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Détail
Liste
951
p. 551-552
EXTRAIT des Remarques sur l'innovation de l'Orthographe, trouvées dans un vieux Manuscrit.
Début :
Il y a long-temps que les bons Grammairiens et les ueritables Sçauans en general, se sont [...]
Mots clefs :
Orthographe, Langue, Écrire, Goût, Lieu, Mots, Belles-lettres
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT des Remarques sur l'innovation de l'Orthographe, trouvées dans un vieux Manuscrit.
EXTRAIT des Remarques sur l'innovation
de l'Orthographe , trouvées dans
un vieux Manuscrit.
L y
*
I a long- temps que les bons Grammairiens
et les ueritables Sçauans en general , se sont
plaincts des innouations de l'Orthographe Moderne.
Il semble qu'on veuille entierement abbolir
la trace de toute étymologie. C'est vn principe
de corruption dans la Langue qu'vne maniere
d'escripre jausitée , et qui renuerse toutes les
constructions . Ceulx qui n'ont pas abbandonné
entierement le goust des belles-lettres doiuent
s'opposer uiuement au progrez d'vn abus si generalement
répandu. Peut - on n'estre pas choqué
en lisant , par exemple , fantaisie , fantôme , Faisan
, au lieu de Phantasie , Phantosme , Phasian?
Le plaisir des bonnes tables n'est-il pas plus grand
quand on sçaict que cet Oiseau a pris son nom
du Fleuve Phasis , et que lês Cuisiniers des Argonautes
l'apporterent les premiers en Grece ?
2
On retranche la lettre b dans bien des mots ,
et les t , les g , les b , les l , les d , les c , les f , &c.
auant les s à tous les mots pluriers des noms ,
aux singuliers des verbes , & c . on escript desja ,
Caldéen , Calcedoine , sepulcre corde , colere , Cameléon
, Canon , Caron , Baccus , gens , gans ,
plons , je dois , chevaux , respects , baillis , rans
bans , fau-bours , aune , veaux , enfans , & c. aulieu
d'escripre auec nos Ancestres , Chaldéen ,
Chalcedoine , Sepulchre , Chorde , Cholere , Chaneléon
, Chanon, Charon , Bacchus , gents , gands
plombs
552 MERCURE DE FRANCE
plombs , je doibs , cheuaulx , respecs , baillifs , rangs;
Fauxbourgs , aulne , uiaulx , enfants , ¿c.
Je ne puis lire sans baillemens les mots , j'aimois
, points , doigts , uint , un , ¿c. au lieu de
' amabois, poings , poincts, doigts, uingts , ung, & c.
et ce dernier mot un me fait douter si je dois lire
les v11. sept , ou les ungs . On escripra bien-tost
homme , Afriquain . republiquain , persone , lân ,
pân , Can . fân , mou , cou , fou : sou , artisan ,
livre , cuivre , lievre , François , Normand , &c.
au lieu d'escripre home , Aphricain , respublicain
persone , Laon , Caen , Paon , faon , mol , col ,fol ,
sol , artife , optife , libure , liepure , cuibure , Francois
, Norman , &c.
Le mauuais goust ramene jnsensiblement la
Barbarie et les rauages de la Barbarie influent sur
tous les obiects qui sont de la plus grande conséquence
pour la Societé. Rien ne contribue tant
à la politesse d'une Nation et au progrez des
belles - lettres que la pureté de la langue , et la
langue ne peut auoir d'ennemi plus dangereux
que le mauluais goust de l'Orthographe et de
l'Escripture.
Nota. Les Remarques paroissent être une Paree
de celles du Mercure d'Octobre dernier p . 2153 .
de l'Orthographe , trouvées dans
un vieux Manuscrit.
L y
*
I a long- temps que les bons Grammairiens
et les ueritables Sçauans en general , se sont
plaincts des innouations de l'Orthographe Moderne.
Il semble qu'on veuille entierement abbolir
la trace de toute étymologie. C'est vn principe
de corruption dans la Langue qu'vne maniere
d'escripre jausitée , et qui renuerse toutes les
constructions . Ceulx qui n'ont pas abbandonné
entierement le goust des belles-lettres doiuent
s'opposer uiuement au progrez d'vn abus si generalement
répandu. Peut - on n'estre pas choqué
en lisant , par exemple , fantaisie , fantôme , Faisan
, au lieu de Phantasie , Phantosme , Phasian?
Le plaisir des bonnes tables n'est-il pas plus grand
quand on sçaict que cet Oiseau a pris son nom
du Fleuve Phasis , et que lês Cuisiniers des Argonautes
l'apporterent les premiers en Grece ?
2
On retranche la lettre b dans bien des mots ,
et les t , les g , les b , les l , les d , les c , les f , &c.
auant les s à tous les mots pluriers des noms ,
aux singuliers des verbes , & c . on escript desja ,
Caldéen , Calcedoine , sepulcre corde , colere , Cameléon
, Canon , Caron , Baccus , gens , gans ,
plons , je dois , chevaux , respects , baillis , rans
bans , fau-bours , aune , veaux , enfans , & c. aulieu
d'escripre auec nos Ancestres , Chaldéen ,
Chalcedoine , Sepulchre , Chorde , Cholere , Chaneléon
, Chanon, Charon , Bacchus , gents , gands
plombs
552 MERCURE DE FRANCE
plombs , je doibs , cheuaulx , respecs , baillifs , rangs;
Fauxbourgs , aulne , uiaulx , enfants , ¿c.
Je ne puis lire sans baillemens les mots , j'aimois
, points , doigts , uint , un , ¿c. au lieu de
' amabois, poings , poincts, doigts, uingts , ung, & c.
et ce dernier mot un me fait douter si je dois lire
les v11. sept , ou les ungs . On escripra bien-tost
homme , Afriquain . republiquain , persone , lân ,
pân , Can . fân , mou , cou , fou : sou , artisan ,
livre , cuivre , lievre , François , Normand , &c.
au lieu d'escripre home , Aphricain , respublicain
persone , Laon , Caen , Paon , faon , mol , col ,fol ,
sol , artife , optife , libure , liepure , cuibure , Francois
, Norman , &c.
Le mauuais goust ramene jnsensiblement la
Barbarie et les rauages de la Barbarie influent sur
tous les obiects qui sont de la plus grande conséquence
pour la Societé. Rien ne contribue tant
à la politesse d'une Nation et au progrez des
belles - lettres que la pureté de la langue , et la
langue ne peut auoir d'ennemi plus dangereux
que le mauluais goust de l'Orthographe et de
l'Escripture.
Nota. Les Remarques paroissent être une Paree
de celles du Mercure d'Octobre dernier p . 2153 .
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Résumé : EXTRAIT des Remarques sur l'innovation de l'Orthographe, trouvées dans un vieux Manuscrit.
Le texte 'Remarques sur l'innovation de l'Orthographe' critique les modifications apportées à l'orthographe moderne. Les auteurs déplorent que ces innovations effacent les traces étymologiques et corrompent la langue. Ils expriment leur choc face à des mots comme 'fantaisie' ou 'faisan' au lieu de 'Phantasie' ou 'Phasian'. Ils regrettent également la suppression de certaines lettres, comme le 'b' dans plusieurs mots, et la simplification des pluriels et des verbes. Par exemple, 'gens' remplace 'gents' et 'cheval' remplace 'cheuaulx'. Les auteurs déplorent aussi les nouvelles orthographes de mots comme 'un', 'aimois', 'points' et 'doigts'. Ils craignent que ces changements ne ramènent la barbarie et nuisent à la politesse de la nation et au progrès des belles-lettres. La pureté de la langue est menacée par le mauvais goût en orthographe et en écriture.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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952
p. 560-564
EXTRAIT de la Comédie de la Surprise de la Haine, annoncée dans le dernier Mercure.
Début :
Deux Familles qui ont été long-temps divisées par des Procès, veulent se [...]
Mots clefs :
Haine, Lucile, Lettre, Lisidor, Amour, Comédie, Hymen, Manière, Arlequin, Valet
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Comédie de la Surprise de la Haine, annoncée dans le dernier Mercure.
EXTRAIT de la Comédie de la Surprise
de la Haine , annoncée dans le
dernier Mercure.
Eux Familles qui ont été long- temps
Ddivisées par des Procès , veulent se par
réünir par un Hymen , qui semble d'abord
projetté sous les meilleurs auspices.
Cléon , Pere de Lisidor , et Clarice , Mere
de Lucile , sont les deux Chefs des Familles
divisées ; Lisidor aime Lucile , et a le
bonheur de ne pas déplaire à l'objet de
son
Tend
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
MARS. 1734. 161
son amour ; il lui fait une déclaration toute
des plus tendres ; elle y répond de la
maniere la plus favorable ; mais par malheur
cet Amant aimé , lui dit , lui dit , pour lui
prouver l'excès de son amour , qu'il voudroit
la voir , l'adorer et le lui dire sans
cesse ; cette maniere d'aimer paroît toutà-
fait romanesque à Lucile , qui au grand
étonnement de Lisidor passe rapidement
des sentimens les plus raisonnables aux
plus capricieux; son Amant ne dit pas un
mot qu'elle ne saisisse du mauvais côté ;
il a beau lui en témoigner sou juste étonnement
, elle ne fait qu'enchérir sur ce
qu'elle a déja avancés enfin il en est si
mécontent qu'après qu'ils se sont séparez;
il lui écrit une Lettre que le dépit lui dicte
, et dans laquelle cependant l'amour et
la plainte regnent également à peine.
a-t-il donné cette Lettre à Arlequin son
valet , pour la rendre à sa capricieuse
Maîtresse , qu'il se repent de l'avoir écrite
et qu'il deffend à Arlequin de la porter à
Lucile ; heureux s'il avoit eu le temps de
la retirer des mains d'un Valet si étourdi .
Cette Lettre arrive malgré lui jusqu'à
Lucile ; Arlequin déja engagé à dire du
mal de son Maître , par la libéralité de
Lucile , lui dit qu'il a sur lui une piéce
impayable. Lucile lui met entre les
Gv mains
562 MERCURE DE FRANCE
mains une Tabatiere d'or ; ce nouveau
don est payé sur le champ , par celui de
la fatale Lettre ; Lucile en fait l'usage qui
convient au dessein qu'elle a formé de ne
point épouser un homme qui l'aime trop,
elle la montre à Clarice sa mere , qui ce
pendant n'en est pas si allarmée que sa
Fille l'auroit souhaité. Cléon à qui la Let
tre est aussi communiquée , traite cela de
bagatelle , et commande à son fils d'achever
un Hymen qui les va tous reconcilier.
Lisidor surmonte la repugnance secrette
qui devroit l'empêcher d'épouser une fille
aussi capricieuse que Lucille ; il n'oublie
rien pour caliner sa colere au sujet de
la Lettre, où il lui dit de si mortifiantes
véritez il lui proteste que cette Lettre
n'a été écrite que dans un mouvement de
dépit qu'elle avoit excité par des réponses
que son amour n'avoit pas meritées ; il
ajoute que son valet lui a rendu cette
Lettre contre ses ordres .
Lucille ne reçoit point ses excuses , et
voulant rompre à quelque prix que ce
soit un mariage , pour lequel elle a conçu
une secrette aversion , sans qu'on puisse
démêler pourquoi ; elle se transforme,
pour ainsi dire , en Furie à ses yeux , pour
lui faire entendre à quel point elle le hai
roit , s'il osoit la prendre pour femme ;
c'est
MARS. 1734- 15%
c'est ici où elle fait l'image la plus affreuse
d'une haine , qu'elle seroit peutêtre
incapable de sentir , et cela fait une
telle impression sur le Spectateur qu'il
est presque saisi d'horreur .
Nous n'avons point encore parlé de
l'Episode de Mylord Guinée, pour ne pas
interrompre le fil d'une action à laquel
le il est étranger ; il faut pourtant avouer
qu'il n'est pas inutile , puisque la Piéce
lui doit une bonne partie de son grand
succès ; le Rôle de ce Mylord est parfaitement
bien joué par le Sr Riccoboni , et
'il fait une heureuse diversion à tout ce
qu'il y a de révoltant et d'outré dans le caractere
de Lucille ; on auroit même été
embarrassé à ajouter un Divertissement à
cette Comédie sans le secours du Mylord ,
qui par une espece de coup du hazard , a
fait préparer une fête si analogue à la
Piéce , il semble en avoir prévu le dénoument.
Voici en quoi consiste ce Divertissement
: La Haine travestie en Hymen
paroît vouloir unir plusieursAmans;
mais dès qu'ils touchent au moment qui
doit les rendre heureux , elle reprend sa
véritable forme, et souffle par tout la discorde.
Au reste tout le monde convient.
que cette Comédie est tres bien et tresvivement
écrite . On n'en trouve pas à
G vj beau
564 MERCURE DE FRANCE
beaucoup près , les moeurs si admirables,
ni le fond si heureux : Elle est applaudie
par de tres nombreuses assemblées . La
DlleSilvia y jouë le principal personnage
d'une maniere inimitable.
de la Haine , annoncée dans le
dernier Mercure.
Eux Familles qui ont été long- temps
Ddivisées par des Procès , veulent se par
réünir par un Hymen , qui semble d'abord
projetté sous les meilleurs auspices.
Cléon , Pere de Lisidor , et Clarice , Mere
de Lucile , sont les deux Chefs des Familles
divisées ; Lisidor aime Lucile , et a le
bonheur de ne pas déplaire à l'objet de
son
Tend
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
MARS. 1734. 161
son amour ; il lui fait une déclaration toute
des plus tendres ; elle y répond de la
maniere la plus favorable ; mais par malheur
cet Amant aimé , lui dit , lui dit , pour lui
prouver l'excès de son amour , qu'il voudroit
la voir , l'adorer et le lui dire sans
cesse ; cette maniere d'aimer paroît toutà-
fait romanesque à Lucile , qui au grand
étonnement de Lisidor passe rapidement
des sentimens les plus raisonnables aux
plus capricieux; son Amant ne dit pas un
mot qu'elle ne saisisse du mauvais côté ;
il a beau lui en témoigner sou juste étonnement
, elle ne fait qu'enchérir sur ce
qu'elle a déja avancés enfin il en est si
mécontent qu'après qu'ils se sont séparez;
il lui écrit une Lettre que le dépit lui dicte
, et dans laquelle cependant l'amour et
la plainte regnent également à peine.
a-t-il donné cette Lettre à Arlequin son
valet , pour la rendre à sa capricieuse
Maîtresse , qu'il se repent de l'avoir écrite
et qu'il deffend à Arlequin de la porter à
Lucile ; heureux s'il avoit eu le temps de
la retirer des mains d'un Valet si étourdi .
Cette Lettre arrive malgré lui jusqu'à
Lucile ; Arlequin déja engagé à dire du
mal de son Maître , par la libéralité de
Lucile , lui dit qu'il a sur lui une piéce
impayable. Lucile lui met entre les
Gv mains
562 MERCURE DE FRANCE
mains une Tabatiere d'or ; ce nouveau
don est payé sur le champ , par celui de
la fatale Lettre ; Lucile en fait l'usage qui
convient au dessein qu'elle a formé de ne
point épouser un homme qui l'aime trop,
elle la montre à Clarice sa mere , qui ce
pendant n'en est pas si allarmée que sa
Fille l'auroit souhaité. Cléon à qui la Let
tre est aussi communiquée , traite cela de
bagatelle , et commande à son fils d'achever
un Hymen qui les va tous reconcilier.
Lisidor surmonte la repugnance secrette
qui devroit l'empêcher d'épouser une fille
aussi capricieuse que Lucille ; il n'oublie
rien pour caliner sa colere au sujet de
la Lettre, où il lui dit de si mortifiantes
véritez il lui proteste que cette Lettre
n'a été écrite que dans un mouvement de
dépit qu'elle avoit excité par des réponses
que son amour n'avoit pas meritées ; il
ajoute que son valet lui a rendu cette
Lettre contre ses ordres .
Lucille ne reçoit point ses excuses , et
voulant rompre à quelque prix que ce
soit un mariage , pour lequel elle a conçu
une secrette aversion , sans qu'on puisse
démêler pourquoi ; elle se transforme,
pour ainsi dire , en Furie à ses yeux , pour
lui faire entendre à quel point elle le hai
roit , s'il osoit la prendre pour femme ;
c'est
MARS. 1734- 15%
c'est ici où elle fait l'image la plus affreuse
d'une haine , qu'elle seroit peutêtre
incapable de sentir , et cela fait une
telle impression sur le Spectateur qu'il
est presque saisi d'horreur .
Nous n'avons point encore parlé de
l'Episode de Mylord Guinée, pour ne pas
interrompre le fil d'une action à laquel
le il est étranger ; il faut pourtant avouer
qu'il n'est pas inutile , puisque la Piéce
lui doit une bonne partie de son grand
succès ; le Rôle de ce Mylord est parfaitement
bien joué par le Sr Riccoboni , et
'il fait une heureuse diversion à tout ce
qu'il y a de révoltant et d'outré dans le caractere
de Lucille ; on auroit même été
embarrassé à ajouter un Divertissement à
cette Comédie sans le secours du Mylord ,
qui par une espece de coup du hazard , a
fait préparer une fête si analogue à la
Piéce , il semble en avoir prévu le dénoument.
Voici en quoi consiste ce Divertissement
: La Haine travestie en Hymen
paroît vouloir unir plusieursAmans;
mais dès qu'ils touchent au moment qui
doit les rendre heureux , elle reprend sa
véritable forme, et souffle par tout la discorde.
Au reste tout le monde convient.
que cette Comédie est tres bien et tresvivement
écrite . On n'en trouve pas à
G vj beau
564 MERCURE DE FRANCE
beaucoup près , les moeurs si admirables,
ni le fond si heureux : Elle est applaudie
par de tres nombreuses assemblées . La
DlleSilvia y jouë le principal personnage
d'une maniere inimitable.
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Résumé : EXTRAIT de la Comédie de la Surprise de la Haine, annoncée dans le dernier Mercure.
L'extrait de la comédie 'La Surprise de la Haine' raconte l'histoire de deux familles divisées par des procès et cherchant à se réconcilier par le mariage de Lisidor et Lucile. Lisidor, fils de Cléon, et Lucile, fille de Clarice, s'aiment mutuellement. Cependant, Lucile trouve les déclarations d'amour de Lisidor trop romanesques et les interprète mal. Lisidor, mécontent, écrit une lettre sous le coup du dépit qu'il regrette immédiatement et tente d'empêcher Arlequin, son valet, de la livrer. Malgré ses efforts, la lettre parvient à Lucile, qui la montre à sa mère Clarice et à Cléon. Malgré les excuses de Lisidor, Lucile refuse de l'accepter et exprime une haine soudaine envers lui. La pièce inclut également un épisode avec Mylord Guinée, interprété par le Sr Riccoboni, qui apporte une diversion bienvenue et prépare une fête en lien avec le dénouement. La comédie est bien accueillie pour son écriture vive et ses mœurs admirables, avec une performance remarquable de la Dlle Silvia dans le rôle principal.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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953
p. 564
Le Complaisant, [titre d'après la table]
Début :
Le 2 de ce mois, les Comédiens François remirent au Théatre la Comédie du [...]
Mots clefs :
Complaisant, Nouveauté
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texteReconnaissance textuelle : Le Complaisant, [titre d'après la table]
Le 2 de ce mois , les Comédiens François
remirent au Théatre la Comédie du
Complaisant , qu'on n'avoit pas reprise
depuis sa nouveauté ; et le Sr Quinaut ,
qui s'étoit retiré à la Campagne , il y a
près d'un an , reparut dans le principal
Rôle de cette Piece , à la grande satisfaction
du Public , dont il fut reçu avec
de grands applaudissemens.
Nous avons parlé du Complaisant dans
sa nouveauté comme d'une excellente
Piéce ; elle est aussi excellemment représentée
. On en peut voir l'Extrait dans le
Mercure d'Avril dernier , page 780 .
remirent au Théatre la Comédie du
Complaisant , qu'on n'avoit pas reprise
depuis sa nouveauté ; et le Sr Quinaut ,
qui s'étoit retiré à la Campagne , il y a
près d'un an , reparut dans le principal
Rôle de cette Piece , à la grande satisfaction
du Public , dont il fut reçu avec
de grands applaudissemens.
Nous avons parlé du Complaisant dans
sa nouveauté comme d'une excellente
Piéce ; elle est aussi excellemment représentée
. On en peut voir l'Extrait dans le
Mercure d'Avril dernier , page 780 .
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Résumé : Le Complaisant, [titre d'après la table]
Le 2 du mois, les Comédiens Français ont repris 'Le Complaisant' au théâtre. Monsieur Quinaut, de retour après un an de retraite, a interprété le rôle principal. Le public l'a acclamé. La pièce, déjà saluée, a été jugée excellente. Un extrait est disponible dans le Mercure d'avril précédent, page 780.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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954
p. 564-576
LA FAUSSE ANTIPATIE, Comedie Nouvelle. Extrait.
Début :
ACTEURS DU PROLOGUE. Le Génie de la Comédie, Le Sr [...]
Mots clefs :
Antipathie, Léonore, Damon, Orphise, Comédie, Nérine, Géronte, Génie, Frontin, Maître, Public, Pièce, Époux, Bon sens, Mort, Départ, Comédie-Française
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texteReconnaissance textuelle : LA FAUSSE ANTIPATIE, Comedie Nouvelle. Extrait.
LA FAUSSE ANTIPATIE , Comedie
Nouvelle. Extrait.
ACTEURS DU PROLOGUE.
Le Génie de la
Le Sr Granval.
Comédie ,
La Folie , La Dlle Quinaut.
Le Bon sens ,
Le Sr de Montménil.
Un
MARS 1734 565
Un Bourgeois , une Précieuse , un Admirateur
, un Critique , un Petit- Maître
un Homme sensé .
Les Sieurs Duchemin , Dlle du Breuil ,
Dangeville , Armand, Dufresne , Dubreuil.
La Dlle du Bocage .
Thalie ,
La Scene est sur le Théatre de la Comédie
Françoise.
C'est M. de la Chaussée qui a enrichi le
Théatre François de cette Comédie . Le
Public lui rend tous les jours la justice
que mérite son coup d'essay , pour l'inviter
à continuer une carriere qu'il vient
de commencer avec tant d'éclat. Il fait
l'éloge de ce véritable Fublic dans un
Prologue , qui marque la noble hardies-.
se de son Auteur. Voici de quoi il s'agit :
Le Génie de la Comédie Françoise vient,
demander au Public , par où il pourra
avoir le bonheur de lui plaire ; ce Public
est composé des Personnages qu'on vient
de nommer ; le Bon Sens est de la partie ,
mais il est assez maltraité , sur tout par la
Folie , qui natureilement ne doit jamais
s'accorder avec lui ; les sentimens de cette
assemblée , dont chaque membre usurpe
le respectable nom de Public , se trouvent
si opposez, que le Génie ne sçait de
quel
366 MERCURE DE FRANCE
quel côté pancher ; l'un blâme tout ;
Fautre approuve tout ; le Bourgeois don
ne dans la Farce ; la Précieuse dans la Métaphisique
; le Petit - Maître ne se soucie
que de voir et de se montrer : Voici
comment s'explique ce dernier , qui n'a
que trop d'imitateurs.
Ma décision roule alternativement ,
Sur ces deux mots , divin , ou détestable ;
Et souvent le dernier est le plus véritable .
Enfin les Spectacles que j'aime ,
Sont ceux où la presse est extrême..
Les nouveautez sont toujours belles ;
Sans vous embarrasser du choix ;
Ne nous donnez jamais que des Piéces nouvelles
Affichez-les d'abord pour la derniere fois ;
Prenez double , rendez vos plaisirs impayables;
Exceptez le Parterre ; ilpourroit au surplus ,
Vous envoyer à tous les Diables ;
C'est à quoi je conclus.
Toute l'Assemblée qui compose ce Public
, que le Génie a voulu consulter sur
le choix des pièces , disparoit insensiblement
; le Génie reste , accompagné du
Bon Sens , er d'un homme sensé ; ce dernier
s'explique avec tant de réserve , que
le Bon Sens après son départ , dit au Génie
que c'est là ce véritable Public qu'il
lui
MARS 1734. 567
lui a d'abord annoncé ; Thalie vient enfin
apporter une Comédie; le Génie l'adopte
à tout hazard , et finit le Prologue en
disant à Thalie.
Donnez , donnez toujours ; les temps sont mal
heureux .
Argument de la Comédie.
Damon et Leonore , qui sont les Héros
de la Piéce , ont été mariez malgré eux ,
ce qui a produit dans leurs coeurs une
antipathie réciproque ; leurs véritables
noms sont Sainflore et Sylvie, et ils n'en
ont changé que parce que leur interêt l'a
demandé. Sainflore en sortant de l'Eglise,
a été attaqué par un de ses Rivaux , que
son prochain bonheur a mis au désespoir ;
l'agresseur a été tué , et Sainflore a pris la
fuite , pour se dérober à la poursuite des
Parens de son ennemi ; c'est pour plus de
sureté qu'il a pris le nom de Damon ;)
Sylvie voyant disparoître Sainflore , se
jette dans un Convent , où elle se cache
sa mere et à tous ses parens , sous le
nom de Léonore. Un bruit , que son
Epoux fait courir lui- même , et la mort
de sa mere , la déterminent à sortir de
son azyle . Un oncle officieux vient l'en
tirer ; mais elle ne reprend pas encore
son
568 MERCURE DE FRANCE
son premier nom , parce que l'état de ses
affaires l'exige . Sortie du Convent où
elle a été cachée pendant dix ou douze
ans , elle va à une Maison de Campagne
de Géronte , son oncle . C'est - là que Sainflore
la voit pour la premiere fois , il en
devient amoureux , il s'en fait aimer
sous le nom de Damon ; ils ne se reconnoissent
pas , parce qu'ils ne se sont jamais
vûs ; l'aversion qu'ils avoient l'un
pour l'autre , pour des noeuds qu'on formoit
malgré eux , les a empêchés de se
regarder en face , quand ils ont prononcé
leur Arrêt ; ils se trouvent aussi aimables
qu'ils se sont crus haïssables ; cette
simpathie naissante , trouve pourtant des
obstacles à surmonter , comme on le verra
dans la Piéce ; mais ces mêmes obstacles
venant à être levez , ils éprouvent
heureusement que leur antipathie étoit
fausse.
Nérine , Suivante de Leonore , ouvre la
premiere Scene avec Frontin , valet de
Damon ; ils exposent le sujet et apprenent
aux Spectateurs que Léonore a été
mariée autrefois et qu'elle se trouva
presque veuve un moment après son mariage
, par l'accident que nous avons dit ;
ils font entendre que douze ans se sont
passez depuis ce prétendu veuvage ; que
,
LéoMARS
1734: 569
Léonore croyant son mari mort , fut tirée
d'un Convent qu'elle avoit choisi pour
azyle , par les soins de Géronte , son oncle
, et que la mere de Léonore étoit
morte de regret d'avoir marié sa fille
malgré elle.
On apprend encore dans cette premiere
Scene que Damon et Léonore paroissent
s'aimer , sans oser se le dire.
Frontin se retire à l'approche de Léonóre.
Nérine tire avec adresse le secret.
de sa Maîtrese ; Léonore lui avouë que
Damon ne lui est pas indifferent ; mais
elle doute qu'il l'aime à son tour.
Orphise , femme de Géronte , vient
prier Léonore d'empêcher le départ de
Damon , qui est prêt à les quitter ; elle
lui dit en confidence , qu'elle voudroit
bien en faire sonGendre et le marier avec
sa fille , qu'elle a euë d'un premier lit ;
Léonore n'a garde d'accepter une commission
si fatale à son amour ; elle s'en
défend autant qu'elle peut . Orphise la
quitte , en se promettant qu'elle ne lui
refusera pas ce bon office. Léonore ne
sçait ce qu'elle doit faire dans une conjoncture
si embarrassante , elle veut laisser
partir Damon sans le voir.
Damon vient , il prend congé de Léonore
; elle lui dit , qu'elle consent à son
départ
570 MERCURE DE FRANCE
départ , puisqu'apparemment il a des raisons
pour partir; Damon , croyant qu'elle
le soupçonne de quelque engagement secret
, ne peut plus résister à l'interêt secret
qu'il a de la dérromper ; il lui parle
ainsi :
Moi, des raisons ! Je voy vos injustes soupçons ;
Vous croyez que je vole où mon amour m'appelle
!
Si vous sçaviez combien votre erreur m'est
cruelle ? .
Puisque vous m'y forcez , apprenez mon état ;
Si j'aimois , mon amour éviteroit l'éclat ;
Je dis plus; mon amour deviendroit un outrage,
Qui déshonoreroit l'objet de mon hommage ;
Mon vainqueur n'oseroit répondre à mon amours
Eh ! que lui serviroit le plus tendre retour ?
Il feroit le malheur de cette infortunée ;
Je gémis dans les fers d'un cruel Hyménée.
Ce dernier Vers est un coup mortel
pour la tendre Léonore; elle est trop vertueuse
pour retenir Damon après cet
aveu. Il sort en lui disant que son malheur
n'est pas sans remede . Léonore mortellement
affligée d'aimer un homme qui
ne peut être à elle , se retire dans son appartement
, où elle ne veut voir personne.
Frontin
MARS. 1734 571
Frontin arrive , tenant une Lettre; Nerine
le veut étrangler pour lui avoir caché
que son Maître est marié ; Frontin .
lui proteste qu'il l'ignore , et que si Damon
a pris femme , ce n'est pas de son
bail. Nérine se rappellant ce que Damon
a dit , que son malheur n'est pas sans remede
, demande à Frontin , s'il ne sçait
rien de ce qui doit être dans cette Lettre
qu'il va porter à son Maître. Frontin lui
répond qu'il ne sçauroit le deviner à
moins que d'être sorcier ; il lui dit seulement
qu'un Avocat qui est en vacance
dans le voisinage , la lui a remise , en lui
disant : Voilà votre Maître en repos. Nérine
conçoit quelque esperance et finit l'Acte
par ce Vers:
Je ne sçais pas pourquoi j'ose encore esperer.
Orphise et Léonore commencent le second
Acte ; Léonore est tres - surprise des remercimens
que lui fait Orphise au sujet
de Damon ; ce dernier ne part point , et'
Orphise croit que c'est Léonore qui lui a
rendu ce bon office . Léonore lui assure
qu'elle n'y a point de part. Orphise
croyant que sa Fille ne doit ce bonheur
qu'à ses attraits , et picquée de ce que
Léonore n'a pas daigné y contribuer, par$
72 MERCURE DE FRANCE
•
ce qu'elle auroit voulu ménager le coeur
de Damon pour elle- même , lui en fait
un reproche plein d'aigreur , qui lui attire
cette réponse :
Oui , je sçais qu'une femme aime un peu trop à
plaire ;
C'est de l'âge où je suis la foiblesse ordinaire :
Dans l'arriere saison on ne fait qu'en changer ;
Du monde qui nous quitte, on cherche à se vanger
, & c.
On se croit vertueuse , en voulant le paroître ;
Tandis qu'au fond du coeur on néglige de l'être,
Qu'au contraire on se fait un plaisir inhumain
De nourrir son orgueil aux dépens du prochain,
& c.
Elle lui apprend que Damon est marié ;
Orphise lui demande malignement si
c'est avec elle , et la quitte en lui faisant
entendre qu'elle n'en doute point. Léonore
vivement picquée de ce qu'Orphise
lui a reproché , se détermine à ne plus
voir Damon, et sort pour lui aller écrire.
Nérine la suit.
Damon vient et témoigne la joye qu'il
ressent d'une heureuse nouvelle qu'il a
reçue ; il fait entendre que celle qu'il a
épousée malgré lui et malgré elle- même,
consent à la rupture d'un mariage , si fumeste
à tous les deux . Il ajoûte :
Celle
MARS 573 1734.
Se porte
Celle à qui mon malheur avoit uni ma vie ,
à dénouer la chaîne qui nous lie.
Cette maniere positive de s'exprimer a
produit quelque sorte d'obscurité ; on n'a
pas bien pû comprendre comment cette
même Leonore, qui doit redevenir Sylvie
à la fin de la Piéce, a pû donner les mains
à une rupture si opposée à son caractere ;
il est vrai que l'Auteur ajoute ensuite: Da
moins on s'en fait fort ; mais les deux
miers Vers ayant déja fait leur impression
, on n'a pas assez refléchi sur le troisieme;
et d'ailleurs, dans un autre endroit
de la Comédie, Damon dit à Léonore, en
parlant de Sylvie :
Une heureuse rupture ,
pre-
Nous dégage tous deux d'une Chaine trop dure
& c.
Reprenons le fil de la Piéce. Damon '
par une adresse tres - neuve , engage Nérine
à porter à sa Maîtresse un Billet qu'il
va écrire ; il le rapporte dans le même
temps que Léonore vient remettre le sien
entre les mains de Nérine pour le donner
à Damon. Léonore veut se retirer ; Damon
la retient et lui apprend que celle
qu'il a épousée consent à faire dissoudre
leur Hymen ; Léonore a assez de verta
FOUT
574 MERCURE DE FRANCE
-
pour refuser son consentement à cette
rupture , qu'elle croit forcée de la part
de l'Epouse ; elle laisse pourtant échapper
quelques mots , qui témoignent le regret
qu'elle a de ne pouvoir être à Da
mon ; il se jerte à ses pieds pour l'en remercier
: Orphise le surprend dans cette
attitude ; il se sauve. Orphise dit des paroles
insultantes à Léonore , qui l'obligent
à avouer qu'elle aime Damon et
qu'elle le peut , puisque son mariage est
rompu . Orphise lui dit que si Damon
est libre, elle ne l'est pas , et que Géronte
vient de lui apprendre que son Epoux
n'est pas mort ; c'est un coup de foudre
pour Orphise , qui se retire dans la noble
résolution d'aller retrouver son
Epoux , malgré son antipathie , qu'ellé
se fatte de surmonter .
Pour abréger le dernier Acte , nous
passons les premieres Scenes : Orphise
presse en vain Géronte de porter Léonore
à exécuter le projet qu'elle a noblement
formé d'aller se livrer à Sain
flore son Epoux , et de reprendre son
nom de Sylvie. Géronte n'y veut pas
consentir . Damon vient , il se plaint de
la trop austere vertu de Léonore , qui ne
veut pas donner les mains à une rupture
que sonEpoux a demandée.Léonore vient
à
MARS 1734. 575
ル
à son tour et demeure ferme, dans le dessein
que sa vertu lui a fait prendre ; sa
conversation avec Damon est aussi vertueuse
que tendre ; enfin Damon ouvre
les yeux par le portrait que Géronte fait
de l'Epoux , à qui Léonore veut se rejoindre
: Le voici.
Si c'étoit un Epoux , tel qu'eût été Damon
Passe ; mais c'en est un qui n'en a que le nom
Un jeune écervelé qui laisse sa compagne ,
Et pour libertiner , va battre la campagne ,
Que je ne connois point , car ma soeur , Dieu
merci ,
Ne consultoit
personne en tout comme en ceci ;
Un homme qui n'agit que par des Emissaires ,
Et n'ose se montrer que par ses gens d'affaires ,
Qui lorsqu'on le croit mort, revient après douze
ans ,
Pour se démarier . ...
Damon ne peut plus se méconnoître
à ces traits , il se jette aux pieds de Léonore
pour lui demander si elle n'est pas
Sylvie , comme il est Sainflore ; cela
produit
une reconnoissance des plus interessantes
, et finit la Piéce de la maniere la
plus satisfaisante et la plus heureuse.
L'art ingénieux avec lequel cette Comédie
est conduite , la maniere élegante,
simple
576 MERCURE DE FRANCE
>
sans
simple et naturelle dont elle est écrite
et sur tout les moeurs admirables
être austeres , d'après lesquelles chaque
caractere est peint de main de Maître ,
font grand plaisir aux honnêtes gens ,
qui sont agréablement amusez, interessez
attendris et même édifiez.
Au reste cette Piece est parfaitement
représentée par les sieurs Dufresne , Duchemin
et Armand , et par les Dlles Gaussin
, la Motte et Quinault.
Nouvelle. Extrait.
ACTEURS DU PROLOGUE.
Le Génie de la
Le Sr Granval.
Comédie ,
La Folie , La Dlle Quinaut.
Le Bon sens ,
Le Sr de Montménil.
Un
MARS 1734 565
Un Bourgeois , une Précieuse , un Admirateur
, un Critique , un Petit- Maître
un Homme sensé .
Les Sieurs Duchemin , Dlle du Breuil ,
Dangeville , Armand, Dufresne , Dubreuil.
La Dlle du Bocage .
Thalie ,
La Scene est sur le Théatre de la Comédie
Françoise.
C'est M. de la Chaussée qui a enrichi le
Théatre François de cette Comédie . Le
Public lui rend tous les jours la justice
que mérite son coup d'essay , pour l'inviter
à continuer une carriere qu'il vient
de commencer avec tant d'éclat. Il fait
l'éloge de ce véritable Fublic dans un
Prologue , qui marque la noble hardies-.
se de son Auteur. Voici de quoi il s'agit :
Le Génie de la Comédie Françoise vient,
demander au Public , par où il pourra
avoir le bonheur de lui plaire ; ce Public
est composé des Personnages qu'on vient
de nommer ; le Bon Sens est de la partie ,
mais il est assez maltraité , sur tout par la
Folie , qui natureilement ne doit jamais
s'accorder avec lui ; les sentimens de cette
assemblée , dont chaque membre usurpe
le respectable nom de Public , se trouvent
si opposez, que le Génie ne sçait de
quel
366 MERCURE DE FRANCE
quel côté pancher ; l'un blâme tout ;
Fautre approuve tout ; le Bourgeois don
ne dans la Farce ; la Précieuse dans la Métaphisique
; le Petit - Maître ne se soucie
que de voir et de se montrer : Voici
comment s'explique ce dernier , qui n'a
que trop d'imitateurs.
Ma décision roule alternativement ,
Sur ces deux mots , divin , ou détestable ;
Et souvent le dernier est le plus véritable .
Enfin les Spectacles que j'aime ,
Sont ceux où la presse est extrême..
Les nouveautez sont toujours belles ;
Sans vous embarrasser du choix ;
Ne nous donnez jamais que des Piéces nouvelles
Affichez-les d'abord pour la derniere fois ;
Prenez double , rendez vos plaisirs impayables;
Exceptez le Parterre ; ilpourroit au surplus ,
Vous envoyer à tous les Diables ;
C'est à quoi je conclus.
Toute l'Assemblée qui compose ce Public
, que le Génie a voulu consulter sur
le choix des pièces , disparoit insensiblement
; le Génie reste , accompagné du
Bon Sens , er d'un homme sensé ; ce dernier
s'explique avec tant de réserve , que
le Bon Sens après son départ , dit au Génie
que c'est là ce véritable Public qu'il
lui
MARS 1734. 567
lui a d'abord annoncé ; Thalie vient enfin
apporter une Comédie; le Génie l'adopte
à tout hazard , et finit le Prologue en
disant à Thalie.
Donnez , donnez toujours ; les temps sont mal
heureux .
Argument de la Comédie.
Damon et Leonore , qui sont les Héros
de la Piéce , ont été mariez malgré eux ,
ce qui a produit dans leurs coeurs une
antipathie réciproque ; leurs véritables
noms sont Sainflore et Sylvie, et ils n'en
ont changé que parce que leur interêt l'a
demandé. Sainflore en sortant de l'Eglise,
a été attaqué par un de ses Rivaux , que
son prochain bonheur a mis au désespoir ;
l'agresseur a été tué , et Sainflore a pris la
fuite , pour se dérober à la poursuite des
Parens de son ennemi ; c'est pour plus de
sureté qu'il a pris le nom de Damon ;)
Sylvie voyant disparoître Sainflore , se
jette dans un Convent , où elle se cache
sa mere et à tous ses parens , sous le
nom de Léonore. Un bruit , que son
Epoux fait courir lui- même , et la mort
de sa mere , la déterminent à sortir de
son azyle . Un oncle officieux vient l'en
tirer ; mais elle ne reprend pas encore
son
568 MERCURE DE FRANCE
son premier nom , parce que l'état de ses
affaires l'exige . Sortie du Convent où
elle a été cachée pendant dix ou douze
ans , elle va à une Maison de Campagne
de Géronte , son oncle . C'est - là que Sainflore
la voit pour la premiere fois , il en
devient amoureux , il s'en fait aimer
sous le nom de Damon ; ils ne se reconnoissent
pas , parce qu'ils ne se sont jamais
vûs ; l'aversion qu'ils avoient l'un
pour l'autre , pour des noeuds qu'on formoit
malgré eux , les a empêchés de se
regarder en face , quand ils ont prononcé
leur Arrêt ; ils se trouvent aussi aimables
qu'ils se sont crus haïssables ; cette
simpathie naissante , trouve pourtant des
obstacles à surmonter , comme on le verra
dans la Piéce ; mais ces mêmes obstacles
venant à être levez , ils éprouvent
heureusement que leur antipathie étoit
fausse.
Nérine , Suivante de Leonore , ouvre la
premiere Scene avec Frontin , valet de
Damon ; ils exposent le sujet et apprenent
aux Spectateurs que Léonore a été
mariée autrefois et qu'elle se trouva
presque veuve un moment après son mariage
, par l'accident que nous avons dit ;
ils font entendre que douze ans se sont
passez depuis ce prétendu veuvage ; que
,
LéoMARS
1734: 569
Léonore croyant son mari mort , fut tirée
d'un Convent qu'elle avoit choisi pour
azyle , par les soins de Géronte , son oncle
, et que la mere de Léonore étoit
morte de regret d'avoir marié sa fille
malgré elle.
On apprend encore dans cette premiere
Scene que Damon et Léonore paroissent
s'aimer , sans oser se le dire.
Frontin se retire à l'approche de Léonóre.
Nérine tire avec adresse le secret.
de sa Maîtrese ; Léonore lui avouë que
Damon ne lui est pas indifferent ; mais
elle doute qu'il l'aime à son tour.
Orphise , femme de Géronte , vient
prier Léonore d'empêcher le départ de
Damon , qui est prêt à les quitter ; elle
lui dit en confidence , qu'elle voudroit
bien en faire sonGendre et le marier avec
sa fille , qu'elle a euë d'un premier lit ;
Léonore n'a garde d'accepter une commission
si fatale à son amour ; elle s'en
défend autant qu'elle peut . Orphise la
quitte , en se promettant qu'elle ne lui
refusera pas ce bon office. Léonore ne
sçait ce qu'elle doit faire dans une conjoncture
si embarrassante , elle veut laisser
partir Damon sans le voir.
Damon vient , il prend congé de Léonore
; elle lui dit , qu'elle consent à son
départ
570 MERCURE DE FRANCE
départ , puisqu'apparemment il a des raisons
pour partir; Damon , croyant qu'elle
le soupçonne de quelque engagement secret
, ne peut plus résister à l'interêt secret
qu'il a de la dérromper ; il lui parle
ainsi :
Moi, des raisons ! Je voy vos injustes soupçons ;
Vous croyez que je vole où mon amour m'appelle
!
Si vous sçaviez combien votre erreur m'est
cruelle ? .
Puisque vous m'y forcez , apprenez mon état ;
Si j'aimois , mon amour éviteroit l'éclat ;
Je dis plus; mon amour deviendroit un outrage,
Qui déshonoreroit l'objet de mon hommage ;
Mon vainqueur n'oseroit répondre à mon amours
Eh ! que lui serviroit le plus tendre retour ?
Il feroit le malheur de cette infortunée ;
Je gémis dans les fers d'un cruel Hyménée.
Ce dernier Vers est un coup mortel
pour la tendre Léonore; elle est trop vertueuse
pour retenir Damon après cet
aveu. Il sort en lui disant que son malheur
n'est pas sans remede . Léonore mortellement
affligée d'aimer un homme qui
ne peut être à elle , se retire dans son appartement
, où elle ne veut voir personne.
Frontin
MARS. 1734 571
Frontin arrive , tenant une Lettre; Nerine
le veut étrangler pour lui avoir caché
que son Maître est marié ; Frontin .
lui proteste qu'il l'ignore , et que si Damon
a pris femme , ce n'est pas de son
bail. Nérine se rappellant ce que Damon
a dit , que son malheur n'est pas sans remede
, demande à Frontin , s'il ne sçait
rien de ce qui doit être dans cette Lettre
qu'il va porter à son Maître. Frontin lui
répond qu'il ne sçauroit le deviner à
moins que d'être sorcier ; il lui dit seulement
qu'un Avocat qui est en vacance
dans le voisinage , la lui a remise , en lui
disant : Voilà votre Maître en repos. Nérine
conçoit quelque esperance et finit l'Acte
par ce Vers:
Je ne sçais pas pourquoi j'ose encore esperer.
Orphise et Léonore commencent le second
Acte ; Léonore est tres - surprise des remercimens
que lui fait Orphise au sujet
de Damon ; ce dernier ne part point , et'
Orphise croit que c'est Léonore qui lui a
rendu ce bon office . Léonore lui assure
qu'elle n'y a point de part. Orphise
croyant que sa Fille ne doit ce bonheur
qu'à ses attraits , et picquée de ce que
Léonore n'a pas daigné y contribuer, par$
72 MERCURE DE FRANCE
•
ce qu'elle auroit voulu ménager le coeur
de Damon pour elle- même , lui en fait
un reproche plein d'aigreur , qui lui attire
cette réponse :
Oui , je sçais qu'une femme aime un peu trop à
plaire ;
C'est de l'âge où je suis la foiblesse ordinaire :
Dans l'arriere saison on ne fait qu'en changer ;
Du monde qui nous quitte, on cherche à se vanger
, & c.
On se croit vertueuse , en voulant le paroître ;
Tandis qu'au fond du coeur on néglige de l'être,
Qu'au contraire on se fait un plaisir inhumain
De nourrir son orgueil aux dépens du prochain,
& c.
Elle lui apprend que Damon est marié ;
Orphise lui demande malignement si
c'est avec elle , et la quitte en lui faisant
entendre qu'elle n'en doute point. Léonore
vivement picquée de ce qu'Orphise
lui a reproché , se détermine à ne plus
voir Damon, et sort pour lui aller écrire.
Nérine la suit.
Damon vient et témoigne la joye qu'il
ressent d'une heureuse nouvelle qu'il a
reçue ; il fait entendre que celle qu'il a
épousée malgré lui et malgré elle- même,
consent à la rupture d'un mariage , si fumeste
à tous les deux . Il ajoûte :
Celle
MARS 573 1734.
Se porte
Celle à qui mon malheur avoit uni ma vie ,
à dénouer la chaîne qui nous lie.
Cette maniere positive de s'exprimer a
produit quelque sorte d'obscurité ; on n'a
pas bien pû comprendre comment cette
même Leonore, qui doit redevenir Sylvie
à la fin de la Piéce, a pû donner les mains
à une rupture si opposée à son caractere ;
il est vrai que l'Auteur ajoute ensuite: Da
moins on s'en fait fort ; mais les deux
miers Vers ayant déja fait leur impression
, on n'a pas assez refléchi sur le troisieme;
et d'ailleurs, dans un autre endroit
de la Comédie, Damon dit à Léonore, en
parlant de Sylvie :
Une heureuse rupture ,
pre-
Nous dégage tous deux d'une Chaine trop dure
& c.
Reprenons le fil de la Piéce. Damon '
par une adresse tres - neuve , engage Nérine
à porter à sa Maîtresse un Billet qu'il
va écrire ; il le rapporte dans le même
temps que Léonore vient remettre le sien
entre les mains de Nérine pour le donner
à Damon. Léonore veut se retirer ; Damon
la retient et lui apprend que celle
qu'il a épousée consent à faire dissoudre
leur Hymen ; Léonore a assez de verta
FOUT
574 MERCURE DE FRANCE
-
pour refuser son consentement à cette
rupture , qu'elle croit forcée de la part
de l'Epouse ; elle laisse pourtant échapper
quelques mots , qui témoignent le regret
qu'elle a de ne pouvoir être à Da
mon ; il se jerte à ses pieds pour l'en remercier
: Orphise le surprend dans cette
attitude ; il se sauve. Orphise dit des paroles
insultantes à Léonore , qui l'obligent
à avouer qu'elle aime Damon et
qu'elle le peut , puisque son mariage est
rompu . Orphise lui dit que si Damon
est libre, elle ne l'est pas , et que Géronte
vient de lui apprendre que son Epoux
n'est pas mort ; c'est un coup de foudre
pour Orphise , qui se retire dans la noble
résolution d'aller retrouver son
Epoux , malgré son antipathie , qu'ellé
se fatte de surmonter .
Pour abréger le dernier Acte , nous
passons les premieres Scenes : Orphise
presse en vain Géronte de porter Léonore
à exécuter le projet qu'elle a noblement
formé d'aller se livrer à Sain
flore son Epoux , et de reprendre son
nom de Sylvie. Géronte n'y veut pas
consentir . Damon vient , il se plaint de
la trop austere vertu de Léonore , qui ne
veut pas donner les mains à une rupture
que sonEpoux a demandée.Léonore vient
à
MARS 1734. 575
ル
à son tour et demeure ferme, dans le dessein
que sa vertu lui a fait prendre ; sa
conversation avec Damon est aussi vertueuse
que tendre ; enfin Damon ouvre
les yeux par le portrait que Géronte fait
de l'Epoux , à qui Léonore veut se rejoindre
: Le voici.
Si c'étoit un Epoux , tel qu'eût été Damon
Passe ; mais c'en est un qui n'en a que le nom
Un jeune écervelé qui laisse sa compagne ,
Et pour libertiner , va battre la campagne ,
Que je ne connois point , car ma soeur , Dieu
merci ,
Ne consultoit
personne en tout comme en ceci ;
Un homme qui n'agit que par des Emissaires ,
Et n'ose se montrer que par ses gens d'affaires ,
Qui lorsqu'on le croit mort, revient après douze
ans ,
Pour se démarier . ...
Damon ne peut plus se méconnoître
à ces traits , il se jette aux pieds de Léonore
pour lui demander si elle n'est pas
Sylvie , comme il est Sainflore ; cela
produit
une reconnoissance des plus interessantes
, et finit la Piéce de la maniere la
plus satisfaisante et la plus heureuse.
L'art ingénieux avec lequel cette Comédie
est conduite , la maniere élegante,
simple
576 MERCURE DE FRANCE
>
sans
simple et naturelle dont elle est écrite
et sur tout les moeurs admirables
être austeres , d'après lesquelles chaque
caractere est peint de main de Maître ,
font grand plaisir aux honnêtes gens ,
qui sont agréablement amusez, interessez
attendris et même édifiez.
Au reste cette Piece est parfaitement
représentée par les sieurs Dufresne , Duchemin
et Armand , et par les Dlles Gaussin
, la Motte et Quinault.
Fermer
Résumé : LA FAUSSE ANTIPATIE, Comedie Nouvelle. Extrait.
La pièce 'La Fausse Antipathie' est une comédie écrite par M. de la Chaussée, représentée pour la première fois en mars 1734 au Théâtre de la Comédie Française. Le prologue introduit divers personnages représentant le public, tels qu'un Bourgeois, une Précieuse, un Admirateur, un Critique, un Petit-Maître, et un Homme sensé. Le Génie de la Comédie Française consulte ce public pour savoir comment lui plaire, mais les avis divergent, rendant la tâche difficile. Finalement, le Bon Sens et un homme sensé guident le Génie vers une comédie appropriée. L'intrigue principale suit Damon et Léonore, initialement mariés contre leur gré et développant une antipathie réciproque. Leurs vrais noms sont Sainflore et Sylvie, qu'ils ont changés pour des raisons de sécurité. Sainflore, après un incident, prend la fuite et change d'identité. Sylvie, croyant Sainflore mort, se retire dans un couvent. Des années plus tard, ils se rencontrent sans se reconnaître et tombent amoureux sous leurs nouvelles identités. La pièce explore les obstacles à leur amour naissant et leur reconnaissance mutuelle. Les personnages secondaires, comme Nérine et Frontin, valets de Léonore et Damon, ainsi qu'Orphise, femme de Géronte, jouent des rôles cruciaux dans le développement de l'intrigue. La pièce se conclut par la reconnaissance des héros et la dissolution de leur fausse antipathie, offrant une fin heureuse et satisfaisante. La comédie est louée pour son art ingénieux, son écriture élégante et naturelle, et ses mœurs austères, plaisant ainsi aux honnêtes gens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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955
p. 580-581
« Le 11. Mars, l'Académie Royale de Musique remit au Théatre l'Opera de [...] »
Début :
Le 11. Mars, l'Académie Royale de Musique remit au Théatre l'Opera de [...]
Mots clefs :
Musique, Théâtre, Opéra, Pièce, Académie royale de musique, Pompeo Aldrovandi, Théâtre de la paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 11. Mars, l'Académie Royale de Musique remit au Théatre l'Opera de [...] »
Le 11. Mars , l'Académie Royale de
Musique remit au Théatre l'Opera' de
Pirithens , dont le Poëme est de M. de
la Serre , et la Musique de M. Mouret.
Cette Piece , qui a été reçûë favorablement
du Public , avoit été donnée dans
sa nouveauté en Janvier 1723. Les principaux
Kôles sont très- bien tendus par
les Dlles Antier et le Maure , et par les
sieurs Tribou , Chassé et Dun ; les Ballets
toujours de la composition du sieur Blondi,
sont très bien caracterisez ; la Dlle Camargo
, et les sieurs Dupré , Dumoulin
Javilliers , y soutiennent très - bien leur
réputation . Nous n'entrerons dans aucun
détail au sujet de cette Piece , en
ayant donné un Extrait fort au long
dans le Mercure de Fevrier 1723. pa
ge 321.
Il paroît une seconde Edition de la
Musique de cet Opera , imprimée chez
Balard , avec des changemens et des augmentations
considerables .
On apprend d'Italie , que M. Aldovrandi
, Gouverneur de Rome , y a fait
publier une nouvelle Ordonnance pour
faire observer une exacte Police dans les
Spectacles ; que le 7. du mois dernier ,
ony fit l'ouverture du Théatre de la Paix
par
"
MARS. 1734 5.81
le
par la Représentation d'une Piece nouvelle
, intitulée L'ERODISHE , et que
16. il y eut un Opera pour la premiere
fois de cette année sur le Théatre de .
Tordinone.
Musique remit au Théatre l'Opera' de
Pirithens , dont le Poëme est de M. de
la Serre , et la Musique de M. Mouret.
Cette Piece , qui a été reçûë favorablement
du Public , avoit été donnée dans
sa nouveauté en Janvier 1723. Les principaux
Kôles sont très- bien tendus par
les Dlles Antier et le Maure , et par les
sieurs Tribou , Chassé et Dun ; les Ballets
toujours de la composition du sieur Blondi,
sont très bien caracterisez ; la Dlle Camargo
, et les sieurs Dupré , Dumoulin
Javilliers , y soutiennent très - bien leur
réputation . Nous n'entrerons dans aucun
détail au sujet de cette Piece , en
ayant donné un Extrait fort au long
dans le Mercure de Fevrier 1723. pa
ge 321.
Il paroît une seconde Edition de la
Musique de cet Opera , imprimée chez
Balard , avec des changemens et des augmentations
considerables .
On apprend d'Italie , que M. Aldovrandi
, Gouverneur de Rome , y a fait
publier une nouvelle Ordonnance pour
faire observer une exacte Police dans les
Spectacles ; que le 7. du mois dernier ,
ony fit l'ouverture du Théatre de la Paix
par
"
MARS. 1734 5.81
le
par la Représentation d'une Piece nouvelle
, intitulée L'ERODISHE , et que
16. il y eut un Opera pour la premiere
fois de cette année sur le Théatre de .
Tordinone.
Fermer
Résumé : « Le 11. Mars, l'Académie Royale de Musique remit au Théatre l'Opera de [...] »
Le 11 mars, l'Académie Royale de Musique a présenté l'opéra 'Pirithoüs' au Théâtre de l'Opéra, avec un poème de M. de la Serre et une musique de M. Mouret. Cet opéra, déjà acclamé lors de sa première représentation en janvier 1723, met en vedette les demoiselles Antier et le Maure, ainsi que les sieurs Tribou, Chassé et Dun. Les ballets, chorégraphiés par le sieur Blondi, sont bien exécutés par la demoiselle Camargo et les sieurs Dupré, Dumoulin et Javilliers. Une seconde édition de la musique, imprimée chez Balard, inclut des modifications et des ajouts significatifs. En Italie, M. Aldovrandi, Gouverneur de Rome, a publié une nouvelle ordonnance pour renforcer la sécurité dans les spectacles. Le Théâtre de la Paix a ouvert le 7 du mois précédent avec 'L'Erodishe', et le 16, un opéra a été présenté pour la première fois de l'année au Théâtre Tordinone.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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956
p. 581
« Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe, qui représentent des Comédies à l'Arsenal, [...] »
Début :
Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe, qui représentent des Comédies à l'Arsenal, [...]
Mots clefs :
Duchesse du Maine, Théâtre de l'Arsenal, Représentation
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texteReconnaissance textuelle : « Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe, qui représentent des Comédies à l'Arsenal, [...] »
Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe,
qui représentent des Comédies à l'Arsenal
, dont nous avons parlé dans le
dernier Mercure , donnerent le 28. Février
une Représentation de l'Ecole des
Femmes , suivie de la Parisienne , en présence
de S. A. S. Madame la Duchesse
du Maine ; ces deux Pieces furent extrémement
applaudies , et cette petite
Societé a encore augmenté dans le genre
Comique , la réputation qu'elle s'est acquise
dans le sérieux ; quelques- uns de
ces Sujets , dont les talents sont très- goû
tez , mériteroient bien en effet d'être.
nommez et plus connus .
M. de Morand , Auteur du Prologue
dont nous avons donné l'Extrait , et qui
avoit affecté de ne rien dire de Mademoiselle
du Maine , prononça avant la
Représentation de la Coniédie , les Vers
suivans , qui furent extrémement applaudis,
et qui lui attirerent de nouvelles
marques de bonté de Madame et de Mademoiselle
du Maine .
qui représentent des Comédies à l'Arsenal
, dont nous avons parlé dans le
dernier Mercure , donnerent le 28. Février
une Représentation de l'Ecole des
Femmes , suivie de la Parisienne , en présence
de S. A. S. Madame la Duchesse
du Maine ; ces deux Pieces furent extrémement
applaudies , et cette petite
Societé a encore augmenté dans le genre
Comique , la réputation qu'elle s'est acquise
dans le sérieux ; quelques- uns de
ces Sujets , dont les talents sont très- goû
tez , mériteroient bien en effet d'être.
nommez et plus connus .
M. de Morand , Auteur du Prologue
dont nous avons donné l'Extrait , et qui
avoit affecté de ne rien dire de Mademoiselle
du Maine , prononça avant la
Représentation de la Coniédie , les Vers
suivans , qui furent extrémement applaudis,
et qui lui attirerent de nouvelles
marques de bonté de Madame et de Mademoiselle
du Maine .
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Résumé : « Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe, qui représentent des Comédies à l'Arsenal, [...] »
Le 28 février, des jeunes ont joué 'L'École des Femmes' et 'La Parisienne' à l'Arsenal devant Madame la Duchesse du Maine. Les pièces ont été très applaudies, confirmant le talent de cette société. M. de Morand, auteur du prologue, a reçu des éloges de Madame et Mademoiselle du Maine pour ses vers.
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957
p. 582-585
JUGEMENT du veritable Apollon sur le Prologue représenté le 21. Février devant S. A. S. Madame la Duchesse du Maine. A S. A. S. Mademoiselle du Maine.
Début :
Flatté de l'accueil favorable, [...]
Mots clefs :
Princesse, Apollon, Cour, Vers, Duchesse du Maine, Mademoiselle du Maine
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texteReconnaissance textuelle : JUGEMENT du veritable Apollon sur le Prologue représenté le 21. Février devant S. A. S. Madame la Duchesse du Maine. A S. A. S. Mademoiselle du Maine.
JUGEMENT du veritable Apollon
sur le Prologue représenté le 21. Février
devant S. A. S. Madame la Duchesse
du Maine.
A S. A. S. Mademoiselle du Maine .
FLatté de l'accueil favorable ,
Que l'autre jour mon Apollon
Reçut dans la Cour respectable ,
Dont le bon goût et la décision
Marque à chacun son rang dans le sacré Vallon ,
Même auprès du Dieu du Parnasse
Je croïois hardiment pouvoir prendre ma place ,
Et je courois m'y présenter.
Mais ce Dieu m'arrêtant , que prétend ton audace
?
Me dit - il , et par où penses - tu mériter
L'immortel avantage
D'habiter ce brillant séjour ?
D'une Minerve et de sa Cour ,
N'en viens-je pas d'obtenir le suffrage ?
Lui dis -je ; et voilà mon Ouvrage.
Il le prend , il le lit ; je suis assez content ,
Répond-il , du dessein , des tours et des pensées,
Qui ne sont point embarrassées ;
L'Allégorie est noble et le stile élegant.
Mais j'apperçois une bévuë ,
Qui
MARS .
583
1734.
Qui marque peu de jugement ,
Et qui de cette Cour aura frappé la vûë.
Tu parles assez dignement ,
J'en conviens , de la Mere ,
Et des Fils et du Pere ;
Mais quel est ton aveuglement !
Tu ne dis rien d'une Princesse >
Dont les appas , les vertus , la sagesse ,
Retracent si fidellement
Les hautes qualitez de sa Maison illustre ,
Et même en relevent le lustre.
Un oubli si grossier te chasse de ces Lieux ,
Et ne sçauroit trouver grace devant mes yeux.
Si par oubli , Seigneur , j'avois commis ce crime,
Répliquai- je en tremblant , confus , désesperé ,
Ton courroux seroit légitime.
Dès long- temps j'avois admiré
Tous les glorieux avantages ,
Qui pour cette Princesse exigent nos hommages ;
Même en secret je m'étois préparé
A demander bien-tôt ton assistance ,
Pour pouvoir mieux les exalter ;
Pour elle seule , un jour je prétendois chanter.
Je dois le dire encor , cet injuste silence
Ne vient ici que de mon ignorance ;
Je fus embarassé ; la Déesse des Arts
Nayant jamais eu de Famille ,
Je n'osai dans mes Vers lui donner une fille .
Hi
Le
584 MERCURE DE FRANCE
Le scrupule est plaisant ! reprend- il : le Dien
Mars
Eut - il jamais d'Epouse ?
Tu viens pourtant de parler de ses Fils.
Les Héros à ses Loix soumis ,
Dont la valeur , de gloire et de grandeur jalouse,
Asservit de fiers ennemis ,
De ce terrible Dieu n'ont - ils pas pris naissance ?
Lui dis - je ; oui , répond - il ; ainsi les grands
esprits
Qui chérissent les Arts , les Talents , la Science ,
Et par qui dans tous lieux on les voit triomphants
,
De Minerve sont les Enfants :
Et tes excuses sont frivoles.
Mais sans tant de détours , tu pouvois aisément,
Et même en très- peu de paroles ,
Tourner ton Compliment :
Dès l'abord Melpomene même
Auroit pû ... je t'entens ; tu viens de m'inspires
Par quel heureux moyen je pourrai réparer
Mon imprudence extrême ! .... *
Je crains pourtant,dit -il , que ce qu'en ces instants ,
Tu pourrois ajoûter à ton premier Ouvrage ,
Ne paroissant à contretemps ,
Ne te soit d'aucun avantage.
* C'est en consequence de cet ordre d'Apollon
que les trois Vers qui regardent cette Princesse ont
été ajoûtez à la premiere Scene du Prologue,
Mais
MAR S. 1734.
585
Mais n'importe , fais tes efforts ;
Que ton zele s'empresse
A fléchir la Princesse
Par de nouveaux accords ;
En un mot , obtiens- en ta grace ,
Ou ne parois jamais sur le Parnasse.
Ainsi , Princesse , dans tes mains ,
Tu tiens aujourd'hui mes destins ,
Prononce mon Arrêt ; mais prends soin de ma
gloire ;
Place-moi , tu le peux , au Temple de Menioire ,
Songe que désormais mes Chants harmonieux
Publieront tes bienfaits et ta gloire en tous lieux.
Que dis-je ? quelle erreur ! quel fol orgueil m'anime
!
Ma Lire est - elle assez sublime ,
Pour chanter un sujet et si noble et si grand !
Je m'allarmois à tort ; il t'est indifferent ,
Que j'ose de ton nom ou parler ou le taire :
Pour avoir pû , Princesse , te déplaire ,
Il faudroit que mes Vers fussent d'un autre prix;
Que l'immortalité devenant leur salaire ,
Fat assurée à mes Ecrits.
sur le Prologue représenté le 21. Février
devant S. A. S. Madame la Duchesse
du Maine.
A S. A. S. Mademoiselle du Maine .
FLatté de l'accueil favorable ,
Que l'autre jour mon Apollon
Reçut dans la Cour respectable ,
Dont le bon goût et la décision
Marque à chacun son rang dans le sacré Vallon ,
Même auprès du Dieu du Parnasse
Je croïois hardiment pouvoir prendre ma place ,
Et je courois m'y présenter.
Mais ce Dieu m'arrêtant , que prétend ton audace
?
Me dit - il , et par où penses - tu mériter
L'immortel avantage
D'habiter ce brillant séjour ?
D'une Minerve et de sa Cour ,
N'en viens-je pas d'obtenir le suffrage ?
Lui dis -je ; et voilà mon Ouvrage.
Il le prend , il le lit ; je suis assez content ,
Répond-il , du dessein , des tours et des pensées,
Qui ne sont point embarrassées ;
L'Allégorie est noble et le stile élegant.
Mais j'apperçois une bévuë ,
Qui
MARS .
583
1734.
Qui marque peu de jugement ,
Et qui de cette Cour aura frappé la vûë.
Tu parles assez dignement ,
J'en conviens , de la Mere ,
Et des Fils et du Pere ;
Mais quel est ton aveuglement !
Tu ne dis rien d'une Princesse >
Dont les appas , les vertus , la sagesse ,
Retracent si fidellement
Les hautes qualitez de sa Maison illustre ,
Et même en relevent le lustre.
Un oubli si grossier te chasse de ces Lieux ,
Et ne sçauroit trouver grace devant mes yeux.
Si par oubli , Seigneur , j'avois commis ce crime,
Répliquai- je en tremblant , confus , désesperé ,
Ton courroux seroit légitime.
Dès long- temps j'avois admiré
Tous les glorieux avantages ,
Qui pour cette Princesse exigent nos hommages ;
Même en secret je m'étois préparé
A demander bien-tôt ton assistance ,
Pour pouvoir mieux les exalter ;
Pour elle seule , un jour je prétendois chanter.
Je dois le dire encor , cet injuste silence
Ne vient ici que de mon ignorance ;
Je fus embarassé ; la Déesse des Arts
Nayant jamais eu de Famille ,
Je n'osai dans mes Vers lui donner une fille .
Hi
Le
584 MERCURE DE FRANCE
Le scrupule est plaisant ! reprend- il : le Dien
Mars
Eut - il jamais d'Epouse ?
Tu viens pourtant de parler de ses Fils.
Les Héros à ses Loix soumis ,
Dont la valeur , de gloire et de grandeur jalouse,
Asservit de fiers ennemis ,
De ce terrible Dieu n'ont - ils pas pris naissance ?
Lui dis - je ; oui , répond - il ; ainsi les grands
esprits
Qui chérissent les Arts , les Talents , la Science ,
Et par qui dans tous lieux on les voit triomphants
,
De Minerve sont les Enfants :
Et tes excuses sont frivoles.
Mais sans tant de détours , tu pouvois aisément,
Et même en très- peu de paroles ,
Tourner ton Compliment :
Dès l'abord Melpomene même
Auroit pû ... je t'entens ; tu viens de m'inspires
Par quel heureux moyen je pourrai réparer
Mon imprudence extrême ! .... *
Je crains pourtant,dit -il , que ce qu'en ces instants ,
Tu pourrois ajoûter à ton premier Ouvrage ,
Ne paroissant à contretemps ,
Ne te soit d'aucun avantage.
* C'est en consequence de cet ordre d'Apollon
que les trois Vers qui regardent cette Princesse ont
été ajoûtez à la premiere Scene du Prologue,
Mais
MAR S. 1734.
585
Mais n'importe , fais tes efforts ;
Que ton zele s'empresse
A fléchir la Princesse
Par de nouveaux accords ;
En un mot , obtiens- en ta grace ,
Ou ne parois jamais sur le Parnasse.
Ainsi , Princesse , dans tes mains ,
Tu tiens aujourd'hui mes destins ,
Prononce mon Arrêt ; mais prends soin de ma
gloire ;
Place-moi , tu le peux , au Temple de Menioire ,
Songe que désormais mes Chants harmonieux
Publieront tes bienfaits et ta gloire en tous lieux.
Que dis-je ? quelle erreur ! quel fol orgueil m'anime
!
Ma Lire est - elle assez sublime ,
Pour chanter un sujet et si noble et si grand !
Je m'allarmois à tort ; il t'est indifferent ,
Que j'ose de ton nom ou parler ou le taire :
Pour avoir pû , Princesse , te déplaire ,
Il faudroit que mes Vers fussent d'un autre prix;
Que l'immortalité devenant leur salaire ,
Fat assurée à mes Ecrits.
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Résumé : JUGEMENT du veritable Apollon sur le Prologue représenté le 21. Février devant S. A. S. Madame la Duchesse du Maine. A S. A. S. Mademoiselle du Maine.
Le texte relate un jugement d'Apollon concernant un prologue représenté le 21 février devant Madame la Duchesse du Maine et Mademoiselle du Maine. L'auteur du prologue, ayant reçu un accueil favorable, espérait obtenir une place auprès du Dieu du Parnasse. Apollon lui demande comment il mérite cet honneur. L'auteur mentionne avoir obtenu le suffrage d'une Minerve et de sa cour. Apollon examine l'ouvrage, le trouvant bien conçu mais notant une erreur grave : l'oubli de mentionner une princesse dont les vertus et la sagesse sont remarquables. L'auteur, confus, explique que cet oubli est dû à son ignorance. Apollon rétorque que même Mars, sans épouse, a des fils et des héros soumis à ses lois. Il conseille à l'auteur de réparer son erreur en ajoutant des vers en l'honneur de la princesse et menace de le bannir du Parnasse s'il ne parvient pas à obtenir la grâce de la princesse. L'auteur reconnaît son orgueil et affirme que ses vers ne peuvent déplaire à la princesse, sauf s'ils étaient dignes d'immortalité.
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958
p. 644-657
LETTRE écrite [à] M. D. L. R. / A MONSIEUR *** Auteur des Dons des Enfans de Latone, Poëme sur la Musique, et sur la Chasse du Cerf.
Début :
Je ne connois point personnellement, Monsieur, l'Auteur des Dons des Enfans [...]
Mots clefs :
Chasse, Cerf, Chiens, Temps, Ouvrage, Chasseurs, Chasse du cerf, Savary, Veneurs, Principes, Auteur, Poème, Connaissances
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite [à] M. D. L. R. / A MONSIEUR *** Auteur des Dons des Enfans de Latone, Poëme sur la Musique, et sur la Chasse du Cerf.
LETTRE écrite à M. D. L. R.
E ne connois point personnellement ,
Monsieur , l'Auteur des Dons des Eng
fans de Latone , cependant je vous adresse
une Lettre , contenant les Réfléxions que
j'ai faites sur son Poëme de la Chasse du
Cerf. Vous me ferez plaisir de l'inserer
dans le premier Mercure. Je serai bienaise
de lui faire part et au public , par
votre entremise, de la justice que je rends
à son Ouvrage. J'ai l'honneur d'être, &c.
A MONSIEUR ***
Auteur des Dons des Enfans de Latone,
Poëme sur la Musique , et sur
la Chasse du Cerf.
U
pour
N Chasseur de profession hazarde
Monsieur , de prendre la plume
vous faire part de ses Réfléxions sur
la traduction libre que vous venez de
donner au public , du Poëme Latin de
Savary , sur la Chasse du Cerf ; c'est un
Auteur que j'ai étudié il y a long- temps,
et que j'ai toujours souhaité de voir traduit
en François, pour le rendre plus à la
portée des jeunes Chasseurs, à qui la Langue
A VRIL. 1734. 645
gue Latine est devenue moins familiere
qu'elle ne l'étoit de son temps .
L'Ouvrage étoit difficile , et vous avez
surpassé mes souhaits , en le rendant en
Vers , et en le faisant précéder par deux
autres Poëmes sur la Musique. Je les ai
lûs avec tout le plaisir imaginable ; mais
comme je suis moins Musicien que Chas-,
seur , je laisse le soin d'en faire l'éloge à
gens plus connoisseurs que moi en Musique
, et je me renferme uniquement dans
l'examen de votre Poëme sur la Chasse.
- J'ai toujours regardé la Chasse du Cerf
comme le plus noble , et le plus parfait
* amusement, dont les Rois , les Princes et
les Seigneurs pouvoient s'occuper ; mais
en même temps je l'ai regardé comme un
Art difficile , où 20 ans d'étude et une
grande aplication suffiroient à peine pour
découvrir tous les secrets qui en font
partie ; j'ai cru qu'il étoit indigne d'un
homme raisonnable d'y perdre son tems,
s'il ne se mettoit en état d'en acquerir.
toutes les connoissances , sans lesquelles il
ne peut trouver qu'un plaisir chimerique,
beaucoup d'ennuis, de dégoût et un
vuide aussi languissant que fatiguant,
Car est- ce en effet avoir du plaisir que
de n'être au fait de rien ? de voir passer
un Cerf sans en peuvoir rendre compte ?
B d'en
646 MERCURE DE FRANCE
d'en revoir du pied sans pouvoir juger
ni de son espece , ni de son âge ? d'être
dans l'embarras , ou se porter par l'ignorance
où l'on est des refuites du Cerf, de
ses faux rembuchemens, de ses retours et
de ses ruzes ? de ne point sçavoir comment
on s'y prend pour relever un deffaut
de ne point suivre la voix des
Chiens ? de ne point distinguer les bons
cris d'avec les mauvais ? enfin de ne faire
aucun usage de sa raison dans les occasions
embarrassantes ? Suffit- il, en verité, de
s'en rapporter à des Piqueurs, dont les lumieres
sont souvent médiocres , et le raisonnement
peu solide et un homme
d'esprit peut-il borner tous ses amusemens
à être bien monté, à enfiler de longues
routes , à courir toute une journée
sans sçavoir ce qui se passe , ce qu'on a
fait , ce qu'on peut faire , où on doit aller
, si la Meute est dans la bonne voïe ,
ou si elle a pris le change? C'est- là cependant
la situation où se trouvent les jeunes
Chasseurs pendant long- temps , et
souvent toute leur vie ; ils n'ont acquis
aucuns principes ; ils ne font que balbutier
les termes qu'ils n'ont point étudiez ; ils
n'ont fait aucunes réfléxions sur la diversité
des connoissances , faute de sçavoir où
aller,ils ne voyent rien, n'entendent rien,
perAVRIL.
1734- 647
perdent la Chasse et mettent toute leur
fortune à suivre quelquefois un bon Chasseur,
comme un Postillon qui leur procure
par hazard l'avantage de se trouver à
un Halali , ou à la mort du Cerf, C'est-là
le grand triomphe ; car tout fiers d'une
victoire où ils n'ont point contribué , ils
se croyent les plus habiles Chasseurs du
monde , et s'imaginent avoir goûté tous
les plaisirs imaginables , lorsque réellement
ils n'ont eu que beaucoup d'ennuis
et de fatigues. Ce n'est pas la maniere
dont chassoit Charles IX. et Louis
XIV. ce dernier sçavoit tout , jugeoit par
lui -même , décidoit, vouloit qu'on suivit
ses décisions , et ne se trompoit pas.
Charles IX. dans le Livre qu'il a composé
lui - même, fait voir quelles étoient
ses connoissances , par le détail où il est
entré , et de la nature des Cerfs , et de
toutes les parties de laChasse.Le sage Roi
qui nous gouverne aujourd'hui, suit parfaitement
les traces de ses deux Prédècesseurs
, et rien n'est plus juste, Monsieur ,
que quatre Vers qui se voïent dans
votre Epître.
les
La Déesse n'a plus de secret à t'apprendre ;
De ses sçavantes Loix , Interprête encor tendre,
Tu rens des jugemens sages et raisonnez ,
Que n'oseroient porter des Veneurs surannez .
Bij
Mais
648 MERCURE DE FRANCE
. Mais est-il imité dans son application ?
je n'ose l'assurer ; ce qu'il y a de certain
c'est que Savary que vous avez traduit est
le seul Auteur capable d'apprendre tous
les secrets de l'Art à ceux qui l'ignorent,
non seulement les François , mais encore
tous les Etrangers conviennent qu'il n'a
paru dans ce genre aucun Ouvrage comparable
au sien , pour l'ordre , la suite , la
précision , l'arrangement des matieres , et
la netteté avec laquelle elles sont expliquées,
toutes les idées y sont placées , raprochées
et rendues sensibles ; y a-t-il
quelqu'apprentilf chasseur,qui n'ait voulu
lire et Fouilloux et Salnouë ? en est-on
devenu plus habile ? s'y est- on fait des
principes certains , les différentes matieres
y sont- elles traitées dans un ordre
propre à se faire retenir ?
Fouilloux est confus et plein de verbiages
; Salnouë à tout dit , mais il ne l'a pas
arrangé , et les matiéres y sont souvent
transposées ; Savary qui a écrit après lui,
y a mis l'ordre qu'elles demandoient ; il a
réduit à 2500 Vers latins , la moitié d'un
volume in 4° . fait par Salnoue sur la
Chasse du Cerf; et vous , Monsieur , dans
votre Traduction vous avez encore plus
fait que Savary , puisqu'en n'obmettant
rien de tout ce qui étoit nécessaire, vous
avez
AVRIL. 1734 649
avez dit en 1500 Vers François , ce que
Savari n'avoit pû faire en latin qu'en
2500 ; quelle précision ; aussi n'y voit- on
pas un Vers qui n'ait son sens et son instruction
. On n'y trouve rien d'inutile
et de superflu ; c'est un véritable Poëme
didactique , mais ennobli par Diane
qu'on y fait parler avec dignité , enrichi
d'images et de comparaisons élevées , et
où mille traits d'une Poësie élégante rendent
parfaitement votre original . Quelles
graces n'ont point les six premieres pages
de votre premier Chant , où après votre
invocation , vous détaillez l'origine de la
Chasse dans les Gaules , les exercices des
Gaulois , et la maniere qu'ils avoient de
conserver la connoissance des Arts et des
Sciences ?
Peut- on expliquer avec plus de nettcté
l'âge des Cerfs , depuis le Faon , jusqu'aux
vieuxCerfs , avec les noms différens *
qu'on leur a donnez , par rapport à leur
Tête .
Est-il permis à quelqu'un de ne pas entendre
clairement toutes les différentes .
parties des quatre especes de têtes dont
vous donnez le modele , et sur lesquelles
il ne reste aucun doute ? Pour en sentir la
différence , la connoissance des pieds ne
devient - elle pas sensible par le détail
Biij heus
so MERCURE DE FRANCE
heureux des quatre pieds, relatifs aux parties
des figures , si exactement dessinées ?
et 20 pages de lecture des autres Auteurs
les peuvent- elles faire comprendre avec
autant de facilité ? La connoissance des
fumées n'est pas moins bien éclaircie dans
le second Chant, par rapport aux saisons,
par rapport aux Biches , et à l'âge des différens
Cerfs , et vous terminez enfin toutes
les lumieres qu'on peut tirer du corps
du Fauve , par l'explication des abbatures
, des portées , du raire et du frayoir
où vous marquez précisément le dégré
de foy que l'on peut ajouter à des témoignages
aussi incertains.
Après avoir établi ces principes generaux
, vous déterminez les lieux où l'on
doit chercher les Cerfs , pour les détourner
selon les différentes saisons ; sçavoir
dans l'Hyver , au fond des Forêts , où
vous expliquez et la maniere dont ils se
nourrissent et dont ils se garentissent du
froid ; et comment dans les autres saisons
ils se séparent , prennent leur Buisson à
l'extrémité des grands Païs, pour se nourrir
avec plus de facilité , et mettre bas
leurs têtes dont vous expliquez la chute,
et les causes que les Naturalistes y attribuent.
Des lieux , vous passez au temps que
l'on
AVRIL. 1734.
l'on doit prendre pour les détourner ;
l'agitation continuelle où ils sont pendant
le rut , l'embarras de les trouver
pendant ce temps , où toutes leurs démarches
sont incertaines .
Peut- on assez admirer la description
charmante que vous en faites , sous l'Image
d'un Tournoy , leurs Combats, leur
Victoire , le prix dont elle est suivie , et le
nombre des Spectateurs qui en sont les
témoins? Pouvoit- on distraire plus agréablement
le Lecteur du Didactique , qui a
précédé, que par des Images aussi noblement
imaginées ?
Quel heureux détail du Limier qu'on
veut dresser dans le troisiémeChant! Tous
les termes de l'art y sont si heureusement
employez qu'ils ne pourroient être substituez
par d'autres , il semble qu'ils se
soient venus offrir à la rime , sans qu'il
vous en ait rien couté. On y voit quel
doit être le nombre de Picqueurs; en quoi
consistent leurs devoirs, la qualité et l'espece
des differens Chiens , leurs bontez
ou leurs défauts , l'instruction donnée
aux Valets de Limier pour détourner, les
précautions qu'ils doivent prendre , et les
observations qu'ils doivent faire.
Ce détail est terminé par l'appareil de
eette assemblée générale où se font les
B iiij dif-
>
652 MERCURE DE FRANCE
·
différens rapports. Pouvoit on décrire
avec plus d'élevation ce celebre conseil ,
où tous les Veneurs décident du Cerf
que
l'on doit lancer , par les principes que
vous établissez ?
Le quatrième Chant regarde la disposition
des Relais , les noms différens qu'on
leur donne , l'espece et la nature des
Chiens qui les doivent composer , les
postes où il les faut placer , l'usage que
les Valets de Chiens en doivent faire
l'arrivée au laissez - coure , la verification
qu'on y doit faire du rapport , la maniere
dont on lance aujourd'hui , différente
de celle où on lançoit autrefois à trait de
Limier, ce que les Veneurs dispersez doivent
observer quand le Cerf est lancé ; la
crainte d'un faux rembuchement , la nécessité
de laisser agir les Chiens sans les
presser de trop près ; la deffense de Diane
, d'enlever la Meute , comme l'impatience
Françoise ne force que trop
souvent de le faire , et enfin les temps
et les précautions nécessaires que doivent
prendre les Valets de Chiens pour
ne donner les Relais qu'à propos et
quand ils sont demandez .
L'heureux trait de morale par où vous
commencez le cinquième Chant , est une
juste application des inconveniens qui
sura
AVRIL. 1734. 653
surviennent dans le cours de la Chasse ,
soit pour les Chiens , soit pour les Veneurs
; on y voit toutes les différentes
ruses des Cerfs , le désordre que causent
les jeunes Chiens , la sagesse des vieux ,
les lumieres qu'ils donnent pour sortir
d'embarras , pour relever les deffauts et
relancer le Cerf , comment on le suit.
dans l'eau , comment on découvre s'il y
est resté , s'il en est sorti , les secrets pour
en retrouver seurement la voye , et enfin
l'halali et la mort du Cerf, dont vous faites
un détail aussi - vrai qu'interessant.
Je finirai , Monsieur , par l'éloge que
mérite votre dernier Chant,d'autant plus
que sa principale beauté est bien moins
dûë à votre original qu'à vos heureuses
idées ; Pouviez - vous relever plus noblement
le bas Didactique où vous étiez forcé
d'entrer par le détail de la Curée, qu'en
le représentant sous l'image d'un Sacrifice
offert à Diane . Comment avez - vous
pû ennoblir un pareil carnage par tant
de richesses d'expressions ? Pouviez - vous
mieux établir les droits qui appartiennent
au Maître ,auxVeneurs ,aux Limiers et aux
Chiens dans les différentes parties du
Cerf. C'étoit une connoissance fondée de
temps immémorial que vous ne pouviez
omettre , et qui servira de loi immuable
dans
B v
654 MERCURE DE FRANCE
dans tous les temps pour les Chasseurs.
Enfin pouviez-vous mieux terminer tous
les Préceptes que renferme votre Ouvrage
que par cette Fête qu'un retour general
de la Chasse attire dans le Parvis du
Temple de Diane , où tous les Chasseurs
réunis dans un jour fameux , consacré
plus particulierement à sa gloire , passent
la nuit à celebrer ses loüanges et à chanter
les victoires que les différens Chasseurs
ont remportées ?
On voit bien , Monsieur, que vous n'avez
pas voulu travailler pour des Picqueurs
seulement ; ce ne sont pas eux en
effet qui avoient besoin de vos leçons , leur
application , la routine , la longue expérience
leur donnent à la fin toutes les
connoissances qui leur sont nécessaires ;
cependant votre ouvrage est si clair par
lui -même qu'il leur sera aisé d'y apprendre
tous les principes aussi - aisément qu'ils
l'auroienr pû faire s'il avoit été en Prose ;
mais je m'imagine que l'intention de Savary
a été d'endoctriner la Noblesse et de
la tirer agréablement de l'ignorance où
elle croupit ordinairement ; il a voulu
leur parler un langage conforme à leur
éducation en les instruisant.
Et vous , Monsieur , vous leur avez encore
abrégé la peine en le mettant en
Vers
AVRIL 1734. 655
Vers François , qui se retiennent incomparablement
mieux que la Prose.
, Je finirai , Monsieur , mes Réfléxions
en vous répétant que votre Ouvrage par
lui- même , est admirable ; jamais Auteur
n'a pû former un plus beau plan , et suivre
un meilleur ordre que Savary ; ce sera
une instruction éternelle pour tous ceux
qui voudront acquerir des connoissances
dans la Chasse du Cerf , chasser avec esprit
et goûter les parfaits plaisirs qu'un
homme raisonnable y doit rechercher ; il
dit tout ce qu'il faut dire , renferme tout
ce qu'il faut sçavoir , et éclaircit tout ce
que les autres Auteurs dans de gros volumes
entiers n'avoient traité qu'avec
confusion .
Votre traduction l'a considérablement
embelli , par ce que vous y avez ajouté, et
par ce que vous en avez sagement retranché;
vous l'avez rendu avec clarté et précision
, votre Poësie est noble, naturelle,
non entortillée , ni louche ; elle ne sent ni
l'huile, ni la lime , et fait sentir quelque
chose de supérieur à celle d'un Poëte de
profession.
Il ne me reste plus , Monsieur , qu'à
vous parler de votre Dictionnaire et du
Recueil des Tons de Chasse et Fanfares
qui terminent votre Livre ; ce sont les
B vj deux
656 MERCURE DE FRANCE
deux plus beaux et plus utiles présens
que vous pouviez faire au Public ; personne
ne s'étoit encore avisé de faire un
Dictionnaire de Chasse aussi exact et aussi
étendu que le vôtre. Il ne vous a rien
échapé des termes tant anciens que
nouveaux, répandus dans tous les Livres,
ou de ceux que l'usage a consacrés ; c'est
une instruction admirable , soit pour les
Picqueurs, soit pour les jeunes Chasseurs
qui auront la curiosité de sçavoir. A l'égard
des Tons de chasse et Fanfares ,
vous en avez l'obligation à M. de Dampierre,
Gentilhomme des Plaisirs du Roy,
il a l'avantage d'être excellent Musicien
et grand Chasseur ; ses Fanfares sont d'un
goût charmant , mais on ne peut trop
admirer l'application merveilleuse et nouvelle
qu'il a inventée pour les faire servir
de signaux, qui apprennent aux Veneurs
dispersez , l'espece du Cerf que l'on court,
+
ses mouvemens et toutes ses ruses.
C'est un moyen facile pour mettre au
蜜
fait de ce qui se passe , et une pareille
Méthode doit passer non seulement dans
toutes les Provinces , mais encore chez
les Etrangers . Les Parodies des Fanfares
que vous avez ramassées , y donnent encore
une nouvelle grace , et peuvent extrêmement
divertir dans un retour de
Chasse. • Le
AVRIL 1734
657
Le Public doit de grands remercimens
à M. de Dampierre , de vous avoir bien
voulu communiquer son travail. Et vous ,
Monsieur , vous lui en devez beaucoup ,
pour les Eloges qu'il ne cesse de donner
à ce qu'on m'a dit , à votre Ouvrage ;
témoignages
seuls capables d'en relever infiniment
le prix. J'ai l'honneur d'être ,
Monsieur , & c .
E ne connois point personnellement ,
Monsieur , l'Auteur des Dons des Eng
fans de Latone , cependant je vous adresse
une Lettre , contenant les Réfléxions que
j'ai faites sur son Poëme de la Chasse du
Cerf. Vous me ferez plaisir de l'inserer
dans le premier Mercure. Je serai bienaise
de lui faire part et au public , par
votre entremise, de la justice que je rends
à son Ouvrage. J'ai l'honneur d'être, &c.
A MONSIEUR ***
Auteur des Dons des Enfans de Latone,
Poëme sur la Musique , et sur
la Chasse du Cerf.
U
pour
N Chasseur de profession hazarde
Monsieur , de prendre la plume
vous faire part de ses Réfléxions sur
la traduction libre que vous venez de
donner au public , du Poëme Latin de
Savary , sur la Chasse du Cerf ; c'est un
Auteur que j'ai étudié il y a long- temps,
et que j'ai toujours souhaité de voir traduit
en François, pour le rendre plus à la
portée des jeunes Chasseurs, à qui la Langue
A VRIL. 1734. 645
gue Latine est devenue moins familiere
qu'elle ne l'étoit de son temps .
L'Ouvrage étoit difficile , et vous avez
surpassé mes souhaits , en le rendant en
Vers , et en le faisant précéder par deux
autres Poëmes sur la Musique. Je les ai
lûs avec tout le plaisir imaginable ; mais
comme je suis moins Musicien que Chas-,
seur , je laisse le soin d'en faire l'éloge à
gens plus connoisseurs que moi en Musique
, et je me renferme uniquement dans
l'examen de votre Poëme sur la Chasse.
- J'ai toujours regardé la Chasse du Cerf
comme le plus noble , et le plus parfait
* amusement, dont les Rois , les Princes et
les Seigneurs pouvoient s'occuper ; mais
en même temps je l'ai regardé comme un
Art difficile , où 20 ans d'étude et une
grande aplication suffiroient à peine pour
découvrir tous les secrets qui en font
partie ; j'ai cru qu'il étoit indigne d'un
homme raisonnable d'y perdre son tems,
s'il ne se mettoit en état d'en acquerir.
toutes les connoissances , sans lesquelles il
ne peut trouver qu'un plaisir chimerique,
beaucoup d'ennuis, de dégoût et un
vuide aussi languissant que fatiguant,
Car est- ce en effet avoir du plaisir que
de n'être au fait de rien ? de voir passer
un Cerf sans en peuvoir rendre compte ?
B d'en
646 MERCURE DE FRANCE
d'en revoir du pied sans pouvoir juger
ni de son espece , ni de son âge ? d'être
dans l'embarras , ou se porter par l'ignorance
où l'on est des refuites du Cerf, de
ses faux rembuchemens, de ses retours et
de ses ruzes ? de ne point sçavoir comment
on s'y prend pour relever un deffaut
de ne point suivre la voix des
Chiens ? de ne point distinguer les bons
cris d'avec les mauvais ? enfin de ne faire
aucun usage de sa raison dans les occasions
embarrassantes ? Suffit- il, en verité, de
s'en rapporter à des Piqueurs, dont les lumieres
sont souvent médiocres , et le raisonnement
peu solide et un homme
d'esprit peut-il borner tous ses amusemens
à être bien monté, à enfiler de longues
routes , à courir toute une journée
sans sçavoir ce qui se passe , ce qu'on a
fait , ce qu'on peut faire , où on doit aller
, si la Meute est dans la bonne voïe ,
ou si elle a pris le change? C'est- là cependant
la situation où se trouvent les jeunes
Chasseurs pendant long- temps , et
souvent toute leur vie ; ils n'ont acquis
aucuns principes ; ils ne font que balbutier
les termes qu'ils n'ont point étudiez ; ils
n'ont fait aucunes réfléxions sur la diversité
des connoissances , faute de sçavoir où
aller,ils ne voyent rien, n'entendent rien,
perAVRIL.
1734- 647
perdent la Chasse et mettent toute leur
fortune à suivre quelquefois un bon Chasseur,
comme un Postillon qui leur procure
par hazard l'avantage de se trouver à
un Halali , ou à la mort du Cerf, C'est-là
le grand triomphe ; car tout fiers d'une
victoire où ils n'ont point contribué , ils
se croyent les plus habiles Chasseurs du
monde , et s'imaginent avoir goûté tous
les plaisirs imaginables , lorsque réellement
ils n'ont eu que beaucoup d'ennuis
et de fatigues. Ce n'est pas la maniere
dont chassoit Charles IX. et Louis
XIV. ce dernier sçavoit tout , jugeoit par
lui -même , décidoit, vouloit qu'on suivit
ses décisions , et ne se trompoit pas.
Charles IX. dans le Livre qu'il a composé
lui - même, fait voir quelles étoient
ses connoissances , par le détail où il est
entré , et de la nature des Cerfs , et de
toutes les parties de laChasse.Le sage Roi
qui nous gouverne aujourd'hui, suit parfaitement
les traces de ses deux Prédècesseurs
, et rien n'est plus juste, Monsieur ,
que quatre Vers qui se voïent dans
votre Epître.
les
La Déesse n'a plus de secret à t'apprendre ;
De ses sçavantes Loix , Interprête encor tendre,
Tu rens des jugemens sages et raisonnez ,
Que n'oseroient porter des Veneurs surannez .
Bij
Mais
648 MERCURE DE FRANCE
. Mais est-il imité dans son application ?
je n'ose l'assurer ; ce qu'il y a de certain
c'est que Savary que vous avez traduit est
le seul Auteur capable d'apprendre tous
les secrets de l'Art à ceux qui l'ignorent,
non seulement les François , mais encore
tous les Etrangers conviennent qu'il n'a
paru dans ce genre aucun Ouvrage comparable
au sien , pour l'ordre , la suite , la
précision , l'arrangement des matieres , et
la netteté avec laquelle elles sont expliquées,
toutes les idées y sont placées , raprochées
et rendues sensibles ; y a-t-il
quelqu'apprentilf chasseur,qui n'ait voulu
lire et Fouilloux et Salnouë ? en est-on
devenu plus habile ? s'y est- on fait des
principes certains , les différentes matieres
y sont- elles traitées dans un ordre
propre à se faire retenir ?
Fouilloux est confus et plein de verbiages
; Salnouë à tout dit , mais il ne l'a pas
arrangé , et les matiéres y sont souvent
transposées ; Savary qui a écrit après lui,
y a mis l'ordre qu'elles demandoient ; il a
réduit à 2500 Vers latins , la moitié d'un
volume in 4° . fait par Salnoue sur la
Chasse du Cerf; et vous , Monsieur , dans
votre Traduction vous avez encore plus
fait que Savary , puisqu'en n'obmettant
rien de tout ce qui étoit nécessaire, vous
avez
AVRIL. 1734 649
avez dit en 1500 Vers François , ce que
Savari n'avoit pû faire en latin qu'en
2500 ; quelle précision ; aussi n'y voit- on
pas un Vers qui n'ait son sens et son instruction
. On n'y trouve rien d'inutile
et de superflu ; c'est un véritable Poëme
didactique , mais ennobli par Diane
qu'on y fait parler avec dignité , enrichi
d'images et de comparaisons élevées , et
où mille traits d'une Poësie élégante rendent
parfaitement votre original . Quelles
graces n'ont point les six premieres pages
de votre premier Chant , où après votre
invocation , vous détaillez l'origine de la
Chasse dans les Gaules , les exercices des
Gaulois , et la maniere qu'ils avoient de
conserver la connoissance des Arts et des
Sciences ?
Peut- on expliquer avec plus de nettcté
l'âge des Cerfs , depuis le Faon , jusqu'aux
vieuxCerfs , avec les noms différens *
qu'on leur a donnez , par rapport à leur
Tête .
Est-il permis à quelqu'un de ne pas entendre
clairement toutes les différentes .
parties des quatre especes de têtes dont
vous donnez le modele , et sur lesquelles
il ne reste aucun doute ? Pour en sentir la
différence , la connoissance des pieds ne
devient - elle pas sensible par le détail
Biij heus
so MERCURE DE FRANCE
heureux des quatre pieds, relatifs aux parties
des figures , si exactement dessinées ?
et 20 pages de lecture des autres Auteurs
les peuvent- elles faire comprendre avec
autant de facilité ? La connoissance des
fumées n'est pas moins bien éclaircie dans
le second Chant, par rapport aux saisons,
par rapport aux Biches , et à l'âge des différens
Cerfs , et vous terminez enfin toutes
les lumieres qu'on peut tirer du corps
du Fauve , par l'explication des abbatures
, des portées , du raire et du frayoir
où vous marquez précisément le dégré
de foy que l'on peut ajouter à des témoignages
aussi incertains.
Après avoir établi ces principes generaux
, vous déterminez les lieux où l'on
doit chercher les Cerfs , pour les détourner
selon les différentes saisons ; sçavoir
dans l'Hyver , au fond des Forêts , où
vous expliquez et la maniere dont ils se
nourrissent et dont ils se garentissent du
froid ; et comment dans les autres saisons
ils se séparent , prennent leur Buisson à
l'extrémité des grands Païs, pour se nourrir
avec plus de facilité , et mettre bas
leurs têtes dont vous expliquez la chute,
et les causes que les Naturalistes y attribuent.
Des lieux , vous passez au temps que
l'on
AVRIL. 1734.
l'on doit prendre pour les détourner ;
l'agitation continuelle où ils sont pendant
le rut , l'embarras de les trouver
pendant ce temps , où toutes leurs démarches
sont incertaines .
Peut- on assez admirer la description
charmante que vous en faites , sous l'Image
d'un Tournoy , leurs Combats, leur
Victoire , le prix dont elle est suivie , et le
nombre des Spectateurs qui en sont les
témoins? Pouvoit- on distraire plus agréablement
le Lecteur du Didactique , qui a
précédé, que par des Images aussi noblement
imaginées ?
Quel heureux détail du Limier qu'on
veut dresser dans le troisiémeChant! Tous
les termes de l'art y sont si heureusement
employez qu'ils ne pourroient être substituez
par d'autres , il semble qu'ils se
soient venus offrir à la rime , sans qu'il
vous en ait rien couté. On y voit quel
doit être le nombre de Picqueurs; en quoi
consistent leurs devoirs, la qualité et l'espece
des differens Chiens , leurs bontez
ou leurs défauts , l'instruction donnée
aux Valets de Limier pour détourner, les
précautions qu'ils doivent prendre , et les
observations qu'ils doivent faire.
Ce détail est terminé par l'appareil de
eette assemblée générale où se font les
B iiij dif-
>
652 MERCURE DE FRANCE
·
différens rapports. Pouvoit on décrire
avec plus d'élevation ce celebre conseil ,
où tous les Veneurs décident du Cerf
que
l'on doit lancer , par les principes que
vous établissez ?
Le quatrième Chant regarde la disposition
des Relais , les noms différens qu'on
leur donne , l'espece et la nature des
Chiens qui les doivent composer , les
postes où il les faut placer , l'usage que
les Valets de Chiens en doivent faire
l'arrivée au laissez - coure , la verification
qu'on y doit faire du rapport , la maniere
dont on lance aujourd'hui , différente
de celle où on lançoit autrefois à trait de
Limier, ce que les Veneurs dispersez doivent
observer quand le Cerf est lancé ; la
crainte d'un faux rembuchement , la nécessité
de laisser agir les Chiens sans les
presser de trop près ; la deffense de Diane
, d'enlever la Meute , comme l'impatience
Françoise ne force que trop
souvent de le faire , et enfin les temps
et les précautions nécessaires que doivent
prendre les Valets de Chiens pour
ne donner les Relais qu'à propos et
quand ils sont demandez .
L'heureux trait de morale par où vous
commencez le cinquième Chant , est une
juste application des inconveniens qui
sura
AVRIL. 1734. 653
surviennent dans le cours de la Chasse ,
soit pour les Chiens , soit pour les Veneurs
; on y voit toutes les différentes
ruses des Cerfs , le désordre que causent
les jeunes Chiens , la sagesse des vieux ,
les lumieres qu'ils donnent pour sortir
d'embarras , pour relever les deffauts et
relancer le Cerf , comment on le suit.
dans l'eau , comment on découvre s'il y
est resté , s'il en est sorti , les secrets pour
en retrouver seurement la voye , et enfin
l'halali et la mort du Cerf, dont vous faites
un détail aussi - vrai qu'interessant.
Je finirai , Monsieur , par l'éloge que
mérite votre dernier Chant,d'autant plus
que sa principale beauté est bien moins
dûë à votre original qu'à vos heureuses
idées ; Pouviez - vous relever plus noblement
le bas Didactique où vous étiez forcé
d'entrer par le détail de la Curée, qu'en
le représentant sous l'image d'un Sacrifice
offert à Diane . Comment avez - vous
pû ennoblir un pareil carnage par tant
de richesses d'expressions ? Pouviez - vous
mieux établir les droits qui appartiennent
au Maître ,auxVeneurs ,aux Limiers et aux
Chiens dans les différentes parties du
Cerf. C'étoit une connoissance fondée de
temps immémorial que vous ne pouviez
omettre , et qui servira de loi immuable
dans
B v
654 MERCURE DE FRANCE
dans tous les temps pour les Chasseurs.
Enfin pouviez-vous mieux terminer tous
les Préceptes que renferme votre Ouvrage
que par cette Fête qu'un retour general
de la Chasse attire dans le Parvis du
Temple de Diane , où tous les Chasseurs
réunis dans un jour fameux , consacré
plus particulierement à sa gloire , passent
la nuit à celebrer ses loüanges et à chanter
les victoires que les différens Chasseurs
ont remportées ?
On voit bien , Monsieur, que vous n'avez
pas voulu travailler pour des Picqueurs
seulement ; ce ne sont pas eux en
effet qui avoient besoin de vos leçons , leur
application , la routine , la longue expérience
leur donnent à la fin toutes les
connoissances qui leur sont nécessaires ;
cependant votre ouvrage est si clair par
lui -même qu'il leur sera aisé d'y apprendre
tous les principes aussi - aisément qu'ils
l'auroienr pû faire s'il avoit été en Prose ;
mais je m'imagine que l'intention de Savary
a été d'endoctriner la Noblesse et de
la tirer agréablement de l'ignorance où
elle croupit ordinairement ; il a voulu
leur parler un langage conforme à leur
éducation en les instruisant.
Et vous , Monsieur , vous leur avez encore
abrégé la peine en le mettant en
Vers
AVRIL 1734. 655
Vers François , qui se retiennent incomparablement
mieux que la Prose.
, Je finirai , Monsieur , mes Réfléxions
en vous répétant que votre Ouvrage par
lui- même , est admirable ; jamais Auteur
n'a pû former un plus beau plan , et suivre
un meilleur ordre que Savary ; ce sera
une instruction éternelle pour tous ceux
qui voudront acquerir des connoissances
dans la Chasse du Cerf , chasser avec esprit
et goûter les parfaits plaisirs qu'un
homme raisonnable y doit rechercher ; il
dit tout ce qu'il faut dire , renferme tout
ce qu'il faut sçavoir , et éclaircit tout ce
que les autres Auteurs dans de gros volumes
entiers n'avoient traité qu'avec
confusion .
Votre traduction l'a considérablement
embelli , par ce que vous y avez ajouté, et
par ce que vous en avez sagement retranché;
vous l'avez rendu avec clarté et précision
, votre Poësie est noble, naturelle,
non entortillée , ni louche ; elle ne sent ni
l'huile, ni la lime , et fait sentir quelque
chose de supérieur à celle d'un Poëte de
profession.
Il ne me reste plus , Monsieur , qu'à
vous parler de votre Dictionnaire et du
Recueil des Tons de Chasse et Fanfares
qui terminent votre Livre ; ce sont les
B vj deux
656 MERCURE DE FRANCE
deux plus beaux et plus utiles présens
que vous pouviez faire au Public ; personne
ne s'étoit encore avisé de faire un
Dictionnaire de Chasse aussi exact et aussi
étendu que le vôtre. Il ne vous a rien
échapé des termes tant anciens que
nouveaux, répandus dans tous les Livres,
ou de ceux que l'usage a consacrés ; c'est
une instruction admirable , soit pour les
Picqueurs, soit pour les jeunes Chasseurs
qui auront la curiosité de sçavoir. A l'égard
des Tons de chasse et Fanfares ,
vous en avez l'obligation à M. de Dampierre,
Gentilhomme des Plaisirs du Roy,
il a l'avantage d'être excellent Musicien
et grand Chasseur ; ses Fanfares sont d'un
goût charmant , mais on ne peut trop
admirer l'application merveilleuse et nouvelle
qu'il a inventée pour les faire servir
de signaux, qui apprennent aux Veneurs
dispersez , l'espece du Cerf que l'on court,
+
ses mouvemens et toutes ses ruses.
C'est un moyen facile pour mettre au
蜜
fait de ce qui se passe , et une pareille
Méthode doit passer non seulement dans
toutes les Provinces , mais encore chez
les Etrangers . Les Parodies des Fanfares
que vous avez ramassées , y donnent encore
une nouvelle grace , et peuvent extrêmement
divertir dans un retour de
Chasse. • Le
AVRIL 1734
657
Le Public doit de grands remercimens
à M. de Dampierre , de vous avoir bien
voulu communiquer son travail. Et vous ,
Monsieur , vous lui en devez beaucoup ,
pour les Eloges qu'il ne cesse de donner
à ce qu'on m'a dit , à votre Ouvrage ;
témoignages
seuls capables d'en relever infiniment
le prix. J'ai l'honneur d'être ,
Monsieur , & c .
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Résumé : LETTRE écrite [à] M. D. L. R. / A MONSIEUR *** Auteur des Dons des Enfans de Latone, Poëme sur la Musique, et sur la Chasse du Cerf.
La correspondance entre deux individus traite d'un poème sur la chasse au cerf. Le premier auteur, inconnu de l'auteur des 'Dons des Enfants de Latone', envoie une lettre contenant ses réflexions sur le poème 'La Chasse du Cerf' à un destinataire pour qu'il l'insère dans le Mercure. Le second auteur, un chasseur de profession, félicite l'auteur du poème pour sa traduction libre du poème latin de Savary sur la chasse au cerf. Il souligne la difficulté de l'ouvrage et la qualité de la traduction en vers, ainsi que les poèmes sur la musique qui précèdent le poème principal. Le chasseur de profession exprime son admiration pour la chasse au cerf, qu'il considère comme un amusement noble et parfait pour les rois, princes et seigneurs, mais aussi comme un art difficile nécessitant une grande application et des connaissances approfondies. Il critique les jeunes chasseurs qui manquent de principes et de réflexions, se contentant souvent de suivre des piqueurs sans comprendre les secrets de la chasse. Il loue Savary, dont la traduction est considérée comme la meilleure dans ce genre, pour l'ordre, la précision et la clarté de ses explications. Il compare favorablement la traduction de l'auteur à celles de Fouilloux et Salnouë, jugées confuses ou mal organisées. Le poème est structuré en plusieurs chants qui couvrent divers aspects de la chasse : l'origine de la chasse dans les Gaules, la description des cerfs, les différentes parties des têtes de cerf, la connaissance des fumées, les lieux et les saisons pour chasser, la description des combats entre cerfs, le dressage des limiers, la disposition des relais, les ruses des cerfs, et enfin la curée représentée comme un sacrifice à Diane. Le chasseur de profession termine en soulignant que l'ouvrage n'est pas seulement destiné aux piqueurs, mais à tous les chasseurs, et qu'il est suffisamment clair pour être compris par tous, même en prose. Le texte, daté d'avril 1734, discute de l'œuvre de Savary sur la chasse au cerf. L'auteur imagine que Savary a voulu instruire la noblesse en adaptant son langage à leur éducation. Il loue la traduction en vers de l'ouvrage, soulignant que les vers se retiennent mieux que la prose. Il considère l'ouvrage de Savary comme admirable, bien structuré et complet, offrant une instruction éternelle pour ceux qui souhaitent acquérir des connaissances sur la chasse au cerf. L'auteur apprécie également la traduction, qui a embelli l'œuvre par des ajouts et des suppressions judicieuses, et loue la poésie pour sa noblesse et sa naturalité. Il mentionne ensuite le dictionnaire de chasse et le recueil des tons de chasse et fanfares, qualifiés de présents précieux pour le public. Le dictionnaire est salué pour son exactitude et son étendue, couvrant tous les termes anciens et nouveaux. Les fanfares, attribuées à M. de Dampierre, sont décrites comme charmantes et innovantes, servant de signaux pour informer les veneurs des mouvements et des ruses du cerf. Les parodies des fanfares ajoutent une touche divertissante.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
959
p. 690-697
RÉPONSE à la Lettre où l'on a eu envie de critiquer un Livre qui a pour titre : Refléxions sur la Poësie en general, sur la Fable, sur l'Elegie, sur la Satyre, sur l'Ode, sur le Sonnet, Rondeau, Madrigal. Suivies de trois Lettres sur la décadence du Goût en France. Par M. R. D. S. M.
Début :
Sçavez-vous bien, Monsieur, qu'il n'y a rien de plus flateur pour M. [...]
Mots clefs :
Auteur, Ouvrage, Critique, Lettre, Réflexions, Naturel, Principes, Critiquer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à la Lettre où l'on a eu envie de critiquer un Livre qui a pour titre : Refléxions sur la Poësie en general, sur la Fable, sur l'Elegie, sur la Satyre, sur l'Ode, sur le Sonnet, Rondeau, Madrigal. Suivies de trois Lettres sur la décadence du Goût en France. Par M. R. D. S. M.
REPONSE à la Lettre où l'on a
eu envie de critiquer un Livre qui a
pour titre Refléxions sur la Poësie ent
general , sur la Fable , sur l'Elegie ,
sur la Satyre , sur l'Ode , sur le Sonnet,
Rondeau , Madrigal . Suivies de trois
Lettres sur la décadence du Goût er
France. Par M. R. D. S. M.
S
Çavez - vous bien , Monsieur , qu'il
n'y a rien de plus flateur pour M.
nya rien
R. D. S. M. que la Critique que vous
avez faite de son Ouvrage. Aussi y a - t'il
quantité de gens fort raisonnables qui
n'ont point pris le change. Ils disent
hautement que vous êtes ami de l'Auteur
, et que pour ôter aux louanges la
fadeur qui en est presque inséparable ,
vous avez voulu donner à votre Lettre
un air de Critique ; qu'il est bien vrai
qu'on y voit par cy par là quelques
ironies , mais que vous sçaviez bien qu'on
les trouveroit mauvaises ; qu'à l'égard
des falsifications qui sont en fort grand
nombre , vous étiez bien sûr qu'elles ne
porteroient aucun préjudice à la réputation
de l'Auteur , parce que la lecture
de
AVRIL. 1734 691
de son Ouvrage les feroit bien-tôt disparoître.
Je ne vous rends compte , Monsieur ,
de l'effet de votre Lettre, que pour vous
faire sentir que le but n'en est pas net.
C'est trop peu pour un Eloge , ce n'est
pas assez pour une Critique. Il falloit aller
attaquer l'Auteur dans ses principes ,
les dépouiller des graces et de l'agrément
qu'il leur a donnés , les remettre
dans leur secheresse naturelle ; vous auriez
eu le mérite de les appercevoir , et ,
si vous aviez pû , l'honneur de les détruire
; mais il vous a parû plus commode
de dire que l'Auteur aimoit l'Eglogue
à la folie , qu'on le séduiroit
avec le murmure d'une Fontaine , quil
étoit bien aise que tout le monde vécût,
que quant à lui il n'avoit pas la moindre
envie de mourir ; et enfin pour achever
le dénombrement de ses goûts , vous
nous avez appris qu'il aimeroit mieux
avoir fait un Sonnet que quatre Tragédies.
Vous êtes un galant homme , Monsieur
, tout le monde le dit ; et après
une déposition si generale, il n'est point
permis d'en douter . Cependant permettez
moi de vous dire qu'il y a quelque
chose d'irrégulier dans votre conduite.
Tirer quelques paroles d'un Auteur , les
séparer
62 MERCURE DE FRANCE
séparer de ce qui les environne , de ce
qui en change ou modifie le sens , faire
un assortiment bizare de ce qu'il y a
dans un Ouvrage de sérieux et de badin,
charger l'Auteur d'un pareil assortiment;
et pour qu'il en soit plus sûrement chargé
, mettre le tout en lettres italiques ,
c'est un procedé qui n'a pas d'exemple
dans la République des Lettres , où l'on
ne se picque pas neanmoins d'une Morale
bien severe.
La même bonne foi , le même esprit
de sincerité regne dans votre Lettre d'un
bout à l'autre .
A l'imitation du pour et contre , dont
à cela près que vous êtes un peu plus
poli , vous suivez assez exactement les
traces , vous accusez l'Auteur des Reflé.
xions sur la Poësie , d'avoir pris dans son
Morceau sur le Sublime , trois pages entieres
de M. Despreaux. Il falloit donc
extraire ces trois pages. Dailleurs accordez
-vous avec l'Auteur du Pour et Contre
; il prétend lui que le Morceau du
Sublime est pris dans M. Nicole . Ne
sentez vous pas que cette accusation de
vol n'étant pas prouvée, il en résulte une
absolution entiere pour M. D. S. M. qui
n'a pas la réputation de s'être enrichi des
dépouilles d'autrui.
Voilà
AVRIL. 1734- 693
Voilà , Monsieur , tout ce que j'ai à
dire sur votre Lettie , car vous n'y dites
rien . Je sçai bien que vous avez à repliquer
que vous avez fait une espece
d'Extrait de chaque morceau de l'Ouvrage
en question ; mais si l'Extrait est
infidele , je ne dois point y répondre
parce qu'alors ce ne sera pas l'Ouvrage
que vous aurez critiqué ; parce que je ne
suis point obligé à prendre le parti d'un
fantôme que vous avez fait tel qu'il vous
le falloit pour vous ménager le plaisir
d'en triompher.
Il faut convenir , Monsieur , que vous
êtes bien malheureux. Vous avez eu envie
de critiquer l'Auteur des Refléxions
sur la Poësie , vous n'avez pû en venir à
bout , votre dessein étoit de loüer M. de
Fontenelle , et vous l'avez critiqué ; car
entre nous , c'est le critiquer et faire
pis encore , que de dire qu'on reproche
ce bel Esprit de manquer de génie.
Avec votre permission , M. D. S. M.
ne l'a point dit , et quand ( ce que je
ne sçai pas ) une pareille consequence
couleroit sourdement de ses principes ,
pourquoi , vous , Monsieur , avez - vous
la malice de la tirer ? D'ailleurs, pourquoi.
ne point mettre de distance entre M. de
la Motte et M. de Fontenelle ? L'Auteur
D des
694 MERCURE DE FRANCE
des Refléxions ne s'est point caché de
l'admiration qu'il avoit pour l'un , et
peut- être n'a- t'il que trop exprimé le
mépris qu'il avoit pour l'autre. Enfin ,
comment avez - vous osé dire en face au
» Public , qu'il a toujours comparé les
» Fables de M. de la Motte à celles de´la
» Fontaine , ses Tragédies à celles de Cor-
» neille et de Racine , ses Operas à ceux
» de Quinault , et qu'enfin il a assigné à
>> ses Discours d'Eloquence et à toute sa
» Prose , une classe à part , pour ne la
»comparer qu'à lui- même.
C'est au Public à vous donner sur cela
un démenti , s'il le juge à propos . Je reviens
moi au Livre qui a fait l'objet de votre
Critique , et c'est sur cela que j'ai quelques
refléxions à vous faire faire.
Si vous aviez sérieusement envie de
critiquer M. D. S. M. il falloit lire son
Ouvrage avec toute l'attention dont un
homme d'esprit comme vous est capable
, il falloit tâcher d'en penetrer les
principes , en bien embrasser toutes les
consequences , sur tout , et c'est ce qui
étoit le plus necessaire , il falloit vous
bien mettre son but dans la tête. Vous
auriez vû que l'Auteur , pour bien remplir
son projet , avoit été obligé de ne
prendre que la fleur de ce qu'il avoit à
dire;
AVRIL. 1734-
695
dire ; que dans le dessein où il étoit d'instruire
, sans pour cela renoncer à plaire ,
il avoit été réduit à ôter à ses principes.
le faste et la secheresse ordinaire qui les
accompagnent ; ce qui , en les adoucissant
peut quelquefois les avoir rendus méconnoissables.
N'en doutez point , Monsieur , une
attention sérieuse sur le but de l'Auteur
, vous auroit épargné bien des injustices
. Vous n'auriez pas dit, par exemple
, que l'Auteur des Refléxions s'est
dévoué tout entier au sentiment, et qu'il
trouve fort mauvais qu'on raisonne . Hé ,
Monsieur , lisez l'Ouvrage , vous verrez
qu'on y prêche par tout l'accord de la
raison et de l'imagination ; vous verrez
que de toutes les qualitez de l'esprit , celle
que l'Auteur estime le plus , celle qui lui
est la plus chere , c'est la justesse et la
précision ; mais à dire vrai , il la veut
ménagée et temperée par les graces , il
ne la croit point incompatible avec les
tours vifs et les expressions de génie. Y
a-t'il là en verité de quoi lui faire un
procès ?
Il me reste à justifier l'Auteur sur un
reproche que vous lui faites au commencement
de votre Lettre , c'est de s'être
un peu laissé gagner par la contagion ,
Dijet
496 MERCURE DE FRANCE
et comme il l'avoit prévû lui - même , de
n'avoir pas pû être toujours naturel. Je
suis de bonne foi , Monsieur , et je passe
volontiers condamnation sur cinq ou six
expressions , qui , dans le goût où nous
sommes du brillant , sont d'un mauvais
exemple. Mais je vous soutiens que le
stile de l'Ouvrage est en general fort naturel
; je soupçonne qu'on prend le chan
ge , et qu'on ne dit pas bien ce qu'on
veut dire quand on reproche à l'Auteur
de manquer quelquefois de naturel . Une
des grandes attentions de M. D. S. M.
autant que j'ai pû le remarquer , est d'être
serré sans en avoir l'air . Il arrive delà
qu'en certains cas le Lecteur peine ;
et comme ce qui le peine est quelquefois
couvert de fleurs assaisonnées de graces ,
il n'ose s'en prendre à l'idée qu'il voit
ainsi embellie. Il ne songe pas que l'idée
pour être ainsi parée , n'en est souvent
que plus fine et plus déliée ; que d'ailleurs
cette idée étant serrée , son rapport
avec les autres idées , n'est pas assez prononcé
pour lui , qu'on a trop compté
sur sa pénetration , et alors le petit embarras
qu'il éprouve n'étant pas bien analisé
dans son esprit , non plus que ce qui
le cause , il n'y sçait que dire que l'Auteur
n'est pas naturel , il s'en prend à
son
AVRIL 1734. 697
son stile , au lieu de s'en prendre à l'idée
qui , avec le défaut d'être fine , a quelquefois
celui de n'être pas assez épaissie
et assez étendue pour la petitesse de son
intelligence. Faites attention à ce que
j'ai l'honneur de vous dire , vous trouverez
la vraie cause des reproches que
quelques Gens ont fait à M. D. S. M.
pousurr moi je suis persuadé que vous ne
en ferez plus. Vous êtes homme d'esprit
, la prévention vous avoit gagné.
Le petit mal qu'on avoit dit de M. de
la Motte avoit excité votre colere. Vous
avez soulagé votre coeur , et je ne m'en
prends point à votre esprit. J'ay l'honneur
d'être , Monsieur , votre , &c.
eu envie de critiquer un Livre qui a
pour titre Refléxions sur la Poësie ent
general , sur la Fable , sur l'Elegie ,
sur la Satyre , sur l'Ode , sur le Sonnet,
Rondeau , Madrigal . Suivies de trois
Lettres sur la décadence du Goût er
France. Par M. R. D. S. M.
S
Çavez - vous bien , Monsieur , qu'il
n'y a rien de plus flateur pour M.
nya rien
R. D. S. M. que la Critique que vous
avez faite de son Ouvrage. Aussi y a - t'il
quantité de gens fort raisonnables qui
n'ont point pris le change. Ils disent
hautement que vous êtes ami de l'Auteur
, et que pour ôter aux louanges la
fadeur qui en est presque inséparable ,
vous avez voulu donner à votre Lettre
un air de Critique ; qu'il est bien vrai
qu'on y voit par cy par là quelques
ironies , mais que vous sçaviez bien qu'on
les trouveroit mauvaises ; qu'à l'égard
des falsifications qui sont en fort grand
nombre , vous étiez bien sûr qu'elles ne
porteroient aucun préjudice à la réputation
de l'Auteur , parce que la lecture
de
AVRIL. 1734 691
de son Ouvrage les feroit bien-tôt disparoître.
Je ne vous rends compte , Monsieur ,
de l'effet de votre Lettre, que pour vous
faire sentir que le but n'en est pas net.
C'est trop peu pour un Eloge , ce n'est
pas assez pour une Critique. Il falloit aller
attaquer l'Auteur dans ses principes ,
les dépouiller des graces et de l'agrément
qu'il leur a donnés , les remettre
dans leur secheresse naturelle ; vous auriez
eu le mérite de les appercevoir , et ,
si vous aviez pû , l'honneur de les détruire
; mais il vous a parû plus commode
de dire que l'Auteur aimoit l'Eglogue
à la folie , qu'on le séduiroit
avec le murmure d'une Fontaine , quil
étoit bien aise que tout le monde vécût,
que quant à lui il n'avoit pas la moindre
envie de mourir ; et enfin pour achever
le dénombrement de ses goûts , vous
nous avez appris qu'il aimeroit mieux
avoir fait un Sonnet que quatre Tragédies.
Vous êtes un galant homme , Monsieur
, tout le monde le dit ; et après
une déposition si generale, il n'est point
permis d'en douter . Cependant permettez
moi de vous dire qu'il y a quelque
chose d'irrégulier dans votre conduite.
Tirer quelques paroles d'un Auteur , les
séparer
62 MERCURE DE FRANCE
séparer de ce qui les environne , de ce
qui en change ou modifie le sens , faire
un assortiment bizare de ce qu'il y a
dans un Ouvrage de sérieux et de badin,
charger l'Auteur d'un pareil assortiment;
et pour qu'il en soit plus sûrement chargé
, mettre le tout en lettres italiques ,
c'est un procedé qui n'a pas d'exemple
dans la République des Lettres , où l'on
ne se picque pas neanmoins d'une Morale
bien severe.
La même bonne foi , le même esprit
de sincerité regne dans votre Lettre d'un
bout à l'autre .
A l'imitation du pour et contre , dont
à cela près que vous êtes un peu plus
poli , vous suivez assez exactement les
traces , vous accusez l'Auteur des Reflé.
xions sur la Poësie , d'avoir pris dans son
Morceau sur le Sublime , trois pages entieres
de M. Despreaux. Il falloit donc
extraire ces trois pages. Dailleurs accordez
-vous avec l'Auteur du Pour et Contre
; il prétend lui que le Morceau du
Sublime est pris dans M. Nicole . Ne
sentez vous pas que cette accusation de
vol n'étant pas prouvée, il en résulte une
absolution entiere pour M. D. S. M. qui
n'a pas la réputation de s'être enrichi des
dépouilles d'autrui.
Voilà
AVRIL. 1734- 693
Voilà , Monsieur , tout ce que j'ai à
dire sur votre Lettie , car vous n'y dites
rien . Je sçai bien que vous avez à repliquer
que vous avez fait une espece
d'Extrait de chaque morceau de l'Ouvrage
en question ; mais si l'Extrait est
infidele , je ne dois point y répondre
parce qu'alors ce ne sera pas l'Ouvrage
que vous aurez critiqué ; parce que je ne
suis point obligé à prendre le parti d'un
fantôme que vous avez fait tel qu'il vous
le falloit pour vous ménager le plaisir
d'en triompher.
Il faut convenir , Monsieur , que vous
êtes bien malheureux. Vous avez eu envie
de critiquer l'Auteur des Refléxions
sur la Poësie , vous n'avez pû en venir à
bout , votre dessein étoit de loüer M. de
Fontenelle , et vous l'avez critiqué ; car
entre nous , c'est le critiquer et faire
pis encore , que de dire qu'on reproche
ce bel Esprit de manquer de génie.
Avec votre permission , M. D. S. M.
ne l'a point dit , et quand ( ce que je
ne sçai pas ) une pareille consequence
couleroit sourdement de ses principes ,
pourquoi , vous , Monsieur , avez - vous
la malice de la tirer ? D'ailleurs, pourquoi.
ne point mettre de distance entre M. de
la Motte et M. de Fontenelle ? L'Auteur
D des
694 MERCURE DE FRANCE
des Refléxions ne s'est point caché de
l'admiration qu'il avoit pour l'un , et
peut- être n'a- t'il que trop exprimé le
mépris qu'il avoit pour l'autre. Enfin ,
comment avez - vous osé dire en face au
» Public , qu'il a toujours comparé les
» Fables de M. de la Motte à celles de´la
» Fontaine , ses Tragédies à celles de Cor-
» neille et de Racine , ses Operas à ceux
» de Quinault , et qu'enfin il a assigné à
>> ses Discours d'Eloquence et à toute sa
» Prose , une classe à part , pour ne la
»comparer qu'à lui- même.
C'est au Public à vous donner sur cela
un démenti , s'il le juge à propos . Je reviens
moi au Livre qui a fait l'objet de votre
Critique , et c'est sur cela que j'ai quelques
refléxions à vous faire faire.
Si vous aviez sérieusement envie de
critiquer M. D. S. M. il falloit lire son
Ouvrage avec toute l'attention dont un
homme d'esprit comme vous est capable
, il falloit tâcher d'en penetrer les
principes , en bien embrasser toutes les
consequences , sur tout , et c'est ce qui
étoit le plus necessaire , il falloit vous
bien mettre son but dans la tête. Vous
auriez vû que l'Auteur , pour bien remplir
son projet , avoit été obligé de ne
prendre que la fleur de ce qu'il avoit à
dire;
AVRIL. 1734-
695
dire ; que dans le dessein où il étoit d'instruire
, sans pour cela renoncer à plaire ,
il avoit été réduit à ôter à ses principes.
le faste et la secheresse ordinaire qui les
accompagnent ; ce qui , en les adoucissant
peut quelquefois les avoir rendus méconnoissables.
N'en doutez point , Monsieur , une
attention sérieuse sur le but de l'Auteur
, vous auroit épargné bien des injustices
. Vous n'auriez pas dit, par exemple
, que l'Auteur des Refléxions s'est
dévoué tout entier au sentiment, et qu'il
trouve fort mauvais qu'on raisonne . Hé ,
Monsieur , lisez l'Ouvrage , vous verrez
qu'on y prêche par tout l'accord de la
raison et de l'imagination ; vous verrez
que de toutes les qualitez de l'esprit , celle
que l'Auteur estime le plus , celle qui lui
est la plus chere , c'est la justesse et la
précision ; mais à dire vrai , il la veut
ménagée et temperée par les graces , il
ne la croit point incompatible avec les
tours vifs et les expressions de génie. Y
a-t'il là en verité de quoi lui faire un
procès ?
Il me reste à justifier l'Auteur sur un
reproche que vous lui faites au commencement
de votre Lettre , c'est de s'être
un peu laissé gagner par la contagion ,
Dijet
496 MERCURE DE FRANCE
et comme il l'avoit prévû lui - même , de
n'avoir pas pû être toujours naturel. Je
suis de bonne foi , Monsieur , et je passe
volontiers condamnation sur cinq ou six
expressions , qui , dans le goût où nous
sommes du brillant , sont d'un mauvais
exemple. Mais je vous soutiens que le
stile de l'Ouvrage est en general fort naturel
; je soupçonne qu'on prend le chan
ge , et qu'on ne dit pas bien ce qu'on
veut dire quand on reproche à l'Auteur
de manquer quelquefois de naturel . Une
des grandes attentions de M. D. S. M.
autant que j'ai pû le remarquer , est d'être
serré sans en avoir l'air . Il arrive delà
qu'en certains cas le Lecteur peine ;
et comme ce qui le peine est quelquefois
couvert de fleurs assaisonnées de graces ,
il n'ose s'en prendre à l'idée qu'il voit
ainsi embellie. Il ne songe pas que l'idée
pour être ainsi parée , n'en est souvent
que plus fine et plus déliée ; que d'ailleurs
cette idée étant serrée , son rapport
avec les autres idées , n'est pas assez prononcé
pour lui , qu'on a trop compté
sur sa pénetration , et alors le petit embarras
qu'il éprouve n'étant pas bien analisé
dans son esprit , non plus que ce qui
le cause , il n'y sçait que dire que l'Auteur
n'est pas naturel , il s'en prend à
son
AVRIL 1734. 697
son stile , au lieu de s'en prendre à l'idée
qui , avec le défaut d'être fine , a quelquefois
celui de n'être pas assez épaissie
et assez étendue pour la petitesse de son
intelligence. Faites attention à ce que
j'ai l'honneur de vous dire , vous trouverez
la vraie cause des reproches que
quelques Gens ont fait à M. D. S. M.
pousurr moi je suis persuadé que vous ne
en ferez plus. Vous êtes homme d'esprit
, la prévention vous avoit gagné.
Le petit mal qu'on avoit dit de M. de
la Motte avoit excité votre colere. Vous
avez soulagé votre coeur , et je ne m'en
prends point à votre esprit. J'ay l'honneur
d'être , Monsieur , votre , &c.
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Résumé : RÉPONSE à la Lettre où l'on a eu envie de critiquer un Livre qui a pour titre : Refléxions sur la Poësie en general, sur la Fable, sur l'Elegie, sur la Satyre, sur l'Ode, sur le Sonnet, Rondeau, Madrigal. Suivies de trois Lettres sur la décadence du Goût en France. Par M. R. D. S. M.
Le texte est une réponse à une lettre critique adressée à M. R. D. S. M., auteur des 'Réflexions sur la Poésie'. L'auteur de la réponse conteste les accusations portées contre M. R. D. S. M., les qualifiant de malveillantes et mal fondées. Il souligne que la lettre critique est ambiguë, ni vraiment un éloge ni une critique sérieuse. L'auteur reproche à son interlocuteur d'avoir mal interprété les propos de M. R. D. S. M. et d'avoir sorti des phrases de leur contexte pour les déformer. Il accuse également la critique de manquer de rigueur et de bonne foi, notamment en ce qui concerne l'accusation de plagiat concernant un passage sur le sublime. L'auteur défend le style et les intentions de M. R. D. S. M., affirmant que ses principes sont souvent mal compris et que ses expressions sont naturelles et soignées. Il conclut en suggérant que la critique est motivée par des préventions personnelles plutôt que par une analyse objective.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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960
p. 726-729
« ABREGÉ de la Vie de S. Gaud, Evêque d'Evreux, de S. Pair, Evêque [...] »
Début :
ABREGÉ de la Vie de S. Gaud, Evêque d'Evreux, de S. Pair, Evêque [...]
Mots clefs :
Évêque d'Évreux, Histoire, Oran, Évêque d'Avranches, Aurore et Phébus, Commandement de la loi, Retraite, Empire des shérifs, Dictionnaire universel des arts et des sciences, Pensées chrétiennes, Merlin Coccai, Épîtres et évangiles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « ABREGÉ de la Vie de S. Gaud, Evêque d'Evreux, de S. Pair, Evêque [...] »
BREGE de la Vie de S. Gaud ,
Evêque d'Evreux , de S. Pair , Evêque
d'Avranches , de S. Scabilion , Abbé
de S.Senier , aussi Evêque d'Avranches ,
et de S. Aroaste , Prêtre ; tous Anacho
retes du Desert de Scyey , inhumez dans
l'Eglise de S. Pair sur Mer , Diocèse de
Coutances , &c. le tout conforme aux
MartyAVRIL.
1734. 727
Martyrologes , aux meilleurs Historiens
et particulierement à un Manuscrit trèsancien
, qui se trouve dans les Archives
de la Paroisse de S. Pair , dont il y
a copie dans celle de la Cathédrale d'Evreux.
Par M. le Rouault , Curé de saint
Pair sur Mer. De l'Imprimerie de Montalant
, 1734. in 12.
AURORE ET PHEBUS , Histoire Espagnole.
A Paris , ruë S. Jacques, chez And.
Morin , 1733. in 12. de 143. pages.
LE GRAND COMMANDEMENT DE LA LOy,
ou le principal devoir de l'homme envers
Dieu et envers le Prochain, expliqué selon
les Principes de S. Thomas . Par le P. Bermard
d'Arras, Capucin , Lecteur en Théologie
. Chez J. B. Coignard , fils , rue saint
Jacques , vol. in 12.
RETRAITE de la Marquise de Gozanne ,
contenant diverses Histoires galantes et
yeritables. Chez Etienne Ganeau , ruë
S. Jacques 1734. in 12. 2. vol.
HISTOIRE DE L'EMPIRE DES CHERIFS
EN AFRIQUE , sa Description Géographique
et Historique ; la Relation de la
Prise d'Oran , par Philippe V. Roy d'Es-
E vj pagne ,
728 MERCURE DE FRANCE
pagne , avec l'Abregé de la Vie de M. de
Santa-Cruz , cy - devant Ambassadeur en
France , et Gouverneur d'Oran , depuis
la Prise de cette Ville , ornée d'un Plan
très- exact de la Ville d'Oran , et d'une
Carte de l'Empire des Cherifs , par M. ***..
A Paris , chez Prault , Quay de Gêvres ,
au Paradis , 1733. in 12. de 508. pages
sans les Tables,
DICTIONNAIRE Universel des Arts et
des Sciences de M. B. C. de l'Academie
Françoise , nouvelle Edition , revûë , corrigée
et augmentée , par M. ... de l'Académie
des Sciences. A Paris , chez
P. G. le Mercier , fils , rue S. Jacques ,
1732. 2. vol. in fol . prix 36. livres.
PENSE'ES CHRETIENNES pour
tous les jours du mois , avec des Passages
de l'Ecriture Sainte , et une Instruction
familiere pour servir de regles dens
les actions principales de la vie . M. Lambert.
Chez le même , 1732. in 24. prix
15. sols.
LES EPITRES ET EVANGILES de toute
Pannée , avec des Refléxions ; l'Ordinaire
de la Messe en Latin en François , Chez
le même , 1732. in 12. gros caractere.
HISAVRIL
1734. 729
HISTOIRE MACARONIQUE de Merlin
Cocaie , Prototype de Rabelais , avec
l'horrible Bataille des Mouches et des
Fourmis. Sans nom d'Imprimeur , 1734-
2. vol. in 12. d'environ 4co. pag chacun.
Evêque d'Evreux , de S. Pair , Evêque
d'Avranches , de S. Scabilion , Abbé
de S.Senier , aussi Evêque d'Avranches ,
et de S. Aroaste , Prêtre ; tous Anacho
retes du Desert de Scyey , inhumez dans
l'Eglise de S. Pair sur Mer , Diocèse de
Coutances , &c. le tout conforme aux
MartyAVRIL.
1734. 727
Martyrologes , aux meilleurs Historiens
et particulierement à un Manuscrit trèsancien
, qui se trouve dans les Archives
de la Paroisse de S. Pair , dont il y
a copie dans celle de la Cathédrale d'Evreux.
Par M. le Rouault , Curé de saint
Pair sur Mer. De l'Imprimerie de Montalant
, 1734. in 12.
AURORE ET PHEBUS , Histoire Espagnole.
A Paris , ruë S. Jacques, chez And.
Morin , 1733. in 12. de 143. pages.
LE GRAND COMMANDEMENT DE LA LOy,
ou le principal devoir de l'homme envers
Dieu et envers le Prochain, expliqué selon
les Principes de S. Thomas . Par le P. Bermard
d'Arras, Capucin , Lecteur en Théologie
. Chez J. B. Coignard , fils , rue saint
Jacques , vol. in 12.
RETRAITE de la Marquise de Gozanne ,
contenant diverses Histoires galantes et
yeritables. Chez Etienne Ganeau , ruë
S. Jacques 1734. in 12. 2. vol.
HISTOIRE DE L'EMPIRE DES CHERIFS
EN AFRIQUE , sa Description Géographique
et Historique ; la Relation de la
Prise d'Oran , par Philippe V. Roy d'Es-
E vj pagne ,
728 MERCURE DE FRANCE
pagne , avec l'Abregé de la Vie de M. de
Santa-Cruz , cy - devant Ambassadeur en
France , et Gouverneur d'Oran , depuis
la Prise de cette Ville , ornée d'un Plan
très- exact de la Ville d'Oran , et d'une
Carte de l'Empire des Cherifs , par M. ***..
A Paris , chez Prault , Quay de Gêvres ,
au Paradis , 1733. in 12. de 508. pages
sans les Tables,
DICTIONNAIRE Universel des Arts et
des Sciences de M. B. C. de l'Academie
Françoise , nouvelle Edition , revûë , corrigée
et augmentée , par M. ... de l'Académie
des Sciences. A Paris , chez
P. G. le Mercier , fils , rue S. Jacques ,
1732. 2. vol. in fol . prix 36. livres.
PENSE'ES CHRETIENNES pour
tous les jours du mois , avec des Passages
de l'Ecriture Sainte , et une Instruction
familiere pour servir de regles dens
les actions principales de la vie . M. Lambert.
Chez le même , 1732. in 24. prix
15. sols.
LES EPITRES ET EVANGILES de toute
Pannée , avec des Refléxions ; l'Ordinaire
de la Messe en Latin en François , Chez
le même , 1732. in 12. gros caractere.
HISAVRIL
1734. 729
HISTOIRE MACARONIQUE de Merlin
Cocaie , Prototype de Rabelais , avec
l'horrible Bataille des Mouches et des
Fourmis. Sans nom d'Imprimeur , 1734-
2. vol. in 12. d'environ 4co. pag chacun.
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Résumé : « ABREGÉ de la Vie de S. Gaud, Evêque d'Evreux, de S. Pair, Evêque [...] »
Le document présente une liste de publications et de manuscrits historiques. Il commence par un résumé des vies de saints, notamment Saint Gaud, évêque d'Évreux, Saint Pair, évêque d'Avranches, Saint Scabilion, abbé de Saint-Senier et également évêque d'Avranches, et Saint Aroaste, prêtre. Ces saints étaient anachorètes du désert de Scyey et sont inhumés dans l'église de Saint Pair sur Mer, diocèse de Coutances. Les informations proviennent des martyrologes, des historiens et d'un manuscrit ancien des archives de la paroisse de Saint Pair, avec une copie à la cathédrale d'Évreux. Le texte mentionne également plusieurs ouvrages publiés entre 1732 et 1734, incluant des histoires espagnoles, des traités théologiques, des récits galants, des histoires de l'Empire des Cherifs en Afrique, un dictionnaire universel des arts et des sciences, des pensées chrétiennes, des épîtres et évangiles avec des réflexions, et une histoire macaronique de Merlin Cocaie. Chaque ouvrage est accompagné de détails sur l'éditeur, l'imprimeur, le format et le prix.
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961
p. 741-742
Mémoires pour l'Histoire des Sciences et des Beaux-Arts, &c. [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour l'Histoire des Sciences et des Beaux-Arts, commencez d'être [...]
Mots clefs :
Mémoires de Trévoux, Partialité, Paris, Ouvrages, Auteurs, Journal, Journalistes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mémoires pour l'Histoire des Sciences et des Beaux-Arts, &c. [titre d'après la table]
MEMOIRES pour l'Histoire des Sciences
et des Beaux - Arts , commencez d'être
imprimez l'an 1701. à Trévoux , et
dédiez à S. A. S. M. le Duc du Maine .
Janvier 1734. A Paris , Quay des Augustins
, chez Chaubert , in 12. de 175 .
pages.
Ce Journal , connu sous le titre de
Memoires de Trévoux , &c. s'imprime à
présent à Paris à l'adresse qu'on vient
de lire. A la tête de ce premier Volume
est un Avertissement , dans lequel on lit
à la troisiéme page cette Leçon importante.
L'esprit de partialité est un Ecueil dangereux
où bien des Journalistes ont échoué.
Le reproche qu'on fait encore à quelquesuns
d'entre eux de juger des Ouvrages d'autrui
sur le rapport de la passion et des pré-
F jugez
742 MERCURE DE FRANCE
4
jugez , n'est que trop bien fondé ; on nous
sçaura gré , sans doute , des précautions que
nous sommes résolus de prendre pour ménager
la délicatesse des Auteurs. Le devoir
d'un Journaliste se borne à rendre un compte
fidele des Livres dont il est chargé de faire
Panalyse. S'il lui faut emprunter le secours
de la Critique , la politesse , la probité et la
Religion lui prescrivent des regles dont il
ne doit jamais se départir. Affecter les airs et
le ton de Censeur ou de Juge , c'est usurper
un droit qui n'appartient qu'au Public , Arbitre
souverain de la réputation des Auteurs
et du mérite de leurs Ouvrages.
Avec de telles dispositions , on ne peut
que se promettre un heureux succès de
la composition de ce Journal.
et des Beaux - Arts , commencez d'être
imprimez l'an 1701. à Trévoux , et
dédiez à S. A. S. M. le Duc du Maine .
Janvier 1734. A Paris , Quay des Augustins
, chez Chaubert , in 12. de 175 .
pages.
Ce Journal , connu sous le titre de
Memoires de Trévoux , &c. s'imprime à
présent à Paris à l'adresse qu'on vient
de lire. A la tête de ce premier Volume
est un Avertissement , dans lequel on lit
à la troisiéme page cette Leçon importante.
L'esprit de partialité est un Ecueil dangereux
où bien des Journalistes ont échoué.
Le reproche qu'on fait encore à quelquesuns
d'entre eux de juger des Ouvrages d'autrui
sur le rapport de la passion et des pré-
F jugez
742 MERCURE DE FRANCE
4
jugez , n'est que trop bien fondé ; on nous
sçaura gré , sans doute , des précautions que
nous sommes résolus de prendre pour ménager
la délicatesse des Auteurs. Le devoir
d'un Journaliste se borne à rendre un compte
fidele des Livres dont il est chargé de faire
Panalyse. S'il lui faut emprunter le secours
de la Critique , la politesse , la probité et la
Religion lui prescrivent des regles dont il
ne doit jamais se départir. Affecter les airs et
le ton de Censeur ou de Juge , c'est usurper
un droit qui n'appartient qu'au Public , Arbitre
souverain de la réputation des Auteurs
et du mérite de leurs Ouvrages.
Avec de telles dispositions , on ne peut
que se promettre un heureux succès de
la composition de ce Journal.
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Résumé : Mémoires pour l'Histoire des Sciences et des Beaux-Arts, &c. [titre d'après la table]
Les 'Mémoires pour l'Histoire des Sciences et des Beaux-Arts' ont été imprimés pour la première fois en 1701 à Trévoux et dédiés au Duc du Maine. En janvier 1734, ce journal, désormais connu sous le nom de 'Mémoires de Trévoux', a été imprimé à Paris chez Chaubert, au Quai des Augustins, en un volume de 175 pages. L'avertissement du premier volume met en garde contre l'esprit de partialité, un écueil fréquent parmi les journalistes. Il souligne que certains jugent les œuvres en fonction de la passion plutôt que de l'objectivité. Le journal s'engage à ménager la délicatesse des auteurs et à rendre un compte fidèle des livres analysés. Les critiques doivent être menées avec politesse, probité et respect, sans usurper le rôle de censeur ou de juge, car ce droit appartient au public. Avec ces dispositions, le journal vise à garantir un succès heureux à sa composition.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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962
p. 751-752
EPITAPHE DE MLLE L'HERITIER DE VILLADON, De l'Académie de Toulouze et de celle du Ricovrati de Padoüe. Par Mlle de Malcrais de la Vigne.
Début :
Arrête ta cource, Passant ; [...]
Mots clefs :
L'Héritier de Villandon, Académie des jeux floraux, Académie des Ricovrati de Padoue, Tombeau
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texteReconnaissance textuelle : EPITAPHE DE MLLE L'HERITIER DE VILLADON, De l'Académie de Toulouze et de celle du Ricovrati de Padoüe. Par Mlle de Malcrais de la Vigne.
EPITAPHE
DE MILE L'HERITIER DE VILLADON ,
De l'Académie de Toulouze et de celle du
Ricovrati de Padoйe. Par Mlle de Malcrais
de la Vigne.
ARrête ta cource , Passant ;
Le Corps de l'Heritier cy - dessous est gisant ,
Son Ame au Ciel s'est envolée .
"
Son Tombeau n'offre rien de superbe à tes yeux ;
Mais ses rares vertus dans les coeurs en tous lieux
Lui bâtissent un Mausolée.
Niece d'un grand Magistrat , (a)
Dont le goût excellent dans la Litteraturé ,
Se fit autant briller que son insigne état ,
"
Elle reçut de la Nature
La noblesse du sang , et le Ciel y joignit
Une Ame que son souffle aussi- tôt annoblit.
Par vos Tournois Floraux , Illustre Académie ,
(a) Elle étoit petite Niece du celebre Garde des
Sceaux du Vair.
F vj Yous
752 MERCURE DE FRANCE
Vous, Ricovrati d'Italie ,
Gémissez , vous perdez un ornement exquis.
Que d'esprit ! quel brillant ! que de sçavoir ac
quis !
Langues , Philosophie , Histoire ,
Anecdotes , des traits curieux et divers ,
Composoient un trésor dans sa vaste mémoire:
Mais ses Ouvrages pour sa gloire ,
Parleront bien mieux que mes Vers.
En ma place il faudroit que son illustre Amie ,
L'habile Scudery retournât à la vie ,
Pour couvrir aujourd'hui son Tombeau reveré
De Parfums aussi fins et de fleurs aussi belles
Que celles dont le sien fut par elle honoré. (a)
Les neuf sçavantes Immortelles ,
La comblerent de leurs faveurs ;
Mais , hélas ô dons infidelles ,
Dont la possession fit languir mille Auteurs
Elle vécut ! ô temps ! ô moeurs !
Docte , Vierge, et pauvre comme elles. (b)
(a),Mlle P'Heritier afait l'Apothéose de Mlle de
Scudery , volume in 16. Paris 1702.
( b ) Elle ressentit presque toute sa vie les malbeurs
de l'indigence , n'ayant obtenu que depuis
quelques années une pension de 400. livres sur les
Sceaux. La Duchesse de Nemours , qui avoit l'esprit
fort orné, et dont on a imprimé les Memoires ,
goutoit fort le mérite de Mlle l'Heritier et l'attacha
elle par quelques bienfaits ; mais ils cesserent à sa
mort , quoiqu'elle eût dessein de les perpetuer. Cette
Princesse n'a pointfait de Testament.
DE MILE L'HERITIER DE VILLADON ,
De l'Académie de Toulouze et de celle du
Ricovrati de Padoйe. Par Mlle de Malcrais
de la Vigne.
ARrête ta cource , Passant ;
Le Corps de l'Heritier cy - dessous est gisant ,
Son Ame au Ciel s'est envolée .
"
Son Tombeau n'offre rien de superbe à tes yeux ;
Mais ses rares vertus dans les coeurs en tous lieux
Lui bâtissent un Mausolée.
Niece d'un grand Magistrat , (a)
Dont le goût excellent dans la Litteraturé ,
Se fit autant briller que son insigne état ,
"
Elle reçut de la Nature
La noblesse du sang , et le Ciel y joignit
Une Ame que son souffle aussi- tôt annoblit.
Par vos Tournois Floraux , Illustre Académie ,
(a) Elle étoit petite Niece du celebre Garde des
Sceaux du Vair.
F vj Yous
752 MERCURE DE FRANCE
Vous, Ricovrati d'Italie ,
Gémissez , vous perdez un ornement exquis.
Que d'esprit ! quel brillant ! que de sçavoir ac
quis !
Langues , Philosophie , Histoire ,
Anecdotes , des traits curieux et divers ,
Composoient un trésor dans sa vaste mémoire:
Mais ses Ouvrages pour sa gloire ,
Parleront bien mieux que mes Vers.
En ma place il faudroit que son illustre Amie ,
L'habile Scudery retournât à la vie ,
Pour couvrir aujourd'hui son Tombeau reveré
De Parfums aussi fins et de fleurs aussi belles
Que celles dont le sien fut par elle honoré. (a)
Les neuf sçavantes Immortelles ,
La comblerent de leurs faveurs ;
Mais , hélas ô dons infidelles ,
Dont la possession fit languir mille Auteurs
Elle vécut ! ô temps ! ô moeurs !
Docte , Vierge, et pauvre comme elles. (b)
(a),Mlle P'Heritier afait l'Apothéose de Mlle de
Scudery , volume in 16. Paris 1702.
( b ) Elle ressentit presque toute sa vie les malbeurs
de l'indigence , n'ayant obtenu que depuis
quelques années une pension de 400. livres sur les
Sceaux. La Duchesse de Nemours , qui avoit l'esprit
fort orné, et dont on a imprimé les Memoires ,
goutoit fort le mérite de Mlle l'Heritier et l'attacha
elle par quelques bienfaits ; mais ils cesserent à sa
mort , quoiqu'elle eût dessein de les perpetuer. Cette
Princesse n'a pointfait de Testament.
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Résumé : EPITAPHE DE MLLE L'HERITIER DE VILLADON, De l'Académie de Toulouze et de celle du Ricovrati de Padoüe. Par Mlle de Malcrais de la Vigne.
L'épitaphe rend hommage à Mile l'Héritier de Villadon, membre de l'Académie de Toulouse et de l'Académie des Ricovrati de Padoue. Elle invite à s'arrêter devant sa tombe modeste, soulignant ses vertus exceptionnelles qui lui construisent un mausolée dans les cœurs. Niece d'un grand magistrat, Mile l'Héritier était reconnue pour son goût littéraire et sa noblesse d'âme. Les académies déplorent la perte d'un ornement précieux, doté d'un esprit brillant et d'un vaste savoir en langues, philosophie, histoire et anecdotes. Ses œuvres témoignent mieux de sa gloire que les vers de l'épitaphe. La Duchesse de Nemours appréciait son mérite et lui accorda quelques bienfaits, mais ceux-ci cessèrent à sa mort. Mile l'Héritier vécut dans l'indigence presque toute sa vie, obtenant une pension de 400 livres sur les Sceaux seulement quelques années avant sa mort. Les neuf savantes Immortelles lui accordèrent leurs faveurs, mais ces dons ne lui apportèrent pas la richesse.
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963
p. 756-758
Décoration de l'Opera de Jephté, [titre d'après la table]
Début :
Le 28. Mars, l'Académie Royale de Musique remit au Théatre, à la [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Arbres, Décoration, Théâtre, Architecture, Jardin
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texteReconnaissance textuelle : Décoration de l'Opera de Jephté, [titre d'après la table]
E 28. Mars , l'Académie Royale de
grande satisfaction du Public , l'Opera
de Jephté , dont toutes les Représenta
tions ont reçû de grands applaudissemens
. Nous renvoyons le Lecteur pour
les paroles et la Musique de cette Tragédie
, à ce que nous en avons dit au
- mois de Mars 1733. page 564 et en
Mars 1732. page 571. Mais une nou
velle Décoration , sur les Desseins du
Chevalier Servandoni , faite pour
pera
AVRIL. 1734. 757
pera de Pirithous , et qui paroît au quatriéme
Acte de Jephté , mérite bien que
nous en donnions une idée à nos Lecteurs.
Cette Décoration n'occupe que la moitié
du Théatre dans le fond. Elle représente
un Jardin enchanté , qui dans
ce petit espace est vû obliquement et
paroît extrémement vaste .
On y voit d'abord un grand Morceau
d'Architecture rustique , au milieu duquel
est un Grouppe de figure gigantesque
, représentant Hercule , dans le
moment qu'il étouffe Anthée. de la bouche
de ce dernier sort un grand Jet
d'eau. Au-dessous de ce Grouppe on voit
des Lions , qui semblent sortir de leurs
Antres , et qui vomissent une grande
quantité d'eau que plusieurs Bassins reçoivent
; ces eaux sont si bien feintes pardes
gases qu'on fait mouvoir par le moyen de
plusieurs roues,qu'elles paroissent vrayes.
Cette Fontaine est placée au milieu
d'une grande Allée d'arbres , à côté de
laquelle s'éleve une haute Charmille ,
taillée en Pilastres et en Arcades . Entre
la Charmille et les Arbres , ce qui forme
une seconde Allée , on voit des Piédestaux
avec des figures imitant le Marbre
blanc. Le fond est agréablement varié
par
758 MERCURE DE FRANCE
par plusieurs Terrasses et Jets d'eau , des
Allées et des Arbres de differentes especes.
> Au bout de la derniere Terrasse , sur
une hauteur à laquelle on arrive par une
montée en fer à cheval , ornée d'Architecture
, de Vases , de Statues , & c. on
apperçoit un grand Edifice rond , percé
à jour par des Arcades et des Colomnes ,
entre et au milieu desquelles s'élevent
plusieurs Arbres.
Ce Jardin , par l'art de la Perspective
et la dégradation des couleurs , fait paroître
le fond du Théatre plus grand
qu'on ne l'a encore vû. Cette Décoration
a été fort goûtée et fort applaudie.
grande satisfaction du Public , l'Opera
de Jephté , dont toutes les Représenta
tions ont reçû de grands applaudissemens
. Nous renvoyons le Lecteur pour
les paroles et la Musique de cette Tragédie
, à ce que nous en avons dit au
- mois de Mars 1733. page 564 et en
Mars 1732. page 571. Mais une nou
velle Décoration , sur les Desseins du
Chevalier Servandoni , faite pour
pera
AVRIL. 1734. 757
pera de Pirithous , et qui paroît au quatriéme
Acte de Jephté , mérite bien que
nous en donnions une idée à nos Lecteurs.
Cette Décoration n'occupe que la moitié
du Théatre dans le fond. Elle représente
un Jardin enchanté , qui dans
ce petit espace est vû obliquement et
paroît extrémement vaste .
On y voit d'abord un grand Morceau
d'Architecture rustique , au milieu duquel
est un Grouppe de figure gigantesque
, représentant Hercule , dans le
moment qu'il étouffe Anthée. de la bouche
de ce dernier sort un grand Jet
d'eau. Au-dessous de ce Grouppe on voit
des Lions , qui semblent sortir de leurs
Antres , et qui vomissent une grande
quantité d'eau que plusieurs Bassins reçoivent
; ces eaux sont si bien feintes pardes
gases qu'on fait mouvoir par le moyen de
plusieurs roues,qu'elles paroissent vrayes.
Cette Fontaine est placée au milieu
d'une grande Allée d'arbres , à côté de
laquelle s'éleve une haute Charmille ,
taillée en Pilastres et en Arcades . Entre
la Charmille et les Arbres , ce qui forme
une seconde Allée , on voit des Piédestaux
avec des figures imitant le Marbre
blanc. Le fond est agréablement varié
par
758 MERCURE DE FRANCE
par plusieurs Terrasses et Jets d'eau , des
Allées et des Arbres de differentes especes.
> Au bout de la derniere Terrasse , sur
une hauteur à laquelle on arrive par une
montée en fer à cheval , ornée d'Architecture
, de Vases , de Statues , & c. on
apperçoit un grand Edifice rond , percé
à jour par des Arcades et des Colomnes ,
entre et au milieu desquelles s'élevent
plusieurs Arbres.
Ce Jardin , par l'art de la Perspective
et la dégradation des couleurs , fait paroître
le fond du Théatre plus grand
qu'on ne l'a encore vû. Cette Décoration
a été fort goûtée et fort applaudie.
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Résumé : Décoration de l'Opera de Jephté, [titre d'après la table]
En mars 1734, l'Académie Royale a présenté l'opéra de Jephté, acclamé par le public. La décoration du quatrième acte, réalisée par le Chevalier Servandoni, a particulièrement retenu l'attention. Elle occupe la moitié du théâtre et représente un jardin enchanté, conçu pour sembler extrêmement vaste. Au centre, une architecture rustique montre Hercule étouffant Anthée, dont la bouche laisse jaillir un jet d'eau. Des lions, sortant de leurs antres, vomissent également de l'eau, recueillie dans des bassins. Cette fontaine est placée dans une allée d'arbres, à côté d'une haute charmille taillée en pilastres et arcades. Entre la charmille et les arbres, des piédestaux avec des figures imitant le marbre blanc sont visibles. Le fond est varié par des terrasses, des jets d'eau, des allées et des arbres de différentes espèces. Au bout de la dernière terrasse, un grand édifice rond percé d'arcades et de colonnes s'élève, entre lesquelles se dressent plusieurs arbres. Grâce à la perspective et à la dégradation des couleurs, le fond du théâtre semble plus grand qu'à l'accoutumée. Cette décoration a été très appréciée et applaudie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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964
p. 758-759
« Le 5. Avril on donna par extraordinaire, la Pastorale d'Issé, pour la Capitation [...] »
Début :
Le 5. Avril on donna par extraordinaire, la Pastorale d'Issé, pour la Capitation [...]
Mots clefs :
Musique, Capitation des acteurs
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texteReconnaissance textuelle : « Le 5. Avril on donna par extraordinaire, la Pastorale d'Issé, pour la Capitation [...] »
Le 5. Avril on donna par extraordinaire
, la Pastorale d'Issé , pour la Capitation
des Acteurs , comme cela se pratique
toutes les années ; on représenta
la même Piece le 19. pour la clôture du
Théatre , elle fut suivie d'une Cantate
de M. de Blamont , Sur - Intendant de la
Musique du Roy , chantée par la Dlle Pe
titpas , et d'un Air Italien , chanté par
le sieur Jeliot , ces deux Morceaux de
Musique furent très- applaudis .
Le 16. Mars les Comédiens François représenerent
à Versailles , le Complaisant et l'Impromptu
de Campagne.
Le
AVRIL. 1734.
759
Le 18. Andromaque et le Baron de la Crasse.
Le 23. la Fausse Antipathie, la Critique et l'Usurier
Gentilhomme.
Le 6 , Avril , le Philosophe Marié et la Parinne
.
Le 8. Heraclius et le Port de Mer.
, la Pastorale d'Issé , pour la Capitation
des Acteurs , comme cela se pratique
toutes les années ; on représenta
la même Piece le 19. pour la clôture du
Théatre , elle fut suivie d'une Cantate
de M. de Blamont , Sur - Intendant de la
Musique du Roy , chantée par la Dlle Pe
titpas , et d'un Air Italien , chanté par
le sieur Jeliot , ces deux Morceaux de
Musique furent très- applaudis .
Le 16. Mars les Comédiens François représenerent
à Versailles , le Complaisant et l'Impromptu
de Campagne.
Le
AVRIL. 1734.
759
Le 18. Andromaque et le Baron de la Crasse.
Le 23. la Fausse Antipathie, la Critique et l'Usurier
Gentilhomme.
Le 6 , Avril , le Philosophe Marié et la Parinne
.
Le 8. Heraclius et le Port de Mer.
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Résumé : « Le 5. Avril on donna par extraordinaire, la Pastorale d'Issé, pour la Capitation [...] »
En avril 1734, plusieurs représentations théâtrales ont eu lieu. Le 5 avril, la Pastorale d'Issé a été jouée pour la capitation des acteurs. Le 19 avril, la même pièce a clôturé la saison, suivie d'une cantate et d'un air italien applaudis. Les Comédiens Français ont joué diverses pièces à Versailles et à Paris, notamment 'Andromaque', 'Le Baron de la Crasse' et 'Héraclius'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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965
p. 759-760
Compliment, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le Samedi 10. de ce mois, on fie [sic] la clôture du Théatre François par la représentation de la [...]
Mots clefs :
Théâtre-Français, Tragédie, Dangeville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Compliment, &c. [titre d'après la table]
Le Samedi 10. de ce mois , on fie la clôture du
Théatre François par la représentation de la
Tragédie de Zaire , de M. de Voltaire , au lieu
de la Tragédie sainte de Polyeucte , de P. Corneille
, qui étoit en possession depuis très- longtemps
, d'être donnée au public ce jour- là.
Le sieur Dangeville , le jeune , prononça ce
Compliment entre les deux Pieces , et il fut fort
applaudi .
MESSIEURS ,
Un usage fondé sur notre juste reconnoissance
nous engage à vous faire aujourd'hui des remerci..
mens; nous vous en devons toujours, et nous sommes
heureux quand la dette se trouve forte. Je voudrois
pouvoir acquitter dignement celle qui vient d'écheoir,
mais je ne me sens pas l'éloquence qu'exige un
pareil emploi , ainsi , Messieurs , loin de vous entretenir
de la solidité de votre jugement , de la délicatesse
de votre goût , et de l'embarras des Auteurs
que votre attention doit souvent plus intimider que
vos distractions , je me bornerai à vous demander
pour moi même votre indulgence . Songez, Messieurs
, qu'elle est aussi nécessaire à la perfection de
vos plaisirs , qu'à l'avancement des Acteurs qui
l'implorent , et que ce n'est qu'en excusant leurs
fautes que vous pouvez les en corriger ; songezque
pour pouvoir vous amuser , ou du moins ne vous
PAS
763 MERCURE DE FRANCE
pas ennuyer , il ne faut pas arriver sur la Scêne
avec la triste certitude de n'y trouver que des marques
effrayantes de votre aversion .
Ah! Messieurs . si l'envle extrême de vous plaire
donnoit les talens qui obtiennent vos suffrages , et
si le zele étoit la mesure du mérite , je serois le
mieux partagé du Théatre François. Daignez ,
Messieurs , daignez non- seulement nous guider
mais encore nous soutenir dans une carriere épi→
neuse et que vous seuls pouvez défricher en notre
faveur. Nous tâcherons toujours de vous satisfaire
par le choix de nos Pieces . Les chef- d'oeuvres sont
rares , mais ils ne sont pas impossibles . La source
des Zaïres, des Gustaves, des Adelaïdes , des Pelopées
, et des Glorieux , n'est pae tarie ; le Complai
sant vous a procuré une double satisfaction , en
vous rendant une Piece et un Acteur que vous estimez
; nous avons eu même depuis peu le bonheur
de contenter la justesse de votre discernement dans
la Fausse Antipathie; le Comique vous en a parû
noble et instructif, vous avez été ravis d'accorder
votre Approbation à un génie qui n'a point tâté de la
contagion du style précieux et du brillant superficiel.
Continuez , Messieurs , continuez , d'encourager
par vos applaudissemens les Poëtes qui osent être naturels
et judicieux , ce n'est pas vous recommander
tout le Parnasse.
Continuez aussi de nous honorer de vos leçons ,
mais ne les séparez pas de vos bontez ; quant à moi,
Messieurs , je sçai de reste que vous êtes éclairez ,
voudriez-vous bien me prouver que vous êtes indulgents.
Théatre François par la représentation de la
Tragédie de Zaire , de M. de Voltaire , au lieu
de la Tragédie sainte de Polyeucte , de P. Corneille
, qui étoit en possession depuis très- longtemps
, d'être donnée au public ce jour- là.
Le sieur Dangeville , le jeune , prononça ce
Compliment entre les deux Pieces , et il fut fort
applaudi .
MESSIEURS ,
Un usage fondé sur notre juste reconnoissance
nous engage à vous faire aujourd'hui des remerci..
mens; nous vous en devons toujours, et nous sommes
heureux quand la dette se trouve forte. Je voudrois
pouvoir acquitter dignement celle qui vient d'écheoir,
mais je ne me sens pas l'éloquence qu'exige un
pareil emploi , ainsi , Messieurs , loin de vous entretenir
de la solidité de votre jugement , de la délicatesse
de votre goût , et de l'embarras des Auteurs
que votre attention doit souvent plus intimider que
vos distractions , je me bornerai à vous demander
pour moi même votre indulgence . Songez, Messieurs
, qu'elle est aussi nécessaire à la perfection de
vos plaisirs , qu'à l'avancement des Acteurs qui
l'implorent , et que ce n'est qu'en excusant leurs
fautes que vous pouvez les en corriger ; songezque
pour pouvoir vous amuser , ou du moins ne vous
PAS
763 MERCURE DE FRANCE
pas ennuyer , il ne faut pas arriver sur la Scêne
avec la triste certitude de n'y trouver que des marques
effrayantes de votre aversion .
Ah! Messieurs . si l'envle extrême de vous plaire
donnoit les talens qui obtiennent vos suffrages , et
si le zele étoit la mesure du mérite , je serois le
mieux partagé du Théatre François. Daignez ,
Messieurs , daignez non- seulement nous guider
mais encore nous soutenir dans une carriere épi→
neuse et que vous seuls pouvez défricher en notre
faveur. Nous tâcherons toujours de vous satisfaire
par le choix de nos Pieces . Les chef- d'oeuvres sont
rares , mais ils ne sont pas impossibles . La source
des Zaïres, des Gustaves, des Adelaïdes , des Pelopées
, et des Glorieux , n'est pae tarie ; le Complai
sant vous a procuré une double satisfaction , en
vous rendant une Piece et un Acteur que vous estimez
; nous avons eu même depuis peu le bonheur
de contenter la justesse de votre discernement dans
la Fausse Antipathie; le Comique vous en a parû
noble et instructif, vous avez été ravis d'accorder
votre Approbation à un génie qui n'a point tâté de la
contagion du style précieux et du brillant superficiel.
Continuez , Messieurs , continuez , d'encourager
par vos applaudissemens les Poëtes qui osent être naturels
et judicieux , ce n'est pas vous recommander
tout le Parnasse.
Continuez aussi de nous honorer de vos leçons ,
mais ne les séparez pas de vos bontez ; quant à moi,
Messieurs , je sçai de reste que vous êtes éclairez ,
voudriez-vous bien me prouver que vous êtes indulgents.
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Résumé : Compliment, &c. [titre d'après la table]
Le 10 du mois, la clôture du Théâtre François a été marquée par la représentation de la tragédie 'Zaire' de Voltaire, remplaçant 'Polyeucte' de Corneille. Entre les deux pièces, le jeune Dangeville a prononcé un compliment acclamé par le public. Dans son discours, Dangeville a exprimé sa gratitude envers le public et a reconnu la difficulté de répondre à leurs attentes. Il a souligné l'importance de l'indulgence du public pour permettre aux acteurs de s'améliorer et de les encourager à éviter les erreurs. Il a mentionné que le désir de plaire au public est essentiel, mais que les talents nécessaires pour y parvenir sont rares. Dangeville a également évoqué plusieurs œuvres célèbres comme 'Zaïres', 'Gustaves', 'Adelaïdes', 'Pelopées', et 'Glorieux'. Il a salué la satisfaction du public face à des pièces comme 'La Fausse Antipathie', jugée noble et instructive. Il a encouragé le public à continuer d'applaudir les poètes naturels et judicieux, et à offrir des leçons accompagnées de bienveillance. Il a conclu en espérant prouver l'indulgence du public.
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966
p. 760-761
« Le 10. Avril, les Comédiens Italiens donnerent pour la clôture de leur Théatre, la Comédie [...] »
Début :
Le 10. Avril, les Comédiens Italiens donnerent pour la clôture de leur Théatre, la Comédie [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens, Clôture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 10. Avril, les Comédiens Italiens donnerent pour la clôture de leur Théatre, la Comédie [...] »
Le ro. Avril , les Comédiens Italiens donnerent
pour la clôture de leur Théatre , la Coméd
die des Amans Réunis , qui fut suivie de la petite
Piece
AVRIL . 1734. 761
Piece de l'Apologie du Siecle , dont nous parlelerons
le mois prochain. Le sieur Riccoboni
prononça le Compliment qu'on fait ordinairement
toutes les années , qui fut fort applaudi
du Public, Ce Discours en Vers parut imprimé
le même jour,
pour la clôture de leur Théatre , la Coméd
die des Amans Réunis , qui fut suivie de la petite
Piece
AVRIL . 1734. 761
Piece de l'Apologie du Siecle , dont nous parlelerons
le mois prochain. Le sieur Riccoboni
prononça le Compliment qu'on fait ordinairement
toutes les années , qui fut fort applaudi
du Public, Ce Discours en Vers parut imprimé
le même jour,
Fermer
967
p. 761
Mort du sieur Dominique, [titre d'après la table]
Début :
Le Théatre Italien a fait une perte considerable en la personne de Pierre-François Biancolelly, [...]
Mots clefs :
Pierre-François Biancolelli, Théâtre-Italien, Arlequin, Acteur, Provinces, Rôle, Mémoire prodigieuse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort du sieur Dominique, [titre d'après la table]
Le Théatre Italien a fait une perte considerable
en la personne de Pierre- François Biancolelly ,
mort le 18. Avril , âgé de 53. ans. Il étoit natif
de Paris et fils du fameux Dominique Biancolel
ly , connu sous le nom d'Arlequin de l'ancien
Théatre , Italien , mort très - regreté en 1688.
L'Acteur qui vient de mourir , après avoir joué
quelques années en Italie , revint en France et y
joua pendant quelque temps dans les Provinces et
à l'Opera Comique , le Rôle d'Arlequin avec suc
cès. Il fut reçû auThéatre Italien enOctobre 1717
Cet Acteur jouoit très - sensément et avoit une
mémoire prodigieuse.Le Rôle de Trivelin masqué
, étoit celui auquel il s'étoit le plus attaché,
il le jouoit avec toute l'intelligence possible et
au gré du Public , qui le regrette fort . Il étoit
Auteur de plusieurs Comédies jouées dans les
Provinces et de plusieurs autres représentées avec
succes à l'Hôtel de Bourgogna. Son dernier Ou
vrage , qui est un des meilleurs , est une Traduction
en Vers d'une ancienne Comédie Italienne
intitulée , les Quatre semblables , dont on voit
souvent les Representations avec plaisir . Tous
ses Ouvrages sont imprimez de même que ceux
qu'il a faits en societé avec les sieurs Riccoboni
Pere et Fils , et Romagnesy,
en la personne de Pierre- François Biancolelly ,
mort le 18. Avril , âgé de 53. ans. Il étoit natif
de Paris et fils du fameux Dominique Biancolel
ly , connu sous le nom d'Arlequin de l'ancien
Théatre , Italien , mort très - regreté en 1688.
L'Acteur qui vient de mourir , après avoir joué
quelques années en Italie , revint en France et y
joua pendant quelque temps dans les Provinces et
à l'Opera Comique , le Rôle d'Arlequin avec suc
cès. Il fut reçû auThéatre Italien enOctobre 1717
Cet Acteur jouoit très - sensément et avoit une
mémoire prodigieuse.Le Rôle de Trivelin masqué
, étoit celui auquel il s'étoit le plus attaché,
il le jouoit avec toute l'intelligence possible et
au gré du Public , qui le regrette fort . Il étoit
Auteur de plusieurs Comédies jouées dans les
Provinces et de plusieurs autres représentées avec
succes à l'Hôtel de Bourgogna. Son dernier Ou
vrage , qui est un des meilleurs , est une Traduction
en Vers d'une ancienne Comédie Italienne
intitulée , les Quatre semblables , dont on voit
souvent les Representations avec plaisir . Tous
ses Ouvrages sont imprimez de même que ceux
qu'il a faits en societé avec les sieurs Riccoboni
Pere et Fils , et Romagnesy,
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Résumé : Mort du sieur Dominique, [titre d'après la table]
Pierre-François Biancolelli, acteur et dramaturge, est décédé le 18 avril à l'âge de 53 ans. Fils de Dominique Biancolelli, célèbre Arlequin au Théâtre Italien, il a joué en Italie avant de revenir en France. Il a interprété Arlequin avec succès dans les provinces et à l'Opéra Comique, rejoignant le Théâtre Italien en octobre 1717. Biancolelli était reconnu pour son jeu sensible et sa mémoire exceptionnelle, notamment dans le rôle de Trivelin masqué. Il a également écrit plusieurs comédies représentées dans les provinces et à l'Hôtel de Bourgogne. Son dernier ouvrage, une traduction en vers de 'Les Quatre semblables', a été bien accueilli. Ses travaux, ainsi que ceux réalisés avec Riccoboni père et fils, et Romagnesy, ont été imprimés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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968
p. 761-764
« Le 22. Mars, l'Opera Comique donna une Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville, avec un [...] »
Début :
Le 22. Mars, l'Opera Comique donna une Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville, avec un [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Divertissement, Pièce nouvelle, Vaudeville, Audiences de Thalie, Faridondaine, Dlle Delisle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 22. Mars, l'Opera Comique donna une Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville, avec un [...] »
Le 22. Mars , l'Opera Comique donna une
Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville , avec un
Divertissement de Chants et de Danses , qui a
pour
762 MERCURE DE FRANCE
pour titre , Les Jumelles. Cette Piece fut suivie
d'un autre Divertissement ou Concerto Pantomi
me , dansé par un nombre de très - bons Sujets ,
dont l'execution est fort applaudie.
Le premier Avril on donna une autre Piece
nouvelle d'un Acte , intitulée , Les Audiences de
Thalie , suivie du même Concerto . Ce divertissement
a continué jusques et compris le 17. qui
fut la clôture de ce Théatre. "
La Dlle Delifle , premiere Actrice de cette
Troupe , fit le même jour , à la fin de la Piece ,
un Compliment en Vaudeville , dont voici les
Couplets , sur l'Air : Petite la Valiere.
Quel sort plus déplorable !
Il faut quitter ce lieu ;
La tristesse m'accable ,
Quand je vous dis adieu ;
J'ai peine à retenir
La douleur qui me presse ;
La Foire va finir ;
Elle meurt de foiblesse.
Sur l'Air : Non , je neferai pas.
A peine dans ces lieux faisons- nous connoissance,
Que nous allons , Messieurs , perdre votre présence
,
Depuis près de deux mois , que ne vous voyoit- on ?
Mais pour vous voir chez nous , il nous falloit
du bon.
Sur l'Air : La faridondaine.
Nos soins ont été superflus ,
Nous
A VRI L. 1734.
763
Nous n'avons pû vous plaire ;
Si nous en eussions été crus ,
C'étoit une autre affaire.
Notre Protecteur Apollon ,
La faridondaine , la faridondon ,
Nous a presque toujours servi
Biribi ,
A la façon de Barbari mon ami ,
Sur un Air nouveau du sieur Correte.
Chacun se croit digne de plaire ,
C'est le deffaut de maint Auteur ;
Il ne faut qu'un ami flateur
Pour rendre un Rimeur témeraire ;
Mais ma foi c'est le Hic
Que de plaire au Public .
Sur l'Air : Tu croyois en aimant Colette.
Vous nous avez fait mille graces ,
Sensibles à nos moindres soins ;
De nos Jeux dénuez de graces ,
Vous avez été les témoins.
Sur l'Air : Je ne suis né ni Roy ni Princes
Mais , Messieurs , la Foire prochaine ,
Rend notre esperance certaine ,
Vous vous y rendrez , s'il vous plaît ;
Oubliez nos fautes présentes ;
Nous vous payeront l'interêt ,
De vos bontez trop indulgentes.
On
764 MERCURE DE FRANCE
On donne avis au Public , que le neuviéme
vol . du Theatre de la Foire , qui est actuellement
fous presse , paroîtra incessamment , il
contiendra dix Pieces , sçavoir le Reveil de l'Opera
Comique , la Lanterne Veridique , le Parterre
merveilleux , le Rival de lui -même , la Mere
jalouse , l' Allure , l'Ile du Mariage , le Retour
de l'Opera Comique au Fauxbourg S. Germain ,
le Pere Rival , et les Audiences de Thalie , ce
dernier vol. sera orné de figure en taille douce
avec une table des Airs graves et Notes à la fin
du Livre. Il se vendra A Paris , chez Prault le
Fils , Libraire Quay de Conty 1734.
Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville , avec un
Divertissement de Chants et de Danses , qui a
pour
762 MERCURE DE FRANCE
pour titre , Les Jumelles. Cette Piece fut suivie
d'un autre Divertissement ou Concerto Pantomi
me , dansé par un nombre de très - bons Sujets ,
dont l'execution est fort applaudie.
Le premier Avril on donna une autre Piece
nouvelle d'un Acte , intitulée , Les Audiences de
Thalie , suivie du même Concerto . Ce divertissement
a continué jusques et compris le 17. qui
fut la clôture de ce Théatre. "
La Dlle Delifle , premiere Actrice de cette
Troupe , fit le même jour , à la fin de la Piece ,
un Compliment en Vaudeville , dont voici les
Couplets , sur l'Air : Petite la Valiere.
Quel sort plus déplorable !
Il faut quitter ce lieu ;
La tristesse m'accable ,
Quand je vous dis adieu ;
J'ai peine à retenir
La douleur qui me presse ;
La Foire va finir ;
Elle meurt de foiblesse.
Sur l'Air : Non , je neferai pas.
A peine dans ces lieux faisons- nous connoissance,
Que nous allons , Messieurs , perdre votre présence
,
Depuis près de deux mois , que ne vous voyoit- on ?
Mais pour vous voir chez nous , il nous falloit
du bon.
Sur l'Air : La faridondaine.
Nos soins ont été superflus ,
Nous
A VRI L. 1734.
763
Nous n'avons pû vous plaire ;
Si nous en eussions été crus ,
C'étoit une autre affaire.
Notre Protecteur Apollon ,
La faridondaine , la faridondon ,
Nous a presque toujours servi
Biribi ,
A la façon de Barbari mon ami ,
Sur un Air nouveau du sieur Correte.
Chacun se croit digne de plaire ,
C'est le deffaut de maint Auteur ;
Il ne faut qu'un ami flateur
Pour rendre un Rimeur témeraire ;
Mais ma foi c'est le Hic
Que de plaire au Public .
Sur l'Air : Tu croyois en aimant Colette.
Vous nous avez fait mille graces ,
Sensibles à nos moindres soins ;
De nos Jeux dénuez de graces ,
Vous avez été les témoins.
Sur l'Air : Je ne suis né ni Roy ni Princes
Mais , Messieurs , la Foire prochaine ,
Rend notre esperance certaine ,
Vous vous y rendrez , s'il vous plaît ;
Oubliez nos fautes présentes ;
Nous vous payeront l'interêt ,
De vos bontez trop indulgentes.
On
764 MERCURE DE FRANCE
On donne avis au Public , que le neuviéme
vol . du Theatre de la Foire , qui est actuellement
fous presse , paroîtra incessamment , il
contiendra dix Pieces , sçavoir le Reveil de l'Opera
Comique , la Lanterne Veridique , le Parterre
merveilleux , le Rival de lui -même , la Mere
jalouse , l' Allure , l'Ile du Mariage , le Retour
de l'Opera Comique au Fauxbourg S. Germain ,
le Pere Rival , et les Audiences de Thalie , ce
dernier vol. sera orné de figure en taille douce
avec une table des Airs graves et Notes à la fin
du Livre. Il se vendra A Paris , chez Prault le
Fils , Libraire Quay de Conty 1734.
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Résumé : « Le 22. Mars, l'Opera Comique donna une Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville, avec un [...] »
Du 22 mars au 17 avril, l'Opéra Comique présenta plusieurs représentations théâtrales. Le 22 mars, la pièce 'Les Jumelles' fut jouée, suivie d'un divertissement de chants et de danses, ainsi qu'un concerto pantomime. Le 1er avril, la pièce 'Les Audiences de Thalie' fut donnée, accompagnée du même concerto. La dernière représentation eut lieu le 17 avril. Mlle Delifle, première actrice, prononça un compliment en vaudeville, exprimant sa tristesse de quitter le théâtre et remerciant le public pour sa présence. Elle souligna les efforts de la troupe et espéra revoir le public lors de la prochaine foire. Un avis annonça la parution du neuvième volume du 'Théâtre de la Foire', incluant dix pièces comme 'Les Audiences de Thalie', disponible chez Prault le Fils, libraire à Paris, en 1734.
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969
p. 764-770
Tragédie nouvelle, jouée à l'Arsenal, et Prologue, [titre d'après la table]
Début :
Le 7. de ce mois, on representa sur le Théatre de l'Arsenal, la Tragedie nouvelle annoncée [...]
Mots clefs :
Acteur, Marquis, Tragédie nouvelle, Théâtre de l'Arsenal, Pyrrhus, Prologue, Comédie, Auteurs, Pièce nouvelle
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texteReconnaissance textuelle : Tragédie nouvelle, jouée à l'Arsenal, et Prologue, [titre d'après la table]
Le 7. de ce mois , on representa
sur le Théatre
de l'Arsenal , la Tragedie nouvelle annoncée
dans le Mercure de Fevrier ; Elle fut reçue avec
beaucoup
d'aplaudissement
par une nombreuse
Assemblée : On la rejoua le onze avec plus d'aplaudissements
encore.
Certe Piece est intitulée , Pyrrhus et Teglis :
le Sujet en est tiré partie de Justin , et partie
d'Athénée. Comme elle doit être reprise après
Pâques , nous pourrons alors être en état d'en
donner un Extrait. Elle a été précedée d'une
Scene en forme de Prologue , entre un Marquis
ridicule , et un Acteur de la Comedie de l'Arsenal
, qui a fait beaucoup de plaisir . Voici l'idée
que nous pouvons donner de ce Prologue.
Lorsqu'on leve la toile , le Marquis paroit ,
Occupant un fauteuil nécessaire pour la Tragedie
: Un Acteur surprit de le voir dans cette
place , s'approche poliment , et lui dit qu'il ne
sçauroit demeurer là . Le Marquis en demande
la raison , l'Acteur lui répond que leur Theatre
est trop petit pour que des spectateurs y puissent
AVRIL 765
.
1724.
sent prendre place ; Vous voyez bien , dit - il ,
que vous êtes le seul qui s'y soit placé.
Le Marquis replique que la regle generale n'em
est pas une pour lui , qu'un homme comme lui
en fait toujours l'exception , et que ne venant
au Spectacle que pour être vû , et pour y voir
le beau monde , il n'est point de place plus commode
pour cela que le Theatre.
L'Acteur lui dit que s'il ne vient au Specta
cle que pour être vû , c'est sur un plus grand
Theatre , et devant une assemblée plus nombreuse
qu'il doit paroître. Le Marquis répond
qu'il a déja assisté au Prologue de l'Opera , à
un Acte de la Comédie Françoise , à quelques
Scenes de l'Italienne ; et qu'ayant apris qu'il y
avoit à l'Arsenal une Comedie , où se rassembloient
de fort aimables Personnes , il étoit venu
y passer qu'elques moments, en attendant l'heure
d'aller lutiner les Danseuses de l'Opera Comique.
L'Acteur le remercie de la préférance ....
Ce Marquis demande quelle est la Piéce qu'on
va jouer : on lui dit que c'est une Piece nouvelle.
Il reprend avec vivacité.
Une Piece nouvelle ! Comment , morbleu , une
Piece nouvelle ! Et quel est ce fat d'Auteur qui s'avife
de donner une Piece nouvelle , sans être venú
La lire à ma Toilette ! Sçait - il bien que les Auteurs,
même les plus fameux , viennent me demander
ma protection , aussi je les sers à merveille :
Quand une fois j'ai aprouvé un Ouvrage , le Public
a beau le condamner , je sçai le moien de
faire tout applaudir , de faire paroitre le parterre
plein lors même que la Piece est dans les regles et
si les Comediens n'osent plus la donner , je sçai
l'art de la faire redemander autc de grands broubabas
, afin que sa chute soit imputée à leur mau-
G
:
vaise
766 MERCURE DE FRANCE
vaise humeur , plutôt qu'au dégout du Public.
> ›
L'Acteur lui répond que si les grands Auteurs
vont briguer son suffrage , il n'est pas
étonnant que celui de la Piece nouvelle ne l'ait
pas mandié : que comme il ne fait que de cominencer
, il ne sçait pas comment il faut s'y
prendre pour faire réussir une Piece . Et il
ajoute ensuite. Auteurs , Acteurs Musiciens
tous n'agissent ici que pour leur propre plaisir , pour
celui de leurs amis , et surtout par l'espoir de contribuer
quelquefois aux amusements d'une Princesse
illustre qui nous honore de sa protection
et qui veut bien se contenter de nos foibles
efforts. Ainsi, Monsieur, nous n'avons besoin d'aucun
artifice , ni pour faire applaudir nos Acteurs ,
ni pour faire réussir nos nouveautés &c.
2
Cela est fort heureux , dit le Marquis , mais
la vanité guide tout Acteur qui paroit sur un
Theatre et encore plus un Auteur . Il faut même
que celui de votre Piece nouvelle en ait plus
qu'un autre pour mettre son Ouvrage dans les
mains d'Acteurs, qui ne sont pas consommez dans
l'Art , il faut qu'il le croye asses superieur pour
pouvoir être admiré malgré les défauts de la
réprésentation , où il faut qu'aiant été refusé
par les grands Comédiens , il n'ait plus que
cette triste ressource pour le faire paroître. Il
s'écrie.
Je gagerois , morbleu , cent contre un , que
cette Piece a été refusée des François et des
Italiens.
l'Acteur.
Vous perdriez certainement , elle n'a ja-
* Madame la Duchesse Du Maine.
mais
AVRIL. 173 t . 767
>
mais été luë dans aucun foyer : l'Auteur a craint
le jugement & c . Il s'est deffié de ses propres
forces, et a cru que ce qui pouvoit lui faire honneur
ici et parmi nous , n'auroit pas tout le més
rite nécessaire pour être exposé à un plus grand
jour.
Le Marquis rit de ce que l'on supose de la modestie
dans un Auteur et dit qu'il n'en est
point qui ne se croye égal aux plus grands Maitres
de l'Art ; qu'il en est même qui se croient
bien au dessus et qui sont assez heureux , à
force de le dire , pour le persuader à beaucoup
d'autres.L'Acteur répond que n'étant pas Auteur,
il ignore ce qui se passe dans leur ame : Il ajoute
qu'ils ont pressé leur ami de leur donner son
Ouvrage , afin de l'encourager par là à faire
quelque chose de meilleur , et qu'ils se sont flatés
que
leurs Spectateurs, entrant dans leurs vues,
voudroient bien par leurs aplaudissements don--
ner de l'émulation à un jeune Auteur qui commence.
›
Le Marquis replique que c'est être fort charitable
, et qu'ils sont bien bons d'engager un
nombre d'honnetes - gens à venir s'ennuier pour
donner de l'émulation à un Auteur. Il demande
si la Tragedie nouvelle est en Prose , ou en
Vers ?
l'Acteur.
Une Tragedie en Prose !
Le Marquis.
Il est vrai que le projet n'en a pas fait fortune
je l'avois toujours fort aprouvé à caufe de
sa singularité.
Gij Acteur
768 MERCURE DE FRANCE
l'Acteur.
Ceux qui ne se tirent d'affaire que par le
faste des Vers , n'y auroient pas trouvé leur
compte , et ce ne pourroit être la ressource
que dé quelque Auteur judicieux , sensé , plein
de sentimens capables de composer une Fable ingenieuse
, et de conduire une Piece , mais sans
Brillant , fans feu , sans saillies , et qui n'auroit
pas l'art de bien tourner un Vers .
Le Marquis.
Eh , dites moi , les Vers de votre Tragedie
sont- ils beaux ? y a - t'il de ces Vers ronflants
épithétiques , pompeux ; de ces Vers qui éblouissent
, ravissent , étourdissent ; y a - t'il de ces
traits neufs , hardis......
•
L'Acteur répond que tout est simple chez
eux et que dans la Piece il n'y a qu'un morseau
un peu trop épique que l'Auteur s'est obstiné
à vouloir laisser malgré l'avis de plusieurs
connoisseurs . Le Marquis dit que l'Auteur a fort
bien fait , et qu'il ne faut que deux ou trois mor
ceaux dans ce genre pour faire le succes , d'une
Tragedie : il conclut que le sujet en est tiré d'un
Roman. L'Acteur l'assure qu'il est pris de
l'Histoire , et qu'elle n'est presque pas alterée
dans cette Piece. Le Marquis en paroît fâché
et ajoute . Parlez moi d'un beau Roman mis en
Tragedie , cela fournit des situations , des traits
saillants , des images touchantes , des évenemens.
Beaucoup d'evenemens , morbleu ! beaucoup
d'evenemens entassez les uns sur les autres ,
qui se succedent sans être liés. Cela tient l'esprit
en haleine , on est toujours surpris par
quelque chose d'inesperé.
PActeur
AVRIL
769 1734.
l'Acteur.
Cinq Tragedies dans une ; n'est - ce pas
Le Marquis.
Vous croiez badiner ; mais rien ne marque
mieux l'imagination et la fecondité d'un Auteur .
Voilà qui est bien merveilleux , une seule action
dans Actes ! eh pour moi , je m'endors si je
n'en trouve pas une à chaque Acte , et quand
il y en auroit davantage , je ne m'en plaindrois
pas.
$ L'Acteur lui répond que c'est ce qu'il ne
trouvera pas dans la Piece nouvelle : qu'une
seule action très - simple , fait tout le fond de ce
Poëme. Le Marquis dit qu'il n'est pas curieux
de tant de simplicité ; qu'il veut quelque chose
qui pique , qui réveille , et aprenant le titre de
la Piece , il se recrie : quoi ? encore un Pyrrhus !
L'Acteur l'assure que quoique le nom de ce
Heros ne soit pas nouveau au Theatre , celui - ci
paroit pourtant sur la Scene pour la premiére
fois , etpeut- être pour la derniere, dit le Marquis,
Cela se pourroit , dit l'Acteur , car nous n'aimons
pas à jouer souvent la même chose . Le
Marquis demande qui est cette Teglis qu'il ne
connoit pas. L'Acteur lui répond que c'est à
peu pres * le nom d'une Princeese dont Pyrrhus
étoit épris. Le Marquis en conclut qu'il
y a beaucoup de tendre dans la Piece . et l'Acteur
lui avoue qu'il croit même qu'il y en a
un peu trop , que le Heros aime trop. passio-
* Le vrai nom de cette Maitresse de Pyrrhus étoit
Tigris. Ce nom n'étoit pas favorable pour la Poësie,
ni pour le titre d'une Piece , et il n'a fallu changer
que deux lettres pour en faire un beaucoup plus doux⚫
G' iij
nement
778 MERCURE DE FRANCE
nement et trop constamment , mais que comme
il l'a déja dit , l'Auteur est un jeune homme qui
a cru plaire au beau sexe , en mettant sur la
Scene un Prince qui sacrifie tout à son amour
hors sa vertu et son devoir.
Le Marquis.
>
>
C'est un Amant tendre , constant , fidelle
doucereux , tout cela ne sauroit plaire : ce n'est
plus là le gout du siècle : les Dames même que
vôtre Auteur a cru flater par là seront les premieres
à s'y ennuyer , adieu : j'en sçais assez
pour en pouvoir décider ; simplicité, constance ,
fidelité th ! fi , fi ... vive la confusion , la vivacité
et le changement . ( il sort )
L'Auteur est charmé d'être délivré de cet étourdi
et finit ainsi :Nous n'avons à parler que devant
des perfonnes sensées et raisonnables , qui voudront
bien voir avec bonté le coup d'essai qu'on va leur
offrir. Annoncer un coup d'essai , n'est-ce pas demander
de l'indulgence ? qui ne sçait que des plus
foibles commencements sont sortis quelquefois de
vrais chef-d'oeuvres.
sur le Théatre
de l'Arsenal , la Tragedie nouvelle annoncée
dans le Mercure de Fevrier ; Elle fut reçue avec
beaucoup
d'aplaudissement
par une nombreuse
Assemblée : On la rejoua le onze avec plus d'aplaudissements
encore.
Certe Piece est intitulée , Pyrrhus et Teglis :
le Sujet en est tiré partie de Justin , et partie
d'Athénée. Comme elle doit être reprise après
Pâques , nous pourrons alors être en état d'en
donner un Extrait. Elle a été précedée d'une
Scene en forme de Prologue , entre un Marquis
ridicule , et un Acteur de la Comedie de l'Arsenal
, qui a fait beaucoup de plaisir . Voici l'idée
que nous pouvons donner de ce Prologue.
Lorsqu'on leve la toile , le Marquis paroit ,
Occupant un fauteuil nécessaire pour la Tragedie
: Un Acteur surprit de le voir dans cette
place , s'approche poliment , et lui dit qu'il ne
sçauroit demeurer là . Le Marquis en demande
la raison , l'Acteur lui répond que leur Theatre
est trop petit pour que des spectateurs y puissent
AVRIL 765
.
1724.
sent prendre place ; Vous voyez bien , dit - il ,
que vous êtes le seul qui s'y soit placé.
Le Marquis replique que la regle generale n'em
est pas une pour lui , qu'un homme comme lui
en fait toujours l'exception , et que ne venant
au Spectacle que pour être vû , et pour y voir
le beau monde , il n'est point de place plus commode
pour cela que le Theatre.
L'Acteur lui dit que s'il ne vient au Specta
cle que pour être vû , c'est sur un plus grand
Theatre , et devant une assemblée plus nombreuse
qu'il doit paroître. Le Marquis répond
qu'il a déja assisté au Prologue de l'Opera , à
un Acte de la Comédie Françoise , à quelques
Scenes de l'Italienne ; et qu'ayant apris qu'il y
avoit à l'Arsenal une Comedie , où se rassembloient
de fort aimables Personnes , il étoit venu
y passer qu'elques moments, en attendant l'heure
d'aller lutiner les Danseuses de l'Opera Comique.
L'Acteur le remercie de la préférance ....
Ce Marquis demande quelle est la Piéce qu'on
va jouer : on lui dit que c'est une Piece nouvelle.
Il reprend avec vivacité.
Une Piece nouvelle ! Comment , morbleu , une
Piece nouvelle ! Et quel est ce fat d'Auteur qui s'avife
de donner une Piece nouvelle , sans être venú
La lire à ma Toilette ! Sçait - il bien que les Auteurs,
même les plus fameux , viennent me demander
ma protection , aussi je les sers à merveille :
Quand une fois j'ai aprouvé un Ouvrage , le Public
a beau le condamner , je sçai le moien de
faire tout applaudir , de faire paroitre le parterre
plein lors même que la Piece est dans les regles et
si les Comediens n'osent plus la donner , je sçai
l'art de la faire redemander autc de grands broubabas
, afin que sa chute soit imputée à leur mau-
G
:
vaise
766 MERCURE DE FRANCE
vaise humeur , plutôt qu'au dégout du Public.
> ›
L'Acteur lui répond que si les grands Auteurs
vont briguer son suffrage , il n'est pas
étonnant que celui de la Piece nouvelle ne l'ait
pas mandié : que comme il ne fait que de cominencer
, il ne sçait pas comment il faut s'y
prendre pour faire réussir une Piece . Et il
ajoute ensuite. Auteurs , Acteurs Musiciens
tous n'agissent ici que pour leur propre plaisir , pour
celui de leurs amis , et surtout par l'espoir de contribuer
quelquefois aux amusements d'une Princesse
illustre qui nous honore de sa protection
et qui veut bien se contenter de nos foibles
efforts. Ainsi, Monsieur, nous n'avons besoin d'aucun
artifice , ni pour faire applaudir nos Acteurs ,
ni pour faire réussir nos nouveautés &c.
2
Cela est fort heureux , dit le Marquis , mais
la vanité guide tout Acteur qui paroit sur un
Theatre et encore plus un Auteur . Il faut même
que celui de votre Piece nouvelle en ait plus
qu'un autre pour mettre son Ouvrage dans les
mains d'Acteurs, qui ne sont pas consommez dans
l'Art , il faut qu'il le croye asses superieur pour
pouvoir être admiré malgré les défauts de la
réprésentation , où il faut qu'aiant été refusé
par les grands Comédiens , il n'ait plus que
cette triste ressource pour le faire paroître. Il
s'écrie.
Je gagerois , morbleu , cent contre un , que
cette Piece a été refusée des François et des
Italiens.
l'Acteur.
Vous perdriez certainement , elle n'a ja-
* Madame la Duchesse Du Maine.
mais
AVRIL. 173 t . 767
>
mais été luë dans aucun foyer : l'Auteur a craint
le jugement & c . Il s'est deffié de ses propres
forces, et a cru que ce qui pouvoit lui faire honneur
ici et parmi nous , n'auroit pas tout le més
rite nécessaire pour être exposé à un plus grand
jour.
Le Marquis rit de ce que l'on supose de la modestie
dans un Auteur et dit qu'il n'en est
point qui ne se croye égal aux plus grands Maitres
de l'Art ; qu'il en est même qui se croient
bien au dessus et qui sont assez heureux , à
force de le dire , pour le persuader à beaucoup
d'autres.L'Acteur répond que n'étant pas Auteur,
il ignore ce qui se passe dans leur ame : Il ajoute
qu'ils ont pressé leur ami de leur donner son
Ouvrage , afin de l'encourager par là à faire
quelque chose de meilleur , et qu'ils se sont flatés
que
leurs Spectateurs, entrant dans leurs vues,
voudroient bien par leurs aplaudissements don--
ner de l'émulation à un jeune Auteur qui commence.
›
Le Marquis replique que c'est être fort charitable
, et qu'ils sont bien bons d'engager un
nombre d'honnetes - gens à venir s'ennuier pour
donner de l'émulation à un Auteur. Il demande
si la Tragedie nouvelle est en Prose , ou en
Vers ?
l'Acteur.
Une Tragedie en Prose !
Le Marquis.
Il est vrai que le projet n'en a pas fait fortune
je l'avois toujours fort aprouvé à caufe de
sa singularité.
Gij Acteur
768 MERCURE DE FRANCE
l'Acteur.
Ceux qui ne se tirent d'affaire que par le
faste des Vers , n'y auroient pas trouvé leur
compte , et ce ne pourroit être la ressource
que dé quelque Auteur judicieux , sensé , plein
de sentimens capables de composer une Fable ingenieuse
, et de conduire une Piece , mais sans
Brillant , fans feu , sans saillies , et qui n'auroit
pas l'art de bien tourner un Vers .
Le Marquis.
Eh , dites moi , les Vers de votre Tragedie
sont- ils beaux ? y a - t'il de ces Vers ronflants
épithétiques , pompeux ; de ces Vers qui éblouissent
, ravissent , étourdissent ; y a - t'il de ces
traits neufs , hardis......
•
L'Acteur répond que tout est simple chez
eux et que dans la Piece il n'y a qu'un morseau
un peu trop épique que l'Auteur s'est obstiné
à vouloir laisser malgré l'avis de plusieurs
connoisseurs . Le Marquis dit que l'Auteur a fort
bien fait , et qu'il ne faut que deux ou trois mor
ceaux dans ce genre pour faire le succes , d'une
Tragedie : il conclut que le sujet en est tiré d'un
Roman. L'Acteur l'assure qu'il est pris de
l'Histoire , et qu'elle n'est presque pas alterée
dans cette Piece. Le Marquis en paroît fâché
et ajoute . Parlez moi d'un beau Roman mis en
Tragedie , cela fournit des situations , des traits
saillants , des images touchantes , des évenemens.
Beaucoup d'evenemens , morbleu ! beaucoup
d'evenemens entassez les uns sur les autres ,
qui se succedent sans être liés. Cela tient l'esprit
en haleine , on est toujours surpris par
quelque chose d'inesperé.
PActeur
AVRIL
769 1734.
l'Acteur.
Cinq Tragedies dans une ; n'est - ce pas
Le Marquis.
Vous croiez badiner ; mais rien ne marque
mieux l'imagination et la fecondité d'un Auteur .
Voilà qui est bien merveilleux , une seule action
dans Actes ! eh pour moi , je m'endors si je
n'en trouve pas une à chaque Acte , et quand
il y en auroit davantage , je ne m'en plaindrois
pas.
$ L'Acteur lui répond que c'est ce qu'il ne
trouvera pas dans la Piece nouvelle : qu'une
seule action très - simple , fait tout le fond de ce
Poëme. Le Marquis dit qu'il n'est pas curieux
de tant de simplicité ; qu'il veut quelque chose
qui pique , qui réveille , et aprenant le titre de
la Piece , il se recrie : quoi ? encore un Pyrrhus !
L'Acteur l'assure que quoique le nom de ce
Heros ne soit pas nouveau au Theatre , celui - ci
paroit pourtant sur la Scene pour la premiére
fois , etpeut- être pour la derniere, dit le Marquis,
Cela se pourroit , dit l'Acteur , car nous n'aimons
pas à jouer souvent la même chose . Le
Marquis demande qui est cette Teglis qu'il ne
connoit pas. L'Acteur lui répond que c'est à
peu pres * le nom d'une Princeese dont Pyrrhus
étoit épris. Le Marquis en conclut qu'il
y a beaucoup de tendre dans la Piece . et l'Acteur
lui avoue qu'il croit même qu'il y en a
un peu trop , que le Heros aime trop. passio-
* Le vrai nom de cette Maitresse de Pyrrhus étoit
Tigris. Ce nom n'étoit pas favorable pour la Poësie,
ni pour le titre d'une Piece , et il n'a fallu changer
que deux lettres pour en faire un beaucoup plus doux⚫
G' iij
nement
778 MERCURE DE FRANCE
nement et trop constamment , mais que comme
il l'a déja dit , l'Auteur est un jeune homme qui
a cru plaire au beau sexe , en mettant sur la
Scene un Prince qui sacrifie tout à son amour
hors sa vertu et son devoir.
Le Marquis.
>
>
C'est un Amant tendre , constant , fidelle
doucereux , tout cela ne sauroit plaire : ce n'est
plus là le gout du siècle : les Dames même que
vôtre Auteur a cru flater par là seront les premieres
à s'y ennuyer , adieu : j'en sçais assez
pour en pouvoir décider ; simplicité, constance ,
fidelité th ! fi , fi ... vive la confusion , la vivacité
et le changement . ( il sort )
L'Auteur est charmé d'être délivré de cet étourdi
et finit ainsi :Nous n'avons à parler que devant
des perfonnes sensées et raisonnables , qui voudront
bien voir avec bonté le coup d'essai qu'on va leur
offrir. Annoncer un coup d'essai , n'est-ce pas demander
de l'indulgence ? qui ne sçait que des plus
foibles commencements sont sortis quelquefois de
vrais chef-d'oeuvres.
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Résumé : Tragédie nouvelle, jouée à l'Arsenal, et Prologue, [titre d'après la table]
Le 7 avril 1724, la tragédie 'Pyrrhus et Teglis' a été représentée au Théâtre de l'Arsenal et a été acclamée par une nombreuse assemblée. La pièce, dont le sujet est tiré de Justin et d'Athénée, a été rejouée le 11 avril avec encore plus d'applaudissements. Elle sera reprise après Pâques, permettant alors de fournir un extrait. La représentation a été précédée d'un prologue entre un marquis ridicule et un acteur de la Comédie de l'Arsenal, qui a beaucoup plu au public. Le prologue commence avec le marquis occupant un fauteuil nécessaire pour la tragédie. Un acteur lui demande poliment de quitter sa place, arguant que le théâtre est trop petit pour que des spectateurs s'y installent. Le marquis répond qu'il vient au spectacle pour être vu et voir le beau monde, et qu'il n'y a pas de place plus commode que le théâtre. L'acteur lui suggère alors de se produire sur un plus grand théâtre devant une assemblée plus nombreuse. Le marquis mentionne avoir assisté à divers spectacles et être venu à l'Arsenal pour passer quelques moments en attendant l'heure d'aller voir les danseuses de l'Opéra Comique. Le marquis demande ensuite quelle est la pièce qui va être jouée. On lui répond qu'il s'agit d'une pièce nouvelle. Il s'indigne que l'auteur n'ait pas lu sa pièce lors de sa toilette et affirme que les auteurs, même les plus célèbres, viennent chercher sa protection. L'acteur lui explique que les auteurs, acteurs et musiciens agissent pour leur propre plaisir, celui de leurs amis et surtout pour contribuer aux amusements d'une princesse illustre qui les protège. Le marquis continue de critiquer la pièce, affirmant que l'auteur doit être vaniteux pour la présenter à des acteurs non consommés dans l'art. L'acteur répond que la pièce n'a jamais été lue dans aucun foyer et que l'auteur a craint le jugement du public. Le marquis rit de cette modestie supposée et affirme que tous les auteurs se croient égaux aux plus grands maîtres. L'acteur ignore les critiques et explique que les acteurs ont encouragé l'auteur à présenter son œuvre pour lui donner de l'émulation. Le marquis demande ensuite si la tragédie est en prose ou en vers. L'acteur répond qu'il s'agit d'une tragédie en vers, car ceux qui ne se tirent d'affaire que par le faste des vers n'y auraient pas trouvé leur compte. Le marquis insiste sur la beauté des vers et les traits saillants, mais l'acteur assure que tout est simple dans la pièce, à l'exception d'un morceau un peu trop épique. Le marquis conclut que le sujet est tiré d'un roman, mais l'acteur affirme qu'il est tiré de l'histoire et presque inchangé. Le marquis exprime son mécontentement face à cette simplicité et apprend le titre de la pièce, 'Pyrrhus et Teglis'. Il s'étonne que le nom de Pyrrhus ne soit pas nouveau au théâtre, mais l'acteur assure que ce Pyrrhus apparaît pour la première fois sur scène. Le marquis demande qui est Teglis, et l'acteur répond qu'il s'agit d'une princesse dont Pyrrhus était épris. Le marquis conclut qu'il y a beaucoup de tendresse dans la pièce, et l'acteur avoue qu'il y en a peut-être un peu trop, le héros aimant passionnément et constamment. Le marquis critique cette constance et fidélité, affirmant que ce n'est plus le goût du siècle. Il quitte la scène, et l'acteur conclut en espérant que le public verra avec bonté ce coup d'essai, rappelant que des chefs-d'œuvre peuvent naître de faibles commencements.
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970
p. 772-773
« Le premier de ce mois, le Prince d'Orange, acompagné du Prince de Galles, du Duc de [...] »
Début :
Le premier de ce mois, le Prince d'Orange, acompagné du Prince de Galles, du Duc de [...]
Mots clefs :
Covent Garden Theatre, Marie Sallé, Henry IV
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier de ce mois, le Prince d'Orange, acompagné du Prince de Galles, du Duc de [...] »
Le premier de ce mois , le Prince d'Orange ,
accomAVRIL
1714. 773
acompagné du Prince de Galles , du Duc de
Cumberland et des Princesses , alla au Théatre
du Commun Jardin , voir la Tragédie du Roy
H.nry IV. où il y eut une très - nombreuse Assemblée
, et toute la recette de cette Représentation
fut au profit de la Dlle Sallé.
accomAVRIL
1714. 773
acompagné du Prince de Galles , du Duc de
Cumberland et des Princesses , alla au Théatre
du Commun Jardin , voir la Tragédie du Roy
H.nry IV. où il y eut une très - nombreuse Assemblée
, et toute la recette de cette Représentation
fut au profit de la Dlle Sallé.
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971
p. 849-850
RÉPONSE à M. Servin, par Mlle de Malcrais de la Vigne, sur son Apothéose anticipée, qu'il a donnée dans le Mercure de Mars.
Début :
En lisant les apprets flateurs [...]
Mots clefs :
Apothéose, Vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à M. Servin, par Mlle de Malcrais de la Vigne, sur son Apothéose anticipée, qu'il a donnée dans le Mercure de Mars.
RE'PONSE à M. Servin , par Mlle de
Malcrais de la Vigne , sur son Apothéose
anticipée , qu'il a donnée dans le
Mercure de Mars.
EN lisant les apprets flateurs
De la future Apothéose ,
Dopt
850 MERCURE DE FRANCE
Dont tu veux m'assurer dans tes Vers enchanteurs
>
Je n'ai pu m'empêcher de sentir quelque chose
De ces doux mouvemens qui chatouillent les
coeurs.
Je tremble pourtant et je n'ose
M'y laisser trop aller ; je crains qu'un tel honneur
,
Contre une Muse encor naissante ,
Ne mette de mauvaise humeur
La Troupe jalouse et sçavante ,
Par qui sur l'Hélicon sont formez les Concerts
Dont les brillants accords charment tout l'U
nivers.
Poëte ingenieux je rends grace à ton zele i
Mais si je vole à l'immortalité ,
Ce ne peut être que sur Paîle
De tes Vers obligeans , dont la posterité ,
Loüera le tour et la beauté.
Malcrais de la Vigne , sur son Apothéose
anticipée , qu'il a donnée dans le
Mercure de Mars.
EN lisant les apprets flateurs
De la future Apothéose ,
Dopt
850 MERCURE DE FRANCE
Dont tu veux m'assurer dans tes Vers enchanteurs
>
Je n'ai pu m'empêcher de sentir quelque chose
De ces doux mouvemens qui chatouillent les
coeurs.
Je tremble pourtant et je n'ose
M'y laisser trop aller ; je crains qu'un tel honneur
,
Contre une Muse encor naissante ,
Ne mette de mauvaise humeur
La Troupe jalouse et sçavante ,
Par qui sur l'Hélicon sont formez les Concerts
Dont les brillants accords charment tout l'U
nivers.
Poëte ingenieux je rends grace à ton zele i
Mais si je vole à l'immortalité ,
Ce ne peut être que sur Paîle
De tes Vers obligeans , dont la posterité ,
Loüera le tour et la beauté.
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Résumé : RÉPONSE à M. Servin, par Mlle de Malcrais de la Vigne, sur son Apothéose anticipée, qu'il a donnée dans le Mercure de Mars.
Mlle de Malcrais de la Vigne remercie M. Servin pour ses éloges mais exprime des réserves sur son apothéose anticipée. Elle craint la jalousie des autres muses et poètes. Elle reconnaît le talent de M. Servin et espère que la postérité louera ses écrits.
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972
p. 870-871
RÉPONSE à l'Epitre de M. Néricaut Destouches, de l'Académie Françoise, insérée dans le Mercure du mois de Février dernier, page 219. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Début :
Le triomphant Auteur qu'adopta Melpomene, [...]
Mots clefs :
Coeur, Donner, Dieux, Usage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à l'Epitre de M. Néricaut Destouches, de l'Académie Françoise, insérée dans le Mercure du mois de Février dernier, page 219. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
REPONSE à l'Epitre de M. Néricant
Destouches , de l'Académie Françoise
, insérée dans le Mercure du mois de
Février dernier , page 219. Par Mlle de
Malcrais de la Vigne , du Croisic en
Bretagne.
LE
10
E triomphant Auteur qu'adopta Melpomene,
Qu'Erato siempressa d'alaiter au bérceau ,
Daigna me couronner du Laurier le plus beau.
Celui par qui Thalie aujourd'hui sur la Scene ,
Sçait de nos passions exposer le Tableau ,
Vient d'honorer mes Vers d'un suffrage nouveau .
Voltaire , Esprit divin , dont la Verve hardie
Dans ses poëtiques transports ,
De Sophocle et d'Homere , égale les efforts ,
Néricaut , facile génie ,
را
Du délicat Térence , adroit ImitateurgetAl
Partagez entre yous mon coeur. }
Ne vous offensez pas, beaux Seigneurs, du partage
D'uncoeur queje voudrois vous pouvoir à chacun
Donner
MAY. 871
?
1734.
Donner tout entier ; mais l'usage ,
Cet usage charmant prétend qu'on n'en ait qu'un
Tel est mon sort , et l'on dit même
Qu'un coeur double est trompeur et ne vaut ja
mais rien ,
Et qu'en vous jurant qu'il vous aime ,
Il sçait cacher aux yeux dans un tendre entretien,
Sous l'écorce d'un doux maintien ,
Une ame traitresse et sauvage.
Grands Dieux
avantage ,
préservez- moi d'un si triste
N'ayons qu'un coeur , mais qu'il soit bon ,
Qu'une candeur de lait , que la simple franchise
L'accompagne en tout tems et le caractérise
Dieux que revére l'Hélicon ,
Si de mon coeur que je divise ,
Vous n'êtes point contens , agréez l'humble don
D'une estime qui vous est duë.
Je la puis entre vous partager librement ,
Et dans toute son étenduë
Yous la donner également.
Destouches , de l'Académie Françoise
, insérée dans le Mercure du mois de
Février dernier , page 219. Par Mlle de
Malcrais de la Vigne , du Croisic en
Bretagne.
LE
10
E triomphant Auteur qu'adopta Melpomene,
Qu'Erato siempressa d'alaiter au bérceau ,
Daigna me couronner du Laurier le plus beau.
Celui par qui Thalie aujourd'hui sur la Scene ,
Sçait de nos passions exposer le Tableau ,
Vient d'honorer mes Vers d'un suffrage nouveau .
Voltaire , Esprit divin , dont la Verve hardie
Dans ses poëtiques transports ,
De Sophocle et d'Homere , égale les efforts ,
Néricaut , facile génie ,
را
Du délicat Térence , adroit ImitateurgetAl
Partagez entre yous mon coeur. }
Ne vous offensez pas, beaux Seigneurs, du partage
D'uncoeur queje voudrois vous pouvoir à chacun
Donner
MAY. 871
?
1734.
Donner tout entier ; mais l'usage ,
Cet usage charmant prétend qu'on n'en ait qu'un
Tel est mon sort , et l'on dit même
Qu'un coeur double est trompeur et ne vaut ja
mais rien ,
Et qu'en vous jurant qu'il vous aime ,
Il sçait cacher aux yeux dans un tendre entretien,
Sous l'écorce d'un doux maintien ,
Une ame traitresse et sauvage.
Grands Dieux
avantage ,
préservez- moi d'un si triste
N'ayons qu'un coeur , mais qu'il soit bon ,
Qu'une candeur de lait , que la simple franchise
L'accompagne en tout tems et le caractérise
Dieux que revére l'Hélicon ,
Si de mon coeur que je divise ,
Vous n'êtes point contens , agréez l'humble don
D'une estime qui vous est duë.
Je la puis entre vous partager librement ,
Et dans toute son étenduë
Yous la donner également.
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Résumé : RÉPONSE à l'Epitre de M. Néricaut Destouches, de l'Académie Françoise, insérée dans le Mercure du mois de Février dernier, page 219. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, répond à l'épître de M. Néricaut, publiée dans le Mercure de février précédent. Elle exprime sa gratitude envers Voltaire et Néricaut, les comparant à des figures littéraires célèbres comme Sophocle, Homère et Térence. Elle reconnaît l'honneur que Voltaire lui a fait en appréciant ses vers. L'auteure aborde ensuite la question du partage de son cœur, soulignant qu'il est impossible de le diviser sans tromperie. Elle prie les dieux de la préserver de cette situation et affirme qu'elle préfère avoir un cœur bon et franc. Elle conclut en offrant son estime, qu'elle peut partager équitablement entre eux.
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973
p. 914-918
« INSTRUCTION sur le Jubilé de l'Eglise Primatiale de S. Jean de Lyon, [...] »
Début :
INSTRUCTION sur le Jubilé de l'Eglise Primatiale de S. Jean de Lyon, [...]
Mots clefs :
Parlement, Jubilé de l'église primatiale de Saint-Jean de Lyon, Jardinier solitaire, Philosophie moderne, Traité de perspective, Vie des saints pères des déserts, Lettres édifiantes et curieuses, Traité de la communauté entre mari et femme, Vie des saints, Amours de Clitophon et de Leucippe, Plaidoyers de M. Erard, Histoire des conquêtes et découvertes des Portugais dans le nouveau monde, Phénix conjugal, Traité de chimie, Paysan parvenu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « INSTRUCTION sur le Jubilé de l'Eglise Primatiale de S. Jean de Lyon, [...] »
NSTRUCTION sur le Jubilé de l'E
Iglise Primatiale de S. Jean de Lyon ,
à l'occasion du concours de la Fête- Dieu
avec celle de la Nativité de S. Jean- Baptiste
, qui arrive le 24. de Juin de cette
année 1734. imprimée par ordre de
M. l'Archevêque. A Lyon , chez Pierre
Valfray , in 12. de 161. pages , et se trouve
à Paris , chez Antoine Chippier , Libraire
, rue du Foin.
LE
-M A Y. 1734.
915
LE JARDINIER SOLITAIRE , contenant
la Méthode de faire et cultiver un Jar-,
din Fruitier et Potager ; et plusieurs Experiences
nouvelles , avec des Refléxions
sur la culture des Arbres , cinquième
Edition , augmentée . Rue S. Jacques ,
chez le Mercier , fils , in 12. avec figu
res , 2. livres.
LA PHILOSOPHIE MODERNE , par Demandes
et par Réponses ; avec un Traité
de l'Art de persuader. Par M. de Lelevel
, Chez le même , 3. volumes in 12 .
4. livres ro. sols .
TRAITE DE PERSPECTIVE , où sont
contenus les fondemens de la Peinture ,
par le Pere Lamy , de l'Oratoire. Chez
le même , in 8. avec figures , 5. livres .
LES VIES DES SAINTS PERES DES DESERTS
, et de quelques Saintes , écrites
par des Peres de l'Eglise et autres anciens
Auteurs Ecclesiastiques , Grecs et
Latins. Traduites en François par M. Arnauld
d'Andilly. Nouv lle Edition . Chez
Louis Josse , rue S. Jacques , 1733. in 8 .
3. volumes .
LETTRES EDIFIANTES ET CURIEUSES ,
écrites
916 MERCURE DE FRANCE
&
écrites des Missions Etrangeres , par quel
ques Missionnaires de la Compagnie de
Jesus. XXIe Recueil , 1734. in 12. Chez
Nicolas le Clerc , rue de la vieille Bouclerie
, et chez le Mercier , ruë S. Jacques.
TRAITE' de la Communauté entre
Mary et Femme , avec un Traité des
Communautez ou Societez tacites ; par
Maître Denis le Brun , Avocat au Parlement
, Ouvrage posthume , donné d'abord
au Public par les soins de Louis
Hideux , Avocat au Parlement. Nouvelle
Edition , augmentée considerablement
de nouvelles Décisions et de Notes Critiques
, par Me .... et M .... Avocats
au Parlement. A Paris , chez Claude Robustel
, rue S. Jacques , 1733. in folio de
648. pages pour le Traité de la Communauté
entre Mary et Femme , et 58 .
pages pour le Traité des Communautez
ou Societez tacites .
LES VIES DES SAINTS pour tous les
jours de l'année , avec l'Histoire des Mysteres
de N. S. Nouvelle Edition , augmentée
à la fin de chaque Vie , de differentes
Pratiques et Prieres , tirées des
principales actions des Saints. Chez Lotin ;
rue S. Jacques , et Dessaint , ruë S. Jean
de Beauvais. 2. vol. in 4.
LES
MAY 1734 917
LES AMOURS de Clitophon et de Leucippe
, Traduction libre du Grec d'Achilles
Tatius, avec des Notes . Par le sieur
D.... D .... A Paris , rue de la Harpe ,
chez André- François le Breton , in 12.
J
PLAIDOYERS DE M. ERARD , Avocat
au Parlement , avec les Arrêts du Parlement
donnez en interpretation des Articles
282. et 283. de la Coûtume de
Paris , touchant les avantages indirects
faits par l'un des Conjoints à l'autre , et
un Extrait du Testament de la Dame
Marquise de Torcy , contenant un Legs
universel au profit de la Dame de la Tour,
Mere de son Mary , et les Factums de
M. Erard , pour les Heritiers de ladite
Dame de Torcy , qui ont obtenu cet
Arrêt. Seconde Edition . Chez Mesnier ,
ruë S. Severin et au Palais , au Soleil
d'or , 1734. in 8.
HISTOIRE des Conquêtes et Découverres
des Portuguais dans le nouveau Monde
, avec des figures en taille - douce . Par
le R. P. J. F. Lafitau , de la Compagnie
de Jesus. A Paris , chez Saugrain , Pere ,
Quay des Augustins , et J. B. Coignard .
fils , rue S. Jacques , 1733. Grande Edition
, in 4. 2. volumes ; petite, in 12
4. volumes.
18 MERCURE DE FRANCE
LE PHENIX CONJUGAL , Nouvelle
du Temps . A Paris , Quay des Augus→
tins , chez le Breton , fils , 1734. brochure
in 12. de 94. pages .
TRAITE DE CHIMIE , contenant l'a
maniere de préparer les Remedes qui
sont les plus en usage dans la pratique
de la Médecine. Par M. Malouin , Docteur-
Regent de la Faculté de Medecine
de Paris . Chez G. Cavelier , ruë S. Jacques
, an Lys d'or , 1734. in 12.
, LE PAYSAN PARVENU ou les Memoires
de M ... Par M. de Marivaux. Chez
Prault , pere , Quay de Gêvres , $ 734. in 12 .
Iglise Primatiale de S. Jean de Lyon ,
à l'occasion du concours de la Fête- Dieu
avec celle de la Nativité de S. Jean- Baptiste
, qui arrive le 24. de Juin de cette
année 1734. imprimée par ordre de
M. l'Archevêque. A Lyon , chez Pierre
Valfray , in 12. de 161. pages , et se trouve
à Paris , chez Antoine Chippier , Libraire
, rue du Foin.
LE
-M A Y. 1734.
915
LE JARDINIER SOLITAIRE , contenant
la Méthode de faire et cultiver un Jar-,
din Fruitier et Potager ; et plusieurs Experiences
nouvelles , avec des Refléxions
sur la culture des Arbres , cinquième
Edition , augmentée . Rue S. Jacques ,
chez le Mercier , fils , in 12. avec figu
res , 2. livres.
LA PHILOSOPHIE MODERNE , par Demandes
et par Réponses ; avec un Traité
de l'Art de persuader. Par M. de Lelevel
, Chez le même , 3. volumes in 12 .
4. livres ro. sols .
TRAITE DE PERSPECTIVE , où sont
contenus les fondemens de la Peinture ,
par le Pere Lamy , de l'Oratoire. Chez
le même , in 8. avec figures , 5. livres .
LES VIES DES SAINTS PERES DES DESERTS
, et de quelques Saintes , écrites
par des Peres de l'Eglise et autres anciens
Auteurs Ecclesiastiques , Grecs et
Latins. Traduites en François par M. Arnauld
d'Andilly. Nouv lle Edition . Chez
Louis Josse , rue S. Jacques , 1733. in 8 .
3. volumes .
LETTRES EDIFIANTES ET CURIEUSES ,
écrites
916 MERCURE DE FRANCE
&
écrites des Missions Etrangeres , par quel
ques Missionnaires de la Compagnie de
Jesus. XXIe Recueil , 1734. in 12. Chez
Nicolas le Clerc , rue de la vieille Bouclerie
, et chez le Mercier , ruë S. Jacques.
TRAITE' de la Communauté entre
Mary et Femme , avec un Traité des
Communautez ou Societez tacites ; par
Maître Denis le Brun , Avocat au Parlement
, Ouvrage posthume , donné d'abord
au Public par les soins de Louis
Hideux , Avocat au Parlement. Nouvelle
Edition , augmentée considerablement
de nouvelles Décisions et de Notes Critiques
, par Me .... et M .... Avocats
au Parlement. A Paris , chez Claude Robustel
, rue S. Jacques , 1733. in folio de
648. pages pour le Traité de la Communauté
entre Mary et Femme , et 58 .
pages pour le Traité des Communautez
ou Societez tacites .
LES VIES DES SAINTS pour tous les
jours de l'année , avec l'Histoire des Mysteres
de N. S. Nouvelle Edition , augmentée
à la fin de chaque Vie , de differentes
Pratiques et Prieres , tirées des
principales actions des Saints. Chez Lotin ;
rue S. Jacques , et Dessaint , ruë S. Jean
de Beauvais. 2. vol. in 4.
LES
MAY 1734 917
LES AMOURS de Clitophon et de Leucippe
, Traduction libre du Grec d'Achilles
Tatius, avec des Notes . Par le sieur
D.... D .... A Paris , rue de la Harpe ,
chez André- François le Breton , in 12.
J
PLAIDOYERS DE M. ERARD , Avocat
au Parlement , avec les Arrêts du Parlement
donnez en interpretation des Articles
282. et 283. de la Coûtume de
Paris , touchant les avantages indirects
faits par l'un des Conjoints à l'autre , et
un Extrait du Testament de la Dame
Marquise de Torcy , contenant un Legs
universel au profit de la Dame de la Tour,
Mere de son Mary , et les Factums de
M. Erard , pour les Heritiers de ladite
Dame de Torcy , qui ont obtenu cet
Arrêt. Seconde Edition . Chez Mesnier ,
ruë S. Severin et au Palais , au Soleil
d'or , 1734. in 8.
HISTOIRE des Conquêtes et Découverres
des Portuguais dans le nouveau Monde
, avec des figures en taille - douce . Par
le R. P. J. F. Lafitau , de la Compagnie
de Jesus. A Paris , chez Saugrain , Pere ,
Quay des Augustins , et J. B. Coignard .
fils , rue S. Jacques , 1733. Grande Edition
, in 4. 2. volumes ; petite, in 12
4. volumes.
18 MERCURE DE FRANCE
LE PHENIX CONJUGAL , Nouvelle
du Temps . A Paris , Quay des Augus→
tins , chez le Breton , fils , 1734. brochure
in 12. de 94. pages .
TRAITE DE CHIMIE , contenant l'a
maniere de préparer les Remedes qui
sont les plus en usage dans la pratique
de la Médecine. Par M. Malouin , Docteur-
Regent de la Faculté de Medecine
de Paris . Chez G. Cavelier , ruë S. Jacques
, an Lys d'or , 1734. in 12.
, LE PAYSAN PARVENU ou les Memoires
de M ... Par M. de Marivaux. Chez
Prault , pere , Quay de Gêvres , $ 734. in 12 .
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Résumé : « INSTRUCTION sur le Jubilé de l'Eglise Primatiale de S. Jean de Lyon, [...] »
Le document présente une liste d'ouvrages publiés en 1733 et 1734. Parmi les publications notables, figure une instruction sur le Jubilé de l'Église Primatiale de Saint-Jean de Lyon, à l'occasion de la Fête-Dieu et de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste, imprimée par ordre de l'archevêque. Plusieurs autres ouvrages sont mentionnés, couvrant divers domaines. 'Le Jardinier Solitaire' est une méthode de jardinage fruitier et potager. 'La Philosophie Moderne' est un traité de l'art de persuader, écrit par M. de Lelevel. Le document liste également des traités sur la perspective, des vies des saints, des lettres édifiantes des missions étrangères, et des plaidoyers juridiques. Des œuvres littéraires comme 'Les Amours de Clitophon et de Leucippe' et 'Le Paysan Parvenu' sont également mentionnées. Les publications couvrent des domaines variés tels que l'agriculture, la philosophie, la religion, le droit, et la littérature.
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974
p. 928-931
« LA PHISIQUE SACRÉE, ou Histoire naturelle de la Bible, traduite de M. Jean-Jacques [...] »
Début :
LA PHISIQUE SACRÉE, ou Histoire naturelle de la Bible, traduite de M. Jean-Jacques [...]
Mots clefs :
Docteur en médecine, Cheval, Physique sacrée, Histoire des rois de Pologne, Vérités capitales de la religion, Fragments des poésies de Sappho, Art de monter à cheval, Nouvelles découvertes en médecine, Histoire critique de Manichée et du Manichéisme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LA PHISIQUE SACRÉE, ou Histoire naturelle de la Bible, traduite de M. Jean-Jacques [...] »
LA PHISIQUE SACRE'E , ou Histoire na
nurelle de la Bible , traduite de M. Jean-
Jacques Scheuchzer , Docteur en Medecine
, Professeur en Mathematiques à Zurich
, et Membre de la Societé Royale
d'Angleterre , et des Académies de Vien
ne et de Berlin , enrichie de plus de 700 .
figures en tailles- douces , par les soins de
Jean André Pfeffel Graveur de Sa Majesté
Imperiale, divisée en huit volumes.
A Amsterdam , chez Mortier , & c . et se
vend àParis , Quay des Augustins , chez
Rollin Fils.
-
HISTOIRE DES ROIS DE POLOGNE , et du
Gouvernement de ce Royaume , où l'on
trouve
M A Y. 929 1734.
trouve un détail très circonstancié de tout ,
ce qui s'est passé de plus remarquable
sous le regne de Frederic Auguste, et pendant
les deux derniers Interregnes , par
M *** A Amfterdam , chez François
PHonoré 1733. in 12. 4. vol . et se trouve
à Paris , chez Giffey , ruë de la Vieille
Bouclerie , et Ofmont ruë S. Jacques.
LES VERITES CAPITALES DE LA RELIGION ,
établies par la raison et pat l'Ecriture
Sainte , avec un abregé des Loix Morales
en forme de Catechisme ; Par Jacques
- Plantier , 1733. in 8. A Geneve , & c. et
se vend à Paris , chez Chaubert .
FRAGMENS des Poësies de Sapho ;
et les éloges qu'en ont fait les Auteurs
anciens Grecs et Latins , avec les notes
de divers Sçavans . Edition nouvelle , par
M. Jean Christien Volff, Professeur au
College de Hambourg , augmentée par
l'Editeur de la vie de Sappho et de trois
tables. A Hambourg , sous l'indication
de Londres , chez Abraham Vandenhoek ,
1733. in 4. 253. pages , sans la Preface
la vie de Sapho et les tables. Cet Ou
vrage eft en Latin,
L'ART DE MONTER A CHEVAL , ON Des-
E cription
930 MERCURE DE FRANCE
cription du Manége moderne dans sa perfection
, expliqué par les leçons necessaires
, et representé par des figures exactes
depuis l'assiete de l'homme à cheval jusqu'à
l'arrêt , accompagné aussi de divers
mords pour bien brider les chevaux ;
écrit et dessiné par le Baron d'Eisemberg
et gravé par B. Picard: A la Haye , chez
Pierre Gosse,et J. Neaulme 1733 , in fol.56 .
pages , avec pareil nombre de Planches .
NOUVELLES DECOUVERTES EN MEDECINE,
ou ancienne Medecine developpée , par
M.de Marconnay, Docteur en Medecine;
nouvelle édition , avec une methode pour
guerir les malades par les voyes de la
transpiration et de l'évacuation. A la
Haye , chez Pierre Gosse , & J: Neaulme Į
1734. in 12, environ 300. pages,
HISTOIRE CRITIQUE de Manichée et du
Manicheisme , par M. de Beaufobre ., 1 ,
vol . in 4. A Amsterdam , chez J. Frederia
Bernard M. DCC. XXXIV. pp. 594. sans
la Préface et la Table, Ce livre se trouve
chez Montalan , Libraire , Quay des Augustins
, avec quelques autres livres nou¬
veaux dont voici les titres.
J. LAUNOII Opera omnia X. vol. fol.
Geneva 1733.
H;
MAY. 1734. 931
H. NORISII Cardinalis opera IV. vol.
fol. Verone 1732.
*
CEREMONIES Religieuses des Peuples
Idolâtres de Picart XLV. vol . fol. à
Amsterdam , 1733 .
›
REMARQUES de Tindal sur l'Histoire
d'Angleterre de Rapin Toyras , II . vol.
in 4. La Haye , 1733 .
nurelle de la Bible , traduite de M. Jean-
Jacques Scheuchzer , Docteur en Medecine
, Professeur en Mathematiques à Zurich
, et Membre de la Societé Royale
d'Angleterre , et des Académies de Vien
ne et de Berlin , enrichie de plus de 700 .
figures en tailles- douces , par les soins de
Jean André Pfeffel Graveur de Sa Majesté
Imperiale, divisée en huit volumes.
A Amsterdam , chez Mortier , & c . et se
vend àParis , Quay des Augustins , chez
Rollin Fils.
-
HISTOIRE DES ROIS DE POLOGNE , et du
Gouvernement de ce Royaume , où l'on
trouve
M A Y. 929 1734.
trouve un détail très circonstancié de tout ,
ce qui s'est passé de plus remarquable
sous le regne de Frederic Auguste, et pendant
les deux derniers Interregnes , par
M *** A Amfterdam , chez François
PHonoré 1733. in 12. 4. vol . et se trouve
à Paris , chez Giffey , ruë de la Vieille
Bouclerie , et Ofmont ruë S. Jacques.
LES VERITES CAPITALES DE LA RELIGION ,
établies par la raison et pat l'Ecriture
Sainte , avec un abregé des Loix Morales
en forme de Catechisme ; Par Jacques
- Plantier , 1733. in 8. A Geneve , & c. et
se vend à Paris , chez Chaubert .
FRAGMENS des Poësies de Sapho ;
et les éloges qu'en ont fait les Auteurs
anciens Grecs et Latins , avec les notes
de divers Sçavans . Edition nouvelle , par
M. Jean Christien Volff, Professeur au
College de Hambourg , augmentée par
l'Editeur de la vie de Sappho et de trois
tables. A Hambourg , sous l'indication
de Londres , chez Abraham Vandenhoek ,
1733. in 4. 253. pages , sans la Preface
la vie de Sapho et les tables. Cet Ou
vrage eft en Latin,
L'ART DE MONTER A CHEVAL , ON Des-
E cription
930 MERCURE DE FRANCE
cription du Manége moderne dans sa perfection
, expliqué par les leçons necessaires
, et representé par des figures exactes
depuis l'assiete de l'homme à cheval jusqu'à
l'arrêt , accompagné aussi de divers
mords pour bien brider les chevaux ;
écrit et dessiné par le Baron d'Eisemberg
et gravé par B. Picard: A la Haye , chez
Pierre Gosse,et J. Neaulme 1733 , in fol.56 .
pages , avec pareil nombre de Planches .
NOUVELLES DECOUVERTES EN MEDECINE,
ou ancienne Medecine developpée , par
M.de Marconnay, Docteur en Medecine;
nouvelle édition , avec une methode pour
guerir les malades par les voyes de la
transpiration et de l'évacuation. A la
Haye , chez Pierre Gosse , & J: Neaulme Į
1734. in 12, environ 300. pages,
HISTOIRE CRITIQUE de Manichée et du
Manicheisme , par M. de Beaufobre ., 1 ,
vol . in 4. A Amsterdam , chez J. Frederia
Bernard M. DCC. XXXIV. pp. 594. sans
la Préface et la Table, Ce livre se trouve
chez Montalan , Libraire , Quay des Augustins
, avec quelques autres livres nou¬
veaux dont voici les titres.
J. LAUNOII Opera omnia X. vol. fol.
Geneva 1733.
H;
MAY. 1734. 931
H. NORISII Cardinalis opera IV. vol.
fol. Verone 1732.
*
CEREMONIES Religieuses des Peuples
Idolâtres de Picart XLV. vol . fol. à
Amsterdam , 1733 .
›
REMARQUES de Tindal sur l'Histoire
d'Angleterre de Rapin Toyras , II . vol.
in 4. La Haye , 1733 .
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Résumé : « LA PHISIQUE SACRÉE, ou Histoire naturelle de la Bible, traduite de M. Jean-Jacques [...] »
Le document recense diverses publications parues entre 1733 et 1734. Parmi elles, 'La Physique Sacrée' est une traduction de Jean-Jacques Scheuchzer, enrichie de plus de 700 figures et divisée en huit volumes. 'Histoire des Rois de Pologne' relate les événements marquants sous le règne de Frédéric Auguste et les deux derniers interrègnes. 'Les Vérités Capitales de la Religion' de Jacques Plantier établit les vérités religieuses par la raison et l'Écriture Sainte. 'Fragments des Poésies de Sapho' est une édition augmentée par Jean Christien Volff, incluant des éloges d'auteurs anciens et des notes de savants. 'L'Art de Monter à Cheval' du Baron d'Eisemberg explique les techniques d'équitation avec des illustrations. 'Nouvelles Découvertes en Médecine' de M. de Marconnay propose une méthode pour soigner les malades par la transpiration et l'évacuation. 'Histoire Critique de Maniché' de M. de Beaufobre explore le manichéisme. D'autres ouvrages mentionnés incluent les œuvres de J. Launoii, H. Norisii Cardinalis, les 'Cérémonies Religieuses des Peuples Idolâtres' de Picart, et les 'Remarques de Tindal' sur l'histoire d'Angleterre de Rapin Thoyras. Ces publications sont disponibles chez divers libraires à Amsterdam, Paris, La Haye, Genève et Hambourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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975
p. 932-933
« La treiziéme et la quatorziéme Partie de Cent Nouvelles Nouvelles de Madame de Gomez paroissent [...] »
Début :
La treiziéme et la quatorziéme Partie de Cent Nouvelles Nouvelles de Madame de Gomez paroissent [...]
Mots clefs :
Traduction, Cent nouvelles nouvelles, Histoire universelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La treiziéme et la quatorziéme Partie de Cent Nouvelles Nouvelles de Madame de Gomez paroissent [...] »
La treiziéme et la quatorziéme Partie de Cent
Nouvelles Nouvelles de Madame de Gomez paroissent
chez Mauduit, Quay des Auguftins.
La quinziéme paroîtra au commencement du
mois prochain.
L'on distribue à Paris chez les principaux Libraires
des Souscriptions pour la Traduction.
Faançois
MA Y. 1734; 933
Françoise de l'Histoire Universelle de M. de Thou,
qui se publiera incessamment à Londres , en seize
volumes in 4. les Exemplaires seront livrés au
mois de Juillet prochain , francs de port. Quoique
l'on connoisse le merite de cet Ouvrage qui
n'a jamais paru entier en François , il ne sera
pas inutile de dire que cette nouvelle Traduction
contiendra toutes les singularités , les illustrations
et les preuves qui rendent si recommandable l'Edition
latine, qui vient aussi d'être publiée à Londres
.
Nouvelles Nouvelles de Madame de Gomez paroissent
chez Mauduit, Quay des Auguftins.
La quinziéme paroîtra au commencement du
mois prochain.
L'on distribue à Paris chez les principaux Libraires
des Souscriptions pour la Traduction.
Faançois
MA Y. 1734; 933
Françoise de l'Histoire Universelle de M. de Thou,
qui se publiera incessamment à Londres , en seize
volumes in 4. les Exemplaires seront livrés au
mois de Juillet prochain , francs de port. Quoique
l'on connoisse le merite de cet Ouvrage qui
n'a jamais paru entier en François , il ne sera
pas inutile de dire que cette nouvelle Traduction
contiendra toutes les singularités , les illustrations
et les preuves qui rendent si recommandable l'Edition
latine, qui vient aussi d'être publiée à Londres
.
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Résumé : « La treiziéme et la quatorziéme Partie de Cent Nouvelles Nouvelles de Madame de Gomez paroissent [...] »
Les treizième et quatorzième parties des 'Nouvelles Nouvelles de Madame de Gomez' paraîtront chez Mauduit. La quinzième partie est prévue pour le mois suivant. À Paris, des souscriptions pour la traduction de l'œuvre sont disponibles chez les principaux libraires. Une traduction de l''Histoire Universelle' de Jacques Auguste de Thou, en seize volumes, sera publiée à Londres en juillet. Cette traduction inclut les particularités et illustrations de l'édition latine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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976
p. 933-934
Lettres de la Marquise de Sévigné, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le Recueil des Lettres de Mad. la Marquise de Sevigné à Mad. la Comtesse de Grignant sa Fille, [...]
Mots clefs :
Recueil, Marquise de Sévigné, Ordre, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettres de la Marquise de Sévigné, &c. [titre d'après la table]
Le Recueil des Lettres de Mad. la Marquise de
Sevigné à Mad . la Comtesse de Grignant sa Fille,
avec son Portrait en taille - douce, se vend actuellement
chez Simart Libraire , rae S. Jacques , au
Dauphin , 4. vol . in 12. 1734.
:
L'impression de ces Lettres a été faite avec beaucoup
de soin ; l'ordre des dattes y est exactement
observé, en sorte que lesfaits se répondent les uns
aux autres. Dans la Préface on a montré par
des preuves incontestables le peu de cas qu'on
doit faire de la miserable compilation publiée
sous ce titre Lettres de Mad. Rabutin- Chantal,
Marquise de Sevigné , &c. quoiqu'elle ait été
réimprimée en bien des endroits , on s'est contenté
d'indiquer les Editions faites à Rouen et à
la Haye en 1726. parce que celles qui ont paru
ensuite ne sont que de mauvaises copies de ces
deux là. Afin
que le public ne coure plus risque
d'être trompé , nous croyons devoir l'avertir
que l'Edition publiée en 1733. sans nom de
Ville ni d'Imprimeur , 3. vol . in 12. est encore
plus defectueuse que les autres , et qu'on y a encore
plus brouillé l'ordre des Lettres si necessaire
pour l'intelligence des faits . Cet avis n'est
E iij pas
-
934 MERCURE DE FRANCE
pas inutile , puisque cette monstrueuse Edition
a été vendue comme étant le recueil que nous
annonçons dans cet article.
Sevigné à Mad . la Comtesse de Grignant sa Fille,
avec son Portrait en taille - douce, se vend actuellement
chez Simart Libraire , rae S. Jacques , au
Dauphin , 4. vol . in 12. 1734.
:
L'impression de ces Lettres a été faite avec beaucoup
de soin ; l'ordre des dattes y est exactement
observé, en sorte que lesfaits se répondent les uns
aux autres. Dans la Préface on a montré par
des preuves incontestables le peu de cas qu'on
doit faire de la miserable compilation publiée
sous ce titre Lettres de Mad. Rabutin- Chantal,
Marquise de Sevigné , &c. quoiqu'elle ait été
réimprimée en bien des endroits , on s'est contenté
d'indiquer les Editions faites à Rouen et à
la Haye en 1726. parce que celles qui ont paru
ensuite ne sont que de mauvaises copies de ces
deux là. Afin
que le public ne coure plus risque
d'être trompé , nous croyons devoir l'avertir
que l'Edition publiée en 1733. sans nom de
Ville ni d'Imprimeur , 3. vol . in 12. est encore
plus defectueuse que les autres , et qu'on y a encore
plus brouillé l'ordre des Lettres si necessaire
pour l'intelligence des faits . Cet avis n'est
E iij pas
-
934 MERCURE DE FRANCE
pas inutile , puisque cette monstrueuse Edition
a été vendue comme étant le recueil que nous
annonçons dans cet article.
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Résumé : Lettres de la Marquise de Sévigné, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente le 'Recueil des Lettres de Mad. la Marquise de Sévigné à Mad. la Comtesse de Grignan sa Fille', édité par Simart Libraire, rue Saint-Jacques, au Dauphin. Cette édition, publiée en 1734, est imprimée avec soin et respecte l'ordre chronologique des lettres, facilitant ainsi la compréhension des faits décrits. La préface critique une compilation précédente intitulée 'Lettres de Mad. Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné', réimprimée à Rouen et à La Haye en 1726, et dénonce les éditions ultérieures comme étant des copies de mauvaise qualité. Le texte met en garde contre une édition publiée en 1733 sans nom de ville ni d'imprimeur, jugée encore plus défectueuse et désordonnée. Cet avertissement est nécessaire car cette édition a été vendue à tort comme étant le recueil annoncé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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977
p. 934-936
Assemblées publiques des Académies des Sciences et Belles-Lettres, [titre d'après la table]
Début :
Le Mercredi 5. Mai l'Académie Royale des Sciences tint son Assemblée publique, à laquelle [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Assemblée, Séance, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Assemblées publiques des Académies des Sciences et Belles-Lettres, [titre d'après la table]
Le Mercredi 5. Mai l'Académie Royale des
Sciences tint son Assemblée publique , à laquelle
IAbbé Bignon présida.
M. de Fontenelle ouvrit la séance par la lecture
du Jugement de l'Académie , sur les Piéces
envoyées pour le Prix double de cette année qui
étoit de sooo. livres , à cause qu'il ne fut point
donné en 1732. Il déclara que ce Prix avoit été
accordé par égale portion à deux Piéces dont les
Auteurs sont M. Jean Bernoulli , Professeur de
Mathematiques à Bafle , et M. Nicolas Bernoulli
son Fils ,qui vient de quitter la place de Professeur
de Mathematiques de Petersbourg.
Ensuite M. d'Onz- en- Brai- lut la Description
et les usages d'une Machine qui marque continuellement
sur un papier ; non - seulement les
vents qu'il a fait , et à quelle heure chacun a
commencé et fini , mais aussi leurs differentes.
vitesses, ou forces relatives .
M. de Reaumur lut après cela un Memoire sur
les congellations.
M. Morand lut une Dissertation sur les pores
de toutes les parties interieures du corps humain ..
M. Duhamel finit la séance par la lecture d'un
Memoire qui contient les differentes tentatives
qu'il a faites , et un de ses Amis , aussi - bien que
M. Grosse , chacun separément , pour découvrir
une liqueur que les Chimistes appellent liqueur
Etherée ; il finit ce Memoire en rapportant plusieurs
manieres sûres dont M. Grosse se sert
pour trouver cette liqueur.
On donnera des Extraits de tous ces Memoires.
L&
MAY 1734.
935
Le Vendredi 7. Mai l'Académie Royale des
Inscriptions et des BellesLettres,tint aussi une Assemblée
publique ; M. le Cardinal de Polignac y
présida. M. de Boze, Secretaire perpetuel , décla
ra d'abord que la Piéce composée par l'Abbé le
Boeuf, sur le Sujet proposé par l'Académie dans
l'Assemblée du 14. d'Avril 1733. avoit remporté
le Prix . Cet Abbé present à l'Assemblée s'avança
et eut l'honneur de recevoir des mains de S. É .
une très - belle Medaille d'or , de la valeur de 400.
livres . La Tête du Roi couronnée de Laurier ,
avec la Legende ordinaire : LUDOVICUS REX
CHRISTIANISSIMUS , paroît d'un côté sur cette
Medaille , et sur le Revers on lit cette Inscription
dans une Couronne de Laurier : PRÆMIUM
IN REGIA INSCRIPTIONUM ET HUMANIORUM
LITTERARUM ACADEMIA CONSTITUTUM. ANNO
M. DCC. XXXIII.
>
M. l'Abbé le Boeuf qui a remporté ce Prix
étoit déja connu des Gens de Lettres par plusieurs
Ecrits sur les Antiquités , la Géographie , et
P'Histoire de France , et par la grande connoissance
qu'il a des anciens Monumens.
M. de Boze ouvrit la séance par un très-bel
éloge de feu M. de Gondrin Dantin , Evêque et
Duc de Langres , Académicien honoraire .
M. l'Abbé Banier lut ensuite une Dissertation
sur l'étude de fa Mythologie.
M. l'Abbé Sallier lut un Discours Historique
et Critique sur les Poësies de Charles Duc d'Orleans
, sous le Regne du Roi Charles VII . dont
le Recueil est manuscrit dans la Bibliotheque de
S. M.
M. Fourmont l'aîné parla ensuite sur les Annales
Chinoises , de leur ancienneté , de leur autenticité,
et de leur conservation.
E iiij M.
936
MERCURE DE FRANCE
M. l'Abbé Souchay termina la séance par la
lecture qu'il fit de ses recherches Historiques sur
Mecenas.
Un peu avant l'ouverture on avoit distribué
le Programe suivant.
Sciences tint son Assemblée publique , à laquelle
IAbbé Bignon présida.
M. de Fontenelle ouvrit la séance par la lecture
du Jugement de l'Académie , sur les Piéces
envoyées pour le Prix double de cette année qui
étoit de sooo. livres , à cause qu'il ne fut point
donné en 1732. Il déclara que ce Prix avoit été
accordé par égale portion à deux Piéces dont les
Auteurs sont M. Jean Bernoulli , Professeur de
Mathematiques à Bafle , et M. Nicolas Bernoulli
son Fils ,qui vient de quitter la place de Professeur
de Mathematiques de Petersbourg.
Ensuite M. d'Onz- en- Brai- lut la Description
et les usages d'une Machine qui marque continuellement
sur un papier ; non - seulement les
vents qu'il a fait , et à quelle heure chacun a
commencé et fini , mais aussi leurs differentes.
vitesses, ou forces relatives .
M. de Reaumur lut après cela un Memoire sur
les congellations.
M. Morand lut une Dissertation sur les pores
de toutes les parties interieures du corps humain ..
M. Duhamel finit la séance par la lecture d'un
Memoire qui contient les differentes tentatives
qu'il a faites , et un de ses Amis , aussi - bien que
M. Grosse , chacun separément , pour découvrir
une liqueur que les Chimistes appellent liqueur
Etherée ; il finit ce Memoire en rapportant plusieurs
manieres sûres dont M. Grosse se sert
pour trouver cette liqueur.
On donnera des Extraits de tous ces Memoires.
L&
MAY 1734.
935
Le Vendredi 7. Mai l'Académie Royale des
Inscriptions et des BellesLettres,tint aussi une Assemblée
publique ; M. le Cardinal de Polignac y
présida. M. de Boze, Secretaire perpetuel , décla
ra d'abord que la Piéce composée par l'Abbé le
Boeuf, sur le Sujet proposé par l'Académie dans
l'Assemblée du 14. d'Avril 1733. avoit remporté
le Prix . Cet Abbé present à l'Assemblée s'avança
et eut l'honneur de recevoir des mains de S. É .
une très - belle Medaille d'or , de la valeur de 400.
livres . La Tête du Roi couronnée de Laurier ,
avec la Legende ordinaire : LUDOVICUS REX
CHRISTIANISSIMUS , paroît d'un côté sur cette
Medaille , et sur le Revers on lit cette Inscription
dans une Couronne de Laurier : PRÆMIUM
IN REGIA INSCRIPTIONUM ET HUMANIORUM
LITTERARUM ACADEMIA CONSTITUTUM. ANNO
M. DCC. XXXIII.
>
M. l'Abbé le Boeuf qui a remporté ce Prix
étoit déja connu des Gens de Lettres par plusieurs
Ecrits sur les Antiquités , la Géographie , et
P'Histoire de France , et par la grande connoissance
qu'il a des anciens Monumens.
M. de Boze ouvrit la séance par un très-bel
éloge de feu M. de Gondrin Dantin , Evêque et
Duc de Langres , Académicien honoraire .
M. l'Abbé Banier lut ensuite une Dissertation
sur l'étude de fa Mythologie.
M. l'Abbé Sallier lut un Discours Historique
et Critique sur les Poësies de Charles Duc d'Orleans
, sous le Regne du Roi Charles VII . dont
le Recueil est manuscrit dans la Bibliotheque de
S. M.
M. Fourmont l'aîné parla ensuite sur les Annales
Chinoises , de leur ancienneté , de leur autenticité,
et de leur conservation.
E iiij M.
936
MERCURE DE FRANCE
M. l'Abbé Souchay termina la séance par la
lecture qu'il fit de ses recherches Historiques sur
Mecenas.
Un peu avant l'ouverture on avoit distribué
le Programe suivant.
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Résumé : Assemblées publiques des Académies des Sciences et Belles-Lettres, [titre d'après la table]
Le 5 mai 1734, l'Académie Royale des Sciences tint une assemblée publique présidée par l'Abbé Bignon. M. de Fontenelle annonça l'attribution du prix double de 5000 livres à deux œuvres : celle de M. Jean Bernoulli, professeur de mathématiques à Bâle, et celle de son fils M. Nicolas Bernoulli, ancien professeur à Petersbourg. M. d'Onz-en-Brai décrivit une machine enregistrant les vents, leurs vitesses et durées. M. de Reaumur présenta un mémoire sur les congélations, M. Morand discuta des pores des parties internes du corps humain, et M. Duhamel rapporta des tentatives pour découvrir la liqueur éthérée, avec l'aide de M. Grosse. Le 7 mai 1734, l'Académie Royale des Inscriptions et des Belles-Lettres organisa également une assemblée publique, présidée par le Cardinal de Polignac. M. de Boze annonça que l'Abbé le Boeuf avait remporté le prix pour une pièce sur un sujet proposé en avril 1733, recevant une médaille d'or de 400 livres. L'Abbé le Boeuf était reconnu pour ses écrits sur les antiquités, la géographie et l'histoire de France. M. de Boze rendit hommage à M. de Gondrin Dantin, évêque de Langres. L'Abbé Banier parla de la mythologie, l'Abbé Sallier des poésies de Charles d'Orléans, M. Fourmont des annales chinoises, et l'Abbé Souchay des recherches historiques sur Mécène.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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978
p. 946-948
Discours, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le Lundy 3 de ce mois, les Comédiens François firent l'ouverture de / Ne craignez pas, Messieurs, que j'abuse aujourd'hui de l'extrême bonté que vous [...]
Mots clefs :
Public, Auteur, Comédiens-Français, Ouverture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours, &c. [titre d'après la table]
Ldiens François firent l'ouverture de
leur Theatre , après trois semaines de vacances,
par la Representation d'une Tragédie
nouvelle sous le titre de Marie
Stuard , qui fut fort bien reçûë du public.
Nous en parlerons plus au long.
E Lundy, 3 de ce mois , les Comé-
Avant qu'on commençat la Piéce , le
Sr
MAY. 1734. 947
Sr d'Angeville fit ce compliment au Public
, et il fut fort aplaudi .
,
Ne craignez pas , Messieurs , que j'abuse
aujourd'hui de l'extrême bonté que vous
m'avés témoignée àla clôture de notreTheatre.
Je ne m'ingererai point de vous faire des
dissertations sur les Piéces nouvelles que nous
vous préparons ; je vous dirai simplement
que malgré la juste envie que nous avons de
varier vos amusemens Thalie n'a pas été
aussifavorable à nos voeux que Melpomene.
Je vous annonce , Messieurs , un Poëte Tragique
qui ne cherche d'autre prix de ses travaux
que l'honneur de vos suffrages et qui
nous cache son nom en nous faisant un don
que nous avons trouvé digne d'être partagé
avec vous. Cet Auteur instruit du poids
et de la justesse de vos décisions , ne peut
manquer d'obtenir votre estime ; nous esperons
, Messieurs , que vous accorderez des
louanges sinceres à son Ouvrage , mais vous
ne pouvez vous dispenser d'en donner déja
à sa modestie ; elle fait l'éloge de votre discernement.
Le craindre , c'est en connoître l'étendue
la mesure de la défiance d'un Auteur
est souvent celle de son mérite et toujours
celle du respect qu'il a pour vos jugemens .
Je ne vous répeterai point ici , Messieurs,
L'Auteur de Marie Stuart,
€6
948 MERCURE DE FRANCE
{
1
ce que l'on vous a dit centfois de la finesse
de votregout et de la terreur judicieuse qu'il
inspire aux talens qui lui sont soumis . Fe
scais que nous ne pouvons offrir trop d'encens
à votre équité ; que nous ne pouvons trop célébrer
vos lumieres , mais aussi je réfléchis
avec douleur que nous ne pouvons jamais
complimenterle Public que sur de bonnes qualitez
ou parfaites connoissances qui causent
quelquefois notre ruine. Permettez moi , Messieurs
, de vous rappeller uniquement les
pressantes sollicitations que j'ai pris la liberté
de vous faire pour moi même ; la critique a
condamné ma démarche et vous l'avez iustifiée
; ainsi j'ose implorer une seconde juis votre
indulgence, une pareille récidive est excusable-
Le Magistrat le plus severe pardonne
les redites à un malheureux Plaideur; et jamais
on n'a condamné un Client pour avoir
présenté trop de Placets à son Juge.
leur Theatre , après trois semaines de vacances,
par la Representation d'une Tragédie
nouvelle sous le titre de Marie
Stuard , qui fut fort bien reçûë du public.
Nous en parlerons plus au long.
E Lundy, 3 de ce mois , les Comé-
Avant qu'on commençat la Piéce , le
Sr
MAY. 1734. 947
Sr d'Angeville fit ce compliment au Public
, et il fut fort aplaudi .
,
Ne craignez pas , Messieurs , que j'abuse
aujourd'hui de l'extrême bonté que vous
m'avés témoignée àla clôture de notreTheatre.
Je ne m'ingererai point de vous faire des
dissertations sur les Piéces nouvelles que nous
vous préparons ; je vous dirai simplement
que malgré la juste envie que nous avons de
varier vos amusemens Thalie n'a pas été
aussifavorable à nos voeux que Melpomene.
Je vous annonce , Messieurs , un Poëte Tragique
qui ne cherche d'autre prix de ses travaux
que l'honneur de vos suffrages et qui
nous cache son nom en nous faisant un don
que nous avons trouvé digne d'être partagé
avec vous. Cet Auteur instruit du poids
et de la justesse de vos décisions , ne peut
manquer d'obtenir votre estime ; nous esperons
, Messieurs , que vous accorderez des
louanges sinceres à son Ouvrage , mais vous
ne pouvez vous dispenser d'en donner déja
à sa modestie ; elle fait l'éloge de votre discernement.
Le craindre , c'est en connoître l'étendue
la mesure de la défiance d'un Auteur
est souvent celle de son mérite et toujours
celle du respect qu'il a pour vos jugemens .
Je ne vous répeterai point ici , Messieurs,
L'Auteur de Marie Stuart,
€6
948 MERCURE DE FRANCE
{
1
ce que l'on vous a dit centfois de la finesse
de votregout et de la terreur judicieuse qu'il
inspire aux talens qui lui sont soumis . Fe
scais que nous ne pouvons offrir trop d'encens
à votre équité ; que nous ne pouvons trop célébrer
vos lumieres , mais aussi je réfléchis
avec douleur que nous ne pouvons jamais
complimenterle Public que sur de bonnes qualitez
ou parfaites connoissances qui causent
quelquefois notre ruine. Permettez moi , Messieurs
, de vous rappeller uniquement les
pressantes sollicitations que j'ai pris la liberté
de vous faire pour moi même ; la critique a
condamné ma démarche et vous l'avez iustifiée
; ainsi j'ose implorer une seconde juis votre
indulgence, une pareille récidive est excusable-
Le Magistrat le plus severe pardonne
les redites à un malheureux Plaideur; et jamais
on n'a condamné un Client pour avoir
présenté trop de Placets à son Juge.
Fermer
Résumé : Discours, &c. [titre d'après la table]
Le 3 mai 1734, les comédiens français rouvrirent leur théâtre après trois semaines de fermeture avec la représentation de la tragédie 'Marie Stuart', qui fut bien accueillie par le public. Avant la pièce, le sieur d'Angeville s'adressa au public pour souligner qu'il ne chercherait pas à abuser de leur bonté ni à faire des dissertations sur les nouvelles pièces. Il annonça la présence d'un poète tragique anonyme espérant obtenir l'honneur des suffrages du public. D'Angeville loua la modestie de l'auteur et rappela l'importance du jugement du public. Il exprima également la difficulté de complimenter le public sans risquer de causer leur ruine, tout en sollicitant une nouvelle fois leur indulgence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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979
p. 948-958
LA GRONDEUSE, Comédie nouvelle, représentée par les Comédiens François, le Jeudy 11. Fév. 1734. Extrait.
Début :
ACTEURS. Aminte, veuve, la Dlle Quinault. Cléante, Amant d'Aminte, [...]
Mots clefs :
Cléante, Aminte, Oronte, Dorine, Frère, Caractère, Temps, Grondeuse, Maîtresse, Maître
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA GRONDEUSE, Comédie nouvelle, représentée par les Comédiens François, le Jeudy 11. Fév. 1734. Extrait.
LA GRONDEUSE , Comédie
nouvelle , représentée par les Comédiens
François, le Jendy 11.Fév.1734.Extrait .
ACTEURS.
Aminte , veuve ,
Cléante
la Dlle Quinault.
Amant d'Aminte , le sieur
Grandval.
Dorine , Suivante d'Aminte , la Dlle
Dangeville.
M.
MAY. 1734. 949
M. Oronte , beau- frere d'Aminte , le sieur
Duchemin.
Dartimont , Voyageur , autre beau-frere,
le sieur Armand.
Le Candidat , jeune Medecin , fils d'O- ›
le sieur Dangeville: ronte ,
Crispin, Valet de Cleante , le Sr Poisson .
M. Double- Croche , Musicien , le sieur
le Grand.
La Scêne est dans la Maison d'Aminte.
Cette Piece , qui est de l'Auteur du
Rendez - vous , n'a pas eû le sort qu'elle
méritoit ; mais malgré son peu de réus
site , es Connoisseurs lui ont rendu justice
. L'Auteur y a soutenu , autant qu'il
est possible , le caractere principal ; il
est vrai que ce même caractere a parû
avec tant d'avantage dans le premier
Acte du Grondeur de M. Palapra , qu'il
étoit difficile d'y ajoûter de nouveaux
traits.. On a fait à sa Comédie le même
reproche qu'on fait encore tous les jours
aux deux derniers Actes du Grondeur ,
dont nous venons de parler ; c'est de
n'avoir pas toujours fourni à son principal
Acteur des occasions de gronder
injustement ; on verra le méme inconvenient
dans l'Extrait que nous allons
donner de la Grondeuse. Au reste pour
ne
950 MERCURE DE FRANCE
ne point enfraindre la loi que nous nous
les
sommes prescrite , nous ne serons que
échos des jugemens que le Public a portez
sur cet ingenieux Ouvrage.
pour
Oronte , beau- frere d'Aminte , ouvre la
Scêne avec Cleante , Amant de cette Veuve
. Elle est encore aimable et jeune , mais
par malheur Cléante elle a un défaut;
c'est d'être grondeuse. Oronte a beau
lui dire qu'il lui a dit cent fois lui - même
que les défauts qui ne sont que des
vices d'humeur , doivent se pardonner ;
il soutient toûjours qu'il y a quelque
chose de plus dans le coeur d'Aminte et
que sa mauvaise humeur part d'un fond
d'indifference et de mépris qu'elle a conçus
pour lui. L'Auteur a pris soin d'établir
dans cette premiere Scêne à quel
coin doit être marqué le veritable caractere
de Grondeur ou de Grondeuse ; on
le voit par ce fragment . C'est Oronte
qui parle.
Ce qu'il y a de certain , c'est que vous
•prenez pour mépris et indifference , une humeur
altiere et mutine qu'elle a eûë toute
sa vie. Cléante.
J'y suis trop interessé pour pouvoir m'y
tromper.
Oronte.
Enfin vous l'avez vûë et aimée avant
qu'elle
MAY. 1734.
951
2
qu'elle fut mariée à feu mon frere ; ne grondoit-
elle pas alors ?
Cleante .
Assurément on forçoit son inclination .
Oronte.
Mariée , tout le monde sçait ....
Cléante.
Peut-on vivre en paix avec un homme
qu'on épouse ?
Oronte.
Mais depuis qu'elle est veuve !
Cléante.
Ah ! le veuvage est un état si triste.
Oronte.
Il a réponse à tout.
Cléante.
Vous ne la verrez tranquille et contente
que quand l'ingrate sera unie à quelqu'un
qui lui plaise. Je m'étois flatté d'être ce
quelqu'un , mais les traitemens que j'ai reçûs
m'ont assez prouvé le contraire,
L'Auteur fait bien voir par ce morceau
de Dialogue , que sí le caractere dominant
de sa Piece n'est pas à la rigueur tel
qu'il devroit être , ce n'est pas faute de
l'avoir bien connu ; passons à l'action .
Oronte fait entendre à Cléante qu'il
veut absolument le réconcilier avec
Aminte ; il lui dit qu'en qualité de parent
du deffunt , il doit la presser
de se
remarier
952 MERCURE DE FRANCE
le
remarier avantageusement ; qu'il doit la
voir pour lui en faire la proposition ,
accompagné de son frere , vieux Voyaguur
, et de son fils le Candidat ; une
petite difficulté l'arrête ; c'est que par
Testament de son frere , Mary d'Aminte
, il est obligé de faire dix mille francs
de rente à Aminte , tant qu'elle ne se
remariera pas , et qu'en lui insinuant de
se marier , il lui deviendra suspect d'interêt.
Cléante lui répond qu'il n'a qu'à
lui offrir de lui continuer cette rente ,
même en se mariant , et que par un Acte
secret il s'engagera , lui Cléante , à lui
en tenir compte. Cette premiere difficulté
étant levée , Oronte s'en va pour
mettre en execution ce qu'il vient de
promettre à Cléante.
Crispin , Valet de Cléante , vient lui
dire qu'Aminte , chez qui il l'avoit envoyé
pour sçavoir si elle étoit visible ,
ne veut pas le voir. Dorine , vient lui confirmer
ce prétendu refus , en lui disant
pourtant qu'il peut entrer s'il veut ; mais
qu'il feroit mieux de revenir dans une
demie heure, parce que sa Maîtresse lui a
parû surprise qu'on vint chez elle si matin.
Cléante picqué , se retire.
Crispin s'amuse quelque temps avec
Dorine , qu'il plaint d'être au service.
d'une
MAY. 1734. 953.
d'une Maîtresse dont l'humeur est si difficile
Dorinc lui répond qu'il y a des
dédommagemens , et que si sa Maîtresse
gronde , elle paye bien et récompense
encore mieux ; elle le prie de se retirer ,
attendu qu'Aminte est intraitable sur
tout ce qui a l'air de galanterie et de rendez-
vous .
Aminte vient et demande à Dorine
d'un ton grondeur , pourquoi Cléante
ne paroît point; Dorine lui répond qu'elle
lui a dit de sa part de revenir dans un
autre temps ; de ma part ! lui dit sa Maîtresse
; la pauvre Suivante n'ose la contredire
absolument , et la laisse s'exhaler
en reproches par cette tirade : Ce sont
tous les jours nouvelles sottises. Sans juges
ment, sans adresse , sans sçavoir ; dans tout
ce qu'elle fait et dans tout ce qu'elle dit , il
semble qu'elle prenne plaisir à me desesperer.
J'excuse sans cesse ; sans cesse je pardonne
, et l'on me regarde encore comme une
femme difficile à contenter. Renvoyer Cléante!
me soutenir que c'est par mon ordre ! a
t'on jamais fait une plus lourde faute ? Et
après l'avoirfaite , l'a- t'on jamais appuyée
d'une plus grande effronterie ? Oh ! je vous
avoue qu'ilfaut bien prendre sur soi pour
souffrir sans rien dire de pareilles bévues.
Si toutes les Scénes de cette Piece,
F avoient
954 MERCURE DE FRANCE
avoient la valeur intrinseque de celle
cy , on ne pourroit pas disconvenir que
le caractere de Grondeuse ne fût parfaitement
rempli ; c'est là gronder veritablement
, quand on n'en a pas lieu ; puisque
Dorine n'a fait qu'executer ses ordres
en renvoyant son Amant , on pourroit
dire qu'elle nie d'avoir donné un
pareil ordre , et que sur ce fondement
elle a raison de gronder ; mais ne seroitce
pas llaa rreennddrree' trop déraisonnable que
de lui faire avouer qu'elle ne gronde
que pour le plaisir de gronder ; il est dif
ficile de tenir un juste milieu entre deux
extrémitez également vicieuses. Crispin
sort pour aller faire revenir son Maître ;
en l'attendant Aminte continuë à quereller
Dorine d'une maniere assez analogue
au caractere que l'Auteur lui a
donné .
Cléante revient ; il essuye de temps en
temps quelques traits de la mauvaise humeur
où Dorine a mis sa Maîtresse ; pour
achever de chagriner Aminte, M. Double-
Croche , son Maître à chanter , arrive ;
elle trouve très- mauvais qu'il ait si mal
pris son temps ; Cléante , pour appuyer
le reproche qu'elle fait au Musicien , lui
dit de se retirer ; Aminte est très choquée
de l'air d'autorité que Cléante ose
prendre
MAY. 1734. 955
prendre chez elle . Cléante voyant qu'il
commence à lui déplaire , prend congé
d'elles où allez- vous donc ? lui dit- elle ,
vous prenez un travers ; Cleante lui dit en
se retirant qu'il vient de se souvenir d'avoir
donné une parole qui l'oblige à la
quitter.
La Scéne suivante qui se passe entre
Aminte et son Maître à chanter est des
plus plaisantes ; il veut chanter malgré
elle , fondé sur le droit que sa Profession
lui donne ; elle ne veut ni chanter ni
l'entendre chanter ; il ne lais e pas d'aller
son train ; chaque mot qu'il chante est
accompagné d'une injure qui lui sert ,
pour ainsi dire , de basse - continuë ;
Double - Croche , se retire aussi mécontent
de son Ecoliere , qu'elle l'est de son
Maître.
·
Enfin , pour achever de pousser à bout
la patience d'Aminte , Oronte vient , suivi
de son frere et de son fils ; cette Scéne .
a parû d'autant moins à sa place , que
la Grondeuse y est la femme du monde
la plus patiente ; on pousse le désagrément
de cette Scéne délibérative , jusqu'à
citer des passages Latins pour appuyer
ce qu'on veut prouver , comme
Aminte s'est long- temps contrainte , elle
lâche la bonde à sa colere avec plus
Fij d'im
956 MERCURE DE FRANCE
d'impétuosité et dit à ces fastidieux harangueurs
: Ah ! je ne puis plus tenir à tant
d'impertinences ; non , non , c'est trop me
contraindre , je suis bien bonne d'écouter les
rêveries d'un radoteur , d'un imbécile et
d'un Invalide. Elle se retire après avoir
lâché ces obligeantes épithetes .
que
Cléante vient , Oronte lui dit qu'il
avoit bien raison, quand il lui soutenoit
que sa belle- soeur n'avoit pour lui qu'in
difference et que mépris ; les trois Orateurs
disgraciez s'en vont ; Cléante ne
doute plus des dispositions d'Aminte à
son égard. Pour le confirmer dans cette
croyance , Dorine vient lui dire qu'elle
n'a jamais vû sa Maîtresse dans une si
grande colere , l'indignation , ajoûte - t'elle,
peinte sur son visage , elle a mis la main
à la plume , et au milieu des plaintes et des
invectives , elle a tracé ce Billet qu'elle m'a
chargée de vous remettre, Cléante ne veut
pas recevoir le Billet , il le croit trop outrageant
pour son amour ; Crispin le reçoit
pour lui , en disant : je pourrois m'en
servir auprès de mon Maître , son amour a
quelque chose de périodique. Son Maître
étoit déja sorti quand il dir cela à Dorine ;
ils sont bien surpris tous deux de le voir
revenir avec Aminte , qui ne sçait pourquoi
il l'évite ; Cléante lui fait des re
proches
MAY . 1734.
957
proches auxquels elle ne comprend rien ,
après le Billet obligeant qu'elle vient de
lui faire remettre par Dorine ; elle lui
demande s'il a lû ce qu'elle lui a écrits
il lui dit qu'il n'a eû garde de lire des
injures ; Crispin dit à part : auroit- elle fait
le Billet tendre exprès pour se ménager une
occasion de gronder. Il donne ce Billet à
Cléante , qui y lit ce qui suit :
La proposition que l'on m'a faite de me
continuer ma pension me donne un soupçon
bien extraordinaire. Si ce que j'imagine est
vrai , vous ne méritez guere l'estime et l'in
clination qu'on a pour vous . Ceux qui m'ont
parlé sur ee ton ont trop peu de generosité ,
pour que je ne voye pas les arrangemens que
vous avez pris avec eux. Comment osezvous
me croire interessée , moi qui vous sacrifierois
tous les biens ? D'où partent des
sentimens si bizares après les assurances
que vous avez de mon coeur , et après m'avoir
déterminée à un second hymen, qui me
seroit odieux avec tout autre qu'avec vous ?
Cléante se jette à ses pieds pour lui
demander pardon ; mais l'Auteur lui fait
reprendre ici son caractere ; elle veut continuer
d'être fâchée ; elle lui dit en le
quittant qu'elle avoit pris soin de mander
le Notaire chez elle ; mais qu'elle
veut lui laisser le temps de refléchir sur
Fiij
ce
958 MERCURE DE FRANCE
ce qu'il doit faire ; Cléante la suit et ne
balance plus à l'épouser; J'aime, dit- il , et
je suis aimé , il faut ceder à ma destinée ,
quand il m'en cotteroit un peu de
repos...
Au reste , tous les Connoisseurs conviennent
que cette petite Comédie est
remplie de traits ingénieux , et l'on peut
juger de l'élegance du stile par les petits
morceaux que nous avons citez .
nouvelle , représentée par les Comédiens
François, le Jendy 11.Fév.1734.Extrait .
ACTEURS.
Aminte , veuve ,
Cléante
la Dlle Quinault.
Amant d'Aminte , le sieur
Grandval.
Dorine , Suivante d'Aminte , la Dlle
Dangeville.
M.
MAY. 1734. 949
M. Oronte , beau- frere d'Aminte , le sieur
Duchemin.
Dartimont , Voyageur , autre beau-frere,
le sieur Armand.
Le Candidat , jeune Medecin , fils d'O- ›
le sieur Dangeville: ronte ,
Crispin, Valet de Cleante , le Sr Poisson .
M. Double- Croche , Musicien , le sieur
le Grand.
La Scêne est dans la Maison d'Aminte.
Cette Piece , qui est de l'Auteur du
Rendez - vous , n'a pas eû le sort qu'elle
méritoit ; mais malgré son peu de réus
site , es Connoisseurs lui ont rendu justice
. L'Auteur y a soutenu , autant qu'il
est possible , le caractere principal ; il
est vrai que ce même caractere a parû
avec tant d'avantage dans le premier
Acte du Grondeur de M. Palapra , qu'il
étoit difficile d'y ajoûter de nouveaux
traits.. On a fait à sa Comédie le même
reproche qu'on fait encore tous les jours
aux deux derniers Actes du Grondeur ,
dont nous venons de parler ; c'est de
n'avoir pas toujours fourni à son principal
Acteur des occasions de gronder
injustement ; on verra le méme inconvenient
dans l'Extrait que nous allons
donner de la Grondeuse. Au reste pour
ne
950 MERCURE DE FRANCE
ne point enfraindre la loi que nous nous
les
sommes prescrite , nous ne serons que
échos des jugemens que le Public a portez
sur cet ingenieux Ouvrage.
pour
Oronte , beau- frere d'Aminte , ouvre la
Scêne avec Cleante , Amant de cette Veuve
. Elle est encore aimable et jeune , mais
par malheur Cléante elle a un défaut;
c'est d'être grondeuse. Oronte a beau
lui dire qu'il lui a dit cent fois lui - même
que les défauts qui ne sont que des
vices d'humeur , doivent se pardonner ;
il soutient toûjours qu'il y a quelque
chose de plus dans le coeur d'Aminte et
que sa mauvaise humeur part d'un fond
d'indifference et de mépris qu'elle a conçus
pour lui. L'Auteur a pris soin d'établir
dans cette premiere Scêne à quel
coin doit être marqué le veritable caractere
de Grondeur ou de Grondeuse ; on
le voit par ce fragment . C'est Oronte
qui parle.
Ce qu'il y a de certain , c'est que vous
•prenez pour mépris et indifference , une humeur
altiere et mutine qu'elle a eûë toute
sa vie. Cléante.
J'y suis trop interessé pour pouvoir m'y
tromper.
Oronte.
Enfin vous l'avez vûë et aimée avant
qu'elle
MAY. 1734.
951
2
qu'elle fut mariée à feu mon frere ; ne grondoit-
elle pas alors ?
Cleante .
Assurément on forçoit son inclination .
Oronte.
Mariée , tout le monde sçait ....
Cléante.
Peut-on vivre en paix avec un homme
qu'on épouse ?
Oronte.
Mais depuis qu'elle est veuve !
Cléante.
Ah ! le veuvage est un état si triste.
Oronte.
Il a réponse à tout.
Cléante.
Vous ne la verrez tranquille et contente
que quand l'ingrate sera unie à quelqu'un
qui lui plaise. Je m'étois flatté d'être ce
quelqu'un , mais les traitemens que j'ai reçûs
m'ont assez prouvé le contraire,
L'Auteur fait bien voir par ce morceau
de Dialogue , que sí le caractere dominant
de sa Piece n'est pas à la rigueur tel
qu'il devroit être , ce n'est pas faute de
l'avoir bien connu ; passons à l'action .
Oronte fait entendre à Cléante qu'il
veut absolument le réconcilier avec
Aminte ; il lui dit qu'en qualité de parent
du deffunt , il doit la presser
de se
remarier
952 MERCURE DE FRANCE
le
remarier avantageusement ; qu'il doit la
voir pour lui en faire la proposition ,
accompagné de son frere , vieux Voyaguur
, et de son fils le Candidat ; une
petite difficulté l'arrête ; c'est que par
Testament de son frere , Mary d'Aminte
, il est obligé de faire dix mille francs
de rente à Aminte , tant qu'elle ne se
remariera pas , et qu'en lui insinuant de
se marier , il lui deviendra suspect d'interêt.
Cléante lui répond qu'il n'a qu'à
lui offrir de lui continuer cette rente ,
même en se mariant , et que par un Acte
secret il s'engagera , lui Cléante , à lui
en tenir compte. Cette premiere difficulté
étant levée , Oronte s'en va pour
mettre en execution ce qu'il vient de
promettre à Cléante.
Crispin , Valet de Cléante , vient lui
dire qu'Aminte , chez qui il l'avoit envoyé
pour sçavoir si elle étoit visible ,
ne veut pas le voir. Dorine , vient lui confirmer
ce prétendu refus , en lui disant
pourtant qu'il peut entrer s'il veut ; mais
qu'il feroit mieux de revenir dans une
demie heure, parce que sa Maîtresse lui a
parû surprise qu'on vint chez elle si matin.
Cléante picqué , se retire.
Crispin s'amuse quelque temps avec
Dorine , qu'il plaint d'être au service.
d'une
MAY. 1734. 953.
d'une Maîtresse dont l'humeur est si difficile
Dorinc lui répond qu'il y a des
dédommagemens , et que si sa Maîtresse
gronde , elle paye bien et récompense
encore mieux ; elle le prie de se retirer ,
attendu qu'Aminte est intraitable sur
tout ce qui a l'air de galanterie et de rendez-
vous .
Aminte vient et demande à Dorine
d'un ton grondeur , pourquoi Cléante
ne paroît point; Dorine lui répond qu'elle
lui a dit de sa part de revenir dans un
autre temps ; de ma part ! lui dit sa Maîtresse
; la pauvre Suivante n'ose la contredire
absolument , et la laisse s'exhaler
en reproches par cette tirade : Ce sont
tous les jours nouvelles sottises. Sans juges
ment, sans adresse , sans sçavoir ; dans tout
ce qu'elle fait et dans tout ce qu'elle dit , il
semble qu'elle prenne plaisir à me desesperer.
J'excuse sans cesse ; sans cesse je pardonne
, et l'on me regarde encore comme une
femme difficile à contenter. Renvoyer Cléante!
me soutenir que c'est par mon ordre ! a
t'on jamais fait une plus lourde faute ? Et
après l'avoirfaite , l'a- t'on jamais appuyée
d'une plus grande effronterie ? Oh ! je vous
avoue qu'ilfaut bien prendre sur soi pour
souffrir sans rien dire de pareilles bévues.
Si toutes les Scénes de cette Piece,
F avoient
954 MERCURE DE FRANCE
avoient la valeur intrinseque de celle
cy , on ne pourroit pas disconvenir que
le caractere de Grondeuse ne fût parfaitement
rempli ; c'est là gronder veritablement
, quand on n'en a pas lieu ; puisque
Dorine n'a fait qu'executer ses ordres
en renvoyant son Amant , on pourroit
dire qu'elle nie d'avoir donné un
pareil ordre , et que sur ce fondement
elle a raison de gronder ; mais ne seroitce
pas llaa rreennddrree' trop déraisonnable que
de lui faire avouer qu'elle ne gronde
que pour le plaisir de gronder ; il est dif
ficile de tenir un juste milieu entre deux
extrémitez également vicieuses. Crispin
sort pour aller faire revenir son Maître ;
en l'attendant Aminte continuë à quereller
Dorine d'une maniere assez analogue
au caractere que l'Auteur lui a
donné .
Cléante revient ; il essuye de temps en
temps quelques traits de la mauvaise humeur
où Dorine a mis sa Maîtresse ; pour
achever de chagriner Aminte, M. Double-
Croche , son Maître à chanter , arrive ;
elle trouve très- mauvais qu'il ait si mal
pris son temps ; Cléante , pour appuyer
le reproche qu'elle fait au Musicien , lui
dit de se retirer ; Aminte est très choquée
de l'air d'autorité que Cléante ose
prendre
MAY. 1734. 955
prendre chez elle . Cléante voyant qu'il
commence à lui déplaire , prend congé
d'elles où allez- vous donc ? lui dit- elle ,
vous prenez un travers ; Cleante lui dit en
se retirant qu'il vient de se souvenir d'avoir
donné une parole qui l'oblige à la
quitter.
La Scéne suivante qui se passe entre
Aminte et son Maître à chanter est des
plus plaisantes ; il veut chanter malgré
elle , fondé sur le droit que sa Profession
lui donne ; elle ne veut ni chanter ni
l'entendre chanter ; il ne lais e pas d'aller
son train ; chaque mot qu'il chante est
accompagné d'une injure qui lui sert ,
pour ainsi dire , de basse - continuë ;
Double - Croche , se retire aussi mécontent
de son Ecoliere , qu'elle l'est de son
Maître.
·
Enfin , pour achever de pousser à bout
la patience d'Aminte , Oronte vient , suivi
de son frere et de son fils ; cette Scéne .
a parû d'autant moins à sa place , que
la Grondeuse y est la femme du monde
la plus patiente ; on pousse le désagrément
de cette Scéne délibérative , jusqu'à
citer des passages Latins pour appuyer
ce qu'on veut prouver , comme
Aminte s'est long- temps contrainte , elle
lâche la bonde à sa colere avec plus
Fij d'im
956 MERCURE DE FRANCE
d'impétuosité et dit à ces fastidieux harangueurs
: Ah ! je ne puis plus tenir à tant
d'impertinences ; non , non , c'est trop me
contraindre , je suis bien bonne d'écouter les
rêveries d'un radoteur , d'un imbécile et
d'un Invalide. Elle se retire après avoir
lâché ces obligeantes épithetes .
que
Cléante vient , Oronte lui dit qu'il
avoit bien raison, quand il lui soutenoit
que sa belle- soeur n'avoit pour lui qu'in
difference et que mépris ; les trois Orateurs
disgraciez s'en vont ; Cléante ne
doute plus des dispositions d'Aminte à
son égard. Pour le confirmer dans cette
croyance , Dorine vient lui dire qu'elle
n'a jamais vû sa Maîtresse dans une si
grande colere , l'indignation , ajoûte - t'elle,
peinte sur son visage , elle a mis la main
à la plume , et au milieu des plaintes et des
invectives , elle a tracé ce Billet qu'elle m'a
chargée de vous remettre, Cléante ne veut
pas recevoir le Billet , il le croit trop outrageant
pour son amour ; Crispin le reçoit
pour lui , en disant : je pourrois m'en
servir auprès de mon Maître , son amour a
quelque chose de périodique. Son Maître
étoit déja sorti quand il dir cela à Dorine ;
ils sont bien surpris tous deux de le voir
revenir avec Aminte , qui ne sçait pourquoi
il l'évite ; Cléante lui fait des re
proches
MAY . 1734.
957
proches auxquels elle ne comprend rien ,
après le Billet obligeant qu'elle vient de
lui faire remettre par Dorine ; elle lui
demande s'il a lû ce qu'elle lui a écrits
il lui dit qu'il n'a eû garde de lire des
injures ; Crispin dit à part : auroit- elle fait
le Billet tendre exprès pour se ménager une
occasion de gronder. Il donne ce Billet à
Cléante , qui y lit ce qui suit :
La proposition que l'on m'a faite de me
continuer ma pension me donne un soupçon
bien extraordinaire. Si ce que j'imagine est
vrai , vous ne méritez guere l'estime et l'in
clination qu'on a pour vous . Ceux qui m'ont
parlé sur ee ton ont trop peu de generosité ,
pour que je ne voye pas les arrangemens que
vous avez pris avec eux. Comment osezvous
me croire interessée , moi qui vous sacrifierois
tous les biens ? D'où partent des
sentimens si bizares après les assurances
que vous avez de mon coeur , et après m'avoir
déterminée à un second hymen, qui me
seroit odieux avec tout autre qu'avec vous ?
Cléante se jette à ses pieds pour lui
demander pardon ; mais l'Auteur lui fait
reprendre ici son caractere ; elle veut continuer
d'être fâchée ; elle lui dit en le
quittant qu'elle avoit pris soin de mander
le Notaire chez elle ; mais qu'elle
veut lui laisser le temps de refléchir sur
Fiij
ce
958 MERCURE DE FRANCE
ce qu'il doit faire ; Cléante la suit et ne
balance plus à l'épouser; J'aime, dit- il , et
je suis aimé , il faut ceder à ma destinée ,
quand il m'en cotteroit un peu de
repos...
Au reste , tous les Connoisseurs conviennent
que cette petite Comédie est
remplie de traits ingénieux , et l'on peut
juger de l'élegance du stile par les petits
morceaux que nous avons citez .
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Résumé : LA GRONDEUSE, Comédie nouvelle, représentée par les Comédiens François, le Jeudy 11. Fév. 1734. Extrait.
La pièce 'La Grondeuse' est une comédie jouée par les Comédiens Français le 11 février 1734. Elle met en scène Aminte, une jeune veuve aimable mais au caractère difficile, et Cléante, son amant. La pièce commence avec Oronte, le beau-frère d'Aminte, qui discute avec Cléante des défauts d'Aminte, qu'il attribue à une indifférence et un mépris envers Cléante. Aminte, malgré son amour pour Cléante, manifeste une humeur altière et mutine. Oronte souhaite réconcilier Cléante et Aminte et propose de lui trouver un nouveau mari. Cependant, un testament oblige à verser une rente à Aminte tant qu'elle ne se remarie pas. Cléante suggère de continuer cette rente par un acte secret. Oronte part alors mettre en œuvre cette proposition. Pendant ce temps, Crispin, valet de Cléante, et Dorine, suivante d'Aminte, échangent sur le caractère difficile de leur maîtresse. Aminte, mécontente, reproche à Dorine d'avoir renvoyé Cléante. Cléante revient et essuie les reproches d'Aminte, qui se montre de plus en plus irritable. La situation se complique avec l'arrivée de M. Double-Croche, le maître à chanter d'Aminte, et des beaux-frères d'Aminte, qui tentent de la convaincre de se remarier. Aminte finit par exploser de colère contre ses visiteurs et se retire. Cléante, après avoir reçu un billet d'Aminte, se jette à ses pieds pour lui demander pardon. Aminte, reprenant son caractère grondeur, lui laisse le temps de réfléchir avant de l'épouser. La pièce se termine sur la décision de Cléante d'accepter son destin et d'épouser Aminte. Les connaisseurs reconnaissent l'ingéniosité des traits de la pièce et l'élégance de son style.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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980
p. 958
La Nouveauté, Comédie, [titre d'après la table]
Début :
Le 18 de ce mois, on remit au Theatre François la petite Comédie du feu sieur [...]
Mots clefs :
Nouveauté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Nouveauté, Comédie, [titre d'après la table]
Le 18 de ce mois , on remit au Theatre
François la petite Comédie du feu sieur
le Grand , Comédien , intitulée la Nouveauté
, laquelle fit beaucoup de plaisir.
On y voit une Scéne très originale et très
bien exécutée , entre le Sr Dufresne et la
Dile Quinaut sa soeur. C'est un essai pour
le projet d'un Opera sans paroles ; dans
le fragment dont il s'agit ici , on exprime
le sujet par l'action et le chant , en nom
mant seulement toutes les notes . Nous
avons parlé de cette Piéce au mois de
Janvier 17.7. pag. 14c.
François la petite Comédie du feu sieur
le Grand , Comédien , intitulée la Nouveauté
, laquelle fit beaucoup de plaisir.
On y voit une Scéne très originale et très
bien exécutée , entre le Sr Dufresne et la
Dile Quinaut sa soeur. C'est un essai pour
le projet d'un Opera sans paroles ; dans
le fragment dont il s'agit ici , on exprime
le sujet par l'action et le chant , en nom
mant seulement toutes les notes . Nous
avons parlé de cette Piéce au mois de
Janvier 17.7. pag. 14c.
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Résumé : La Nouveauté, Comédie, [titre d'après la table]
Le 18 du mois, la pièce 'La Nouveauté' de Le Grand a été jouée au Théâtre François. Elle a été bien accueillie par le public. La scène la plus remarquable, interprétée par Dufresne et sa sœur, la Dile Quinaut, est un opéra sans paroles. Les notes sont nommées à la place des mots. La pièce avait déjà été mentionnée en janvier 1777.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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981
p. 958-959
Nouvelle Actrice, [titre d'après la table]
Début :
Le 19, on représenta la Tragédie de Britannicus et les Folies amoureuses. La Dlle [...]
Mots clefs :
Comédie, Tragédie, Iphigénie, Britannicus, Mademoiselle Connell
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Actrice, [titre d'après la table]
Le 19 , on représenta la Tragédie de
Britannicus et les Folies amoureuses .LaDlle
Conel , jeune personne fort bien faite
pleine d'agremens , qui a déja joué quantité
de Rôles en Bourgeoisie , mais qui
n'étoit jamais montée sur aucun Theatre
public , fut fort aplaudie dans le rôle de
Junie et dans celui d'Agathe.
MAY. 1734. 959
Ĺë 20 , on joù la Comédie du Philo
sophe marié,dont le Sr de Montmenil templit
le principal rôle avec aplaudissement,
à la place du Sr Quinaut , qui a de nouveau
quitté la Comédie."
Le 24 la nouvelle Actrice fut encore
fort aplaudie dans la Tragédie d'Iphigenie
et dans la Comédie du Florentin. Elle oüa
dans la premiere le rôle d'Iphigenie, cesse
dans l'autre celui d'Hortense.
Britannicus et les Folies amoureuses .LaDlle
Conel , jeune personne fort bien faite
pleine d'agremens , qui a déja joué quantité
de Rôles en Bourgeoisie , mais qui
n'étoit jamais montée sur aucun Theatre
public , fut fort aplaudie dans le rôle de
Junie et dans celui d'Agathe.
MAY. 1734. 959
Ĺë 20 , on joù la Comédie du Philo
sophe marié,dont le Sr de Montmenil templit
le principal rôle avec aplaudissement,
à la place du Sr Quinaut , qui a de nouveau
quitté la Comédie."
Le 24 la nouvelle Actrice fut encore
fort aplaudie dans la Tragédie d'Iphigenie
et dans la Comédie du Florentin. Elle oüa
dans la premiere le rôle d'Iphigenie, cesse
dans l'autre celui d'Hortense.
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Résumé : Nouvelle Actrice, [titre d'après la table]
Du 19 au 24 mai 1734, plusieurs pièces furent représentées. Mademoiselle Conel fut applaudie pour ses rôles de Junie dans 'Britannicus', d'Agathe dans 'Les Folies amoureuses', d'Iphigénie dans 'Iphigénie' et d'Hortense dans 'Le Florentin'. Le 20 mai, Monsieur de Montmenil joua le rôle principal dans 'Le Philosophe marié'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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982
p. 959-960
« Le 4 May, l'Académie Royale de Musique fit l'ouverture du Theatre par la [...] »
Début :
Le 4 May, l'Académie Royale de Musique fit l'ouverture du Theatre par la [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Omphale, Hippolyte et Aricie, Ballet des Éléments, Timon le misanthrope
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4 May, l'Académie Royale de Musique fit l'ouverture du Theatre par la [...] »
Le 4 May , l'Académie Royale de Musique
fit l'ouverture du Theatre par la
Pastoraled' Issé,qu'on revoit toujours avec
plaisir.
Le 13 ,
on donna par extraordinaire
pour la capitation
des Acteurs , l'Opéra
d'Ophale
, qu'on avoit repris l'année
dernière au mois de Janv.er. Cette Piéce
fut suivie d'une des Entrées du Billet des
Sens , qui a pour titre la Vue , dans la
quelle les Dlies le Maure et Petitpas
joüerent les rôles de l'Amour et de Zephire
avec beaucoup
d'aplaudissement
.
Après quelques Représentations d'Hy
polite et Arici , on remit au Theatre la
Jeudi 27 de ce mois , le Ballet des Elemens
de la composition de M. Destouches . Le
Poëme est de M. Roy. Il fut très aplaudi .
Fiiij
Le
so MERCURE DE FRANCE
Le 3 May , les Comédiens Italiens firent
l'ouverture de leur Theatre par la
Comédie de Timon le Misantrope , ornéc
de Chants et de Danses . Cette Piéce fut
précédée du compliment qu'on fait ordinairement
à la Rentrée du Théatre , qui
fut prononcé avec aplaudissement par le
Sr Thomassin dont le public aime le
badinage.
fit l'ouverture du Theatre par la
Pastoraled' Issé,qu'on revoit toujours avec
plaisir.
Le 13 ,
on donna par extraordinaire
pour la capitation
des Acteurs , l'Opéra
d'Ophale
, qu'on avoit repris l'année
dernière au mois de Janv.er. Cette Piéce
fut suivie d'une des Entrées du Billet des
Sens , qui a pour titre la Vue , dans la
quelle les Dlies le Maure et Petitpas
joüerent les rôles de l'Amour et de Zephire
avec beaucoup
d'aplaudissement
.
Après quelques Représentations d'Hy
polite et Arici , on remit au Theatre la
Jeudi 27 de ce mois , le Ballet des Elemens
de la composition de M. Destouches . Le
Poëme est de M. Roy. Il fut très aplaudi .
Fiiij
Le
so MERCURE DE FRANCE
Le 3 May , les Comédiens Italiens firent
l'ouverture de leur Theatre par la
Comédie de Timon le Misantrope , ornéc
de Chants et de Danses . Cette Piéce fut
précédée du compliment qu'on fait ordinairement
à la Rentrée du Théatre , qui
fut prononcé avec aplaudissement par le
Sr Thomassin dont le public aime le
badinage.
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Résumé : « Le 4 May, l'Académie Royale de Musique fit l'ouverture du Theatre par la [...] »
Le 4 mai, l'Académie Royale de Musique débuta sa saison avec la pastorale 'Issé', saluée par le public. Le 13 mai, l'opéra 'Ophale' fut joué exceptionnellement pour la capitation des acteurs. Cette pièce, déjà représentée en janvier précédent, fut suivie d'une entrée du 'Billet des Sens' intitulée 'la Vue', avec les acteurs Dlies le Maure et Petitpas dans les rôles de l'Amour et de Zéphire. Après quelques représentations d''Hypolite et Arici', le ballet 'Les Éléments', composé par M. Destouches et avec un poème de M. Roy, fut remis au théâtre le 27 mai et reçut des applaudissements enthousiastes. Le 3 mai, les Comédiens Italiens commencèrent leur saison avec la comédie 'Timon le Misantrope', enrichie de chants et de danses. Cette pièce fut précédée d'un compliment de rentrée prononcé par le sieur Thomassin, apprécié pour son badinage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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983
p. 960-967
EXTRAIT de la Comédie de l'Apologie du siécle, ou Momus corrigé, représenté au Theatre Italien le premier Avril.
Début :
Tout le monde convient que l'ironie n'a jamais été employée avec plus de finesse [...]
Mots clefs :
Momus, Ironie, Génie du siècle, Philinte, Actrice, Esprit, Candeur, Vertus, Modestie , Constance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Comédie de l'Apologie du siécle, ou Momus corrigé, représenté au Theatre Italien le premier Avril.
EXTRAIT de la Comédie de l'Apolo
gie du siècle , on Momus corrigé , représenté
au Theatre Italien le premier
Avril.
Tout le monde convient que l'ironie
n'a jamais été employée avec plus de fidans
cette Piéce ; en voici les
nesse que
Acteurs.
Momus ,
Une Actrice ;
Philinte
L'indifferent ;
Le Génie du siécle,
Terpsicore
›
le sieur Romagnesi.
la Dlle Belmont.
le sieur Ricoboni.
le sieur Dominique.
la Dlle Silvia.
la Dlle Roland.
Momus ouvre la Scéne , un bouquet à
la main , au lieu de Marote : une Actrice
le suit , et lui témoigne la surprise où son
nouvel attribut la jette ; et comme ce censeur
des Hommes & des Dieux lui dit
qu'il
MAY. 1734. 961
qu'il est corrigé et qu'au lieu de tout
blâmer , il veut tout loüer , elle lui répond
:
Allons , Seigneur ; vous vous mocquez de moi ;
On sçait que vous aimez à rire ;
Et l'encens de Momus est un trait de Satyre.
Momus persiste dans son hipocrisie
on le peut voir dans cette tirade , qui
lui tient lieu d'attestation.
Depuis qu'en bien tout le monde est changé ,
Scachez que je suis corrigé ;
De la douceur que je respire ,
Ces fleurs sont un garant qu'on ne peut contre
dire :
La Critique est hors de saison
Et le siécle vit de façon ,
Qu'il ne convient plus d'en médire
Il fait voir tant d'esprit , de candeur , de raison,
Qu'en dépit qu'on en ait il faut bien qu'on l'ad
mire.
Plein de sagesse , exemt d'abus ,
De ridicules , d'injustices
Il m'oblige à changer d'humeur & d'attributs
A l'avenir je ne dois plus
Faire la Satyre des vices
Que par l'éloge de vertus .
Cette résolution de Momus fait trembler
l'Actrice , et l'oblige à lui répondre.
FV
Mais
262 MERCURE DE FRANCES
Mais jamais au panegirique
Ces lieux ne furent consacrez ;
Et de tout temps sur la Critique
Nos revenus sont assurez ;
Sans elle serviteur au Theatre italique.
A cette Actrice succede Philinte , lo
plus mordicant de tous les hommes.
Momus le blâme malignement de l'implacable
haine qu'il a concuë contre tout
le genre humain ; pour prouver la mali
gnité de Momus , il n'y a qu'à jetter les
yeux sur ce fragment de Dialogue :
Philinte .
Pour m'enseigner cet art où vous semblez primer
Apprenez moi d'abord comment je dois nommer
Une frippone , une coquette ,
Dont la bouche me jure un amour sans égal
Et qui l'instant d'après me trahit en cachette
Et favorise mon Rival &
Momus.
Mais on l'appelle une femme ordinaire &
Philinte .
Et l'Ami déloyal qui m'enleve la Belle ;
Et qui m'emprunte mon argent
Pour triompher de l'infidelle ,
Comment l'appelle- t'ondans ce siécle charmane
MoMA
Ÿ . 1734. 963
Momus.
Un Ami foible et que l'amour emporte ;
On doit avoir pitié d'un homme de la sorte,
Philinte.
Momus est bien compatissant.
Et de quelle façon est - ce qu'il qualifie
Un Procureur avide et qui sans modestie
De toutes mains reçoit double valeur
Et qui me vend à ma Partie ?
Momus.
Mais , je l'appelle un Procureur.
Après avoir fait passer en revûë plu
sieurs autres professions , voici par quel
trait Momus finit ses prétendus correctifss
Philinte .
Pour finir en un mot : comment est- ce qu'om
nomme
L'animal vicieux , esclave des plaisiss
Qui manque
à tous ses devoirs.
Momus.
Phomme & c.
Cet Extrait passeroit les bornes que
nous nous sommes pre crites , si nous
mettions tous les traits aillants qui ‹ ortent
de cette Piece. Nous finirons par
F vj que34
MERCURE DE FRANCE
quelques traits des deux plus bellesScenes ,
la premiere est entre Momus et un Indifferent
de profession , qui ne veut ni blamer
, ni admirer . Voici comme il parle à
la fin de sa Scene :
Que l'on possede un mince , ou bien un grand.
génie ,
Je ne méprise pas , mais je n'admire point.
Un malheureux , à qui la nature cruelle
A même refusé sa plus simple faveur ,
En est assez puni par la douleur mortelle
Que lui cause en secret cet excès de rigueur
Qui l'avilit à ses yeux, même
Sans que j'aille ajouter encor à son maiheur,
En l'accablant du poids de mon mépris extrême,
En le perçant d'un ris mocqueur.
Un triomphe si bas et qu'on obtient sans peine
Deshonore l'esprit et fair outrage au coeur
Alors , plus la victoire est pleine ,
Plus son éclat honteux dégrade le vainqueur
Quant à celui sur qui le sort propice
A liberalement versé
Tous les dons séducteurs qu'accorde son caprice
N'en est - il pas assez recompensé ,
Par ces mêmes présents de son étoile heureuse
Et la comparaison fatteuse
Qu'il fait de son mérite avec celui d'autrui ?
Il ne le sent que trop ce mérite suprême ,
Et nous pouvons nous reposer sur lui
Du
MAY.
964
1734.
Du soin de s'applaudir lui même.
La derniere Scene dont on vient de
parler , est entre le Génie du siécle & Momus
; voici le portrait que ce Génie fait
de lui-même :
Du siécle en moi vous voyez le Génie ;
Remplissant l'Univers de nouvelles clartez,
J'ai des vieux préjugez banni la tyrannic ,
De nos Ayeux bornez corrigé les abus
D'une constance ridicule
Affranchi les Amours qui ne soupirent plus ,
Degagé l'amitié des devoirs superflus ,
La probité du poids d'un vain scrupule
Et j'ai créé d'autres vertus .
Momus lui répond d'un ton ironique a
Cette reforme est des plus belles
On fait tout ce qu'on veut , quand on a de l'èsprit
;
Mais les vieilles vertus n'ont donc plus de crédits
Le Génie.
Non ; j'ai sur leur rüine établi les nouvelles
Ces controleuses éternelles ,
Etoient dures à vivre et d'un sot entretien.
Momus.
De m'avertir vous faites bien ;
Car j'aurois dans mon ignorance ,
Loüié
966 MERCURE DE FRANCE
Loué bêtement la constance :
La candeur , la fi lelité ,
La modestie et la franchise
La bonne foi , l'integrité
Le Génie.
Vous auriez fait une insigne méprise.
Apprenez qu'aujourd'hui la candeur est sottise
La constance fadeur , ou défaut d'agréments ,
La modestie un vice des plus grands ,
Qui par la crainte qu'elle excite ;
Ote la grace , étouffe les talents ,
Et fait souvent un sot d'un homme de merite
La bonne foi produit les plus petits Esprits,
Qui n'osant s'écarter de la marche commune ,
Ne font jamais un pas vers la fortune ;
L'integrité , des Gens durs , impolis ,
Sur qui ne peuvent rien les Parens , les Amis ,
Et qui refusent tout aux Dames ;
La franchise des Etourdis ,
Et la fidelité fait les plus sottes femmes..
Il fiur avouer que l'Auteur a tour
Isprit du monde ; mais il est quelque
fois dangereux d'n trop voir et tout
le monde convient que le siécle dont il
prétend fire l'apo ogie , n'est pas mieux
traité dans cette Piéce qui dans Srprise
de la haine ; le Lecteur en pourra juger
en
MAY. 1734. 967
en examinant certe derniere tirade. Voici
le Vaudeville qui termine l'Ouvrage :
Regardons en beau le Monde ,
Trop poli pour qu'on le fronde
Approuvons également :
Qu'on pardonne , ou qu'on se vange
L'un est juste , et l'autre est grand
Tout est digne de loüange.
Qu'à sa guise chacun aime ;
Ne b'âmons aucun systême ,
On doit suivre son penchant ;
C'est sagesse , quand on change .
Vertu , quand on est constant,
Tout est digne de loüange.
Cette Piéce qui est de la composition de
M. de Boissy, a été reçûe très favorablement
du Public ; elle est parfaitement
bien représentée.
gie du siècle , on Momus corrigé , représenté
au Theatre Italien le premier
Avril.
Tout le monde convient que l'ironie
n'a jamais été employée avec plus de fidans
cette Piéce ; en voici les
nesse que
Acteurs.
Momus ,
Une Actrice ;
Philinte
L'indifferent ;
Le Génie du siécle,
Terpsicore
›
le sieur Romagnesi.
la Dlle Belmont.
le sieur Ricoboni.
le sieur Dominique.
la Dlle Silvia.
la Dlle Roland.
Momus ouvre la Scéne , un bouquet à
la main , au lieu de Marote : une Actrice
le suit , et lui témoigne la surprise où son
nouvel attribut la jette ; et comme ce censeur
des Hommes & des Dieux lui dit
qu'il
MAY. 1734. 961
qu'il est corrigé et qu'au lieu de tout
blâmer , il veut tout loüer , elle lui répond
:
Allons , Seigneur ; vous vous mocquez de moi ;
On sçait que vous aimez à rire ;
Et l'encens de Momus est un trait de Satyre.
Momus persiste dans son hipocrisie
on le peut voir dans cette tirade , qui
lui tient lieu d'attestation.
Depuis qu'en bien tout le monde est changé ,
Scachez que je suis corrigé ;
De la douceur que je respire ,
Ces fleurs sont un garant qu'on ne peut contre
dire :
La Critique est hors de saison
Et le siécle vit de façon ,
Qu'il ne convient plus d'en médire
Il fait voir tant d'esprit , de candeur , de raison,
Qu'en dépit qu'on en ait il faut bien qu'on l'ad
mire.
Plein de sagesse , exemt d'abus ,
De ridicules , d'injustices
Il m'oblige à changer d'humeur & d'attributs
A l'avenir je ne dois plus
Faire la Satyre des vices
Que par l'éloge de vertus .
Cette résolution de Momus fait trembler
l'Actrice , et l'oblige à lui répondre.
FV
Mais
262 MERCURE DE FRANCES
Mais jamais au panegirique
Ces lieux ne furent consacrez ;
Et de tout temps sur la Critique
Nos revenus sont assurez ;
Sans elle serviteur au Theatre italique.
A cette Actrice succede Philinte , lo
plus mordicant de tous les hommes.
Momus le blâme malignement de l'implacable
haine qu'il a concuë contre tout
le genre humain ; pour prouver la mali
gnité de Momus , il n'y a qu'à jetter les
yeux sur ce fragment de Dialogue :
Philinte .
Pour m'enseigner cet art où vous semblez primer
Apprenez moi d'abord comment je dois nommer
Une frippone , une coquette ,
Dont la bouche me jure un amour sans égal
Et qui l'instant d'après me trahit en cachette
Et favorise mon Rival &
Momus.
Mais on l'appelle une femme ordinaire &
Philinte .
Et l'Ami déloyal qui m'enleve la Belle ;
Et qui m'emprunte mon argent
Pour triompher de l'infidelle ,
Comment l'appelle- t'ondans ce siécle charmane
MoMA
Ÿ . 1734. 963
Momus.
Un Ami foible et que l'amour emporte ;
On doit avoir pitié d'un homme de la sorte,
Philinte.
Momus est bien compatissant.
Et de quelle façon est - ce qu'il qualifie
Un Procureur avide et qui sans modestie
De toutes mains reçoit double valeur
Et qui me vend à ma Partie ?
Momus.
Mais , je l'appelle un Procureur.
Après avoir fait passer en revûë plu
sieurs autres professions , voici par quel
trait Momus finit ses prétendus correctifss
Philinte .
Pour finir en un mot : comment est- ce qu'om
nomme
L'animal vicieux , esclave des plaisiss
Qui manque
à tous ses devoirs.
Momus.
Phomme & c.
Cet Extrait passeroit les bornes que
nous nous sommes pre crites , si nous
mettions tous les traits aillants qui ‹ ortent
de cette Piece. Nous finirons par
F vj que34
MERCURE DE FRANCE
quelques traits des deux plus bellesScenes ,
la premiere est entre Momus et un Indifferent
de profession , qui ne veut ni blamer
, ni admirer . Voici comme il parle à
la fin de sa Scene :
Que l'on possede un mince , ou bien un grand.
génie ,
Je ne méprise pas , mais je n'admire point.
Un malheureux , à qui la nature cruelle
A même refusé sa plus simple faveur ,
En est assez puni par la douleur mortelle
Que lui cause en secret cet excès de rigueur
Qui l'avilit à ses yeux, même
Sans que j'aille ajouter encor à son maiheur,
En l'accablant du poids de mon mépris extrême,
En le perçant d'un ris mocqueur.
Un triomphe si bas et qu'on obtient sans peine
Deshonore l'esprit et fair outrage au coeur
Alors , plus la victoire est pleine ,
Plus son éclat honteux dégrade le vainqueur
Quant à celui sur qui le sort propice
A liberalement versé
Tous les dons séducteurs qu'accorde son caprice
N'en est - il pas assez recompensé ,
Par ces mêmes présents de son étoile heureuse
Et la comparaison fatteuse
Qu'il fait de son mérite avec celui d'autrui ?
Il ne le sent que trop ce mérite suprême ,
Et nous pouvons nous reposer sur lui
Du
MAY.
964
1734.
Du soin de s'applaudir lui même.
La derniere Scene dont on vient de
parler , est entre le Génie du siécle & Momus
; voici le portrait que ce Génie fait
de lui-même :
Du siécle en moi vous voyez le Génie ;
Remplissant l'Univers de nouvelles clartez,
J'ai des vieux préjugez banni la tyrannic ,
De nos Ayeux bornez corrigé les abus
D'une constance ridicule
Affranchi les Amours qui ne soupirent plus ,
Degagé l'amitié des devoirs superflus ,
La probité du poids d'un vain scrupule
Et j'ai créé d'autres vertus .
Momus lui répond d'un ton ironique a
Cette reforme est des plus belles
On fait tout ce qu'on veut , quand on a de l'èsprit
;
Mais les vieilles vertus n'ont donc plus de crédits
Le Génie.
Non ; j'ai sur leur rüine établi les nouvelles
Ces controleuses éternelles ,
Etoient dures à vivre et d'un sot entretien.
Momus.
De m'avertir vous faites bien ;
Car j'aurois dans mon ignorance ,
Loüié
966 MERCURE DE FRANCE
Loué bêtement la constance :
La candeur , la fi lelité ,
La modestie et la franchise
La bonne foi , l'integrité
Le Génie.
Vous auriez fait une insigne méprise.
Apprenez qu'aujourd'hui la candeur est sottise
La constance fadeur , ou défaut d'agréments ,
La modestie un vice des plus grands ,
Qui par la crainte qu'elle excite ;
Ote la grace , étouffe les talents ,
Et fait souvent un sot d'un homme de merite
La bonne foi produit les plus petits Esprits,
Qui n'osant s'écarter de la marche commune ,
Ne font jamais un pas vers la fortune ;
L'integrité , des Gens durs , impolis ,
Sur qui ne peuvent rien les Parens , les Amis ,
Et qui refusent tout aux Dames ;
La franchise des Etourdis ,
Et la fidelité fait les plus sottes femmes..
Il fiur avouer que l'Auteur a tour
Isprit du monde ; mais il est quelque
fois dangereux d'n trop voir et tout
le monde convient que le siécle dont il
prétend fire l'apo ogie , n'est pas mieux
traité dans cette Piéce qui dans Srprise
de la haine ; le Lecteur en pourra juger
en
MAY. 1734. 967
en examinant certe derniere tirade. Voici
le Vaudeville qui termine l'Ouvrage :
Regardons en beau le Monde ,
Trop poli pour qu'on le fronde
Approuvons également :
Qu'on pardonne , ou qu'on se vange
L'un est juste , et l'autre est grand
Tout est digne de loüange.
Qu'à sa guise chacun aime ;
Ne b'âmons aucun systême ,
On doit suivre son penchant ;
C'est sagesse , quand on change .
Vertu , quand on est constant,
Tout est digne de loüange.
Cette Piéce qui est de la composition de
M. de Boissy, a été reçûe très favorablement
du Public ; elle est parfaitement
bien représentée.
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Résumé : EXTRAIT de la Comédie de l'Apologie du siécle, ou Momus corrigé, représenté au Theatre Italien le premier Avril.
L'extrait de la Comédie de l'Apolo, intitulée 'Momus corrigé', a été représenté au Théâtre Italien le 1er avril. La pièce est appréciée pour son ironie et son utilisation fidèle de ce ton. Les rôles principaux sont interprétés par Momus, joué par une actrice, Philinte par le sieur Ricoboni, et le Génie du siècle par le sieur Dominique. Momus, tenant un bouquet à la place de la marotte, annonce qu'il est corrigé et souhaite louer plutôt que blâmer, ce qui surprend une actrice. Momus persiste dans son hypocrisie, affirmant que le siècle est plein d'esprit, de candeur et de raison, ce qui justifie son changement d'attitude. L'actrice réagit en soulignant que le théâtre italien repose sur la critique. Philinte, décrit comme le plus mordant des hommes, est blâmé par Momus pour sa haine implacable envers le genre humain. Momus utilise des dialogues pour illustrer sa vision des vices et des vertus du siècle. Une scène notable oppose Momus à un Indifférent, qui refuse de blâmer ou d'admirer, préférant éviter le mépris et le ris moqueur. La pièce se termine par une scène entre le Génie du siècle et Momus. Le Génie décrit les nouvelles vertus qu'il a créées, remplaçant les anciennes. Momus répond ironiquement, soulignant que les vieilles vertus n'ont plus de crédit. Le Génie explique que la candeur, la constance, la modestie, la bonne foi, l'intégrité et la franchise sont désormais perçues négativement. La pièce, composée par M. de Boissy, a été bien reçue par le public et est parfaitement représentée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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984
p. 1074-1081
EPITRE A M.... sur le danger de produire ses Ouvrages.
Début :
Donneurs d'avis sont toujours indiscrets, [...]
Mots clefs :
Ouvrages, Ami, Auteur, Goût, Public, Sens, Écrire, Sujet, Gloire, Esprit
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE A M.... sur le danger de produire ses Ouvrages.
EPITRE
A M.... sur le danger de produire
ses Ouvrages.
D Onneurs d'avis sont toujours indiscrets ,
Et sur ce ton l'on prône sans succès ;
Mais ne m'en chaut , et sans craindre votre ire
I. Vol. Vous
JUIN. 1075 1734.
Vous dirai net que faites mal , beau Sire ,
De vous livrer à l'attrait séducteur ,
Que vous présente un dangereux honneur.
Du bel esprit la brillante carriere ,
Vous éblouit ; un jeune témeraire ,
De gloire avide , affronteur de dangers ,
Jà d'Hélicon moissonnez les Lauriers ;
Puis tout d'un trait , près d'Ovide et d'Horace ,
Modestement assignez votre place.
Moi , direz- vous , quoi ! d'un projet si vain .. ↓
Je vous entends , ne disputons en vain .
Eh bien ! je veux , que content de la gloire ,
Qui suit l'aveu des Filles de mémoire ,
N'ayez pour but que de vous faire un nom ;
Et de loger sur le penchant de Mont.
C'est sur ce plan que consentez d'écrire ;
Mais vous voulez que toujours on admire ;
Ou qu'on se taise ? ami , ne croyez point
Que le Public vous accorde ce point.
Oui , le Public , ce Juge si severe ,
Qui rit par fois du siflet du Parterre ,
A sa balance ajustant vos Ecrits ,
'Verra vos soins peut - être avec mépris.
Si ne craignez un revers si funeste ,
Craignez du moins la dangereuse peste
Des Calotins , qui par monts et par vaux ,
S'en vont semant leurs quolibets brutaux
Sur tout Auteur qui n'a l'art de leur plaire ;
1. Vol. B iiij Trou076
MERCURE DE FRANCE
Troupe félonne , engeance de Vipere ,
Sont le poison plus caustique et plus noir
Alambiqué dans leur obscur manoir ,
A la Vertu , non moins qu'à la Science ,
A tant de fois fait sentir sa puissance.
Heureux encor si n'aviez pour Censeurs
Que cet amas d'intraitables Rimeurs !
Mais par méchef si d'humeur satyrique ,
Quelque Sçavant , à vous tancer s'applique ,
( Car il en est qui traitent en Rival ,
Quiconque a l'heur d'écrire un peu moins mal
Que le commun , ) lors verrez , pauvre haire ,
Tantôt traité d'indigne plagiaire ,
De mince Auteur d'antithèse cousu
Tantôt taxé de style morfondu ,
Vuide de sens , abondant en paroles ,
Farci sans goût de flasques hyperboles ,
Bref , piece à piece épluché , contredit , ;
Ce que l'on gagne à produire un Ecrit .
Vous aurez beau crier à l'injustice ,
Moins écouté qu'en Chapitre un Novice ,
Serez réduit à ronger votre frein ;
Lors des Grimauds le fanatique Essain ,
Tombant sur vous avec brusque incartade ,
Vous portera mainte et mainte estocade .
Quel Ecrivain ! diront - ils à l'instant ;
Concevez- vous rien de plus rebutant ?
Informe amas de preuves surannées ,
I. Vol.
Tant
JUIN. 1734. 1977
Tant bien que mal au sujet aménées ;
Exorde sec , dessein embarassé :
Le pauvre Auteur , pour fuir le ton glacé ,
Sans cesse court après la métaphore ,
Prêt à changer Méduse en Terpsicore
Puis , remarquez de ces transitions ,
Le peu d'adresse , et des refléxions ,
Le vuide affreux . Voila pour votre Prose.
Venons aux Vers , verrez bien autre chose.
Oh ! pour le coup eussiez - vous d'Apollon ,
Surpris la Lyre et saisi le vrai ton ,
Tout d'une voix la Troupe pédantesque ,
Vous renverroit par un Arrêt burlesque ;
Pour n'avoir pris la route de Breboeuf ,
A vous louer aux Chantres du Pont-Neuf.
Eh ? d'où nous vient cet énervé Poëte ?
Onc sur le Pinde on n'a vû tel Athlete ,
De ces Gloseurs c'est le commun Roller ;
Mais ne sçavez peut - être le sujet ,
Qui de fureur contre vous les anime ?
'De traits malins s'accomode la Rime.
Ecoutez-les dans le pressant danger ,
C'est fait de nous , si, lents à nous venger ,
Nous attendons que sa verve insolente ,
A nous pincer en secret se tourmente ,
Ou si gardant un silence niais ,
De son Essai couronnons le succès.
Qu'ainsi ne soit , avares de loüange ,
I. Vol
BV Quand
1078 MEKUUKE DE FRANCE
Quand un Auteur , jusqu'aux rives du Gange →
Auroit porté la gloire de son nom ,
€
Ne craignons point de flétrir son renom .
Sur tout aux Vers faisons mortelle guerre ;
Car d'un Rimeur dangereuse est la serre :
Si que par fois le croyez déconfit,
Honni , berné , tandis qu'en son réduit ,
Il vous asséne riant dans son ame ,
Couplet mordant ou traitresse Epigramme
Puis les Rieurs désertant vos Drapeaux ,
Vous font payer les frais de vos bons mots.
Allons , amis , sauvons notre Guirlande ;
A ce Rimeur donnons la sarabande
Tant que lassé d'essuyer nos rebuts
Force lui soit de ne rimailler plus.
Pour ce ne faut que matiere à critique
Si peu que rien , un Vers qui soit étique
Nous suffira . Bon un , deux , quatre ,
C'en est assez , le reste est encor pis.
Nulle cadence , ici vrai pleonasme ;
Froide épithete , aucun entousiasme ;
2 2 ..
Par tout où trouve un sens entortillé ,
Et pas un Vers qui ne soit chevillé .
Mais , direz vous , craindrai je le murmure
Des Idiots ? Eh , que peut leur censure è
Vit- on jamais un Ouvrage applaudi
Des gens de goût demeurer dans l'oubli
Par les clameurs de ces esprits obliques ?
I. Vol
Mais
JUIN. 1734. 1079
Bien plus craindrois leurs éloges rustiques
S'ils en donnoient. Qu'ils jasent , j'y consens.
Pour le Public , qui , toujours des Sçavans
Prend le ton , soit , vous avourai sans peine ,
Que sa rigueur engourdiroit ma veine ,
Si ne sçavois , qu'ami de l'équité ,
Jamais du bon il ne fut irrité.
Heureux , qui peut meriter le suffrage
D'un Tribunal si respecté , si sage!
C'est-là le point. Noble est votre projet :
Mais , entre nous , êtes- vous un sujet
Propre à remplir son immense étendue ?
Tenez , lisez , la liste est répanduë .
Tout bel esprit , sera Grammairien ,
Bon Orateur , Poëte , Historien.
Item , sçaura les calculs de l'Algébre
pour compasser une Oraison Funebre.
Item , dita de chaque région
Les qualités , moeurs et Religion.
Item , il doit user du télescope ,
Pour au besoin tirer une horoscope.
Item , sera nouveau Physicien ,
Sans ignorer nul systême ancien,
Item , sera sçavant Chronologiste ,
Bon Géographe , Antiquaire , Chimiste:
Item , des loix percera le cahos
Pour policer les Auteurs Ostrogots,
Item , sçaura Fable , Mythologie ,
I.Vol. B vj Pour
1080 MERCURE DE FRANCE
Pour dévoiler d'Homere la Magie.
Item , sçaura le Grec et le Latin ,
L'Hebreu bien plus que n'en sçût Calepin .'
Enfin sçaura de tout Art et Science
Le vrai , le fin , telle est notre ordonnance.
La tâche est bonne , Ami, qu'en pensez- vous
Et si pourtant sans entrer en couroux ,
Dût cet avis vous glacer vous abattre ,
Tenez pour sûr , qu'on n'en veut rien rabattre
A rire d'eux , comme vous , je suis prêt ,
Et cependant concluez de l'arrêt ,
Que telles gens , toujours sur le qui vive ;
Pour vos Ecrits n'auront , quoiqu'il arrive ,
Que du dégoût. Soyez loyal et franc ,
Juste , pieux , genereux , complaisant ;
De douces moeurs , ami tendre et sincere ,
Officieux , d'aimable caractere ;
Diront , soit fait , sans trop vous chicanner.
Mais , pour l'esprit , il y faut renoncer.
Et la raison ? La voici très- solide.
Hors leur cerveau , le bon sens ne reside:
Aussi voyons , sans cesse , à leur tripot ,
Que tout Auteur est inepte et fallot .
Et ne prenez ceci pour badinage.
Qui dit jaloux , dit pis qu'Antropophage.
Or il n'est rien qui fasse des jaloux ,
Plus furieux , plus forcenés , plus foux ,
Que de briguer la faveur de Minerve .
I. Vol.
JUIN. 1734. 108 1
Or sus , Ami , réprimez votre verve ,
Ou bien comptez , si pouvez , les brocards
Qui vont pleuvoir sur vous de toutes parts.
Je ne dis rien de tant d'autres Illustres ,
Si reverés depuis plus de dix lustres ,
Que , maintenant , on proscrit sans pudeur ;
L'allusion vous feroit trop d'honneur.
Qu'esperez- vous , d'un goût si difficile ,
Qui , pour un rien , dégraderoit Virgile ?
Non , qu'après tout le nouveau goût si fin ;
A nos neveux ne paroisse mutin ;
Mais toujours. Quoi ? faut- il donc vous le direș
Pour n'être lû , n'est la peine d'écrire.
A M.... sur le danger de produire
ses Ouvrages.
D Onneurs d'avis sont toujours indiscrets ,
Et sur ce ton l'on prône sans succès ;
Mais ne m'en chaut , et sans craindre votre ire
I. Vol. Vous
JUIN. 1075 1734.
Vous dirai net que faites mal , beau Sire ,
De vous livrer à l'attrait séducteur ,
Que vous présente un dangereux honneur.
Du bel esprit la brillante carriere ,
Vous éblouit ; un jeune témeraire ,
De gloire avide , affronteur de dangers ,
Jà d'Hélicon moissonnez les Lauriers ;
Puis tout d'un trait , près d'Ovide et d'Horace ,
Modestement assignez votre place.
Moi , direz- vous , quoi ! d'un projet si vain .. ↓
Je vous entends , ne disputons en vain .
Eh bien ! je veux , que content de la gloire ,
Qui suit l'aveu des Filles de mémoire ,
N'ayez pour but que de vous faire un nom ;
Et de loger sur le penchant de Mont.
C'est sur ce plan que consentez d'écrire ;
Mais vous voulez que toujours on admire ;
Ou qu'on se taise ? ami , ne croyez point
Que le Public vous accorde ce point.
Oui , le Public , ce Juge si severe ,
Qui rit par fois du siflet du Parterre ,
A sa balance ajustant vos Ecrits ,
'Verra vos soins peut - être avec mépris.
Si ne craignez un revers si funeste ,
Craignez du moins la dangereuse peste
Des Calotins , qui par monts et par vaux ,
S'en vont semant leurs quolibets brutaux
Sur tout Auteur qui n'a l'art de leur plaire ;
1. Vol. B iiij Trou076
MERCURE DE FRANCE
Troupe félonne , engeance de Vipere ,
Sont le poison plus caustique et plus noir
Alambiqué dans leur obscur manoir ,
A la Vertu , non moins qu'à la Science ,
A tant de fois fait sentir sa puissance.
Heureux encor si n'aviez pour Censeurs
Que cet amas d'intraitables Rimeurs !
Mais par méchef si d'humeur satyrique ,
Quelque Sçavant , à vous tancer s'applique ,
( Car il en est qui traitent en Rival ,
Quiconque a l'heur d'écrire un peu moins mal
Que le commun , ) lors verrez , pauvre haire ,
Tantôt traité d'indigne plagiaire ,
De mince Auteur d'antithèse cousu
Tantôt taxé de style morfondu ,
Vuide de sens , abondant en paroles ,
Farci sans goût de flasques hyperboles ,
Bref , piece à piece épluché , contredit , ;
Ce que l'on gagne à produire un Ecrit .
Vous aurez beau crier à l'injustice ,
Moins écouté qu'en Chapitre un Novice ,
Serez réduit à ronger votre frein ;
Lors des Grimauds le fanatique Essain ,
Tombant sur vous avec brusque incartade ,
Vous portera mainte et mainte estocade .
Quel Ecrivain ! diront - ils à l'instant ;
Concevez- vous rien de plus rebutant ?
Informe amas de preuves surannées ,
I. Vol.
Tant
JUIN. 1734. 1977
Tant bien que mal au sujet aménées ;
Exorde sec , dessein embarassé :
Le pauvre Auteur , pour fuir le ton glacé ,
Sans cesse court après la métaphore ,
Prêt à changer Méduse en Terpsicore
Puis , remarquez de ces transitions ,
Le peu d'adresse , et des refléxions ,
Le vuide affreux . Voila pour votre Prose.
Venons aux Vers , verrez bien autre chose.
Oh ! pour le coup eussiez - vous d'Apollon ,
Surpris la Lyre et saisi le vrai ton ,
Tout d'une voix la Troupe pédantesque ,
Vous renverroit par un Arrêt burlesque ;
Pour n'avoir pris la route de Breboeuf ,
A vous louer aux Chantres du Pont-Neuf.
Eh ? d'où nous vient cet énervé Poëte ?
Onc sur le Pinde on n'a vû tel Athlete ,
De ces Gloseurs c'est le commun Roller ;
Mais ne sçavez peut - être le sujet ,
Qui de fureur contre vous les anime ?
'De traits malins s'accomode la Rime.
Ecoutez-les dans le pressant danger ,
C'est fait de nous , si, lents à nous venger ,
Nous attendons que sa verve insolente ,
A nous pincer en secret se tourmente ,
Ou si gardant un silence niais ,
De son Essai couronnons le succès.
Qu'ainsi ne soit , avares de loüange ,
I. Vol
BV Quand
1078 MEKUUKE DE FRANCE
Quand un Auteur , jusqu'aux rives du Gange →
Auroit porté la gloire de son nom ,
€
Ne craignons point de flétrir son renom .
Sur tout aux Vers faisons mortelle guerre ;
Car d'un Rimeur dangereuse est la serre :
Si que par fois le croyez déconfit,
Honni , berné , tandis qu'en son réduit ,
Il vous asséne riant dans son ame ,
Couplet mordant ou traitresse Epigramme
Puis les Rieurs désertant vos Drapeaux ,
Vous font payer les frais de vos bons mots.
Allons , amis , sauvons notre Guirlande ;
A ce Rimeur donnons la sarabande
Tant que lassé d'essuyer nos rebuts
Force lui soit de ne rimailler plus.
Pour ce ne faut que matiere à critique
Si peu que rien , un Vers qui soit étique
Nous suffira . Bon un , deux , quatre ,
C'en est assez , le reste est encor pis.
Nulle cadence , ici vrai pleonasme ;
Froide épithete , aucun entousiasme ;
2 2 ..
Par tout où trouve un sens entortillé ,
Et pas un Vers qui ne soit chevillé .
Mais , direz vous , craindrai je le murmure
Des Idiots ? Eh , que peut leur censure è
Vit- on jamais un Ouvrage applaudi
Des gens de goût demeurer dans l'oubli
Par les clameurs de ces esprits obliques ?
I. Vol
Mais
JUIN. 1734. 1079
Bien plus craindrois leurs éloges rustiques
S'ils en donnoient. Qu'ils jasent , j'y consens.
Pour le Public , qui , toujours des Sçavans
Prend le ton , soit , vous avourai sans peine ,
Que sa rigueur engourdiroit ma veine ,
Si ne sçavois , qu'ami de l'équité ,
Jamais du bon il ne fut irrité.
Heureux , qui peut meriter le suffrage
D'un Tribunal si respecté , si sage!
C'est-là le point. Noble est votre projet :
Mais , entre nous , êtes- vous un sujet
Propre à remplir son immense étendue ?
Tenez , lisez , la liste est répanduë .
Tout bel esprit , sera Grammairien ,
Bon Orateur , Poëte , Historien.
Item , sçaura les calculs de l'Algébre
pour compasser une Oraison Funebre.
Item , dita de chaque région
Les qualités , moeurs et Religion.
Item , il doit user du télescope ,
Pour au besoin tirer une horoscope.
Item , sera nouveau Physicien ,
Sans ignorer nul systême ancien,
Item , sera sçavant Chronologiste ,
Bon Géographe , Antiquaire , Chimiste:
Item , des loix percera le cahos
Pour policer les Auteurs Ostrogots,
Item , sçaura Fable , Mythologie ,
I.Vol. B vj Pour
1080 MERCURE DE FRANCE
Pour dévoiler d'Homere la Magie.
Item , sçaura le Grec et le Latin ,
L'Hebreu bien plus que n'en sçût Calepin .'
Enfin sçaura de tout Art et Science
Le vrai , le fin , telle est notre ordonnance.
La tâche est bonne , Ami, qu'en pensez- vous
Et si pourtant sans entrer en couroux ,
Dût cet avis vous glacer vous abattre ,
Tenez pour sûr , qu'on n'en veut rien rabattre
A rire d'eux , comme vous , je suis prêt ,
Et cependant concluez de l'arrêt ,
Que telles gens , toujours sur le qui vive ;
Pour vos Ecrits n'auront , quoiqu'il arrive ,
Que du dégoût. Soyez loyal et franc ,
Juste , pieux , genereux , complaisant ;
De douces moeurs , ami tendre et sincere ,
Officieux , d'aimable caractere ;
Diront , soit fait , sans trop vous chicanner.
Mais , pour l'esprit , il y faut renoncer.
Et la raison ? La voici très- solide.
Hors leur cerveau , le bon sens ne reside:
Aussi voyons , sans cesse , à leur tripot ,
Que tout Auteur est inepte et fallot .
Et ne prenez ceci pour badinage.
Qui dit jaloux , dit pis qu'Antropophage.
Or il n'est rien qui fasse des jaloux ,
Plus furieux , plus forcenés , plus foux ,
Que de briguer la faveur de Minerve .
I. Vol.
JUIN. 1734. 108 1
Or sus , Ami , réprimez votre verve ,
Ou bien comptez , si pouvez , les brocards
Qui vont pleuvoir sur vous de toutes parts.
Je ne dis rien de tant d'autres Illustres ,
Si reverés depuis plus de dix lustres ,
Que , maintenant , on proscrit sans pudeur ;
L'allusion vous feroit trop d'honneur.
Qu'esperez- vous , d'un goût si difficile ,
Qui , pour un rien , dégraderoit Virgile ?
Non , qu'après tout le nouveau goût si fin ;
A nos neveux ne paroisse mutin ;
Mais toujours. Quoi ? faut- il donc vous le direș
Pour n'être lû , n'est la peine d'écrire.
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Résumé : EPITRE A M.... sur le danger de produire ses Ouvrages.
L'épître met en garde contre les dangers de publier des œuvres littéraires. L'auteur avertit son destinataire des risques associés à la quête de gloire littéraire, soulignant que le public et les critiques peuvent être sévères et injustes. Il mentionne les 'Calotins' et les 'Sçavans' qui critiquent sans merci, taxant les auteurs de plagiat, de style médiocre ou de manque de sens. L'auteur décrit également les attaques personnelles et les moqueries auxquelles un écrivain peut être soumis, même si son œuvre est acclamée par des gens de goût. Il liste les nombreuses compétences requises pour être un 'bel esprit', allant de la grammaire à la poésie, en passant par l'astronomie et la chimie. L'épître se conclut par un avertissement sur la jalousie des rivaux littéraires et la difficulté de plaire à un public exigeant et critique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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985
p. 1128-1130
AU R P. GRESSET, de la Compagnie de Jesus, Professeur de Réthorique au College de Rouen, Auteur des Poësies qui paroissent sous le nom de M. G.
Début :
O Toi, dont la Musette tendre, [...]
Mots clefs :
Gresset, Berger, Couronne, Pouvoir, Heureux
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texteReconnaissance textuelle : AU R P. GRESSET, de la Compagnie de Jesus, Professeur de Réthorique au College de Rouen, Auteur des Poësies qui paroissent sous le nom de M. G.
AVR P. GRESSET , de la Compagnie
de Jesus , Professeur de Réthorique au
· College de Rouen , Auteur des Poësies
qui paroissent sous le nom de M. G.
O
T
Toi , dont la Musette tendre ;
Se fait admirer sur ces bords ,
Heureux Berger , ne puis- je apprendre
Le doux pouvoir de tes accords ?
1. Vol Quel
·
JUI N.
1120
1734.
Quel charme , Dieux , quelle harmonie
Résulte de tes sons touchans !
Chez toi les Airs du Berger d'Italie
Trouvent encor de nouveaux agrémens
Venez , Déesses d'Hypocresne ,
Venez , que vos regards surpris
Trouvent aux Rives de la Seine ,
Théocrite et Virgile en un seul réunis.
Voyez un Berger plein de charmes ,
Entouré des Ris et des Jeux :
Voyez l'Amour verser des larmes
De ne pouvoir se mêler avec eux.
Mais quel est ce profond silence !
Tout est sensible à ses accens ;
Les arbres même en marquent la cadence
Par d'heureux mouvemens.
Fuyez ô stupide vulgaire ,
Fuyez et respectez ce B rger desormais
Ses sons pour vous sont un mystere
Que vous ne comprendrez jamais.
Fuyez. Que vois- je ? Euterpe et Polymnie
Ont déjà couronné son front ,
Et la Troupe sçavante à l'instant réunie ,
Part , disparoît , revole au double Mont,
I. Vol. Berges
1130 MERCURE DE FRANCE
Berger , jouis d'une Couronne
Que jamais la faveur ne nous fit remporter
Quand les neuf Soeurs , quand Phébus nous la
donne
En vain voudroit- on nous l'ôter.
Je sçai que contre toi milie sots du Parnasse ,
Se sont élevez dans ces Lieux ;
Mais après tout , qu'a produit cette audace ?
Leurs propres traits se sont tournez contre eux.
L'Abbé Debecdelievre, ,
son Ecolier.
de Jesus , Professeur de Réthorique au
· College de Rouen , Auteur des Poësies
qui paroissent sous le nom de M. G.
O
T
Toi , dont la Musette tendre ;
Se fait admirer sur ces bords ,
Heureux Berger , ne puis- je apprendre
Le doux pouvoir de tes accords ?
1. Vol Quel
·
JUI N.
1120
1734.
Quel charme , Dieux , quelle harmonie
Résulte de tes sons touchans !
Chez toi les Airs du Berger d'Italie
Trouvent encor de nouveaux agrémens
Venez , Déesses d'Hypocresne ,
Venez , que vos regards surpris
Trouvent aux Rives de la Seine ,
Théocrite et Virgile en un seul réunis.
Voyez un Berger plein de charmes ,
Entouré des Ris et des Jeux :
Voyez l'Amour verser des larmes
De ne pouvoir se mêler avec eux.
Mais quel est ce profond silence !
Tout est sensible à ses accens ;
Les arbres même en marquent la cadence
Par d'heureux mouvemens.
Fuyez ô stupide vulgaire ,
Fuyez et respectez ce B rger desormais
Ses sons pour vous sont un mystere
Que vous ne comprendrez jamais.
Fuyez. Que vois- je ? Euterpe et Polymnie
Ont déjà couronné son front ,
Et la Troupe sçavante à l'instant réunie ,
Part , disparoît , revole au double Mont,
I. Vol. Berges
1130 MERCURE DE FRANCE
Berger , jouis d'une Couronne
Que jamais la faveur ne nous fit remporter
Quand les neuf Soeurs , quand Phébus nous la
donne
En vain voudroit- on nous l'ôter.
Je sçai que contre toi milie sots du Parnasse ,
Se sont élevez dans ces Lieux ;
Mais après tout , qu'a produit cette audace ?
Leurs propres traits se sont tournez contre eux.
L'Abbé Debecdelievre, ,
son Ecolier.
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Résumé : AU R P. GRESSET, de la Compagnie de Jesus, Professeur de Réthorique au College de Rouen, Auteur des Poësies qui paroissent sous le nom de M. G.
Le texte décrit une œuvre poétique dédiée à un berger musicien, probablement un pseudonyme du Père Gresset, professeur de rhétorique au Collège de Rouen. La poésie vante les charmes et l'harmonie des mélodies du berger, comparées à celles des bergers italiens. Elle évoque les figures mythologiques de Théocrite et Virgile, et dépeint le berger entouré de joie et d'amour, ainsi que d'un silence respectueux, même les arbres suivant la cadence de sa musique. Le poème met en garde le 'vulgaire' contre l'incompréhension de cette musique, réservée aux initiés. Les muses Euterpe et Polymnie couronnent le berger, symbolisant la reconnaissance de son talent. Malgré les critiques des 'sots du Parnasse', le berger conserve sa couronne, offerte par les neuf sœurs et Phébus, et reste inébranlable face aux attaques. L'œuvre est dédiée à l'Abbé Debecdelievre, ancien élève de Gresset.
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986
p. 1158
Les Poësies de M. G. [titre d'après la table]
Début :
LES POESIES de M. G. 1. vol. in 12. A Blois chez Philbert-Joseph Masson, [...]
Mots clefs :
Églogues de Virgile, Poésie, Blois, Code
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Poësies de M. G. [titre d'après la table]
LES POESIE s de M.G. I. vol. in 12 .
A Blois chez Philbert Joseph Masson
M. DCC.XXXIV. et à Paris chez Rollin,
Quay des Augustins , à S. Athanase , de
200 pag.
Les Poësies qui entrent dans ce Recueil,
quoiqu'imprimées à Blois , ont été composées
à Paris , suivant un Avis qui est à
la tête du Livre. Il est dédié au Roy par
une belle Ode sur la Guere présente.
On trouvera ensuite une Ode à Virgile
sur la Poësie Champêtre , et une Idylle
sur le siécle Pastoral. Suivant les dix
Eglogues de Virgile en vers François . Cet
Ouvrage , dit l'Auteur , dans un court
Avertissement
Traduction qu'une Imitation hardie des
Eglogues de Virgile , fondé en cela sur
ce précepte d'Horace. Nec verbum verbo
curabis reddere. Le Recueil finit par plusieurs
Odes dont la premiere est sur l'Amour
de la Patrie. Quelques unes de ces
Piéces avoient déja paru dans le Mercure,
et y ont paru avec succès.
A Blois chez Philbert Joseph Masson
M. DCC.XXXIV. et à Paris chez Rollin,
Quay des Augustins , à S. Athanase , de
200 pag.
Les Poësies qui entrent dans ce Recueil,
quoiqu'imprimées à Blois , ont été composées
à Paris , suivant un Avis qui est à
la tête du Livre. Il est dédié au Roy par
une belle Ode sur la Guere présente.
On trouvera ensuite une Ode à Virgile
sur la Poësie Champêtre , et une Idylle
sur le siécle Pastoral. Suivant les dix
Eglogues de Virgile en vers François . Cet
Ouvrage , dit l'Auteur , dans un court
Avertissement
Traduction qu'une Imitation hardie des
Eglogues de Virgile , fondé en cela sur
ce précepte d'Horace. Nec verbum verbo
curabis reddere. Le Recueil finit par plusieurs
Odes dont la premiere est sur l'Amour
de la Patrie. Quelques unes de ces
Piéces avoient déja paru dans le Mercure,
et y ont paru avec succès.
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Résumé : Les Poësies de M. G. [titre d'après la table]
Le recueil 'Les Poësies' de M.G. I., publié en 1734 à Blois et Paris, contient 200 pages. Il est dédié au roi et inclut des odes sur la guerre actuelle, Virgile et le siècle pastoral. Il comprend des traductions en vers français des églogues de Virgile et se termine par des odes, dont une sur l'amour de la patrie. Certaines pièces avaient déjà été publiées dans le Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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987
p. 1175-1182
Bibliotheque Germanique, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE GERMANIQUE, &c. Année M. DCC. XXIX. Tome XVII. et [...]
Mots clefs :
Édition, Enfant, Temps, Ouvrage, Dessein, Allemand, Relation, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Germanique, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE GERMANIQUE , & c. Année
M. DCC . XXIX . Tome XVII . et
XVIII. 1. vol . 12. A Amsterdam , chez
Pierre Humbert M. DCC . XXIX .
On trouve dans le III . Article du premier
de ces deux Tomes , dequoi se dedommager
de la secheresse et du peu d'interêts
qui règne dans la plupart des autres
Articles . On y rend compte d'un Livre
Allemand , dont le Titre rendu François
, est RELATION d'un Enfant extraordinairement
avancé pour son âge , &c. vol.
in 4. A Leipsic , 1728. Cette Relation
contient aussi d'autres exemples d'Enfans
extraordinaires et distingués par leur sça-
F vj voit 1Vol.
T176 MERCURE DE FRANCE
voir , et des observations utiles et inte
ressantes sur le même sujet.
Jean - Philippe Baratier , Fils de M. Baratier
, Pasteur de la R. P. R. de Schwabach
, dans le Marquisat d'Anspach , est
le principal sujet de la Relation dont le
Pere même est l'Auteur ; mais comme
il a déja été parlé de cet Enfant dans notre
Mercure , nous passerons à un autre
qui paroîtra encore plus extraordinaire.
,
C'est Chrétien Henri Heinecken , fils
d'un Peintre de Lubeck , lequel nâquit
dans cette Ville- là le 6. Fevrier 1721.et
mourut le 27. Juin 1725. Dans ce court
espace de quatre ans et près de cinq mois ,
il donna des preuves si extraordinaires de
son esprit et de sa memoire , qu'on ne
pourroit presque se resoudre à les croire
si elles n'étoient pas attestées par unghd
nombre de témoins éclairés qui ont
eux-mêmes vû et admiré cet Enfant. Ce
fut à dix mois qu'il commença à parler ,
et cela à l'occasion de diverses figures
dont il parut souhaiter l'explication ; on
la lui donna , et tout d'un coup on remarqua
qu'il observoit avec une attention
fixe les mouvemens des levres de ceux
qui lui parloient , et il vint à bout , non
sans effort , de prononcer syllabe après
syllabe ce qu'on lui disoit. Ces progrès
IVol.
furent
JUI N. 1734 1177
furent depuis ce tems - là très- rapides ,
puisqu'à un an il sçavoit les principaux
évenemens du Pentateuque; à treize mois,
l'Histoire de l'Ancien Testament ,
quatorze celle du Nouveau .
et à
Au mois de Septembre 1723. le petit
Heinecken avoit acquis une connoissance
si exacte de l'Histoire ancienne et moderne
, et de la Géographie , qu'il répondoit
pertinemment aux questions qu'on lui
faisoit sur des sujets diversifiés. Il chargea
aussi sa memoire d'une grande quantité de
mots Latins , de sorte qu'il parvint à parler
cette Langue avec facilité , et il apprit
parcoeur en cette Langue les Institutes de
Justinien. Quelque tems après il apprit
aussi passablement le François , et avant
sa quatrième année il étoit bien avancé
dal connoissance de la Genealogie des
principales Maisons de l'Europe. Jamais
onne vit plus d'ardeur à acquerir de nouvelles
connoissances , et cela même est une
preuve du genie de cet Enfant. L'Auteur
de sa vie rapporte d'ailleurs un assez bon
nombre de traits qui marquent et de l'esprit
et du jugement ; l'un et l'autre paroissent
sur tout dans l'application qu'il
faisoit des Sentences et des Passages de
Ecriture Sainte qu'il avoit appris , aux
diverses circonstances où il se trouvoit.
1. Vol. Une
1178 MERCURE DE FRANCE
Une bonne partie de sa quatrième année
fut employée au voyage de Danemarck,
où il fut admiré de toute la Cour ; il harangua
de fort bonne grace le Roi et les
Princes du Sang . De retour à Lubeck il
y apprit à écrire en fort peu de tems ,
quoiqu'il eût à peine la force de tenir sa
plume. Enfin après avoir langui quelques
mois il mourut dans le tems marqué cidessus.
C'est une chose remarquable que cet
Enfant si extraordinaire , par rapport aux
talens de son esprit , fût en même - tems
d'une complexion très - délicate. Il est
d'autant plus étonnant qu'il sçût tant de
choses que des maladies très-fâcheuses qui
se suivirent de près , lui auroient dû ,
ce semble , ôter presque tout moyen de
bien apprendre. L'Auteur de sa vie attri
bue ses infirmités presque continuelles
et sa mort prématurée à sa délicatesse natutelle
, et aux passions de sa Nourrice ,
qui eurent plus d'influences sur lui qu'elles
n'en auroient eu sur un autre , parce
qu'il ne fut sevré que quelques mois avant
sa mort , ayant témoigné beaucoup de répugnance
pour toutes sortes d'alimens
excepté le lait , et en particulier celui
de cette Nourrice . Cette repugnance fut
cause qu'il ne mâchoit qu'avec une extrê
me difficulté. Au
JUIN. 1734
1179
Au reste , la maniere sage et chrétienne
dont le petit Heincken envisagea la
mort , est à proportion aussi extraordi
naire pour son âge , que le sont les connoissances
qu'il avoit acquises pendant sa
vie.
Extrait des Nouvelles Litteraires
du XVII. Tome.
fille
De Strasbourg. Madame Linck
et femme de deux Professeurs en Droit
de cette Ville , a publié une Traduction
du Polyeucte de Corneille , en vers Allemands.
De Nuremberg. On débite une Brochu
re en forme de Dictionnaire , qui contient
la liste de tous les Bains et des Eaux
Minerales , sous le titre de Bibliotheca
cum Lexico Hydrologico.
M. Frederic Bothscholtz a formé le
projet de rassembler en deux Volumes in
folio , tous les Ouvrages qui traitent de
la Librairie et de l'Imprimerie. Chacun
paroîtra tel qu'il est , et même dans la
Langue où il a été imprimé , ou si c'est
un Ouvrage Manuscrit , dans celle où il
aura été composé.
D'Altorf.M. le Professeur Koehler, publie
toutes les semaines une Feuille qui
contient, l'explication et le dessein de
I. Vol. quel1180MERCURE
DE FRANCE
quelque Medaille. C'est à Nuremberg
que s'imprime ce nouvel Ouvrage Periodique
en Allemand .
De Goettingen. M. le Docteur Heumaun ,
Inspecteur du College de cette Ville , publiera
incessamment l'Ouvrage de Charlemagne
contre le second Concile de Nicée
, sur l'Edition que Jean du Tillet Evêque
de Meaux publia à Paris en 1549.
sans nom d'Auteur , et sans marquer le
lieu de l'impression . Cette Edition étoit
devenue extrêmement rare . M. Heumaun
joindra ses propres remarques aux corrections
de du Tillet et de Goldstat , et le
tout sera précedé d'une Dissertation dont
le dessein est de prouver que ce Traité
est de Charlemagne , et contient ses veritables
sentimens , tout au moins de la même
maniere que la Confession d'Ausbourg
doit être attribuée aux Princes qui la fignerent.
De Leipsic DISSERTATIO Epistolica ad
Eminentissimam atque Reverendissimum
Dominum Christianum Wormium , Diaceseos
Sialandica in Danuâ Episcopum, &c.
de scriptis quibusdam integris , fragmentisque
hactenus ineditis , que in itinere Gallico-
Anglico, atque Germanico reperire contigit et
nunc in lucem publicam edenda parat, virosque
eruditos insimul ad conferendas symbolas
IVol. humanisJUIN.
1734: 1181
humanissimè invitat Magnus Crusius Sles-
Wicensis V. D. M.
C'est le titre d'une Brochure de neuf
feuilles que
Gleditsch a imprimé . On
voit par ce titre que M. Crusius , ci- devant
Chapelain de l'Ambassade Danoise
en France et connu par la vie de Duplessis
Mornay qu'il a mis au jour sous ce titre:
Memorabilia Plessiaca , a ramassé de bons
materiaux dans ces voyages , et qu'il a
dessein de les communiquer au Public.
Le détail de ses acquisitions et de ses projets
se trouve dans la Lettre même . Il y
parle , entr'autres , d'une continuation
du Spicilegium Patrum de Grabe ; d'une
nouvelle Edition de S. Irenée , recommandable
par plusieurs Pieces , non imprimées
, de cet ancien Docteur , et par
des Remarques nouvelles de Thomas Aisler
, d'Edouard Bernard , de François du
Jon ou Junius , de Daniel Heinsius , et
de quelques autres Sçavans. M. Crusius
nous promet encore une Edition beaucoup
plus ample que les précedentes , des
Annales de Nicetas Choniate ; une Edition
d'Arnobe contre les Gentils , avec
'des notes de plusieurs Sçavans , lesquelles
n'ont point encore vû le jour ; et une
Histoire du Lutheranisme en France .
De Dresde. M. Mathieu Daniel Poep-
I. Vol.
pelmaun
1182 MERCURE DE FRANCE
pelmaun , Architecte du Roi de Pologne
, a publié une Description de divers
Bâtimens magnifiques de cette Ville et
des environs appartenans à Sa Majesté .
La Description est en Allemand et en
François , accompagnée de quantité de
figures qui font le principal de cet Ouvrage.
On y voit aussi le dessein de la
grande Cuve qu'on a placée depuis peu
à Koenigstein , et qui tient environ deux
cens Bariques de plus que celle de Heidelberg.
>
De Crossen. M. Samuel Ledel , Docteur
en Medecine , travaille à une Histoire de
Monstres. Il a aussi considerablement augmenté
la Centauriologia curiosa Ouvrage
que feu M. son Pere fit imprimer en
1694. à Francfort sur le Mein , et il a
dessein d'en publier une nouvelle Edition
,
M. DCC . XXIX . Tome XVII . et
XVIII. 1. vol . 12. A Amsterdam , chez
Pierre Humbert M. DCC . XXIX .
On trouve dans le III . Article du premier
de ces deux Tomes , dequoi se dedommager
de la secheresse et du peu d'interêts
qui règne dans la plupart des autres
Articles . On y rend compte d'un Livre
Allemand , dont le Titre rendu François
, est RELATION d'un Enfant extraordinairement
avancé pour son âge , &c. vol.
in 4. A Leipsic , 1728. Cette Relation
contient aussi d'autres exemples d'Enfans
extraordinaires et distingués par leur sça-
F vj voit 1Vol.
T176 MERCURE DE FRANCE
voir , et des observations utiles et inte
ressantes sur le même sujet.
Jean - Philippe Baratier , Fils de M. Baratier
, Pasteur de la R. P. R. de Schwabach
, dans le Marquisat d'Anspach , est
le principal sujet de la Relation dont le
Pere même est l'Auteur ; mais comme
il a déja été parlé de cet Enfant dans notre
Mercure , nous passerons à un autre
qui paroîtra encore plus extraordinaire.
,
C'est Chrétien Henri Heinecken , fils
d'un Peintre de Lubeck , lequel nâquit
dans cette Ville- là le 6. Fevrier 1721.et
mourut le 27. Juin 1725. Dans ce court
espace de quatre ans et près de cinq mois ,
il donna des preuves si extraordinaires de
son esprit et de sa memoire , qu'on ne
pourroit presque se resoudre à les croire
si elles n'étoient pas attestées par unghd
nombre de témoins éclairés qui ont
eux-mêmes vû et admiré cet Enfant. Ce
fut à dix mois qu'il commença à parler ,
et cela à l'occasion de diverses figures
dont il parut souhaiter l'explication ; on
la lui donna , et tout d'un coup on remarqua
qu'il observoit avec une attention
fixe les mouvemens des levres de ceux
qui lui parloient , et il vint à bout , non
sans effort , de prononcer syllabe après
syllabe ce qu'on lui disoit. Ces progrès
IVol.
furent
JUI N. 1734 1177
furent depuis ce tems - là très- rapides ,
puisqu'à un an il sçavoit les principaux
évenemens du Pentateuque; à treize mois,
l'Histoire de l'Ancien Testament ,
quatorze celle du Nouveau .
et à
Au mois de Septembre 1723. le petit
Heinecken avoit acquis une connoissance
si exacte de l'Histoire ancienne et moderne
, et de la Géographie , qu'il répondoit
pertinemment aux questions qu'on lui
faisoit sur des sujets diversifiés. Il chargea
aussi sa memoire d'une grande quantité de
mots Latins , de sorte qu'il parvint à parler
cette Langue avec facilité , et il apprit
parcoeur en cette Langue les Institutes de
Justinien. Quelque tems après il apprit
aussi passablement le François , et avant
sa quatrième année il étoit bien avancé
dal connoissance de la Genealogie des
principales Maisons de l'Europe. Jamais
onne vit plus d'ardeur à acquerir de nouvelles
connoissances , et cela même est une
preuve du genie de cet Enfant. L'Auteur
de sa vie rapporte d'ailleurs un assez bon
nombre de traits qui marquent et de l'esprit
et du jugement ; l'un et l'autre paroissent
sur tout dans l'application qu'il
faisoit des Sentences et des Passages de
Ecriture Sainte qu'il avoit appris , aux
diverses circonstances où il se trouvoit.
1. Vol. Une
1178 MERCURE DE FRANCE
Une bonne partie de sa quatrième année
fut employée au voyage de Danemarck,
où il fut admiré de toute la Cour ; il harangua
de fort bonne grace le Roi et les
Princes du Sang . De retour à Lubeck il
y apprit à écrire en fort peu de tems ,
quoiqu'il eût à peine la force de tenir sa
plume. Enfin après avoir langui quelques
mois il mourut dans le tems marqué cidessus.
C'est une chose remarquable que cet
Enfant si extraordinaire , par rapport aux
talens de son esprit , fût en même - tems
d'une complexion très - délicate. Il est
d'autant plus étonnant qu'il sçût tant de
choses que des maladies très-fâcheuses qui
se suivirent de près , lui auroient dû ,
ce semble , ôter presque tout moyen de
bien apprendre. L'Auteur de sa vie attri
bue ses infirmités presque continuelles
et sa mort prématurée à sa délicatesse natutelle
, et aux passions de sa Nourrice ,
qui eurent plus d'influences sur lui qu'elles
n'en auroient eu sur un autre , parce
qu'il ne fut sevré que quelques mois avant
sa mort , ayant témoigné beaucoup de répugnance
pour toutes sortes d'alimens
excepté le lait , et en particulier celui
de cette Nourrice . Cette repugnance fut
cause qu'il ne mâchoit qu'avec une extrê
me difficulté. Au
JUIN. 1734
1179
Au reste , la maniere sage et chrétienne
dont le petit Heincken envisagea la
mort , est à proportion aussi extraordi
naire pour son âge , que le sont les connoissances
qu'il avoit acquises pendant sa
vie.
Extrait des Nouvelles Litteraires
du XVII. Tome.
fille
De Strasbourg. Madame Linck
et femme de deux Professeurs en Droit
de cette Ville , a publié une Traduction
du Polyeucte de Corneille , en vers Allemands.
De Nuremberg. On débite une Brochu
re en forme de Dictionnaire , qui contient
la liste de tous les Bains et des Eaux
Minerales , sous le titre de Bibliotheca
cum Lexico Hydrologico.
M. Frederic Bothscholtz a formé le
projet de rassembler en deux Volumes in
folio , tous les Ouvrages qui traitent de
la Librairie et de l'Imprimerie. Chacun
paroîtra tel qu'il est , et même dans la
Langue où il a été imprimé , ou si c'est
un Ouvrage Manuscrit , dans celle où il
aura été composé.
D'Altorf.M. le Professeur Koehler, publie
toutes les semaines une Feuille qui
contient, l'explication et le dessein de
I. Vol. quel1180MERCURE
DE FRANCE
quelque Medaille. C'est à Nuremberg
que s'imprime ce nouvel Ouvrage Periodique
en Allemand .
De Goettingen. M. le Docteur Heumaun ,
Inspecteur du College de cette Ville , publiera
incessamment l'Ouvrage de Charlemagne
contre le second Concile de Nicée
, sur l'Edition que Jean du Tillet Evêque
de Meaux publia à Paris en 1549.
sans nom d'Auteur , et sans marquer le
lieu de l'impression . Cette Edition étoit
devenue extrêmement rare . M. Heumaun
joindra ses propres remarques aux corrections
de du Tillet et de Goldstat , et le
tout sera précedé d'une Dissertation dont
le dessein est de prouver que ce Traité
est de Charlemagne , et contient ses veritables
sentimens , tout au moins de la même
maniere que la Confession d'Ausbourg
doit être attribuée aux Princes qui la fignerent.
De Leipsic DISSERTATIO Epistolica ad
Eminentissimam atque Reverendissimum
Dominum Christianum Wormium , Diaceseos
Sialandica in Danuâ Episcopum, &c.
de scriptis quibusdam integris , fragmentisque
hactenus ineditis , que in itinere Gallico-
Anglico, atque Germanico reperire contigit et
nunc in lucem publicam edenda parat, virosque
eruditos insimul ad conferendas symbolas
IVol. humanisJUIN.
1734: 1181
humanissimè invitat Magnus Crusius Sles-
Wicensis V. D. M.
C'est le titre d'une Brochure de neuf
feuilles que
Gleditsch a imprimé . On
voit par ce titre que M. Crusius , ci- devant
Chapelain de l'Ambassade Danoise
en France et connu par la vie de Duplessis
Mornay qu'il a mis au jour sous ce titre:
Memorabilia Plessiaca , a ramassé de bons
materiaux dans ces voyages , et qu'il a
dessein de les communiquer au Public.
Le détail de ses acquisitions et de ses projets
se trouve dans la Lettre même . Il y
parle , entr'autres , d'une continuation
du Spicilegium Patrum de Grabe ; d'une
nouvelle Edition de S. Irenée , recommandable
par plusieurs Pieces , non imprimées
, de cet ancien Docteur , et par
des Remarques nouvelles de Thomas Aisler
, d'Edouard Bernard , de François du
Jon ou Junius , de Daniel Heinsius , et
de quelques autres Sçavans. M. Crusius
nous promet encore une Edition beaucoup
plus ample que les précedentes , des
Annales de Nicetas Choniate ; une Edition
d'Arnobe contre les Gentils , avec
'des notes de plusieurs Sçavans , lesquelles
n'ont point encore vû le jour ; et une
Histoire du Lutheranisme en France .
De Dresde. M. Mathieu Daniel Poep-
I. Vol.
pelmaun
1182 MERCURE DE FRANCE
pelmaun , Architecte du Roi de Pologne
, a publié une Description de divers
Bâtimens magnifiques de cette Ville et
des environs appartenans à Sa Majesté .
La Description est en Allemand et en
François , accompagnée de quantité de
figures qui font le principal de cet Ouvrage.
On y voit aussi le dessein de la
grande Cuve qu'on a placée depuis peu
à Koenigstein , et qui tient environ deux
cens Bariques de plus que celle de Heidelberg.
>
De Crossen. M. Samuel Ledel , Docteur
en Medecine , travaille à une Histoire de
Monstres. Il a aussi considerablement augmenté
la Centauriologia curiosa Ouvrage
que feu M. son Pere fit imprimer en
1694. à Francfort sur le Mein , et il a
dessein d'en publier une nouvelle Edition
,
Fermer
Résumé : Bibliotheque Germanique, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un compte rendu de la Bibliothèque Germanique, publié en 1729 à Amsterdam. Le troisième article du premier tome mentionne un livre allemand intitulé 'Relation d'un Enfant extraordinairement avancé pour son âge', publié à Leipzig en 1728. Ce livre relate les exploits de Jean-Philippe Baratier et de Chrétien Henri Heinecken, deux enfants prodiges. Chrétien Henri Heinecken, né à Lübeck le 6 février 1721 et décédé le 27 juin 1725, a démontré des capacités intellectuelles exceptionnelles. À dix mois, il a commencé à parler et a rapidement acquis des connaissances en histoire, géographie, et langues (latin et français). À quatre ans, il maîtrisait les Institutes de Justinien en latin et avait des connaissances en généalogie européenne. Malgré une santé fragile, il a continué à apprendre et à impressionner par son esprit et son jugement. Heinecken est décédé à l'âge de quatre ans et demi, après avoir été admiré par la cour danoise et avoir appris à écrire. Le texte mentionne également diverses publications et projets littéraires, notamment une traduction du 'Polyeucte' de Corneille en allemand par Madame Linck, un dictionnaire des bains et eaux minérales, et plusieurs ouvrages académiques et historiques en préparation ou récemment publiés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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988
p. 1182-1183
« On apprend de Venise, que J. B. Pasqualini, a achevé d'imprimer la nouvelle [...] »
Début :
On apprend de Venise, que J. B. Pasqualini, a achevé d'imprimer la nouvelle [...]
Mots clefs :
Londres, Shakespeare, Histoire byzantine, Marbres d'Arundel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On apprend de Venise, que J. B. Pasqualini, a achevé d'imprimer la nouvelle [...] »
On apprend de Venise , que J. B. Pasqualini
, a achevé d'imprimer la nouvelle
Edition de l'Histoire Bizantine , en 22 .
vol. in -fol. et qu'il commence à debiter
le 23. vol. de cet ample Recueil .
On écrit de Londres , que Guillaume
Bowyer y a imprimé le Supplement aux
Marbres d' Arundel ou d'Oxfort , que M.
Maittaire a publié depuis peu sous ce ti-
· I. Vol. tre,
JUIN. 1734. 1183
tre : Appendix ad Marmora Academia
Oxionensis , sive graca trium Marmorum
recens repertorum Inscriptiones , cum Latina
Versione et Notis 1733 .
On a fait depuis peu à Londres une
Edition complette de Pieces de Theatre
de Shakespear, avec des Notes de M.
7heobald , en 7. vol . in 8. en Anglois.
, a achevé d'imprimer la nouvelle
Edition de l'Histoire Bizantine , en 22 .
vol. in -fol. et qu'il commence à debiter
le 23. vol. de cet ample Recueil .
On écrit de Londres , que Guillaume
Bowyer y a imprimé le Supplement aux
Marbres d' Arundel ou d'Oxfort , que M.
Maittaire a publié depuis peu sous ce ti-
· I. Vol. tre,
JUIN. 1734. 1183
tre : Appendix ad Marmora Academia
Oxionensis , sive graca trium Marmorum
recens repertorum Inscriptiones , cum Latina
Versione et Notis 1733 .
On a fait depuis peu à Londres une
Edition complette de Pieces de Theatre
de Shakespear, avec des Notes de M.
7heobald , en 7. vol . in 8. en Anglois.
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Résumé : « On apprend de Venise, que J. B. Pasqualini, a achevé d'imprimer la nouvelle [...] »
À Venise, J. B. Pasqualini a publié une nouvelle édition de l'Histoire Byzantine en 22 volumes, avec un 23e en distribution. À Londres, Guillaume Bowyer a imprimé un supplément aux Marbres d'Arundel, contenant des inscriptions grecques traduites en latin, publié en 1733. Londres a également vu la parution des œuvres complètes de Shakespeare en 7 volumes, annotées par M. Theobald.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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989
p. 1192-1201
Tragédie d'Adelaïde, &c. [titre d'après la table]
Début :
Sur les plaintes qu'on a faites, de n'avoir fait qu'annoncer la Tragedie [...]
Mots clefs :
Duc de Vendôme, Adélaïde du Guesclin, Duc de Nemours, Coucy, Frère, Amour, Gardes, Mort, Prison, Vengeance, Voltaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tragédie d'Adelaïde, &c. [titre d'après la table]
Ur les plaintes qu'on a faites , de n'avoir
fait qu'annoncer la Tragedie
d'Adelaide de M. de Voltaire , après
avoir promis d'en parler plus au long :
nous avons composé l'Extrait qu'on va
lire , avec le plus de soin qu'il nous a été
possible.
Adelaïde du Guesclin , niéce du Conétable
de ce nom , est l'Heroine de ce Poëme.
L'époque de l'action Theatrale , est
le tems des guerres de Charles VII . contre
les Anglois , et la Ville de Lille est
le lieu de la Scene .
.
Adelaide commence la Piece avec le
1. Vol -Sire
JUIN. 1734. 1193
-
Sire de Coucy , Seigneur François . Ce der
nier a aimé Adelaïde avant qu'elle fût
aimée du Duc de Vendôme ; son amitié
pour ce Prince du Sang des Bourbons le
porte non seulement à sacrifier son
amour , mais encore à parler en faveur
de son Rival . Quelques Critiques auroient
souhaité que son amitié ne fut pas allée
plus loin , et jusqu'à lui fire prendre les
armes contre son Maître legitime. Adelaïde
lui fait presser.tir qu'elle ne sçauroit
donner ni son coeur , ni sa main au
Duc de Vendôme , et le prie de détourner
son Ami d'une passion qui le rendroit
malheureux ; Coucy se refuse à ce
bon office , sous prétexte
, sous prétexte qu'il ne veut
pas affliger Vendôme.
Adelaïde allarmée d'un faux bruit qui
court sur la mort du Duc de Nemours ,
Frere du Duc de Vendôme , fait connoî
tre par sa frayeur qu'elle aime Nemours,
elle l'avoue même à Jaise d'Aglure , sa
confidente.
Vendôme vient , il parle d'amour à
Adelaide ; elle lui demande si Coucy ne
lui a point parlé ; le nom de Nemours
lui échappe elle n'en dit pas davantage
, ou plutôt elle pallie ce demi aveu
par une feinte ingenieuse , en lui disant
que le bruit de la mort d'un frere si cher
1.Vol.
Giij ne
194 MERCURE DE FRANCE
ne lui permet pas de parler d'Hymen .
Heureusement pour elle Coucy vient annoncer
à Vendôme que les Troupes du
Dauphin s'avancent à grand pas . Vendôme
est obligé de partir incertain de son
sort.
Adelaïde , ayant appris dans la Scene
précedente , que non- seulement son cher
Nemours n'est pas mort , mais qu'il est
à la tête des Troupes qui s'avancent vers
Lille , flotte entre l'esperance et la crainte .
Vendôme et Coucy ouvrent la Scene
du II . Acre , et font entendre que les
Assiegeans ont été repoussez vigoureusement.
Vendôme rend justice à la valeur
d'un de leurs Chefs qu'il n'a fait prisonnier
qu'après l'avoir blessé ; il dit même
qu'en le combattant il a senti des mouvemens
de pitié qu'il attribuë à l'amour
qu'il sent pour Adelaide , qui ne lui permet
plus cette ferocité qu'il avoit autrefois
dans les combats .
On amene le Prisonnier blessé , c'est
Nemours lui même;Vendôme court l'embrasser
; Nemours se refuse à ses caresses ;
il lui reproche sa rebellion contre son
Prince , et son union avec les Ennemis.
de sa Patrie ; Vendôme ne peut entendre
ces reproches sans colere , et prie son Frere
de les lui épargner ; il l'invite à la fêre
I. Vol.
qui ..
JUIN. 1734.
1195
qui se prépare pour son Hymen avec Ade
laïde. Nemours lui reproche son amour
comme violent et même effrené ; Vendô
me lui répond que la vûë de cet aimable
objet va suffire pour justifier la violence
de sa passion : Il ordonne qu'on fasse venir
Adelaïde.
A la vûë d'Adelaïde , la blessure de
Nemours se rouvre , Vendôme en est allarmé
, il suit ce malheureux Frere qu'on
em porte.
Adelaïde se plaint au Ciel de ce qu'il
ne lui rend son Amant que pour le lui
faire perdre une seconde fois .
Vendôme revient , Adelaïde lui demande
avec empressement des nouvelles de
Nemours ; il lui répond qu'il a arrêté son
sang et Ini reparle d'Amour et d'Hymen.
Adelaïde lui répond fierement
qu'elle ne donnera jamais ni sa main , ni
son coeur à un Prince armé contre son
Roi Vendôme éclate de colere contre
elle. Adelaide le quitte avec une noble
intrépidité , et en l'assurant qu'elle sera
toujours la même. Vendôme ne sçait à
quoi attribuer la resolution d'Adelaïde ,
il en soupçonne quelque secrette inclination;
le silense que Coucy a gardé depuis
qu'il l'a prié de disposer le coeur d'Adelaïde
en sa faveur , lui fait croire qu'il est
I. Vol.
Giljson
1198 MERCURE DE FRANCE
sa parole , il ne peut la suivre sans se deshonorer
; elle lui dit tendrement que la
fortune jalouse lui a toujours envié le nom
de son Epouse ; Nemours lui dir que la
foi qu'il a donnée n'a pas besoin de l'appareil
pompeux qui ne sert qu'à la rendre
plus éclatante sans la rendre plus sûre`s
il atteste les Manes des Rois ses Ayeux ,
et l'ombre du Grand - du Guesclin
dont la cendre repose avec celle de ses
Maîtres ; et c'est sur de si Illustres Garans
qu'il lui jure une foi immortelle.
Adelaide rassurée par de si augustes sermens
, se resout à partir d'un lieu qui
peut lui devenir fatal...
>
Vendôme entre sur le champ , et il
ordonne à ses Gardes de saisir Nemours : *
c'est alors que Nemours croit n'avoir plus
rien à dissimuler ; il brave la colere de
son Frere , le traite d'infidele à son Roi
et à sa Patrie ; Vendôme ordonne à ses
Gardes de le conduire en lien de sûreté
Nemours continuëà le braver , et renouvellant
son serment à Adélaïde , il dit fiement
à leur commun Tyran , qu'il l'en
rend témoin malgré lui. Adelaïde en
pleurs n'oublie rien pour desarmer son fu
bon
que
Vendo
* Les Critiques ne trouvent pas
me ne dise rien aux Spectateurs , de ce qu'il a appris
dans l'entr Acte.
1. Vel. rieux
JUIN. 1734 1199
rieux Amant ; il lui répond que la grace
de Nemours est à l'Autel , et que si elle
balance à l'y suivre , c'est fait de ce trop
heureux Rival.
Un Officier lui vient annoncer qu'on
le trahit , et que c'est le Duc de Nemours
qui est l'Auteur de la trahison
Coucy vient l'inviter à se défendre , il
répond à Coucy qu'il n'est présentement
Occupé que de sa vengeance contre son
Rival , et que dès qu'il l'aura remplie ',
il ira chercher la mort parmi ses ennemis ;
Coucy fremit de cette resolution ; Vendôme
lui dit qu'il n'attend pas ce service
de sa main , et qu'il en trouvera de plus
sûres ; Coucy craignant d'être prévenu
lui promet de lui donner des preuves de
sou zele dont il n'aura plus à douter .
Vendôme le reconnoît pour son veritable
Ami , et lui dit de l'avertir par un
coup de canon de l'execution de sa promesse.
Au V. Acte , Vendôme , tout plein de
sa vengeance dont il n'a pas voulu se reposer
sur un Ami aussi vertueux que
Coucy , demande à un de ses gardes si le
Soldat qu'il a choisi pour tuer Nemours
est prêt à executer ses ordres ; ce Garde
lui répond qu'il n'en doit point douterjet
qu'on a vû ce Soldat s'avancer vers
1. Vol.
G vj la
1200 MERCURE DE FRANCE
la prison ; Vendôme ordonne qu'on se
retire .
C'est ici le premier moment où la nature
lui fait sentir des remords , il flotte assez
long tems entre la haine et l'amitié. Il
se détermine enfin en faveur du sang ; il
appelle ses Gardes, un Officier vient; Vendôme
lui ordonne d'aller faire revoquer
l'ordre sanglant qu'il a donné contre son
Frere ; cet Officier lui fait connoître qu'il
craint qu'ikn'en soit plus tems , et qu'on
vient de transporter un Cadavre de la
Prison par l'ordre de Coucy. Vendôme
ne doute point que Coucy ne l'ait trop
bien servi ; un coup de canon qu'il entend
, ou qu'il croit entendre ne lui permet
plus de douter de l'assassinat ; il se
livre tout entier aux plus vifs remords .
Adelaïde , qui ignore ce qui peut s'être
passé , vient le trouver prête à le suivre à
'Autel , puisque la vie de son Amant
est à ce prix ; Vendôme ne lui répond que
par des gemissemens , et lui dit enfin que
Nemours n'est plus . Adelaide l'accable
de reproches et d'injures ; il veut se donner
la mort ; Coucy arrive et lui retient
le bras ; Vendôme lui reproche d'avoir
exccuté un Arrêt dicté par la jalousie s
Coucy lui répond que le crime n'en auroit
pas été moins commis , puisqu'une
1. Vola autre
JUIN. 1734. 1201
autre main en alloit être chargée. Adelaide
fait des reproches très touchans à
Coucy , dont elle n'auroit jamais soupçonné
qu'un coup si funeste pût partir.
Coucy se justifie enfin envers tous les
il déclare que le corps qu'on a vû
deux ,
sortir de la Prison est celui du Soldat qui
avoit déja le bras levé pour le poignarder
, et qui auroit achevé le crime s'il
n'avoit pas été poignardé lui même . Il ordonne
qu'on fasse venir Nemours ; ce
Prince vient , son Frere le reçoit à bras
ouverts ; il se punit des ordres cruels
qu'il avoit donnés , en se privant d'Adelaïde
, et se reconcilie avec son Frere , en
lui cedant cet objet de son Amour. La
Tragedie finit par une ferme resolution
que Vendôme fait de faire oublier ses égaremens
à force de vertus ; il consent à
rentrer sous l'obéissance de son Maître.
La fin de cette Piece à paru très- touchante.
Les principaux Roles qui sont celui
de Vendôme , d'Adelaïde , de Nemours,
et de Coucy , ont été patfaitement bien
remplis , par le sieur du Frêne , la Dlle
Gossin , le sieur Grandval , et le sieur le
Grand.
fait qu'annoncer la Tragedie
d'Adelaide de M. de Voltaire , après
avoir promis d'en parler plus au long :
nous avons composé l'Extrait qu'on va
lire , avec le plus de soin qu'il nous a été
possible.
Adelaïde du Guesclin , niéce du Conétable
de ce nom , est l'Heroine de ce Poëme.
L'époque de l'action Theatrale , est
le tems des guerres de Charles VII . contre
les Anglois , et la Ville de Lille est
le lieu de la Scene .
.
Adelaide commence la Piece avec le
1. Vol -Sire
JUIN. 1734. 1193
-
Sire de Coucy , Seigneur François . Ce der
nier a aimé Adelaïde avant qu'elle fût
aimée du Duc de Vendôme ; son amitié
pour ce Prince du Sang des Bourbons le
porte non seulement à sacrifier son
amour , mais encore à parler en faveur
de son Rival . Quelques Critiques auroient
souhaité que son amitié ne fut pas allée
plus loin , et jusqu'à lui fire prendre les
armes contre son Maître legitime. Adelaïde
lui fait presser.tir qu'elle ne sçauroit
donner ni son coeur , ni sa main au
Duc de Vendôme , et le prie de détourner
son Ami d'une passion qui le rendroit
malheureux ; Coucy se refuse à ce
bon office , sous prétexte
, sous prétexte qu'il ne veut
pas affliger Vendôme.
Adelaïde allarmée d'un faux bruit qui
court sur la mort du Duc de Nemours ,
Frere du Duc de Vendôme , fait connoî
tre par sa frayeur qu'elle aime Nemours,
elle l'avoue même à Jaise d'Aglure , sa
confidente.
Vendôme vient , il parle d'amour à
Adelaide ; elle lui demande si Coucy ne
lui a point parlé ; le nom de Nemours
lui échappe elle n'en dit pas davantage
, ou plutôt elle pallie ce demi aveu
par une feinte ingenieuse , en lui disant
que le bruit de la mort d'un frere si cher
1.Vol.
Giij ne
194 MERCURE DE FRANCE
ne lui permet pas de parler d'Hymen .
Heureusement pour elle Coucy vient annoncer
à Vendôme que les Troupes du
Dauphin s'avancent à grand pas . Vendôme
est obligé de partir incertain de son
sort.
Adelaïde , ayant appris dans la Scene
précedente , que non- seulement son cher
Nemours n'est pas mort , mais qu'il est
à la tête des Troupes qui s'avancent vers
Lille , flotte entre l'esperance et la crainte .
Vendôme et Coucy ouvrent la Scene
du II . Acre , et font entendre que les
Assiegeans ont été repoussez vigoureusement.
Vendôme rend justice à la valeur
d'un de leurs Chefs qu'il n'a fait prisonnier
qu'après l'avoir blessé ; il dit même
qu'en le combattant il a senti des mouvemens
de pitié qu'il attribuë à l'amour
qu'il sent pour Adelaide , qui ne lui permet
plus cette ferocité qu'il avoit autrefois
dans les combats .
On amene le Prisonnier blessé , c'est
Nemours lui même;Vendôme court l'embrasser
; Nemours se refuse à ses caresses ;
il lui reproche sa rebellion contre son
Prince , et son union avec les Ennemis.
de sa Patrie ; Vendôme ne peut entendre
ces reproches sans colere , et prie son Frere
de les lui épargner ; il l'invite à la fêre
I. Vol.
qui ..
JUIN. 1734.
1195
qui se prépare pour son Hymen avec Ade
laïde. Nemours lui reproche son amour
comme violent et même effrené ; Vendô
me lui répond que la vûë de cet aimable
objet va suffire pour justifier la violence
de sa passion : Il ordonne qu'on fasse venir
Adelaïde.
A la vûë d'Adelaïde , la blessure de
Nemours se rouvre , Vendôme en est allarmé
, il suit ce malheureux Frere qu'on
em porte.
Adelaïde se plaint au Ciel de ce qu'il
ne lui rend son Amant que pour le lui
faire perdre une seconde fois .
Vendôme revient , Adelaïde lui demande
avec empressement des nouvelles de
Nemours ; il lui répond qu'il a arrêté son
sang et Ini reparle d'Amour et d'Hymen.
Adelaïde lui répond fierement
qu'elle ne donnera jamais ni sa main , ni
son coeur à un Prince armé contre son
Roi Vendôme éclate de colere contre
elle. Adelaide le quitte avec une noble
intrépidité , et en l'assurant qu'elle sera
toujours la même. Vendôme ne sçait à
quoi attribuer la resolution d'Adelaïde ,
il en soupçonne quelque secrette inclination;
le silense que Coucy a gardé depuis
qu'il l'a prié de disposer le coeur d'Adelaïde
en sa faveur , lui fait croire qu'il est
I. Vol.
Giljson
1198 MERCURE DE FRANCE
sa parole , il ne peut la suivre sans se deshonorer
; elle lui dit tendrement que la
fortune jalouse lui a toujours envié le nom
de son Epouse ; Nemours lui dir que la
foi qu'il a donnée n'a pas besoin de l'appareil
pompeux qui ne sert qu'à la rendre
plus éclatante sans la rendre plus sûre`s
il atteste les Manes des Rois ses Ayeux ,
et l'ombre du Grand - du Guesclin
dont la cendre repose avec celle de ses
Maîtres ; et c'est sur de si Illustres Garans
qu'il lui jure une foi immortelle.
Adelaide rassurée par de si augustes sermens
, se resout à partir d'un lieu qui
peut lui devenir fatal...
>
Vendôme entre sur le champ , et il
ordonne à ses Gardes de saisir Nemours : *
c'est alors que Nemours croit n'avoir plus
rien à dissimuler ; il brave la colere de
son Frere , le traite d'infidele à son Roi
et à sa Patrie ; Vendôme ordonne à ses
Gardes de le conduire en lien de sûreté
Nemours continuëà le braver , et renouvellant
son serment à Adélaïde , il dit fiement
à leur commun Tyran , qu'il l'en
rend témoin malgré lui. Adelaïde en
pleurs n'oublie rien pour desarmer son fu
bon
que
Vendo
* Les Critiques ne trouvent pas
me ne dise rien aux Spectateurs , de ce qu'il a appris
dans l'entr Acte.
1. Vel. rieux
JUIN. 1734 1199
rieux Amant ; il lui répond que la grace
de Nemours est à l'Autel , et que si elle
balance à l'y suivre , c'est fait de ce trop
heureux Rival.
Un Officier lui vient annoncer qu'on
le trahit , et que c'est le Duc de Nemours
qui est l'Auteur de la trahison
Coucy vient l'inviter à se défendre , il
répond à Coucy qu'il n'est présentement
Occupé que de sa vengeance contre son
Rival , et que dès qu'il l'aura remplie ',
il ira chercher la mort parmi ses ennemis ;
Coucy fremit de cette resolution ; Vendôme
lui dit qu'il n'attend pas ce service
de sa main , et qu'il en trouvera de plus
sûres ; Coucy craignant d'être prévenu
lui promet de lui donner des preuves de
sou zele dont il n'aura plus à douter .
Vendôme le reconnoît pour son veritable
Ami , et lui dit de l'avertir par un
coup de canon de l'execution de sa promesse.
Au V. Acte , Vendôme , tout plein de
sa vengeance dont il n'a pas voulu se reposer
sur un Ami aussi vertueux que
Coucy , demande à un de ses gardes si le
Soldat qu'il a choisi pour tuer Nemours
est prêt à executer ses ordres ; ce Garde
lui répond qu'il n'en doit point douterjet
qu'on a vû ce Soldat s'avancer vers
1. Vol.
G vj la
1200 MERCURE DE FRANCE
la prison ; Vendôme ordonne qu'on se
retire .
C'est ici le premier moment où la nature
lui fait sentir des remords , il flotte assez
long tems entre la haine et l'amitié. Il
se détermine enfin en faveur du sang ; il
appelle ses Gardes, un Officier vient; Vendôme
lui ordonne d'aller faire revoquer
l'ordre sanglant qu'il a donné contre son
Frere ; cet Officier lui fait connoître qu'il
craint qu'ikn'en soit plus tems , et qu'on
vient de transporter un Cadavre de la
Prison par l'ordre de Coucy. Vendôme
ne doute point que Coucy ne l'ait trop
bien servi ; un coup de canon qu'il entend
, ou qu'il croit entendre ne lui permet
plus de douter de l'assassinat ; il se
livre tout entier aux plus vifs remords .
Adelaïde , qui ignore ce qui peut s'être
passé , vient le trouver prête à le suivre à
'Autel , puisque la vie de son Amant
est à ce prix ; Vendôme ne lui répond que
par des gemissemens , et lui dit enfin que
Nemours n'est plus . Adelaide l'accable
de reproches et d'injures ; il veut se donner
la mort ; Coucy arrive et lui retient
le bras ; Vendôme lui reproche d'avoir
exccuté un Arrêt dicté par la jalousie s
Coucy lui répond que le crime n'en auroit
pas été moins commis , puisqu'une
1. Vola autre
JUIN. 1734. 1201
autre main en alloit être chargée. Adelaide
fait des reproches très touchans à
Coucy , dont elle n'auroit jamais soupçonné
qu'un coup si funeste pût partir.
Coucy se justifie enfin envers tous les
il déclare que le corps qu'on a vû
deux ,
sortir de la Prison est celui du Soldat qui
avoit déja le bras levé pour le poignarder
, et qui auroit achevé le crime s'il
n'avoit pas été poignardé lui même . Il ordonne
qu'on fasse venir Nemours ; ce
Prince vient , son Frere le reçoit à bras
ouverts ; il se punit des ordres cruels
qu'il avoit donnés , en se privant d'Adelaïde
, et se reconcilie avec son Frere , en
lui cedant cet objet de son Amour. La
Tragedie finit par une ferme resolution
que Vendôme fait de faire oublier ses égaremens
à force de vertus ; il consent à
rentrer sous l'obéissance de son Maître.
La fin de cette Piece à paru très- touchante.
Les principaux Roles qui sont celui
de Vendôme , d'Adelaïde , de Nemours,
et de Coucy , ont été patfaitement bien
remplis , par le sieur du Frêne , la Dlle
Gossin , le sieur Grandval , et le sieur le
Grand.
Fermer
Résumé : Tragédie d'Adelaïde, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un résumé de la tragédie 'Adelaïde' de Voltaire. L'action se déroule durant les guerres de Charles VII contre les Anglais, à Lille, et met en scène Adelaïde du Guesclin, nièce du Conétable du Guesclin. La pièce commence avec le sire de Coucy, François, qui aime Adelaïde mais renonce à elle pour le duc de Vendôme, son ami et rival. Adelaïde, alarmée par une fausse rumeur sur la mort du duc de Nemours, frère de Vendôme, avoue son amour pour Nemours à sa confidente. Vendôme, ignorant ces sentiments, déclare son amour à Adelaïde, qui lui demande s'il a parlé à Coucy. Nemours, blessé, est capturé et amené devant Vendôme, qui organise un mariage avec Adelaïde. Nemours, gravement blessé, est soigné, et Adelaïde refuse Vendôme, révélant son amour pour Nemours. Vendôme, jaloux, ordonne l'assassinat de Nemours, mais Coucy empêche l'exécution. Nemours survit, et Vendôme, rongé par les remords, se réconcilie avec son frère en lui cédant Adelaïde. La pièce se termine par la résolution de Vendôme de se racheter par des vertus et de se soumettre à son maître. Les rôles principaux ont été interprétés par le sieur du Frêne, la Dlle Gossin, le sieur Grandval, et le sieur le Grand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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990
p. 1201-1202
« La Dlle Conel, nouvelle Actrice, dont on a parlé dans le dernier Mercure a reparu [...] »
Début :
La Dlle Conel, nouvelle Actrice, dont on a parlé dans le dernier Mercure a reparu [...]
Mots clefs :
Mademoiselle Connell, Agathe, École des femmes, Tragédie, Didon, La Pupille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La Dlle Conel, nouvelle Actrice, dont on a parlé dans le dernier Mercure a reparu [...] »
La Dlle Conel , nouvelle Actrice , dont
on a parlé dans le dernier Mercure , a re-
I. Vol. paru
1202 MERCURE DE FRANCE
•
paru sur la Scene au commencement de
cc mois et a rempli avec succès les
Rôles d'Agnés , dans l'Ecole des Femmes ;
d'Agathe, dans les Folies Amoureuses ; de
Monime , dans Mithridate ; d'Isabelle
dans l'Ecole des Maris ; d'Andromaque ,
dans la Tragedie de ce nom ; d'Aricie ,
dans le Phedre ; d'Agathe , dans Attendezmoi
sous l'Orme ; d'Irene , dans Andronic
, et de Chimene , dans le Cid.
On a donné le Lundi 21. de ce mois, la
premiereReprésention d'Enée et de Didon,
Tragedie que le Puplic a reçûë avec de
très grands applaudissemens ; nous en
parlerons plus au long.
On doit donner sur le même Théatre
une petite Comédie en Prose , en un Acte ,
intitulée , La Pupile , dont nous rendrons
compte.
on a parlé dans le dernier Mercure , a re-
I. Vol. paru
1202 MERCURE DE FRANCE
•
paru sur la Scene au commencement de
cc mois et a rempli avec succès les
Rôles d'Agnés , dans l'Ecole des Femmes ;
d'Agathe, dans les Folies Amoureuses ; de
Monime , dans Mithridate ; d'Isabelle
dans l'Ecole des Maris ; d'Andromaque ,
dans la Tragedie de ce nom ; d'Aricie ,
dans le Phedre ; d'Agathe , dans Attendezmoi
sous l'Orme ; d'Irene , dans Andronic
, et de Chimene , dans le Cid.
On a donné le Lundi 21. de ce mois, la
premiereReprésention d'Enée et de Didon,
Tragedie que le Puplic a reçûë avec de
très grands applaudissemens ; nous en
parlerons plus au long.
On doit donner sur le même Théatre
une petite Comédie en Prose , en un Acte ,
intitulée , La Pupile , dont nous rendrons
compte.
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Résumé : « La Dlle Conel, nouvelle Actrice, dont on a parlé dans le dernier Mercure a reparu [...] »
Le texte mentionne la Dlle Conel, nouvelle actrice dont la carrière a été présentée dans le Mercure de France. Elle a interprété plusieurs rôles, dont Agnès dans 'L'École des Femmes' et Chimène dans 'Le Cid'. Le 21 du mois, la tragédie 'Enée et Didon' a été applaudie. La comédie 'La Pupille' est également prévue.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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991
p. 1202-1203
MADRIGAL. POUR Mlle P...... qui joua le Role de Teglis dans la Tragedie de Pyrrhus et Teglis, représentée à l'Arsenal.
Début :
Quand sous l'habit de Melpomene, [...]
Mots clefs :
Pyrrhus et Téglis, Tragédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL. POUR Mlle P...... qui joua le Role de Teglis dans la Tragedie de Pyrrhus et Teglis, représentée à l'Arsenal.
MADRIGAL.
POUR Mlle P .... qui joua le Role de
Teglis dans la Tragedie de Pyrrhus et
Teglis , représentée à l'Arsenal.
Uand sous l'habit de Melpomene ,
Attirant tous les coeurs à vous ,
L'Amour vous , voit verser des larmes sur la
Scene ;
Il vous croit tendre , et tombe à vos genoux ,
>
I. Vol.
Yous
JUIN. $ 734. 1203
Vous entretenir de sa peine ;
Mais bien loin deflater son amoureux tourment ,
Voyant qu'on ne veut pas l'écouter seulement ;
Ah ! dit ce petit Dieu , fondant en pleurs luimême
,
Vous feignez de pleurer , charmant objet que
j'aime ,
Et je pleure sincerement.
Mlle Malcrais de la Vigne.
POUR Mlle P .... qui joua le Role de
Teglis dans la Tragedie de Pyrrhus et
Teglis , représentée à l'Arsenal.
Uand sous l'habit de Melpomene ,
Attirant tous les coeurs à vous ,
L'Amour vous , voit verser des larmes sur la
Scene ;
Il vous croit tendre , et tombe à vos genoux ,
>
I. Vol.
Yous
JUIN. $ 734. 1203
Vous entretenir de sa peine ;
Mais bien loin deflater son amoureux tourment ,
Voyant qu'on ne veut pas l'écouter seulement ;
Ah ! dit ce petit Dieu , fondant en pleurs luimême
,
Vous feignez de pleurer , charmant objet que
j'aime ,
Et je pleure sincerement.
Mlle Malcrais de la Vigne.
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Résumé : MADRIGAL. POUR Mlle P...... qui joua le Role de Teglis dans la Tragedie de Pyrrhus et Teglis, représentée à l'Arsenal.
Le madrigal, daté de juin 1734, est dédié à Mlle Malcrais de la Vigne, qui joue Teglis dans 'Pyrrhus et Teglis'. L'Amour, ému par ses larmes sur scène, comprend qu'elles sont feintes pour toucher le public. Déçu, il pleure en reconnaissant son talent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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992
p. 1203-1204
« L'Académie Royale de Musique, continuë toujours avec succès les Représentations [...] »
Début :
L'Académie Royale de Musique, continuë toujours avec succès les Représentations [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Ballet des Éléments, Comédiens-Italiens, Petit Maître amoureux, Ballet, Musique, Succès, Opéra
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Académie Royale de Musique, continuë toujours avec succès les Représentations [...] »
L'Académie Royale de Musique , continue
toujours avec succès les Représentations
du Ballet des Elemens ; c'est le même
qui fut dansé par le Roi en son Château
des Thuilleries au mois de Decembre
1721. Nous avons déja donné un Extrait
du Poëme , de la composition de
M.Roy, qu'on peut voir dans le Mercure
de Janvier 1722. Ce Ballet qui fut remis
ensuite au Theatre de l'Opera en Mai
1625. et en Fevrier 1727. est toujours
composé d'un Prologue , dont le sujet est.
·le Cabos, et de quatre differentes Entrées ,
l'Air , le Feu , l'Eau , et laTerre . Les Dlles
Antier , le Maure et Petitpas remplissent
parfaitement bien les principaux Rôles
les Sieurs Dun ,
que
Tribou et Jeliot. Le Ballet composé par le
Sr. Blondi , fait beaucoup de plaisir , et
les danses en particulier sont très- bien cade
même
I. Vol.
Chassé ,
racte1204
MERCURE DE FRANCE
racterisées , distribuées avec art et parfaitement
executées par les meilleurs Sujets
de l'Académie.Cet Opera a un fort grand
succès , la Musique est de M. Destouches .
Les Comediens Italiens préparent une
Comedie nouvelle , sous le titre du Petit
Maître Amoureux , dont on parlera en
son tems.
toujours avec succès les Représentations
du Ballet des Elemens ; c'est le même
qui fut dansé par le Roi en son Château
des Thuilleries au mois de Decembre
1721. Nous avons déja donné un Extrait
du Poëme , de la composition de
M.Roy, qu'on peut voir dans le Mercure
de Janvier 1722. Ce Ballet qui fut remis
ensuite au Theatre de l'Opera en Mai
1625. et en Fevrier 1727. est toujours
composé d'un Prologue , dont le sujet est.
·le Cabos, et de quatre differentes Entrées ,
l'Air , le Feu , l'Eau , et laTerre . Les Dlles
Antier , le Maure et Petitpas remplissent
parfaitement bien les principaux Rôles
les Sieurs Dun ,
que
Tribou et Jeliot. Le Ballet composé par le
Sr. Blondi , fait beaucoup de plaisir , et
les danses en particulier sont très- bien cade
même
I. Vol.
Chassé ,
racte1204
MERCURE DE FRANCE
racterisées , distribuées avec art et parfaitement
executées par les meilleurs Sujets
de l'Académie.Cet Opera a un fort grand
succès , la Musique est de M. Destouches .
Les Comediens Italiens préparent une
Comedie nouvelle , sous le titre du Petit
Maître Amoureux , dont on parlera en
son tems.
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Résumé : « L'Académie Royale de Musique, continuë toujours avec succès les Représentations [...] »
L'Académie Royale de Musique présente avec succès le Ballet des Éléments, initialement dansé par le Roi au Château des Tuileries en décembre 1721. Un extrait du poème de M. Roy a été publié dans le Mercure de janvier 1722. Ce ballet a été repris au Théâtre de l'Opéra en mai 1625 et en février 1727. Il comprend un prologue sur le Chaos et quatre entrées représentant l'Air, le Feu, l'Eau et la Terre. Les rôles principaux sont interprétés par les demoiselles Antier, le Maure et Petitpas, ainsi que par les sieurs Dun, Tribou et Jeliot. Le ballet, chorégraphié par M. Blondi, est apprécié pour ses danses bien exécutées par les meilleurs sujets de l'Académie. La musique est composée par M. Destouches. Par ailleurs, les Comédiens Italiens préparent une nouvelle comédie intitulée 'Le Petit Maître Amoureux'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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993
p. 1243-1246
« Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Début :
Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...]
Mots clefs :
Reine, Château de Versailles, Concert, Roi, Prologue, Messe, Fête, Destouches, Opéra, Château des Tuileries, Vernon, Mordant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Le 25 de ce mois , la Reine entendig
la Messe dans la Chapelle du Château de
Versailles , et S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier.
Le 24 , Fête du S. Sacrement , le Roy,
accompagné de ses principaux Officiers ,
se rendit à l'Eglise de la Paroisse , où Sa
Majesté entendit la Grand'Messe après
ávoir assisté à la Procession qui vint, sui-
1 Vol. I ij
vant
2244
MERCURE
DE FRANCE
!
vant l'usage à la Chapelle du Château
La Reine entendit la Messe dans sa Tribune,
aprés avoir vû passer la Procession .
Monseigneur le Dauphin , et Mesdames
de France la virent passer d'un des Apartements
du Château .
Le ic.May il y eut Concert dans le Salon
de la Reine ; M. Destouches , Sur- Inten .
dant de la Musique du Roy , fit chanter
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
d'Omphale , qui fut continué le 12. et le
17. la Dile Antier fit le rôle d'Argine , le
Sr d'Angerville celui d'Hercule , la Dlle
Lenner et le Sr Petillot ceux d'Omphale
et d'Iphis.
Le 19 , le 24 et le 26 , la Reine entendit
le Ballet des Elemens , executé par
les mêmes sujets , on ajouta le Prologue
des Stratagêmes de l'Amour à l'Acte de la
Terre, pour former le troisiéme Concert.
Le 31 , on chanta le Prologue et le
premier Acte de Semiramis , qu'on con
tinua le 9 et le 16 Juin. Le premier rôle
fut chanté par la Dlle Antier avec aplau
dissement de même que celui d'Amestris,
par la Dlle Pelissier ; les autres rôles furent
très- bien rendus par les Srs d'An
gerville et Petillot.
Le 21 de ce mois on concerta l'Opéra
1 Vol.
de
JUIN. 1734. 1245
de Marthesie , dont le Poëme est de feu
M. de la Moth et la Musique de M. Destouches.
La Dlle Duhamel fit le rôle de
Cybelle au Prologue , et le Sr d'Angerville
et la Dlle Pelissier chantéront ceux
du Roy des Scythes et de Talestris , et
celui de la Prêtresse du Soleil fut rendu
par la Dlle Lenner à la satisfaction de la
Reine et de toute la Cout. Le soin qu'a
pris M. Destouches de réfondre quelques
morceaux de cet Opéra , et d'y ajouter
quelques Airs nouveaux , rendit ce Concert
très varié et très brillant.
"
Le 3 Juin Fête de l'Ascension , le 13
Dimanche de la Pentecote , et le jour de
la Fête- Dieu , il y eut Concert Spirituel
au Château des Thuileries. M. Mouret
y a fait exécuter differents Moters de
M. de la Lande et d'autres Maîtres Modernes
, un , entre autres , de l'Abbé du
Luc , Beneficier de l'Eglise de Paris , qui
est un très beau morceau de Musique .
Les Dlies Erremens , Petitpas et le Sr Jeliot
Fot ont chanté differens petits Motets à
une et à deux voix avec beaucoup de
justesse et de précision , de même que le
Sr Berard , Chanteur de la Comédie Italienne
, qui a chanté deux fois un air Ita-
Tien avec beaucoup d'aplaudissemens,
Vol, I v Tous
1246 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Concerts ont toujours été terminez
par un Moter à grand Choeur de
M. de la Lande , et précedez de plusieurs
Piéces de Simphonie exécutées en perfection
par les Sieurs le Clair et Blavet.
9 •
On écrit de Vernon que le Mercredy
de ce mois M. Mordant y fut reçû
Lieutenant General du Bailliage à la place
de feu M, son pere , mort en 1733. Ce
jeune Magistrat n'a que 21 ans , et on
peut assurer qu'il marche déja sur les
traces de ses Ancêtres , qui depuis plus .
de 100 ans ont occupé successivement
cette premiere place . Il prononça un
Discours Latin d'une demie heure qui
fut très- gouté. Il avoit été presenté par
M. de Quenremont , Avocat fameux
qui parla avec éloquence sur le choix
d'un Etat. M. de Bordeaux , Procureur
du Roy , parla aussi d'une maniere convenable
à la dignité de son Ministere.
la Messe dans la Chapelle du Château de
Versailles , et S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier.
Le 24 , Fête du S. Sacrement , le Roy,
accompagné de ses principaux Officiers ,
se rendit à l'Eglise de la Paroisse , où Sa
Majesté entendit la Grand'Messe après
ávoir assisté à la Procession qui vint, sui-
1 Vol. I ij
vant
2244
MERCURE
DE FRANCE
!
vant l'usage à la Chapelle du Château
La Reine entendit la Messe dans sa Tribune,
aprés avoir vû passer la Procession .
Monseigneur le Dauphin , et Mesdames
de France la virent passer d'un des Apartements
du Château .
Le ic.May il y eut Concert dans le Salon
de la Reine ; M. Destouches , Sur- Inten .
dant de la Musique du Roy , fit chanter
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
d'Omphale , qui fut continué le 12. et le
17. la Dile Antier fit le rôle d'Argine , le
Sr d'Angerville celui d'Hercule , la Dlle
Lenner et le Sr Petillot ceux d'Omphale
et d'Iphis.
Le 19 , le 24 et le 26 , la Reine entendit
le Ballet des Elemens , executé par
les mêmes sujets , on ajouta le Prologue
des Stratagêmes de l'Amour à l'Acte de la
Terre, pour former le troisiéme Concert.
Le 31 , on chanta le Prologue et le
premier Acte de Semiramis , qu'on con
tinua le 9 et le 16 Juin. Le premier rôle
fut chanté par la Dlle Antier avec aplau
dissement de même que celui d'Amestris,
par la Dlle Pelissier ; les autres rôles furent
très- bien rendus par les Srs d'An
gerville et Petillot.
Le 21 de ce mois on concerta l'Opéra
1 Vol.
de
JUIN. 1734. 1245
de Marthesie , dont le Poëme est de feu
M. de la Moth et la Musique de M. Destouches.
La Dlle Duhamel fit le rôle de
Cybelle au Prologue , et le Sr d'Angerville
et la Dlle Pelissier chantéront ceux
du Roy des Scythes et de Talestris , et
celui de la Prêtresse du Soleil fut rendu
par la Dlle Lenner à la satisfaction de la
Reine et de toute la Cout. Le soin qu'a
pris M. Destouches de réfondre quelques
morceaux de cet Opéra , et d'y ajouter
quelques Airs nouveaux , rendit ce Concert
très varié et très brillant.
"
Le 3 Juin Fête de l'Ascension , le 13
Dimanche de la Pentecote , et le jour de
la Fête- Dieu , il y eut Concert Spirituel
au Château des Thuileries. M. Mouret
y a fait exécuter differents Moters de
M. de la Lande et d'autres Maîtres Modernes
, un , entre autres , de l'Abbé du
Luc , Beneficier de l'Eglise de Paris , qui
est un très beau morceau de Musique .
Les Dlies Erremens , Petitpas et le Sr Jeliot
Fot ont chanté differens petits Motets à
une et à deux voix avec beaucoup de
justesse et de précision , de même que le
Sr Berard , Chanteur de la Comédie Italienne
, qui a chanté deux fois un air Ita-
Tien avec beaucoup d'aplaudissemens,
Vol, I v Tous
1246 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Concerts ont toujours été terminez
par un Moter à grand Choeur de
M. de la Lande , et précedez de plusieurs
Piéces de Simphonie exécutées en perfection
par les Sieurs le Clair et Blavet.
9 •
On écrit de Vernon que le Mercredy
de ce mois M. Mordant y fut reçû
Lieutenant General du Bailliage à la place
de feu M, son pere , mort en 1733. Ce
jeune Magistrat n'a que 21 ans , et on
peut assurer qu'il marche déja sur les
traces de ses Ancêtres , qui depuis plus .
de 100 ans ont occupé successivement
cette premiere place . Il prononça un
Discours Latin d'une demie heure qui
fut très- gouté. Il avoit été presenté par
M. de Quenremont , Avocat fameux
qui parla avec éloquence sur le choix
d'un Etat. M. de Bordeaux , Procureur
du Roy , parla aussi d'une maniere convenable
à la dignité de son Ministere.
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Résumé : « Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Du 1er au 31 mai, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour. Le 25 mai, la Reine a assisté à la messe au Château de Versailles et a communié des mains du Cardinal de Fleury. Le 24 mai, le Roi a participé à la Fête du Saint-Sacrement, assistant à la procession et à la grand-messe à l'église paroissiale. La Reine a écouté la messe depuis sa tribune, tandis que le Dauphin et Mesdames de France ont observé la procession depuis un appartement du château. Du 1er au 21 mai, divers spectacles ont été organisés, notamment des représentations de l'opéra 'Omphale', du ballet des Éléments et de l'opéra 'Marthésie', avec des artistes tels que la Dlle Antier, le Sr d'Angerville et la Dlle Pelissier. Le 31 mai, le prologue et le premier acte de 'Semiramis' ont été chantés. Le 3 juin, à l'occasion de l'Ascension, des concerts spirituels ont eu lieu au Château des Tuileries, dirigés par M. Mouret. À Vernon, M. Mordant a été reçu Lieutenant Général du Bailliage, prononçant un discours latin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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994
p. 1323-1324
REPONSE de M. Servin, à celle de Mlle Malcrais de la Vigne, inserée dans le Mercure de May dernier.
Début :
MALCRAIS, pour arriver à l'immortalité, [...]
Mots clefs :
Vol, Temple de mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE de M. Servin, à celle de Mlle Malcrais de la Vigne, inserée dans le Mercure de May dernier.
REPONS E de M. Servin , à celle
de Mlle Malcrais de la Vigne , inserés
dans le Mercure de May dernier.
ALCRAIS > pour arriver à l'immar
Mtalité,
Tu commenças ton vol sur les rapides ailes
De tes charmantes Hyrondelles ;
Et dans cet ouvrage enchanté ,
Tu nous fis voir les vives étincelles
Da feu de la Divinité
Qui dispense ses dons aux neuf Soeurs immore
telles ,
Par qui le Pinde est habité :
Depuis , mille brillans ouvrages
T'ont acquis les justes suffrages.
Qu'on s'empresse de te donner
Comme un hommage légitime ;
II Vol.
1324 MERCURE DE FRANCE
Et le Dieu de la double cime ,
A pris soin de te couronner.
Cesse donc , trop aimable Fée ,
De dire que tu crains l'envie et les jalour
Avec tant de Lauriers et la Lyre d'Orphée ,
Tu dois rire de leur courroux.
Ne dis point que mes Vers serviront à ta gloire
C'est trop vanter de si foibles accens ;
Tu ne devras jamais qu'à tes rares talens ,
Le rang qu'on te destine au Temple de Mémoire.
de Mlle Malcrais de la Vigne , inserés
dans le Mercure de May dernier.
ALCRAIS > pour arriver à l'immar
Mtalité,
Tu commenças ton vol sur les rapides ailes
De tes charmantes Hyrondelles ;
Et dans cet ouvrage enchanté ,
Tu nous fis voir les vives étincelles
Da feu de la Divinité
Qui dispense ses dons aux neuf Soeurs immore
telles ,
Par qui le Pinde est habité :
Depuis , mille brillans ouvrages
T'ont acquis les justes suffrages.
Qu'on s'empresse de te donner
Comme un hommage légitime ;
II Vol.
1324 MERCURE DE FRANCE
Et le Dieu de la double cime ,
A pris soin de te couronner.
Cesse donc , trop aimable Fée ,
De dire que tu crains l'envie et les jalour
Avec tant de Lauriers et la Lyre d'Orphée ,
Tu dois rire de leur courroux.
Ne dis point que mes Vers serviront à ta gloire
C'est trop vanter de si foibles accens ;
Tu ne devras jamais qu'à tes rares talens ,
Le rang qu'on te destine au Temple de Mémoire.
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Résumé : REPONSE de M. Servin, à celle de Mlle Malcrais de la Vigne, inserée dans le Mercure de May dernier.
M. Servin félicite Mlle Malcrais pour son talent littéraire, comparant son œuvre à un vol enchanté et à des étincelles divines. Il souligne ses nombreux ouvrages brillants et les éloges reçus. Il l'encourage à ne pas craindre l'envie, affirmant que sa gloire est due à ses rares talents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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995
p. 1391-1400
TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
Début :
Dans l'article IV. on trouve un Extrait du XIV. volume de la Bibliothéque [...]
Mots clefs :
Histoire, Peuples, Livre, Temps, Histoire des Allemands, Guerres, Traduction allemande, Goths, Allemagne, Empire, Expéditions, Remarques, Héros, Latin, Nouvelles littéraires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
TO ME XVIII. de la Bibliotheque
German: que.
Dans l'article IV . on trouve un Extrait
du XIV. volume de la Bibliothéque
Grecque de M. , Fabricius , dont nous
avons parlé dans le Mercure en differentes
occasions. Ce nouveau volume cst
imprimé à Hambourg chez la veuve
Felginer en 1728. et contient 740 pages
in 4. Le Journaliste Allemand nous.
apprend que c'est ici le dernier volume.
de ce grand Ouvrage , ajoutant qu'il et
présentement complet , et que c'est le
II. Vol. fruic
1392 MERCURE DE FRANCE
fruit d'un travail de 25 années ; travail
immense et qui cependant n'a pas empê
ché M. Fabricius de donner au Public
dans cet intervalle de tems , plusieurs
Ouvrages très- considerables .
La principale piéce de ce dernier volume
est un Indice general sur les XIV.
volumes précédens . On doit en partie
cette Table , si nécessaire à cause de la
varieté et de l'abondance des matieres ,
à Jean Chrêtien Vuolff , Professeur de
Physique et de Poësie à Hambourg ; sur
quoi M. Fabricius lui témoigne sa reconnoissance.
L'Article VII. contient l'Extrait d'une
Histoire des Allemands écrite en Alle
mand jusqu'au commencement de la
Monarchie Françoise par le DocteurJean.
Jacques Mascou 1. vol . in 4. à Leipsic
chez Jacques Chuster 1726. PP. 508.
sans les Préfaces et les Tables . Le dessein
de l'Auteur est de nous donner l'Histoire
des Anciens Allemands jusqu'à l'extinc
tion de la posterité de Charlemagne; mais
il ne va dans ce volume que jusqu'à
Clovis exclusivement .
Il importe à ceux qui veulent s'instruire
à fond des Coutumes et du Droit
d'Allemagne d'aller en chercher la source
dans les tems les plus reculés . Tout ce
II Vol.
qui
JUIN. 1734 1393
qui contribue à rendre ces siécles moins
impénétrables et à en mettre l'Histoire
dans un plus grand jour mérite donc
l'attention et la reconnoissance du Public.
On y trouve l'origine de diverses Nations
Germaniques ou voisin esde l'Allemagne,
qui ont d'abord désolé et puis conquis
les plus considérables Parties de l'Empire
Romain ; le récit de leurs Expéditions ,
des Remarques sur les principaux Chefs
et sur les bonnes ou mauvaises qualitcz
de ces Héros : Tout cela est exécuté
comme il doit l'être dans une bonne
Histoire ; l'Auteur du Journal remarque
qu'il eut été à souhaiter que M. Mascou
eut écrit son Histoire en Latin en faveur
des Etrangers , d'autant plus qu'il a écrit
d'autres Ouvrages en cette Langue avec
succès .
Le premier Livre contient l'Histoire
'des Allemands jusqu'à la fin de la Guerre
Cimbrique ; on y trouve entre beaucoup
d'autres choses remarquables , le récit des
Victoires que les Cimbres et les Teutons
ont remporté sur les Romains et de leur
défaite par Marius. Depuis les Cimbres
jusqu'à Cesar les Peuples d'Allemagne
sont peu connus dans l'Histoire : Cesar
- nous a laissé des Memoires des Guerres
qu'il a cues avec eux , et quoique de son
II. Vol
tems
1394 MERCURE DE FRANCE
tems on doutât de la fidelité de ces Mémoires
, M. de Mascou n'a pû faire autrement
que de le prendre pour guide en lc
redressant , lorsque l'occasion s'en présente.
Il suit donc Cesar dans ses Expéditions
en Germanie , et il donne ensuite
une idée des moeurs des anciens Germains
prise de Cesar et de Tacite , il compare
ensuite la Mythologie de ces Peuples avec
celle des Grecs , à l'avantage de celle des
premiers. C'est ce qui contient le second
Livre.
Le troisiéme continue l'Histoire des
Allemands jusqu'à la défaite de Varus ,
c'est-à-dire les diverses Expéditions des
Romains sur les Sigambres, les Semnons ,
les Hermundures , les Marcomans , et
autres Peuples de ces pays là , jusqu'à
l'affreuse déroute de Quintilius Varus ,
dont l'avarice et les chicanes avoient
mis les Peuples Germains au désespoir.
Le quatriéme Livre contient les exploits
d'Arminius en faveur de sa Patrie
et de ceux deGermanicus en faveur desRomains
un court parallele entre ces deux
jeunes Héros; le récit des diverses Guerres
des Allemands contre les Successeurs de
Tibere , et un détail du soulevement des⚫
Bataves sous la conduite de Civilis : le.
Livre finit par la Paix des Romains avec
1 I. Vol.
les
JUIN.
1734. 1395
Ies Bataves , quoiqu'on ignore en quoi.
précisement elle consista .
›
Le cinquiéme raporte les Victoires
vrayes ou prétendues de Domitien sur
plusieurs Peuples Germaniques , celles de
Nerva sur les Marcomans , celle de Trajan
et de Marc- Aurele . On y remarque
le tems auquel l'Histoire nomme pour
la premiere fois des Peuples fameux , les
Allemands , les Goths , les Francs et les
Scythes , du nombre desquels étoient les
Goths. On trouve dans le même Livre
les Victoires de Probus sur les Allemands
proprement dits , sur les Sarmates et sur .
les Goths.
Le sixième Livre s'étend jusqu'à la fin
des Guerres des Francs et des Allemands.
sous Julien ; il met sous les yeux les noms
d'autres Peuples fameux , des Thurin
giens , des Saxons , des Bourguignons
des Vandales : ces derniers étoient déja
connus auparavant ; on y trouve encore
les Guerres des Peuples Germains entre
eux , les succès de Diocletien et de Maximien
, de Galere , de Constance et de
Constantin sur ces Peuples , leur défaite
près de Strasbourg par Julien
soumission sous cet Empereur.
و
et leur
Le septième comprend les differentes
Revolutions qui arrivérent dans l'Occi
II. Vol dent
1396 MERCURE DE FRANCE
dent occasionnées par les Alains , les Quades
, les Bourguignons , les Saxons &c .
jusqu'à la grande migration des Peuples
dans l'Empire d'Occident.
La Fondation des Etats des Goths , des
Sueves , des Bourguignons dans les Provinces
de l'Empire font le sujet du
huitiéme Livre. Mais ce qu'on y trouve
de plus remarquable , c'est le récit des
Guerres réïterées des Goths en Italie sous
la conduite d'Alaric ; on y voit les traitez
et les ruptures qui se succedérent à diver
ses reprises entre lesGoths et les Romains,
et un détail très circonstancié de la prise
de Rome par Alaric ; le mariage de Placidie
, Soeur d'Honorius avec Ataulphe ,
Successeur d'Alaric ; et enfin l'Histoire
de l'établissement des Alains , des Sueves,
des Vandales et des Goths en Espagne
et de celui des Bourguignons dans les
Gaules aux environs du Rhin : l'Auteur
dit aussi quelque chose des Francs et des
Loix Saliques .
La plus grande partie du neuvième
Livre est employée à la narration des
conquêtes desVandales en Espagne et en
Affrique , et à celle des Guerres des Huns
et de leurs ravages dans l'Occident sous
la conduite d'Attila dont M. Mascou fait
le portrait et dépeint le caractére , mais
II. Vol. avec
JUIN. 1734. 1397
avec des traits qui présentent l'idée d'un
Héros plutôt que d'un Barbare , et qui
réforment celle qu'on a eûe autrefois , et
que plusieurs se forment encore d'Attila.
Le dixiéme Livre qui finit ce volume
va jusqu'au commencement du Gouvernement
de Clovis. On y voit les Vandales
succeder aux Huns dans l'Italie : le
pillage de Rome par Genseric Roy Vandale
et Arien , avec des remarques sur
la modération de ces Peuples , sur leur
chasteté , sur leur severité et leur exactitude
à faire observer les Loix , et sur la
douceur de leur domination et de leur
Gouvernement, devenu agréable aux Romains
mêmes. L'Auteur finit ce volume
par des Réflexions sur les causes de cette
grande Révolution et sur les changemens
qu'elle apporta à la situation de l'Europe.
Extrait des Nouvelles Litteraires
du XVIII Tome.
De Petersbourg. On verra bientôt l'Histoire
Metallique d'Edesse , par M. Bayer
qui s'imprimé en cette Ville. Des Medailles
raportées d'Orient par M. Buxbaum
lui ont été d'un grand secours. Il fournira
une suite Chronologique des Rois
d'Edesse qui , à ce qu'on assure , sera
complette,
D'Upsale. II. Vol.
1398 MERCURE DE FRANCE
D'Upsale. Il parut en certe Ville l'année
passée ( 1728. ) deux Dissertations
Académiques de feu M. le Docteur
Wallin , sur l'Art d'écrire avec du feu . De
Arte Trithemiana scribendi per ignem , et
une autre de M. Fabien Toerner, Profes
seur en Eloquence sur l'origine et la Religion
des Finlandiens.
De Varsovie , M. Bachstrohm , qui est
arrivé depuis peu de Constantinople en
cette Ville , y doit retourner dans quelque
tems avec toute sa famille , pour être
employé à la Traduction de la Bible en
Langue Turque.
D'Ausbourg. On a réimprimé ici une
Traduction Latine du Dictionnaire de la
Bible de Dom Augustin Calmet , par le
R. P. Dom Jean- Dominique Mansi. Cette
Traduction avoit paru à Luques il y a
quelques années sans figures. Les Librai
res ont jugé à propos d'en metire quelques-
unes à cette nouvelle Edition. Le
P. Mansi a corrigé quelques fautes de
Dom Calmet Au reste le supplement n'est
point encore traduit en Latin . On dit
qu'il doit paroître une Traduction Allemande
du même Dictionnaire avec tou
tes les figures .
De Nuremberg. On débite ici les Ou
vrages du fameux Gerard de Lairesse , sur
II. Vol. - le
JUIN. 1734 1399
le Dessein et sur la Peinture , traduit du
Hollandois en Allemand.
D'Altorf. M. le Professeur Schultz ;
qui publia l'année passée ( 1728. ) l'Histoire
de la Médecine en Latin , fait esperer
une nouvelle Edition Grecque de Plutarque
, et une Traduction Allemande
du même Auteur , toutes deux avec des
Remarques.
De Leipsic. M. Paul- Daniel Longolius
a soutenu publiquement et a fait imprimer
une Dissertation Académique , dans
laquelle il prétend prouver que chez une
grande partie des nations , auxquelles on
reproche d'avoir sacrifié des victimes humaines
, on choisissoit pour victimes au
nioins la plupart du tems , non des personnes
innocentes , mais des criminels
condamnez à mort pour leurs crimes .
Walther fait imprimer une Traduction
Allemande de l'excellent Ouvrage de
M. Niewentyt , intitulé : le bon usage de
la contemplation du Monde ou l'existence
de Dieu, démontrée par les merveilles de la
nature.
De Halle. M. Gasser a publié une Dissettation
Académique . De Inquisitione
contrà surdum et mutum naturâ : et une Introduction
à la connoissance des affaires
d'oeconomies , de Polices et de Domaines.
I I. Vol; De
1400 MERCURE DE FRANCE
De Lubeck . M. Martini , arrivé en cette
Ville depuis quelque tems de Petersbourg
, où il étoit Membre de l'Acadé
mie , vient de faire imprimer une petite
brochure Latine sur le célebre Enfant de
Lubeck . Chrêtien Henri Heinecken , dans
laquelle il tâche de rendre des raisons
naturelles de l'extraordinaire capacité de
cet Enfant.
Moins de partialité et plus d'exactitude
dans les Auteurs de la Bibliothéque
Germanique donneroient du relief à cet
Ouvrage. On y trouve une critique presque
continuelle de la Religion Catholique
, capable d'indigner non seulement
ceux qui ne pensent pas comme ces Auteurs
, mais toutes les personnes sensées .
C'est d'ailleurs abuser de la qualité de
Journalisre et entendre mal ses propres
intêrets. A cela près , les Auteurs de ce
Journal y font paroître de l'esprit et de
l'érudition ..
German: que.
Dans l'article IV . on trouve un Extrait
du XIV. volume de la Bibliothéque
Grecque de M. , Fabricius , dont nous
avons parlé dans le Mercure en differentes
occasions. Ce nouveau volume cst
imprimé à Hambourg chez la veuve
Felginer en 1728. et contient 740 pages
in 4. Le Journaliste Allemand nous.
apprend que c'est ici le dernier volume.
de ce grand Ouvrage , ajoutant qu'il et
présentement complet , et que c'est le
II. Vol. fruic
1392 MERCURE DE FRANCE
fruit d'un travail de 25 années ; travail
immense et qui cependant n'a pas empê
ché M. Fabricius de donner au Public
dans cet intervalle de tems , plusieurs
Ouvrages très- considerables .
La principale piéce de ce dernier volume
est un Indice general sur les XIV.
volumes précédens . On doit en partie
cette Table , si nécessaire à cause de la
varieté et de l'abondance des matieres ,
à Jean Chrêtien Vuolff , Professeur de
Physique et de Poësie à Hambourg ; sur
quoi M. Fabricius lui témoigne sa reconnoissance.
L'Article VII. contient l'Extrait d'une
Histoire des Allemands écrite en Alle
mand jusqu'au commencement de la
Monarchie Françoise par le DocteurJean.
Jacques Mascou 1. vol . in 4. à Leipsic
chez Jacques Chuster 1726. PP. 508.
sans les Préfaces et les Tables . Le dessein
de l'Auteur est de nous donner l'Histoire
des Anciens Allemands jusqu'à l'extinc
tion de la posterité de Charlemagne; mais
il ne va dans ce volume que jusqu'à
Clovis exclusivement .
Il importe à ceux qui veulent s'instruire
à fond des Coutumes et du Droit
d'Allemagne d'aller en chercher la source
dans les tems les plus reculés . Tout ce
II Vol.
qui
JUIN. 1734 1393
qui contribue à rendre ces siécles moins
impénétrables et à en mettre l'Histoire
dans un plus grand jour mérite donc
l'attention et la reconnoissance du Public.
On y trouve l'origine de diverses Nations
Germaniques ou voisin esde l'Allemagne,
qui ont d'abord désolé et puis conquis
les plus considérables Parties de l'Empire
Romain ; le récit de leurs Expéditions ,
des Remarques sur les principaux Chefs
et sur les bonnes ou mauvaises qualitcz
de ces Héros : Tout cela est exécuté
comme il doit l'être dans une bonne
Histoire ; l'Auteur du Journal remarque
qu'il eut été à souhaiter que M. Mascou
eut écrit son Histoire en Latin en faveur
des Etrangers , d'autant plus qu'il a écrit
d'autres Ouvrages en cette Langue avec
succès .
Le premier Livre contient l'Histoire
'des Allemands jusqu'à la fin de la Guerre
Cimbrique ; on y trouve entre beaucoup
d'autres choses remarquables , le récit des
Victoires que les Cimbres et les Teutons
ont remporté sur les Romains et de leur
défaite par Marius. Depuis les Cimbres
jusqu'à Cesar les Peuples d'Allemagne
sont peu connus dans l'Histoire : Cesar
- nous a laissé des Memoires des Guerres
qu'il a cues avec eux , et quoique de son
II. Vol
tems
1394 MERCURE DE FRANCE
tems on doutât de la fidelité de ces Mémoires
, M. de Mascou n'a pû faire autrement
que de le prendre pour guide en lc
redressant , lorsque l'occasion s'en présente.
Il suit donc Cesar dans ses Expéditions
en Germanie , et il donne ensuite
une idée des moeurs des anciens Germains
prise de Cesar et de Tacite , il compare
ensuite la Mythologie de ces Peuples avec
celle des Grecs , à l'avantage de celle des
premiers. C'est ce qui contient le second
Livre.
Le troisiéme continue l'Histoire des
Allemands jusqu'à la défaite de Varus ,
c'est-à-dire les diverses Expéditions des
Romains sur les Sigambres, les Semnons ,
les Hermundures , les Marcomans , et
autres Peuples de ces pays là , jusqu'à
l'affreuse déroute de Quintilius Varus ,
dont l'avarice et les chicanes avoient
mis les Peuples Germains au désespoir.
Le quatriéme Livre contient les exploits
d'Arminius en faveur de sa Patrie
et de ceux deGermanicus en faveur desRomains
un court parallele entre ces deux
jeunes Héros; le récit des diverses Guerres
des Allemands contre les Successeurs de
Tibere , et un détail du soulevement des⚫
Bataves sous la conduite de Civilis : le.
Livre finit par la Paix des Romains avec
1 I. Vol.
les
JUIN.
1734. 1395
Ies Bataves , quoiqu'on ignore en quoi.
précisement elle consista .
›
Le cinquiéme raporte les Victoires
vrayes ou prétendues de Domitien sur
plusieurs Peuples Germaniques , celles de
Nerva sur les Marcomans , celle de Trajan
et de Marc- Aurele . On y remarque
le tems auquel l'Histoire nomme pour
la premiere fois des Peuples fameux , les
Allemands , les Goths , les Francs et les
Scythes , du nombre desquels étoient les
Goths. On trouve dans le même Livre
les Victoires de Probus sur les Allemands
proprement dits , sur les Sarmates et sur .
les Goths.
Le sixième Livre s'étend jusqu'à la fin
des Guerres des Francs et des Allemands.
sous Julien ; il met sous les yeux les noms
d'autres Peuples fameux , des Thurin
giens , des Saxons , des Bourguignons
des Vandales : ces derniers étoient déja
connus auparavant ; on y trouve encore
les Guerres des Peuples Germains entre
eux , les succès de Diocletien et de Maximien
, de Galere , de Constance et de
Constantin sur ces Peuples , leur défaite
près de Strasbourg par Julien
soumission sous cet Empereur.
و
et leur
Le septième comprend les differentes
Revolutions qui arrivérent dans l'Occi
II. Vol dent
1396 MERCURE DE FRANCE
dent occasionnées par les Alains , les Quades
, les Bourguignons , les Saxons &c .
jusqu'à la grande migration des Peuples
dans l'Empire d'Occident.
La Fondation des Etats des Goths , des
Sueves , des Bourguignons dans les Provinces
de l'Empire font le sujet du
huitiéme Livre. Mais ce qu'on y trouve
de plus remarquable , c'est le récit des
Guerres réïterées des Goths en Italie sous
la conduite d'Alaric ; on y voit les traitez
et les ruptures qui se succedérent à diver
ses reprises entre lesGoths et les Romains,
et un détail très circonstancié de la prise
de Rome par Alaric ; le mariage de Placidie
, Soeur d'Honorius avec Ataulphe ,
Successeur d'Alaric ; et enfin l'Histoire
de l'établissement des Alains , des Sueves,
des Vandales et des Goths en Espagne
et de celui des Bourguignons dans les
Gaules aux environs du Rhin : l'Auteur
dit aussi quelque chose des Francs et des
Loix Saliques .
La plus grande partie du neuvième
Livre est employée à la narration des
conquêtes desVandales en Espagne et en
Affrique , et à celle des Guerres des Huns
et de leurs ravages dans l'Occident sous
la conduite d'Attila dont M. Mascou fait
le portrait et dépeint le caractére , mais
II. Vol. avec
JUIN. 1734. 1397
avec des traits qui présentent l'idée d'un
Héros plutôt que d'un Barbare , et qui
réforment celle qu'on a eûe autrefois , et
que plusieurs se forment encore d'Attila.
Le dixiéme Livre qui finit ce volume
va jusqu'au commencement du Gouvernement
de Clovis. On y voit les Vandales
succeder aux Huns dans l'Italie : le
pillage de Rome par Genseric Roy Vandale
et Arien , avec des remarques sur
la modération de ces Peuples , sur leur
chasteté , sur leur severité et leur exactitude
à faire observer les Loix , et sur la
douceur de leur domination et de leur
Gouvernement, devenu agréable aux Romains
mêmes. L'Auteur finit ce volume
par des Réflexions sur les causes de cette
grande Révolution et sur les changemens
qu'elle apporta à la situation de l'Europe.
Extrait des Nouvelles Litteraires
du XVIII Tome.
De Petersbourg. On verra bientôt l'Histoire
Metallique d'Edesse , par M. Bayer
qui s'imprimé en cette Ville. Des Medailles
raportées d'Orient par M. Buxbaum
lui ont été d'un grand secours. Il fournira
une suite Chronologique des Rois
d'Edesse qui , à ce qu'on assure , sera
complette,
D'Upsale. II. Vol.
1398 MERCURE DE FRANCE
D'Upsale. Il parut en certe Ville l'année
passée ( 1728. ) deux Dissertations
Académiques de feu M. le Docteur
Wallin , sur l'Art d'écrire avec du feu . De
Arte Trithemiana scribendi per ignem , et
une autre de M. Fabien Toerner, Profes
seur en Eloquence sur l'origine et la Religion
des Finlandiens.
De Varsovie , M. Bachstrohm , qui est
arrivé depuis peu de Constantinople en
cette Ville , y doit retourner dans quelque
tems avec toute sa famille , pour être
employé à la Traduction de la Bible en
Langue Turque.
D'Ausbourg. On a réimprimé ici une
Traduction Latine du Dictionnaire de la
Bible de Dom Augustin Calmet , par le
R. P. Dom Jean- Dominique Mansi. Cette
Traduction avoit paru à Luques il y a
quelques années sans figures. Les Librai
res ont jugé à propos d'en metire quelques-
unes à cette nouvelle Edition. Le
P. Mansi a corrigé quelques fautes de
Dom Calmet Au reste le supplement n'est
point encore traduit en Latin . On dit
qu'il doit paroître une Traduction Allemande
du même Dictionnaire avec tou
tes les figures .
De Nuremberg. On débite ici les Ou
vrages du fameux Gerard de Lairesse , sur
II. Vol. - le
JUIN. 1734 1399
le Dessein et sur la Peinture , traduit du
Hollandois en Allemand.
D'Altorf. M. le Professeur Schultz ;
qui publia l'année passée ( 1728. ) l'Histoire
de la Médecine en Latin , fait esperer
une nouvelle Edition Grecque de Plutarque
, et une Traduction Allemande
du même Auteur , toutes deux avec des
Remarques.
De Leipsic. M. Paul- Daniel Longolius
a soutenu publiquement et a fait imprimer
une Dissertation Académique , dans
laquelle il prétend prouver que chez une
grande partie des nations , auxquelles on
reproche d'avoir sacrifié des victimes humaines
, on choisissoit pour victimes au
nioins la plupart du tems , non des personnes
innocentes , mais des criminels
condamnez à mort pour leurs crimes .
Walther fait imprimer une Traduction
Allemande de l'excellent Ouvrage de
M. Niewentyt , intitulé : le bon usage de
la contemplation du Monde ou l'existence
de Dieu, démontrée par les merveilles de la
nature.
De Halle. M. Gasser a publié une Dissettation
Académique . De Inquisitione
contrà surdum et mutum naturâ : et une Introduction
à la connoissance des affaires
d'oeconomies , de Polices et de Domaines.
I I. Vol; De
1400 MERCURE DE FRANCE
De Lubeck . M. Martini , arrivé en cette
Ville depuis quelque tems de Petersbourg
, où il étoit Membre de l'Acadé
mie , vient de faire imprimer une petite
brochure Latine sur le célebre Enfant de
Lubeck . Chrêtien Henri Heinecken , dans
laquelle il tâche de rendre des raisons
naturelles de l'extraordinaire capacité de
cet Enfant.
Moins de partialité et plus d'exactitude
dans les Auteurs de la Bibliothéque
Germanique donneroient du relief à cet
Ouvrage. On y trouve une critique presque
continuelle de la Religion Catholique
, capable d'indigner non seulement
ceux qui ne pensent pas comme ces Auteurs
, mais toutes les personnes sensées .
C'est d'ailleurs abuser de la qualité de
Journalisre et entendre mal ses propres
intêrets. A cela près , les Auteurs de ce
Journal y font paroître de l'esprit et de
l'érudition ..
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Résumé : TOME XVIII. de la Bibliotheque Germanique.
Le texte présente plusieurs ouvrages et publications historiques. Le volume XIV de la Bibliothèque Grecque de Fabricius, imprimé à Hambourg en 1728, marque la conclusion d'un ouvrage complet après 25 années de travail. Ce volume, composé de 740 pages, inclut un indice général couvrant les quatorze volumes précédents, partiellement rédigé par Jean Chrêtien Wolff. L'article VII de ce volume extrait une histoire des Allemands écrite par Jean-Jacques Mascou, couvrant la période jusqu'à Clovis. Cette histoire détaille les coutumes et le droit allemand, ainsi que les expéditions et chefs germaniques. Mascou est regretté de n'avoir pas écrit en latin, ce qui aurait élargi son public. L'ouvrage est structuré en livres traitant des différentes périodes historiques, des guerres et migrations des peuples germaniques, jusqu'à la fin des guerres sous Julien. Le texte mentionne également diverses publications académiques et traductions en Europe, notamment à Saint-Pétersbourg, Uppsala, Varsovie, Augsbourg, Nuremberg, Altorf, Leipzig, Halle et Lübeck.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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996
p. 1400-1401
Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE RAISONNÉE des Ouvrages des Sçavans de l'Europe, Tome [...]
Mots clefs :
Poésies, Abbé Chaulieu, Marquis de La Fare, Docteur Mandeville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE RAISON NE'E
des Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
Tome 8. premiere et seconde Partie
année 1732. A Amsterdam chez les
Wetsteins et Smith. in 12.
>
Cet Ouvrage se soutient toujours avec
la même élegance , la même force , la
,
II. Vol.
même
JUIN.
1734. 1401
C
même érudition , et la même finesse de
style : pour en convenir on n'a qu'à lire
l'Extrait qui est à l'ouverture du Livre
que nous annonçons . C'est la nouvelle
Edition faite à la Haye en 1731. des
Poësies de l'Abbé de Chaulien et du
Marquis de la Fare.
On apprend dans l'article des Nouvelles
Litteraires que le Docteur Mandeville
a publié à Londres un Ouvrage
Anglois sous ce titre : Recherches sur l'origine
de l'Honneur et sur l'utilité du Christianisme
dans la Guerre. Par l'Auteur de
la Fable des Abeilles . in 8 .
des Ouvrages des Sçavans de l'Europe ,
Tome 8. premiere et seconde Partie
année 1732. A Amsterdam chez les
Wetsteins et Smith. in 12.
>
Cet Ouvrage se soutient toujours avec
la même élegance , la même force , la
,
II. Vol.
même
JUIN.
1734. 1401
C
même érudition , et la même finesse de
style : pour en convenir on n'a qu'à lire
l'Extrait qui est à l'ouverture du Livre
que nous annonçons . C'est la nouvelle
Edition faite à la Haye en 1731. des
Poësies de l'Abbé de Chaulien et du
Marquis de la Fare.
On apprend dans l'article des Nouvelles
Litteraires que le Docteur Mandeville
a publié à Londres un Ouvrage
Anglois sous ce titre : Recherches sur l'origine
de l'Honneur et sur l'utilité du Christianisme
dans la Guerre. Par l'Auteur de
la Fable des Abeilles . in 8 .
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Résumé : Bibliotheque Raisonnée, &c. [titre d'après la table]
La 'Bibliothèque Raisonnée', publiée en 1732 à Amsterdam, compile des ouvrages savants européens. Le tome 8 est loué pour son élégance et son érudition. Il inclut des poésies de l'Abbé de Chaulien et du Marquis de la Fare. Les Nouvelles Littéraires mentionnent un ouvrage du Docteur Mandeville, auteur de 'La Fable des Abeilles'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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997
p. 1401-1402
« MEMOIRES HISTORIQUES ET CRITIQUES sur divers points de l'Histoire de France, [...] »
Début :
MEMOIRES HISTORIQUES ET CRITIQUES sur divers points de l'Histoire de France, [...]
Mots clefs :
Mémoires historiques et critiques sur divers points de l'histoire de France, Nouveau Dictionnaire français et latin, Journaliste amusant, Lettre, Recherche philosophique sur la source physique des actions de l'homme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « MEMOIRES HISTORIQUES ET CRITIQUES sur divers points de l'Histoire de France, [...] »
MEMOIRES HISTORIQUES ET CRITIQUES
sur divers points de l'Histoire de France,
et plusieurs autres Sujets curieux , par
François Eudes de Mezeray , Amsterdam ,
bez Jean-Frederic Bernard , 2 vol. in 8.
- NOUVEAU DICTIONNAIRE François
et Latin , enrichi des meilleures façons
de parler en l'une et l'autre Langue . in
septiéme Edition .
LE JOURNALISTE A MUSANT ,
ou le Monde sérieux et comique , in 12.
ART. I V. du 2 tome p. 368. LETTRE
11 Vol. G de
1402 MERCURE DE FRANCE
de M. de S. Hyacinte à M. de la Motte,
touchant un Écrit de M. de S. Pierre ,
sur l'Origine du Droit et des Devoirs.
LETTRE au R. P. Niceron , sur un
article du XI. vol. de ses Memoires pour
servir à l'Histoire des Hommes Illustres ;
ou Justification de M. Arnauld , Docteur
de Sorbonne , au sujet de M. Deslyons ,
Doyen de Senlis , & c.
On a traduit Sethos en Anglois , en
2. vol. in 8. aussi bien que l'abregé de
'Histoire de France du P. Daniel , en s
vol. in 8.
RECHERCHE PHYLOSOPHIQUE sur la
Source physique des actions de l'homme
et la cause immédiate de la pensée . A
Londres , in 8. en Anglois.
sur divers points de l'Histoire de France,
et plusieurs autres Sujets curieux , par
François Eudes de Mezeray , Amsterdam ,
bez Jean-Frederic Bernard , 2 vol. in 8.
- NOUVEAU DICTIONNAIRE François
et Latin , enrichi des meilleures façons
de parler en l'une et l'autre Langue . in
septiéme Edition .
LE JOURNALISTE A MUSANT ,
ou le Monde sérieux et comique , in 12.
ART. I V. du 2 tome p. 368. LETTRE
11 Vol. G de
1402 MERCURE DE FRANCE
de M. de S. Hyacinte à M. de la Motte,
touchant un Écrit de M. de S. Pierre ,
sur l'Origine du Droit et des Devoirs.
LETTRE au R. P. Niceron , sur un
article du XI. vol. de ses Memoires pour
servir à l'Histoire des Hommes Illustres ;
ou Justification de M. Arnauld , Docteur
de Sorbonne , au sujet de M. Deslyons ,
Doyen de Senlis , & c.
On a traduit Sethos en Anglois , en
2. vol. in 8. aussi bien que l'abregé de
'Histoire de France du P. Daniel , en s
vol. in 8.
RECHERCHE PHYLOSOPHIQUE sur la
Source physique des actions de l'homme
et la cause immédiate de la pensée . A
Londres , in 8. en Anglois.
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Résumé : « MEMOIRES HISTORIQUES ET CRITIQUES sur divers points de l'Histoire de France, [...] »
Le document énumère diverses publications et correspondances historiques et littéraires. François Eudes de Mezeray a publié 'Mémoires historiques et critiques sur divers points de l'Histoire de France' en deux volumes. D'autres ouvrages mentionnés incluent un 'Nouveau Dictionnaire François et Latin' dans sa septième édition et 'Le Journaliste à Musant, ou le Monde sérieux et comique'. Le texte cite également une lettre de M. de Saint Hyacinthe à M. de la Motte, discutant d'un écrit de M. de Saint Pierre sur l'origine du droit et des devoirs. Une autre lettre, adressée au R. P. Niceron, défend M. Arnauld, Docteur de Sorbonne, concernant M. Deslyons, Doyen de Senlis. Parmi les traductions notables figurent 'Sethos' en anglais et l'abrégé de l'Histoire de France du Père Daniel. Enfin, une 'Recherche philosophique sur la source physique des actions de l'homme et la cause immédiate de la pensée' a été publiée à Londres en anglais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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998
p. 1404
« La Tragédie de Pélopée, qui se vendoit cy-devant chez le Breton, Quay de Conty, se vend [...] »
Début :
La Tragédie de Pélopée, qui se vendoit cy-devant chez le Breton, Quay de Conty, se vend [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La Tragédie de Pélopée, qui se vendoit cy-devant chez le Breton, Quay de Conty, se vend [...] »
La Tragédie de Pelopée , qui se vendoit cydevant
chez le Breton , Quay de Conty , se vend
présentement chez Jacques- Nicolas le Clerc , au
deuxième Pillier de la Grand - Salle du Palais , à
la Prudence.
chez le Breton , Quay de Conty , se vend
présentement chez Jacques- Nicolas le Clerc , au
deuxième Pillier de la Grand - Salle du Palais , à
la Prudence.
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999
p. 1407-1415
MARIE STUART, Reine d'Ecosse, Tragédie de M. ***.
Début :
Voicy l'Extrait que nous avons promis de cette Piece, représentée depuis [...]
Mots clefs :
Marie Stuart, Reine Élisabeth, Duc de Norfolk, Palais, Amant, Entendre, Ministre, Coeur, Juges, Pièce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIE STUART, Reine d'Ecosse, Tragédie de M. ***.
MARIE STUART , Reine d'Ecosse ,
Tragédie de M. * * * .
VoOicy l'Extrait que nous avons promis
de cette Piece , représentée depuis
peu au Théatre François.
ACTERS.
Elisabeth, Reine d'Angleterre. La Dlle de
Balicourt.
Marie Stuatd , Reine d'Ecosse , La Dlle
11. Vol.
du Fresne.
Le
1408 MERCURE DE FRANCE
Le Duc de Norfolck ,
Dudley , Comte
le Sr Dufresne.
le Sr Grandval.
Lle S.Sarrazin
de
Leycestre,
d'Elisabeth' Ministres
S
Cecil ,
Heliton , l'un des Principaux Officiers
du Palais , ami du Duc de Norfolck
le Sr le Grand
Monros , Ami d'Helton , le Sr Dubreuil.
Chelsey, Confidente d'Elizabeth, la Dlle
Fouvenot.
Un Officier des Gardes d'Elizabeth , le Sr
Un Garde ,
de la 7 horilliere.
le Sr d'Angeville , jeune.
La Scene est à Londres dans une Sale
'du Palais d'Elizabeth.
>
Quoique cette Tragédie dont l'Auteur
ne s'est pas encore fait connoître , n'ait
pas eu beaucoup de succès , on n'a pas
laissé de rendre justice à la plume dont
elle est sortie. On en a trouvé la versification
noble soutenue et élegante.
On n'a pas été , à beaucoup près , aussi
content de l'action Theatrale , non plus
que des caractéres ; celui d'Elizabeth a
été mieux rendu que tous les autres . Au
reste , comme les Représentations n'en
ont pas été assez nombreuses , nous
n'avons pû retenir l'ordre de la Piéce
Scene par Scene : ainsi nous esperons que
II. Vol. le
JUIN 1734. 1409
le Public voudra bien nous excuser , si
nous ne faisons pas un détail assez exact
de ce Poëme .
Il commence par une Scene déliberative
entre Elizabeth et ses deux Ministres ,
et Cecil. La Reine expose les raisons qui
la portent à les consulter. Il s'agit de faire
périr Marie Stuard , son ennemie et sa
prisonniere , ou de la renvoyer à son
Royaume d'Ecosse. Dudley amoureux de
cette Reine opprimée , opine pour son
rétablissement sur le Trône , et Cecil fait
entendre qu'il importe à la Reine d'Angleterre
de perdre une si redoutable Rivale
; Elizabeth se rend en apparence au
Conseil de Dudley , et lui ordonne d'aller
délivrer Marie Stuard. A peine ce Ministre
est-il sorti pour aller exécuter sa
commission , que Cecil , pour se vanger
de ce qu'il l'a emporté sur lui , ou pour
d'autres interêts qu'il n'explique pas ,
fait entendre à Elizabeth que Dudley a
moins parlé en Ministre, qu'en Amant de
Marie Stuard , quand il a pris si hautement
şon parti. Elizabeth qui aime secretement
Dudley , et qui a trop de fierté
pour ne s'en croire pas aimée , est mortellement
frappée de la double infidelité
qu'on lui fait ; elle se détermine dans un
monologue à approfondir cette fatale dé-
G.Y Avant couverte.
1410 MERCURE DE FRANCE
que
Avant Marie Stuard eut été mise
en liberré , il y a apparence que le Duc
de Norfolck , son Partisan et son Amant
déclaré , avoit conspiré pour la tirer de
prison à force ouverte. Il est introduit
secretement par Helton son ami , et l'un
des principaux Officiers du Palais dans
un Appartement des moins fréquentez.
Marie Stuard est agréablement surprise
de le trouver au sortir de sa prison , mais,
à ce premier mouvement de joye succede
un sentiment de vertu , quand elle apprend
que le Duc ne parle pas moins
que de déthrôner Elizabeth et de la faire
périr. Norfolck ne peut s'empêcher d'admirer
la noblesse du coeur d'une si illustre
Amante ; il lui promet de ne s'attacher
uniquement qu'à la rendre à ses sujets
et à la rétablir sur le Trône paternel ; il
la quitte pour aller mettre la derniere
main à un projet si glorieux.
Dudley instruit de la conjuration de
Norfolck par un perfide Ami à qui ce
Duc s'est inprudemment confié , veut
tirer parti de ce secret , pour s'insinuer
dans les bonnes graces de Marie Stuard
qu'il aime , comme nous l'avons déja fait
remarquer il lui fait valoir les services
qu'il lui a déja rendus et ceux qu'il peut
encore lui rendre. Marie Stuard qui le
11 Vol
Croir
JUIN. 1734. 1411
que,
croit dans les interêts d'Elizabeth , dont
il est Ministre , se défie de lui ; Dudley
lui proteste qu'il est entierement à elle ,
quoique Ministre de sa Rivale ; Marie
Stuard toujours plus défiante, lui dit
soit qu'il trahisse Elizabeth , soit qu'il
vueille la tromper elle - même, il est ég lement
coupable : Dudley lui répond qu'il ne
peut mieux prouver son innocence que
par l'aveu d'un crime qu'elle a ignoré
jusqu'à ce jour , et ce crime s'explique
par une déclaration d'amour ; M Stuard
prend cette déclaration pour un dernier
pige qu'il lui tend par l'ordre d'Eli
Zabeth ; par malheur Elizabeth atrive
dans ce premier mouvement de colere
et de défiance . M. Stuard lui fait entendre
qu'elle a découvert son artifice et
qu'elle ne doute point que Dudley , qui
a porté l'audace jusqu'à lui parlerd'amour,
ne l'ait fait, pour la faire expliquer avec
plus d'ouverture de coeur.
M. Stuard s'étant retirée avec assez de
hauteur ; Elizabeth éclate contre Dudley
dont elle s'est toujours crûe aimée ; Dudley
a recours à l'artifice , et répond à
Elizabeth que c'est uniquement pour
mieux sonder le coeur de M. Stuard qu'il
lui a parlé d'amour ; Elizabeth le congédie
sans lui faire l'honneur de le croire..
IL Vol.
Gvj Elle:
1412 MERCURE DE FRANCE
Elle est plus indignée contre Dudley
comme sujet perfide , que comme Amant
infidele ; son coeur se tourne tout entier
du côté de l'ambition et paroît craindre
beaucoup plus de perdre le Trône, qu'un
coeur si peu digne d'elle.
Dans l'Acte suivant , Dudley fait une
seconde tentative auprès de M. Stuard ;
il est plus précisement instruit des démarches
du Duc de Norfolck , par le
même traître qui s'est déja ouvert à lui
il dit à M. Stuard qu'il ne tient
qu'à lui de perdre son Rival qu'il
ne tient qu'à elle de se sauver elle même,
en acceptant ses services ; M. Stuard
emportée par son amour,lui répond, que
la premiere loi qu'elle lui impose c'est de
sauver Norfolck ; Dudley frémit à cette
proposition et se retire , la menace à la
bouche ; il ne tarde pas à consommer sa
trahison ; Elizabeth ne le reconnoît que
trop à l'arrivée de Cecil : Ce Ministre
dont on a parlé dans la premiere Scene ,
Jui fait entendre qu'on vient de lui dire
que le Duc de Norfolck a de l'intelligence
dans le Palais et qu'il va en instruire Elizabeth.
M. Stuard l'arrête , et croit ne
pouvoir mieux sauver son Amant qu'en
s'accusant elle- même. Cecil , au comble
de ses voeux , va tout dire à Elizabeth ;
II. Vola M.
JUIN. 1734- 1413
M. Stuard en est dans la consternation .
Pour surcroît de malheur elle voit approcher
le Duc ; elle frémit du peril où
il est exposé : elle lui apprend qu'on sçait
tout ; et qu'il a été trahi par quelqu'un
des conjurez ; elle lui ordonne de sortir
du Palais ; Norfolck vent perir avec elle;
mais elle l'oblige enfin de sortir , après lui
avoir dit que sa qualité de Reine met sa
vie en seureté .
Voilà le noeud de la Piéce arrivé à son
plus haut point , tout ce qui suit s'achemine
à grand pas à un dénouement des
plus funestes pour l'un et pour l'autre.
Amant.
Chelsey Confidente d'Elizabeth , ouvre
la Scene du quatrième Acte avec Marie
Stuard elle lui fait entendre que la
Reine sa maîtresse est toute disposée à
la recevoir entre ses bras , poutvû qu'elle.
vucille bien s'y jetter ; elle ajoute que
c'est le seul azile qui lui reste contre ses
juges, qui vont s'assembler pour lui faire.
son Procès ; au nom de Juge, M. Stuard
ne peut se contenir ; elle ne reconnoît
point de Tribunal qui puisse interroger
une Reine , encore moins la condamner;
elle consent cependant à voir Elizabeth :
cette derniere vient , et après un préam
bule d'indulgence et mênie de tendresse ;
11. Vol.
elle
1414 MERCURE DE FRANCE
elle fait un détail de tous les crimes dont
elle prétend que M. Stuard s'est noircie.
On a trouvé cette Scene très - belle , à la
longueur près ; M. Stuard ,sans répondre
d'une maniere détaillée à chaque chef
d'accusation , nie tout et parle avec tant
d'aigreur à Elizabeth , qu'elle l'oblige à
lui répondre sur le même ton et à se retirer
dans le dessein de lui faire subir le
honteux interrogatoire dont on l'a déja
menacée. Cecil vient l'avertir qu'il est
tems qu'elle paroisse devant ses Juges ;
il veut même lui donner des conseils ;
elle lui ferme la bouche et lui dit en sortant
que ses indignes Juges ne soutiendront
pas un seul de ses regards.
Marie Stuard ayant comparu devant le
Tribunal qu'elle a meprisé , et en ayant
été renvoyée par Cecil , qui a craint que
sa présence n'imposât à ses Juges, apprend
par des avis confus que le Duc de Norfolck
a déja subi l'arrêt de mort qui a
été prononcé contre lui ; elle ne songe
plus qu'à le suivre au tombeau . Monros
ami d'Helton , dont on a déja parlé
comme entierement attaché aux interêts
de Norfolck , vient lui donner une fausse
joye ; il lui dir que le Duc suivi d'une
nombreuse et vaillante escorte ,
vers le Palais d'une maniere à faire trem-
11. Vol. bier
JUIN. 1734. 1419
à se
bler et ses Juges et la Reine même ;
M. Stuard en rend graces au Ciel et se
livre à la douceur de l'espérance ; mais
Helton qui arrive un moment après , la
replonge dans le désespoir , par le funeste
récit qu'il lui fait de la mort de
Norfolck , qui s'est percé le sein sur la
fausse nouvelle qu'on lui a donnée que
sa chereReine venoit de perdre la vie sur
un échafaut : on vient avertir M. Stuard
qu'il est tems d'exécuter l'arrêt de sa
condamnation . Elle ne balance pas
résoudre à la mort pour ne pas survivreà
son Amant. Au reste dans les deux
premieres Représentations on fiitoit reparoître
Elizabeth , résolue en apparen
ce à révoquer Parrêt prononcé contre
M. Stuard , qu'elle traite de soeur dans
tout le cours de la Piéce ; mais cette fin
de Tragédie ayant paru trop ressemblanteaux
dernieres Scenes du Comte d'Essex ,
on a jugé à propos de retrancher une
imitation qui avoit indisposé la plupart
des Spectateurs.
Tragédie de M. * * * .
VoOicy l'Extrait que nous avons promis
de cette Piece , représentée depuis
peu au Théatre François.
ACTERS.
Elisabeth, Reine d'Angleterre. La Dlle de
Balicourt.
Marie Stuatd , Reine d'Ecosse , La Dlle
11. Vol.
du Fresne.
Le
1408 MERCURE DE FRANCE
Le Duc de Norfolck ,
Dudley , Comte
le Sr Dufresne.
le Sr Grandval.
Lle S.Sarrazin
de
Leycestre,
d'Elisabeth' Ministres
S
Cecil ,
Heliton , l'un des Principaux Officiers
du Palais , ami du Duc de Norfolck
le Sr le Grand
Monros , Ami d'Helton , le Sr Dubreuil.
Chelsey, Confidente d'Elizabeth, la Dlle
Fouvenot.
Un Officier des Gardes d'Elizabeth , le Sr
Un Garde ,
de la 7 horilliere.
le Sr d'Angeville , jeune.
La Scene est à Londres dans une Sale
'du Palais d'Elizabeth.
>
Quoique cette Tragédie dont l'Auteur
ne s'est pas encore fait connoître , n'ait
pas eu beaucoup de succès , on n'a pas
laissé de rendre justice à la plume dont
elle est sortie. On en a trouvé la versification
noble soutenue et élegante.
On n'a pas été , à beaucoup près , aussi
content de l'action Theatrale , non plus
que des caractéres ; celui d'Elizabeth a
été mieux rendu que tous les autres . Au
reste , comme les Représentations n'en
ont pas été assez nombreuses , nous
n'avons pû retenir l'ordre de la Piéce
Scene par Scene : ainsi nous esperons que
II. Vol. le
JUIN 1734. 1409
le Public voudra bien nous excuser , si
nous ne faisons pas un détail assez exact
de ce Poëme .
Il commence par une Scene déliberative
entre Elizabeth et ses deux Ministres ,
et Cecil. La Reine expose les raisons qui
la portent à les consulter. Il s'agit de faire
périr Marie Stuard , son ennemie et sa
prisonniere , ou de la renvoyer à son
Royaume d'Ecosse. Dudley amoureux de
cette Reine opprimée , opine pour son
rétablissement sur le Trône , et Cecil fait
entendre qu'il importe à la Reine d'Angleterre
de perdre une si redoutable Rivale
; Elizabeth se rend en apparence au
Conseil de Dudley , et lui ordonne d'aller
délivrer Marie Stuard. A peine ce Ministre
est-il sorti pour aller exécuter sa
commission , que Cecil , pour se vanger
de ce qu'il l'a emporté sur lui , ou pour
d'autres interêts qu'il n'explique pas ,
fait entendre à Elizabeth que Dudley a
moins parlé en Ministre, qu'en Amant de
Marie Stuard , quand il a pris si hautement
şon parti. Elizabeth qui aime secretement
Dudley , et qui a trop de fierté
pour ne s'en croire pas aimée , est mortellement
frappée de la double infidelité
qu'on lui fait ; elle se détermine dans un
monologue à approfondir cette fatale dé-
G.Y Avant couverte.
1410 MERCURE DE FRANCE
que
Avant Marie Stuard eut été mise
en liberré , il y a apparence que le Duc
de Norfolck , son Partisan et son Amant
déclaré , avoit conspiré pour la tirer de
prison à force ouverte. Il est introduit
secretement par Helton son ami , et l'un
des principaux Officiers du Palais dans
un Appartement des moins fréquentez.
Marie Stuard est agréablement surprise
de le trouver au sortir de sa prison , mais,
à ce premier mouvement de joye succede
un sentiment de vertu , quand elle apprend
que le Duc ne parle pas moins
que de déthrôner Elizabeth et de la faire
périr. Norfolck ne peut s'empêcher d'admirer
la noblesse du coeur d'une si illustre
Amante ; il lui promet de ne s'attacher
uniquement qu'à la rendre à ses sujets
et à la rétablir sur le Trône paternel ; il
la quitte pour aller mettre la derniere
main à un projet si glorieux.
Dudley instruit de la conjuration de
Norfolck par un perfide Ami à qui ce
Duc s'est inprudemment confié , veut
tirer parti de ce secret , pour s'insinuer
dans les bonnes graces de Marie Stuard
qu'il aime , comme nous l'avons déja fait
remarquer il lui fait valoir les services
qu'il lui a déja rendus et ceux qu'il peut
encore lui rendre. Marie Stuard qui le
11 Vol
Croir
JUIN. 1734. 1411
que,
croit dans les interêts d'Elizabeth , dont
il est Ministre , se défie de lui ; Dudley
lui proteste qu'il est entierement à elle ,
quoique Ministre de sa Rivale ; Marie
Stuard toujours plus défiante, lui dit
soit qu'il trahisse Elizabeth , soit qu'il
vueille la tromper elle - même, il est ég lement
coupable : Dudley lui répond qu'il ne
peut mieux prouver son innocence que
par l'aveu d'un crime qu'elle a ignoré
jusqu'à ce jour , et ce crime s'explique
par une déclaration d'amour ; M Stuard
prend cette déclaration pour un dernier
pige qu'il lui tend par l'ordre d'Eli
Zabeth ; par malheur Elizabeth atrive
dans ce premier mouvement de colere
et de défiance . M. Stuard lui fait entendre
qu'elle a découvert son artifice et
qu'elle ne doute point que Dudley , qui
a porté l'audace jusqu'à lui parlerd'amour,
ne l'ait fait, pour la faire expliquer avec
plus d'ouverture de coeur.
M. Stuard s'étant retirée avec assez de
hauteur ; Elizabeth éclate contre Dudley
dont elle s'est toujours crûe aimée ; Dudley
a recours à l'artifice , et répond à
Elizabeth que c'est uniquement pour
mieux sonder le coeur de M. Stuard qu'il
lui a parlé d'amour ; Elizabeth le congédie
sans lui faire l'honneur de le croire..
IL Vol.
Gvj Elle:
1412 MERCURE DE FRANCE
Elle est plus indignée contre Dudley
comme sujet perfide , que comme Amant
infidele ; son coeur se tourne tout entier
du côté de l'ambition et paroît craindre
beaucoup plus de perdre le Trône, qu'un
coeur si peu digne d'elle.
Dans l'Acte suivant , Dudley fait une
seconde tentative auprès de M. Stuard ;
il est plus précisement instruit des démarches
du Duc de Norfolck , par le
même traître qui s'est déja ouvert à lui
il dit à M. Stuard qu'il ne tient
qu'à lui de perdre son Rival qu'il
ne tient qu'à elle de se sauver elle même,
en acceptant ses services ; M. Stuard
emportée par son amour,lui répond, que
la premiere loi qu'elle lui impose c'est de
sauver Norfolck ; Dudley frémit à cette
proposition et se retire , la menace à la
bouche ; il ne tarde pas à consommer sa
trahison ; Elizabeth ne le reconnoît que
trop à l'arrivée de Cecil : Ce Ministre
dont on a parlé dans la premiere Scene ,
Jui fait entendre qu'on vient de lui dire
que le Duc de Norfolck a de l'intelligence
dans le Palais et qu'il va en instruire Elizabeth.
M. Stuard l'arrête , et croit ne
pouvoir mieux sauver son Amant qu'en
s'accusant elle- même. Cecil , au comble
de ses voeux , va tout dire à Elizabeth ;
II. Vola M.
JUIN. 1734- 1413
M. Stuard en est dans la consternation .
Pour surcroît de malheur elle voit approcher
le Duc ; elle frémit du peril où
il est exposé : elle lui apprend qu'on sçait
tout ; et qu'il a été trahi par quelqu'un
des conjurez ; elle lui ordonne de sortir
du Palais ; Norfolck vent perir avec elle;
mais elle l'oblige enfin de sortir , après lui
avoir dit que sa qualité de Reine met sa
vie en seureté .
Voilà le noeud de la Piéce arrivé à son
plus haut point , tout ce qui suit s'achemine
à grand pas à un dénouement des
plus funestes pour l'un et pour l'autre.
Amant.
Chelsey Confidente d'Elizabeth , ouvre
la Scene du quatrième Acte avec Marie
Stuard elle lui fait entendre que la
Reine sa maîtresse est toute disposée à
la recevoir entre ses bras , poutvû qu'elle.
vucille bien s'y jetter ; elle ajoute que
c'est le seul azile qui lui reste contre ses
juges, qui vont s'assembler pour lui faire.
son Procès ; au nom de Juge, M. Stuard
ne peut se contenir ; elle ne reconnoît
point de Tribunal qui puisse interroger
une Reine , encore moins la condamner;
elle consent cependant à voir Elizabeth :
cette derniere vient , et après un préam
bule d'indulgence et mênie de tendresse ;
11. Vol.
elle
1414 MERCURE DE FRANCE
elle fait un détail de tous les crimes dont
elle prétend que M. Stuard s'est noircie.
On a trouvé cette Scene très - belle , à la
longueur près ; M. Stuard ,sans répondre
d'une maniere détaillée à chaque chef
d'accusation , nie tout et parle avec tant
d'aigreur à Elizabeth , qu'elle l'oblige à
lui répondre sur le même ton et à se retirer
dans le dessein de lui faire subir le
honteux interrogatoire dont on l'a déja
menacée. Cecil vient l'avertir qu'il est
tems qu'elle paroisse devant ses Juges ;
il veut même lui donner des conseils ;
elle lui ferme la bouche et lui dit en sortant
que ses indignes Juges ne soutiendront
pas un seul de ses regards.
Marie Stuard ayant comparu devant le
Tribunal qu'elle a meprisé , et en ayant
été renvoyée par Cecil , qui a craint que
sa présence n'imposât à ses Juges, apprend
par des avis confus que le Duc de Norfolck
a déja subi l'arrêt de mort qui a
été prononcé contre lui ; elle ne songe
plus qu'à le suivre au tombeau . Monros
ami d'Helton , dont on a déja parlé
comme entierement attaché aux interêts
de Norfolck , vient lui donner une fausse
joye ; il lui dir que le Duc suivi d'une
nombreuse et vaillante escorte ,
vers le Palais d'une maniere à faire trem-
11. Vol. bier
JUIN. 1734. 1419
à se
bler et ses Juges et la Reine même ;
M. Stuard en rend graces au Ciel et se
livre à la douceur de l'espérance ; mais
Helton qui arrive un moment après , la
replonge dans le désespoir , par le funeste
récit qu'il lui fait de la mort de
Norfolck , qui s'est percé le sein sur la
fausse nouvelle qu'on lui a donnée que
sa chereReine venoit de perdre la vie sur
un échafaut : on vient avertir M. Stuard
qu'il est tems d'exécuter l'arrêt de sa
condamnation . Elle ne balance pas
résoudre à la mort pour ne pas survivreà
son Amant. Au reste dans les deux
premieres Représentations on fiitoit reparoître
Elizabeth , résolue en apparen
ce à révoquer Parrêt prononcé contre
M. Stuard , qu'elle traite de soeur dans
tout le cours de la Piéce ; mais cette fin
de Tragédie ayant paru trop ressemblanteaux
dernieres Scenes du Comte d'Essex ,
on a jugé à propos de retrancher une
imitation qui avoit indisposé la plupart
des Spectateurs.
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Résumé : MARIE STUART, Reine d'Ecosse, Tragédie de M. ***.
La pièce 'Marie Stuart, Reine d'Écosse' est une tragédie jouée au Théâtre Français. Elle met en scène Élisabeth, Reine d'Angleterre, et Marie Stuart, Reine d'Écosse, détenue par Élisabeth. Les personnages clés incluent Dudley, Comte de Leicester, Cecil, et le Duc de Norfolk, tous impliqués dans des intrigues politiques et amoureuses. L'intrigue commence par une délibération entre Élisabeth et ses ministres sur le sort de Marie Stuart. Dudley, amoureux de Marie Stuart, plaide pour sa libération, tandis que Cecil suggère son élimination. Élisabeth ordonne initialement la libération de Marie Stuart, mais Cecil la convainc que Dudley agit par amour pour Marie Stuart. Jalouse, Élisabeth décide d'enquêter sur cette trahison. Le Duc de Norfolk, partisan de Marie Stuart, conspire pour la libérer. Dudley, informé de cette conjuration, tente de gagner la confiance de Marie Stuart en lui offrant ses services, mais elle rejette ses avances. Élisabeth, découvrant la déclaration d'amour de Dudley à Marie Stuart, le congédie. Dans les actes suivants, Dudley trahit Norfolk en révélant sa conjuration à Élisabeth. Marie Stuart, pour protéger Norfolk, s'accuse elle-même. Norfolk est exécuté après avoir appris la fausse nouvelle de la mort de Marie Stuart. Marie Stuart, condamnée à mort, refuse de survivre à son amant et accepte son exécution. La pièce se termine par l'exécution de Marie Stuart, sans la réapparition d'Élisabeth, contrairement aux premières représentations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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