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p. 1-18
REMARQUES sur la Réponse qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier à la question : Si les Chartes qui ne sont point dattées, mais munies de Sceaux de personnes illustres, dont le temps n'est pas douteux, peuvent passer pour certaines & autentiques.
Début :
RÉPONSE. L'On est d'avis que l'on y doit [...]
Mots clefs :
Chartes, Abbaye, Règne, Roi, Histoire, Saint-Germain, Incarnation, Charte, Date
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texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur la Réponse qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier à la question : Si les Chartes qui ne sont point dattées, mais munies de Sceaux de personnes illustres, dont le temps n'est pas douteux, peuvent passer pour certaines & autentiques.
REMARQUES' sur la Réponse qui a .
paru dans le Mercure du mois de No»
vemb're dernier à la question : Si les
Chartes qui ». font point dattées , mais
munies de Sceaux dé personnes illustres,
dont le temps n est pas douteux , pe «-
vent pajfcr pour certaines & autcntiquest
RE'PONS E.
JSppS^jl.'O» est d'avis que l'on y doit
P Ijjifj "lQ"Kr T°y , ©- qu'elles peuvent
|Éjg|gg| [ preuve qu'une choje est an.
Ay Cet
i MERCURE DE FRANCE
Cet avis , quoique bon en lui-même
est cependant trop vague , & trop gene
rai , les raisons fur leíquelles il est fondé
supposent le faux , &c l'on ne croit pas
qu'elles soient jamais admises par ceux
qui font un peu versez dans la connoisfance
des Chartes.
Il y a un certain milieu à garder en tou
tes choses. C'est un excès causé par l'igno
rance de l'Histoire Diplomatique , & des
coutumes des siecle? paslèz , de rejetter
abíolument toutes les Chartes qui manq
ent de dattes , de signatures ou de
sceaux ; & c'en est un autre de les admet
tre trop facilement- L'Auteur de la Ré
ponse > est tombé dans celui.ci , qui est
bien le moindre ; 8c M s de la Justice
tombent tous les jours dans l'autre , Se
en même temps condamnent' de faux des .
pieces , lesquelles avec les conditions
Îiu'ils exigent seroient entierement fauses
aux yeux des connoisteurs. Cette
erreur vient de ce qu'ils croyent que les
anciennes Chartes ne peuvent être bon
nes fans les formalitez des Actes d'au
jourd'hui , & qu'elles dévoient être dres
sées dans les siecles paísez comme elles
le fuit depuis un certain temps.
Il falloit donc distinguer les lieux, les.
temps, &: les personnes ; car íuivant ces. i
trois différents rapports il y a des Char
tes
JANVIER 1724. 3
tes fans dacte , auxquelles on peut, &
(on doic ajouter foy , & d'autres qui n'en
meritent aucune. Or l'on peut connoître
à peu près le temps d'une Charte
fins datte , par l'écriture , & par les per
sonnes qui y sont nommées. Pour les
lieux ils y sont presque toujours mar
quez.
Chez les Romains tout Acte étoit nul
lorsqu'il n'étoit point datté du jour &
du Coníulat , abfine die & Consule , &
par les Loix des Àllemans , {a) il étoit
défendu d'avoir égard à aucune Charte
qui n'étoit pas dattée du jour & de l'an.
C'est ce qui fait qu'on ne trouve qu'une
feule de leurs Chartes qui n'ait point de
datte : c'est la 55 .- dans Goldast. Ainsi
les Chartes faites dans les lieux où les
Loix Romaines , &ç celles des Allemans
étoient observées doivent être dattées ,
autrement il y a grande apparence qu'el
les sont fau fies.
Il n'en est pas de même de celles des
François & des Germains , on en trou
ve beaucoup fans aucune datte. (b) Ferard
en a raporté un grand nombre des
Ducs de Bourgogne , & même de quel
ques Evêques , 8c l'on env voit beaucoup
(a) Leges Aìamann. cap. 42. .
b) Pcrard , pag. r?*. tu, ait. *M. &
vantes.
A vj de
4 MERCURE DE FRANCE.
de pareilles dans les traditions de l'Ab
baye de Fulde.
Mais il faut faire attention que cet
uíàge ne s'est introduit que vers le 10e
siecle , & qu'il a fini dans le 13e & cela
principalement dans les Chartes: des
Seigneurs & des autres particuliers; car
pour celles des Rois il est très.rare (a)
d'en trouver íàns datte , au moins dans
les siecles dont nous venons de parler ,
excepté celles qui étoient de peu de con
sequence, & qui devoient être execu
tées fur le champ. Encore y marquoit.on
le plus souvent le mois , & même le
jour du mois. Il est vrai que les Char
tes des Rois de la premiere race n'ont
quelquefois pour toute datte que leur
nom , où les années de leur Regne. Il y
en a deux de cette premiere sorte dans le
supplement de la Diplom. p. 92. L'une
est de Clothaire IL & l'autre de Dagobert
I. & deux autres dans la nouvelle
Histoire de l'Abbaye de S. Germain ; (b)
sçavoir le Testament de Dagobert qui
n'a. ni datte, ni signature, &.une Charte
de Thierry IL
Au reste , il est aisé de distinguer les
Chartes des Rois Merovingiens de celles
(«.! Mabillon. Diplom. p. in.
(í) Histoire de l'Abbaye de S.. Germain , .
pieces juuir. p. 4, & suivantes.
des
JANVIER 1714/ f
des autres qui les ont suivis , & même
celles des particuliers de leur temps, de
celles des temps posterieurs ; car on ob
serva preíque toujours de leur temps
cette formule , datum qnod fecit menfìs
N. dies N_4»#o N. Regis nostri , cowïendio
in dei nomine feliciter. Ou bien
iatum fub die v. Kal. &c. ou enfin fait*
.ejjio fub die &c. Mais la premiere sornule
étoit plus commune aux Rois , &
a derniere aux particuliers. Cette soriule
varia dès les commencemens de la
euxiéme race ,. & du Regne même de
'epin. Au lieu de. regni nostri , on mit
°gni Domini , Sec. k la troisième persons
, Se au datum ou data ,.. &c On ajouta
1nm, &c. Il y eut ensuite bien d'autres
îangemens juiqu'à Charles le Gros qui
ajouta l'année de l'Incarnation. Os
:rroit peut.être ici avec plaisir toutes
s differentes formules des dattes & des
nelusions des Chartes des Rois, & des
rtkuliers juíqu'à nos jours ; mais ce
oit trop s'écarter, & ce peut être le
et d'une Diísertation particuliere , en
endant on renvoye à la Diplomatie
e , où l'on trouvera íuffisamment de
ai se satisfaire.
Il n'y a donc presque eu que les par.
jliers , quelques Comtes , Ducs , &
êques qui ayent manqué de mettre
une
4 MERCURE DE FRANCE.
line datce à leurs Chartes.' Il s'en voit
tìn grand nombre dans le Yrésor. des
Anecd. dans la nouvelle édition des Di
plômes d'Aub. le Mire, &fen particu
lier parmi les pieces justificatives de
l'Histoire de l'Abbaye de S. Germain,
entre autres une de la Comtesse Eve fans
datte, ni signature, laquelle a été don
née vers l'an 849. Cependant ce non
usage n'étoit pas absolument universel ,
même dans l'onzième &c douzième siecle,
puiíque l'on en voit plusieurs avec le
mois 8e le regne du Roy, d'autres avec
l'année du regne fans mois ni jour, &
d'autres enfin avec, regnante DominoNpomifiâante
NV Comite N. fans en mar
quer les années.
Il y a une chose qui peut servir à
donner quelque ordre à cette diversité si
confuse. C'est qu'il ne paroît dans ces
deux siecles prelqu'aucun Acte fans datte
que ceux que l'on appelle notices , &
qui commencent par ces mots , noti
fia , notum fit , noveritis notifico , 8c
les Statuts Sc decrets des Abbez, des
Evêques , ou de leurs Chapitrest On en
trouve beaucoup dans l'Histoire de Saint
Germain, & pas une n'est dattée avant
l'an 1191. peut.être que ceci n'étoit
particulier qu'à la France , puisque pa-
«eils Actes faits dans la Belgique (ont
presque
JANVIER 1714. 7
preíque tous dattez , au moins ceux qui'
font raportez dans la nouvelle -édition/
d'Aubert le Mire*
Quant aux Diplômes de nos Rois il.
y en a plusieurs, principalement depuis'
le commencement de l'xi. siecle juíqu'à
la fin du 13e qui font dattez de l'année
de l'Incarnation , íâns mois , ni jour ; Se
d'autres avec le mois íans lejour. Tels.
íònt entre autres deux de Philippe Au
guste, raportez dans Perard , page 340..
mais l'on n'en trouve aucun fans quel
que marque chronologique.
Devant le regne de Charles le Gros
les Chartes des particuliers íe dattoient eiv
Italie du regne de l'Empereur, du Roy,
du Comte , Se en même temps de l'indiction.
Sous íon regne on commença à y
ajouter l'année de l'Incarnation , princi
palement en Allemagne ; (a) ainsi qu'il
paroît dans lesTrad. de Fulde, page 509..
où il y a une Charte dattée de l'an
783/ & deux autres de 800. & 802..
Mais ce ne íònt pas encore les premieres
que l'on ait dattées de l'an de i'Jncarna.
tion, puisque le continuateur du Reciieil/
des Diplômes d'Aubert Ie Mire raporte s.
page 1 1 2Ó. deux Chartes de Pépin le
Gros dit d'Heristel , dattées de l'an 687.
(a) Mabìl. Diplom. p..
S MERCURE DE FRANCE:
Se <?$> i. de l'Incarnation indict, 4e Le 5;
de sa Principauté , &c.
Il y a cependant beaucoup lieu de ne
íè pas trop fier à ces deux .Chartes pour
plusieurs raisons qui ne sont pas de nôtre
ïùjet , du. moins pour les dattes qui pourroient
y; avoir été ajoutées après coup.
En voilà aílez pour donner une idée
des Chartes .dattées , & non dattées, &
de celles qui ne le font , pour ainsi dire ,
qu'à demi. On voit par là quand elles
peuvent faire foy , étant íàns datte , &
qui étoient les personnes qui negligeoient
de les marquer, Examinons à present les.
raisons fur leíquelles l'Auteur de la Ré^.
ponse fonde sa décision-
Suite de la Réponse. .
Car la Charte , quoique faite pour la. '
même fin , n'approchoit cependant pas de
ce que nous nommons aujourd'hui un ASte,
en ne s'en est servi que tant qu'il n'y
Ai/oit point , ou très .peu de Notaires , &c.
Premierement tout ceci ne dit rien , &
ne regarde pas la question proposée , il
s'agit des Chartes non dattées , & non
pas de celles qui n'a voient ppint de si
gnature.
Secondement, on ne voit pas pour
quelle raison l' Auteur de la Réponse
met
J A N VIE t' Vit f
met la Charte tout au.dessous de l'Acte
de Notaire. U est vrai qu'on n'y obfèr-
Voit' pas les formalitez d'aujourd'hui ;
mais celles dont on se servoit ne la
rendoient pas moins , pour ne pas dire
plus authentique que les Actes de No
taires. S'il s'agit des Chartes de nos Rois>
c'étaient leurs Referendaires ou Chan
celiers qui en étaient les Notaires j fous
la premiere race les Princes les lìgnoient
preíque toujours., £c on y appofoit le
cachet de leurs anneaux , & eníuite leur«
sceaux ; lôus ceux de la deuxième. Le
Prince les íìgnoit de son Monogramme ,
& en generai on peut dire qu'ils n'accordoient
, Se ne faiioient presque point ex
pedier des privileges que lorsqu'ils
tenoient leurs cours plenieres, ou ea
presence des Grands Officiers de la Cou
ronne, leíquels sont toujours nommez ,
Sc signent dans les Chartes des Rois de'
la troisième race , depuis Louis le Gros.
(a) D'où vient cette formule observée'
dans. la fuite , Aílum Parifiis , &c. astan~
tïbus in Palatio nostr'o quorum nominafubtitulata
futit & signa. Signum N. Da.
piferi S. N. Const-abulariï Baftculario
nullo S. N. Camerarii data per manum
lí. Cancellarii , ou vacante cancellaria.
S'il s'agit des Chartes des particuliers,'
(«) Mabil. Diplom..p. 104..
outíe.'
lé MERCURE DÉ fRANCÊ.-
Outre qu'elles étoient preíque toujours
écrites par des Notaires , leíquels quoique
íàns privilege exclusif étoient veriblement,'
8c pas leúf profeísion hommes3
publics elles étoient ordinairement don*
nées , relues 8c signées dans des assem
blées publiques , In mallo publico. In gtr
nerali placito. In convensu Nobiliwn, &C
(a) Le Seigneur les faiseít publier de
vant íes pairs , Se devant ses Vassaux quï
étoient obligez d'être fa caution y il étoit'-
reciproquement la leur ; mais d'une au
tre maniere , ne s'engageanc seulement
qu'à les contraindre d'executer leurs
conventions , 8c les autres- , obligeant
pour leur ^Seigneur , 8c leurs corps &
leurs biens. Ç'est.là cette servitude dont
il est. parlé dans íes Chartes.
Troisièmement y les Notaires publics
étoient bien plus anciens & bien plus.
communs que l'Auteur ne l'a crû ; car
outre qu'il en est parlé dans les Loix des
Ripuaires fous le nom de Chanceliers^
dans les Chartes de Childebert , & de
S. Germain., Evêque de Paris (c) pour
l'Abbaye de son nom; Charlemagne dans
le j. Capitulaire de l'an 8oj. ordonne,
(») Bouilíard , Histoire de l'Abbaye de Saint
Germain , pieces justificatives , page 7. ' .
(b) Ad fidejujfores tollendos.
\c) Histoire de S. Germain, pages i. & *.
ut
"I A N V í Ê tí tfn. fi
.Ht mijfì nostri scabînios Advocatos yNotariosperfîngiila
loca éligant s tkc. Depuis
ce temps ilj y en a toujours eu,& en
aísez grand nombre y les Evêqtìes, les
Abbez 8c ks Seigneurs avoient ordinai
rement leurs Notaires , ou Chanceliers
qui servoient pour tous leurs Vaslàux ,
car il ne leur étoit pas permis de faire
des Chartes , c'est ce qui fait qde celles
áusquelles ils sont interessez soit pour
vente ou donation aux Eglises , sont tou.*
jfours au nom du Seigneur y qui donne ?
ou qui vend comme proprietaire , après.
avoir marqué qu'un tel ion Vassal, refîgnavit
in manus suas , &c.
Ainsi les Chartes ne se faisoient point
par le premier venu > comme l'Auteut
l'insinuë , mais par des Chanceliers oit
Notaires qui étoient publics. Et ces Offi
ces étoient exercez communément paf
des Clercs , ou des Moines q»i étoient
les moins ignorans de ces temps.là , Si
qui servoient en même temps de Cha
pelains à ces Seigneurs.
Il étoit si necessaire pour k validité
des Chartes qu'elles fuisent écrites par'
des personnes , dont le nom & l'écris
ture fu/sent si connues , qu'elles fuisent
Censées personnes publiques que le Pape
' Innocent II í. (a) regarde comme nut
1*1 Innoc.III. liw í. Epist- 3 f
a Mercure de francs.
«n privilege de l'Empereur Henry , quia
nec erat publica manu conseílmn j nef
figillum habzbat ambenticum.
Suite de la Réponse.'
Lu negligence avoit tellement pris le
dessus , que les personnes de la. premiere
difiinclion ne /pavoient pas assez, bien
écrire poursigner leur nom , ce qui a dvn*
né lieu aux sceaux , &c'
Ce n'est point à l'ignorance d'écrire
oU de signer que l'on doit l'usage d'ap
poser des sceaux, Se des cachets fur les
titres. Cet uíage est de l'antiquité la plus
íçculée; Lorsque Pharaon donna à Jo
seph le Gouvernement dé l?Egypte , (a)
tulit a-nnulum de- manu- sua & dedit eum
in manu cjus.. Les Lettres d'Assuerus ,.
Roy des Perses & des Medes , accordées'
à Esther en faveur des Juifs, (bj; anftulo
ipfius obsignata funt & mijst per
veredarios ,-Sc.c. Lefc Romains s'en fer-'
voient aussi , ainsi que les Historiens, &
les cabinets des curieux qui en íorit rem
plis en font foy. Et nos premiers Rois',
dont il s'agit ici plus particulierement
ont eu des cachets , aufquels les sceaux
ont succedé. On garde encore dans le
(a) Genes. 41.
(*} E/lhexé c l' "
cabinet^
î A.NViER 1714. 13
cabinet du Roy l'Aneau de Childeric,
pexc du grand Clo.vis. Mais .ce qui fait
voir que ce n'est point pour íuppléer à
la íignature (a) qu'on s'est mis a ícelei
les titres ; c'est que les Chartes ictus la
premiere race de nos Rois , sont preíque
toutes ignées &c sce.léçs. -Et non.íèuler
ment .celles de nos Rois , mais encore
çelles des Evêques & des Seigneurs par*;
ticuliers.
Il est vrai qu'il y a un temps & de»
lieux toìi les sceaux suppleoient aux si
gnatures i mais l'uíàge de signer & d?
sceller en même temps était bien plu?
ancien. C'est ce qui paroît certain parle
témoignage de Gregoire .de Tours qui
dit {&) que Mummole envoyé par le
Roy Theodebert vers l'Empereur Justir
nien , étant à l'extrémité fit faire son
(a) Von peut ajouter que les sceaux supfleoient
encore moins aux dattes, & que
Auteur de la Lettre écrite d Evreux dans le
Mercure d'XDcìpbre 1713. quoique bien mieux
au fait des Chartes que celui.ci , n'y a pas fait
allez d'attention , lorsqu'il a avance que dans
l'onzième & douzième siecles , il n'y avoït sas
une Charte qui n'eut son sceau , &c. il est
pourra voir un grand nombre fans dattes &
fans sceau dans les Recueils des Chartes ; 8ç
en particulier dans les pieces justificatives dé
la nouvelle Histoire de l'Abbaye de Saint
î.Germain. '
(b) Greg. Tftrpn. de Gltr.MarU lib. 1. cxti
teftar.
f 4 MERCURE DE FRANCE,
íestament., & le fit munir de signatures
.& de íceaux- Fecit testamentum fuum sertht
, munitum fubfcriptionibus ac figillis ,
&Cz. Dans le siecle suivant Berthramn ,
Evêque du Mans fit mettre siir son testa
ment les signatures., 8c les sceaux de íépt
personnes illustres. Septem virorum honestorum
fubscriptionibus & figillis.
Charlemagne signe & scelle la Charte
{a) pour l'Abbaye de S. Germain , manu
nostra fubfcriptionis fabter decrevimus robarare
, & de amuio nofiro fubter figillare.
Chez les Anglois même les íèeaux , quoi
que communs à tout le monde, au moins
depuis Guillaume le Conquerant , ne tenoient
pas lieu de signatures , mais bien
de Tabellions qui n'y étoient pas en usa
ge loríque ce Prince conquit l'Angle
terre ; cfKoHiam Tabellionum ttfus ( dit
(b) Matthieu Paris ) in eo regno non httbebamr.
Cependant il faut convenir que
depuis Gregoire de Tours jusqu'à l'oneiéme
siecle , il se trouve bien des Char
tes des Rois , d'Evêques & de Seigneurs
qui n'ont aucunes marques de cachets ,
ni de sceaux. Or la veritable marque
qu'une Charte ait été scellée , n'est pas
qu'il y ait des trous, par lefquelj leî
(a) Boiiillard. Hist. de l'Abbaye de S. Ger
main, p. u,
(i) Math. ïarìs. ad an, 1237.
lac»
JANVIER 1714. ts
|acs ou cordons du sceau auroient été
pastez , ou quelques restes de cire appli
quée dessus ; mais c'est loríqu'il est énon.
jcé dans l'Acte qu'elle* été ícellée. Car
sans cela les sceaux íèroienc une preuyg
de fausseté.
Suite de la Réponse.
L'on se servoit dans le même temps des
ghartes parties ou coupées , c'est.à.dire
qu'après avoir fait une Charte , on la
fioupoit en pieces , dont chaque contrac
tant en prenoit une pour la representer lors
de l'execution des conventions , Sec.
Ceci est dit d'une maniere si décisive,
-qu'on croiroit que tout cela est vrai , &
que l'Auteur a vu de ces Cljarces parties ;
jnais il permettra que l'on assure qu'il
n'en connoît que le nom , & qu'on n'a
jamais coupé en pieces Jes Chartes com
me il s'imagine.'
Les Chartes parties ou coupées tirent
leur origine des Chartes appellées dans
les formules (a) de Marculfe Chant pa~
rida & paricuU , parce que c'étoient des
doubles copies d'un même acte fait entre
deujç parties égales inter pares , ou plutft
parce qu'elles étoient de pareille for
me, grandeur & écriture. A ces Char-
(a) Marculfi formuis. , lib* z.
tes
itf MERCURE DE FRANCE.
tes succederent les Chartes parties ow
.coupées , autrement Chartes endentées,
Charte indentatA , ou idetitat* , que l'on
appella dans les H. 11. Se 1.3 e. siecles
Chkographes ou CirographeS. C!étpient
auflì deux copies d'un même acte écrites
fur une même peau , & de même ma
niere, entre lesquels on .écrjvoit en
grands caracteres une ligne , qui ne contenoit
Jbuvent qu'une partie des Lettres
de l'Alphabet , quelquefois une Sentent
ce, 6c quelquefois le .nom du principal
des contractons $ & l'on separoitees deux
copies, en coupant la peau par le mi
lieu Se .le long de ces caracteres. A peu
pïès de la même maniere que l'on faiíòit
les premiers billets de banque , ait.
tpur desquels, on voyoit une partie de
pluíieurs traits entrelacez.
' Ces fortes de Chartes n'etoient gneres
;cn usage que pour les échanges , transac
tions Se accords entre deux ou plusieurs
Í>arties , Se l'on y marquoit la datte .de
a maniere qu'on avoit coutume de la
marquer dans le temps , Se les lieux où
elles éto.ient dressées. Lorsqu'il y avoit
plus que deux parties interessées au mê
me Acte , ôc que l'on étoit obligé d'en
faire trois ou quatre copies , on les écr re
voit en même temps fur la même peau ,
6c l'on écriyoitfcendeflture fur les lignes,
par
des jugemjenst aes iianrdcriox
B
.par lesquelles on les devoit separer.
i'Auteur de la Réponse , qui íâns
doute n'en a jamais vu íera bien aiíê d'en
voir ici une., & il y a lieu d'eiperer
qu'elle fera plaisir au.public., parce qu'el
les font aflez rares ; on l'a réduite de
grande en petite , & l'on n'en a fait co
pier que le commencement 8c la fin, ce
qui suffira pour en donner une idée , &
pour faire voir à 1J Auteur que. l'on dattoit
ces Chartes , .& que chaque partie
étoit une copie entiere du même Acte.
Cette piece dont l'original est dans les
Archives de l'Abbaye de Saint Bertin, a
pour endenture , ces mots DROGO
TARWANENSIS EPS. & c'est un
accord fait entre cet Evêque & l'Abbé
4e S. Bertin en l'année 1040.
.Suite de la Réponse.
D'ailleurs le sujet dont on composé ît la
Charte ne rouloit pour l'ordinaire que fur
des conventions qui n a voient sas besoin
d'un temps fixé , &c.
On íçait quels sent les íujets des
Chartes, c'étoientdes privileges accor
dez aux Villes, aux Eglises, &aux par
ticuliers par les Souverains, des dona
tions faites paf eux, ou par les Seigneurs,
des jugemens, des transactions , des
B baux
tt MERCURE DE FRANCE.
baux à ferme , &c. Voilà le sujet dont on
oompoíoit les Chartes. Or )e demaïde
/il ne rouloit c/ue Jur dus conventions cjui
n'avaient pas b"foin d'un temps fivé} La
chose est si claire qu' .1 íuffit d'y faire
faire attention. Nqus en avons dit aslez
pour faire voir que l'on .ne doit pas
ajouter foy indifferemment aux Chartes
non dattées , pour marquer en quel
temps , & quels lieux on les dattoit,
Se on ne les dattoit pas pour mon
trer l'antiquité desjsigriatjures., des sceaux
& des Notaires , Se pour .expliquer ce
que c'étoit que les Chartes parties. Nous
esperons que l'Auteur ne trouvera pas
mauvais que l'on ait un peu éclairci cette
matiere , & que l'on ne se íôit pas ren
contré de iòn sentiment.
Nous croyons que le public éclairé pen
sera comme nom furie merite de cette pier
Ce, il seroit a souhaiter cjjipn nous en
envoyât souvent de semblables : la Repu
blique des Lettres , & nôtre Journal en
particulier y gagneroient infiniment?
paru dans le Mercure du mois de No»
vemb're dernier à la question : Si les
Chartes qui ». font point dattées , mais
munies de Sceaux dé personnes illustres,
dont le temps n est pas douteux , pe «-
vent pajfcr pour certaines & autcntiquest
RE'PONS E.
JSppS^jl.'O» est d'avis que l'on y doit
P Ijjifj "lQ"Kr T°y , ©- qu'elles peuvent
|Éjg|gg| [ preuve qu'une choje est an.
Ay Cet
i MERCURE DE FRANCE
Cet avis , quoique bon en lui-même
est cependant trop vague , & trop gene
rai , les raisons fur leíquelles il est fondé
supposent le faux , &c l'on ne croit pas
qu'elles soient jamais admises par ceux
qui font un peu versez dans la connoisfance
des Chartes.
Il y a un certain milieu à garder en tou
tes choses. C'est un excès causé par l'igno
rance de l'Histoire Diplomatique , & des
coutumes des siecle? paslèz , de rejetter
abíolument toutes les Chartes qui manq
ent de dattes , de signatures ou de
sceaux ; & c'en est un autre de les admet
tre trop facilement- L'Auteur de la Ré
ponse > est tombé dans celui.ci , qui est
bien le moindre ; 8c M s de la Justice
tombent tous les jours dans l'autre , Se
en même temps condamnent' de faux des .
pieces , lesquelles avec les conditions
Îiu'ils exigent seroient entierement fauses
aux yeux des connoisteurs. Cette
erreur vient de ce qu'ils croyent que les
anciennes Chartes ne peuvent être bon
nes fans les formalitez des Actes d'au
jourd'hui , & qu'elles dévoient être dres
sées dans les siecles paísez comme elles
le fuit depuis un certain temps.
Il falloit donc distinguer les lieux, les.
temps, &: les personnes ; car íuivant ces. i
trois différents rapports il y a des Char
tes
JANVIER 1724. 3
tes fans dacte , auxquelles on peut, &
(on doic ajouter foy , & d'autres qui n'en
meritent aucune. Or l'on peut connoître
à peu près le temps d'une Charte
fins datte , par l'écriture , & par les per
sonnes qui y sont nommées. Pour les
lieux ils y sont presque toujours mar
quez.
Chez les Romains tout Acte étoit nul
lorsqu'il n'étoit point datté du jour &
du Coníulat , abfine die & Consule , &
par les Loix des Àllemans , {a) il étoit
défendu d'avoir égard à aucune Charte
qui n'étoit pas dattée du jour & de l'an.
C'est ce qui fait qu'on ne trouve qu'une
feule de leurs Chartes qui n'ait point de
datte : c'est la 55 .- dans Goldast. Ainsi
les Chartes faites dans les lieux où les
Loix Romaines , &ç celles des Allemans
étoient observées doivent être dattées ,
autrement il y a grande apparence qu'el
les sont fau fies.
Il n'en est pas de même de celles des
François & des Germains , on en trou
ve beaucoup fans aucune datte. (b) Ferard
en a raporté un grand nombre des
Ducs de Bourgogne , & même de quel
ques Evêques , 8c l'on env voit beaucoup
(a) Leges Aìamann. cap. 42. .
b) Pcrard , pag. r?*. tu, ait. *M. &
vantes.
A vj de
4 MERCURE DE FRANCE.
de pareilles dans les traditions de l'Ab
baye de Fulde.
Mais il faut faire attention que cet
uíàge ne s'est introduit que vers le 10e
siecle , & qu'il a fini dans le 13e & cela
principalement dans les Chartes: des
Seigneurs & des autres particuliers; car
pour celles des Rois il est très.rare (a)
d'en trouver íàns datte , au moins dans
les siecles dont nous venons de parler ,
excepté celles qui étoient de peu de con
sequence, & qui devoient être execu
tées fur le champ. Encore y marquoit.on
le plus souvent le mois , & même le
jour du mois. Il est vrai que les Char
tes des Rois de la premiere race n'ont
quelquefois pour toute datte que leur
nom , où les années de leur Regne. Il y
en a deux de cette premiere sorte dans le
supplement de la Diplom. p. 92. L'une
est de Clothaire IL & l'autre de Dagobert
I. & deux autres dans la nouvelle
Histoire de l'Abbaye de S. Germain ; (b)
sçavoir le Testament de Dagobert qui
n'a. ni datte, ni signature, &.une Charte
de Thierry IL
Au reste , il est aisé de distinguer les
Chartes des Rois Merovingiens de celles
(«.! Mabillon. Diplom. p. in.
(í) Histoire de l'Abbaye de S.. Germain , .
pieces juuir. p. 4, & suivantes.
des
JANVIER 1714/ f
des autres qui les ont suivis , & même
celles des particuliers de leur temps, de
celles des temps posterieurs ; car on ob
serva preíque toujours de leur temps
cette formule , datum qnod fecit menfìs
N. dies N_4»#o N. Regis nostri , cowïendio
in dei nomine feliciter. Ou bien
iatum fub die v. Kal. &c. ou enfin fait*
.ejjio fub die &c. Mais la premiere sornule
étoit plus commune aux Rois , &
a derniere aux particuliers. Cette soriule
varia dès les commencemens de la
euxiéme race ,. & du Regne même de
'epin. Au lieu de. regni nostri , on mit
°gni Domini , Sec. k la troisième persons
, Se au datum ou data ,.. &c On ajouta
1nm, &c. Il y eut ensuite bien d'autres
îangemens juiqu'à Charles le Gros qui
ajouta l'année de l'Incarnation. Os
:rroit peut.être ici avec plaisir toutes
s differentes formules des dattes & des
nelusions des Chartes des Rois, & des
rtkuliers juíqu'à nos jours ; mais ce
oit trop s'écarter, & ce peut être le
et d'une Diísertation particuliere , en
endant on renvoye à la Diplomatie
e , où l'on trouvera íuffisamment de
ai se satisfaire.
Il n'y a donc presque eu que les par.
jliers , quelques Comtes , Ducs , &
êques qui ayent manqué de mettre
une
4 MERCURE DE FRANCE.
line datce à leurs Chartes.' Il s'en voit
tìn grand nombre dans le Yrésor. des
Anecd. dans la nouvelle édition des Di
plômes d'Aub. le Mire, &fen particu
lier parmi les pieces justificatives de
l'Histoire de l'Abbaye de S. Germain,
entre autres une de la Comtesse Eve fans
datte, ni signature, laquelle a été don
née vers l'an 849. Cependant ce non
usage n'étoit pas absolument universel ,
même dans l'onzième &c douzième siecle,
puiíque l'on en voit plusieurs avec le
mois 8e le regne du Roy, d'autres avec
l'année du regne fans mois ni jour, &
d'autres enfin avec, regnante DominoNpomifiâante
NV Comite N. fans en mar
quer les années.
Il y a une chose qui peut servir à
donner quelque ordre à cette diversité si
confuse. C'est qu'il ne paroît dans ces
deux siecles prelqu'aucun Acte fans datte
que ceux que l'on appelle notices , &
qui commencent par ces mots , noti
fia , notum fit , noveritis notifico , 8c
les Statuts Sc decrets des Abbez, des
Evêques , ou de leurs Chapitrest On en
trouve beaucoup dans l'Histoire de Saint
Germain, & pas une n'est dattée avant
l'an 1191. peut.être que ceci n'étoit
particulier qu'à la France , puisque pa-
«eils Actes faits dans la Belgique (ont
presque
JANVIER 1714. 7
preíque tous dattez , au moins ceux qui'
font raportez dans la nouvelle -édition/
d'Aubert le Mire*
Quant aux Diplômes de nos Rois il.
y en a plusieurs, principalement depuis'
le commencement de l'xi. siecle juíqu'à
la fin du 13e qui font dattez de l'année
de l'Incarnation , íâns mois , ni jour ; Se
d'autres avec le mois íans lejour. Tels.
íònt entre autres deux de Philippe Au
guste, raportez dans Perard , page 340..
mais l'on n'en trouve aucun fans quel
que marque chronologique.
Devant le regne de Charles le Gros
les Chartes des particuliers íe dattoient eiv
Italie du regne de l'Empereur, du Roy,
du Comte , Se en même temps de l'indiction.
Sous íon regne on commença à y
ajouter l'année de l'Incarnation , princi
palement en Allemagne ; (a) ainsi qu'il
paroît dans lesTrad. de Fulde, page 509..
où il y a une Charte dattée de l'an
783/ & deux autres de 800. & 802..
Mais ce ne íònt pas encore les premieres
que l'on ait dattées de l'an de i'Jncarna.
tion, puisque le continuateur du Reciieil/
des Diplômes d'Aubert Ie Mire raporte s.
page 1 1 2Ó. deux Chartes de Pépin le
Gros dit d'Heristel , dattées de l'an 687.
(a) Mabìl. Diplom. p..
S MERCURE DE FRANCE:
Se <?$> i. de l'Incarnation indict, 4e Le 5;
de sa Principauté , &c.
Il y a cependant beaucoup lieu de ne
íè pas trop fier à ces deux .Chartes pour
plusieurs raisons qui ne sont pas de nôtre
ïùjet , du. moins pour les dattes qui pourroient
y; avoir été ajoutées après coup.
En voilà aílez pour donner une idée
des Chartes .dattées , & non dattées, &
de celles qui ne le font , pour ainsi dire ,
qu'à demi. On voit par là quand elles
peuvent faire foy , étant íàns datte , &
qui étoient les personnes qui negligeoient
de les marquer, Examinons à present les.
raisons fur leíquelles l'Auteur de la Ré^.
ponse fonde sa décision-
Suite de la Réponse. .
Car la Charte , quoique faite pour la. '
même fin , n'approchoit cependant pas de
ce que nous nommons aujourd'hui un ASte,
en ne s'en est servi que tant qu'il n'y
Ai/oit point , ou très .peu de Notaires , &c.
Premierement tout ceci ne dit rien , &
ne regarde pas la question proposée , il
s'agit des Chartes non dattées , & non
pas de celles qui n'a voient ppint de si
gnature.
Secondement, on ne voit pas pour
quelle raison l' Auteur de la Réponse
met
J A N VIE t' Vit f
met la Charte tout au.dessous de l'Acte
de Notaire. U est vrai qu'on n'y obfèr-
Voit' pas les formalitez d'aujourd'hui ;
mais celles dont on se servoit ne la
rendoient pas moins , pour ne pas dire
plus authentique que les Actes de No
taires. S'il s'agit des Chartes de nos Rois>
c'étaient leurs Referendaires ou Chan
celiers qui en étaient les Notaires j fous
la premiere race les Princes les lìgnoient
preíque toujours., £c on y appofoit le
cachet de leurs anneaux , & eníuite leur«
sceaux ; lôus ceux de la deuxième. Le
Prince les íìgnoit de son Monogramme ,
& en generai on peut dire qu'ils n'accordoient
, Se ne faiioient presque point ex
pedier des privileges que lorsqu'ils
tenoient leurs cours plenieres, ou ea
presence des Grands Officiers de la Cou
ronne, leíquels sont toujours nommez ,
Sc signent dans les Chartes des Rois de'
la troisième race , depuis Louis le Gros.
(a) D'où vient cette formule observée'
dans. la fuite , Aílum Parifiis , &c. astan~
tïbus in Palatio nostr'o quorum nominafubtitulata
futit & signa. Signum N. Da.
piferi S. N. Const-abulariï Baftculario
nullo S. N. Camerarii data per manum
lí. Cancellarii , ou vacante cancellaria.
S'il s'agit des Chartes des particuliers,'
(«) Mabil. Diplom..p. 104..
outíe.'
lé MERCURE DÉ fRANCÊ.-
Outre qu'elles étoient preíque toujours
écrites par des Notaires , leíquels quoique
íàns privilege exclusif étoient veriblement,'
8c pas leúf profeísion hommes3
publics elles étoient ordinairement don*
nées , relues 8c signées dans des assem
blées publiques , In mallo publico. In gtr
nerali placito. In convensu Nobiliwn, &C
(a) Le Seigneur les faiseít publier de
vant íes pairs , Se devant ses Vassaux quï
étoient obligez d'être fa caution y il étoit'-
reciproquement la leur ; mais d'une au
tre maniere , ne s'engageanc seulement
qu'à les contraindre d'executer leurs
conventions , 8c les autres- , obligeant
pour leur ^Seigneur , 8c leurs corps &
leurs biens. Ç'est.là cette servitude dont
il est. parlé dans íes Chartes.
Troisièmement y les Notaires publics
étoient bien plus anciens & bien plus.
communs que l'Auteur ne l'a crû ; car
outre qu'il en est parlé dans les Loix des
Ripuaires fous le nom de Chanceliers^
dans les Chartes de Childebert , & de
S. Germain., Evêque de Paris (c) pour
l'Abbaye de son nom; Charlemagne dans
le j. Capitulaire de l'an 8oj. ordonne,
(») Bouilíard , Histoire de l'Abbaye de Saint
Germain , pieces justificatives , page 7. ' .
(b) Ad fidejujfores tollendos.
\c) Histoire de S. Germain, pages i. & *.
ut
"I A N V í Ê tí tfn. fi
.Ht mijfì nostri scabînios Advocatos yNotariosperfîngiila
loca éligant s tkc. Depuis
ce temps ilj y en a toujours eu,& en
aísez grand nombre y les Evêqtìes, les
Abbez 8c ks Seigneurs avoient ordinai
rement leurs Notaires , ou Chanceliers
qui servoient pour tous leurs Vaslàux ,
car il ne leur étoit pas permis de faire
des Chartes , c'est ce qui fait qde celles
áusquelles ils sont interessez soit pour
vente ou donation aux Eglises , sont tou.*
jfours au nom du Seigneur y qui donne ?
ou qui vend comme proprietaire , après.
avoir marqué qu'un tel ion Vassal, refîgnavit
in manus suas , &c.
Ainsi les Chartes ne se faisoient point
par le premier venu > comme l'Auteut
l'insinuë , mais par des Chanceliers oit
Notaires qui étoient publics. Et ces Offi
ces étoient exercez communément paf
des Clercs , ou des Moines q»i étoient
les moins ignorans de ces temps.là , Si
qui servoient en même temps de Cha
pelains à ces Seigneurs.
Il étoit si necessaire pour k validité
des Chartes qu'elles fuisent écrites par'
des personnes , dont le nom & l'écris
ture fu/sent si connues , qu'elles fuisent
Censées personnes publiques que le Pape
' Innocent II í. (a) regarde comme nut
1*1 Innoc.III. liw í. Epist- 3 f
a Mercure de francs.
«n privilege de l'Empereur Henry , quia
nec erat publica manu conseílmn j nef
figillum habzbat ambenticum.
Suite de la Réponse.'
Lu negligence avoit tellement pris le
dessus , que les personnes de la. premiere
difiinclion ne /pavoient pas assez, bien
écrire poursigner leur nom , ce qui a dvn*
né lieu aux sceaux , &c'
Ce n'est point à l'ignorance d'écrire
oU de signer que l'on doit l'usage d'ap
poser des sceaux, Se des cachets fur les
titres. Cet uíage est de l'antiquité la plus
íçculée; Lorsque Pharaon donna à Jo
seph le Gouvernement dé l?Egypte , (a)
tulit a-nnulum de- manu- sua & dedit eum
in manu cjus.. Les Lettres d'Assuerus ,.
Roy des Perses & des Medes , accordées'
à Esther en faveur des Juifs, (bj; anftulo
ipfius obsignata funt & mijst per
veredarios ,-Sc.c. Lefc Romains s'en fer-'
voient aussi , ainsi que les Historiens, &
les cabinets des curieux qui en íorit rem
plis en font foy. Et nos premiers Rois',
dont il s'agit ici plus particulierement
ont eu des cachets , aufquels les sceaux
ont succedé. On garde encore dans le
(a) Genes. 41.
(*} E/lhexé c l' "
cabinet^
î A.NViER 1714. 13
cabinet du Roy l'Aneau de Childeric,
pexc du grand Clo.vis. Mais .ce qui fait
voir que ce n'est point pour íuppléer à
la íignature (a) qu'on s'est mis a ícelei
les titres ; c'est que les Chartes ictus la
premiere race de nos Rois , sont preíque
toutes ignées &c sce.léçs. -Et non.íèuler
ment .celles de nos Rois , mais encore
çelles des Evêques & des Seigneurs par*;
ticuliers.
Il est vrai qu'il y a un temps & de»
lieux toìi les sceaux suppleoient aux si
gnatures i mais l'uíàge de signer & d?
sceller en même temps était bien plu?
ancien. C'est ce qui paroît certain parle
témoignage de Gregoire .de Tours qui
dit {&) que Mummole envoyé par le
Roy Theodebert vers l'Empereur Justir
nien , étant à l'extrémité fit faire son
(a) Von peut ajouter que les sceaux supfleoient
encore moins aux dattes, & que
Auteur de la Lettre écrite d Evreux dans le
Mercure d'XDcìpbre 1713. quoique bien mieux
au fait des Chartes que celui.ci , n'y a pas fait
allez d'attention , lorsqu'il a avance que dans
l'onzième & douzième siecles , il n'y avoït sas
une Charte qui n'eut son sceau , &c. il est
pourra voir un grand nombre fans dattes &
fans sceau dans les Recueils des Chartes ; 8ç
en particulier dans les pieces justificatives dé
la nouvelle Histoire de l'Abbaye de Saint
î.Germain. '
(b) Greg. Tftrpn. de Gltr.MarU lib. 1. cxti
teftar.
f 4 MERCURE DE FRANCE,
íestament., & le fit munir de signatures
.& de íceaux- Fecit testamentum fuum sertht
, munitum fubfcriptionibus ac figillis ,
&Cz. Dans le siecle suivant Berthramn ,
Evêque du Mans fit mettre siir son testa
ment les signatures., 8c les sceaux de íépt
personnes illustres. Septem virorum honestorum
fubscriptionibus & figillis.
Charlemagne signe & scelle la Charte
{a) pour l'Abbaye de S. Germain , manu
nostra fubfcriptionis fabter decrevimus robarare
, & de amuio nofiro fubter figillare.
Chez les Anglois même les íèeaux , quoi
que communs à tout le monde, au moins
depuis Guillaume le Conquerant , ne tenoient
pas lieu de signatures , mais bien
de Tabellions qui n'y étoient pas en usa
ge loríque ce Prince conquit l'Angle
terre ; cfKoHiam Tabellionum ttfus ( dit
(b) Matthieu Paris ) in eo regno non httbebamr.
Cependant il faut convenir que
depuis Gregoire de Tours jusqu'à l'oneiéme
siecle , il se trouve bien des Char
tes des Rois , d'Evêques & de Seigneurs
qui n'ont aucunes marques de cachets ,
ni de sceaux. Or la veritable marque
qu'une Charte ait été scellée , n'est pas
qu'il y ait des trous, par lefquelj leî
(a) Boiiillard. Hist. de l'Abbaye de S. Ger
main, p. u,
(i) Math. ïarìs. ad an, 1237.
lac»
JANVIER 1714. ts
|acs ou cordons du sceau auroient été
pastez , ou quelques restes de cire appli
quée dessus ; mais c'est loríqu'il est énon.
jcé dans l'Acte qu'elle* été ícellée. Car
sans cela les sceaux íèroienc une preuyg
de fausseté.
Suite de la Réponse.
L'on se servoit dans le même temps des
ghartes parties ou coupées , c'est.à.dire
qu'après avoir fait une Charte , on la
fioupoit en pieces , dont chaque contrac
tant en prenoit une pour la representer lors
de l'execution des conventions , Sec.
Ceci est dit d'une maniere si décisive,
-qu'on croiroit que tout cela est vrai , &
que l'Auteur a vu de ces Cljarces parties ;
jnais il permettra que l'on assure qu'il
n'en connoît que le nom , & qu'on n'a
jamais coupé en pieces Jes Chartes com
me il s'imagine.'
Les Chartes parties ou coupées tirent
leur origine des Chartes appellées dans
les formules (a) de Marculfe Chant pa~
rida & paricuU , parce que c'étoient des
doubles copies d'un même acte fait entre
deujç parties égales inter pares , ou plutft
parce qu'elles étoient de pareille for
me, grandeur & écriture. A ces Char-
(a) Marculfi formuis. , lib* z.
tes
itf MERCURE DE FRANCE.
tes succederent les Chartes parties ow
.coupées , autrement Chartes endentées,
Charte indentatA , ou idetitat* , que l'on
appella dans les H. 11. Se 1.3 e. siecles
Chkographes ou CirographeS. C!étpient
auflì deux copies d'un même acte écrites
fur une même peau , & de même ma
niere, entre lesquels on .écrjvoit en
grands caracteres une ligne , qui ne contenoit
Jbuvent qu'une partie des Lettres
de l'Alphabet , quelquefois une Sentent
ce, 6c quelquefois le .nom du principal
des contractons $ & l'on separoitees deux
copies, en coupant la peau par le mi
lieu Se .le long de ces caracteres. A peu
pïès de la même maniere que l'on faiíòit
les premiers billets de banque , ait.
tpur desquels, on voyoit une partie de
pluíieurs traits entrelacez.
' Ces fortes de Chartes n'etoient gneres
;cn usage que pour les échanges , transac
tions Se accords entre deux ou plusieurs
Í>arties , Se l'on y marquoit la datte .de
a maniere qu'on avoit coutume de la
marquer dans le temps , Se les lieux où
elles éto.ient dressées. Lorsqu'il y avoit
plus que deux parties interessées au mê
me Acte , ôc que l'on étoit obligé d'en
faire trois ou quatre copies , on les écr re
voit en même temps fur la même peau ,
6c l'on écriyoitfcendeflture fur les lignes,
par
des jugemjenst aes iianrdcriox
B
.par lesquelles on les devoit separer.
i'Auteur de la Réponse , qui íâns
doute n'en a jamais vu íera bien aiíê d'en
voir ici une., & il y a lieu d'eiperer
qu'elle fera plaisir au.public., parce qu'el
les font aflez rares ; on l'a réduite de
grande en petite , & l'on n'en a fait co
pier que le commencement 8c la fin, ce
qui suffira pour en donner une idée , &
pour faire voir à 1J Auteur que. l'on dattoit
ces Chartes , .& que chaque partie
étoit une copie entiere du même Acte.
Cette piece dont l'original est dans les
Archives de l'Abbaye de Saint Bertin, a
pour endenture , ces mots DROGO
TARWANENSIS EPS. & c'est un
accord fait entre cet Evêque & l'Abbé
4e S. Bertin en l'année 1040.
.Suite de la Réponse.
D'ailleurs le sujet dont on composé ît la
Charte ne rouloit pour l'ordinaire que fur
des conventions qui n a voient sas besoin
d'un temps fixé , &c.
On íçait quels sent les íujets des
Chartes, c'étoientdes privileges accor
dez aux Villes, aux Eglises, &aux par
ticuliers par les Souverains, des dona
tions faites paf eux, ou par les Seigneurs,
des jugemens, des transactions , des
B baux
tt MERCURE DE FRANCE.
baux à ferme , &c. Voilà le sujet dont on
oompoíoit les Chartes. Or )e demaïde
/il ne rouloit c/ue Jur dus conventions cjui
n'avaient pas b"foin d'un temps fivé} La
chose est si claire qu' .1 íuffit d'y faire
faire attention. Nqus en avons dit aslez
pour faire voir que l'on .ne doit pas
ajouter foy indifferemment aux Chartes
non dattées , pour marquer en quel
temps , & quels lieux on les dattoit,
Se on ne les dattoit pas pour mon
trer l'antiquité desjsigriatjures., des sceaux
& des Notaires , Se pour .expliquer ce
que c'étoit que les Chartes parties. Nous
esperons que l'Auteur ne trouvera pas
mauvais que l'on ait un peu éclairci cette
matiere , & que l'on ne se íôit pas ren
contré de iòn sentiment.
Nous croyons que le public éclairé pen
sera comme nom furie merite de cette pier
Ce, il seroit a souhaiter cjjipn nous en
envoyât souvent de semblables : la Repu
blique des Lettres , & nôtre Journal en
particulier y gagneroient infiniment?
Fermer
Résumé : REMARQUES sur la Réponse qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier à la question : Si les Chartes qui ne sont point dattées, mais munies de Sceaux de personnes illustres, dont le temps n'est pas douteux, peuvent passer pour certaines & autentiques.
Le texte examine la validité des chartes historiques non datées mais portant des sceaux de personnes illustres. L'auteur du Mercure de France critique l'avis selon lequel ces chartes peuvent servir de preuve authentique, le jugeant trop vague et général. Il dénonce l'ignorance historique qui conduit soit à rejeter toutes les chartes sans dates, signatures ou sceaux, soit à les accepter trop facilement. Le texte insiste sur l'importance de distinguer les lieux, les temps et les personnes pour évaluer la validité des chartes. Chez les Romains et les Allemans, les actes devaient être datés, tandis que chez les Francs et les Germains, nombreuses étaient les chartes sans date. Les chartes royales étaient généralement datées, sauf celles de peu d'importance ou exécutées immédiatement. En revanche, les chartes des particuliers, des comtes, des ducs et des évêques étaient souvent sans date. Le texte mentionne les différentes formules de datation utilisées par les rois mérovingiens et leurs successeurs. Les chartes sans date étaient souvent des notices ou des statuts d'abbayes et d'évêques. À partir du XIe siècle, les diplômes royaux étaient souvent datés de l'année de l'Incarnation, sans mois ni jour. Le texte critique également l'auteur d'une réponse pour avoir sous-estimé l'authenticité des chartes, souvent rédigées par des notaires ou des chanceliers publics et signées en assemblées publiques. Les chartes étaient considérées comme valides si elles étaient écrites par des personnes reconnues, dont le nom et l'écriture étaient connus. Par ailleurs, le texte souligne que les sceaux et les signatures étaient utilisés conjointement pour authentifier les actes. Des exemples historiques, comme ceux de Grégoire de Tours et de Charlemagne, illustrent cette pratique. Les chartes parties ou coupées, utilisées pour les transactions entre plusieurs parties, étaient écrites sur une même peau et séparées par une ligne de caractères ou une sentence. Le texte conclut en affirmant que les chartes non datées ne doivent pas être utilisées pour déterminer l'antiquité des signatures, des sceaux ou des notaires, et qu'il est important de comprendre le contexte des chartes parties.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 19-23
L'IMMORTALITÉ PAR LES MUSES. ODE.
Début :
Descendez de la double cime, [...]
Mots clefs :
Temps, Héros, Muses, Gloire, Immortalité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'IMMORTALITÉ PAR LES MUSES. ODE.
iLM MMO RT'AL it e'
PAR LES MUSES. '
O D E.
TVEicendez de la doutfle cime ,
J*-^ Chastes soeurs: venez m'inspirer* 1. .. I
Je cede à l'ardeur qui m'anime : . .. .' . .1
.C'est vous que je veux celebrer. : ;
.Si vous approuvez mon audace ,
Tels que ceux d'Homere & d'Horace,
Mes vers vont charmer jios neveux.
C'est vôtre gloir.\que je chante i
Accourez donc, Troupe íça vante,
Venez & remplissez mes voeux.
les plus grands Heros de la terre ,
Toujours avec avidité , , ... ^
ÍEc dans la paix dans la guerre.» }. . h.
.Ont cherché l'Immortalité-: . ; . . j[
Mille Monarques , dont l'HiUoiíf.-
K'a pas celebré la memoire, . h í. '. >.
Ont laissé de beaux monumens; ' ?).jt.
Ils ont ciû que ces édifices « . w . í'- <
2 p MERCURE. DE FRANCE.
A leur ambition propices ,
Les feroient. triompher du temps.
Vain propos ! frivole esperance /
le temps de tout victorieux ,
Bien.tôt, malgré leur résistance,
Les a dérobez à nos yeux.
Les ans aux plus grands noms funestes ,
Npus ont enlevé ces beaux restes ;
Nous Jes cherchons : foins superflus !
Mais leur marbre fut.il durable ,
C'est un monument déplorable :
Il nous apprend qu'ils ne font plus.
Jaloux d'obtenir la victoire .
Dans les champs du terrible Mars .
D'autres ont. mis toute leur gloire ,
A voler dans tous les hazards.
Audace vaine i avec leur vie ,
Leur gloire s'est évanouie ;
On ne fçait rien de ces combats ,
Oiì remplis d'une ardeur guerriere^
Couverts de sang & de poussiere ,
Ils ont affronté le trépas.
J Att V TE ïC Ï7t4.
Si de vous , Miifes, avouée .
I>'uri Poete la' docte voix , )
A les celebrer dévouée ,
Avoit chanté leurs beaux exploits }
Vantez du couchant à l'Aurore ,
Parmi nous ils vivroient encore i
Sans craindre l'injure des ans ,
les faits qu'enfant* leur courage,
Vainqueurs passeroient d'âge en âgé
Jusqu'à leurs derniers descendans.
Seriez.vous ctfnnus'íans les Muscs' ,
Vaillans défenseurs d'Ilion ,<
Et voiís dòrìt lès'fátales.ruses*
Causerent sa destruction';
Heros.* dontTheris fut fa mere ',
Que serois.tu: fans un' Homere î
Tes exploits seroienrdans l'oubli;
Envaiiv tu fus infatigable :
Sans les vers ton nom peu durable y
Seroit fous Troye enseveli.
C'est envain , ô Soeurs immortelles ,
* Athillt.
B iij
*i MERCURE DE FRANCE.
Qu'un Heros par tout redouté ,
Prétend fans l'appui de vos aîles
Passer ì la posterité. .
Fut. il mille fois plus grand homme,
Que ceux de la Grece & de Rome ,
Qu'un Hector, qu'un Agamennort.,
Sous fa puissance par la guerre
Eut.il rangé toute la terre ,
Le temps abolira son nom.
Cette Déesse aveugle & triste',
Qui détruit tout dans l'univers ,'
Xa mort à. qui rien ne résiste,
Ne peut attenter fur vos vers,
Par vous bravent là main des Parques ,
les plus fier* , les plus doux Monarques'.
Vous les dérobez à leurs coups;
Ces noires filles des lieux sombres ,
Des lieux habitez, par les ombres ,
N'ont aucun empire fur vous.
Les Heros & les Heroïnes,
Qui vous ont sçâ favoriser,.
Ont trouvé des bouches divines i
. f Á 'N V 1ER xii±
Prêtes à les éterniser.'
Tu leur fus toujours favorable ,
Grand Roy , * dpnt le bras redoutable ,
Fit par tout triompher les lys ;
Du temps' peux. tu Craindre l'outrage?
Reçois' un immortel hommage ,
Les Muses te dosent ce prix.'
Roy , qu'on voit courir fur les traces £
í>es Achilles & des Cesars','
Comblez les Muses de vos graces ,
Fixez fur elles vos regards,
Justes arbitres de fa gloire
feules au Temple de memoire,-
Eller font vivre les grands coeurs i
Sans elles , têtes couronnées ,
Ne croyez pas que des années ,
Vos noms puissent être vainqueurs.
P. I. S. J.
*LotiisXlV.
PAR LES MUSES. '
O D E.
TVEicendez de la doutfle cime ,
J*-^ Chastes soeurs: venez m'inspirer* 1. .. I
Je cede à l'ardeur qui m'anime : . .. .' . .1
.C'est vous que je veux celebrer. : ;
.Si vous approuvez mon audace ,
Tels que ceux d'Homere & d'Horace,
Mes vers vont charmer jios neveux.
C'est vôtre gloir.\que je chante i
Accourez donc, Troupe íça vante,
Venez & remplissez mes voeux.
les plus grands Heros de la terre ,
Toujours avec avidité , , ... ^
ÍEc dans la paix dans la guerre.» }. . h.
.Ont cherché l'Immortalité-: . ; . . j[
Mille Monarques , dont l'HiUoiíf.-
K'a pas celebré la memoire, . h í. '. >.
Ont laissé de beaux monumens; ' ?).jt.
Ils ont ciû que ces édifices « . w . í'- <
2 p MERCURE. DE FRANCE.
A leur ambition propices ,
Les feroient. triompher du temps.
Vain propos ! frivole esperance /
le temps de tout victorieux ,
Bien.tôt, malgré leur résistance,
Les a dérobez à nos yeux.
Les ans aux plus grands noms funestes ,
Npus ont enlevé ces beaux restes ;
Nous Jes cherchons : foins superflus !
Mais leur marbre fut.il durable ,
C'est un monument déplorable :
Il nous apprend qu'ils ne font plus.
Jaloux d'obtenir la victoire .
Dans les champs du terrible Mars .
D'autres ont. mis toute leur gloire ,
A voler dans tous les hazards.
Audace vaine i avec leur vie ,
Leur gloire s'est évanouie ;
On ne fçait rien de ces combats ,
Oiì remplis d'une ardeur guerriere^
Couverts de sang & de poussiere ,
Ils ont affronté le trépas.
J Att V TE ïC Ï7t4.
Si de vous , Miifes, avouée .
I>'uri Poete la' docte voix , )
A les celebrer dévouée ,
Avoit chanté leurs beaux exploits }
Vantez du couchant à l'Aurore ,
Parmi nous ils vivroient encore i
Sans craindre l'injure des ans ,
les faits qu'enfant* leur courage,
Vainqueurs passeroient d'âge en âgé
Jusqu'à leurs derniers descendans.
Seriez.vous ctfnnus'íans les Muscs' ,
Vaillans défenseurs d'Ilion ,<
Et voiís dòrìt lès'fátales.ruses*
Causerent sa destruction';
Heros.* dontTheris fut fa mere ',
Que serois.tu: fans un' Homere î
Tes exploits seroienrdans l'oubli;
Envaiiv tu fus infatigable :
Sans les vers ton nom peu durable y
Seroit fous Troye enseveli.
C'est envain , ô Soeurs immortelles ,
* Athillt.
B iij
*i MERCURE DE FRANCE.
Qu'un Heros par tout redouté ,
Prétend fans l'appui de vos aîles
Passer ì la posterité. .
Fut. il mille fois plus grand homme,
Que ceux de la Grece & de Rome ,
Qu'un Hector, qu'un Agamennort.,
Sous fa puissance par la guerre
Eut.il rangé toute la terre ,
Le temps abolira son nom.
Cette Déesse aveugle & triste',
Qui détruit tout dans l'univers ,'
Xa mort à. qui rien ne résiste,
Ne peut attenter fur vos vers,
Par vous bravent là main des Parques ,
les plus fier* , les plus doux Monarques'.
Vous les dérobez à leurs coups;
Ces noires filles des lieux sombres ,
Des lieux habitez, par les ombres ,
N'ont aucun empire fur vous.
Les Heros & les Heroïnes,
Qui vous ont sçâ favoriser,.
Ont trouvé des bouches divines i
. f Á 'N V 1ER xii±
Prêtes à les éterniser.'
Tu leur fus toujours favorable ,
Grand Roy , * dpnt le bras redoutable ,
Fit par tout triompher les lys ;
Du temps' peux. tu Craindre l'outrage?
Reçois' un immortel hommage ,
Les Muses te dosent ce prix.'
Roy , qu'on voit courir fur les traces £
í>es Achilles & des Cesars','
Comblez les Muses de vos graces ,
Fixez fur elles vos regards,
Justes arbitres de fa gloire
feules au Temple de memoire,-
Eller font vivre les grands coeurs i
Sans elles , têtes couronnées ,
Ne croyez pas que des années ,
Vos noms puissent être vainqueurs.
P. I. S. J.
*LotiisXlV.
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Résumé : L'IMMORTALITÉ PAR LES MUSES. ODE.
Le poème s'adresse aux Muses pour invoquer leur inspiration afin de célébrer la gloire des héros et des monarques. L'auteur souligne que les exploits des grands hommes, bien que commémorés par des monuments, sont voués à disparaître avec le temps. Il affirme que seule la poésie, soutenue par les Muses, peut garantir l'immortalité des actions héroïques. Le texte mentionne que des héros comme ceux d'Homère et d'Horace ont été immortalisés par leurs vers. Il critique ceux qui cherchent la gloire par les armes ou les monuments, car ces efforts sont vains face à l'inexorable passage du temps. Les Muses sont présentées comme les seules capables de défier les Parques et d'assurer la postérité des grands noms. Le poème se conclut par un hommage à un roi, dont les exploits sont comparés à ceux d'Achille et des Césars, et dont la gloire est éternisée par les Muses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 24-34
LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure pour servir de réponse aux Remarques sur les figures du Portail de l'Eglise de l'Abbaye S. Germain
Début :
Vous avez inseré, Messieurs, dans vôtre Journal du mois de May de [...]
Mots clefs :
Clotaire, Saint-Germain, Abbaye, Église, Portail, Figures, Dom Bouillart, Couronnes de gloire, Patron, Tombeau
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure pour servir de réponse aux Remarques sur les figures du Portail de l'Eglise de l'Abbaye S. Germain
LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure
four servir de réponse aux Remarques
fur les figures du Portail de CEglist
de CAbbaye S. Germain.
VOus avez iníèré, Messieurs ., dans
vôtre Journal du mois de May de
l'année derniere , les Remarques d'un'
Auteur Anonyme, fur les figuras du
grand Portail de VEglise Saint Germain
des Pre^, par leíquelles il prétend dé
truire le sentiment du R. P. Dòm Jean'
Mabillon', qui' dit dàns ses Anrtales (a);
que l'£glise de S. Germain a été bâtie
Se fondée par Cliildebert L. & que les'
figures qui íònt au Portail de la même.
Eglise dix coté gauche en entrant , font
S. Germain , Clovis , Sainte Clotilde Se
Clodomir , & au côté opposé , Chilperic,
Childebert , Ultrogothe ,. íà femmes &
Clotaire î.
L'Auteur dés Remarques refute ausii
Dom Thierry Riíinard , qui prétend à
la fin de son Edition de S. Gregoire (b)
de Tours / que les figures qui font à
gauche en entrant representent Saint
(a) Annal. Ben. tom; i. pag. 169.
{í) Gieg. Turpn.
Remv>
JANVIER 1714. ; 2;
Remy , Clovis , Sainte Clotilde & Clo.
domir , Se que celles qui sont à droite ,
sont Thierry , Chlldebert , Ultrogoche
8e Clotaire.
Ces deujr sentimens ne sont pas du
goût de l'Auteur , parce qu'il prétend
l p que c'est Clotaire , & non pas ChHdebert
, qui a achevé de bâtir l'Egliíe,.
& il cite pour ses garants l'Auteur de
la vie de S. Droctovée, (a) Se l'Histoire
interpolée d'Aimoin ^ í. . 2 < cv 29. Se. 3 6 .
& 1. 3. c }1.
2° Il ajoute que ce Portail étant bien
Í>osterieur à la construction de l'Eglise , .
es figures qui y sont repreíentées ne
sont point celles que Dom Mabillon &
Dom Ruinard ont prétendu ; mais cel
les de S. Germain, de Pepin, de Bertrade
, íâ femme ., de Charlemagne Se
Carloman leurs fils , de Childebert , &
d'Ultrogothe , fa femme , & de Clotaire.
Voici les raisons qui confirment l'Au-.
teur dans cette idée. 1 * La donation du.!
Domaine de Palaiíëau , Se de ses dépen
dances faites à' l'Eglise de l'Abbaye par
Pepin , le jour de la Translation de Saints.
Germain y Se confirmée par Charlema
gne en 77 9' Cette Eglise , selon lui ,
eut un nouveau Patron en même temps:-
que la France eut des Rois d'une nou-
(4) Si. OrA. S. Btned. tMt. r.
Bt rell#
ié MERCURE DE FRANCE.
velle race , & les Moines de l'Abbaye J.
pour éterniíèr la memoire d'un si grand
changement , firent construire un Por
tail, où ils placerent les figures de ces
Princes , en conservant toujours la mé
moire de leurs premiers Fondateurs. 2*'
Le peu de vrai.semblance que l'on ait
mis à la porte d'une Eglise les Statues du
pere , de la mere & des freres du Fon
dateur. Et a quelle porte £'Eglise , dit-il
a..t'qn representé ainft des genealogies ?
3° Les Couronnes de gloire qui font
derriere la tête des sept figures , ne íê
mettoient qu'à ceux qui étroient décedezs .
& que l'on croyoit dans la beatitude t
par consequent celui qui n'en a point ne.
peut être que Charlemagne qui vivoit
alors. 4° La difficulté de trouver des^
Couronnes du sixième siecle semblables ;
à celles' que portent les figures du Por-'
tail de Saint Germain.. Enfin le peu de'
eertitude que le tombeau deFredegonde^
qui a une semblable Couronne , soit veri- :
tablement d'elle.. .
Ce íônt là Meísieurs les principaux.^
argumens que l'Auteur des Remarques.
propose dans vôtre Journa.l contre les :
ientimens de Dom Mabillon , & de Dom 1
Huinart au íujet de ces figures. Il seroit?
k- íouhaiter qu'il eut apporté des autorir'
ter tirées de bons Auteurs , au lieu de
Ï'AN VÌ E R 1724. 27
íèá íimples. conjectures qui ne peuvent
fSrvir de preuves dans les difficultez
dont il est ici question.
Dom Jacques Bouillart , qui vient de
mettre au jour l'Histoire de l'Abbaye de
Saint Germain des Prez a répondu dans
íon ouvrage aux objections que l'on
Vient deráporter. Il prouve d'abord que
l'Auteur des Remarques s'est trompé
considerablement , en citant la vie de
Saint Droctovée , & l'Histoire interpo
lée d'Aimoin , & qu'il n'y a pas un seul
mot dans les endroits par lui citez où il
soit marqué que l'Egliíê fut achevée par-
Clotaire. Dom Bouillart prouve au con
traire par les mêmes Auteurs , que Chil.
debert acheva cet Edifice avant ía mort,
& que Saint Germain la dédia , à la sol
licitation de Clotaire , le jour même des
funerailles de Childebert.
Pour ce qui est du Portail , lé même'
Auteur soutient qu'il est aufli ancien que
l'Eglise : fa si uation sous la grosse tour,
faiíant corps avec elle , le goût du temps , .
le jugement qu'en ont porté juíqu'à.
present les personnes /ça vantes dans la
connoissance des anciens monumens , sont
des autoritez plus que suffisantes pour'
prouver ce qu'il avance..
L'Historien dë Saint Germain répond5
aussi à l'Aùteu.X- des Remarques , sor ce
B vj qu'il
2 8 MERCURE DE FRANCE:
qu'il avance que l'Egliíe de l'Abbaye
eut uh nouveau Patron , après la Trans
lation de Saint Germain. Il avouè que
Pepin donna alors le Domaine de Palaiseau,
& ses dépendances avec une en
tiere franchise de tous peages , Se que
cette donation fut confirmée par Charle.
magne en 779. mais. il nie que l'Eglise
ait eu dans cette occasion un nouveau.
Patron, & que les Moines de S. Ger
main ayent fait construire un Portail pour
y placer les Statues de S. Germain , des
Pepin , dç Bertrade , &c. pour éterniser
la memoire. du;. grand changement arrivé
en France. Il prouve d'une maniere so
lide & convaincante que l'Eglise, quoi
que dédiée en l'honneur de Sainte Croix,,
& de Saint Vincent, a eu aussi: le nom
de Saint Germain dès la mort du même
Saint, à cause des frequens. miracles que
Dieu operoit à son tombeau ,.nom qui lui
est resté dans les siecles^suivans. II cite
pour ce sujet le testament de Bertrant ,
í ou Bertieram Evêque du Mans , S. Gre
goire de Tours , Saint Ouen , Archevêque
de Rouen qui a écrit la -vie de Saint
Eloy, l'Auteur de la vie dé Sainte Batilde
, & plusieurs Chartes.très.ancien
nes , qu'il a mises parmi les preuves à
la fin de son Histoire. Ilisoutient de plus
que l'Eglise dc.S. Germain n'a eu que
deux
JANVIER
deux dédicaces , la premiere faite par
Saint Germain , & la seconde par le
Pape Alexandre III. en ii6}, Se que.
dans ces deux dédicaces il n'est fait men
tion que de. Sainte Croix & de Saint Vin
cent. Or comme l'on ne donne un Patron
aux Eglises que dans cétte ceremonie y
Dom Bouillart demande à l'Auteur de*
Remarques qu'il lui faste voir. une autre
dédicace faite en 7f4-. ou. environ ,
dans laquelle l'on ait changé le nom de
Saint Vincent , ou ajpûté celui de Saint'
Germain-
Quant à. la íècoside objection , qu'il .
n'est pas vrai-íèmblable que l'on ait pJa--
oé à la porte d'une Eglise les. Statues du
pere -, de la m ere & des freres du Fon-.
dateur1. Dom Bouillart répond que cet
n'est pas une chose inusitée, puisque l'on.
en voit dé íemblables au Portail de Nô
tre.Dame la Répostetdènt l'Auteur mê
me des Remarques fait mention , Se dont
ilparoît reconnoître l'antiquité,
Enfin l' Auteur. de l'Histoire de Saint'
Germain dit que l'Auteur des Remar
ques fait une question inutile, loríqu'il.
demande à' quelle porte d'Eglise a-t'om
representé ainsi des genealogies ? puis
qu'il les admet lui-même dans le Por
tail de S: Germaini en disant qu'il s'ima*
fifre ». voir Pepin , Bertrade tjâ femme ,
Jfe* MERCURE DE FRANCS.
Charlemagne & Carloman ses fils. N'estce
pas là en eiíèt une genealogie à íà
maniere, & suivant ces propres idées.
Un des principaux argumensde l'Au
teur des Remarques est comme ori
IV déja dit, que ces Statues du Por
tail de Saint Germain ont des Cou
ronnes de gloire , qui ne se mettoient
qu'aux' personnes décedées , que l'on
croyoit dans la beatitude , d'où il conclut
que la huitième Statue, qui n'en a point,
represente Charlemagne qui vivoit en
core alors , & par coníequent que le Por
tail de Saint Germain n'a été construit
que de son temps.
Dom Bouillart lui répond que les
Couronnes de gloire se mettoient aux vi-
Vans aussi bien qu'aux morts. , d'où il
conclut que ceux qui font representez .
au Portail de Saint Germain , pou voient
être vivans dans le temps de là construc
tion. Il donne plusieurs exemples de cetusage.
fa) L'Empereur Trajan est repre
senté deux fois dans l'Arc de Constantin,.
2ui est à Rome , comme vivant avec une'
louronne de gloire derriere fa tête.'
(i) Dans les siecles suivans l'Empereur'
(a) V. l'Antiquité expliquée, &c' tòm. ti.
$ 186. & tom. 3. pagg. 31J. 330. & tom. v
p. 167.
{b) iiidt Supplement.
y-alen
t
y á n v nr r ry.»^ f*
Valentinien II. paróît avec une Couron
ne de gloire faiíant des largeíses au peu
ple. On voit auflì des Medailles (#)fra*
pées du vivant des Empereurs Justin , <
Justin le jeune , Maurice , Phocas , & de
quelques Imperatrices , où ils font re
presenter de même. Il ajoute après M. le
Blanc dans son Traité des Monnoyes,
que, les Gaulois ayant été' íubjuguez par
les premiers Rois de la Monarchie Fran
çoise , ont gardé pendant quelque temps'
les usages des Romains leurs derniers
maîtres. Les Rois même de lá premiere
race les ont auflì conservez, principale
ment dans leurs Monnoyes. Ainsi il ne
faut pas s'étònnersi dans ks' temps de la
premiere race l'on mettait des Courons
ries de gloire dérriere la tête dés Rois,
Si même des Evêques qui étoient encore
en vie. L'on en trouve une preuve dans
le premier tome des Annales de Dom
Mabillon , f b) où il est: fait mention de'
S. Armand , Evêque dé Mastric , lequel.
fft son testament en presence de Rieul,^
Archevêque de Rheims , de Mommolen,'
Evê qùe deNoyon, de Vendicien de Cam.
bray ', de Bertin ; Abbé de Sithiu , Se des
Prêtres Jéán & Baudemond. Ils ont tous
des Couronnes de Gloire derriere leurs
f» Numism. Imp. Rom. ulhselm.Sfiwiuri 2-.
>z. MERCURE DE FRANCE.
têtes , comme on le peut voir dans It
planche que Dom Mabíllon' a Fait gras
ver , laquelle a été tirée des anciens. monumens
de l'Abbaye de & Amand.' Ce
íçavant homme fait là - dessus la mê
me obíervation que l'Auteur des Re
marques r5c il s'étonne que ces figu
res portent des couronnes de gloire , quoi
que ceux qu'elles representent fussent en
core vivans. L'on doit donc conclure ne-.
cessairement de ces exemples , que l'on
mettoit íouvent des couronnes de gloire
aux personnes vivantes , & que ce n'est.
pas une preuve que ceux qui íònt repre
sentez au Portail de S. Germain , fus
sent decedez.
Dom Bouillait ajoute: Y a ) l'Auteur
des Remarques admet , fans y penser , k;
même chose ; car en mettant la construc
tion du portail dans le huitième siecle ,.
il dit que les Religieux. de S. Germain le
firent faire pour éterniser la mémoire du
grand changement arrivé en France, en'
754. lorsque le corps de S. Germain fut
transferé, què l'Eglise eut un nouveau
Patron , Se que Pepitvla combla de biens.-
Or s'il est vrai que les figures du Por
tail representent Pepin, fa femme & ses
Énfans , l'Auteur des Remarques doit
convenir que l'on donnoit des couronnes
( * ) Híst. de S. Gertiwpag, 30*.
1
Janvier 17I4." :W
3è gloire aux Rois & auxpersonnes illus
tres, lorsqu'elles vivoient.j puiíque Pepin
& les Princes qu'il íoutient être re1.
preíentez par ces- figures ,- vivoient en
754. 8c que cependant ils ont des' cousonnes
de gloire , ou des nimbes derriere
leurs têtes. Il. est inutile de dire que Gharlemagnen'en
a point , parce qu'il étoit
encore vivant, ^& que les autres étoient
morts. Il en avdit auslì ; mais celui qu'il
avoit est tombe dans la fuite, ou pour
n'avoir pas. bien été attaché,' ou pour
avoir été rompu >. en eífet on voit encore
derriere íà tête un crampon de fer qui le
íetenoit t & il estcouché horiíôntalemerjt
contre la muraille.
Il ne s'agit p.lt»s que de la difficulté que
iorrrîe lf Auteur des Remarques /qui est
defaire voir des couronnes du íixième
siecle íemblables à celles que portent les.
figures' du Portail de S. Germain , & que'
le tombeau de Fredegondc qui Jt une
semblable couronne y soit Veritablement
d'elle. C'est ce que Dom Boùillart déve-
Ibpe avec solidité , en diíànt d'abord que
les anciens Historiens ont fait mention de
la íépulture de Fredegende dans l'Eglise
de S. Vincent, maintenant de S. Germain
des Prez. Il lë prouse ensuite par la situa
tion 8c la distinction des tombeaux des.
Rois 8c des Reines de la premiere race »
f4 MERCURE DE FRANCE;
inhumez dans la' même Egliie,tlonc les
.inícriptions , quoique moins anciennes T
.(ont restées julqu'en 1656. par la tra
dition des Religieux de l'Abbaye , & par
le jugement des períônnes les plus éciar*.
rées dans l'Antiquicé , qui ont regardé
le tombeau de Fredcgondë , comme uQ
monument aussi ancien qu'elle. il répond
enfin aux objections que l'on pourroit fai
re au sujet des Fleurs.de.lys qui font à la
couronne 8c au Iccprre de cette Reine ',
&c rapporte quelques exemples qui font
voir que les fleurs de lys étoient en usage
íòus les Rois de la premiere race s d'où il
Conclut que le tombeau & la couronne de
Frédegoncle «'tant aussi ancien qu'elle, les
couronnesdes statues du Portail de S. Ger
main sont aussi anciennes que & construc^
tion & du sixième siecle.
Je fuis , Messieurs , Sec1
A Paris le 13. Janvier 1714»'
four servir de réponse aux Remarques
fur les figures du Portail de CEglist
de CAbbaye S. Germain.
VOus avez iníèré, Messieurs ., dans
vôtre Journal du mois de May de
l'année derniere , les Remarques d'un'
Auteur Anonyme, fur les figuras du
grand Portail de VEglise Saint Germain
des Pre^, par leíquelles il prétend dé
truire le sentiment du R. P. Dòm Jean'
Mabillon', qui' dit dàns ses Anrtales (a);
que l'£glise de S. Germain a été bâtie
Se fondée par Cliildebert L. & que les'
figures qui íònt au Portail de la même.
Eglise dix coté gauche en entrant , font
S. Germain , Clovis , Sainte Clotilde Se
Clodomir , & au côté opposé , Chilperic,
Childebert , Ultrogothe ,. íà femmes &
Clotaire î.
L'Auteur dés Remarques refute ausii
Dom Thierry Riíinard , qui prétend à
la fin de son Edition de S. Gregoire (b)
de Tours / que les figures qui font à
gauche en entrant representent Saint
(a) Annal. Ben. tom; i. pag. 169.
{í) Gieg. Turpn.
Remv>
JANVIER 1714. ; 2;
Remy , Clovis , Sainte Clotilde & Clo.
domir , Se que celles qui sont à droite ,
sont Thierry , Chlldebert , Ultrogoche
8e Clotaire.
Ces deujr sentimens ne sont pas du
goût de l'Auteur , parce qu'il prétend
l p que c'est Clotaire , & non pas ChHdebert
, qui a achevé de bâtir l'Egliíe,.
& il cite pour ses garants l'Auteur de
la vie de S. Droctovée, (a) Se l'Histoire
interpolée d'Aimoin ^ í. . 2 < cv 29. Se. 3 6 .
& 1. 3. c }1.
2° Il ajoute que ce Portail étant bien
Í>osterieur à la construction de l'Eglise , .
es figures qui y sont repreíentées ne
sont point celles que Dom Mabillon &
Dom Ruinard ont prétendu ; mais cel
les de S. Germain, de Pepin, de Bertrade
, íâ femme ., de Charlemagne Se
Carloman leurs fils , de Childebert , &
d'Ultrogothe , fa femme , & de Clotaire.
Voici les raisons qui confirment l'Au-.
teur dans cette idée. 1 * La donation du.!
Domaine de Palaiíëau , Se de ses dépen
dances faites à' l'Eglise de l'Abbaye par
Pepin , le jour de la Translation de Saints.
Germain y Se confirmée par Charlema
gne en 77 9' Cette Eglise , selon lui ,
eut un nouveau Patron en même temps:-
que la France eut des Rois d'une nou-
(4) Si. OrA. S. Btned. tMt. r.
Bt rell#
ié MERCURE DE FRANCE.
velle race , & les Moines de l'Abbaye J.
pour éterniíèr la memoire d'un si grand
changement , firent construire un Por
tail, où ils placerent les figures de ces
Princes , en conservant toujours la mé
moire de leurs premiers Fondateurs. 2*'
Le peu de vrai.semblance que l'on ait
mis à la porte d'une Eglise les Statues du
pere , de la mere & des freres du Fon
dateur. Et a quelle porte £'Eglise , dit-il
a..t'qn representé ainft des genealogies ?
3° Les Couronnes de gloire qui font
derriere la tête des sept figures , ne íê
mettoient qu'à ceux qui étroient décedezs .
& que l'on croyoit dans la beatitude t
par consequent celui qui n'en a point ne.
peut être que Charlemagne qui vivoit
alors. 4° La difficulté de trouver des^
Couronnes du sixième siecle semblables ;
à celles' que portent les figures du Por-'
tail de Saint Germain.. Enfin le peu de'
eertitude que le tombeau deFredegonde^
qui a une semblable Couronne , soit veri- :
tablement d'elle.. .
Ce íônt là Meísieurs les principaux.^
argumens que l'Auteur des Remarques.
propose dans vôtre Journa.l contre les :
ientimens de Dom Mabillon , & de Dom 1
Huinart au íujet de ces figures. Il seroit?
k- íouhaiter qu'il eut apporté des autorir'
ter tirées de bons Auteurs , au lieu de
Ï'AN VÌ E R 1724. 27
íèá íimples. conjectures qui ne peuvent
fSrvir de preuves dans les difficultez
dont il est ici question.
Dom Jacques Bouillart , qui vient de
mettre au jour l'Histoire de l'Abbaye de
Saint Germain des Prez a répondu dans
íon ouvrage aux objections que l'on
Vient deráporter. Il prouve d'abord que
l'Auteur des Remarques s'est trompé
considerablement , en citant la vie de
Saint Droctovée , & l'Histoire interpo
lée d'Aimoin , & qu'il n'y a pas un seul
mot dans les endroits par lui citez où il
soit marqué que l'Egliíê fut achevée par-
Clotaire. Dom Bouillart prouve au con
traire par les mêmes Auteurs , que Chil.
debert acheva cet Edifice avant ía mort,
& que Saint Germain la dédia , à la sol
licitation de Clotaire , le jour même des
funerailles de Childebert.
Pour ce qui est du Portail , lé même'
Auteur soutient qu'il est aufli ancien que
l'Eglise : fa si uation sous la grosse tour,
faiíant corps avec elle , le goût du temps , .
le jugement qu'en ont porté juíqu'à.
present les personnes /ça vantes dans la
connoissance des anciens monumens , sont
des autoritez plus que suffisantes pour'
prouver ce qu'il avance..
L'Historien dë Saint Germain répond5
aussi à l'Aùteu.X- des Remarques , sor ce
B vj qu'il
2 8 MERCURE DE FRANCE:
qu'il avance que l'Egliíe de l'Abbaye
eut uh nouveau Patron , après la Trans
lation de Saint Germain. Il avouè que
Pepin donna alors le Domaine de Palaiseau,
& ses dépendances avec une en
tiere franchise de tous peages , Se que
cette donation fut confirmée par Charle.
magne en 779. mais. il nie que l'Eglise
ait eu dans cette occasion un nouveau.
Patron, & que les Moines de S. Ger
main ayent fait construire un Portail pour
y placer les Statues de S. Germain , des
Pepin , dç Bertrade , &c. pour éterniser
la memoire. du;. grand changement arrivé
en France. Il prouve d'une maniere so
lide & convaincante que l'Eglise, quoi
que dédiée en l'honneur de Sainte Croix,,
& de Saint Vincent, a eu aussi: le nom
de Saint Germain dès la mort du même
Saint, à cause des frequens. miracles que
Dieu operoit à son tombeau ,.nom qui lui
est resté dans les siecles^suivans. II cite
pour ce sujet le testament de Bertrant ,
í ou Bertieram Evêque du Mans , S. Gre
goire de Tours , Saint Ouen , Archevêque
de Rouen qui a écrit la -vie de Saint
Eloy, l'Auteur de la vie dé Sainte Batilde
, & plusieurs Chartes.très.ancien
nes , qu'il a mises parmi les preuves à
la fin de son Histoire. Ilisoutient de plus
que l'Eglise dc.S. Germain n'a eu que
deux
JANVIER
deux dédicaces , la premiere faite par
Saint Germain , & la seconde par le
Pape Alexandre III. en ii6}, Se que.
dans ces deux dédicaces il n'est fait men
tion que de. Sainte Croix & de Saint Vin
cent. Or comme l'on ne donne un Patron
aux Eglises que dans cétte ceremonie y
Dom Bouillart demande à l'Auteur de*
Remarques qu'il lui faste voir. une autre
dédicace faite en 7f4-. ou. environ ,
dans laquelle l'on ait changé le nom de
Saint Vincent , ou ajpûté celui de Saint'
Germain-
Quant à. la íècoside objection , qu'il .
n'est pas vrai-íèmblable que l'on ait pJa--
oé à la porte d'une Eglise les. Statues du
pere -, de la m ere & des freres du Fon-.
dateur1. Dom Bouillart répond que cet
n'est pas une chose inusitée, puisque l'on.
en voit dé íemblables au Portail de Nô
tre.Dame la Répostetdènt l'Auteur mê
me des Remarques fait mention , Se dont
ilparoît reconnoître l'antiquité,
Enfin l' Auteur. de l'Histoire de Saint'
Germain dit que l'Auteur des Remar
ques fait une question inutile, loríqu'il.
demande à' quelle porte d'Eglise a-t'om
representé ainsi des genealogies ? puis
qu'il les admet lui-même dans le Por
tail de S: Germaini en disant qu'il s'ima*
fifre ». voir Pepin , Bertrade tjâ femme ,
Jfe* MERCURE DE FRANCS.
Charlemagne & Carloman ses fils. N'estce
pas là en eiíèt une genealogie à íà
maniere, & suivant ces propres idées.
Un des principaux argumensde l'Au
teur des Remarques est comme ori
IV déja dit, que ces Statues du Por
tail de Saint Germain ont des Cou
ronnes de gloire , qui ne se mettoient
qu'aux' personnes décedées , que l'on
croyoit dans la beatitude , d'où il conclut
que la huitième Statue, qui n'en a point,
represente Charlemagne qui vivoit en
core alors , & par coníequent que le Por
tail de Saint Germain n'a été construit
que de son temps.
Dom Bouillart lui répond que les
Couronnes de gloire se mettoient aux vi-
Vans aussi bien qu'aux morts. , d'où il
conclut que ceux qui font representez .
au Portail de Saint Germain , pou voient
être vivans dans le temps de là construc
tion. Il donne plusieurs exemples de cetusage.
fa) L'Empereur Trajan est repre
senté deux fois dans l'Arc de Constantin,.
2ui est à Rome , comme vivant avec une'
louronne de gloire derriere fa tête.'
(i) Dans les siecles suivans l'Empereur'
(a) V. l'Antiquité expliquée, &c' tòm. ti.
$ 186. & tom. 3. pagg. 31J. 330. & tom. v
p. 167.
{b) iiidt Supplement.
y-alen
t
y á n v nr r ry.»^ f*
Valentinien II. paróît avec une Couron
ne de gloire faiíant des largeíses au peu
ple. On voit auflì des Medailles (#)fra*
pées du vivant des Empereurs Justin , <
Justin le jeune , Maurice , Phocas , & de
quelques Imperatrices , où ils font re
presenter de même. Il ajoute après M. le
Blanc dans son Traité des Monnoyes,
que, les Gaulois ayant été' íubjuguez par
les premiers Rois de la Monarchie Fran
çoise , ont gardé pendant quelque temps'
les usages des Romains leurs derniers
maîtres. Les Rois même de lá premiere
race les ont auflì conservez, principale
ment dans leurs Monnoyes. Ainsi il ne
faut pas s'étònnersi dans ks' temps de la
premiere race l'on mettait des Courons
ries de gloire dérriere la tête dés Rois,
Si même des Evêques qui étoient encore
en vie. L'on en trouve une preuve dans
le premier tome des Annales de Dom
Mabillon , f b) où il est: fait mention de'
S. Armand , Evêque dé Mastric , lequel.
fft son testament en presence de Rieul,^
Archevêque de Rheims , de Mommolen,'
Evê qùe deNoyon, de Vendicien de Cam.
bray ', de Bertin ; Abbé de Sithiu , Se des
Prêtres Jéán & Baudemond. Ils ont tous
des Couronnes de Gloire derriere leurs
f» Numism. Imp. Rom. ulhselm.Sfiwiuri 2-.
>z. MERCURE DE FRANCE.
têtes , comme on le peut voir dans It
planche que Dom Mabíllon' a Fait gras
ver , laquelle a été tirée des anciens. monumens
de l'Abbaye de & Amand.' Ce
íçavant homme fait là - dessus la mê
me obíervation que l'Auteur des Re
marques r5c il s'étonne que ces figu
res portent des couronnes de gloire , quoi
que ceux qu'elles representent fussent en
core vivans. L'on doit donc conclure ne-.
cessairement de ces exemples , que l'on
mettoit íouvent des couronnes de gloire
aux personnes vivantes , & que ce n'est.
pas une preuve que ceux qui íònt repre
sentez au Portail de S. Germain , fus
sent decedez.
Dom Bouillait ajoute: Y a ) l'Auteur
des Remarques admet , fans y penser , k;
même chose ; car en mettant la construc
tion du portail dans le huitième siecle ,.
il dit que les Religieux. de S. Germain le
firent faire pour éterniser la mémoire du
grand changement arrivé en France, en'
754. lorsque le corps de S. Germain fut
transferé, què l'Eglise eut un nouveau
Patron , Se que Pepitvla combla de biens.-
Or s'il est vrai que les figures du Por
tail representent Pepin, fa femme & ses
Énfans , l'Auteur des Remarques doit
convenir que l'on donnoit des couronnes
( * ) Híst. de S. Gertiwpag, 30*.
1
Janvier 17I4." :W
3è gloire aux Rois & auxpersonnes illus
tres, lorsqu'elles vivoient.j puiíque Pepin
& les Princes qu'il íoutient être re1.
preíentez par ces- figures ,- vivoient en
754. 8c que cependant ils ont des' cousonnes
de gloire , ou des nimbes derriere
leurs têtes. Il. est inutile de dire que Gharlemagnen'en
a point , parce qu'il étoit
encore vivant, ^& que les autres étoient
morts. Il en avdit auslì ; mais celui qu'il
avoit est tombe dans la fuite, ou pour
n'avoir pas. bien été attaché,' ou pour
avoir été rompu >. en eífet on voit encore
derriere íà tête un crampon de fer qui le
íetenoit t & il estcouché horiíôntalemerjt
contre la muraille.
Il ne s'agit p.lt»s que de la difficulté que
iorrrîe lf Auteur des Remarques /qui est
defaire voir des couronnes du íixième
siecle íemblables à celles que portent les.
figures' du Portail de S. Germain , & que'
le tombeau de Fredegondc qui Jt une
semblable couronne y soit Veritablement
d'elle. C'est ce que Dom Boùillart déve-
Ibpe avec solidité , en diíànt d'abord que
les anciens Historiens ont fait mention de
la íépulture de Fredegende dans l'Eglise
de S. Vincent, maintenant de S. Germain
des Prez. Il lë prouse ensuite par la situa
tion 8c la distinction des tombeaux des.
Rois 8c des Reines de la premiere race »
f4 MERCURE DE FRANCE;
inhumez dans la' même Egliie,tlonc les
.inícriptions , quoique moins anciennes T
.(ont restées julqu'en 1656. par la tra
dition des Religieux de l'Abbaye , & par
le jugement des períônnes les plus éciar*.
rées dans l'Antiquicé , qui ont regardé
le tombeau de Fredcgondë , comme uQ
monument aussi ancien qu'elle. il répond
enfin aux objections que l'on pourroit fai
re au sujet des Fleurs.de.lys qui font à la
couronne 8c au Iccprre de cette Reine ',
&c rapporte quelques exemples qui font
voir que les fleurs de lys étoient en usage
íòus les Rois de la premiere race s d'où il
Conclut que le tombeau & la couronne de
Frédegoncle «'tant aussi ancien qu'elle, les
couronnesdes statues du Portail de S. Ger
main sont aussi anciennes que & construc^
tion & du sixième siecle.
Je fuis , Messieurs , Sec1
A Paris le 13. Janvier 1714»'
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Résumé : LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure pour servir de réponse aux Remarques sur les figures du Portail de l'Eglise de l'Abbaye S. Germain
La lettre répond aux critiques d'un auteur anonyme publiées dans le Mercure de mai précédent, concernant les figures du portail de l'église Saint-Germain-des-Prés. L'auteur anonyme remet en question les interprétations du Père Jean Mabillon et de Dom Thierry Ruinard, qui attribuent les figures du portail à des personnages spécifiques de la dynastie mérovingienne. Selon l'auteur anonyme, le portail est postérieur à la construction de l'église et représente des personnages comme Pépin, Bertrade, Charlemagne, et leurs descendants. Il soutient que Clotaire, et non Childebert, a achevé la construction de l'église, citant des sources comme la vie de Saint Droctovée et l'histoire interpolée d'Aimoin. Il argue également que les couronnes de gloire sur les statues indiquent que Charlemagne, qui n'en porte pas, était vivant lors de la construction du portail. Dom Jacques Bouillart, dans son histoire de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, réfute ces remarques. Il prouve que Childebert a achevé l'église avant sa mort et que Saint Germain l'a dédiée. Bouillart soutient que le portail est aussi ancien que l'église et que les figures représentent bien des personnages mérovingiens. Il démontre également que les couronnes de gloire pouvaient être attribuées à des personnes vivantes, citant des exemples historiques pour appuyer cette affirmation. Enfin, Bouillart confirme l'ancienneté du tombeau de Frédégonde et des couronnes des statues du portail, les datant du sixième siècle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 35-38
ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
Début :
Ariane adoroit le volage Thesée ; [...]
Mots clefs :
Bacchus, Amour
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texteReconnaissance textuelle : ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
ARIANE, ET BACCHUS,
CANTATE.
Riane adoroitle volage Thesée;
. Il répondit lt>ng.temps' â ses foins afc.
íídus:
ïííaìs d'un amour 17 doux , fa constance est lassées
- H l'abandonne feule en des lieux inconnus i
Pans son cruel dépit , certe amante abusée ,
Exprime par ces mots ses regrets superflus , '
Implorant, mais en vain , la tendresse passée^
#un amant qui la fuit , & ne l'écoute plus* '
m
Plus' cruel que le íìinotaiire', .
Tu ris , ingrat ,de mes douleurs t'
Tu me trahis , & je t'adore ,
Tu m'abandonnes , & je meurst
Je n'exige plus que tu m'aimes ,
La haine est trop forte en ton coeur :
Ah ! pour prix de mes feux extrêmes ,'
Viens., prends pitié dé mon malheur.
MERCURE DE FRANCEPlus
crueí, &c.
Oui , dans mon desespoir , le seul [bien qui me
reste
Cestvous ,ô mort , je vole au.devant de vos'
coups ;
Venez mè délivrer du jour que je deteste',
ies malheureux humains né redoutent que
VOUS}'
Mais l'amour a rendu mon destin si funeste ,'
Qne le plus grand des maux me semblera trbpí
doux.
as.
Mais quel Dieu fait fremir les ondes ?
Quel éclat embellit les mers ?
Jusques dans leurs grottes profondes,'
lies Tritons font charmés par les plus doux
concerts,
Sur ces bords écartés Bacchus descend luimême;
les ris & les amours' volent devant ses pas ^
Ariane , quel est votre bonheur extrême !
Pour vous feule les Dieux visitent ces climats.
Regnez , adorable mortelle
Vous
JANVIER i7i?. w
Vous triomphez du plus. charmant des Dieux j
Rendez graces à l'iníidellc
Qui vous assure un fort íi glorieux.
m
Lorsqu'un mortd vous abandonne,
Vous enchaînez le coeur des immortels j
Si vous perdez une couronne
Tout l'univers vous dresse des autel»,
r . . ... . *
m
&egnex, &c.
X'amour de la plus douce chaîne ,
Unit ces illustres amans.,
Bacchus changea la plus affreuse peine
En des plaisirs durables & charmans.
Atiane jouit d'une gloire immortelle,
Sa couronne à l'instant s'éleve jusqu'aux cieuxt
Elle y brille à jamais d'une clarté nouvelle ,
JMonument éternel d'uníqrt si glorieux.
m
Si vos amans brisent leurs chaînes,
Beautez , n'implorez que Bacchus j
Courez , courez , noyez v.os peines ,
Pans les flots charmans de ion jus.
3i MERCURE DE FRANCE.
m
.L'amour toujours rempli d'aUarmes,
Tourmente les plus tendres coeurs j
Bacchus lui prête mille charmes^
Ou console de ses rigueursm
Si vos amans , &c.
Par M. P....
CANTATE.
Riane adoroitle volage Thesée;
. Il répondit lt>ng.temps' â ses foins afc.
íídus:
ïííaìs d'un amour 17 doux , fa constance est lassées
- H l'abandonne feule en des lieux inconnus i
Pans son cruel dépit , certe amante abusée ,
Exprime par ces mots ses regrets superflus , '
Implorant, mais en vain , la tendresse passée^
#un amant qui la fuit , & ne l'écoute plus* '
m
Plus' cruel que le íìinotaiire', .
Tu ris , ingrat ,de mes douleurs t'
Tu me trahis , & je t'adore ,
Tu m'abandonnes , & je meurst
Je n'exige plus que tu m'aimes ,
La haine est trop forte en ton coeur :
Ah ! pour prix de mes feux extrêmes ,'
Viens., prends pitié dé mon malheur.
MERCURE DE FRANCEPlus
crueí, &c.
Oui , dans mon desespoir , le seul [bien qui me
reste
Cestvous ,ô mort , je vole au.devant de vos'
coups ;
Venez mè délivrer du jour que je deteste',
ies malheureux humains né redoutent que
VOUS}'
Mais l'amour a rendu mon destin si funeste ,'
Qne le plus grand des maux me semblera trbpí
doux.
as.
Mais quel Dieu fait fremir les ondes ?
Quel éclat embellit les mers ?
Jusques dans leurs grottes profondes,'
lies Tritons font charmés par les plus doux
concerts,
Sur ces bords écartés Bacchus descend luimême;
les ris & les amours' volent devant ses pas ^
Ariane , quel est votre bonheur extrême !
Pour vous feule les Dieux visitent ces climats.
Regnez , adorable mortelle
Vous
JANVIER i7i?. w
Vous triomphez du plus. charmant des Dieux j
Rendez graces à l'iníidellc
Qui vous assure un fort íi glorieux.
m
Lorsqu'un mortd vous abandonne,
Vous enchaînez le coeur des immortels j
Si vous perdez une couronne
Tout l'univers vous dresse des autel»,
r . . ... . *
m
&egnex, &c.
X'amour de la plus douce chaîne ,
Unit ces illustres amans.,
Bacchus changea la plus affreuse peine
En des plaisirs durables & charmans.
Atiane jouit d'une gloire immortelle,
Sa couronne à l'instant s'éleve jusqu'aux cieuxt
Elle y brille à jamais d'une clarté nouvelle ,
JMonument éternel d'uníqrt si glorieux.
m
Si vos amans brisent leurs chaînes,
Beautez , n'implorez que Bacchus j
Courez , courez , noyez v.os peines ,
Pans les flots charmans de ion jus.
3i MERCURE DE FRANCE.
m
.L'amour toujours rempli d'aUarmes,
Tourmente les plus tendres coeurs j
Bacchus lui prête mille charmes^
Ou console de ses rigueursm
Si vos amans , &c.
Par M. P....
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Résumé : ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
La cantate 'Ariane, et Bacchus' relate la douleur et le désespoir d'Ariane, abandonnée par Thésée. Elle souhaite la mort pour échapper à sa souffrance. Bacchus apparaît alors et lui manifeste son amour, transformant sa peine en bonheur et lui offrant une gloire immortelle. Ariane, adorée par un dieu, voit sa couronne s'élever jusqu'aux cieux, symbolisant sa nouvelle vie glorieuse et éternelle. La cantate se conclut par un conseil aux beautés abandonnées de se tourner vers Bacchus pour noyer leurs peines dans son vin et trouver consolation dans ses plaisirs. L'amour, bien que tourmentant, peut être adouci par les charmes de Bacchus.
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5
p. 38-47
EXTRAIT d'un Discours Latin prononcé au College de Louis le Grand, sur la longue durée de la paix dont jouit la France, sous le Regne de Louis XV.
Début :
Le I. Decembre, le Pere de la Sante, Jesuite, l'un des Professeurs [...]
Mots clefs :
Paix, Orateur, Règne, Louis XV
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours Latin prononcé au College de Louis le Grand, sur la longue durée de la paix dont jouit la France, sous le Regne de Louis XV.
EX' TRAIT£un Discours. Latin prononcé
au College de Louis le Grand , fur la
longue durée de la. paix dont jouit la
France ? fous le Regne de Louis XV.
LE Decembre , le Pere de lai
Sante, Jésuite, l'un des Professeurs
de Rethorique , au College de Louis le
Grand , fit l'éloge de la Paix t dont joiiit
la France depuis plusieursannées, fous le
regne de Louis XV. La salle où se pafla
cette action ,étoit magnifiquement parée.
Ce discours fut prononcé .en prescnee de
M. le Cardinal dè ;Bilïy,de quantité de
Prélats , & de personnes de distinction ,
& il répond ;pa.rfaitetnent à la reputa
tion que s'£Ét' Acquit l'Auteur par d'au-
..E'a : . ' ; "«
7 AN VIE R. 1714. 39
tres íemblables Pieces d'Eloquence , dorçt
nous avons donné l'Extrait les années
precedentes.
' L'Orateur commence par insinuer ,
que comme chaque Roi de l'auguste
Maison de Bourbon , a merité un nom
dlstinctif , qui caracterise les principaux
évenemensde íà vie , chaque Regne de
vrait auffi avoir un nom particulier qui
le distinguat des autres. Sur ce principe
'il .voudrait qu'on appellât le regne de
tìenry I V. le regne de la clemence ,
celui de Louis X IH. le regne de la jus-
.cice , celui de Louis X 1 V. Je regne
de. la victoire , enfin celui de Louis
X V. le regne de la pai.x , puiíqu'elle
est née , puisqu'elle a crû avec ce Monar
que , & que vrai.semblablement elle diu
rera autant , ou plus que si*n regne.
Ce début conduit naturellement le Pa
negyriste à la division de iòn diícours,
où il prétend faire voir la naissance , le
progrès , & la durée de la derniere paix ,
dont il mesure en quelque íorte les disselens
âges, fus ceux même du Roi. Il
montre qu'elle a commencée íôus d'heujreux
auspices , qu'elle s'est avancée par
de sages conseils , qu'elle est íondée fur
4es conditions propres à la perpetuer.
Ces trois propositions partagent l'éloge
de la paix.
^0 MERCURE DE FRANCE.
.1/
Les commencemens de cette paix sem>;
îblent d'autant plus heureux à l'Orateur ,
qu'on entra en négociation dans un.tems
où la paix étoit plus ineíperée , &où elle
pouyoit être plus glorieuse &c plus avan
tageuse à la Francç.
.Paix inesperée , vô la difference de
caractere & d'interêt des nations qui
étoient alors en .guerre , &jque l'Orateur j
Concilie toutes , en les faisant. se regarder I
c.hacune par l'endroit le plus capable de
réiinir tant de genies .opposes , & en
leur faisant trouver un interêt commua
dans cette réunion. Cet endroit a été pour
l'habile Orateur , un de ces morceaux que
l'éloquence embellit de tout ce qu'elle
peut emprunter de la beauté du style , de
k délicateíse des pensées, de la solidité
des reflexions & de la vivacité de l'acr
tion.
Paix glorieuse , parce que ce n'est
qu'après nous être glorieusement relevez
de nos pertes par la victoire de Denain ,
par le recouvrement de la plupart de
nos places de Flandre f parla prise de
quelques.unes des plus fortes Villes de ï.
l'Allemagne qu'on a procedé tout de
bon à la paix generale, Ceci donne lieu à
un magnifique éloge du Maréchal de VilJ
ANVIER i7t4. 41
lars ,& à une élegante description de la
conference qu'il eut à Rastad avec le
Prmce Eugene , dont le caractere est
heureusement pris. L'Orateur fait un
gracieux paralelle de ces deux grands
Generaux avec Scipion & Annibal réunis
pour traiter de la paix ; mais il fait voir
l'avantage jqu'ont les deux Heros mo
dernes fur les deux anciens. Ce trait est
nouveau.
Enfin , paix avantageuse , vûlebeíôin
qu'en avoient les nations d'Europe , qui
toutes y ont trouvé leur compte , comme
l'Orateur le prouve , fie vu les conjonc
tures où elle a été negociée , c'est.à.dire,
quand la France étoit íùr le point de per
dre un grand Roi , & à là veille d'une
minorité ., source seconde de troubles ,
íîir tout quand le Royaume n'est pas en
paix au dehors.
.Rien de plus intereilânt pour le Roi ,
que la conclusion de cette premiere par-
Eie. L'Orateur felicite ce Prince d'avoir
goûté les prémices de la paix aveccelles
du Trône ; en cela plus heureux qu'Au
guste , qui ne put jouir des douceurs de
la paix que íûr la fin de íòn Empire , en
core fut-ce une paix achetée au prix de
bien des cruautez , au lieu que celle ci
n'a point coûté de sang au Roi , qui l'a
vûë naî;re avec lui , & a eu le bonheur
C d'à
4* MERCURE DE FRANCE.
d'avoir ce crait de ressemblance avec 1$
Roi des Rois , donc il est la viye image
fur lacerre.
Ce premier poinc ne rapprochanc que
des objets pour la plupart éloignés , avpit
besoin de couce l'adrefle & de touce l'é
loquence de l'Orateur , pour être recíi
aussi favorablement qu'U l'a été.
Il'
Le íêcond est beaucoup plus piquant , ij[
a les gfaces de la nouveauté par la proxi
mité des choies qu'on y traite. L'Orateur
y peint les progrès merveilleux que fit
la paix , par les foins du feu Duc d'Or
leans. Il represente ce Prince comme uç
habile & grand politique , qui fait ser
vir à la paix un rare genie soutenu d'une
admirable fermeté d'ame ; genie qu'il em.
ploye à presenter íàns cesle de nouvel
les amorces de paix 5 fermeté dont il use
pour en écarter les obstacles.
Le premier article est un portrait na
turel de cet heureux genie occupé à exa
miner & £ connoître à fond les divers in
terêts des Puislances étrangeres , à pene
trer leurs yûès , à discerner le fort & le
foible de chaque nation , à les amener
toutes par differentes voyes à son but ,
à se rendre lui.même impenetrable aux
esprits les plus clair.voyans , à déguiser
JANVIER i724, 4j
iles plus importans projets fous un air
aisé, ou vert & ingenu i à couvrit ses
desseins d'un eípece de jeu i à faire du
secret fame- de ses entreprises , & à in
spirer la même dexterité, la même sageslè,
& la même aisance à. tous ceux qui le
servoient dans les négociations de paix.
Le íecond article est une peinture alle
gorique, mais des plus brillantes de la ma
noeuvre que fit cet habile Pilote qui tint
toujours ferme le gouvernail ,qui sembla
.«'être rendu maître des .vents , qui lçut le
grand art de prévenir -ou d'écarter les tem
pêtes , d'éviter ou de bxaver les écueils,
d'entretenir le calme & de conduire ion
vaiíîeau à bon port.
La mort de ce grand Prince , les lar
mes de la pieuse Princesse , son épouse ,
les regrets d'un auguste fils , si digne de
íâ tendreíïe , & si cher à toute la France,
terminent ces deux articles qui furent
maniés par le Panegyriste avec une fi
nesse d'expressions , & un goût de pen
sées , dont l'Assemblée fit l'éloge par ses
applaudissemens. Il retombe eníuite íur
l'heureux choix qu'a fait le Roi de
Monsieur le Duc, pour remplacer le Prin-
.ce-, que la France vient de perdre. Le ca
ractere de cet auguste Ministre n'e<t des
plus brillans que parce qu'il est vrai. Ou*
»tie plusieurs grandes quaU'ez dont l'ex.
C i) trait
44. MERCURE DE FRANCE. .
trait íèroit trop long , il prouve sa bonté
pour le peuple par le premier usage qu'il
a fait de sa nouvelle autorité,pour le sou
lager , son discernement pour le vrai me
rite, & son amour pour la justice, parle
soin qu'il a eu de presenter au Roi un di
gne sujet pour mettre à la tête du pre
mier Parlement du ;Royaume. Tout le
monde a reconnu avec d'autant plus de
plaisir cet illustre Magistrat au portrait
tracé par l'Orateur , qu'il l'avoit orné de
ses veritables couleurs, & qu'il l'avoit
placé dans le jour , où M. de Novion ,
bien qu'ennemi de la louange , ai meroíc
luí.meme à se reconnoître . U finit ce se
cond point par la douce esperance dont
il flatte ses Auditeurs , que Monsieur le
Duc mettra la derniere main au grand
ouvrage de la paix , si fort avancé par le:
genie & la fermeté de son Predecesseur
de glorieuse mémoire. s
[ U I.
La troisième partie ne cede en rien à
la seconde , quoi qu'elle semble beau
coup moins fournir à l'éloquence de
l'Orateur. Il y parle des fondemens fur
lesquels est appuyée la paix , & qui la
doivent rendre durable > il les reduit à
trois principaux .. i°. à l'exacte fidelité
ayee laquelle les Puissances intéressée*
JANVIER ïfî4V 4?
observent les conventions & les traitez
reglez entr'elles. i°. Aux Alliances con
tractées entre les Maisons des Souverains
& des Princes. Aux congrès pacifi
ques établis pour donner à la' paix la der
niere perfection , & en prévenir la rup
ture. . ^
Comme' nous apprenons que lé di£
cours de l'Auteur est fous la preste, 8c
va bien-tôt paroître , nous n'entrerons
point dans les preuves de ces trois arti
cles. Qu'il nous soit feulement permis.
d'ajoûter un mot fur la conclusion de toute
la Piece. C'est une idée des plus inge
nieusement imaginées Se des plus. noble
ment remplies. L'on y represente les
Plenipotentiaires des Couronnes > envoyés
à Cambray, comme d'excellens Ouvriers
qui travaillent à la structure du Temple
de la Paix, où- chacun d'eux pose fa pierre,
jusqu'à ce que ce grand ouvrage projette
par un second David , soit consommé
par le pacifique Salomon, c'est.à.dire,
par le Roi , que l'Auteur invite à conía
crer ce monument au Dieu de la paix ,
& d'y réunir par les liens sacrez de la
même Religion tous les François , &c
tous les autres Peuples , en sorte qu'il
n'y ait plus qu'une feule bergerie 6c un
seul Pasteur. Il lui fait envisager cette
double paix de l'Eglise & de l'Europe ,
com
4* MERCURE DE FRANCË^
comme un oeuvre digne de sa pieté , de'
sa prudence, de sa qualité de Roi très-
Chrétien, & de Fils aîné de l'Eglise. En--
fin il propose le desiein d'une Inscription'
que l'on pourra graver íur le frontispice
de cet auguste édifice à la gloire du Mo
narque.
Ce seroit défigurer cette inscription ,
que de vouloir la mettre ici, après l'a
voir simplement entendue' reciter. Un
mot ou transposé , ou traduit peu correc.
tement 3lui feroit perdre son prix. Noos .
renvoyons. les Lecteurs à l'imprimé des
Discours, aufli.bien que pour les aqtres.
endroits que nous n'avons osé toucher.
Il est vrai que le papier n'aura pas tout'
l'agrément de l'action vive & animée }
mais en recompense il donnera le temps
de goûter à loisir ce que le feu de l'Ora
teur dérobe quelquefois à l'attention de
l'auditeur ; d'ailleurs ce n'est que dans
une lecture qu'on admire , comme il faut,
ces traits que k Pere de la Sante a sçû
rendre inimitables ; j'entends les caracte
res. Un caractere achevé dans l'éloquen
ce , & un portrait fini dans la peinture ,
ex kent le même sentiment, je veux dire,
ce cri d'applaudiísement universel causé
par l'agréable surprise de voir la copie
heureusement semblable en tout à l'ori
ginal. Telles étoient les acclamations
qu'on
JANVIER if 14. 47
qu'on donnoit à tous Ceux qu'a touché
l'Orateur dans le Discours Latin , dont il
feroit difficile de rendre la majesté & la
pureté de stile en François.
au College de Louis le Grand , fur la
longue durée de la. paix dont jouit la
France ? fous le Regne de Louis XV.
LE Decembre , le Pere de lai
Sante, Jésuite, l'un des Professeurs
de Rethorique , au College de Louis le
Grand , fit l'éloge de la Paix t dont joiiit
la France depuis plusieursannées, fous le
regne de Louis XV. La salle où se pafla
cette action ,étoit magnifiquement parée.
Ce discours fut prononcé .en prescnee de
M. le Cardinal dè ;Bilïy,de quantité de
Prélats , & de personnes de distinction ,
& il répond ;pa.rfaitetnent à la reputa
tion que s'£Ét' Acquit l'Auteur par d'au-
..E'a : . ' ; "«
7 AN VIE R. 1714. 39
tres íemblables Pieces d'Eloquence , dorçt
nous avons donné l'Extrait les années
precedentes.
' L'Orateur commence par insinuer ,
que comme chaque Roi de l'auguste
Maison de Bourbon , a merité un nom
dlstinctif , qui caracterise les principaux
évenemensde íà vie , chaque Regne de
vrait auffi avoir un nom particulier qui
le distinguat des autres. Sur ce principe
'il .voudrait qu'on appellât le regne de
tìenry I V. le regne de la clemence ,
celui de Louis X IH. le regne de la jus-
.cice , celui de Louis X 1 V. Je regne
de. la victoire , enfin celui de Louis
X V. le regne de la pai.x , puiíqu'elle
est née , puisqu'elle a crû avec ce Monar
que , & que vrai.semblablement elle diu
rera autant , ou plus que si*n regne.
Ce début conduit naturellement le Pa
negyriste à la division de iòn diícours,
où il prétend faire voir la naissance , le
progrès , & la durée de la derniere paix ,
dont il mesure en quelque íorte les disselens
âges, fus ceux même du Roi. Il
montre qu'elle a commencée íôus d'heujreux
auspices , qu'elle s'est avancée par
de sages conseils , qu'elle est íondée fur
4es conditions propres à la perpetuer.
Ces trois propositions partagent l'éloge
de la paix.
^0 MERCURE DE FRANCE.
.1/
Les commencemens de cette paix sem>;
îblent d'autant plus heureux à l'Orateur ,
qu'on entra en négociation dans un.tems
où la paix étoit plus ineíperée , &où elle
pouyoit être plus glorieuse &c plus avan
tageuse à la Francç.
.Paix inesperée , vô la difference de
caractere & d'interêt des nations qui
étoient alors en .guerre , &jque l'Orateur j
Concilie toutes , en les faisant. se regarder I
c.hacune par l'endroit le plus capable de
réiinir tant de genies .opposes , & en
leur faisant trouver un interêt commua
dans cette réunion. Cet endroit a été pour
l'habile Orateur , un de ces morceaux que
l'éloquence embellit de tout ce qu'elle
peut emprunter de la beauté du style , de
k délicateíse des pensées, de la solidité
des reflexions & de la vivacité de l'acr
tion.
Paix glorieuse , parce que ce n'est
qu'après nous être glorieusement relevez
de nos pertes par la victoire de Denain ,
par le recouvrement de la plupart de
nos places de Flandre f parla prise de
quelques.unes des plus fortes Villes de ï.
l'Allemagne qu'on a procedé tout de
bon à la paix generale, Ceci donne lieu à
un magnifique éloge du Maréchal de VilJ
ANVIER i7t4. 41
lars ,& à une élegante description de la
conference qu'il eut à Rastad avec le
Prmce Eugene , dont le caractere est
heureusement pris. L'Orateur fait un
gracieux paralelle de ces deux grands
Generaux avec Scipion & Annibal réunis
pour traiter de la paix ; mais il fait voir
l'avantage jqu'ont les deux Heros mo
dernes fur les deux anciens. Ce trait est
nouveau.
Enfin , paix avantageuse , vûlebeíôin
qu'en avoient les nations d'Europe , qui
toutes y ont trouvé leur compte , comme
l'Orateur le prouve , fie vu les conjonc
tures où elle a été negociée , c'est.à.dire,
quand la France étoit íùr le point de per
dre un grand Roi , & à là veille d'une
minorité ., source seconde de troubles ,
íîir tout quand le Royaume n'est pas en
paix au dehors.
.Rien de plus intereilânt pour le Roi ,
que la conclusion de cette premiere par-
Eie. L'Orateur felicite ce Prince d'avoir
goûté les prémices de la paix aveccelles
du Trône ; en cela plus heureux qu'Au
guste , qui ne put jouir des douceurs de
la paix que íûr la fin de íòn Empire , en
core fut-ce une paix achetée au prix de
bien des cruautez , au lieu que celle ci
n'a point coûté de sang au Roi , qui l'a
vûë naî;re avec lui , & a eu le bonheur
C d'à
4* MERCURE DE FRANCE.
d'avoir ce crait de ressemblance avec 1$
Roi des Rois , donc il est la viye image
fur lacerre.
Ce premier poinc ne rapprochanc que
des objets pour la plupart éloignés , avpit
besoin de couce l'adrefle & de touce l'é
loquence de l'Orateur , pour être recíi
aussi favorablement qu'U l'a été.
Il'
Le íêcond est beaucoup plus piquant , ij[
a les gfaces de la nouveauté par la proxi
mité des choies qu'on y traite. L'Orateur
y peint les progrès merveilleux que fit
la paix , par les foins du feu Duc d'Or
leans. Il represente ce Prince comme uç
habile & grand politique , qui fait ser
vir à la paix un rare genie soutenu d'une
admirable fermeté d'ame ; genie qu'il em.
ploye à presenter íàns cesle de nouvel
les amorces de paix 5 fermeté dont il use
pour en écarter les obstacles.
Le premier article est un portrait na
turel de cet heureux genie occupé à exa
miner & £ connoître à fond les divers in
terêts des Puislances étrangeres , à pene
trer leurs yûès , à discerner le fort & le
foible de chaque nation , à les amener
toutes par differentes voyes à son but ,
à se rendre lui.même impenetrable aux
esprits les plus clair.voyans , à déguiser
JANVIER i724, 4j
iles plus importans projets fous un air
aisé, ou vert & ingenu i à couvrit ses
desseins d'un eípece de jeu i à faire du
secret fame- de ses entreprises , & à in
spirer la même dexterité, la même sageslè,
& la même aisance à. tous ceux qui le
servoient dans les négociations de paix.
Le íecond article est une peinture alle
gorique, mais des plus brillantes de la ma
noeuvre que fit cet habile Pilote qui tint
toujours ferme le gouvernail ,qui sembla
.«'être rendu maître des .vents , qui lçut le
grand art de prévenir -ou d'écarter les tem
pêtes , d'éviter ou de bxaver les écueils,
d'entretenir le calme & de conduire ion
vaiíîeau à bon port.
La mort de ce grand Prince , les lar
mes de la pieuse Princesse , son épouse ,
les regrets d'un auguste fils , si digne de
íâ tendreíïe , & si cher à toute la France,
terminent ces deux articles qui furent
maniés par le Panegyriste avec une fi
nesse d'expressions , & un goût de pen
sées , dont l'Assemblée fit l'éloge par ses
applaudissemens. Il retombe eníuite íur
l'heureux choix qu'a fait le Roi de
Monsieur le Duc, pour remplacer le Prin-
.ce-, que la France vient de perdre. Le ca
ractere de cet auguste Ministre n'e<t des
plus brillans que parce qu'il est vrai. Ou*
»tie plusieurs grandes quaU'ez dont l'ex.
C i) trait
44. MERCURE DE FRANCE. .
trait íèroit trop long , il prouve sa bonté
pour le peuple par le premier usage qu'il
a fait de sa nouvelle autorité,pour le sou
lager , son discernement pour le vrai me
rite, & son amour pour la justice, parle
soin qu'il a eu de presenter au Roi un di
gne sujet pour mettre à la tête du pre
mier Parlement du ;Royaume. Tout le
monde a reconnu avec d'autant plus de
plaisir cet illustre Magistrat au portrait
tracé par l'Orateur , qu'il l'avoit orné de
ses veritables couleurs, & qu'il l'avoit
placé dans le jour , où M. de Novion ,
bien qu'ennemi de la louange , ai meroíc
luí.meme à se reconnoître . U finit ce se
cond point par la douce esperance dont
il flatte ses Auditeurs , que Monsieur le
Duc mettra la derniere main au grand
ouvrage de la paix , si fort avancé par le:
genie & la fermeté de son Predecesseur
de glorieuse mémoire. s
[ U I.
La troisième partie ne cede en rien à
la seconde , quoi qu'elle semble beau
coup moins fournir à l'éloquence de
l'Orateur. Il y parle des fondemens fur
lesquels est appuyée la paix , & qui la
doivent rendre durable > il les reduit à
trois principaux .. i°. à l'exacte fidelité
ayee laquelle les Puissances intéressée*
JANVIER ïfî4V 4?
observent les conventions & les traitez
reglez entr'elles. i°. Aux Alliances con
tractées entre les Maisons des Souverains
& des Princes. Aux congrès pacifi
ques établis pour donner à la' paix la der
niere perfection , & en prévenir la rup
ture. . ^
Comme' nous apprenons que lé di£
cours de l'Auteur est fous la preste, 8c
va bien-tôt paroître , nous n'entrerons
point dans les preuves de ces trois arti
cles. Qu'il nous soit feulement permis.
d'ajoûter un mot fur la conclusion de toute
la Piece. C'est une idée des plus inge
nieusement imaginées Se des plus. noble
ment remplies. L'on y represente les
Plenipotentiaires des Couronnes > envoyés
à Cambray, comme d'excellens Ouvriers
qui travaillent à la structure du Temple
de la Paix, où- chacun d'eux pose fa pierre,
jusqu'à ce que ce grand ouvrage projette
par un second David , soit consommé
par le pacifique Salomon, c'est.à.dire,
par le Roi , que l'Auteur invite à conía
crer ce monument au Dieu de la paix ,
& d'y réunir par les liens sacrez de la
même Religion tous les François , &c
tous les autres Peuples , en sorte qu'il
n'y ait plus qu'une feule bergerie 6c un
seul Pasteur. Il lui fait envisager cette
double paix de l'Eglise & de l'Europe ,
com
4* MERCURE DE FRANCË^
comme un oeuvre digne de sa pieté , de'
sa prudence, de sa qualité de Roi très-
Chrétien, & de Fils aîné de l'Eglise. En--
fin il propose le desiein d'une Inscription'
que l'on pourra graver íur le frontispice
de cet auguste édifice à la gloire du Mo
narque.
Ce seroit défigurer cette inscription ,
que de vouloir la mettre ici, après l'a
voir simplement entendue' reciter. Un
mot ou transposé , ou traduit peu correc.
tement 3lui feroit perdre son prix. Noos .
renvoyons. les Lecteurs à l'imprimé des
Discours, aufli.bien que pour les aqtres.
endroits que nous n'avons osé toucher.
Il est vrai que le papier n'aura pas tout'
l'agrément de l'action vive & animée }
mais en recompense il donnera le temps
de goûter à loisir ce que le feu de l'Ora
teur dérobe quelquefois à l'attention de
l'auditeur ; d'ailleurs ce n'est que dans
une lecture qu'on admire , comme il faut,
ces traits que k Pere de la Sante a sçû
rendre inimitables ; j'entends les caracte
res. Un caractere achevé dans l'éloquen
ce , & un portrait fini dans la peinture ,
ex kent le même sentiment, je veux dire,
ce cri d'applaudiísement universel causé
par l'agréable surprise de voir la copie
heureusement semblable en tout à l'ori
ginal. Telles étoient les acclamations
qu'on
JANVIER if 14. 47
qu'on donnoit à tous Ceux qu'a touché
l'Orateur dans le Discours Latin , dont il
feroit difficile de rendre la majesté & la
pureté de stile en François.
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Résumé : EXTRAIT d'un Discours Latin prononcé au College de Louis le Grand, sur la longue durée de la paix dont jouit la France, sous le Regne de Louis XV.
En décembre, un jésuite et professeur de rhétorique au Collège de Louis le Grand prononça un discours élogieux sur la longue paix dont jouissait la France sous le règne de Louis XV. Cet événement eut lieu en présence du Cardinal de Bissy, de nombreux prélats et personnes de distinction. L'orateur suggéra que chaque règne des Bourbons devrait avoir un nom distinctif, proposant d'appeler celui de Louis XV le 'règne de la paix'. Il divisa son discours en trois parties : la naissance, le progrès et la durée de cette paix. L'orateur souligna que les négociations de paix commencèrent à un moment inattendu et particulièrement glorieux pour la France. Il mentionna la victoire de Denain et le recouvrement des places de Flandre comme préludes à la paix générale. Il fit également un parallèle entre les maréchaux Villars et le Prince Eugène, les comparant à Scipion et Hannibal. La paix était avantageuse pour toutes les nations d'Europe, qui y trouvèrent leur compte. L'orateur félicita Louis XV d'avoir goûté les prémices de la paix dès le début de son règne, le comparant à Auguste qui n'en jouit qu'à la fin de son empire. Le discours détailla ensuite les progrès de la paix sous l'influence du Duc d'Orléans, décrit comme un habile politique. Après la mort du Duc, l'orateur loua le choix du Roi de nommer le Duc de Bourbon pour le remplacer. Il mentionna trois principes de la paix : la fidélité aux conventions, les alliances entre souverains et les congrès pacifiques. Le discours se conclut par une métaphore des plénipotentiaires travaillant à la construction du 'Temple de la Paix', invitant le Roi à consacrer cet ouvrage au Dieu de la paix et à unir tous les peuples sous une même religion. L'orateur proposa une inscription pour ce monument, dont la récitation exacte est renvoyée à l'impression du discours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 47-49
TRADUCTION de la quatriéme Ode du I. Livre d'Horace.
Début :
Le Printemps commence d'éclorre, [...]
Mots clefs :
Parque, Horace
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texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION de la quatriéme Ode du I. Livre d'Horace.
TR ADVCTIO N de la quatrième
Ode du 1. Livre d'Horace.
T E Printemps commence d'éclorre s
L'Hiver fuit, & l'Amant de Flor« . .
Ramene en ces lieux les beaux jours >»
Trop long.temps oisifs fur l'arerie i
Déja fur la liquide plaine
fiós vaisseaux reprennent leurs cours*
Après un hyver redoutable ,
Les troupeaux vont quitter l'établc j
Et le Laboureur ses tisons ;
La terre s'ouvre , & les prairies
Cessent enfin d'être flétries
Par les frimats & les glaçons.
Vénus au mileu des campagnes ,
Danse avec ses cheres compagnes ;
Diane se prête à leurs jeux 5 . _
G iiij. Tan4?
MERCURE' DE' FRANCS*
Tandis qu'en des antres terribles y
Avec ses Cyclopes horribles..,
Vulcain excite mille feux..
Celebrons de riantes fêtes ,
De mille fleurs ornons nos têtes
Cueillons ses myrrhes les plus beauxV
Rendons' Faune à nos voeux propice,t
Dans nos bois , par le sacrifice ,
Ou des Brebis ou des chevreaux^
Sexte , en vain , la fortune amie ,
Vous accorde une heureuse vie :
II faut subir de tristes loix ,
Grands & petits , la mort fatale',
Moissonne d'une faux égale ,
Les jours des pauvres & des Rois;
Illustre ami , les destinées ,
Nous accordent trop peu- d'années j
Pour former de vastes projets ;
La Parque de nos jours avare ,
Peut être déja se prépare
A fermer nos yeux pour jamais. -
JANVIER 1714- 4?
Et quand victime de la Parque ,
Caron vous aura dans fa barque ,
Fair paner fur les sombres bords ,
Vous n'y trouverez point de treille ,
Bacchus & fa liqueur vermeille ,
Ne font point connus chez les morts.
Ce fils autour de qui s'empreíse
Toute votre aimable jeunesse ,
Licidas tendre & gracieux ,
Dont toutes nos jeunes Romaines,
Vont bien. tôt recevoir lés chaînest'
N'ira point là charmer vos yeux.
Ode du 1. Livre d'Horace.
T E Printemps commence d'éclorre s
L'Hiver fuit, & l'Amant de Flor« . .
Ramene en ces lieux les beaux jours >»
Trop long.temps oisifs fur l'arerie i
Déja fur la liquide plaine
fiós vaisseaux reprennent leurs cours*
Après un hyver redoutable ,
Les troupeaux vont quitter l'établc j
Et le Laboureur ses tisons ;
La terre s'ouvre , & les prairies
Cessent enfin d'être flétries
Par les frimats & les glaçons.
Vénus au mileu des campagnes ,
Danse avec ses cheres compagnes ;
Diane se prête à leurs jeux 5 . _
G iiij. Tan4?
MERCURE' DE' FRANCS*
Tandis qu'en des antres terribles y
Avec ses Cyclopes horribles..,
Vulcain excite mille feux..
Celebrons de riantes fêtes ,
De mille fleurs ornons nos têtes
Cueillons ses myrrhes les plus beauxV
Rendons' Faune à nos voeux propice,t
Dans nos bois , par le sacrifice ,
Ou des Brebis ou des chevreaux^
Sexte , en vain , la fortune amie ,
Vous accorde une heureuse vie :
II faut subir de tristes loix ,
Grands & petits , la mort fatale',
Moissonne d'une faux égale ,
Les jours des pauvres & des Rois;
Illustre ami , les destinées ,
Nous accordent trop peu- d'années j
Pour former de vastes projets ;
La Parque de nos jours avare ,
Peut être déja se prépare
A fermer nos yeux pour jamais. -
JANVIER 1714- 4?
Et quand victime de la Parque ,
Caron vous aura dans fa barque ,
Fair paner fur les sombres bords ,
Vous n'y trouverez point de treille ,
Bacchus & fa liqueur vermeille ,
Ne font point connus chez les morts.
Ce fils autour de qui s'empreíse
Toute votre aimable jeunesse ,
Licidas tendre & gracieux ,
Dont toutes nos jeunes Romaines,
Vont bien. tôt recevoir lés chaînest'
N'ira point là charmer vos yeux.
Fermer
Résumé : TRADUCTION de la quatriéme Ode du I. Livre d'Horace.
Le texte traduit de la quatrième Ode du premier Livre d'Horace célèbre l'arrivée du printemps. L'hiver se termine, et l'amant de Flore ramène les beaux jours. Les navires reprennent leur navigation sur la mer, les troupeaux et les laboureurs quittent leurs abris, et la terre se réchauffe. Vénus et Diane dansent dans les campagnes, tandis que Vulcain travaille avec les Cyclopes. Le poète invite à célébrer des fêtes joyeuses, à orner les têtes de fleurs et à rendre Faune propice par des sacrifices. Il rappelle que la mort est inévitable et moissonne tous les hommes, riches ou pauvres. La vie est trop courte pour de vastes projets, et la Parque peut à tout moment fermer les yeux des hommes. Après la mort, Caron transporte les âmes vers les sombres bords, où il n'y a ni treille ni Bacchus. Le poète évoque également Licidas, un jeune homme aimé des Romaines, qui ne pourra plus charmer les yeux du poète après sa mort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 50-56
EXTRAIT d'une Lettre de l'Auteur du voyage de Syrie & du Mont-Liban, imprimé à Paris chez Cailleau, en l'année 1722. pour servir de réponse à l'Ecrit qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier, sous le nom du sieur Paul Lucas.
Début :
L'écrit dont vous me parlez, Monsieur, ne demande pas une grande [...]
Mots clefs :
Oronte, Syrie, Lucas, Laodicée, Mer, Voyageur, Ville, Rivière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de l'Auteur du voyage de Syrie & du Mont-Liban, imprimé à Paris chez Cailleau, en l'année 1722. pour servir de réponse à l'Ecrit qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier, sous le nom du sieur Paul Lucas.
EXTRAIT d'une Lettre de l'Auteur du
voyage de Syrie & du Mont-Liban ,
, imprimé a Paris chez. Cailleau , en
rannée T72Z. pour servir de réponse à
l'Ecrit qui a paru dam le Mercure du
mois de Novembre dernier , fous le nom
du Jïeur Paul Lucas. . ,
L'Ecrit dont vous me parlez , Mon~
sieur , ne demande pas une grande
attention ; on ne peut Je regarder que
comme un fruit dé la prévention & de
l'amour propre , mais il suffit que vous
daigniez vous y interesser , en faveur dé?
la verité, pour m'engager à rompre le
silence que j'avois résolu de garder. J'ai
donné dans le Mercure du mois de sep
tembre dernier une Dissertation íùr une.
Medaille de la Ville d'Apamée y dans la
quelle il est beaucoup prié du Fleuve
Oronte , lequel , comme je le prouve ,a
été un íùjet d'erreur à quelques Au
teurs distinguez dans la Republique des
Lettres , à commencer par Pline qui a
erré dès fa source. J'ai de plus fait connoître
en palTànt une erreur des Editeurs
- du Dictionnaire Historique dans la po
sition d' A pamée , & en finissant) 'ai pris
1»
TA Si V I £ R 1724. fi
la liberté de parler aussi d'une méprise
-de M. Paul Lucas , au íûjet du même
Fleuve , méprise deux fois repetée dans
ía Relation , & qu'on s'efforce neanmoins
de défendre , & de soutenir dans l'Hcric
inferé dans le Mercure.
Ce voyageur en décrivant les ruines
de Laodicée , aujourd'hui nommée Lataquie
Se son territoire , prétend qu'il y
paslè un bras de l'Oronte, qui arrose,.
dit-il , en .íerpentant une bonne partie.
de tout ce pays , &c en allant par terra
de Lataquie à Tripoli , c'est.à.dire , en/
s'éloignant toujours davantage de l'O
ronte , il le retrouve encore íiir íà rou
te. Quand nous eûmes marché environ
ïïne heure, dit l'Auteur , nous paffâmes
l'Oronte fur un très.beau pont. Voilà,
dis-je, ee qu'il prétend, & je prétends
précisément touc le contraire ; car je
soutiens que ce Fleuve ne se divise point,.
qu'il ne forme aucun bras , & qu'il pafle
au moins à quinze lieuës loin de la Ville,.
& des campagnes que M. Lucas lui fait
arroser. Je prétends aussi quepour-sça*
Voir qui de lui ou de moi íê trompe , il
n'est pas neceslaire de faire le voyage de
Syrie , & je vous prens . Moníieur , pour
}age de la contestation . & avec vous tou
tes les personnes d'un certain esprit qui
iïont ma lettre.
5* MERCURE DE FRANCE.
Voici d'abord à quoi se réduiíent les'
preuves de nôtre Voyageur. J'ay appris ,
dit. il, des habitans de Laodicée ,fue la
riviere en question étoit un bras de P Ci
ronte, 8c plus bas dans le même écrit. J'ai
traversé plusieurs fois cette partie de la
Syrie , j'ai été a. l'embouchure de cette ri
viere par mer en venant de- Tmrtoufe , je
Vai pafie fur un beau pont en allant par
terre a Tripoli. Je m'abstiens ici de réfle
xions fur la qualité de ces preuves , afin.
d'abreger , & pour laisler aux vôtres.
une plus grande liberté.
Mes preuves feront un peu plus éten
dues , quoique réduites à d'étroites bor
nes ; mais je me flatte que vous les trourerez
d'une autre eípece. Je n'aflure
lien íur des oiti-dire r. & si je me donne
moi-même pour témoin de ce que j'arance
, mon témoignage fera si solide
ment appuyé , que je crois que l'ignorance
íeule ,.Se l'entêtement , feront en
droit de ne pas s'y rendre.
Vous fçavez , Monsieur ,. mieux que
personne ce qui me donna lieu de par
courir l'Oronte depuis íâ source jusqu'à
la mer. J'en ai instruit le public dans
deux ditserens ouvrages , vous fçavez
de plus que j'ai fait cîtte course , Se dtefíè
la Carte en question. avec l'un des plus
habiles hommes du pays., &. des: plus
doctes
doctes parmi les Maronites , que le. Pa*
triarche Etienne , dont il étoit Secretaireì
rn'avoit bien voulu donner , pour m'accompagner
par tout où j'aurois des éclair*
eissemens à prendre, ÔC des memoires à
verifier fur le Liban, & fur la Syrie
Maritime. C'est le même que vous ayez
Vu à Paris en l'année 1 701* envoyé à làr
Gour par le Patriarche pour des affaires
importantes de fa nation , le même enfin
dont il est parlé fur la. fin dû second vo
lume de mon voyage. J'ose vous assu
rer que rien ne nous est éthapé fur le
fait dont il s'agit ici , & que nous n'avoní
point vû que l'Oronte íè diviíe dans au
cun endroit de son cours..
Et comment l'aurions.nous Vu ^ Mon
sieur, puisque de tous les Auteurs que
j'ai lus , Historiens , Geographes , Voya.*
geurs, &c. anciens & modernes , qui
ont parlé de ce Pleuve , & de la Ville de
Laodicée , aucun n'a observé la division
íoutenuë par M.. Lucas', Se le passage
prétendu d'un de íès bras par les lieux
marquez dans fa- Relation. Ils s'accor
dent au contraire. tous à conduire l'Oronte
fans division , & à le faire tomber
enfin dans la Mer presque en droite li^
gne au defïous díAntiôche.
Il seroit aussi ennuyeux qu'indisertt
de vous taire de longues; citations de ces
.y. An
f4 MERCURE DÉ FRANCE.
Auteurs , une feule autorité nous suffira,
Hiais elle est ici d'un merite particulier ;
e'est celle d'Abulfeda Prince ou Sultan
de Hamah en Syrie > Historien & Geographe
Arabe sort estimé. Il y a dans la
Bibliotheque du Roy un beau manuscrit
de sa Geographie &. jJai quelque obli
gation à M. Lucas de m'avoir engagé par
là contestation , à consulter cet Auteur
sur le cours de l'Oronte , & fur la Syrie
Maritime , qu'il de voit connoître mieux
qu'un autre 3 la Syrie , où il a regné ,
comme je viens de le dire étant son
propre pays. Auíïï entre.t'il là.deslus
dans un grand détail , mais il. ne dit
liulle part que l'Oronte à qui ii donne
trois diíFerens noms , se divise & forme'
quelque bras de riviere. il le fuit avec
exactitude depuis son origine jusqu'à la'
Mer , nommant tous les lieux qu'il arroíe
, décrivant tous ses contours ^ & fixant
enfin son embouchure au mime lieu oit
fous les Aufeurs, qui en ont parlé avant
& après lui , l'ònt reconnuë , c'est.à.dire,-
à Seleucie, dont il nous donne auffi ta
position Astronomique.
Le même Auteur parle auffi de Laòdi-.
eée, ou L.ìta^uie , Se de ses environs , en
parcourant la côte de la Mer de Syrie.
C'était , Monsieur , le lieu de reconnoître
& de aomnjer ce bias de l'Oronte
(pis
JANVIER 171* ff
«ruì , íêlon M. Lucas , arrose touc ce
pays. Cependant il n'en dit rien , il ne
ait pas même positivement qu'il y ait.
une riviere près de Laodicée , se conten
tant de remarquer qu'il y a des eaux aux
en virons , qui rendent le pays humide Sc
fertile , & certainement Abulfeda a raiiòn
; car qu'est.ce en effet que la rivieie
, méprisée & omise par plusieurs Geo- '
graphes , qui paíîe aux environs de cette
(Ville ? si ce n'est une eípece de Torrent,
«lui Tans avoir rien de commun avec PO.
lonte , prentì son origine dans cette par
tie de montagnes , marquée dans nôtre
Carte , Se qui par l'abondance des pluyess
la fonte des neiges , & la jonction de
quelques ruiíseaux , s'enfle , groísit & se
«écharge enfin dans la Mer de Syrie ,
comme toutes les rivieres , & les autres
torrens , qu'on trouve fur cette côte.
Ainsi , Monsieur, si dans nôtre Carte
nous nous sommes contentez de marquer.,
auprès de Laodicée , une riviere de cette
.qualité, fâns lui donner de nom , il ne
s'enfuit pas, comme le veut M. Lucas,
que ce soit un bras de l'Oronte , qui nous
a été inconnu , &c. U y a fur toute cette
côte une grande quantité de ces préten
dues rivieres, qui n'ont aucun nom , Se
comme parle un Voyageur * moderne des '
* Henry MaundreU , Voyageur Angles
«n ií96. PluS
j<í ftfeRCUKE DE FRANCE,
plus éclairez , qui les a toutes remarquées
avec foin. Ces rivieres des montagnes font
d'ordinaire très.peu considerables , mais
les grossis fluyes les enflent .tellement , Sec-
Enfin ce que dit M. Lucas de la riviere
d'Arquis , qui lui est inconnue' , de la
transpoíition prétendue de trois autres
rivieres dans nôtre description , & le reste
de sa critique ; tout cela , dis.je , n'est
pas mieux fondé que ce qu'il a prétendu
fur l'Orònte., Se vous en conviendrez ,
Monsieur , quand vous aurez lu ce que
je vous prepare là.delfus , Se qui entrera
naturellement dans la réponse que je
Vous dois, fur le Fleuve Sabbathique des
Juifs, qui vient auffi du Liban, Se íùr le
monument érigé par un Roy de Syrie s
fur|les bords du Fleuve Lycus. Cette Let
tre n'est déja que trop. longue ; je ren-.
voye tout ce qui me resteroit à dire fur
cette matiere au troisième volume de
mon voyage de Syrie & du Mont.Liban^
qui est déja bien avancé , Se à la Carte
generale du même pays , qui fera à la
tête de ce volume.
Je fuis y Monsieur , Sec
'A' Paris t ce 15. Decembre 1723.
voyage de Syrie & du Mont-Liban ,
, imprimé a Paris chez. Cailleau , en
rannée T72Z. pour servir de réponse à
l'Ecrit qui a paru dam le Mercure du
mois de Novembre dernier , fous le nom
du Jïeur Paul Lucas. . ,
L'Ecrit dont vous me parlez , Mon~
sieur , ne demande pas une grande
attention ; on ne peut Je regarder que
comme un fruit dé la prévention & de
l'amour propre , mais il suffit que vous
daigniez vous y interesser , en faveur dé?
la verité, pour m'engager à rompre le
silence que j'avois résolu de garder. J'ai
donné dans le Mercure du mois de sep
tembre dernier une Dissertation íùr une.
Medaille de la Ville d'Apamée y dans la
quelle il est beaucoup prié du Fleuve
Oronte , lequel , comme je le prouve ,a
été un íùjet d'erreur à quelques Au
teurs distinguez dans la Republique des
Lettres , à commencer par Pline qui a
erré dès fa source. J'ai de plus fait connoître
en palTànt une erreur des Editeurs
- du Dictionnaire Historique dans la po
sition d' A pamée , & en finissant) 'ai pris
1»
TA Si V I £ R 1724. fi
la liberté de parler aussi d'une méprise
-de M. Paul Lucas , au íûjet du même
Fleuve , méprise deux fois repetée dans
ía Relation , & qu'on s'efforce neanmoins
de défendre , & de soutenir dans l'Hcric
inferé dans le Mercure.
Ce voyageur en décrivant les ruines
de Laodicée , aujourd'hui nommée Lataquie
Se son territoire , prétend qu'il y
paslè un bras de l'Oronte, qui arrose,.
dit-il , en .íerpentant une bonne partie.
de tout ce pays , &c en allant par terra
de Lataquie à Tripoli , c'est.à.dire , en/
s'éloignant toujours davantage de l'O
ronte , il le retrouve encore íiir íà rou
te. Quand nous eûmes marché environ
ïïne heure, dit l'Auteur , nous paffâmes
l'Oronte fur un très.beau pont. Voilà,
dis-je, ee qu'il prétend, & je prétends
précisément touc le contraire ; car je
soutiens que ce Fleuve ne se divise point,.
qu'il ne forme aucun bras , & qu'il pafle
au moins à quinze lieuës loin de la Ville,.
& des campagnes que M. Lucas lui fait
arroser. Je prétends aussi quepour-sça*
Voir qui de lui ou de moi íê trompe , il
n'est pas neceslaire de faire le voyage de
Syrie , & je vous prens . Moníieur , pour
}age de la contestation . & avec vous tou
tes les personnes d'un certain esprit qui
iïont ma lettre.
5* MERCURE DE FRANCE.
Voici d'abord à quoi se réduiíent les'
preuves de nôtre Voyageur. J'ay appris ,
dit. il, des habitans de Laodicée ,fue la
riviere en question étoit un bras de P Ci
ronte, 8c plus bas dans le même écrit. J'ai
traversé plusieurs fois cette partie de la
Syrie , j'ai été a. l'embouchure de cette ri
viere par mer en venant de- Tmrtoufe , je
Vai pafie fur un beau pont en allant par
terre a Tripoli. Je m'abstiens ici de réfle
xions fur la qualité de ces preuves , afin.
d'abreger , & pour laisler aux vôtres.
une plus grande liberté.
Mes preuves feront un peu plus éten
dues , quoique réduites à d'étroites bor
nes ; mais je me flatte que vous les trourerez
d'une autre eípece. Je n'aflure
lien íur des oiti-dire r. & si je me donne
moi-même pour témoin de ce que j'arance
, mon témoignage fera si solide
ment appuyé , que je crois que l'ignorance
íeule ,.Se l'entêtement , feront en
droit de ne pas s'y rendre.
Vous fçavez , Monsieur ,. mieux que
personne ce qui me donna lieu de par
courir l'Oronte depuis íâ source jusqu'à
la mer. J'en ai instruit le public dans
deux ditserens ouvrages , vous fçavez
de plus que j'ai fait cîtte course , Se dtefíè
la Carte en question. avec l'un des plus
habiles hommes du pays., &. des: plus
doctes
doctes parmi les Maronites , que le. Pa*
triarche Etienne , dont il étoit Secretaireì
rn'avoit bien voulu donner , pour m'accompagner
par tout où j'aurois des éclair*
eissemens à prendre, ÔC des memoires à
verifier fur le Liban, & fur la Syrie
Maritime. C'est le même que vous ayez
Vu à Paris en l'année 1 701* envoyé à làr
Gour par le Patriarche pour des affaires
importantes de fa nation , le même enfin
dont il est parlé fur la. fin dû second vo
lume de mon voyage. J'ose vous assu
rer que rien ne nous est éthapé fur le
fait dont il s'agit ici , & que nous n'avoní
point vû que l'Oronte íè diviíe dans au
cun endroit de son cours..
Et comment l'aurions.nous Vu ^ Mon
sieur, puisque de tous les Auteurs que
j'ai lus , Historiens , Geographes , Voya.*
geurs, &c. anciens & modernes , qui
ont parlé de ce Pleuve , & de la Ville de
Laodicée , aucun n'a observé la division
íoutenuë par M.. Lucas', Se le passage
prétendu d'un de íès bras par les lieux
marquez dans fa- Relation. Ils s'accor
dent au contraire. tous à conduire l'Oronte
fans division , & à le faire tomber
enfin dans la Mer presque en droite li^
gne au defïous díAntiôche.
Il seroit aussi ennuyeux qu'indisertt
de vous taire de longues; citations de ces
.y. An
f4 MERCURE DÉ FRANCE.
Auteurs , une feule autorité nous suffira,
Hiais elle est ici d'un merite particulier ;
e'est celle d'Abulfeda Prince ou Sultan
de Hamah en Syrie > Historien & Geographe
Arabe sort estimé. Il y a dans la
Bibliotheque du Roy un beau manuscrit
de sa Geographie &. jJai quelque obli
gation à M. Lucas de m'avoir engagé par
là contestation , à consulter cet Auteur
sur le cours de l'Oronte , & fur la Syrie
Maritime , qu'il de voit connoître mieux
qu'un autre 3 la Syrie , où il a regné ,
comme je viens de le dire étant son
propre pays. Auíïï entre.t'il là.deslus
dans un grand détail , mais il. ne dit
liulle part que l'Oronte à qui ii donne
trois diíFerens noms , se divise & forme'
quelque bras de riviere. il le fuit avec
exactitude depuis son origine jusqu'à la'
Mer , nommant tous les lieux qu'il arroíe
, décrivant tous ses contours ^ & fixant
enfin son embouchure au mime lieu oit
fous les Aufeurs, qui en ont parlé avant
& après lui , l'ònt reconnuë , c'est.à.dire,-
à Seleucie, dont il nous donne auffi ta
position Astronomique.
Le même Auteur parle auffi de Laòdi-.
eée, ou L.ìta^uie , Se de ses environs , en
parcourant la côte de la Mer de Syrie.
C'était , Monsieur , le lieu de reconnoître
& de aomnjer ce bias de l'Oronte
(pis
JANVIER 171* ff
«ruì , íêlon M. Lucas , arrose touc ce
pays. Cependant il n'en dit rien , il ne
ait pas même positivement qu'il y ait.
une riviere près de Laodicée , se conten
tant de remarquer qu'il y a des eaux aux
en virons , qui rendent le pays humide Sc
fertile , & certainement Abulfeda a raiiòn
; car qu'est.ce en effet que la rivieie
, méprisée & omise par plusieurs Geo- '
graphes , qui paíîe aux environs de cette
(Ville ? si ce n'est une eípece de Torrent,
«lui Tans avoir rien de commun avec PO.
lonte , prentì son origine dans cette par
tie de montagnes , marquée dans nôtre
Carte , Se qui par l'abondance des pluyess
la fonte des neiges , & la jonction de
quelques ruiíseaux , s'enfle , groísit & se
«écharge enfin dans la Mer de Syrie ,
comme toutes les rivieres , & les autres
torrens , qu'on trouve fur cette côte.
Ainsi , Monsieur, si dans nôtre Carte
nous nous sommes contentez de marquer.,
auprès de Laodicée , une riviere de cette
.qualité, fâns lui donner de nom , il ne
s'enfuit pas, comme le veut M. Lucas,
que ce soit un bras de l'Oronte , qui nous
a été inconnu , &c. U y a fur toute cette
côte une grande quantité de ces préten
dues rivieres, qui n'ont aucun nom , Se
comme parle un Voyageur * moderne des '
* Henry MaundreU , Voyageur Angles
«n ií96. PluS
j<í ftfeRCUKE DE FRANCE,
plus éclairez , qui les a toutes remarquées
avec foin. Ces rivieres des montagnes font
d'ordinaire très.peu considerables , mais
les grossis fluyes les enflent .tellement , Sec-
Enfin ce que dit M. Lucas de la riviere
d'Arquis , qui lui est inconnue' , de la
transpoíition prétendue de trois autres
rivieres dans nôtre description , & le reste
de sa critique ; tout cela , dis.je , n'est
pas mieux fondé que ce qu'il a prétendu
fur l'Orònte., Se vous en conviendrez ,
Monsieur , quand vous aurez lu ce que
je vous prepare là.delfus , Se qui entrera
naturellement dans la réponse que je
Vous dois, fur le Fleuve Sabbathique des
Juifs, qui vient auffi du Liban, Se íùr le
monument érigé par un Roy de Syrie s
fur|les bords du Fleuve Lycus. Cette Let
tre n'est déja que trop. longue ; je ren-.
voye tout ce qui me resteroit à dire fur
cette matiere au troisième volume de
mon voyage de Syrie & du Mont.Liban^
qui est déja bien avancé , Se à la Carte
generale du même pays , qui fera à la
tête de ce volume.
Je fuis y Monsieur , Sec
'A' Paris t ce 15. Decembre 1723.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de l'Auteur du voyage de Syrie & du Mont-Liban, imprimé à Paris chez Cailleau, en l'année 1722. pour servir de réponse à l'Ecrit qui a paru dans le Mercure du mois de Novembre dernier, sous le nom du sieur Paul Lucas.
L'auteur réagit à une critique de Paul Lucas publiée dans le Mercure de novembre 1723, concernant une dissertation sur une médaille de la ville d'Apamée parue dans le Mercure de septembre 1723. L'auteur conteste les affirmations de Lucas sur le fleuve Oronte, notamment que ce dernier se divise en bras et passe près de Laodicée, aujourd'hui Lattaquié. Lucas avait décrit les ruines de Laodicée en mentionnant qu'un bras de l'Oronte arrose la région. L'auteur, appuyé par ses propres observations et celles d'Abulfeda, un historien et géographe arabe, soutient que l'Oronte ne se divise pas en bras. Il a parcouru le fleuve depuis sa source jusqu'à la mer en compagnie d'un guide maronite compétent et n'a jamais observé de division du fleuve. L'auteur critique les preuves de Lucas, jugées basées sur des ouï-dire et des observations superficielles. Il conclut en promettant de développer ses arguments dans le troisième volume de son voyage de Syrie et du Mont-Liban.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
8
p. 57-5[9]
ÉPITRE A Me
Début :
Apollon, ce Dieu que je sers, [...]
Mots clefs :
Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ÉPITRE A Me
épître a m*
j8 MERCURÊ DE FRANCE.
íes regrets que devoit leur causer vôtre al*.'
sence ,
Que par un assez long silence ,
Et le chagrin peint dans leurs yeux.
L . . . . . étoit inconsolable
Et nous dit le reste du jour ,
Qu'il brûleroit pour vous d'amour,
Si d'amour pour lui seul il vous scntoit ca*
pabki "
Cependant M\ . . . fans cefle commençoit g
Quelque gentille ritournelle,
Que jamais il ne fihisioit i
Soudain avec le même zele ,
tes transports • les épanchemens s-
Qui secondoient tous les sermens ,'
Qu'il vous faifoit d'être fidele ;
Le depart , dit.il de la belle ,
Me détache enfin de son char ,
Mon amour s'est enfui comme elle ,
Et je la quitte à jamais , car
Elle metournoit la cervelle.
A l'égard du garçon dont la naïveté ,
JANVIER 1724. 5*
Par fois vous apprêtoit à rire ,
En Berger dont le coeur soupire ,
Il s'est parmi nous comporté.
A nos Dames enfin, contre son ordinaire y
N'ayant plus aucun foin de plaire ,
Il prit un mouchoir d'une main ,
De l'autre une livre de pain ;
JEt conservant toujours son même câracterey
Il soulageait son ooeur & contentoit sa faim>
Adieu , cruelle , dont Tabsence
Eteint le brillant de ces feux y
Qu'en mon a'me allumoicnt vos yeux ,s
Parmi lajoye & l'abondance.
Vous avez emmené les plaisirs & les jeuxj
Helas ! pour essuyer mes larmes ,
L'amour seul m'eíì resté sans eux ,
Ce Dieu m'entretient de vos charmes ,
Mon fort en est. il plus heureux ?
j8 MERCURÊ DE FRANCE.
íes regrets que devoit leur causer vôtre al*.'
sence ,
Que par un assez long silence ,
Et le chagrin peint dans leurs yeux.
L . . . . . étoit inconsolable
Et nous dit le reste du jour ,
Qu'il brûleroit pour vous d'amour,
Si d'amour pour lui seul il vous scntoit ca*
pabki "
Cependant M\ . . . fans cefle commençoit g
Quelque gentille ritournelle,
Que jamais il ne fihisioit i
Soudain avec le même zele ,
tes transports • les épanchemens s-
Qui secondoient tous les sermens ,'
Qu'il vous faifoit d'être fidele ;
Le depart , dit.il de la belle ,
Me détache enfin de son char ,
Mon amour s'est enfui comme elle ,
Et je la quitte à jamais , car
Elle metournoit la cervelle.
A l'égard du garçon dont la naïveté ,
JANVIER 1724. 5*
Par fois vous apprêtoit à rire ,
En Berger dont le coeur soupire ,
Il s'est parmi nous comporté.
A nos Dames enfin, contre son ordinaire y
N'ayant plus aucun foin de plaire ,
Il prit un mouchoir d'une main ,
De l'autre une livre de pain ;
JEt conservant toujours son même câracterey
Il soulageait son ooeur & contentoit sa faim>
Adieu , cruelle , dont Tabsence
Eteint le brillant de ces feux y
Qu'en mon a'me allumoicnt vos yeux ,s
Parmi lajoye & l'abondance.
Vous avez emmené les plaisirs & les jeuxj
Helas ! pour essuyer mes larmes ,
L'amour seul m'eíì resté sans eux ,
Ce Dieu m'entretient de vos charmes ,
Mon fort en est. il plus heureux ?
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Résumé : ÉPITRE A Me
En janvier 1724, une épître publiée dans le Mercure de France exprime les regrets de l'auteur face à l'absence d'une personne chère. Le chagrin est visible chez ses proches. L..... est décrite comme inconsolable, affirmant qu'elle brûlerait d'amour si elle en recevait en retour. M... commence une ritournelle sans la terminer, mais exprime soudainement des transports d'amour et des serments de fidélité. Elle déclare que son amour s'est enfui avec une belle qui lui retournait la cervelle. Un garçon naïf, habituellement charmeur, prend un mouchoir et une livre de pain pour soulager son cœur et sa faim. L'auteur conclut que l'absence de la personne aimée éteint les feux allumés par ses yeux. Malgré la joie et l'abondance, les plaisirs et les jeux ont disparu, ne laissant que l'amour pour essuyer ses larmes. Ce Dieu de l'amour entretient l'auteur des charmes de la personne absente, rendant son sort plus heureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 60-66
LETTRE d'un Gentilhomme de Bourgogne écrite à M. Moreau de Mautour.
Début :
Je vous ai caché jusques à present, Monsieur, le dessein que j'avois de [...]
Mots clefs :
Dijon, Compagnie de la Mère-Folle, Institution, Bourgogne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE d'un Gentilhomme de Bourgogne écrite à M. Moreau de Mautour.
LETTRE d'un Gentilhomme de Bjurgorgne
écrite à Ai. ' Aíereau
de Asautour.'
JE vous ai caché juíques à present 3.
Monsieur , le dessein que j'avois de
rechercher des Memoires, cane fur l'o-/
rígine de la Fête des Foiix , que fur celle;
de l'Institution de la Compagnie de la
Mere Folle de Dijon , dont vous avez
òiïi parler souvent. Je ne me flattois pas
malgré mes recherches de trouver íur.
cette matiere- ses éclàirciûemehs que j'ai
découvert ; c'est ce qui m'engage aujour
d'hui à rompre le silence fur cet article.
Je formai le dessein de cette recherche,
par rapport à la découvertë que je hV
d'une repreíentation.d'ui>Chat parfaite
ment bien figure, ayant poHr tête le-.Cliariot
de la Mere.Folle de Dijon , lequel
est le' dernier qui parut en cette Ville
l'an I 6icr. & duquel il est fait mention
dans une Relation imprimée à Dijon en:
8. par Paillot , ayant pour titre : Re
cit de ce qui s'est passe à Dijon pour
l'heureuse naissance de' Moníeigneur le
Dauphin , depuis Loiiis XIV.
Je m'affermis d'autant plus volontiers.
dans
J A N V I E R 1724. $s
ans Ce dessein que dès 1^95 . j'avois vÇt
'Etendajrt original , dont cette Compa-
;nie de la Mere.Foll.e de Dijon se 1erroit
loríqu'elle marchoit par la Ville les
ours de ré|oiiifl"ances.
Il y a lieu même de cqnclure qu'il íp
lortoit à des Processions -que cette Com-
»agnje avoit coutume de faire , & cela par
aport à un Bâton qui se portoit pareil.-
ement à ces Aísemblées , duquel ainíi
[ue du Ghariot, & de l'Etendart, j'ai
íonné des representations au naturel
lans mes Memoires.
.Ces preuves réelles se íoutiennent pa,r
ieux écrits authentiques ; sçavoir, la con-
Srmacion accordée^ à celui qui étoit Bâ.
onnier de cette societé , par le Duc da
3ourgogne Philippe le Bon en 1454. &
meacçordéeen 1482. par Jean d'Amboj-
"e , Evêque de Langres , alors Lieutenant
raur le Roy en Bourgogne, conjointemen t
tyec Jean de Baudricourt Gouverneur
le la Province , à la requête du Protoîotaire
des Fqìix. Les Lettres du Duc
Reliées de son íceau en cir£ verte , & les
tutres lignées de l'Evêque & du Gou
verneur , & scellées du Iceau de leurs
irmes en cire rouge , se conservent en ori
gnal dans le Trésor de la Sainte Cha-
Delle de Dijon.
De ces deux titres qui ne laissent plys
sGt MERCURE DE FRANCE.
.doute sur cette Institution , il resulte
,qu'on en doit chercher la íôurce dans ua
;temps plus reculé.
L'Institution de la Compagnie de la
Mere.Folle de Dijon peut s'attribuer l'an
<tç 8.1. auquel un certain Adolphe, Comte
de Cléves , établit dans ses Etats une
Societé qu'il nomma la Société des Fous ^
►laquelle ctoit composée de $6. Gehtil-
.jiommes , la traduction de la Patente in£.
titutive de cette Societé se trouve dans
l'Histoire des Ordres Religieux , com- '
.posée par le Pere Helpot du Tiers.Or
dre de S. François , dit Picpus , mort à
Paris en 1716.
Comme il íè trouve tant de .rapport
.entre les Regles & les Statuts de cette
Societé de Cleves , & celles qui s'obíèrj-
. -voient par la Societé de Dijon , j'ai cru
pouvoir dire avec aíTez de probabilité
que celle.ci avoit pû prendre naiflance
de l'autre , & cela fondé fui ce que les
Princes de la Maiíon de Cleves ont con
tracté de grandes alliances avec celles
.des Ducs de Bourgogne , dans la Cour
desquels ils étoient le plus souvent , &
que d'ailleurs un nommé Engilbert ,
«tant pour lors Gouverneur de Bourgo
gne , qui pourroit bien étant du. temps
.de Cleves , avoir introduit à Dijon cette
même Societé qui étoit dans son pays. .
JANVIER 1724, 6%
L'on peut encore tirer la source de cet
établislement sur .ce qui se pratiquoit k
Autun „ corame le raporèe le Secretaire
jRhotarius dans son Registre , qui com
mence en 141 1. & finit en 14.16. où iji
est parlé de la Fête de? Foux. Il le dit
fol. I 0 qu'à la Fcte dite Follorum , on
.conduisoit un âne , & que l'on chantoit
Jié > tire âne , hé , hé , &c. que plusieurs
alloient à l'Eglise déguisez , 8c avec des
habits grotesques , ce qui fut défendu
.depuis &c abrogé.
Au surplus l'existence de cette Com
pagnie de Sainteté folle , qui étoit com
posée en partie d'Infanterie., 8c en par
tie de Cavalerie , le confirme par l'orir
ginal du Çuidon .qui se portpit lors
qu'elle étoit en marche. Duquef j'ai fait
joindre la representation à mes memoi
res. J'y ai fait joindre de plus Je Bonnet
des trois couleurs, jaune , rouge Se vert f
<jue portaient les Aslociez en ladite Com
pagnie , dont les habillemens devoient
.être de même , mais dont les pfficiers se
.distinguoient par la forme de l'habit , 8c
la. qualité des étoffes , les galons , & l'arfangement
des grelots & des sonnettes,.
Toutes ces curiositez se sont trouvées
.chez plusieurs particuliers de la Ville de
Dijon.
Le Chef de cette Compagnie qui s'appelloit
,P4 MERCURE DE FRANCE.
^pelloit Merç- Folle, avoit Sa. Cour com
posée d'Officiers de même que les Prin
ces 8c les Souverains ont la leur , & on
ne pouvoit pas faire aucune Montrée 3
( c'est ainsi que le nommoit les Merches
de cette Compagnie, ) ni le -service ,des
habirs des trois couleurs, íàns la per
miísion de ce Chef : ce qui resuite d'une
Lettre écrite à ce sujet en 1617. au sieur
des Champs , pour lors Mere.Folle, de
laquelle Lettre ensemble5 de celle des
invitations qui sefaisoient, íòit en generai*
soit en particulier , la teneur est inserée
dans les Memoires.
.Les jugemens qui se .rendoient par le
Chef étoient Souverains , & executez
nonobstant l'appel , Se le Parlement les a
tous confirmez , lorsque les appels y ont
été portez ; ce qui se trouve verifiez par
un Arrest du 6. Fevrier 1^79. par les
conclusions que prit le Fiscal vert, c'é
tait le Procureur Fiscal de cette Com
pagnie.
Au surplus les Convocations , les Re
ceptions , les Jugemens , Se autres Actes,
tie même que les entretiens pendant que
duroient les Assemblées devoient se faire
en vers burlesques ou comiques , en la
jnaniere & en la forme que je les ai dé
crites dans mes Memoires , même jus
qu'aux Lettres qu'on s'écrivoit l'un à
l'autre
JANVIER 1724- 6%
l'autre , comme celles écrites .au sieur
des Champs en Se 1617.
Enfin pour ne rien omettre de tous les
éclaircistemens qui me fout venus fur
l'existence de cette Compagnie , j'ai in
feré tout au long dans le petit ouvrage
les Lettres de reception de feu Jean de
VandeneíTe du mois de Mars 1604. qui
étoit gendre dudit sieur des Champs , Se
ayeul du sieur Gaspard de Vandenesle ,
qui m'a communiqué des Mémoires très.
curieux fur cet article.
Au reste , on ne recevoit en cette Com
pagnie , quoique composée de plus de
500. hommes, que des notables, tant des
.Cours Superieures , que de la Bourgeoi
sie de la Ville > Se des environs des periônnes
de la plus haute consideration , y
. reçurent en 162.6. le Bonnet, &: la Ma-
.rolle par les mains du sieur des Champs*
Mere-Folle.
Leurs Lettres Patentes sont iníêrées
dans mes Memoires avec les deslèins fi
gurez des Sceaux ; Se pour achever tout
ce que j'ai allegué au sujet de cette So
cieté de la Mere.Folle à Dijon, j'ai rap
porté ce qu'en a écrit íe P. Menestrier,
Jesuite dans lòn Livre des Repreíêntar
tions en Musique , ancienne & moderne.
Si cette Compagnie a eu des agrémens
<îans son origine , on peut dire qu'elle
D a
64 MERCURE DE FRANCE.
a eu ses chagrins dans la fuite , je rap
porte à ce íujet les Arrests de la Cour p
rendus le 18. Janvier 1552. le 16. Juin
1578. 16. Avril 16 1 6. 31. Janvier \6i6.
Ils m'ont été communiquez par plusieurs
personnes de consideration de la Ville de
Dijon.
Enfin , par un Arrest rendu le il.
Juillet i 630. en la Ville de Lion , &
homologué au Parlement de Dijon le xy.
du même mois, cette Compagnie fut en
tierement abolie fous de grosses peines.
Voilà, Monsieur, tous les eclaircilïer.
mens que j'ai découverts fur les deu£
Societez , & le produit des foins qu'il a
fallu prendre pour rassembler des preu
ves aussi solides qu'elles le font dans l'ou
vrage même je souhaite ppxe cela
puiíîè vous amuser un moment , & vous
prouver de plus en plus les .sentiment
d'estime avec lesquels j'ai l'honneur d'ê
tre , &c. Monsieur , vôtre très-humble,
Se très.obéifíànt serviteur.
écrite à Ai. ' Aíereau
de Asautour.'
JE vous ai caché juíques à present 3.
Monsieur , le dessein que j'avois de
rechercher des Memoires, cane fur l'o-/
rígine de la Fête des Foiix , que fur celle;
de l'Institution de la Compagnie de la
Mere Folle de Dijon , dont vous avez
òiïi parler souvent. Je ne me flattois pas
malgré mes recherches de trouver íur.
cette matiere- ses éclàirciûemehs que j'ai
découvert ; c'est ce qui m'engage aujour
d'hui à rompre le silence fur cet article.
Je formai le dessein de cette recherche,
par rapport à la découvertë que je hV
d'une repreíentation.d'ui>Chat parfaite
ment bien figure, ayant poHr tête le-.Cliariot
de la Mere.Folle de Dijon , lequel
est le' dernier qui parut en cette Ville
l'an I 6icr. & duquel il est fait mention
dans une Relation imprimée à Dijon en:
8. par Paillot , ayant pour titre : Re
cit de ce qui s'est passe à Dijon pour
l'heureuse naissance de' Moníeigneur le
Dauphin , depuis Loiiis XIV.
Je m'affermis d'autant plus volontiers.
dans
J A N V I E R 1724. $s
ans Ce dessein que dès 1^95 . j'avois vÇt
'Etendajrt original , dont cette Compa-
;nie de la Mere.Foll.e de Dijon se 1erroit
loríqu'elle marchoit par la Ville les
ours de ré|oiiifl"ances.
Il y a lieu même de cqnclure qu'il íp
lortoit à des Processions -que cette Com-
»agnje avoit coutume de faire , & cela par
aport à un Bâton qui se portoit pareil.-
ement à ces Aísemblées , duquel ainíi
[ue du Ghariot, & de l'Etendart, j'ai
íonné des representations au naturel
lans mes Memoires.
.Ces preuves réelles se íoutiennent pa,r
ieux écrits authentiques ; sçavoir, la con-
Srmacion accordée^ à celui qui étoit Bâ.
onnier de cette societé , par le Duc da
3ourgogne Philippe le Bon en 1454. &
meacçordéeen 1482. par Jean d'Amboj-
"e , Evêque de Langres , alors Lieutenant
raur le Roy en Bourgogne, conjointemen t
tyec Jean de Baudricourt Gouverneur
le la Province , à la requête du Protoîotaire
des Fqìix. Les Lettres du Duc
Reliées de son íceau en cir£ verte , & les
tutres lignées de l'Evêque & du Gou
verneur , & scellées du Iceau de leurs
irmes en cire rouge , se conservent en ori
gnal dans le Trésor de la Sainte Cha-
Delle de Dijon.
De ces deux titres qui ne laissent plys
sGt MERCURE DE FRANCE.
.doute sur cette Institution , il resulte
,qu'on en doit chercher la íôurce dans ua
;temps plus reculé.
L'Institution de la Compagnie de la
Mere.Folle de Dijon peut s'attribuer l'an
<tç 8.1. auquel un certain Adolphe, Comte
de Cléves , établit dans ses Etats une
Societé qu'il nomma la Société des Fous ^
►laquelle ctoit composée de $6. Gehtil-
.jiommes , la traduction de la Patente in£.
titutive de cette Societé se trouve dans
l'Histoire des Ordres Religieux , com- '
.posée par le Pere Helpot du Tiers.Or
dre de S. François , dit Picpus , mort à
Paris en 1716.
Comme il íè trouve tant de .rapport
.entre les Regles & les Statuts de cette
Societé de Cleves , & celles qui s'obíèrj-
. -voient par la Societé de Dijon , j'ai cru
pouvoir dire avec aíTez de probabilité
que celle.ci avoit pû prendre naiflance
de l'autre , & cela fondé fui ce que les
Princes de la Maiíon de Cleves ont con
tracté de grandes alliances avec celles
.des Ducs de Bourgogne , dans la Cour
desquels ils étoient le plus souvent , &
que d'ailleurs un nommé Engilbert ,
«tant pour lors Gouverneur de Bourgo
gne , qui pourroit bien étant du. temps
.de Cleves , avoir introduit à Dijon cette
même Societé qui étoit dans son pays. .
JANVIER 1724, 6%
L'on peut encore tirer la source de cet
établislement sur .ce qui se pratiquoit k
Autun „ corame le raporèe le Secretaire
jRhotarius dans son Registre , qui com
mence en 141 1. & finit en 14.16. où iji
est parlé de la Fête de? Foux. Il le dit
fol. I 0 qu'à la Fcte dite Follorum , on
.conduisoit un âne , & que l'on chantoit
Jié > tire âne , hé , hé , &c. que plusieurs
alloient à l'Eglise déguisez , 8c avec des
habits grotesques , ce qui fut défendu
.depuis &c abrogé.
Au surplus l'existence de cette Com
pagnie de Sainteté folle , qui étoit com
posée en partie d'Infanterie., 8c en par
tie de Cavalerie , le confirme par l'orir
ginal du Çuidon .qui se portpit lors
qu'elle étoit en marche. Duquef j'ai fait
joindre la representation à mes memoi
res. J'y ai fait joindre de plus Je Bonnet
des trois couleurs, jaune , rouge Se vert f
<jue portaient les Aslociez en ladite Com
pagnie , dont les habillemens devoient
.être de même , mais dont les pfficiers se
.distinguoient par la forme de l'habit , 8c
la. qualité des étoffes , les galons , & l'arfangement
des grelots & des sonnettes,.
Toutes ces curiositez se sont trouvées
.chez plusieurs particuliers de la Ville de
Dijon.
Le Chef de cette Compagnie qui s'appelloit
,P4 MERCURE DE FRANCE.
^pelloit Merç- Folle, avoit Sa. Cour com
posée d'Officiers de même que les Prin
ces 8c les Souverains ont la leur , & on
ne pouvoit pas faire aucune Montrée 3
( c'est ainsi que le nommoit les Merches
de cette Compagnie, ) ni le -service ,des
habirs des trois couleurs, íàns la per
miísion de ce Chef : ce qui resuite d'une
Lettre écrite à ce sujet en 1617. au sieur
des Champs , pour lors Mere.Folle, de
laquelle Lettre ensemble5 de celle des
invitations qui sefaisoient, íòit en generai*
soit en particulier , la teneur est inserée
dans les Memoires.
.Les jugemens qui se .rendoient par le
Chef étoient Souverains , & executez
nonobstant l'appel , Se le Parlement les a
tous confirmez , lorsque les appels y ont
été portez ; ce qui se trouve verifiez par
un Arrest du 6. Fevrier 1^79. par les
conclusions que prit le Fiscal vert, c'é
tait le Procureur Fiscal de cette Com
pagnie.
Au surplus les Convocations , les Re
ceptions , les Jugemens , Se autres Actes,
tie même que les entretiens pendant que
duroient les Assemblées devoient se faire
en vers burlesques ou comiques , en la
jnaniere & en la forme que je les ai dé
crites dans mes Memoires , même jus
qu'aux Lettres qu'on s'écrivoit l'un à
l'autre
JANVIER 1724- 6%
l'autre , comme celles écrites .au sieur
des Champs en Se 1617.
Enfin pour ne rien omettre de tous les
éclaircistemens qui me fout venus fur
l'existence de cette Compagnie , j'ai in
feré tout au long dans le petit ouvrage
les Lettres de reception de feu Jean de
VandeneíTe du mois de Mars 1604. qui
étoit gendre dudit sieur des Champs , Se
ayeul du sieur Gaspard de Vandenesle ,
qui m'a communiqué des Mémoires très.
curieux fur cet article.
Au reste , on ne recevoit en cette Com
pagnie , quoique composée de plus de
500. hommes, que des notables, tant des
.Cours Superieures , que de la Bourgeoi
sie de la Ville > Se des environs des periônnes
de la plus haute consideration , y
. reçurent en 162.6. le Bonnet, &: la Ma-
.rolle par les mains du sieur des Champs*
Mere-Folle.
Leurs Lettres Patentes sont iníêrées
dans mes Memoires avec les deslèins fi
gurez des Sceaux ; Se pour achever tout
ce que j'ai allegué au sujet de cette So
cieté de la Mere.Folle à Dijon, j'ai rap
porté ce qu'en a écrit íe P. Menestrier,
Jesuite dans lòn Livre des Repreíêntar
tions en Musique , ancienne & moderne.
Si cette Compagnie a eu des agrémens
<îans son origine , on peut dire qu'elle
D a
64 MERCURE DE FRANCE.
a eu ses chagrins dans la fuite , je rap
porte à ce íujet les Arrests de la Cour p
rendus le 18. Janvier 1552. le 16. Juin
1578. 16. Avril 16 1 6. 31. Janvier \6i6.
Ils m'ont été communiquez par plusieurs
personnes de consideration de la Ville de
Dijon.
Enfin , par un Arrest rendu le il.
Juillet i 630. en la Ville de Lion , &
homologué au Parlement de Dijon le xy.
du même mois, cette Compagnie fut en
tierement abolie fous de grosses peines.
Voilà, Monsieur, tous les eclaircilïer.
mens que j'ai découverts fur les deu£
Societez , & le produit des foins qu'il a
fallu prendre pour rassembler des preu
ves aussi solides qu'elles le font dans l'ou
vrage même je souhaite ppxe cela
puiíîè vous amuser un moment , & vous
prouver de plus en plus les .sentiment
d'estime avec lesquels j'ai l'honneur d'ê
tre , &c. Monsieur , vôtre très-humble,
Se très.obéifíànt serviteur.
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Résumé : LETTRE d'un Gentilhomme de Bourgogne écrite à M. Moreau de Mautour.
Un gentilhomme de Bjurgorgne écrit à M. de Aíereau pour partager ses découvertes sur l'origine de la Fête des Fous et de la Compagnie de la Mere Folle de Dijon. Il a trouvé des représentations et des documents authentiques, tels qu'un chariot et un étendard, liés à cette compagnie. Les preuves incluent des confirmations accordées par le Duc de Bourgogne Philippe le Bon en 1454 et par Jean d'Amboise, Évêque de Langres, en 1482. Ces documents sont conservés dans le Trésor de la Sainte Chapelle de Dijon. L'auteur attribue l'origine de cette compagnie à une période antérieure et décrit ses activités, notamment des processions et des déguisements grotesques. Il rapporte également des arrestations et l'abolition de la compagnie en 1630. L'auteur souhaite que ces informations amusent et intéressent M. de Aíereau.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 67-69
LE SONGE. CANTATE à voix seule, mise en Musique par le sieur Bordier.
Début :
Je goûtois du sommeil les attraits gracieux. [...]
Mots clefs :
Amour, Songe, Sommeil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE SONGE. CANTATE à voix seule, mise en Musique par le sieur Bordier.
LE S O N G E.
.ÇANTATE à voix seule # w>//è f«
Musique par le peur Bordicr* .
ÏE goûtais du sommeil les attraits gracier
Ses tranquilles pavots suspendoient met '
allarmes ,
Lorsqu'un Songe enchanteur vint offrir ì
mes yeux ,
,Iris , l'aimable Iris, dent j'adore les chármes.
Etok.il fous le Ciel un mortel plus heureux!
Je lui parlois d* amour , elle daignoit m'en j
tendre^
A mes empreísemens elle sembloit se rendre' ,
.Et par ces mots flateurs , elle approuvoií
mes feux.
Tircis, je cede à ta constance.
Tu triomphes de ma fierté;
. Il est temps que je récompeníe, .,
Tes foins , & ta fidelité.
.C'est assez éprouver ta flamme ,
Je connois u sincere ardeur ,
. Dij L'a
Ht MERCURE DE FRANCE;
L'amour qui regne sur ton ame ,
S'ell rendu maître de mon coeuç.
A cet aveu si doux de la jeune $eigere ,
Que je m'applaudiflçis ! qUe je fus enchantés
Non , non , le fort du Iljeu qui lance te
Tonnerre,
N'étoit pas comparable à ma felicité !
s
Illusion douce & trompeuíç,
Pourquoi flattes.tu mes desirs }
Helas ! à mon ame amoureuíe ,
Que tu vas couter de soupirs !
Pour ce 'délicieux mensonge ^
sommeil , tes mqmens sont trop courju«
Je ne puis voir Iris qu'en songe ,
Ah ! laisse.moi rêver toujours.
Mais déja c'en est fait , Morphée inexorable ,
Va bien.tôt dissiper les douceurs que je fensi
Il dérobe à mes yeux 4e Fantôme adorable ^
De l'objet qui charme mes sens.
Un songe qu'amour fait pajofae ,
Peut
JANVIER; tjxj. es
î*eut offrir un plaifir charmant 5
Mais pour n'être heureux qu'un moment
H vaudroit mieux ne le pais être.
lorsqu'on droit voir une inhumaine
Répondre à notre vive ardeur ,
L'instant qui chaste notre erreur a!
Sert à redoubler notre peine.
Le Maire.
.ÇANTATE à voix seule # w>//è f«
Musique par le peur Bordicr* .
ÏE goûtais du sommeil les attraits gracier
Ses tranquilles pavots suspendoient met '
allarmes ,
Lorsqu'un Songe enchanteur vint offrir ì
mes yeux ,
,Iris , l'aimable Iris, dent j'adore les chármes.
Etok.il fous le Ciel un mortel plus heureux!
Je lui parlois d* amour , elle daignoit m'en j
tendre^
A mes empreísemens elle sembloit se rendre' ,
.Et par ces mots flateurs , elle approuvoií
mes feux.
Tircis, je cede à ta constance.
Tu triomphes de ma fierté;
. Il est temps que je récompeníe, .,
Tes foins , & ta fidelité.
.C'est assez éprouver ta flamme ,
Je connois u sincere ardeur ,
. Dij L'a
Ht MERCURE DE FRANCE;
L'amour qui regne sur ton ame ,
S'ell rendu maître de mon coeuç.
A cet aveu si doux de la jeune $eigere ,
Que je m'applaudiflçis ! qUe je fus enchantés
Non , non , le fort du Iljeu qui lance te
Tonnerre,
N'étoit pas comparable à ma felicité !
s
Illusion douce & trompeuíç,
Pourquoi flattes.tu mes desirs }
Helas ! à mon ame amoureuíe ,
Que tu vas couter de soupirs !
Pour ce 'délicieux mensonge ^
sommeil , tes mqmens sont trop courju«
Je ne puis voir Iris qu'en songe ,
Ah ! laisse.moi rêver toujours.
Mais déja c'en est fait , Morphée inexorable ,
Va bien.tôt dissiper les douceurs que je fensi
Il dérobe à mes yeux 4e Fantôme adorable ^
De l'objet qui charme mes sens.
Un songe qu'amour fait pajofae ,
Peut
JANVIER; tjxj. es
î*eut offrir un plaifir charmant 5
Mais pour n'être heureux qu'un moment
H vaudroit mieux ne le pais être.
lorsqu'on droit voir une inhumaine
Répondre à notre vive ardeur ,
L'instant qui chaste notre erreur a!
Sert à redoubler notre peine.
Le Maire.
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Résumé : LE SONGE. CANTATE à voix seule, mise en Musique par le sieur Bordier.
Dans un rêve, le narrateur voit Iris, une personne qu'il aime, qui répond favorablement à ses avances amoureuses. Iris déclare céder à sa constance et reconnaître son amour sincère, ce qui procure au narrateur une grande joie et félicité. Cependant, il prend conscience que ce bonheur est une illusion et que le réveil sera douloureux. Il regrette la brièveté des moments agréables du rêve et la rapidité avec laquelle Morphée, le dieu du sommeil, dissipe ces douceurs. Le narrateur exprime son désir de continuer à rêver pour voir Iris, mais reconnaît que ces songes ne font qu'accroître sa peine lorsqu'il se réveille et doit affronter la réalité de son amour non partagé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 69-80
EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
Début :
C'est une tradition dans ce Pays qu'Orange a été fondée en même temps [...]
Mots clefs :
Orange, Colonie, Mars, Empereur, Romains, Médaille, Hercule, Théâtre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
EXTRAIT esune Lettre écrite par
M. Jean Frederic Guib , DoEleur h
Droits i a M. le Marquis de .. . fur
l'origine & les Antie/uiteT^dc la Pille
d'Orange.
C'Est une tradition dans ce Pays qù'O.
' range a été- fondée en même temps
qu'Avignon , 8c que ces deux Villes doi
vent leur origine aux Phocéens ou Grecs
Asiatiques ; mais c'est une chose bien dif
ficile , pour ne pas dire impossible , que
de vouloir aujourd'hui marquer précisé
ment letemps auquel elles ont été fon
dées. Pline le Naturaliste , livre j. chap.
5'. en parlant des Villes de l'Italie qui lui
D iij de
70 MERCURE DE FRANCË.
de voit être un païs très.connu, puisque'
c' étoit la pártie'du monde la plus polie 8e
la plus éclairée, & danslaquelle même if
étoit né , avojie néanmoins qu'il lui sera;
très.difficile de fixer la situation des Vil
les d'Italie sic de marquer leur origine y.
Nec Jitus origine/que persequi facile esi..
Si un Ecrivain de cette importance con-'
feslè une telle chose à l'égard des Villes
de l'Italie, comment sera.t-il poslible au-'
jourd'hui qu'il s'est écoulé ún si grand
nombre de siecles, de pouvoir désigner le
tems de la fondation de la plupart des an
ciennes Villes- de ces Provinces habitées
par des Peuples qui n'a voient aucun soiiv
d'écrire les évenemens dignes d'être tranCrriìs
à la posterité.
Tout ce donc qu'on peut dire rest qu'en.
l'année (a ) six cens avant la nailîàncer
de notre Seigneur Jeíùs.Çhrist , des Habitans
de Phocée , ville de l'Ionie dans l'A
sie Mineure , étant sortis de leur Patrie,
vinrent fonder la ville de Marseille, &
que dans la fuite d'autres Phocéens étant
également venus à Marseille , ils sorti
rent de cette Ville , qui étoit déja extrê
mement peuplée & fonderent les Villes
de Nice, d'Antibes , d'Agde, & peutêtre
même la Ville d'Orange , &c. Mais
( a ) Cette année concourt avec la premiere
année de la 4j- Oiimpiade.
y A N V I E R tin. f t 7t
fòit que ces Phocéens en ayent été les
fondateurs ou qu'ils y ayent seulement en
voyé Une Colonie , on peut aíîurer qu'O
range n'a commencée d'être opulente Se
renommée que depuis qu'elle fut assu
jettie à la domination Romaine > car envi
ron ans avant l'Ere vulgaire , cet
te Ville n'étoit encore qu'un Bourg. Je
me fonde íurce que Tite.Live parlant du
pais que nous habitons a écrit dans le Li
vre li. chap. 28. que dans ce tems-là les
Gaulois de la Rite gauche du Rhône ,
habitoient dans les Bourgs. La Ville d'O
range qui par fa situation ne se trouve
éloignée du Rhône que d'une lieùë , ne
pou voit pas être , íuivant les apparences ,
ni plus puissante , ni d'une plus vaste
étendue que les habitations des peuples
du voisinage.
Environ cent vingt.quatre ans avant la
riaiíïànce de notre Sauveur , les Romains
étant sollicitez par les Marfeillois de leur
envoyer des Troupes pour les secourir ,
ils profiterent habilement de cette occa
sion , & ayant eu le bonheur. de battre les
ennemis dans deux grandes 8c celebres
batailles , la conquête de la^rovence , du
Languedoc , de la Savoye & du Dauphiné,
fût à peu . près le fruit de leurs vic
toires. Le Territoire de cette Ville ayant
été le Théatre fur lequel ces mémorables
* biii) se
7i MERCURE DÉ FRANCE'.
& glorieuses actions s'étoient paslées , lô$
Romains pour éterniser des faits si con
siderables y firent construire notre Arc de
Triomphe , comme je l'ai prouvé dans la
Diísertation qui a été inserée dans le Mer
cure de Paris du- mois de Decembre 17 1 iJ.
page 1 8c fui v. Voilà l'origine de cette
particuliere prédilection & de ce tendre
attachement que ces- superbes Vainqueurs
ont toujours depuis ce tems-là cherement
conservé pour cette Ville.
Elle est devenue Colonie Romaine en1.
viron 4 5. ans avant k naissance de Jesus1.
Christ par le ministere de Tibere Neron
Pere de l'Empereur Tibere ; car ce fut
fous les auspices de ce grand Homme
que des soldats de la seconde legion
vinrent dans cette Ville , de lui' procure'.
lent par.là le nom à'Araitfio Secunda^
normn:
L'an (Í4.0U environ de l'Ere vulgaire
les Romains auraient envoyé une seconde
Colonie dansicette Ville, si ce que Goltzius
a écrit étoit veritable. Cet antiquaire
assure dans son Trésor des Medailles qu'if
y a une Medaille de l'Empereur Neron
sûr laquelle op lit ces paroles íuivantes .•
Colonia 'Araufìo Secnndanornm cohortis
55. viluntariomm.. Ce qui signifierait
que sous le regne de cet Empereur on
envoya dans cette Ville une Colonie pri*
J A NV 1ER 1724.. 73
se des soldats de la cohorte }}. de la ( a )
íeconde legion. Mais comme Pillustre
M. de Peirescn'a jamais pu deterrer une
semblable Medaille , quelques recherches
qu'il ait faites , au rapport de Gaiîèndi in
vita Peiresk.it, f*g. 4.5. il y a lieu de
soupçonner que Goltzius ne s'est pas ex
primé avec l'exactitude convenable. Ce
pendant je ne voudrois pas assurer que
cette Medaille n'ait jamais existé, il peut
bien être que M. de Peireíc arec toutes
ses recherches , n'aura pas trouvé ce qu'un
heureux hazard pouîroit procurer à un;
Curieux de Medailles. Geui qui ont cette
paflìon doivent ^enflammer d'une nou
velle ardeur pour tâcher de découvrir'
une piece d'une si grande rareté , Se ilsr
seroient bien pavez de leurs peines &de
leurs foins par le plaisir de posseder une
Medaille qui auroit été inconnue à une
personne d'un merite auísi distingué que
M. dePeirefo
Quoiqu'il en soit les Romains ayant ho
noré cette Ville d'une Colonie Militaire,
ils lui accorderent les privileges & les'
prérogatives qui y étoient attachez. Au-'
lu.gelíe,au livre 1 6. chap. ij. de Ces
Nuits Attiques , a judicieusement remar
qué que les Colonies étoient en petit une
( a ) La Legion n'étoh ordinairement divi
sée qu'en dix cohortes.
D v image
74 MERCURE DE FRANCE.
image & une representation de la. ma
jesté & de l'opulence dela ville de Rome^
Amplimdinem, Majestatemque Populi Ro
mani Colonie quasi effigies parva ,
jìmulacraque ejfe qu&iam "jidentur. Pair
consequent Orange avoit des Pontifes
ponr regler toutes les affaires concer
nant la Religion , des AugureS qui observoient
le tems favorable pour com
mencer quelque affaire > íoit par le vol ,
chant , ou le manger des oiíeaux , des
Aruspices pour predire l'avenir en re
gardant les entrailles des Victimes, dejf
Ceníeurs , pour regler les moeurs , re
trancher les abus , faite le dénombre
ment des Citoyens & leur assigner un
rang à proportion de leur revenu y des
Quêteurs ou Trésoriers pour exiger Se
avoir foin des deniers publics > des Ediles
pour veiller à la conservation des Edifices
publics tant Saints que Profanes , pour
avoir l'oeil à l'entretien des grands che
mins , des Ponts , des Bains publics, des
Aqueducs , &c pour taxer les Denrées
qui íè vendoient dans les places publi
ques , pour punir ceux qui usoient de.
faux poids & de faussés meíùres , &c.
Les Romains en relevant de cette ma
nière la gloire de cette Ville par la créa
tion de ses dignitez , n'oublierent pas auffi
de l'embellir par un grand nombre de
íôm
/ Â tftf ï' É R 1724. 7 f
íomptueux Bâtimens , des Temples dé
diez à Mars (a) , Diane , Hercule , &c.
furent des preuves de leur zele pour le
culte de ces fausses Divinitez ; des sbains
publics & particuliers , des pavez à la
Mosaïque , des Arenes , un Capitole, urt
Champ de Mars , un Théatre & des
Aqueducs , furent des marques de leur
luxe ou de leur magnificence. Ce qui
nous reste aujourd'hui de ces ouvrages ,
ne nous fait pas moins admirer la somp
tuosité du Bâtiment que l'excellent genie
de ceux qui précedoient à la construction
de ces travaux si utiles 8c si necessaires
aux peuples qui étoient soumis à leur
domination.'
Je passerois de beaucoup les bornes
que je me fuis prescrites dans cet abregé,
íî je parlois avec l'étenduë necessaire de
tous ces divers Edifices ; cependant je ne
fìjaurois m'empêcher d'en dire quelque
chose , quand ce ne seroit que pour indi
ques l'état dans lequel on les voit pré
sentement.
Les Temples de Mars , de Diane &
d'Hercule sont àpreíènt entierement dé
truits. Les Uns assurent que le Temple
de Diane étoit situé à l'endroit où est au-
(a) Il y a des gens qui croyent que les Tem
ples de Mars , & d'Hercule furent bâtis avant
qu'Orange devint Colonie Romaine. .
76. MERCURE DE FRANCE.
jourd'hui l'Eglise Cathedrale ; les autres
disent qu'il étoit fur le derriere du logis
des trois Oranges ; mais d'autres préten
dent qu'en ce dernier endroit l'on voyoit
les Temples de Mars , & d'Hercule , 8c
que dehors la Ville , à la plaine appellée
Martignan , il y a voit un autre Temple
coníàcré au Dieu Mars.
Les Bains publics se trouvent mainte
nant éloignez d'environ 250. pas de la
Porte de Tourre. Ce n'est presque plus
des mazures r nommées vulgairement la
Tour. Ronde.
Les Arenes iônt entierement détruites;.
elles étoient placées dans une Terre à eni
viron 460. pas de la Porte de Saint Mar
tin. C'ëtoit là que les Gladiateurs se battoient
avant. la construction de notre
Theatre. .
Le Capitole , qui étoit ainsi appelle ,
parce qu'il étoit situé dans un lieu le
plus. élevé de la Ville , étoit placé íùr
notre Montagne , ca r Orange étoit four
lors située partie fur la Montagne & par
tie dans la plaine. C'est dáns cet endroit
que deux Magistrats appeliez' Diiumvirs
rendoient la Justice ; oh les éliïòit ctu
corps des Decurions qui étoient à peu
près ce que font à present nos Coníeil
lers politiques. If qui non fit Deciino
JDmmviraut , vd aliis honoribus fungl
non.
JANVIER 17*4. 77.
non potest. liv, 7. $. 2. íF. de Dccurion. SS
filiis eorum. Decuriones , dit le Jurifcon-.
fuite Pomponius au §. 5. de la loi 239^
du Titre du Digeste de verbor. fignif..
Quidam diílos aiunt ex eo , quod initio ^
cum coloni» deduceretur , decima part
eorum , qui' dncerenturconfilii' publici gra-'
ri* y conscribi solita fit.
Le Champ de Mars étoit situé dans l'en-'
droit où est aujourd'hui le Couvent des
Religieux Capucins -, qui étroit autrefois'
le Fau xbourg Saint Florent, & aupara
vant le Bourg de la Clastre. C'étoitdans'
ce champ qu'on s'éxerçoit à la course, à'
la lutte, à tirer de l'arc 3 &c. qu'on bruloit
les corps y Sec.
Notre Théatre appelle communément'
le Cirque servait pour les courses des'
chariots , les combats des Gladiateurs &
des bêtes feroces , & poiír donner les'
naumachies pr ie moyen de l'eau que:
l'on' y faiíòit venir en abondance , toutes'
l«s fois qu'on le fouhaittoit , erî ouvrant
des conduits destinez à cet usage. lia 108.' .
pieds de hauteur & 124. de largeur. Je
dirai ailleurs qu'il a été bâti sous le re
gne de l'Empereur Adrien , environ 121,
ans après la naissance de notre di via
Sauveur.
L'Aqueduc avort son origine à quel
ques lieues de cette Ville dans le Terxoir
f* MERCURE DE FRANCE.
roir de Malauslenne , petite Ville dit
Gomtat. Il íerroit à conduire l'eau qui
étoit nécessaire pour les bains 8c pour les
naumachíes , &c. Oh en voit encore des
débris assez considerables.
Si à tous ces' precieux restes ont joint
les bas.reliefs., les pavez à la Moíàïque ,
Sec. qui se voient chez diyers particu
liers, on'J conviendra facilement qu'O
range devoit être une Ville bien magni
fique & bien opulente. Quelle perte
n'est.ce pas pour la" Republique des Let
tres , n quelque Auteur ancien avoit
entrepris une Deícription exacte & fi
dele de cette Ville dans le tems qu'elle
étoit dans íà íplendeur , qu'un tel Ou
vrage ne soit pas parvenu juíqu'à nous ?
Combien de Coutumes & de ceremonies,
tant íàcrées que prophaites , qui étoient
usitées parmi les Romains , & qui nous
sont à present inconnues , n'apprendrions-.
rtous pas par' la lecture d'un semblable
Ouvrage? Plus l'Auteur auroit été judi
cieux ,& plus nous y découvririons des
faits curieux & interessons, La perle de'
Cleopatre qui fut mise aux oreilles de
la Statue de la Déesse Venus, ou la cassette
ornée de pierreries dans laquelle Alexan
dre le Grand mettoit les Ouvrages d'Homere
, ne seroient pas capable de payer
an tel Livre. Si on étoit assez heureux
.:u* pour
JANVÍER ^724. ff
jjoíseder une semblable production , on
auroic le plaisir de voir d'une maniere
claire & convaincante que les Sorligers ,
les Saumajflès , les Menage, les Spon ,
les Voíïïus les Spanheim , les Dacier ,
& en un mot, que la plupart de ceux
qui se sont attachez à expliquer les Antiquitez
Romaines , ont heureuíement ren
contre la verité , & nous ne serions plus
dans l'incertitude s'ils se sont quelque.,
fois trompez dans leurs raisonnemens,
ou dans leurs conjectures..
Les autres Anciens qui ont parlé d'O
range l'ont fait d!une maniere si succinte,
que cela ne donne pas de grands éclaireiflèmens
à ceux qui font une étude par
ticuliere de l'Histoire ancienne de cette
Ville. On en powrra juger , si on lit ce
que les Auteurs suivans en ont dit.
Strabon , celebre Geographe , qui vi-
Voit sous les regnes des Empereurs Au
guste & Tibere , est le plus ancien Au
teur qui ait fait mention d'Orange.
Pomponius Mela qui vivoit.íôus le
regne de l'empereur Claude a aussi par.r
lé de cette Ville.
Pline le Naturaliste en a également
parlé. Il vivoit fous le regne de l'Empe
reur Vespaíîen.
Pcolemée , le Prince des Astronomes
qui fleurissoit sous le regne de l'Empe
reur
U MERCURE- DE FRANCE.
reur Adrien a pareillement sait mention
de cette Ville , de même que l'Itinéraire
que l'on attribuè' à l'Empereur Anto.,
nin , &c.
Peut.être ne íèroit-if pas inutile avant
que de finir de donner l'étimologie du
nomà'Orange. Je le ferois avec plaisir,
íì je ne croyois qu'il y a trop d'incertitu
de dans cette science , pour pouvoir s'y
arrêter avec quelque fondement. Une
rencontre , un rien sont quelquefois les
motifs du nom que l'on donne à une.
Ville ; qu'on aille après cela donner une
raison de ce qui est un pur effet du hazard.
Ainsi ,. Monsieur , j'aime mieux
employer le peu d'espace qui me reste à
vous supplier très.humblement de me
pardonner la liberté que j'ai priíê de
mettre vôtre illustre nom à la tête de
cet Écrit,. &c. ;
A Orange >.cé r. Septembre. ìjì jì
M. Jean Frederic Guib , DoEleur h
Droits i a M. le Marquis de .. . fur
l'origine & les Antie/uiteT^dc la Pille
d'Orange.
C'Est une tradition dans ce Pays qù'O.
' range a été- fondée en même temps
qu'Avignon , 8c que ces deux Villes doi
vent leur origine aux Phocéens ou Grecs
Asiatiques ; mais c'est une chose bien dif
ficile , pour ne pas dire impossible , que
de vouloir aujourd'hui marquer précisé
ment letemps auquel elles ont été fon
dées. Pline le Naturaliste , livre j. chap.
5'. en parlant des Villes de l'Italie qui lui
D iij de
70 MERCURE DE FRANCË.
de voit être un païs très.connu, puisque'
c' étoit la pártie'du monde la plus polie 8e
la plus éclairée, & danslaquelle même if
étoit né , avojie néanmoins qu'il lui sera;
très.difficile de fixer la situation des Vil
les d'Italie sic de marquer leur origine y.
Nec Jitus origine/que persequi facile esi..
Si un Ecrivain de cette importance con-'
feslè une telle chose à l'égard des Villes
de l'Italie, comment sera.t-il poslible au-'
jourd'hui qu'il s'est écoulé ún si grand
nombre de siecles, de pouvoir désigner le
tems de la fondation de la plupart des an
ciennes Villes- de ces Provinces habitées
par des Peuples qui n'a voient aucun soiiv
d'écrire les évenemens dignes d'être tranCrriìs
à la posterité.
Tout ce donc qu'on peut dire rest qu'en.
l'année (a ) six cens avant la nailîàncer
de notre Seigneur Jeíùs.Çhrist , des Habitans
de Phocée , ville de l'Ionie dans l'A
sie Mineure , étant sortis de leur Patrie,
vinrent fonder la ville de Marseille, &
que dans la fuite d'autres Phocéens étant
également venus à Marseille , ils sorti
rent de cette Ville , qui étoit déja extrê
mement peuplée & fonderent les Villes
de Nice, d'Antibes , d'Agde, & peutêtre
même la Ville d'Orange , &c. Mais
( a ) Cette année concourt avec la premiere
année de la 4j- Oiimpiade.
y A N V I E R tin. f t 7t
fòit que ces Phocéens en ayent été les
fondateurs ou qu'ils y ayent seulement en
voyé Une Colonie , on peut aíîurer qu'O
range n'a commencée d'être opulente Se
renommée que depuis qu'elle fut assu
jettie à la domination Romaine > car envi
ron ans avant l'Ere vulgaire , cet
te Ville n'étoit encore qu'un Bourg. Je
me fonde íurce que Tite.Live parlant du
pais que nous habitons a écrit dans le Li
vre li. chap. 28. que dans ce tems-là les
Gaulois de la Rite gauche du Rhône ,
habitoient dans les Bourgs. La Ville d'O
range qui par fa situation ne se trouve
éloignée du Rhône que d'une lieùë , ne
pou voit pas être , íuivant les apparences ,
ni plus puissante , ni d'une plus vaste
étendue que les habitations des peuples
du voisinage.
Environ cent vingt.quatre ans avant la
riaiíïànce de notre Sauveur , les Romains
étant sollicitez par les Marfeillois de leur
envoyer des Troupes pour les secourir ,
ils profiterent habilement de cette occa
sion , & ayant eu le bonheur. de battre les
ennemis dans deux grandes 8c celebres
batailles , la conquête de la^rovence , du
Languedoc , de la Savoye & du Dauphiné,
fût à peu . près le fruit de leurs vic
toires. Le Territoire de cette Ville ayant
été le Théatre fur lequel ces mémorables
* biii) se
7i MERCURE DÉ FRANCE'.
& glorieuses actions s'étoient paslées , lô$
Romains pour éterniser des faits si con
siderables y firent construire notre Arc de
Triomphe , comme je l'ai prouvé dans la
Diísertation qui a été inserée dans le Mer
cure de Paris du- mois de Decembre 17 1 iJ.
page 1 8c fui v. Voilà l'origine de cette
particuliere prédilection & de ce tendre
attachement que ces- superbes Vainqueurs
ont toujours depuis ce tems-là cherement
conservé pour cette Ville.
Elle est devenue Colonie Romaine en1.
viron 4 5. ans avant k naissance de Jesus1.
Christ par le ministere de Tibere Neron
Pere de l'Empereur Tibere ; car ce fut
fous les auspices de ce grand Homme
que des soldats de la seconde legion
vinrent dans cette Ville , de lui' procure'.
lent par.là le nom à'Araitfio Secunda^
normn:
L'an (Í4.0U environ de l'Ere vulgaire
les Romains auraient envoyé une seconde
Colonie dansicette Ville, si ce que Goltzius
a écrit étoit veritable. Cet antiquaire
assure dans son Trésor des Medailles qu'if
y a une Medaille de l'Empereur Neron
sûr laquelle op lit ces paroles íuivantes .•
Colonia 'Araufìo Secnndanornm cohortis
55. viluntariomm.. Ce qui signifierait
que sous le regne de cet Empereur on
envoya dans cette Ville une Colonie pri*
J A NV 1ER 1724.. 73
se des soldats de la cohorte }}. de la ( a )
íeconde legion. Mais comme Pillustre
M. de Peirescn'a jamais pu deterrer une
semblable Medaille , quelques recherches
qu'il ait faites , au rapport de Gaiîèndi in
vita Peiresk.it, f*g. 4.5. il y a lieu de
soupçonner que Goltzius ne s'est pas ex
primé avec l'exactitude convenable. Ce
pendant je ne voudrois pas assurer que
cette Medaille n'ait jamais existé, il peut
bien être que M. de Peireíc arec toutes
ses recherches , n'aura pas trouvé ce qu'un
heureux hazard pouîroit procurer à un;
Curieux de Medailles. Geui qui ont cette
paflìon doivent ^enflammer d'une nou
velle ardeur pour tâcher de découvrir'
une piece d'une si grande rareté , Se ilsr
seroient bien pavez de leurs peines &de
leurs foins par le plaisir de posseder une
Medaille qui auroit été inconnue à une
personne d'un merite auísi distingué que
M. dePeirefo
Quoiqu'il en soit les Romains ayant ho
noré cette Ville d'une Colonie Militaire,
ils lui accorderent les privileges & les'
prérogatives qui y étoient attachez. Au-'
lu.gelíe,au livre 1 6. chap. ij. de Ces
Nuits Attiques , a judicieusement remar
qué que les Colonies étoient en petit une
( a ) La Legion n'étoh ordinairement divi
sée qu'en dix cohortes.
D v image
74 MERCURE DE FRANCE.
image & une representation de la. ma
jesté & de l'opulence dela ville de Rome^
Amplimdinem, Majestatemque Populi Ro
mani Colonie quasi effigies parva ,
jìmulacraque ejfe qu&iam "jidentur. Pair
consequent Orange avoit des Pontifes
ponr regler toutes les affaires concer
nant la Religion , des AugureS qui observoient
le tems favorable pour com
mencer quelque affaire > íoit par le vol ,
chant , ou le manger des oiíeaux , des
Aruspices pour predire l'avenir en re
gardant les entrailles des Victimes, dejf
Ceníeurs , pour regler les moeurs , re
trancher les abus , faite le dénombre
ment des Citoyens & leur assigner un
rang à proportion de leur revenu y des
Quêteurs ou Trésoriers pour exiger Se
avoir foin des deniers publics > des Ediles
pour veiller à la conservation des Edifices
publics tant Saints que Profanes , pour
avoir l'oeil à l'entretien des grands che
mins , des Ponts , des Bains publics, des
Aqueducs , &c pour taxer les Denrées
qui íè vendoient dans les places publi
ques , pour punir ceux qui usoient de.
faux poids & de faussés meíùres , &c.
Les Romains en relevant de cette ma
nière la gloire de cette Ville par la créa
tion de ses dignitez , n'oublierent pas auffi
de l'embellir par un grand nombre de
íôm
/ Â tftf ï' É R 1724. 7 f
íomptueux Bâtimens , des Temples dé
diez à Mars (a) , Diane , Hercule , &c.
furent des preuves de leur zele pour le
culte de ces fausses Divinitez ; des sbains
publics & particuliers , des pavez à la
Mosaïque , des Arenes , un Capitole, urt
Champ de Mars , un Théatre & des
Aqueducs , furent des marques de leur
luxe ou de leur magnificence. Ce qui
nous reste aujourd'hui de ces ouvrages ,
ne nous fait pas moins admirer la somp
tuosité du Bâtiment que l'excellent genie
de ceux qui précedoient à la construction
de ces travaux si utiles 8c si necessaires
aux peuples qui étoient soumis à leur
domination.'
Je passerois de beaucoup les bornes
que je me fuis prescrites dans cet abregé,
íî je parlois avec l'étenduë necessaire de
tous ces divers Edifices ; cependant je ne
fìjaurois m'empêcher d'en dire quelque
chose , quand ce ne seroit que pour indi
ques l'état dans lequel on les voit pré
sentement.
Les Temples de Mars , de Diane &
d'Hercule sont àpreíènt entierement dé
truits. Les Uns assurent que le Temple
de Diane étoit situé à l'endroit où est au-
(a) Il y a des gens qui croyent que les Tem
ples de Mars , & d'Hercule furent bâtis avant
qu'Orange devint Colonie Romaine. .
76. MERCURE DE FRANCE.
jourd'hui l'Eglise Cathedrale ; les autres
disent qu'il étoit fur le derriere du logis
des trois Oranges ; mais d'autres préten
dent qu'en ce dernier endroit l'on voyoit
les Temples de Mars , & d'Hercule , 8c
que dehors la Ville , à la plaine appellée
Martignan , il y a voit un autre Temple
coníàcré au Dieu Mars.
Les Bains publics se trouvent mainte
nant éloignez d'environ 250. pas de la
Porte de Tourre. Ce n'est presque plus
des mazures r nommées vulgairement la
Tour. Ronde.
Les Arenes iônt entierement détruites;.
elles étoient placées dans une Terre à eni
viron 460. pas de la Porte de Saint Mar
tin. C'ëtoit là que les Gladiateurs se battoient
avant. la construction de notre
Theatre. .
Le Capitole , qui étoit ainsi appelle ,
parce qu'il étoit situé dans un lieu le
plus. élevé de la Ville , étoit placé íùr
notre Montagne , ca r Orange étoit four
lors située partie fur la Montagne & par
tie dans la plaine. C'est dáns cet endroit
que deux Magistrats appeliez' Diiumvirs
rendoient la Justice ; oh les éliïòit ctu
corps des Decurions qui étoient à peu
près ce que font à present nos Coníeil
lers politiques. If qui non fit Deciino
JDmmviraut , vd aliis honoribus fungl
non.
JANVIER 17*4. 77.
non potest. liv, 7. $. 2. íF. de Dccurion. SS
filiis eorum. Decuriones , dit le Jurifcon-.
fuite Pomponius au §. 5. de la loi 239^
du Titre du Digeste de verbor. fignif..
Quidam diílos aiunt ex eo , quod initio ^
cum coloni» deduceretur , decima part
eorum , qui' dncerenturconfilii' publici gra-'
ri* y conscribi solita fit.
Le Champ de Mars étoit situé dans l'en-'
droit où est aujourd'hui le Couvent des
Religieux Capucins -, qui étroit autrefois'
le Fau xbourg Saint Florent, & aupara
vant le Bourg de la Clastre. C'étoitdans'
ce champ qu'on s'éxerçoit à la course, à'
la lutte, à tirer de l'arc 3 &c. qu'on bruloit
les corps y Sec.
Notre Théatre appelle communément'
le Cirque servait pour les courses des'
chariots , les combats des Gladiateurs &
des bêtes feroces , & poiír donner les'
naumachies pr ie moyen de l'eau que:
l'on' y faiíòit venir en abondance , toutes'
l«s fois qu'on le fouhaittoit , erî ouvrant
des conduits destinez à cet usage. lia 108.' .
pieds de hauteur & 124. de largeur. Je
dirai ailleurs qu'il a été bâti sous le re
gne de l'Empereur Adrien , environ 121,
ans après la naissance de notre di via
Sauveur.
L'Aqueduc avort son origine à quel
ques lieues de cette Ville dans le Terxoir
f* MERCURE DE FRANCE.
roir de Malauslenne , petite Ville dit
Gomtat. Il íerroit à conduire l'eau qui
étoit nécessaire pour les bains 8c pour les
naumachíes , &c. Oh en voit encore des
débris assez considerables.
Si à tous ces' precieux restes ont joint
les bas.reliefs., les pavez à la Moíàïque ,
Sec. qui se voient chez diyers particu
liers, on'J conviendra facilement qu'O
range devoit être une Ville bien magni
fique & bien opulente. Quelle perte
n'est.ce pas pour la" Republique des Let
tres , n quelque Auteur ancien avoit
entrepris une Deícription exacte & fi
dele de cette Ville dans le tems qu'elle
étoit dans íà íplendeur , qu'un tel Ou
vrage ne soit pas parvenu juíqu'à nous ?
Combien de Coutumes & de ceremonies,
tant íàcrées que prophaites , qui étoient
usitées parmi les Romains , & qui nous
sont à present inconnues , n'apprendrions-.
rtous pas par' la lecture d'un semblable
Ouvrage? Plus l'Auteur auroit été judi
cieux ,& plus nous y découvririons des
faits curieux & interessons, La perle de'
Cleopatre qui fut mise aux oreilles de
la Statue de la Déesse Venus, ou la cassette
ornée de pierreries dans laquelle Alexan
dre le Grand mettoit les Ouvrages d'Homere
, ne seroient pas capable de payer
an tel Livre. Si on étoit assez heureux
.:u* pour
JANVÍER ^724. ff
jjoíseder une semblable production , on
auroic le plaisir de voir d'une maniere
claire & convaincante que les Sorligers ,
les Saumajflès , les Menage, les Spon ,
les Voíïïus les Spanheim , les Dacier ,
& en un mot, que la plupart de ceux
qui se sont attachez à expliquer les Antiquitez
Romaines , ont heureuíement ren
contre la verité , & nous ne serions plus
dans l'incertitude s'ils se sont quelque.,
fois trompez dans leurs raisonnemens,
ou dans leurs conjectures..
Les autres Anciens qui ont parlé d'O
range l'ont fait d!une maniere si succinte,
que cela ne donne pas de grands éclaireiflèmens
à ceux qui font une étude par
ticuliere de l'Histoire ancienne de cette
Ville. On en powrra juger , si on lit ce
que les Auteurs suivans en ont dit.
Strabon , celebre Geographe , qui vi-
Voit sous les regnes des Empereurs Au
guste & Tibere , est le plus ancien Au
teur qui ait fait mention d'Orange.
Pomponius Mela qui vivoit.íôus le
regne de l'empereur Claude a aussi par.r
lé de cette Ville.
Pline le Naturaliste en a également
parlé. Il vivoit fous le regne de l'Empe
reur Vespaíîen.
Pcolemée , le Prince des Astronomes
qui fleurissoit sous le regne de l'Empe
reur
U MERCURE- DE FRANCE.
reur Adrien a pareillement sait mention
de cette Ville , de même que l'Itinéraire
que l'on attribuè' à l'Empereur Anto.,
nin , &c.
Peut.être ne íèroit-if pas inutile avant
que de finir de donner l'étimologie du
nomà'Orange. Je le ferois avec plaisir,
íì je ne croyois qu'il y a trop d'incertitu
de dans cette science , pour pouvoir s'y
arrêter avec quelque fondement. Une
rencontre , un rien sont quelquefois les
motifs du nom que l'on donne à une.
Ville ; qu'on aille après cela donner une
raison de ce qui est un pur effet du hazard.
Ainsi ,. Monsieur , j'aime mieux
employer le peu d'espace qui me reste à
vous supplier très.humblement de me
pardonner la liberté que j'ai priíê de
mettre vôtre illustre nom à la tête de
cet Écrit,. &c. ;
A Orange >.cé r. Septembre. ìjì jì
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
La lettre de M. Jean Frédéric Guib explore l'origine et les antécédents de la ville d'Orange. Selon une tradition locale, Orange et Avignon auraient été fondées simultanément par les Phocéens, des Grecs asiatiques. Cependant, la date exacte de leur fondation reste incertaine. Pline le Naturaliste, bien que familier avec l'Italie, reconnaissait la difficulté de déterminer l'origine des villes italiennes, rendant la datation des villes provençales encore plus complexe. En 600 avant J.-C., des habitants de Phocée fondèrent Marseille, et d'autres Phocéens établirent ensuite Nice, Antibes, Agde, et peut-être Orange. Orange ne devint prospère et renommée qu'après être passée sous domination romaine. Environ 124 ans avant J.-C., les Romains, sollicités par les Marseillais, battirent les ennemis et conquirent la Provence, le Languedoc, la Savoie et le Dauphiné. Orange, située près du Rhône, était alors un simple bourg. Les Romains construisirent un arc de triomphe à Orange pour commémorer leurs victoires. La ville devint une colonie romaine environ 45 ans avant J.-C., sous le règne de Tibère Néron. Les Romains y envoyèrent des soldats de la seconde légion, lui donnant le nom de Colonia Arausio Secunda. Une médaille de Néron mentionnerait une seconde colonie, mais son authenticité est douteuse. Orange bénéficia de privilèges et de dignités romaines, incluant des pontifes, augures, aruspices, censeurs, questeurs, et édiles. Les Romains embellirent la ville avec des temples, des bains, des arènes, un théâtre, et des aqueducs. Aujourd'hui, plusieurs de ces structures sont détruites ou en ruine, mais des vestiges subsistent, témoignant de la grandeur passée d'Orange. Les auteurs anciens comme Strabon, Pomponius Mela, et Pline le Naturaliste ont mentionné Orange, mais leurs descriptions sont succinctes et ne fournissent que peu d'éclairages sur l'histoire ancienne de la ville. Le texte mentionne également Ptolémée, décrit comme le 'Prince des Astronomes' vivant sous le règne d'un empereur non nommé, ainsi qu'Adrien et un itinéraire attribué à l'empereur Antonin. L'auteur exprime son intention de donner l'étymologie du nom 'Orange', mais il hésite en raison des incertitudes dans cette science. Il conclut en s'excusant pour la liberté prise de mentionner le nom illustre d'une personne à la tête de son écrit. Le texte est daté du 21 septembre et provient d'Orange.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 80
Épigramme. [titre d'après la table]
Début :
L'Epigramme suivante a été faite en l'honneur du Roy & de l'Infante. [...]
Mots clefs :
Roi, Infante
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Épigramme. [titre d'après la table]
L 'Epigramme suivante a été faite en
l'honneur du Roy & de l'Infante.
Heroum, Lodtix;.& tu Viéloria proies ,
Vivite , quos putrius eonfocitfvit amer i
Utrboniium proies ambo , sacrisqut jugandi
Vinelis : Sorhmt dignus uterque ttro.
l'honneur du Roy & de l'Infante.
Heroum, Lodtix;.& tu Viéloria proies ,
Vivite , quos putrius eonfocitfvit amer i
Utrboniium proies ambo , sacrisqut jugandi
Vinelis : Sorhmt dignus uterque ttro.
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13
p. 81-82
EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, par M. l'Abbé de Vienne, Chanoine de la Cathedrale de Châlons en Champagne, le 22. Decembre 1723.
Début :
J'ay l'honneur de vous informer, Messieurs, d'un évenement qui a eu [...]
Mots clefs :
Corps
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, par M. l'Abbé de Vienne, Chanoine de la Cathedrale de Châlons en Champagne, le 22. Decembre 1723.
£ JT7*^ AIT d'une Lettre écrits au»
Auteurs' du Mercure , par Ai. l'Abbé
de sienne , Chanoine de la Cathedrale'
de Châlons en Champagne , le 2 z.'
Decembre 1723.
J'Ay l'honneur dé vous informer ,
Messieurs , d'un évenement qui a eu
pour témoins. tous les habitans de cette
Ville, &c que j'ai vu moi.même dans
toutes les circonstances que je vais vous
détailler.
On trouva le 14V du present mois da
decembre 1725. en l'Eglise Paroissiale
de S. Alpin , un corps sain & entier'
après vingt. trois ans, & quelque mois
de sepulture ; les yeu* 8c lèvres qui íònt
les parties les plus délicates 3 & par con-
Itquent les plus sujettes à corruption',
n'avoient aucune apparence de pourririture',
se visage étoit si peu changé ,
que l'on reconnut sans peine les traits de;
M. Braux du Locton , vivant" Ecuyer ,
President du Bureau des Trésoriers do
France en Champagne. On raisonna dif
feremment fur un fait aussi singulier m
les uns le regardent comme la récom^
pense du merite & de la vertu du dé
font ?
#2 MERCURE DE FRAN
funt, qui en effet a vécu en bon""Chrérien
, & en honnête homme , d'autre»
l'attribuent à une veine de terre ; mais
ce dernierjfentiment me paroît peu plau.<
íible attendu que le terrain de cette
Eglise est très.humide , & que d'ailleurs
l'on n'a jamais trouvé fous la tombe de
la Famille des Braux de corps sain dans
aucune de lès parties , peu de temps mê
me après avoir été inhumé. Au reste.
Messieurs , quelque cause que puiJïe avoir
un' effet aussi extraordinaire , je l'ai crû
digne de l'attention des curieux. Je fuis,
&c.
Auteurs' du Mercure , par Ai. l'Abbé
de sienne , Chanoine de la Cathedrale'
de Châlons en Champagne , le 2 z.'
Decembre 1723.
J'Ay l'honneur dé vous informer ,
Messieurs , d'un évenement qui a eu
pour témoins. tous les habitans de cette
Ville, &c que j'ai vu moi.même dans
toutes les circonstances que je vais vous
détailler.
On trouva le 14V du present mois da
decembre 1725. en l'Eglise Paroissiale
de S. Alpin , un corps sain & entier'
après vingt. trois ans, & quelque mois
de sepulture ; les yeu* 8c lèvres qui íònt
les parties les plus délicates 3 & par con-
Itquent les plus sujettes à corruption',
n'avoient aucune apparence de pourririture',
se visage étoit si peu changé ,
que l'on reconnut sans peine les traits de;
M. Braux du Locton , vivant" Ecuyer ,
President du Bureau des Trésoriers do
France en Champagne. On raisonna dif
feremment fur un fait aussi singulier m
les uns le regardent comme la récom^
pense du merite & de la vertu du dé
font ?
#2 MERCURE DE FRAN
funt, qui en effet a vécu en bon""Chrérien
, & en honnête homme , d'autre»
l'attribuent à une veine de terre ; mais
ce dernierjfentiment me paroît peu plau.<
íible attendu que le terrain de cette
Eglise est très.humide , & que d'ailleurs
l'on n'a jamais trouvé fous la tombe de
la Famille des Braux de corps sain dans
aucune de lès parties , peu de temps mê
me après avoir été inhumé. Au reste.
Messieurs , quelque cause que puiJïe avoir
un' effet aussi extraordinaire , je l'ai crû
digne de l'attention des curieux. Je fuis,
&c.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, par M. l'Abbé de Vienne, Chanoine de la Cathedrale de Châlons en Champagne, le 22. Decembre 1723.
Le 14 décembre 1725, à Châlons en Champagne, un corps intact a été découvert dans l'église paroissiale de Saint-Alpin après vingt-trois ans de sépulture. Le visage de M. Braux du Locton, écuyer et président du Bureau des Trésoriers de France en Champagne, était parfaitement reconnaissable, sans trace de décomposition. Les habitants ont réagi différemment : certains ont vu cela comme une récompense pour sa vertu et sa foi chrétienne, tandis que d'autres ont évoqué une particularité du terrain, bien que cette explication soit moins convaincante. Le terrain de l'église est humide, et aucune autre tombe de la famille Braux n'a montré de signes similaires de conservation. L'Abbé Chanoine de la Cathédrale de Châlons a jugé cet événement digne d'intérêt et a décidé de le relater dans le Mercure de France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 82-83
EXPLICATION des Enigmes du Mercure de Novembre 1723.
Début :
Tu naîtras comme tu voudras, [...]
Mots clefs :
Blanc, Pelotes de neige
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texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION des Enigmes du Mercure de Novembre 1723.
£ XP LÎC ATION dis Enigmes M
Mále , femelle , blanche , ou grise,
íu n'aiiras qu'un corps & deux bras,
Couvriras peau blanche ou peáu bise ,
Mercure de Novembre
U naîtras comme tu voudras ,
Rois , gens , ou d'Epée ou d'Eglise ,
Ce n'est pas.là mon embarras.
Que cent fois mieux on re déguise ,
Je te nommerai sans méprise ,»
Es
J ANVIÊR. r 714. îf
Ét mieux que ne feroit Circé y
Mais j'y scrois embarrassé,
Si Capucin poitoit chemise. .
A ne te voir que le museau y
D'un faux devot aurois la mine V
Mais puisque cfest â la sourdine,?
Qu'on te fabrique bien & beau
Baut qu'autre chose j'imagine.
Ton pere assez souvent chemine ,
Vers l'autre monde en tombereau
Celui qui ion méfier exerce ,
Meurt rarement la plume au cul ,
Me Condamne à la fièvre tierce ,
Si tu n'es pas «»/*«# écu*.
Vous qui passez pa* un temps nebuleux
Devant la porte 'd'un College ,
Serez bien fins , ou bienheureux ,
Si pouvez éviter les pelotes de rteigt.
Mále , femelle , blanche , ou grise,
íu n'aiiras qu'un corps & deux bras,
Couvriras peau blanche ou peáu bise ,
Mercure de Novembre
U naîtras comme tu voudras ,
Rois , gens , ou d'Epée ou d'Eglise ,
Ce n'est pas.là mon embarras.
Que cent fois mieux on re déguise ,
Je te nommerai sans méprise ,»
Es
J ANVIÊR. r 714. îf
Ét mieux que ne feroit Circé y
Mais j'y scrois embarrassé,
Si Capucin poitoit chemise. .
A ne te voir que le museau y
D'un faux devot aurois la mine V
Mais puisque cfest â la sourdine,?
Qu'on te fabrique bien & beau
Baut qu'autre chose j'imagine.
Ton pere assez souvent chemine ,
Vers l'autre monde en tombereau
Celui qui ion méfier exerce ,
Meurt rarement la plume au cul ,
Me Condamne à la fièvre tierce ,
Si tu n'es pas «»/*«# écu*.
Vous qui passez pa* un temps nebuleux
Devant la porte 'd'un College ,
Serez bien fins , ou bienheureux ,
Si pouvez éviter les pelotes de rteigt.
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Résumé : EXPLICATION des Enigmes du Mercure de Novembre 1723.
Le poème 'LÏC ATION dis Enigmes M' décrit une entité androgyne, blanche ou grise, avec un corps et deux bras, appartenant à diverses classes sociales. Il mentionne des éléments mystiques, des figures mythologiques comme Circé, et des personnages tels que des capucins. Le père de cette entité meurt fréquemment. Le texte se termine par une mise en garde contre un temps nébuleux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 84
EPIGRAMME servant d'explication à la seconde Enigme du I. volume du Mercure de Decembre.
Début :
Certain Bourgeois un soir ridant le front, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPIGRAMME servant d'explication à la seconde Enigme du I. volume du Mercure de Decembre.
EPIGRAMME . servant. etexplication'
* la seconde Enigme du i. volume
du Mercure de Decembre.'
ç'Ertáin Bourgeois un soir ridahrle fronta'
Au coindu feu íè dòrínoit la torture ,
Pour déchiffrer. l'Enigme du Mercure :
C^uelestce corps. que l'on noufc dépeintrond>'
Fait en un jour , & d'immense structure î
Mais le bon homme écoit bien loin du but }
Or il advint que sa'semffle mourut , '
Le lendemain \» voilà dains la bierrer
Et quand tout fut bien scellé ., bien cloué ',
Ah ! je la tiens enfin , Dieu soit loté ,'
Bit. il, voyant qu'on lalloit mettre en terre,'
* la seconde Enigme du i. volume
du Mercure de Decembre.'
ç'Ertáin Bourgeois un soir ridahrle fronta'
Au coindu feu íè dòrínoit la torture ,
Pour déchiffrer. l'Enigme du Mercure :
C^uelestce corps. que l'on noufc dépeintrond>'
Fait en un jour , & d'immense structure î
Mais le bon homme écoit bien loin du but }
Or il advint que sa'semffle mourut , '
Le lendemain \» voilà dains la bierrer
Et quand tout fut bien scellé ., bien cloué ',
Ah ! je la tiens enfin , Dieu soit loté ,'
Bit. il, voyant qu'on lalloit mettre en terre,'
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Résumé : EPIGRAMME servant d'explication à la seconde Enigme du I. volume du Mercure de Decembre.
Un bourgeois cherche à résoudre une énigme du Mercure de décembre : 'Quel est ce corps que l'on nous dépeint rond, fait en un jour, et d'immense structure ?' Il trouve la réponse lors des funérailles de sa servante, après la fermeture du cercueil.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 84-85
EXPLICATION des trois Enigmes du Mercure de Decembre 1723.
Début :
Iris, dont mon coeur suit les loix, [...]
Mots clefs :
Joconde, Chaise à porteurs, Premier jour de l'an, Terre
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texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION des trois Enigmes du Mercure de Decembre 1723.
EXPLÍC ATIÚ N d'ei trois Énigmes
du Mercure de Decembre 1
Sur l'Air de Joconde.
J Ris , dont mon coeur íiùt les Ioix 1
Veut qu'aujourd'hui j'explique ,
Leí
ÎANVI ER i724. |R
Les Enigmes du dernier rrtois^
En langage Lyrigue.
Tous mes foins doiyent aspirer ,
Au bonheur de lui plaire ,
Tâchons donc de les penetrer^,
Et de la satisfaire.
Je vais en définir le Plan ,
.Sur le ton de Joconde.,
la premiere(est le jour de l'juij
la terre estla seconde ;
On doit par la Chaise à Porteûrí
Expliquer la troisième ,
Tous Oedipes Speculateurs ,
Deyinero.nt de même,.
]je Maire.
du Mercure de Decembre 1
Sur l'Air de Joconde.
J Ris , dont mon coeur íiùt les Ioix 1
Veut qu'aujourd'hui j'explique ,
Leí
ÎANVI ER i724. |R
Les Enigmes du dernier rrtois^
En langage Lyrigue.
Tous mes foins doiyent aspirer ,
Au bonheur de lui plaire ,
Tâchons donc de les penetrer^,
Et de la satisfaire.
Je vais en définir le Plan ,
.Sur le ton de Joconde.,
la premiere(est le jour de l'juij
la terre estla seconde ;
On doit par la Chaise à Porteûrí
Expliquer la troisième ,
Tous Oedipes Speculateurs ,
Deyinero.nt de même,.
]je Maire.
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Résumé : EXPLICATION des trois Enigmes du Mercure de Decembre 1723.
Le texte explique les trois énigmes du Mercure de décembre 1724 sur l'air de Joconde. La première énigme traite du jour du jugement, la seconde concerne la terre, et la troisième doit être expliquée par la Chaise à Porteur. Tous les 'Oedipes Speculateurs' devinent de la même manière, selon le Maire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 85-86
AUTRE explication de la premiere Enigme. Par un Gascon.
Début :
Le premier jour de l'An, est l'aîné de ses freres, [...]
Mots clefs :
Avare
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE explication de la premiere Enigme. Par un Gascon.
AVTRE exp'ication de la premiere
Enigme. Pasr un Gascqn.
LE premier jour de l'An, est l'aîné de ses
freres,
Il est plus desiré des enfans que des peres •
Et l'avare le haït avec juste raison ,
Pour lui , le mot d'étrenne est un fâcheux
lanfeage, Ainfi
té MERCURE DE FRANCE.
Ainsi mon oncle riche, avare & vieux garçon,
.Quand je .vais en ce jour le voir selon fusage.
Me dit pour m'jétrenner , mon neveu soyez
sage:
.Cadedis , est.ce là contenter un Gascon f
Par M. A. *.**
Enigme. Pasr un Gascqn.
LE premier jour de l'An, est l'aîné de ses
freres,
Il est plus desiré des enfans que des peres •
Et l'avare le haït avec juste raison ,
Pour lui , le mot d'étrenne est un fâcheux
lanfeage, Ainfi
té MERCURE DE FRANCE.
Ainsi mon oncle riche, avare & vieux garçon,
.Quand je .vais en ce jour le voir selon fusage.
Me dit pour m'jétrenner , mon neveu soyez
sage:
.Cadedis , est.ce là contenter un Gascon f
Par M. A. *.**
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18
p. 86
PREMIERE ENIGME.
Début :
Je sers & la nuit, & le jour, [...]
Mots clefs :
Fontaine
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texteReconnaissance textuelle : PREMIERE ENIGME.
.PREMIERE ENIGME.
T E sers & la nuit , & le jour j
•J A chacun je fàis mes largesses ,
£t fans considerer pauvreté ni richesses ,
Je prodigue ï tous tour à tour.
SB
iDe moi l'on ne peut se passer ,
Et quoique le bien que je donne ,
Soit utile à toute personne ,
Peu de gens le viennent chercher.
Je cesse quelquefois de ne plus rien donner t
Voulez.vous en sçayoir h cause ?
Je ne puis vous dire autre chose >
Sinon qu'il faut loin de inoi la trouver.
T E sers & la nuit , & le jour j
•J A chacun je fàis mes largesses ,
£t fans considerer pauvreté ni richesses ,
Je prodigue ï tous tour à tour.
SB
iDe moi l'on ne peut se passer ,
Et quoique le bien que je donne ,
Soit utile à toute personne ,
Peu de gens le viennent chercher.
Je cesse quelquefois de ne plus rien donner t
Voulez.vous en sçayoir h cause ?
Je ne puis vous dire autre chose >
Sinon qu'il faut loin de inoi la trouver.
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19
p. 87
SECONDE ENIGME.
Début :
Dans un double & sombre parterre, [...]
Mots clefs :
Trictrac
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texteReconnaissance textuelle : SECONDE ENIGME.
S ECONDE ENIGME.
tt^v Ans un double & sombre parterre t
Eclairé de rayons divers ,
J'allume une soudaine guerre ;
Entre deux amis que je fers.
J'interesse dans leurs querelles
.Un grand nombre de Demoiselle^ ^
..Qui font mille cris éclatans.
Cependant toute la dispute
.rin:t entre les combattans ,
Par la bizarre culebutte ,
.Des restes d'un squelette affreux ?
^Brusquement sortis de leurs creux.
tt^v Ans un double & sombre parterre t
Eclairé de rayons divers ,
J'allume une soudaine guerre ;
Entre deux amis que je fers.
J'interesse dans leurs querelles
.Un grand nombre de Demoiselle^ ^
..Qui font mille cris éclatans.
Cependant toute la dispute
.rin:t entre les combattans ,
Par la bizarre culebutte ,
.Des restes d'un squelette affreux ?
^Brusquement sortis de leurs creux.
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20
p. 87-88
TROISIÈME ENIGME.
Début :
Tirée du sein de ma mere, [...]
Mots clefs :
Broche
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TROISIÈME ENIGME.
TROIS IE'ME ENIGME.
#T* Irée du sein de ma mere ,
' Je dois ce que je fuis aux enfans de Vul
cain ,
Mille coups redoublez d'une grossiere main ,
Me font souvent plus grande que mon pere ,
Peu précieuse , aujourd hui necessaire ,
Quoiqu'inutik au premier des humains ,
Je cheris tant la bonne chere ,
Que je fers à tous les festins ,
m MERCURE I>E FRANCE.
A tous Escamoteurs, à tous maîtres -Gonins*
Je donne le défi des tours qu'on me voit faire*
Il est vrai.qu'un Agent me prête ses eíforts,
Et je fuis , qui pourra penetrer ce mistere ?
inutile aux vmns fans le secours des morts;
#T* Irée du sein de ma mere ,
' Je dois ce que je fuis aux enfans de Vul
cain ,
Mille coups redoublez d'une grossiere main ,
Me font souvent plus grande que mon pere ,
Peu précieuse , aujourd hui necessaire ,
Quoiqu'inutik au premier des humains ,
Je cheris tant la bonne chere ,
Que je fers à tous les festins ,
m MERCURE I>E FRANCE.
A tous Escamoteurs, à tous maîtres -Gonins*
Je donne le défi des tours qu'on me voit faire*
Il est vrai.qu'un Agent me prête ses eíforts,
Et je fuis , qui pourra penetrer ce mistere ?
inutile aux vmns fans le secours des morts;
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21
p. 88
« On doit expliquer les cinq Enigmes des deux volumes du mois dernier, par [...] »
Début :
On doit expliquer les cinq Enigmes des deux volumes du mois dernier, par [...]
Mots clefs :
Premier jour de l'an, Terre, Chaise à porteurs, Bière, Panier des dames
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On doit expliquer les cinq Enigmes des deux volumes du mois dernier, par [...] »
On doit expliquer les cinq énigmes
des deux volumes du mois dernier , pat
le premier jour de l'An , la Terre la
Chaise a Porteurs , la Bierre , & le Panier
des Dames.
des deux volumes du mois dernier , pat
le premier jour de l'An , la Terre la
Chaise a Porteurs , la Bierre , & le Panier
des Dames.
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22
p. 88-92
LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure.
Début :
J'eus le plaisir il y a quelques jours, Messieurs, de souper avec des personnes [...]
Mots clefs :
Bons mots, Italien, Auditeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure.
LETTRE écrite aux Auteurs du
Mercure.
J 'Eus le plaisir il y a quelques jours ,
Meilleurs , de íòuper avec des per
sonnes d'esprit & de merite , qui s'eatretinrent
long .temps fur le Mercure.
On en dit du bien & du mal , comme
vous fçayez que l'on en dit des meilleurs
ouvrages quand on en parie en pleine
liberté.
L'un des convives dit qu'il manquait
un. article essentiel au Mercure, c'est
l'Article dei bons motu Nôtre nation ,
jdit.il , est naturellement yive, & se
conde en reparties plaiíantes , & íëníëes,
qui
JANVIER 1714»
^ui mericeroient d'être exactement re
cueillies. Mais par malheur ce font des
fleurs qui meurent d'abord qu'elles font
écloses. Le Mercure devroit les faire vi
vre éternellement. Il arriveroït même ,
continua.t'il , que s'il y avoit tous les
mois un ReciieH judicieux de cinq ou
íìx bons mots , on pourroit au bout ' de
quelques années extraire des Mercures
un juste volume , qui en ce genre auroit
son prix.
Cet avis fut generalement applaudi ,
Se je fus chargé , Meilleurs , de vous le
communiquer , &c de vous prier d'invi
ter le Public, & -surtout les habitans des
pays qui font au.delà de la Loire de vous
envoyer les bons mots qui échapent en
tout genre dans les converlâtions , dans
les plaidoyers , dans les lettres , Sec.
Je vais , Meilleurs , en attendant vous
en communiquer quelques-uns qui ne
lônt pas dans les Recueils publiez.
Un Seigneur d'Angleterre haï d'un
Ministre , fut injustement accusé d'avoir
tíempé dans une conípiration contre le
Roy. En coníéquence de cette accuíation
H fut injustement puni de mort. Pendant
le procès fa femme ne fit aucune démar
che pour travailler à fa justification.
Quelque temps après ses enfans trama.
rcnt^une veritable conípiration contre le
E Mi
5>o MERCURE DE FRANCE.
Ministre , & résolurent de l'assaslinër..
Ils furent découverts , & pendant qu'on
leur faisoit leur procès la mere sollicitpit
vivement pour eux. Le Ministre
lui dit un jour: D'où vient, Mada
me, que vous sollicitez. fi vivement pour
vos enfans , & qu'on ne vous a p oint
vue ici pendant l'affaire de vôtre mari,
C'est que mon mari n étoit point coupable ,
répondit elle.
Une Dame de Provence disoit qu'elle
n'aimoit pas les hommes de belle taille,
qu'elle auroit plus de goût pour un hom
me d'une taille un peu au.dessous de la
mediocre. Un homme fort grand qui étok
present à ce Diícours en fut piqué , &
s'en vengea en rendant des lôins à cette
Dame. Les mêmes Diícours continue
rent long.temps de la part de la Dame ,
& les soins furent redoublez de la parc
du Cavalier. Un jour qu'il la trouva sou
le, apfès quelques discours generaux , la
conversation tomba , & la Dame parut
rêveuse , le Cavalier lui demanda poli
ment à quoi elso réyoit , songi , lui ditelle
en Provençal , qué vous fi tous
les jours plus picbon ; c'est-à.dire , je
songe que vous devenez. tous les jours plus
petit.
Un Bourgeois de Paris voyoit rire un
Savetier qui demeuroit auprès de chez:
JANVIER 1714. íi
lui presque toutes les fois qu'il pasioic
jUn jour que cela l'impatienta plus qu'à
l'ordinaire : d'où vient , lui dit.il , que
tu ris toutes les fois que je passe ? Se
d'où vient, lui répondit brusquement le
Savetier., que vous passez toutes les fois
que je ris.
Un Prédicateur qui prêchoit avec
beaucoup de feu , faisoit des grimaces à
ses Auditeurs. Ce défaut lui fut reproché
confidemment par un autre Prédicateur
xoncurrent. Le premier lui repartit d'un
.ton doux: Mon pere , vous voyez les
grimaces que je fais à mes Auditeurs
jnais vous ne voyez pas celles que vos
Auditeurs vous font.
Un Gentilhomme de Caen avoit un
-procès considerable au Parlement. Son
^Rapporteur aimoit paílìonnéilfent la Muiìque.
11 avoit beau le solliciter , il le
.trouvoit toujours à son Clavecin , un
livre de Muíique devant lui , & son pro
cès ne se raportoit point. Enfin las de
dtòlliciter , & las des promesses fans effet
xlu Rapporteur, il le pria de lui rendre
ion íâc, íôus quelque prétexte ; le Rap
porteur n'en voulut rien faire, & pro
mit de nouveau de raporter l'affaire. Le
client revient à la charge, & trouvant
encore M. le Conseiller avec un livre
Ae Musique, le pressa plus vivement ds
Eij ' 1««
92 MERCURE DE FRANCE.
lui remettre le sac du procès , mais qu'en
voulez.vous faire , dit le Rapporteur ?
je veux le faire .noter , repartit le Nor
mand , 8c le faire mettre en partition par
un habile Musicien que je connois. '
M. de S. H. Capitaine de Galere per
dit cent Louis à Gènes contre un Italien
avec qui il avpit joiié au Trente &.Qua
rante. Un de ses amis l'avertit qu'il avoir.
été friponné , & que ion joueur ne manr
quoit pas d'arranger quatre Cartes qui
faiíòieht justement quarante , & quand il
donnoit à couper , il mettoit fort habile
ment la coupe'delfus. M. de S. H. bien
instruit, se munit d'une quantité d'as dans
une de ses poches, &c va demander fa
revanche à son fripon , qui croyant avoir
trouvé sa dupe ne íè fait pas prier. On
joue, l'Italien fait fa manoeuvre , & nô
tre Marin fait la sienne, qui étoit en
coupant de glisser finement un as audessus
des Caftes. Il regagna ces cent
Louis, plus de cent pistolles au.delà , 8c
quitta. L'Italien outré de colere & de
dépit , en voulut sçavoir la raison , c'est
que je n'ai plus d'as , lui répondit froi
dement M. de S. H.
Mercure.
J 'Eus le plaisir il y a quelques jours ,
Meilleurs , de íòuper avec des per
sonnes d'esprit & de merite , qui s'eatretinrent
long .temps fur le Mercure.
On en dit du bien & du mal , comme
vous fçayez que l'on en dit des meilleurs
ouvrages quand on en parie en pleine
liberté.
L'un des convives dit qu'il manquait
un. article essentiel au Mercure, c'est
l'Article dei bons motu Nôtre nation ,
jdit.il , est naturellement yive, & se
conde en reparties plaiíantes , & íëníëes,
qui
JANVIER 1714»
^ui mericeroient d'être exactement re
cueillies. Mais par malheur ce font des
fleurs qui meurent d'abord qu'elles font
écloses. Le Mercure devroit les faire vi
vre éternellement. Il arriveroït même ,
continua.t'il , que s'il y avoit tous les
mois un ReciieH judicieux de cinq ou
íìx bons mots , on pourroit au bout ' de
quelques années extraire des Mercures
un juste volume , qui en ce genre auroit
son prix.
Cet avis fut generalement applaudi ,
Se je fus chargé , Meilleurs , de vous le
communiquer , &c de vous prier d'invi
ter le Public, & -surtout les habitans des
pays qui font au.delà de la Loire de vous
envoyer les bons mots qui échapent en
tout genre dans les converlâtions , dans
les plaidoyers , dans les lettres , Sec.
Je vais , Meilleurs , en attendant vous
en communiquer quelques-uns qui ne
lônt pas dans les Recueils publiez.
Un Seigneur d'Angleterre haï d'un
Ministre , fut injustement accusé d'avoir
tíempé dans une conípiration contre le
Roy. En coníéquence de cette accuíation
H fut injustement puni de mort. Pendant
le procès fa femme ne fit aucune démar
che pour travailler à fa justification.
Quelque temps après ses enfans trama.
rcnt^une veritable conípiration contre le
E Mi
5>o MERCURE DE FRANCE.
Ministre , & résolurent de l'assaslinër..
Ils furent découverts , & pendant qu'on
leur faisoit leur procès la mere sollicitpit
vivement pour eux. Le Ministre
lui dit un jour: D'où vient, Mada
me, que vous sollicitez. fi vivement pour
vos enfans , & qu'on ne vous a p oint
vue ici pendant l'affaire de vôtre mari,
C'est que mon mari n étoit point coupable ,
répondit elle.
Une Dame de Provence disoit qu'elle
n'aimoit pas les hommes de belle taille,
qu'elle auroit plus de goût pour un hom
me d'une taille un peu au.dessous de la
mediocre. Un homme fort grand qui étok
present à ce Diícours en fut piqué , &
s'en vengea en rendant des lôins à cette
Dame. Les mêmes Diícours continue
rent long.temps de la part de la Dame ,
& les soins furent redoublez de la parc
du Cavalier. Un jour qu'il la trouva sou
le, apfès quelques discours generaux , la
conversation tomba , & la Dame parut
rêveuse , le Cavalier lui demanda poli
ment à quoi elso réyoit , songi , lui ditelle
en Provençal , qué vous fi tous
les jours plus picbon ; c'est-à.dire , je
songe que vous devenez. tous les jours plus
petit.
Un Bourgeois de Paris voyoit rire un
Savetier qui demeuroit auprès de chez:
JANVIER 1714. íi
lui presque toutes les fois qu'il pasioic
jUn jour que cela l'impatienta plus qu'à
l'ordinaire : d'où vient , lui dit.il , que
tu ris toutes les fois que je passe ? Se
d'où vient, lui répondit brusquement le
Savetier., que vous passez toutes les fois
que je ris.
Un Prédicateur qui prêchoit avec
beaucoup de feu , faisoit des grimaces à
ses Auditeurs. Ce défaut lui fut reproché
confidemment par un autre Prédicateur
xoncurrent. Le premier lui repartit d'un
.ton doux: Mon pere , vous voyez les
grimaces que je fais à mes Auditeurs
jnais vous ne voyez pas celles que vos
Auditeurs vous font.
Un Gentilhomme de Caen avoit un
-procès considerable au Parlement. Son
^Rapporteur aimoit paílìonnéilfent la Muiìque.
11 avoit beau le solliciter , il le
.trouvoit toujours à son Clavecin , un
livre de Muíique devant lui , & son pro
cès ne se raportoit point. Enfin las de
dtòlliciter , & las des promesses fans effet
xlu Rapporteur, il le pria de lui rendre
ion íâc, íôus quelque prétexte ; le Rap
porteur n'en voulut rien faire, & pro
mit de nouveau de raporter l'affaire. Le
client revient à la charge, & trouvant
encore M. le Conseiller avec un livre
Ae Musique, le pressa plus vivement ds
Eij ' 1««
92 MERCURE DE FRANCE.
lui remettre le sac du procès , mais qu'en
voulez.vous faire , dit le Rapporteur ?
je veux le faire .noter , repartit le Nor
mand , 8c le faire mettre en partition par
un habile Musicien que je connois. '
M. de S. H. Capitaine de Galere per
dit cent Louis à Gènes contre un Italien
avec qui il avpit joiié au Trente &.Qua
rante. Un de ses amis l'avertit qu'il avoir.
été friponné , & que ion joueur ne manr
quoit pas d'arranger quatre Cartes qui
faiíòieht justement quarante , & quand il
donnoit à couper , il mettoit fort habile
ment la coupe'delfus. M. de S. H. bien
instruit, se munit d'une quantité d'as dans
une de ses poches, &c va demander fa
revanche à son fripon , qui croyant avoir
trouvé sa dupe ne íè fait pas prier. On
joue, l'Italien fait fa manoeuvre , & nô
tre Marin fait la sienne, qui étoit en
coupant de glisser finement un as audessus
des Caftes. Il regagna ces cent
Louis, plus de cent pistolles au.delà , 8c
quitta. L'Italien outré de colere & de
dépit , en voulut sçavoir la raison , c'est
que je n'ai plus d'as , lui répondit froi
dement M. de S. H.
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Résumé : LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure.
La lettre adressée aux auteurs du Mercure rapporte une conversation récente entre des personnes de mérite concernant cette publication. Un convive a souligné l'absence d'un article sur les bons mots, notant la richesse de la nation française en reparties plaisantes et fines. Il a proposé que le Mercure recueille ces bons mots pour les préserver éternellement, suggérant un recueil annuel. Cette idée a été bien accueillie, et l'auteur de la lettre a été chargé de la communiquer aux auteurs du Mercure, les invitant à recueillir des bons mots auprès du public, notamment ceux des régions au-delà de la Loire. L'auteur partage ensuite plusieurs exemples de bons mots. Un premier exemple concerne une femme dont le mari a été injustement condamné. Plus tard, lorsqu'elle plaide pour ses enfants impliqués dans une conspiration, elle explique qu'elle n'avait pas défendu son mari car il était innocent. Un autre exemple provient d'une dame de Provence qui préférait les hommes de petite taille, ce qui a conduit à une réplique humoristique d'un homme grand. Un bourgeois parisien a également échangé des répliques amusantes avec un savetier. Un prédicateur a riposté à une critique sur ses grimaces en soulignant celles de ses auditeurs. Un gentilhomme de Caen a utilisé une métaphore musicale pour presser un rapporteur de traiter son dossier. Enfin, un capitaine de galère a regagné de l'argent perdu au jeu en utilisant une ruse similaire à celle de son adversaire.
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23
p. 93
CHANSON.
Début :
Gregoire est yvre, amis, celebrons ses loüanges, [...]
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texteReconnaissance textuelle : CHANSON.
C H A. N S. O N.
..-..
-
'
.
GRegoire est yvre , amis , celebrons ses'
Joiiahges',
Ah ! qu'il est heureux !
Le Dieu des Vandanges'
A comblé ses vceux..
C&ioiqu'il bégaye , & qu'il chancelle,'
Quoique le vin lui forte parlés yeux..
Sa gloire n'en est pas moins belle
Tel fut souvent le sort des Dieuxv
H se coHche , il s'endort j &' son ame ravie»
Va jouir d'un parfait' bonheur.
Bacchus qui veille fur fa vie ,
iÇous rendra dès demain cet insigne buveur.
Nous le verrons encor plein d'une ardeur
nouvelle ,
Sb couvrir en buvant d'une gloire immortelle
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GRegoire est yvre , amis , celebrons ses'
Joiiahges',
Ah ! qu'il est heureux !
Le Dieu des Vandanges'
A comblé ses vceux..
C&ioiqu'il bégaye , & qu'il chancelle,'
Quoique le vin lui forte parlés yeux..
Sa gloire n'en est pas moins belle
Tel fut souvent le sort des Dieuxv
H se coHche , il s'endort j &' son ame ravie»
Va jouir d'un parfait' bonheur.
Bacchus qui veille fur fa vie ,
iÇous rendra dès demain cet insigne buveur.
Nous le verrons encor plein d'une ardeur
nouvelle ,
Sb couvrir en buvant d'une gloire immortelle
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Résumé : CHANSON.
Le texte décrit Grégoire, ivre et heureux lors de son mariage. Sa gloire reste intacte, comparable à celle des dieux. Bacchus veille sur lui et le rendra sobre. Grégoire se réveillera plein d'ardeur, glorifié par sa consommation de vin.
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