſſa ailément. A ſon retour
il trouva le chemin embarraffé par des abattis ,
& fe vit tout-à-coup enveloppé par la troupe nombreufe
qui avoit été embufquée dans le bois. Il
prit fon parti fur le champ. Il fondit le ſabre à
la main fur les ennemis ; & après avoir elfuyć
tout le feu de l'Infanterie cachée dans un ravin
qui bordeit le bois , il vint à bout de ſe retirer
avec quatorze hommes , le reſte de ſon détachement
ayant été tué ou fait priſonnier. Il fut pourfuivi
pendant l'efpace de deux lieues par toute la
Cavalerie ennemie ; mais il fit fi bonne contenance
qu'on ne put jamais l'entamer.
Il y a longtemps qu'on n'a vu des troupes en
auffi bon état que celles qui compofent l'Armée
Françoife . On le loue partout de leur exacte difcipline
, & de l'attention des Généraux à ménager
les pays neutres qu'ils ont été obligés de traverfer.
Ils ont laiffé de fortes Garnifons à Francfort
, à Hanau & à Gieffen.
On parle beaucoup ici de la belle action que
vient de faire le fieur Huiſch , Lieutenant au Régiment
de Berchiny , Huffards. Ce Régiment
eroit à Velter le premier de ce mois. Le Comte
de Berchiny en ayant fait marcher une partie du
côté de Gemunde , détacha le fieur Huiſch avec
vingt- cinq Huſſards pour reconnoître un poſte que
les ennemis avoient à Gerberg. Ceux- ci avertis
de la marche de ce détachement , embufquèrent
fix cens hommes , moitié Infanterie , moitié Cavalerie
, dans un bois fitué le long du chemin ,
par où il devoit faire la retraite , & ne laiſſérent
à découvert qu'une grande garde très - foible que
le fieur Huifch repouſſa ailément. A ſon retour
il trouva le chemin embarraffé par des abattis ,
& fe vit tout-à-coup enveloppé par la troupe nombreufe
qui avoit été embufquée dans le bois. Il
prit fon parti fur le champ. Il fondit le ſabre à
la main fur les ennemis ; & après avoir elfuyć
tout le feu de l'Infanterie cachée dans un ravin
qui bordeit le bois , il vint à bout de ſe retirer
avec quatorze hommes , le reſte de ſon détachement
ayant été tué ou fait priſonnier. Il fut pourfuivi
pendant l'efpace de deux lieues par toute la
Cavalerie ennemie ; mais il fit fi bonne contenance
qu'on ne put jamais l'entamer.
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Résumé : DE MARBOURG le 10 Juin.
Le 10 juin, à Marbourg, les troupes françaises ont été félicitées pour leur discipline et le respect des pays neutres traversés. Des garnisons ont été placées à Francfort, Hanau et Gießen. Le 1er juin, le régiment de Berchiny Hussards, stationné à Velter, a reçu l'ordre du comte de Berchiny d'envoyer des troupes vers Gemunde. Le sieur Huisch, lieutenant, a été détaché avec vingt-cinq Hussards pour reconnaître un poste ennemi à Gerberg. Informés de cette mission, les ennemis ont tendu une embuscade avec cent hommes, moitié infanterie, moitié cavalerie, dans un bois sur le chemin de retraite. Huisch a repoussé une faible garde ennemie mais a trouvé le chemin barré par des abattis. Il a été attaqué par la troupe embusquée, a chargé les ennemis à sabre et a réussi à se retirer avec quatorze hommes, les autres étant tués ou capturés. Poursuivi sur deux lieues par la cavalerie ennemie, il a échappé.
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230
p. 214
DE DUSSELDORP, le 11 Juin.
Début :
Le 6 de ce mois, un corps de cinq mille hommes des troupes Alliées se porta [...]
Mots clefs :
Troupes, Alliés, Chevalier, Marquis, Ennemis, Prisonniers, Colonel, Régiment, Brigadier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE DUSSELDORP, le 11 Juin.
DE DUSSELDORP le i Juin.
Le 6 de ce mois , un corps de cinq mille hom⚫
mes des troupes Alliées fe porta par une marche
forcée ſur la Rhor , dans le detfein d'enlever quelques-
uns des poſtes avancés de l'Armée aux ordres
du Marquis d'Armentieres . Le Chevalier de
Montfort foutint l'effort des ennemis , avec les
Volontaires. Il fut bleffé & fait prifonnier. Pendant
ce temps-là les Bataillons & les piquets fe
replierent fur Medmann. Les Alliés y marchèrent
avec vivacité. Le détachement François continua
fa retraite for Duffeldorp . Il fut plufieurs fois entouré
par les troupes légères & chargé en queue
par les troupes réglées des Alliés. Mais malgré
leur grande fupériorité , cette retraite habilement
dirigée par le Chevalier de Chabot , Brigadier ,
& par le Comte de Grave , Colonel du Régiment
de Provence , fe fit en bon ordre & fans beau
coup de perte.
Le 6 de ce mois , un corps de cinq mille hom⚫
mes des troupes Alliées fe porta par une marche
forcée ſur la Rhor , dans le detfein d'enlever quelques-
uns des poſtes avancés de l'Armée aux ordres
du Marquis d'Armentieres . Le Chevalier de
Montfort foutint l'effort des ennemis , avec les
Volontaires. Il fut bleffé & fait prifonnier. Pendant
ce temps-là les Bataillons & les piquets fe
replierent fur Medmann. Les Alliés y marchèrent
avec vivacité. Le détachement François continua
fa retraite for Duffeldorp . Il fut plufieurs fois entouré
par les troupes légères & chargé en queue
par les troupes réglées des Alliés. Mais malgré
leur grande fupériorité , cette retraite habilement
dirigée par le Chevalier de Chabot , Brigadier ,
& par le Comte de Grave , Colonel du Régiment
de Provence , fe fit en bon ordre & fans beau
coup de perte.
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Résumé : DE DUSSELDORP, le 11 Juin.
Le 6 juin, cinq mille hommes des troupes alliées attaquèrent des postes avancés de l'armée du Marquis d'Armentières. Le Chevalier de Montfort fut blessé et capturé. Les Français se replièrent vers Medmann puis Duffeldorp, poursuivis par les Alliés. La retraite, dirigée par le Chevalier de Chabot et le Comte de Grave, se déroula en bon ordre avec peu de pertes.
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231
p. 215-217
DE LONDRES, le 15 Mai.
Début :
Le Corsaire François le Maréchal de Belle-Isle, qui a hiverné a [...]
Mots clefs :
Corsaires , Amiral, Escadre, Martinique, Troupes, Commerce, Côtes, Expédition, Ports
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 15 Mai.
DE LONDRES , le 15 Mai.
Le Corfaire François le Maréchal de Belle- Iſle ,
qui a hiverné a Gottenbourg , vient de reparoître
dans fon ancienne ſtation , & nous a déja fait
quelques prifes . On a reçu avis que l'Amiral Bofcawen
eft arrivé a Gibraltar avec fon Eſcadre. On
compte qu'il a dû fe joindre depuis à l'Amiral
Broderick , qui croiſe à la hauteur de Toulon . On
fonde ici de grandes efpérances fur les opérations
que ces deux Efcadres réunies doivent exécuter.
Elles agiront tout l'été fur les côtes de Provence.
Nous avons appris dernierement que l'Eſcadre
commandée par le fieur de Bompart étoit arrivée
à la Martinique , & que le Chef d'Efcadre
More étoit parti de la Guadeloupe pour aller
combattre le fieur de Bompart . Telle eſt la nouvelle
qu'on répand depuis quelques jours , pour
pallier le mauvais fuccès du débarquement de
nos Troupes à Baffeterre. Tout le monde ſçair
ici qu'elles ont été contraintes d'évacuer entie
rement l'lfle de la Guadeloupe , après y avoir
eſſuyé la perte de plus de deux mille hommes
tués ou morts de maladie..
216 MERCURE DE FRANCE.
Du 30 .
Le Commerce fouffre infiniment du malheur
qui a rendu parmi nous les eſpéces très -rares . On
eft obligé de faire des emprunts chez l'Etranger à
gros intérêts , ce qui augmente néceſſairement la
difficulté de fournir à l'Etat les fecours dont il
aura befoin fi la guerre continue.
Les ordres font donnés pour repartir fur nos
Côtes toutes les troupes qui font reftées dans les
trois Royaumes. On prépare à Wolwich plufieurs
trains d'artillerie qui feront diftribués dans les
différens cantonnemens de ces troupes . On prend
ces précautions pour empêcher les defcentes que
les François pourroient avoir deffein de tenter.
Leur armement de Breft caufe ici beaucoup d'inquiétude.
Du 2 Juin.
On affure que la flotte commandée par les
Amiraux Hawke & Hardy eſt allée ſur les côtes
de France ; que ces Amiraux ont ordre d'obferver
foigneufement ce qui fe paffe dans le Port
de Breft , d'empêcher la fortie de la flotte Françoiſe
, ou fi elle échappe à leur vigilance , de la
pourfuivre fans relâche , & de lui livrer combat
en quelque endroit qu'ils la rencontrent.
L'Amiral Hawke a informé la Cour qu'il avoit
détaché une chaloupe pour aller reconnoître le
Port de Breft ; qu'elle y avoit découvert onze
vaifeaux en rade , plufieurs Frégates, & un grand
nombre de Bâtimens de tranfport.
Du 15 Juin.
On affure que l'expédition qui devoit s'exécuter
fur les côtes de France n'aura point lieu cette
année. Toute l'attention fe porte à là néceſſité
de nous garantir de l'invafion que nous appréhendons
JUILLET. 1759. 217
hendons. On prépare une petite Elcadre qui doit
aller croifer dans la Manche , afin d'obſerver plus
exactement les mouvemens des François.
Le bruit fe répand depuis quelques jours que
le fieur de Lally s'eft emparé dans l'Inde de
Trichenapoly , l'une des principales Villes de la
Nababie d'Arcate , & où nous avions un de nos
plas riches Comptoirs. Si la nouvelle eft vraie ,
nous devons tout craindre pour Madras.
Le Corfaire François le Maréchal de Belle- Iſle ,
qui a hiverné a Gottenbourg , vient de reparoître
dans fon ancienne ſtation , & nous a déja fait
quelques prifes . On a reçu avis que l'Amiral Bofcawen
eft arrivé a Gibraltar avec fon Eſcadre. On
compte qu'il a dû fe joindre depuis à l'Amiral
Broderick , qui croiſe à la hauteur de Toulon . On
fonde ici de grandes efpérances fur les opérations
que ces deux Efcadres réunies doivent exécuter.
Elles agiront tout l'été fur les côtes de Provence.
Nous avons appris dernierement que l'Eſcadre
commandée par le fieur de Bompart étoit arrivée
à la Martinique , & que le Chef d'Efcadre
More étoit parti de la Guadeloupe pour aller
combattre le fieur de Bompart . Telle eſt la nouvelle
qu'on répand depuis quelques jours , pour
pallier le mauvais fuccès du débarquement de
nos Troupes à Baffeterre. Tout le monde ſçair
ici qu'elles ont été contraintes d'évacuer entie
rement l'lfle de la Guadeloupe , après y avoir
eſſuyé la perte de plus de deux mille hommes
tués ou morts de maladie..
216 MERCURE DE FRANCE.
Du 30 .
Le Commerce fouffre infiniment du malheur
qui a rendu parmi nous les eſpéces très -rares . On
eft obligé de faire des emprunts chez l'Etranger à
gros intérêts , ce qui augmente néceſſairement la
difficulté de fournir à l'Etat les fecours dont il
aura befoin fi la guerre continue.
Les ordres font donnés pour repartir fur nos
Côtes toutes les troupes qui font reftées dans les
trois Royaumes. On prépare à Wolwich plufieurs
trains d'artillerie qui feront diftribués dans les
différens cantonnemens de ces troupes . On prend
ces précautions pour empêcher les defcentes que
les François pourroient avoir deffein de tenter.
Leur armement de Breft caufe ici beaucoup d'inquiétude.
Du 2 Juin.
On affure que la flotte commandée par les
Amiraux Hawke & Hardy eſt allée ſur les côtes
de France ; que ces Amiraux ont ordre d'obferver
foigneufement ce qui fe paffe dans le Port
de Breft , d'empêcher la fortie de la flotte Françoiſe
, ou fi elle échappe à leur vigilance , de la
pourfuivre fans relâche , & de lui livrer combat
en quelque endroit qu'ils la rencontrent.
L'Amiral Hawke a informé la Cour qu'il avoit
détaché une chaloupe pour aller reconnoître le
Port de Breft ; qu'elle y avoit découvert onze
vaifeaux en rade , plufieurs Frégates, & un grand
nombre de Bâtimens de tranfport.
Du 15 Juin.
On affure que l'expédition qui devoit s'exécuter
fur les côtes de France n'aura point lieu cette
année. Toute l'attention fe porte à là néceſſité
de nous garantir de l'invafion que nous appréhendons
JUILLET. 1759. 217
hendons. On prépare une petite Elcadre qui doit
aller croifer dans la Manche , afin d'obſerver plus
exactement les mouvemens des François.
Le bruit fe répand depuis quelques jours que
le fieur de Lally s'eft emparé dans l'Inde de
Trichenapoly , l'une des principales Villes de la
Nababie d'Arcate , & où nous avions un de nos
plas riches Comptoirs. Si la nouvelle eft vraie ,
nous devons tout craindre pour Madras.
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Résumé : DE LONDRES, le 15 Mai.
Le 15 mai, le maréchal de Belle-Isle a repris ses activités à Göteborg et effectué quelques prises. L'amiral Boscawen est arrivé à Gibraltar pour se joindre à l'amiral Broderick au large de Toulon. Les opérations conjointes de ces deux escadres sont attendues tout l'été sur les côtes de Provence. En Martinique, l'escadre de Bompart a été confrontée par celle de Morest, envoyé de la Guadeloupe pour compenser l'échec d'un débarquement. Les troupes ont dû évacuer la Guadeloupe après avoir perdu plus de deux mille hommes. Le 30 mai, la rareté des espèces a contraint à contracter des emprunts à l'étranger à des taux élevés. Des ordres ont été donnés pour rapatrier les troupes et préparer des trains d'artillerie à Woolwich. L'armement de Brest suscite de l'inquiétude. Le 2 juin, les amiraux Hawke et Hardy ont quitté les côtes de France pour observer Brest et empêcher la sortie de la flotte française. Le 15 juin, l'expédition contre les côtes de France a été annulée. Les préparatifs se concentrent sur la défense contre une invasion. Une rumeur indique que le sieur de Lally s'est emparé de Trichinopoly en Inde, mettant en danger Madras.
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232
p. 220
DE PARIS, le 26 Mai.
Début :
Toutes les Troupes qui ont été ci-devant sous les ordres du Duc de Broglie, [...]
Mots clefs :
Duc de Broglie, Troupes, Armée, Prince Ferdinand , Corsaire, Marchandises, Capitaine, Navires étrangers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 26 Mai.
DE PARIS , le 26 Mai.
Toutes les Troupes qui ont été ci - devant fou
les or tres du Duc de Broglie , fe réuniront fur la
Lahne au refte de l'armée. Plufieurs détachemen
occupent des poftes en avant fur le Haut- Mein
& fur la Fuide. L'armée eft dans un meilleur éta
encore qu'elle ne l'étoit au commencement &
cette guerre , il n'y a point de malades , &
Soldat marque beaucoup d'ardeur & la pli
grande volonté.
>
La marche de notre Armée a fans doute déte
miné le Prince Ferdinand à rappeller prompte
ment le corps de douze à quinze mille homm
qu'il avoit détaché du côté de la Franconie.
On mande de Bayonne que le Corfaire le J
piter de cette Ville , commandé par le fieur Jea
Mimbielle , entra dans ce Port le 8 de ce mois.
vient de terminer une croifiere pendant laquel
il a pris un Navire chargé de tabac , & il a rar
çonné trois autres Bâtimens pour le prix de cir
quante mille livres. Ce Capitaine avoit fecou
généreufement l'année derniere un Vaiffe
d'Amfterdam nommé le Saint - Nicolas , appa
tenant aux fieurs Matheys & Smith.
Toutes les Troupes qui ont été ci - devant fou
les or tres du Duc de Broglie , fe réuniront fur la
Lahne au refte de l'armée. Plufieurs détachemen
occupent des poftes en avant fur le Haut- Mein
& fur la Fuide. L'armée eft dans un meilleur éta
encore qu'elle ne l'étoit au commencement &
cette guerre , il n'y a point de malades , &
Soldat marque beaucoup d'ardeur & la pli
grande volonté.
>
La marche de notre Armée a fans doute déte
miné le Prince Ferdinand à rappeller prompte
ment le corps de douze à quinze mille homm
qu'il avoit détaché du côté de la Franconie.
On mande de Bayonne que le Corfaire le J
piter de cette Ville , commandé par le fieur Jea
Mimbielle , entra dans ce Port le 8 de ce mois.
vient de terminer une croifiere pendant laquel
il a pris un Navire chargé de tabac , & il a rar
çonné trois autres Bâtimens pour le prix de cir
quante mille livres. Ce Capitaine avoit fecou
généreufement l'année derniere un Vaiffe
d'Amfterdam nommé le Saint - Nicolas , appa
tenant aux fieurs Matheys & Smith.
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Résumé : DE PARIS, le 26 Mai.
Le 26 mai à Paris, un ordre est donné pour que toutes les troupes ayant fouillé les trésors du Duc de Broglie se réunissent sur la Lahne avec le reste de l'armée. Plusieurs détachements occupent des postes avancés sur le Haut-Mein et la Fuide. L'armée est en meilleur état qu'au début de la guerre, sans malades, et les soldats montrent une grande ardeur et volonté. Cette progression a probablement incité le Prince Ferdinand à rappeler un corps de douze à quinze mille hommes qu'il avait détaché en Franconie. Par ailleurs, à Bayonne, le corsaire Le Jupiter, commandé par Jean Mimbielle, est entré dans le port le 8 mai après une croisière au cours de laquelle il a capturé un navire chargé de tabac et razzié trois autres bâtiments pour une valeur de soixante mille livres. L'année précédente, ce capitaine avait secouru généreusement le vaisseau d'Amsterdam nommé le Saint-Nicolas, appartenant aux sieurs Matheys & Smith.
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233
p. 197
De Paderborn, le 11 Juillet.
Début :
Il y eut le 5 de ce mois du côté de Halle une escarmouche très-vive entre [...]
Mots clefs :
Escarmouche, Comte de Broglie, Prince Ferdinand , Alliés, Colonel, Régiment, Détachement, Troupes, Cavalerie, Grenadiers, Combat, Renforts, Canon
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texteReconnaissance textuelle : De Paderborn, le 11 Juillet.
De Paderborn , le 11 Juillet.
II y a eu les de ce mois du côté de Halle une
efcarmouche très-vive entre un détacheinent des
troupes Françoifes & un corps nombreux des
Alliés. Le Comte de Broglie qui vouloit recon-
noître avec exactitude la pofition du Prince Fer-
dinand , avoit formé le projet de s'emparer de
Halle qui étoit occupé par deux cens Hanovriens.
Il chargea de cette entreprife le fieur de Com-
meyras , Colonel des Volontaires de Clermont ,
qui y marcha avec fon régiment. Il fe fit pré-
céder par un détachement de fes Volontaires
aux ordres du fieur de Romans. Celui-ci s'avança
près du village de Halle , & n'eut pas plutôt
achevé fa difpofition qu'il apperçut une nom
breuse colonne d'Infanterie qui fe déployoit pour
lui faire face. Il fondit fur elle avec tant d'im-
pétuofité , qu'il la força de rentrer dans le Vil
lage où il l'attaqua ; & elle fut contrainte de
l'abandonner. Le fieur de Commeyras arriva
dans ce moment avec le refte de fa troupe , &
pouffa le corps Hanovrien jufques fous le canon
de Ravenfberg. Ce corps eluya dans fa retraite
le feu de quatre cens Volontaires de la None
qui s'étoient embufqués dans les bois de Ra-
venfberg. Mais ayant reçu un renfort de Grena-
diers & de, Cavalerie détaché du camp du Prince
Ferdinand , il fit reculer ces quatre cens Volon-
taires. Le feur de Commeyras , pour favorifer
leur retraite , dirigea fi à propos le feu de fon
canon fur les Hanovriens , qu'ils prirent la fuite
en défordre. Ce combat , qui a duré depuis huit
heures du matin jufqu'à quatre heures après m dì,
a coûté aux Alliés la perte de plus de qub rẻ
cens hommes. Les François ont perdu beaucoup
moins, & font reftés maîtres de-Halle.
II y a eu les de ce mois du côté de Halle une
efcarmouche très-vive entre un détacheinent des
troupes Françoifes & un corps nombreux des
Alliés. Le Comte de Broglie qui vouloit recon-
noître avec exactitude la pofition du Prince Fer-
dinand , avoit formé le projet de s'emparer de
Halle qui étoit occupé par deux cens Hanovriens.
Il chargea de cette entreprife le fieur de Com-
meyras , Colonel des Volontaires de Clermont ,
qui y marcha avec fon régiment. Il fe fit pré-
céder par un détachement de fes Volontaires
aux ordres du fieur de Romans. Celui-ci s'avança
près du village de Halle , & n'eut pas plutôt
achevé fa difpofition qu'il apperçut une nom
breuse colonne d'Infanterie qui fe déployoit pour
lui faire face. Il fondit fur elle avec tant d'im-
pétuofité , qu'il la força de rentrer dans le Vil
lage où il l'attaqua ; & elle fut contrainte de
l'abandonner. Le fieur de Commeyras arriva
dans ce moment avec le refte de fa troupe , &
pouffa le corps Hanovrien jufques fous le canon
de Ravenfberg. Ce corps eluya dans fa retraite
le feu de quatre cens Volontaires de la None
qui s'étoient embufqués dans les bois de Ra-
venfberg. Mais ayant reçu un renfort de Grena-
diers & de, Cavalerie détaché du camp du Prince
Ferdinand , il fit reculer ces quatre cens Volon-
taires. Le feur de Commeyras , pour favorifer
leur retraite , dirigea fi à propos le feu de fon
canon fur les Hanovriens , qu'ils prirent la fuite
en défordre. Ce combat , qui a duré depuis huit
heures du matin jufqu'à quatre heures après m dì,
a coûté aux Alliés la perte de plus de qub rẻ
cens hommes. Les François ont perdu beaucoup
moins, & font reftés maîtres de-Halle.
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Résumé : De Paderborn, le 11 Juillet.
Le 11 juillet, une escarmouche intense a opposé les troupes françaises à un corps nombreux des Alliés près de Halle. Le Comte de Broglie, désirant connaître la position du Prince Ferdinand, avait ordonné la prise de Halle, alors occupée par deux cents Hanovriens. Cette mission fut confiée au Colonel de Commeyras, à la tête des Volontaires de Clermont. Précédé par un détachement de Volontaires sous les ordres de Romans, de Commeyras affronta une colonne d'infanterie ennemie près du village de Halle. Après avoir repoussé les Hanovriens jusqu'au canon de Ravenfberg, les Français furent à leur tour repoussés par des renforts ennemis, incluant des Grenadiers et de la Cavalerie. De Commeyras intervint avec son artillerie, permettant la retraite des Volontaires. Le combat, qui dura de huit heures du matin à quatre heures de l'après-midi, causa la perte de plus de quatre cents hommes aux Alliés, tandis que les Français perdirent beaucoup moins d'hommes et restèrent maîtres de Halle.
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234
p. 210-212
DE PARIS, le 4 Août.
Début :
Le Comte de Bretenil, Envoyé de l'Inde par le sieur de Lally, Lieutenant Général [...]
Mots clefs :
Lieutenant général des armées du roi, Troupes, Inde, Siège, Gouverneur, Brigadier, Ministre d'État, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Lettres de noblesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 4 Août.
DE PARIS, le 4 Août.
Le Comte de Bretenil , Envoyé de l'Inde par
le fieur de Lally , Lieutenant Général des Armées
du Roi , qui y commande les troupes de Sa Majefté
, a apporté la nouvelle qui fuit. Le fieur de
Lally marchoit vers Arcatte , Capitale de la
Province du Carnate , avec les forces néceffaires
pour faire le fiége de cette Place. Le fieur de
Buffy le joignit en chemin , & dans la vue d'épargner
les frais confidérables d'un fiége dont le
fuccès pouvoit être incertain , il propofa au hieur
de Lally de l'envoyer en avant avec un corps de
troupes, pour ellayer de déterminer le Gouverneur
à fe rendre avant que l'Armée l'y contraiSEPTEMBRE.
1759. 211
gnit. Le fieur de Lally approuva la propofition.
Le fieur de Buffy fe mit en marche , & dès qu'il
fut à portée de la Place , il écrivit au Gouverneur
d'Arcatre pour le fommer de recevoir garnifon
Françoife. Celui- ci , au feul nom du fieur
de Buffy , qui s'eft rendu redoutable dans cette
partie de l'Inde , fe détermina fur le champ à lui
envoyer les clefs de la Ville d'Arcatte , en lui demandant
fon amitié & fa protection . Le lendemain
le Comte d'Eftein Brigadier des Armées du
Roi y entra à la tête d'un Détachement & en
*prit poffetiion .
+
>
On ne peut fe difpenfer de faire part au Public
d'une Lettre écrite au fieur de Lally par des
Officiers d'un grade fupérieur à celui du fieur de
Buffy , qui n'étoit alors que Lieutenant - Colonel .
Il eft aujourd'hui Brigadier. )
MONSIEUR ,
T
» L'eftime que nous avons pour M. de Buffy
» fon mérite , ce que nous voyons qu'il a fair ,
» la confidération qu'il a , l'utilité dont elle doit
» être , la néceffité de la lui conferver , & les
» avantages qu'elle produira en l'augmentant, font
les motifs qui nous engagent vous deman- 31
و و
>
» der qu'il faffe le fervice de premier Brigadier.
» Nous le defirons nous vous le demandons.
>> Une pareille démarche eft peut- être fans exemple
; fi elle eft flatteufe pour M. de Buffy, nous
» la croyons honorable pour nous. C'eft la plus
forte preuve que nous puiffions donner du zèle
» que nous avons pour le fervice du Roi . Elle
» étoit réfervée à des gens , qui tranfplantés au
> fond de l'Afie , ont déjà prouvé authentique-
> ment ce même zèle .
גכ »DifpenfateurdesgracesduRoi,c'eftàvous,
Monfieur , à juger fi ce que nous fouhaitons
>> vous eft poffible.
» Nous avons l'honneur d'être , Monfieur , &c .
212 MERCURE DE FRANCE
»D'Eſtein , Landivifiau , Brigadiers . De Breteuil ,
>> de Crillon , de Verdiere , Colonels .
Le Maréchal d'Eftrées Miniftre d'Etat , eft parti
pour aller concerter avec le Maréchal de Contades
les opérations du refte de la campagne
relativement aux circonftances préfentes.
Pro-
L'Académie Royale des Infcriptions & Belles-
Lettres , dans fon Affemblée du 10 Juillet élut
pour Académicien Aſſocié le fieur le Beau ,
fefleur d'Eloquence au Collège des Graffins , &
frere du fieur le Beau , Secrétaire perpétuel de
la même Académie , à la place du ſieur Bertin
qui a obtenu la vétérance.
Le Roi vient d'accorder des Lettres de Nobleſſe
au fieur Robert de Poitiers qui a fait des recherches
& découvertes fur l'art de fondre les mines de fer
relativement à leurs différentes eſpèces . Au mois
d'Octobre 1757 , le fieur Robert, par ordre de S.M.
réduifit cer Art en Méthode fous la protection de
M. le Comte de S. Florentin ; il la fit imprimer à
la fatisfaction des Maîtres de Forge de plufieurs
Provinces du Royaume qui s'en fervent avec ſuccès
: cette méthode eft le fruit des travaux que
la famille du fieur Robert fait exécuter dans les
Forges depuis près d'un Siècle.
Le Comte de Bretenil , Envoyé de l'Inde par
le fieur de Lally , Lieutenant Général des Armées
du Roi , qui y commande les troupes de Sa Majefté
, a apporté la nouvelle qui fuit. Le fieur de
Lally marchoit vers Arcatte , Capitale de la
Province du Carnate , avec les forces néceffaires
pour faire le fiége de cette Place. Le fieur de
Buffy le joignit en chemin , & dans la vue d'épargner
les frais confidérables d'un fiége dont le
fuccès pouvoit être incertain , il propofa au hieur
de Lally de l'envoyer en avant avec un corps de
troupes, pour ellayer de déterminer le Gouverneur
à fe rendre avant que l'Armée l'y contraiSEPTEMBRE.
1759. 211
gnit. Le fieur de Lally approuva la propofition.
Le fieur de Buffy fe mit en marche , & dès qu'il
fut à portée de la Place , il écrivit au Gouverneur
d'Arcatre pour le fommer de recevoir garnifon
Françoife. Celui- ci , au feul nom du fieur
de Buffy , qui s'eft rendu redoutable dans cette
partie de l'Inde , fe détermina fur le champ à lui
envoyer les clefs de la Ville d'Arcatte , en lui demandant
fon amitié & fa protection . Le lendemain
le Comte d'Eftein Brigadier des Armées du
Roi y entra à la tête d'un Détachement & en
*prit poffetiion .
+
>
On ne peut fe difpenfer de faire part au Public
d'une Lettre écrite au fieur de Lally par des
Officiers d'un grade fupérieur à celui du fieur de
Buffy , qui n'étoit alors que Lieutenant - Colonel .
Il eft aujourd'hui Brigadier. )
MONSIEUR ,
T
» L'eftime que nous avons pour M. de Buffy
» fon mérite , ce que nous voyons qu'il a fair ,
» la confidération qu'il a , l'utilité dont elle doit
» être , la néceffité de la lui conferver , & les
» avantages qu'elle produira en l'augmentant, font
les motifs qui nous engagent vous deman- 31
و و
>
» der qu'il faffe le fervice de premier Brigadier.
» Nous le defirons nous vous le demandons.
>> Une pareille démarche eft peut- être fans exemple
; fi elle eft flatteufe pour M. de Buffy, nous
» la croyons honorable pour nous. C'eft la plus
forte preuve que nous puiffions donner du zèle
» que nous avons pour le fervice du Roi . Elle
» étoit réfervée à des gens , qui tranfplantés au
> fond de l'Afie , ont déjà prouvé authentique-
> ment ce même zèle .
גכ »DifpenfateurdesgracesduRoi,c'eftàvous,
Monfieur , à juger fi ce que nous fouhaitons
>> vous eft poffible.
» Nous avons l'honneur d'être , Monfieur , &c .
212 MERCURE DE FRANCE
»D'Eſtein , Landivifiau , Brigadiers . De Breteuil ,
>> de Crillon , de Verdiere , Colonels .
Le Maréchal d'Eftrées Miniftre d'Etat , eft parti
pour aller concerter avec le Maréchal de Contades
les opérations du refte de la campagne
relativement aux circonftances préfentes.
Pro-
L'Académie Royale des Infcriptions & Belles-
Lettres , dans fon Affemblée du 10 Juillet élut
pour Académicien Aſſocié le fieur le Beau ,
fefleur d'Eloquence au Collège des Graffins , &
frere du fieur le Beau , Secrétaire perpétuel de
la même Académie , à la place du ſieur Bertin
qui a obtenu la vétérance.
Le Roi vient d'accorder des Lettres de Nobleſſe
au fieur Robert de Poitiers qui a fait des recherches
& découvertes fur l'art de fondre les mines de fer
relativement à leurs différentes eſpèces . Au mois
d'Octobre 1757 , le fieur Robert, par ordre de S.M.
réduifit cer Art en Méthode fous la protection de
M. le Comte de S. Florentin ; il la fit imprimer à
la fatisfaction des Maîtres de Forge de plufieurs
Provinces du Royaume qui s'en fervent avec ſuccès
: cette méthode eft le fruit des travaux que
la famille du fieur Robert fait exécuter dans les
Forges depuis près d'un Siècle.
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Résumé : DE PARIS, le 4 Août.
Le 4 août, le Comte de Breteuil rapporta que le Lieutenant Général des Armées du Roi, le sieur de Lally, se dirigeait vers Arcatte, capitale de la Province du Carnate, pour l'assiéger. Le sieur de Bussy, ayant rejoint de Lally, proposa d'envoyer des troupes pour inciter le Gouverneur à se rendre. De Lally accepta, et après une lettre de Bussy, les clefs de la ville furent remises. Le Comte d'Estein entra ensuite à Arcatte. Des officiers, dont les Brigadiers d'Estein et Landivisiau, demandèrent la nomination de Bussy comme premier Brigadier, soulignant ses mérites. Par ailleurs, le Maréchal d'Estrées consulta le Maréchal de Contades pour les opérations futures. L'Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres élut le sieur le Beau comme Académicien Associé. Le Roi accorda des Lettres de Noblesse au sieur Robert de Poitiers pour ses découvertes sur la fonte des mines de fer.
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235
p. 211-213
Du quartier Général de l'Armée du Maréchal de Contades, le 8 Septembre.
Début :
Le sieur Duverne, Aide-Major du Régiment de Durfort, a apporté au Roi la nouvelle [...]
Mots clefs :
Régiment, Siège de Munster, Général, Ennemis, Bombes, Lieutenant, Troupes, Marquis
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texteReconnaissance textuelle : Du quartier Général de l'Armée du Maréchal de Contades, le 8 Septembre.
Du
quartier
Général de l'Armée
du Maréchal deContades , le
8
Septembre
.
Le Geur Duverne
,
Aide
-
Major du Régiment
212
MERCURE
DE FRANCE
.
de
Durfort
,
a
apporté
au
Roi
la
nouvelle
de
la
levée
du
fiége
de
Munfter
.
Le
Général
Imhoff
,
après
avoir
raflemblé
un
corps
de
fept
à
huit
.
mille
hommes
,
avoit
paru
dès
le
24
du
mois
dernier
aux
environs
de
cette
Place
,
&
avoit
fait
ouvrir
la
tranchée
la
nuit
du 26
au
27.
Le
Mar-
guis
d'Armentieres
en
ayant
eu
avis
,
a raſſemblé
,
fans
perdre
de
temps
&
fans attendre
les
fecours
qui
lui
venoient
,
les
troupes
qui
fe
trouvoient
en
état
de marcher en
campagne
,
afin
de
tenter
de
fecourir
Munfter
.
Il
a
paffé
le
Rhin
le
4
fur
le
pont de Wefel
;
&
après
avoir
fait
des
marches-
forcées
,
dans
le
deffem
de
combattre
l'ennemipartout
où
il
le
trouveroit
,
il
est
arrivé
le
6
à
portée
de Munfter
.
Les
ennemis
infórmés de
fa
marche
ont
levé
le
fiége
,
&
le
font
retirés
le
même
jour avec
tant
de
précipitation
que
le
Marquis
d'Armentieres
n'a
pu
les
joindre
.
Ce
Général
eft
entré
dans
Munfter
,
la
grande
fatisfaction
des habitans
qui
fe
voyoient
menacés
des plus
grands malheurs
.
Les
bombes
des
enne-
mis
avoient déja réduit
en
cendres
une grande
quantité
de
leurs
mailons
.
On
ne peut trop
don-
ner
de
louanges à
l'activité
&
a
la
fermeté
que
le
Marquis de
Gayon
,
Maréchal de
Camp
,
qui
commande
à Munfter
,
a
marqué
pendant la
durée
du
fiége
.
Il
a
été
très
-
bien
fecondé
dans
la
bonne
défenfe
qu'il
a
faite
par
le
fieur
Bois-clairau
,
Lieutenant
de Roi de
la Place
,
&
par
les fieurs
Derozieres
,
Ingénieur
,
&
Jaunay
,
commandant
l'artillerie
.
Les troupes ont
témoi
gné pendant
le fiége la
plus
grande
volonté
.
On
a
fait
plufieurs
forties
,
dans
lefquelles
elles
onttoujours
eu de
l'avantage fur celles
des
ennemis
.
Pendant
les
douze
jours
que
le fiége
a duré
,
le
Général Imhoff
n'a
pu s'emparer des ouvrages
.
avancés que
le
Marquis de Gayon
avoit fait
.
OCTOBRE
.
1759
.
213
conftruire dès qu'il s'étoit vu menacé d'ètre
affiégé.
Le
Marquis
d'Armentieres
a
pris
fans
perdre
de
temps
toutes
les
mesures
néceffaires
pour
ap-
provifionner
de nouveau
la
Place
,
&
pour
répa-
rer ce
qu'elle
a
fouffert
par
les
batteries
des
ennemis
.
quartier
Général de l'Armée
du Maréchal deContades , le
8
Septembre
.
Le Geur Duverne
,
Aide
-
Major du Régiment
212
MERCURE
DE FRANCE
.
de
Durfort
,
a
apporté
au
Roi
la
nouvelle
de
la
levée
du
fiége
de
Munfter
.
Le
Général
Imhoff
,
après
avoir
raflemblé
un
corps
de
fept
à
huit
.
mille
hommes
,
avoit
paru
dès
le
24
du
mois
dernier
aux
environs
de
cette
Place
,
&
avoit
fait
ouvrir
la
tranchée
la
nuit
du 26
au
27.
Le
Mar-
guis
d'Armentieres
en
ayant
eu
avis
,
a raſſemblé
,
fans
perdre
de
temps
&
fans attendre
les
fecours
qui
lui
venoient
,
les
troupes
qui
fe
trouvoient
en
état
de marcher en
campagne
,
afin
de
tenter
de
fecourir
Munfter
.
Il
a
paffé
le
Rhin
le
4
fur
le
pont de Wefel
;
&
après
avoir
fait
des
marches-
forcées
,
dans
le
deffem
de
combattre
l'ennemipartout
où
il
le
trouveroit
,
il
est
arrivé
le
6
à
portée
de Munfter
.
Les
ennemis
infórmés de
fa
marche
ont
levé
le
fiége
,
&
le
font
retirés
le
même
jour avec
tant
de
précipitation
que
le
Marquis
d'Armentieres
n'a
pu
les
joindre
.
Ce
Général
eft
entré
dans
Munfter
,
la
grande
fatisfaction
des habitans
qui
fe
voyoient
menacés
des plus
grands malheurs
.
Les
bombes
des
enne-
mis
avoient déja réduit
en
cendres
une grande
quantité
de
leurs
mailons
.
On
ne peut trop
don-
ner
de
louanges à
l'activité
&
a
la
fermeté
que
le
Marquis de
Gayon
,
Maréchal de
Camp
,
qui
commande
à Munfter
,
a
marqué
pendant la
durée
du
fiége
.
Il
a
été
très
-
bien
fecondé
dans
la
bonne
défenfe
qu'il
a
faite
par
le
fieur
Bois-clairau
,
Lieutenant
de Roi de
la Place
,
&
par
les fieurs
Derozieres
,
Ingénieur
,
&
Jaunay
,
commandant
l'artillerie
.
Les troupes ont
témoi
gné pendant
le fiége la
plus
grande
volonté
.
On
a
fait
plufieurs
forties
,
dans
lefquelles
elles
onttoujours
eu de
l'avantage fur celles
des
ennemis
.
Pendant
les
douze
jours
que
le fiége
a duré
,
le
Général Imhoff
n'a
pu s'emparer des ouvrages
.
avancés que
le
Marquis de Gayon
avoit fait
.
OCTOBRE
.
1759
.
213
conftruire dès qu'il s'étoit vu menacé d'ètre
affiégé.
Le
Marquis
d'Armentieres
a
pris
fans
perdre
de
temps
toutes
les
mesures
néceffaires
pour
ap-
provifionner
de nouveau
la
Place
,
&
pour
répa-
rer ce
qu'elle
a
fouffert
par
les
batteries
des
ennemis
.
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Résumé : Du quartier Général de l'Armée du Maréchal de Contades, le 8 Septembre.
Le 8 septembre, le maréchal de Contades informe le roi de la levée du siège de Munster. Le général Imhoff, à la tête de 7 000 à 8 000 hommes, avait commencé les hostilités le 24 août en ouvrant une tranchée la nuit du 26 au 27 août. Le marquis d'Armentières, alerté, rassembla rapidement les troupes disponibles et traversa le Rhin le 4 septembre pour secourir Munster. Les ennemis, informés de son approche, levèrent le siège le même jour, empêchant toute confrontation directe. Le marquis d'Armentières entra dans Munster, accueilli favorablement par les habitants, dont les maisons avaient été en partie détruites par les bombardements. Le marquis de Gayon, commandant de la place, et ses officiers, notamment le sieur Boisclairiau et les sieurs Derozières et Jaunay, furent loués pour leur défense efficace. Les troupes montrèrent une grande volonté et remportèrent plusieurs victoires. Malgré les efforts du général Imhoff, il ne put s'emparer des ouvrages avancés construits par le marquis de Gayon. En octobre, le marquis d'Armentières prit des mesures pour réapprovisionner et réparer la place.
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236
p. 203-204
De l'Armée Autrichienne, le 1 Octobre.
Début :
Le Maréchal de Daun, après avoir établi son quartier à Mengelsdorff, alla reconnoître [...]
Mots clefs :
Maréchal Daun, Roi de Prusse, Camp, Opérations militaires, Prince Henri, Troupes, Attaque, Prisonniers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De l'Armée Autrichienne, le 1 Octobre.
De l'Armée Autrichienne , le 1 Octobre.
Le Maréchal de Daun , après avoir établi fon
quartier à Mengelfdorff , alla reconnoître la pofition
du corps aux ordres du Général Ziethen à
Landfcrone ; & il apprit que le Roi de Pruffe
s'étoit porté de Sagan fur Grienberg. Il fit fes
difpofitions pour envelopper le camp de Landfcrone
le lendemain , & pour marcher enfuite au
Prince Henri. Mais il apprit le 24 , que le Général
Ziethen avoit décampé la nuit , pour le
Iv
204 MERCURE DE FRANCE.
joindre au Prince Henri , dont l'Armée venoit
d'abandonner Gorlitz. Toutes les troupes légères
furent détachées , avec ordre de pourfuivre vivement
les Pruffiens . Elles atteignirent leur bagage ,
en enlevèrent une partie , & firent beaucoup de
prifonniers .
Le Maréchal de Daun , après avoir établi fon
quartier à Mengelfdorff , alla reconnoître la pofition
du corps aux ordres du Général Ziethen à
Landfcrone ; & il apprit que le Roi de Pruffe
s'étoit porté de Sagan fur Grienberg. Il fit fes
difpofitions pour envelopper le camp de Landfcrone
le lendemain , & pour marcher enfuite au
Prince Henri. Mais il apprit le 24 , que le Général
Ziethen avoit décampé la nuit , pour le
Iv
204 MERCURE DE FRANCE.
joindre au Prince Henri , dont l'Armée venoit
d'abandonner Gorlitz. Toutes les troupes légères
furent détachées , avec ordre de pourfuivre vivement
les Pruffiens . Elles atteignirent leur bagage ,
en enlevèrent une partie , & firent beaucoup de
prifonniers .
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Résumé : De l'Armée Autrichienne, le 1 Octobre.
Le 1er octobre, le Maréchal de Daun repéra le corps du Général Ziethen à Landfcrone et apprit le déplacement du Roi de Prusse vers Grienberg. Le 24 octobre, Ziethen quitta Landfcrone pour rejoindre le Prince Henri. Daun envoya des troupes légères qui capturèrent du bagage ennemi et firent des prisonniers.
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237
p. 204-205
DE HAMBOURG, le 28 Septembre.
Début :
Les Suédois se sont rendus maîtres des Isles de Wollin & d'Usedom [...]
Mots clefs :
Suédois, Îles, Comte, Attaque, Régiment, Troupes, Soldats, Prisonniers, Wollin
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texteReconnaissance textuelle : DE HAMBOURG, le 28 Septembre.
DE HAMBOURG , le 28 Septembre.
Les Suédois fe font rendus maîtres des Ifles de
Wollin & d'Uledom en Pomeranie. Le Comte
NOVEMBRE. 1759. 205
de Ferfen , Lieutenant - Général , dont l'activité
mérite les plus grandes louanges , fit attaquer
Wollin le 16 de ce mois à la pointe du jour . Le
Régiment des Gardes , ceux de Jenkoping &
d'Elfsborg , foutenus de deux cens Volontaires ,
furent commandés pour cette attaque , que là
garnifon foutint pendant deux heures avec beaucoup
de valeur. Les troupes Suédoiſes entrerent
dans la place l'épée à la main ; & la garniſon
après s'être défendue encore quelque temps dans
les rues , fut forcée de fe rendre prifonniere
de guerre. Elle confiftoit en fept cens Soldats &
une trentaine d'Officiers. Celle de Camin apprenant
la reddition de Wollin s'eft retirée à Colberg.
Les Suédois font actuellement maîtres des trois
embouchures de l'Oder , & tout le cercle de
Randaw leur eft ouvert. Ils étendent librement
leurs contributions jufqu'aux portes de Stettin.
On affure que leur armée n'eſt plus qu'à deux
milles de cette Capitale . Les Lettres de cette armée
font mention de la prife du Fort de Swinemonde ,
dont la garnifon compofée d'un Lieutenant - Colonel,
d'un Major , de quatorze Capitaines ou Lieutenans
, & de quatre cent vingt hommes , s'eft rendue
prifonniere de guerre. On a trouvé dans ce
Fort neuf piéces de canon , & des munitions en
abondance. L'attaque avoit été dirigée par le
Comte de Ferfen . Un détachement Sué lois , aux
ordres du Baron de Heffenftein , Lieutenant- Général
, a enlevé aux Pruffiens le pofte de Locknitz
, & y a fait prifonniers deux Officiers &
quatre-vingt- fix foldats.
Les Suédois fe font rendus maîtres des Ifles de
Wollin & d'Uledom en Pomeranie. Le Comte
NOVEMBRE. 1759. 205
de Ferfen , Lieutenant - Général , dont l'activité
mérite les plus grandes louanges , fit attaquer
Wollin le 16 de ce mois à la pointe du jour . Le
Régiment des Gardes , ceux de Jenkoping &
d'Elfsborg , foutenus de deux cens Volontaires ,
furent commandés pour cette attaque , que là
garnifon foutint pendant deux heures avec beaucoup
de valeur. Les troupes Suédoiſes entrerent
dans la place l'épée à la main ; & la garniſon
après s'être défendue encore quelque temps dans
les rues , fut forcée de fe rendre prifonniere
de guerre. Elle confiftoit en fept cens Soldats &
une trentaine d'Officiers. Celle de Camin apprenant
la reddition de Wollin s'eft retirée à Colberg.
Les Suédois font actuellement maîtres des trois
embouchures de l'Oder , & tout le cercle de
Randaw leur eft ouvert. Ils étendent librement
leurs contributions jufqu'aux portes de Stettin.
On affure que leur armée n'eſt plus qu'à deux
milles de cette Capitale . Les Lettres de cette armée
font mention de la prife du Fort de Swinemonde ,
dont la garnifon compofée d'un Lieutenant - Colonel,
d'un Major , de quatorze Capitaines ou Lieutenans
, & de quatre cent vingt hommes , s'eft rendue
prifonniere de guerre. On a trouvé dans ce
Fort neuf piéces de canon , & des munitions en
abondance. L'attaque avoit été dirigée par le
Comte de Ferfen . Un détachement Sué lois , aux
ordres du Baron de Heffenftein , Lieutenant- Général
, a enlevé aux Pruffiens le pofte de Locknitz
, & y a fait prifonniers deux Officiers &
quatre-vingt- fix foldats.
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Résumé : DE HAMBOURG, le 28 Septembre.
En septembre 1759, les Suédois ont pris le contrôle des îles de Wollin et d'Usedom en Poméranie. Le 16 septembre, le comte de Ferzen a lancé une attaque sur Wollin à l'aube, avec les régiments des Gardes, de Jönköping et d'Elfsborg, renforcés par deux cents volontaires. La garnison, composée de sept cents soldats et une trentaine d'officiers, s'est rendue après deux heures de défense. La garnison de Camin s'est retirée à Kolberg. Les Suédois contrôlent désormais les trois embouchures de l'Oder et le cercle de Randow, étendant leurs contributions jusqu'aux portes de Stettin. L'armée suédoise est à deux milles de Stettin. Le fort de Swinemünde, dirigé par le comte de Ferzen, a également été pris, avec une garnison composée d'un lieutenant-colonel, d'un major, de quatorze capitaines ou lieutenants, et de quatre cent vingt hommes. Neuf pièces de canon et des munitions abondantes y ont été trouvées. Par ailleurs, un détachement suédois sous les ordres du baron de Hessenstein a capturé le poste de Locknitz, faisant prisonniers deux officiers et quatre-vingt-six soldats prussiens.
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238
p. 199-204
DE LONDRES, le 20 Octobre.
Début :
La Cour a reçu plusieurs lettres du Canada, dont le contenu vient d'être [...]
Mots clefs :
Canada, Troupes, Général, Bataillons, Ennemis, Camp, Indiens d'Amérique, Français, Débarquement, Siège de Québec, Attaques, Blessés et morts, Grenadiers, Avantages, Commandant, Vaisseaux, Amiral, Forts, Capitaine, Courrier
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 20 Octobre.
De
LONDRES , le 20 Octobre.
La Cour a reçu plufieurs lettres du Canada ,
dont le contenu vient d'être rendu public , Elles
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
portent en fubftance les nouvelles fuivantes :
Les troupes aux ordres du Général Wolf dé
barquerent le 2 Juin dans l'Ifle d'Orléans. Deux
jours après , le fieur Monckton , Brigadier , fut
détaché avec quatre bataillons pour déloger quel→
ques troupes ennemies , qui occupoient la pointe
de Lévi. Il fit cette entrepriſe le 30 , tandis qu'un
fecond détachement commandé par le Colonel
Carleton s'établiffoit à la pointe occidentale de
l'Ifle. On travailla aufſitôt à conſtruire des batte
ries à la pointe de Lévi . Seize cens Ennemis tra
verferent le fleuve dans l'intention de détruire
nos ouvrages ; mais ils furent repouffés & obligés
de fe retirer avec perte, La Compagnie du Capi +
taine Dancks , qui avoit éte poftée dans les bois
pour couvrir nos travailleurs , fut attaquée par
un corps d'Indiens , & entierement détruite.
Le camp du Général Wolf n'étoit féparé de celui
du Marquis de Montcalm ,que par la riviere de
Montmorenci. Nos troupes firent pluſieurs tenta
tives pour paffer cette riviere;mais elles trouverent
le bod oppofé tout-à-fait inacceffible ; & les Indiens
qui le gardoient leur tuerent une quarantaine
d'hommes. Le 31 Juillet le Général Wolf fir
embarquer à la pointe de Lévi un détachement
fur les efquifs de la flotte. Le vaiffeau le Centurion
entra dans le canal pour protéger les troupes
contre le feu des batteries de l'Ennemi . On gar
nit d'artillerie les hauteurs. Treize Compagnies
de Grenadiers aborderent avec deux cens hommes
du ſecond bataillon Américain . Ils avoient
ordre de ne commencer l'attaque que lorsqu'ils
verroient les brigades des fieurs Monckton &
Townshend à portée de les foutenir. Leur ardeur
ne leur permit pas d'attendre ce fecours.
Ils attaquerent une redoute , & furent foudrøyés
par le feu des François. Il fallut les rappeller , &.
DECEMBRE . 1759. 201
renoncer à cette attaque , où nous avons eu deux
cens hommes tués , & près de fept cens bleffés.
Quelques jours après le Général Wolf envoya
à Chambaud un détachement de douze cen's
hommes , & le magafin que les ennemis y avoient
formé fut brûlé . Ce Général , de concert avec
l'Amiral Saunders , reconnut attentivement l'état
de la place , & la pofition de l'armée Françoife
qui occupoit un camp retranché le long de la
côte de Beauport , depuis la riviere de Saint-
Charles,jufqu'au faut de Montmorency : Il jugea
qu'il étoit impoffible de réuffir dans le fiége de
Québec , à moins qu'on ne vînt à bout de tirer
l'armée Françoile de fa pofition & de l'engager
à une bataille. Après avoir pris l'avis des Officiers-
Généraux , il fut réfolu qu'une partie de la flotte
remonteroit la riviere pour attaquer les vailleaux
ennemis , & que les bateaux plats feroient employés
à débarquer les troupes à trois milles au
dellas de la ville. Cette réfolution fut exécutée le
8 Septembre.
Le débarquement fe fit le 11 une heure avant
le jour à quelque diſtance du Cap Diamant . Le
lendemain l'action s'engagea. Le front de l'ennemi
étoit couvert par des brouffail es. Les François
commencerent l'attaque & chargerent notre
droite avec beaucoup de vivacité . Cette attaque
devint funefte aux deux Généraux. Le Marquis
de Montcalm fut tué à la tête de fes bataillons.
Le Général Wolf eut le même fort ; & les Commandans
en fecond des deux troupes furent
dangereufement bleffés . On fe battit de part &
d'autre avec acharnement. Nos Grenadiers for--
dirent fur l'ennemi la bayonnette au bout du
fufil , & le firent plier de toute part. L'attaque
Fut moins vive à notre gauche. L'Ennemi tenta
plufieurs fois de prendre en flancs mais fes
Iy
202 MERCURE DE FRANCE.
mouvemens furent toujours arrêtés par l'activité
de nos troupes : enfin reſtés maîtres du champ de
bataille , nous nous emparâmes d'une pièce de
canon , & nous fimes quatorze Officiers prifonniers
de guerre.
Notre avantage avoit été confidérable , mais
il n'étoit pas décifif. Nos Généraux prirent toutes
les mesures néceffaires pour bien fortifier leur
camp. Le 17 , nous n'avions point encore de
batterie établie , & les travaux de la tranchée
étoient à peine commencés . Sur le foir , contre
notre attente , le Commandant de la Place
demanda à capituler. Les articles furent dreffés
pendant la nuit , & fignés le jour fuivant à huit
heures du matin. Nos Généraux ont accordé à
la garniſon tous les honneurs de la guerre. Les
habitans ont été maintenus dans leurs poffeffions ,
& dans la jouiffance de leurs priviléges . On s'eft
engagé à leur conferver le libre exercice de leur
religion . On s'eft déterminé à leur accorder toutes
leurs demandes , parce que la faifon étoit déjà
bien avancée , & qu'on craignoit qu'une plus
longue résistance de leur part n'expofât les
troupes & furtout la flotte à de fâcheux accidens .
La garniſon vient d'être embarquée fur plufieurs
de nos bâtimens , qui doivent la conduire
en France , où elle a demandé d'être tranfportée.
Nous avons trouvé dans la ville fix petits
canons de bronze , cent quatre-vingt-dix canons
de fer , feize mortiers, & quantité de bombes , de
boulets & de munitions. ( L'arrivée des Officiers
François les met à portée de détruire la mauvaile
impreffion que les papiers Anglois ont pu donner
fur leur conduite. )
Du 28.
L'Amiral Saunders a fait embarquer la Garni
fon Françoile de Quebec , avec tous les priſonDECEMBRE.
1759. 203
niers que nos troupes ont fait dans le Canada. Il
mande qu'il a eu avis que les François ont abandonné
tous les Forts qu'ils avoient fur l'Ohio ,
après les avoir démolis ; & qu'ils ont fait dire aux
Indiens qu'ils étoient obligés de fe rapprocher de
Montréal , mais qu'ils efpéroient de retourner
fur l'Ohio l'année prochaine .
Du 6 Novembre.
Depuis qu'on a été informé que le Capitaine
Thurot étoit parti de Dunkerque, on a été trèsattentif
à découvrir la route de fon eſcadre , & à
prendre des mefures pour faire échouer fes def
Teins que l'on ignore. Quelques bâtimens Hollandois
qui font entrés dans nos Ports ont déclaré
qu'ils avoient apperçu cette efcadre à la hauteur
de Texel , faifant voile vers le Nord. Le Chef
d'Efcadre Boys a ordre de la poursuivre. Il arriva
le 25 du mois dernier à Edimbourg , où il s'arrêta
quelques heures pour renouveller fes provifions ;
& il en partit enfuite pour aller à la recherche de
cet ennemi. On a détaché plufieurs corvettes qui
ont ordre de croifer le long des Côtes orientales
d'Angleterre & d'Ecoffe. Le Chevalier Brett doit
fe porter inceffamment fur la Côte d'Irlande ,
pour veiller à la fureté de ce Royaume.
L'Amiral Broderick continue de croifer à la
hauteur de Cadix , pour empêcher la fortie des
vaiffeaux qui faifoient partie de l'efcadre du fieur
de la Clue , & qui ont relâché dans ce Port. Le
Chef d'Elcadre Duff eft avec dix vailleaux devant
la baye de Quiberon en Bretagne.
L'Amiral Hawke eft devant Breft avec vingtun
vaiffeaux de ligne. Il a informé la Cour que
le Maréchal de Conflans avoit reçu des ordres
pofitifs de mettre à la voile, & qu'on doit s'at
tendre qu'il les exécutera inceffamment . L'efca
dre de l'Amiral Hawke a été affoiblie par l'e
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
détachementqu'il a eu ordre de faire de quelques
vaiffeaux de guerre qui font partis pour aller
croifer à la hauteur du Cap de Finiftere. L'objet
de ce détachement eft d'arrêter l'efcadre du fieur
de Bompart , qui eft en route pour revenir fur
les Côtes de France.
150
Le 31 , on dépêcha un Courier au Roi de Pruffe.
On le dit chargé de porter à ce Prince le renouvellement
du Traité de Subfide entre les Cours
de Londres & de Berlin. Le fubfi te accordé à Sa
Majefté Pruffienne pour l'année prochaine , eft
d'un million de livres fterling. On affure que le
Traité avec le Landgrave de Helle- Caffel fera renouvellé
incellamment , & que ce Prince fournira
un nouveau corps de fix mille hommes à la
folde de l'Angleterre .
Un Courier arriva de Petersbourg ce même
jour. On n'a rien publié jufqu'à prélent du contenu
de les dépêches . Mais on fçait que le fieur
Keith , Miniftre du Roi à la Cour de Ruffie , a été
trompé dans l'efpérance qu'il avoit conçue d'engager
cette Couronne à retirer les troupes.
LONDRES , le 20 Octobre.
La Cour a reçu plufieurs lettres du Canada ,
dont le contenu vient d'être rendu public , Elles
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
portent en fubftance les nouvelles fuivantes :
Les troupes aux ordres du Général Wolf dé
barquerent le 2 Juin dans l'Ifle d'Orléans. Deux
jours après , le fieur Monckton , Brigadier , fut
détaché avec quatre bataillons pour déloger quel→
ques troupes ennemies , qui occupoient la pointe
de Lévi. Il fit cette entrepriſe le 30 , tandis qu'un
fecond détachement commandé par le Colonel
Carleton s'établiffoit à la pointe occidentale de
l'Ifle. On travailla aufſitôt à conſtruire des batte
ries à la pointe de Lévi . Seize cens Ennemis tra
verferent le fleuve dans l'intention de détruire
nos ouvrages ; mais ils furent repouffés & obligés
de fe retirer avec perte, La Compagnie du Capi +
taine Dancks , qui avoit éte poftée dans les bois
pour couvrir nos travailleurs , fut attaquée par
un corps d'Indiens , & entierement détruite.
Le camp du Général Wolf n'étoit féparé de celui
du Marquis de Montcalm ,que par la riviere de
Montmorenci. Nos troupes firent pluſieurs tenta
tives pour paffer cette riviere;mais elles trouverent
le bod oppofé tout-à-fait inacceffible ; & les Indiens
qui le gardoient leur tuerent une quarantaine
d'hommes. Le 31 Juillet le Général Wolf fir
embarquer à la pointe de Lévi un détachement
fur les efquifs de la flotte. Le vaiffeau le Centurion
entra dans le canal pour protéger les troupes
contre le feu des batteries de l'Ennemi . On gar
nit d'artillerie les hauteurs. Treize Compagnies
de Grenadiers aborderent avec deux cens hommes
du ſecond bataillon Américain . Ils avoient
ordre de ne commencer l'attaque que lorsqu'ils
verroient les brigades des fieurs Monckton &
Townshend à portée de les foutenir. Leur ardeur
ne leur permit pas d'attendre ce fecours.
Ils attaquerent une redoute , & furent foudrøyés
par le feu des François. Il fallut les rappeller , &.
DECEMBRE . 1759. 201
renoncer à cette attaque , où nous avons eu deux
cens hommes tués , & près de fept cens bleffés.
Quelques jours après le Général Wolf envoya
à Chambaud un détachement de douze cen's
hommes , & le magafin que les ennemis y avoient
formé fut brûlé . Ce Général , de concert avec
l'Amiral Saunders , reconnut attentivement l'état
de la place , & la pofition de l'armée Françoife
qui occupoit un camp retranché le long de la
côte de Beauport , depuis la riviere de Saint-
Charles,jufqu'au faut de Montmorency : Il jugea
qu'il étoit impoffible de réuffir dans le fiége de
Québec , à moins qu'on ne vînt à bout de tirer
l'armée Françoile de fa pofition & de l'engager
à une bataille. Après avoir pris l'avis des Officiers-
Généraux , il fut réfolu qu'une partie de la flotte
remonteroit la riviere pour attaquer les vailleaux
ennemis , & que les bateaux plats feroient employés
à débarquer les troupes à trois milles au
dellas de la ville. Cette réfolution fut exécutée le
8 Septembre.
Le débarquement fe fit le 11 une heure avant
le jour à quelque diſtance du Cap Diamant . Le
lendemain l'action s'engagea. Le front de l'ennemi
étoit couvert par des brouffail es. Les François
commencerent l'attaque & chargerent notre
droite avec beaucoup de vivacité . Cette attaque
devint funefte aux deux Généraux. Le Marquis
de Montcalm fut tué à la tête de fes bataillons.
Le Général Wolf eut le même fort ; & les Commandans
en fecond des deux troupes furent
dangereufement bleffés . On fe battit de part &
d'autre avec acharnement. Nos Grenadiers for--
dirent fur l'ennemi la bayonnette au bout du
fufil , & le firent plier de toute part. L'attaque
Fut moins vive à notre gauche. L'Ennemi tenta
plufieurs fois de prendre en flancs mais fes
Iy
202 MERCURE DE FRANCE.
mouvemens furent toujours arrêtés par l'activité
de nos troupes : enfin reſtés maîtres du champ de
bataille , nous nous emparâmes d'une pièce de
canon , & nous fimes quatorze Officiers prifonniers
de guerre.
Notre avantage avoit été confidérable , mais
il n'étoit pas décifif. Nos Généraux prirent toutes
les mesures néceffaires pour bien fortifier leur
camp. Le 17 , nous n'avions point encore de
batterie établie , & les travaux de la tranchée
étoient à peine commencés . Sur le foir , contre
notre attente , le Commandant de la Place
demanda à capituler. Les articles furent dreffés
pendant la nuit , & fignés le jour fuivant à huit
heures du matin. Nos Généraux ont accordé à
la garniſon tous les honneurs de la guerre. Les
habitans ont été maintenus dans leurs poffeffions ,
& dans la jouiffance de leurs priviléges . On s'eft
engagé à leur conferver le libre exercice de leur
religion . On s'eft déterminé à leur accorder toutes
leurs demandes , parce que la faifon étoit déjà
bien avancée , & qu'on craignoit qu'une plus
longue résistance de leur part n'expofât les
troupes & furtout la flotte à de fâcheux accidens .
La garniſon vient d'être embarquée fur plufieurs
de nos bâtimens , qui doivent la conduire
en France , où elle a demandé d'être tranfportée.
Nous avons trouvé dans la ville fix petits
canons de bronze , cent quatre-vingt-dix canons
de fer , feize mortiers, & quantité de bombes , de
boulets & de munitions. ( L'arrivée des Officiers
François les met à portée de détruire la mauvaile
impreffion que les papiers Anglois ont pu donner
fur leur conduite. )
Du 28.
L'Amiral Saunders a fait embarquer la Garni
fon Françoile de Quebec , avec tous les priſonDECEMBRE.
1759. 203
niers que nos troupes ont fait dans le Canada. Il
mande qu'il a eu avis que les François ont abandonné
tous les Forts qu'ils avoient fur l'Ohio ,
après les avoir démolis ; & qu'ils ont fait dire aux
Indiens qu'ils étoient obligés de fe rapprocher de
Montréal , mais qu'ils efpéroient de retourner
fur l'Ohio l'année prochaine .
Du 6 Novembre.
Depuis qu'on a été informé que le Capitaine
Thurot étoit parti de Dunkerque, on a été trèsattentif
à découvrir la route de fon eſcadre , & à
prendre des mefures pour faire échouer fes def
Teins que l'on ignore. Quelques bâtimens Hollandois
qui font entrés dans nos Ports ont déclaré
qu'ils avoient apperçu cette efcadre à la hauteur
de Texel , faifant voile vers le Nord. Le Chef
d'Efcadre Boys a ordre de la poursuivre. Il arriva
le 25 du mois dernier à Edimbourg , où il s'arrêta
quelques heures pour renouveller fes provifions ;
& il en partit enfuite pour aller à la recherche de
cet ennemi. On a détaché plufieurs corvettes qui
ont ordre de croifer le long des Côtes orientales
d'Angleterre & d'Ecoffe. Le Chevalier Brett doit
fe porter inceffamment fur la Côte d'Irlande ,
pour veiller à la fureté de ce Royaume.
L'Amiral Broderick continue de croifer à la
hauteur de Cadix , pour empêcher la fortie des
vaiffeaux qui faifoient partie de l'efcadre du fieur
de la Clue , & qui ont relâché dans ce Port. Le
Chef d'Elcadre Duff eft avec dix vailleaux devant
la baye de Quiberon en Bretagne.
L'Amiral Hawke eft devant Breft avec vingtun
vaiffeaux de ligne. Il a informé la Cour que
le Maréchal de Conflans avoit reçu des ordres
pofitifs de mettre à la voile, & qu'on doit s'at
tendre qu'il les exécutera inceffamment . L'efca
dre de l'Amiral Hawke a été affoiblie par l'e
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
détachementqu'il a eu ordre de faire de quelques
vaiffeaux de guerre qui font partis pour aller
croifer à la hauteur du Cap de Finiftere. L'objet
de ce détachement eft d'arrêter l'efcadre du fieur
de Bompart , qui eft en route pour revenir fur
les Côtes de France.
150
Le 31 , on dépêcha un Courier au Roi de Pruffe.
On le dit chargé de porter à ce Prince le renouvellement
du Traité de Subfide entre les Cours
de Londres & de Berlin. Le fubfi te accordé à Sa
Majefté Pruffienne pour l'année prochaine , eft
d'un million de livres fterling. On affure que le
Traité avec le Landgrave de Helle- Caffel fera renouvellé
incellamment , & que ce Prince fournira
un nouveau corps de fix mille hommes à la
folde de l'Angleterre .
Un Courier arriva de Petersbourg ce même
jour. On n'a rien publié jufqu'à prélent du contenu
de les dépêches . Mais on fçait que le fieur
Keith , Miniftre du Roi à la Cour de Ruffie , a été
trompé dans l'efpérance qu'il avoit conçue d'engager
cette Couronne à retirer les troupes.
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Résumé : DE LONDRES, le 20 Octobre.
En 1759, des événements militaires significatifs se sont déroulés au Canada. Le 2 juin, les troupes du Général Wolfe ont débarqué sur l'île d'Orléans. Le Brigadier Monckton a été chargé de déloger des troupes ennemies à la pointe de Lévi, tandis que le Colonel Carleton établissait une position à l'ouest de l'île. Les Britanniques ont construit des batteries à la pointe de Lévi, repoussant une attaque ennemie de 160 hommes. Cependant, une compagnie britannique a été détruite par des Indiens. Le 31 juillet, Wolfe a tenté une attaque sur les lignes françaises mais a subi de lourdes pertes. Quelques jours plus tard, un détachement britannique a brûlé un magasin ennemi à Chambaud. Wolfe et l'Amiral Saunders ont décidé d'attaquer Québec en remontant la rivière et en débarquant les troupes à trois milles de la ville. Le 11 septembre, les troupes ont débarqué près du Cap Diamant et ont engagé le combat le lendemain. Les généraux Wolfe et Montcalm ont été tués. Les Britanniques ont pris le contrôle du champ de bataille, capturant des prisonniers et des canons. Le commandant français a demandé à capituler le 17 septembre. Les Britanniques ont accordé à la garnison les honneurs de la guerre et ont embarqué les prisonniers pour la France. Par ailleurs, l'Amiral Saunders a reçu des informations sur l'abandon des forts français sur l'Ohio. En Europe, des mesures ont été prises pour contrer les mouvements de l'escadre française du Capitaine Thurot. Divers amiraux britanniques surveillaient les côtes pour empêcher les sorties de vaisseaux français. Un traité de subside entre l'Angleterre et la Prusse a été renouvelé, et un courier a été envoyé à Petersbourg sans que le contenu des dépêches soit divulgué.
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239
p. 195-197
DE LONDRES, le 11 Novembre.
Début :
L'expédition tentée contre Sutatte a eu le succès qu'on desiroit. [...]
Mots clefs :
Flotte anglaise, Bombay, Débarquement, Troupes, Attaque, Désertion, Parlement, Discours, Succès des armes, Sa Majesté anglaise, Caroline, Sauvages, Colonies, Attaques, Forts, Capitaine, New York, Français, Expéditions, Officiers, Québec
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 11 Novembre.
DE LONDRES , le 11 Novembre.
L'expédition tentée contre Suratte a eu le fuccès
qu'on defiroit. La flotte partit de Bombai à la fin
de Février. Les troupes de débarquement étoient
comparées de huit cens Européens & de trois
mille Cipayes. On arriva heureuſement ſur la
côte; mais quand il fut queftion d'entrer dans la
riviere , on ne pût faire aucun ulage des gros
vaiffeaux . On eut beaucoup de peine à faire avancer
jufqu'à la ville un bâtiment de vingt pièces
de canon , & quatre galiotes à bombes. Les troupes
débarquèrent ; elles attaquèrent la place , &
furent repouffées deux fois avec beaucoup de
perte. La défertion , qui devint confidérable , en
diminua encore le nombre. On tenta un dernier
effort. Le bâtiment & les galiotes eurent ordre
de rompre la chaîne qui fermoir l'entrée du port.
Dès que la chaîne fut rompue , on reprit l'attaque
de la place , & dans l'efpace de quatre heures
ony jetta quarante - deux bombes & cinq cens
boulets. La garnifon répondit à ce feu violent par
celui de quatre batteries, qui tuèrent ou bleſsèrent
près de la moitié des équipages de nos bâtimens.
Le 2 Mars le Château capitula , & nos troupes
entrèrent dans la place .
Du 16.
Le 13 de ce mois , le Parlement fut aſſemblé.
Les féances commencèrent dans les deux Cham-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
bres par la lecture d'un Difcours qui leur fut
adreffé de la part du Roi. Ce Difcours rappelle
les principaux fuccès qui ont couronné les armes
de Sa Majesté. Le Roi déclare que comme il n'a
point commencé la guerre par des vues d'ambi
tion , il eft fort éloigné de la continuer par un
motif de reffentiment ; qu'il defire fincèrement de
voir la paix rétablie , & qu'il écoutera volontiers
les propofitions qui pourront lui être faites , pourvu
qu'elles foient honorables pour Sa Majesté &
pour les Alliés.
Du 30.
Nous venons de recevoir les nouvelles fuivantes
de Charleſtown dans la Caroline . Les François
ont mis en mouvement la Nation Indienne
des Chorokées . Ces Sauvages au nombre de trois
mille hommes ont pénétré dans quelques - unes
de nos Colonies. Ils ont paru dans le voisinage
du Fort Laudon , & ont enlevé la chevelure à
quelques foldats de la garnison de ce Fort. Les
habitans de ces contrées ont pris l'épouvante à
leur approche , & ont cherché un afyle dans le
Fort Prince-George. Ils ont rencontré dans les
bois plufieurs partis de ces Sauvages , dont ils
n'ont évité la fureur qu'en abandonnant la plus
grande partie de leurs effets . Plufieurs des Indiens
qui avoient marqué le plus de zèle pour
nos intérêts , font juftement foupçonnés de fomenter
la guerre. Plufieurs établiflemens de
grande valeur ont été abandonnés . Les Fermiers
& les Cultivateurs ont pris la fuite , pour ne
pas demeurer expofés à la cruauté des Sauvages.
Le Capitaine , Stuart marche avec un Corps
de troupes vers le pays des Cherokées . On efpere
beaucoup de l'habileté & de la bravoure de
cet Officier. Les Compagnies Provinciales & fes
Milices ont ordre de fe tenir prêtes à marcher.
JANVIER. 1966 . 197
Ön mande de la nouvelle York les détails
fuivans. Les troupes aux ordres du Général Amherft
ont été occupées jufqu'au 10 Octobre à
fortifier la pointe de la Couronne . On a entrepris
d'y conftruire trois Forts fur les hauteurs
qui commandent cette Place. Dès les premiers
jours d'Octobre , le Général Amherst fit fes dif
pofitions pour traverfer le Lac Champlin. Toutes
les difpofitions étant faites pour l'embarquement,
les troupes au nombre de quatre mille cinq cens
hommes , fe rendirent à bord des bateaux . Le
11 Novembre la flotte mit à la voile , & quelques
jours après elle mouilla à la hauteur du
Fort Saint Jean. Trois bâtimens François étoient
fur cette côte. Le Général Amherſt les fit attaquer.
Deux furent coulés à fond , & le troifiéme
échoua . Les vents contraires empêcherent ce Général
de poursuivre fon expédition ; & le 21 , il
fut obligé de revenir à la pointe de la Couronne .
Un corps de dix mille hommes de troupes fran
çoifes occupe différens poftes , & ne laifle aucune
fureté entre Québec & la pointe de la Couronne.
Le Général Amherſt a beaucoup à craindre
d'un Corps i nombreux. Les Officiers qui le
commandoient , annoncent faas diffimulation ,
qu'auffitôt que la glace fera affez forte pour porter
leur artillerie , ils paroîtront fur les murs de
Québec.
L'expédition tentée contre Suratte a eu le fuccès
qu'on defiroit. La flotte partit de Bombai à la fin
de Février. Les troupes de débarquement étoient
comparées de huit cens Européens & de trois
mille Cipayes. On arriva heureuſement ſur la
côte; mais quand il fut queftion d'entrer dans la
riviere , on ne pût faire aucun ulage des gros
vaiffeaux . On eut beaucoup de peine à faire avancer
jufqu'à la ville un bâtiment de vingt pièces
de canon , & quatre galiotes à bombes. Les troupes
débarquèrent ; elles attaquèrent la place , &
furent repouffées deux fois avec beaucoup de
perte. La défertion , qui devint confidérable , en
diminua encore le nombre. On tenta un dernier
effort. Le bâtiment & les galiotes eurent ordre
de rompre la chaîne qui fermoir l'entrée du port.
Dès que la chaîne fut rompue , on reprit l'attaque
de la place , & dans l'efpace de quatre heures
ony jetta quarante - deux bombes & cinq cens
boulets. La garnifon répondit à ce feu violent par
celui de quatre batteries, qui tuèrent ou bleſsèrent
près de la moitié des équipages de nos bâtimens.
Le 2 Mars le Château capitula , & nos troupes
entrèrent dans la place .
Du 16.
Le 13 de ce mois , le Parlement fut aſſemblé.
Les féances commencèrent dans les deux Cham-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
bres par la lecture d'un Difcours qui leur fut
adreffé de la part du Roi. Ce Difcours rappelle
les principaux fuccès qui ont couronné les armes
de Sa Majesté. Le Roi déclare que comme il n'a
point commencé la guerre par des vues d'ambi
tion , il eft fort éloigné de la continuer par un
motif de reffentiment ; qu'il defire fincèrement de
voir la paix rétablie , & qu'il écoutera volontiers
les propofitions qui pourront lui être faites , pourvu
qu'elles foient honorables pour Sa Majesté &
pour les Alliés.
Du 30.
Nous venons de recevoir les nouvelles fuivantes
de Charleſtown dans la Caroline . Les François
ont mis en mouvement la Nation Indienne
des Chorokées . Ces Sauvages au nombre de trois
mille hommes ont pénétré dans quelques - unes
de nos Colonies. Ils ont paru dans le voisinage
du Fort Laudon , & ont enlevé la chevelure à
quelques foldats de la garnison de ce Fort. Les
habitans de ces contrées ont pris l'épouvante à
leur approche , & ont cherché un afyle dans le
Fort Prince-George. Ils ont rencontré dans les
bois plufieurs partis de ces Sauvages , dont ils
n'ont évité la fureur qu'en abandonnant la plus
grande partie de leurs effets . Plufieurs des Indiens
qui avoient marqué le plus de zèle pour
nos intérêts , font juftement foupçonnés de fomenter
la guerre. Plufieurs établiflemens de
grande valeur ont été abandonnés . Les Fermiers
& les Cultivateurs ont pris la fuite , pour ne
pas demeurer expofés à la cruauté des Sauvages.
Le Capitaine , Stuart marche avec un Corps
de troupes vers le pays des Cherokées . On efpere
beaucoup de l'habileté & de la bravoure de
cet Officier. Les Compagnies Provinciales & fes
Milices ont ordre de fe tenir prêtes à marcher.
JANVIER. 1966 . 197
Ön mande de la nouvelle York les détails
fuivans. Les troupes aux ordres du Général Amherft
ont été occupées jufqu'au 10 Octobre à
fortifier la pointe de la Couronne . On a entrepris
d'y conftruire trois Forts fur les hauteurs
qui commandent cette Place. Dès les premiers
jours d'Octobre , le Général Amherst fit fes dif
pofitions pour traverfer le Lac Champlin. Toutes
les difpofitions étant faites pour l'embarquement,
les troupes au nombre de quatre mille cinq cens
hommes , fe rendirent à bord des bateaux . Le
11 Novembre la flotte mit à la voile , & quelques
jours après elle mouilla à la hauteur du
Fort Saint Jean. Trois bâtimens François étoient
fur cette côte. Le Général Amherſt les fit attaquer.
Deux furent coulés à fond , & le troifiéme
échoua . Les vents contraires empêcherent ce Général
de poursuivre fon expédition ; & le 21 , il
fut obligé de revenir à la pointe de la Couronne .
Un corps de dix mille hommes de troupes fran
çoifes occupe différens poftes , & ne laifle aucune
fureté entre Québec & la pointe de la Couronne.
Le Général Amherſt a beaucoup à craindre
d'un Corps i nombreux. Les Officiers qui le
commandoient , annoncent faas diffimulation ,
qu'auffitôt que la glace fera affez forte pour porter
leur artillerie , ils paroîtront fur les murs de
Québec.
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Résumé : DE LONDRES, le 11 Novembre.
Le 11 novembre, une expédition contre Suratte a réussi. La flotte, partie de Bombay fin février, comprenait huit cents Européens et trois mille Cipayes. Après un débarquement réussi, les troupes ont rencontré des difficultés avec les gros vaisseaux pour avancer vers la ville. Un bâtiment de vingt pièces de canon et quatre galiotes à bombes ont été utilisés pour rompre la chaîne fermant l'entrée du port. Après un assaut intense de quatre heures, la garnison a capitulé le 2 mars, permettant aux troupes d'entrer dans la place. Le 16 novembre, le Parlement a été assemblé et les féances ont commencé par la lecture d'un discours du roi. Ce discours rappelait les succès militaires et exprimait le désir du roi de rétablir la paix de manière honorable. Le 30 novembre, des nouvelles de Charlestown en Caroline ont rapporté que les Français avaient incité la nation indienne des Cherokées à attaquer les colonies. Trois mille Sauvages ont pénétré dans les colonies, semant la peur parmi les habitants. Le Capitaine Stuart a été envoyé avec des troupes pour contrer cette menace. À New York, les troupes du Général Amherst ont fortifié la pointe de la Couronne et ont tenté de traverser le Lac Champlain. Cependant, des vents contraires ont obligé le Général à revenir. Un corps de dix mille troupes françaises occupe divers postes entre Québec et la pointe de la Couronne, posant une menace significative.
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240
p. 197-198
DE WESEL, le 15 Novembre.
Début :
Les nouvelles qu'on vient de recevoir de Munster nous apprennent que les [...]
Mots clefs :
Munster, Ennemis, Attaque, Marquis, Maréchal de camp, Postes militaires, Troupes, Infanterie, Brigadiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE WESEL, le 15 Novembre.
De WESEL , le is Novembre.
Les nouvelles qu'on vient de recevoir de Munfter
nous apprennent que les Ennemis ont ouvert
la tranchée devant cette Place la nuit du 8 au 9
de ce mois , à la Porte Sainte-Egide , & que la
nuit du 10 au 11 ils ont formé une feconde
attaque entre la Porte neuve & la Citadelle. On
affure qu'ils ont fait auffi un petit retranchement
devant la Porte d'Exter.
I iij
598 MERCURE DE FRANCE
Du 22 .
7.
Le 19 de ce mois , les Marquis Dauvet & de
Maupeou , Maréchaux de Camp, furent détachés,
le premier à Amelbure en avant de la droite
le fecond à Albachten en avant de la gauche .
Ce dernier Pofte étoit important à occuper, pour
fçavoir le parti qu'avoient pris les Ennemis , &
pour être certain de leur pofition . Le Marquis
d'Armentieres ordonna l'attaque de ce Village.
Elle fut faite par le Marquis de Maupeou. La
troupe de Fischer qui s'y eft fort diftinguée , &
les Grenadiers de l'Infanterie emporterent le Châ
teau & le Village , après une réſiſtance affez opiniâtre
de la part des Ennemis. Le Marquis Dau--
vet a chaffé les Ennemis du Village d'Amelbure.
Les nouvelles qu'on vient de recevoir de Munfter
nous apprennent que les Ennemis ont ouvert
la tranchée devant cette Place la nuit du 8 au 9
de ce mois , à la Porte Sainte-Egide , & que la
nuit du 10 au 11 ils ont formé une feconde
attaque entre la Porte neuve & la Citadelle. On
affure qu'ils ont fait auffi un petit retranchement
devant la Porte d'Exter.
I iij
598 MERCURE DE FRANCE
Du 22 .
7.
Le 19 de ce mois , les Marquis Dauvet & de
Maupeou , Maréchaux de Camp, furent détachés,
le premier à Amelbure en avant de la droite
le fecond à Albachten en avant de la gauche .
Ce dernier Pofte étoit important à occuper, pour
fçavoir le parti qu'avoient pris les Ennemis , &
pour être certain de leur pofition . Le Marquis
d'Armentieres ordonna l'attaque de ce Village.
Elle fut faite par le Marquis de Maupeou. La
troupe de Fischer qui s'y eft fort diftinguée , &
les Grenadiers de l'Infanterie emporterent le Châ
teau & le Village , après une réſiſtance affez opiniâtre
de la part des Ennemis. Le Marquis Dau--
vet a chaffé les Ennemis du Village d'Amelbure.
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Résumé : DE WESEL, le 15 Novembre.
Le 8 novembre, les ennemis ont commencé à creuser des tranchées devant la ville de Munster, notamment à la Porte Sainte-Egide. La nuit suivante, ils ont lancé une seconde attaque entre la Porte neuve et la Citadelle, et ont construit un retranchement devant la Porte d'Exter. Le 19 novembre, les marquis Dauvet et de Maupeou, maréchaux de camp, ont été envoyés en mission. Le marquis Dauvet a été détaché à Amelbure, en avant de la droite, tandis que le marquis de Maupeou a été envoyé à Albachten, en avant de la gauche, un poste stratégique pour déterminer les intentions des ennemis. Le marquis d'Armentieres a ordonné l'attaque du village d'Albachten, menée par le marquis de Maupeou. La troupe de Fischer et les grenadiers de l'infanterie ont pris le château et le village après une résistance farouche des ennemis. Par ailleurs, le marquis Dauvet a chassé les ennemis du village d'Amelbure.
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241
p. 200-201
DE VIENNE, le 6 Décembre.
Début :
Les derniers avantages remportés par nos Troupes en Saxe, ont déterminé [...]
Mots clefs :
Troupes, Saxe, Impératrice, Guerre, Général, Baron, Ennemis, Artillerie, Bateaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le 6 Décembre.
De VIENNE , le 6 Décembre.
Les derniers avantages remportés par nos
Troupes en Saxe , ont déterminé l'Impératrice
Reine à leur accorder des gratifications pour les
encourager à continuer La guerre pendant
l'hyver.
Un Corps de troupes Pruffiennes , aux ordrès
du Général Hulfen , étoit pofté le 4 à Meiſſen får
la rive droite de l'Elbe qu'il avoit derriere lui. Ce
corps étoit de fept mille hommes d'élite. Les bateaux
étoient difpofés pour le paffer ſur l'autre
tive du fleuve. Le Baron de Beck , avec le corps
JANVIER, 1760 .
201
de troupes qu'il commande , fe préfenta ce même
jour en bataille devant le Corps Pruffien . Il l'attaqua
avec la plus grande impétuofité , & le défit
totalement. Environ la moitié du corps ennemi eut
le temps de fe jetter dans les bateaux , & de fe
fauver , en laiffant fur le champ de bataille huit
cens morts , quinze cens prifonniers & huit piéces
de canon. Mais l'artillerie Autrichienne poinrée
en diligence fur les bateaux fit effuyer aux
vaincus une feconde perte d'environ fix cens hom
mes qui furent précipités & noyés dans l'Elbe.
Les derniers avantages remportés par nos
Troupes en Saxe , ont déterminé l'Impératrice
Reine à leur accorder des gratifications pour les
encourager à continuer La guerre pendant
l'hyver.
Un Corps de troupes Pruffiennes , aux ordrès
du Général Hulfen , étoit pofté le 4 à Meiſſen får
la rive droite de l'Elbe qu'il avoit derriere lui. Ce
corps étoit de fept mille hommes d'élite. Les bateaux
étoient difpofés pour le paffer ſur l'autre
tive du fleuve. Le Baron de Beck , avec le corps
JANVIER, 1760 .
201
de troupes qu'il commande , fe préfenta ce même
jour en bataille devant le Corps Pruffien . Il l'attaqua
avec la plus grande impétuofité , & le défit
totalement. Environ la moitié du corps ennemi eut
le temps de fe jetter dans les bateaux , & de fe
fauver , en laiffant fur le champ de bataille huit
cens morts , quinze cens prifonniers & huit piéces
de canon. Mais l'artillerie Autrichienne poinrée
en diligence fur les bateaux fit effuyer aux
vaincus une feconde perte d'environ fix cens hom
mes qui furent précipités & noyés dans l'Elbe.
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Résumé : DE VIENNE, le 6 Décembre.
Le 6 décembre, l'Impératrice Reine a décidé d'accorder des gratifications aux troupes autrichiennes en Saxe pour les encourager à poursuivre les combats pendant l'hiver, suite à leurs récents succès. Le 4 décembre, un corps de troupes prussiennes, composé de sept mille hommes d'élite sous les ordres du Général Hulfen, était positionné à Meissen sur la rive droite de l'Elbe. Les Prussiens avaient préparé des bateaux pour traverser le fleuve. Le même jour, le Baron de Beck, à la tête de ses troupes, a attaqué les Prussiens avec une grande impétuosité et les a vaincus. Environ la moitié des troupes prussiennes a réussi à s'enfuir en utilisant les bateaux, laissant sur le champ de bataille huit cents morts, mille cinq cents prisonniers et huit pièces de canon. L'artillerie autrichienne, rapidement déployée sur les bateaux, a causé une seconde perte aux Prussiens, environ six cents hommes ayant été précipités et noyés dans l'Elbe.
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242
p. 201
DE LEIPSICK, le 16 Décembre.
Début :
Après l'affaire de Meissen, le Général Beck s'est porté sur Torgau avec un [...]
Mots clefs :
Général, Torgau, Troupes, Attaque, Magasins, Ennemis, Prussiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LEIPSICK, le 16 Décembre.
De LEIPSICK , le 16 Décembre.
Après l'affaire de Meiffen , le Général Beck
s'eft porté fur Torgau avec un Corps de feize
mille hommes . Il a rencontré fur l'Elbe foixante
barques chargées de proviſions pour les Pruffiens .
Il a fait attaquer ce convoi , & toutes les barques
ont été brulées ou coulées à fond . Il a brulé les
magafins que les Ennemis avoient à Riella , à
Striehlen & à Belgern ; enfuire il s'eft préſenté
devant Torgau. Mais ayant reconnu qu'il lui
étoit impoffible de tenter le paffage de l'Elbe ,
il s'eft contenté de jetter quelques bombes dans
la Place , & il s'eft replié fur Efter werda .
Le 23 , les Pruffiens évacuerent Dippoldiswalde
, que le Général Prentano fit occuper fur le
champ ; & ils fe retirerent fur Freyberg.
Après l'affaire de Meiffen , le Général Beck
s'eft porté fur Torgau avec un Corps de feize
mille hommes . Il a rencontré fur l'Elbe foixante
barques chargées de proviſions pour les Pruffiens .
Il a fait attaquer ce convoi , & toutes les barques
ont été brulées ou coulées à fond . Il a brulé les
magafins que les Ennemis avoient à Riella , à
Striehlen & à Belgern ; enfuire il s'eft préſenté
devant Torgau. Mais ayant reconnu qu'il lui
étoit impoffible de tenter le paffage de l'Elbe ,
il s'eft contenté de jetter quelques bombes dans
la Place , & il s'eft replié fur Efter werda .
Le 23 , les Pruffiens évacuerent Dippoldiswalde
, que le Général Prentano fit occuper fur le
champ ; & ils fe retirerent fur Freyberg.
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Résumé : DE LEIPSICK, le 16 Décembre.
Le 16 décembre, le général Beck, à la tête de seize mille hommes, intercepta et détruisit des barques de provisions prussiennes sur l'Elbe. Il incendia des magasins ennemis à Riella, Striehlen et Belgern, puis attaqua Torgau sans succès. Le 23 décembre, les Prussiens quittèrent Dippoldiswalde, occupé par le général Prentano.
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243
p. 202-203
DE LONDRES, le 10 Décembre.
Début :
Le Général Amherst, qui n'a pu réussir dans l'expédition qu'il avoit projettée contre [...]
Mots clefs :
Général, Expédition, Fort, Amérique septentrionale, Réparations, Forteresse, Troupes, Escadre, Amiral, Québec, Indes orientales
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 10 Décembre.
De' LONDRES , le 10 Décembre .
Le Général Amherst , qui n'a pu réuffir dans
l'expédition qu'il avoit projettée contre le fort
Saint Jean , fur le Lac Champlain dans l'Amérique
Septentrionale , n'a pas été plus heureux
dans le deffein d'occuper le pofte avantageux de
la Galette . Le Général Gage qu'il avoit chargé
de cette entrepriſe lui écrivit le 11 Septembre
que la faifon étoit trop avancée.
Les réparations du fort Carillon font entierement
finies. Le Général Amherſt affure que le terrein
fur lequel la Fortereffe de la pointe de la couronne
eft fituée , eft le plus avantageux qu'il ait
vu en Amérique. Rien ne le commande ; & il
préfente toutes les commodités pour une fortification
régulière. Les Grenadiers & les troupes
légères continuent de travailler à la conftruction
de trois forts , qui rendront cette place des
plus formidables. Le Général Amherſt ne ſe flatte
pas qu'il puiffe porter tous ces travaux au point
de leur perfection ; mais il croit pouvoir garantir
qu'ils feront affez avancés pour empêcher le fuccès
de l'ennemi , au cas qu'il tentât de reprendre fur
nous la pointe de la Couronne.
L'on a appris que trois des vaiffeaux de l'Efcadre
de l'Amiral Boys , qui eft depuis fi longtems
à la recherche du fieur Thurot , ont eu le malheur
d'être défemparés de tous leurs mâts par un
gros vent , & ont relâché dans un Port d'Ecoffe.
Sur cette nouvelle on affure que l'Amirauré
envoyé ordre au fieur Brett , qui étoit aux Dunes ,
d'en partir auffitôt avec les vailleaux à ſes ordres ,
pouraller à la pourfuite de la petite Efcadre Françoiſe.
a
JANVIER. 1760. 203
Nous avons ici de nouvelles Lettres de Québec
en date du to Octobre. Elles portent que le fieur
de Bougainville , Colonel dans les troupes Françoiſes
, eft venu dans cette Ville traiter de quelque
arrangement avec le fieur Murray , qui en eft le
Gouverneur ; mais on en ignore encore l'objet.
Les vivres y font extraordinairement chers ; toutes
les maifons abattues laiffoient le Soldat fans abri.
Un autre inconvénient , au moins aufli grand ,
c'eft qu'il n'y avoit point du tout de bois pour le
chauffage.
Di 15.
Un bâtiment venu des Indes Orientales nous
a apporté les nouvelles fuivantes. Le fieur d'Aché
eft parti de l'Ifle de Bourbon pour ſe rendre fur
la côte de Coromandel.
Il fut appercu le 2 du mois d'Août dernier au
Sud de Madagascar , faifant route avec onze
vaiffeaux , trois frégates , & plufieurs bâtimens
de tranfport. Les François fe flattent que ce Général
, avec des forces fi confidérables , réparera
les pertes qu'ils ont faites précédemment.
Le Général Amherst , qui n'a pu réuffir dans
l'expédition qu'il avoit projettée contre le fort
Saint Jean , fur le Lac Champlain dans l'Amérique
Septentrionale , n'a pas été plus heureux
dans le deffein d'occuper le pofte avantageux de
la Galette . Le Général Gage qu'il avoit chargé
de cette entrepriſe lui écrivit le 11 Septembre
que la faifon étoit trop avancée.
Les réparations du fort Carillon font entierement
finies. Le Général Amherſt affure que le terrein
fur lequel la Fortereffe de la pointe de la couronne
eft fituée , eft le plus avantageux qu'il ait
vu en Amérique. Rien ne le commande ; & il
préfente toutes les commodités pour une fortification
régulière. Les Grenadiers & les troupes
légères continuent de travailler à la conftruction
de trois forts , qui rendront cette place des
plus formidables. Le Général Amherſt ne ſe flatte
pas qu'il puiffe porter tous ces travaux au point
de leur perfection ; mais il croit pouvoir garantir
qu'ils feront affez avancés pour empêcher le fuccès
de l'ennemi , au cas qu'il tentât de reprendre fur
nous la pointe de la Couronne.
L'on a appris que trois des vaiffeaux de l'Efcadre
de l'Amiral Boys , qui eft depuis fi longtems
à la recherche du fieur Thurot , ont eu le malheur
d'être défemparés de tous leurs mâts par un
gros vent , & ont relâché dans un Port d'Ecoffe.
Sur cette nouvelle on affure que l'Amirauré
envoyé ordre au fieur Brett , qui étoit aux Dunes ,
d'en partir auffitôt avec les vailleaux à ſes ordres ,
pouraller à la pourfuite de la petite Efcadre Françoiſe.
a
JANVIER. 1760. 203
Nous avons ici de nouvelles Lettres de Québec
en date du to Octobre. Elles portent que le fieur
de Bougainville , Colonel dans les troupes Françoiſes
, eft venu dans cette Ville traiter de quelque
arrangement avec le fieur Murray , qui en eft le
Gouverneur ; mais on en ignore encore l'objet.
Les vivres y font extraordinairement chers ; toutes
les maifons abattues laiffoient le Soldat fans abri.
Un autre inconvénient , au moins aufli grand ,
c'eft qu'il n'y avoit point du tout de bois pour le
chauffage.
Di 15.
Un bâtiment venu des Indes Orientales nous
a apporté les nouvelles fuivantes. Le fieur d'Aché
eft parti de l'Ifle de Bourbon pour ſe rendre fur
la côte de Coromandel.
Il fut appercu le 2 du mois d'Août dernier au
Sud de Madagascar , faifant route avec onze
vaiffeaux , trois frégates , & plufieurs bâtimens
de tranfport. Les François fe flattent que ce Général
, avec des forces fi confidérables , réparera
les pertes qu'ils ont faites précédemment.
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Résumé : DE LONDRES, le 10 Décembre.
Le 10 décembre, le général Amherst a échoué dans son expédition contre le fort Saint Jean et le poste de la Galette. Le général Gage a justifié cet échec par l'avancement de la saison. Les réparations du fort Carillon sont terminées. Amherst juge le terrain de la forteresse de la pointe de la Couronne comme le plus avantageux en Amérique pour une fortification régulière. La construction de trois forts est en cours pour renforcer cette position. Amherst assure que ces travaux empêcheront toute tentative ennemie de reprendre la pointe de la Couronne. Trois vaisseaux de l'escadre de l'amiral Boys, cherchant Thurot, ont été endommagés par un gros vent et ont dû se réfugier dans un port écossais. L'amirauté a ordonné au sieur Brett de poursuivre une petite escadre française. Des lettres de Québec du 10 octobre signalent l'arrivée de Bougainville pour négocier avec Murray. À Québec, les vivres sont très chers, les maisons détruites laissent les soldats sans abri, et il manque de bois pour le chauffage. Un bâtiment venu des Indes Orientales rapporte que d'Aché est parti de l'île de Bourbon pour la côte de Coromandel avec onze vaisseaux, trois frégates et plusieurs bâtiments de transport, dans l'espoir de réparer les pertes françaises précédentes.
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244
p. 201-202
DE PETERSBOURG, du 28 Décembre & jours suivans.
Début :
Il est déja arrivé ici un grand nombre d'Officiers relâchés, en vertu du cartel [...]
Mots clefs :
Officiers, Campagne, Armée, Troupes, Impératrice, Chancelier, Alliés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PETERSBOURG, du 28 Décembre & jours suivans.
De PETERSBOURG , du 28 Dicembre
&jours fuivans.
Il eft déja arrivé ici un grand nombre d'Offciers
relâchés , en vertu du cartel convenu avec
Sa Majesté Pruffienne . On fait de grand prépa
ratifs pour la Campagne prochaine.
I w
202 MERCURE DE FRANCE.
Le quartier général de notre Armée , étoit le
20 de ce mois a Martenboury : cette Armée eſt
encore compofée de plus de cinquante mille hommes
, & en aflez bon état . On confirme , qu'une
partie de cette Armée ne s'écartera pas de la
Viftule , afin de ne pas trop s'éloigner des Corps
qui font reftés en Pomeranie. Ces Corps continuent
d'y faire la petite guerre : le Général Fermer
eft resté à Thorn avec un Corps de Ruffes.
Le 29, on célébra l'anniverfaire de l'Impératrice,
qui entroit dans fa cinquantième année. S. M.
eft toujours ferme dans la réfolution de n'entendre
à aucune propofition d'accommodement, que
de concert avec fes Alliés . Son Chancelier a remis
par fon ordre au fieur Keith , Miniftre d'Angleterre
, à la Cour , une déclaration très - poſitive à
ce fujet. Elle porte en ſubſtance , qu'Elle ne s'eft
déterminée à prendre part à la guerre que parles
confidérations les plus graves , & après avoir
vü attaquer fes Alliés de la manière la plus contraire
au droit des gens : c'eft pourquoi elle ne
mettra bas les armes qu'après avoir procuré aux
parties lézées les fatisfactions convenables , & après
avoir vu le repos de l'Allemagne appuyé fur des
fondemens ftables . Elle a fait envoyer cette déclaration
à tous fes Miniftres dans les Cours étran
geres , pour y être communiquée.
&jours fuivans.
Il eft déja arrivé ici un grand nombre d'Offciers
relâchés , en vertu du cartel convenu avec
Sa Majesté Pruffienne . On fait de grand prépa
ratifs pour la Campagne prochaine.
I w
202 MERCURE DE FRANCE.
Le quartier général de notre Armée , étoit le
20 de ce mois a Martenboury : cette Armée eſt
encore compofée de plus de cinquante mille hommes
, & en aflez bon état . On confirme , qu'une
partie de cette Armée ne s'écartera pas de la
Viftule , afin de ne pas trop s'éloigner des Corps
qui font reftés en Pomeranie. Ces Corps continuent
d'y faire la petite guerre : le Général Fermer
eft resté à Thorn avec un Corps de Ruffes.
Le 29, on célébra l'anniverfaire de l'Impératrice,
qui entroit dans fa cinquantième année. S. M.
eft toujours ferme dans la réfolution de n'entendre
à aucune propofition d'accommodement, que
de concert avec fes Alliés . Son Chancelier a remis
par fon ordre au fieur Keith , Miniftre d'Angleterre
, à la Cour , une déclaration très - poſitive à
ce fujet. Elle porte en ſubſtance , qu'Elle ne s'eft
déterminée à prendre part à la guerre que parles
confidérations les plus graves , & après avoir
vü attaquer fes Alliés de la manière la plus contraire
au droit des gens : c'eft pourquoi elle ne
mettra bas les armes qu'après avoir procuré aux
parties lézées les fatisfactions convenables , & après
avoir vu le repos de l'Allemagne appuyé fur des
fondemens ftables . Elle a fait envoyer cette déclaration
à tous fes Miniftres dans les Cours étran
geres , pour y être communiquée.
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Résumé : DE PETERSBOURG, du 28 Décembre & jours suivans.
Le 28 décembre, de nombreux officiers ont été libérés selon un accord avec le roi de Prusse. Les préparatifs pour la prochaine campagne sont en cours. Le 20 décembre, le quartier général de l'armée se situait à Martenboury, comptant plus de cinquante mille hommes en bon état. Une partie de cette armée restera près de la Vistule pour rester proche des troupes en Poméranie, où des actions de guérilla se poursuivent. Le général Fermer est resté à Thorn avec un corps de Russes. Le 29 décembre, l'anniversaire de l'impératrice, marquant son cinquantième anniversaire, a été célébré. L'impératrice refuse toute proposition d'accommodement sans concertation avec ses alliés. Son chancelier a remis au ministre d'Angleterre, le sieur Keith, une déclaration affirmant que l'impératrice est entrée en guerre en réponse à des attaques contraires au droit des gens. Elle ne déposera les armes qu'après avoir obtenu des satisfactions pour les parties lésées et assuré la stabilité de l'Allemagne. Cette déclaration a été envoyée à tous les ministres de l'impératrice dans les cours étrangères.
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245
p. 211-212
De l'Armée, à Giessen, le 8 Janvier.
Début :
L'Armée aux ordres du Maréchal de Broglie, décampa d'ici le 5 du mois dernier. [...]
Mots clefs :
Armée, Duc de Broglie, Baron, Prince Ferdinand , Camp, Reddition, Attaque, Défense, Ennemis, Postes militaires, Troupes, Alliés, Prisonniers de guerre, Retraite, Garnison, Marquis, Quartier d'hiver
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texteReconnaissance textuelle : De l'Armée, à Giessen, le 8 Janvier.
De l'Armée , à Gieffen , le 8 Janvier.
L'Armée aux ordres du Maréchal de Broglie ,
décampa d'ici les du mois dernier . Ce même
jour , le Baron du Blaifel fut fommé de fe rendre
par un Aide-de- Camp du Prince Ferdinand . Sur
fon refus , le Prince prit fes mefures pour l'invef
tiffement de Gieffen . Le 7 , à trois heures après
midi , un ſecond Aide-de- Camp du Prince demanda
à parler au Baron du Blaifel . Il lui propofa
de te rendre , & lui offrit les conditions les
plus honorables. Mais le Baron répondit , qu'il
étoit dans la Place pour la défendre. Ily a trenta
ans , ajouta - t- il que je fers le Roi , & quelque
temps que je fuis guéri de la peur. Quand le Prince .
voudra , nous commencerons.
Le 21 , le Baron du Blaifel reçut ordre du Maréchal
de Broglie de faire attaquer , le lendemain
avant le jour, le poſte de Klein Linnes , pour que
cette diverfion favorifât l'attaque que l'armée , de- .
voit faire à Langgon . Le 22 , à deux heures du
matin , Klein-Linnes fut attaqué très-vivement
& avec avantage. Pendant ce temps- là le Maréchal
de Broglie fit attaquer , avec fuccès , par fes
troupes légères les portes de Langgon & de Sich
Le 25 , le Baron de Blaifel , ayant eu avis que
les ennemis repaffoient la Lohn , envoya un détachement
à Wifek. Les troupes qui gardoient ce
pofte,s'enfuirent avec précipitation ,à fon approche..
On trouva dans le village une grande quantité
d'échelles , de crochets de fer & de cordes , que
le détachement enleva . Pendant la nuit du 27 au
212 MERCURE DE FRANCE.
28 , le Maréchal de Broglie , qui étoit arrivé ici ,
fit donner différentes alertes à l'ennemi ; ce qui
obligea le Prince Ferdinand , de faire fortir toutes
Les troupes de leurs cantonnemens , & de les
ranger en bataille fur les hauteurs de Kleyberg &
de Hezchelheim . Après s'étre ainfi affuré que toutes
les troupes desAlliés étoient dans leur ancienne
pofition , le Maréchal reprit la route de Friedberg.
Les fages difpofitions qu'il a faites , ont rétabli
notre communication avec fon Armée .
On a appris du 10 , que les troupes qui avoient
été placées dans la Ville de Dillenbourg , depuis
que nous nous en étions rendus maîtres , y ont été
attaquées par un corps des Ennemis , de huit à
neuf mille hommes , aux ordres du Baron Vengenheim
; & qu'après une défenſe opiniâtre de
notre part, la garnifon a été obligée de ſe rendre
prifonnière de guerre On a perdu , dans cette
occafion , le fieur Paravicini , Brigadier , Officier
d'un mérite diftingué & généralement regretté .
Suite du Journal de l'Armée .
La retraite du Prince Ferdinand , de l'autre côté
de Marburge , au- delà de la rivière d'Ohin , à
déterminé le Maréchal de Broglie à prendre fes
quartiers d'hyver. Il a établi fon quartier général, à
Francfort. On a laiffé dans Gieffen une garnifon
confidérable : le Baron du Blaifel , Maréchal de
Camp , eft refté dans cette place pour y commander.
Les troupes aux ordres du Marquis de Muy
& du Marquis de Voyer , ont repris la route de
Cologne , pour aller occuper les quartiers d'hyver
qui leur font deſtinés fur le Rhin & la Meuſe ,
où elles feront aux ordres du chevalier de Muy.
Le corps des Saxons & les troupes de Wirtemberg
hyverneront fur le haut Mein.Le Comte de Luface,
prendra fon quartier dans Wurtzbourg.
Depuis que ces quartiers d'hyver ont été pris ,
il ne s'eft rien paffé de remarquable.
L'Armée aux ordres du Maréchal de Broglie ,
décampa d'ici les du mois dernier . Ce même
jour , le Baron du Blaifel fut fommé de fe rendre
par un Aide-de- Camp du Prince Ferdinand . Sur
fon refus , le Prince prit fes mefures pour l'invef
tiffement de Gieffen . Le 7 , à trois heures après
midi , un ſecond Aide-de- Camp du Prince demanda
à parler au Baron du Blaifel . Il lui propofa
de te rendre , & lui offrit les conditions les
plus honorables. Mais le Baron répondit , qu'il
étoit dans la Place pour la défendre. Ily a trenta
ans , ajouta - t- il que je fers le Roi , & quelque
temps que je fuis guéri de la peur. Quand le Prince .
voudra , nous commencerons.
Le 21 , le Baron du Blaifel reçut ordre du Maréchal
de Broglie de faire attaquer , le lendemain
avant le jour, le poſte de Klein Linnes , pour que
cette diverfion favorifât l'attaque que l'armée , de- .
voit faire à Langgon . Le 22 , à deux heures du
matin , Klein-Linnes fut attaqué très-vivement
& avec avantage. Pendant ce temps- là le Maréchal
de Broglie fit attaquer , avec fuccès , par fes
troupes légères les portes de Langgon & de Sich
Le 25 , le Baron de Blaifel , ayant eu avis que
les ennemis repaffoient la Lohn , envoya un détachement
à Wifek. Les troupes qui gardoient ce
pofte,s'enfuirent avec précipitation ,à fon approche..
On trouva dans le village une grande quantité
d'échelles , de crochets de fer & de cordes , que
le détachement enleva . Pendant la nuit du 27 au
212 MERCURE DE FRANCE.
28 , le Maréchal de Broglie , qui étoit arrivé ici ,
fit donner différentes alertes à l'ennemi ; ce qui
obligea le Prince Ferdinand , de faire fortir toutes
Les troupes de leurs cantonnemens , & de les
ranger en bataille fur les hauteurs de Kleyberg &
de Hezchelheim . Après s'étre ainfi affuré que toutes
les troupes desAlliés étoient dans leur ancienne
pofition , le Maréchal reprit la route de Friedberg.
Les fages difpofitions qu'il a faites , ont rétabli
notre communication avec fon Armée .
On a appris du 10 , que les troupes qui avoient
été placées dans la Ville de Dillenbourg , depuis
que nous nous en étions rendus maîtres , y ont été
attaquées par un corps des Ennemis , de huit à
neuf mille hommes , aux ordres du Baron Vengenheim
; & qu'après une défenſe opiniâtre de
notre part, la garnifon a été obligée de ſe rendre
prifonnière de guerre On a perdu , dans cette
occafion , le fieur Paravicini , Brigadier , Officier
d'un mérite diftingué & généralement regretté .
Suite du Journal de l'Armée .
La retraite du Prince Ferdinand , de l'autre côté
de Marburge , au- delà de la rivière d'Ohin , à
déterminé le Maréchal de Broglie à prendre fes
quartiers d'hyver. Il a établi fon quartier général, à
Francfort. On a laiffé dans Gieffen une garnifon
confidérable : le Baron du Blaifel , Maréchal de
Camp , eft refté dans cette place pour y commander.
Les troupes aux ordres du Marquis de Muy
& du Marquis de Voyer , ont repris la route de
Cologne , pour aller occuper les quartiers d'hyver
qui leur font deſtinés fur le Rhin & la Meuſe ,
où elles feront aux ordres du chevalier de Muy.
Le corps des Saxons & les troupes de Wirtemberg
hyverneront fur le haut Mein.Le Comte de Luface,
prendra fon quartier dans Wurtzbourg.
Depuis que ces quartiers d'hyver ont été pris ,
il ne s'eft rien paffé de remarquable.
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Résumé : De l'Armée, à Giessen, le 8 Janvier.
Du 7 au 28 janvier, plusieurs actions militaires furent menées par les forces du Maréchal de Broglie et du Baron du Blaifel. Le 8 janvier, l'armée du Maréchal de Broglie quitta Gieffen, tandis que le Baron du Blaifel refusa deux sommations de se rendre. Le 22 janvier, le Baron attaqua et prit le poste de Klein Linnes, soutenant ainsi l'assaut sur Langgon, où le Maréchal de Broglie réussit également à prendre les portes de Langgon et de Sich. Le 25 janvier, un détachement du Baron du Blaifel repoussa des troupes ennemies à Wifek. La nuit du 27 au 28 janvier, le Maréchal de Broglie alerta l'ennemi, forçant le Prince Ferdinand à ranger ses troupes en bataille, avant de reprendre la route de Friedberg. Parallèlement, le 10 janvier, les troupes à Dillenbourg furent attaquées par le Baron Vengenheim et se rendirent prisonnières de guerre. La retraite du Prince Ferdinand au-delà de la rivière d'Ohin amena le Maréchal de Broglie à établir ses quartiers d'hiver à Francfort. Des garnisons furent laissées à Gieffen, sur le Rhin et la Meuse, et sur le haut Mein, sans événements remarquables par la suite.
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246
p. 195
DE VIENNE, le premier Janvier.
Début :
Le dégel, qui a succédé tout-à coup au froid le plus rigoureux qu'on ait senti [...]
Mots clefs :
Dégel, Froid, Températures extrêmes, Opérations militaires, Interruption, Baron de Laudon, Troupes, Officiers, Généraux
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texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le premier Janvier.
De VIENNE , le premier Janvier.
Le dégel , qui a fuccédé tout-à coup au froid
le plus rigoureux qu'on ait fenti depuis long
temps , a entièrement interrompu toute opération
militaire. Les mêmes difficultés ont arrêté la
marche du corps du Baron de Laudon , qui a
cantonné fes troupes fur les confins de la Bohême.
On a écrit depuis , de Prague , que ce Géné
ral eſt tombé malade , & qu'il s'eft fait tranfporter
à Billin.
Les principaux Officiers & Généraux Pruffiens ,
pris à l'affaire de Maxen , vont être transférès à
Infpruck. Ils font au nombre de cent vingt- cinq.
Le dégel , qui a fuccédé tout-à coup au froid
le plus rigoureux qu'on ait fenti depuis long
temps , a entièrement interrompu toute opération
militaire. Les mêmes difficultés ont arrêté la
marche du corps du Baron de Laudon , qui a
cantonné fes troupes fur les confins de la Bohême.
On a écrit depuis , de Prague , que ce Géné
ral eſt tombé malade , & qu'il s'eft fait tranfporter
à Billin.
Les principaux Officiers & Généraux Pruffiens ,
pris à l'affaire de Maxen , vont être transférès à
Infpruck. Ils font au nombre de cent vingt- cinq.
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Résumé : DE VIENNE, le premier Janvier.
Le 1er janvier, un dégel subit a interrompu les opérations militaires après un froid rigoureux. Le corps du Baron de Laudon a été cantonné à la frontière de la Bohême. Le général Laudon, malade, a été transporté à Billin. Cent vingt-cinq officiers et généraux prussiens capturés à Maxen doivent être transférés à Innsbruck.
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247
p. 212-213
DE LONDRES, le 20 Mars.
Début :
Les troupes destinées pour l'Allemagne, s'embarquent actuellement en différens ports [...]
Mots clefs :
Troupes, Flotte, Escadre, Conseil de guerre, Mer baltique, Seigneur, Témoins
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 20 Mars.
De LONDRES , le 20 Mars.
Les troupes deftinées pour l'Allemagne , s'em
barquent actuellement en différens ports du
Royaume. On les fait monter à vingt-un mille
cinq cens hommes. La grande flotte qu'on deftine
à agir contre les côtes de France , eft à la rade
de Spithead , prête à mettre à la voile . Elle attend
les troupes qui doivent s'y embarquer .
L'efcadre deftinée pour la mer Baltique , n'eft
pas encore formée. On affure , que les Puiffances
du Nord ont témoigné , qu'elles ne verroient pas
avec indifférence une efcadre Angloife dans cette
mer.
Le Confeil de guerre , chargé de l'affaire du
Lord Georges Sackeville , a été occupé , depuis
le 6 jufqu'au 12 , à entendre les témoins venus
d'Allemagne , pour dépofer contre lui . Les
fieurs de Vilingerode & de Derenthal , Adjudans
généraux du Prince Ferdinand , font les deuxpincipaux.
On dit qu'ils l'ont beaucoup chargé.
AVRIL. 1760. 215
Ce Seigneur a produit , le 15 & les jours fuivans
, les témoins qui lui font favorables. La
décifion de ce Procès ne fçauroit tarder.
Les troupes deftinées pour l'Allemagne , s'em
barquent actuellement en différens ports du
Royaume. On les fait monter à vingt-un mille
cinq cens hommes. La grande flotte qu'on deftine
à agir contre les côtes de France , eft à la rade
de Spithead , prête à mettre à la voile . Elle attend
les troupes qui doivent s'y embarquer .
L'efcadre deftinée pour la mer Baltique , n'eft
pas encore formée. On affure , que les Puiffances
du Nord ont témoigné , qu'elles ne verroient pas
avec indifférence une efcadre Angloife dans cette
mer.
Le Confeil de guerre , chargé de l'affaire du
Lord Georges Sackeville , a été occupé , depuis
le 6 jufqu'au 12 , à entendre les témoins venus
d'Allemagne , pour dépofer contre lui . Les
fieurs de Vilingerode & de Derenthal , Adjudans
généraux du Prince Ferdinand , font les deuxpincipaux.
On dit qu'ils l'ont beaucoup chargé.
AVRIL. 1760. 215
Ce Seigneur a produit , le 15 & les jours fuivans
, les témoins qui lui font favorables. La
décifion de ce Procès ne fçauroit tarder.
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Résumé : DE LONDRES, le 20 Mars.
Le 20 mars, environ 21 500 soldats britanniques se préparent à embarquer vers l'Allemagne depuis divers ports du Royaume-Uni. Une flotte importante, destinée à opérer contre les côtes françaises, est prête à appareiller depuis Spithead et attend l'embarquement des troupes. L'escadre prévue pour la mer Baltique n'est pas encore constituée, en raison de la désapprobation des puissances du Nord face à une éventuelle présence navale britannique dans cette région. Parallèlement, le Conseil de guerre a auditionné du 6 au 12 mars des témoins allemands contre Lord Georges Sackeville. Les principaux témoins à charge sont les adjudants généraux du Prince Ferdinand, Vilingerode et Derenthal. Lord Georges Sackeville a présenté ses propres témoins favorables le 15 avril et les jours suivants. La décision de ce procès est imminente.
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248
p. 199-200
DE BERLIN, le 4 Avril.
Début :
La Reine & la Famille Royale arriverent heureusement à Magdebourg, le 19 du mois [...]
Mots clefs :
Famille royale, Cosaques, Général, Marche des soldats, Troupes, Prince Héréditaire de Brunswick, Nomination, Russes
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texteReconnaissance textuelle : DE BERLIN, le 4 Avril.
De BERLIN , le 4 Avril.
La Reine & la Famille Royale arriverent heureufement
à Magdebourg , le 19 du mois dernier
après - midi.
Les Cofaques font toujours des courfes dans
la Poméranie & dans la Siléfie. Un de leurs partis
a pénétré depuis peu jufqu'à Guben . Le Général
Fouquet a formé , pour arrêter ces courſes , un
détachement qu'il a envoyé à Miltich . Le Général
Malachowsky s'eft auffi mis en marche avec fes
Hullards , & d'autres troupes , & il a pris pofte à
Meferitz en Pologne . Le Général Werner s'eft
porté de Ratibor par Leignitz & Haynau fur
Kobens
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Le Roia nommé le Prince héréditaire de Brunfwick
, Feld-Maréchal de fes armées.
On apprend que depuis que nos troupes fe multiplient
dans la Pomeranie , les troupes légères
Ruffes l'ont prefqu'entierement évacuée.
La Reine & la Famille Royale arriverent heureufement
à Magdebourg , le 19 du mois dernier
après - midi.
Les Cofaques font toujours des courfes dans
la Poméranie & dans la Siléfie. Un de leurs partis
a pénétré depuis peu jufqu'à Guben . Le Général
Fouquet a formé , pour arrêter ces courſes , un
détachement qu'il a envoyé à Miltich . Le Général
Malachowsky s'eft auffi mis en marche avec fes
Hullards , & d'autres troupes , & il a pris pofte à
Meferitz en Pologne . Le Général Werner s'eft
porté de Ratibor par Leignitz & Haynau fur
Kobens
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Le Roia nommé le Prince héréditaire de Brunfwick
, Feld-Maréchal de fes armées.
On apprend que depuis que nos troupes fe multiplient
dans la Pomeranie , les troupes légères
Ruffes l'ont prefqu'entierement évacuée.
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Résumé : DE BERLIN, le 4 Avril.
Le 4 avril, la Reine et la Famille Royale sont arrivées à Magdebourg. Les Cofaques attaquent la Poméranie et la Silésie, atteignant Guben. Le Général Fouquet a envoyé des troupes à Miltich. Le Général Malachowsky est à Meferitz avec ses hussards. Le Général Werner s'est déplacé de Ratibor à Kobens. Le Roi a nommé le Prince de Brunswick Feld-Maréchal. Les troupes légères russes ont quitté la Poméranie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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249
p. 205
DE FRANCFORT, le 7 Avril.
Début :
Les Alliés ont entierement abandonné le Pays de Fulde, qu'ils [...]
Mots clefs :
Alliés, Prince Héréditaire de Brunswick, Général, Troupes
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texteReconnaissance textuelle : DE FRANCFORT, le 7 Avril.
De FRANCFORT , le 7 Avril.
Les Alliés ont entierement abandonné le Pays
de Fulde , qu'ils ont cruellement maltraité pendant
le féjour qu'ils ont fait . Le Prince hérédi→
taire de Brunswick a remis au Général Imhoff
le commandement du corps de troupes qu'il
avoit conduit fur les confins de la Franconie.
Ce Général s'eft replié depuis fur Ziegenhayn ,
dans la vue de protéger Marbourg . Ses Alliés
femblent auffi craindre pour Callel.
Les Alliés ont entierement abandonné le Pays
de Fulde , qu'ils ont cruellement maltraité pendant
le féjour qu'ils ont fait . Le Prince hérédi→
taire de Brunswick a remis au Général Imhoff
le commandement du corps de troupes qu'il
avoit conduit fur les confins de la Franconie.
Ce Général s'eft replié depuis fur Ziegenhayn ,
dans la vue de protéger Marbourg . Ses Alliés
femblent auffi craindre pour Callel.
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250
p. 191-192
DE DANTZICK, le 24 Mai 1760.
Début :
Les Lettres de Pétersbourg apprennent que la Cour de Coppenhague a accédé au traité [...]
Mots clefs :
Cour, Traité, Liberté de navigation, Mer baltique, Colonel, Troupes, Expédition, Impératrice, Troupes russes, Camps, Général, Prince, Maréchal, Roi de Prusse
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texteReconnaissance textuelle : DE DANTZICK, le 24 Mai 1760.
De DANTZICK , le 24 Mai 1760 .
Las Lettres de Pétersbourg apprennent que la
Cour de Coppenhague a accédé au traité conclu
Pannée derniere, entre la Ruffie & la Suéde , pour
maintenir la liberté de la navigation dans la mer
Baltique.
Nous apprenons de Pomeranie , qu'un corps de
cinq cens Cofaques , fous les ordres du Colonel
Lukowkin , a furpris près de Belgard deux Efçadrons
de Dragons & de Huffards Praffiens , qu'il a
mis en déroute. Il a ramené de cette expétition
quarante-fept prifonniers & un grand nombre
de chevaux. Un autre corps de ces troupes a mis
àcontribution Wartenberg , fur les confins de la
Silégie.
S.
On a célébré à Konisberg , le 6 de ce mois
avec beaucoup de magnificence , l'Anniverfaire
du Couronnement de l'Impératrice de toutes les
Ruffies.
Les troupes Ruffes , qui campoient en quatre
divifions , font aujourd'hui+aſſemblées dans deux
Camps ,l'un à Mewe , & l'autre près de Culm . La
premiere de ces divifions eft commandée par le
Général Jacoblef , & fa feconde par le Général
Maquinoff. Le Comte de Schwaloff vient remplacer
le Prince de Menzicoff,qui eft rappelle . On
Croir que le motif de ce rappel , eft le peu d'intel191
MERCURE DE FRANCE.
ligence quirégnoit entre ce Prince & le Maréchal
de Soltikoff.
Les troupes qui doivent agir cette année contre
le Roi de Prufle montent , fuivant un état authentique
, à 113517 hommes. On n'y comprend
point un Corps de 10352 hommes , deftiné à
garder la Prufle & les bords de la Viftule.
Las Lettres de Pétersbourg apprennent que la
Cour de Coppenhague a accédé au traité conclu
Pannée derniere, entre la Ruffie & la Suéde , pour
maintenir la liberté de la navigation dans la mer
Baltique.
Nous apprenons de Pomeranie , qu'un corps de
cinq cens Cofaques , fous les ordres du Colonel
Lukowkin , a furpris près de Belgard deux Efçadrons
de Dragons & de Huffards Praffiens , qu'il a
mis en déroute. Il a ramené de cette expétition
quarante-fept prifonniers & un grand nombre
de chevaux. Un autre corps de ces troupes a mis
àcontribution Wartenberg , fur les confins de la
Silégie.
S.
On a célébré à Konisberg , le 6 de ce mois
avec beaucoup de magnificence , l'Anniverfaire
du Couronnement de l'Impératrice de toutes les
Ruffies.
Les troupes Ruffes , qui campoient en quatre
divifions , font aujourd'hui+aſſemblées dans deux
Camps ,l'un à Mewe , & l'autre près de Culm . La
premiere de ces divifions eft commandée par le
Général Jacoblef , & fa feconde par le Général
Maquinoff. Le Comte de Schwaloff vient remplacer
le Prince de Menzicoff,qui eft rappelle . On
Croir que le motif de ce rappel , eft le peu d'intel191
MERCURE DE FRANCE.
ligence quirégnoit entre ce Prince & le Maréchal
de Soltikoff.
Les troupes qui doivent agir cette année contre
le Roi de Prufle montent , fuivant un état authentique
, à 113517 hommes. On n'y comprend
point un Corps de 10352 hommes , deftiné à
garder la Prufle & les bords de la Viftule.
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Résumé : DE DANTZICK, le 24 Mai 1760.
Le 24 mai 1760, la Cour de Copenhague a approuvé le traité entre la Russie et la Suède pour la liberté de navigation en mer Baltique. En Pomeranie, cinq cents Cosaques dirigés par le Colonel Lukowkin ont vaincu deux escadrons prussiens près de Belgard, capturant quarante-sept prisonniers et de nombreux chevaux. Par ailleurs, des Cosaques ont pillé Wartenberg en Silésie. À Königsberg, l'anniversaire du couronnement de l'Impératrice de Russie a été célébré le 6 mai. Les troupes russes, auparavant en quatre divisions, ont été regroupées en deux camps : Mewe et Culm, sous les commandements des Généraux Jacobi et Maquinoff. Le Comte de Schwaloff a remplacé le Prince de Menzicoff, rappelé pour son manque d'intelligence avec le Maréchal de Soltikoff. Les forces destinées à combattre le Roi de Prusse comptent 113 517 hommes, sans inclure un corps de 10 352 hommes chargé de la garde de la Prusse et de la Vistule.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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