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1
p. 224-253
Ce qui s'est passé en Allemagne entre l'Armée du Roy & celle de l'Empereur. [titre d'après la table]
Début :
Pendant que plus de vingt Puissances Souveraines liguées contre nous [...]
Mots clefs :
Prince Charles, Prince d'Orange, Troupes, Ennemis, Bataille, Maréchal de Créquy, Armée, Ministres, Désertion, Canon, Soldats, Cavalier, Chevaux, Allemands
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé en Allemagne entre l'Armée du Roy & celle de l'Empereur. [titre d'après la table]
Pendant que plus de vingt Puiſſances Souveraines liguées contre nous,amaſſoient de toutes parts un nombre infiny de Troupes , celles de France qui avoient déja pris trois des plus fortes Places de l'Europe, &
O iij
162 LE MERCVRE
gagné un Bataille, eſtoient das des Quartiers de rafraîchiſſement. On les croyoit fort di- minuées par les fatigues de tant de Sieges entrepris dans une ſaiſon rigoureuſe,&toutes les Gazettes ne parloient que de Levées & de Jonctions de
Troupes ennemies qui ſe fai- foient de tous coſtez. On ne
diſoit rien des noſtres ; il n'y avoit pas mefme d'apparence que nous puſſions eſtre affez forts pour nous oppoſer au Prince Charles. Cependant on a veu tout d'un coup par enchantement , Monfieur leMaréchal deCréquy en état de luy tenir teſte , tandis que
Mõſieurde Luxembourg avoit en Flandre une Armée auſſi
nombreuſe que celle que nous avons en Allemagne. Ces Ar
comme
GALANT. 163 mées ne manquent de rien , &
l'admirable prévoyace duRoy eſt ſi bien fecondée par le zele desMiniſtres qui executentſes ordres , que tout ce qui eſt ne- ceſſaire pour les faire ſubſiſter s'y trouve toûjours en abon- dance. Voila ce qui nous facilite tantdeglorieuſes conque- ſtes , & qui nous fait arreſter ſans peine le torrent oppoſé de tant de Troupes. Voyons les mouvemens de l'Armée de
l'Empereur depuis trois mois que le Prince Charles qui la commande a fait l'ouverture
de la Campagne. Elle estoit à
trois lieuësdeMetsdésle commencement de Juin , &dés ce temps-là Monfieur le Maref- chal de Créquy commença à
la combattre & à la ruiner par ſes Partis &par ſes divers mou-
164 LE MERCVRE
vemens.Le Prince Charles qui avoit réſolu de tenter quelque choſe de grand, paſſa la Seille la nuit du dix au onze de ce
-meſme mois , & vint camper du coſté de noſtre General ,
mais ce ne fut que pour y voir fon Armée dans l'extréme neceffité de toutes choſes pendat le long ſejour qu'elle y fit , &
pour donner lieu à un nombre infiny de Partis de la détruire plus commodément.Apres que cePrince eutachevéde paffer,
Mª de la Fite arriva dés le foir
meſme aupres de Monfieur le Mareſchal de Créquy avec un Détachement des Gardes du
Corps , de Gensd'armes , & de Chevaux-Legers de la Garde.
Le Prince Charles quine ſe ſe- roit pas hazardé à paſſer la Ri- viere, s'il euſt eſté avertyde ce
GALANT. 165
ra
Pul
ect
es
&
Fant
fel
Ja R
Secours, n'en reçeut la nouvel- le qu'avec un chagrin mortel.
Il vit bien qu'il luyſeroit diffi
cile de rien entreprendre , M
de Créquy eſtant preſque auffi fort que luy; mais comme il luy auroit eſté honteuxde fai- re voir qu'il avoit de méchans Eſpions, ou plutoſt qu'il n'en avoit point , il aima mieux fai- re bonne contenance dans fon
Poſte , que de s'en retourner furſes pas. C'eſt oùſon Armée apenſé périr, c'eſt où elle a tant manqué de Fourages , & tant mangédePain poury &de mé- chans Gâteaux. La neceffité y
eſtoit fi grande,qu'on endiſtri- buoit qu'un pour quatre Sol- dats. Ileſt mefme ſouvent arrivé que le Pain manquanten- tierement , elle n'a mangé que
de la Vache. Il eſt vray que
166 LE MERCVRE
l'on y a quelquefois donné quelques Eſcalins au lieu de Pain; mais ſi cet argent a em- peſché les plus ſeditieux de crier , il n'a pas empeſché de mourir de faim ceux à qui un fi foible ſecours ne pouvoit faire trouver dequoy manger.
Tant que le Prince Charles a
demeuré dans ce Poſte,quatre choſes ont ruiné ſon Armée;
laDeſertion, nos Partis,le man- que de Pain , & les Païfans qui prenoient tous ceux qui s'e- cartoient pour en chercher.
Les Marchez &les Places pu- bliques de Mets eſtoient rem- plis de leurs Chevaux qui ſe donnoient à fort grand mar- ché. Cefutdans ce temps que M. le Marefchal de Créquy fit faire à fon Armée ce beau
mouvement qui embaraſſa tat
GALANT. 167
les Ennemis.Il fit ſi bien placer fon Canon , qu'il leur tua plus de huit ou neuf cens Hommes , avant qu'on puſt enten-- dre le leur , qui ne fut en état de tirer que plus de trois heu- res apres le noſtre. Ils firent connoiſtre qu'ils n'avoient aucun deſſein de ſe battre , puis qu'ils repaſſerent la Seille. On trouva dans leur Camp quan- tité de Soldats qu'ils avoient enterrez,afin qu'on ne s'apper- çût pas de leur perte, & ils l'a- voient fait fi fort à la haſte ,
qu'ils leur avoient laiſſé leurs
habits & leur argent , dont on trouva méme une fomme conſidérable dans les Bottes d'un
Cavalier. On les pourſuivit dans leur Retraite,où ils perdi- rent encor beaucoup de mon- de. Cette pourfuite , & leur
168 LE MERCVRE
Canon , qu'ils tirerent à noſtre
exemplequelque temps aupa- ravant , nous coûterent auffi
quelques Gens. Nous perdî- mes M de Préfonval Lieutenant Colonel de la Couronne.
Quelques Gardesdu Corps fu- rent tuez , & deux Exempts bleſſez , qui fontM² de la Fou- chardiere & Mr Darmandaris.
Depuis ce temps les Ennemis ontſouvent changé de Pofte,
&Mr le Marefchal deCréquy a toûjours profité de leurs mouvemens. Ils eſtoient vis- àvis le Village d'Arancy , lors que ce vigilant Mareſchal ap- pritqu'ils attendoientungrand Convoy.Ilfit unDétachement
commandé par Mº de la Haye Lieutenant General , pour le furprendre. On leur tua plus dequatre cens Hommes, &on
leur
GALANT. 169
leurpritdumoins cent Charettes. Ceux qui ſe ſignalerent en cette occafion , furent Meffieurs les Marquis de Genlis &
de Renty,M le Comte deMo- reüil,M de la Fite, Mt le Comte d'Aubijoux , & M Marin.
M de la Haye y fut tué d'un coup deMouſquet. NosPartis ayant continue toûjours à les inquiéter , quatre Pieces de noſtre Canon chargées à cartouches, les incommoderent
fort aupres deMaleroy. Quelques jours apres comme onfui- voitleur marche avec l'ardeur
qui eſt ordinaire aux François,
M' le Chevalierd Eſtrades qui eſtoit Chefd'unParty de deux césChevaux, apperçeût quel- ques Troupesde leur Arriere- garde; il en fit avertir M. le
Comte de Maulevrier - ColTome V. P
170 LE MERCVRE bert, qui commandoit l'Aifle gauche. Ils'avança pour exa- minerla contenance des Ennemis, &les fit attaquer. Les Re- gimensdePortia &de Souches furent défaits. On découvrit
la queuë des Bagages, on ytua plus de deux cens Perſonnes,
onyfit centPrifonniers, & l'on pilla quantité deChariots. La Femme du Tréſorier del'Armée, quipar malheur ſe trou- va là dans fon Carroffe avec
d'autres Femmes, fut tuéedans
T'ardeur du Combat,fansqu'on ſceût meſme fi elle y eftoit.
Deux de nos Efcadrons , &
&quelquesDragons,plus avides de gloire que de bittin,
poufferentplus avant,&paf- ferent un Défilé. Ils furent
chargez par unCorps d'Enne- mis beaucoup plus conſidéra-
GALANT. 171
الاس
01
ble qu'ils n'eſtoient. Ils ſe retirerent enbon ordre, &ne perdirent pas trente Hommes.Les Ennemis n'oferent les pourſui- vre, &ils aimerent mieux laiffer emporteraux François tout ce qu'ils avoient pillé, qued'a- vancer pour les combattre, &
les empeſcher de profiter de | leur butin, Depuis cetemps-là le Prince Charles ſe promene,
&il ſemble qu'il ait enviede venir voir le Prince d'Orange,
qui n'eſt pas plus avancé que luy , quoy que l'un & l'autre foit en campagne depuis pres de trois mois. Je nedoute point qu'ils n'ayent entrepris quel- que choſe quand vous rece vrez ma Lettre , puis que je la finis dans le temps où ils doi- ventdu moins faire voirqu'ils
ell
20
n'ont 1 pas aſſemblé tant de
Pij
172 LE MERCVRE Troupes dans le ſeul deſſein
de nous obſerver. Le Prince
Charles n'auroit pas attendu fi long-temps à ſe déclarer , ſi M
le Mareſchal de Créquy l'euft laiſſé plus en repos mais ſa vi- gilance a toûjours détruit ce que ce Prince s'eſtoit propoſe de faire. Quand ils ont eſte ſé- parez, ila tenudes Ponts prefts pourfaire paſſer ſes Partis ; &
dans quelque Camp que les Ennemis ayent eſté , ils en ont toûjours eſté fatiguez . Ses Or- dres s'executoient avec tant de
ponctualité ; qu'on les a veu quelquefois inquiétez enmef- me temps par les Partis de Na- cy , par ceux des Lieux les plus proches , par les Détachemens de l'Armée , & par les Païfans.
C'eſt ainſi qu'on fait périr les Troupes les plus nombreuſes,
GALANT. 173
1
G
&que ſans rien perdre on ga- gne ſouventplus que fi ondo- noit une Bataille. M² de Beaufort Mareſchal de Camp,pouf- ſa une fois leur grande Garde - juſques à leurs Tentes. Quar torze Cuiraſſiers furent pris une autre fois par un Party de
vingt-cinq contre vingt-cinq.
Un LieutenantdeFufiliers,fortifiédesPaïſansduPaïs Meſſin,
attaqua &batit quelque temps apres un Convoy de Vin &
d'Eau de vie , dont il enfonça tous les Tonneaux ; & le MajorduRegimentdeCominges,
avec tres-peu de Gens , avoit défait quelques jours aupara- vant quatre-vingt Cuiraffiers,
dont la plupart furent faits pri- fonniers.; Je pourrois vous raconter encor unnombre infiny d'actions de vigueur qui ont
Piij
174 LE MERCVRE
८
eſté faites par nosPartis ; mais je vous veux ſeulement parler dedeuxdont les circonstances
font affez curieuſes. Le Prince
Charles s'ennuyant de ne rien faire , & ne voulant pas que l'on s'aperçeut de ſon chagrin,
refolut de donner le Bal aux
principales Dames de fon Ar- mée. Cela ne doit pas vous étonner, les Allemans ne mar- chent guéres qu'en Famille.
Comme il n'eſt point de Nation qui n'imite les François en quelque choſe , les Allemans pour pour paroiſtre avec plus de galanterie, voulurent avoir de nos Habits les plus à la mo- de,&le Prince Charles en envoya demander par unTrom- pete au Lieutenant de Royde Mets , lequel par une honne- ſteté toute Françoiſe luy en-
GALANT. 175
هللا
que
A
10.1
N
DIS
arc
ne
ronoyd
nne
yen
:
voya auſſi-toſt des Tailleurs ,
avec les Etofes les plus nou- velles qu'on puſt trouver. Les Habits ſe firent, &on commeça le Bal. M de Créqui prit ce temps pour leur donner un au- tre BLIOTHEQUR
divertiſſement. Il envoya Iron quelques Troupes qui donne rent l'alarme dans l'un de leurs
Quartiers, & qui eurent ordre
de ſe retirer d'une maniere qui pût engager les Ennemis à les pour ſuivre. Ses Ordres furent ponctuellement executez ; &
comme il avoit fait placer plu- fieurs Canons chargez à car- touches dans un endroitoù les
Ennemis ne croyoient pas qu'il y en euſt , la plupart de ceux qui pourſuivirentnos Gens fu- rent tuez ou bleffez ; & l'alarmes s'eſtant répaduëdans tout le Gamp , le Bal fut tellement
LYON
176 LE MERCVRE
troublé , que les Allemans oublierent leurs Dances , &
ne ſceurent plus faire de pas que pour décamper quel- ques jours apres. Le Canon ne leur fut pas moins fatal le jour que leurs Fourageurs fu- rent enlevez. La plupart des Officiers qui avoient des Va- lets au fourage, s'attrouperent pour les venir défendre ; mais ils n'oferent avancer , & l'on
euſtditqu'ils n'eſtoient venus que pour eſtre témoins de la perte de leurs Chevaux. Ils ne
s'en retournerent pourtantpas tous , &pluſieurs furent tuez par noſtre Canon. Vous direz peut- eſtre que c'eſt n'avoir rien fait, que de n'avoir ni pris de Places, ni gagné deBatail- les ; mais apres les premiers
avantages que nous avons
GALANT. 177
1
remportez , n'est-il pas bien glorieux d'empefcher tant de Puiſſances unies d'executer
aucune dn leurs entrepriſes ?
De pareils emplois demandent le Capitaine le plus confom- mé ; ils ont dequoy exercer toute fon experience , & de- quoy le rendre vigilant, eſtant obligé de faire des mouve- mens continuels , & de pren- dre garde en meſme temps de n'en faire aucun de faux.C'eſt
par là qu'on ruine infenfible- ment les Armées ennemies
mais il ne ſuffit pas pour cela d'avoir du cœur, il faut avoir
de l'eſprit & de l'adreſſe , &
que la tefte agiffe plus que le bras. Mr de Créquy a montré depuis trois mois que toutes
ces choſes ne luy eſtoient pas inconnuës , & qu'il ſçavoit
178 LE MERCVRE joindre la conduite & la pru- dence à la haute valeur dont
il a donné des marques dans un nombre infini d'occaſions,
&dans la diverſité des mouvemens qu'il a faits. Comme il ne s'en eſt pas trouvé unde faux, on ne peut marcher plus glorieuſement qu'il fait ſur les traces de M'de Turenne. Il l'a
imité en toutes chofes,&toutes les Lettres nous affurent
qu'il ne s'eſt pas fait moins ai- mer dans toutes les Troupes qu'il commande,qu'il s'est fait craindre parmi celles qui lui font oppoſées.
'La feconde Armée d'Allemagne , compoſée des Trou- pes des Cercles , n'a pas fait plus de progrez que celle du Prince Charles. M de Monclar l'obſerve de prés, &M' le
GALANT. 179
Marquis de Bligny l'eſt allé joindre avec unDétachement de dix Eſcadrons. Il y a prés de trois mois que le Prince
dOrange aſſemble la fienne,
■ & qu'il attend celle de dix ou
douze Alliez qui marche de- puis long-temps. Ila parujuf- ques icyque toutes cesTrou- pes n'estoient en campagne que pour arrefterles courſesde delaGarnifon de Maftric ; ce
qu'elles n'ont toutefois pû fai- re. Mr de la Motte avec un
Détachement, a eſté prendre force Beſtiaux du coſtede Namur; &M le Duc de Luxembourg a fouragé long-temps juſques aux Portes de Bruxel- les.Il aenvoyéquelques Troupes aux environs d'Oudenarde ſous le commandement de
Mellieurs dela Motte &d'Au
ZB
180 LE MERCVRE
ger. Le Prince d'Orange com- mença à décamper le 15.&M²
de Luxembourg le 16. Je ne
vous en diray rien davantage dans cette Lettre, quand mef- me on entreprendroit quelque choſe avantqu'elle fut fermée,
afin de vous en parler au long dans la premiere que je vous écriray,&de ne vous enpoint faire le détailàdeux fois
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gagné un Bataille, eſtoient das des Quartiers de rafraîchiſſement. On les croyoit fort di- minuées par les fatigues de tant de Sieges entrepris dans une ſaiſon rigoureuſe,&toutes les Gazettes ne parloient que de Levées & de Jonctions de
Troupes ennemies qui ſe fai- foient de tous coſtez. On ne
diſoit rien des noſtres ; il n'y avoit pas mefme d'apparence que nous puſſions eſtre affez forts pour nous oppoſer au Prince Charles. Cependant on a veu tout d'un coup par enchantement , Monfieur leMaréchal deCréquy en état de luy tenir teſte , tandis que
Mõſieurde Luxembourg avoit en Flandre une Armée auſſi
nombreuſe que celle que nous avons en Allemagne. Ces Ar
comme
GALANT. 163 mées ne manquent de rien , &
l'admirable prévoyace duRoy eſt ſi bien fecondée par le zele desMiniſtres qui executentſes ordres , que tout ce qui eſt ne- ceſſaire pour les faire ſubſiſter s'y trouve toûjours en abon- dance. Voila ce qui nous facilite tantdeglorieuſes conque- ſtes , & qui nous fait arreſter ſans peine le torrent oppoſé de tant de Troupes. Voyons les mouvemens de l'Armée de
l'Empereur depuis trois mois que le Prince Charles qui la commande a fait l'ouverture
de la Campagne. Elle estoit à
trois lieuësdeMetsdésle commencement de Juin , &dés ce temps-là Monfieur le Maref- chal de Créquy commença à
la combattre & à la ruiner par ſes Partis &par ſes divers mou-
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vemens.Le Prince Charles qui avoit réſolu de tenter quelque choſe de grand, paſſa la Seille la nuit du dix au onze de ce
-meſme mois , & vint camper du coſté de noſtre General ,
mais ce ne fut que pour y voir fon Armée dans l'extréme neceffité de toutes choſes pendat le long ſejour qu'elle y fit , &
pour donner lieu à un nombre infiny de Partis de la détruire plus commodément.Apres que cePrince eutachevéde paffer,
Mª de la Fite arriva dés le foir
meſme aupres de Monfieur le Mareſchal de Créquy avec un Détachement des Gardes du
Corps , de Gensd'armes , & de Chevaux-Legers de la Garde.
Le Prince Charles quine ſe ſe- roit pas hazardé à paſſer la Ri- viere, s'il euſt eſté avertyde ce
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Secours, n'en reçeut la nouvel- le qu'avec un chagrin mortel.
Il vit bien qu'il luyſeroit diffi
cile de rien entreprendre , M
de Créquy eſtant preſque auffi fort que luy; mais comme il luy auroit eſté honteuxde fai- re voir qu'il avoit de méchans Eſpions, ou plutoſt qu'il n'en avoit point , il aima mieux fai- re bonne contenance dans fon
Poſte , que de s'en retourner furſes pas. C'eſt oùſon Armée apenſé périr, c'eſt où elle a tant manqué de Fourages , & tant mangédePain poury &de mé- chans Gâteaux. La neceffité y
eſtoit fi grande,qu'on endiſtri- buoit qu'un pour quatre Sol- dats. Ileſt mefme ſouvent arrivé que le Pain manquanten- tierement , elle n'a mangé que
de la Vache. Il eſt vray que
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l'on y a quelquefois donné quelques Eſcalins au lieu de Pain; mais ſi cet argent a em- peſché les plus ſeditieux de crier , il n'a pas empeſché de mourir de faim ceux à qui un fi foible ſecours ne pouvoit faire trouver dequoy manger.
Tant que le Prince Charles a
demeuré dans ce Poſte,quatre choſes ont ruiné ſon Armée;
laDeſertion, nos Partis,le man- que de Pain , & les Païfans qui prenoient tous ceux qui s'e- cartoient pour en chercher.
Les Marchez &les Places pu- bliques de Mets eſtoient rem- plis de leurs Chevaux qui ſe donnoient à fort grand mar- ché. Cefutdans ce temps que M. le Marefchal de Créquy fit faire à fon Armée ce beau
mouvement qui embaraſſa tat
GALANT. 167
les Ennemis.Il fit ſi bien placer fon Canon , qu'il leur tua plus de huit ou neuf cens Hommes , avant qu'on puſt enten-- dre le leur , qui ne fut en état de tirer que plus de trois heu- res apres le noſtre. Ils firent connoiſtre qu'ils n'avoient aucun deſſein de ſe battre , puis qu'ils repaſſerent la Seille. On trouva dans leur Camp quan- tité de Soldats qu'ils avoient enterrez,afin qu'on ne s'apper- çût pas de leur perte, & ils l'a- voient fait fi fort à la haſte ,
qu'ils leur avoient laiſſé leurs
habits & leur argent , dont on trouva méme une fomme conſidérable dans les Bottes d'un
Cavalier. On les pourſuivit dans leur Retraite,où ils perdi- rent encor beaucoup de mon- de. Cette pourfuite , & leur
168 LE MERCVRE
Canon , qu'ils tirerent à noſtre
exemplequelque temps aupa- ravant , nous coûterent auffi
quelques Gens. Nous perdî- mes M de Préfonval Lieutenant Colonel de la Couronne.
Quelques Gardesdu Corps fu- rent tuez , & deux Exempts bleſſez , qui fontM² de la Fou- chardiere & Mr Darmandaris.
Depuis ce temps les Ennemis ontſouvent changé de Pofte,
&Mr le Marefchal deCréquy a toûjours profité de leurs mouvemens. Ils eſtoient vis- àvis le Village d'Arancy , lors que ce vigilant Mareſchal ap- pritqu'ils attendoientungrand Convoy.Ilfit unDétachement
commandé par Mº de la Haye Lieutenant General , pour le furprendre. On leur tua plus dequatre cens Hommes, &on
leur
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leurpritdumoins cent Charettes. Ceux qui ſe ſignalerent en cette occafion , furent Meffieurs les Marquis de Genlis &
de Renty,M le Comte deMo- reüil,M de la Fite, Mt le Comte d'Aubijoux , & M Marin.
M de la Haye y fut tué d'un coup deMouſquet. NosPartis ayant continue toûjours à les inquiéter , quatre Pieces de noſtre Canon chargées à cartouches, les incommoderent
fort aupres deMaleroy. Quelques jours apres comme onfui- voitleur marche avec l'ardeur
qui eſt ordinaire aux François,
M' le Chevalierd Eſtrades qui eſtoit Chefd'unParty de deux césChevaux, apperçeût quel- ques Troupesde leur Arriere- garde; il en fit avertir M. le
Comte de Maulevrier - ColTome V. P
170 LE MERCVRE bert, qui commandoit l'Aifle gauche. Ils'avança pour exa- minerla contenance des Ennemis, &les fit attaquer. Les Re- gimensdePortia &de Souches furent défaits. On découvrit
la queuë des Bagages, on ytua plus de deux cens Perſonnes,
onyfit centPrifonniers, & l'on pilla quantité deChariots. La Femme du Tréſorier del'Armée, quipar malheur ſe trou- va là dans fon Carroffe avec
d'autres Femmes, fut tuéedans
T'ardeur du Combat,fansqu'on ſceût meſme fi elle y eftoit.
Deux de nos Efcadrons , &
&quelquesDragons,plus avides de gloire que de bittin,
poufferentplus avant,&paf- ferent un Défilé. Ils furent
chargez par unCorps d'Enne- mis beaucoup plus conſidéra-
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ble qu'ils n'eſtoient. Ils ſe retirerent enbon ordre, &ne perdirent pas trente Hommes.Les Ennemis n'oferent les pourſui- vre, &ils aimerent mieux laiffer emporteraux François tout ce qu'ils avoient pillé, qued'a- vancer pour les combattre, &
les empeſcher de profiter de | leur butin, Depuis cetemps-là le Prince Charles ſe promene,
&il ſemble qu'il ait enviede venir voir le Prince d'Orange,
qui n'eſt pas plus avancé que luy , quoy que l'un & l'autre foit en campagne depuis pres de trois mois. Je nedoute point qu'ils n'ayent entrepris quel- que choſe quand vous rece vrez ma Lettre , puis que je la finis dans le temps où ils doi- ventdu moins faire voirqu'ils
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n'ont 1 pas aſſemblé tant de
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172 LE MERCVRE Troupes dans le ſeul deſſein
de nous obſerver. Le Prince
Charles n'auroit pas attendu fi long-temps à ſe déclarer , ſi M
le Mareſchal de Créquy l'euft laiſſé plus en repos mais ſa vi- gilance a toûjours détruit ce que ce Prince s'eſtoit propoſe de faire. Quand ils ont eſte ſé- parez, ila tenudes Ponts prefts pourfaire paſſer ſes Partis ; &
dans quelque Camp que les Ennemis ayent eſté , ils en ont toûjours eſté fatiguez . Ses Or- dres s'executoient avec tant de
ponctualité ; qu'on les a veu quelquefois inquiétez enmef- me temps par les Partis de Na- cy , par ceux des Lieux les plus proches , par les Détachemens de l'Armée , & par les Païfans.
C'eſt ainſi qu'on fait périr les Troupes les plus nombreuſes,
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&que ſans rien perdre on ga- gne ſouventplus que fi ondo- noit une Bataille. M² de Beaufort Mareſchal de Camp,pouf- ſa une fois leur grande Garde - juſques à leurs Tentes. Quar torze Cuiraſſiers furent pris une autre fois par un Party de
vingt-cinq contre vingt-cinq.
Un LieutenantdeFufiliers,fortifiédesPaïſansduPaïs Meſſin,
attaqua &batit quelque temps apres un Convoy de Vin &
d'Eau de vie , dont il enfonça tous les Tonneaux ; & le MajorduRegimentdeCominges,
avec tres-peu de Gens , avoit défait quelques jours aupara- vant quatre-vingt Cuiraffiers,
dont la plupart furent faits pri- fonniers.; Je pourrois vous raconter encor unnombre infiny d'actions de vigueur qui ont
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eſté faites par nosPartis ; mais je vous veux ſeulement parler dedeuxdont les circonstances
font affez curieuſes. Le Prince
Charles s'ennuyant de ne rien faire , & ne voulant pas que l'on s'aperçeut de ſon chagrin,
refolut de donner le Bal aux
principales Dames de fon Ar- mée. Cela ne doit pas vous étonner, les Allemans ne mar- chent guéres qu'en Famille.
Comme il n'eſt point de Nation qui n'imite les François en quelque choſe , les Allemans pour pour paroiſtre avec plus de galanterie, voulurent avoir de nos Habits les plus à la mo- de,&le Prince Charles en envoya demander par unTrom- pete au Lieutenant de Royde Mets , lequel par une honne- ſteté toute Françoiſe luy en-
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voya auſſi-toſt des Tailleurs ,
avec les Etofes les plus nou- velles qu'on puſt trouver. Les Habits ſe firent, &on commeça le Bal. M de Créqui prit ce temps pour leur donner un au- tre BLIOTHEQUR
divertiſſement. Il envoya Iron quelques Troupes qui donne rent l'alarme dans l'un de leurs
Quartiers, & qui eurent ordre
de ſe retirer d'une maniere qui pût engager les Ennemis à les pour ſuivre. Ses Ordres furent ponctuellement executez ; &
comme il avoit fait placer plu- fieurs Canons chargez à car- touches dans un endroitoù les
Ennemis ne croyoient pas qu'il y en euſt , la plupart de ceux qui pourſuivirentnos Gens fu- rent tuez ou bleffez ; & l'alarmes s'eſtant répaduëdans tout le Gamp , le Bal fut tellement
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troublé , que les Allemans oublierent leurs Dances , &
ne ſceurent plus faire de pas que pour décamper quel- ques jours apres. Le Canon ne leur fut pas moins fatal le jour que leurs Fourageurs fu- rent enlevez. La plupart des Officiers qui avoient des Va- lets au fourage, s'attrouperent pour les venir défendre ; mais ils n'oferent avancer , & l'on
euſtditqu'ils n'eſtoient venus que pour eſtre témoins de la perte de leurs Chevaux. Ils ne
s'en retournerent pourtantpas tous , &pluſieurs furent tuez par noſtre Canon. Vous direz peut- eſtre que c'eſt n'avoir rien fait, que de n'avoir ni pris de Places, ni gagné deBatail- les ; mais apres les premiers
avantages que nous avons
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remportez , n'est-il pas bien glorieux d'empefcher tant de Puiſſances unies d'executer
aucune dn leurs entrepriſes ?
De pareils emplois demandent le Capitaine le plus confom- mé ; ils ont dequoy exercer toute fon experience , & de- quoy le rendre vigilant, eſtant obligé de faire des mouve- mens continuels , & de pren- dre garde en meſme temps de n'en faire aucun de faux.C'eſt
par là qu'on ruine infenfible- ment les Armées ennemies
mais il ne ſuffit pas pour cela d'avoir du cœur, il faut avoir
de l'eſprit & de l'adreſſe , &
que la tefte agiffe plus que le bras. Mr de Créquy a montré depuis trois mois que toutes
ces choſes ne luy eſtoient pas inconnuës , & qu'il ſçavoit
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il a donné des marques dans un nombre infini d'occaſions,
&dans la diverſité des mouvemens qu'il a faits. Comme il ne s'en eſt pas trouvé unde faux, on ne peut marcher plus glorieuſement qu'il fait ſur les traces de M'de Turenne. Il l'a
imité en toutes chofes,&toutes les Lettres nous affurent
qu'il ne s'eſt pas fait moins ai- mer dans toutes les Troupes qu'il commande,qu'il s'est fait craindre parmi celles qui lui font oppoſées.
'La feconde Armée d'Allemagne , compoſée des Trou- pes des Cercles , n'a pas fait plus de progrez que celle du Prince Charles. M de Monclar l'obſerve de prés, &M' le
GALANT. 179
Marquis de Bligny l'eſt allé joindre avec unDétachement de dix Eſcadrons. Il y a prés de trois mois que le Prince
dOrange aſſemble la fienne,
■ & qu'il attend celle de dix ou
douze Alliez qui marche de- puis long-temps. Ila parujuf- ques icyque toutes cesTrou- pes n'estoient en campagne que pour arrefterles courſesde delaGarnifon de Maftric ; ce
qu'elles n'ont toutefois pû fai- re. Mr de la Motte avec un
Détachement, a eſté prendre force Beſtiaux du coſtede Namur; &M le Duc de Luxembourg a fouragé long-temps juſques aux Portes de Bruxel- les.Il aenvoyéquelques Troupes aux environs d'Oudenarde ſous le commandement de
Mellieurs dela Motte &d'Au
ZB
180 LE MERCVRE
ger. Le Prince d'Orange com- mença à décamper le 15.&M²
de Luxembourg le 16. Je ne
vous en diray rien davantage dans cette Lettre, quand mef- me on entreprendroit quelque choſe avantqu'elle fut fermée,
afin de vous en parler au long dans la premiere que je vous écriray,&de ne vous enpoint faire le détailàdeux fois
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Résumé : Ce qui s'est passé en Allemagne entre l'Armée du Roy & celle de l'Empereur. [titre d'après la table]
Le texte relate les opérations militaires entre les forces françaises et une coalition de plus de vingt puissances souveraines. Malgré les difficultés et les fatigues des sièges, les armées françaises, dirigées par le maréchal de Créquy et le duc de Luxembourg, ont réussi à résister aux assauts ennemis. Les armées françaises bénéficient d'un approvisionnement efficace grâce à la prévoyance du roi et au zèle des ministres. Le prince Charles, commandant l'armée de l'Empereur, a tenté plusieurs actions, mais a été contré par les mouvements stratégiques et les partis de Créquy. Les troupes du prince Charles ont souffert de désertions, de manque de ravitaillement et de harcèlement constant par les forces françaises. Plusieurs actions notables, comme l'attaque d'un convoi et la perturbation d'un bal organisé par le prince Charles, illustrent la vigilance et l'efficacité des troupes françaises. Le maréchal de Créquy a démontré une grande expérience et une vigilance constante, affaiblissant progressivement les armées ennemies sans livrer de batailles décisives. La deuxième armée d'Allemagne, composée des troupes des Cercles, n'a pas non plus fait de progrès significatifs, étant étroitement surveillée par les forces françaises. Le prince d'Orange et ses alliés sont également en campagne, mais sans succès notable. Par ailleurs, l'auteur mentionne qu'il ne fournira pas davantage de détails dans la lettre actuelle, préférant en discuter plus en profondeur dans la prochaine lettre afin d'éviter un double récit et de traiter le sujet de manière exhaustive.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 189-190
DU NORD
Début :
On étoit déjà instruit que le Régiment du Prince Frédéric-Auguste s'étant soustrait [...]
Mots clefs :
Varsovie, Régiment, Prince Frédéric-Auguste, Désertion, Roi de Prusse, Lieutenant, Soldats, Sergent Richter, Escarmouche, Prince Xavier
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE WARSOVIE , le 19 Avril.
On étoit déja inftruit que le Régiment du Prin-
N
ce Frédéric- Augufte s'étant fouftrait à l'autorité
des Officiers Prufliens qui lui avoient été donnés
pour le commander , avoit déferté du ſervice du
Roi de Pruffe . On vient de l'être que ce Régiment
étoit arrivé en Pologne. Il eft compofé de
huit cens hommes, Après avoir été mis d'abord
en quartiers par S. M. Pruffienne à Luben & à
Guben , il avoit eu ordre d'aller à Berlin. Pour
être plus fûr de contenir les foldats , le Lieutenant-
Colonel qui les conduifoit les avoit fait défarmer.
En chemin , ils rencontrerent quelques charriots
chargés d'armes & de munitions . Animés
par un Sergent nommé Richter , ils fe faifirent
des charriots , & bientôt ils furent en état de faire
la loi aux Officiers de qui ils la recevoient . Ceuxci
ont en vain appellé des troupes à leur fecours.
Avant qu'elles arrivaffent , les Saxons étoient déja
loin. Ce n'a pas été cependant fans combat qu'ils
font parvenus jufqu'à la frontiere. Ils ont eu à
foutenir plufieurs efcarmouches avec divers détachemens.
Le Roi a gratifié le Sergent Richter
d'un brevet de Capitaine , & d'une penfion. Le
190 MERCURE DE FRANCE.
lendemain du jour qu'on reçut la nouvelle de
l'arrivée du Régiment du Prince Frédéric-Augufte,
on a appris qu'un bataillon du Régiment du Prince
Xavier avoit trouvé auffi moyen d'échapper
aux troupes Pruffiennes qui le pourfuivoient.
Dans le temps qu'il étoit fur le point de gagner la
frontiere , un Corps de Pruffiens , foutenu d'un
grand nombre de Payfans , a entrepris de lui fermer
le paffage. Le Bataillon s'eft fait jour malgré
cet obſtacle , & il eſt entré heureuſement dans ce
Royaume , après avoir tué non feulement une
cinquantaine de payfans , mais encore un Officier
& vingt- fept foldats Pruffiens.
DE WARSOVIE , le 19 Avril.
On étoit déja inftruit que le Régiment du Prin-
N
ce Frédéric- Augufte s'étant fouftrait à l'autorité
des Officiers Prufliens qui lui avoient été donnés
pour le commander , avoit déferté du ſervice du
Roi de Pruffe . On vient de l'être que ce Régiment
étoit arrivé en Pologne. Il eft compofé de
huit cens hommes, Après avoir été mis d'abord
en quartiers par S. M. Pruffienne à Luben & à
Guben , il avoit eu ordre d'aller à Berlin. Pour
être plus fûr de contenir les foldats , le Lieutenant-
Colonel qui les conduifoit les avoit fait défarmer.
En chemin , ils rencontrerent quelques charriots
chargés d'armes & de munitions . Animés
par un Sergent nommé Richter , ils fe faifirent
des charriots , & bientôt ils furent en état de faire
la loi aux Officiers de qui ils la recevoient . Ceuxci
ont en vain appellé des troupes à leur fecours.
Avant qu'elles arrivaffent , les Saxons étoient déja
loin. Ce n'a pas été cependant fans combat qu'ils
font parvenus jufqu'à la frontiere. Ils ont eu à
foutenir plufieurs efcarmouches avec divers détachemens.
Le Roi a gratifié le Sergent Richter
d'un brevet de Capitaine , & d'une penfion. Le
190 MERCURE DE FRANCE.
lendemain du jour qu'on reçut la nouvelle de
l'arrivée du Régiment du Prince Frédéric-Augufte,
on a appris qu'un bataillon du Régiment du Prince
Xavier avoit trouvé auffi moyen d'échapper
aux troupes Pruffiennes qui le pourfuivoient.
Dans le temps qu'il étoit fur le point de gagner la
frontiere , un Corps de Pruffiens , foutenu d'un
grand nombre de Payfans , a entrepris de lui fermer
le paffage. Le Bataillon s'eft fait jour malgré
cet obſtacle , & il eſt entré heureuſement dans ce
Royaume , après avoir tué non feulement une
cinquantaine de payfans , mais encore un Officier
& vingt- fept foldats Pruffiens.
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Résumé : DU NORD
Le 19 avril, le Régiment du Prince Frédéric-Auguste, composé de huit cents hommes, déserta l'autorité prussienne et atteignit la Pologne. Stationné à Luben et Guben, il avait reçu l'ordre de se rendre à Berlin. Désarmés par le lieutenant-colonel, les soldats rencontrèrent des charriots d'armes et de munitions, et sous l'incitation du sergent Richter, ils s'en emparèrent et prirent le contrôle de leurs officiers. Malgré les renforts prussiens, ils atteignirent la frontière après plusieurs escarmouches. Richter fut promu capitaine et reçut une pension. Le lendemain, un bataillon du Régiment du Prince Xavier échappa également aux Prussiens. À la frontière, il affronta un corps prussien soutenu par des paysans, tuant une cinquantaine de civils, un officier et vingt-sept soldats avant d'entrer en Pologne.
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3
p. 203-205
De l'Armée de l'Empire, le 12 Septembre.
Début :
Le Général Wunsch, après la capitulation de Dresde, s'est retiré à Torgau. [...]
Mots clefs :
Général, Capitulation, Baron, Torgau, Infanterie, Cavalerie, Attaque, Ennemis, Canon, Prussiens, Régiment, Désertion, Dresde
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texteReconnaissance textuelle : De l'Armée de l'Empire, le 12 Septembre.
De
l'Armée de l'Empire
,
le
12 Septembre.
Le
Général
Wunſch
,
après
la capitulation
deDrefde
,
s'eft
retiré
à
Torgau
.
Le
Prince
de
Deux-Ponts
avoit
ordonné au Baron de
Saint-
André defe porter diligemment
fur
Torgau
avec
fon
corpsd'Infanterie
&
de
Cavalerie
,
pour couper
cette
retraite
au Général
Wunſch
;
mais
étant arrivé
trop tard à
fa deſtination
,
il
a
été forcé
de cam-per près de Torgau
.
Le 8 de ce mois le Général Wunſch fir fortit
Ivj
204
MERCURE
DE
FRANCE
.
toute
fa cavalerie
de
cette
derniere
Ville
pour
attaquer
le
Baron
de
Saint
-
André
,
qui
força d'a
bord
l'ennemi
de
rentrer
dans
la
Place
;
mais
un
moment
après
la
Cavalerie Ptuffienne
fit
une
feconde
fortie
.
Ayant
deux
piéces
de
canon
en
avant
de
chaque
efcadron
,
&
étant
foutenue d'un
corps
d'Infanterie
,
elle
chargea
la
Cavalerie
duBaron
de
Saint
-
André
,
qui
ayant
beaucoup
fouf-
fert
du
feu
du
canon
,
fut
mife
en
déroute
.
La
Cavalerie
Pruffienne
prit
alors
notre
Infanterie
en
fanc
,
qui
a été
fort
maltraitée
,
&
qui
peut
-
être
auroit
été détruite
fi
le
Général
de
Rhot
n'eût
.
remédié
à tout ce défordre
.
Il
commandoit
la
Cavalerie
dans
cette
feconde
action
,
à
la
place
du
Général
Tranfmansdorf
qui
avoit
été bleſſé
dans
le
premier
combat
.
Il la
rallia
promptement
,
&
érant
revenu
à
la
charge
,
il
arrêta
les
progrès
dé
Ia Cavalerie
ennemie
,
Les
Pruffiens
attaquoient
en
même
temps
un
corps
de
Croates
pofté
dans
un champ
de
vignes 5
:
mais
le
Général Ried
qui
les
commandoit
,
&
qui
a eu dans
cette
action
deux
.
chevaux
tués fous
lui,
les repouffa
.
On
ne
fcait
pas encore
quelle
eft
la
ja
perte
du
Baron de
faint
-
André
.
Il
a
rejoint
L'armée
du
Prince
de
Deux- Ponts
,
qui
avoit
envoyé
un
régiment de
Cavalerie
&
un
régimens
.
de
Hullards
pour
protéger
fa
retraite
..
La garnifon Pruthienne fortit de Dreſde le 8..
Elle a perdu plus de deux mille hommes par la
défertion.
Il y a actuellement dans Drefde, ou fous le
canon de cette Ville , quarante mille hommes ,
dont vingt huit mille Autrichiens , & douze mille
hommes des troupes de l'Empire..
Du 16..
Le
1s nous fumes informés que
le
Générat
Wunſch
avoit
marché a
Leipfick ;
&
qu'après
une
OCTOBRE
.
17597
205
courte attaque la garniſon de cette place s'étoit
rendue prifonniere de guerre.
l'Armée de l'Empire
,
le
12 Septembre.
Le
Général
Wunſch
,
après
la capitulation
deDrefde
,
s'eft
retiré
à
Torgau
.
Le
Prince
de
Deux-Ponts
avoit
ordonné au Baron de
Saint-
André defe porter diligemment
fur
Torgau
avec
fon
corpsd'Infanterie
&
de
Cavalerie
,
pour couper
cette
retraite
au Général
Wunſch
;
mais
étant arrivé
trop tard à
fa deſtination
,
il
a
été forcé
de cam-per près de Torgau
.
Le 8 de ce mois le Général Wunſch fir fortit
Ivj
204
MERCURE
DE
FRANCE
.
toute
fa cavalerie
de
cette
derniere
Ville
pour
attaquer
le
Baron
de
Saint
-
André
,
qui
força d'a
bord
l'ennemi
de
rentrer
dans
la
Place
;
mais
un
moment
après
la
Cavalerie Ptuffienne
fit
une
feconde
fortie
.
Ayant
deux
piéces
de
canon
en
avant
de
chaque
efcadron
,
&
étant
foutenue d'un
corps
d'Infanterie
,
elle
chargea
la
Cavalerie
duBaron
de
Saint
-
André
,
qui
ayant
beaucoup
fouf-
fert
du
feu
du
canon
,
fut
mife
en
déroute
.
La
Cavalerie
Pruffienne
prit
alors
notre
Infanterie
en
fanc
,
qui
a été
fort
maltraitée
,
&
qui
peut
-
être
auroit
été détruite
fi
le
Général
de
Rhot
n'eût
.
remédié
à tout ce défordre
.
Il
commandoit
la
Cavalerie
dans
cette
feconde
action
,
à
la
place
du
Général
Tranfmansdorf
qui
avoit
été bleſſé
dans
le
premier
combat
.
Il la
rallia
promptement
,
&
érant
revenu
à
la
charge
,
il
arrêta
les
progrès
dé
Ia Cavalerie
ennemie
,
Les
Pruffiens
attaquoient
en
même
temps
un
corps
de
Croates
pofté
dans
un champ
de
vignes 5
:
mais
le
Général Ried
qui
les
commandoit
,
&
qui
a eu dans
cette
action
deux
.
chevaux
tués fous
lui,
les repouffa
.
On
ne
fcait
pas encore
quelle
eft
la
ja
perte
du
Baron de
faint
-
André
.
Il
a
rejoint
L'armée
du
Prince
de
Deux- Ponts
,
qui
avoit
envoyé
un
régiment de
Cavalerie
&
un
régimens
.
de
Hullards
pour
protéger
fa
retraite
..
La garnifon Pruthienne fortit de Dreſde le 8..
Elle a perdu plus de deux mille hommes par la
défertion.
Il y a actuellement dans Drefde, ou fous le
canon de cette Ville , quarante mille hommes ,
dont vingt huit mille Autrichiens , & douze mille
hommes des troupes de l'Empire..
Du 16..
Le
1s nous fumes informés que
le
Générat
Wunſch
avoit
marché a
Leipfick ;
&
qu'après
une
OCTOBRE
.
17597
205
courte attaque la garniſon de cette place s'étoit
rendue prifonniere de guerre.
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Résumé : De l'Armée de l'Empire, le 12 Septembre.
Le 12 septembre, après la capitulation de Dresde, le Général Wunsch s'est retiré à Torgau. Le Prince de Deux-Ponts avait ordonné au Baron de Saint-André de bloquer la retraite de Wunsch, mais il est arrivé trop tard. Le 8 septembre, Wunsch a attaqué Saint-André, forçant ce dernier à se replier. La cavalerie prussienne a contre-attaqué avec succès, soutenue par l'artillerie et l'infanterie, causant des pertes significatives. Le Général de Roth a pris le commandement et arrêté l'avancée ennemie. Simultanément, les Prussiens ont attaqué un corps de Croates mais ont été repoussés par le Général Ried. Saint-André a rejoint l'armée du Prince de Deux-Ponts, qui avait envoyé des renforts. La garnison prussienne a quitté Dresde le 8 septembre, perdant plus de deux mille hommes par désertion. Dresde comptait alors quarante mille hommes, dont vingt-huit mille Autrichiens et douze mille hommes des troupes de l'Empire. Le 16 octobre, il a été rapporté que Wunsch avait pris Leipzig après une brève attaque, capturant la garnison.
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4
p. 195-197
DE LONDRES, le 11 Novembre.
Début :
L'expédition tentée contre Sutatte a eu le succès qu'on desiroit. [...]
Mots clefs :
Flotte anglaise, Bombay, Débarquement, Troupes, Attaque, Désertion, Parlement, Discours, Succès des armes, Sa Majesté anglaise, Caroline, Sauvages, Colonies, Attaques, Forts, Capitaine, New York, Français, Expéditions, Officiers, Québec
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 11 Novembre.
DE LONDRES , le 11 Novembre.
L'expédition tentée contre Suratte a eu le fuccès
qu'on defiroit. La flotte partit de Bombai à la fin
de Février. Les troupes de débarquement étoient
comparées de huit cens Européens & de trois
mille Cipayes. On arriva heureuſement ſur la
côte; mais quand il fut queftion d'entrer dans la
riviere , on ne pût faire aucun ulage des gros
vaiffeaux . On eut beaucoup de peine à faire avancer
jufqu'à la ville un bâtiment de vingt pièces
de canon , & quatre galiotes à bombes. Les troupes
débarquèrent ; elles attaquèrent la place , &
furent repouffées deux fois avec beaucoup de
perte. La défertion , qui devint confidérable , en
diminua encore le nombre. On tenta un dernier
effort. Le bâtiment & les galiotes eurent ordre
de rompre la chaîne qui fermoir l'entrée du port.
Dès que la chaîne fut rompue , on reprit l'attaque
de la place , & dans l'efpace de quatre heures
ony jetta quarante - deux bombes & cinq cens
boulets. La garnifon répondit à ce feu violent par
celui de quatre batteries, qui tuèrent ou bleſsèrent
près de la moitié des équipages de nos bâtimens.
Le 2 Mars le Château capitula , & nos troupes
entrèrent dans la place .
Du 16.
Le 13 de ce mois , le Parlement fut aſſemblé.
Les féances commencèrent dans les deux Cham-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
bres par la lecture d'un Difcours qui leur fut
adreffé de la part du Roi. Ce Difcours rappelle
les principaux fuccès qui ont couronné les armes
de Sa Majesté. Le Roi déclare que comme il n'a
point commencé la guerre par des vues d'ambi
tion , il eft fort éloigné de la continuer par un
motif de reffentiment ; qu'il defire fincèrement de
voir la paix rétablie , & qu'il écoutera volontiers
les propofitions qui pourront lui être faites , pourvu
qu'elles foient honorables pour Sa Majesté &
pour les Alliés.
Du 30.
Nous venons de recevoir les nouvelles fuivantes
de Charleſtown dans la Caroline . Les François
ont mis en mouvement la Nation Indienne
des Chorokées . Ces Sauvages au nombre de trois
mille hommes ont pénétré dans quelques - unes
de nos Colonies. Ils ont paru dans le voisinage
du Fort Laudon , & ont enlevé la chevelure à
quelques foldats de la garnison de ce Fort. Les
habitans de ces contrées ont pris l'épouvante à
leur approche , & ont cherché un afyle dans le
Fort Prince-George. Ils ont rencontré dans les
bois plufieurs partis de ces Sauvages , dont ils
n'ont évité la fureur qu'en abandonnant la plus
grande partie de leurs effets . Plufieurs des Indiens
qui avoient marqué le plus de zèle pour
nos intérêts , font juftement foupçonnés de fomenter
la guerre. Plufieurs établiflemens de
grande valeur ont été abandonnés . Les Fermiers
& les Cultivateurs ont pris la fuite , pour ne
pas demeurer expofés à la cruauté des Sauvages.
Le Capitaine , Stuart marche avec un Corps
de troupes vers le pays des Cherokées . On efpere
beaucoup de l'habileté & de la bravoure de
cet Officier. Les Compagnies Provinciales & fes
Milices ont ordre de fe tenir prêtes à marcher.
JANVIER. 1966 . 197
Ön mande de la nouvelle York les détails
fuivans. Les troupes aux ordres du Général Amherft
ont été occupées jufqu'au 10 Octobre à
fortifier la pointe de la Couronne . On a entrepris
d'y conftruire trois Forts fur les hauteurs
qui commandent cette Place. Dès les premiers
jours d'Octobre , le Général Amherst fit fes dif
pofitions pour traverfer le Lac Champlin. Toutes
les difpofitions étant faites pour l'embarquement,
les troupes au nombre de quatre mille cinq cens
hommes , fe rendirent à bord des bateaux . Le
11 Novembre la flotte mit à la voile , & quelques
jours après elle mouilla à la hauteur du
Fort Saint Jean. Trois bâtimens François étoient
fur cette côte. Le Général Amherſt les fit attaquer.
Deux furent coulés à fond , & le troifiéme
échoua . Les vents contraires empêcherent ce Général
de poursuivre fon expédition ; & le 21 , il
fut obligé de revenir à la pointe de la Couronne .
Un corps de dix mille hommes de troupes fran
çoifes occupe différens poftes , & ne laifle aucune
fureté entre Québec & la pointe de la Couronne.
Le Général Amherſt a beaucoup à craindre
d'un Corps i nombreux. Les Officiers qui le
commandoient , annoncent faas diffimulation ,
qu'auffitôt que la glace fera affez forte pour porter
leur artillerie , ils paroîtront fur les murs de
Québec.
L'expédition tentée contre Suratte a eu le fuccès
qu'on defiroit. La flotte partit de Bombai à la fin
de Février. Les troupes de débarquement étoient
comparées de huit cens Européens & de trois
mille Cipayes. On arriva heureuſement ſur la
côte; mais quand il fut queftion d'entrer dans la
riviere , on ne pût faire aucun ulage des gros
vaiffeaux . On eut beaucoup de peine à faire avancer
jufqu'à la ville un bâtiment de vingt pièces
de canon , & quatre galiotes à bombes. Les troupes
débarquèrent ; elles attaquèrent la place , &
furent repouffées deux fois avec beaucoup de
perte. La défertion , qui devint confidérable , en
diminua encore le nombre. On tenta un dernier
effort. Le bâtiment & les galiotes eurent ordre
de rompre la chaîne qui fermoir l'entrée du port.
Dès que la chaîne fut rompue , on reprit l'attaque
de la place , & dans l'efpace de quatre heures
ony jetta quarante - deux bombes & cinq cens
boulets. La garnifon répondit à ce feu violent par
celui de quatre batteries, qui tuèrent ou bleſsèrent
près de la moitié des équipages de nos bâtimens.
Le 2 Mars le Château capitula , & nos troupes
entrèrent dans la place .
Du 16.
Le 13 de ce mois , le Parlement fut aſſemblé.
Les féances commencèrent dans les deux Cham-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
bres par la lecture d'un Difcours qui leur fut
adreffé de la part du Roi. Ce Difcours rappelle
les principaux fuccès qui ont couronné les armes
de Sa Majesté. Le Roi déclare que comme il n'a
point commencé la guerre par des vues d'ambi
tion , il eft fort éloigné de la continuer par un
motif de reffentiment ; qu'il defire fincèrement de
voir la paix rétablie , & qu'il écoutera volontiers
les propofitions qui pourront lui être faites , pourvu
qu'elles foient honorables pour Sa Majesté &
pour les Alliés.
Du 30.
Nous venons de recevoir les nouvelles fuivantes
de Charleſtown dans la Caroline . Les François
ont mis en mouvement la Nation Indienne
des Chorokées . Ces Sauvages au nombre de trois
mille hommes ont pénétré dans quelques - unes
de nos Colonies. Ils ont paru dans le voisinage
du Fort Laudon , & ont enlevé la chevelure à
quelques foldats de la garnison de ce Fort. Les
habitans de ces contrées ont pris l'épouvante à
leur approche , & ont cherché un afyle dans le
Fort Prince-George. Ils ont rencontré dans les
bois plufieurs partis de ces Sauvages , dont ils
n'ont évité la fureur qu'en abandonnant la plus
grande partie de leurs effets . Plufieurs des Indiens
qui avoient marqué le plus de zèle pour
nos intérêts , font juftement foupçonnés de fomenter
la guerre. Plufieurs établiflemens de
grande valeur ont été abandonnés . Les Fermiers
& les Cultivateurs ont pris la fuite , pour ne
pas demeurer expofés à la cruauté des Sauvages.
Le Capitaine , Stuart marche avec un Corps
de troupes vers le pays des Cherokées . On efpere
beaucoup de l'habileté & de la bravoure de
cet Officier. Les Compagnies Provinciales & fes
Milices ont ordre de fe tenir prêtes à marcher.
JANVIER. 1966 . 197
Ön mande de la nouvelle York les détails
fuivans. Les troupes aux ordres du Général Amherft
ont été occupées jufqu'au 10 Octobre à
fortifier la pointe de la Couronne . On a entrepris
d'y conftruire trois Forts fur les hauteurs
qui commandent cette Place. Dès les premiers
jours d'Octobre , le Général Amherst fit fes dif
pofitions pour traverfer le Lac Champlin. Toutes
les difpofitions étant faites pour l'embarquement,
les troupes au nombre de quatre mille cinq cens
hommes , fe rendirent à bord des bateaux . Le
11 Novembre la flotte mit à la voile , & quelques
jours après elle mouilla à la hauteur du
Fort Saint Jean. Trois bâtimens François étoient
fur cette côte. Le Général Amherſt les fit attaquer.
Deux furent coulés à fond , & le troifiéme
échoua . Les vents contraires empêcherent ce Général
de poursuivre fon expédition ; & le 21 , il
fut obligé de revenir à la pointe de la Couronne .
Un corps de dix mille hommes de troupes fran
çoifes occupe différens poftes , & ne laifle aucune
fureté entre Québec & la pointe de la Couronne.
Le Général Amherſt a beaucoup à craindre
d'un Corps i nombreux. Les Officiers qui le
commandoient , annoncent faas diffimulation ,
qu'auffitôt que la glace fera affez forte pour porter
leur artillerie , ils paroîtront fur les murs de
Québec.
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Résumé : DE LONDRES, le 11 Novembre.
Le 11 novembre, une expédition contre Suratte a réussi. La flotte, partie de Bombay fin février, comprenait huit cents Européens et trois mille Cipayes. Après un débarquement réussi, les troupes ont rencontré des difficultés avec les gros vaisseaux pour avancer vers la ville. Un bâtiment de vingt pièces de canon et quatre galiotes à bombes ont été utilisés pour rompre la chaîne fermant l'entrée du port. Après un assaut intense de quatre heures, la garnison a capitulé le 2 mars, permettant aux troupes d'entrer dans la place. Le 16 novembre, le Parlement a été assemblé et les féances ont commencé par la lecture d'un discours du roi. Ce discours rappelait les succès militaires et exprimait le désir du roi de rétablir la paix de manière honorable. Le 30 novembre, des nouvelles de Charlestown en Caroline ont rapporté que les Français avaient incité la nation indienne des Cherokées à attaquer les colonies. Trois mille Sauvages ont pénétré dans les colonies, semant la peur parmi les habitants. Le Capitaine Stuart a été envoyé avec des troupes pour contrer cette menace. À New York, les troupes du Général Amherst ont fortifié la pointe de la Couronne et ont tenté de traverser le Lac Champlain. Cependant, des vents contraires ont obligé le Général à revenir. Un corps de dix mille troupes françaises occupe divers postes entre Québec et la pointe de la Couronne, posant une menace significative.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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