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Liste
1
p. 280-282
Benéfices donnez par le Roy, [titre d'après la table]
Début :
Le Roy ne voulant s'occuper le jour de Pasques qu'à [...]
Mots clefs :
Religion, Abbayes, Abbé, Décès, Évêque, Diocèse, Démission, Bénéfices
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texteReconnaissance textuelle : Benéfices donnez par le Roy, [titre d'après la table]
Le Roy ne voulant s'occuper
le jour de Paſques qu'à
des chofes qui regardent, la
Religion , donna pluſieurs
Abbayes . M l'Abbé de la
Chaftre,Neveu de Madame
la Mareſchale de Humieres,
fut nommé à celle de Saint
Sever , vacante par la mort de
M' l'Eveſque d'Aire . Cette
Abbaye eſt dans le meſme
Eveſché. L'Abbaye de Saint
Victor de Caux Diocéſe de
Roüen, fut donnée àM l'Abbé
de Beauvau , Fils de M' le
Marquis duRivau. Elle estoit
vacante par la démiſſionvo.
4
GALANT 281
lontaire de M'le Comte de
Clere,&M-l'Abbé de la Motte,
Chanoine , & Archidiacte
de l'Eglife de Paris,& frere de
Medela Motte Intendant des
Bâtimens de fa Majesté , cut
l'Abbaye de Maffay Dioceſe
de Bourges , vacante par la
mortdeM' l'Abbé Bourdelot.
Ce premier s'eftoit démis de
I'Abbaye de Vertus Diocéſe
deChalons en Champagne,
que Sa Majefté a donnée à
MF'Abbé de Lufancy , Do-
Steur de la Maiſon de Sorbonne,
& Frere de M de
Lifancy , qui a cité Capitai
Avril 168 Aa
•
28 MERCURE
ne aux Gardes. Quelques
jours auparavant Madame
de Vaudetar avoit efté pour
veue de l'Abbaye de Saint
Leger de Preaux , Ordre de
Saint Benoift , Diocéſe de Li
fieux , vacante par la démis
fion de Madame Olivier de
Neuville.
le jour de Paſques qu'à
des chofes qui regardent, la
Religion , donna pluſieurs
Abbayes . M l'Abbé de la
Chaftre,Neveu de Madame
la Mareſchale de Humieres,
fut nommé à celle de Saint
Sever , vacante par la mort de
M' l'Eveſque d'Aire . Cette
Abbaye eſt dans le meſme
Eveſché. L'Abbaye de Saint
Victor de Caux Diocéſe de
Roüen, fut donnée àM l'Abbé
de Beauvau , Fils de M' le
Marquis duRivau. Elle estoit
vacante par la démiſſionvo.
4
GALANT 281
lontaire de M'le Comte de
Clere,&M-l'Abbé de la Motte,
Chanoine , & Archidiacte
de l'Eglife de Paris,& frere de
Medela Motte Intendant des
Bâtimens de fa Majesté , cut
l'Abbaye de Maffay Dioceſe
de Bourges , vacante par la
mortdeM' l'Abbé Bourdelot.
Ce premier s'eftoit démis de
I'Abbaye de Vertus Diocéſe
deChalons en Champagne,
que Sa Majefté a donnée à
MF'Abbé de Lufancy , Do-
Steur de la Maiſon de Sorbonne,
& Frere de M de
Lifancy , qui a cité Capitai
Avril 168 Aa
•
28 MERCURE
ne aux Gardes. Quelques
jours auparavant Madame
de Vaudetar avoit efté pour
veue de l'Abbaye de Saint
Leger de Preaux , Ordre de
Saint Benoift , Diocéſe de Li
fieux , vacante par la démis
fion de Madame Olivier de
Neuville.
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2
p. 238-252
Benefices donnez par le Roy dans la derniere Promotion. [titre d'après la table]
Début :
Sa Majesté a donn l'Abbaye de Toussaints d'Angers [...]
Mots clefs :
Roi, Promotion, Abbayes, Coadjutorerie, Bénéfices
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texteReconnaissance textuelle : Benefices donnez par le Roy dans la derniere Promotion. [titre d'après la table]
a Majesté a donné l'Ab
baye de Touffaints d'Angers
à Mrl'Abbé de Bruffi GrandVicaire d'Angers. Il a beaucoup de fçavoir , & il a paffé
une partie de fa vie dans les
Seminaires , où il s'eft inftruit
•
GALANT 239
} ་
de fes devoirs. L'Abbaye
dont il vient d'eftre pourvû
a produit des Religieux d'une
grande reputarion , & fur
tout dans le 15° ficcle ; & dans
le temps du Concile de Conftance. J'aurois beaucoup de
chofes àvous dire de Mrl'Abbé de Bruffi , fi j'entrois dans
ces fortes d'Articles dans ce
qui regarde les familles de
tous ceux qui font nommez à
quelques Benefices ; mais commedans toutes les Promotions
que fait Sa Majefté , elle n'a
égard qu'au merite perfonnel.
de ceux qu'elle pourvoit de
240 MERCURE
quelques Benefices & aux vertus Ecclefiaftiques , s'il m'eſt
permis de parler ainfi , & qu'elle ne donne rien à la naiffance
& à la faveur , je pafferay fous
filence beaucoup de chofes
que je pourois dire à l'avantade leurs Maifons. ge
*
Sa Majesté donna dans la
même Promotion l'Abbaye
de Mureau à Mr l'Abbé de
Laigle Grand Vicaire de Toul.
Cette Abbaye eft de l'Ordre
de Premontré & dans le
Dioceſe de Toul. Mr l'Abbé
de Laigle eft Chanoine de la
Cathedrale de la même Ville ,
>
&
GALANT 241.
& il en a efté Grand Vicaire
fous trois Evêques confecutifs.
Ainfi l'on peut juger qu'il a
acquis une grande experience
dans le Gouvernement Ecclefiaftique ; il a la reputation
d'eftre un des plus habiles
hommes qu'il y ait dans l'Eglife de France pour la Difcipline. Il eft confulté des Provinces les plus éloignées cù
l'on fouhaite d'avoir fouvent
defes décifions ; elle font refpectables , & appuyées fur les
maximes les plus juftes & les
mieux fondées du Droit Canon. Cet Abbé eft d'une
X
Fanvier 1710.
#
242 MERCURE.
Maifon fort ancienne & origi
naire de Lorraine où elle étoit
connue dés le 14. fiecle.
L'Abbaye de la Buffiere , fut
donnée enmême temps à Mr
l'Abbé Morey , cy-devant
Chapelain de Sa Majeſté. Certe Abbaye eft de l'Ordre de
Cifteaux , & dans le Dioceſe
d'Autun. Mr l'Abbé Morey
pendant fon féjour à la Cour
& le fervice qu'il y a rendu
dans la Chapelle de Sa Majefté,
s'y eft fait generalement eftimer. Ileft fort verfé dans les
antiquitez Ecclefiaftiques &
fur tout dans la partie qui
GALANT 243
regarde les Ceremonies >. &
s'il n'eut efté prevenu par Mr
l'Abbé Archon , il auroit donné une Hiſtoirede la Chapelle
de nos Rois.
Mrl'Abbé de Viffat la Fayette , fur pourvû le même jour
de l'Abbaye de faint Seine.
Cette Abbaye eft dans le
Dioceſe de Langres , &de l'Ordre de faint Benoift Mrl'Abbé de Viffat eft Docteur- de
Sorbonne , & Comtede faint
Julien de Brioude. Je vous
diray feulement pour vous
faire connoiftre fa Maiſon
qu'il eft de celle du Maréchal
X ij
244 MERCURE
de la Fayette , qui vivoit en
1449. Mr l'Abbé Viffat , eft
fort eftimé à caufe de fa
droiture & d'une grande
bonté de cœur qui luy ont
attiré la bien-veillance & l'amitié de toute la Nobleffe d'Auvergne fa Patrie.
>
Mr l'Abbé de Lée , a cu
dans la même Promotion
l'Abbaye de Villeloin , qui
eft dans le Diocefe de Tours
& de l'Ordre de faint Benoift.
Le merite de cet Abbé eſt
connu , & quoyqu'il meritaſt
par luy mêmel'Abbaye que le
Royvient de luy donner , je
GALANT 245
me trouve neanmoins obligé
de dire qu'il eft proche parent
de Mr de Lée , Lieutenant
General des Armées du Roy;
qu'ils font tous deux Irlandois & alliez àl'illuftre Maiſon
de Drummont & à celle de
Mahony , pour vous faire
connoiftre que le Roy ne
reconnoift pas moins le merite
des Etrangers que celuy de les
fujers.
Mr l'Abbé le Roy de Chauvigny a eu auffi l'Abbaye de
Belle fontaine. Les qualitez
de fon cœur & de fon efprit
ne le rendent par moins cftiX
iij
246 MERCURE
mable fa conduite qui a
que
toujours paru fage à ceux qui
le connoiffent. Il a toûjours
mené une vie unie & digne
d'un Ecclefiaftique , & fa Religion , ainfi quefa grandepieté ,
ont toûjours édifié tout le
monde. Je ne vous dis rien icy
de ſa Maiſon , dont je vous ay
amplement parlé en d'autres
occafions. L'Abbaye de Bellefontaine , eft fous le vocable
de Noftre-Dame de l'Abfie , de
l'Ordre de Saint Benoist & du
Diocefe de la Rochelle.
Mrl'Abbé de Vifnich, grand
Vicaire d'Auxerre , a efté en
GALANT 247
mefme temps nommé à l'Abbaye des Roches , Dioceſe
d'Auxerre & de l'Ordre de
Cifteaux. Mr l'Evêque d'Auxerre , qui connoift le merite
de cet Abbé , qui travaille depuis quelques années fous fes
ordres , a demandé pour luy
cette Abbaye qu'il a obtenue
avec beaucoup d'agrément, le
Roy fe faifant un plaifir de
recompenfer les Ouvriers de
l'Evangile, & de déferer en ces
occafions au témoignage des
Evêques qui peuvent mieux
connoiftre que qui que ce foit
ceux qui travaillent fous leurs
X iiij
248 MERCURE
ordres. Mr l'Abbé de Vifnich
a beaucoup de talent pour la
Predication , & il l'a exercé
avec fuccés dans les meilleures
Chaires de la Province où il
cft employé , & dans celles de
Paris. Il s'eft fort appliqué depuis que fes études font finies,
à celles du droit Canon , & il
y a fait de grands progrés. Il
a fur tout beaucoup travaillé
fur les matieres qui regardent
les Libertez de l'Eglife Galli- :
cane ; & il eſt peu de perſonnes
qui entendent mieux que luy
ce qui appartient à cette
importante matiere, & à celles
GALANT 249
de la difcipline de l'Eglife. Ce
nouvel Abbé cft parent de Mr
l'Evêque d'Auxerre , & d'une
ancienne Maiſon fortie du
Roüergue , où elle eftoit déja
connue dans le 13 ° fiecle.
Mr l'Abbé du Vignau , frere de Mr du Vignau , Maréchal des Logis de l'une des
Compagnies des Moufquetaires , a eu l'Abbaye de Turpenay. Cette Abbaye eft de l'Ordre de S. Benoift , & du Diocefe de Tours. Mr l'Abbé du
Vignau a beaucoup de merite..
Il a fait de grands progrés.
250 MERCURE
dans les Sciences , & fur tout
dans l'étude de la Jurifprudence Canonique. Mr l'Archevêque de Tours , qui le
confidere beaucoup , l'a fouvent employé dans fon Diocefe pour les affaires qui regardent la difcipline Ecclefiaftique.
La Coadjutorerie de l'Abbaye de S. Pierre du Puy , a
efté donnée à Me de la Fare.
On doit diftinguer cette Ab.
baye d'une autre qui porte
mefme nom ; mais qui eft une
Abbaye d'hommes , & qui eft
le
7
GALANT 251
l'une des plus anciennes du
Royaume, & dont l'Abbé eft
membre du Chapitre de la
Cathedrale; celle de S. Pierre,
qui donne lieu à cet article,
cft auffi tres ancienne , puifqu'elle eftoit déja celebre du
temps de Durand de S. Portien , de Pierre d'Ailly qui fut
enfuite Cardinal & Evêque de
Cambray , & du celebre Raymond Deagiles Chanoine du
Puy , qui a écrit une Hiftoire
de la guerre Sainte. Me de la
Fare a beaucoup de merite, &
s'eſt diſtinguée par la pratique
252 MERCURE
*
de toutes les vertus qui conviennent à fon eftat ; & elle a
fait voir dans tous les emplois
qu'elle a exercez , une habileté
& des lumieres fur tout ce qui
regarde le gouvernement Ec
clefiaftique , qui luy ont acquis unegrande reputation. La
Maifon de la Fare a donné de
grands fujets à l'Eglife, & particulierement dans le 15. &
dans le 16 fiecle. Elle eft fi
illuftre , qu'il n'eft pas neceffaire que je vous en dife rien
pour vous la faire connoitre.
baye de Touffaints d'Angers
à Mrl'Abbé de Bruffi GrandVicaire d'Angers. Il a beaucoup de fçavoir , & il a paffé
une partie de fa vie dans les
Seminaires , où il s'eft inftruit
•
GALANT 239
} ་
de fes devoirs. L'Abbaye
dont il vient d'eftre pourvû
a produit des Religieux d'une
grande reputarion , & fur
tout dans le 15° ficcle ; & dans
le temps du Concile de Conftance. J'aurois beaucoup de
chofes àvous dire de Mrl'Abbé de Bruffi , fi j'entrois dans
ces fortes d'Articles dans ce
qui regarde les familles de
tous ceux qui font nommez à
quelques Benefices ; mais commedans toutes les Promotions
que fait Sa Majefté , elle n'a
égard qu'au merite perfonnel.
de ceux qu'elle pourvoit de
240 MERCURE
quelques Benefices & aux vertus Ecclefiaftiques , s'il m'eſt
permis de parler ainfi , & qu'elle ne donne rien à la naiffance
& à la faveur , je pafferay fous
filence beaucoup de chofes
que je pourois dire à l'avantade leurs Maifons. ge
*
Sa Majesté donna dans la
même Promotion l'Abbaye
de Mureau à Mr l'Abbé de
Laigle Grand Vicaire de Toul.
Cette Abbaye eft de l'Ordre
de Premontré & dans le
Dioceſe de Toul. Mr l'Abbé
de Laigle eft Chanoine de la
Cathedrale de la même Ville ,
>
&
GALANT 241.
& il en a efté Grand Vicaire
fous trois Evêques confecutifs.
Ainfi l'on peut juger qu'il a
acquis une grande experience
dans le Gouvernement Ecclefiaftique ; il a la reputation
d'eftre un des plus habiles
hommes qu'il y ait dans l'Eglife de France pour la Difcipline. Il eft confulté des Provinces les plus éloignées cù
l'on fouhaite d'avoir fouvent
defes décifions ; elle font refpectables , & appuyées fur les
maximes les plus juftes & les
mieux fondées du Droit Canon. Cet Abbé eft d'une
X
Fanvier 1710.
#
242 MERCURE.
Maifon fort ancienne & origi
naire de Lorraine où elle étoit
connue dés le 14. fiecle.
L'Abbaye de la Buffiere , fut
donnée enmême temps à Mr
l'Abbé Morey , cy-devant
Chapelain de Sa Majeſté. Certe Abbaye eft de l'Ordre de
Cifteaux , & dans le Dioceſe
d'Autun. Mr l'Abbé Morey
pendant fon féjour à la Cour
& le fervice qu'il y a rendu
dans la Chapelle de Sa Majefté,
s'y eft fait generalement eftimer. Ileft fort verfé dans les
antiquitez Ecclefiaftiques &
fur tout dans la partie qui
GALANT 243
regarde les Ceremonies >. &
s'il n'eut efté prevenu par Mr
l'Abbé Archon , il auroit donné une Hiſtoirede la Chapelle
de nos Rois.
Mrl'Abbé de Viffat la Fayette , fur pourvû le même jour
de l'Abbaye de faint Seine.
Cette Abbaye eft dans le
Dioceſe de Langres , &de l'Ordre de faint Benoift Mrl'Abbé de Viffat eft Docteur- de
Sorbonne , & Comtede faint
Julien de Brioude. Je vous
diray feulement pour vous
faire connoiftre fa Maiſon
qu'il eft de celle du Maréchal
X ij
244 MERCURE
de la Fayette , qui vivoit en
1449. Mr l'Abbé Viffat , eft
fort eftimé à caufe de fa
droiture & d'une grande
bonté de cœur qui luy ont
attiré la bien-veillance & l'amitié de toute la Nobleffe d'Auvergne fa Patrie.
>
Mr l'Abbé de Lée , a cu
dans la même Promotion
l'Abbaye de Villeloin , qui
eft dans le Diocefe de Tours
& de l'Ordre de faint Benoift.
Le merite de cet Abbé eſt
connu , & quoyqu'il meritaſt
par luy mêmel'Abbaye que le
Royvient de luy donner , je
GALANT 245
me trouve neanmoins obligé
de dire qu'il eft proche parent
de Mr de Lée , Lieutenant
General des Armées du Roy;
qu'ils font tous deux Irlandois & alliez àl'illuftre Maiſon
de Drummont & à celle de
Mahony , pour vous faire
connoiftre que le Roy ne
reconnoift pas moins le merite
des Etrangers que celuy de les
fujers.
Mr l'Abbé le Roy de Chauvigny a eu auffi l'Abbaye de
Belle fontaine. Les qualitez
de fon cœur & de fon efprit
ne le rendent par moins cftiX
iij
246 MERCURE
mable fa conduite qui a
que
toujours paru fage à ceux qui
le connoiffent. Il a toûjours
mené une vie unie & digne
d'un Ecclefiaftique , & fa Religion , ainfi quefa grandepieté ,
ont toûjours édifié tout le
monde. Je ne vous dis rien icy
de ſa Maiſon , dont je vous ay
amplement parlé en d'autres
occafions. L'Abbaye de Bellefontaine , eft fous le vocable
de Noftre-Dame de l'Abfie , de
l'Ordre de Saint Benoist & du
Diocefe de la Rochelle.
Mrl'Abbé de Vifnich, grand
Vicaire d'Auxerre , a efté en
GALANT 247
mefme temps nommé à l'Abbaye des Roches , Dioceſe
d'Auxerre & de l'Ordre de
Cifteaux. Mr l'Evêque d'Auxerre , qui connoift le merite
de cet Abbé , qui travaille depuis quelques années fous fes
ordres , a demandé pour luy
cette Abbaye qu'il a obtenue
avec beaucoup d'agrément, le
Roy fe faifant un plaifir de
recompenfer les Ouvriers de
l'Evangile, & de déferer en ces
occafions au témoignage des
Evêques qui peuvent mieux
connoiftre que qui que ce foit
ceux qui travaillent fous leurs
X iiij
248 MERCURE
ordres. Mr l'Abbé de Vifnich
a beaucoup de talent pour la
Predication , & il l'a exercé
avec fuccés dans les meilleures
Chaires de la Province où il
cft employé , & dans celles de
Paris. Il s'eft fort appliqué depuis que fes études font finies,
à celles du droit Canon , & il
y a fait de grands progrés. Il
a fur tout beaucoup travaillé
fur les matieres qui regardent
les Libertez de l'Eglife Galli- :
cane ; & il eſt peu de perſonnes
qui entendent mieux que luy
ce qui appartient à cette
importante matiere, & à celles
GALANT 249
de la difcipline de l'Eglife. Ce
nouvel Abbé cft parent de Mr
l'Evêque d'Auxerre , & d'une
ancienne Maiſon fortie du
Roüergue , où elle eftoit déja
connue dans le 13 ° fiecle.
Mr l'Abbé du Vignau , frere de Mr du Vignau , Maréchal des Logis de l'une des
Compagnies des Moufquetaires , a eu l'Abbaye de Turpenay. Cette Abbaye eft de l'Ordre de S. Benoift , & du Diocefe de Tours. Mr l'Abbé du
Vignau a beaucoup de merite..
Il a fait de grands progrés.
250 MERCURE
dans les Sciences , & fur tout
dans l'étude de la Jurifprudence Canonique. Mr l'Archevêque de Tours , qui le
confidere beaucoup , l'a fouvent employé dans fon Diocefe pour les affaires qui regardent la difcipline Ecclefiaftique.
La Coadjutorerie de l'Abbaye de S. Pierre du Puy , a
efté donnée à Me de la Fare.
On doit diftinguer cette Ab.
baye d'une autre qui porte
mefme nom ; mais qui eft une
Abbaye d'hommes , & qui eft
le
7
GALANT 251
l'une des plus anciennes du
Royaume, & dont l'Abbé eft
membre du Chapitre de la
Cathedrale; celle de S. Pierre,
qui donne lieu à cet article,
cft auffi tres ancienne , puifqu'elle eftoit déja celebre du
temps de Durand de S. Portien , de Pierre d'Ailly qui fut
enfuite Cardinal & Evêque de
Cambray , & du celebre Raymond Deagiles Chanoine du
Puy , qui a écrit une Hiftoire
de la guerre Sainte. Me de la
Fare a beaucoup de merite, &
s'eſt diſtinguée par la pratique
252 MERCURE
*
de toutes les vertus qui conviennent à fon eftat ; & elle a
fait voir dans tous les emplois
qu'elle a exercez , une habileté
& des lumieres fur tout ce qui
regarde le gouvernement Ec
clefiaftique , qui luy ont acquis unegrande reputation. La
Maifon de la Fare a donné de
grands fujets à l'Eglife, & particulierement dans le 15. &
dans le 16 fiecle. Elle eft fi
illuftre , qu'il n'eft pas neceffaire que je vous en dife rien
pour vous la faire connoitre.
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Résumé : Benefices donnez par le Roy dans la derniere Promotion. [titre d'après la table]
En janvier 1710, Sa Majesté a procédé à plusieurs nominations d'abbayes. L'Abbaye de Touffaints d'Angers a été attribuée à l'Abbé de Bruffi, Grand Vicaire d'Angers, distingué pour ses connaissances et son expérience dans les séminaires. L'Abbaye de Mureau, située dans le Diocèse de Toul et appartenant à l'Ordre de Prémontré, a été donnée à l'Abbé de Laigle, Grand Vicaire de Toul, reconnu pour son expertise en discipline ecclésiastique. L'Abbaye de la Buffière, de l'Ordre de Cîteaux et dans le Diocèse d'Autun, a été attribuée à l'Abbé Morey, ancien Chapelain de Sa Majesté, connu pour ses compétences en antiquités ecclésiastiques. L'Abbé de Viffat la Fayette a reçu l'Abbaye de Saint-Seine, dans le Diocèse de Langres, et est apprécié pour sa droiture et sa bonté. L'Abbé de Lée a obtenu l'Abbaye de Villeloin, dans le Diocèse de Tours, et est proche parent du Lieutenant Général des Armées du Roy. L'Abbé le Roy de Chauvigny a été nommé à l'Abbaye de Bellefontaine, dans le Diocèse de la Rochelle, et est reconnu pour sa conduite sage et sa piété. L'Abbé de Vifnich, Grand Vicaire d'Auxerre, a été nommé à l'Abbaye des Roches, dans le Diocèse d'Auxerre, et est apprécié pour ses talents en prédication et en droit canon. L'Abbé du Vignau a reçu l'Abbaye de Turpenay, dans le Diocèse de Tours, et est reconnu pour ses compétences en jurisprudence canonique. Enfin, la Coadjutorerie de l'Abbaye de Saint-Pierre du Puy a été attribuée à Me de la Fare, distinguée pour ses vertus et son habileté en gouvernement ecclésiastique.
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3
p. 252
« Je remets au mois prochain à vous parler de tous les Benefices [...] »
Début :
Je remets au mois prochain à vous parler de tous les Benefices [...]
Mots clefs :
Bénéfices, Mois prochain
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je remets au mois prochain à vous parler de tous les Benefices [...] »
Je remers au mois prochain
à vous parler de tous les Benefices que le Roy a donnez
dans la derniere promotion ,
n'ayant pas le temps de m'étendre ce mois-cy autant qu'il
feroit neceffaire , fur tout ce
qui regarde cette promotion
à vous parler de tous les Benefices que le Roy a donnez
dans la derniere promotion ,
n'ayant pas le temps de m'étendre ce mois-cy autant qu'il
feroit neceffaire , fur tout ce
qui regarde cette promotion
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4
p. 1038-1039
BENEFICES DONNEZ par le Roy.
Début :
L'Abbaye de Puy-Ferrand, Ordre de S. Augustin, Diocèse de Bourges, vacante par le [...]
Mots clefs :
Abbaye, Roi, Bénéfices
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
BENEFICES DONNEZ
par le Roy.
'Abbaye de Puy- Ferrand , Ordre de S. Au-
Lguftin ,Diocèfe de Bourges , vacante par le
decès de M. de Gauffen , à M. de Coetlorguet ,
Prêtre.
L'Abbaye de Jofaphat , Ordre de S. Benoît ,
Diocèfe de Chartres , vacante par le décès de
M. de Taillefer de Barriere , à M. Jean-Jofeph de
Fougaffe , d'Entrechaux de la Baftie , Diacre du
Diocèse d'Avignon.
L'Abbaye Commandataire de Baffac, Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Saintes , vacante par le
décès de M. Mayol , à M. Paul Allain de la Vigerie
, Prêtre du Diocèfe de Bordeaux.
L'Abbaye de Bonlieu , Ordre de Câteaux , Diocèfe
du Mans , vacante par le décèds de Madame
du Juglart , à Madame de Muy , Prieure de l'Abbaye
d'Hierre .
L'Abbaye de S. Jean l'Evangelifte d'Oudeauville
, Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Boulogne
, vacante par la démiffion de M. Nadal , en
faveur de M. Jean- Baptifte Fourdinier de Remortier
, Prêtre , Docteur en Théologie & Vicegerent
de l'Officialité de Boulogne .
L'Abbaye de Cherbourg, dite de N. D. du Voeu,
Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Coutances ,
vacante par le déceds de M. de Valat , à M. le
Normant , Prêtre du Diocèfe de Paris.
L'Evêché de Carcaffonne , vacant par le déceds
de M.de Châteauneuf de Rochebonne, en faveurde
M ,
MAY.
1730.
1039
M. Armand Bazin de Bezons , Prêtre du Diocèle
de Paris , & Docteur en Théologie.
L'Abbaye de la Cour- Dieu , Ordre de Cîteaux,
Diocèse d'Orleans , vacante par le déceds de
M. de Fages , en faveur de M. de Bellefond , Prêtre
, Aumônier du Roi.
L'Abbaye de N. D. de Mandion , Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Sainte , vacante par la démiffion
de M.Bridelle, en faveur de M.de la Corée,
Prêtre, Grand Vicaire de Saintes & Vifiteur General
des Carmelites.
Le Prieuré Commandataire,Conventuel & Electif
de Beaulieu , Ordre de S. Auguſtin , Diocéfe
de Rouen , vacante par le déceds de M. de Mayol,
en faveur de M. Pierre Bridelle , Prêtre , Docteur
de Sorbonne , & Grand-Vicaire de Rouen.
par le Roy.
'Abbaye de Puy- Ferrand , Ordre de S. Au-
Lguftin ,Diocèfe de Bourges , vacante par le
decès de M. de Gauffen , à M. de Coetlorguet ,
Prêtre.
L'Abbaye de Jofaphat , Ordre de S. Benoît ,
Diocèfe de Chartres , vacante par le décès de
M. de Taillefer de Barriere , à M. Jean-Jofeph de
Fougaffe , d'Entrechaux de la Baftie , Diacre du
Diocèse d'Avignon.
L'Abbaye Commandataire de Baffac, Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Saintes , vacante par le
décès de M. Mayol , à M. Paul Allain de la Vigerie
, Prêtre du Diocèfe de Bordeaux.
L'Abbaye de Bonlieu , Ordre de Câteaux , Diocèfe
du Mans , vacante par le décèds de Madame
du Juglart , à Madame de Muy , Prieure de l'Abbaye
d'Hierre .
L'Abbaye de S. Jean l'Evangelifte d'Oudeauville
, Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Boulogne
, vacante par la démiffion de M. Nadal , en
faveur de M. Jean- Baptifte Fourdinier de Remortier
, Prêtre , Docteur en Théologie & Vicegerent
de l'Officialité de Boulogne .
L'Abbaye de Cherbourg, dite de N. D. du Voeu,
Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Coutances ,
vacante par le déceds de M. de Valat , à M. le
Normant , Prêtre du Diocèfe de Paris.
L'Evêché de Carcaffonne , vacant par le déceds
de M.de Châteauneuf de Rochebonne, en faveurde
M ,
MAY.
1730.
1039
M. Armand Bazin de Bezons , Prêtre du Diocèle
de Paris , & Docteur en Théologie.
L'Abbaye de la Cour- Dieu , Ordre de Cîteaux,
Diocèse d'Orleans , vacante par le déceds de
M. de Fages , en faveur de M. de Bellefond , Prêtre
, Aumônier du Roi.
L'Abbaye de N. D. de Mandion , Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Sainte , vacante par la démiffion
de M.Bridelle, en faveur de M.de la Corée,
Prêtre, Grand Vicaire de Saintes & Vifiteur General
des Carmelites.
Le Prieuré Commandataire,Conventuel & Electif
de Beaulieu , Ordre de S. Auguſtin , Diocéfe
de Rouen , vacante par le déceds de M. de Mayol,
en faveur de M. Pierre Bridelle , Prêtre , Docteur
de Sorbonne , & Grand-Vicaire de Rouen.
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Résumé : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
En 1730, le roi attribue plusieurs bénéfices ecclésiastiques devenus vacants par décès ou démission. Parmi les attributions, l'Abbaye de Puy-Ferrand, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Bourges, est donnée à M. de Coetlorguet. L'Abbaye de Josaphat, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Chartres, revient à M. Jean-Joseph de Fougaffe. L'Abbaye Commandataire de Bassac, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Saintes, est attribuée à M. Paul Allain de la Vigerie. L'Abbaye de Bonlieu, Ordre de Cîteaux, Diocèse du Mans, est donnée à Madame de Muy. L'Abbaye de Saint-Jean l'Évangéliste d'Oudeauville, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Boulogne, est attribuée à M. Jean-Baptiste Fourdinier de Remortier. L'Abbaye de Cherbourg, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Coutances, est donnée à M. le Normant. L'Évêché de Carcassonne, vacant par le décès de M. de Châteauneuf de Rochebonne, est attribué à M. Armand Bazin de Bezons. L'Abbaye de la Cour-Dieu, Ordre de Cîteaux, Diocèse d'Orléans, est donnée à M. de Bellefond. L'Abbaye de Notre-Dame de Mandion, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Sainte, est attribuée à M. de la Corée. Enfin, le Prieuré Commandataire de Beaulieu, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Rouen, est donné à M. Pierre Bridelle.
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5
p. 2760-2762
BENEFICES DONNEZ par le Roy.
Début :
L'Abbaye d'Abfie, Ordre de S. Benoist, Diocése [...]
Mots clefs :
Abbaye, Roi, Bénéfices donnés, Bénéfices
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texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
BENEFICES
L'
DONNEZ
par le Roy.
'Abbaye d'Abfie , Ordre, de S. Benoift , Dio
céfe de la Rochelle , vacante par le décès de
M. de la Vieuville à l'Evêque de Châlons fur
Saone , à la charge de 800. livres de penfion
T. Vol. pour
DECEMBRE. 1730. 2761
pour le fieur Taflin , & 700. livres au fieur Dis
gaultray.
Celle de S. Florent -lès- Saumur,Ordre de faint
Benoist,Diocéfe d'Angers,vacante par la démiffion
du fieur Abbé de Thiard de Biffi , à la charge
de 1200. livres de penfion , pour le fieur Maille
de Carman , en faveur de l'Abbé de Forbin d'Opede
, Aumônier du Roi.
Celle de Vierzon , Ordre de S. Benoist , Diocéte
de Bourges , vacante par le décès du dernier
Titulaire , en faveur du fieur Bovenic de Bec de
Lievre.
Celle de Beaugency , Ordre de S. Auguftin
Diocéfe d'Orleans , vacante par le décès du fieur
Souving , en faveur du fieur Gedoyn , de l'Aca
demie Françoife.
Celle de S. Acheüil , Ordre de S. Auguftin ,
Diocéfe d'Amiens , vacante par le décès du fieur .
de Montbrifeuil , en faveur du fieur de Leftocq ,
Vicaire General d'Amiens.
Celle de S. Thibery , Ordre de S. Benoit ,Diocéfe
d'Agde , vacante par le décès du fieur Paris,
en faveur de Dom Simoneau , Religieux de l'Ordre
de Citeaux , à la charge de soo. livres dé
penfion pour le fieur Crevel.
. Celle d'Andres , Ordre de S. Benoift , Diocéfe
de Boulogne , vacante par le décés du fieur Tiberge
, en faveur du fieur de Luffan.
Celle de S. André le Hault , Ordre de S. Benoift
, Ville & Diocéfe de Vienne , vacante par le
décès de la Dame Charpin, en faveur de la Dame
de By de Vallier .
La Coadjutorerie de l'Abbaye de Liqueux
pour la Dame de Beaupoil de S. Aulaire.
Le Prieuré de Chavanon , Ordre de Grandmont
, Diocéfe de Clermont , vacant par le décès
du dernier Titulaire , en faveur du fieur Olivier.
L'Abbaye de Vauluifant , Ordre de Citeaux ,
1. Vol ...Diocéle
2762 MERCURE DE FRANCE
Diocéfe de Sens , vacante par le décés de M. de
Chavigny , Archevêque de Sens , en faveur de
M. l'ancien Evêque de Troyes,
Celle de Beaulieu,Ordre de S. Auguftin, dite de
Boulogne , vacante par la démiffion de M. Madot
, Evêque de Châlons , en faveur du fieur de
Courteillés .
Celle de Tonnay- Charente , Ordre de S. Benoift
, Diocéfe de Saintes , vacante par le décés
du hieur du Solier , en faveur du fieur Giemare,
Chanoine de Lizieux.
L'Archevêché de Sens a été donné à l'Evêque
de Soiffons.
L'
DONNEZ
par le Roy.
'Abbaye d'Abfie , Ordre, de S. Benoift , Dio
céfe de la Rochelle , vacante par le décès de
M. de la Vieuville à l'Evêque de Châlons fur
Saone , à la charge de 800. livres de penfion
T. Vol. pour
DECEMBRE. 1730. 2761
pour le fieur Taflin , & 700. livres au fieur Dis
gaultray.
Celle de S. Florent -lès- Saumur,Ordre de faint
Benoist,Diocéfe d'Angers,vacante par la démiffion
du fieur Abbé de Thiard de Biffi , à la charge
de 1200. livres de penfion , pour le fieur Maille
de Carman , en faveur de l'Abbé de Forbin d'Opede
, Aumônier du Roi.
Celle de Vierzon , Ordre de S. Benoist , Diocéte
de Bourges , vacante par le décès du dernier
Titulaire , en faveur du fieur Bovenic de Bec de
Lievre.
Celle de Beaugency , Ordre de S. Auguftin
Diocéfe d'Orleans , vacante par le décès du fieur
Souving , en faveur du fieur Gedoyn , de l'Aca
demie Françoife.
Celle de S. Acheüil , Ordre de S. Auguftin ,
Diocéfe d'Amiens , vacante par le décès du fieur .
de Montbrifeuil , en faveur du fieur de Leftocq ,
Vicaire General d'Amiens.
Celle de S. Thibery , Ordre de S. Benoit ,Diocéfe
d'Agde , vacante par le décès du fieur Paris,
en faveur de Dom Simoneau , Religieux de l'Ordre
de Citeaux , à la charge de soo. livres dé
penfion pour le fieur Crevel.
. Celle d'Andres , Ordre de S. Benoift , Diocéfe
de Boulogne , vacante par le décés du fieur Tiberge
, en faveur du fieur de Luffan.
Celle de S. André le Hault , Ordre de S. Benoift
, Ville & Diocéfe de Vienne , vacante par le
décès de la Dame Charpin, en faveur de la Dame
de By de Vallier .
La Coadjutorerie de l'Abbaye de Liqueux
pour la Dame de Beaupoil de S. Aulaire.
Le Prieuré de Chavanon , Ordre de Grandmont
, Diocéfe de Clermont , vacant par le décès
du dernier Titulaire , en faveur du fieur Olivier.
L'Abbaye de Vauluifant , Ordre de Citeaux ,
1. Vol ...Diocéle
2762 MERCURE DE FRANCE
Diocéfe de Sens , vacante par le décés de M. de
Chavigny , Archevêque de Sens , en faveur de
M. l'ancien Evêque de Troyes,
Celle de Beaulieu,Ordre de S. Auguftin, dite de
Boulogne , vacante par la démiffion de M. Madot
, Evêque de Châlons , en faveur du fieur de
Courteillés .
Celle de Tonnay- Charente , Ordre de S. Benoift
, Diocéfe de Saintes , vacante par le décés
du hieur du Solier , en faveur du fieur Giemare,
Chanoine de Lizieux.
L'Archevêché de Sens a été donné à l'Evêque
de Soiffons.
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Résumé : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
En décembre 1730, le roi attribue plusieurs bénéfices ecclésiastiques. L'abbaye d'Abfie, diocèse de La Rochelle, est confiée à l'évêque de Châlons-sur-Saône, avec des pensions pour les sieurs Taflin et Disgaultray. L'abbaye de Saint-Florent-lès-Saumur, diocèse d'Angers, est attribuée à l'abbé de Forbin d'Oppède, avec une pension pour le sieur Maillé de Carman. L'abbaye de Vierzon, diocèse de Bourges, est donnée au sieur Bovenic de Bec de Lièvre. L'abbaye de Beaugency, diocèse d'Orléans, est attribuée au sieur Gedoyn. L'abbaye de Saint-Acheul, diocèse d'Amiens, est confiée au sieur de Leftoq. L'abbaye de Saint-Thibery, diocèse d'Agde, est donnée à Dom Simoneau, avec une pension pour le sieur Crevel. L'abbaye d'Andres, diocèse de Boulogne, est attribuée au sieur de Luffan. L'abbaye de Saint-André-le-Haut, diocèse de Vienne, est confiée à la dame de By de Vallier. La coadjutorerie de l'abbaye de Liqueux est attribuée à la dame de Beaupoil de Saint-Aulaire. Le prieuré de Chavanon, diocèse de Clermont, est donné au sieur Olivier. L'abbaye de Vauluisant, diocèse de Sens, est attribuée à l'ancien évêque de Troyes. L'abbaye de Beaulieu, diocèse de Boulogne, est confiée au sieur de Courteilles. L'abbaye de Tonnay-Charente, diocèse de Saintes, est attribuée au sieur Giemare. Enfin, l'archevêché de Sens est attribué à l'évêque de Soissons.
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6
p. 179-180
BENEFICES DONNEZ par le Roy.
Début :
L'Evêché de Mâcon, à l'Abbé de Valras, Agent [...]
Mots clefs :
Bénéfices, Dons, Abbayes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
ENEFICES DONNEZ
par le Roy.
'Evêché de Mâcon , à l'Abbé de ValLEras , Agent du Clergé.
L'Abbaye de S. Vincent de Laon
l'Evêque d'Arras.
Celle de S. Julien de Dijon , Ordre de
S. Benoît , vacante par la démission de
la Dame de Bussy-Rabutin , à la Dame
de Langhac , Prieure de l'Abbaye de
Praslon.
Celle de Preaux , même Ordre , Diocèse de Lizieux , à la Dame de Brancas.
Celle de Montsor d'Alençon , même
Iij Ordre
180 MERCURE DE FRANCE
Ordre , à la Dame de Chateaurenault.
Le Prieuré de S. Pancras de Fontaine ,
Diocèse de Besançon , à M. Franchet
Chanoine de l'Eglise Métropolitaine de
la même Ville.
Le Prieuré de Vausse , Ordre du Valdes- Choux , Diocèse de Langres , à M. Pẹ
titbenoist , Chanoine de Besançon.
par le Roy.
'Evêché de Mâcon , à l'Abbé de ValLEras , Agent du Clergé.
L'Abbaye de S. Vincent de Laon
l'Evêque d'Arras.
Celle de S. Julien de Dijon , Ordre de
S. Benoît , vacante par la démission de
la Dame de Bussy-Rabutin , à la Dame
de Langhac , Prieure de l'Abbaye de
Praslon.
Celle de Preaux , même Ordre , Diocèse de Lizieux , à la Dame de Brancas.
Celle de Montsor d'Alençon , même
Iij Ordre
180 MERCURE DE FRANCE
Ordre , à la Dame de Chateaurenault.
Le Prieuré de S. Pancras de Fontaine ,
Diocèse de Besançon , à M. Franchet
Chanoine de l'Eglise Métropolitaine de
la même Ville.
Le Prieuré de Vausse , Ordre du Valdes- Choux , Diocèse de Langres , à M. Pẹ
titbenoist , Chanoine de Besançon.
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Résumé : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
Le roi attribue divers bénéfices ecclésiastiques. L'évêché de Mâcon accorde un bénéfice à l'abbé de Val-Leras. Plusieurs abbayes et prieurés changent de titulaires, notamment Saint-Vincent de Laon, Saint-Julien de Dijon, Preaux, Montsor d'Alençon, Saint-Pancras de Fontaine et Vausse.
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7
p. 1243-1244
BENEFICES DONNEZ.
Début :
Le Roy a nommé à l'Evêché de Lodève, l'Abbé [...]
Mots clefs :
Bénéfices, Ordres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ.
BENEFICES DONNEZ
E Roy a nommé à l'Evêché de LodeLELve,l'Abbé deSouliac ,Grand Vicai >
res de l'Evêque de Périgueux.
S. M. a donné l'Abbaye de S. Gilles ,
Ordre de S. Benoît , Diocèse de Nismes ,
à l'Evêque de Nísmies.
Celle de Nants , Ordre de S. Benoît ,
Diocèse de Vabres , à l'Evêque de Gap.
Celle de Mazun , Ordre de Citeaux ,
Diocèse de Viviers, à l'Evêque d'Orange.
Celle de Fontdouce , Ordre de S. Benoît , Diocèse de Xaintes , à l'Abbé de
Coulanges , Grand-Vicaire de l'Evêque
de S. Paul-Trois- Châteaux.
Celle de S. Sauveur de Lodève , Ordre
de S. Benoît , à l'Abbé le Noir , Théologal de l'Eglise Cathedrale de Montpellier.
Celle de S. Jacques de Provins , Ordre
de S. Augustin , Diocèse de Sens, àl'Abbé
Mercier , Chanoine de la Ste Chapelle
de Paris.
Celle de Mauleon , Ordre de S. Auguftin , Diocèse de la Rochelle, à l'Abbé
de la Garde Jasier , Chanoine de l'Eglise
Cathédrale de S. Malo.
Celle de S. Gilbert, Ordre de PrémonI. Vol. I iij tré,
1244 MERCURE DE FRANCE
tré , Diocèse de Clermont , à l'Abbé de
Lisle du Guast , Chanoine de l'Eglise Ca
thédrale de Chartres.
Celle de Notre Dame de Vielmeur
Ordre de S. Benoît , Diocèse de Castres
à la Dame d'Espinouse.
Celle de Ste Geneviève de Chaillot,
lez - Paris , Ordre de S. Augustin , à la
Dame de Tournefort.
L'Abbaye de S. Savin , Ordre de S.Benoît , Diocèse de Poitiers ; à l'Abbé de la..
Richardie, Grand-Vicaire de l'Evêque de
Noyon.
Le Prieuré de S. Robert de Cornillon
Ordre de S. Augustin , Diocèse de Gre
noble , à l'Evêque de Grenoble.
E Roy a nommé à l'Evêché de LodeLELve,l'Abbé deSouliac ,Grand Vicai >
res de l'Evêque de Périgueux.
S. M. a donné l'Abbaye de S. Gilles ,
Ordre de S. Benoît , Diocèse de Nismes ,
à l'Evêque de Nísmies.
Celle de Nants , Ordre de S. Benoît ,
Diocèse de Vabres , à l'Evêque de Gap.
Celle de Mazun , Ordre de Citeaux ,
Diocèse de Viviers, à l'Evêque d'Orange.
Celle de Fontdouce , Ordre de S. Benoît , Diocèse de Xaintes , à l'Abbé de
Coulanges , Grand-Vicaire de l'Evêque
de S. Paul-Trois- Châteaux.
Celle de S. Sauveur de Lodève , Ordre
de S. Benoît , à l'Abbé le Noir , Théologal de l'Eglise Cathedrale de Montpellier.
Celle de S. Jacques de Provins , Ordre
de S. Augustin , Diocèse de Sens, àl'Abbé
Mercier , Chanoine de la Ste Chapelle
de Paris.
Celle de Mauleon , Ordre de S. Auguftin , Diocèse de la Rochelle, à l'Abbé
de la Garde Jasier , Chanoine de l'Eglise
Cathédrale de S. Malo.
Celle de S. Gilbert, Ordre de PrémonI. Vol. I iij tré,
1244 MERCURE DE FRANCE
tré , Diocèse de Clermont , à l'Abbé de
Lisle du Guast , Chanoine de l'Eglise Ca
thédrale de Chartres.
Celle de Notre Dame de Vielmeur
Ordre de S. Benoît , Diocèse de Castres
à la Dame d'Espinouse.
Celle de Ste Geneviève de Chaillot,
lez - Paris , Ordre de S. Augustin , à la
Dame de Tournefort.
L'Abbaye de S. Savin , Ordre de S.Benoît , Diocèse de Poitiers ; à l'Abbé de la..
Richardie, Grand-Vicaire de l'Evêque de
Noyon.
Le Prieuré de S. Robert de Cornillon
Ordre de S. Augustin , Diocèse de Gre
noble , à l'Evêque de Grenoble.
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Résumé : BENEFICES DONNEZ.
Le document relate diverses nominations et attributions de bénéfices ecclésiastiques. Le roi a nommé l'Abbé de Souliac, Grand Vicaire de l'Évêque de Périgueux, à l'Évêché de Lodève. Plusieurs abbayes ont été attribuées à divers évêques et abbés. L'Abbaye de Saint-Gilles, dans le Diocèse de Nîmes, a été donnée à l'Évêque de Nîmes. L'Abbaye de Nants, dans le Diocèse de Vabres, a été attribuée à l'Évêque de Gap. L'Abbaye de Mazun, dans le Diocèse de Viviers, a été donnée à l'Évêque d'Orange. L'Abbaye de Fontdouce, dans le Diocèse de Saintes, a été attribuée à l'Abbé de Coulanges, Grand-Vicaire de l'Évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux. L'Abbaye de Saint-Sauveur de Lodève a été donnée à l'Abbé le Noir, Théologal de l'Église Cathédrale de Montpellier. L'Abbaye de Saint-Jacques de Provins, dans le Diocèse de Sens, a été attribuée à l'Abbé Mercier, Chanoine de la Sainte Chapelle de Paris. L'Abbaye de Mauleon, dans le Diocèse de la Rochelle, a été donnée à l'Abbé de la Garde Jasier, Chanoine de l'Église Cathédrale de Saint-Malo. L'Abbaye de Saint-Gilbert, dans le Diocèse de Clermont, a été attribuée à l'Abbé de Lisle du Guast, Chanoine de l'Église Cathédrale de Chartres. L'Abbaye de Notre-Dame de Vielmeur, dans le Diocèse de Castres, a été donnée à la Dame d'Espinouse. L'Abbaye de Sainte-Geneviève de Chaillot, près de Paris, a été attribuée à la Dame de Tournefort. L'Abbaye de Saint-Savin, dans le Diocèse de Poitiers, a été donnée à l'Abbé de la Richardie, Grand-Vicaire de l'Évêque de Noyon. Enfin, le Prieuré de Saint-Robert de Cornillon, dans le Diocèse de Grenoble, a été attribué à l'Évêque de Grenoble.
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8
p. 109-115
LETTRE DE M. LE P. H. A M. L'ABBÉ V.
Début :
Le nom que vous vous faites dans les Lettres, Monsieur, plus encore que le remerciment [...]
Mots clefs :
Régale, Couronne, Abbé, Roi, Églises, Bénéfices, Suzerain
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE M. LE P. H. A M. L'ABBÉ V.
LETTRE DE M. LE P. H.
A M. L'A B BE' V.
LE
E nom que vous vous faites dans les Lettres
, Monfieur , plus encore que le re
merciment que je vous dois de l'extrême politeffe
que vous me marquez dans votre ouvrage
, mérite bien que je me défende fur un article
où nous penfons tous deux differemment ,
c'est la Régale *. Si ma nouvelle édition n'étoit
pas trop avancée , j'y aurois inferé cente
réponse ; pour y fuppléer , je vous l'adreſſe à
vous-même,, & je me fais l'honneur d'en
prendre le public pour témoin : j'efpere que
* Je prie ceux qui liront cette réponſe, de jetter
les yeuxfur ce que j'ai écrit à l'année 511 .
110 MERCURE DE FRANCE.
cela me vaudra quelque nouvelle obfervation
de votre part , & ce genre de combat littéraire
, quand les armes font en des mains
auffi polies que les vôtres , fert merveillenfement
à éclaircir la vérité . Nous femmes d'ailleurs
tropfouvent d'accord fur des faits auſſi
curieux qu'importans , pour que l'on doive
êtrefurpris fi nous différons quelquefois.
M. l'Abbé Velly prétend que l'on ne
doit chercher l'origine de la Régale que
dans le droit féodal ; & moi , je crois qu'elle
eft antérieure aux fiefs : les fiefs , fuivant
moi , tels que nous les connoiffons aujourd'hui
, n'ont commencé qu'avec l'ufurpation
des fujers , vers le regne de Charles
le Simple . La Régale , auffi ancienne que la
couronne , eft donc plus ancienne que les
fiefs , dont elle ne vient pas . Pinfon , dans
fon traité de la Régale , la compare au Nil ,
dont la fource eft inconnue. Celle des fiefs
l'eft-elle ? Les Gens du Roi , dans un difcours
du 24 Juillet 1633 , difent que la
Régale eft auffi ancienne que la Couronne :
peut-on en dire autant des fiefs ? les Francs
les ont- ils apportés , ou les ont-ils trouvés
dans les Gaules ? Les feuls Rois de Francè
ont le droit de Régale , & les fiefs font de
tous les pays : les fiefs n'ont donc pas produit
la Régale ? Les fiefs , dit M. l'Abbé
Velly,fe nommoient Regalia , dont ils ont,
MARS 1755 : III
moi je
felon lui , donné ce nom à la Régale ; &
dis que les fiefs ont pris en France
le nom de Regalia , qui n'appartenoit alors
qu'à la Régale , parce que la Régale eſt le
plus noble droit de la Couronne . C'étoit
bien ainfi que s'exprimoit Philippe de Valois
en 1334. La collation des prében-
» des en régale nous appartient , à cauſe
» de la nobleffe de la Couronne de Fran-
» ce « . Enfin , & c'eſt là la grande objection
, j'ai dit que les vrais principes de la
Régale fe trouvoient dans le concile d'Orléans
( canon VII . ) , car je n'ai pas dit
que le canon d'Orléans foit le titre qui ait
conféré la Régale à nos Rois , à Dieu ne
plaife : c'eût été faire dépendre ce droit
d'une autorité dont il ne dépend pas . Mais
je dis qu'à la maniere dont les Evêques
reconnoiffent dans ce Concile que l'Eglife
poffède les biens temporels , qui n'eft
qu'un fimple ufufruit , iis caractériſent la
nature de ces biens , qui ne font que viagers
, de même qu'ils reconnoiffent le droit
de celui qui les confere , & qui par la
force de la dureté les réunit à chaque vacance
, ce qui n'eft autre chofe que la Ré
gale : auffi les Juges laïcs en font ils feuls
les juges. Baronius avoit bien fenti la force
de ce canon , puifqu'il ne trouve d'autre
moyen de l'éluder qu'en le changeant , &
112 MERCURE DE FRANCE.
ود
qu'au lieu de lire quicquid in fructibus , il a
écrit quicquid in faventibus : ce qui donne
une nouvelle force au véritable texte . Mais
enfin , dit M. l'Abbé Velly , il y avoit des
Eglifes qui ne vaquoient point en Régale :
quelle en peut être la raiſon , finon que
ces Eglifes ne tenoient aucun fief du Roi ?
Voici la réponſe par où je termine cet article.
Les Gens du Roi , dans leur avis au
Parlement , figné Mollé , en 1633 , que j'ai
déja cité , difent » qu'il doit être tenu
» pour conftant que la Régale eft univer-
» felle , & a lieu dans toutes les Eglifes
du royaume , comme étant un droit non
feulement inhérent à la perfonne facrée
de nos Rois , mais aufli uni & incorporé
à la Couronne , né & établi avec
» elle «. C'eſt ce qu'on trouve encore dans
le fameux plaidoyer, de Jerôme Bignon ,
de 1638. Aucun cas d'exemption n'eſt donc
prévu , aucune Eglife n'en eft exceptée.
Celles qui prétendent cette exception ne la
peuvent donc jamais prétendre par la nature
des biens qu'elles poffèdent , mais feulement
par des conceffions particulieres ,
qui n'étant que des exceptions , confirment
la regle. Pour achever de fe convaincre ,
il n'y a qu'à lire la troifiéme partie du livre
III. du Traité de l'origine de la Régale , par
M. Audoul. Cet ouvrage parut en 1708
MARS. 1755. 113
fous les yeux de M. Dagueffeau , auquel
ce célebre Avocat étoit attaché ; & voici
l'extrait de l'approbation donnée par M.-
Ifali , cet oracle du barreau. » M. Audoul
» a fait voir que ce droit éminent de la
» Régale tire fa fource du canon VII . du
» concile I. d'Orléans , ce qu'il a prouvé
"par des faits fi certains , & par de fi bons
» principes , qu'il n'eft pas poffible d'y ré-
» fifter . Voilà d'après qui j'ai écrit .
Il refulte de ce qui vient d'être dit , que
nous différons , M. l'Abbé Velly & moi ,
non feulement fur la Régale , mais même
fur l'origine des fiefs , puifque les fiefs
fuivant moi , tels qu'ils font ajourd'hui ,
ne remontent pas plus haut que le tems
de Charles le Simple , & que la Régale étant
auffi ancienne que la monarchie , j'ai eu
raifon de conclure que la Régale ne pouvoit
pas venir des fiefs . Mais cette preuve ,
qui eft fans replique fuivant mes principes
, ne fatisfera point M. l'Abbé V. puifqu'il
fait commencer les fiefs avec la monarchie
; auffi n'eft- ce qu'une des preuves
que j'ai alléguées : refte donc la queftion
de l'ancienneté des fiefs , & on fent dans
quelle difcuffion cela nous entraîneroit ,
Une des preuves qu'en rapporte M. l'Abbé
V. qui eft l'inveftiture de la Seigneurie de
Melun , pourroit être contredite , & l'auto114
MERCURE DE FRANCE.
auparavant.
torité d'Aimoin , écrivain du onzième fiécle
, ne feroit pas d'un grand poids , quand
il dépofe d'un fait arrivé au fixiéme . D'ail
leurs il faut avoir de bons yeux pour reconnoître
les fiefs dans les bénéfices mili
taires . On trouve , à la vérité , dès la premiere
race , des exemples de bénéfices accordés
fous de certaines redevances , dont
la principale devoit être le fervice militaire
; mais font-ce bien là des fiefs ? ces béné
fices étoient viagers , & ont continué de
l'être jufqu'au tems de l'ufurpation , &
alors , en effet , ils peuvent être devenus
des fiefs , fans qu'ils le fuffent
On pourroit ajouter que les bénéfices ont
été inftitués d'après les terres faliques ,
fans courir le rifque que l'on en tirât des
conféquences pour les fiefs. Le Seigneur
de fief avoit un fuzerain , le bénéficier
n'avoit qu'un fouverain . Le feigneur de
fief avoit des vaffaux , dont il étoit à fon
tour le fuzerain ; mot , dit Loifeau , qui
eft auffi étranger que cette efpéce de Seigneurie
eft abfurde ( ce qui prouve en
paffant qu'il ne regardoit le fief que comme
une innovation ) . Quelle fimilitude ,
en effet , peut-on trouver entre ces deux
qualités de bénéficier & de fuzerain ? Mais
abandonnons cette queftion qui a fait le
tourment de tant d'écrivains. Le fentiment
MARS. 1755.
de M. l'Abbé V. peut fort bien fe foutenir
fans que, felon moi , il influe fur la queftion
de la Régale , où j'aurois plus de peine
à me rendre.
Voilà , Monfieur , ce que je me fuis fait un
devoir de vous expofer , pour répondre à l'ef
time que vous avez bien voulu me témoigner ,
& en même tems pour faire connoître les fentimens
avec lesquelsj'ai l'honneur d'être , &c.
A M. L'A B BE' V.
LE
E nom que vous vous faites dans les Lettres
, Monfieur , plus encore que le re
merciment que je vous dois de l'extrême politeffe
que vous me marquez dans votre ouvrage
, mérite bien que je me défende fur un article
où nous penfons tous deux differemment ,
c'est la Régale *. Si ma nouvelle édition n'étoit
pas trop avancée , j'y aurois inferé cente
réponse ; pour y fuppléer , je vous l'adreſſe à
vous-même,, & je me fais l'honneur d'en
prendre le public pour témoin : j'efpere que
* Je prie ceux qui liront cette réponſe, de jetter
les yeuxfur ce que j'ai écrit à l'année 511 .
110 MERCURE DE FRANCE.
cela me vaudra quelque nouvelle obfervation
de votre part , & ce genre de combat littéraire
, quand les armes font en des mains
auffi polies que les vôtres , fert merveillenfement
à éclaircir la vérité . Nous femmes d'ailleurs
tropfouvent d'accord fur des faits auſſi
curieux qu'importans , pour que l'on doive
êtrefurpris fi nous différons quelquefois.
M. l'Abbé Velly prétend que l'on ne
doit chercher l'origine de la Régale que
dans le droit féodal ; & moi , je crois qu'elle
eft antérieure aux fiefs : les fiefs , fuivant
moi , tels que nous les connoiffons aujourd'hui
, n'ont commencé qu'avec l'ufurpation
des fujers , vers le regne de Charles
le Simple . La Régale , auffi ancienne que la
couronne , eft donc plus ancienne que les
fiefs , dont elle ne vient pas . Pinfon , dans
fon traité de la Régale , la compare au Nil ,
dont la fource eft inconnue. Celle des fiefs
l'eft-elle ? Les Gens du Roi , dans un difcours
du 24 Juillet 1633 , difent que la
Régale eft auffi ancienne que la Couronne :
peut-on en dire autant des fiefs ? les Francs
les ont- ils apportés , ou les ont-ils trouvés
dans les Gaules ? Les feuls Rois de Francè
ont le droit de Régale , & les fiefs font de
tous les pays : les fiefs n'ont donc pas produit
la Régale ? Les fiefs , dit M. l'Abbé
Velly,fe nommoient Regalia , dont ils ont,
MARS 1755 : III
moi je
felon lui , donné ce nom à la Régale ; &
dis que les fiefs ont pris en France
le nom de Regalia , qui n'appartenoit alors
qu'à la Régale , parce que la Régale eſt le
plus noble droit de la Couronne . C'étoit
bien ainfi que s'exprimoit Philippe de Valois
en 1334. La collation des prében-
» des en régale nous appartient , à cauſe
» de la nobleffe de la Couronne de Fran-
» ce « . Enfin , & c'eſt là la grande objection
, j'ai dit que les vrais principes de la
Régale fe trouvoient dans le concile d'Orléans
( canon VII . ) , car je n'ai pas dit
que le canon d'Orléans foit le titre qui ait
conféré la Régale à nos Rois , à Dieu ne
plaife : c'eût été faire dépendre ce droit
d'une autorité dont il ne dépend pas . Mais
je dis qu'à la maniere dont les Evêques
reconnoiffent dans ce Concile que l'Eglife
poffède les biens temporels , qui n'eft
qu'un fimple ufufruit , iis caractériſent la
nature de ces biens , qui ne font que viagers
, de même qu'ils reconnoiffent le droit
de celui qui les confere , & qui par la
force de la dureté les réunit à chaque vacance
, ce qui n'eft autre chofe que la Ré
gale : auffi les Juges laïcs en font ils feuls
les juges. Baronius avoit bien fenti la force
de ce canon , puifqu'il ne trouve d'autre
moyen de l'éluder qu'en le changeant , &
112 MERCURE DE FRANCE.
ود
qu'au lieu de lire quicquid in fructibus , il a
écrit quicquid in faventibus : ce qui donne
une nouvelle force au véritable texte . Mais
enfin , dit M. l'Abbé Velly , il y avoit des
Eglifes qui ne vaquoient point en Régale :
quelle en peut être la raiſon , finon que
ces Eglifes ne tenoient aucun fief du Roi ?
Voici la réponſe par où je termine cet article.
Les Gens du Roi , dans leur avis au
Parlement , figné Mollé , en 1633 , que j'ai
déja cité , difent » qu'il doit être tenu
» pour conftant que la Régale eft univer-
» felle , & a lieu dans toutes les Eglifes
du royaume , comme étant un droit non
feulement inhérent à la perfonne facrée
de nos Rois , mais aufli uni & incorporé
à la Couronne , né & établi avec
» elle «. C'eſt ce qu'on trouve encore dans
le fameux plaidoyer, de Jerôme Bignon ,
de 1638. Aucun cas d'exemption n'eſt donc
prévu , aucune Eglife n'en eft exceptée.
Celles qui prétendent cette exception ne la
peuvent donc jamais prétendre par la nature
des biens qu'elles poffèdent , mais feulement
par des conceffions particulieres ,
qui n'étant que des exceptions , confirment
la regle. Pour achever de fe convaincre ,
il n'y a qu'à lire la troifiéme partie du livre
III. du Traité de l'origine de la Régale , par
M. Audoul. Cet ouvrage parut en 1708
MARS. 1755. 113
fous les yeux de M. Dagueffeau , auquel
ce célebre Avocat étoit attaché ; & voici
l'extrait de l'approbation donnée par M.-
Ifali , cet oracle du barreau. » M. Audoul
» a fait voir que ce droit éminent de la
» Régale tire fa fource du canon VII . du
» concile I. d'Orléans , ce qu'il a prouvé
"par des faits fi certains , & par de fi bons
» principes , qu'il n'eft pas poffible d'y ré-
» fifter . Voilà d'après qui j'ai écrit .
Il refulte de ce qui vient d'être dit , que
nous différons , M. l'Abbé Velly & moi ,
non feulement fur la Régale , mais même
fur l'origine des fiefs , puifque les fiefs
fuivant moi , tels qu'ils font ajourd'hui ,
ne remontent pas plus haut que le tems
de Charles le Simple , & que la Régale étant
auffi ancienne que la monarchie , j'ai eu
raifon de conclure que la Régale ne pouvoit
pas venir des fiefs . Mais cette preuve ,
qui eft fans replique fuivant mes principes
, ne fatisfera point M. l'Abbé V. puifqu'il
fait commencer les fiefs avec la monarchie
; auffi n'eft- ce qu'une des preuves
que j'ai alléguées : refte donc la queftion
de l'ancienneté des fiefs , & on fent dans
quelle difcuffion cela nous entraîneroit ,
Une des preuves qu'en rapporte M. l'Abbé
V. qui eft l'inveftiture de la Seigneurie de
Melun , pourroit être contredite , & l'auto114
MERCURE DE FRANCE.
auparavant.
torité d'Aimoin , écrivain du onzième fiécle
, ne feroit pas d'un grand poids , quand
il dépofe d'un fait arrivé au fixiéme . D'ail
leurs il faut avoir de bons yeux pour reconnoître
les fiefs dans les bénéfices mili
taires . On trouve , à la vérité , dès la premiere
race , des exemples de bénéfices accordés
fous de certaines redevances , dont
la principale devoit être le fervice militaire
; mais font-ce bien là des fiefs ? ces béné
fices étoient viagers , & ont continué de
l'être jufqu'au tems de l'ufurpation , &
alors , en effet , ils peuvent être devenus
des fiefs , fans qu'ils le fuffent
On pourroit ajouter que les bénéfices ont
été inftitués d'après les terres faliques ,
fans courir le rifque que l'on en tirât des
conféquences pour les fiefs. Le Seigneur
de fief avoit un fuzerain , le bénéficier
n'avoit qu'un fouverain . Le feigneur de
fief avoit des vaffaux , dont il étoit à fon
tour le fuzerain ; mot , dit Loifeau , qui
eft auffi étranger que cette efpéce de Seigneurie
eft abfurde ( ce qui prouve en
paffant qu'il ne regardoit le fief que comme
une innovation ) . Quelle fimilitude ,
en effet , peut-on trouver entre ces deux
qualités de bénéficier & de fuzerain ? Mais
abandonnons cette queftion qui a fait le
tourment de tant d'écrivains. Le fentiment
MARS. 1755.
de M. l'Abbé V. peut fort bien fe foutenir
fans que, felon moi , il influe fur la queftion
de la Régale , où j'aurois plus de peine
à me rendre.
Voilà , Monfieur , ce que je me fuis fait un
devoir de vous expofer , pour répondre à l'ef
time que vous avez bien voulu me témoigner ,
& en même tems pour faire connoître les fentimens
avec lesquelsj'ai l'honneur d'être , &c.
Fermer
Résumé : LETTRE DE M. LE P. H. A M. L'ABBÉ V.
La lettre de M. le P. H. à M. l'Abbé Velly traite de la Régale, un droit royal. M. le P. H. conteste l'origine féodale de la Régale, affirmant qu'elle est antérieure aux fiefs. Selon lui, les fiefs ont commencé avec l'usurpation des suzerains sous le règne de Charles le Simple. Il soutient que la Régale est aussi ancienne que la couronne et ne provient pas des fiefs. M. l'Abbé Velly, en revanche, pense que la Régale trouve son origine dans le droit féodal. Pour appuyer son argumentation, M. le P. H. cite divers documents historiques, tels que le discours des Gens du Roi en 1633 et le traité de Pinfon. Il mentionne également le concile d'Orléans et le canon VII, qui reconnaissent la nature temporelle des biens de l'Église et le droit royal de la Régale. M. le P. H. conclut en affirmant que la Régale est un droit universel et inhérent à la couronne, indépendamment des biens possédés par les églises.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 111-117
LETTRE* DE M. LE P. H. A M. L'ABBÉ V.
Début :
Le nom que vous vous faites dans les Lettres, Monsieur, plus encore que le remercîment [...]
Mots clefs :
Seigneuries, Droit de Régale, Bénéfices, Abbé, Roi, Militaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE* DE M. LE P. H. A M. L'ABBÉ V.
29-ins 291 mol el amo .
D
LETTRE DE M. LE P. H.
A M. L'AB BE V.
noop nog insbe
Lures ,
E nom que vous vous faites dans les Let
Atnes, Monfieur plus encore que le re,
merciment que je vous dois de l'extrême politelle
que vous me marquez dans votre ouvrag
ge , mérite bien que je me défendefur un article
où nous penfons tous deux differemment ,
c'eft la Régale ** , Sima nouvelle édition n'étoit
pas trop avancée , j'y aurois inféré cette
réponse pour y Suppléer , je vous l'adreſſe
sast
a vous-même, & je me fais honneur d'en
prendre le public pour témoin : j'espere que
cela me vaudra quelque nouvelle obfervation
e votre part, ce genre de combat litté
en des mains
aufli polies que les vôtres , fert merveillenfe
de
?
raire
quand le
armes s
* Nous redonnons cette Lettre , où il s'étoit gliffé
plufieurs fautes d'impreffion dans le dernier Mer
cure, pour que l'on puiffe mieux juger de la réponſe.
** Je prie ceux qui liront cette réponſe , de jet
ter les yeux fur ce que j'ai écrit à l'année $ 11.
112 MERCURE DE FRANCE.
f
ment à éclaircir la vérité . Nousfommes d'ailleurs
trop fouvent d'accord fur des faits auffi
curieux qu'importans , pour que l'on doive
être furprisfi nous différons quelquefois.
M. l'Abbé Velly prétend que l'on ne
doit chercher l'origine de la Régale
que
dans le droit féodal ; &82mmooii je crois
qu'elle eft antérieure aux fiefs . Les fiefs ,
fuivant moi , tels que nous les connoiſſons
aujourd'hui , n'ont commencé qu'avec l'ufurpation
des fujets , vers le regne de
Charles le Simple. La Régale , auffi ancienne
que la Couronne , eft donnccplusancienne
que les fiefs. Pinfon , dans fon
traité de la Régale , la compare au Nil ,
dont la fource eft inconnue celle des
fiefs l'eft- elle ? Les Gens du Roi , dans un
difcours du 24 Juillet 1633 , difent que la
Régale eft auffi ancienne que la Couronne :
peut-on en dire autant des fiefs ? les Francs
les ont - ils apportés , ou les ont - ils trouvés
établis dans les Gaules ? Les Rois de
France feuls ont le droit de Régale , & les
fiefs font de tous les pays : les fiefs n'ont
donc pas produit la Régale ? Les fiefs , dit
M. l'Abbé Velly , fe nommoient Regalia :
donc ils ont , felon lui , donné ce nom à
la Régale ; & moi je
dis ar
que les fiefs ont
pris en France le nom de Regalia , qui n'ap
partenoit alors qu'à la Régale , parce que
A VRI L. 1755. 113
»
sendes
300 98 119
"
la Régale eft le plus noble droit de la Couronne
: c'étoit bien ainfi
en ainfi que s'exprimoit
Philippe de Valois en 1334. La colla-
>> tion des en régale nous appartient
, à caufe de la nobleffe de la
Couronne de France » . Enfin , & c'eſt là
rancen .
la grande objection , j'ai dit que llees vrais
principes de la Régale fe trouvoient dans
Cache, 209 25, 2007 anon
VTT) ; car je
n'ai pas dir que le canon d'Orléans foit le
titre qui ait conféré la Régale à nos Rois ,
à Dieu ne plaife : c'eût été faire dépendre
ce droit d'une autorité dont il ne dépend
pas. Mais je dis qu'à la maniere dont les
Evêques reconnoillent dans ce Concile que
l'Eglife poffede les biens temporels , qui
n'eft qu'un fimple ufufruit , ils caracterifent
la nature de ces biens, qui ne font que
viagers , de même qu'ils reconnoiffent le
droit de celui qui les confere , & qui par
la force de la directe les réunit à chaque
vacance , ce qui n'eft autre chofe que la
Régale : auffi les Juges laics en font- ils feuls
les juges. bien fenti la forcé
Baronius avoir
de ce canon , puifqu'il ne trouve d'autre
moyen de l'éluder qu'en le changeant , &
qu'au lieu de lire quicquid in fructibus , il a
écrit quicquid in faventibus : ce qui donne
une nouvelle force au véritable texte. Mais
enfin , dit M. l'Abbé Velly , il y avoit des
170
114 MERCURE DE FRANCE.
30
Eglifes qui ne vaquoient point en Régale :
quelle en peut être la raifon , finon que
ces Eglifes ne tenoient aucun fief du Roi ?
Voici la réponſe par où je termine cet ar
ticle. Les Gens du Roi , dans leur avis au
Parlement , figné Malé en 1633 , que j'ai
déja cité , difent qu'il doit être tenu
pour conftant que la Régale eft univer-
» felle , & a lieu dans toutes les Eglifes
» du royaume , comme étant un droit non
» feulement inhérent à la perfonne facrée
» de nos Rois , mais auffi unin& incor-
» poré à la Couronne , né établi avec
» elle » . C'est ce qu'on trouve encore dans
le fameux plaidoyer de Jerôme Bignon ,
de 1638. Aucun cas d'exemption n'est donc
prévû , aucune Eglife n'en eft exceptée.
Celles qui prétendent cette exception ne la
peuvent donc jamais prétendre par la na
ture des biens qu'elles poffédent , mais feulement
par des conceffions particulieres ,
qui n'étant que des exceptions , confirment
la regle. Pour achever de fe convaincre ,
il n'y a qu'à lire la troifième partie du livre
III. du Traité de l'origine de la Régale , par
M. Audoul. Cet ouvrage parut en 1708
fous les yeux de M. Dagueffeau , auquel
ce célebre Avocat étoit attaché ; & voici
l'extrait de l'approbation donnée par M.
Ifali , cet oracle du barreau . » M. Audoui
AVRIL 1755. 115
a fait voir que ce droit éminent de la
» Régale tire fa fource du canon VII..du
» concile I.td'Orléans ; ce qu'il a prouvé
" par de faits fi certains & par de fi bons
principes , qu'il n'eft pas poffible d'y ré
99
fifter " . Voilà d'après qui j'ai écrit , fans
aller cependant anffi loin que M. Ifali ,
puifque je ne trouve dans le concile d'Orléans
que la preuve d'un droit déja établi .
Il réfulte de ce qui vient d'être dit , que
nous différons , M. l'Abbé Velly & moi ,
non feulement fur la Régale , mais même
fur l'origine des fiefs , puifque, les fiefs ,
fuivant moi , tels qu'ils font aujourd'hui
neremontent pas plus haut que le tems
de Charles le Simple , & quela Régale étant
auffiqancienne que la monarchie , j'ai eu
raifon de conclure que la Régale ne pouvoit
pas venir des fiefs. Mais cette preuve ,
qui efti fans replique , fuivant mes principes
, ne fatisfera point M. l'Abbé V. puifqu'il
fait commencer les fiefs avec la mo
narchie ; auffi n'eft- ce qu'une des preuves
que
que j'ai alléguées . Refte donc la queftion
de l'ancienneté des fiefs , & on fent dans
quelle difcuffion scela nous entraîneroir.
Une des preuves qu'en rapporte M. l'Abbé
V. qui eft l'inveftiture de la Seigneurie de
Melun , pourroit être contredite , & l'autorité
d'Aimoin , écrivain du onzieme fié116
MERCURE DE FRANCE.
cle , ne feroit pas d'un grand poids , quand
il dépofe d'un fait arrivé au fixieme. D'ailleurs
il faut avoir de bons yeux pour reconnoître
les fiefs dans les bénéfices militaires
. On trouve , à la vérité , dès la premiere
race , des exemples de bénéfices accordés
fous de certaines redevancés , dont
la principale devoit être le fervice militaire
; mais font- ce bien là des fiefs ? cès bénéfices
étoient viagers , & ont continué de
l'être jufqu'au tems de Pufurpation , &
alors , en effet , ils peuvent être devenus
des fiefs , fans qu'ils le fuffent auparavant.
On pourroit ajouter que les bénéfices ont
été inftitués d'après les terrés faliques ,
fans courir le rifque que l'on en tirât des
conféquences pour les fiefs. Le Seigneur
de fief avoit un fuzerain' , le bénéficier
n'avoit qu'un fouverain . Le feigneur de
fief avoit des vallaux , dont il étoit à fon
tour le fuzerain ; mot , dit Loiſeau , qui
eft auffi étrange que cette efpece de Seigneurie
eft abfurde ce qui prouve en
paffant qu'il ne regardoit le fief que comme
une innovation ) . Quelle fimilitude ,
en effet , peut -on trouver entre ces deux
qualités de bénéficier & de fuzerain ? Le
fief eft une Seigneurie , & affûrement les
bénéfices militaires n'en étoient pas . Ils
-peuvent avoir donné la naiffance aux fiefs ,
3
AVRI L. 1755. 117
3
comme les partages faits par nos Rois entre
leurs enfans ont donné lieu aux appanages
, avec cette différence que les fiefs
ont été l'abus des bénéfices militaires , au
lieu que les appanages ont été la réforme
des partages. Le Seigneur de fief faifoit la
guerre au Roi , & fes vaffaux étoient obligés
de l'y fuivre , les bénéficiers militaires
eurent- ils jamais une femblable prétention
2 Mais abandonnons cette queſtion
qui a fait le tourment de tant d'Ecrivains.
Le fentiment de M. l'Abbé V. peut fort
bien fe foutenir fans que , felon moi , il
influe fur la queftion de la Régale , où
j'aurois plus de peine à me rendre.
Voilà , Monfieur , ce que je mefuis fait un
devoir de vous expofer , pour répondre à l'eftime
que vous avez bien voulu me témoigner ,
&
en même tems pour faire connoître lesfenmens
avec lesquels j'ai l'honneur d'être , &c.
D
LETTRE DE M. LE P. H.
A M. L'AB BE V.
noop nog insbe
Lures ,
E nom que vous vous faites dans les Let
Atnes, Monfieur plus encore que le re,
merciment que je vous dois de l'extrême politelle
que vous me marquez dans votre ouvrag
ge , mérite bien que je me défendefur un article
où nous penfons tous deux differemment ,
c'eft la Régale ** , Sima nouvelle édition n'étoit
pas trop avancée , j'y aurois inféré cette
réponse pour y Suppléer , je vous l'adreſſe
sast
a vous-même, & je me fais honneur d'en
prendre le public pour témoin : j'espere que
cela me vaudra quelque nouvelle obfervation
e votre part, ce genre de combat litté
en des mains
aufli polies que les vôtres , fert merveillenfe
de
?
raire
quand le
armes s
* Nous redonnons cette Lettre , où il s'étoit gliffé
plufieurs fautes d'impreffion dans le dernier Mer
cure, pour que l'on puiffe mieux juger de la réponſe.
** Je prie ceux qui liront cette réponſe , de jet
ter les yeux fur ce que j'ai écrit à l'année $ 11.
112 MERCURE DE FRANCE.
f
ment à éclaircir la vérité . Nousfommes d'ailleurs
trop fouvent d'accord fur des faits auffi
curieux qu'importans , pour que l'on doive
être furprisfi nous différons quelquefois.
M. l'Abbé Velly prétend que l'on ne
doit chercher l'origine de la Régale
que
dans le droit féodal ; &82mmooii je crois
qu'elle eft antérieure aux fiefs . Les fiefs ,
fuivant moi , tels que nous les connoiſſons
aujourd'hui , n'ont commencé qu'avec l'ufurpation
des fujets , vers le regne de
Charles le Simple. La Régale , auffi ancienne
que la Couronne , eft donnccplusancienne
que les fiefs. Pinfon , dans fon
traité de la Régale , la compare au Nil ,
dont la fource eft inconnue celle des
fiefs l'eft- elle ? Les Gens du Roi , dans un
difcours du 24 Juillet 1633 , difent que la
Régale eft auffi ancienne que la Couronne :
peut-on en dire autant des fiefs ? les Francs
les ont - ils apportés , ou les ont - ils trouvés
établis dans les Gaules ? Les Rois de
France feuls ont le droit de Régale , & les
fiefs font de tous les pays : les fiefs n'ont
donc pas produit la Régale ? Les fiefs , dit
M. l'Abbé Velly , fe nommoient Regalia :
donc ils ont , felon lui , donné ce nom à
la Régale ; & moi je
dis ar
que les fiefs ont
pris en France le nom de Regalia , qui n'ap
partenoit alors qu'à la Régale , parce que
A VRI L. 1755. 113
»
sendes
300 98 119
"
la Régale eft le plus noble droit de la Couronne
: c'étoit bien ainfi
en ainfi que s'exprimoit
Philippe de Valois en 1334. La colla-
>> tion des en régale nous appartient
, à caufe de la nobleffe de la
Couronne de France » . Enfin , & c'eſt là
rancen .
la grande objection , j'ai dit que llees vrais
principes de la Régale fe trouvoient dans
Cache, 209 25, 2007 anon
VTT) ; car je
n'ai pas dir que le canon d'Orléans foit le
titre qui ait conféré la Régale à nos Rois ,
à Dieu ne plaife : c'eût été faire dépendre
ce droit d'une autorité dont il ne dépend
pas. Mais je dis qu'à la maniere dont les
Evêques reconnoillent dans ce Concile que
l'Eglife poffede les biens temporels , qui
n'eft qu'un fimple ufufruit , ils caracterifent
la nature de ces biens, qui ne font que
viagers , de même qu'ils reconnoiffent le
droit de celui qui les confere , & qui par
la force de la directe les réunit à chaque
vacance , ce qui n'eft autre chofe que la
Régale : auffi les Juges laics en font- ils feuls
les juges. bien fenti la forcé
Baronius avoir
de ce canon , puifqu'il ne trouve d'autre
moyen de l'éluder qu'en le changeant , &
qu'au lieu de lire quicquid in fructibus , il a
écrit quicquid in faventibus : ce qui donne
une nouvelle force au véritable texte. Mais
enfin , dit M. l'Abbé Velly , il y avoit des
170
114 MERCURE DE FRANCE.
30
Eglifes qui ne vaquoient point en Régale :
quelle en peut être la raifon , finon que
ces Eglifes ne tenoient aucun fief du Roi ?
Voici la réponſe par où je termine cet ar
ticle. Les Gens du Roi , dans leur avis au
Parlement , figné Malé en 1633 , que j'ai
déja cité , difent qu'il doit être tenu
pour conftant que la Régale eft univer-
» felle , & a lieu dans toutes les Eglifes
» du royaume , comme étant un droit non
» feulement inhérent à la perfonne facrée
» de nos Rois , mais auffi unin& incor-
» poré à la Couronne , né établi avec
» elle » . C'est ce qu'on trouve encore dans
le fameux plaidoyer de Jerôme Bignon ,
de 1638. Aucun cas d'exemption n'est donc
prévû , aucune Eglife n'en eft exceptée.
Celles qui prétendent cette exception ne la
peuvent donc jamais prétendre par la na
ture des biens qu'elles poffédent , mais feulement
par des conceffions particulieres ,
qui n'étant que des exceptions , confirment
la regle. Pour achever de fe convaincre ,
il n'y a qu'à lire la troifième partie du livre
III. du Traité de l'origine de la Régale , par
M. Audoul. Cet ouvrage parut en 1708
fous les yeux de M. Dagueffeau , auquel
ce célebre Avocat étoit attaché ; & voici
l'extrait de l'approbation donnée par M.
Ifali , cet oracle du barreau . » M. Audoui
AVRIL 1755. 115
a fait voir que ce droit éminent de la
» Régale tire fa fource du canon VII..du
» concile I.td'Orléans ; ce qu'il a prouvé
" par de faits fi certains & par de fi bons
principes , qu'il n'eft pas poffible d'y ré
99
fifter " . Voilà d'après qui j'ai écrit , fans
aller cependant anffi loin que M. Ifali ,
puifque je ne trouve dans le concile d'Orléans
que la preuve d'un droit déja établi .
Il réfulte de ce qui vient d'être dit , que
nous différons , M. l'Abbé Velly & moi ,
non feulement fur la Régale , mais même
fur l'origine des fiefs , puifque, les fiefs ,
fuivant moi , tels qu'ils font aujourd'hui
neremontent pas plus haut que le tems
de Charles le Simple , & quela Régale étant
auffiqancienne que la monarchie , j'ai eu
raifon de conclure que la Régale ne pouvoit
pas venir des fiefs. Mais cette preuve ,
qui efti fans replique , fuivant mes principes
, ne fatisfera point M. l'Abbé V. puifqu'il
fait commencer les fiefs avec la mo
narchie ; auffi n'eft- ce qu'une des preuves
que
que j'ai alléguées . Refte donc la queftion
de l'ancienneté des fiefs , & on fent dans
quelle difcuffion scela nous entraîneroir.
Une des preuves qu'en rapporte M. l'Abbé
V. qui eft l'inveftiture de la Seigneurie de
Melun , pourroit être contredite , & l'autorité
d'Aimoin , écrivain du onzieme fié116
MERCURE DE FRANCE.
cle , ne feroit pas d'un grand poids , quand
il dépofe d'un fait arrivé au fixieme. D'ailleurs
il faut avoir de bons yeux pour reconnoître
les fiefs dans les bénéfices militaires
. On trouve , à la vérité , dès la premiere
race , des exemples de bénéfices accordés
fous de certaines redevancés , dont
la principale devoit être le fervice militaire
; mais font- ce bien là des fiefs ? cès bénéfices
étoient viagers , & ont continué de
l'être jufqu'au tems de Pufurpation , &
alors , en effet , ils peuvent être devenus
des fiefs , fans qu'ils le fuffent auparavant.
On pourroit ajouter que les bénéfices ont
été inftitués d'après les terrés faliques ,
fans courir le rifque que l'on en tirât des
conféquences pour les fiefs. Le Seigneur
de fief avoit un fuzerain' , le bénéficier
n'avoit qu'un fouverain . Le feigneur de
fief avoit des vallaux , dont il étoit à fon
tour le fuzerain ; mot , dit Loiſeau , qui
eft auffi étrange que cette efpece de Seigneurie
eft abfurde ce qui prouve en
paffant qu'il ne regardoit le fief que comme
une innovation ) . Quelle fimilitude ,
en effet , peut -on trouver entre ces deux
qualités de bénéficier & de fuzerain ? Le
fief eft une Seigneurie , & affûrement les
bénéfices militaires n'en étoient pas . Ils
-peuvent avoir donné la naiffance aux fiefs ,
3
AVRI L. 1755. 117
3
comme les partages faits par nos Rois entre
leurs enfans ont donné lieu aux appanages
, avec cette différence que les fiefs
ont été l'abus des bénéfices militaires , au
lieu que les appanages ont été la réforme
des partages. Le Seigneur de fief faifoit la
guerre au Roi , & fes vaffaux étoient obligés
de l'y fuivre , les bénéficiers militaires
eurent- ils jamais une femblable prétention
2 Mais abandonnons cette queſtion
qui a fait le tourment de tant d'Ecrivains.
Le fentiment de M. l'Abbé V. peut fort
bien fe foutenir fans que , felon moi , il
influe fur la queftion de la Régale , où
j'aurois plus de peine à me rendre.
Voilà , Monfieur , ce que je mefuis fait un
devoir de vous expofer , pour répondre à l'eftime
que vous avez bien voulu me témoigner ,
&
en même tems pour faire connoître lesfenmens
avec lesquels j'ai l'honneur d'être , &c.
Fermer
Résumé : LETTRE* DE M. LE P. H. A M. L'ABBÉ V.
La lettre de M. le P. H. à M. l'Abbé Velly aborde la controverse sur l'origine de la Régale. M. le P. H. commence par exprimer sa gratitude pour la politesse de l'Abbé Velly dans son ouvrage et souhaite clarifier un désaccord concernant la Régale. Il affirme que la Régale est antérieure aux fiefs, qui n'ont commencé qu'avec l'usurpation des sujets sous Charles le Simple. En revanche, la Régale est aussi ancienne que la Couronne. M. le P. H. soutient que les fiefs n'ont pas produit la Régale, car les Rois de France seuls possèdent ce droit, contrairement aux fiefs qui existent dans tous les pays. Pour appuyer son argumentation, il cite des sources historiques, notamment le discours des Gens du Roi en 1633 et le traité de Pinfon. L'Abbé Velly, quant à lui, pense que la Régale trouve son origine dans le droit féodal. La lettre se conclut par une invitation à poursuivre la discussion pour éclaircir la vérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 118-129
REPONSE DE M. L'ABBÉ V. A M. LE P. H.
Début :
Le suffrage d'un homme comme vous, Monsieur, a quelque chose de si séduisant [...]
Mots clefs :
Droit de Régale, Abbé, Églises, Fiefs, Bénéfices, Seigneur, Maître, Terres, Rois
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texteReconnaissance textuelle : REPONSE DE M. L'ABBÉ V. A M. LE P. H.
REPONSE DE M. L'ABBÉ V.
A M. LE P. H.
e
E fuffrage d'un homme comme vous ,
Monfieur , & quelque chofe de fi féduifant
, qu'à da lecture de la lettre dont
vous m'honorez , j'ai prefque été tenté de
me croire un perfonnage . Mais je me connois
, & cette connoiffance ne m'a laiffé
appercevoir dans vos politeffes qu'un excès
de bonté qui veut encourager un novice
, plus recommendable par fa bonne
volonté que par fes talens. Vous me permettez
de vous faire quelques nouvelles
obfervations fur le point qui nous divife :
j'ufe de la permiffion , moins cependant
pour difputer que pour chercher le vrai ,
qui feul doit être notre guide . C'eſt unt
écolier qui confulte fon maître ; & quel
maître ? Un nouveau Sallufte , mais plus
clair dans fa briéveté fententieufe , un au- -
tre Velleius Paterculus plus inftructif &
auffi délicat dans fes portraits , le digne
éleve enfin du goût , & le favori des graces.
L'Abbé Velly ne fait point remonter
l'origine des fiefs , ftrictement dit , jufqu'aux
premiers fiécles de la monarchie :
il convient avec l'illuftre auteur du nouvel
AVRIL. 1755. 119
abrégé chronologique de notre hiftoire
que ce n'eft que fous le foible regne de
Charles le Simple qu'on les voit tels qu'ils
font aujourd'hui. Charles le Chauve les
avoit , pour ainfi dire , préparés par le fameux
capitulaire (a ) qui ordonne que
fi après la mort quelqu'un de fes fideles
veut renoncerau monde , il pourra
laiffer tous fes emplois à fon fils , ou à ce
lui de fes parens qu'il voudra choisir pour
fon fucceffeurs ce qui étoit établir une.
efpece d'hérédité dans les offices , & les
rendre en quelque forte propres & patri
moniaux. sidst 201 160 2000
Mais en même tems qu'il abandonne ce
point , qui demanderoit pour être éclairci
plus de tems & plus de connoiffances , il fe
croit sautorifé à foutenir qu'il y avoit fous
la premiere race des efpeces de poffeffions
qui tenoient beaucoup de la nature féodale
, quelque nom qu'on veuille leur don
ner , terres , feigneuries , bénéfices ou fiefs.
Pafquier ( b) les appelle Bénéfices , & cite
pour exemple Clovis , qui inveftit le Com
te Auréliens de la feigneurie de Melun.
Loifeau ( a ) ne craint point de les nommer
( a ) Capitul . 10. apud Duch . tom. 2. p. 463 .
( b ) Recherch. de la France , tom. 1. c. liv. 2
16. p. 130.
(c) Loyf. des Offices feod. ch. z . p. 99.
120 MERCURE DE FRANCE:
»
fiefs , & les fait auffi anciens que la monarchie
: voici fes propres termes. » Ce
peuple victorieux ( les Francs ) partagea
& diftribua les terres de fa conquête ; il
» les attribua à titre & condition de fief à
» fes Capitaines , tant pour récompenfe de
leur mérite , que pour tenir deformais
» lieu de gages à leur office , attendu que
» ces Capitaines étoient leurs uniques Ma-
» giftrats. Ceux- ci , ajoute- t-il , baillerent
»à leurs foldats certaines terres à même
»titre de fief , c'est- à- dire , à la charge de
» les affifter toujours en guerre ; & ces fe-
"conds fiefs finiffoient du commencement,
» ainfi que les premiers , par la mort du
» vaffal . Mais comme toutes chofes ten-
» dent & s'établiſſent enfin à la propriété
» à fucceffion de tems on vint à confidé-
» rer que c'étoit une cruauté d'ôter le fief
» aux enfans d'un pauvre foldat bien méri
» té , qui ne leur avoit laiffé aucun autre
»bien , & partant on s'accoutuma à les re
و د
bailler par pitié à l'un defdits enfans ,
» tel qu'il plaifoit au feigneur d'en grati-
» fier . Puis ce fut un droit commun que
les enfans mâles fuccéderoient tous en-
» femble au fief du pere. Mais les filles &
» les collatéraux n'y fuccédoient point ...
» Nous avons à la fin admis indiftincte-
» ment les fucceffions collatérales des fiefs,
même
AVRIL. 1755. 121
>
même au profit des filles en défaut
» toutefois de mâle en pareil dégré il
» nous eft cependant refté quelque chofe
» de notre ancienne rigueur , à fçavoir
qu'à toutes mutations de fiefs , il eft dit
» ouvert & fans homme , c'est - à- dire va-
» cant au refpect du Seigneur , lequel ſe
»peut remettre dans icelui & en jouir com-
» me réuni à fon domaine , jufqu'à ce qu'il
» ſe préſente un fucceffeur qui vienne le
» couvrir & relever , & fe déclarer hom-
» me & vaffal du Seigneur ; & quand il
» tombe en fucceffion collatérale , ou en
❤aliénation , quelle qu'elle foit , il le faut
racheter du Seigneur par certains droits
» qu'on lui paye.
Ce paffage un peu long , mais effentiel.
à la juftification du fyftême attaqué , n'eſt
rien autre chofe qu'une paraphrafe du premier
titre des fiefs : Antiquiffimo tempore poterat
Dominus auferre rem infeudum datam :
deinde obfervatum eft , ut ad vitam fidelis
produceretur produceretur. Il en réfulte deux chofes ,
la premiere qu'il n'eft point de l'effence du
fief d'être héréditaire & patrimonial , mais
d'être tenu fous certaine redevance ; la feconde
, que l'Abbé Velly en tirant l'origine
de la Régale de la nature du droit
féodal , lui donne la même antiquité qu'à
la Monarchie : antiquiffimo tempore. Nous
F
122 MERCURE DE FRANCE.
avons d'ailleurs plufieurs monumens qui
prouvent que même avant le regne de
Charles le Simple , les Evêques ( fans dou
te ceux qui étoient foumis à la Régale )
fe reconnoiffoient hommes , tenanciers ,
feudataires , ou bénéficiers du Prince. On
lit dans un poëme manufcrit de Philippe
Mouskes , intitulé : Hiftoire des François ,
& cité par Ducange ( d )',
Et caskuns Veſques premerains ( e ) ,
Dou Roi de France , joint ſes mains
Prent fon Régale por droiture ,
Et fes hom eft de teneure,
On remarquera
que l'historien
poete
parle de la coutume obfervée fous Chilpéric.
Nous voyons encore quelque choſe de
plus marqué dans une formule de ferment
prêté fous Charles le Chauve
(f) » Moi
" Hincmar
, Evêque de Laon , promets
d'être à jamais fidele & obéillant
, felon
le devoir de mon miniftere
, à Charles ,
» mon maître & mon Seigneur
, comme
» un homme doit l'être à fon Seigneur , &
( d ) Au mot Regalia.
(e ) C'est -à-dire premiers , principaux , fans
doute par
les fiefs qu'ils tenoient de la Couronne. On difoit autrefois Prematie au lieu de Primatię,
(ƒ) Continúat. Aimoin . 1. 5 : c. 21 .
AVRIL 1755. 123
un Evêque à fon Roi » . Ici l'homme &
l'Evêque font diftingués , de même que
le fuzerain & le Souverain : Sicut homo fue
feniori , & Epifcopus fuo Regi.
On objecte que les fiefs font de tous les
pays , & que les feuls Rois de France ont
droit de Régale ; mais l'objection tombe
d'elle-même , s'il eft vrai que les autres
Souverains en ont joui anciennement. On
lit dans Orderic Vital ( g ) , » qu'à la mort
» des Prélats & des Archimandrites , les
» Satellites du Roi d'Angleterre s'empa-
>> roient des terres de leur Eglife , qu'ils
» réuniffoient au domaine pour trois ans ,
quelquefois plus d'où il arrivoit que
» le troupeau , deftitué de Paſteur , étoit
expofé à la morfure des loups » . Qu'on
life l'hiftoire des divifions du facerdoce
& de l'Empire ( b ) , on y verra ces juftes
plaintes mille fois répétées. Les Empereurs
& les Rois d'Angleterre avoient donc anciennement
droit de mettre en leur main
le temporel des Prélatures vacantes par
mort : ce qui n'eft autre chofe que le droit
de Régale. Pourquoi ne l'ont-ils plus ? &
comment ont- ils laiffé perdre une fi glorieufe
prérogative ? c'eft ce qui n'eft point
de notre fujer. La gloire de nos Rois eft
( g ) Liv. 10. p. 763.
(h) Arnold. Lubec. 1. 3. c. 16..!
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
d'avoir eu en même tems , & affez de fermeté
pour fe maintenir dans la poffeffion
d'un privilege né & établi avec la Monarchie
, & affez de religion pour n'en point
abufer.
Mais , dira t- on , M. Audoul , célébré
Avocat , dans fon traité de la Régale , tire
l'origine de cette noble prérogative , du
canon VII du premier concile d'Orléans
& M. Ifali , autre oracle du barreau ,
dans l'approbation qu'il a donnée à cet
ouvrage , affure que ce fyftême eft prouvé
par des faits fi certains , qu'il n'eft pas
poffible d'y refifter. L'Abbé Velly honore
affurément ces deux grandes lumieres :
mais il les admire encore plus , & confeſſe
ingénument qu'il n'a pas d'affez bons
yeux pour voir ce qu'ils ont vû. Il tient
actuellement en main le Concile d'Or
léans , il lit le feptiéme canon ( b ) , & n'y
apperçoit qu'une défenfe aux Abbés , aux
Prêtres , aux Clercs , & aux Religieux
d'aller en Cour , fans la permiffion & la
recommendation de l'Evêque , pour obrenir
des bénéfices. Abbatibus , Prefbiteris ,
omnique Clero , vel in religionis profeffione
viventibus , fine difcuffione vel commendatione
Epifcoporum , pro pretendis Beneficiis ¿
(h ) Concil. tom. 4. p. 1406,
AVRIL. · 17.55. 125
ad domnos venire non liceat. Quodfi quifquam
prafumpferit , tam diu fui honore &
communione privetur , donec per pænitentiam
plenam ejus fatisfactionem facerdos accipiat.
Il recommence donc une lecture
déja refléchie de tout le Concile , & trouve
enfin dans de cinquième canon ces mots
qu'on prétend facramentaux , quidquid in
fructibus. Voici comme ce decret eft conçu :
( i ) De oblationibus vel agris quos domnus
Rex Ecclefiis fuo munere conferre dignatus
eft , vel adhuc , non habentibus , Deo infpirante
, contulerit , ipforum agrorum vel Ecclefiarum
immunitate conceffa , id effe juftif
fimum definimus , ut in reparationibus Ecclefiarum
alimoniis facerdotum & pauperum
, vel redemptionibus captivorum , quidquid
Deus in fructibus dare dignatusfuerit ,
expendatur , & Clerici in adjutorium Ecclefiaftici
operis conftringantur. Quod fi aliquis
facerdotum ad hanc curam minus follicius
ac devotus extiterit , publicè à comprovincialibus
Epifcopis confundatur. Quod fi nec tali
confufione correxerit , donec emendet errorem,
communione fratrum habeatur indignus . Il
faut avouer que c'eft
peu communes
que avoir des lumieres
de trouver les vrais
principes de la Régale dans ce ftatut plus
( i ) Ibid. Can. V. p. 1405 , 1406.
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
}
religieux qué politique. M. Fleury & tous
les hiftoriens eccléfiaftiques n'y découvrent
qu'une fage attention de l'Eglife à prévemir
fes miniftres , que les biens qu'ils tiennent
de la libéralité de nos Rois ne leur
ont point été donnés pour en faire l'ufage
qu'il leur plairoit ; mais qu'ils doivent employer
tout ce que Dieu leur donne audelà
du néceffaire , à la reparation des
Eglifes , à l'entretien des Prêtres & des
pauvres , ou enfin au rachat des captifs.
L'Abbé Velly pourroit même en tirer une
induction favorable à fon fyftême . Les
conceffions de nos Rois en faveur du Clergé
étoient donc , ou conditionnelles , ou
pures & fimples , c'eft- à - dire , ou affujet
ties à certaines redevances , ou affranchies
de toure fervitude : de là cette diftinction
des Eglifes qui vaquoient ou ne vaquoient
point en Régale.
On répond que les Gens du Roi , M.
Molé & M. Bignon , dans leur avis donné
en 1633 & en 1638 , difent qu'il doit être
tenu pour conftant , que la Régale eft univerfelle
, & a lieu dans toutes les Eglifes
du Royaume , comme étant un droit non
feulement inhérent à la perfonne facrée
de nos Rois , mais auffi uni & incorporé
à la Couronne , né & établi avec elle.
L'Abbé Velly fent toute l'importance de
AVRIL 1755 127
cette objection , & combien il eft délicat
d'avoir à fe défendre contre des autorités
toujours refpectables , & quelquefois terribles.
Auffi n'entreprendra- t- il pas d'y répondre
: c'eft Pafquier ( k ) qui plaidera fa
caufe , & parlera pour lui. Tous les
Archevêchés & Evêchés de France , dit
» ce célébre Jurifconfulte , ne font eftimés
" tomber en Régale , vacation d'iceux avenant
: ores que quelques- uns eftiment le
» contraire, Opinion de prime face plaufible
pour favorifer les droits du Roi ;
mais erronée , bien qu'elle ne foit deſtituée
de bons parrains. Car Maitre Jean
» le Bouteiller en fa fomme rurale , l'efti-
»ma ainfi & de notre tems , M. de Pibrac
, Avocat du Roi au Parlement , la
voulut faire paffer par Edict , mais il en
fur dedict . Il ne faut rien ôter à l'Eglife
pour le donner par une nouveauté à nos
» Rois , ni leur ôter pour le donner à l'Eglife.
Or que toutes les Eglifes Cathédrales
ne tombent en Régale , nous avons
plufieurs Ordonnances qui le nous enfeignent.
Celle de Philippe le Bel , en
" 1302 , porte entr'autres articles ( 4 ).
» Item , quantum ad Regalias quas nos 5
(k ) Recherch. de la France , tom . 1. 1. 3. chap.
37. p. 303 .
(1 ) Apud de Lauriere , tom. 1. Ordinat. p. 359.
Fiv
18 MERCURE DE FRANCE.
» prædeceffores noftri , confuervimus percipere
in aliquibus Ecclefiis Regni noftri ,
quando eas vacare contigit : & Louis XII
dit expreffément dans fon édit de l'an
» 1499 , nous défendons à tous nos Officiers
»qu'ès Archevêchés , Abbayes , & autres bénéfices
de notre Royaume , efquels n'avons
droit de Régale , ils ne fe mettent dedans ni
» ès fortes places , finon ès bénéfices & fortes
» places qui feroient affifes ès pays
limitrophes
de notre Royaume. Bref, qui foutient
le contraire eft plutôt un flateur de Cour ,
qu'un Jurifconfulte François. sy b
+
P
On peut encore confulter les actes du
fecond Concile général de Lyon , qui autorife
la Régale dans les Eglifes où elle
étoit établie par la fondation ou par quelque
coutume ancienne ( m ) , mais qui dé,
fend de l'introduire dans celles où elle n'étoit
pas reçue. Quant aux Eglifes qui vaquoient,
ou ne vaquoient point en Régale ,
on en trouvera la lifte dans le Traité de
l'ufage des fiefs ( n ) , par M. Bruffel. Au
refte , le fentiment de M. le Préfident Hénaut
fur l'univerfalité de cette prérogative
unique de nos Rois , eft appuyée far de
grandes autorités , & pour me fervir des
termes de Pafquier , a de très bons parreins.
( m ) Tom. XI. Concil. Confid. 13. de Elect.
( a ) Tom. I. pag. 292 & 293.·
AVRIL. 1755 129
,
Le celebre auteur du nouvel abrégé chronologique
de notre hiftoire , mérite affurément
une place diftinguée parmi les plus
illuftres , tels que les Pibracs , les Molés :
les Bignons , noms confacrés à l'immortalité.
Voilà , Monfieur , fur quels fondemens
fai bâti mon fyftême de l'origine de la
Régale , & en même tems une partie des
faifons qui peuvent fervir à ma juſtification
. J'ai cru devoir vous les expofer , pour
répondre à la bienveillance dont vous
m'honorez je les foumers à vos lumieres ,
toujours prêt à rendre au plus judicieux &
au plus élégant de nos hiftoriens , l'hom
mage qu'un difciple doit à fon maître. Ik
ne me refte qu'à vous faire d'humbles re
mercimens de m'avoir procuré l'occafion
de faire paroître les fentimens , & c.
*
Medspaſt nad ubqkeretek VELLY.
A M. LE P. H.
e
E fuffrage d'un homme comme vous ,
Monfieur , & quelque chofe de fi féduifant
, qu'à da lecture de la lettre dont
vous m'honorez , j'ai prefque été tenté de
me croire un perfonnage . Mais je me connois
, & cette connoiffance ne m'a laiffé
appercevoir dans vos politeffes qu'un excès
de bonté qui veut encourager un novice
, plus recommendable par fa bonne
volonté que par fes talens. Vous me permettez
de vous faire quelques nouvelles
obfervations fur le point qui nous divife :
j'ufe de la permiffion , moins cependant
pour difputer que pour chercher le vrai ,
qui feul doit être notre guide . C'eſt unt
écolier qui confulte fon maître ; & quel
maître ? Un nouveau Sallufte , mais plus
clair dans fa briéveté fententieufe , un au- -
tre Velleius Paterculus plus inftructif &
auffi délicat dans fes portraits , le digne
éleve enfin du goût , & le favori des graces.
L'Abbé Velly ne fait point remonter
l'origine des fiefs , ftrictement dit , jufqu'aux
premiers fiécles de la monarchie :
il convient avec l'illuftre auteur du nouvel
AVRIL. 1755. 119
abrégé chronologique de notre hiftoire
que ce n'eft que fous le foible regne de
Charles le Simple qu'on les voit tels qu'ils
font aujourd'hui. Charles le Chauve les
avoit , pour ainfi dire , préparés par le fameux
capitulaire (a ) qui ordonne que
fi après la mort quelqu'un de fes fideles
veut renoncerau monde , il pourra
laiffer tous fes emplois à fon fils , ou à ce
lui de fes parens qu'il voudra choisir pour
fon fucceffeurs ce qui étoit établir une.
efpece d'hérédité dans les offices , & les
rendre en quelque forte propres & patri
moniaux. sidst 201 160 2000
Mais en même tems qu'il abandonne ce
point , qui demanderoit pour être éclairci
plus de tems & plus de connoiffances , il fe
croit sautorifé à foutenir qu'il y avoit fous
la premiere race des efpeces de poffeffions
qui tenoient beaucoup de la nature féodale
, quelque nom qu'on veuille leur don
ner , terres , feigneuries , bénéfices ou fiefs.
Pafquier ( b) les appelle Bénéfices , & cite
pour exemple Clovis , qui inveftit le Com
te Auréliens de la feigneurie de Melun.
Loifeau ( a ) ne craint point de les nommer
( a ) Capitul . 10. apud Duch . tom. 2. p. 463 .
( b ) Recherch. de la France , tom. 1. c. liv. 2
16. p. 130.
(c) Loyf. des Offices feod. ch. z . p. 99.
120 MERCURE DE FRANCE:
»
fiefs , & les fait auffi anciens que la monarchie
: voici fes propres termes. » Ce
peuple victorieux ( les Francs ) partagea
& diftribua les terres de fa conquête ; il
» les attribua à titre & condition de fief à
» fes Capitaines , tant pour récompenfe de
leur mérite , que pour tenir deformais
» lieu de gages à leur office , attendu que
» ces Capitaines étoient leurs uniques Ma-
» giftrats. Ceux- ci , ajoute- t-il , baillerent
»à leurs foldats certaines terres à même
»titre de fief , c'est- à- dire , à la charge de
» les affifter toujours en guerre ; & ces fe-
"conds fiefs finiffoient du commencement,
» ainfi que les premiers , par la mort du
» vaffal . Mais comme toutes chofes ten-
» dent & s'établiſſent enfin à la propriété
» à fucceffion de tems on vint à confidé-
» rer que c'étoit une cruauté d'ôter le fief
» aux enfans d'un pauvre foldat bien méri
» té , qui ne leur avoit laiffé aucun autre
»bien , & partant on s'accoutuma à les re
و د
bailler par pitié à l'un defdits enfans ,
» tel qu'il plaifoit au feigneur d'en grati-
» fier . Puis ce fut un droit commun que
les enfans mâles fuccéderoient tous en-
» femble au fief du pere. Mais les filles &
» les collatéraux n'y fuccédoient point ...
» Nous avons à la fin admis indiftincte-
» ment les fucceffions collatérales des fiefs,
même
AVRIL. 1755. 121
>
même au profit des filles en défaut
» toutefois de mâle en pareil dégré il
» nous eft cependant refté quelque chofe
» de notre ancienne rigueur , à fçavoir
qu'à toutes mutations de fiefs , il eft dit
» ouvert & fans homme , c'est - à- dire va-
» cant au refpect du Seigneur , lequel ſe
»peut remettre dans icelui & en jouir com-
» me réuni à fon domaine , jufqu'à ce qu'il
» ſe préſente un fucceffeur qui vienne le
» couvrir & relever , & fe déclarer hom-
» me & vaffal du Seigneur ; & quand il
» tombe en fucceffion collatérale , ou en
❤aliénation , quelle qu'elle foit , il le faut
racheter du Seigneur par certains droits
» qu'on lui paye.
Ce paffage un peu long , mais effentiel.
à la juftification du fyftême attaqué , n'eſt
rien autre chofe qu'une paraphrafe du premier
titre des fiefs : Antiquiffimo tempore poterat
Dominus auferre rem infeudum datam :
deinde obfervatum eft , ut ad vitam fidelis
produceretur produceretur. Il en réfulte deux chofes ,
la premiere qu'il n'eft point de l'effence du
fief d'être héréditaire & patrimonial , mais
d'être tenu fous certaine redevance ; la feconde
, que l'Abbé Velly en tirant l'origine
de la Régale de la nature du droit
féodal , lui donne la même antiquité qu'à
la Monarchie : antiquiffimo tempore. Nous
F
122 MERCURE DE FRANCE.
avons d'ailleurs plufieurs monumens qui
prouvent que même avant le regne de
Charles le Simple , les Evêques ( fans dou
te ceux qui étoient foumis à la Régale )
fe reconnoiffoient hommes , tenanciers ,
feudataires , ou bénéficiers du Prince. On
lit dans un poëme manufcrit de Philippe
Mouskes , intitulé : Hiftoire des François ,
& cité par Ducange ( d )',
Et caskuns Veſques premerains ( e ) ,
Dou Roi de France , joint ſes mains
Prent fon Régale por droiture ,
Et fes hom eft de teneure,
On remarquera
que l'historien
poete
parle de la coutume obfervée fous Chilpéric.
Nous voyons encore quelque choſe de
plus marqué dans une formule de ferment
prêté fous Charles le Chauve
(f) » Moi
" Hincmar
, Evêque de Laon , promets
d'être à jamais fidele & obéillant
, felon
le devoir de mon miniftere
, à Charles ,
» mon maître & mon Seigneur
, comme
» un homme doit l'être à fon Seigneur , &
( d ) Au mot Regalia.
(e ) C'est -à-dire premiers , principaux , fans
doute par
les fiefs qu'ils tenoient de la Couronne. On difoit autrefois Prematie au lieu de Primatię,
(ƒ) Continúat. Aimoin . 1. 5 : c. 21 .
AVRIL 1755. 123
un Evêque à fon Roi » . Ici l'homme &
l'Evêque font diftingués , de même que
le fuzerain & le Souverain : Sicut homo fue
feniori , & Epifcopus fuo Regi.
On objecte que les fiefs font de tous les
pays , & que les feuls Rois de France ont
droit de Régale ; mais l'objection tombe
d'elle-même , s'il eft vrai que les autres
Souverains en ont joui anciennement. On
lit dans Orderic Vital ( g ) , » qu'à la mort
» des Prélats & des Archimandrites , les
» Satellites du Roi d'Angleterre s'empa-
>> roient des terres de leur Eglife , qu'ils
» réuniffoient au domaine pour trois ans ,
quelquefois plus d'où il arrivoit que
» le troupeau , deftitué de Paſteur , étoit
expofé à la morfure des loups » . Qu'on
life l'hiftoire des divifions du facerdoce
& de l'Empire ( b ) , on y verra ces juftes
plaintes mille fois répétées. Les Empereurs
& les Rois d'Angleterre avoient donc anciennement
droit de mettre en leur main
le temporel des Prélatures vacantes par
mort : ce qui n'eft autre chofe que le droit
de Régale. Pourquoi ne l'ont-ils plus ? &
comment ont- ils laiffé perdre une fi glorieufe
prérogative ? c'eft ce qui n'eft point
de notre fujer. La gloire de nos Rois eft
( g ) Liv. 10. p. 763.
(h) Arnold. Lubec. 1. 3. c. 16..!
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
d'avoir eu en même tems , & affez de fermeté
pour fe maintenir dans la poffeffion
d'un privilege né & établi avec la Monarchie
, & affez de religion pour n'en point
abufer.
Mais , dira t- on , M. Audoul , célébré
Avocat , dans fon traité de la Régale , tire
l'origine de cette noble prérogative , du
canon VII du premier concile d'Orléans
& M. Ifali , autre oracle du barreau ,
dans l'approbation qu'il a donnée à cet
ouvrage , affure que ce fyftême eft prouvé
par des faits fi certains , qu'il n'eft pas
poffible d'y refifter. L'Abbé Velly honore
affurément ces deux grandes lumieres :
mais il les admire encore plus , & confeſſe
ingénument qu'il n'a pas d'affez bons
yeux pour voir ce qu'ils ont vû. Il tient
actuellement en main le Concile d'Or
léans , il lit le feptiéme canon ( b ) , & n'y
apperçoit qu'une défenfe aux Abbés , aux
Prêtres , aux Clercs , & aux Religieux
d'aller en Cour , fans la permiffion & la
recommendation de l'Evêque , pour obrenir
des bénéfices. Abbatibus , Prefbiteris ,
omnique Clero , vel in religionis profeffione
viventibus , fine difcuffione vel commendatione
Epifcoporum , pro pretendis Beneficiis ¿
(h ) Concil. tom. 4. p. 1406,
AVRIL. · 17.55. 125
ad domnos venire non liceat. Quodfi quifquam
prafumpferit , tam diu fui honore &
communione privetur , donec per pænitentiam
plenam ejus fatisfactionem facerdos accipiat.
Il recommence donc une lecture
déja refléchie de tout le Concile , & trouve
enfin dans de cinquième canon ces mots
qu'on prétend facramentaux , quidquid in
fructibus. Voici comme ce decret eft conçu :
( i ) De oblationibus vel agris quos domnus
Rex Ecclefiis fuo munere conferre dignatus
eft , vel adhuc , non habentibus , Deo infpirante
, contulerit , ipforum agrorum vel Ecclefiarum
immunitate conceffa , id effe juftif
fimum definimus , ut in reparationibus Ecclefiarum
alimoniis facerdotum & pauperum
, vel redemptionibus captivorum , quidquid
Deus in fructibus dare dignatusfuerit ,
expendatur , & Clerici in adjutorium Ecclefiaftici
operis conftringantur. Quod fi aliquis
facerdotum ad hanc curam minus follicius
ac devotus extiterit , publicè à comprovincialibus
Epifcopis confundatur. Quod fi nec tali
confufione correxerit , donec emendet errorem,
communione fratrum habeatur indignus . Il
faut avouer que c'eft
peu communes
que avoir des lumieres
de trouver les vrais
principes de la Régale dans ce ftatut plus
( i ) Ibid. Can. V. p. 1405 , 1406.
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
}
religieux qué politique. M. Fleury & tous
les hiftoriens eccléfiaftiques n'y découvrent
qu'une fage attention de l'Eglife à prévemir
fes miniftres , que les biens qu'ils tiennent
de la libéralité de nos Rois ne leur
ont point été donnés pour en faire l'ufage
qu'il leur plairoit ; mais qu'ils doivent employer
tout ce que Dieu leur donne audelà
du néceffaire , à la reparation des
Eglifes , à l'entretien des Prêtres & des
pauvres , ou enfin au rachat des captifs.
L'Abbé Velly pourroit même en tirer une
induction favorable à fon fyftême . Les
conceffions de nos Rois en faveur du Clergé
étoient donc , ou conditionnelles , ou
pures & fimples , c'eft- à - dire , ou affujet
ties à certaines redevances , ou affranchies
de toure fervitude : de là cette diftinction
des Eglifes qui vaquoient ou ne vaquoient
point en Régale.
On répond que les Gens du Roi , M.
Molé & M. Bignon , dans leur avis donné
en 1633 & en 1638 , difent qu'il doit être
tenu pour conftant , que la Régale eft univerfelle
, & a lieu dans toutes les Eglifes
du Royaume , comme étant un droit non
feulement inhérent à la perfonne facrée
de nos Rois , mais auffi uni & incorporé
à la Couronne , né & établi avec elle.
L'Abbé Velly fent toute l'importance de
AVRIL 1755 127
cette objection , & combien il eft délicat
d'avoir à fe défendre contre des autorités
toujours refpectables , & quelquefois terribles.
Auffi n'entreprendra- t- il pas d'y répondre
: c'eft Pafquier ( k ) qui plaidera fa
caufe , & parlera pour lui. Tous les
Archevêchés & Evêchés de France , dit
» ce célébre Jurifconfulte , ne font eftimés
" tomber en Régale , vacation d'iceux avenant
: ores que quelques- uns eftiment le
» contraire, Opinion de prime face plaufible
pour favorifer les droits du Roi ;
mais erronée , bien qu'elle ne foit deſtituée
de bons parrains. Car Maitre Jean
» le Bouteiller en fa fomme rurale , l'efti-
»ma ainfi & de notre tems , M. de Pibrac
, Avocat du Roi au Parlement , la
voulut faire paffer par Edict , mais il en
fur dedict . Il ne faut rien ôter à l'Eglife
pour le donner par une nouveauté à nos
» Rois , ni leur ôter pour le donner à l'Eglife.
Or que toutes les Eglifes Cathédrales
ne tombent en Régale , nous avons
plufieurs Ordonnances qui le nous enfeignent.
Celle de Philippe le Bel , en
" 1302 , porte entr'autres articles ( 4 ).
» Item , quantum ad Regalias quas nos 5
(k ) Recherch. de la France , tom . 1. 1. 3. chap.
37. p. 303 .
(1 ) Apud de Lauriere , tom. 1. Ordinat. p. 359.
Fiv
18 MERCURE DE FRANCE.
» prædeceffores noftri , confuervimus percipere
in aliquibus Ecclefiis Regni noftri ,
quando eas vacare contigit : & Louis XII
dit expreffément dans fon édit de l'an
» 1499 , nous défendons à tous nos Officiers
»qu'ès Archevêchés , Abbayes , & autres bénéfices
de notre Royaume , efquels n'avons
droit de Régale , ils ne fe mettent dedans ni
» ès fortes places , finon ès bénéfices & fortes
» places qui feroient affifes ès pays
limitrophes
de notre Royaume. Bref, qui foutient
le contraire eft plutôt un flateur de Cour ,
qu'un Jurifconfulte François. sy b
+
P
On peut encore confulter les actes du
fecond Concile général de Lyon , qui autorife
la Régale dans les Eglifes où elle
étoit établie par la fondation ou par quelque
coutume ancienne ( m ) , mais qui dé,
fend de l'introduire dans celles où elle n'étoit
pas reçue. Quant aux Eglifes qui vaquoient,
ou ne vaquoient point en Régale ,
on en trouvera la lifte dans le Traité de
l'ufage des fiefs ( n ) , par M. Bruffel. Au
refte , le fentiment de M. le Préfident Hénaut
fur l'univerfalité de cette prérogative
unique de nos Rois , eft appuyée far de
grandes autorités , & pour me fervir des
termes de Pafquier , a de très bons parreins.
( m ) Tom. XI. Concil. Confid. 13. de Elect.
( a ) Tom. I. pag. 292 & 293.·
AVRIL. 1755 129
,
Le celebre auteur du nouvel abrégé chronologique
de notre hiftoire , mérite affurément
une place diftinguée parmi les plus
illuftres , tels que les Pibracs , les Molés :
les Bignons , noms confacrés à l'immortalité.
Voilà , Monfieur , fur quels fondemens
fai bâti mon fyftême de l'origine de la
Régale , & en même tems une partie des
faifons qui peuvent fervir à ma juſtification
. J'ai cru devoir vous les expofer , pour
répondre à la bienveillance dont vous
m'honorez je les foumers à vos lumieres ,
toujours prêt à rendre au plus judicieux &
au plus élégant de nos hiftoriens , l'hom
mage qu'un difciple doit à fon maître. Ik
ne me refte qu'à vous faire d'humbles re
mercimens de m'avoir procuré l'occafion
de faire paroître les fentimens , & c.
*
Medspaſt nad ubqkeretek VELLY.
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Résumé : REPONSE DE M. L'ABBÉ V. A M. LE P. H.
L'abbé V. répond à une lettre de M. le P. H., reconnaissant sa bonté mais affirmant être un novice. Il accepte de discuter du point qui les divise pour chercher la vérité et loue M. le P. H. en le comparant à des historiens célèbres comme Salluste et Velleius Paterculus. L'abbé V. aborde l'origine des fiefs, affirmant qu'ils n'apparaissent pas aux premiers siècles de la monarchie mais sous le règne de Charles le Simple. Charles le Chauve avait préparé leur établissement par un capitulaire permettant l'hérédité des offices. Cependant, il reconnaît l'existence de possessions féodales sous la première race, appelées bénéfices par Pasquier et fiefs par Loiseleur. Les Francs distribuaient les terres à titre de fief à leurs capitaines et soldats, avec la charge de les assister en guerre. Ces fiefs finissaient à la mort du vassal, mais sont devenus héréditaires par pitié pour les enfants des soldats méritants. Les successions collatérales et les filles ont été admises plus tard, mais certaines rigueurs anciennes subsistent, comme le droit du seigneur de récupérer le fief en l'absence d'héritier. L'abbé V. conclut que le fief n'est pas héréditaire par essence mais tenu sous redevance. Il cite des exemples historiques et des textes pour appuyer ses arguments, notamment des poèmes et des formules de serment d'évêques sous les rois francs. Le texte traite également de la coutume de la régale, une pratique ancienne qui ne doit pas être introduite dans les régions où elle n'était pas déjà établie. La liste des églises concernées par cette coutume peut être trouvée dans le traité de l'usage des fiefs par M. Bruffel. Le sentiment du Président Hénaut sur l'universalité de cette prérogative royale est soutenu par de grandes autorités, et les termes de Pasquier confirment cette opinion. En avril 1755, l'auteur rend hommage à un célèbre historien, auteur d'un abrégé chronologique de l'histoire de France, le plaçant parmi les illustres noms comme Pibrac, Molé et Bignon. L'auteur expose les fondements de son système sur l'origine de la régale et les raisons qui peuvent justifier sa position, exprimant sa gratitude pour la bienveillance et les lumières de son interlocuteur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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