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1
p. 121-147
Discours sur l'Ordre de la Toison d'Or.
Début :
L'Ordre de la Toison d'Or a été institué par Philippe [...]
Mots clefs :
Ordre de la Toison d'Or, Espagne, Roi, Chevaliers, Bourgogne, Europe, Princes, Empereurs
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur l'Ordre de la Toison d'Or.
Discourssurl'Ordre de lA
Toisôn d'O,. L Ordrede laToison
d'Or aété institué
par PhilippeleBon,Duc
de Bourgogne , en la
ville de Bruges en Flandres, le 10.Janvier 1425.
le même jour qu'il épousa Isabeau de Portugal
sa troisiéme femme, il fit
au premier chapitre 24.
Chevaliers
Il y a
plusieurs opinions sur ce qui donna
occasion au Duc Philippe d'insti uer cer Ordre.
La première, que ce fut :
en mémoire du vaillant
Cedtoti,lequ,el avec trois
<
cent hommes combattit
une infinité de Madianites,& délivra le peuple
Israël: La feconde,qu'il
le fit en memoire des
grands revenus qu'il tiroit du trafic & marchandise des laines des
Pays-bas, pleins d'excellens pâturages pour noUrirlebétail à laine.
Il yenaunetroisiéme
qui est une galanterie t'
plusieurs auteurs le racôtcnt ainsi, & difèntque
le Duc Philippe étant
passionément amoureux
& aimé d'une Dame de
Bruges, entra un matin
chez elle, accompagné
de quelques familiers
courtisàs,& qu'ilsvirent
furfatoilete tout un côté
de ses cheveux blonds
dorez qu'elle avoittodus
pour faire des ouvrages
en cheveux, pour marquer sa passion à son Amant mant>;l'autre autrecôté cote dec
cheveux quilui restoit
ayant fait rire ces courtisans, fâchée de cette
rencontre, elle en rougit de colere, & le Duc
l'ayant appaifée par ses
caresses,lui fit ferment
que ceux qui s'étoient
moqué de satoison n'auroient pas l'honneurd'un
Ordrequ'ildefïgnoitdetablir pour l'amourd'elle. Voila les termes qui
font dans Favin&dans
Paliot, du moins si cela
n'a de lavérité, il est cer-
tain que ce Prince eut
quantité demaîtresses,
puisque de ses amours il
a
laissé huit bâtards &
six bâtardes.
Cet Ordre est un des
plus beaux & des plus
illustrer qui soyent en
Europe, il a
toujours
ere rempli par des Seigneurs de très- grande
distinction.LeDuc Philippe le Bon a
donc été
son infiitureur, & le premier Chef,Charles Duc
de Bourgogne son Fils
en a
été le fecond
,
Sç
comme il mourut sans
posterité masculine
,
n'ayanr laisse qu'une fille
unique, Marie Duchesse de Bourgogne, Comtesse de Flandres, &
Dame de tous les Paysbas
,
ayant hérité des
grands biens du Duc son
pere, elle épousa Maximilien, Archiducd'Autriche,RoidesRomai ns,
& depuis Empereur. Ce
mariage lui apporta le
Comtéde Flandre & la
Souveraineté des Paysbas, &le titre de Chef
& Souverain, Grand
Maître de la Toison
d'Or
5
duquel il fut le
troisiéme grand-Maître.
Il celebra sonpremier
chapitre en la ville de
Bruges en 1478. il ne
laissa qu'un fils, Philippe, Archiduc d'Autriche, qui ayantépousé
Jeanne, Reine & heri-
tiere de Castille, de
Leon & d'Arragon, par
ce mariage il devint
Roy d'Espagne, & étoit
Comte de Flandres, &
Souverain des Pays-bas
par samere, connu fous
le nom de Philippe I.
Roy d'Espagne:la mort
de son pere le rendit le
quatrième Chef, Se
grand-Maître dei'Ordre
de la Toison d'Or, &
en tint son premier chapitre en la ville de Ma-
lines en Flandres en
149ïSon fils Charles I. fut
Roy d'Espagne & Souverain des Pays
-
bas
après sa mort; depuis
fut élft Empereur des
Romains cinquième du
nom:ilfutlecinquiéme
Chef, & grand-Maître
de l'Ordre de la Toison
d'Or, comme Souverain
des Pays-bas. Ses successeurs Roys d'Espagne
ont aussi été Souverains
des Pays-bas; &C en cette
qualité ont été tous
grands Maîtres de la
Toison d'Or, & l'ont
conféré aux autres Princes Souverains, &
grands Seigneurs. Charles V. tint son premier
chapitre de l'Ordre en la
ville deBruxellesen1516.
& en augmenta le nombre jusques àcinquante,
n'ayant d'abord étéque
vingt-quatre lorsdel'institution par le Duc de
Bourgogne Philippe le
Bon. Charles V. ayantfait l'abdication de ses
Etatsà son fils Philippe
II. tint son premier chapitre de l'Ordre de la
Toison d'Or, comme
sixiéme Chef &
grand Maître, en la ville
d'Anvers en 1554. Philippe III. son fils lui ayant
succedé en tous sesEtats
fut le septiéme grand
Maîtrede l'Ordre, puis
étant mort en 1632. son
fils Philippe IV. comme
son successèur, fut
le huitième grand Maître:à samortil laissaà
son fils CharlesII. la
Couronne d'Espagne
,
la Souverainetédes
Pays-bas, & la grande
Maîtrisede l'Ordre, duquel il fut le neuviéme
grand Maître: mais ce
Prince, étant d'une fanté
trés-faible, mourut sans
posterité le I. Novembre 1700. laissant pour
son successeur par son
testament Philippe de
France, Duc d'Anjou,
second fils de Louis
Dauphin de France, &
de Marie- Anne Victoire,Duchesse de Bavière, petit -fils du Roy
Loüis X IV. dit Je
Grand,Roy deFrance&
de Navarre. Cette mort
du Roy CharlesII. a
donné la guerre à toute
l'Europe, à cause, des
prétentions &interêts
detous les Princes: mais
Philippe V. ne laisse pas
d'être reconnu de plusieurs Potentats pour
Roy d'Espagne, & Souverain des Pays-bas; Se
en cette qualitéest le
dixième grand Maître
de l'Ordre de laToison
d'Orainsides10. grands
Maîtres&Chefsdecet
ordre il yen a
deux Ducs
de Bourgogne,dont le
premier étoit l'instituteur, un Empereur &
-
septRoys d'Espagnede
fuite.
La splendeur & la
pureté de cet Ordre par
sa noblesse,&c parl'exactitude que ses grands
Maîtres ont prise à n'y
point recevoir que des
Princes, & des Seigneurs trés-distinguez,
a
été causé que les plus
grands Princes de l'Europe ont tenu à honneur
d'en être ornez: tous les
Empereurs de la Maison
d'Au-
d'Autriche ( depuis leur
alliance avec Marie de
Bourgogne) au nombre
de douze, en ont été re- vêtus; trois Roys de
France, sçavoir François
I. FrançoisII. & Charles IX. l'ont recû. Alfonce V. Roy d'Arragon, Jean II. Roy d'Arragon & de Navarre,
Ferdinand le Catolique
Roy d'Arragon, de Castille & de Leon) &
Ferdinand Roy de Na- -
pies, l'ont eû: troisRoys
d'Angleterre l'ont accepté 5
sçavoir Edouard
IV. Henry VII. &
Henry VIII. Louis Roy
de Hongrie & de Bohême, Emanuel & Jean
III. Rois de Portugal,
Jacques V. Roy d'Ecosse,Chretienne11. Roy
de Danemarck., Sigismond I. SigismondIII.
& Vladislas Sigismond,
Rois de Pologne & de
Suede l'ont aussi eûi ainsi
trente têtes couronnees
des plus grands Princes
de l'Europe, on fait honneur aux Chefs de cet
Ordre de le recevoir de
leurs mains, ou du moins
par leurs Ambassadeurs,
sans compterdes Ducs
de Savoye
,
des Electeurs de Baviere, de Saxe, de Brandebourg, des
grands Ducs de Toscane, & quantitéd'autres
PrincesSouverains de
l'Europe, & les plus
grands Seigneurs tant
de France) des Païs-bas,
d'Espagne
,
d'Allemagne, d'Italie, & de tous
les autres Royaumes:
aussi ceux qui reçoivent
à present cet honneur
doivent le regarder comme un des plus grands
qu'ils puissent recevoir.
Le Colier de cet Ordre est composé de doubles fusils alternez, entre
lesquels est une pierre à
,
fusil étincelante de feu,
lesquels fusils sont attachez par depetitschaînons les uns aux autres,
qui forment un collier
émaillé suivant l'art, au
bas duquel pend par
trois petits-chaînons une
Toison d'Or; ces fusils
font joints ensemble representans comme deux
doublesB9, font lettres
qui signifient Bourgogne, lescailloux qui
sont entre-mêlez marquent les Armes des
anciens Rois de Bourgogne du noble sangde
France(selonFavm )Ces
cailloux qui sont étincelans de feu étoit la devise
du Duc de Bourgogne,
quiavoit pourarme,ante
ferit quàmstammamicet.
Philippe le Bon, Duc
de Bourgogne, institua
son Ordre
en l'honneur
de Dieu, fous la protection de la très -
sainte
Vierge, & choisit pour
Patron saint Aiidxc:il
ordonna qu'aux trois
jours de la solemnité de
sa Feste les Chevaliers
s'habil lerooient de trois
habits differens, le premier jour d'écarlate avec
des orfrais en broderie
d'or, comme le Collier,
pour leur faireconnoître
que le, Ciel ne s'acquiert
que par l'effusion de
sang, & martyre pour
maintenir la foy Catlio,
lique le second jour de
noir pour marquer le
(
deuil des Chevalierstrépassez;&letroisiémejour
de damas blanc, en figne & marque de la
pureré del'ame,que tout
Chevalier doit avoir en
toutes les actions de sa
vie, &dans tous sesdéportemens.
L'Em )
pereur Charles
V.ordonna que les Chevaliers dudit Ordreportassent aux Festessolemnelles & dans la fenuë
deschapitres,la foutanne
de
de toile d'argent, & pardessus le manteau de velours cramoisi rouge, &
le mantelet ou chaperon
de velours violet,&dessus icelui le grand colier
d'or; & aux autres jours
simplement un ruban de
tasetas de foye rouge,avec la Toison d'or,
Plusieurs ont traité de
l'Ordre de la Toison
d'or; & entr'autres André Favin, Avocat au
Parlement de Paris, en
son Theatre d'Honneur
& de Chevalerie, en fait
une ample defeription.
Mais ce qu'ily a
de plus
beau, est un livre imprimé à Bruxelles en 1667.
fait par Jean-Baptiste
, Maurice, Heraut,&Roi
d'Armes de Sa Majesté
Catholique,intitulé, le
Blason des Armoiries de
tous les Chevaliers de
HOrdre de la Toisond'or,
depuis son institution)
dans lequeltes Statuts
de l'Ordre y
font imprimez en soixante-six articles.; après quoi les armes y
font trcs-bien gravées avec leurs ornemens sans supports, seulement le timbre & les
cimiers. Il feroit à souhaiter que l'on fist la continuation qui est à faire
depuis rimprefliôAêc ce
livre.
Toisôn d'O,. L Ordrede laToison
d'Or aété institué
par PhilippeleBon,Duc
de Bourgogne , en la
ville de Bruges en Flandres, le 10.Janvier 1425.
le même jour qu'il épousa Isabeau de Portugal
sa troisiéme femme, il fit
au premier chapitre 24.
Chevaliers
Il y a
plusieurs opinions sur ce qui donna
occasion au Duc Philippe d'insti uer cer Ordre.
La première, que ce fut :
en mémoire du vaillant
Cedtoti,lequ,el avec trois
<
cent hommes combattit
une infinité de Madianites,& délivra le peuple
Israël: La feconde,qu'il
le fit en memoire des
grands revenus qu'il tiroit du trafic & marchandise des laines des
Pays-bas, pleins d'excellens pâturages pour noUrirlebétail à laine.
Il yenaunetroisiéme
qui est une galanterie t'
plusieurs auteurs le racôtcnt ainsi, & difèntque
le Duc Philippe étant
passionément amoureux
& aimé d'une Dame de
Bruges, entra un matin
chez elle, accompagné
de quelques familiers
courtisàs,& qu'ilsvirent
furfatoilete tout un côté
de ses cheveux blonds
dorez qu'elle avoittodus
pour faire des ouvrages
en cheveux, pour marquer sa passion à son Amant mant>;l'autre autrecôté cote dec
cheveux quilui restoit
ayant fait rire ces courtisans, fâchée de cette
rencontre, elle en rougit de colere, & le Duc
l'ayant appaifée par ses
caresses,lui fit ferment
que ceux qui s'étoient
moqué de satoison n'auroient pas l'honneurd'un
Ordrequ'ildefïgnoitdetablir pour l'amourd'elle. Voila les termes qui
font dans Favin&dans
Paliot, du moins si cela
n'a de lavérité, il est cer-
tain que ce Prince eut
quantité demaîtresses,
puisque de ses amours il
a
laissé huit bâtards &
six bâtardes.
Cet Ordre est un des
plus beaux & des plus
illustrer qui soyent en
Europe, il a
toujours
ere rempli par des Seigneurs de très- grande
distinction.LeDuc Philippe le Bon a
donc été
son infiitureur, & le premier Chef,Charles Duc
de Bourgogne son Fils
en a
été le fecond
,
Sç
comme il mourut sans
posterité masculine
,
n'ayanr laisse qu'une fille
unique, Marie Duchesse de Bourgogne, Comtesse de Flandres, &
Dame de tous les Paysbas
,
ayant hérité des
grands biens du Duc son
pere, elle épousa Maximilien, Archiducd'Autriche,RoidesRomai ns,
& depuis Empereur. Ce
mariage lui apporta le
Comtéde Flandre & la
Souveraineté des Paysbas, &le titre de Chef
& Souverain, Grand
Maître de la Toison
d'Or
5
duquel il fut le
troisiéme grand-Maître.
Il celebra sonpremier
chapitre en la ville de
Bruges en 1478. il ne
laissa qu'un fils, Philippe, Archiduc d'Autriche, qui ayantépousé
Jeanne, Reine & heri-
tiere de Castille, de
Leon & d'Arragon, par
ce mariage il devint
Roy d'Espagne, & étoit
Comte de Flandres, &
Souverain des Pays-bas
par samere, connu fous
le nom de Philippe I.
Roy d'Espagne:la mort
de son pere le rendit le
quatrième Chef, Se
grand-Maître dei'Ordre
de la Toison d'Or, &
en tint son premier chapitre en la ville de Ma-
lines en Flandres en
149ïSon fils Charles I. fut
Roy d'Espagne & Souverain des Pays
-
bas
après sa mort; depuis
fut élft Empereur des
Romains cinquième du
nom:ilfutlecinquiéme
Chef, & grand-Maître
de l'Ordre de la Toison
d'Or, comme Souverain
des Pays-bas. Ses successeurs Roys d'Espagne
ont aussi été Souverains
des Pays-bas; &C en cette
qualité ont été tous
grands Maîtres de la
Toison d'Or, & l'ont
conféré aux autres Princes Souverains, &
grands Seigneurs. Charles V. tint son premier
chapitre de l'Ordre en la
ville deBruxellesen1516.
& en augmenta le nombre jusques àcinquante,
n'ayant d'abord étéque
vingt-quatre lorsdel'institution par le Duc de
Bourgogne Philippe le
Bon. Charles V. ayantfait l'abdication de ses
Etatsà son fils Philippe
II. tint son premier chapitre de l'Ordre de la
Toison d'Or, comme
sixiéme Chef &
grand Maître, en la ville
d'Anvers en 1554. Philippe III. son fils lui ayant
succedé en tous sesEtats
fut le septiéme grand
Maîtrede l'Ordre, puis
étant mort en 1632. son
fils Philippe IV. comme
son successèur, fut
le huitième grand Maître:à samortil laissaà
son fils CharlesII. la
Couronne d'Espagne
,
la Souverainetédes
Pays-bas, & la grande
Maîtrisede l'Ordre, duquel il fut le neuviéme
grand Maître: mais ce
Prince, étant d'une fanté
trés-faible, mourut sans
posterité le I. Novembre 1700. laissant pour
son successeur par son
testament Philippe de
France, Duc d'Anjou,
second fils de Louis
Dauphin de France, &
de Marie- Anne Victoire,Duchesse de Bavière, petit -fils du Roy
Loüis X IV. dit Je
Grand,Roy deFrance&
de Navarre. Cette mort
du Roy CharlesII. a
donné la guerre à toute
l'Europe, à cause, des
prétentions &interêts
detous les Princes: mais
Philippe V. ne laisse pas
d'être reconnu de plusieurs Potentats pour
Roy d'Espagne, & Souverain des Pays-bas; Se
en cette qualitéest le
dixième grand Maître
de l'Ordre de laToison
d'Orainsides10. grands
Maîtres&Chefsdecet
ordre il yen a
deux Ducs
de Bourgogne,dont le
premier étoit l'instituteur, un Empereur &
-
septRoys d'Espagnede
fuite.
La splendeur & la
pureté de cet Ordre par
sa noblesse,&c parl'exactitude que ses grands
Maîtres ont prise à n'y
point recevoir que des
Princes, & des Seigneurs trés-distinguez,
a
été causé que les plus
grands Princes de l'Europe ont tenu à honneur
d'en être ornez: tous les
Empereurs de la Maison
d'Au-
d'Autriche ( depuis leur
alliance avec Marie de
Bourgogne) au nombre
de douze, en ont été re- vêtus; trois Roys de
France, sçavoir François
I. FrançoisII. & Charles IX. l'ont recû. Alfonce V. Roy d'Arragon, Jean II. Roy d'Arragon & de Navarre,
Ferdinand le Catolique
Roy d'Arragon, de Castille & de Leon) &
Ferdinand Roy de Na- -
pies, l'ont eû: troisRoys
d'Angleterre l'ont accepté 5
sçavoir Edouard
IV. Henry VII. &
Henry VIII. Louis Roy
de Hongrie & de Bohême, Emanuel & Jean
III. Rois de Portugal,
Jacques V. Roy d'Ecosse,Chretienne11. Roy
de Danemarck., Sigismond I. SigismondIII.
& Vladislas Sigismond,
Rois de Pologne & de
Suede l'ont aussi eûi ainsi
trente têtes couronnees
des plus grands Princes
de l'Europe, on fait honneur aux Chefs de cet
Ordre de le recevoir de
leurs mains, ou du moins
par leurs Ambassadeurs,
sans compterdes Ducs
de Savoye
,
des Electeurs de Baviere, de Saxe, de Brandebourg, des
grands Ducs de Toscane, & quantitéd'autres
PrincesSouverains de
l'Europe, & les plus
grands Seigneurs tant
de France) des Païs-bas,
d'Espagne
,
d'Allemagne, d'Italie, & de tous
les autres Royaumes:
aussi ceux qui reçoivent
à present cet honneur
doivent le regarder comme un des plus grands
qu'ils puissent recevoir.
Le Colier de cet Ordre est composé de doubles fusils alternez, entre
lesquels est une pierre à
,
fusil étincelante de feu,
lesquels fusils sont attachez par depetitschaînons les uns aux autres,
qui forment un collier
émaillé suivant l'art, au
bas duquel pend par
trois petits-chaînons une
Toison d'Or; ces fusils
font joints ensemble representans comme deux
doublesB9, font lettres
qui signifient Bourgogne, lescailloux qui
sont entre-mêlez marquent les Armes des
anciens Rois de Bourgogne du noble sangde
France(selonFavm )Ces
cailloux qui sont étincelans de feu étoit la devise
du Duc de Bourgogne,
quiavoit pourarme,ante
ferit quàmstammamicet.
Philippe le Bon, Duc
de Bourgogne, institua
son Ordre
en l'honneur
de Dieu, fous la protection de la très -
sainte
Vierge, & choisit pour
Patron saint Aiidxc:il
ordonna qu'aux trois
jours de la solemnité de
sa Feste les Chevaliers
s'habil lerooient de trois
habits differens, le premier jour d'écarlate avec
des orfrais en broderie
d'or, comme le Collier,
pour leur faireconnoître
que le, Ciel ne s'acquiert
que par l'effusion de
sang, & martyre pour
maintenir la foy Catlio,
lique le second jour de
noir pour marquer le
(
deuil des Chevalierstrépassez;&letroisiémejour
de damas blanc, en figne & marque de la
pureré del'ame,que tout
Chevalier doit avoir en
toutes les actions de sa
vie, &dans tous sesdéportemens.
L'Em )
pereur Charles
V.ordonna que les Chevaliers dudit Ordreportassent aux Festessolemnelles & dans la fenuë
deschapitres,la foutanne
de
de toile d'argent, & pardessus le manteau de velours cramoisi rouge, &
le mantelet ou chaperon
de velours violet,&dessus icelui le grand colier
d'or; & aux autres jours
simplement un ruban de
tasetas de foye rouge,avec la Toison d'or,
Plusieurs ont traité de
l'Ordre de la Toison
d'or; & entr'autres André Favin, Avocat au
Parlement de Paris, en
son Theatre d'Honneur
& de Chevalerie, en fait
une ample defeription.
Mais ce qu'ily a
de plus
beau, est un livre imprimé à Bruxelles en 1667.
fait par Jean-Baptiste
, Maurice, Heraut,&Roi
d'Armes de Sa Majesté
Catholique,intitulé, le
Blason des Armoiries de
tous les Chevaliers de
HOrdre de la Toisond'or,
depuis son institution)
dans lequeltes Statuts
de l'Ordre y
font imprimez en soixante-six articles.; après quoi les armes y
font trcs-bien gravées avec leurs ornemens sans supports, seulement le timbre & les
cimiers. Il feroit à souhaiter que l'on fist la continuation qui est à faire
depuis rimprefliôAêc ce
livre.
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Résumé : Discours sur l'Ordre de la Toison d'Or.
L'Ordre de la Toison d'Or a été fondé par Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, à Bruges en Flandres, le 10 janvier 1425, jour de son mariage avec Isabeau de Portugal. Le premier chapitre comptait 24 chevaliers. Plusieurs raisons expliquent sa création, notamment en mémoire de Judas Maccabée, en souvenir des revenus du trafic des laines des Pays-Bas, ou à la suite d'un incident galant impliquant Philippe le Bon. Cet ordre est l'un des plus prestigieux d'Europe, composé de seigneurs de grande distinction. Philippe le Bon en fut le premier grand-maître, suivi par son fils Charles, Duc de Bourgogne. Après la mort de Charles sans héritier mâle, sa fille Marie, Duchesse de Bourgogne, épousa Maximilien d'Autriche, qui devint le troisième grand-maître. Leur fils Philippe, connu sous le nom de Philippe I, Roi d'Espagne, fut le quatrième grand-maître. Les successeurs de Philippe I, tous Rois d'Espagne et Souverains des Pays-Bas, continuèrent à diriger l'Ordre. Charles Quint, cinquième grand-maître, augmenta le nombre de chevaliers à cinquante. Philippe V, Roi d'Espagne, fut le dixième grand-maître. La splendeur et la pureté de cet ordre sont dues à la noblesse de ses membres et à l'exactitude des grands-maîtres à n'y admettre que des princes et des seigneurs distingués. Le collier de l'Ordre est composé de doubles fusils alternés avec des pierres étincelantes, symbolisant les armes des anciens Rois de Bourgogne. Philippe le Bon institua l'Ordre en l'honneur de Dieu, sous la protection de la Vierge, et choisit saint André comme patron. L'Ordre possède des statuts détaillés et des armoiries gravées, décrites dans un livre imprimé à Bruxelles en 1667.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 65-72
MORT.
Début :
Achille du Harlay, Comte de Beaumont, Seigneur de Grosbois, ancien [...]
Mots clefs :
Achille du Harlay, Comte de Beaumont, Famille du Harlay, Bourgogne, Arlay
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORT.
MORT
Achille du Harlay, Com
te de Beaumont , Seigneur
de Grofbois , ancien PreFaillet 1712.
F
66 MERCURE
"
mier Prefident du Parle
ment de Paris , mourut le
23. Juillet.
Il fut reçû Premier Prefident le 18. Novembre
1689. il s'eft démis de fa
Charge au mois d'Avril
1707. Il avoit épousé le 12.
Septembre 1667. Anne Madelaine de la Moignon ,
morte au château de Stain
le 8. Octobre 1701. Elle étoit fille de Guillaume de la
Moignon, Marquis de Bafville, Premier Prefident du
Parlement , & de Madelai
ne Potier de Blancmeſnil.
GALANT. 67
&
De cette alliance font ve
nus Achilles du Harlay ,
Comte de Beaumont ,
Marie-Madelaine du Har!
lay , Religieufe aux Filles de
fainte Elifabeth à Paris ;
morte le 28. Novembre
1700. Achilles du Harlay
Confeiller d'Eftat , a épousé
le z. Fevrier 1693. Anne- Renée-Loüife du Loüet , fille
unique de Robert du Loüet,
Marquis de Coyetenval ,
Doyen du Parlement de
Bretagne , & de Renée le
Borgne de Lefquifiou, dont
il a Marie- Louiſe du Har
Fij
68 MERCURE
1
lay , née en 1694. qui a é
poufé en Decembre 1711.
Chriftian- Louis de Montmorenci de Luxembourg ,
Prince de Tingry , Lieutenant general des armées du
Roy, Gouverneur de Valenciennes , connu avant
fon mariage ſous le nom
du Chevalier de Luxembourg.
La famille du Harlay,
feconde en grands Hommes, eft une des plus illuf
tres & des plus anciennes
du Royaume. On parle diverſement de fon origine.
GALANT. 69
Plufieurs difent qu'elle eft
venuë d'Angleterre ; d'au
tres affurent qu'elle tire fon
nom de la ville d'Arlay
dans la Franche- Comté de
Bourgogne. Ces derniers
pretendent en avoir des
preuves , & ajoûtent que la
ville d'Arlay , premiere Baronnie de ce pays , étoit
dans leur maiſon , & qu'elle
paffa enfuite dans celle de
Châlons & de Naffau. François de Harlay, fils de Philbert, eft le premier qui vint
s'établir en France fous les
Regnes de Charles VI. &
70 MERCURE
Charles VII. Il fut Confeil.
ler & Chambellan du Roy.
Il laiffa de Loüife Berbizy
fon époufe , Nicolas Gobinet de Harlay , Sieur de
Grandvilliers & de Nogent; & François,Religieux
de faint Benigne de Dijon.
Cette famille eft divifée
en deux branches : de Harlay- Sancy , & de ĆefiChamvalon.
La branche de HarlaySancy commença en Robert de Harlay , Sieur de
Sancy , Confeiller au Parle
ment de Paris. Il étoit troi-
GALANT. 7!
fiéme fils de Louis deHar
lay , & de Germaine Cœur.
Il époufa le 8. Decembre de
l'an 1544- Jacqueline de Marainvilliers, dont il eut cinq
fils. L'aîné eft le celebre
Nicolas de Harlay de San
cy, Confeiller du Roy en
fes Confeils , Surintendant
des Finances , premier Maî
tre d'Hôtel de Sa Majesté ,
Colonel general des Suiffes,Gouverneur deChâlons
fur Saone , & Lieutenant
general en Bourgogne ,
Ambaffadeur en Allemagne &enAngleterre, nom-
72 MERCURE
mé à l'Ordre du S. Efprit.
Il a rendu des fervices importans aux Rois Henry III.
&Henry IV. dans les differens emplois dont il a été
chargé.
La branche de Cefi & dé
Chamvalon en Loüis , de
Harlay , quatriéme fils de
Loüis , Sieur de Monglat
& de Germaine Cœur. Il
époufa Loüife de Carte,fille
de Gratien , Sieur de faint
Quentin le Verger , dont il
eut pluſieurs enfans.
Achille du Harlay, Com
te de Beaumont , Seigneur
de Grofbois , ancien PreFaillet 1712.
F
66 MERCURE
"
mier Prefident du Parle
ment de Paris , mourut le
23. Juillet.
Il fut reçû Premier Prefident le 18. Novembre
1689. il s'eft démis de fa
Charge au mois d'Avril
1707. Il avoit épousé le 12.
Septembre 1667. Anne Madelaine de la Moignon ,
morte au château de Stain
le 8. Octobre 1701. Elle étoit fille de Guillaume de la
Moignon, Marquis de Bafville, Premier Prefident du
Parlement , & de Madelai
ne Potier de Blancmeſnil.
GALANT. 67
&
De cette alliance font ve
nus Achilles du Harlay ,
Comte de Beaumont ,
Marie-Madelaine du Har!
lay , Religieufe aux Filles de
fainte Elifabeth à Paris ;
morte le 28. Novembre
1700. Achilles du Harlay
Confeiller d'Eftat , a épousé
le z. Fevrier 1693. Anne- Renée-Loüife du Loüet , fille
unique de Robert du Loüet,
Marquis de Coyetenval ,
Doyen du Parlement de
Bretagne , & de Renée le
Borgne de Lefquifiou, dont
il a Marie- Louiſe du Har
Fij
68 MERCURE
1
lay , née en 1694. qui a é
poufé en Decembre 1711.
Chriftian- Louis de Montmorenci de Luxembourg ,
Prince de Tingry , Lieutenant general des armées du
Roy, Gouverneur de Valenciennes , connu avant
fon mariage ſous le nom
du Chevalier de Luxembourg.
La famille du Harlay,
feconde en grands Hommes, eft une des plus illuf
tres & des plus anciennes
du Royaume. On parle diverſement de fon origine.
GALANT. 69
Plufieurs difent qu'elle eft
venuë d'Angleterre ; d'au
tres affurent qu'elle tire fon
nom de la ville d'Arlay
dans la Franche- Comté de
Bourgogne. Ces derniers
pretendent en avoir des
preuves , & ajoûtent que la
ville d'Arlay , premiere Baronnie de ce pays , étoit
dans leur maiſon , & qu'elle
paffa enfuite dans celle de
Châlons & de Naffau. François de Harlay, fils de Philbert, eft le premier qui vint
s'établir en France fous les
Regnes de Charles VI. &
70 MERCURE
Charles VII. Il fut Confeil.
ler & Chambellan du Roy.
Il laiffa de Loüife Berbizy
fon époufe , Nicolas Gobinet de Harlay , Sieur de
Grandvilliers & de Nogent; & François,Religieux
de faint Benigne de Dijon.
Cette famille eft divifée
en deux branches : de Harlay- Sancy , & de ĆefiChamvalon.
La branche de HarlaySancy commença en Robert de Harlay , Sieur de
Sancy , Confeiller au Parle
ment de Paris. Il étoit troi-
GALANT. 7!
fiéme fils de Louis deHar
lay , & de Germaine Cœur.
Il époufa le 8. Decembre de
l'an 1544- Jacqueline de Marainvilliers, dont il eut cinq
fils. L'aîné eft le celebre
Nicolas de Harlay de San
cy, Confeiller du Roy en
fes Confeils , Surintendant
des Finances , premier Maî
tre d'Hôtel de Sa Majesté ,
Colonel general des Suiffes,Gouverneur deChâlons
fur Saone , & Lieutenant
general en Bourgogne ,
Ambaffadeur en Allemagne &enAngleterre, nom-
72 MERCURE
mé à l'Ordre du S. Efprit.
Il a rendu des fervices importans aux Rois Henry III.
&Henry IV. dans les differens emplois dont il a été
chargé.
La branche de Cefi & dé
Chamvalon en Loüis , de
Harlay , quatriéme fils de
Loüis , Sieur de Monglat
& de Germaine Cœur. Il
époufa Loüife de Carte,fille
de Gratien , Sieur de faint
Quentin le Verger , dont il
eut pluſieurs enfans.
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Résumé : MORT.
Achille du Harlay, comte de Beaumont, seigneur de Grofbois, ancien Premier Président du Parlement de Paris, est décédé le 23 juillet 1712. Il avait été nommé Premier Président le 18 novembre 1689 et avait démissionné en avril 1707. Il avait épousé Anne Madeleine de la Moignon le 12 septembre 1667. De cette union sont nés Achilles du Harlay, comte de Beaumont, et Marie-Madelaine du Harlay, religieuse aux Filles de sainte Élisabeth à Paris, décédée le 28 novembre 1700. Achilles du Harlay, conseiller d'État, avait épousé Anne-Renée-Louise du Louët le 2 février 1693. Ils ont eu une fille, Marie-Louise du Harlay, née en 1694 et mariée en décembre 1711 à Christian-Louis de Montmorency de Luxembourg, prince de Tingry. La famille du Harlay est l'une des plus illustres et anciennes du royaume. Son origine est discutée : certains affirment qu'elle vient d'Angleterre, d'autres qu'elle tire son nom de la ville d'Arlay en Franche-Comté. François de Harlay, fils de Philibert, est le premier à s'être établi en France sous les règnes de Charles VI et Charles VII. La famille est divisée en deux branches : Harlay-Sancy et Cefy-Chamvalon. La branche Harlay-Sancy commence avec Robert de Harlay, seigneur de Sancy, conseiller au Parlement de Paris. Son fils aîné, Nicolas de Harlay de Sancy, a occupé divers postes importants sous les règnes de Henri III et Henri IV.
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3
p. 57-63
DEVISES.
Début :
La Province de Bourgogne ayant coûtume de faire fraper des [...]
Mots clefs :
Bourgogne, Jetons, Emblèmes, Devises, Médaille, Gouverneur, Saisons, Audience
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texteReconnaissance textuelle : DEVISES.
DEVISES.
La Province de Bourgogne
ayant coûtume de
faire fraper des jettons tous
les trois ans, a presque toûjours
rempli le revers d'emblêmes
ou de devises, dont
les unes rendoienttémoignage
de son zele pour le
service du Roy;les autres
faisoient connoîtrel'avantage
que cette Province recevoit
de la protection de
l'illustreMaison de Condé:
enfin quelques unes par
des allegories ingenieuses
marquant les principaux
évenemens arrivez dans le
Royaume pendant latriennalité,
il ne peut rien arri- , ver de plus considerable à
cette Province
, que l'en-.
trée de Son Altesse Serenissimepour
la premiere
fois dans son Gouverne
ment, d'autant plus remarquable,
que Monseigneur
le Duc est le cinquiéme
Prince de pere en fils qui
a eu cette place.
C'est ce qui a donné l'idée
d'en fraper une medaille
à deux revers. Dans
l'un le Prince paroîtra à
cheval, vêtu à la Romaine,
sans étriers, couronné de
laurier, suivi de gardes à
pied, & faisant son entrée
dans la Capitale de la Province
, avec ce mot dans
l-'exergue:Adventus.
Et pour legende:
- Burgundis felicia Jk-c-U
propagat.
Dans l'autre revers le bonheur
public y fera repre"
senté par quatre petits ensans
qui designeront les
quatre saisons. Le Printem
ps portera des fleurs,
l'Estéunefaucille, l'Automne
des fruits & un lievre,
& l'Hyver tiendra d'unemainuninstrumentpour
prendre des oiseaux, &des
l'autre les oiseaux qu'ila
pris.
Pour legende :
Condiades quintus genus AltfXJ
à sanguineRegum.
Et dans l'exergue:
Burgundioe Comitia.
Burgundis feliciaoecla
propagat.
Condiades genus alto à
sanguine Regum.
Le 10. Juin1713. les Deputez
des Etats de Bourgogne,
qui font M.l'Abbé de
Roquette pour le Clergé,
le Marquis de Lassé pour laNoblesse,&M. de laForêt,
Maire de Montbart,
pour le tiers état, eurent
audience du Roy, étant presentez
par Son Altesse Serenissime
Monseigneur le
Duc, Gouverneur de Ian
Province, & par Monsieur
le Marquis de laVrilliere,
Ministre & Secretaire d'Etat;
étant conduits pan
Monsieur le Marquis de:
Dreux, grand Maître des
Ceremonies, & par Monsieur
Desgranges Maitres
des Ceremonies; & TAbbee
Roquecte porta la parole
II y a plusieurs mariages
de con fideratiotm
done on n'a point parle
cemois-ci, parce quo'
n'a pas eu le loisir de
s'informer des circonstances
necessaires ; en
en parlera dans le niois
prochain.
La Province de Bourgogne
ayant coûtume de
faire fraper des jettons tous
les trois ans, a presque toûjours
rempli le revers d'emblêmes
ou de devises, dont
les unes rendoienttémoignage
de son zele pour le
service du Roy;les autres
faisoient connoîtrel'avantage
que cette Province recevoit
de la protection de
l'illustreMaison de Condé:
enfin quelques unes par
des allegories ingenieuses
marquant les principaux
évenemens arrivez dans le
Royaume pendant latriennalité,
il ne peut rien arri- , ver de plus considerable à
cette Province
, que l'en-.
trée de Son Altesse Serenissimepour
la premiere
fois dans son Gouverne
ment, d'autant plus remarquable,
que Monseigneur
le Duc est le cinquiéme
Prince de pere en fils qui
a eu cette place.
C'est ce qui a donné l'idée
d'en fraper une medaille
à deux revers. Dans
l'un le Prince paroîtra à
cheval, vêtu à la Romaine,
sans étriers, couronné de
laurier, suivi de gardes à
pied, & faisant son entrée
dans la Capitale de la Province
, avec ce mot dans
l-'exergue:Adventus.
Et pour legende:
- Burgundis felicia Jk-c-U
propagat.
Dans l'autre revers le bonheur
public y fera repre"
senté par quatre petits ensans
qui designeront les
quatre saisons. Le Printem
ps portera des fleurs,
l'Estéunefaucille, l'Automne
des fruits & un lievre,
& l'Hyver tiendra d'unemainuninstrumentpour
prendre des oiseaux, &des
l'autre les oiseaux qu'ila
pris.
Pour legende :
Condiades quintus genus AltfXJ
à sanguineRegum.
Et dans l'exergue:
Burgundioe Comitia.
Burgundis feliciaoecla
propagat.
Condiades genus alto à
sanguine Regum.
Le 10. Juin1713. les Deputez
des Etats de Bourgogne,
qui font M.l'Abbé de
Roquette pour le Clergé,
le Marquis de Lassé pour laNoblesse,&M. de laForêt,
Maire de Montbart,
pour le tiers état, eurent
audience du Roy, étant presentez
par Son Altesse Serenissime
Monseigneur le
Duc, Gouverneur de Ian
Province, & par Monsieur
le Marquis de laVrilliere,
Ministre & Secretaire d'Etat;
étant conduits pan
Monsieur le Marquis de:
Dreux, grand Maître des
Ceremonies, & par Monsieur
Desgranges Maitres
des Ceremonies; & TAbbee
Roquecte porta la parole
II y a plusieurs mariages
de con fideratiotm
done on n'a point parle
cemois-ci, parce quo'
n'a pas eu le loisir de
s'informer des circonstances
necessaires ; en
en parlera dans le niois
prochain.
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Résumé : DEVISES.
La Province de Bourgogne frappait des jettons tous les trois ans, souvent ornés d'emblèmes ou de devises. Ces devises reflétaient le zèle de la province pour le service du roi, les avantages tirés de la protection de la Maison de Condé, ou les principaux événements survenus dans le royaume. Un événement notable fut l'entrée du Duc de Bourgogne dans son gouvernement de la province, marqué par la frappe d'une médaille à deux revers. Sur le premier revers, le prince apparaît à cheval, vêtu à la romaine, couronné de laurier, suivi de gardes à pied, avec l'inscription 'Adventus' et la légende 'Burgundis felicia Jk-c-U propagat'. Sur le second revers, le bonheur public est représenté par quatre enfants symbolisant les quatre saisons, avec la légende 'Condiades quintus genus AltfXJ à sanguine Regum' et l'exergue 'Burgundioe Comitia'. Le 10 juin 1713, les députés des États de Bourgogne, représentant le clergé, la noblesse et le tiers état, eurent audience du roi en présence du Duc de Bourgogne et du Marquis de la Vrilliere. L'Abbé de Roquette porta la parole au nom des députés.
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4
p. 265-269
La Genealogie de Madame la Duchesse d'Angoulesme. [titre d'après la table]
Début :
Dans le précedent Mercure l'on avoit obmis de mettre [...]
Mots clefs :
Généalogie, Duchesse d'Angoulême, Rivière, Bourgogne, Infanterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Genealogie de Madame la Duchesse d'Angoulesme. [titre d'après la table]
Dans le précèdent Mercure
l'on avoit obmis de
mettre la Généalogie de
deffunte Madame la Du-.
chesse d'Angoulesme.
Elle estoit fille de haut
Ôc puissant Seigneur Messire
CharlesdeNargonne,
Seigneur Marquis de Mareüil,
qui estoit fils de haut
ôc puissant SeigneurMet
fireClaude de Nargonne,
Chevalier des Ordres du
Roy ,
Gouverneur de la
Tourde Boucq en Provence
, & des Isles de Martégue
,
Seigneur Baron de
Mareüil, Lebésy, Boisy,
Corfélix
,
Bergére
)
& autres
lieux:ledit Claude de
Nargonne avoit épousé
haute & puissante Dame
Judith deBethune, lesquels
ont eu pour en sans Messire
Charles de Nargonne,Seigneur
desdites Terres, &a
eu lesdits Gouvernements
Et du costé maternel,
fille de haute ôc puissante
Dame Eleonord de la Riviere
3
de l'illustre Maison
de la Riviere en Bourgogne.
* Messire Charles deNargonne,
fils de Claude, &
de haute& puissante Dame
Judith de Bethune.
Il ne reste plus de la Famille
de Messieurs de Nargonne
, que haute & puissante
Dame Madame Suzanne
de Nargonne, cousine
germaine de ladite
Dame Duchesse d'Angou-
Jefrne) veuve de hiur ôc
puissant Seigneur Massire
Armand Eleonord de
Brocq
,
Comte de Brocq,
Colonel d'Infanterie,sorti
de l'illustre Maison de
Brocq
,
d'Anjou, tué à la
bataille de Hocstet, lesdits
Seigneurs de Nargonne
ayant toujours eu des emplois
tres-distinguez dans
les Troupes.
Elle est fille de haut &
puissant Seigneur Messire
Jules de Nargonne, Second
fils deClaudede Nar,
gonne, & de Judith deBethune
,
Seigneur de Bergere
,
Bisfontaine
,
& autres
lieux, Mesire deCamp
du Regiment de la Reyne
niere Anned'Autriche; &
dehaute & puissante Dame
Barbe le Prévost
)
fille de
feu haut 6e puissant Seigneur
Messire Charles le
Prevoit, Seigneur Marquis
d'Oisonville,&autreslieux,
qui avoir épouse haute &
puissanteDame Elizabeth
Sublec, soeur de haut &
puissant Seigneur Messire ,. Sublet de Noyer, Secretaire
& Ministre derat
de la Guerre.
l'on avoit obmis de
mettre la Généalogie de
deffunte Madame la Du-.
chesse d'Angoulesme.
Elle estoit fille de haut
Ôc puissant Seigneur Messire
CharlesdeNargonne,
Seigneur Marquis de Mareüil,
qui estoit fils de haut
ôc puissant SeigneurMet
fireClaude de Nargonne,
Chevalier des Ordres du
Roy ,
Gouverneur de la
Tourde Boucq en Provence
, & des Isles de Martégue
,
Seigneur Baron de
Mareüil, Lebésy, Boisy,
Corfélix
,
Bergére
)
& autres
lieux:ledit Claude de
Nargonne avoit épousé
haute & puissante Dame
Judith deBethune, lesquels
ont eu pour en sans Messire
Charles de Nargonne,Seigneur
desdites Terres, &a
eu lesdits Gouvernements
Et du costé maternel,
fille de haute ôc puissante
Dame Eleonord de la Riviere
3
de l'illustre Maison
de la Riviere en Bourgogne.
* Messire Charles deNargonne,
fils de Claude, &
de haute& puissante Dame
Judith de Bethune.
Il ne reste plus de la Famille
de Messieurs de Nargonne
, que haute & puissante
Dame Madame Suzanne
de Nargonne, cousine
germaine de ladite
Dame Duchesse d'Angou-
Jefrne) veuve de hiur ôc
puissant Seigneur Massire
Armand Eleonord de
Brocq
,
Comte de Brocq,
Colonel d'Infanterie,sorti
de l'illustre Maison de
Brocq
,
d'Anjou, tué à la
bataille de Hocstet, lesdits
Seigneurs de Nargonne
ayant toujours eu des emplois
tres-distinguez dans
les Troupes.
Elle est fille de haut &
puissant Seigneur Messire
Jules de Nargonne, Second
fils deClaudede Nar,
gonne, & de Judith deBethune
,
Seigneur de Bergere
,
Bisfontaine
,
& autres
lieux, Mesire deCamp
du Regiment de la Reyne
niere Anned'Autriche; &
dehaute & puissante Dame
Barbe le Prévost
)
fille de
feu haut 6e puissant Seigneur
Messire Charles le
Prevoit, Seigneur Marquis
d'Oisonville,&autreslieux,
qui avoir épouse haute &
puissanteDame Elizabeth
Sublec, soeur de haut &
puissant Seigneur Messire ,. Sublet de Noyer, Secretaire
& Ministre derat
de la Guerre.
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Résumé : La Genealogie de Madame la Duchesse d'Angoulesme. [titre d'après la table]
Le texte corrige une omission concernant la généalogie de la défunte Duchesse d'Angoulême. Elle était la fille de Charles de Nargonne, Marquis de Mareuil. Charles de Nargonne était le fils de Claude de Nargonne, Chevalier des Ordres du Roy, Gouverneur de la Tour de Boucq en Provence et des Îles de Martégue, et Seigneur de plusieurs autres lieux. Claude de Nargonne avait épousé Judith de Bethune, et ils eurent pour fils Charles de Nargonne. Du côté maternel, la Duchesse d'Angoulême était la fille d'Éléonore de la Rivière, issue de la Maison de la Rivière en Bourgogne. La famille de Nargonne a toujours occupé des postes distingués dans les troupes. Suzanne de Nargonne, cousine germaine de la Duchesse d'Angoulême, est la seule survivante de cette famille. Elle est la veuve d'Armand Éléonord de Brocq, Comte de Brocq et Colonel d'Infanterie, tué à la bataille de Hocstet. Suzanne de Nargonne est la fille de Jules de Nargonne, second fils de Claude de Nargonne et de Judith de Bethune, Seigneur de Bergere et Bisfontaine. Jules de Nargonne était également Capitaine du Régiment de la Reine Anne d'Autriche. Sa mère, Barbe le Prévost, était la fille de Charles le Prévost, Marquis d'Oisonville, et d'Élisabeth Sublet, sœur de Sublet de Noyer, Secrétaire et Ministre d'État à la Guerre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 60-66
LETTRE d'un Gentilhomme de Bourgogne écrite à M. Moreau de Mautour.
Début :
Je vous ai caché jusques à present, Monsieur, le dessein que j'avois de [...]
Mots clefs :
Dijon, Compagnie de la Mère-Folle, Institution, Bourgogne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE d'un Gentilhomme de Bourgogne écrite à M. Moreau de Mautour.
LETTRE d'un Gentilhomme de Bjurgorgne
écrite à Ai. ' Aíereau
de Asautour.'
JE vous ai caché juíques à present 3.
Monsieur , le dessein que j'avois de
rechercher des Memoires, cane fur l'o-/
rígine de la Fête des Foiix , que fur celle;
de l'Institution de la Compagnie de la
Mere Folle de Dijon , dont vous avez
òiïi parler souvent. Je ne me flattois pas
malgré mes recherches de trouver íur.
cette matiere- ses éclàirciûemehs que j'ai
découvert ; c'est ce qui m'engage aujour
d'hui à rompre le silence fur cet article.
Je formai le dessein de cette recherche,
par rapport à la découvertë que je hV
d'une repreíentation.d'ui>Chat parfaite
ment bien figure, ayant poHr tête le-.Cliariot
de la Mere.Folle de Dijon , lequel
est le' dernier qui parut en cette Ville
l'an I 6icr. & duquel il est fait mention
dans une Relation imprimée à Dijon en:
8. par Paillot , ayant pour titre : Re
cit de ce qui s'est passe à Dijon pour
l'heureuse naissance de' Moníeigneur le
Dauphin , depuis Loiiis XIV.
Je m'affermis d'autant plus volontiers.
dans
J A N V I E R 1724. $s
ans Ce dessein que dès 1^95 . j'avois vÇt
'Etendajrt original , dont cette Compa-
;nie de la Mere.Foll.e de Dijon se 1erroit
loríqu'elle marchoit par la Ville les
ours de ré|oiiifl"ances.
Il y a lieu même de cqnclure qu'il íp
lortoit à des Processions -que cette Com-
»agnje avoit coutume de faire , & cela par
aport à un Bâton qui se portoit pareil.-
ement à ces Aísemblées , duquel ainíi
[ue du Ghariot, & de l'Etendart, j'ai
íonné des representations au naturel
lans mes Memoires.
.Ces preuves réelles se íoutiennent pa,r
ieux écrits authentiques ; sçavoir, la con-
Srmacion accordée^ à celui qui étoit Bâ.
onnier de cette societé , par le Duc da
3ourgogne Philippe le Bon en 1454. &
meacçordéeen 1482. par Jean d'Amboj-
"e , Evêque de Langres , alors Lieutenant
raur le Roy en Bourgogne, conjointemen t
tyec Jean de Baudricourt Gouverneur
le la Province , à la requête du Protoîotaire
des Fqìix. Les Lettres du Duc
Reliées de son íceau en cir£ verte , & les
tutres lignées de l'Evêque & du Gou
verneur , & scellées du Iceau de leurs
irmes en cire rouge , se conservent en ori
gnal dans le Trésor de la Sainte Cha-
Delle de Dijon.
De ces deux titres qui ne laissent plys
sGt MERCURE DE FRANCE.
.doute sur cette Institution , il resulte
,qu'on en doit chercher la íôurce dans ua
;temps plus reculé.
L'Institution de la Compagnie de la
Mere.Folle de Dijon peut s'attribuer l'an
<tç 8.1. auquel un certain Adolphe, Comte
de Cléves , établit dans ses Etats une
Societé qu'il nomma la Société des Fous ^
►laquelle ctoit composée de $6. Gehtil-
.jiommes , la traduction de la Patente in£.
titutive de cette Societé se trouve dans
l'Histoire des Ordres Religieux , com- '
.posée par le Pere Helpot du Tiers.Or
dre de S. François , dit Picpus , mort à
Paris en 1716.
Comme il íè trouve tant de .rapport
.entre les Regles & les Statuts de cette
Societé de Cleves , & celles qui s'obíèrj-
. -voient par la Societé de Dijon , j'ai cru
pouvoir dire avec aíTez de probabilité
que celle.ci avoit pû prendre naiflance
de l'autre , & cela fondé fui ce que les
Princes de la Maiíon de Cleves ont con
tracté de grandes alliances avec celles
.des Ducs de Bourgogne , dans la Cour
desquels ils étoient le plus souvent , &
que d'ailleurs un nommé Engilbert ,
«tant pour lors Gouverneur de Bourgo
gne , qui pourroit bien étant du. temps
.de Cleves , avoir introduit à Dijon cette
même Societé qui étoit dans son pays. .
JANVIER 1724, 6%
L'on peut encore tirer la source de cet
établislement sur .ce qui se pratiquoit k
Autun „ corame le raporèe le Secretaire
jRhotarius dans son Registre , qui com
mence en 141 1. & finit en 14.16. où iji
est parlé de la Fête de? Foux. Il le dit
fol. I 0 qu'à la Fcte dite Follorum , on
.conduisoit un âne , & que l'on chantoit
Jié > tire âne , hé , hé , &c. que plusieurs
alloient à l'Eglise déguisez , 8c avec des
habits grotesques , ce qui fut défendu
.depuis &c abrogé.
Au surplus l'existence de cette Com
pagnie de Sainteté folle , qui étoit com
posée en partie d'Infanterie., 8c en par
tie de Cavalerie , le confirme par l'orir
ginal du Çuidon .qui se portpit lors
qu'elle étoit en marche. Duquef j'ai fait
joindre la representation à mes memoi
res. J'y ai fait joindre de plus Je Bonnet
des trois couleurs, jaune , rouge Se vert f
<jue portaient les Aslociez en ladite Com
pagnie , dont les habillemens devoient
.être de même , mais dont les pfficiers se
.distinguoient par la forme de l'habit , 8c
la. qualité des étoffes , les galons , & l'arfangement
des grelots & des sonnettes,.
Toutes ces curiositez se sont trouvées
.chez plusieurs particuliers de la Ville de
Dijon.
Le Chef de cette Compagnie qui s'appelloit
,P4 MERCURE DE FRANCE.
^pelloit Merç- Folle, avoit Sa. Cour com
posée d'Officiers de même que les Prin
ces 8c les Souverains ont la leur , & on
ne pouvoit pas faire aucune Montrée 3
( c'est ainsi que le nommoit les Merches
de cette Compagnie, ) ni le -service ,des
habirs des trois couleurs, íàns la per
miísion de ce Chef : ce qui resuite d'une
Lettre écrite à ce sujet en 1617. au sieur
des Champs , pour lors Mere.Folle, de
laquelle Lettre ensemble5 de celle des
invitations qui sefaisoient, íòit en generai*
soit en particulier , la teneur est inserée
dans les Memoires.
.Les jugemens qui se .rendoient par le
Chef étoient Souverains , & executez
nonobstant l'appel , Se le Parlement les a
tous confirmez , lorsque les appels y ont
été portez ; ce qui se trouve verifiez par
un Arrest du 6. Fevrier 1^79. par les
conclusions que prit le Fiscal vert, c'é
tait le Procureur Fiscal de cette Com
pagnie.
Au surplus les Convocations , les Re
ceptions , les Jugemens , Se autres Actes,
tie même que les entretiens pendant que
duroient les Assemblées devoient se faire
en vers burlesques ou comiques , en la
jnaniere & en la forme que je les ai dé
crites dans mes Memoires , même jus
qu'aux Lettres qu'on s'écrivoit l'un à
l'autre
JANVIER 1724- 6%
l'autre , comme celles écrites .au sieur
des Champs en Se 1617.
Enfin pour ne rien omettre de tous les
éclaircistemens qui me fout venus fur
l'existence de cette Compagnie , j'ai in
feré tout au long dans le petit ouvrage
les Lettres de reception de feu Jean de
VandeneíTe du mois de Mars 1604. qui
étoit gendre dudit sieur des Champs , Se
ayeul du sieur Gaspard de Vandenesle ,
qui m'a communiqué des Mémoires très.
curieux fur cet article.
Au reste , on ne recevoit en cette Com
pagnie , quoique composée de plus de
500. hommes, que des notables, tant des
.Cours Superieures , que de la Bourgeoi
sie de la Ville > Se des environs des periônnes
de la plus haute consideration , y
. reçurent en 162.6. le Bonnet, &: la Ma-
.rolle par les mains du sieur des Champs*
Mere-Folle.
Leurs Lettres Patentes sont iníêrées
dans mes Memoires avec les deslèins fi
gurez des Sceaux ; Se pour achever tout
ce que j'ai allegué au sujet de cette So
cieté de la Mere.Folle à Dijon, j'ai rap
porté ce qu'en a écrit íe P. Menestrier,
Jesuite dans lòn Livre des Repreíêntar
tions en Musique , ancienne & moderne.
Si cette Compagnie a eu des agrémens
<îans son origine , on peut dire qu'elle
D a
64 MERCURE DE FRANCE.
a eu ses chagrins dans la fuite , je rap
porte à ce íujet les Arrests de la Cour p
rendus le 18. Janvier 1552. le 16. Juin
1578. 16. Avril 16 1 6. 31. Janvier \6i6.
Ils m'ont été communiquez par plusieurs
personnes de consideration de la Ville de
Dijon.
Enfin , par un Arrest rendu le il.
Juillet i 630. en la Ville de Lion , &
homologué au Parlement de Dijon le xy.
du même mois, cette Compagnie fut en
tierement abolie fous de grosses peines.
Voilà, Monsieur, tous les eclaircilïer.
mens que j'ai découverts fur les deu£
Societez , & le produit des foins qu'il a
fallu prendre pour rassembler des preu
ves aussi solides qu'elles le font dans l'ou
vrage même je souhaite ppxe cela
puiíîè vous amuser un moment , & vous
prouver de plus en plus les .sentiment
d'estime avec lesquels j'ai l'honneur d'ê
tre , &c. Monsieur , vôtre très-humble,
Se très.obéifíànt serviteur.
écrite à Ai. ' Aíereau
de Asautour.'
JE vous ai caché juíques à present 3.
Monsieur , le dessein que j'avois de
rechercher des Memoires, cane fur l'o-/
rígine de la Fête des Foiix , que fur celle;
de l'Institution de la Compagnie de la
Mere Folle de Dijon , dont vous avez
òiïi parler souvent. Je ne me flattois pas
malgré mes recherches de trouver íur.
cette matiere- ses éclàirciûemehs que j'ai
découvert ; c'est ce qui m'engage aujour
d'hui à rompre le silence fur cet article.
Je formai le dessein de cette recherche,
par rapport à la découvertë que je hV
d'une repreíentation.d'ui>Chat parfaite
ment bien figure, ayant poHr tête le-.Cliariot
de la Mere.Folle de Dijon , lequel
est le' dernier qui parut en cette Ville
l'an I 6icr. & duquel il est fait mention
dans une Relation imprimée à Dijon en:
8. par Paillot , ayant pour titre : Re
cit de ce qui s'est passe à Dijon pour
l'heureuse naissance de' Moníeigneur le
Dauphin , depuis Loiiis XIV.
Je m'affermis d'autant plus volontiers.
dans
J A N V I E R 1724. $s
ans Ce dessein que dès 1^95 . j'avois vÇt
'Etendajrt original , dont cette Compa-
;nie de la Mere.Foll.e de Dijon se 1erroit
loríqu'elle marchoit par la Ville les
ours de ré|oiiifl"ances.
Il y a lieu même de cqnclure qu'il íp
lortoit à des Processions -que cette Com-
»agnje avoit coutume de faire , & cela par
aport à un Bâton qui se portoit pareil.-
ement à ces Aísemblées , duquel ainíi
[ue du Ghariot, & de l'Etendart, j'ai
íonné des representations au naturel
lans mes Memoires.
.Ces preuves réelles se íoutiennent pa,r
ieux écrits authentiques ; sçavoir, la con-
Srmacion accordée^ à celui qui étoit Bâ.
onnier de cette societé , par le Duc da
3ourgogne Philippe le Bon en 1454. &
meacçordéeen 1482. par Jean d'Amboj-
"e , Evêque de Langres , alors Lieutenant
raur le Roy en Bourgogne, conjointemen t
tyec Jean de Baudricourt Gouverneur
le la Province , à la requête du Protoîotaire
des Fqìix. Les Lettres du Duc
Reliées de son íceau en cir£ verte , & les
tutres lignées de l'Evêque & du Gou
verneur , & scellées du Iceau de leurs
irmes en cire rouge , se conservent en ori
gnal dans le Trésor de la Sainte Cha-
Delle de Dijon.
De ces deux titres qui ne laissent plys
sGt MERCURE DE FRANCE.
.doute sur cette Institution , il resulte
,qu'on en doit chercher la íôurce dans ua
;temps plus reculé.
L'Institution de la Compagnie de la
Mere.Folle de Dijon peut s'attribuer l'an
<tç 8.1. auquel un certain Adolphe, Comte
de Cléves , établit dans ses Etats une
Societé qu'il nomma la Société des Fous ^
►laquelle ctoit composée de $6. Gehtil-
.jiommes , la traduction de la Patente in£.
titutive de cette Societé se trouve dans
l'Histoire des Ordres Religieux , com- '
.posée par le Pere Helpot du Tiers.Or
dre de S. François , dit Picpus , mort à
Paris en 1716.
Comme il íè trouve tant de .rapport
.entre les Regles & les Statuts de cette
Societé de Cleves , & celles qui s'obíèrj-
. -voient par la Societé de Dijon , j'ai cru
pouvoir dire avec aíTez de probabilité
que celle.ci avoit pû prendre naiflance
de l'autre , & cela fondé fui ce que les
Princes de la Maiíon de Cleves ont con
tracté de grandes alliances avec celles
.des Ducs de Bourgogne , dans la Cour
desquels ils étoient le plus souvent , &
que d'ailleurs un nommé Engilbert ,
«tant pour lors Gouverneur de Bourgo
gne , qui pourroit bien étant du. temps
.de Cleves , avoir introduit à Dijon cette
même Societé qui étoit dans son pays. .
JANVIER 1724, 6%
L'on peut encore tirer la source de cet
établislement sur .ce qui se pratiquoit k
Autun „ corame le raporèe le Secretaire
jRhotarius dans son Registre , qui com
mence en 141 1. & finit en 14.16. où iji
est parlé de la Fête de? Foux. Il le dit
fol. I 0 qu'à la Fcte dite Follorum , on
.conduisoit un âne , & que l'on chantoit
Jié > tire âne , hé , hé , &c. que plusieurs
alloient à l'Eglise déguisez , 8c avec des
habits grotesques , ce qui fut défendu
.depuis &c abrogé.
Au surplus l'existence de cette Com
pagnie de Sainteté folle , qui étoit com
posée en partie d'Infanterie., 8c en par
tie de Cavalerie , le confirme par l'orir
ginal du Çuidon .qui se portpit lors
qu'elle étoit en marche. Duquef j'ai fait
joindre la representation à mes memoi
res. J'y ai fait joindre de plus Je Bonnet
des trois couleurs, jaune , rouge Se vert f
<jue portaient les Aslociez en ladite Com
pagnie , dont les habillemens devoient
.être de même , mais dont les pfficiers se
.distinguoient par la forme de l'habit , 8c
la. qualité des étoffes , les galons , & l'arfangement
des grelots & des sonnettes,.
Toutes ces curiositez se sont trouvées
.chez plusieurs particuliers de la Ville de
Dijon.
Le Chef de cette Compagnie qui s'appelloit
,P4 MERCURE DE FRANCE.
^pelloit Merç- Folle, avoit Sa. Cour com
posée d'Officiers de même que les Prin
ces 8c les Souverains ont la leur , & on
ne pouvoit pas faire aucune Montrée 3
( c'est ainsi que le nommoit les Merches
de cette Compagnie, ) ni le -service ,des
habirs des trois couleurs, íàns la per
miísion de ce Chef : ce qui resuite d'une
Lettre écrite à ce sujet en 1617. au sieur
des Champs , pour lors Mere.Folle, de
laquelle Lettre ensemble5 de celle des
invitations qui sefaisoient, íòit en generai*
soit en particulier , la teneur est inserée
dans les Memoires.
.Les jugemens qui se .rendoient par le
Chef étoient Souverains , & executez
nonobstant l'appel , Se le Parlement les a
tous confirmez , lorsque les appels y ont
été portez ; ce qui se trouve verifiez par
un Arrest du 6. Fevrier 1^79. par les
conclusions que prit le Fiscal vert, c'é
tait le Procureur Fiscal de cette Com
pagnie.
Au surplus les Convocations , les Re
ceptions , les Jugemens , Se autres Actes,
tie même que les entretiens pendant que
duroient les Assemblées devoient se faire
en vers burlesques ou comiques , en la
jnaniere & en la forme que je les ai dé
crites dans mes Memoires , même jus
qu'aux Lettres qu'on s'écrivoit l'un à
l'autre
JANVIER 1724- 6%
l'autre , comme celles écrites .au sieur
des Champs en Se 1617.
Enfin pour ne rien omettre de tous les
éclaircistemens qui me fout venus fur
l'existence de cette Compagnie , j'ai in
feré tout au long dans le petit ouvrage
les Lettres de reception de feu Jean de
VandeneíTe du mois de Mars 1604. qui
étoit gendre dudit sieur des Champs , Se
ayeul du sieur Gaspard de Vandenesle ,
qui m'a communiqué des Mémoires très.
curieux fur cet article.
Au reste , on ne recevoit en cette Com
pagnie , quoique composée de plus de
500. hommes, que des notables, tant des
.Cours Superieures , que de la Bourgeoi
sie de la Ville > Se des environs des periônnes
de la plus haute consideration , y
. reçurent en 162.6. le Bonnet, &: la Ma-
.rolle par les mains du sieur des Champs*
Mere-Folle.
Leurs Lettres Patentes sont iníêrées
dans mes Memoires avec les deslèins fi
gurez des Sceaux ; Se pour achever tout
ce que j'ai allegué au sujet de cette So
cieté de la Mere.Folle à Dijon, j'ai rap
porté ce qu'en a écrit íe P. Menestrier,
Jesuite dans lòn Livre des Repreíêntar
tions en Musique , ancienne & moderne.
Si cette Compagnie a eu des agrémens
<îans son origine , on peut dire qu'elle
D a
64 MERCURE DE FRANCE.
a eu ses chagrins dans la fuite , je rap
porte à ce íujet les Arrests de la Cour p
rendus le 18. Janvier 1552. le 16. Juin
1578. 16. Avril 16 1 6. 31. Janvier \6i6.
Ils m'ont été communiquez par plusieurs
personnes de consideration de la Ville de
Dijon.
Enfin , par un Arrest rendu le il.
Juillet i 630. en la Ville de Lion , &
homologué au Parlement de Dijon le xy.
du même mois, cette Compagnie fut en
tierement abolie fous de grosses peines.
Voilà, Monsieur, tous les eclaircilïer.
mens que j'ai découverts fur les deu£
Societez , & le produit des foins qu'il a
fallu prendre pour rassembler des preu
ves aussi solides qu'elles le font dans l'ou
vrage même je souhaite ppxe cela
puiíîè vous amuser un moment , & vous
prouver de plus en plus les .sentiment
d'estime avec lesquels j'ai l'honneur d'ê
tre , &c. Monsieur , vôtre très-humble,
Se très.obéifíànt serviteur.
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Résumé : LETTRE d'un Gentilhomme de Bourgogne écrite à M. Moreau de Mautour.
Un gentilhomme de Bjurgorgne écrit à M. de Aíereau pour partager ses découvertes sur l'origine de la Fête des Fous et de la Compagnie de la Mere Folle de Dijon. Il a trouvé des représentations et des documents authentiques, tels qu'un chariot et un étendard, liés à cette compagnie. Les preuves incluent des confirmations accordées par le Duc de Bourgogne Philippe le Bon en 1454 et par Jean d'Amboise, Évêque de Langres, en 1482. Ces documents sont conservés dans le Trésor de la Sainte Chapelle de Dijon. L'auteur attribue l'origine de cette compagnie à une période antérieure et décrit ses activités, notamment des processions et des déguisements grotesques. Il rapporte également des arrestations et l'abolition de la compagnie en 1630. L'auteur souhaite que ces informations amusent et intéressent M. de Aíereau.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 205-229
ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
Début :
Sur le lieu où furent données deux Batailles en France, les années 596. & [...]
Mots clefs :
Lieu, Lieux, Bataille, Diocèse, Palais, Bourgogne, Pays, Roi, Royaume de Bourgogne, Histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
ECL4IRCISS EMENS.
Sur le lieu où furent données deux Ba
tailles -en France, les années 595. &
600. & fur un ancien Palais de nos
Rois de la première Race , duquel
personne jusqu'ici n'a assigné la situa
tion. Paf -M' le Beuf , Sous-Chantrt
& Chanoine de V Eglise d' Auxerre.
E Journal de Verdun du mois
de Mars dernier , nciis a com
muniqué une Remarque faite
un habile homme , touchant l'en-
A ij droit
%o6 MERCURE DE FRANCE;
droit où fut. donnée une Bataille l'an 59^.
ou 597. entre les Troupes de Clotaire
II. Roi de Soissons & de Paris , fils de
la Reine Fredegonde , d'une part , & les
Troupes de Theodebert II. Roi d'Auftrasie
, jointes à celles de Thierry II. Roi
d'Orléans & de Bourgogne. Ce lieu se
trouve appellé Latofao dans les Impri
més de la Chronique , connue fous le
nom de Fredegaire, M. Maillard , Avo
cat , Auteur de la Remarque du Jour
nal j observe que le Pere Daniel dit qu'on
ne connoît plus ce lieu ; mais que le
Pere Ruinart a marque dans ses Notes
(at Fredegaire que feion quelques uns
ce Latofao est dans le Diocèse de Sens.
Cette désignation générale ne satisfait
point le Lecteur. On aime à voir les
«hoses indiquées plus particulièrement.
C'est ce que tache de faire M. Maillard,
en produisant un garant pour la situa
tion de çe lieu dans le Diocèse de Sens.
Xe garant qu'il croit suffisant est l'Histoire
du Gâcinois , écrite il y a cent ans
par Morin , Grand-Prieur de perrières.
C'est un Ouvrage où , à la vérité , il y
z quelque chose à apprendre } mais en
prenant les précautions nécessaires >
c?cst-à-dire , en vérifiant la plupart des
choses qu'il avance , il y a lieu de se
/défier de tout ce qu'il produit , fans
FEVRIER. i7jo. So?
én apporter la preuve ; Sc je ne vois
pas qu'on puisse fonder fur son simple
témoignage un fait aussi ancien qu'est
celui en question. Cet Historien est fi
peu exacb , & si rempli de fautes , que
dès le premier mot du Chapitre où il
parle de ce Latofao , il dit que Moret
& Doromel font la même chose selon
Aimoin , ce qui est doublement faux ,
puisqu'Aimoin ne parle aucunement de
Moret , lib. 3. e. 8 8. & que Dormèil,
loin d'être Moret , en est éloigné de
trois lieues ou environ.Le PereLe Cointe
die aussi à l'an 596. num. 4. que quel
ques nouveaux Auteurs placent ce La
tofao dans le Diocèse de Sens. ïl ne les
eite point par leur nom , & on ne
connoît que Morin qui ait avancé cette
opinion. C'est lui apparemment que le
Pere Le Cointe a en vue. Mais avec ust
peu d'attention , on s'apperçoit aisément
que ce qui a conduit Morin dans le sen
timent qu'il embrasse sur la Bataille de
Latofao , est que Dormeil , où il s'en
donna quatre ans après une seconde ,
est situé dans le Diocèse de Sens , 8c
peu éloigné de Moret. Pour moi , je
fuis d'un sentiment bien opposé au sienj'
je prétends que les Places où se don
nèrent ces deux Batailles ne font point
si voisines } & que comme l'iflue en suc
A Uj diffe2
»8 MERCURE DE FRANGE;
différente , le terrain en fut aussi fors
diffèrent. Dans celle de Latefao de Pan
y 9 6. c'est Clotaire qui parent aggiesfeur
& qui vient fondre fur les Armées de
Theodeberr & de Thierry , qu'il taille
en pieces. Dans celle de Dormeil , ce
font Theodeberr & Thierry qui venant
à leur tour contre Clotaire , lui rendi
rent la pareille , & mirent toute son
Armée en déroute. Il paroît plus natu
rel que la première Bataille se soit don
née sur un terrain appartenant à Theo
deberr ou à Thierry , de même que la
seconde fut donnée vrai- semblablement
dans un lieu des Etats de Clotaire. U
ne faut point s'astreindre tellement aux
noms marques dans les imprimés de la
Chronique de Fredegaire , qu'on ne
puisse avouer que quelquefois ces noms
ont été mal écrits par les Copistes. Que
penser de certains noms propres dont il
est fait mention dans cet Ecrivain , lors
que l'on voit que dès le titre de fa' Chro
nique , qui étoit intitulée .• Extrait de
FHiftoire de S. Grégoire de Tours , du
mot Greji , les Copistes les plus anciens
avoient fait G >-aec , & de Turonici 3 il*
avoient fait Thoromachi ? Le Pere Ruinart
fait cette Observation dans son ex
cellente Préface, num. 137. Aidons un
peu à la lettré , & voyons si dans la mê
me
FÉVRÏÉR. trtú. ioj
iiie Chronique ou dans ses Continua
teurs , il n'y a pas encore d'autre Ba
taille donnée dans un lieu d'un nom ap*
prochanr. Je découvre par le mûyen des;
íçavantes Notes du P Ruinart , que
l'endroit où le second Continûareur mar
que une Bataille donnée en 680. & que
les imprimés appellent mal Locofico ;
est nommé dans les manuscrits Locofaa
ou Lnfmo , & autrement Lucofaco Lttu _
eofngo 5 je le trouve aussi appelle Luco*
fao dans l'Hiftoirc d'Aimoin. Comme le
Manuscrit des Continuateurs de la Chro
nique , & celui du premier Auteur n'ont
pas toujours paíté par les mêmes mains,
il ne fau! pas s'étonner de la petite dif
férence qui se trouve entre Latofao 8c
Lacofao. Mais je croirois volontiers que
c'est un seul & même endroit ; il s'agit
d'abord d» fixer fa situation. Dom Thierry
Ruinart dit que Monsieur Valois n'a pas
connu cet endroit , mais que ce pour*-
roit être Loixi en Lannois ; il ajoûtfr
ensuite , que cependant il paroîtra à
d'autres assez vrai-semblable , que ce liea
est celui dont prie l'Histoire des Evê
ques d'Auxerre , & qu'elle dit être situé
dans le Pays de Toul. Cette Histoire
e'crite fous le Règne de Charles le Chau-
▼Cy, rapporte que Hainmar , Evêque
d'Auxerre vers l'an j6y ayant été con-
A, iiij duir
ïio MERCURE DE FRANCE:
duit par ordre du Roi sur de faux rap^
porcs à Bastognes , dans la Forée des
Ardennes , fut adroitement tiré de cette
prison par un de ses neveux ; & que
comme il íe sauvoit à cheval , il fut sur
pris & arrêté à Lufaiis , dans le Pays de
Toul , où se£ ennemis en firent un Mar
tyr. Adverfarii infequentes in loco qui
Lufaiis dieitur , j» Pago Tullenfì , eum
conficuti funt &c. Il semble qu-'il ne fauc
point chercher ailleurs ce Lufaiis que
dans le Diocèse de Toul ; ainsi c'est in
failliblement ce qu'on appelle aujour
d'hui Lifou, Il y a Lifou le grand & Lifou
le petit , qui font deux Villages contigus,
à six ou sept lieues de Joinville r
vers L'Orient , tous les deux dans le Dio
cèse de TouL , & dans l'ancienne Austrasie.
Le nom de Lifoldium , que le
P. Benoit , Capucin , leur donne dans son
nouveau Pouiller de Toul, ne m'arrête
aucunement , pareeque j'ai connu que
dans beaucoup d'articles , il a latinisé les
noms fur le François , & que lorsque la
terminaison d'un nom étok susceptible
de deux différentes inflexions Latines ,
il a souvent pris la moins fondée dans
l'antiquité , & a laisse l'autre qui-lui étoit
inconnue*. Telle est la derniere syllabe
du nom Lifou ou Lufou , laquelle n'a
pas été formée de l' Allemand Bold , mais
d»
FEVRIER. 1730. m
du Latin Fagus. A l'égard de la première
syllabe , il est plus probable qu'elle vient
du mot Lhcus que d'aucun autre , & je
me persuade que quiconque est au sait
de la formation des noms propres des
lieux , ne fera aucunement surpris que
de LucasAgus , on ait fait Lifou , qui
auparavant étort écrit & prononcé Luc*
foug 3 soit que ce mot vienne de Leucorum
Fagus , ou de Lucus Fagorum. Je
laisse au Lecteur à juger sì Lifou, quia,
plutôt été le Théâtre de la Guerre de
tan 6 S o. qu'aucun autre lieu , n'est pas
aussi l'endroit de la Bataille de l'an j^óV
puisqu'il étoit dans les Etats de Theodebert
, où il est plus vrai semblable que
Clotaire envoya ses Troupes , que noa
pas dans fes propres Etau , à 1 5. ou
16. lieues de Paris. On pourroit m'objecter,
que qUandmême il seseroit donné
une Bataille à Lifou cn l'an £80. il ne
s'ensuivroir pas delà qu'il s'y en soit aussi
donné une en ^96. Qu'inferec l'un de
l'autre , c'est retomber dans le deffauc
de raisonnement que je blâme dans Morin.
Mais la différence qu'il ya, est que
Latofao & Lucofao , ou par abrégé L«-
fao , se ressemblent si fort , qu'à moins
qu on ne trouve un lieu véritablement
nommé Latofao , diffèrent de Lifou , on
est toujours bien fondé à croire que c'est
A v le
212 MERCURE DE FRANCE.
le même. M. Maillard avoiie qu'on ne
connoît point de lieu appelle' Latofao
où Morin dit qu'il y en a un. II ne pro
duit non plus aucun titre , ni aucune
Histoire qui donne ce nom à aucun en~
droit voisin de Dormeil & de Moret ;
d'où je conclus que fa Remarque est
trop foiblement appuye'e pour qu'on
puisse y avoir égard , &c que si Latofaon'est
pas Lifou , il faut continuer à avouer
avec le Pere Daniel qu'on ne connoîe
plus ce Latofao.
Comme cette Observation tend à ôter
au Diocèse de Sens un endroit mémora
ble que M. Maillard a essayé de lui at
tribuer, je fuis bien aise de lui assigner
' en dédommagemenr un autre lieu plus
célèbre , & qui mériteroit d'être regar
dé avec distinction par les Historiogra
phes de France. C'est le lieu que nos^
anciennes Chroniques , nos Annales Sc
certaines Chartes appellent A4ap>loecnmt,
Aí ■npìlacum Afanfolagum. J'en ai déja
touché quelque chose dans une Note qui»
est au bas de la page 87 du Mercure
de Janvier 1725. Mais comme il n'y a
gueres que les curieux & les personnes,
studieuses qui lisent ce qui est au bas des
pages , j'ai crû devoir m'étendre un peu
plus fur ce point Topographique. Le
HJjet est d'autant plus digne d'attention
que:
FEVRIER. 1730. 213
que 1c Perc Mabiilon avoue dans son cjuatriéme
Livre de la Diplomatique\, qu'il
n'a pû découvrir quel lieu est ce Masolacum
, & que lc P. Ruinart en publiant
Fredegaire , de'clare qu'il ne le connoîc
pas davantage. Ignotus mihi Aianfolaci
fttus , dit le Pere Mabiilon. Hujus Viíl*
Jîtns ignotus est , dit le Pere Ruinart.
Cet endroit n'étant pas un fimple Vil
lage du commun , mais une terre dis*
ringuée par un Palais R oyal , ne doit
pas être non plus , par conséquent , de
ceux qui peuvent rester dans l'obsciuké.
Les Antiquaires qui aiment à suivre la
marche de nos Rois ne peuvent regardée
comme indifferens dans la Géographie
les lieux où ils se retiroient queîquefoisì
soit pour y prendre le divertissement de
la chasse , soit- pour y tenir leurs Etats ,
oti y faire quelqu'autre action éclatante.
Aíaffolacurn est dans ce cas. Ce fut là^
que Clotaire II. fit comparoître l'an 6\ j.
devant lui le Patrice Alethée , lequel
n?ayant pû se purger des crimes dont il
étoit accusé } fut condamné à périr par
le glaive. Dagobert I. étant mort , ce
fcit aussi à Massolac que les Seigneurs de
Neustrie & de Bourgogne s'assemblèrent
pour proclamer Roi , son fils Clovis..
Ces faits font affectés par Fredegaire ,
Auteur du tems , Ôc depuis par Aimoin.
A*j M»is
ZT4 MERCURE DE FRANCE:
Mais où éroit situé ce Maffolac ? & cot»;
ment l'appclle-t'on aujourd'hui ? C'est
suc quoi je me suis déja déclaré en 1725,»
en marquant que c'est Maíky » à une
lieue de Sens. Dom Jean Mabillon die
que ce Maffolac a du être certainement
un Palais Royal du Royaume de Bour
gogne avant le Règne de Clotake I I.
Regni Burgunàici Palatium fuijse cons-
Ut. il le dit fans aíSgner le lieu où il ctoic
situé; mais le voisinage de Sens suffit pour
décider, que ce Palais étoit du même
Royaume que. Sens j & quoique je ne
veuille pas contredire ouvertement le
fçavant Pere Mabillon , je ne crois pas
qu'après la resolution prise par le Roi
Clotaire d'entendre les Chefs d'accusa*
tion contre un Patrice de Bourgogne y.
il fut nécessaire pour cela que l' Assem
blée se íint dans un Palais du Royau
me de Bourgogne , quoique ce Roi en
fut devenu le Maître, On voit que trois
ans après*, ce même Roi fit venir tous
les Evêques & Seigneurs de Bourgogne
au Palais de Boneuil proche Paris , qui
constament n'a jamais été Aa Royaume
de Bourgogne; Il suffisoit donc que ce
fut un lieu sur les limites des Royaumes
de Neustrie & de Bourgogne , comme
cn effet ce fut là que les premiers de
ces deux Royaumes élevèrent l'an 637»
FEVRIER. 1730. sijj
I la Royauté Clovis , fils de Dagobctr.
Or que ce fut dans le voisinage de Sens»
bous en avons une bonne preuve dans
un acte produit par le Perc Mabillon ,
Sec. j. BenediU. part. 2. p. 6 1 4 . on y
lit qu'Emmon , Archevêque de Sens , íc
servant de la présence d'un grand nom
bre d'Evêques assemblés en ce lieu l'an
£57. leur fit signer un Privilège con
cernant l'Abbaye de Saint-Pierre le Vif;
il est daté Mansolaco Curte Dowinica*
II étoit assez naturel à- un Archevêque
de saisir cette occasion , ayant le Roi &
les Evêques si proches de lui. On peur
dire que c'étoit comme le Fontainebleau;
de ce siecle-là ■, les. Rois de France y venoient
de tems en tems , & \& Cour y
étant , il éroit nécessaire que les Prélats,
qui avoient des affaires d'importance à
icgler , s'y transportassent. Clotaire III.
y étoic la troisième année de son Règne,
selon l'Acte ci deflus cité. Il y vint en
core la huitième année , & c'est de la
que fut daté un Oiplome de confirmation
de la terre de Larrey à l'Abbaye de Sains
Bénigne de Dijon qu'on trouve dans Pé
tard à l'an 6x7 > mais qui doit être placé
à l'an 660. comme l'a fait remarquer
le Pere Mabillon. Datum Masolapo in
íalatio nofl'-o. Si depuis ce tems là on
oc trouve plus de mention du Palais de
Massas
%\C MERCURE 0E FRANCE.
Maíïay , c'est qu'il fut peut- être dérruir
par les guerres des Sarrazins au siécle
suivant* Mais le nom de fa première
destination lui est toujours resté , puis
que des deux Maslay contigus , il y en
a un qui est appelle Mastay-le-Roy , ce
qui marque , comme dit le Privilège de
ì' Archevêque Emmon , un Territoire
Royal, Curtem Dominicain. Ces deux en*
droits font à l'Orient dliyver de la yûlede
Sens , fur la Rivière de Vanne , Sc
peu éloignf-s de la Forêt d*Othe qui
étoit alors fort vaste , & qui l'eft encore
assez. J'ai trouvé aux marges d'un Mar
tyrologe de la Cathédrale de Sens , écrit
au dixième siécle , quelques additions de
personnes notables décedees dans le mê
me siécle , & entr'autres une Hermengarde
, Dame de Maflay. XVII. KaLJunii
, obiit Hermengardis de Mafiiaco
Domina , anno Domini D. CCCC LV.
Ces additions font au plus tard d'une
écriture du XI. siécle. L'original est dans
la Bibliothèque de Saint-Benoît fur Loire,
It y a apparence que les deux Maflay
croient originairement une feule & mê
me terre , dont les guerres ont fait faire
des partages , en forte que l'un des Mas
lay s'est appelle le Grand-Maflay , &
l'autre le petit Maslay. Je ne sçai pour
quoi ce dernier est celui qu'on appc líe
autreFEVRTER.
i7Jo: a r
ffutrcment Mastay-le-Roy , ni pourquoi
celui qu'on surnomme le petit est échuau
Roi. Il arrive quelquefois que ce qui
est plus périr , quant au nombre des-
Feux & des Habirans , est d'un plus
grand produit pour le revenu à caufedes
dépendances. Quoiqu'il en soit , le
grand Mastay est nommé dans un His
torien de Sens , contemporain du Roy
Robert : C'est Odoran , Moine de Saint"
Pierre le Vif. Son Ouvrage seroit peutêtre
resté jusqu'ici dans l'obscurité , si cc
n'étoir que M. Jean Baptiste Oudinet
Prieur de l' Abbaye de .Saint ■« Marien
de notre Ville , se fit un plaisir de
le communiquer à Dom Mabillon. Il
renferme plusieurs parricularitez qui ne
font pas indifférentes- à l'Histoire du
Roi Robert, & que je tais parce qu'elles
ne font rien à mon sujet. On peut les
voir au second volume du VI siécle Bé
nédictin. Cer Ecrivain rapporrant dansfbn
ii. Chapitre la punition d'un hom
me qui fit un faux ferment dans l'fgliso
de S. Savinien, proche Sens , dit que cet
homme étoit nomim Rothb rthiti in vicin*
ortus villa , cm nomen JUaftiacm Aft jor
dédit antlcjuitau le Moine C.larius,de
la mime Abbaye de S. l ierre le vif , qui
vivoit cent ans après Odoran , rapportant
dans fa Chronique, imprimée au II. lo
vas
tit MERCURE DE FRANCE:
me du Specilege , les violences qu'on em
ploya l'a n 10 j 2. pour obliger les Senonois
de recevoir Gelduin , que le Roi
Henry I. leur avoit donné pour Evêque ,
dír que ce Roi se transporta en personne
sur les lieux > qu'il vint assiéger la Ville de
Sens,& que ce fut au Grand-Mastay qu'il
fit camper son armée : Rex copiosum exerçitam
applicuit y & in villa qut Maftiacus
M.ijor dicitur cafi'a p»s»it. Ces trois té
moignages prouvent que dans le X.XI. &
XII. siécles on disoit encore dans le pays
M.ifliacHS , qui e'toit une expression moins
éloignée de Moefolacut. Mais dans les fic
elés suivans on commença à corrompre
ee mot de plus en plus. Je trouve dans
un Manuscrit de la Bibliothèque de la Ca.-
thédrale de Sens, qui est du XIII. siécle,
qu'il est fait mention en ces termes du
Maire de Maílay-le- Vicomte & de l'Eglise
de Maíliy-le-Roy : Aíajori de Mas-
Uio-Vicecomiús . & Ecclejit, de MaJIcìo
Régis. Au reste il ne doit pas paroître sur
prenant que l'on ait corrompu Mafìlacurn
en Míijliacum & Majlciam : ces deux ma
nières de latiniser ce nom dans les bas
siécles , marquent que dans le langage
vulgaire on faisoit. la première syllabe
longue comme aujourd'hui , si on ne proaonçoit
pas la lettre S , ce qui est d'au
tant plus véritable que les Titres François
FEVRIER. ï7jo. 219
da XIV. siécle mettent un second a pouc
tenir la place de la lettre S , ensorte qu'on
y lit ce mot ainsi écrit ; Maalay. U est na
turel que dès-là qu'on réduit plusieurs
syllabes à n'en former qu'une , cette syl
labe devienne longue de prononciation»
Quant à la terminaison en ay , il est vrai
que de nos côtez elle est moins communa
que celle en y, qui nous vient de tous
les- noms deg lièux finissant en latin pas
iacurn ; cependant il reste encore dans dis*
ferens cantons de la Province Senonoifs
des noms de lieu en ay qui viennent du
latin iacum ou acam . . . Nous avons dans
notre Diocèse , presque sur les bords da
la Loirp, Mannay qui s'appelloit Man-,
nacum í au sixième siécle, Annay qui se
disoit en latin au neuvième siécle Abundiacum
, & Seignelay, qui est un endrok
fort connu , Seligniacum. Dans le Diocèser
de Senion trouve Bray& Lorayidont les
noms latins ne Yont autres que Braiacum
&cLoriacum. Je ne puis donc croire qu'il y
ait lieu de douter du côté de l'analogie
des deux Langues , que Mallay ne vienne
de Afafolacnrn. Les Antiquaires font obli
gez d'admettre des noms qui sont encore
plus méconnoissibles & moins «pportans
l'un à l'autre. Je n'ái passé qu'une
seule fois dans le grand Maflay , & j'ajr
apoerçji que la Plaine de ce lieu est très*
fertile
iià MERCLÎRÈ DÈ FRAftCÉ.x
fertile. La Rivière de Vanne entoure cti^s
tierement ce Bourg & erl fait une verira^
ble Isle. Comme cette Rivière ne tatis
gueres, elle contribue beaucoup à rendre
cet endroit verdoyant & fort gai en été.
Le petit Maflay est un peu plus vers l'Otient
, la Rivière entre deux. Plus haut
est le Village de Teil , que je pourrois enquelque
forte qualifier d'ancienne Mai
son Royale, en me fondant fur le texta
d'Odoran, quoique te P. Mabillon n'en
ait fait aucune mention. Odoran rap
porte dans son 2 6. Chapitre , que Teil
rut le lieu de la résidence de la ReineConftance
pendant tout le temps que lc Roi
Robert employa à faire son voyage de
Rome. Faïium efi dum quadam terr.port
Robmtts Rex Romam peteret , ut Cons'
tant'ta Regina un à cum filio sue Hagent
parvalo Tille remaneret. Peut être que
Mâlay s'étendbit autrefois jufques-là. Au
moins il est certain que Teil fait encore
partie de k Châtellenie de Mâ!ay-le-Roi«
Cette Châtellenie fut échangée par Phi
lippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre
, & l'échange fut ratifié au mois
d'Août 1318. par Philippe le Long ,en
faveur de Thibaud & Louis de Sancerre.
M. Couste, Lieutenant Civil & Particu
lier de la Ville de Sens , qui possède une
gartie de cc Mâ-lay , m'apprend par le
Me
FEVRIER. i7jo. ni
Mémoire qu'il a eu la bonté de m'envoyer,
que dans les Titres d'échange & de ra*
tification , ce lieu est écrit Maalay-le-Roi.
II ajoûte que cette Châtellenie appartint
depuis cet échange à un seul Seigneur ,
qui ayant eu huit enfans , en fit le par
tage entre eux dès son vivant ; ce qui est;
cause qu'elle est aujourd'hui divisée etï
sept ou huit portion ì. Et quoiqu'il ob
serve que Mâlay-Ie-Roy , dent la Châtel
lenie porte le nom ,soit le plus petit dessept
Villages qui la composent , & que le
Siège du Bailliage soit à Teil , cela ne doit
point cependant empêcher de croire que
tout ce terrain n'ait été un territoire Royal
dans le temps que j'ai marqué cy-dessus.
Cette supériorité de Seigneuries se trouve
même appuyée par le nom de Villiers-
Louis, qui est un des sept Villages, & qui
est contigu à Mâlay-lc-Roy. Au reste si
cette Châtellenie relevé aujourd'hui de»
Comtes de Joigny , ce n'est que depuis
k Règne de Philippe V. Ce Prince céda
cette Mouvance à Jean Comte de Joigny
en 1 3 r 7. pour avoir la Mouvance de Châ
teau-Renard , qui appartenoit au Comte
de Joigny. Je ne sçai si ce que Nicole
Gilles, Belleforelt& Chappuis, prennent
pour un retranchement fait à Mâlay par
les Anglois au XIV. siécle , ne seroit point
un vestige de l'enceiate daChâteau de nos
Roisïti
MERCURE DE FRANCK
Rois de la première Race , ou du tcrraírf
vqui fut occupé par les Troupes du Rot
Henry I. lorsqu'elles campèrent à Mâlay.
il s'est conservé au Grand- Mâlay , autre
ment dit Mâlay- Ie-Vicomte , une Tradi
tion que S. Agnan Evêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu. Tel a été le sentiment de
M. Tripaut, Avocat d'Orléans. On écrit
cependant plus communément que saint
Agnan étoic né à Vienne en Ôaufiné,
plutôt que dans cette Bourgade de la Ri
vière de Venne. Il resterok a examiner s'il
fi 'y a point eu de méprise d'un nora pout
un autre , à cause de la ressemblance des
noms de Venne & de Vienne. Mâlay- le-
Vicomte a été de la Commune de Sensjusques
fous Louis le Gros ; c'est aujour
d'hui une Prévôté Royale : 5c M. le Duc
de Bourbon en nomme tous les Officiers,
soit comme étant aux droits du Vicomte,
ou comme jouissant du Domaine de Sens
& de la Banlieue.
En finissant ces Observations , je reçois
de M. Ferrani , l'un des fçavans Cures
du Diocèse de Sens , Doyen Rural de Marolles
, un Mémoire qu'il a rédigé , fur la
Rivière dont Fredegaire & Aimoin font
mention par rapport à la Bataille qui y fut
donnée en l'an 600. La remarque de
M. Maillard , inférée dans le Journal de
Verdun , m'ayanc engagé à fake des perFEVRIER.
1730.. 11}
quisuions , tant pour constater la choie
que pour corriger ce que j'ai mal mis
moi-même en vouse'crivant fur les lumieres
Célestes qui furent vues l'année de
cette Bataille; (a) je reconnois ne les avoir
point faites inutilement , & qu'il seroit
bon que ceux , qui dans la fuite youdronc
donner une Edition de S. Grégoire de
Tours , de Fredegairc & de toutes nos ar» •
ciennes Annales Latines avec des Notes,
prissent la peine ou de se transporter suc
les lieux ou de faire venir des mémoires
exacts. J'avoue que j'ay e'té trompé en
1716. par la Note de Dom Ruinart fur
la Rivière Aroanna , que j'avois mal com
prise à cause du nom François d'Ouainc
qu'il lui donne. Ce n'est ni de la Rivière
d'Ouaineen Gâtinois ni de celle de Vanne
en Senonois , qu'il faut entendre ce qui
est dit de la Bataille où Clotaire II. suc
défait ; mais de la Rivière qui passe à Dor--
melle même. ( On dit Dormelle dans le
pays , & non Dormeil. ) Elle prend fa
source à trois quarts de lieue" au-dessus
de Dollot , qui est la Cure de M. Fer^
rand , Auteur des Remarques que je vais
rapporter , mais dans la Paroisse de saint
Valerien. Au bout de cent pas , fortifiée
par plusieurs fontaines , elle fait tourfa)
Mercure de Utvembrt vji.6' i4*á«
nef
iî4 MERCURE DE FRANCE,
jner un moulin. Jusques là , elle n'a que
le nom 1 de Fontaine de Saint - Biaise ,
à cause d'une Chapellû voisine de la source
.mais au-dessous du moulin , elle com
mence à s'apeller la Rivière d'Orvanne.
Elle passe ensuite à Dollot , à Valéry ,
JBlennes , Diant , Vaux , Ferrotes > Fla~
gis,Dormelle, Château-Saint-Ange ,8c
va former l'e'tang de Moret, dans le
quel elle est absorbée ; puis delà elle se
décharge dans le Loin , un peu au-dessus
.de Moret i le tout fait l'étenduè" de six
lieues de pays. Le Vallon que cette pe
tite Rivière arrose s'appelle le Vallon
d'Orvanne , & les Paroisses qui y font
k jîtuées ou contigues s'appellent de même
les Paroisses de la Vallée d'Orvanne. On
assure que tous les Contrats de partages
& de ventes dans tous ces pays là n'appellent
point cette Rivière autrement
que la Rivière d'Orvanne. Ce qu'il y a
de singuliers que le nom de cette même
Rivière change dans la bouche de plusieurs
personnes au delà de Dormelle , &
près de fa décharge dans l'Etang de Mo
ret. En ces lieux- là on Pappelle quelque
fois la Rivière de Ravanne , & ce font fur
tout les Paysans voisins de cet Etang qui
lui donnent ce nom , parce qu'au-dessus de
cet Etang elle passe dans un Château assez
distingué, appelle k Château de Rnvanne,
donc
\
FEVRIER. 1750. 22$
dont elle traverse les Jardins , y formant
outre sonCanal,des pieces d'eau trés agréa
bles. Mais si l'on remonte une lieue plus
haut , on voit que ce nom est inconnu.
Au dessus de ce Château 6V une de
mie lieue au-dessous de Dormelle, est la
belle maison de feu M. de Cajumartin ,
bâtie sur la croupe d'une Montagne. Cette
maison s'appelle le Château Saint- Ange.
C'est peut-être l'endoit -où se donna la
Bataille, super fluvium Arvennam nec procul
a Doromdlo vico, ainsi que dit Aimoin.
Cette lecture du mot Arvenna est plus
exacte que celle du mot Aroanna em
ployée dans Fredegaire de la derniere Edi
tion. 11 est incontestable par le moyen de
cet éclaircissement qu'il s'agit dans Fre
degaire & dans Aimoin de la Rivière <sPO»
vanne , qui plus anciennement a dû. être
prononcée Arvanne. Il faut abandonner
en cette occasion la Rivière d'O'ùaine
(Odona ) qui est éloignée de Dormelle de
plus de huit lieues. Le P. Daniel a eu
raison de dire que la Bataille fut donnée
sur une Rivière qui se jette dans le Loiiam
au-dessus lie Moret; mais il s'est trompé
en lui donnant le nom de Rivière d'Oiiaine
, aussi-bien que le P. Ruinart. On doit
en être convaincu par la raison que je
viens de rapporter -, celle d'Odaine étant
bjçn différente, puisqu'elle prend sa source '
% i4 MERCURE DE FRANCE,
à quatre lieuës d'Auxerre , & qu'elle va
/e jetter dans le Loiiain , au-deflus de
Montargis. Ce n'est point non-plur la
Rivière de Vanne , comme le Père le Com
te à l'an £eo. Num. i. semble l'avoir
crû après le Président Fauchet. Encore
moins faut -il aller chercher cette Rivière
dans le Pays du Maine , où il y a un traî
na fiuviolus. II faut quelque chose de plus
que la ressemblance des noms dans leLatin,
pour pouvoir avec fondement e'ioigner de
ros quartiers le Théâtre de cette guerre,
A Auxerre ce 18. May 172.8.
ADDITION.
Après avoir envoyé ces éclairciíTemem
aux Auteurs du Mercure, j'ai eu occasion
d'aller à Paris. Comme le cours de la Ri*
viere d'Or vanne est collatéral à celui de 1»
Rivière d'Yonne , & n'est éloigné du
grand chemin que de deux lieuës ou en
viron , je n'ai pas manqué de vérifier par
moi-même avant que de me rendre dans
la voiture publique, le Mémoire de M. le
Prieur de Dollot. Je l'ai trouvé*' très- juste
à un article près } j'ai remarqué en mêmetemps
que nés Géographes mettent sou
vent à droite d'une Rivière ce qui est à
gauche , ou qu'ils font quelquefois tout
Je contraire. C'est pourquoi si vous avez
U
FEVRIER. i7jo; M7
Ja Carte du Diocèse de Sens dressée par
Samson , vous pouvez en touce fureté ,
yous & vos amis, y faire les corrections
suivantes. Mettez la source de la Rivière
d'Orvannc à une portée de Mousquet du
Bourg de Saint Valerien, à POtient d'Eté; '
mettez ensuite Dollot à droite , comme
a fait le Géographe , mais à gauche du
Ruisseau. Vallery est bien placé dans les
Cartes. C'est un lieu célèbre par fa destin
nation à la sépulture des Princes de la
Maison de Condé. Plus bas à droite est:
Blenne,mal nommé Blaineux par Samfonj1
plus bas encore est Diant. Ensuite à gau
che est le Bourg de Voux, qui çst ferme
de murs, & que les Cartes ont tort de re
présenter comme un simple Hameau.
Après Voux & du mime côté le Villa
ge de Ferrotes , & plus bas encore ì
gauche est le Bourg de Flagy , qui a du
coté du Midi des níurs si élevez & si con
sidérables pour leur épaisseur , qu'on U
peut comparer à ceux des plus anciennes
Villes. Ce Bourg a été cependant fort en
dommagé par les Huguenots , ainsi que
l'Eglise du lieu en fait foi. Au sortir de
Flagy on voit à gauche une Plaine qui
règne jusqu'auprès de Dormelle. Ce der
nier Village est fur une éminence. On
passe la Rivière d'Orvanne fur un
Pont, &dps lois on cesse d'en suivre le
, B cours.
ni MERCURE DE FRANCE,
cours. Lorsqu'on a atteint le haut <kp
Coteau, on apperçoit encore une autre
Plaine à droite , laquelle s'étend dti
<ôré de rOtient & dfi Septentrion. Il y
a plus d'apparence que ce fut en cette
derniere Plaine que fut donne'e la Ba
taille de Dormelle , en tirant vers le
Village de Fossar 3 dont le nom vient
peut-être à Fojsario Jeu loco Fojfitrum. Ce
.que j'ai lemarqué plus loin après avoir
laissé le Village de Montarlpt i gauche,
«e s'accorde plus ayee le Mémoire dont
je vous ai parlé. Il ne m'a point paru que
la Rivière d'Orvanne se jettât dans un
Etang-, c'est elle qui forme cette es
pèce d'Etang par le moyen des murs Sfi.
des Ecluses qui fervent à retenir ses eaux,
Cette Rivière ayant repris ensuite fa pre
mière liberté , ne va point se jettes dans
le Loiiain si tôt que Messieurs Samson
& Deíifle l'ont marqué dans leuts Cartes ;
ce n'est point au-dessus de Motet qu'elle
s'y jette , mais au-dessous } presque vis-àvis
sangle Septentrional des murs de cette
petite Ville ; desorte qu'il y a à More*
Jeux Ponts l'un au bout de l'autre; le plus
grand pour la Rivière de Loiiain au bout
duquel est le Prieuré de Pont Loii f Pons
Lupa; (c'est le nom de la Rivière qui
joint le Canal de Briare à la Seine Lupa-
/ámnis) & l'autre petit Pont est fur la. Ri
vière,
FEVRIER. 1740: 139
viere d'Orvanne. C'est ainsi qu'en une
matinée de temps j'ai eu le plaisir de voie
cette Rivière depuis fa source jusqu'à son
embouchure , avec tout ce qu'il y a de
-curieux sur les bords de la Vallée à laquel
le elle donne son nom.
Ce 15. Juillet 1718.
Sur le lieu où furent données deux Ba
tailles -en France, les années 595. &
600. & fur un ancien Palais de nos
Rois de la première Race , duquel
personne jusqu'ici n'a assigné la situa
tion. Paf -M' le Beuf , Sous-Chantrt
& Chanoine de V Eglise d' Auxerre.
E Journal de Verdun du mois
de Mars dernier , nciis a com
muniqué une Remarque faite
un habile homme , touchant l'en-
A ij droit
%o6 MERCURE DE FRANCE;
droit où fut. donnée une Bataille l'an 59^.
ou 597. entre les Troupes de Clotaire
II. Roi de Soissons & de Paris , fils de
la Reine Fredegonde , d'une part , & les
Troupes de Theodebert II. Roi d'Auftrasie
, jointes à celles de Thierry II. Roi
d'Orléans & de Bourgogne. Ce lieu se
trouve appellé Latofao dans les Impri
més de la Chronique , connue fous le
nom de Fredegaire, M. Maillard , Avo
cat , Auteur de la Remarque du Jour
nal j observe que le Pere Daniel dit qu'on
ne connoît plus ce lieu ; mais que le
Pere Ruinart a marque dans ses Notes
(at Fredegaire que feion quelques uns
ce Latofao est dans le Diocèse de Sens.
Cette désignation générale ne satisfait
point le Lecteur. On aime à voir les
«hoses indiquées plus particulièrement.
C'est ce que tache de faire M. Maillard,
en produisant un garant pour la situa
tion de çe lieu dans le Diocèse de Sens.
Xe garant qu'il croit suffisant est l'Histoire
du Gâcinois , écrite il y a cent ans
par Morin , Grand-Prieur de perrières.
C'est un Ouvrage où , à la vérité , il y
z quelque chose à apprendre } mais en
prenant les précautions nécessaires >
c?cst-à-dire , en vérifiant la plupart des
choses qu'il avance , il y a lieu de se
/défier de tout ce qu'il produit , fans
FEVRIER. i7jo. So?
én apporter la preuve ; Sc je ne vois
pas qu'on puisse fonder fur son simple
témoignage un fait aussi ancien qu'est
celui en question. Cet Historien est fi
peu exacb , & si rempli de fautes , que
dès le premier mot du Chapitre où il
parle de ce Latofao , il dit que Moret
& Doromel font la même chose selon
Aimoin , ce qui est doublement faux ,
puisqu'Aimoin ne parle aucunement de
Moret , lib. 3. e. 8 8. & que Dormèil,
loin d'être Moret , en est éloigné de
trois lieues ou environ.Le PereLe Cointe
die aussi à l'an 596. num. 4. que quel
ques nouveaux Auteurs placent ce La
tofao dans le Diocèse de Sens. ïl ne les
eite point par leur nom , & on ne
connoît que Morin qui ait avancé cette
opinion. C'est lui apparemment que le
Pere Le Cointe a en vue. Mais avec ust
peu d'attention , on s'apperçoit aisément
que ce qui a conduit Morin dans le sen
timent qu'il embrasse sur la Bataille de
Latofao , est que Dormeil , où il s'en
donna quatre ans après une seconde ,
est situé dans le Diocèse de Sens , 8c
peu éloigné de Moret. Pour moi , je
fuis d'un sentiment bien opposé au sienj'
je prétends que les Places où se don
nèrent ces deux Batailles ne font point
si voisines } & que comme l'iflue en suc
A Uj diffe2
»8 MERCURE DE FRANGE;
différente , le terrain en fut aussi fors
diffèrent. Dans celle de Latefao de Pan
y 9 6. c'est Clotaire qui parent aggiesfeur
& qui vient fondre fur les Armées de
Theodeberr & de Thierry , qu'il taille
en pieces. Dans celle de Dormeil , ce
font Theodeberr & Thierry qui venant
à leur tour contre Clotaire , lui rendi
rent la pareille , & mirent toute son
Armée en déroute. Il paroît plus natu
rel que la première Bataille se soit don
née sur un terrain appartenant à Theo
deberr ou à Thierry , de même que la
seconde fut donnée vrai- semblablement
dans un lieu des Etats de Clotaire. U
ne faut point s'astreindre tellement aux
noms marques dans les imprimés de la
Chronique de Fredegaire , qu'on ne
puisse avouer que quelquefois ces noms
ont été mal écrits par les Copistes. Que
penser de certains noms propres dont il
est fait mention dans cet Ecrivain , lors
que l'on voit que dès le titre de fa' Chro
nique , qui étoit intitulée .• Extrait de
FHiftoire de S. Grégoire de Tours , du
mot Greji , les Copistes les plus anciens
avoient fait G >-aec , & de Turonici 3 il*
avoient fait Thoromachi ? Le Pere Ruinart
fait cette Observation dans son ex
cellente Préface, num. 137. Aidons un
peu à la lettré , & voyons si dans la mê
me
FÉVRÏÉR. trtú. ioj
iiie Chronique ou dans ses Continua
teurs , il n'y a pas encore d'autre Ba
taille donnée dans un lieu d'un nom ap*
prochanr. Je découvre par le mûyen des;
íçavantes Notes du P Ruinart , que
l'endroit où le second Continûareur mar
que une Bataille donnée en 680. & que
les imprimés appellent mal Locofico ;
est nommé dans les manuscrits Locofaa
ou Lnfmo , & autrement Lucofaco Lttu _
eofngo 5 je le trouve aussi appelle Luco*
fao dans l'Hiftoirc d'Aimoin. Comme le
Manuscrit des Continuateurs de la Chro
nique , & celui du premier Auteur n'ont
pas toujours paíté par les mêmes mains,
il ne fau! pas s'étonner de la petite dif
férence qui se trouve entre Latofao 8c
Lacofao. Mais je croirois volontiers que
c'est un seul & même endroit ; il s'agit
d'abord d» fixer fa situation. Dom Thierry
Ruinart dit que Monsieur Valois n'a pas
connu cet endroit , mais que ce pour*-
roit être Loixi en Lannois ; il ajoûtfr
ensuite , que cependant il paroîtra à
d'autres assez vrai-semblable , que ce liea
est celui dont prie l'Histoire des Evê
ques d'Auxerre , & qu'elle dit être situé
dans le Pays de Toul. Cette Histoire
e'crite fous le Règne de Charles le Chau-
▼Cy, rapporte que Hainmar , Evêque
d'Auxerre vers l'an j6y ayant été con-
A, iiij duir
ïio MERCURE DE FRANCE:
duit par ordre du Roi sur de faux rap^
porcs à Bastognes , dans la Forée des
Ardennes , fut adroitement tiré de cette
prison par un de ses neveux ; & que
comme il íe sauvoit à cheval , il fut sur
pris & arrêté à Lufaiis , dans le Pays de
Toul , où se£ ennemis en firent un Mar
tyr. Adverfarii infequentes in loco qui
Lufaiis dieitur , j» Pago Tullenfì , eum
conficuti funt &c. Il semble qu-'il ne fauc
point chercher ailleurs ce Lufaiis que
dans le Diocèse de Toul ; ainsi c'est in
failliblement ce qu'on appelle aujour
d'hui Lifou, Il y a Lifou le grand & Lifou
le petit , qui font deux Villages contigus,
à six ou sept lieues de Joinville r
vers L'Orient , tous les deux dans le Dio
cèse de TouL , & dans l'ancienne Austrasie.
Le nom de Lifoldium , que le
P. Benoit , Capucin , leur donne dans son
nouveau Pouiller de Toul, ne m'arrête
aucunement , pareeque j'ai connu que
dans beaucoup d'articles , il a latinisé les
noms fur le François , & que lorsque la
terminaison d'un nom étok susceptible
de deux différentes inflexions Latines ,
il a souvent pris la moins fondée dans
l'antiquité , & a laisse l'autre qui-lui étoit
inconnue*. Telle est la derniere syllabe
du nom Lifou ou Lufou , laquelle n'a
pas été formée de l' Allemand Bold , mais
d»
FEVRIER. 1730. m
du Latin Fagus. A l'égard de la première
syllabe , il est plus probable qu'elle vient
du mot Lhcus que d'aucun autre , & je
me persuade que quiconque est au sait
de la formation des noms propres des
lieux , ne fera aucunement surpris que
de LucasAgus , on ait fait Lifou , qui
auparavant étort écrit & prononcé Luc*
foug 3 soit que ce mot vienne de Leucorum
Fagus , ou de Lucus Fagorum. Je
laisse au Lecteur à juger sì Lifou, quia,
plutôt été le Théâtre de la Guerre de
tan 6 S o. qu'aucun autre lieu , n'est pas
aussi l'endroit de la Bataille de l'an j^óV
puisqu'il étoit dans les Etats de Theodebert
, où il est plus vrai semblable que
Clotaire envoya ses Troupes , que noa
pas dans fes propres Etau , à 1 5. ou
16. lieues de Paris. On pourroit m'objecter,
que qUandmême il seseroit donné
une Bataille à Lifou cn l'an £80. il ne
s'ensuivroir pas delà qu'il s'y en soit aussi
donné une en ^96. Qu'inferec l'un de
l'autre , c'est retomber dans le deffauc
de raisonnement que je blâme dans Morin.
Mais la différence qu'il ya, est que
Latofao & Lucofao , ou par abrégé L«-
fao , se ressemblent si fort , qu'à moins
qu on ne trouve un lieu véritablement
nommé Latofao , diffèrent de Lifou , on
est toujours bien fondé à croire que c'est
A v le
212 MERCURE DE FRANCE.
le même. M. Maillard avoiie qu'on ne
connoît point de lieu appelle' Latofao
où Morin dit qu'il y en a un. II ne pro
duit non plus aucun titre , ni aucune
Histoire qui donne ce nom à aucun en~
droit voisin de Dormeil & de Moret ;
d'où je conclus que fa Remarque est
trop foiblement appuye'e pour qu'on
puisse y avoir égard , &c que si Latofaon'est
pas Lifou , il faut continuer à avouer
avec le Pere Daniel qu'on ne connoîe
plus ce Latofao.
Comme cette Observation tend à ôter
au Diocèse de Sens un endroit mémora
ble que M. Maillard a essayé de lui at
tribuer, je fuis bien aise de lui assigner
' en dédommagemenr un autre lieu plus
célèbre , & qui mériteroit d'être regar
dé avec distinction par les Historiogra
phes de France. C'est le lieu que nos^
anciennes Chroniques , nos Annales Sc
certaines Chartes appellent A4ap>loecnmt,
Aí ■npìlacum Afanfolagum. J'en ai déja
touché quelque chose dans une Note qui»
est au bas de la page 87 du Mercure
de Janvier 1725. Mais comme il n'y a
gueres que les curieux & les personnes,
studieuses qui lisent ce qui est au bas des
pages , j'ai crû devoir m'étendre un peu
plus fur ce point Topographique. Le
HJjet est d'autant plus digne d'attention
que:
FEVRIER. 1730. 213
que 1c Perc Mabiilon avoue dans son cjuatriéme
Livre de la Diplomatique\, qu'il
n'a pû découvrir quel lieu est ce Masolacum
, & que lc P. Ruinart en publiant
Fredegaire , de'clare qu'il ne le connoîc
pas davantage. Ignotus mihi Aianfolaci
fttus , dit le Pere Mabiilon. Hujus Viíl*
Jîtns ignotus est , dit le Pere Ruinart.
Cet endroit n'étant pas un fimple Vil
lage du commun , mais une terre dis*
ringuée par un Palais R oyal , ne doit
pas être non plus , par conséquent , de
ceux qui peuvent rester dans l'obsciuké.
Les Antiquaires qui aiment à suivre la
marche de nos Rois ne peuvent regardée
comme indifferens dans la Géographie
les lieux où ils se retiroient queîquefoisì
soit pour y prendre le divertissement de
la chasse , soit- pour y tenir leurs Etats ,
oti y faire quelqu'autre action éclatante.
Aíaffolacurn est dans ce cas. Ce fut là^
que Clotaire II. fit comparoître l'an 6\ j.
devant lui le Patrice Alethée , lequel
n?ayant pû se purger des crimes dont il
étoit accusé } fut condamné à périr par
le glaive. Dagobert I. étant mort , ce
fcit aussi à Massolac que les Seigneurs de
Neustrie & de Bourgogne s'assemblèrent
pour proclamer Roi , son fils Clovis..
Ces faits font affectés par Fredegaire ,
Auteur du tems , Ôc depuis par Aimoin.
A*j M»is
ZT4 MERCURE DE FRANCE:
Mais où éroit situé ce Maffolac ? & cot»;
ment l'appclle-t'on aujourd'hui ? C'est
suc quoi je me suis déja déclaré en 1725,»
en marquant que c'est Maíky » à une
lieue de Sens. Dom Jean Mabillon die
que ce Maffolac a du être certainement
un Palais Royal du Royaume de Bour
gogne avant le Règne de Clotake I I.
Regni Burgunàici Palatium fuijse cons-
Ut. il le dit fans aíSgner le lieu où il ctoic
situé; mais le voisinage de Sens suffit pour
décider, que ce Palais étoit du même
Royaume que. Sens j & quoique je ne
veuille pas contredire ouvertement le
fçavant Pere Mabillon , je ne crois pas
qu'après la resolution prise par le Roi
Clotaire d'entendre les Chefs d'accusa*
tion contre un Patrice de Bourgogne y.
il fut nécessaire pour cela que l' Assem
blée se íint dans un Palais du Royau
me de Bourgogne , quoique ce Roi en
fut devenu le Maître, On voit que trois
ans après*, ce même Roi fit venir tous
les Evêques & Seigneurs de Bourgogne
au Palais de Boneuil proche Paris , qui
constament n'a jamais été Aa Royaume
de Bourgogne; Il suffisoit donc que ce
fut un lieu sur les limites des Royaumes
de Neustrie & de Bourgogne , comme
cn effet ce fut là que les premiers de
ces deux Royaumes élevèrent l'an 637»
FEVRIER. 1730. sijj
I la Royauté Clovis , fils de Dagobctr.
Or que ce fut dans le voisinage de Sens»
bous en avons une bonne preuve dans
un acte produit par le Perc Mabillon ,
Sec. j. BenediU. part. 2. p. 6 1 4 . on y
lit qu'Emmon , Archevêque de Sens , íc
servant de la présence d'un grand nom
bre d'Evêques assemblés en ce lieu l'an
£57. leur fit signer un Privilège con
cernant l'Abbaye de Saint-Pierre le Vif;
il est daté Mansolaco Curte Dowinica*
II étoit assez naturel à- un Archevêque
de saisir cette occasion , ayant le Roi &
les Evêques si proches de lui. On peur
dire que c'étoit comme le Fontainebleau;
de ce siecle-là ■, les. Rois de France y venoient
de tems en tems , & \& Cour y
étant , il éroit nécessaire que les Prélats,
qui avoient des affaires d'importance à
icgler , s'y transportassent. Clotaire III.
y étoic la troisième année de son Règne,
selon l'Acte ci deflus cité. Il y vint en
core la huitième année , & c'est de la
que fut daté un Oiplome de confirmation
de la terre de Larrey à l'Abbaye de Sains
Bénigne de Dijon qu'on trouve dans Pé
tard à l'an 6x7 > mais qui doit être placé
à l'an 660. comme l'a fait remarquer
le Pere Mabillon. Datum Masolapo in
íalatio nofl'-o. Si depuis ce tems là on
oc trouve plus de mention du Palais de
Massas
%\C MERCURE 0E FRANCE.
Maíïay , c'est qu'il fut peut- être dérruir
par les guerres des Sarrazins au siécle
suivant* Mais le nom de fa première
destination lui est toujours resté , puis
que des deux Maslay contigus , il y en
a un qui est appelle Mastay-le-Roy , ce
qui marque , comme dit le Privilège de
ì' Archevêque Emmon , un Territoire
Royal, Curtem Dominicain. Ces deux en*
droits font à l'Orient dliyver de la yûlede
Sens , fur la Rivière de Vanne , Sc
peu éloignf-s de la Forêt d*Othe qui
étoit alors fort vaste , & qui l'eft encore
assez. J'ai trouvé aux marges d'un Mar
tyrologe de la Cathédrale de Sens , écrit
au dixième siécle , quelques additions de
personnes notables décedees dans le mê
me siécle , & entr'autres une Hermengarde
, Dame de Maflay. XVII. KaLJunii
, obiit Hermengardis de Mafiiaco
Domina , anno Domini D. CCCC LV.
Ces additions font au plus tard d'une
écriture du XI. siécle. L'original est dans
la Bibliothèque de Saint-Benoît fur Loire,
It y a apparence que les deux Maflay
croient originairement une feule & mê
me terre , dont les guerres ont fait faire
des partages , en forte que l'un des Mas
lay s'est appelle le Grand-Maflay , &
l'autre le petit Maslay. Je ne sçai pour
quoi ce dernier est celui qu'on appc líe
autreFEVRTER.
i7Jo: a r
ffutrcment Mastay-le-Roy , ni pourquoi
celui qu'on surnomme le petit est échuau
Roi. Il arrive quelquefois que ce qui
est plus périr , quant au nombre des-
Feux & des Habirans , est d'un plus
grand produit pour le revenu à caufedes
dépendances. Quoiqu'il en soit , le
grand Mastay est nommé dans un His
torien de Sens , contemporain du Roy
Robert : C'est Odoran , Moine de Saint"
Pierre le Vif. Son Ouvrage seroit peutêtre
resté jusqu'ici dans l'obscurité , si cc
n'étoir que M. Jean Baptiste Oudinet
Prieur de l' Abbaye de .Saint ■« Marien
de notre Ville , se fit un plaisir de
le communiquer à Dom Mabillon. Il
renferme plusieurs parricularitez qui ne
font pas indifférentes- à l'Histoire du
Roi Robert, & que je tais parce qu'elles
ne font rien à mon sujet. On peut les
voir au second volume du VI siécle Bé
nédictin. Cer Ecrivain rapporrant dansfbn
ii. Chapitre la punition d'un hom
me qui fit un faux ferment dans l'fgliso
de S. Savinien, proche Sens , dit que cet
homme étoit nomim Rothb rthiti in vicin*
ortus villa , cm nomen JUaftiacm Aft jor
dédit antlcjuitau le Moine C.larius,de
la mime Abbaye de S. l ierre le vif , qui
vivoit cent ans après Odoran , rapportant
dans fa Chronique, imprimée au II. lo
vas
tit MERCURE DE FRANCE:
me du Specilege , les violences qu'on em
ploya l'a n 10 j 2. pour obliger les Senonois
de recevoir Gelduin , que le Roi
Henry I. leur avoit donné pour Evêque ,
dír que ce Roi se transporta en personne
sur les lieux > qu'il vint assiéger la Ville de
Sens,& que ce fut au Grand-Mastay qu'il
fit camper son armée : Rex copiosum exerçitam
applicuit y & in villa qut Maftiacus
M.ijor dicitur cafi'a p»s»it. Ces trois té
moignages prouvent que dans le X.XI. &
XII. siécles on disoit encore dans le pays
M.ifliacHS , qui e'toit une expression moins
éloignée de Moefolacut. Mais dans les fic
elés suivans on commença à corrompre
ee mot de plus en plus. Je trouve dans
un Manuscrit de la Bibliothèque de la Ca.-
thédrale de Sens, qui est du XIII. siécle,
qu'il est fait mention en ces termes du
Maire de Maílay-le- Vicomte & de l'Eglise
de Maíliy-le-Roy : Aíajori de Mas-
Uio-Vicecomiús . & Ecclejit, de MaJIcìo
Régis. Au reste il ne doit pas paroître sur
prenant que l'on ait corrompu Mafìlacurn
en Míijliacum & Majlciam : ces deux ma
nières de latiniser ce nom dans les bas
siécles , marquent que dans le langage
vulgaire on faisoit. la première syllabe
longue comme aujourd'hui , si on ne proaonçoit
pas la lettre S , ce qui est d'au
tant plus véritable que les Titres François
FEVRIER. ï7jo. 219
da XIV. siécle mettent un second a pouc
tenir la place de la lettre S , ensorte qu'on
y lit ce mot ainsi écrit ; Maalay. U est na
turel que dès-là qu'on réduit plusieurs
syllabes à n'en former qu'une , cette syl
labe devienne longue de prononciation»
Quant à la terminaison en ay , il est vrai
que de nos côtez elle est moins communa
que celle en y, qui nous vient de tous
les- noms deg lièux finissant en latin pas
iacurn ; cependant il reste encore dans dis*
ferens cantons de la Province Senonoifs
des noms de lieu en ay qui viennent du
latin iacum ou acam . . . Nous avons dans
notre Diocèse , presque sur les bords da
la Loirp, Mannay qui s'appelloit Man-,
nacum í au sixième siécle, Annay qui se
disoit en latin au neuvième siécle Abundiacum
, & Seignelay, qui est un endrok
fort connu , Seligniacum. Dans le Diocèser
de Senion trouve Bray& Lorayidont les
noms latins ne Yont autres que Braiacum
&cLoriacum. Je ne puis donc croire qu'il y
ait lieu de douter du côté de l'analogie
des deux Langues , que Mallay ne vienne
de Afafolacnrn. Les Antiquaires font obli
gez d'admettre des noms qui sont encore
plus méconnoissibles & moins «pportans
l'un à l'autre. Je n'ái passé qu'une
seule fois dans le grand Maflay , & j'ajr
apoerçji que la Plaine de ce lieu est très*
fertile
iià MERCLÎRÈ DÈ FRAftCÉ.x
fertile. La Rivière de Vanne entoure cti^s
tierement ce Bourg & erl fait une verira^
ble Isle. Comme cette Rivière ne tatis
gueres, elle contribue beaucoup à rendre
cet endroit verdoyant & fort gai en été.
Le petit Maflay est un peu plus vers l'Otient
, la Rivière entre deux. Plus haut
est le Village de Teil , que je pourrois enquelque
forte qualifier d'ancienne Mai
son Royale, en me fondant fur le texta
d'Odoran, quoique te P. Mabillon n'en
ait fait aucune mention. Odoran rap
porte dans son 2 6. Chapitre , que Teil
rut le lieu de la résidence de la ReineConftance
pendant tout le temps que lc Roi
Robert employa à faire son voyage de
Rome. Faïium efi dum quadam terr.port
Robmtts Rex Romam peteret , ut Cons'
tant'ta Regina un à cum filio sue Hagent
parvalo Tille remaneret. Peut être que
Mâlay s'étendbit autrefois jufques-là. Au
moins il est certain que Teil fait encore
partie de k Châtellenie de Mâ!ay-le-Roi«
Cette Châtellenie fut échangée par Phi
lippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre
, & l'échange fut ratifié au mois
d'Août 1318. par Philippe le Long ,en
faveur de Thibaud & Louis de Sancerre.
M. Couste, Lieutenant Civil & Particu
lier de la Ville de Sens , qui possède une
gartie de cc Mâ-lay , m'apprend par le
Me
FEVRIER. i7jo. ni
Mémoire qu'il a eu la bonté de m'envoyer,
que dans les Titres d'échange & de ra*
tification , ce lieu est écrit Maalay-le-Roi.
II ajoûte que cette Châtellenie appartint
depuis cet échange à un seul Seigneur ,
qui ayant eu huit enfans , en fit le par
tage entre eux dès son vivant ; ce qui est;
cause qu'elle est aujourd'hui divisée etï
sept ou huit portion ì. Et quoiqu'il ob
serve que Mâlay-Ie-Roy , dent la Châtel
lenie porte le nom ,soit le plus petit dessept
Villages qui la composent , & que le
Siège du Bailliage soit à Teil , cela ne doit
point cependant empêcher de croire que
tout ce terrain n'ait été un territoire Royal
dans le temps que j'ai marqué cy-dessus.
Cette supériorité de Seigneuries se trouve
même appuyée par le nom de Villiers-
Louis, qui est un des sept Villages, & qui
est contigu à Mâlay-lc-Roy. Au reste si
cette Châtellenie relevé aujourd'hui de»
Comtes de Joigny , ce n'est que depuis
k Règne de Philippe V. Ce Prince céda
cette Mouvance à Jean Comte de Joigny
en 1 3 r 7. pour avoir la Mouvance de Châ
teau-Renard , qui appartenoit au Comte
de Joigny. Je ne sçai si ce que Nicole
Gilles, Belleforelt& Chappuis, prennent
pour un retranchement fait à Mâlay par
les Anglois au XIV. siécle , ne seroit point
un vestige de l'enceiate daChâteau de nos
Roisïti
MERCURE DE FRANCK
Rois de la première Race , ou du tcrraírf
vqui fut occupé par les Troupes du Rot
Henry I. lorsqu'elles campèrent à Mâlay.
il s'est conservé au Grand- Mâlay , autre
ment dit Mâlay- Ie-Vicomte , une Tradi
tion que S. Agnan Evêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu. Tel a été le sentiment de
M. Tripaut, Avocat d'Orléans. On écrit
cependant plus communément que saint
Agnan étoic né à Vienne en Ôaufiné,
plutôt que dans cette Bourgade de la Ri
vière de Venne. Il resterok a examiner s'il
fi 'y a point eu de méprise d'un nora pout
un autre , à cause de la ressemblance des
noms de Venne & de Vienne. Mâlay- le-
Vicomte a été de la Commune de Sensjusques
fous Louis le Gros ; c'est aujour
d'hui une Prévôté Royale : 5c M. le Duc
de Bourbon en nomme tous les Officiers,
soit comme étant aux droits du Vicomte,
ou comme jouissant du Domaine de Sens
& de la Banlieue.
En finissant ces Observations , je reçois
de M. Ferrani , l'un des fçavans Cures
du Diocèse de Sens , Doyen Rural de Marolles
, un Mémoire qu'il a rédigé , fur la
Rivière dont Fredegaire & Aimoin font
mention par rapport à la Bataille qui y fut
donnée en l'an 600. La remarque de
M. Maillard , inférée dans le Journal de
Verdun , m'ayanc engagé à fake des perFEVRIER.
1730.. 11}
quisuions , tant pour constater la choie
que pour corriger ce que j'ai mal mis
moi-même en vouse'crivant fur les lumieres
Célestes qui furent vues l'année de
cette Bataille; (a) je reconnois ne les avoir
point faites inutilement , & qu'il seroit
bon que ceux , qui dans la fuite youdronc
donner une Edition de S. Grégoire de
Tours , de Fredegairc & de toutes nos ar» •
ciennes Annales Latines avec des Notes,
prissent la peine ou de se transporter suc
les lieux ou de faire venir des mémoires
exacts. J'avoue que j'ay e'té trompé en
1716. par la Note de Dom Ruinart fur
la Rivière Aroanna , que j'avois mal com
prise à cause du nom François d'Ouainc
qu'il lui donne. Ce n'est ni de la Rivière
d'Ouaineen Gâtinois ni de celle de Vanne
en Senonois , qu'il faut entendre ce qui
est dit de la Bataille où Clotaire II. suc
défait ; mais de la Rivière qui passe à Dor--
melle même. ( On dit Dormelle dans le
pays , & non Dormeil. ) Elle prend fa
source à trois quarts de lieue" au-dessus
de Dollot , qui est la Cure de M. Fer^
rand , Auteur des Remarques que je vais
rapporter , mais dans la Paroisse de saint
Valerien. Au bout de cent pas , fortifiée
par plusieurs fontaines , elle fait tourfa)
Mercure de Utvembrt vji.6' i4*á«
nef
iî4 MERCURE DE FRANCE,
jner un moulin. Jusques là , elle n'a que
le nom 1 de Fontaine de Saint - Biaise ,
à cause d'une Chapellû voisine de la source
.mais au-dessous du moulin , elle com
mence à s'apeller la Rivière d'Orvanne.
Elle passe ensuite à Dollot , à Valéry ,
JBlennes , Diant , Vaux , Ferrotes > Fla~
gis,Dormelle, Château-Saint-Ange ,8c
va former l'e'tang de Moret, dans le
quel elle est absorbée ; puis delà elle se
décharge dans le Loin , un peu au-dessus
.de Moret i le tout fait l'étenduè" de six
lieues de pays. Le Vallon que cette pe
tite Rivière arrose s'appelle le Vallon
d'Orvanne , & les Paroisses qui y font
k jîtuées ou contigues s'appellent de même
les Paroisses de la Vallée d'Orvanne. On
assure que tous les Contrats de partages
& de ventes dans tous ces pays là n'appellent
point cette Rivière autrement
que la Rivière d'Orvanne. Ce qu'il y a
de singuliers que le nom de cette même
Rivière change dans la bouche de plusieurs
personnes au delà de Dormelle , &
près de fa décharge dans l'Etang de Mo
ret. En ces lieux- là on Pappelle quelque
fois la Rivière de Ravanne , & ce font fur
tout les Paysans voisins de cet Etang qui
lui donnent ce nom , parce qu'au-dessus de
cet Etang elle passe dans un Château assez
distingué, appelle k Château de Rnvanne,
donc
\
FEVRIER. 1750. 22$
dont elle traverse les Jardins , y formant
outre sonCanal,des pieces d'eau trés agréa
bles. Mais si l'on remonte une lieue plus
haut , on voit que ce nom est inconnu.
Au dessus de ce Château 6V une de
mie lieue au-dessous de Dormelle, est la
belle maison de feu M. de Cajumartin ,
bâtie sur la croupe d'une Montagne. Cette
maison s'appelle le Château Saint- Ange.
C'est peut-être l'endoit -où se donna la
Bataille, super fluvium Arvennam nec procul
a Doromdlo vico, ainsi que dit Aimoin.
Cette lecture du mot Arvenna est plus
exacte que celle du mot Aroanna em
ployée dans Fredegaire de la derniere Edi
tion. 11 est incontestable par le moyen de
cet éclaircissement qu'il s'agit dans Fre
degaire & dans Aimoin de la Rivière <sPO»
vanne , qui plus anciennement a dû. être
prononcée Arvanne. Il faut abandonner
en cette occasion la Rivière d'O'ùaine
(Odona ) qui est éloignée de Dormelle de
plus de huit lieues. Le P. Daniel a eu
raison de dire que la Bataille fut donnée
sur une Rivière qui se jette dans le Loiiam
au-dessus lie Moret; mais il s'est trompé
en lui donnant le nom de Rivière d'Oiiaine
, aussi-bien que le P. Ruinart. On doit
en être convaincu par la raison que je
viens de rapporter -, celle d'Odaine étant
bjçn différente, puisqu'elle prend sa source '
% i4 MERCURE DE FRANCE,
à quatre lieuës d'Auxerre , & qu'elle va
/e jetter dans le Loiiain , au-deflus de
Montargis. Ce n'est point non-plur la
Rivière de Vanne , comme le Père le Com
te à l'an £eo. Num. i. semble l'avoir
crû après le Président Fauchet. Encore
moins faut -il aller chercher cette Rivière
dans le Pays du Maine , où il y a un traî
na fiuviolus. II faut quelque chose de plus
que la ressemblance des noms dans leLatin,
pour pouvoir avec fondement e'ioigner de
ros quartiers le Théâtre de cette guerre,
A Auxerre ce 18. May 172.8.
ADDITION.
Après avoir envoyé ces éclairciíTemem
aux Auteurs du Mercure, j'ai eu occasion
d'aller à Paris. Comme le cours de la Ri*
viere d'Or vanne est collatéral à celui de 1»
Rivière d'Yonne , & n'est éloigné du
grand chemin que de deux lieuës ou en
viron , je n'ai pas manqué de vérifier par
moi-même avant que de me rendre dans
la voiture publique, le Mémoire de M. le
Prieur de Dollot. Je l'ai trouvé*' très- juste
à un article près } j'ai remarqué en mêmetemps
que nés Géographes mettent sou
vent à droite d'une Rivière ce qui est à
gauche , ou qu'ils font quelquefois tout
Je contraire. C'est pourquoi si vous avez
U
FEVRIER. i7jo; M7
Ja Carte du Diocèse de Sens dressée par
Samson , vous pouvez en touce fureté ,
yous & vos amis, y faire les corrections
suivantes. Mettez la source de la Rivière
d'Orvannc à une portée de Mousquet du
Bourg de Saint Valerien, à POtient d'Eté; '
mettez ensuite Dollot à droite , comme
a fait le Géographe , mais à gauche du
Ruisseau. Vallery est bien placé dans les
Cartes. C'est un lieu célèbre par fa destin
nation à la sépulture des Princes de la
Maison de Condé. Plus bas à droite est:
Blenne,mal nommé Blaineux par Samfonj1
plus bas encore est Diant. Ensuite à gau
che est le Bourg de Voux, qui çst ferme
de murs, & que les Cartes ont tort de re
présenter comme un simple Hameau.
Après Voux & du mime côté le Villa
ge de Ferrotes , & plus bas encore ì
gauche est le Bourg de Flagy , qui a du
coté du Midi des níurs si élevez & si con
sidérables pour leur épaisseur , qu'on U
peut comparer à ceux des plus anciennes
Villes. Ce Bourg a été cependant fort en
dommagé par les Huguenots , ainsi que
l'Eglise du lieu en fait foi. Au sortir de
Flagy on voit à gauche une Plaine qui
règne jusqu'auprès de Dormelle. Ce der
nier Village est fur une éminence. On
passe la Rivière d'Orvanne fur un
Pont, &dps lois on cesse d'en suivre le
, B cours.
ni MERCURE DE FRANCE,
cours. Lorsqu'on a atteint le haut <kp
Coteau, on apperçoit encore une autre
Plaine à droite , laquelle s'étend dti
<ôré de rOtient & dfi Septentrion. Il y
a plus d'apparence que ce fut en cette
derniere Plaine que fut donne'e la Ba
taille de Dormelle , en tirant vers le
Village de Fossar 3 dont le nom vient
peut-être à Fojsario Jeu loco Fojfitrum. Ce
.que j'ai lemarqué plus loin après avoir
laissé le Village de Montarlpt i gauche,
«e s'accorde plus ayee le Mémoire dont
je vous ai parlé. Il ne m'a point paru que
la Rivière d'Orvanne se jettât dans un
Etang-, c'est elle qui forme cette es
pèce d'Etang par le moyen des murs Sfi.
des Ecluses qui fervent à retenir ses eaux,
Cette Rivière ayant repris ensuite fa pre
mière liberté , ne va point se jettes dans
le Loiiain si tôt que Messieurs Samson
& Deíifle l'ont marqué dans leuts Cartes ;
ce n'est point au-dessus de Motet qu'elle
s'y jette , mais au-dessous } presque vis-àvis
sangle Septentrional des murs de cette
petite Ville ; desorte qu'il y a à More*
Jeux Ponts l'un au bout de l'autre; le plus
grand pour la Rivière de Loiiain au bout
duquel est le Prieuré de Pont Loii f Pons
Lupa; (c'est le nom de la Rivière qui
joint le Canal de Briare à la Seine Lupa-
/ámnis) & l'autre petit Pont est fur la. Ri
vière,
FEVRIER. 1740: 139
viere d'Orvanne. C'est ainsi qu'en une
matinée de temps j'ai eu le plaisir de voie
cette Rivière depuis fa source jusqu'à son
embouchure , avec tout ce qu'il y a de
-curieux sur les bords de la Vallée à laquel
le elle donne son nom.
Ce 15. Juillet 1718.
Fermer
Résumé : ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
Le texte traite de la localisation de deux batailles en France, survenues en 595 et 600, près d'un ancien palais royal de la première race. Le Journal de Verdun de mars mentionne une remarque sur le lieu de la bataille de 596 ou 597, entre les troupes de Clotaire II et celles de Théodebert II et Thierry II. Ce lieu est appelé Latofao dans la Chronique de Fredegaire. M. Maillard, avocat, cite le Père Daniel et le Père Ruinart, qui situent Latofao dans le diocèse de Sens. Cependant, Maillard critique l'historien Morin pour ses erreurs dans l'Histoire du Gâtinois. La bataille de Dormeil, qui eut lieu quatre ans après celle de Latofao, est également discutée. L'auteur affirme que les lieux des deux batailles ne sont pas proches et que les terrains étaient différents. Il suggère que les noms des lieux dans les chroniques peuvent avoir été mal copiés. Le Père Ruinart note que certains noms propres dans la Chronique de Fredegaire sont mal écrits. L'auteur explore la possibilité que Latofao soit en réalité Lifou, un village dans le diocèse de Toul. Il soutient que Latofao et Lifou pourraient être le même endroit, en se basant sur des similitudes dans les noms et les descriptions. Il conclut que si Latofao n'est pas Lifou, il faut admettre avec le Père Daniel que ce lieu n'est plus connu. Le texte mentionne également Massolacum, un autre lieu historique situé à Marly près de Sens, où des événements royaux importants se sont déroulés. Il critique les incertitudes des historiens précédents sur la localisation de ce palais royal. Le texte traite aussi de l'histoire et de l'évolution des noms des localités de Massas et de Maslay, situées près de la rivière de Vanne et de la forêt d'Othe. Le nom de Maslay-le-Roy indique un territoire royal, et deux Maslay contigus existent : le Grand-Maslay et le Petit-Maslay. Des documents historiques, comme un martyrologe de la cathédrale de Sens du dixième siècle, mentionnent des personnes notables de Maslay. Les guerres ont probablement divisé ces terres, et des historiens comme Odoran et Clarius ont mentionné ces localités dans leurs œuvres. Le texte explore les variations linguistiques et orthographiques des noms de ces lieux au fil des siècles. Par exemple, le nom 'Maslay' a été corrompu en 'Mastay' et 'Mallay' dans divers documents. La rivière de Vanne entoure le bourg de Maslay, contribuant à sa fertilité et à son aspect verdoyant. Le Petit-Maslay est situé plus à l'est, et le village de Teil, autrefois résidence de la reine Constance, fait partie de la châtellenie de Maslay-le-Roi. La châtellenie de Maslay-le-Roi a été échangée par Philippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre en 1318. Aujourd'hui, cette châtellenie est divisée en plusieurs portions et relève des Comtes de Joigny depuis Philippe V. Le texte mentionne également des traditions locales, comme celle de Saint Agnan, évêque d'Orléans, supposé natif de Maslay-le-Vicomte. Enfin, le texte aborde la rivière d'Orvanne, mentionnée par des historiens comme Fredegaire et Aimoin, et corrige des erreurs historiques concernant son nom et son emplacement. La bataille de l'an 600, où Clotaire II a été défait, s'est probablement déroulée près de la rivière d'Orvanne, et non de la rivière d'Ouaine. L'auteur, après avoir envoyé des éclaircissements aux auteurs du Mercure, se rend à Paris et vérifie personnellement le mémoire de M. le Prieur de Dollot. Il confirme la justesse du mémoire à un article près et note des erreurs fréquentes chez les géographes concernant la position des lieux par rapport aux rivières. Il fournit des corrections pour la carte du Diocèse de Sens dressée par Samson, précisant la localisation de divers lieux tels que Saint-Valérien, Dollot, Vallery, Blenne, Diant, Voux, Ferrières, Flagy, et Dormelle. Il décrit également la bataille de Dormelle et la topographie des environs. La rivière d'Orvanne ne se jette pas dans un étang mais forme un étang par des écluses. Il corrige également l'emplacement où la rivière d'Orvanne se jette dans le Loing, précisant que cela se fait au-dessous de Montargis, et non au-dessus comme indiqué sur certaines cartes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2616-2620
EXTRAIT d'une Lettre de Bourgogne sur le Journal de Paris sous les Regnes de Charles VI. & Charles VII.
Début :
Le Journal des évenemens arrivés à Paris sous les Regnes de Charles VI. [...]
Mots clefs :
Charles VI, Charles VII, Bourgogne, Histoire de France, Règne, Journal de Paris
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Bourgogne sur le Journal de Paris sous les Regnes de Charles VI. & Charles VII.
EXTRAIT d'une Lettre de Bourgogne
fur le Journal de Paris fous les Regnes de
Charles VI. & Charles VII.
L
E Journal des évenemens arrivés d
Paris fous les Regnes de Charles VI.
& de Charles VII . qui a paru depuis quelques
mois , n'eft pas , Monfieur , de ces
monumens dans lefquels on doive envifager
le ftile. Il n'y a que les faits & les
ufages du fiecle auquel il a été écrit qu'on
puiffe y confiderer avec quelque fatisfaction.
Le langage , quoiqu'ancien , ne l'eft
pas afſez pour fournir beaucoup dequoi
profiter à ceux qui recherchent les origines
de notre Langue. Je ne difcon-
I. Vol.
viendrai
DECEMBRE. 1730. 2617
}
viendrai point cependant qu'on ne puiffe
y trouver dequoi faire encore des Remarques
importantes par rapport à la Langue
Françoile ; mais le principal fruit que je
recueille de la lecture de ces fortes de Mémoires
eft d'y apprendre les Coûtumes
de nos Peres. Il feroit à fouhaiter que
nous euffions un détail auffi ſpecifié des
Régnes précedens : combien ne fçaurions
nous pas de chofes fur lefquelles nous
n'ofons parler que d'une maniere trèsincertaine
?
Le morceau qui eft joint à ce Journal ,
& qui nous repréſente une lifte des Officiers
des Ducs de Bourgogne , étant tiré
de la Chambre des Comptes de Dijon,
eft un bel exemple qu'on donne aux Archiviftes
des autres Chambres des Comptes
& de pareils dépots pour les engager
à enrichir le public de ſemblables détails
qui tous réunis enſemble contribueroient
à former une Hiftoire de France parfaite,
ou au moins plus circonftanciée qu'on
ne l'a cue encore jufqu'ici . C'eft une obligation
infigne que la Bourgogne a à l'Editeur
,d'avoir non-feulement rendu publique
cette lifte , mais encore de l'avoir augmentée
de Notes curieufes & très- inftructives
, & on lui feroit encore plus redevable
s'il en eut fait autant par rapport
au Journal de Paris.
1. Vol.
2618 MERCURE DE FRANCE
Si cet Editeur n'étoit pas décedé dans
le tems de l'impreffion de fon Ouvrage
on auroit pris la liberté de lui demander
quelques éclairciffemens fur certains endroits
de ce Journal , & il auroit pû nous
fatisfaire , en recourant à fon original ou
à celui fur lequel fon Manufcrit a été rédigé.
Un des endroits qui paroiffent exiger
quelque correction eft dans l'un des
Item de la page 200. à l'an 1444. on y
lit ce qui fuit : Item , en icelui tems vint
ung jeune Cordelier à Paris de la nation de
Troyes en Champagne ou d'environ , petit
homme trés-doux regard , & avoit un nommé
Jehan Crete , aagé de vingt & ung an
on environ , lequel fut tenu à ung
leurs prefcheurs qui oncques eut été à Paris
depuis cent ans. On diroit à ce langage
le Cordelier & Jehan Crete feroient
que
des meil
deux perfonnages differens ; cependant
il y a toute apparence que c'eft le même,
& le fens du Difcours paroît demander
que
cela foit ainsi , enforte qu'au lieu de
dire & avoit un nommé Jehan Crete , il
faut fans doute lire & avoit nom Jehan
Crete , ou bien & étoit nommé Jehan Crete.
Je me fuis fouvenu en lifant cet Article
du Journal que j'avois vû ce nom dans
un des Comptes de notre Ville parmi
les langues difertes du quinziéme fiecle ,
& en effet j'y ai trouvé cet éclairciffement
1. Vol.
dans
DECEMBRE. 1730. 2619
tons ,
dans le compte de Jean Vivien , à l'an
1452. au 27. Juin. A Frere Jehan Crete ,
Frere Mineur , Docteur en Théologie , cent
dix fols , pour ce qu'il a fejourné à Auxerre
quinze jours , durant lequel tems il a chacun
jour prefchié & fermoné pour toujours induire
le peuple à bien faire. Il n'y a point d'accent
fur les voyeles de fon nom , parcequ'alors
l'ufage n'étoit pas d'en mettre ;
mais il y a lieu de croire que ce nom devoit
être terminé par un é accentué , comme
on le prononce encore dans nos Cand'où
probablement ce Cordelier
étoit natif , c'est- à - dire d'entre Troyes &
Auxerre. Je ne m'arrête point à vous faire
remarquer que dans la Table de l'Edition
de ce Journal ce Religieux eft appellé
Jehan de Crete ; le de eft de la pure
liberalité de la perfonne qui a compofé
cette Table , & perfonne n'ambitionne
de fe dire originaire , encore moins natif
d'une Ifle que l'Apôtre a fi bien caracterifée
après les Auteurs Payens. Ceci , au
refte , n'eft qu'une minutie que vous ne
communiquerez qu'autant que vous le
jugerez à propos à celui qui a fuccedé à
l'Editeur du Livre dans la conduite de
l'impreffion .
Je n'acheve point la teneur de l'Article
dans lequel parmi les preuves de réminent
fçavoir de ce Francifcain , il eft
I. Vol.
dit
2620 MERCURE DE FRANCE
dit qu'il poffedoit toute la Legende dorée.
C'étoit alors le Livre favori , & on pouvoit
en débiter les fables fans crainte d'ê
tre critiqué. Heureux le fiecle où l'on
nous a appris à revenir de toutes ces fimplicités
; vous fçavez que c'eſt l'immenfe
travail commencé par le Pere Papebroch ,
Jefuite, & continué par d'autres Ecrivains
de fa Compagnie , qui a mis tous les Sçavans
en train de dérouiller les Legendes
qui avoient befoin de l'être , & de purger
les Hiftoires des Saints de quantité de
traits inventés à plaifir , & ajoûtés après
coup. &c.
Ce 21. Decembre 1729 .
fur le Journal de Paris fous les Regnes de
Charles VI. & Charles VII.
L
E Journal des évenemens arrivés d
Paris fous les Regnes de Charles VI.
& de Charles VII . qui a paru depuis quelques
mois , n'eft pas , Monfieur , de ces
monumens dans lefquels on doive envifager
le ftile. Il n'y a que les faits & les
ufages du fiecle auquel il a été écrit qu'on
puiffe y confiderer avec quelque fatisfaction.
Le langage , quoiqu'ancien , ne l'eft
pas afſez pour fournir beaucoup dequoi
profiter à ceux qui recherchent les origines
de notre Langue. Je ne difcon-
I. Vol.
viendrai
DECEMBRE. 1730. 2617
}
viendrai point cependant qu'on ne puiffe
y trouver dequoi faire encore des Remarques
importantes par rapport à la Langue
Françoile ; mais le principal fruit que je
recueille de la lecture de ces fortes de Mémoires
eft d'y apprendre les Coûtumes
de nos Peres. Il feroit à fouhaiter que
nous euffions un détail auffi ſpecifié des
Régnes précedens : combien ne fçaurions
nous pas de chofes fur lefquelles nous
n'ofons parler que d'une maniere trèsincertaine
?
Le morceau qui eft joint à ce Journal ,
& qui nous repréſente une lifte des Officiers
des Ducs de Bourgogne , étant tiré
de la Chambre des Comptes de Dijon,
eft un bel exemple qu'on donne aux Archiviftes
des autres Chambres des Comptes
& de pareils dépots pour les engager
à enrichir le public de ſemblables détails
qui tous réunis enſemble contribueroient
à former une Hiftoire de France parfaite,
ou au moins plus circonftanciée qu'on
ne l'a cue encore jufqu'ici . C'eft une obligation
infigne que la Bourgogne a à l'Editeur
,d'avoir non-feulement rendu publique
cette lifte , mais encore de l'avoir augmentée
de Notes curieufes & très- inftructives
, & on lui feroit encore plus redevable
s'il en eut fait autant par rapport
au Journal de Paris.
1. Vol.
2618 MERCURE DE FRANCE
Si cet Editeur n'étoit pas décedé dans
le tems de l'impreffion de fon Ouvrage
on auroit pris la liberté de lui demander
quelques éclairciffemens fur certains endroits
de ce Journal , & il auroit pû nous
fatisfaire , en recourant à fon original ou
à celui fur lequel fon Manufcrit a été rédigé.
Un des endroits qui paroiffent exiger
quelque correction eft dans l'un des
Item de la page 200. à l'an 1444. on y
lit ce qui fuit : Item , en icelui tems vint
ung jeune Cordelier à Paris de la nation de
Troyes en Champagne ou d'environ , petit
homme trés-doux regard , & avoit un nommé
Jehan Crete , aagé de vingt & ung an
on environ , lequel fut tenu à ung
leurs prefcheurs qui oncques eut été à Paris
depuis cent ans. On diroit à ce langage
le Cordelier & Jehan Crete feroient
que
des meil
deux perfonnages differens ; cependant
il y a toute apparence que c'eft le même,
& le fens du Difcours paroît demander
que
cela foit ainsi , enforte qu'au lieu de
dire & avoit un nommé Jehan Crete , il
faut fans doute lire & avoit nom Jehan
Crete , ou bien & étoit nommé Jehan Crete.
Je me fuis fouvenu en lifant cet Article
du Journal que j'avois vû ce nom dans
un des Comptes de notre Ville parmi
les langues difertes du quinziéme fiecle ,
& en effet j'y ai trouvé cet éclairciffement
1. Vol.
dans
DECEMBRE. 1730. 2619
tons ,
dans le compte de Jean Vivien , à l'an
1452. au 27. Juin. A Frere Jehan Crete ,
Frere Mineur , Docteur en Théologie , cent
dix fols , pour ce qu'il a fejourné à Auxerre
quinze jours , durant lequel tems il a chacun
jour prefchié & fermoné pour toujours induire
le peuple à bien faire. Il n'y a point d'accent
fur les voyeles de fon nom , parcequ'alors
l'ufage n'étoit pas d'en mettre ;
mais il y a lieu de croire que ce nom devoit
être terminé par un é accentué , comme
on le prononce encore dans nos Cand'où
probablement ce Cordelier
étoit natif , c'est- à - dire d'entre Troyes &
Auxerre. Je ne m'arrête point à vous faire
remarquer que dans la Table de l'Edition
de ce Journal ce Religieux eft appellé
Jehan de Crete ; le de eft de la pure
liberalité de la perfonne qui a compofé
cette Table , & perfonne n'ambitionne
de fe dire originaire , encore moins natif
d'une Ifle que l'Apôtre a fi bien caracterifée
après les Auteurs Payens. Ceci , au
refte , n'eft qu'une minutie que vous ne
communiquerez qu'autant que vous le
jugerez à propos à celui qui a fuccedé à
l'Editeur du Livre dans la conduite de
l'impreffion .
Je n'acheve point la teneur de l'Article
dans lequel parmi les preuves de réminent
fçavoir de ce Francifcain , il eft
I. Vol.
dit
2620 MERCURE DE FRANCE
dit qu'il poffedoit toute la Legende dorée.
C'étoit alors le Livre favori , & on pouvoit
en débiter les fables fans crainte d'ê
tre critiqué. Heureux le fiecle où l'on
nous a appris à revenir de toutes ces fimplicités
; vous fçavez que c'eſt l'immenfe
travail commencé par le Pere Papebroch ,
Jefuite, & continué par d'autres Ecrivains
de fa Compagnie , qui a mis tous les Sçavans
en train de dérouiller les Legendes
qui avoient befoin de l'être , & de purger
les Hiftoires des Saints de quantité de
traits inventés à plaifir , & ajoûtés après
coup. &c.
Ce 21. Decembre 1729 .
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Bourgogne sur le Journal de Paris sous les Regnes de Charles VI. & Charles VII.
L'auteur d'une lettre discute du 'Journal des évenemens arrivés à Paris sous les Regnes de Charles VI et de Charles VII'. Il souligne que ce journal, bien qu'il ne soit pas un monument littéraire, offre des faits et des usages du siècle auquel il a été écrit. Le langage ancien, bien que limité pour l'étude des origines de la langue française, permet de comprendre les coutumes des ancêtres. L'auteur regrette l'absence de détails similaires pour les règnes précédents, ce qui laisse de nombreuses incertitudes. Le journal inclut une liste des officiers des Ducs de Bourgogne, tirée de la Chambre des Comptes de Dijon. Cette liste sert d'exemple pour encourager d'autres archivistes à publier des détails similaires, contribuant ainsi à une histoire de France plus complète et circonstanciée. L'éditeur est loué pour avoir enrichi cette liste de notes curieuses et instructives. L'auteur mentionne un passage du journal nécessitant une correction, concernant un jeune Cordelier nommé Jehan Crete. Il trouve des éclaircissements dans les comptes de la ville, confirmant l'existence de ce religieux. Le texte discute également de l'usage des accents et de l'origine probable de Jehan Crete. Enfin, l'auteur note que le franciscain possédait 'La Légende dorée', un livre populaire à l'époque. Il mentionne également les efforts des écrivains pour purifier les histoires des saints des traits inventés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 2719-2725
EXTRAIT d'une Lettre écrite à M. le. B... Chanoine d'Auxerre, par M. A... Medecin de Paris, au mois de Juin 1731. au sujet des Cristallizations qu'on trouve en Bourgogne.
Début :
Je vous suis tres-obligé, Monsieur, de l'inclination que vous continuez d'avoir [...]
Mots clefs :
Cristallisations, Bourgogne, Diamants, Histoire naturelle, Mines de fer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite à M. le. B... Chanoine d'Auxerre, par M. A... Medecin de Paris, au mois de Juin 1731. au sujet des Cristallizations qu'on trouve en Bourgogne.
EXTRAIT d'une Lettre écrite à M. le.
B... Chanoine d'Auxerre, par M. A...
Medecin de Paris, au mois de Juin 1731 .
au sujet des Cristallizations qu'on trouve
en Bourgogne.
J
E vous suis tres-obligé , Monsieur , de
l'inclination que vous continuez d'avoir
à me faire plaisir , et sur tout de l'attention
que vous avez euë en dernier
lieu , de m'envoier des curiositez que la
nature a produites dans votre païs . Je les
ai reçues en bon état : Ce sont des Cristallizations
curieuses ; et quoique j'en aye
déja de semblables , je ne laisserai pas de
garder celles que vous m'avez envoyées ,
par la raison qu'elles sont Regnigenites : les
miennes m'ayant été données à Genéve
par l'illustre M. le Clerc.
2
Il n'est pas besoin , je croi , de vous
marquer que ces Cristallizations sont de
l'espece des Diamans , qui ont l'éclat du
Fer poli , et qu'on appelle Siderites. Pline
en fait mention dans son 37 liv. chap . 4.
où après avoir parlé de plusieurs sortes
de Pierres ou Cristallizations , il me paroît
faire la description de celles que vous
B ij avez I. Vol.
1720 MERCURE DE FRANCE
avez bien voulu partager avec moi . Voici
ses termes : Voyez , je vous prie , si vous
y reconnoîtrez nos Siderites. Post hunc
dit ce Pere de l'Histoire naturelle, est Siderites
ferrei splendoris pondere ante cetexos
, sed naturâ dissimilis : Nam et ictibus
frangitur et alio adamante perforari potest.
Je croi trouver dans les Siderites d'Auxerre
, ce que Pline trouvoit dans les Siderites
de Macedoine, les uns et les autres
sont d'une eau terne et approchante de la
couleur du Fer poli. Les nôtres , comme
ceux de Pline , sont des plus pesans , eu
égard à leur grosseur , je m'en suis convaincu
par l'experience ; car ayant mis
dans un Trébuchet un Diamant et un Siderite
d'un égal volume : ce dernier s'est
trouvé exceder le poids du Diamant de
trois Karats et demi . Enfin les nôtres sont
si tendres , que non seulement je n'ai pas
de peine à en réduire plusieurs en miet
tes , mais même en moins de trois heures,
j'en ai presque consommé un à le tenir
dans ma bouche. J'en ai encore fait plusieurs
essais par le feu et par d'autres
agents : mais je crois qu'il est inutile de
vous les rapporter ici . Ces Cristallizations
, selon Marbodeus , se trouvent ordinairement
dans les Mines de fer. Quarturn
producit ferraria vena Philippis , ce qui
eu
I. Vol.
-
leur
DECEMBRE . 1731. 1721
leur a fait donner le nom de Siderites ,
du mot grec d'apòv fer. Ainsi sans vouloir
faire icy le Prophete , je ne doute
nullement qu'on ne découvre quelque
jour une Mine de Fer aux environs de
l'endroit d'où vous les avez tirez . Une
chose que j'ai à vous faire remarquer ,
c'est que dans les cinq ou six matrices de
Siderites que vous m'avez envoyées , il
s'en trouve une, si vous vous en souvenez,
grosse comme le poingt , et à demi Sphérique.
De sorte que je puis m'adapter à
present ce que l'infatigable Saumaise rapporte
de lui-même dans ses Notes sur
Solin. Je puis dire , comme ce Sçavant
critique : Habeo inter med nunzia lapidem
ferrei coloris ac ponderis pugni , magnitudine
rotundum , undique secus formis
quadrangulis in mucronem turbinatis asperum
, diceres manu politas et in levorem quadrangulum
attritas quâ facie hodie tenentur
ignobiles adamantes , quos à solo natali
•Alenconios appellamus. Sidentem nuncupari
posse illum lapidem nullus dubitat, ita planè
splendorem ferri exhibet ac pondus habet ,
mirumprorsus natura φιλοτέχνημα . Saumaise
ajoute que son Siderite avoit été apporté
des Indes , et qu'on le faisoit passer pour
un Diamant ; ou , si vous voulez que je
rende ses termes à la lettre , il dit qu'on
I.Vol.
Biij le
2712 MERCURE DE FRANCE
le lui vendit pour une Pierre de Diamant.
Lapidem adamantis vocabat qui mihi
vendidit. Sans doute que Saumaise , dans
le temps qu'il acheta son prétendu Diaman
des Indes , ignoroit qu'il y en cûr
de semblables en France , et même si proche
du lieu de sa naissance : Car , s'il en
eut eu connoissance , je doute qu'un
Bourguignon tel que lui , s'y fut laissé
tromper. L'Acarnart de la Société de Londres
, c'est - à - dire , M. Scheutzer , Medecin
, nous apprend qu'on trouve beaucoup
de Siderites en Suisse. Il ajoute qu'il
en trouva un dans le premier voyage qu'il
Y fit , semblable , à peu de chose près , à
celui de Saumaise . Monsieur le Chevalier
Aston en a fait graver la figure , qui est
semblable au Sidérite que je tiens de vous;
ce qui ne sert pas peu à m'affermir dans
mes conjectures. Ainsi , Monsieur , comme
je prépare des Mémoires sur l'histoire
naturelle de France , dont j'ai déja une
bonne collection ; je vous prie de me faire
connoître exactement les lieux où vos Sidérites
ont pris naissance .
Vous marquez que dans quelques uns
de vos voyages vous avez ramassé dans
les Sentiers de quelques terres fraîchement
labourées , des Pétrifications de
couleur brune , qui sont faites comme
I. Vol. des
DECEMBRE 1732. 2713
des fragmens de pointes de Fuzeaux ou
de Chandelier à mettre des Cierges d'Eglise
, et vous me demandez si ce ne seroit
point de la bouë qui auroit rempli
la corne de quelque Poisson Marin , laquelle
se seroit ainsi pétrifiée . Sans avoir
vû la chose , je pourrois m'imaginer que
ce sont des fragmens d'une plante de corail
bâtard , dont Aldrovandus nous décrit
la pareille dans son Cabinet des Métaux.
Il nous apprend qu'elle est assez
commune en Allemagne; mais on en trouve
aussi en France , et j'en ai vû depuis
peu dans plusieurs endroits de la Normandie
, &c... Je suis .
terre ,
Nous ajouterons icy en faveur des personnes
qui sont curieuses de ces sortes de
cristallizations , ce que M. le Chanoine
d'Auxerre nous a dit de vive voix au mois
de Juillet dernier ; sçavoir , que les Sidérites
dont il est parlé dans cette lettre , ne
sont point cachez dans les entrailles de la
de maniere qu'il faille creuser pour
les avoir ; mais qu'ils sont simplement
dans les fentes des Rochers qui se voyent
à l'entrée de quelques Perrieres . C'est - là
qu'on les trouve collez et appliquez
sur ces Rochers , comme une espece de
croute , qu'on détache aisément avec le
doigt ou avec le couteau . Cette croute est
I.Vol.
B iiij
sim2724
MERCURE DE FRANCE
simple et d'une couleur plus sombre lorsque
la surface de la Pierre est à l'air , et
elle est double , lorsqu'elle se rencontre
entre deux Pierres , qui ne laissent entre
elles que l'espace d'une legere fente , parce
qu'en ce cas la croute de chacune des
deux superficies se trouve liée et conglutinée
l'une à l'autre à peu près
comme les parois des rayons de miel .
Quelques personnes qui ont voulu passer
sur leurs lévres des fragmens de ces
sortes de cristallizations et les y moüillet
un temps considérable , ont ressenti
une sécheresse de lévres pendant plus de
huit jours. Quant à la situation des Perrieres
dont ces cristallizations ornent
l'entrée , il nous a fait observer que l'entrée
de toutes regarde le Soleil couchant ,
que la Riviere d'Yonne coule immédiatement
au dessous à 12 ou 15 toises plus
bas ; que ces Perrieres supportent des Vignes
d'un produit excellent , et que le
tout n'est situé qu'à deux lieuës et demie
ou trois lieuës au dessus d'Auxerre.
A l'égard des pétrifications qui finissent
en pointe de Fuseau , il croît que ce
sont des Pierres belemnites vulgaire.
ment appellées Pierres de tonnerre. Leur
figure cylindrique favorise assez la pensée
de ceux qui croyent que ce peuvent
I. Vol. avoir
DECEMBRE. 1731. 2725
avoir été des dents d'une espece de Crocodile
; cependant il est plus porté à penser
que ces Pierres ont été formées dans
le moule d'une substance cartilagineuse ,
qui auroit appartenu à quelque poisson ,
ensorte que ce ne seroit qu'une espece
de bourbe , plus claire et plus fine qui
auroit été pétrifiée à la longueur du tems,
en effet le couronnement qui paroît figuré
à la pointe de cette Pierre aiguë , a
tout l'air d'avoir été formé dans quelque
moule de Corne ou de Cartilage.Il a trouvé
de ces pétrifications dans des chemins
qui traversent des terres labourées , au
dessous de Salmaise en Bourgogne , et
dans le Nivernois , proche Mez - le-Comte.
B... Chanoine d'Auxerre, par M. A...
Medecin de Paris, au mois de Juin 1731 .
au sujet des Cristallizations qu'on trouve
en Bourgogne.
J
E vous suis tres-obligé , Monsieur , de
l'inclination que vous continuez d'avoir
à me faire plaisir , et sur tout de l'attention
que vous avez euë en dernier
lieu , de m'envoier des curiositez que la
nature a produites dans votre païs . Je les
ai reçues en bon état : Ce sont des Cristallizations
curieuses ; et quoique j'en aye
déja de semblables , je ne laisserai pas de
garder celles que vous m'avez envoyées ,
par la raison qu'elles sont Regnigenites : les
miennes m'ayant été données à Genéve
par l'illustre M. le Clerc.
2
Il n'est pas besoin , je croi , de vous
marquer que ces Cristallizations sont de
l'espece des Diamans , qui ont l'éclat du
Fer poli , et qu'on appelle Siderites. Pline
en fait mention dans son 37 liv. chap . 4.
où après avoir parlé de plusieurs sortes
de Pierres ou Cristallizations , il me paroît
faire la description de celles que vous
B ij avez I. Vol.
1720 MERCURE DE FRANCE
avez bien voulu partager avec moi . Voici
ses termes : Voyez , je vous prie , si vous
y reconnoîtrez nos Siderites. Post hunc
dit ce Pere de l'Histoire naturelle, est Siderites
ferrei splendoris pondere ante cetexos
, sed naturâ dissimilis : Nam et ictibus
frangitur et alio adamante perforari potest.
Je croi trouver dans les Siderites d'Auxerre
, ce que Pline trouvoit dans les Siderites
de Macedoine, les uns et les autres
sont d'une eau terne et approchante de la
couleur du Fer poli. Les nôtres , comme
ceux de Pline , sont des plus pesans , eu
égard à leur grosseur , je m'en suis convaincu
par l'experience ; car ayant mis
dans un Trébuchet un Diamant et un Siderite
d'un égal volume : ce dernier s'est
trouvé exceder le poids du Diamant de
trois Karats et demi . Enfin les nôtres sont
si tendres , que non seulement je n'ai pas
de peine à en réduire plusieurs en miet
tes , mais même en moins de trois heures,
j'en ai presque consommé un à le tenir
dans ma bouche. J'en ai encore fait plusieurs
essais par le feu et par d'autres
agents : mais je crois qu'il est inutile de
vous les rapporter ici . Ces Cristallizations
, selon Marbodeus , se trouvent ordinairement
dans les Mines de fer. Quarturn
producit ferraria vena Philippis , ce qui
eu
I. Vol.
-
leur
DECEMBRE . 1731. 1721
leur a fait donner le nom de Siderites ,
du mot grec d'apòv fer. Ainsi sans vouloir
faire icy le Prophete , je ne doute
nullement qu'on ne découvre quelque
jour une Mine de Fer aux environs de
l'endroit d'où vous les avez tirez . Une
chose que j'ai à vous faire remarquer ,
c'est que dans les cinq ou six matrices de
Siderites que vous m'avez envoyées , il
s'en trouve une, si vous vous en souvenez,
grosse comme le poingt , et à demi Sphérique.
De sorte que je puis m'adapter à
present ce que l'infatigable Saumaise rapporte
de lui-même dans ses Notes sur
Solin. Je puis dire , comme ce Sçavant
critique : Habeo inter med nunzia lapidem
ferrei coloris ac ponderis pugni , magnitudine
rotundum , undique secus formis
quadrangulis in mucronem turbinatis asperum
, diceres manu politas et in levorem quadrangulum
attritas quâ facie hodie tenentur
ignobiles adamantes , quos à solo natali
•Alenconios appellamus. Sidentem nuncupari
posse illum lapidem nullus dubitat, ita planè
splendorem ferri exhibet ac pondus habet ,
mirumprorsus natura φιλοτέχνημα . Saumaise
ajoute que son Siderite avoit été apporté
des Indes , et qu'on le faisoit passer pour
un Diamant ; ou , si vous voulez que je
rende ses termes à la lettre , il dit qu'on
I.Vol.
Biij le
2712 MERCURE DE FRANCE
le lui vendit pour une Pierre de Diamant.
Lapidem adamantis vocabat qui mihi
vendidit. Sans doute que Saumaise , dans
le temps qu'il acheta son prétendu Diaman
des Indes , ignoroit qu'il y en cûr
de semblables en France , et même si proche
du lieu de sa naissance : Car , s'il en
eut eu connoissance , je doute qu'un
Bourguignon tel que lui , s'y fut laissé
tromper. L'Acarnart de la Société de Londres
, c'est - à - dire , M. Scheutzer , Medecin
, nous apprend qu'on trouve beaucoup
de Siderites en Suisse. Il ajoute qu'il
en trouva un dans le premier voyage qu'il
Y fit , semblable , à peu de chose près , à
celui de Saumaise . Monsieur le Chevalier
Aston en a fait graver la figure , qui est
semblable au Sidérite que je tiens de vous;
ce qui ne sert pas peu à m'affermir dans
mes conjectures. Ainsi , Monsieur , comme
je prépare des Mémoires sur l'histoire
naturelle de France , dont j'ai déja une
bonne collection ; je vous prie de me faire
connoître exactement les lieux où vos Sidérites
ont pris naissance .
Vous marquez que dans quelques uns
de vos voyages vous avez ramassé dans
les Sentiers de quelques terres fraîchement
labourées , des Pétrifications de
couleur brune , qui sont faites comme
I. Vol. des
DECEMBRE 1732. 2713
des fragmens de pointes de Fuzeaux ou
de Chandelier à mettre des Cierges d'Eglise
, et vous me demandez si ce ne seroit
point de la bouë qui auroit rempli
la corne de quelque Poisson Marin , laquelle
se seroit ainsi pétrifiée . Sans avoir
vû la chose , je pourrois m'imaginer que
ce sont des fragmens d'une plante de corail
bâtard , dont Aldrovandus nous décrit
la pareille dans son Cabinet des Métaux.
Il nous apprend qu'elle est assez
commune en Allemagne; mais on en trouve
aussi en France , et j'en ai vû depuis
peu dans plusieurs endroits de la Normandie
, &c... Je suis .
terre ,
Nous ajouterons icy en faveur des personnes
qui sont curieuses de ces sortes de
cristallizations , ce que M. le Chanoine
d'Auxerre nous a dit de vive voix au mois
de Juillet dernier ; sçavoir , que les Sidérites
dont il est parlé dans cette lettre , ne
sont point cachez dans les entrailles de la
de maniere qu'il faille creuser pour
les avoir ; mais qu'ils sont simplement
dans les fentes des Rochers qui se voyent
à l'entrée de quelques Perrieres . C'est - là
qu'on les trouve collez et appliquez
sur ces Rochers , comme une espece de
croute , qu'on détache aisément avec le
doigt ou avec le couteau . Cette croute est
I.Vol.
B iiij
sim2724
MERCURE DE FRANCE
simple et d'une couleur plus sombre lorsque
la surface de la Pierre est à l'air , et
elle est double , lorsqu'elle se rencontre
entre deux Pierres , qui ne laissent entre
elles que l'espace d'une legere fente , parce
qu'en ce cas la croute de chacune des
deux superficies se trouve liée et conglutinée
l'une à l'autre à peu près
comme les parois des rayons de miel .
Quelques personnes qui ont voulu passer
sur leurs lévres des fragmens de ces
sortes de cristallizations et les y moüillet
un temps considérable , ont ressenti
une sécheresse de lévres pendant plus de
huit jours. Quant à la situation des Perrieres
dont ces cristallizations ornent
l'entrée , il nous a fait observer que l'entrée
de toutes regarde le Soleil couchant ,
que la Riviere d'Yonne coule immédiatement
au dessous à 12 ou 15 toises plus
bas ; que ces Perrieres supportent des Vignes
d'un produit excellent , et que le
tout n'est situé qu'à deux lieuës et demie
ou trois lieuës au dessus d'Auxerre.
A l'égard des pétrifications qui finissent
en pointe de Fuseau , il croît que ce
sont des Pierres belemnites vulgaire.
ment appellées Pierres de tonnerre. Leur
figure cylindrique favorise assez la pensée
de ceux qui croyent que ce peuvent
I. Vol. avoir
DECEMBRE. 1731. 2725
avoir été des dents d'une espece de Crocodile
; cependant il est plus porté à penser
que ces Pierres ont été formées dans
le moule d'une substance cartilagineuse ,
qui auroit appartenu à quelque poisson ,
ensorte que ce ne seroit qu'une espece
de bourbe , plus claire et plus fine qui
auroit été pétrifiée à la longueur du tems,
en effet le couronnement qui paroît figuré
à la pointe de cette Pierre aiguë , a
tout l'air d'avoir été formé dans quelque
moule de Corne ou de Cartilage.Il a trouvé
de ces pétrifications dans des chemins
qui traversent des terres labourées , au
dessous de Salmaise en Bourgogne , et
dans le Nivernois , proche Mez - le-Comte.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite à M. le. B... Chanoine d'Auxerre, par M. A... Medecin de Paris, au mois de Juin 1731. au sujet des Cristallizations qu'on trouve en Bourgogne.
En juin 1731, M. A..., un médecin parisien, exprime sa gratitude à M. le Chanoine d'Auxerre pour l'envoi de cristallisations découvertes en Bourgogne. Ces cristallisations, nommées Siderites, appartiennent à l'espèce des diamants et présentent un éclat similaire à celui du fer poli. Pline, dans son ouvrage, mentionne des pierres similaires en Macédoine. Les Siderites d'Auxerre partagent des caractéristiques avec celles décrites par Pline, notamment leur poids et leur fragilité. Elles sont souvent trouvées dans les mines de fer et ont une couleur terne, proche de celle du fer poli. M. A... observe également une matrice de Siderite de forme sphérique et demi-sphérique, comparable à celle décrite par Saumaise. Les Siderites peuvent être facilement détachées des rochers à l'entrée de certaines perrières situées à deux ou trois lieues au-dessus d'Auxerre, en direction du soleil couchant et près de la rivière d'Yonne. Le chanoine d'Auxerre mentionne aussi des pétrifications en forme de pointe de fuseau, qu'il identifie comme des pierres belemnites, souvent appelées pierres de tonnerre. Ces pierres sont découvertes dans des chemins traversant des terres labourées en Bourgogne et dans le Nivernois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 2791-2793
PLAINTES de la Riviere d'Yonne. Extrait d'une Lettre de Sens, écrite au mois de Novembre.
Début :
Cette Riviere dont je ne ferai qu'emprunter les griefs de plainte, qui [...]
Mots clefs :
Plainte, Rivière d'Yonne, Bourgogne, Seine
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texteReconnaissance textuelle : PLAINTES de la Riviere d'Yonne. Extrait d'une Lettre de Sens, écrite au mois de Novembre.
PLAINTES de la Riviere d'Yonne.
Extrait d'une Lettre de Sens , écrite an
mois de Novembre.
C
Ette Riviere dont je ne ferai qu'emprunter
les griefs de plainte , qui
sont déduits dans un Factum qu'elle a
fait répandre depuis peu en Europe , répresente
d'abord les sujets de mécontentement
qu'elle a , de ce qu'on lui ôte le
Privilege dont elle auroit dû joüir , de
porter son nom jusqu'à la Mer ; plainte
autrefois très- sérieuse et très- amere dans
la bouche d'un des Préchantres de nôtre
Ville , homme três- judicieux et très - sensé
, qui pensa en mourir de chagrin . En
effet , c'est une chose étonnante , qu'une
Riviere qui est navigable des douze ou
I. Vol. E ij quinze
2792 MERCURE DE FRANCE
et
quinze lieuës au - dessous de sa source , et
qui porte Bateau des dix - huit ou vingt
au- dessous du même Endroit , qui passe
par plusieurs belles et bonnes Citez antiques
, et Villes Episcopales de renom ,
qui entretient presque tout le commerce
de la Bourgogne avec les Pays Bas , soit
obligé de ceder l'honneur à une autre
qui ne commence à porter Bateau qu'a
plus de trente lieues depuis sa source , et
qui ne passe que dans une seule Ville de
distinction , où , à peine est- elle réconnoissable
, tant elle y a de ressemblance
à un simple Ruisseau de Moulin . On entend
assez que c'est la Seine qui est désignée
par cette derniere Riviere , laquelle
a un peu moins de cours que l'Yonne de
puis sa source jusqu'à sa jonction , et qui
a beaucoup moins d'avantages du côté
de la nature , à moins qu'on ne mette aų
nombre des grandes faveurs , que ses
Eaux sont détersives et laxatives aux paproches
de Paris ce qui peut provenir
autant de l'une que de l'autre.
,
On ne peut réfuser à la Riviere d'Yonne
la justice de réconnoître qu'elle fournit
toute l'Année des provisions de bouche
à la Ville de Paris et que la Seine
se joignant à elle à Montereau , au - dessous
des Ponts , c'est un Passedroit qu'on
1. Vol
Juj
DECEMBRE 1731. 279
lul fait , de cesser alors de l'appeller Yonne
, attendu que l'utile pour l'homme
vient de dessous le Pont d'Yonne , et non
de dessous celui de la Seine. Elle invite
tous les gens équitables à faire une descente
sur les lieux , pour voir de quel
côté est le bon droit . Mais dans le Factum
qu'elle présente à Neptune , rien n'est
plus digne de l'attention des Voyageurs ,
Commerçans , et de toute la Nation Marchande
, tant Normande que Picarde
Angloise , &c. que la plainte qu'elle fait
de ce qu'on a avancé depuis peu pour
détruire ses plus anciens et plus expérimentez
Navigateurs ; sçavoir , qu'ils fendoient
trop rapidement ses eaux
qu'ils descendoient avec trop de celerité
de l'embouchure de Senin à Paris , et remontoient
de même de Paris à l'embouchure
de ce Fleuve en trop peu de temps .
C'est à ce sujet qu'elle demande justice
et qu'elle réclame l'autorité du Tribunal
de Neptune , qui , de concert avec Mercure
,jugera , sans doute , favorablement ,
et à l'honneur de cette Riviere , dans une
matiere si importante pour la Capitale
du Royaume , et pour les Pays d'au-
dessous , aboutissans à l'Ocean.
Extrait d'une Lettre de Sens , écrite an
mois de Novembre.
C
Ette Riviere dont je ne ferai qu'emprunter
les griefs de plainte , qui
sont déduits dans un Factum qu'elle a
fait répandre depuis peu en Europe , répresente
d'abord les sujets de mécontentement
qu'elle a , de ce qu'on lui ôte le
Privilege dont elle auroit dû joüir , de
porter son nom jusqu'à la Mer ; plainte
autrefois très- sérieuse et très- amere dans
la bouche d'un des Préchantres de nôtre
Ville , homme três- judicieux et très - sensé
, qui pensa en mourir de chagrin . En
effet , c'est une chose étonnante , qu'une
Riviere qui est navigable des douze ou
I. Vol. E ij quinze
2792 MERCURE DE FRANCE
et
quinze lieuës au - dessous de sa source , et
qui porte Bateau des dix - huit ou vingt
au- dessous du même Endroit , qui passe
par plusieurs belles et bonnes Citez antiques
, et Villes Episcopales de renom ,
qui entretient presque tout le commerce
de la Bourgogne avec les Pays Bas , soit
obligé de ceder l'honneur à une autre
qui ne commence à porter Bateau qu'a
plus de trente lieues depuis sa source , et
qui ne passe que dans une seule Ville de
distinction , où , à peine est- elle réconnoissable
, tant elle y a de ressemblance
à un simple Ruisseau de Moulin . On entend
assez que c'est la Seine qui est désignée
par cette derniere Riviere , laquelle
a un peu moins de cours que l'Yonne de
puis sa source jusqu'à sa jonction , et qui
a beaucoup moins d'avantages du côté
de la nature , à moins qu'on ne mette aų
nombre des grandes faveurs , que ses
Eaux sont détersives et laxatives aux paproches
de Paris ce qui peut provenir
autant de l'une que de l'autre.
,
On ne peut réfuser à la Riviere d'Yonne
la justice de réconnoître qu'elle fournit
toute l'Année des provisions de bouche
à la Ville de Paris et que la Seine
se joignant à elle à Montereau , au - dessous
des Ponts , c'est un Passedroit qu'on
1. Vol
Juj
DECEMBRE 1731. 279
lul fait , de cesser alors de l'appeller Yonne
, attendu que l'utile pour l'homme
vient de dessous le Pont d'Yonne , et non
de dessous celui de la Seine. Elle invite
tous les gens équitables à faire une descente
sur les lieux , pour voir de quel
côté est le bon droit . Mais dans le Factum
qu'elle présente à Neptune , rien n'est
plus digne de l'attention des Voyageurs ,
Commerçans , et de toute la Nation Marchande
, tant Normande que Picarde
Angloise , &c. que la plainte qu'elle fait
de ce qu'on a avancé depuis peu pour
détruire ses plus anciens et plus expérimentez
Navigateurs ; sçavoir , qu'ils fendoient
trop rapidement ses eaux
qu'ils descendoient avec trop de celerité
de l'embouchure de Senin à Paris , et remontoient
de même de Paris à l'embouchure
de ce Fleuve en trop peu de temps .
C'est à ce sujet qu'elle demande justice
et qu'elle réclame l'autorité du Tribunal
de Neptune , qui , de concert avec Mercure
,jugera , sans doute , favorablement ,
et à l'honneur de cette Riviere , dans une
matiere si importante pour la Capitale
du Royaume , et pour les Pays d'au-
dessous , aboutissans à l'Ocean.
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Résumé : PLAINTES de la Riviere d'Yonne. Extrait d'une Lettre de Sens, écrite au mois de Novembre.
La lettre de Sens de novembre expose les plaintes de la rivière d'Yonne. L'Yonne se plaint de la perte de son privilège de porter son nom jusqu'à la mer, un sujet déjà soulevé par un préchantre de Sens. Navigable sur douze à quinze lieues depuis sa source, elle peut transporter des bateaux sur dix-huit à vingt lieues, traversant plusieurs villes importantes et soutenant le commerce entre la Bourgogne et les Pays-Bas. Cependant, elle doit céder son nom à la Seine, qui commence à être navigable à plus de trente lieues de sa source et traverse une seule ville notable. La Seine est également connue pour ses eaux détersives et laxatives près de Paris. L'Yonne fournit des provisions à Paris toute l'année et se joint à la Seine à Montereau. Elle demande une inspection sur place pour déterminer le bon droit. De plus, l'Yonne se plaint de récentes accusations contre ses navigateurs, accusés de naviguer trop rapidement, et demande justice au Tribunal de Neptune et de Mercure pour une matière importante pour la capitale et les pays environnants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 1489-1495
LETTRE écrite à M. D. L. R. par un bas Normand, sur la maniere de faire du vin rouge avec des raisins blancs.
Début :
Quoique je sois Normand, et même bas Normand, vous trouverez [...]
Mots clefs :
Vin rouge, Raisins blancs, Liqueur, Normandie, Champagne, Bourgogne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. D. L. R. par un bas Normand, sur la maniere de faire du vin rouge avec des raisins blancs.
LETTRE écrite à M. D. L. R. par
un bas Normand , sur la maniere defaire du vin rouge avec des raisins blancs.
Q
Uoique je sois Normand , et même
bas Normand, vous trouverez bon,
Monsieur, que je m'addresse à vous pour
obtenir de quelque Bourguignon la soBiij lution
1490 MERCURE DE FRANCE
lution d'un endroit qui m'a embarrassé
en lisant une Lettre d'un ancien Moine
de S. Denys ( a ). Il n'est pas extraordinaire que nous , qui ne voyons croître
dans nos Campagnes que des Pommes ou
des Poires dont on fait le jus qui sert
de boisson au commun du peuple , ne
soyons pas pleinement informez de la
maniere dont on façonne le vin. Ce Moi
ne qui s'appelloit Guillaume , lassé apparemment du tracas qui est ordinaire dans
les grandes Maisons , sur tout dans celleoù le premier Ministre du Royaume faisoit sa demeure , se retira dans un petit
Monastere de la Province d'Aquitaine ,
pour y finir ses jours,
C'étoit vers le milieu du douzième
siécle, quatre autres Moines qui portoient,
comme lui , le nom de Guillaume ; sçavoir , Guillaume le Préchantre , Guillaume le Cellerier , Guillaume le Notaire ou
le Secretaire , et Guillaume le Médecin
lui écrivirent pour l'exhorter à sortir de
ce trou , et à revenir à S. Denys. Il leur
fit une réponse qui m'a paru fort spirituelle ; et pour prouver qu'il auroit tort
de quirter cette petite Maison, il en a fait
une Description tout à fait réjouissante.
(a ) Thesaur. Anecdotor. P P. Martene et Du¬ rand. Tom. I. pag. 442
JUILLET 1732 1491
Il nemarque point dans quel Diocése étoit
ce petit Couvent ; mais comme il dit que
la Riviere de Vienne ( Vigenna ) passoit à
deux traits d'Arbalestre de cet endroit ; il
y a apparence qu'il étoit bâti dans le Diocèse de Limoges ou dans celui de Poitiers.
Parlant des avantages du terrain , il va
jusqu'à dire que le vin qui y croissoit ,
surpassoit celui de Falerne, puis il ajoute:
Hic mirum in modum ex albis botrionibus
vinum vidi rubeum , et ex nigris èconverso
conficitur album. La premiere partie de
cette phrase fait le sujet de ma curiosité.
Je comprends bien qu'avec des raisins.
noirs l'on peut faire du vin blanc; mais je
ne conçois pas , moi bas Normand, comment avec des raisins blancs seuls , on
peut faire du vin rouge. Plus d'un Parisien pourroit bien y être embarassé comme moi. Passant autrefois à Chablis et ailleurs dans la Champagne , j'ai vû exécuter la seconde partie de ce qu'avance le
Moine de S. Denys ; mais à l'égard de ce
qui précede , je vous avoue que je m'y
perds , et j'ai toujours crû qu'avec des raisins blancs, de quelque maniere qu'on les
écrase, et quelque long que soit le temps
qu'on les laisse dans la Cuve, on n'en peut
,
faire que du vin blanc ou tout au plus du
vin jaune, comme notre Cidre de Bayeux.
B iiij Ce
1492 MERCURE DE FRANCE
Ce Moine donc auroit- il voulu broder?
Se seroit- il exposé à mentir en écrivant
aux amis du grand Abbé Suger? ou bien
y auroit- il quelque équivoque renfermé
dans la premiere Partie de sa proposition?
Il ne seroit pas indifférent de sçavoir d'où
il est natif; car il y a des Nations plus ou
moins sinceres ; je dis ceci , sans prétendre blesser le respect que je dois à mes
compatriotes. Si ce Moine étoit originaire du Païs où le Monastere en question
étoit situé, l'amour de la Patrie a pû le
porter à en exagérer les avantages. Je ne
sçai que croire de tout le bien qu'il en
dit ; il attribuë à
l'Oratoire de cette Maison , (c'est ainsi qu'il appelle l'Eglise) une
prérogative dont l'extension seroit fort à
désirer de nos jours ;
sçavoir , que quiconque y entroit dans le dessein de dérober, étoit tout à coup puni d'aveuglement , ou d'une peine encore plus grande. Ce Privilege seroit fort à
souhaiter ,
nonseulement pour les Eglises de Paris
mais encore pour celles d'un certain Païs
où l'on se défie souvent , avec raison
d'une partie de ceux qui paroissent y entrer dans le plus grand esprit de dévotion ; et je vous avoue que si tous lesvo- leurs tomboient roides morts ou devemoient aveugles en entrant dans les Eglises
JUILLET. 1732 1493
ses , cela auroit épargné bien des ceremonies qui ont été faites à la Grève et
ailleurs.
Après tout , une Description qui ne
porte pas le nom spécifique du lieu, laisse
toujours le Lecteur en suspens ; que ce
soit Poitou ou Limosin , je ne m'en embarasse pas beaucoup , pourvû que vous
me procuriez le secret par lequel on fait
du vin rouge avec des raisins blancs.
Ce n'est pas que je veuille m'en servir ;
vous sçavez par vous-même que nous n'avons icy que des Treilles à verjus ; je suis
éloigné de plus de 25 lieues des dernieres Vignes des Vignobles de Normandie ;
mais je demande seulement comment du
blanc peut devenir rouge ; simpliciter es
sine addito. UnPeintre qui sçait le mélange et la combinaison des couleurs, pourroit m'éclaircir là- dessus , et malheureusement je n'en trouve point dans mon
Village. Ces sortes d'Ouvriers sont rares
dans nos quartiers et n'y font pas long
séjour , lorsqu'ils veulent être sinceres , et
ne pas flatter, conformément au génie du
Païs.
Pour vous , Monsieur , qui voyez les
Nations qui abordent à Paris de tous les
côtez,je vous réïtere ma priere , et je vous
demande ou de m'indiquer , si vous pouBv vez ,
1494 MERCURE DE FRANCE
vez , l'endroit marqué dans la Lettre du
Moine Guillaume , afin que je puisse y
écrire pour sçavoir si ce secret subsiste
toujours , ou , si vous ne pouvez me l'in
diquer , de me procurer de quelque autre Païs Vignoble , une réponse qui satisfasse ma curiosité. Il ne vous sera pas difficile de faire parler , sur le premier atticle , quelques Bourguignons , à vous
qui avez rendu si publiques par toute la
terre les Décisions souveraines de Bacchus en faveur de leur Province , de ceDieu qui dit si volontiers la vérité , in.
vino veritas. Je souscris de tout mon
cœur à la déclaration authentique que
cette Divinité a donnée en faveur des Vins
de la veritable Bourgogne , quelle que.
soit la situation des côtes d'où ils proce
dent , hiute , moyenne et même basse .
pourvû que ce vin soit franc , pectoral ,
et sans goût de craye , de nitre , ou de
souffre , ou enfin de pierre à fusil . Le
corps de l'homme n'étant point un alembic , ni de ces tuyaux de distillation
qu'il n'importe pas de ménager ; les vins
qui sont sujets à certaine fougue subite et passagere , et qui font plutôt monter des vapeurs au cerveau , qu'ils ne répandent de vigueur dans les veines , ne
peuvent lui convenir amniablement; et le
plaisir
JUILELT. 1732 1495
plaisir qu'on ressent à les boire , laisse
toujoursaprès lui le regret d'en avoir usé.
Je mets autant de difference entre les
francs vins de Bourgogne , et les vins
caustiques de certains Païs , où l'on croit
qu'il suffit d'être presque limitrophe de
cette Province pour y être aggrégé , qu'il
y en a entre les Cidres qu'on fait à Bayeux
et dans le Cotentin , et celui qu'on pour
roit faire à Paris. Ne soyez pas surpris , /
Monsieur , qu'un Normand vous écrive
sur ce ton ; c'est un Normand qui abandonne à ses domestiques la liqueur ambrée ou dorée dont il vient de vous parler , et qui n'use en son particulier que
de la rouge , et de la plus sanguine ; soit
qu'elle lui vienne par les côtes de la Mer¸.
soit que ce soit par le Canal de la Seine
et par les voitures de terre. Je suis, &c.
De St... ce 31 Mars 1732–
un bas Normand , sur la maniere defaire du vin rouge avec des raisins blancs.
Q
Uoique je sois Normand , et même
bas Normand, vous trouverez bon,
Monsieur, que je m'addresse à vous pour
obtenir de quelque Bourguignon la soBiij lution
1490 MERCURE DE FRANCE
lution d'un endroit qui m'a embarrassé
en lisant une Lettre d'un ancien Moine
de S. Denys ( a ). Il n'est pas extraordinaire que nous , qui ne voyons croître
dans nos Campagnes que des Pommes ou
des Poires dont on fait le jus qui sert
de boisson au commun du peuple , ne
soyons pas pleinement informez de la
maniere dont on façonne le vin. Ce Moi
ne qui s'appelloit Guillaume , lassé apparemment du tracas qui est ordinaire dans
les grandes Maisons , sur tout dans celleoù le premier Ministre du Royaume faisoit sa demeure , se retira dans un petit
Monastere de la Province d'Aquitaine ,
pour y finir ses jours,
C'étoit vers le milieu du douzième
siécle, quatre autres Moines qui portoient,
comme lui , le nom de Guillaume ; sçavoir , Guillaume le Préchantre , Guillaume le Cellerier , Guillaume le Notaire ou
le Secretaire , et Guillaume le Médecin
lui écrivirent pour l'exhorter à sortir de
ce trou , et à revenir à S. Denys. Il leur
fit une réponse qui m'a paru fort spirituelle ; et pour prouver qu'il auroit tort
de quirter cette petite Maison, il en a fait
une Description tout à fait réjouissante.
(a ) Thesaur. Anecdotor. P P. Martene et Du¬ rand. Tom. I. pag. 442
JUILLET 1732 1491
Il nemarque point dans quel Diocése étoit
ce petit Couvent ; mais comme il dit que
la Riviere de Vienne ( Vigenna ) passoit à
deux traits d'Arbalestre de cet endroit ; il
y a apparence qu'il étoit bâti dans le Diocèse de Limoges ou dans celui de Poitiers.
Parlant des avantages du terrain , il va
jusqu'à dire que le vin qui y croissoit ,
surpassoit celui de Falerne, puis il ajoute:
Hic mirum in modum ex albis botrionibus
vinum vidi rubeum , et ex nigris èconverso
conficitur album. La premiere partie de
cette phrase fait le sujet de ma curiosité.
Je comprends bien qu'avec des raisins.
noirs l'on peut faire du vin blanc; mais je
ne conçois pas , moi bas Normand, comment avec des raisins blancs seuls , on
peut faire du vin rouge. Plus d'un Parisien pourroit bien y être embarassé comme moi. Passant autrefois à Chablis et ailleurs dans la Champagne , j'ai vû exécuter la seconde partie de ce qu'avance le
Moine de S. Denys ; mais à l'égard de ce
qui précede , je vous avoue que je m'y
perds , et j'ai toujours crû qu'avec des raisins blancs, de quelque maniere qu'on les
écrase, et quelque long que soit le temps
qu'on les laisse dans la Cuve, on n'en peut
,
faire que du vin blanc ou tout au plus du
vin jaune, comme notre Cidre de Bayeux.
B iiij Ce
1492 MERCURE DE FRANCE
Ce Moine donc auroit- il voulu broder?
Se seroit- il exposé à mentir en écrivant
aux amis du grand Abbé Suger? ou bien
y auroit- il quelque équivoque renfermé
dans la premiere Partie de sa proposition?
Il ne seroit pas indifférent de sçavoir d'où
il est natif; car il y a des Nations plus ou
moins sinceres ; je dis ceci , sans prétendre blesser le respect que je dois à mes
compatriotes. Si ce Moine étoit originaire du Païs où le Monastere en question
étoit situé, l'amour de la Patrie a pû le
porter à en exagérer les avantages. Je ne
sçai que croire de tout le bien qu'il en
dit ; il attribuë à
l'Oratoire de cette Maison , (c'est ainsi qu'il appelle l'Eglise) une
prérogative dont l'extension seroit fort à
désirer de nos jours ;
sçavoir , que quiconque y entroit dans le dessein de dérober, étoit tout à coup puni d'aveuglement , ou d'une peine encore plus grande. Ce Privilege seroit fort à
souhaiter ,
nonseulement pour les Eglises de Paris
mais encore pour celles d'un certain Païs
où l'on se défie souvent , avec raison
d'une partie de ceux qui paroissent y entrer dans le plus grand esprit de dévotion ; et je vous avoue que si tous lesvo- leurs tomboient roides morts ou devemoient aveugles en entrant dans les Eglises
JUILLET. 1732 1493
ses , cela auroit épargné bien des ceremonies qui ont été faites à la Grève et
ailleurs.
Après tout , une Description qui ne
porte pas le nom spécifique du lieu, laisse
toujours le Lecteur en suspens ; que ce
soit Poitou ou Limosin , je ne m'en embarasse pas beaucoup , pourvû que vous
me procuriez le secret par lequel on fait
du vin rouge avec des raisins blancs.
Ce n'est pas que je veuille m'en servir ;
vous sçavez par vous-même que nous n'avons icy que des Treilles à verjus ; je suis
éloigné de plus de 25 lieues des dernieres Vignes des Vignobles de Normandie ;
mais je demande seulement comment du
blanc peut devenir rouge ; simpliciter es
sine addito. UnPeintre qui sçait le mélange et la combinaison des couleurs, pourroit m'éclaircir là- dessus , et malheureusement je n'en trouve point dans mon
Village. Ces sortes d'Ouvriers sont rares
dans nos quartiers et n'y font pas long
séjour , lorsqu'ils veulent être sinceres , et
ne pas flatter, conformément au génie du
Païs.
Pour vous , Monsieur , qui voyez les
Nations qui abordent à Paris de tous les
côtez,je vous réïtere ma priere , et je vous
demande ou de m'indiquer , si vous pouBv vez ,
1494 MERCURE DE FRANCE
vez , l'endroit marqué dans la Lettre du
Moine Guillaume , afin que je puisse y
écrire pour sçavoir si ce secret subsiste
toujours , ou , si vous ne pouvez me l'in
diquer , de me procurer de quelque autre Païs Vignoble , une réponse qui satisfasse ma curiosité. Il ne vous sera pas difficile de faire parler , sur le premier atticle , quelques Bourguignons , à vous
qui avez rendu si publiques par toute la
terre les Décisions souveraines de Bacchus en faveur de leur Province , de ceDieu qui dit si volontiers la vérité , in.
vino veritas. Je souscris de tout mon
cœur à la déclaration authentique que
cette Divinité a donnée en faveur des Vins
de la veritable Bourgogne , quelle que.
soit la situation des côtes d'où ils proce
dent , hiute , moyenne et même basse .
pourvû que ce vin soit franc , pectoral ,
et sans goût de craye , de nitre , ou de
souffre , ou enfin de pierre à fusil . Le
corps de l'homme n'étant point un alembic , ni de ces tuyaux de distillation
qu'il n'importe pas de ménager ; les vins
qui sont sujets à certaine fougue subite et passagere , et qui font plutôt monter des vapeurs au cerveau , qu'ils ne répandent de vigueur dans les veines , ne
peuvent lui convenir amniablement; et le
plaisir
JUILELT. 1732 1495
plaisir qu'on ressent à les boire , laisse
toujoursaprès lui le regret d'en avoir usé.
Je mets autant de difference entre les
francs vins de Bourgogne , et les vins
caustiques de certains Païs , où l'on croit
qu'il suffit d'être presque limitrophe de
cette Province pour y être aggrégé , qu'il
y en a entre les Cidres qu'on fait à Bayeux
et dans le Cotentin , et celui qu'on pour
roit faire à Paris. Ne soyez pas surpris , /
Monsieur , qu'un Normand vous écrive
sur ce ton ; c'est un Normand qui abandonne à ses domestiques la liqueur ambrée ou dorée dont il vient de vous parler , et qui n'use en son particulier que
de la rouge , et de la plus sanguine ; soit
qu'elle lui vienne par les côtes de la Mer¸.
soit que ce soit par le Canal de la Seine
et par les voitures de terre. Je suis, &c.
De St... ce 31 Mars 1732–
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Résumé : LETTRE écrite à M. D. L. R. par un bas Normand, sur la maniere de faire du vin rouge avec des raisins blancs.
Un Normand résidant en Basse-Normandie écrit à M. D. L. R. pour obtenir des informations sur la fabrication de vin rouge à partir de raisins blancs. Il s'inspire d'une lettre d'un ancien moine de Saint-Denis, Guillaume, qui mentionne cette pratique. Le moine Guillaume, retiré dans un monastère en Aquitaine au XIIe siècle, décrit son lieu de retraite comme produisant un vin rouge exceptionnel à partir de raisins blancs. Intrigué par cette affirmation, le Normand cherche à comprendre le processus, car il ne voit que des pommes et des poires dans sa région. Il mentionne avoir vu du vin blanc fabriqué à partir de raisins noirs, mais reste perplexe sur la transformation de raisins blancs en vin rouge. Il sollicite l'aide de M. D. L. R. pour obtenir des éclaircissements, soit en localisant le monastère mentionné, soit en consultant des experts du vin, comme des Bourguignons. Le Normand exprime également sa préférence pour les vins francs et de qualité, comparant les vins de Bourgogne aux cidres normands.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 1912-1929
LETTRE aux Auteurs du Mercure, sur la Réponse insérée dans le Mercure du mois de Mars dernier, à l'Ordonnance de Bacchus.
Début :
Je trouve, Messieurs, une grande inadvertance, presqu'au commencement [...]
Mots clefs :
Ordonnance de Bacchus, Inadvertance, Joigny, Vigne, Soleil, Collines, Vins, Bourgogne, Tribunal bacchique
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE aux Auteurs du Mercure, sur la Réponse insérée dans le Mercure du mois de Mars dernier, à l'Ordonnance de Bacchus.
LETTRE aux Auteurs du Mercure , sur
la Réponse insérée dans le Mercure du
mois de Mars dernier , à l'Ordonnance
de Bacchus.
J
E trouve, Messieurs, une grande inadvertance , presqu'au commencement
de la Réponse en question. Elle paroît
dès la fin de la seconde Période , c'est-àdire , à la page 488 , lig. 6. du Mercure.
Le raisonnement est si louche , que je serois plus volontiers porté à croire , que
celui qui a composé cette Piéce , étoit
moinsattentif à ce qu'il écrivoit , qu'à ce
qu'il avoit envie d'écrire.
Il a , au reste , fort mauvaise grace de
reprocher aux Gens tenans le Conseil du
Dieu
SEPTEMBRE. 1732. 1973
Dieu Bacchus , de n'avoir pas répondu à
ce que Virgile a écrit. Ce Conseil recon-.
noit , avec ce Poëte , que les lieux où il
y a une grande profondeur de terre, sont
meilleurs pour le bled , que les endroits
qui ont peu de fond , et que les superficies moins épaisses , que celles - là , conviennent au vin par préférence. Mais il
ajoute , que c'est abuser du texte Poëtique , que d'en inférer qu'il n'y a que
Joigny qui soit dans le cas d'avoir un territoire propre à la Vigne , ou que son exposition a cette propriété par excellence.
Chacun sçait que c'est un avantage commun à tous les lieux qui ont été les premiers cultivez en Vignes. Ce qui fait le
Vin délicat , c'est que les racines s'étendent plutôt en longueur qu'en profondeur ; mais ce n'est pas toujours ce qui le
fait bon et irreprochable. Il ne mérite pas
cette qualité , dès que cette petite épaisseur de terre est couchée et appliquée sur
des Bancs de craye et de tuf, comme est
le territoire de Joigny , au vû et au sçu
de tout le monde. Loin donc d'ici le prétendu Privilege singulier de cette Ville ;
Privilege exclusif, si on en croit le Député
qui parle pour elle ; mais dont ses habitans ne peuvent se glorifier sans une vaine présomption.
B iij Ce
1914 MERCURE DE FRANCE
Ce Député veut que nous marquions d'un
grand sérieux , ce que nous avons lû des
Poësies du P. Vaniere. Quoique l'Ordonnance de Bacchus l'insinue assez, et qu'il y
soit dit en termes formels, autant qu'une
Ordonnance en style burles quepeut le permettre, que la proposition du Poëte, prise trop généralement est fausse et démen.
tie par l'expérience , on ne laissera pas de
faire encore icy quelques réfléxions. C'est
être en effet scrupuleux jusqu'au ridicule, que de prétendre qu'on doit laisser sans
Vignes , des Côtes qui ne regardent pas
géométriquement le point de Midy en
face,quoique le grain de terre en soit bon;
comme s'il étoit besoin de tirer un allignement , et avoir son quart de cercle en
main lorsqu'on plante une Vigne , de
même que lorsqu'on dresse un Cadran.
Ce même Ecrivain convient qu'il ne faut
pas disputer des faits Or c'est un fait certain et prouvé par l'expérience de quinze
cens ans au moins , que des Côtes qui ne
sont point obverses directement au Midy , mais qui regardent un peu l'Orient ,
ou qui sont tournées vers le déclin du
Soleil , produisent du Vin aussi excellent
et même souvent meilleur que des Coteaux qui font face , en droite ligne , au
point méridional.
II
*
SEPTEMBRE. 1732. 1915.
Il est vrai qu'entre les Vignes situées
obversement au Midy ; il y en a quelquefois qui produisent un vin brulant: Mais si
ce Vin est bon, ce n'est pas toujours à cause
de leur exposition géométrique. C'est le
grain de terre qui fournit la substance
que les ardeurs du Soleil ne font que perfectionner. Un bon fond produit de ses
entrailles un bon raisin ; et c'est la chaleur
de la nuit, aussi bien que celle du jour qui
opere le dégré de maturité qui convient.Il
faut donc éviter de tirer une conclusion
trop generale en matiere de Physique
d'une proposition avancée par un Poëte
qui s'attache plus à rendre son Vers bien
harmonieux , qu'à approfondir les secrets
de la Nature; sans quoy l'on court risque
de tomber dans le Sophisme , qui prend
pour cause , ce qui n'est point cause. Une
preuve de cela , est que si c'étoit la plus
grande chaleur , tombant à plomb, qui
fait le meilleur raisin , il s'ensuivroit qu'il
seroit à propos d'ôter les feuilles de dessus le raisin pour le rendre meilleur ; ce
qu'on n'a garde de faire, parce que l'expe
rience fait connoître qu'une chaleur refléchie ou de réverbération , rend le fruit
plus sain et plus propre à faire de bon Vin,
qu'une chaleur directe.
Mais l'Ecrivain de Joigny est admiraBiiij ble
1916 MERCURE DE FRANCE
ble,lorsqu'il nous dit que le P.Vaniere fait
l'éloge de l'exposition de tout le Vignoble
de Joigny , en marquant le regard vers le
Midy , comme le plus favorable. La Providence, disoit- il au mois de Février 1731 .
nous a bienfavorisez , en nous environnant
de Collines , dont l'exposition nous répond
de la bonté de nos Vignobles. Il semble
que dès qu'une Ville est environnée de
Collines , il est impossible que toutes ces
Collines soient tournées vers le Midy
ou il faut s'abstenir de dire que la Ville
en est environnée , ou bien il faut avouer
qu'il y a de ces Collines qui sont tournées
vers l'Orient , d'autres vers l'Occident, et
d'autres encore autrement. Ce raisonnement louche me persuade que l'Auteur
n'y pensoit pas lorsqu'il a fait l'exclamation , qui contient ce que je viens d'allé
guer, et qu'alors il croyoit être à Auxerre,
qui véritablement est environné de tous les
côtez de Collines , qui produisent un Vin
de soutien, un Vin agréable et salutaire,au
lieu que je suis moralement assuré que les
habitans de Joigny , renieront presque
tout ce qui est au delà de leur Pont , ce
qui certainement comprend plus de la
moitié de l'Hémisphere, par rapport à
leur Ville.
Non seulement l'Ecrivain est refractaire
SEPTEMBRE. 1732. 1917
que
taire à l'Ordonnance de Bacchus , mais
encore il ose lui donner de fausses interprétations. Lorsque Bacchus , par exemple , nomme les Régions basses, moyenne
et supérieure il s'imagine que ce Dieu entend parler de celles de l'air ; et cela pour
avoir le plaisir de dire que cette Divinité
tient un langage qui sent le Copernic , et
qu'elle s'est répandue en propos vagues.
Peut on se figurer , sans être enlevé, comme Gyrano de Bergerac, dans les Régions sublunaires , que les Vignes soient plantées
dans une matiere aussi fluide et légere l'air ;et que la basse Région , dont
Bacchus parle , ne soit pas celle qui est de
niveau avec les Champs et les Prairies ?
Cette Divinité a déclaré , sans ambiguité,
que la moyenne Région d'un côteau , est
cet endroit où se rassemble la portion
la plus nourrissante du sol , après les pluyes,
et que la Région supérieure est celle du
terrain qui reste la plus dénuée de substance nutritive , et qui n'a , pour ainsi
dire , que les os. Le Conseil du Dieu
Bacchus n'a pû être si mal avisé , que de
confondre un Element avec l'autre , et de
prendre l'air pour la terre. Ainsi la remarque , que son langage conviendroit
mieux à un Traité d'Astronomie , qu'à
une déclaration sur la primauté des TerB v ritoires
1918 MERCURE DE FRANCE
ritoires, est mal placée et hors de son lieu.
Mais peut-on pardonner ce qui se lit
dans la page 490 ? Il faut être sujet à des
inattentions extrêmes , pour attribuer au
vulgaire de notre Ville une expresion qui
y est absolument inconnuë, que ni homme, ni femme , ni enfant , n'y ont jamais
employée. L'on s'y sert pour exprimer
l'ustancile en question , du même nom
qu'à Paris. Le Critique a pris , sans doute,
le Dictionnaire des environs de Montbar et de Sainte- Reine , pour le Dictionnaire d'Auxerre. Ce sont deux volumes
si differens , que je puis vous assurer que Benatron n'est pas un terme plus usité
dans le langage de notre Ville , que l'herbe de la Saingeon l'est dans les assaisonnemens, et que l'on n'y entend pas plus parler de l'un que de l'autre.
La Géographie du Défenseur des vins
de Joigny , me paroît aussi être un peu
embroüillée. On voit par ce qu'il dit au
bas de la même page 490. que ce n'est qu'à
regret qu'il avoue que Joigny appartient
au Pays Senonois , et qu'il aimeroit mieux
qu'il fût compris dans l'Auxerrois , afin
d'être de la Bourgogne. Il fait tout ce
qu'il peut pour accrocher sa Ville à cette
Province. Mais les Cartes citées dans l'Ordonnance de Bacchus , y sont contraires ;
et
SEPTEMBRE 1732. 1919
et contre cela point d'Appel. Ceux qui
sçavent l'origine des Impositions , n'ignorent point que le Pont de Joigny a
été regardé comme le premier sur la Riviere d'Yonne,qui soit situé dans la France , et que la formalité que ce Pont occasionne , vient de cette diversité de Territoire. Ainsi c'est encore une faute qui
s'est glissée dans le Memoire inseré dans
le Mercure du mois de Mars dernier ,
lorsqu'on y lit à la page 550. au sujet du
sieur Ferrand , celebre Peintre , qu'il naquit à Joigny en Bourgogne : les deux der
niers mots sont de trop.
'
Lorsque l'Ecrivain de cette Ville dit que
l'on a hazardé une Note sur l'Ordonnance de Bacchus , touchant le prix du
vin d'Auxerre , il a quelque espece de
raison. On lui avoue que la Note n'est
pas tout-a-fait exacte , en ce qu'elle ne
met pas le prix des vins d'Auxerre encore
assez au dessus de ceux de Joigny. L'Auteur Auxerrois apprehendant d'encourir
les peines portées par l'Ordonnance contre ceux qui ne disent pas la pure verité,
acouru promptement chez l'Imprimeur ,
et a fait mettre la chose dans toute son
exactitude ; sçavoir , que les vins d'Auxerre ont été vendus en 1730 , non 130.
et 140. livres au plus haut prix , mais
140. et 150, livres, B vj L'A
1920 MERCURE DE FRANCE
L'Apologiste de Joigny devoit avant que
d'écrire , se donner la peine de consulter
l'Errataimprimé à la fin du Mercure d'Octobre dernier , et il y auroit lû , que le
prix de 150. livres le muid fut celui du
vin de M. d'Orchy, alors digne Prieur de
Saint-Marien. C'est ce qu'il déclara 15 .
jours avant son décès , lorsqu'il eut pris
communication de l'Ordonnance. On ne
peut se dispenser de vanger la memoire
de ce Religieux , à qui on voit bien que
le Citoyen de Joigny en veut , lorsqu'on
fait attention à un petit mot qui lui est
échappé au haut de la page 49. Mais
pour suivre pas- à- pas ses Observations
Apologetiques , il est bon de lui faire remarquer qu'il a encouru la même peine
de l'Ordonnance , parce qu'il a allegué
faux en matiere grave , et de la compétence du Tribunal Bacchique , usant outre cola d'une réticence , dont les suites
pourroient tirer à grande consequence.
S'il s'est vendu à Auxerre du vin à pot
ou en détail à un prix plus modique qu'on
n'a fait à Joigny, ce n'étoit pas le meil leur vin , comme il a la hardiesse de le
dire; puisque sa bonne qualité le fait enlever encore tout chaud , et le fait conduire à Paris , en Normandie , en Picardie , en Flandres , en Artois et encore
plus
SEPTEMBRE. 1732. 1921
plus loin , mais c'étoit du vin de quelques Villages de la Vallée d'Aillant , qui
sont de l'Election de Joigny , que les
Habitans de ces lieux font voiturer à
Auxerre , pour y en trouver le débit
à la faveur du grand passage et de la modicité des droits , sans quoi , ils leur resteroient infalliblement ; et ces vins servent à la boisson des Paysans et des Artisans qui y affluent en bien plus grand
nombre qu'à Joigny.
Et quand même il y auroit eu du vin du
cru d'Auxerre , vendu à pot sur le pied
du prix de Joigny , cela ne viendroit que
de cette modicité des Droits d'Aydes
fondée sur les Privileges de la Bourgo- confirmez les Rois gne et autres , par
Louis XI. et Henry IV. comme aussi de
ce que la mesure est plus petite à Auxerre qu'à Joigny. L'Avocat de nos Adversaires , qui n'allegue que l'excedent
des Droits , nous prend apparamment
pour ces bons Limousins , à qui un Pape
de leur Nation promit , dit-on , de faire
avoir double récolte par an , à condition,
cependant, qu'au lieu que par tout ailleurs
on ne compte que douze mois par chacune année > on en compteroit vingtquatre dans leur Pays. Des que la pinte
est plus grande à Joigny qu'à Auxerre ,
il
1922 MERCURE DE FRANCE
il est juste qu'il y ait de l'augmentation
à proportion dans le prix de la vente qui se fait en détail.
Cet Ecrivain devient plus hardi à mesure qu'il approche de l'endroit où il veut
tirer son coup de pistolet. Sans sentir la
fausseté de son raisonnement , toute palpable qu'elle est , il dit qu'il suffit que
les vins de Joigny se trouvent bons pendant deux ou trois ans , pour qu'on puisse les transporter par tout où l'on voudra.
Mais où est la preuve que ces vins se trouvent bons pendant deux ou trois ans ?
C'est ce qu'il suppose et ce qu'il falloit
prouver. Il se peut faire que quelques
bouteillles tirées à propos d'un tonneau
se soient conservées sur le lieu , c'està- dire à Joigny même jusqu'à deux et
trois ans dans le fond d'une cave très profonde , ou dans un autre souterrain bien
frais. Mais il n'en suit pas de-là que ce
vin étant conduit bien loin , sur tout par
les voitures de terre , n'essuie pas de ces
revers de fortune dont l'Ordonnance à
parlé , qui seront tels que la fraicheur des
lieux les plus bas ne pourra le racommoder , et qu'on sera alors forcé pour le soutenir , de le couper avec du vin qui ait
du corps et de la moëlle. Bacchus à donc
décidé juste , parce qu'il étoit fondé sur
a
l'expe
SEPTEMBRE. 1732. 1923
l'experience. De sorte qu'il ne reste point
d'autre conseil à donner aux gens de Joigny , pour remedier à cet inconvenient ,
que de trouver un secret de transporter leurs caves toutes entieres et sans fracture , jusques dans les Pays où ils veulent
leur vin arive sain et sauf; encore
yconservera- t'il toujours son goût de terroir , c'est-à dire , de Craye et de Tuf,
qu'il a apporté en venant au monde.
que
La tournure des premieres lignes de
la page 492. fait voir que l'Ecrivain de
Joigny est accoûtumé à croire les choses legerement , et surtout celles qui renferment des suppositions sans preuve.
Peut-être auroit- il été plus réservé au
mois de Décembre 1731. si celui qu'il
attaque eut été encore vivant. Mais ayant
appris son décès , arrivé vers la S. Martin
précedente,il a crû que ce qu'il avanceroit
contre lui resteroit sans replique. Bien
plus , il se flatte peut-être que cette mort
fera que les vins d'Auxerre ne soutiendront plus leur réputation . Mais il se trompe encore ; la mort d'un seul homme n'a rien changé dans le Pays. Les
Vignes sont restées dans le même état ,
même sol , même exposition , même plan
de Pinot noir , clair et délié , même situation et même grain de terre ; nous ne
voyons
1924 MERCURE DE FRANCE
voyons pas qu'aucun tremblement ait
donné au Territoire une autre superficie
que celle qu'il avoit , et on ne peut lui
reprocher d'être fondé sur la craye ni impregné de pierres à fusil. Le Ciel , de son
côté, favorisera des mêmes benignes influences et des mêmes regards un terrain si bien composé : Les mêmes grapes
paroîtront chaque année aux mois accoûtumez. On continuera d'apporter la mêmeexactitude à tenir les Vignes exemptes
d'herbes et de toutes plantes étrangeres.
On aura la même attention à se servir de
perches transversales , pour ne pas laisser
ramper les grapes sur la terre , et afin que
la reverberation qui en résulte soit plus
forte et plus salutaire , à ne point prévenir la maturité pour les jours de la
récolte ; à mettre à part pour la boisson populaire les plus communs , s'il s'en
trouve à ne permettre l'entrée de la
Cuve à aucun de ces rameaux nerveux
et acres , qui supportent le grain et que
le Peuple appelle la Ralle. On aura la
même vigilance sur le grain du Raisin,
pendant qu'il baignera dans le mol de
la Cuve , ensorte que le degré de chaleur
qui s'y forme , contribuë à la délicatesse
comme à la couleur.
,
De tout cela il résulte un composé d'at tention
SEPTEMBRE. 1732. 1925
tention , de prudence et de connoissance
experimentale , qui est la seule drogue
que l'on puisse imputer à feu M.le Prieur
de Saint- Marien et à ceux qui ont pris
la peine de l'imiter ; ( a) drogue , comme
l'on voit , bien innocente , et dont les
grains ou les dragmes , qu'elle qu'en soit
la dose , ne peuvent produire qu'un bon
effet. Ces attentions coûtent des soins
et une dépense plus grande qu'on ne
croit ; mais ce sont des avances qui servent à faire travailler le petit Peuple ,
et dont l'achepteur dédommage bien vo
lontiers le vendeur. Au reste , quelque
forte que soit la dose d'attention et de
vigilance que M de Joigny puissent employer à la culture de leurs Vignes et à
la façon de leur vin , nous posons pour
certain , que jamais le vin de leur cru n'aura la bonté de celui d'Auxerre , parce
que la cause productive peche in radice.
Aussi est- il vrai de dire qu'on voit bien
des Commissionnaires de Joigny remonter jusqu'à Auxerre pour y acheter du
vin , dont ils accommodent leurs Correspondans ; mais on ne voit jamais ceux
(a) Celui qui s'en glorifie le plus ouvertement est son plus proche voisin , M. du Pile , dont les
Cuvées de vin sont toûjours d'une très-grande
réputation.
d'Auxerre
1926 MERCURE DE FRANCE
d'Auxerre aller acheter du vin de Joigny,
et la raison en est qu'on peut bien jetter du vin d'Auxerre sur celui de Joigny
pour l'améliorer , mais non pas du vin
de Joigny sur celui d'Auxerre. C'est ainsi
qu'en agissent les bons Connoisseurs ; et
si le commun des Habitans de Joigny ,
au lieu de s'accoûtumer à faire une infusion de quelques pintes de vin d'Orleans ou de Blois sur chacun de leurs
tonneaux , lorsque leur vin commence à
jaunir , prenoient la loüable coûtume d'y
mettre de bonne heure un broc de vin
d'Auxerre , ils verroient leurs vins augmenter de prix comme ils auroient augmenté en vigueur.
Autre supposition erronée de l'Ecrivain Champenois , qui mérite que Bacchus en fasse un exemple: c'est lorsqu'en
finissant il dit que l'Auteur de l'Ordonnance s'approprie sans scrupule les Pays
voisins , qu'il comprend dans le Territoire
d'Auxerre tous les Vignobles de dix lieuës
à la ronde , et qu'il s'égare même jusques
dans les Vignes de Dijon. C'est en imposer au public, sans faire attention que
c'est lui-même qui s'égare , et qu'il a
avoué que Joigny n'est qu'à six lieuës
d'Auxerre. Comment donc Bacchus auroit- il pûcomprendre dans le Pays Auxerrois
SEPTEMBRE. 1732. 1927
rois tout ce qui est à dix lieuës de cette
Ville à la ronde, et en même- temps en exclure joigny par un article formel de son
Ordonnance? Il y auroit une contradiction
manifeste.Très- constamment cette Topograpie est des plus mal en ordre. Il est
visible que d'une licue l'Ecrivain en fait
trois et même davantage. Il s'en faut donc
bien que le Territoire d'Auxerre ait ou
tant d'étenduë qu'il veut nous le faire
dire.Loin dele faire aller jusqu'à dix lieuës,
nous n'y comprenons pas même Chablies,
qui n'en est éloigné que de quatre. Mais
nous avons seulement donné à entendre
que ce Territoire commence à une lieuë
ou environ d'Auxerre vers le Septentrion ,
et qu'il remonte jusqu'à six lieuës ou environ le long des rivages de l'Yonne et de
la Cure , en y comprenant ce qui est éloigné d'une lieuë ou à peu près , du bord
de ces Rivieres.
En effet , il ya dans tous ces Pays- là ,
même superficie , même fond de terre, et
même culture de Vignes ; au lieu qu'à
Chablies , qui est à l'Orient et dans la
Champagne , tout change , Territoire
plan et façon de Vignes; il en est de même à
Joigny,qui est vers le Septentrion ou plutôt au Nord- Ouest , changement total
en genre de Terrain et de culture, et jus-
>
ques
1928 MERCURE DE FRANCE
ques dans le langage du métier. On n'y
connoît point , par exemple , le nom de
Pinot , si reveré à la Cour de Bacchus ;
mais on y parle de Houche , de Houchean ,
comme de Raisins du premier ordre.
Admirons donc à notre tour le Partisan des vins de Joigny , qui entousiasmé de son Pere Vaniere , d'ailleurs Poëte
naturel et Auteur d'un bon Livre , croit
qu'il faut toujours planter la Vigne sur
des Côteaux les plus approchans du perpendiculaire que faire se pourra. Bacchus
l'a renvoyé à des exemples de differens
climats de Bourgogne , dont le vin est
délicieux , quoiqu'en Pays presque plat ;
mais comme il n'est pas fait au langage
d'une Ordonnance qui combat ses prétentions , il dit que c'est s'égarer en pro-
-pos vagues , que d'apporter exemple sur
exemple du contraire de ce qu'il s'est
imaginé. C'est donc temps perdu que
d'alleguer tous les differens autres Vignobles du Royaume , pour confondre ces
prétentions , dès qu'on traite d'égarement les preuves des Adversaires
les exemples qui pulverisent le systême
opposé; c'est une affaire enfin dont il faut
laisser la décision au Public et demeurer
ensuite dans le silence , en se reposant
sur la fidelité et la vigilance des Offiet
ciers
SEPTEMBRE. 1732. 1929
ciers de Bacchus , qui en pareil cas ne
peuvent manquer de faire leur devoir.
Je suis , &c.
la Réponse insérée dans le Mercure du
mois de Mars dernier , à l'Ordonnance
de Bacchus.
J
E trouve, Messieurs, une grande inadvertance , presqu'au commencement
de la Réponse en question. Elle paroît
dès la fin de la seconde Période , c'est-àdire , à la page 488 , lig. 6. du Mercure.
Le raisonnement est si louche , que je serois plus volontiers porté à croire , que
celui qui a composé cette Piéce , étoit
moinsattentif à ce qu'il écrivoit , qu'à ce
qu'il avoit envie d'écrire.
Il a , au reste , fort mauvaise grace de
reprocher aux Gens tenans le Conseil du
Dieu
SEPTEMBRE. 1732. 1973
Dieu Bacchus , de n'avoir pas répondu à
ce que Virgile a écrit. Ce Conseil recon-.
noit , avec ce Poëte , que les lieux où il
y a une grande profondeur de terre, sont
meilleurs pour le bled , que les endroits
qui ont peu de fond , et que les superficies moins épaisses , que celles - là , conviennent au vin par préférence. Mais il
ajoute , que c'est abuser du texte Poëtique , que d'en inférer qu'il n'y a que
Joigny qui soit dans le cas d'avoir un territoire propre à la Vigne , ou que son exposition a cette propriété par excellence.
Chacun sçait que c'est un avantage commun à tous les lieux qui ont été les premiers cultivez en Vignes. Ce qui fait le
Vin délicat , c'est que les racines s'étendent plutôt en longueur qu'en profondeur ; mais ce n'est pas toujours ce qui le
fait bon et irreprochable. Il ne mérite pas
cette qualité , dès que cette petite épaisseur de terre est couchée et appliquée sur
des Bancs de craye et de tuf, comme est
le territoire de Joigny , au vû et au sçu
de tout le monde. Loin donc d'ici le prétendu Privilege singulier de cette Ville ;
Privilege exclusif, si on en croit le Député
qui parle pour elle ; mais dont ses habitans ne peuvent se glorifier sans une vaine présomption.
B iij Ce
1914 MERCURE DE FRANCE
Ce Député veut que nous marquions d'un
grand sérieux , ce que nous avons lû des
Poësies du P. Vaniere. Quoique l'Ordonnance de Bacchus l'insinue assez, et qu'il y
soit dit en termes formels, autant qu'une
Ordonnance en style burles quepeut le permettre, que la proposition du Poëte, prise trop généralement est fausse et démen.
tie par l'expérience , on ne laissera pas de
faire encore icy quelques réfléxions. C'est
être en effet scrupuleux jusqu'au ridicule, que de prétendre qu'on doit laisser sans
Vignes , des Côtes qui ne regardent pas
géométriquement le point de Midy en
face,quoique le grain de terre en soit bon;
comme s'il étoit besoin de tirer un allignement , et avoir son quart de cercle en
main lorsqu'on plante une Vigne , de
même que lorsqu'on dresse un Cadran.
Ce même Ecrivain convient qu'il ne faut
pas disputer des faits Or c'est un fait certain et prouvé par l'expérience de quinze
cens ans au moins , que des Côtes qui ne
sont point obverses directement au Midy , mais qui regardent un peu l'Orient ,
ou qui sont tournées vers le déclin du
Soleil , produisent du Vin aussi excellent
et même souvent meilleur que des Coteaux qui font face , en droite ligne , au
point méridional.
II
*
SEPTEMBRE. 1732. 1915.
Il est vrai qu'entre les Vignes situées
obversement au Midy ; il y en a quelquefois qui produisent un vin brulant: Mais si
ce Vin est bon, ce n'est pas toujours à cause
de leur exposition géométrique. C'est le
grain de terre qui fournit la substance
que les ardeurs du Soleil ne font que perfectionner. Un bon fond produit de ses
entrailles un bon raisin ; et c'est la chaleur
de la nuit, aussi bien que celle du jour qui
opere le dégré de maturité qui convient.Il
faut donc éviter de tirer une conclusion
trop generale en matiere de Physique
d'une proposition avancée par un Poëte
qui s'attache plus à rendre son Vers bien
harmonieux , qu'à approfondir les secrets
de la Nature; sans quoy l'on court risque
de tomber dans le Sophisme , qui prend
pour cause , ce qui n'est point cause. Une
preuve de cela , est que si c'étoit la plus
grande chaleur , tombant à plomb, qui
fait le meilleur raisin , il s'ensuivroit qu'il
seroit à propos d'ôter les feuilles de dessus le raisin pour le rendre meilleur ; ce
qu'on n'a garde de faire, parce que l'expe
rience fait connoître qu'une chaleur refléchie ou de réverbération , rend le fruit
plus sain et plus propre à faire de bon Vin,
qu'une chaleur directe.
Mais l'Ecrivain de Joigny est admiraBiiij ble
1916 MERCURE DE FRANCE
ble,lorsqu'il nous dit que le P.Vaniere fait
l'éloge de l'exposition de tout le Vignoble
de Joigny , en marquant le regard vers le
Midy , comme le plus favorable. La Providence, disoit- il au mois de Février 1731 .
nous a bienfavorisez , en nous environnant
de Collines , dont l'exposition nous répond
de la bonté de nos Vignobles. Il semble
que dès qu'une Ville est environnée de
Collines , il est impossible que toutes ces
Collines soient tournées vers le Midy
ou il faut s'abstenir de dire que la Ville
en est environnée , ou bien il faut avouer
qu'il y a de ces Collines qui sont tournées
vers l'Orient , d'autres vers l'Occident, et
d'autres encore autrement. Ce raisonnement louche me persuade que l'Auteur
n'y pensoit pas lorsqu'il a fait l'exclamation , qui contient ce que je viens d'allé
guer, et qu'alors il croyoit être à Auxerre,
qui véritablement est environné de tous les
côtez de Collines , qui produisent un Vin
de soutien, un Vin agréable et salutaire,au
lieu que je suis moralement assuré que les
habitans de Joigny , renieront presque
tout ce qui est au delà de leur Pont , ce
qui certainement comprend plus de la
moitié de l'Hémisphere, par rapport à
leur Ville.
Non seulement l'Ecrivain est refractaire
SEPTEMBRE. 1732. 1917
que
taire à l'Ordonnance de Bacchus , mais
encore il ose lui donner de fausses interprétations. Lorsque Bacchus , par exemple , nomme les Régions basses, moyenne
et supérieure il s'imagine que ce Dieu entend parler de celles de l'air ; et cela pour
avoir le plaisir de dire que cette Divinité
tient un langage qui sent le Copernic , et
qu'elle s'est répandue en propos vagues.
Peut on se figurer , sans être enlevé, comme Gyrano de Bergerac, dans les Régions sublunaires , que les Vignes soient plantées
dans une matiere aussi fluide et légere l'air ;et que la basse Région , dont
Bacchus parle , ne soit pas celle qui est de
niveau avec les Champs et les Prairies ?
Cette Divinité a déclaré , sans ambiguité,
que la moyenne Région d'un côteau , est
cet endroit où se rassemble la portion
la plus nourrissante du sol , après les pluyes,
et que la Région supérieure est celle du
terrain qui reste la plus dénuée de substance nutritive , et qui n'a , pour ainsi
dire , que les os. Le Conseil du Dieu
Bacchus n'a pû être si mal avisé , que de
confondre un Element avec l'autre , et de
prendre l'air pour la terre. Ainsi la remarque , que son langage conviendroit
mieux à un Traité d'Astronomie , qu'à
une déclaration sur la primauté des TerB v ritoires
1918 MERCURE DE FRANCE
ritoires, est mal placée et hors de son lieu.
Mais peut-on pardonner ce qui se lit
dans la page 490 ? Il faut être sujet à des
inattentions extrêmes , pour attribuer au
vulgaire de notre Ville une expresion qui
y est absolument inconnuë, que ni homme, ni femme , ni enfant , n'y ont jamais
employée. L'on s'y sert pour exprimer
l'ustancile en question , du même nom
qu'à Paris. Le Critique a pris , sans doute,
le Dictionnaire des environs de Montbar et de Sainte- Reine , pour le Dictionnaire d'Auxerre. Ce sont deux volumes
si differens , que je puis vous assurer que Benatron n'est pas un terme plus usité
dans le langage de notre Ville , que l'herbe de la Saingeon l'est dans les assaisonnemens, et que l'on n'y entend pas plus parler de l'un que de l'autre.
La Géographie du Défenseur des vins
de Joigny , me paroît aussi être un peu
embroüillée. On voit par ce qu'il dit au
bas de la même page 490. que ce n'est qu'à
regret qu'il avoue que Joigny appartient
au Pays Senonois , et qu'il aimeroit mieux
qu'il fût compris dans l'Auxerrois , afin
d'être de la Bourgogne. Il fait tout ce
qu'il peut pour accrocher sa Ville à cette
Province. Mais les Cartes citées dans l'Ordonnance de Bacchus , y sont contraires ;
et
SEPTEMBRE 1732. 1919
et contre cela point d'Appel. Ceux qui
sçavent l'origine des Impositions , n'ignorent point que le Pont de Joigny a
été regardé comme le premier sur la Riviere d'Yonne,qui soit situé dans la France , et que la formalité que ce Pont occasionne , vient de cette diversité de Territoire. Ainsi c'est encore une faute qui
s'est glissée dans le Memoire inseré dans
le Mercure du mois de Mars dernier ,
lorsqu'on y lit à la page 550. au sujet du
sieur Ferrand , celebre Peintre , qu'il naquit à Joigny en Bourgogne : les deux der
niers mots sont de trop.
'
Lorsque l'Ecrivain de cette Ville dit que
l'on a hazardé une Note sur l'Ordonnance de Bacchus , touchant le prix du
vin d'Auxerre , il a quelque espece de
raison. On lui avoue que la Note n'est
pas tout-a-fait exacte , en ce qu'elle ne
met pas le prix des vins d'Auxerre encore
assez au dessus de ceux de Joigny. L'Auteur Auxerrois apprehendant d'encourir
les peines portées par l'Ordonnance contre ceux qui ne disent pas la pure verité,
acouru promptement chez l'Imprimeur ,
et a fait mettre la chose dans toute son
exactitude ; sçavoir , que les vins d'Auxerre ont été vendus en 1730 , non 130.
et 140. livres au plus haut prix , mais
140. et 150, livres, B vj L'A
1920 MERCURE DE FRANCE
L'Apologiste de Joigny devoit avant que
d'écrire , se donner la peine de consulter
l'Errataimprimé à la fin du Mercure d'Octobre dernier , et il y auroit lû , que le
prix de 150. livres le muid fut celui du
vin de M. d'Orchy, alors digne Prieur de
Saint-Marien. C'est ce qu'il déclara 15 .
jours avant son décès , lorsqu'il eut pris
communication de l'Ordonnance. On ne
peut se dispenser de vanger la memoire
de ce Religieux , à qui on voit bien que
le Citoyen de Joigny en veut , lorsqu'on
fait attention à un petit mot qui lui est
échappé au haut de la page 49. Mais
pour suivre pas- à- pas ses Observations
Apologetiques , il est bon de lui faire remarquer qu'il a encouru la même peine
de l'Ordonnance , parce qu'il a allegué
faux en matiere grave , et de la compétence du Tribunal Bacchique , usant outre cola d'une réticence , dont les suites
pourroient tirer à grande consequence.
S'il s'est vendu à Auxerre du vin à pot
ou en détail à un prix plus modique qu'on
n'a fait à Joigny, ce n'étoit pas le meil leur vin , comme il a la hardiesse de le
dire; puisque sa bonne qualité le fait enlever encore tout chaud , et le fait conduire à Paris , en Normandie , en Picardie , en Flandres , en Artois et encore
plus
SEPTEMBRE. 1732. 1921
plus loin , mais c'étoit du vin de quelques Villages de la Vallée d'Aillant , qui
sont de l'Election de Joigny , que les
Habitans de ces lieux font voiturer à
Auxerre , pour y en trouver le débit
à la faveur du grand passage et de la modicité des droits , sans quoi , ils leur resteroient infalliblement ; et ces vins servent à la boisson des Paysans et des Artisans qui y affluent en bien plus grand
nombre qu'à Joigny.
Et quand même il y auroit eu du vin du
cru d'Auxerre , vendu à pot sur le pied
du prix de Joigny , cela ne viendroit que
de cette modicité des Droits d'Aydes
fondée sur les Privileges de la Bourgo- confirmez les Rois gne et autres , par
Louis XI. et Henry IV. comme aussi de
ce que la mesure est plus petite à Auxerre qu'à Joigny. L'Avocat de nos Adversaires , qui n'allegue que l'excedent
des Droits , nous prend apparamment
pour ces bons Limousins , à qui un Pape
de leur Nation promit , dit-on , de faire
avoir double récolte par an , à condition,
cependant, qu'au lieu que par tout ailleurs
on ne compte que douze mois par chacune année > on en compteroit vingtquatre dans leur Pays. Des que la pinte
est plus grande à Joigny qu'à Auxerre ,
il
1922 MERCURE DE FRANCE
il est juste qu'il y ait de l'augmentation
à proportion dans le prix de la vente qui se fait en détail.
Cet Ecrivain devient plus hardi à mesure qu'il approche de l'endroit où il veut
tirer son coup de pistolet. Sans sentir la
fausseté de son raisonnement , toute palpable qu'elle est , il dit qu'il suffit que
les vins de Joigny se trouvent bons pendant deux ou trois ans , pour qu'on puisse les transporter par tout où l'on voudra.
Mais où est la preuve que ces vins se trouvent bons pendant deux ou trois ans ?
C'est ce qu'il suppose et ce qu'il falloit
prouver. Il se peut faire que quelques
bouteillles tirées à propos d'un tonneau
se soient conservées sur le lieu , c'està- dire à Joigny même jusqu'à deux et
trois ans dans le fond d'une cave très profonde , ou dans un autre souterrain bien
frais. Mais il n'en suit pas de-là que ce
vin étant conduit bien loin , sur tout par
les voitures de terre , n'essuie pas de ces
revers de fortune dont l'Ordonnance à
parlé , qui seront tels que la fraicheur des
lieux les plus bas ne pourra le racommoder , et qu'on sera alors forcé pour le soutenir , de le couper avec du vin qui ait
du corps et de la moëlle. Bacchus à donc
décidé juste , parce qu'il étoit fondé sur
a
l'expe
SEPTEMBRE. 1732. 1923
l'experience. De sorte qu'il ne reste point
d'autre conseil à donner aux gens de Joigny , pour remedier à cet inconvenient ,
que de trouver un secret de transporter leurs caves toutes entieres et sans fracture , jusques dans les Pays où ils veulent
leur vin arive sain et sauf; encore
yconservera- t'il toujours son goût de terroir , c'est-à dire , de Craye et de Tuf,
qu'il a apporté en venant au monde.
que
La tournure des premieres lignes de
la page 492. fait voir que l'Ecrivain de
Joigny est accoûtumé à croire les choses legerement , et surtout celles qui renferment des suppositions sans preuve.
Peut-être auroit- il été plus réservé au
mois de Décembre 1731. si celui qu'il
attaque eut été encore vivant. Mais ayant
appris son décès , arrivé vers la S. Martin
précedente,il a crû que ce qu'il avanceroit
contre lui resteroit sans replique. Bien
plus , il se flatte peut-être que cette mort
fera que les vins d'Auxerre ne soutiendront plus leur réputation . Mais il se trompe encore ; la mort d'un seul homme n'a rien changé dans le Pays. Les
Vignes sont restées dans le même état ,
même sol , même exposition , même plan
de Pinot noir , clair et délié , même situation et même grain de terre ; nous ne
voyons
1924 MERCURE DE FRANCE
voyons pas qu'aucun tremblement ait
donné au Territoire une autre superficie
que celle qu'il avoit , et on ne peut lui
reprocher d'être fondé sur la craye ni impregné de pierres à fusil. Le Ciel , de son
côté, favorisera des mêmes benignes influences et des mêmes regards un terrain si bien composé : Les mêmes grapes
paroîtront chaque année aux mois accoûtumez. On continuera d'apporter la mêmeexactitude à tenir les Vignes exemptes
d'herbes et de toutes plantes étrangeres.
On aura la même attention à se servir de
perches transversales , pour ne pas laisser
ramper les grapes sur la terre , et afin que
la reverberation qui en résulte soit plus
forte et plus salutaire , à ne point prévenir la maturité pour les jours de la
récolte ; à mettre à part pour la boisson populaire les plus communs , s'il s'en
trouve à ne permettre l'entrée de la
Cuve à aucun de ces rameaux nerveux
et acres , qui supportent le grain et que
le Peuple appelle la Ralle. On aura la
même vigilance sur le grain du Raisin,
pendant qu'il baignera dans le mol de
la Cuve , ensorte que le degré de chaleur
qui s'y forme , contribuë à la délicatesse
comme à la couleur.
,
De tout cela il résulte un composé d'at tention
SEPTEMBRE. 1732. 1925
tention , de prudence et de connoissance
experimentale , qui est la seule drogue
que l'on puisse imputer à feu M.le Prieur
de Saint- Marien et à ceux qui ont pris
la peine de l'imiter ; ( a) drogue , comme
l'on voit , bien innocente , et dont les
grains ou les dragmes , qu'elle qu'en soit
la dose , ne peuvent produire qu'un bon
effet. Ces attentions coûtent des soins
et une dépense plus grande qu'on ne
croit ; mais ce sont des avances qui servent à faire travailler le petit Peuple ,
et dont l'achepteur dédommage bien vo
lontiers le vendeur. Au reste , quelque
forte que soit la dose d'attention et de
vigilance que M de Joigny puissent employer à la culture de leurs Vignes et à
la façon de leur vin , nous posons pour
certain , que jamais le vin de leur cru n'aura la bonté de celui d'Auxerre , parce
que la cause productive peche in radice.
Aussi est- il vrai de dire qu'on voit bien
des Commissionnaires de Joigny remonter jusqu'à Auxerre pour y acheter du
vin , dont ils accommodent leurs Correspondans ; mais on ne voit jamais ceux
(a) Celui qui s'en glorifie le plus ouvertement est son plus proche voisin , M. du Pile , dont les
Cuvées de vin sont toûjours d'une très-grande
réputation.
d'Auxerre
1926 MERCURE DE FRANCE
d'Auxerre aller acheter du vin de Joigny,
et la raison en est qu'on peut bien jetter du vin d'Auxerre sur celui de Joigny
pour l'améliorer , mais non pas du vin
de Joigny sur celui d'Auxerre. C'est ainsi
qu'en agissent les bons Connoisseurs ; et
si le commun des Habitans de Joigny ,
au lieu de s'accoûtumer à faire une infusion de quelques pintes de vin d'Orleans ou de Blois sur chacun de leurs
tonneaux , lorsque leur vin commence à
jaunir , prenoient la loüable coûtume d'y
mettre de bonne heure un broc de vin
d'Auxerre , ils verroient leurs vins augmenter de prix comme ils auroient augmenté en vigueur.
Autre supposition erronée de l'Ecrivain Champenois , qui mérite que Bacchus en fasse un exemple: c'est lorsqu'en
finissant il dit que l'Auteur de l'Ordonnance s'approprie sans scrupule les Pays
voisins , qu'il comprend dans le Territoire
d'Auxerre tous les Vignobles de dix lieuës
à la ronde , et qu'il s'égare même jusques
dans les Vignes de Dijon. C'est en imposer au public, sans faire attention que
c'est lui-même qui s'égare , et qu'il a
avoué que Joigny n'est qu'à six lieuës
d'Auxerre. Comment donc Bacchus auroit- il pûcomprendre dans le Pays Auxerrois
SEPTEMBRE. 1732. 1927
rois tout ce qui est à dix lieuës de cette
Ville à la ronde, et en même- temps en exclure joigny par un article formel de son
Ordonnance? Il y auroit une contradiction
manifeste.Très- constamment cette Topograpie est des plus mal en ordre. Il est
visible que d'une licue l'Ecrivain en fait
trois et même davantage. Il s'en faut donc
bien que le Territoire d'Auxerre ait ou
tant d'étenduë qu'il veut nous le faire
dire.Loin dele faire aller jusqu'à dix lieuës,
nous n'y comprenons pas même Chablies,
qui n'en est éloigné que de quatre. Mais
nous avons seulement donné à entendre
que ce Territoire commence à une lieuë
ou environ d'Auxerre vers le Septentrion ,
et qu'il remonte jusqu'à six lieuës ou environ le long des rivages de l'Yonne et de
la Cure , en y comprenant ce qui est éloigné d'une lieuë ou à peu près , du bord
de ces Rivieres.
En effet , il ya dans tous ces Pays- là ,
même superficie , même fond de terre, et
même culture de Vignes ; au lieu qu'à
Chablies , qui est à l'Orient et dans la
Champagne , tout change , Territoire
plan et façon de Vignes; il en est de même à
Joigny,qui est vers le Septentrion ou plutôt au Nord- Ouest , changement total
en genre de Terrain et de culture, et jus-
>
ques
1928 MERCURE DE FRANCE
ques dans le langage du métier. On n'y
connoît point , par exemple , le nom de
Pinot , si reveré à la Cour de Bacchus ;
mais on y parle de Houche , de Houchean ,
comme de Raisins du premier ordre.
Admirons donc à notre tour le Partisan des vins de Joigny , qui entousiasmé de son Pere Vaniere , d'ailleurs Poëte
naturel et Auteur d'un bon Livre , croit
qu'il faut toujours planter la Vigne sur
des Côteaux les plus approchans du perpendiculaire que faire se pourra. Bacchus
l'a renvoyé à des exemples de differens
climats de Bourgogne , dont le vin est
délicieux , quoiqu'en Pays presque plat ;
mais comme il n'est pas fait au langage
d'une Ordonnance qui combat ses prétentions , il dit que c'est s'égarer en pro-
-pos vagues , que d'apporter exemple sur
exemple du contraire de ce qu'il s'est
imaginé. C'est donc temps perdu que
d'alleguer tous les differens autres Vignobles du Royaume , pour confondre ces
prétentions , dès qu'on traite d'égarement les preuves des Adversaires
les exemples qui pulverisent le systême
opposé; c'est une affaire enfin dont il faut
laisser la décision au Public et demeurer
ensuite dans le silence , en se reposant
sur la fidelité et la vigilance des Offiet
ciers
SEPTEMBRE. 1732. 1929
ciers de Bacchus , qui en pareil cas ne
peuvent manquer de faire leur devoir.
Je suis , &c.
Fermer
Résumé : LETTRE aux Auteurs du Mercure, sur la Réponse insérée dans le Mercure du mois de Mars dernier, à l'Ordonnance de Bacchus.
L'auteur adresse une lettre aux rédacteurs du Mercure pour rectifier des erreurs contenues dans une réponse publiée en mars précédent, qui critiquait l'ordonnance de Bacchus. Il reproche à l'auteur de la réponse de mal interpréter le texte original et de critiquer le conseil de Bacchus pour ne pas avoir répondu à Virgile, tout en reconnaissant que les sols profonds sont favorables aux cultures. L'auteur conteste l'idée que Joigny possède un privilège exclusif pour la viticulture, affirmant que cette qualité est partagée par tous les lieux anciennement cultivés en vignes. Il critique également la prétention de l'auteur de la réponse de vouloir marquer un grand sérieux à propos des poèmes du Père Vaniere, soulignant que des coteaux non exposés directement au midi peuvent produire du vin excellent. L'auteur dénonce les interprétations erronées de l'ordonnance de Bacchus par l'écrivain de Joigny, notamment en confondant les régions de l'air avec celles du sol. Il corrige également des erreurs géographiques et linguistiques, affirmant que Joigny appartient au Pays Senonois et non à la Bourgogne. L'auteur conteste les affirmations sur le prix du vin d'Auxerre, soulignant que les vins de cette région sont vendus à des prix plus élevés et sont transportés dans diverses régions. Il critique également la supposition que les vins de Joigny se conservent bien pendant deux ou trois ans, sans preuve à l'appui. Le texte, daté de septembre 1732, discute des qualités comparées des vins de Joigny et d'Auxerre. L'auteur critique un écrivain de Joigny pour ses suppositions sans preuve concernant la supériorité des vins de Joigny. Il souligne que la mort d'un individu n'affecte pas la qualité des vignobles d'Auxerre, qui restent dans le même état et bénéficient des mêmes influences climatiques. Les méthodes de culture et de vinification à Auxerre sont détaillées, mettant en avant une attention particulière à la qualité du raisin et à la gestion des vignes. L'auteur affirme que le vin de Joigny ne pourra jamais égaler celui d'Auxerre en qualité. Il note que des commissionnaires de Joigny achètent du vin d'Auxerre pour l'améliorer, mais l'inverse ne se produit jamais. L'auteur critique également les erreurs topographiques de l'écrivain de Joigny, qui exagère l'étendue du territoire d'Auxerre. Il conclut en laissant la décision sur la qualité des vins au public et aux officiers de Bacchus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 2502-2503
GRANDE EGLISE tombée en Bourgogne. Exrtait d'une Lettre écrite d'Auxerre, le 27 Octobre 1732.
Début :
Il est arrîvé à trois lieuës de cette Ville un accident qui doit rendre sages les Habitans des [...]
Mots clefs :
Église, Bourgogne, Accident, Piliers, Nostradamus
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE EGLISE tombée en Bourgogne. Exrtait d'une Lettre écrite d'Auxerre, le 27 Octobre 1732.
GRANDE EGLISE tombée en Bourgogne. Extrait d'une Lettre écrite d'Auxer re le 27 Octobre
I
"
1732.
L est arrivé à trois lieuës de cette Ville un accident qui doit rendre sages les Habitans des lieux dont les Eglises ménacent ruine. On ne sçavoit point pour quelle raison deux Piliers , situez vers le milieu du côté gauche de l'Eglise Paroissiale de S.Chritophle de Colanges les Vineuses , quoiqu'extérieurement bâtis comme les autres de cette Eglise , sembloient plier sous le poids de la
Voute et de la Charpente.
On a voulu y remedier sérieusement depuis
quelques jours ; et on a tâché de prévenir un plus
grand mal par des Etais qui pussent suppléer à
la foiblesse de ces Piliers. A peine les Ouvriers
étoient-ils à moitié de leur prétenduë fortification,que ces deux Piliers, qui sont voisins l'un de
de l'autre , ayant manquépeu àpeu , toute l'Eglise est tombée , excepté le Pignon de devant et
celui de derriere , que la chute n'a pû entraîner
non plus que l'Aîle droite de la Tour , qui en est
' détachée.Če malheur est arrivé le Mardi 21 de ce
mois , vers les onze heures du matin. Le S. Sacri
fice de la Messe avoit encore été celebré le même jour dans cette Eglise.
>
Heureusement personne n'a été écrasé ni
même blessé , parce qu'on fut averti du péril
prochain, en voyant sortir le Gravier le long des
jointures des deux Piliers. Les Habitans ont tra- vaillé , la larme à l'œil , le reste de la semaine , a
relever les matériaux ; et ils ont remarqué par ce
qui est resté du bas de ces Piliers, que les Maçons
qui les avoient construits, n'avoient rempli l'inte- rieur
NOVEMBRE. 1732. 2503
rieur,que de terre grasse et autres mauvais matériaux.C'estce que j'ai reconnu moi- même hier au
soir,ayant voulu voir l'état des choses. Cette Eglise
bâtie au xrv siecle , et par consequent à la Gothique , étoit une des belles du Diocèse d'Auxerre !
sur tout par rapport à la Nef, qui étoit d'une Architecture assez délicate , ornée de Galeries et de
Vitrages anciens , le tout par la liberalité des Sei- gneurs du Lieu, qui ont toujours été des gens de
remarque et des aumônes des Bourgeois , dont
le vin a toujours été tres - recherché. Cette petite
Ville,bâtie au milieu d'un grand coteau aride , situé obversement à l'Orient et rempli de plusieurs
sinuositez , avoit souffert differens Incendies par
le manque d'eau : mais elle a été exempte
malheur depuis l'an 1705. que le sieur Couplet,
envoyé par M. le Procureur General , qui en
étoit Seigneur , y trouva une Source , laquelle
fournit abondamment le Païs depuis ce temps-là.
Un autre accident auquel elle a été sujette cette
presente année , est l'excursion des Loups , entre
lesquels il y en eût un qui , vers le commencement de l'Eté entra jusqu'au dedant des Murs et
causa une terreur generale , après avoir dévoré
plusieurs enfans dans le voisinage pendant quatre mois.
de ce
Ceux qui lisent les Propheties de Nostradamus croyent qu'il a eu en vûë cette cruelle bête
dans sa premiere Centurie , Quatrain 8e. Quoiqu'il en soit , il a été necessaire que la Louveteterie du Roy vint à Colanges au mois de
-May dernier , et qu'elle y ait demeuré plus de
deux mois , pour faire cesser ce second fléau.
to
Quant au dernier de ces malheurs , qui est la
chute de l'Eglise , il ne peut être mis en oubli ,
que lorsqu'il aura plu à Dieeu de susciter quelque
Zorobabel dans ce Païs , &c
I
"
1732.
L est arrivé à trois lieuës de cette Ville un accident qui doit rendre sages les Habitans des lieux dont les Eglises ménacent ruine. On ne sçavoit point pour quelle raison deux Piliers , situez vers le milieu du côté gauche de l'Eglise Paroissiale de S.Chritophle de Colanges les Vineuses , quoiqu'extérieurement bâtis comme les autres de cette Eglise , sembloient plier sous le poids de la
Voute et de la Charpente.
On a voulu y remedier sérieusement depuis
quelques jours ; et on a tâché de prévenir un plus
grand mal par des Etais qui pussent suppléer à
la foiblesse de ces Piliers. A peine les Ouvriers
étoient-ils à moitié de leur prétenduë fortification,que ces deux Piliers, qui sont voisins l'un de
de l'autre , ayant manquépeu àpeu , toute l'Eglise est tombée , excepté le Pignon de devant et
celui de derriere , que la chute n'a pû entraîner
non plus que l'Aîle droite de la Tour , qui en est
' détachée.Če malheur est arrivé le Mardi 21 de ce
mois , vers les onze heures du matin. Le S. Sacri
fice de la Messe avoit encore été celebré le même jour dans cette Eglise.
>
Heureusement personne n'a été écrasé ni
même blessé , parce qu'on fut averti du péril
prochain, en voyant sortir le Gravier le long des
jointures des deux Piliers. Les Habitans ont tra- vaillé , la larme à l'œil , le reste de la semaine , a
relever les matériaux ; et ils ont remarqué par ce
qui est resté du bas de ces Piliers, que les Maçons
qui les avoient construits, n'avoient rempli l'inte- rieur
NOVEMBRE. 1732. 2503
rieur,que de terre grasse et autres mauvais matériaux.C'estce que j'ai reconnu moi- même hier au
soir,ayant voulu voir l'état des choses. Cette Eglise
bâtie au xrv siecle , et par consequent à la Gothique , étoit une des belles du Diocèse d'Auxerre !
sur tout par rapport à la Nef, qui étoit d'une Architecture assez délicate , ornée de Galeries et de
Vitrages anciens , le tout par la liberalité des Sei- gneurs du Lieu, qui ont toujours été des gens de
remarque et des aumônes des Bourgeois , dont
le vin a toujours été tres - recherché. Cette petite
Ville,bâtie au milieu d'un grand coteau aride , situé obversement à l'Orient et rempli de plusieurs
sinuositez , avoit souffert differens Incendies par
le manque d'eau : mais elle a été exempte
malheur depuis l'an 1705. que le sieur Couplet,
envoyé par M. le Procureur General , qui en
étoit Seigneur , y trouva une Source , laquelle
fournit abondamment le Païs depuis ce temps-là.
Un autre accident auquel elle a été sujette cette
presente année , est l'excursion des Loups , entre
lesquels il y en eût un qui , vers le commencement de l'Eté entra jusqu'au dedant des Murs et
causa une terreur generale , après avoir dévoré
plusieurs enfans dans le voisinage pendant quatre mois.
de ce
Ceux qui lisent les Propheties de Nostradamus croyent qu'il a eu en vûë cette cruelle bête
dans sa premiere Centurie , Quatrain 8e. Quoiqu'il en soit , il a été necessaire que la Louveteterie du Roy vint à Colanges au mois de
-May dernier , et qu'elle y ait demeuré plus de
deux mois , pour faire cesser ce second fléau.
to
Quant au dernier de ces malheurs , qui est la
chute de l'Eglise , il ne peut être mis en oubli ,
que lorsqu'il aura plu à Dieeu de susciter quelque
Zorobabel dans ce Païs , &c
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Résumé : GRANDE EGLISE tombée en Bourgogne. Exrtait d'une Lettre écrite d'Auxerre, le 27 Octobre 1732.
En octobre 1732, un accident majeur a frappé l'église paroissiale de Saint-Christophe de Colanges-les-Vineuses, près d'Auxerre, en Bourgogne. Le 21 octobre vers onze heures, après la messe, deux piliers ont cédé, provoquant l'effondrement de l'édifice, sauf le pignon avant, le pignon arrière et l'aile droite de la tour. Personne n'a été blessé grâce à des avertissements préalables. Les habitants ont découvert que les piliers étaient remplis de terre et de mauvais matériaux. L'église, construite au XIVe siècle dans le style gothique, était connue pour son architecture délicate et ses vitraux anciens. Colanges, située sur un coteau aride, avait subi plusieurs incendies avant de trouver une source d'eau en 1705. Cette même année, la ville a été menacée par des loups, dont un a semé la terreur en dévorant plusieurs enfants. La louveteterie royale est intervenue pour éradiquer ce fléau.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 1803-1811
Histoire de Bourgogne generale et particuliere, [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE DE BOURGOGNE, GENERALE ET PARTICULIERE : Par D*** Religieux [...]
Mots clefs :
Histoire générale et particulière, Bourgogne, Congrégation de Saint-Maur, Royaume de Bourgogne, Ducs, Duché de Bourgogne, Comte, Rois, Histoire, Première race, Villes, Roi de France, Royaumes, Parlements, Alliances
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texteReconnaissance textuelle : Histoire de Bourgogne generale et particuliere, [titre d'après la table]
Antoine de Fay , Imprimeur à Dijon ,
vient
804 MERCURE DE FRANCE
vient d'imprimer le Plan d'une Histoire
Générale de Bourgogne , dont voici le
précis.
HISTOIRE DE BOURGOGNE , GENERALI
ET PARTICULIERE : Par D *** Religieux
Benedictin,de la Congrégation de S. Maur.
- Elle est divisée en cinq Parties principales
. Dans la premiere , on examine l'antiquité
du nom de Bourguignon ; d'où sont
sortis les premiers Peuples , appellez
Bourguignons ; s'ils sont descendus des
Romains , ou verus des Vandales ; s'ils
étoient Huns , Gots ou Scithes , & c. s'il
faut admettre deux espéces de Bourguignons
, les uns Orientaux , les autres
Occidentaux ; puis on marque leur taille
, leur génie , leur caractére , leur Religion
, leurs moeurs , leur langage , leur
gouvernement, leur conversion à la Foy,
quels Païs ils occuperent d'abord; en quel
temps et par qui ils en furent chassez ;
quel fut le lieu où ils se retirerent après,
&c. On marque aussi par où ils sont entrez
dans les Gaules ; combien de temps
ils y ont été errans sans se fixer ; quelles
Provinces et quelles Villes ils y ont d'abord
occupées ; le temps , le lieu , et l'occasion
où ils s'y sont fixez , et y ont formé
leur Royaume.
Dans
AOUST. 1733. 1805
Dans la seconde , on rapporte les commencemens
de l'ancien Royaume de
Bourgogne , son étendue dans sa splendeur
et dans sa décadence. On résoud la
question , si ce Royaume perdit la moitié
de son étendue dans les Guerres de
Clovis , Roy de France , contre Gondebaud
, Roy de Bourgogne , ou s'il perdit
seulement cette portion de sa premiere
étenduë , qu'on a depuis appellée Bourgogne
inférieure , & c. On éclaircit une
autre question fort obscure , touchant le
nombre et le nom des Rois de Bourgogne
de la premiere Race , qui ont gouverné
cet ancien Royaume ; ensuite on
passe à une autre question qui partage les
Sçavans , sur les noms de Gondicaire et
de Gondioc , &c.
On décrit encore le Regne de chacun
de ces anciens Rois ; on marque leurs
actions , leurs Guerres , &c. et enfin leur
ruine par les Enfans de Clovis, qui après
avoir égorgé les uns et chassé les autres ,
devinrent maîtres et paisibles possesseurs
de tout le Royaume , &c. On montre ce
que le Royaume de Bourgogne a été sous
la domination de tous ces Rois François,
et ce que tous ces Rois ont fait dans le
Royaume de Bourgogne pendant plus de
350 ans , &c.
Dans
1806 MERCURE DE FRANCE
Dans la troisiéme , on traite des trois
Royaumes , formez des débris de l'ancien
Royaume de Bourgogne , c'est- à- dire, du
Royaume de Provence , de celui de la
Bourgogne Transjurane , et du Royaume
d'Arles. On résoud plusieurs questions
, touchant les Rois de ces différens
Royaumes; par exemple, si Lothaire doit
être mis au nombre des Rois de Proven
ce ; s'il y a eu plusieurs Rois de Provence
de sa lignée , &c . On entre ensuite dans
le détail de ce qui s'est fait sous les Rodolfes
, et sous Conrad , dans le Royaume
de la Bourgogne Transjurane ; sous
Conrad et ses successeurs dans le Royaume
d'Arles ; et on finit cette troisiéme
Partie , en montrant la ruïne de tous ces
Royaumes , et la division qui en a été
faite en plusieurs Provinces , Duchez es
Comtez , & c.
Dans la Quatrième, on comprend tout
le Duché de Bourgogne , le Païs, les Villes
principales , leur origine , leurs droits ,
leurs Monumens ; les Eglises matrices
leur fondation , &c . On marque le temps
que la Bourgogne inférieure a commencé
d'être un Duché héréditaire. On distingue
les Ducs qui l'ont possédé en deux
classes , dont l'une contient ceux qu'on
appelle de la premiere Race ; l'autre 3
ceux
AOUST. 17337 1807
ceux dits de la seconde Race. On parle
d'abord des Ducs de la premiere Race ;
on rapporte leurs alliances, leurs Enfans,
leurs partages , &c. on résoud ensuite 4
questions ; la premiere , si du temps de
ces premiers Ducs il y eût au Duché un
Parlement,des Etats généraux , une Chambre
des Comptes , &c. la seconde, si ces
premiers Ducs eurent comme les Ducs de
la seconde Race , des Connétables , des
Chanceliers , des Sénéchaux , &c. la troisiéme
, si après la mort de Philippe de
Rouvre , dernier Duc de la premiere
Race , le Duché de Bourgogne passa à
Jean , Roy de France , par droit de réversion
ou par droit de proximité et de
succession la quatrième , si ce même
Roy Jean remit avant sa mort , le Duché
au Prince Philippe , le quatriéme de
ses fils , connu dans l'Histoire sous le
nom de Philippe le Hardi .
Ensuite commence l'Histoire des quan
tre derniers Ducs par leurs alliances qui
ajoutérent au Royaume de Bourgogne
d'autres Duchez , des Comtez et des Seigneuries
considérables. Entre plusieurs
faits mémorables de ces Princes , on rapporte
leurs voyages et ceux de leurs Enfans
; notamment celui du Comte de Neyers
, fils de Philippe le Hardi , en Hon-
F grie
1858 MERCURE DE FRANCE
> grie , et sa prise par Bajazet , sa prison
&c. On marque l'institution de l'Ordre
des Chevaliers de la Toison d'Or , les
personnes qui ont été honorées du Colier
de cet Ordre , les Chapitres generaux,
&c.Enfin on rapporte la triste fin du dernier
de ces Ducs , les troubles qui la suivirent
, la réunion du Duché à la Couronne
de France , et les suites de cette
réünion , l'établissement d'un nouveau
Parlement , &c. On ajoute les anciens
Monumens du Duché , les Portraits des
derniers Ducs , leurs Sceaux , Devises ,
Epitaphes , & c.
Dans la cinquième et derniere Partie ,
on s'applique à donner une juste idée de
la Comté de Bourgogne , connue sous
le nom de Franche-Comté ; on marque
ses commencemens , son étenduë, ses Villes
principales , ses premieres Eglises ,
avec ce qu'elles ont de plus vénérable ;
les Princes qui l'ont possedée , leurs Alliances
, &c. On marque encore ses révolutions
, ses fréquens changemens de
Maître , étant tantôt soumise à l'Empereur,
tantôt au Roy de France, & c. l'ins
titution , l'autorité et le lieu des Parlemens
ambulatoires de la même Comté ,
sous les Ducs de Bourgogne , & c. l'institution
de ses Parlemens sédentaires
sous
A O UST. 1733. 1809
sous l'Empereur , et sous les Rois de
France et d'Espagne , &c.
Enfin , après avoir parlé de l'ancienne
et noble Confrairie de Saint George de
Rougemont , de son établissement , &c. "
on décrit l'état et le gouvernement de
cette Comté depuis la derniere Conquête
de Louis XIV. On joint à tout cela les.
anciens Monumens du Païs , les Portraits
des Comtes qui s'y sont conservez , &c .
-L'Auteur avertit que pour faire plai
sir aux Maisons et aux Familles , tant de
la Comté, que du Duché de Bourgogne ,
il tire des deux dernieres Parties de cette
Histoire , tous les Chevaliers , les Seigneurs
, les Officiers d'Epée , de Robe
et de Finances qui ont été de la Maison
des Ducs et des Comtes ; ceux qui les ont
accompagnez dans leurs Voyages et à
l'Armée ; ceux qui ont été de leur Conseil
, de leurs Parlemens , &c. ceux qui
ont été de l'Ordre de la Toison d'Or, ou
de la Confrairie de Rougemont ; à ceuxlà
qui étoient du temps des Ducs et des
Comtes , on joint ceux des deux Bourgognes
, qui leur ont succedé dans l'Epée,
dans la Robbe , &c. depuis la mort du
dernier Duc , jusqu'à nos jours , et de
tous ces Chevaliers , Seigneurs , &c. dont.
on peut avoir la connoissance. On en fait
Fij un
810 MERCURE DE FRANCE
an Recucil , qu'on donnera séparé du
Corps de l'Histoire ; ce qui composera au
moins un gros Volume infol. qui est déja
fort avancé.
Mais comme plusieurs de ces Seigneurs
pourroient échaper aux recherches et à
Fattention de l'Auteur , il supplie les Nobles,
les Officiers , les Ecclesiastiques , Laïques
, &c. des deux Bourgognes , de l'aider
à rendre complet ce Recucil auquel il
travailles et pour cela de lui communiquer
en Original , ou par des Extraits en
bonne forme , les Titres d'honneur de
leurs Maisons ou de leurs Familles ; leurs
Sceaux , leurs Tombeaux , leurs Epitaphes.
Il souhaiteroit qu'on voulut joindre
à ces secours qu'il demande , ce qu'on
peut avoir de meilleur et de plus interessant
touchant le Duché et la Comté de
Bourgogne , qui font le sujet des deux
dernieres Parties de l'Histoire dont il donne
le précis. Les trois premieres sont entierement
achevées ; ces deux dernieres
ne sont qu'ébauchées , et l'Auteur a besoin
d'être aidé , pour les remplir avec
exactitude.Il invite les Maires et les Echevins
, tant du Duché , que de la Comté
à lui fournir les Plans et les Monumens
antiques de leurs Villes. Il faudra addresser
au R. P. Dom Urbain Plancher , Religieux
AOUST . 1733. 18T1
ligieux Benedictin , à l'Abbaye de S. Ger
main d'Auxerre. Si on lui fait tenir quelchose
par la Poste
la Poste , on aura la bonré
d'en payer
le port.
vient
804 MERCURE DE FRANCE
vient d'imprimer le Plan d'une Histoire
Générale de Bourgogne , dont voici le
précis.
HISTOIRE DE BOURGOGNE , GENERALI
ET PARTICULIERE : Par D *** Religieux
Benedictin,de la Congrégation de S. Maur.
- Elle est divisée en cinq Parties principales
. Dans la premiere , on examine l'antiquité
du nom de Bourguignon ; d'où sont
sortis les premiers Peuples , appellez
Bourguignons ; s'ils sont descendus des
Romains , ou verus des Vandales ; s'ils
étoient Huns , Gots ou Scithes , & c. s'il
faut admettre deux espéces de Bourguignons
, les uns Orientaux , les autres
Occidentaux ; puis on marque leur taille
, leur génie , leur caractére , leur Religion
, leurs moeurs , leur langage , leur
gouvernement, leur conversion à la Foy,
quels Païs ils occuperent d'abord; en quel
temps et par qui ils en furent chassez ;
quel fut le lieu où ils se retirerent après,
&c. On marque aussi par où ils sont entrez
dans les Gaules ; combien de temps
ils y ont été errans sans se fixer ; quelles
Provinces et quelles Villes ils y ont d'abord
occupées ; le temps , le lieu , et l'occasion
où ils s'y sont fixez , et y ont formé
leur Royaume.
Dans
AOUST. 1733. 1805
Dans la seconde , on rapporte les commencemens
de l'ancien Royaume de
Bourgogne , son étendue dans sa splendeur
et dans sa décadence. On résoud la
question , si ce Royaume perdit la moitié
de son étendue dans les Guerres de
Clovis , Roy de France , contre Gondebaud
, Roy de Bourgogne , ou s'il perdit
seulement cette portion de sa premiere
étenduë , qu'on a depuis appellée Bourgogne
inférieure , & c. On éclaircit une
autre question fort obscure , touchant le
nombre et le nom des Rois de Bourgogne
de la premiere Race , qui ont gouverné
cet ancien Royaume ; ensuite on
passe à une autre question qui partage les
Sçavans , sur les noms de Gondicaire et
de Gondioc , &c.
On décrit encore le Regne de chacun
de ces anciens Rois ; on marque leurs
actions , leurs Guerres , &c. et enfin leur
ruine par les Enfans de Clovis, qui après
avoir égorgé les uns et chassé les autres ,
devinrent maîtres et paisibles possesseurs
de tout le Royaume , &c. On montre ce
que le Royaume de Bourgogne a été sous
la domination de tous ces Rois François,
et ce que tous ces Rois ont fait dans le
Royaume de Bourgogne pendant plus de
350 ans , &c.
Dans
1806 MERCURE DE FRANCE
Dans la troisiéme , on traite des trois
Royaumes , formez des débris de l'ancien
Royaume de Bourgogne , c'est- à- dire, du
Royaume de Provence , de celui de la
Bourgogne Transjurane , et du Royaume
d'Arles. On résoud plusieurs questions
, touchant les Rois de ces différens
Royaumes; par exemple, si Lothaire doit
être mis au nombre des Rois de Proven
ce ; s'il y a eu plusieurs Rois de Provence
de sa lignée , &c . On entre ensuite dans
le détail de ce qui s'est fait sous les Rodolfes
, et sous Conrad , dans le Royaume
de la Bourgogne Transjurane ; sous
Conrad et ses successeurs dans le Royaume
d'Arles ; et on finit cette troisiéme
Partie , en montrant la ruïne de tous ces
Royaumes , et la division qui en a été
faite en plusieurs Provinces , Duchez es
Comtez , & c.
Dans la Quatrième, on comprend tout
le Duché de Bourgogne , le Païs, les Villes
principales , leur origine , leurs droits ,
leurs Monumens ; les Eglises matrices
leur fondation , &c . On marque le temps
que la Bourgogne inférieure a commencé
d'être un Duché héréditaire. On distingue
les Ducs qui l'ont possédé en deux
classes , dont l'une contient ceux qu'on
appelle de la premiere Race ; l'autre 3
ceux
AOUST. 17337 1807
ceux dits de la seconde Race. On parle
d'abord des Ducs de la premiere Race ;
on rapporte leurs alliances, leurs Enfans,
leurs partages , &c. on résoud ensuite 4
questions ; la premiere , si du temps de
ces premiers Ducs il y eût au Duché un
Parlement,des Etats généraux , une Chambre
des Comptes , &c. la seconde, si ces
premiers Ducs eurent comme les Ducs de
la seconde Race , des Connétables , des
Chanceliers , des Sénéchaux , &c. la troisiéme
, si après la mort de Philippe de
Rouvre , dernier Duc de la premiere
Race , le Duché de Bourgogne passa à
Jean , Roy de France , par droit de réversion
ou par droit de proximité et de
succession la quatrième , si ce même
Roy Jean remit avant sa mort , le Duché
au Prince Philippe , le quatriéme de
ses fils , connu dans l'Histoire sous le
nom de Philippe le Hardi .
Ensuite commence l'Histoire des quan
tre derniers Ducs par leurs alliances qui
ajoutérent au Royaume de Bourgogne
d'autres Duchez , des Comtez et des Seigneuries
considérables. Entre plusieurs
faits mémorables de ces Princes , on rapporte
leurs voyages et ceux de leurs Enfans
; notamment celui du Comte de Neyers
, fils de Philippe le Hardi , en Hon-
F grie
1858 MERCURE DE FRANCE
> grie , et sa prise par Bajazet , sa prison
&c. On marque l'institution de l'Ordre
des Chevaliers de la Toison d'Or , les
personnes qui ont été honorées du Colier
de cet Ordre , les Chapitres generaux,
&c.Enfin on rapporte la triste fin du dernier
de ces Ducs , les troubles qui la suivirent
, la réunion du Duché à la Couronne
de France , et les suites de cette
réünion , l'établissement d'un nouveau
Parlement , &c. On ajoute les anciens
Monumens du Duché , les Portraits des
derniers Ducs , leurs Sceaux , Devises ,
Epitaphes , & c.
Dans la cinquième et derniere Partie ,
on s'applique à donner une juste idée de
la Comté de Bourgogne , connue sous
le nom de Franche-Comté ; on marque
ses commencemens , son étenduë, ses Villes
principales , ses premieres Eglises ,
avec ce qu'elles ont de plus vénérable ;
les Princes qui l'ont possedée , leurs Alliances
, &c. On marque encore ses révolutions
, ses fréquens changemens de
Maître , étant tantôt soumise à l'Empereur,
tantôt au Roy de France, & c. l'ins
titution , l'autorité et le lieu des Parlemens
ambulatoires de la même Comté ,
sous les Ducs de Bourgogne , & c. l'institution
de ses Parlemens sédentaires
sous
A O UST. 1733. 1809
sous l'Empereur , et sous les Rois de
France et d'Espagne , &c.
Enfin , après avoir parlé de l'ancienne
et noble Confrairie de Saint George de
Rougemont , de son établissement , &c. "
on décrit l'état et le gouvernement de
cette Comté depuis la derniere Conquête
de Louis XIV. On joint à tout cela les.
anciens Monumens du Païs , les Portraits
des Comtes qui s'y sont conservez , &c .
-L'Auteur avertit que pour faire plai
sir aux Maisons et aux Familles , tant de
la Comté, que du Duché de Bourgogne ,
il tire des deux dernieres Parties de cette
Histoire , tous les Chevaliers , les Seigneurs
, les Officiers d'Epée , de Robe
et de Finances qui ont été de la Maison
des Ducs et des Comtes ; ceux qui les ont
accompagnez dans leurs Voyages et à
l'Armée ; ceux qui ont été de leur Conseil
, de leurs Parlemens , &c. ceux qui
ont été de l'Ordre de la Toison d'Or, ou
de la Confrairie de Rougemont ; à ceuxlà
qui étoient du temps des Ducs et des
Comtes , on joint ceux des deux Bourgognes
, qui leur ont succedé dans l'Epée,
dans la Robbe , &c. depuis la mort du
dernier Duc , jusqu'à nos jours , et de
tous ces Chevaliers , Seigneurs , &c. dont.
on peut avoir la connoissance. On en fait
Fij un
810 MERCURE DE FRANCE
an Recucil , qu'on donnera séparé du
Corps de l'Histoire ; ce qui composera au
moins un gros Volume infol. qui est déja
fort avancé.
Mais comme plusieurs de ces Seigneurs
pourroient échaper aux recherches et à
Fattention de l'Auteur , il supplie les Nobles,
les Officiers , les Ecclesiastiques , Laïques
, &c. des deux Bourgognes , de l'aider
à rendre complet ce Recucil auquel il
travailles et pour cela de lui communiquer
en Original , ou par des Extraits en
bonne forme , les Titres d'honneur de
leurs Maisons ou de leurs Familles ; leurs
Sceaux , leurs Tombeaux , leurs Epitaphes.
Il souhaiteroit qu'on voulut joindre
à ces secours qu'il demande , ce qu'on
peut avoir de meilleur et de plus interessant
touchant le Duché et la Comté de
Bourgogne , qui font le sujet des deux
dernieres Parties de l'Histoire dont il donne
le précis. Les trois premieres sont entierement
achevées ; ces deux dernieres
ne sont qu'ébauchées , et l'Auteur a besoin
d'être aidé , pour les remplir avec
exactitude.Il invite les Maires et les Echevins
, tant du Duché , que de la Comté
à lui fournir les Plans et les Monumens
antiques de leurs Villes. Il faudra addresser
au R. P. Dom Urbain Plancher , Religieux
AOUST . 1733. 18T1
ligieux Benedictin , à l'Abbaye de S. Ger
main d'Auxerre. Si on lui fait tenir quelchose
par la Poste
la Poste , on aura la bonré
d'en payer
le port.
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Résumé : Histoire de Bourgogne generale et particuliere, [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Plan d'une Histoire Générale de Bourgogne', imprimé par Antoine de Fay à Dijon. Cet ouvrage est structuré en cinq parties principales. La première partie explore l'antiquité du nom de Bourguignon, l'origine des premiers peuples bourguignons, leur descendance, leur religion, leurs mœurs, leur langage, leur gouvernement, et leur conversion à la foi chrétienne. Elle décrit également leur entrée dans les Gaules, les provinces et villes qu'ils ont occupées, ainsi que la formation de leur royaume. La deuxième partie traite des débuts de l'ancien Royaume de Bourgogne, son étendue et sa décadence. Elle examine les guerres entre Clovis, roi de France, et Gondebaud, roi de Bourgogne, ainsi que les actions des rois de Bourgogne de la première race. La troisième partie aborde les trois royaumes issus des débris de l'ancien Royaume de Bourgogne : le Royaume de Provence, la Bourgogne Transjurane, et le Royaume d'Arles. Elle résout des questions concernant les rois de ces royaumes et leur ruine. La quatrième partie couvre le Duché de Bourgogne, ses villes principales, leurs origines, droits, et monuments. Elle distingue les ducs en deux races et explore leurs alliances, partages, et la succession du duché. La cinquième et dernière partie se concentre sur la Comté de Bourgogne, également connue sous le nom de Franche-Comté. Elle décrit ses commencements, son étendue, ses villes principales, et ses révolutions. Elle mentionne également l'état et le gouvernement de la Comté depuis la conquête de Louis XIV. L'auteur, un religieux bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, sollicite l'aide des nobles, officiers, et ecclésiastiques pour compléter les deux dernières parties de l'ouvrage. Il demande des titres d'honneur, des sceaux, des tombeaux, et des épitaphes. Il invite également les maires et échevins à fournir des plans et des monuments antiques de leurs villes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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