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1
p. 2469-2479
Opéra Pyrrhus, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le 26. Octobre, l'Académie Royale de Musique, donna la premiere Representation [...]
Mots clefs :
Pyrrhus, Académie royale de musique, Théâtre, Amour, Coeur, Projet, Jeux, Yeux
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texteReconnaissance textuelle : Opéra Pyrrhus, Extrait, [titre d'après la table]
E 26. Octobre , l'Académie Royale
de Mufique , donna la premiere Reprefentation
de la nouvelle Tragédie de
Pyrrhus. Le Poëme eft de M. Fermelhuis ,
& la Mufique de M. Royer , de l'Académie
Royale de Mufique . Au Prologue ,
le Theatre repréfente le Palais de Mars.
Mars fe flatte de rallumer la guerre
dans l'Europe , trop long temps tranquille
; il excite les Guerriers de fa fuite
à de nouveaux exploits par ces Vers :
Courons y rallumer le flambeau de la guerre ;
Que des ruiffeaux de fang coulent de toutes
parts :
Qu'on reconnoiffe le Dieu Mars ,
Aux nouvelles horreurs qui vont troubler la terre.
d Lc
2470 MERCURE DE FRANCE
Le Choeur repete ces quatre Vers : Mi
nerve defcend des Cieux. Elle vient an
noncer la Naiffance d'un Dauphin qui
affure la Paix à l'Europe par un Arrêt du
Deftin . Mars le foumer à cette loy irrevocable
, mais il fe promet d'en tirer une
nouvelle gloire par le foin qu'il va prendre
de l'éducation de ce jeune Prince ; Minerve
lui difpute cet honneur, & lui dit :
+ Non, non , c'est moi qui feule eus l'avantage
De porter fes Ayeux aux glorieux travaux ;
Mars ne peut infpirer qu'un farouche courage ;
C'eft moi qui fais les vrais Héros,
Ensemble.
Je dois fur vous remporter la victoire ;
De ce Prince charmant je veux former le coeurs
C'eft un foin trop flatteur,
Pour en ceder la gloire.
Jupiter fuivi des Jeux & des plaifirs
vient accorder Mars & Minerve , & leur
ordonne de partager la gloire qu'ils difputent.
Hannonce la Naiffance d'un fe.
cond fruit de l'Hymen du Roi, On a
trouvé que l'ordre des temps n'étoit pas
fcrupuleufement obſervé ; mais l'Auteur
a prié le Public par un petit Avertiffement
de vouloir bien ſe prêter à cet Anachronifme.
Les Plaifirs & les Jeux font le
Divertiffement du Prologue. A
Le
NOVEMBRE. 1730. 2471
Le Théatre repréfente au premier Acte
une Gallerie du Palais de Pyrrhus. Ifmene,
Confidente de Polixene , fille de Priam
felicite cette Princeffe fur la victoire que
fes yeux ont remporté fur le coeur de
Pyrrhus , fils d'Achille. Elle lui dit qu'à
peine a t'elle reproché l'efclavage des
Troyens à ce fuperbe vainqueur d'llion
qu'il a brifé leurs chaînes, Polixene avouë
fa foibleffe pour Pyhrrus , mais elle n'en
eft pas moins réfolué à lui ôter toute ef
perance ; voici comme elle s'exprime :
A ma Patrie , helas ! fans ceffe pour victime ,
J'immole dès long- temps le repos de mon coeur.
"Pour fauver Illion de fon péril extrême ,
A l'objet de ma haine il fallut m'engager,
Il n'en périt pas moins , & c'eft pour le venger
Que mon coeur aujourd'hui s'arrache à ce qu'il
aime,
L'Auteur prépare l'intelligence de ces
fix Vers , par l'expofition qu'il fait de ce
qui s'étoit paffe autrefois au fujet de l'Hy,
men d'Achille , propofé à Polixene , &
Pâris lança rompu par le Trait fatal que
Contre
ce Héros.
Les Troyens & les Troyennes viennent
Le réjouir de la liberté que Pyrrhus lear
a renduë ; Polixene n'aflifte qu'à regret à
serte Fête , & reproche enfin aux Troyens
2472 MERCURE DE FRANCE
la lâcheté qu'ils ont de celebrer le deſtructeur
de leur chere Patrie . Polixene voyant
venir Pyrrhus, le fuit après lui avoir dit :
Mon pere eft tombé fous tes coups ;
Pour me venger, helas ! dans mon jufte courroux
Cruel , n'attend de moi que des cris & des larmes.
Pyrrhus irrité de l'inflexible rigueur de
Polixene , voudroit l'oublier pour jamais,
Acamas l'excite autant qu'il lui eft poffible
par l'interêt de Rival caché ; mais
il n'en peut venir à bout , il a beau lui
repréfenter que fa foi eft promiſe à Eriphile
, terrible par un art tout-puiffant
quelle a appris d'Amphiare , fon pere
Pyrrhus lui répond qu'il feroit moins à
plaindre s'il n'avoit qu'Eriphile à redouter
; il lui raconte un fonge qu'il a fait
dont voici les derniers Vers :
· Du fond des Enfers avec un bruit affreux ,
Un poignard à la main , fort l'Ombre de mon
pere.
Le Spectre furieux ,
Lance fur Polixene un regard de colere ;
Elle veut l'éviter , le cruel la pourfuit :
Je fais pour l'arrêter un effort inutile.
A mes yeux effrayez l'inexorable Achille ;
L'immole , difparoît , & le fonge s'enfuit.
Pyrrhus annonce des Jeux qu'il a or-
-donnez
NOVEMBRE. 1730. 2473
donnez pour appaiſer l'Ombre de fon
pere , & fe retire. Acamas expofe ce qui
fe paffe dans fon coeur par ces deux Vers
qui finiffent l'Acte :
Cachons lui , s'il fe peut , les tranfports de mon
ame ;
Ou plutôt étouffons une funefte flamme.
Au fecond Acte , Acamas livre des
combats contre fon amour pour Polixene,
mais il ne peut en triompher. Eriphile
arrive dans un nuage ; elle promet le fecours
de fon Art à Acamas ; & le voyant
agité de remors , elle lui fait reproche
Ah ! vous n'aimez que foiblement.
Quand on aime bien tendrement ,
Peut- on fans une peine extrême ,
Cacher fon ardeur un moment ,
Aux yeux de la Beauté qu'on aime
Le devoir & l'amitié même ,
Tout cede à cet empreffement.
Ah ! vous n'aimez que foiblement.
Eriphile fe retire pour cacher fon arrivée
à Pyrrhus , contre qui elle ne veut
en venir aux dernieres extrémitez , qu'après
avoir employé les raifons les plus
fortes & les fentimens les plus tendres .
Acamas fe livre aux douceurs d · l'ef
perance . Pyrrhus vient préfider aux Jeux
G qu'il
2474 MERCURE DE FRANCE
qu'il a fait préparer en l'honneur d'Achille
: la Fête eft troublée par un tremblement
de terre qui fait abîmer une Piramide
ornée de Trophées ; l'Ombre- d'Achile
paroît & prononce cet Oracle :
Ne croy pas échapper à mes reffentimens.
Sur toi , fur tes Sujets, crains d'attirer ma haine ,
Si ton obéiffance à mes commandemens ,
Ne me fair dans ce jour immoler Polixene.
Pyrrhus ne pouvant fe réfoudre au cruel
Sacrifice que fon pere lui demande , & "
tremblant pour Polixene , prie Acamas
de la difpofer à partir de ces lieux ; il
charge cet infidele ami de fa conduite.
Acamas finit ce fecond Acte par ces deux
Vers :
Lui- même entre mes mains il livre fon Amante !
Obéiffons au fort qui paffe mon attente.
Le Théatre repréſente l'interieur du Palais
de Pyrrhus . Polixene eft troublée &
ne fçait à quoi attribuer la frayeur qu'elle
découvre fur les vifages de tous ceux qui
s'offrent à fa vûë. Acamas lui explique la
caufe de cet effroy general, & lui apprend
que
que Pyrrhus la prie de prendre la fuite :
il ne peut s'empêcher , en s'offrant pour
fon guide , de fe déclarer fon Amant. Polixene
en conçoit une indignation qu'elle
exprime par ces Vers :
Non
NOVEMBRE . 1730. 2475
Non ; quoique mon devoir demande qu'il périffe ;
Puis- je voir fans horreur qu'un ami le trahiſſe ?
Pyrrhus qui a changé de deffein au fujet
de Polixene, ne veut plus qu'elle parte,
& remercie Acamas du foin dont il avoit
bien voulu fe charger.
Pyrrhus n'oublie rien pour fléchir Polixene
; mais c'eft inutilement juſqu'à la
fin de la Scene , où cette Princeffe lui dit
en le quittant :
De cet amour fi foumis & fi tendre ,
Que n'ay-je point à redouter
Pyrrhus n'entend pas tout - à - fait ce langage
, puifqu'il dit, en la voulant fuivre :
Courons à fes genoux ,
Achever , s'il fe peut , de fléchir fon courroux.
Eriphile arrête Pyrrhus , elle l'oblige
à lui déclarer lui -même qu'il la quitte
pour Polixene ; Eriphile n'oublie rien
pour l'attendrir : voici comment elle lui
parle :
Daigne un moment jetter les yeux fur moi :
Je n'ai pour me venger que d'innocentes armes.
Lorfque tu me manques de foi ,
Mes pleurs & mes foupirs font les uniques char-
Gij Dont
mes
2476 MERCURE DE FRANCE
Dont je me ferve contre toi :
Un feul de tes regards payeroit tant de larmes.
fur moi ; Daigne un moment jetter les yeux
Je n'ai pour me venger que d'innocentes armes.
Les prieres étant inutiles , Eriphile en
vient aux plus terribles menaces ; comme
ces menaces regardent Polixene , Pyrrhus
s'abandonne à fon tour à la fureur & dic
à Eriphile , en la quittant :
Vous menacez l'objet qui m'a fçu plaire;
Je n'écoute plus rien ; c'eſt à vous de trembler .
Eriphile évoque les Démons & les trois
Eumenides . Le Theatre change & repréfente
un Antre affreux , terminé dans le
fond par un Gouffre qui paroît enflammé.
Eriphile ordonne aux Eumenides d'armer
les fujets de Pyrrhus les uns contre
les autres , en les empêchant de fe reconnoître.
Le Théatre repréfente au quatriéme
Acte , les Jardins de Pyrrhus , terminez
par la Mer . Un Choeur derriere le Théatre
annonce la fureur que les Eumenides
ont infpirée aux Sujets de Pyrrhus . Polixene
déplore des malheurs dont elle eſt
la caufe innocente ; elle tremble pour Pyrthus
; elle forme un projet qu'elle fait
entendre par ces Vers qu'elle addreſſe à
*An.our. Amour
NOVEMBRE . 1730. 2477
Amour , c'est donc à toi qu'il faut que je m'adreffe
....
Mais déja ton flambeau m'éclaire en mon malheur
';
· Tu parles ... je t'entends …. . . & tu viens à mon
coeur ,
Inſpirer un projet pour fauver ce que j'aime , &
Ce projet infpiré par l'Amour , éclaterz
à la fin de la Tragedie. Acamas prefe
Polixene de fe dérober par la fuite as
péril qui la menace ; elle eft inflexible ; cet
Amant méprifé fe livre à fon defeſpoir;
elle le fuit.
Eriphile fait entendre à Acamas que
par le fecours de fon Art , Polixene va
tomber entre fes mains , & qu'il doit ne
perdre aucun moment pour la ravir à
Pyrrhus.
Eriphile fait connoître par un Monologue,
que malgré ce qu'elle vient de pro
mettre à Acamas, Polixene ne peut échapper
à fon fort , & que les Enfers lui en
font garants.
Pyrrhus vient , il reproche à Eriphile
toutes les horreurs qui regnent parmi fes
Peuples La Scene eft vive de part & d'autre.
Eriphile le quitte pour toujours , mais
avant que de partir , elle lui annonce que
fon Ami lui enleve fon Amante. Pyrrhus
erdonne qu'on coure après le Raviffeur
G iij &
2478 MERCURE DE FRANCE
& qu'on ne revienne pas fans lui amenér
l'une & l'autre victime. Il implore le fe-
Cours de Thétis , dont fon pere à reçu la
naiflance.
Thétis vient calmer la frayeur de Pyrrhus
, ce qui donne lieu à la Fête de ce
quatriéme Acte . La Déeffe des Mers parle
ainfi à ſon petit - fils :
J'ay rendu le calme à tes fens ;
Mais tu dois te montrer le digne fils d'Achille
Ou redouter des maux encor plus grands
Que ceux que t'a caufez la cruelle Eriphile .
Déja le Prêtre attend Polixene à l'Autel ,
Pour la livrer au coup mortel ;
Je vais par ma puiſſance ,
Remettre en ton pouvoir l'objet de ta vengeance.'
Au cinquième Acte , le Théatre reprefente
une Colonade fur les côtez , & le
tombeau d'Achille dans le fond. On voit
fur le devant un Autel pour le Sacrifice.
Pyrrhus balance entre fa vengeance & ſon
amour. Sa vengeance l'emporte . Acamas
vient mourir aux yeux de Pyrrhus , & lui
apprend l'innocence de Polixene . Pyrrhus
fe réfout à empêcher le facrifice de Polixene
.
Le Grand-Prêtre & fa fuite viennent attendre
la victime qu'Achille demande fur
fon tombeau. Pyrrhus leur protefte qu'il
ne
NOVEMBRE. 1730. 2473
ne fouffrira jamais qu'on répande un lang
fi beau & fi cher. Polixene vient enfin &
s'explique ainfi :
Vous , Miniftres des Dieux , & vous , Grecs,
écoutez.
Pyrrhus , de votre fort , mon ame eft attendrie
J'ai caufé vos malheurs , je dois les réparer ;
Pour vous rendre la paix que je vous ai ravie ,
Voici ce que les Dieux viennent de m'inſpirer.
A ce dernier vers elle fe frappe.Pyrrhus
lui reproche la cruauté qu'elle vient
d'exercer fur elle-même. Polixene finit la
Piece par ces quatre vers :
Le trépas m'arrache à des momens fi doux .
C'en eft fait, je defcends fur l'infernale rivé :
Cher Pyrrhus , recevez mon ame fugitive
Mes derniers foupirs font pour vous,
Pyrrhus veut fe tuer , on le déſarme.
de Mufique , donna la premiere Reprefentation
de la nouvelle Tragédie de
Pyrrhus. Le Poëme eft de M. Fermelhuis ,
& la Mufique de M. Royer , de l'Académie
Royale de Mufique . Au Prologue ,
le Theatre repréfente le Palais de Mars.
Mars fe flatte de rallumer la guerre
dans l'Europe , trop long temps tranquille
; il excite les Guerriers de fa fuite
à de nouveaux exploits par ces Vers :
Courons y rallumer le flambeau de la guerre ;
Que des ruiffeaux de fang coulent de toutes
parts :
Qu'on reconnoiffe le Dieu Mars ,
Aux nouvelles horreurs qui vont troubler la terre.
d Lc
2470 MERCURE DE FRANCE
Le Choeur repete ces quatre Vers : Mi
nerve defcend des Cieux. Elle vient an
noncer la Naiffance d'un Dauphin qui
affure la Paix à l'Europe par un Arrêt du
Deftin . Mars le foumer à cette loy irrevocable
, mais il fe promet d'en tirer une
nouvelle gloire par le foin qu'il va prendre
de l'éducation de ce jeune Prince ; Minerve
lui difpute cet honneur, & lui dit :
+ Non, non , c'est moi qui feule eus l'avantage
De porter fes Ayeux aux glorieux travaux ;
Mars ne peut infpirer qu'un farouche courage ;
C'eft moi qui fais les vrais Héros,
Ensemble.
Je dois fur vous remporter la victoire ;
De ce Prince charmant je veux former le coeurs
C'eft un foin trop flatteur,
Pour en ceder la gloire.
Jupiter fuivi des Jeux & des plaifirs
vient accorder Mars & Minerve , & leur
ordonne de partager la gloire qu'ils difputent.
Hannonce la Naiffance d'un fe.
cond fruit de l'Hymen du Roi, On a
trouvé que l'ordre des temps n'étoit pas
fcrupuleufement obſervé ; mais l'Auteur
a prié le Public par un petit Avertiffement
de vouloir bien ſe prêter à cet Anachronifme.
Les Plaifirs & les Jeux font le
Divertiffement du Prologue. A
Le
NOVEMBRE. 1730. 2471
Le Théatre repréfente au premier Acte
une Gallerie du Palais de Pyrrhus. Ifmene,
Confidente de Polixene , fille de Priam
felicite cette Princeffe fur la victoire que
fes yeux ont remporté fur le coeur de
Pyrrhus , fils d'Achille. Elle lui dit qu'à
peine a t'elle reproché l'efclavage des
Troyens à ce fuperbe vainqueur d'llion
qu'il a brifé leurs chaînes, Polixene avouë
fa foibleffe pour Pyhrrus , mais elle n'en
eft pas moins réfolué à lui ôter toute ef
perance ; voici comme elle s'exprime :
A ma Patrie , helas ! fans ceffe pour victime ,
J'immole dès long- temps le repos de mon coeur.
"Pour fauver Illion de fon péril extrême ,
A l'objet de ma haine il fallut m'engager,
Il n'en périt pas moins , & c'eft pour le venger
Que mon coeur aujourd'hui s'arrache à ce qu'il
aime,
L'Auteur prépare l'intelligence de ces
fix Vers , par l'expofition qu'il fait de ce
qui s'étoit paffe autrefois au fujet de l'Hy,
men d'Achille , propofé à Polixene , &
Pâris lança rompu par le Trait fatal que
Contre
ce Héros.
Les Troyens & les Troyennes viennent
Le réjouir de la liberté que Pyrrhus lear
a renduë ; Polixene n'aflifte qu'à regret à
serte Fête , & reproche enfin aux Troyens
2472 MERCURE DE FRANCE
la lâcheté qu'ils ont de celebrer le deſtructeur
de leur chere Patrie . Polixene voyant
venir Pyrrhus, le fuit après lui avoir dit :
Mon pere eft tombé fous tes coups ;
Pour me venger, helas ! dans mon jufte courroux
Cruel , n'attend de moi que des cris & des larmes.
Pyrrhus irrité de l'inflexible rigueur de
Polixene , voudroit l'oublier pour jamais,
Acamas l'excite autant qu'il lui eft poffible
par l'interêt de Rival caché ; mais
il n'en peut venir à bout , il a beau lui
repréfenter que fa foi eft promiſe à Eriphile
, terrible par un art tout-puiffant
quelle a appris d'Amphiare , fon pere
Pyrrhus lui répond qu'il feroit moins à
plaindre s'il n'avoit qu'Eriphile à redouter
; il lui raconte un fonge qu'il a fait
dont voici les derniers Vers :
· Du fond des Enfers avec un bruit affreux ,
Un poignard à la main , fort l'Ombre de mon
pere.
Le Spectre furieux ,
Lance fur Polixene un regard de colere ;
Elle veut l'éviter , le cruel la pourfuit :
Je fais pour l'arrêter un effort inutile.
A mes yeux effrayez l'inexorable Achille ;
L'immole , difparoît , & le fonge s'enfuit.
Pyrrhus annonce des Jeux qu'il a or-
-donnez
NOVEMBRE. 1730. 2473
donnez pour appaiſer l'Ombre de fon
pere , & fe retire. Acamas expofe ce qui
fe paffe dans fon coeur par ces deux Vers
qui finiffent l'Acte :
Cachons lui , s'il fe peut , les tranfports de mon
ame ;
Ou plutôt étouffons une funefte flamme.
Au fecond Acte , Acamas livre des
combats contre fon amour pour Polixene,
mais il ne peut en triompher. Eriphile
arrive dans un nuage ; elle promet le fecours
de fon Art à Acamas ; & le voyant
agité de remors , elle lui fait reproche
Ah ! vous n'aimez que foiblement.
Quand on aime bien tendrement ,
Peut- on fans une peine extrême ,
Cacher fon ardeur un moment ,
Aux yeux de la Beauté qu'on aime
Le devoir & l'amitié même ,
Tout cede à cet empreffement.
Ah ! vous n'aimez que foiblement.
Eriphile fe retire pour cacher fon arrivée
à Pyrrhus , contre qui elle ne veut
en venir aux dernieres extrémitez , qu'après
avoir employé les raifons les plus
fortes & les fentimens les plus tendres .
Acamas fe livre aux douceurs d · l'ef
perance . Pyrrhus vient préfider aux Jeux
G qu'il
2474 MERCURE DE FRANCE
qu'il a fait préparer en l'honneur d'Achille
: la Fête eft troublée par un tremblement
de terre qui fait abîmer une Piramide
ornée de Trophées ; l'Ombre- d'Achile
paroît & prononce cet Oracle :
Ne croy pas échapper à mes reffentimens.
Sur toi , fur tes Sujets, crains d'attirer ma haine ,
Si ton obéiffance à mes commandemens ,
Ne me fair dans ce jour immoler Polixene.
Pyrrhus ne pouvant fe réfoudre au cruel
Sacrifice que fon pere lui demande , & "
tremblant pour Polixene , prie Acamas
de la difpofer à partir de ces lieux ; il
charge cet infidele ami de fa conduite.
Acamas finit ce fecond Acte par ces deux
Vers :
Lui- même entre mes mains il livre fon Amante !
Obéiffons au fort qui paffe mon attente.
Le Théatre repréſente l'interieur du Palais
de Pyrrhus . Polixene eft troublée &
ne fçait à quoi attribuer la frayeur qu'elle
découvre fur les vifages de tous ceux qui
s'offrent à fa vûë. Acamas lui explique la
caufe de cet effroy general, & lui apprend
que
que Pyrrhus la prie de prendre la fuite :
il ne peut s'empêcher , en s'offrant pour
fon guide , de fe déclarer fon Amant. Polixene
en conçoit une indignation qu'elle
exprime par ces Vers :
Non
NOVEMBRE . 1730. 2475
Non ; quoique mon devoir demande qu'il périffe ;
Puis- je voir fans horreur qu'un ami le trahiſſe ?
Pyrrhus qui a changé de deffein au fujet
de Polixene, ne veut plus qu'elle parte,
& remercie Acamas du foin dont il avoit
bien voulu fe charger.
Pyrrhus n'oublie rien pour fléchir Polixene
; mais c'eft inutilement juſqu'à la
fin de la Scene , où cette Princeffe lui dit
en le quittant :
De cet amour fi foumis & fi tendre ,
Que n'ay-je point à redouter
Pyrrhus n'entend pas tout - à - fait ce langage
, puifqu'il dit, en la voulant fuivre :
Courons à fes genoux ,
Achever , s'il fe peut , de fléchir fon courroux.
Eriphile arrête Pyrrhus , elle l'oblige
à lui déclarer lui -même qu'il la quitte
pour Polixene ; Eriphile n'oublie rien
pour l'attendrir : voici comment elle lui
parle :
Daigne un moment jetter les yeux fur moi :
Je n'ai pour me venger que d'innocentes armes.
Lorfque tu me manques de foi ,
Mes pleurs & mes foupirs font les uniques char-
Gij Dont
mes
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Dont je me ferve contre toi :
Un feul de tes regards payeroit tant de larmes.
fur moi ; Daigne un moment jetter les yeux
Je n'ai pour me venger que d'innocentes armes.
Les prieres étant inutiles , Eriphile en
vient aux plus terribles menaces ; comme
ces menaces regardent Polixene , Pyrrhus
s'abandonne à fon tour à la fureur & dic
à Eriphile , en la quittant :
Vous menacez l'objet qui m'a fçu plaire;
Je n'écoute plus rien ; c'eſt à vous de trembler .
Eriphile évoque les Démons & les trois
Eumenides . Le Theatre change & repréfente
un Antre affreux , terminé dans le
fond par un Gouffre qui paroît enflammé.
Eriphile ordonne aux Eumenides d'armer
les fujets de Pyrrhus les uns contre
les autres , en les empêchant de fe reconnoître.
Le Théatre repréfente au quatriéme
Acte , les Jardins de Pyrrhus , terminez
par la Mer . Un Choeur derriere le Théatre
annonce la fureur que les Eumenides
ont infpirée aux Sujets de Pyrrhus . Polixene
déplore des malheurs dont elle eſt
la caufe innocente ; elle tremble pour Pyrthus
; elle forme un projet qu'elle fait
entendre par ces Vers qu'elle addreſſe à
*An.our. Amour
NOVEMBRE . 1730. 2477
Amour , c'est donc à toi qu'il faut que je m'adreffe
....
Mais déja ton flambeau m'éclaire en mon malheur
';
· Tu parles ... je t'entends …. . . & tu viens à mon
coeur ,
Inſpirer un projet pour fauver ce que j'aime , &
Ce projet infpiré par l'Amour , éclaterz
à la fin de la Tragedie. Acamas prefe
Polixene de fe dérober par la fuite as
péril qui la menace ; elle eft inflexible ; cet
Amant méprifé fe livre à fon defeſpoir;
elle le fuit.
Eriphile fait entendre à Acamas que
par le fecours de fon Art , Polixene va
tomber entre fes mains , & qu'il doit ne
perdre aucun moment pour la ravir à
Pyrrhus.
Eriphile fait connoître par un Monologue,
que malgré ce qu'elle vient de pro
mettre à Acamas, Polixene ne peut échapper
à fon fort , & que les Enfers lui en
font garants.
Pyrrhus vient , il reproche à Eriphile
toutes les horreurs qui regnent parmi fes
Peuples La Scene eft vive de part & d'autre.
Eriphile le quitte pour toujours , mais
avant que de partir , elle lui annonce que
fon Ami lui enleve fon Amante. Pyrrhus
erdonne qu'on coure après le Raviffeur
G iij &
2478 MERCURE DE FRANCE
& qu'on ne revienne pas fans lui amenér
l'une & l'autre victime. Il implore le fe-
Cours de Thétis , dont fon pere à reçu la
naiflance.
Thétis vient calmer la frayeur de Pyrrhus
, ce qui donne lieu à la Fête de ce
quatriéme Acte . La Déeffe des Mers parle
ainfi à ſon petit - fils :
J'ay rendu le calme à tes fens ;
Mais tu dois te montrer le digne fils d'Achille
Ou redouter des maux encor plus grands
Que ceux que t'a caufez la cruelle Eriphile .
Déja le Prêtre attend Polixene à l'Autel ,
Pour la livrer au coup mortel ;
Je vais par ma puiſſance ,
Remettre en ton pouvoir l'objet de ta vengeance.'
Au cinquième Acte , le Théatre reprefente
une Colonade fur les côtez , & le
tombeau d'Achille dans le fond. On voit
fur le devant un Autel pour le Sacrifice.
Pyrrhus balance entre fa vengeance & ſon
amour. Sa vengeance l'emporte . Acamas
vient mourir aux yeux de Pyrrhus , & lui
apprend l'innocence de Polixene . Pyrrhus
fe réfout à empêcher le facrifice de Polixene
.
Le Grand-Prêtre & fa fuite viennent attendre
la victime qu'Achille demande fur
fon tombeau. Pyrrhus leur protefte qu'il
ne
NOVEMBRE. 1730. 2473
ne fouffrira jamais qu'on répande un lang
fi beau & fi cher. Polixene vient enfin &
s'explique ainfi :
Vous , Miniftres des Dieux , & vous , Grecs,
écoutez.
Pyrrhus , de votre fort , mon ame eft attendrie
J'ai caufé vos malheurs , je dois les réparer ;
Pour vous rendre la paix que je vous ai ravie ,
Voici ce que les Dieux viennent de m'inſpirer.
A ce dernier vers elle fe frappe.Pyrrhus
lui reproche la cruauté qu'elle vient
d'exercer fur elle-même. Polixene finit la
Piece par ces quatre vers :
Le trépas m'arrache à des momens fi doux .
C'en eft fait, je defcends fur l'infernale rivé :
Cher Pyrrhus , recevez mon ame fugitive
Mes derniers foupirs font pour vous,
Pyrrhus veut fe tuer , on le déſarme.
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Résumé : Opéra Pyrrhus, Extrait, [titre d'après la table]
Le 26 octobre, l'Académie Royale de Musique a présenté la tragédie 'Pyrrhus' de M. Fermelhuis, accompagnée de la musique de M. Royer. Le prologue se déroule au Palais de Mars, où Mars souhaite relancer la guerre en Europe. Minerve annonce la naissance d'un dauphin qui apportera la paix, mais Mars et Minerve se disputent l'honneur de son éducation. Jupiter intervient pour partager la gloire entre eux. La pièce commence avec Ismène, confidente de Polixène, fille de Priam, qui félicite Polixène pour sa victoire sur le cœur de Pyrrhus. Polixène avoue son amour pour Pyrrhus mais décide de lui ôter tout espoir. Les Troyens célèbrent leur liberté, mais Polixène les reproche leur lâcheté. Pyrrhus, irrité par la rigueur de Polixène, est tourmenté par un songe où l'ombre de son père lui ordonne de sacrifier Polixène. Acamas, amoureux de Polixène, tente de convaincre Pyrrhus de l'oublier. Eriphile, amoureuse de Pyrrhus, promet son aide à Acamas mais menace Pyrrhus. Lors des jeux organisés par Pyrrhus, un tremblement de terre révèle l'ombre d'Achille, qui exige le sacrifice de Polixène. Pyrrhus, déchiré, demande à Acamas de faire partir Polixène. Eriphile, jalouse, utilise ses pouvoirs pour semer la discorde. Polixène, malgré les efforts de Pyrrhus pour la retenir, décide de se sacrifier pour sauver Pyrrhus et son peuple. Elle se frappe et meurt, laissant Pyrrhus désemparé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 764-770
Tragédie nouvelle, jouée à l'Arsenal, et Prologue, [titre d'après la table]
Début :
Le 7. de ce mois, on representa sur le Théatre de l'Arsenal, la Tragedie nouvelle annoncée [...]
Mots clefs :
Acteur, Marquis, Tragédie nouvelle, Théâtre de l'Arsenal, Pyrrhus, Prologue, Comédie, Auteurs, Pièce nouvelle
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texteReconnaissance textuelle : Tragédie nouvelle, jouée à l'Arsenal, et Prologue, [titre d'après la table]
Le 7. de ce mois , on representa
sur le Théatre
de l'Arsenal , la Tragedie nouvelle annoncée
dans le Mercure de Fevrier ; Elle fut reçue avec
beaucoup
d'aplaudissement
par une nombreuse
Assemblée : On la rejoua le onze avec plus d'aplaudissements
encore.
Certe Piece est intitulée , Pyrrhus et Teglis :
le Sujet en est tiré partie de Justin , et partie
d'Athénée. Comme elle doit être reprise après
Pâques , nous pourrons alors être en état d'en
donner un Extrait. Elle a été précedée d'une
Scene en forme de Prologue , entre un Marquis
ridicule , et un Acteur de la Comedie de l'Arsenal
, qui a fait beaucoup de plaisir . Voici l'idée
que nous pouvons donner de ce Prologue.
Lorsqu'on leve la toile , le Marquis paroit ,
Occupant un fauteuil nécessaire pour la Tragedie
: Un Acteur surprit de le voir dans cette
place , s'approche poliment , et lui dit qu'il ne
sçauroit demeurer là . Le Marquis en demande
la raison , l'Acteur lui répond que leur Theatre
est trop petit pour que des spectateurs y puissent
AVRIL 765
.
1724.
sent prendre place ; Vous voyez bien , dit - il ,
que vous êtes le seul qui s'y soit placé.
Le Marquis replique que la regle generale n'em
est pas une pour lui , qu'un homme comme lui
en fait toujours l'exception , et que ne venant
au Spectacle que pour être vû , et pour y voir
le beau monde , il n'est point de place plus commode
pour cela que le Theatre.
L'Acteur lui dit que s'il ne vient au Specta
cle que pour être vû , c'est sur un plus grand
Theatre , et devant une assemblée plus nombreuse
qu'il doit paroître. Le Marquis répond
qu'il a déja assisté au Prologue de l'Opera , à
un Acte de la Comédie Françoise , à quelques
Scenes de l'Italienne ; et qu'ayant apris qu'il y
avoit à l'Arsenal une Comedie , où se rassembloient
de fort aimables Personnes , il étoit venu
y passer qu'elques moments, en attendant l'heure
d'aller lutiner les Danseuses de l'Opera Comique.
L'Acteur le remercie de la préférance ....
Ce Marquis demande quelle est la Piéce qu'on
va jouer : on lui dit que c'est une Piece nouvelle.
Il reprend avec vivacité.
Une Piece nouvelle ! Comment , morbleu , une
Piece nouvelle ! Et quel est ce fat d'Auteur qui s'avife
de donner une Piece nouvelle , sans être venú
La lire à ma Toilette ! Sçait - il bien que les Auteurs,
même les plus fameux , viennent me demander
ma protection , aussi je les sers à merveille :
Quand une fois j'ai aprouvé un Ouvrage , le Public
a beau le condamner , je sçai le moien de
faire tout applaudir , de faire paroitre le parterre
plein lors même que la Piece est dans les regles et
si les Comediens n'osent plus la donner , je sçai
l'art de la faire redemander autc de grands broubabas
, afin que sa chute soit imputée à leur mau-
G
:
vaise
766 MERCURE DE FRANCE
vaise humeur , plutôt qu'au dégout du Public.
> ›
L'Acteur lui répond que si les grands Auteurs
vont briguer son suffrage , il n'est pas
étonnant que celui de la Piece nouvelle ne l'ait
pas mandié : que comme il ne fait que de cominencer
, il ne sçait pas comment il faut s'y
prendre pour faire réussir une Piece . Et il
ajoute ensuite. Auteurs , Acteurs Musiciens
tous n'agissent ici que pour leur propre plaisir , pour
celui de leurs amis , et surtout par l'espoir de contribuer
quelquefois aux amusements d'une Princesse
illustre qui nous honore de sa protection
et qui veut bien se contenter de nos foibles
efforts. Ainsi, Monsieur, nous n'avons besoin d'aucun
artifice , ni pour faire applaudir nos Acteurs ,
ni pour faire réussir nos nouveautés &c.
2
Cela est fort heureux , dit le Marquis , mais
la vanité guide tout Acteur qui paroit sur un
Theatre et encore plus un Auteur . Il faut même
que celui de votre Piece nouvelle en ait plus
qu'un autre pour mettre son Ouvrage dans les
mains d'Acteurs, qui ne sont pas consommez dans
l'Art , il faut qu'il le croye asses superieur pour
pouvoir être admiré malgré les défauts de la
réprésentation , où il faut qu'aiant été refusé
par les grands Comédiens , il n'ait plus que
cette triste ressource pour le faire paroître. Il
s'écrie.
Je gagerois , morbleu , cent contre un , que
cette Piece a été refusée des François et des
Italiens.
l'Acteur.
Vous perdriez certainement , elle n'a ja-
* Madame la Duchesse Du Maine.
mais
AVRIL. 173 t . 767
>
mais été luë dans aucun foyer : l'Auteur a craint
le jugement & c . Il s'est deffié de ses propres
forces, et a cru que ce qui pouvoit lui faire honneur
ici et parmi nous , n'auroit pas tout le més
rite nécessaire pour être exposé à un plus grand
jour.
Le Marquis rit de ce que l'on supose de la modestie
dans un Auteur et dit qu'il n'en est
point qui ne se croye égal aux plus grands Maitres
de l'Art ; qu'il en est même qui se croient
bien au dessus et qui sont assez heureux , à
force de le dire , pour le persuader à beaucoup
d'autres.L'Acteur répond que n'étant pas Auteur,
il ignore ce qui se passe dans leur ame : Il ajoute
qu'ils ont pressé leur ami de leur donner son
Ouvrage , afin de l'encourager par là à faire
quelque chose de meilleur , et qu'ils se sont flatés
que
leurs Spectateurs, entrant dans leurs vues,
voudroient bien par leurs aplaudissements don--
ner de l'émulation à un jeune Auteur qui commence.
›
Le Marquis replique que c'est être fort charitable
, et qu'ils sont bien bons d'engager un
nombre d'honnetes - gens à venir s'ennuier pour
donner de l'émulation à un Auteur. Il demande
si la Tragedie nouvelle est en Prose , ou en
Vers ?
l'Acteur.
Une Tragedie en Prose !
Le Marquis.
Il est vrai que le projet n'en a pas fait fortune
je l'avois toujours fort aprouvé à caufe de
sa singularité.
Gij Acteur
768 MERCURE DE FRANCE
l'Acteur.
Ceux qui ne se tirent d'affaire que par le
faste des Vers , n'y auroient pas trouvé leur
compte , et ce ne pourroit être la ressource
que dé quelque Auteur judicieux , sensé , plein
de sentimens capables de composer une Fable ingenieuse
, et de conduire une Piece , mais sans
Brillant , fans feu , sans saillies , et qui n'auroit
pas l'art de bien tourner un Vers .
Le Marquis.
Eh , dites moi , les Vers de votre Tragedie
sont- ils beaux ? y a - t'il de ces Vers ronflants
épithétiques , pompeux ; de ces Vers qui éblouissent
, ravissent , étourdissent ; y a - t'il de ces
traits neufs , hardis......
•
L'Acteur répond que tout est simple chez
eux et que dans la Piece il n'y a qu'un morseau
un peu trop épique que l'Auteur s'est obstiné
à vouloir laisser malgré l'avis de plusieurs
connoisseurs . Le Marquis dit que l'Auteur a fort
bien fait , et qu'il ne faut que deux ou trois mor
ceaux dans ce genre pour faire le succes , d'une
Tragedie : il conclut que le sujet en est tiré d'un
Roman. L'Acteur l'assure qu'il est pris de
l'Histoire , et qu'elle n'est presque pas alterée
dans cette Piece. Le Marquis en paroît fâché
et ajoute . Parlez moi d'un beau Roman mis en
Tragedie , cela fournit des situations , des traits
saillants , des images touchantes , des évenemens.
Beaucoup d'evenemens , morbleu ! beaucoup
d'evenemens entassez les uns sur les autres ,
qui se succedent sans être liés. Cela tient l'esprit
en haleine , on est toujours surpris par
quelque chose d'inesperé.
PActeur
AVRIL
769 1734.
l'Acteur.
Cinq Tragedies dans une ; n'est - ce pas
Le Marquis.
Vous croiez badiner ; mais rien ne marque
mieux l'imagination et la fecondité d'un Auteur .
Voilà qui est bien merveilleux , une seule action
dans Actes ! eh pour moi , je m'endors si je
n'en trouve pas une à chaque Acte , et quand
il y en auroit davantage , je ne m'en plaindrois
pas.
$ L'Acteur lui répond que c'est ce qu'il ne
trouvera pas dans la Piece nouvelle : qu'une
seule action très - simple , fait tout le fond de ce
Poëme. Le Marquis dit qu'il n'est pas curieux
de tant de simplicité ; qu'il veut quelque chose
qui pique , qui réveille , et aprenant le titre de
la Piece , il se recrie : quoi ? encore un Pyrrhus !
L'Acteur l'assure que quoique le nom de ce
Heros ne soit pas nouveau au Theatre , celui - ci
paroit pourtant sur la Scene pour la premiére
fois , etpeut- être pour la derniere, dit le Marquis,
Cela se pourroit , dit l'Acteur , car nous n'aimons
pas à jouer souvent la même chose . Le
Marquis demande qui est cette Teglis qu'il ne
connoit pas. L'Acteur lui répond que c'est à
peu pres * le nom d'une Princeese dont Pyrrhus
étoit épris. Le Marquis en conclut qu'il
y a beaucoup de tendre dans la Piece . et l'Acteur
lui avoue qu'il croit même qu'il y en a
un peu trop , que le Heros aime trop. passio-
* Le vrai nom de cette Maitresse de Pyrrhus étoit
Tigris. Ce nom n'étoit pas favorable pour la Poësie,
ni pour le titre d'une Piece , et il n'a fallu changer
que deux lettres pour en faire un beaucoup plus doux⚫
G' iij
nement
778 MERCURE DE FRANCE
nement et trop constamment , mais que comme
il l'a déja dit , l'Auteur est un jeune homme qui
a cru plaire au beau sexe , en mettant sur la
Scene un Prince qui sacrifie tout à son amour
hors sa vertu et son devoir.
Le Marquis.
>
>
C'est un Amant tendre , constant , fidelle
doucereux , tout cela ne sauroit plaire : ce n'est
plus là le gout du siècle : les Dames même que
vôtre Auteur a cru flater par là seront les premieres
à s'y ennuyer , adieu : j'en sçais assez
pour en pouvoir décider ; simplicité, constance ,
fidelité th ! fi , fi ... vive la confusion , la vivacité
et le changement . ( il sort )
L'Auteur est charmé d'être délivré de cet étourdi
et finit ainsi :Nous n'avons à parler que devant
des perfonnes sensées et raisonnables , qui voudront
bien voir avec bonté le coup d'essai qu'on va leur
offrir. Annoncer un coup d'essai , n'est-ce pas demander
de l'indulgence ? qui ne sçait que des plus
foibles commencements sont sortis quelquefois de
vrais chef-d'oeuvres.
sur le Théatre
de l'Arsenal , la Tragedie nouvelle annoncée
dans le Mercure de Fevrier ; Elle fut reçue avec
beaucoup
d'aplaudissement
par une nombreuse
Assemblée : On la rejoua le onze avec plus d'aplaudissements
encore.
Certe Piece est intitulée , Pyrrhus et Teglis :
le Sujet en est tiré partie de Justin , et partie
d'Athénée. Comme elle doit être reprise après
Pâques , nous pourrons alors être en état d'en
donner un Extrait. Elle a été précedée d'une
Scene en forme de Prologue , entre un Marquis
ridicule , et un Acteur de la Comedie de l'Arsenal
, qui a fait beaucoup de plaisir . Voici l'idée
que nous pouvons donner de ce Prologue.
Lorsqu'on leve la toile , le Marquis paroit ,
Occupant un fauteuil nécessaire pour la Tragedie
: Un Acteur surprit de le voir dans cette
place , s'approche poliment , et lui dit qu'il ne
sçauroit demeurer là . Le Marquis en demande
la raison , l'Acteur lui répond que leur Theatre
est trop petit pour que des spectateurs y puissent
AVRIL 765
.
1724.
sent prendre place ; Vous voyez bien , dit - il ,
que vous êtes le seul qui s'y soit placé.
Le Marquis replique que la regle generale n'em
est pas une pour lui , qu'un homme comme lui
en fait toujours l'exception , et que ne venant
au Spectacle que pour être vû , et pour y voir
le beau monde , il n'est point de place plus commode
pour cela que le Theatre.
L'Acteur lui dit que s'il ne vient au Specta
cle que pour être vû , c'est sur un plus grand
Theatre , et devant une assemblée plus nombreuse
qu'il doit paroître. Le Marquis répond
qu'il a déja assisté au Prologue de l'Opera , à
un Acte de la Comédie Françoise , à quelques
Scenes de l'Italienne ; et qu'ayant apris qu'il y
avoit à l'Arsenal une Comedie , où se rassembloient
de fort aimables Personnes , il étoit venu
y passer qu'elques moments, en attendant l'heure
d'aller lutiner les Danseuses de l'Opera Comique.
L'Acteur le remercie de la préférance ....
Ce Marquis demande quelle est la Piéce qu'on
va jouer : on lui dit que c'est une Piece nouvelle.
Il reprend avec vivacité.
Une Piece nouvelle ! Comment , morbleu , une
Piece nouvelle ! Et quel est ce fat d'Auteur qui s'avife
de donner une Piece nouvelle , sans être venú
La lire à ma Toilette ! Sçait - il bien que les Auteurs,
même les plus fameux , viennent me demander
ma protection , aussi je les sers à merveille :
Quand une fois j'ai aprouvé un Ouvrage , le Public
a beau le condamner , je sçai le moien de
faire tout applaudir , de faire paroitre le parterre
plein lors même que la Piece est dans les regles et
si les Comediens n'osent plus la donner , je sçai
l'art de la faire redemander autc de grands broubabas
, afin que sa chute soit imputée à leur mau-
G
:
vaise
766 MERCURE DE FRANCE
vaise humeur , plutôt qu'au dégout du Public.
> ›
L'Acteur lui répond que si les grands Auteurs
vont briguer son suffrage , il n'est pas
étonnant que celui de la Piece nouvelle ne l'ait
pas mandié : que comme il ne fait que de cominencer
, il ne sçait pas comment il faut s'y
prendre pour faire réussir une Piece . Et il
ajoute ensuite. Auteurs , Acteurs Musiciens
tous n'agissent ici que pour leur propre plaisir , pour
celui de leurs amis , et surtout par l'espoir de contribuer
quelquefois aux amusements d'une Princesse
illustre qui nous honore de sa protection
et qui veut bien se contenter de nos foibles
efforts. Ainsi, Monsieur, nous n'avons besoin d'aucun
artifice , ni pour faire applaudir nos Acteurs ,
ni pour faire réussir nos nouveautés &c.
2
Cela est fort heureux , dit le Marquis , mais
la vanité guide tout Acteur qui paroit sur un
Theatre et encore plus un Auteur . Il faut même
que celui de votre Piece nouvelle en ait plus
qu'un autre pour mettre son Ouvrage dans les
mains d'Acteurs, qui ne sont pas consommez dans
l'Art , il faut qu'il le croye asses superieur pour
pouvoir être admiré malgré les défauts de la
réprésentation , où il faut qu'aiant été refusé
par les grands Comédiens , il n'ait plus que
cette triste ressource pour le faire paroître. Il
s'écrie.
Je gagerois , morbleu , cent contre un , que
cette Piece a été refusée des François et des
Italiens.
l'Acteur.
Vous perdriez certainement , elle n'a ja-
* Madame la Duchesse Du Maine.
mais
AVRIL. 173 t . 767
>
mais été luë dans aucun foyer : l'Auteur a craint
le jugement & c . Il s'est deffié de ses propres
forces, et a cru que ce qui pouvoit lui faire honneur
ici et parmi nous , n'auroit pas tout le més
rite nécessaire pour être exposé à un plus grand
jour.
Le Marquis rit de ce que l'on supose de la modestie
dans un Auteur et dit qu'il n'en est
point qui ne se croye égal aux plus grands Maitres
de l'Art ; qu'il en est même qui se croient
bien au dessus et qui sont assez heureux , à
force de le dire , pour le persuader à beaucoup
d'autres.L'Acteur répond que n'étant pas Auteur,
il ignore ce qui se passe dans leur ame : Il ajoute
qu'ils ont pressé leur ami de leur donner son
Ouvrage , afin de l'encourager par là à faire
quelque chose de meilleur , et qu'ils se sont flatés
que
leurs Spectateurs, entrant dans leurs vues,
voudroient bien par leurs aplaudissements don--
ner de l'émulation à un jeune Auteur qui commence.
›
Le Marquis replique que c'est être fort charitable
, et qu'ils sont bien bons d'engager un
nombre d'honnetes - gens à venir s'ennuier pour
donner de l'émulation à un Auteur. Il demande
si la Tragedie nouvelle est en Prose , ou en
Vers ?
l'Acteur.
Une Tragedie en Prose !
Le Marquis.
Il est vrai que le projet n'en a pas fait fortune
je l'avois toujours fort aprouvé à caufe de
sa singularité.
Gij Acteur
768 MERCURE DE FRANCE
l'Acteur.
Ceux qui ne se tirent d'affaire que par le
faste des Vers , n'y auroient pas trouvé leur
compte , et ce ne pourroit être la ressource
que dé quelque Auteur judicieux , sensé , plein
de sentimens capables de composer une Fable ingenieuse
, et de conduire une Piece , mais sans
Brillant , fans feu , sans saillies , et qui n'auroit
pas l'art de bien tourner un Vers .
Le Marquis.
Eh , dites moi , les Vers de votre Tragedie
sont- ils beaux ? y a - t'il de ces Vers ronflants
épithétiques , pompeux ; de ces Vers qui éblouissent
, ravissent , étourdissent ; y a - t'il de ces
traits neufs , hardis......
•
L'Acteur répond que tout est simple chez
eux et que dans la Piece il n'y a qu'un morseau
un peu trop épique que l'Auteur s'est obstiné
à vouloir laisser malgré l'avis de plusieurs
connoisseurs . Le Marquis dit que l'Auteur a fort
bien fait , et qu'il ne faut que deux ou trois mor
ceaux dans ce genre pour faire le succes , d'une
Tragedie : il conclut que le sujet en est tiré d'un
Roman. L'Acteur l'assure qu'il est pris de
l'Histoire , et qu'elle n'est presque pas alterée
dans cette Piece. Le Marquis en paroît fâché
et ajoute . Parlez moi d'un beau Roman mis en
Tragedie , cela fournit des situations , des traits
saillants , des images touchantes , des évenemens.
Beaucoup d'evenemens , morbleu ! beaucoup
d'evenemens entassez les uns sur les autres ,
qui se succedent sans être liés. Cela tient l'esprit
en haleine , on est toujours surpris par
quelque chose d'inesperé.
PActeur
AVRIL
769 1734.
l'Acteur.
Cinq Tragedies dans une ; n'est - ce pas
Le Marquis.
Vous croiez badiner ; mais rien ne marque
mieux l'imagination et la fecondité d'un Auteur .
Voilà qui est bien merveilleux , une seule action
dans Actes ! eh pour moi , je m'endors si je
n'en trouve pas une à chaque Acte , et quand
il y en auroit davantage , je ne m'en plaindrois
pas.
$ L'Acteur lui répond que c'est ce qu'il ne
trouvera pas dans la Piece nouvelle : qu'une
seule action très - simple , fait tout le fond de ce
Poëme. Le Marquis dit qu'il n'est pas curieux
de tant de simplicité ; qu'il veut quelque chose
qui pique , qui réveille , et aprenant le titre de
la Piece , il se recrie : quoi ? encore un Pyrrhus !
L'Acteur l'assure que quoique le nom de ce
Heros ne soit pas nouveau au Theatre , celui - ci
paroit pourtant sur la Scene pour la premiére
fois , etpeut- être pour la derniere, dit le Marquis,
Cela se pourroit , dit l'Acteur , car nous n'aimons
pas à jouer souvent la même chose . Le
Marquis demande qui est cette Teglis qu'il ne
connoit pas. L'Acteur lui répond que c'est à
peu pres * le nom d'une Princeese dont Pyrrhus
étoit épris. Le Marquis en conclut qu'il
y a beaucoup de tendre dans la Piece . et l'Acteur
lui avoue qu'il croit même qu'il y en a
un peu trop , que le Heros aime trop. passio-
* Le vrai nom de cette Maitresse de Pyrrhus étoit
Tigris. Ce nom n'étoit pas favorable pour la Poësie,
ni pour le titre d'une Piece , et il n'a fallu changer
que deux lettres pour en faire un beaucoup plus doux⚫
G' iij
nement
778 MERCURE DE FRANCE
nement et trop constamment , mais que comme
il l'a déja dit , l'Auteur est un jeune homme qui
a cru plaire au beau sexe , en mettant sur la
Scene un Prince qui sacrifie tout à son amour
hors sa vertu et son devoir.
Le Marquis.
>
>
C'est un Amant tendre , constant , fidelle
doucereux , tout cela ne sauroit plaire : ce n'est
plus là le gout du siècle : les Dames même que
vôtre Auteur a cru flater par là seront les premieres
à s'y ennuyer , adieu : j'en sçais assez
pour en pouvoir décider ; simplicité, constance ,
fidelité th ! fi , fi ... vive la confusion , la vivacité
et le changement . ( il sort )
L'Auteur est charmé d'être délivré de cet étourdi
et finit ainsi :Nous n'avons à parler que devant
des perfonnes sensées et raisonnables , qui voudront
bien voir avec bonté le coup d'essai qu'on va leur
offrir. Annoncer un coup d'essai , n'est-ce pas demander
de l'indulgence ? qui ne sçait que des plus
foibles commencements sont sortis quelquefois de
vrais chef-d'oeuvres.
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Résumé : Tragédie nouvelle, jouée à l'Arsenal, et Prologue, [titre d'après la table]
Le 7 avril 1724, la tragédie 'Pyrrhus et Teglis' a été représentée au Théâtre de l'Arsenal et a été acclamée par une nombreuse assemblée. La pièce, dont le sujet est tiré de Justin et d'Athénée, a été rejouée le 11 avril avec encore plus d'applaudissements. Elle sera reprise après Pâques, permettant alors de fournir un extrait. La représentation a été précédée d'un prologue entre un marquis ridicule et un acteur de la Comédie de l'Arsenal, qui a beaucoup plu au public. Le prologue commence avec le marquis occupant un fauteuil nécessaire pour la tragédie. Un acteur lui demande poliment de quitter sa place, arguant que le théâtre est trop petit pour que des spectateurs s'y installent. Le marquis répond qu'il vient au spectacle pour être vu et voir le beau monde, et qu'il n'y a pas de place plus commode que le théâtre. L'acteur lui suggère alors de se produire sur un plus grand théâtre devant une assemblée plus nombreuse. Le marquis mentionne avoir assisté à divers spectacles et être venu à l'Arsenal pour passer quelques moments en attendant l'heure d'aller voir les danseuses de l'Opéra Comique. Le marquis demande ensuite quelle est la pièce qui va être jouée. On lui répond qu'il s'agit d'une pièce nouvelle. Il s'indigne que l'auteur n'ait pas lu sa pièce lors de sa toilette et affirme que les auteurs, même les plus célèbres, viennent chercher sa protection. L'acteur lui explique que les auteurs, acteurs et musiciens agissent pour leur propre plaisir, celui de leurs amis et surtout pour contribuer aux amusements d'une princesse illustre qui les protège. Le marquis continue de critiquer la pièce, affirmant que l'auteur doit être vaniteux pour la présenter à des acteurs non consommés dans l'art. L'acteur répond que la pièce n'a jamais été lue dans aucun foyer et que l'auteur a craint le jugement du public. Le marquis rit de cette modestie supposée et affirme que tous les auteurs se croient égaux aux plus grands maîtres. L'acteur ignore les critiques et explique que les acteurs ont encouragé l'auteur à présenter son œuvre pour lui donner de l'émulation. Le marquis demande ensuite si la tragédie est en prose ou en vers. L'acteur répond qu'il s'agit d'une tragédie en vers, car ceux qui ne se tirent d'affaire que par le faste des vers n'y auraient pas trouvé leur compte. Le marquis insiste sur la beauté des vers et les traits saillants, mais l'acteur assure que tout est simple dans la pièce, à l'exception d'un morceau un peu trop épique. Le marquis conclut que le sujet est tiré d'un roman, mais l'acteur affirme qu'il est tiré de l'histoire et presque inchangé. Le marquis exprime son mécontentement face à cette simplicité et apprend le titre de la pièce, 'Pyrrhus et Teglis'. Il s'étonne que le nom de Pyrrhus ne soit pas nouveau au théâtre, mais l'acteur assure que ce Pyrrhus apparaît pour la première fois sur scène. Le marquis demande qui est Teglis, et l'acteur répond qu'il s'agit d'une princesse dont Pyrrhus était épris. Le marquis conclut qu'il y a beaucoup de tendresse dans la pièce, et l'acteur avoue qu'il y en a peut-être un peu trop, le héros aimant passionnément et constamment. Le marquis critique cette constance et fidélité, affirmant que ce n'est plus le goût du siècle. Il quitte la scène, et l'acteur conclut en espérant que le public verra avec bonté ce coup d'essai, rappelant que des chefs-d'œuvre peuvent naître de faibles commencements.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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