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301
p. 267-280
Mariages. [titre d'après la table]
Début :
Le 26. du mois de Juillet dernier, Messire Guillaume Alexandre [...]
Mots clefs :
Dame, Marquis, Régiment, Roi, Colonnel, Président, Maréchal, Mariage, Parlement, Femme, Fille, Comte
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texteReconnaissance textuelle : Mariages. [titre d'après la table]
Le 2.6. du mois de Juillet
dernier, Messire Guillaume
Alexandre de Galard de
Bearn
,
Marquis de Brassac lé.
pousaDamoifcllc Luce FrançoisedeCotcntin
de Tourville,
fille unique deMlle Maréchal
de Tourville. Le mariage
s'est fait de l'agrément du
Roy & des Princes de. son
Sang qui leur ont fait l'honneur
d'en signer le Contrat.
S. A. S.Madame la Princesse,
assista à la celebration du mariage
,& Madame la Duchesse
de Vendosme mena la Mariée
à l'Eglise. Elle fit ensuite une
Festedigne de sa grandeur &
de sa magnisicence.
La Maison de Gallard eu
une des pius anciennes & des
plus illustres du Royaume
descenduë des Comtes de
Condomois. Elle a joint par
une alliance à son nom & à ses
armes, le nom & les armes
de la Maison de Bearn : Pierre
de Galard de Bearn étoit grand
Maistre des Ai balestriers fous
Philippe le Bel : plusieurs de
ses descendans ont esté Gouverneurs
de Xaintonge &
d'Augoumois : Jean de Galard
de Bearn, Comte de Brassacestoit
en 1640. Chevalier
de l'Ordre du S. Esprit, Gouverneur
de Lorraine, & Ambassadeur
du Roy àla Cour de
Rome, & Catherine de Sainte:
Maure sa femme,Dame
d honneur de la ReineMere.
La Maison de Cotentin de
Tourville,estaussi très.-ancienne&
tres illustre;Cezar de
Cotentin, Comte de Tourville,
Commandast au Siege;
dela Rochelle, sous sonEminence
Mr le Cardinal de Ri- 1
chelieu; il eut de Luce de la
Rochefoucault, entr'autres
enfans, Anne- Hilarion- de
Coreni in de Tourville, Chevalier
de Malthe,qui par les j
differentes batailles qu'il avoit *
données '& gagnées pour le
service du. Roy, est parvenu
aux dignitez de Maréchal u
Vice-Amiralde France; il a
eudeLoüise Françoised Himbercourt,
deux enfans,Loüis
Alexandre de Cotentin de
Tourville, Colonel d'un Regiment
de son nom, tué à
l'attaque des retranchemens
de Denain,&Luce-Françoise
de Cotentin de Tourville, qui
vient d'épouser Mr le Marquis
de Brassac.
Messire Pierre Gilbert de
Voisins,Maistre des Requêtes
Ordinaire de l'Hostel du
Roy, a épousé le 25. Juillet
Damoiselle de Fieubet,
soeur de Loüis Gaspard
de FieubetConseiller au Parlement,
& fille de Paul de
Ficuber, Seigneur de Launac..,
de Reveillon & de Beauregard
,
Maistre des Requestes,
& de Dame Angélique Mar,
guérite deFourey.
Mr de Voisins est frere de
Mr le Comtede Vilaines, Colonel
du Regiment de Medoc,
& fils de Messire Pierre
Gilbert, Seigneur deVoisins,
Président aux Enquestes du
Parlement de Paris, & de
Dame Françoise Dongois.
* CettefamilledeGilbert est,
ancienneàParis & descendde
Jean Gilbertsieur de Voisins.
: Correcteur desComptesmort
le 5. Janvier 1507.& enterré à S. Severin avec Jeanne Bri-
! nou sa femme; elle s'estalliée
aux familles de Bourdin, de
Viole,du Prat,de Larcher, l,&c.n-r't' f)"'t TP'••V "d- l:'
Pour celle de Ficubet elle
est originaire de Languedoc
,
& elle descend d'Arnaud Fieubet
qui fut fait Greffier des
Etats de Languedoc par la faveur
de M le Connestable
Henry deMontmorency. Elle
a donné un Président à Mortier
& un Premier Président
auParlement de Toulouse &,
trois Maistres des Requestes
donc l'un estoit Chancelier de
la ReinemereduRoy,&elle
s'est alliée aux familles de S.
Pol, de Maniban
,
& Dossunà~i Toulou se,& à celles de Nico-
Li , de Longuëil &de Castille ; àParis.
Messire Jacques de Monccaux
d' A ~uxi, Marquisd'Au- ,:
xi, ci devant Capitaine aux
Girdes, & Colonel du Régiment
Royal Comtois, fils
unique de Missire François de
Monceaux
,
créé Marquis
d'Auxi, parletresdu mois
de Septembre 1687. & de
Dame Marie Magdelaine Jabert
du Thil, sorti des anciens
Sires, & Bersd'Auxi en
Picardie, connus il y a plus de
500. ans, a épousé le 20e de
ce mois Damoiselle Marie-
MagdelainedelaGrangeTrianon,
sille du feu Messire Loüis
Armand de la Grange Trianon
, Baron Duplessis aux
Tournelles, Conseiller au
,
Grand Conseil, & de Dame
MargueriteMagdelaine Joly
d'Oudeil ; & petite fille de
Loüts de la GrangeTrianon,
Seigneur d'Aravilliers, de
Nandi de Marconville, Châtelain
de Renets en Touraine,
&-' Président de la seconde
Chambre des Requestes du
Palais, & de Dame Marguerite
Martineau. Mademoiselle
de la Grange Trianon est niece
de MessireCharlesde la
Grange Trianon Abbé de
Saint Severe, Chanoine de
Nôtre Dame * de Paris, &
ConseillerClercau Parlement
&de feuë Dame Marguerite
dela Grange u morte en 16 87;
veuve deFrançois de la TremoilleDuc
de Noirmontier.
, ;*-? ( Lafamille
dela Grange cft
t
une des plus considerablesde
} Paris, clle descend de Michel
(de laGrange Seigneur de
| Trianon, MàistredelaCham- I bre aux deniers
, & Prevôt
r_',' des Marchands de cette Ville
( dés l'an1466. & de Guille-
: mette deLongüeil, elle s'est
*alliée auxfamilles de Boucher,
*d'Orfôy, de Molé, deBailleul,
de Hercis, de Bragelonne, de
»
Fourcy, de Charon, de Menars,&
c. ici -rff
Monsieur le Marquis d'Auxi
quivient de se marier,cit
neveu de Messire Henri do
Monceaux d'Auxi, Comte
d'Hanvoille, cy-devant Colonel
du Regiment de Dragons
qui de son mariageavec Dame de Crequy
d Osseu n'a que deux filles, &
de Messire Jacques de Monceaux
d'Auxi, dit Monsieur
de la Bruiere cy devant Caps- j
taine dans le Regiment de
Champagne qui n'a aussi que
deux filles de
:
son mariage
avec Dame Marie Anne le Fé- j
vrc sa femme, Soeur de M. j
Hardouin U Fevre de Fonteray,
cy-devant-Gentilhomme de Mr
le Marquis deBonnac, Envoyé
Extraordinaire de France, O4
à present tres -digne Auteur
du nouveau Mercure Galant;
DameJeanne de Soufflas
Bisayeule de Monsieur le Niarquis
d'Auxi,étoit grande tante
de feu M le Maréchal Duc
l de Boufflers, & cette Maison
d'Auxi s'est alliée à celles de
: Craon, de Piqirgny,de Me-
: lun, de la Tremoille d'Estouteville
,
d'Enghien, de
#
Remburses, de Crevecoeur,
de Quesdes, de Trafigny,
,
de Saveufc, de Hangec, de
Villiersl'Isle-Adam,de la
Chaisede Vieux Pont,de la
Vieuville, d'O, de Tiercelin,
de Brosse, de Breauté. de Rochechoüar;
de Saint Simon
de Soyecourt&del'Ecendart
Bully.
dernier, Messire Guillaume
Alexandre de Galard de
Bearn
,
Marquis de Brassac lé.
pousaDamoifcllc Luce FrançoisedeCotcntin
de Tourville,
fille unique deMlle Maréchal
de Tourville. Le mariage
s'est fait de l'agrément du
Roy & des Princes de. son
Sang qui leur ont fait l'honneur
d'en signer le Contrat.
S. A. S.Madame la Princesse,
assista à la celebration du mariage
,& Madame la Duchesse
de Vendosme mena la Mariée
à l'Eglise. Elle fit ensuite une
Festedigne de sa grandeur &
de sa magnisicence.
La Maison de Gallard eu
une des pius anciennes & des
plus illustres du Royaume
descenduë des Comtes de
Condomois. Elle a joint par
une alliance à son nom & à ses
armes, le nom & les armes
de la Maison de Bearn : Pierre
de Galard de Bearn étoit grand
Maistre des Ai balestriers fous
Philippe le Bel : plusieurs de
ses descendans ont esté Gouverneurs
de Xaintonge &
d'Augoumois : Jean de Galard
de Bearn, Comte de Brassacestoit
en 1640. Chevalier
de l'Ordre du S. Esprit, Gouverneur
de Lorraine, & Ambassadeur
du Roy àla Cour de
Rome, & Catherine de Sainte:
Maure sa femme,Dame
d honneur de la ReineMere.
La Maison de Cotentin de
Tourville,estaussi très.-ancienne&
tres illustre;Cezar de
Cotentin, Comte de Tourville,
Commandast au Siege;
dela Rochelle, sous sonEminence
Mr le Cardinal de Ri- 1
chelieu; il eut de Luce de la
Rochefoucault, entr'autres
enfans, Anne- Hilarion- de
Coreni in de Tourville, Chevalier
de Malthe,qui par les j
differentes batailles qu'il avoit *
données '& gagnées pour le
service du. Roy, est parvenu
aux dignitez de Maréchal u
Vice-Amiralde France; il a
eudeLoüise Françoised Himbercourt,
deux enfans,Loüis
Alexandre de Cotentin de
Tourville, Colonel d'un Regiment
de son nom, tué à
l'attaque des retranchemens
de Denain,&Luce-Françoise
de Cotentin de Tourville, qui
vient d'épouser Mr le Marquis
de Brassac.
Messire Pierre Gilbert de
Voisins,Maistre des Requêtes
Ordinaire de l'Hostel du
Roy, a épousé le 25. Juillet
Damoiselle de Fieubet,
soeur de Loüis Gaspard
de FieubetConseiller au Parlement,
& fille de Paul de
Ficuber, Seigneur de Launac..,
de Reveillon & de Beauregard
,
Maistre des Requestes,
& de Dame Angélique Mar,
guérite deFourey.
Mr de Voisins est frere de
Mr le Comtede Vilaines, Colonel
du Regiment de Medoc,
& fils de Messire Pierre
Gilbert, Seigneur deVoisins,
Président aux Enquestes du
Parlement de Paris, & de
Dame Françoise Dongois.
* CettefamilledeGilbert est,
ancienneàParis & descendde
Jean Gilbertsieur de Voisins.
: Correcteur desComptesmort
le 5. Janvier 1507.& enterré à S. Severin avec Jeanne Bri-
! nou sa femme; elle s'estalliée
aux familles de Bourdin, de
Viole,du Prat,de Larcher, l,&c.n-r't' f)"'t TP'••V "d- l:'
Pour celle de Ficubet elle
est originaire de Languedoc
,
& elle descend d'Arnaud Fieubet
qui fut fait Greffier des
Etats de Languedoc par la faveur
de M le Connestable
Henry deMontmorency. Elle
a donné un Président à Mortier
& un Premier Président
auParlement de Toulouse &,
trois Maistres des Requestes
donc l'un estoit Chancelier de
la ReinemereduRoy,&elle
s'est alliée aux familles de S.
Pol, de Maniban
,
& Dossunà~i Toulou se,& à celles de Nico-
Li , de Longuëil &de Castille ; àParis.
Messire Jacques de Monccaux
d' A ~uxi, Marquisd'Au- ,:
xi, ci devant Capitaine aux
Girdes, & Colonel du Régiment
Royal Comtois, fils
unique de Missire François de
Monceaux
,
créé Marquis
d'Auxi, parletresdu mois
de Septembre 1687. & de
Dame Marie Magdelaine Jabert
du Thil, sorti des anciens
Sires, & Bersd'Auxi en
Picardie, connus il y a plus de
500. ans, a épousé le 20e de
ce mois Damoiselle Marie-
MagdelainedelaGrangeTrianon,
sille du feu Messire Loüis
Armand de la Grange Trianon
, Baron Duplessis aux
Tournelles, Conseiller au
,
Grand Conseil, & de Dame
MargueriteMagdelaine Joly
d'Oudeil ; & petite fille de
Loüts de la GrangeTrianon,
Seigneur d'Aravilliers, de
Nandi de Marconville, Châtelain
de Renets en Touraine,
&-' Président de la seconde
Chambre des Requestes du
Palais, & de Dame Marguerite
Martineau. Mademoiselle
de la Grange Trianon est niece
de MessireCharlesde la
Grange Trianon Abbé de
Saint Severe, Chanoine de
Nôtre Dame * de Paris, &
ConseillerClercau Parlement
&de feuë Dame Marguerite
dela Grange u morte en 16 87;
veuve deFrançois de la TremoilleDuc
de Noirmontier.
, ;*-? ( Lafamille
dela Grange cft
t
une des plus considerablesde
} Paris, clle descend de Michel
(de laGrange Seigneur de
| Trianon, MàistredelaCham- I bre aux deniers
, & Prevôt
r_',' des Marchands de cette Ville
( dés l'an1466. & de Guille-
: mette deLongüeil, elle s'est
*alliée auxfamilles de Boucher,
*d'Orfôy, de Molé, deBailleul,
de Hercis, de Bragelonne, de
»
Fourcy, de Charon, de Menars,&
c. ici -rff
Monsieur le Marquis d'Auxi
quivient de se marier,cit
neveu de Messire Henri do
Monceaux d'Auxi, Comte
d'Hanvoille, cy-devant Colonel
du Regiment de Dragons
qui de son mariageavec Dame de Crequy
d Osseu n'a que deux filles, &
de Messire Jacques de Monceaux
d'Auxi, dit Monsieur
de la Bruiere cy devant Caps- j
taine dans le Regiment de
Champagne qui n'a aussi que
deux filles de
:
son mariage
avec Dame Marie Anne le Fé- j
vrc sa femme, Soeur de M. j
Hardouin U Fevre de Fonteray,
cy-devant-Gentilhomme de Mr
le Marquis deBonnac, Envoyé
Extraordinaire de France, O4
à present tres -digne Auteur
du nouveau Mercure Galant;
DameJeanne de Soufflas
Bisayeule de Monsieur le Niarquis
d'Auxi,étoit grande tante
de feu M le Maréchal Duc
l de Boufflers, & cette Maison
d'Auxi s'est alliée à celles de
: Craon, de Piqirgny,de Me-
: lun, de la Tremoille d'Estouteville
,
d'Enghien, de
#
Remburses, de Crevecoeur,
de Quesdes, de Trafigny,
,
de Saveufc, de Hangec, de
Villiersl'Isle-Adam,de la
Chaisede Vieux Pont,de la
Vieuville, d'O, de Tiercelin,
de Brosse, de Breauté. de Rochechoüar;
de Saint Simon
de Soyecourt&del'Ecendart
Bully.
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Résumé : Mariages. [titre d'après la table]
Le 26 juillet dernier, Messire Guillaume Alexandre de Galard de Bearn, Marquis de Brassac, a épousé Damoiselle Luce Françoise de Cotentin de Tourville, fille unique de Mademoiselle Maréchal de Tourville. Le mariage a été approuvé par le Roi et les Princes de son Sang, qui ont signé le contrat. Madame la Princesse et Madame la Duchesse de Vendosme ont assisté à la célébration et à la fête qui a suivi. La Maison de Galard est l'une des plus anciennes et illustres du Royaume, descendant des Comtes de Condomois. Elle a été alliée à la Maison de Bearn. Plusieurs membres de cette famille ont occupé des postes prestigieux, tels que Gouverneur de Saintonge et d'Auvergne, Chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit, Gouverneur de Lorraine, et Ambassadeur du Roi à la Cour de Rome. La Maison de Cotentin de Tourville est également très ancienne et illustre. César de Cotentin, Comte de Tourville, a commandé au siège de La Rochelle sous le Cardinal de Richelieu. Son petit-fils, Anne-Hilarion de Cotentin de Tourville, a atteint les dignités de Maréchal et Vice-Amiral de France. Luce Françoise de Cotentin de Tourville, l'épouse du Marquis de Brassac, est la fille de Louise Françoise d'Himbercourt. Par ailleurs, Messire Pierre Gilbert de Voisins, Maître des Requêtes Ordinaire de l'Hostel du Roy, a épousé Damoiselle de Fieubet, sœur de Louis Gaspard de Fieubet, Conseiller au Parlement. La famille de Voisins est ancienne à Paris et descend de Jean Gilbert, Sieur de Voisins, Correcteur des Comptes. La famille de Fieubet est originaire de Languedoc et a donné plusieurs Maîtres des Requêtes. Enfin, Messire Jacques de Monceaux d'Auxi, Marquis d'Auxi, a épousé Damoiselle Marie-Magdelaine de la Grange Trianon. La famille de la Grange est l'une des plus considérables de Paris et s'est alliée à de nombreuses familles illustres.
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302
p. 300-302
Extrait d'une Lettre de la Haye du 8. Aoust.
Début :
Suivant les avis que nous avons de Baden, les Conferences [...]
Mots clefs :
Prince, États, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de la Haye du 8. Aoust.
Extrait d'une Lettre de la Haye
dît 8. Aoust.
; Suivant les avis que nous
avons de Baden
,
les Conferencess'y
continuentavec succez.
Tout ce qui concerne les
deuxElecteurs touchant larestitution
de leurs Etats, avec
leurs meubles ,bijoux,pierreries
, argent ,
artillerie, 6C
autres munitionsde guerre,
& de bouche,est reglé. Or
t/y attendoit plus que l'arrivéedu
Prince Eugene & du
Maréchal de Villars
, pour
mettre la derniere main à la
Pa:x.
On voit icydepuis quelques
jours desGardes duCorps
du Roy de Prusse, ce qui donne
lieu au bruit qui court, que
ce Prince en icy incognito, &
qu'il se trouva à l'Assemblée
des Etats Generaux qui se tint
ces jours passez, & qui dura
fort avant dans la nuit.
L'armement de Vaisseaux
qu'on fait en plusieurs de nos
Parts est pour aller à la Mer
du Sud; ils ont receu leurs
expéditions de l'Amirauté, 6c
doivent partir incessamment.
Le Prince de Saxe n'cft pas
encore arrivédans cette Ville.
Onécrit qu'il a retardé son
voyage sur l'avis qu'il a eu de
l'arrivée du Roy Sraniflas à la
Principauté des deux Ponts.
dît 8. Aoust.
; Suivant les avis que nous
avons de Baden
,
les Conferencess'y
continuentavec succez.
Tout ce qui concerne les
deuxElecteurs touchant larestitution
de leurs Etats, avec
leurs meubles ,bijoux,pierreries
, argent ,
artillerie, 6C
autres munitionsde guerre,
& de bouche,est reglé. Or
t/y attendoit plus que l'arrivéedu
Prince Eugene & du
Maréchal de Villars
, pour
mettre la derniere main à la
Pa:x.
On voit icydepuis quelques
jours desGardes duCorps
du Roy de Prusse, ce qui donne
lieu au bruit qui court, que
ce Prince en icy incognito, &
qu'il se trouva à l'Assemblée
des Etats Generaux qui se tint
ces jours passez, & qui dura
fort avant dans la nuit.
L'armement de Vaisseaux
qu'on fait en plusieurs de nos
Parts est pour aller à la Mer
du Sud; ils ont receu leurs
expéditions de l'Amirauté, 6c
doivent partir incessamment.
Le Prince de Saxe n'cft pas
encore arrivédans cette Ville.
Onécrit qu'il a retardé son
voyage sur l'avis qu'il a eu de
l'arrivée du Roy Sraniflas à la
Principauté des deux Ponts.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de la Haye du 8. Aoust.
Le 8 août, les conférences de paix à Baden avancent favorablement. Les discussions sur la restitution des États des deux Électeurs, incluant leurs biens mobiliers, bijoux, pierreries, argent, artillerie et autres munitions, sont conclues. L'arrivée du Prince Eugène et du Maréchal de Villars est imminente pour finaliser la paix. À La Haye, la présence de Gardes du Corps du Roi de Prusse suscite des rumeurs sur une visite incognito du Prince de Prusse aux États Généraux. Parallèlement, plusieurs ports préparent des vaisseaux pour une expédition vers la Mer du Sud, avec des expéditions de l'Amirauté déjà reçues. Le Prince de Saxe n'est pas encore à La Haye, son voyage étant retardé par l'arrivée du Roi Stanislas à la Principauté des Deux Ponts.
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303
p. 316-319
Extrait d'une Lettre de Caditz du 15. Juillet.
Début :
Les Saltins continuent à croiser dans nos Mers : il attaquent [...]
Mots clefs :
Roi, Cadix, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Caditz du 15. Juillet.
Extrait aune Lettre deLaaitz 'v du ., ~ity 1illrt.
Les Saltins. continuent à
croiser dm* nos Mers: ilsattaquent
encore les Vaisseaux
Anglois, nonobstant qu'on
nous ait assuté que le Roy de
Maroc avoit renouvelle la
Paix avec les Anglois. Ils
poursuvirentle10jusques
sous lecanon denostre Mole
deux Badimente--,tviai-chauds
de cette Nation quialloicnt
dans la Mediterrannée,où ils
prirent le
1 2.e;un grosNavire
Portugais: mais comme ilsl'amenotent,
ils furent rencontrez
par les deuxVaisseaux de
guerre quele Roy de Portugal
a fait forcir, pour leuraller
donner la chasle & pour evU
ter une alboh. quoyquîli
fussent quatre Bastiments,ils.
abandonnerent leurs prises &
se sauverent en faisant forcede
voile, & emmenerent leséquipages
qu'ils avoient fait entrer
sur leursbords.
Onajamais veuëtantde
BastimentsAnglois& Hollan-
,-dois qu'il y en a dans nostre
Port presentement tous chargez
de diver ses marchandises.
Al'égard des Portugais,ilsn'y
ont accez que pour se mettra
à l'abri des gros temps & des
Corsaires. On desarme des
Vaisseaux qui sont revenus de
Ja Mediterrannée, &on arme
deux Fregates, sans qu on dise
à quoyon les destine.
-"
Il arrive presque tous les
jours icy des soldars Anglois
de la garnison de Gibraltar,
lesquels quittent le service,
parce qu'ils ne font pas payez.
Les Saltins. continuent à
croiser dm* nos Mers: ilsattaquent
encore les Vaisseaux
Anglois, nonobstant qu'on
nous ait assuté que le Roy de
Maroc avoit renouvelle la
Paix avec les Anglois. Ils
poursuvirentle10jusques
sous lecanon denostre Mole
deux Badimente--,tviai-chauds
de cette Nation quialloicnt
dans la Mediterrannée,où ils
prirent le
1 2.e;un grosNavire
Portugais: mais comme ilsl'amenotent,
ils furent rencontrez
par les deuxVaisseaux de
guerre quele Roy de Portugal
a fait forcir, pour leuraller
donner la chasle & pour evU
ter une alboh. quoyquîli
fussent quatre Bastiments,ils.
abandonnerent leurs prises &
se sauverent en faisant forcede
voile, & emmenerent leséquipages
qu'ils avoient fait entrer
sur leursbords.
Onajamais veuëtantde
BastimentsAnglois& Hollan-
,-dois qu'il y en a dans nostre
Port presentement tous chargez
de diver ses marchandises.
Al'égard des Portugais,ilsn'y
ont accez que pour se mettra
à l'abri des gros temps & des
Corsaires. On desarme des
Vaisseaux qui sont revenus de
Ja Mediterrannée, &on arme
deux Fregates, sans qu on dise
à quoyon les destine.
-"
Il arrive presque tous les
jours icy des soldars Anglois
de la garnison de Gibraltar,
lesquels quittent le service,
parce qu'ils ne font pas payez.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Caditz du 15. Juillet.
Le texte décrit les activités des corsaires en Méditerranée. Malgré les assurances de paix entre le Maroc et l'Angleterre, les corsaires attaquent toujours les vaisseaux anglais, notamment près de la Mole. Ils ont capturé un gros navire portugais, mais ont dû fuir face à deux vaisseaux de guerre portugais, abandonnant leurs prises et libérant les équipages capturés. Actuellement, plusieurs vaisseaux anglais et hollandais chargés de marchandises sont présents dans un port. Les navires portugais n'y accèdent que pour se protéger des tempêtes et des corsaires. Des vaisseaux revenus de Méditerranée sont désarmés, tandis que deux frégates sont armées sans destination précise. Par ailleurs, des soldats anglais de la garnison de Gibraltar désertent fréquemment en raison de l'absence de paiement de leur solde.
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304
p. 319-322
De Strasbourg le 30. Juillet. [titre d'après la table]
Début :
A Strasbourg le 30. du passé. On a ici à vil prix le bled de [...]
Mots clefs :
Roi, Strasbourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Strasbourg le 30. Juillet. [titre d'après la table]
A Strasbourg le 30. du passé.
On a icy a vil prix le bled de
nos magazins, par rapport a
la recolte abondante de cette
année, on n'en garde seulement
que pour la garnison.
Nous apprenons de Baden
duxj. que tes Conferences
s'y continuënt avec succez
& tour ce qu'on n'en dit, n'est
que par conjecture,cequi
donne de l'occupationauxMinistres
des Princes Protestants.
qui n'oublient rien pour faire
mettre ànéant letraité de RIe.
wich. L'Envoyé du Roy de
Sicile se donneaussi de grands
mouvements,pour que le Roy
son Maistre foit compris dans
Id traité,quant à ce qui regardeson
differentavecl'Empereur
:mais les Plenipotentiaires
deSa MajestéImperiale
disent qu'ils n'ont point d'ordred'entrerenmatierelà
def.
fus;&que comme tour eflt
reglé pour ce qui regarde lcs
dcux Electeurs, on nedoute
point que les Conferencesne
pcrenhnenat finidnansl.emoispro- 1. On mande de Bruxelles,que
le29 au soit la Tour neuve
¡, qu'on avoitélevée sur l'Eglise
de S. Nicolas, & où on avoic
i.lcbt..bh le carillon, tomba inopinement,
qu'ellecausa un
grand dommage aux maisons
sines, & tua beaucoupde
monde.
Onapprend des 2 Ponts que te Roy Sta~ y anc~d<~C
la Reine sonespouse, qui étoit
partie de Suede pour le venir
joindre,& qu'il avoit renvoyé
le P~Povioustouski au
Roy de Suede qui estoit en
Turquie au mois de Juin dernier
, pour le remercier de 1*
retraitte qu'il luy a donné dans
ses Estats des deux Pont
On a icy a vil prix le bled de
nos magazins, par rapport a
la recolte abondante de cette
année, on n'en garde seulement
que pour la garnison.
Nous apprenons de Baden
duxj. que tes Conferences
s'y continuënt avec succez
& tour ce qu'on n'en dit, n'est
que par conjecture,cequi
donne de l'occupationauxMinistres
des Princes Protestants.
qui n'oublient rien pour faire
mettre ànéant letraité de RIe.
wich. L'Envoyé du Roy de
Sicile se donneaussi de grands
mouvements,pour que le Roy
son Maistre foit compris dans
Id traité,quant à ce qui regardeson
differentavecl'Empereur
:mais les Plenipotentiaires
deSa MajestéImperiale
disent qu'ils n'ont point d'ordred'entrerenmatierelà
def.
fus;&que comme tour eflt
reglé pour ce qui regarde lcs
dcux Electeurs, on nedoute
point que les Conferencesne
pcrenhnenat finidnansl.emoispro- 1. On mande de Bruxelles,que
le29 au soit la Tour neuve
¡, qu'on avoitélevée sur l'Eglise
de S. Nicolas, & où on avoic
i.lcbt..bh le carillon, tomba inopinement,
qu'ellecausa un
grand dommage aux maisons
sines, & tua beaucoupde
monde.
Onapprend des 2 Ponts que te Roy Sta~ y anc~d<~C
la Reine sonespouse, qui étoit
partie de Suede pour le venir
joindre,& qu'il avoit renvoyé
le P~Povioustouski au
Roy de Suede qui estoit en
Turquie au mois de Juin dernier
, pour le remercier de 1*
retraitte qu'il luy a donné dans
ses Estats des deux Pont
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Résumé : De Strasbourg le 30. Juillet. [titre d'après la table]
À Strasbourg, le 30 du mois précédent, le blé a été vendu à bas prix en raison d'une récolte abondante. Les stocks sont principalement réservés pour la garnison. À Baden, les conférences se poursuivent avec succès, bien que les détails restent conjecturaux. Les ministres des princes protestants cherchent à annuler le traité de Ryswick. L'envoyé du roi de Sicile travaille à inclure son maître dans le traité concernant le différend avec l'empereur. Cependant, les plénipotentiaires de Sa Majesté impériale affirment ne pas avoir d'instructions pour aborder cette question, bien que les discussions sur les deux électeurs soient réglées. Les conférences devraient se conclure prochainement. À Bruxelles, le 29, la tour neuve de l'église de Saint-Nicolas s'est effondrée, causant des dommages importants aux maisons voisines et tuant de nombreuses personnes. Aux Deux-Ponts, le roi et la reine, venue de Suède, sont arrivés. Le roi a renvoyé le prince Pouvoustovski au roi de Suède, en Turquie depuis juin, pour le remercier de la retraite accordée dans ses États des Deux-Ponts.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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305
p. 330-345
Suite des Nouvelles de Paris.
Début :
L'Edit du Roy qui appelle à la succession de la Couronne [...]
Mots clefs :
Duc du Maine, Comte de Toulouse, Roi, Parlement, Archevêque de Canterbury, Batterie, Armées, Cérémonie, Notre-Dame de la Merci, Messe
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texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles de Paris.
Suite des Nouvelles de Paris. 4. L'Edit du Roy qui appelle
-1 la succession de la Couronne
M. le Duc du Maine, &
M. le Comte de Toulouse Se
leurs descendans masses., au
deffaut de tous les Princes du
Sang Royal, & qui ordonne
qu'ils jouiront des mêmes
rangs, honneurs,& préféances
que lesdits Princes duSang,
après tous lesdits Princes) fut
presente le deux de ce mois au
Parlement
,
M. le Duc d'Enguien
,M.le Princede Conty,
M. le Duc du Maine,&M. le
Comte de Toulouse s'estams
rendus au Palais. Les Pairs qui
,sîy trouvèrent, furent L' Archevêque
Duc deReims, l'Evêque
Comte de Noyon, Ecclesiastiques
;le Duc d'I^zés,
ole Dnuc de Sully, le Duc de S. ie Duc dela Force, le
Duc de Rohanle Duc de Luxembourg
,te Ducd'Estrées,
le Duc deGrammont, le Duc
Mazarin ,le DucdeTresmes,
le Duc deNoailles, leDuc de
Charost,leDuc d'Albrer,le
Duc deChaulnes, le Ducde
Vittars le Duc Dantin.m
>• M. de Mesmes, Premier
Président ayant : expliqué les
intentions du Roy, M. Joly
de Fleury, Avocat General
presenta l'Editde Sa Majesté)
qui fut lû: les Chambresas-
-fcn^lpes, l'Arrest d'eregistremcnt
fut ensuite prononcé
suivant lesconclusions duProcureur
Général. u M.leMatéchal deVillars
partis le n- de sa Terre de
Veaux,alla coucherà Troyes,
& le 12.à Langres,d'oùil alla
continuersa route vers Baden.
Le Prince Eugène doit
arriverezmême temps,,&on
croit que dans huit ou dix
jours ils auront terminé tout
ce quiresteàregler-, "i-.
Les Lettres du Camp devant
Barcelonnc du7portent
que le 3. lesAssiegezenleverent
quatreMineursEspagnols
&en tuerentdeux par ia faute
de ceux qui les soutenoient »
& qui s'estoient posté trop
loin. Aprésmidy 400. hommes
sortirent pourenlever les
Mineurs François du Bastion
de la Porte Neuve.,,, & ils firent
marcher devant eux soixante&
dixhommes ;mais ils
furent toustuez par les Grenadiers
,
excepté un qu'ils firent
prifennier. Le 4. on avançaune
partie des Batteries.Le j.milnommesfirent une fol'.
tie du cofté des Capucins,
surprirent une Redoute où à
019liolunm >dom
dix- huit furent tuez;on y accourut
,on les repoussà,&on
entua un grand nombre, sans
autre perte que de deux Soldats
tuez. Le6. une Batterie
de dix Canonstira tout le jour
contre le Bastion de Sainte
Claire. Le 7. quatre autres
Batteries tirèrent de fort prés.
Monsieur Dupuys Vauban
reçut un coup de Mousquet
audessous de l'épaule qui sort
à costé de la mammelle, mais
sans danger parce quil n'y a
aucune fraction,&qu'iln'entre
pas dans la capacité. On
dévoie Ic 11. oule 12. faire
jouer les Mines, & donner
J'assaut pour fc loger sur la
brêchcoà l'on meneradu Canonafinde
ruiner les Retranchements.
Les Barcelonnois firent le
50, répandre un écrit dans la
Catalogne pourexhorter tous
les peuples à les secourir dans
le danger oùils sont, &daller
joindre Armangoll'un de
leurs;Chefs qui tientla Campagne
:plusieurs lieux ont envoyez
cet écrit & les ordres
d'Armangol ànos Généraux;
d'autres l'alloientjoindrevers
Ostalerie ,.' Les
Les Lettres de Londres du
vingt de ce mois portentque
tout y estoitfort tranquille,
ainsi que danstoute la Grande
Bretagne ,
où jusques alors il
n'y avait. pas eu le moindre
mouvementLaRégence continuoit
à donner les ordres, au
dedans & au dehors; elle est
composée des Regents nommezparle
Parlement
,
qui
sont, l'Archevêque de Cantorbery
,
le Duc de Bukinhan
Président duConseil, leGrand
Tresorier,le Chancelier .&
Garde des Sceaux, Pierre le
Lord
,
Chef de Justice particulipr,&
le Comte cieStraf-|
lf'oArtmpirreamuietré.Commissaire de
Le Duc de Hanower en
avoit ajouté dix neufautres
par des Listes écrites de sa
main qu'ilavoit envëez à l'Archevêque
de Cantorbery ,au
Chancelier,&
- au lieur
Creyemberg son Résident.Le
Duc Schresbury que la feuë
Reinedéclarale 10. Grand
Tresorier, prit le2.possession.
de cette Charge, & commença
à en faire lafonction;commelaLoterie
dequatorze cens
; mil livresSterlin nese rem-
,', 4
plissoit pas, les 26. Regents y
ont souscrit pour des grandes
sommes
,
& on croit que le
reste fera bientôt remply par
la Banque Royale
, & par les
Marchands. Le 16. leChancelierfit
au nom des Regents
un Discours aux deux Chambres
du Parlement pour leurs
recommander l'union & la si'.
dclité pour le nouveau Roy
Georges, & il exhorta les
Communes à suppléer aux
Subsides qui cessoient par le
decés de la Reine,ce qu'elles
accordèrent le même jour.
Il y a environ un mois que
quatre ou cinq deMessieurs les
Mousquetaires ayant elleà li
chasse, sur la Terre deChamp
qui appartient à.M. de Bourvallais,
son Concierge alla les
prierde se retirer,a, moins
qu'ils n'eussent permission de
luy de chasser.En ayant elle
averty ,il en porta sa,p1aintc
à M. le Marquis de Vains qui
commande la Compagnie ;
depuis, ayant appris que l'on
avoit, répandu dans le Public
qu'il avoit dit qu'illes avoit
fait dcfarmer ,il a cru devoir
aller à l'Hostel des Mou(quc-I.
taires,lorsque la Compagnie I
fèroit assemblée,certifier que
ces bruits estoient faux, ce
qu'il a fait en termes forthonneftes,#
dônt M.le Marquis de
Vains, Mssieurs les Officiers'
&U Compagnie ont essé tresfetisfaits.
Le premier Dimanche déf
cé moisla Fetic-dc Nostre.
DDaamtneed-edlc.aI Mercy fut solem- 48
c-rcy fol tn«i--
m(ee dans l'Eglisede son Ordre
au Maraisprés l'Hostel dc"
Soubjzc. La grande Messe y
fut chantée en plein-chant&
au goût Italien
,
& Madame
la Princesse de Rohan yrenditkPain-
Bcni qui fut presenté
pourelle par son Aumônier
14 y en eut quatre ornez de
Cierges &de Banderolles, pre-
Cedez desSuisses de sa Maisons
des Timballes, des Trompettes
des Gendarmes de la Garde,
& autres de la Maison du
Roy. Le Sermon fut prononcé
,avant lesVêpres,«par M
l'Abbé le Paige
,
Docteur de
Sorbonne. Il fit connoistre
d'une manière fort éloquente
la grandeur & la qualité de
l'Ordre de la Mercy dans fork
établissement, & sa charité
dans le quatrièmevoeu que ces
Religieux font de rester en
- 'k 1 i
otage pour laredemption des.
Captifs. Les Vespres furent
suivies d'une Procession dont
la magnificence, l'ordre & la
pieté firent une des plus belles
cer1emonbie que leur Eglise ait célébré.
Messire Loüis de Bouchez,
Chevalier
y
Seigneur, Comte
de Montsoreau
,
Marquis de
Souches,& du Belley
,
Baron
d'Abondant, Lieutenant General
des Armées du Roy,
prêtaferment de fidelité entre
les mains du Roy, de la
Charge de Grand Prevost, le
jour de la Feste du Roy, dont
ilest filleul. Ffiiij
Son pere Louis
-
François
de Bouchez exerçât cette.
Charge avec dignité pendant
48. ou 49. ans. Il avoitesté:
reçu en survivance. de cette.
Charge de Jean de Bouchez,.
ayeul de Loüis, qu'il avoit eu.
de Mle Maréchal d'Hoquincourt.
Monsieur le Marquis de.
Lignerac
,
Brigadier des Armées
du Roy, a esté pourveu.
de la Charge de Lieutenant.
General de la Province du..
Haut Auvergne, dont il a prêté
le ferment entre les mains,
de Sa Majesté. Le premier de.
ccmoiil à (Hé aussi pourveu.
de celle de Grand Bailly du
Haut Auvergne
,
doncil doit
p/êter serment auParlement.
-1 la succession de la Couronne
M. le Duc du Maine, &
M. le Comte de Toulouse Se
leurs descendans masses., au
deffaut de tous les Princes du
Sang Royal, & qui ordonne
qu'ils jouiront des mêmes
rangs, honneurs,& préféances
que lesdits Princes duSang,
après tous lesdits Princes) fut
presente le deux de ce mois au
Parlement
,
M. le Duc d'Enguien
,M.le Princede Conty,
M. le Duc du Maine,&M. le
Comte de Toulouse s'estams
rendus au Palais. Les Pairs qui
,sîy trouvèrent, furent L' Archevêque
Duc deReims, l'Evêque
Comte de Noyon, Ecclesiastiques
;le Duc d'I^zés,
ole Dnuc de Sully, le Duc de S. ie Duc dela Force, le
Duc de Rohanle Duc de Luxembourg
,te Ducd'Estrées,
le Duc deGrammont, le Duc
Mazarin ,le DucdeTresmes,
le Duc deNoailles, leDuc de
Charost,leDuc d'Albrer,le
Duc deChaulnes, le Ducde
Vittars le Duc Dantin.m
>• M. de Mesmes, Premier
Président ayant : expliqué les
intentions du Roy, M. Joly
de Fleury, Avocat General
presenta l'Editde Sa Majesté)
qui fut lû: les Chambresas-
-fcn^lpes, l'Arrest d'eregistremcnt
fut ensuite prononcé
suivant lesconclusions duProcureur
Général. u M.leMatéchal deVillars
partis le n- de sa Terre de
Veaux,alla coucherà Troyes,
& le 12.à Langres,d'oùil alla
continuersa route vers Baden.
Le Prince Eugène doit
arriverezmême temps,,&on
croit que dans huit ou dix
jours ils auront terminé tout
ce quiresteàregler-, "i-.
Les Lettres du Camp devant
Barcelonnc du7portent
que le 3. lesAssiegezenleverent
quatreMineursEspagnols
&en tuerentdeux par ia faute
de ceux qui les soutenoient »
& qui s'estoient posté trop
loin. Aprésmidy 400. hommes
sortirent pourenlever les
Mineurs François du Bastion
de la Porte Neuve.,,, & ils firent
marcher devant eux soixante&
dixhommes ;mais ils
furent toustuez par les Grenadiers
,
excepté un qu'ils firent
prifennier. Le 4. on avançaune
partie des Batteries.Le j.milnommesfirent une fol'.
tie du cofté des Capucins,
surprirent une Redoute où à
019liolunm >dom
dix- huit furent tuez;on y accourut
,on les repoussà,&on
entua un grand nombre, sans
autre perte que de deux Soldats
tuez. Le6. une Batterie
de dix Canonstira tout le jour
contre le Bastion de Sainte
Claire. Le 7. quatre autres
Batteries tirèrent de fort prés.
Monsieur Dupuys Vauban
reçut un coup de Mousquet
audessous de l'épaule qui sort
à costé de la mammelle, mais
sans danger parce quil n'y a
aucune fraction,&qu'iln'entre
pas dans la capacité. On
dévoie Ic 11. oule 12. faire
jouer les Mines, & donner
J'assaut pour fc loger sur la
brêchcoà l'on meneradu Canonafinde
ruiner les Retranchements.
Les Barcelonnois firent le
50, répandre un écrit dans la
Catalogne pourexhorter tous
les peuples à les secourir dans
le danger oùils sont, &daller
joindre Armangoll'un de
leurs;Chefs qui tientla Campagne
:plusieurs lieux ont envoyez
cet écrit & les ordres
d'Armangol ànos Généraux;
d'autres l'alloientjoindrevers
Ostalerie ,.' Les
Les Lettres de Londres du
vingt de ce mois portentque
tout y estoitfort tranquille,
ainsi que danstoute la Grande
Bretagne ,
où jusques alors il
n'y avait. pas eu le moindre
mouvementLaRégence continuoit
à donner les ordres, au
dedans & au dehors; elle est
composée des Regents nommezparle
Parlement
,
qui
sont, l'Archevêque de Cantorbery
,
le Duc de Bukinhan
Président duConseil, leGrand
Tresorier,le Chancelier .&
Garde des Sceaux, Pierre le
Lord
,
Chef de Justice particulipr,&
le Comte cieStraf-|
lf'oArtmpirreamuietré.Commissaire de
Le Duc de Hanower en
avoit ajouté dix neufautres
par des Listes écrites de sa
main qu'ilavoit envëez à l'Archevêque
de Cantorbery ,au
Chancelier,&
- au lieur
Creyemberg son Résident.Le
Duc Schresbury que la feuë
Reinedéclarale 10. Grand
Tresorier, prit le2.possession.
de cette Charge, & commença
à en faire lafonction;commelaLoterie
dequatorze cens
; mil livresSterlin nese rem-
,', 4
plissoit pas, les 26. Regents y
ont souscrit pour des grandes
sommes
,
& on croit que le
reste fera bientôt remply par
la Banque Royale
, & par les
Marchands. Le 16. leChancelierfit
au nom des Regents
un Discours aux deux Chambres
du Parlement pour leurs
recommander l'union & la si'.
dclité pour le nouveau Roy
Georges, & il exhorta les
Communes à suppléer aux
Subsides qui cessoient par le
decés de la Reine,ce qu'elles
accordèrent le même jour.
Il y a environ un mois que
quatre ou cinq deMessieurs les
Mousquetaires ayant elleà li
chasse, sur la Terre deChamp
qui appartient à.M. de Bourvallais,
son Concierge alla les
prierde se retirer,a, moins
qu'ils n'eussent permission de
luy de chasser.En ayant elle
averty ,il en porta sa,p1aintc
à M. le Marquis de Vains qui
commande la Compagnie ;
depuis, ayant appris que l'on
avoit, répandu dans le Public
qu'il avoit dit qu'illes avoit
fait dcfarmer ,il a cru devoir
aller à l'Hostel des Mou(quc-I.
taires,lorsque la Compagnie I
fèroit assemblée,certifier que
ces bruits estoient faux, ce
qu'il a fait en termes forthonneftes,#
dônt M.le Marquis de
Vains, Mssieurs les Officiers'
&U Compagnie ont essé tresfetisfaits.
Le premier Dimanche déf
cé moisla Fetic-dc Nostre.
DDaamtneed-edlc.aI Mercy fut solem- 48
c-rcy fol tn«i--
m(ee dans l'Eglisede son Ordre
au Maraisprés l'Hostel dc"
Soubjzc. La grande Messe y
fut chantée en plein-chant&
au goût Italien
,
& Madame
la Princesse de Rohan yrenditkPain-
Bcni qui fut presenté
pourelle par son Aumônier
14 y en eut quatre ornez de
Cierges &de Banderolles, pre-
Cedez desSuisses de sa Maisons
des Timballes, des Trompettes
des Gendarmes de la Garde,
& autres de la Maison du
Roy. Le Sermon fut prononcé
,avant lesVêpres,«par M
l'Abbé le Paige
,
Docteur de
Sorbonne. Il fit connoistre
d'une manière fort éloquente
la grandeur & la qualité de
l'Ordre de la Mercy dans fork
établissement, & sa charité
dans le quatrièmevoeu que ces
Religieux font de rester en
- 'k 1 i
otage pour laredemption des.
Captifs. Les Vespres furent
suivies d'une Procession dont
la magnificence, l'ordre & la
pieté firent une des plus belles
cer1emonbie que leur Eglise ait célébré.
Messire Loüis de Bouchez,
Chevalier
y
Seigneur, Comte
de Montsoreau
,
Marquis de
Souches,& du Belley
,
Baron
d'Abondant, Lieutenant General
des Armées du Roy,
prêtaferment de fidelité entre
les mains du Roy, de la
Charge de Grand Prevost, le
jour de la Feste du Roy, dont
ilest filleul. Ffiiij
Son pere Louis
-
François
de Bouchez exerçât cette.
Charge avec dignité pendant
48. ou 49. ans. Il avoitesté:
reçu en survivance. de cette.
Charge de Jean de Bouchez,.
ayeul de Loüis, qu'il avoit eu.
de Mle Maréchal d'Hoquincourt.
Monsieur le Marquis de.
Lignerac
,
Brigadier des Armées
du Roy, a esté pourveu.
de la Charge de Lieutenant.
General de la Province du..
Haut Auvergne, dont il a prêté
le ferment entre les mains,
de Sa Majesté. Le premier de.
ccmoiil à (Hé aussi pourveu.
de celle de Grand Bailly du
Haut Auvergne
,
doncil doit
p/êter serment auParlement.
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Résumé : Suite des Nouvelles de Paris.
Le texte décrit plusieurs événements politiques et militaires. Le 2 du mois, un édit royal a été présenté au Parlement, désignant le Duc du Maine et le Comte de Toulouse comme successeurs à la couronne, après tous les Princes du Sang. Les pairs présents incluaient l'Archevêque Duc de Reims, le Duc d'Izé, le Duc de Sully, et plusieurs autres. L'édit a été lu et enregistré après les conclusions du Procureur Général. Le Maréchal de Villars a quitté sa terre de Veaux pour se rendre à Baden afin de rencontrer le Prince Eugène et régler des affaires militaires. À Barcelone, les assiégés ont tenté des opérations contre les mineurs français, mais ont subi des pertes. Les Barcelonnois ont également appelé à l'aide dans la Catalogne. À Londres, la Régence continue de fonctionner tranquillement, composée de régents nommés par le Parlement, incluant l'Archevêque de Cantorbery et le Duc de Buckingham. Le Duc de Schresbury a pris possession de la charge de Grand Trésorier. Les régents ont souscrit à une loterie pour lever des fonds. En France, un incident impliquant des Mousquetaires et le Concierge de M. de Bourvallais a été résolu par le Marquis de Vains. Une fête solennelle de l'Ordre de la Mercy a été célébrée à l'église du Marais, avec une messe en plein-chant et un sermon prononcé par l'Abbé le Paige. Enfin, Louis de Bouchez a prêté serment pour la charge de Grand Prévost, succédant à son père. Le Marquis de Lignerac a été nommé Lieutenant Général de la Province du Haut Auvergne et Grand Bailly du Haut Auvergne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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306
p. 356-363
Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy arriva à Versailles le 11. La Cour n'a jamais esté [...]
Mots clefs :
Roi, Duc d'Orléans, Duchesse de Berry, Reine d'Angleterre, Dauphin, Sa Majesté, Fontainebleau, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Le Roy arriva à Versailles
le II. La Cour n'a jamais esté
si grosse que depuis son retour.
Le 14. Sa Majesté donna
Audiance à l'Envoyé de
Holstein Gottorp
,
qui l'eût
'enfujtc de Monseigneur le
Dauphin., de Madame laDucheflede
Berry, de Madame,
de M.le Duc d'Orléans, & de
Madame la DuchessedOrleans
Le même jour Sa Majesté
se rendit à deux heures ÔC
demie à la Chapelle accompagnée
de Madame la Duchesse.
de Berry,de Madame,de M.
le Duc d'Orléans, ils entendirent
les Vespres chantéespar
la Musique. Le 15.leRoy se
rendit aussiàla même heure
à la Chapelle accompagnéde
Madame la Duchesse de Berry;
de M. le Duc d'Orléans, de
tous les Princes & Princesses
duSang, ils entendirent les
Vespres chantées par laMusique
: ensuite on commença la
Procession. Le Roy pendant
la.marche avoit àson costé
droitM.le Cardinal de Rohan
Grand Aumônier,&àsa gauche
M. l'Abbé d'Enttagues
Aumônier, & M.leCardinal
de Polignac. Immédiatement
après le Roy suivoit Madame
la Duchesse de Berry, ayant
d'un côté M. l'Abbé de Castres,
& de l'autre M. l'Abbé
de Rouget ses Aumôniers. Ensuitevenoient
Madame la Duchesse,
Madame la Princesse
de Conty, Mademoiselle àc.
Charolois. Le Roy estoit precedé
de M. le Duc d'Orleans,
qui avoit à ses costez M. l'Abbé
deTrissan & M. l'Abbé
Malet ses Aumôniers. Devant
M.le Ducd'Orléansmarchoit
M. le Duc, M. le Comte de
Charolois.
>
M. le Prince de
Comy,M.le Prince de Dombes,
& M.le Comte d'Eu. Le
17. Madame l'Ambassadrice
d'Hollande prie le Tabouret
pour la premièrefoischezMadame
la Duchesse de Berry
,
ÔC
au souper chez le Roy. Le 17.
onapprit que la Reine d'Angleterre
estoit morte le 12.&
que le Duc d'Hanovre avoit
estéproclaméRoy de laGrande
Bretagne. Le 19 M.le Maréchal
de Villars prit congé du
Roy &assura Sa Majesté qu'il
arriveroit à Bade le 25. Le même
jourlePrevost des Marchands
accompagné des Echevins
presenta le scrutinauRoy;
M. Clement harangua S. M.
ensuiteils allerentchez M. le
Dauphin,chezMadame laDuchesse
de Berry,&: chez Madame.
Le 20. les Ambassadeurs
du Royde Sicile&
d'Hollande eurent Audiance
deMadamelaDuchessedeBerry
qu'ilscomplimentèrent.
Celuy dHollanderemit àcettePrincesse
uneLettredesEtats-
Generaux. Le mesme jourle
General desBarnabites accompagnéde20.
Religieuxde son
Ordre
Ordre eûtaussi Audiance du
Roy,de M. le Dauphin
,
&
de Madame laDuchesse de Berry
,
qui l'a donnée à tous les
Ambassadeurs dans une chambre
tenduë dedrap noir Cette
Princesse alla aprèsl'Audiance
à la Messe
,
&traversa les appartemens
portant une robe
de drap noir de neuf aulnes
de long avec un voile long de
dix aulnes, dont la queuë étoit
portée pat son Porte manteau
& quatre de ses Pages. Le 21.
M. Prior notifia à S. M. la
mort dela Reine d'Angleterre
sa maîtresse ,& luy remit une
Lettre de la Regence. Le 22. lesDeputez des Etats de Languedoc
ayants à leur teste M.
le Duc du Maunte Gouverneur
dela Province & M. le Marquis
de la Vrillesse Secretaire
d'Etatpresenterent le Cahier
auRoy :l'Evesque d'Aletharangua.
Ils allerent ensuite
chez M. te Dauphin,chezMadamela
Duchesse d-cberryc-à"
leCercleestoittrès grand; 8c
oùle meemePrelatharangua.
L'onpeut dire que ce Prelat
futapplaudi de toutela Cour.
L'apresdînée on fit joüer les j
eaux en leur faveur. Le 2.J.-,1
,• :
arrivaunCourrier deBarcelonne,&
le24Roy pritle
deüil pour la Reine d'Angleterre
,& M. le Dauphin parue
cejour-là pourla premierefois
encolo1 nne&avec l1'.épée. Lr -e
25. ily eût un concours infini
de peuple pourvoir S. M. &
voir joüer les eaux Le29 le
Roy partit pourallercoucher
à Petit-Bourg
le II. La Cour n'a jamais esté
si grosse que depuis son retour.
Le 14. Sa Majesté donna
Audiance à l'Envoyé de
Holstein Gottorp
,
qui l'eût
'enfujtc de Monseigneur le
Dauphin., de Madame laDucheflede
Berry, de Madame,
de M.le Duc d'Orléans, & de
Madame la DuchessedOrleans
Le même jour Sa Majesté
se rendit à deux heures ÔC
demie à la Chapelle accompagnée
de Madame la Duchesse.
de Berry,de Madame,de M.
le Duc d'Orléans, ils entendirent
les Vespres chantéespar
la Musique. Le 15.leRoy se
rendit aussiàla même heure
à la Chapelle accompagnéde
Madame la Duchesse de Berry;
de M. le Duc d'Orléans, de
tous les Princes & Princesses
duSang, ils entendirent les
Vespres chantées par laMusique
: ensuite on commença la
Procession. Le Roy pendant
la.marche avoit àson costé
droitM.le Cardinal de Rohan
Grand Aumônier,&àsa gauche
M. l'Abbé d'Enttagues
Aumônier, & M.leCardinal
de Polignac. Immédiatement
après le Roy suivoit Madame
la Duchesse de Berry, ayant
d'un côté M. l'Abbé de Castres,
& de l'autre M. l'Abbé
de Rouget ses Aumôniers. Ensuitevenoient
Madame la Duchesse,
Madame la Princesse
de Conty, Mademoiselle àc.
Charolois. Le Roy estoit precedé
de M. le Duc d'Orleans,
qui avoit à ses costez M. l'Abbé
deTrissan & M. l'Abbé
Malet ses Aumôniers. Devant
M.le Ducd'Orléansmarchoit
M. le Duc, M. le Comte de
Charolois.
>
M. le Prince de
Comy,M.le Prince de Dombes,
& M.le Comte d'Eu. Le
17. Madame l'Ambassadrice
d'Hollande prie le Tabouret
pour la premièrefoischezMadame
la Duchesse de Berry
,
ÔC
au souper chez le Roy. Le 17.
onapprit que la Reine d'Angleterre
estoit morte le 12.&
que le Duc d'Hanovre avoit
estéproclaméRoy de laGrande
Bretagne. Le 19 M.le Maréchal
de Villars prit congé du
Roy &assura Sa Majesté qu'il
arriveroit à Bade le 25. Le même
jourlePrevost des Marchands
accompagné des Echevins
presenta le scrutinauRoy;
M. Clement harangua S. M.
ensuiteils allerentchez M. le
Dauphin,chezMadame laDuchesse
de Berry,&: chez Madame.
Le 20. les Ambassadeurs
du Royde Sicile&
d'Hollande eurent Audiance
deMadamelaDuchessedeBerry
qu'ilscomplimentèrent.
Celuy dHollanderemit àcettePrincesse
uneLettredesEtats-
Generaux. Le mesme jourle
General desBarnabites accompagnéde20.
Religieuxde son
Ordre
Ordre eûtaussi Audiance du
Roy,de M. le Dauphin
,
&
de Madame laDuchesse de Berry
,
qui l'a donnée à tous les
Ambassadeurs dans une chambre
tenduë dedrap noir Cette
Princesse alla aprèsl'Audiance
à la Messe
,
&traversa les appartemens
portant une robe
de drap noir de neuf aulnes
de long avec un voile long de
dix aulnes, dont la queuë étoit
portée pat son Porte manteau
& quatre de ses Pages. Le 21.
M. Prior notifia à S. M. la
mort dela Reine d'Angleterre
sa maîtresse ,& luy remit une
Lettre de la Regence. Le 22. lesDeputez des Etats de Languedoc
ayants à leur teste M.
le Duc du Maunte Gouverneur
dela Province & M. le Marquis
de la Vrillesse Secretaire
d'Etatpresenterent le Cahier
auRoy :l'Evesque d'Aletharangua.
Ils allerent ensuite
chez M. te Dauphin,chezMadamela
Duchesse d-cberryc-à"
leCercleestoittrès grand; 8c
oùle meemePrelatharangua.
L'onpeut dire que ce Prelat
futapplaudi de toutela Cour.
L'apresdînée on fit joüer les j
eaux en leur faveur. Le 2.J.-,1
,• :
arrivaunCourrier deBarcelonne,&
le24Roy pritle
deüil pour la Reine d'Angleterre
,& M. le Dauphin parue
cejour-là pourla premierefois
encolo1 nne&avec l1'.épée. Lr -e
25. ily eût un concours infini
de peuple pourvoir S. M. &
voir joüer les eaux Le29 le
Roy partit pourallercoucher
à Petit-Bourg
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Résumé : Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Le roi arriva à Versailles le 11 mai. La cour était particulièrement nombreuse. Le 14, il reçut l'envoyé de Holstein Gottorp et assista aux vêpres avec des membres de la famille royale. Le 15, il se rendit à la chapelle avec la duchesse de Berry, le duc d'Orléans et d'autres princes. Le 17, l'ambassadrice d'Hollande demanda le tabouret pour la duchesse de Berry et la mort de la reine d'Angleterre fut annoncée, ainsi que la proclamation du duc d'Hanovre comme roi de Grande-Bretagne. Le 19, le maréchal de Villars prit congé pour se rendre à Bade. Le 20, les ambassadeurs du roi de Sicile et d'Hollande eurent audience avec la duchesse de Berry. Le 21, la mort de la reine d'Angleterre fut notifiée au roi. Le 22, les députés des États de Languedoc présentèrent leur cahier au roi. Le 24, le roi prit le deuil pour la reine d'Angleterre et le dauphin apparut en col blanc et avec l'épée. Le 25, une grande foule se rassembla pour voir le roi et les jeux d'eau. Le 29, le roi partit pour coucher à Petit-Bourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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307
p. 1-18
REMARQUES sur la Réponse qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier à la question : Si les Chartes qui ne sont point dattées, mais munies de Sceaux de personnes illustres, dont le temps n'est pas douteux, peuvent passer pour certaines & autentiques.
Début :
RÉPONSE. L'On est d'avis que l'on y doit [...]
Mots clefs :
Chartes, Abbaye, Règne, Roi, Histoire, Saint-Germain, Incarnation, Charte, Date
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texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur la Réponse qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier à la question : Si les Chartes qui ne sont point dattées, mais munies de Sceaux de personnes illustres, dont le temps n'est pas douteux, peuvent passer pour certaines & autentiques.
REMARQUES' sur la Réponse qui a .
paru dans le Mercure du mois de No»
vemb're dernier à la question : Si les
Chartes qui ». font point dattées , mais
munies de Sceaux dé personnes illustres,
dont le temps n est pas douteux , pe «-
vent pajfcr pour certaines & autcntiquest
RE'PONS E.
JSppS^jl.'O» est d'avis que l'on y doit
P Ijjifj "lQ"Kr T°y , ©- qu'elles peuvent
|Éjg|gg| [ preuve qu'une choje est an.
Ay Cet
i MERCURE DE FRANCE
Cet avis , quoique bon en lui-même
est cependant trop vague , & trop gene
rai , les raisons fur leíquelles il est fondé
supposent le faux , &c l'on ne croit pas
qu'elles soient jamais admises par ceux
qui font un peu versez dans la connoisfance
des Chartes.
Il y a un certain milieu à garder en tou
tes choses. C'est un excès causé par l'igno
rance de l'Histoire Diplomatique , & des
coutumes des siecle? paslèz , de rejetter
abíolument toutes les Chartes qui manq
ent de dattes , de signatures ou de
sceaux ; & c'en est un autre de les admet
tre trop facilement- L'Auteur de la Ré
ponse > est tombé dans celui.ci , qui est
bien le moindre ; 8c M s de la Justice
tombent tous les jours dans l'autre , Se
en même temps condamnent' de faux des .
pieces , lesquelles avec les conditions
Îiu'ils exigent seroient entierement fauses
aux yeux des connoisteurs. Cette
erreur vient de ce qu'ils croyent que les
anciennes Chartes ne peuvent être bon
nes fans les formalitez des Actes d'au
jourd'hui , & qu'elles dévoient être dres
sées dans les siecles paísez comme elles
le fuit depuis un certain temps.
Il falloit donc distinguer les lieux, les.
temps, &: les personnes ; car íuivant ces. i
trois différents rapports il y a des Char
tes
JANVIER 1724. 3
tes fans dacte , auxquelles on peut, &
(on doic ajouter foy , & d'autres qui n'en
meritent aucune. Or l'on peut connoître
à peu près le temps d'une Charte
fins datte , par l'écriture , & par les per
sonnes qui y sont nommées. Pour les
lieux ils y sont presque toujours mar
quez.
Chez les Romains tout Acte étoit nul
lorsqu'il n'étoit point datté du jour &
du Coníulat , abfine die & Consule , &
par les Loix des Àllemans , {a) il étoit
défendu d'avoir égard à aucune Charte
qui n'étoit pas dattée du jour & de l'an.
C'est ce qui fait qu'on ne trouve qu'une
feule de leurs Chartes qui n'ait point de
datte : c'est la 55 .- dans Goldast. Ainsi
les Chartes faites dans les lieux où les
Loix Romaines , &ç celles des Allemans
étoient observées doivent être dattées ,
autrement il y a grande apparence qu'el
les sont fau fies.
Il n'en est pas de même de celles des
François & des Germains , on en trou
ve beaucoup fans aucune datte. (b) Ferard
en a raporté un grand nombre des
Ducs de Bourgogne , & même de quel
ques Evêques , 8c l'on env voit beaucoup
(a) Leges Aìamann. cap. 42. .
b) Pcrard , pag. r?*. tu, ait. *M. &
vantes.
A vj de
4 MERCURE DE FRANCE.
de pareilles dans les traditions de l'Ab
baye de Fulde.
Mais il faut faire attention que cet
uíàge ne s'est introduit que vers le 10e
siecle , & qu'il a fini dans le 13e & cela
principalement dans les Chartes: des
Seigneurs & des autres particuliers; car
pour celles des Rois il est très.rare (a)
d'en trouver íàns datte , au moins dans
les siecles dont nous venons de parler ,
excepté celles qui étoient de peu de con
sequence, & qui devoient être execu
tées fur le champ. Encore y marquoit.on
le plus souvent le mois , & même le
jour du mois. Il est vrai que les Char
tes des Rois de la premiere race n'ont
quelquefois pour toute datte que leur
nom , où les années de leur Regne. Il y
en a deux de cette premiere sorte dans le
supplement de la Diplom. p. 92. L'une
est de Clothaire IL & l'autre de Dagobert
I. & deux autres dans la nouvelle
Histoire de l'Abbaye de S. Germain ; (b)
sçavoir le Testament de Dagobert qui
n'a. ni datte, ni signature, &.une Charte
de Thierry IL
Au reste , il est aisé de distinguer les
Chartes des Rois Merovingiens de celles
(«.! Mabillon. Diplom. p. in.
(í) Histoire de l'Abbaye de S.. Germain , .
pieces juuir. p. 4, & suivantes.
des
JANVIER 1714/ f
des autres qui les ont suivis , & même
celles des particuliers de leur temps, de
celles des temps posterieurs ; car on ob
serva preíque toujours de leur temps
cette formule , datum qnod fecit menfìs
N. dies N_4»#o N. Regis nostri , cowïendio
in dei nomine feliciter. Ou bien
iatum fub die v. Kal. &c. ou enfin fait*
.ejjio fub die &c. Mais la premiere sornule
étoit plus commune aux Rois , &
a derniere aux particuliers. Cette soriule
varia dès les commencemens de la
euxiéme race ,. & du Regne même de
'epin. Au lieu de. regni nostri , on mit
°gni Domini , Sec. k la troisième persons
, Se au datum ou data ,.. &c On ajouta
1nm, &c. Il y eut ensuite bien d'autres
îangemens juiqu'à Charles le Gros qui
ajouta l'année de l'Incarnation. Os
:rroit peut.être ici avec plaisir toutes
s differentes formules des dattes & des
nelusions des Chartes des Rois, & des
rtkuliers juíqu'à nos jours ; mais ce
oit trop s'écarter, & ce peut être le
et d'une Diísertation particuliere , en
endant on renvoye à la Diplomatie
e , où l'on trouvera íuffisamment de
ai se satisfaire.
Il n'y a donc presque eu que les par.
jliers , quelques Comtes , Ducs , &
êques qui ayent manqué de mettre
une
4 MERCURE DE FRANCE.
line datce à leurs Chartes.' Il s'en voit
tìn grand nombre dans le Yrésor. des
Anecd. dans la nouvelle édition des Di
plômes d'Aub. le Mire, &fen particu
lier parmi les pieces justificatives de
l'Histoire de l'Abbaye de S. Germain,
entre autres une de la Comtesse Eve fans
datte, ni signature, laquelle a été don
née vers l'an 849. Cependant ce non
usage n'étoit pas absolument universel ,
même dans l'onzième &c douzième siecle,
puiíque l'on en voit plusieurs avec le
mois 8e le regne du Roy, d'autres avec
l'année du regne fans mois ni jour, &
d'autres enfin avec, regnante DominoNpomifiâante
NV Comite N. fans en mar
quer les années.
Il y a une chose qui peut servir à
donner quelque ordre à cette diversité si
confuse. C'est qu'il ne paroît dans ces
deux siecles prelqu'aucun Acte fans datte
que ceux que l'on appelle notices , &
qui commencent par ces mots , noti
fia , notum fit , noveritis notifico , 8c
les Statuts Sc decrets des Abbez, des
Evêques , ou de leurs Chapitrest On en
trouve beaucoup dans l'Histoire de Saint
Germain, & pas une n'est dattée avant
l'an 1191. peut.être que ceci n'étoit
particulier qu'à la France , puisque pa-
«eils Actes faits dans la Belgique (ont
presque
JANVIER 1714. 7
preíque tous dattez , au moins ceux qui'
font raportez dans la nouvelle -édition/
d'Aubert le Mire*
Quant aux Diplômes de nos Rois il.
y en a plusieurs, principalement depuis'
le commencement de l'xi. siecle juíqu'à
la fin du 13e qui font dattez de l'année
de l'Incarnation , íâns mois , ni jour ; Se
d'autres avec le mois íans lejour. Tels.
íònt entre autres deux de Philippe Au
guste, raportez dans Perard , page 340..
mais l'on n'en trouve aucun fans quel
que marque chronologique.
Devant le regne de Charles le Gros
les Chartes des particuliers íe dattoient eiv
Italie du regne de l'Empereur, du Roy,
du Comte , Se en même temps de l'indiction.
Sous íon regne on commença à y
ajouter l'année de l'Incarnation , princi
palement en Allemagne ; (a) ainsi qu'il
paroît dans lesTrad. de Fulde, page 509..
où il y a une Charte dattée de l'an
783/ & deux autres de 800. & 802..
Mais ce ne íònt pas encore les premieres
que l'on ait dattées de l'an de i'Jncarna.
tion, puisque le continuateur du Reciieil/
des Diplômes d'Aubert Ie Mire raporte s.
page 1 1 2Ó. deux Chartes de Pépin le
Gros dit d'Heristel , dattées de l'an 687.
(a) Mabìl. Diplom. p..
S MERCURE DE FRANCE:
Se <?$> i. de l'Incarnation indict, 4e Le 5;
de sa Principauté , &c.
Il y a cependant beaucoup lieu de ne
íè pas trop fier à ces deux .Chartes pour
plusieurs raisons qui ne sont pas de nôtre
ïùjet , du. moins pour les dattes qui pourroient
y; avoir été ajoutées après coup.
En voilà aílez pour donner une idée
des Chartes .dattées , & non dattées, &
de celles qui ne le font , pour ainsi dire ,
qu'à demi. On voit par là quand elles
peuvent faire foy , étant íàns datte , &
qui étoient les personnes qui negligeoient
de les marquer, Examinons à present les.
raisons fur leíquelles l'Auteur de la Ré^.
ponse fonde sa décision-
Suite de la Réponse. .
Car la Charte , quoique faite pour la. '
même fin , n'approchoit cependant pas de
ce que nous nommons aujourd'hui un ASte,
en ne s'en est servi que tant qu'il n'y
Ai/oit point , ou très .peu de Notaires , &c.
Premierement tout ceci ne dit rien , &
ne regarde pas la question proposée , il
s'agit des Chartes non dattées , & non
pas de celles qui n'a voient ppint de si
gnature.
Secondement, on ne voit pas pour
quelle raison l' Auteur de la Réponse
met
J A N VIE t' Vit f
met la Charte tout au.dessous de l'Acte
de Notaire. U est vrai qu'on n'y obfèr-
Voit' pas les formalitez d'aujourd'hui ;
mais celles dont on se servoit ne la
rendoient pas moins , pour ne pas dire
plus authentique que les Actes de No
taires. S'il s'agit des Chartes de nos Rois>
c'étaient leurs Referendaires ou Chan
celiers qui en étaient les Notaires j fous
la premiere race les Princes les lìgnoient
preíque toujours., £c on y appofoit le
cachet de leurs anneaux , & eníuite leur«
sceaux ; lôus ceux de la deuxième. Le
Prince les íìgnoit de son Monogramme ,
& en generai on peut dire qu'ils n'accordoient
, Se ne faiioient presque point ex
pedier des privileges que lorsqu'ils
tenoient leurs cours plenieres, ou ea
presence des Grands Officiers de la Cou
ronne, leíquels sont toujours nommez ,
Sc signent dans les Chartes des Rois de'
la troisième race , depuis Louis le Gros.
(a) D'où vient cette formule observée'
dans. la fuite , Aílum Parifiis , &c. astan~
tïbus in Palatio nostr'o quorum nominafubtitulata
futit & signa. Signum N. Da.
piferi S. N. Const-abulariï Baftculario
nullo S. N. Camerarii data per manum
lí. Cancellarii , ou vacante cancellaria.
S'il s'agit des Chartes des particuliers,'
(«) Mabil. Diplom..p. 104..
outíe.'
lé MERCURE DÉ fRANCÊ.-
Outre qu'elles étoient preíque toujours
écrites par des Notaires , leíquels quoique
íàns privilege exclusif étoient veriblement,'
8c pas leúf profeísion hommes3
publics elles étoient ordinairement don*
nées , relues 8c signées dans des assem
blées publiques , In mallo publico. In gtr
nerali placito. In convensu Nobiliwn, &C
(a) Le Seigneur les faiseít publier de
vant íes pairs , Se devant ses Vassaux quï
étoient obligez d'être fa caution y il étoit'-
reciproquement la leur ; mais d'une au
tre maniere , ne s'engageanc seulement
qu'à les contraindre d'executer leurs
conventions , 8c les autres- , obligeant
pour leur ^Seigneur , 8c leurs corps &
leurs biens. Ç'est.là cette servitude dont
il est. parlé dans íes Chartes.
Troisièmement y les Notaires publics
étoient bien plus anciens & bien plus.
communs que l'Auteur ne l'a crû ; car
outre qu'il en est parlé dans les Loix des
Ripuaires fous le nom de Chanceliers^
dans les Chartes de Childebert , & de
S. Germain., Evêque de Paris (c) pour
l'Abbaye de son nom; Charlemagne dans
le j. Capitulaire de l'an 8oj. ordonne,
(») Bouilíard , Histoire de l'Abbaye de Saint
Germain , pieces justificatives , page 7. ' .
(b) Ad fidejujfores tollendos.
\c) Histoire de S. Germain, pages i. & *.
ut
"I A N V í Ê tí tfn. fi
.Ht mijfì nostri scabînios Advocatos yNotariosperfîngiila
loca éligant s tkc. Depuis
ce temps ilj y en a toujours eu,& en
aísez grand nombre y les Evêqtìes, les
Abbez 8c ks Seigneurs avoient ordinai
rement leurs Notaires , ou Chanceliers
qui servoient pour tous leurs Vaslàux ,
car il ne leur étoit pas permis de faire
des Chartes , c'est ce qui fait qde celles
áusquelles ils sont interessez soit pour
vente ou donation aux Eglises , sont tou.*
jfours au nom du Seigneur y qui donne ?
ou qui vend comme proprietaire , après.
avoir marqué qu'un tel ion Vassal, refîgnavit
in manus suas , &c.
Ainsi les Chartes ne se faisoient point
par le premier venu > comme l'Auteut
l'insinuë , mais par des Chanceliers oit
Notaires qui étoient publics. Et ces Offi
ces étoient exercez communément paf
des Clercs , ou des Moines q»i étoient
les moins ignorans de ces temps.là , Si
qui servoient en même temps de Cha
pelains à ces Seigneurs.
Il étoit si necessaire pour k validité
des Chartes qu'elles fuisent écrites par'
des personnes , dont le nom & l'écris
ture fu/sent si connues , qu'elles fuisent
Censées personnes publiques que le Pape
' Innocent II í. (a) regarde comme nut
1*1 Innoc.III. liw í. Epist- 3 f
a Mercure de francs.
«n privilege de l'Empereur Henry , quia
nec erat publica manu conseílmn j nef
figillum habzbat ambenticum.
Suite de la Réponse.'
Lu negligence avoit tellement pris le
dessus , que les personnes de la. premiere
difiinclion ne /pavoient pas assez, bien
écrire poursigner leur nom , ce qui a dvn*
né lieu aux sceaux , &c'
Ce n'est point à l'ignorance d'écrire
oU de signer que l'on doit l'usage d'ap
poser des sceaux, Se des cachets fur les
titres. Cet uíage est de l'antiquité la plus
íçculée; Lorsque Pharaon donna à Jo
seph le Gouvernement dé l?Egypte , (a)
tulit a-nnulum de- manu- sua & dedit eum
in manu cjus.. Les Lettres d'Assuerus ,.
Roy des Perses & des Medes , accordées'
à Esther en faveur des Juifs, (bj; anftulo
ipfius obsignata funt & mijst per
veredarios ,-Sc.c. Lefc Romains s'en fer-'
voient aussi , ainsi que les Historiens, &
les cabinets des curieux qui en íorit rem
plis en font foy. Et nos premiers Rois',
dont il s'agit ici plus particulierement
ont eu des cachets , aufquels les sceaux
ont succedé. On garde encore dans le
(a) Genes. 41.
(*} E/lhexé c l' "
cabinet^
î A.NViER 1714. 13
cabinet du Roy l'Aneau de Childeric,
pexc du grand Clo.vis. Mais .ce qui fait
voir que ce n'est point pour íuppléer à
la íignature (a) qu'on s'est mis a ícelei
les titres ; c'est que les Chartes ictus la
premiere race de nos Rois , sont preíque
toutes ignées &c sce.léçs. -Et non.íèuler
ment .celles de nos Rois , mais encore
çelles des Evêques & des Seigneurs par*;
ticuliers.
Il est vrai qu'il y a un temps & de»
lieux toìi les sceaux suppleoient aux si
gnatures i mais l'uíàge de signer & d?
sceller en même temps était bien plu?
ancien. C'est ce qui paroît certain parle
témoignage de Gregoire .de Tours qui
dit {&) que Mummole envoyé par le
Roy Theodebert vers l'Empereur Justir
nien , étant à l'extrémité fit faire son
(a) Von peut ajouter que les sceaux supfleoient
encore moins aux dattes, & que
Auteur de la Lettre écrite d Evreux dans le
Mercure d'XDcìpbre 1713. quoique bien mieux
au fait des Chartes que celui.ci , n'y a pas fait
allez d'attention , lorsqu'il a avance que dans
l'onzième & douzième siecles , il n'y avoït sas
une Charte qui n'eut son sceau , &c. il est
pourra voir un grand nombre fans dattes &
fans sceau dans les Recueils des Chartes ; 8ç
en particulier dans les pieces justificatives dé
la nouvelle Histoire de l'Abbaye de Saint
î.Germain. '
(b) Greg. Tftrpn. de Gltr.MarU lib. 1. cxti
teftar.
f 4 MERCURE DE FRANCE,
íestament., & le fit munir de signatures
.& de íceaux- Fecit testamentum fuum sertht
, munitum fubfcriptionibus ac figillis ,
&Cz. Dans le siecle suivant Berthramn ,
Evêque du Mans fit mettre siir son testa
ment les signatures., 8c les sceaux de íépt
personnes illustres. Septem virorum honestorum
fubscriptionibus & figillis.
Charlemagne signe & scelle la Charte
{a) pour l'Abbaye de S. Germain , manu
nostra fubfcriptionis fabter decrevimus robarare
, & de amuio nofiro fubter figillare.
Chez les Anglois même les íèeaux , quoi
que communs à tout le monde, au moins
depuis Guillaume le Conquerant , ne tenoient
pas lieu de signatures , mais bien
de Tabellions qui n'y étoient pas en usa
ge loríque ce Prince conquit l'Angle
terre ; cfKoHiam Tabellionum ttfus ( dit
(b) Matthieu Paris ) in eo regno non httbebamr.
Cependant il faut convenir que
depuis Gregoire de Tours jusqu'à l'oneiéme
siecle , il se trouve bien des Char
tes des Rois , d'Evêques & de Seigneurs
qui n'ont aucunes marques de cachets ,
ni de sceaux. Or la veritable marque
qu'une Charte ait été scellée , n'est pas
qu'il y ait des trous, par lefquelj leî
(a) Boiiillard. Hist. de l'Abbaye de S. Ger
main, p. u,
(i) Math. ïarìs. ad an, 1237.
lac»
JANVIER 1714. ts
|acs ou cordons du sceau auroient été
pastez , ou quelques restes de cire appli
quée dessus ; mais c'est loríqu'il est énon.
jcé dans l'Acte qu'elle* été ícellée. Car
sans cela les sceaux íèroienc une preuyg
de fausseté.
Suite de la Réponse.
L'on se servoit dans le même temps des
ghartes parties ou coupées , c'est.à.dire
qu'après avoir fait une Charte , on la
fioupoit en pieces , dont chaque contrac
tant en prenoit une pour la representer lors
de l'execution des conventions , Sec.
Ceci est dit d'une maniere si décisive,
-qu'on croiroit que tout cela est vrai , &
que l'Auteur a vu de ces Cljarces parties ;
jnais il permettra que l'on assure qu'il
n'en connoît que le nom , & qu'on n'a
jamais coupé en pieces Jes Chartes com
me il s'imagine.'
Les Chartes parties ou coupées tirent
leur origine des Chartes appellées dans
les formules (a) de Marculfe Chant pa~
rida & paricuU , parce que c'étoient des
doubles copies d'un même acte fait entre
deujç parties égales inter pares , ou plutft
parce qu'elles étoient de pareille for
me, grandeur & écriture. A ces Char-
(a) Marculfi formuis. , lib* z.
tes
itf MERCURE DE FRANCE.
tes succederent les Chartes parties ow
.coupées , autrement Chartes endentées,
Charte indentatA , ou idetitat* , que l'on
appella dans les H. 11. Se 1.3 e. siecles
Chkographes ou CirographeS. C!étpient
auflì deux copies d'un même acte écrites
fur une même peau , & de même ma
niere, entre lesquels on .écrjvoit en
grands caracteres une ligne , qui ne contenoit
Jbuvent qu'une partie des Lettres
de l'Alphabet , quelquefois une Sentent
ce, 6c quelquefois le .nom du principal
des contractons $ & l'on separoitees deux
copies, en coupant la peau par le mi
lieu Se .le long de ces caracteres. A peu
pïès de la même maniere que l'on faiíòit
les premiers billets de banque , ait.
tpur desquels, on voyoit une partie de
pluíieurs traits entrelacez.
' Ces fortes de Chartes n'etoient gneres
;cn usage que pour les échanges , transac
tions Se accords entre deux ou plusieurs
Í>arties , Se l'on y marquoit la datte .de
a maniere qu'on avoit coutume de la
marquer dans le temps , Se les lieux où
elles éto.ient dressées. Lorsqu'il y avoit
plus que deux parties interessées au mê
me Acte , ôc que l'on étoit obligé d'en
faire trois ou quatre copies , on les écr re
voit en même temps fur la même peau ,
6c l'on écriyoitfcendeflture fur les lignes,
par
des jugemjenst aes iianrdcriox
B
.par lesquelles on les devoit separer.
i'Auteur de la Réponse , qui íâns
doute n'en a jamais vu íera bien aiíê d'en
voir ici une., & il y a lieu d'eiperer
qu'elle fera plaisir au.public., parce qu'el
les font aflez rares ; on l'a réduite de
grande en petite , & l'on n'en a fait co
pier que le commencement 8c la fin, ce
qui suffira pour en donner une idée , &
pour faire voir à 1J Auteur que. l'on dattoit
ces Chartes , .& que chaque partie
étoit une copie entiere du même Acte.
Cette piece dont l'original est dans les
Archives de l'Abbaye de Saint Bertin, a
pour endenture , ces mots DROGO
TARWANENSIS EPS. & c'est un
accord fait entre cet Evêque & l'Abbé
4e S. Bertin en l'année 1040.
.Suite de la Réponse.
D'ailleurs le sujet dont on composé ît la
Charte ne rouloit pour l'ordinaire que fur
des conventions qui n a voient sas besoin
d'un temps fixé , &c.
On íçait quels sent les íujets des
Chartes, c'étoientdes privileges accor
dez aux Villes, aux Eglises, &aux par
ticuliers par les Souverains, des dona
tions faites paf eux, ou par les Seigneurs,
des jugemens, des transactions , des
B baux
tt MERCURE DE FRANCE.
baux à ferme , &c. Voilà le sujet dont on
oompoíoit les Chartes. Or )e demaïde
/il ne rouloit c/ue Jur dus conventions cjui
n'avaient pas b"foin d'un temps fivé} La
chose est si claire qu' .1 íuffit d'y faire
faire attention. Nqus en avons dit aslez
pour faire voir que l'on .ne doit pas
ajouter foy indifferemment aux Chartes
non dattées , pour marquer en quel
temps , & quels lieux on les dattoit,
Se on ne les dattoit pas pour mon
trer l'antiquité desjsigriatjures., des sceaux
& des Notaires , Se pour .expliquer ce
que c'étoit que les Chartes parties. Nous
esperons que l'Auteur ne trouvera pas
mauvais que l'on ait un peu éclairci cette
matiere , & que l'on ne se íôit pas ren
contré de iòn sentiment.
Nous croyons que le public éclairé pen
sera comme nom furie merite de cette pier
Ce, il seroit a souhaiter cjjipn nous en
envoyât souvent de semblables : la Repu
blique des Lettres , & nôtre Journal en
particulier y gagneroient infiniment?
paru dans le Mercure du mois de No»
vemb're dernier à la question : Si les
Chartes qui ». font point dattées , mais
munies de Sceaux dé personnes illustres,
dont le temps n est pas douteux , pe «-
vent pajfcr pour certaines & autcntiquest
RE'PONS E.
JSppS^jl.'O» est d'avis que l'on y doit
P Ijjifj "lQ"Kr T°y , ©- qu'elles peuvent
|Éjg|gg| [ preuve qu'une choje est an.
Ay Cet
i MERCURE DE FRANCE
Cet avis , quoique bon en lui-même
est cependant trop vague , & trop gene
rai , les raisons fur leíquelles il est fondé
supposent le faux , &c l'on ne croit pas
qu'elles soient jamais admises par ceux
qui font un peu versez dans la connoisfance
des Chartes.
Il y a un certain milieu à garder en tou
tes choses. C'est un excès causé par l'igno
rance de l'Histoire Diplomatique , & des
coutumes des siecle? paslèz , de rejetter
abíolument toutes les Chartes qui manq
ent de dattes , de signatures ou de
sceaux ; & c'en est un autre de les admet
tre trop facilement- L'Auteur de la Ré
ponse > est tombé dans celui.ci , qui est
bien le moindre ; 8c M s de la Justice
tombent tous les jours dans l'autre , Se
en même temps condamnent' de faux des .
pieces , lesquelles avec les conditions
Îiu'ils exigent seroient entierement fauses
aux yeux des connoisteurs. Cette
erreur vient de ce qu'ils croyent que les
anciennes Chartes ne peuvent être bon
nes fans les formalitez des Actes d'au
jourd'hui , & qu'elles dévoient être dres
sées dans les siecles paísez comme elles
le fuit depuis un certain temps.
Il falloit donc distinguer les lieux, les.
temps, &: les personnes ; car íuivant ces. i
trois différents rapports il y a des Char
tes
JANVIER 1724. 3
tes fans dacte , auxquelles on peut, &
(on doic ajouter foy , & d'autres qui n'en
meritent aucune. Or l'on peut connoître
à peu près le temps d'une Charte
fins datte , par l'écriture , & par les per
sonnes qui y sont nommées. Pour les
lieux ils y sont presque toujours mar
quez.
Chez les Romains tout Acte étoit nul
lorsqu'il n'étoit point datté du jour &
du Coníulat , abfine die & Consule , &
par les Loix des Àllemans , {a) il étoit
défendu d'avoir égard à aucune Charte
qui n'étoit pas dattée du jour & de l'an.
C'est ce qui fait qu'on ne trouve qu'une
feule de leurs Chartes qui n'ait point de
datte : c'est la 55 .- dans Goldast. Ainsi
les Chartes faites dans les lieux où les
Loix Romaines , &ç celles des Allemans
étoient observées doivent être dattées ,
autrement il y a grande apparence qu'el
les sont fau fies.
Il n'en est pas de même de celles des
François & des Germains , on en trou
ve beaucoup fans aucune datte. (b) Ferard
en a raporté un grand nombre des
Ducs de Bourgogne , & même de quel
ques Evêques , 8c l'on env voit beaucoup
(a) Leges Aìamann. cap. 42. .
b) Pcrard , pag. r?*. tu, ait. *M. &
vantes.
A vj de
4 MERCURE DE FRANCE.
de pareilles dans les traditions de l'Ab
baye de Fulde.
Mais il faut faire attention que cet
uíàge ne s'est introduit que vers le 10e
siecle , & qu'il a fini dans le 13e & cela
principalement dans les Chartes: des
Seigneurs & des autres particuliers; car
pour celles des Rois il est très.rare (a)
d'en trouver íàns datte , au moins dans
les siecles dont nous venons de parler ,
excepté celles qui étoient de peu de con
sequence, & qui devoient être execu
tées fur le champ. Encore y marquoit.on
le plus souvent le mois , & même le
jour du mois. Il est vrai que les Char
tes des Rois de la premiere race n'ont
quelquefois pour toute datte que leur
nom , où les années de leur Regne. Il y
en a deux de cette premiere sorte dans le
supplement de la Diplom. p. 92. L'une
est de Clothaire IL & l'autre de Dagobert
I. & deux autres dans la nouvelle
Histoire de l'Abbaye de S. Germain ; (b)
sçavoir le Testament de Dagobert qui
n'a. ni datte, ni signature, &.une Charte
de Thierry IL
Au reste , il est aisé de distinguer les
Chartes des Rois Merovingiens de celles
(«.! Mabillon. Diplom. p. in.
(í) Histoire de l'Abbaye de S.. Germain , .
pieces juuir. p. 4, & suivantes.
des
JANVIER 1714/ f
des autres qui les ont suivis , & même
celles des particuliers de leur temps, de
celles des temps posterieurs ; car on ob
serva preíque toujours de leur temps
cette formule , datum qnod fecit menfìs
N. dies N_4»#o N. Regis nostri , cowïendio
in dei nomine feliciter. Ou bien
iatum fub die v. Kal. &c. ou enfin fait*
.ejjio fub die &c. Mais la premiere sornule
étoit plus commune aux Rois , &
a derniere aux particuliers. Cette soriule
varia dès les commencemens de la
euxiéme race ,. & du Regne même de
'epin. Au lieu de. regni nostri , on mit
°gni Domini , Sec. k la troisième persons
, Se au datum ou data ,.. &c On ajouta
1nm, &c. Il y eut ensuite bien d'autres
îangemens juiqu'à Charles le Gros qui
ajouta l'année de l'Incarnation. Os
:rroit peut.être ici avec plaisir toutes
s differentes formules des dattes & des
nelusions des Chartes des Rois, & des
rtkuliers juíqu'à nos jours ; mais ce
oit trop s'écarter, & ce peut être le
et d'une Diísertation particuliere , en
endant on renvoye à la Diplomatie
e , où l'on trouvera íuffisamment de
ai se satisfaire.
Il n'y a donc presque eu que les par.
jliers , quelques Comtes , Ducs , &
êques qui ayent manqué de mettre
une
4 MERCURE DE FRANCE.
line datce à leurs Chartes.' Il s'en voit
tìn grand nombre dans le Yrésor. des
Anecd. dans la nouvelle édition des Di
plômes d'Aub. le Mire, &fen particu
lier parmi les pieces justificatives de
l'Histoire de l'Abbaye de S. Germain,
entre autres une de la Comtesse Eve fans
datte, ni signature, laquelle a été don
née vers l'an 849. Cependant ce non
usage n'étoit pas absolument universel ,
même dans l'onzième &c douzième siecle,
puiíque l'on en voit plusieurs avec le
mois 8e le regne du Roy, d'autres avec
l'année du regne fans mois ni jour, &
d'autres enfin avec, regnante DominoNpomifiâante
NV Comite N. fans en mar
quer les années.
Il y a une chose qui peut servir à
donner quelque ordre à cette diversité si
confuse. C'est qu'il ne paroît dans ces
deux siecles prelqu'aucun Acte fans datte
que ceux que l'on appelle notices , &
qui commencent par ces mots , noti
fia , notum fit , noveritis notifico , 8c
les Statuts Sc decrets des Abbez, des
Evêques , ou de leurs Chapitrest On en
trouve beaucoup dans l'Histoire de Saint
Germain, & pas une n'est dattée avant
l'an 1191. peut.être que ceci n'étoit
particulier qu'à la France , puisque pa-
«eils Actes faits dans la Belgique (ont
presque
JANVIER 1714. 7
preíque tous dattez , au moins ceux qui'
font raportez dans la nouvelle -édition/
d'Aubert le Mire*
Quant aux Diplômes de nos Rois il.
y en a plusieurs, principalement depuis'
le commencement de l'xi. siecle juíqu'à
la fin du 13e qui font dattez de l'année
de l'Incarnation , íâns mois , ni jour ; Se
d'autres avec le mois íans lejour. Tels.
íònt entre autres deux de Philippe Au
guste, raportez dans Perard , page 340..
mais l'on n'en trouve aucun fans quel
que marque chronologique.
Devant le regne de Charles le Gros
les Chartes des particuliers íe dattoient eiv
Italie du regne de l'Empereur, du Roy,
du Comte , Se en même temps de l'indiction.
Sous íon regne on commença à y
ajouter l'année de l'Incarnation , princi
palement en Allemagne ; (a) ainsi qu'il
paroît dans lesTrad. de Fulde, page 509..
où il y a une Charte dattée de l'an
783/ & deux autres de 800. & 802..
Mais ce ne íònt pas encore les premieres
que l'on ait dattées de l'an de i'Jncarna.
tion, puisque le continuateur du Reciieil/
des Diplômes d'Aubert Ie Mire raporte s.
page 1 1 2Ó. deux Chartes de Pépin le
Gros dit d'Heristel , dattées de l'an 687.
(a) Mabìl. Diplom. p..
S MERCURE DE FRANCE:
Se <?$> i. de l'Incarnation indict, 4e Le 5;
de sa Principauté , &c.
Il y a cependant beaucoup lieu de ne
íè pas trop fier à ces deux .Chartes pour
plusieurs raisons qui ne sont pas de nôtre
ïùjet , du. moins pour les dattes qui pourroient
y; avoir été ajoutées après coup.
En voilà aílez pour donner une idée
des Chartes .dattées , & non dattées, &
de celles qui ne le font , pour ainsi dire ,
qu'à demi. On voit par là quand elles
peuvent faire foy , étant íàns datte , &
qui étoient les personnes qui negligeoient
de les marquer, Examinons à present les.
raisons fur leíquelles l'Auteur de la Ré^.
ponse fonde sa décision-
Suite de la Réponse. .
Car la Charte , quoique faite pour la. '
même fin , n'approchoit cependant pas de
ce que nous nommons aujourd'hui un ASte,
en ne s'en est servi que tant qu'il n'y
Ai/oit point , ou très .peu de Notaires , &c.
Premierement tout ceci ne dit rien , &
ne regarde pas la question proposée , il
s'agit des Chartes non dattées , & non
pas de celles qui n'a voient ppint de si
gnature.
Secondement, on ne voit pas pour
quelle raison l' Auteur de la Réponse
met
J A N VIE t' Vit f
met la Charte tout au.dessous de l'Acte
de Notaire. U est vrai qu'on n'y obfèr-
Voit' pas les formalitez d'aujourd'hui ;
mais celles dont on se servoit ne la
rendoient pas moins , pour ne pas dire
plus authentique que les Actes de No
taires. S'il s'agit des Chartes de nos Rois>
c'étaient leurs Referendaires ou Chan
celiers qui en étaient les Notaires j fous
la premiere race les Princes les lìgnoient
preíque toujours., £c on y appofoit le
cachet de leurs anneaux , & eníuite leur«
sceaux ; lôus ceux de la deuxième. Le
Prince les íìgnoit de son Monogramme ,
& en generai on peut dire qu'ils n'accordoient
, Se ne faiioient presque point ex
pedier des privileges que lorsqu'ils
tenoient leurs cours plenieres, ou ea
presence des Grands Officiers de la Cou
ronne, leíquels sont toujours nommez ,
Sc signent dans les Chartes des Rois de'
la troisième race , depuis Louis le Gros.
(a) D'où vient cette formule observée'
dans. la fuite , Aílum Parifiis , &c. astan~
tïbus in Palatio nostr'o quorum nominafubtitulata
futit & signa. Signum N. Da.
piferi S. N. Const-abulariï Baftculario
nullo S. N. Camerarii data per manum
lí. Cancellarii , ou vacante cancellaria.
S'il s'agit des Chartes des particuliers,'
(«) Mabil. Diplom..p. 104..
outíe.'
lé MERCURE DÉ fRANCÊ.-
Outre qu'elles étoient preíque toujours
écrites par des Notaires , leíquels quoique
íàns privilege exclusif étoient veriblement,'
8c pas leúf profeísion hommes3
publics elles étoient ordinairement don*
nées , relues 8c signées dans des assem
blées publiques , In mallo publico. In gtr
nerali placito. In convensu Nobiliwn, &C
(a) Le Seigneur les faiseít publier de
vant íes pairs , Se devant ses Vassaux quï
étoient obligez d'être fa caution y il étoit'-
reciproquement la leur ; mais d'une au
tre maniere , ne s'engageanc seulement
qu'à les contraindre d'executer leurs
conventions , 8c les autres- , obligeant
pour leur ^Seigneur , 8c leurs corps &
leurs biens. Ç'est.là cette servitude dont
il est. parlé dans íes Chartes.
Troisièmement y les Notaires publics
étoient bien plus anciens & bien plus.
communs que l'Auteur ne l'a crû ; car
outre qu'il en est parlé dans les Loix des
Ripuaires fous le nom de Chanceliers^
dans les Chartes de Childebert , & de
S. Germain., Evêque de Paris (c) pour
l'Abbaye de son nom; Charlemagne dans
le j. Capitulaire de l'an 8oj. ordonne,
(») Bouilíard , Histoire de l'Abbaye de Saint
Germain , pieces justificatives , page 7. ' .
(b) Ad fidejujfores tollendos.
\c) Histoire de S. Germain, pages i. & *.
ut
"I A N V í Ê tí tfn. fi
.Ht mijfì nostri scabînios Advocatos yNotariosperfîngiila
loca éligant s tkc. Depuis
ce temps ilj y en a toujours eu,& en
aísez grand nombre y les Evêqtìes, les
Abbez 8c ks Seigneurs avoient ordinai
rement leurs Notaires , ou Chanceliers
qui servoient pour tous leurs Vaslàux ,
car il ne leur étoit pas permis de faire
des Chartes , c'est ce qui fait qde celles
áusquelles ils sont interessez soit pour
vente ou donation aux Eglises , sont tou.*
jfours au nom du Seigneur y qui donne ?
ou qui vend comme proprietaire , après.
avoir marqué qu'un tel ion Vassal, refîgnavit
in manus suas , &c.
Ainsi les Chartes ne se faisoient point
par le premier venu > comme l'Auteut
l'insinuë , mais par des Chanceliers oit
Notaires qui étoient publics. Et ces Offi
ces étoient exercez communément paf
des Clercs , ou des Moines q»i étoient
les moins ignorans de ces temps.là , Si
qui servoient en même temps de Cha
pelains à ces Seigneurs.
Il étoit si necessaire pour k validité
des Chartes qu'elles fuisent écrites par'
des personnes , dont le nom & l'écris
ture fu/sent si connues , qu'elles fuisent
Censées personnes publiques que le Pape
' Innocent II í. (a) regarde comme nut
1*1 Innoc.III. liw í. Epist- 3 f
a Mercure de francs.
«n privilege de l'Empereur Henry , quia
nec erat publica manu conseílmn j nef
figillum habzbat ambenticum.
Suite de la Réponse.'
Lu negligence avoit tellement pris le
dessus , que les personnes de la. premiere
difiinclion ne /pavoient pas assez, bien
écrire poursigner leur nom , ce qui a dvn*
né lieu aux sceaux , &c'
Ce n'est point à l'ignorance d'écrire
oU de signer que l'on doit l'usage d'ap
poser des sceaux, Se des cachets fur les
titres. Cet uíage est de l'antiquité la plus
íçculée; Lorsque Pharaon donna à Jo
seph le Gouvernement dé l?Egypte , (a)
tulit a-nnulum de- manu- sua & dedit eum
in manu cjus.. Les Lettres d'Assuerus ,.
Roy des Perses & des Medes , accordées'
à Esther en faveur des Juifs, (bj; anftulo
ipfius obsignata funt & mijst per
veredarios ,-Sc.c. Lefc Romains s'en fer-'
voient aussi , ainsi que les Historiens, &
les cabinets des curieux qui en íorit rem
plis en font foy. Et nos premiers Rois',
dont il s'agit ici plus particulierement
ont eu des cachets , aufquels les sceaux
ont succedé. On garde encore dans le
(a) Genes. 41.
(*} E/lhexé c l' "
cabinet^
î A.NViER 1714. 13
cabinet du Roy l'Aneau de Childeric,
pexc du grand Clo.vis. Mais .ce qui fait
voir que ce n'est point pour íuppléer à
la íignature (a) qu'on s'est mis a ícelei
les titres ; c'est que les Chartes ictus la
premiere race de nos Rois , sont preíque
toutes ignées &c sce.léçs. -Et non.íèuler
ment .celles de nos Rois , mais encore
çelles des Evêques & des Seigneurs par*;
ticuliers.
Il est vrai qu'il y a un temps & de»
lieux toìi les sceaux suppleoient aux si
gnatures i mais l'uíàge de signer & d?
sceller en même temps était bien plu?
ancien. C'est ce qui paroît certain parle
témoignage de Gregoire .de Tours qui
dit {&) que Mummole envoyé par le
Roy Theodebert vers l'Empereur Justir
nien , étant à l'extrémité fit faire son
(a) Von peut ajouter que les sceaux supfleoient
encore moins aux dattes, & que
Auteur de la Lettre écrite d Evreux dans le
Mercure d'XDcìpbre 1713. quoique bien mieux
au fait des Chartes que celui.ci , n'y a pas fait
allez d'attention , lorsqu'il a avance que dans
l'onzième & douzième siecles , il n'y avoït sas
une Charte qui n'eut son sceau , &c. il est
pourra voir un grand nombre fans dattes &
fans sceau dans les Recueils des Chartes ; 8ç
en particulier dans les pieces justificatives dé
la nouvelle Histoire de l'Abbaye de Saint
î.Germain. '
(b) Greg. Tftrpn. de Gltr.MarU lib. 1. cxti
teftar.
f 4 MERCURE DE FRANCE,
íestament., & le fit munir de signatures
.& de íceaux- Fecit testamentum fuum sertht
, munitum fubfcriptionibus ac figillis ,
&Cz. Dans le siecle suivant Berthramn ,
Evêque du Mans fit mettre siir son testa
ment les signatures., 8c les sceaux de íépt
personnes illustres. Septem virorum honestorum
fubscriptionibus & figillis.
Charlemagne signe & scelle la Charte
{a) pour l'Abbaye de S. Germain , manu
nostra fubfcriptionis fabter decrevimus robarare
, & de amuio nofiro fubter figillare.
Chez les Anglois même les íèeaux , quoi
que communs à tout le monde, au moins
depuis Guillaume le Conquerant , ne tenoient
pas lieu de signatures , mais bien
de Tabellions qui n'y étoient pas en usa
ge loríque ce Prince conquit l'Angle
terre ; cfKoHiam Tabellionum ttfus ( dit
(b) Matthieu Paris ) in eo regno non httbebamr.
Cependant il faut convenir que
depuis Gregoire de Tours jusqu'à l'oneiéme
siecle , il se trouve bien des Char
tes des Rois , d'Evêques & de Seigneurs
qui n'ont aucunes marques de cachets ,
ni de sceaux. Or la veritable marque
qu'une Charte ait été scellée , n'est pas
qu'il y ait des trous, par lefquelj leî
(a) Boiiillard. Hist. de l'Abbaye de S. Ger
main, p. u,
(i) Math. ïarìs. ad an, 1237.
lac»
JANVIER 1714. ts
|acs ou cordons du sceau auroient été
pastez , ou quelques restes de cire appli
quée dessus ; mais c'est loríqu'il est énon.
jcé dans l'Acte qu'elle* été ícellée. Car
sans cela les sceaux íèroienc une preuyg
de fausseté.
Suite de la Réponse.
L'on se servoit dans le même temps des
ghartes parties ou coupées , c'est.à.dire
qu'après avoir fait une Charte , on la
fioupoit en pieces , dont chaque contrac
tant en prenoit une pour la representer lors
de l'execution des conventions , Sec.
Ceci est dit d'une maniere si décisive,
-qu'on croiroit que tout cela est vrai , &
que l'Auteur a vu de ces Cljarces parties ;
jnais il permettra que l'on assure qu'il
n'en connoît que le nom , & qu'on n'a
jamais coupé en pieces Jes Chartes com
me il s'imagine.'
Les Chartes parties ou coupées tirent
leur origine des Chartes appellées dans
les formules (a) de Marculfe Chant pa~
rida & paricuU , parce que c'étoient des
doubles copies d'un même acte fait entre
deujç parties égales inter pares , ou plutft
parce qu'elles étoient de pareille for
me, grandeur & écriture. A ces Char-
(a) Marculfi formuis. , lib* z.
tes
itf MERCURE DE FRANCE.
tes succederent les Chartes parties ow
.coupées , autrement Chartes endentées,
Charte indentatA , ou idetitat* , que l'on
appella dans les H. 11. Se 1.3 e. siecles
Chkographes ou CirographeS. C!étpient
auflì deux copies d'un même acte écrites
fur une même peau , & de même ma
niere, entre lesquels on .écrjvoit en
grands caracteres une ligne , qui ne contenoit
Jbuvent qu'une partie des Lettres
de l'Alphabet , quelquefois une Sentent
ce, 6c quelquefois le .nom du principal
des contractons $ & l'on separoitees deux
copies, en coupant la peau par le mi
lieu Se .le long de ces caracteres. A peu
pïès de la même maniere que l'on faiíòit
les premiers billets de banque , ait.
tpur desquels, on voyoit une partie de
pluíieurs traits entrelacez.
' Ces fortes de Chartes n'etoient gneres
;cn usage que pour les échanges , transac
tions Se accords entre deux ou plusieurs
Í>arties , Se l'on y marquoit la datte .de
a maniere qu'on avoit coutume de la
marquer dans le temps , Se les lieux où
elles éto.ient dressées. Lorsqu'il y avoit
plus que deux parties interessées au mê
me Acte , ôc que l'on étoit obligé d'en
faire trois ou quatre copies , on les écr re
voit en même temps fur la même peau ,
6c l'on écriyoitfcendeflture fur les lignes,
par
des jugemjenst aes iianrdcriox
B
.par lesquelles on les devoit separer.
i'Auteur de la Réponse , qui íâns
doute n'en a jamais vu íera bien aiíê d'en
voir ici une., & il y a lieu d'eiperer
qu'elle fera plaisir au.public., parce qu'el
les font aflez rares ; on l'a réduite de
grande en petite , & l'on n'en a fait co
pier que le commencement 8c la fin, ce
qui suffira pour en donner une idée , &
pour faire voir à 1J Auteur que. l'on dattoit
ces Chartes , .& que chaque partie
étoit une copie entiere du même Acte.
Cette piece dont l'original est dans les
Archives de l'Abbaye de Saint Bertin, a
pour endenture , ces mots DROGO
TARWANENSIS EPS. & c'est un
accord fait entre cet Evêque & l'Abbé
4e S. Bertin en l'année 1040.
.Suite de la Réponse.
D'ailleurs le sujet dont on composé ît la
Charte ne rouloit pour l'ordinaire que fur
des conventions qui n a voient sas besoin
d'un temps fixé , &c.
On íçait quels sent les íujets des
Chartes, c'étoientdes privileges accor
dez aux Villes, aux Eglises, &aux par
ticuliers par les Souverains, des dona
tions faites paf eux, ou par les Seigneurs,
des jugemens, des transactions , des
B baux
tt MERCURE DE FRANCE.
baux à ferme , &c. Voilà le sujet dont on
oompoíoit les Chartes. Or )e demaïde
/il ne rouloit c/ue Jur dus conventions cjui
n'avaient pas b"foin d'un temps fivé} La
chose est si claire qu' .1 íuffit d'y faire
faire attention. Nqus en avons dit aslez
pour faire voir que l'on .ne doit pas
ajouter foy indifferemment aux Chartes
non dattées , pour marquer en quel
temps , & quels lieux on les dattoit,
Se on ne les dattoit pas pour mon
trer l'antiquité desjsigriatjures., des sceaux
& des Notaires , Se pour .expliquer ce
que c'étoit que les Chartes parties. Nous
esperons que l'Auteur ne trouvera pas
mauvais que l'on ait un peu éclairci cette
matiere , & que l'on ne se íôit pas ren
contré de iòn sentiment.
Nous croyons que le public éclairé pen
sera comme nom furie merite de cette pier
Ce, il seroit a souhaiter cjjipn nous en
envoyât souvent de semblables : la Repu
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Résumé : REMARQUES sur la Réponse qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier à la question : Si les Chartes qui ne sont point dattées, mais munies de Sceaux de personnes illustres, dont le temps n'est pas douteux, peuvent passer pour certaines & autentiques.
Le texte examine la validité des chartes historiques non datées mais portant des sceaux de personnes illustres. L'auteur du Mercure de France critique l'avis selon lequel ces chartes peuvent servir de preuve authentique, le jugeant trop vague et général. Il dénonce l'ignorance historique qui conduit soit à rejeter toutes les chartes sans dates, signatures ou sceaux, soit à les accepter trop facilement. Le texte insiste sur l'importance de distinguer les lieux, les temps et les personnes pour évaluer la validité des chartes. Chez les Romains et les Allemans, les actes devaient être datés, tandis que chez les Francs et les Germains, nombreuses étaient les chartes sans date. Les chartes royales étaient généralement datées, sauf celles de peu d'importance ou exécutées immédiatement. En revanche, les chartes des particuliers, des comtes, des ducs et des évêques étaient souvent sans date. Le texte mentionne les différentes formules de datation utilisées par les rois mérovingiens et leurs successeurs. Les chartes sans date étaient souvent des notices ou des statuts d'abbayes et d'évêques. À partir du XIe siècle, les diplômes royaux étaient souvent datés de l'année de l'Incarnation, sans mois ni jour. Le texte critique également l'auteur d'une réponse pour avoir sous-estimé l'authenticité des chartes, souvent rédigées par des notaires ou des chanceliers publics et signées en assemblées publiques. Les chartes étaient considérées comme valides si elles étaient écrites par des personnes reconnues, dont le nom et l'écriture étaient connus. Par ailleurs, le texte souligne que les sceaux et les signatures étaient utilisés conjointement pour authentifier les actes. Des exemples historiques, comme ceux de Grégoire de Tours et de Charlemagne, illustrent cette pratique. Les chartes parties ou coupées, utilisées pour les transactions entre plusieurs parties, étaient écrites sur une même peau et séparées par une ligne de caractères ou une sentence. Le texte conclut en affirmant que les chartes non datées ne doivent pas être utilisées pour déterminer l'antiquité des signatures, des sceaux ou des notaires, et qu'il est important de comprendre le contexte des chartes parties.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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308
p. 80
Épigramme. [titre d'après la table]
Début :
L'Epigramme suivante a été faite en l'honneur du Roy & de l'Infante. [...]
Mots clefs :
Roi, Infante
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texteReconnaissance textuelle : Épigramme. [titre d'après la table]
L 'Epigramme suivante a été faite en
l'honneur du Roy & de l'Infante.
Heroum, Lodtix;.& tu Viéloria proies ,
Vivite , quos putrius eonfocitfvit amer i
Utrboniium proies ambo , sacrisqut jugandi
Vinelis : Sorhmt dignus uterque ttro.
l'honneur du Roy & de l'Infante.
Heroum, Lodtix;.& tu Viéloria proies ,
Vivite , quos putrius eonfocitfvit amer i
Utrboniium proies ambo , sacrisqut jugandi
Vinelis : Sorhmt dignus uterque ttro.
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309
p. 105-108
Réception de l'Abbé Alaric à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Début :
Le Jeudi 30. Decembre dernier M. l'Abbé Alary, prit séance à l'Académie [...]
Mots clefs :
Abbé Alary, Roi, Académie française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réception de l'Abbé Alaric à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Le Jeudi 30. Decembre dernier M.
l'Abbé Alary , prit séance à l'Académie
Françoise qui l'âvok élû pour remplir la*
place de feu M. de Mesmes , Premier
President du Parlement de Paris. M.'
l'Abbé Alary a eu Phonneur d'être un>
des instituteurs choisis pour les études
du Roy , & on peut avancer hardiment
qu'il est plus glorieux pour lui de s'êtrepresenté
avec ce titre qu'avec des ouvra
ges même applaudis. Quoique fa mcw
destie íèmble leule lui avoir dicté fa ha
rangue ; on sent pourtant bien que fòrí
esprit s'en est mêlé, & que ses foins ont
parfaitement réussi. Ce discours finement
& délicatement écrit , met le public etí
droit de faire de justes «proches à celui qui
l'a composé ; ne dòit.on pas tenir compte?
de fe4.talens à ee public qui les perfec
tionne ? I/Exorde de M. l'Abbé Alary ,
fait autant honneur à son coeur qu'à sort
esprit. C'est un monument de fa recon-'
noistànce pour M. le Marquis , & M.
l'Abbé deDangeau, 8c l'aveu genereux1
qu'il fait des bienfaits qu'il en a reçus
n'est pas moins une lòiiange pour lui y
que pour ces deux illustres frères.
Les Portraits du Cardinal de Riche
lieu & de Louis le Grand , quoique trai
tez déja par mille pinceaux paroislent
ensuite avec des couleurs nouvelles, &
eepenr
&á MERCURÉ DE FRANGÉ..
cependant justes. route l'Europe attenti~
ve k ses d^fieins, dit-il , en parlanc du
Cardinal de Richelieu, & executant ses
ordres dans le temps même qu'elle croyois
te plus y résister, auroit fuffi a l'ambition
du politique le p lus consommé , mais les
vastes projets d'Armand alloient encore
plus loin y toujours plein des siecles futurs
quand le sien sembloit épuiser tous ses foinsy
& l'occuper tout entier , il comptoit que...-.
la gloire de la Nation feroit ensevelie y fi
la langue qui la devoit immortaliser n'é
tait portée kfa plus haute perfection. Voici
tìn trait qui seul caracterise Loiiis XIW
il refpeEloit fa place, il la faisoit respec
ter aux autres , il étoit homme pour les
malheureux , il étoit Roy quand il falloit.
Pepriroer P injustice y & vanger l'inno*
cence. On rte peut peindre les vertus de
Ce grand Roy, íàns penser à celles de
íòn arriere - petit.fils. A peine sorti de.
l'enfance , il marche déjà fur les traces de
son prédecesseur ; l'amour de l'ordre , la
bienseance qui regle ses discours & ses
átìions , cette discretion fi necessaire pour là
gouvernement :, cette douceur ces grâces
majestueuses , tout nous rappelle son au*
giiste Bifayeul.
M. l'Ancien Evêque de Fréjus ne
í^auroìt être oublié quand on parle d'un
Prince aimable , précieux dépost confié k
ses
JANVIER tftf/ i#r
set soins. Ce Prélat qui duns le sein de lit
Cour a sait éclater un^defintenss.ment di
gne des premiers siecles de l'Eglise ne fan.
ge qu'à donner un f ere k la Patrie.
Agrès ces éloges íiiit celui de M. le
Premier President de Meímes , qui est
manié avec un art infini ; celui de Mon
sieur le Duc d'Orleans défunt n'a pas'
moins de force & de finelîe. Quelle forte
de connotjfance avoit échapée h [a penetralion
? chaque art lui avoit découvert fis
délicatesses , & l'accueil. le plus affable ,
la simplicité ta plus modeste , rehaussoient
encore le prix de ses plus rares qualite'^.
Quelle fuperiorité ne falloit-il pas pour
s'attirer le réspeSì sans l'appareil de la
grandeur \ l'hommage forcé que les. place»
exigent approthc-t'il de celui qjti ne ft
rend q u k la personne \ Vous *n'en connoifi
yê^ point d'autre , ajoûte.t'il , en s'ad-.
dielíant à ses nouveaux Confreres , &
9.est l' ifnique qu'il Vous convient de rece
voir & de rendre* . Le mente seul a des
droits fur vous \ il doit justifier les fa
iseurs de la. fortune t ou accompagner l'é
clat de la- naissance ; vous voulei toujours'
que les. digntte^ soient la preuve des talens
ou la récompense de la vertu.
. Cet Extrait de la Harangue de M.
l'Abbé Atary, & le peu d'usage qu'il a
fait jusqu'à present pour le public d'une.
V.Hi élo~''
ie# MERCURE CE FRANCE.
éloquence si brillance &c si neuve , dé
montrent claire mejjf que ce ne sont pas
toujours les meilleures plumes qui écri.*
vent davantage. La réponse de' M. l'Abbé
D"ubos , Secretaire perpetuel de l'AcgdérriieFrançoile
soutient cette proposition en'
faveur de M.- l'Abbé Alaryv II est vrai ,'
lui dit.il , Monsieur, que vous n'appor
tez. pas ici les titres qui déterminent ordi*
nairement C Académie dans les èlvEtions.
Vos ouvrages n'ont paru encore qu'aux?
yeux de vos amis , mais vous nous appor
tez. des talens qui justifient bien nôtre.
choix :. une' érudition capable de faire
honneur à des sçavans qui auroient vécu
deux fois l'âge ou vous êtes : un juge
ment aujfi solide que fi vous aviez. em
ployé' tout votre temps à l'étude des feien-'
ces y dont le principal' merite e(l de nous
accoutumer à' raisonner avec just jfe , &c.
La précision ne nous permet pas dedonner
un abregé plus étendu de la repon-'
se de M . ï Abbé Dubos qui raísemble bien
des traks dignes d'être citez.
Nous ne rappellerons que celui.ci au
fbjet de M. le Duc , chargé par le Roy
des fonctions de Principal Ministre. C'est'
un Prince dit M. l'Abbé Dubos , trop'
juste pour prendre des résolutions qui ne
fiient pas équitables > & trop ferme pour
VarUr dans celUs qu'il aura prises.
l'Abbé Alary , prit séance à l'Académie
Françoise qui l'âvok élû pour remplir la*
place de feu M. de Mesmes , Premier
President du Parlement de Paris. M.'
l'Abbé Alary a eu Phonneur d'être un>
des instituteurs choisis pour les études
du Roy , & on peut avancer hardiment
qu'il est plus glorieux pour lui de s'êtrepresenté
avec ce titre qu'avec des ouvra
ges même applaudis. Quoique fa mcw
destie íèmble leule lui avoir dicté fa ha
rangue ; on sent pourtant bien que fòrí
esprit s'en est mêlé, & que ses foins ont
parfaitement réussi. Ce discours finement
& délicatement écrit , met le public etí
droit de faire de justes «proches à celui qui
l'a composé ; ne dòit.on pas tenir compte?
de fe4.talens à ee public qui les perfec
tionne ? I/Exorde de M. l'Abbé Alary ,
fait autant honneur à son coeur qu'à sort
esprit. C'est un monument de fa recon-'
noistànce pour M. le Marquis , & M.
l'Abbé deDangeau, 8c l'aveu genereux1
qu'il fait des bienfaits qu'il en a reçus
n'est pas moins une lòiiange pour lui y
que pour ces deux illustres frères.
Les Portraits du Cardinal de Riche
lieu & de Louis le Grand , quoique trai
tez déja par mille pinceaux paroislent
ensuite avec des couleurs nouvelles, &
eepenr
&á MERCURÉ DE FRANGÉ..
cependant justes. route l'Europe attenti~
ve k ses d^fieins, dit-il , en parlanc du
Cardinal de Richelieu, & executant ses
ordres dans le temps même qu'elle croyois
te plus y résister, auroit fuffi a l'ambition
du politique le p lus consommé , mais les
vastes projets d'Armand alloient encore
plus loin y toujours plein des siecles futurs
quand le sien sembloit épuiser tous ses foinsy
& l'occuper tout entier , il comptoit que...-.
la gloire de la Nation feroit ensevelie y fi
la langue qui la devoit immortaliser n'é
tait portée kfa plus haute perfection. Voici
tìn trait qui seul caracterise Loiiis XIW
il refpeEloit fa place, il la faisoit respec
ter aux autres , il étoit homme pour les
malheureux , il étoit Roy quand il falloit.
Pepriroer P injustice y & vanger l'inno*
cence. On rte peut peindre les vertus de
Ce grand Roy, íàns penser à celles de
íòn arriere - petit.fils. A peine sorti de.
l'enfance , il marche déjà fur les traces de
son prédecesseur ; l'amour de l'ordre , la
bienseance qui regle ses discours & ses
átìions , cette discretion fi necessaire pour là
gouvernement :, cette douceur ces grâces
majestueuses , tout nous rappelle son au*
giiste Bifayeul.
M. l'Ancien Evêque de Fréjus ne
í^auroìt être oublié quand on parle d'un
Prince aimable , précieux dépost confié k
ses
JANVIER tftf/ i#r
set soins. Ce Prélat qui duns le sein de lit
Cour a sait éclater un^defintenss.ment di
gne des premiers siecles de l'Eglise ne fan.
ge qu'à donner un f ere k la Patrie.
Agrès ces éloges íiiit celui de M. le
Premier President de Meímes , qui est
manié avec un art infini ; celui de Mon
sieur le Duc d'Orleans défunt n'a pas'
moins de force & de finelîe. Quelle forte
de connotjfance avoit échapée h [a penetralion
? chaque art lui avoit découvert fis
délicatesses , & l'accueil. le plus affable ,
la simplicité ta plus modeste , rehaussoient
encore le prix de ses plus rares qualite'^.
Quelle fuperiorité ne falloit-il pas pour
s'attirer le réspeSì sans l'appareil de la
grandeur \ l'hommage forcé que les. place»
exigent approthc-t'il de celui qjti ne ft
rend q u k la personne \ Vous *n'en connoifi
yê^ point d'autre , ajoûte.t'il , en s'ad-.
dielíant à ses nouveaux Confreres , &
9.est l' ifnique qu'il Vous convient de rece
voir & de rendre* . Le mente seul a des
droits fur vous \ il doit justifier les fa
iseurs de la. fortune t ou accompagner l'é
clat de la- naissance ; vous voulei toujours'
que les. digntte^ soient la preuve des talens
ou la récompense de la vertu.
. Cet Extrait de la Harangue de M.
l'Abbé Atary, & le peu d'usage qu'il a
fait jusqu'à present pour le public d'une.
V.Hi élo~''
ie# MERCURE CE FRANCE.
éloquence si brillance &c si neuve , dé
montrent claire mejjf que ce ne sont pas
toujours les meilleures plumes qui écri.*
vent davantage. La réponse de' M. l'Abbé
D"ubos , Secretaire perpetuel de l'AcgdérriieFrançoile
soutient cette proposition en'
faveur de M.- l'Abbé Alaryv II est vrai ,'
lui dit.il , Monsieur, que vous n'appor
tez. pas ici les titres qui déterminent ordi*
nairement C Académie dans les èlvEtions.
Vos ouvrages n'ont paru encore qu'aux?
yeux de vos amis , mais vous nous appor
tez. des talens qui justifient bien nôtre.
choix :. une' érudition capable de faire
honneur à des sçavans qui auroient vécu
deux fois l'âge ou vous êtes : un juge
ment aujfi solide que fi vous aviez. em
ployé' tout votre temps à l'étude des feien-'
ces y dont le principal' merite e(l de nous
accoutumer à' raisonner avec just jfe , &c.
La précision ne nous permet pas dedonner
un abregé plus étendu de la repon-'
se de M . ï Abbé Dubos qui raísemble bien
des traks dignes d'être citez.
Nous ne rappellerons que celui.ci au
fbjet de M. le Duc , chargé par le Roy
des fonctions de Principal Ministre. C'est'
un Prince dit M. l'Abbé Dubos , trop'
juste pour prendre des résolutions qui ne
fiient pas équitables > & trop ferme pour
VarUr dans celUs qu'il aura prises.
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Résumé : Réception de l'Abbé Alaric à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Le 30 décembre dernier, l'Abbé Alary a été élu à l'Académie Française pour succéder à M. de Mesmes, Premier Président du Parlement de Paris. L'Abbé Alary a été l'un des instituteurs choisis pour les études du Roi, ce qui est considéré comme un honneur supérieur à celui des œuvres applaudies. Son discours, finement et délicatement écrit, a été bien accueilli par le public. L'exorde de l'Abbé Alary rend hommage à son cœur et à son esprit, et il reconnaît les bienfaits reçus de M. le Marquis et M. l'Abbé de Dangeau. Les portraits du Cardinal de Richelieu et de Louis XIV sont présentés avec des couleurs nouvelles et justes. Richelieu est décrit comme un homme dont les vastes projets dépassaient son époque, tandis que Louis XIV est loué pour ses vertus et son respect des malheureux. Le jeune Louis XIV est comparé à son auguste bisaïeul, Henri IV, en raison de ses qualités telles que l'amour de l'ordre et la bienveillance. L'ancien Évêque de Fréjus est également mentionné pour ses qualités et son dévouement à la patrie. Les éloges de M. de Mesmes et du Duc d'Orléans sont soulignés pour leur art et leur finesse. La harangue de l'Abbé Alary démontre son éloquence et son talent, bien que ses œuvres n'aient pas encore été largement publiées. La réponse de l'Abbé Dubos, Secrétaire perpétuel de l'Académie Française, souligne que l'Abbé Alary, bien qu'il n'ait pas encore publié d'ouvrages, apporte des talents et une érudition qui justifient son élection. L'Abbé Dubos mentionne également le Duc, chargé par le Roi des fonctions de Principal Ministre, en le décrivant comme juste et ferme dans ses résolutions.
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310
p. 129-130
Pologne.
Début :
La Diette generale s'assemblera peu de temps après l'arrivée du Roy, [...]
Mots clefs :
Diète générale, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pologne.
tolognt.
LA Diette generale s'assemblera peiï'
de temps après l'arrivée du Roy -3
qu'on attend incessamment à Varsovie.
Oh compte que les Protestans du Royau
me y presenteront le Memoire qu'ils ont
dressé contre les Catholiques , poux de
mander la restitution des biens fonds
& des revenus dont ils prétendent quer
le Clergé s'est emparé. Les Evêques, &.
les Ecclesiastiques du íecond Ordre se
disposent à leur répondre , & à détruire
leurs prétentions. On croit que cette
affaire fera la principale occupation de la
Diette.
Le parts attaché au Roy fait des per
quisitions pour découvrir les Nobles qui
épousent encore les interests du Roy Staniflas
; cela fait conjecturer qu'on prendra
des meíures dans la Diette prochaine con
tre les desseins qu'ils pourroient former
en fa faveur. Le
t;6 MERCURE Î>Ì FRANCfe s
Le Roi de Pologne partit de Dresde
, pour Warsovie le 10. de ce mois. Quel
ques jours auparavant sa. Majesté donna
l'Ordre de l'Aigre-Blane au Prince de
Neustadt. C'est le premier Seigneur Ec
clesiastique auquel elle' ait accordé cette
faveur.
S M. P. a nommé le Baron Wederkorp,;
l'un de ses Chambellans , pour son En
voyé extraordinaire à la Cour de France.'
LA Diette generale s'assemblera peiï'
de temps après l'arrivée du Roy -3
qu'on attend incessamment à Varsovie.
Oh compte que les Protestans du Royau
me y presenteront le Memoire qu'ils ont
dressé contre les Catholiques , poux de
mander la restitution des biens fonds
& des revenus dont ils prétendent quer
le Clergé s'est emparé. Les Evêques, &.
les Ecclesiastiques du íecond Ordre se
disposent à leur répondre , & à détruire
leurs prétentions. On croit que cette
affaire fera la principale occupation de la
Diette.
Le parts attaché au Roy fait des per
quisitions pour découvrir les Nobles qui
épousent encore les interests du Roy Staniflas
; cela fait conjecturer qu'on prendra
des meíures dans la Diette prochaine con
tre les desseins qu'ils pourroient former
en fa faveur. Le
t;6 MERCURE Î>Ì FRANCfe s
Le Roi de Pologne partit de Dresde
, pour Warsovie le 10. de ce mois. Quel
ques jours auparavant sa. Majesté donna
l'Ordre de l'Aigre-Blane au Prince de
Neustadt. C'est le premier Seigneur Ec
clesiastique auquel elle' ait accordé cette
faveur.
S M. P. a nommé le Baron Wederkorp,;
l'un de ses Chambellans , pour son En
voyé extraordinaire à la Cour de France.'
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Résumé : Pologne.
La Diète générale de Pologne se tiendra peu après l'arrivée du roi à Varsovie. Les protestants du royaume prévoient soumettre un mémoire réclamant la restitution des biens et revenus qu'ils estiment usurpés par le clergé catholique. Les évêques et ecclésiastiques du second ordre se préparent à contester ces revendications, ce qui devrait être le principal sujet de la Diète. Parallèlement, les partisans du roi mènent des enquêtes pour identifier les nobles soutenant Stanislas, suggérant des mesures contre leurs éventuels projets en faveur de ce dernier. Le roi de Pologne a quitté Dresde pour Varsovie le 10 du mois. Auparavant, il a décerné l'Ordre de l'Aigle Blanc au Prince de Neustadt, premier seigneur ecclésiastique à recevoir cette distinction. De plus, le roi a nommé le Baron Wederkorp comme son envoyé extraordinaire à la cour de France.
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311
p. 147-148
Nouvelles distributions d'appartemens donnez par le Roy au Château de Versailles. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy a fait depuis peu une nouvelle distribution des appartemens du Château [...]
Mots clefs :
Appartements, Château de Versailles, Duc d'Orléans, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles distributions d'appartemens donnez par le Roy au Château de Versailles. [titre d'après la table]
Le Roy a fait depuis peu une nouvelle
distribution des appartemens du Château
de Versailles , sçavoir , celui de Mon
sieur le Duc d'Orleans a été donné à
M. le Duc de Bourbon , qui n'a point
pris la Surintendance , comme le bruit
en a voit couru. Celui de M. de Clermont
, Capitaine des Suisses de S. A. R.
au Comte de Bussy. Celui du Maíquiá
dela Farre,au Maréchal Duxelles. Ce
lui du Marquis de Simiane , au Duc de
Sully. Celui de M. Coche à M. Chirac*
Premier Medecin de Monsieur le Duc
d'Orleans. Celui du Comte de Noce atr
Marquis de Nangis. Celui du Marquis
d'Etampes au Chevalier de Beringhen /
Premier Ecuyer. Celui de M. & de
Slad2 de Segur au Marquis de Nefles.
Celui de M. des Essars au Duc Dau*
mont. Celui de M. de Cours au Duc de
la Feiiillade. Celui de Madll« de Villeíáránche
au Marquis de Beauveau. Celui
du Comte de Bellifle au Duc de la Val>
liere. Celui de M. le Duc au Prince de
Dombes , & au Comte d'Eu. Celui du
Comte de Sabran au Marquis d'Alegre.
Celui de M. 'Chirac au Vicomte de Ta>.
.yànnes. Celui de M. Bontemps à M.
q vj Pelava
148 MERCURE OE FRANCE.
Desavaret. Celui de M. des Marets à.
M. Bontemps ,. & celui du Duc de Tres
mes au Duc de la Roche.Guyon.
distribution des appartemens du Château
de Versailles , sçavoir , celui de Mon
sieur le Duc d'Orleans a été donné à
M. le Duc de Bourbon , qui n'a point
pris la Surintendance , comme le bruit
en a voit couru. Celui de M. de Clermont
, Capitaine des Suisses de S. A. R.
au Comte de Bussy. Celui du Maíquiá
dela Farre,au Maréchal Duxelles. Ce
lui du Marquis de Simiane , au Duc de
Sully. Celui de M. Coche à M. Chirac*
Premier Medecin de Monsieur le Duc
d'Orleans. Celui du Comte de Noce atr
Marquis de Nangis. Celui du Marquis
d'Etampes au Chevalier de Beringhen /
Premier Ecuyer. Celui de M. & de
Slad2 de Segur au Marquis de Nefles.
Celui de M. des Essars au Duc Dau*
mont. Celui de M. de Cours au Duc de
la Feiiillade. Celui de Madll« de Villeíáránche
au Marquis de Beauveau. Celui
du Comte de Bellifle au Duc de la Val>
liere. Celui de M. le Duc au Prince de
Dombes , & au Comte d'Eu. Celui du
Comte de Sabran au Marquis d'Alegre.
Celui de M. 'Chirac au Vicomte de Ta>.
.yànnes. Celui de M. Bontemps à M.
q vj Pelava
148 MERCURE OE FRANCE.
Desavaret. Celui de M. des Marets à.
M. Bontemps ,. & celui du Duc de Tres
mes au Duc de la Roche.Guyon.
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Résumé : Nouvelles distributions d'appartemens donnez par le Roy au Château de Versailles. [titre d'après la table]
Le roi a récemment réorganisé les appartements au château de Versailles. Le duc d'Orléans a cédé son appartement au duc de Bourbon, qui n'a pas pris la charge de surintendant malgré les rumeurs. Plusieurs autres changements ont été effectués : le comte de Bussy a remplacé M. de Clermont comme capitaine des Suisses ; le maréchal d'Uxelles a pris l'appartement du marquis de La Fare ; le duc de Sully a succédé au marquis de Simiane. M. Chirac, médecin du duc d'Orléans, a pris l'appartement de M. Coche. D'autres transferts notables incluent : le marquis de Nangis a remplacé le comte de Noce ; le chevalier de Beringhen, premier écuyer, a pris l'appartement du marquis d'Etampes ; le marquis de Nèfles a succédé à M. de Slad2 de Segur ; le duc d'Aumont a remplacé M. des Essars ; le duc de la Feuillade a pris l'appartement de M. de Cours ; le marquis de Beauveau a succédé à Mademoiselle de Villars ; le duc de la Vallière a remplacé le comte de Bellifle ; le prince de Dombes et le comte d'Eu ont pris l'appartement de M. le Duc ; le marquis d'Alègre a succédé au comte de Sabran ; le vicomte de Tallyrand a remplacé M. Chirac ; M. Bontemps a pris l'appartement de M. des Marets ; enfin, le duc de la Roche-Guyon a remplacé le duc de Tresmes.
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312
p. 119-120
« On écrit d'Amsterdam, que M. Bourguet a donné chez François l'Honoré des [...] »
Début :
On écrit d'Amsterdam, que M. Bourguet a donné chez François l'Honoré des [...]
Mots clefs :
Roi, Académie, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On écrit d'Amsterdam, que M. Bourguet a donné chez François l'Honoré des [...] »
On écrit d'Amsterdam , que M. BonrgHtt
a donné chez François l'Honoré des
Lettres Philosophiques fur la, forrmtion
des Sels & Crystaux , & fur la génération
& le mécanisme organique des Plantes &c
des Animaux , à l'occaíion de la pierre
Belemnitc & de la pierre Lenticulaire,
a.vec un Mémoire fur la Théorie de U
terre. Ces quatre Lettres font adressées à
Ifl. J. Scheuchzer. .
M. Durand, au Collège de Gresham à
Londres , Membre de la Société Royale ,
a composé & distribué {'Histoire de l'Or
& de FArgent, extraite de Pline le Natu
raliste , L. j j. avec un suplément à l'hil*
toire de l'Or, Vol- in folio.
Le Sieur Cbevillard, Généalogiste du
Roy , Çhronologiste & Historiographe
dç France s qualitez qui lui furent.acçordées
par Lettres du Grand Sceau du 19-
C i. F v) Fevrisno
MERCURÉ DE FRANCE:
Février, i 691. ) mourut en cette Ville té;
28 Décembre dernier, âgé de 73 ans moins
trois mois , fa veuve continue de vendre
les Cartes de Chronologie & d'Armoiries*
publiées par ion mari , en fa même de-»
-nieure au coin de ki rué neuve Notre-Dame^.
Si ses deux fils qui ont déja donné au Pu
blic plusieurs Ouvrages , continuent 1»
Profession de leur pere , & demeurent
Faîne , fur le Petit Pont, au Nom de Jésus ,
& le-cadet , rué, neuve Notre-Dame ,
ProvijienCf.. '•' ' • ' - •
Jean Baptiste Henry da Troussée de
Valincour, Secrétaire General de la Ma
rine , l'un des Quarante de l' Académie
Françoise , & Honoraire de l' Académie
Roy-ale des Sciences-, ci-devant Secrétairede
la Chambre ôc du Cabinet du Roy ,
mourut le y . de ce mois âgé de 77. ans».
a donné chez François l'Honoré des
Lettres Philosophiques fur la, forrmtion
des Sels & Crystaux , & fur la génération
& le mécanisme organique des Plantes &c
des Animaux , à l'occaíion de la pierre
Belemnitc & de la pierre Lenticulaire,
a.vec un Mémoire fur la Théorie de U
terre. Ces quatre Lettres font adressées à
Ifl. J. Scheuchzer. .
M. Durand, au Collège de Gresham à
Londres , Membre de la Société Royale ,
a composé & distribué {'Histoire de l'Or
& de FArgent, extraite de Pline le Natu
raliste , L. j j. avec un suplément à l'hil*
toire de l'Or, Vol- in folio.
Le Sieur Cbevillard, Généalogiste du
Roy , Çhronologiste & Historiographe
dç France s qualitez qui lui furent.acçordées
par Lettres du Grand Sceau du 19-
C i. F v) Fevrisno
MERCURÉ DE FRANCE:
Février, i 691. ) mourut en cette Ville té;
28 Décembre dernier, âgé de 73 ans moins
trois mois , fa veuve continue de vendre
les Cartes de Chronologie & d'Armoiries*
publiées par ion mari , en fa même de-»
-nieure au coin de ki rué neuve Notre-Dame^.
Si ses deux fils qui ont déja donné au Pu
blic plusieurs Ouvrages , continuent 1»
Profession de leur pere , & demeurent
Faîne , fur le Petit Pont, au Nom de Jésus ,
& le-cadet , rué, neuve Notre-Dame ,
ProvijienCf.. '•' ' • ' - •
Jean Baptiste Henry da Troussée de
Valincour, Secrétaire General de la Ma
rine , l'un des Quarante de l' Académie
Françoise , & Honoraire de l' Académie
Roy-ale des Sciences-, ci-devant Secrétairede
la Chambre ôc du Cabinet du Roy ,
mourut le y . de ce mois âgé de 77. ans».
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Résumé : « On écrit d'Amsterdam, que M. Bourguet a donné chez François l'Honoré des [...] »
Le texte évoque plusieurs événements et publications scientifiques et littéraires. À Amsterdam, M. BonrgHtt a présenté des Lettres Philosophiques sur la formation des sels et cristaux, ainsi que sur la génération et le mécanisme organique des plantes et des animaux, en étudiant la pierre Belemnitique et la pierre Lenticulaire. Ces lettres, adressées à M. J. Scheuchzer, incluent un mémoire sur la théorie de la Terre. Par ailleurs, M. Durand, membre de la Société Royale et professeur au Collège de Gresham à Londres, a composé et distribué une Histoire de l'Or et de l'Argent, extraite de Pline le Naturaliste, avec un supplément sur l'histoire de l'Or. Le texte mentionne également le décès de Jean Baptiste Henry de Valincour, Secrétaire Général de la Marine et membre de l'Académie Française, survenu le 7 février à l'âge de 77 ans. De plus, il note le décès du Sieur Chevillard, généalogiste du Roi, chronologiste et historiographe de France, survenu le 28 décembre précédent à l'âge de 73 ans moins trois mois. Sa veuve continue de vendre les cartes de chronologie et d'armoiries publiées par son mari.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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313
p. 127-143
Ino & Melicerte, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le 17. Decembre, les Comédiens François remirent au Théatre Ino & [...]
Mots clefs :
Esclave, Mort, Roi, Acte, Princesse, Prisonnier, Hymen, Théâtre, Comédiens-Français
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texteReconnaissance textuelle : Ino & Melicerte, Extrait, [titre d'après la table]
E 17. Décembre , les Comédiens
François remirent au Théâtre lw> &
Melicene , Tragédie de M. de la Gran
ge. Cette Piéce fut donnée pour la pre
mière fois avec un grand succès Tan
1713. oh la reprit sept ou -huit ans
après -, mais par des circonstances dont
on ne íçauroir rendre raison , les Re
présentations n'en furent pas nombreu-
: . „ se*;
*i8 MERCURE DE FRANCÈ. ,
ses } elle vienc de rentrer dans fes droits^
Sc les larmes qu'elle fait répandre dé^-
pol'ent en fa faveur. A cette occasion' ,
nous avons ctíi qu'il, ne seroi.c pas hors
de propos de faice voir dans quelle
source l'Auteur a puisé son sujec. Voici
ce qu'il en dit dans fa Préfaces
La Tragédie d' lai fut une de celles
cjíii firent remporter des- prix a Euripide-y
le tems qui mus' a dérobé- une partie des
Ouvrages de ce grand Poète , r? a pas lais
sé venir jusqu'à nous le moindre frag
ment de celui-ci , & l'on en ignoreroit te
sujet me 'ne , fi Hygitt , Ajf-anvbi d' Augufie,
n'avait pris foin de nous le con^
server dans fa quatrième- Fable , qu'il nousa
laijsée fius' le titre d'Inv d'Euripide ,■
où nous apprennons qu' Aihamas , Sou
verain d'une punie de- la- Thessalie , eut
deux Enfans d'Ino , fin Epouse , & deux
autres ensuite de Themifto qu'iL épousa'
*nffi > qu'Ino , sa première femme , étant
mllie shr le V.arnafi* y pour célébrer ItJ
Fêtes de Bacchus ,,Athamas: envoya de
ses gens qui la lui amenèrent , & trouva
moyen de- la garder près de lui commt
une personne inconnue ; Themtjlo cepen
dant fut informée qu'elle y ètoit , fans:
pouvoir la connoure , & forma le dessein
de faire périr les Enfans de cette pretiHtrt
femme d'Athamas elle la prit
J ANVIER. 1730. *n
elle-rneme pour Confidente , & pour com
plice de son dejfeia , la regardant comme
une Esclave qui apparemment saijoit au
près des quatre enfans d'Athamas , —
qu'on iUvoit ensemble , les fonilions dt
Gouvernante \ afin de ne se point mépren
dre au ehoix qu'elle avoit a faire dt.s
deux qu'elle vouloìt immoler , Themifta
dit k fa Rivale de donner des vêter/:ens
blancs aux deux derniers enfans du Roy t
G7* cThabiller de noir ceux de la prirmiere
femme ; Ino fit le contraire ; Themifio
tua ses propres Fils 5 elle recennut fin
erreur , & fe tua elle-même de desespoir.
Voilà, pour ainsi dire, le germe de la Tra^
ge'die dont nous allons donner l'Extrair.On,
croiroit que c'est par modestie qucM .de la
Grange a voulu rendre à Euripide l'honneur
de l'invention > mais il nous ap
prend lui même que c'est par un autrç
motif qu'il s'y est déterniinét Voici com
ment il s'explique.
Ce sujet n'eft donc point tout entier
de mon invenùon , & il efl surprenant
que dans un tems ou beaucoup de per
sonnes d'une érudition très- profonde dans
P Antiquité , marquent tant de goût pour le
Théâtre , il ne s'en soit presque point
trouvé qui n'ayent regardé cette Piéce
tomme un Roman tout-A-fait nouveau ,
& tiré dans toutes fis parties de mon ima
gination*
t3P MERCURE DE FRANCE.
gination. Ne diroit-on pas par le foiti
que M. de la Grange prend de se jus
tifier , qu'il craint qu'on ne lui impure
à faute ce qui devroit,lui faire honneur,
ëc qu'il croit qu'il est: plus glorieux d'a
voir lû que de créér ? il fait pourtant
Voir par la manière dont il a traité son
sujet , qu'il est; capable de l'avoir inventé.
Voici comment il dispose sa Fable, & se
la rend originale.
Un Roi de Thessalie n'ayant laisse
qu'une fille après fa mort , Athamas
usurpa le Throne fur cette Princesse.
Themiflée , fille du Gouverneur à'Euridicê
, c'-est le nom de la Princesse , se
rendit fi redoutable à l'ufurpateur , qu'il
fut obligé de partager son Throne & son
lit avec elle ; jl ne put le faire fans ré
pudier. Ino , fa première femme, Sf fille
de Cadmus. Themistée voulant assurer
la Couronne à un fils qu'elle avoit eu
d'un premier lit , donna des ordres se
crets pour faire pérjr Melicerte qu'on
avoir dérobé à fa fureur ; ce Melicerte
éroit fils d'Athamas & d'Ino. Le bruit
de fa mort fut répandu par les foins de
Themistée , quoiqu'elle eut manqué son
coup -, elle fit élever Euridice dans une
tour } elle la destinoit à Palamede , c'est
le nom de ee Fils qu'elle avoit eu d'un
premier lie ; elle donna à cette Princesse
une
JANVIER. ï7Jo. n»
une Esclave -pour Gouvernante. Cette
Esclave e'toit Ino elle même , qui croyoir
n'avoir plus de fils , trompée par le bruit
gene'ral de fa mort. Cependant Melicerte;,
échapé aux recherches de ses affalìins ,
respirok sous le nom KAlcidamas , i&
commandoit l'Armée de Cadmus , qui
assiegeoit Pelle , Capitale de la Thessa
lie , pour vanger fa fille Ino. Pelle est
je lieu de ta Scène. Alcidamas & Euri
dice s'aiment par une simple vûe pro
duite par le hazard pendant le siège. Al
cidamas est fait prisonnier dans une at
taque où tout ícmbloit l'assurer d'une
pleine Victoire -, Themistée apprend en
même-rems que cet illustre prisonnier
est ce même Melicerte "dont elle avoit
autrefois ordonné la mort ; elle en fait
confidence à la pre'tenduë Esclave , mere
de Melicerre •■> Ino fait fçavoir à Atha-
»nas par une lettre dont elle charge la
Princesse Euridice , qu'Alcidamas est son
fils Melicerte ; cela produit des recon-
. rioissances .très-touchantes entre le pere
& le fils , & bientôt après entre le fils
& la mere. Tout cela fe passe dans le
sems que Themistée est dans le Temple,
ou elle ordonne les apprêts du mariage
île son fils Palamede avec Euridice ,
íille du légitime Roi de Thessalie. The
mistée ayant appris qu'Athamas a vu Sc
jccoftr
.13* MERCURE DE f R AN CE.
reconnu son fils Melicerte , entreprend
Je faire périr ce Rival de son fils ; elle
.charge fa fidelle Esclave de l'envoyer sur
quelque prétexte , dans un lieu obscur ,
où elle ì'attendra pour le poignarder -,
Ino y envoyé Palamede au lieu de Me
licerte ; & par cette méprise , Themistéc
' plonge dans le sein de son propre fils
£e fer qu'elle croit porter dans le Xein
du fils de ía Rivale ; elle reconnoît ea
raéme-tems -son crime , ôc le véritable
fort de fa prétendue Esclave , & se tue
Je désespoir , peu regrettée d'Athamas ,
*jui depuis long-tems n'étoit occupé que
Je fa chere lno. Cet Argument servira
à rendre la distribution des Actes &
des Scènes plus' claire , &c les Scènes ea
íeront moins chargées d'expositions.
Themistée commence la Tragédie avec
.son fils Palamede. L'Exposition du sujet
est partagée entre le fils & la mere ,
& telle qu'on "l'a mise dans l'Argurhent.
Un secours arrive à Athamas , & con
duit par Thrafile , frère de Themistée , #
.donne lieu à cette femme ambitieuse de
découvrir pour la première fois à soa
fils le grand dessein qu'elle a formé de
puis long-tems de lui faire épouser l'hcjitiere
légitime de la Couronne en la
personne de la Princesse Euridice. L' Au
teur connoìc trop bien le Théâtre pouc
ne
J A N ViER. 1729^ lîï
BC .pas donner des raisons à Thémistés
pour faire édater ptéciíement cn ce jour
un secret qu'elle a toûjoun caché : voici
corame ,elle s'explique.
Il est temps quand tout nous favorise,
Que jc fasse éclater cette illustre entreprise.
U n'est pas vrai , à la rigueur , que tout
favorise Thémistée , le secours que Thra-
£[e vient de lui amener , quelque considé
rable qu'elle le fasse , ne l'a pas empêchée
de dire dès le premier Vers ;
Eh bien, mon fils, le fort changera-t'il de face?
Pouvons- nous espérer de sauver cette Place ?
Mais d'une espérance naislante^lle passe
bientôt à une sécurité qui va jusqu'à la
persuasion, puisqu'en finissant la première
Scène, elle dit >
Du succès que j'attends je fuis persuadée.
Le grand deísein de Thémistée ne con
siste pas seulement à faire épouser la Prin
cesse Euridice à son fils > mais à achever
de déterminer Athamas à abdiquer la Cou
ronne ; ahdication dont Clarigene , le plus
fidèle de ses Sujets l'a détourné jusqu'à
ce jour.
Thémiilée fait connoître ses intentions
G à
*54 MERCURE DE FRANCE,
à Euridice , & exhorte l'Esclave qui lui «
■tenu lieu de Gouvernante dans la Touc
d'où elle fort pour la première fois,
i la porter à cet Hymen ; elle tâche de
l'y engager par la promesse de sa liberté.
Palamede n'eisuye que des mépris de la
part d'Euridice , & la quitte très-peu sa
lissait. L'Esclave inconnue loué la Prin
cesse de la noble fermeté avec laquelle
elle a réprimé l'audace d'un Sujet assez té
méraire pous aspirer à son Hymen.
Clarigene reconnoît Ino dans la peiv
sonne de l'Esclave ; il lui apprend qu'Athamas
la regrette tous les jours. £no pat
ixn premier mouvement voudroit s'aller
jetter aux pieds de son époux ; mais Cla
rigene l'en détourne par prudence ; il
l'instruit de ce qui se passe dans J'arméa
des Aiïìegeans , dont le Chef s'appelle
Alcidamas » ïno soupçonne que c'eù sou
' fils Melicerte qui fe cache fous ce nom ;
Clarigene lui ôte une fi douce erteur,& lui
apprend que Thémistée a fait périr Meli
certe. Cet Acte finit par une promesse que
Clarigene fait à Ino de détourner l'Hymcn
de Palamede avec Euridice & ['abdication
d'Athamas.Il est encore parlé dans ect Acte
de l'Amour d'Alcidamas & d'Euridice.
Au second Acte , Clarigene , dans un
JMonologue, se confirme dans la noble
résolution de périr plutôt que de trahir les
ëaterçci; de son Roi. Âthae
JANVIER. 1730; rffS
Athamas , pour k première fois qu'il
.paroît , témoigne des remords qui tien
nent de la fureur son caractère devienc
plus raisonnable dans le reste de la Piece,
par les différentes situations où il se trou
ve. La mort prétendue' d'Ino & de Melicerte
qu'il s'impute , le rend furieux ;
mais ce cher Fils recouvré , & l'esperancç /
.'de retrouver cette fidèle Epouse, injustes
ment répudiée, donnent lieu à ce qu'on
trouve de changement dans soncaracteresï
cela n'empêche pas qu'il ne soit imbécile»
Clatigene a beau l'exhorrer à ne point
abdiquer la Couronne , par les raisons les
plus pressantes, il persiste dans son dessein,
& n'excuse sa foiblesse que par ces Vers:
•Maître encor dubandeau qu'ils veulent m'ar»
racher .
Moi-même de mon front je le veux détacher :
;Faisons voir qu'un grand coeur aisément le
dédaigne ,
|Lt sçait y renoncer avant qu'on l'y contraigne.
Il confirme à Thémistée qui arrive , l'esperance
dont il l'a flatée ; Clarígene plus
Roi que le Roi même , ose persister en
présence de Thémistée dans le conseil qu'il
vient de lui donner ; tout cela n'ébranle
point Athamas ; quelques larmes que
Thémistée affecte de répandre , le portent
à dice d'Ujti ton absçlu à Clarigene :
G i} Cla,
ij* MERCURE DE FRANCE, ^
Glarigene, suivei l'ordre que j'ai donné.
Euridice qui arrive , témoigne au
contraire une noble fermeté , Thémistée
en est vivement picquée , 8ç Athamas sem
ble presque ['approuver par son silence..
Clarigene qui érpit sorti par ordre du Roi,
revient pour lui annoncer que les ennemis
ont défait le secours amené par Thraíîle.
Thémistée en est déconcertée j mais une
seconde nouvelle que son fils lui apporte
de ^emprisonnement d'Alcidamas , qui
a suivi la mort de Thraíîle ,1a console en
partie & lui fait jurer ia mort d'Alcida-
~mas. Euridice , troublée du danger de son
Amant, prend une résolution digne d'elle,
qu'elle témoigne par çes Vers , qui finis
sent le second Acte ? . ' ;
Allons, quelque malheur que le destin m'zpr
prête,
D'une tête si chere écartons la tempête.
Le péril est pressant , volons à son secours ,
Et conservons fa vie aux dépens de mes jours.
C'est dès la première Scène du troisiè
me Acte , que le grand intérêt commen
ce. L'Esclave à qui Thémistée se confie ,
lui apprend qu'Euridice consent enfin
par ses foins à l'Hymen de son fils , &
qu'elle n'y met d'autre prix que la li
berté du jeune Alcidamas ; ce grand
sacrifice
Janvier* 1730. n?
sacrifice persuade à Thémistéc qu'AÍcidamas
est aimé de la Princesse > Ino
combat cette croyance ; mais elle a bien
d'autres foins quand elle apprend de
Thémistée que cet Alcidamas estMélicerte
8£ que" Lycus , áutrefois chargé de fa môrt
& récemment échappé des prisons de Cad~
mus , vient de lui révéler ce grand secret j
que devient Ino à cette fatale confidence?
elle exhorte Thémistée à suspendre sa ven
geance jusqu'après l'Hymen de son fils
avec Euridice & fur tout à cacher le fort
de Mélicerte au Roi meme ; ce dernier
Conseil, qui a un air de fidélité, confir
me Thémistée dans la croyance où elle
est que fa prétendue Esclave est inviola
blement attachée à ses intérêts.
Euridice vient ; Thémistée dissimulant»
par le Conseil d'Ino , lui promet la liberté
d' Alcidamas au moment qu'elle aura épou
sé son fils.
Euridice gémit du sacrifice que l'Amouí
exige d'elle , pour sauver ce qu'elle aime,
elle s'en plaint à Ino qui l'y a confirmée,
elle proteste ..qu'elle se donnera la mort
après avoir sauvé la vie à son Amant. La
fausse Esclave lui conseille de feindre , Sc
pour l'y mieux obliger , elle lui apprend
que Thémistéc feint elle-même & qu'elle
a juré la mort d'Alcidamas , quelque pro
messe qu'elle ait faite de lui rendre la li-
G iij berté.
MERCURE DE FRANCE;-
berté. Euridice frémit à cette funeste nou*
velle , Ino la rassure áutanc qu'elle peutpar
ces deux Vers :
te Ciel dans- mes projets ne me trahira pas,
Madame, .& je répons des jours d'Alcidamas; *
Euridice déplòre son sort dans un coure
Ivlonologue.Melicerte, qui apparemmenc
ti'Á que la Cour pour prison , vient se pré
senter aux yeux d'Euridice -, il lui dit que
la nouvelle qu'il a reçue de la violence
qu'on vouloir lui faire, l'aroit déterminée
à tout entreprendre pour l'aífranchir d'un-
Hymen odieux ; il lui déclare son amoùr
qu'il s'impute à témérité, ignorant de quel
sang les Dieux l'ont fait naître» Euridice
reçoit cet aveu avec la décence convena*-
fale à son rang.
Ino, sous le nom de Cléonc, vient
rassurer ces deux Amants ; Melicerte est
emû à sa vûè', il reçoit la promesse qu'elle
íui fait de le sauver , comme un Oracle
prononcé par une Divinité -, la fausse Cléone
lui dit qu'il n'y a qu'à le faire connoître
au Roi pour son fils Mélicerte-, elle prie.
Euridice de remettre entre les mains d'Athamas
un écrit qui doit l'instruire d'un
important secret •, Euridice lui demande
d'où vient qu'elle ne le va pas présenter
elle-même au Rói ; elle lui répond qu'elle
ne doit se montrer à ses jeux que lorsJANVIË&.
17 3 0. ijf
«ju'ìl sera le Maître dans ce Palais , Sc
affranchi de la tyrannie de Thémistée.
Touc le monde convient que le quatriè
me est le plus bel Acte de la Piece , Athamas
même 4 qui jusqu'ici en a paru le
personnage le plus deífectueux, reprend
un nouveau caractère ; Clarigene lc rcconnoît
par ces Vers :
Je reconriois mon Koi dans ce noble dessein ,
Que les Dieux appaiscz ont mis dans votra'
sein ;
Par eux en ce moment votre aine est inspiríèV
Aux conseils d'une femme elle n'est plus li*
vrée,
Et fous de noirs chagrins trop long-temps*
abbatu ,
Seigneur , vous reprenez toute votre vertu.
Ce qui obligé Clarigene à parler ainíf
à Athamss c'est la noble résolution qu'il
lui témoigne de protéger le faux Alcidarnas
contre la fureurde Thémistée. Athamas
lui dit qu'il doit ce changement qui;
Vient de se faire en lui , à un songe dans
lequel il a crû voir fa chere Ino , lui pré
sentant d'une main Alcidamas & de l'au
tre son fils Melicerte. Il ajoûte qu'après
son réveil il a entendu la voix d'Ino d'une
manière à ne pouvoir s'y tromper •> mais
que ne l'ayant point trouvée , il n'a poinc
douté qpe ce ne fût ion Ombre , qui , fi-
G iuj deic
pi 4.0 MERCURE DE FRANCE:
"ëelle-même dans les Enfers , venoit lui aniï
«oncer k mort } comme la fin de ses mal
heurs.
Euridiee vient présenter au Roi he
feillet dont la fausse Esclave l'a chargée
pour lui. Voici ce qu'il contient.
West-tu pas satisfait , impitoyable Epoux- ,
Des maux que m' a faits ton courroux-*
Sans ajoûter à ma misère
L'horreur de voir mon fils prisonnier daus ta-
Cour ,
Perdre enfij la clarté du jour
far la cruauté de son pere.
La lecture de ce billet n'avok jamais
tant touché que dans cette derniere re
prise d'Ino & Mdicerte , ce qui fait
©eaucoup d'honneur au sieur Sarrazin ,
^ui joué le Rôle d'Athamas. Le Roi or
donne à- Clarigene d-'allet chercher le
prisonnier î la reconnoiffance entre le
Pere & le Fils est très-touchante. Acha
rnas ordonne à Melicerte d'éviter la Furie
de Themistéc par une prompte fuite. Me
licerte ne veut point partir fans amener
avec lui l'Efclave qui lui a causé tant
d'émotion dans l'Acte précédent. Ino
vient j son fils la reconnoîc pour fa mere
aux tendres foins qu'elle prend de ses
jours. Voici comment il s'explique.
Ces
JANVIER. 1730. *4i,
Ces mots entrecoupés , ces larmes que je
voi .
Celles qui de mes yeux s'échapeiit malgré
moi;
Cet excés de bonté , ces marques de tendresse,
Un secret mouvement qui pour vous m'interesse
>
Madame , tout m'apprend que si je vois le
jour ,
Melicerte deux fois le tient de votre amour.
Ino ne peut enfin se deffendre de lui
avouer qu'elle est sa mere ; elle l'oblige
à fuir avec Clarigene. Melicerte obéit
malgré lui.
Themistée arrive > elle a appris qu'Arhamàs
a reconnu le prisonnier pour sort
fils ; elle en est au desespoir -, elle soup
çonne la fausse Cleone de cette trahison,
& lui demande pour preuve de son in
nocence de conduire fous un faux pré
texte , Melicerte dans un endroit obscur,
où elle le va attendre pour le poignar
der. C'est là un grand coup de Théâtre;
mais en n'auroic pas voulu que Themis
tée eut soupçonné Cleone , parcequ'ellë
lie doit pas lui confier cette derniere en
treprise , si elle se doute qu'elle a pû la
trahir dans une confidence moins imjaortante.-.
Gv Nous
1*4* MERCURE DE FRANCE.'
Nous passerons légèrement fur ce der
nier Acte , & nous n'en dirons que ce.-
qui sert à dénouer une Piéce qui n'est
que trop charge'e d'action. Palamede
vaincu , (a propose d'accabler son RivalJ.
sous fa chute par un noble desespoir.
On a retranché une Scène , où Licus:
paroissoit pour la première fois , 6c qui-:
étoit tout- à-fait inutile. Palàmede faic:
connoître que Themistéc l'attend v il estï
à présumer que c'est la fausse Cleone qui;
J'envoye à l'endroit. obscur où Themistéee
doit poignarder. Melicerte* Athamas 8C:
Eutidice viennent s'applaudir de la vic
toire que Melicerte a remportée fur ses:
Ennemis. T.hemistée vient annoncer à .
Athamas que Melicerte n'est plus-,
qu'elle l'a poignardé de fa propre main.
Melicerte paroîc ; mais on a trouvéqu'il
venoit un peu trop tard desabuser -
Athamas , qui ne disant , ni ne faisant :
rien pendant qu'on lui annonçoit la mortt
de son fils -, retomboit dans ion premier -
caractère, La vue de Melicerte donne
d'étranges soupçons à Themistée , dootr
les coups ont été rrompés. .
Ino vient changer ses soupçons cn cer*
titude -, elle lui apprend qu'elle a poi
gnardé son propre fils. La reconnoissinct •
entre Athamas & Ino ne produit pas un
Etaad effet , parcequ'elle se fait dans une :
sitttttioat
JANVIER. 1730. i4î
situation funeste , qui fait diversion ì
Pinterêt qui en pourroit résulter. Themistée
se tue , après une prédiction ,
dont on croit que l'Auteur auroit bien
fait de se passer.
On a trouve' la Versification de cette
Tragédie tm peu foible ; mais on ne
peut pas refuser à l'Auteur Penrente du
Théâtre qu'il a portée au plus haut degré,
La ' Lecouvrcitr & le Sr Ditval ,
jouent les deux principaux Rôles dans
cette Piéce. Ceux deThemifiée 6c d'Euriâice
, font joiiez par les D"" Balicour 8c
du Frcsne , & celui de Palamede , pat ic
ST Duchemin fils.
François remirent au Théâtre lw> &
Melicene , Tragédie de M. de la Gran
ge. Cette Piéce fut donnée pour la pre
mière fois avec un grand succès Tan
1713. oh la reprit sept ou -huit ans
après -, mais par des circonstances dont
on ne íçauroir rendre raison , les Re
présentations n'en furent pas nombreu-
: . „ se*;
*i8 MERCURE DE FRANCÈ. ,
ses } elle vienc de rentrer dans fes droits^
Sc les larmes qu'elle fait répandre dé^-
pol'ent en fa faveur. A cette occasion' ,
nous avons ctíi qu'il, ne seroi.c pas hors
de propos de faice voir dans quelle
source l'Auteur a puisé son sujec. Voici
ce qu'il en dit dans fa Préfaces
La Tragédie d' lai fut une de celles
cjíii firent remporter des- prix a Euripide-y
le tems qui mus' a dérobé- une partie des
Ouvrages de ce grand Poète , r? a pas lais
sé venir jusqu'à nous le moindre frag
ment de celui-ci , & l'on en ignoreroit te
sujet me 'ne , fi Hygitt , Ajf-anvbi d' Augufie,
n'avait pris foin de nous le con^
server dans fa quatrième- Fable , qu'il nousa
laijsée fius' le titre d'Inv d'Euripide ,■
où nous apprennons qu' Aihamas , Sou
verain d'une punie de- la- Thessalie , eut
deux Enfans d'Ino , fin Epouse , & deux
autres ensuite de Themifto qu'iL épousa'
*nffi > qu'Ino , sa première femme , étant
mllie shr le V.arnafi* y pour célébrer ItJ
Fêtes de Bacchus ,,Athamas: envoya de
ses gens qui la lui amenèrent , & trouva
moyen de- la garder près de lui commt
une personne inconnue ; Themtjlo cepen
dant fut informée qu'elle y ètoit , fans:
pouvoir la connoure , & forma le dessein
de faire périr les Enfans de cette pretiHtrt
femme d'Athamas elle la prit
J ANVIER. 1730. *n
elle-rneme pour Confidente , & pour com
plice de son dejfeia , la regardant comme
une Esclave qui apparemment saijoit au
près des quatre enfans d'Athamas , —
qu'on iUvoit ensemble , les fonilions dt
Gouvernante \ afin de ne se point mépren
dre au ehoix qu'elle avoit a faire dt.s
deux qu'elle vouloìt immoler , Themifta
dit k fa Rivale de donner des vêter/:ens
blancs aux deux derniers enfans du Roy t
G7* cThabiller de noir ceux de la prirmiere
femme ; Ino fit le contraire ; Themifio
tua ses propres Fils 5 elle recennut fin
erreur , & fe tua elle-même de desespoir.
Voilà, pour ainsi dire, le germe de la Tra^
ge'die dont nous allons donner l'Extrair.On,
croiroit que c'est par modestie qucM .de la
Grange a voulu rendre à Euripide l'honneur
de l'invention > mais il nous ap
prend lui même que c'est par un autrç
motif qu'il s'y est déterniinét Voici com
ment il s'explique.
Ce sujet n'eft donc point tout entier
de mon invenùon , & il efl surprenant
que dans un tems ou beaucoup de per
sonnes d'une érudition très- profonde dans
P Antiquité , marquent tant de goût pour le
Théâtre , il ne s'en soit presque point
trouvé qui n'ayent regardé cette Piéce
tomme un Roman tout-A-fait nouveau ,
& tiré dans toutes fis parties de mon ima
gination*
t3P MERCURE DE FRANCE.
gination. Ne diroit-on pas par le foiti
que M. de la Grange prend de se jus
tifier , qu'il craint qu'on ne lui impure
à faute ce qui devroit,lui faire honneur,
ëc qu'il croit qu'il est: plus glorieux d'a
voir lû que de créér ? il fait pourtant
Voir par la manière dont il a traité son
sujet , qu'il est; capable de l'avoir inventé.
Voici comment il dispose sa Fable, & se
la rend originale.
Un Roi de Thessalie n'ayant laisse
qu'une fille après fa mort , Athamas
usurpa le Throne fur cette Princesse.
Themiflée , fille du Gouverneur à'Euridicê
, c'-est le nom de la Princesse , se
rendit fi redoutable à l'ufurpateur , qu'il
fut obligé de partager son Throne & son
lit avec elle ; jl ne put le faire fans ré
pudier. Ino , fa première femme, Sf fille
de Cadmus. Themistée voulant assurer
la Couronne à un fils qu'elle avoit eu
d'un premier lit , donna des ordres se
crets pour faire pérjr Melicerte qu'on
avoir dérobé à fa fureur ; ce Melicerte
éroit fils d'Athamas & d'Ino. Le bruit
de fa mort fut répandu par les foins de
Themistée , quoiqu'elle eut manqué son
coup -, elle fit élever Euridice dans une
tour } elle la destinoit à Palamede , c'est
le nom de ee Fils qu'elle avoit eu d'un
premier lie ; elle donna à cette Princesse
une
JANVIER. ï7Jo. n»
une Esclave -pour Gouvernante. Cette
Esclave e'toit Ino elle même , qui croyoir
n'avoir plus de fils , trompée par le bruit
gene'ral de fa mort. Cependant Melicerte;,
échapé aux recherches de ses affalìins ,
respirok sous le nom KAlcidamas , i&
commandoit l'Armée de Cadmus , qui
assiegeoit Pelle , Capitale de la Thessa
lie , pour vanger fa fille Ino. Pelle est
je lieu de ta Scène. Alcidamas & Euri
dice s'aiment par une simple vûe pro
duite par le hazard pendant le siège. Al
cidamas est fait prisonnier dans une at
taque où tout ícmbloit l'assurer d'une
pleine Victoire -, Themistée apprend en
même-rems que cet illustre prisonnier
est ce même Melicerte "dont elle avoit
autrefois ordonné la mort ; elle en fait
confidence à la pre'tenduë Esclave , mere
de Melicerre •■> Ino fait fçavoir à Atha-
»nas par une lettre dont elle charge la
Princesse Euridice , qu'Alcidamas est son
fils Melicerte ; cela produit des recon-
. rioissances .très-touchantes entre le pere
& le fils , & bientôt après entre le fils
& la mere. Tout cela fe passe dans le
sems que Themistée est dans le Temple,
ou elle ordonne les apprêts du mariage
île son fils Palamede avec Euridice ,
íille du légitime Roi de Thessalie. The
mistée ayant appris qu'Athamas a vu Sc
jccoftr
.13* MERCURE DE f R AN CE.
reconnu son fils Melicerte , entreprend
Je faire périr ce Rival de son fils ; elle
.charge fa fidelle Esclave de l'envoyer sur
quelque prétexte , dans un lieu obscur ,
où elle ì'attendra pour le poignarder -,
Ino y envoyé Palamede au lieu de Me
licerte ; & par cette méprise , Themistéc
' plonge dans le sein de son propre fils
£e fer qu'elle croit porter dans le Xein
du fils de ía Rivale ; elle reconnoît ea
raéme-tems -son crime , ôc le véritable
fort de fa prétendue Esclave , & se tue
Je désespoir , peu regrettée d'Athamas ,
*jui depuis long-tems n'étoit occupé que
Je fa chere lno. Cet Argument servira
à rendre la distribution des Actes &
des Scènes plus' claire , &c les Scènes ea
íeront moins chargées d'expositions.
Themistée commence la Tragédie avec
.son fils Palamede. L'Exposition du sujet
est partagée entre le fils & la mere ,
& telle qu'on "l'a mise dans l'Argurhent.
Un secours arrive à Athamas , & con
duit par Thrafile , frère de Themistée , #
.donne lieu à cette femme ambitieuse de
découvrir pour la première fois à soa
fils le grand dessein qu'elle a formé de
puis long-tems de lui faire épouser l'hcjitiere
légitime de la Couronne en la
personne de la Princesse Euridice. L' Au
teur connoìc trop bien le Théâtre pouc
ne
J A N ViER. 1729^ lîï
BC .pas donner des raisons à Thémistés
pour faire édater ptéciíement cn ce jour
un secret qu'elle a toûjoun caché : voici
corame ,elle s'explique.
Il est temps quand tout nous favorise,
Que jc fasse éclater cette illustre entreprise.
U n'est pas vrai , à la rigueur , que tout
favorise Thémistée , le secours que Thra-
£[e vient de lui amener , quelque considé
rable qu'elle le fasse , ne l'a pas empêchée
de dire dès le premier Vers ;
Eh bien, mon fils, le fort changera-t'il de face?
Pouvons- nous espérer de sauver cette Place ?
Mais d'une espérance naislante^lle passe
bientôt à une sécurité qui va jusqu'à la
persuasion, puisqu'en finissant la première
Scène, elle dit >
Du succès que j'attends je fuis persuadée.
Le grand deísein de Thémistée ne con
siste pas seulement à faire épouser la Prin
cesse Euridice à son fils > mais à achever
de déterminer Athamas à abdiquer la Cou
ronne ; ahdication dont Clarigene , le plus
fidèle de ses Sujets l'a détourné jusqu'à
ce jour.
Thémiilée fait connoître ses intentions
G à
*54 MERCURE DE FRANCE,
à Euridice , & exhorte l'Esclave qui lui «
■tenu lieu de Gouvernante dans la Touc
d'où elle fort pour la première fois,
i la porter à cet Hymen ; elle tâche de
l'y engager par la promesse de sa liberté.
Palamede n'eisuye que des mépris de la
part d'Euridice , & la quitte très-peu sa
lissait. L'Esclave inconnue loué la Prin
cesse de la noble fermeté avec laquelle
elle a réprimé l'audace d'un Sujet assez té
méraire pous aspirer à son Hymen.
Clarigene reconnoît Ino dans la peiv
sonne de l'Esclave ; il lui apprend qu'Athamas
la regrette tous les jours. £no pat
ixn premier mouvement voudroit s'aller
jetter aux pieds de son époux ; mais Cla
rigene l'en détourne par prudence ; il
l'instruit de ce qui se passe dans J'arméa
des Aiïìegeans , dont le Chef s'appelle
Alcidamas » ïno soupçonne que c'eù sou
' fils Melicerte qui fe cache fous ce nom ;
Clarigene lui ôte une fi douce erteur,& lui
apprend que Thémistée a fait périr Meli
certe. Cet Acte finit par une promesse que
Clarigene fait à Ino de détourner l'Hymcn
de Palamede avec Euridice & ['abdication
d'Athamas.Il est encore parlé dans ect Acte
de l'Amour d'Alcidamas & d'Euridice.
Au second Acte , Clarigene , dans un
JMonologue, se confirme dans la noble
résolution de périr plutôt que de trahir les
ëaterçci; de son Roi. Âthae
JANVIER. 1730; rffS
Athamas , pour k première fois qu'il
.paroît , témoigne des remords qui tien
nent de la fureur son caractère devienc
plus raisonnable dans le reste de la Piece,
par les différentes situations où il se trou
ve. La mort prétendue' d'Ino & de Melicerte
qu'il s'impute , le rend furieux ;
mais ce cher Fils recouvré , & l'esperancç /
.'de retrouver cette fidèle Epouse, injustes
ment répudiée, donnent lieu à ce qu'on
trouve de changement dans soncaracteresï
cela n'empêche pas qu'il ne soit imbécile»
Clatigene a beau l'exhorrer à ne point
abdiquer la Couronne , par les raisons les
plus pressantes, il persiste dans son dessein,
& n'excuse sa foiblesse que par ces Vers:
•Maître encor dubandeau qu'ils veulent m'ar»
racher .
Moi-même de mon front je le veux détacher :
;Faisons voir qu'un grand coeur aisément le
dédaigne ,
|Lt sçait y renoncer avant qu'on l'y contraigne.
Il confirme à Thémistée qui arrive , l'esperance
dont il l'a flatée ; Clarígene plus
Roi que le Roi même , ose persister en
présence de Thémistée dans le conseil qu'il
vient de lui donner ; tout cela n'ébranle
point Athamas ; quelques larmes que
Thémistée affecte de répandre , le portent
à dice d'Ujti ton absçlu à Clarigene :
G i} Cla,
ij* MERCURE DE FRANCE, ^
Glarigene, suivei l'ordre que j'ai donné.
Euridice qui arrive , témoigne au
contraire une noble fermeté , Thémistée
en est vivement picquée , 8ç Athamas sem
ble presque ['approuver par son silence..
Clarigene qui érpit sorti par ordre du Roi,
revient pour lui annoncer que les ennemis
ont défait le secours amené par Thraíîle.
Thémistée en est déconcertée j mais une
seconde nouvelle que son fils lui apporte
de ^emprisonnement d'Alcidamas , qui
a suivi la mort de Thraíîle ,1a console en
partie & lui fait jurer ia mort d'Alcida-
~mas. Euridice , troublée du danger de son
Amant, prend une résolution digne d'elle,
qu'elle témoigne par çes Vers , qui finis
sent le second Acte ? . ' ;
Allons, quelque malheur que le destin m'zpr
prête,
D'une tête si chere écartons la tempête.
Le péril est pressant , volons à son secours ,
Et conservons fa vie aux dépens de mes jours.
C'est dès la première Scène du troisiè
me Acte , que le grand intérêt commen
ce. L'Esclave à qui Thémistée se confie ,
lui apprend qu'Euridice consent enfin
par ses foins à l'Hymen de son fils , &
qu'elle n'y met d'autre prix que la li
berté du jeune Alcidamas ; ce grand
sacrifice
Janvier* 1730. n?
sacrifice persuade à Thémistéc qu'AÍcidamas
est aimé de la Princesse > Ino
combat cette croyance ; mais elle a bien
d'autres foins quand elle apprend de
Thémistée que cet Alcidamas estMélicerte
8£ que" Lycus , áutrefois chargé de fa môrt
& récemment échappé des prisons de Cad~
mus , vient de lui révéler ce grand secret j
que devient Ino à cette fatale confidence?
elle exhorte Thémistée à suspendre sa ven
geance jusqu'après l'Hymen de son fils
avec Euridice & fur tout à cacher le fort
de Mélicerte au Roi meme ; ce dernier
Conseil, qui a un air de fidélité, confir
me Thémistée dans la croyance où elle
est que fa prétendue Esclave est inviola
blement attachée à ses intérêts.
Euridice vient ; Thémistée dissimulant»
par le Conseil d'Ino , lui promet la liberté
d' Alcidamas au moment qu'elle aura épou
sé son fils.
Euridice gémit du sacrifice que l'Amouí
exige d'elle , pour sauver ce qu'elle aime,
elle s'en plaint à Ino qui l'y a confirmée,
elle proteste ..qu'elle se donnera la mort
après avoir sauvé la vie à son Amant. La
fausse Esclave lui conseille de feindre , Sc
pour l'y mieux obliger , elle lui apprend
que Thémistéc feint elle-même & qu'elle
a juré la mort d'Alcidamas , quelque pro
messe qu'elle ait faite de lui rendre la li-
G iij berté.
MERCURE DE FRANCE;-
berté. Euridice frémit à cette funeste nou*
velle , Ino la rassure áutanc qu'elle peutpar
ces deux Vers :
te Ciel dans- mes projets ne me trahira pas,
Madame, .& je répons des jours d'Alcidamas; *
Euridice déplòre son sort dans un coure
Ivlonologue.Melicerte, qui apparemmenc
ti'Á que la Cour pour prison , vient se pré
senter aux yeux d'Euridice -, il lui dit que
la nouvelle qu'il a reçue de la violence
qu'on vouloir lui faire, l'aroit déterminée
à tout entreprendre pour l'aífranchir d'un-
Hymen odieux ; il lui déclare son amoùr
qu'il s'impute à témérité, ignorant de quel
sang les Dieux l'ont fait naître» Euridice
reçoit cet aveu avec la décence convena*-
fale à son rang.
Ino, sous le nom de Cléonc, vient
rassurer ces deux Amants ; Melicerte est
emû à sa vûè', il reçoit la promesse qu'elle
íui fait de le sauver , comme un Oracle
prononcé par une Divinité -, la fausse Cléone
lui dit qu'il n'y a qu'à le faire connoître
au Roi pour son fils Mélicerte-, elle prie.
Euridice de remettre entre les mains d'Athamas
un écrit qui doit l'instruire d'un
important secret •, Euridice lui demande
d'où vient qu'elle ne le va pas présenter
elle-même au Rói ; elle lui répond qu'elle
ne doit se montrer à ses jeux que lorsJANVIË&.
17 3 0. ijf
«ju'ìl sera le Maître dans ce Palais , Sc
affranchi de la tyrannie de Thémistée.
Touc le monde convient que le quatriè
me est le plus bel Acte de la Piece , Athamas
même 4 qui jusqu'ici en a paru le
personnage le plus deífectueux, reprend
un nouveau caractère ; Clarigene lc rcconnoît
par ces Vers :
Je reconriois mon Koi dans ce noble dessein ,
Que les Dieux appaiscz ont mis dans votra'
sein ;
Par eux en ce moment votre aine est inspiríèV
Aux conseils d'une femme elle n'est plus li*
vrée,
Et fous de noirs chagrins trop long-temps*
abbatu ,
Seigneur , vous reprenez toute votre vertu.
Ce qui obligé Clarigene à parler ainíf
à Athamss c'est la noble résolution qu'il
lui témoigne de protéger le faux Alcidarnas
contre la fureurde Thémistée. Athamas
lui dit qu'il doit ce changement qui;
Vient de se faire en lui , à un songe dans
lequel il a crû voir fa chere Ino , lui pré
sentant d'une main Alcidamas & de l'au
tre son fils Melicerte. Il ajoûte qu'après
son réveil il a entendu la voix d'Ino d'une
manière à ne pouvoir s'y tromper •> mais
que ne l'ayant point trouvée , il n'a poinc
douté qpe ce ne fût ion Ombre , qui , fi-
G iuj deic
pi 4.0 MERCURE DE FRANCE:
"ëelle-même dans les Enfers , venoit lui aniï
«oncer k mort } comme la fin de ses mal
heurs.
Euridiee vient présenter au Roi he
feillet dont la fausse Esclave l'a chargée
pour lui. Voici ce qu'il contient.
West-tu pas satisfait , impitoyable Epoux- ,
Des maux que m' a faits ton courroux-*
Sans ajoûter à ma misère
L'horreur de voir mon fils prisonnier daus ta-
Cour ,
Perdre enfij la clarté du jour
far la cruauté de son pere.
La lecture de ce billet n'avok jamais
tant touché que dans cette derniere re
prise d'Ino & Mdicerte , ce qui fait
©eaucoup d'honneur au sieur Sarrazin ,
^ui joué le Rôle d'Athamas. Le Roi or
donne à- Clarigene d-'allet chercher le
prisonnier î la reconnoiffance entre le
Pere & le Fils est très-touchante. Acha
rnas ordonne à Melicerte d'éviter la Furie
de Themistéc par une prompte fuite. Me
licerte ne veut point partir fans amener
avec lui l'Efclave qui lui a causé tant
d'émotion dans l'Acte précédent. Ino
vient j son fils la reconnoîc pour fa mere
aux tendres foins qu'elle prend de ses
jours. Voici comment il s'explique.
Ces
JANVIER. 1730. *4i,
Ces mots entrecoupés , ces larmes que je
voi .
Celles qui de mes yeux s'échapeiit malgré
moi;
Cet excés de bonté , ces marques de tendresse,
Un secret mouvement qui pour vous m'interesse
>
Madame , tout m'apprend que si je vois le
jour ,
Melicerte deux fois le tient de votre amour.
Ino ne peut enfin se deffendre de lui
avouer qu'elle est sa mere ; elle l'oblige
à fuir avec Clarigene. Melicerte obéit
malgré lui.
Themistée arrive > elle a appris qu'Arhamàs
a reconnu le prisonnier pour sort
fils ; elle en est au desespoir -, elle soup
çonne la fausse Cleone de cette trahison,
& lui demande pour preuve de son in
nocence de conduire fous un faux pré
texte , Melicerte dans un endroit obscur,
où elle le va attendre pour le poignar
der. C'est là un grand coup de Théâtre;
mais en n'auroic pas voulu que Themis
tée eut soupçonné Cleone , parcequ'ellë
lie doit pas lui confier cette derniere en
treprise , si elle se doute qu'elle a pû la
trahir dans une confidence moins imjaortante.-.
Gv Nous
1*4* MERCURE DE FRANCE.'
Nous passerons légèrement fur ce der
nier Acte , & nous n'en dirons que ce.-
qui sert à dénouer une Piéce qui n'est
que trop charge'e d'action. Palamede
vaincu , (a propose d'accabler son RivalJ.
sous fa chute par un noble desespoir.
On a retranché une Scène , où Licus:
paroissoit pour la première fois , 6c qui-:
étoit tout- à-fait inutile. Palàmede faic:
connoître que Themistéc l'attend v il estï
à présumer que c'est la fausse Cleone qui;
J'envoye à l'endroit. obscur où Themistéee
doit poignarder. Melicerte* Athamas 8C:
Eutidice viennent s'applaudir de la vic
toire que Melicerte a remportée fur ses:
Ennemis. T.hemistée vient annoncer à .
Athamas que Melicerte n'est plus-,
qu'elle l'a poignardé de fa propre main.
Melicerte paroîc ; mais on a trouvéqu'il
venoit un peu trop tard desabuser -
Athamas , qui ne disant , ni ne faisant :
rien pendant qu'on lui annonçoit la mortt
de son fils -, retomboit dans ion premier -
caractère, La vue de Melicerte donne
d'étranges soupçons à Themistée , dootr
les coups ont été rrompés. .
Ino vient changer ses soupçons cn cer*
titude -, elle lui apprend qu'elle a poi
gnardé son propre fils. La reconnoissinct •
entre Athamas & Ino ne produit pas un
Etaad effet , parcequ'elle se fait dans une :
sitttttioat
JANVIER. 1730. i4î
situation funeste , qui fait diversion ì
Pinterêt qui en pourroit résulter. Themistée
se tue , après une prédiction ,
dont on croit que l'Auteur auroit bien
fait de se passer.
On a trouve' la Versification de cette
Tragédie tm peu foible ; mais on ne
peut pas refuser à l'Auteur Penrente du
Théâtre qu'il a portée au plus haut degré,
La ' Lecouvrcitr & le Sr Ditval ,
jouent les deux principaux Rôles dans
cette Piéce. Ceux deThemifiée 6c d'Euriâice
, font joiiez par les D"" Balicour 8c
du Frcsne , & celui de Palamede , pat ic
ST Duchemin fils.
Fermer
Résumé : Ino & Melicerte, Extrait, [titre d'après la table]
Le texte du Mercure de France de janvier 1730 relate la représentation de la tragédie 'Mélicerte' de M. de la Grange, initialement jouée en 1713 et reprise après plusieurs années. La pièce s'inspire d'une tragédie d'Euripide et d'un récit d'Hygin, un auteur antique, qui raconte comment Themisto, la seconde épouse d'Athamas, roi de Thessalie, tente de tuer les enfants de la première épouse, Ino. La tragédie de M. de la Grange adapte cette histoire en introduisant des personnages et des événements originaux, tels que la princesse Euridice et Mélicerte, le fils caché d'Athamas et d'Ino, qui survit et commande l'armée sous le nom d'Alcidamas. L'intrigue se développe autour de la princesse Euridice, qui déplore son sort dans un cour. Mélicerte se révèle à elle et lui déclare son amour, prêt à la libérer d'un mariage odieux. Ino, sous le nom de Cléone, rassure les amants et promet de sauver Mélicerte en le faisant reconnaître par Athamas comme son fils. Euridice remet un écrit à Athamas, révélant un important secret. Athamas, inspiré par un songe où il voit Ino avec Alcidamas et Mélicerte, décide de protéger Mélicerte contre Themisto. La reconnaissance entre Athamas et Mélicerte est émouvante. Ino révèle sa véritable identité à Mélicerte et l'oblige à fuir avec Clarigene. Themisto, apprenant la reconnaissance de Mélicerte par Athamas, est désespérée et soupçonne Cléone de trahison. Elle tente de poignarder Mélicerte, mais échoue. Ino révèle à Themisto qu'elle a poignardé son propre fils, Palamède. La reconnaissance entre Athamas et Ino est peu marquée. Themisto se tue après une prédiction. La tragédie explore les thèmes de la vengeance, de l'amour et de la trahison, avec des personnages complexes et des intrigues entremêlées. La versification de la tragédie est jugée faible, mais l'auteur est reconnu pour son talent théâtral. Les rôles principaux sont interprétés par Penrente, Lecouvreur, et le Sr Ditval, tandis que ceux de Themisto et d'Euridice sont joués par les D'' Balicour et du Fresne, et celui de Palamède par le Sr Duchemin fils.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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314
p. 155-157
FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Début :
L'Hôtel destiné pour cette Fête, étoit decoré de 25. Arcades, dont 5. remplissoient [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du Dauphin, Arcades, Lampions, Tables, Bal, Roi de Suède, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
f ESTE donnée k Stolkbolvt , par lé
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
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Résumé : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Le texte relate une fête organisée par le Comte de Castéja, ministre plénipotentiaire de France en Suède, en l'honneur de la naissance du Dauphin. La célébration se déroula dans un hôtel richement décoré d'arcades ornées de lampions et de fenêtres peintes en bleu semé de fleurs de lys. Les appartements étaient somptueusement meublés, avec des salles dédiées aux tables, aux buffets et aux jeux. La première journée de la fête, le 7 décembre, débuta par un dîner auquel étaient conviés des sénateurs, des ministres étrangers, des présidents de collèges et d'autres officiers. Le dîner, servi avec délicatesse et abondance, s'étendit de une heure après midi à six heures du soir. Des toasts furent portés au Roi, à la Reine, au Dauphin, ainsi qu'à des personnalités suédoises et étrangères. Le lendemain, 8 décembre, une seconde fête eut lieu, commençant à six heures du soir par un grand bal ouvert par le ministre d'Angleterre et la fille du Comte de Horn. Le Roi de Suède participa au bal, dansant avec la Reine du bal et la Comtesse de Castéja. Après son départ à neuf heures, des tables furent dressées pour les convives, renouvelées toutes les deux heures. Les tables furent occupées par des dames de la cour, des sénateurs, des ministres étrangers, des généraux et d'autres officiers. La fête se poursuivit toute la nuit, avec des fontaines de vin dans les arcades de l'hôtel. Cette célébration, sans précédent en Suède, rassembla un grand nombre de personnes sans désordre. Aucun feu d'artifice n'eut lieu en raison des risques d'incendie dans la ville de Stockholm, construite en bois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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315
p. 158
ALLEMAGNE.
Début :
Les Juifs ont offert à l'Empereur de lui faire un prêt de quatre cent mille Florins, dans [...]
Mots clefs :
Capitaine, Roi, Troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
Allemagne.
LEs Juifs ont offert àTEmpereur de lui faire
un prêt de quatre cent mille Florins , dans,
l'efperance d'obtenir la révocation de l'Edic
publié à Prague en 1717- par lequel il r/est per
mis qu'aux aîncz des familles Juives de se ma
rier.
Il y a dans le Palatinat & aux environs une
Troupe de Mendians & d'autres gens fans aveu,
qui mettent le feu aux Granges des Faisans
qui leur refusent retraite. Ils brûlèrent il y
a quelques jours une Ferme tres - considéra
ble , qui appartient à l' Abbesse de Gravent-
Raindorff. On en a déja arrêté plusieurs qui
doivent être exécutez dans quelques jours , &
l'on a envoyé divers détacheroens de Troupes
contre les autres.
On apprend de Dresde que le Régiment des
grands Grenadiers du Roy de Pologne sera,
bien- tôt complet , par les foins que l'on prend
de lui envoyer de plusieurs endroits des hom
mes d'une taille extraordinaire. Outre cette
Troupe qui sera une des plus belles de l'Europe,
on va former une Compagnie de deux cens
Erands Mousquetaires > tous Gentilhommes,
e Roy en fera le Capitaine > & le Prince Lui
bornirsHy Capitaine- Lieutenants
LEs Juifs ont offert àTEmpereur de lui faire
un prêt de quatre cent mille Florins , dans,
l'efperance d'obtenir la révocation de l'Edic
publié à Prague en 1717- par lequel il r/est per
mis qu'aux aîncz des familles Juives de se ma
rier.
Il y a dans le Palatinat & aux environs une
Troupe de Mendians & d'autres gens fans aveu,
qui mettent le feu aux Granges des Faisans
qui leur refusent retraite. Ils brûlèrent il y
a quelques jours une Ferme tres - considéra
ble , qui appartient à l' Abbesse de Gravent-
Raindorff. On en a déja arrêté plusieurs qui
doivent être exécutez dans quelques jours , &
l'on a envoyé divers détacheroens de Troupes
contre les autres.
On apprend de Dresde que le Régiment des
grands Grenadiers du Roy de Pologne sera,
bien- tôt complet , par les foins que l'on prend
de lui envoyer de plusieurs endroits des hom
mes d'une taille extraordinaire. Outre cette
Troupe qui sera une des plus belles de l'Europe,
on va former une Compagnie de deux cens
Erands Mousquetaires > tous Gentilhommes,
e Roy en fera le Capitaine > & le Prince Lui
bornirsHy Capitaine- Lieutenants
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Résumé : ALLEMAGNE.
En Allemagne, les Juifs ont sollicité l'Empereur pour un prêt de quatre cent mille florins afin d'obtenir la révocation de l'édit de 1717, qui limite les mariages aux aînés des familles juives. Dans le Palatinat, des mendiants et des personnes sans aveu incendient les granges des fermiers refusant de les accueillir. Une ferme de l'Abbesse de Gravent-Raindorff a été touchée, et plusieurs suspects arrêtés doivent être exécutés. Des troupes ont été déployées pour capturer les autres responsables. À Dresde, le régiment des grands grenadiers du roi de Pologne sera bientôt complet grâce à l'arrivée de nouvelles recrues de grande taille. Par ailleurs, une compagnie de deux cents grands mousquetaires, tous gentilshommes, est en formation. Le roi en sera le capitaine, et le prince héritier sera capitaine-lieutenant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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316
p. 159-168
RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
Début :
Les nouvelles de la naissance du DAUPHIN n'étant arrivées à Malte que le 31. Octobre, [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Arc de triomphe, Roi, Reine, Fête, Messe, Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
R&50V ISJN CES faites À Malte.
Extrait de diverses Lettres.
LEs nouvelles de la naissance du Daiiphtm
n'étant arrivées à Malte que le 5 %. Octobre»
on commença dçs ce même jour les prépara-
H ij tifs
téo MERCURE DE FRANCE,
tifs des Fêtes que la Religion, & plusieurs per
sonnes considérables de l'Ordre dévoient don
ner à cette occasion. LeBailly d' Avenes de Bo
cage, chargé des affaires du Roy en cette Iíle.est.
íe premier qui s'est distingue'. II fit dresser de
vant son Hôtel un Arc de triomphe de trenrç
pieds de hauteur, lequel occupoit toute la lar
geur de la ruç.Les 4 Colomnes Isolées de la Far
çade étoient ornées de festons , de feuillages
*& de fleurs. L'Attique qui surmontoit cet Arc
étoit orné de la même manière , & on y'voyoit
îes armes du Roy, de la Reine & duDAUPHiK,
avec cette Inscription ;
EX FOECUNDITATE RE©IA FELICI
TAS POPULI.
La Fête commença le soir du n Novembre
par une illumination, compoíee de quantité de
grands Lampions , couverts de papier tranfpa-
.'rent , où les armes du Roy , de la Reine & du
Dauphin étoient peintes séparément & placées
alternativement fur les Corniches & fur les
autres faillies de l'Arc de triomphe , ainsi que
fur les Portes les Fenêtes de 1' Hôtel du Bailly
d'Avernes,&fur celles des Maisons opposées :
rinfcrrption parut alors en lettres de feu.
A vingt pas de distance de l'Arc de triomphe
©n avoit élevé deux Piramides à jour.de vingr-
3uatre pieds de hauteur, garnies de haut en bas
e. quantité de Lampions , & surmontées par *
Globes lumineux. Ces Piramides jetcoient fur
l'Arc de Triomphe & aux environs un éclat
surprenant. Pendant cette illumination on eqr
tendoit une belle symphonie qui étoit placée
ïans u" Balcon assez près de l'Arc de triomphe.
On accouroit en foule à ce Spectacle; on fut
surcoût
JANVIER. 1730. U*
surtout charmée d'un beau Portrait du Roy ,
peint de grandeur naturelle, que M. le Baiíljr
a voie fait placer à l' entrée de son Hôtel sous un
Dais de Velours cramoisi , éclairé de quantité
de Flambeaux de cire blanche.
Le Dimanche 1 j. M. le Bailly fit chanter une
Messe solennelle à plusieurs Choeurs de Musi
que , dans l' Eglise des Jésuites , à laquelle le
Grand-Maure assista , accompagné des Grands
Croix, des Chevaliers , Officiers ,& autres
fiîembíes de l'Ordre qui yavoîentété invitez,-
L'Eglise écoit parée & éclairée extraordinai
rement. Un Portrait du Roy y étoitexpolésous
u a Pais magnifique. On avoit élevé audessus
As la grande Porte les Armes de Sa Majesté, dé
la Reine & du Dauphin, dans des Cartouches,
©tnez de Festons , de Feuillages & de Fleurs ;
& audessous on lisoit ce verset du Pseaume 71,
en lçttres d'or : Ueus' jttdicium tuum Régi d*9
Ô> justitiam tuxm filio Régis.
, . La Messe finie , l' Abbé Signoret fous Prieur
de l'Eglise de S. Jean qui l'avoit célébrée , en
tonna le Te Vùum , qui fut chanté par la Musioue
. aux Fanfares des Trompettes , des Timballes
& au bruit de J' Artillerie de nos Cava
liers , & de celle de tous les Bâtimens François
qiii se trouvèrent dans ce Port. Le Domine fol-
•vum sac Regem , fut chanté de la même ma
nière. Ensuite le Bailly de Bocage,accompagné
du Bailly de la Salle & du Bailly de Froulay ,
General des Galères , tous trois dé la Langue
de France, s'avancèrent à la porte de l'Eglise
f>our remercier le Grand - Maître & toutes
es personnes de l'Ordre ;qui avoient assisté à
«sotte cérémonie. Il s'étoit célébré depuis la
pointe du jour des Messes en plusieurs Eglises
e/ans la méúrte intent ion.
H iij U
îgi MERCURE DE FRANCE.^
te Bailly donna ensuite un splendide dîné,
qui fut servi sur deux Tables de quinze cou
verts chacune. Sur la fin du repas , les santez
du Roy, de la Reine, du Dauphin & du Grand-
Maître furent bues au bruit de l' Artillerie &
des Fanfares.Une Fontaine de vin à quatre jets
&extréirieinent ornée amusa le peuple jusqu'à
la nuit. On lisoit ces Vers au deslus de la Fon
taine :
"Emanure salent Tontes cum murmure Vtm~
phas ,
Hic sons fef'v» murmure vi-va fluit.
Currite jam populi , calices potate fréquentes t
Hec non Çolemnem , nunc ctlebrate diem i
JVjw ftecunda dédit D E L f H 1 Zt V M G Mi»
nobis 5 -
Ei nos DÈLPÍíISO Gaudia noflra danus.
On auroit peine à exprimer I'allegrefie du
peuple St à décrire les diverses Danses des Ma
telots Provençaux, des Maltois &c celles même
des Barbaresques. Le bruit confus des differens
Irstrumens de ces Nations , mêlez aux cris re
doublez de VIVE LE ROY , ne laissoit rien à
délirer au Ministre de Sa Majesté, qui excitoìc
lui- même la joye publique en plusieurs maniè
res , surtout par des envois de vivres & d'au
tres rafraîchiffemens , & en assistant abondam-
.nient les pauvres. II a eu la satisfaction de voir
que malgré ce mélange de Nations, la tran
quillité a toujours été paifaite dans cette soíemnité.
L'illumination recommença le soir comme la
nuit précédente , & fut continuée le troisième
jour presque jusqu'au lever du Soleil. L'Eglife
&
JaMVier: 17*0. i£i
Ùí le Collège des Jésuites furent aussi illumi
nez > ainsi que les Maisons des Chevaliers de la
Ration & celles de tous les François établis a
îrfalte. L'affluence a toujours été égale pendane
ces trois jours dans la maison du Bailly de Bo
cage, où l'on trouvoit toutes sortes de rafraî-
-chissemens , particulièrement des Glaces , des
Confitures & des Pares douces , qui sont trcs
en usage dans ce pais- ci»
Les Réjouissances qui ont été faites ici par
l'Ordre de S. Jean de Jérusalem, ont durétro»
jours consécutifs. Elles commencèrent le Di
manche ío Novembre par une Messe folemnelle
, célébrée pontificalement dans l'Eglise
de S.Jean, par le Piieutde cette Eglise, St chan
tée par une excellente Musque. S. A. Eminentissime
M, le Grand-Maine , y aslìila avec tout
le Corps de la Religion. Après la Méfie, le Te
reum fut chanté par la mème Musique, an
bruit d? plusieurs salves de toute l'Arùllerie de
Terre & de Mer.
Le G.- M. donna ensuite un superbe dîné ï
seize Grands-Croix , François , Allemands ,
Italiens, Espagnols, & Portugais : Le foison
tira un très-beau feu d'Artifice.
Le Lundi , les trois Langues de France firent
chanter une grande Messe & un Te Deam dans.
l'Eglise de S Jean , la Musique fut encore au- .
dessus de celle de la veille , le G. M. à la teste
de tout l'Ordre y assista; les Procureurs des
Langues présentèrent un magnifique bouque t
à S.A.E. & le soir il y eut encore un Feu d'Ar
tifice tiré devant le Palais. On exécuta ensuite
un très-beau Concert dans la Salle de l' Au
berge de France, ornée avec la derniere magni
ficence » & enrichie d'un Portrait du Roi placé "
t H iiij lous
1
r<?4 MERCURE' '-DE FRANCE.;
sous un Dais superbe. Le Concert étoít còirifosé
des meilleures voix . & de plus décent
Instrument. Le Conseil entier & toute la Reli-
Ijion s'y trouva ; on y laissa entrer les Maltois
es plus a.p païens , ce qui fit un concours de
Îrès de deux mille personnes. Les Paroles Itaennes
de ce Concert font de M. Cinnttr , Bajon
Maltois y elles furent fort applaudies.
Le Mardi , I" Auberge d'Arragon & le grand
Prieuré de Castille , firent chanter un Te Deum
dans F Eglise de S. Jean . auquel le Prieur de
cette Eglise , malgré son âge & fes infirmitezi,
continua d'orEcier pontificalement comme les
jours precedensi
La Langue Françoise donna ensuite à dîner î
plus de cent personnes de distinction. Il y eut
trois grandes Tables , dont la première étoit
remphe ptt le Conseil , parles trois premiers
Officiers, du G. M. & par quelques Chevaliers
qui en faifoient les honneurs. La seconde & latroisième
súrent occupées, par les Procureurs dé
toutes les sept Langues & par d'autres Cheva
liers. Les santez du Roi , de la Reine , du Dau«!
phin & du G. M» furent buës.au bruit de quatre
salves de Canons , les trois premières de n'w
coups chacune , & la derniere de dix- neuf
coups. La même chose suc observée au dîné
du G. M.
. Le soir les crois Langues de France firent
une grande Cocagne dans la Place de la Conservatorie
, laquelle fut livrée au Peuple suivant
ia coutume. Tous les ans le Lundi gras le
G. M. donne une pareille Fête. L» cocagne
Consiste en une grande abondance d'Ag
neaux, de Cochons de lait , de Poulets d'In
des > de Lapins , de Chapons , de Pigeons»
&c rôtis , avec quantité de fromages de Jam
bons»
JANVfER. *7?o. i6f
feons . &c. dont le Peuple est regalé. Celle
iiont il est ici question , coníìstoit en une grande
Piramide de Charpente , aussi haute que le toit
des Maisons de la Place ; elle étoic ornée de
feuillages , décorée de Peinture , d'Emblèmes,
&c. & garnie depuis le pied jusqu'au sommet,
de toute sorte de viandes rôties de la qualité
qu'on a dit , & de plusieurs autres choses pour
compoler un Regale parfait. La Compagnie
du G. M. entourait la Piramide , au haut dé
Jaquelle étoic arboré lin Drapeau. Au premier
bruit des Trompettes qui sonnèrent la charge»
une troupe d' Assaillans donna l'assaut, & on
vit fur tout les Matelots montrer une agilité
merveilleuse pour avoir la gloire de rapporter
le Drapeau , celui qui s'en rendit le Maître
reçut quelques sequins pour le prix de íbà
adresse , les autres furerrt dédommagez par le
pillage des viandes , c'étoit un spectacle di
vertissant de voir cette foule d'AffailIans grim
per fur la Piramide , qui n'en pouvoir contenir
qu'un certain nombre , ce qui causoit des chu
tes , des cùkbutes , & une divertissante con
fusion. On avoit rempli de feuillages toute la
Circonférence jusqu'à une certaine hauteur ,
afin que personne ne fut blessé en tombant-
Il y eut ensuite un Feu d'Artifice tiré devant
le Palais, & un grand Bal â l'Aiberge de
ïrance , qui s'est distingué par la profusion des
rafraîchissemèns , par l'illuinination dè la Sale,,
par le choix dès Ihstrumens , & par le boa
accueil fait à tous ceux qui se sont presenteí *
les Baillis de Bocage & de Froulay firent les
honneurs de ce Bal.
Pendant ces trois jours consécutifs , ia Reli*
gion , M. T Evêque & tous les Maltslis ont faife
de très-belles illuminations : Les trois Langue!
H v on*
jgg MERCURE DE FRANCE.
cnt saïc couler des Fontaines de vin : mais Ii
Langue de France a fait toutes choses par pro
fusion. Elle a fait distribuer de grandes chaiitez,
non seuleraenc à tous les Pauvres manrdians
, mais particulièrement aux Pauvres hon
teux , & à toutes les Familles qui lont dans
le besoin.
Je crois , au reste , que dan? cette folemnité
il s'est tiré plus de deux mille coups de Canon,
car on n'a pas cessé de tirer , soit des Fortifi
cations , soit des Bâtimens de Mer , pendant
les grandes Messes , & les Te Veum , faus
compter les salves qui ont été faites durant les
festins , &c.
Entre toutes les Fêtes qui ont été données
ici à l'oecasion de la Naissance du Dauphin j
celle que le Bailly de Froulay , General des
Armées Navales de la Religion , donna le 14.
Novembre , a été fans contredit la plus bril
lant, & la plus au gout de tout le monde.
■ Elie commença par une illumination des
Galères , la plus ample, & la mieux exécutée
qu'on eut encore vûëd,ms cette Iíles les tentes,
les flamfS . & les pavois , y paroissoient toutes
en feu , les rames étendues étoient garnies de
lampions jusqu'à l'extiêmité. On avoit élevé
sur la Poupe de la Capitane à la Place da
Srand Fanal , les Armes du Dauphin fur le
evant d'une michine de 14 pieds de hauteur ,
au bas on li'oit ecte Inscription » Du tiii
PBUT avnos. Les Armoiries étoient couvertes
d'une tenture de damis cranv iíì & »lus de
700 Li niions glacez dans cette machine de
voir nt les éclairer.
Les GMiièS étoient rangées fur une même
ligne rjtre la poi ite de S. Ange Sí celle d< l'Isle
de h Sangle , tk lorsque tout suc allumé le
Grand,
JANVIER. 1730. 167
Grand- Maître qui étoit à sonSe'veder du Port»
donna un signal auquel la tenture de damas
tomba , & les Armes du Dauphin parurent
très-bri!lantes. Les Galères les saluèrent de
trois salves reales con secu ives , de la voix . de
la Moufqueterie , &du Canon ; dans les intervales
des salves on entendoit les Fanfares des
Trompettes , ies Timbales , les Hautbois &
plusieurs autres Inilrumens , placez fous Je
Belveder du Grand- Maître.
Les salves finies, on vit paroître une Ga*
liotte à 18 rames , illuminée d'un côté , & qui
debouchoitde derrière la pointe de Vlûe; aussi
tôt tous les Cliques & les Felonques des Ga
lères , aussi illuminées , allèrent la reconnoître,
la Galiotte prit bientôt chafle , les Felouques
la suivirent , & dès qu'elles en furent à portée,
le combat commença par des décharges réci
proques de moufqueterie & par des grenade9
qui bruloient mèms dans la Mer. La Galiotte
preiïée par les Caiqr.es fut forcée de passer fous
le balcon du Grand M.îcre, où le Feu fut beau
coup plus vif, elle s'ouvrit ensuite un passage,
& fit force de rames pour fuir du côté du Pa
lais de Sichi- Les Caiques & les Felouques !a
íuivoient de près , & lui jettoient fans celïë
des feux ; elle fut encore jointe, ce qui l'obligea
de passer fous la pointe de S. 4ng e, & fort près
des Galères , lesquelles lui lâchèrent quelques
coups de Canon , dont son-principal mâtpamt
abatu : Alors les Caiques l'environnerent, l'abordage
fut vif, & ranimosité qui parut de
part & d'autre représenta parfaitement bien un
Véritable combar. Enfin on vit le feu prendre
à la Galiotte qni fut consumée au milieu du
Port. Pendant tout ce jeu qui fut très-bien exé
cuté , les Galeries tiroient continuellement
H vj des
Vs8 MERCURH DE PRANCE.
des Fusées , des Pots à feu & d'autres Artifices
Il parut ensuite un gran.i Soleil au haut du.
mât de la Capitane qui servit designai aux au
tres Galères pour exécuter quantité de roues ,
de fontaines de feu » & d'autres Artifices. En
fin deux Girandoles de Fusées parties de la
proiie de la Capitane> remplirent Pair de leur*
feux , lesquels étant joints à ceux de quantité
de tonneaux gaudronnez , qui bruloient au
tour des pointes de S. Ange & de l'ifle > & qui
íè repetoient dans la Mer , la faisoientparoître
toute en feu. Le tout ensemble forma un des
plus beaux spectacles qu'on puiflè voir en ce
genre.
Après ce divertissement > M. le General de
Froulay , donna dans son Palais un magnifique
souper aux Chevaliers de toutes les Nations.
Les santez duRoy, de la Reine » du Dauphin
& des autres Potentats Catholiques de l'Europe
y furent célébrées au bruit du Canon du Châ
teau & des Galères. Après le louper on palla
dans la Salle du Bal , où se trouvèrent quatre
jeunes Maltois , du Corps des Galères , & au
tant de filles qu'ils avoient épousées le matin »
&que le General avoit dotées. Pendant le Bal
qui dura jusqu'au jour , on servit toutes sortes
de rafraîchissement. Et pendant toute cette
Sête , il y eut fur le Quay plusieurs Fontaines,
de vin pour les Equipages & pour les Forçats»,
plusieurs desquels furent mis en liberté.
Extrait de diverses Lettres.
LEs nouvelles de la naissance du Daiiphtm
n'étant arrivées à Malte que le 5 %. Octobre»
on commença dçs ce même jour les prépara-
H ij tifs
téo MERCURE DE FRANCE,
tifs des Fêtes que la Religion, & plusieurs per
sonnes considérables de l'Ordre dévoient don
ner à cette occasion. LeBailly d' Avenes de Bo
cage, chargé des affaires du Roy en cette Iíle.est.
íe premier qui s'est distingue'. II fit dresser de
vant son Hôtel un Arc de triomphe de trenrç
pieds de hauteur, lequel occupoit toute la lar
geur de la ruç.Les 4 Colomnes Isolées de la Far
çade étoient ornées de festons , de feuillages
*& de fleurs. L'Attique qui surmontoit cet Arc
étoit orné de la même manière , & on y'voyoit
îes armes du Roy, de la Reine & duDAUPHiK,
avec cette Inscription ;
EX FOECUNDITATE RE©IA FELICI
TAS POPULI.
La Fête commença le soir du n Novembre
par une illumination, compoíee de quantité de
grands Lampions , couverts de papier tranfpa-
.'rent , où les armes du Roy , de la Reine & du
Dauphin étoient peintes séparément & placées
alternativement fur les Corniches & fur les
autres faillies de l'Arc de triomphe , ainsi que
fur les Portes les Fenêtes de 1' Hôtel du Bailly
d'Avernes,&fur celles des Maisons opposées :
rinfcrrption parut alors en lettres de feu.
A vingt pas de distance de l'Arc de triomphe
©n avoit élevé deux Piramides à jour.de vingr-
3uatre pieds de hauteur, garnies de haut en bas
e. quantité de Lampions , & surmontées par *
Globes lumineux. Ces Piramides jetcoient fur
l'Arc de Triomphe & aux environs un éclat
surprenant. Pendant cette illumination on eqr
tendoit une belle symphonie qui étoit placée
ïans u" Balcon assez près de l'Arc de triomphe.
On accouroit en foule à ce Spectacle; on fut
surcoût
JANVIER. 1730. U*
surtout charmée d'un beau Portrait du Roy ,
peint de grandeur naturelle, que M. le Baiíljr
a voie fait placer à l' entrée de son Hôtel sous un
Dais de Velours cramoisi , éclairé de quantité
de Flambeaux de cire blanche.
Le Dimanche 1 j. M. le Bailly fit chanter une
Messe solennelle à plusieurs Choeurs de Musi
que , dans l' Eglise des Jésuites , à laquelle le
Grand-Maure assista , accompagné des Grands
Croix, des Chevaliers , Officiers ,& autres
fiîembíes de l'Ordre qui yavoîentété invitez,-
L'Eglise écoit parée & éclairée extraordinai
rement. Un Portrait du Roy y étoitexpolésous
u a Pais magnifique. On avoit élevé audessus
As la grande Porte les Armes de Sa Majesté, dé
la Reine & du Dauphin, dans des Cartouches,
©tnez de Festons , de Feuillages & de Fleurs ;
& audessous on lisoit ce verset du Pseaume 71,
en lçttres d'or : Ueus' jttdicium tuum Régi d*9
Ô> justitiam tuxm filio Régis.
, . La Messe finie , l' Abbé Signoret fous Prieur
de l'Eglise de S. Jean qui l'avoit célébrée , en
tonna le Te Vùum , qui fut chanté par la Musioue
. aux Fanfares des Trompettes , des Timballes
& au bruit de J' Artillerie de nos Cava
liers , & de celle de tous les Bâtimens François
qiii se trouvèrent dans ce Port. Le Domine fol-
•vum sac Regem , fut chanté de la même ma
nière. Ensuite le Bailly de Bocage,accompagné
du Bailly de la Salle & du Bailly de Froulay ,
General des Galères , tous trois dé la Langue
de France, s'avancèrent à la porte de l'Eglise
f>our remercier le Grand - Maître & toutes
es personnes de l'Ordre ;qui avoient assisté à
«sotte cérémonie. Il s'étoit célébré depuis la
pointe du jour des Messes en plusieurs Eglises
e/ans la méúrte intent ion.
H iij U
îgi MERCURE DE FRANCE.^
te Bailly donna ensuite un splendide dîné,
qui fut servi sur deux Tables de quinze cou
verts chacune. Sur la fin du repas , les santez
du Roy, de la Reine, du Dauphin & du Grand-
Maître furent bues au bruit de l' Artillerie &
des Fanfares.Une Fontaine de vin à quatre jets
&extréirieinent ornée amusa le peuple jusqu'à
la nuit. On lisoit ces Vers au deslus de la Fon
taine :
"Emanure salent Tontes cum murmure Vtm~
phas ,
Hic sons fef'v» murmure vi-va fluit.
Currite jam populi , calices potate fréquentes t
Hec non Çolemnem , nunc ctlebrate diem i
JVjw ftecunda dédit D E L f H 1 Zt V M G Mi»
nobis 5 -
Ei nos DÈLPÍíISO Gaudia noflra danus.
On auroit peine à exprimer I'allegrefie du
peuple St à décrire les diverses Danses des Ma
telots Provençaux, des Maltois &c celles même
des Barbaresques. Le bruit confus des differens
Irstrumens de ces Nations , mêlez aux cris re
doublez de VIVE LE ROY , ne laissoit rien à
délirer au Ministre de Sa Majesté, qui excitoìc
lui- même la joye publique en plusieurs maniè
res , surtout par des envois de vivres & d'au
tres rafraîchiffemens , & en assistant abondam-
.nient les pauvres. II a eu la satisfaction de voir
que malgré ce mélange de Nations, la tran
quillité a toujours été paifaite dans cette soíemnité.
L'illumination recommença le soir comme la
nuit précédente , & fut continuée le troisième
jour presque jusqu'au lever du Soleil. L'Eglife
&
JaMVier: 17*0. i£i
Ùí le Collège des Jésuites furent aussi illumi
nez > ainsi que les Maisons des Chevaliers de la
Ration & celles de tous les François établis a
îrfalte. L'affluence a toujours été égale pendane
ces trois jours dans la maison du Bailly de Bo
cage, où l'on trouvoit toutes sortes de rafraî-
-chissemens , particulièrement des Glaces , des
Confitures & des Pares douces , qui sont trcs
en usage dans ce pais- ci»
Les Réjouissances qui ont été faites ici par
l'Ordre de S. Jean de Jérusalem, ont durétro»
jours consécutifs. Elles commencèrent le Di
manche ío Novembre par une Messe folemnelle
, célébrée pontificalement dans l'Eglise
de S.Jean, par le Piieutde cette Eglise, St chan
tée par une excellente Musque. S. A. Eminentissime
M, le Grand-Maine , y aslìila avec tout
le Corps de la Religion. Après la Méfie, le Te
reum fut chanté par la mème Musique, an
bruit d? plusieurs salves de toute l'Arùllerie de
Terre & de Mer.
Le G.- M. donna ensuite un superbe dîné ï
seize Grands-Croix , François , Allemands ,
Italiens, Espagnols, & Portugais : Le foison
tira un très-beau feu d'Artifice.
Le Lundi , les trois Langues de France firent
chanter une grande Messe & un Te Deam dans.
l'Eglise de S Jean , la Musique fut encore au- .
dessus de celle de la veille , le G. M. à la teste
de tout l'Ordre y assista; les Procureurs des
Langues présentèrent un magnifique bouque t
à S.A.E. & le soir il y eut encore un Feu d'Ar
tifice tiré devant le Palais. On exécuta ensuite
un très-beau Concert dans la Salle de l' Au
berge de France, ornée avec la derniere magni
ficence » & enrichie d'un Portrait du Roi placé "
t H iiij lous
1
r<?4 MERCURE' '-DE FRANCE.;
sous un Dais superbe. Le Concert étoít còirifosé
des meilleures voix . & de plus décent
Instrument. Le Conseil entier & toute la Reli-
Ijion s'y trouva ; on y laissa entrer les Maltois
es plus a.p païens , ce qui fit un concours de
Îrès de deux mille personnes. Les Paroles Itaennes
de ce Concert font de M. Cinnttr , Bajon
Maltois y elles furent fort applaudies.
Le Mardi , I" Auberge d'Arragon & le grand
Prieuré de Castille , firent chanter un Te Deum
dans F Eglise de S. Jean . auquel le Prieur de
cette Eglise , malgré son âge & fes infirmitezi,
continua d'orEcier pontificalement comme les
jours precedensi
La Langue Françoise donna ensuite à dîner î
plus de cent personnes de distinction. Il y eut
trois grandes Tables , dont la première étoit
remphe ptt le Conseil , parles trois premiers
Officiers, du G. M. & par quelques Chevaliers
qui en faifoient les honneurs. La seconde & latroisième
súrent occupées, par les Procureurs dé
toutes les sept Langues & par d'autres Cheva
liers. Les santez du Roi , de la Reine , du Dau«!
phin & du G. M» furent buës.au bruit de quatre
salves de Canons , les trois premières de n'w
coups chacune , & la derniere de dix- neuf
coups. La même chose suc observée au dîné
du G. M.
. Le soir les crois Langues de France firent
une grande Cocagne dans la Place de la Conservatorie
, laquelle fut livrée au Peuple suivant
ia coutume. Tous les ans le Lundi gras le
G. M. donne une pareille Fête. L» cocagne
Consiste en une grande abondance d'Ag
neaux, de Cochons de lait , de Poulets d'In
des > de Lapins , de Chapons , de Pigeons»
&c rôtis , avec quantité de fromages de Jam
bons»
JANVfER. *7?o. i6f
feons . &c. dont le Peuple est regalé. Celle
iiont il est ici question , coníìstoit en une grande
Piramide de Charpente , aussi haute que le toit
des Maisons de la Place ; elle étoic ornée de
feuillages , décorée de Peinture , d'Emblèmes,
&c. & garnie depuis le pied jusqu'au sommet,
de toute sorte de viandes rôties de la qualité
qu'on a dit , & de plusieurs autres choses pour
compoler un Regale parfait. La Compagnie
du G. M. entourait la Piramide , au haut dé
Jaquelle étoic arboré lin Drapeau. Au premier
bruit des Trompettes qui sonnèrent la charge»
une troupe d' Assaillans donna l'assaut, & on
vit fur tout les Matelots montrer une agilité
merveilleuse pour avoir la gloire de rapporter
le Drapeau , celui qui s'en rendit le Maître
reçut quelques sequins pour le prix de íbà
adresse , les autres furerrt dédommagez par le
pillage des viandes , c'étoit un spectacle di
vertissant de voir cette foule d'AffailIans grim
per fur la Piramide , qui n'en pouvoir contenir
qu'un certain nombre , ce qui causoit des chu
tes , des cùkbutes , & une divertissante con
fusion. On avoit rempli de feuillages toute la
Circonférence jusqu'à une certaine hauteur ,
afin que personne ne fut blessé en tombant-
Il y eut ensuite un Feu d'Artifice tiré devant
le Palais, & un grand Bal â l'Aiberge de
ïrance , qui s'est distingué par la profusion des
rafraîchissemèns , par l'illuinination dè la Sale,,
par le choix dès Ihstrumens , & par le boa
accueil fait à tous ceux qui se sont presenteí *
les Baillis de Bocage & de Froulay firent les
honneurs de ce Bal.
Pendant ces trois jours consécutifs , ia Reli*
gion , M. T Evêque & tous les Maltslis ont faife
de très-belles illuminations : Les trois Langue!
H v on*
jgg MERCURE DE FRANCE.
cnt saïc couler des Fontaines de vin : mais Ii
Langue de France a fait toutes choses par pro
fusion. Elle a fait distribuer de grandes chaiitez,
non seuleraenc à tous les Pauvres manrdians
, mais particulièrement aux Pauvres hon
teux , & à toutes les Familles qui lont dans
le besoin.
Je crois , au reste , que dan? cette folemnité
il s'est tiré plus de deux mille coups de Canon,
car on n'a pas cessé de tirer , soit des Fortifi
cations , soit des Bâtimens de Mer , pendant
les grandes Messes , & les Te Veum , faus
compter les salves qui ont été faites durant les
festins , &c.
Entre toutes les Fêtes qui ont été données
ici à l'oecasion de la Naissance du Dauphin j
celle que le Bailly de Froulay , General des
Armées Navales de la Religion , donna le 14.
Novembre , a été fans contredit la plus bril
lant, & la plus au gout de tout le monde.
■ Elie commença par une illumination des
Galères , la plus ample, & la mieux exécutée
qu'on eut encore vûëd,ms cette Iíles les tentes,
les flamfS . & les pavois , y paroissoient toutes
en feu , les rames étendues étoient garnies de
lampions jusqu'à l'extiêmité. On avoit élevé
sur la Poupe de la Capitane à la Place da
Srand Fanal , les Armes du Dauphin fur le
evant d'une michine de 14 pieds de hauteur ,
au bas on li'oit ecte Inscription » Du tiii
PBUT avnos. Les Armoiries étoient couvertes
d'une tenture de damis cranv iíì & »lus de
700 Li niions glacez dans cette machine de
voir nt les éclairer.
Les GMiièS étoient rangées fur une même
ligne rjtre la poi ite de S. Ange Sí celle d< l'Isle
de h Sangle , tk lorsque tout suc allumé le
Grand,
JANVIER. 1730. 167
Grand- Maître qui étoit à sonSe'veder du Port»
donna un signal auquel la tenture de damas
tomba , & les Armes du Dauphin parurent
très-bri!lantes. Les Galères les saluèrent de
trois salves reales con secu ives , de la voix . de
la Moufqueterie , &du Canon ; dans les intervales
des salves on entendoit les Fanfares des
Trompettes , ies Timbales , les Hautbois &
plusieurs autres Inilrumens , placez fous Je
Belveder du Grand- Maître.
Les salves finies, on vit paroître une Ga*
liotte à 18 rames , illuminée d'un côté , & qui
debouchoitde derrière la pointe de Vlûe; aussi
tôt tous les Cliques & les Felonques des Ga
lères , aussi illuminées , allèrent la reconnoître,
la Galiotte prit bientôt chafle , les Felouques
la suivirent , & dès qu'elles en furent à portée,
le combat commença par des décharges réci
proques de moufqueterie & par des grenade9
qui bruloient mèms dans la Mer. La Galiotte
preiïée par les Caiqr.es fut forcée de passer fous
le balcon du Grand M.îcre, où le Feu fut beau
coup plus vif, elle s'ouvrit ensuite un passage,
& fit force de rames pour fuir du côté du Pa
lais de Sichi- Les Caiques & les Felouques !a
íuivoient de près , & lui jettoient fans celïë
des feux ; elle fut encore jointe, ce qui l'obligea
de passer fous la pointe de S. 4ng e, & fort près
des Galères , lesquelles lui lâchèrent quelques
coups de Canon , dont son-principal mâtpamt
abatu : Alors les Caiques l'environnerent, l'abordage
fut vif, & ranimosité qui parut de
part & d'autre représenta parfaitement bien un
Véritable combar. Enfin on vit le feu prendre
à la Galiotte qni fut consumée au milieu du
Port. Pendant tout ce jeu qui fut très-bien exé
cuté , les Galeries tiroient continuellement
H vj des
Vs8 MERCURH DE PRANCE.
des Fusées , des Pots à feu & d'autres Artifices
Il parut ensuite un gran.i Soleil au haut du.
mât de la Capitane qui servit designai aux au
tres Galères pour exécuter quantité de roues ,
de fontaines de feu » & d'autres Artifices. En
fin deux Girandoles de Fusées parties de la
proiie de la Capitane> remplirent Pair de leur*
feux , lesquels étant joints à ceux de quantité
de tonneaux gaudronnez , qui bruloient au
tour des pointes de S. Ange & de l'ifle > & qui
íè repetoient dans la Mer , la faisoientparoître
toute en feu. Le tout ensemble forma un des
plus beaux spectacles qu'on puiflè voir en ce
genre.
Après ce divertissement > M. le General de
Froulay , donna dans son Palais un magnifique
souper aux Chevaliers de toutes les Nations.
Les santez duRoy, de la Reine » du Dauphin
& des autres Potentats Catholiques de l'Europe
y furent célébrées au bruit du Canon du Châ
teau & des Galères. Après le louper on palla
dans la Salle du Bal , où se trouvèrent quatre
jeunes Maltois , du Corps des Galères , & au
tant de filles qu'ils avoient épousées le matin »
&que le General avoit dotées. Pendant le Bal
qui dura jusqu'au jour , on servit toutes sortes
de rafraîchissement. Et pendant toute cette
Sête , il y eut fur le Quay plusieurs Fontaines,
de vin pour les Equipages & pour les Forçats»,
plusieurs desquels furent mis en liberté.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
Les festivités à Malte pour célébrer la naissance du Dauphin débutèrent le 5 octobre 1729, après l'annonce de la nouvelle. Le Bailly d'Avernes de Bocage, représentant du roi, organisa diverses réjouissances, incluant un arc de triomphe décoré des armes du roi, de la reine et du Dauphin. Le 11 novembre, une illumination fut réalisée avec des lampions représentant les armes royales, et deux pyramides lumineuses furent érigées. Le 12 novembre, une messe solennelle fut célébrée dans l'église des Jésuites en présence du Grand-Maître et des membres de l'Ordre. Un portrait du roi fut exposé, et des salves d'artillerie furent tirées, suivies d'un dîner offert par le Bailly, avec des danses et des distributions de vivres. Les célébrations se poursuivirent avec des messes, des Te Deum, des feux d'artifice et des concerts. Le Grand-Maître organisa un dîner pour les Grands-Croix et un feu d'artifice. Les Langues de France, d'Arragon et de Castille organisèrent également des messes et des dîners. Une grande cocagne fut organisée sur la place de la Conservatorie, offrant une abondance de nourriture au peuple, accompagnée d'illuminations et de fontaines de vin. Le Bailly de Froulay organisa une illumination des galères le 14 novembre, avec des salves de canon et des combats simulés entre une galiotte et des caiques. Les festivités inclurent des illuminations, des concerts et des distributions de vivres aux pauvres. Plus de deux mille coups de canon furent tirés durant ces trois jours de célébrations. Le spectacle pyrotechnique des galères fut particulièrement impressionnant, avec un combat naval simulé culminant par l'incendie d'une galiote. Les galères tirèrent continuellement des fusées et des pots à feu, créant une scène spectaculaire où la mer semblait en feu. Après le divertissement, le général de Froulay offrit un somptueux souper aux Chevaliers de toutes les nations dans son palais. Les santés du Roi, de la Reine, du Dauphin et des autres potentats catholiques d'Europe furent célébrées au son du canon. Suivant le souper, les invités se rendirent dans la salle de bal où se trouvaient quatre jeunes Maltais du corps des galères et leurs épouses, mariées le matin même et dotées par le général. Le bal dura jusqu'au matin, accompagné de rafraîchissements. Sur le quai, plusieurs fontaines de vin furent installées pour les équipages et les forçats, certains d'entre eux étant libérés.
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317
p. 168-169
ESPAGNE.
Début :
On mande de Seville que le premier de ce mois, les Ministres Plenipotentiaires du [...]
Mots clefs :
Roi, Alliance, Traité de paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
Es p a c n e.
ON mande de Seville que le premier de ce
mois , les Ministres Plénipotentiaires du
S.oi Très Chrétienne S. M. Catholique , & du
Roy d'Angleterre ». y firent, l'échange des iatir.
> ikations
JANVTER". 1730: Y**1
ftcations du Traité de Paix , d'union , d'amitié
& d'alliance deffensive , conclu dans la méme
Ville le 9 du mois de Novembre dernier , onattend
dans quelques jours un pareil acte d'é
change de ratification de la part des Etats Gé
néraux des Provinces unies, dont l' Ambassa
deur Extraordinaire &Plènipotentiare a accédé
à ce Traité le i 1 du même mois.
On a appris de Lisbonne que le iî Novem
bre un Vaisseau chargé pour le compte des Fer--
miers du Tabac, fut entièrement brûlé, ri per
sonnes y ont péri. II s'apelloit le S. Gabriel.
Le 5» de ce mois , le Marquis de Erancaí
Ambassadeur du Roy Très Chrétien , termina
les Fêtes qu'il a données à SeviUe , à l occasion
de la Naissance dû Dauphin , par un très- beau
Feu d'Artifice qui fut tiré vis-â-vis le Collège
Royal de S. Felme , en présence de Leurs Maiestez
& des Princes & Princesses de la Famille
Royale qui étoient aux fenêtres du Palais dé
í'Arcaçar.
Le 10. on publia dans les Places & Carre-*
fours de Madrid , avec lés cérémonies accou
tumées , le Traite.de Paix , d'union , d' amitié
& d'alliance défensive , conclu ì SeviUe le j.
Novembre dernier .entre le Roy Tr. Ch. le Roi
d'Espagne , le Roi d'Angleterre & les Etats
Généraux des Provinces Unies. Lé soir & le*
deux nuits suivantes il y eut des Feux, des
Hluminations & d'autres marques de réjouit
Ëtnce dans toutes les-rues de la Ville.
ON mande de Seville que le premier de ce
mois , les Ministres Plénipotentiaires du
S.oi Très Chrétienne S. M. Catholique , & du
Roy d'Angleterre ». y firent, l'échange des iatir.
> ikations
JANVTER". 1730: Y**1
ftcations du Traité de Paix , d'union , d'amitié
& d'alliance deffensive , conclu dans la méme
Ville le 9 du mois de Novembre dernier , onattend
dans quelques jours un pareil acte d'é
change de ratification de la part des Etats Gé
néraux des Provinces unies, dont l' Ambassa
deur Extraordinaire &Plènipotentiare a accédé
à ce Traité le i 1 du même mois.
On a appris de Lisbonne que le iî Novem
bre un Vaisseau chargé pour le compte des Fer--
miers du Tabac, fut entièrement brûlé, ri per
sonnes y ont péri. II s'apelloit le S. Gabriel.
Le 5» de ce mois , le Marquis de Erancaí
Ambassadeur du Roy Très Chrétien , termina
les Fêtes qu'il a données à SeviUe , à l occasion
de la Naissance dû Dauphin , par un très- beau
Feu d'Artifice qui fut tiré vis-â-vis le Collège
Royal de S. Felme , en présence de Leurs Maiestez
& des Princes & Princesses de la Famille
Royale qui étoient aux fenêtres du Palais dé
í'Arcaçar.
Le 10. on publia dans les Places & Carre-*
fours de Madrid , avec lés cérémonies accou
tumées , le Traite.de Paix , d'union , d' amitié
& d'alliance défensive , conclu ì SeviUe le j.
Novembre dernier .entre le Roy Tr. Ch. le Roi
d'Espagne , le Roi d'Angleterre & les Etats
Généraux des Provinces Unies. Lé soir & le*
deux nuits suivantes il y eut des Feux, des
Hluminations & d'autres marques de réjouit
Ëtnce dans toutes les-rues de la Ville.
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Résumé : ESPAGNE.
En janvier 1730, à Séville, les ministres plénipotentiaires du roi Très Chrétien et du roi d'Angleterre ont échangé les ratifications du traité de paix, d'union, d'amitié et d'alliance défensive signé le 9 novembre précédent. Les États Généraux des Provinces Unies sont également attendus pour adhérer au traité, leur ambassadeur ayant déjà approuvé le 11 novembre. À Lisbonne, le 11 novembre, le vaisseau Saint-Gabriel, chargé pour les fermiers du tabac, a été détruit par un incendie sans perte humaine. Le 5 janvier, le marquis de Françay, ambassadeur du roi Très Chrétien, a conclu les festivités pour la naissance du Dauphin par un feu d'artifice à Séville, en présence des majestés et des princes de la famille royale. Le 10 janvier, le traité de paix a été publié à Madrid avec des cérémonies traditionnelles, suivi de réjouissances publiques.
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318
p. 177-182
« Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
Début :
Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...]
Mots clefs :
Roi, Intendant, Reine, Concert, Opéra, Nominations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
Le Roi a accordé une place de Con
seiller au Conseil Royal des Finances ,
à M. de Lamoignon de Courson , Con
seiller d'Etat. Sa Majesté a nommé Con
seillers d'Etat M. Lebret , Premier Pré
sident du Parlement d'Aix , & Intendant
de ProvenceSc du Commerce, &c M. Lek
calopier , Intendant de Champagne.
Les Prêtres de la Mission comment
eerent le 3. dans l'Eglise de la Paroisse
de Versailles la Fête qu'ils ont conti
nuée les deux jours suivans avec beau
coup de folemnité 8c de magnificence ,
pour célébrer la Béatification du Bienheureux
Vincent de Paul , leur Fonda
teur en France. L'Evêque de Xaintes &
l'Evêque de Rennes y ont officié ces
trois jours. Le 4. Janvier , la Reine
accompagnée des Dame$ de fa Cour , ■
alla y entendre la Grande Messe
Le Roi a donné l'Evêché de Mirepoix
au Père Boyer , Religieux Theatin.
Le
I7S MERCURE DE FR ANCE.
Le 8 . de ce mois , l' Abbé de Verta»
•mon de Chavagnac , nommé par le Roi
à l'Evêché de Montauban , fut sacré
dans la Chapelle de l'Archevêché par
l' Archevêque de Paris , aslìsté des Evêrxjues
de Soirîons & de Tarbes.
Le premier de ce mois , le Roi
nomma le sieur Perrin , Docteur en Mé
decine de la Faculté de Montpellier ,
en considération de ses services , Méde
cin Real de ses Galères , à la place du
sieur Pelifleri , qui se retire avec une
pension de izqo. sur les Invalides.
L'Abbé Segui , Auteur du Panégyri
que de S. Louis , dont on a vû avec
plaisir l'Extrait dans le Mercure d'Octopre
, fit à S. Sulpice , le 1 7. de ce mois i
celui du Patron de cette Eglise , devant
une très nombreuse Assemblée , avec un
applaudissement gênerai. Nous tâcherons
d'en donner un Extrait.
Le Maréchal d'Uxelles , Ministre d'E
tat , s'est retiré à cause de son âge
avancé.
On a eu avis de Toulon que dixhuit
Captifs Flamands , rachetés à Al
ger par les Pères Mathurins de l'Ordre
'de la Sainte Trinité , y font débarqués
le 19, Décembre dernier , pour se
tendre à Paris , & de là dans leur Pays.
Les autres Députés du raêmc Ordre font
arrivés
JANVIER. 1730. 179
arrivés à Cadix , pour traiter aussi de la
rançon des François détenus au Royau
me de Maroc.
On apprend de Toulouse que le 8. Jan
vier , l' Académie des Jeux Floraux s'étant
assemblée publiquement , suivanç
l'ufage, M. de Rabaudy , Viguicr *de
Toulouse , l'un des Académiciens ÔÇ
Modérateur de .cette Compagnie, pro
nonça , avec beaucoup de succès , un
Discours fur la Naissance de Monsei
gneur le Dauphin.
Le premier Janvier , les vingt-quatre
Violons de la Chambre du Roi jouè
rent pendant le dîner de S. M. une fuite
d'Airs de la composition de M. Destou
ches , Sur-Intendant de la Musique du
Roi , qui furent parfaitement bien exé
cutés , & très-aplaudis.
. Le 4. il y eut Concert devant la Reine
dans les grands Apartemens. M. Defrouches
fit chanter le second Acte de
Topera à'Atys.
Le 9. on continua le même Opéra
par le quatrième & cinquième Acte. La
P"e Enemens la cadete , chanta le Rôle,
de Cy belle , la D1Ie Lenner , celui de
Sangaride , le S' Dangerville fit le Rôle
.de Qelemts, , & le Sr Cochereau , celui
RAtys, Le tout fut parfaitement bien
-exécuté , Si tous les Acteurs s'attirèrent
beaucouD
>ïo MERCURE DE FRANCE.
í>eaucoup d'applaudistemens.
Le ii. on concerta dans les grands Appartemens
cn présence de la Reine , & on
exécuta une Pastorale en un Acte,intitulcc
ISAmour mutuel, dont les paroles font de
M., Gaukier , & la Musique de M. da
Tartre , connu par d'autres Ouvrages
<jui ont eu du succès. L'autre partie de
cette Pastorale fut chantée le 16. dans les
mêmes Appartemens.
, Le 1%. on chanta le Prologue & Ic
premier Acte de l'Opera de Thésée ,
dont l'exccution fut parfaite , & très-:
applaudie. On continua le 30. le mê*
me Opéra par le second & troiíìe'me
Acte.
Le 4. il y eut Concert François aa
Château des Thuileries ; on y chanta
la Cantate à? Europe & Jupiter S & un
Motet de M. de la Lande , précédé de
plusieurs Piéces de symphonie. Le mê
me Concert a continué tous les Mer
credis du mois.
Le 18. la D1,e Petitpas , l'une des
Actrices de l'Opera , chanta pour la
première fois une Cantatille nouvelle ,
intitulée La Confiance , de la composi
tion de M. le Maire , qui fut très- bien
chantée & applaudie ; elle fut précédée
du Divertissement de la Beauté couron
née , de M. Moutet , qui est toujours
írès-goâté. Lt
1
JANVIER. 1719: itr.
Le 9. la Lottcrie pour le rembourse
ment des Rentes de l'Hôtel de Ville fut
tirée en présence du Prévôt des Mar
chands ôc des Echevins , en la manière
accoutumée. Le fonds de ce premier
mois de cette année s'est trouvé monter
à la somme de 1278990. laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les lots
qui leur font échus , conformément à la
Liste générale qui en a été rendue pur
blíque.
Le 16. du mois dernier , les Députés
des Etacs de Bretagne eurent audiance pu
blique du Roi3 présentés par le Comte
de Toulouse , Gouverneur de la Provintc
, ôc par le Comce de Saint Florentin,
Secrétaire d'Etat , & conduits par le
Marquis de Brezé , Grand - Maître des
Cérémonies , & par M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies. La Députation
étoit composée de l'Evêque de Saint
firjeu , pour le Clergé , qui porta U
{>arole ; du Comte de Guebriant , pour
a Noblesse -, de M. de Boisbely , Che-
.valier de l'Ordre de Saint Michel , &C
Lieutenant Général de l'Amirauté de
Morlaix , pour le Tiers-Etat ; du Comte
de Coetlogon , Procureur General Syn
dic ; & de M. de la Boissiere , Trésorier
Général des Etats de la Province. Ces
Députés furent ensuite conduits à l'Aul
dianes
ifz MERCURE DE FRANCE;
diance de la Reine & à celle de Mon
seigneur lç Dauphin & de Mesdames
de France.
Le Roi a pommé Intendant de la Gé
néralisé de Champagne , M. de Vastan ,
qui fera remplacé dans l' Intendance de
•la Généralité de Caen , par M. le Peletier
de Beaupré, Maître des Re
quêtes,.
Le 19. M. Bernage de Saint Maurice,
Maître des Requêtes , & Intendant du
Languedoc , à qui le Roi avoit accordé
dès le mois de Décembre 1724. la
Charge de Grand-Croix , Secrétaire &
Grefríer de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , prêta serment de fidé
lité entre le maúis de S. M. pour cette
Charge»
seiller au Conseil Royal des Finances ,
à M. de Lamoignon de Courson , Con
seiller d'Etat. Sa Majesté a nommé Con
seillers d'Etat M. Lebret , Premier Pré
sident du Parlement d'Aix , & Intendant
de ProvenceSc du Commerce, &c M. Lek
calopier , Intendant de Champagne.
Les Prêtres de la Mission comment
eerent le 3. dans l'Eglise de la Paroisse
de Versailles la Fête qu'ils ont conti
nuée les deux jours suivans avec beau
coup de folemnité 8c de magnificence ,
pour célébrer la Béatification du Bienheureux
Vincent de Paul , leur Fonda
teur en France. L'Evêque de Xaintes &
l'Evêque de Rennes y ont officié ces
trois jours. Le 4. Janvier , la Reine
accompagnée des Dame$ de fa Cour , ■
alla y entendre la Grande Messe
Le Roi a donné l'Evêché de Mirepoix
au Père Boyer , Religieux Theatin.
Le
I7S MERCURE DE FR ANCE.
Le 8 . de ce mois , l' Abbé de Verta»
•mon de Chavagnac , nommé par le Roi
à l'Evêché de Montauban , fut sacré
dans la Chapelle de l'Archevêché par
l' Archevêque de Paris , aslìsté des Evêrxjues
de Soirîons & de Tarbes.
Le premier de ce mois , le Roi
nomma le sieur Perrin , Docteur en Mé
decine de la Faculté de Montpellier ,
en considération de ses services , Méde
cin Real de ses Galères , à la place du
sieur Pelifleri , qui se retire avec une
pension de izqo. sur les Invalides.
L'Abbé Segui , Auteur du Panégyri
que de S. Louis , dont on a vû avec
plaisir l'Extrait dans le Mercure d'Octopre
, fit à S. Sulpice , le 1 7. de ce mois i
celui du Patron de cette Eglise , devant
une très nombreuse Assemblée , avec un
applaudissement gênerai. Nous tâcherons
d'en donner un Extrait.
Le Maréchal d'Uxelles , Ministre d'E
tat , s'est retiré à cause de son âge
avancé.
On a eu avis de Toulon que dixhuit
Captifs Flamands , rachetés à Al
ger par les Pères Mathurins de l'Ordre
'de la Sainte Trinité , y font débarqués
le 19, Décembre dernier , pour se
tendre à Paris , & de là dans leur Pays.
Les autres Députés du raêmc Ordre font
arrivés
JANVIER. 1730. 179
arrivés à Cadix , pour traiter aussi de la
rançon des François détenus au Royau
me de Maroc.
On apprend de Toulouse que le 8. Jan
vier , l' Académie des Jeux Floraux s'étant
assemblée publiquement , suivanç
l'ufage, M. de Rabaudy , Viguicr *de
Toulouse , l'un des Académiciens ÔÇ
Modérateur de .cette Compagnie, pro
nonça , avec beaucoup de succès , un
Discours fur la Naissance de Monsei
gneur le Dauphin.
Le premier Janvier , les vingt-quatre
Violons de la Chambre du Roi jouè
rent pendant le dîner de S. M. une fuite
d'Airs de la composition de M. Destou
ches , Sur-Intendant de la Musique du
Roi , qui furent parfaitement bien exé
cutés , & très-aplaudis.
. Le 4. il y eut Concert devant la Reine
dans les grands Apartemens. M. Defrouches
fit chanter le second Acte de
Topera à'Atys.
Le 9. on continua le même Opéra
par le quatrième & cinquième Acte. La
P"e Enemens la cadete , chanta le Rôle,
de Cy belle , la D1Ie Lenner , celui de
Sangaride , le S' Dangerville fit le Rôle
.de Qelemts, , & le Sr Cochereau , celui
RAtys, Le tout fut parfaitement bien
-exécuté , Si tous les Acteurs s'attirèrent
beaucouD
>ïo MERCURE DE FRANCE.
í>eaucoup d'applaudistemens.
Le ii. on concerta dans les grands Appartemens
cn présence de la Reine , & on
exécuta une Pastorale en un Acte,intitulcc
ISAmour mutuel, dont les paroles font de
M., Gaukier , & la Musique de M. da
Tartre , connu par d'autres Ouvrages
<jui ont eu du succès. L'autre partie de
cette Pastorale fut chantée le 16. dans les
mêmes Appartemens.
, Le 1%. on chanta le Prologue & Ic
premier Acte de l'Opera de Thésée ,
dont l'exccution fut parfaite , & très-:
applaudie. On continua le 30. le mê*
me Opéra par le second & troiíìe'me
Acte.
Le 4. il y eut Concert François aa
Château des Thuileries ; on y chanta
la Cantate à? Europe & Jupiter S & un
Motet de M. de la Lande , précédé de
plusieurs Piéces de symphonie. Le mê
me Concert a continué tous les Mer
credis du mois.
Le 18. la D1,e Petitpas , l'une des
Actrices de l'Opera , chanta pour la
première fois une Cantatille nouvelle ,
intitulée La Confiance , de la composi
tion de M. le Maire , qui fut très- bien
chantée & applaudie ; elle fut précédée
du Divertissement de la Beauté couron
née , de M. Moutet , qui est toujours
írès-goâté. Lt
1
JANVIER. 1719: itr.
Le 9. la Lottcrie pour le rembourse
ment des Rentes de l'Hôtel de Ville fut
tirée en présence du Prévôt des Mar
chands ôc des Echevins , en la manière
accoutumée. Le fonds de ce premier
mois de cette année s'est trouvé monter
à la somme de 1278990. laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les lots
qui leur font échus , conformément à la
Liste générale qui en a été rendue pur
blíque.
Le 16. du mois dernier , les Députés
des Etacs de Bretagne eurent audiance pu
blique du Roi3 présentés par le Comte
de Toulouse , Gouverneur de la Provintc
, ôc par le Comce de Saint Florentin,
Secrétaire d'Etat , & conduits par le
Marquis de Brezé , Grand - Maître des
Cérémonies , & par M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies. La Députation
étoit composée de l'Evêque de Saint
firjeu , pour le Clergé , qui porta U
{>arole ; du Comte de Guebriant , pour
a Noblesse -, de M. de Boisbely , Che-
.valier de l'Ordre de Saint Michel , &C
Lieutenant Général de l'Amirauté de
Morlaix , pour le Tiers-Etat ; du Comte
de Coetlogon , Procureur General Syn
dic ; & de M. de la Boissiere , Trésorier
Général des Etats de la Province. Ces
Députés furent ensuite conduits à l'Aul
dianes
ifz MERCURE DE FRANCE;
diance de la Reine & à celle de Mon
seigneur lç Dauphin & de Mesdames
de France.
Le Roi a pommé Intendant de la Gé
néralisé de Champagne , M. de Vastan ,
qui fera remplacé dans l' Intendance de
•la Généralité de Caen , par M. le Peletier
de Beaupré, Maître des Re
quêtes,.
Le 19. M. Bernage de Saint Maurice,
Maître des Requêtes , & Intendant du
Languedoc , à qui le Roi avoit accordé
dès le mois de Décembre 1724. la
Charge de Grand-Croix , Secrétaire &
Grefríer de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , prêta serment de fidé
lité entre le maúis de S. M. pour cette
Charge»
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Résumé : « Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
En janvier 1730, plusieurs nominations et événements notables ont marqué la cour royale. Le Roi a nommé M. de Lamoignon de Courson Conseiller au Conseil Royal des Finances et a désigné M. Lebret et M. Lekalopier comme Conseillers d'État. Les Prêtres de la Mission ont célébré la béatification du Bienheureux Vincent de Paul à Versailles, avec la participation des évêques de Saintes et de Rennes. La Reine a assisté à la Grande Messe le 4 janvier. Le Père Boyer a été nommé à l'Évêché de Mirepoix, et l'Abbé de Vertamon de Chavagnac a été sacré évêque de Montauban. Le Roi a également nommé le sieur Perrin Médecin Royal des Galères, remplaçant le sieur Pelifleri. L'Abbé Segui a prononcé un panégyrique à Saint-Sulpice. Le Maréchal d'Uxelles s'est retiré en raison de son âge avancé. Dix-huit captifs flamands ont été rachetés et sont arrivés à Toulon. Des députés de l'Ordre de la Sainte Trinité sont arrivés à Cadix pour négocier la rançon des Français détenus au Maroc. À Toulouse, l'Académie des Jeux Floraux a célébré la naissance du Dauphin. Les Violons de la Chambre du Roi ont joué des airs composés par M. Destouches, et plusieurs opéras ont été représentés en présence de la Reine. Le Roi a nommé M. de Vastan Intendant de la Généralité de Champagne et M. le Peletier de Beaupré à l'Intendance de Caen. Enfin, M. Bernage de Saint Maurice a prêté serment pour la charge de Grand-Croix de l'Ordre de Saint Louis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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319
p. 182-188
MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Début :
Jean François le Bouste, Lieutenant de Roy au Gouvernement de Languedoc, [...]
Mots clefs :
Lieutenant, Chevalier, Seigneur, Marquis, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
MORTS, NAISSANCES
& Jlíariages.
JEan François le Bouste , Lieutenant de
Roy au Gouvernement de Languedoc,
Département du haut Vivarez & Velay ,
mourut à Paris le 23. Décembre 1729.
âgé de j8. ans.
Jean François de Quinson , Seigneur
de Le.yman> &c. Chevalier de S. Louis ,
Lieutenant
7 A N V I E R. 1710. r«j
IF
Lieutenant Culoncl du Régiment de Ca«
Valérie de Villequier , mourut le 19 Dé
cembre dernier , âgé d'environ soixante
ôc douze ans.
M. Alexandre de GauJechart , Comte
d'EflVille , Lieutenant General des Ar
mées du Roy , Grand Croix de l'Ordre
•Royal & militaire de S. Louis , Gouver
neur du Fort de Barault , & ci-devant pre«
mier Lieutenant de la première Com
pagnie des Gardes du Corps de S. M.
mourut à Paris le premier Janvier , âgé
d'environ 7 j ans.
Il étoit Frère de M. Adolphe de Gau-
• dechart , Marquis de Bachiviliers , auflî
Lieutenant General des Armées du Roy 8c
^Gouverneur du Fort de Barault , mort en
17 17. & de Frère Nicolas de Gaudcchart
de Bachiviliers .Commandeur de Soissons
$c de Santeni , & Trésorier de l'Ordre de
Malte en 171 o. mort en 17x 0.
Le Comte d'EíTville est le dernier de la
branche aînée de la Maison de Gaudechart
, il ne reste plus que celle des Sei
gneurs de Mattancourt , & celle des Mar
quis de Guerieu. Cette Maison , l'une
des plus anciennes 8c des plus qualifiées
du Beauvoisis , prouve au-delà de seize
quartiers paternels & maternels des meil
leures Maisons du Royaume; elle a eu des
I ij Chc
184 MERCURE DE FRANCE.
Chevaliers de Rhodes, 8c ensuite plusieurs
de Malte .• elle est alliée aux Maisons de
Mornay , de Vignacourt , d'Hangest , de
Bousiers , d'Arquinviljers , de Vyonj d'Espinay
, de Mailly , de Clermont Toury $ç
jde plusieurs autres des plus illustres.
Jean de Begerede,Seigneur deGuairorte,
&c. Chevalier de S. Louis , Mestre dp
Camp d'Infanterie , premier Lieutenant
des Gardes Françoises , & Lieutenant des
Grenadiers , homme de valeur & trèsbon
Officier , mourut à Paris le z. âgé
de soixante & dix ans.
Charles de Bedé des Fougerais , Capi- m
taine au Régiment des Gardes Françoises ,
mourut le 5. âgé de cinquante ans. Sa
Compagnie a été donnée par le Roy à
M. Charpentier ; lc plus ancien Lieute
nant du même Régiment.
M. Lpuis Joseph de Çhâteauneuf de
Rochebonne , Evêque de Carcassonne a
.mourut dans son Diocèse le Janvier.
Marguerite Fraguier > veuve de Adam
Antoine Chassepot de Beaumont, Prési
dent à la Cour des Aides , mourut le 1 o .
âgée de 77. ans.
Gaspard Brayer , Conseiller en la
Grand'Charnbre , & Doyen du Parle
ment , mourut le onze , âgé de quatreyingt
fa ans.
Elisabeth
' J AN VI ER. 1730: t6Ç
Elisabeth Rouillé , véuve de Henry
de Lambert, Seigneur d'Herbigny , Maî
tre des Requêtes honoraire , mourut le
même jour dans la quatre- vingt-dix-sep-'
tie'me année de son âge.
Marie Anne le Camus , Veuve de René*
Bazin, Marquis de Flamanville, Lieu
tenant General des Arme'es du Ròy , mou
lut le 1 2. âge'e de 60. ans.
M. Claude Antoine , Chevalier, Doc
teur en Droit , Chanoine de l'Eglise deí
Paris , Syndic du Clergé de ce Diocèse ,
mourut le 3 r. Janvier, âgé de soixante
Sc quinze ans.
M. Louis le Peletier , Chevalier , Sei
gneur de Eeaupré, Sec. Conseiller du Roi
en tous ses Conseils, ci-devant Premier
Président du Parlement , mourut à Paris
le même jour dans la 69e année de son
âge. Au mois d'Avril 1707. le Roy
Pavoit nommé Premier Président du Par
lement , & il a exercé cette Charge jus
qu'au mois de Janvier I712. qu'il sup
plia Sa Majesté de vouloir bien accepter
sa démission.
Le 6. Janvier , fut ondoyé N. fils de
M- Jacques Bernard , Chevalier , Con
seiller du Roy en ses Conseils , Maître des
Requêtes ordinaire de son Hôtel , sur-In
tendant des Domaines, Maison 8c Finan-
I iij ces
Yef MERCURE DE FRANCE.-
ces de la Reine , Grand-Groix , Grand-
Prevôt 8c Maître des Cérémonies de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis, Lieu
tenant des Chasses des Plaisirs de S. M.
Seigrieupde Groíbois-le-Roy , du Sancy , ,
Boissry.S, Leger , &íc. S< de Dame Louise.
Olive Frortierde la Corte.
Le 9. on batiû à S. Eustache nneNc-"
gresse.de Nation , dite Julie , âgée de 1 4.
ans, &c ne'e dans l'Iíle de Madagascar.
Elle fut presente'e par D. Marie MadelainC-"
Delvenequier, Epouse deM. Denis Brousse^,
Lieutenant de Roy de l'Iíìê de France ; &C
Bomivée Marie Françoise Charlotte par-
M. Charles-de GoufHer^ Prêcre, Chanoine
de l'Eglisede Paris, , & par D,le Jaqueliner
Françoise cre Bourdin.fille de Pierre Aimé,
Comte de Bourdin , ses Parrain & Mi
taine.
D. Julie Sophie de Rochechouart de
Jars, Epouse de M.Bertrand, Vicomte
de Rochechouart , &c. accoucha le 1 o,.-
d'une fille qui fur tenue sur les Fonts , Sç
nommée Louise Alexandrine Julie , par
Alexandre de Rochechouart, Marquis de
Jars, & par D Marie Anne d'Espinay de
S. Luc , Epouse de François Marquis de
Rochechouart , &c.
Le Jacques Nòmpar de
Caumont, Marquis de la Force, fils d'Ar
mand
JANVIER. 1730. 1Î7
lîiatìd Nompar de Caumont , Duc de la
Force,, Pair de France , Marquis de Cau
mont , &c. & de Damé Anne Elisabeth
de Gruel-la-Frette,Damedes Fossés Mar
tel ,* &c. épousa Dllc Marie Louise de
Noailles, fille de Adrien Marie , Duc de
Noailles , Pair de France , Grand d'Es
pagne , Chevalier des Ordres du Roy ÔC
de la Toison d'Or , premier Capitaine
des Gardes du Corps- du- Roi , Lieute
nant General de ses Armées , Gouver
neur & Capitaine General de Roustìllon
& de Perpignan', Gouverneur de S. Ger
main en Laye , ci-devant Président du
Conseil de Finance > & Conseiller au
Conseil dè Régence , & de Dame Fran
çoise-Charlotte- Amable Daubigné ; le
mariage a été célébré à l'Hôtel de
îîoailles.
M.' Anne César Déparis la Brosse ,
Chevalier Marquis de Pomceaux , sous-
Montrèuil , Seigneur de Campremy &c.
Conseiller au Parlement , reçu en sur
vivance eh là Charge de Président en 1»
Chambre des Comptes , veuf de Dame
Marguerite- Elisabeth Trudaine , fils de
M. Anne-François Deparis , Chevalier
Seigneur de la Brosse , Président en la
Chambre des Comptes , & de fëuë Da
me Thérèse- Angélique Collin , épousa
le Si Janvier D "e Anne-Elisabeth Brayer,
I iiij fille
iSS MERCURE DE FRANCE,
fille de M. Gaspard Bráyer , Conseilles
du Roi en la Grand'Chambre , Doyea.
du Parlement , & de Dame Marie-Eli
sabeth de Chenevieres,
& Jlíariages.
JEan François le Bouste , Lieutenant de
Roy au Gouvernement de Languedoc,
Département du haut Vivarez & Velay ,
mourut à Paris le 23. Décembre 1729.
âgé de j8. ans.
Jean François de Quinson , Seigneur
de Le.yman> &c. Chevalier de S. Louis ,
Lieutenant
7 A N V I E R. 1710. r«j
IF
Lieutenant Culoncl du Régiment de Ca«
Valérie de Villequier , mourut le 19 Dé
cembre dernier , âgé d'environ soixante
ôc douze ans.
M. Alexandre de GauJechart , Comte
d'EflVille , Lieutenant General des Ar
mées du Roy , Grand Croix de l'Ordre
•Royal & militaire de S. Louis , Gouver
neur du Fort de Barault , & ci-devant pre«
mier Lieutenant de la première Com
pagnie des Gardes du Corps de S. M.
mourut à Paris le premier Janvier , âgé
d'environ 7 j ans.
Il étoit Frère de M. Adolphe de Gau-
• dechart , Marquis de Bachiviliers , auflî
Lieutenant General des Armées du Roy 8c
^Gouverneur du Fort de Barault , mort en
17 17. & de Frère Nicolas de Gaudcchart
de Bachiviliers .Commandeur de Soissons
$c de Santeni , & Trésorier de l'Ordre de
Malte en 171 o. mort en 17x 0.
Le Comte d'EíTville est le dernier de la
branche aînée de la Maison de Gaudechart
, il ne reste plus que celle des Sei
gneurs de Mattancourt , & celle des Mar
quis de Guerieu. Cette Maison , l'une
des plus anciennes 8c des plus qualifiées
du Beauvoisis , prouve au-delà de seize
quartiers paternels & maternels des meil
leures Maisons du Royaume; elle a eu des
I ij Chc
184 MERCURE DE FRANCE.
Chevaliers de Rhodes, 8c ensuite plusieurs
de Malte .• elle est alliée aux Maisons de
Mornay , de Vignacourt , d'Hangest , de
Bousiers , d'Arquinviljers , de Vyonj d'Espinay
, de Mailly , de Clermont Toury $ç
jde plusieurs autres des plus illustres.
Jean de Begerede,Seigneur deGuairorte,
&c. Chevalier de S. Louis , Mestre dp
Camp d'Infanterie , premier Lieutenant
des Gardes Françoises , & Lieutenant des
Grenadiers , homme de valeur & trèsbon
Officier , mourut à Paris le z. âgé
de soixante & dix ans.
Charles de Bedé des Fougerais , Capi- m
taine au Régiment des Gardes Françoises ,
mourut le 5. âgé de cinquante ans. Sa
Compagnie a été donnée par le Roy à
M. Charpentier ; lc plus ancien Lieute
nant du même Régiment.
M. Lpuis Joseph de Çhâteauneuf de
Rochebonne , Evêque de Carcassonne a
.mourut dans son Diocèse le Janvier.
Marguerite Fraguier > veuve de Adam
Antoine Chassepot de Beaumont, Prési
dent à la Cour des Aides , mourut le 1 o .
âgée de 77. ans.
Gaspard Brayer , Conseiller en la
Grand'Charnbre , & Doyen du Parle
ment , mourut le onze , âgé de quatreyingt
fa ans.
Elisabeth
' J AN VI ER. 1730: t6Ç
Elisabeth Rouillé , véuve de Henry
de Lambert, Seigneur d'Herbigny , Maî
tre des Requêtes honoraire , mourut le
même jour dans la quatre- vingt-dix-sep-'
tie'me année de son âge.
Marie Anne le Camus , Veuve de René*
Bazin, Marquis de Flamanville, Lieu
tenant General des Arme'es du Ròy , mou
lut le 1 2. âge'e de 60. ans.
M. Claude Antoine , Chevalier, Doc
teur en Droit , Chanoine de l'Eglise deí
Paris , Syndic du Clergé de ce Diocèse ,
mourut le 3 r. Janvier, âgé de soixante
Sc quinze ans.
M. Louis le Peletier , Chevalier , Sei
gneur de Eeaupré, Sec. Conseiller du Roi
en tous ses Conseils, ci-devant Premier
Président du Parlement , mourut à Paris
le même jour dans la 69e année de son
âge. Au mois d'Avril 1707. le Roy
Pavoit nommé Premier Président du Par
lement , & il a exercé cette Charge jus
qu'au mois de Janvier I712. qu'il sup
plia Sa Majesté de vouloir bien accepter
sa démission.
Le 6. Janvier , fut ondoyé N. fils de
M- Jacques Bernard , Chevalier , Con
seiller du Roy en ses Conseils , Maître des
Requêtes ordinaire de son Hôtel , sur-In
tendant des Domaines, Maison 8c Finan-
I iij ces
Yef MERCURE DE FRANCE.-
ces de la Reine , Grand-Groix , Grand-
Prevôt 8c Maître des Cérémonies de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis, Lieu
tenant des Chasses des Plaisirs de S. M.
Seigrieupde Groíbois-le-Roy , du Sancy , ,
Boissry.S, Leger , &íc. S< de Dame Louise.
Olive Frortierde la Corte.
Le 9. on batiû à S. Eustache nneNc-"
gresse.de Nation , dite Julie , âgée de 1 4.
ans, &c ne'e dans l'Iíle de Madagascar.
Elle fut presente'e par D. Marie MadelainC-"
Delvenequier, Epouse deM. Denis Brousse^,
Lieutenant de Roy de l'Iíìê de France ; &C
Bomivée Marie Françoise Charlotte par-
M. Charles-de GoufHer^ Prêcre, Chanoine
de l'Eglisede Paris, , & par D,le Jaqueliner
Françoise cre Bourdin.fille de Pierre Aimé,
Comte de Bourdin , ses Parrain & Mi
taine.
D. Julie Sophie de Rochechouart de
Jars, Epouse de M.Bertrand, Vicomte
de Rochechouart , &c. accoucha le 1 o,.-
d'une fille qui fur tenue sur les Fonts , Sç
nommée Louise Alexandrine Julie , par
Alexandre de Rochechouart, Marquis de
Jars, & par D Marie Anne d'Espinay de
S. Luc , Epouse de François Marquis de
Rochechouart , &c.
Le Jacques Nòmpar de
Caumont, Marquis de la Force, fils d'Ar
mand
JANVIER. 1730. 1Î7
lîiatìd Nompar de Caumont , Duc de la
Force,, Pair de France , Marquis de Cau
mont , &c. & de Damé Anne Elisabeth
de Gruel-la-Frette,Damedes Fossés Mar
tel ,* &c. épousa Dllc Marie Louise de
Noailles, fille de Adrien Marie , Duc de
Noailles , Pair de France , Grand d'Es
pagne , Chevalier des Ordres du Roy ÔC
de la Toison d'Or , premier Capitaine
des Gardes du Corps- du- Roi , Lieute
nant General de ses Armées , Gouver
neur & Capitaine General de Roustìllon
& de Perpignan', Gouverneur de S. Ger
main en Laye , ci-devant Président du
Conseil de Finance > & Conseiller au
Conseil dè Régence , & de Dame Fran
çoise-Charlotte- Amable Daubigné ; le
mariage a été célébré à l'Hôtel de
îîoailles.
M.' Anne César Déparis la Brosse ,
Chevalier Marquis de Pomceaux , sous-
Montrèuil , Seigneur de Campremy &c.
Conseiller au Parlement , reçu en sur
vivance eh là Charge de Président en 1»
Chambre des Comptes , veuf de Dame
Marguerite- Elisabeth Trudaine , fils de
M. Anne-François Deparis , Chevalier
Seigneur de la Brosse , Président en la
Chambre des Comptes , & de fëuë Da
me Thérèse- Angélique Collin , épousa
le Si Janvier D "e Anne-Elisabeth Brayer,
I iiij fille
iSS MERCURE DE FRANCE,
fille de M. Gaspard Bráyer , Conseilles
du Roi en la Grand'Chambre , Doyea.
du Parlement , & de Dame Marie-Eli
sabeth de Chenevieres,
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Le document recense divers événements survenus en 1729 et au début de l'année 1730, incluant des décès, naissances et mariages. Parmi les décès notables, Jean François le Bouste, Lieutenant de Roy au Gouvernement de Languedoc, est décédé à Paris le 23 décembre 1729 à l'âge de 38 ans. Valérie de Villequier, Lieutenant Colonel du Régiment de Cavalerie, est mort le 19 décembre à environ 62 ans. Alexandre de Gaudéchart, Comte d'Étiville, Lieutenant Général des Armées du Roy et Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, est décédé à Paris le 1er janvier 1730 à environ 71 ans. Il était le dernier de la branche aînée de la Maison de Gaudéchart, une des plus anciennes et qualifiées du Beauvoisis. D'autres personnalités décédées incluent Jean de Bégerède, Seigneur de Guairorte et Chevalier de Saint-Louis, mort à Paris à 70 ans, et Charles de Béde des Fougerais, Capitaine au Régiment des Gardes Françaises, mort à 50 ans. Marguerite Fraguier, veuve de Adam Antoine Chassepot de Beaumont, Président à la Cour des Aides, est décédée à 77 ans. Gaspard Brayer, Conseiller en la Grand'Chambre et Doyen du Parlement, est mort à 85 ans. Élisabeth Rouillé, veuve de Henry de Lambert, Seigneur d'Herbigny, est décédée à 90 ans. Marie Anne le Camus, veuve de René Bazin, Marquis de Flamanville, est morte à 60 ans. Claude Antoine, Chevalier et Docteur en Droit, est décédé à 65 ans. Louis Le Peletier, Chevalier et Seigneur de Beaupré, ancien Premier Président du Parlement, est mort à 69 ans. Parmi les naissances, un fils de Jacques Bernard, Chevalier et Conseiller du Roy, a été ondoyé le 6 janvier. Le 9 janvier, une jeune fille nommée Julie, âgée de 14 ans et née à Madagascar, a été baptisée à Saint-Eustache. Julie Sophie de Rochechouart de Jars a accouché d'une fille nommée Louise Alexandrine Julie le 10 janvier. En ce qui concerne les mariages, Jacques Nompar de Caumont, Marquis de la Force, a épousé Marie Louise de Noailles, fille d'Adrien Marie, Duc de Noailles. Anne César Déparis, Chevalier Marquis de Pomponne, a épousé Anne-Élisabeth Brayer, fille de Gaspard Brayer, Conseiller du Roi en la Grand'Chambre.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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320
p. 205-229
ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
Début :
Sur le lieu où furent données deux Batailles en France, les années 596. & [...]
Mots clefs :
Lieu, Lieux, Bataille, Diocèse, Palais, Bourgogne, Pays, Roi, Royaume de Bourgogne, Histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
ECL4IRCISS EMENS.
Sur le lieu où furent données deux Ba
tailles -en France, les années 595. &
600. & fur un ancien Palais de nos
Rois de la première Race , duquel
personne jusqu'ici n'a assigné la situa
tion. Paf -M' le Beuf , Sous-Chantrt
& Chanoine de V Eglise d' Auxerre.
E Journal de Verdun du mois
de Mars dernier , nciis a com
muniqué une Remarque faite
un habile homme , touchant l'en-
A ij droit
%o6 MERCURE DE FRANCE;
droit où fut. donnée une Bataille l'an 59^.
ou 597. entre les Troupes de Clotaire
II. Roi de Soissons & de Paris , fils de
la Reine Fredegonde , d'une part , & les
Troupes de Theodebert II. Roi d'Auftrasie
, jointes à celles de Thierry II. Roi
d'Orléans & de Bourgogne. Ce lieu se
trouve appellé Latofao dans les Impri
més de la Chronique , connue fous le
nom de Fredegaire, M. Maillard , Avo
cat , Auteur de la Remarque du Jour
nal j observe que le Pere Daniel dit qu'on
ne connoît plus ce lieu ; mais que le
Pere Ruinart a marque dans ses Notes
(at Fredegaire que feion quelques uns
ce Latofao est dans le Diocèse de Sens.
Cette désignation générale ne satisfait
point le Lecteur. On aime à voir les
«hoses indiquées plus particulièrement.
C'est ce que tache de faire M. Maillard,
en produisant un garant pour la situa
tion de çe lieu dans le Diocèse de Sens.
Xe garant qu'il croit suffisant est l'Histoire
du Gâcinois , écrite il y a cent ans
par Morin , Grand-Prieur de perrières.
C'est un Ouvrage où , à la vérité , il y
z quelque chose à apprendre } mais en
prenant les précautions nécessaires >
c?cst-à-dire , en vérifiant la plupart des
choses qu'il avance , il y a lieu de se
/défier de tout ce qu'il produit , fans
FEVRIER. i7jo. So?
én apporter la preuve ; Sc je ne vois
pas qu'on puisse fonder fur son simple
témoignage un fait aussi ancien qu'est
celui en question. Cet Historien est fi
peu exacb , & si rempli de fautes , que
dès le premier mot du Chapitre où il
parle de ce Latofao , il dit que Moret
& Doromel font la même chose selon
Aimoin , ce qui est doublement faux ,
puisqu'Aimoin ne parle aucunement de
Moret , lib. 3. e. 8 8. & que Dormèil,
loin d'être Moret , en est éloigné de
trois lieues ou environ.Le PereLe Cointe
die aussi à l'an 596. num. 4. que quel
ques nouveaux Auteurs placent ce La
tofao dans le Diocèse de Sens. ïl ne les
eite point par leur nom , & on ne
connoît que Morin qui ait avancé cette
opinion. C'est lui apparemment que le
Pere Le Cointe a en vue. Mais avec ust
peu d'attention , on s'apperçoit aisément
que ce qui a conduit Morin dans le sen
timent qu'il embrasse sur la Bataille de
Latofao , est que Dormeil , où il s'en
donna quatre ans après une seconde ,
est situé dans le Diocèse de Sens , 8c
peu éloigné de Moret. Pour moi , je
fuis d'un sentiment bien opposé au sienj'
je prétends que les Places où se don
nèrent ces deux Batailles ne font point
si voisines } & que comme l'iflue en suc
A Uj diffe2
»8 MERCURE DE FRANGE;
différente , le terrain en fut aussi fors
diffèrent. Dans celle de Latefao de Pan
y 9 6. c'est Clotaire qui parent aggiesfeur
& qui vient fondre fur les Armées de
Theodeberr & de Thierry , qu'il taille
en pieces. Dans celle de Dormeil , ce
font Theodeberr & Thierry qui venant
à leur tour contre Clotaire , lui rendi
rent la pareille , & mirent toute son
Armée en déroute. Il paroît plus natu
rel que la première Bataille se soit don
née sur un terrain appartenant à Theo
deberr ou à Thierry , de même que la
seconde fut donnée vrai- semblablement
dans un lieu des Etats de Clotaire. U
ne faut point s'astreindre tellement aux
noms marques dans les imprimés de la
Chronique de Fredegaire , qu'on ne
puisse avouer que quelquefois ces noms
ont été mal écrits par les Copistes. Que
penser de certains noms propres dont il
est fait mention dans cet Ecrivain , lors
que l'on voit que dès le titre de fa' Chro
nique , qui étoit intitulée .• Extrait de
FHiftoire de S. Grégoire de Tours , du
mot Greji , les Copistes les plus anciens
avoient fait G >-aec , & de Turonici 3 il*
avoient fait Thoromachi ? Le Pere Ruinart
fait cette Observation dans son ex
cellente Préface, num. 137. Aidons un
peu à la lettré , & voyons si dans la mê
me
FÉVRÏÉR. trtú. ioj
iiie Chronique ou dans ses Continua
teurs , il n'y a pas encore d'autre Ba
taille donnée dans un lieu d'un nom ap*
prochanr. Je découvre par le mûyen des;
íçavantes Notes du P Ruinart , que
l'endroit où le second Continûareur mar
que une Bataille donnée en 680. & que
les imprimés appellent mal Locofico ;
est nommé dans les manuscrits Locofaa
ou Lnfmo , & autrement Lucofaco Lttu _
eofngo 5 je le trouve aussi appelle Luco*
fao dans l'Hiftoirc d'Aimoin. Comme le
Manuscrit des Continuateurs de la Chro
nique , & celui du premier Auteur n'ont
pas toujours paíté par les mêmes mains,
il ne fau! pas s'étonner de la petite dif
férence qui se trouve entre Latofao 8c
Lacofao. Mais je croirois volontiers que
c'est un seul & même endroit ; il s'agit
d'abord d» fixer fa situation. Dom Thierry
Ruinart dit que Monsieur Valois n'a pas
connu cet endroit , mais que ce pour*-
roit être Loixi en Lannois ; il ajoûtfr
ensuite , que cependant il paroîtra à
d'autres assez vrai-semblable , que ce liea
est celui dont prie l'Histoire des Evê
ques d'Auxerre , & qu'elle dit être situé
dans le Pays de Toul. Cette Histoire
e'crite fous le Règne de Charles le Chau-
▼Cy, rapporte que Hainmar , Evêque
d'Auxerre vers l'an j6y ayant été con-
A, iiij duir
ïio MERCURE DE FRANCE:
duit par ordre du Roi sur de faux rap^
porcs à Bastognes , dans la Forée des
Ardennes , fut adroitement tiré de cette
prison par un de ses neveux ; & que
comme il íe sauvoit à cheval , il fut sur
pris & arrêté à Lufaiis , dans le Pays de
Toul , où se£ ennemis en firent un Mar
tyr. Adverfarii infequentes in loco qui
Lufaiis dieitur , j» Pago Tullenfì , eum
conficuti funt &c. Il semble qu-'il ne fauc
point chercher ailleurs ce Lufaiis que
dans le Diocèse de Toul ; ainsi c'est in
failliblement ce qu'on appelle aujour
d'hui Lifou, Il y a Lifou le grand & Lifou
le petit , qui font deux Villages contigus,
à six ou sept lieues de Joinville r
vers L'Orient , tous les deux dans le Dio
cèse de TouL , & dans l'ancienne Austrasie.
Le nom de Lifoldium , que le
P. Benoit , Capucin , leur donne dans son
nouveau Pouiller de Toul, ne m'arrête
aucunement , pareeque j'ai connu que
dans beaucoup d'articles , il a latinisé les
noms fur le François , & que lorsque la
terminaison d'un nom étok susceptible
de deux différentes inflexions Latines ,
il a souvent pris la moins fondée dans
l'antiquité , & a laisse l'autre qui-lui étoit
inconnue*. Telle est la derniere syllabe
du nom Lifou ou Lufou , laquelle n'a
pas été formée de l' Allemand Bold , mais
d»
FEVRIER. 1730. m
du Latin Fagus. A l'égard de la première
syllabe , il est plus probable qu'elle vient
du mot Lhcus que d'aucun autre , & je
me persuade que quiconque est au sait
de la formation des noms propres des
lieux , ne fera aucunement surpris que
de LucasAgus , on ait fait Lifou , qui
auparavant étort écrit & prononcé Luc*
foug 3 soit que ce mot vienne de Leucorum
Fagus , ou de Lucus Fagorum. Je
laisse au Lecteur à juger sì Lifou, quia,
plutôt été le Théâtre de la Guerre de
tan 6 S o. qu'aucun autre lieu , n'est pas
aussi l'endroit de la Bataille de l'an j^óV
puisqu'il étoit dans les Etats de Theodebert
, où il est plus vrai semblable que
Clotaire envoya ses Troupes , que noa
pas dans fes propres Etau , à 1 5. ou
16. lieues de Paris. On pourroit m'objecter,
que qUandmême il seseroit donné
une Bataille à Lifou cn l'an £80. il ne
s'ensuivroir pas delà qu'il s'y en soit aussi
donné une en ^96. Qu'inferec l'un de
l'autre , c'est retomber dans le deffauc
de raisonnement que je blâme dans Morin.
Mais la différence qu'il ya, est que
Latofao & Lucofao , ou par abrégé L«-
fao , se ressemblent si fort , qu'à moins
qu on ne trouve un lieu véritablement
nommé Latofao , diffèrent de Lifou , on
est toujours bien fondé à croire que c'est
A v le
212 MERCURE DE FRANCE.
le même. M. Maillard avoiie qu'on ne
connoît point de lieu appelle' Latofao
où Morin dit qu'il y en a un. II ne pro
duit non plus aucun titre , ni aucune
Histoire qui donne ce nom à aucun en~
droit voisin de Dormeil & de Moret ;
d'où je conclus que fa Remarque est
trop foiblement appuye'e pour qu'on
puisse y avoir égard , &c que si Latofaon'est
pas Lifou , il faut continuer à avouer
avec le Pere Daniel qu'on ne connoîe
plus ce Latofao.
Comme cette Observation tend à ôter
au Diocèse de Sens un endroit mémora
ble que M. Maillard a essayé de lui at
tribuer, je fuis bien aise de lui assigner
' en dédommagemenr un autre lieu plus
célèbre , & qui mériteroit d'être regar
dé avec distinction par les Historiogra
phes de France. C'est le lieu que nos^
anciennes Chroniques , nos Annales Sc
certaines Chartes appellent A4ap>loecnmt,
Aí ■npìlacum Afanfolagum. J'en ai déja
touché quelque chose dans une Note qui»
est au bas de la page 87 du Mercure
de Janvier 1725. Mais comme il n'y a
gueres que les curieux & les personnes,
studieuses qui lisent ce qui est au bas des
pages , j'ai crû devoir m'étendre un peu
plus fur ce point Topographique. Le
HJjet est d'autant plus digne d'attention
que:
FEVRIER. 1730. 213
que 1c Perc Mabiilon avoue dans son cjuatriéme
Livre de la Diplomatique\, qu'il
n'a pû découvrir quel lieu est ce Masolacum
, & que lc P. Ruinart en publiant
Fredegaire , de'clare qu'il ne le connoîc
pas davantage. Ignotus mihi Aianfolaci
fttus , dit le Pere Mabiilon. Hujus Viíl*
Jîtns ignotus est , dit le Pere Ruinart.
Cet endroit n'étant pas un fimple Vil
lage du commun , mais une terre dis*
ringuée par un Palais R oyal , ne doit
pas être non plus , par conséquent , de
ceux qui peuvent rester dans l'obsciuké.
Les Antiquaires qui aiment à suivre la
marche de nos Rois ne peuvent regardée
comme indifferens dans la Géographie
les lieux où ils se retiroient queîquefoisì
soit pour y prendre le divertissement de
la chasse , soit- pour y tenir leurs Etats ,
oti y faire quelqu'autre action éclatante.
Aíaffolacurn est dans ce cas. Ce fut là^
que Clotaire II. fit comparoître l'an 6\ j.
devant lui le Patrice Alethée , lequel
n?ayant pû se purger des crimes dont il
étoit accusé } fut condamné à périr par
le glaive. Dagobert I. étant mort , ce
fcit aussi à Massolac que les Seigneurs de
Neustrie & de Bourgogne s'assemblèrent
pour proclamer Roi , son fils Clovis..
Ces faits font affectés par Fredegaire ,
Auteur du tems , Ôc depuis par Aimoin.
A*j M»is
ZT4 MERCURE DE FRANCE:
Mais où éroit situé ce Maffolac ? & cot»;
ment l'appclle-t'on aujourd'hui ? C'est
suc quoi je me suis déja déclaré en 1725,»
en marquant que c'est Maíky » à une
lieue de Sens. Dom Jean Mabillon die
que ce Maffolac a du être certainement
un Palais Royal du Royaume de Bour
gogne avant le Règne de Clotake I I.
Regni Burgunàici Palatium fuijse cons-
Ut. il le dit fans aíSgner le lieu où il ctoic
situé; mais le voisinage de Sens suffit pour
décider, que ce Palais étoit du même
Royaume que. Sens j & quoique je ne
veuille pas contredire ouvertement le
fçavant Pere Mabillon , je ne crois pas
qu'après la resolution prise par le Roi
Clotaire d'entendre les Chefs d'accusa*
tion contre un Patrice de Bourgogne y.
il fut nécessaire pour cela que l' Assem
blée se íint dans un Palais du Royau
me de Bourgogne , quoique ce Roi en
fut devenu le Maître, On voit que trois
ans après*, ce même Roi fit venir tous
les Evêques & Seigneurs de Bourgogne
au Palais de Boneuil proche Paris , qui
constament n'a jamais été Aa Royaume
de Bourgogne; Il suffisoit donc que ce
fut un lieu sur les limites des Royaumes
de Neustrie & de Bourgogne , comme
cn effet ce fut là que les premiers de
ces deux Royaumes élevèrent l'an 637»
FEVRIER. 1730. sijj
I la Royauté Clovis , fils de Dagobctr.
Or que ce fut dans le voisinage de Sens»
bous en avons une bonne preuve dans
un acte produit par le Perc Mabillon ,
Sec. j. BenediU. part. 2. p. 6 1 4 . on y
lit qu'Emmon , Archevêque de Sens , íc
servant de la présence d'un grand nom
bre d'Evêques assemblés en ce lieu l'an
£57. leur fit signer un Privilège con
cernant l'Abbaye de Saint-Pierre le Vif;
il est daté Mansolaco Curte Dowinica*
II étoit assez naturel à- un Archevêque
de saisir cette occasion , ayant le Roi &
les Evêques si proches de lui. On peur
dire que c'étoit comme le Fontainebleau;
de ce siecle-là ■, les. Rois de France y venoient
de tems en tems , & \& Cour y
étant , il éroit nécessaire que les Prélats,
qui avoient des affaires d'importance à
icgler , s'y transportassent. Clotaire III.
y étoic la troisième année de son Règne,
selon l'Acte ci deflus cité. Il y vint en
core la huitième année , & c'est de la
que fut daté un Oiplome de confirmation
de la terre de Larrey à l'Abbaye de Sains
Bénigne de Dijon qu'on trouve dans Pé
tard à l'an 6x7 > mais qui doit être placé
à l'an 660. comme l'a fait remarquer
le Pere Mabillon. Datum Masolapo in
íalatio nofl'-o. Si depuis ce tems là on
oc trouve plus de mention du Palais de
Massas
%\C MERCURE 0E FRANCE.
Maíïay , c'est qu'il fut peut- être dérruir
par les guerres des Sarrazins au siécle
suivant* Mais le nom de fa première
destination lui est toujours resté , puis
que des deux Maslay contigus , il y en
a un qui est appelle Mastay-le-Roy , ce
qui marque , comme dit le Privilège de
ì' Archevêque Emmon , un Territoire
Royal, Curtem Dominicain. Ces deux en*
droits font à l'Orient dliyver de la yûlede
Sens , fur la Rivière de Vanne , Sc
peu éloignf-s de la Forêt d*Othe qui
étoit alors fort vaste , & qui l'eft encore
assez. J'ai trouvé aux marges d'un Mar
tyrologe de la Cathédrale de Sens , écrit
au dixième siécle , quelques additions de
personnes notables décedees dans le mê
me siécle , & entr'autres une Hermengarde
, Dame de Maflay. XVII. KaLJunii
, obiit Hermengardis de Mafiiaco
Domina , anno Domini D. CCCC LV.
Ces additions font au plus tard d'une
écriture du XI. siécle. L'original est dans
la Bibliothèque de Saint-Benoît fur Loire,
It y a apparence que les deux Maflay
croient originairement une feule & mê
me terre , dont les guerres ont fait faire
des partages , en forte que l'un des Mas
lay s'est appelle le Grand-Maflay , &
l'autre le petit Maslay. Je ne sçai pour
quoi ce dernier est celui qu'on appc líe
autreFEVRTER.
i7Jo: a r
ffutrcment Mastay-le-Roy , ni pourquoi
celui qu'on surnomme le petit est échuau
Roi. Il arrive quelquefois que ce qui
est plus périr , quant au nombre des-
Feux & des Habirans , est d'un plus
grand produit pour le revenu à caufedes
dépendances. Quoiqu'il en soit , le
grand Mastay est nommé dans un His
torien de Sens , contemporain du Roy
Robert : C'est Odoran , Moine de Saint"
Pierre le Vif. Son Ouvrage seroit peutêtre
resté jusqu'ici dans l'obscurité , si cc
n'étoir que M. Jean Baptiste Oudinet
Prieur de l' Abbaye de .Saint ■« Marien
de notre Ville , se fit un plaisir de
le communiquer à Dom Mabillon. Il
renferme plusieurs parricularitez qui ne
font pas indifférentes- à l'Histoire du
Roi Robert, & que je tais parce qu'elles
ne font rien à mon sujet. On peut les
voir au second volume du VI siécle Bé
nédictin. Cer Ecrivain rapporrant dansfbn
ii. Chapitre la punition d'un hom
me qui fit un faux ferment dans l'fgliso
de S. Savinien, proche Sens , dit que cet
homme étoit nomim Rothb rthiti in vicin*
ortus villa , cm nomen JUaftiacm Aft jor
dédit antlcjuitau le Moine C.larius,de
la mime Abbaye de S. l ierre le vif , qui
vivoit cent ans après Odoran , rapportant
dans fa Chronique, imprimée au II. lo
vas
tit MERCURE DE FRANCE:
me du Specilege , les violences qu'on em
ploya l'a n 10 j 2. pour obliger les Senonois
de recevoir Gelduin , que le Roi
Henry I. leur avoit donné pour Evêque ,
dír que ce Roi se transporta en personne
sur les lieux > qu'il vint assiéger la Ville de
Sens,& que ce fut au Grand-Mastay qu'il
fit camper son armée : Rex copiosum exerçitam
applicuit y & in villa qut Maftiacus
M.ijor dicitur cafi'a p»s»it. Ces trois té
moignages prouvent que dans le X.XI. &
XII. siécles on disoit encore dans le pays
M.ifliacHS , qui e'toit une expression moins
éloignée de Moefolacut. Mais dans les fic
elés suivans on commença à corrompre
ee mot de plus en plus. Je trouve dans
un Manuscrit de la Bibliothèque de la Ca.-
thédrale de Sens, qui est du XIII. siécle,
qu'il est fait mention en ces termes du
Maire de Maílay-le- Vicomte & de l'Eglise
de Maíliy-le-Roy : Aíajori de Mas-
Uio-Vicecomiús . & Ecclejit, de MaJIcìo
Régis. Au reste il ne doit pas paroître sur
prenant que l'on ait corrompu Mafìlacurn
en Míijliacum & Majlciam : ces deux ma
nières de latiniser ce nom dans les bas
siécles , marquent que dans le langage
vulgaire on faisoit. la première syllabe
longue comme aujourd'hui , si on ne proaonçoit
pas la lettre S , ce qui est d'au
tant plus véritable que les Titres François
FEVRIER. ï7jo. 219
da XIV. siécle mettent un second a pouc
tenir la place de la lettre S , ensorte qu'on
y lit ce mot ainsi écrit ; Maalay. U est na
turel que dès-là qu'on réduit plusieurs
syllabes à n'en former qu'une , cette syl
labe devienne longue de prononciation»
Quant à la terminaison en ay , il est vrai
que de nos côtez elle est moins communa
que celle en y, qui nous vient de tous
les- noms deg lièux finissant en latin pas
iacurn ; cependant il reste encore dans dis*
ferens cantons de la Province Senonoifs
des noms de lieu en ay qui viennent du
latin iacum ou acam . . . Nous avons dans
notre Diocèse , presque sur les bords da
la Loirp, Mannay qui s'appelloit Man-,
nacum í au sixième siécle, Annay qui se
disoit en latin au neuvième siécle Abundiacum
, & Seignelay, qui est un endrok
fort connu , Seligniacum. Dans le Diocèser
de Senion trouve Bray& Lorayidont les
noms latins ne Yont autres que Braiacum
&cLoriacum. Je ne puis donc croire qu'il y
ait lieu de douter du côté de l'analogie
des deux Langues , que Mallay ne vienne
de Afafolacnrn. Les Antiquaires font obli
gez d'admettre des noms qui sont encore
plus méconnoissibles & moins «pportans
l'un à l'autre. Je n'ái passé qu'une
seule fois dans le grand Maflay , & j'ajr
apoerçji que la Plaine de ce lieu est très*
fertile
iià MERCLÎRÈ DÈ FRAftCÉ.x
fertile. La Rivière de Vanne entoure cti^s
tierement ce Bourg & erl fait une verira^
ble Isle. Comme cette Rivière ne tatis
gueres, elle contribue beaucoup à rendre
cet endroit verdoyant & fort gai en été.
Le petit Maflay est un peu plus vers l'Otient
, la Rivière entre deux. Plus haut
est le Village de Teil , que je pourrois enquelque
forte qualifier d'ancienne Mai
son Royale, en me fondant fur le texta
d'Odoran, quoique te P. Mabillon n'en
ait fait aucune mention. Odoran rap
porte dans son 2 6. Chapitre , que Teil
rut le lieu de la résidence de la ReineConftance
pendant tout le temps que lc Roi
Robert employa à faire son voyage de
Rome. Faïium efi dum quadam terr.port
Robmtts Rex Romam peteret , ut Cons'
tant'ta Regina un à cum filio sue Hagent
parvalo Tille remaneret. Peut être que
Mâlay s'étendbit autrefois jufques-là. Au
moins il est certain que Teil fait encore
partie de k Châtellenie de Mâ!ay-le-Roi«
Cette Châtellenie fut échangée par Phi
lippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre
, & l'échange fut ratifié au mois
d'Août 1318. par Philippe le Long ,en
faveur de Thibaud & Louis de Sancerre.
M. Couste, Lieutenant Civil & Particu
lier de la Ville de Sens , qui possède une
gartie de cc Mâ-lay , m'apprend par le
Me
FEVRIER. i7jo. ni
Mémoire qu'il a eu la bonté de m'envoyer,
que dans les Titres d'échange & de ra*
tification , ce lieu est écrit Maalay-le-Roi.
II ajoûte que cette Châtellenie appartint
depuis cet échange à un seul Seigneur ,
qui ayant eu huit enfans , en fit le par
tage entre eux dès son vivant ; ce qui est;
cause qu'elle est aujourd'hui divisée etï
sept ou huit portion ì. Et quoiqu'il ob
serve que Mâlay-Ie-Roy , dent la Châtel
lenie porte le nom ,soit le plus petit dessept
Villages qui la composent , & que le
Siège du Bailliage soit à Teil , cela ne doit
point cependant empêcher de croire que
tout ce terrain n'ait été un territoire Royal
dans le temps que j'ai marqué cy-dessus.
Cette supériorité de Seigneuries se trouve
même appuyée par le nom de Villiers-
Louis, qui est un des sept Villages, & qui
est contigu à Mâlay-lc-Roy. Au reste si
cette Châtellenie relevé aujourd'hui de»
Comtes de Joigny , ce n'est que depuis
k Règne de Philippe V. Ce Prince céda
cette Mouvance à Jean Comte de Joigny
en 1 3 r 7. pour avoir la Mouvance de Châ
teau-Renard , qui appartenoit au Comte
de Joigny. Je ne sçai si ce que Nicole
Gilles, Belleforelt& Chappuis, prennent
pour un retranchement fait à Mâlay par
les Anglois au XIV. siécle , ne seroit point
un vestige de l'enceiate daChâteau de nos
Roisïti
MERCURE DE FRANCK
Rois de la première Race , ou du tcrraírf
vqui fut occupé par les Troupes du Rot
Henry I. lorsqu'elles campèrent à Mâlay.
il s'est conservé au Grand- Mâlay , autre
ment dit Mâlay- Ie-Vicomte , une Tradi
tion que S. Agnan Evêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu. Tel a été le sentiment de
M. Tripaut, Avocat d'Orléans. On écrit
cependant plus communément que saint
Agnan étoic né à Vienne en Ôaufiné,
plutôt que dans cette Bourgade de la Ri
vière de Venne. Il resterok a examiner s'il
fi 'y a point eu de méprise d'un nora pout
un autre , à cause de la ressemblance des
noms de Venne & de Vienne. Mâlay- le-
Vicomte a été de la Commune de Sensjusques
fous Louis le Gros ; c'est aujour
d'hui une Prévôté Royale : 5c M. le Duc
de Bourbon en nomme tous les Officiers,
soit comme étant aux droits du Vicomte,
ou comme jouissant du Domaine de Sens
& de la Banlieue.
En finissant ces Observations , je reçois
de M. Ferrani , l'un des fçavans Cures
du Diocèse de Sens , Doyen Rural de Marolles
, un Mémoire qu'il a rédigé , fur la
Rivière dont Fredegaire & Aimoin font
mention par rapport à la Bataille qui y fut
donnée en l'an 600. La remarque de
M. Maillard , inférée dans le Journal de
Verdun , m'ayanc engagé à fake des perFEVRIER.
1730.. 11}
quisuions , tant pour constater la choie
que pour corriger ce que j'ai mal mis
moi-même en vouse'crivant fur les lumieres
Célestes qui furent vues l'année de
cette Bataille; (a) je reconnois ne les avoir
point faites inutilement , & qu'il seroit
bon que ceux , qui dans la fuite youdronc
donner une Edition de S. Grégoire de
Tours , de Fredegairc & de toutes nos ar» •
ciennes Annales Latines avec des Notes,
prissent la peine ou de se transporter suc
les lieux ou de faire venir des mémoires
exacts. J'avoue que j'ay e'té trompé en
1716. par la Note de Dom Ruinart fur
la Rivière Aroanna , que j'avois mal com
prise à cause du nom François d'Ouainc
qu'il lui donne. Ce n'est ni de la Rivière
d'Ouaineen Gâtinois ni de celle de Vanne
en Senonois , qu'il faut entendre ce qui
est dit de la Bataille où Clotaire II. suc
défait ; mais de la Rivière qui passe à Dor--
melle même. ( On dit Dormelle dans le
pays , & non Dormeil. ) Elle prend fa
source à trois quarts de lieue" au-dessus
de Dollot , qui est la Cure de M. Fer^
rand , Auteur des Remarques que je vais
rapporter , mais dans la Paroisse de saint
Valerien. Au bout de cent pas , fortifiée
par plusieurs fontaines , elle fait tourfa)
Mercure de Utvembrt vji.6' i4*á«
nef
iî4 MERCURE DE FRANCE,
jner un moulin. Jusques là , elle n'a que
le nom 1 de Fontaine de Saint - Biaise ,
à cause d'une Chapellû voisine de la source
.mais au-dessous du moulin , elle com
mence à s'apeller la Rivière d'Orvanne.
Elle passe ensuite à Dollot , à Valéry ,
JBlennes , Diant , Vaux , Ferrotes > Fla~
gis,Dormelle, Château-Saint-Ange ,8c
va former l'e'tang de Moret, dans le
quel elle est absorbée ; puis delà elle se
décharge dans le Loin , un peu au-dessus
.de Moret i le tout fait l'étenduè" de six
lieues de pays. Le Vallon que cette pe
tite Rivière arrose s'appelle le Vallon
d'Orvanne , & les Paroisses qui y font
k jîtuées ou contigues s'appellent de même
les Paroisses de la Vallée d'Orvanne. On
assure que tous les Contrats de partages
& de ventes dans tous ces pays là n'appellent
point cette Rivière autrement
que la Rivière d'Orvanne. Ce qu'il y a
de singuliers que le nom de cette même
Rivière change dans la bouche de plusieurs
personnes au delà de Dormelle , &
près de fa décharge dans l'Etang de Mo
ret. En ces lieux- là on Pappelle quelque
fois la Rivière de Ravanne , & ce font fur
tout les Paysans voisins de cet Etang qui
lui donnent ce nom , parce qu'au-dessus de
cet Etang elle passe dans un Château assez
distingué, appelle k Château de Rnvanne,
donc
\
FEVRIER. 1750. 22$
dont elle traverse les Jardins , y formant
outre sonCanal,des pieces d'eau trés agréa
bles. Mais si l'on remonte une lieue plus
haut , on voit que ce nom est inconnu.
Au dessus de ce Château 6V une de
mie lieue au-dessous de Dormelle, est la
belle maison de feu M. de Cajumartin ,
bâtie sur la croupe d'une Montagne. Cette
maison s'appelle le Château Saint- Ange.
C'est peut-être l'endoit -où se donna la
Bataille, super fluvium Arvennam nec procul
a Doromdlo vico, ainsi que dit Aimoin.
Cette lecture du mot Arvenna est plus
exacte que celle du mot Aroanna em
ployée dans Fredegaire de la derniere Edi
tion. 11 est incontestable par le moyen de
cet éclaircissement qu'il s'agit dans Fre
degaire & dans Aimoin de la Rivière <sPO»
vanne , qui plus anciennement a dû. être
prononcée Arvanne. Il faut abandonner
en cette occasion la Rivière d'O'ùaine
(Odona ) qui est éloignée de Dormelle de
plus de huit lieues. Le P. Daniel a eu
raison de dire que la Bataille fut donnée
sur une Rivière qui se jette dans le Loiiam
au-dessus lie Moret; mais il s'est trompé
en lui donnant le nom de Rivière d'Oiiaine
, aussi-bien que le P. Ruinart. On doit
en être convaincu par la raison que je
viens de rapporter -, celle d'Odaine étant
bjçn différente, puisqu'elle prend sa source '
% i4 MERCURE DE FRANCE,
à quatre lieuës d'Auxerre , & qu'elle va
/e jetter dans le Loiiain , au-deflus de
Montargis. Ce n'est point non-plur la
Rivière de Vanne , comme le Père le Com
te à l'an £eo. Num. i. semble l'avoir
crû après le Président Fauchet. Encore
moins faut -il aller chercher cette Rivière
dans le Pays du Maine , où il y a un traî
na fiuviolus. II faut quelque chose de plus
que la ressemblance des noms dans leLatin,
pour pouvoir avec fondement e'ioigner de
ros quartiers le Théâtre de cette guerre,
A Auxerre ce 18. May 172.8.
ADDITION.
Après avoir envoyé ces éclairciíTemem
aux Auteurs du Mercure, j'ai eu occasion
d'aller à Paris. Comme le cours de la Ri*
viere d'Or vanne est collatéral à celui de 1»
Rivière d'Yonne , & n'est éloigné du
grand chemin que de deux lieuës ou en
viron , je n'ai pas manqué de vérifier par
moi-même avant que de me rendre dans
la voiture publique, le Mémoire de M. le
Prieur de Dollot. Je l'ai trouvé*' très- juste
à un article près } j'ai remarqué en mêmetemps
que nés Géographes mettent sou
vent à droite d'une Rivière ce qui est à
gauche , ou qu'ils font quelquefois tout
Je contraire. C'est pourquoi si vous avez
U
FEVRIER. i7jo; M7
Ja Carte du Diocèse de Sens dressée par
Samson , vous pouvez en touce fureté ,
yous & vos amis, y faire les corrections
suivantes. Mettez la source de la Rivière
d'Orvannc à une portée de Mousquet du
Bourg de Saint Valerien, à POtient d'Eté; '
mettez ensuite Dollot à droite , comme
a fait le Géographe , mais à gauche du
Ruisseau. Vallery est bien placé dans les
Cartes. C'est un lieu célèbre par fa destin
nation à la sépulture des Princes de la
Maison de Condé. Plus bas à droite est:
Blenne,mal nommé Blaineux par Samfonj1
plus bas encore est Diant. Ensuite à gau
che est le Bourg de Voux, qui çst ferme
de murs, & que les Cartes ont tort de re
présenter comme un simple Hameau.
Après Voux & du mime côté le Villa
ge de Ferrotes , & plus bas encore ì
gauche est le Bourg de Flagy , qui a du
coté du Midi des níurs si élevez & si con
sidérables pour leur épaisseur , qu'on U
peut comparer à ceux des plus anciennes
Villes. Ce Bourg a été cependant fort en
dommagé par les Huguenots , ainsi que
l'Eglise du lieu en fait foi. Au sortir de
Flagy on voit à gauche une Plaine qui
règne jusqu'auprès de Dormelle. Ce der
nier Village est fur une éminence. On
passe la Rivière d'Orvanne fur un
Pont, &dps lois on cesse d'en suivre le
, B cours.
ni MERCURE DE FRANCE,
cours. Lorsqu'on a atteint le haut <kp
Coteau, on apperçoit encore une autre
Plaine à droite , laquelle s'étend dti
<ôré de rOtient & dfi Septentrion. Il y
a plus d'apparence que ce fut en cette
derniere Plaine que fut donne'e la Ba
taille de Dormelle , en tirant vers le
Village de Fossar 3 dont le nom vient
peut-être à Fojsario Jeu loco Fojfitrum. Ce
.que j'ai lemarqué plus loin après avoir
laissé le Village de Montarlpt i gauche,
«e s'accorde plus ayee le Mémoire dont
je vous ai parlé. Il ne m'a point paru que
la Rivière d'Orvanne se jettât dans un
Etang-, c'est elle qui forme cette es
pèce d'Etang par le moyen des murs Sfi.
des Ecluses qui fervent à retenir ses eaux,
Cette Rivière ayant repris ensuite fa pre
mière liberté , ne va point se jettes dans
le Loiiain si tôt que Messieurs Samson
& Deíifle l'ont marqué dans leuts Cartes ;
ce n'est point au-dessus de Motet qu'elle
s'y jette , mais au-dessous } presque vis-àvis
sangle Septentrional des murs de cette
petite Ville ; desorte qu'il y a à More*
Jeux Ponts l'un au bout de l'autre; le plus
grand pour la Rivière de Loiiain au bout
duquel est le Prieuré de Pont Loii f Pons
Lupa; (c'est le nom de la Rivière qui
joint le Canal de Briare à la Seine Lupa-
/ámnis) & l'autre petit Pont est fur la. Ri
vière,
FEVRIER. 1740: 139
viere d'Orvanne. C'est ainsi qu'en une
matinée de temps j'ai eu le plaisir de voie
cette Rivière depuis fa source jusqu'à son
embouchure , avec tout ce qu'il y a de
-curieux sur les bords de la Vallée à laquel
le elle donne son nom.
Ce 15. Juillet 1718.
Sur le lieu où furent données deux Ba
tailles -en France, les années 595. &
600. & fur un ancien Palais de nos
Rois de la première Race , duquel
personne jusqu'ici n'a assigné la situa
tion. Paf -M' le Beuf , Sous-Chantrt
& Chanoine de V Eglise d' Auxerre.
E Journal de Verdun du mois
de Mars dernier , nciis a com
muniqué une Remarque faite
un habile homme , touchant l'en-
A ij droit
%o6 MERCURE DE FRANCE;
droit où fut. donnée une Bataille l'an 59^.
ou 597. entre les Troupes de Clotaire
II. Roi de Soissons & de Paris , fils de
la Reine Fredegonde , d'une part , & les
Troupes de Theodebert II. Roi d'Auftrasie
, jointes à celles de Thierry II. Roi
d'Orléans & de Bourgogne. Ce lieu se
trouve appellé Latofao dans les Impri
més de la Chronique , connue fous le
nom de Fredegaire, M. Maillard , Avo
cat , Auteur de la Remarque du Jour
nal j observe que le Pere Daniel dit qu'on
ne connoît plus ce lieu ; mais que le
Pere Ruinart a marque dans ses Notes
(at Fredegaire que feion quelques uns
ce Latofao est dans le Diocèse de Sens.
Cette désignation générale ne satisfait
point le Lecteur. On aime à voir les
«hoses indiquées plus particulièrement.
C'est ce que tache de faire M. Maillard,
en produisant un garant pour la situa
tion de çe lieu dans le Diocèse de Sens.
Xe garant qu'il croit suffisant est l'Histoire
du Gâcinois , écrite il y a cent ans
par Morin , Grand-Prieur de perrières.
C'est un Ouvrage où , à la vérité , il y
z quelque chose à apprendre } mais en
prenant les précautions nécessaires >
c?cst-à-dire , en vérifiant la plupart des
choses qu'il avance , il y a lieu de se
/défier de tout ce qu'il produit , fans
FEVRIER. i7jo. So?
én apporter la preuve ; Sc je ne vois
pas qu'on puisse fonder fur son simple
témoignage un fait aussi ancien qu'est
celui en question. Cet Historien est fi
peu exacb , & si rempli de fautes , que
dès le premier mot du Chapitre où il
parle de ce Latofao , il dit que Moret
& Doromel font la même chose selon
Aimoin , ce qui est doublement faux ,
puisqu'Aimoin ne parle aucunement de
Moret , lib. 3. e. 8 8. & que Dormèil,
loin d'être Moret , en est éloigné de
trois lieues ou environ.Le PereLe Cointe
die aussi à l'an 596. num. 4. que quel
ques nouveaux Auteurs placent ce La
tofao dans le Diocèse de Sens. ïl ne les
eite point par leur nom , & on ne
connoît que Morin qui ait avancé cette
opinion. C'est lui apparemment que le
Pere Le Cointe a en vue. Mais avec ust
peu d'attention , on s'apperçoit aisément
que ce qui a conduit Morin dans le sen
timent qu'il embrasse sur la Bataille de
Latofao , est que Dormeil , où il s'en
donna quatre ans après une seconde ,
est situé dans le Diocèse de Sens , 8c
peu éloigné de Moret. Pour moi , je
fuis d'un sentiment bien opposé au sienj'
je prétends que les Places où se don
nèrent ces deux Batailles ne font point
si voisines } & que comme l'iflue en suc
A Uj diffe2
»8 MERCURE DE FRANGE;
différente , le terrain en fut aussi fors
diffèrent. Dans celle de Latefao de Pan
y 9 6. c'est Clotaire qui parent aggiesfeur
& qui vient fondre fur les Armées de
Theodeberr & de Thierry , qu'il taille
en pieces. Dans celle de Dormeil , ce
font Theodeberr & Thierry qui venant
à leur tour contre Clotaire , lui rendi
rent la pareille , & mirent toute son
Armée en déroute. Il paroît plus natu
rel que la première Bataille se soit don
née sur un terrain appartenant à Theo
deberr ou à Thierry , de même que la
seconde fut donnée vrai- semblablement
dans un lieu des Etats de Clotaire. U
ne faut point s'astreindre tellement aux
noms marques dans les imprimés de la
Chronique de Fredegaire , qu'on ne
puisse avouer que quelquefois ces noms
ont été mal écrits par les Copistes. Que
penser de certains noms propres dont il
est fait mention dans cet Ecrivain , lors
que l'on voit que dès le titre de fa' Chro
nique , qui étoit intitulée .• Extrait de
FHiftoire de S. Grégoire de Tours , du
mot Greji , les Copistes les plus anciens
avoient fait G >-aec , & de Turonici 3 il*
avoient fait Thoromachi ? Le Pere Ruinart
fait cette Observation dans son ex
cellente Préface, num. 137. Aidons un
peu à la lettré , & voyons si dans la mê
me
FÉVRÏÉR. trtú. ioj
iiie Chronique ou dans ses Continua
teurs , il n'y a pas encore d'autre Ba
taille donnée dans un lieu d'un nom ap*
prochanr. Je découvre par le mûyen des;
íçavantes Notes du P Ruinart , que
l'endroit où le second Continûareur mar
que une Bataille donnée en 680. & que
les imprimés appellent mal Locofico ;
est nommé dans les manuscrits Locofaa
ou Lnfmo , & autrement Lucofaco Lttu _
eofngo 5 je le trouve aussi appelle Luco*
fao dans l'Hiftoirc d'Aimoin. Comme le
Manuscrit des Continuateurs de la Chro
nique , & celui du premier Auteur n'ont
pas toujours paíté par les mêmes mains,
il ne fau! pas s'étonner de la petite dif
férence qui se trouve entre Latofao 8c
Lacofao. Mais je croirois volontiers que
c'est un seul & même endroit ; il s'agit
d'abord d» fixer fa situation. Dom Thierry
Ruinart dit que Monsieur Valois n'a pas
connu cet endroit , mais que ce pour*-
roit être Loixi en Lannois ; il ajoûtfr
ensuite , que cependant il paroîtra à
d'autres assez vrai-semblable , que ce liea
est celui dont prie l'Histoire des Evê
ques d'Auxerre , & qu'elle dit être situé
dans le Pays de Toul. Cette Histoire
e'crite fous le Règne de Charles le Chau-
▼Cy, rapporte que Hainmar , Evêque
d'Auxerre vers l'an j6y ayant été con-
A, iiij duir
ïio MERCURE DE FRANCE:
duit par ordre du Roi sur de faux rap^
porcs à Bastognes , dans la Forée des
Ardennes , fut adroitement tiré de cette
prison par un de ses neveux ; & que
comme il íe sauvoit à cheval , il fut sur
pris & arrêté à Lufaiis , dans le Pays de
Toul , où se£ ennemis en firent un Mar
tyr. Adverfarii infequentes in loco qui
Lufaiis dieitur , j» Pago Tullenfì , eum
conficuti funt &c. Il semble qu-'il ne fauc
point chercher ailleurs ce Lufaiis que
dans le Diocèse de Toul ; ainsi c'est in
failliblement ce qu'on appelle aujour
d'hui Lifou, Il y a Lifou le grand & Lifou
le petit , qui font deux Villages contigus,
à six ou sept lieues de Joinville r
vers L'Orient , tous les deux dans le Dio
cèse de TouL , & dans l'ancienne Austrasie.
Le nom de Lifoldium , que le
P. Benoit , Capucin , leur donne dans son
nouveau Pouiller de Toul, ne m'arrête
aucunement , pareeque j'ai connu que
dans beaucoup d'articles , il a latinisé les
noms fur le François , & que lorsque la
terminaison d'un nom étok susceptible
de deux différentes inflexions Latines ,
il a souvent pris la moins fondée dans
l'antiquité , & a laisse l'autre qui-lui étoit
inconnue*. Telle est la derniere syllabe
du nom Lifou ou Lufou , laquelle n'a
pas été formée de l' Allemand Bold , mais
d»
FEVRIER. 1730. m
du Latin Fagus. A l'égard de la première
syllabe , il est plus probable qu'elle vient
du mot Lhcus que d'aucun autre , & je
me persuade que quiconque est au sait
de la formation des noms propres des
lieux , ne fera aucunement surpris que
de LucasAgus , on ait fait Lifou , qui
auparavant étort écrit & prononcé Luc*
foug 3 soit que ce mot vienne de Leucorum
Fagus , ou de Lucus Fagorum. Je
laisse au Lecteur à juger sì Lifou, quia,
plutôt été le Théâtre de la Guerre de
tan 6 S o. qu'aucun autre lieu , n'est pas
aussi l'endroit de la Bataille de l'an j^óV
puisqu'il étoit dans les Etats de Theodebert
, où il est plus vrai semblable que
Clotaire envoya ses Troupes , que noa
pas dans fes propres Etau , à 1 5. ou
16. lieues de Paris. On pourroit m'objecter,
que qUandmême il seseroit donné
une Bataille à Lifou cn l'an £80. il ne
s'ensuivroir pas delà qu'il s'y en soit aussi
donné une en ^96. Qu'inferec l'un de
l'autre , c'est retomber dans le deffauc
de raisonnement que je blâme dans Morin.
Mais la différence qu'il ya, est que
Latofao & Lucofao , ou par abrégé L«-
fao , se ressemblent si fort , qu'à moins
qu on ne trouve un lieu véritablement
nommé Latofao , diffèrent de Lifou , on
est toujours bien fondé à croire que c'est
A v le
212 MERCURE DE FRANCE.
le même. M. Maillard avoiie qu'on ne
connoît point de lieu appelle' Latofao
où Morin dit qu'il y en a un. II ne pro
duit non plus aucun titre , ni aucune
Histoire qui donne ce nom à aucun en~
droit voisin de Dormeil & de Moret ;
d'où je conclus que fa Remarque est
trop foiblement appuye'e pour qu'on
puisse y avoir égard , &c que si Latofaon'est
pas Lifou , il faut continuer à avouer
avec le Pere Daniel qu'on ne connoîe
plus ce Latofao.
Comme cette Observation tend à ôter
au Diocèse de Sens un endroit mémora
ble que M. Maillard a essayé de lui at
tribuer, je fuis bien aise de lui assigner
' en dédommagemenr un autre lieu plus
célèbre , & qui mériteroit d'être regar
dé avec distinction par les Historiogra
phes de France. C'est le lieu que nos^
anciennes Chroniques , nos Annales Sc
certaines Chartes appellent A4ap>loecnmt,
Aí ■npìlacum Afanfolagum. J'en ai déja
touché quelque chose dans une Note qui»
est au bas de la page 87 du Mercure
de Janvier 1725. Mais comme il n'y a
gueres que les curieux & les personnes,
studieuses qui lisent ce qui est au bas des
pages , j'ai crû devoir m'étendre un peu
plus fur ce point Topographique. Le
HJjet est d'autant plus digne d'attention
que:
FEVRIER. 1730. 213
que 1c Perc Mabiilon avoue dans son cjuatriéme
Livre de la Diplomatique\, qu'il
n'a pû découvrir quel lieu est ce Masolacum
, & que lc P. Ruinart en publiant
Fredegaire , de'clare qu'il ne le connoîc
pas davantage. Ignotus mihi Aianfolaci
fttus , dit le Pere Mabiilon. Hujus Viíl*
Jîtns ignotus est , dit le Pere Ruinart.
Cet endroit n'étant pas un fimple Vil
lage du commun , mais une terre dis*
ringuée par un Palais R oyal , ne doit
pas être non plus , par conséquent , de
ceux qui peuvent rester dans l'obsciuké.
Les Antiquaires qui aiment à suivre la
marche de nos Rois ne peuvent regardée
comme indifferens dans la Géographie
les lieux où ils se retiroient queîquefoisì
soit pour y prendre le divertissement de
la chasse , soit- pour y tenir leurs Etats ,
oti y faire quelqu'autre action éclatante.
Aíaffolacurn est dans ce cas. Ce fut là^
que Clotaire II. fit comparoître l'an 6\ j.
devant lui le Patrice Alethée , lequel
n?ayant pû se purger des crimes dont il
étoit accusé } fut condamné à périr par
le glaive. Dagobert I. étant mort , ce
fcit aussi à Massolac que les Seigneurs de
Neustrie & de Bourgogne s'assemblèrent
pour proclamer Roi , son fils Clovis..
Ces faits font affectés par Fredegaire ,
Auteur du tems , Ôc depuis par Aimoin.
A*j M»is
ZT4 MERCURE DE FRANCE:
Mais où éroit situé ce Maffolac ? & cot»;
ment l'appclle-t'on aujourd'hui ? C'est
suc quoi je me suis déja déclaré en 1725,»
en marquant que c'est Maíky » à une
lieue de Sens. Dom Jean Mabillon die
que ce Maffolac a du être certainement
un Palais Royal du Royaume de Bour
gogne avant le Règne de Clotake I I.
Regni Burgunàici Palatium fuijse cons-
Ut. il le dit fans aíSgner le lieu où il ctoic
situé; mais le voisinage de Sens suffit pour
décider, que ce Palais étoit du même
Royaume que. Sens j & quoique je ne
veuille pas contredire ouvertement le
fçavant Pere Mabillon , je ne crois pas
qu'après la resolution prise par le Roi
Clotaire d'entendre les Chefs d'accusa*
tion contre un Patrice de Bourgogne y.
il fut nécessaire pour cela que l' Assem
blée se íint dans un Palais du Royau
me de Bourgogne , quoique ce Roi en
fut devenu le Maître, On voit que trois
ans après*, ce même Roi fit venir tous
les Evêques & Seigneurs de Bourgogne
au Palais de Boneuil proche Paris , qui
constament n'a jamais été Aa Royaume
de Bourgogne; Il suffisoit donc que ce
fut un lieu sur les limites des Royaumes
de Neustrie & de Bourgogne , comme
cn effet ce fut là que les premiers de
ces deux Royaumes élevèrent l'an 637»
FEVRIER. 1730. sijj
I la Royauté Clovis , fils de Dagobctr.
Or que ce fut dans le voisinage de Sens»
bous en avons une bonne preuve dans
un acte produit par le Perc Mabillon ,
Sec. j. BenediU. part. 2. p. 6 1 4 . on y
lit qu'Emmon , Archevêque de Sens , íc
servant de la présence d'un grand nom
bre d'Evêques assemblés en ce lieu l'an
£57. leur fit signer un Privilège con
cernant l'Abbaye de Saint-Pierre le Vif;
il est daté Mansolaco Curte Dowinica*
II étoit assez naturel à- un Archevêque
de saisir cette occasion , ayant le Roi &
les Evêques si proches de lui. On peur
dire que c'étoit comme le Fontainebleau;
de ce siecle-là ■, les. Rois de France y venoient
de tems en tems , & \& Cour y
étant , il éroit nécessaire que les Prélats,
qui avoient des affaires d'importance à
icgler , s'y transportassent. Clotaire III.
y étoic la troisième année de son Règne,
selon l'Acte ci deflus cité. Il y vint en
core la huitième année , & c'est de la
que fut daté un Oiplome de confirmation
de la terre de Larrey à l'Abbaye de Sains
Bénigne de Dijon qu'on trouve dans Pé
tard à l'an 6x7 > mais qui doit être placé
à l'an 660. comme l'a fait remarquer
le Pere Mabillon. Datum Masolapo in
íalatio nofl'-o. Si depuis ce tems là on
oc trouve plus de mention du Palais de
Massas
%\C MERCURE 0E FRANCE.
Maíïay , c'est qu'il fut peut- être dérruir
par les guerres des Sarrazins au siécle
suivant* Mais le nom de fa première
destination lui est toujours resté , puis
que des deux Maslay contigus , il y en
a un qui est appelle Mastay-le-Roy , ce
qui marque , comme dit le Privilège de
ì' Archevêque Emmon , un Territoire
Royal, Curtem Dominicain. Ces deux en*
droits font à l'Orient dliyver de la yûlede
Sens , fur la Rivière de Vanne , Sc
peu éloignf-s de la Forêt d*Othe qui
étoit alors fort vaste , & qui l'eft encore
assez. J'ai trouvé aux marges d'un Mar
tyrologe de la Cathédrale de Sens , écrit
au dixième siécle , quelques additions de
personnes notables décedees dans le mê
me siécle , & entr'autres une Hermengarde
, Dame de Maflay. XVII. KaLJunii
, obiit Hermengardis de Mafiiaco
Domina , anno Domini D. CCCC LV.
Ces additions font au plus tard d'une
écriture du XI. siécle. L'original est dans
la Bibliothèque de Saint-Benoît fur Loire,
It y a apparence que les deux Maflay
croient originairement une feule & mê
me terre , dont les guerres ont fait faire
des partages , en forte que l'un des Mas
lay s'est appelle le Grand-Maflay , &
l'autre le petit Maslay. Je ne sçai pour
quoi ce dernier est celui qu'on appc líe
autreFEVRTER.
i7Jo: a r
ffutrcment Mastay-le-Roy , ni pourquoi
celui qu'on surnomme le petit est échuau
Roi. Il arrive quelquefois que ce qui
est plus périr , quant au nombre des-
Feux & des Habirans , est d'un plus
grand produit pour le revenu à caufedes
dépendances. Quoiqu'il en soit , le
grand Mastay est nommé dans un His
torien de Sens , contemporain du Roy
Robert : C'est Odoran , Moine de Saint"
Pierre le Vif. Son Ouvrage seroit peutêtre
resté jusqu'ici dans l'obscurité , si cc
n'étoir que M. Jean Baptiste Oudinet
Prieur de l' Abbaye de .Saint ■« Marien
de notre Ville , se fit un plaisir de
le communiquer à Dom Mabillon. Il
renferme plusieurs parricularitez qui ne
font pas indifférentes- à l'Histoire du
Roi Robert, & que je tais parce qu'elles
ne font rien à mon sujet. On peut les
voir au second volume du VI siécle Bé
nédictin. Cer Ecrivain rapporrant dansfbn
ii. Chapitre la punition d'un hom
me qui fit un faux ferment dans l'fgliso
de S. Savinien, proche Sens , dit que cet
homme étoit nomim Rothb rthiti in vicin*
ortus villa , cm nomen JUaftiacm Aft jor
dédit antlcjuitau le Moine C.larius,de
la mime Abbaye de S. l ierre le vif , qui
vivoit cent ans après Odoran , rapportant
dans fa Chronique, imprimée au II. lo
vas
tit MERCURE DE FRANCE:
me du Specilege , les violences qu'on em
ploya l'a n 10 j 2. pour obliger les Senonois
de recevoir Gelduin , que le Roi
Henry I. leur avoit donné pour Evêque ,
dír que ce Roi se transporta en personne
sur les lieux > qu'il vint assiéger la Ville de
Sens,& que ce fut au Grand-Mastay qu'il
fit camper son armée : Rex copiosum exerçitam
applicuit y & in villa qut Maftiacus
M.ijor dicitur cafi'a p»s»it. Ces trois té
moignages prouvent que dans le X.XI. &
XII. siécles on disoit encore dans le pays
M.ifliacHS , qui e'toit une expression moins
éloignée de Moefolacut. Mais dans les fic
elés suivans on commença à corrompre
ee mot de plus en plus. Je trouve dans
un Manuscrit de la Bibliothèque de la Ca.-
thédrale de Sens, qui est du XIII. siécle,
qu'il est fait mention en ces termes du
Maire de Maílay-le- Vicomte & de l'Eglise
de Maíliy-le-Roy : Aíajori de Mas-
Uio-Vicecomiús . & Ecclejit, de MaJIcìo
Régis. Au reste il ne doit pas paroître sur
prenant que l'on ait corrompu Mafìlacurn
en Míijliacum & Majlciam : ces deux ma
nières de latiniser ce nom dans les bas
siécles , marquent que dans le langage
vulgaire on faisoit. la première syllabe
longue comme aujourd'hui , si on ne proaonçoit
pas la lettre S , ce qui est d'au
tant plus véritable que les Titres François
FEVRIER. ï7jo. 219
da XIV. siécle mettent un second a pouc
tenir la place de la lettre S , ensorte qu'on
y lit ce mot ainsi écrit ; Maalay. U est na
turel que dès-là qu'on réduit plusieurs
syllabes à n'en former qu'une , cette syl
labe devienne longue de prononciation»
Quant à la terminaison en ay , il est vrai
que de nos côtez elle est moins communa
que celle en y, qui nous vient de tous
les- noms deg lièux finissant en latin pas
iacurn ; cependant il reste encore dans dis*
ferens cantons de la Province Senonoifs
des noms de lieu en ay qui viennent du
latin iacum ou acam . . . Nous avons dans
notre Diocèse , presque sur les bords da
la Loirp, Mannay qui s'appelloit Man-,
nacum í au sixième siécle, Annay qui se
disoit en latin au neuvième siécle Abundiacum
, & Seignelay, qui est un endrok
fort connu , Seligniacum. Dans le Diocèser
de Senion trouve Bray& Lorayidont les
noms latins ne Yont autres que Braiacum
&cLoriacum. Je ne puis donc croire qu'il y
ait lieu de douter du côté de l'analogie
des deux Langues , que Mallay ne vienne
de Afafolacnrn. Les Antiquaires font obli
gez d'admettre des noms qui sont encore
plus méconnoissibles & moins «pportans
l'un à l'autre. Je n'ái passé qu'une
seule fois dans le grand Maflay , & j'ajr
apoerçji que la Plaine de ce lieu est très*
fertile
iià MERCLÎRÈ DÈ FRAftCÉ.x
fertile. La Rivière de Vanne entoure cti^s
tierement ce Bourg & erl fait une verira^
ble Isle. Comme cette Rivière ne tatis
gueres, elle contribue beaucoup à rendre
cet endroit verdoyant & fort gai en été.
Le petit Maflay est un peu plus vers l'Otient
, la Rivière entre deux. Plus haut
est le Village de Teil , que je pourrois enquelque
forte qualifier d'ancienne Mai
son Royale, en me fondant fur le texta
d'Odoran, quoique te P. Mabillon n'en
ait fait aucune mention. Odoran rap
porte dans son 2 6. Chapitre , que Teil
rut le lieu de la résidence de la ReineConftance
pendant tout le temps que lc Roi
Robert employa à faire son voyage de
Rome. Faïium efi dum quadam terr.port
Robmtts Rex Romam peteret , ut Cons'
tant'ta Regina un à cum filio sue Hagent
parvalo Tille remaneret. Peut être que
Mâlay s'étendbit autrefois jufques-là. Au
moins il est certain que Teil fait encore
partie de k Châtellenie de Mâ!ay-le-Roi«
Cette Châtellenie fut échangée par Phi
lippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre
, & l'échange fut ratifié au mois
d'Août 1318. par Philippe le Long ,en
faveur de Thibaud & Louis de Sancerre.
M. Couste, Lieutenant Civil & Particu
lier de la Ville de Sens , qui possède une
gartie de cc Mâ-lay , m'apprend par le
Me
FEVRIER. i7jo. ni
Mémoire qu'il a eu la bonté de m'envoyer,
que dans les Titres d'échange & de ra*
tification , ce lieu est écrit Maalay-le-Roi.
II ajoûte que cette Châtellenie appartint
depuis cet échange à un seul Seigneur ,
qui ayant eu huit enfans , en fit le par
tage entre eux dès son vivant ; ce qui est;
cause qu'elle est aujourd'hui divisée etï
sept ou huit portion ì. Et quoiqu'il ob
serve que Mâlay-Ie-Roy , dent la Châtel
lenie porte le nom ,soit le plus petit dessept
Villages qui la composent , & que le
Siège du Bailliage soit à Teil , cela ne doit
point cependant empêcher de croire que
tout ce terrain n'ait été un territoire Royal
dans le temps que j'ai marqué cy-dessus.
Cette supériorité de Seigneuries se trouve
même appuyée par le nom de Villiers-
Louis, qui est un des sept Villages, & qui
est contigu à Mâlay-lc-Roy. Au reste si
cette Châtellenie relevé aujourd'hui de»
Comtes de Joigny , ce n'est que depuis
k Règne de Philippe V. Ce Prince céda
cette Mouvance à Jean Comte de Joigny
en 1 3 r 7. pour avoir la Mouvance de Châ
teau-Renard , qui appartenoit au Comte
de Joigny. Je ne sçai si ce que Nicole
Gilles, Belleforelt& Chappuis, prennent
pour un retranchement fait à Mâlay par
les Anglois au XIV. siécle , ne seroit point
un vestige de l'enceiate daChâteau de nos
Roisïti
MERCURE DE FRANCK
Rois de la première Race , ou du tcrraírf
vqui fut occupé par les Troupes du Rot
Henry I. lorsqu'elles campèrent à Mâlay.
il s'est conservé au Grand- Mâlay , autre
ment dit Mâlay- Ie-Vicomte , une Tradi
tion que S. Agnan Evêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu. Tel a été le sentiment de
M. Tripaut, Avocat d'Orléans. On écrit
cependant plus communément que saint
Agnan étoic né à Vienne en Ôaufiné,
plutôt que dans cette Bourgade de la Ri
vière de Venne. Il resterok a examiner s'il
fi 'y a point eu de méprise d'un nora pout
un autre , à cause de la ressemblance des
noms de Venne & de Vienne. Mâlay- le-
Vicomte a été de la Commune de Sensjusques
fous Louis le Gros ; c'est aujour
d'hui une Prévôté Royale : 5c M. le Duc
de Bourbon en nomme tous les Officiers,
soit comme étant aux droits du Vicomte,
ou comme jouissant du Domaine de Sens
& de la Banlieue.
En finissant ces Observations , je reçois
de M. Ferrani , l'un des fçavans Cures
du Diocèse de Sens , Doyen Rural de Marolles
, un Mémoire qu'il a rédigé , fur la
Rivière dont Fredegaire & Aimoin font
mention par rapport à la Bataille qui y fut
donnée en l'an 600. La remarque de
M. Maillard , inférée dans le Journal de
Verdun , m'ayanc engagé à fake des perFEVRIER.
1730.. 11}
quisuions , tant pour constater la choie
que pour corriger ce que j'ai mal mis
moi-même en vouse'crivant fur les lumieres
Célestes qui furent vues l'année de
cette Bataille; (a) je reconnois ne les avoir
point faites inutilement , & qu'il seroit
bon que ceux , qui dans la fuite youdronc
donner une Edition de S. Grégoire de
Tours , de Fredegairc & de toutes nos ar» •
ciennes Annales Latines avec des Notes,
prissent la peine ou de se transporter suc
les lieux ou de faire venir des mémoires
exacts. J'avoue que j'ay e'té trompé en
1716. par la Note de Dom Ruinart fur
la Rivière Aroanna , que j'avois mal com
prise à cause du nom François d'Ouainc
qu'il lui donne. Ce n'est ni de la Rivière
d'Ouaineen Gâtinois ni de celle de Vanne
en Senonois , qu'il faut entendre ce qui
est dit de la Bataille où Clotaire II. suc
défait ; mais de la Rivière qui passe à Dor--
melle même. ( On dit Dormelle dans le
pays , & non Dormeil. ) Elle prend fa
source à trois quarts de lieue" au-dessus
de Dollot , qui est la Cure de M. Fer^
rand , Auteur des Remarques que je vais
rapporter , mais dans la Paroisse de saint
Valerien. Au bout de cent pas , fortifiée
par plusieurs fontaines , elle fait tourfa)
Mercure de Utvembrt vji.6' i4*á«
nef
iî4 MERCURE DE FRANCE,
jner un moulin. Jusques là , elle n'a que
le nom 1 de Fontaine de Saint - Biaise ,
à cause d'une Chapellû voisine de la source
.mais au-dessous du moulin , elle com
mence à s'apeller la Rivière d'Orvanne.
Elle passe ensuite à Dollot , à Valéry ,
JBlennes , Diant , Vaux , Ferrotes > Fla~
gis,Dormelle, Château-Saint-Ange ,8c
va former l'e'tang de Moret, dans le
quel elle est absorbée ; puis delà elle se
décharge dans le Loin , un peu au-dessus
.de Moret i le tout fait l'étenduè" de six
lieues de pays. Le Vallon que cette pe
tite Rivière arrose s'appelle le Vallon
d'Orvanne , & les Paroisses qui y font
k jîtuées ou contigues s'appellent de même
les Paroisses de la Vallée d'Orvanne. On
assure que tous les Contrats de partages
& de ventes dans tous ces pays là n'appellent
point cette Rivière autrement
que la Rivière d'Orvanne. Ce qu'il y a
de singuliers que le nom de cette même
Rivière change dans la bouche de plusieurs
personnes au delà de Dormelle , &
près de fa décharge dans l'Etang de Mo
ret. En ces lieux- là on Pappelle quelque
fois la Rivière de Ravanne , & ce font fur
tout les Paysans voisins de cet Etang qui
lui donnent ce nom , parce qu'au-dessus de
cet Etang elle passe dans un Château assez
distingué, appelle k Château de Rnvanne,
donc
\
FEVRIER. 1750. 22$
dont elle traverse les Jardins , y formant
outre sonCanal,des pieces d'eau trés agréa
bles. Mais si l'on remonte une lieue plus
haut , on voit que ce nom est inconnu.
Au dessus de ce Château 6V une de
mie lieue au-dessous de Dormelle, est la
belle maison de feu M. de Cajumartin ,
bâtie sur la croupe d'une Montagne. Cette
maison s'appelle le Château Saint- Ange.
C'est peut-être l'endoit -où se donna la
Bataille, super fluvium Arvennam nec procul
a Doromdlo vico, ainsi que dit Aimoin.
Cette lecture du mot Arvenna est plus
exacte que celle du mot Aroanna em
ployée dans Fredegaire de la derniere Edi
tion. 11 est incontestable par le moyen de
cet éclaircissement qu'il s'agit dans Fre
degaire & dans Aimoin de la Rivière <sPO»
vanne , qui plus anciennement a dû. être
prononcée Arvanne. Il faut abandonner
en cette occasion la Rivière d'O'ùaine
(Odona ) qui est éloignée de Dormelle de
plus de huit lieues. Le P. Daniel a eu
raison de dire que la Bataille fut donnée
sur une Rivière qui se jette dans le Loiiam
au-dessus lie Moret; mais il s'est trompé
en lui donnant le nom de Rivière d'Oiiaine
, aussi-bien que le P. Ruinart. On doit
en être convaincu par la raison que je
viens de rapporter -, celle d'Odaine étant
bjçn différente, puisqu'elle prend sa source '
% i4 MERCURE DE FRANCE,
à quatre lieuës d'Auxerre , & qu'elle va
/e jetter dans le Loiiain , au-deflus de
Montargis. Ce n'est point non-plur la
Rivière de Vanne , comme le Père le Com
te à l'an £eo. Num. i. semble l'avoir
crû après le Président Fauchet. Encore
moins faut -il aller chercher cette Rivière
dans le Pays du Maine , où il y a un traî
na fiuviolus. II faut quelque chose de plus
que la ressemblance des noms dans leLatin,
pour pouvoir avec fondement e'ioigner de
ros quartiers le Théâtre de cette guerre,
A Auxerre ce 18. May 172.8.
ADDITION.
Après avoir envoyé ces éclairciíTemem
aux Auteurs du Mercure, j'ai eu occasion
d'aller à Paris. Comme le cours de la Ri*
viere d'Or vanne est collatéral à celui de 1»
Rivière d'Yonne , & n'est éloigné du
grand chemin que de deux lieuës ou en
viron , je n'ai pas manqué de vérifier par
moi-même avant que de me rendre dans
la voiture publique, le Mémoire de M. le
Prieur de Dollot. Je l'ai trouvé*' très- juste
à un article près } j'ai remarqué en mêmetemps
que nés Géographes mettent sou
vent à droite d'une Rivière ce qui est à
gauche , ou qu'ils font quelquefois tout
Je contraire. C'est pourquoi si vous avez
U
FEVRIER. i7jo; M7
Ja Carte du Diocèse de Sens dressée par
Samson , vous pouvez en touce fureté ,
yous & vos amis, y faire les corrections
suivantes. Mettez la source de la Rivière
d'Orvannc à une portée de Mousquet du
Bourg de Saint Valerien, à POtient d'Eté; '
mettez ensuite Dollot à droite , comme
a fait le Géographe , mais à gauche du
Ruisseau. Vallery est bien placé dans les
Cartes. C'est un lieu célèbre par fa destin
nation à la sépulture des Princes de la
Maison de Condé. Plus bas à droite est:
Blenne,mal nommé Blaineux par Samfonj1
plus bas encore est Diant. Ensuite à gau
che est le Bourg de Voux, qui çst ferme
de murs, & que les Cartes ont tort de re
présenter comme un simple Hameau.
Après Voux & du mime côté le Villa
ge de Ferrotes , & plus bas encore ì
gauche est le Bourg de Flagy , qui a du
coté du Midi des níurs si élevez & si con
sidérables pour leur épaisseur , qu'on U
peut comparer à ceux des plus anciennes
Villes. Ce Bourg a été cependant fort en
dommagé par les Huguenots , ainsi que
l'Eglise du lieu en fait foi. Au sortir de
Flagy on voit à gauche une Plaine qui
règne jusqu'auprès de Dormelle. Ce der
nier Village est fur une éminence. On
passe la Rivière d'Orvanne fur un
Pont, &dps lois on cesse d'en suivre le
, B cours.
ni MERCURE DE FRANCE,
cours. Lorsqu'on a atteint le haut <kp
Coteau, on apperçoit encore une autre
Plaine à droite , laquelle s'étend dti
<ôré de rOtient & dfi Septentrion. Il y
a plus d'apparence que ce fut en cette
derniere Plaine que fut donne'e la Ba
taille de Dormelle , en tirant vers le
Village de Fossar 3 dont le nom vient
peut-être à Fojsario Jeu loco Fojfitrum. Ce
.que j'ai lemarqué plus loin après avoir
laissé le Village de Montarlpt i gauche,
«e s'accorde plus ayee le Mémoire dont
je vous ai parlé. Il ne m'a point paru que
la Rivière d'Orvanne se jettât dans un
Etang-, c'est elle qui forme cette es
pèce d'Etang par le moyen des murs Sfi.
des Ecluses qui fervent à retenir ses eaux,
Cette Rivière ayant repris ensuite fa pre
mière liberté , ne va point se jettes dans
le Loiiain si tôt que Messieurs Samson
& Deíifle l'ont marqué dans leuts Cartes ;
ce n'est point au-dessus de Motet qu'elle
s'y jette , mais au-dessous } presque vis-àvis
sangle Septentrional des murs de cette
petite Ville ; desorte qu'il y a à More*
Jeux Ponts l'un au bout de l'autre; le plus
grand pour la Rivière de Loiiain au bout
duquel est le Prieuré de Pont Loii f Pons
Lupa; (c'est le nom de la Rivière qui
joint le Canal de Briare à la Seine Lupa-
/ámnis) & l'autre petit Pont est fur la. Ri
vière,
FEVRIER. 1740: 139
viere d'Orvanne. C'est ainsi qu'en une
matinée de temps j'ai eu le plaisir de voie
cette Rivière depuis fa source jusqu'à son
embouchure , avec tout ce qu'il y a de
-curieux sur les bords de la Vallée à laquel
le elle donne son nom.
Ce 15. Juillet 1718.
Fermer
Résumé : ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
Le texte traite de la localisation de deux batailles en France, survenues en 595 et 600, près d'un ancien palais royal de la première race. Le Journal de Verdun de mars mentionne une remarque sur le lieu de la bataille de 596 ou 597, entre les troupes de Clotaire II et celles de Théodebert II et Thierry II. Ce lieu est appelé Latofao dans la Chronique de Fredegaire. M. Maillard, avocat, cite le Père Daniel et le Père Ruinart, qui situent Latofao dans le diocèse de Sens. Cependant, Maillard critique l'historien Morin pour ses erreurs dans l'Histoire du Gâtinois. La bataille de Dormeil, qui eut lieu quatre ans après celle de Latofao, est également discutée. L'auteur affirme que les lieux des deux batailles ne sont pas proches et que les terrains étaient différents. Il suggère que les noms des lieux dans les chroniques peuvent avoir été mal copiés. Le Père Ruinart note que certains noms propres dans la Chronique de Fredegaire sont mal écrits. L'auteur explore la possibilité que Latofao soit en réalité Lifou, un village dans le diocèse de Toul. Il soutient que Latofao et Lifou pourraient être le même endroit, en se basant sur des similitudes dans les noms et les descriptions. Il conclut que si Latofao n'est pas Lifou, il faut admettre avec le Père Daniel que ce lieu n'est plus connu. Le texte mentionne également Massolacum, un autre lieu historique situé à Marly près de Sens, où des événements royaux importants se sont déroulés. Il critique les incertitudes des historiens précédents sur la localisation de ce palais royal. Le texte traite aussi de l'histoire et de l'évolution des noms des localités de Massas et de Maslay, situées près de la rivière de Vanne et de la forêt d'Othe. Le nom de Maslay-le-Roy indique un territoire royal, et deux Maslay contigus existent : le Grand-Maslay et le Petit-Maslay. Des documents historiques, comme un martyrologe de la cathédrale de Sens du dixième siècle, mentionnent des personnes notables de Maslay. Les guerres ont probablement divisé ces terres, et des historiens comme Odoran et Clarius ont mentionné ces localités dans leurs œuvres. Le texte explore les variations linguistiques et orthographiques des noms de ces lieux au fil des siècles. Par exemple, le nom 'Maslay' a été corrompu en 'Mastay' et 'Mallay' dans divers documents. La rivière de Vanne entoure le bourg de Maslay, contribuant à sa fertilité et à son aspect verdoyant. Le Petit-Maslay est situé plus à l'est, et le village de Teil, autrefois résidence de la reine Constance, fait partie de la châtellenie de Maslay-le-Roi. La châtellenie de Maslay-le-Roi a été échangée par Philippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre en 1318. Aujourd'hui, cette châtellenie est divisée en plusieurs portions et relève des Comtes de Joigny depuis Philippe V. Le texte mentionne également des traditions locales, comme celle de Saint Agnan, évêque d'Orléans, supposé natif de Maslay-le-Vicomte. Enfin, le texte aborde la rivière d'Orvanne, mentionnée par des historiens comme Fredegaire et Aimoin, et corrige des erreurs historiques concernant son nom et son emplacement. La bataille de l'an 600, où Clotaire II a été défait, s'est probablement déroulée près de la rivière d'Orvanne, et non de la rivière d'Ouaine. L'auteur, après avoir envoyé des éclaircissements aux auteurs du Mercure, se rend à Paris et vérifie personnellement le mémoire de M. le Prieur de Dollot. Il confirme la justesse du mémoire à un article près et note des erreurs fréquentes chez les géographes concernant la position des lieux par rapport aux rivières. Il fournit des corrections pour la carte du Diocèse de Sens dressée par Samson, précisant la localisation de divers lieux tels que Saint-Valérien, Dollot, Vallery, Blenne, Diant, Voux, Ferrières, Flagy, et Dormelle. Il décrit également la bataille de Dormelle et la topographie des environs. La rivière d'Orvanne ne se jette pas dans un étang mais forme un étang par des écluses. Il corrige également l'emplacement où la rivière d'Orvanne se jette dans le Loing, précisant que cela se fait au-dessous de Montargis, et non au-dessus comme indiqué sur certaines cartes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
321
p. 339-351
Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la Republique [...]
Mots clefs :
Auteurs, Roi, Mémoires, Hommes illustres, Ouvrages, Histoire, Belles-lettres, Savants, Guillaume Budé, Sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Mémoires pour servira l'Histoire
des Hommes Illustres dans la République
des Lettres > avec un Catalogue raisonné
de leurs Ouvrages , tome 8 . de 40 8 . pages
fans les Tables. A Paris , chez. Bnaffon „
rué S. làcques , a la Science. 1730.
. A la tête de ce 8 e. volume est un coure
Avertissement , qui apprend au Lecteut
une chose auíïl agréable que nécessaire á
l'égard de ceux qui aiment Inexactitude Sc
la perfection dans les entreprises Litté
raires. L' Auteur de ces Mémoires se pré
pare, nous dit-on , à donner dans le di
xième vol. qui paroîtra fur la fin du mois
de Décembre 1729. les corrections fur les
neuf vol. qui le précédent ^ avec les Ad
ditions qu'on lui a déja données. Il invite
de plus ceux qui auront reconnu quelque
faute , quelque îegere qu'elle puisse être ,
ou qui sçauront <juelques faits oubliez ,
ou enfin qui auront quelques Additions, à
les lui communiquer , se chargeant d'in
struire le Public du nom de ceux dont il
auxar
34© MERCURE Í)E FRANGÉ,
aura receu des remarques utiles. On aver»
tic aussi que le dixième vol. contiendra en
core des Tables générales , Alphabéti
que, Nécrologique ì 6c selon l'ordre des
Matières de ce qui est contenu dans les
neuf premiers vol enfin qu'on pourrs
s'addrefler au Libraire qui vend ce Livre ^
pour tout ce qu'on voudra faire tenir ìt
l'Auteur.
Nous profiterons de l'invitation conte
nue dans cet Avertissement , pour conti
nuer de parler avec franchise en faveur de
la vérité, & pour fa perfection de cet~Ou->
Vrage , quand l'occaíìon s'en présentera.1
Le 7e. vol. en offroit une , mais il n'étfoit
pas encore rems de publier notre Re
niai que , qui n'auroit pu passer alors que
pour une conjecture. Nous. avons depuisdécouvert
que cette Remarque peut être
solidement appuyée. Voici de quoi il s'a
git1. Dans le Catalogue des Ouvrages
d'André Ducheshe , qui est à la fin du
Mémoire quile concerne dans le 7e. tome
pag. 32}'. on trouve art. 6. le Titre qui
fuit : Les Antiquitez. & Recherches des
Villes , Châteaux & Places remarquables
de toute la France■", suivant l'ordre des huit
Parlement. Paris i (íi&. in-%. On ajoute
que' cettepremiere Edition a été suivie de
celles dis années 16 14. 1611. 1619.
iôji. 1637. úv8. Item, rêvât s corri'
g"*
Lévrier. 1730. 3 4 r
gées & augmentées par François Ducbejhe.
Paris 1 £47. in 8.& 166%. z. vol.in-ii.'
L'Arciclc finit par ces paroles Ce Livre
est mal écrit , mais il contient des choses;
curieuses , la derniere Edition que Duchesne
le Fils a procure'e est la meilleure.*
Nous avons toujours cru que cet Ou
vrage, quoique publié sous le nom d'An
dré Duchesne , n'étoit point de ce célèbre'
Auteur. II ne faut que le lire avec une*'
médiocre attention pour s'en appercevoic
: Mauvais stile, défaut de critique ,>
excès de crédulité , tout sent une maint*
qui ne cherche qu'à accumuler des Phra
ses , pour produire enfin un Livre com
posé de choses communes , & qu'on trou
ve dans plusieurs autres Ouvrages', eo-'
qui est bien éloigné du génie & de la ca
pacité d'André Duchesne.
Mais ce qui a achevé de nous con
vaincre fur ce point , c'est le témoignage
d'un Sçavant du premier ordre & des plus
respectables. Il faut d'abord observer que
la première Edition de ce Livre n'est pas
celle de.i 6 l e. marquée ci dessus par no
tre Editeur. Il s'en trouve une autre de
1609. dont il y a un exemplaire dans la
Bibliothèque de S. Germain des Prez ,
faite à Paris, chez Jean Petit Pas. En
second lieu, on lit à la tête de cet Exem
plaire de 1609. les paroles qui suivent,
cuites -
$4* MERCURE DE FRANGÉ,
éiîrites de la main du célèbre Dom' Lire
Dachery ^ contemporain & ami d' André?
Ducheíne.
Ce présent Livre n'ejì point de M. Ditchefìte
, je Pai ffudesà propre bouche r
ifant venu voir quelque chose k notre Bibliothequei
On P a mis fous son nom pour
le mieux vendre , parce que de soi il nevaut
rien , ni pour l' Histoire ni pour le
Stile. Le 19. Avril 1640.
Après une attestation si précise , on ne
peut s'empêcher de convenir de ^impo
sture , laquelle a continué àvec plus d»
facilité après la mort de l' Auteur dans:
les Editions qui ont suivi , jusqu'à sou
tenir que les deux dernieres ont été re
vues & corrigées par F. Duchesne sort
Fils, &c. Quand même il seroit vrai que
le Fils ait eu quelque part à ces dernieres
Editions , ce qui est extrêmement dou
teux , il doit toujours passer pour certaia
que l'Ouvrage original n'est point de son
Père : Au reste l' Auteur des Mémoires
n'a erré Ià dessus qu'après le P. le Long ,
qui l'acopié fur l'article d'André Duches
ne , & après plusieurs autres.
Ce n'est pas la première fois que les1
Libraires , même quelques Auteurs en
ont imposé au Public , en mettant ut»
fiom respectable à la tête d'un Ouvrage
médiocre dans la vue de l'acrediter : C'est
ainsi
FEVRIER. 1730. î4j
•insi qu'on a vu paroître en l'année
1719. un Livre fort superficiel, sous le
nom de M. l'Abbé de Bellegarde , qui
ccrit si poliment , & qui a donné tant de
bons Ouvrages , lequei nous a assure' n'a»-
voir aucune part à celui dor.t on vient de
parler. Mais revenons à notre 8e. vol.
des Mémoires pour l'Histoire des Hom
mes Illustres , Sec. Ce vol. contient la
Vie & le Catalogue des Ouvrages de 37.
Sçavans, dont voici les noms.
Léon Allatius , Emeri Bigot , Lazare
André Bocquillot , Guillaume Budé , Ni*
col. Calliachi , Charles du Cange , Jean
Cocceius , Jacques Cujas , Jean Donne ,
Caffandre Fedele , Claude Fleury , Théo*
phi le Foltngo , Jean Gallois , Th. Qatar
keryijean Gravi us , Nicol. Hartfoel(er ,
Jean Htnn Hottinger , Jacques le Paulmier
de Grantemefnil , Barth. Platine ,
Jean Jovien Pontan , Louis Pontico VirUr
nio , Guill. Poftcl > Etien. Rajficod , Abel
de sainte Marthe Père & Fils , jîbel Louis
de sainte Marthe , Charles de sainte Mar
the , Claude de sainte Marthe , Pierre Sce-r
vole de sainte Marthe , Scevole de saints
Marthe , Scevole & Louis de sainte Mar
the , Jacques Sannazar , Jean-Marie de
la Marque Tilladet , Sebafiien Vaillants
Çharles'VerarÂQ. ..f . '. . v .1
1/ Article. de Guillaume Budé nous »
fan»
tajf. MERCURE* DE PRANOS.
j>aru être l'un des plus curieux de ce vdj.
'& nous croyons que nos Lecteurs nous
^■sçauront gré de le trouver ici , tel que
l'Auteur des Mémoires Ta présenté au
public. Guillaume Budé , ( en Latin Budoeus)
naquit à Paris l'an 14.67. de Jeajn
JBudé , Seigneur d'Yerre , de Villers fur
Marne , & de Marly , Grand-Audianciex
en la Chancellerie de France , & de Ca
therine le Picart*
\ On lui donna des Maîtres dès-qu'il pa,-
lut capable d'apprendre quelque choses
mais la barbarie qui regnoit alors dans lc$
.Collèges , le dégoûta , Ôc l'empêcha de
faire de grands progr.es. C'étoit la cou
tume de pafler à l'étude da Droit , dè$
qu'on sçavoit un peu de Latin , il la sui
vit comme les autres, & alla à Orléans
pour ce sujet ; mais il . y demeura trois ans
fans y rien apprendre. Il n'entendoit pres-
,que point les Auteurs Latins , il n'çtoit
J>as par conséquent eu état de comprendre
es Ecrits & les Leçons de ses Professeurs.
Ainsi il revint à Paris a,ussi ignorant qu'il
,«n éroit parti , & plus dégoûté de l'étude
jqu'il ne l'étoit auparavant. ' . ■
Les plaisirs firent alors toute son occu
pation , ôc il s'adonna particulièrement £
îa chaffe ; mais lorsque le premier feu de
la jeunesse se fût rallenti en lui , il se sentit
coat d'un coup saisi d'une oasEon si vios
FEVRIER. 175©. ?4I
tente pour l'étude , qu'il s'y donna avec
une ardeur inexprimable. Il renonça dès*
j lors à tous les divertissemens & à toutes
j les compagnies ; & regardant comme per
du tout le tems qui n'étoit point employé
àl'étude , il regrettoitles heures qu'il étoit
obligé de donner à (es repas & à son som
meil.
Ce qu'il y a voit de fâcheux pour lui t
1 c'est qu'il n'avoit personne qui pût le dí*
íiger dans ses études, & lui montrer la
route qu'il devojt tenir pour ne poinc
perdre un tems qui lui étoit si précieux»
îl ne fçavoit quels étoient les Auteurs
qu'il de voit lire les premiers , & il se trompoit
souvent dans le choix qu'il en faisoit.
Ce ne fut que dans la fuite , qu'il
apprit par fa propre expérience , & pat
son propre gout , ceux qu'il devoit préfé
rer aux autres. Ainsi il ne dut qu'à luimême
les progtès qu'il fit , par son appli-
I cation assidue dans les Belles-Lettres.
II ne fut non plus redevable qu'à son
travail de la connoissance qu'il acquk de
ia Langue Grecque , il eût, à la vérité, un
Maître nommé George Hermonyme , qui
L se disok natif de Lacédémone , "mais qui
ne sçachant pas grand chose ., ne pouvoit
lui en apprendre beaucoup. Quelques en
tretiens qu'il eut avec Jean Lascaris lui
furent plus utiles , . & les instructions dç
* 4* MERCURE DE FRANCE,
ce grand homme lui soumirent les moy em
d'avancer avec plus de succès dans les
çonnoiffances qu'il s'étoit proposé d'ac
quérir.
Les Belles -Lettres ne l'occuperent pas
jtellement, qu'il négligeât les autres Scien
ces» U apprit les Mathématiques de Jean
Faber, dont il épuisa bientôt le sçavoir ,
par la facilité qu'il ayoit à comprendre
tout ce qu'il lui disoit.
Cependant son Père n« le vòïoit qu'ar
yec peine attaché si fort à l'ctude , appré
hendant que cer attachement ne préjudifiât
à ses affaires domestiques , & ne nui
sît à fa santé ; mais tout ce qu'il pût lui
dire fur ce sujet fut inutile , fa passion
l'emporta fur les remontrances. Au reste
íes craintes de son Pere n'eureqt lieu qu'en
partie ; car il ne négligea jamais ses affai
res , il eut foin au contraire de se parta
gé» entre-elles & ses études. Mais fa santé
en souffrit , car son assiduité au travail lui
procura une maladie , qui le tourmenta à
différentes reprises , pendant plus de vingt
»ns , &c qui le rendit mélancolique & cha
grin. Le triste état où il se trouv,oit alors,
n'étoit point capable de le dégoûter de
J'érude , il profìtojt des niomens de relâ
che qu'il avoit, pour s'y livrer de nou
veau. C'est même pendant cc tems - là
qu'il a composé la plupart de ses QuÏJWgefe
Quelque*
TEVR1ER. 1730. ?4f
Quelques Auteurs on mis en question :
S'il étoit à propos pour un Homme de
Lettres de íe marier , & se sont servi de
Pexemple de Budé pour soutenir l'affirmative.
Il se maria en effet , & si l'on et»
croit un de ces Auteurs > fa femme bienloin
de l'empêcher d'étudier , lui servoit
de second , en lui cherchant les passages ,
& les Livres dont il avoit «besoin, Il falloir,
^u'il l'eût connue de ce goût-là des avant
ion mariage , puisque, le jeùr même de
ses noces il se de'roba trois heures ait
moins , pour les passer avec ses Livres.
Louis le Roy , de'crit ainsi la manière,
dont il avoit coutume de passer lá jour
née : En se levant, il se mettoit au travail,
& étudioit jusqu'à l'heure de dîner j avant
que de se mettre à table , il fáisoit un peu
d'exercice pour se donner de l'appetit.
Après le repas, il passoit deux heures »
Causer avec sa famille , ou ses amis , après
quoi il recommençoit à travailler jusqu'à»
souper. Comme ce repas íe saisott ordi
nairement fort tard , i! ne faisoit jamais
rien après. Ii avoit une Maison de Cam
pagne à saint Maur , où il demeuroic assez
volontiers , parce que son e'rude n'y étoiç
point interrompue par des visites , com
me à la Ville.
t II vécut fort long-tems dans l'obscuriré
{Le son Cabinet , mais son rne'rir,e j'eq tira:
$4 S MERCURE DE FRANCE.
Qay de Rochefort , Chancelier de Fran.
çe , le fit çonnoître au Roy Charles VIII.»
qui voalut le voir , Sc le fie venir auprès
de luiî mais il ne vécut pas assez après
çela, pour lui faire du bien, .. i
Louis XIL successeur de Charles, l'en»,
voya deux fois en Italie pour quelques;
négociations , & le mit ensuite au nombre,
de íes Secrétaires. 11 youlur aussi le fairç,
Conseiller au, Parlement de Paris ; maiç.
Budé refusa cette Charge , qui lui aurpir^
çauíé trop de distractions, ÔC qui lui auroit
enlevé un tems , qu'il aimoit mieu%
donner à ses études.
II se vit cependanc dans la fuite exposd
à ces distractions qu'il craignoit. Le Roy
Fcançois I. qui aimoit les Gens de Lettres,
k fit venir auprès de lui à Ardres » où
5'e'toit rendu en 1520. pour s'aboucher,
avec le Roy d'Angleterre. L' Auteur de fa.
vie remarque , que ce fut alors pour 1%
première fois que Budé eut accès auprès
de lui : ce qui détruit cç que Yarillas aavancé
dans son Histoire da François I<
(a) que ce Prince l'envoya à Rome etj
Ambassade en iji 5. auprès du Pap©
Léon X. fait suppose par cet Auteur ,
qu'iL accompagne d'une reflexion , qui
n'est pas plus vraie. » Budé, dit-il , n'ér
«toit pas mal adroit co négociation ,
Çà) 144$ u fi i -; "---.-< -i
\i'i.< C « quoiqu'il
I 'J TE V RIE R. 17300 j4f
B'qqoiqu'il eut vécu dans Paris , fans au-
» cre conversation que celle de ses Livres, «c
| -Comment Varillas a-r-il pu parler ainsi,
puisque Budé avoit déja e'té deux fois ea
! Italie pour différentes négociations ?
I François I. ayant pris gout à la convec*
/ation de Budé , voulut ,1'avoir toujours
attprès de lui , lui confia le foin de fa Bi
bliothèque , & lui donna une Charge de
Maître des Requêtes , dont il fut pourvu
}e2 I. Août 1522. La. Ville de Paris l'é*
lût la même anne'e Prevôc des Mar»
chands. . • ,
• Il aimoit trop les Sciences , pour ne pas
faire servir à leur avantage le crédit qu'il
> atoit auprès du Roy > il fut un des prin
cipaux Promoteurs de l'érection du CoU
lege Royal , & de la Fondation des Chai-s
res , qui y fur faite fous le Règne ^ de
François I.
, Il se brouilla avec Antoine du Prat t
Chancelier de France , ce qui l'obligea
pendant quelque temsà n'aller à la Cour,
qu'autanc que le devoir de fa Charge l'y
engageoit. M? is ce tems ne dura pas ; car
Guillaume. Po;;et qui l'aimoit , ayant e'té
fait Chancelier , voulut qu'il demeurât
continuellement auprès de lui.
Un voyage qu'il fit avec lui en 15 40.
fur les côres de Normandie , à la fuite duj!
&oy , qui y alloit chercher du rafraîchisr.,
. ^ * G ij sèment
^5<> MERCURE DE FRANCBj
íement dans les chaleurs excessives da
cette année , lui fut funeste. Il y ga*
gna une fièvre , qui lui paroissant dan»
gereuse , lui fit naître l'envie de se faire
porter chez lui , pour mourir du moins
au milieu de fa Famille.
De retour à Paris , il vit bien tôt son
mal s'augmenter , & il mourut le 23,
Août de la même année 1540. âgé de 73.
ans. Plusieurs Auteurs se sont trompés fut
la datte de fa mort La Croix du Maine
en la fixant au z 5. Août. S ponde , en la
mettant au 2©. Août , & Pierre de saint
Romuald, en l'avançant au $. Août de
la même année. Le P. Garasse dans fa
Doctrine curieuse , le fait mourir en 1 5 ; 9.
L'erreurde M. de Launoy est encore plus
considérable , puisqu'il recule (a) sa mort
jusqu'au premier Septembre 1 ç 7 3.
Budé fut enterré le x6 . Août à saint Ni»
colas des Champs 3 fans aucune pompe ,
comme il l'avoit ordonné par son Testa»
ment , ou il dit : m Je veux être porté en
«•terre de nuit , & íans semonce , à une
» Torche , ou à deux seulement , & ne
» veux être proclamé à l'Eglise , ne à la
» Ville , ne alors que je ferai inhumé s ne
>le lendemain; car je n'approuverai ja-
>mais la coutume des cérémonies lugu-
» bres , & pompes funèbres*. . . Je détens
(s) Hijì. Gjmn. ì{*v»rr. f» 8.8 xì. . -
*■ # qu'or*
LEVRIER, i^rjd. jç»
»qn'on m'en fasse, tant pour ce, quepout
»autres choses , qui ne se peuvent faire
asans scandale ; & si je ne veux qu'il y aie
^cérémonie funèbre , ne autre Représerr.
Mtarion à l'entour du lieu où je serai en*
«terré , le long de l'anne'e de mon trépas ,
«parce qu'il me semble imitation des Ce-
Dnotaphes , donc les Gentils ancienne-*
»xment ont asé#
C'étoit ici le lieu de placer rEpigram»
me , que fit Melain de saint Gelais , à
l'oecasion de la mort de Budé, & de la
disposition Testamentaire qu'on vient de
lire. 11 est à croire que l'Editeur des Mé
moires ne l'a pas connue > on ne fera pas
fâché de la trouver ici.
Qui est celui que tout le monde fuit >
tas ! c'est Budé au Cercueil étendu.
Pourquoi n'ont fait les Cloches plus grand]
bruk?
Son nom fans Cloche est aflez épanda;
Que n'a-t on plus en Torches dépendu í
Suivant la mode accoutumée & sainte »
Afin qu'il sut par l'obscur entendu
Que des François la lumière est éteinte*
Nous donnerons dans le prochain Mer*
Cure la fuite de ce Mémoire*
des Hommes Illustres dans la République
des Lettres > avec un Catalogue raisonné
de leurs Ouvrages , tome 8 . de 40 8 . pages
fans les Tables. A Paris , chez. Bnaffon „
rué S. làcques , a la Science. 1730.
. A la tête de ce 8 e. volume est un coure
Avertissement , qui apprend au Lecteut
une chose auíïl agréable que nécessaire á
l'égard de ceux qui aiment Inexactitude Sc
la perfection dans les entreprises Litté
raires. L' Auteur de ces Mémoires se pré
pare, nous dit-on , à donner dans le di
xième vol. qui paroîtra fur la fin du mois
de Décembre 1729. les corrections fur les
neuf vol. qui le précédent ^ avec les Ad
ditions qu'on lui a déja données. Il invite
de plus ceux qui auront reconnu quelque
faute , quelque îegere qu'elle puisse être ,
ou qui sçauront <juelques faits oubliez ,
ou enfin qui auront quelques Additions, à
les lui communiquer , se chargeant d'in
struire le Public du nom de ceux dont il
auxar
34© MERCURE Í)E FRANGÉ,
aura receu des remarques utiles. On aver»
tic aussi que le dixième vol. contiendra en
core des Tables générales , Alphabéti
que, Nécrologique ì 6c selon l'ordre des
Matières de ce qui est contenu dans les
neuf premiers vol enfin qu'on pourrs
s'addrefler au Libraire qui vend ce Livre ^
pour tout ce qu'on voudra faire tenir ìt
l'Auteur.
Nous profiterons de l'invitation conte
nue dans cet Avertissement , pour conti
nuer de parler avec franchise en faveur de
la vérité, & pour fa perfection de cet~Ou->
Vrage , quand l'occaíìon s'en présentera.1
Le 7e. vol. en offroit une , mais il n'étfoit
pas encore rems de publier notre Re
niai que , qui n'auroit pu passer alors que
pour une conjecture. Nous. avons depuisdécouvert
que cette Remarque peut être
solidement appuyée. Voici de quoi il s'a
git1. Dans le Catalogue des Ouvrages
d'André Ducheshe , qui est à la fin du
Mémoire quile concerne dans le 7e. tome
pag. 32}'. on trouve art. 6. le Titre qui
fuit : Les Antiquitez. & Recherches des
Villes , Châteaux & Places remarquables
de toute la France■", suivant l'ordre des huit
Parlement. Paris i (íi&. in-%. On ajoute
que' cettepremiere Edition a été suivie de
celles dis années 16 14. 1611. 1619.
iôji. 1637. úv8. Item, rêvât s corri'
g"*
Lévrier. 1730. 3 4 r
gées & augmentées par François Ducbejhe.
Paris 1 £47. in 8.& 166%. z. vol.in-ii.'
L'Arciclc finit par ces paroles Ce Livre
est mal écrit , mais il contient des choses;
curieuses , la derniere Edition que Duchesne
le Fils a procure'e est la meilleure.*
Nous avons toujours cru que cet Ou
vrage, quoique publié sous le nom d'An
dré Duchesne , n'étoit point de ce célèbre'
Auteur. II ne faut que le lire avec une*'
médiocre attention pour s'en appercevoic
: Mauvais stile, défaut de critique ,>
excès de crédulité , tout sent une maint*
qui ne cherche qu'à accumuler des Phra
ses , pour produire enfin un Livre com
posé de choses communes , & qu'on trou
ve dans plusieurs autres Ouvrages', eo-'
qui est bien éloigné du génie & de la ca
pacité d'André Duchesne.
Mais ce qui a achevé de nous con
vaincre fur ce point , c'est le témoignage
d'un Sçavant du premier ordre & des plus
respectables. Il faut d'abord observer que
la première Edition de ce Livre n'est pas
celle de.i 6 l e. marquée ci dessus par no
tre Editeur. Il s'en trouve une autre de
1609. dont il y a un exemplaire dans la
Bibliothèque de S. Germain des Prez ,
faite à Paris, chez Jean Petit Pas. En
second lieu, on lit à la tête de cet Exem
plaire de 1609. les paroles qui suivent,
cuites -
$4* MERCURE DE FRANGÉ,
éiîrites de la main du célèbre Dom' Lire
Dachery ^ contemporain & ami d' André?
Ducheíne.
Ce présent Livre n'ejì point de M. Ditchefìte
, je Pai ffudesà propre bouche r
ifant venu voir quelque chose k notre Bibliothequei
On P a mis fous son nom pour
le mieux vendre , parce que de soi il nevaut
rien , ni pour l' Histoire ni pour le
Stile. Le 19. Avril 1640.
Après une attestation si précise , on ne
peut s'empêcher de convenir de ^impo
sture , laquelle a continué àvec plus d»
facilité après la mort de l' Auteur dans:
les Editions qui ont suivi , jusqu'à sou
tenir que les deux dernieres ont été re
vues & corrigées par F. Duchesne sort
Fils, &c. Quand même il seroit vrai que
le Fils ait eu quelque part à ces dernieres
Editions , ce qui est extrêmement dou
teux , il doit toujours passer pour certaia
que l'Ouvrage original n'est point de son
Père : Au reste l' Auteur des Mémoires
n'a erré Ià dessus qu'après le P. le Long ,
qui l'acopié fur l'article d'André Duches
ne , & après plusieurs autres.
Ce n'est pas la première fois que les1
Libraires , même quelques Auteurs en
ont imposé au Public , en mettant ut»
fiom respectable à la tête d'un Ouvrage
médiocre dans la vue de l'acrediter : C'est
ainsi
FEVRIER. 1730. î4j
•insi qu'on a vu paroître en l'année
1719. un Livre fort superficiel, sous le
nom de M. l'Abbé de Bellegarde , qui
ccrit si poliment , & qui a donné tant de
bons Ouvrages , lequei nous a assure' n'a»-
voir aucune part à celui dor.t on vient de
parler. Mais revenons à notre 8e. vol.
des Mémoires pour l'Histoire des Hom
mes Illustres , Sec. Ce vol. contient la
Vie & le Catalogue des Ouvrages de 37.
Sçavans, dont voici les noms.
Léon Allatius , Emeri Bigot , Lazare
André Bocquillot , Guillaume Budé , Ni*
col. Calliachi , Charles du Cange , Jean
Cocceius , Jacques Cujas , Jean Donne ,
Caffandre Fedele , Claude Fleury , Théo*
phi le Foltngo , Jean Gallois , Th. Qatar
keryijean Gravi us , Nicol. Hartfoel(er ,
Jean Htnn Hottinger , Jacques le Paulmier
de Grantemefnil , Barth. Platine ,
Jean Jovien Pontan , Louis Pontico VirUr
nio , Guill. Poftcl > Etien. Rajficod , Abel
de sainte Marthe Père & Fils , jîbel Louis
de sainte Marthe , Charles de sainte Mar
the , Claude de sainte Marthe , Pierre Sce-r
vole de sainte Marthe , Scevole de saints
Marthe , Scevole & Louis de sainte Mar
the , Jacques Sannazar , Jean-Marie de
la Marque Tilladet , Sebafiien Vaillants
Çharles'VerarÂQ. ..f . '. . v .1
1/ Article. de Guillaume Budé nous »
fan»
tajf. MERCURE* DE PRANOS.
j>aru être l'un des plus curieux de ce vdj.
'& nous croyons que nos Lecteurs nous
^■sçauront gré de le trouver ici , tel que
l'Auteur des Mémoires Ta présenté au
public. Guillaume Budé , ( en Latin Budoeus)
naquit à Paris l'an 14.67. de Jeajn
JBudé , Seigneur d'Yerre , de Villers fur
Marne , & de Marly , Grand-Audianciex
en la Chancellerie de France , & de Ca
therine le Picart*
\ On lui donna des Maîtres dès-qu'il pa,-
lut capable d'apprendre quelque choses
mais la barbarie qui regnoit alors dans lc$
.Collèges , le dégoûta , Ôc l'empêcha de
faire de grands progr.es. C'étoit la cou
tume de pafler à l'étude da Droit , dè$
qu'on sçavoit un peu de Latin , il la sui
vit comme les autres, & alla à Orléans
pour ce sujet ; mais il . y demeura trois ans
fans y rien apprendre. Il n'entendoit pres-
,que point les Auteurs Latins , il n'çtoit
J>as par conséquent eu état de comprendre
es Ecrits & les Leçons de ses Professeurs.
Ainsi il revint à Paris a,ussi ignorant qu'il
,«n éroit parti , & plus dégoûté de l'étude
jqu'il ne l'étoit auparavant. ' . ■
Les plaisirs firent alors toute son occu
pation , ôc il s'adonna particulièrement £
îa chaffe ; mais lorsque le premier feu de
la jeunesse se fût rallenti en lui , il se sentit
coat d'un coup saisi d'une oasEon si vios
FEVRIER. 175©. ?4I
tente pour l'étude , qu'il s'y donna avec
une ardeur inexprimable. Il renonça dès*
j lors à tous les divertissemens & à toutes
j les compagnies ; & regardant comme per
du tout le tems qui n'étoit point employé
àl'étude , il regrettoitles heures qu'il étoit
obligé de donner à (es repas & à son som
meil.
Ce qu'il y a voit de fâcheux pour lui t
1 c'est qu'il n'avoit personne qui pût le dí*
íiger dans ses études, & lui montrer la
route qu'il devojt tenir pour ne poinc
perdre un tems qui lui étoit si précieux»
îl ne fçavoit quels étoient les Auteurs
qu'il de voit lire les premiers , & il se trompoit
souvent dans le choix qu'il en faisoit.
Ce ne fut que dans la fuite , qu'il
apprit par fa propre expérience , & pat
son propre gout , ceux qu'il devoit préfé
rer aux autres. Ainsi il ne dut qu'à luimême
les progtès qu'il fit , par son appli-
I cation assidue dans les Belles-Lettres.
II ne fut non plus redevable qu'à son
travail de la connoissance qu'il acquk de
ia Langue Grecque , il eût, à la vérité, un
Maître nommé George Hermonyme , qui
L se disok natif de Lacédémone , "mais qui
ne sçachant pas grand chose ., ne pouvoit
lui en apprendre beaucoup. Quelques en
tretiens qu'il eut avec Jean Lascaris lui
furent plus utiles , . & les instructions dç
* 4* MERCURE DE FRANCE,
ce grand homme lui soumirent les moy em
d'avancer avec plus de succès dans les
çonnoiffances qu'il s'étoit proposé d'ac
quérir.
Les Belles -Lettres ne l'occuperent pas
jtellement, qu'il négligeât les autres Scien
ces» U apprit les Mathématiques de Jean
Faber, dont il épuisa bientôt le sçavoir ,
par la facilité qu'il ayoit à comprendre
tout ce qu'il lui disoit.
Cependant son Père n« le vòïoit qu'ar
yec peine attaché si fort à l'ctude , appré
hendant que cer attachement ne préjudifiât
à ses affaires domestiques , & ne nui
sît à fa santé ; mais tout ce qu'il pût lui
dire fur ce sujet fut inutile , fa passion
l'emporta fur les remontrances. Au reste
íes craintes de son Pere n'eureqt lieu qu'en
partie ; car il ne négligea jamais ses affai
res , il eut foin au contraire de se parta
gé» entre-elles & ses études. Mais fa santé
en souffrit , car son assiduité au travail lui
procura une maladie , qui le tourmenta à
différentes reprises , pendant plus de vingt
»ns , &c qui le rendit mélancolique & cha
grin. Le triste état où il se trouv,oit alors,
n'étoit point capable de le dégoûter de
J'érude , il profìtojt des niomens de relâ
che qu'il avoit, pour s'y livrer de nou
veau. C'est même pendant cc tems - là
qu'il a composé la plupart de ses QuÏJWgefe
Quelque*
TEVR1ER. 1730. ?4f
Quelques Auteurs on mis en question :
S'il étoit à propos pour un Homme de
Lettres de íe marier , & se sont servi de
Pexemple de Budé pour soutenir l'affirmative.
Il se maria en effet , & si l'on et»
croit un de ces Auteurs > fa femme bienloin
de l'empêcher d'étudier , lui servoit
de second , en lui cherchant les passages ,
& les Livres dont il avoit «besoin, Il falloir,
^u'il l'eût connue de ce goût-là des avant
ion mariage , puisque, le jeùr même de
ses noces il se de'roba trois heures ait
moins , pour les passer avec ses Livres.
Louis le Roy , de'crit ainsi la manière,
dont il avoit coutume de passer lá jour
née : En se levant, il se mettoit au travail,
& étudioit jusqu'à l'heure de dîner j avant
que de se mettre à table , il fáisoit un peu
d'exercice pour se donner de l'appetit.
Après le repas, il passoit deux heures »
Causer avec sa famille , ou ses amis , après
quoi il recommençoit à travailler jusqu'à»
souper. Comme ce repas íe saisott ordi
nairement fort tard , i! ne faisoit jamais
rien après. Ii avoit une Maison de Cam
pagne à saint Maur , où il demeuroic assez
volontiers , parce que son e'rude n'y étoiç
point interrompue par des visites , com
me à la Ville.
t II vécut fort long-tems dans l'obscuriré
{Le son Cabinet , mais son rne'rir,e j'eq tira:
$4 S MERCURE DE FRANCE.
Qay de Rochefort , Chancelier de Fran.
çe , le fit çonnoître au Roy Charles VIII.»
qui voalut le voir , Sc le fie venir auprès
de luiî mais il ne vécut pas assez après
çela, pour lui faire du bien, .. i
Louis XIL successeur de Charles, l'en»,
voya deux fois en Italie pour quelques;
négociations , & le mit ensuite au nombre,
de íes Secrétaires. 11 youlur aussi le fairç,
Conseiller au, Parlement de Paris ; maiç.
Budé refusa cette Charge , qui lui aurpir^
çauíé trop de distractions, ÔC qui lui auroit
enlevé un tems , qu'il aimoit mieu%
donner à ses études.
II se vit cependanc dans la fuite exposd
à ces distractions qu'il craignoit. Le Roy
Fcançois I. qui aimoit les Gens de Lettres,
k fit venir auprès de lui à Ardres » où
5'e'toit rendu en 1520. pour s'aboucher,
avec le Roy d'Angleterre. L' Auteur de fa.
vie remarque , que ce fut alors pour 1%
première fois que Budé eut accès auprès
de lui : ce qui détruit cç que Yarillas aavancé
dans son Histoire da François I<
(a) que ce Prince l'envoya à Rome etj
Ambassade en iji 5. auprès du Pap©
Léon X. fait suppose par cet Auteur ,
qu'iL accompagne d'une reflexion , qui
n'est pas plus vraie. » Budé, dit-il , n'ér
«toit pas mal adroit co négociation ,
Çà) 144$ u fi i -; "---.-< -i
\i'i.< C « quoiqu'il
I 'J TE V RIE R. 17300 j4f
B'qqoiqu'il eut vécu dans Paris , fans au-
» cre conversation que celle de ses Livres, «c
| -Comment Varillas a-r-il pu parler ainsi,
puisque Budé avoit déja e'té deux fois ea
! Italie pour différentes négociations ?
I François I. ayant pris gout à la convec*
/ation de Budé , voulut ,1'avoir toujours
attprès de lui , lui confia le foin de fa Bi
bliothèque , & lui donna une Charge de
Maître des Requêtes , dont il fut pourvu
}e2 I. Août 1522. La. Ville de Paris l'é*
lût la même anne'e Prevôc des Mar»
chands. . • ,
• Il aimoit trop les Sciences , pour ne pas
faire servir à leur avantage le crédit qu'il
> atoit auprès du Roy > il fut un des prin
cipaux Promoteurs de l'érection du CoU
lege Royal , & de la Fondation des Chai-s
res , qui y fur faite fous le Règne ^ de
François I.
, Il se brouilla avec Antoine du Prat t
Chancelier de France , ce qui l'obligea
pendant quelque temsà n'aller à la Cour,
qu'autanc que le devoir de fa Charge l'y
engageoit. M? is ce tems ne dura pas ; car
Guillaume. Po;;et qui l'aimoit , ayant e'té
fait Chancelier , voulut qu'il demeurât
continuellement auprès de lui.
Un voyage qu'il fit avec lui en 15 40.
fur les côres de Normandie , à la fuite duj!
&oy , qui y alloit chercher du rafraîchisr.,
. ^ * G ij sèment
^5<> MERCURE DE FRANCBj
íement dans les chaleurs excessives da
cette année , lui fut funeste. Il y ga*
gna une fièvre , qui lui paroissant dan»
gereuse , lui fit naître l'envie de se faire
porter chez lui , pour mourir du moins
au milieu de fa Famille.
De retour à Paris , il vit bien tôt son
mal s'augmenter , & il mourut le 23,
Août de la même année 1540. âgé de 73.
ans. Plusieurs Auteurs se sont trompés fut
la datte de fa mort La Croix du Maine
en la fixant au z 5. Août. S ponde , en la
mettant au 2©. Août , & Pierre de saint
Romuald, en l'avançant au $. Août de
la même année. Le P. Garasse dans fa
Doctrine curieuse , le fait mourir en 1 5 ; 9.
L'erreurde M. de Launoy est encore plus
considérable , puisqu'il recule (a) sa mort
jusqu'au premier Septembre 1 ç 7 3.
Budé fut enterré le x6 . Août à saint Ni»
colas des Champs 3 fans aucune pompe ,
comme il l'avoit ordonné par son Testa»
ment , ou il dit : m Je veux être porté en
«•terre de nuit , & íans semonce , à une
» Torche , ou à deux seulement , & ne
» veux être proclamé à l'Eglise , ne à la
» Ville , ne alors que je ferai inhumé s ne
>le lendemain; car je n'approuverai ja-
>mais la coutume des cérémonies lugu-
» bres , & pompes funèbres*. . . Je détens
(s) Hijì. Gjmn. ì{*v»rr. f» 8.8 xì. . -
*■ # qu'or*
LEVRIER, i^rjd. jç»
»qn'on m'en fasse, tant pour ce, quepout
»autres choses , qui ne se peuvent faire
asans scandale ; & si je ne veux qu'il y aie
^cérémonie funèbre , ne autre Représerr.
Mtarion à l'entour du lieu où je serai en*
«terré , le long de l'anne'e de mon trépas ,
«parce qu'il me semble imitation des Ce-
Dnotaphes , donc les Gentils ancienne-*
»xment ont asé#
C'étoit ici le lieu de placer rEpigram»
me , que fit Melain de saint Gelais , à
l'oecasion de la mort de Budé, & de la
disposition Testamentaire qu'on vient de
lire. 11 est à croire que l'Editeur des Mé
moires ne l'a pas connue > on ne fera pas
fâché de la trouver ici.
Qui est celui que tout le monde fuit >
tas ! c'est Budé au Cercueil étendu.
Pourquoi n'ont fait les Cloches plus grand]
bruk?
Son nom fans Cloche est aflez épanda;
Que n'a-t on plus en Torches dépendu í
Suivant la mode accoutumée & sainte »
Afin qu'il sut par l'obscur entendu
Que des François la lumière est éteinte*
Nous donnerons dans le prochain Mer*
Cure la fuite de ce Mémoire*
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Résumé : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Le texte est un extrait des 'Mémoires pour servira l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres', tome 8, publié à Paris en 1730. L'auteur annonce des corrections et des additions pour les neuf volumes précédents dans le dixième volume, prévu pour décembre 1729, et invite les lecteurs à signaler toute erreur ou information erronée. Le septième volume contenait une remarque confirmée depuis, concernant une erreur sur un ouvrage attribué à André Duchesne. Le catalogue des œuvres de Duchesne mentionne 'Les Antiquitez & Recherches des Villes, Châteaux & Places remarquables de toute la France', avec plusieurs éditions. Cependant, l'auteur des Mémoires affirme que cet ouvrage n'est pas de Duchesne, en se basant sur le témoignage de Dom Louis D'Achery, qui a déclaré que le livre n'était pas de Duchesne et avait été publié sous son nom pour mieux se vendre. Le texte mentionne également d'autres cas où des libraires ou des auteurs ont attribué des œuvres médiocres à des noms respectables pour les accréditer. Le huitième volume des Mémoires contient les vies et les catalogues des œuvres de 37 savants, dont Guillaume Budé. La vie de Budé est détaillée, soulignant son parcours académique, son assiduité dans les études, et son rôle dans la promotion des sciences sous le règne de François I. Budé a refusé des charges qui auraient pu le distraire de ses études, mais a finalement été nommé maître des requêtes et prévôt des marchands de Paris. Il a également joué un rôle clé dans la création du Collège Royal et la fondation des chaires sous François I. Le texte relate la mort de Budé, survenue en 1540. Budé, âgé de 73 ans, contracta une fièvre lors d'un séjour en Normandie et décida de retourner à Paris pour mourir entouré de sa famille. Il décéda le 23 août 1540. Plusieurs auteurs ont commis des erreurs sur la date de sa mort, la situant entre le 25 et le 31 août, ou même en 1573. Budé fut enterré le 26 août à Saint-Nicolas-des-Champs sans cérémonie, conformément à ses volontés exprimées dans son testament. Il souhaitait une inhumation discrète, sans pompe funèbre, et sans proclamation à l'église ou à la ville. Il comparait les cérémonies funèbres à des pratiques païennes. Le texte mentionne également une épigramme de Melchior de Saint-Gelais sur la mort de Budé et ses dispositions testamentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
322
p. 383-384
ALLEMAGNE.
Début :
Le 28. du mois dernier, on celebra à Vienne, dans l'Eglise du Monastere Royal des [...]
Mots clefs :
Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
Allemagne.
LE ií. da mois dernier , on célébra à Vien
ne, dans l'Eglife du Monastère Royal des
Religieuses de Sainte Claire , l' Anniversaire de
ía Reine. Epouse du Roy de France Charles
IX. quiétoit fille de l'Empereur Maximiiie»
1 1. & fondatrice de ce Monastère»
jÍ4 MERCtfRB t»E FRANCE.
Les tîoupcs que l'Etnpereur a résolu d'en»
Voyer en Italie au Printemps prochain , con
sistent en iérf Bataillons , deux Compagnies de
Cuirassiers , & 78. Escadrons.
On écrie de Danncmarcfc qu'on a arrêté
deux soldats, soupçonnez d'être les auteurs
d'un terrible meurtre qui s'est commis depuis
peu dans la maison d'un Chasseur du Roy , à
4. lieues de Coppenhague. Le Chasseur , ía
femme , son pere , deux enfans 8c la ser
vante y ont été cruellement massacrez ì
coups de hache , par trois hommes déduisez 3
un garçon de sept ans , qui au bruit qu'on sai
son , s'étoit caché sous un four» a eu le bon
heur d'échaper de leurs mains > & en a fait le
rapport à la Justice.
LE ií. da mois dernier , on célébra à Vien
ne, dans l'Eglife du Monastère Royal des
Religieuses de Sainte Claire , l' Anniversaire de
ía Reine. Epouse du Roy de France Charles
IX. quiétoit fille de l'Empereur Maximiiie»
1 1. & fondatrice de ce Monastère»
jÍ4 MERCtfRB t»E FRANCE.
Les tîoupcs que l'Etnpereur a résolu d'en»
Voyer en Italie au Printemps prochain , con
sistent en iérf Bataillons , deux Compagnies de
Cuirassiers , & 78. Escadrons.
On écrie de Danncmarcfc qu'on a arrêté
deux soldats, soupçonnez d'être les auteurs
d'un terrible meurtre qui s'est commis depuis
peu dans la maison d'un Chasseur du Roy , à
4. lieues de Coppenhague. Le Chasseur , ía
femme , son pere , deux enfans 8c la ser
vante y ont été cruellement massacrez ì
coups de hache , par trois hommes déduisez 3
un garçon de sept ans , qui au bruit qu'on sai
son , s'étoit caché sous un four» a eu le bon
heur d'échaper de leurs mains > & en a fait le
rapport à la Justice.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En Allemagne, Vienne a célébré l'anniversaire de la Reine Élisabeth d'Autriche, épouse de Charles IX et fondatrice du Monastère Royal des Religieuses de Sainte Claire. Au Danemark, deux soldats ont été arrêtés pour le meurtre à coups de hache d'un chasseur du roi et de sa famille. Un garçon de sept ans a survécu.
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323
p. 388-389
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Il s'est formé à Londres une Compagnie qui a obtenu des Lettres Patentes pour faire fabriquer [...]
Mots clefs :
Roi, Seigneurs, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
Grande Brïtagbí.
I' L s'est formé à Londres une Compagnie qta
a obtenu des Lettres Patentes pour faire ira-
Briquer des Tapifleries de Hautélisse , sem-»
biables à celles dé Bruxelles.
On assure qu'on doit présenter un Bill au
Parlement , poúr fixer les gages des domese
tiques i & poUr empêcher que les jeunes
gens les mieux fairs ne quittent les campai
gnes pour venir servir dans la ViHev
î>eux Officiers , dont l'un est Major Gd> .
rierat , & l'autre Lieutenant dans le Régi»,
ment de* Gardes , 'ayant pris querelle ait
Bal du Théâtre du Marché au foin , altèrent
Çgs jours passez lè battre en duel à Hideparc,
Í1s se tirèrent d'abord deux coups de pistolet?
chacun fa.ns se blesser ; & étant descendus de
cheval pour mettre I'épée à la main , ils furenc
séparez par la Garde du Parc. í)eux Officiers!
Generauj; qui font leurs amis communs , ons .
promis au Roy de les réconcilier^
Les Seigneurs ont présenté une Adresse a»
Roy í pour remercier Sa Majesté de ce c^u'ella'
a bien voulu leur communiquer le Traité de
à
FEVRIER. T7?e». )*9
Paix , d'union & d'alliance deffensive , conclut
à Seville le >. Novembre dernier , Sc pouf
l'assurer qu'après l'avoir examiné , ils ont
trouvé qu'il contenoit toutes les stipulation*
neceílàires pour le maintien & la fureté dç
l'honneur , de la dignité , des droits &r pofíesfions
de cette Couronne, & que toutes les
précautions nécessaires y font prises pour l'avantage
dur commerce de ce Royaume , & la
réparation des pertes que les Marchands Anglois
ont fouffertes pendant le temps des hoftïlitez.
La resolution de présenter cette Adresse'
au Roy , avoit passé le jour précédent à la>
pluralité de soixante- dix - neuf voix contre?
trente 5 mais deux jours après vingt quatra
des Seigneurs , qui s'y étoient opposez, pro
testèrent contre elle , & firent enregistrer leu*
protestation.
I' L s'est formé à Londres une Compagnie qta
a obtenu des Lettres Patentes pour faire ira-
Briquer des Tapifleries de Hautélisse , sem-»
biables à celles dé Bruxelles.
On assure qu'on doit présenter un Bill au
Parlement , poúr fixer les gages des domese
tiques i & poUr empêcher que les jeunes
gens les mieux fairs ne quittent les campai
gnes pour venir servir dans la ViHev
î>eux Officiers , dont l'un est Major Gd> .
rierat , & l'autre Lieutenant dans le Régi»,
ment de* Gardes , 'ayant pris querelle ait
Bal du Théâtre du Marché au foin , altèrent
Çgs jours passez lè battre en duel à Hideparc,
Í1s se tirèrent d'abord deux coups de pistolet?
chacun fa.ns se blesser ; & étant descendus de
cheval pour mettre I'épée à la main , ils furenc
séparez par la Garde du Parc. í)eux Officiers!
Generauj; qui font leurs amis communs , ons .
promis au Roy de les réconcilier^
Les Seigneurs ont présenté une Adresse a»
Roy í pour remercier Sa Majesté de ce c^u'ella'
a bien voulu leur communiquer le Traité de
à
FEVRIER. T7?e». )*9
Paix , d'union & d'alliance deffensive , conclut
à Seville le >. Novembre dernier , Sc pouf
l'assurer qu'après l'avoir examiné , ils ont
trouvé qu'il contenoit toutes les stipulation*
neceílàires pour le maintien & la fureté dç
l'honneur , de la dignité , des droits &r pofíesfions
de cette Couronne, & que toutes les
précautions nécessaires y font prises pour l'avantage
dur commerce de ce Royaume , & la
réparation des pertes que les Marchands Anglois
ont fouffertes pendant le temps des hoftïlitez.
La resolution de présenter cette Adresse'
au Roy , avoit passé le jour précédent à la>
pluralité de soixante- dix - neuf voix contre?
trente 5 mais deux jours après vingt quatra
des Seigneurs , qui s'y étoient opposez, pro
testèrent contre elle , & firent enregistrer leu*
protestation.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En Grande-Bretagne, une compagnie londonienne a reçu des lettres patentes pour produire des tapisseries de haute qualité, rivales de celles de Bruxelles. Un projet de loi vise à réguler les salaires des domestiques et à dissuader les jeunes talents de quitter les campagnes pour la ville. À Hyde Park, un major et un lieutenant du régiment des Gardes se sont affrontés en duel après une dispute au bal du Théâtre du Marché au foin. Ils ont échangé des coups de pistolet sans se blesser et ont été séparés par la Garde du Parc. Leurs amis communs ont promis au roi de les réconcilier. Les Seigneurs ont adressé une lettre au roi pour le remercier du traité de paix, d'union et d'alliance défensive signé à Séville le 1er novembre précédent. Ce traité garantit l'honneur, la dignité, les droits et possessions de la couronne, ainsi que la protection du commerce et la réparation des pertes des marchands anglais durant les hostilités. La résolution d'adresser cette lettre a été adoptée par 79 voix contre 35, mais 24 Seigneurs ont ensuite protesté contre cette décision.
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324
p. 410-411
Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Début :
Ensuite le Roi se leva, se découvrit, se recouvrit aussi-tôt, & fit couvrir le Duc de [...]
Mots clefs :
Duc, Prince, Duc de Lorraine, Comte de Blâmont, Roi, Reine
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texteReconnaissance textuelle : Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Le 27. du mois dernier, le Duc de Lorraine
étant parti de Luneville avec six Berlines
& 4o. Chevaux de poste, coucha le
lendemain au Château de.à30. lieuës
de Paris, appartenant au Prince de Lambesc, il en partir le 29. & arriva le loir au Palais
Royal, dans les Caroffes du Duc d'Or-
Jeans, son cousin germain, qui avoit été audevant
de lui jusqu'à Claye.
Ce Prince qui a toujours été ici incognito,
fous le nom du Comte de Blamont, alla le
lendemain à Versailles avec le Duc d'Orleans,
vit le Roi & la Reine, & revint le même
jour à Paris.
La nuit du 29, au 30. après avoir soupé
avec le Duc d'O rleans & un grand nombre
<ie Seigneurs, vit le Bal de l'Opera de la
.Loge du Palais Royal, d'où il vit aussi la
Représentation del'Operad'Hesîone le lurlendemain.
Le 1, de ce mois, le Duc de Lorraine retourna
àVersailles, Se à trois heures aprèsmidi
il prêta foi & hommage au Roi pour
le Duché de Bar & autres domaines mouvans
de la Couronne, en execution du Traité
de Riswik
,
&en la même maniere qu'avoit
fait le Duc de Lorraine, sonPere, le 1f.dL1
mois de Novembre 1699.
Le Roi étoit dans sa Chambre assis dans un
fauteuil
1
& couvert. Le Duc de Lorraine y
étant
étant entré, fit trois reverences en s'approchant
de Sa Majesté, qui ne se leva & ne
se découvrir pas. Le Duc de Lorraine quitta
son Epée
,
son Chapeau & ses gants , que
reçût le Premier Gentilhomme de la Chambre
,
& il se mit à genoux sur un Carreau
qui étoit aux pieds du Roi. S. M. lui une
les mains jointes entre les fiennes
,
pendant
que le Chancelier de France lut le ferment
à haute voix *, M. Chauvelin,Garde des
Sceaux de Franc, Ministre & Secretaire d'Etat
,
& le Comte de Maurepas ,
Secretaire
d'Etat, étant présens
,
Se le Duc promit de
l'observer.
(*) Teneur du ferment. Monsieur, VOU,
rendez au Roi la foi & hommage, lige que
vous lui devez, commeà votre Souverain Seigneur
jà. cause du Duché de Bar, pour lei
Terres dudit Duché qui sont mouvantes de
sa Couronne, & pour les autres Terres qui
vous appartiennent en propriété dans l'étendue
du chemin depuis Metz jusqu'enAlsace, dont la Souveraineté appartient à S. M. en
conséquence du Traité de Paix , fait & conelu
à RifvvickC'T"e. Vous jurez , promettez è
S. M. de lui rendre la fidelité, service (jp
obéissance que vous êtes tenu de lui rendre
9 cause desdites Terres, & de le servir de
votre personne & de vos biens, envers tous &
contre tous,sansnul excepter, en toutes les
guerres que lui & ses successeurs Rois pourroient
ci-après avoir contre les ennemis de f.
Couronne, pour quelque cause que ce soit , ainsî que vous y étes obligé pour raison desdites
Terres, & ne permetrezqu'enicelles il
fùoit fait aucune chose au préjudice deS. M. de son Etats Vous lejurez&promettez.
Enluke
Ensuite le Roi se leva , se décou vrit , fè
recouvrit aussi-tôt , & fit couvrir le Duc dé
Lorraine. Le Duc d'Orléans , le Duc de Bour
bon , le Comte de Charoloiy , le Comte de
Clermont , le Prince de Conty , le Prince de
Bombes , le Comte d'Eu & le Comte deTouiouse
qur étoient auprès du Roi , se cou
vrirent auslî un moment après. Le Duc da
Lorraine s'etant retiré, S. M. rentra dans son
Cabinet. •' ^.
Le Duc de Lorraine retourna à Paris le
même jour > après avoir dîné chez le Car
dinal de Fleury. Le lendemain , il alla â la
Chaste avec le Roi dans la Forêt de S. Ger
main en Laye , & fut ensuite traité dans lé
Château par le Duc de Noailles qui en est
Gouverneur.
Le 5. ce Prince accompagna le Roi à la
Chasiè du Cerf.
Le 41. il alla à la Comédie Françoise volt
la Tragédie à' Electre , & la petite Comédie du
florentin-
Le s- il vit l'Opera de Thésée.
Le <• il alla diner à Arcueil cheí le Prince
de Guise , le soir à la Comédie Italienne , &
après son souper au Bal de l'Opera.
Le 7. après avoir été a la chasse avec lé
Roi , & joué ensuite à la partie du Lans
quenet de S. M. ce Prince soupa, à Marli ,
ehez le Duc de Noailles qui le traita magniifiquement
, & alla coucher à Versailles , dans
l' Appartement du Duc d'OrleanSi
Le lendemain il vit les Apvartemens du
Château , alla tirer dans le Parc , & vint j
déjeuner à la Ménagerie , où il fut traité par
le Duc de Noailles. Il alla ensuite à S. Cyr»
pour yoit U Maison , d'où il revint à Vers.
F E VRÏ E R. 1/30. 41I
Ailles pour voir le Cabinet des Médailles-»
les Pierres gravées , & les autres Monument
rares de ce célèbre Cabinet, que ce Prince
examina ayec beaucoup d'attention ; il sou
pa chez le Prince Charles de Lorraine.
Le 9. le Duc de Lorraine vit joùer le*
eaux , alla ensuite au Manège voir les Pa*
ges monter à Cheval , dina chez le Prince
Charles ?& revint à Paris pour voir l'Opera.
Ce Prince a vû avec beaucoup de satisfac
tion à Versailles les Tableaux , les Antiques de
la Grande Galleric & des Jardins , & tout ce
qu'il y a de magnifique & de Curieux dans ce
superbe Château ; à la Ménagerie, à Trianon^
à Marly , à Saint Germain en Laye , à Saint
Cloud , à Meudon , à la Muette > &c. Il a vû ì
Paris ce qu'il y a de plus remarquable ;THôtel
Royal des Invalides , f Observatoire , la Sorbonne
, la Bibliothèque du Roy , la Gallerie
des Plans,, l' Académie Royale de Peinture 8c
Sculptuie , la Monnoye des Médailles , &c.
U vit avec beaucoup de satisfaction le Cabinet
où font conservex dans un grand ordre, un
nombre prodigieux de Quarrez & de Poin
çons. M. de Cotte , Directeur de la Monnoye
des Médailles , fit frapper en fa présence des
Médailles & des Jetions , en or & en argení.
étant parti de Luneville avec six Berlines
& 4o. Chevaux de poste, coucha le
lendemain au Château de.à30. lieuës
de Paris, appartenant au Prince de Lambesc, il en partir le 29. & arriva le loir au Palais
Royal, dans les Caroffes du Duc d'Or-
Jeans, son cousin germain, qui avoit été audevant
de lui jusqu'à Claye.
Ce Prince qui a toujours été ici incognito,
fous le nom du Comte de Blamont, alla le
lendemain à Versailles avec le Duc d'Orleans,
vit le Roi & la Reine, & revint le même
jour à Paris.
La nuit du 29, au 30. après avoir soupé
avec le Duc d'O rleans & un grand nombre
<ie Seigneurs, vit le Bal de l'Opera de la
.Loge du Palais Royal, d'où il vit aussi la
Représentation del'Operad'Hesîone le lurlendemain.
Le 1, de ce mois, le Duc de Lorraine retourna
àVersailles, Se à trois heures aprèsmidi
il prêta foi & hommage au Roi pour
le Duché de Bar & autres domaines mouvans
de la Couronne, en execution du Traité
de Riswik
,
&en la même maniere qu'avoit
fait le Duc de Lorraine, sonPere, le 1f.dL1
mois de Novembre 1699.
Le Roi étoit dans sa Chambre assis dans un
fauteuil
1
& couvert. Le Duc de Lorraine y
étant
étant entré, fit trois reverences en s'approchant
de Sa Majesté, qui ne se leva & ne
se découvrir pas. Le Duc de Lorraine quitta
son Epée
,
son Chapeau & ses gants , que
reçût le Premier Gentilhomme de la Chambre
,
& il se mit à genoux sur un Carreau
qui étoit aux pieds du Roi. S. M. lui une
les mains jointes entre les fiennes
,
pendant
que le Chancelier de France lut le ferment
à haute voix *, M. Chauvelin,Garde des
Sceaux de Franc, Ministre & Secretaire d'Etat
,
& le Comte de Maurepas ,
Secretaire
d'Etat, étant présens
,
Se le Duc promit de
l'observer.
(*) Teneur du ferment. Monsieur, VOU,
rendez au Roi la foi & hommage, lige que
vous lui devez, commeà votre Souverain Seigneur
jà. cause du Duché de Bar, pour lei
Terres dudit Duché qui sont mouvantes de
sa Couronne, & pour les autres Terres qui
vous appartiennent en propriété dans l'étendue
du chemin depuis Metz jusqu'enAlsace, dont la Souveraineté appartient à S. M. en
conséquence du Traité de Paix , fait & conelu
à RifvvickC'T"e. Vous jurez , promettez è
S. M. de lui rendre la fidelité, service (jp
obéissance que vous êtes tenu de lui rendre
9 cause desdites Terres, & de le servir de
votre personne & de vos biens, envers tous &
contre tous,sansnul excepter, en toutes les
guerres que lui & ses successeurs Rois pourroient
ci-après avoir contre les ennemis de f.
Couronne, pour quelque cause que ce soit , ainsî que vous y étes obligé pour raison desdites
Terres, & ne permetrezqu'enicelles il
fùoit fait aucune chose au préjudice deS. M. de son Etats Vous lejurez&promettez.
Enluke
Ensuite le Roi se leva , se décou vrit , fè
recouvrit aussi-tôt , & fit couvrir le Duc dé
Lorraine. Le Duc d'Orléans , le Duc de Bour
bon , le Comte de Charoloiy , le Comte de
Clermont , le Prince de Conty , le Prince de
Bombes , le Comte d'Eu & le Comte deTouiouse
qur étoient auprès du Roi , se cou
vrirent auslî un moment après. Le Duc da
Lorraine s'etant retiré, S. M. rentra dans son
Cabinet. •' ^.
Le Duc de Lorraine retourna à Paris le
même jour > après avoir dîné chez le Car
dinal de Fleury. Le lendemain , il alla â la
Chaste avec le Roi dans la Forêt de S. Ger
main en Laye , & fut ensuite traité dans lé
Château par le Duc de Noailles qui en est
Gouverneur.
Le 5. ce Prince accompagna le Roi à la
Chasiè du Cerf.
Le 41. il alla à la Comédie Françoise volt
la Tragédie à' Electre , & la petite Comédie du
florentin-
Le s- il vit l'Opera de Thésée.
Le <• il alla diner à Arcueil cheí le Prince
de Guise , le soir à la Comédie Italienne , &
après son souper au Bal de l'Opera.
Le 7. après avoir été a la chasse avec lé
Roi , & joué ensuite à la partie du Lans
quenet de S. M. ce Prince soupa, à Marli ,
ehez le Duc de Noailles qui le traita magniifiquement
, & alla coucher à Versailles , dans
l' Appartement du Duc d'OrleanSi
Le lendemain il vit les Apvartemens du
Château , alla tirer dans le Parc , & vint j
déjeuner à la Ménagerie , où il fut traité par
le Duc de Noailles. Il alla ensuite à S. Cyr»
pour yoit U Maison , d'où il revint à Vers.
F E VRÏ E R. 1/30. 41I
Ailles pour voir le Cabinet des Médailles-»
les Pierres gravées , & les autres Monument
rares de ce célèbre Cabinet, que ce Prince
examina ayec beaucoup d'attention ; il sou
pa chez le Prince Charles de Lorraine.
Le 9. le Duc de Lorraine vit joùer le*
eaux , alla ensuite au Manège voir les Pa*
ges monter à Cheval , dina chez le Prince
Charles ?& revint à Paris pour voir l'Opera.
Ce Prince a vû avec beaucoup de satisfac
tion à Versailles les Tableaux , les Antiques de
la Grande Galleric & des Jardins , & tout ce
qu'il y a de magnifique & de Curieux dans ce
superbe Château ; à la Ménagerie, à Trianon^
à Marly , à Saint Germain en Laye , à Saint
Cloud , à Meudon , à la Muette > &c. Il a vû ì
Paris ce qu'il y a de plus remarquable ;THôtel
Royal des Invalides , f Observatoire , la Sorbonne
, la Bibliothèque du Roy , la Gallerie
des Plans,, l' Académie Royale de Peinture 8c
Sculptuie , la Monnoye des Médailles , &c.
U vit avec beaucoup de satisfaction le Cabinet
où font conservex dans un grand ordre, un
nombre prodigieux de Quarrez & de Poin
çons. M. de Cotte , Directeur de la Monnoye
des Médailles , fit frapper en fa présence des
Médailles & des Jetions , en or & en argení.
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Résumé : Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Le Duc de Lorraine, connu sous le nom du Comte de Blamont, quitta Luneville le 27 du mois précédent avec six berlines et 40 chevaux de poste. Il séjourna au Château du Prince de Lambesc avant d'arriver au Palais Royal à Paris le 1er du mois suivant. Il rencontra le Roi et la Reine à Versailles avec le Duc d'Orléans. Le 29, il dîna avec le Cardinal de Fleury et accompagna le Roi à la chasse le lendemain. Il assista à des représentations théâtrales et chassa à nouveau avec le Roi le 5. Le 7, il soupa à Marly et passa la nuit à Versailles. Le 8, il visita la ménagerie et Saint-Cyr. Le 9, il assista à des jeux d'eau et visita le manège avant de revenir à Paris pour voir une opéra. Durant son séjour, il visita de nombreux sites remarquables à Versailles et à Paris, tels que la Grande Galerie, Trianon, Marly, Saint-Germain-en-Laye, Saint-Cloud, Meudon, la Muette, l'Hôtel des Invalides, l'Observatoire, la Sorbonne, la Bibliothèque du Roi, la Galerie des Plans, l'Académie Royale de Peinture et Sculpture, et la Monnaie des Médailles. Il exprima sa satisfaction face à ces visites et observa la frappe de médailles et de jetons en or et en argent.
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325
p. 416-423
MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Début :
N ... l'Heritier, Ecuyer, mourut à Paris le 17. Janvier. Il étoit fils de N. l'Heritier, [...]
Mots clefs :
Roi, Veuve, Seigneur, Chevalier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
MORTS, NAISSANCES
IN ... PHeriiier, Ecuyer, mourut à Parij
ìe 17. Janvier. Il étoit fils de N. Ì' Héritier,
Historiographe du Roi, lequel a beaucoup tr»T
vaillé fur notre Histoire , & frère de Mlu rHéritier,
dont, les talens &»les Ouvrages font
SÍlez connus. II étoit orni de toutes les vertu?
qui forment l'honnête homme; sçachant beau
coup & ne faisant point parade de son sçavoir.
Les Mathématiques faifoient son étude favo+
rite, mais il ne laiíîbit pas de cultiver les Mu.*
ses , & il réiislìssoit en Poésie , par un talens
qui est comme héréditaire dans fa famille-
Le if. du même mois , Darne Marie- Claire
d'Estaing , veuve du Marquis de Montboistìer .
mourut en son Château de Clas en Auvergne,
âgée de 70. ans.
■ Dame Anne-Louise de Bragelorgne , veuve
de M. Pierre Gruyn , Chevalier , Seigneur de
Valgiand, Lacelle, &c. décéda le 30. Janvkir
âgée de S r, ans.
Jacques- Michel Baudry, Procureur Gène-*
r-al de la Chambre des Comptes de Blois , mou
rut à Blois le premier Février, âgé de So ans- II
laisse plusieurs enfans , dont l'aîné est pourvû
de la même Charge de son pei e.
Le i. François Gueret , Président de la
Chambre des Comptes de Blois, mourut , âgé
S r. ans , universellement regretté. C'est à ses
travaux que la Chambre des Comptes de Blois
•est redevable de son établissemen: à l'instar de
& Mariages,
Dainç
£É V R I E R. i7?Q. 4tr
Came Geneviève de Seve , veuve d'Antoine
Genou, Chevalier, Seigneur deGuibcrville
, Conseiller au Grand Conseil , mourut le;
t. du même mois , âgé de yt- ans environ.
Henry Fages, Abbé de la Cour- Dieu, Or
dre de Cîteaux , Diocèse d'Orléans , cy-devane
Controlleur des Finances de feuë son Alteffç
Royale M. le Duc d'Orléans , mourut à Mont
pellier le iï de ce mois , âgé de 89. ans.
Le même jour, François Hector de la Tour
Montauban , Comte de la Chaux . Maréchal
des Camps & Armées- du Roi, Chevalier d»
S. Louis, Gentilhomme de la Chambre du Duc
d'Orléans , premier Prince du Sang', mourut ,;
âgé d'environ r f. ans.
Adélaïde- Loùise de Damas de Thianges,-
yeuve de Louis Conti Sforce , Duc de Segny ,
k d'Onano , Comte de Sainte- Fleur , Chevavalier
des Ordres du Roi , mort le 7. Mari
, i6ír. mourut le 5. âgée de 76- ans. fille
étoic Dame d'Honneur de S. A. R. Madame
h Duchesse d'Orléans.
Le 4. Dame Catherine Guyot , veuve de
M. Joseph Dorât .Chevalier , Seigneur de la,
Barre, mourut, âgée de 6j ans.
.' Philippe de S. Martin de Boslàye , Cheva-
. lier de l'Ordre de S. Louis , Brigadier des Ar
mées du Roi , & Lieutenant Colonel du Régi-'
ment de Yivarets , mourut le de ce mois ,
âgé d'environ 8co ans.
Jacques- François de Johanne de la Carre .
fcíarquisde Saumery .Gouverneur des Iflesde
sainte Marguerite 6í de S. Honorât , Capitaîne-
Goaverneur des Château & Chasses deChambord.&
Grand Bailiy de Biois, mourut àChambord
le 8.de ce mois, d ans fa - année.Il avoiç
fcr ri fous M. de Ttirenne , &étoic Mestre -de:
Camp
4i 8 MERCURE DE FRANCE.
Camp de.Cavalerie au Combat d'Àltenhe
^premier Áoût ií7j-)ily eutl'épaulc & la cuisse
çassée, ce qui l'ayant empêché de pouvoir con
tinues de servir à la guerre ; le feu ,Roi , de
glorieuse mémoire, qui connoislot son mérite, í
ifL sagesse , son désintéressement & ses autres
qualicez personnelles,, le choisit en i688.pour
être Sous- Gouverneur des Enfans de Francç,
attaché à la personne de M. le Duc de Bou
logne. S. ML fut si contente de la manière
dont il se comporta dans cette Charge im
portante., qu'elle lui donna une nouvelle mar
que de ion estime & de la satisfaction qu'elle
5 voit de ses services, en 1c nommant dans son
Codicile , Sous-Gouverneur du Roy , heureu
sement régnant. II a soutenu dans ce glorieux
emploi la réputation qu'il s'étojt déja acquise , ;j
6 il vient de terminer fa vie exempte de tout
icproche , par une mort également chrétienne,
II avoit épousé par contrat du n. Novem
bre i6i6. Marguerite-Charlotte de Montlezun
de Besmaus, fille de François de Montlezun,
Chevalier , Seigneur de Besinaus , Piffons ,
Pommeufc , Lumigny , &c. Gouverneur pour
le Roi du Château de la Bastille. De ce Ma
riage font sortis, Jean-Baptiste, Marquis de
Saumery, Seigneur <4e la Boussaye , Maréchal
des Camps & Armées de S. M. cy - devant j
Çous- Gouverneur de S. M. Cornette desChe- il
yaux Legers de la Garde, Envoyé Extraordi- •
uaire du Roi près du feu Electeur de Bavière,
mort le r. May 171c âgé de 48. ans, laúlànc
de son Mariage avec Matie-Magdelaine Bé
nigne de Luffé, deux filles en bas âge, dont
l'une est morte en 1719.
François- Jean-Baptiste, Marquis de Saunie
rs > Comte de ÇíumeroUes , Maréchal des
Camps ,
ÍSartìps & Armées de S. M. cy-devant Envoyé
ììxtraordi.naire à la Cour de 1 Electeur de Ba
vière , à présent Gouverneur des Isles Sainte
Marguerite & de S. Honorât , Capitaine- Gou
verneur des Château & Chaííes de Chamboid.
Jacques , Chevalier de S. Jean de Jérusalem,
Alexandre, Docteur en Théologie de la Fa
culté de Paris , Evêque de Ríeux , sacré le 17.
Mars 1710. Georges , Seigneur de Piffons , Co
lonel d'Infanterie.
Nous nvons déja parlé de la Maison de Jo*
hanne Saumery , dans le Mercure du mois de
May* 1716. pag. ioíS. & suivantes, à l'occafion
du décès du Marquis de Saumery , fils aîné de
celui dont nous annonçons ì présent la mort.
Frère Gabriel de Calonne de Courtebourne ,
Chevalier Profès de l'Ordre de Sè Jean de Jé
rusalem , Commandeur de 4a Commandefie
de Fontaines- sous-Mondidier , cy-devanc
Capitaine d'une des Galères du Roy & de*
Cardes de l'Etendart , mourut à Marseille le
S. de ce mois , dans ía 71' année de son âge.
il étoit frère de Louis-Jacques de Calonne ,
Marquis de Courtebourne , Lieutenant- Gene
ral des Armées du Roi . Directeur Gênerai de
la Cavalerie, Lieutenant pour S. M. au Pays
d'Artois , & Gouverneur de Hefdin, mort en
en 170s. & d'Anne de Calonne de Courtebour
ne > veuve de François le Tonnelier- Breteúil t
Marquis de Fontenay-Tresigny , Sire de Ville*
bert, Baron de Boitron, &c. Conseiller d'E*
tat Ordinaire, & Intendant des Finances.
Le Marquis de Courtebourne a laissé de "son
mariage avec Anne de Gérard, Jacques de
Calonne, Marquis de Courttbourne , Mesire
de Camp de Cavalerie, Capitaine-Lieutenant
des Gendarmes de U Reine, & Lieutenant peur
K S.
**b MERCURE DE FRANCE.
S. M. au Pays d'Artois , & Anne 4ç Calôntíè
de Courtebourne » veuve de François le Tontielier-
Breteùil , Marquis de Fontenay-Tresigny
, &c. Conseiller d'Etat Órdinaire i &c est
mere de François Victor le Tonnelier- BreteùiU
Marquis de Fontenay-Tresigny , Sire de Villebert,
Baron de Boitron, &c. Commandeur
des Ordres du Roi , Chancelier de la Reine*
cy- devant Secrétaire d'Etat, & de, Charles-
Louis Auguste le Tonnelier- Breteùil , Evêque
de Rennes , Abbé de Ghaulnes , Prieur de
Reiiil j Grand- Maître de la Chapelle de S. M.
L' ancienneté de la Maison de Calonne Cour
tebourne est si connue, qu'il a paru inutile
d'entrer dans le détail de la Généalogie de
cette Maison.
Charles- Jean- Louis de Faucon , Marquis
de Ris , Maître de la Garderobe de feu son
Altesse Royale, Monsieur, Frère unique du
du Roi Louis XIV. mourut en cette Yille le
S. âgé de sS.ans-.
Dame Catherine de Lossanges de Bedver i
Abbesse de l' Abbaye de Rieunette > Ordre de
Cîteaux» Diocèse de Carcaflonne.y mou
lut le 9. de ce mois , âgée de 6;. ans.
Le io- de ce mois , M. Jean Denis » Che>
valier , Seigneur d'Origni , premier Ecuyer de
S. A. S. Madame-la Princesse de Conti , troi
sième Douairière , mourut âgé de 90. ans , ou
«nviron.
Le 1 r. Gabriel de la Porte , Doyen du Par
lement, mourut en la 81. année de son âge.
Pierre Thomas Barthélemy le Boulanger ,
Seigneur de Boisfremont, Maître ordinaire en
la Chambre des Comptes de Normandie,mourut
le 13. âgé de 44. ans.
Jean Marie Rangoni, Chevalier» Marquis
de
• jH? V R I E R. i7?o. 41^
fJff^Rangoni > & de Ramparto , Seigneur de
Stufione &é de Cailelvetro , Comte de Leviz-,
zano & de Guinta , Envoíé Extraordinaire de
, S, A. S. le Duc de Modene auprès de S. M,
T. C. & son Plénipotentiaire au Congrès de
Soiíibns , mourut le ir. Février âgé de ^7.
ans.
M. Charles Louis Lailemand, Comte de
Levignan , deceda le 18. Février âgé de 73. ans
un mois î,f. jours.
Le 13. Dame Anne Marie Magdelaine de
Beringhen , Abbesse du Pré, Ordre de saint
Benoist, Diocèse du Mans , y mourut dans 1»
47. année de ion âge.
La huit du 17.' au 18 , mourut à Paris Jo
seph François Ancezune , Duc deCaderousse,
âgé de Sf. ans.
Le nommé Nicolas Prezau > natif de Troyes
en Champagne > est mort depuis peu à Paris ,
fur la Paroisse S. Roch , âgé de 109. ans. Oa
assure qu'il étoit Soldat dans le Régiment des
Gardes Françoises , lors de la naissance du feH
Roi, & qui fut du nombre de ceux qui allè
rent au Louvre , à ce sujet, faire une décharge
sous les fenestres de l'Appartenaenr, de Louis.
XIII. »
Le 19. Janvier D. Jeanne Catherine Coustard,
Epouse de M. Basile-Claude Henry Anjorrant
, Chevalier , Conseiller au Parlement,
accoucha d'une fille qui fut tenue sur les fonts
par M. Guillaume Julien Le Douhre > \?on-
. seillcr du Roi , Maître ordinaire en fa Cham
bre des Comptes , & Doien de cette Cham
bre > & par Dame Geneviève LeMayre , veuve
de M. Claude Dubois , Chevalier. Seigneur
de Courceriers »Deíbordeaux , &c.
K ij Dame
4% i M ERCURE DE VK^Kë^J
Dame Marie- Anne de Matignon , Epoufë'Mp
Heriíy-Fiançois , Marquis de Grave , Barons
de Lattés , &c» Mestre de Camp de Cavalerie , V
accoucha le 31. Janvier d'une fille , qui suc ]
tenue fur les fonts ,& nommée M.arie-Anne-
Eleonor, par Jacques-François-Leonor Gri»
maldi , Duc de V&lentinois & d'Etouteville ,
Pair de France , Sire de Matignon , Comte de
Torigny» 8fC Lieutenant General de la Pro
vince de Normandie, &c. & par Daine Anne-
Elisabeth Gruel de la frette, Epouse d'Ar
mand Monpar deC*umont , Duc de la Force»
Pair de France, &c.
Le Comte du Rumain , de la Province de
Bretagne , Guidon de Gendarmerie & ,Weilre
de Camp de Cavalerie » a épousé > le mois de
Janvier dernier , D. N. ... de Mslnouë , fille
de N de Malnòuë ,& veuve d'unPrest»
dent du Parlement de Bretagne.
Claude-Gustave-Chretien , Marquis des Sal
les, Capitaine de Câvalerie , Gouverneur de
la Ville & du Château de Vaucouleurs , fils de
François , Comte des Salles , Marquis de
Buquevillé, Conseiller d'Etat d« S. A. R. de
Lorraine , premier Capitaine de ses Gardes du
Corps , Gouverneur de Pont-à- Mousson . &
Conservateur dts Privilèges át l'Université 1
& de D. Catherine de ïiquelrnont , épousa le
6. Février D. Adélaïde-Candide- Louise-Macie
de B/ancaj de Viîlárs , fille de Louis-Antoine
de Brancas , Duc de Villars • Pair de France ,
Chevalier des Ordres du Roi , &c, & de D.
Angélique Frefnih de Moras.
M. Thomas- Jacques- François Charpentier,
Ecuyer , Seigneur d'Enrrery , Espiez, Grizy ,
Valangouja , Ruç , Bei val , Thuville , LeVtílí'ers
FEVRIER. 1730. 4*1
ljerr,:"&c. Capitaine de Cavalerie au Regiíinent
Roïal Etranger, épousa le jj, de te
mois Dlle Madelaine- Angélique de Rioult de
Curzay, fille de M. Séraphin de Rioul , Cheva
lier, Seigneur de Curzay, Lieutenant pour
Sa Majelie' en Poitou , &. de Dame Thereze-
I Elizabeth Blondot-
IN ... PHeriiier, Ecuyer, mourut à Parij
ìe 17. Janvier. Il étoit fils de N. Ì' Héritier,
Historiographe du Roi, lequel a beaucoup tr»T
vaillé fur notre Histoire , & frère de Mlu rHéritier,
dont, les talens &»les Ouvrages font
SÍlez connus. II étoit orni de toutes les vertu?
qui forment l'honnête homme; sçachant beau
coup & ne faisant point parade de son sçavoir.
Les Mathématiques faifoient son étude favo+
rite, mais il ne laiíîbit pas de cultiver les Mu.*
ses , & il réiislìssoit en Poésie , par un talens
qui est comme héréditaire dans fa famille-
Le if. du même mois , Darne Marie- Claire
d'Estaing , veuve du Marquis de Montboistìer .
mourut en son Château de Clas en Auvergne,
âgée de 70. ans.
■ Dame Anne-Louise de Bragelorgne , veuve
de M. Pierre Gruyn , Chevalier , Seigneur de
Valgiand, Lacelle, &c. décéda le 30. Janvkir
âgée de S r, ans.
Jacques- Michel Baudry, Procureur Gène-*
r-al de la Chambre des Comptes de Blois , mou
rut à Blois le premier Février, âgé de So ans- II
laisse plusieurs enfans , dont l'aîné est pourvû
de la même Charge de son pei e.
Le i. François Gueret , Président de la
Chambre des Comptes de Blois, mourut , âgé
S r. ans , universellement regretté. C'est à ses
travaux que la Chambre des Comptes de Blois
•est redevable de son établissemen: à l'instar de
& Mariages,
Dainç
£É V R I E R. i7?Q. 4tr
Came Geneviève de Seve , veuve d'Antoine
Genou, Chevalier, Seigneur deGuibcrville
, Conseiller au Grand Conseil , mourut le;
t. du même mois , âgé de yt- ans environ.
Henry Fages, Abbé de la Cour- Dieu, Or
dre de Cîteaux , Diocèse d'Orléans , cy-devane
Controlleur des Finances de feuë son Alteffç
Royale M. le Duc d'Orléans , mourut à Mont
pellier le iï de ce mois , âgé de 89. ans.
Le même jour, François Hector de la Tour
Montauban , Comte de la Chaux . Maréchal
des Camps & Armées- du Roi, Chevalier d»
S. Louis, Gentilhomme de la Chambre du Duc
d'Orléans , premier Prince du Sang', mourut ,;
âgé d'environ r f. ans.
Adélaïde- Loùise de Damas de Thianges,-
yeuve de Louis Conti Sforce , Duc de Segny ,
k d'Onano , Comte de Sainte- Fleur , Chevavalier
des Ordres du Roi , mort le 7. Mari
, i6ír. mourut le 5. âgée de 76- ans. fille
étoic Dame d'Honneur de S. A. R. Madame
h Duchesse d'Orléans.
Le 4. Dame Catherine Guyot , veuve de
M. Joseph Dorât .Chevalier , Seigneur de la,
Barre, mourut, âgée de 6j ans.
.' Philippe de S. Martin de Boslàye , Cheva-
. lier de l'Ordre de S. Louis , Brigadier des Ar
mées du Roi , & Lieutenant Colonel du Régi-'
ment de Yivarets , mourut le de ce mois ,
âgé d'environ 8co ans.
Jacques- François de Johanne de la Carre .
fcíarquisde Saumery .Gouverneur des Iflesde
sainte Marguerite 6í de S. Honorât , Capitaîne-
Goaverneur des Château & Chasses deChambord.&
Grand Bailiy de Biois, mourut àChambord
le 8.de ce mois, d ans fa - année.Il avoiç
fcr ri fous M. de Ttirenne , &étoic Mestre -de:
Camp
4i 8 MERCURE DE FRANCE.
Camp de.Cavalerie au Combat d'Àltenhe
^premier Áoût ií7j-)ily eutl'épaulc & la cuisse
çassée, ce qui l'ayant empêché de pouvoir con
tinues de servir à la guerre ; le feu ,Roi , de
glorieuse mémoire, qui connoislot son mérite, í
ifL sagesse , son désintéressement & ses autres
qualicez personnelles,, le choisit en i688.pour
être Sous- Gouverneur des Enfans de Francç,
attaché à la personne de M. le Duc de Bou
logne. S. ML fut si contente de la manière
dont il se comporta dans cette Charge im
portante., qu'elle lui donna une nouvelle mar
que de ion estime & de la satisfaction qu'elle
5 voit de ses services, en 1c nommant dans son
Codicile , Sous-Gouverneur du Roy , heureu
sement régnant. II a soutenu dans ce glorieux
emploi la réputation qu'il s'étojt déja acquise , ;j
6 il vient de terminer fa vie exempte de tout
icproche , par une mort également chrétienne,
II avoit épousé par contrat du n. Novem
bre i6i6. Marguerite-Charlotte de Montlezun
de Besmaus, fille de François de Montlezun,
Chevalier , Seigneur de Besinaus , Piffons ,
Pommeufc , Lumigny , &c. Gouverneur pour
le Roi du Château de la Bastille. De ce Ma
riage font sortis, Jean-Baptiste, Marquis de
Saumery, Seigneur <4e la Boussaye , Maréchal
des Camps & Armées de S. M. cy - devant j
Çous- Gouverneur de S. M. Cornette desChe- il
yaux Legers de la Garde, Envoyé Extraordi- •
uaire du Roi près du feu Electeur de Bavière,
mort le r. May 171c âgé de 48. ans, laúlànc
de son Mariage avec Matie-Magdelaine Bé
nigne de Luffé, deux filles en bas âge, dont
l'une est morte en 1719.
François- Jean-Baptiste, Marquis de Saunie
rs > Comte de ÇíumeroUes , Maréchal des
Camps ,
ÍSartìps & Armées de S. M. cy-devant Envoyé
ììxtraordi.naire à la Cour de 1 Electeur de Ba
vière , à présent Gouverneur des Isles Sainte
Marguerite & de S. Honorât , Capitaine- Gou
verneur des Château & Chaííes de Chamboid.
Jacques , Chevalier de S. Jean de Jérusalem,
Alexandre, Docteur en Théologie de la Fa
culté de Paris , Evêque de Ríeux , sacré le 17.
Mars 1710. Georges , Seigneur de Piffons , Co
lonel d'Infanterie.
Nous nvons déja parlé de la Maison de Jo*
hanne Saumery , dans le Mercure du mois de
May* 1716. pag. ioíS. & suivantes, à l'occafion
du décès du Marquis de Saumery , fils aîné de
celui dont nous annonçons ì présent la mort.
Frère Gabriel de Calonne de Courtebourne ,
Chevalier Profès de l'Ordre de Sè Jean de Jé
rusalem , Commandeur de 4a Commandefie
de Fontaines- sous-Mondidier , cy-devanc
Capitaine d'une des Galères du Roy & de*
Cardes de l'Etendart , mourut à Marseille le
S. de ce mois , dans ía 71' année de son âge.
il étoit frère de Louis-Jacques de Calonne ,
Marquis de Courtebourne , Lieutenant- Gene
ral des Armées du Roi . Directeur Gênerai de
la Cavalerie, Lieutenant pour S. M. au Pays
d'Artois , & Gouverneur de Hefdin, mort en
en 170s. & d'Anne de Calonne de Courtebour
ne > veuve de François le Tonnelier- Breteúil t
Marquis de Fontenay-Tresigny , Sire de Ville*
bert, Baron de Boitron, &c. Conseiller d'E*
tat Ordinaire, & Intendant des Finances.
Le Marquis de Courtebourne a laissé de "son
mariage avec Anne de Gérard, Jacques de
Calonne, Marquis de Courttbourne , Mesire
de Camp de Cavalerie, Capitaine-Lieutenant
des Gendarmes de U Reine, & Lieutenant peur
K S.
**b MERCURE DE FRANCE.
S. M. au Pays d'Artois , & Anne 4ç Calôntíè
de Courtebourne » veuve de François le Tontielier-
Breteùil , Marquis de Fontenay-Tresigny
, &c. Conseiller d'Etat Órdinaire i &c est
mere de François Victor le Tonnelier- BreteùiU
Marquis de Fontenay-Tresigny , Sire de Villebert,
Baron de Boitron, &c. Commandeur
des Ordres du Roi , Chancelier de la Reine*
cy- devant Secrétaire d'Etat, & de, Charles-
Louis Auguste le Tonnelier- Breteùil , Evêque
de Rennes , Abbé de Ghaulnes , Prieur de
Reiiil j Grand- Maître de la Chapelle de S. M.
L' ancienneté de la Maison de Calonne Cour
tebourne est si connue, qu'il a paru inutile
d'entrer dans le détail de la Généalogie de
cette Maison.
Charles- Jean- Louis de Faucon , Marquis
de Ris , Maître de la Garderobe de feu son
Altesse Royale, Monsieur, Frère unique du
du Roi Louis XIV. mourut en cette Yille le
S. âgé de sS.ans-.
Dame Catherine de Lossanges de Bedver i
Abbesse de l' Abbaye de Rieunette > Ordre de
Cîteaux» Diocèse de Carcaflonne.y mou
lut le 9. de ce mois , âgée de 6;. ans.
Le io- de ce mois , M. Jean Denis » Che>
valier , Seigneur d'Origni , premier Ecuyer de
S. A. S. Madame-la Princesse de Conti , troi
sième Douairière , mourut âgé de 90. ans , ou
«nviron.
Le 1 r. Gabriel de la Porte , Doyen du Par
lement, mourut en la 81. année de son âge.
Pierre Thomas Barthélemy le Boulanger ,
Seigneur de Boisfremont, Maître ordinaire en
la Chambre des Comptes de Normandie,mourut
le 13. âgé de 44. ans.
Jean Marie Rangoni, Chevalier» Marquis
de
• jH? V R I E R. i7?o. 41^
fJff^Rangoni > & de Ramparto , Seigneur de
Stufione &é de Cailelvetro , Comte de Leviz-,
zano & de Guinta , Envoíé Extraordinaire de
, S, A. S. le Duc de Modene auprès de S. M,
T. C. & son Plénipotentiaire au Congrès de
Soiíibns , mourut le ir. Février âgé de ^7.
ans.
M. Charles Louis Lailemand, Comte de
Levignan , deceda le 18. Février âgé de 73. ans
un mois î,f. jours.
Le 13. Dame Anne Marie Magdelaine de
Beringhen , Abbesse du Pré, Ordre de saint
Benoist, Diocèse du Mans , y mourut dans 1»
47. année de ion âge.
La huit du 17.' au 18 , mourut à Paris Jo
seph François Ancezune , Duc deCaderousse,
âgé de Sf. ans.
Le nommé Nicolas Prezau > natif de Troyes
en Champagne > est mort depuis peu à Paris ,
fur la Paroisse S. Roch , âgé de 109. ans. Oa
assure qu'il étoit Soldat dans le Régiment des
Gardes Françoises , lors de la naissance du feH
Roi, & qui fut du nombre de ceux qui allè
rent au Louvre , à ce sujet, faire une décharge
sous les fenestres de l'Appartenaenr, de Louis.
XIII. »
Le 19. Janvier D. Jeanne Catherine Coustard,
Epouse de M. Basile-Claude Henry Anjorrant
, Chevalier , Conseiller au Parlement,
accoucha d'une fille qui fut tenue sur les fonts
par M. Guillaume Julien Le Douhre > \?on-
. seillcr du Roi , Maître ordinaire en fa Cham
bre des Comptes , & Doien de cette Cham
bre > & par Dame Geneviève LeMayre , veuve
de M. Claude Dubois , Chevalier. Seigneur
de Courceriers »Deíbordeaux , &c.
K ij Dame
4% i M ERCURE DE VK^Kë^J
Dame Marie- Anne de Matignon , Epoufë'Mp
Heriíy-Fiançois , Marquis de Grave , Barons
de Lattés , &c» Mestre de Camp de Cavalerie , V
accoucha le 31. Janvier d'une fille , qui suc ]
tenue fur les fonts ,& nommée M.arie-Anne-
Eleonor, par Jacques-François-Leonor Gri»
maldi , Duc de V&lentinois & d'Etouteville ,
Pair de France , Sire de Matignon , Comte de
Torigny» 8fC Lieutenant General de la Pro
vince de Normandie, &c. & par Daine Anne-
Elisabeth Gruel de la frette, Epouse d'Ar
mand Monpar deC*umont , Duc de la Force»
Pair de France, &c.
Le Comte du Rumain , de la Province de
Bretagne , Guidon de Gendarmerie & ,Weilre
de Camp de Cavalerie » a épousé > le mois de
Janvier dernier , D. N. ... de Mslnouë , fille
de N de Malnòuë ,& veuve d'unPrest»
dent du Parlement de Bretagne.
Claude-Gustave-Chretien , Marquis des Sal
les, Capitaine de Câvalerie , Gouverneur de
la Ville & du Château de Vaucouleurs , fils de
François , Comte des Salles , Marquis de
Buquevillé, Conseiller d'Etat d« S. A. R. de
Lorraine , premier Capitaine de ses Gardes du
Corps , Gouverneur de Pont-à- Mousson . &
Conservateur dts Privilèges át l'Université 1
& de D. Catherine de ïiquelrnont , épousa le
6. Février D. Adélaïde-Candide- Louise-Macie
de B/ancaj de Viîlárs , fille de Louis-Antoine
de Brancas , Duc de Villars • Pair de France ,
Chevalier des Ordres du Roi , &c, & de D.
Angélique Frefnih de Moras.
M. Thomas- Jacques- François Charpentier,
Ecuyer , Seigneur d'Enrrery , Espiez, Grizy ,
Valangouja , Ruç , Bei val , Thuville , LeVtílí'ers
FEVRIER. 1730. 4*1
ljerr,:"&c. Capitaine de Cavalerie au Regiíinent
Roïal Etranger, épousa le jj, de te
mois Dlle Madelaine- Angélique de Rioult de
Curzay, fille de M. Séraphin de Rioul , Cheva
lier, Seigneur de Curzay, Lieutenant pour
Sa Majelie' en Poitou , &. de Dame Thereze-
I Elizabeth Blondot-
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
En janvier et février 1730, plusieurs décès et naissances notables ont été enregistrés. Parmi les décès, PHeriiier, écuyer et fils de l'historiographe du Roi, est décédé à Paris le 17 janvier. Connu pour ses talents en mathématiques et en poésie, il laisse un vide dans ces domaines. Marie-Claire d'Estaing, veuve du Marquis de Montboissier, est morte à l'âge de 70 ans le même mois. Anne-Louise de Bragelorgne, veuve de Pierre Gruyn, est décédée le 30 janvier à l'âge de 85 ans. Jacques-Michel Baudry, procureur général de la Chambre des Comptes de Blois, est mort le 1er février à l'âge de 50 ans, laissant plusieurs enfants. François Gueret, président de la Chambre des Comptes de Blois, est décédé le même jour à l'âge de 81 ans. D'autres personnalités ont également perdu la vie, notamment Geneviève de Seve, veuve d'Antoine Genou, Henri Fages, abbé de la Cour-Dieu, François Hector de la Tour Montauban, maréchal des camps et armées du Roi, Adélaïde-Louise de Damas de Thianges, veuve de Louis Conti Sforce, Catherine Guyot, veuve de Joseph Dorât, Philippe de Saint-Martin de Boslaye, chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, et Jacques-François de Johanne de la Carre, marquis de Saumery. En parallèle, plusieurs naissances ont été enregistrées. La fille de Jeanne Catherine Coustard et Basile-Claude Henry Anjorrant est née le 19 janvier. Marie-Anne de Matignon, épouse d'Henri-François, marquis de Grave, a accouché d'une fille le 31 janvier. Des mariages ont également été célébrés. Le Comte du Rumain a épousé une fille de la famille de Malnouë. Claude-Gustave-Christien, marquis des Salles, a uni sa vie à Adélaïde-Candide-Louise-Macie de Blancas de Villars. Thomas-Jacques-François Charpentier a épousé Madeleine-Angélique de Rioult de Curzay.
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326
p. 487-488
LETTRE DU ROY, Ecrite de la propre main de Sa Majesté, en réponse à la Lettre de M. l'Archevêque de Paris.
Début :
Mon Cousin, j'ai vû avec joye par la Lettre que vous m'avez écrite le 8. de ce mois, [...]
Mots clefs :
Archevêque de Paris, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DU ROY, Ecrite de la propre main de Sa Majesté, en réponse à la Lettre de M. l'Archevêque de Paris.
LETTRE DU ROY ,
Ecrite de la propre main de Sa Majesté
en réponse à la Lettre de M. l'Archevêque
de Paris.
Mque vous m'avez écrite le 8. de ce mois ,
On Coufin , j'ai vû avec joye par la Lettre
des
preuves de la fageffe de votre conduite & de
votre fermeté dans le gouvernement de votre
Diocèle , mais en même -temps j'ai vû avec indignation
488 MERCURE DE FRANCÊ.
gnation ce dont j'étois déja informé , que des
perfonnes , qui par leur caractere & par le miniftere
qu'ils exercent , font obligées de feconder
votre zele & d'affurer par leurs inftructions &
par leur exemple le fuccès de vos vûës , font celles
qui fe portent fans regle & fans meſure aux
démarches les plus capab es d'empêcher le bien
que vous cherchez à procurer. La charité qui
Vous fait efperer encore qu'ils changeront de fentimens
& de conduite & qui vous engage à folliciter
ma clémence en leur faveur , eft infiniment
louable ; mais fi vous perdez par malheur toute
efperance de ramener par la douceur ces efprits
opiniâtres , foyez affuré que je vous foutiendrai
de toute mon autorité , fur ce je prie Dieu , qu'il
Vous ait , mon Coufin , en fa fainte & digne garde.
A Marly le 15. Fevrier 1730. Signé , LOUIS.
Et au dos eft écrit , A mon Coufin l'Archevêque
de Paris.
Ecrite de la propre main de Sa Majesté
en réponse à la Lettre de M. l'Archevêque
de Paris.
Mque vous m'avez écrite le 8. de ce mois ,
On Coufin , j'ai vû avec joye par la Lettre
des
preuves de la fageffe de votre conduite & de
votre fermeté dans le gouvernement de votre
Diocèle , mais en même -temps j'ai vû avec indignation
488 MERCURE DE FRANCÊ.
gnation ce dont j'étois déja informé , que des
perfonnes , qui par leur caractere & par le miniftere
qu'ils exercent , font obligées de feconder
votre zele & d'affurer par leurs inftructions &
par leur exemple le fuccès de vos vûës , font celles
qui fe portent fans regle & fans meſure aux
démarches les plus capab es d'empêcher le bien
que vous cherchez à procurer. La charité qui
Vous fait efperer encore qu'ils changeront de fentimens
& de conduite & qui vous engage à folliciter
ma clémence en leur faveur , eft infiniment
louable ; mais fi vous perdez par malheur toute
efperance de ramener par la douceur ces efprits
opiniâtres , foyez affuré que je vous foutiendrai
de toute mon autorité , fur ce je prie Dieu , qu'il
Vous ait , mon Coufin , en fa fainte & digne garde.
A Marly le 15. Fevrier 1730. Signé , LOUIS.
Et au dos eft écrit , A mon Coufin l'Archevêque
de Paris.
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Résumé : LETTRE DU ROY, Ecrite de la propre main de Sa Majesté, en réponse à la Lettre de M. l'Archevêque de Paris.
Dans une lettre datée du 15 février 1730, le roi Louis exprime sa joie et son indignation à l'archevêque de Paris. Il félicite l'archevêque pour sa conduite et sa fermeté dans le gouvernement de son diocèse. Cependant, il condamne les actions de certaines personnes qui, malgré leur rôle, entravent les efforts de l'archevêque. Le roi loue la charité de l'archevêque, qui espère encore un changement de la part de ces individus et sollicite la clémence royale en leur faveur. Il assure l'archevêque de son soutien total si toute espérance de les ramener à la raison est perdue. La lettre est signée Louis.
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327
p. 599-604
« Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
Début :
Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...]
Mots clefs :
Concert, Cardinal de Fleury, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
E premier du mois dernier , la Maifon de Na
varre préfenta un cierge au Cardinal de Fleuri
qui en eft Superieur , & M. Choplet , Coadjuteur
du Grand- Maître , fit à S. E. ce compli
-ment ::
MONSEIGNEUR ,
I
La Maison de Navarre , en préfentant ce
Cierge à V. E. vient lui renouveller les afftrances
de fon profond respect & de fa parfaite
foumiffion quelques relevées que foient les dignités
qui environnent votre perfonne , ce n'eft'
Pasig HY
600 MERCURE DE FRANCE.
نم
pas , Monfeigneur , ce qui demande notre plus
< grande venération ; elles font l'éloge & la gloi
re de la main reconnoiffante qui vous en a res
vétu ; l'objet principal de nos hommages font
ces qualités perfonnelles que toute l'Europe
admire en vous , Monfeigneur , cette pieté fincere
, ce zele pour la gloire du Seigneur , ce
parfait defintereffement , cette vigilance pour
la confervation de la perfonne facrée de S. M.
cette attention continuelle à procurer la feli
cité des peuples , cette droiture qui vous a
merité la confiance des Têtes couronnées ,
qui vous rend l'Arbitre de leurs differens . Tous
ces traits , Monseigneur , forment en vous un
Miniftre felon le coeur de Dieu , cheri de fon
Roi , honoré des Souverains , respecté des
Grands , adoré des Peuples ' , auffi pouvons -
nous affurer , Monſeigneur , que votre Ministere
fera un des beaux endroits de l'Hiftoire du
Prince qui nous gouverne aves tant de fageffe
, & que la pofterité ne fe croira heureufe
qu'autant qu'on s'efforcera de vous imiter ;
puiffe le Ciel vous prolonger au delà des bor
nes ordinaires une vie fi précieufe ; nous ne
cefferons de demander à Dieu cette faveur , &
nous le prierons , Monfeigneur , de nous l'accorder
aux dépens même de nos jours .
Le Prince de Montauban , le Duc de Richelieu,
le Duc de Retz & le Marquis de Beringhen ont
été faits Chevaliers de Saint Louis dans une promotion
particuliere que le Roi a faire depuis peu.
M. Henaut de Montigny , Ancien Officier
d'Artillerie , vient d'être nommé à la place de
Lieutenant General Commandant l'Artillerie en
Bretagne , vacante par le decès de M. de Boifricher.
Y IG
MAR S. 1730. 601
Le premier Mars , il y eut un Concert François
au Château des Thuilleries ; on y chanta la
Cantate de Bacchus par M.Burette ; la Dle Petitpas
chanta un Air Italien qui fit beaucoup de
plaifir,& on finit par un Motet de M. de Lalande.
Le même Concert a continué le 8. & le 15. du .
même mois.
Le 25. jour de la Fête de l'Annonciation de la
Vierge , il y eut Concert fpirituel , on y chanta
le Magnificat , Motet de M. du Bouffet ; la Dile
Le Maure chanta feule un petit Motet du même
Auteur qui fut très- applaudi. Le Sr Mayffonaffe,
nouveau Muficien Haute- Conte , chanta pour
la premiere fois feul un Motet qui fit plaifir . Le
Concert fut terminé par le Confitemini , Moter
de M. de Lalande , qui fut très- bien executé.
& dans lequel les Des Erremens , Le Maure &
Petitpas , chanterent differens Recits. Le même
Concert fpirituel doit continuer juſques & compris
le Dimanche de Quasimodo.
Le premier de ce mois , M. Deftouches , Sur-
Intendant de la Mufique du Roi , fit chanter devant
la Reine,aux grands Appartemens, la feconde .
Entrée du Ballet des Elemens , intitulée L'Eau..
La Dlle Erremens chanta le Rôle de Leucofie
& le Sr Guedon , celui d'Arion . Ce Concert fut
terminé par la Cantate de La Mufette , de M..
Clerambaut , chantée par la Dlle Le Maure ..
Le 6. on chanta le troifiéme Acte du même
Ballet ; le Rôle d'Emilie fut chanté par la D lie
Erremens , & celui de Valere par le Sr Dangerville
; i
; ils firent tous les deux beaucoup de plaifir.
Le 8. on executa le dernier Acte , le Rôle de
Pomone fut chanté avec de grands applaudiffe-,
mens par la Dle Le Maure , & les S's Guedon &
Chaffe executerent parfaitement bien ceux de
Hvj Vertumne & de Pan..
602 MERCURE DE FRANCE :
Le is on chanta le Prologue & le premier
Acte de l'Opera d'é qu'on continua le is . par
le fecond & le troiîîéme Acte.
Le 20. & le 22. on chanta le quatriéme & le
cinquiéme Acte du même Opera ; le Rôle d'iffé
fut executé avec fuccès par la Dlle Antier , à la
referve de la derniere Scene du cinquiéme Acte,.
qui fut chantée par la Dle Lenner dont le talent
pour le chant s'accroît tous les jours ; elle avoit.
chanté auparavant le Prologue avec un gout &.
une précifion qui lui attirerent des louanges infinies.
Ces deux Opera ont eu une execution parfaite
; la Reine a eu la bonté d'en marquer fa fatisfaction
à M. Deftouches qui en eft l'Auteur
Le 8. la Lotterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville fut tirée en préfence
du Prevôt des Marchands & des Echevins en la
maniere accoutumée. Le fonds de ce mois s'eft:
trouvé monter à la fomme de 1345062. livres ,.
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus , conformément à la
Lifte generale qui en a été rendue publique.
Le 9. de ce mois on celébra au College Maza-
*in l'Anniverſaire du Cardinal de cu zom , Fondateur
, avec les cerémonies ordinaires ; la Grand'
Meffe fut celebrée par le Grand- Maître , & chantée
par les Ecclefiaftiques du College. Plufieurs
perfonnes de diftinction fe trouverent à co Service.
Le Cardinal de Biffy partit de Paris le 3. de ce
mois pour aller à Rome , & entrer au Conclave
pour l'élection d'un nouveau Pape. Le Cardinal
de Rohan partit le 12. pour le même ſujet.
Le 14. Mars , M. Hallot , Chanoine de l'Eglife
Collegiale du S. Sepulchre de Caën , Profeffeur
Royal d'Eloquence , & Ancien Recteur de
Université , prononça un Difcours public fur la
Naillance
MARS. 1730.
60%
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin , dans la
grande Ecole des Arts , où affifterent M. l'Evê
que de Bayeux & M. de Vaſtan , Intendant de la
Generalité de Caën , avec un grand nombre de
perfonnes de diftinction. Le Difcours fut trèsapplaudi.
Le 17. du mois dernier , M. Lemau de Lajaiffe,
Ancien Officier de la Maifon d'Orleans , & dans
POrdre de S. Lazare , préſenta au Roi une Carte
Generale de la Monarchie & du Militaire de
France , Ancien & Moderne , dont S.. M. parut
très-fatisfaite. C'eft un Ouvrage qu'on pourra
regarder comme unique dans fon efpece &
qui paroît auffi utile & agréable qu'il eft immenfe
; on le grave actuellement avec privilege ;
nous en parlerons plus au long.
>
M. le Pelletier des Forts ayant demandé au Roi
la permiffion de remettre la Charge de Controôleur
General des Finances , S. M. a nommé pour
le remplacer M. Orry , Intendant de Lifle. Le
Roi a donné l'Intendance de Lifle à M. de Granville
, qui étoit Intendant d'Auvergne, & celle- ci
à M. Trudaine , Maître des Requêtes.
Les Députés des Etats d'Artois eurent audience
du Roi , le 19. préfentés par le Prince Charles
de Lorraine , Gouverneur de la Province , &
par M. d'Angervilliers , Miniftre & Secretaire
d'Etat ; ils y furent conduits en la maniere accoutumee
par le Marquis de Dreux , Grand-Maî
tre des Cerémonies , & par M. Defgranges
Maître des Cerémonies. La Députation étoit
compofée de l'Abbé Boiflot , Abbé de Rozieres ,
Grand-Vicaire & Premier Archidiacre du Diocèfe
d'Arras , qui porta la parole , pour le Clergé
, du Comte d'Henu , pour la Nobleffe , & de
M. Goudemez , Avocat & Ancien Echevin de la
Ville d'Arras , pour le Tiers -Etat.
On
604 MERCURE DE FRANCE.
On fera peut- être bien aife de fçavoir que
Charles Houllier , Chaircuitier , à l'Aport de
Paris , attenant la Pantoufle , vend du bon
boudin de S. Germain , de gros cervelas pour
porter en campagne , des langues de moutons
fourrées , de veritables pieds à la Sainte Menoul
, du vrai Jambon de Mayence.
varre préfenta un cierge au Cardinal de Fleuri
qui en eft Superieur , & M. Choplet , Coadjuteur
du Grand- Maître , fit à S. E. ce compli
-ment ::
MONSEIGNEUR ,
I
La Maison de Navarre , en préfentant ce
Cierge à V. E. vient lui renouveller les afftrances
de fon profond respect & de fa parfaite
foumiffion quelques relevées que foient les dignités
qui environnent votre perfonne , ce n'eft'
Pasig HY
600 MERCURE DE FRANCE.
نم
pas , Monfeigneur , ce qui demande notre plus
< grande venération ; elles font l'éloge & la gloi
re de la main reconnoiffante qui vous en a res
vétu ; l'objet principal de nos hommages font
ces qualités perfonnelles que toute l'Europe
admire en vous , Monfeigneur , cette pieté fincere
, ce zele pour la gloire du Seigneur , ce
parfait defintereffement , cette vigilance pour
la confervation de la perfonne facrée de S. M.
cette attention continuelle à procurer la feli
cité des peuples , cette droiture qui vous a
merité la confiance des Têtes couronnées ,
qui vous rend l'Arbitre de leurs differens . Tous
ces traits , Monseigneur , forment en vous un
Miniftre felon le coeur de Dieu , cheri de fon
Roi , honoré des Souverains , respecté des
Grands , adoré des Peuples ' , auffi pouvons -
nous affurer , Monſeigneur , que votre Ministere
fera un des beaux endroits de l'Hiftoire du
Prince qui nous gouverne aves tant de fageffe
, & que la pofterité ne fe croira heureufe
qu'autant qu'on s'efforcera de vous imiter ;
puiffe le Ciel vous prolonger au delà des bor
nes ordinaires une vie fi précieufe ; nous ne
cefferons de demander à Dieu cette faveur , &
nous le prierons , Monfeigneur , de nous l'accorder
aux dépens même de nos jours .
Le Prince de Montauban , le Duc de Richelieu,
le Duc de Retz & le Marquis de Beringhen ont
été faits Chevaliers de Saint Louis dans une promotion
particuliere que le Roi a faire depuis peu.
M. Henaut de Montigny , Ancien Officier
d'Artillerie , vient d'être nommé à la place de
Lieutenant General Commandant l'Artillerie en
Bretagne , vacante par le decès de M. de Boifricher.
Y IG
MAR S. 1730. 601
Le premier Mars , il y eut un Concert François
au Château des Thuilleries ; on y chanta la
Cantate de Bacchus par M.Burette ; la Dle Petitpas
chanta un Air Italien qui fit beaucoup de
plaifir,& on finit par un Motet de M. de Lalande.
Le même Concert a continué le 8. & le 15. du .
même mois.
Le 25. jour de la Fête de l'Annonciation de la
Vierge , il y eut Concert fpirituel , on y chanta
le Magnificat , Motet de M. du Bouffet ; la Dile
Le Maure chanta feule un petit Motet du même
Auteur qui fut très- applaudi. Le Sr Mayffonaffe,
nouveau Muficien Haute- Conte , chanta pour
la premiere fois feul un Motet qui fit plaifir . Le
Concert fut terminé par le Confitemini , Moter
de M. de Lalande , qui fut très- bien executé.
& dans lequel les Des Erremens , Le Maure &
Petitpas , chanterent differens Recits. Le même
Concert fpirituel doit continuer juſques & compris
le Dimanche de Quasimodo.
Le premier de ce mois , M. Deftouches , Sur-
Intendant de la Mufique du Roi , fit chanter devant
la Reine,aux grands Appartemens, la feconde .
Entrée du Ballet des Elemens , intitulée L'Eau..
La Dlle Erremens chanta le Rôle de Leucofie
& le Sr Guedon , celui d'Arion . Ce Concert fut
terminé par la Cantate de La Mufette , de M..
Clerambaut , chantée par la Dlle Le Maure ..
Le 6. on chanta le troifiéme Acte du même
Ballet ; le Rôle d'Emilie fut chanté par la D lie
Erremens , & celui de Valere par le Sr Dangerville
; i
; ils firent tous les deux beaucoup de plaifir.
Le 8. on executa le dernier Acte , le Rôle de
Pomone fut chanté avec de grands applaudiffe-,
mens par la Dle Le Maure , & les S's Guedon &
Chaffe executerent parfaitement bien ceux de
Hvj Vertumne & de Pan..
602 MERCURE DE FRANCE :
Le is on chanta le Prologue & le premier
Acte de l'Opera d'é qu'on continua le is . par
le fecond & le troiîîéme Acte.
Le 20. & le 22. on chanta le quatriéme & le
cinquiéme Acte du même Opera ; le Rôle d'iffé
fut executé avec fuccès par la Dlle Antier , à la
referve de la derniere Scene du cinquiéme Acte,.
qui fut chantée par la Dle Lenner dont le talent
pour le chant s'accroît tous les jours ; elle avoit.
chanté auparavant le Prologue avec un gout &.
une précifion qui lui attirerent des louanges infinies.
Ces deux Opera ont eu une execution parfaite
; la Reine a eu la bonté d'en marquer fa fatisfaction
à M. Deftouches qui en eft l'Auteur
Le 8. la Lotterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville fut tirée en préfence
du Prevôt des Marchands & des Echevins en la
maniere accoutumée. Le fonds de ce mois s'eft:
trouvé monter à la fomme de 1345062. livres ,.
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus , conformément à la
Lifte generale qui en a été rendue publique.
Le 9. de ce mois on celébra au College Maza-
*in l'Anniverſaire du Cardinal de cu zom , Fondateur
, avec les cerémonies ordinaires ; la Grand'
Meffe fut celebrée par le Grand- Maître , & chantée
par les Ecclefiaftiques du College. Plufieurs
perfonnes de diftinction fe trouverent à co Service.
Le Cardinal de Biffy partit de Paris le 3. de ce
mois pour aller à Rome , & entrer au Conclave
pour l'élection d'un nouveau Pape. Le Cardinal
de Rohan partit le 12. pour le même ſujet.
Le 14. Mars , M. Hallot , Chanoine de l'Eglife
Collegiale du S. Sepulchre de Caën , Profeffeur
Royal d'Eloquence , & Ancien Recteur de
Université , prononça un Difcours public fur la
Naillance
MARS. 1730.
60%
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin , dans la
grande Ecole des Arts , où affifterent M. l'Evê
que de Bayeux & M. de Vaſtan , Intendant de la
Generalité de Caën , avec un grand nombre de
perfonnes de diftinction. Le Difcours fut trèsapplaudi.
Le 17. du mois dernier , M. Lemau de Lajaiffe,
Ancien Officier de la Maifon d'Orleans , & dans
POrdre de S. Lazare , préſenta au Roi une Carte
Generale de la Monarchie & du Militaire de
France , Ancien & Moderne , dont S.. M. parut
très-fatisfaite. C'eft un Ouvrage qu'on pourra
regarder comme unique dans fon efpece &
qui paroît auffi utile & agréable qu'il eft immenfe
; on le grave actuellement avec privilege ;
nous en parlerons plus au long.
>
M. le Pelletier des Forts ayant demandé au Roi
la permiffion de remettre la Charge de Controôleur
General des Finances , S. M. a nommé pour
le remplacer M. Orry , Intendant de Lifle. Le
Roi a donné l'Intendance de Lifle à M. de Granville
, qui étoit Intendant d'Auvergne, & celle- ci
à M. Trudaine , Maître des Requêtes.
Les Députés des Etats d'Artois eurent audience
du Roi , le 19. préfentés par le Prince Charles
de Lorraine , Gouverneur de la Province , &
par M. d'Angervilliers , Miniftre & Secretaire
d'Etat ; ils y furent conduits en la maniere accoutumee
par le Marquis de Dreux , Grand-Maî
tre des Cerémonies , & par M. Defgranges
Maître des Cerémonies. La Députation étoit
compofée de l'Abbé Boiflot , Abbé de Rozieres ,
Grand-Vicaire & Premier Archidiacre du Diocèfe
d'Arras , qui porta la parole , pour le Clergé
, du Comte d'Henu , pour la Nobleffe , & de
M. Goudemez , Avocat & Ancien Echevin de la
Ville d'Arras , pour le Tiers -Etat.
On
604 MERCURE DE FRANCE.
On fera peut- être bien aife de fçavoir que
Charles Houllier , Chaircuitier , à l'Aport de
Paris , attenant la Pantoufle , vend du bon
boudin de S. Germain , de gros cervelas pour
porter en campagne , des langues de moutons
fourrées , de veritables pieds à la Sainte Menoul
, du vrai Jambon de Mayence.
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Résumé : « Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
En mars, plusieurs événements marquants ont eu lieu. Le 1er mars, la Maison de Navarre a offert un cierge au Cardinal de Fleury, supérieur de la Maison, et M. Choplet, coadjuteur du Grand-Maître, a renouvelé les marques de respect et de soumission envers le Cardinal. Le texte met en avant les qualités du Cardinal, telles que sa piété sincère, son zèle pour la gloire du Seigneur, son désintéressement, sa vigilance pour la conservation de la personne sacrée du roi, et son attention à la félicité des peuples. Sa droiture lui a valu la confiance des têtes couronnées et le respect des grands. Plusieurs événements culturels et religieux ont également marqué ce mois. Le 1er mars, un concert français a été donné au Château des Tuileries, avec des performances de la cantate de Bacchus par M. Burette et des airs italiens par la demoiselle Petitpas. Le 25 mars, pour la fête de l'Annonciation de la Vierge, des concerts spirituels ont été organisés, avec des motets de M. du Bouffet et M. de Lalande. Des nominations et promotions ont été annoncées, notamment celles du Prince de Montauban, du Duc de Richelieu, du Duc de Retz et du Marquis de Beringhen, faits Chevaliers de Saint Louis. M. Henaut de Montigny a été nommé Lieutenant Général Commandant l'Artillerie en Bretagne. Le 8 mars, la lotterie pour le remboursement des rentes de l'Hôtel de Ville a été tirée en présence du Prévôt des Marchands et des Échevins, avec un fonds de 1 345 062 livres distribuées aux rentiers. Le 9 mars, l'anniversaire du Cardinal de Noailles a été célébré au Collège Mazarin. Les Cardinaux de Bissy et de Rohan sont partis pour Rome afin de participer à l'élection d'un nouveau Pape. Le 14 mars, M. Hallot a prononcé un discours public pour la naissance du Dauphin à l'École des Arts. M. Lemau de Lajaiffe a présenté au roi une carte générale de la monarchie et du militaire de France, ancienne et moderne, qui a été bien accueillie. Des changements dans les charges administratives ont également été annoncés, notamment la nomination de M. Orry comme Contrôleur Général des Finances et de M. de Granville comme Intendant de Lille. Les députés des États d'Artois ont eu audience auprès du roi, présentés par le Prince Charles de Lorraine et M. d'Angervilliers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
328
p. 606-612
A Poitiers, [titre d'après la table]
Début :
Mrs du Corps de Ville de Poitiers qui attendoient avec impatience les ordres de faire éclater leur joye [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Roi, Poitiers, Armes du Roi, Dauphin, Régiment, Compagnie des arts et métiers, Trompette, Devise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Poitiers, [titre d'après la table]
Mrs du Corps deVille de Poitiers qui attendoient
avec impatience les ordres de faire éclater leur joye
à l'heureufe
MAR S. 1736.
607
>
Pheureuſe Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
qui met le comble aux defirs de la France , & rem
plit les voeux de tous les peuples , les reçûrent le
12. Septembre. M. Babinet , Maire , & Mrs. les
Echevins les communiquerent à M. de Bauffan
Intendant de la Province, qui venoit de recevoir
les mêmes ordres , le Te Deum fut indiqué par
M. l'Evêque au 22. & le Feu de joye au même
jour. Mrs du Corps de Ville firent travailler aux
préparatifs d'un Feu dont la décoration repré →
fentoit le Temple de la Felicité. Il étoit à l'Italienne,
à quatre faces , de 18. piés en quarré , &
de 19. d'élevation , terminé par une Plate- forme
couronnée d'un appui de 3. piés de haut. On
voyoit au milieu une Piramide fur fon Piédeſtal
de 22. piés de hauteur , peinte en marbre blanc
& jafpé , ornée dans la bafe d'Armoiries , de
Fleurs de Lys & de Dauphins. Chaque face du
Temple formoit un Arc de Triomphe , orné do
deux colomnes en marbre jafpé fur leurs Piédeftaux
en marbre blanc , le tout d'Ordre Dorique.
Les Bafes & Chapiteaux & les ornemens de
la Frife étoient en or ; le milieu de la Corniche
portoit une figure peinte fur l'appui qui couronnoit
la Plate-forme.
La face du côté de l'Hôtel de Ville repréſentoit
un Arc de Triomphe confacré au Roi , avec
cette Infcription : Regi Major Urbis & Ediles
pofuêre, mife au haut du Piédeſtal de la Piramide
avec les Armes de France. La figure du milieu
repréfentoit la Felicité couronnée de fleurs , une
main appuyée fur une Médaille où étoit peint le
Portrait du Roi , avec l'Infcription : Ludovicus
Decimus Quintus Francia Navarra Rex
ayant dans fon giron des fruits , des fleurs , des
perles , des pierreries & une Bourfe panchée d'ou
Le répandoient des Pieces de Monnoye & des
pierreries.
Los
608 MERCURE DE FRANCE .
Les côtés de l'appui de la Plate-forme étoient
ornés d'efpace en efpace de Feftons pendans de
Aeurs & de fruits , & d'autres de branches d'oliviers.
Au -deffous du Chapiteau de chaque colomne
étoit attaché un Médaillon , avec une Deviſe
en camayeux.
Le corps de la premiere Devife repréſentoit le
Roi fur fon Trône , ayant à fes côtés un jeune
enfant , repréfentant le Dauphin , & pour Inf
cription , ces mots tirés du 131. Pleaume : Filii
tui in aternum fedebunt fuper fedem tuam .
La feconde Devife repréfentoit plufieurs jeunes
Oliviers , avec l'Infcription tirée du Pfeaume 127 .
Sicut novella olivarum .
La troifiéme face étoit dédiée à la Reine , avec
cette Infcription Regina , & les Armes de France
& celles de la Reine.
La figure du milieu repréfentoit Junon couronnée
, tenant un Sceptre d'une main & de l'autre
des Couronnes. Cette Deeffe , qui felon les
Poëtes , diftribuoit les honneurs , les richeffes , la
gloire , &c. & qui préfidoit aux Mariages , paroiffoit
préfenter à Monfeigneur le Dauphin , les
Couronnes qui lui font dues. L'appui de la Plateforme
étoit orné de feftons compofez de Sceptres
& de Couronnes.
La premiere Devife , un Sep de Vigne chargé
de raifins , avec cette Infcription tirée du Pfeaume
127. Sicut vitis abundans . La feconde , un
Grenadier & des Grenades , Felix prole fuâ . Les
deux autres faces étoient dediées à Monfeigneur
le Dauphin , avec l'Infcription , Sereniffimo Delphino
, & les Armes du Dauphin fermées d'une
Couronne de Dauphin à 3. branches.
La figure d'une de ces faces repréfentoit Minerve.
Les côtez de l'Appui étoient ornez de
quatre Médailles de nos Rois , dont Minerve
femblait
MARS. 1730. 809
fembloit tracer à Monfeigneur le Dauphin les
vertus heroiques , la fainteté de S. Louis , la va→
leur d'Henry IV . la juftice de Louis XIII . & la
gloire de Louis le Grand , peintes en Camayeux.
La premiere Devife , un Soleil formant un Parelie
, avec l'Infcription De lumine lucet. La ſeconde
Devife , deux grands Aigles fuivis d'un Aiglon
qui apprend à s'approcher du Soleil . Neque
imbellem progenerant aquila columbam.
La figure du milieu de l'autre face , repréfen
toit Apollon la Lyre à la main & des Livres à fes
pieds , qui comme Dieu des Sciences & des Arts,
femble demander la protection de Monfeigneur
le Dauphin , afin qu'ils fleuriffent à l'avenir comme
ils font fous le regne du Roy. Les côtez de
P'Appui étoient ornez de Feftons , compofez
d'Inftrumens fervant aux Arts Liberaux . La premiere
Devife, un Soleil Levant qui fait éclore ies
Aeurs d'un Parterre , avec cette Infcription , Re-
Treat ortu. La feconde , le Sceptre de France
avec la Fleur de Lys, & ces mots tirez du chapi
tre 48. de la Genefe , Nec auferetur sceptrum
de Juda.
La Compagnie d'Arts & Métiers fut comman
Hêe le 17. & le 20. le Régiment de Milice Bourgeoife
& la Cavalerie , prirent les armes , & le
Corps de Ville fit une nouvelle Ordonnance pour
les Illuminations & la propreté des rues . le 21 .
dès le matin la Cloche de l'Hôtel de Ville fut fonnée
la joye parut de toutes parts , & on entendit
de tous côtez des réjouiffances & des accla
mations generales. fur les 7. heures du foir le
Major de la Milice fit battre aux champs , les
Canons furent tirez , toutes les Cloches fonnerent
, & la Ville fut illuminée .
Le 22 . à 4. heures du matin ou fit une falve
de tous les Canons de la Ville & de nombre de
Boëtes
610 MERCURE DE FRANCE .
1
Boëtes ; les Cloches continuerent de forner , &
tous les peuples manifefterent leur joye par des
acclamations redoublées de Vivé le Roi , vive la
Reine , vive Monfeigneur le Dauphin. Sur les
8. heures les Maire & Echevins , Bourgeois &
Officiers fe rendirent à l'Hôtel de Ville ; ils. y fu
rent reçûs au bruit des acclamations mêlées du
fon des Tambours , Trompettes & Hautbois de
la Ville , & par la Compagnie des Arts & Métiers
en habit de ceremonie.
Le Maire de la Ville , toûjours plein de zele
pour le fervice du Roi , parla avec beaucoup d'éloquence
fur les avantages que la Ville devoit attendre
de la grace particuliere que Dieu vient
d'accorder à la France , &c. Enfuite le Corps de
Ville fe rendit en l'Eglife Cathédrale , precedé
des Gardes de S. A. S. le Prince de Conty , des
Gardes & Gagiftes de l'Hôtel de Ville , vétus de
leurs cafaques , la Compagnie des Arts & Métiers,
les Trompettes & Hautbois de la Ville les préce
doient le Régiment de la Milice Bourgeoife &
la Cavalerie ayant leurs armès hautes bordoient
les rues. La Compagnie des Arts & Métiers entra
avec le Corps de Ville au fon des Tambours
& des Trompettes dans l'Eglife de S. Pierre , dont
le Frontifpice étoit tendu & orné des Armes du
Roi , de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin
en Broderie. Les Murs & les Piliers couverts de
Tapifferies & de Tableaux d'efpace en efpace. Le
Préfidial qui avoit à fa tête M. de Bauffan , Inrendant
& en place de l'autre côté du Corps de
Ville. M. de Foudras , Coadjuteur , officia pontificalement
au Te Deum chanté en Mufique au
bruit de differentes falves de Canons & de Boëtes,
auquel M. l'Evêque affifta . Le Régiment de Richelieu
, qui étoit en bataille fur la Place près de
Eglife, y répondit par trois décharges de Mouf
queterie
MARS. 1730. 611
queterie , & tous les Habitans par les démonftrations
d'une grande joye. Le Corps de Ville fut
régalé fplendidement à dîner avec plufieurs autres
perfonnes de diftinction chez le Maire.
:
Sur les 6. heures , les Maire , Echevins , Bourgeois
& Officiers du Corps de Ville , ſe rendirent
en l'Hôtel de Ville qui étoit illuminé en dedans
& en dehors par des Flambeaux , Bougies , Lampions
& Luftres on avoit placé à la principale.
porte de l'Hôtel de Ville & dans les Cours , plufeurs
Fontaines de vin qui coulerent tout le jour,
ainfi que celles qu'on avoit établies aux quatre
Avenues de la Place Royale & à l'Hôtel de M. le
Maire.Ledeffus de la potte de l'Hôtel deVille étoit
couvert d'un grand nombre deFlambeaux , Bougies
& Lampions, qui formoient lesArmes du Roi , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin.
A 7. heures , M. l'Intendant fe rendit à l'Hôtel
de Ville; le Major fit défiler le Régiment par
Compagnies , qui fe mit en bataille fur la Place
Royale , du côté droit qu'occupoit la Cavalerie
les deux Bataillons du Régiment de Richelieu .
étoient en bataille de l'autre côté , M. de Bauffan
à la droite de M. le Maire & le Corps de Ville ,
fe rendirent à la Place Royale , précedez des Gardes
, &c. les Trompettes & Hautbois , avec la
Compagnie des Arts & Métiers , les Maffiers &
Portiers La Compagnie des Arts & Métiers fit .
P'enceinte du Feu ; M. l'Intendant & le Corps de
Ville en firent trois fois le tour. Les Gardes de
PHôtel de Ville prefenterent des Flambeaux à
M. l'Intendant , à M. le Maire , à M. le Lieutenant
Colonel du Régiment de Richelieu , à
Mrs Poignand de Lorgere & Forien, plus anciens
Pairs & Echevins ; ils allumerent le Feu , au bruit
des Canons , des Tambours Hautbois & Trompettes
. M. l'Intendant & Mrs de l'Hôtel de Ville
Le
612 MERCURE
DE FRANCE
.
fe rendirent au Logis de M. Rigoumier, Echevin,
LaSymphonie étoit placée fur un desAmphithéatres
qu'on avoit fait conftruire autour de la Place
Royale. Le devant du Logis de M. Rigoumier
étoit illuminé de Flambeaux , Bougies & Lampions
, qui par leurs difpofitions repréfentoient
les Armes du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin ; Madame l'Intendante , accompagnée
d'un grand nombre de Dames de
condition , s'y étoit rendue , Mrs de Ville leur
frent fervir quantité de Rafraîchiffemens & les
régalerent d'uneSymphonie à laquelle répondirent
les Trompettes , Fifres & Tambours. Le Feu
d'artifice commença fur les 7. heures & demie
& fut varié par differentes figures , d'une grande
quantité de Gerbes , de Flambeaux , de Pots à
Feu , de Soleils , & de tout ce que l'art peut inventer
; un prodigieux mêlange de Fufées de
toutes efpeces partoient continuellement de ce
Feu, qui dura près de 2. heures pendant lefquelles
il fut fait trois décharges de l'Artillerie . Après
le Feu, M.le Maire , toûjours animé de la même
ardeur donna un magnifique foupé au Corps de
Ville & aux Officiers de la Milice Bourgeoife; les
Officiers du Régiment de Richelieu & plufieurs
perfonnes de confideration refterent chez M. l'Intendant
, qui fit fervir plufieurs tables , avec´autant
de gout que de magnificence , &c. Les Habitans
commencerent leurs Illuminations auffi-
τότ que l'artifice eut été tiré , les ruës furent remplies
de feux , toutes les fenêtres couvertes de
Lampions & d'autres lumieres ; les rues pleines
d'un Peuple infini retentirent pendant toute la
nuit de cris d'allegreffe.
avec impatience les ordres de faire éclater leur joye
à l'heureufe
MAR S. 1736.
607
>
Pheureuſe Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
qui met le comble aux defirs de la France , & rem
plit les voeux de tous les peuples , les reçûrent le
12. Septembre. M. Babinet , Maire , & Mrs. les
Echevins les communiquerent à M. de Bauffan
Intendant de la Province, qui venoit de recevoir
les mêmes ordres , le Te Deum fut indiqué par
M. l'Evêque au 22. & le Feu de joye au même
jour. Mrs du Corps de Ville firent travailler aux
préparatifs d'un Feu dont la décoration repré →
fentoit le Temple de la Felicité. Il étoit à l'Italienne,
à quatre faces , de 18. piés en quarré , &
de 19. d'élevation , terminé par une Plate- forme
couronnée d'un appui de 3. piés de haut. On
voyoit au milieu une Piramide fur fon Piédeſtal
de 22. piés de hauteur , peinte en marbre blanc
& jafpé , ornée dans la bafe d'Armoiries , de
Fleurs de Lys & de Dauphins. Chaque face du
Temple formoit un Arc de Triomphe , orné do
deux colomnes en marbre jafpé fur leurs Piédeftaux
en marbre blanc , le tout d'Ordre Dorique.
Les Bafes & Chapiteaux & les ornemens de
la Frife étoient en or ; le milieu de la Corniche
portoit une figure peinte fur l'appui qui couronnoit
la Plate-forme.
La face du côté de l'Hôtel de Ville repréſentoit
un Arc de Triomphe confacré au Roi , avec
cette Infcription : Regi Major Urbis & Ediles
pofuêre, mife au haut du Piédeſtal de la Piramide
avec les Armes de France. La figure du milieu
repréfentoit la Felicité couronnée de fleurs , une
main appuyée fur une Médaille où étoit peint le
Portrait du Roi , avec l'Infcription : Ludovicus
Decimus Quintus Francia Navarra Rex
ayant dans fon giron des fruits , des fleurs , des
perles , des pierreries & une Bourfe panchée d'ou
Le répandoient des Pieces de Monnoye & des
pierreries.
Los
608 MERCURE DE FRANCE .
Les côtés de l'appui de la Plate-forme étoient
ornés d'efpace en efpace de Feftons pendans de
Aeurs & de fruits , & d'autres de branches d'oliviers.
Au -deffous du Chapiteau de chaque colomne
étoit attaché un Médaillon , avec une Deviſe
en camayeux.
Le corps de la premiere Devife repréſentoit le
Roi fur fon Trône , ayant à fes côtés un jeune
enfant , repréfentant le Dauphin , & pour Inf
cription , ces mots tirés du 131. Pleaume : Filii
tui in aternum fedebunt fuper fedem tuam .
La feconde Devife repréfentoit plufieurs jeunes
Oliviers , avec l'Infcription tirée du Pfeaume 127 .
Sicut novella olivarum .
La troifiéme face étoit dédiée à la Reine , avec
cette Infcription Regina , & les Armes de France
& celles de la Reine.
La figure du milieu repréfentoit Junon couronnée
, tenant un Sceptre d'une main & de l'autre
des Couronnes. Cette Deeffe , qui felon les
Poëtes , diftribuoit les honneurs , les richeffes , la
gloire , &c. & qui préfidoit aux Mariages , paroiffoit
préfenter à Monfeigneur le Dauphin , les
Couronnes qui lui font dues. L'appui de la Plateforme
étoit orné de feftons compofez de Sceptres
& de Couronnes.
La premiere Devife , un Sep de Vigne chargé
de raifins , avec cette Infcription tirée du Pfeaume
127. Sicut vitis abundans . La feconde , un
Grenadier & des Grenades , Felix prole fuâ . Les
deux autres faces étoient dediées à Monfeigneur
le Dauphin , avec l'Infcription , Sereniffimo Delphino
, & les Armes du Dauphin fermées d'une
Couronne de Dauphin à 3. branches.
La figure d'une de ces faces repréfentoit Minerve.
Les côtez de l'Appui étoient ornez de
quatre Médailles de nos Rois , dont Minerve
femblait
MARS. 1730. 809
fembloit tracer à Monfeigneur le Dauphin les
vertus heroiques , la fainteté de S. Louis , la va→
leur d'Henry IV . la juftice de Louis XIII . & la
gloire de Louis le Grand , peintes en Camayeux.
La premiere Devife , un Soleil formant un Parelie
, avec l'Infcription De lumine lucet. La ſeconde
Devife , deux grands Aigles fuivis d'un Aiglon
qui apprend à s'approcher du Soleil . Neque
imbellem progenerant aquila columbam.
La figure du milieu de l'autre face , repréfen
toit Apollon la Lyre à la main & des Livres à fes
pieds , qui comme Dieu des Sciences & des Arts,
femble demander la protection de Monfeigneur
le Dauphin , afin qu'ils fleuriffent à l'avenir comme
ils font fous le regne du Roy. Les côtez de
P'Appui étoient ornez de Feftons , compofez
d'Inftrumens fervant aux Arts Liberaux . La premiere
Devife, un Soleil Levant qui fait éclore ies
Aeurs d'un Parterre , avec cette Infcription , Re-
Treat ortu. La feconde , le Sceptre de France
avec la Fleur de Lys, & ces mots tirez du chapi
tre 48. de la Genefe , Nec auferetur sceptrum
de Juda.
La Compagnie d'Arts & Métiers fut comman
Hêe le 17. & le 20. le Régiment de Milice Bourgeoife
& la Cavalerie , prirent les armes , & le
Corps de Ville fit une nouvelle Ordonnance pour
les Illuminations & la propreté des rues . le 21 .
dès le matin la Cloche de l'Hôtel de Ville fut fonnée
la joye parut de toutes parts , & on entendit
de tous côtez des réjouiffances & des accla
mations generales. fur les 7. heures du foir le
Major de la Milice fit battre aux champs , les
Canons furent tirez , toutes les Cloches fonnerent
, & la Ville fut illuminée .
Le 22 . à 4. heures du matin ou fit une falve
de tous les Canons de la Ville & de nombre de
Boëtes
610 MERCURE DE FRANCE .
1
Boëtes ; les Cloches continuerent de forner , &
tous les peuples manifefterent leur joye par des
acclamations redoublées de Vivé le Roi , vive la
Reine , vive Monfeigneur le Dauphin. Sur les
8. heures les Maire & Echevins , Bourgeois &
Officiers fe rendirent à l'Hôtel de Ville ; ils. y fu
rent reçûs au bruit des acclamations mêlées du
fon des Tambours , Trompettes & Hautbois de
la Ville , & par la Compagnie des Arts & Métiers
en habit de ceremonie.
Le Maire de la Ville , toûjours plein de zele
pour le fervice du Roi , parla avec beaucoup d'éloquence
fur les avantages que la Ville devoit attendre
de la grace particuliere que Dieu vient
d'accorder à la France , &c. Enfuite le Corps de
Ville fe rendit en l'Eglife Cathédrale , precedé
des Gardes de S. A. S. le Prince de Conty , des
Gardes & Gagiftes de l'Hôtel de Ville , vétus de
leurs cafaques , la Compagnie des Arts & Métiers,
les Trompettes & Hautbois de la Ville les préce
doient le Régiment de la Milice Bourgeoife &
la Cavalerie ayant leurs armès hautes bordoient
les rues. La Compagnie des Arts & Métiers entra
avec le Corps de Ville au fon des Tambours
& des Trompettes dans l'Eglife de S. Pierre , dont
le Frontifpice étoit tendu & orné des Armes du
Roi , de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin
en Broderie. Les Murs & les Piliers couverts de
Tapifferies & de Tableaux d'efpace en efpace. Le
Préfidial qui avoit à fa tête M. de Bauffan , Inrendant
& en place de l'autre côté du Corps de
Ville. M. de Foudras , Coadjuteur , officia pontificalement
au Te Deum chanté en Mufique au
bruit de differentes falves de Canons & de Boëtes,
auquel M. l'Evêque affifta . Le Régiment de Richelieu
, qui étoit en bataille fur la Place près de
Eglife, y répondit par trois décharges de Mouf
queterie
MARS. 1730. 611
queterie , & tous les Habitans par les démonftrations
d'une grande joye. Le Corps de Ville fut
régalé fplendidement à dîner avec plufieurs autres
perfonnes de diftinction chez le Maire.
:
Sur les 6. heures , les Maire , Echevins , Bourgeois
& Officiers du Corps de Ville , ſe rendirent
en l'Hôtel de Ville qui étoit illuminé en dedans
& en dehors par des Flambeaux , Bougies , Lampions
& Luftres on avoit placé à la principale.
porte de l'Hôtel de Ville & dans les Cours , plufeurs
Fontaines de vin qui coulerent tout le jour,
ainfi que celles qu'on avoit établies aux quatre
Avenues de la Place Royale & à l'Hôtel de M. le
Maire.Ledeffus de la potte de l'Hôtel deVille étoit
couvert d'un grand nombre deFlambeaux , Bougies
& Lampions, qui formoient lesArmes du Roi , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin.
A 7. heures , M. l'Intendant fe rendit à l'Hôtel
de Ville; le Major fit défiler le Régiment par
Compagnies , qui fe mit en bataille fur la Place
Royale , du côté droit qu'occupoit la Cavalerie
les deux Bataillons du Régiment de Richelieu .
étoient en bataille de l'autre côté , M. de Bauffan
à la droite de M. le Maire & le Corps de Ville ,
fe rendirent à la Place Royale , précedez des Gardes
, &c. les Trompettes & Hautbois , avec la
Compagnie des Arts & Métiers , les Maffiers &
Portiers La Compagnie des Arts & Métiers fit .
P'enceinte du Feu ; M. l'Intendant & le Corps de
Ville en firent trois fois le tour. Les Gardes de
PHôtel de Ville prefenterent des Flambeaux à
M. l'Intendant , à M. le Maire , à M. le Lieutenant
Colonel du Régiment de Richelieu , à
Mrs Poignand de Lorgere & Forien, plus anciens
Pairs & Echevins ; ils allumerent le Feu , au bruit
des Canons , des Tambours Hautbois & Trompettes
. M. l'Intendant & Mrs de l'Hôtel de Ville
Le
612 MERCURE
DE FRANCE
.
fe rendirent au Logis de M. Rigoumier, Echevin,
LaSymphonie étoit placée fur un desAmphithéatres
qu'on avoit fait conftruire autour de la Place
Royale. Le devant du Logis de M. Rigoumier
étoit illuminé de Flambeaux , Bougies & Lampions
, qui par leurs difpofitions repréfentoient
les Armes du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin ; Madame l'Intendante , accompagnée
d'un grand nombre de Dames de
condition , s'y étoit rendue , Mrs de Ville leur
frent fervir quantité de Rafraîchiffemens & les
régalerent d'uneSymphonie à laquelle répondirent
les Trompettes , Fifres & Tambours. Le Feu
d'artifice commença fur les 7. heures & demie
& fut varié par differentes figures , d'une grande
quantité de Gerbes , de Flambeaux , de Pots à
Feu , de Soleils , & de tout ce que l'art peut inventer
; un prodigieux mêlange de Fufées de
toutes efpeces partoient continuellement de ce
Feu, qui dura près de 2. heures pendant lefquelles
il fut fait trois décharges de l'Artillerie . Après
le Feu, M.le Maire , toûjours animé de la même
ardeur donna un magnifique foupé au Corps de
Ville & aux Officiers de la Milice Bourgeoife; les
Officiers du Régiment de Richelieu & plufieurs
perfonnes de confideration refterent chez M. l'Intendant
, qui fit fervir plufieurs tables , avec´autant
de gout que de magnificence , &c. Les Habitans
commencerent leurs Illuminations auffi-
τότ que l'artifice eut été tiré , les ruës furent remplies
de feux , toutes les fenêtres couvertes de
Lampions & d'autres lumieres ; les rues pleines
d'un Peuple infini retentirent pendant toute la
nuit de cris d'allegreffe.
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Résumé : A Poitiers, [titre d'après la table]
En septembre 1736, Poitiers a célébré la naissance du Dauphin avec des festivités organisées par les autorités locales, dirigées par M. Babinet, Maire, et les Échevins, ainsi que M. de Bauffremont, Intendant de la Province. Les célébrations ont culminé le 22 septembre avec un Te Deum et un feu de joie. Le Corps de Ville a préparé un feu d'artifice sous la forme d'un Temple de la Félicité, mesurant 18 pieds de côté et 19 pieds de hauteur, orné de colonnes, de fleurs de lys et de dauphins. Chaque face du temple représentait un arc de triomphe avec des inscriptions et des figures symboliques. Les préparatifs incluaient des illuminations et des festivités publiques. Le 21 septembre, la cloche de l'Hôtel de Ville a sonné, annonçant les réjouissances. Le 22 septembre, une salve de canons et des acclamations ont marqué la journée. Le Maire et les Échevins se sont rendus à l'église cathédrale pour le Te Deum, accompagnés par diverses compagnies militaires et civiles. Après la cérémonie, un dîner somptueux a été offert aux membres du Corps de Ville. En soirée, un feu d'artifice a été tiré sur la Place Royale, précédé d'une procession incluant l'Intendant et les autorités locales. Le spectacle pyrotechnique a duré près de deux heures, accompagné de décharges d'artillerie. Après le feu d'artifice, le Maire a offert un souper aux membres du Corps de Ville et aux officiers. Les habitants ont illuminé leurs fenêtres et les rues, célébrant toute la nuit avec des cris de joie.
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329
p. 613-615
MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Début :
Jean-Pierre Moret de Bourchenu, Marquis de Valbonnays, Seigneur de Peyre, Saint Jean [...]
Mots clefs :
Lieutenant, Roi, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
MORTS , NAISSANCES
& Mariages.
Ean- Pierre Moret de Bourchenu , Marquis de
Valbonnays , Seigneur de Peyre , Saint Jean
d'Octaveon , &c. Premier Preſident de la Chambre
des Comtes de Dauphiné , mourut à Grenoble
le 2. de ce mois , dans la 79e année de fon
age , étant né le 25. Juin 1651 .
Dame Marie Mallet , veuve de M. Gedeon
du Metz , Chevalier , Comte de Rofnay, Vicomte
de Perrian , Seigneur de Rance , Corbeil , Chalette
, Courcelles , &c. Confeiller du Roi en fes
Confeils , Prefident en la Chambre des Comptes
à Paris , Intendant & Contrôleur General des
Meubles de la Couronne , decedée le 4. Mars ,
en la 84° année de fon âge.
>
Dame Françoife Paparel , Epoufe de Mre Philippes-
Charles de la Fare , Chevalier de l'Ordre
de la Toifon d'or , Gouverneur des Villes &
Château d'Alais & Pays des Sevenes Maréchal
des Camps & Armées du Roi , Lieute
nant General & Commandant dans la Province
du Languedoc , mourut en cette Ville le 7. de
ce mois , âgée de 34. ans.
Charles-Louis Lallemant , Chevalier , Comte
de Lerignan , mourut le 18. Fevrier , âgé de
73. ans.
(
Le 20. Henry Bouchay d'Orsay , Chevalier
de l'Ordre Militaire de S. Louis , Brigadier des
Armées du Roi , Premier Capitaine des Grenadiers
du Régiment des Gardes Françoifes , mourut
à Paris , âgé de 49. ans. Sa Compagnie a été
donnéc
614 MERCURE DE FRANCE.
donnée à M. d'Herbouville , Capitaine dans le
même Régiment. M. de Boiffin , Premier Lieutenant
à monter & Ayde-Major , a eû la Compagnie
de ce dernier. M. de Gravelle , Lieutenant,
a obtenu l'Ayde- Majorité , & M. de Vaudreuil a
eû la Lieutenance de M. de Graville.
Dame Marguerite-Françoiſe Joffan , Epouſe
de François-Louis Martial , Comte Defmoutiers
de Merinville , Capitaine-Lieutenant des Gendarmes
de la Reine , accoucha le 26. Fevrier d'une
fille , qui fut nommée Jeanne,
-
Dame-Claude Louife de Lory , Epoufe de
Charles de Marteliere, Ecuyer, Seigneur de Chancey-
la-Corte , Orfeville , Vaux , Motteux , &c.
ancien Gouverneur pour le Roi de la Ville de
Langres , Confeiller , Secretaire du Roi , Maiſon,
Couronne de France & de fes Finances , accoucha
le 28. du même mois d'une fille , qui fut tenuë
fur les Fonts & nommée Marie -Louife-Charlotte
, par Guillaume-Charles le Févre , Seigneur,
de la Valette , Biars , la Salle , S. Remy , &c.
Gentilhomme Ordinaire de Madame la Dauphine
de Savoye, & par D.Marie- Marguerite Lhorte
Beaulieu , Epoufe d'Auguftin- Antoine Picart de
Mauny , Confeiller du Roi en fes Confeils , Maître
Ordinaire en fa Chambre des Comptes.
La nuit du 6. au 7. du mois dernier , Louis de
Bouchet , Comte de Montforeau , Marquis de
Sourches &c. Grand- Prevôt de France , époufa
Charlotte Antoinette de Gontaut de Biron , fille
de Charles Armand de Gontaut , Duc de Biron ,
Lieutenant General des Armées du Roi & Gouverneur
de Landau , & de Marie Antoinette de
Bautru-Nogent.
`Jacques Tanneguy le Veneur , Marquis de Til..
lieres™
MARS. 1730. 615
lieres , Sous-Lieutenant des Chevaux - Legers &
Gendarmes de la Reine , fils du Comte de Tillie
res , Brigadier des Armées du Roi , & de D. Michelle
Gabrielle Dugué de Bagnoles , époufa le
13. Mars Dile Michelle Julie Francoife d'Aubeterre
, fille de Louis- Pierre-Jofeph Bouchar d'Efparbes
de Luffan , d'Aubeterre , Comte de Jonfac
&c. Capitaine- Lieutenant des Gendarmes de
Monfeigneur le Dauphin, Lieutenant General des
Provinces de Saintonge & Angoumois, & de feuë
Dame Françoiſe-Marie Henault ; la celebration
du mariage fut faite par l'Archevêque de Tours
& Mariages.
Ean- Pierre Moret de Bourchenu , Marquis de
Valbonnays , Seigneur de Peyre , Saint Jean
d'Octaveon , &c. Premier Preſident de la Chambre
des Comtes de Dauphiné , mourut à Grenoble
le 2. de ce mois , dans la 79e année de fon
age , étant né le 25. Juin 1651 .
Dame Marie Mallet , veuve de M. Gedeon
du Metz , Chevalier , Comte de Rofnay, Vicomte
de Perrian , Seigneur de Rance , Corbeil , Chalette
, Courcelles , &c. Confeiller du Roi en fes
Confeils , Prefident en la Chambre des Comptes
à Paris , Intendant & Contrôleur General des
Meubles de la Couronne , decedée le 4. Mars ,
en la 84° année de fon âge.
>
Dame Françoife Paparel , Epoufe de Mre Philippes-
Charles de la Fare , Chevalier de l'Ordre
de la Toifon d'or , Gouverneur des Villes &
Château d'Alais & Pays des Sevenes Maréchal
des Camps & Armées du Roi , Lieute
nant General & Commandant dans la Province
du Languedoc , mourut en cette Ville le 7. de
ce mois , âgée de 34. ans.
Charles-Louis Lallemant , Chevalier , Comte
de Lerignan , mourut le 18. Fevrier , âgé de
73. ans.
(
Le 20. Henry Bouchay d'Orsay , Chevalier
de l'Ordre Militaire de S. Louis , Brigadier des
Armées du Roi , Premier Capitaine des Grenadiers
du Régiment des Gardes Françoifes , mourut
à Paris , âgé de 49. ans. Sa Compagnie a été
donnéc
614 MERCURE DE FRANCE.
donnée à M. d'Herbouville , Capitaine dans le
même Régiment. M. de Boiffin , Premier Lieutenant
à monter & Ayde-Major , a eû la Compagnie
de ce dernier. M. de Gravelle , Lieutenant,
a obtenu l'Ayde- Majorité , & M. de Vaudreuil a
eû la Lieutenance de M. de Graville.
Dame Marguerite-Françoiſe Joffan , Epouſe
de François-Louis Martial , Comte Defmoutiers
de Merinville , Capitaine-Lieutenant des Gendarmes
de la Reine , accoucha le 26. Fevrier d'une
fille , qui fut nommée Jeanne,
-
Dame-Claude Louife de Lory , Epoufe de
Charles de Marteliere, Ecuyer, Seigneur de Chancey-
la-Corte , Orfeville , Vaux , Motteux , &c.
ancien Gouverneur pour le Roi de la Ville de
Langres , Confeiller , Secretaire du Roi , Maiſon,
Couronne de France & de fes Finances , accoucha
le 28. du même mois d'une fille , qui fut tenuë
fur les Fonts & nommée Marie -Louife-Charlotte
, par Guillaume-Charles le Févre , Seigneur,
de la Valette , Biars , la Salle , S. Remy , &c.
Gentilhomme Ordinaire de Madame la Dauphine
de Savoye, & par D.Marie- Marguerite Lhorte
Beaulieu , Epoufe d'Auguftin- Antoine Picart de
Mauny , Confeiller du Roi en fes Confeils , Maître
Ordinaire en fa Chambre des Comptes.
La nuit du 6. au 7. du mois dernier , Louis de
Bouchet , Comte de Montforeau , Marquis de
Sourches &c. Grand- Prevôt de France , époufa
Charlotte Antoinette de Gontaut de Biron , fille
de Charles Armand de Gontaut , Duc de Biron ,
Lieutenant General des Armées du Roi & Gouverneur
de Landau , & de Marie Antoinette de
Bautru-Nogent.
`Jacques Tanneguy le Veneur , Marquis de Til..
lieres™
MARS. 1730. 615
lieres , Sous-Lieutenant des Chevaux - Legers &
Gendarmes de la Reine , fils du Comte de Tillie
res , Brigadier des Armées du Roi , & de D. Michelle
Gabrielle Dugué de Bagnoles , époufa le
13. Mars Dile Michelle Julie Francoife d'Aubeterre
, fille de Louis- Pierre-Jofeph Bouchar d'Efparbes
de Luffan , d'Aubeterre , Comte de Jonfac
&c. Capitaine- Lieutenant des Gendarmes de
Monfeigneur le Dauphin, Lieutenant General des
Provinces de Saintonge & Angoumois, & de feuë
Dame Françoiſe-Marie Henault ; la celebration
du mariage fut faite par l'Archevêque de Tours
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
En mars 1730, plusieurs événements marquants ont eu lieu au sein de l'aristocratie française. Le 2 mars, Ean-Pierre Moret de Bourchenu, Marquis de Valbonnays et Premier Président de la Chambre des Comptes de Dauphiné, est décédé à Grenoble à l'âge de 79 ans. Dame Marie Mallet, veuve de M. Gedeon du Metz, Chevalier et Comte de Rosnay, est décédée le 4 mars à l'âge de 84 ans. Dame Françoise Paparel, épouse de M. Philippe-Charles de la Fare, Gouverneur des Villes et Château d'Alais, est décédée à l'âge de 34 ans. Charles-Louis Lallemant, Chevalier et Comte de Lerignan, est décédé le 18 février à l'âge de 73 ans. Henry Bouchay d'Orsay, Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis, est décédé à Paris à l'âge de 49 ans. Des naissances ont également été enregistrées. Dame Marguerite-Françoise Joffan, épouse de François-Louis Martial, Comte Desmoutiers de Merinville, a donné naissance à une fille nommée Jeanne le 26 février. Dame Claude Louise de Lory, épouse de Charles de Martelière, ancien Gouverneur de la Ville de Langres, a accouché d'une fille nommée Marie-Louise-Charlotte le 28 février. Des mariages ont eu lieu, notamment celui de Louis de Bouchet, Comte de Montforeau, avec Charlotte Antoinette de Gontaut de Biron le 7 mars, et celui de Jacques Tanneguy le Veneur, Marquis de Tillières, avec Diane Michelle Julie Françoise d'Aubeterre le 13 mars.
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330
p. 615-634
ARREST, ORDONNANCE, &c.
Début :
Louis, par la grace de Dieu, Roi de France, &c. Salut. Notre amé & féal Alexandre Prevôt [...]
Mots clefs :
Arrêts, Ordonnance, Roi, Compagnie des Indes, Procureur général, Expédition, Droits, Syndics, Actions, Parlement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARREST, ORDONNANCE, &c.
ARRESTS ,
ORDONNANCE , & c.
Ouis, par la grace de Dieu , Roi de France ;
Louis,par &c. Salut. Notre amé & féal Alexandre Prevêt
, Chevalier , Seigneur de Gagemon , ancien
Capitaine au Regiment de Dragons d'Orleans , &
Chevalier de l'Ordre militaire de S. Louis , nous
a très-humblement fait expofer, qu'ayant l'honneur
d'appartenir , à titre de coufin , à deffunte
notre très-chere & très-amée coufine , Madame
Eleonore , Ducheffe de Brunfvik- Lunebourg ,
Ayeule maternelle de notre-très cher frere le
Roi de la Grande Bretagne , & de notre trèschere
Soeur la Reine de Pruffe , auxquels , comme
heritiers de cette Princeffe , la Terre & Seigneurie
d'Ollebreufe , fituée dans notre Royaume,
au Pays d'Aunis , appartient aujourd'hui ;
c'eft par cette confideration , & pour remettre ladite
Terre d'Ollebreufe dans la famille de cette
Princeffe , qu'il a plû à notre très- cher frere le
Į Roi
66 MERCURE DE FRANCE .
1
>
Roi de la Grande Bretagne & à notre très- chere
Sour la Reine de Pruffe, d'en faire don à l'expofant
par deux Brevets fignés de leurs mains , l'un
datté au Palais de Saint James le Novembre
1728. & l'autre à Berlin le 14.Decembre fuivant;
mais l'Expofant ne pouvant profiter de cette liberalité
, ni l'accepter fans notre permiffion , nous
avons bien voulu la lui accorder , ainſi qu'il eſt
justifié par la lettre de M. le Garde des Sceaux ,
& Secretaire d'Etat , dattée à Compiegne le 20,
May de la prefente année 1729, en confequence
de laquelle l'Expofant ayant accepté ladite Terre
d'Ollebreufe , après que les Miniftres de notre
très-cher frere le Roi de la Grande Bretagne ,
& de notre très - chere Soeur la Reine de Pruffe
ont eu depofé lefdits Brevets de don , chez le
Prevôt , Notaires à Paris , il nous a preſenté ſa
Requête, tendante à ce qu'il nous plût approuver
& confirmer ladite acception , à laquelle Requête
ayant joint l'expedition de ladite acceptation &
defdits Brevets de don ; enſemble les Lettres originales
à lui écrites par deffunte notre très - chere
& très-amée coufine , Madame Eleonore Ducheffe
de Brunfvik- Lunebourg , par lesquelles elle
a reconnu & qualifié l'Expofant , fon coufin , &
autres pieces juftificatives. Nous , par l'Arrêt de
notre Confeil d'Etat , rendu , Nous y étant , le
17. Septembre de la prefente année 1729. approuvant
& confirmant le don fait de ladite Terre ·
Olebreufe à l'Expofant par lefdits Brevets de
don , lui avons permis de prendre poffeffion de
ladite Terre , pour en jouir en toute proprieté &
en percevoir les fruits & revenus , tant ceux échus
pendant l'année 1728. & la prefente , que ceux
qui échoiront à l'avenir , avec deffenfes de le troubier
, fes heritiers ou ayans caufe , dans ladite
proprieté , poffeffion & joüiffance , & ordonne
que
MARS. . 1730. 617
-
que fur ledit Arrêt toutes Lettres Patentes ne
ceffaires feroient expediées , lesquelles Lettres
l'Expofant nous a fupplié de lui accorder ; &
voulant le traitter favorablement, en confideration
de la memoire de deffunte notre très chere &
très amée coufine , Madame Eleonore Ducheffe
de Brunfvik-Lunebourg , à laquelle il avoit l'honneur
d'apartenir,à titre de coufin , & des fervices
qu'il nous a rendus en qualité de Capitaine dans
le Regiment de Dragons d'Orleans. A ces cauſes,
de l'avis de notre Confeil , & conformément
l'Arrêt d'icelui , dudit jour 17. Septembre 1729.
ci attaché fous le contrefcel de notre Chancellerie
, Nous , par ces prefentes fignées de notre
main , en approuvant & confirmant le don fait
à l'Expofant de ladite Terre d'Ollebreuſe , par
lefdits Brevets des Novembre & quatorze Decembre
1728. avons permis & permettons audit
Expofant de prendre poffeffion de ladite Terre ,
pour en jouir en toute proprieté , & en percevoir
les fruits & revenus tant ceux échus pendant
l'année 1728. & la prefente , que ceux qui échoiront
à l'avenir ; faifons deffenfes de troubler ledit
Expofant , fes heritiers ou ayans cauſe dans
ladite propriecé , poffeffion & jouillance : Si vous
mandons que ces prefentes vous ayez à faire enregiftrer
, & du contenu en icelles faire jouir &
ufer ledit Expofant pleinement & paiſiblement
nonobftant tous Edits , Declarations & autres
difpofitions à ce contraires , auxquelles nous
avons, en tant que de befoin, derogé & derogeons
ces prefentes ; car tel eſt notre plaifir . Donné
a Verfailles & c .
par
>
Tout ce qui eft énoncé dans l'Acte ci- deffus
établit pour M M. Prevôt , fortis d'une très-ancienne
nobleffe , une illuftration qui eft unique.
Mlle d'Ollebreuſe , devenue Ducheffe de Brunf
I ij
wik
9
618 MERCURE DE FRANCE.
vik , a reporté dans fa famille avec la Terre &
Seigneurie d'Ollebreufe , le prix de la vertu &
de fes grandes & rares qualités , elle les a decorées
d'une alliance affez étroite avec deux Maifons
fouveraines , qui par le progrès d'un fang
déja affermi fur tant de Trônes , affure encore
pour la fuite une pofterité Royale des plus nombreufes
, & le fils de M. Alexandre Prevoft , Seigneur
de Gagemon , âgé de treize à quatorze
ans , élevé parmi ces grands avantages de fa Maifon
, & aujourd'hui Seigneur d'Ollebreuſe , peut
concevoir pour lui & pour les fiens l'efperance
d'apartenir un jour à la plus grande partie des
Puiffances de l'Europe.
M. Louis Armand Prevoft , Marquis de l'Etoriere
, Meftre de Camp d'Infanterie , Chevalier
de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis , a été
fondé d'une procuration fpeciale de M. Alexandre
Prevoft , Seigneur de Gagemon ; en vertu
de laquelle , & conjointement avec M. Jean Reck,
Envoyé du Roi d'Angleterre , Electeur d'Hannover
à la Diette de l'Empire , à Ratisbonne
étant alors à Paris , & avec M. Jean le Chambrier
, Miniftre du Roi de Pruffe auprès du Roi,
tous deux chargés des ordres précis de leurs
Maîtres , a obtenu la permiffion d'accepter en
faveur de M, Prevolt , Seigneur de Gagemon
fon iffu de germain , les dons de la Terre &
Seigneurie d'Ollebreufe , lefquels dons lui ont
été faits , à titre de coufin , tant par le Roi d'Angleterre
que par la Reine de Pruffe , comme heritiers
de feue Madame Eleonore , Ducheffe de
Brunfyik-Lunebourg , leur ayeule maternelle , &
dont il a l'honneur d'être parent très- proche ;
les Lettres Patentes fur Arrêt du Confeil , &
fcellées du grand Sceau , en ont été expediées
le 6. Octobre 1729. & enregistrées au Parlement
le 14 Decembre de la même année, ARMARS.
r736 ;
3 ARREST du 28. Novembre, qui ordonne que
les Piéces de trente deniers n'auront plus cours
que pour vingt-quatre deniers , les demis à proportion
; & que celles de vingt-un deniers feront
données & reçûes dans tous les payemens
pour le même prix de vingt-quatre deniers.
AUTRE du 6. Decembre , qui proroge l'exe
aution de celui du 5. Decembre 1728. jufques &
compris le dernier Decembre 1730. paffé lequel
tems le prix des anciennes efpeces & matieres d'or
& d'argent fera réduit ainfi qu'il l'eut dû être au
premier Janvier prochain.
AUTRE du 20. Decembre , qui difpenfe du
fervice de la Milice ceux qui aquereront des
Maîtriſes créées par les Edits des mois de No
yembre 1722. & Juin 1725.
'AUTRE du même jour , qui révoque celui du
18. Octobre dernier , & ordonne que les Droits
d'Entrée fur les Cacaos de l'Ile de Caraques feront
perçus fur le pied qu'ils font fixés par l'Arrêt
du 12. May 1693. & que les Cacaos prove
hans des Ifles & Colonies Françoifes acquiteront
les Droits reglés par les Lettres Patentes du mois
Avril 1717. &c.
AUTRE du 31. Decembre , qui ordonne que
ceux qui remettront aux Hôtels des monnoyes,
en Piaftres ou autres matieres d'or & d'argent ,'
venant des Pays Etrangers , jufqu'à concurrence
de dix mille livres , continueront d'être payés
jufqu'au premier Juillet prochain des quatre de
niers pour livre attribués aux Changeurs .
I iij
AU
620 MERCURE DE FRANCE.
AUTRE du 3. Janvier , qui proroge pendant
le courant de l'année 1730. la moderation accordée
par celui du 4. Janvier 1729. des Droits
de marc d'or , Sceau , enregistrement chez les
Gardes des Rôles , frais de reception & inſtallation
des Offices vacans ou de nouvelle création,
qui feront levés aux Revenus Cafuels.
ン
AUTRE du 21. Janvier au fujet des Billets que
l'on pourra prendre pour la Loterie établie pour
le remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville,
par laquelle le Roi ordonne que les Proprietaires
de Contracts de mille livres en capital & au - def
fus , ne pourront prendre de Billets au - deffous de
vingt fois , & que les Rentiers dont les Contracts
feront au-deffous de mille livres de capital , &
dont les Billets fetont par conféquent au-deffous
de vingt fols , ne pourront prendre qu'un Billet
pour chacun de leurs Contracts. Deffend auffi Sa
Majefté à aucuns Rentiers de prendre des Billets
au-deffus de vingt livres , à quelque fomme que
puiffe monter le capital de leurs Contracts , le
tout à peine de perdre leur mife , qui demeurera
jointe au fonds de ladite Loterie au profit des autres
Rentiers & c.
AUTRE du 31. Janvier , qui ordonne que les
Charbons de Terre , venant d'Angleterre , d'Ecoffe
& d'Irlande , ne payeront pendant un an ,
commencer du premier Fevrier prochain
que douze fols par Baril du poids de deux cens
cinquante livres, poias de marc.
J
AUTRE du 31. Janvier , qui décharge de la
Collecte des Tailles le nommé Naudin , Revendeur
de Sel à petites mefurès dans la Ville de Montreuil
- Bellay.
AUMARS.
1730. 621
ARREST du Parlement , qui déclare abufifs
quatre Brefs ou Décrets au fujet de la Légende
de Gregoire V I I.
Ce jour , les Gens du Roy font entrez , & M.
Pierre Gilbert de Voifins , Avocat dudit Seigneur
Roy , portant la parole , ont dit :
Meffieurs , après l'Arrêt folemnel que la Cour
rendit au mois de Juillet dernier fur nos Conclufions,
à l'occafion de l'Office de Gregoire VII ,
nous avions lieu de croire que nous n'aurions
plus d'autre devoir à remplir fur cet objet , &
que la Cour de Rome nous en laifferoit infenfiblement
perdre la mémoire.
Mais nous reconnoiffons avec douleur combien
nos efperances ont été trompées , à la vue d'un
Bref publié à Rome que nous avons entre les
mains , & dont on peut dire qu'il réduit en pra
tique la doctrine répandue dans l'Office de Gregoire
VII. en caffant par l'autorité Pontificale
tous Edits , Arrêts , Ordonnances , & autres Actes
émanez à ce fujet des Puiffances Séculieres
même Souveraines ; ce Bref entreprend de foûmettre
au Sacerdoce l'empire temporel des Souverains
; il exerce une autorité fuprême fur des
Actes revêtus du caractere de leur pouvoir ; il
attaque leur indépendance jufques dans fes fondemens
, & tend à leur ôter la voye de la défendre.
S'il eft un droit inféparable de la puiffance tem
porelle , émanée immédiatement de Dieu , c'eft
celui de fe maintenir par des voyes auffi indépendantes
que fon pouvoir même. Quand l'autre
Puiflance veut l'affujettir , elle ne peut fe refuſer
une legitime défenfe . Mais plus Pentrepriſe fera
foûtenue d'un caractere augufte & venerable, plus
elle fçaura garder,en fe maintenant, une conduite
mefurée .
I iuj C'eft
621 MERCURE DE FRANCE.
C'eft fur ces grandes confidérations qu'est fon-
'dé l'Arrêt
que la Cour a rendu le 20. Juillet dernier.
Que pouvions -nous faire de moins que de
vous demander ce qu'il prononce ? aurions - nous
gardé le filence , & euffions-nous été capables
d'oublier jufqu'à ce point l'exemple & les maximes
de nos Peres ?
Que Rome eût placé un de fes Pontifes dans le
catalogue des Saints ; qu'elle eût loué dans fon
Office des vertus Chrétiennes & Ecclefiaftiques
des travaux Apoftoliques pour l'extirpation des
hérefies , pour le rétabliffement de la difcipline ,
& pour la réforme des moeurs notre miniftere
n'eût point eû à s'élever. Mais ce qui a dû l'exciter
, c'eft de voir fous le titre d'un Office Ecclefiaftique
, publier l'empire de la Cour de Rome
fur le temporel & fur la Majefté des Souverains.
>
En nous élevant contre cet Office nous n'avons
point cherché à attaquer la Puillance dont
il pouvoit être émané. On ne nous a point vâ
mettre en question le pouvoir dont elle eft en
poffeffion dans l'Eglife , de décerner un culte &
des prieres confacrées à la memoire de ceux
qu'elle juge dignes de la vénération des Fideles .
Avec la même retenuë votre Arrêt s'eſt borné à
fupprimer une Feuille qui bleffoit ce qu'il y a de
plus inviolable parmi nous , & à prendre de juftes
précautions pour empêcher qu'à l'avenir on
ne pût introduire , à l'infçu des Magiſtrats , des
nouveautez fi dangereufes.
Un Arrêt fi fage & fi mefuré devient cependant
aujourd'hui l'objet d'une entrepriſe fur la
Puiffance Séculiere , puifqu'on ne fçauroit méconnoître
qu'il eft compris & défigné dans le
Bref. Nous n'avons , Meffieurs , dans cette occafion
d'autre interêt à vous propofer que celui de
mos Loix & de nos maximes ; elles trouvent toujours
MARS. 17307 623
jours en elles -mêmes des reffources pour fe main
tenir.
Pour ufer de la voye qu'elles nous ouvrent
nous avons l'honneur de demander à la Cour
d'être reçûs'appellans comme d'abus de ce Bref
& qu'en prononçant fur fon abus manifefte , il
foit défendu de le recevoir , de lè diftribuer , &
d'en faire aucun ufage. C'eſt le remede le plus
ordinaire & le plus fimple que nos moeurs ayent
introduit les occafions de ce genre.
pour
Il a paru fur la même matiere d'autres Brefs
contre des Mandemens de quelques Prélats du
Royaume. Nous les remettons tous fous les yeux
de la Cour & comme il ne nous eft pas permis
de garder le filence , fur tout ce qui peut intereffer
directement ou indirectement l'autorité du
Roy & les maximes de la France , notre miniftere
vous demande auffi de déclarer abufifs cès
Brefs dont la feule lecture fuffit pour juftifier les
Conclufions que nous prenons à ce fujet.
Pour ne rien obmettre des vues que notre devoir
nous infpire , il nous refte à vous propofer
d'ordonner que l'Arrêt du 20. Juillet , par lequel
la Cour a pris les plus fages précautions pour
prévenir les conféquences de l'Office de Gregoire
VII . foit executé felon fa forme & teneur : en y
ajoûtant des défenfes générales de recevoir aucuns
Brefs ou autres Actes de la Cour de Rome ,
moins qu'ils ne foient revêtus de Lettres Patentes
du Roy , excepté les Expéditions ordinaires qui
regardent les Particuliers.
de nou-
Ces défenfes fondées fur nos libertez & fur les
Loix du Royaume , fubfiftent toujours de droit
parmi nous : mais fuivant les conjonctures fouvent
la Cour a pris ſoin de les prononcer
veau. Elles font en même tems un préſervatif &
uine proteftation folemnelle contre ce qui peut
ΤΥ furvenir
624 MERCURE DE FRANCE.
furvenir , & on en tire l'avantage d'être en droit
de le négliger.
C'eft avec regret qu'on fe voit forcé à renouveller
ces précautions fous un des plus faints
Pontifes que l'Eglife ait vû élevés fur la Chaire
de faint Pierre. Digne des tems Apoftoliques , il
nous retrace l'image de fes premiers Prédéceffeurs.
Si le danger d'une opinion qué des fiécles plus
récents ont vû naître dans la Cour de Rome
tient encore aujourd'hui la France attentive à s'en
préferver , elle n'en demeure que plus fidellement
attachée aux véritables droits du faint Siège. Elle
les revere fur la foi des verités les plus certaines
& les plus refpectables de la Religion : elle en fait
le principal fondement de fa doctrine ; & fi elle
perfifte inviolablement dans fes maximes , c'eſt
qu'elle trouve dans les mêmes fources ce qui fert
a les foûtenir.
Nous laiffons , Meffieurs , à la Cour les exemplaires
des Brefs , & les Conclufions que nous
avons cru devoir prendre.
Les Gens du Roi retirez.
Veu l'Imprimé du Decret ou Bref du Pape , intitulé
, Declaratio Nullitatis , Edictorum , Mandatorum
, Praceptorum , Ordinationum , aliorumque
Geftorum per Magiftratus feu Officiales
Miniftros Saculares vel alias à Laïca Poteftate
ejufve nomine adverfus Decretum extenfionis
Officii Santi Gregorii Papa feptimi ad
univerfos Chrifti Fideles qui Horas Canonicas
tenentur à SS. D. N. Benedido , Divinâ Providentiâ
, Papa XIII . nuper_editum cum illorum
omnium revocatione , caffatione & abolitione
daté du 19. Decembre 1729. avec la publication
faite à Rome le même jour. Veu auffi trois autres
Brefs ou Decrets datez des 17. Septembre , 8.
Octobre
MARS. 1730. 625
.
Octobre & 6. Decembre 1729. ayant chacun
pour titre , Revocatio & annullatio Ordinationum
contentarum in quibufdam foliis Gallico
idiomate impreffis fub titulo : Mandement , &c .
Veu pareillement l'Arrêt de la Cour du 20. Juillet
1729. & les Arrêts des 15. May 1647. 9.
May 1703. premier Avril 1710. & 16. Decembre
1716. enfemble les Conclufions par écrit du
Procureur General du Roy , la matiere miſe en
déliberation. La Cour reçoit le Procureur General
du Roy appellant comme d'abus deſdits Brefs
ou Decrets ; faifant droit fur ledit appel , dit
qu'il y a abus. En conféquence , enjoint à tous
ceux qui en ont ou pourront en avoir des exemplaires
, de les apporter au Greffe de la Cour pour
y être fupprimez. Fait très-expreffes inhibitions-
& défenfes à toutes fortes de perfonnes , de quelqualité
& condition qu'elles foient , de recevoir
faire lire , publier , imprimer , diftribuer , ni autrement
mettre à execution , directement ni indirectement
, de quelque maniere & fous quelque
prétexte que ce puiffe être, lefdits Brefs ou De- ' .
crets , ni pareillement aucunes Bulles , Brefs ou
autres Expeditions émanées de la Cour de Rome
fans Lettres Patentes du Roy enregistrées en la
Cour , pour en ordonner la publication , à l'ex-'
ception néanmoins des Brefs de Pénitencerie
Provifions de Bénéfices & autres Expeditions ordinaires
concernant les affaites des Particuliers
lefquelles s'obtiennent en Cour de Rome , fuivant
les Ordonnances & Ufages du Royaume, Fait
auffi défenſes à tous Libraires , Imprimeurs , Colporteurs
& autres , d'imprimer ou faire imprimer
, vendre , débiter ou autrement diftribuer
aucunes Bulles , Brefs ou autres Expeditions de
Cour de Rome , fans Lettres Parentés du Roy enregiſtrées
en la Cour , qui en ordonnent la Pu-
I vj
blication >
•
627 MERCURE DE FRANCE:
›
blication , à peine de 500. livres d'amende , mé
me de déchéance de leur Maîtriſe & Vacation
& autres plus grandes peines , s'il y échet ; au fur--
plus ordonne que l'Arrêt du 20. Juillet 1729. fera
executé felon fa forme & teneur fait défenfes
d'y contrevenir - fous les peines y contenues ::
Ordonne en outre que le prefent Arrêt ſera inſcrit
dans le Régiftre de la Communauté des Libraires
& Imprimeurs de cette Ville de Paris
envoyé dans les Bailliages & Senéchauffées du
Reffort , pour y être lû , publié & enregistré , &
affiché par tout où befoin fera. Enjoint aux Sub
ftituts du Procureur Général du Roy d'y tenir la
main , & dans certifier la Cour dans un mois.
Fait en Parlement le 23. Fevrier 1730. Signé
YSABEA U.
ARREST du 14. Fevrier , qui déclare ce-
Jui du 12. Avril 1723. & autres rendus pour les.
Manufactures d'Elbeuf , Louviers , Dernetal &
Orival , communs pour la Manufacture des Frocs
de Bolbec..
AUTRE du même jour , qui proroge jufqu'au
dernier Avril 1730. le délay accordé par l'Arrêt
du 23. Août 1729. pour le Contrôle des Actes
de Foy & Hommage.
AUTRE du même jour , qui ordonne qu'à
Commencer du 19. Mars 1730. jufqu'à la fin du
Bail de Carlier , il ne fera perçû fur les Sardines
venant de la Province de Bretagne en Anjou
que 4. livres 15. fols 6. deniers par Barrique du
poids de trois cens livres , pour tous Droits d'En
trée , d'Abord & de Confommation.
ARREST du Parlement , qui ordonne qu'un
Libelle
23
MARS. 173.0. 627
Libelle fera laceré & brûlé. Ce jour , les Geas
du Roi font entrez , & Maître Pierre Gilbert de
Voifins , Avocat dudit Seigneur Roi portant la
parole , ont dit :
Meffieurs , la lecture du Libelle que nous dé
ferons à la Cour lui fera connoître aiſément'
quelles en font les confequences pernicieufes , &'
combien il y a lieu de le réprimer.
C'eſt un imprimé fans aveu fous le titre de Remontrances
addreffées à Monfieur l'Archevêque
de Paris , par les Fideles de fon Diocèſe. Ainfi
un Auteur anonime du fond de fon obſcurité ,
entreprend de faire parler un peuple entier , &
fous prétexte de lui prêter fes paroles , effaye en
effet de lui infpirer les fentimens & fes maximes
féditieufes.
Loin d'appercevoir dans cet ouvrage la retenuë
& le refpect dont l'Auteur devoit au moins affecter
de conferver l'apparence , on n'y voit que
témerité , qu'emportement & que fcandale. Il
ne fe contente pas de fe déclarer contre l'Ordonnance
de Monfieur l'Archevêque de Paris du 29°
Septembre dernier , il attaque en même-temps
fa perfonne & la droiture de fes intentions . Nous
vous plaindrions , dit le Libelle , Si vous n'êtiez
que féduit. Mais nôtre foi ... s'eft apperçue
du piege qu'on lui veut tendre , &c. Affectations,
déguifemens , mauvaiſe foi , fauffes infinuations,
détours artificieux ; ce font les expreffions injurieufes
qu'on y trouve à chaque page contre ce
Prélat.
Les Evêques de France en general font encore
moins épargnez . Sans égard ni pour leur dignité .
ni pour leurs perfonnes , on met en oeuvre les
couleurs les plus noires pour les décrier. Il n'eft
point d'invectives ni de traits envenimez qu'on ne
raffemble contr'eux . Pour comble d'attentat on
ofe
625 MERCURE DE FRANCE .
ofe s'élever contre le Corps même de l'Epiſcopat ,
& il femble qu'on aſpire à le rendre odieux &
méprifable.
A ce caractere fe reconnoît d'abord un Libelle
diffamatoire , qui par fa nature exige toute la fe→
verité des Loix.
Prévenu d'ailleurs par l'excès de fa paffion
l'Auteur s'abandonne à des déclamations contre
la Conftitution Unigenitus , qui ont été tant de
fois condamnées par vos Arrêts . Il s'éleve encore
davantage contre les explications folemnelles de
1720. que feu Monfieur le Cardinal de Noailles a
lui- même publiées. Il les traite d'ouvrage tiffu
des plus indignes artifices , & il reproche à Monfieur
l'Archevêque de Paris d'en copier les mife-.
rables défaites : oubliant en cet endroit les éloges
qu'il donne ailleurs à Monfieur le Cardinal de
Noailles , & cenfurant fa conduite pour décrier
celle de fon fucceffeur.
ع ق م
Mais ce qui merite fur tout d'attention la plus.
ferieufe de la Cour , c'eft le danger des faux principes
qu'on ne craint point de mettre au jour dans
ce Libelle. Sans parler de la témérité & de l'artifice
avec lefquels il s'explique fur les faits qui
regardent les anciens troubles de l'Arianifme
l'Auteur avance fans détour qu'il eft des occafions
où le Pasteur doit obéir à fes oüailles ,
le Corps de l'Epifcopat fe foumettre à quelques ,
unsde fes membres . Il eft faux , dit-il ailleurs
qu'en toute circonflance l'autorité ( du Chef&
du Corps des Pasteurs ) doivent rendre notre
foumiffion tranquille & exempte de fcrupule.
Après tout , dit-il encore & fe font fes propres
termes pourquoi ne défendrions - nous pas la
verité contre le Pape & contre tous les Evêques,
s'ils la combattoient en effet ? S'expliquer ainfi ,
c'eſt annoncer ouvertement que le Corps de l'Epifcopat
MARS. 1730. 629
pifcopat peut tomber dans l'erreur & l'enfeigner
qu'il peut être inftruit , corrigé , jugé même par
le peuple. C'eſt le but que l'Auteur femble s'être
propofé dans fon ouvrage. Et peut -on s'empêcher
de reconnoître que c'eft travailler à détruire toute
fubordination & toute Hierarchie Ecclefiaftique ,
ou plutôt à renverfer les fondemens de l'autorité
infaillible de l'Eglife , en introduiſant dans for
fein les principes des Sectes qui s'en font féparées
dans les derniers fiecles ?
Que ferviroit-il de s'étendre davantage fur un
Libelle qui contient des principes dont on ne
fçauroit étouffer trop promptement les fémences
dangereufes C'eft l'objet des Conclufions que
nous laiffons à la Cour avec l'ouvrage dont notre
miniftere lui demande la condamnation la plus
rigoureufe.
Les Gens du Roy retirez :
Vu le Libelle intitulé : Remontrances des Fideles
du Diocefe de Paris , à Monseigneur leur
Archevêque , au fujet de fon Ordonnance du 29.
Septembre 1719. & à la fin , A Paris ce 26 Octo
bre 1729. Enſemble les Conclufions par écrit du
Procureur General du Roi. La matière mife en
déliberation :
La Cour a ordonné & ordonne que ledit Libelle
fera laceré & brûlé dans la Cour du Palais ,
au pied du grand efcalier d'icelui, par l'Executeur
de la Haute Juftice ; fait très -expreffes inhibitions
& défenfes à tous Imprimeurs & Libraires , Colporteurs
& autres , de l'imprimer , vendre , dé
biter ou autrement diftribuer ; enjoint à ceux qui
en ont ou pourroient avoir des Exemplaires , de
les apporter inceffamment au Greffe de la Cour ,
pour y être fupprimez ; ordonne qu'à la requête
du Procureur General du Roi , il fera informé
pardevant Maître Philibert Lorenchet Confeiller
pour
630 MERCURE DE FRANCE:
"'
pour les témoins qui pourroient être entendus
dans cette Ville, & à la pourfuite & diligence des
Subftituts du Procureur General du Roi , pardevant
les Lieutenans Criminels , ou autres Officiers
des Bailliages & Sénechauffées des Lieux pour les
témoins qui y feroient entendus , contre les Auteurs
dudit Libelle , & ceux qui l'auroient imprimé
, vendu , débité ou autrement diftribué , pour
les informations faites rapportées & communiquées
au Procureur General du Roi être ordonné
ce que de raifon Ordonne en outre que copies
collationnées du prefent Arrêt feront envoyées.
aux Bailliages & Sénechauffées du Reffort , pour
y être lûes , publiées & enregistrées , & affichées
par tout où befoin fera ; Enjoint aux Subftituts
du Procureur General du Roi d'y tenir la main &
d'en certifier la Cour dans un mois . Fait en Parlement
le 23. Fevrier 1730. Signé , YSABEAU.
Et le 23. Fevrier 1730. onze heures du matin,
à la levée de la Cour , le Libelle " mentionné
a été laceré & jetté au feu par l'Executeur de
La Haute-Jufice , au bas du grand Efcalier du
Palais , en prefence de nous Marie Dagobert
Tfabeau , l'un des trois premiers & principaux
Commis pour la Grand Chambre , affifté de deux
Huiffiers de ladite Cour. Signé , YSABEAU.
ORDONNANCE DU ROY , du 2 5. Fevrier ,
pour faire faire par les Intendans , ou ceux qui
feront par eux commis une Revûë generale des
Troupes de Milice.
"
ARREST du 7. Mars, qui autorife les Syndics
& Directeurs de la Compagnie des Indes , à établir
une Loterie pour rembourfer au Public , fur
le pied de Trois mille livres , trois cens trente
Actions par mois , voici la teneur de l'Arrêt. Sur
la
MARS. 1730 631
la Requête prefentée au Roi , en fon Confeil , par
les Syndics & Directeurs de la Compagnie des
Indes , contenant , qu'ils voyent avec peine les
variations qui arrivent de temps en temps fur le
prix des Actions de ladite Compagnie , & que
pour obvier à cet inconvenient , qui allarme un
grand nombre de Familles qui ont été obligées
de placer en Actions les fonds provenans des rembourfemens
qui leur ont été faits , ils fe propofent
de foûtenir le prix de l'Action fur un pied
proportionné à fon revenu , par le moyen d'une
Loterie , s'il plaift à Sa Majefté les y autorifer.-
Vu ladite Requête & le plan de ladite Loterie :
Ouy le rapport du Sieur le Peletier Conſeiller
ordinaire au Confeil Royal , Controlleur generaf
des Finances , Sa Majeſté étant en fon Conſeil , a
erdonné & ordonne ce qui fuit.
ARTICLE PREMIER.
Les Syndics & Directeurs de la Compagnie
des Indes auront la faculté d'établir une Loterie
pour retirer du Public Trois cens trente Actions
tous les mois.
I I.
Lefdites Trois cens trente Actions feront payées
fur le pied de Trois mille livres l'Action .
I I I.
Ceux qui voudront mettre à cette Loterie ,
payeront dix livres pour chaque Billet ; & la
Loterie fera fermée , quand le nombre de quarante
neuf mille cinq cens Billets aura été rempli.
I V.
La Loteric fera tirée le cinquième jour de cha
que mois , dans la Salle de l'Hôtel de la Compagnie
des Indes , en prefence des Sieurs Infpecteurs,
Syndics & Directeurs de ladite Compagnie,
& de ceux des Intereffez qui voudront s'y trouver.
V
632 MERCURE DE FRANCE.
V.
Chacun des trois cens trente premiers Billets
qui fortiront de la roue , operera le payement
comptant d'une Action fur le pied de Trois mille
livres , fur laquelle fomme il fera retenu dix liv.
pour les frais : Et fera par le Secretaire de la Compagnie
tenu un Regiſtre paraphé par l'un des S
Infpecteurs , où feront enregistrez les numero des
Billets à mesure qu'ils feront appellez ; lequel
Registre demeurera au Secretariat ,
pour y avoir
recours en cas de befoin .
V I.
Les deniers feront reçûs par les perfonnes qui
feront à ce prépofées par déliberation de ladite
Compagnie , du nom defquelles le Public fera
averti par des Affiches .
VII .
Les Regiftres qui feront tenus pour cette recette
, feront cotez & paraphez par l'un desdits
Sicurs Infpecteurs , ou par l'un des Syndics &
Directeurs de ladite Compagnie ; dans lefquels
Registres les Receveurs écriront le numero du
Billet , & le nom du Proprietaire d'icelui .
VIII.
Les Dividendes échûs ou à écheoir dans le cou
rant de la demi- année, feront joints aux Actions,
où il fera retenu fur les Trois mille livres la fomme
de foixante-quinze livies pour la valeur du Dividende.
I X.
Ladite Loterie aura lieu à commencer du premier
Avril prochain , & fera continuée de mois
en mois fans interruption , &c.
AUTRE du même jour, par lequel il eft dit que
le Roi étant informé que le Commerce des Actions
de la Compagnie des Indes,qui s'eft fait par vente
à
MARS. 17 ; 6 : 613
à Prime ou à marché ferme , a donné lieu à des
engagemens ufuraires & illici tes ; à quoi Sa Majefté
voulant pourvoir , fait deffenfes à toutes.
perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles
foient , de contracter à l'avenir aucuns engagemens
pour fournir ou recevoir à terme desActions
de la Compagnie des Indes , fous le nom de Pri
me , marché ferme ou autrement , à peine , de
nullité defdits engagemens , & de trois mille livres
d'amende , tant contre le vendeur que contre
l'acheteur. Veut S. M. qu'il ne puiffe être fait
à l'avenir aucune vente defdites Actions qu'en les
delivrant réellement & en recevant la valeur comptant.
Veut auffi S. M. que les engagemens contractez
jufqu'à ce jour , foit à Prime , foit à mar
ché ferme ou autrement , & qui n'ont point encore
été confommez , demeurent nuls & réfo us ,
& qu'en confequence les Proprietaires des Actions
vendues à Prime ne puiffent les retirer du
dépôt , qu'en rendant à l'acheteur , foit en efpeces
, foit en Actions fur le pied du cours qu'elles
auront le jour de la publication du prefent Arrêt,
les fommes qu'ils auront reçues pour lefdites
Primes : Et à l'égard des ventes faites à marché
ferme, les vendeurs & les acheteurs retireront refpectivement
les Actions qu'ils ont déposées , &c. ,
SENTENCE DE POLICE du 2. Decembre
qui condamne les nommez Legrand & femme le
Baigue , Boulangers , en trois cens livres d'amende
, pour avoir contreven u aux Ordonnances qui
reglent ce qui doit être obfervě par les Boulanger
qui occupent des Piaces dans les Halles
& Marchez .
AUTRE du 9. Decembre , qui condamne les
nommez Potonnier & le Clerc , Joueufes de Profeffion
624 MERCURE DE FRANCE : 834
feflion , en mille livres d'amende chacune , pour
avoir donné à jouer au Jeu de Pharaon.
AUTRE du même jour , qui condamne les
nommez Aubri , Duguy & Maurice , pour avoir
alteré les Chandelles des Lanternes publiques .
AUTRE du 18. Fevrier , qui enjoint à toutes
perfonnes de faire ramoner exactement leurs
Cheminees , pour prévenir les Incendies.
F
JUGEMENT rendu le 18. Février , par
M. Herault , Lieutenant General de Police , &
Mrs les Confeillers au Siege Préfidial du Châtelet,
qui condamne Martin Baudrier, ' dit Defchaifes
,à être attaché au Carcan en la Place de Greve
, & y demeurer depuis midi jufqu'à deux heu
tes , ayant Ecriteau devant & derriere portant ces
mots : Colporteur d'Ouvrages imprimez &prohibez,
& banni pour trois ans du reffort des
Parlements de Paris & de Rouen.
ORDONNANCE , & c.
Ouis, par la grace de Dieu , Roi de France ;
Louis,par &c. Salut. Notre amé & féal Alexandre Prevêt
, Chevalier , Seigneur de Gagemon , ancien
Capitaine au Regiment de Dragons d'Orleans , &
Chevalier de l'Ordre militaire de S. Louis , nous
a très-humblement fait expofer, qu'ayant l'honneur
d'appartenir , à titre de coufin , à deffunte
notre très-chere & très-amée coufine , Madame
Eleonore , Ducheffe de Brunfvik- Lunebourg ,
Ayeule maternelle de notre-très cher frere le
Roi de la Grande Bretagne , & de notre trèschere
Soeur la Reine de Pruffe , auxquels , comme
heritiers de cette Princeffe , la Terre & Seigneurie
d'Ollebreufe , fituée dans notre Royaume,
au Pays d'Aunis , appartient aujourd'hui ;
c'eft par cette confideration , & pour remettre ladite
Terre d'Ollebreufe dans la famille de cette
Princeffe , qu'il a plû à notre très- cher frere le
Į Roi
66 MERCURE DE FRANCE .
1
>
Roi de la Grande Bretagne & à notre très- chere
Sour la Reine de Pruffe, d'en faire don à l'expofant
par deux Brevets fignés de leurs mains , l'un
datté au Palais de Saint James le Novembre
1728. & l'autre à Berlin le 14.Decembre fuivant;
mais l'Expofant ne pouvant profiter de cette liberalité
, ni l'accepter fans notre permiffion , nous
avons bien voulu la lui accorder , ainſi qu'il eſt
justifié par la lettre de M. le Garde des Sceaux ,
& Secretaire d'Etat , dattée à Compiegne le 20,
May de la prefente année 1729, en confequence
de laquelle l'Expofant ayant accepté ladite Terre
d'Ollebreufe , après que les Miniftres de notre
très-cher frere le Roi de la Grande Bretagne ,
& de notre très - chere Soeur la Reine de Pruffe
ont eu depofé lefdits Brevets de don , chez le
Prevôt , Notaires à Paris , il nous a preſenté ſa
Requête, tendante à ce qu'il nous plût approuver
& confirmer ladite acception , à laquelle Requête
ayant joint l'expedition de ladite acceptation &
defdits Brevets de don ; enſemble les Lettres originales
à lui écrites par deffunte notre très - chere
& très-amée coufine , Madame Eleonore Ducheffe
de Brunfvik- Lunebourg , par lesquelles elle
a reconnu & qualifié l'Expofant , fon coufin , &
autres pieces juftificatives. Nous , par l'Arrêt de
notre Confeil d'Etat , rendu , Nous y étant , le
17. Septembre de la prefente année 1729. approuvant
& confirmant le don fait de ladite Terre ·
Olebreufe à l'Expofant par lefdits Brevets de
don , lui avons permis de prendre poffeffion de
ladite Terre , pour en jouir en toute proprieté &
en percevoir les fruits & revenus , tant ceux échus
pendant l'année 1728. & la prefente , que ceux
qui échoiront à l'avenir , avec deffenfes de le troubier
, fes heritiers ou ayans caufe , dans ladite
proprieté , poffeffion & joüiffance , & ordonne
que
MARS. . 1730. 617
-
que fur ledit Arrêt toutes Lettres Patentes ne
ceffaires feroient expediées , lesquelles Lettres
l'Expofant nous a fupplié de lui accorder ; &
voulant le traitter favorablement, en confideration
de la memoire de deffunte notre très chere &
très amée coufine , Madame Eleonore Ducheffe
de Brunfvik-Lunebourg , à laquelle il avoit l'honneur
d'apartenir,à titre de coufin , & des fervices
qu'il nous a rendus en qualité de Capitaine dans
le Regiment de Dragons d'Orleans. A ces cauſes,
de l'avis de notre Confeil , & conformément
l'Arrêt d'icelui , dudit jour 17. Septembre 1729.
ci attaché fous le contrefcel de notre Chancellerie
, Nous , par ces prefentes fignées de notre
main , en approuvant & confirmant le don fait
à l'Expofant de ladite Terre d'Ollebreuſe , par
lefdits Brevets des Novembre & quatorze Decembre
1728. avons permis & permettons audit
Expofant de prendre poffeffion de ladite Terre ,
pour en jouir en toute proprieté , & en percevoir
les fruits & revenus tant ceux échus pendant
l'année 1728. & la prefente , que ceux qui échoiront
à l'avenir ; faifons deffenfes de troubler ledit
Expofant , fes heritiers ou ayans cauſe dans
ladite propriecé , poffeffion & jouillance : Si vous
mandons que ces prefentes vous ayez à faire enregiftrer
, & du contenu en icelles faire jouir &
ufer ledit Expofant pleinement & paiſiblement
nonobftant tous Edits , Declarations & autres
difpofitions à ce contraires , auxquelles nous
avons, en tant que de befoin, derogé & derogeons
ces prefentes ; car tel eſt notre plaifir . Donné
a Verfailles & c .
par
>
Tout ce qui eft énoncé dans l'Acte ci- deffus
établit pour M M. Prevôt , fortis d'une très-ancienne
nobleffe , une illuftration qui eft unique.
Mlle d'Ollebreuſe , devenue Ducheffe de Brunf
I ij
wik
9
618 MERCURE DE FRANCE.
vik , a reporté dans fa famille avec la Terre &
Seigneurie d'Ollebreufe , le prix de la vertu &
de fes grandes & rares qualités , elle les a decorées
d'une alliance affez étroite avec deux Maifons
fouveraines , qui par le progrès d'un fang
déja affermi fur tant de Trônes , affure encore
pour la fuite une pofterité Royale des plus nombreufes
, & le fils de M. Alexandre Prevoft , Seigneur
de Gagemon , âgé de treize à quatorze
ans , élevé parmi ces grands avantages de fa Maifon
, & aujourd'hui Seigneur d'Ollebreuſe , peut
concevoir pour lui & pour les fiens l'efperance
d'apartenir un jour à la plus grande partie des
Puiffances de l'Europe.
M. Louis Armand Prevoft , Marquis de l'Etoriere
, Meftre de Camp d'Infanterie , Chevalier
de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis , a été
fondé d'une procuration fpeciale de M. Alexandre
Prevoft , Seigneur de Gagemon ; en vertu
de laquelle , & conjointement avec M. Jean Reck,
Envoyé du Roi d'Angleterre , Electeur d'Hannover
à la Diette de l'Empire , à Ratisbonne
étant alors à Paris , & avec M. Jean le Chambrier
, Miniftre du Roi de Pruffe auprès du Roi,
tous deux chargés des ordres précis de leurs
Maîtres , a obtenu la permiffion d'accepter en
faveur de M, Prevolt , Seigneur de Gagemon
fon iffu de germain , les dons de la Terre &
Seigneurie d'Ollebreufe , lefquels dons lui ont
été faits , à titre de coufin , tant par le Roi d'Angleterre
que par la Reine de Pruffe , comme heritiers
de feue Madame Eleonore , Ducheffe de
Brunfyik-Lunebourg , leur ayeule maternelle , &
dont il a l'honneur d'être parent très- proche ;
les Lettres Patentes fur Arrêt du Confeil , &
fcellées du grand Sceau , en ont été expediées
le 6. Octobre 1729. & enregistrées au Parlement
le 14 Decembre de la même année, ARMARS.
r736 ;
3 ARREST du 28. Novembre, qui ordonne que
les Piéces de trente deniers n'auront plus cours
que pour vingt-quatre deniers , les demis à proportion
; & que celles de vingt-un deniers feront
données & reçûes dans tous les payemens
pour le même prix de vingt-quatre deniers.
AUTRE du 6. Decembre , qui proroge l'exe
aution de celui du 5. Decembre 1728. jufques &
compris le dernier Decembre 1730. paffé lequel
tems le prix des anciennes efpeces & matieres d'or
& d'argent fera réduit ainfi qu'il l'eut dû être au
premier Janvier prochain.
AUTRE du 20. Decembre , qui difpenfe du
fervice de la Milice ceux qui aquereront des
Maîtriſes créées par les Edits des mois de No
yembre 1722. & Juin 1725.
'AUTRE du même jour , qui révoque celui du
18. Octobre dernier , & ordonne que les Droits
d'Entrée fur les Cacaos de l'Ile de Caraques feront
perçus fur le pied qu'ils font fixés par l'Arrêt
du 12. May 1693. & que les Cacaos prove
hans des Ifles & Colonies Françoifes acquiteront
les Droits reglés par les Lettres Patentes du mois
Avril 1717. &c.
AUTRE du 31. Decembre , qui ordonne que
ceux qui remettront aux Hôtels des monnoyes,
en Piaftres ou autres matieres d'or & d'argent ,'
venant des Pays Etrangers , jufqu'à concurrence
de dix mille livres , continueront d'être payés
jufqu'au premier Juillet prochain des quatre de
niers pour livre attribués aux Changeurs .
I iij
AU
620 MERCURE DE FRANCE.
AUTRE du 3. Janvier , qui proroge pendant
le courant de l'année 1730. la moderation accordée
par celui du 4. Janvier 1729. des Droits
de marc d'or , Sceau , enregistrement chez les
Gardes des Rôles , frais de reception & inſtallation
des Offices vacans ou de nouvelle création,
qui feront levés aux Revenus Cafuels.
ン
AUTRE du 21. Janvier au fujet des Billets que
l'on pourra prendre pour la Loterie établie pour
le remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville,
par laquelle le Roi ordonne que les Proprietaires
de Contracts de mille livres en capital & au - def
fus , ne pourront prendre de Billets au - deffous de
vingt fois , & que les Rentiers dont les Contracts
feront au-deffous de mille livres de capital , &
dont les Billets fetont par conféquent au-deffous
de vingt fols , ne pourront prendre qu'un Billet
pour chacun de leurs Contracts. Deffend auffi Sa
Majefté à aucuns Rentiers de prendre des Billets
au-deffus de vingt livres , à quelque fomme que
puiffe monter le capital de leurs Contracts , le
tout à peine de perdre leur mife , qui demeurera
jointe au fonds de ladite Loterie au profit des autres
Rentiers & c.
AUTRE du 31. Janvier , qui ordonne que les
Charbons de Terre , venant d'Angleterre , d'Ecoffe
& d'Irlande , ne payeront pendant un an ,
commencer du premier Fevrier prochain
que douze fols par Baril du poids de deux cens
cinquante livres, poias de marc.
J
AUTRE du 31. Janvier , qui décharge de la
Collecte des Tailles le nommé Naudin , Revendeur
de Sel à petites mefurès dans la Ville de Montreuil
- Bellay.
AUMARS.
1730. 621
ARREST du Parlement , qui déclare abufifs
quatre Brefs ou Décrets au fujet de la Légende
de Gregoire V I I.
Ce jour , les Gens du Roy font entrez , & M.
Pierre Gilbert de Voifins , Avocat dudit Seigneur
Roy , portant la parole , ont dit :
Meffieurs , après l'Arrêt folemnel que la Cour
rendit au mois de Juillet dernier fur nos Conclufions,
à l'occafion de l'Office de Gregoire VII ,
nous avions lieu de croire que nous n'aurions
plus d'autre devoir à remplir fur cet objet , &
que la Cour de Rome nous en laifferoit infenfiblement
perdre la mémoire.
Mais nous reconnoiffons avec douleur combien
nos efperances ont été trompées , à la vue d'un
Bref publié à Rome que nous avons entre les
mains , & dont on peut dire qu'il réduit en pra
tique la doctrine répandue dans l'Office de Gregoire
VII. en caffant par l'autorité Pontificale
tous Edits , Arrêts , Ordonnances , & autres Actes
émanez à ce fujet des Puiffances Séculieres
même Souveraines ; ce Bref entreprend de foûmettre
au Sacerdoce l'empire temporel des Souverains
; il exerce une autorité fuprême fur des
Actes revêtus du caractere de leur pouvoir ; il
attaque leur indépendance jufques dans fes fondemens
, & tend à leur ôter la voye de la défendre.
S'il eft un droit inféparable de la puiffance tem
porelle , émanée immédiatement de Dieu , c'eft
celui de fe maintenir par des voyes auffi indépendantes
que fon pouvoir même. Quand l'autre
Puiflance veut l'affujettir , elle ne peut fe refuſer
une legitime défenfe . Mais plus Pentrepriſe fera
foûtenue d'un caractere augufte & venerable, plus
elle fçaura garder,en fe maintenant, une conduite
mefurée .
I iuj C'eft
621 MERCURE DE FRANCE.
C'eft fur ces grandes confidérations qu'est fon-
'dé l'Arrêt
que la Cour a rendu le 20. Juillet dernier.
Que pouvions -nous faire de moins que de
vous demander ce qu'il prononce ? aurions - nous
gardé le filence , & euffions-nous été capables
d'oublier jufqu'à ce point l'exemple & les maximes
de nos Peres ?
Que Rome eût placé un de fes Pontifes dans le
catalogue des Saints ; qu'elle eût loué dans fon
Office des vertus Chrétiennes & Ecclefiaftiques
des travaux Apoftoliques pour l'extirpation des
hérefies , pour le rétabliffement de la difcipline ,
& pour la réforme des moeurs notre miniftere
n'eût point eû à s'élever. Mais ce qui a dû l'exciter
, c'eft de voir fous le titre d'un Office Ecclefiaftique
, publier l'empire de la Cour de Rome
fur le temporel & fur la Majefté des Souverains.
>
En nous élevant contre cet Office nous n'avons
point cherché à attaquer la Puillance dont
il pouvoit être émané. On ne nous a point vâ
mettre en question le pouvoir dont elle eft en
poffeffion dans l'Eglife , de décerner un culte &
des prieres confacrées à la memoire de ceux
qu'elle juge dignes de la vénération des Fideles .
Avec la même retenuë votre Arrêt s'eſt borné à
fupprimer une Feuille qui bleffoit ce qu'il y a de
plus inviolable parmi nous , & à prendre de juftes
précautions pour empêcher qu'à l'avenir on
ne pût introduire , à l'infçu des Magiſtrats , des
nouveautez fi dangereufes.
Un Arrêt fi fage & fi mefuré devient cependant
aujourd'hui l'objet d'une entrepriſe fur la
Puiffance Séculiere , puifqu'on ne fçauroit méconnoître
qu'il eft compris & défigné dans le
Bref. Nous n'avons , Meffieurs , dans cette occafion
d'autre interêt à vous propofer que celui de
mos Loix & de nos maximes ; elles trouvent toujours
MARS. 17307 623
jours en elles -mêmes des reffources pour fe main
tenir.
Pour ufer de la voye qu'elles nous ouvrent
nous avons l'honneur de demander à la Cour
d'être reçûs'appellans comme d'abus de ce Bref
& qu'en prononçant fur fon abus manifefte , il
foit défendu de le recevoir , de lè diftribuer , &
d'en faire aucun ufage. C'eſt le remede le plus
ordinaire & le plus fimple que nos moeurs ayent
introduit les occafions de ce genre.
pour
Il a paru fur la même matiere d'autres Brefs
contre des Mandemens de quelques Prélats du
Royaume. Nous les remettons tous fous les yeux
de la Cour & comme il ne nous eft pas permis
de garder le filence , fur tout ce qui peut intereffer
directement ou indirectement l'autorité du
Roy & les maximes de la France , notre miniftere
vous demande auffi de déclarer abufifs cès
Brefs dont la feule lecture fuffit pour juftifier les
Conclufions que nous prenons à ce fujet.
Pour ne rien obmettre des vues que notre devoir
nous infpire , il nous refte à vous propofer
d'ordonner que l'Arrêt du 20. Juillet , par lequel
la Cour a pris les plus fages précautions pour
prévenir les conféquences de l'Office de Gregoire
VII . foit executé felon fa forme & teneur : en y
ajoûtant des défenfes générales de recevoir aucuns
Brefs ou autres Actes de la Cour de Rome ,
moins qu'ils ne foient revêtus de Lettres Patentes
du Roy , excepté les Expéditions ordinaires qui
regardent les Particuliers.
de nou-
Ces défenfes fondées fur nos libertez & fur les
Loix du Royaume , fubfiftent toujours de droit
parmi nous : mais fuivant les conjonctures fouvent
la Cour a pris ſoin de les prononcer
veau. Elles font en même tems un préſervatif &
uine proteftation folemnelle contre ce qui peut
ΤΥ furvenir
624 MERCURE DE FRANCE.
furvenir , & on en tire l'avantage d'être en droit
de le négliger.
C'eft avec regret qu'on fe voit forcé à renouveller
ces précautions fous un des plus faints
Pontifes que l'Eglife ait vû élevés fur la Chaire
de faint Pierre. Digne des tems Apoftoliques , il
nous retrace l'image de fes premiers Prédéceffeurs.
Si le danger d'une opinion qué des fiécles plus
récents ont vû naître dans la Cour de Rome
tient encore aujourd'hui la France attentive à s'en
préferver , elle n'en demeure que plus fidellement
attachée aux véritables droits du faint Siège. Elle
les revere fur la foi des verités les plus certaines
& les plus refpectables de la Religion : elle en fait
le principal fondement de fa doctrine ; & fi elle
perfifte inviolablement dans fes maximes , c'eſt
qu'elle trouve dans les mêmes fources ce qui fert
a les foûtenir.
Nous laiffons , Meffieurs , à la Cour les exemplaires
des Brefs , & les Conclufions que nous
avons cru devoir prendre.
Les Gens du Roi retirez.
Veu l'Imprimé du Decret ou Bref du Pape , intitulé
, Declaratio Nullitatis , Edictorum , Mandatorum
, Praceptorum , Ordinationum , aliorumque
Geftorum per Magiftratus feu Officiales
Miniftros Saculares vel alias à Laïca Poteftate
ejufve nomine adverfus Decretum extenfionis
Officii Santi Gregorii Papa feptimi ad
univerfos Chrifti Fideles qui Horas Canonicas
tenentur à SS. D. N. Benedido , Divinâ Providentiâ
, Papa XIII . nuper_editum cum illorum
omnium revocatione , caffatione & abolitione
daté du 19. Decembre 1729. avec la publication
faite à Rome le même jour. Veu auffi trois autres
Brefs ou Decrets datez des 17. Septembre , 8.
Octobre
MARS. 1730. 625
.
Octobre & 6. Decembre 1729. ayant chacun
pour titre , Revocatio & annullatio Ordinationum
contentarum in quibufdam foliis Gallico
idiomate impreffis fub titulo : Mandement , &c .
Veu pareillement l'Arrêt de la Cour du 20. Juillet
1729. & les Arrêts des 15. May 1647. 9.
May 1703. premier Avril 1710. & 16. Decembre
1716. enfemble les Conclufions par écrit du
Procureur General du Roy , la matiere miſe en
déliberation. La Cour reçoit le Procureur General
du Roy appellant comme d'abus deſdits Brefs
ou Decrets ; faifant droit fur ledit appel , dit
qu'il y a abus. En conféquence , enjoint à tous
ceux qui en ont ou pourront en avoir des exemplaires
, de les apporter au Greffe de la Cour pour
y être fupprimez. Fait très-expreffes inhibitions-
& défenfes à toutes fortes de perfonnes , de quelqualité
& condition qu'elles foient , de recevoir
faire lire , publier , imprimer , diftribuer , ni autrement
mettre à execution , directement ni indirectement
, de quelque maniere & fous quelque
prétexte que ce puiffe être, lefdits Brefs ou De- ' .
crets , ni pareillement aucunes Bulles , Brefs ou
autres Expeditions émanées de la Cour de Rome
fans Lettres Patentes du Roy enregistrées en la
Cour , pour en ordonner la publication , à l'ex-'
ception néanmoins des Brefs de Pénitencerie
Provifions de Bénéfices & autres Expeditions ordinaires
concernant les affaites des Particuliers
lefquelles s'obtiennent en Cour de Rome , fuivant
les Ordonnances & Ufages du Royaume, Fait
auffi défenſes à tous Libraires , Imprimeurs , Colporteurs
& autres , d'imprimer ou faire imprimer
, vendre , débiter ou autrement diftribuer
aucunes Bulles , Brefs ou autres Expeditions de
Cour de Rome , fans Lettres Parentés du Roy enregiſtrées
en la Cour , qui en ordonnent la Pu-
I vj
blication >
•
627 MERCURE DE FRANCE:
›
blication , à peine de 500. livres d'amende , mé
me de déchéance de leur Maîtriſe & Vacation
& autres plus grandes peines , s'il y échet ; au fur--
plus ordonne que l'Arrêt du 20. Juillet 1729. fera
executé felon fa forme & teneur fait défenfes
d'y contrevenir - fous les peines y contenues ::
Ordonne en outre que le prefent Arrêt ſera inſcrit
dans le Régiftre de la Communauté des Libraires
& Imprimeurs de cette Ville de Paris
envoyé dans les Bailliages & Senéchauffées du
Reffort , pour y être lû , publié & enregistré , &
affiché par tout où befoin fera. Enjoint aux Sub
ftituts du Procureur Général du Roy d'y tenir la
main , & dans certifier la Cour dans un mois.
Fait en Parlement le 23. Fevrier 1730. Signé
YSABEA U.
ARREST du 14. Fevrier , qui déclare ce-
Jui du 12. Avril 1723. & autres rendus pour les.
Manufactures d'Elbeuf , Louviers , Dernetal &
Orival , communs pour la Manufacture des Frocs
de Bolbec..
AUTRE du même jour , qui proroge jufqu'au
dernier Avril 1730. le délay accordé par l'Arrêt
du 23. Août 1729. pour le Contrôle des Actes
de Foy & Hommage.
AUTRE du même jour , qui ordonne qu'à
Commencer du 19. Mars 1730. jufqu'à la fin du
Bail de Carlier , il ne fera perçû fur les Sardines
venant de la Province de Bretagne en Anjou
que 4. livres 15. fols 6. deniers par Barrique du
poids de trois cens livres , pour tous Droits d'En
trée , d'Abord & de Confommation.
ARREST du Parlement , qui ordonne qu'un
Libelle
23
MARS. 173.0. 627
Libelle fera laceré & brûlé. Ce jour , les Geas
du Roi font entrez , & Maître Pierre Gilbert de
Voifins , Avocat dudit Seigneur Roi portant la
parole , ont dit :
Meffieurs , la lecture du Libelle que nous dé
ferons à la Cour lui fera connoître aiſément'
quelles en font les confequences pernicieufes , &'
combien il y a lieu de le réprimer.
C'eſt un imprimé fans aveu fous le titre de Remontrances
addreffées à Monfieur l'Archevêque
de Paris , par les Fideles de fon Diocèſe. Ainfi
un Auteur anonime du fond de fon obſcurité ,
entreprend de faire parler un peuple entier , &
fous prétexte de lui prêter fes paroles , effaye en
effet de lui infpirer les fentimens & fes maximes
féditieufes.
Loin d'appercevoir dans cet ouvrage la retenuë
& le refpect dont l'Auteur devoit au moins affecter
de conferver l'apparence , on n'y voit que
témerité , qu'emportement & que fcandale. Il
ne fe contente pas de fe déclarer contre l'Ordonnance
de Monfieur l'Archevêque de Paris du 29°
Septembre dernier , il attaque en même-temps
fa perfonne & la droiture de fes intentions . Nous
vous plaindrions , dit le Libelle , Si vous n'êtiez
que féduit. Mais nôtre foi ... s'eft apperçue
du piege qu'on lui veut tendre , &c. Affectations,
déguifemens , mauvaiſe foi , fauffes infinuations,
détours artificieux ; ce font les expreffions injurieufes
qu'on y trouve à chaque page contre ce
Prélat.
Les Evêques de France en general font encore
moins épargnez . Sans égard ni pour leur dignité .
ni pour leurs perfonnes , on met en oeuvre les
couleurs les plus noires pour les décrier. Il n'eft
point d'invectives ni de traits envenimez qu'on ne
raffemble contr'eux . Pour comble d'attentat on
ofe
625 MERCURE DE FRANCE .
ofe s'élever contre le Corps même de l'Epiſcopat ,
& il femble qu'on aſpire à le rendre odieux &
méprifable.
A ce caractere fe reconnoît d'abord un Libelle
diffamatoire , qui par fa nature exige toute la fe→
verité des Loix.
Prévenu d'ailleurs par l'excès de fa paffion
l'Auteur s'abandonne à des déclamations contre
la Conftitution Unigenitus , qui ont été tant de
fois condamnées par vos Arrêts . Il s'éleve encore
davantage contre les explications folemnelles de
1720. que feu Monfieur le Cardinal de Noailles a
lui- même publiées. Il les traite d'ouvrage tiffu
des plus indignes artifices , & il reproche à Monfieur
l'Archevêque de Paris d'en copier les mife-.
rables défaites : oubliant en cet endroit les éloges
qu'il donne ailleurs à Monfieur le Cardinal de
Noailles , & cenfurant fa conduite pour décrier
celle de fon fucceffeur.
ع ق م
Mais ce qui merite fur tout d'attention la plus.
ferieufe de la Cour , c'eft le danger des faux principes
qu'on ne craint point de mettre au jour dans
ce Libelle. Sans parler de la témérité & de l'artifice
avec lefquels il s'explique fur les faits qui
regardent les anciens troubles de l'Arianifme
l'Auteur avance fans détour qu'il eft des occafions
où le Pasteur doit obéir à fes oüailles ,
le Corps de l'Epifcopat fe foumettre à quelques ,
unsde fes membres . Il eft faux , dit-il ailleurs
qu'en toute circonflance l'autorité ( du Chef&
du Corps des Pasteurs ) doivent rendre notre
foumiffion tranquille & exempte de fcrupule.
Après tout , dit-il encore & fe font fes propres
termes pourquoi ne défendrions - nous pas la
verité contre le Pape & contre tous les Evêques,
s'ils la combattoient en effet ? S'expliquer ainfi ,
c'eſt annoncer ouvertement que le Corps de l'Epifcopat
MARS. 1730. 629
pifcopat peut tomber dans l'erreur & l'enfeigner
qu'il peut être inftruit , corrigé , jugé même par
le peuple. C'eſt le but que l'Auteur femble s'être
propofé dans fon ouvrage. Et peut -on s'empêcher
de reconnoître que c'eft travailler à détruire toute
fubordination & toute Hierarchie Ecclefiaftique ,
ou plutôt à renverfer les fondemens de l'autorité
infaillible de l'Eglife , en introduiſant dans for
fein les principes des Sectes qui s'en font féparées
dans les derniers fiecles ?
Que ferviroit-il de s'étendre davantage fur un
Libelle qui contient des principes dont on ne
fçauroit étouffer trop promptement les fémences
dangereufes C'eft l'objet des Conclufions que
nous laiffons à la Cour avec l'ouvrage dont notre
miniftere lui demande la condamnation la plus
rigoureufe.
Les Gens du Roy retirez :
Vu le Libelle intitulé : Remontrances des Fideles
du Diocefe de Paris , à Monseigneur leur
Archevêque , au fujet de fon Ordonnance du 29.
Septembre 1719. & à la fin , A Paris ce 26 Octo
bre 1729. Enſemble les Conclufions par écrit du
Procureur General du Roi. La matière mife en
déliberation :
La Cour a ordonné & ordonne que ledit Libelle
fera laceré & brûlé dans la Cour du Palais ,
au pied du grand efcalier d'icelui, par l'Executeur
de la Haute Juftice ; fait très -expreffes inhibitions
& défenfes à tous Imprimeurs & Libraires , Colporteurs
& autres , de l'imprimer , vendre , dé
biter ou autrement diftribuer ; enjoint à ceux qui
en ont ou pourroient avoir des Exemplaires , de
les apporter inceffamment au Greffe de la Cour ,
pour y être fupprimez ; ordonne qu'à la requête
du Procureur General du Roi , il fera informé
pardevant Maître Philibert Lorenchet Confeiller
pour
630 MERCURE DE FRANCE:
"'
pour les témoins qui pourroient être entendus
dans cette Ville, & à la pourfuite & diligence des
Subftituts du Procureur General du Roi , pardevant
les Lieutenans Criminels , ou autres Officiers
des Bailliages & Sénechauffées des Lieux pour les
témoins qui y feroient entendus , contre les Auteurs
dudit Libelle , & ceux qui l'auroient imprimé
, vendu , débité ou autrement diftribué , pour
les informations faites rapportées & communiquées
au Procureur General du Roi être ordonné
ce que de raifon Ordonne en outre que copies
collationnées du prefent Arrêt feront envoyées.
aux Bailliages & Sénechauffées du Reffort , pour
y être lûes , publiées & enregistrées , & affichées
par tout où befoin fera ; Enjoint aux Subftituts
du Procureur General du Roi d'y tenir la main &
d'en certifier la Cour dans un mois . Fait en Parlement
le 23. Fevrier 1730. Signé , YSABEAU.
Et le 23. Fevrier 1730. onze heures du matin,
à la levée de la Cour , le Libelle " mentionné
a été laceré & jetté au feu par l'Executeur de
La Haute-Jufice , au bas du grand Efcalier du
Palais , en prefence de nous Marie Dagobert
Tfabeau , l'un des trois premiers & principaux
Commis pour la Grand Chambre , affifté de deux
Huiffiers de ladite Cour. Signé , YSABEAU.
ORDONNANCE DU ROY , du 2 5. Fevrier ,
pour faire faire par les Intendans , ou ceux qui
feront par eux commis une Revûë generale des
Troupes de Milice.
"
ARREST du 7. Mars, qui autorife les Syndics
& Directeurs de la Compagnie des Indes , à établir
une Loterie pour rembourfer au Public , fur
le pied de Trois mille livres , trois cens trente
Actions par mois , voici la teneur de l'Arrêt. Sur
la
MARS. 1730 631
la Requête prefentée au Roi , en fon Confeil , par
les Syndics & Directeurs de la Compagnie des
Indes , contenant , qu'ils voyent avec peine les
variations qui arrivent de temps en temps fur le
prix des Actions de ladite Compagnie , & que
pour obvier à cet inconvenient , qui allarme un
grand nombre de Familles qui ont été obligées
de placer en Actions les fonds provenans des rembourfemens
qui leur ont été faits , ils fe propofent
de foûtenir le prix de l'Action fur un pied
proportionné à fon revenu , par le moyen d'une
Loterie , s'il plaift à Sa Majefté les y autorifer.-
Vu ladite Requête & le plan de ladite Loterie :
Ouy le rapport du Sieur le Peletier Conſeiller
ordinaire au Confeil Royal , Controlleur generaf
des Finances , Sa Majeſté étant en fon Conſeil , a
erdonné & ordonne ce qui fuit.
ARTICLE PREMIER.
Les Syndics & Directeurs de la Compagnie
des Indes auront la faculté d'établir une Loterie
pour retirer du Public Trois cens trente Actions
tous les mois.
I I.
Lefdites Trois cens trente Actions feront payées
fur le pied de Trois mille livres l'Action .
I I I.
Ceux qui voudront mettre à cette Loterie ,
payeront dix livres pour chaque Billet ; & la
Loterie fera fermée , quand le nombre de quarante
neuf mille cinq cens Billets aura été rempli.
I V.
La Loteric fera tirée le cinquième jour de cha
que mois , dans la Salle de l'Hôtel de la Compagnie
des Indes , en prefence des Sieurs Infpecteurs,
Syndics & Directeurs de ladite Compagnie,
& de ceux des Intereffez qui voudront s'y trouver.
V
632 MERCURE DE FRANCE.
V.
Chacun des trois cens trente premiers Billets
qui fortiront de la roue , operera le payement
comptant d'une Action fur le pied de Trois mille
livres , fur laquelle fomme il fera retenu dix liv.
pour les frais : Et fera par le Secretaire de la Compagnie
tenu un Regiſtre paraphé par l'un des S
Infpecteurs , où feront enregistrez les numero des
Billets à mesure qu'ils feront appellez ; lequel
Registre demeurera au Secretariat ,
pour y avoir
recours en cas de befoin .
V I.
Les deniers feront reçûs par les perfonnes qui
feront à ce prépofées par déliberation de ladite
Compagnie , du nom defquelles le Public fera
averti par des Affiches .
VII .
Les Regiftres qui feront tenus pour cette recette
, feront cotez & paraphez par l'un desdits
Sicurs Infpecteurs , ou par l'un des Syndics &
Directeurs de ladite Compagnie ; dans lefquels
Registres les Receveurs écriront le numero du
Billet , & le nom du Proprietaire d'icelui .
VIII.
Les Dividendes échûs ou à écheoir dans le cou
rant de la demi- année, feront joints aux Actions,
où il fera retenu fur les Trois mille livres la fomme
de foixante-quinze livies pour la valeur du Dividende.
I X.
Ladite Loterie aura lieu à commencer du premier
Avril prochain , & fera continuée de mois
en mois fans interruption , &c.
AUTRE du même jour, par lequel il eft dit que
le Roi étant informé que le Commerce des Actions
de la Compagnie des Indes,qui s'eft fait par vente
à
MARS. 17 ; 6 : 613
à Prime ou à marché ferme , a donné lieu à des
engagemens ufuraires & illici tes ; à quoi Sa Majefté
voulant pourvoir , fait deffenfes à toutes.
perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles
foient , de contracter à l'avenir aucuns engagemens
pour fournir ou recevoir à terme desActions
de la Compagnie des Indes , fous le nom de Pri
me , marché ferme ou autrement , à peine , de
nullité defdits engagemens , & de trois mille livres
d'amende , tant contre le vendeur que contre
l'acheteur. Veut S. M. qu'il ne puiffe être fait
à l'avenir aucune vente defdites Actions qu'en les
delivrant réellement & en recevant la valeur comptant.
Veut auffi S. M. que les engagemens contractez
jufqu'à ce jour , foit à Prime , foit à mar
ché ferme ou autrement , & qui n'ont point encore
été confommez , demeurent nuls & réfo us ,
& qu'en confequence les Proprietaires des Actions
vendues à Prime ne puiffent les retirer du
dépôt , qu'en rendant à l'acheteur , foit en efpeces
, foit en Actions fur le pied du cours qu'elles
auront le jour de la publication du prefent Arrêt,
les fommes qu'ils auront reçues pour lefdites
Primes : Et à l'égard des ventes faites à marché
ferme, les vendeurs & les acheteurs retireront refpectivement
les Actions qu'ils ont déposées , &c. ,
SENTENCE DE POLICE du 2. Decembre
qui condamne les nommez Legrand & femme le
Baigue , Boulangers , en trois cens livres d'amende
, pour avoir contreven u aux Ordonnances qui
reglent ce qui doit être obfervě par les Boulanger
qui occupent des Piaces dans les Halles
& Marchez .
AUTRE du 9. Decembre , qui condamne les
nommez Potonnier & le Clerc , Joueufes de Profeffion
624 MERCURE DE FRANCE : 834
feflion , en mille livres d'amende chacune , pour
avoir donné à jouer au Jeu de Pharaon.
AUTRE du même jour , qui condamne les
nommez Aubri , Duguy & Maurice , pour avoir
alteré les Chandelles des Lanternes publiques .
AUTRE du 18. Fevrier , qui enjoint à toutes
perfonnes de faire ramoner exactement leurs
Cheminees , pour prévenir les Incendies.
F
JUGEMENT rendu le 18. Février , par
M. Herault , Lieutenant General de Police , &
Mrs les Confeillers au Siege Préfidial du Châtelet,
qui condamne Martin Baudrier, ' dit Defchaifes
,à être attaché au Carcan en la Place de Greve
, & y demeurer depuis midi jufqu'à deux heu
tes , ayant Ecriteau devant & derriere portant ces
mots : Colporteur d'Ouvrages imprimez &prohibez,
& banni pour trois ans du reffort des
Parlements de Paris & de Rouen.
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Résumé : ARREST, ORDONNANCE, &c.
Le texte relate une série d'événements et de décisions juridiques concernant la transmission de la Terre et Seigneurie d'Ollebreuse. Alexandre Prévôt, Chevalier et Seigneur de Gagemon, a reçu en donation cette terre par le Roi de Grande-Bretagne et la Reine de Prusse, héritiers de la défunte Duchesse Éléonore de Brunswick-Lunebourg, dont Prévôt est le cousin. Cette donation a été confirmée par le Roi de France, Louis, par un arrêt du Conseil d'État du 17 septembre 1729, permettant à Prévôt de prendre possession de la terre et d'en percevoir les revenus. Les lettres patentes ont été expédiées le 6 octobre 1729 et enregistrées au Parlement le 14 décembre 1729. Le texte mentionne également plusieurs autres arrêts et ordonnances, notamment concernant la valeur des pièces de monnaie, la prorogation de certaines exemptions fiscales, et des régulations sur les droits de douane et les loteries. Un arrêt du Parlement déclare abusifs des brefs ou décrets concernant la légende de Grégoire VII, soulignant l'indépendance des puissances séculières face à l'autorité pontificale. En mars 1730, les Syndics et Directeurs de la Compagnie des Indes ont présenté une requête au Roi pour stabiliser le prix des actions de la Compagnie, fluctuant fréquemment. Ils proposent d'établir une loterie pour fixer le prix de l'action à trois mille livres, proportionné à son revenu. Le Roi, après avoir examiné la requête et le plan de la loterie, a ordonné la mise en place de cette loterie. Les points essentiels de l'arrêt royal incluent l'organisation d'une loterie mensuelle pour retirer trois cent trente actions, payées trois mille livres chacune. Les billets de loterie coûtent dix livres chacun, et la loterie sera close à quarante-neuf mille cinq cents billets. Le tirage aura lieu le cinquième jour de chaque mois à l'Hôtel de la Compagnie des Indes. Les gagnants recevront une action moins dix livres de frais, avec un registre tenu par le secrétaire de la Compagnie. Les dividendes seront ajoutés aux actions, avec une retenue de soixante-quinze livres pour la valeur du dividende. La loterie débutera le premier avril 1730 et se poursuivra mensuellement sans interruption. Le Roi a également interdit les engagements à terme pour les actions de la Compagnie des Indes, sous peine de nullité et d'amende, et les ventes doivent se faire en délivrant réellement les actions et en recevant la valeur comptant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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331
p. 634-635
ADDITION.
Début :
Le Roi a accordé au Marquis de Berenghen, Premier Ecuyer de S. M. la Charge de Lieutenant [...]
Mots clefs :
Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION.
ADDITION. '
É Roi a accordé au Marquis de Berenghen
Premier Ecuyer de S. M. la Charge de Lieurenant
General au Gouvernement de Bourgogne ,
& le Gouvernement des Villes & Citadelle de
Châlons fur Saone , dont le Maréchal d'Huxelles
a donné fa démiffion .
Jacques de Caflagnet- Tilladet , Marquis de
Firmacon , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
General des Armées de S. M. Lieutenant'
General de la Province de Rouffillon , où il commandoit
, & Oouverneur de Mont -Louis , mourut
à Leictoure vers le milieu de Mars ,
71. ans.
âgée
de
M. Pierre-Paul de Riquer , Comte de Caraman, "
LienMARS.
173.0
635
Lieutenant General des Armées du Roi , Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis,
cy-devant Lieutenant - Colonel du Regiment des
Gardes Françoifes , &
Gouverneur de Courtray ,
mourut à Paris le 25. de Mars ; âgé de 84. ans.
É Roi a accordé au Marquis de Berenghen
Premier Ecuyer de S. M. la Charge de Lieurenant
General au Gouvernement de Bourgogne ,
& le Gouvernement des Villes & Citadelle de
Châlons fur Saone , dont le Maréchal d'Huxelles
a donné fa démiffion .
Jacques de Caflagnet- Tilladet , Marquis de
Firmacon , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
General des Armées de S. M. Lieutenant'
General de la Province de Rouffillon , où il commandoit
, & Oouverneur de Mont -Louis , mourut
à Leictoure vers le milieu de Mars ,
71. ans.
âgée
de
M. Pierre-Paul de Riquer , Comte de Caraman, "
LienMARS.
173.0
635
Lieutenant General des Armées du Roi , Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis,
cy-devant Lieutenant - Colonel du Regiment des
Gardes Françoifes , &
Gouverneur de Courtray ,
mourut à Paris le 25. de Mars ; âgé de 84. ans.
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Résumé : ADDITION.
Le roi a nommé le Marquis de Berenghen Lieutenant Général en Bourgogne et Gouverneur de Châlons-sur-Saône, succédant au Maréchal d'Huxelles. Jacques de Caslagnet-Tilladet, Marquis de Firmacon, est décédé à Lectoure à 71 ans. Pierre-Paul de Riquer, Comte de Caraman, est décédé à Paris à 84 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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332
p. 654-671
EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
Début :
Il y a quelques mois qu'on a imprimé les deux Harangues dont nous [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Harangues, Dauphin, Professeurs de rhétorique, Collège Louis le Grand, Roi, Prince, Peuples, Orateur, Bonheur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
EXTRAIT de deux Harangues Latines
fur la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin , prononcées au College de
Louis le Grand par les Profeffeurs de
Rhetorique.
Ly a quelques mois qu'on a imprimé
les deux Harangues dont nous
donnons ici l'Extrait ; l'une fut prononcée
par le P.Charles Porée le 14.Septembre
1729 vers le commencement desVacances,
l'autre par le P.Xavier de la Sante le 15. Decembre
fuivant , quelque tems après qu'on
eut repris les exercices ordinaires du College.
Le premier crut ne pouvoir mieux
finir fon année , & le fecond mieux commencer
la fienne , qu'en félicitant le Public
fur un évenement fi intereffant pour
la France & pour toute l'Europe. Nous
croyons faire plaifir à nos Lecteurs en leur
donnant un Abregé de ces deux Difcours,
qui répondent parfaitement à la réputation
des Auteurs.
La
AVRIL 1730. 655
>
›
3
La Harangue du P. Porée commence
par feliciter le Roi de la Naiffance de
fon augufte Fils. Il n'eft point d'homme ,
dit l'Orateur , de quelque condition qu'il
foit , qui ne fouhaite de laiffer fon nom
ou fes biens à un fils plutôt qu'à une ou
à plufieurs filles ; celles ci perdent ce
nom en entrant dans d'autres familles
où il meurt bientôt avec elles. Il fe perpetuë
dans la perfonne d'un fils
en fe
perpetuant il devient plus illuftre , & acquiert
une efpece d'immortalité , dont
l'efperance feule flatte un pere qui s'ima
gine devoir vivre en quelque forte éternellement
dans une nombreuſe pofterité.
Mais qui doit être plus touché de ce
plaifir qu'un Prince , un Monarque , un
Roi de France , & un Roi de la Maiſon
des Bourbons ? nom fi ancien , fi glorieux
que tant de Grands Hommes ont porté
& honoré. Par une fucceffion non interrompue
, il vient de Louis IX . jufqu'à
Louis XV, il a été illuftré par tous les
genres de mérite ; il a étendu fa domination
dans un Royaume voiſin , d'où il fe
fait refpecter jufques dans le nouveau
monde ; il eft confacré par la Religion &
placé jufques dans le Ciel , où nous lui
rendons de juftes hommages. Tel eft le
nom que Louis tranfmet à fon fils : un
jour celui-ci en foutiendra la gloire , &
656 MERCURE
DE FRANCE
રે
la fera paffer à une longue fuite de Heros .
Il n'en fut pas ainfi du nom des Cefars;
depuis le Grand Jules il ne fubfifta que
par l'adoption , par l'élection , fouvent
même par l'ufurpation ; il périt dès qu'il
fut élevé fur le Trône ; quand il devint le
nom des Empereurs , il paffa à des Etrangers
, & ceffa d'être celui d'une même
famille.
Tout peré aime encore à laiffer un fils
heritier de fes biens , quelques médiocres
, quelque peu confiderables
qu'ils
foient ; on femble alors les quitter fans
c'eft les perdre deux
regret , au lieu que
fois , que de les voir paffer en d'autres
mains. Quel eft donc le bonheur de Louis ,
à qui le Ciel accorde un fils , auquel il
pourra remettre , non pas fimplement un
riche heritage , non pas des titres glorieux
, mais le plus beau Royaume , le
plus floriffant , le plus ancien de l'Europe
! Augufte n'eut pas cet avantage ; il
etendit les bornes de l'Empire ; mais il
fut obligé de fe chercher un heritier hors
de fa Maiſon ; il s'entendit appeller Pere
de la Patrie par tous les Citoyens ; mais
jamais il n'entendit fortir ce doux nom
de pere de la bouche d'un fils . La même
confolation fut refufée non-feulement aux
Nerons , aux Caligula , aux Domitiens ,
humain
il étoit de l'interêt du genre
que
de
AVRIL
1730.
657
de tels monftres périffent tout entiers ;
mais elle fut refufée aux Tites & aux
Trajans , ces Princes adorables qui faifoient
les délices de l'Univers.
Notre Roi plus heureux que tous ces
Empereurs a déja merité d'être appellé le
Pere de fon Peuple , comme un très- petit
nombre d'entr'eux ; il eſt déja comme
quelques-uns pere de plufieurs Princeffes;
mais ce qui n'arriva à aucun d'eux , aujourd'hui
il fe voit pere d'un fils ; & à
quel âge a- t'il ce bonheur ? Remontons
dans les fiécles paffés ; parcourons la fuite
de tous nos Rois ; jettons les yeux fur
toutes les Cours Etrangeres, ici nous trouverons
des Princes qui envient le fort de
Louis , là nous n'en trouverons point qui
ait eu fi tôt le même bonheur,
Les meres ne font pas moins charmées
d'avoir un fils que les peres mêmes ; l'amour
qu'elles ont pour leurs Epoux eft
la meſure de la joye que leur cauſe la
Naiffance d'un fils qui le repréſente d'une
maniere plus parfaite que des tableaux
muets. Cette raifon generale convient
encore mieux à une grande Reine qui revere
toûjours la perfonne de fon Roi dans
celle de fon Epoux , & dont la tendreffe
eft temperée par le refpect . Quelque
grand , quelque fincere que foit l'amour
de part & d'autre , les dehors en font
B Lou
658 MERCURE DE FRANCE
toujours reglés par la dignité des auguftes
Epoux , & la majefté tempere une vivacité
permife à des perfonnes privées. Le
Dauphin repréſentera à fa mere tous les
traits de Louis ; mais dépouillés de cette
vive lumiere qui fait qu'on n'ofe fixer
trop long- tems fur lui fes regards ; elle
pourra le contempler à loifir , lui prodiguer
fes careffes , à peu près comme nos
yeux qui ne fçauroient foutenir la clarté
du Soleil , contemplent avec plaifir ſon
image , s'il vient à fe peindre dans une
Nuée brillante.
D'autres raifons que l'Orateur touche
avec beaucoup de délicateffe , c'eft que
la Naiffance du Dauphin affure à la Reine
le coeur de fon augufte Epoux , & augmente
en quelque forte fon autorité. A
la verité , elle n'avoit pas befoin de cel
gage pour s'attacher le coeur d'un Prince
, dont toutes les inclinations font reglées
par la raifon , tous les goûts fubordonnés
au devoir , tous les defirs moderés
par la fageffe ; il avoit reçû avec
joye les trois Princeffes que la Reine lui
avoit données jufqu'ici ; il les accable tous
les jours des careffes qu'elles peuvent attendre
du pere le plus tendre. Ce n'eſt
pas qu'il ne defirât un heritier de fes Etats
auffi ardemment que fes Peuples le fouhaitoient
, mais il l'attendoit plus patiemment,
AVRIL. 1730. 659
tiemment , & avec une plus grande foumiffion
aux ordres du Ciel. Quelle joye
pour notre Reine d'avoir enfin comblé
des voeux fi juftes & fi fages !
Quelle joye d'avoir donné à toute la
France ce qui faifoit l'objet de fon attente
, & de l'avoir ainfi payée avec uſure
de tout ce qu'elle en a reçû ! Il eſt vrai
que fa vertu eft au - deffus des honneurs
que nous lui rendons ; mais fon grand .
coeur n'a voulu les recevoir que pour
faire notre bonheur ; elle fe les reproche
roit ſi ſon élevation n'étoit utile qu'à ellemême
; par le Dauphin qu'elle donne à
la France , elle lui rend plus qu'elle ne
lui a donné ; elle en a reçû la Couronne
& elle donne un Prince qui la foutiendra
un jour glorieufement.
La feconde Partie eft adreffée au Dauphin
mème , que le R. P. Porée félicite
fur fon bonheur. Pour en tirer des préfages
certains , il ne lui eft pas neceffaire
de recourir aux chimeres de l'Aftrologie
, à de vaines fupputations , & du moment
de fa naiffance , & du cours des
Aftres ; il n'a pas recours aux Fables des
Poëtes , adoptées quelquefois par les Orateurs
en femblables occafions. Des raifons
plus folides fur lefquelles il fe fonde
font les Royales qualités du pere ,
qui ne promettent pas moins qu'un He
Bij LOS
660 MERCURE DE FRANCE.
ros ; l'ordre de fa naiffance qui le fait feul
heritier de tout le Royaume ; la maniere
dont il a été obtenu du Ciel . L'Orateur
dans ce dernier article nous repréſente le
voyage que la pieté fit entreprendre l'année
derniere à la Reine. Il ne nous eft
pas
permis de toucher au Portrait qu'il fait
du Roi , nous craindrions de le defigurer
en quelque forte. Renvoyant donc
pour cette partie à la Piece même , nous
paffons à la troifiéme , où le R. P. Porée
félicite les Peuples d'un évenement qui
les intereffoit infiniment.
III. Il remarque d'abord qu'il eft bien
rare qu'on puiffe feliciter le Peuple fur
l'accompliffement de fes voeux ; ce font
ordinairement des voeux temeraires ou
nuifibles , il ne voit jamais les premiers
accomplis ; fi les autres le font quelquefois
, ce n'eft que pour fon malheur. Il
n'en eft pas ainfi de ceux que nous formions
pour la naiffance d'un Dauphin ;
rien n'étoit plus fage , & ne devoit nous
être plus avantageux ; notre impatience
même , quoiqu'elle fut trop vive , &
qu'elle allat à nous faire abfolument defefperer
ce que nous n'avions pas obtenu
tout d'un coup , avoit quelque choſe de
raifonnable , fufques dans fa bizarrerie.
C'eft que nous fouhaitions non- feule- ,
ment de voir à notre Roi un heritier de ,
fes
1
AVRIL. 1730. 661
fes Etats , mais encore de le lui voir naî
tre dans fa jeuneffe , afin que ce Prince
pût être élevé fous fes yeux , afin qu'il
pût par fes grands exemples s'inftruire
long- tems dans l'art de regner. Nous
fçavons que toutes les minorités des Rois
ne font pas auffi tranquilles que l'a
été celle de Louis XV. Il eft difficile que
des Princes aufquels pour premiere leçon
on apprend qu'ils font maîtres de ceux
qui les inftruiſent , profitent bien de l'éducation
qu'on leur donne. Il faudroit
pour cela naître avec un caractere ferieux ,
amateur de l'ordre , avec une fageffe naturelle
, & dans la plus tendre enfance
n'avoir rien de la legereté de cet âge ; il
faudroit être tel , en un mot , que Louis
le Grand & fon digne fucceffeur.
Enfin ce qui intereffoit non - feulement
les François , mais tous les Peuples de
l'Europe , & leur faifoit formes les mêmes
voeux qu'à nous , c'eft qu'un Dauphin
de France femble affurer la tranquillité
de tous les Etats voifins auffibien
que la notre. Cette tranquillité fait
l'unique objet des foins de notre jeune
Monarque ; après un David guerrier ,
nous avons en lui un pacifique Salomon.
Le fage Miniftre auquel il donne toute
fa confiance , & qu'il appelle à tous fes
Confeils , eft un Ange de paix ; le fils
B iij qu'il
>
:
662 MERCURE DE FRANCE
1
le
partage
qu'il vient d'obtenir du Ciel peut être
appellé en quelque forte le Prince de la
Paix ; cet augufte enfant diffipe les allarmes
que nous pourrions avoir de ces
guerres qui fe font pour la fucceffion &
des grands Royaumes , Guerres
veritablement plus que civiles dont
nous avons un exemple dans ce qui s'eft
paffé dans l'Europe au commencement
de ce Siecle. Le R. P. Porée en fait une
deſcription vive & frappante , qu'on lira
avec d'autant plus de plaifir , que la naiffance
du Dauphin nous empêche de crain.
dre rien de Temblable..
II. DISCOURS..
R.P. La Harangue du R. P. De la Sante eft
moins fur la Naiffance du Dauphin qu'un
préfage de ce que doit être ce Prince ,
qui croft pour la fortune la plus brillante
& pour la felicité des Peuples. S'il
avoit voulu fe borner à celebrer cet heureux
évenement , il n'auroit pas attendu
fi long- tems ; mais fon Collegue l'ayant
fait avec fuccès , il a crû devoir donner
un autre tour à fon Difcours. Dans la
premiere Partie il montre ce que le Dauphin
promet à la France ; dans la feconde
, ce que la France promer au Dauphin
.
I. Pour fçavoir , dit l'Orateur , les ma
gnifiques
AVRIL. 1730.
663
,
gnifiques efperances que nous pouvons
concevoir de cet augufte Enfant , il nous
fuffit de faire reflexion qu'il eft fils d'un
Roi Bourbon & fils d'un Roi Très-
Chrétien . Ces deux titres nous apprennent
ce que nous devons en attendre
Fun nous affure du bonheur du Royaume
, l'autre nous promet un appui pour
la Religion.
Le P. De la Sante commence la
preuve de la premiere Propofition par un
éloge des Bourbons qu'il fait avec autant
d'art que le R. P. Porée , quoique le tour
en foit different. L'efprit du Lecteur aime
à trouver le même morceau d'Eloquence,
traité par deux grands Maîtres qui ne fe
copient pas l'un l'autre . On peut encore
voir le même éloge dans la troifiéme Harangue
du P. Coffart , Jefuite & prédeceffeur
de ces deux Peres dans l'emploi
qu'ils rempliffent fi dignement.
Enfuite defcendant dans le détail , if
parcourt tous les grands Rois qu'a don
nés cette maifon ,. & commence par Louis
IX. qui en eft la tige . Quel Monarque
s'appliqua jamais avec plus de zele à pro
curer le bonheur de fes Peuples , c'eſt-àdire
, à pacifier les troubles domeftiques
à repouffer les Ennemis Etrangers , à adminiftrer
la juftice à fes Sujets & à l'éta
blir folidement par les Ordonnances les
plus
B. iiij.
664 MERCURE DE FRANCE
plus fages. Pour faire toutes ces chofes
avec le fuccés qu'il eut , il falloit être le
Pere de fes Peuples , plutôt que leur Roi;
fe regarder comme leur Pafteur plutôt
que comme leur Chef. Pour foûtenir les
traverfes qu'il effuya pendant fa vie , il
falloit une vertu plus qu'humaine ; la
conftance des Heros ne va pas jufques là:
il falloit être un Saint.
L'Orateur paffe auffi- tôt à Henri le
Grand , Prince veritablement digne de ce
nom , dans quelque point de vue qu'on
l'envifage ; conquerant d'un Royaume fur
lequel il avoit feul un droit inconteftable
, à confiderer avec quelle bonté il
gouvernoit fes Peuples , avec quelle affection
& quel zele on lui obéïffoit , il fembloit
qu'il ne dût le Sceptre ni à ſa naiſfance
, ni à fon épée , mais à un choix libre
qui lui donnoit tous les coeurs .
Cette même bonté , cette facilité fut
le caractere qui diftingua le fils d'Henri
le Grand ; ce Monarque fit affeoir fur fon
Trône la Juftice & la Pieté ; la Sageffe
préfida à tous fes Confeils , aucun Roi
n'a été plus heureux dans le choix de fes
Miniftres ; fon Regne établit la tranquillité
au dedans de la France , étoufa jufqu'aux
femences des diffenfions domeftiques
, fit refpecter notre puiffance à des
voifins jaloux , & feroit peut-être le plus
glorieux
AVRIL. 1730.
865
'glorieux de tous les Regnes , fi ce Prince
n'avoit eu un prédeceffeur & un fucceffeur
,tous deux plus grands que lui.
Ici l'Orateur fait un portrait achevé de
Louis le Grand , ce Heros fi noblement
łoüé pendant la vie , & ce qui eft moins
équivoque , encore mieux loué après fa
mort par les regrets , non des feuls François
, mais des Nations étrangeres & ennemies.
Nous craindrions d'affoiblir cet
éloge fi nous nous contentions d'en rap--
porter quelques traits ; il faut le voir tout
entier dans la Piece.
L'arriere- petit- fils de ce Prince fait au
jourd'hui fon unique étude de conferver
la paix qu'il avoit glorieufement établie
fur la fin de fon Regne. Louis XV. fe
propofe de gouverner for Royaume felon
les maximes de Louis XIV. & met
fa félicité dans celle des Peuples. Le bonheur
de ce Monarque c'eft que le bruit
des armes n'a pas troublé les jeux de fon
enfance; fa gloire, c'eft qu'à la fleur de fes
années , & dans la plus tendre jeuneffe
-il fe voit l'arbitre de la paix , & choifi
pour Médiateur par tous les Princes de
l'Europe. Dans ces divers caracteres , l'adreffe
de l'Orateur confifte à ne point
laiffer perdre de vûë fon principal objet.
C'eft ce que fait le P. De la Sante , en
rappellant fans ceffe l'idée du nouveau
Bv Dauphin
666 MERCURE DE FRANCE
Dauphin dans les Portraits qu'il fait de
fes Ayeux.
Il parle enfuite de l'attachement que tous
les Rois Bourbons ont témoigné pour la
Religion , & prouve que le nom de Rois
Très-Chrétiens n'a pas été en eux un vain
titre.. Ici comme dans la premiere induction
, il commence par S. Louis ; tout le
monde fçait le zele qu'il témoigna pour
l'extirpation de l'herefie des Albigeois ;:
ce zele le tranfporta deux fois au - delà
des mers , plutôt pour la propagation de
la Foi , qu'en vûe d'étendre fon Empire,
ou pour fatisfaire un efprit d'inquiétude :
qui fut l'ame de la plupart des projets de
cette nature ..
Henri IV. avoit eu le malheur de fe
laiffer aller au parti de l'Herefie ; il ne
fut pas plutôt fur le Trône qu'il l'abjura:
fincerement , & la & la preuve de cette fincerité
, c'eft ce qu'il fit pour ramener à la
verité ceux du parti qu'il avoit abandonné.
On fçait que ce Prince d'un coeur veritablement
droit , témoignoit plus de
joye lorfqu'on lui apprenoit que quelqu'un
des Chefs de la Religion Protef
tante étoit retourné au ſein de l'Eglife ,
que lorsqu'on lui annonçoit que quelque
Ligueur étoit rentré dans fon obéillance..
Le plus bel Ouvrage de Louis le Jufte
eft l'abaiffement de ce même parti ; la
prife
AVRIL 1730. 667
prife de La Rochelle qui réduifit les fac
tieux à leur devoir,fera toujours regardée
dans nos Faftes comme la plus glorieufe
action d'un Regne conftamment glorieux;
la confommation de ce grand Ouvrage
étoit refervée à fon fils , heritier de fa pieté
& de fon zele pour la foi. Louis le
Grand a enfin détruit dans fon Royaume
le Calvinisme , la feule herefie qui eut été
tolerée depuis la fondation de la Monarchie
par Clovis le premier Roi Très - Chrétien
.
Enfin ce même efprit de Religion a paſfé
dans le Monarque qui nous gouverne,
ce jeune Prince femble avoir été nourri
par la pieté, il en a fuccé le lait dès l'enfance
; fon refpect pour les chofes faintes a
éclaté en lui dès fes premieres années ; on
l'admire encore dans le feu d'une brillante
jeuneffe ; il paroît moins attentif à
faire refpecter la Majefté Royale qu'à fou
tenir dans fes Etats les interêts de la Reli
gion.
Tels font les Ayeux de notre Dauphin,
reprend l'Orateur , pouvons - nous douter
qu'il ne croiffe pour le bonheur de la
France , pour la deffenfe des Autels En
vain on diroit que tous les fils n'heritent
des vertus de leurs peres ,que lesVefpa
fiens n'ont pas toujours desTites pour fucceffeurs
; quand nous voyons que ce dou
BВ vj
pas
ble
668 MERCURE DE FRANCE
ble efprit de juftice & de pieté , d'amour
du bien public & de zele pour les interêts
de l'Eglife, s'eft perpetué dans tous les
Rois Bourbons pendant un fr long eſpace
d'années , nous pouvons nous tenir affurez.
qu'il ne fe démentira pas dans le
Prince qui vient de naître , & qu'il formera
fon caractere.
II. Partie.
Les François promettent au Dauphin
leur amour & leurs voeux dans fon enfance
; la Cour dont il fera les délices
pendant la jeuneffe , lui promet toutes
fortes de complaifances & d'agrémens;
enfin dès-à-prefent les Peuples lui voüent
pour le temps de la vieilleffe , leur obéïffance
& leurs fervices. Plaiſe an Ciel que
nos defirs foient accomplis dans tous ces
points ! qu'il arrive à une heureuſe vieil
Leffe , pendant laquelle il donnera la Loi,
& qu'il ne la donne pas avant ce temps !
Mais que dis -je , reprend l'Orateur ,
lui promettons pas feulement
notre amour & nos voeux ; dès ce jour il
a le coeur de tous les François , il a déja
reçu les hommages de tous les Ordres de
nous ne
Etat. Les Prélats qui font la plus noble
portion du premier de ces Ordres , fe
font diftinguez parmi tous les autres ; ils
ne fe font pas contentez de porter leurs
voeux
AVRIL 1730 . 669
voeux au pied du Trône & au Berceau
de l'augufte Enfant ; ils les ont confacrez
par la Religion , & rendus ainfi plus efficaces
; ils ont fanctifié ceux de tous les
Peuples en ordonnant des Prieres folemnelles
pour la profperité du Dauphin.
Qu'il a été heureux en particulier pour le
Paſteur du premier Troupeau du Royaume
, notre illuftre Archevêque , que le
premier exercice de fon miniftere qu'il ait
fait en cette Ville, ait été de recevoir fon
Roi , & de joindre fes actions de graces
à celles de ce Monarque ! Delà le P. de
La Sante prend occafion de faire un compliment
également jufte & ingenieux au
Prélat , qui étoit prefent.
Les Fêtes qui ont été faites dans toute
la France font une partie des hommages
qui ont été rendus au Dauphin . Par
là les Villes entieres , les Seigneurs du
Royaume , les Princes Etrangers par leurs
Ambaffadeurs , marquent les fouhaits
qu'ils font pour ce Prince. Le Peuple
même par la part qu'il a prife à ces Réjoüiffances
, par l'aimable folie à laquelle
il s'eft livré en cette occafion , lui témoi
gne fon amour & fon zele..
Qui voudra fçavoir les fentimens que
l'on aura pour le Dauphin de France , les
devoirs que lui rendront les François ,
lorſque dans un âge plus avancé , il fera
Pornement
670 MERCURE DE FRANCE
Pornement de la Cour n'a qu'à fe reffou
venir de l'affection des Peuples , du refpect
des Grands pour le premier Dauphin
, fils de Louis XIV. qu'il fe rappelle
la confiance qu'on avoit dans le Duc de
Bourgogne; la veneration qu'on avoit pour
lui & du vivant de fon Pere , & encore
plus lorfqu'il fut devenu l'Heritier immediat
de la Couronne . L'Orateur promet
avec affurance au Fils de Louis XV.
les mêmes honneurs , la même affection ,
la même foumiffion. Dans cette condition
, pourfuit - il , plus glorieufe que celle
de plufieurs Souverains , il apprendra à
commander , il s'inftruira par les exemples
& les Confeils de fon Pere dans l'Art de
regner.
Nous pouvons , ajoûte- t- il , lui pro
mettre qu'il regnera effectivement unt
jour , mais de la maniere la plus heureufe
& la plus confolante ; c'eft que , comme
un Poëte le difoit du fils d'un Empereur
Romain , dans un âge déja avancé , il parragera
l'autorité avec fon Pere , déja vieux.
Ce que difoit par pure flatterie ce vain
Panegyrifte , & ce qui ne pouvoit s'accomplir
qu'en accordant des fiecles entiers
à cet Empereur , nous pouvons le
dire de Louis avec confiance . Tout femble
lui promettre une longue vie & une
fanté conftante; c'eft le Prix que la Pro
vidence
AVRIL 1730. 671"
vidence a établi ici-bas pour la fageffe &
pour la vertu. Avant même qu'il foit fort
avancé en âge , fon augufte Fils aura toute
la maturité neceffaire au commandement.
Le Roi pourra le charger d'une partie des
affaires , moins pour s'en débarraffer, que
pour lui marquer la confiance..
Quelque temps avant que ces Pieces ayent
été imprimées, les R. P. Jefuites, toujours prêts
à fignaler leur zele pour la Maiſon Royale
avoient fait paroître un Recueil contenant
plufieurs Pieces de Vers François & La- `
tins , qui étoient toutes d'un excellent gout ,
chacune dans fon genre.
fur la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin , prononcées au College de
Louis le Grand par les Profeffeurs de
Rhetorique.
Ly a quelques mois qu'on a imprimé
les deux Harangues dont nous
donnons ici l'Extrait ; l'une fut prononcée
par le P.Charles Porée le 14.Septembre
1729 vers le commencement desVacances,
l'autre par le P.Xavier de la Sante le 15. Decembre
fuivant , quelque tems après qu'on
eut repris les exercices ordinaires du College.
Le premier crut ne pouvoir mieux
finir fon année , & le fecond mieux commencer
la fienne , qu'en félicitant le Public
fur un évenement fi intereffant pour
la France & pour toute l'Europe. Nous
croyons faire plaifir à nos Lecteurs en leur
donnant un Abregé de ces deux Difcours,
qui répondent parfaitement à la réputation
des Auteurs.
La
AVRIL 1730. 655
>
›
3
La Harangue du P. Porée commence
par feliciter le Roi de la Naiffance de
fon augufte Fils. Il n'eft point d'homme ,
dit l'Orateur , de quelque condition qu'il
foit , qui ne fouhaite de laiffer fon nom
ou fes biens à un fils plutôt qu'à une ou
à plufieurs filles ; celles ci perdent ce
nom en entrant dans d'autres familles
où il meurt bientôt avec elles. Il fe perpetuë
dans la perfonne d'un fils
en fe
perpetuant il devient plus illuftre , & acquiert
une efpece d'immortalité , dont
l'efperance feule flatte un pere qui s'ima
gine devoir vivre en quelque forte éternellement
dans une nombreuſe pofterité.
Mais qui doit être plus touché de ce
plaifir qu'un Prince , un Monarque , un
Roi de France , & un Roi de la Maiſon
des Bourbons ? nom fi ancien , fi glorieux
que tant de Grands Hommes ont porté
& honoré. Par une fucceffion non interrompue
, il vient de Louis IX . jufqu'à
Louis XV, il a été illuftré par tous les
genres de mérite ; il a étendu fa domination
dans un Royaume voiſin , d'où il fe
fait refpecter jufques dans le nouveau
monde ; il eft confacré par la Religion &
placé jufques dans le Ciel , où nous lui
rendons de juftes hommages. Tel eft le
nom que Louis tranfmet à fon fils : un
jour celui-ci en foutiendra la gloire , &
656 MERCURE
DE FRANCE
રે
la fera paffer à une longue fuite de Heros .
Il n'en fut pas ainfi du nom des Cefars;
depuis le Grand Jules il ne fubfifta que
par l'adoption , par l'élection , fouvent
même par l'ufurpation ; il périt dès qu'il
fut élevé fur le Trône ; quand il devint le
nom des Empereurs , il paffa à des Etrangers
, & ceffa d'être celui d'une même
famille.
Tout peré aime encore à laiffer un fils
heritier de fes biens , quelques médiocres
, quelque peu confiderables
qu'ils
foient ; on femble alors les quitter fans
c'eft les perdre deux
regret , au lieu que
fois , que de les voir paffer en d'autres
mains. Quel eft donc le bonheur de Louis ,
à qui le Ciel accorde un fils , auquel il
pourra remettre , non pas fimplement un
riche heritage , non pas des titres glorieux
, mais le plus beau Royaume , le
plus floriffant , le plus ancien de l'Europe
! Augufte n'eut pas cet avantage ; il
etendit les bornes de l'Empire ; mais il
fut obligé de fe chercher un heritier hors
de fa Maiſon ; il s'entendit appeller Pere
de la Patrie par tous les Citoyens ; mais
jamais il n'entendit fortir ce doux nom
de pere de la bouche d'un fils . La même
confolation fut refufée non-feulement aux
Nerons , aux Caligula , aux Domitiens ,
humain
il étoit de l'interêt du genre
que
de
AVRIL
1730.
657
de tels monftres périffent tout entiers ;
mais elle fut refufée aux Tites & aux
Trajans , ces Princes adorables qui faifoient
les délices de l'Univers.
Notre Roi plus heureux que tous ces
Empereurs a déja merité d'être appellé le
Pere de fon Peuple , comme un très- petit
nombre d'entr'eux ; il eſt déja comme
quelques-uns pere de plufieurs Princeffes;
mais ce qui n'arriva à aucun d'eux , aujourd'hui
il fe voit pere d'un fils ; & à
quel âge a- t'il ce bonheur ? Remontons
dans les fiécles paffés ; parcourons la fuite
de tous nos Rois ; jettons les yeux fur
toutes les Cours Etrangeres, ici nous trouverons
des Princes qui envient le fort de
Louis , là nous n'en trouverons point qui
ait eu fi tôt le même bonheur,
Les meres ne font pas moins charmées
d'avoir un fils que les peres mêmes ; l'amour
qu'elles ont pour leurs Epoux eft
la meſure de la joye que leur cauſe la
Naiffance d'un fils qui le repréſente d'une
maniere plus parfaite que des tableaux
muets. Cette raifon generale convient
encore mieux à une grande Reine qui revere
toûjours la perfonne de fon Roi dans
celle de fon Epoux , & dont la tendreffe
eft temperée par le refpect . Quelque
grand , quelque fincere que foit l'amour
de part & d'autre , les dehors en font
B Lou
658 MERCURE DE FRANCE
toujours reglés par la dignité des auguftes
Epoux , & la majefté tempere une vivacité
permife à des perfonnes privées. Le
Dauphin repréſentera à fa mere tous les
traits de Louis ; mais dépouillés de cette
vive lumiere qui fait qu'on n'ofe fixer
trop long- tems fur lui fes regards ; elle
pourra le contempler à loifir , lui prodiguer
fes careffes , à peu près comme nos
yeux qui ne fçauroient foutenir la clarté
du Soleil , contemplent avec plaifir ſon
image , s'il vient à fe peindre dans une
Nuée brillante.
D'autres raifons que l'Orateur touche
avec beaucoup de délicateffe , c'eft que
la Naiffance du Dauphin affure à la Reine
le coeur de fon augufte Epoux , & augmente
en quelque forte fon autorité. A
la verité , elle n'avoit pas befoin de cel
gage pour s'attacher le coeur d'un Prince
, dont toutes les inclinations font reglées
par la raifon , tous les goûts fubordonnés
au devoir , tous les defirs moderés
par la fageffe ; il avoit reçû avec
joye les trois Princeffes que la Reine lui
avoit données jufqu'ici ; il les accable tous
les jours des careffes qu'elles peuvent attendre
du pere le plus tendre. Ce n'eſt
pas qu'il ne defirât un heritier de fes Etats
auffi ardemment que fes Peuples le fouhaitoient
, mais il l'attendoit plus patiemment,
AVRIL. 1730. 659
tiemment , & avec une plus grande foumiffion
aux ordres du Ciel. Quelle joye
pour notre Reine d'avoir enfin comblé
des voeux fi juftes & fi fages !
Quelle joye d'avoir donné à toute la
France ce qui faifoit l'objet de fon attente
, & de l'avoir ainfi payée avec uſure
de tout ce qu'elle en a reçû ! Il eſt vrai
que fa vertu eft au - deffus des honneurs
que nous lui rendons ; mais fon grand .
coeur n'a voulu les recevoir que pour
faire notre bonheur ; elle fe les reproche
roit ſi ſon élevation n'étoit utile qu'à ellemême
; par le Dauphin qu'elle donne à
la France , elle lui rend plus qu'elle ne
lui a donné ; elle en a reçû la Couronne
& elle donne un Prince qui la foutiendra
un jour glorieufement.
La feconde Partie eft adreffée au Dauphin
mème , que le R. P. Porée félicite
fur fon bonheur. Pour en tirer des préfages
certains , il ne lui eft pas neceffaire
de recourir aux chimeres de l'Aftrologie
, à de vaines fupputations , & du moment
de fa naiffance , & du cours des
Aftres ; il n'a pas recours aux Fables des
Poëtes , adoptées quelquefois par les Orateurs
en femblables occafions. Des raifons
plus folides fur lefquelles il fe fonde
font les Royales qualités du pere ,
qui ne promettent pas moins qu'un He
Bij LOS
660 MERCURE DE FRANCE.
ros ; l'ordre de fa naiffance qui le fait feul
heritier de tout le Royaume ; la maniere
dont il a été obtenu du Ciel . L'Orateur
dans ce dernier article nous repréſente le
voyage que la pieté fit entreprendre l'année
derniere à la Reine. Il ne nous eft
pas
permis de toucher au Portrait qu'il fait
du Roi , nous craindrions de le defigurer
en quelque forte. Renvoyant donc
pour cette partie à la Piece même , nous
paffons à la troifiéme , où le R. P. Porée
félicite les Peuples d'un évenement qui
les intereffoit infiniment.
III. Il remarque d'abord qu'il eft bien
rare qu'on puiffe feliciter le Peuple fur
l'accompliffement de fes voeux ; ce font
ordinairement des voeux temeraires ou
nuifibles , il ne voit jamais les premiers
accomplis ; fi les autres le font quelquefois
, ce n'eft que pour fon malheur. Il
n'en eft pas ainfi de ceux que nous formions
pour la naiffance d'un Dauphin ;
rien n'étoit plus fage , & ne devoit nous
être plus avantageux ; notre impatience
même , quoiqu'elle fut trop vive , &
qu'elle allat à nous faire abfolument defefperer
ce que nous n'avions pas obtenu
tout d'un coup , avoit quelque choſe de
raifonnable , fufques dans fa bizarrerie.
C'eft que nous fouhaitions non- feule- ,
ment de voir à notre Roi un heritier de ,
fes
1
AVRIL. 1730. 661
fes Etats , mais encore de le lui voir naî
tre dans fa jeuneffe , afin que ce Prince
pût être élevé fous fes yeux , afin qu'il
pût par fes grands exemples s'inftruire
long- tems dans l'art de regner. Nous
fçavons que toutes les minorités des Rois
ne font pas auffi tranquilles que l'a
été celle de Louis XV. Il eft difficile que
des Princes aufquels pour premiere leçon
on apprend qu'ils font maîtres de ceux
qui les inftruiſent , profitent bien de l'éducation
qu'on leur donne. Il faudroit
pour cela naître avec un caractere ferieux ,
amateur de l'ordre , avec une fageffe naturelle
, & dans la plus tendre enfance
n'avoir rien de la legereté de cet âge ; il
faudroit être tel , en un mot , que Louis
le Grand & fon digne fucceffeur.
Enfin ce qui intereffoit non - feulement
les François , mais tous les Peuples de
l'Europe , & leur faifoit formes les mêmes
voeux qu'à nous , c'eft qu'un Dauphin
de France femble affurer la tranquillité
de tous les Etats voifins auffibien
que la notre. Cette tranquillité fait
l'unique objet des foins de notre jeune
Monarque ; après un David guerrier ,
nous avons en lui un pacifique Salomon.
Le fage Miniftre auquel il donne toute
fa confiance , & qu'il appelle à tous fes
Confeils , eft un Ange de paix ; le fils
B iij qu'il
>
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662 MERCURE DE FRANCE
1
le
partage
qu'il vient d'obtenir du Ciel peut être
appellé en quelque forte le Prince de la
Paix ; cet augufte enfant diffipe les allarmes
que nous pourrions avoir de ces
guerres qui fe font pour la fucceffion &
des grands Royaumes , Guerres
veritablement plus que civiles dont
nous avons un exemple dans ce qui s'eft
paffé dans l'Europe au commencement
de ce Siecle. Le R. P. Porée en fait une
deſcription vive & frappante , qu'on lira
avec d'autant plus de plaifir , que la naiffance
du Dauphin nous empêche de crain.
dre rien de Temblable..
II. DISCOURS..
R.P. La Harangue du R. P. De la Sante eft
moins fur la Naiffance du Dauphin qu'un
préfage de ce que doit être ce Prince ,
qui croft pour la fortune la plus brillante
& pour la felicité des Peuples. S'il
avoit voulu fe borner à celebrer cet heureux
évenement , il n'auroit pas attendu
fi long- tems ; mais fon Collegue l'ayant
fait avec fuccès , il a crû devoir donner
un autre tour à fon Difcours. Dans la
premiere Partie il montre ce que le Dauphin
promet à la France ; dans la feconde
, ce que la France promer au Dauphin
.
I. Pour fçavoir , dit l'Orateur , les ma
gnifiques
AVRIL. 1730.
663
,
gnifiques efperances que nous pouvons
concevoir de cet augufte Enfant , il nous
fuffit de faire reflexion qu'il eft fils d'un
Roi Bourbon & fils d'un Roi Très-
Chrétien . Ces deux titres nous apprennent
ce que nous devons en attendre
Fun nous affure du bonheur du Royaume
, l'autre nous promet un appui pour
la Religion.
Le P. De la Sante commence la
preuve de la premiere Propofition par un
éloge des Bourbons qu'il fait avec autant
d'art que le R. P. Porée , quoique le tour
en foit different. L'efprit du Lecteur aime
à trouver le même morceau d'Eloquence,
traité par deux grands Maîtres qui ne fe
copient pas l'un l'autre . On peut encore
voir le même éloge dans la troifiéme Harangue
du P. Coffart , Jefuite & prédeceffeur
de ces deux Peres dans l'emploi
qu'ils rempliffent fi dignement.
Enfuite defcendant dans le détail , if
parcourt tous les grands Rois qu'a don
nés cette maifon ,. & commence par Louis
IX. qui en eft la tige . Quel Monarque
s'appliqua jamais avec plus de zele à pro
curer le bonheur de fes Peuples , c'eſt-àdire
, à pacifier les troubles domeftiques
à repouffer les Ennemis Etrangers , à adminiftrer
la juftice à fes Sujets & à l'éta
blir folidement par les Ordonnances les
plus
B. iiij.
664 MERCURE DE FRANCE
plus fages. Pour faire toutes ces chofes
avec le fuccés qu'il eut , il falloit être le
Pere de fes Peuples , plutôt que leur Roi;
fe regarder comme leur Pafteur plutôt
que comme leur Chef. Pour foûtenir les
traverfes qu'il effuya pendant fa vie , il
falloit une vertu plus qu'humaine ; la
conftance des Heros ne va pas jufques là:
il falloit être un Saint.
L'Orateur paffe auffi- tôt à Henri le
Grand , Prince veritablement digne de ce
nom , dans quelque point de vue qu'on
l'envifage ; conquerant d'un Royaume fur
lequel il avoit feul un droit inconteftable
, à confiderer avec quelle bonté il
gouvernoit fes Peuples , avec quelle affection
& quel zele on lui obéïffoit , il fembloit
qu'il ne dût le Sceptre ni à ſa naiſfance
, ni à fon épée , mais à un choix libre
qui lui donnoit tous les coeurs .
Cette même bonté , cette facilité fut
le caractere qui diftingua le fils d'Henri
le Grand ; ce Monarque fit affeoir fur fon
Trône la Juftice & la Pieté ; la Sageffe
préfida à tous fes Confeils , aucun Roi
n'a été plus heureux dans le choix de fes
Miniftres ; fon Regne établit la tranquillité
au dedans de la France , étoufa jufqu'aux
femences des diffenfions domeftiques
, fit refpecter notre puiffance à des
voifins jaloux , & feroit peut-être le plus
glorieux
AVRIL. 1730.
865
'glorieux de tous les Regnes , fi ce Prince
n'avoit eu un prédeceffeur & un fucceffeur
,tous deux plus grands que lui.
Ici l'Orateur fait un portrait achevé de
Louis le Grand , ce Heros fi noblement
łoüé pendant la vie , & ce qui eft moins
équivoque , encore mieux loué après fa
mort par les regrets , non des feuls François
, mais des Nations étrangeres & ennemies.
Nous craindrions d'affoiblir cet
éloge fi nous nous contentions d'en rap--
porter quelques traits ; il faut le voir tout
entier dans la Piece.
L'arriere- petit- fils de ce Prince fait au
jourd'hui fon unique étude de conferver
la paix qu'il avoit glorieufement établie
fur la fin de fon Regne. Louis XV. fe
propofe de gouverner for Royaume felon
les maximes de Louis XIV. & met
fa félicité dans celle des Peuples. Le bonheur
de ce Monarque c'eft que le bruit
des armes n'a pas troublé les jeux de fon
enfance; fa gloire, c'eft qu'à la fleur de fes
années , & dans la plus tendre jeuneffe
-il fe voit l'arbitre de la paix , & choifi
pour Médiateur par tous les Princes de
l'Europe. Dans ces divers caracteres , l'adreffe
de l'Orateur confifte à ne point
laiffer perdre de vûë fon principal objet.
C'eft ce que fait le P. De la Sante , en
rappellant fans ceffe l'idée du nouveau
Bv Dauphin
666 MERCURE DE FRANCE
Dauphin dans les Portraits qu'il fait de
fes Ayeux.
Il parle enfuite de l'attachement que tous
les Rois Bourbons ont témoigné pour la
Religion , & prouve que le nom de Rois
Très-Chrétiens n'a pas été en eux un vain
titre.. Ici comme dans la premiere induction
, il commence par S. Louis ; tout le
monde fçait le zele qu'il témoigna pour
l'extirpation de l'herefie des Albigeois ;:
ce zele le tranfporta deux fois au - delà
des mers , plutôt pour la propagation de
la Foi , qu'en vûe d'étendre fon Empire,
ou pour fatisfaire un efprit d'inquiétude :
qui fut l'ame de la plupart des projets de
cette nature ..
Henri IV. avoit eu le malheur de fe
laiffer aller au parti de l'Herefie ; il ne
fut pas plutôt fur le Trône qu'il l'abjura:
fincerement , & la & la preuve de cette fincerité
, c'eft ce qu'il fit pour ramener à la
verité ceux du parti qu'il avoit abandonné.
On fçait que ce Prince d'un coeur veritablement
droit , témoignoit plus de
joye lorfqu'on lui apprenoit que quelqu'un
des Chefs de la Religion Protef
tante étoit retourné au ſein de l'Eglife ,
que lorsqu'on lui annonçoit que quelque
Ligueur étoit rentré dans fon obéillance..
Le plus bel Ouvrage de Louis le Jufte
eft l'abaiffement de ce même parti ; la
prife
AVRIL 1730. 667
prife de La Rochelle qui réduifit les fac
tieux à leur devoir,fera toujours regardée
dans nos Faftes comme la plus glorieufe
action d'un Regne conftamment glorieux;
la confommation de ce grand Ouvrage
étoit refervée à fon fils , heritier de fa pieté
& de fon zele pour la foi. Louis le
Grand a enfin détruit dans fon Royaume
le Calvinisme , la feule herefie qui eut été
tolerée depuis la fondation de la Monarchie
par Clovis le premier Roi Très - Chrétien
.
Enfin ce même efprit de Religion a paſfé
dans le Monarque qui nous gouverne,
ce jeune Prince femble avoir été nourri
par la pieté, il en a fuccé le lait dès l'enfance
; fon refpect pour les chofes faintes a
éclaté en lui dès fes premieres années ; on
l'admire encore dans le feu d'une brillante
jeuneffe ; il paroît moins attentif à
faire refpecter la Majefté Royale qu'à fou
tenir dans fes Etats les interêts de la Reli
gion.
Tels font les Ayeux de notre Dauphin,
reprend l'Orateur , pouvons - nous douter
qu'il ne croiffe pour le bonheur de la
France , pour la deffenfe des Autels En
vain on diroit que tous les fils n'heritent
des vertus de leurs peres ,que lesVefpa
fiens n'ont pas toujours desTites pour fucceffeurs
; quand nous voyons que ce dou
BВ vj
pas
ble
668 MERCURE DE FRANCE
ble efprit de juftice & de pieté , d'amour
du bien public & de zele pour les interêts
de l'Eglife, s'eft perpetué dans tous les
Rois Bourbons pendant un fr long eſpace
d'années , nous pouvons nous tenir affurez.
qu'il ne fe démentira pas dans le
Prince qui vient de naître , & qu'il formera
fon caractere.
II. Partie.
Les François promettent au Dauphin
leur amour & leurs voeux dans fon enfance
; la Cour dont il fera les délices
pendant la jeuneffe , lui promet toutes
fortes de complaifances & d'agrémens;
enfin dès-à-prefent les Peuples lui voüent
pour le temps de la vieilleffe , leur obéïffance
& leurs fervices. Plaiſe an Ciel que
nos defirs foient accomplis dans tous ces
points ! qu'il arrive à une heureuſe vieil
Leffe , pendant laquelle il donnera la Loi,
& qu'il ne la donne pas avant ce temps !
Mais que dis -je , reprend l'Orateur ,
lui promettons pas feulement
notre amour & nos voeux ; dès ce jour il
a le coeur de tous les François , il a déja
reçu les hommages de tous les Ordres de
nous ne
Etat. Les Prélats qui font la plus noble
portion du premier de ces Ordres , fe
font diftinguez parmi tous les autres ; ils
ne fe font pas contentez de porter leurs
voeux
AVRIL 1730 . 669
voeux au pied du Trône & au Berceau
de l'augufte Enfant ; ils les ont confacrez
par la Religion , & rendus ainfi plus efficaces
; ils ont fanctifié ceux de tous les
Peuples en ordonnant des Prieres folemnelles
pour la profperité du Dauphin.
Qu'il a été heureux en particulier pour le
Paſteur du premier Troupeau du Royaume
, notre illuftre Archevêque , que le
premier exercice de fon miniftere qu'il ait
fait en cette Ville, ait été de recevoir fon
Roi , & de joindre fes actions de graces
à celles de ce Monarque ! Delà le P. de
La Sante prend occafion de faire un compliment
également jufte & ingenieux au
Prélat , qui étoit prefent.
Les Fêtes qui ont été faites dans toute
la France font une partie des hommages
qui ont été rendus au Dauphin . Par
là les Villes entieres , les Seigneurs du
Royaume , les Princes Etrangers par leurs
Ambaffadeurs , marquent les fouhaits
qu'ils font pour ce Prince. Le Peuple
même par la part qu'il a prife à ces Réjoüiffances
, par l'aimable folie à laquelle
il s'eft livré en cette occafion , lui témoi
gne fon amour & fon zele..
Qui voudra fçavoir les fentimens que
l'on aura pour le Dauphin de France , les
devoirs que lui rendront les François ,
lorſque dans un âge plus avancé , il fera
Pornement
670 MERCURE DE FRANCE
Pornement de la Cour n'a qu'à fe reffou
venir de l'affection des Peuples , du refpect
des Grands pour le premier Dauphin
, fils de Louis XIV. qu'il fe rappelle
la confiance qu'on avoit dans le Duc de
Bourgogne; la veneration qu'on avoit pour
lui & du vivant de fon Pere , & encore
plus lorfqu'il fut devenu l'Heritier immediat
de la Couronne . L'Orateur promet
avec affurance au Fils de Louis XV.
les mêmes honneurs , la même affection ,
la même foumiffion. Dans cette condition
, pourfuit - il , plus glorieufe que celle
de plufieurs Souverains , il apprendra à
commander , il s'inftruira par les exemples
& les Confeils de fon Pere dans l'Art de
regner.
Nous pouvons , ajoûte- t- il , lui pro
mettre qu'il regnera effectivement unt
jour , mais de la maniere la plus heureufe
& la plus confolante ; c'eft que , comme
un Poëte le difoit du fils d'un Empereur
Romain , dans un âge déja avancé , il parragera
l'autorité avec fon Pere , déja vieux.
Ce que difoit par pure flatterie ce vain
Panegyrifte , & ce qui ne pouvoit s'accomplir
qu'en accordant des fiecles entiers
à cet Empereur , nous pouvons le
dire de Louis avec confiance . Tout femble
lui promettre une longue vie & une
fanté conftante; c'eft le Prix que la Pro
vidence
AVRIL 1730. 671"
vidence a établi ici-bas pour la fageffe &
pour la vertu. Avant même qu'il foit fort
avancé en âge , fon augufte Fils aura toute
la maturité neceffaire au commandement.
Le Roi pourra le charger d'une partie des
affaires , moins pour s'en débarraffer, que
pour lui marquer la confiance..
Quelque temps avant que ces Pieces ayent
été imprimées, les R. P. Jefuites, toujours prêts
à fignaler leur zele pour la Maiſon Royale
avoient fait paroître un Recueil contenant
plufieurs Pieces de Vers François & La- `
tins , qui étoient toutes d'un excellent gout ,
chacune dans fon genre.
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Résumé : EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
Le texte relate deux harangues prononcées par les professeurs de rhétorique du Collège Louis-le-Grand à l'occasion de la naissance du Dauphin, fils de Louis XV. La première harangue, prononcée par le Père Charles Porée le 14 septembre 1729, félicite le roi pour la naissance de son fils, soulignant l'importance de transmettre le nom et les biens à un héritier mâle. Le Père Porée compare la succession des Bourbons à celle des Césars, mettant en avant la continuité et la gloire de la dynastie française. Il évoque également la joie des parents royaux et les avantages politiques et religieux de la naissance du Dauphin, qui assure la tranquillité du royaume et de l'Europe. La seconde harangue, prononcée par le Père Xavier de la Sante le 15 décembre suivant, se concentre sur les promesses que le Dauphin représente pour la France. Le Père de la Sante souligne que le Dauphin, en tant que fils d'un roi Bourbon et d'un roi Très-Chrétien, garantit le bonheur du royaume et un soutien à la religion. Il rappelle les vertus des grands rois de la maison des Bourbons, comme Louis IX et Henri IV, et les espérances qu'ils ont suscitées pour le peuple français. Le texte décrit les qualités et les actions des rois de la dynastie des Bourbons, mettant particulièrement en lumière la bonté et la justice de Louis XIII, fils d'Henri IV. Ce monarque a établi la tranquillité en France, étouffé les dissensions domestiques et fait respecter la puissance française à l'étranger. Son règne aurait été le plus glorieux si ce n'était pour ses prédécesseurs et successeurs plus grands que lui. L'orateur loue également Louis XIV, surnommé Louis le Grand, pour ses actions héroïques et son influence positive, même après sa mort. Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV, s'efforce de conserver la paix et de gouverner selon les maximes de son aïeul. Il est loué pour son rôle de médiateur en Europe et son attachement à la religion. Le texte souligne l'attachement des Bourbons à la religion, mentionnant Saint Louis, Henri IV et Louis XIV pour leurs efforts contre l'hérésie. Louis XV est décrit comme un monarque pieux, respectueux des choses saintes et attentif aux intérêts de la religion. L'orateur exprime l'espoir que le Dauphin, fils de Louis XV, héritera des vertus de ses ancêtres et contribuera au bonheur de la France et à la défense des autels. Les Français, la Cour et les peuples promettent leur amour et leur soutien au Dauphin, avec des prières et des fêtes en son honneur. L'orateur compare l'affection portée au Dauphin à celle accordée aux précédents Dauphins et promet au fils de Louis XV les mêmes honneurs et affection. Il prédit que le Dauphin régnera de manière heureuse et confiante, avec le soutien de son père.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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333
p. 722-730
A Montpellier, le noble Jeu de l'Arc, &c. [titre d'après la table]
Début :
Nous avons déja parlé de plusieurs Fêtes données à Montpellier au sujet de la Naissance du [...]
Mots clefs :
Chevaliers du noble jeu de l'arc, Montpellier, Roi, Naissance du Dauphin, Fête
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texteReconnaissance textuelle : A Montpellier, le noble Jeu de l'Arc, &c. [titre d'après la table]
Nous avons déja parlé de plufieurs Fêtes données
à Montpellier au fujet de la Naiffance du
DAUPHIN , où le zele , le bon goût & la magnificence
& la varieté ont également regné. Ce n'eſt
pas notre faute fi nous n'avons pas encore parlé
de celle des Chevaliers du noble Jeu de l'Art
de la même Ville.
Cette Compagnie doit fon établiſſement au
Roi de Maiorque , Seigneur & Souverain de
Montpellier dans le treiziéme fiécle ; foit politi
que ou condefcendance pour des Sujets nés belliqueux
, il crut devoir leur fournir un exercice
noble & utile par le maniement de l'Arc & de la
Fleche ; il réunit dans un corps diftingué tous
ceux qui voulurent y prendre partl leur donna
des loix , leur accorda des privileges , leur propofa
des récompenfes , & il s'applaudit plufieurs
fois d'un établissement dont l'honne & l'avantage
rejailliffoient fur lui . La mort du Roi de
Maïorque refroidit l'ardeur des Chevaliers. Privés
d'un Chef qui entretenoit leur feu naturel par
fon autorité & par fa préfence , ils negligerent
peu à peu leurs exercices journaliers , & ils les
renvoyerent tous au mois de Mai de chaque année
, où à ces evenemens fortunés qui exigent des
Réjouiffances publiques , il feroit trop long de
les rappeller tous. On fe contentera de dire
qu'en l'année 1701. les Ducs de Bourgogne
& de Berri , paffant par Montpellier , furent
extrêmement fatisfaits de leur adreffe & de leur
magnificence , & qu'ils voulurent bien les honorer
, en fignant fur leur Regiſtre , felon l'uſage`
des Chevaliers qu'on y reçoit.
Dans cette occafion fi defirée , leur premiere
attention
AVRIL. 1730. 723
attention fut de fe choifir des Officiers qui fuivant
l'ancienne coûtume commandaffent à la têtede
la Compagnie. Elle s'affembla dans la grande
Sale de l'Hôtel de Ville,& à la pluralité des voix,
elle élut pour Capitaine M. de la Croix de Candillargues
, Ecuyer , M. Haguenot , Confeiller du
Roi & Receveur , pour Capitaine Lieutenant ,
M. Rozier , fameux Négociant , pour Enfeigne ;
mais le premier étant tombé malade , M. Haguenot
lui fut fubftitué , il accepta avec plaifir
un honneur qu'on a vu autrefois n'être accordé
qu'à la Nobleffe la plus ancien ne. La
Compagnie eft divifée en deux Corps , l'un
des Chevaliers mariés , l'autre des jeunes gens.
M. Haguenot , de concert avec les Officiers
ordonna deux fortes d'habits uniformes ; pour
les premiers , d'un beau drap couleur de Caftor
bordé d'un grand galon d'argent , la vefte galonnée
en plein & le chapeau bordé de même ; que
celui de la jeuneffe feroit auffi d'un beau drap
Gouleur de ventre de biche , avec un pareil galon,
les paiemens & la vefte de fatin bleu , galonnés
en plein & le chapeau bordé.
Le Perroquet qui devoit être tiré , annonça
dans tous les quartiers de la Ville l'ouverture de
cette Fête. Il étoit ſculpté en bois , peint en verd,
avec un Ecuffon dans lequel étoit un Dauphin
d'or couronné. Le 8. Octobre il fut depofé dans
PHôtel de Ville par les deux Majors de la Compagnie
, & reçu par les Confuls en habits de Cerémonie
; on le plaça felon l'ufage devant le grand
Portail , au milieu des Bannieres de la Ville & dự
Drapeau du noble Jeu de l'Arc. Le même jour à
quatre heures du foir, au bruit des Inftrumens de
guerre & de mufique , & avec le même cortege;
il fut porté au Foffé , qui eft le lieu deſtiné aux
exercices de la Compagnie , M. Haguenot s'y
trouve
24 MERCURE DE FRANCE
trouva avec les Officiers ; il pofa le Perroquet au
bout d'un mât peint en bleu , parfemé de Fleurs
de Lys & de Dauphins d'or , & qui fut auffi - tôt
élevé à la hauteur de dix - huit toifes. A cet aſpect
Pallegreffe du Public fembla redoubler. M. Ha-*
guenot , fans parler des ferenades qu'il fit donner
dans tous les quartiers de la Ville , de la galanterie
qu'il fit à chaque Officier d'un riche noeud
d'épée , d'une aiguillete d'argent , & d'un ruban
or & argent aux Chevaliers , donna dans famaifon
toute forte de rafraîchiffemens exquis
fa troupe des Chevaliers mariés s'y rendit le 9. a
huit heures du matin , M. Haguenot & Me fon
Epoufe les reçûrent avec beaucoup de politeffe, &
les inviterent à un Feftin dont l'ordre égaloit la
magnificence. M. Rozier, Enſeigne de la Jeuneffe
en ufa de même à l'égard de ceux - ci , qu'il conduifit
fur les onze heures chez M. Haguenot. Les
deux Troupes ainfi réunies , fe rendirent à l'Hôtel
de Ville dans l'ordre fuivant.
Les Tambours de la Ville & deux Fifres , un
Roi des Sauvages les fuivoit , vêtu d'un ſatin couleur
de chair , avec une Couronne & une ceinture
de Laurier & une maffue à la main ; il étoit accompagné
de douze Heraults d'Armes , habillés
de verd avec des Brandebourgs d'or , le fabre au
côté & la hache fur l'épaule. Deux choeurs de
Simphonic compofée de Timballes , Tambours ,""
Violons , Hautbois , Baffons & Baffes de Violon
précedoient trois Enfans en Cupidons , l'élegance
de leur ajuftement ne cedoit en rien à leur beauté.
Plufieurs Valets habillés en Houzards leur fourniffoient
les parfums & les confitures qu'ils répandoient
avec profufion . M. Haguenot paroiffoit
enfuite richement vêtu , une fleche à la
main , à fes côtés quatre Laquais portoient fes
Carquois & fes Arcs. Après lui marchoient le
Major
AVRIL. 1730. 725
Major & les fix Confeillers de la Compagnie , &
fur deux lignes la Troupe des Mariés au nombre
de 100. une fleche à la main , & fuivis de Valets,
qui par la diverfité recherchée de leurs habits ,
repréfentoient toutes les Nations du monde.
Un Choeur de toute forte d'Inftrumens de
Guerre & de Mufique féparoit les mariés d'avec
la jeuneffe. M. Rozier étoit à leur tête , accompagné
de M. Aribert , ancien Enfeigne ; c'eſt le
même qui remplit fi honorablemeut cette place
en 1701. D'une Gibeciere de tafetas couleur de
rofe , auffi -tôt remplie que vuide , ils tiroient
des confitures & des dragées qu'ils jettoient avec
profufion.
Ces deux Troupes également leftes & galantes
arriverent ainfi à l'Hôtel de Ville. Mrs les
Confuls , en Robes rouges, fe mirent à leur tête,
& prirent le chemin qui mene au foffé . C'eſt là
que M. Haguenot , après avoir prêté le ferment
accoûtumé entre les mains de M. Durand , premier
Conful , & avoir reçû celui des autres Officiers
, remit à M. Rozier le Drapeau de la Compagnie.
Il l'exhorta par un compliment court &
energique à le conferver au prix même de fa vie,
On préfenta à Mrs les Confuls des arcs & des
Aleches qu'ils tirerent chacun à leur tour; ils furent
reconduits à l'Hôtel de Ville dans le même ordre.
Delà on fe rendit à l'Hôtel de M. de Candillargues
, Lieutenant de Roi de la Ville , Commandant
en l'abſence du Marquis de la Fare. Il
fut accompagné avec la même cerémonie dans
le foffé , où il décocha une fleche avec tant de
dexterité, qu'elle demeura fufpendue à une des aîles
du Perroquet . Il fut , enfuite ramené chez lui
au milieu des acclamations de la Compagnie &
des cris du peuple.
Le refte du jour fut deftiné à rendre les vifites
d'hon
26 MERCURE DE FRANCE
d'honneur. La Compagnie alla d'abord für la
Place Royale du Peyrou où eft la Statue Equeſtre
de Louis XIV ; tous les Chevaliers , l'épée à la
main , en firent le tour &c. M. de Bernage de S.
Maurice , Intendant de la Province avec M. de
Vaux fon fils & quantité de Nobleffe , les reçût
à la porte de fon Hôtel .
M. Bon , Premier Préfident , accompagné
de Madame fon Epouſe & de M. fon fils , chevalier
de Malte , les reçut auffi à la
fon Hôtel.
porte de
La Compagnie n'eut pas le bonheur de trouver
M. l'Evêque de Montpellier dans fon
Palais ; elle retourna au foffe, & fe difpofa à
faire le premier effai de fon adreffe. Les Officiers
commencèrent par décocher deux fleches ; les
Chevaliers continuerent jufqu'à la nuit qu'on
reconduifit M. Haguenot chez lui.
L'Entrée de fa maiſon fituée dans la plus belle
vue de la Ville ,& bâtie regulierement, étoit ornée
d'Arcs de Triomphe , de Statues , de Simboles
& d'Emblêmes , la plus belle Illumination qu'on
ait encore vûë occupoit le Balcon , toute la façade
& la longueur de la rue. L'interieur étoit paré
de meubles précieux , de Girandoles , de Luftres
& de Glaces qui multiplioient la lumiere d'une
infinité de bougies qui éclairoient tous les Appartemens.
Un repas fervi avec une delicate fomptuofité
arrêta les Chevaliers mariés ; les vins les
plus délicieux , de Bourgogne , de Champagne
ou des Cantons les plus renommés furent fervis
avec profufion , liqueurs , parfums , rien ne fut
épargné. Ce ne fut pas encore affez ; durant trois
jours confecutifs , M. Haguenot tint chez lui table
ouverte de 150. Couverts , & donna abondamment
à manger & à boire au Peuple dans la
Tue. Mc fon Epoufe de fon côté faifoit diftribuer
с
aux
AVRIL. 1730. 727
aux Dames de la Ville des baffins & des boetes
de toute forte de confitures. Cependant les jeunes
gens accompagnoient chez eux , à la lueur de
200. flambeaux , M. Rouzier & M. Moulton
leur Major. Celui- ci qui ne s'attendoit pas à cet
honneur , mit à profit le peu de tems qu'il eut
pour faire dreffer en arrivant une collation dans
la rue. Il la préfenta à cette belle jeuneffe ,
reftes furent livrés à une foule de curieux avides.
Depuis ce jour 9. d'Octobre juſqu'au commencement
du mois de Novembre , M. Haguenot in
venta de nouvelles Fêtes & de nouveaux plaifirs ,
toutes les perfonnes de confideration , de l'un &
de l'autre fexe , Citoyens & Etrangers , s'emprefferent
d'y prendre part , fur-tout dans le foffé
où fe trouvoient toute forte de rafraîchiffemens
M. de Bernage de S. Maurice , M. Bon & Mrs
leurs fils vinrent honorer ces brillantes affemblées
de leur préfence, ils tirerent chacun deux fleches,
& leur exemple attira dans la Compagnie quantité
d'Officiers de la Chambre des Comptes , des
autres Corps diftingués de la Ville & plufieurs
perfonnes de qualité.
Tous ces divertiffemens ne faifoient pas perdre
de vue à Mrs les Chevaliers le motif principal qui
des unifloit. Sous les ordres de M. Haguenot de
puis 9. heures du matin jufqu'à midi , & depuis
deux heures jufqu'à quatre du foir , ils s'exerçoient
à tirer de l'arc à tour de role , ainfi que le fort
les avoit placés ; & afin d'exciter davantage leur
ardeur , il leur préfenta deux aiguilletes d'argent
pareilles à celles des Officiers. On tira au rondeau
qui les emporteroit , l'une fut gagnée par M.
Carquet , Major , & l'autre par M. Teffes , Che
valier.
M. Baunier , Baron de Lamoffon , arriva vers
tems là de Paris. Il s'y étoit diftingué par une
Fêr
728 MERCURE DE FRANCE
Fête des plus fplendides , & il demanda d'être reçu
Chevalier ; il figna dans le Regiftre , & décocha
fes deux fleches avec habileté. Il fit préparer
une grande Fête à fon fuperbe Château de Lamoffon
pour le 23. Octobre , il y invita les Officiers
& tous les Chevaliers par des billets imprimés.
Au Village de Celleneuve , qui étoit le lieu
du Rendez -vous , les Officiers de M. de Lamoffon
y préfenterent à la Compagnie des Rafraî
chiffemens. Elle partit en ordre pour Lamoffon
qui n'est qu'à une petite promenade delà , avec
la même pompe & le même appareil que le premier
jour ; elle y fut reçue par M. de famoffon,
accompagné de M. Bon , Premier Préfident
& de plufieurs autres Chevaliers de Marque.
Le nombre des Conviés fut de 250. & comme
il étoit mal aifé de fournir des amufemens differens
à une fi grande Compagnie , il leur en offrit
un qui convenoit à tous . On dreffa dans la principale
allée de fon Parc un rondeau au milieu d'un
matelas fufpendu , & on s'exerçà à y tirer juſqu'à
l'heure du diner , qui fut annoncée par un charanant
Concert de toute forte d'Inftrumens. Dans
la feconde Cour du Château , & fous une Tente
de 1500. aulnes de toilie , parut une table en fer
à cheval , capable de contenir cette nombreuſe
affemblée ; on ne s'arrêtera pas à faire le détail
de ce Feftin. Il fuffira de dire que M. de Lamoffon
eft magnifique dans toutes fes actions , que
toutes ces Fêtes font marquées au coin du bon
goût , & que celle-ci furpaffa toutes celles qu'il
avoit données .
Le refte de la journée on continua de tirer au
Rondeau jufqu'à - ce que chaque Chevalier eût décoché
fa fleche. La gloire ne fut pas la feule récompenfe
desVainqueurs,M. de Lamoffon leur fit
prefent de riches Bijoux ; à M. Chabanetin d'une
Tabatiere
AVRIL. 1730. 729
Tabatiere d'or , à M. Boudet d'une Montre d'or ,
à M. Defmarêts d'une Canne à pomme d'or . Les
approches de la nuit obligerent la Compagnie de
prendre congé de M. Lamoffon , après l'avoir remercié
de fes politeffes par la bouche de M. Haguenot
, fon Capitaine-Lieutenant.
Ni la fatigue de ces Divertiffemens , ni le foin
même des affaires domeftiques ne rallentirent
l'ardeur des Chevaliers ; toûjours attentifs à ſeconder
les intentions de M. Haguenot , éxacts à
venir dans le Foffé aux heures marquées. Enfin
après plufieurs efforts redoublez, à l'envi, après de
differentes atteintes & de violentes fecouffes données
au Perroquet par des mains habiles , il ceda
au trait de M. Privat, Chevalier de la Troupe des
jeunes gens ; il tomba à fes pieds , & la chute fut
annoncée à toute la Ville par le bruit guerrier des
Tambours & Fanfares, & par les cris d'une foule
de Spectateurs. Le Vainqueur fut couronné de
Laurier par M. Haguenot , & conduit en triomphe
à fa maiſon , &c.
Le premier foin de M. Privat fut de préparer à
la Compagnie une Fête digne d'elle & de lui Sa
maifon fut décorée d'Arcs de Triomphe, & illuminée
avec art. Les danfes & deux Fontaines de
vin arrêtoient le Peuple à la porte ; au dedans les
Feftins , les Concerts & les Bals raſſembloient les
Chevaliers & plufieurs autres perfonnes de l'un &
l'autre fexe. M. Privat entretint ainfi la joye & les
plaifirs jufqu'au jour deſtiné à le proclamer Roi
du noble Jeu de l'Arc. Ce fut le 8.Novembre,jour
que M.Haguenot voulut rendre plus remarquable
& plus folemnel , ordonnant par un ban , de fermer
toutes les Boutiques de la Ville.
A deux heures après midy , M. Privat ſe rendit
dans le Foffé. Il y trouva la Compagnie en ordre.
Il diſtribua aux Officiers des Aiguillettes d'or , &
E en
730 MERCURE DE FRANCE .
en prefenta deux aux Chevaliers pour les tirer au
Rondeau , l'une échut à M. Philis , & l'autre à
M. Davitjean , Chevaliers.
M. Haguenot , affifté des Officiers , revêtit enfuite
M. Privat de ſes Habits Royaux , où l'or, &
la Soye brilloient avec éclat , & qu'on trouva de
la derniere magnificence. Dans ce ſuperbe ajuftement
il reçut les hommages de la Compagnie par
un Difcours éloquent que lui fit M. Haguenot , &
par des Vers que les fix petits Cupidons réciterent
afa louange.
L'ordre donné pour la Marche , dont la pompe
& le cortege fut en tout femblable à celle du
9. Octobre , le nouveau Roi fe mit à la tête de
la Compagnie , ayant à fa droite M. Haguenot ,
Capitaine-Lieutenant , & à fa gauche M. Aribert,
comme le plus ancien Officier du noble Jeu de
PArc. Tous les quartiers de la Ville furent témoins
de fa bonne grace , &c.
Toute la brillante Ceremonie finit par un Feftin
que le Roi donna à la Compagnie dans le Jeu de
Paulme qu'il avoit fait orner de riches Tapifleries,
& éclairer par un grand nombre de luftres & de
bougies. On y avoit ménagé des Balcons tout autour
pour placer les Dames . La varieté & l'arran
gement de cette Affemblée , compofée de quantité
de perfonnes de diftinction , fournit un Spectacle
très-gracieux. Tout fut feryi en abondance & avec
une extréme délicateffe. On but les fantés du Roi
de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , jufques
à 2.heures après minuit que les deux Troupes
allerent , l'épée à la main , précedées de quantité
de flambeaux , accompagner le Roi & M. Hague
not chez eux .
à Montpellier au fujet de la Naiffance du
DAUPHIN , où le zele , le bon goût & la magnificence
& la varieté ont également regné. Ce n'eſt
pas notre faute fi nous n'avons pas encore parlé
de celle des Chevaliers du noble Jeu de l'Art
de la même Ville.
Cette Compagnie doit fon établiſſement au
Roi de Maiorque , Seigneur & Souverain de
Montpellier dans le treiziéme fiécle ; foit politi
que ou condefcendance pour des Sujets nés belliqueux
, il crut devoir leur fournir un exercice
noble & utile par le maniement de l'Arc & de la
Fleche ; il réunit dans un corps diftingué tous
ceux qui voulurent y prendre partl leur donna
des loix , leur accorda des privileges , leur propofa
des récompenfes , & il s'applaudit plufieurs
fois d'un établissement dont l'honne & l'avantage
rejailliffoient fur lui . La mort du Roi de
Maïorque refroidit l'ardeur des Chevaliers. Privés
d'un Chef qui entretenoit leur feu naturel par
fon autorité & par fa préfence , ils negligerent
peu à peu leurs exercices journaliers , & ils les
renvoyerent tous au mois de Mai de chaque année
, où à ces evenemens fortunés qui exigent des
Réjouiffances publiques , il feroit trop long de
les rappeller tous. On fe contentera de dire
qu'en l'année 1701. les Ducs de Bourgogne
& de Berri , paffant par Montpellier , furent
extrêmement fatisfaits de leur adreffe & de leur
magnificence , & qu'ils voulurent bien les honorer
, en fignant fur leur Regiſtre , felon l'uſage`
des Chevaliers qu'on y reçoit.
Dans cette occafion fi defirée , leur premiere
attention
AVRIL. 1730. 723
attention fut de fe choifir des Officiers qui fuivant
l'ancienne coûtume commandaffent à la têtede
la Compagnie. Elle s'affembla dans la grande
Sale de l'Hôtel de Ville,& à la pluralité des voix,
elle élut pour Capitaine M. de la Croix de Candillargues
, Ecuyer , M. Haguenot , Confeiller du
Roi & Receveur , pour Capitaine Lieutenant ,
M. Rozier , fameux Négociant , pour Enfeigne ;
mais le premier étant tombé malade , M. Haguenot
lui fut fubftitué , il accepta avec plaifir
un honneur qu'on a vu autrefois n'être accordé
qu'à la Nobleffe la plus ancien ne. La
Compagnie eft divifée en deux Corps , l'un
des Chevaliers mariés , l'autre des jeunes gens.
M. Haguenot , de concert avec les Officiers
ordonna deux fortes d'habits uniformes ; pour
les premiers , d'un beau drap couleur de Caftor
bordé d'un grand galon d'argent , la vefte galonnée
en plein & le chapeau bordé de même ; que
celui de la jeuneffe feroit auffi d'un beau drap
Gouleur de ventre de biche , avec un pareil galon,
les paiemens & la vefte de fatin bleu , galonnés
en plein & le chapeau bordé.
Le Perroquet qui devoit être tiré , annonça
dans tous les quartiers de la Ville l'ouverture de
cette Fête. Il étoit ſculpté en bois , peint en verd,
avec un Ecuffon dans lequel étoit un Dauphin
d'or couronné. Le 8. Octobre il fut depofé dans
PHôtel de Ville par les deux Majors de la Compagnie
, & reçu par les Confuls en habits de Cerémonie
; on le plaça felon l'ufage devant le grand
Portail , au milieu des Bannieres de la Ville & dự
Drapeau du noble Jeu de l'Arc. Le même jour à
quatre heures du foir, au bruit des Inftrumens de
guerre & de mufique , & avec le même cortege;
il fut porté au Foffé , qui eft le lieu deſtiné aux
exercices de la Compagnie , M. Haguenot s'y
trouve
24 MERCURE DE FRANCE
trouva avec les Officiers ; il pofa le Perroquet au
bout d'un mât peint en bleu , parfemé de Fleurs
de Lys & de Dauphins d'or , & qui fut auffi - tôt
élevé à la hauteur de dix - huit toifes. A cet aſpect
Pallegreffe du Public fembla redoubler. M. Ha-*
guenot , fans parler des ferenades qu'il fit donner
dans tous les quartiers de la Ville , de la galanterie
qu'il fit à chaque Officier d'un riche noeud
d'épée , d'une aiguillete d'argent , & d'un ruban
or & argent aux Chevaliers , donna dans famaifon
toute forte de rafraîchiffemens exquis
fa troupe des Chevaliers mariés s'y rendit le 9. a
huit heures du matin , M. Haguenot & Me fon
Epoufe les reçûrent avec beaucoup de politeffe, &
les inviterent à un Feftin dont l'ordre égaloit la
magnificence. M. Rozier, Enſeigne de la Jeuneffe
en ufa de même à l'égard de ceux - ci , qu'il conduifit
fur les onze heures chez M. Haguenot. Les
deux Troupes ainfi réunies , fe rendirent à l'Hôtel
de Ville dans l'ordre fuivant.
Les Tambours de la Ville & deux Fifres , un
Roi des Sauvages les fuivoit , vêtu d'un ſatin couleur
de chair , avec une Couronne & une ceinture
de Laurier & une maffue à la main ; il étoit accompagné
de douze Heraults d'Armes , habillés
de verd avec des Brandebourgs d'or , le fabre au
côté & la hache fur l'épaule. Deux choeurs de
Simphonic compofée de Timballes , Tambours ,""
Violons , Hautbois , Baffons & Baffes de Violon
précedoient trois Enfans en Cupidons , l'élegance
de leur ajuftement ne cedoit en rien à leur beauté.
Plufieurs Valets habillés en Houzards leur fourniffoient
les parfums & les confitures qu'ils répandoient
avec profufion . M. Haguenot paroiffoit
enfuite richement vêtu , une fleche à la
main , à fes côtés quatre Laquais portoient fes
Carquois & fes Arcs. Après lui marchoient le
Major
AVRIL. 1730. 725
Major & les fix Confeillers de la Compagnie , &
fur deux lignes la Troupe des Mariés au nombre
de 100. une fleche à la main , & fuivis de Valets,
qui par la diverfité recherchée de leurs habits ,
repréfentoient toutes les Nations du monde.
Un Choeur de toute forte d'Inftrumens de
Guerre & de Mufique féparoit les mariés d'avec
la jeuneffe. M. Rozier étoit à leur tête , accompagné
de M. Aribert , ancien Enfeigne ; c'eſt le
même qui remplit fi honorablemeut cette place
en 1701. D'une Gibeciere de tafetas couleur de
rofe , auffi -tôt remplie que vuide , ils tiroient
des confitures & des dragées qu'ils jettoient avec
profufion.
Ces deux Troupes également leftes & galantes
arriverent ainfi à l'Hôtel de Ville. Mrs les
Confuls , en Robes rouges, fe mirent à leur tête,
& prirent le chemin qui mene au foffé . C'eſt là
que M. Haguenot , après avoir prêté le ferment
accoûtumé entre les mains de M. Durand , premier
Conful , & avoir reçû celui des autres Officiers
, remit à M. Rozier le Drapeau de la Compagnie.
Il l'exhorta par un compliment court &
energique à le conferver au prix même de fa vie,
On préfenta à Mrs les Confuls des arcs & des
Aleches qu'ils tirerent chacun à leur tour; ils furent
reconduits à l'Hôtel de Ville dans le même ordre.
Delà on fe rendit à l'Hôtel de M. de Candillargues
, Lieutenant de Roi de la Ville , Commandant
en l'abſence du Marquis de la Fare. Il
fut accompagné avec la même cerémonie dans
le foffé , où il décocha une fleche avec tant de
dexterité, qu'elle demeura fufpendue à une des aîles
du Perroquet . Il fut , enfuite ramené chez lui
au milieu des acclamations de la Compagnie &
des cris du peuple.
Le refte du jour fut deftiné à rendre les vifites
d'hon
26 MERCURE DE FRANCE
d'honneur. La Compagnie alla d'abord für la
Place Royale du Peyrou où eft la Statue Equeſtre
de Louis XIV ; tous les Chevaliers , l'épée à la
main , en firent le tour &c. M. de Bernage de S.
Maurice , Intendant de la Province avec M. de
Vaux fon fils & quantité de Nobleffe , les reçût
à la porte de fon Hôtel .
M. Bon , Premier Préfident , accompagné
de Madame fon Epouſe & de M. fon fils , chevalier
de Malte , les reçut auffi à la
fon Hôtel.
porte de
La Compagnie n'eut pas le bonheur de trouver
M. l'Evêque de Montpellier dans fon
Palais ; elle retourna au foffe, & fe difpofa à
faire le premier effai de fon adreffe. Les Officiers
commencèrent par décocher deux fleches ; les
Chevaliers continuerent jufqu'à la nuit qu'on
reconduifit M. Haguenot chez lui.
L'Entrée de fa maiſon fituée dans la plus belle
vue de la Ville ,& bâtie regulierement, étoit ornée
d'Arcs de Triomphe , de Statues , de Simboles
& d'Emblêmes , la plus belle Illumination qu'on
ait encore vûë occupoit le Balcon , toute la façade
& la longueur de la rue. L'interieur étoit paré
de meubles précieux , de Girandoles , de Luftres
& de Glaces qui multiplioient la lumiere d'une
infinité de bougies qui éclairoient tous les Appartemens.
Un repas fervi avec une delicate fomptuofité
arrêta les Chevaliers mariés ; les vins les
plus délicieux , de Bourgogne , de Champagne
ou des Cantons les plus renommés furent fervis
avec profufion , liqueurs , parfums , rien ne fut
épargné. Ce ne fut pas encore affez ; durant trois
jours confecutifs , M. Haguenot tint chez lui table
ouverte de 150. Couverts , & donna abondamment
à manger & à boire au Peuple dans la
Tue. Mc fon Epoufe de fon côté faifoit diftribuer
с
aux
AVRIL. 1730. 727
aux Dames de la Ville des baffins & des boetes
de toute forte de confitures. Cependant les jeunes
gens accompagnoient chez eux , à la lueur de
200. flambeaux , M. Rouzier & M. Moulton
leur Major. Celui- ci qui ne s'attendoit pas à cet
honneur , mit à profit le peu de tems qu'il eut
pour faire dreffer en arrivant une collation dans
la rue. Il la préfenta à cette belle jeuneffe ,
reftes furent livrés à une foule de curieux avides.
Depuis ce jour 9. d'Octobre juſqu'au commencement
du mois de Novembre , M. Haguenot in
venta de nouvelles Fêtes & de nouveaux plaifirs ,
toutes les perfonnes de confideration , de l'un &
de l'autre fexe , Citoyens & Etrangers , s'emprefferent
d'y prendre part , fur-tout dans le foffé
où fe trouvoient toute forte de rafraîchiffemens
M. de Bernage de S. Maurice , M. Bon & Mrs
leurs fils vinrent honorer ces brillantes affemblées
de leur préfence, ils tirerent chacun deux fleches,
& leur exemple attira dans la Compagnie quantité
d'Officiers de la Chambre des Comptes , des
autres Corps diftingués de la Ville & plufieurs
perfonnes de qualité.
Tous ces divertiffemens ne faifoient pas perdre
de vue à Mrs les Chevaliers le motif principal qui
des unifloit. Sous les ordres de M. Haguenot de
puis 9. heures du matin jufqu'à midi , & depuis
deux heures jufqu'à quatre du foir , ils s'exerçoient
à tirer de l'arc à tour de role , ainfi que le fort
les avoit placés ; & afin d'exciter davantage leur
ardeur , il leur préfenta deux aiguilletes d'argent
pareilles à celles des Officiers. On tira au rondeau
qui les emporteroit , l'une fut gagnée par M.
Carquet , Major , & l'autre par M. Teffes , Che
valier.
M. Baunier , Baron de Lamoffon , arriva vers
tems là de Paris. Il s'y étoit diftingué par une
Fêr
728 MERCURE DE FRANCE
Fête des plus fplendides , & il demanda d'être reçu
Chevalier ; il figna dans le Regiftre , & décocha
fes deux fleches avec habileté. Il fit préparer
une grande Fête à fon fuperbe Château de Lamoffon
pour le 23. Octobre , il y invita les Officiers
& tous les Chevaliers par des billets imprimés.
Au Village de Celleneuve , qui étoit le lieu
du Rendez -vous , les Officiers de M. de Lamoffon
y préfenterent à la Compagnie des Rafraî
chiffemens. Elle partit en ordre pour Lamoffon
qui n'est qu'à une petite promenade delà , avec
la même pompe & le même appareil que le premier
jour ; elle y fut reçue par M. de famoffon,
accompagné de M. Bon , Premier Préfident
& de plufieurs autres Chevaliers de Marque.
Le nombre des Conviés fut de 250. & comme
il étoit mal aifé de fournir des amufemens differens
à une fi grande Compagnie , il leur en offrit
un qui convenoit à tous . On dreffa dans la principale
allée de fon Parc un rondeau au milieu d'un
matelas fufpendu , & on s'exerçà à y tirer juſqu'à
l'heure du diner , qui fut annoncée par un charanant
Concert de toute forte d'Inftrumens. Dans
la feconde Cour du Château , & fous une Tente
de 1500. aulnes de toilie , parut une table en fer
à cheval , capable de contenir cette nombreuſe
affemblée ; on ne s'arrêtera pas à faire le détail
de ce Feftin. Il fuffira de dire que M. de Lamoffon
eft magnifique dans toutes fes actions , que
toutes ces Fêtes font marquées au coin du bon
goût , & que celle-ci furpaffa toutes celles qu'il
avoit données .
Le refte de la journée on continua de tirer au
Rondeau jufqu'à - ce que chaque Chevalier eût décoché
fa fleche. La gloire ne fut pas la feule récompenfe
desVainqueurs,M. de Lamoffon leur fit
prefent de riches Bijoux ; à M. Chabanetin d'une
Tabatiere
AVRIL. 1730. 729
Tabatiere d'or , à M. Boudet d'une Montre d'or ,
à M. Defmarêts d'une Canne à pomme d'or . Les
approches de la nuit obligerent la Compagnie de
prendre congé de M. Lamoffon , après l'avoir remercié
de fes politeffes par la bouche de M. Haguenot
, fon Capitaine-Lieutenant.
Ni la fatigue de ces Divertiffemens , ni le foin
même des affaires domeftiques ne rallentirent
l'ardeur des Chevaliers ; toûjours attentifs à ſeconder
les intentions de M. Haguenot , éxacts à
venir dans le Foffé aux heures marquées. Enfin
après plufieurs efforts redoublez, à l'envi, après de
differentes atteintes & de violentes fecouffes données
au Perroquet par des mains habiles , il ceda
au trait de M. Privat, Chevalier de la Troupe des
jeunes gens ; il tomba à fes pieds , & la chute fut
annoncée à toute la Ville par le bruit guerrier des
Tambours & Fanfares, & par les cris d'une foule
de Spectateurs. Le Vainqueur fut couronné de
Laurier par M. Haguenot , & conduit en triomphe
à fa maiſon , &c.
Le premier foin de M. Privat fut de préparer à
la Compagnie une Fête digne d'elle & de lui Sa
maifon fut décorée d'Arcs de Triomphe, & illuminée
avec art. Les danfes & deux Fontaines de
vin arrêtoient le Peuple à la porte ; au dedans les
Feftins , les Concerts & les Bals raſſembloient les
Chevaliers & plufieurs autres perfonnes de l'un &
l'autre fexe. M. Privat entretint ainfi la joye & les
plaifirs jufqu'au jour deſtiné à le proclamer Roi
du noble Jeu de l'Arc. Ce fut le 8.Novembre,jour
que M.Haguenot voulut rendre plus remarquable
& plus folemnel , ordonnant par un ban , de fermer
toutes les Boutiques de la Ville.
A deux heures après midy , M. Privat ſe rendit
dans le Foffé. Il y trouva la Compagnie en ordre.
Il diſtribua aux Officiers des Aiguillettes d'or , &
E en
730 MERCURE DE FRANCE .
en prefenta deux aux Chevaliers pour les tirer au
Rondeau , l'une échut à M. Philis , & l'autre à
M. Davitjean , Chevaliers.
M. Haguenot , affifté des Officiers , revêtit enfuite
M. Privat de ſes Habits Royaux , où l'or, &
la Soye brilloient avec éclat , & qu'on trouva de
la derniere magnificence. Dans ce ſuperbe ajuftement
il reçut les hommages de la Compagnie par
un Difcours éloquent que lui fit M. Haguenot , &
par des Vers que les fix petits Cupidons réciterent
afa louange.
L'ordre donné pour la Marche , dont la pompe
& le cortege fut en tout femblable à celle du
9. Octobre , le nouveau Roi fe mit à la tête de
la Compagnie , ayant à fa droite M. Haguenot ,
Capitaine-Lieutenant , & à fa gauche M. Aribert,
comme le plus ancien Officier du noble Jeu de
PArc. Tous les quartiers de la Ville furent témoins
de fa bonne grace , &c.
Toute la brillante Ceremonie finit par un Feftin
que le Roi donna à la Compagnie dans le Jeu de
Paulme qu'il avoit fait orner de riches Tapifleries,
& éclairer par un grand nombre de luftres & de
bougies. On y avoit ménagé des Balcons tout autour
pour placer les Dames . La varieté & l'arran
gement de cette Affemblée , compofée de quantité
de perfonnes de diftinction , fournit un Spectacle
très-gracieux. Tout fut feryi en abondance & avec
une extréme délicateffe. On but les fantés du Roi
de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , jufques
à 2.heures après minuit que les deux Troupes
allerent , l'épée à la main , précedées de quantité
de flambeaux , accompagner le Roi & M. Hague
not chez eux .
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Résumé : A Montpellier, le noble Jeu de l'Arc, &c. [titre d'après la table]
En 1730, les Chevaliers du noble Jeu de l'Art à Montpellier organisèrent une fête dirigée par M. Haguenot, élu Capitaine Lieutenant. Cette compagnie, fondée au XIIIe siècle par le Roi de Majorque, avait pour but de canaliser l'énergie belliqueuse des habitants par le maniement de l'arc et de la flèche. Après un déclin dû à la mort du roi, la compagnie fut relancée en 1701 lors du passage des Ducs de Bourgogne et de Berry. La fête débuta par la présentation d'un perroquet sculpté, déposé à l'Hôtel de Ville puis transféré au fossé, lieu des exercices. Les Chevaliers, vêtus d'uniformes spécifiques, défilèrent dans la ville, accompagnés de musique et de symboles royaux. La fête inclut des visites d'honneur à des personnalités locales, des démonstrations de tir à l'arc, et des réjouissances publiques. M. Haguenot et d'autres officiers reçurent des distinctions et des présents. Des concours de tir furent organisés, avec des récompenses pour les vainqueurs. La fête se conclut par une grande réception au château de Lamoffon, organisée par M. Baunier, Baron de Lamoffon, où les Chevaliers furent accueillis avec magnificence. La fête se termina par des tirs au perroquet, avec M. Privat comme vainqueur. Le texte décrit également les célébrations entourant l'élection de M. Privat comme roi du noble Jeu de l'Arc. M. Haguenot couronna M. Privat de laurier et le conduisit en triomphe chez lui. Pour préparer la fête, M. Privat décora sa maison d'arcs de triomphe et d'illuminations. Des danses, des fontaines de vin, des festins, des concerts et des bals attirèrent de nombreux participants. La fête dura jusqu'au jour de la proclamation officielle de M. Privat comme roi, le 8 novembre, jour où toutes les boutiques de la ville furent fermées sur ordre de M. Haguenot. À 14 heures, M. Privat se rendit dans le fossé où il distribua des aiguillettes d'or aux officiers et aux chevaliers pour le tir au rondeau. M. Haguenot, assisté des officiers, revêtit M. Privat de ses habits royaux, ornés d'or et de soie. M. Privat reçut ensuite les hommages de la compagnie par un discours de M. Haguenot et des vers récités par des petits Cupidons. La procession, similaire à celle du 9 octobre, se déroula avec M. Privat à la tête de la compagnie, accompagné de M. Haguenot et de M. Aribert. La cérémonie se conclut par un festin au Jeu de Paulme, orné de riches tapisseries et éclairé par de nombreux lustres et bougies. Des balcons furent aménagés pour les dames, et l'assemblée, composée de personnes de distinction, offrit un spectacle gracieux. Le festin se prolongea jusqu'à 2 heures du matin, où deux troupes escortèrent le roi et M. Haguenot chez eux, épées à la main et précédées de flambeaux.
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334
p. 821-823
MORTS, NAISSANCES des Pays Etrangers.
Début :
Le Corps du Czar Pierre II. fut inhumé le 22 Février, dans le Tombeau des Czars, qui [...]
Mots clefs :
Roi, Tsar, Prince, Pape, Épouse
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texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES des Pays Etrangers.
MORTS , NAISSANCES
des Pays Etrangers.
Liz Ferrier , dans le Tombeau des Czars, qui
E Corps du Czar Pierre II . fut inhumé le
eft dans l'Eglife de S. Michel de Mofcou.
On mande de Rome que le 25. Février au foir,
1le Corps du feu Pape fut porté de la Chapelle du
S. Sacrement , où il étoit en dépôt , au Choeur
de l'Eglife de S. Pierre , où on fit fes Obfeques
avec les ceremonies accoûtumées . M. Simonetti
Archevêque Titulaire de Nicofie , fit la Bediction
du Cercueil de Cyprès , dans lequel le Corps
fut mis. L'Abbé Acquaviva , mit à fes pieds , felón
la coûtume , trois Bourfes remplies , l'une
de Médailles d'or , une autre de Médailles d'argent
& la troifiéme de Médailles de cuivre. Le
Cardinal Finif ayant demandé la Mitre du feu
Pape, on lui en remit une autre & on la donna à
ce Cardinal. Toutes les ceremonies des Obfeques
étant finies , le Corps du Pape fut inhumé devant
le Choeur des Muficiens , vis- à - vis le Tombeau
du Pape Innocent VIII .
Therefe Cunegonde Sobieski , fille de Jean III.
Roi
822 MERCURE DE FRANCE
Roi de Pologne , mort le 17. Juin 1696. & de
Marie Cazimire Louife de la Grange d'Arquien,
morte à Blois le 30. Janvier 1716. Electrice
Douairiere de Baviere , qui faifoit fon féjour à
Venife depuis environ un an , y mourut d'une
colique la nuit du 10 au 11. Mars , dans la 55 .
année de fon âge , étant née le 4. Mars 1676.
Le feu Electeur de Baviere Maximilien - Marie
Emanuel , mort le 26. Fevrier 1726. l'avoit époufée
en fecondes Noces le 2. Janvier 1695. & il a
eu d'elle huit Princes & une Princeffe dont il ne
refte que Charles Albert Caetan , à préfent Electeur
de Baviere , Ferdinand- Marie , Clement-
Augufte , Electeur de Cologne , & Jean Theodore
, Evêque de Ratisbonne , & Marie-Anne- Caroline
, qui fit profeflion dans le Monaftere de
S. Jacob de l'Ordre de fainte Claire , le 29. Octobre
1719. Le 13. le corps de l'Electrice Douairiere
de Baviere fut expolé dans l'Eglife Collegiale
de S. Simon , d'où il fera tranfporté à Munich.
On vient d'apprendre qu'il y étoit arrivé
& qu'on faifoit dans la Capitale de grands préparatifs
pour les obfeques.
Charles Langrave de Heffe- Caffel mourut à
Caffel le 23. du mois dernier , vers les fix heures
du foir , âgé de 75. ans , fept mois & dix jours ,
étant né le 13. Août 1654. Ce Prince avoit époufé
le 21. May 1671. Marie Amelie , fille de Jacques,
Duc de Curlande , dont il a cu quinze enfans
fçavoir , onze Princes & quatre Princeffes ; l'aîné
des Princes qui vivent actuellement eft le Roi de
Suede , qui a époufé en fecondes noces Ulrique
Eleonore , foeur du feu Roi de Suede , Charles
XII. dont il n'a point d'enfans ; les freres du
Roi de Suede font le Prince Guillaume de Heffe-
Caffel , Lieutenant General de la Cavalerie Hollandoife
, Gouverneur de Maeftricht qui a >
époufé
AVRIL . 1730. 823
époufé Dorothée Guillelmine , fille du Duc de
Saxe Zeits , Maximilien qui a épousé Frederique
Charlotte de Heffe Darmstadt , George que le
Roi de Pologne fit Chevalier de l'Aigle Blanc en
Juillet 1723. Charles qui entra au fervice du Roi
T. Ch. en Mars 1721. & fut fait Lieutenant General
de fes Armées le 18. du même mois , &
Guillaume qui en Octobre 1721. fut fait Colonel
du Regiment de Cavalerie que le Roi de Suede
entretient au fervice des Etats Generaux ; des
quatre Princeffes filles du Landgrave , il ne refte
que Sophie Charles , mariée au Duc Frederic
Guillaume de Meckelbourg Schwerin , & Marie
Louiſe , veuve du Prince de Naflau Dietz , Stadhouder
de Frife & de Groningue.
Le Cardinal Benoît Pamphile mourut à Rome
le 25. Mars , âgé de 77. ans prefque accomplis ,
étant né le premier Avril 1653. Il étoit petit
neveu du Pape Innocent X. oncle paternel du
Prince Pamphile , & l'unique créature qui reftat
du Pontificat d'Innocent XI . qui le fit Cardinal
le premier Septembre 1681. Il étoit Prefet de la
fignature de Grace & de la Bibliotheque du Vatican
, Archiprêtre,de l'Eglife de S. Jean de Latran
& Titulaire du grand Prieuré de Rome.
Le 14. Avril , la Comteffe Douairiere de Waldgrave
, mere du Comte de ce nom , Ambaffadeur
du Roi d'Angleterre à la Cour de l'Empereur ,
mourut à Londres d'une attaque d'apoplexie ;
elle étoit fille naturelle du Roi Jacques II. & de
My Lady Arabelle Churchill , four du feu Duc
de Marlborough. Le Lord Henry Waldgrave
dont elle étoit veuve , eft mort en France où il
avoit fuivi le Roi Jacques.
Le 22. du mois dernier , la Princeffe Epoufe
du Prince de Piémont , accoucha à Turin d'une
Princeffe.
des Pays Etrangers.
Liz Ferrier , dans le Tombeau des Czars, qui
E Corps du Czar Pierre II . fut inhumé le
eft dans l'Eglife de S. Michel de Mofcou.
On mande de Rome que le 25. Février au foir,
1le Corps du feu Pape fut porté de la Chapelle du
S. Sacrement , où il étoit en dépôt , au Choeur
de l'Eglife de S. Pierre , où on fit fes Obfeques
avec les ceremonies accoûtumées . M. Simonetti
Archevêque Titulaire de Nicofie , fit la Bediction
du Cercueil de Cyprès , dans lequel le Corps
fut mis. L'Abbé Acquaviva , mit à fes pieds , felón
la coûtume , trois Bourfes remplies , l'une
de Médailles d'or , une autre de Médailles d'argent
& la troifiéme de Médailles de cuivre. Le
Cardinal Finif ayant demandé la Mitre du feu
Pape, on lui en remit une autre & on la donna à
ce Cardinal. Toutes les ceremonies des Obfeques
étant finies , le Corps du Pape fut inhumé devant
le Choeur des Muficiens , vis- à - vis le Tombeau
du Pape Innocent VIII .
Therefe Cunegonde Sobieski , fille de Jean III.
Roi
822 MERCURE DE FRANCE
Roi de Pologne , mort le 17. Juin 1696. & de
Marie Cazimire Louife de la Grange d'Arquien,
morte à Blois le 30. Janvier 1716. Electrice
Douairiere de Baviere , qui faifoit fon féjour à
Venife depuis environ un an , y mourut d'une
colique la nuit du 10 au 11. Mars , dans la 55 .
année de fon âge , étant née le 4. Mars 1676.
Le feu Electeur de Baviere Maximilien - Marie
Emanuel , mort le 26. Fevrier 1726. l'avoit époufée
en fecondes Noces le 2. Janvier 1695. & il a
eu d'elle huit Princes & une Princeffe dont il ne
refte que Charles Albert Caetan , à préfent Electeur
de Baviere , Ferdinand- Marie , Clement-
Augufte , Electeur de Cologne , & Jean Theodore
, Evêque de Ratisbonne , & Marie-Anne- Caroline
, qui fit profeflion dans le Monaftere de
S. Jacob de l'Ordre de fainte Claire , le 29. Octobre
1719. Le 13. le corps de l'Electrice Douairiere
de Baviere fut expolé dans l'Eglife Collegiale
de S. Simon , d'où il fera tranfporté à Munich.
On vient d'apprendre qu'il y étoit arrivé
& qu'on faifoit dans la Capitale de grands préparatifs
pour les obfeques.
Charles Langrave de Heffe- Caffel mourut à
Caffel le 23. du mois dernier , vers les fix heures
du foir , âgé de 75. ans , fept mois & dix jours ,
étant né le 13. Août 1654. Ce Prince avoit époufé
le 21. May 1671. Marie Amelie , fille de Jacques,
Duc de Curlande , dont il a cu quinze enfans
fçavoir , onze Princes & quatre Princeffes ; l'aîné
des Princes qui vivent actuellement eft le Roi de
Suede , qui a époufé en fecondes noces Ulrique
Eleonore , foeur du feu Roi de Suede , Charles
XII. dont il n'a point d'enfans ; les freres du
Roi de Suede font le Prince Guillaume de Heffe-
Caffel , Lieutenant General de la Cavalerie Hollandoife
, Gouverneur de Maeftricht qui a >
époufé
AVRIL . 1730. 823
époufé Dorothée Guillelmine , fille du Duc de
Saxe Zeits , Maximilien qui a épousé Frederique
Charlotte de Heffe Darmstadt , George que le
Roi de Pologne fit Chevalier de l'Aigle Blanc en
Juillet 1723. Charles qui entra au fervice du Roi
T. Ch. en Mars 1721. & fut fait Lieutenant General
de fes Armées le 18. du même mois , &
Guillaume qui en Octobre 1721. fut fait Colonel
du Regiment de Cavalerie que le Roi de Suede
entretient au fervice des Etats Generaux ; des
quatre Princeffes filles du Landgrave , il ne refte
que Sophie Charles , mariée au Duc Frederic
Guillaume de Meckelbourg Schwerin , & Marie
Louiſe , veuve du Prince de Naflau Dietz , Stadhouder
de Frife & de Groningue.
Le Cardinal Benoît Pamphile mourut à Rome
le 25. Mars , âgé de 77. ans prefque accomplis ,
étant né le premier Avril 1653. Il étoit petit
neveu du Pape Innocent X. oncle paternel du
Prince Pamphile , & l'unique créature qui reftat
du Pontificat d'Innocent XI . qui le fit Cardinal
le premier Septembre 1681. Il étoit Prefet de la
fignature de Grace & de la Bibliotheque du Vatican
, Archiprêtre,de l'Eglife de S. Jean de Latran
& Titulaire du grand Prieuré de Rome.
Le 14. Avril , la Comteffe Douairiere de Waldgrave
, mere du Comte de ce nom , Ambaffadeur
du Roi d'Angleterre à la Cour de l'Empereur ,
mourut à Londres d'une attaque d'apoplexie ;
elle étoit fille naturelle du Roi Jacques II. & de
My Lady Arabelle Churchill , four du feu Duc
de Marlborough. Le Lord Henry Waldgrave
dont elle étoit veuve , eft mort en France où il
avoit fuivi le Roi Jacques.
Le 22. du mois dernier , la Princeffe Epoufe
du Prince de Piémont , accoucha à Turin d'une
Princeffe.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES des Pays Etrangers.
Le texte mentionne plusieurs décès et naissances de personnalités étrangères. Liz Ferrier a été inhumée dans l'église de Saint-Michel à Moscou, où repose également le corps du tsar Pierre II. À Rome, le corps du pape décédé a été transféré à la chapelle du Saint-Sacrement et inhumé devant le chœur des musiciens, face au tombeau du pape Innocent VIII. La princesse Thérèse Cunégonde Sobieski, fille du roi Jean III de Pologne et de Marie Casimire Louise d'Arquien, est décédée à Venise à l'âge de 55 ans. Elle était veuve de l'électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel et mère de plusieurs enfants, dont l'électeur Charles Albert de Bavière. Le landgrave Charles de Hesse-Cassel est mort à Cassel à l'âge de 75 ans, laissant onze fils et quatre filles. Le cardinal Benoît Pamphile est décédé à Rome à l'âge de 77 ans. Il était petit-neveu du pape Innocent X et avait occupé plusieurs postes ecclésiastiques. La comtesse douairière de Walgrave, fille naturelle du roi Jacques II et de Lady Arabelle Churchill, est morte à Londres d'une attaque d'apoplexie. Enfin, la princesse épouse du prince de Piémont a accouché d'une princesse à Turin.
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335
p. 824-825
« Le Dimanche des Rameaux second de ce mois, le Roi accompagné du Duc d'Orleans, du [...] »
Début :
Le Dimanche des Rameaux second de ce mois, le Roi accompagné du Duc d'Orleans, du [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Duc d'Orléans, Sermon
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texteReconnaissance textuelle : « Le Dimanche des Rameaux second de ce mois, le Roi accompagné du Duc d'Orleans, du [...] »
E Dimanche des Rameaux fecond de ce mois,
LEle Roi accompagné du Duc d'Orleans , du
Duc du Maine , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , fe rendit dans la Chapelle du Château , où
S. M. affifta à la Benediction des Palmes qui fut
faite par l'Abbé Tefnieres , Chapelain ordinaire
de la Chapelle de Mufique , qui en préfenta une
au Roi , S. M. affifta à la Proceffion , & après
l'Evangile , elle adora la Croix . Le Roi entendit
enfuite la Grand' Meffe celebrée par le même
Chapelain , & chantée par la Mufique . La Reine
entendit la même Meffe dans fa Tribune. L'après-
midi , L. M. affifterent à la Prédication de
I'Evêque de Cifteron , & enfuite aux Vêpres
chantées par la Mufique.
Le Mercredi Saint , la Reine fe rendit à l'Eglife
de la Paroiffe , où S. M. entendit la Meffe , &
communia par les mains du Cardinal de Fleury ,
fon grand Aumônier. Le même jour , le Roi &
la Reine entendirent dans la Chapelle du Château
l'Office des Tenebres qui fut chanté par la Mufique.
Le 6. jour du Jeudi Saint , le Roi entendit le
Sermon de la Cene du P. Jean François , Capucin
, après quoi l'Evêque de Tulles fit i'Abfoute.
Enfuite le Roi lava les pieds à douze Pauvres , &
S. M. les fervit à table. Le Duc de Bourbon ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , à la tête
des Maîtres d'Hôtel , précedoit le fervice , dont
les
AVRIL. 1730. 823
les plats étoient portés par le Duc d'Orleans , le
Comte de Charolois , le Comte de Clermont , le
Prince de Dombes , le Comte d'Eu , le Comte de
Touloufe & par les principaux Officiers de S. M.
Après cette Cerémonie , le Roi ſe rendit à la Chapelle
du Château ou S. M. entendit la Grand-
Meffe , & affifta à la Proceffion & aux Vêpres.
La Reine affifta auffi dans fa Tribune à tout
P'Office.
. L'après-midi , la Reine entendit le Sermon de
la Çene de l'Abbé de Rozai , Chanoine de Soiffons
; le Cardinal de Fleury , Grand Aumônier
de la Reine , ayant fait l'Abfoute , S. M. lava les
pieds à douze pauvres filles , & les fervit à table.
Le Marquis de Villacerf , Premier Maître d'Hôtel
de la Reine , à là tête des autres Maîtres d'Hôtel
de S. M. précedoit le fervice , dont les plats.
étoient portés par Mademoifelle de Clermont ,
Mademoiſelle de la Roche-fur-Yon , par les Da
mes du Palais de S. M. & par d'autres Dames de
la Cour, Après cette Cerémonie , le Roi & la
Reme entendirent dans la Chapelle du Château
l'Office desTenebres qui fut chanté par laMufique.
LEle Roi accompagné du Duc d'Orleans , du
Duc du Maine , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , fe rendit dans la Chapelle du Château , où
S. M. affifta à la Benediction des Palmes qui fut
faite par l'Abbé Tefnieres , Chapelain ordinaire
de la Chapelle de Mufique , qui en préfenta une
au Roi , S. M. affifta à la Proceffion , & après
l'Evangile , elle adora la Croix . Le Roi entendit
enfuite la Grand' Meffe celebrée par le même
Chapelain , & chantée par la Mufique . La Reine
entendit la même Meffe dans fa Tribune. L'après-
midi , L. M. affifterent à la Prédication de
I'Evêque de Cifteron , & enfuite aux Vêpres
chantées par la Mufique.
Le Mercredi Saint , la Reine fe rendit à l'Eglife
de la Paroiffe , où S. M. entendit la Meffe , &
communia par les mains du Cardinal de Fleury ,
fon grand Aumônier. Le même jour , le Roi &
la Reine entendirent dans la Chapelle du Château
l'Office des Tenebres qui fut chanté par la Mufique.
Le 6. jour du Jeudi Saint , le Roi entendit le
Sermon de la Cene du P. Jean François , Capucin
, après quoi l'Evêque de Tulles fit i'Abfoute.
Enfuite le Roi lava les pieds à douze Pauvres , &
S. M. les fervit à table. Le Duc de Bourbon ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , à la tête
des Maîtres d'Hôtel , précedoit le fervice , dont
les
AVRIL. 1730. 823
les plats étoient portés par le Duc d'Orleans , le
Comte de Charolois , le Comte de Clermont , le
Prince de Dombes , le Comte d'Eu , le Comte de
Touloufe & par les principaux Officiers de S. M.
Après cette Cerémonie , le Roi ſe rendit à la Chapelle
du Château ou S. M. entendit la Grand-
Meffe , & affifta à la Proceffion & aux Vêpres.
La Reine affifta auffi dans fa Tribune à tout
P'Office.
. L'après-midi , la Reine entendit le Sermon de
la Çene de l'Abbé de Rozai , Chanoine de Soiffons
; le Cardinal de Fleury , Grand Aumônier
de la Reine , ayant fait l'Abfoute , S. M. lava les
pieds à douze pauvres filles , & les fervit à table.
Le Marquis de Villacerf , Premier Maître d'Hôtel
de la Reine , à là tête des autres Maîtres d'Hôtel
de S. M. précedoit le fervice , dont les plats.
étoient portés par Mademoifelle de Clermont ,
Mademoiſelle de la Roche-fur-Yon , par les Da
mes du Palais de S. M. & par d'autres Dames de
la Cour, Après cette Cerémonie , le Roi & la
Reme entendirent dans la Chapelle du Château
l'Office desTenebres qui fut chanté par laMufique.
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Résumé : « Le Dimanche des Rameaux second de ce mois, le Roi accompagné du Duc d'Orleans, du [...] »
Le dimanche des Rameaux, le Roi, accompagné de membres de la famille royale, se rendit à la chapelle du château pour la bénédiction des palmes par l'abbé Tefnieres. Il participa à la procession et à la grand-messe, tandis que la Reine écouta la messe depuis sa tribune. L'après-midi, ils assistèrent à la prédication de l'évêque de Cisteron et aux vêpres. Le mercredi saint, la Reine communia à l'église paroissiale par les mains du cardinal de Fleury. Le Roi et la Reine écoutèrent ensuite l'office des Ténèbres dans la chapelle du château. Le jeudi saint, le Roi écouta le sermon de la Cène du père Jean-François, suivi de l'absoute par l'évêque de Tulle. Il lava les pieds de douze pauvres et les servit à table, assisté par le duc de Bourbon et plusieurs nobles. La Reine écouta le sermon de la Cène de l'abbé de Rozai et lava les pieds de douze pauvres filles, assistée par le marquis de Villacerf et plusieurs dames de la cour. Enfin, le Roi et la Reine écoutèrent l'office des Ténèbres dans la chapelle du château.
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336
p. 825-827
Lit de Justice, [titre d'après la table]
Début :
Le 3. de ce mois, le Parlement qui avoit reçû les ordres du Roi par le Marquis de Dreux, Grand-Maître [...]
Mots clefs :
Lit de justice, Roi, Cérémonies
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texteReconnaissance textuelle : Lit de Justice, [titre d'après la table]
Le 3. de ce mois , le Parlement qui avoit reçu
les ordres du Roi par le Marquis de Dreux , Grand-
Maître des Cerémonies , s'affembla pour le Lit
de Juftice que S. M. avoit refolu de tenir. Le Roi
qui étoit parti du Château de Verſailles ayant
avec lui dans fon caroffe les Princes du Sang &
fes Grands Officiers , & étant accompagné des
Troupes de fa Maifon qui ont l'honneur de le
fuivre dans fes voyages , arriva vers les dix heures
& demie à la Sainte Chapelle , où il entendit
la Meffe. Quatre Préfidens à mortier & fix Confeillers
vinrent y recevoir le Roi & le conduifirent
à la Grand Chambre , où S. M. s'affit ſous fon
I dais
826 MERCURE DE FRANCE
dais dant fon Lit de Juftice. Toutes les féances
ayant été prises en la maniere accoutumée , le
Chancelier de France expliqua les intentions du
Roi & les motifs qui avoient determiné S. M. à
tenir fon Lit de Juftice. Le Premier Préſident ayant
enfuite parlé au nom du Parlement , & les Gens
du Roi ayant donné leurs conclufions , le Chancelier
de France alla prendre tous les avis , &
après qu'il en eut rendu compte à S. M. il prononça
l'enregiſtrement de la Déclaration du 24 .
de Mars , par laquelle le Roi explique de nouveau
fes intentions fur l'execution des Bulles des
Papes données contre le Janfenifme & fur celle
de la Conftitution Unigenitus . Le Roi fortit de
fon Lit de Juftice avec les mêmes Cerémonies qui
avoient été obfervées lorfque S. M. étoit arrivée.
Le Roi étoit placé fous un Dais. Au haut
Ban où étoient les Princes du Sang & les
Ducs & Pairs ; fçavoir ,
$ Le Duc d'Orleans , le Duc de Bourbon , le
Comte de Charolois , le Comte de Clermont,
Les Ducs de Luynes , de Brifac , de la Roche-
Foucault , de Bervick , de Luxembourg , de Retz,
de Saint Agnan , de Mortemart , de Bethune , de
Villars , de Coelin , Evêque de Metz , de Levy
de la Valliere.
?
Haut-Ban , des Pairs Ecclefiaftiques :
L'Evêque , Duc de Laon , l'Evêque & Comte
de Beauvais.
Ban au-deffous, des Capitaines des Gardes
du Corps.
Mrs les Ducs de Noailles de Charoft , de Vil
Декау
Le
AVRIL. 1730 . 827
Grand-Chambelan ,
Le Prince de Bouillon ,
étoit aux pieds du Roi , & le Prince Charles
Grand-Ecuyer , à côté fur la droite.
Le Chancelier de France au-deffus du Premier
Préfident à fa droite.
t
M. Defclimon , Prevôt de Paris, à côté.
Ban des Secretaires d'Etat.
Mrs de Maurepas , Saint Florentin , d'Anger
villiers.
M. de Dreux , Grand- Maître des Cerémonies
M. de Brezé , fon fils , en furvivance , M. Des
Granges , Maître des Cerémonies , M. de Monfeaureau
, Grand- Prevôt de l'Hôtel
Ban des Confeillers d'Etat, en bas ; fçavoir,
Mrs P'Abbé Bignon, le Comte du Luc, Fagon,
Machault , Dargenfon l'aîné , de Harlay , Melian
, Guerchois.
Ban des Chevaliers de l'Ordre du S. Efprit.
Mrs de Senneterre , Ifenghen , Coigny , k
Comte de Grandmont , de Prie , Livry..
Ban des Gouverneurs de Province.
rs Ms d'Arpajon , d'Aubigny , Crécy , Mati
gnon , Segur , Fervacques , de Villars.
Ban des Lieutenans Generaux de Provinces.
Mrs de Tingry-Luxembourg , de Beuvron , de
Jonzac , de Baune , de Veracque , de Bonnelle ,
de Souvray.
les ordres du Roi par le Marquis de Dreux , Grand-
Maître des Cerémonies , s'affembla pour le Lit
de Juftice que S. M. avoit refolu de tenir. Le Roi
qui étoit parti du Château de Verſailles ayant
avec lui dans fon caroffe les Princes du Sang &
fes Grands Officiers , & étant accompagné des
Troupes de fa Maifon qui ont l'honneur de le
fuivre dans fes voyages , arriva vers les dix heures
& demie à la Sainte Chapelle , où il entendit
la Meffe. Quatre Préfidens à mortier & fix Confeillers
vinrent y recevoir le Roi & le conduifirent
à la Grand Chambre , où S. M. s'affit ſous fon
I dais
826 MERCURE DE FRANCE
dais dant fon Lit de Juftice. Toutes les féances
ayant été prises en la maniere accoutumée , le
Chancelier de France expliqua les intentions du
Roi & les motifs qui avoient determiné S. M. à
tenir fon Lit de Juftice. Le Premier Préſident ayant
enfuite parlé au nom du Parlement , & les Gens
du Roi ayant donné leurs conclufions , le Chancelier
de France alla prendre tous les avis , &
après qu'il en eut rendu compte à S. M. il prononça
l'enregiſtrement de la Déclaration du 24 .
de Mars , par laquelle le Roi explique de nouveau
fes intentions fur l'execution des Bulles des
Papes données contre le Janfenifme & fur celle
de la Conftitution Unigenitus . Le Roi fortit de
fon Lit de Juftice avec les mêmes Cerémonies qui
avoient été obfervées lorfque S. M. étoit arrivée.
Le Roi étoit placé fous un Dais. Au haut
Ban où étoient les Princes du Sang & les
Ducs & Pairs ; fçavoir ,
$ Le Duc d'Orleans , le Duc de Bourbon , le
Comte de Charolois , le Comte de Clermont,
Les Ducs de Luynes , de Brifac , de la Roche-
Foucault , de Bervick , de Luxembourg , de Retz,
de Saint Agnan , de Mortemart , de Bethune , de
Villars , de Coelin , Evêque de Metz , de Levy
de la Valliere.
?
Haut-Ban , des Pairs Ecclefiaftiques :
L'Evêque , Duc de Laon , l'Evêque & Comte
de Beauvais.
Ban au-deffous, des Capitaines des Gardes
du Corps.
Mrs les Ducs de Noailles de Charoft , de Vil
Декау
Le
AVRIL. 1730 . 827
Grand-Chambelan ,
Le Prince de Bouillon ,
étoit aux pieds du Roi , & le Prince Charles
Grand-Ecuyer , à côté fur la droite.
Le Chancelier de France au-deffus du Premier
Préfident à fa droite.
t
M. Defclimon , Prevôt de Paris, à côté.
Ban des Secretaires d'Etat.
Mrs de Maurepas , Saint Florentin , d'Anger
villiers.
M. de Dreux , Grand- Maître des Cerémonies
M. de Brezé , fon fils , en furvivance , M. Des
Granges , Maître des Cerémonies , M. de Monfeaureau
, Grand- Prevôt de l'Hôtel
Ban des Confeillers d'Etat, en bas ; fçavoir,
Mrs P'Abbé Bignon, le Comte du Luc, Fagon,
Machault , Dargenfon l'aîné , de Harlay , Melian
, Guerchois.
Ban des Chevaliers de l'Ordre du S. Efprit.
Mrs de Senneterre , Ifenghen , Coigny , k
Comte de Grandmont , de Prie , Livry..
Ban des Gouverneurs de Province.
rs Ms d'Arpajon , d'Aubigny , Crécy , Mati
gnon , Segur , Fervacques , de Villars.
Ban des Lieutenans Generaux de Provinces.
Mrs de Tingry-Luxembourg , de Beuvron , de
Jonzac , de Baune , de Veracque , de Bonnelle ,
de Souvray.
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Résumé : Lit de Justice, [titre d'après la table]
Le 3 avril 1730, le Parlement reçut les ordres du roi, transmis par le Marquis de Dreux, pour se rassembler lors d'un Lit de Justice. Le roi, accompagné des Princes du Sang, des Grands Officiers et des troupes de sa maison, arriva à la Sainte Chapelle pour entendre la messe, puis se rendit à la Grand Chambre. Sous son dais, il écouta le Chancelier de France expliquer ses intentions et les motifs de la séance. Le Premier Président parla au nom du Parlement, et les Gens du Roi donnèrent leurs conclusions. Après avoir recueilli tous les avis, le Chancelier enregistra la Déclaration du 24 mars, concernant l'exécution des bulles papales contre le jansénisme et la Constitution Unigenitus. Le roi quitta ensuite la séance avec les mêmes cérémonies observées à son arrivée. Parmi les personnalités présentes figuraient le Duc d'Orléans, le Duc de Bourbon, le Comte de Charolais, et plusieurs autres Ducs et Pairs. Les Princes du Sang et les Ducs et Pairs étaient placés au haut ban, tandis que les Capitaines des Gardes du Corps étaient au ban au-dessous. Le Chancelier de France était à droite du Premier Président. Les Secrétaires d'État, les Conseillers d'État, les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit, les Gouverneurs de Province et les Lieutenants Généraux de Provinces étaient également présents, chacun à leur place désignée.
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337
p. 827-831
« Le 5. la Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville, fut tirée en presence [...] »
Début :
Le 5. la Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville, fut tirée en presence [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Évêque, Église, Messe, Sermon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 5. la Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville, fut tirée en presence [...] »
Le s. la Lotterie pour le Remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville , fut tirée en preſence
du Prévôt dès Marchands & des Echevins , en la
maniere accoûtumée. Le fonds de ce mois s'eſt
I ij trouvé
828 MERCURE DE FRANCE
trouvé monter à la fomme de 1447450 livres ,
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus, conformement à la Lifte
generale qui en a été rendue publique,
Le Vendredy - Saint 7. de ce mois , le Roy &
la Reine entendirent le Sermon de la Paffion de
l'Evêque de Cifteron; S. M. affifta enfuite à lOffice
, & alla à l'Adoration de la Croix. La Reine
entendit l'Office dans la Tribune. Le foir L. M.
affifterent à l'Office des Tenebres , chanté par la
Mufique.
Le 8. le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit en ceremonie à l'Eglife de
la Paroiffe , où S. M. entendit la Meffe & com
munia par les mains de l'Evêque de Metz , fon
premier Aumônier. Enfuite S. M. toucha un
grand nombre de Malades. Le foir , le Roi & fa
Reine affifterent dans la Chapelle du Château ,
aux Complies & au Salut , pendant lequel l'o
Filii fut chanté par la Mufique.
1
<
Le jour de Pâques , 9 de ce mois , L. M. entendirent
dans la même Chapelle la grande Meſſe
celebrée pontificalement par l'Evêque de Tulles ,
& chantée par la Mufique .
L'après - midi , elles affifterent à la Prédication
de l'Evêque de Cifteron , & enfuite aux Vêpres
aufquelles le même Prélat officia.
Le Roy a donné au Maréchal du Bourg le
Gouvernement de la Haute & Baffe Alface ; &
celui de la Ville de Strasbourg au Maréchal Duc
de Barwick.
Le 17. dé ce mois , le Roy partit de Verfailles
à 'onze heures du matin , pour aller doucher au
Château de Petit- Bourg , & le lendemain à Fontainebleau
, où S. M. doit demeurer quelque
temps.
Le 10. de ce mois , le Roy prit le deuil pour
AVRIL. 1730. 829
Le 11.
la mort de l'Electrice Douairiere de Baviere.
pendant la Meffe du Roy ; l'Archevêque
de Bordeaux prêta ferment de fidelité entre
les mains de S. M.
Le 16. l'Abbé de Saleon , nommé par le Roy à
l'Evêché d'Agen, fut facré à Paris , dans la Chapelle
de l'Archevêché , par l'Evêque de Xaintes ,
affifté des Evêques de Châlons fur Saone & de
Tarbe.
Le 13. de ce mois , le Roy fit dans la Plaine
des Sablons , la Revue des Regimens des Gardes
Françoifes & Suiffes. S. M. leur fit faire
PExercice , & enfuite les vit défiler.
.
M. Mocenigo , Ambaffadeur de la République
de Venife , arrivé à Paris le 4. de ce mois , alla à
Verfailles le 11. avec M. Zacharie Canal , Ambaffadeur
de la même République, auquel il fuccede
; & il eut audience particuliere du Roy , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , étant
conduit par M. Hebert , Introducteur des Ambaffadeurs.
: On mande de Lille que l'on y fit le z 1. de ce
mois , daus l'Eglife des RR.PP. Dominicains , les
Obfeques de Benoît XIII . Souverain Pontife &
Religieux Profès du même Ordre , avec beaucoup
de pompe & de magnificence. Le Pere Theodore
Chevalier , Religieux du même Couvent , y prononça
l'Eloge Funebre du deffunt Pape, avec une
éloquence qui lui merita un applaudiffement univerfel.
Le 24. de ce mois , la Reine partit de Verſailles
vers le midi , pour aller coucher au Château de
Petit- Bourg , d'où S. M. fe rendit le lendemain
à Fontainebleau.
Le 1. de ce mois , le Concert Spirituel continua
au Château des Tuilleries , & a été donné
tous les jours , jufques & compris le Dimanche
I iij
de
830 MERCURE DE FRANCE
de Quasimodo. On y a chanté les plus beaux
Motets de feu M. de la Lande , & differens petits
Motets nouveaux , convenables au temps de Pâques
, de la compofition des Sieurs Mouret , le
Maire & du Bouffet , qui ont été très-goutez ;
les Diles Erremans , le Maure & Petitpas y ont
chanté differens Recits , avec applaudiffement.
On a executé auffi plufieurs Concerto fur le Violon
, la Flute & le Hautbois , avec autant de vivacité
que de précifion. Le Concert ne recommencera
que le 18. May , jour de la Fête de
PAfcenfion.
Le 22. Avril & les deux jours fuivans , les
Capucins de la rue S. Honoré , celebrerent avec
grande folemnité , la fête de la Beatification du
bienheureux Fidel de Sigmariny , Religieux de
leur Ordre.
On celebre tous les ans , le jour du Dimanche
de Quasimodo , dans l'Eglife du grand Couvent
des Cordeliers, une Fête que les Chevaliers Voya
geurs Palmiers de l'Archi - Confrairie Royale du
S. Sepulcre , établie dans cette Eglife , rendent
folemnelle par une Proceffion publique d'un
grand nombre de Religieux & de tous les Confreres
portant des Palmes , parmi lefqnels il s'en
trouve quelques- uns qui ont fait le voyage de
Jerufalem. Ils font précedez de Trompettes,Timbales
& Hautbois.
La Meffe fe chante ce jour - là en Grec,& après
l'Evangile on y prêche en la même langue.
A la Proceffion qui fe fit le 16. de ce mois, les
Confreres délivrerent proceffionnellement des
Prifons de cette Ville , 48. prifonniers pour dettes,
qui fe trouverent entre les deux Guichets du
grand Châtelet , & affifterent à la Proceffion depuis
ce lieu jufqu'à l'Eglife du S. Sepulchre ,
rue S. Denis , & delà aux Cordeliers , où ils enrendirent.
AVRIL. 1730. 831
tendirent la Meffe & le Sermon. Du Syndicat de
M. de la Mare, & de l'adminiftration des Sieurs
Breval , Razoir , Dubuy & Harmont.
Ce pieux & charitable établiffement , applaudi
des Magiftrats , fut fait l'année 1727. par les
foins de M. Louis - Policarpe Jarry Marchand
Epicier , Juré Contrôleur de la Marchandiſe de
Foin , ancien Guidon de ladite Confrairie , des
quêtes faites chez les Confreres & Soeurs , & autres
Bienfaiteurs , par les Sieurs Boucher , Salvia,"
le Vaffeur , Tréforier & David le Gros , Notables
Bourgeois , de ladite Confrairie , choifis
par ledit fieur Jarry , Inftituteur de cette bonne
oeuvre & reçu pardevant M. le Lieutenant Civil.
Le nombre des Prifonniers ne fut la premiere
année que de fix ; en 1728. de 15. en 1729. de
14. & à la délivrance des Captifs des RR. PP.de
la Merci , accompagnans la Proceſſion,en ont délivré
fix , des deniers de leur charité.
Rentes de l'Hôtel de Ville , fut tirée en preſence
du Prévôt dès Marchands & des Echevins , en la
maniere accoûtumée. Le fonds de ce mois s'eſt
I ij trouvé
828 MERCURE DE FRANCE
trouvé monter à la fomme de 1447450 livres ,
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus, conformement à la Lifte
generale qui en a été rendue publique,
Le Vendredy - Saint 7. de ce mois , le Roy &
la Reine entendirent le Sermon de la Paffion de
l'Evêque de Cifteron; S. M. affifta enfuite à lOffice
, & alla à l'Adoration de la Croix. La Reine
entendit l'Office dans la Tribune. Le foir L. M.
affifterent à l'Office des Tenebres , chanté par la
Mufique.
Le 8. le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit en ceremonie à l'Eglife de
la Paroiffe , où S. M. entendit la Meffe & com
munia par les mains de l'Evêque de Metz , fon
premier Aumônier. Enfuite S. M. toucha un
grand nombre de Malades. Le foir , le Roi & fa
Reine affifterent dans la Chapelle du Château ,
aux Complies & au Salut , pendant lequel l'o
Filii fut chanté par la Mufique.
1
<
Le jour de Pâques , 9 de ce mois , L. M. entendirent
dans la même Chapelle la grande Meſſe
celebrée pontificalement par l'Evêque de Tulles ,
& chantée par la Mufique .
L'après - midi , elles affifterent à la Prédication
de l'Evêque de Cifteron , & enfuite aux Vêpres
aufquelles le même Prélat officia.
Le Roy a donné au Maréchal du Bourg le
Gouvernement de la Haute & Baffe Alface ; &
celui de la Ville de Strasbourg au Maréchal Duc
de Barwick.
Le 17. dé ce mois , le Roy partit de Verfailles
à 'onze heures du matin , pour aller doucher au
Château de Petit- Bourg , & le lendemain à Fontainebleau
, où S. M. doit demeurer quelque
temps.
Le 10. de ce mois , le Roy prit le deuil pour
AVRIL. 1730. 829
Le 11.
la mort de l'Electrice Douairiere de Baviere.
pendant la Meffe du Roy ; l'Archevêque
de Bordeaux prêta ferment de fidelité entre
les mains de S. M.
Le 16. l'Abbé de Saleon , nommé par le Roy à
l'Evêché d'Agen, fut facré à Paris , dans la Chapelle
de l'Archevêché , par l'Evêque de Xaintes ,
affifté des Evêques de Châlons fur Saone & de
Tarbe.
Le 13. de ce mois , le Roy fit dans la Plaine
des Sablons , la Revue des Regimens des Gardes
Françoifes & Suiffes. S. M. leur fit faire
PExercice , & enfuite les vit défiler.
.
M. Mocenigo , Ambaffadeur de la République
de Venife , arrivé à Paris le 4. de ce mois , alla à
Verfailles le 11. avec M. Zacharie Canal , Ambaffadeur
de la même République, auquel il fuccede
; & il eut audience particuliere du Roy , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , étant
conduit par M. Hebert , Introducteur des Ambaffadeurs.
: On mande de Lille que l'on y fit le z 1. de ce
mois , daus l'Eglife des RR.PP. Dominicains , les
Obfeques de Benoît XIII . Souverain Pontife &
Religieux Profès du même Ordre , avec beaucoup
de pompe & de magnificence. Le Pere Theodore
Chevalier , Religieux du même Couvent , y prononça
l'Eloge Funebre du deffunt Pape, avec une
éloquence qui lui merita un applaudiffement univerfel.
Le 24. de ce mois , la Reine partit de Verſailles
vers le midi , pour aller coucher au Château de
Petit- Bourg , d'où S. M. fe rendit le lendemain
à Fontainebleau.
Le 1. de ce mois , le Concert Spirituel continua
au Château des Tuilleries , & a été donné
tous les jours , jufques & compris le Dimanche
I iij
de
830 MERCURE DE FRANCE
de Quasimodo. On y a chanté les plus beaux
Motets de feu M. de la Lande , & differens petits
Motets nouveaux , convenables au temps de Pâques
, de la compofition des Sieurs Mouret , le
Maire & du Bouffet , qui ont été très-goutez ;
les Diles Erremans , le Maure & Petitpas y ont
chanté differens Recits , avec applaudiffement.
On a executé auffi plufieurs Concerto fur le Violon
, la Flute & le Hautbois , avec autant de vivacité
que de précifion. Le Concert ne recommencera
que le 18. May , jour de la Fête de
PAfcenfion.
Le 22. Avril & les deux jours fuivans , les
Capucins de la rue S. Honoré , celebrerent avec
grande folemnité , la fête de la Beatification du
bienheureux Fidel de Sigmariny , Religieux de
leur Ordre.
On celebre tous les ans , le jour du Dimanche
de Quasimodo , dans l'Eglife du grand Couvent
des Cordeliers, une Fête que les Chevaliers Voya
geurs Palmiers de l'Archi - Confrairie Royale du
S. Sepulcre , établie dans cette Eglife , rendent
folemnelle par une Proceffion publique d'un
grand nombre de Religieux & de tous les Confreres
portant des Palmes , parmi lefqnels il s'en
trouve quelques- uns qui ont fait le voyage de
Jerufalem. Ils font précedez de Trompettes,Timbales
& Hautbois.
La Meffe fe chante ce jour - là en Grec,& après
l'Evangile on y prêche en la même langue.
A la Proceffion qui fe fit le 16. de ce mois, les
Confreres délivrerent proceffionnellement des
Prifons de cette Ville , 48. prifonniers pour dettes,
qui fe trouverent entre les deux Guichets du
grand Châtelet , & affifterent à la Proceffion depuis
ce lieu jufqu'à l'Eglife du S. Sepulchre ,
rue S. Denis , & delà aux Cordeliers , où ils enrendirent.
AVRIL. 1730. 831
tendirent la Meffe & le Sermon. Du Syndicat de
M. de la Mare, & de l'adminiftration des Sieurs
Breval , Razoir , Dubuy & Harmont.
Ce pieux & charitable établiffement , applaudi
des Magiftrats , fut fait l'année 1727. par les
foins de M. Louis - Policarpe Jarry Marchand
Epicier , Juré Contrôleur de la Marchandiſe de
Foin , ancien Guidon de ladite Confrairie , des
quêtes faites chez les Confreres & Soeurs , & autres
Bienfaiteurs , par les Sieurs Boucher , Salvia,"
le Vaffeur , Tréforier & David le Gros , Notables
Bourgeois , de ladite Confrairie , choifis
par ledit fieur Jarry , Inftituteur de cette bonne
oeuvre & reçu pardevant M. le Lieutenant Civil.
Le nombre des Prifonniers ne fut la premiere
année que de fix ; en 1728. de 15. en 1729. de
14. & à la délivrance des Captifs des RR. PP.de
la Merci , accompagnans la Proceſſion,en ont délivré
fix , des deniers de leur charité.
Fermer
Résumé : « Le 5. la Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville, fut tirée en presence [...] »
En avril 1730, plusieurs événements marquants ont eu lieu. Le 7 avril, le roi et la reine ont assisté à un sermon sur la Passion, suivi de l'office et de l'adoration de la Croix. Le lendemain, le roi, portant le grand Collier de l'Ordre du Saint-Esprit, a assisté à la messe, communié et touché un grand nombre de malades. Le jour de Pâques, le 9 avril, ils ont entendu la grande messe célébrée par l'évêque de Tulle et ont assisté à une prédication et aux vêpres. La Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville a été tirée en présence du Prévôt des Marchands et des Échevins, distribuant 1 447 450 livres aux rentiers. Le roi a nommé le Maréchal du Bourg gouverneur de la Haute et Basse Alsace et le Maréchal Duc de Barwick gouverneur de Strasbourg. Le 17 avril, le roi est parti de Versailles pour Fontainebleau. Le 10 avril, il a pris le deuil pour la mort de l'Électrice Douairière de Bavière. Le 16 avril, l'abbé de Saleon a été sacré évêque d'Agen à Paris. Le 13 avril, le roi a passé en revue les régiments des Gardes Françaises et Suisses. L'ambassadeur de la République de Venise, M. Mocenigo, est arrivé à Paris et a été reçu à Versailles. À Lille, les obsèques de Benoît XIII ont été célébrées avec pompe. Le 24 avril, la reine est partie de Versailles pour Fontainebleau. Le Concert Spirituel a continué au Château des Tuileries jusqu'au dimanche de Quasimodo, avec des motets et des concertos appréciés. Les Capucins de la rue Saint-Honoré ont célébré la fête de la béatification du bienheureux Fidèle de Sigmaringen. Le dimanche de Quasimodo, les Chevaliers Voyageurs Palmiers de l'Archi-Confrérie Royale du Saint-Sépulcre ont organisé une procession et une messe en grec. Le 16 avril, 48 prisonniers pour dettes ont été libérés lors d'une procession organisée par la confrérie du Saint-Sépulcre, un établissement créé en 1727 par Louis-Policarpe Jarry.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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338
p. 839-847
DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
Début :
LOUIS, par, &c. Après la division & les troubles que le refus de se soûmettre à la Bulle Unigenitus [...]
Mots clefs :
Bulle Unigenitus, Roi, Déclaration du roi, Église, Évêques, Édit, Archevêques
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texteReconnaissance textuelle : DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
DECLARATION
D U ROY.
Par laqunsele des Bulles des
Ar laquelle le Roy explique de nouveau fes¹
Papes , données contre le Janféniſme , & fur celle
de la Conftitution Un genitus . Donnée à Verfailles
, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement
, le 3.- Avril , le Roy y féant en fon Lit de
Juſtice.
bles
LOUIS, par, &c. Après la divifion & les trou
que le refus de fe foûmettre à la Bulle Uni
genitus avoit fait naître dans l'Eglife de France
Nous eûmes lieu d'efperer en l'année 1720. d'y
voir la paix heureufement rétablie . Des Explica--
tions dreffées dans un efprit de concorde & de
charité , approuvées par tous les Cardinaux, tous
les Archevêques , & prefque tous les Evêques de
notre Royaume , qui avoient accepté cette Con--
ftitution , adoptées même par la plupart des
Prélats qui avoient hésité d'abord à la recevoir ,
ne laiffoient aucun pretexte à ceux , qui affectant
de la décrier par des interpretations contraires à
-fon veritable fens , vouloient les faire fervir d'excufe
à leur réfiſtance. Ce fut dans des circonfrances
fi favorables que Nous jugeâmes à propos
de donner notre Déclaration du 4. Aouft 1720.
par laquelle , en ordonnant d'un côté que la
Bulle Unigenitus feroit obſervé felon fa forme &
teneur dans tous nos Etats , & en deffendant tour:
ce qui pourtoit y être contraire. Nous prîmes de
l'autre les précautions les plus convenables pour
affurer le repos & la tranquillité de ceux d'entre
nos
$40 MERCURE DE FRANCE
feu que
nos Sujets qui feroient ceder leur prévention à
Pauthorité du Chef & du Corps des premiers Pafteurs
: Nous avons eu , à la verité , la fatisfaction
de voir des Corps entiers , & un grand nombre
de Sujets des differens Ordres de l'Eglife de France
, entrer dans ces fentimens , & l'édifier par la
fincerité de leur retour : Mais, Nous fçavons que
tous ceux qui les avoient imitez dans leur réfiftance
, n'ont pas encore fuivi l'exemple de leur
foumiffion ; & Nous voyons avec déplaifir qu'il
y en a même plufieurs , qui au lieu de profiter de
notre indulgence , n'ont cherché qu'à allumer le
Nous avions voulu éteindre par notre
Déclaration. Non feulement ils ont interjetté de
nouveaux appels , & ils n'ont pas ceffé d'attaquer
la Conftitution avec la même licence , par des
Libelles auffi injurieux au Pape , aux Evêques &
à toute l'Eglife , que contraires au reſpect qui eft
dû à notre authorité ; mais ils ont entrepris de
révoquer en doute le pouvoir qui appartient aux
Evêques d'inftruire les Fideles de la foumiffion
qu'ils doivent à la Bulle Unigenitus , & d'examiner
les fentimens & les difpofitions des Ecclefiaftiques
, lorfqu'ils fe prefentent à eux , foit pour
recevoir les faints Ordtes , foit pour obtenir des
Visa ou des Inftitutions Canoniques . Ce n'eft pas
même feulement à la Conftitution Unigenitus ,
que les ennemis de cette Bulle & de la paix cherchent
à donner atteinte , ils ne ceffent d'attaquer
directement ou indirectement les Conftitutions
des Papes qui ont condamné les cinq Propofitions
tirées du Livre de Janfénius , ou qui ont
preferit la fignature du Formulaire ; ils renouvellent
les fubtilitez frivoles qui avoient été inventées
pour éluder l'obſervation de ces Bulles
ils s'authorifent de la diftinction du fait & du
droit , & abufant de ce qui fe paffa fous le Pontificat
AVRIL. 1730. 84T
tificat de Clement IX . ils prennent toujours la
deffenfe du filence refpectueux fur le fait de Janfenius
, quoique déclaré infuffifant par la Bulle
Vineam Domini Sabaoth , donnée par Clement
XI . & unanimement acceptée par tous les Prélats
de notre Royaume. Nous ne devons donc
pas divifer deux objets , qui , quoique differents,
ne font cependant que trop unis dans l'efprit de
la plus grande partie de ceux qui ne cherchent
qu'à perpetuer les troubles prefens de l'Eglife ; Et
puifque l'on Nous oblige à expliquer encore nos
intentions fur l'execution de la Bulle Unigenitus,
Nous croyons devoir prendre en même temps de
nouvelles précautions contre ces efprits indociles
, que quatre Bulles données fucceffivement par
differents Papes contre le Janféniſme,qui ont été
reçûës par toute l'Eglife , & dont l'execution a
été tant de fois affermie par notre authorité ,
n'ont pu encore réduire à une entiere obéiffance
: Nous continuërons cependant de veiller avec
attention à la conſervation des Maximes de
notre Royaume & des Libertez de l'Eglife Gallicane
, qui Nous feront toujours plus précieuſes
qu'à ceux qui s'en font un vain titre pour colol
rer leur réfiftance ; & Nous fommes perfuadez.
que nos Cours de Parlement , qui étant principalement
chargées du foin de les maintenir ,
font acquittées fi dignement de ce devoir en differentes
occafions , & dès le temps même des
Lettres Patentes du 14. Février 1714. données
fur la Bulle Unigenitus , fçauront toujours faire
un jufte difcernement entre le zele éclairé qui les
deffend avec fageffe , & les intentions fufpectes
de ceux qui n'y cherchent qu'un prétexte pour
troubler , ou pour éloigner une paix auffi défirable
pour l'interêt de l'Etat , que pour le bien
de l'Eglife. A CES CAUSES , & autres à ce Nous
fe
mouvans
842 MERCURE DE FRANCE
mouvans , de l'avis de notre Confeil , & de notre
grace fpeciale , pleine puiffance & authorité
Royale , Nous avons dit , déclaré & ordonné ;
difons, déclarons & ordonnons, voulons & Nous
plaît ce qui fuit :
Article 1. Renouvellant , en tant que befoin feroit
par ces Prefentes , fignees de notre main j
les Edits & Déclarations du feu Roy notre treshonoré
Seigneur & Bifayeul , fur la condamnation
des cinq Propofitions de Janfénius , & ſur
la fignature du Formulaire , & en particulier
l'Edit du mois d'Avril 1665. & les Lettres Patentes
du dernier jour d'Aouft 1705. Ordonnons
que les Bulles des Souverains Pontifes Innocent
X. Alexandre VII . & Clement XI . fur
lefdites Propofitions , & fur la fignature du Formulaire
, feront obfervées & exécutées felon leur
forme & teneur : Voulons en conféquence , que
perfonne ne puiffe être promú aux Ordres facrez
, ou pourvû de quelque Benefice que ce foit ,
Seculier ou Régulier , exempt ou non exempt de
la Jurifdiction de l'Ordinaire , ni même en requerir
aucun , en vertu des dégrez par lui obte
nus , fans avoir auparavant figné le Formulaire
en perfonne ; entre les mains de fon Archevêque
ou de fon Evêque , ou de leurs Grands Vicaires ;
de laquelle fignature il fera fait mention dans
l'Acte de requifition , & pareillement dans l'Aete
de prife de poffeffion de chaque Benefice ; le tout
à peine de nullité defdits Actes à l'égard de ceux
qui fe trouveroient les avoir faits , fans avoir
préalablement figné le Formulaire. Et au cas
que quelqu'un d'entre les Archevêques ou Evêques
néglige d'en exiger la fignature , voulons
& entendons , conformement à l'Edit du mois
d'Avril 1665. qu'il y foit contraint par faifie du
Revenu temporel de fon Archevêché ou Evêché.
Ordonnons
N
AVRIL. 1730. 843
que les Ordonnons en outre , fuivant ledit Edit ,
Ecclefiaftiques , qui n'ayant pas encore figné le
Formulaire , refuferont de le faire à l'occafion
du Vifa ou de l'inftitution aux Benefices dont
ils demanderont à être pourvûs , foient déclarez
incapables de les poffeder, & que tous ceux dont
lefdits Ecclefiaftiques pourroient avoir été précedemment
pourvûs , demeurent vacans & impétrables
de plein droit , fans qu'il fait befoin à cet
effet d'aucune Sentence ni Declaration judiciaire,
ainfi qu'il eft porté par ledit Edit du mois d'Avril
1665.
II. Voulons , conformement au même Edit ,
que lefdites fignatures du Formulaire foient pures
& fimples , fans aucune diftinction , interpretation
ou reftriction qui déroge directement
ou indirectement aufdites Conftitutions des Papes
Innocent X. Alexandre VII . & Clement XI .
déclarant que ceux qui fe ferviroient dans leur
fignature defdites diftinctions , interprétations ou
reftrictions ; ou qui figneroient un Formulaire
different de celui dont la fignature a été ordonnée
par ledit. Edit du mois d'Avril 1665. feront
fujets aux peines portées par ledit Edit.
III. Confirmant , en tant que befoin feroit
les Lettres Patentes du 14. Février 1714. & notre
Declaration du 4. Aouft 1720. Regiſtrées dans
toutes nos Cours de Parlement : Ordonnons que
la Conftitution Unigenitus foit inviolablement
obfervée felon fa forme & teneur dans tous les
Etats, Pays,Terres & Seigneuries de notre obéïffance
; & qu'étant une Loy de l'Eglife par l'acceptation
qui en a été faite , elle foit auffi regardée
comme une Loy de notre Royaume. Voutons
que tous nos Sujets , de quelque état & condition
qu'ils foient , ayent pour ladite Bulle le
refpect & la foumiffion qui font dûs au jugement
de
844 MERCURE DE FRANCE
de l'Eglife univerfelle , en matiere de doctrine.
IV. L'Article cinquième de notredite Decla
ration fera pareillement exécuté felon fa forme
& teneur , fans neanmoins que fous prétexte du
filence que Nous y avons impofé , on puiffe prétendre
que notre intention ait jamais été d'empêcher
les Archevêques ou Evêques d'inftruire les
Ecclefiaftiques & les Peuples confiez à leurs foins ,
fur l'obligation de fe foumettre à la Conftitution
Unigenitus.
V. Deffendons , conformement à l'Art. III.
de notre Déclaration du 4. Aouft 1720. & par
les motifs qui y font expliquez , d'exiger directement
ou indirectement aucunes nouvelles formu
les de foufcription à l'occafion des Bulles des Papes
qui font reçûës dans notre Royaume. Décla
rons neanmoins, que par cette deffenfe Nous n'avons
pas entendu que les Archevêques & Evê
ques de notre Royaume ne puiffent refuſer d'admettre
aux faints Ordres, ou aux Dignitez & aux
Benefices, de quelque nature qu'ils foient, les Ec→
clefiaftiques Seculiers ou Reguliers , exempts ou
non exempts , qui auroient renouvellé leurs appels
de la Bulle Unigenitus depuis norre Decla
ration du 4. Aouft 1720. ou déclaré par écrit
qu'ils perfiftent dans ceux qu'ils avoient préce
demment interjettez , ou qui auroient compofé
ou publié des Ecrits pour attaquer ladite Bulle
ou les Explications defdits Archevêques & Evêques
, des années 1714.& 1720. ou qui auroient
renu des difcours injurieux à l'Eglife & à l'Epif
copat , & qui en feroient convaincus , foit par
des preuves légitimes , ou par l'aveu qu'ils en
feroient aufdits Archevêques ou Evêques lorfqu'ils
feroient interrogez fur lefdits faits , en fe
prefentant à eux pour l'Ordination , ou pour le
Vifa , ou l'Inſtitution Canonique , & qui perfe-
2
vere
AVRIL . 1730. 845 .
vereroient dans le même efprit de révolte, ou de
defobéiffance contre la Bulle Unigenitus , ou les
autres Conftitutions cy-deffus mentionnées , &
refuferoient de s'expliquer , conformement aux
Art. II. & III. de la prefente Declaration ,
la foumiffion due aufdites Conſtitutions.
2
fur
VI. Les Appellations comme d'abus , fi aucunes
font interjettées des refus de Vifa , ou d'Inftitution
Canonique faits par les Archevêques ou
Evêques aux Ecclefiaftiques qui fe trouveront être
dans quelqu'un des cas expliquez par les Art . I.
II. III. & V. de notre prefente Declaration
n'auront aucun effet fufpenfif , mais dévolutif
feulement , & fans que les caufes de refus marquées
dans lefdits cas , puiffent être regardées
comme un moyen d'abus . Voulons que lorfqu'outre
lefdites caufes , le refus defdits Archevêques
ou Evêques en renfermera d'autres qui feront
jugées abufives , nos Cours foient tenucs de déclarer
qu'il y a abus feulement en ce qui concerne
lefdites autres caufes ; fauf à nofd. Cours
d'ordonner en ce cas , s'il y échet , que dans le
temps qu'elles jugeront à propos de preferire, à
l'appellant comme d'abus , il fera tenu de fe retirer
fuivant l'art. VI. de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
pardevant le Superieur Ecclefiaftique de l'Evêque
ou de l'Archevêque qui lui aura refuſé le Viſa,ou
P'Inftitution Canonique pour le Benefice qui fera
le fujet de la conteftation, à l'effet d'obtenir l'un
ou l'autre, fi faire fe doit ; & après que led . Vifa
ou ladite Inftitution Canonique auront été rap-
-portez , ou faute par ledit appellant de les rapporter
, & dans le delay_qui lui aura été accordé
, il fera ftatué par nofd. Cours fur la maintenue
provifoire ou définitive au Benefice contentieux
, ainfi qu'il appartiendra.
VII
846 MERCURE DE FRANCE
VII . Ordonnons au furplus , que notre Declaration
du 10. May 1728. concernant les Imprimeurs
, foit executée felon fa forme & teneur;
ce faifant , que tous ceux qui feront convaincus
d'avoir compofé, imprimé, debité ou autrement
diftribué , fous quelque titre ou nom que ce puif.
fe être , des Ouvrages , Ecrits , Lettres ou autres
Libelles qui attaqueroient directement ou indirectement
les Conftitutions des Papes cy - deffus
marqués, nommément la Bulle Unigenitus, l'Inftruction
Paftorale de 1714. les Explications de
1720. ou qui tendroient à foûtenir , renouveller
ou favorifer en quelque maniere que ce foit les
Propofitions condamnées par ladite Conftitution
, ou qui feroient contraires à la Religion, au
refpect dû à notre S.Pere le Pape & aux Evêques,
ou à notre authorité , aux droits de notre Ĉouronne,
ou aux libertez de l'Eglife Gallicane,foient
condamnez aux peines portées par ladite Decla
ration du 10. May 1728. Voulons que les Corps
ou Communautez , & pareillement les Particuliers
qui auroient prêté leurs Maifons , en tout
ou en partie , pour fervir de dépôt à des Ouvrages
ou Ecrits de la nature cy-deffus marquez , &
pour les y mettre en sûreté , foient condamnez
pour la premiere fois en 3000 liv. d'amende , &
les Corps ou Communautez déclarez en outre
déchûs de tous les Privileges à eux accordez par
Nous ou par les Rois nos Predeceffeurs . Ordonnons
qu'en cas de récidives, les Particuliers foient
condamnez au banniffement à temps , même à
plus grande peine s'il y échet. Enjoignons à nos
Cours de Parlement & autres nos Juges , de tenir
la main à ce que ces Prefentes foient exactement
& inviolablement obfervées , & de prêter
aux Archevêques ou Evêques , ou à leurs Officiaux
, lorſqu'ils en feront requis , le fecours &
l'affiftance
AVRIL 1730.
847.
l'affiftance neceffaires . pour l'execution des Ordonnances
& Jugemens qui en feront par eux
rendus contre les contrevenans dans les cas qui
regardent les Juges d'Eglife ; le tout conformement
à l'Art. XXX . de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
& c.
D U ROY.
Par laqunsele des Bulles des
Ar laquelle le Roy explique de nouveau fes¹
Papes , données contre le Janféniſme , & fur celle
de la Conftitution Un genitus . Donnée à Verfailles
, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement
, le 3.- Avril , le Roy y féant en fon Lit de
Juſtice.
bles
LOUIS, par, &c. Après la divifion & les trou
que le refus de fe foûmettre à la Bulle Uni
genitus avoit fait naître dans l'Eglife de France
Nous eûmes lieu d'efperer en l'année 1720. d'y
voir la paix heureufement rétablie . Des Explica--
tions dreffées dans un efprit de concorde & de
charité , approuvées par tous les Cardinaux, tous
les Archevêques , & prefque tous les Evêques de
notre Royaume , qui avoient accepté cette Con--
ftitution , adoptées même par la plupart des
Prélats qui avoient hésité d'abord à la recevoir ,
ne laiffoient aucun pretexte à ceux , qui affectant
de la décrier par des interpretations contraires à
-fon veritable fens , vouloient les faire fervir d'excufe
à leur réfiſtance. Ce fut dans des circonfrances
fi favorables que Nous jugeâmes à propos
de donner notre Déclaration du 4. Aouft 1720.
par laquelle , en ordonnant d'un côté que la
Bulle Unigenitus feroit obſervé felon fa forme &
teneur dans tous nos Etats , & en deffendant tour:
ce qui pourtoit y être contraire. Nous prîmes de
l'autre les précautions les plus convenables pour
affurer le repos & la tranquillité de ceux d'entre
nos
$40 MERCURE DE FRANCE
feu que
nos Sujets qui feroient ceder leur prévention à
Pauthorité du Chef & du Corps des premiers Pafteurs
: Nous avons eu , à la verité , la fatisfaction
de voir des Corps entiers , & un grand nombre
de Sujets des differens Ordres de l'Eglife de France
, entrer dans ces fentimens , & l'édifier par la
fincerité de leur retour : Mais, Nous fçavons que
tous ceux qui les avoient imitez dans leur réfiftance
, n'ont pas encore fuivi l'exemple de leur
foumiffion ; & Nous voyons avec déplaifir qu'il
y en a même plufieurs , qui au lieu de profiter de
notre indulgence , n'ont cherché qu'à allumer le
Nous avions voulu éteindre par notre
Déclaration. Non feulement ils ont interjetté de
nouveaux appels , & ils n'ont pas ceffé d'attaquer
la Conftitution avec la même licence , par des
Libelles auffi injurieux au Pape , aux Evêques &
à toute l'Eglife , que contraires au reſpect qui eft
dû à notre authorité ; mais ils ont entrepris de
révoquer en doute le pouvoir qui appartient aux
Evêques d'inftruire les Fideles de la foumiffion
qu'ils doivent à la Bulle Unigenitus , & d'examiner
les fentimens & les difpofitions des Ecclefiaftiques
, lorfqu'ils fe prefentent à eux , foit pour
recevoir les faints Ordtes , foit pour obtenir des
Visa ou des Inftitutions Canoniques . Ce n'eft pas
même feulement à la Conftitution Unigenitus ,
que les ennemis de cette Bulle & de la paix cherchent
à donner atteinte , ils ne ceffent d'attaquer
directement ou indirectement les Conftitutions
des Papes qui ont condamné les cinq Propofitions
tirées du Livre de Janfénius , ou qui ont
preferit la fignature du Formulaire ; ils renouvellent
les fubtilitez frivoles qui avoient été inventées
pour éluder l'obſervation de ces Bulles
ils s'authorifent de la diftinction du fait & du
droit , & abufant de ce qui fe paffa fous le Pontificat
AVRIL. 1730. 84T
tificat de Clement IX . ils prennent toujours la
deffenfe du filence refpectueux fur le fait de Janfenius
, quoique déclaré infuffifant par la Bulle
Vineam Domini Sabaoth , donnée par Clement
XI . & unanimement acceptée par tous les Prélats
de notre Royaume. Nous ne devons donc
pas divifer deux objets , qui , quoique differents,
ne font cependant que trop unis dans l'efprit de
la plus grande partie de ceux qui ne cherchent
qu'à perpetuer les troubles prefens de l'Eglife ; Et
puifque l'on Nous oblige à expliquer encore nos
intentions fur l'execution de la Bulle Unigenitus,
Nous croyons devoir prendre en même temps de
nouvelles précautions contre ces efprits indociles
, que quatre Bulles données fucceffivement par
differents Papes contre le Janféniſme,qui ont été
reçûës par toute l'Eglife , & dont l'execution a
été tant de fois affermie par notre authorité ,
n'ont pu encore réduire à une entiere obéiffance
: Nous continuërons cependant de veiller avec
attention à la conſervation des Maximes de
notre Royaume & des Libertez de l'Eglife Gallicane
, qui Nous feront toujours plus précieuſes
qu'à ceux qui s'en font un vain titre pour colol
rer leur réfiftance ; & Nous fommes perfuadez.
que nos Cours de Parlement , qui étant principalement
chargées du foin de les maintenir ,
font acquittées fi dignement de ce devoir en differentes
occafions , & dès le temps même des
Lettres Patentes du 14. Février 1714. données
fur la Bulle Unigenitus , fçauront toujours faire
un jufte difcernement entre le zele éclairé qui les
deffend avec fageffe , & les intentions fufpectes
de ceux qui n'y cherchent qu'un prétexte pour
troubler , ou pour éloigner une paix auffi défirable
pour l'interêt de l'Etat , que pour le bien
de l'Eglife. A CES CAUSES , & autres à ce Nous
fe
mouvans
842 MERCURE DE FRANCE
mouvans , de l'avis de notre Confeil , & de notre
grace fpeciale , pleine puiffance & authorité
Royale , Nous avons dit , déclaré & ordonné ;
difons, déclarons & ordonnons, voulons & Nous
plaît ce qui fuit :
Article 1. Renouvellant , en tant que befoin feroit
par ces Prefentes , fignees de notre main j
les Edits & Déclarations du feu Roy notre treshonoré
Seigneur & Bifayeul , fur la condamnation
des cinq Propofitions de Janfénius , & ſur
la fignature du Formulaire , & en particulier
l'Edit du mois d'Avril 1665. & les Lettres Patentes
du dernier jour d'Aouft 1705. Ordonnons
que les Bulles des Souverains Pontifes Innocent
X. Alexandre VII . & Clement XI . fur
lefdites Propofitions , & fur la fignature du Formulaire
, feront obfervées & exécutées felon leur
forme & teneur : Voulons en conféquence , que
perfonne ne puiffe être promú aux Ordres facrez
, ou pourvû de quelque Benefice que ce foit ,
Seculier ou Régulier , exempt ou non exempt de
la Jurifdiction de l'Ordinaire , ni même en requerir
aucun , en vertu des dégrez par lui obte
nus , fans avoir auparavant figné le Formulaire
en perfonne ; entre les mains de fon Archevêque
ou de fon Evêque , ou de leurs Grands Vicaires ;
de laquelle fignature il fera fait mention dans
l'Acte de requifition , & pareillement dans l'Aete
de prife de poffeffion de chaque Benefice ; le tout
à peine de nullité defdits Actes à l'égard de ceux
qui fe trouveroient les avoir faits , fans avoir
préalablement figné le Formulaire. Et au cas
que quelqu'un d'entre les Archevêques ou Evêques
néglige d'en exiger la fignature , voulons
& entendons , conformement à l'Edit du mois
d'Avril 1665. qu'il y foit contraint par faifie du
Revenu temporel de fon Archevêché ou Evêché.
Ordonnons
N
AVRIL. 1730. 843
que les Ordonnons en outre , fuivant ledit Edit ,
Ecclefiaftiques , qui n'ayant pas encore figné le
Formulaire , refuferont de le faire à l'occafion
du Vifa ou de l'inftitution aux Benefices dont
ils demanderont à être pourvûs , foient déclarez
incapables de les poffeder, & que tous ceux dont
lefdits Ecclefiaftiques pourroient avoir été précedemment
pourvûs , demeurent vacans & impétrables
de plein droit , fans qu'il fait befoin à cet
effet d'aucune Sentence ni Declaration judiciaire,
ainfi qu'il eft porté par ledit Edit du mois d'Avril
1665.
II. Voulons , conformement au même Edit ,
que lefdites fignatures du Formulaire foient pures
& fimples , fans aucune diftinction , interpretation
ou reftriction qui déroge directement
ou indirectement aufdites Conftitutions des Papes
Innocent X. Alexandre VII . & Clement XI .
déclarant que ceux qui fe ferviroient dans leur
fignature defdites diftinctions , interprétations ou
reftrictions ; ou qui figneroient un Formulaire
different de celui dont la fignature a été ordonnée
par ledit. Edit du mois d'Avril 1665. feront
fujets aux peines portées par ledit Edit.
III. Confirmant , en tant que befoin feroit
les Lettres Patentes du 14. Février 1714. & notre
Declaration du 4. Aouft 1720. Regiſtrées dans
toutes nos Cours de Parlement : Ordonnons que
la Conftitution Unigenitus foit inviolablement
obfervée felon fa forme & teneur dans tous les
Etats, Pays,Terres & Seigneuries de notre obéïffance
; & qu'étant une Loy de l'Eglife par l'acceptation
qui en a été faite , elle foit auffi regardée
comme une Loy de notre Royaume. Voutons
que tous nos Sujets , de quelque état & condition
qu'ils foient , ayent pour ladite Bulle le
refpect & la foumiffion qui font dûs au jugement
de
844 MERCURE DE FRANCE
de l'Eglife univerfelle , en matiere de doctrine.
IV. L'Article cinquième de notredite Decla
ration fera pareillement exécuté felon fa forme
& teneur , fans neanmoins que fous prétexte du
filence que Nous y avons impofé , on puiffe prétendre
que notre intention ait jamais été d'empêcher
les Archevêques ou Evêques d'inftruire les
Ecclefiaftiques & les Peuples confiez à leurs foins ,
fur l'obligation de fe foumettre à la Conftitution
Unigenitus.
V. Deffendons , conformement à l'Art. III.
de notre Déclaration du 4. Aouft 1720. & par
les motifs qui y font expliquez , d'exiger directement
ou indirectement aucunes nouvelles formu
les de foufcription à l'occafion des Bulles des Papes
qui font reçûës dans notre Royaume. Décla
rons neanmoins, que par cette deffenfe Nous n'avons
pas entendu que les Archevêques & Evê
ques de notre Royaume ne puiffent refuſer d'admettre
aux faints Ordres, ou aux Dignitez & aux
Benefices, de quelque nature qu'ils foient, les Ec→
clefiaftiques Seculiers ou Reguliers , exempts ou
non exempts , qui auroient renouvellé leurs appels
de la Bulle Unigenitus depuis norre Decla
ration du 4. Aouft 1720. ou déclaré par écrit
qu'ils perfiftent dans ceux qu'ils avoient préce
demment interjettez , ou qui auroient compofé
ou publié des Ecrits pour attaquer ladite Bulle
ou les Explications defdits Archevêques & Evêques
, des années 1714.& 1720. ou qui auroient
renu des difcours injurieux à l'Eglife & à l'Epif
copat , & qui en feroient convaincus , foit par
des preuves légitimes , ou par l'aveu qu'ils en
feroient aufdits Archevêques ou Evêques lorfqu'ils
feroient interrogez fur lefdits faits , en fe
prefentant à eux pour l'Ordination , ou pour le
Vifa , ou l'Inſtitution Canonique , & qui perfe-
2
vere
AVRIL . 1730. 845 .
vereroient dans le même efprit de révolte, ou de
defobéiffance contre la Bulle Unigenitus , ou les
autres Conftitutions cy-deffus mentionnées , &
refuferoient de s'expliquer , conformement aux
Art. II. & III. de la prefente Declaration ,
la foumiffion due aufdites Conſtitutions.
2
fur
VI. Les Appellations comme d'abus , fi aucunes
font interjettées des refus de Vifa , ou d'Inftitution
Canonique faits par les Archevêques ou
Evêques aux Ecclefiaftiques qui fe trouveront être
dans quelqu'un des cas expliquez par les Art . I.
II. III. & V. de notre prefente Declaration
n'auront aucun effet fufpenfif , mais dévolutif
feulement , & fans que les caufes de refus marquées
dans lefdits cas , puiffent être regardées
comme un moyen d'abus . Voulons que lorfqu'outre
lefdites caufes , le refus defdits Archevêques
ou Evêques en renfermera d'autres qui feront
jugées abufives , nos Cours foient tenucs de déclarer
qu'il y a abus feulement en ce qui concerne
lefdites autres caufes ; fauf à nofd. Cours
d'ordonner en ce cas , s'il y échet , que dans le
temps qu'elles jugeront à propos de preferire, à
l'appellant comme d'abus , il fera tenu de fe retirer
fuivant l'art. VI. de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
pardevant le Superieur Ecclefiaftique de l'Evêque
ou de l'Archevêque qui lui aura refuſé le Viſa,ou
P'Inftitution Canonique pour le Benefice qui fera
le fujet de la conteftation, à l'effet d'obtenir l'un
ou l'autre, fi faire fe doit ; & après que led . Vifa
ou ladite Inftitution Canonique auront été rap-
-portez , ou faute par ledit appellant de les rapporter
, & dans le delay_qui lui aura été accordé
, il fera ftatué par nofd. Cours fur la maintenue
provifoire ou définitive au Benefice contentieux
, ainfi qu'il appartiendra.
VII
846 MERCURE DE FRANCE
VII . Ordonnons au furplus , que notre Declaration
du 10. May 1728. concernant les Imprimeurs
, foit executée felon fa forme & teneur;
ce faifant , que tous ceux qui feront convaincus
d'avoir compofé, imprimé, debité ou autrement
diftribué , fous quelque titre ou nom que ce puif.
fe être , des Ouvrages , Ecrits , Lettres ou autres
Libelles qui attaqueroient directement ou indirectement
les Conftitutions des Papes cy - deffus
marqués, nommément la Bulle Unigenitus, l'Inftruction
Paftorale de 1714. les Explications de
1720. ou qui tendroient à foûtenir , renouveller
ou favorifer en quelque maniere que ce foit les
Propofitions condamnées par ladite Conftitution
, ou qui feroient contraires à la Religion, au
refpect dû à notre S.Pere le Pape & aux Evêques,
ou à notre authorité , aux droits de notre Ĉouronne,
ou aux libertez de l'Eglife Gallicane,foient
condamnez aux peines portées par ladite Decla
ration du 10. May 1728. Voulons que les Corps
ou Communautez , & pareillement les Particuliers
qui auroient prêté leurs Maifons , en tout
ou en partie , pour fervir de dépôt à des Ouvrages
ou Ecrits de la nature cy-deffus marquez , &
pour les y mettre en sûreté , foient condamnez
pour la premiere fois en 3000 liv. d'amende , &
les Corps ou Communautez déclarez en outre
déchûs de tous les Privileges à eux accordez par
Nous ou par les Rois nos Predeceffeurs . Ordonnons
qu'en cas de récidives, les Particuliers foient
condamnez au banniffement à temps , même à
plus grande peine s'il y échet. Enjoignons à nos
Cours de Parlement & autres nos Juges , de tenir
la main à ce que ces Prefentes foient exactement
& inviolablement obfervées , & de prêter
aux Archevêques ou Evêques , ou à leurs Officiaux
, lorſqu'ils en feront requis , le fecours &
l'affiftance
AVRIL 1730.
847.
l'affiftance neceffaires . pour l'execution des Ordonnances
& Jugemens qui en feront par eux
rendus contre les contrevenans dans les cas qui
regardent les Juges d'Eglife ; le tout conformement
à l'Art. XXX . de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
& c.
Fermer
Résumé : DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
Le document est une déclaration royale de Louis XV, datée du 24 mars 1730, concernant l'application de la bulle papale Unigenitus et des constitutions contre le jansénisme. Le roi rappelle les efforts passés pour rétablir la paix dans l'Église de France après le refus initial de se soumettre à la bulle Unigenitus. Il souligne que des explications approuvées par les cardinaux, archevêques et évêques ont été adoptées, mais certains continuent de résister. La déclaration renforce l'obligation d'observer la bulle Unigenitus et les constitutions contre le jansénisme, en ordonnant que la bulle soit respectée dans tous les États et que les sujets du roi doivent lui montrer soumission. Le roi défend également les libertés de l'Église gallicane et ordonne des mesures contre ceux qui attaquent les constitutions papales ou troublent la paix. La déclaration réitère l'interdiction de promouvoir des ecclésiastiques sans qu'ils aient signé le formulaire et confirme les peines pour ceux qui refusent de se soumettre. Elle précise également les procédures pour les appels comme d'abus et les sanctions contre les imprimeurs de libelles contraires aux constitutions. Un autre décret royal, daté d'avril 1730, condamne les individus ou les communautés ayant prêté leurs maisons pour servir de dépôt à des ouvrages ou écrits interdits. Les peines prévues incluent une amende de 3 000 livres pour la première infraction, avec perte des privilèges pour les corps ou communautés concernés. En cas de récidive, les particuliers encourent le bannissement ou des peines plus sévères. Le décret ordonne aux cours de parlement et autres juges de faire respecter ces dispositions et de prêter assistance aux autorités ecclésiastiques pour l'exécution des jugements concernant les contrevenants. Cette mesure est conforme à l'article XXX de l'édit d'avril 1695 sur la juridiction ecclésiastique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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338
339
p. 1007-1011
REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
Début :
Le Marquis de Champigny, Gouverneur des Isles du vent de l'Amerique, fit d'abord [...]
Mots clefs :
Martinique, Dauphin, Gouverneur, Illuminations, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
REJOUISSANCES faites à la
Martinique,furlaNaiffance duDauphin .
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ifle, le
25. Fanvier 1730 .
E Marquis de Champigny , Gouverneur des
Lifles du Vent de l'Amerique , fit d'abord
éclater fa joye par une décharge generale de tous
les Canons de l'Ifle. Et le lendemain 4. Décembre
, il fit chanter le Te Deum , dans l'Eglife Paroiffiale
du Fort Royal de S. Pierre , où il affifta
avec M. d'Orgeville , Intendant de la Martinique ,
les Officiers Majors , le Confeil en Corps & les
Ju1008
MERCURE DE FRANCÊ
Jurifdictions , &c. Delà on alla dans la grande
Place allumer en ceremonie un Feu de joye qui"
y étoit préparé ; les Milices s'y trouverent & firent
trois décharges , pendant qu'on tira du Fort
& du Vaiffeau du Roi , plus de 400. coups de
Canon. M. le Gouverneur fit répandre de l'argent
au Peuple , dont la foule étoit fort grande dans
cette Place , & fur les fept heures du foir il fit tirer
au Fort un Feu d'artifice. Enfuite il donna
fomptueufement à fouper aux perfonnes les plus
confiderables du Pays , qui avoient déja dîné chez
lui , & il fit donner à manger à toutes les Trounes
Françoifes & Suiffes , fur des tables dreffées
rès autour du Château , au milieu defquelles ,
étoient plufieurs Fontaines de Vin qui coulerent'
pendant tout le temps du Repas , lequel fut fuivi
d'un Bal qui dura jufqu'au jour. L'Illumination
de l'Hôtel du Gouverneur dura auffi jufqu'au jour
& fut très-brillante.
My eut le même foir à l'Intendance une Illumination
magnifique , un nombre infini de Lampions
, difpofez avec art , faifoient un effet merveilleux
, on y diftribua à tous les paffans toutes
fortes de Rafraîchiffemens en abondance. Cependant
M. l'Intendant fe préparoit à donner le jous
fuivant une nouvelle Fête pour marquer l'ardeur
de fon zele , mais il fut obligé de s'embarquer
fur le Vaiffeau du Roy pour aller avec M. le
Gouverneur à la Guadeloupe , & il a remis cette
Fête à fon retour.
Toutes les Communautez Religieufes ont fignar
lé leur zele par des Te Deum , chantez folemnellement
, par des Illuminations , &c. Les Jefuites fe
font particulierement diftinguez , n'ayant rien
obmis pour rendre leur Fête des plus folemnelles,
à quoi la fituation de leur Maifon n'a pas peu
contribué. Au Nord du Bourg de S. Pierre eft
une
MAY. 1730. 1009
I
une longue Avenue , bordée de trois rangées d'arbres,
qui conduit à Paglife & au grand.Portail,qui
fait la principale entrée de cette Maifon , compofée
de trois aîles , & fait face à la Mer , dont elle
n'eft éloignée que d'environ 300. pas ; à cent pas
de la Maifon eft une Riviere , & au -delà une
belle Campagne , où fut dreffé le Feu d'artifice .
Dès les cinq heures du foir du 21. Janvier ,
trois déchargés de 21. coups de Canon chacune,
annoncerent le Te Deum , qui fut chanté dans
leur Eglife par de belles voix , accompagnées de
Hautbois ,Violons , Flutes Aliemandes , Baffes de
Violes , & autres Inftrumens. A fept heures , toute
l'Avenue fut illuminée par de grands Flambeaux
de Bois de Chandelle , de 9 a 10. pieds de
hauteur , placez dans les intervales des Arbres, qui
jettoient une grande flamme , & rendoient une
clarté prefque égale à celle du jour. Ce Bois de
chandelle eft refineux & eft le plus beau du Pays,
on en fait des Flambeaux qui ne s'éteignent point,
& qui éclairent extraordinairement.
L'entrée de la Cour préfentoit un fort beau
morceau d'Architecture , c'étoit un Portique foutenu
par des Colomnes de Marbre feint , dont
l'Entablement portoit de grands Vafes à fleurs &
autres ornemens. On y voyoit fur tout les Armes
de France & celles du Dauphiné , foutenues
par des Statues repréfentant la Force & la Juftice :
Aux deux côrez du Portrait , on voyoit deux Niches
de Rocaille , dans lefquelles étoient deux
Dauphins, qui jettoient une grande quantité d'eau
formant une Nape , qui couloit parmi des Coquillages,
& fe répandoit dans deux Baffins de
Marbre élevez fur des piedeftaux auffi de
Marbre.
"
Un autre grand Baffin, placé dans la cour, contenoit
dans fon milieu un Rocher escarpé , aux
quatre
1010 MERCURE DE FRANCE
quatre coins duquel on voyoit des Groupes . de
petits Dauphins qui jettoient de l'eau, & fervoien
Comme de Piedeital à un autre grand Dauphin ,
lequei pouffoit un Jet d'eau de 25. pieds de hau
_teur , & en même temps des flammes par le
moyen de differens tuyaux , ce qui faifoit un
effet très-éclatant.
Toute la façade & les deux aîles de cette grande
Maiſon étoient cependant tout en feu par Pabondance
& la varieté de l'Iumination , ce qui
formoit un afpect magnifique , fur tout du côté
de la Mer , où une infinité de Chaloupes & de
Canots , remplis d'une multitude de Spectateurs,
contribuerent beaucoup à la beauté de la Fête.
A peine l'Illumination fut-elle achevée, qu'il partit
de la Maiſon un Dragon enflammé , qui porta
le feu à l'Artifice , fitué , comme on l'a dit , audelà
de la Riviere , & éloigné de 400. pas. L'Edifice
qui le contenoit avoit plus de 60. pieds de
hauteur , fur 35. de largeur , & formoit comme
un grand Arc de Triomphe compofé dans toutes
les regles de la meilleure Architecture. Au milieu
de la Frife on voyoit ces mots en Lettres de feu ,
Vive le Roy , qu'on pouvoit lire diftinctement de
très- loin. Sur la Corniche regnoit une belle Baluftrade
, aux deux bouts de laquelle étoient les
Statues de la Paix & de l'Abondance avec leurs
attributs. On voyoit ailleurs celles de la France
& de la Religion , & plufieurs autres Figures &
Ornemens fimboliques , convenables à ce grand
Lujet.
Au bas de la Figure de la Renommée étoient
ces mots : NASCENTE DELPHINO , &
au bas de quatre autres Figures : GALLIA FELIX,
RELIGIO TUTA ABUNDANTIA
CERTA , PAX FIRMA , fans parler de quantité
d'Emblèmes & de Devifes ingénieufes placées
dans
MAY. 1730. ΙΟΙΙ
dans les endroits convenables , & qui furent très
applaudies.
L'Artifice réuffit parfaitement ; on admira fur
tout un grand Soleil fixe qui furprit tout le monpar
l'éclat de fa lumiere & par fa durée. Tout
le fpectacle finit par une décharge de quantité de
de
Boetes.
Il ne faut pas oublier
que cette Fête fi brillante,
& dont le fuccès a été fi heureux
, eft dûe au zele
& à la fagaci é du R. P. Le Brun , Superieur
General
des Miffions
de l'Amérique
, qui dans un
Pays denué de la plupart
des chofes
neceffaires
,
a trouvé
le moyen
de faire tout ce que le plus
habile Artifte auroit pû executer
dans la meilleure
Ville de l'Europe.
par
Les Dominicains fe font auffi beaucoup fignalés
dans cette occafion. Le R, P. Mane , Supérieur
Géneral de leurs Miffions dans les Illes , a donné
une Fête des plus brillantes , qui commença par
le Te Deum , chanté en Mufique , & fut continuée
le bruit d'une nombreuſe Artillerie , par
un Feu d'Artifice des mieux entendus , & heu →
reufement executé , par une Illumination magnifique
, & enfin par un grand repas donné à M.
le Commandant & aux perfonnes les plus qualifiées
, fans parler des aumônes & des liberali,
tés confiderables en faveur des Pauvres &c.
Martinique,furlaNaiffance duDauphin .
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ifle, le
25. Fanvier 1730 .
E Marquis de Champigny , Gouverneur des
Lifles du Vent de l'Amerique , fit d'abord
éclater fa joye par une décharge generale de tous
les Canons de l'Ifle. Et le lendemain 4. Décembre
, il fit chanter le Te Deum , dans l'Eglife Paroiffiale
du Fort Royal de S. Pierre , où il affifta
avec M. d'Orgeville , Intendant de la Martinique ,
les Officiers Majors , le Confeil en Corps & les
Ju1008
MERCURE DE FRANCÊ
Jurifdictions , &c. Delà on alla dans la grande
Place allumer en ceremonie un Feu de joye qui"
y étoit préparé ; les Milices s'y trouverent & firent
trois décharges , pendant qu'on tira du Fort
& du Vaiffeau du Roi , plus de 400. coups de
Canon. M. le Gouverneur fit répandre de l'argent
au Peuple , dont la foule étoit fort grande dans
cette Place , & fur les fept heures du foir il fit tirer
au Fort un Feu d'artifice. Enfuite il donna
fomptueufement à fouper aux perfonnes les plus
confiderables du Pays , qui avoient déja dîné chez
lui , & il fit donner à manger à toutes les Trounes
Françoifes & Suiffes , fur des tables dreffées
rès autour du Château , au milieu defquelles ,
étoient plufieurs Fontaines de Vin qui coulerent'
pendant tout le temps du Repas , lequel fut fuivi
d'un Bal qui dura jufqu'au jour. L'Illumination
de l'Hôtel du Gouverneur dura auffi jufqu'au jour
& fut très-brillante.
My eut le même foir à l'Intendance une Illumination
magnifique , un nombre infini de Lampions
, difpofez avec art , faifoient un effet merveilleux
, on y diftribua à tous les paffans toutes
fortes de Rafraîchiffemens en abondance. Cependant
M. l'Intendant fe préparoit à donner le jous
fuivant une nouvelle Fête pour marquer l'ardeur
de fon zele , mais il fut obligé de s'embarquer
fur le Vaiffeau du Roy pour aller avec M. le
Gouverneur à la Guadeloupe , & il a remis cette
Fête à fon retour.
Toutes les Communautez Religieufes ont fignar
lé leur zele par des Te Deum , chantez folemnellement
, par des Illuminations , &c. Les Jefuites fe
font particulierement diftinguez , n'ayant rien
obmis pour rendre leur Fête des plus folemnelles,
à quoi la fituation de leur Maifon n'a pas peu
contribué. Au Nord du Bourg de S. Pierre eft
une
MAY. 1730. 1009
I
une longue Avenue , bordée de trois rangées d'arbres,
qui conduit à Paglife & au grand.Portail,qui
fait la principale entrée de cette Maifon , compofée
de trois aîles , & fait face à la Mer , dont elle
n'eft éloignée que d'environ 300. pas ; à cent pas
de la Maifon eft une Riviere , & au -delà une
belle Campagne , où fut dreffé le Feu d'artifice .
Dès les cinq heures du foir du 21. Janvier ,
trois déchargés de 21. coups de Canon chacune,
annoncerent le Te Deum , qui fut chanté dans
leur Eglife par de belles voix , accompagnées de
Hautbois ,Violons , Flutes Aliemandes , Baffes de
Violes , & autres Inftrumens. A fept heures , toute
l'Avenue fut illuminée par de grands Flambeaux
de Bois de Chandelle , de 9 a 10. pieds de
hauteur , placez dans les intervales des Arbres, qui
jettoient une grande flamme , & rendoient une
clarté prefque égale à celle du jour. Ce Bois de
chandelle eft refineux & eft le plus beau du Pays,
on en fait des Flambeaux qui ne s'éteignent point,
& qui éclairent extraordinairement.
L'entrée de la Cour préfentoit un fort beau
morceau d'Architecture , c'étoit un Portique foutenu
par des Colomnes de Marbre feint , dont
l'Entablement portoit de grands Vafes à fleurs &
autres ornemens. On y voyoit fur tout les Armes
de France & celles du Dauphiné , foutenues
par des Statues repréfentant la Force & la Juftice :
Aux deux côrez du Portrait , on voyoit deux Niches
de Rocaille , dans lefquelles étoient deux
Dauphins, qui jettoient une grande quantité d'eau
formant une Nape , qui couloit parmi des Coquillages,
& fe répandoit dans deux Baffins de
Marbre élevez fur des piedeftaux auffi de
Marbre.
"
Un autre grand Baffin, placé dans la cour, contenoit
dans fon milieu un Rocher escarpé , aux
quatre
1010 MERCURE DE FRANCE
quatre coins duquel on voyoit des Groupes . de
petits Dauphins qui jettoient de l'eau, & fervoien
Comme de Piedeital à un autre grand Dauphin ,
lequei pouffoit un Jet d'eau de 25. pieds de hau
_teur , & en même temps des flammes par le
moyen de differens tuyaux , ce qui faifoit un
effet très-éclatant.
Toute la façade & les deux aîles de cette grande
Maiſon étoient cependant tout en feu par Pabondance
& la varieté de l'Iumination , ce qui
formoit un afpect magnifique , fur tout du côté
de la Mer , où une infinité de Chaloupes & de
Canots , remplis d'une multitude de Spectateurs,
contribuerent beaucoup à la beauté de la Fête.
A peine l'Illumination fut-elle achevée, qu'il partit
de la Maiſon un Dragon enflammé , qui porta
le feu à l'Artifice , fitué , comme on l'a dit , audelà
de la Riviere , & éloigné de 400. pas. L'Edifice
qui le contenoit avoit plus de 60. pieds de
hauteur , fur 35. de largeur , & formoit comme
un grand Arc de Triomphe compofé dans toutes
les regles de la meilleure Architecture. Au milieu
de la Frife on voyoit ces mots en Lettres de feu ,
Vive le Roy , qu'on pouvoit lire diftinctement de
très- loin. Sur la Corniche regnoit une belle Baluftrade
, aux deux bouts de laquelle étoient les
Statues de la Paix & de l'Abondance avec leurs
attributs. On voyoit ailleurs celles de la France
& de la Religion , & plufieurs autres Figures &
Ornemens fimboliques , convenables à ce grand
Lujet.
Au bas de la Figure de la Renommée étoient
ces mots : NASCENTE DELPHINO , &
au bas de quatre autres Figures : GALLIA FELIX,
RELIGIO TUTA ABUNDANTIA
CERTA , PAX FIRMA , fans parler de quantité
d'Emblèmes & de Devifes ingénieufes placées
dans
MAY. 1730. ΙΟΙΙ
dans les endroits convenables , & qui furent très
applaudies.
L'Artifice réuffit parfaitement ; on admira fur
tout un grand Soleil fixe qui furprit tout le monpar
l'éclat de fa lumiere & par fa durée. Tout
le fpectacle finit par une décharge de quantité de
de
Boetes.
Il ne faut pas oublier
que cette Fête fi brillante,
& dont le fuccès a été fi heureux
, eft dûe au zele
& à la fagaci é du R. P. Le Brun , Superieur
General
des Miffions
de l'Amérique
, qui dans un
Pays denué de la plupart
des chofes
neceffaires
,
a trouvé
le moyen
de faire tout ce que le plus
habile Artifte auroit pû executer
dans la meilleure
Ville de l'Europe.
par
Les Dominicains fe font auffi beaucoup fignalés
dans cette occafion. Le R, P. Mane , Supérieur
Géneral de leurs Miffions dans les Illes , a donné
une Fête des plus brillantes , qui commença par
le Te Deum , chanté en Mufique , & fut continuée
le bruit d'une nombreuſe Artillerie , par
un Feu d'Artifice des mieux entendus , & heu →
reufement executé , par une Illumination magnifique
, & enfin par un grand repas donné à M.
le Commandant & aux perfonnes les plus qualifiées
, fans parler des aumônes & des liberali,
tés confiderables en faveur des Pauvres &c.
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Résumé : REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
Le 25 janvier 1730, la Martinique célébra la naissance du Dauphin par des réjouissances officielles. Le Marquis de Champigny, Gouverneur des îles du Vent de l'Amérique, manifesta sa joie par une décharge générale de canons. Le 4 décembre, un Te Deum fut chanté dans l'église paroissiale du Fort Royal de Saint-Pierre, en présence des officiers majeurs, du conseil, des juridictions et du peuple. Cette célébration inclut un feu de joie sur la grande place, accompagné de décharges de milices et de canons. Le gouverneur distribua de l'argent, organisa un feu d'artifice et offrit un somptueux souper aux personnalités importantes, suivi d'un bal et d'une illumination de l'hôtel du gouverneur. L'Intendant d'Orgeville avait également préparé une fête, mais dut partir pour la Guadeloupe avec le gouverneur. Les communautés religieuses, notamment les Jésuites, marquèrent l'événement par des Te Deum solennels et des illuminations. Les Jésuites organisèrent une fête somptueuse avec des illuminations, des feux d'artifice et un repas pour les notables. Les Dominicains, dirigés par le Père Mane, célébrèrent également l'événement avec un Te Deum, des feux d'artifice, une illumination et un repas pour les personnalités qualifiées, ainsi que des aumônes pour les pauvres.
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340
p. 1038-1039
BENEFICES DONNEZ par le Roy.
Début :
L'Abbaye de Puy-Ferrand, Ordre de S. Augustin, Diocèse de Bourges, vacante par le [...]
Mots clefs :
Abbaye, Roi, Bénéfices
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texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
BENEFICES DONNEZ
par le Roy.
'Abbaye de Puy- Ferrand , Ordre de S. Au-
Lguftin ,Diocèfe de Bourges , vacante par le
decès de M. de Gauffen , à M. de Coetlorguet ,
Prêtre.
L'Abbaye de Jofaphat , Ordre de S. Benoît ,
Diocèfe de Chartres , vacante par le décès de
M. de Taillefer de Barriere , à M. Jean-Jofeph de
Fougaffe , d'Entrechaux de la Baftie , Diacre du
Diocèse d'Avignon.
L'Abbaye Commandataire de Baffac, Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Saintes , vacante par le
décès de M. Mayol , à M. Paul Allain de la Vigerie
, Prêtre du Diocèfe de Bordeaux.
L'Abbaye de Bonlieu , Ordre de Câteaux , Diocèfe
du Mans , vacante par le décèds de Madame
du Juglart , à Madame de Muy , Prieure de l'Abbaye
d'Hierre .
L'Abbaye de S. Jean l'Evangelifte d'Oudeauville
, Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Boulogne
, vacante par la démiffion de M. Nadal , en
faveur de M. Jean- Baptifte Fourdinier de Remortier
, Prêtre , Docteur en Théologie & Vicegerent
de l'Officialité de Boulogne .
L'Abbaye de Cherbourg, dite de N. D. du Voeu,
Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Coutances ,
vacante par le déceds de M. de Valat , à M. le
Normant , Prêtre du Diocèfe de Paris.
L'Evêché de Carcaffonne , vacant par le déceds
de M.de Châteauneuf de Rochebonne, en faveurde
M ,
MAY.
1730.
1039
M. Armand Bazin de Bezons , Prêtre du Diocèle
de Paris , & Docteur en Théologie.
L'Abbaye de la Cour- Dieu , Ordre de Cîteaux,
Diocèse d'Orleans , vacante par le déceds de
M. de Fages , en faveur de M. de Bellefond , Prêtre
, Aumônier du Roi.
L'Abbaye de N. D. de Mandion , Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Sainte , vacante par la démiffion
de M.Bridelle, en faveur de M.de la Corée,
Prêtre, Grand Vicaire de Saintes & Vifiteur General
des Carmelites.
Le Prieuré Commandataire,Conventuel & Electif
de Beaulieu , Ordre de S. Auguſtin , Diocéfe
de Rouen , vacante par le déceds de M. de Mayol,
en faveur de M. Pierre Bridelle , Prêtre , Docteur
de Sorbonne , & Grand-Vicaire de Rouen.
par le Roy.
'Abbaye de Puy- Ferrand , Ordre de S. Au-
Lguftin ,Diocèfe de Bourges , vacante par le
decès de M. de Gauffen , à M. de Coetlorguet ,
Prêtre.
L'Abbaye de Jofaphat , Ordre de S. Benoît ,
Diocèfe de Chartres , vacante par le décès de
M. de Taillefer de Barriere , à M. Jean-Jofeph de
Fougaffe , d'Entrechaux de la Baftie , Diacre du
Diocèse d'Avignon.
L'Abbaye Commandataire de Baffac, Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Saintes , vacante par le
décès de M. Mayol , à M. Paul Allain de la Vigerie
, Prêtre du Diocèfe de Bordeaux.
L'Abbaye de Bonlieu , Ordre de Câteaux , Diocèfe
du Mans , vacante par le décèds de Madame
du Juglart , à Madame de Muy , Prieure de l'Abbaye
d'Hierre .
L'Abbaye de S. Jean l'Evangelifte d'Oudeauville
, Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Boulogne
, vacante par la démiffion de M. Nadal , en
faveur de M. Jean- Baptifte Fourdinier de Remortier
, Prêtre , Docteur en Théologie & Vicegerent
de l'Officialité de Boulogne .
L'Abbaye de Cherbourg, dite de N. D. du Voeu,
Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Coutances ,
vacante par le déceds de M. de Valat , à M. le
Normant , Prêtre du Diocèfe de Paris.
L'Evêché de Carcaffonne , vacant par le déceds
de M.de Châteauneuf de Rochebonne, en faveurde
M ,
MAY.
1730.
1039
M. Armand Bazin de Bezons , Prêtre du Diocèle
de Paris , & Docteur en Théologie.
L'Abbaye de la Cour- Dieu , Ordre de Cîteaux,
Diocèse d'Orleans , vacante par le déceds de
M. de Fages , en faveur de M. de Bellefond , Prêtre
, Aumônier du Roi.
L'Abbaye de N. D. de Mandion , Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Sainte , vacante par la démiffion
de M.Bridelle, en faveur de M.de la Corée,
Prêtre, Grand Vicaire de Saintes & Vifiteur General
des Carmelites.
Le Prieuré Commandataire,Conventuel & Electif
de Beaulieu , Ordre de S. Auguſtin , Diocéfe
de Rouen , vacante par le déceds de M. de Mayol,
en faveur de M. Pierre Bridelle , Prêtre , Docteur
de Sorbonne , & Grand-Vicaire de Rouen.
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Résumé : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
En 1730, le roi attribue plusieurs bénéfices ecclésiastiques devenus vacants par décès ou démission. Parmi les attributions, l'Abbaye de Puy-Ferrand, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Bourges, est donnée à M. de Coetlorguet. L'Abbaye de Josaphat, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Chartres, revient à M. Jean-Joseph de Fougaffe. L'Abbaye Commandataire de Bassac, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Saintes, est attribuée à M. Paul Allain de la Vigerie. L'Abbaye de Bonlieu, Ordre de Cîteaux, Diocèse du Mans, est donnée à Madame de Muy. L'Abbaye de Saint-Jean l'Évangéliste d'Oudeauville, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Boulogne, est attribuée à M. Jean-Baptiste Fourdinier de Remortier. L'Abbaye de Cherbourg, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Coutances, est donnée à M. le Normant. L'Évêché de Carcassonne, vacant par le décès de M. de Châteauneuf de Rochebonne, est attribué à M. Armand Bazin de Bezons. L'Abbaye de la Cour-Dieu, Ordre de Cîteaux, Diocèse d'Orléans, est donnée à M. de Bellefond. L'Abbaye de Notre-Dame de Mandion, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Sainte, est attribuée à M. de la Corée. Enfin, le Prieuré Commandataire de Beaulieu, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Rouen, est donné à M. Pierre Bridelle.
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341
p. 1046-1050
MORTS NAISSANCES, & Mariages.
Début :
Dame Jeanne Josephe de Carmin, Epouse de M. Yves Robert Ignace, Chevalier, [...]
Mots clefs :
Chevalier, Seigneur, Dame, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS NAISSANCES, & Mariages.
MORTS NAISSANCES,
D
& Mariages.
Ame Jeanne Jofephe de Carmin , Epouſe.
de M. Yves Robert Ignace , Chevalier
Baron de Legall , & auparavant Veuve de M. Nicolas
Jacques Defmars , Chevalier , Marquis de
Bellefoffe, Colonel , Meftre de Cavalerię , mourut
le 16. Avril , âgée de 40. ans.
D. Elifabeth Françoife de S. Chamans , fille
de
MAY. 1730. 1047
de feu François , Comte de S. Chamans , Chevalier
, Seigneur & Marquis de Mary , Meriel ,
&c. & de Dame Bonne de Chatellux , mourut le
23. du même mois , âgée de 30. ans .
N. Du Perray , Doyen des Avocats du Parle
ment , mourut le 25. Avril , âgé de plus de 90 .
ans , extrémement regretté par fa probité & fa
capacité. Il a exercé fa Profeffion avec beaucoup
d'honneur pendant près de 70. ans.
Le 28. Avril , Jean François Duret , Chevalier,
Seigneur de Villejuif,ancien Capitaine aux Gardes
Françoifes , Colonel d'Infanterie & Chevalier de
S. Louis , mourut âgé d'environ 62. ans .
Emanuel Charles Therefe de Froulay de Teffé,
Abbé de l'Abbaye de Valmont , Ordre de S. Benoît
, Diocèse de Rouen , Aumônier du Roy , &
Grand-Vicaire de l'Archevêque de Rouen, à Pontoiſe
, mourut à Paris le premier de ce mois , âgé
de
33. ans.
Charles Roger , Prince de Courtenay , mourut
à Paris le 7. de ce mois , âgé de près de 59. ans,
étant né au mois de Juillet 1671. Il ne laiffe
point d'enfans de Marie Claire Genevieve de Bretagne
fon Epoufe. La Branche de Courtenay fe.
trouve aujourd'huy fondue dans la Maifon de
Bauffremont , par le mariage d'Helene de Courtenay
avec le Marquis de Bauffremont , Chevalier
de la Toifon d'Or , Brigadier des Armées du
Roy , Meftre de Camp du Regiment de Dragons
de fon nom. On peut voir Du Bouchet fur la
Généalogie des Princes de Courtenay , le P. An
felme , &c.
Jacques Philippe Héron , Ecuyer , Sicur de la
Thuillerie , ancien Secretaire du Roy honoraire,
mourut à Pontoife le 10. de ce mois , âgé de 78.
ans , il avoit époufé Damoifelle Marguerite Du
Poirier Cotereau , fille de feu Jacques Du Poirier
Cotereau
I VJ
1048 MERCURE DE FRANCE
Cotereau , Chevalier , Seigneur de Villomer & de
Launay , Maître d'Hôtel ordinaire du feu Roy ,
Lieutenant Colonel du Regiment de Touraine
& de deffunte Dame Marguerite de Vallois . Il
laiffe une fille , Marguerite Therefe Héron ,
mariée à M. Pierre De Sabine , Chevalier , Seigneur
& Patron de Rieu , Comte de la Quieze ,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis,
Gentilhomme ordinaire de la Maifon du Roi.
Pierre le Clerc , Chevalier, Seigneur des Hayes,
Lefrefne , Jacmelle , Auvers , Guedeniau , &c.
Confeiller au Parlement , mourut à Paris le i I.
May , âgé de 32. ans .
Pierre Nicolas de Berulles , Chevalier , Seigneur
de Foiffy , &c. Confeiller du Roy en tous fes
Confeils , Premier Prefident du Parlement de
Grenoble , & Commandant pour le Roy en ladite
Province, déceda le 14. May 1730. âgé de 43. ans.
2
Emanuel Theodofe de la Tour d'Auvergne ,
Duc de Bouillon, d'Albret & de Château Thierry,
Vicomte de Turenne Comte d'Auvergne ,
d'Evreux & du Bas Armagnac , Pair, & ci- devant
Grand-Chambellan de France , Gouverneur &
Lieutenant General de la haute & baſſe Auvergne ,
mourut le 17. May , âgé d'environ 63. ans . Il
laiffe par fon Teftament 352 50. liv. en 23. legs
une fois payez ; fçavoir, 4000. liv . aux Théatins,
2000. liv. aux Petits Auguftins , 3.000. liv . aux
Religieux de S. Martin de Pontoiſe , 2000. liv.
aux Pauvres de la Paroiffe de S. Sulpice , 4000. I.
à l'Abbaye de Redon , 4000. liv . aux Jefuites de
la Maifon Profeffe , & le refte à fes Officiers &
Domeftiques. Les rentes viageres que ce Seigneur
a faites par fon Teftament confiftent en 61. legs ,
faifant la fomme annuelle de 31636. liv. fçavoir,
800. liv. à Mademoiſelle de Château - Thiery ,
3000. liv. au Pere Bourfault , Théatin , & le
refte
MAY. 1730. . 1049
refte à fes Officiers , Domeftiques , &c .
Dame Marguerite Dorat , Veuve de M. Jules
Marquis de Prunelé , Seigneur & Baron de S. Germain
le Defiré, de Mervilliers, &c. mourut le 18.
Avril , âgée de 74. ans environ.
N. Dubois , fameux Joueur de Baffon de la
Mufique du Roy , eft mort d'une pleurefie à
Fontainebleau le 24. de ce mois , âgé d'environ
45. ans , extrémement regretté.
>
Eugene , Comte de Beaujeu , Maréchal des
Camps & Armées du Roy Commandeur de
l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis , & Gou
verneur de l'Hôtel Royal des Invalides , mourut
le 26. May , âgé d'environ 64. ans .
Dame Marie Victoire Guillart de la Vacherie ,
Epoufe de Jean- Baptifte Martin d'Artaguiette
Diron , Chevalier , Baron d'Aiguierre , Marquis
de la Mothe S. Meray , &c. accoucha le 26. Avril
d'une fille qui fut tenue fur les Fonts, & nommée
Jeanne Charlote par M. René Herault, Chevalier,
Seigneur de Fontaine , l'Abbé de Vaucreffon , & c.
Confeiller du Roy en fes Confeils d'Etat & Privé,
Confeiller honoraire en fon Grand Confeil,Maître
des Requêtes ordinaire de fon Hôtel,& Lieutenant
General de Police de Paris , & par D. Jeanne
Charlotte Guillart de la Vacherie , Veuve de M.'
Louis Herault , Chevalier , Seigneur d'Epone .
* Dame Anne Louife Martin de Vaucreffon
Epoufe de M. Louis Antoine de Bernage , Chevalier
, Marquis de Chaumont , Mestre de Camp de
Cavalerie, Sous -Lieutenant des Gendarmes d'Anjou
, accoucha d'un fils , tenu fur les Fonts , &
nommé Louis , par M. Martin de la Porte , Confeiller
du Roy en la Venerie du Louvre , & par
D. Anne Marie Rouillé , Epoufe de M. Louis de
Bernage , Chevalier , Confeiller d'Etat ordinaire.
Louis Paul , Duc de Rochechouart , Pair de
France
roso MERCURE DE FRANCE
France , Prince de Tonnay - Charente , Premier
Gentilhomme de la Chambre du Roy , fils de
Louis de Rochechouart , Duc de Mortemart ,
Pair de France , Prince de Tonnay - Charente ,
Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy ' ,
Chevalier des Ordres de Sa Majeſté , Lieutenant
General de fes Armées , & de feuë Dame Marie
de Beauvilliers S. Aignan, époufa le 4. May Dame
Marie Anne Elifabeth de Beauveau , fille de Pierre
Madeleine , Comte de Beauvau , Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant General de fes Armées
, & Directeur General de la Cavalerie , &
Dragons de France , & de Dame Marie Therefe
de Beauvau. Les Maifons de Rochechouart , &
de Beauvau font fi anciennes , fi diftinguées
parmi les grandes Maifons du Royaume , & par
confequent fi connues , qu'il eft inutile d'entrer
là - deffus dans aucun détail.
Jean- Baptifte Darrots , Marquis de la Poupe--
liniere , époufa le 22. May Dame Marie Anne
Laurence Mcflageot.
D
& Mariages.
Ame Jeanne Jofephe de Carmin , Epouſe.
de M. Yves Robert Ignace , Chevalier
Baron de Legall , & auparavant Veuve de M. Nicolas
Jacques Defmars , Chevalier , Marquis de
Bellefoffe, Colonel , Meftre de Cavalerię , mourut
le 16. Avril , âgée de 40. ans.
D. Elifabeth Françoife de S. Chamans , fille
de
MAY. 1730. 1047
de feu François , Comte de S. Chamans , Chevalier
, Seigneur & Marquis de Mary , Meriel ,
&c. & de Dame Bonne de Chatellux , mourut le
23. du même mois , âgée de 30. ans .
N. Du Perray , Doyen des Avocats du Parle
ment , mourut le 25. Avril , âgé de plus de 90 .
ans , extrémement regretté par fa probité & fa
capacité. Il a exercé fa Profeffion avec beaucoup
d'honneur pendant près de 70. ans.
Le 28. Avril , Jean François Duret , Chevalier,
Seigneur de Villejuif,ancien Capitaine aux Gardes
Françoifes , Colonel d'Infanterie & Chevalier de
S. Louis , mourut âgé d'environ 62. ans .
Emanuel Charles Therefe de Froulay de Teffé,
Abbé de l'Abbaye de Valmont , Ordre de S. Benoît
, Diocèse de Rouen , Aumônier du Roy , &
Grand-Vicaire de l'Archevêque de Rouen, à Pontoiſe
, mourut à Paris le premier de ce mois , âgé
de
33. ans.
Charles Roger , Prince de Courtenay , mourut
à Paris le 7. de ce mois , âgé de près de 59. ans,
étant né au mois de Juillet 1671. Il ne laiffe
point d'enfans de Marie Claire Genevieve de Bretagne
fon Epoufe. La Branche de Courtenay fe.
trouve aujourd'huy fondue dans la Maifon de
Bauffremont , par le mariage d'Helene de Courtenay
avec le Marquis de Bauffremont , Chevalier
de la Toifon d'Or , Brigadier des Armées du
Roy , Meftre de Camp du Regiment de Dragons
de fon nom. On peut voir Du Bouchet fur la
Généalogie des Princes de Courtenay , le P. An
felme , &c.
Jacques Philippe Héron , Ecuyer , Sicur de la
Thuillerie , ancien Secretaire du Roy honoraire,
mourut à Pontoife le 10. de ce mois , âgé de 78.
ans , il avoit époufé Damoifelle Marguerite Du
Poirier Cotereau , fille de feu Jacques Du Poirier
Cotereau
I VJ
1048 MERCURE DE FRANCE
Cotereau , Chevalier , Seigneur de Villomer & de
Launay , Maître d'Hôtel ordinaire du feu Roy ,
Lieutenant Colonel du Regiment de Touraine
& de deffunte Dame Marguerite de Vallois . Il
laiffe une fille , Marguerite Therefe Héron ,
mariée à M. Pierre De Sabine , Chevalier , Seigneur
& Patron de Rieu , Comte de la Quieze ,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis,
Gentilhomme ordinaire de la Maifon du Roi.
Pierre le Clerc , Chevalier, Seigneur des Hayes,
Lefrefne , Jacmelle , Auvers , Guedeniau , &c.
Confeiller au Parlement , mourut à Paris le i I.
May , âgé de 32. ans .
Pierre Nicolas de Berulles , Chevalier , Seigneur
de Foiffy , &c. Confeiller du Roy en tous fes
Confeils , Premier Prefident du Parlement de
Grenoble , & Commandant pour le Roy en ladite
Province, déceda le 14. May 1730. âgé de 43. ans.
2
Emanuel Theodofe de la Tour d'Auvergne ,
Duc de Bouillon, d'Albret & de Château Thierry,
Vicomte de Turenne Comte d'Auvergne ,
d'Evreux & du Bas Armagnac , Pair, & ci- devant
Grand-Chambellan de France , Gouverneur &
Lieutenant General de la haute & baſſe Auvergne ,
mourut le 17. May , âgé d'environ 63. ans . Il
laiffe par fon Teftament 352 50. liv. en 23. legs
une fois payez ; fçavoir, 4000. liv . aux Théatins,
2000. liv. aux Petits Auguftins , 3.000. liv . aux
Religieux de S. Martin de Pontoiſe , 2000. liv.
aux Pauvres de la Paroiffe de S. Sulpice , 4000. I.
à l'Abbaye de Redon , 4000. liv . aux Jefuites de
la Maifon Profeffe , & le refte à fes Officiers &
Domeftiques. Les rentes viageres que ce Seigneur
a faites par fon Teftament confiftent en 61. legs ,
faifant la fomme annuelle de 31636. liv. fçavoir,
800. liv. à Mademoiſelle de Château - Thiery ,
3000. liv. au Pere Bourfault , Théatin , & le
refte
MAY. 1730. . 1049
refte à fes Officiers , Domeftiques , &c .
Dame Marguerite Dorat , Veuve de M. Jules
Marquis de Prunelé , Seigneur & Baron de S. Germain
le Defiré, de Mervilliers, &c. mourut le 18.
Avril , âgée de 74. ans environ.
N. Dubois , fameux Joueur de Baffon de la
Mufique du Roy , eft mort d'une pleurefie à
Fontainebleau le 24. de ce mois , âgé d'environ
45. ans , extrémement regretté.
>
Eugene , Comte de Beaujeu , Maréchal des
Camps & Armées du Roy Commandeur de
l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis , & Gou
verneur de l'Hôtel Royal des Invalides , mourut
le 26. May , âgé d'environ 64. ans .
Dame Marie Victoire Guillart de la Vacherie ,
Epoufe de Jean- Baptifte Martin d'Artaguiette
Diron , Chevalier , Baron d'Aiguierre , Marquis
de la Mothe S. Meray , &c. accoucha le 26. Avril
d'une fille qui fut tenue fur les Fonts, & nommée
Jeanne Charlote par M. René Herault, Chevalier,
Seigneur de Fontaine , l'Abbé de Vaucreffon , & c.
Confeiller du Roy en fes Confeils d'Etat & Privé,
Confeiller honoraire en fon Grand Confeil,Maître
des Requêtes ordinaire de fon Hôtel,& Lieutenant
General de Police de Paris , & par D. Jeanne
Charlotte Guillart de la Vacherie , Veuve de M.'
Louis Herault , Chevalier , Seigneur d'Epone .
* Dame Anne Louife Martin de Vaucreffon
Epoufe de M. Louis Antoine de Bernage , Chevalier
, Marquis de Chaumont , Mestre de Camp de
Cavalerie, Sous -Lieutenant des Gendarmes d'Anjou
, accoucha d'un fils , tenu fur les Fonts , &
nommé Louis , par M. Martin de la Porte , Confeiller
du Roy en la Venerie du Louvre , & par
D. Anne Marie Rouillé , Epoufe de M. Louis de
Bernage , Chevalier , Confeiller d'Etat ordinaire.
Louis Paul , Duc de Rochechouart , Pair de
France
roso MERCURE DE FRANCE
France , Prince de Tonnay - Charente , Premier
Gentilhomme de la Chambre du Roy , fils de
Louis de Rochechouart , Duc de Mortemart ,
Pair de France , Prince de Tonnay - Charente ,
Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy ' ,
Chevalier des Ordres de Sa Majeſté , Lieutenant
General de fes Armées , & de feuë Dame Marie
de Beauvilliers S. Aignan, époufa le 4. May Dame
Marie Anne Elifabeth de Beauveau , fille de Pierre
Madeleine , Comte de Beauvau , Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant General de fes Armées
, & Directeur General de la Cavalerie , &
Dragons de France , & de Dame Marie Therefe
de Beauvau. Les Maifons de Rochechouart , &
de Beauvau font fi anciennes , fi diftinguées
parmi les grandes Maifons du Royaume , & par
confequent fi connues , qu'il eft inutile d'entrer
là - deffus dans aucun détail.
Jean- Baptifte Darrots , Marquis de la Poupe--
liniere , époufa le 22. May Dame Marie Anne
Laurence Mcflageot.
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Résumé : MORTS NAISSANCES, & Mariages.
En mai 1730, plusieurs événements marquants ont été enregistrés, incluant des naissances, des mariages et des décès. Parmi les décès notables, on compte Dame Jeanne Jofephe de Carmin, épouse de M. Yves Robert Ignace, Chevalier Baron de Legall, décédée le 16 avril à l'âge de 40 ans. Dame Élisabeth Françoise de S. Chamans, fille de feu François, Comte de S. Chamans, est décédée le 23 avril à l'âge de 30 ans. Du Perray, Doyen des Avocats du Parlement, est décédé le 25 avril à l'âge de plus de 90 ans. Jean François Duret, Chevalier, Seigneur de Villejuif, est décédé le 28 avril à l'âge d'environ 62 ans. Emanuel Charles Thérese de Froulay de Tessé, Abbé de l'Abbaye de Valmont, est décédé à Paris le 1er mai à l'âge de 33 ans. Charles Roger, Prince de Courtenay, est décédé à Paris le 7 mai à l'âge de près de 59 ans. Jacques Philippe Héron, Ecuyer, Sicur de la Thuillerie, est décédé à Pontoise le 10 mai à l'âge de 78 ans. Pierre le Clerc, Chevalier, Seigneur des Hayes, Conseiller au Parlement, est décédé à Paris le 11 mai à l'âge de 32 ans. Pierre Nicolas de Berulles, Chevalier, Premier Président du Parlement de Grenoble, est décédé le 14 mai à l'âge de 43 ans. Emanuel Théodose de la Tour d'Auvergne, Duc de Bouillon, Pair de France, est décédé le 17 mai à l'âge d'environ 63 ans. Dame Marguerite Dorat, Veuve de M. Jules Marquis de Prunelé, est décédée le 18 avril à l'âge de 74 ans environ. N. Dubois, célèbre joueur de basson de la Musique du Roy, est décédé à Fontainebleau le 24 mai à l'âge d'environ 45 ans. Eugène, Comte de Beaujeu, Maréchal des Camps et Armées du Roy, est décédé le 26 mai à l'âge d'environ 64 ans. Du côté des naissances, Dame Marie Victoire Guillart de la Vacherie, épouse de Jean-Baptiste Martin d'Artaguiette Diron, a accouché le 26 avril d'une fille nommée Jeanne Charlotte. Dame Anne Louise Martin de Vaucreffon, épouse de M. Louis Antoine de Bernage, a accouché d'un fils nommé Louis. Parmi les mariages, Louis Paul, Duc de Rochechouart, a épousé le 4 mai Dame Marie Anne Élisabeth de Beauveau. Jean-Baptiste Darrots, Marquis de la Poupelinière, a épousé le 22 mai Dame Marie Anne Laurence Meslageot.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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342
p. 1085-1096
ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Début :
Est-ce un charme trompeur ? au pouvoir des prestiges [...]
Mots clefs :
Dauphin, Trésor, Coeur, Empire, Roi, Fête, Ambassadeurs d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Ode fuivante a perdu le mérite de ce
qu'on nomme l'à propos , la Fête celebre
qui en eft le fujet , ayant été donnée il y
a plus de quatre mois ; mais l'Auteur qui
avoit fait cette Piéce en même - tems eut des
raifons particulieres pour ne la pas foumettre
alors à la décifion du Public ; c'est à lui de
juger fi elle a d'ailleurs quelque mérite qui la
dédommage de celui qu'elle a perdu aujour
d'hui ; ce fera peut- être prévenir en fa faveur
que d'avertir qu'elle eft de M. Bouret , Lientenant
General de Gifors , qui a remporté les
deux années dernieres le Prix de Poëfie au
jugement de l'Académie Françoife .
I. Vol. Biij ODE
1
1086 MERCURE DE FRANCE
OD E.
Sur la Fête que les Ambaffadeurs & Plenipotentiaires
d'Espagne ont donnée à Paris
le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa
Majefte Catholique Philippe V. à l'occafion
de la Naiffance du Dauphin.
E St-ce un charme trompeur ? au pouvoir des
preftiges
M'a-t'on livré de toutes parts ?
Les merveilles & les prodiges
S'offrent en foule à mes regards f
Suivi de tous les Dieux , le Maître du Tonnere
Pour venir habiter la Terre
A-t'il abandonné les Cieux ?
C'eft lui- même , lui feul vainqueur de mille obftacles
Pouvoit enfanter les ſpectacles
Que nous étalent ces beaux lieux..
De l'Augufte Junon , brillante Meflagere ,
* Iris fur un Arc- en-Ciel feint devoit paroltrefur
la cime des Monts Pirennées que repréfentoit
ce Feu d'artifice tiré ſur la Riviere , ces
ornement qni eut été trés - brillant ne parut pas
manqua par la faute de l'Entrepreneur : mais
il eft deffiné tel qu'il devoit étre fur toutes les
Planches que l'on a jointes à la Defcription dis
Feu.
I. Vol. Quel
JUIN. 1730. 1087
Quel vif éclat peint tes habits ?
Et fur ton écharpe legere
A femé l'or & les rubis ?
De feux étincelans la Terre s'illumine ,
Daigne m'apprendre où fe termine
Tout l'appareil de ce grand jour ?
Jupiter dans les foins d'une Fête fi belle ,
De quelque Déeffe nouvelle
Veut-il encore orner fa Cour ?
Mais , non ; ce que j'entends , ce que je vois pa
roître
M'offre de plus grands interêts ;
Pourrois-je encore méconnoître
L'objet de ces pompeux apprêts ?
La France de fon Fils celebre la Naiffance ,
Et la Paix que fuit l'innocence
Ramene avec lui tous les biens ;
De fes fruits les plus doux,fource heureuſe & feconde
,
-
Des deux premiers Trônes du monde
Il éternife les liens.
Augufte Rejetton d'une Tige cherie !
Tout va s'unir en ta faveur ;
Déja la France & l'Iberic
N'ont plus qu'un langage & qu'un coeur.
PHILIPPE avec tranfport fur nos rives déploye
I. Vo!.
De
Biiij
1088 MERCURE DE FRANCE
De fa tendreffe & de fa joye
Les témoignages précieux ;
Je vois paroître ici , Théatre de ſa Fête ,
Ces Monts , dont l'orgueilleufe tête
Semble fe cacher dans les Cieux..
Mais quel enchantement fur les bords de la Seine
Les a tout à coup tranſportés ?
En vain par la puiffance humaine
De tels efforts feroient tentés ;
PHILIPPE , c'eſt des Dieux la merveille écla
tante ;
Minerve a rempli ton attente ;
Elle en fait fon plus doux emploi.
C'est ainsi que Neptune & le Dieu du Permeffe
Servoient , flattés par fa promeffe ,
Un Roi moins celebre que toi.
L'ordre des Elemens pour la Fête ordonnée
Va-t'il fe confondre à ta voix ?
Ici la Nature étonnée
Voit fufpendre ou changer fes loix ;
Avec tous fes Tréfors l'Amante de Zephire
S'établit fur l'humide Empire
Dans la plus âpre des Saifons ;
Laomedon , Roide Pergame , pour qui Neptune
Apollon travaillerent & bâtirent les
murailles de Troye , depuis Capitale de l'Afie.
1. Vol Borée
JUIN. 1730. 1089
Borée en frémiſſant voit détruire ſon Regne ,
Surpris que Flore le contraigne
A fuir au fond de fes prifons..
Mais que vois -je ! ces fleurs , fans perdre leur
figure ,
Ces Arbriffeaux font embrafés,
Vulcain veut -il venger l'injure
Des Aquilons tyrannifés ?
Nom , Flore , ta beauté que le jour feul revele
Emprunte une grace nouvelle
Du vif éclat de ces flambeaux ;
Tes fleurs en feux brillans tout-à-coup transformées
>
Sur leurs Terraffes enflammées
En font des fpectacles plus beaux..
Pour le Cocq déformais le Lion pert fa haine ,
Prodige aux fiecles à venir !
De l'Ebre enſemble & de la Seine:
On voit les flots ſe réunir.
La Nuit déploye en vain fes voiles les plus ſom→
bres ,
Comment peut fortir de fes ombres
Le jour qui frappe ici mes yeux ?.
Le fuperbe Palais élevé fur ces rives
Me peint à des clartés fi vives.
Celui du plus brillant des Dieux..
* Le Palais du Soleil tel qu'ovide le décrit
dans fes Métamorphojes,
BOUIL
1090 MERCURE DE FRANCE
* BOUILLON , fi dans ce jour d'éternelle mémoire
Tu fers le zele d'un grand Roi
Son coeur t'affocie à ſa gloire ;
L'éclat en rejaillit fur toi.
Le Chef- d'oeuvre des Cieux , ton illuftre Compagne
*
Préfide aux Fêtes que l'Eſpagne
Confacre à l'Empire François :
PHILIPPE , qu'en ces lieux remplace la
Princeffe ,
A tant de grace & de nobleſſe
A bien dû fon auguſte choix.
Qu'entens-je ? un feu foudain va nous réduire
en poudre ;
Quel bruit ! quel fracas dans les airs !
Les Cieux s'embrafent , & la foudre
Gronde au milieu de mille éclairs !
Mais quel effroi nouveau ! du centre de la terre
La flamme , aliment du tonnerre
S'échape en lumineux fillons .
Du Vefuve entr'ouvert vois - je les vaftes gouffres?
De feux , de falpêtres , de fouffres ,
Vomir au loin des tourbillons !
* M. le Duc de Bouillon a prêté fon Hôtel &
le Jardin pour la Fête .
* Madame la Ducheffe de Bouillon a été priée
par le Roi d'Espagne de faire en fon nom les
honneurs de laFêt e.
1. Vol . Dans
JUIN. 1730. 1091
Dans l'Empire des eaux , Dieu du fombre Rivage,
As-tu tranfporté les Enfers ?
Viens-tu détruire le partage
Du Souverain des flots amers ?
La flamme dans leur fein , les Nayades tremblantes
,
Cent fois de leurs Grottes brulantes
Ont redouté l'embraſement ;
Depuis quand ? par quel art ? l'onde au feu ſi contraire
,
Souffre-t'elle qu'un temeraire
L'ofe braver impunément ?
Mais d'un art féduiſant m'é garent les merveilles
Grands Dieux ! quelle étoit mon erreur !
Quoi ! pour mes yeux & mes oreilles
Le plaifir devenoit terreur !
Des Aftres , des éclairs , agréables images ,
LOUIS ! ces feux font des hommages
"Rendus à ton augufte fils.
Ainfi deux grands Etats dans leurs tendres com.
merces ,
Chantoient par cent bouches diverfes
L'heureux prefent que tu leur fis.
* Les Serpentaux ou Feux Gregeois qui brulent
dans l'eau ..
I, Vol. B v Tout
1092 MERCURE DE FRANCE
Tout retentit du fon des bruyantes trompettes
A qui fe mêlent les hautbois ;
Quels fons ! écho , tu les repetes ,
Pour les apprendre au Dieu des Bois..
Mais lui -même s'avance avec les doctes Fées ,
Des Arions & des Orphées
J'entends les fublimes travaux :
Plus promte que l'éclair,quelle main bienfaifante
*
+
A mes yeux enchantés préfente
Des objets des plaiſirs nouveaux.
Chere Euterpe ! c'eſt toi , ta divine harmonie
Charme le Maître que tu fers ;
Voix raviflantes , * Polymnie
Guide elle-même vos Concerts ;
Quels doux frémiffemens me faififfent encore !
Les Rivales de Terpficore *
Forment les pas les plus fçavans
*
Les Graces fur leur danfe ont verfé la Nobleffe ;
Oui , les traits dont l'amour nous bleffe
Ont des
appas
moins décevans.
Quel cercle éblouiffant ! quelle augufte Affemblée
*
* La Pastorale en Mufique.
Les Dalles Antier & Le Maure..
* Les Des Camargo & Salé..
Le Ballet..
* Le Feftin
da. Volo Orne
JUIN.
1093
1730.
Orne encor ce brillant Salon ;
La pompe en ces lieux étalée
Répond au féjour d'Apollon ;
Comus conduit ici l'abondance élegante ,
La délicateffe piquante
Et l'aimable diverfité :
D'un ſuperbe feſtin retraçant l'ordonnance ,
Avec les loix le Dieu difpenfe
Les tréfors de la volupté..
Vous , Reine , dont jadis la tendreffe idolâtre-
A fait la honte & les deftins ,
Maintenant , vaine Cleopatre ,
Vantez vos celebres feftins .
Pour celui que l'Espagne àla France prépare ,
Ce que la Terre a de plus rare ,
Les flots , les airs font épuifés :
Cent mets délicieux qu'un art fçavant déploye
Peignent l'objet de notre joye *
Sous fon emblême déguiſés.
Quel changement ſoudain m'ouvre un nouveaus
Théatre ?
Tous les Miniftres de Comus
Font place à la troupe folâtre .
*Plufieurs Ouvrages de Pâtisserie & defucre
où étoient représentés des auphins , des petits.
Amours , des Fleurs de Lys Co.
1 Voly Qu'a1094
MERCURE DE FRANCE
Qu'amene & qu'inſpire Momus.
Ici de mille objets l'aimable bigarrure
Reçoit les loix & la parure
Du Dieu qu'elle y vient honorer.
Le mafque féducteur,l'un chez l'autre, fait naître
Ou l'embarras de fe connoître ,
Ou le plaifir de s'ignorer.
Eft- ce la jeune Hebé par Jupiter choific
Pour verfer le Nectar aux Dieux ,
Qui nous prépare l'Ambroisie
Que l'on prodigue dans ces lieux ?
Par un gout plus charmant les trésors de l'Automne
Jamais n'ont vaincu d'Erigone**
La refiftance & les mépris :
Glaçons qu'en fruits divers l'art déguife & colore
Aux dons de Pomone & de Flore
Vous ajoutez un nouveau prix.
Ces fpectacles , PHILIPPE , à ta vaſte puiſ-
Lance ,
A ton grand coeur font affortis ;
Moins d'éclat , de magnificence
Parut aux nôces de Thétis.
Ce tranquile féjour aux charmes qu'il étale
* Bacchus féduifit la Nymphe Erigonefous la
figure d'un Raifin
1. Vol. N'offre
JUIN. 1730. 1895
N'offre point la pomme fatale
Qui caufa de fi grands revers.
Le DAUPHIN , cher objet d'une Fête éclatante
Nous garentit la Paix conftante
Qui va regner dans l'Univers,
Quel art , au choix heureux de ces galans ſpec
tacles
Unit encor la dignité
N'en doutons plus , à ces miracles
Préfide une Divinité.
Mais fouvent parmi nous de fublimes génies
Dans leurs lumieres infinies
Remplacent le pouvoir des Dieux.
J'aperçois deux Mortels favoris'de Minerve ,
A qui la Déeffe referve
Ses tréfors les plus précieux.
De PHILIPPE en leur fein l'àugufte confi
dence
A verfé les plus grands fecrets ;
L'Europe entiere à leur prudence
Remet fes plus chers interêts.
Leur zele ingénieux , attentif à ta gloire ,
Grand Prince , a gravé ta mémoire
Avec des traits dignes de toi.
Dans les apprêts divers d'une Fête pompeuſe ,
* Les Ambaſſadeurs Plenipotentiaires d'Eſpagne.
I. Vol. Dans
1096 MERCURE DE FRANCE
Dans fa fplendeur majestueufe
Le Miniftre a montré le Roi.
qu'on nomme l'à propos , la Fête celebre
qui en eft le fujet , ayant été donnée il y
a plus de quatre mois ; mais l'Auteur qui
avoit fait cette Piéce en même - tems eut des
raifons particulieres pour ne la pas foumettre
alors à la décifion du Public ; c'est à lui de
juger fi elle a d'ailleurs quelque mérite qui la
dédommage de celui qu'elle a perdu aujour
d'hui ; ce fera peut- être prévenir en fa faveur
que d'avertir qu'elle eft de M. Bouret , Lientenant
General de Gifors , qui a remporté les
deux années dernieres le Prix de Poëfie au
jugement de l'Académie Françoife .
I. Vol. Biij ODE
1
1086 MERCURE DE FRANCE
OD E.
Sur la Fête que les Ambaffadeurs & Plenipotentiaires
d'Espagne ont donnée à Paris
le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa
Majefte Catholique Philippe V. à l'occafion
de la Naiffance du Dauphin.
E St-ce un charme trompeur ? au pouvoir des
preftiges
M'a-t'on livré de toutes parts ?
Les merveilles & les prodiges
S'offrent en foule à mes regards f
Suivi de tous les Dieux , le Maître du Tonnere
Pour venir habiter la Terre
A-t'il abandonné les Cieux ?
C'eft lui- même , lui feul vainqueur de mille obftacles
Pouvoit enfanter les ſpectacles
Que nous étalent ces beaux lieux..
De l'Augufte Junon , brillante Meflagere ,
* Iris fur un Arc- en-Ciel feint devoit paroltrefur
la cime des Monts Pirennées que repréfentoit
ce Feu d'artifice tiré ſur la Riviere , ces
ornement qni eut été trés - brillant ne parut pas
manqua par la faute de l'Entrepreneur : mais
il eft deffiné tel qu'il devoit étre fur toutes les
Planches que l'on a jointes à la Defcription dis
Feu.
I. Vol. Quel
JUIN. 1730. 1087
Quel vif éclat peint tes habits ?
Et fur ton écharpe legere
A femé l'or & les rubis ?
De feux étincelans la Terre s'illumine ,
Daigne m'apprendre où fe termine
Tout l'appareil de ce grand jour ?
Jupiter dans les foins d'une Fête fi belle ,
De quelque Déeffe nouvelle
Veut-il encore orner fa Cour ?
Mais , non ; ce que j'entends , ce que je vois pa
roître
M'offre de plus grands interêts ;
Pourrois-je encore méconnoître
L'objet de ces pompeux apprêts ?
La France de fon Fils celebre la Naiffance ,
Et la Paix que fuit l'innocence
Ramene avec lui tous les biens ;
De fes fruits les plus doux,fource heureuſe & feconde
,
-
Des deux premiers Trônes du monde
Il éternife les liens.
Augufte Rejetton d'une Tige cherie !
Tout va s'unir en ta faveur ;
Déja la France & l'Iberic
N'ont plus qu'un langage & qu'un coeur.
PHILIPPE avec tranfport fur nos rives déploye
I. Vo!.
De
Biiij
1088 MERCURE DE FRANCE
De fa tendreffe & de fa joye
Les témoignages précieux ;
Je vois paroître ici , Théatre de ſa Fête ,
Ces Monts , dont l'orgueilleufe tête
Semble fe cacher dans les Cieux..
Mais quel enchantement fur les bords de la Seine
Les a tout à coup tranſportés ?
En vain par la puiffance humaine
De tels efforts feroient tentés ;
PHILIPPE , c'eſt des Dieux la merveille écla
tante ;
Minerve a rempli ton attente ;
Elle en fait fon plus doux emploi.
C'est ainsi que Neptune & le Dieu du Permeffe
Servoient , flattés par fa promeffe ,
Un Roi moins celebre que toi.
L'ordre des Elemens pour la Fête ordonnée
Va-t'il fe confondre à ta voix ?
Ici la Nature étonnée
Voit fufpendre ou changer fes loix ;
Avec tous fes Tréfors l'Amante de Zephire
S'établit fur l'humide Empire
Dans la plus âpre des Saifons ;
Laomedon , Roide Pergame , pour qui Neptune
Apollon travaillerent & bâtirent les
murailles de Troye , depuis Capitale de l'Afie.
1. Vol Borée
JUIN. 1730. 1089
Borée en frémiſſant voit détruire ſon Regne ,
Surpris que Flore le contraigne
A fuir au fond de fes prifons..
Mais que vois -je ! ces fleurs , fans perdre leur
figure ,
Ces Arbriffeaux font embrafés,
Vulcain veut -il venger l'injure
Des Aquilons tyrannifés ?
Nom , Flore , ta beauté que le jour feul revele
Emprunte une grace nouvelle
Du vif éclat de ces flambeaux ;
Tes fleurs en feux brillans tout-à-coup transformées
>
Sur leurs Terraffes enflammées
En font des fpectacles plus beaux..
Pour le Cocq déformais le Lion pert fa haine ,
Prodige aux fiecles à venir !
De l'Ebre enſemble & de la Seine:
On voit les flots ſe réunir.
La Nuit déploye en vain fes voiles les plus ſom→
bres ,
Comment peut fortir de fes ombres
Le jour qui frappe ici mes yeux ?.
Le fuperbe Palais élevé fur ces rives
Me peint à des clartés fi vives.
Celui du plus brillant des Dieux..
* Le Palais du Soleil tel qu'ovide le décrit
dans fes Métamorphojes,
BOUIL
1090 MERCURE DE FRANCE
* BOUILLON , fi dans ce jour d'éternelle mémoire
Tu fers le zele d'un grand Roi
Son coeur t'affocie à ſa gloire ;
L'éclat en rejaillit fur toi.
Le Chef- d'oeuvre des Cieux , ton illuftre Compagne
*
Préfide aux Fêtes que l'Eſpagne
Confacre à l'Empire François :
PHILIPPE , qu'en ces lieux remplace la
Princeffe ,
A tant de grace & de nobleſſe
A bien dû fon auguſte choix.
Qu'entens-je ? un feu foudain va nous réduire
en poudre ;
Quel bruit ! quel fracas dans les airs !
Les Cieux s'embrafent , & la foudre
Gronde au milieu de mille éclairs !
Mais quel effroi nouveau ! du centre de la terre
La flamme , aliment du tonnerre
S'échape en lumineux fillons .
Du Vefuve entr'ouvert vois - je les vaftes gouffres?
De feux , de falpêtres , de fouffres ,
Vomir au loin des tourbillons !
* M. le Duc de Bouillon a prêté fon Hôtel &
le Jardin pour la Fête .
* Madame la Ducheffe de Bouillon a été priée
par le Roi d'Espagne de faire en fon nom les
honneurs de laFêt e.
1. Vol . Dans
JUIN. 1730. 1091
Dans l'Empire des eaux , Dieu du fombre Rivage,
As-tu tranfporté les Enfers ?
Viens-tu détruire le partage
Du Souverain des flots amers ?
La flamme dans leur fein , les Nayades tremblantes
,
Cent fois de leurs Grottes brulantes
Ont redouté l'embraſement ;
Depuis quand ? par quel art ? l'onde au feu ſi contraire
,
Souffre-t'elle qu'un temeraire
L'ofe braver impunément ?
Mais d'un art féduiſant m'é garent les merveilles
Grands Dieux ! quelle étoit mon erreur !
Quoi ! pour mes yeux & mes oreilles
Le plaifir devenoit terreur !
Des Aftres , des éclairs , agréables images ,
LOUIS ! ces feux font des hommages
"Rendus à ton augufte fils.
Ainfi deux grands Etats dans leurs tendres com.
merces ,
Chantoient par cent bouches diverfes
L'heureux prefent que tu leur fis.
* Les Serpentaux ou Feux Gregeois qui brulent
dans l'eau ..
I, Vol. B v Tout
1092 MERCURE DE FRANCE
Tout retentit du fon des bruyantes trompettes
A qui fe mêlent les hautbois ;
Quels fons ! écho , tu les repetes ,
Pour les apprendre au Dieu des Bois..
Mais lui -même s'avance avec les doctes Fées ,
Des Arions & des Orphées
J'entends les fublimes travaux :
Plus promte que l'éclair,quelle main bienfaifante
*
+
A mes yeux enchantés préfente
Des objets des plaiſirs nouveaux.
Chere Euterpe ! c'eſt toi , ta divine harmonie
Charme le Maître que tu fers ;
Voix raviflantes , * Polymnie
Guide elle-même vos Concerts ;
Quels doux frémiffemens me faififfent encore !
Les Rivales de Terpficore *
Forment les pas les plus fçavans
*
Les Graces fur leur danfe ont verfé la Nobleffe ;
Oui , les traits dont l'amour nous bleffe
Ont des
appas
moins décevans.
Quel cercle éblouiffant ! quelle augufte Affemblée
*
* La Pastorale en Mufique.
Les Dalles Antier & Le Maure..
* Les Des Camargo & Salé..
Le Ballet..
* Le Feftin
da. Volo Orne
JUIN.
1093
1730.
Orne encor ce brillant Salon ;
La pompe en ces lieux étalée
Répond au féjour d'Apollon ;
Comus conduit ici l'abondance élegante ,
La délicateffe piquante
Et l'aimable diverfité :
D'un ſuperbe feſtin retraçant l'ordonnance ,
Avec les loix le Dieu difpenfe
Les tréfors de la volupté..
Vous , Reine , dont jadis la tendreffe idolâtre-
A fait la honte & les deftins ,
Maintenant , vaine Cleopatre ,
Vantez vos celebres feftins .
Pour celui que l'Espagne àla France prépare ,
Ce que la Terre a de plus rare ,
Les flots , les airs font épuifés :
Cent mets délicieux qu'un art fçavant déploye
Peignent l'objet de notre joye *
Sous fon emblême déguiſés.
Quel changement ſoudain m'ouvre un nouveaus
Théatre ?
Tous les Miniftres de Comus
Font place à la troupe folâtre .
*Plufieurs Ouvrages de Pâtisserie & defucre
où étoient représentés des auphins , des petits.
Amours , des Fleurs de Lys Co.
1 Voly Qu'a1094
MERCURE DE FRANCE
Qu'amene & qu'inſpire Momus.
Ici de mille objets l'aimable bigarrure
Reçoit les loix & la parure
Du Dieu qu'elle y vient honorer.
Le mafque féducteur,l'un chez l'autre, fait naître
Ou l'embarras de fe connoître ,
Ou le plaifir de s'ignorer.
Eft- ce la jeune Hebé par Jupiter choific
Pour verfer le Nectar aux Dieux ,
Qui nous prépare l'Ambroisie
Que l'on prodigue dans ces lieux ?
Par un gout plus charmant les trésors de l'Automne
Jamais n'ont vaincu d'Erigone**
La refiftance & les mépris :
Glaçons qu'en fruits divers l'art déguife & colore
Aux dons de Pomone & de Flore
Vous ajoutez un nouveau prix.
Ces fpectacles , PHILIPPE , à ta vaſte puiſ-
Lance ,
A ton grand coeur font affortis ;
Moins d'éclat , de magnificence
Parut aux nôces de Thétis.
Ce tranquile féjour aux charmes qu'il étale
* Bacchus féduifit la Nymphe Erigonefous la
figure d'un Raifin
1. Vol. N'offre
JUIN. 1730. 1895
N'offre point la pomme fatale
Qui caufa de fi grands revers.
Le DAUPHIN , cher objet d'une Fête éclatante
Nous garentit la Paix conftante
Qui va regner dans l'Univers,
Quel art , au choix heureux de ces galans ſpec
tacles
Unit encor la dignité
N'en doutons plus , à ces miracles
Préfide une Divinité.
Mais fouvent parmi nous de fublimes génies
Dans leurs lumieres infinies
Remplacent le pouvoir des Dieux.
J'aperçois deux Mortels favoris'de Minerve ,
A qui la Déeffe referve
Ses tréfors les plus précieux.
De PHILIPPE en leur fein l'àugufte confi
dence
A verfé les plus grands fecrets ;
L'Europe entiere à leur prudence
Remet fes plus chers interêts.
Leur zele ingénieux , attentif à ta gloire ,
Grand Prince , a gravé ta mémoire
Avec des traits dignes de toi.
Dans les apprêts divers d'une Fête pompeuſe ,
* Les Ambaſſadeurs Plenipotentiaires d'Eſpagne.
I. Vol. Dans
1096 MERCURE DE FRANCE
Dans fa fplendeur majestueufe
Le Miniftre a montré le Roi.
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Résumé : ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Le texte présente une ode composée par M. Bouret, Lieutenant Général de Gifors, qui a remporté le prix de poésie de l'Académie Française les deux années précédentes. Cette ode célèbre la fête organisée par les ambassadeurs et plénipotentiaires d'Espagne à Paris le 24 janvier 1730, en l'honneur de la naissance du Dauphin, fils de Philippe V d'Espagne. L'auteur décrit les merveilles et les prodiges observés lors de cette fête, comparant les spectacles à des interventions divines. Il mentionne Jupiter, Junon, et Iris, ainsi que des feux d'artifice et des décorations somptueuses. L'ode met en avant l'union entre la France et l'Espagne, symbolisée par la naissance du Dauphin, et célèbre la paix et les biens qu'elle apporte. La fête est décrite comme un spectacle grandiose, avec des éléments naturels et divins, et se termine par des spectacles et des festins offerts par Comus, le dieu de l'abondance. L'auteur rend hommage aux ambassadeurs espagnols pour leur rôle dans l'organisation de cette fête mémorable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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343
p. 1134-1146
REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
Début :
Je croyois, Monsieur, qu'il suffisoit que la Médaille de François I. encore [...]
Mots clefs :
Médaille, Devises, François I, Gouverneur, Symboles, Salamandre, Prince, Roi
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texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
REMARQUES fur la Médaille de
François Duc de Valois , Comte d'Angoulême
&c. dont il eft parlé dans le Mercure
de Juin 1727. Vol. 2. page 1364.
addreffées à M. le Marquis de Pierrepont..
J
5.
E croyois , Monfieur , qu'il fuffifoit
que la Médaille de François I. encore
Enfant , au revers de la Salamandre dont
je conferve l'original , & dont je vous
envoyai le deffein avec ma 2. Lettre fur
le Voyage de Baffe Normandie , eut parû
gravée dans le Mercure pour m'exemter
de faire là -deffus aucune recherche , perfuadé
que vous prendriez foin de nous expliquer
cette efpece d'Enigme , du moins
qu'elle reveilleroit l'attention de quelque
Homme de Lettres qui pourroit inftruire
le Public. Ennuyé de ne rien voir paroître
fur ce fujet , j'ai employé quelque petit
loifir pour l'examiner , & voici à quoi
fe réduit tout ce que j'ai trouvé qu'on
peut dire fur cette Médaille .
La prévention generale veut que la Salamandre
ne fût le fymbole ou la deviſe
de François I. que depuis que ce Prince
parvint à la Couronne de France ; on
I. Vol voit
JUIN. 1730. 1135
voit effectivement ce fymbole fur la plûpart
des grands Edifices conftruits par fes
ordres durant fon Regne , & fur plufieurs
de fes Médailles . Je ne me fouviens pas
de l'avoir vû employée fur aucun Monument
avant cette Epoque , à l'exception
de notre Médaille frappée en l'année
M. D. IV. qui étoit la ro. de la vie de
ce même Prince , nommé alors François,
Duc de Valois , Comte d'Angoulême.
Le premier Auteur que j'ai confulté
pour fçavoir fi cette prévention étoit bien
fondée , eft Mezeray , & j'ai trouvé qu'elle
ne peut pas fubfifter avec le témoignage
de cet Hiftorien.
» François I. n'étant encore que Duc
» de Valois , dit Mezeray , page 1042. du
» 2. T. le Roi Louis XII . lui donna Ar-
» tus de Gouffier pour fon Gouverneur.
» C'étoit le Seigneur le plus fage & le
>> plus Chrétien de toute la Cour , qui
>> reconnoiffant que le naturel de fon nou
» riffon étoit excellent , mais femblable
>> aux terres franches qui produifent bien-
>> tôt des orties & des chardons fi elles ne
» font cultivées , n'omit aucun foin pour
planter dans un fi bon fonds toutes les
» vertus que doit avoir un grand Prince.
» Or , pour lui faire connoître qu'il de-
» voit appliquer la vivacité de fon génie
aux bonnes chofes , non pas à la vanité,
I. Vol. D iiij
ni
1136 MERCURE DE FRANCE
>> ni à la violence , où elle eût pû ſe por-
» ter auffi bien qu'aux belles actions , il
» lui choifit la Devife de la Salamandre
» qui fe nourrit dans les flammes , mais
» qui tempere fa trop grande activité par
» fa froideur , comme le fignifient ces
» paroles qui l'accompagnent : NOTRISCO
EL BUONO STINGUO ET REO. Au
» refte , il n'eft pas vrai que la Salaman-
» dre cherche le feu pour s'en nourrir
> ni même qu'elle puiffe durer long- tems
dans un grand brafier ; mais il eft conf-
» tant qu'elle eft fi froide , qu'elle peut
éteindre un petit feu .
Mezeray ne fe contente pas de rappor
ter ce fait , il le prouve , & le rend certain
, en rapportant auffi à la fin du Regne
de François I. toutes les Médailles
frappées pour ce grand Prince , qui font
venues à fa connoiffance . Elles font au
nombre de XXVII. la premiere eft juſtement
celle dont il s'agit ici , au revers de
la Salamandre dans le feu , avec une pareille
Legende pour le fens car le graveur
a manqué d'exactitude dans quelques
Lettres , il s'eft beaucoup plus mé
pris dans l'année qui ne peut pas
être
M. CCCC. IIII . comme il le marque ,
mais M. CCCCC. IIII . Au furplus ,
*
* Notrifco e bueno fringe el reo ,M. CCCC.111 .
I. Vol MezeJUIN.
1730. 1137
Mezeray n'a point fait graver la tête du
Prince , alors Duc de Valois , & âgé feulement
de 10. ans , ce qui étoit le plus
curieux. Il n'avoit apparemment pas vû
la Médaille en original. Ainfi , Monfieur,
la mienne qui fert d'ailleurs à corriger
les fautes duGraveur,en devient plus confiderable;
& c'eft , comme vous voyez , la
premiere qui ait été frappée pour ce Prince
, avec le fymbole inventé ( felon Mezeray
) par le Seigneur de Gouffier , plus
de dix ans avant qu'il montât fur le Trône.
Ce n'eft donc pas en qualité de Roi de
France que ce fymbole a été donné d'abord
à François I. Il y a plus. * Paradin
veut qu'il ait appartenu auparavant à
Charles , Comte d'Angoulême fon pere ;
mais il n'en donne aucune preuve. Il me
fouvient , ajoûte- t'il , avoir vû une Médaille
en bronze dudit feu Roi François ,
peint en jeune Adoleſcent , au revers de
laquelle étoit cette Devife de la Salamandre
enflammée , avec ce mot Italien
Nodrifco il buono , & pengo il reo.
Voilà , Monfieur , encore notre Mé--
* La Salamandre avec des flammes de feu 97
étoit la Devise du feu noble & magnifique
Roi François , & auffi auparavant de Charles,
Comte d'Angoulême fon pere. JE NOURRIS ET
FTEINS. Paradin. Devifes Héroïques &c. Paris
1622. in- 8.
I..Vol. D v dáille,
1138 MERCURE
DE FRANCE
daille du jeune Duc de Valois , Comte
de
d'Angoulême , que Paradin ne cite que
mémoire , & dont il rapporte la Devife à
fa maniere. Cette Piéce , comme l'on voit,
étoit déja rare en 1622.tems de l'impreffion
du Livre de cet Auteur , qui cite auffi
une riche tapifferie de Fontainebleau
chargée du même fymbole de la Salamandre
, & accompagnée de ce Diſtique :
Urſus atrox , Aquilæque leves , & tortilis Anguis
Cefferunt flammæ jam , Salamandra , tuæ.
C'eſt une allufion aux expeditions glorieufes
de François I. en Suiffe , en Allemagne
& dans le Milanois. Au refte , Paradin
n'eft pas le feul qui fait remonter
ce fameux fymbole jufqu'au pere de
François I. Jean le Laboureur dans fes
Tombeaux illuftres , après avoir parlé de
la Cerémonie du tranfport du coeur de
ce Prince aux Celeftins de Paris , ajoûte
, le S' d'Hemery d'Amboife lui donne la
Salamandre pour devife , & dit que le Roi
François fon fils la porta après lui.
Le même , le Laboureur en rapportant
auffi ce qui fe paffa le 22. May
1547. lorfque le coeur de ce Monarque
fut pareillement porté aux Celeftins, ob-
* Charles de Valois , Duc d'Orleans , Comte
d'Angouléme.
I. Vol.
ferve
JUIN. 1730 . 1139
1
ferve que fa Devife fut une Salamandre
dans les flammes , avec ce mot , Nutrifco
& extinguo. Quelques - uns l'ont , dit- il ,
interprêté avoir été le fymbole de vertu &
generofité de ce Roi en quelque entreprise que
cefût ; d'autres , entre lesquels eft Paul Jove,
difent que ce fut une Devife amoureuse pour
montrer qu'il brûloit du feu d'amour ..
& qu'il fe nourriffoit du feu de cet amour.
Le même Auteur dit auffi qu'il y ajoûta ce
mot Italien , mi nutriſco .
Il y a lieu d'être furpris que le P. Daniel
qui a pû être inftruit de toutes ces
chofes , qui cite même Paradin fur ce fu-
>
jet , ait
écrit
fi
affirmativement
que
François
I. prit
pour
fymbole
une
Salamandre
avec
ces
mots
de
fon
invention
: NUTRISCO
ET
EXTINGU
O.
Deux
chofes
extrêmement
douteufes
, fçavoir
que
ce
Prince
ait
choifi
lui
- même
ce
fymbole
, &
qu'il
foit
auffi
l'inventeur
de
la
Devife
, comme
le veut
le
P.
Daniel
. La
Médaille
qui
donne
lieu
à mes
Remarques
détruit
abfolument
cette
idée
; elle
eft
frappée
pour
ce
même
Prince
, elle
contient
le
même
fymbole
mais
le
Prince
n'avoit
alors
.
comme
on
l'a
déja
dit
, que
10.
ans
;
il
n'étoit
pas
en
âge
de
fe
choifir
un
fymbole
, encore
moins
d'inventer
là- deffus
des
paroles
convenables
; la
Deviſe
eſt
d'ailleurs
differente
fur
ce
Monument
>
,
I. Vol. D vj
incon1140
MERCURE DE FRANCE
inconteftable de celle dont parle le Pere
Daniel.
Cet Auteur ajoûte qu'il a peine à penetrer
le fens & la finefle des deux mots
de la Devife en queſtion ; il croit cependant
que le Prince vouloit faire comprendre
que comme cet animal , ainſi qu'on le dit
vit au milieu du feu , de même il étoit à l'é
preuve des plus rudes revers de la Fortune..
Enfin le P. Daniel qui avoit vû dans Paradin
ce qui eft dit de la Médaille du jeu
ne Duc de Valois au revers de la Salamandre
, avec la Devife Italienne : No-
2.
DRISCO IL BUONO ET SPENGO IL
REO , explique ainfi cette autre Devife :
Par où il marquoit , dit- il , fa bonté & fon
équité qui le rendoient liberal envers les gens
de bien , & lui faifoient punir les mechans,
Ma ſurpriſe augmente à cette autre interpretation
, qui prouve au moins que
le P. Daniel n'a pas fait attention aux
paroles expreffes de l'Auteur qu'il cite ,
que j'ai rapportées cy-devant , & que je
fuis obligé de repeter ici : Il me fouvient
avoir vu une Médaille en bronze dudit
feu Roi François peint en jeune Adoleſcent,
au revers de laquelle & c. Je vous laiffe ,
Monfieur , juger fi ce jeune Adolefcent ,
dont je vous ai marqué l'âge précis par
ma Médaille , étoit en état de punir les
méchans & de marquer fa liberalité en-
I. Vol.
vers;
JUIN. 1730. 1140
vers les gens de bien . La même raifon veut
qu'il n'étoit pas plus capable alors de don--
ner à cet Emblême une Deviſe Italienne
qu'une Devife Latine . Car le P. Daniel
ajoûte que l'Ame Latine fut apparemment
faite d'après l'Italienne qui fut abbregée
par ce Prince même , ou par quelqu'autre
qui ne fçavoit pas mieux le Latin que lui ;
car le Nutrifco n'est pas un mot Latin.
C'eft , ce me femble , tout ce qu'on peut
accorder là- deffus ; Nutrifco n'eft pas un
mot Latin ; cela eft certain ; mais tout le refte
paroît un peu hazardé. Quoiqu'il en foit ,
il doit du moins refulter de ces Obferva
tions que ce n'eft point François I. foit
comme Duc de Valois , foit comme Roi
de France , qui a inventé le fymbole & la
Devife de la Salamandre , que ce fymbole
paroît pour la premiere fois fur une Médaille
de ce Prince , frappée dans fon bas
âge , & dix ou douze ans avant fon ave
nement à la Couronne & enfin qu'à
moins qu'on ne produife une Médaille
ou quelqu'autre Monument inconteſtablequi
porte le même fymbole , fait pour
Charles de Valois , Comte d'Angoulême ,
ce que Paradin , le Laboureur & Damboife
ont avancé la- deffus fe trouve dénué
* Il faut entendre celle dont parle Paul Jo--
ve , cité par Paradin.
I. vol.
de
1142 MERCURE DE FRANCE
de preuves , & avancé fans fondement.
Dans ces circonftances , je ne vois
Monfieur , aucun inconvenient de nous
en rapporter à Mezeray , Auteur plus
exact , & d'un plus grand poids que les
trois dont je viens de parler , & de donner
l'invention de ce fymbole & des paroles
qui l'accompagnent à Artus de Gouffier,
Gouverneur du Prince , dans l'intention
& par les raifons marquées dans l'Hif
toire. C'eft , fans doute , ce fage Gouverneur
qui a fait frapper la Médaille
je poſſede , dont l'Epoque & l'âge du
Prince démontrent que c'eft la premiere
qui ait été faite pour lui ; elle confirme auffi
mes Remarques fur ce fujet.
que
Il paroît par plufieurs autres Médailles
frappées depuis que ce Prince fut monté
fur le Trône , qu'il aima particulierement
ce fymbole qui lui venoit d'une perfonne
cherie & refpectable . J'en rapporterai
feulement quatre du nombre de celles
que j'ai déja dit avoir été gravées & expliquées
dans Mezeray , fçavoir la 6. fur
le revers de laquelle eft une Salamandre
couronnée dans les flammes , Nutrifco &
extinguo , je m'y nourris & je l'éteins. La
23. une F couronnée , la Salamandre au
pied de cette Lettre , & pour Devife : Opera
Domini magna , frappée par les Echevins
de Paris , en mémoire du Bâtiment
I. Vol. de
JUIN 1730. 1143
24.
de l'Hôtel de Ville. La la Salamandre
dans le feu , & couronnée ; le champ de la
Médaille eft femé de la lettre F & de feurs
de Lys , avec ces mots : Extinguo , nutrior.
Et la 25. la Salamandre couchée au milieu
des flammes , les diffipe ou les amortit
par fon haleine , tournant la tête vers
une Couronne qui eft au - deffus , pour
marquer la grandeur du courage du Roi;
Pour Legende ces deux Vers autour :
Diſcutit hæc flammam ; Francifcus robore men
tis
Omnia pervicit , rerum immerſabilis undis.
Ces quatre Médailles ont été frappées
en or , & fe trouvent encore en certains
Cabinets ; elles prouvent la variation qu'il
y a eu dans l'application du fymbole de
la Salamandre , & dans les paroles qui
Font accompagné , fuivant les tems & les
differentes vûës des perfonnes qui l'ont
employé depuis le premier Inventeur. Aut
furplus , ne faifons point de procès ou
de mauvaiſe chicane à ceux qui ont eftropié
quelque mot Italien, en gravant ou en
imprimant la Devife en queftion , comme
je l'ai remarqué au commencement ?
on n'étoit pas fi exact en ce tems là . Cela
ne fait rien au fond du fujet , & ne diminuë
en rien le mérite du monument
1. Vol. ori144
MERCURE DE FRANCE
original qui eft gravé dans le Mercure.
Peut être , Monfieur , ne ferez-vous pas
fâché qu'en finiffant j'ajoûte un mot en
faveur du perfonnage , à qui Mezeray en
attribue l'invention. Artus de Gouffier ,
Comte d'Estampes & de Caravas , Seigneur
de Boify, &c. étoit iffu d'une illuf
tre & ancienne Maifon de la Province de
Poitou , laquelle a été feconde en grands
Hommes. Il étoit fils de Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Boify , Baron de
Roanés , de Maulevrier, de Bonnivet, &c .
Premier Chambellan du Roy , Gouverneur
de Languedoc & de Touraine , &o .
Gouverneur du Roy Charles VIII . & de
Philippe de Montmorency.
François I. dont il fut Gouverneur , lecombla
de biens & d'honneurs ; il lui donna
la Charge de Grand- Maître de France,
& le Gouvernement de Dauphiné , le fit
fon principal Miniftre , & l'honora de
plufieurs Ambaffades importantes , dont
la principale fût vers les Electeurs de
Empire , après la mort de l'Empereur
Maximilien , pour déterminer leurs fuffrages
en faveur du Roy fon Maître.
Quelque temps auparavant Charles V.
Roy d'Espagne , qui fût depuis Empereur
, ayant propofé un accommodement,
le Roy nomma de fa part , pour Chef de
la Negociation , Artus de Gouffier , & le
I. Vol.. Roi.
JUIN. 1730. 1145
Roy d'Eſpagne Antoine de Crouy , Seigneur
de Chierres , qui avoit auffi été ſon
Gouverneur. Ces Seigneurs s'affemblerent
à Noyon , & firent le Traité qui porte
ce nom dans l'Hiftoire , lequel fut ratifié
par les deux Rois . La France ne profita
pas long- temps du Miniftere d'un homme
fi fage , & Artus de Gouffier n'eut pas
le déplaifir de voir les difgraces de l'Etat.
Il mourut en l'année 1519. laiffant un fils
unique , Claude de Gouffier , qui fut
Duc de Roanés , Pair de France , par
érection de 1566. Comte de Caravas , &c.
Grand-Ecuyer de France , & dont la pofterité
a formé plufieurs branches , & c.
Deux Freres d'Artus de Gouffier ,
Adrien & Guillaume de Gouffier , furent
élevez à des Charges & à des Dignitez
confiderables ; le premier fut Evêque
d'Alby , puis Cardinal , Legat'en France ,
& Grand- Aumônier. Le fecond eft celebre
dans l'Hiftoire fous le nom d'Amiral
de Bonnivet , s'étant fort fignalé par mer
& par terre. Il fut auffi Gouverneur de
Dauphiné & de Guyenne.
Deux autres Freres furent diftinguez
dans l'Eglife , fçavoir Pierre de Gouf-
* Doublet , dit le nouvel Hiftorien de S. Denys,
nous a confervé l'Epitaphe de Pierre de Gouf
fier , mort en 1516. gravée sur une Tombe d'ar
doife , qui fe voyoit autrefois dans le Choeur de
I. Vola S
1146 MERCURE DE FRANCE
fier , Abbé de S. Denys , & de S. Pierre
fur Dive , & Aimar , qui fut Evêque de
Coutances , puis d'Alby , Abbé de Lagny
, & enfin fucceffeur de fon frere en
l'Abbaye de faint Denys .
Un cinquième Frere , Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Bonnivet , puis de
Thois ,par fon fecond mariage fait la Branche
des Seigneurs & Marquis de Bonnivet.
Il fe diftingua dans les guerres d'Italie, &
fut tué à la journée de Pavie en 1524.
Je paffe les autres illuftrations & les
grandes alliances de cette Maifon , qui
fubfifte encore aujourd'huy dans les per
fonnes du Marquis de Thoy , pere du
Marquis de Gouffier , du Comte de Roanés
, & du Marquis de Bonniver. Je ne
diray rien non plus de fes differentes
Branches de Caravas , d'Efpagny , de Brazeux
, de Heilly , &c. me contentant de
remarquer que la Duché de Roanés eft
fortie de cette illuftre Maifon par le mariage
de Charlotte de Gouffier , Ducheffe
de Roanés , qui épouſa en 1667. François
d'Aubuffon de la Feuillade , Pair & Maréchal
de France , & c.
Je fuis , Monfieur , & c.
A Paris , le 2. Fanvier 1729.
8. Denys , avec fes Armes qui font d'or à trois
Jumelles de fable.
Le Marquis de Thoy eft depuis decedé le z
Bars 1729.
François Duc de Valois , Comte d'Angoulême
&c. dont il eft parlé dans le Mercure
de Juin 1727. Vol. 2. page 1364.
addreffées à M. le Marquis de Pierrepont..
J
5.
E croyois , Monfieur , qu'il fuffifoit
que la Médaille de François I. encore
Enfant , au revers de la Salamandre dont
je conferve l'original , & dont je vous
envoyai le deffein avec ma 2. Lettre fur
le Voyage de Baffe Normandie , eut parû
gravée dans le Mercure pour m'exemter
de faire là -deffus aucune recherche , perfuadé
que vous prendriez foin de nous expliquer
cette efpece d'Enigme , du moins
qu'elle reveilleroit l'attention de quelque
Homme de Lettres qui pourroit inftruire
le Public. Ennuyé de ne rien voir paroître
fur ce fujet , j'ai employé quelque petit
loifir pour l'examiner , & voici à quoi
fe réduit tout ce que j'ai trouvé qu'on
peut dire fur cette Médaille .
La prévention generale veut que la Salamandre
ne fût le fymbole ou la deviſe
de François I. que depuis que ce Prince
parvint à la Couronne de France ; on
I. Vol voit
JUIN. 1730. 1135
voit effectivement ce fymbole fur la plûpart
des grands Edifices conftruits par fes
ordres durant fon Regne , & fur plufieurs
de fes Médailles . Je ne me fouviens pas
de l'avoir vû employée fur aucun Monument
avant cette Epoque , à l'exception
de notre Médaille frappée en l'année
M. D. IV. qui étoit la ro. de la vie de
ce même Prince , nommé alors François,
Duc de Valois , Comte d'Angoulême.
Le premier Auteur que j'ai confulté
pour fçavoir fi cette prévention étoit bien
fondée , eft Mezeray , & j'ai trouvé qu'elle
ne peut pas fubfifter avec le témoignage
de cet Hiftorien.
» François I. n'étant encore que Duc
» de Valois , dit Mezeray , page 1042. du
» 2. T. le Roi Louis XII . lui donna Ar-
» tus de Gouffier pour fon Gouverneur.
» C'étoit le Seigneur le plus fage & le
>> plus Chrétien de toute la Cour , qui
>> reconnoiffant que le naturel de fon nou
» riffon étoit excellent , mais femblable
>> aux terres franches qui produifent bien-
>> tôt des orties & des chardons fi elles ne
» font cultivées , n'omit aucun foin pour
planter dans un fi bon fonds toutes les
» vertus que doit avoir un grand Prince.
» Or , pour lui faire connoître qu'il de-
» voit appliquer la vivacité de fon génie
aux bonnes chofes , non pas à la vanité,
I. Vol. D iiij
ni
1136 MERCURE DE FRANCE
>> ni à la violence , où elle eût pû ſe por-
» ter auffi bien qu'aux belles actions , il
» lui choifit la Devife de la Salamandre
» qui fe nourrit dans les flammes , mais
» qui tempere fa trop grande activité par
» fa froideur , comme le fignifient ces
» paroles qui l'accompagnent : NOTRISCO
EL BUONO STINGUO ET REO. Au
» refte , il n'eft pas vrai que la Salaman-
» dre cherche le feu pour s'en nourrir
> ni même qu'elle puiffe durer long- tems
dans un grand brafier ; mais il eft conf-
» tant qu'elle eft fi froide , qu'elle peut
éteindre un petit feu .
Mezeray ne fe contente pas de rappor
ter ce fait , il le prouve , & le rend certain
, en rapportant auffi à la fin du Regne
de François I. toutes les Médailles
frappées pour ce grand Prince , qui font
venues à fa connoiffance . Elles font au
nombre de XXVII. la premiere eft juſtement
celle dont il s'agit ici , au revers de
la Salamandre dans le feu , avec une pareille
Legende pour le fens car le graveur
a manqué d'exactitude dans quelques
Lettres , il s'eft beaucoup plus mé
pris dans l'année qui ne peut pas
être
M. CCCC. IIII . comme il le marque ,
mais M. CCCCC. IIII . Au furplus ,
*
* Notrifco e bueno fringe el reo ,M. CCCC.111 .
I. Vol MezeJUIN.
1730. 1137
Mezeray n'a point fait graver la tête du
Prince , alors Duc de Valois , & âgé feulement
de 10. ans , ce qui étoit le plus
curieux. Il n'avoit apparemment pas vû
la Médaille en original. Ainfi , Monfieur,
la mienne qui fert d'ailleurs à corriger
les fautes duGraveur,en devient plus confiderable;
& c'eft , comme vous voyez , la
premiere qui ait été frappée pour ce Prince
, avec le fymbole inventé ( felon Mezeray
) par le Seigneur de Gouffier , plus
de dix ans avant qu'il montât fur le Trône.
Ce n'eft donc pas en qualité de Roi de
France que ce fymbole a été donné d'abord
à François I. Il y a plus. * Paradin
veut qu'il ait appartenu auparavant à
Charles , Comte d'Angoulême fon pere ;
mais il n'en donne aucune preuve. Il me
fouvient , ajoûte- t'il , avoir vû une Médaille
en bronze dudit feu Roi François ,
peint en jeune Adoleſcent , au revers de
laquelle étoit cette Devife de la Salamandre
enflammée , avec ce mot Italien
Nodrifco il buono , & pengo il reo.
Voilà , Monfieur , encore notre Mé--
* La Salamandre avec des flammes de feu 97
étoit la Devise du feu noble & magnifique
Roi François , & auffi auparavant de Charles,
Comte d'Angoulême fon pere. JE NOURRIS ET
FTEINS. Paradin. Devifes Héroïques &c. Paris
1622. in- 8.
I..Vol. D v dáille,
1138 MERCURE
DE FRANCE
daille du jeune Duc de Valois , Comte
de
d'Angoulême , que Paradin ne cite que
mémoire , & dont il rapporte la Devife à
fa maniere. Cette Piéce , comme l'on voit,
étoit déja rare en 1622.tems de l'impreffion
du Livre de cet Auteur , qui cite auffi
une riche tapifferie de Fontainebleau
chargée du même fymbole de la Salamandre
, & accompagnée de ce Diſtique :
Urſus atrox , Aquilæque leves , & tortilis Anguis
Cefferunt flammæ jam , Salamandra , tuæ.
C'eſt une allufion aux expeditions glorieufes
de François I. en Suiffe , en Allemagne
& dans le Milanois. Au refte , Paradin
n'eft pas le feul qui fait remonter
ce fameux fymbole jufqu'au pere de
François I. Jean le Laboureur dans fes
Tombeaux illuftres , après avoir parlé de
la Cerémonie du tranfport du coeur de
ce Prince aux Celeftins de Paris , ajoûte
, le S' d'Hemery d'Amboife lui donne la
Salamandre pour devife , & dit que le Roi
François fon fils la porta après lui.
Le même , le Laboureur en rapportant
auffi ce qui fe paffa le 22. May
1547. lorfque le coeur de ce Monarque
fut pareillement porté aux Celeftins, ob-
* Charles de Valois , Duc d'Orleans , Comte
d'Angouléme.
I. Vol.
ferve
JUIN. 1730 . 1139
1
ferve que fa Devife fut une Salamandre
dans les flammes , avec ce mot , Nutrifco
& extinguo. Quelques - uns l'ont , dit- il ,
interprêté avoir été le fymbole de vertu &
generofité de ce Roi en quelque entreprise que
cefût ; d'autres , entre lesquels eft Paul Jove,
difent que ce fut une Devife amoureuse pour
montrer qu'il brûloit du feu d'amour ..
& qu'il fe nourriffoit du feu de cet amour.
Le même Auteur dit auffi qu'il y ajoûta ce
mot Italien , mi nutriſco .
Il y a lieu d'être furpris que le P. Daniel
qui a pû être inftruit de toutes ces
chofes , qui cite même Paradin fur ce fu-
>
jet , ait
écrit
fi
affirmativement
que
François
I. prit
pour
fymbole
une
Salamandre
avec
ces
mots
de
fon
invention
: NUTRISCO
ET
EXTINGU
O.
Deux
chofes
extrêmement
douteufes
, fçavoir
que
ce
Prince
ait
choifi
lui
- même
ce
fymbole
, &
qu'il
foit
auffi
l'inventeur
de
la
Devife
, comme
le veut
le
P.
Daniel
. La
Médaille
qui
donne
lieu
à mes
Remarques
détruit
abfolument
cette
idée
; elle
eft
frappée
pour
ce
même
Prince
, elle
contient
le
même
fymbole
mais
le
Prince
n'avoit
alors
.
comme
on
l'a
déja
dit
, que
10.
ans
;
il
n'étoit
pas
en
âge
de
fe
choifir
un
fymbole
, encore
moins
d'inventer
là- deffus
des
paroles
convenables
; la
Deviſe
eſt
d'ailleurs
differente
fur
ce
Monument
>
,
I. Vol. D vj
incon1140
MERCURE DE FRANCE
inconteftable de celle dont parle le Pere
Daniel.
Cet Auteur ajoûte qu'il a peine à penetrer
le fens & la finefle des deux mots
de la Devife en queſtion ; il croit cependant
que le Prince vouloit faire comprendre
que comme cet animal , ainſi qu'on le dit
vit au milieu du feu , de même il étoit à l'é
preuve des plus rudes revers de la Fortune..
Enfin le P. Daniel qui avoit vû dans Paradin
ce qui eft dit de la Médaille du jeu
ne Duc de Valois au revers de la Salamandre
, avec la Devife Italienne : No-
2.
DRISCO IL BUONO ET SPENGO IL
REO , explique ainfi cette autre Devife :
Par où il marquoit , dit- il , fa bonté & fon
équité qui le rendoient liberal envers les gens
de bien , & lui faifoient punir les mechans,
Ma ſurpriſe augmente à cette autre interpretation
, qui prouve au moins que
le P. Daniel n'a pas fait attention aux
paroles expreffes de l'Auteur qu'il cite ,
que j'ai rapportées cy-devant , & que je
fuis obligé de repeter ici : Il me fouvient
avoir vu une Médaille en bronze dudit
feu Roi François peint en jeune Adoleſcent,
au revers de laquelle & c. Je vous laiffe ,
Monfieur , juger fi ce jeune Adolefcent ,
dont je vous ai marqué l'âge précis par
ma Médaille , étoit en état de punir les
méchans & de marquer fa liberalité en-
I. Vol.
vers;
JUIN. 1730. 1140
vers les gens de bien . La même raifon veut
qu'il n'étoit pas plus capable alors de don--
ner à cet Emblême une Deviſe Italienne
qu'une Devife Latine . Car le P. Daniel
ajoûte que l'Ame Latine fut apparemment
faite d'après l'Italienne qui fut abbregée
par ce Prince même , ou par quelqu'autre
qui ne fçavoit pas mieux le Latin que lui ;
car le Nutrifco n'est pas un mot Latin.
C'eft , ce me femble , tout ce qu'on peut
accorder là- deffus ; Nutrifco n'eft pas un
mot Latin ; cela eft certain ; mais tout le refte
paroît un peu hazardé. Quoiqu'il en foit ,
il doit du moins refulter de ces Obferva
tions que ce n'eft point François I. foit
comme Duc de Valois , foit comme Roi
de France , qui a inventé le fymbole & la
Devife de la Salamandre , que ce fymbole
paroît pour la premiere fois fur une Médaille
de ce Prince , frappée dans fon bas
âge , & dix ou douze ans avant fon ave
nement à la Couronne & enfin qu'à
moins qu'on ne produife une Médaille
ou quelqu'autre Monument inconteſtablequi
porte le même fymbole , fait pour
Charles de Valois , Comte d'Angoulême ,
ce que Paradin , le Laboureur & Damboife
ont avancé la- deffus fe trouve dénué
* Il faut entendre celle dont parle Paul Jo--
ve , cité par Paradin.
I. vol.
de
1142 MERCURE DE FRANCE
de preuves , & avancé fans fondement.
Dans ces circonftances , je ne vois
Monfieur , aucun inconvenient de nous
en rapporter à Mezeray , Auteur plus
exact , & d'un plus grand poids que les
trois dont je viens de parler , & de donner
l'invention de ce fymbole & des paroles
qui l'accompagnent à Artus de Gouffier,
Gouverneur du Prince , dans l'intention
& par les raifons marquées dans l'Hif
toire. C'eft , fans doute , ce fage Gouverneur
qui a fait frapper la Médaille
je poſſede , dont l'Epoque & l'âge du
Prince démontrent que c'eft la premiere
qui ait été faite pour lui ; elle confirme auffi
mes Remarques fur ce fujet.
que
Il paroît par plufieurs autres Médailles
frappées depuis que ce Prince fut monté
fur le Trône , qu'il aima particulierement
ce fymbole qui lui venoit d'une perfonne
cherie & refpectable . J'en rapporterai
feulement quatre du nombre de celles
que j'ai déja dit avoir été gravées & expliquées
dans Mezeray , fçavoir la 6. fur
le revers de laquelle eft une Salamandre
couronnée dans les flammes , Nutrifco &
extinguo , je m'y nourris & je l'éteins. La
23. une F couronnée , la Salamandre au
pied de cette Lettre , & pour Devife : Opera
Domini magna , frappée par les Echevins
de Paris , en mémoire du Bâtiment
I. Vol. de
JUIN 1730. 1143
24.
de l'Hôtel de Ville. La la Salamandre
dans le feu , & couronnée ; le champ de la
Médaille eft femé de la lettre F & de feurs
de Lys , avec ces mots : Extinguo , nutrior.
Et la 25. la Salamandre couchée au milieu
des flammes , les diffipe ou les amortit
par fon haleine , tournant la tête vers
une Couronne qui eft au - deffus , pour
marquer la grandeur du courage du Roi;
Pour Legende ces deux Vers autour :
Diſcutit hæc flammam ; Francifcus robore men
tis
Omnia pervicit , rerum immerſabilis undis.
Ces quatre Médailles ont été frappées
en or , & fe trouvent encore en certains
Cabinets ; elles prouvent la variation qu'il
y a eu dans l'application du fymbole de
la Salamandre , & dans les paroles qui
Font accompagné , fuivant les tems & les
differentes vûës des perfonnes qui l'ont
employé depuis le premier Inventeur. Aut
furplus , ne faifons point de procès ou
de mauvaiſe chicane à ceux qui ont eftropié
quelque mot Italien, en gravant ou en
imprimant la Devife en queftion , comme
je l'ai remarqué au commencement ?
on n'étoit pas fi exact en ce tems là . Cela
ne fait rien au fond du fujet , & ne diminuë
en rien le mérite du monument
1. Vol. ori144
MERCURE DE FRANCE
original qui eft gravé dans le Mercure.
Peut être , Monfieur , ne ferez-vous pas
fâché qu'en finiffant j'ajoûte un mot en
faveur du perfonnage , à qui Mezeray en
attribue l'invention. Artus de Gouffier ,
Comte d'Estampes & de Caravas , Seigneur
de Boify, &c. étoit iffu d'une illuf
tre & ancienne Maifon de la Province de
Poitou , laquelle a été feconde en grands
Hommes. Il étoit fils de Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Boify , Baron de
Roanés , de Maulevrier, de Bonnivet, &c .
Premier Chambellan du Roy , Gouverneur
de Languedoc & de Touraine , &o .
Gouverneur du Roy Charles VIII . & de
Philippe de Montmorency.
François I. dont il fut Gouverneur , lecombla
de biens & d'honneurs ; il lui donna
la Charge de Grand- Maître de France,
& le Gouvernement de Dauphiné , le fit
fon principal Miniftre , & l'honora de
plufieurs Ambaffades importantes , dont
la principale fût vers les Electeurs de
Empire , après la mort de l'Empereur
Maximilien , pour déterminer leurs fuffrages
en faveur du Roy fon Maître.
Quelque temps auparavant Charles V.
Roy d'Espagne , qui fût depuis Empereur
, ayant propofé un accommodement,
le Roy nomma de fa part , pour Chef de
la Negociation , Artus de Gouffier , & le
I. Vol.. Roi.
JUIN. 1730. 1145
Roy d'Eſpagne Antoine de Crouy , Seigneur
de Chierres , qui avoit auffi été ſon
Gouverneur. Ces Seigneurs s'affemblerent
à Noyon , & firent le Traité qui porte
ce nom dans l'Hiftoire , lequel fut ratifié
par les deux Rois . La France ne profita
pas long- temps du Miniftere d'un homme
fi fage , & Artus de Gouffier n'eut pas
le déplaifir de voir les difgraces de l'Etat.
Il mourut en l'année 1519. laiffant un fils
unique , Claude de Gouffier , qui fut
Duc de Roanés , Pair de France , par
érection de 1566. Comte de Caravas , &c.
Grand-Ecuyer de France , & dont la pofterité
a formé plufieurs branches , & c.
Deux Freres d'Artus de Gouffier ,
Adrien & Guillaume de Gouffier , furent
élevez à des Charges & à des Dignitez
confiderables ; le premier fut Evêque
d'Alby , puis Cardinal , Legat'en France ,
& Grand- Aumônier. Le fecond eft celebre
dans l'Hiftoire fous le nom d'Amiral
de Bonnivet , s'étant fort fignalé par mer
& par terre. Il fut auffi Gouverneur de
Dauphiné & de Guyenne.
Deux autres Freres furent diftinguez
dans l'Eglife , fçavoir Pierre de Gouf-
* Doublet , dit le nouvel Hiftorien de S. Denys,
nous a confervé l'Epitaphe de Pierre de Gouf
fier , mort en 1516. gravée sur une Tombe d'ar
doife , qui fe voyoit autrefois dans le Choeur de
I. Vola S
1146 MERCURE DE FRANCE
fier , Abbé de S. Denys , & de S. Pierre
fur Dive , & Aimar , qui fut Evêque de
Coutances , puis d'Alby , Abbé de Lagny
, & enfin fucceffeur de fon frere en
l'Abbaye de faint Denys .
Un cinquième Frere , Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Bonnivet , puis de
Thois ,par fon fecond mariage fait la Branche
des Seigneurs & Marquis de Bonnivet.
Il fe diftingua dans les guerres d'Italie, &
fut tué à la journée de Pavie en 1524.
Je paffe les autres illuftrations & les
grandes alliances de cette Maifon , qui
fubfifte encore aujourd'huy dans les per
fonnes du Marquis de Thoy , pere du
Marquis de Gouffier , du Comte de Roanés
, & du Marquis de Bonniver. Je ne
diray rien non plus de fes differentes
Branches de Caravas , d'Efpagny , de Brazeux
, de Heilly , &c. me contentant de
remarquer que la Duché de Roanés eft
fortie de cette illuftre Maifon par le mariage
de Charlotte de Gouffier , Ducheffe
de Roanés , qui épouſa en 1667. François
d'Aubuffon de la Feuillade , Pair & Maréchal
de France , & c.
Je fuis , Monfieur , & c.
A Paris , le 2. Fanvier 1729.
8. Denys , avec fes Armes qui font d'or à trois
Jumelles de fable.
Le Marquis de Thoy eft depuis decedé le z
Bars 1729.
Fermer
Résumé : REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
Le texte aborde la médaille de François I, alors Duc de Valois et Comte d'Angoulême, et son symbole de la salamandre. L'auteur, attendant sa publication dans le Mercure de Juin 1727, a décidé de l'examiner lui-même. Contrairement à la croyance générale, la salamandre était déjà le symbole de François avant son accession au trône, apparaissant sur une médaille frappée en 1504. L'historien Mezeray rapporte que ce symbole a été choisi par Artus de Gouffier, gouverneur de François, pour lui enseigner la modération et l'application de son génie aux bonnes causes. La devise associée, 'Nutrisco et extinguo' (Je nourris et j'éteins), confirme cette origine. Mezeray affirme que cette médaille est la première frappée pour François, avant son règne. D'autres auteurs comme Paradin mentionnent ce symbole, mais sans preuves solides. L'auteur conclut que le symbole et la devise ont été inventés par Gouffier et non par François lui-même, qui n'avait que 10 ans à l'époque. Plusieurs médailles ultérieures montrent des variations de ce symbole et de sa devise. L'auteur souligne l'importance de ne pas juger les erreurs mineures de gravure ou d'impression, car elles n'affectent pas la valeur historique du monument. Le texte traite également de la famille Gouffier et de ses membres influents sous le règne de François I. Artus de Gouffier, Gouverneur de François I, reçut de nombreux honneurs et charges, dont celle de Grand-Maître de France et le Gouvernement de Dauphiné. Il fut également principal ministre et ambassadeur auprès des Électeurs de l'Empire pour influencer leurs suffrages en faveur de François I. Charles V, futur Empereur, proposa un accommodement, et François I nomma Artus de Gouffier et Antoine de Crouy pour négocier le Traité de Noyon. Artus de Gouffier mourut en 1519, laissant un fils unique, Claude de Gouffier, Duc de Roanés et Pair de France. Deux frères d'Artus, Adrien et Guillaume, occupèrent des postes importants : Adrien devint Cardinal et Grand-Aumônier, tandis que Guillaume, connu sous le nom d'Amiral de Bonnivet, se distingua par ses exploits militaires. Deux autres frères, Pierre et Aimar, furent également notables dans l'Église. Guillaume de Gouffier, Seigneur de Bonnivet, fut tué à la bataille de Pavie en 1524. La famille Gouffier subsiste encore aujourd'hui à travers plusieurs branches, dont le Marquis de Thoy, le Comte de Roanés et le Marquis de Bonniver.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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344
p. 1159-1169
La Vie de Pierre Mignard, premier Peintre, &c. [titre d'après la table]
Début :
LA VIE DE PIERRE MIGNARD, premier Peintre du Roy, par M. l'Abbé Maziere [...]
Mots clefs :
Peinture, Peintre, Sculpture, Pierre Mignard, Académie royale de peinture, Titien, Portraits, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Vie de Pierre Mignard, premier Peintre, &c. [titre d'après la table]
LA VIE DE PIERRE MIGNARD , premier
Peintre du Roy , par M. l'Abbé Maziere
de Mouville , avec le Poëme de Moliere
-fur les Peintures du Val-de - Grace , & deux
Dialogues de M. de Fénelon , Archevêques
de Cambrai , fur la Peinture. A Paris
, Quai des Auguftins , chez Jean Boudos
Jacq. Guerin , 1730. in 12. de 235 pages,
fans l'Epître & la Préface qui en contiennent
71. avec un beau Portrait de Mignard
au Frontifpice.
L'Elegant Auteur en parlant des Arts
dans l'Epître dédicatoire au Roy , dit que
te vulgaire n'en connoît pas toute la nobleffes
leur fin principale , pourfuit il , eft d'honorer
la vertu le Genie les enfante , l'Emulation
les perfectionne & l'Honneur ſeul pent
en être le digne prix.
:
On obferve dans la Preface que cet
Ouvrage eft en quelque forte le feul de
cette efpece qui ait paru parmi nous. En
cela bien differens des Italiens , qui , outre
une infinité de gros volumes fur les vies
des Peintres ont donné plufieurs Vies
particulieres. On en compte trois du
feul Michel- Ange , deux de Raphaël ,
deux du Titien , &c. On lit enfuite ,
,
1. Vol.
E iiij
avec
1160 MERCURE DE FRANCE
avec plaifir , une Réfléxion jufte & fenfée
fur ce que nous fommes devenus
trop délicats & trop difficiles dans
nos jugemens fur la Peinture , la Mufique
, la Poëfie , & c. Le Portrait qu'on
trouve dans la page fuivante eft un morceau
dont nous ne devons pas priver
le Lecteur : Le voici .
Qu'est- ce en effet qu'un Peintre digne
de ce nom ? C'eft l'homme de tous les ta
lens , un génie élevé & fécond , une immagination
vive & brillante , un jugement
exquis , un efprit capable de prendre
toute forte de formes ; la nobleſſe , la
grace , dons précieux qu'on reçoit avec la
vie , mais qu'il faut cultiver fans ceffe par
un travail opiniâtre , fidele imitateur , out
plutôt rival de la nature. Un fçavant
Peintre , non content de l'étaler toute entiere
à nos yeux , l'embellit encore & la
perfectionne ; fon muet langage intelligible
également à toutes les Nations , plaît ,
frappe, inftruit , avec un peu de couleur
il touche, il remue les fentimens du coeur,
les paffions de l'ame ; il fçait les rendre en
quelque maniere fenfibles & vifibles : Effort
qui femble tellement au - deffus de l'humanité
que M. du Frenoy ofe dire qu'il
faut participer de la divinité pour operer
de fi -grandes merveilles.
Sur les honneurs rendus dans tous les
I. Vol. tems
JUIN. 1730. 1161
tems à la Peinture & à la Sculpture , on
fait remarquer qu'Athenes , & la plupart
des Républiques de la Grece prenoient
des Magiftrats & des Ambaffadeurs parmi
ces mêmes hommes , des mains de qui
elles recevoient les images de leurs Divinitez.
Les Phidias , & les Policletes , felon
Lucien , fe font fait adorer dans leurs Ouvrages
. On les réveroit avec les Dieux
qu'ils avoient faits . On préparoit des entrées
publiques à Polignote, dans toutes les
Villes de la Grece où il y avoit des Tableaux
de fa main. Il fut ordonné par un
Decret des Amphyctions , qu'il feroit défrayé
aux dépens du public, dans tous les
Heux où il iroit. UnTableau de Parrhafius
fait pour Epheſe fa patric , lui fit donner
par fes Concitoyens une Robe de Pourpre
& une Couronne d'Or.
· Alexandre avoit mis Apelle & Lyfippe
au rang de fes favoris ; ce n'étoit pas ,
dit Ciceron , par un fimple defir d'être
bien repréſenté qu'il vouloit que feuls ils
fiffent , l'un fon portrait & l'autre fa Statuë
, mais parcequ'il croyoit que la fuperiorité
qu'ils avoient acquife dans leur
art contribueroit autant à fa gloire qu'à
la leur. Pour ne pas tifquer d'enfevelir
fous les ruines de Rhodes un Peintre dont
l'habileté étoit celebre , Demetrius Poliocertes
leva le Siege de cette Ville ; ce
th. I. Vol.
Ev Prince
1162 MERCURE DE FRANCE
Prince ne pouvant y mettre le feu par un
autre endroit que par celui où travailloit
Protogenes , il aima mieux , au rapport
de Pline , épargner la Peinture que de recevoir
la victoire qui lui étoit offerte.
Les Romains devenus les maîtres du
monde , regardoient les Ouvrages des
Peintres & des Sculpteurs Grecs comme
la portion la plus précieufe de leurs Conquêtes
les Chef- d'oeuvres de ces grands
Maîtres faifoient le principal ornement
de la Capitale de l'Univers.
L'Auteur dit plus bas , en parlant de
la Peinture & de la Sculpture , que les
Rois font venus leur rendre une espece
d'hommage à leur Berceau . Charles d'Anjou
, Roi de Naples , fit le voyage de Florence
pour y voir Cimabué , Peintre mort
à Florence en 1300. qui le premier a fait
connoître la Peinture dans fa Patrie . Michel-
Ange fut aimé & eftimé de tous les
Souverains de fon fiecle. Raphaël eft mort
à la veille d'être élevé au Cardinalat par
Leon X. Leonard de Vinci expira dans les
bras de François I. Je puis ' , difoit ce Prince
aux Courtilans furpris des regrets dont
il honoroit la mort de Leonard , faire en
un jour beaucoup de Seigneurs, mais Dieu
feul peut faire un homme tel que celui
que je perds. Charles - Quint fe glorifioit
d'avoir reçû trois fois l'immortalité des
1. Vol. mains
7
1730. 1163
JUIN.
mains du Titien. Il le fit Chevalier &
Comte Palatin , & l'honora de la Clef
d'or. Ce Peintre ayant laiffé tomber fon
Pinceau dans le tems qu'il faifoit le Portrait
de l'Empereur , Charles dit en le
ramaffant que Titien méritoit d'être fervi
par Cefar. Le Primatice fut nommé par le
Roi François II . Intendant General des
Bâtimens , Charge déja confiderable , que
M. de Villeroi & le pere du Cardinal de
la Boudaifiere avoient auparavant exercée .
Le dernier fiecle a vû Rubens , Ambaffadeur
d'Efpagne en Angleterre , & Secre
taire d'Etat des Pays-Bas. Vandeick , fon
Difciple , attiré à Londres par Charles I.
fut fait Chevalier. Il époufa la fille unique
du Comte de Gowry de la Maiſon de
Stwart.
y
Les Grecs avoient donné par un Decret
folemnel le premier rang à la Peinture
entre les Arts Liberaux ; ils voulcient
que ce fût la premiere Leçon que reçûffent
les Enfans de naiffance noble , qu'elle
ne fut exercée que par des perfonnes libres
, & ils en avoient abfolument interdit
l'ufage aux Efclaves.
Le feu Roi dans des Brevets donnés à
PAcadémie Royale de Peinture & de Sculpture
au mois d'Octobre 1664. & de Janvier
1667. accorde à ceux qui exercent
cette noble vertu , l'un des plus riches
I. Vol. E vj or
1164 MERCURE DE FRANCE
ornemens de l'Etat , les mêmes privileges !
que ceux de l'Académie Françoife , afin
que ces Arts Liberaux foient exercés plus
noblement , & avec une entiere liberté
n'y ayant rien entre les Beaux Arts de
plus noble que la Peinture & la Sculpture..
L'Abbé de Monville a fuivi l'ordre des
tems autant qu'il l'a pû dans les morceaux
de Mignard dont il fait mention . Renfermé
dans mon fujet , dit-il , je ne m'en
fuis écarté qu'avec retenue , & feulement
pour delaffer le Lecteur des Defcriptions:
trop fréquentes de Tableaux & de Portraits.
Après la Préface , on trouve le Catalo
gue des Oeuvres gravées d'après Mignard
, contenu en 22. pages , avec les
noms des Graveurs qui ont travaillé d'a
près fes Tableaux & fes Portraits , ou fur
fes Deffeins , des Frontifpices de Livres &
Vignetes &c.
Pierre Mignard nâquit à Troyes en
Champagne au mois de Novembre 1610 ..
Şa famille originaire d'Angleterre , mais
établie en France depuis deux generations;
s'étoit diftinguée par une fidelité inviolable
pour nos Rois durant les troubles.
de la Ligue. Son pere , Pierre More , changea
fon nom , fur ce que Henry IV. le
voyant un jour avec fix de fes freres
tous Officiers dans l'Armée Royale , &
1. Vol d'une
JUIN. 1730. IFS
d'une figure agréable , dit , Ce ne font pas
là des Mores , ce font des Mignards ; ce
nom de Mignard leur eft depuis resté , &
ileft devenu celui de toute cette nombreuſe
famille.
Après le Traité de Vervins , Mignard
fe retira à Troyes , & laiſſa la liberté à Nicolas
& à Pierre , deux de fes enfans , de
fuivre leur goût qui les portoit l'un &
Pautre à la Peinture. Nicolas , qui étoit
l'aîné , a eu de la réputation ; fon féjour
à Avignon , où il s'étoit marié avantageufement
, lui fit donner le nom de Mignard
d'Avignon. Il mourut à Paris en
1668. Recteur de l'Académie Royale de
Peinture.
Le cadet dont il s'agit ici , avoit d'abord
été destiné à l'étude de la Medecine,
mais fon pere l'ayant furpris à l'âge d'onze
ans , occupé à achever un Portrait
au crayon qu'il faifoit de mémoire , &
ayant découvert qu'il en avoit déja fait
un grand nombre d'autres , tous reffem
blans & pleins de feu , il fut envoyé à
Bourges auprès de Boucher , Peintre , fort
eftimé de la même Ville , dont il étoit natif
, & où l'on fait encore aujourd'hui
beaucoup de cas de fes Ouvrages. Après
un an d'étude fous ce Maître , le jeune
Mignard revint à Troyes , où il deffina
d'après la Boffe , fous François Gentil , ha-
1. Vol. bile
1166 MERCURE DE FRANCE
bile Sculpteur. Il alla enfuite à Fontainebleau
, & y étudia pendant deux ans fans
relâche , tant d'après les Ouvrages de
Sculpture qu'on avoit fait venir de Rome
que d'après les Peintures de Maître Roux,
du Primatice , de Meffer Nicolo & de Martin
Freminet , Parifien , Premier Peintre
du Roi.
Revenu à Troye pour la feconde fois ,
le Maréchal de Vitri l'emmena , & lui fic
peindre la Chapelle de fon Château de
Coubert en Brie. Ce même Maréchal fort
fatisfait de fon Ouvrage , le mena à Paris
& le mit fous la conduite de Simon Vouet
Premier Peintre du Roi , alors en grande
réputation , & il réuffit fi bien à imiter
les Ouvrages de fon Maître ,qu'on ne pouvoit
les diftinguer de ceux du Difciple.
Il partit pour l'Italie fur la fin de 1635.
& arriva à Rome l'année fuivante . Il fit
peu de tems après le Portrait du Pape Urbain
VIII . qui en fut très fatisfait ; il co
pia la Gallerie du Palais Farnefe , logé
dans la même chambre qu'Annibal Carrache
avoit occupée en la peignant ; il fit
enfuite les Portraits d'Innocent X. d'Alexandre
VII. & une très-grande quantité
d'autres de divers Cardinaux , Princes
Seigneurs & Dames Romaines & c .
Parmi un grand nombre d'Ouvrages à
Frefque , capables de faire juger , quoique
I. Vol.
peu
JUIN. 1730. 1167
peu confiderables , de ce qu'on devoit
attendre de Mignard , il avoit peint pour
s'amufer une Perſpective au fond de la
maiſon où il logeoit. On y voyoit peint
avec tant de verité un Chat qui guette
une Tortue cachee fous des feuilles , qu'on
dit avoir vû plus d'une fois des Chiens ,
courir , s'y bleffer & y laiffer les traces de
leur fang.
Quelques foins que prennent d'ordi
naire les Peintres Italiens pour empêcher
que ceux des autres Nations ne laiffent à
Rome des monumens publics de leur capacité
, plus d'une Eglife eft ornée de plu
fieurs morceaux de la main de Mignard
à frefque & à huile , ainfi que divers Palais
; il eut même pour concurrent le
Cavalier Pietro de Cortonne , celebre Peintre
, Diſciple de l'Albane.
L'empreffement qu'on eut d'avoir des
Ouvrages , & fur tout des Portraits de la
main de Mignard , & l'accueil favorable
que lui firent divers Princes d'Italie dans
Feurs Etats marquent bien le cas qu'on
faifoit de fa perfonne & de fes talens . Ce
qui lui arriva à Parme mérite d'être remarqué.
Marguerite de Medicis Ducheffe
Douairiere de Parme , inftruite de l'arrivée
du Peintre François , lui manda de
fe rendre au Palais ; on l'introduifit dans
1. Vol. un
1168 MERCURE DE FRANCE
un vafte Appartement , où tout étoit tendu
de noir ; nulle fenêtre ne donnoit
entrée au jour ; chaque Piece n'étoit éclairée
que par une feule bougie jaune , dont
la lumiere lugubre faifoit remarquer la
trifteffe de ces lieux. Mignard parvint
enfim à la Chambre de la Ducheffe ; deux
hommes en grand manteau noir en ouvrirent
la Porte dans un profond filence.
Je vous fais , lui dit elle , un honneur fingulier
, l'état où je fuis ne me permet de voir
que les Princes de ma Maiſon ; mais votre
réputation m'a donné de la curiofité. Après
diverfes queſtions fur fon âge , fur fon
Pays , fur les voyages , fur fa fortune , elle
lui dit , Feriez- vous de moi un beau Por- ~
trait ? Mignard avoit eu le tems de l'examiner
; elle n'avoit ni jeuneffe ni beauté ,
& fon deuil n'étoit pas de ceux qui fervent
de parure ; mais cet ajuſtement lugubre
étoit peut-être capable de faire un
effet heureux en Peinture , il répondit
comme elle le pouvoit fouhaiter : Cette
fatisfaction m' eft interdite , interrompit- elle ,
allez , dites par tout que la Ducheffe Douai--
riere de Parme a voulu vous voir , & qu'elle
vous a admis auprèsd'elle : Adieu , Seigneur
François.
On eftime beaucoup les Tableaux de
Vierges que Mignard peignit à ſon retour
de Venife. François Pouilli en a gravé plu
L.Vola
heurs
JUIN. 1730. 1169
hieurs qu'on appelle les Mignardes.
Après 20. ans de féjour à Rome , il y
époufa fur la fin de l'année 1656. Anna
Avolara , fille de Jean Carle Avolara ,
Architecte Romain , belle & jeune perfonne
, en qui il trouva un excellent modele.
Peu de tems après , il reçût des Lettres
de M. de Lionne qui lui ordonnoit de la
part du Roi de fe rendre à Paris &c . Prêt
à partir , & ne voulant plus entreprendre
aucun Ouvrage , il fut follicité d'en commencer
un nouveau . La plus belle Courtifane
de Rome defiroit paffionnément
d'être peinte de fa main ; La Cocque , c'eft
ainfi qu'elle s'appelloit , eut merité d'être
vertueufe ; elle s'étoit diftinguée par des
fentimens nobles & délicats. Mignard
confentit d'autant plus volontiers à la
peindre qu'elle ne lui demandoit fon Portrait
qu'afin qu'il le portât en France , où
il le vendit à fon retour un prix confiderable.
Il partit de Rome , après y avoir demeuré
près de 22. ans au mois d'Octobre
1657. & arriva à Marſeille après 8. jours
de Navigation.
Nous donnerons une feconde Partie de cet
Extrait.
Peintre du Roy , par M. l'Abbé Maziere
de Mouville , avec le Poëme de Moliere
-fur les Peintures du Val-de - Grace , & deux
Dialogues de M. de Fénelon , Archevêques
de Cambrai , fur la Peinture. A Paris
, Quai des Auguftins , chez Jean Boudos
Jacq. Guerin , 1730. in 12. de 235 pages,
fans l'Epître & la Préface qui en contiennent
71. avec un beau Portrait de Mignard
au Frontifpice.
L'Elegant Auteur en parlant des Arts
dans l'Epître dédicatoire au Roy , dit que
te vulgaire n'en connoît pas toute la nobleffes
leur fin principale , pourfuit il , eft d'honorer
la vertu le Genie les enfante , l'Emulation
les perfectionne & l'Honneur ſeul pent
en être le digne prix.
:
On obferve dans la Preface que cet
Ouvrage eft en quelque forte le feul de
cette efpece qui ait paru parmi nous. En
cela bien differens des Italiens , qui , outre
une infinité de gros volumes fur les vies
des Peintres ont donné plufieurs Vies
particulieres. On en compte trois du
feul Michel- Ange , deux de Raphaël ,
deux du Titien , &c. On lit enfuite ,
,
1. Vol.
E iiij
avec
1160 MERCURE DE FRANCE
avec plaifir , une Réfléxion jufte & fenfée
fur ce que nous fommes devenus
trop délicats & trop difficiles dans
nos jugemens fur la Peinture , la Mufique
, la Poëfie , & c. Le Portrait qu'on
trouve dans la page fuivante eft un morceau
dont nous ne devons pas priver
le Lecteur : Le voici .
Qu'est- ce en effet qu'un Peintre digne
de ce nom ? C'eft l'homme de tous les ta
lens , un génie élevé & fécond , une immagination
vive & brillante , un jugement
exquis , un efprit capable de prendre
toute forte de formes ; la nobleſſe , la
grace , dons précieux qu'on reçoit avec la
vie , mais qu'il faut cultiver fans ceffe par
un travail opiniâtre , fidele imitateur , out
plutôt rival de la nature. Un fçavant
Peintre , non content de l'étaler toute entiere
à nos yeux , l'embellit encore & la
perfectionne ; fon muet langage intelligible
également à toutes les Nations , plaît ,
frappe, inftruit , avec un peu de couleur
il touche, il remue les fentimens du coeur,
les paffions de l'ame ; il fçait les rendre en
quelque maniere fenfibles & vifibles : Effort
qui femble tellement au - deffus de l'humanité
que M. du Frenoy ofe dire qu'il
faut participer de la divinité pour operer
de fi -grandes merveilles.
Sur les honneurs rendus dans tous les
I. Vol. tems
JUIN. 1730. 1161
tems à la Peinture & à la Sculpture , on
fait remarquer qu'Athenes , & la plupart
des Républiques de la Grece prenoient
des Magiftrats & des Ambaffadeurs parmi
ces mêmes hommes , des mains de qui
elles recevoient les images de leurs Divinitez.
Les Phidias , & les Policletes , felon
Lucien , fe font fait adorer dans leurs Ouvrages
. On les réveroit avec les Dieux
qu'ils avoient faits . On préparoit des entrées
publiques à Polignote, dans toutes les
Villes de la Grece où il y avoit des Tableaux
de fa main. Il fut ordonné par un
Decret des Amphyctions , qu'il feroit défrayé
aux dépens du public, dans tous les
Heux où il iroit. UnTableau de Parrhafius
fait pour Epheſe fa patric , lui fit donner
par fes Concitoyens une Robe de Pourpre
& une Couronne d'Or.
· Alexandre avoit mis Apelle & Lyfippe
au rang de fes favoris ; ce n'étoit pas ,
dit Ciceron , par un fimple defir d'être
bien repréſenté qu'il vouloit que feuls ils
fiffent , l'un fon portrait & l'autre fa Statuë
, mais parcequ'il croyoit que la fuperiorité
qu'ils avoient acquife dans leur
art contribueroit autant à fa gloire qu'à
la leur. Pour ne pas tifquer d'enfevelir
fous les ruines de Rhodes un Peintre dont
l'habileté étoit celebre , Demetrius Poliocertes
leva le Siege de cette Ville ; ce
th. I. Vol.
Ev Prince
1162 MERCURE DE FRANCE
Prince ne pouvant y mettre le feu par un
autre endroit que par celui où travailloit
Protogenes , il aima mieux , au rapport
de Pline , épargner la Peinture que de recevoir
la victoire qui lui étoit offerte.
Les Romains devenus les maîtres du
monde , regardoient les Ouvrages des
Peintres & des Sculpteurs Grecs comme
la portion la plus précieufe de leurs Conquêtes
les Chef- d'oeuvres de ces grands
Maîtres faifoient le principal ornement
de la Capitale de l'Univers.
L'Auteur dit plus bas , en parlant de
la Peinture & de la Sculpture , que les
Rois font venus leur rendre une espece
d'hommage à leur Berceau . Charles d'Anjou
, Roi de Naples , fit le voyage de Florence
pour y voir Cimabué , Peintre mort
à Florence en 1300. qui le premier a fait
connoître la Peinture dans fa Patrie . Michel-
Ange fut aimé & eftimé de tous les
Souverains de fon fiecle. Raphaël eft mort
à la veille d'être élevé au Cardinalat par
Leon X. Leonard de Vinci expira dans les
bras de François I. Je puis ' , difoit ce Prince
aux Courtilans furpris des regrets dont
il honoroit la mort de Leonard , faire en
un jour beaucoup de Seigneurs, mais Dieu
feul peut faire un homme tel que celui
que je perds. Charles - Quint fe glorifioit
d'avoir reçû trois fois l'immortalité des
1. Vol. mains
7
1730. 1163
JUIN.
mains du Titien. Il le fit Chevalier &
Comte Palatin , & l'honora de la Clef
d'or. Ce Peintre ayant laiffé tomber fon
Pinceau dans le tems qu'il faifoit le Portrait
de l'Empereur , Charles dit en le
ramaffant que Titien méritoit d'être fervi
par Cefar. Le Primatice fut nommé par le
Roi François II . Intendant General des
Bâtimens , Charge déja confiderable , que
M. de Villeroi & le pere du Cardinal de
la Boudaifiere avoient auparavant exercée .
Le dernier fiecle a vû Rubens , Ambaffadeur
d'Efpagne en Angleterre , & Secre
taire d'Etat des Pays-Bas. Vandeick , fon
Difciple , attiré à Londres par Charles I.
fut fait Chevalier. Il époufa la fille unique
du Comte de Gowry de la Maiſon de
Stwart.
y
Les Grecs avoient donné par un Decret
folemnel le premier rang à la Peinture
entre les Arts Liberaux ; ils voulcient
que ce fût la premiere Leçon que reçûffent
les Enfans de naiffance noble , qu'elle
ne fut exercée que par des perfonnes libres
, & ils en avoient abfolument interdit
l'ufage aux Efclaves.
Le feu Roi dans des Brevets donnés à
PAcadémie Royale de Peinture & de Sculpture
au mois d'Octobre 1664. & de Janvier
1667. accorde à ceux qui exercent
cette noble vertu , l'un des plus riches
I. Vol. E vj or
1164 MERCURE DE FRANCE
ornemens de l'Etat , les mêmes privileges !
que ceux de l'Académie Françoife , afin
que ces Arts Liberaux foient exercés plus
noblement , & avec une entiere liberté
n'y ayant rien entre les Beaux Arts de
plus noble que la Peinture & la Sculpture..
L'Abbé de Monville a fuivi l'ordre des
tems autant qu'il l'a pû dans les morceaux
de Mignard dont il fait mention . Renfermé
dans mon fujet , dit-il , je ne m'en
fuis écarté qu'avec retenue , & feulement
pour delaffer le Lecteur des Defcriptions:
trop fréquentes de Tableaux & de Portraits.
Après la Préface , on trouve le Catalo
gue des Oeuvres gravées d'après Mignard
, contenu en 22. pages , avec les
noms des Graveurs qui ont travaillé d'a
près fes Tableaux & fes Portraits , ou fur
fes Deffeins , des Frontifpices de Livres &
Vignetes &c.
Pierre Mignard nâquit à Troyes en
Champagne au mois de Novembre 1610 ..
Şa famille originaire d'Angleterre , mais
établie en France depuis deux generations;
s'étoit diftinguée par une fidelité inviolable
pour nos Rois durant les troubles.
de la Ligue. Son pere , Pierre More , changea
fon nom , fur ce que Henry IV. le
voyant un jour avec fix de fes freres
tous Officiers dans l'Armée Royale , &
1. Vol d'une
JUIN. 1730. IFS
d'une figure agréable , dit , Ce ne font pas
là des Mores , ce font des Mignards ; ce
nom de Mignard leur eft depuis resté , &
ileft devenu celui de toute cette nombreuſe
famille.
Après le Traité de Vervins , Mignard
fe retira à Troyes , & laiſſa la liberté à Nicolas
& à Pierre , deux de fes enfans , de
fuivre leur goût qui les portoit l'un &
Pautre à la Peinture. Nicolas , qui étoit
l'aîné , a eu de la réputation ; fon féjour
à Avignon , où il s'étoit marié avantageufement
, lui fit donner le nom de Mignard
d'Avignon. Il mourut à Paris en
1668. Recteur de l'Académie Royale de
Peinture.
Le cadet dont il s'agit ici , avoit d'abord
été destiné à l'étude de la Medecine,
mais fon pere l'ayant furpris à l'âge d'onze
ans , occupé à achever un Portrait
au crayon qu'il faifoit de mémoire , &
ayant découvert qu'il en avoit déja fait
un grand nombre d'autres , tous reffem
blans & pleins de feu , il fut envoyé à
Bourges auprès de Boucher , Peintre , fort
eftimé de la même Ville , dont il étoit natif
, & où l'on fait encore aujourd'hui
beaucoup de cas de fes Ouvrages. Après
un an d'étude fous ce Maître , le jeune
Mignard revint à Troyes , où il deffina
d'après la Boffe , fous François Gentil , ha-
1. Vol. bile
1166 MERCURE DE FRANCE
bile Sculpteur. Il alla enfuite à Fontainebleau
, & y étudia pendant deux ans fans
relâche , tant d'après les Ouvrages de
Sculpture qu'on avoit fait venir de Rome
que d'après les Peintures de Maître Roux,
du Primatice , de Meffer Nicolo & de Martin
Freminet , Parifien , Premier Peintre
du Roi.
Revenu à Troye pour la feconde fois ,
le Maréchal de Vitri l'emmena , & lui fic
peindre la Chapelle de fon Château de
Coubert en Brie. Ce même Maréchal fort
fatisfait de fon Ouvrage , le mena à Paris
& le mit fous la conduite de Simon Vouet
Premier Peintre du Roi , alors en grande
réputation , & il réuffit fi bien à imiter
les Ouvrages de fon Maître ,qu'on ne pouvoit
les diftinguer de ceux du Difciple.
Il partit pour l'Italie fur la fin de 1635.
& arriva à Rome l'année fuivante . Il fit
peu de tems après le Portrait du Pape Urbain
VIII . qui en fut très fatisfait ; il co
pia la Gallerie du Palais Farnefe , logé
dans la même chambre qu'Annibal Carrache
avoit occupée en la peignant ; il fit
enfuite les Portraits d'Innocent X. d'Alexandre
VII. & une très-grande quantité
d'autres de divers Cardinaux , Princes
Seigneurs & Dames Romaines & c .
Parmi un grand nombre d'Ouvrages à
Frefque , capables de faire juger , quoique
I. Vol.
peu
JUIN. 1730. 1167
peu confiderables , de ce qu'on devoit
attendre de Mignard , il avoit peint pour
s'amufer une Perſpective au fond de la
maiſon où il logeoit. On y voyoit peint
avec tant de verité un Chat qui guette
une Tortue cachee fous des feuilles , qu'on
dit avoir vû plus d'une fois des Chiens ,
courir , s'y bleffer & y laiffer les traces de
leur fang.
Quelques foins que prennent d'ordi
naire les Peintres Italiens pour empêcher
que ceux des autres Nations ne laiffent à
Rome des monumens publics de leur capacité
, plus d'une Eglife eft ornée de plu
fieurs morceaux de la main de Mignard
à frefque & à huile , ainfi que divers Palais
; il eut même pour concurrent le
Cavalier Pietro de Cortonne , celebre Peintre
, Diſciple de l'Albane.
L'empreffement qu'on eut d'avoir des
Ouvrages , & fur tout des Portraits de la
main de Mignard , & l'accueil favorable
que lui firent divers Princes d'Italie dans
Feurs Etats marquent bien le cas qu'on
faifoit de fa perfonne & de fes talens . Ce
qui lui arriva à Parme mérite d'être remarqué.
Marguerite de Medicis Ducheffe
Douairiere de Parme , inftruite de l'arrivée
du Peintre François , lui manda de
fe rendre au Palais ; on l'introduifit dans
1. Vol. un
1168 MERCURE DE FRANCE
un vafte Appartement , où tout étoit tendu
de noir ; nulle fenêtre ne donnoit
entrée au jour ; chaque Piece n'étoit éclairée
que par une feule bougie jaune , dont
la lumiere lugubre faifoit remarquer la
trifteffe de ces lieux. Mignard parvint
enfim à la Chambre de la Ducheffe ; deux
hommes en grand manteau noir en ouvrirent
la Porte dans un profond filence.
Je vous fais , lui dit elle , un honneur fingulier
, l'état où je fuis ne me permet de voir
que les Princes de ma Maiſon ; mais votre
réputation m'a donné de la curiofité. Après
diverfes queſtions fur fon âge , fur fon
Pays , fur les voyages , fur fa fortune , elle
lui dit , Feriez- vous de moi un beau Por- ~
trait ? Mignard avoit eu le tems de l'examiner
; elle n'avoit ni jeuneffe ni beauté ,
& fon deuil n'étoit pas de ceux qui fervent
de parure ; mais cet ajuſtement lugubre
étoit peut-être capable de faire un
effet heureux en Peinture , il répondit
comme elle le pouvoit fouhaiter : Cette
fatisfaction m' eft interdite , interrompit- elle ,
allez , dites par tout que la Ducheffe Douai--
riere de Parme a voulu vous voir , & qu'elle
vous a admis auprèsd'elle : Adieu , Seigneur
François.
On eftime beaucoup les Tableaux de
Vierges que Mignard peignit à ſon retour
de Venife. François Pouilli en a gravé plu
L.Vola
heurs
JUIN. 1730. 1169
hieurs qu'on appelle les Mignardes.
Après 20. ans de féjour à Rome , il y
époufa fur la fin de l'année 1656. Anna
Avolara , fille de Jean Carle Avolara ,
Architecte Romain , belle & jeune perfonne
, en qui il trouva un excellent modele.
Peu de tems après , il reçût des Lettres
de M. de Lionne qui lui ordonnoit de la
part du Roi de fe rendre à Paris &c . Prêt
à partir , & ne voulant plus entreprendre
aucun Ouvrage , il fut follicité d'en commencer
un nouveau . La plus belle Courtifane
de Rome defiroit paffionnément
d'être peinte de fa main ; La Cocque , c'eft
ainfi qu'elle s'appelloit , eut merité d'être
vertueufe ; elle s'étoit diftinguée par des
fentimens nobles & délicats. Mignard
confentit d'autant plus volontiers à la
peindre qu'elle ne lui demandoit fon Portrait
qu'afin qu'il le portât en France , où
il le vendit à fon retour un prix confiderable.
Il partit de Rome , après y avoir demeuré
près de 22. ans au mois d'Octobre
1657. & arriva à Marſeille après 8. jours
de Navigation.
Nous donnerons une feconde Partie de cet
Extrait.
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Résumé : La Vie de Pierre Mignard, premier Peintre, &c. [titre d'après la table]
Le document 'La Vie de Pierre Mignard, premier Peintre du Roy' par l'Abbé Maziere de Mouville, publié en 1730, est un ouvrage de 235 pages incluant une épître et une préface. Il se distingue par son caractère unique en France, contrairement à l'Italie qui possède de nombreux volumes sur les vies des peintres. L'auteur critique la délicatesse excessive des jugements contemporains sur les arts. Le texte décrit les qualités essentielles d'un peintre, le comparant à un génie capable de rivaliser avec la nature et de toucher les émotions humaines. Il souligne les honneurs rendus à la peinture et à la sculpture dans l'Antiquité grecque et romaine, ainsi que durant la Renaissance et les siècles suivants. Les Grecs considéraient la peinture comme un art libéral et l'enseignaient aux enfants nobles. Les rois et les empereurs, comme Alexandre, Charles Quint, et François I, honoraient les peintres et les sculpteurs. L'ouvrage inclut un catalogue des œuvres gravées d'après Mignard et retrace sa vie. Pierre Mignard, né à Troyes en 1610, provenait d'une famille anglaise établie en France. Son père, impressionné par ses talents artistiques, le laissa étudier la peinture. Mignard se forma auprès de plusieurs maîtres en France avant de partir pour l'Italie en 1635. À Rome, il réalisa de nombreux portraits et œuvres remarquables, gagnant la faveur de divers princes et du pape. De retour en France, il épousa Anna Avolara et fut rappelé à Paris par le roi sur recommandation de M. de Lionne. Le texte mentionne également une femme nommée La Cocque, connue pour sa vertu et ses sentiments nobles et délicats. Mignard accepta de la peindre, non pas à sa demande, mais pour vendre le portrait en France. Mignard quitta Rome après y avoir séjourné près de 22 ans, au mois d'octobre 1657, et arriva à Marseille après huit jours de navigation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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345
p. 1179-1184
Tableau fait pour le Roi, Chasse du Cerf, &c. [titre d'après la table]
Début :
Au mois de Janvier 1728. le Roy ordonna au Sr Oudry, son Peintre ordinaire, [...]
Mots clefs :
Jean-Baptiste Oudry, Roi, Tableau, Chasse du cerf
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tableau fait pour le Roi, Chasse du Cerf, &c. [titre d'après la table]
U mois de Janvier 1728.le Roy ordonna
au S'Oudry ,fonPeintre ordi-
-naire , de le fuivre à la chaffe pour reprefenter
une Chaffe de Cerf dans l'eau.
Le fieur Oudry en fit un Deffein qui fut
agréé , fur lequel le Roy lui demanda un
Tableau de 12 pieds de large ,fur 6 pieds
& demi de haut , pour placer dans le Ca- .
binet de Sa Majesté à Marly.
Les Figures ont à peu près 13 à 14 pouces
de hauteur . Il y a treize Portraits reffemblants.
Le Roy dans le milieu , fur un
Cheval blanc , nommé le Braffeur. A la
I. Vel. Fij droite
1180 MERCURE DE FRANCE
droite du Roy , M. le Prince Charles ,
monté fur l'Eclair. A la gauche , M. le
Premier , monté fur un Cheval , nommé
Aigle.
Sur le devant du Tableau , M.le Comte
de Toulouſe,à qui Sa Majefté parle , & lui
montre la Chaffe. Ce Prince eft monté fur
le Cheval nommé l'Arpenteur. Derriere le
Roy , M. le Duc de Retz , monté fur le
Royal.
A la droite de ce principal Groupe , M.
de Sourcy , Commandant de l'Equi page
du Cerf, monté fur le Cheval nommé
Poifeau ; & à côté , M. de Lanfmath:
Gentilhomme de la Vennerie , monté fur
l'Infinuant.
Devant le Roy , à gauche , M. de Neſtier
, Commandant de la grande Ecurie
monté fur l'Effronté , monture du Roy ;
à côté , M. de Dampierre , fur le Cheval
le Galant , auffi monture du Roy. A l'extrémité
du Tableau , à gauche , le nommé
Bonnet,coureur de vin , monté fur fa Mulle
, avec fa Cantine & tout fon équipage.
Près de lui un valet de Limier , nommé
la Bretêche , tenant fon chien , tirant fur
le trait.
Sur le devant & du même côté un Bateau
de Pêcheur , dans lequel il y a un
homme de l'Equipage & le Marinier , qui
vont au devant du Cerf.
I. Vol.
De
JUIN. 1730 113F
De l'autre bout, à la droite du Tableau ,
un Valet de Chiens , nommé Jean, tenant
une garde de huit jeunes Chiens fur le
bord de l'Etang .
A côté , le Portrait de l'Auteur , avec
un Porte-Feuillé & le Crayon à la main
deffinant l'action.
Le Cerf eft dans l'eau , affailli par une
grande quantité de Chiens , d'autres qui
arrivent fur la voye , & plufieurs autres
dans des Rofeaux qui paroiffent aboyer ;
ce qui fait un fracas & une action tresvive.
Tous ces Chiens font les plus beaux
de la Meutte, que Sa Majefté a choifis pour
cette Chaffe, qu'Elle a fouhaité être peints ,
& dont quelques- uns l'ont été en la préfence.
On voit dans le lointain , la Ville de
S. Germain & la partie du Bois , faite d'après
nature . Le Roy & tous les Seigneurs
font en habit de l'Equipage deftiné pour
la Chaffe du Cerf.
Le tout eft peint avec un foin extrême ;
& fait beaucoup d'honneur à l'Auteur.
C'est dans ce genre le premier Tableau
qui ait été fait. Le Roy en a été tres-fatisfait
, & toute la Cour a rendu juftice à ce
bel Ouvrage qu'on ne fe laffe point de
voir. Ce Tableau a donné lieu aux Vers
qu'on va lire.
I. Vol.
Fiij AU
1182 MERCURE DE FRANCE
A U ROY
PRINCE, dont les vertus aimables ,
Font le bonheur de l'Empire des Lys ,
ROY , modele parfait des Rois les plus affa
bles >
Sous ton regne charmant , fous tes yeux favorables
;
Par de nouveaux progrès les Arts font einbellis
,
La paix les fait fleurir fous ton paiſible Empire ;
Mars ne les trouble plus par fes fanglans Exploits .
Heureux le peuple qui reſpire
Dans les Climats où tu donnes des Loix !
Far les foins affidus d'un Miniſtre fidele
Nous goútons un profond repos.
Il ne veut pour prix de fon zéle
Que ce doux fruit de ſes travaux.
Déja le Ciel comble notre efperance ,
rend à fes défirs le calme & l'abondance ;
Nos fertiles Guérets étalent à nos yeux
Leurs tréfors les plus précieux .
La fageffe toujours fut ton plus cher partage ,
Du Ciel en ta perfonne on admire l'ouvrage ;
Que de vertus il couronne en un jour !
Il te fait un prefent par les mains de l'Amour.
Par un Héros naiffant il affure a la France ,
Le comble de fon efperance.
Les plaifirs & les jeux entourent fon berceau.
1. Vol. Tout
JUI N. 1730 .
1183
Tout lui promet le deftin le plus beau .
On voit croître avec toi ce rejetton aimable ,
Quels aimables objets te frappent tour à tour !
Tu vois avec plaifir l'affemblage adorable ,
Des trois Graces & de l'Amour.
Orné de la douceut de fon augufte Mere ,
Il porte dans fes yeux la grandeur de fon Perei
Il aura les vertus d'un couple fi charmant.
Le Ciel qui des vertus eft le dépofitaire ,
Dans l'ame des Bourbons les verſe abondam
ment.
Tu formeras bien-tôt fon illuftre courage ;
;
>
La paix loin de ses yeux écarte les combats ;
Mais la chaffe od Diane accompagne tés pas
Des plus fameux exploits lui tracera l'image.
Un mortel dont la France admirè le Pinceau ,
Qui fçait tout animer par fa vive peinture ;
Vient de s'éternifer par un fuccès nouveau
Son Art ingénieux , rival de la nature
De tes nobles plaiſirs nous a fait un Tableau.
J'y reconnois LOUIS , fon courage le guide ;
Les Graces , les Amours lui prêtent leurs apas ;
Il vole , il eft vainqueur , le Cerf las & timide ,
Semble à nos yeux émus , déplorer fon trépas.
Et le Chien de fa proye avide
Pour l'arrêter , précipite fes pas.
Cet illuftre fujet a fçû plaire à fon Maître ;
LOUIS veut à fon Art affurer fes biensfaits.
1. Vol. Fij Louis
1184 MERCURE DE FRANCE.
LOUIS à tout ſçait ſe connoître
Tous les Arts feront fatisfaits.
au S'Oudry ,fonPeintre ordi-
-naire , de le fuivre à la chaffe pour reprefenter
une Chaffe de Cerf dans l'eau.
Le fieur Oudry en fit un Deffein qui fut
agréé , fur lequel le Roy lui demanda un
Tableau de 12 pieds de large ,fur 6 pieds
& demi de haut , pour placer dans le Ca- .
binet de Sa Majesté à Marly.
Les Figures ont à peu près 13 à 14 pouces
de hauteur . Il y a treize Portraits reffemblants.
Le Roy dans le milieu , fur un
Cheval blanc , nommé le Braffeur. A la
I. Vel. Fij droite
1180 MERCURE DE FRANCE
droite du Roy , M. le Prince Charles ,
monté fur l'Eclair. A la gauche , M. le
Premier , monté fur un Cheval , nommé
Aigle.
Sur le devant du Tableau , M.le Comte
de Toulouſe,à qui Sa Majefté parle , & lui
montre la Chaffe. Ce Prince eft monté fur
le Cheval nommé l'Arpenteur. Derriere le
Roy , M. le Duc de Retz , monté fur le
Royal.
A la droite de ce principal Groupe , M.
de Sourcy , Commandant de l'Equi page
du Cerf, monté fur le Cheval nommé
Poifeau ; & à côté , M. de Lanfmath:
Gentilhomme de la Vennerie , monté fur
l'Infinuant.
Devant le Roy , à gauche , M. de Neſtier
, Commandant de la grande Ecurie
monté fur l'Effronté , monture du Roy ;
à côté , M. de Dampierre , fur le Cheval
le Galant , auffi monture du Roy. A l'extrémité
du Tableau , à gauche , le nommé
Bonnet,coureur de vin , monté fur fa Mulle
, avec fa Cantine & tout fon équipage.
Près de lui un valet de Limier , nommé
la Bretêche , tenant fon chien , tirant fur
le trait.
Sur le devant & du même côté un Bateau
de Pêcheur , dans lequel il y a un
homme de l'Equipage & le Marinier , qui
vont au devant du Cerf.
I. Vol.
De
JUIN. 1730 113F
De l'autre bout, à la droite du Tableau ,
un Valet de Chiens , nommé Jean, tenant
une garde de huit jeunes Chiens fur le
bord de l'Etang .
A côté , le Portrait de l'Auteur , avec
un Porte-Feuillé & le Crayon à la main
deffinant l'action.
Le Cerf eft dans l'eau , affailli par une
grande quantité de Chiens , d'autres qui
arrivent fur la voye , & plufieurs autres
dans des Rofeaux qui paroiffent aboyer ;
ce qui fait un fracas & une action tresvive.
Tous ces Chiens font les plus beaux
de la Meutte, que Sa Majefté a choifis pour
cette Chaffe, qu'Elle a fouhaité être peints ,
& dont quelques- uns l'ont été en la préfence.
On voit dans le lointain , la Ville de
S. Germain & la partie du Bois , faite d'après
nature . Le Roy & tous les Seigneurs
font en habit de l'Equipage deftiné pour
la Chaffe du Cerf.
Le tout eft peint avec un foin extrême ;
& fait beaucoup d'honneur à l'Auteur.
C'est dans ce genre le premier Tableau
qui ait été fait. Le Roy en a été tres-fatisfait
, & toute la Cour a rendu juftice à ce
bel Ouvrage qu'on ne fe laffe point de
voir. Ce Tableau a donné lieu aux Vers
qu'on va lire.
I. Vol.
Fiij AU
1182 MERCURE DE FRANCE
A U ROY
PRINCE, dont les vertus aimables ,
Font le bonheur de l'Empire des Lys ,
ROY , modele parfait des Rois les plus affa
bles >
Sous ton regne charmant , fous tes yeux favorables
;
Par de nouveaux progrès les Arts font einbellis
,
La paix les fait fleurir fous ton paiſible Empire ;
Mars ne les trouble plus par fes fanglans Exploits .
Heureux le peuple qui reſpire
Dans les Climats où tu donnes des Loix !
Far les foins affidus d'un Miniſtre fidele
Nous goútons un profond repos.
Il ne veut pour prix de fon zéle
Que ce doux fruit de ſes travaux.
Déja le Ciel comble notre efperance ,
rend à fes défirs le calme & l'abondance ;
Nos fertiles Guérets étalent à nos yeux
Leurs tréfors les plus précieux .
La fageffe toujours fut ton plus cher partage ,
Du Ciel en ta perfonne on admire l'ouvrage ;
Que de vertus il couronne en un jour !
Il te fait un prefent par les mains de l'Amour.
Par un Héros naiffant il affure a la France ,
Le comble de fon efperance.
Les plaifirs & les jeux entourent fon berceau.
1. Vol. Tout
JUI N. 1730 .
1183
Tout lui promet le deftin le plus beau .
On voit croître avec toi ce rejetton aimable ,
Quels aimables objets te frappent tour à tour !
Tu vois avec plaifir l'affemblage adorable ,
Des trois Graces & de l'Amour.
Orné de la douceut de fon augufte Mere ,
Il porte dans fes yeux la grandeur de fon Perei
Il aura les vertus d'un couple fi charmant.
Le Ciel qui des vertus eft le dépofitaire ,
Dans l'ame des Bourbons les verſe abondam
ment.
Tu formeras bien-tôt fon illuftre courage ;
;
>
La paix loin de ses yeux écarte les combats ;
Mais la chaffe od Diane accompagne tés pas
Des plus fameux exploits lui tracera l'image.
Un mortel dont la France admirè le Pinceau ,
Qui fçait tout animer par fa vive peinture ;
Vient de s'éternifer par un fuccès nouveau
Son Art ingénieux , rival de la nature
De tes nobles plaiſirs nous a fait un Tableau.
J'y reconnois LOUIS , fon courage le guide ;
Les Graces , les Amours lui prêtent leurs apas ;
Il vole , il eft vainqueur , le Cerf las & timide ,
Semble à nos yeux émus , déplorer fon trépas.
Et le Chien de fa proye avide
Pour l'arrêter , précipite fes pas.
Cet illuftre fujet a fçû plaire à fon Maître ;
LOUIS veut à fon Art affurer fes biensfaits.
1. Vol. Fij Louis
1184 MERCURE DE FRANCE.
LOUIS à tout ſçait ſe connoître
Tous les Arts feront fatisfaits.
Fermer
Résumé : Tableau fait pour le Roi, Chasse du Cerf, &c. [titre d'après la table]
En janvier 1728, le roi ordonna à Jean-Baptiste Oudry, peintre ordinaire, de l'accompagner lors d'une chasse pour représenter une chasse au cerf dans l'eau. Oudry réalisa un dessin approuvé par le roi, qui lui commanda ensuite un tableau de 12 pieds de large sur 6 pieds et demi de haut pour le cabinet de Sa Majesté à Marly. Les figures mesuraient environ 13 à 14 pouces de hauteur, et le tableau incluait treize portraits ressemblants. Le roi était représenté au centre, monté sur un cheval blanc nommé le Braffeur. À sa droite se trouvait le Prince Charles sur l'Éclair, et à sa gauche, le Premier sur un cheval nommé l'Aigle. Devant le roi, le Comte de Toulouse était en conversation avec lui, monté sur l'Arpenteur. Derrière le roi, le Duc de Retz était sur le Royal. D'autres personnages, comme le Comte de Sourcy et le Marquis de Lanfmath, étaient également présents, chacun monté sur un cheval spécifique. Le tableau montrait également des personnages secondaires, comme Bonnet, un coureur de vin, et des valets de chiens. Le cerf, affaibli par les chiens, était représenté dans l'eau, entouré de chiens aboyant. Le tableau incluait des détails naturels, comme la ville de Saint-Germain et une partie du bois, peints d'après nature. Le roi et les seigneurs étaient en habit de chasse. Le tableau fut très apprécié par le roi et la cour, et il fut considéré comme le premier de ce genre. Il inspira également des vers en l'honneur du roi et de l'artiste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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346
p. 1202-1210
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Smirne, le 20 Janvier 1730. Réjoüissances faites au sujet de la Naissance de MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Début :
Mr de Fontenu, Consul de France à Smirne, ayant reçû cette heureuse nouvelle, assembla [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Consul, Roi, Fête, Smyrne, Armes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Smirne, le 20 Janvier 1730. Réjoüissances faites au sujet de la Naissance de MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Smirne, le 20Janvier 1730. Réjouiffances
faites au fujet de la Naiffance de MON
SEIGNEUR LE DAUPHIN.
R de Fontenu, Conful de France à Smirne,
M'ayant reçu cette heureufe nouvelle , af
fembla chez lui toute la Nation , lui communiqua
les ordres qu'il venoit de recevoir , & fit à
cette occafion un fort beau Difcours. Il fut réfolu
que pour célébrer dignement un tel événement
, on fe conformeroit en quelque façon à ce
qui s'étoit pratiqué en cette Echelle en 1704.
Vol
la
JUIN. 1730. 1203
la naiffance du Duc de Bretagne. La Nation don
na en même -temps aux Sieurs de Saint - Amant
& Vincent , Députez du Commerce , les pou
voirs neceffaires pour faire travailler aux prépa
ratifs.
Le Conful envoya quelques jours après deux
Drogmans , accompagnez de deux Janiffaires,
chez les Confuls d'Angleterre , de Venife &
d'Hollande , pour leur faire part de la Naiffance
du Dauphin. Ils reçurent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye,& ils envoyerent
Le même jour complimenter le Conful de Fran
ce par un pareil nombre d'Interpretes & de Janiffaires
; ils vinrent eux-mêmes quelques jours
après en grande cérémonie,accompagnés de plufieurs
perfonnes de leur Nation , témoigner au
Conful la part fincere qu'ils prenoient à fa joye
& à celle de toute la France . M. de Fontenu leur
rendit vifite dans le même ordre & avec les mêmes
cérémonies , & les pria de la Fête.
Le Conful envoya auffi deux de fes Interpre
tes & deux Janiffaires , chez le Muffelem on
Commandant , le Cady ,le Grand Douanier , le
Serdar ou Commandant des Janiffaires & autres
Puiffances du Païs,pour leur notifier la Naiffance
du Dauphin, à laquelle ils parurent fort fenfibles;
ils ne le furent pas moins aux préfens que le
Conful leur f ( fuivant l'ufage du Pais ) en Ve
ftes de Draps, Caffé, Chocolat & toutes fortes de
Confitures.
La Fête commença le 18 Decembre.On arbora
d'abord le Pavillon de France à la Maiſon
Confulaire, qui fut à l'inſtant falué d'une déchar
.ge de 150 Boëtes & par 200 coups de Canons
des Vaiffeaux François , Anglois , Vénitiens &
Hollandois qui étoient dans le Port. On fit couler
en même temps une Fontaine de vin qui ne
1 Vole Gij difcon1204
MERCURE DE FRANCE
difcontinua que bien avant dans la nuit;une mul
xitude de peuple de toutes fortes de Nations vint
s'y défalterer , pouffant des cris réiterez de joye,
& ne ceffant de boire à la ſanté du Roy , de la
Reine & du Prince nouveau né.
- A trois heures , toute la Nation de France, magnifiquement
habillée , s'étant rendue à la Mai
fon Confulaire , on fe mit en marche. Le Conful
étoit précédé de fes Janniffaires & Interpre
tes , & fuivi de trente Négotians François qui
donnoient la main à un pareil nombre de Dames.
Il fut reçu à la porte de l'Eglife des Capu
cins par le Religieux qui devoit officier. L'Egli
fe de ces Peres, qui eft une des plus belles de tout
de Levant , étoit ornée extraordinairement de
riches Tapifleries , &c. On avoit placé dans le
fond de l'Eglife un magnifique Dais , fous lequel
étoient les Portraits du Roy & de la Reine.
Il regnoit autour de l'Eglife une ceinture de Feftons
, de Luftres , de Tableaux & d'Ecuffons aux
armes du Roy , de la Reine , de Monfeigneur le
Dauphin & de la Ville de Marfeille.
Gloriam
La Cérémonie commença par l'Eloge du Roy,
que le P. Barnabé , Superieur des Capucins , prononça
avec beaucoup d'applaudiffement. Il prit
pour texte ces paroles d'un Pleaume
regni tui dicent: On chanta enfuite le Te Deum
au bruit de 150 Boëtes & de toute l'Artillerie
des Vaiffeaux & autres Bâtimens de toutes fortes
de Nations qui fe trouverent dans le Port. On fit
après la Proceffion autour du Cloître , laquelle
fut terminée en rentrant dans l'Eglife par l'Exau
diat & la benediction du S. Sacrement. Le Conful
fe remit en marche dans le même ordre qu'il
étoit venu , éclairé d'un grand nombre de Flam
beaux , & au fon de tous les Inftrumens qu'on
Byoit pû raffembler; il eut bien de la peine à par
yenir
JUIN. 1730. 1205
venir jufqu'à la porte de la Maiſon Confulaire
tout le peuple y étant accouru pour voir l'illu
mination qui étoit fuperbe par la quantité &
l'arrangement des lumieres ; on avoit placé à
l'extrémité des aîles du Corps de Logis qui don
ne fur la rue , un Arc de Triomphe à deux faces
, de 21 pieds de hauteur,fur 17 de large, foûtenu
par huit Colonnes d'ordre Ionique , entoutées
de Feftons ; fur l'entablement defquelles
étoient les Armes de Monfeigneur le Dauphin ,
& plufieurs Urnes enflammées. L'Arcade avoit
12 pieds de hauteur fur fix de largeur. Elle étoit
furmontée de chaque côté par un beau Cartou
che , dans lequel on lifoit les Infcriptions fui
yantes ;
REGI, REGINE,
ET NATATIBUS
Galli
DELPHINI
Smirnis commorantes
Benè precantur.
L'Infcription du côté de la Cour , étoit
Sereniffimi Delphini incunabulis ,
Galli faufta acclamantes ,
Hunc Arcum triumphalem erexere.
M. D C C. XXI X.
On voyoit au-deffus du Cartouche les Armes
de France , & dans les Intercolonnes de grands
Vafes , chargez de fleurs avec leurs Piédeftaux
fur lefquels on avoit placé plufieurs Emblêmes
convenables au Prince auquel elles étoient appli
quées. Il y en avoit deux de chaque côté .
Une Etoille brillante de la premiere grandeur ,
1. Vol.
au G
1206 MERCURE DE FRANCE.
au coeur de laquelle étoit une Hermine, avec ces
mots :
Nova Lux Pronuntia Pacis.
Un Chêne dans fa vigueur , de lá Tige duquel
fortoient d'autres Chênes de differentes hauteurs.
Plura videbit.
Un Soleil qui diffipe un nuage :
Dum orior umbra fugit.
Un Lionceau dans une Forêt.
Avita virtutis non degener.
'Au fond de la Cour , faifant face à l'Arc de
triomphe , étoit la Fontaine de Vin , & aux côtez
deux Piramides quadrangulaires , hautes de
17 pieds , furmontées d'une Fleur de Lys à quatre
faces , & foutenues par deux Piedeftaux , fur
lefquels on voyoit les Emblêmes fuivantes ":
Un Oranger chargé tout à la fois de fleurs &
de fruits , avec ces paroles :
Gaudia fpemque fimul.
Hercule au berceau , ſe débarraffant de fes
langes , & étoufant un Serpent.
Hinc virtus & labor.
Un grand Lys & de petits Lys qui naiffent de
fa tige.
Ex Lilio Lilia.
Un Grenadier chargé de fruits qui ont tous
cette propriété d'avoir une espece de Diadême.
Nafcendo fert Coronam.
Plufieurs perfonnes devant un Palais qui regardent
un Soleil levant .
Expectatus adeft.
1. Vel.
Une
JU.IN. 1730. 1207
Une Ruche avec un effain d'Abeilles autour de
leur Roy.
Exultatio publica.
Entre les deux Piramides étoient les Armes de
France dans un grand ovale, à bordure dorée, de
18 pieds de tour & plus haut, à quelque diftance
les Portraits du Roy & de la Reine, en grand,
couronnez de Lauriers , de Rofes , d'Oeillets &
des plus belles fleurs qu'on avoit pu trouver
tous les Pilliers de la Cour & des Galeries étoient
entourez de Mirtes , de Guirlandes & de Feftons.
Il y avoit un pareil Tableau aux armes du Roy,
dans l'enfoncement du Corps de Logis du côté
de la ruë.
Sur les cinq heures du foir la Maifon Confu
laire parut toute en feu dans moins d'un quart
d'heure ; l'Arc de triomphe , & les deux grands
Tableaux , aux armes du Roy , étoient chargez
d'un nombre infini de Lampions , & les deux Piramides,
depuis leurs bafes jufqu'en haut, des Fanaux
aux armes du Roy & de Monfeigneur le
Dauphin.
La Galerie qui regne autour de la Maiſon étoit
auffi extraordinairement éclairée par quatre ceintures
de lumieres, placées avec fimétrie . Toutes ces
Jumieres ainfi difpofées fembloient fe multiplier
fans nombre par la réfléxion des Vitrages ; &
enfin cette illumination fut vue avec admiration
par toutes les differentes Nations établies à Smirne.
Le derriere de la Maiſon qui fait face à la
Mer , n'étoit pas moins bien éclairée , & faifoit
une perfpective charmante pour ceux qui étoient
fur les Vaiffeaux & fur les autres Bâtimens du
Port.On avoit employé plus de 6000 Fanaux ou
Lampions à cette illumination , fans compter
tous les appartemens qui étoient éclairez par
une quantité tres confiderable de Luftres , Gi-
I. Vol. Giuj randoles
208 MERCURE DE FRANCE
randoles , Flambeaux d'argent & de Bras dofez
garnis de bougies .
On commença lè Bal à fix heures qu'on difcontinua
à huit pour fe mettre à table , il y en
avoit quatre de 60 , 50 , 40 & 25 couverts qui
qui furent fervies avec autant de profufion que
de délicateffe, outre deux autres Tables de 30 couverts
chacune , chez deux particuliers de la Nation
, voifins de la Maiſon Confulaire , pour les
Perfonnes qui n'auroient pas pú trouver place
chez le Conful.
Pendant le repas on but les fantez du Roy , de
la Reine , de Monfeigneur le Dauphin , à la profperité
des Nations , chacune en particulier , à
celles des Ambaffadeurs ou Réfidens à la Porte
& on finit par celle des Souverains. On fit a
chaque fanté une falve de cent coups de Canon
des Vaiffeaux François , mouillez vis - à - vis la
Maiſon Confulaire. On refta à table jufqu'à minuit
, & on recommença le Bal , qui ne finit qu'à
fept heures du matin.
Quoiqu'on eut fixé la durée de la Fête à trois
jours , elle continua deux jours de plus à diverfes
repriſes. La Maiſon Confulaire fut également
illuminée , & le vin coula pour le peuple. Il n'y
cut pendant les deux derniers jours que trois Tables
de 60 , de 40 & de 25 couverts , les Nations
Etrangeres n'ayant point été invitées.
Le Vicaire Apoftolique qui réfide à Smirne &
qui eft à la tête du Clergé,s'eft trouvé à toutes les
fonctions de l'Eglife , & à un des repas.
Le fecond jour , le Muffelem , le Grand Douanier
, & autres Turcs de diftinction , voulurent
être témoins de la Fête ; ils pafferent une partie
de la nuit à voir danfer; ils fouperent même dans
·la Sale du Bal , où le Conful leur fit fervir fur
un Sopha , toute forte de Mets à la Turque ,fans
J. Vol. compter
JUIN. 1730. 12.00
compter le Caffé, le Sorbet , Parfums , &c . Ils fe
retirerent à trois heures du matin , autant char
mez de ce qu'ils avoient vûs , que de la maniere
noble & gracieufe avec laquelle le Conful les
avoit reçûs.
marques de
Toutes les différentes Nations de cette Echelle
ont donné dans cette occafion des
joye ; mais les Courtiers Juifs des Négocians
François , fe font particulierement diftinguez.
Ils vinrent le premier jour de la Fête au nombre
de plus de cent à la Maiſon Confulaire, pré-
*cédez de plufieurs Joueurs d'Inftrumens à la ma
niere du Païs. Ils marchoient deux à deux avec
chacun un Cierge allumé à la main.
"
Au milieu de cette efpece de Proceffion,s'élevoit
un Arc de triomphe , porté par quatre perfonnes
, tres -bien illuminé & chargé d'Ecuffons , &
de Banderolles aux arines de France & du Dau
phin ; ils firent le tour de la Cour en danſant
& criant à plufieurs reprifes : Vive le Roy Après
quoi ils allerent fe placer dans deux grandes
Chambres qu'on leur avoit deſtinées au Rez-dechauffée
, où ils trouverent trois Tables couver
tes de differentes Confitures , de Caffé & autres
rafraichiffements qu'ils diftribuoient à tous
venans.
Enfin on
-
peut dire que cette Fête a été des plus
galantes , des mieux ordonnées & des plus magnifiques
; & ce qui a paru de plus extraordi
naire , eft que toute la Maifon Confulaire s'é
tant trouvée remplie de differentes Nations
& en tres grand nombre , le vin y ait été
diftribué dans la plus grande abondance ; il n'eft
pas cependant arrivé le moindre défordre , par
les bons ordres que le Conful avoit donnez. Son
zéle infatigable à fuppléé à tout ; les Sieurs de
a
Saint- Amand & Vincent, Députez du Commer- >
1. Voig
1210 MERCURE DE FRANCE
ce en exercice , ont parfaitement bien ſecondé
-le zele de M. le Conful , de même que le fieur
de S. Amand le cadet , qui s'eft donné beaucoup
de foin pour la conftruction de l'Arc de triomphe
, & des Piramides dont il avoit donné les
deffeins.
Smirne, le 20Janvier 1730. Réjouiffances
faites au fujet de la Naiffance de MON
SEIGNEUR LE DAUPHIN.
R de Fontenu, Conful de France à Smirne,
M'ayant reçu cette heureufe nouvelle , af
fembla chez lui toute la Nation , lui communiqua
les ordres qu'il venoit de recevoir , & fit à
cette occafion un fort beau Difcours. Il fut réfolu
que pour célébrer dignement un tel événement
, on fe conformeroit en quelque façon à ce
qui s'étoit pratiqué en cette Echelle en 1704.
Vol
la
JUIN. 1730. 1203
la naiffance du Duc de Bretagne. La Nation don
na en même -temps aux Sieurs de Saint - Amant
& Vincent , Députez du Commerce , les pou
voirs neceffaires pour faire travailler aux prépa
ratifs.
Le Conful envoya quelques jours après deux
Drogmans , accompagnez de deux Janiffaires,
chez les Confuls d'Angleterre , de Venife &
d'Hollande , pour leur faire part de la Naiffance
du Dauphin. Ils reçurent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye,& ils envoyerent
Le même jour complimenter le Conful de Fran
ce par un pareil nombre d'Interpretes & de Janiffaires
; ils vinrent eux-mêmes quelques jours
après en grande cérémonie,accompagnés de plufieurs
perfonnes de leur Nation , témoigner au
Conful la part fincere qu'ils prenoient à fa joye
& à celle de toute la France . M. de Fontenu leur
rendit vifite dans le même ordre & avec les mêmes
cérémonies , & les pria de la Fête.
Le Conful envoya auffi deux de fes Interpre
tes & deux Janiffaires , chez le Muffelem on
Commandant , le Cady ,le Grand Douanier , le
Serdar ou Commandant des Janiffaires & autres
Puiffances du Païs,pour leur notifier la Naiffance
du Dauphin, à laquelle ils parurent fort fenfibles;
ils ne le furent pas moins aux préfens que le
Conful leur f ( fuivant l'ufage du Pais ) en Ve
ftes de Draps, Caffé, Chocolat & toutes fortes de
Confitures.
La Fête commença le 18 Decembre.On arbora
d'abord le Pavillon de France à la Maiſon
Confulaire, qui fut à l'inſtant falué d'une déchar
.ge de 150 Boëtes & par 200 coups de Canons
des Vaiffeaux François , Anglois , Vénitiens &
Hollandois qui étoient dans le Port. On fit couler
en même temps une Fontaine de vin qui ne
1 Vole Gij difcon1204
MERCURE DE FRANCE
difcontinua que bien avant dans la nuit;une mul
xitude de peuple de toutes fortes de Nations vint
s'y défalterer , pouffant des cris réiterez de joye,
& ne ceffant de boire à la ſanté du Roy , de la
Reine & du Prince nouveau né.
- A trois heures , toute la Nation de France, magnifiquement
habillée , s'étant rendue à la Mai
fon Confulaire , on fe mit en marche. Le Conful
étoit précédé de fes Janniffaires & Interpre
tes , & fuivi de trente Négotians François qui
donnoient la main à un pareil nombre de Dames.
Il fut reçu à la porte de l'Eglife des Capu
cins par le Religieux qui devoit officier. L'Egli
fe de ces Peres, qui eft une des plus belles de tout
de Levant , étoit ornée extraordinairement de
riches Tapifleries , &c. On avoit placé dans le
fond de l'Eglife un magnifique Dais , fous lequel
étoient les Portraits du Roy & de la Reine.
Il regnoit autour de l'Eglife une ceinture de Feftons
, de Luftres , de Tableaux & d'Ecuffons aux
armes du Roy , de la Reine , de Monfeigneur le
Dauphin & de la Ville de Marfeille.
Gloriam
La Cérémonie commença par l'Eloge du Roy,
que le P. Barnabé , Superieur des Capucins , prononça
avec beaucoup d'applaudiffement. Il prit
pour texte ces paroles d'un Pleaume
regni tui dicent: On chanta enfuite le Te Deum
au bruit de 150 Boëtes & de toute l'Artillerie
des Vaiffeaux & autres Bâtimens de toutes fortes
de Nations qui fe trouverent dans le Port. On fit
après la Proceffion autour du Cloître , laquelle
fut terminée en rentrant dans l'Eglife par l'Exau
diat & la benediction du S. Sacrement. Le Conful
fe remit en marche dans le même ordre qu'il
étoit venu , éclairé d'un grand nombre de Flam
beaux , & au fon de tous les Inftrumens qu'on
Byoit pû raffembler; il eut bien de la peine à par
yenir
JUIN. 1730. 1205
venir jufqu'à la porte de la Maiſon Confulaire
tout le peuple y étant accouru pour voir l'illu
mination qui étoit fuperbe par la quantité &
l'arrangement des lumieres ; on avoit placé à
l'extrémité des aîles du Corps de Logis qui don
ne fur la rue , un Arc de Triomphe à deux faces
, de 21 pieds de hauteur,fur 17 de large, foûtenu
par huit Colonnes d'ordre Ionique , entoutées
de Feftons ; fur l'entablement defquelles
étoient les Armes de Monfeigneur le Dauphin ,
& plufieurs Urnes enflammées. L'Arcade avoit
12 pieds de hauteur fur fix de largeur. Elle étoit
furmontée de chaque côté par un beau Cartou
che , dans lequel on lifoit les Infcriptions fui
yantes ;
REGI, REGINE,
ET NATATIBUS
Galli
DELPHINI
Smirnis commorantes
Benè precantur.
L'Infcription du côté de la Cour , étoit
Sereniffimi Delphini incunabulis ,
Galli faufta acclamantes ,
Hunc Arcum triumphalem erexere.
M. D C C. XXI X.
On voyoit au-deffus du Cartouche les Armes
de France , & dans les Intercolonnes de grands
Vafes , chargez de fleurs avec leurs Piédeftaux
fur lefquels on avoit placé plufieurs Emblêmes
convenables au Prince auquel elles étoient appli
quées. Il y en avoit deux de chaque côté .
Une Etoille brillante de la premiere grandeur ,
1. Vol.
au G
1206 MERCURE DE FRANCE.
au coeur de laquelle étoit une Hermine, avec ces
mots :
Nova Lux Pronuntia Pacis.
Un Chêne dans fa vigueur , de lá Tige duquel
fortoient d'autres Chênes de differentes hauteurs.
Plura videbit.
Un Soleil qui diffipe un nuage :
Dum orior umbra fugit.
Un Lionceau dans une Forêt.
Avita virtutis non degener.
'Au fond de la Cour , faifant face à l'Arc de
triomphe , étoit la Fontaine de Vin , & aux côtez
deux Piramides quadrangulaires , hautes de
17 pieds , furmontées d'une Fleur de Lys à quatre
faces , & foutenues par deux Piedeftaux , fur
lefquels on voyoit les Emblêmes fuivantes ":
Un Oranger chargé tout à la fois de fleurs &
de fruits , avec ces paroles :
Gaudia fpemque fimul.
Hercule au berceau , ſe débarraffant de fes
langes , & étoufant un Serpent.
Hinc virtus & labor.
Un grand Lys & de petits Lys qui naiffent de
fa tige.
Ex Lilio Lilia.
Un Grenadier chargé de fruits qui ont tous
cette propriété d'avoir une espece de Diadême.
Nafcendo fert Coronam.
Plufieurs perfonnes devant un Palais qui regardent
un Soleil levant .
Expectatus adeft.
1. Vel.
Une
JU.IN. 1730. 1207
Une Ruche avec un effain d'Abeilles autour de
leur Roy.
Exultatio publica.
Entre les deux Piramides étoient les Armes de
France dans un grand ovale, à bordure dorée, de
18 pieds de tour & plus haut, à quelque diftance
les Portraits du Roy & de la Reine, en grand,
couronnez de Lauriers , de Rofes , d'Oeillets &
des plus belles fleurs qu'on avoit pu trouver
tous les Pilliers de la Cour & des Galeries étoient
entourez de Mirtes , de Guirlandes & de Feftons.
Il y avoit un pareil Tableau aux armes du Roy,
dans l'enfoncement du Corps de Logis du côté
de la ruë.
Sur les cinq heures du foir la Maifon Confu
laire parut toute en feu dans moins d'un quart
d'heure ; l'Arc de triomphe , & les deux grands
Tableaux , aux armes du Roy , étoient chargez
d'un nombre infini de Lampions , & les deux Piramides,
depuis leurs bafes jufqu'en haut, des Fanaux
aux armes du Roy & de Monfeigneur le
Dauphin.
La Galerie qui regne autour de la Maiſon étoit
auffi extraordinairement éclairée par quatre ceintures
de lumieres, placées avec fimétrie . Toutes ces
Jumieres ainfi difpofées fembloient fe multiplier
fans nombre par la réfléxion des Vitrages ; &
enfin cette illumination fut vue avec admiration
par toutes les differentes Nations établies à Smirne.
Le derriere de la Maiſon qui fait face à la
Mer , n'étoit pas moins bien éclairée , & faifoit
une perfpective charmante pour ceux qui étoient
fur les Vaiffeaux & fur les autres Bâtimens du
Port.On avoit employé plus de 6000 Fanaux ou
Lampions à cette illumination , fans compter
tous les appartemens qui étoient éclairez par
une quantité tres confiderable de Luftres , Gi-
I. Vol. Giuj randoles
208 MERCURE DE FRANCE
randoles , Flambeaux d'argent & de Bras dofez
garnis de bougies .
On commença lè Bal à fix heures qu'on difcontinua
à huit pour fe mettre à table , il y en
avoit quatre de 60 , 50 , 40 & 25 couverts qui
qui furent fervies avec autant de profufion que
de délicateffe, outre deux autres Tables de 30 couverts
chacune , chez deux particuliers de la Nation
, voifins de la Maiſon Confulaire , pour les
Perfonnes qui n'auroient pas pú trouver place
chez le Conful.
Pendant le repas on but les fantez du Roy , de
la Reine , de Monfeigneur le Dauphin , à la profperité
des Nations , chacune en particulier , à
celles des Ambaffadeurs ou Réfidens à la Porte
& on finit par celle des Souverains. On fit a
chaque fanté une falve de cent coups de Canon
des Vaiffeaux François , mouillez vis - à - vis la
Maiſon Confulaire. On refta à table jufqu'à minuit
, & on recommença le Bal , qui ne finit qu'à
fept heures du matin.
Quoiqu'on eut fixé la durée de la Fête à trois
jours , elle continua deux jours de plus à diverfes
repriſes. La Maiſon Confulaire fut également
illuminée , & le vin coula pour le peuple. Il n'y
cut pendant les deux derniers jours que trois Tables
de 60 , de 40 & de 25 couverts , les Nations
Etrangeres n'ayant point été invitées.
Le Vicaire Apoftolique qui réfide à Smirne &
qui eft à la tête du Clergé,s'eft trouvé à toutes les
fonctions de l'Eglife , & à un des repas.
Le fecond jour , le Muffelem , le Grand Douanier
, & autres Turcs de diftinction , voulurent
être témoins de la Fête ; ils pafferent une partie
de la nuit à voir danfer; ils fouperent même dans
·la Sale du Bal , où le Conful leur fit fervir fur
un Sopha , toute forte de Mets à la Turque ,fans
J. Vol. compter
JUIN. 1730. 12.00
compter le Caffé, le Sorbet , Parfums , &c . Ils fe
retirerent à trois heures du matin , autant char
mez de ce qu'ils avoient vûs , que de la maniere
noble & gracieufe avec laquelle le Conful les
avoit reçûs.
marques de
Toutes les différentes Nations de cette Echelle
ont donné dans cette occafion des
joye ; mais les Courtiers Juifs des Négocians
François , fe font particulierement diftinguez.
Ils vinrent le premier jour de la Fête au nombre
de plus de cent à la Maiſon Confulaire, pré-
*cédez de plufieurs Joueurs d'Inftrumens à la ma
niere du Païs. Ils marchoient deux à deux avec
chacun un Cierge allumé à la main.
"
Au milieu de cette efpece de Proceffion,s'élevoit
un Arc de triomphe , porté par quatre perfonnes
, tres -bien illuminé & chargé d'Ecuffons , &
de Banderolles aux arines de France & du Dau
phin ; ils firent le tour de la Cour en danſant
& criant à plufieurs reprifes : Vive le Roy Après
quoi ils allerent fe placer dans deux grandes
Chambres qu'on leur avoit deſtinées au Rez-dechauffée
, où ils trouverent trois Tables couver
tes de differentes Confitures , de Caffé & autres
rafraichiffements qu'ils diftribuoient à tous
venans.
Enfin on
-
peut dire que cette Fête a été des plus
galantes , des mieux ordonnées & des plus magnifiques
; & ce qui a paru de plus extraordi
naire , eft que toute la Maifon Confulaire s'é
tant trouvée remplie de differentes Nations
& en tres grand nombre , le vin y ait été
diftribué dans la plus grande abondance ; il n'eft
pas cependant arrivé le moindre défordre , par
les bons ordres que le Conful avoit donnez. Son
zéle infatigable à fuppléé à tout ; les Sieurs de
a
Saint- Amand & Vincent, Députez du Commer- >
1. Voig
1210 MERCURE DE FRANCE
ce en exercice , ont parfaitement bien ſecondé
-le zele de M. le Conful , de même que le fieur
de S. Amand le cadet , qui s'eft donné beaucoup
de foin pour la conftruction de l'Arc de triomphe
, & des Piramides dont il avoit donné les
deffeins.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Smirne, le 20 Janvier 1730. Réjoüissances faites au sujet de la Naissance de MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Le 20 janvier 1730, à Smirne, le consul de France, M. de Fontenu, a appris la naissance du Dauphin. Il a immédiatement informé la communauté française locale et prononcé un discours. Les festivités ont été organisées en s'inspirant de celles de 1704 pour la naissance du Duc de Bretagne. Les députés du commerce, les Sieurs de Saint-Amant et Vincent, ont été chargés des préparatifs. Le consul a envoyé des drogmans et des janissaires aux consuls d'Angleterre, de Venise et de Hollande pour annoncer la naissance du Dauphin. Ces derniers ont exprimé leur joie et envoyé des compliments au consul de France. Des visites cérémonielles ont suivi entre les consuls et les dignitaires locaux, incluant le mufti, le cadi, le grand douanier et le serdar. La fête a débuté le 18 décembre avec l'arboration du pavillon français et des salves de mousquets et de canons. Une fontaine de vin a été ouverte, attirant une multitude de personnes de diverses nations. Le consul, accompagné de janissaires, d'interprètes et de négociants français, s'est rendu à l'église des Capucins, décorée de riches tapisseries et de portraits du roi et de la reine. La cérémonie a inclus un éloge du roi, un Te Deum et une procession autour du cloître. La maison consulaire a été illuminée avec des flambeaux et des lampions. Un arc de triomphe et des pyramides décorées d'emblèmes et d'inscriptions ont été érigés. Les festivités ont inclus un bal, des repas somptueux et des salves de canon. Les célébrations ont duré cinq jours, avec la participation de diverses nations et dignitaires locaux. Les Juifs courtiers des négociants français se sont particulièrement distingués par leurs marques de joie. La fête a été marquée par une grande abondance de vin sans désordre, grâce aux bons ordres du consul et au zèle des députés du commerce.
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347
p. 1214-1216
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Seyde, le 25. Janvier 1730.
Début :
M. Benoît le Maire, Consul de France en cette Echelle, n'eut pas plutôt reçu la nouvelle [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Fête, Roi, Consul de France
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Seyde, le 25. Janvier 1730.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Seyde,
le 25. Janvier 1730.
Benoît le Maire , Conful de France en
Mcette Echelle , n'eut pas plutôt reçu la nouyelle
de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin,
qu'il fit convoquer auffi-tôt toute la Nation, pour
luy faire part d'un heureux évenement ; on
travailla dès le même jour à faire tous les préparatifs
neceffaires pour celebrer avec éclat une fi
heureufe Naiffance.
Le 14. Janvier , veille du jour deſtiné aux réjouiffances
, le Conful accompagné des Deputez
de la Nation , & de tous les Negocians , alla
rendre vifite au Pacha , pour avoir fon agrément
fur les réjouiffances qu'on alloit faire , afin que
les Sujets du Grand - Seigneur puffent être les té
moins de la veneration & de l'amour que les
François ont pour leur Roy & pour toute fa
Royale Famille. Ce Gouverneur reçut le Conful
très-gracieuſement , il témoigna prendre beaucoup
de part à cet évenement , & accorda tout ce
qu'on luy demandoit.
Le 15. toute la Nation précedée des deux Deputez
du Commerce , allerent prendre le Conful.
& fe rendirent , en grande ceremonie , à l'Eglife
des Religieux de la Terre- Sainte , fuivis d'une
multitude de peuples. On y chanta folemnellement
la grande Meffe & l'Exaudiat , au bruit
d'une décharge de Boetes ; les Timbales , les
Tambours & les Fifres fuccederent à cette déchar
ge , ce qui fut continué prefque toute la journée.
Le Conful fut reconduit avec tout fon cortege
à la Maiſon Confulaire , où l'on fervit un Repas
magnifique , en ambigu , compofé de toutes for
tess
JUIN. 1730. 1215
tes de Mets , & des Vins les plus exquis ; on y
but , à plufieurs reprifes , les fantez du Roy , de
la Reine , & de toute la Famille Royale , au
bruit d'une pareille décharge de Boëtes . Le Bal
fucceda au Repas ; & pour procurer quelque divertiffement
à cette multitude de peuples qui étoit
accouruë au Kan des François , on fit entrer
dans la cour une troupe de Danfeurs de cordes ,
Joueurs d'inftrumens & de gobelets , qui divertit
parfaitement cette populace.
On avoit placé fur la porte du Kan le Portrait
du Roy , fous un fuperbe Dais , & toute la façade
étoit ornée de riches Tapifferies , & des Etofes
les plus rares. Comme l'ufage du vin eſt défendu
en Turquie , le Conful fit diftribuer du Caffé &
toutes fortes de rafraîchiffemens à l'ufage du
pays , qu'on prefentoit à toutes fortes de perfonnes.
Sur le foir , le Conful , accompagné de la Na
tion , fe rendit encore à l'Eglife , ou le Te Deum
fut chanté en Mufique , au bruit des Boetes &
des Fanfares ; on revint à la Maiſon Confulaire
où l'on fervit un fecond Repas avec la même
profufion.
A l'entrée de la nuit le Kan parut tout en feu
par l'illumination qui parut tout d'un coup. On
avoit placé une quantité innombrable de lam--
pions fur les terraffes , les galeries , les croisées ,
& fur tous les endroits qui en pouvoient conte
* Vafte Bâtiment quarré & ifolé en forme de
Cloître , où le Conful & tous les Negocians
François font logez dans des differents Appar
temens très commodes ; il y a une Cour Spa
tieufe , au milieu de laquelle il y a un magnifique
Baffin de marbre avec plufieurs Jers
d'eau.
at I Vil
A
1216 MERCURE DE FRANCE ,
ir. La façade du Kan où étoit le Portrait du
Roy , étoit fort ingenieufement illuminée . On
avoit auffi placé avec fymetrie une quantité
de lampions fur les arbres qui font autour
du Baffin , qui faifoient un effet admirable ,
fans compter une Piramide quadrangulaire de
60. pieds de hauteur , couverte de plus de 2000 .
lampions , qui s'élevoient fur le grand Baffin de
marbre du milieu de la cour du Kan , dont les
lumieres fe repetoient dans l'eau , ce qui produifoit
un grand éclat. On tira pendant l'illumination
quantité de Fufées , Pots à feu , &c . ce qui
continua pendant toute la nuit.
Les deux jours fuivans fe pafferent également
en réjouiffances ; le Te Deum fut chanté encore
avec beaucoup de folemnité chez les Peres Capucins,
avec les mêmes décharges de Boëtes ,Trompetes
, Timballes , & c. Enfin tout répondit parfaitement
aux foins que le Conful & les Députez
de la Nation s'étoient donnez pour l'exécution
d'une fi belle Fête. Celle du troifiéme jour fut un
peu dérangée, & fur tout l'illumination , par une
pluye très- abondante qui furvint ; cette même
pluye fut encore un nouveau fujet de réjouiffance
; tout le monde étoit en priere depuis trois
' mois pour en avoir , & la fechereffe regnoit à un
point à faire craindre des fuites fâcheufes pour la
recolte du bled. Tous ces peuples recommencerent
leurs danfes , ils allerent en foule où étoit le
Portrait du Poy , pouffer des cris de joye & de
remerciement, attribuant à ce Monarque la playe
abondante qui les garantiffoit d'une prochaine
famine,
le 25. Janvier 1730.
Benoît le Maire , Conful de France en
Mcette Echelle , n'eut pas plutôt reçu la nouyelle
de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin,
qu'il fit convoquer auffi-tôt toute la Nation, pour
luy faire part d'un heureux évenement ; on
travailla dès le même jour à faire tous les préparatifs
neceffaires pour celebrer avec éclat une fi
heureufe Naiffance.
Le 14. Janvier , veille du jour deſtiné aux réjouiffances
, le Conful accompagné des Deputez
de la Nation , & de tous les Negocians , alla
rendre vifite au Pacha , pour avoir fon agrément
fur les réjouiffances qu'on alloit faire , afin que
les Sujets du Grand - Seigneur puffent être les té
moins de la veneration & de l'amour que les
François ont pour leur Roy & pour toute fa
Royale Famille. Ce Gouverneur reçut le Conful
très-gracieuſement , il témoigna prendre beaucoup
de part à cet évenement , & accorda tout ce
qu'on luy demandoit.
Le 15. toute la Nation précedée des deux Deputez
du Commerce , allerent prendre le Conful.
& fe rendirent , en grande ceremonie , à l'Eglife
des Religieux de la Terre- Sainte , fuivis d'une
multitude de peuples. On y chanta folemnellement
la grande Meffe & l'Exaudiat , au bruit
d'une décharge de Boetes ; les Timbales , les
Tambours & les Fifres fuccederent à cette déchar
ge , ce qui fut continué prefque toute la journée.
Le Conful fut reconduit avec tout fon cortege
à la Maiſon Confulaire , où l'on fervit un Repas
magnifique , en ambigu , compofé de toutes for
tess
JUIN. 1730. 1215
tes de Mets , & des Vins les plus exquis ; on y
but , à plufieurs reprifes , les fantez du Roy , de
la Reine , & de toute la Famille Royale , au
bruit d'une pareille décharge de Boëtes . Le Bal
fucceda au Repas ; & pour procurer quelque divertiffement
à cette multitude de peuples qui étoit
accouruë au Kan des François , on fit entrer
dans la cour une troupe de Danfeurs de cordes ,
Joueurs d'inftrumens & de gobelets , qui divertit
parfaitement cette populace.
On avoit placé fur la porte du Kan le Portrait
du Roy , fous un fuperbe Dais , & toute la façade
étoit ornée de riches Tapifferies , & des Etofes
les plus rares. Comme l'ufage du vin eſt défendu
en Turquie , le Conful fit diftribuer du Caffé &
toutes fortes de rafraîchiffemens à l'ufage du
pays , qu'on prefentoit à toutes fortes de perfonnes.
Sur le foir , le Conful , accompagné de la Na
tion , fe rendit encore à l'Eglife , ou le Te Deum
fut chanté en Mufique , au bruit des Boetes &
des Fanfares ; on revint à la Maiſon Confulaire
où l'on fervit un fecond Repas avec la même
profufion.
A l'entrée de la nuit le Kan parut tout en feu
par l'illumination qui parut tout d'un coup. On
avoit placé une quantité innombrable de lam--
pions fur les terraffes , les galeries , les croisées ,
& fur tous les endroits qui en pouvoient conte
* Vafte Bâtiment quarré & ifolé en forme de
Cloître , où le Conful & tous les Negocians
François font logez dans des differents Appar
temens très commodes ; il y a une Cour Spa
tieufe , au milieu de laquelle il y a un magnifique
Baffin de marbre avec plufieurs Jers
d'eau.
at I Vil
A
1216 MERCURE DE FRANCE ,
ir. La façade du Kan où étoit le Portrait du
Roy , étoit fort ingenieufement illuminée . On
avoit auffi placé avec fymetrie une quantité
de lampions fur les arbres qui font autour
du Baffin , qui faifoient un effet admirable ,
fans compter une Piramide quadrangulaire de
60. pieds de hauteur , couverte de plus de 2000 .
lampions , qui s'élevoient fur le grand Baffin de
marbre du milieu de la cour du Kan , dont les
lumieres fe repetoient dans l'eau , ce qui produifoit
un grand éclat. On tira pendant l'illumination
quantité de Fufées , Pots à feu , &c . ce qui
continua pendant toute la nuit.
Les deux jours fuivans fe pafferent également
en réjouiffances ; le Te Deum fut chanté encore
avec beaucoup de folemnité chez les Peres Capucins,
avec les mêmes décharges de Boëtes ,Trompetes
, Timballes , & c. Enfin tout répondit parfaitement
aux foins que le Conful & les Députez
de la Nation s'étoient donnez pour l'exécution
d'une fi belle Fête. Celle du troifiéme jour fut un
peu dérangée, & fur tout l'illumination , par une
pluye très- abondante qui furvint ; cette même
pluye fut encore un nouveau fujet de réjouiffance
; tout le monde étoit en priere depuis trois
' mois pour en avoir , & la fechereffe regnoit à un
point à faire craindre des fuites fâcheufes pour la
recolte du bled. Tous ces peuples recommencerent
leurs danfes , ils allerent en foule où étoit le
Portrait du Poy , pouffer des cris de joye & de
remerciement, attribuant à ce Monarque la playe
abondante qui les garantiffoit d'une prochaine
famine,
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Seyde, le 25. Janvier 1730.
Le 25 janvier 1730, Benoît le Maire, consul de France à Mcette Echelle, annonça la naissance du Dauphin en convoquant la nation pour célébrer cet événement. Le 14 janvier, il obtint l'autorisation du Pacha pour organiser des réjouissances, afin de montrer la vénération et l'amour des Français pour leur roi et la famille royale. Ces festivités incluaient des députés et des négociants. Le 15 janvier, une grande cérémonie religieuse fut organisée à l'église des Religieux de la Terre-Sainte, suivie d'un repas somptueux à la maison consulaire. Des divertissements, tels que des danses et des spectacles, furent offerts à la population. Le bâtiment consulaire fut illuminé et décoré avec des portraits du roi et des lampions. Les festivités se poursuivirent les jours suivants, avec des Te Deum et des illuminations. Une pluie abondante, bien que perturbant l'illumination du troisième jour, fut perçue comme une bénédiction, mettant fin à une sécheresse prolongée.
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348
p. 1227-1229
« Le 31. du mois dernier, la Reine partit de Fontainebleau vers les deux [...] »
Début :
Le 31. du mois dernier, la Reine partit de Fontainebleau vers les deux [...]
Mots clefs :
Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 31. du mois dernier, la Reine partit de Fontainebleau vers les deux [...] »
FRANCE
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L
E 31. dumois dernier , la Reine
partit
de Fontainebleau vers les deux
heures après midi , pour aller coucher au
Château de Petit-Bourg , d'où S. M. fè
rendit le lendemain à Verfailles. Le Roi
y arriva le 6. de ce mois , & le 8. Fête du
S.Sacrement,
S.M.accommpagné du Prince
de Dombes , du Comte d'Eu , & des
principaux Officiers de fa Maifon , fe rendit
à l'Eglife de la Paroiffe , où elle entendit
la grande Meffe , après avoir affifté
à la Proceffion , qui vint , fuivant l'ufage,
à la Chapelle du Château. La Reine n'étant
point allée à la Paroiffe à caufe de
fa groffeffe , vit paffer la Proceffion &
entendit enfuite la Meffe dans la Tribune
de la
Chapelle .
Le Roi a accordé la Charge de Premier
Prefident du Parlement de Grenoble ,
au Préſident de Grammont , le plus ancien
des Préfidens à Mortier de ce Parlement.
- S. M. a donné le Gouvernement de
AVol. Hij PHô1228
MERCURE DE FRANCE
'Hôtel Royal des Invalides , vacant par
la mort du Marquis de Beaujeu , au Che
valier de Ganges , Lieutenant de Roy du
même Hôtel, & le Chevalier de S. André,
Brigadier des Armées du Roi , a été nommé
à la Lieutenance de Roi.
Le 15. fur le foir , le Roi & la Reine
partirent de Verfaillles pour aller coucher
au Château de Marly , où L, M. dojvent
paffer quelque temps.
Le 24. du mois dernier , les Prieur &
Chanoines Réguliers de S, Jean des Vignes
, Ordre de S. Auguftin , dans le Dio .
cèfe de Soiffons , élurent pour Superieur
de leurMaifonChefde l'OrdreN.Joüailles,
cy- devant Prieur de Vandieres , dans le
même Diocèfe . La fage conduite de M. de
Jouailles dans les Maifons qu'il a gouvernées
, juftifie le choix des Chanoines de
S. Jean des Vignes,
Le Roi a accordé au Comte de Sainte
Maure , Lieutenant General de fes Armées
Navales , la Charge de Vice- Amiral
du Levant , vacante par la mort du Maréchal
de Coetlogon , & S. M. a nommé
Lieutenant General de fes Armées Navales
, M. de la Rocheallart , qui étoit Chef
d'Efcadre.
M. Marcel de Lopés de la Fare , Chevalier
Profès de l'Ordre de Malthe , Baron
né de l'Empire , Lieutenant de Ga-
1 Vol · leurs
MAUI1 N. 1730. 1229
lere & de la Compagnie des Gardes de
l'Etendart , vient d'être nommé le
par
Roi , Capitaine de Galere , il confervera
la Lieutenance des Gardes de l'Etendart.
Le 24. du mois dernier l'Archevêque
de Paris fe rendit en Sorbonne & y reçut
de Bonnet de Docteur,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L
E 31. dumois dernier , la Reine
partit
de Fontainebleau vers les deux
heures après midi , pour aller coucher au
Château de Petit-Bourg , d'où S. M. fè
rendit le lendemain à Verfailles. Le Roi
y arriva le 6. de ce mois , & le 8. Fête du
S.Sacrement,
S.M.accommpagné du Prince
de Dombes , du Comte d'Eu , & des
principaux Officiers de fa Maifon , fe rendit
à l'Eglife de la Paroiffe , où elle entendit
la grande Meffe , après avoir affifté
à la Proceffion , qui vint , fuivant l'ufage,
à la Chapelle du Château. La Reine n'étant
point allée à la Paroiffe à caufe de
fa groffeffe , vit paffer la Proceffion &
entendit enfuite la Meffe dans la Tribune
de la
Chapelle .
Le Roi a accordé la Charge de Premier
Prefident du Parlement de Grenoble ,
au Préſident de Grammont , le plus ancien
des Préfidens à Mortier de ce Parlement.
- S. M. a donné le Gouvernement de
AVol. Hij PHô1228
MERCURE DE FRANCE
'Hôtel Royal des Invalides , vacant par
la mort du Marquis de Beaujeu , au Che
valier de Ganges , Lieutenant de Roy du
même Hôtel, & le Chevalier de S. André,
Brigadier des Armées du Roi , a été nommé
à la Lieutenance de Roi.
Le 15. fur le foir , le Roi & la Reine
partirent de Verfaillles pour aller coucher
au Château de Marly , où L, M. dojvent
paffer quelque temps.
Le 24. du mois dernier , les Prieur &
Chanoines Réguliers de S, Jean des Vignes
, Ordre de S. Auguftin , dans le Dio .
cèfe de Soiffons , élurent pour Superieur
de leurMaifonChefde l'OrdreN.Joüailles,
cy- devant Prieur de Vandieres , dans le
même Diocèfe . La fage conduite de M. de
Jouailles dans les Maifons qu'il a gouvernées
, juftifie le choix des Chanoines de
S. Jean des Vignes,
Le Roi a accordé au Comte de Sainte
Maure , Lieutenant General de fes Armées
Navales , la Charge de Vice- Amiral
du Levant , vacante par la mort du Maréchal
de Coetlogon , & S. M. a nommé
Lieutenant General de fes Armées Navales
, M. de la Rocheallart , qui étoit Chef
d'Efcadre.
M. Marcel de Lopés de la Fare , Chevalier
Profès de l'Ordre de Malthe , Baron
né de l'Empire , Lieutenant de Ga-
1 Vol · leurs
MAUI1 N. 1730. 1229
lere & de la Compagnie des Gardes de
l'Etendart , vient d'être nommé le
par
Roi , Capitaine de Galere , il confervera
la Lieutenance des Gardes de l'Etendart.
Le 24. du mois dernier l'Archevêque
de Paris fe rendit en Sorbonne & y reçut
de Bonnet de Docteur,
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Résumé : « Le 31. du mois dernier, la Reine partit de Fontainebleau vers les deux [...] »
Le 31 du mois dernier, la Reine se rendit au Château de Petit-Bourg puis à Versailles le lendemain. Le Roi arriva à Versailles le 6 du mois et participa à la Fête du Saint-Sacrement le 8, accompagné de plusieurs dignitaires. La Reine, en raison de sa grossesse, resta au château et assista à la procession et à la messe depuis la tribune de la chapelle. Le Roi accorda la charge de Premier Président du Parlement de Grenoble au Président de Grammont et nomma le Chevalier de Ganges au Gouvernement de l'Hôtel Royal des Invalides et le Chevalier de Saint-André à la Lieutenance Royale. Le 15, le Roi et la Reine partirent pour le Château de Marly. Par ailleurs, le 24 du mois dernier, les Prieur et Chanoines Réguliers de Saint-Jean-des-Vignes élurent M. de Jouailles comme Supérieur de leur maison. Le Roi nomma également le Comte de Sainte-Maure Vice-Amiral du Levant et M. de La Rocheallart Lieutenant Général de ses Armées Navales. M. Marcel de Lopés de la Fare fut nommé Capitaine de Galère tout en conservant sa Lieutenance des Gardes de l'Étendard. Le même jour, l'Archevêque de Paris reçut le bonnet de Docteur en Sorbonne.
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349
p. 1229-1230
Discours des Doyen & Syndic de Sorbonne au Roy, [titre d'après la table]
Début :
SIRE, C'est avec la plus respectueuse confiance que nous approchons du Trône de Votre Majesté, [...]
Mots clefs :
Roi, Faculté de théologie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours des Doyen & Syndic de Sorbonne au Roy, [titre d'après la table]
Le Roy ayant agréé que la Faculté de
Théologie de Paris eût l'honneur de préfenter
à S. M. les Actes & Decrets qu'elle
a faits pour la reception & l'execution
de la Bulle Unigenitus M. Leullier ,
Doyen , & M. de Romigny , Svndic , &
les Docteurs députez , fe rendirent à
Fontainebleau , étant introduits dans le
grand Cabinet du Roi , & préſentez
par M. le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat. M. le Doyen fit à S. M. le
Difcours fuivant,
SIRE,
C'eft avec la plus refpectueuse confiance
que nous approchons du Trône de Votre Ma
jefté , pour lui préfenter les Actes que la Faculté
de Théologie a faits pour renouveller l'execution
d'unDecret que votre augufte Bifayenl
reçut autrefois avec bonté , & dont il ordonna
la publication ; ils tendent , SIRE , à
concourir de notre part à éteindre ces divi-
I. Vol. Hiijfions
1230 MERCURE DE FRANCE
fions funeftes, dont les Eglifes de votre Royan
me ont été fi long-temps agitées & à ramener
à l'unité quelques- uns de nos Confreres qui
s'en font malheureusement écartez.
Louis le Grand a vû naître ces triftes dif
fentions dès les premieres années de fon
Regne , & ce Roi fi puiffant , fi redouté , n'a
pu , malgré fes defirs , ramener fes Sujets indociles
à l'obeisance , à la foumiffion due à
Eglife.
Cet beureux Evenement étoit réservé au
Regne & à laReligion devotreMajefté . Puiffe
la derniere Déclaration de Votre Majefté
fi digne de fa pieté , affermir une Paix qui
eft l'objet de fes voeux les plus ardens. Ainfi
marchez- vous fur les traces de vos auguftes
Ancêtres qui n'ont jamais fouffert qu'on alterât
dans leurs Etats la pureté de la Religion
Carbolique , ainfi vous imitez , SIRE ,
les Conftantins, les Théodofes , les Marciens ,
qui fe font acquis une gloire immortelle en re
primant par des Edits feveres les herefies
qui fe font élevées dès leurs temps. Si nos
Confreres indociles fe font attiré la jufte
indignation de V. M. par leur réfiftances
puiffent-ils parun retour prompt & fincere ,
meriter les effets de fa clémence ? Ce font ,
SIRE , les voeux d'une Compagnie qui che
rit les fiens , & qui regarde comme fon premier
devoird'êtrefoumise à l'Eglife, & oberf
fante àfon Roi.
Théologie de Paris eût l'honneur de préfenter
à S. M. les Actes & Decrets qu'elle
a faits pour la reception & l'execution
de la Bulle Unigenitus M. Leullier ,
Doyen , & M. de Romigny , Svndic , &
les Docteurs députez , fe rendirent à
Fontainebleau , étant introduits dans le
grand Cabinet du Roi , & préſentez
par M. le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat. M. le Doyen fit à S. M. le
Difcours fuivant,
SIRE,
C'eft avec la plus refpectueuse confiance
que nous approchons du Trône de Votre Ma
jefté , pour lui préfenter les Actes que la Faculté
de Théologie a faits pour renouveller l'execution
d'unDecret que votre augufte Bifayenl
reçut autrefois avec bonté , & dont il ordonna
la publication ; ils tendent , SIRE , à
concourir de notre part à éteindre ces divi-
I. Vol. Hiijfions
1230 MERCURE DE FRANCE
fions funeftes, dont les Eglifes de votre Royan
me ont été fi long-temps agitées & à ramener
à l'unité quelques- uns de nos Confreres qui
s'en font malheureusement écartez.
Louis le Grand a vû naître ces triftes dif
fentions dès les premieres années de fon
Regne , & ce Roi fi puiffant , fi redouté , n'a
pu , malgré fes defirs , ramener fes Sujets indociles
à l'obeisance , à la foumiffion due à
Eglife.
Cet beureux Evenement étoit réservé au
Regne & à laReligion devotreMajefté . Puiffe
la derniere Déclaration de Votre Majefté
fi digne de fa pieté , affermir une Paix qui
eft l'objet de fes voeux les plus ardens. Ainfi
marchez- vous fur les traces de vos auguftes
Ancêtres qui n'ont jamais fouffert qu'on alterât
dans leurs Etats la pureté de la Religion
Carbolique , ainfi vous imitez , SIRE ,
les Conftantins, les Théodofes , les Marciens ,
qui fe font acquis une gloire immortelle en re
primant par des Edits feveres les herefies
qui fe font élevées dès leurs temps. Si nos
Confreres indociles fe font attiré la jufte
indignation de V. M. par leur réfiftances
puiffent-ils parun retour prompt & fincere ,
meriter les effets de fa clémence ? Ce font ,
SIRE , les voeux d'une Compagnie qui che
rit les fiens , & qui regarde comme fon premier
devoird'êtrefoumise à l'Eglife, & oberf
fante àfon Roi.
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Résumé : Discours des Doyen & Syndic de Sorbonne au Roy, [titre d'après la table]
Le roi a autorisé la Faculté de Théologie de Paris à présenter les Actes et Décrets relatifs à la Bulle Unigenitus. Le doyen Leullier et le syndic de Romigny, accompagnés de docteurs délégués, se rendirent à Fontainebleau. Introduits par le comte de Maurepas, le doyen prononça un discours. Il exprima la confiance respectueuse de la Faculté et présenta les Actes visant à renouveler l'exécution d'un décret royal antérieur. Ces Actes cherchent à éteindre les divisions nuisibles dans les églises du royaume et à ramener à l'unité certains confrères égarés. Louis XIV avait tenté sans succès de résoudre ces dissensions dès le début de son règne. Le discours espère que la déclaration royale affermira une paix souhaitée et imite les ancêtres royaux qui ont maintenu la pureté de la religion catholique. Il appelle également à la clémence royale envers les confrères indociles. La Faculté de Théologie exprime son dévouement à l'Église et à son roi.
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350
p. 1238-1239
Assemblée du Clergé, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 5. de ce mois, l'Ouverture solemnelle de l'Assemblée generale du Clergé [...]
Mots clefs :
Assemblée générale, Clergé, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Assemblée du Clergé, &c. [titre d'après la table]
Le So de ce mois , l'Ouverture folemelle
de l'Affemblée generale du Clergé
de France fe fit avec les ceremonies ac
coûtumées dans l'Eglife des Grands Auguftins
, par la Meffe du S. Efprit , à la➡
quelle les Prélats & les autres Députez qui
compofent l'Affemblée , communierent.
L'Archevêque de Paris y officia pontificalement
, & l'Evêque de Nîmes y prê
cha avec beaucoup d'éloquence.
L'Affemblée generale du Clergé , après
avoir élû pour Préfidents l'Archevêque
de Paris , l'Archevêque de Sens , l'Àrchevêque
de Rouen , l'Evêque de S. Pol
de Leon , l'Evêque de Marfeille & l'Evêque
de Nîmes , l'Abbé de Maugiron
pour Promoteur, & l'Abbé de Valras pour
Secretaire , a choifi pour Premier Préfi
dent le Cardinal de Fleury, Miniftre d'E
ZORJUIN
. 1730.
1119
tat , & l'Affemblée lui a député pour le
prier d'accepter ce choix.
Le 7. Juin les Prélats & les autres
Députez qui compofent l'Affemblée generale
du Clergé , allerent à Verſailles ren
dre leurs refpects au Roi .Ils s'affemblerent
dans laSale du Château qui leur eſt deſtinée
dans ces occafions , & le Comte de Mau
repas , Secretaire d'Etat , étant venu les
prendre pour les prefenter au Roi , ils
furent conduits à l'Audience de S. M. par
le Marquis de Dreux , Grand- Maître des
Ceremonies , & par M. Defgranges , Maître
des Ceremonies , avec les honneurs
qui fe rendent au Clergé lorfqu'il eft en
Corps , les Gardes du Corps étant dans
leur Sale en haye , & fous les armes , &
les deux Batans des Portes étant ouverts,
Le Cardinal de Fleuri , Premier Préfident
de l'Affemblée , alla ſe joindre aux Députés
dans la Sale où ils étoient affemblés,
& il marcha avec eux à la droite des Archevêques
de Paris & de Sens. L'Archevêque
de Paris complimenta le Roi par
un Difcours très éloquent , après lequel
le Cardinal de Fleuri préfenta à S. M. chaque
Député en particulier. Enfuite les
mêmes Deputés ayant le Cardinal de
Fleuri à leur tête , curent l'honneur de
complimenter la Reine & Monfeigneur
le Dauphin. L'Archevêque de Paris qui
fir les trois Harangues parla en ces termes.
de l'Affemblée generale du Clergé
de France fe fit avec les ceremonies ac
coûtumées dans l'Eglife des Grands Auguftins
, par la Meffe du S. Efprit , à la➡
quelle les Prélats & les autres Députez qui
compofent l'Affemblée , communierent.
L'Archevêque de Paris y officia pontificalement
, & l'Evêque de Nîmes y prê
cha avec beaucoup d'éloquence.
L'Affemblée generale du Clergé , après
avoir élû pour Préfidents l'Archevêque
de Paris , l'Archevêque de Sens , l'Àrchevêque
de Rouen , l'Evêque de S. Pol
de Leon , l'Evêque de Marfeille & l'Evêque
de Nîmes , l'Abbé de Maugiron
pour Promoteur, & l'Abbé de Valras pour
Secretaire , a choifi pour Premier Préfi
dent le Cardinal de Fleury, Miniftre d'E
ZORJUIN
. 1730.
1119
tat , & l'Affemblée lui a député pour le
prier d'accepter ce choix.
Le 7. Juin les Prélats & les autres
Députez qui compofent l'Affemblée generale
du Clergé , allerent à Verſailles ren
dre leurs refpects au Roi .Ils s'affemblerent
dans laSale du Château qui leur eſt deſtinée
dans ces occafions , & le Comte de Mau
repas , Secretaire d'Etat , étant venu les
prendre pour les prefenter au Roi , ils
furent conduits à l'Audience de S. M. par
le Marquis de Dreux , Grand- Maître des
Ceremonies , & par M. Defgranges , Maître
des Ceremonies , avec les honneurs
qui fe rendent au Clergé lorfqu'il eft en
Corps , les Gardes du Corps étant dans
leur Sale en haye , & fous les armes , &
les deux Batans des Portes étant ouverts,
Le Cardinal de Fleuri , Premier Préfident
de l'Affemblée , alla ſe joindre aux Députés
dans la Sale où ils étoient affemblés,
& il marcha avec eux à la droite des Archevêques
de Paris & de Sens. L'Archevêque
de Paris complimenta le Roi par
un Difcours très éloquent , après lequel
le Cardinal de Fleuri préfenta à S. M. chaque
Député en particulier. Enfuite les
mêmes Deputés ayant le Cardinal de
Fleuri à leur tête , curent l'honneur de
complimenter la Reine & Monfeigneur
le Dauphin. L'Archevêque de Paris qui
fir les trois Harangues parla en ces termes.
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Résumé : Assemblée du Clergé, &c. [titre d'après la table]
Le 1er juin 1730, l'Assemblée générale du Clergé de France a été ouverte solennellement à l'église des Grands Augustins. Les prélats et députés ont communié lors de la messe du Saint-Esprit, célébrée par l'archevêque de Paris. L'évêque de Nîmes a prononcé un sermon. Plusieurs prélats ont été élus présidents, dont le cardinal de Fleury, ministre d'État, choisi comme premier président. Le 7 juin, les prélats et députés se sont rendus à Versailles pour rendre hommage au roi, accompagnés par le comte de Maurepas et le marquis de Dreux. Ils ont été reçus avec les honneurs dus au clergé. L'archevêque de Paris a adressé un discours au roi, suivi par la présentation des députés par le cardinal de Fleury. Les députés ont également salué la reine et le dauphin.
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