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801
p. 155-157
FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Début :
L'Hôtel destiné pour cette Fête, étoit decoré de 25. Arcades, dont 5. remplissoient [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du Dauphin, Arcades, Lampions, Tables, Bal, Roi de Suède, Roi
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texteReconnaissance textuelle : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
f ESTE donnée k Stolkbolvt , par lé
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
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Résumé : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Le texte relate une fête organisée par le Comte de Castéja, ministre plénipotentiaire de France en Suède, en l'honneur de la naissance du Dauphin. La célébration se déroula dans un hôtel richement décoré d'arcades ornées de lampions et de fenêtres peintes en bleu semé de fleurs de lys. Les appartements étaient somptueusement meublés, avec des salles dédiées aux tables, aux buffets et aux jeux. La première journée de la fête, le 7 décembre, débuta par un dîner auquel étaient conviés des sénateurs, des ministres étrangers, des présidents de collèges et d'autres officiers. Le dîner, servi avec délicatesse et abondance, s'étendit de une heure après midi à six heures du soir. Des toasts furent portés au Roi, à la Reine, au Dauphin, ainsi qu'à des personnalités suédoises et étrangères. Le lendemain, 8 décembre, une seconde fête eut lieu, commençant à six heures du soir par un grand bal ouvert par le ministre d'Angleterre et la fille du Comte de Horn. Le Roi de Suède participa au bal, dansant avec la Reine du bal et la Comtesse de Castéja. Après son départ à neuf heures, des tables furent dressées pour les convives, renouvelées toutes les deux heures. Les tables furent occupées par des dames de la cour, des sénateurs, des ministres étrangers, des généraux et d'autres officiers. La fête se poursuivit toute la nuit, avec des fontaines de vin dans les arcades de l'hôtel. Cette célébration, sans précédent en Suède, rassembla un grand nombre de personnes sans désordre. Aucun feu d'artifice n'eut lieu en raison des risques d'incendie dans la ville de Stockholm, construite en bois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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802
p. 159-168
RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
Début :
Les nouvelles de la naissance du DAUPHIN n'étant arrivées à Malte que le 31. Octobre, [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Arc de triomphe, Roi, Reine, Fête, Messe, Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
R&50V ISJN CES faites À Malte.
Extrait de diverses Lettres.
LEs nouvelles de la naissance du Daiiphtm
n'étant arrivées à Malte que le 5 %. Octobre»
on commença dçs ce même jour les prépara-
H ij tifs
téo MERCURE DE FRANCE,
tifs des Fêtes que la Religion, & plusieurs per
sonnes considérables de l'Ordre dévoient don
ner à cette occasion. LeBailly d' Avenes de Bo
cage, chargé des affaires du Roy en cette Iíle.est.
íe premier qui s'est distingue'. II fit dresser de
vant son Hôtel un Arc de triomphe de trenrç
pieds de hauteur, lequel occupoit toute la lar
geur de la ruç.Les 4 Colomnes Isolées de la Far
çade étoient ornées de festons , de feuillages
*& de fleurs. L'Attique qui surmontoit cet Arc
étoit orné de la même manière , & on y'voyoit
îes armes du Roy, de la Reine & duDAUPHiK,
avec cette Inscription ;
EX FOECUNDITATE RE©IA FELICI
TAS POPULI.
La Fête commença le soir du n Novembre
par une illumination, compoíee de quantité de
grands Lampions , couverts de papier tranfpa-
.'rent , où les armes du Roy , de la Reine & du
Dauphin étoient peintes séparément & placées
alternativement fur les Corniches & fur les
autres faillies de l'Arc de triomphe , ainsi que
fur les Portes les Fenêtes de 1' Hôtel du Bailly
d'Avernes,&fur celles des Maisons opposées :
rinfcrrption parut alors en lettres de feu.
A vingt pas de distance de l'Arc de triomphe
©n avoit élevé deux Piramides à jour.de vingr-
3uatre pieds de hauteur, garnies de haut en bas
e. quantité de Lampions , & surmontées par *
Globes lumineux. Ces Piramides jetcoient fur
l'Arc de Triomphe & aux environs un éclat
surprenant. Pendant cette illumination on eqr
tendoit une belle symphonie qui étoit placée
ïans u" Balcon assez près de l'Arc de triomphe.
On accouroit en foule à ce Spectacle; on fut
surcoût
JANVIER. 1730. U*
surtout charmée d'un beau Portrait du Roy ,
peint de grandeur naturelle, que M. le Baiíljr
a voie fait placer à l' entrée de son Hôtel sous un
Dais de Velours cramoisi , éclairé de quantité
de Flambeaux de cire blanche.
Le Dimanche 1 j. M. le Bailly fit chanter une
Messe solennelle à plusieurs Choeurs de Musi
que , dans l' Eglise des Jésuites , à laquelle le
Grand-Maure assista , accompagné des Grands
Croix, des Chevaliers , Officiers ,& autres
fiîembíes de l'Ordre qui yavoîentété invitez,-
L'Eglise écoit parée & éclairée extraordinai
rement. Un Portrait du Roy y étoitexpolésous
u a Pais magnifique. On avoit élevé audessus
As la grande Porte les Armes de Sa Majesté, dé
la Reine & du Dauphin, dans des Cartouches,
©tnez de Festons , de Feuillages & de Fleurs ;
& audessous on lisoit ce verset du Pseaume 71,
en lçttres d'or : Ueus' jttdicium tuum Régi d*9
Ô> justitiam tuxm filio Régis.
, . La Messe finie , l' Abbé Signoret fous Prieur
de l'Eglise de S. Jean qui l'avoit célébrée , en
tonna le Te Vùum , qui fut chanté par la Musioue
. aux Fanfares des Trompettes , des Timballes
& au bruit de J' Artillerie de nos Cava
liers , & de celle de tous les Bâtimens François
qiii se trouvèrent dans ce Port. Le Domine fol-
•vum sac Regem , fut chanté de la même ma
nière. Ensuite le Bailly de Bocage,accompagné
du Bailly de la Salle & du Bailly de Froulay ,
General des Galères , tous trois dé la Langue
de France, s'avancèrent à la porte de l'Eglise
f>our remercier le Grand - Maître & toutes
es personnes de l'Ordre ;qui avoient assisté à
«sotte cérémonie. Il s'étoit célébré depuis la
pointe du jour des Messes en plusieurs Eglises
e/ans la méúrte intent ion.
H iij U
îgi MERCURE DE FRANCE.^
te Bailly donna ensuite un splendide dîné,
qui fut servi sur deux Tables de quinze cou
verts chacune. Sur la fin du repas , les santez
du Roy, de la Reine, du Dauphin & du Grand-
Maître furent bues au bruit de l' Artillerie &
des Fanfares.Une Fontaine de vin à quatre jets
&extréirieinent ornée amusa le peuple jusqu'à
la nuit. On lisoit ces Vers au deslus de la Fon
taine :
"Emanure salent Tontes cum murmure Vtm~
phas ,
Hic sons fef'v» murmure vi-va fluit.
Currite jam populi , calices potate fréquentes t
Hec non Çolemnem , nunc ctlebrate diem i
JVjw ftecunda dédit D E L f H 1 Zt V M G Mi»
nobis 5 -
Ei nos DÈLPÍíISO Gaudia noflra danus.
On auroit peine à exprimer I'allegrefie du
peuple St à décrire les diverses Danses des Ma
telots Provençaux, des Maltois &c celles même
des Barbaresques. Le bruit confus des differens
Irstrumens de ces Nations , mêlez aux cris re
doublez de VIVE LE ROY , ne laissoit rien à
délirer au Ministre de Sa Majesté, qui excitoìc
lui- même la joye publique en plusieurs maniè
res , surtout par des envois de vivres & d'au
tres rafraîchiffemens , & en assistant abondam-
.nient les pauvres. II a eu la satisfaction de voir
que malgré ce mélange de Nations, la tran
quillité a toujours été paifaite dans cette soíemnité.
L'illumination recommença le soir comme la
nuit précédente , & fut continuée le troisième
jour presque jusqu'au lever du Soleil. L'Eglife
&
JaMVier: 17*0. i£i
Ùí le Collège des Jésuites furent aussi illumi
nez > ainsi que les Maisons des Chevaliers de la
Ration & celles de tous les François établis a
îrfalte. L'affluence a toujours été égale pendane
ces trois jours dans la maison du Bailly de Bo
cage, où l'on trouvoit toutes sortes de rafraî-
-chissemens , particulièrement des Glaces , des
Confitures & des Pares douces , qui sont trcs
en usage dans ce pais- ci»
Les Réjouissances qui ont été faites ici par
l'Ordre de S. Jean de Jérusalem, ont durétro»
jours consécutifs. Elles commencèrent le Di
manche ío Novembre par une Messe folemnelle
, célébrée pontificalement dans l'Eglise
de S.Jean, par le Piieutde cette Eglise, St chan
tée par une excellente Musque. S. A. Eminentissime
M, le Grand-Maine , y aslìila avec tout
le Corps de la Religion. Après la Méfie, le Te
reum fut chanté par la mème Musique, an
bruit d? plusieurs salves de toute l'Arùllerie de
Terre & de Mer.
Le G.- M. donna ensuite un superbe dîné ï
seize Grands-Croix , François , Allemands ,
Italiens, Espagnols, & Portugais : Le foison
tira un très-beau feu d'Artifice.
Le Lundi , les trois Langues de France firent
chanter une grande Messe & un Te Deam dans.
l'Eglise de S Jean , la Musique fut encore au- .
dessus de celle de la veille , le G. M. à la teste
de tout l'Ordre y assista; les Procureurs des
Langues présentèrent un magnifique bouque t
à S.A.E. & le soir il y eut encore un Feu d'Ar
tifice tiré devant le Palais. On exécuta ensuite
un très-beau Concert dans la Salle de l' Au
berge de France, ornée avec la derniere magni
ficence » & enrichie d'un Portrait du Roi placé "
t H iiij lous
1
r<?4 MERCURE' '-DE FRANCE.;
sous un Dais superbe. Le Concert étoít còirifosé
des meilleures voix . & de plus décent
Instrument. Le Conseil entier & toute la Reli-
Ijion s'y trouva ; on y laissa entrer les Maltois
es plus a.p païens , ce qui fit un concours de
Îrès de deux mille personnes. Les Paroles Itaennes
de ce Concert font de M. Cinnttr , Bajon
Maltois y elles furent fort applaudies.
Le Mardi , I" Auberge d'Arragon & le grand
Prieuré de Castille , firent chanter un Te Deum
dans F Eglise de S. Jean . auquel le Prieur de
cette Eglise , malgré son âge & fes infirmitezi,
continua d'orEcier pontificalement comme les
jours precedensi
La Langue Françoise donna ensuite à dîner î
plus de cent personnes de distinction. Il y eut
trois grandes Tables , dont la première étoit
remphe ptt le Conseil , parles trois premiers
Officiers, du G. M. & par quelques Chevaliers
qui en faifoient les honneurs. La seconde & latroisième
súrent occupées, par les Procureurs dé
toutes les sept Langues & par d'autres Cheva
liers. Les santez du Roi , de la Reine , du Dau«!
phin & du G. M» furent buës.au bruit de quatre
salves de Canons , les trois premières de n'w
coups chacune , & la derniere de dix- neuf
coups. La même chose suc observée au dîné
du G. M.
. Le soir les crois Langues de France firent
une grande Cocagne dans la Place de la Conservatorie
, laquelle fut livrée au Peuple suivant
ia coutume. Tous les ans le Lundi gras le
G. M. donne une pareille Fête. L» cocagne
Consiste en une grande abondance d'Ag
neaux, de Cochons de lait , de Poulets d'In
des > de Lapins , de Chapons , de Pigeons»
&c rôtis , avec quantité de fromages de Jam
bons»
JANVfER. *7?o. i6f
feons . &c. dont le Peuple est regalé. Celle
iiont il est ici question , coníìstoit en une grande
Piramide de Charpente , aussi haute que le toit
des Maisons de la Place ; elle étoic ornée de
feuillages , décorée de Peinture , d'Emblèmes,
&c. & garnie depuis le pied jusqu'au sommet,
de toute sorte de viandes rôties de la qualité
qu'on a dit , & de plusieurs autres choses pour
compoler un Regale parfait. La Compagnie
du G. M. entourait la Piramide , au haut dé
Jaquelle étoic arboré lin Drapeau. Au premier
bruit des Trompettes qui sonnèrent la charge»
une troupe d' Assaillans donna l'assaut, & on
vit fur tout les Matelots montrer une agilité
merveilleuse pour avoir la gloire de rapporter
le Drapeau , celui qui s'en rendit le Maître
reçut quelques sequins pour le prix de íbà
adresse , les autres furerrt dédommagez par le
pillage des viandes , c'étoit un spectacle di
vertissant de voir cette foule d'AffailIans grim
per fur la Piramide , qui n'en pouvoir contenir
qu'un certain nombre , ce qui causoit des chu
tes , des cùkbutes , & une divertissante con
fusion. On avoit rempli de feuillages toute la
Circonférence jusqu'à une certaine hauteur ,
afin que personne ne fut blessé en tombant-
Il y eut ensuite un Feu d'Artifice tiré devant
le Palais, & un grand Bal â l'Aiberge de
ïrance , qui s'est distingué par la profusion des
rafraîchissemèns , par l'illuinination dè la Sale,,
par le choix dès Ihstrumens , & par le boa
accueil fait à tous ceux qui se sont presenteí *
les Baillis de Bocage & de Froulay firent les
honneurs de ce Bal.
Pendant ces trois jours consécutifs , ia Reli*
gion , M. T Evêque & tous les Maltslis ont faife
de très-belles illuminations : Les trois Langue!
H v on*
jgg MERCURE DE FRANCE.
cnt saïc couler des Fontaines de vin : mais Ii
Langue de France a fait toutes choses par pro
fusion. Elle a fait distribuer de grandes chaiitez,
non seuleraenc à tous les Pauvres manrdians
, mais particulièrement aux Pauvres hon
teux , & à toutes les Familles qui lont dans
le besoin.
Je crois , au reste , que dan? cette folemnité
il s'est tiré plus de deux mille coups de Canon,
car on n'a pas cessé de tirer , soit des Fortifi
cations , soit des Bâtimens de Mer , pendant
les grandes Messes , & les Te Veum , faus
compter les salves qui ont été faites durant les
festins , &c.
Entre toutes les Fêtes qui ont été données
ici à l'oecasion de la Naissance du Dauphin j
celle que le Bailly de Froulay , General des
Armées Navales de la Religion , donna le 14.
Novembre , a été fans contredit la plus bril
lant, & la plus au gout de tout le monde.
■ Elie commença par une illumination des
Galères , la plus ample, & la mieux exécutée
qu'on eut encore vûëd,ms cette Iíles les tentes,
les flamfS . & les pavois , y paroissoient toutes
en feu , les rames étendues étoient garnies de
lampions jusqu'à l'extiêmité. On avoit élevé
sur la Poupe de la Capitane à la Place da
Srand Fanal , les Armes du Dauphin fur le
evant d'une michine de 14 pieds de hauteur ,
au bas on li'oit ecte Inscription » Du tiii
PBUT avnos. Les Armoiries étoient couvertes
d'une tenture de damis cranv iíì & »lus de
700 Li niions glacez dans cette machine de
voir nt les éclairer.
Les GMiièS étoient rangées fur une même
ligne rjtre la poi ite de S. Ange Sí celle d< l'Isle
de h Sangle , tk lorsque tout suc allumé le
Grand,
JANVIER. 1730. 167
Grand- Maître qui étoit à sonSe'veder du Port»
donna un signal auquel la tenture de damas
tomba , & les Armes du Dauphin parurent
très-bri!lantes. Les Galères les saluèrent de
trois salves reales con secu ives , de la voix . de
la Moufqueterie , &du Canon ; dans les intervales
des salves on entendoit les Fanfares des
Trompettes , ies Timbales , les Hautbois &
plusieurs autres Inilrumens , placez fous Je
Belveder du Grand- Maître.
Les salves finies, on vit paroître une Ga*
liotte à 18 rames , illuminée d'un côté , & qui
debouchoitde derrière la pointe de Vlûe; aussi
tôt tous les Cliques & les Felonques des Ga
lères , aussi illuminées , allèrent la reconnoître,
la Galiotte prit bientôt chafle , les Felouques
la suivirent , & dès qu'elles en furent à portée,
le combat commença par des décharges réci
proques de moufqueterie & par des grenade9
qui bruloient mèms dans la Mer. La Galiotte
preiïée par les Caiqr.es fut forcée de passer fous
le balcon du Grand M.îcre, où le Feu fut beau
coup plus vif, elle s'ouvrit ensuite un passage,
& fit force de rames pour fuir du côté du Pa
lais de Sichi- Les Caiques & les Felouques !a
íuivoient de près , & lui jettoient fans celïë
des feux ; elle fut encore jointe, ce qui l'obligea
de passer fous la pointe de S. 4ng e, & fort près
des Galères , lesquelles lui lâchèrent quelques
coups de Canon , dont son-principal mâtpamt
abatu : Alors les Caiques l'environnerent, l'abordage
fut vif, & ranimosité qui parut de
part & d'autre représenta parfaitement bien un
Véritable combar. Enfin on vit le feu prendre
à la Galiotte qni fut consumée au milieu du
Port. Pendant tout ce jeu qui fut très-bien exé
cuté , les Galeries tiroient continuellement
H vj des
Vs8 MERCURH DE PRANCE.
des Fusées , des Pots à feu & d'autres Artifices
Il parut ensuite un gran.i Soleil au haut du.
mât de la Capitane qui servit designai aux au
tres Galères pour exécuter quantité de roues ,
de fontaines de feu » & d'autres Artifices. En
fin deux Girandoles de Fusées parties de la
proiie de la Capitane> remplirent Pair de leur*
feux , lesquels étant joints à ceux de quantité
de tonneaux gaudronnez , qui bruloient au
tour des pointes de S. Ange & de l'ifle > & qui
íè repetoient dans la Mer , la faisoientparoître
toute en feu. Le tout ensemble forma un des
plus beaux spectacles qu'on puiflè voir en ce
genre.
Après ce divertissement > M. le General de
Froulay , donna dans son Palais un magnifique
souper aux Chevaliers de toutes les Nations.
Les santez duRoy, de la Reine » du Dauphin
& des autres Potentats Catholiques de l'Europe
y furent célébrées au bruit du Canon du Châ
teau & des Galères. Après le louper on palla
dans la Salle du Bal , où se trouvèrent quatre
jeunes Maltois , du Corps des Galères , & au
tant de filles qu'ils avoient épousées le matin »
&que le General avoit dotées. Pendant le Bal
qui dura jusqu'au jour , on servit toutes sortes
de rafraîchissement. Et pendant toute cette
Sête , il y eut fur le Quay plusieurs Fontaines,
de vin pour les Equipages & pour les Forçats»,
plusieurs desquels furent mis en liberté.
Extrait de diverses Lettres.
LEs nouvelles de la naissance du Daiiphtm
n'étant arrivées à Malte que le 5 %. Octobre»
on commença dçs ce même jour les prépara-
H ij tifs
téo MERCURE DE FRANCE,
tifs des Fêtes que la Religion, & plusieurs per
sonnes considérables de l'Ordre dévoient don
ner à cette occasion. LeBailly d' Avenes de Bo
cage, chargé des affaires du Roy en cette Iíle.est.
íe premier qui s'est distingue'. II fit dresser de
vant son Hôtel un Arc de triomphe de trenrç
pieds de hauteur, lequel occupoit toute la lar
geur de la ruç.Les 4 Colomnes Isolées de la Far
çade étoient ornées de festons , de feuillages
*& de fleurs. L'Attique qui surmontoit cet Arc
étoit orné de la même manière , & on y'voyoit
îes armes du Roy, de la Reine & duDAUPHiK,
avec cette Inscription ;
EX FOECUNDITATE RE©IA FELICI
TAS POPULI.
La Fête commença le soir du n Novembre
par une illumination, compoíee de quantité de
grands Lampions , couverts de papier tranfpa-
.'rent , où les armes du Roy , de la Reine & du
Dauphin étoient peintes séparément & placées
alternativement fur les Corniches & fur les
autres faillies de l'Arc de triomphe , ainsi que
fur les Portes les Fenêtes de 1' Hôtel du Bailly
d'Avernes,&fur celles des Maisons opposées :
rinfcrrption parut alors en lettres de feu.
A vingt pas de distance de l'Arc de triomphe
©n avoit élevé deux Piramides à jour.de vingr-
3uatre pieds de hauteur, garnies de haut en bas
e. quantité de Lampions , & surmontées par *
Globes lumineux. Ces Piramides jetcoient fur
l'Arc de Triomphe & aux environs un éclat
surprenant. Pendant cette illumination on eqr
tendoit une belle symphonie qui étoit placée
ïans u" Balcon assez près de l'Arc de triomphe.
On accouroit en foule à ce Spectacle; on fut
surcoût
JANVIER. 1730. U*
surtout charmée d'un beau Portrait du Roy ,
peint de grandeur naturelle, que M. le Baiíljr
a voie fait placer à l' entrée de son Hôtel sous un
Dais de Velours cramoisi , éclairé de quantité
de Flambeaux de cire blanche.
Le Dimanche 1 j. M. le Bailly fit chanter une
Messe solennelle à plusieurs Choeurs de Musi
que , dans l' Eglise des Jésuites , à laquelle le
Grand-Maure assista , accompagné des Grands
Croix, des Chevaliers , Officiers ,& autres
fiîembíes de l'Ordre qui yavoîentété invitez,-
L'Eglise écoit parée & éclairée extraordinai
rement. Un Portrait du Roy y étoitexpolésous
u a Pais magnifique. On avoit élevé audessus
As la grande Porte les Armes de Sa Majesté, dé
la Reine & du Dauphin, dans des Cartouches,
©tnez de Festons , de Feuillages & de Fleurs ;
& audessous on lisoit ce verset du Pseaume 71,
en lçttres d'or : Ueus' jttdicium tuum Régi d*9
Ô> justitiam tuxm filio Régis.
, . La Messe finie , l' Abbé Signoret fous Prieur
de l'Eglise de S. Jean qui l'avoit célébrée , en
tonna le Te Vùum , qui fut chanté par la Musioue
. aux Fanfares des Trompettes , des Timballes
& au bruit de J' Artillerie de nos Cava
liers , & de celle de tous les Bâtimens François
qiii se trouvèrent dans ce Port. Le Domine fol-
•vum sac Regem , fut chanté de la même ma
nière. Ensuite le Bailly de Bocage,accompagné
du Bailly de la Salle & du Bailly de Froulay ,
General des Galères , tous trois dé la Langue
de France, s'avancèrent à la porte de l'Eglise
f>our remercier le Grand - Maître & toutes
es personnes de l'Ordre ;qui avoient assisté à
«sotte cérémonie. Il s'étoit célébré depuis la
pointe du jour des Messes en plusieurs Eglises
e/ans la méúrte intent ion.
H iij U
îgi MERCURE DE FRANCE.^
te Bailly donna ensuite un splendide dîné,
qui fut servi sur deux Tables de quinze cou
verts chacune. Sur la fin du repas , les santez
du Roy, de la Reine, du Dauphin & du Grand-
Maître furent bues au bruit de l' Artillerie &
des Fanfares.Une Fontaine de vin à quatre jets
&extréirieinent ornée amusa le peuple jusqu'à
la nuit. On lisoit ces Vers au deslus de la Fon
taine :
"Emanure salent Tontes cum murmure Vtm~
phas ,
Hic sons fef'v» murmure vi-va fluit.
Currite jam populi , calices potate fréquentes t
Hec non Çolemnem , nunc ctlebrate diem i
JVjw ftecunda dédit D E L f H 1 Zt V M G Mi»
nobis 5 -
Ei nos DÈLPÍíISO Gaudia noflra danus.
On auroit peine à exprimer I'allegrefie du
peuple St à décrire les diverses Danses des Ma
telots Provençaux, des Maltois &c celles même
des Barbaresques. Le bruit confus des differens
Irstrumens de ces Nations , mêlez aux cris re
doublez de VIVE LE ROY , ne laissoit rien à
délirer au Ministre de Sa Majesté, qui excitoìc
lui- même la joye publique en plusieurs maniè
res , surtout par des envois de vivres & d'au
tres rafraîchiffemens , & en assistant abondam-
.nient les pauvres. II a eu la satisfaction de voir
que malgré ce mélange de Nations, la tran
quillité a toujours été paifaite dans cette soíemnité.
L'illumination recommença le soir comme la
nuit précédente , & fut continuée le troisième
jour presque jusqu'au lever du Soleil. L'Eglife
&
JaMVier: 17*0. i£i
Ùí le Collège des Jésuites furent aussi illumi
nez > ainsi que les Maisons des Chevaliers de la
Ration & celles de tous les François établis a
îrfalte. L'affluence a toujours été égale pendane
ces trois jours dans la maison du Bailly de Bo
cage, où l'on trouvoit toutes sortes de rafraî-
-chissemens , particulièrement des Glaces , des
Confitures & des Pares douces , qui sont trcs
en usage dans ce pais- ci»
Les Réjouissances qui ont été faites ici par
l'Ordre de S. Jean de Jérusalem, ont durétro»
jours consécutifs. Elles commencèrent le Di
manche ío Novembre par une Messe folemnelle
, célébrée pontificalement dans l'Eglise
de S.Jean, par le Piieutde cette Eglise, St chan
tée par une excellente Musque. S. A. Eminentissime
M, le Grand-Maine , y aslìila avec tout
le Corps de la Religion. Après la Méfie, le Te
reum fut chanté par la mème Musique, an
bruit d? plusieurs salves de toute l'Arùllerie de
Terre & de Mer.
Le G.- M. donna ensuite un superbe dîné ï
seize Grands-Croix , François , Allemands ,
Italiens, Espagnols, & Portugais : Le foison
tira un très-beau feu d'Artifice.
Le Lundi , les trois Langues de France firent
chanter une grande Messe & un Te Deam dans.
l'Eglise de S Jean , la Musique fut encore au- .
dessus de celle de la veille , le G. M. à la teste
de tout l'Ordre y assista; les Procureurs des
Langues présentèrent un magnifique bouque t
à S.A.E. & le soir il y eut encore un Feu d'Ar
tifice tiré devant le Palais. On exécuta ensuite
un très-beau Concert dans la Salle de l' Au
berge de France, ornée avec la derniere magni
ficence » & enrichie d'un Portrait du Roi placé "
t H iiij lous
1
r<?4 MERCURE' '-DE FRANCE.;
sous un Dais superbe. Le Concert étoít còirifosé
des meilleures voix . & de plus décent
Instrument. Le Conseil entier & toute la Reli-
Ijion s'y trouva ; on y laissa entrer les Maltois
es plus a.p païens , ce qui fit un concours de
Îrès de deux mille personnes. Les Paroles Itaennes
de ce Concert font de M. Cinnttr , Bajon
Maltois y elles furent fort applaudies.
Le Mardi , I" Auberge d'Arragon & le grand
Prieuré de Castille , firent chanter un Te Deum
dans F Eglise de S. Jean . auquel le Prieur de
cette Eglise , malgré son âge & fes infirmitezi,
continua d'orEcier pontificalement comme les
jours precedensi
La Langue Françoise donna ensuite à dîner î
plus de cent personnes de distinction. Il y eut
trois grandes Tables , dont la première étoit
remphe ptt le Conseil , parles trois premiers
Officiers, du G. M. & par quelques Chevaliers
qui en faifoient les honneurs. La seconde & latroisième
súrent occupées, par les Procureurs dé
toutes les sept Langues & par d'autres Cheva
liers. Les santez du Roi , de la Reine , du Dau«!
phin & du G. M» furent buës.au bruit de quatre
salves de Canons , les trois premières de n'w
coups chacune , & la derniere de dix- neuf
coups. La même chose suc observée au dîné
du G. M.
. Le soir les crois Langues de France firent
une grande Cocagne dans la Place de la Conservatorie
, laquelle fut livrée au Peuple suivant
ia coutume. Tous les ans le Lundi gras le
G. M. donne une pareille Fête. L» cocagne
Consiste en une grande abondance d'Ag
neaux, de Cochons de lait , de Poulets d'In
des > de Lapins , de Chapons , de Pigeons»
&c rôtis , avec quantité de fromages de Jam
bons»
JANVfER. *7?o. i6f
feons . &c. dont le Peuple est regalé. Celle
iiont il est ici question , coníìstoit en une grande
Piramide de Charpente , aussi haute que le toit
des Maisons de la Place ; elle étoic ornée de
feuillages , décorée de Peinture , d'Emblèmes,
&c. & garnie depuis le pied jusqu'au sommet,
de toute sorte de viandes rôties de la qualité
qu'on a dit , & de plusieurs autres choses pour
compoler un Regale parfait. La Compagnie
du G. M. entourait la Piramide , au haut dé
Jaquelle étoic arboré lin Drapeau. Au premier
bruit des Trompettes qui sonnèrent la charge»
une troupe d' Assaillans donna l'assaut, & on
vit fur tout les Matelots montrer une agilité
merveilleuse pour avoir la gloire de rapporter
le Drapeau , celui qui s'en rendit le Maître
reçut quelques sequins pour le prix de íbà
adresse , les autres furerrt dédommagez par le
pillage des viandes , c'étoit un spectacle di
vertissant de voir cette foule d'AffailIans grim
per fur la Piramide , qui n'en pouvoir contenir
qu'un certain nombre , ce qui causoit des chu
tes , des cùkbutes , & une divertissante con
fusion. On avoit rempli de feuillages toute la
Circonférence jusqu'à une certaine hauteur ,
afin que personne ne fut blessé en tombant-
Il y eut ensuite un Feu d'Artifice tiré devant
le Palais, & un grand Bal â l'Aiberge de
ïrance , qui s'est distingué par la profusion des
rafraîchissemèns , par l'illuinination dè la Sale,,
par le choix dès Ihstrumens , & par le boa
accueil fait à tous ceux qui se sont presenteí *
les Baillis de Bocage & de Froulay firent les
honneurs de ce Bal.
Pendant ces trois jours consécutifs , ia Reli*
gion , M. T Evêque & tous les Maltslis ont faife
de très-belles illuminations : Les trois Langue!
H v on*
jgg MERCURE DE FRANCE.
cnt saïc couler des Fontaines de vin : mais Ii
Langue de France a fait toutes choses par pro
fusion. Elle a fait distribuer de grandes chaiitez,
non seuleraenc à tous les Pauvres manrdians
, mais particulièrement aux Pauvres hon
teux , & à toutes les Familles qui lont dans
le besoin.
Je crois , au reste , que dan? cette folemnité
il s'est tiré plus de deux mille coups de Canon,
car on n'a pas cessé de tirer , soit des Fortifi
cations , soit des Bâtimens de Mer , pendant
les grandes Messes , & les Te Veum , faus
compter les salves qui ont été faites durant les
festins , &c.
Entre toutes les Fêtes qui ont été données
ici à l'oecasion de la Naissance du Dauphin j
celle que le Bailly de Froulay , General des
Armées Navales de la Religion , donna le 14.
Novembre , a été fans contredit la plus bril
lant, & la plus au gout de tout le monde.
■ Elie commença par une illumination des
Galères , la plus ample, & la mieux exécutée
qu'on eut encore vûëd,ms cette Iíles les tentes,
les flamfS . & les pavois , y paroissoient toutes
en feu , les rames étendues étoient garnies de
lampions jusqu'à l'extiêmité. On avoit élevé
sur la Poupe de la Capitane à la Place da
Srand Fanal , les Armes du Dauphin fur le
evant d'une michine de 14 pieds de hauteur ,
au bas on li'oit ecte Inscription » Du tiii
PBUT avnos. Les Armoiries étoient couvertes
d'une tenture de damis cranv iíì & »lus de
700 Li niions glacez dans cette machine de
voir nt les éclairer.
Les GMiièS étoient rangées fur une même
ligne rjtre la poi ite de S. Ange Sí celle d< l'Isle
de h Sangle , tk lorsque tout suc allumé le
Grand,
JANVIER. 1730. 167
Grand- Maître qui étoit à sonSe'veder du Port»
donna un signal auquel la tenture de damas
tomba , & les Armes du Dauphin parurent
très-bri!lantes. Les Galères les saluèrent de
trois salves reales con secu ives , de la voix . de
la Moufqueterie , &du Canon ; dans les intervales
des salves on entendoit les Fanfares des
Trompettes , ies Timbales , les Hautbois &
plusieurs autres Inilrumens , placez fous Je
Belveder du Grand- Maître.
Les salves finies, on vit paroître une Ga*
liotte à 18 rames , illuminée d'un côté , & qui
debouchoitde derrière la pointe de Vlûe; aussi
tôt tous les Cliques & les Felonques des Ga
lères , aussi illuminées , allèrent la reconnoître,
la Galiotte prit bientôt chafle , les Felouques
la suivirent , & dès qu'elles en furent à portée,
le combat commença par des décharges réci
proques de moufqueterie & par des grenade9
qui bruloient mèms dans la Mer. La Galiotte
preiïée par les Caiqr.es fut forcée de passer fous
le balcon du Grand M.îcre, où le Feu fut beau
coup plus vif, elle s'ouvrit ensuite un passage,
& fit force de rames pour fuir du côté du Pa
lais de Sichi- Les Caiques & les Felouques !a
íuivoient de près , & lui jettoient fans celïë
des feux ; elle fut encore jointe, ce qui l'obligea
de passer fous la pointe de S. 4ng e, & fort près
des Galères , lesquelles lui lâchèrent quelques
coups de Canon , dont son-principal mâtpamt
abatu : Alors les Caiques l'environnerent, l'abordage
fut vif, & ranimosité qui parut de
part & d'autre représenta parfaitement bien un
Véritable combar. Enfin on vit le feu prendre
à la Galiotte qni fut consumée au milieu du
Port. Pendant tout ce jeu qui fut très-bien exé
cuté , les Galeries tiroient continuellement
H vj des
Vs8 MERCURH DE PRANCE.
des Fusées , des Pots à feu & d'autres Artifices
Il parut ensuite un gran.i Soleil au haut du.
mât de la Capitane qui servit designai aux au
tres Galères pour exécuter quantité de roues ,
de fontaines de feu » & d'autres Artifices. En
fin deux Girandoles de Fusées parties de la
proiie de la Capitane> remplirent Pair de leur*
feux , lesquels étant joints à ceux de quantité
de tonneaux gaudronnez , qui bruloient au
tour des pointes de S. Ange & de l'ifle > & qui
íè repetoient dans la Mer , la faisoientparoître
toute en feu. Le tout ensemble forma un des
plus beaux spectacles qu'on puiflè voir en ce
genre.
Après ce divertissement > M. le General de
Froulay , donna dans son Palais un magnifique
souper aux Chevaliers de toutes les Nations.
Les santez duRoy, de la Reine » du Dauphin
& des autres Potentats Catholiques de l'Europe
y furent célébrées au bruit du Canon du Châ
teau & des Galères. Après le louper on palla
dans la Salle du Bal , où se trouvèrent quatre
jeunes Maltois , du Corps des Galères , & au
tant de filles qu'ils avoient épousées le matin »
&que le General avoit dotées. Pendant le Bal
qui dura jusqu'au jour , on servit toutes sortes
de rafraîchissement. Et pendant toute cette
Sête , il y eut fur le Quay plusieurs Fontaines,
de vin pour les Equipages & pour les Forçats»,
plusieurs desquels furent mis en liberté.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
Les festivités à Malte pour célébrer la naissance du Dauphin débutèrent le 5 octobre 1729, après l'annonce de la nouvelle. Le Bailly d'Avernes de Bocage, représentant du roi, organisa diverses réjouissances, incluant un arc de triomphe décoré des armes du roi, de la reine et du Dauphin. Le 11 novembre, une illumination fut réalisée avec des lampions représentant les armes royales, et deux pyramides lumineuses furent érigées. Le 12 novembre, une messe solennelle fut célébrée dans l'église des Jésuites en présence du Grand-Maître et des membres de l'Ordre. Un portrait du roi fut exposé, et des salves d'artillerie furent tirées, suivies d'un dîner offert par le Bailly, avec des danses et des distributions de vivres. Les célébrations se poursuivirent avec des messes, des Te Deum, des feux d'artifice et des concerts. Le Grand-Maître organisa un dîner pour les Grands-Croix et un feu d'artifice. Les Langues de France, d'Arragon et de Castille organisèrent également des messes et des dîners. Une grande cocagne fut organisée sur la place de la Conservatorie, offrant une abondance de nourriture au peuple, accompagnée d'illuminations et de fontaines de vin. Le Bailly de Froulay organisa une illumination des galères le 14 novembre, avec des salves de canon et des combats simulés entre une galiotte et des caiques. Les festivités inclurent des illuminations, des concerts et des distributions de vivres aux pauvres. Plus de deux mille coups de canon furent tirés durant ces trois jours de célébrations. Le spectacle pyrotechnique des galères fut particulièrement impressionnant, avec un combat naval simulé culminant par l'incendie d'une galiote. Les galères tirèrent continuellement des fusées et des pots à feu, créant une scène spectaculaire où la mer semblait en feu. Après le divertissement, le général de Froulay offrit un somptueux souper aux Chevaliers de toutes les nations dans son palais. Les santés du Roi, de la Reine, du Dauphin et des autres potentats catholiques d'Europe furent célébrées au son du canon. Suivant le souper, les invités se rendirent dans la salle de bal où se trouvaient quatre jeunes Maltais du corps des galères et leurs épouses, mariées le matin même et dotées par le général. Le bal dura jusqu'au matin, accompagné de rafraîchissements. Sur le quai, plusieurs fontaines de vin furent installées pour les équipages et les forçats, certains d'entre eux étant libérés.
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803
p. 169-170
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Sur la fin du mois dernier, près de 160 Vaisseaux Marchands sont partis de differens [...]
Mots clefs :
Commerce, Traité de paix, Brouillard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
Grande B r. s ta gine»
SUr la fin du mois dernier , près de irfo Vaisa
seaux Marchands font partis de disserens*
Bores 4e ce Royaume pour aller dans les Pays.
Etrangeis*
i7<5 MERCURE DE FRANCE.
Étrangers , ce qu'on n'avoit pas vû depuis píttlîeuis~
années.
Le t. Janvier , il arriva à Londres un Cou
rier dépêché de Seville avec les Cedules du
Roi d'Espagne que la Compagnie de la Mer du
Sud attendòit pour continuer son Commerce ,
& pour faire partir le nouveau Vaiiïèau qu'elle
fait construire» j
Le Comte de Stair . ci-devanr Ambassadeur
de France , a été nommé par le»Roi Admirai
d' Ecosse avec mille liv. sterlings d'apointemens.
Le 17. il y eut à Londres' un brouillard fí
-épais 1 que vers les quatre heures après midi
on fut obligé d'allumer des Lanternes & des
Flambeaux pour aller dans les ruës : il arriva
plusieurs accidens fur la Tamise , & un Gen
tilhomme qui se promenoit dans le Parc de
5. James, ne voyant plus à le conduire ,
tomba dans le Canal , où il se seroit noyé in
failliblement . fi deux Soldats qui étoienc au
près , ne l'euííent secouru.
Le 18. on publia dans les Places , Carre»
fours, & aurres lieux accoutumez, le Traité
de Paix d'union , d'amitié & d'alliance défen
sive, conclu à Seville , le 9. du mois de No
vembre dernier.
SUr la fin du mois dernier , près de irfo Vaisa
seaux Marchands font partis de disserens*
Bores 4e ce Royaume pour aller dans les Pays.
Etrangeis*
i7<5 MERCURE DE FRANCE.
Étrangers , ce qu'on n'avoit pas vû depuis píttlîeuis~
années.
Le t. Janvier , il arriva à Londres un Cou
rier dépêché de Seville avec les Cedules du
Roi d'Espagne que la Compagnie de la Mer du
Sud attendòit pour continuer son Commerce ,
& pour faire partir le nouveau Vaiiïèau qu'elle
fait construire» j
Le Comte de Stair . ci-devanr Ambassadeur
de France , a été nommé par le»Roi Admirai
d' Ecosse avec mille liv. sterlings d'apointemens.
Le 17. il y eut à Londres' un brouillard fí
-épais 1 que vers les quatre heures après midi
on fut obligé d'allumer des Lanternes & des
Flambeaux pour aller dans les ruës : il arriva
plusieurs accidens fur la Tamise , & un Gen
tilhomme qui se promenoit dans le Parc de
5. James, ne voyant plus à le conduire ,
tomba dans le Canal , où il se seroit noyé in
failliblement . fi deux Soldats qui étoienc au
près , ne l'euííent secouru.
Le 18. on publia dans les Places , Carre»
fours, & aurres lieux accoutumez, le Traité
de Paix d'union , d'amitié & d'alliance défen
sive, conclu à Seville , le 9. du mois de No
vembre dernier.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
À la fin du mois précédent, plusieurs navires marchands ont quitté le Royaume depuis Irfo Vaisa pour des pays étrangers, un événement rare depuis plusieurs années. Le 1er janvier, un courrier est arrivé à Londres depuis Séville, apportant des cédules du roi d'Espagne destinées à la Compagnie de la Mer du Sud pour poursuivre son commerce et lancer un nouveau vaisseau en construction. Le comte de Stair, ancien ambassadeur de France, a été nommé amiral d'Écosse avec une rémunération de mille livres sterling. Le 17 janvier, un épais brouillard à Londres a nécessité l'allumage de lanternes et de flambeaux pour la circulation. Plusieurs accidents se sont produits sur la Tamise, et un gentilhomme a failli se noyer dans un canal du parc de Saint James avant d'être secouru par deux soldats. Le 18 janvier, le traité de paix d'union, d'amitié et d'alliance défensive, conclu à Séville le 9 novembre précédent, a été publié dans les lieux publics.
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804
p. 177-182
« Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
Début :
Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...]
Mots clefs :
Roi, Intendant, Reine, Concert, Opéra, Nominations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
Le Roi a accordé une place de Con
seiller au Conseil Royal des Finances ,
à M. de Lamoignon de Courson , Con
seiller d'Etat. Sa Majesté a nommé Con
seillers d'Etat M. Lebret , Premier Pré
sident du Parlement d'Aix , & Intendant
de ProvenceSc du Commerce, &c M. Lek
calopier , Intendant de Champagne.
Les Prêtres de la Mission comment
eerent le 3. dans l'Eglise de la Paroisse
de Versailles la Fête qu'ils ont conti
nuée les deux jours suivans avec beau
coup de folemnité 8c de magnificence ,
pour célébrer la Béatification du Bienheureux
Vincent de Paul , leur Fonda
teur en France. L'Evêque de Xaintes &
l'Evêque de Rennes y ont officié ces
trois jours. Le 4. Janvier , la Reine
accompagnée des Dame$ de fa Cour , ■
alla y entendre la Grande Messe
Le Roi a donné l'Evêché de Mirepoix
au Père Boyer , Religieux Theatin.
Le
I7S MERCURE DE FR ANCE.
Le 8 . de ce mois , l' Abbé de Verta»
•mon de Chavagnac , nommé par le Roi
à l'Evêché de Montauban , fut sacré
dans la Chapelle de l'Archevêché par
l' Archevêque de Paris , aslìsté des Evêrxjues
de Soirîons & de Tarbes.
Le premier de ce mois , le Roi
nomma le sieur Perrin , Docteur en Mé
decine de la Faculté de Montpellier ,
en considération de ses services , Méde
cin Real de ses Galères , à la place du
sieur Pelifleri , qui se retire avec une
pension de izqo. sur les Invalides.
L'Abbé Segui , Auteur du Panégyri
que de S. Louis , dont on a vû avec
plaisir l'Extrait dans le Mercure d'Octopre
, fit à S. Sulpice , le 1 7. de ce mois i
celui du Patron de cette Eglise , devant
une très nombreuse Assemblée , avec un
applaudissement gênerai. Nous tâcherons
d'en donner un Extrait.
Le Maréchal d'Uxelles , Ministre d'E
tat , s'est retiré à cause de son âge
avancé.
On a eu avis de Toulon que dixhuit
Captifs Flamands , rachetés à Al
ger par les Pères Mathurins de l'Ordre
'de la Sainte Trinité , y font débarqués
le 19, Décembre dernier , pour se
tendre à Paris , & de là dans leur Pays.
Les autres Députés du raêmc Ordre font
arrivés
JANVIER. 1730. 179
arrivés à Cadix , pour traiter aussi de la
rançon des François détenus au Royau
me de Maroc.
On apprend de Toulouse que le 8. Jan
vier , l' Académie des Jeux Floraux s'étant
assemblée publiquement , suivanç
l'ufage, M. de Rabaudy , Viguicr *de
Toulouse , l'un des Académiciens ÔÇ
Modérateur de .cette Compagnie, pro
nonça , avec beaucoup de succès , un
Discours fur la Naissance de Monsei
gneur le Dauphin.
Le premier Janvier , les vingt-quatre
Violons de la Chambre du Roi jouè
rent pendant le dîner de S. M. une fuite
d'Airs de la composition de M. Destou
ches , Sur-Intendant de la Musique du
Roi , qui furent parfaitement bien exé
cutés , & très-aplaudis.
. Le 4. il y eut Concert devant la Reine
dans les grands Apartemens. M. Defrouches
fit chanter le second Acte de
Topera à'Atys.
Le 9. on continua le même Opéra
par le quatrième & cinquième Acte. La
P"e Enemens la cadete , chanta le Rôle,
de Cy belle , la D1Ie Lenner , celui de
Sangaride , le S' Dangerville fit le Rôle
.de Qelemts, , & le Sr Cochereau , celui
RAtys, Le tout fut parfaitement bien
-exécuté , Si tous les Acteurs s'attirèrent
beaucouD
>ïo MERCURE DE FRANCE.
í>eaucoup d'applaudistemens.
Le ii. on concerta dans les grands Appartemens
cn présence de la Reine , & on
exécuta une Pastorale en un Acte,intitulcc
ISAmour mutuel, dont les paroles font de
M., Gaukier , & la Musique de M. da
Tartre , connu par d'autres Ouvrages
<jui ont eu du succès. L'autre partie de
cette Pastorale fut chantée le 16. dans les
mêmes Appartemens.
, Le 1%. on chanta le Prologue & Ic
premier Acte de l'Opera de Thésée ,
dont l'exccution fut parfaite , & très-:
applaudie. On continua le 30. le mê*
me Opéra par le second & troiíìe'me
Acte.
Le 4. il y eut Concert François aa
Château des Thuileries ; on y chanta
la Cantate à? Europe & Jupiter S & un
Motet de M. de la Lande , précédé de
plusieurs Piéces de symphonie. Le mê
me Concert a continué tous les Mer
credis du mois.
Le 18. la D1,e Petitpas , l'une des
Actrices de l'Opera , chanta pour la
première fois une Cantatille nouvelle ,
intitulée La Confiance , de la composi
tion de M. le Maire , qui fut très- bien
chantée & applaudie ; elle fut précédée
du Divertissement de la Beauté couron
née , de M. Moutet , qui est toujours
írès-goâté. Lt
1
JANVIER. 1719: itr.
Le 9. la Lottcrie pour le rembourse
ment des Rentes de l'Hôtel de Ville fut
tirée en présence du Prévôt des Mar
chands ôc des Echevins , en la manière
accoutumée. Le fonds de ce premier
mois de cette année s'est trouvé monter
à la somme de 1278990. laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les lots
qui leur font échus , conformément à la
Liste générale qui en a été rendue pur
blíque.
Le 16. du mois dernier , les Députés
des Etacs de Bretagne eurent audiance pu
blique du Roi3 présentés par le Comte
de Toulouse , Gouverneur de la Provintc
, ôc par le Comce de Saint Florentin,
Secrétaire d'Etat , & conduits par le
Marquis de Brezé , Grand - Maître des
Cérémonies , & par M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies. La Députation
étoit composée de l'Evêque de Saint
firjeu , pour le Clergé , qui porta U
{>arole ; du Comte de Guebriant , pour
a Noblesse -, de M. de Boisbely , Che-
.valier de l'Ordre de Saint Michel , &C
Lieutenant Général de l'Amirauté de
Morlaix , pour le Tiers-Etat ; du Comte
de Coetlogon , Procureur General Syn
dic ; & de M. de la Boissiere , Trésorier
Général des Etats de la Province. Ces
Députés furent ensuite conduits à l'Aul
dianes
ifz MERCURE DE FRANCE;
diance de la Reine & à celle de Mon
seigneur lç Dauphin & de Mesdames
de France.
Le Roi a pommé Intendant de la Gé
néralisé de Champagne , M. de Vastan ,
qui fera remplacé dans l' Intendance de
•la Généralité de Caen , par M. le Peletier
de Beaupré, Maître des Re
quêtes,.
Le 19. M. Bernage de Saint Maurice,
Maître des Requêtes , & Intendant du
Languedoc , à qui le Roi avoit accordé
dès le mois de Décembre 1724. la
Charge de Grand-Croix , Secrétaire &
Grefríer de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , prêta serment de fidé
lité entre le maúis de S. M. pour cette
Charge»
seiller au Conseil Royal des Finances ,
à M. de Lamoignon de Courson , Con
seiller d'Etat. Sa Majesté a nommé Con
seillers d'Etat M. Lebret , Premier Pré
sident du Parlement d'Aix , & Intendant
de ProvenceSc du Commerce, &c M. Lek
calopier , Intendant de Champagne.
Les Prêtres de la Mission comment
eerent le 3. dans l'Eglise de la Paroisse
de Versailles la Fête qu'ils ont conti
nuée les deux jours suivans avec beau
coup de folemnité 8c de magnificence ,
pour célébrer la Béatification du Bienheureux
Vincent de Paul , leur Fonda
teur en France. L'Evêque de Xaintes &
l'Evêque de Rennes y ont officié ces
trois jours. Le 4. Janvier , la Reine
accompagnée des Dame$ de fa Cour , ■
alla y entendre la Grande Messe
Le Roi a donné l'Evêché de Mirepoix
au Père Boyer , Religieux Theatin.
Le
I7S MERCURE DE FR ANCE.
Le 8 . de ce mois , l' Abbé de Verta»
•mon de Chavagnac , nommé par le Roi
à l'Evêché de Montauban , fut sacré
dans la Chapelle de l'Archevêché par
l' Archevêque de Paris , aslìsté des Evêrxjues
de Soirîons & de Tarbes.
Le premier de ce mois , le Roi
nomma le sieur Perrin , Docteur en Mé
decine de la Faculté de Montpellier ,
en considération de ses services , Méde
cin Real de ses Galères , à la place du
sieur Pelifleri , qui se retire avec une
pension de izqo. sur les Invalides.
L'Abbé Segui , Auteur du Panégyri
que de S. Louis , dont on a vû avec
plaisir l'Extrait dans le Mercure d'Octopre
, fit à S. Sulpice , le 1 7. de ce mois i
celui du Patron de cette Eglise , devant
une très nombreuse Assemblée , avec un
applaudissement gênerai. Nous tâcherons
d'en donner un Extrait.
Le Maréchal d'Uxelles , Ministre d'E
tat , s'est retiré à cause de son âge
avancé.
On a eu avis de Toulon que dixhuit
Captifs Flamands , rachetés à Al
ger par les Pères Mathurins de l'Ordre
'de la Sainte Trinité , y font débarqués
le 19, Décembre dernier , pour se
tendre à Paris , & de là dans leur Pays.
Les autres Députés du raêmc Ordre font
arrivés
JANVIER. 1730. 179
arrivés à Cadix , pour traiter aussi de la
rançon des François détenus au Royau
me de Maroc.
On apprend de Toulouse que le 8. Jan
vier , l' Académie des Jeux Floraux s'étant
assemblée publiquement , suivanç
l'ufage, M. de Rabaudy , Viguicr *de
Toulouse , l'un des Académiciens ÔÇ
Modérateur de .cette Compagnie, pro
nonça , avec beaucoup de succès , un
Discours fur la Naissance de Monsei
gneur le Dauphin.
Le premier Janvier , les vingt-quatre
Violons de la Chambre du Roi jouè
rent pendant le dîner de S. M. une fuite
d'Airs de la composition de M. Destou
ches , Sur-Intendant de la Musique du
Roi , qui furent parfaitement bien exé
cutés , & très-aplaudis.
. Le 4. il y eut Concert devant la Reine
dans les grands Apartemens. M. Defrouches
fit chanter le second Acte de
Topera à'Atys.
Le 9. on continua le même Opéra
par le quatrième & cinquième Acte. La
P"e Enemens la cadete , chanta le Rôle,
de Cy belle , la D1Ie Lenner , celui de
Sangaride , le S' Dangerville fit le Rôle
.de Qelemts, , & le Sr Cochereau , celui
RAtys, Le tout fut parfaitement bien
-exécuté , Si tous les Acteurs s'attirèrent
beaucouD
>ïo MERCURE DE FRANCE.
í>eaucoup d'applaudistemens.
Le ii. on concerta dans les grands Appartemens
cn présence de la Reine , & on
exécuta une Pastorale en un Acte,intitulcc
ISAmour mutuel, dont les paroles font de
M., Gaukier , & la Musique de M. da
Tartre , connu par d'autres Ouvrages
<jui ont eu du succès. L'autre partie de
cette Pastorale fut chantée le 16. dans les
mêmes Appartemens.
, Le 1%. on chanta le Prologue & Ic
premier Acte de l'Opera de Thésée ,
dont l'exccution fut parfaite , & très-:
applaudie. On continua le 30. le mê*
me Opéra par le second & troiíìe'me
Acte.
Le 4. il y eut Concert François aa
Château des Thuileries ; on y chanta
la Cantate à? Europe & Jupiter S & un
Motet de M. de la Lande , précédé de
plusieurs Piéces de symphonie. Le mê
me Concert a continué tous les Mer
credis du mois.
Le 18. la D1,e Petitpas , l'une des
Actrices de l'Opera , chanta pour la
première fois une Cantatille nouvelle ,
intitulée La Confiance , de la composi
tion de M. le Maire , qui fut très- bien
chantée & applaudie ; elle fut précédée
du Divertissement de la Beauté couron
née , de M. Moutet , qui est toujours
írès-goâté. Lt
1
JANVIER. 1719: itr.
Le 9. la Lottcrie pour le rembourse
ment des Rentes de l'Hôtel de Ville fut
tirée en présence du Prévôt des Mar
chands ôc des Echevins , en la manière
accoutumée. Le fonds de ce premier
mois de cette année s'est trouvé monter
à la somme de 1278990. laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les lots
qui leur font échus , conformément à la
Liste générale qui en a été rendue pur
blíque.
Le 16. du mois dernier , les Députés
des Etacs de Bretagne eurent audiance pu
blique du Roi3 présentés par le Comte
de Toulouse , Gouverneur de la Provintc
, ôc par le Comce de Saint Florentin,
Secrétaire d'Etat , & conduits par le
Marquis de Brezé , Grand - Maître des
Cérémonies , & par M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies. La Députation
étoit composée de l'Evêque de Saint
firjeu , pour le Clergé , qui porta U
{>arole ; du Comte de Guebriant , pour
a Noblesse -, de M. de Boisbely , Che-
.valier de l'Ordre de Saint Michel , &C
Lieutenant Général de l'Amirauté de
Morlaix , pour le Tiers-Etat ; du Comte
de Coetlogon , Procureur General Syn
dic ; & de M. de la Boissiere , Trésorier
Général des Etats de la Province. Ces
Députés furent ensuite conduits à l'Aul
dianes
ifz MERCURE DE FRANCE;
diance de la Reine & à celle de Mon
seigneur lç Dauphin & de Mesdames
de France.
Le Roi a pommé Intendant de la Gé
néralisé de Champagne , M. de Vastan ,
qui fera remplacé dans l' Intendance de
•la Généralité de Caen , par M. le Peletier
de Beaupré, Maître des Re
quêtes,.
Le 19. M. Bernage de Saint Maurice,
Maître des Requêtes , & Intendant du
Languedoc , à qui le Roi avoit accordé
dès le mois de Décembre 1724. la
Charge de Grand-Croix , Secrétaire &
Grefríer de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , prêta serment de fidé
lité entre le maúis de S. M. pour cette
Charge»
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Résumé : « Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
En janvier 1730, plusieurs nominations et événements notables ont marqué la cour royale. Le Roi a nommé M. de Lamoignon de Courson Conseiller au Conseil Royal des Finances et a désigné M. Lebret et M. Lekalopier comme Conseillers d'État. Les Prêtres de la Mission ont célébré la béatification du Bienheureux Vincent de Paul à Versailles, avec la participation des évêques de Saintes et de Rennes. La Reine a assisté à la Grande Messe le 4 janvier. Le Père Boyer a été nommé à l'Évêché de Mirepoix, et l'Abbé de Vertamon de Chavagnac a été sacré évêque de Montauban. Le Roi a également nommé le sieur Perrin Médecin Royal des Galères, remplaçant le sieur Pelifleri. L'Abbé Segui a prononcé un panégyrique à Saint-Sulpice. Le Maréchal d'Uxelles s'est retiré en raison de son âge avancé. Dix-huit captifs flamands ont été rachetés et sont arrivés à Toulon. Des députés de l'Ordre de la Sainte Trinité sont arrivés à Cadix pour négocier la rançon des Français détenus au Maroc. À Toulouse, l'Académie des Jeux Floraux a célébré la naissance du Dauphin. Les Violons de la Chambre du Roi ont joué des airs composés par M. Destouches, et plusieurs opéras ont été représentés en présence de la Reine. Le Roi a nommé M. de Vastan Intendant de la Généralité de Champagne et M. le Peletier de Beaupré à l'Intendance de Caen. Enfin, M. Bernage de Saint Maurice a prêté serment pour la charge de Grand-Croix de l'Ordre de Saint Louis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
805
p. 205-229
ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
Début :
Sur le lieu où furent données deux Batailles en France, les années 596. & [...]
Mots clefs :
Lieu, Lieux, Bataille, Diocèse, Palais, Bourgogne, Pays, Roi, Royaume de Bourgogne, Histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
ECL4IRCISS EMENS.
Sur le lieu où furent données deux Ba
tailles -en France, les années 595. &
600. & fur un ancien Palais de nos
Rois de la première Race , duquel
personne jusqu'ici n'a assigné la situa
tion. Paf -M' le Beuf , Sous-Chantrt
& Chanoine de V Eglise d' Auxerre.
E Journal de Verdun du mois
de Mars dernier , nciis a com
muniqué une Remarque faite
un habile homme , touchant l'en-
A ij droit
%o6 MERCURE DE FRANCE;
droit où fut. donnée une Bataille l'an 59^.
ou 597. entre les Troupes de Clotaire
II. Roi de Soissons & de Paris , fils de
la Reine Fredegonde , d'une part , & les
Troupes de Theodebert II. Roi d'Auftrasie
, jointes à celles de Thierry II. Roi
d'Orléans & de Bourgogne. Ce lieu se
trouve appellé Latofao dans les Impri
més de la Chronique , connue fous le
nom de Fredegaire, M. Maillard , Avo
cat , Auteur de la Remarque du Jour
nal j observe que le Pere Daniel dit qu'on
ne connoît plus ce lieu ; mais que le
Pere Ruinart a marque dans ses Notes
(at Fredegaire que feion quelques uns
ce Latofao est dans le Diocèse de Sens.
Cette désignation générale ne satisfait
point le Lecteur. On aime à voir les
«hoses indiquées plus particulièrement.
C'est ce que tache de faire M. Maillard,
en produisant un garant pour la situa
tion de çe lieu dans le Diocèse de Sens.
Xe garant qu'il croit suffisant est l'Histoire
du Gâcinois , écrite il y a cent ans
par Morin , Grand-Prieur de perrières.
C'est un Ouvrage où , à la vérité , il y
z quelque chose à apprendre } mais en
prenant les précautions nécessaires >
c?cst-à-dire , en vérifiant la plupart des
choses qu'il avance , il y a lieu de se
/défier de tout ce qu'il produit , fans
FEVRIER. i7jo. So?
én apporter la preuve ; Sc je ne vois
pas qu'on puisse fonder fur son simple
témoignage un fait aussi ancien qu'est
celui en question. Cet Historien est fi
peu exacb , & si rempli de fautes , que
dès le premier mot du Chapitre où il
parle de ce Latofao , il dit que Moret
& Doromel font la même chose selon
Aimoin , ce qui est doublement faux ,
puisqu'Aimoin ne parle aucunement de
Moret , lib. 3. e. 8 8. & que Dormèil,
loin d'être Moret , en est éloigné de
trois lieues ou environ.Le PereLe Cointe
die aussi à l'an 596. num. 4. que quel
ques nouveaux Auteurs placent ce La
tofao dans le Diocèse de Sens. ïl ne les
eite point par leur nom , & on ne
connoît que Morin qui ait avancé cette
opinion. C'est lui apparemment que le
Pere Le Cointe a en vue. Mais avec ust
peu d'attention , on s'apperçoit aisément
que ce qui a conduit Morin dans le sen
timent qu'il embrasse sur la Bataille de
Latofao , est que Dormeil , où il s'en
donna quatre ans après une seconde ,
est situé dans le Diocèse de Sens , 8c
peu éloigné de Moret. Pour moi , je
fuis d'un sentiment bien opposé au sienj'
je prétends que les Places où se don
nèrent ces deux Batailles ne font point
si voisines } & que comme l'iflue en suc
A Uj diffe2
»8 MERCURE DE FRANGE;
différente , le terrain en fut aussi fors
diffèrent. Dans celle de Latefao de Pan
y 9 6. c'est Clotaire qui parent aggiesfeur
& qui vient fondre fur les Armées de
Theodeberr & de Thierry , qu'il taille
en pieces. Dans celle de Dormeil , ce
font Theodeberr & Thierry qui venant
à leur tour contre Clotaire , lui rendi
rent la pareille , & mirent toute son
Armée en déroute. Il paroît plus natu
rel que la première Bataille se soit don
née sur un terrain appartenant à Theo
deberr ou à Thierry , de même que la
seconde fut donnée vrai- semblablement
dans un lieu des Etats de Clotaire. U
ne faut point s'astreindre tellement aux
noms marques dans les imprimés de la
Chronique de Fredegaire , qu'on ne
puisse avouer que quelquefois ces noms
ont été mal écrits par les Copistes. Que
penser de certains noms propres dont il
est fait mention dans cet Ecrivain , lors
que l'on voit que dès le titre de fa' Chro
nique , qui étoit intitulée .• Extrait de
FHiftoire de S. Grégoire de Tours , du
mot Greji , les Copistes les plus anciens
avoient fait G >-aec , & de Turonici 3 il*
avoient fait Thoromachi ? Le Pere Ruinart
fait cette Observation dans son ex
cellente Préface, num. 137. Aidons un
peu à la lettré , & voyons si dans la mê
me
FÉVRÏÉR. trtú. ioj
iiie Chronique ou dans ses Continua
teurs , il n'y a pas encore d'autre Ba
taille donnée dans un lieu d'un nom ap*
prochanr. Je découvre par le mûyen des;
íçavantes Notes du P Ruinart , que
l'endroit où le second Continûareur mar
que une Bataille donnée en 680. & que
les imprimés appellent mal Locofico ;
est nommé dans les manuscrits Locofaa
ou Lnfmo , & autrement Lucofaco Lttu _
eofngo 5 je le trouve aussi appelle Luco*
fao dans l'Hiftoirc d'Aimoin. Comme le
Manuscrit des Continuateurs de la Chro
nique , & celui du premier Auteur n'ont
pas toujours paíté par les mêmes mains,
il ne fau! pas s'étonner de la petite dif
férence qui se trouve entre Latofao 8c
Lacofao. Mais je croirois volontiers que
c'est un seul & même endroit ; il s'agit
d'abord d» fixer fa situation. Dom Thierry
Ruinart dit que Monsieur Valois n'a pas
connu cet endroit , mais que ce pour*-
roit être Loixi en Lannois ; il ajoûtfr
ensuite , que cependant il paroîtra à
d'autres assez vrai-semblable , que ce liea
est celui dont prie l'Histoire des Evê
ques d'Auxerre , & qu'elle dit être situé
dans le Pays de Toul. Cette Histoire
e'crite fous le Règne de Charles le Chau-
▼Cy, rapporte que Hainmar , Evêque
d'Auxerre vers l'an j6y ayant été con-
A, iiij duir
ïio MERCURE DE FRANCE:
duit par ordre du Roi sur de faux rap^
porcs à Bastognes , dans la Forée des
Ardennes , fut adroitement tiré de cette
prison par un de ses neveux ; & que
comme il íe sauvoit à cheval , il fut sur
pris & arrêté à Lufaiis , dans le Pays de
Toul , où se£ ennemis en firent un Mar
tyr. Adverfarii infequentes in loco qui
Lufaiis dieitur , j» Pago Tullenfì , eum
conficuti funt &c. Il semble qu-'il ne fauc
point chercher ailleurs ce Lufaiis que
dans le Diocèse de Toul ; ainsi c'est in
failliblement ce qu'on appelle aujour
d'hui Lifou, Il y a Lifou le grand & Lifou
le petit , qui font deux Villages contigus,
à six ou sept lieues de Joinville r
vers L'Orient , tous les deux dans le Dio
cèse de TouL , & dans l'ancienne Austrasie.
Le nom de Lifoldium , que le
P. Benoit , Capucin , leur donne dans son
nouveau Pouiller de Toul, ne m'arrête
aucunement , pareeque j'ai connu que
dans beaucoup d'articles , il a latinisé les
noms fur le François , & que lorsque la
terminaison d'un nom étok susceptible
de deux différentes inflexions Latines ,
il a souvent pris la moins fondée dans
l'antiquité , & a laisse l'autre qui-lui étoit
inconnue*. Telle est la derniere syllabe
du nom Lifou ou Lufou , laquelle n'a
pas été formée de l' Allemand Bold , mais
d»
FEVRIER. 1730. m
du Latin Fagus. A l'égard de la première
syllabe , il est plus probable qu'elle vient
du mot Lhcus que d'aucun autre , & je
me persuade que quiconque est au sait
de la formation des noms propres des
lieux , ne fera aucunement surpris que
de LucasAgus , on ait fait Lifou , qui
auparavant étort écrit & prononcé Luc*
foug 3 soit que ce mot vienne de Leucorum
Fagus , ou de Lucus Fagorum. Je
laisse au Lecteur à juger sì Lifou, quia,
plutôt été le Théâtre de la Guerre de
tan 6 S o. qu'aucun autre lieu , n'est pas
aussi l'endroit de la Bataille de l'an j^óV
puisqu'il étoit dans les Etats de Theodebert
, où il est plus vrai semblable que
Clotaire envoya ses Troupes , que noa
pas dans fes propres Etau , à 1 5. ou
16. lieues de Paris. On pourroit m'objecter,
que qUandmême il seseroit donné
une Bataille à Lifou cn l'an £80. il ne
s'ensuivroir pas delà qu'il s'y en soit aussi
donné une en ^96. Qu'inferec l'un de
l'autre , c'est retomber dans le deffauc
de raisonnement que je blâme dans Morin.
Mais la différence qu'il ya, est que
Latofao & Lucofao , ou par abrégé L«-
fao , se ressemblent si fort , qu'à moins
qu on ne trouve un lieu véritablement
nommé Latofao , diffèrent de Lifou , on
est toujours bien fondé à croire que c'est
A v le
212 MERCURE DE FRANCE.
le même. M. Maillard avoiie qu'on ne
connoît point de lieu appelle' Latofao
où Morin dit qu'il y en a un. II ne pro
duit non plus aucun titre , ni aucune
Histoire qui donne ce nom à aucun en~
droit voisin de Dormeil & de Moret ;
d'où je conclus que fa Remarque est
trop foiblement appuye'e pour qu'on
puisse y avoir égard , &c que si Latofaon'est
pas Lifou , il faut continuer à avouer
avec le Pere Daniel qu'on ne connoîe
plus ce Latofao.
Comme cette Observation tend à ôter
au Diocèse de Sens un endroit mémora
ble que M. Maillard a essayé de lui at
tribuer, je fuis bien aise de lui assigner
' en dédommagemenr un autre lieu plus
célèbre , & qui mériteroit d'être regar
dé avec distinction par les Historiogra
phes de France. C'est le lieu que nos^
anciennes Chroniques , nos Annales Sc
certaines Chartes appellent A4ap>loecnmt,
Aí ■npìlacum Afanfolagum. J'en ai déja
touché quelque chose dans une Note qui»
est au bas de la page 87 du Mercure
de Janvier 1725. Mais comme il n'y a
gueres que les curieux & les personnes,
studieuses qui lisent ce qui est au bas des
pages , j'ai crû devoir m'étendre un peu
plus fur ce point Topographique. Le
HJjet est d'autant plus digne d'attention
que:
FEVRIER. 1730. 213
que 1c Perc Mabiilon avoue dans son cjuatriéme
Livre de la Diplomatique\, qu'il
n'a pû découvrir quel lieu est ce Masolacum
, & que lc P. Ruinart en publiant
Fredegaire , de'clare qu'il ne le connoîc
pas davantage. Ignotus mihi Aianfolaci
fttus , dit le Pere Mabiilon. Hujus Viíl*
Jîtns ignotus est , dit le Pere Ruinart.
Cet endroit n'étant pas un fimple Vil
lage du commun , mais une terre dis*
ringuée par un Palais R oyal , ne doit
pas être non plus , par conséquent , de
ceux qui peuvent rester dans l'obsciuké.
Les Antiquaires qui aiment à suivre la
marche de nos Rois ne peuvent regardée
comme indifferens dans la Géographie
les lieux où ils se retiroient queîquefoisì
soit pour y prendre le divertissement de
la chasse , soit- pour y tenir leurs Etats ,
oti y faire quelqu'autre action éclatante.
Aíaffolacurn est dans ce cas. Ce fut là^
que Clotaire II. fit comparoître l'an 6\ j.
devant lui le Patrice Alethée , lequel
n?ayant pû se purger des crimes dont il
étoit accusé } fut condamné à périr par
le glaive. Dagobert I. étant mort , ce
fcit aussi à Massolac que les Seigneurs de
Neustrie & de Bourgogne s'assemblèrent
pour proclamer Roi , son fils Clovis..
Ces faits font affectés par Fredegaire ,
Auteur du tems , Ôc depuis par Aimoin.
A*j M»is
ZT4 MERCURE DE FRANCE:
Mais où éroit situé ce Maffolac ? & cot»;
ment l'appclle-t'on aujourd'hui ? C'est
suc quoi je me suis déja déclaré en 1725,»
en marquant que c'est Maíky » à une
lieue de Sens. Dom Jean Mabillon die
que ce Maffolac a du être certainement
un Palais Royal du Royaume de Bour
gogne avant le Règne de Clotake I I.
Regni Burgunàici Palatium fuijse cons-
Ut. il le dit fans aíSgner le lieu où il ctoic
situé; mais le voisinage de Sens suffit pour
décider, que ce Palais étoit du même
Royaume que. Sens j & quoique je ne
veuille pas contredire ouvertement le
fçavant Pere Mabillon , je ne crois pas
qu'après la resolution prise par le Roi
Clotaire d'entendre les Chefs d'accusa*
tion contre un Patrice de Bourgogne y.
il fut nécessaire pour cela que l' Assem
blée se íint dans un Palais du Royau
me de Bourgogne , quoique ce Roi en
fut devenu le Maître, On voit que trois
ans après*, ce même Roi fit venir tous
les Evêques & Seigneurs de Bourgogne
au Palais de Boneuil proche Paris , qui
constament n'a jamais été Aa Royaume
de Bourgogne; Il suffisoit donc que ce
fut un lieu sur les limites des Royaumes
de Neustrie & de Bourgogne , comme
cn effet ce fut là que les premiers de
ces deux Royaumes élevèrent l'an 637»
FEVRIER. 1730. sijj
I la Royauté Clovis , fils de Dagobctr.
Or que ce fut dans le voisinage de Sens»
bous en avons une bonne preuve dans
un acte produit par le Perc Mabillon ,
Sec. j. BenediU. part. 2. p. 6 1 4 . on y
lit qu'Emmon , Archevêque de Sens , íc
servant de la présence d'un grand nom
bre d'Evêques assemblés en ce lieu l'an
£57. leur fit signer un Privilège con
cernant l'Abbaye de Saint-Pierre le Vif;
il est daté Mansolaco Curte Dowinica*
II étoit assez naturel à- un Archevêque
de saisir cette occasion , ayant le Roi &
les Evêques si proches de lui. On peur
dire que c'étoit comme le Fontainebleau;
de ce siecle-là ■, les. Rois de France y venoient
de tems en tems , & \& Cour y
étant , il éroit nécessaire que les Prélats,
qui avoient des affaires d'importance à
icgler , s'y transportassent. Clotaire III.
y étoic la troisième année de son Règne,
selon l'Acte ci deflus cité. Il y vint en
core la huitième année , & c'est de la
que fut daté un Oiplome de confirmation
de la terre de Larrey à l'Abbaye de Sains
Bénigne de Dijon qu'on trouve dans Pé
tard à l'an 6x7 > mais qui doit être placé
à l'an 660. comme l'a fait remarquer
le Pere Mabillon. Datum Masolapo in
íalatio nofl'-o. Si depuis ce tems là on
oc trouve plus de mention du Palais de
Massas
%\C MERCURE 0E FRANCE.
Maíïay , c'est qu'il fut peut- être dérruir
par les guerres des Sarrazins au siécle
suivant* Mais le nom de fa première
destination lui est toujours resté , puis
que des deux Maslay contigus , il y en
a un qui est appelle Mastay-le-Roy , ce
qui marque , comme dit le Privilège de
ì' Archevêque Emmon , un Territoire
Royal, Curtem Dominicain. Ces deux en*
droits font à l'Orient dliyver de la yûlede
Sens , fur la Rivière de Vanne , Sc
peu éloignf-s de la Forêt d*Othe qui
étoit alors fort vaste , & qui l'eft encore
assez. J'ai trouvé aux marges d'un Mar
tyrologe de la Cathédrale de Sens , écrit
au dixième siécle , quelques additions de
personnes notables décedees dans le mê
me siécle , & entr'autres une Hermengarde
, Dame de Maflay. XVII. KaLJunii
, obiit Hermengardis de Mafiiaco
Domina , anno Domini D. CCCC LV.
Ces additions font au plus tard d'une
écriture du XI. siécle. L'original est dans
la Bibliothèque de Saint-Benoît fur Loire,
It y a apparence que les deux Maflay
croient originairement une feule & mê
me terre , dont les guerres ont fait faire
des partages , en forte que l'un des Mas
lay s'est appelle le Grand-Maflay , &
l'autre le petit Maslay. Je ne sçai pour
quoi ce dernier est celui qu'on appc líe
autreFEVRTER.
i7Jo: a r
ffutrcment Mastay-le-Roy , ni pourquoi
celui qu'on surnomme le petit est échuau
Roi. Il arrive quelquefois que ce qui
est plus périr , quant au nombre des-
Feux & des Habirans , est d'un plus
grand produit pour le revenu à caufedes
dépendances. Quoiqu'il en soit , le
grand Mastay est nommé dans un His
torien de Sens , contemporain du Roy
Robert : C'est Odoran , Moine de Saint"
Pierre le Vif. Son Ouvrage seroit peutêtre
resté jusqu'ici dans l'obscurité , si cc
n'étoir que M. Jean Baptiste Oudinet
Prieur de l' Abbaye de .Saint ■« Marien
de notre Ville , se fit un plaisir de
le communiquer à Dom Mabillon. Il
renferme plusieurs parricularitez qui ne
font pas indifférentes- à l'Histoire du
Roi Robert, & que je tais parce qu'elles
ne font rien à mon sujet. On peut les
voir au second volume du VI siécle Bé
nédictin. Cer Ecrivain rapporrant dansfbn
ii. Chapitre la punition d'un hom
me qui fit un faux ferment dans l'fgliso
de S. Savinien, proche Sens , dit que cet
homme étoit nomim Rothb rthiti in vicin*
ortus villa , cm nomen JUaftiacm Aft jor
dédit antlcjuitau le Moine C.larius,de
la mime Abbaye de S. l ierre le vif , qui
vivoit cent ans après Odoran , rapportant
dans fa Chronique, imprimée au II. lo
vas
tit MERCURE DE FRANCE:
me du Specilege , les violences qu'on em
ploya l'a n 10 j 2. pour obliger les Senonois
de recevoir Gelduin , que le Roi
Henry I. leur avoit donné pour Evêque ,
dír que ce Roi se transporta en personne
sur les lieux > qu'il vint assiéger la Ville de
Sens,& que ce fut au Grand-Mastay qu'il
fit camper son armée : Rex copiosum exerçitam
applicuit y & in villa qut Maftiacus
M.ijor dicitur cafi'a p»s»it. Ces trois té
moignages prouvent que dans le X.XI. &
XII. siécles on disoit encore dans le pays
M.ifliacHS , qui e'toit une expression moins
éloignée de Moefolacut. Mais dans les fic
elés suivans on commença à corrompre
ee mot de plus en plus. Je trouve dans
un Manuscrit de la Bibliothèque de la Ca.-
thédrale de Sens, qui est du XIII. siécle,
qu'il est fait mention en ces termes du
Maire de Maílay-le- Vicomte & de l'Eglise
de Maíliy-le-Roy : Aíajori de Mas-
Uio-Vicecomiús . & Ecclejit, de MaJIcìo
Régis. Au reste il ne doit pas paroître sur
prenant que l'on ait corrompu Mafìlacurn
en Míijliacum & Majlciam : ces deux ma
nières de latiniser ce nom dans les bas
siécles , marquent que dans le langage
vulgaire on faisoit. la première syllabe
longue comme aujourd'hui , si on ne proaonçoit
pas la lettre S , ce qui est d'au
tant plus véritable que les Titres François
FEVRIER. ï7jo. 219
da XIV. siécle mettent un second a pouc
tenir la place de la lettre S , ensorte qu'on
y lit ce mot ainsi écrit ; Maalay. U est na
turel que dès-là qu'on réduit plusieurs
syllabes à n'en former qu'une , cette syl
labe devienne longue de prononciation»
Quant à la terminaison en ay , il est vrai
que de nos côtez elle est moins communa
que celle en y, qui nous vient de tous
les- noms deg lièux finissant en latin pas
iacurn ; cependant il reste encore dans dis*
ferens cantons de la Province Senonoifs
des noms de lieu en ay qui viennent du
latin iacum ou acam . . . Nous avons dans
notre Diocèse , presque sur les bords da
la Loirp, Mannay qui s'appelloit Man-,
nacum í au sixième siécle, Annay qui se
disoit en latin au neuvième siécle Abundiacum
, & Seignelay, qui est un endrok
fort connu , Seligniacum. Dans le Diocèser
de Senion trouve Bray& Lorayidont les
noms latins ne Yont autres que Braiacum
&cLoriacum. Je ne puis donc croire qu'il y
ait lieu de douter du côté de l'analogie
des deux Langues , que Mallay ne vienne
de Afafolacnrn. Les Antiquaires font obli
gez d'admettre des noms qui sont encore
plus méconnoissibles & moins «pportans
l'un à l'autre. Je n'ái passé qu'une
seule fois dans le grand Maflay , & j'ajr
apoerçji que la Plaine de ce lieu est très*
fertile
iià MERCLÎRÈ DÈ FRAftCÉ.x
fertile. La Rivière de Vanne entoure cti^s
tierement ce Bourg & erl fait une verira^
ble Isle. Comme cette Rivière ne tatis
gueres, elle contribue beaucoup à rendre
cet endroit verdoyant & fort gai en été.
Le petit Maflay est un peu plus vers l'Otient
, la Rivière entre deux. Plus haut
est le Village de Teil , que je pourrois enquelque
forte qualifier d'ancienne Mai
son Royale, en me fondant fur le texta
d'Odoran, quoique te P. Mabillon n'en
ait fait aucune mention. Odoran rap
porte dans son 2 6. Chapitre , que Teil
rut le lieu de la résidence de la ReineConftance
pendant tout le temps que lc Roi
Robert employa à faire son voyage de
Rome. Faïium efi dum quadam terr.port
Robmtts Rex Romam peteret , ut Cons'
tant'ta Regina un à cum filio sue Hagent
parvalo Tille remaneret. Peut être que
Mâlay s'étendbit autrefois jufques-là. Au
moins il est certain que Teil fait encore
partie de k Châtellenie de Mâ!ay-le-Roi«
Cette Châtellenie fut échangée par Phi
lippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre
, & l'échange fut ratifié au mois
d'Août 1318. par Philippe le Long ,en
faveur de Thibaud & Louis de Sancerre.
M. Couste, Lieutenant Civil & Particu
lier de la Ville de Sens , qui possède une
gartie de cc Mâ-lay , m'apprend par le
Me
FEVRIER. i7jo. ni
Mémoire qu'il a eu la bonté de m'envoyer,
que dans les Titres d'échange & de ra*
tification , ce lieu est écrit Maalay-le-Roi.
II ajoûte que cette Châtellenie appartint
depuis cet échange à un seul Seigneur ,
qui ayant eu huit enfans , en fit le par
tage entre eux dès son vivant ; ce qui est;
cause qu'elle est aujourd'hui divisée etï
sept ou huit portion ì. Et quoiqu'il ob
serve que Mâlay-Ie-Roy , dent la Châtel
lenie porte le nom ,soit le plus petit dessept
Villages qui la composent , & que le
Siège du Bailliage soit à Teil , cela ne doit
point cependant empêcher de croire que
tout ce terrain n'ait été un territoire Royal
dans le temps que j'ai marqué cy-dessus.
Cette supériorité de Seigneuries se trouve
même appuyée par le nom de Villiers-
Louis, qui est un des sept Villages, & qui
est contigu à Mâlay-lc-Roy. Au reste si
cette Châtellenie relevé aujourd'hui de»
Comtes de Joigny , ce n'est que depuis
k Règne de Philippe V. Ce Prince céda
cette Mouvance à Jean Comte de Joigny
en 1 3 r 7. pour avoir la Mouvance de Châ
teau-Renard , qui appartenoit au Comte
de Joigny. Je ne sçai si ce que Nicole
Gilles, Belleforelt& Chappuis, prennent
pour un retranchement fait à Mâlay par
les Anglois au XIV. siécle , ne seroit point
un vestige de l'enceiate daChâteau de nos
Roisïti
MERCURE DE FRANCK
Rois de la première Race , ou du tcrraírf
vqui fut occupé par les Troupes du Rot
Henry I. lorsqu'elles campèrent à Mâlay.
il s'est conservé au Grand- Mâlay , autre
ment dit Mâlay- Ie-Vicomte , une Tradi
tion que S. Agnan Evêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu. Tel a été le sentiment de
M. Tripaut, Avocat d'Orléans. On écrit
cependant plus communément que saint
Agnan étoic né à Vienne en Ôaufiné,
plutôt que dans cette Bourgade de la Ri
vière de Venne. Il resterok a examiner s'il
fi 'y a point eu de méprise d'un nora pout
un autre , à cause de la ressemblance des
noms de Venne & de Vienne. Mâlay- le-
Vicomte a été de la Commune de Sensjusques
fous Louis le Gros ; c'est aujour
d'hui une Prévôté Royale : 5c M. le Duc
de Bourbon en nomme tous les Officiers,
soit comme étant aux droits du Vicomte,
ou comme jouissant du Domaine de Sens
& de la Banlieue.
En finissant ces Observations , je reçois
de M. Ferrani , l'un des fçavans Cures
du Diocèse de Sens , Doyen Rural de Marolles
, un Mémoire qu'il a rédigé , fur la
Rivière dont Fredegaire & Aimoin font
mention par rapport à la Bataille qui y fut
donnée en l'an 600. La remarque de
M. Maillard , inférée dans le Journal de
Verdun , m'ayanc engagé à fake des perFEVRIER.
1730.. 11}
quisuions , tant pour constater la choie
que pour corriger ce que j'ai mal mis
moi-même en vouse'crivant fur les lumieres
Célestes qui furent vues l'année de
cette Bataille; (a) je reconnois ne les avoir
point faites inutilement , & qu'il seroit
bon que ceux , qui dans la fuite youdronc
donner une Edition de S. Grégoire de
Tours , de Fredegairc & de toutes nos ar» •
ciennes Annales Latines avec des Notes,
prissent la peine ou de se transporter suc
les lieux ou de faire venir des mémoires
exacts. J'avoue que j'ay e'té trompé en
1716. par la Note de Dom Ruinart fur
la Rivière Aroanna , que j'avois mal com
prise à cause du nom François d'Ouainc
qu'il lui donne. Ce n'est ni de la Rivière
d'Ouaineen Gâtinois ni de celle de Vanne
en Senonois , qu'il faut entendre ce qui
est dit de la Bataille où Clotaire II. suc
défait ; mais de la Rivière qui passe à Dor--
melle même. ( On dit Dormelle dans le
pays , & non Dormeil. ) Elle prend fa
source à trois quarts de lieue" au-dessus
de Dollot , qui est la Cure de M. Fer^
rand , Auteur des Remarques que je vais
rapporter , mais dans la Paroisse de saint
Valerien. Au bout de cent pas , fortifiée
par plusieurs fontaines , elle fait tourfa)
Mercure de Utvembrt vji.6' i4*á«
nef
iî4 MERCURE DE FRANCE,
jner un moulin. Jusques là , elle n'a que
le nom 1 de Fontaine de Saint - Biaise ,
à cause d'une Chapellû voisine de la source
.mais au-dessous du moulin , elle com
mence à s'apeller la Rivière d'Orvanne.
Elle passe ensuite à Dollot , à Valéry ,
JBlennes , Diant , Vaux , Ferrotes > Fla~
gis,Dormelle, Château-Saint-Ange ,8c
va former l'e'tang de Moret, dans le
quel elle est absorbée ; puis delà elle se
décharge dans le Loin , un peu au-dessus
.de Moret i le tout fait l'étenduè" de six
lieues de pays. Le Vallon que cette pe
tite Rivière arrose s'appelle le Vallon
d'Orvanne , & les Paroisses qui y font
k jîtuées ou contigues s'appellent de même
les Paroisses de la Vallée d'Orvanne. On
assure que tous les Contrats de partages
& de ventes dans tous ces pays là n'appellent
point cette Rivière autrement
que la Rivière d'Orvanne. Ce qu'il y a
de singuliers que le nom de cette même
Rivière change dans la bouche de plusieurs
personnes au delà de Dormelle , &
près de fa décharge dans l'Etang de Mo
ret. En ces lieux- là on Pappelle quelque
fois la Rivière de Ravanne , & ce font fur
tout les Paysans voisins de cet Etang qui
lui donnent ce nom , parce qu'au-dessus de
cet Etang elle passe dans un Château assez
distingué, appelle k Château de Rnvanne,
donc
\
FEVRIER. 1750. 22$
dont elle traverse les Jardins , y formant
outre sonCanal,des pieces d'eau trés agréa
bles. Mais si l'on remonte une lieue plus
haut , on voit que ce nom est inconnu.
Au dessus de ce Château 6V une de
mie lieue au-dessous de Dormelle, est la
belle maison de feu M. de Cajumartin ,
bâtie sur la croupe d'une Montagne. Cette
maison s'appelle le Château Saint- Ange.
C'est peut-être l'endoit -où se donna la
Bataille, super fluvium Arvennam nec procul
a Doromdlo vico, ainsi que dit Aimoin.
Cette lecture du mot Arvenna est plus
exacte que celle du mot Aroanna em
ployée dans Fredegaire de la derniere Edi
tion. 11 est incontestable par le moyen de
cet éclaircissement qu'il s'agit dans Fre
degaire & dans Aimoin de la Rivière <sPO»
vanne , qui plus anciennement a dû. être
prononcée Arvanne. Il faut abandonner
en cette occasion la Rivière d'O'ùaine
(Odona ) qui est éloignée de Dormelle de
plus de huit lieues. Le P. Daniel a eu
raison de dire que la Bataille fut donnée
sur une Rivière qui se jette dans le Loiiam
au-dessus lie Moret; mais il s'est trompé
en lui donnant le nom de Rivière d'Oiiaine
, aussi-bien que le P. Ruinart. On doit
en être convaincu par la raison que je
viens de rapporter -, celle d'Odaine étant
bjçn différente, puisqu'elle prend sa source '
% i4 MERCURE DE FRANCE,
à quatre lieuës d'Auxerre , & qu'elle va
/e jetter dans le Loiiain , au-deflus de
Montargis. Ce n'est point non-plur la
Rivière de Vanne , comme le Père le Com
te à l'an £eo. Num. i. semble l'avoir
crû après le Président Fauchet. Encore
moins faut -il aller chercher cette Rivière
dans le Pays du Maine , où il y a un traî
na fiuviolus. II faut quelque chose de plus
que la ressemblance des noms dans leLatin,
pour pouvoir avec fondement e'ioigner de
ros quartiers le Théâtre de cette guerre,
A Auxerre ce 18. May 172.8.
ADDITION.
Après avoir envoyé ces éclairciíTemem
aux Auteurs du Mercure, j'ai eu occasion
d'aller à Paris. Comme le cours de la Ri*
viere d'Or vanne est collatéral à celui de 1»
Rivière d'Yonne , & n'est éloigné du
grand chemin que de deux lieuës ou en
viron , je n'ai pas manqué de vérifier par
moi-même avant que de me rendre dans
la voiture publique, le Mémoire de M. le
Prieur de Dollot. Je l'ai trouvé*' très- juste
à un article près } j'ai remarqué en mêmetemps
que nés Géographes mettent sou
vent à droite d'une Rivière ce qui est à
gauche , ou qu'ils font quelquefois tout
Je contraire. C'est pourquoi si vous avez
U
FEVRIER. i7jo; M7
Ja Carte du Diocèse de Sens dressée par
Samson , vous pouvez en touce fureté ,
yous & vos amis, y faire les corrections
suivantes. Mettez la source de la Rivière
d'Orvannc à une portée de Mousquet du
Bourg de Saint Valerien, à POtient d'Eté; '
mettez ensuite Dollot à droite , comme
a fait le Géographe , mais à gauche du
Ruisseau. Vallery est bien placé dans les
Cartes. C'est un lieu célèbre par fa destin
nation à la sépulture des Princes de la
Maison de Condé. Plus bas à droite est:
Blenne,mal nommé Blaineux par Samfonj1
plus bas encore est Diant. Ensuite à gau
che est le Bourg de Voux, qui çst ferme
de murs, & que les Cartes ont tort de re
présenter comme un simple Hameau.
Après Voux & du mime côté le Villa
ge de Ferrotes , & plus bas encore ì
gauche est le Bourg de Flagy , qui a du
coté du Midi des níurs si élevez & si con
sidérables pour leur épaisseur , qu'on U
peut comparer à ceux des plus anciennes
Villes. Ce Bourg a été cependant fort en
dommagé par les Huguenots , ainsi que
l'Eglise du lieu en fait foi. Au sortir de
Flagy on voit à gauche une Plaine qui
règne jusqu'auprès de Dormelle. Ce der
nier Village est fur une éminence. On
passe la Rivière d'Orvanne fur un
Pont, &dps lois on cesse d'en suivre le
, B cours.
ni MERCURE DE FRANCE,
cours. Lorsqu'on a atteint le haut <kp
Coteau, on apperçoit encore une autre
Plaine à droite , laquelle s'étend dti
<ôré de rOtient & dfi Septentrion. Il y
a plus d'apparence que ce fut en cette
derniere Plaine que fut donne'e la Ba
taille de Dormelle , en tirant vers le
Village de Fossar 3 dont le nom vient
peut-être à Fojsario Jeu loco Fojfitrum. Ce
.que j'ai lemarqué plus loin après avoir
laissé le Village de Montarlpt i gauche,
«e s'accorde plus ayee le Mémoire dont
je vous ai parlé. Il ne m'a point paru que
la Rivière d'Orvanne se jettât dans un
Etang-, c'est elle qui forme cette es
pèce d'Etang par le moyen des murs Sfi.
des Ecluses qui fervent à retenir ses eaux,
Cette Rivière ayant repris ensuite fa pre
mière liberté , ne va point se jettes dans
le Loiiain si tôt que Messieurs Samson
& Deíifle l'ont marqué dans leuts Cartes ;
ce n'est point au-dessus de Motet qu'elle
s'y jette , mais au-dessous } presque vis-àvis
sangle Septentrional des murs de cette
petite Ville ; desorte qu'il y a à More*
Jeux Ponts l'un au bout de l'autre; le plus
grand pour la Rivière de Loiiain au bout
duquel est le Prieuré de Pont Loii f Pons
Lupa; (c'est le nom de la Rivière qui
joint le Canal de Briare à la Seine Lupa-
/ámnis) & l'autre petit Pont est fur la. Ri
vière,
FEVRIER. 1740: 139
viere d'Orvanne. C'est ainsi qu'en une
matinée de temps j'ai eu le plaisir de voie
cette Rivière depuis fa source jusqu'à son
embouchure , avec tout ce qu'il y a de
-curieux sur les bords de la Vallée à laquel
le elle donne son nom.
Ce 15. Juillet 1718.
Sur le lieu où furent données deux Ba
tailles -en France, les années 595. &
600. & fur un ancien Palais de nos
Rois de la première Race , duquel
personne jusqu'ici n'a assigné la situa
tion. Paf -M' le Beuf , Sous-Chantrt
& Chanoine de V Eglise d' Auxerre.
E Journal de Verdun du mois
de Mars dernier , nciis a com
muniqué une Remarque faite
un habile homme , touchant l'en-
A ij droit
%o6 MERCURE DE FRANCE;
droit où fut. donnée une Bataille l'an 59^.
ou 597. entre les Troupes de Clotaire
II. Roi de Soissons & de Paris , fils de
la Reine Fredegonde , d'une part , & les
Troupes de Theodebert II. Roi d'Auftrasie
, jointes à celles de Thierry II. Roi
d'Orléans & de Bourgogne. Ce lieu se
trouve appellé Latofao dans les Impri
més de la Chronique , connue fous le
nom de Fredegaire, M. Maillard , Avo
cat , Auteur de la Remarque du Jour
nal j observe que le Pere Daniel dit qu'on
ne connoît plus ce lieu ; mais que le
Pere Ruinart a marque dans ses Notes
(at Fredegaire que feion quelques uns
ce Latofao est dans le Diocèse de Sens.
Cette désignation générale ne satisfait
point le Lecteur. On aime à voir les
«hoses indiquées plus particulièrement.
C'est ce que tache de faire M. Maillard,
en produisant un garant pour la situa
tion de çe lieu dans le Diocèse de Sens.
Xe garant qu'il croit suffisant est l'Histoire
du Gâcinois , écrite il y a cent ans
par Morin , Grand-Prieur de perrières.
C'est un Ouvrage où , à la vérité , il y
z quelque chose à apprendre } mais en
prenant les précautions nécessaires >
c?cst-à-dire , en vérifiant la plupart des
choses qu'il avance , il y a lieu de se
/défier de tout ce qu'il produit , fans
FEVRIER. i7jo. So?
én apporter la preuve ; Sc je ne vois
pas qu'on puisse fonder fur son simple
témoignage un fait aussi ancien qu'est
celui en question. Cet Historien est fi
peu exacb , & si rempli de fautes , que
dès le premier mot du Chapitre où il
parle de ce Latofao , il dit que Moret
& Doromel font la même chose selon
Aimoin , ce qui est doublement faux ,
puisqu'Aimoin ne parle aucunement de
Moret , lib. 3. e. 8 8. & que Dormèil,
loin d'être Moret , en est éloigné de
trois lieues ou environ.Le PereLe Cointe
die aussi à l'an 596. num. 4. que quel
ques nouveaux Auteurs placent ce La
tofao dans le Diocèse de Sens. ïl ne les
eite point par leur nom , & on ne
connoît que Morin qui ait avancé cette
opinion. C'est lui apparemment que le
Pere Le Cointe a en vue. Mais avec ust
peu d'attention , on s'apperçoit aisément
que ce qui a conduit Morin dans le sen
timent qu'il embrasse sur la Bataille de
Latofao , est que Dormeil , où il s'en
donna quatre ans après une seconde ,
est situé dans le Diocèse de Sens , 8c
peu éloigné de Moret. Pour moi , je
fuis d'un sentiment bien opposé au sienj'
je prétends que les Places où se don
nèrent ces deux Batailles ne font point
si voisines } & que comme l'iflue en suc
A Uj diffe2
»8 MERCURE DE FRANGE;
différente , le terrain en fut aussi fors
diffèrent. Dans celle de Latefao de Pan
y 9 6. c'est Clotaire qui parent aggiesfeur
& qui vient fondre fur les Armées de
Theodeberr & de Thierry , qu'il taille
en pieces. Dans celle de Dormeil , ce
font Theodeberr & Thierry qui venant
à leur tour contre Clotaire , lui rendi
rent la pareille , & mirent toute son
Armée en déroute. Il paroît plus natu
rel que la première Bataille se soit don
née sur un terrain appartenant à Theo
deberr ou à Thierry , de même que la
seconde fut donnée vrai- semblablement
dans un lieu des Etats de Clotaire. U
ne faut point s'astreindre tellement aux
noms marques dans les imprimés de la
Chronique de Fredegaire , qu'on ne
puisse avouer que quelquefois ces noms
ont été mal écrits par les Copistes. Que
penser de certains noms propres dont il
est fait mention dans cet Ecrivain , lors
que l'on voit que dès le titre de fa' Chro
nique , qui étoit intitulée .• Extrait de
FHiftoire de S. Grégoire de Tours , du
mot Greji , les Copistes les plus anciens
avoient fait G >-aec , & de Turonici 3 il*
avoient fait Thoromachi ? Le Pere Ruinart
fait cette Observation dans son ex
cellente Préface, num. 137. Aidons un
peu à la lettré , & voyons si dans la mê
me
FÉVRÏÉR. trtú. ioj
iiie Chronique ou dans ses Continua
teurs , il n'y a pas encore d'autre Ba
taille donnée dans un lieu d'un nom ap*
prochanr. Je découvre par le mûyen des;
íçavantes Notes du P Ruinart , que
l'endroit où le second Continûareur mar
que une Bataille donnée en 680. & que
les imprimés appellent mal Locofico ;
est nommé dans les manuscrits Locofaa
ou Lnfmo , & autrement Lucofaco Lttu _
eofngo 5 je le trouve aussi appelle Luco*
fao dans l'Hiftoirc d'Aimoin. Comme le
Manuscrit des Continuateurs de la Chro
nique , & celui du premier Auteur n'ont
pas toujours paíté par les mêmes mains,
il ne fau! pas s'étonner de la petite dif
férence qui se trouve entre Latofao 8c
Lacofao. Mais je croirois volontiers que
c'est un seul & même endroit ; il s'agit
d'abord d» fixer fa situation. Dom Thierry
Ruinart dit que Monsieur Valois n'a pas
connu cet endroit , mais que ce pour*-
roit être Loixi en Lannois ; il ajoûtfr
ensuite , que cependant il paroîtra à
d'autres assez vrai-semblable , que ce liea
est celui dont prie l'Histoire des Evê
ques d'Auxerre , & qu'elle dit être situé
dans le Pays de Toul. Cette Histoire
e'crite fous le Règne de Charles le Chau-
▼Cy, rapporte que Hainmar , Evêque
d'Auxerre vers l'an j6y ayant été con-
A, iiij duir
ïio MERCURE DE FRANCE:
duit par ordre du Roi sur de faux rap^
porcs à Bastognes , dans la Forée des
Ardennes , fut adroitement tiré de cette
prison par un de ses neveux ; & que
comme il íe sauvoit à cheval , il fut sur
pris & arrêté à Lufaiis , dans le Pays de
Toul , où se£ ennemis en firent un Mar
tyr. Adverfarii infequentes in loco qui
Lufaiis dieitur , j» Pago Tullenfì , eum
conficuti funt &c. Il semble qu-'il ne fauc
point chercher ailleurs ce Lufaiis que
dans le Diocèse de Toul ; ainsi c'est in
failliblement ce qu'on appelle aujour
d'hui Lifou, Il y a Lifou le grand & Lifou
le petit , qui font deux Villages contigus,
à six ou sept lieues de Joinville r
vers L'Orient , tous les deux dans le Dio
cèse de TouL , & dans l'ancienne Austrasie.
Le nom de Lifoldium , que le
P. Benoit , Capucin , leur donne dans son
nouveau Pouiller de Toul, ne m'arrête
aucunement , pareeque j'ai connu que
dans beaucoup d'articles , il a latinisé les
noms fur le François , & que lorsque la
terminaison d'un nom étok susceptible
de deux différentes inflexions Latines ,
il a souvent pris la moins fondée dans
l'antiquité , & a laisse l'autre qui-lui étoit
inconnue*. Telle est la derniere syllabe
du nom Lifou ou Lufou , laquelle n'a
pas été formée de l' Allemand Bold , mais
d»
FEVRIER. 1730. m
du Latin Fagus. A l'égard de la première
syllabe , il est plus probable qu'elle vient
du mot Lhcus que d'aucun autre , & je
me persuade que quiconque est au sait
de la formation des noms propres des
lieux , ne fera aucunement surpris que
de LucasAgus , on ait fait Lifou , qui
auparavant étort écrit & prononcé Luc*
foug 3 soit que ce mot vienne de Leucorum
Fagus , ou de Lucus Fagorum. Je
laisse au Lecteur à juger sì Lifou, quia,
plutôt été le Théâtre de la Guerre de
tan 6 S o. qu'aucun autre lieu , n'est pas
aussi l'endroit de la Bataille de l'an j^óV
puisqu'il étoit dans les Etats de Theodebert
, où il est plus vrai semblable que
Clotaire envoya ses Troupes , que noa
pas dans fes propres Etau , à 1 5. ou
16. lieues de Paris. On pourroit m'objecter,
que qUandmême il seseroit donné
une Bataille à Lifou cn l'an £80. il ne
s'ensuivroir pas delà qu'il s'y en soit aussi
donné une en ^96. Qu'inferec l'un de
l'autre , c'est retomber dans le deffauc
de raisonnement que je blâme dans Morin.
Mais la différence qu'il ya, est que
Latofao & Lucofao , ou par abrégé L«-
fao , se ressemblent si fort , qu'à moins
qu on ne trouve un lieu véritablement
nommé Latofao , diffèrent de Lifou , on
est toujours bien fondé à croire que c'est
A v le
212 MERCURE DE FRANCE.
le même. M. Maillard avoiie qu'on ne
connoît point de lieu appelle' Latofao
où Morin dit qu'il y en a un. II ne pro
duit non plus aucun titre , ni aucune
Histoire qui donne ce nom à aucun en~
droit voisin de Dormeil & de Moret ;
d'où je conclus que fa Remarque est
trop foiblement appuye'e pour qu'on
puisse y avoir égard , &c que si Latofaon'est
pas Lifou , il faut continuer à avouer
avec le Pere Daniel qu'on ne connoîe
plus ce Latofao.
Comme cette Observation tend à ôter
au Diocèse de Sens un endroit mémora
ble que M. Maillard a essayé de lui at
tribuer, je fuis bien aise de lui assigner
' en dédommagemenr un autre lieu plus
célèbre , & qui mériteroit d'être regar
dé avec distinction par les Historiogra
phes de France. C'est le lieu que nos^
anciennes Chroniques , nos Annales Sc
certaines Chartes appellent A4ap>loecnmt,
Aí ■npìlacum Afanfolagum. J'en ai déja
touché quelque chose dans une Note qui»
est au bas de la page 87 du Mercure
de Janvier 1725. Mais comme il n'y a
gueres que les curieux & les personnes,
studieuses qui lisent ce qui est au bas des
pages , j'ai crû devoir m'étendre un peu
plus fur ce point Topographique. Le
HJjet est d'autant plus digne d'attention
que:
FEVRIER. 1730. 213
que 1c Perc Mabiilon avoue dans son cjuatriéme
Livre de la Diplomatique\, qu'il
n'a pû découvrir quel lieu est ce Masolacum
, & que lc P. Ruinart en publiant
Fredegaire , de'clare qu'il ne le connoîc
pas davantage. Ignotus mihi Aianfolaci
fttus , dit le Pere Mabiilon. Hujus Viíl*
Jîtns ignotus est , dit le Pere Ruinart.
Cet endroit n'étant pas un fimple Vil
lage du commun , mais une terre dis*
ringuée par un Palais R oyal , ne doit
pas être non plus , par conséquent , de
ceux qui peuvent rester dans l'obsciuké.
Les Antiquaires qui aiment à suivre la
marche de nos Rois ne peuvent regardée
comme indifferens dans la Géographie
les lieux où ils se retiroient queîquefoisì
soit pour y prendre le divertissement de
la chasse , soit- pour y tenir leurs Etats ,
oti y faire quelqu'autre action éclatante.
Aíaffolacurn est dans ce cas. Ce fut là^
que Clotaire II. fit comparoître l'an 6\ j.
devant lui le Patrice Alethée , lequel
n?ayant pû se purger des crimes dont il
étoit accusé } fut condamné à périr par
le glaive. Dagobert I. étant mort , ce
fcit aussi à Massolac que les Seigneurs de
Neustrie & de Bourgogne s'assemblèrent
pour proclamer Roi , son fils Clovis..
Ces faits font affectés par Fredegaire ,
Auteur du tems , Ôc depuis par Aimoin.
A*j M»is
ZT4 MERCURE DE FRANCE:
Mais où éroit situé ce Maffolac ? & cot»;
ment l'appclle-t'on aujourd'hui ? C'est
suc quoi je me suis déja déclaré en 1725,»
en marquant que c'est Maíky » à une
lieue de Sens. Dom Jean Mabillon die
que ce Maffolac a du être certainement
un Palais Royal du Royaume de Bour
gogne avant le Règne de Clotake I I.
Regni Burgunàici Palatium fuijse cons-
Ut. il le dit fans aíSgner le lieu où il ctoic
situé; mais le voisinage de Sens suffit pour
décider, que ce Palais étoit du même
Royaume que. Sens j & quoique je ne
veuille pas contredire ouvertement le
fçavant Pere Mabillon , je ne crois pas
qu'après la resolution prise par le Roi
Clotaire d'entendre les Chefs d'accusa*
tion contre un Patrice de Bourgogne y.
il fut nécessaire pour cela que l' Assem
blée se íint dans un Palais du Royau
me de Bourgogne , quoique ce Roi en
fut devenu le Maître, On voit que trois
ans après*, ce même Roi fit venir tous
les Evêques & Seigneurs de Bourgogne
au Palais de Boneuil proche Paris , qui
constament n'a jamais été Aa Royaume
de Bourgogne; Il suffisoit donc que ce
fut un lieu sur les limites des Royaumes
de Neustrie & de Bourgogne , comme
cn effet ce fut là que les premiers de
ces deux Royaumes élevèrent l'an 637»
FEVRIER. 1730. sijj
I la Royauté Clovis , fils de Dagobctr.
Or que ce fut dans le voisinage de Sens»
bous en avons une bonne preuve dans
un acte produit par le Perc Mabillon ,
Sec. j. BenediU. part. 2. p. 6 1 4 . on y
lit qu'Emmon , Archevêque de Sens , íc
servant de la présence d'un grand nom
bre d'Evêques assemblés en ce lieu l'an
£57. leur fit signer un Privilège con
cernant l'Abbaye de Saint-Pierre le Vif;
il est daté Mansolaco Curte Dowinica*
II étoit assez naturel à- un Archevêque
de saisir cette occasion , ayant le Roi &
les Evêques si proches de lui. On peur
dire que c'étoit comme le Fontainebleau;
de ce siecle-là ■, les. Rois de France y venoient
de tems en tems , & \& Cour y
étant , il éroit nécessaire que les Prélats,
qui avoient des affaires d'importance à
icgler , s'y transportassent. Clotaire III.
y étoic la troisième année de son Règne,
selon l'Acte ci deflus cité. Il y vint en
core la huitième année , & c'est de la
que fut daté un Oiplome de confirmation
de la terre de Larrey à l'Abbaye de Sains
Bénigne de Dijon qu'on trouve dans Pé
tard à l'an 6x7 > mais qui doit être placé
à l'an 660. comme l'a fait remarquer
le Pere Mabillon. Datum Masolapo in
íalatio nofl'-o. Si depuis ce tems là on
oc trouve plus de mention du Palais de
Massas
%\C MERCURE 0E FRANCE.
Maíïay , c'est qu'il fut peut- être dérruir
par les guerres des Sarrazins au siécle
suivant* Mais le nom de fa première
destination lui est toujours resté , puis
que des deux Maslay contigus , il y en
a un qui est appelle Mastay-le-Roy , ce
qui marque , comme dit le Privilège de
ì' Archevêque Emmon , un Territoire
Royal, Curtem Dominicain. Ces deux en*
droits font à l'Orient dliyver de la yûlede
Sens , fur la Rivière de Vanne , Sc
peu éloignf-s de la Forêt d*Othe qui
étoit alors fort vaste , & qui l'eft encore
assez. J'ai trouvé aux marges d'un Mar
tyrologe de la Cathédrale de Sens , écrit
au dixième siécle , quelques additions de
personnes notables décedees dans le mê
me siécle , & entr'autres une Hermengarde
, Dame de Maflay. XVII. KaLJunii
, obiit Hermengardis de Mafiiaco
Domina , anno Domini D. CCCC LV.
Ces additions font au plus tard d'une
écriture du XI. siécle. L'original est dans
la Bibliothèque de Saint-Benoît fur Loire,
It y a apparence que les deux Maflay
croient originairement une feule & mê
me terre , dont les guerres ont fait faire
des partages , en forte que l'un des Mas
lay s'est appelle le Grand-Maflay , &
l'autre le petit Maslay. Je ne sçai pour
quoi ce dernier est celui qu'on appc líe
autreFEVRTER.
i7Jo: a r
ffutrcment Mastay-le-Roy , ni pourquoi
celui qu'on surnomme le petit est échuau
Roi. Il arrive quelquefois que ce qui
est plus périr , quant au nombre des-
Feux & des Habirans , est d'un plus
grand produit pour le revenu à caufedes
dépendances. Quoiqu'il en soit , le
grand Mastay est nommé dans un His
torien de Sens , contemporain du Roy
Robert : C'est Odoran , Moine de Saint"
Pierre le Vif. Son Ouvrage seroit peutêtre
resté jusqu'ici dans l'obscurité , si cc
n'étoir que M. Jean Baptiste Oudinet
Prieur de l' Abbaye de .Saint ■« Marien
de notre Ville , se fit un plaisir de
le communiquer à Dom Mabillon. Il
renferme plusieurs parricularitez qui ne
font pas indifférentes- à l'Histoire du
Roi Robert, & que je tais parce qu'elles
ne font rien à mon sujet. On peut les
voir au second volume du VI siécle Bé
nédictin. Cer Ecrivain rapporrant dansfbn
ii. Chapitre la punition d'un hom
me qui fit un faux ferment dans l'fgliso
de S. Savinien, proche Sens , dit que cet
homme étoit nomim Rothb rthiti in vicin*
ortus villa , cm nomen JUaftiacm Aft jor
dédit antlcjuitau le Moine C.larius,de
la mime Abbaye de S. l ierre le vif , qui
vivoit cent ans après Odoran , rapportant
dans fa Chronique, imprimée au II. lo
vas
tit MERCURE DE FRANCE:
me du Specilege , les violences qu'on em
ploya l'a n 10 j 2. pour obliger les Senonois
de recevoir Gelduin , que le Roi
Henry I. leur avoit donné pour Evêque ,
dír que ce Roi se transporta en personne
sur les lieux > qu'il vint assiéger la Ville de
Sens,& que ce fut au Grand-Mastay qu'il
fit camper son armée : Rex copiosum exerçitam
applicuit y & in villa qut Maftiacus
M.ijor dicitur cafi'a p»s»it. Ces trois té
moignages prouvent que dans le X.XI. &
XII. siécles on disoit encore dans le pays
M.ifliacHS , qui e'toit une expression moins
éloignée de Moefolacut. Mais dans les fic
elés suivans on commença à corrompre
ee mot de plus en plus. Je trouve dans
un Manuscrit de la Bibliothèque de la Ca.-
thédrale de Sens, qui est du XIII. siécle,
qu'il est fait mention en ces termes du
Maire de Maílay-le- Vicomte & de l'Eglise
de Maíliy-le-Roy : Aíajori de Mas-
Uio-Vicecomiús . & Ecclejit, de MaJIcìo
Régis. Au reste il ne doit pas paroître sur
prenant que l'on ait corrompu Mafìlacurn
en Míijliacum & Majlciam : ces deux ma
nières de latiniser ce nom dans les bas
siécles , marquent que dans le langage
vulgaire on faisoit. la première syllabe
longue comme aujourd'hui , si on ne proaonçoit
pas la lettre S , ce qui est d'au
tant plus véritable que les Titres François
FEVRIER. ï7jo. 219
da XIV. siécle mettent un second a pouc
tenir la place de la lettre S , ensorte qu'on
y lit ce mot ainsi écrit ; Maalay. U est na
turel que dès-là qu'on réduit plusieurs
syllabes à n'en former qu'une , cette syl
labe devienne longue de prononciation»
Quant à la terminaison en ay , il est vrai
que de nos côtez elle est moins communa
que celle en y, qui nous vient de tous
les- noms deg lièux finissant en latin pas
iacurn ; cependant il reste encore dans dis*
ferens cantons de la Province Senonoifs
des noms de lieu en ay qui viennent du
latin iacum ou acam . . . Nous avons dans
notre Diocèse , presque sur les bords da
la Loirp, Mannay qui s'appelloit Man-,
nacum í au sixième siécle, Annay qui se
disoit en latin au neuvième siécle Abundiacum
, & Seignelay, qui est un endrok
fort connu , Seligniacum. Dans le Diocèser
de Senion trouve Bray& Lorayidont les
noms latins ne Yont autres que Braiacum
&cLoriacum. Je ne puis donc croire qu'il y
ait lieu de douter du côté de l'analogie
des deux Langues , que Mallay ne vienne
de Afafolacnrn. Les Antiquaires font obli
gez d'admettre des noms qui sont encore
plus méconnoissibles & moins «pportans
l'un à l'autre. Je n'ái passé qu'une
seule fois dans le grand Maflay , & j'ajr
apoerçji que la Plaine de ce lieu est très*
fertile
iià MERCLÎRÈ DÈ FRAftCÉ.x
fertile. La Rivière de Vanne entoure cti^s
tierement ce Bourg & erl fait une verira^
ble Isle. Comme cette Rivière ne tatis
gueres, elle contribue beaucoup à rendre
cet endroit verdoyant & fort gai en été.
Le petit Maflay est un peu plus vers l'Otient
, la Rivière entre deux. Plus haut
est le Village de Teil , que je pourrois enquelque
forte qualifier d'ancienne Mai
son Royale, en me fondant fur le texta
d'Odoran, quoique te P. Mabillon n'en
ait fait aucune mention. Odoran rap
porte dans son 2 6. Chapitre , que Teil
rut le lieu de la résidence de la ReineConftance
pendant tout le temps que lc Roi
Robert employa à faire son voyage de
Rome. Faïium efi dum quadam terr.port
Robmtts Rex Romam peteret , ut Cons'
tant'ta Regina un à cum filio sue Hagent
parvalo Tille remaneret. Peut être que
Mâlay s'étendbit autrefois jufques-là. Au
moins il est certain que Teil fait encore
partie de k Châtellenie de Mâ!ay-le-Roi«
Cette Châtellenie fut échangée par Phi
lippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre
, & l'échange fut ratifié au mois
d'Août 1318. par Philippe le Long ,en
faveur de Thibaud & Louis de Sancerre.
M. Couste, Lieutenant Civil & Particu
lier de la Ville de Sens , qui possède une
gartie de cc Mâ-lay , m'apprend par le
Me
FEVRIER. i7jo. ni
Mémoire qu'il a eu la bonté de m'envoyer,
que dans les Titres d'échange & de ra*
tification , ce lieu est écrit Maalay-le-Roi.
II ajoûte que cette Châtellenie appartint
depuis cet échange à un seul Seigneur ,
qui ayant eu huit enfans , en fit le par
tage entre eux dès son vivant ; ce qui est;
cause qu'elle est aujourd'hui divisée etï
sept ou huit portion ì. Et quoiqu'il ob
serve que Mâlay-Ie-Roy , dent la Châtel
lenie porte le nom ,soit le plus petit dessept
Villages qui la composent , & que le
Siège du Bailliage soit à Teil , cela ne doit
point cependant empêcher de croire que
tout ce terrain n'ait été un territoire Royal
dans le temps que j'ai marqué cy-dessus.
Cette supériorité de Seigneuries se trouve
même appuyée par le nom de Villiers-
Louis, qui est un des sept Villages, & qui
est contigu à Mâlay-lc-Roy. Au reste si
cette Châtellenie relevé aujourd'hui de»
Comtes de Joigny , ce n'est que depuis
k Règne de Philippe V. Ce Prince céda
cette Mouvance à Jean Comte de Joigny
en 1 3 r 7. pour avoir la Mouvance de Châ
teau-Renard , qui appartenoit au Comte
de Joigny. Je ne sçai si ce que Nicole
Gilles, Belleforelt& Chappuis, prennent
pour un retranchement fait à Mâlay par
les Anglois au XIV. siécle , ne seroit point
un vestige de l'enceiate daChâteau de nos
Roisïti
MERCURE DE FRANCK
Rois de la première Race , ou du tcrraírf
vqui fut occupé par les Troupes du Rot
Henry I. lorsqu'elles campèrent à Mâlay.
il s'est conservé au Grand- Mâlay , autre
ment dit Mâlay- Ie-Vicomte , une Tradi
tion que S. Agnan Evêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu. Tel a été le sentiment de
M. Tripaut, Avocat d'Orléans. On écrit
cependant plus communément que saint
Agnan étoic né à Vienne en Ôaufiné,
plutôt que dans cette Bourgade de la Ri
vière de Venne. Il resterok a examiner s'il
fi 'y a point eu de méprise d'un nora pout
un autre , à cause de la ressemblance des
noms de Venne & de Vienne. Mâlay- le-
Vicomte a été de la Commune de Sensjusques
fous Louis le Gros ; c'est aujour
d'hui une Prévôté Royale : 5c M. le Duc
de Bourbon en nomme tous les Officiers,
soit comme étant aux droits du Vicomte,
ou comme jouissant du Domaine de Sens
& de la Banlieue.
En finissant ces Observations , je reçois
de M. Ferrani , l'un des fçavans Cures
du Diocèse de Sens , Doyen Rural de Marolles
, un Mémoire qu'il a rédigé , fur la
Rivière dont Fredegaire & Aimoin font
mention par rapport à la Bataille qui y fut
donnée en l'an 600. La remarque de
M. Maillard , inférée dans le Journal de
Verdun , m'ayanc engagé à fake des perFEVRIER.
1730.. 11}
quisuions , tant pour constater la choie
que pour corriger ce que j'ai mal mis
moi-même en vouse'crivant fur les lumieres
Célestes qui furent vues l'année de
cette Bataille; (a) je reconnois ne les avoir
point faites inutilement , & qu'il seroit
bon que ceux , qui dans la fuite youdronc
donner une Edition de S. Grégoire de
Tours , de Fredegairc & de toutes nos ar» •
ciennes Annales Latines avec des Notes,
prissent la peine ou de se transporter suc
les lieux ou de faire venir des mémoires
exacts. J'avoue que j'ay e'té trompé en
1716. par la Note de Dom Ruinart fur
la Rivière Aroanna , que j'avois mal com
prise à cause du nom François d'Ouainc
qu'il lui donne. Ce n'est ni de la Rivière
d'Ouaineen Gâtinois ni de celle de Vanne
en Senonois , qu'il faut entendre ce qui
est dit de la Bataille où Clotaire II. suc
défait ; mais de la Rivière qui passe à Dor--
melle même. ( On dit Dormelle dans le
pays , & non Dormeil. ) Elle prend fa
source à trois quarts de lieue" au-dessus
de Dollot , qui est la Cure de M. Fer^
rand , Auteur des Remarques que je vais
rapporter , mais dans la Paroisse de saint
Valerien. Au bout de cent pas , fortifiée
par plusieurs fontaines , elle fait tourfa)
Mercure de Utvembrt vji.6' i4*á«
nef
iî4 MERCURE DE FRANCE,
jner un moulin. Jusques là , elle n'a que
le nom 1 de Fontaine de Saint - Biaise ,
à cause d'une Chapellû voisine de la source
.mais au-dessous du moulin , elle com
mence à s'apeller la Rivière d'Orvanne.
Elle passe ensuite à Dollot , à Valéry ,
JBlennes , Diant , Vaux , Ferrotes > Fla~
gis,Dormelle, Château-Saint-Ange ,8c
va former l'e'tang de Moret, dans le
quel elle est absorbée ; puis delà elle se
décharge dans le Loin , un peu au-dessus
.de Moret i le tout fait l'étenduè" de six
lieues de pays. Le Vallon que cette pe
tite Rivière arrose s'appelle le Vallon
d'Orvanne , & les Paroisses qui y font
k jîtuées ou contigues s'appellent de même
les Paroisses de la Vallée d'Orvanne. On
assure que tous les Contrats de partages
& de ventes dans tous ces pays là n'appellent
point cette Rivière autrement
que la Rivière d'Orvanne. Ce qu'il y a
de singuliers que le nom de cette même
Rivière change dans la bouche de plusieurs
personnes au delà de Dormelle , &
près de fa décharge dans l'Etang de Mo
ret. En ces lieux- là on Pappelle quelque
fois la Rivière de Ravanne , & ce font fur
tout les Paysans voisins de cet Etang qui
lui donnent ce nom , parce qu'au-dessus de
cet Etang elle passe dans un Château assez
distingué, appelle k Château de Rnvanne,
donc
\
FEVRIER. 1750. 22$
dont elle traverse les Jardins , y formant
outre sonCanal,des pieces d'eau trés agréa
bles. Mais si l'on remonte une lieue plus
haut , on voit que ce nom est inconnu.
Au dessus de ce Château 6V une de
mie lieue au-dessous de Dormelle, est la
belle maison de feu M. de Cajumartin ,
bâtie sur la croupe d'une Montagne. Cette
maison s'appelle le Château Saint- Ange.
C'est peut-être l'endoit -où se donna la
Bataille, super fluvium Arvennam nec procul
a Doromdlo vico, ainsi que dit Aimoin.
Cette lecture du mot Arvenna est plus
exacte que celle du mot Aroanna em
ployée dans Fredegaire de la derniere Edi
tion. 11 est incontestable par le moyen de
cet éclaircissement qu'il s'agit dans Fre
degaire & dans Aimoin de la Rivière <sPO»
vanne , qui plus anciennement a dû. être
prononcée Arvanne. Il faut abandonner
en cette occasion la Rivière d'O'ùaine
(Odona ) qui est éloignée de Dormelle de
plus de huit lieues. Le P. Daniel a eu
raison de dire que la Bataille fut donnée
sur une Rivière qui se jette dans le Loiiam
au-dessus lie Moret; mais il s'est trompé
en lui donnant le nom de Rivière d'Oiiaine
, aussi-bien que le P. Ruinart. On doit
en être convaincu par la raison que je
viens de rapporter -, celle d'Odaine étant
bjçn différente, puisqu'elle prend sa source '
% i4 MERCURE DE FRANCE,
à quatre lieuës d'Auxerre , & qu'elle va
/e jetter dans le Loiiain , au-deflus de
Montargis. Ce n'est point non-plur la
Rivière de Vanne , comme le Père le Com
te à l'an £eo. Num. i. semble l'avoir
crû après le Président Fauchet. Encore
moins faut -il aller chercher cette Rivière
dans le Pays du Maine , où il y a un traî
na fiuviolus. II faut quelque chose de plus
que la ressemblance des noms dans leLatin,
pour pouvoir avec fondement e'ioigner de
ros quartiers le Théâtre de cette guerre,
A Auxerre ce 18. May 172.8.
ADDITION.
Après avoir envoyé ces éclairciíTemem
aux Auteurs du Mercure, j'ai eu occasion
d'aller à Paris. Comme le cours de la Ri*
viere d'Or vanne est collatéral à celui de 1»
Rivière d'Yonne , & n'est éloigné du
grand chemin que de deux lieuës ou en
viron , je n'ai pas manqué de vérifier par
moi-même avant que de me rendre dans
la voiture publique, le Mémoire de M. le
Prieur de Dollot. Je l'ai trouvé*' très- juste
à un article près } j'ai remarqué en mêmetemps
que nés Géographes mettent sou
vent à droite d'une Rivière ce qui est à
gauche , ou qu'ils font quelquefois tout
Je contraire. C'est pourquoi si vous avez
U
FEVRIER. i7jo; M7
Ja Carte du Diocèse de Sens dressée par
Samson , vous pouvez en touce fureté ,
yous & vos amis, y faire les corrections
suivantes. Mettez la source de la Rivière
d'Orvannc à une portée de Mousquet du
Bourg de Saint Valerien, à POtient d'Eté; '
mettez ensuite Dollot à droite , comme
a fait le Géographe , mais à gauche du
Ruisseau. Vallery est bien placé dans les
Cartes. C'est un lieu célèbre par fa destin
nation à la sépulture des Princes de la
Maison de Condé. Plus bas à droite est:
Blenne,mal nommé Blaineux par Samfonj1
plus bas encore est Diant. Ensuite à gau
che est le Bourg de Voux, qui çst ferme
de murs, & que les Cartes ont tort de re
présenter comme un simple Hameau.
Après Voux & du mime côté le Villa
ge de Ferrotes , & plus bas encore ì
gauche est le Bourg de Flagy , qui a du
coté du Midi des níurs si élevez & si con
sidérables pour leur épaisseur , qu'on U
peut comparer à ceux des plus anciennes
Villes. Ce Bourg a été cependant fort en
dommagé par les Huguenots , ainsi que
l'Eglise du lieu en fait foi. Au sortir de
Flagy on voit à gauche une Plaine qui
règne jusqu'auprès de Dormelle. Ce der
nier Village est fur une éminence. On
passe la Rivière d'Orvanne fur un
Pont, &dps lois on cesse d'en suivre le
, B cours.
ni MERCURE DE FRANCE,
cours. Lorsqu'on a atteint le haut <kp
Coteau, on apperçoit encore une autre
Plaine à droite , laquelle s'étend dti
<ôré de rOtient & dfi Septentrion. Il y
a plus d'apparence que ce fut en cette
derniere Plaine que fut donne'e la Ba
taille de Dormelle , en tirant vers le
Village de Fossar 3 dont le nom vient
peut-être à Fojsario Jeu loco Fojfitrum. Ce
.que j'ai lemarqué plus loin après avoir
laissé le Village de Montarlpt i gauche,
«e s'accorde plus ayee le Mémoire dont
je vous ai parlé. Il ne m'a point paru que
la Rivière d'Orvanne se jettât dans un
Etang-, c'est elle qui forme cette es
pèce d'Etang par le moyen des murs Sfi.
des Ecluses qui fervent à retenir ses eaux,
Cette Rivière ayant repris ensuite fa pre
mière liberté , ne va point se jettes dans
le Loiiain si tôt que Messieurs Samson
& Deíifle l'ont marqué dans leuts Cartes ;
ce n'est point au-dessus de Motet qu'elle
s'y jette , mais au-dessous } presque vis-àvis
sangle Septentrional des murs de cette
petite Ville ; desorte qu'il y a à More*
Jeux Ponts l'un au bout de l'autre; le plus
grand pour la Rivière de Loiiain au bout
duquel est le Prieuré de Pont Loii f Pons
Lupa; (c'est le nom de la Rivière qui
joint le Canal de Briare à la Seine Lupa-
/ámnis) & l'autre petit Pont est fur la. Ri
vière,
FEVRIER. 1740: 139
viere d'Orvanne. C'est ainsi qu'en une
matinée de temps j'ai eu le plaisir de voie
cette Rivière depuis fa source jusqu'à son
embouchure , avec tout ce qu'il y a de
-curieux sur les bords de la Vallée à laquel
le elle donne son nom.
Ce 15. Juillet 1718.
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Résumé : ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
Le texte traite de la localisation de deux batailles en France, survenues en 595 et 600, près d'un ancien palais royal de la première race. Le Journal de Verdun de mars mentionne une remarque sur le lieu de la bataille de 596 ou 597, entre les troupes de Clotaire II et celles de Théodebert II et Thierry II. Ce lieu est appelé Latofao dans la Chronique de Fredegaire. M. Maillard, avocat, cite le Père Daniel et le Père Ruinart, qui situent Latofao dans le diocèse de Sens. Cependant, Maillard critique l'historien Morin pour ses erreurs dans l'Histoire du Gâtinois. La bataille de Dormeil, qui eut lieu quatre ans après celle de Latofao, est également discutée. L'auteur affirme que les lieux des deux batailles ne sont pas proches et que les terrains étaient différents. Il suggère que les noms des lieux dans les chroniques peuvent avoir été mal copiés. Le Père Ruinart note que certains noms propres dans la Chronique de Fredegaire sont mal écrits. L'auteur explore la possibilité que Latofao soit en réalité Lifou, un village dans le diocèse de Toul. Il soutient que Latofao et Lifou pourraient être le même endroit, en se basant sur des similitudes dans les noms et les descriptions. Il conclut que si Latofao n'est pas Lifou, il faut admettre avec le Père Daniel que ce lieu n'est plus connu. Le texte mentionne également Massolacum, un autre lieu historique situé à Marly près de Sens, où des événements royaux importants se sont déroulés. Il critique les incertitudes des historiens précédents sur la localisation de ce palais royal. Le texte traite aussi de l'histoire et de l'évolution des noms des localités de Massas et de Maslay, situées près de la rivière de Vanne et de la forêt d'Othe. Le nom de Maslay-le-Roy indique un territoire royal, et deux Maslay contigus existent : le Grand-Maslay et le Petit-Maslay. Des documents historiques, comme un martyrologe de la cathédrale de Sens du dixième siècle, mentionnent des personnes notables de Maslay. Les guerres ont probablement divisé ces terres, et des historiens comme Odoran et Clarius ont mentionné ces localités dans leurs œuvres. Le texte explore les variations linguistiques et orthographiques des noms de ces lieux au fil des siècles. Par exemple, le nom 'Maslay' a été corrompu en 'Mastay' et 'Mallay' dans divers documents. La rivière de Vanne entoure le bourg de Maslay, contribuant à sa fertilité et à son aspect verdoyant. Le Petit-Maslay est situé plus à l'est, et le village de Teil, autrefois résidence de la reine Constance, fait partie de la châtellenie de Maslay-le-Roi. La châtellenie de Maslay-le-Roi a été échangée par Philippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre en 1318. Aujourd'hui, cette châtellenie est divisée en plusieurs portions et relève des Comtes de Joigny depuis Philippe V. Le texte mentionne également des traditions locales, comme celle de Saint Agnan, évêque d'Orléans, supposé natif de Maslay-le-Vicomte. Enfin, le texte aborde la rivière d'Orvanne, mentionnée par des historiens comme Fredegaire et Aimoin, et corrige des erreurs historiques concernant son nom et son emplacement. La bataille de l'an 600, où Clotaire II a été défait, s'est probablement déroulée près de la rivière d'Orvanne, et non de la rivière d'Ouaine. L'auteur, après avoir envoyé des éclaircissements aux auteurs du Mercure, se rend à Paris et vérifie personnellement le mémoire de M. le Prieur de Dollot. Il confirme la justesse du mémoire à un article près et note des erreurs fréquentes chez les géographes concernant la position des lieux par rapport aux rivières. Il fournit des corrections pour la carte du Diocèse de Sens dressée par Samson, précisant la localisation de divers lieux tels que Saint-Valérien, Dollot, Vallery, Blenne, Diant, Voux, Ferrières, Flagy, et Dormelle. Il décrit également la bataille de Dormelle et la topographie des environs. La rivière d'Orvanne ne se jette pas dans un étang mais forme un étang par des écluses. Il corrige également l'emplacement où la rivière d'Orvanne se jette dans le Loing, précisant que cela se fait au-dessous de Montargis, et non au-dessus comme indiqué sur certaines cartes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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806
p. 238-249
DISCOURS sur la probité de l'Avocat, prononcé par M. Gaulliere, ensuite de celui de M. Maillard, à l'ouverture de la Conference publique des Avocats.
Début :
Entre les vertus qui relevent le merite personnel de l'homme, il n'en [...]
Mots clefs :
Probité, Avocat, Public, Vertu, Confiance, Actions, Conseils, Justice, Loi, Passions, Conférence publique des avocats, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS sur la probité de l'Avocat, prononcé par M. Gaulliere, ensuite de celui de M. Maillard, à l'ouverture de la Conference publique des Avocats.
DIS COV RS fur la probité de l'^4-
vocat >t prononcé par M. Gaulliere , en
suite de celui de M. Maillard , a Pou-*
verture de la Conférence publique des
Avocats, , ■ f
ENtre les vertus qui relèvent le mé
rite períbnnel de l'homme , il n'en?
est point cìe plus convenable que la pro
bité ; elle doit régler ses pensées & di
riger ses actions. Elle feule peut lui ap
prendre quelle est là nature de fes de
voirs , quel est son engagement , & com
ment il doit y satisfaire. Survient il dans
Pexecution des difficultés & des peines ?„
la probité lui donne les moyens de les
surmonter ; s'y trouve-t'il du danger ?
elle lui inspire assez de précaution SC
de prudence pour Tévirer , ou du moins
elle y suppléer.
La conduite de l'homme ne peut donc
jamais être régulière fans la probité;
ainsi dequoi PAvocat feroit-il capable
fans elle^ Formons-nous , Meilleurs , Pi»
dêç
FEVRIER. T73âr; ï}f
de'e de l'Avocat le plus digne de l'estime
&c de la confiance du public ; donnons
lui les talens d'un heureux naturel ,
qu'il possédé éminement l'art de la pa
role , qu'il sçac'he les Loix tant ancien
nes que nouvelles , qu'il en comprenne
les plus abstraites dispositions , qu'il er*
explique les plus grandes difficultés ,
qu'il est applique à propos les principes ,-
qu'il sçache démêler tous les tours cmbarassans-
dans lesquels se tache le monsrre
de la chicane , qu'il fe dévoué" à ses
fonctions par un travail pénible & assi
du ; donnons lui enfin en partage tou
tes les qualités extérieures qui lui font
nécessaires pout faire briller son élo
quence ; talens admirables , perfections
louables , à la vérité > mais en mêmetems
, dons pernicieux de la Nature Sc
de l'Art , s'ils ne sont accompagnés d'une
probité à toute épreuve. Il faut donc la
ïegarder , cette Vertu , comme k prin
cipale qualicé de l'Avocat dans routes
les occasions , où son ministère est né
cessaire.
Par elle l'homme est naturellement
porté à rendre service à l'homme ; il ne
fait ni ne pense rien qu'il ne puisse pu
blier hardiment & avec confiance , il m
s-'engage dans aucune entreprise sujette
à reproche > quoiqu'il soit suc que peu»
sonne
*?4<»! MËRCÛRË DË FRAttCÊ.
fbnrtè n'en empêchera la réussite $ son in
térêt ne le porte jamais à rien dire de
Contraire à la vérité » à accuser personne
sens sujet , à ne prendre que ce qui lui:
appartient, & à user de surprise pour par
venir à ses finsi Si l'Avoeat plaide , fans-
1a probité il dégénère en déclàmateur ,
H déguise ou il exagère les faits , il épou
se les passions de ses parties, il' n'a pas
honte d'entreprendre des causes injustes,-
quoiqu'il les connoiííe pour telles. >
S'il est consulté , sans la probité ce
ri'est pas pour lui un ctime de donner
conseil pour favoriser les surprises , d'u
ser de tous les détours imaginables pour
rendre les procès éternels , d'alrerer le
sens des Loix , des Coutumes 8i des Or
donnances pour en imposer aux Juges ,
enfin d'abandonner la juste deffense du
pauvre pour pallier les in justes prétentions
du riche.
Avec la probité , au contraire , le b»uc
de l'Avoeat est de sacrifier ses veilles , &
de se donner tóut entier au Public ; son
Unique attention est de soulager les peiile's
de ses patries , d'être tout pour les
autres-, & presque rien pour lui-même.
Son coeur immole à la Justice tòutes
passions , tout plaisir1, tout intérêt í
ainsi chaque jour, chaque heure , cha-
«jue instant lui fournis les occasions de
^EV R I?ÉR'. f /f* 2*'if
lùi faire pendant route la vie de nouveau»»
sacrifices.
Assiégé de routes parts , demandé enJ
tous lieux , la fin d'une affaire le sou
met au commencement d'une autre , le
dernier des malheureux a droit fut tous
les momens de son loisir.
Il se refuse jusqu'à la jouissance de sespropres
biens , & il n'á d'autre soin que
d'assurer ceux des Qiens qui implorent'
son secours.
Cet esclavage, ou sous un titre fpe-~
cieux on renonce à fa liberté pour deffendre
celle des autres , paroît bien dur; •
mais qu'il est glorieux pour le véritable-
Avocat ! c'est avec ces sentirnens qu'ilse
préfente au Barreau , ce sont eux qui '
font son principal mérite.
li n'á pas besoin de faire briHet son
éloquence par des discours pompeux qui;
ppurroient séduire'; il la fait consister*
dans le récit simple & véritable des faits.
II ne lui est pas nécessaire pour donner'
des preuves de son érudition d'employer
des citations ennuyeuses, & souvent étran
gères à la matière qu'il traire*; une juste ;
application des Loix , leur interprétationnaturelle
composent toute la deffense de
ses-parries;
Sa probité , fa sincérité lui tiennent-
Heu de tout ; fa parole vaut le ferment
*4* MEKCURÉ ÒÈ FRANCÊ.
le plus autentique , & c'est ainsi qu'il
s'attire toute l'estime & toute la con
fiance du public. Que dis- je? Messieurs,
les Rois même n'ont pas dédaigné d'hcríiorer
l'Avocat de la kttr.
En effet , il est dit dans l'Ordonnance
de i JI7- que lorsque dans la plaidoyerie
il y adroit contestation fur des faits,
les Avocats en seroienr crûs à leur fer
ment ; & ('Histoire nous rapporte en
cent endroits les avantages inséparables
de la probité de l'Avoeat.
M. de Montholori acquit par elle une
si grande confiance, que quand il s'agiffoit
de la lecture d'une piéce , les Juges
l'en dispensoient -, & ce fut cette même
probité qui l'éleva au suprême degré de
ta Magistrature.
Sans la probité , aii corítráife j l'Ávocat
feroit en proye à toutes sortes de
passions. Tantôt il feroit asseâ malheu
reux pour ne consulter que lui-même ;
on le verroit rarement marcher la ba
lance à la main , ardent en apparence à
firoscrire le vice & à protéger la vertu ;
a veuve Sc l'orphelin sembleroient être
les objets de fa compassion ; grand en
maximes , fastueux en paroles ; on croitoit
qu'il ne respire que la Justice ;
rhais si on fondoit les secrets replis de son
coeur > si on le suivoit pas à pas dans lés
sentiers
FEVRIER. í73fó. 2+î
sentiers détournés ou le conduiroicnt its
fausses lumières , si on pesoit ses actions
au poids du sanctuaire , on pourroit dé
mêler au milieu de ces vains phantômes
de vertu qui l'environnent , les charmes
féduisans de la volupté > entraîné pat
son penchant naturel au plaisir , il s'y
livreroit de -plus en plus , & il seroit
à craindre que la Justice ne fut la pre
mière victime qu'il immolerok à Tidole
de ses plaisirs.
Tantôt se trouvant dans les occasions
dangereuses de contenter un intérêt qui
exckerok fa cupidité , Tardcur d'acqué
rir 8c de poíTeder , qui est naturelle k
l'homme , ne lui permettroit pas de dis
tinguer le juste de l'ínjuste j rien ne se*
roir capable de servir de contrepoids a
fa passion ; elle lui suggereroit les moyens
d'anéantir la Loi par la Loi même.
Que d'explications forcées , mais en
même-tems captieuses.ne lui fourniroientelles
point pour faire parler à cette Loi
le langage de fa cupidité ? charmes de
Péloquence , connoiffance des Loix , il
mettroit tout à profit pour surprendre »
pour séduire } peut-être même abuseroit-
il du secret & de la confiance de
fes parties , s'il n'étoit retenu par l'integrité.
Sans cile la haine , la jalousie , ou
\ quelr
244 MERCURE DÊ FRANCE:
quelqu'autre passion l'agiteroit fanscéíïey
obscurcirok fa raison , 6c la rendroit fu
rieuse ; & à l'onibre de ces monstres ,
tantôt ea ennemi secret 8c implacable ,
il attaqueroit ceux qui sont l'objet de
ion aversion & de sa Plaine ; tantôt les
yeux blessés de la gloire importune d'un
Rival qui l'ofFufque , que ne tenteroitil
point pour détruire cet ennemi de son
orgueil & de son ambition ?
En proye successivement & quelque
fois en même-rems à toutes ces passions
qui l'agiteroient , la Justice auroit beau
se présenter , il seroit sourd à sa voix ,
elle seroit toujours- proscrire de son coeur
& sur les ruines du Tribunal dé la con
science il éleveroit un Tr-ône à ses pas
sions favorites , ce seroit elles qui lui
donneroient la Loi',. & ce seroit à elles
seules qu'U rendroit compte de ses ac
tiorir , trop content de leur avoir mé
nagé les marquîS" extérieures de la: vertu.
On ne ttouve point heureusement de
ces vices dans le véritable Avocat ; aussi
n'y a t'il rien à soupçonner dans ses dé
marches. Les Puissances ont elles be
soin de son ministère ? incapable de se
laiíîer corrompre par lés pteícns , il voit
avec indignation Demofthenc accepter lacoupe
d' Fía ?pains ; insensible aux mefia-
Cteí >; il íuivroit Papinieit fur Téchafaut,
FEVRIER. 173*. Í45
plutôt que d'excuser un Empereur cou
pable d'un fratricide.
S'agit-il de l'interêt de ses Conci*
toyens ? on ne le voit jamais examiner
une affaire qu'avec une attention scru
puleuse , & conduire un Clienr qu'avec?
prudence ; il ne jette un oeil de compas
sion que sut les objets qui la méritent «
ôc ne donne ses foins & ses conseils aux
riches qu'après avoir secouru les mal-;
heureux.
li né~ repousse l'in jure que par les ar
mes que l'e'quité , la raison & les Loix
lui administrent i il ne fait consister son
plaisir que dans un délassement honnête,
3c souvent même dans le travail y iítrouve
ses peines récompensées plutôt
ar la gloire de les avoir prises que par
utilité qu'il en retire.
S'il apperçoit dans un de ses Confire»
tes des talens supérieurs aux siens , loictd'en
concevoir une indigne jalousie , ils
fie fervent au contraire qu'à lui inspirer
une noble émulation ; enfin ses démar
ches, ses actions ont pour but la vertu
plutôt que fa propre utilité. Par là ses'
conseils font admirés , ses décisions font
regardées comme des Oracles , fa con
duite sert d'exemple à tout homme de
bien , & il se captive la bienveillance de
ffes.Confrercs , l'estime des Magistrats &
Ï4S- MERCURE -DE FRANCÈ*
la confiance du Public.
Mais est-ce dans cette idée feule qué
l'Avocat doit être n pur dans ses pensées*
si réservé dans ses diicours3si intègre dans
ses actions , dont il doit compte même à
soi-même ?
Plus l' Avocat a de talens , plus il est
responsable de sa conduite ; plus il a de
qualités éminentes , plus il doit être en
garde contre les charmes séducteurs des
passions de l'homme.
En effet , que lui servlroifil d'être ap
plaudi à l'oecasion de son éloquence , íî
ses moeurs ne tondoient pas à la perfec
tion ? Seroít-on persuadé de la sagesse de
ses conseils , s'il suivoit lui-même d'autres
routes ?
Qu'il fortifie donc de jour éri jour dans
son coeur les sentimens de la droiture &
de la prob'iré j qu'il s'empresse à pronon
cer par son propre exemple la prejniere
condamnation contre les vices.
Ce font ces sentimens , Messieurs , que
Vous avez reconnus dans les dispositions
de votre digne bienfacteur\ ce fut ainsi
qu'il s'acquit l'estime de tous ses amis ,
la considération de nôtre Ordre & la
confiance du Public. i
La noblesse de fa naissance ne lui pa-j
íut qu'un nouveau degré digne d'être joint
à notre profession ; il s'appliqua fans peine
FEVRIER. l7$o. n.7
ì U. connoissance des Lojx les plus diffi
ciles ; son esprit naturellement pene'trant
en donna facilement les solutions ; à
íe fit respecter même de tous ses enne
mis & de ses envieux ; fa vertu lui donna
pour amis tous les Cliens que fa répu
tation lui addressoit 5 la prudence de ses
conseils détermina souvent les opinions
des Magistrats > utile à tout le monde ,
il fe Uvroit fans cesse à tous > le Publiç
trouvoir des secours infinis dans ses talens
, & les pauvres des ressources iné?
puisables dans fa charité ; ceux qui le
connoissoient se le proposoient pour mor
dele de sçavoir , de modestie , de désin
téressement & de candeur, La mort enfin
s'approcha fans le surprendre ; il l'avoie
prévenue par un sage testament qui
pattageoit ses biens entre les pauvres ,
íes parens , ses amis & notre Ordre j
ses Livres & ses Manuscrits nous seronc
à jamais précieux aussi bien que fa mér
moire. Rappelions nous donc fans cesse
íe mérite de ce grand homme.
Mais fi d'un côté nous avons lieu de
regretter M. de Riparfons , nous avons
de l'autre occasion de nous consoler de
sa perte , puisque nous la trouvons re^
parée par l'illustre Confrère * qui. veut
* Voyex. le 1. Vol, d» Mereun át Dtcembr*
fut-il entré dans la carrière , qu'il
MERCURE DE FRANCE,
bien présider à nos travaux 5 en se faiiant
une gloire d'exécuter les intentions
«le notre bienfaiteur il a Ja meilleure
.part à fa .fondation > il sacrifie son tenu
à nous découvrir des trésors qui fans lui
nous íeroient inconnus -, quels avanta
ges ne trouvons<no«s pas dans ses íçavantes
instructions ? pénétrés de reconnoidance
, faifons-nous donc un mérite
de marcher fur fes traces , & si nous ne
pouvons parvenir au même dégré de
science que lui , donnons-lui du moins
îa satisfaction d'imiter fes vertus»
Animés par de si beaux & de si grands
exemples , nous ferons toujours disposés
à détester l'ufurpatjon , & à repousser 1a
■violence , toujours ptéts à defrendre la
Veuve & l'Otphelin , à soutenir l'inno-
.cence que l'en voudra opprimer , &
poursuivant la punition du 'crime , nous
jae travaillerons pas moins à la fureté
publique qu'à -la conservation des parti
culiers.
Nous sommes les premiers organes
«le la Justice , & même en quelque forte
•les maîtres des droits de nos parties ;
chaque instant de notre vie nous mec
«levant les yeux l'obligation indispensa
ble de ménager leurs intérêts , & d', ~
Cifer leur animosité. En nous faisant
nn.au de leur serviï de patrons , de
peicr
FEVRIER. 1730. 24$
fères & de protecteur* , rions nous four
viendrons encore qu'associés , pour ain$
dire , à la Magistrature , nous sommes
les enfans & les Ministres de la Justice ,
& que nous ne luj devons pas moins:
d'inregrké , de bonne foi & de sincérité
que de foin , de vigilance & de zèle pour
les affaires qui nous font commises. Nous
renoncerons à toute forte de déguisement,
la vérité régnera toujours dans nos dis
cours , & nous oe chercherons jamais des
ces ornemcns capables de surprendre la
Religion des Juges.
Fondés fur les principes de la probité,
notre ministère fera soutenu de courage
& de fermeté fans orgueil , de charité
fans foiblefle, d'une íeverité juste , utile
& nécessaire íans dureté , d'une connoissance
compatissante de la misère de l'horame
sans lâche complaisance , 8c répon
dant à Ir haute idée que l'on a de notre
profession , nous annoncerons par la fa.
gefc de nos conseils les oracles de la
Justice.
vocat >t prononcé par M. Gaulliere , en
suite de celui de M. Maillard , a Pou-*
verture de la Conférence publique des
Avocats, , ■ f
ENtre les vertus qui relèvent le mé
rite períbnnel de l'homme , il n'en?
est point cìe plus convenable que la pro
bité ; elle doit régler ses pensées & di
riger ses actions. Elle feule peut lui ap
prendre quelle est là nature de fes de
voirs , quel est son engagement , & com
ment il doit y satisfaire. Survient il dans
Pexecution des difficultés & des peines ?„
la probité lui donne les moyens de les
surmonter ; s'y trouve-t'il du danger ?
elle lui inspire assez de précaution SC
de prudence pour Tévirer , ou du moins
elle y suppléer.
La conduite de l'homme ne peut donc
jamais être régulière fans la probité;
ainsi dequoi PAvocat feroit-il capable
fans elle^ Formons-nous , Meilleurs , Pi»
dêç
FEVRIER. T73âr; ï}f
de'e de l'Avocat le plus digne de l'estime
&c de la confiance du public ; donnons
lui les talens d'un heureux naturel ,
qu'il possédé éminement l'art de la pa
role , qu'il sçac'he les Loix tant ancien
nes que nouvelles , qu'il en comprenne
les plus abstraites dispositions , qu'il er*
explique les plus grandes difficultés ,
qu'il est applique à propos les principes ,-
qu'il sçache démêler tous les tours cmbarassans-
dans lesquels se tache le monsrre
de la chicane , qu'il fe dévoué" à ses
fonctions par un travail pénible & assi
du ; donnons lui enfin en partage tou
tes les qualités extérieures qui lui font
nécessaires pout faire briller son élo
quence ; talens admirables , perfections
louables , à la vérité > mais en mêmetems
, dons pernicieux de la Nature Sc
de l'Art , s'ils ne sont accompagnés d'une
probité à toute épreuve. Il faut donc la
ïegarder , cette Vertu , comme k prin
cipale qualicé de l'Avocat dans routes
les occasions , où son ministère est né
cessaire.
Par elle l'homme est naturellement
porté à rendre service à l'homme ; il ne
fait ni ne pense rien qu'il ne puisse pu
blier hardiment & avec confiance , il m
s-'engage dans aucune entreprise sujette
à reproche > quoiqu'il soit suc que peu»
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*?4<»! MËRCÛRË DË FRAttCÊ.
fbnrtè n'en empêchera la réussite $ son in
térêt ne le porte jamais à rien dire de
Contraire à la vérité » à accuser personne
sens sujet , à ne prendre que ce qui lui:
appartient, & à user de surprise pour par
venir à ses finsi Si l'Avoeat plaide , fans-
1a probité il dégénère en déclàmateur ,
H déguise ou il exagère les faits , il épou
se les passions de ses parties, il' n'a pas
honte d'entreprendre des causes injustes,-
quoiqu'il les connoiííe pour telles. >
S'il est consulté , sans la probité ce
ri'est pas pour lui un ctime de donner
conseil pour favoriser les surprises , d'u
ser de tous les détours imaginables pour
rendre les procès éternels , d'alrerer le
sens des Loix , des Coutumes 8i des Or
donnances pour en imposer aux Juges ,
enfin d'abandonner la juste deffense du
pauvre pour pallier les in justes prétentions
du riche.
Avec la probité , au contraire , le b»uc
de l'Avoeat est de sacrifier ses veilles , &
de se donner tóut entier au Public ; son
Unique attention est de soulager les peiile's
de ses patries , d'être tout pour les
autres-, & presque rien pour lui-même.
Son coeur immole à la Justice tòutes
passions , tout plaisir1, tout intérêt í
ainsi chaque jour, chaque heure , cha-
«jue instant lui fournis les occasions de
^EV R I?ÉR'. f /f* 2*'if
lùi faire pendant route la vie de nouveau»»
sacrifices.
Assiégé de routes parts , demandé enJ
tous lieux , la fin d'une affaire le sou
met au commencement d'une autre , le
dernier des malheureux a droit fut tous
les momens de son loisir.
Il se refuse jusqu'à la jouissance de sespropres
biens , & il n'á d'autre soin que
d'assurer ceux des Qiens qui implorent'
son secours.
Cet esclavage, ou sous un titre fpe-~
cieux on renonce à fa liberté pour deffendre
celle des autres , paroît bien dur; •
mais qu'il est glorieux pour le véritable-
Avocat ! c'est avec ces sentirnens qu'ilse
préfente au Barreau , ce sont eux qui '
font son principal mérite.
li n'á pas besoin de faire briHet son
éloquence par des discours pompeux qui;
ppurroient séduire'; il la fait consister*
dans le récit simple & véritable des faits.
II ne lui est pas nécessaire pour donner'
des preuves de son érudition d'employer
des citations ennuyeuses, & souvent étran
gères à la matière qu'il traire*; une juste ;
application des Loix , leur interprétationnaturelle
composent toute la deffense de
ses-parries;
Sa probité , fa sincérité lui tiennent-
Heu de tout ; fa parole vaut le ferment
*4* MEKCURÉ ÒÈ FRANCÊ.
le plus autentique , & c'est ainsi qu'il
s'attire toute l'estime & toute la con
fiance du public. Que dis- je? Messieurs,
les Rois même n'ont pas dédaigné d'hcríiorer
l'Avocat de la kttr.
En effet , il est dit dans l'Ordonnance
de i JI7- que lorsque dans la plaidoyerie
il y adroit contestation fur des faits,
les Avocats en seroienr crûs à leur fer
ment ; & ('Histoire nous rapporte en
cent endroits les avantages inséparables
de la probité de l'Avoeat.
M. de Montholori acquit par elle une
si grande confiance, que quand il s'agiffoit
de la lecture d'une piéce , les Juges
l'en dispensoient -, & ce fut cette même
probité qui l'éleva au suprême degré de
ta Magistrature.
Sans la probité , aii corítráife j l'Ávocat
feroit en proye à toutes sortes de
passions. Tantôt il feroit asseâ malheu
reux pour ne consulter que lui-même ;
on le verroit rarement marcher la ba
lance à la main , ardent en apparence à
firoscrire le vice & à protéger la vertu ;
a veuve Sc l'orphelin sembleroient être
les objets de fa compassion ; grand en
maximes , fastueux en paroles ; on croitoit
qu'il ne respire que la Justice ;
rhais si on fondoit les secrets replis de son
coeur > si on le suivoit pas à pas dans lés
sentiers
FEVRIER. í73fó. 2+î
sentiers détournés ou le conduiroicnt its
fausses lumières , si on pesoit ses actions
au poids du sanctuaire , on pourroit dé
mêler au milieu de ces vains phantômes
de vertu qui l'environnent , les charmes
féduisans de la volupté > entraîné pat
son penchant naturel au plaisir , il s'y
livreroit de -plus en plus , & il seroit
à craindre que la Justice ne fut la pre
mière victime qu'il immolerok à Tidole
de ses plaisirs.
Tantôt se trouvant dans les occasions
dangereuses de contenter un intérêt qui
exckerok fa cupidité , Tardcur d'acqué
rir 8c de poíTeder , qui est naturelle k
l'homme , ne lui permettroit pas de dis
tinguer le juste de l'ínjuste j rien ne se*
roir capable de servir de contrepoids a
fa passion ; elle lui suggereroit les moyens
d'anéantir la Loi par la Loi même.
Que d'explications forcées , mais en
même-tems captieuses.ne lui fourniroientelles
point pour faire parler à cette Loi
le langage de fa cupidité ? charmes de
Péloquence , connoiffance des Loix , il
mettroit tout à profit pour surprendre »
pour séduire } peut-être même abuseroit-
il du secret & de la confiance de
fes parties , s'il n'étoit retenu par l'integrité.
Sans cile la haine , la jalousie , ou
\ quelr
244 MERCURE DÊ FRANCE:
quelqu'autre passion l'agiteroit fanscéíïey
obscurcirok fa raison , 6c la rendroit fu
rieuse ; & à l'onibre de ces monstres ,
tantôt ea ennemi secret 8c implacable ,
il attaqueroit ceux qui sont l'objet de
ion aversion & de sa Plaine ; tantôt les
yeux blessés de la gloire importune d'un
Rival qui l'ofFufque , que ne tenteroitil
point pour détruire cet ennemi de son
orgueil & de son ambition ?
En proye successivement & quelque
fois en même-rems à toutes ces passions
qui l'agiteroient , la Justice auroit beau
se présenter , il seroit sourd à sa voix ,
elle seroit toujours- proscrire de son coeur
& sur les ruines du Tribunal dé la con
science il éleveroit un Tr-ône à ses pas
sions favorites , ce seroit elles qui lui
donneroient la Loi',. & ce seroit à elles
seules qu'U rendroit compte de ses ac
tiorir , trop content de leur avoir mé
nagé les marquîS" extérieures de la: vertu.
On ne ttouve point heureusement de
ces vices dans le véritable Avocat ; aussi
n'y a t'il rien à soupçonner dans ses dé
marches. Les Puissances ont elles be
soin de son ministère ? incapable de se
laiíîer corrompre par lés pteícns , il voit
avec indignation Demofthenc accepter lacoupe
d' Fía ?pains ; insensible aux mefia-
Cteí >; il íuivroit Papinieit fur Téchafaut,
FEVRIER. 173*. Í45
plutôt que d'excuser un Empereur cou
pable d'un fratricide.
S'agit-il de l'interêt de ses Conci*
toyens ? on ne le voit jamais examiner
une affaire qu'avec une attention scru
puleuse , & conduire un Clienr qu'avec?
prudence ; il ne jette un oeil de compas
sion que sut les objets qui la méritent «
ôc ne donne ses foins & ses conseils aux
riches qu'après avoir secouru les mal-;
heureux.
li né~ repousse l'in jure que par les ar
mes que l'e'quité , la raison & les Loix
lui administrent i il ne fait consister son
plaisir que dans un délassement honnête,
3c souvent même dans le travail y iítrouve
ses peines récompensées plutôt
ar la gloire de les avoir prises que par
utilité qu'il en retire.
S'il apperçoit dans un de ses Confire»
tes des talens supérieurs aux siens , loictd'en
concevoir une indigne jalousie , ils
fie fervent au contraire qu'à lui inspirer
une noble émulation ; enfin ses démar
ches, ses actions ont pour but la vertu
plutôt que fa propre utilité. Par là ses'
conseils font admirés , ses décisions font
regardées comme des Oracles , fa con
duite sert d'exemple à tout homme de
bien , & il se captive la bienveillance de
ffes.Confrercs , l'estime des Magistrats &
Ï4S- MERCURE -DE FRANCÈ*
la confiance du Public.
Mais est-ce dans cette idée feule qué
l'Avocat doit être n pur dans ses pensées*
si réservé dans ses diicours3si intègre dans
ses actions , dont il doit compte même à
soi-même ?
Plus l' Avocat a de talens , plus il est
responsable de sa conduite ; plus il a de
qualités éminentes , plus il doit être en
garde contre les charmes séducteurs des
passions de l'homme.
En effet , que lui servlroifil d'être ap
plaudi à l'oecasion de son éloquence , íî
ses moeurs ne tondoient pas à la perfec
tion ? Seroít-on persuadé de la sagesse de
ses conseils , s'il suivoit lui-même d'autres
routes ?
Qu'il fortifie donc de jour éri jour dans
son coeur les sentimens de la droiture &
de la prob'iré j qu'il s'empresse à pronon
cer par son propre exemple la prejniere
condamnation contre les vices.
Ce font ces sentimens , Messieurs , que
Vous avez reconnus dans les dispositions
de votre digne bienfacteur\ ce fut ainsi
qu'il s'acquit l'estime de tous ses amis ,
la considération de nôtre Ordre & la
confiance du Public. i
La noblesse de fa naissance ne lui pa-j
íut qu'un nouveau degré digne d'être joint
à notre profession ; il s'appliqua fans peine
FEVRIER. l7$o. n.7
ì U. connoissance des Lojx les plus diffi
ciles ; son esprit naturellement pene'trant
en donna facilement les solutions ; à
íe fit respecter même de tous ses enne
mis & de ses envieux ; fa vertu lui donna
pour amis tous les Cliens que fa répu
tation lui addressoit 5 la prudence de ses
conseils détermina souvent les opinions
des Magistrats > utile à tout le monde ,
il fe Uvroit fans cesse à tous > le Publiç
trouvoir des secours infinis dans ses talens
, & les pauvres des ressources iné?
puisables dans fa charité ; ceux qui le
connoissoient se le proposoient pour mor
dele de sçavoir , de modestie , de désin
téressement & de candeur, La mort enfin
s'approcha fans le surprendre ; il l'avoie
prévenue par un sage testament qui
pattageoit ses biens entre les pauvres ,
íes parens , ses amis & notre Ordre j
ses Livres & ses Manuscrits nous seronc
à jamais précieux aussi bien que fa mér
moire. Rappelions nous donc fans cesse
íe mérite de ce grand homme.
Mais fi d'un côté nous avons lieu de
regretter M. de Riparfons , nous avons
de l'autre occasion de nous consoler de
sa perte , puisque nous la trouvons re^
parée par l'illustre Confrère * qui. veut
* Voyex. le 1. Vol, d» Mereun át Dtcembr*
fut-il entré dans la carrière , qu'il
MERCURE DE FRANCE,
bien présider à nos travaux 5 en se faiiant
une gloire d'exécuter les intentions
«le notre bienfaiteur il a Ja meilleure
.part à fa .fondation > il sacrifie son tenu
à nous découvrir des trésors qui fans lui
nous íeroient inconnus -, quels avanta
ges ne trouvons<no«s pas dans ses íçavantes
instructions ? pénétrés de reconnoidance
, faifons-nous donc un mérite
de marcher fur fes traces , & si nous ne
pouvons parvenir au même dégré de
science que lui , donnons-lui du moins
îa satisfaction d'imiter fes vertus»
Animés par de si beaux & de si grands
exemples , nous ferons toujours disposés
à détester l'ufurpatjon , & à repousser 1a
■violence , toujours ptéts à defrendre la
Veuve & l'Otphelin , à soutenir l'inno-
.cence que l'en voudra opprimer , &
poursuivant la punition du 'crime , nous
jae travaillerons pas moins à la fureté
publique qu'à -la conservation des parti
culiers.
Nous sommes les premiers organes
«le la Justice , & même en quelque forte
•les maîtres des droits de nos parties ;
chaque instant de notre vie nous mec
«levant les yeux l'obligation indispensa
ble de ménager leurs intérêts , & d', ~
Cifer leur animosité. En nous faisant
nn.au de leur serviï de patrons , de
peicr
FEVRIER. 1730. 24$
fères & de protecteur* , rions nous four
viendrons encore qu'associés , pour ain$
dire , à la Magistrature , nous sommes
les enfans & les Ministres de la Justice ,
& que nous ne luj devons pas moins:
d'inregrké , de bonne foi & de sincérité
que de foin , de vigilance & de zèle pour
les affaires qui nous font commises. Nous
renoncerons à toute forte de déguisement,
la vérité régnera toujours dans nos dis
cours , & nous oe chercherons jamais des
ces ornemcns capables de surprendre la
Religion des Juges.
Fondés fur les principes de la probité,
notre ministère fera soutenu de courage
& de fermeté fans orgueil , de charité
fans foiblefle, d'une íeverité juste , utile
& nécessaire íans dureté , d'une connoissance
compatissante de la misère de l'horame
sans lâche complaisance , 8c répon
dant à Ir haute idée que l'on a de notre
profession , nous annoncerons par la fa.
gefc de nos conseils les oracles de la
Justice.
Fermer
Résumé : DISCOURS sur la probité de l'Avocat, prononcé par M. Gaulliere, ensuite de celui de M. Maillard, à l'ouverture de la Conference publique des Avocats.
M. Gaulliere, lors de l'ouverture de la Conférence publique des Avocats, a souligné l'importance cruciale de la probité dans la profession d'avocat. La probité est décrite comme la vertu fondamentale qui doit guider les pensées et les actions des avocats. Elle permet de surmonter les difficultés et les dangers, et d'éviter les tentations de la corruption et des passions. Un avocat dépourvu de probité risque de se transformer en simple déclamateur, de déformer les faits et de favoriser des causes injustes. À l'inverse, un avocat probe se consacre entièrement à ses fonctions, sacrifiant ses intérêts personnels pour servir la justice et soulager les peines de ses clients. Il est intègre dans ses démarches, refuse la corruption et se distingue par sa sincérité et son dévouement. Le discours met également en garde contre les dangers des passions, telles que la cupidité, la haine et la jalousie, qui peuvent obscurcir la raison et conduire à des actions contraires à la justice. Les puissances et les citoyens peuvent compter sur l'avocat probe pour défendre la vérité et protéger les faibles. Par ailleurs, le texte traite des responsabilités et des devoirs des magistrats. Ils doivent constamment protéger les intérêts des parties impliquées et éviter toute animosité. En tant que frères et protecteurs, ils sont associés à la magistrature et doivent incarner la justice avec intégrité, bonne foi et sincérité. Leur ministère doit être marqué par le courage, la fermeté, la charité, la vérité et la compassion, sans orgueil, faiblesse ou dureté. Ils doivent renoncer à toute forme de déguisement et chercher la vérité dans leurs discours, évitant de surprendre la religion des juges. Leur rôle est de conseiller avec sagesse et de répondre à l'idée élevée que l'on a de leur profession, en annonçant les oracles de la justice. Le discours se conclut par un appel à imiter les vertus des grands hommes, tels que M. de Ripafons, et à se consacrer à la défense de la justice et de l'innocence. Les avocats sont invités à suivre l'exemple de probité et de dévouement pour mériter l'estime et la confiance du public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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807
p. 253-263
OBSERVATIONS sur la Méthode d'Accompagnement pour le Clavecin qui est en usage, & qu'on appelle Echelle ou Regle de l'Octave.
Début :
Les premiers élemens de la rgele de l'Octave consistent à donner aux [...]
Mots clefs :
Octave, Musique, Accords, Règles, Exceptions, Musicien, Triton
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texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS sur la Méthode d'Accompagnement pour le Clavecin qui est en usage, & qu'on appelle Echelle ou Regle de l'Octave.
OBSERF ATIONS fur U Mé
thode d' Accompagnement four le Cla~,
vecin qui est en usage , & qu'on ap
pelle Echelle ou Règle de l'Ottave.
LEs premiers Siemens de la règle de
i' Octave consistent à donner aux
doigts des habitudes conformes aux ac
cords qu'elle prescrit Xur jes degrés xonscíutifs
d'un Mode.
Cette règle renferme quelque chose
de bon ; mais elle est tellement bornée,
qu'il faut dans Ja fuite y faire un nom
bre infini d'exceptions , que les Maîtres
se réservent d'enseigner, à mesure que
les cas s'en présentent.
Le détail de ces exceptions est prodi
gieux i la.connoiflance & la pratique en
font- remplies de difficultés presque in
surmontables , par la multiplicité des ac
cords , par la variation infinie de leurs
Accorhpagnemens , par la surprise où
jettent sans cesse les différentes formes
de succession dont chaque accord en
particulier est susceptible , & qui sont sou
vent contraires aux habitudes déja for
mées , par la confusion des règles fondaoiçntíks
syeç ççUes de gout , par le
154 MERCURE DE FRANCE,
vuide que l'harmonie y souffre le plus
íbuvent , par le peu de ressource que I'ot
reille y trouve pour se former aux. véri
tables progrès des sons , par l'assujetifsement
trop servile aux chifres souvent
fautifs , enfin par les fausses applications
auxquelles des règles de détail éc des ex
ceptions innombrables ne peuvent man
quer d'être sujettes.
La Règle de l'Octave, avec ses excep»
tions , contient 12. Accords dans cha
que Mode , dont yoici l'énumération ca
abrégé. • -
U Accord parfait , la 6e , la 6* ÔC 4 e,
la 7e , la petite 7e , la fausse 5e , la petite
6e , le Triton , la 7e superflue' , la $e su
perflue , la 2e , la 6e'& 5e, la $e com-
{úette , la 9e simple , la 4e , la 9e & 4e,
5ejía 2e superflue , la 7 e dimi
nuée , la 6e majeure avec la fausse j* , le
Triton avec la 5 e mineure, & la 7e super
flue avec la 6e mineure , fans parler de la
<?e doublée, ôc encore moins de la 6e
mineure avec la je majeure , que quelques-
iins ont introduit assez mal à pro
pos , de lâ 6* superflue , que le gont au.
torife depuis quelque tems , ni de la j«
supe-fliië avec la 4 e -, qui pourroit plu
tôt avoir lieu que les deux derniirs.
Chacun de ces accords a ses Accompagnemens
difterens , qui consistent en
FEVRÏEft. 1730. 35s
«leux ou trois intcrvalcs de plus que ceux
dont ces Accords portent le nom ; dtì
forte qu'à la vûë du chiffre , ou par le
moyen de quelques autres notions , il
faut fe représenter tous les intervales qui
composent l'Accord , & y porter incon^
tinent les doigts.
Chaque Accord a d'ailleurs trois faces'
ou permutations fur le Clavier ; & tel
qui connoît la première n'en est pas beau
coup plus avancé pour la seconde , nì
après celle-ci pour la troisième , quanc
à la pratique ; chacun des 2 2 . Accords
exprimés en produit donc trois differens
dans l'execution , ce qui fait k nombre
de 66*
Outre cela , il f a Ì4. Modes i & ft
l'on veut être en état d'accompagner
toute forte de Musique , ou de transpo
ser-,, il faut absolument fe procurer un©
connoiffance locale des 6 6. Accords précedens
dans chacun de ces Modes , car
tel «qui fçait toucher les Accords d'u»
Mode a encore bien à faire pour trouveç
ceux d'un autre j il faut donc multiplier
les tftf». Accords ci- dessus par 24. ce qui
fait le nombre de i584.fi ce n'est pour
ì'esprit , du moins pour' les doigts.
Chacun des- 2 2. Accords primitifs a f*
tegle patticulicfc -, tant pour ce qui doic
ïe préceder, que pour ce qui doit le
C ù\ suivre
9 jtf MERCURE DE FRANCB;
suivre ; par exemple , il faut faire la pe*
tite 6 e pour descendre sur V Accord par
fait , sur 1* 7e ou sur la 4e , il ne faut
{dus faire que la 6e , sil?on descend sûr
a petite 6e , Si si l'on passe en montant
par les mêmes accords, tout change;
ce détail ne finit point. Comment la
mémoire , le jugement &c les doigts peuvent-
ils fur le champ , & tout à la_fois ,
suffire à tant de règles ?
On dira peut-être que la connoiíTance
-du Mode soulage l'Accompagnateur en
pareil cas , puisque la règle spécifie que
tel Accord se fait sur une telle Note du
Mode , en montant ou en 'descendant ;
mais si tant est quron eonnoisse le Modey
ne faut il pas découvrir aussi-tôt quel rang
y tient la Note présente , puis son Accord,
puis les DUz.es ou les- Bémols affectés à ce
Moie , 8c si eníìn on parvient à se rendre
tout cela présent dans la promtitude de
l'execlition , qu'a t'on gagné , si la Note
en question ne porte point l'Accord atta
ché au rang qu'elle tient dans le Mode ?
car , par exemple , au lieu de Y Accord
f>arfait au premier degré, aurrement dit
a Note tonitfnt-, il peut y avoir la 64&
5e , la 5e Sc 4*, la 4e & 3* , la :e Ott
la ?' superflu* , même avec la 6e mineure,
pareillement au lieu de la petite 6e au
deuxième degré , il peut se trouver la 7'
ou
F E V R î É R. ttltì. ìff
étì la 9e tk 4e , ainsi de tous les autre»
degrés , excepté le septième , appelle Nu*
te sensible. 11 faut donc ki bien des ex*
ceptions aux règles que l'on s'est efíbrc«
d'apprendre , & présumer encore que les
doigts accoutumés à n'enchaîner que dans
le mérae ordre leí Accords qu'elles ten*
ferment , prendront facilement la route
contraire que demandent toutes les suc
cessions différentes , dont chaque Accord
est susceptible.
Les chiffres , ajoutera- t'on j doivent
suppléer ici au deffaut de la règle ; mais*
peut-on s'assurer que le Compositeur les?
aura mis régulièrement par tout s & que
íe Copiste ou l'Imprimeur n'J' aura rietï
oublié. Oh a fait voir dans \t nouveau
sistême de Musique que le plus habile
Compositeur de notre siécle n'avoit pas
été exemt de méprise à cet égard ; & c'en,
est assez pour bannir la trop grande con
fiance dans les chiffres ; au reste , qu'estte
qu'une Méthode qui nous rend escla
ves des erreurs d'autrui , ne devroit-elltf
pas plutôt nous enseigner à les rectifier ;
niais bien loin de cela , dans quel em
barras ne met- elle pas l'AccompagnateUir
lorsqu'il n'y a point de chiffres ? le chant"
du Dessus lui indiquera-t'il les Accords?
fi ce chant , par exemple , fait la j* de
la Baffe , cette 3e pourra être accompa-
C iiij, gnéof
iÇS MERCURE 0E FRANCE;
gnéede la 4e , de la 5e , de la 6e , de I»
7e ou de la 9e ; or quelle raison de pré
férence pourra-t'il tirer d'une multiplicité
de règles !
D'ailleurs , on surcharge les comment
çans par le mélange de certaines règles
de gout avec celles de fond , fans penser
que celles -ci font la baze Ôc le modelé
de celles-là ,,& qu'elles seules peuvent
* former essentiellement l'oreille , procurée
aux doigts des habitudes générales ôc ré
gulières , & mettre dans l'esprit la cer
titude avec laquelle Poreille peut secon
der l'exeeution. Ces> règles de gout ne
font pas simplement les harpegemens-,
les fredons 5c te choix des faces , dont
quelque échantillon fait pour certaine*
personnes tout le mérite ôc rout le char
me de P Accompagnement. C'est fur-tout
la règle qui deffend deux Oílaves de fuite,,
desquelles on fait un monstre , Sc dònt la
prohibition , pour éviter une faute ima
ginaire , en fait commettre de véritables.
Pour ne pas blesser ce prejugédes deux
Octaves de fuite , on fait retrancher celle
de la Basse dans presque tous les Accords
dissonans , d'où il arrive que si la Basse
parcourt successivement toutes les Notes
d'un même Accord , il faut à chacune de
ces Notes deux opérations , l'une de lé
ser lc doigt de l'Òctave , l'autre de remetus
FEVRIER. 1730. âyj
mettre celui qu'on a levé précédemment
si l'on ne veut en denuer Pharmonie ,
ce qui varie à tous momens les Accom
pagnement d'un même Accord , & le
présente sans cesse fous des dénominations
diffetentes; or quel retardement cela n'apporte-
t'il pas à la connoissance , 8c quel
préjudice n'est-ce pas pour Pexecution ?
car si les positions changent si fréquem
ment ,.& qu'en même-tems toutes les
faces du Clavier ne soient pas également
familières , il arrive souvent que les
doigts.fe refusent à l'accord qui doit suc
céder à un autre dans une certaine face ;
d'où l'on est obligé de faire aller la main
par sauts , & de la porter précipitamment
à l'endroic où la face est plus familière &
plus commode , ce qui ne se fait point
encore sans le désagrément de partager
continuellement sa- vue" entre le Pupitre
& le Clavier.
Le retranchement de l'Octave multiplie
un même accord jusqu'à cinq ou six , tant
pour l'esptit que pour les doigts , & la
forme de succession naturelle à cet Ac
cord est multipliée à proportion ; si cet
Accord en admet cinq ou six autres diffe- *
rens dans fa succession , ce sonr pour cha
cun autant de successions différentes fut
le Clavier , & autant de nouvelles règlesà-
observer ,.ce qui accable les doigts de
C y tan?
4<îo MERCURE DE FRANCE.' v
tant de positions , & de marches diffé
rentes , qu'il est impossible de ne s'y pas
tromper le plus souvent ; c'est une vérité
dont presque tous les amateurs , & mê
me plusieurs Maîtres peuvent rendre té»
moignage , pour peu qu'ils soient sincè
res. Combien de fois ont-ils senti en ac
compagnant certaines Musiques que leur»
règles , leurs connoiflances , leur oreille
même , Ôc leurs doigts se trouvoient ert
desfaut ?
On peut juger aisément de là que l'o*
reille , de concert avec Les doigts , fè
formeroit bfcn plus sûrement, Ôc s'accoutumeroit
bien plutôt à une successions
Uniforme d'accords qu'elle ne le peut fair$
à plusieurs successions , qui lui paroiflene:
différentes les unes des autres , Ôc qu'elfeprésente
même comme telles- à Pesprit ;
car suivant toutes les Méthodes d'Ac
compagnement qui ont paru jufqu'icr,:
nos Musiciens pratiquent comme diffé
rentes , plusieurs successions d'Accords*
qui dans le fond ne font qu'une , & ils
ont établi en conséquence plusieurs règles;
qui se réduisent toutes à une feule*, par
exemple, quand on dit que leTritan doit
être fauve de la 6e, la fausse 5e de 1a je
la 6e majeure- de la 8e ou de la 6e , lá 7e
/Stperfi 'f de la 8e , la ^'superflue de la-
4e,. & la z* superflue de la ^ consonantey
'*. -, tout
FEVRIER. 1730. 2Í-1
*>ut cela se réunie dans l'Accord de 1*
Note sensible qui doit être suivi de l'Ac
cord parfait de la Note tonique ; mais il
ne saur pas s'étonner du grand nombre de
règles instituées jusqu'à présent sur la
succession des Accords 5 le Muíicien que
le sentiment seul a conduit pendant si long
tems , n?en a décidé que relativement à
l'impression que les différentes dispositions*-
d'un même Accord faifoient fut son oreil
le ; la réunion de toutes ces successions'
en une feule pasloit la portée de cet or
gane.
Au reste , il n'y a presque pas une de"
ces dernieres règles de détail qui ne soit
fausse en cettains cas , puisque si les intervales
de Triton, de fau/se 5e , de 6e ma*
je ure , de 3 e rnajf.ure & de 7 e superflue' t
se trouvent dans un autre Accord que
dans le sensible , comme il arrive trèssouvent
, tantôt ils font consonans , tan--
rôt de dissonances majeures ilv deviennentdissonances
mineures , & tantôt ils font
diflonans fans être foumiïà la succession;
déterminée en premier lieu. Que devien*
fient alors les susdites règles , &c dequoi
fers encore leur multiplicité ? Tel qui
entreprendra de contester ces vérités ne
scra pas Musicien , ou se perdra dans des
distinctions frivoles & dans des éxeep"
tions- fans fin»
.. Gvj; om
ZSi MERCURE DE FRANCE."
On pourroit rapporter plusieurs autreí
exemples des difsererís cas où ces régies
échouent; mais pour achever de prouver
combien elles font vagues , & même pré
judiciables , il suffira de Pexception qu'il
faut faire à l'égard du Triton , qui selon sa
regle,doit être sauvé de la 6e en montant,
&qui selon d'autres règles que l'experience
oblige de suivre à préfent.rcste furie mêmedegré
pour former la 8e , la }e , la 6e ou.
la 5e ; ne voilà Vil pas un conflit de rè
gles opposées ? & ne font- elles pas réci
proquement sujettes à de "fausses applir
cations, vâ que l'une peut se présenter às
Tesprit ^lorsqu'il est question de l'autre?
Cette Méthode , si l'on peut qualifiée
ainsi un amas confus de règles , ne sembleroit
pas un labirinte , & ne rebuteroit
pas tant de personnes de l'Accompagnement
, si elle, étoit plus instructive du.
fond ; cependant on ne doit pas nier qu'il
ne foie possible de posséder entièrement
toutes les regles-du détail & toutes leurs
exceptions , d'en faite la juste applica
tion , & de les mettre en pratique fur les
I58 4. Accords , dont elle exige la conaoissànce.
Mais quel tems &c quels tra
vaux ne faut-il pas pour cela ? D'ailleurs
quelle confusion pour l'esprit ! quelle
charge à la mémoire , & même quel
•bstacle à la précision de l'exeCution ì
FEVRIER; t7yoï *<f?
On donnera dans le Mercure prochai*
le Plan d'une nouvelle Méthode fur le
même sujet.
thode d' Accompagnement four le Cla~,
vecin qui est en usage , & qu'on ap
pelle Echelle ou Règle de l'Ottave.
LEs premiers Siemens de la règle de
i' Octave consistent à donner aux
doigts des habitudes conformes aux ac
cords qu'elle prescrit Xur jes degrés xonscíutifs
d'un Mode.
Cette règle renferme quelque chose
de bon ; mais elle est tellement bornée,
qu'il faut dans Ja fuite y faire un nom
bre infini d'exceptions , que les Maîtres
se réservent d'enseigner, à mesure que
les cas s'en présentent.
Le détail de ces exceptions est prodi
gieux i la.connoiflance & la pratique en
font- remplies de difficultés presque in
surmontables , par la multiplicité des ac
cords , par la variation infinie de leurs
Accorhpagnemens , par la surprise où
jettent sans cesse les différentes formes
de succession dont chaque accord en
particulier est susceptible , & qui sont sou
vent contraires aux habitudes déja for
mées , par la confusion des règles fondaoiçntíks
syeç ççUes de gout , par le
154 MERCURE DE FRANCE,
vuide que l'harmonie y souffre le plus
íbuvent , par le peu de ressource que I'ot
reille y trouve pour se former aux. véri
tables progrès des sons , par l'assujetifsement
trop servile aux chifres souvent
fautifs , enfin par les fausses applications
auxquelles des règles de détail éc des ex
ceptions innombrables ne peuvent man
quer d'être sujettes.
La Règle de l'Octave, avec ses excep»
tions , contient 12. Accords dans cha
que Mode , dont yoici l'énumération ca
abrégé. • -
U Accord parfait , la 6e , la 6* ÔC 4 e,
la 7e , la petite 7e , la fausse 5e , la petite
6e , le Triton , la 7e superflue' , la $e su
perflue , la 2e , la 6e'& 5e, la $e com-
{úette , la 9e simple , la 4e , la 9e & 4e,
5ejía 2e superflue , la 7 e dimi
nuée , la 6e majeure avec la fausse j* , le
Triton avec la 5 e mineure, & la 7e super
flue avec la 6e mineure , fans parler de la
<?e doublée, ôc encore moins de la 6e
mineure avec la je majeure , que quelques-
iins ont introduit assez mal à pro
pos , de lâ 6* superflue , que le gont au.
torife depuis quelque tems , ni de la j«
supe-fliië avec la 4 e -, qui pourroit plu
tôt avoir lieu que les deux derniirs.
Chacun de ces accords a ses Accompagnemens
difterens , qui consistent en
FEVRÏEft. 1730. 35s
«leux ou trois intcrvalcs de plus que ceux
dont ces Accords portent le nom ; dtì
forte qu'à la vûë du chiffre , ou par le
moyen de quelques autres notions , il
faut fe représenter tous les intervales qui
composent l'Accord , & y porter incon^
tinent les doigts.
Chaque Accord a d'ailleurs trois faces'
ou permutations fur le Clavier ; & tel
qui connoît la première n'en est pas beau
coup plus avancé pour la seconde , nì
après celle-ci pour la troisième , quanc
à la pratique ; chacun des 2 2 . Accords
exprimés en produit donc trois differens
dans l'execution , ce qui fait k nombre
de 66*
Outre cela , il f a Ì4. Modes i & ft
l'on veut être en état d'accompagner
toute forte de Musique , ou de transpo
ser-,, il faut absolument fe procurer un©
connoiffance locale des 6 6. Accords précedens
dans chacun de ces Modes , car
tel «qui fçait toucher les Accords d'u»
Mode a encore bien à faire pour trouveç
ceux d'un autre j il faut donc multiplier
les tftf». Accords ci- dessus par 24. ce qui
fait le nombre de i584.fi ce n'est pour
ì'esprit , du moins pour' les doigts.
Chacun des- 2 2. Accords primitifs a f*
tegle patticulicfc -, tant pour ce qui doic
ïe préceder, que pour ce qui doit le
C ù\ suivre
9 jtf MERCURE DE FRANCB;
suivre ; par exemple , il faut faire la pe*
tite 6 e pour descendre sur V Accord par
fait , sur 1* 7e ou sur la 4e , il ne faut
{dus faire que la 6e , sil?on descend sûr
a petite 6e , Si si l'on passe en montant
par les mêmes accords, tout change;
ce détail ne finit point. Comment la
mémoire , le jugement &c les doigts peuvent-
ils fur le champ , & tout à la_fois ,
suffire à tant de règles ?
On dira peut-être que la connoiíTance
-du Mode soulage l'Accompagnateur en
pareil cas , puisque la règle spécifie que
tel Accord se fait sur une telle Note du
Mode , en montant ou en 'descendant ;
mais si tant est quron eonnoisse le Modey
ne faut il pas découvrir aussi-tôt quel rang
y tient la Note présente , puis son Accord,
puis les DUz.es ou les- Bémols affectés à ce
Moie , 8c si eníìn on parvient à se rendre
tout cela présent dans la promtitude de
l'execlition , qu'a t'on gagné , si la Note
en question ne porte point l'Accord atta
ché au rang qu'elle tient dans le Mode ?
car , par exemple , au lieu de Y Accord
f>arfait au premier degré, aurrement dit
a Note tonitfnt-, il peut y avoir la 64&
5e , la 5e Sc 4*, la 4e & 3* , la :e Ott
la ?' superflu* , même avec la 6e mineure,
pareillement au lieu de la petite 6e au
deuxième degré , il peut se trouver la 7'
ou
F E V R î É R. ttltì. ìff
étì la 9e tk 4e , ainsi de tous les autre»
degrés , excepté le septième , appelle Nu*
te sensible. 11 faut donc ki bien des ex*
ceptions aux règles que l'on s'est efíbrc«
d'apprendre , & présumer encore que les
doigts accoutumés à n'enchaîner que dans
le mérae ordre leí Accords qu'elles ten*
ferment , prendront facilement la route
contraire que demandent toutes les suc
cessions différentes , dont chaque Accord
est susceptible.
Les chiffres , ajoutera- t'on j doivent
suppléer ici au deffaut de la règle ; mais*
peut-on s'assurer que le Compositeur les?
aura mis régulièrement par tout s & que
íe Copiste ou l'Imprimeur n'J' aura rietï
oublié. Oh a fait voir dans \t nouveau
sistême de Musique que le plus habile
Compositeur de notre siécle n'avoit pas
été exemt de méprise à cet égard ; & c'en,
est assez pour bannir la trop grande con
fiance dans les chiffres ; au reste , qu'estte
qu'une Méthode qui nous rend escla
ves des erreurs d'autrui , ne devroit-elltf
pas plutôt nous enseigner à les rectifier ;
niais bien loin de cela , dans quel em
barras ne met- elle pas l'AccompagnateUir
lorsqu'il n'y a point de chiffres ? le chant"
du Dessus lui indiquera-t'il les Accords?
fi ce chant , par exemple , fait la j* de
la Baffe , cette 3e pourra être accompa-
C iiij, gnéof
iÇS MERCURE 0E FRANCE;
gnéede la 4e , de la 5e , de la 6e , de I»
7e ou de la 9e ; or quelle raison de pré
férence pourra-t'il tirer d'une multiplicité
de règles !
D'ailleurs , on surcharge les comment
çans par le mélange de certaines règles
de gout avec celles de fond , fans penser
que celles -ci font la baze Ôc le modelé
de celles-là ,,& qu'elles seules peuvent
* former essentiellement l'oreille , procurée
aux doigts des habitudes générales ôc ré
gulières , & mettre dans l'esprit la cer
titude avec laquelle Poreille peut secon
der l'exeeution. Ces> règles de gout ne
font pas simplement les harpegemens-,
les fredons 5c te choix des faces , dont
quelque échantillon fait pour certaine*
personnes tout le mérite ôc rout le char
me de P Accompagnement. C'est fur-tout
la règle qui deffend deux Oílaves de fuite,,
desquelles on fait un monstre , Sc dònt la
prohibition , pour éviter une faute ima
ginaire , en fait commettre de véritables.
Pour ne pas blesser ce prejugédes deux
Octaves de fuite , on fait retrancher celle
de la Basse dans presque tous les Accords
dissonans , d'où il arrive que si la Basse
parcourt successivement toutes les Notes
d'un même Accord , il faut à chacune de
ces Notes deux opérations , l'une de lé
ser lc doigt de l'Òctave , l'autre de remetus
FEVRIER. 1730. âyj
mettre celui qu'on a levé précédemment
si l'on ne veut en denuer Pharmonie ,
ce qui varie à tous momens les Accom
pagnement d'un même Accord , & le
présente sans cesse fous des dénominations
diffetentes; or quel retardement cela n'apporte-
t'il pas à la connoissance , 8c quel
préjudice n'est-ce pas pour Pexecution ?
car si les positions changent si fréquem
ment ,.& qu'en même-tems toutes les
faces du Clavier ne soient pas également
familières , il arrive souvent que les
doigts.fe refusent à l'accord qui doit suc
céder à un autre dans une certaine face ;
d'où l'on est obligé de faire aller la main
par sauts , & de la porter précipitamment
à l'endroic où la face est plus familière &
plus commode , ce qui ne se fait point
encore sans le désagrément de partager
continuellement sa- vue" entre le Pupitre
& le Clavier.
Le retranchement de l'Octave multiplie
un même accord jusqu'à cinq ou six , tant
pour l'esptit que pour les doigts , & la
forme de succession naturelle à cet Ac
cord est multipliée à proportion ; si cet
Accord en admet cinq ou six autres diffe- *
rens dans fa succession , ce sonr pour cha
cun autant de successions différentes fut
le Clavier , & autant de nouvelles règlesà-
observer ,.ce qui accable les doigts de
C y tan?
4<îo MERCURE DE FRANCE.' v
tant de positions , & de marches diffé
rentes , qu'il est impossible de ne s'y pas
tromper le plus souvent ; c'est une vérité
dont presque tous les amateurs , & mê
me plusieurs Maîtres peuvent rendre té»
moignage , pour peu qu'ils soient sincè
res. Combien de fois ont-ils senti en ac
compagnant certaines Musiques que leur»
règles , leurs connoiflances , leur oreille
même , Ôc leurs doigts se trouvoient ert
desfaut ?
On peut juger aisément de là que l'o*
reille , de concert avec Les doigts , fè
formeroit bfcn plus sûrement, Ôc s'accoutumeroit
bien plutôt à une successions
Uniforme d'accords qu'elle ne le peut fair$
à plusieurs successions , qui lui paroiflene:
différentes les unes des autres , Ôc qu'elfeprésente
même comme telles- à Pesprit ;
car suivant toutes les Méthodes d'Ac
compagnement qui ont paru jufqu'icr,:
nos Musiciens pratiquent comme diffé
rentes , plusieurs successions d'Accords*
qui dans le fond ne font qu'une , & ils
ont établi en conséquence plusieurs règles;
qui se réduisent toutes à une feule*, par
exemple, quand on dit que leTritan doit
être fauve de la 6e, la fausse 5e de 1a je
la 6e majeure- de la 8e ou de la 6e , lá 7e
/Stperfi 'f de la 8e , la ^'superflue de la-
4e,. & la z* superflue de la ^ consonantey
'*. -, tout
FEVRIER. 1730. 2Í-1
*>ut cela se réunie dans l'Accord de 1*
Note sensible qui doit être suivi de l'Ac
cord parfait de la Note tonique ; mais il
ne saur pas s'étonner du grand nombre de
règles instituées jusqu'à présent sur la
succession des Accords 5 le Muíicien que
le sentiment seul a conduit pendant si long
tems , n?en a décidé que relativement à
l'impression que les différentes dispositions*-
d'un même Accord faifoient fut son oreil
le ; la réunion de toutes ces successions'
en une feule pasloit la portée de cet or
gane.
Au reste , il n'y a presque pas une de"
ces dernieres règles de détail qui ne soit
fausse en cettains cas , puisque si les intervales
de Triton, de fau/se 5e , de 6e ma*
je ure , de 3 e rnajf.ure & de 7 e superflue' t
se trouvent dans un autre Accord que
dans le sensible , comme il arrive trèssouvent
, tantôt ils font consonans , tan--
rôt de dissonances majeures ilv deviennentdissonances
mineures , & tantôt ils font
diflonans fans être foumiïà la succession;
déterminée en premier lieu. Que devien*
fient alors les susdites règles , &c dequoi
fers encore leur multiplicité ? Tel qui
entreprendra de contester ces vérités ne
scra pas Musicien , ou se perdra dans des
distinctions frivoles & dans des éxeep"
tions- fans fin»
.. Gvj; om
ZSi MERCURE DE FRANCE."
On pourroit rapporter plusieurs autreí
exemples des difsererís cas où ces régies
échouent; mais pour achever de prouver
combien elles font vagues , & même pré
judiciables , il suffira de Pexception qu'il
faut faire à l'égard du Triton , qui selon sa
regle,doit être sauvé de la 6e en montant,
&qui selon d'autres règles que l'experience
oblige de suivre à préfent.rcste furie mêmedegré
pour former la 8e , la }e , la 6e ou.
la 5e ; ne voilà Vil pas un conflit de rè
gles opposées ? & ne font- elles pas réci
proquement sujettes à de "fausses applir
cations, vâ que l'une peut se présenter às
Tesprit ^lorsqu'il est question de l'autre?
Cette Méthode , si l'on peut qualifiée
ainsi un amas confus de règles , ne sembleroit
pas un labirinte , & ne rebuteroit
pas tant de personnes de l'Accompagnement
, si elle, étoit plus instructive du.
fond ; cependant on ne doit pas nier qu'il
ne foie possible de posséder entièrement
toutes les regles-du détail & toutes leurs
exceptions , d'en faite la juste applica
tion , & de les mettre en pratique fur les
I58 4. Accords , dont elle exige la conaoissànce.
Mais quel tems &c quels tra
vaux ne faut-il pas pour cela ? D'ailleurs
quelle confusion pour l'esprit ! quelle
charge à la mémoire , & même quel
•bstacle à la précision de l'exeCution ì
FEVRIER; t7yoï *<f?
On donnera dans le Mercure prochai*
le Plan d'une nouvelle Méthode fur le
même sujet.
Fermer
Résumé : OBSERVATIONS sur la Méthode d'Accompagnement pour le Clavecin qui est en usage, & qu'on appelle Echelle ou Regle de l'Octave.
Le texte aborde la méthode d'accompagnement au clavecin appelée 'Règle de l'Octave'. Cette méthode vise à familiariser les doigts avec les accords spécifiques de chaque degré d'un mode. Cependant, elle présente de nombreuses limitations et exceptions, rendant son apprentissage complexe et propice aux erreurs. La Règle de l'Octave inclut 12 accords par mode, chacun ayant plusieurs accompagnements et permutations sur le clavier. Chaque accord doit être maîtrisé dans 24 modes différents, ce qui totalise 1584 accords à mémoriser. Les règles sont souvent contradictoires et dépendent des successions des accords, des indications du compositeur et des habitudes déjà acquises. Les exceptions et les règles de goût ajoutent encore à la complexité, posant des défis pour la mémoire, le jugement et la dextérité des doigts. Le texte critique également l'interdiction des deux octaves de fuite, qui engendre des complications inutiles et des erreurs dans l'exécution. Enfin, il annonce la présentation d'une nouvelle méthode plus instructive et moins confuse dans un prochain numéro du Mercure de France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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808
p. 266-284
EXTRAIT du Panegyrique de S. Sulpice.
Début :
Le 17. Janvier, l'Abbé Seguy, nommé par le Roi à l'Abbaye de Genlis, [...]
Mots clefs :
Église, Peuple, Saint Sulpice, Dieu, Vertu, Chrétiens, Cour, Évêque, Dignité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Panegyrique de S. Sulpice.
EXTR AIT dit Panégyriquede
S. Sulpice-
LE 1 7. Janvier , P Abbé Seguy , nom
mé par le Roi à- P Abbaye de Gcnlis ,
prononça ce Discoucs dans l'Eglise Parói.'
îul; de S. Suldce, avec uli applau»
diíse.neat universel. Jamais réputation
a'*
FE V R ÏE R. 17% o.
í'k été plus prompte que celle de ce non»
vel Orateur , dont le premier succès a et©'
assez éclatant pour être honoré de Pattendon
8c des récompenses de la Cour^
Le Public échauffé fur ion compte , at- -
tendoit avec impatience ce second Dis
cours » qui a mis , pour ainsi dire , le sceau1
à sa réputation , & avec d'autant plus de
Ì'ustice que son sujet , bien moins favora-
>le que 1c premier, ne pàroiffoit point
susceptible des traits vifs & grands qu'il
lui a prêtez. L'Extrait du Panégyrique d©'
S. Louis a fait? tant de plaisir , qu'on a'
fort souhaité voir aussi celui du Panégy
rique de S.Sulpice, Se nous avons enfin;
obtenu le consentement de M. l'Abbé Se--
guy pour faire usage du secours des Co-j
pistes qui lui ont enlevé son Discours.
-L'Orateur a pris pour Texte ces paroles
de l'Ecclesiastique : Fattum est illi fungi
facerdotin , . .& habere lait ier)* in nomine;
ejus. Voici l'Exorde , à quelques lignes^
près>
Si l'on fçait à travers les expressions
les plus simples pénétrer le sens le plus
élevé , quelles grandes idées se présentent
à ces mots ! Voilà , Chrétiens , un
Eloge digne d'Àaron , qui en est l'ob'jet
& pour dire encore plus , digne de l'Esprit
Saint qui en est l'Auteur. En effet:
loiier un homme d'avoir mérité le Sacer
doce
MERCÙRE Ï>È FÍIANCÉ.
doce & U plénitude du Sacerdoce , qtíî
«st le Pontificat , n'est-ce pas le rôties
d'avoir mérité le plus sublime de rous le»
Ministères, celui de Pacificateur , de Mé
diateur entre Dieu & son Peuple , & quelle
louange pourroit, ce semble , égaler celle
îà , si ce qui suit n'y mettoit le comble
en ajoutant que ce Ministère si auguste^
Aaron l'exerça avec gloire en Israël ,
FaSinm est Mi fungi facerdotio .... &
habere laudem ih nomme ejuù
Cette idée , toute grande qu'elle est y
Chrétiens Auditeurs , l'est-elle trop pour
k sujet qui nous assemble .... Par tout
l'Histoite de fa vie ( de S. Sulpice) m'a
présenté un homme visiblement destinés
pour entrer en part du gouvernement de
l'Eglise ; un homme que la Grâce de Jé
sus- Christ prit soin de préparer dès soit
enfance à la dignité de Pasteur dans l'E
glise; Un homme élevé d'une commune
voix à ce comble d'honneur pour l'édiSfication
& pour l'utilité de PEglise.
C'est à ce point de vûë que m'ont paru se
íapporter toutes les faces sous lesquelles
on peut l'envifager quand j'entre
prends de vous retracer une si belle vie,-
c'est ou comme la préparation la plusparfaite
à la dignité Episcopale , ou com
me l'accomplissement le plus entier des
ieyoiis qui y sont attachez ; car voici et»
FEVRIER. 1730. ìSf
in deux mots le Plan du Discours que je
consacre à la gloire de S. Sulpice. II mé
rita d'être élevé à l'honneur suprême de
l'Episcopar , & il soutint glorieusement
le poids immense de ''Episcopat. FaElum
eft illi fungi Sacerdotio .... & habere
Uudem in nornine ejus.
Dieu immortel , qui n'aliénez jamais»
votre gloire,c'est à vous que se rapportent
fes louanges de vos Saints , & c'est à vous
aussi que se rapporteroient celles d'un
de vos plus dignesMinistres qui m'écoute..
dans ce saint Temple , dont la construc--
fion n'etoit possible qu'à lui seul. Avec
quel zelc vous prépare-t-il une demeure,
pendant qu'un autre Serviteur fidèle que
tous vous êtes choisi dans fa maison , tra
vaille sans relâche à votre gloire j Pon-i
tifc & deffenscur illustre de votre Reli
gion sacrée. Ainsi Moyse executoit le Pla»
de votre auguste Tabernacle, tandis qu'ho
noré du Pontificat, Aaron son frère préíîdoit
à votre culte divin ... Je rentre
dans mon sujet , mais je sens que je n'enpuis
soutenir le poids si Marie ne s'intefefle
à^'entreprise.
Le comprenons-nous ce que c'est que
d'être un des Pasteurs préposez au gou
vernement de l'Eglise que J.C. a acquise
j»ar son Sang ? nous formons-nous une
aslez haute idée de la grandeur de ce Mi
nistère
t7ò MËRCÚRE DE FRANGÉ; .
«istere ? L'Episcopat , Chrétiens , l'Epìs»
copat n'est rien moins que le Tribunal
irréprochable de cette foi , fans laquelle
on ne peut être sauvé ; la succession non
interrompue du pouvoir &é des fonctions
des Apôtres, le complément, la plénitu
de surabondante du caractère conféré aux
autres Ministres de l' Autel , l'autorité dtf
droit ..divin fur les Fidèles & Air les Pré*
tres qui les conduisent , le gage sensible
de l'union de J. C avec son Eglise , la
participation immédiate de la puissance du
Fils de Dieu lui-même, la íourec primi-*
tive du pouvoir de Her & dé délier suc
la Terre , de conférer la Grâce & de la
suspendre* de rendre présente la Victime
adorable ôc de l'immolct!, Quelle dignité
que celle qui réunit en soi de si grandes
choses , mais aussi de la part de notre
Saint, quelle vertu, quelle capacité à
tous égards , quelle répugnance à aceep.
ter tant de grandeur.Pen rendirent digne l
trois principaux chefs dont je fais tout le
fond de cette première Parrîe. Reprenons.
U semble, Chrétiens, que Sulpice ne
pouvoit naturellement échapper au mon»
de,si son cceiK n'eût été spécialement desti
né de Dieu pour être à lui. La Cour , où sa
naissance Cappella dès ses premières an
nées- la Cour est-elle l'ecole ordinaire de
í* vcítu- > Cet âge même où lc coeur tout
m
FEVRIER. 1730. t7t
m bute aux passions , à peine Ce trouva
libre , est peut-être moins dangereux , 8ç
foubliois presque de vous dire que Sul
pice fut au Seigneur dès le point du jour,
itomme parle le Prophète , dès fa jeunesse,
parce que j'ai quelque chose de plus glo
rieux pour lui à vous dire ; c'est qu'il fut
au Seigneur dans des lieux, the'atre uni
versel desfoiblesses & des vanitez humai
nes , à la Cour. Ce n'est donc pas ici ,
Chrétiens 4 une vertu à l'abri des dangers
du siécle ; c'est une vertu à l'épreuvc des
charmes & des engagemens du monde le
plus séduisant, que l'on appelle le grand
monde , une vertu constamment sollicitée
& constamment victorieuse. . . .
L'Abbé Seguy , après avoir mis dans
tout son jour la vertu de S. Sulpice au
milieu des dangers de la Cour , le repré
sente dans fa Retraire domestique , &
voici comment il en parle.
Il quitte donc cette Cour, où il ne
voit aucun des vrais biens qu'il aime,
où font réunis ensemble tous les faus
biens qu'il n'aime pas j il se fait de sa
maison une retraite particulière aussi inr
accessible aux attaques des folles passions
que le fut jamais celle des Hilarions 8c
des Antoines. La solitude Chrétienne ,
mes frères , ne pensez pas qu'il faille ab
solument l'aller cherchée dans l'ornbre
>7* MERCURE DE FRANCE. ...^
-du Cloitre ou dans l'horreur des Déserts.'
,Un coeur tumultueux , plein des ide'es
des engagemens du siécle ne feroit pas
seul dans les Antres profonds de la Thé-
.baïde même. La vraye solitude est souyent
dans un genre de vie retirée , quoiqu'au
milieu du monde , dans les senti-» ,
.mens qui y font conformes dans le coeur,
L'Orateur , en parlant de l'humble
•résistance de S. Sulpice , lorsque son Evo
que voulut l'ordonner Prêrre, dit: T'
Malgte' un attrait naturel pour cet état ,
3e Serviteur de Dieu, par un effet de cette
íhurnilké qui met le comble à sa vertu re
fuse de repondre à un dessein qu'a fait
jiaître sa vertu même, & pour le fairô
passer de l'état laïque à la Cléricature,
de la Cléricature au Sacerdoce , il faut
que le saint Evêque engage les Princes à
íe joindre à lui. C'est ainsi que la mo
destie des Saints leur cache quelquefois
la volonté divine qu'ils adorent , & que
le Ciel fait exécuter fur eux fa volonté
fans rien faire perdre à leur modestie.
Vous résistiez donc en vain , digne Disci
ple de J. C. yous en deviez être le Prêrre ,
parce que vous en fûtes la Victime. Il étoit,
il étoit convenable que vous pussiez osfric
à l'Autel l'Agneau sans tache , vous qui
pouviez vous offrir avec lui. Vous sçaveát .
É?éja ce qu'il fut dans la vie scculkre,Chré.
liens
FEVRIER. 1730. *73
{tiens Auditeurs , jugez de ce qu'il fut dans,
le Sacerdoce. . . Sa vie inspire, persuade
la vertu que respirent tous ses discours 4
íes exemples font citez dans les familles ,
son simple aspect est une leçon , son seul
nom rappelle une idée salutaire. De'ja se
répand le bruit de sa sainteté dans les Pro
vinces voisines. La Cour l'entendir, & le
Prince Religieux qui commandoit alors
à nos Ancêtres , Clotaire II. jetta les yeux
fur le Serviteur de J. C. pour le charger
d'un emploi plus honorable encore par !»
sainteté de ses fonctions , que considérable
par l'accès & le crédit qu'il donnoit au
près du Monarque . • . Mais il s'agissoit
d'engager l'Homme de Dieu à l'accepter
& son Evêque fut intéressé pour cela ; car
Comme ce Prélat n'eût jamais pû fans le
Prince , forcer l'humilité de Sulpice à re
cevoir le Sacerdoce , le Prince n'eut aust|
jamais pû fans lui,forcer la vertu du Saint
à rentrer dans le grand monde. On l'y sic
rentrer. Sulpice reparoît à la Cour & il
l'édisie de nouveau. La Cour , quelques
passions qui y règnent s n'en est pas moins
pleine d'estime pour la vertu , & fans la.
pratiquer mieux que le peuple , elle fçaic
& la connoître mieux & la respecter dar
vantage.
Rien n'est plus beau & plus délicat que
1c Porcraic que fait V dateur de son Saint;
úm
*74 MERCURE DE FRANCE. - "
áans le crédit que lui donnoient fa Char»
,ge de Grand- Aumônier & l 'amitié de Clo-
,«aire.
Clotaire , dit-il , qui lui doit la conser
vation de ses jours , veut qu'il ait aux
affaires une part considérable , qui ne fut
jamaisl'objet de ses voeux... Je reconnois
ici , ô mon Dieu ! un grand exemple de
;la conduite que vous tenez quelquefois
^ur ceux qui vous aiment ; quoiqu'ordinairement
jaloux de les cacher dans le
secret de votre face, cependant pour lc
bien de leurs frères , pour l'honneur mêjne
de la vertu , vous les menez de temps
jcn temps comme par la main fur la Scène
changeante du monde , vous leur faites
trouver grâce devant les Dieux de la
Terre & toujours fur de leur coeur , vous
les prêtez pour récompense aux bons Rois,
À qui ils font nécessaires.
Ensuite l'Abbé Seguy fait voir S. S ulice
attentif dans fa faveur à ménager pou r
a timide vertu la protection du Monar
que , charmé de pouvoir prêter la voix
aux larmes des malheureux , se rendant
cher à sa Nation , comme un autre M ardochée
, & par le charme d'une douceur
toute Chrétienne , trouvant lc secret de
ne mécontenter personne, malgré l'impuissance
, de procurer des grâces à tous,
conduisant & exécutant tout ce qu'il se
propose
t
FEVRIER; 1730. 171
propose par une nouvelle sorte de politi
que., la droiture & la sincérités agissanc
afec zele & avec zele sçlon la science
dans tout ce qui a rapport à la Religion ,
& qui demande l'appui de l'autorité Roya
le pour l'Eglise ; enfin dans une situation
où d'autres sacrifieroient leur ame , ayant
aux yeux des hommes mêmes le mérite
de ne sacrifier que son repos : tel & plus
grand encore par le saint usage de son cré
dit étoit Sulpice, Chr. Aud. & s'il n'est pa»
le seul1 que son Portrait vous représente,
c'est une heureuse ressemblance qui honore
notre siécle. Au reste , il est bon pour votre
instruction , mes Frères , que vous remar
quiez la cause du saint usage que fit Sulpice
de sa faveur à la Cour, & la raison du bon
heur qu'il eut d'y conserver sa vertu dans
tous les temps. Dieu l'y avoit appelle ; &
parce qu'il l'y avoit appelle , il le sauva,
des écueils dangereux contre lesquels onc
brisés mille autres ; parce qu'il l'y avoit
appelle , il le mit au-dessus des foiblesses
ordinaires du sang , il lui fît oublier le
soin de l'élevation des siens & de leur
fortune particulière ; parce qu'il l'y avoie
appelle , bien loin de l'abandonner à l'amour
du plaisir qui y règne , il se servit
de lui pour y confondre les voluptueux
par son exemple ; parce qu'il l'y avoit
a^pellé, il fit faire en lui la voix de la
g cupidit4
íT6 MERCURE DE FRANCeI^I
cupidité , il lui donna ce détachement ÍÎ
nécellâire à qui peut obtenir tout ce qu'il
désire ; parce qu'il l'y avoit appelle , il
lui conserva au milieu de la pompe &c du
luxe de la Cour , un gout constant pour
la simplicité la plus modeste 3, parce qu'il
l'y avoit appellé , il l'entretint au centre
même du grand monde dans un esprit de
retraite qui l'engageoit à se dérober de
temps en temps à la Cour , pour donner
au loin de recueillir son coeur tous les
momens dont il étoit le maître ; parce
qu'il l'y avoit appellé , il justifia fa voca
tion. Ceux que Dieu lui-même expose,,
sont dans le monde fans appartenir au
monde -, Dieu est avec eux , mais aussi
ceux qui s'exposent sans son aveu, y pensent-
ils sérieusement ....
Si Sulpice y eût été porté par ses pro
pres conseils , il y auroit fait infaillible
ment naufrage. La Providence qui veut
peut-êtte tel d'entre vous loin du tumulte
du monde, le voulut long-temps lui au
rnilieu des dangers du siécle , & elle avoit
ses raisons. Ce n'étoit pas fans dessein,
qu'elle l'avoit fait naître avec les avan
tages des richesses & du rang , qu'elle lui
fit passer plusieurs années parmi les déli
ces & les vaihes pompes contre lesquelles
il étoit obligé de se deffendre. Elle le des.
«inpit à remplir dan&son Eglise une place
fEVRIER. 1730. 277:
^ni pour erre sainte , sacrée, de droit di
vin , n'en expose pás moins aux périls in
séparables des grandes places , une place
qu'une vertu à l'épreuve des tentation»
de la grandeur & de l'abondance , est feule
digne de remplir.Car depuis que les Chrér
tiens , trop indignes de leurs premier*
Ancêtres , ont renoncé à cette heureuse
pauvreté qui fut comme le berceau de leuc
Religion , depuis que l'amour des abbaifiemens
a fait place chez eux aux fatales
chimères de l'orgueil, il a fallu appuyer
l'autorité Episcopale de tout ce que l'ofmlence
, le rang ont de plus imposant à
eurs yeux. Sulpice avoit donc beloin d'u
ne vertu, éminente > éprouvée., pour ré
pondre dignement aux desseins de Dieu
fur lui , & vous avez vû si la sienne ne
fut pas telle, in integritate\ mais la vertu
feule n'eût pas suífi sans une capacité pro
portionnée à fa destination , in doftrina...
Il l'avoit , & si vous me demandez com
ment parmi les distractions & tumulte du
siécle il trouva le temps de l'acquerir , je
vous répondrai qu'il le trouva 3 force
d'attention à saisir & à employer des momens
qu'un autre auroit perdus en amufemens
frivoles ou criminels , je vous fe
rai ressouvenir de cette Retraite domcstN
que de plusieurs années où tout son temp»
jgtoit partagé entre Dieu & une étude re-
P i) glce
' ' '
*78 MERCURE D£ FRANCE; .
glée qui avoic rapporc à lui. Lorsqu'il so
faisoit ainsi par principe d'occupation un
fond de saintes connoissances , il ne prêt
voyoit pas qu'il dût un jour par état les
communiquer aux autres ... U n'e'toit pas
moins propre à annoncer les veritez Evan
géliques aux Grands, qu'à instruise les
petits & à cathéchiser les Habitans des
Campagnes , il éclaircuìoit les doutes des
âmes timorées , il assermissoit la foi des
ames foibles , il étoit utile à son Evêque
Blême qui le consultoit. .....
Voilà ce que c'étoit que les lumières
de Sulpice, Chrétiens Auditeurs, elles
ne faisoient point peut-être cette science
si étendue, li variée, de beaucoup de Sçavans
de nos jours , mais elles faisoient
une science utile à son prochain , à luimême
, & sur tout sobre, modeste , s'arrêtant
où elle devoit ; & plut à Dieu que
plusieurs de nos frères n'en eussent point
d'autre , qu'ils fussent & bien plus hum
bles ôc moins curieux, & par là moins
sujets à des égaremens déplorables. Car ,
ô Ciel ! vous confondez le téméraire re
gard qui veut s'élever jusqu'à la hauteuç
inaccessible des trésors de votre sagesse*
Rendez- nous l'heureuse simplicité des pre
miers temps de l'Eglise.'On ne sçavoit pas
disputer, ah I mais on sçavoit obéïr. . . . ,
L'Orateur , après avoir pafl[é avec un
«P*
FEVRIER. i7?ò. if9
írt infini au troisième Chef de sa subdi-,
vision , continue :
Ici, Chrétiens, s'offre un nouveau spec-i
tacle. C'est une aíTemble'e d'esprits violens
& factieux , qui se calme au seul nom de
Sulpice. Le Siège Episcopal e'toit vacant
& le peuple, alors maître du choix de son
Evêque.étok divisé en plusieurs partis qui
«n alloient venir aux mains , si une voix
sortie du milieu de tant de clameurs, n'eût
tout-à-coUp nommé Sulpice. A un nom
si respecté les troubles cessent, les esprits
font d'accord , & cette Assemblée tumul
tueuse , dont les cris differens étoient la
voix de mille passions différentes , devient
eh un moment par la réunion inespérés
de ses suffrages, l'Infcrprete du choix de
Dieu-même. Mais voici un spectacle plus
grand encore } c'est Sulpice qui refuse
d'accepter la dignité sacrée qu'on lui dé
fère ; on le presse & il résiste pour la pre
mière fois à la volonté de son Dieu , mais
remarquez qu'il y résiste dans une occa
sion où il est beau , j'ose le dire , de la
méconnoître .... c'est mériter l'Episcopat
que d'avoir la pieté , la science né
cessaire pour en exercer avec fruit les
fonctions augustes ; le refuser toutefois
par Religion , c'est avoir un mérite aufli
éminent que la place même. .. .
La résistance de Sulpice aux empréssemens
du peuple , venoit de son profond[
*8a MERCURE DE FRANCE,
respect pour la dignité sacrée qu'il mt*
ritoit si parfaitement, il regardok l'Episcopat
comme le caractère le plus auguste, le
plus élevé dont un Chrétien puisse être
revêtu ici bas. Il avoir toujours été parti
culièrement recommandable par son res
pect pour les premiers Oints duSeigneur,
& il vivoit dans un siécle où des discours»
injurieux à leur gloire , étoient un crime
presque inconnu. >
L'Abbé Seguy termine cette première
Partie pat une morale forte & convena
ble., & passe à son second Point , où it
fait voir S. Sulpice soutenant dignement
le poids immense de l'Episcopat»
La plus grande idée qu'on puisse don
ner d'un Ministre du Seigneur, n'ëst pas;
de dire qu'il mérita d'être honoré du ca
ractère Episcopal ; non , quelque grand
que soit un, tel éloge : mais dire qu'ayant
ïeçû ce caractère sacré , il le mérita tou
jours , est la suprême louange. Il y a
Chrétiens entre la gloire d'être élevé pas
fes vertus à une dignité éminente &c celle
d'en remplk parfaitement les devoirs, une
différence qu'il est aisé de sentir.pour peu
qu'on y réfléchisse . ... Audi parmi rant
d'hommes que les suffrages des peuples
élevèrent 3ux places les plus augustes ;
combien en a-t'on vû qui en auroient
toujours paru dignes s'ils ne les eussent
jamais occupées. Sulpice digne de l'Egifç
i
Ê E VRIER. 1730. M
-tèçat y ôc avant d'y parvenir , & après
y êtrcparvenUjjustifia pleinement le choix
de son peuple, & cela par Pesprit de son
gouvernement , par ses travaux , par se*
succès mêmes. '
L'Abbé Seguy, dans le premier mem
bre de cette subdivision , fait voir Pesprit
du gouvernement du S. Evêque comme
nn esprit de bonté , de fermeté, de sagesse,
& il en rapporte entr'autres exemples un
trait de ce S. Pasteur à Poccasion des ve
xations inoiiies & des cruautez qu'exerçoient
certains exacteurs d'un impôt trop
fort qui mettoit le comble à la misère du)
peuple. 1
Sulpice én est témoin', dit Phabile Pa--
-ft-egyriste , & ses entrailles paternelles en
font émues. Il s'adresse avec douceur aux
barbares Officiers , il leur fait la plus tou
chante peinture de Pétat déplorable de
son peuple, il les conjure au nom du Dieu
■ée bonté de cesser d'indignes poursuites,:
qui auiïì bien ne servent qu'à réduire au
plus affreux desespoir une partie de sort
troupeau, & sans doure il leur auroit ins
piré des fentimens plus humains, si de tels
coeurs en eussent été capables. Eh bien ,
cruels ! je me fuis inutilement abbaiffé
jusqu'à la prière -, il ne me reste qu'à vous
lancer les foudres spirituels qui m'ont été
confies. A Dieu ne plaise , que je m'op-
D iiij pose
*#* MERCURE DE FRANCÈ
pose aux ordres du Prince ; ce n'est páS
a vos pareils qu'il est donné de lui être
plus soumis & plus attachez qu'un Evê
que. Mon Rot n'ignore pas mon zele , il
n'ignore que vos cruautez. Je lui écris-,
il nous fera fçavoir sa volonté souverai
ne... Je vous abandonnerai , s'il l'exige,
& le Troupeau & le Pasteur même ; mars
en attendant n'espérez pas que je souffre
votre barbarie 5 je ne verrai point écraser
ainsi mon peuple , dont lés cris me dé
chirent ; percez plutôt ce coeur qui ne peut
vous abandonner.
Fermeté héroïque, Chrétiens Auditeurs,
qui fans une prudence infinie auroit eu-,
je l'avoue , ses dangers ; mais l'esprit de
sagesse égak toûjours en Sulpice l'esprit
de force. Spiritus fortitudinis , fpiritus fa~
■pievtì* & intelleSius. Tandis que par la
vigueur de fa conduite il arrête les per
sécutions des Publicains barbares , il ex
horte d'un autre côté les riches à leur
payer le nouveau tribut , il recommande
vivement au peuple les sentimens d'atta
chement 8c d'obéissance qu'il doit à son
Souverain , il paraît prêt à accabler da
poids de son indignation quiconque óferoit
s'en écarter, & cependant il conjure
celui qui tient en ses mains les coeurs des
Rois-, de lui rendre favorable Dagobert ,
qui avoit succédé à Clouirc.
L'ait
FEVRIER. 1730. igj
L'art avec lequel l'Oratcur entre dans
la seconde partie de sa subdivision, & la
manière dont il décrit les travaux Aposto
liques du saint Evêque , auroient ici leur
place , si on pouvoit abréger cet endroit
sans le gâter. . . .
Que vous dirai-je de plus ? aussi infa
tigable , aussi prompt que plein de zelc ,
occupé sans relâche , íans altération , il
ne l'est que des intérêts du Ciel & du foin
de son Diocèse. U ne tient d'une main qu'à
ses Ouailles & de l'autre qu'à son Dieu.
L'article des succès du saint Evêque est
traité avec la même dignité & le même
feu. La conversion des Juifs de Bourges
faite par son ministère , n'y est pas ou
bliée , & l'Orateur pour relever ce grand
succès , parlant de ['obstination des Juifs
dit ... . malheureuse race , ton aveugle
ment est la peine de tes ingratitudes. C'est'
du trésor de la colère qu'est sortie ton
obstination insensée ; terrible exemple des
vengeances du Seigneur , tu portes im
primez fur toi les signes les plus marquezde
fa colère , & toi feule ne les reconnòfs
pas ; tu gardes chèrement les Livres saints
où fe lit ta condamnation manifeste , &
toi feule ne l'y trouves pas ; tu fers au
monde entier de témoin contre toi-même
& toi feule ne t'en apperçois pas ; & fi
par une eípece de prodige la vérité puis-
, v ; D v saute
i84< MERCURE DE FRANCE;
íante arrache à quelques-uns des tiens le*
fatal bandeau , ne les voit-on pas presquo
toûjours lui enlever peu de temps après
fa victoire ,& lui voiier une haine plus
cruelle que jamais ; ainsi se justifient les
oracles de tesProphetes par qui a été pre'dk
ton endurciflemenr déplorable. \4ais,Chrétiens,
Sulpice devoir avoir la gloire de
triompher de tant d'obstination. Il prêche
donc J. O crucifié à des infortunez qui le
regardent comme un sujet de scandale , iÈ
lutte contre leurs opiniâtres préjugez Sc
il en triomphe. Ce ne font plus ces enne
mis irréconciliables de rHomme-Dieu ;
ce font des vaincus, qui trop contens de
l'être, baignent de larmes de joye les ar
mes qu'ils remettent au vainqueur. Que
j'aime á les voir gémir amoureusement au
pied de>Ja Croix , ils en font le glorieux
& nouveau trophée. Plus de différence:
de culte dans la même Ville. Les enfans
de Sara Sc d'Agar se font réunis. Que les
Esprits Célestes en soient transportez de
joye , que l'Eglise en faíse retenrir ses
Temples de Chanrs d'allegreíse , que la
Îostcrité de ces Esclaves devenus libres en
. Chemise à jamais ta mémoire du siint:
Pasteur lonr Di u s'est íervi pour renou-
Tcller fur letirs pères Sc fur eux ses an
ciennes miséricordes.
S. Sulpice-
LE 1 7. Janvier , P Abbé Seguy , nom
mé par le Roi à- P Abbaye de Gcnlis ,
prononça ce Discoucs dans l'Eglise Parói.'
îul; de S. Suldce, avec uli applau»
diíse.neat universel. Jamais réputation
a'*
FE V R ÏE R. 17% o.
í'k été plus prompte que celle de ce non»
vel Orateur , dont le premier succès a et©'
assez éclatant pour être honoré de Pattendon
8c des récompenses de la Cour^
Le Public échauffé fur ion compte , at- -
tendoit avec impatience ce second Dis
cours » qui a mis , pour ainsi dire , le sceau1
à sa réputation , & avec d'autant plus de
Ì'ustice que son sujet , bien moins favora-
>le que 1c premier, ne pàroiffoit point
susceptible des traits vifs & grands qu'il
lui a prêtez. L'Extrait du Panégyrique d©'
S. Louis a fait? tant de plaisir , qu'on a'
fort souhaité voir aussi celui du Panégy
rique de S.Sulpice, Se nous avons enfin;
obtenu le consentement de M. l'Abbé Se--
guy pour faire usage du secours des Co-j
pistes qui lui ont enlevé son Discours.
-L'Orateur a pris pour Texte ces paroles
de l'Ecclesiastique : Fattum est illi fungi
facerdotin , . .& habere lait ier)* in nomine;
ejus. Voici l'Exorde , à quelques lignes^
près>
Si l'on fçait à travers les expressions
les plus simples pénétrer le sens le plus
élevé , quelles grandes idées se présentent
à ces mots ! Voilà , Chrétiens , un
Eloge digne d'Àaron , qui en est l'ob'jet
& pour dire encore plus , digne de l'Esprit
Saint qui en est l'Auteur. En effet:
loiier un homme d'avoir mérité le Sacer
doce
MERCÙRE Ï>È FÍIANCÉ.
doce & U plénitude du Sacerdoce , qtíî
«st le Pontificat , n'est-ce pas le rôties
d'avoir mérité le plus sublime de rous le»
Ministères, celui de Pacificateur , de Mé
diateur entre Dieu & son Peuple , & quelle
louange pourroit, ce semble , égaler celle
îà , si ce qui suit n'y mettoit le comble
en ajoutant que ce Ministère si auguste^
Aaron l'exerça avec gloire en Israël ,
FaSinm est Mi fungi facerdotio .... &
habere laudem ih nomme ejuù
Cette idée , toute grande qu'elle est y
Chrétiens Auditeurs , l'est-elle trop pour
k sujet qui nous assemble .... Par tout
l'Histoite de fa vie ( de S. Sulpice) m'a
présenté un homme visiblement destinés
pour entrer en part du gouvernement de
l'Eglise ; un homme que la Grâce de Jé
sus- Christ prit soin de préparer dès soit
enfance à la dignité de Pasteur dans l'E
glise; Un homme élevé d'une commune
voix à ce comble d'honneur pour l'édiSfication
& pour l'utilité de PEglise.
C'est à ce point de vûë que m'ont paru se
íapporter toutes les faces sous lesquelles
on peut l'envifager quand j'entre
prends de vous retracer une si belle vie,-
c'est ou comme la préparation la plusparfaite
à la dignité Episcopale , ou com
me l'accomplissement le plus entier des
ieyoiis qui y sont attachez ; car voici et»
FEVRIER. 1730. ìSf
in deux mots le Plan du Discours que je
consacre à la gloire de S. Sulpice. II mé
rita d'être élevé à l'honneur suprême de
l'Episcopar , & il soutint glorieusement
le poids immense de ''Episcopat. FaElum
eft illi fungi Sacerdotio .... & habere
Uudem in nornine ejus.
Dieu immortel , qui n'aliénez jamais»
votre gloire,c'est à vous que se rapportent
fes louanges de vos Saints , & c'est à vous
aussi que se rapporteroient celles d'un
de vos plus dignesMinistres qui m'écoute..
dans ce saint Temple , dont la construc--
fion n'etoit possible qu'à lui seul. Avec
quel zelc vous prépare-t-il une demeure,
pendant qu'un autre Serviteur fidèle que
tous vous êtes choisi dans fa maison , tra
vaille sans relâche à votre gloire j Pon-i
tifc & deffenscur illustre de votre Reli
gion sacrée. Ainsi Moyse executoit le Pla»
de votre auguste Tabernacle, tandis qu'ho
noré du Pontificat, Aaron son frère préíîdoit
à votre culte divin ... Je rentre
dans mon sujet , mais je sens que je n'enpuis
soutenir le poids si Marie ne s'intefefle
à^'entreprise.
Le comprenons-nous ce que c'est que
d'être un des Pasteurs préposez au gou
vernement de l'Eglise que J.C. a acquise
j»ar son Sang ? nous formons-nous une
aslez haute idée de la grandeur de ce Mi
nistère
t7ò MËRCÚRE DE FRANGÉ; .
«istere ? L'Episcopat , Chrétiens , l'Epìs»
copat n'est rien moins que le Tribunal
irréprochable de cette foi , fans laquelle
on ne peut être sauvé ; la succession non
interrompue du pouvoir &é des fonctions
des Apôtres, le complément, la plénitu
de surabondante du caractère conféré aux
autres Ministres de l' Autel , l'autorité dtf
droit ..divin fur les Fidèles & Air les Pré*
tres qui les conduisent , le gage sensible
de l'union de J. C avec son Eglise , la
participation immédiate de la puissance du
Fils de Dieu lui-même, la íourec primi-*
tive du pouvoir de Her & dé délier suc
la Terre , de conférer la Grâce & de la
suspendre* de rendre présente la Victime
adorable ôc de l'immolct!, Quelle dignité
que celle qui réunit en soi de si grandes
choses , mais aussi de la part de notre
Saint, quelle vertu, quelle capacité à
tous égards , quelle répugnance à aceep.
ter tant de grandeur.Pen rendirent digne l
trois principaux chefs dont je fais tout le
fond de cette première Parrîe. Reprenons.
U semble, Chrétiens, que Sulpice ne
pouvoit naturellement échapper au mon»
de,si son cceiK n'eût été spécialement desti
né de Dieu pour être à lui. La Cour , où sa
naissance Cappella dès ses premières an
nées- la Cour est-elle l'ecole ordinaire de
í* vcítu- > Cet âge même où lc coeur tout
m
FEVRIER. 1730. t7t
m bute aux passions , à peine Ce trouva
libre , est peut-être moins dangereux , 8ç
foubliois presque de vous dire que Sul
pice fut au Seigneur dès le point du jour,
itomme parle le Prophète , dès fa jeunesse,
parce que j'ai quelque chose de plus glo
rieux pour lui à vous dire ; c'est qu'il fut
au Seigneur dans des lieux, the'atre uni
versel desfoiblesses & des vanitez humai
nes , à la Cour. Ce n'est donc pas ici ,
Chrétiens 4 une vertu à l'abri des dangers
du siécle ; c'est une vertu à l'épreuvc des
charmes & des engagemens du monde le
plus séduisant, que l'on appelle le grand
monde , une vertu constamment sollicitée
& constamment victorieuse. . . .
L'Abbé Seguy , après avoir mis dans
tout son jour la vertu de S. Sulpice au
milieu des dangers de la Cour , le repré
sente dans fa Retraire domestique , &
voici comment il en parle.
Il quitte donc cette Cour, où il ne
voit aucun des vrais biens qu'il aime,
où font réunis ensemble tous les faus
biens qu'il n'aime pas j il se fait de sa
maison une retraite particulière aussi inr
accessible aux attaques des folles passions
que le fut jamais celle des Hilarions 8c
des Antoines. La solitude Chrétienne ,
mes frères , ne pensez pas qu'il faille ab
solument l'aller cherchée dans l'ornbre
>7* MERCURE DE FRANCE. ...^
-du Cloitre ou dans l'horreur des Déserts.'
,Un coeur tumultueux , plein des ide'es
des engagemens du siécle ne feroit pas
seul dans les Antres profonds de la Thé-
.baïde même. La vraye solitude est souyent
dans un genre de vie retirée , quoiqu'au
milieu du monde , dans les senti-» ,
.mens qui y font conformes dans le coeur,
L'Orateur , en parlant de l'humble
•résistance de S. Sulpice , lorsque son Evo
que voulut l'ordonner Prêrre, dit: T'
Malgte' un attrait naturel pour cet état ,
3e Serviteur de Dieu, par un effet de cette
íhurnilké qui met le comble à sa vertu re
fuse de repondre à un dessein qu'a fait
jiaître sa vertu même, & pour le fairô
passer de l'état laïque à la Cléricature,
de la Cléricature au Sacerdoce , il faut
que le saint Evêque engage les Princes à
íe joindre à lui. C'est ainsi que la mo
destie des Saints leur cache quelquefois
la volonté divine qu'ils adorent , & que
le Ciel fait exécuter fur eux fa volonté
fans rien faire perdre à leur modestie.
Vous résistiez donc en vain , digne Disci
ple de J. C. yous en deviez être le Prêrre ,
parce que vous en fûtes la Victime. Il étoit,
il étoit convenable que vous pussiez osfric
à l'Autel l'Agneau sans tache , vous qui
pouviez vous offrir avec lui. Vous sçaveát .
É?éja ce qu'il fut dans la vie scculkre,Chré.
liens
FEVRIER. 1730. *73
{tiens Auditeurs , jugez de ce qu'il fut dans,
le Sacerdoce. . . Sa vie inspire, persuade
la vertu que respirent tous ses discours 4
íes exemples font citez dans les familles ,
son simple aspect est une leçon , son seul
nom rappelle une idée salutaire. De'ja se
répand le bruit de sa sainteté dans les Pro
vinces voisines. La Cour l'entendir, & le
Prince Religieux qui commandoit alors
à nos Ancêtres , Clotaire II. jetta les yeux
fur le Serviteur de J. C. pour le charger
d'un emploi plus honorable encore par !»
sainteté de ses fonctions , que considérable
par l'accès & le crédit qu'il donnoit au
près du Monarque . • . Mais il s'agissoit
d'engager l'Homme de Dieu à l'accepter
& son Evêque fut intéressé pour cela ; car
Comme ce Prélat n'eût jamais pû fans le
Prince , forcer l'humilité de Sulpice à re
cevoir le Sacerdoce , le Prince n'eut aust|
jamais pû fans lui,forcer la vertu du Saint
à rentrer dans le grand monde. On l'y sic
rentrer. Sulpice reparoît à la Cour & il
l'édisie de nouveau. La Cour , quelques
passions qui y règnent s n'en est pas moins
pleine d'estime pour la vertu , & fans la.
pratiquer mieux que le peuple , elle fçaic
& la connoître mieux & la respecter dar
vantage.
Rien n'est plus beau & plus délicat que
1c Porcraic que fait V dateur de son Saint;
úm
*74 MERCURE DE FRANCE. - "
áans le crédit que lui donnoient fa Char»
,ge de Grand- Aumônier & l 'amitié de Clo-
,«aire.
Clotaire , dit-il , qui lui doit la conser
vation de ses jours , veut qu'il ait aux
affaires une part considérable , qui ne fut
jamaisl'objet de ses voeux... Je reconnois
ici , ô mon Dieu ! un grand exemple de
;la conduite que vous tenez quelquefois
^ur ceux qui vous aiment ; quoiqu'ordinairement
jaloux de les cacher dans le
secret de votre face, cependant pour lc
bien de leurs frères , pour l'honneur mêjne
de la vertu , vous les menez de temps
jcn temps comme par la main fur la Scène
changeante du monde , vous leur faites
trouver grâce devant les Dieux de la
Terre & toujours fur de leur coeur , vous
les prêtez pour récompense aux bons Rois,
À qui ils font nécessaires.
Ensuite l'Abbé Seguy fait voir S. S ulice
attentif dans fa faveur à ménager pou r
a timide vertu la protection du Monar
que , charmé de pouvoir prêter la voix
aux larmes des malheureux , se rendant
cher à sa Nation , comme un autre M ardochée
, & par le charme d'une douceur
toute Chrétienne , trouvant lc secret de
ne mécontenter personne, malgré l'impuissance
, de procurer des grâces à tous,
conduisant & exécutant tout ce qu'il se
propose
t
FEVRIER; 1730. 171
propose par une nouvelle sorte de politi
que., la droiture & la sincérités agissanc
afec zele & avec zele sçlon la science
dans tout ce qui a rapport à la Religion ,
& qui demande l'appui de l'autorité Roya
le pour l'Eglise ; enfin dans une situation
où d'autres sacrifieroient leur ame , ayant
aux yeux des hommes mêmes le mérite
de ne sacrifier que son repos : tel & plus
grand encore par le saint usage de son cré
dit étoit Sulpice, Chr. Aud. & s'il n'est pa»
le seul1 que son Portrait vous représente,
c'est une heureuse ressemblance qui honore
notre siécle. Au reste , il est bon pour votre
instruction , mes Frères , que vous remar
quiez la cause du saint usage que fit Sulpice
de sa faveur à la Cour, & la raison du bon
heur qu'il eut d'y conserver sa vertu dans
tous les temps. Dieu l'y avoit appelle ; &
parce qu'il l'y avoit appelle , il le sauva,
des écueils dangereux contre lesquels onc
brisés mille autres ; parce qu'il l'y avoit
appelle , il le mit au-dessus des foiblesses
ordinaires du sang , il lui fît oublier le
soin de l'élevation des siens & de leur
fortune particulière ; parce qu'il l'y avoie
appelle , bien loin de l'abandonner à l'amour
du plaisir qui y règne , il se servit
de lui pour y confondre les voluptueux
par son exemple ; parce qu'il l'y avoit
a^pellé, il fit faire en lui la voix de la
g cupidit4
íT6 MERCURE DE FRANCeI^I
cupidité , il lui donna ce détachement ÍÎ
nécellâire à qui peut obtenir tout ce qu'il
désire ; parce qu'il l'y avoit appelle , il
lui conserva au milieu de la pompe &c du
luxe de la Cour , un gout constant pour
la simplicité la plus modeste 3, parce qu'il
l'y avoit appellé , il l'entretint au centre
même du grand monde dans un esprit de
retraite qui l'engageoit à se dérober de
temps en temps à la Cour , pour donner
au loin de recueillir son coeur tous les
momens dont il étoit le maître ; parce
qu'il l'y avoit appellé , il justifia fa voca
tion. Ceux que Dieu lui-même expose,,
sont dans le monde fans appartenir au
monde -, Dieu est avec eux , mais aussi
ceux qui s'exposent sans son aveu, y pensent-
ils sérieusement ....
Si Sulpice y eût été porté par ses pro
pres conseils , il y auroit fait infaillible
ment naufrage. La Providence qui veut
peut-êtte tel d'entre vous loin du tumulte
du monde, le voulut long-temps lui au
rnilieu des dangers du siécle , & elle avoit
ses raisons. Ce n'étoit pas fans dessein,
qu'elle l'avoit fait naître avec les avan
tages des richesses & du rang , qu'elle lui
fit passer plusieurs années parmi les déli
ces & les vaihes pompes contre lesquelles
il étoit obligé de se deffendre. Elle le des.
«inpit à remplir dan&son Eglise une place
fEVRIER. 1730. 277:
^ni pour erre sainte , sacrée, de droit di
vin , n'en expose pás moins aux périls in
séparables des grandes places , une place
qu'une vertu à l'épreuve des tentation»
de la grandeur & de l'abondance , est feule
digne de remplir.Car depuis que les Chrér
tiens , trop indignes de leurs premier*
Ancêtres , ont renoncé à cette heureuse
pauvreté qui fut comme le berceau de leuc
Religion , depuis que l'amour des abbaifiemens
a fait place chez eux aux fatales
chimères de l'orgueil, il a fallu appuyer
l'autorité Episcopale de tout ce que l'ofmlence
, le rang ont de plus imposant à
eurs yeux. Sulpice avoit donc beloin d'u
ne vertu, éminente > éprouvée., pour ré
pondre dignement aux desseins de Dieu
fur lui , & vous avez vû si la sienne ne
fut pas telle, in integritate\ mais la vertu
feule n'eût pas suífi sans une capacité pro
portionnée à fa destination , in doftrina...
Il l'avoit , & si vous me demandez com
ment parmi les distractions & tumulte du
siécle il trouva le temps de l'acquerir , je
vous répondrai qu'il le trouva 3 force
d'attention à saisir & à employer des momens
qu'un autre auroit perdus en amufemens
frivoles ou criminels , je vous fe
rai ressouvenir de cette Retraite domcstN
que de plusieurs années où tout son temp»
jgtoit partagé entre Dieu & une étude re-
P i) glce
' ' '
*78 MERCURE D£ FRANCE; .
glée qui avoic rapporc à lui. Lorsqu'il so
faisoit ainsi par principe d'occupation un
fond de saintes connoissances , il ne prêt
voyoit pas qu'il dût un jour par état les
communiquer aux autres ... U n'e'toit pas
moins propre à annoncer les veritez Evan
géliques aux Grands, qu'à instruise les
petits & à cathéchiser les Habitans des
Campagnes , il éclaircuìoit les doutes des
âmes timorées , il assermissoit la foi des
ames foibles , il étoit utile à son Evêque
Blême qui le consultoit. .....
Voilà ce que c'étoit que les lumières
de Sulpice, Chrétiens Auditeurs, elles
ne faisoient point peut-être cette science
si étendue, li variée, de beaucoup de Sçavans
de nos jours , mais elles faisoient
une science utile à son prochain , à luimême
, & sur tout sobre, modeste , s'arrêtant
où elle devoit ; & plut à Dieu que
plusieurs de nos frères n'en eussent point
d'autre , qu'ils fussent & bien plus hum
bles ôc moins curieux, & par là moins
sujets à des égaremens déplorables. Car ,
ô Ciel ! vous confondez le téméraire re
gard qui veut s'élever jusqu'à la hauteuç
inaccessible des trésors de votre sagesse*
Rendez- nous l'heureuse simplicité des pre
miers temps de l'Eglise.'On ne sçavoit pas
disputer, ah I mais on sçavoit obéïr. . . . ,
L'Orateur , après avoir pafl[é avec un
«P*
FEVRIER. i7?ò. if9
írt infini au troisième Chef de sa subdi-,
vision , continue :
Ici, Chrétiens, s'offre un nouveau spec-i
tacle. C'est une aíTemble'e d'esprits violens
& factieux , qui se calme au seul nom de
Sulpice. Le Siège Episcopal e'toit vacant
& le peuple, alors maître du choix de son
Evêque.étok divisé en plusieurs partis qui
«n alloient venir aux mains , si une voix
sortie du milieu de tant de clameurs, n'eût
tout-à-coUp nommé Sulpice. A un nom
si respecté les troubles cessent, les esprits
font d'accord , & cette Assemblée tumul
tueuse , dont les cris differens étoient la
voix de mille passions différentes , devient
eh un moment par la réunion inespérés
de ses suffrages, l'Infcrprete du choix de
Dieu-même. Mais voici un spectacle plus
grand encore } c'est Sulpice qui refuse
d'accepter la dignité sacrée qu'on lui dé
fère ; on le presse & il résiste pour la pre
mière fois à la volonté de son Dieu , mais
remarquez qu'il y résiste dans une occa
sion où il est beau , j'ose le dire , de la
méconnoître .... c'est mériter l'Episcopat
que d'avoir la pieté , la science né
cessaire pour en exercer avec fruit les
fonctions augustes ; le refuser toutefois
par Religion , c'est avoir un mérite aufli
éminent que la place même. .. .
La résistance de Sulpice aux empréssemens
du peuple , venoit de son profond[
*8a MERCURE DE FRANCE,
respect pour la dignité sacrée qu'il mt*
ritoit si parfaitement, il regardok l'Episcopat
comme le caractère le plus auguste, le
plus élevé dont un Chrétien puisse être
revêtu ici bas. Il avoir toujours été parti
culièrement recommandable par son res
pect pour les premiers Oints duSeigneur,
& il vivoit dans un siécle où des discours»
injurieux à leur gloire , étoient un crime
presque inconnu. >
L'Abbé Seguy termine cette première
Partie pat une morale forte & convena
ble., & passe à son second Point , où it
fait voir S. Sulpice soutenant dignement
le poids immense de l'Episcopat»
La plus grande idée qu'on puisse don
ner d'un Ministre du Seigneur, n'ëst pas;
de dire qu'il mérita d'être honoré du ca
ractère Episcopal ; non , quelque grand
que soit un, tel éloge : mais dire qu'ayant
ïeçû ce caractère sacré , il le mérita tou
jours , est la suprême louange. Il y a
Chrétiens entre la gloire d'être élevé pas
fes vertus à une dignité éminente &c celle
d'en remplk parfaitement les devoirs, une
différence qu'il est aisé de sentir.pour peu
qu'on y réfléchisse . ... Audi parmi rant
d'hommes que les suffrages des peuples
élevèrent 3ux places les plus augustes ;
combien en a-t'on vû qui en auroient
toujours paru dignes s'ils ne les eussent
jamais occupées. Sulpice digne de l'Egifç
i
Ê E VRIER. 1730. M
-tèçat y ôc avant d'y parvenir , & après
y êtrcparvenUjjustifia pleinement le choix
de son peuple, & cela par Pesprit de son
gouvernement , par ses travaux , par se*
succès mêmes. '
L'Abbé Seguy, dans le premier mem
bre de cette subdivision , fait voir Pesprit
du gouvernement du S. Evêque comme
nn esprit de bonté , de fermeté, de sagesse,
& il en rapporte entr'autres exemples un
trait de ce S. Pasteur à Poccasion des ve
xations inoiiies & des cruautez qu'exerçoient
certains exacteurs d'un impôt trop
fort qui mettoit le comble à la misère du)
peuple. 1
Sulpice én est témoin', dit Phabile Pa--
-ft-egyriste , & ses entrailles paternelles en
font émues. Il s'adresse avec douceur aux
barbares Officiers , il leur fait la plus tou
chante peinture de Pétat déplorable de
son peuple, il les conjure au nom du Dieu
■ée bonté de cesser d'indignes poursuites,:
qui auiïì bien ne servent qu'à réduire au
plus affreux desespoir une partie de sort
troupeau, & sans doure il leur auroit ins
piré des fentimens plus humains, si de tels
coeurs en eussent été capables. Eh bien ,
cruels ! je me fuis inutilement abbaiffé
jusqu'à la prière -, il ne me reste qu'à vous
lancer les foudres spirituels qui m'ont été
confies. A Dieu ne plaise , que je m'op-
D iiij pose
*#* MERCURE DE FRANCÈ
pose aux ordres du Prince ; ce n'est páS
a vos pareils qu'il est donné de lui être
plus soumis & plus attachez qu'un Evê
que. Mon Rot n'ignore pas mon zele , il
n'ignore que vos cruautez. Je lui écris-,
il nous fera fçavoir sa volonté souverai
ne... Je vous abandonnerai , s'il l'exige,
& le Troupeau & le Pasteur même ; mars
en attendant n'espérez pas que je souffre
votre barbarie 5 je ne verrai point écraser
ainsi mon peuple , dont lés cris me dé
chirent ; percez plutôt ce coeur qui ne peut
vous abandonner.
Fermeté héroïque, Chrétiens Auditeurs,
qui fans une prudence infinie auroit eu-,
je l'avoue , ses dangers ; mais l'esprit de
sagesse égak toûjours en Sulpice l'esprit
de force. Spiritus fortitudinis , fpiritus fa~
■pievtì* & intelleSius. Tandis que par la
vigueur de fa conduite il arrête les per
sécutions des Publicains barbares , il ex
horte d'un autre côté les riches à leur
payer le nouveau tribut , il recommande
vivement au peuple les sentimens d'atta
chement 8c d'obéissance qu'il doit à son
Souverain , il paraît prêt à accabler da
poids de son indignation quiconque óferoit
s'en écarter, & cependant il conjure
celui qui tient en ses mains les coeurs des
Rois-, de lui rendre favorable Dagobert ,
qui avoit succédé à Clouirc.
L'ait
FEVRIER. 1730. igj
L'art avec lequel l'Oratcur entre dans
la seconde partie de sa subdivision, & la
manière dont il décrit les travaux Aposto
liques du saint Evêque , auroient ici leur
place , si on pouvoit abréger cet endroit
sans le gâter. . . .
Que vous dirai-je de plus ? aussi infa
tigable , aussi prompt que plein de zelc ,
occupé sans relâche , íans altération , il
ne l'est que des intérêts du Ciel & du foin
de son Diocèse. U ne tient d'une main qu'à
ses Ouailles & de l'autre qu'à son Dieu.
L'article des succès du saint Evêque est
traité avec la même dignité & le même
feu. La conversion des Juifs de Bourges
faite par son ministère , n'y est pas ou
bliée , & l'Orateur pour relever ce grand
succès , parlant de ['obstination des Juifs
dit ... . malheureuse race , ton aveugle
ment est la peine de tes ingratitudes. C'est'
du trésor de la colère qu'est sortie ton
obstination insensée ; terrible exemple des
vengeances du Seigneur , tu portes im
primez fur toi les signes les plus marquezde
fa colère , & toi feule ne les reconnòfs
pas ; tu gardes chèrement les Livres saints
où fe lit ta condamnation manifeste , &
toi feule ne l'y trouves pas ; tu fers au
monde entier de témoin contre toi-même
& toi feule ne t'en apperçois pas ; & fi
par une eípece de prodige la vérité puis-
, v ; D v saute
i84< MERCURE DE FRANCE;
íante arrache à quelques-uns des tiens le*
fatal bandeau , ne les voit-on pas presquo
toûjours lui enlever peu de temps après
fa victoire ,& lui voiier une haine plus
cruelle que jamais ; ainsi se justifient les
oracles de tesProphetes par qui a été pre'dk
ton endurciflemenr déplorable. \4ais,Chrétiens,
Sulpice devoir avoir la gloire de
triompher de tant d'obstination. Il prêche
donc J. O crucifié à des infortunez qui le
regardent comme un sujet de scandale , iÈ
lutte contre leurs opiniâtres préjugez Sc
il en triomphe. Ce ne font plus ces enne
mis irréconciliables de rHomme-Dieu ;
ce font des vaincus, qui trop contens de
l'être, baignent de larmes de joye les ar
mes qu'ils remettent au vainqueur. Que
j'aime á les voir gémir amoureusement au
pied de>Ja Croix , ils en font le glorieux
& nouveau trophée. Plus de différence:
de culte dans la même Ville. Les enfans
de Sara Sc d'Agar se font réunis. Que les
Esprits Célestes en soient transportez de
joye , que l'Eglise en faíse retenrir ses
Temples de Chanrs d'allegreíse , que la
Îostcrité de ces Esclaves devenus libres en
. Chemise à jamais ta mémoire du siint:
Pasteur lonr Di u s'est íervi pour renou-
Tcller fur letirs pères Sc fur eux ses an
ciennes miséricordes.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Panegyrique de S. Sulpice.
Le 17 janvier 1730, l'abbé Seguy, nommé par le roi à l'abbaye de Genlis, prononça un discours panégyrique de Saint Sulpice dans l'église paroissiale de Saint Sulpice, suscitant une admiration universelle. Ce discours confirma sa réputation, déjà établie par un précédent succès. L'extrait du panégyrique de Saint Louis ayant été bien accueilli, le public attendait avec impatience celui de Saint Sulpice. L'abbé Seguy accepta de partager son discours, qui fut publié dans le Mercure de France. L'orateur choisit comme texte les paroles de l'Ecclésiastique : 'Il lui fut donné de remplir l'office de prêtre, et de louer son nom.' Il souligna que louer un homme ayant mérité le sacerdoce et la plénitude du pontificat est le plus sublime des ministères, celui de pacificateur et médiateur entre Dieu et son peuple. Saint Sulpice fut présenté comme un homme destiné au gouvernement de l'Église, préparé dès son enfance à la dignité de pasteur. Le discours se structura autour de deux axes principaux : la préparation parfaite de Saint Sulpice à la dignité épiscopale et l'accomplissement entier des devoirs attachés à cette fonction. L'orateur insista sur la grandeur du ministère épiscopal, qui est le tribunal irréprochable de la foi, la succession des Apôtres, et l'autorité divine sur les fidèles. Saint Sulpice, malgré les dangers et les séductions de la cour, resta fidèle à sa vocation. Il quitta la cour pour une retraite domestique, refusant les honneurs et les passions mondaines. Son évêque et le prince Clotaire II durent insister pour qu'il accepte le sacerdoce et des responsabilités plus importantes. À la cour, il se distingua par sa vertu, son humilité et son zèle pour la religion. L'abbé Seguy conclut en soulignant que Saint Sulpice, appelé par Dieu à la cour, y conserva sa vertu grâce à la protection divine. Il utilisa son crédit pour le bien de l'Église et des malheureux, restant toujours humble et détaché des plaisirs mondains. Le texte traite également de la vie et des vertus de Sulpice, un homme d'Église ayant occupé une place éminente dans son diocèse. Sulpice a passé plusieurs années à se défendre contre les délices et les vaines pompes, tout en remplissant une fonction sacrée et divine dans son Église. Sa vertu, éprouvée par les tentations de la grandeur et de l'abondance, était nécessaire pour répondre aux desseins de Dieu. Sulpice a acquis une capacité proportionnée à sa destination grâce à une attention constante et à une retraite domestique dédiée à l'étude et à la prière. Lorsqu'il a été nommé évêque, Sulpice a refusé la dignité sacrée par humilité, mais il a finalement accepté pour répondre à la volonté divine. Son gouvernement épiscopal était marqué par la bonté, la fermeté et la sagesse. Il a protégé son peuple contre les cruautés des exacteurs d'impôts et a exhorté les riches à payer leurs tributs tout en recommandant l'obéissance au souverain. Sulpice a également mené des travaux apostoliques infatigables, convertissant notamment les Juifs de Bourges. Sa vie et son œuvre ont été marquées par une science utile, sobre et modeste, toujours au service de son prochain et de Dieu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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809
p. 285-291
QUESTION PROPOSÉE de Bourgogne à M. D. L. R. sur le Rhume & sur certains regimes de santé, recommandez par les Anciens.
Début :
Depuis que je lis le Mercure j'y ai trouvé si souvent des réponses satisfaisantes [...]
Mots clefs :
Rhume, Médecine, Bains, Anciens, Médecin, Santé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUESTION PROPOSÉE de Bourgogne à M. D. L. R. sur le Rhume & sur certains regimes de santé, recommandez par les Anciens.
QV EsT 10 N PfiOPOSE'E dr
Bourgogne à M. D. L. R. fur le Rhtimç
& fur cenúns régimes de famé , re
commandez, par les Anciens.
DEpuis que je lis le Mercure j'y ai;
trouvé si souvent des réponses satis
faisantes à différentes Questions qui y
avoient été proposées , que j'espere qu'on
voudra bien m'en procurer une par lç
mêmes canal, sur un sujet qui inreressetour
le monde. Il n'çst rien 4e plus préçie
ux que k sarçtç ; nos Anciens avoienr
D vji unv
&$6 ME RCURE DÊ FRANCÉ'
une grande atcentioo sur ccr article. lis
placèrent de tous côtez des Sentences qui
y avoient rapport. Elles étoient quelque
fois rédigées en Vers, quelquefois cn rimes
feulement , d'autres fois en Vers latins
rimez de la nature de ceux qu'on appelle
Techniques , & cela afin qu'on les retint
plus facilement. Mais comme chacun
n'a pas la clef de ces sortes de dictions.,
je me flate que quelque Médecin zélé pour
le bien public voudra bien nous expli
quer ce qui paroît de plus obscur dans
ces sortes de Sentences.
On les trouve en Quatrains au bas de
chaque mois des Calendriers dans presque
cous les Livres d'Eglise qui ont été im
primez en France au commencement du
XVI. siécle avant le Concile de Trente.
II y avoir alors parmi les Chantres & les
autres Ecclésiastiques beaucoup de Méde
cins qui fçavoient faire l'apologie de ces
Vers & qui en dùnnoient le dénouement»
J'en ai des preuves particulières pour l'Eglise
à laquelle je fuis attaché. Aujourd'hui
qu'il n'y en a píiiSjOn regarde ces sortes de
Quatrains comme ridicules & même com
me très-impertinemment placez. Car où
sont-ils imprimez? C'est dans les Missels,
à la marge inférieure du Calendrier , com
me pour servir de brodure au bout des
Saints de chaque mois. Si ces Vers tane
bien
FEVRIER. 1730/ iîf
bien- que mal faits , ne se trouvoient que
«Mis un ou deux Missels , je les croiroís
peu dignes d'attention ; mais comme ils
k rencontrent dans le plus grand nombre
& tnêmé dans ceux de Paris, & dans ceux
de Rome, imprimez en France, c'est une
marque de l'estime generale qu'on ea
avoit. Il n'est donc pas indiffèrent d'exa
miner si cette estime étok bien fondée ôC
si les règles en font solidement établies.
J'ay eu le bonheur de n'être point at
taqué de la maladie qui a été si commune
depuis quelques mois ; mais afin que je
puisse la prévenir au retour d'une autre
année , quelque charitable Médecin voudroit-
il bien nous assurer si l'on peur se
fier à ce qui est marqué dans un de ces
Quatrains í C'est celui du mois de No-;
vembrc.
Fis sanusfieri ? curetur reuma VSovembri :
Quodque nocens vit ai tua fit prítiofa die ta î
Balnea cum ventre tune nulli profit habert :
íotio fit fana, nec jufta minutio v»na.
Voilà , ce me semble , cinq leçons dans
ce Quatrain. Le premier Vers décide que
c'est au mois de Novembre qu'il faut se
préserver du rhume ou le fake Cesser. Il
est en mêmes termes dans la plupart des
differens Missels que j'ay vus. Il y en a
feulement quelques uns où on lit ;
h.tf MERCURE DE FRANCEí
n..c tibì: fcirt dn:ur , qfiod rheuma ìÇtvemèrt
creatur.'
C'est ainsi que je trouve ce premier Vers
dans un Missel de Clugny de 15 10. dans
un d'Autun de 1 5 30. ôc dans-un de Char
tres de 1 53 1. & un de Sens de 1556V
Cetce Variante nous apprend bien que le
rhume se forme en Novembre ; mais elle
n'assure pas qu'il faille f remédier dès cc
mois- là. II est cependant bon de sçavoir
à quoi s'en tenir ; parce que bien des gens
disent que le rhume est de plus longue du
pée lorsqu'on le mitonne que lorsqu'on le
néglige. C'est lur quoi j'attends un parfait
& prompt éclaircissement.
LesVariantes du second Vers n'en chan
gent point le sens. Qj^ajus nociva i>itar
cela revient au même. Pour ce qui est de
dirtit , les Ecclésiastiques plus accoutumez
auxlangages de leurs Rubriques qu'à ce
lui de Galien ou d'Hippocrare , entendoient
autrefois par dieta, l'Office Ferial
Fit dieta, ou bien Pìt de dicta , signifioit"
qu'on faisoit de la Férie. Mais» je croirois
que ces Vers n'ayant pas été composez pat
un Rubriquaire , l' Auteur veut dire qu'il
feut bien prendre garde à la diète qu'on
observera dans ce mois-là. N'est-ce point
en effet la saison où il semble que Tappégt/
renaît à mesure que le froid approche ?
T~ t FEVR sEK. rr?ô-
Je méptiíc la Variante de certains Missels
eù on lit , tua fint pretio/a diEla , ce font'
des fautes grossières qu'on peut rejettec
fur les Imprimeurs, comme s'il falloir
donc parler moins dans le mois de No
vembre que dans les autres , ou bien qu'il
fellùr n'y parler que le langage de cesprécieux
ridicules.
Le grand nombre des Editions contient'
k troisie'me Vers comme je l'ay rapporté
d'après mon Missel Diocésain de l'an 1 5 1 8-»
Cependant celui de Cluny de 1510. ôc
celui d'Autun de 1 5$ o. mettent en stylcassertif.
Salnea eum venere tune nullum constat habere. ■
Ces deux mêmes Missels rapportent aussi;
Hn peu autrement le quatrième Vers, en;
mettant ,Potie fit fana atque minutio bona.
Je pense qu'on y recommande seulement
de prendre garde à ce que l'on boira , &
de songer qu'il sera bon de se faire ti
rer alors un peu de sang. Un Apotiquaire
attentif pourra me reprendre & dire que
folio veut dite là une Médecine , & que'
ce Quatrain ne doit pas donner l'excluíìon
aux fonctions de son ministère. A
cela je suis tout prêt à lui re'pondre , qu'il',
ne paroît pas que l'usage des potions mé
dicinales doive précéder lu saignée , maisqu'il
doit la suivre ,& que tout au plus il
jíst recommandé de ne foint boire trot*'
froid,
tjà MERCURE DE FRANCE:
froid &c peut-être de tremper son vin avetí
tin peu d'eau chaade , dont quantité de
gens, desquels je fuis du nombre, se sonc
bien trouvez. Je crois aussi , que pour ce
qui est de la queuë' du Vers, ri est question
seulement de ces saignées de précaution ,
telles qu'on les pratiquoit anciennement
dans les Monastères, où il falloit que tous
íes Moines se fissent ouvrir la veine à cer
tains jours de Tannée , de la même ma
nière qu'ils se servent tous du ministère
du Barbier un même jour de la semaine.
Au reste , si je me trompe dans mon
explication, je laisse à Messieurs les Doc
teurs ert Médecine- à en décider. Je mes
flate qu'au premier jour quelqu'un d'entt'eux
, moins afferé lorsque les rhumes
auront un peu cessé, nous donnera un
ample Commentaire de ce Quatrain : &
si le Public en est content, je prendrai la
liberté de demander par le même canal une
Paraphrase également instructive sur les?
Quatrains mis à la fin des autres mois.
Cependant pour ne rien celer , je vous
dirai que le Missel d'Autun de 1530.
ájoúte encore les deux Vers sinvans pour
le mois de Novembre , comme d'un au-?
ire Auteur.
lingues vel crines poterts prs.fcinderê~tutè ;
X>* vem minutt ,& bttlnc* citws intres.
U
FEVRIER. 1730. 10
La précision ou coupure des ongles ou
tles cheveux contribue- 1' elle donc à la
íanté , pour être mise en parallèle avec la
saignée ? A l*6gard du bain , l'Auteur or
donne de se le procurer au plutôt , bien
entendu , avec exclusion de cè qui est por
te' dans le troisième Vers cy-dessus. Je ne
connois point de Rivière qui soit chaude
au mois de Novembte , du moins dans
nos quartiers. Sans doute qu'il est question
en cet endroit des bains domestiques , oa
de ceux qui font dans les lieux où la Na
ture fait sortir des Fontaines chaudes des
entrailles de la Terre. Mais comment 8c
pourquoi les Bains sont-ils píus salutaires
au mois de Novembre qu'en d'autre tems?
C'est ce qu'il est à propos d'éclaircir , 011
bien il faut déclarer que les Anciens
avoient tort de proposer ces règles. Je re
commande fur tout l'article du rhume.
La Ptisane dont oh fé sert pour le guérir
ici , est le vin tout pur ou l'eau-de-vie.
C'est nne Médecine qui n'est pas rare
dans nos cantons, principalement au mois
de Novembre. Mais est-elle bonne ? Estce
celle que prescrit le premiers Vers qui
dit : Curetur rheima Novembn ? C'est-là
la question dont j'attends la décision.
Ce 3 1. Janvier 1730»'
Bourgogne à M. D. L. R. fur le Rhtimç
& fur cenúns régimes de famé , re
commandez, par les Anciens.
DEpuis que je lis le Mercure j'y ai;
trouvé si souvent des réponses satis
faisantes à différentes Questions qui y
avoient été proposées , que j'espere qu'on
voudra bien m'en procurer une par lç
mêmes canal, sur un sujet qui inreressetour
le monde. Il n'çst rien 4e plus préçie
ux que k sarçtç ; nos Anciens avoienr
D vji unv
&$6 ME RCURE DÊ FRANCÉ'
une grande atcentioo sur ccr article. lis
placèrent de tous côtez des Sentences qui
y avoient rapport. Elles étoient quelque
fois rédigées en Vers, quelquefois cn rimes
feulement , d'autres fois en Vers latins
rimez de la nature de ceux qu'on appelle
Techniques , & cela afin qu'on les retint
plus facilement. Mais comme chacun
n'a pas la clef de ces sortes de dictions.,
je me flate que quelque Médecin zélé pour
le bien public voudra bien nous expli
quer ce qui paroît de plus obscur dans
ces sortes de Sentences.
On les trouve en Quatrains au bas de
chaque mois des Calendriers dans presque
cous les Livres d'Eglise qui ont été im
primez en France au commencement du
XVI. siécle avant le Concile de Trente.
II y avoir alors parmi les Chantres & les
autres Ecclésiastiques beaucoup de Méde
cins qui fçavoient faire l'apologie de ces
Vers & qui en dùnnoient le dénouement»
J'en ai des preuves particulières pour l'Eglise
à laquelle je fuis attaché. Aujourd'hui
qu'il n'y en a píiiSjOn regarde ces sortes de
Quatrains comme ridicules & même com
me très-impertinemment placez. Car où
sont-ils imprimez? C'est dans les Missels,
à la marge inférieure du Calendrier , com
me pour servir de brodure au bout des
Saints de chaque mois. Si ces Vers tane
bien
FEVRIER. 1730/ iîf
bien- que mal faits , ne se trouvoient que
«Mis un ou deux Missels , je les croiroís
peu dignes d'attention ; mais comme ils
k rencontrent dans le plus grand nombre
& tnêmé dans ceux de Paris, & dans ceux
de Rome, imprimez en France, c'est une
marque de l'estime generale qu'on ea
avoit. Il n'est donc pas indiffèrent d'exa
miner si cette estime étok bien fondée ôC
si les règles en font solidement établies.
J'ay eu le bonheur de n'être point at
taqué de la maladie qui a été si commune
depuis quelques mois ; mais afin que je
puisse la prévenir au retour d'une autre
année , quelque charitable Médecin voudroit-
il bien nous assurer si l'on peur se
fier à ce qui est marqué dans un de ces
Quatrains í C'est celui du mois de No-;
vembrc.
Fis sanusfieri ? curetur reuma VSovembri :
Quodque nocens vit ai tua fit prítiofa die ta î
Balnea cum ventre tune nulli profit habert :
íotio fit fana, nec jufta minutio v»na.
Voilà , ce me semble , cinq leçons dans
ce Quatrain. Le premier Vers décide que
c'est au mois de Novembre qu'il faut se
préserver du rhume ou le fake Cesser. Il
est en mêmes termes dans la plupart des
differens Missels que j'ay vus. Il y en a
feulement quelques uns où on lit ;
h.tf MERCURE DE FRANCEí
n..c tibì: fcirt dn:ur , qfiod rheuma ìÇtvemèrt
creatur.'
C'est ainsi que je trouve ce premier Vers
dans un Missel de Clugny de 15 10. dans
un d'Autun de 1 5 30. ôc dans-un de Char
tres de 1 53 1. & un de Sens de 1556V
Cetce Variante nous apprend bien que le
rhume se forme en Novembre ; mais elle
n'assure pas qu'il faille f remédier dès cc
mois- là. II est cependant bon de sçavoir
à quoi s'en tenir ; parce que bien des gens
disent que le rhume est de plus longue du
pée lorsqu'on le mitonne que lorsqu'on le
néglige. C'est lur quoi j'attends un parfait
& prompt éclaircissement.
LesVariantes du second Vers n'en chan
gent point le sens. Qj^ajus nociva i>itar
cela revient au même. Pour ce qui est de
dirtit , les Ecclésiastiques plus accoutumez
auxlangages de leurs Rubriques qu'à ce
lui de Galien ou d'Hippocrare , entendoient
autrefois par dieta, l'Office Ferial
Fit dieta, ou bien Pìt de dicta , signifioit"
qu'on faisoit de la Férie. Mais» je croirois
que ces Vers n'ayant pas été composez pat
un Rubriquaire , l' Auteur veut dire qu'il
feut bien prendre garde à la diète qu'on
observera dans ce mois-là. N'est-ce point
en effet la saison où il semble que Tappégt/
renaît à mesure que le froid approche ?
T~ t FEVR sEK. rr?ô-
Je méptiíc la Variante de certains Missels
eù on lit , tua fint pretio/a diEla , ce font'
des fautes grossières qu'on peut rejettec
fur les Imprimeurs, comme s'il falloir
donc parler moins dans le mois de No
vembre que dans les autres , ou bien qu'il
fellùr n'y parler que le langage de cesprécieux
ridicules.
Le grand nombre des Editions contient'
k troisie'me Vers comme je l'ay rapporté
d'après mon Missel Diocésain de l'an 1 5 1 8-»
Cependant celui de Cluny de 1510. ôc
celui d'Autun de 1 5$ o. mettent en stylcassertif.
Salnea eum venere tune nullum constat habere. ■
Ces deux mêmes Missels rapportent aussi;
Hn peu autrement le quatrième Vers, en;
mettant ,Potie fit fana atque minutio bona.
Je pense qu'on y recommande seulement
de prendre garde à ce que l'on boira , &
de songer qu'il sera bon de se faire ti
rer alors un peu de sang. Un Apotiquaire
attentif pourra me reprendre & dire que
folio veut dite là une Médecine , & que'
ce Quatrain ne doit pas donner l'excluíìon
aux fonctions de son ministère. A
cela je suis tout prêt à lui re'pondre , qu'il',
ne paroît pas que l'usage des potions mé
dicinales doive précéder lu saignée , maisqu'il
doit la suivre ,& que tout au plus il
jíst recommandé de ne foint boire trot*'
froid,
tjà MERCURE DE FRANCE:
froid &c peut-être de tremper son vin avetí
tin peu d'eau chaade , dont quantité de
gens, desquels je fuis du nombre, se sonc
bien trouvez. Je crois aussi , que pour ce
qui est de la queuë' du Vers, ri est question
seulement de ces saignées de précaution ,
telles qu'on les pratiquoit anciennement
dans les Monastères, où il falloit que tous
íes Moines se fissent ouvrir la veine à cer
tains jours de Tannée , de la même ma
nière qu'ils se servent tous du ministère
du Barbier un même jour de la semaine.
Au reste , si je me trompe dans mon
explication, je laisse à Messieurs les Doc
teurs ert Médecine- à en décider. Je mes
flate qu'au premier jour quelqu'un d'entt'eux
, moins afferé lorsque les rhumes
auront un peu cessé, nous donnera un
ample Commentaire de ce Quatrain : &
si le Public en est content, je prendrai la
liberté de demander par le même canal une
Paraphrase également instructive sur les?
Quatrains mis à la fin des autres mois.
Cependant pour ne rien celer , je vous
dirai que le Missel d'Autun de 1530.
ájoúte encore les deux Vers sinvans pour
le mois de Novembre , comme d'un au-?
ire Auteur.
lingues vel crines poterts prs.fcinderê~tutè ;
X>* vem minutt ,& bttlnc* citws intres.
U
FEVRIER. 1730. 10
La précision ou coupure des ongles ou
tles cheveux contribue- 1' elle donc à la
íanté , pour être mise en parallèle avec la
saignée ? A l*6gard du bain , l'Auteur or
donne de se le procurer au plutôt , bien
entendu , avec exclusion de cè qui est por
te' dans le troisième Vers cy-dessus. Je ne
connois point de Rivière qui soit chaude
au mois de Novembte , du moins dans
nos quartiers. Sans doute qu'il est question
en cet endroit des bains domestiques , oa
de ceux qui font dans les lieux où la Na
ture fait sortir des Fontaines chaudes des
entrailles de la Terre. Mais comment 8c
pourquoi les Bains sont-ils píus salutaires
au mois de Novembre qu'en d'autre tems?
C'est ce qu'il est à propos d'éclaircir , 011
bien il faut déclarer que les Anciens
avoient tort de proposer ces règles. Je re
commande fur tout l'article du rhume.
La Ptisane dont oh fé sert pour le guérir
ici , est le vin tout pur ou l'eau-de-vie.
C'est nne Médecine qui n'est pas rare
dans nos cantons, principalement au mois
de Novembre. Mais est-elle bonne ? Estce
celle que prescrit le premiers Vers qui
dit : Curetur rheima Novembn ? C'est-là
la question dont j'attends la décision.
Ce 3 1. Janvier 1730»'
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Résumé : QUESTION PROPOSÉE de Bourgogne à M. D. L. R. sur le Rhume & sur certains regimes de santé, recommandez par les Anciens.
L'auteur d'une lettre adressée au Mercure de France manifeste un intérêt pour des sentences anciennes relatives à la santé, notamment celles concernant le rhume. Ces sentences étaient souvent présentes dans des quatrains au bas des calendriers et dans des livres d'église imprimés en France au début du XVIe siècle. Les auteurs de ces vers étaient fréquemment des chantres et des ecclésiastiques ayant des connaissances en médecine. L'auteur mentionne un quatrain spécifique du mois de novembre, qui offre des conseils pour prévenir ou guérir le rhume. Il sollicite l'explication de ce quatrain par un médecin soucieux du bien public. Le quatrain en question est le suivant : 'Fis sanus fieri? curetur reuma Novembri: Quodque nocens vit ai tua fit prætiofa die ta; Balnea cum ventre tune nulli profit habent: Potio fit fana, nec juxta minutio vina.' L'auteur examine les différentes variantes de ce quatrain trouvées dans divers missels et discute de leur signification. Il insiste sur l'importance de comprendre ces conseils pour mieux prévenir le rhume, surtout en novembre. Il conclut en espérant qu'un médecin pourra fournir un commentaire éclairé sur ce quatrain et sur ceux des autres mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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810
p. 293-304
EXTRAIT de l'Assemblée publique de la Societé Royale des Sciences, tenuë dans la Grand'Sale de l'Hôtel de Ville de Montpellier le 22. Decembre 1729. l'Archevêque d'Alby y présidant.
Début :
Ce Prélat qui fut nommé l'année derniere à la place d'Académicien Honoraire [...]
Mots clefs :
Société royale des sciences, Société royale des sciences de Montpellier, Montpellier, Mouvement, Tourbillon, Glace, Cuivre, Vent, Mouvement
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de l'Assemblée publique de la Societé Royale des Sciences, tenuë dans la Grand'Sale de l'Hôtel de Ville de Montpellier le 22. Decembre 1729. l'Archevêque d'Alby y présidant.
EXT R AIT de f Assemblée publique
de la Société Royale des Sciences , tenue
dans la Grand'Sale de PHStcl de Fille
de Montpellier le 11. Décembre 17151.
^Archevêque d' Alby y présidant*
^^nierc à la place d'Académicien Honoraire
du feu Marquis de Castries , son
frère , & qui paroissoit pour la première
fois dans ['Assemblée de l' Académie,
ítoit au haut bout de la Table , avec M.-
l'Evêque de Montpellier & M. Bon ±
Premier Président de la Cour des Com
ptes , Aides & Finances de Montpellier,',
Académiciens Honoraires ; les Académi
ciens ordinaires y croient rangés suivant
la coutume , &c les Consuls de la Ville
y assilloient en Chaperon.
L' Archevêque d'Àlbi ouvrit la Séance
par un remerciement qu'il fit à la Com
pagnie au sujet de son élection , & ce
remerciement assaisonné de toutes les grâ
ces que ce Prélat ne manque jamais de
répandre dans tous ses discours & dan*
toutes ses actions , fir connoître à la Com
pagnie qu'elle trouveroit dan* cet Ho~
aoraire noa-seulement un véritable Me»
ce»ey
i|4 ' MERCURE DE FRÁNCË;
• cene , mais encore un Acade'micien zelé^'
& très-capable par lui-même de perfec
tionner les Sciences & les Beaux- Arts,
íì les devoirs indispensables de son Mi*
nistere pouvoient le lui permettre.
M. Marçot , Directeur de la Sociétés
lut ensuite un Discours préliminaire, dans
lequel après avoir remercié M. le Pré
sident de tout ce qu'il avoir dit d'obli-'
géant pour la Compagnie , donna une
idée générale des occupations de l'Académie
, & parcourut avec beaucoup dé
précision & de netteté toutes les Scien
ces qui font l'objet dé l'Etude des Aca-*
démiciens ; il parla des Observations
particulières qu'ils y avòient déja faires ,
de futilité que le Public en avoit retiré,
& de celles qu'un tems plus favorable
aux Sciences pourroit lui procurer dans
la fuite.
Après cé Préliminaire , M. Marcot lut
tine Observation d'un Anévrisme mixtet
qui fut heureusement guéri par ses foins
& fes attentions.
Cet Anévrisme parut après une piqueure
de l'artere du bras , qui est en
fermée dans une même gaine avec la vei
ne basilique. On crut d'abord avoir suffi
samment íemedié à cet accident par des
saignées copieuses & par des compresses
graduées , soutenues par un bon banda
ge }
FEVRIER. 1730. içj
te î mais malgré ces précautions , la piqueure
de l'artere ne fut point consoli
dée , & celle de la gaine , dans laquelle,
elle est enfermée , se rejoignit en peu de
tems > le sang que fournissoit la piqueure
de l'artere dilata bientôt cette tunique
vaginale , & fit une tumeur de la gros
seur d'une petite noix , qui avoit un mou
vement de sistole & de diastole.
Cependant , soit que les compresses
graduées & les bandages eussent arrêté le
cours ordinaire du sang , soit qu'il s'en
fut extravasé quelque portion avant que
l'ouverrure de la tunique vaginale se fut
cplée , il s'étoir fait au dessous de la,
première tumeur une seconde tumeur ,
qui étoit un véritable flegmon , 5c qui
rendoit la cure de l'anevrisme très-déli-?
çate & très -difficile.
M. Marçot prit le parti dans cettç
conjoncture d'attaquer le flegmon , de
le faire suppurer & de le mener à cica
trice , & ensuite ayant le champ libre
pour comprimer sans danger la tumeur
anevrifmale , il réduisit l'artere dans son
état naturel par le bandage de l'Abbé
IJourdelot , dont on voit tous les jours
des effets merveilleux dans des occasions
semblables.
Un tourbillon qui fit beaucoup de.
ravage aux environs de Montpellier ,
%96 MERCURE DE FRANCE.
fat le sujet d'un Mémoire que lut M.
.de Montferrier le fils , Sous-Directcuc
de l'Académie.
Ceux qui furent les témoins de la vio
lence de ce Météore lui donnèrent d'a
bord le nom d'Ouragan d'autres cru
rent qu'il a voit plus de rapport aux Trom
pes de Mer qui font quelquefois si fa
tales aux Navigateurs -, & d'autres plus
superstitieux que Philosophes , voulurent
>y trouver quelque chose de surnaturel ,
ôc se persuader que quelque Esprit folet
itoit la cause de cet Orage.
M. de Montferrier fit voir par la des
cription qu'il donna des véritables Ou
ragans §c des Trompes de Mer , que le
tourbillon qui étoit le sujet de son Mé
moire , n'avait aucun rapport avec les
Orages de P Amérique , ni avec ces co
lonnes de nuées qui s'élèvent ordinaire
ment fur la Mer > & fans s'arrêter aux
Esprits Folets qui ne peuvent être admis
que dans quelques Contes de Fées , il
appella le Météore en question un tour
billon de nuée & de vent , dénomination
qui n'est point arbitraire , puisqu'elle
«st prise de la nature même du- sujet dont
il s'agit.
En effet , M. de Montferrier fit remar
quer que les Vents de Sud & les Vents
d'Est fuient les seuls qui régnèrent pen
dant
FEVRIER. 173©. *97
dant les derniers jours du mois d'Octo
bre , que ces Vents toujours humides
avoient amoncelé beaucoup de nue'es
epaiffes fur l'Horison , 6V que le second
de Novembre une portion de ces nue'es
çtant poussée par un Vent de SudfEst
fort violent , fut forcée à fe mouvoir vers
le Nord , avec tin mouvement vortiqueux
, causé par les obstacles que l'asíemblage
des autres nuages quj l'environnojent
lui présentoic de toutes parts
hors le côté de la Terre où ce tourbillon
<e porta , y trouvant moins de résistance,
Ce Groupe de nuées qui étoit fort noie
& fort épais , ne patoissoit pas avoir plus
de trois toises de largeur fur une hau
teur indéterminée •> mais comme il étoit
pouffé par un Vent de Sud-Est très vio
lent , qu'il ayoit acquis un mouvement
de tourbillon très-rapide , & qu'il forçoit
l'Air qui l'environnoit à suivre le mê
me mouvement , le tout ensemble faisoit
un tourbillon d'environ cent toises de lar
geur , qui dans l'espace d'une demie lieue
renversa ou enleva tout ce quise ttouv»
sur son passage.
II y eut des personnes qui se trouvant
ì portée de voir cette nuée obscure qui
s'avançoit du Sud-Est au Nord avec un
bruit effroyable , crurent y avoir vû une
lumière rougeâtre comme la fumée ^ qui
«'élevs
fc98 MERCURE DE FRANCE.
s'élève d'un grand incendie , & d'autres
assurent avoir senti une odeur de souffre,
Selle à peu près que celle que l'on sent
jdans les lieux qui ont été frapés de la
foudre.
L'Académicien explique la première
apparence par le mouvement rapide , du
Météore qui poussoir avec violence la
matière étherée , & produisoit par là la
lumière , comme on le' voit arriver dans
le Phosphore du Baromètre , & plusieurs
autres expériences , dans toutes lesquelles
la lumière est une fuite d'un grand
mouvement ; ou par des rayons- du So
leil , qui passant dans les intervales des
nuées , soussroient des reflexions & des
réfractions qui les dirigeoient vers les
yeux du Spectateur. Pour l'odeur de sou
fre , il dit que le froissement des matiè
res que le tourbillon enlevoit pouvoient
bien en être la cause , en faisant dévelo?
per les particules sulfureuses qui y étoient
contenues ou qui étoient répandues dans
F Air , & les vapeurs qui enyironnoient
le tourbillon.
Cette explication paroît très-naturelle,
puisque s'il y avoit eu un feu actuel
dans le nuage , il auroit infailliblement
brûlé les diverses matières combustibles
qu'il enlevoit , & qu'il emportoit à plus
ic cenc t oises.
* ■
ÏEVRIER. 1730: 199
"ïnfin ce tourbillon finit à une demie
íieue de l'endroit où il avoit été apperçû
, parce qu'à force de s'étendre dans les
terres où il étoit moins exposé à l'impul-
{ïon du vent , & de communiquer de
son mouvement aux corps qu'il rencon
trait , il perdoit de Ion mouvement
propre , & que le groupe de nuée donc
il écoit composé venant à se íondre cr»
pluye , acheva de le dissiper.
M. Rivière fit part au Public dans ua
Mémoire qu'il lut ensuite , de l'Analyse
qu'il avoit faite de l'Ivraye , & de la
cause des mauvais effets que cette graine
produit quand elle est mêlée avec le
froment dont on fait le bon pain.
II commença par donner la descrip
tion Botanique de la Plante qui produíc
ce mauvais grain , afin qu'on ne puisse
pas k méconnoître quand rlle est en
herbe , & qu'on puisse l'arracher de bonne
heure quand elle est mêlée avec la plante
qui produit le bon bled.
Il fit voir par des expériences assu
rées , & par des raisonnemens très- so
lides , que les graines produisent toujours
des Plantes de leur espece , & que la
prétendue Métamorphose du froment en
Iyraye , & de l'Ivraye en froment , n'est
qu'une erreur populaire , fondée sur l'in-
%:tention de ceux quí sèment ces grai-
E nés.
joe> MERCURE DE FRANCE,
nés , & qui ne s'apperçoivent pas que
pour l'ordinaire elles font mélangées :
or jl est constant , comme l'a remarqué
M- Rivière , que l'ivraye demande pour
germer un tems fort humide & fort pluvieux
, & que le froment , au contraire,
n'a besoin que d'une humidité médiocre;
cnforte que quand on féme du froment
mêlé avec de l'ivraye , ou de l'ivraye
mêlée avec quelque grain de froment ,
c'est toujours la saison plus ou moins hu
mide qui fait que l'une de ces graines
fructifie, au préjudice de l'autre. Voilà
tout le misterc de cette prétendue Méta-p
morphofe , qui étant bien étendue n'a
tien que de fort naturel. .
M. Rivière passa ensuite à í'Analife
Chimique de l'ivraye, & chercha dans
la décomposition de cette graine les prin*
cipes qui peuvent être la cause des mau
vais effets qu'elle ptoduir. , ,
Il ne compte pas fur I'Analife qu'il en
a faite par la Cornue' , puisque par cette
voye toutes les plantes donnent , à peu
dé chose près , les mêmes substances qu;
ne font pour l'ordinaire que de produc
tions du feu ; mais il s'attache principa
lement aux principes que l'on en peut
tirer par la voye de la fermentation &
par la voye de l'extraction.
L'ivraye fens aucune addition & fans
feu,
FEVRIER. t7ja.
feu , bien preísée , humectée & couverte
d'un entonnoir garni d'une petite chape
d'alambic , lui a donné , quand eile a été
échauféc par la fermentation qui lui est
survenue , un esprit volatil urineux.
Par l'extraction qu'il a fait de la mê
me graine par l'Esprit de vin , il en a
sité une Résine fort acre & sort piquante.
Et de la lessive qu'il a faite du Resi-
-du , il en est sorti un Sel alkali un peu
.caustique. D'où il conclud qu'une graine
qui contient de tels principes peut eni
vrer , donner des vertiges & des maux
àe tête , des maux d'estomac & des votniflernens.
L'experience a .fait voir à M. Rivière
la justesse de ses raisonnemens , puisqu'il
a guéri des personnes attaquées de quel
ques-uns decesmauXjen leur faisant quitet
leur Boulanger, 5c leur faisant man
ger du pain dont on avoit séparé avec
foin toutes les mauvaises graines. C'est
te qu'on peut appeller guérir les mala
dies sûrement , promprement & sans de»
goûr , ce qui est l'intention de la bonne
Médecine.
Personne n'ignore que la fonte de lá
Glace ne soit un effet ordinaire de la
fhaleur , & cette cause est si manifeste
qu'on he s'est pas rais en peine d'en
chercher d'autres j il y en a une cepen
£. ij daia
)©i MERCURE DE FRANCE,
dant plus cachée, que M. Haguenot fe
propose de découvrir dans le Mémoire
dont nous allons donner un Abrégé. '
Quelques Sçavans de Paris firent sçavoir
à M. Haguenot que de deux pos
tions de Glace d'uri égal poids & d'un
égal volume, dont l'une est mise sur U
rriain d'un homme qui se porte bien , &
l'autre sur une asiìete d'argent , celle qui
est mise sur l'aíîìete d'argent fond plu«
vîte de quelques minutes que celle que
l'on met' fur la main. Cette Expérience
que M. Haguenot a repeté plusieurs foisj
a toujours réussi de même.
Pour trouver la cause d'un effet qui
paroît un paradoxe , M. Haguenot mit
des portions égales de glace fur plusieurs
Métaux , comme fur l'or , le cuivre , la
plomb , l'étain , l'aiman , le fer , l'acier,
& il trouva constamment que la Glace
fondoit plus vîte fur le cuivre que fuir
tous les autres Métaux , & fur un fer à
repasser plus vîte que fur du fer ordi
naire , Sc que fur l'acier & fur l'aimanr.
Il fait remarquer que dans toutes ces
Expériences il faut que la Glace touche
immédiatement le Métail , fans quoi la
fonte de la Glace n'est pas à beaucoup
près si prompte ; il a même observé que
lorsqu'on met la Glace sur un fer rabo
teux , la superficie, de la Glace , quoique -
Hie
FEVRIER. 17?»: jej \
polie auparavant , devient inégale , c'cstà-
dire , qu'elle fond plus vîte dans lespoints
où le Métal touche la Glace im
médiatement.
M. Haguenot , après avoir cherché las
cause d'un etfet si long-tems ignoré , &•
avoir abandonné la matière magnétique
qui paroissoit une Cause assez vrai-sem
blable , s'est porté à croire que toutes les
parties intégrantes des corps solides font
dans un trémoussement perpétuel , quoiqu'infensibles
;que ce trémoussement est
la cause que les corps les plus solides fe
détruisent comme d'eux-mêmes avec le
t«ms , & que c'est à ce rríême trémoussèment
qu'il faut attribuer la fonte de 1*
Glace qui arrive sur lés Métaux quand
elle leur est immédiatement appliquée j
8c si cette fonte se fait plus vîte fur le
cuivre que' fur le fer & fur Parier , c'est
apparemment, dit M. Haguenot, pareeque
les parties du fer & de l'acier étant
beaucoup plus ferrées que celles du cui
vre , elles n'ont pas un trémoussement
assez libre , & ne peuvent pas agir si vi
vement fur la glace.
Quoique l'hipotefe de M. Haguenot air;
quelque vrai-semblance , il ne la proposa
cependant que comme douteuse , fc ré
servant de faire encore plusieurs Expé
riences pour s'assurer de la vérité.
E iij Lçâ
$04 MERCURE DE FRANCE;
Les Récapitulations que fit M. te Pré
sident de tous ces Mémoires , en furenc
des Extraits plus courts , mais plus précis
Sc plus vifs que ceiix que l'on donne ici.
11 loua le travail & l'exactitude de ceux
qui a voient lû les Mémoires -, il exhorta
tous les Académiciens à continuer leurs
recherches qu'il dit être aussi utiles que
curieuses , & voulut bien leur faire espé
rer qu'il ne perdroit aucune occasion
d'assister à leurs Aslemblécs quand il se
trouveroit à portée de pouvoir en pro -
fiter.
de la Société Royale des Sciences , tenue
dans la Grand'Sale de PHStcl de Fille
de Montpellier le 11. Décembre 17151.
^Archevêque d' Alby y présidant*
^^nierc à la place d'Académicien Honoraire
du feu Marquis de Castries , son
frère , & qui paroissoit pour la première
fois dans ['Assemblée de l' Académie,
ítoit au haut bout de la Table , avec M.-
l'Evêque de Montpellier & M. Bon ±
Premier Président de la Cour des Com
ptes , Aides & Finances de Montpellier,',
Académiciens Honoraires ; les Académi
ciens ordinaires y croient rangés suivant
la coutume , &c les Consuls de la Ville
y assilloient en Chaperon.
L' Archevêque d'Àlbi ouvrit la Séance
par un remerciement qu'il fit à la Com
pagnie au sujet de son élection , & ce
remerciement assaisonné de toutes les grâ
ces que ce Prélat ne manque jamais de
répandre dans tous ses discours & dan*
toutes ses actions , fir connoître à la Com
pagnie qu'elle trouveroit dan* cet Ho~
aoraire noa-seulement un véritable Me»
ce»ey
i|4 ' MERCURE DE FRÁNCË;
• cene , mais encore un Acade'micien zelé^'
& très-capable par lui-même de perfec
tionner les Sciences & les Beaux- Arts,
íì les devoirs indispensables de son Mi*
nistere pouvoient le lui permettre.
M. Marçot , Directeur de la Sociétés
lut ensuite un Discours préliminaire, dans
lequel après avoir remercié M. le Pré
sident de tout ce qu'il avoir dit d'obli-'
géant pour la Compagnie , donna une
idée générale des occupations de l'Académie
, & parcourut avec beaucoup dé
précision & de netteté toutes les Scien
ces qui font l'objet dé l'Etude des Aca-*
démiciens ; il parla des Observations
particulières qu'ils y avòient déja faires ,
de futilité que le Public en avoit retiré,
& de celles qu'un tems plus favorable
aux Sciences pourroit lui procurer dans
la fuite.
Après cé Préliminaire , M. Marcot lut
tine Observation d'un Anévrisme mixtet
qui fut heureusement guéri par ses foins
& fes attentions.
Cet Anévrisme parut après une piqueure
de l'artere du bras , qui est en
fermée dans une même gaine avec la vei
ne basilique. On crut d'abord avoir suffi
samment íemedié à cet accident par des
saignées copieuses & par des compresses
graduées , soutenues par un bon banda
ge }
FEVRIER. 1730. içj
te î mais malgré ces précautions , la piqueure
de l'artere ne fut point consoli
dée , & celle de la gaine , dans laquelle,
elle est enfermée , se rejoignit en peu de
tems > le sang que fournissoit la piqueure
de l'artere dilata bientôt cette tunique
vaginale , & fit une tumeur de la gros
seur d'une petite noix , qui avoit un mou
vement de sistole & de diastole.
Cependant , soit que les compresses
graduées & les bandages eussent arrêté le
cours ordinaire du sang , soit qu'il s'en
fut extravasé quelque portion avant que
l'ouverrure de la tunique vaginale se fut
cplée , il s'étoir fait au dessous de la,
première tumeur une seconde tumeur ,
qui étoit un véritable flegmon , 5c qui
rendoit la cure de l'anevrisme très-déli-?
çate & très -difficile.
M. Marçot prit le parti dans cettç
conjoncture d'attaquer le flegmon , de
le faire suppurer & de le mener à cica
trice , & ensuite ayant le champ libre
pour comprimer sans danger la tumeur
anevrifmale , il réduisit l'artere dans son
état naturel par le bandage de l'Abbé
IJourdelot , dont on voit tous les jours
des effets merveilleux dans des occasions
semblables.
Un tourbillon qui fit beaucoup de.
ravage aux environs de Montpellier ,
%96 MERCURE DE FRANCE.
fat le sujet d'un Mémoire que lut M.
.de Montferrier le fils , Sous-Directcuc
de l'Académie.
Ceux qui furent les témoins de la vio
lence de ce Météore lui donnèrent d'a
bord le nom d'Ouragan d'autres cru
rent qu'il a voit plus de rapport aux Trom
pes de Mer qui font quelquefois si fa
tales aux Navigateurs -, & d'autres plus
superstitieux que Philosophes , voulurent
>y trouver quelque chose de surnaturel ,
ôc se persuader que quelque Esprit folet
itoit la cause de cet Orage.
M. de Montferrier fit voir par la des
cription qu'il donna des véritables Ou
ragans §c des Trompes de Mer , que le
tourbillon qui étoit le sujet de son Mé
moire , n'avait aucun rapport avec les
Orages de P Amérique , ni avec ces co
lonnes de nuées qui s'élèvent ordinaire
ment fur la Mer > & fans s'arrêter aux
Esprits Folets qui ne peuvent être admis
que dans quelques Contes de Fées , il
appella le Météore en question un tour
billon de nuée & de vent , dénomination
qui n'est point arbitraire , puisqu'elle
«st prise de la nature même du- sujet dont
il s'agit.
En effet , M. de Montferrier fit remar
quer que les Vents de Sud & les Vents
d'Est fuient les seuls qui régnèrent pen
dant
FEVRIER. 173©. *97
dant les derniers jours du mois d'Octo
bre , que ces Vents toujours humides
avoient amoncelé beaucoup de nue'es
epaiffes fur l'Horison , 6V que le second
de Novembre une portion de ces nue'es
çtant poussée par un Vent de SudfEst
fort violent , fut forcée à fe mouvoir vers
le Nord , avec tin mouvement vortiqueux
, causé par les obstacles que l'asíemblage
des autres nuages quj l'environnojent
lui présentoic de toutes parts
hors le côté de la Terre où ce tourbillon
<e porta , y trouvant moins de résistance,
Ce Groupe de nuées qui étoit fort noie
& fort épais , ne patoissoit pas avoir plus
de trois toises de largeur fur une hau
teur indéterminée •> mais comme il étoit
pouffé par un Vent de Sud-Est très vio
lent , qu'il ayoit acquis un mouvement
de tourbillon très-rapide , & qu'il forçoit
l'Air qui l'environnoit à suivre le mê
me mouvement , le tout ensemble faisoit
un tourbillon d'environ cent toises de lar
geur , qui dans l'espace d'une demie lieue
renversa ou enleva tout ce quise ttouv»
sur son passage.
II y eut des personnes qui se trouvant
ì portée de voir cette nuée obscure qui
s'avançoit du Sud-Est au Nord avec un
bruit effroyable , crurent y avoir vû une
lumière rougeâtre comme la fumée ^ qui
«'élevs
fc98 MERCURE DE FRANCE.
s'élève d'un grand incendie , & d'autres
assurent avoir senti une odeur de souffre,
Selle à peu près que celle que l'on sent
jdans les lieux qui ont été frapés de la
foudre.
L'Académicien explique la première
apparence par le mouvement rapide , du
Météore qui poussoir avec violence la
matière étherée , & produisoit par là la
lumière , comme on le' voit arriver dans
le Phosphore du Baromètre , & plusieurs
autres expériences , dans toutes lesquelles
la lumière est une fuite d'un grand
mouvement ; ou par des rayons- du So
leil , qui passant dans les intervales des
nuées , soussroient des reflexions & des
réfractions qui les dirigeoient vers les
yeux du Spectateur. Pour l'odeur de sou
fre , il dit que le froissement des matiè
res que le tourbillon enlevoit pouvoient
bien en être la cause , en faisant dévelo?
per les particules sulfureuses qui y étoient
contenues ou qui étoient répandues dans
F Air , & les vapeurs qui enyironnoient
le tourbillon.
Cette explication paroît très-naturelle,
puisque s'il y avoit eu un feu actuel
dans le nuage , il auroit infailliblement
brûlé les diverses matières combustibles
qu'il enlevoit , & qu'il emportoit à plus
ic cenc t oises.
* ■
ÏEVRIER. 1730: 199
"ïnfin ce tourbillon finit à une demie
íieue de l'endroit où il avoit été apperçû
, parce qu'à force de s'étendre dans les
terres où il étoit moins exposé à l'impul-
{ïon du vent , & de communiquer de
son mouvement aux corps qu'il rencon
trait , il perdoit de Ion mouvement
propre , & que le groupe de nuée donc
il écoit composé venant à se íondre cr»
pluye , acheva de le dissiper.
M. Rivière fit part au Public dans ua
Mémoire qu'il lut ensuite , de l'Analyse
qu'il avoit faite de l'Ivraye , & de la
cause des mauvais effets que cette graine
produit quand elle est mêlée avec le
froment dont on fait le bon pain.
II commença par donner la descrip
tion Botanique de la Plante qui produíc
ce mauvais grain , afin qu'on ne puisse
pas k méconnoître quand rlle est en
herbe , & qu'on puisse l'arracher de bonne
heure quand elle est mêlée avec la plante
qui produit le bon bled.
Il fit voir par des expériences assu
rées , & par des raisonnemens très- so
lides , que les graines produisent toujours
des Plantes de leur espece , & que la
prétendue Métamorphose du froment en
Iyraye , & de l'Ivraye en froment , n'est
qu'une erreur populaire , fondée sur l'in-
%:tention de ceux quí sèment ces grai-
E nés.
joe> MERCURE DE FRANCE,
nés , & qui ne s'apperçoivent pas que
pour l'ordinaire elles font mélangées :
or jl est constant , comme l'a remarqué
M- Rivière , que l'ivraye demande pour
germer un tems fort humide & fort pluvieux
, & que le froment , au contraire,
n'a besoin que d'une humidité médiocre;
cnforte que quand on féme du froment
mêlé avec de l'ivraye , ou de l'ivraye
mêlée avec quelque grain de froment ,
c'est toujours la saison plus ou moins hu
mide qui fait que l'une de ces graines
fructifie, au préjudice de l'autre. Voilà
tout le misterc de cette prétendue Méta-p
morphofe , qui étant bien étendue n'a
tien que de fort naturel. .
M. Rivière passa ensuite à í'Analife
Chimique de l'ivraye, & chercha dans
la décomposition de cette graine les prin*
cipes qui peuvent être la cause des mau
vais effets qu'elle ptoduir. , ,
Il ne compte pas fur I'Analife qu'il en
a faite par la Cornue' , puisque par cette
voye toutes les plantes donnent , à peu
dé chose près , les mêmes substances qu;
ne font pour l'ordinaire que de produc
tions du feu ; mais il s'attache principa
lement aux principes que l'on en peut
tirer par la voye de la fermentation &
par la voye de l'extraction.
L'ivraye fens aucune addition & fans
feu,
FEVRIER. t7ja.
feu , bien preísée , humectée & couverte
d'un entonnoir garni d'une petite chape
d'alambic , lui a donné , quand eile a été
échauféc par la fermentation qui lui est
survenue , un esprit volatil urineux.
Par l'extraction qu'il a fait de la mê
me graine par l'Esprit de vin , il en a
sité une Résine fort acre & sort piquante.
Et de la lessive qu'il a faite du Resi-
-du , il en est sorti un Sel alkali un peu
.caustique. D'où il conclud qu'une graine
qui contient de tels principes peut eni
vrer , donner des vertiges & des maux
àe tête , des maux d'estomac & des votniflernens.
L'experience a .fait voir à M. Rivière
la justesse de ses raisonnemens , puisqu'il
a guéri des personnes attaquées de quel
ques-uns decesmauXjen leur faisant quitet
leur Boulanger, 5c leur faisant man
ger du pain dont on avoit séparé avec
foin toutes les mauvaises graines. C'est
te qu'on peut appeller guérir les mala
dies sûrement , promprement & sans de»
goûr , ce qui est l'intention de la bonne
Médecine.
Personne n'ignore que la fonte de lá
Glace ne soit un effet ordinaire de la
fhaleur , & cette cause est si manifeste
qu'on he s'est pas rais en peine d'en
chercher d'autres j il y en a une cepen
£. ij daia
)©i MERCURE DE FRANCE,
dant plus cachée, que M. Haguenot fe
propose de découvrir dans le Mémoire
dont nous allons donner un Abrégé. '
Quelques Sçavans de Paris firent sçavoir
à M. Haguenot que de deux pos
tions de Glace d'uri égal poids & d'un
égal volume, dont l'une est mise sur U
rriain d'un homme qui se porte bien , &
l'autre sur une asiìete d'argent , celle qui
est mise sur l'aíîìete d'argent fond plu«
vîte de quelques minutes que celle que
l'on met' fur la main. Cette Expérience
que M. Haguenot a repeté plusieurs foisj
a toujours réussi de même.
Pour trouver la cause d'un effet qui
paroît un paradoxe , M. Haguenot mit
des portions égales de glace fur plusieurs
Métaux , comme fur l'or , le cuivre , la
plomb , l'étain , l'aiman , le fer , l'acier,
& il trouva constamment que la Glace
fondoit plus vîte fur le cuivre que fuir
tous les autres Métaux , & fur un fer à
repasser plus vîte que fur du fer ordi
naire , Sc que fur l'acier & fur l'aimanr.
Il fait remarquer que dans toutes ces
Expériences il faut que la Glace touche
immédiatement le Métail , fans quoi la
fonte de la Glace n'est pas à beaucoup
près si prompte ; il a même observé que
lorsqu'on met la Glace sur un fer rabo
teux , la superficie, de la Glace , quoique -
Hie
FEVRIER. 17?»: jej \
polie auparavant , devient inégale , c'cstà-
dire , qu'elle fond plus vîte dans lespoints
où le Métal touche la Glace im
médiatement.
M. Haguenot , après avoir cherché las
cause d'un etfet si long-tems ignoré , &•
avoir abandonné la matière magnétique
qui paroissoit une Cause assez vrai-sem
blable , s'est porté à croire que toutes les
parties intégrantes des corps solides font
dans un trémoussement perpétuel , quoiqu'infensibles
;que ce trémoussement est
la cause que les corps les plus solides fe
détruisent comme d'eux-mêmes avec le
t«ms , & que c'est à ce rríême trémoussèment
qu'il faut attribuer la fonte de 1*
Glace qui arrive sur lés Métaux quand
elle leur est immédiatement appliquée j
8c si cette fonte se fait plus vîte fur le
cuivre que' fur le fer & fur Parier , c'est
apparemment, dit M. Haguenot, pareeque
les parties du fer & de l'acier étant
beaucoup plus ferrées que celles du cui
vre , elles n'ont pas un trémoussement
assez libre , & ne peuvent pas agir si vi
vement fur la glace.
Quoique l'hipotefe de M. Haguenot air;
quelque vrai-semblance , il ne la proposa
cependant que comme douteuse , fc ré
servant de faire encore plusieurs Expé
riences pour s'assurer de la vérité.
E iij Lçâ
$04 MERCURE DE FRANCE;
Les Récapitulations que fit M. te Pré
sident de tous ces Mémoires , en furenc
des Extraits plus courts , mais plus précis
Sc plus vifs que ceiix que l'on donne ici.
11 loua le travail & l'exactitude de ceux
qui a voient lû les Mémoires -, il exhorta
tous les Académiciens à continuer leurs
recherches qu'il dit être aussi utiles que
curieuses , & voulut bien leur faire espé
rer qu'il ne perdroit aucune occasion
d'assister à leurs Aslemblécs quand il se
trouveroit à portée de pouvoir en pro -
fiter.
Fermer
Résumé : EXTRAIT de l'Assemblée publique de la Societé Royale des Sciences, tenuë dans la Grand'Sale de l'Hôtel de Ville de Montpellier le 22. Decembre 1729. l'Archevêque d'Alby y présidant.
Le 11 décembre 1715, une assemblée publique de la Société Royale des Sciences à Montpellier a eu lieu. L'archevêque d'Alby, présidant à la place du marquis de Castries, a remercié la compagnie pour son élection et a affirmé son soutien aux sciences et aux beaux-arts. M. Marçot, directeur de la Société, a lu un discours préliminaire sur les activités de l'Académie et les observations scientifiques réalisées. Il a également présenté une observation médicale sur la guérison d'un anévrisme complexe. M. de Montferrier, sous-directeur, a lu un mémoire sur un tourbillon ayant causé des ravages près de Montpellier. Il a décrit ce phénomène comme un tourbillon de nuages et de vent, expliquant ses effets destructeurs et corrigeant les perceptions erronées liées à des phénomènes surnaturels. M. Rivière a fait une analyse de l'ivraie, une mauvaise herbe nuisible au froment. Il a démystifié la prétendue métamorphose entre l'ivraie et le froment, expliquant que les conditions climatiques favorisent la germination de l'une ou de l'autre. Il a également analysé chimiquement l'ivraie, identifiant des substances nocives responsables de ses effets néfastes sur la santé. Enfin, M. Haguenot a présenté une étude sur la fonte de la glace, notant que celle-ci fond plus rapidement sur certains métaux comme le cuivre. Il a attribué ce phénomène à un trémoussement perpétuel des particules solides, plus libre dans certains métaux que dans d'autres. Le président de l'académie a résumé les mémoires en des extraits plus courts, précis et percutants. Il a loué le travail et l'exactitude des personnes ayant lu les mémoires et a encouragé les académiciens à poursuivre leurs recherches, qu'il juge utiles et intéressantes. Il a également exprimé son souhait de participer aux assemblées de l'académie lorsqu'il en aura l'opportunité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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811
p. 304-318
RÉJOUISSANCES de la Ville de Marseille.
Début :
Quoique Marseille, à l'imitation des plus considerables Villes du Royaume, ait [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Marseille, Cathédrale, Peuple, Tambours, Naissance du Dauphin, Fête, Bal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES de la Ville de Marseille.
R E'J OV ISSANCE S de la Ville de
Marseille.
QUoique Marseille , à l'imîtatíon des plus
considérables Villes du Royaume > ait
íait de fort belles choses à l'occafion de la
Naissance du Dauphin , indépendemment de
ce qui s'est passé dans la même Ville de 1%
part des Citadelles , du Corps des Galères
& de Y Arcenal , dont nous avons rendu comp
te en son tens. Marseille, dis- je, n'a pas
imité ces Villes du premier Ordre dans le
foin qu'elles ont pris de nous envoyer des
Descriptions de leurs Fêtes , pour les. inférer1
dans un Livre qui contient l"Histoire Jour
nalière de la Nation , & qui est particulière
ment dessiné à conserver le dépôt de ces forte»
FEVR I Ë R. trtà. }o5
de momimens. C'est ce qui fait que nouj par*
Ions si tard de ce qui s'eit fait dans cette celebreVille,&
que nous ne pourrons le faire que
fore brièvement , par les circonstances úù\
nous nous trouvons. Nous ferions même tout
à fait hors d'état de rendre ce compte au
Public , fi le hazard ne s'en étoit enfin mêlé*
en faisant tomber entre nos mains , au moié
de Février . le Mémoire imprimé à Marseille
des Réjouissances qui ont été faites dans cette
Ville, en Septembre. Nous allons donner utl
Extrait de ce Mémoire;
Le i7. Septembre au soir , quatre Trom
pettes à cheval » précédez d'un Timballier ,
accompagnez de plusieurs Tambours & Fifres*
tous avec les couleurs de la Ville , publièrent
dans tontes les Places publiques ['Ordonnan
te des Echevins, portant qu'on fermeroit les
Boutiques pendant trois jours i qu'on illumineroit
toutes les Maisons , &t qu'on feroie
des feux devant les portes. Le bruit des trom-*
pettes , des tambours & de toutes lss clo
ches de la Ville qui sonnèrent en mime terni,
anima le Peuple déja disposé à la joye- Totíí
retentit de cris& d'acclamations réitérés.
Dès le matin du iS. les Galères qui celébroient
ce jour là leur derniere Fête , furent
ornées de leurs Etendarts &c. Plus de cent
Vaisseaux & autres Bâtimens qui étoient dans
le Port arborèrent leurs Pavillons, ce quí
fit une variété aussi agréable que surprenante»
Le Peuple dansoit cèpendant au son des tam
bours dans toutes les Places ; on avoit placé
devant l'Hôtel de Ville & au Cours quatrd
Fontaines de vin<
Le Marquis de Pilles , Gouverneur* Viguief
de Marseille, & les Echevins en Roberou
3 o-6 MERCURE DE' FRANCE,
ge , suivis d'un nombreux cortège > se rendîi
rent ce même matin à TEglise Cathédrale
pour assister à la Messe solëmnelle que M%
FEvêque célébra pontificalement ; elle succhantée
en Musique ; on tira à l'élevation n.
pieces de Canon que les Echevins avoiene
fait mettre fur la Plateforme qui regarde la
Mer près la Cathédrale.
Ce jour là M. l'£vêque donna à diner k
cent pauvres dans la Cour de l'Evêché , fie
distribuer des- aumônes à tous ceux qui se pré
sentèrent à la porte pendant ces trois jours de
Fête, & il n'oublia pas les pauvres honteux
auxquels ce Prélat fit des libéralisez par le
Canal des Curez. C'est ainsi que celui qui dans
des jours de deifíl & de désolation n'abandonna
jamais les pauvres , les a traitez dans ces
jours dejoye & de jubilation.
Sur les 4. heures du soir , les Officiers mu
nicipaux & les principaux Citoyens se ren
dirent à l'Hâtel de Ville pour accompagnes
les Magistrats au Te Deum ; une troupe de
plus de mille jeunes garçons portant des
Guidons & des Banderolies aux Armes da
Roi & de Monseigneur le Dauphin commençoient
la marche. Les trompettes & les tim
bales précedoient un Corps d'Infanterie tiré'
des Arts & Métiers , divisé en 4. Compagniesde
cent hommes chacune , avec leurs dîfferens
Drapeaux , & com mandé par les 4. Ca«-
pitaines de la Ville.
Ces nouveaux Soldats étoient proprement
habillez, & avoient des Cocardes > donc les
couleurs distinguoient les différentes Compatnies.
Leurs rangs étoient mêlez de Hautbois*
e Fifres & de Tambours. Une bande de Vio
lons suivoic Les Gardes de Police » la livré*
de
FEVRIER. 1730. 307
de la Ville , celle du Gouvernfur-Viguier Sa
les Halebardiers préeedoient les Echevins. Ler
Marquis de Piles éroit à la droite des deux
premiers , & les deux autres avoient à leur
gauche l'Orateur de la Ville. Une siiite nom
breuse de personnes distinguées fermoit cette,
marche ; un Peuple infini bordoit tous les .
passages. En arrivant à la Cathédrale on fit
une décharge de toute la Mousqueterie & de
aï. pieces de Canon. Les Echevins se pla
cèrent dans le Choeur , où les Officiers de la
Senechauffée s'étoient déja rendus. M. l'Evêque
officiant pontificalement entonna le
Te Deum,<\m fut chanté par la Musique au
bruit des Canons & de toute la Mousque<
terie.
, On, commença ensuite la Procession géné
rale , âlaquelle tout le Clergé séculier & ré
gulier aíîìíta í on y porta la Statue de la trèssainte
Vierge , les Châsses de Saint Lazare 8c
de Saint Cannât , & les Reliques de Saint Vie*
tor , Martyr de Marseille; M. l'Evêque err
habits pontificaux , le Gouverneur Viguier &
les Echevins y assistèrent avec toute leur
fuite. A mesure que les Reliques sortoient de
l'Eglise elles furent íaLuées du Canon & dà
la Mousqueterie , e'ies le furent de cent Boè
tes dans toutes les Places publiques . St on
fit le même salut en rentrant j M. l'Evêque'
donna la Bénédiction du Très- Saint Sacre
ment au bruit du Canon & de la Mousque
terie. v.
Au sortir de la Cathédrale , on marcha versr
la Place Neuve , où l'on avoit dressé lJ Appa
reil d'un grand Feu de joye , orné de Porti
ques, d'Emblèmes &c. Plus de cent flambcauxdfr
cire blanche écìairoient la marcha-
£ v routes
^oS MERCURE DE FRANCE;
toutes les Maisons" étoient illuminées , de*
feux brûloient devant les portes , la Cita
delle , le Fort Saint Jean , celui de Notre-
Dame de la Garde , l'Arfenal , les Tours de
l' Abbaye de Saint Victor > la Rive- Neuve »
les Galères, le Port> tout étoit éclairé ,8e
la Ville entière paroisloit être dans un em
brasement gênerai ; les quatre Compagnies
rangées autour de la Place firent une salve
de Mousqueteric , suivie de celle de itic.
Boëtes. Après que le Marquis de Pilles & le*
Echevins eurent allumé le feu de joye > on
tira en même tems une prodigieuse quantité
de Fusées.
Le Corps de Ville se rendir ensuite à l'Hôref
de Ville par le Quay du Port* alors les Ga
lères firent trois décharges de leurs Canons
Sc des Coursiers > l'Arccnal fit tirer des Biëtes
, les Vaisseaux du Port , la Citadelle , le
Fort Saint Jean , celui de Notre-Dame de la
Garde firent autant de décharges de toute
leur Artillerie , & des Gerbes de Fusées rem
plirent le Port d'une pluye de feu à trois
différentes reprises.
. La Façade de l'Hôtel de Vil'e , fi estimée des
Connoisseurs * si remarquable par ses riches
f*) Le Chevalier Bernin ayant vú à Rome
U dejfein. entier de l'Hôtel de Ville de Mar
seille de la main de Fugeft avoua qu'il navoit
encore rien vû en ce genre d'un plus grand
goût ì ér H admira fur tout la Fa f ad?. 11 y »
une belle description d- cette Façade dans un
M. rcure de l' année iéSi à VOccasion de l*
Herbe illumination qui y parut dins la Vètt
tu* donna Marseille pour célébrer la Naissance:
•iu Due de Bourgogne f père d» Roi. Cette F*.
etobeL
EE VRI ER. 1750. 309
I ímbèllissemens & par la beauté de son Ar-
* chitecture , sur tout par cet incomparable
j morceau de sculpture qui contient les Armes
du Roi , Chef-d'oeuvre du fameux Pierre
I Puget, Marseillois , qui a donné les desseins
de tout le Bâtiment 5 cette Façade , dis-je, at
tira cc four li l' admiration publique» Plus d'un
million de lumières arrangées avec cimétriei
cn fit voir non- seulement toutes lesbeautez,
mais en marqua encore les ornemens les plus
déliez des diflíercns ordres dont elle est com
posée , en les profilant.
Les Echevins se dépouillant , pour ainff
dire , de la qualité de Magistrats pour ren
trer dans celle de simples Citoyens , voulu
rent témoigner leur zele particulier &• personel
, & donneient en leur nom des Fêtes
qui se firent remarquer* M. Ravel , premier
Echevin , donna un souper à tout le Corps
de Ville ; la Maison étoit artistement illumi
née ; les Boëtes furent tirées à chaque santé
Royale. Au sortir de table » la Compagnie alla
au Bal que les Echevins donnoient dans la
Salle de la Loge ( c'est le lieu où* s'affemblenc
tous les Negocians ; cette Salle qui a 90,
pieds de longueur fur 4? de largeur étoit
richement ornée & éclairée par quantité de
lustres de cristal & par des flambeaux por
tez par des Bras » les Portraits du Roi & de
la Reine étoient placez fous un Dais de ve
lours Cramoisi , enrichi de galons , de crepifade
étoit alors dans toute fa beauté , & on
Ciseau du célèbre Puget , font un contraste de~
[agréable.
E vj
jio MERCURE DE FRANCE,
nés & de franges d'or. Les Violons étoîrtic:
placez fur des Amphithéâtres aux deux boucs,
de la Salle ; differens Buffets étoient remplis
de toute forte de Rafraîchissemens ; on pré
senta indifféremment â tout le monde & en
profusion des confitures , des liqueurs & des
eaux glacées de toute efpece. La Salle fut
aífez grande pour y danlèr en trois differens
endroits, Le Bal dura jusqu'à 7. heures du
matin.
Le second jour les Pauvres ressentirent les
effets de l'attention des Echevins. Sur les 9.
heures du matin une Compagnie de Bouchers
habillez en Gladiateurs , quynarchoient avec
des Tambours , escorta deux Boeufs qu'on
avoir égorgez & qui étoienc ornez de Guirlan
des ; ils furent portez chacun par quatre de
ces Gladiateurs à la Place Neuve où on les
rôtit tous entiers ; peu de gens fe refusèrent
à ce fpeótacle ; fur les 4. heures du soir ces
Boeufs furent portez devant l'Hôcel de Ville,
dépecez & distribuez. On y donna deux mille
pains, les Fontaines de vin coulant toujours»
outre cela on fit distribuer des charitez à un
grand nombre de personnes , qui fans ce
secours n'auroient pas participé a la joye pu
blique.
Sur le sòir, les quatre Compagnies dont on
a parlé , s'étant renduës devant l'Hôrel de Vil
le , & toute la Ville étant déja éclairée Comme
el le l'étoit le jour précédent ; le Marquis de
Pilles & les fc chevins , allèrent en Cc-rrmonie
a'iumer un Feu de ioye dressé â la Place de
Linche , au bruit réitéré de la Moufqueterie ,
des Boëtes , & de trois décharges que les Vais
seaux du Port firent de leurs Calons , on y tira.
ua grand nombre de fusée».. Le Corps.de TUfe
FEVRíER. 1730. 31*
alla ensuite chez M. Martin , second Echevin ,
1 qui à ion tour lui donnoit à souper ; sa Maison
tut éclairée avec distinction , les samez Royales
& de Monseigneur le Dauphin furent laluées
au bruit de toutes les Boëtes.
Cependant les Echevins avoient fait élever
un Arc de Triomphe au milieu. du Couis , en
tre les deux grands Bassins de marbre blanc ;
cet Edifice compoíé. de deux Ordres , avoic
depuis le Zocle jusqu'au Eronton qui le couronnort
5-4. piés de hauteur, fus jtf. de largeur.
Les deux principales Faces étoient tournées
l'une vers la Porte Royale > & l'autre vers la
Porte de Rome. II y avoit au milieu de chaque
Eace une grande ouverture ceintrée de 57. piés
de hauteur > fur 10. de largeur.
Le premier Ordre étoit posé fur un Zocle de
marbre brun de j. piés de hauteur , d'où s'éle-,
voient 4- Pilastres saillants d'un marbre jaspé ,
dont les Bases & les Chapiteaux étoient d'or
feint , portant une Corniche qui fer voit d'Im
poste à l'ouverture de l'Arc : les Pihsires les
plus proches dé cette ouverture formoient un',
Avant Corps ,. & des Piédestaux de marbre
blanc ornez de moulúresd'or qui s'élevo:ent
du Zocle y étoient adossés ^ I'entre-dr ux des;
Pilastres étoit rempli de Cartouches , dont les
bordures étoient d'or fur un fond de marbregris
dont tout f Edifice étoit bâti , & l'Entablement
étoit de marbreblanc, excepté laFrize
de lapis , enrichie de tous les orr.emens cpnvenables.
Les Cartouches portoient des Em
blèmes & des Devises.
Des Pilastres couplés & faillànts .. dont les
Bases & Chapiteaux étoient anifi d'or , for
moient le second Ordre qui étoit orné d'une:
Ceiniche de majbie blanc , d'oûí'élevoit un
Etontoite
i t £ MHÏICÛRÊ DÊ FRANCË. ^
Fronton triangulaire . dont le Timpan étoít de
rnarbre noir? les entre-deux de ces Pilastres
étoient remplis de Cartouches ausli remplis
íFEmblêmes & de Devises, & les Cartouches
étoient suspendus à des Festons, attachés à des
masques bronzés & aux volutes des Chapi
teaux.
Dans la Face opposée à la Porte Royale, orr
Voyoit dans le Frontispice les Atmes du Roy
soutenues par deux grands Génies ; & dans
• un riche Cartouche qui forrnoit la clef de
l'ArCjonlisoit cette Inscription en Lettres d'orí
Vublict IttitU Uonumentum tdajsilia civitas
fostiit , M. DCd XXIX.
Sur le sommet du Frontort qui cóuronnóît
tout l' Edifice, s'élevoit sur un Piédestal de
rnarbre une belle 8c grande Figure de Femme ,
Symbole de la Ville de Marseille , qui tenoie
le Portrait de Monseigneur le Dauphin , avec
ces mots qu'on li 1 oie dans un Cadre d'or fur
le Piédestal : Mitjftlia voti compts*
Sut deux autres Piédestaux , à côté de la Fi
gure de Marseille , on voyoit à droite la Re!i-<
gion habillée en Vestale , tenant un Vase d'or
qui exhaloit des Parfums , & à gauche la Justi
ce tenant la Balance d'une main & un Faisceau
d'armesde l'autre ; fur la Corniche de l' Arrierë-
Corps du premier Ordre , d'un côté on voyoit
- Apollon , & de l'autre Minerve , avec tous
leurs Attributs j & devant les Pilastres de
1" Avant Corps fur les Piédestaux qui s'éls-
Voient dt! 2ocle » orí voyoit d'un cô^é Mercure
Dieu du Commerce , tenant une Bourse rem
plie, & de l'autre Thetis tenant un Vaisseau ì
Voiles enflées , ayant à ses pieds des Coquil
lages , des Perles , du Corail , &c.
Tous les Cartouches étoient , comme on l'a
dit ,
fEVRTÊR; 1716;
dît ) remplis de Peintures symboliques , ceusí
des Pilastres supérieurs contenoient ces quatres
Emblèmes.
La première , un Aigle volant & un Aiglon
un peu mains élevé,avec ces mots : Superas docet
ire pir auras»
La seconde , Alcide dans le berceau étouf
fant deux Serpens: Nunc Alcides mox Her
cules,
La troisième , une Corne d'abondance t pré-*
sentant trois Roses & un Lys au-dessus beau
coup plus élevé: Vives jam copia Cornu.
La quatrième » un,Dauphin couronné sor
tant de la mer , environné d'une multitude
d'autres Poissons : Parriìs regnabit in undisj
Sur le Piédestal d'où s'élevoit la Figure de
Mercure, cn'avoit peint dans un Cadre d'or*
une Ancre où étoit entortillé un Dauphin avec
ees mots : Firmat & ornât ; & fur celui d'od;
s'élevoic Thttis on avoit peint la Planette de'
Jupiter & un de ses Satellites : Monsirat miner'
ignis iter.
Dans les Cartouches qui au-dessus de Mer
cure & de Thí cís rempliflòitnt les entre-deux
des Pilastres du premier Ordre , en voyois
ces deux autres Emblèmes.
Trois Homme» regardant un Arc en- Ciel'
& tournant le dos à un Soleil levant : Dat
signa & foedtra pacis Un Soleil naissant &
trois Etoiles qui commençoient à diíparoître í
Majora dabit Soi lum'ma terris^
Dans ta face de 1* Arc de Triomphe, tour-'
liée vers la Porte de Rome , on liíoit au fron
tispice qui étoit de marbre noir cette Infcrip-f
tion en lettres d'or : Serenijsime Galliar. Delfhino
natoprid, non. sept, conjf. N Joan.'B.n'velj
Francis. Martin, J*c, Remuant , Joa». Roman-.
M.DCC XXlXt
Sas
MERCURE DE FRANCE;
Sur la des de l" Arc , un riche Cartouche ,
contenoit ce Distique aussi en lectre d'or.
Expe&ate diò , per te Gens í rancie» neèìit*-
Perpétuas paci Utituque moras.
Sur le Timpan on voyoic s'élever trois gran
des Figures fur leurs Piédestaux, richementpeintes,;
celle du milieu qui paroiíToit fur le
sommet, reprefentoit la France, tenant d'une
màin les Armes de Monseigneur le Dauphin
& de l'autre des liens ou Guirlandes de fleurs.
avec lesquels elie tenoit comme enchaînées la
Paix & la Joye, représentées par les deux au
tres Figures qui étoient à fes côrëi. La Paixqui
étoic à droite avoit à ses pieds trois Gé
nies , dont un lui prefentoit un Rameau d'O--
livier , l'autre une Gorne d'abondance , 8c le
troisième paroilíoit occupé à briser des lances
& des flèches; la joye qui dtoir à gauche,
tenoit à la main un Caducée, & avnit à fespieds
des Feux d'artifice & toutes fortes d'ínstrumens
de Musique.
Sur les Piedestaux^qui s'éíevoierrt du Zocle,.
adossez, au Pilastre du premier ordre, on voyoic
de chaque côté une grande Figure. A droite
celle du Maréchal Duc de Viílars, Gouver
neur de Provence ,■ armé d'une Cuiralîe &-
d:un Bouclier, tenant à la main le Bâton de
commandcment-Un petit-Génie à ses pieds por
tait l'Ecu de les Aimes, 8í au dessous dansune
Bordure i'or on lisoit ces Vers fur le
piédestal de la Figure-
"La Guerre au plus haut point avait porté ma
gloire ,
C'est h mes foins qu'on dut la Faix i
Mais son plus fur garand & le plu: plein d'at~
traits x
FEVRIER. 1730. 31J
Man/jttoit à m» double victoire ,
XJ'ti Héros en naissant y met les derniers traits.
La Figure du côté gauche representoit en-'
core Marseille en Nymphe & dans une attitu^
de majestuejfe,regardant le Portrait deMonseifneur
le Dauphin que la France présentoir dit
auc du Timpan, auquel elle adressoic ces Vers*
Moi qui dans des teins s moins heureux ,
Met 1 ois ma gloire a n avoir point de Maître ,
Au bonheur d'obéir au Roi qui vous fit naître »•
Jt borne aujourd'hui tous mes voeux ,
Comme il est mon Héros vous devez, un jour Vêt rt;
Mais le plus tard fera le mieux.'
Deux grands Génies qu^ s'élevoíent fur Ia>
Corniche du premier ordre, tenoient chacur»
irn Cartouche; on avoit peint dans l'un une colomne
soutenant une partie d'un Edifice avec'
ces mots; Columenque decufque :8c dans l'au
tre des illuminations & des Feux d'artifice
a'vec ces mots.. Veiïora ardetitiùs.
Dans deux autres Cartouches placez audessous
dans les entre- colonnemens de-ce pre
mier ordre, on voyoit dans l'un des Oliviers
qui reçoivent les rayons du Soleil levant, avec
ces mots : Oleas foecundat ab ortu :' & dans
1 autre un Vaisseau , fur la poupe duquel paroissoit
Arion jouant de la Lyre , & fur l'eau,
un Dauphin avec ces mots : Cantu precibujque
VocatHs.
Les Cartouches placez des deux côte* dans
les entre- deux des Pilastres supérieurs contenoient
4. autres Emblèmes. La première des
deux qui écoienc fous la figure de la Joye,.
«ost
;i£ MËRCURË DE Ï*RANÍCE.
étoit un Soleil levant regardé par un Lyórí ,
tin Aigle & un Léopard : Unum fusficitmt omiies:
& l'autre étoit un Dauphin sur la íurface
de la Mer : Mole mìnìr fed Majejìate vcrendús.
La première de celles qui étoient placées de
l'autre côté fous la Figure de la Joye , vepre*
sentoit deux Bergers tendans lès mains vers
le Ciel, à la vue d'une pluye qui tombe , &
la Terre couverte de fleurs desséchées : Preci*
bus alcftia: l'autre faisoit voir trois'Etoiles*
deux ensemble & une plus éloignée j & toutes
trois touchées par les rayons du Soleil nais
sant : Pttlchrior exibit fí fr&eeffere minâtes.
Cet Arc de Triomphe , qui par la beauté du
dessein , la magnificence de sa structure & le
succès de l'execution , avoit déja attiré tous
les regards , les fixi entièrement lorsque le i<u
Septembre au soir il fut éclairé d'une multitude
infinie de Lampions», qui joints à s'illumina-,
tion de tòutes les maisons du Cours , qui font
toutes d'une même hauteur & Architecture,
avec des Balcons, dissipèrent entièrement les
ténèbres. Les 4. Compagnies entrèrent dans
íè Cours par l' Avenue qui est du côté de la
Porte Royale , passèrent fous l'Arc de Triom
phe , firent une salve devant ce Monument &
allèrent se ranger en bon ordre autour de la
Place S, Louis , où le Feu de joye étoit dressé.
Lorsque le Gouverneur- Viguier & les Eche
vins l' eurent allumé, il sortit des 8. Colomnes
posées autour des Portiques de l'Edifice du
Feu & des Caisses placées fur les Corniches
de l'Arc de Triomphe, un fi grand nombre de
fusées, que se croisant ensemble elles firenï
paroître comme une voute de feu , qui occupoit
ce qu'il y a d'espace entre la Place sainÉ
louis & celle de l'Arc de Triomphe. On en
tendit
FEVRÍÉR. T730. itfy
iendit alors une salve de toute la Mousquets
rie , celle de zoo. Boëces, te plus de 500. coups
de Canons que tirèrent les Vaisseaux. Ce bruie
joint à celui des Trompettes , des Timbales 8C
des Tambours > au son des Hautbois & des
Violons , & aux acclamations de tout un grand
Peuple; tout cela fit un effet surprenant.
Le Corps de Ville se rendit ensuite cheA
M. Ramusat , premier Echevin nouvean, qui
f avoit invité pour ce loir-là , sa Maison étoit
ingénieusement éclairée , il y eut y o- Boëtes ti
rées à chaque Santé Royale que l'on but.Aprèí
le Repâs on alla au Concert que les Echevins
donnèrent dans la Salle de la Loge > elle étoit
ornée comme on l'a dit. Le Concert étoit com
posé des meilleurs Instrumens & des p'us belles
voix de l'Academie de Musique & de l' Opérai
11 y eut une affluence infinie de monde. Au
Concert succéda le Bal qui dura jusqu'à neuf
heures du matin, & on diítribua des Confitures
& des Rafraîchissemens comme le premier iour«
M. Roman > Echevin , qui pendant ces trois
jours n'avoit pu donner fa Fête en particulier,
invita le Corps de Ville à souper le premier/
d'Octobre. La situation avantageuse de sa matson
fit encore plus remarquejr son illumina
tion. Les Boëtes se firent entendre . le Repas
fut suivi du Bal, & fa Fête fut cofhme une
extension des Réjouissances publiques. La pro
preté 5 la délicareflè & Tabondance régnèrent
dans tous les repas donnez par les Echevins.
Les Intendans de la Santé ont aussi marqué
leur joye par une Fête particulière;- ils prièrent
les Echevins d'assister au Te Deum qu'ils firent
chanter dans la Chapelle des Infirmeries.» on
alluma ensuite un Feu de joye qu'ils a voient
fait préparer hors des Enceintes ; on fie une
iiì MERCURE m FR ÂlSsCÉ.
décharge de cent cinquante Boëtes > & orir tirai
plusieurs Gerbes de Fusées , toute la façade du
Bureau de la Santé qu'on avoit ornée d'Em
blèmes, &c. étoit parfaitement illuminée, de
même 'que la Porte du grand Pavillon des In
firmeries & les Portes de la double enceinte.'
Ils se rendirent ensuite en un Pavillon voisin ,•
«û l'on servit un Ambigu, & on tira cinquante
Boëtes à chaque Santé Royale
Marseille.
QUoique Marseille , à l'imîtatíon des plus
considérables Villes du Royaume > ait
íait de fort belles choses à l'occafion de la
Naissance du Dauphin , indépendemment de
ce qui s'est passé dans la même Ville de 1%
part des Citadelles , du Corps des Galères
& de Y Arcenal , dont nous avons rendu comp
te en son tens. Marseille, dis- je, n'a pas
imité ces Villes du premier Ordre dans le
foin qu'elles ont pris de nous envoyer des
Descriptions de leurs Fêtes , pour les. inférer1
dans un Livre qui contient l"Histoire Jour
nalière de la Nation , & qui est particulière
ment dessiné à conserver le dépôt de ces forte»
FEVR I Ë R. trtà. }o5
de momimens. C'est ce qui fait que nouj par*
Ions si tard de ce qui s'eit fait dans cette celebreVille,&
que nous ne pourrons le faire que
fore brièvement , par les circonstances úù\
nous nous trouvons. Nous ferions même tout
à fait hors d'état de rendre ce compte au
Public , fi le hazard ne s'en étoit enfin mêlé*
en faisant tomber entre nos mains , au moié
de Février . le Mémoire imprimé à Marseille
des Réjouissances qui ont été faites dans cette
Ville, en Septembre. Nous allons donner utl
Extrait de ce Mémoire;
Le i7. Septembre au soir , quatre Trom
pettes à cheval » précédez d'un Timballier ,
accompagnez de plusieurs Tambours & Fifres*
tous avec les couleurs de la Ville , publièrent
dans tontes les Places publiques ['Ordonnan
te des Echevins, portant qu'on fermeroit les
Boutiques pendant trois jours i qu'on illumineroit
toutes les Maisons , &t qu'on feroie
des feux devant les portes. Le bruit des trom-*
pettes , des tambours & de toutes lss clo
ches de la Ville qui sonnèrent en mime terni,
anima le Peuple déja disposé à la joye- Totíí
retentit de cris& d'acclamations réitérés.
Dès le matin du iS. les Galères qui celébroient
ce jour là leur derniere Fête , furent
ornées de leurs Etendarts &c. Plus de cent
Vaisseaux & autres Bâtimens qui étoient dans
le Port arborèrent leurs Pavillons, ce quí
fit une variété aussi agréable que surprenante»
Le Peuple dansoit cèpendant au son des tam
bours dans toutes les Places ; on avoit placé
devant l'Hôtel de Ville & au Cours quatrd
Fontaines de vin<
Le Marquis de Pilles , Gouverneur* Viguief
de Marseille, & les Echevins en Roberou
3 o-6 MERCURE DE' FRANCE,
ge , suivis d'un nombreux cortège > se rendîi
rent ce même matin à TEglise Cathédrale
pour assister à la Messe solëmnelle que M%
FEvêque célébra pontificalement ; elle succhantée
en Musique ; on tira à l'élevation n.
pieces de Canon que les Echevins avoiene
fait mettre fur la Plateforme qui regarde la
Mer près la Cathédrale.
Ce jour là M. l'£vêque donna à diner k
cent pauvres dans la Cour de l'Evêché , fie
distribuer des- aumônes à tous ceux qui se pré
sentèrent à la porte pendant ces trois jours de
Fête, & il n'oublia pas les pauvres honteux
auxquels ce Prélat fit des libéralisez par le
Canal des Curez. C'est ainsi que celui qui dans
des jours de deifíl & de désolation n'abandonna
jamais les pauvres , les a traitez dans ces
jours dejoye & de jubilation.
Sur les 4. heures du soir , les Officiers mu
nicipaux & les principaux Citoyens se ren
dirent à l'Hâtel de Ville pour accompagnes
les Magistrats au Te Deum ; une troupe de
plus de mille jeunes garçons portant des
Guidons & des Banderolies aux Armes da
Roi & de Monseigneur le Dauphin commençoient
la marche. Les trompettes & les tim
bales précedoient un Corps d'Infanterie tiré'
des Arts & Métiers , divisé en 4. Compagniesde
cent hommes chacune , avec leurs dîfferens
Drapeaux , & com mandé par les 4. Ca«-
pitaines de la Ville.
Ces nouveaux Soldats étoient proprement
habillez, & avoient des Cocardes > donc les
couleurs distinguoient les différentes Compatnies.
Leurs rangs étoient mêlez de Hautbois*
e Fifres & de Tambours. Une bande de Vio
lons suivoic Les Gardes de Police » la livré*
de
FEVRIER. 1730. 307
de la Ville , celle du Gouvernfur-Viguier Sa
les Halebardiers préeedoient les Echevins. Ler
Marquis de Piles éroit à la droite des deux
premiers , & les deux autres avoient à leur
gauche l'Orateur de la Ville. Une siiite nom
breuse de personnes distinguées fermoit cette,
marche ; un Peuple infini bordoit tous les .
passages. En arrivant à la Cathédrale on fit
une décharge de toute la Mousqueterie & de
aï. pieces de Canon. Les Echevins se pla
cèrent dans le Choeur , où les Officiers de la
Senechauffée s'étoient déja rendus. M. l'Evêque
officiant pontificalement entonna le
Te Deum,<\m fut chanté par la Musique au
bruit des Canons & de toute la Mousque<
terie.
, On, commença ensuite la Procession géné
rale , âlaquelle tout le Clergé séculier & ré
gulier aíîìíta í on y porta la Statue de la trèssainte
Vierge , les Châsses de Saint Lazare 8c
de Saint Cannât , & les Reliques de Saint Vie*
tor , Martyr de Marseille; M. l'Evêque err
habits pontificaux , le Gouverneur Viguier &
les Echevins y assistèrent avec toute leur
fuite. A mesure que les Reliques sortoient de
l'Eglise elles furent íaLuées du Canon & dà
la Mousqueterie , e'ies le furent de cent Boè
tes dans toutes les Places publiques . St on
fit le même salut en rentrant j M. l'Evêque'
donna la Bénédiction du Très- Saint Sacre
ment au bruit du Canon & de la Mousque
terie. v.
Au sortir de la Cathédrale , on marcha versr
la Place Neuve , où l'on avoit dressé lJ Appa
reil d'un grand Feu de joye , orné de Porti
ques, d'Emblèmes &c. Plus de cent flambcauxdfr
cire blanche écìairoient la marcha-
£ v routes
^oS MERCURE DE FRANCE;
toutes les Maisons" étoient illuminées , de*
feux brûloient devant les portes , la Cita
delle , le Fort Saint Jean , celui de Notre-
Dame de la Garde , l'Arfenal , les Tours de
l' Abbaye de Saint Victor > la Rive- Neuve »
les Galères, le Port> tout étoit éclairé ,8e
la Ville entière paroisloit être dans un em
brasement gênerai ; les quatre Compagnies
rangées autour de la Place firent une salve
de Mousqueteric , suivie de celle de itic.
Boëtes. Après que le Marquis de Pilles & le*
Echevins eurent allumé le feu de joye > on
tira en même tems une prodigieuse quantité
de Fusées.
Le Corps de Ville se rendir ensuite à l'Hôref
de Ville par le Quay du Port* alors les Ga
lères firent trois décharges de leurs Canons
Sc des Coursiers > l'Arccnal fit tirer des Biëtes
, les Vaisseaux du Port , la Citadelle , le
Fort Saint Jean , celui de Notre-Dame de la
Garde firent autant de décharges de toute
leur Artillerie , & des Gerbes de Fusées rem
plirent le Port d'une pluye de feu à trois
différentes reprises.
. La Façade de l'Hôtel de Vil'e , fi estimée des
Connoisseurs * si remarquable par ses riches
f*) Le Chevalier Bernin ayant vú à Rome
U dejfein. entier de l'Hôtel de Ville de Mar
seille de la main de Fugeft avoua qu'il navoit
encore rien vû en ce genre d'un plus grand
goût ì ér H admira fur tout la Fa f ad?. 11 y »
une belle description d- cette Façade dans un
M. rcure de l' année iéSi à VOccasion de l*
Herbe illumination qui y parut dins la Vètt
tu* donna Marseille pour célébrer la Naissance:
•iu Due de Bourgogne f père d» Roi. Cette F*.
etobeL
EE VRI ER. 1750. 309
I ímbèllissemens & par la beauté de son Ar-
* chitecture , sur tout par cet incomparable
j morceau de sculpture qui contient les Armes
du Roi , Chef-d'oeuvre du fameux Pierre
I Puget, Marseillois , qui a donné les desseins
de tout le Bâtiment 5 cette Façade , dis-je, at
tira cc four li l' admiration publique» Plus d'un
million de lumières arrangées avec cimétriei
cn fit voir non- seulement toutes lesbeautez,
mais en marqua encore les ornemens les plus
déliez des diflíercns ordres dont elle est com
posée , en les profilant.
Les Echevins se dépouillant , pour ainff
dire , de la qualité de Magistrats pour ren
trer dans celle de simples Citoyens , voulu
rent témoigner leur zele particulier &• personel
, & donneient en leur nom des Fêtes
qui se firent remarquer* M. Ravel , premier
Echevin , donna un souper à tout le Corps
de Ville ; la Maison étoit artistement illumi
née ; les Boëtes furent tirées à chaque santé
Royale. Au sortir de table » la Compagnie alla
au Bal que les Echevins donnoient dans la
Salle de la Loge ( c'est le lieu où* s'affemblenc
tous les Negocians ; cette Salle qui a 90,
pieds de longueur fur 4? de largeur étoit
richement ornée & éclairée par quantité de
lustres de cristal & par des flambeaux por
tez par des Bras » les Portraits du Roi & de
la Reine étoient placez fous un Dais de ve
lours Cramoisi , enrichi de galons , de crepifade
étoit alors dans toute fa beauté , & on
Ciseau du célèbre Puget , font un contraste de~
[agréable.
E vj
jio MERCURE DE FRANCE,
nés & de franges d'or. Les Violons étoîrtic:
placez fur des Amphithéâtres aux deux boucs,
de la Salle ; differens Buffets étoient remplis
de toute forte de Rafraîchissemens ; on pré
senta indifféremment â tout le monde & en
profusion des confitures , des liqueurs & des
eaux glacées de toute efpece. La Salle fut
aífez grande pour y danlèr en trois differens
endroits, Le Bal dura jusqu'à 7. heures du
matin.
Le second jour les Pauvres ressentirent les
effets de l'attention des Echevins. Sur les 9.
heures du matin une Compagnie de Bouchers
habillez en Gladiateurs , quynarchoient avec
des Tambours , escorta deux Boeufs qu'on
avoir égorgez & qui étoienc ornez de Guirlan
des ; ils furent portez chacun par quatre de
ces Gladiateurs à la Place Neuve où on les
rôtit tous entiers ; peu de gens fe refusèrent
à ce fpeótacle ; fur les 4. heures du soir ces
Boeufs furent portez devant l'Hôcel de Ville,
dépecez & distribuez. On y donna deux mille
pains, les Fontaines de vin coulant toujours»
outre cela on fit distribuer des charitez à un
grand nombre de personnes , qui fans ce
secours n'auroient pas participé a la joye pu
blique.
Sur le sòir, les quatre Compagnies dont on
a parlé , s'étant renduës devant l'Hôrel de Vil
le , & toute la Ville étant déja éclairée Comme
el le l'étoit le jour précédent ; le Marquis de
Pilles & les fc chevins , allèrent en Cc-rrmonie
a'iumer un Feu de ioye dressé â la Place de
Linche , au bruit réitéré de la Moufqueterie ,
des Boëtes , & de trois décharges que les Vais
seaux du Port firent de leurs Calons , on y tira.
ua grand nombre de fusée».. Le Corps.de TUfe
FEVRíER. 1730. 31*
alla ensuite chez M. Martin , second Echevin ,
1 qui à ion tour lui donnoit à souper ; sa Maison
tut éclairée avec distinction , les samez Royales
& de Monseigneur le Dauphin furent laluées
au bruit de toutes les Boëtes.
Cependant les Echevins avoient fait élever
un Arc de Triomphe au milieu. du Couis , en
tre les deux grands Bassins de marbre blanc ;
cet Edifice compoíé. de deux Ordres , avoic
depuis le Zocle jusqu'au Eronton qui le couronnort
5-4. piés de hauteur, fus jtf. de largeur.
Les deux principales Faces étoient tournées
l'une vers la Porte Royale > & l'autre vers la
Porte de Rome. II y avoit au milieu de chaque
Eace une grande ouverture ceintrée de 57. piés
de hauteur > fur 10. de largeur.
Le premier Ordre étoit posé fur un Zocle de
marbre brun de j. piés de hauteur , d'où s'éle-,
voient 4- Pilastres saillants d'un marbre jaspé ,
dont les Bases & les Chapiteaux étoient d'or
feint , portant une Corniche qui fer voit d'Im
poste à l'ouverture de l'Arc : les Pihsires les
plus proches dé cette ouverture formoient un',
Avant Corps ,. & des Piédestaux de marbre
blanc ornez de moulúresd'or qui s'élevo:ent
du Zocle y étoient adossés ^ I'entre-dr ux des;
Pilastres étoit rempli de Cartouches , dont les
bordures étoient d'or fur un fond de marbregris
dont tout f Edifice étoit bâti , & l'Entablement
étoit de marbreblanc, excepté laFrize
de lapis , enrichie de tous les orr.emens cpnvenables.
Les Cartouches portoient des Em
blèmes & des Devises.
Des Pilastres couplés & faillànts .. dont les
Bases & Chapiteaux étoient anifi d'or , for
moient le second Ordre qui étoit orné d'une:
Ceiniche de majbie blanc , d'oûí'élevoit un
Etontoite
i t £ MHÏICÛRÊ DÊ FRANCË. ^
Fronton triangulaire . dont le Timpan étoít de
rnarbre noir? les entre-deux de ces Pilastres
étoient remplis de Cartouches ausli remplis
íFEmblêmes & de Devises, & les Cartouches
étoient suspendus à des Festons, attachés à des
masques bronzés & aux volutes des Chapi
teaux.
Dans la Face opposée à la Porte Royale, orr
Voyoit dans le Frontispice les Atmes du Roy
soutenues par deux grands Génies ; & dans
• un riche Cartouche qui forrnoit la clef de
l'ArCjonlisoit cette Inscription en Lettres d'orí
Vublict IttitU Uonumentum tdajsilia civitas
fostiit , M. DCd XXIX.
Sur le sommet du Frontort qui cóuronnóît
tout l' Edifice, s'élevoit sur un Piédestal de
rnarbre une belle 8c grande Figure de Femme ,
Symbole de la Ville de Marseille , qui tenoie
le Portrait de Monseigneur le Dauphin , avec
ces mots qu'on li 1 oie dans un Cadre d'or fur
le Piédestal : Mitjftlia voti compts*
Sut deux autres Piédestaux , à côté de la Fi
gure de Marseille , on voyoit à droite la Re!i-<
gion habillée en Vestale , tenant un Vase d'or
qui exhaloit des Parfums , & à gauche la Justi
ce tenant la Balance d'une main & un Faisceau
d'armesde l'autre ; fur la Corniche de l' Arrierë-
Corps du premier Ordre , d'un côté on voyoit
- Apollon , & de l'autre Minerve , avec tous
leurs Attributs j & devant les Pilastres de
1" Avant Corps fur les Piédestaux qui s'éls-
Voient dt! 2ocle » orí voyoit d'un cô^é Mercure
Dieu du Commerce , tenant une Bourse rem
plie, & de l'autre Thetis tenant un Vaisseau ì
Voiles enflées , ayant à ses pieds des Coquil
lages , des Perles , du Corail , &c.
Tous les Cartouches étoient , comme on l'a
dit ,
fEVRTÊR; 1716;
dît ) remplis de Peintures symboliques , ceusí
des Pilastres supérieurs contenoient ces quatres
Emblèmes.
La première , un Aigle volant & un Aiglon
un peu mains élevé,avec ces mots : Superas docet
ire pir auras»
La seconde , Alcide dans le berceau étouf
fant deux Serpens: Nunc Alcides mox Her
cules,
La troisième , une Corne d'abondance t pré-*
sentant trois Roses & un Lys au-dessus beau
coup plus élevé: Vives jam copia Cornu.
La quatrième » un,Dauphin couronné sor
tant de la mer , environné d'une multitude
d'autres Poissons : Parriìs regnabit in undisj
Sur le Piédestal d'où s'élevoit la Figure de
Mercure, cn'avoit peint dans un Cadre d'or*
une Ancre où étoit entortillé un Dauphin avec
ees mots : Firmat & ornât ; & fur celui d'od;
s'élevoic Thttis on avoit peint la Planette de'
Jupiter & un de ses Satellites : Monsirat miner'
ignis iter.
Dans les Cartouches qui au-dessus de Mer
cure & de Thí cís rempliflòitnt les entre-deux
des Pilastres du premier Ordre , en voyois
ces deux autres Emblèmes.
Trois Homme» regardant un Arc en- Ciel'
& tournant le dos à un Soleil levant : Dat
signa & foedtra pacis Un Soleil naissant &
trois Etoiles qui commençoient à diíparoître í
Majora dabit Soi lum'ma terris^
Dans ta face de 1* Arc de Triomphe, tour-'
liée vers la Porte de Rome , on liíoit au fron
tispice qui étoit de marbre noir cette Infcrip-f
tion en lettres d'or : Serenijsime Galliar. Delfhino
natoprid, non. sept, conjf. N Joan.'B.n'velj
Francis. Martin, J*c, Remuant , Joa». Roman-.
M.DCC XXlXt
Sas
MERCURE DE FRANCE;
Sur la des de l" Arc , un riche Cartouche ,
contenoit ce Distique aussi en lectre d'or.
Expe&ate diò , per te Gens í rancie» neèìit*-
Perpétuas paci Utituque moras.
Sur le Timpan on voyoic s'élever trois gran
des Figures fur leurs Piédestaux, richementpeintes,;
celle du milieu qui paroiíToit fur le
sommet, reprefentoit la France, tenant d'une
màin les Armes de Monseigneur le Dauphin
& de l'autre des liens ou Guirlandes de fleurs.
avec lesquels elie tenoit comme enchaînées la
Paix & la Joye, représentées par les deux au
tres Figures qui étoient à fes côrëi. La Paixqui
étoic à droite avoit à ses pieds trois Gé
nies , dont un lui prefentoit un Rameau d'O--
livier , l'autre une Gorne d'abondance , 8c le
troisième paroilíoit occupé à briser des lances
& des flèches; la joye qui dtoir à gauche,
tenoit à la main un Caducée, & avnit à fespieds
des Feux d'artifice & toutes fortes d'ínstrumens
de Musique.
Sur les Piedestaux^qui s'éíevoierrt du Zocle,.
adossez, au Pilastre du premier ordre, on voyoic
de chaque côté une grande Figure. A droite
celle du Maréchal Duc de Viílars, Gouver
neur de Provence ,■ armé d'une Cuiralîe &-
d:un Bouclier, tenant à la main le Bâton de
commandcment-Un petit-Génie à ses pieds por
tait l'Ecu de les Aimes, 8í au dessous dansune
Bordure i'or on lisoit ces Vers fur le
piédestal de la Figure-
"La Guerre au plus haut point avait porté ma
gloire ,
C'est h mes foins qu'on dut la Faix i
Mais son plus fur garand & le plu: plein d'at~
traits x
FEVRIER. 1730. 31J
Man/jttoit à m» double victoire ,
XJ'ti Héros en naissant y met les derniers traits.
La Figure du côté gauche representoit en-'
core Marseille en Nymphe & dans une attitu^
de majestuejfe,regardant le Portrait deMonseifneur
le Dauphin que la France présentoir dit
auc du Timpan, auquel elle adressoic ces Vers*
Moi qui dans des teins s moins heureux ,
Met 1 ois ma gloire a n avoir point de Maître ,
Au bonheur d'obéir au Roi qui vous fit naître »•
Jt borne aujourd'hui tous mes voeux ,
Comme il est mon Héros vous devez, un jour Vêt rt;
Mais le plus tard fera le mieux.'
Deux grands Génies qu^ s'élevoíent fur Ia>
Corniche du premier ordre, tenoient chacur»
irn Cartouche; on avoit peint dans l'un une colomne
soutenant une partie d'un Edifice avec'
ces mots; Columenque decufque :8c dans l'au
tre des illuminations & des Feux d'artifice
a'vec ces mots.. Veiïora ardetitiùs.
Dans deux autres Cartouches placez audessous
dans les entre- colonnemens de-ce pre
mier ordre, on voyoit dans l'un des Oliviers
qui reçoivent les rayons du Soleil levant, avec
ces mots : Oleas foecundat ab ortu :' & dans
1 autre un Vaisseau , fur la poupe duquel paroissoit
Arion jouant de la Lyre , & fur l'eau,
un Dauphin avec ces mots : Cantu precibujque
VocatHs.
Les Cartouches placez des deux côte* dans
les entre- deux des Pilastres supérieurs contenoient
4. autres Emblèmes. La première des
deux qui écoienc fous la figure de la Joye,.
«ost
;i£ MËRCURË DE Ï*RANÍCE.
étoit un Soleil levant regardé par un Lyórí ,
tin Aigle & un Léopard : Unum fusficitmt omiies:
& l'autre étoit un Dauphin sur la íurface
de la Mer : Mole mìnìr fed Majejìate vcrendús.
La première de celles qui étoient placées de
l'autre côté fous la Figure de la Joye , vepre*
sentoit deux Bergers tendans lès mains vers
le Ciel, à la vue d'une pluye qui tombe , &
la Terre couverte de fleurs desséchées : Preci*
bus alcftia: l'autre faisoit voir trois'Etoiles*
deux ensemble & une plus éloignée j & toutes
trois touchées par les rayons du Soleil nais
sant : Pttlchrior exibit fí fr&eeffere minâtes.
Cet Arc de Triomphe , qui par la beauté du
dessein , la magnificence de sa structure & le
succès de l'execution , avoit déja attiré tous
les regards , les fixi entièrement lorsque le i<u
Septembre au soir il fut éclairé d'une multitude
infinie de Lampions», qui joints à s'illumina-,
tion de tòutes les maisons du Cours , qui font
toutes d'une même hauteur & Architecture,
avec des Balcons, dissipèrent entièrement les
ténèbres. Les 4. Compagnies entrèrent dans
íè Cours par l' Avenue qui est du côté de la
Porte Royale , passèrent fous l'Arc de Triom
phe , firent une salve devant ce Monument &
allèrent se ranger en bon ordre autour de la
Place S, Louis , où le Feu de joye étoit dressé.
Lorsque le Gouverneur- Viguier & les Eche
vins l' eurent allumé, il sortit des 8. Colomnes
posées autour des Portiques de l'Edifice du
Feu & des Caisses placées fur les Corniches
de l'Arc de Triomphe, un fi grand nombre de
fusées, que se croisant ensemble elles firenï
paroître comme une voute de feu , qui occupoit
ce qu'il y a d'espace entre la Place sainÉ
louis & celle de l'Arc de Triomphe. On en
tendit
FEVRÍÉR. T730. itfy
iendit alors une salve de toute la Mousquets
rie , celle de zoo. Boëces, te plus de 500. coups
de Canons que tirèrent les Vaisseaux. Ce bruie
joint à celui des Trompettes , des Timbales 8C
des Tambours > au son des Hautbois & des
Violons , & aux acclamations de tout un grand
Peuple; tout cela fit un effet surprenant.
Le Corps de Ville se rendit ensuite cheA
M. Ramusat , premier Echevin nouvean, qui
f avoit invité pour ce loir-là , sa Maison étoit
ingénieusement éclairée , il y eut y o- Boëtes ti
rées à chaque Santé Royale que l'on but.Aprèí
le Repâs on alla au Concert que les Echevins
donnèrent dans la Salle de la Loge > elle étoit
ornée comme on l'a dit. Le Concert étoit com
posé des meilleurs Instrumens & des p'us belles
voix de l'Academie de Musique & de l' Opérai
11 y eut une affluence infinie de monde. Au
Concert succéda le Bal qui dura jusqu'à neuf
heures du matin, & on diítribua des Confitures
& des Rafraîchissemens comme le premier iour«
M. Roman > Echevin , qui pendant ces trois
jours n'avoit pu donner fa Fête en particulier,
invita le Corps de Ville à souper le premier/
d'Octobre. La situation avantageuse de sa matson
fit encore plus remarquejr son illumina
tion. Les Boëtes se firent entendre . le Repas
fut suivi du Bal, & fa Fête fut cofhme une
extension des Réjouissances publiques. La pro
preté 5 la délicareflè & Tabondance régnèrent
dans tous les repas donnez par les Echevins.
Les Intendans de la Santé ont aussi marqué
leur joye par une Fête particulière;- ils prièrent
les Echevins d'assister au Te Deum qu'ils firent
chanter dans la Chapelle des Infirmeries.» on
alluma ensuite un Feu de joye qu'ils a voient
fait préparer hors des Enceintes ; on fie une
iiì MERCURE m FR ÂlSsCÉ.
décharge de cent cinquante Boëtes > & orir tirai
plusieurs Gerbes de Fusées , toute la façade du
Bureau de la Santé qu'on avoit ornée d'Em
blèmes, &c. étoit parfaitement illuminée, de
même 'que la Porte du grand Pavillon des In
firmeries & les Portes de la double enceinte.'
Ils se rendirent ensuite en un Pavillon voisin ,•
«û l'on servit un Ambigu, & on tira cinquante
Boëtes à chaque Santé Royale
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Résumé : RÉJOUISSANCES de la Ville de Marseille.
En septembre, Marseille a célébré la naissance du Dauphin avec des festivités grandioses. Bien que la ville n'ait pas initialement fourni de descriptions pour un livre historique, un mémoire imprimé retrouvé en février 1730 a permis de rendre compte des événements. Les réjouissances ont débuté le 17 septembre avec des trompettes, tambours et cloches annonçant la fermeture des boutiques et l'illumination des maisons. Le 18 septembre, les galères et vaisseaux étaient ornés, et le peuple dansait dans les places publiques. Le Marquis de Pilles, gouverneur de Marseille, et les échevins ont assisté à une messe solennelle à la cathédrale, suivie d'un Te Deum et d'une procession générale avec des reliques. La ville était illuminée, et des feux de joie étaient allumés. Les échevins ont organisé des fêtes, des soupers et des bals, et ont distribué des aumônes aux pauvres. Un arc de triomphe décoré d'emblèmes et de devises a été érigé sur le Cours. Les festivités incluaient des feux d'artifice et des salves de mousqueterie. L'arc de triomphe présentait diverses figures allégoriques et emblèmes symboliques. Sur la corniche, une figure tenait une balance et un faisceau d'armes, flanquée d'Apollon et de Minerve. Devant les pilastres, Mercure, dieu du Commerce, tenait une bourse remplie, et Thétis tenait un vaisseau à voiles enflées, entourée de coquillages, de perles et de corail. Les cartouches étaient remplis de peintures symboliques. Les emblèmes incluaient un aigle et un aiglon avec l'inscription 'Superas docet ire piras', Alcide étouffant deux serpents avec 'Nunc Alcides mox Hercules', une corne d'abondance avec 'Vives jam copia Cornu', et un dauphin couronné sortant de la mer avec 'Parvis regnabit in undis'. Sur les piédestaux, des figures de Mercure et Thétis étaient accompagnées d'emblèmes supplémentaires comme des hommes regardant un arc-en-ciel et un soleil levant avec 'Dat signa & foedera pacis', et un soleil naissant avec 'Majora dabit Sol lumina terris'. L'arc de triomphe portait une inscription en lettres d'or dédiée au dauphin, avec des distiques en latin. Sur le tympan, la France était représentée tenant les armes du dauphin et des guirlandes de fleurs, enchaînant la Paix et la Joie. La Paix était accompagnée de génies offrant un rameau d'olivier et une corne d'abondance, tandis que la Joie tenait un caducée et des feux d'artifice. Des figures du maréchal Duc de Villars et de Marseille en nymphe étaient également présentes, avec des vers dédiés à leur gloire et à leur loyauté. Les festivités incluaient des concerts, des bals et des feux d'artifice, avec des réjouissances publiques et des fêtes privées organisées par les échevins et les intendants de la santé.
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812
p. 318-320
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
Début :
Les Jesuites de la Ville de Rennes furent assez heureux pour annoncer les premiers [...]
Mots clefs :
Église, Réjouissances, Naissance du Dauphin, Jésuites
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes*
LEs Jésuites de la Ville de Rennes furent
assez heureux pour annoncer les premiers?
au Public la grande nouvelle de la Naissance
«lu. Dauphin- , plusieurs Lettres en avoient dé/ainstruit
les personnes les plus qualifiées , mais'
íé Peuple l'apprit par une décharg-e generale'
& réitérée des Canons conduits fur les bords*
dé la Villaine , qui arrose les: dehors du Col
lège. Le lendemain 8. de Septembre , on y
continua c?s éclatantes démonstrations d'allé
gresse , & le Pere Eo-n , ancien Prédicateur du1
Roi , parla éloquemment dans le Sermon de la
Fête au' noìn de la Compagnie, fur l'heureu*
présent que le Cîel venoit de faire à la France,-
& y joignit les voeux les plus tendres auprès*
du Seigneur pòur la conservation d'un si pré
cieux dépôt- ( ( .
Ces premiers témoignages furent simples.'
le peu de temps qu'on avoit ne permettoit pas
d'en faire davantage; mais ils ne surent que"
fes préludes de la Fête qui fe prépara pour Je
rhardy io. du même mois.- Elle commença fur
fes quatre heures du soir par une salve generafe
d'Artillerie , suivie des Fanfares, des Trom^
jettes 8e' du bruit des Tambours. Ùne multi
tude-
\
FEVRIER. Ï730. ^
I tàde incroyable de Peuple se rendit à l'Eglise
" des Jésuites , en assiégea les avenues , ne
Eouvant y entrer. Cette Eglise est un des plus
eaux morceaux d'Architecture qui soit dan?
le Royaume ; on en doit le dessein au famé u*
F. Martelange, cjui traça celui de l'Eglise du
ï^oviciat desjesuites deParis,& l'execution à la
liberalitédesNobles JSourgeois deRennes.Deux
Tours octogones accompagnent le Frontispice,
& le milieu de ce.superbeYaisseau est couronné
d'une Tourelle en forme de Lanterne, d'un)
travail exquis 5 ce fut là que fe dressa tout
ì'appareil d'une magnifique illumination.
Après que le Te Deummz été chanté avec
l'accompagnement des Flûtes , Hautbois Sc
Tambours , on fit une décharge generale da
Boëtes , on cria plusieus fois , Vive ie Ror ,
Vive ia Reine, Vi.ve Monseigneur is
Dauphin. La nuit cornmençoit lorsqu'on sortk
de l'Eglise; toute sa large façade parut char?
gée des plus brillantes lumières, aussi bien que
son Frontispice. Les Ceintres,le$ Entabletriens
les ouvertures étoient couvertes d'une infinité
de Lampions , difpoíez avec art &: assez mé
nagez pour y 1; ílìer appercevoir des caractè
res hyorogiyphiques à l'fconneur du Roi, de la
Reine & du Dauphin. Le sommet des Tours,
les Balustrades qui y règnent & la Lanterne
étoient chargez de Pots à feu, de Globes lu
mineux & entrelassez d'Ecufíons aux Armes
du Dauphin, qui étoient éclairez par des lu
mières postiches 5 les Trompettes, les Haujbois
& les Tambours fe faifoient entendre du
haut de ces Tours, & répandoient de toutes
parts leurs sons d'allégresses. Les Fusées par
tirent eh abondance , & se mêlant dans les
airs y dissipèrent de temps-en- temps les té
nèbres.
: •
3ìo MERCURE DE FRANCE,
«ebres de la mut. L'oeil n'e'toit pas seulement
frappé du spectacle , l'oreille étoit agréable
ment .flattée par les voix mélodieuses d'une
.troupe chokîé, qui repetoit à differens Choeurs
Aine Chanson fâite à l'occasion de l'heureux
jour.L'Illumination dura quatre jours; la Ville
ue fut pas la feule à en avoir I'agrement , les
lieux circonvoifins placez par la Nature en
differens Amphithéâtres , eurent l'avantage
d'avoir pendant plusieurs nuits ce charmant
point de vûë.
LEs Jésuites de la Ville de Rennes furent
assez heureux pour annoncer les premiers?
au Public la grande nouvelle de la Naissance
«lu. Dauphin- , plusieurs Lettres en avoient dé/ainstruit
les personnes les plus qualifiées , mais'
íé Peuple l'apprit par une décharg-e generale'
& réitérée des Canons conduits fur les bords*
dé la Villaine , qui arrose les: dehors du Col
lège. Le lendemain 8. de Septembre , on y
continua c?s éclatantes démonstrations d'allé
gresse , & le Pere Eo-n , ancien Prédicateur du1
Roi , parla éloquemment dans le Sermon de la
Fête au' noìn de la Compagnie, fur l'heureu*
présent que le Cîel venoit de faire à la France,-
& y joignit les voeux les plus tendres auprès*
du Seigneur pòur la conservation d'un si pré
cieux dépôt- ( ( .
Ces premiers témoignages furent simples.'
le peu de temps qu'on avoit ne permettoit pas
d'en faire davantage; mais ils ne surent que"
fes préludes de la Fête qui fe prépara pour Je
rhardy io. du même mois.- Elle commença fur
fes quatre heures du soir par une salve generafe
d'Artillerie , suivie des Fanfares, des Trom^
jettes 8e' du bruit des Tambours. Ùne multi
tude-
\
FEVRIER. Ï730. ^
I tàde incroyable de Peuple se rendit à l'Eglise
" des Jésuites , en assiégea les avenues , ne
Eouvant y entrer. Cette Eglise est un des plus
eaux morceaux d'Architecture qui soit dan?
le Royaume ; on en doit le dessein au famé u*
F. Martelange, cjui traça celui de l'Eglise du
ï^oviciat desjesuites deParis,& l'execution à la
liberalitédesNobles JSourgeois deRennes.Deux
Tours octogones accompagnent le Frontispice,
& le milieu de ce.superbeYaisseau est couronné
d'une Tourelle en forme de Lanterne, d'un)
travail exquis 5 ce fut là que fe dressa tout
ì'appareil d'une magnifique illumination.
Après que le Te Deummz été chanté avec
l'accompagnement des Flûtes , Hautbois Sc
Tambours , on fit une décharge generale da
Boëtes , on cria plusieus fois , Vive ie Ror ,
Vive ia Reine, Vi.ve Monseigneur is
Dauphin. La nuit cornmençoit lorsqu'on sortk
de l'Eglise; toute sa large façade parut char?
gée des plus brillantes lumières, aussi bien que
son Frontispice. Les Ceintres,le$ Entabletriens
les ouvertures étoient couvertes d'une infinité
de Lampions , difpoíez avec art &: assez mé
nagez pour y 1; ílìer appercevoir des caractè
res hyorogiyphiques à l'fconneur du Roi, de la
Reine & du Dauphin. Le sommet des Tours,
les Balustrades qui y règnent & la Lanterne
étoient chargez de Pots à feu, de Globes lu
mineux & entrelassez d'Ecufíons aux Armes
du Dauphin, qui étoient éclairez par des lu
mières postiches 5 les Trompettes, les Haujbois
& les Tambours fe faifoient entendre du
haut de ces Tours, & répandoient de toutes
parts leurs sons d'allégresses. Les Fusées par
tirent eh abondance , & se mêlant dans les
airs y dissipèrent de temps-en- temps les té
nèbres.
: •
3ìo MERCURE DE FRANCE,
«ebres de la mut. L'oeil n'e'toit pas seulement
frappé du spectacle , l'oreille étoit agréable
ment .flattée par les voix mélodieuses d'une
.troupe chokîé, qui repetoit à differens Choeurs
Aine Chanson fâite à l'occasion de l'heureux
jour.L'Illumination dura quatre jours; la Ville
ue fut pas la feule à en avoir I'agrement , les
lieux circonvoifins placez par la Nature en
differens Amphithéâtres , eurent l'avantage
d'avoir pendant plusieurs nuits ce charmant
point de vûë.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
À Rennes, les Jésuites ont annoncé la naissance du Dauphin par des salves de canons sur les bords de la Vilaine. Le 8 septembre, des démonstrations de joie ont continué, avec un sermon élogieux du Père Eon. Une fête plus grandiose a été organisée le 10 septembre. Elle a débuté à 16 heures par une salve d'artillerie et des fanfares. Une grande foule s'est rassemblée à l'église des Jésuites, un chef-d'œuvre architectural financé par les nobles et bourgeois de Rennes. L'église était magnifiquement illuminée avec des lampions et des hiéroglyphes en l'honneur du Roi, de la Reine et du Dauphin. Les tours et la lanterne étaient ornées de pots à feu et de globes lumineux, accompagnés de musique. Des fusées ont été lancées pour disperser les ténèbres. L'illumination a duré quatre jours, offrant un spectacle magnifique à la ville et aux environs.
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813
p. 333
« IN ORTU Serenissimi Galliarum DELPHINI Gratulatio. Habita in Regio [...] »
Début :
IN ORTU Serenissimi Galliarum DELPHINI Gratulatio. Habita in Regio [...]
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texteReconnaissance textuelle : « IN ORTU Serenissimi Galliarum DELPHINI Gratulatio. Habita in Regio [...] »
IN o r tu Serenifimi Ga/liarum Delphini
Gramlaúo. Habita in Re^io
Ludovici Magni Collegio , à Carolo Poréc
, Societatis Jefn Sacerdote. Postridie
lins Septembris , anni Domini M.
DCC. XXIX. Vol. 4. Parisiis , sumptibus
Marci Bordelet , via Jacohoeâ , sub *
signo sancti Ignatii. M. DCC. XXX.
De Serenìssimo Delphino
Ludovici XV. Filio , in fpem Galliarum
crefcente. Oratio, Habita Idibus DecemÌtris
\ Anni M. DCC. XXIX. in Regio
Ludovici Magni Collegio Societatis Jt/ùt,
ab yÊgid. An. Xaverio de la Santé,,
ejusdem Societatis Sacerdote. VqI. in-4^
Parisiïs , sumptibus ejusdem M. Bordelec
&c. M. DCC. XXX.
Ces deux Discours qui ont été applau
dis lorsqu'ils ont été prononcés devant"
une illustre Assemblée , méritoient d'êrrç'
rendus publics ; ils méritent aujourd'hui1
á'être recherchés , 6c d'être iûs -avec uneattention
pactiçuliere.
Gramlaúo. Habita in Re^io
Ludovici Magni Collegio , à Carolo Poréc
, Societatis Jefn Sacerdote. Postridie
lins Septembris , anni Domini M.
DCC. XXIX. Vol. 4. Parisiis , sumptibus
Marci Bordelet , via Jacohoeâ , sub *
signo sancti Ignatii. M. DCC. XXX.
De Serenìssimo Delphino
Ludovici XV. Filio , in fpem Galliarum
crefcente. Oratio, Habita Idibus DecemÌtris
\ Anni M. DCC. XXIX. in Regio
Ludovici Magni Collegio Societatis Jt/ùt,
ab yÊgid. An. Xaverio de la Santé,,
ejusdem Societatis Sacerdote. VqI. in-4^
Parisiïs , sumptibus ejusdem M. Bordelec
&c. M. DCC. XXX.
Ces deux Discours qui ont été applau
dis lorsqu'ils ont été prononcés devant"
une illustre Assemblée , méritoient d'êrrç'
rendus publics ; ils méritent aujourd'hui1
á'être recherchés , 6c d'être iûs -avec uneattention
pactiçuliere.
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Résumé : « IN ORTU Serenissimi Galliarum DELPHINI Gratulatio. Habita in Regio [...] »
Le Collège Royal du Louvre à Paris a accueilli deux discours en 1729. Le premier, 'Ortu Serenifimi Galliarum Delphini', a été prononcé par un prêtre jésuite le 13 septembre et publié par Marc Bordelet. Le second, 'De Serenissimo Delphino Ludovici XV. Filio, in spem Galliarum crescente', a été prononcé par l'abbé Xavier de la Santé le 13 décembre et publié par le même éditeur. Les deux discours ont été acclamés par une assemblée illustre.
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814
p. 334
Histoire de la Ville & de l'Eglise de Frejus, [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE de la Ville & de l'Eglise de Frejus, par M. G. C. D. C. D. E. T. [...]
Mots clefs :
Histoire, Fréjus, Église de Fréjus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire de la Ville & de l'Eglise de Frejus, [titre d'après la table]
Histoire de la Ville & de l'Eglise
de Frejus , par M. G. C. D. C. D. E. T.
Tome i. de 278. pages , & Tome a*
de 2-6. pages. 1. Vol. in-n. A Paris ,
chez. La Veuve Delaulne , Rué des Noyerss
Cette Histoire dédiée à S. E. M. le
Cardinal de Fleury est précédée d'unePréface
instructive , & la Préface est suivie
de PApprobation de M. Tourncly , par
laquelle ce Docteur déclare que l'Histoire
de la Ville & de l'Eglise de Frejus
lui a paru fidèle , exacte & curieuse.
»» L'Histoire particulière d'une Province
» ou d'une Ville , dit-il , jette souvent
5) un grand jour sur PHistoire generale
» de tout un Royaume. Un Auteur atta*
»ché à creuser Porigine d'une Ville,
■•«trouve souvent dequoi débrouiller cer-
» tains faits que l'obscurité des tems les
» plus reculés a dérobé à notre connoisj>
sance. C'est ce que l'Auteur de cette
f Histoire a heureusement exécuté , en
«donnant à sa Patrie un juste tribut de
» sa reconnoiffance ; il laisse au Public
»des preuves certaines d'une érudition
»peu commune.
de Frejus , par M. G. C. D. C. D. E. T.
Tome i. de 278. pages , & Tome a*
de 2-6. pages. 1. Vol. in-n. A Paris ,
chez. La Veuve Delaulne , Rué des Noyerss
Cette Histoire dédiée à S. E. M. le
Cardinal de Fleury est précédée d'unePréface
instructive , & la Préface est suivie
de PApprobation de M. Tourncly , par
laquelle ce Docteur déclare que l'Histoire
de la Ville & de l'Eglise de Frejus
lui a paru fidèle , exacte & curieuse.
»» L'Histoire particulière d'une Province
» ou d'une Ville , dit-il , jette souvent
5) un grand jour sur PHistoire generale
» de tout un Royaume. Un Auteur atta*
»ché à creuser Porigine d'une Ville,
■•«trouve souvent dequoi débrouiller cer-
» tains faits que l'obscurité des tems les
» plus reculés a dérobé à notre connoisj>
sance. C'est ce que l'Auteur de cette
f Histoire a heureusement exécuté , en
«donnant à sa Patrie un juste tribut de
» sa reconnoiffance ; il laisse au Public
»des preuves certaines d'une érudition
»peu commune.
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Résumé : Histoire de la Ville & de l'Eglise de Frejus, [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Histoire de la Ville & de l'Eglise de Frejus' se compose de deux tomes : le premier de 278 pages et le second de 26 pages. Publié à Paris chez La Veuve Delaulne, rue des Noyers, il est dédié à Son Éminence Monseigneur le Cardinal de Fleury. L'ouvrage est précédé d'une préface instructive et suivi de l'approbation de M. Tourncly, qui le juge fidèle, exact et curieux. Tourncly souligne que l'étude d'une province ou d'une ville peut éclairer l'histoire générale d'un royaume en révélant des faits obscurs des temps anciens. L'auteur a ainsi apporté une contribution érudite à la connaissance de sa patrie.
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815
p. 334-336
« On nous écrit de Londres que les Libraires Innys, Prevôt, du Noyer & [...] »
Début :
On nous écrit de Londres que les Libraires Innys, Prevôt, du Noyer & [...]
Mots clefs :
Mahomet, Cantates
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On nous écrit de Londres que les Libraires Innys, Prevôt, du Noyer & [...] »
On nous écrit de Londres que les
Libraires Innys , Prevòt , du Noyer &
JBriiadlci acheyent d'imprimer l'Histoin
j.
FEVRIER. 173 a. 3jf
de Mahomet , composée par le. Comte
de Boulainvilliers , du moins pour lesdeux
premiers Livres , car le troifie'me
& dernier Livre est d'une autre main , la
mort ayant surpris l' Auteur fur la fin de
son travail. On ttouvera dans le premier
Livre , outre une Description de toute
PArabie , une Relation des moeurs dés
Arabes , & des Reflexions fur la Reli
gion & les Coutumes des Mahométans,,
une Description particulière des Villes
de la Mecque & Medine. On verra dans
le second la Généalogie & la Vie du pré
tendu Prophète jusqu'au tems de YHegire.
Le dernier Livre expose ce qui s'est passé
par rapport à Mahomet , depuis cette*
Epoque jusqu'à l'année de sa mort. Oa
imprime cet Ouvrage sur du grand í£
du petit papier ; on le vendra une Gui*
nçe le grand papier , & une demie Gui*;
née le petit»
M. Bergiron de Briou, l'un de ceu*
qrfi a le plus contribué à l 'établissement
de l' Académie des Beaux- Arts de Lyon ,
& qui a conduit les Concerts pendant six
années entières , avec autant de succès
que s'il éroit Musicien de profession ,
•vient de donner au Public un Recueil dè
Cantates Françoifes de. fa composition qu'il
» fait graver. Cet Ouvrage se vend eti
5^ MERCURE DE FRANCE
Blanc sept livres dix sols. A Lyon , chez?
Thomas y i Marchand Parfumeur , Rué
Mercière , vis -à'- vis S. Antoine , &
a Paris', chez. Beivin , Rue saint Ho
nore , k la Règle d'or. Les paroles de
cet Ouvrage (ont de differens Auteurs^
Il y a plusieurs sujets qui n'ont jamais été'
traités en Poésie de ce genre là.
Libraires Innys , Prevòt , du Noyer &
JBriiadlci acheyent d'imprimer l'Histoin
j.
FEVRIER. 173 a. 3jf
de Mahomet , composée par le. Comte
de Boulainvilliers , du moins pour lesdeux
premiers Livres , car le troifie'me
& dernier Livre est d'une autre main , la
mort ayant surpris l' Auteur fur la fin de
son travail. On ttouvera dans le premier
Livre , outre une Description de toute
PArabie , une Relation des moeurs dés
Arabes , & des Reflexions fur la Reli
gion & les Coutumes des Mahométans,,
une Description particulière des Villes
de la Mecque & Medine. On verra dans
le second la Généalogie & la Vie du pré
tendu Prophète jusqu'au tems de YHegire.
Le dernier Livre expose ce qui s'est passé
par rapport à Mahomet , depuis cette*
Epoque jusqu'à l'année de sa mort. Oa
imprime cet Ouvrage sur du grand í£
du petit papier ; on le vendra une Gui*
nçe le grand papier , & une demie Gui*;
née le petit»
M. Bergiron de Briou, l'un de ceu*
qrfi a le plus contribué à l 'établissement
de l' Académie des Beaux- Arts de Lyon ,
& qui a conduit les Concerts pendant six
années entières , avec autant de succès
que s'il éroit Musicien de profession ,
•vient de donner au Public un Recueil dè
Cantates Françoifes de. fa composition qu'il
» fait graver. Cet Ouvrage se vend eti
5^ MERCURE DE FRANCE
Blanc sept livres dix sols. A Lyon , chez?
Thomas y i Marchand Parfumeur , Rué
Mercière , vis -à'- vis S. Antoine , &
a Paris', chez. Beivin , Rue saint Ho
nore , k la Règle d'or. Les paroles de
cet Ouvrage (ont de differens Auteurs^
Il y a plusieurs sujets qui n'ont jamais été'
traités en Poésie de ce genre là.
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Résumé : « On nous écrit de Londres que les Libraires Innys, Prevôt, du Noyer & [...] »
Le texte décrit l'achèvement de l'impression de l'Histoire de Mahomet par les libraires londoniens Innys, Prévôt, du Noyer et J. Briadlci. L'ouvrage, composé par le Comte de Boulainvilliers, comprend les deux premiers livres, tandis que le troisième et dernier livre est rédigé par un autre auteur en raison du décès de Boulainvilliers. Le premier livre présente une description de l'Arabie, des mœurs arabes, et des réflexions sur la religion et les coutumes mahométanes, ainsi que des descriptions des villes de La Mecque et Médine. Le second livre traite de la généalogie et de la vie de Mahomet jusqu'à l'Hégire. Le dernier livre couvre la période de l'Hégire jusqu'à la mort de Mahomet. L'ouvrage est imprimé sur grand et petit papier, vendu respectivement une guinée et une demi-guinée. Par ailleurs, M. Bergiron de Briou, contributeur majeur à l'Académie des Beaux-Arts de Lyon et directeur des Concerts pendant six ans, a publié un recueil de cantates françaises. Cet ouvrage, vendu cinq livres dix sols à Lyon et à Paris, contient des paroles de différents auteurs et traite de sujets inédits en poésie.
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816
p. 336-337
Réponse aux quatre Mémoires du Comte d'Orval, [titre d'après la table]
Début :
RÉPONSE GENERALE aux quatre Mémoires que le Comte d'Orval vient d'ajoûter [...]
Mots clefs :
Édit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réponse aux quatre Mémoires du Comte d'Orval, [titre d'après la table]
Re'ponse Gêner ai n aux quatre Mé
moires que le Comte d'Otval vient d'a
jouter a cinq1 qui av oient précédé. Bro--
ehure Fol. de 20. pages. De l'Imprimerie
de Ph. NiLottin , Rue S. Jacques , à la=
Vérité ,1719.
Cette nouvelle Réponse est divisée estdeux
parties , dont la première exposeles
anciennes Règles des Pairies avant
l'Edit de 17 ï 1. & la seconde marque'
les dispositions de ce même tdir. On ex»
cederoir les bornes fi on entroit ici dans*
lé détail de ce que renferment ces deux
Parties. Le Deffenseur de M. le Duc de-
Sully n'y oublie rien d'essentiel , & ré
pond avec autant de clarté que de pré
cision à toutes les objections. Quoique'
la question dont il s'agit dans cette affai
re soit importante , & qu'elle paroisse
susceptible de plusieurs points de vue,
l'Auteur a sçû , pour ainsi dire , là sim
plifier } on en jugera par les tergies quiFEVRIER.
1750; jjjr
ft trouvent à la première page dans le
Préliminaire de la Réponse gene'rale.
Une vue plus simple encore, suffit ,
clic- il , pour la décision. Si le Comte d'Or-
Val.puisnéjpeuc prendre la qualité d'Aîné
des mâles descendus de Maximìlien de
EethutH, son droit est bon, mais si le Duc
de Sully , reconnu l'Ainé d'une Maison , ,
dont la première Branche descend de
Maximilien de Bcthune , ne peut avoir
cette qualité sans être nécessairement'
YAtnè des mâles descendus du même Ma
ximilien-, la cause est'décidée en sa fa
veur par un texte formel dans PArticle*
7. de l'Edit.-
moires que le Comte d'Otval vient d'a
jouter a cinq1 qui av oient précédé. Bro--
ehure Fol. de 20. pages. De l'Imprimerie
de Ph. NiLottin , Rue S. Jacques , à la=
Vérité ,1719.
Cette nouvelle Réponse est divisée estdeux
parties , dont la première exposeles
anciennes Règles des Pairies avant
l'Edit de 17 ï 1. & la seconde marque'
les dispositions de ce même tdir. On ex»
cederoir les bornes fi on entroit ici dans*
lé détail de ce que renferment ces deux
Parties. Le Deffenseur de M. le Duc de-
Sully n'y oublie rien d'essentiel , & ré
pond avec autant de clarté que de pré
cision à toutes les objections. Quoique'
la question dont il s'agit dans cette affai
re soit importante , & qu'elle paroisse
susceptible de plusieurs points de vue,
l'Auteur a sçû , pour ainsi dire , là sim
plifier } on en jugera par les tergies quiFEVRIER.
1750; jjjr
ft trouvent à la première page dans le
Préliminaire de la Réponse gene'rale.
Une vue plus simple encore, suffit ,
clic- il , pour la décision. Si le Comte d'Or-
Val.puisnéjpeuc prendre la qualité d'Aîné
des mâles descendus de Maximìlien de
EethutH, son droit est bon, mais si le Duc
de Sully , reconnu l'Ainé d'une Maison , ,
dont la première Branche descend de
Maximilien de Bcthune , ne peut avoir
cette qualité sans être nécessairement'
YAtnè des mâles descendus du même Ma
ximilien-, la cause est'décidée en sa fa
veur par un texte formel dans PArticle*
7. de l'Edit.-
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Résumé : Réponse aux quatre Mémoires du Comte d'Orval, [titre d'après la table]
Le document, publié en 1719 par Ph. Nilottin, répond aux mémoires du Comte d'Orval concernant les pairies. Il est structuré en deux parties : la première expose les anciennes règles des pairies avant l'Édit de 1711, et la seconde présente les dispositions de cet édit. L'auteur, soutenant le Duc de Sully, clarifie les objections soulevées. La question, complexe, est simplifiée pour une meilleure compréhension. L'auteur affirme que si le Comte d'Orval, puîné, peut revendiquer la qualité d'aîné des mâles descendants de Maximilien de Béthune, son droit est valide. Cependant, si le Duc de Sully, reconnu comme l'aîné d'une maison dont la première branche descend de Maximilien de Béthune, ne peut avoir cette qualité sans être nécessairement l'aîné des mâles descendants du même Maximilien, l'Article 7 de l'Édit tranche en faveur du Duc de Sully.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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817
p. 337-339
« OEUVRES DIVERSES de M. l'Abbé de Saint Pierre. Tome second, contenant [...] »
Début :
OEUVRES DIVERSES de M. l'Abbé de Saint Pierre. Tome second, contenant [...]
Mots clefs :
Abbé Saint-Pierre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « OEUVRES DIVERSES de M. l'Abbé de Saint Pierre. Tome second, contenant [...] »
Oeuvres Diverses de M. l'Abbë^
de Saint Pierre. Tome second , contenant
t". Un projet pour rendre les Sermons -
plus utiles; i". Un Projet pour perfec
tionner l'éducation domestique des Prin
ces & des Grands Seigneurs. 2°« Un '
Projet pour perfectionner l'éducation des ;
Filles. 40 Observations fur le dessein
d'établir un Bureau perpétuel pour l'édu
cation publique des Collèges* j'Un Pro
jet pour sendre les Spectacles plus utiles >
àM'État. 6°. Un Projet pour mieux met
tre en oeuvre le désir de la distinctionentre
pareils. 1. vol. in- 11. de 2^ «r<» -
pages. A P^ris , tIh% Briajfon , Rué S .
>5S MERCURE DE FRANCE;
Jacques > a la Science 1730.
On continue de remarquer dans ce zì
Volume des Oeuvres de M. l'Abbé de
Saint Pierre les sentimens d'un Philosophe
chrétien, les intentions louables d'un bon
Citoyen , & les talens d'un Ecrivain ,
distingué dans la bonne Littérature.
Coignard imprime actuellement avec
beaucoup de foin Sc de diligence le troi
sième & dernier Tome des Oeuvres de
S. Basile . dont l'Edition , d'abord entre
prise par Dom Julien Garnier , Bénédic
tin de S. Germain des Prez , a été con
tinuée , & mise dans fa perfection pat
le R. P. Dom Prudent Maran , Reli
gieux du même Monastère. L'Eglife ga
gnera roûjours à la publication de pareils
Ouvrages , Sc la République des Lettres
fera en quelque raçon dédommagée de
tant de Livres frivoles qui l'inondent
depuis quelque tems , Sc dont on ne fait
l'annonce qu'à regret.
-
Re'ponse à la Lettre du Gentilhom
me Perigourdin , par uneRéfutation juste
d'un nouveau Livre de Lettres. & de la
Grammaire Françoise de M. de Grimarest
, Maître de Langues à Paris, à la
quelle l' Auteur oppose fa Grammaire
Françoise en faveur des Etrangers. Ou
vrage
FEVRIER. 1730.
rrage dédié aux Sçavans. Par M. de la»
Lande , Interprète ordinaire du Roi 4
Professeur des Langues Françoise , Ita^
lienne , de Géohraphie & d'Histoire. 1 j
vol. K 2. de 41 j. pages. A Paris , cheà
U Veuve de Pierre Ribou. M. DCC*
XXX.
de Saint Pierre. Tome second , contenant
t". Un projet pour rendre les Sermons -
plus utiles; i". Un Projet pour perfec
tionner l'éducation domestique des Prin
ces & des Grands Seigneurs. 2°« Un '
Projet pour perfectionner l'éducation des ;
Filles. 40 Observations fur le dessein
d'établir un Bureau perpétuel pour l'édu
cation publique des Collèges* j'Un Pro
jet pour sendre les Spectacles plus utiles >
àM'État. 6°. Un Projet pour mieux met
tre en oeuvre le désir de la distinctionentre
pareils. 1. vol. in- 11. de 2^ «r<» -
pages. A P^ris , tIh% Briajfon , Rué S .
>5S MERCURE DE FRANCE;
Jacques > a la Science 1730.
On continue de remarquer dans ce zì
Volume des Oeuvres de M. l'Abbé de
Saint Pierre les sentimens d'un Philosophe
chrétien, les intentions louables d'un bon
Citoyen , & les talens d'un Ecrivain ,
distingué dans la bonne Littérature.
Coignard imprime actuellement avec
beaucoup de foin Sc de diligence le troi
sième & dernier Tome des Oeuvres de
S. Basile . dont l'Edition , d'abord entre
prise par Dom Julien Garnier , Bénédic
tin de S. Germain des Prez , a été con
tinuée , & mise dans fa perfection pat
le R. P. Dom Prudent Maran , Reli
gieux du même Monastère. L'Eglife ga
gnera roûjours à la publication de pareils
Ouvrages , Sc la République des Lettres
fera en quelque raçon dédommagée de
tant de Livres frivoles qui l'inondent
depuis quelque tems , Sc dont on ne fait
l'annonce qu'à regret.
-
Re'ponse à la Lettre du Gentilhom
me Perigourdin , par uneRéfutation juste
d'un nouveau Livre de Lettres. & de la
Grammaire Françoise de M. de Grimarest
, Maître de Langues à Paris, à la
quelle l' Auteur oppose fa Grammaire
Françoise en faveur des Etrangers. Ou
vrage
FEVRIER. 1730.
rrage dédié aux Sçavans. Par M. de la»
Lande , Interprète ordinaire du Roi 4
Professeur des Langues Françoise , Ita^
lienne , de Géohraphie & d'Histoire. 1 j
vol. K 2. de 41 j. pages. A Paris , cheà
U Veuve de Pierre Ribou. M. DCC*
XXX.
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Résumé : « OEUVRES DIVERSES de M. l'Abbé de Saint Pierre. Tome second, contenant [...] »
Le texte présente diverses œuvres de l'Abbé de Saint-Pierre, notamment dans le second tome de ses 'Œuvres Diverses', publié à Paris en 1730 par Briasson. Ce volume inclut plusieurs projets visant à améliorer la société, tels qu'un projet pour rendre les sermons plus utiles, un projet pour perfectionner l'éducation domestique des princes et des grands seigneurs, un projet pour perfectionner l'éducation des filles, des observations sur l'établissement d'un bureau perpétuel pour l'éducation publique des collèges, un projet pour rendre les spectacles plus utiles à l'État, et un projet pour mieux mettre en œuvre le désir de distinction entre pairs. L'ouvrage est salué pour ses sentiments philosophiques chrétiens, les intentions louables d'un bon citoyen, et les talents littéraires de l'auteur. Le texte mentionne également la publication en cours du troisième et dernier tome des œuvres de Saint Basile, entreprise par Dom Julien Garnier et continuée par Dom Prudent Maran. Cette édition est appréciée pour son utilité tant pour l'Église que pour la République des Lettres. Enfin, le texte fait référence à une réponse à une lettre d'un gentilhomme Périgourdin, réfutant un nouveau livre de lettres et de grammaire française de M. de Grimarest, et à un ouvrage de grammaire française dédié aux savants par M. de La Lande, publié en 1730.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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818
p. 339-351
Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la Republique [...]
Mots clefs :
Auteurs, Roi, Mémoires, Hommes illustres, Ouvrages, Histoire, Belles-lettres, Savants, Guillaume Budé, Sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Mémoires pour servira l'Histoire
des Hommes Illustres dans la République
des Lettres > avec un Catalogue raisonné
de leurs Ouvrages , tome 8 . de 40 8 . pages
fans les Tables. A Paris , chez. Bnaffon „
rué S. làcques , a la Science. 1730.
. A la tête de ce 8 e. volume est un coure
Avertissement , qui apprend au Lecteut
une chose auíïl agréable que nécessaire á
l'égard de ceux qui aiment Inexactitude Sc
la perfection dans les entreprises Litté
raires. L' Auteur de ces Mémoires se pré
pare, nous dit-on , à donner dans le di
xième vol. qui paroîtra fur la fin du mois
de Décembre 1729. les corrections fur les
neuf vol. qui le précédent ^ avec les Ad
ditions qu'on lui a déja données. Il invite
de plus ceux qui auront reconnu quelque
faute , quelque îegere qu'elle puisse être ,
ou qui sçauront <juelques faits oubliez ,
ou enfin qui auront quelques Additions, à
les lui communiquer , se chargeant d'in
struire le Public du nom de ceux dont il
auxar
34© MERCURE Í)E FRANGÉ,
aura receu des remarques utiles. On aver»
tic aussi que le dixième vol. contiendra en
core des Tables générales , Alphabéti
que, Nécrologique ì 6c selon l'ordre des
Matières de ce qui est contenu dans les
neuf premiers vol enfin qu'on pourrs
s'addrefler au Libraire qui vend ce Livre ^
pour tout ce qu'on voudra faire tenir ìt
l'Auteur.
Nous profiterons de l'invitation conte
nue dans cet Avertissement , pour conti
nuer de parler avec franchise en faveur de
la vérité, & pour fa perfection de cet~Ou->
Vrage , quand l'occaíìon s'en présentera.1
Le 7e. vol. en offroit une , mais il n'étfoit
pas encore rems de publier notre Re
niai que , qui n'auroit pu passer alors que
pour une conjecture. Nous. avons depuisdécouvert
que cette Remarque peut être
solidement appuyée. Voici de quoi il s'a
git1. Dans le Catalogue des Ouvrages
d'André Ducheshe , qui est à la fin du
Mémoire quile concerne dans le 7e. tome
pag. 32}'. on trouve art. 6. le Titre qui
fuit : Les Antiquitez. & Recherches des
Villes , Châteaux & Places remarquables
de toute la France■", suivant l'ordre des huit
Parlement. Paris i (íi&. in-%. On ajoute
que' cettepremiere Edition a été suivie de
celles dis années 16 14. 1611. 1619.
iôji. 1637. úv8. Item, rêvât s corri'
g"*
Lévrier. 1730. 3 4 r
gées & augmentées par François Ducbejhe.
Paris 1 £47. in 8.& 166%. z. vol.in-ii.'
L'Arciclc finit par ces paroles Ce Livre
est mal écrit , mais il contient des choses;
curieuses , la derniere Edition que Duchesne
le Fils a procure'e est la meilleure.*
Nous avons toujours cru que cet Ou
vrage, quoique publié sous le nom d'An
dré Duchesne , n'étoit point de ce célèbre'
Auteur. II ne faut que le lire avec une*'
médiocre attention pour s'en appercevoic
: Mauvais stile, défaut de critique ,>
excès de crédulité , tout sent une maint*
qui ne cherche qu'à accumuler des Phra
ses , pour produire enfin un Livre com
posé de choses communes , & qu'on trou
ve dans plusieurs autres Ouvrages', eo-'
qui est bien éloigné du génie & de la ca
pacité d'André Duchesne.
Mais ce qui a achevé de nous con
vaincre fur ce point , c'est le témoignage
d'un Sçavant du premier ordre & des plus
respectables. Il faut d'abord observer que
la première Edition de ce Livre n'est pas
celle de.i 6 l e. marquée ci dessus par no
tre Editeur. Il s'en trouve une autre de
1609. dont il y a un exemplaire dans la
Bibliothèque de S. Germain des Prez ,
faite à Paris, chez Jean Petit Pas. En
second lieu, on lit à la tête de cet Exem
plaire de 1609. les paroles qui suivent,
cuites -
$4* MERCURE DE FRANGÉ,
éiîrites de la main du célèbre Dom' Lire
Dachery ^ contemporain & ami d' André?
Ducheíne.
Ce présent Livre n'ejì point de M. Ditchefìte
, je Pai ffudesà propre bouche r
ifant venu voir quelque chose k notre Bibliothequei
On P a mis fous son nom pour
le mieux vendre , parce que de soi il nevaut
rien , ni pour l' Histoire ni pour le
Stile. Le 19. Avril 1640.
Après une attestation si précise , on ne
peut s'empêcher de convenir de ^impo
sture , laquelle a continué àvec plus d»
facilité après la mort de l' Auteur dans:
les Editions qui ont suivi , jusqu'à sou
tenir que les deux dernieres ont été re
vues & corrigées par F. Duchesne sort
Fils, &c. Quand même il seroit vrai que
le Fils ait eu quelque part à ces dernieres
Editions , ce qui est extrêmement dou
teux , il doit toujours passer pour certaia
que l'Ouvrage original n'est point de son
Père : Au reste l' Auteur des Mémoires
n'a erré Ià dessus qu'après le P. le Long ,
qui l'acopié fur l'article d'André Duches
ne , & après plusieurs autres.
Ce n'est pas la première fois que les1
Libraires , même quelques Auteurs en
ont imposé au Public , en mettant ut»
fiom respectable à la tête d'un Ouvrage
médiocre dans la vue de l'acrediter : C'est
ainsi
FEVRIER. 1730. î4j
•insi qu'on a vu paroître en l'année
1719. un Livre fort superficiel, sous le
nom de M. l'Abbé de Bellegarde , qui
ccrit si poliment , & qui a donné tant de
bons Ouvrages , lequei nous a assure' n'a»-
voir aucune part à celui dor.t on vient de
parler. Mais revenons à notre 8e. vol.
des Mémoires pour l'Histoire des Hom
mes Illustres , Sec. Ce vol. contient la
Vie & le Catalogue des Ouvrages de 37.
Sçavans, dont voici les noms.
Léon Allatius , Emeri Bigot , Lazare
André Bocquillot , Guillaume Budé , Ni*
col. Calliachi , Charles du Cange , Jean
Cocceius , Jacques Cujas , Jean Donne ,
Caffandre Fedele , Claude Fleury , Théo*
phi le Foltngo , Jean Gallois , Th. Qatar
keryijean Gravi us , Nicol. Hartfoel(er ,
Jean Htnn Hottinger , Jacques le Paulmier
de Grantemefnil , Barth. Platine ,
Jean Jovien Pontan , Louis Pontico VirUr
nio , Guill. Poftcl > Etien. Rajficod , Abel
de sainte Marthe Père & Fils , jîbel Louis
de sainte Marthe , Charles de sainte Mar
the , Claude de sainte Marthe , Pierre Sce-r
vole de sainte Marthe , Scevole de saints
Marthe , Scevole & Louis de sainte Mar
the , Jacques Sannazar , Jean-Marie de
la Marque Tilladet , Sebafiien Vaillants
Çharles'VerarÂQ. ..f . '. . v .1
1/ Article. de Guillaume Budé nous »
fan»
tajf. MERCURE* DE PRANOS.
j>aru être l'un des plus curieux de ce vdj.
'& nous croyons que nos Lecteurs nous
^■sçauront gré de le trouver ici , tel que
l'Auteur des Mémoires Ta présenté au
public. Guillaume Budé , ( en Latin Budoeus)
naquit à Paris l'an 14.67. de Jeajn
JBudé , Seigneur d'Yerre , de Villers fur
Marne , & de Marly , Grand-Audianciex
en la Chancellerie de France , & de Ca
therine le Picart*
\ On lui donna des Maîtres dès-qu'il pa,-
lut capable d'apprendre quelque choses
mais la barbarie qui regnoit alors dans lc$
.Collèges , le dégoûta , Ôc l'empêcha de
faire de grands progr.es. C'étoit la cou
tume de pafler à l'étude da Droit , dè$
qu'on sçavoit un peu de Latin , il la sui
vit comme les autres, & alla à Orléans
pour ce sujet ; mais il . y demeura trois ans
fans y rien apprendre. Il n'entendoit pres-
,que point les Auteurs Latins , il n'çtoit
J>as par conséquent eu état de comprendre
es Ecrits & les Leçons de ses Professeurs.
Ainsi il revint à Paris a,ussi ignorant qu'il
,«n éroit parti , & plus dégoûté de l'étude
jqu'il ne l'étoit auparavant. ' . ■
Les plaisirs firent alors toute son occu
pation , ôc il s'adonna particulièrement £
îa chaffe ; mais lorsque le premier feu de
la jeunesse se fût rallenti en lui , il se sentit
coat d'un coup saisi d'une oasEon si vios
FEVRIER. 175©. ?4I
tente pour l'étude , qu'il s'y donna avec
une ardeur inexprimable. Il renonça dès*
j lors à tous les divertissemens & à toutes
j les compagnies ; & regardant comme per
du tout le tems qui n'étoit point employé
àl'étude , il regrettoitles heures qu'il étoit
obligé de donner à (es repas & à son som
meil.
Ce qu'il y a voit de fâcheux pour lui t
1 c'est qu'il n'avoit personne qui pût le dí*
íiger dans ses études, & lui montrer la
route qu'il devojt tenir pour ne poinc
perdre un tems qui lui étoit si précieux»
îl ne fçavoit quels étoient les Auteurs
qu'il de voit lire les premiers , & il se trompoit
souvent dans le choix qu'il en faisoit.
Ce ne fut que dans la fuite , qu'il
apprit par fa propre expérience , & pat
son propre gout , ceux qu'il devoit préfé
rer aux autres. Ainsi il ne dut qu'à luimême
les progtès qu'il fit , par son appli-
I cation assidue dans les Belles-Lettres.
II ne fut non plus redevable qu'à son
travail de la connoissance qu'il acquk de
ia Langue Grecque , il eût, à la vérité, un
Maître nommé George Hermonyme , qui
L se disok natif de Lacédémone , "mais qui
ne sçachant pas grand chose ., ne pouvoit
lui en apprendre beaucoup. Quelques en
tretiens qu'il eut avec Jean Lascaris lui
furent plus utiles , . & les instructions dç
* 4* MERCURE DE FRANCE,
ce grand homme lui soumirent les moy em
d'avancer avec plus de succès dans les
çonnoiffances qu'il s'étoit proposé d'ac
quérir.
Les Belles -Lettres ne l'occuperent pas
jtellement, qu'il négligeât les autres Scien
ces» U apprit les Mathématiques de Jean
Faber, dont il épuisa bientôt le sçavoir ,
par la facilité qu'il ayoit à comprendre
tout ce qu'il lui disoit.
Cependant son Père n« le vòïoit qu'ar
yec peine attaché si fort à l'ctude , appré
hendant que cer attachement ne préjudifiât
à ses affaires domestiques , & ne nui
sît à fa santé ; mais tout ce qu'il pût lui
dire fur ce sujet fut inutile , fa passion
l'emporta fur les remontrances. Au reste
íes craintes de son Pere n'eureqt lieu qu'en
partie ; car il ne négligea jamais ses affai
res , il eut foin au contraire de se parta
gé» entre-elles & ses études. Mais fa santé
en souffrit , car son assiduité au travail lui
procura une maladie , qui le tourmenta à
différentes reprises , pendant plus de vingt
»ns , &c qui le rendit mélancolique & cha
grin. Le triste état où il se trouv,oit alors,
n'étoit point capable de le dégoûter de
J'érude , il profìtojt des niomens de relâ
che qu'il avoit, pour s'y livrer de nou
veau. C'est même pendant cc tems - là
qu'il a composé la plupart de ses QuÏJWgefe
Quelque*
TEVR1ER. 1730. ?4f
Quelques Auteurs on mis en question :
S'il étoit à propos pour un Homme de
Lettres de íe marier , & se sont servi de
Pexemple de Budé pour soutenir l'affirmative.
Il se maria en effet , & si l'on et»
croit un de ces Auteurs > fa femme bienloin
de l'empêcher d'étudier , lui servoit
de second , en lui cherchant les passages ,
& les Livres dont il avoit «besoin, Il falloir,
^u'il l'eût connue de ce goût-là des avant
ion mariage , puisque, le jeùr même de
ses noces il se de'roba trois heures ait
moins , pour les passer avec ses Livres.
Louis le Roy , de'crit ainsi la manière,
dont il avoit coutume de passer lá jour
née : En se levant, il se mettoit au travail,
& étudioit jusqu'à l'heure de dîner j avant
que de se mettre à table , il fáisoit un peu
d'exercice pour se donner de l'appetit.
Après le repas, il passoit deux heures »
Causer avec sa famille , ou ses amis , après
quoi il recommençoit à travailler jusqu'à»
souper. Comme ce repas íe saisott ordi
nairement fort tard , i! ne faisoit jamais
rien après. Ii avoit une Maison de Cam
pagne à saint Maur , où il demeuroic assez
volontiers , parce que son e'rude n'y étoiç
point interrompue par des visites , com
me à la Ville.
t II vécut fort long-tems dans l'obscuriré
{Le son Cabinet , mais son rne'rir,e j'eq tira:
$4 S MERCURE DE FRANCE.
Qay de Rochefort , Chancelier de Fran.
çe , le fit çonnoître au Roy Charles VIII.»
qui voalut le voir , Sc le fie venir auprès
de luiî mais il ne vécut pas assez après
çela, pour lui faire du bien, .. i
Louis XIL successeur de Charles, l'en»,
voya deux fois en Italie pour quelques;
négociations , & le mit ensuite au nombre,
de íes Secrétaires. 11 youlur aussi le fairç,
Conseiller au, Parlement de Paris ; maiç.
Budé refusa cette Charge , qui lui aurpir^
çauíé trop de distractions, ÔC qui lui auroit
enlevé un tems , qu'il aimoit mieu%
donner à ses études.
II se vit cependanc dans la fuite exposd
à ces distractions qu'il craignoit. Le Roy
Fcançois I. qui aimoit les Gens de Lettres,
k fit venir auprès de lui à Ardres » où
5'e'toit rendu en 1520. pour s'aboucher,
avec le Roy d'Angleterre. L' Auteur de fa.
vie remarque , que ce fut alors pour 1%
première fois que Budé eut accès auprès
de lui : ce qui détruit cç que Yarillas aavancé
dans son Histoire da François I<
(a) que ce Prince l'envoya à Rome etj
Ambassade en iji 5. auprès du Pap©
Léon X. fait suppose par cet Auteur ,
qu'iL accompagne d'une reflexion , qui
n'est pas plus vraie. » Budé, dit-il , n'ér
«toit pas mal adroit co négociation ,
Çà) 144$ u fi i -; "---.-< -i
\i'i.< C « quoiqu'il
I 'J TE V RIE R. 17300 j4f
B'qqoiqu'il eut vécu dans Paris , fans au-
» cre conversation que celle de ses Livres, «c
| -Comment Varillas a-r-il pu parler ainsi,
puisque Budé avoit déja e'té deux fois ea
! Italie pour différentes négociations ?
I François I. ayant pris gout à la convec*
/ation de Budé , voulut ,1'avoir toujours
attprès de lui , lui confia le foin de fa Bi
bliothèque , & lui donna une Charge de
Maître des Requêtes , dont il fut pourvu
}e2 I. Août 1522. La. Ville de Paris l'é*
lût la même anne'e Prevôc des Mar»
chands. . • ,
• Il aimoit trop les Sciences , pour ne pas
faire servir à leur avantage le crédit qu'il
> atoit auprès du Roy > il fut un des prin
cipaux Promoteurs de l'érection du CoU
lege Royal , & de la Fondation des Chai-s
res , qui y fur faite fous le Règne ^ de
François I.
, Il se brouilla avec Antoine du Prat t
Chancelier de France , ce qui l'obligea
pendant quelque temsà n'aller à la Cour,
qu'autanc que le devoir de fa Charge l'y
engageoit. M? is ce tems ne dura pas ; car
Guillaume. Po;;et qui l'aimoit , ayant e'té
fait Chancelier , voulut qu'il demeurât
continuellement auprès de lui.
Un voyage qu'il fit avec lui en 15 40.
fur les côres de Normandie , à la fuite duj!
&oy , qui y alloit chercher du rafraîchisr.,
. ^ * G ij sèment
^5<> MERCURE DE FRANCBj
íement dans les chaleurs excessives da
cette année , lui fut funeste. Il y ga*
gna une fièvre , qui lui paroissant dan»
gereuse , lui fit naître l'envie de se faire
porter chez lui , pour mourir du moins
au milieu de fa Famille.
De retour à Paris , il vit bien tôt son
mal s'augmenter , & il mourut le 23,
Août de la même année 1540. âgé de 73.
ans. Plusieurs Auteurs se sont trompés fut
la datte de fa mort La Croix du Maine
en la fixant au z 5. Août. S ponde , en la
mettant au 2©. Août , & Pierre de saint
Romuald, en l'avançant au $. Août de
la même année. Le P. Garasse dans fa
Doctrine curieuse , le fait mourir en 1 5 ; 9.
L'erreurde M. de Launoy est encore plus
considérable , puisqu'il recule (a) sa mort
jusqu'au premier Septembre 1 ç 7 3.
Budé fut enterré le x6 . Août à saint Ni»
colas des Champs 3 fans aucune pompe ,
comme il l'avoit ordonné par son Testa»
ment , ou il dit : m Je veux être porté en
«•terre de nuit , & íans semonce , à une
» Torche , ou à deux seulement , & ne
» veux être proclamé à l'Eglise , ne à la
» Ville , ne alors que je ferai inhumé s ne
>le lendemain; car je n'approuverai ja-
>mais la coutume des cérémonies lugu-
» bres , & pompes funèbres*. . . Je détens
(s) Hijì. Gjmn. ì{*v»rr. f» 8.8 xì. . -
*■ # qu'or*
LEVRIER, i^rjd. jç»
»qn'on m'en fasse, tant pour ce, quepout
»autres choses , qui ne se peuvent faire
asans scandale ; & si je ne veux qu'il y aie
^cérémonie funèbre , ne autre Représerr.
Mtarion à l'entour du lieu où je serai en*
«terré , le long de l'anne'e de mon trépas ,
«parce qu'il me semble imitation des Ce-
Dnotaphes , donc les Gentils ancienne-*
»xment ont asé#
C'étoit ici le lieu de placer rEpigram»
me , que fit Melain de saint Gelais , à
l'oecasion de la mort de Budé, & de la
disposition Testamentaire qu'on vient de
lire. 11 est à croire que l'Editeur des Mé
moires ne l'a pas connue > on ne fera pas
fâché de la trouver ici.
Qui est celui que tout le monde fuit >
tas ! c'est Budé au Cercueil étendu.
Pourquoi n'ont fait les Cloches plus grand]
bruk?
Son nom fans Cloche est aflez épanda;
Que n'a-t on plus en Torches dépendu í
Suivant la mode accoutumée & sainte »
Afin qu'il sut par l'obscur entendu
Que des François la lumière est éteinte*
Nous donnerons dans le prochain Mer*
Cure la fuite de ce Mémoire*
des Hommes Illustres dans la République
des Lettres > avec un Catalogue raisonné
de leurs Ouvrages , tome 8 . de 40 8 . pages
fans les Tables. A Paris , chez. Bnaffon „
rué S. làcques , a la Science. 1730.
. A la tête de ce 8 e. volume est un coure
Avertissement , qui apprend au Lecteut
une chose auíïl agréable que nécessaire á
l'égard de ceux qui aiment Inexactitude Sc
la perfection dans les entreprises Litté
raires. L' Auteur de ces Mémoires se pré
pare, nous dit-on , à donner dans le di
xième vol. qui paroîtra fur la fin du mois
de Décembre 1729. les corrections fur les
neuf vol. qui le précédent ^ avec les Ad
ditions qu'on lui a déja données. Il invite
de plus ceux qui auront reconnu quelque
faute , quelque îegere qu'elle puisse être ,
ou qui sçauront <juelques faits oubliez ,
ou enfin qui auront quelques Additions, à
les lui communiquer , se chargeant d'in
struire le Public du nom de ceux dont il
auxar
34© MERCURE Í)E FRANGÉ,
aura receu des remarques utiles. On aver»
tic aussi que le dixième vol. contiendra en
core des Tables générales , Alphabéti
que, Nécrologique ì 6c selon l'ordre des
Matières de ce qui est contenu dans les
neuf premiers vol enfin qu'on pourrs
s'addrefler au Libraire qui vend ce Livre ^
pour tout ce qu'on voudra faire tenir ìt
l'Auteur.
Nous profiterons de l'invitation conte
nue dans cet Avertissement , pour conti
nuer de parler avec franchise en faveur de
la vérité, & pour fa perfection de cet~Ou->
Vrage , quand l'occaíìon s'en présentera.1
Le 7e. vol. en offroit une , mais il n'étfoit
pas encore rems de publier notre Re
niai que , qui n'auroit pu passer alors que
pour une conjecture. Nous. avons depuisdécouvert
que cette Remarque peut être
solidement appuyée. Voici de quoi il s'a
git1. Dans le Catalogue des Ouvrages
d'André Ducheshe , qui est à la fin du
Mémoire quile concerne dans le 7e. tome
pag. 32}'. on trouve art. 6. le Titre qui
fuit : Les Antiquitez. & Recherches des
Villes , Châteaux & Places remarquables
de toute la France■", suivant l'ordre des huit
Parlement. Paris i (íi&. in-%. On ajoute
que' cettepremiere Edition a été suivie de
celles dis années 16 14. 1611. 1619.
iôji. 1637. úv8. Item, rêvât s corri'
g"*
Lévrier. 1730. 3 4 r
gées & augmentées par François Ducbejhe.
Paris 1 £47. in 8.& 166%. z. vol.in-ii.'
L'Arciclc finit par ces paroles Ce Livre
est mal écrit , mais il contient des choses;
curieuses , la derniere Edition que Duchesne
le Fils a procure'e est la meilleure.*
Nous avons toujours cru que cet Ou
vrage, quoique publié sous le nom d'An
dré Duchesne , n'étoit point de ce célèbre'
Auteur. II ne faut que le lire avec une*'
médiocre attention pour s'en appercevoic
: Mauvais stile, défaut de critique ,>
excès de crédulité , tout sent une maint*
qui ne cherche qu'à accumuler des Phra
ses , pour produire enfin un Livre com
posé de choses communes , & qu'on trou
ve dans plusieurs autres Ouvrages', eo-'
qui est bien éloigné du génie & de la ca
pacité d'André Duchesne.
Mais ce qui a achevé de nous con
vaincre fur ce point , c'est le témoignage
d'un Sçavant du premier ordre & des plus
respectables. Il faut d'abord observer que
la première Edition de ce Livre n'est pas
celle de.i 6 l e. marquée ci dessus par no
tre Editeur. Il s'en trouve une autre de
1609. dont il y a un exemplaire dans la
Bibliothèque de S. Germain des Prez ,
faite à Paris, chez Jean Petit Pas. En
second lieu, on lit à la tête de cet Exem
plaire de 1609. les paroles qui suivent,
cuites -
$4* MERCURE DE FRANGÉ,
éiîrites de la main du célèbre Dom' Lire
Dachery ^ contemporain & ami d' André?
Ducheíne.
Ce présent Livre n'ejì point de M. Ditchefìte
, je Pai ffudesà propre bouche r
ifant venu voir quelque chose k notre Bibliothequei
On P a mis fous son nom pour
le mieux vendre , parce que de soi il nevaut
rien , ni pour l' Histoire ni pour le
Stile. Le 19. Avril 1640.
Après une attestation si précise , on ne
peut s'empêcher de convenir de ^impo
sture , laquelle a continué àvec plus d»
facilité après la mort de l' Auteur dans:
les Editions qui ont suivi , jusqu'à sou
tenir que les deux dernieres ont été re
vues & corrigées par F. Duchesne sort
Fils, &c. Quand même il seroit vrai que
le Fils ait eu quelque part à ces dernieres
Editions , ce qui est extrêmement dou
teux , il doit toujours passer pour certaia
que l'Ouvrage original n'est point de son
Père : Au reste l' Auteur des Mémoires
n'a erré Ià dessus qu'après le P. le Long ,
qui l'acopié fur l'article d'André Duches
ne , & après plusieurs autres.
Ce n'est pas la première fois que les1
Libraires , même quelques Auteurs en
ont imposé au Public , en mettant ut»
fiom respectable à la tête d'un Ouvrage
médiocre dans la vue de l'acrediter : C'est
ainsi
FEVRIER. 1730. î4j
•insi qu'on a vu paroître en l'année
1719. un Livre fort superficiel, sous le
nom de M. l'Abbé de Bellegarde , qui
ccrit si poliment , & qui a donné tant de
bons Ouvrages , lequei nous a assure' n'a»-
voir aucune part à celui dor.t on vient de
parler. Mais revenons à notre 8e. vol.
des Mémoires pour l'Histoire des Hom
mes Illustres , Sec. Ce vol. contient la
Vie & le Catalogue des Ouvrages de 37.
Sçavans, dont voici les noms.
Léon Allatius , Emeri Bigot , Lazare
André Bocquillot , Guillaume Budé , Ni*
col. Calliachi , Charles du Cange , Jean
Cocceius , Jacques Cujas , Jean Donne ,
Caffandre Fedele , Claude Fleury , Théo*
phi le Foltngo , Jean Gallois , Th. Qatar
keryijean Gravi us , Nicol. Hartfoel(er ,
Jean Htnn Hottinger , Jacques le Paulmier
de Grantemefnil , Barth. Platine ,
Jean Jovien Pontan , Louis Pontico VirUr
nio , Guill. Poftcl > Etien. Rajficod , Abel
de sainte Marthe Père & Fils , jîbel Louis
de sainte Marthe , Charles de sainte Mar
the , Claude de sainte Marthe , Pierre Sce-r
vole de sainte Marthe , Scevole de saints
Marthe , Scevole & Louis de sainte Mar
the , Jacques Sannazar , Jean-Marie de
la Marque Tilladet , Sebafiien Vaillants
Çharles'VerarÂQ. ..f . '. . v .1
1/ Article. de Guillaume Budé nous »
fan»
tajf. MERCURE* DE PRANOS.
j>aru être l'un des plus curieux de ce vdj.
'& nous croyons que nos Lecteurs nous
^■sçauront gré de le trouver ici , tel que
l'Auteur des Mémoires Ta présenté au
public. Guillaume Budé , ( en Latin Budoeus)
naquit à Paris l'an 14.67. de Jeajn
JBudé , Seigneur d'Yerre , de Villers fur
Marne , & de Marly , Grand-Audianciex
en la Chancellerie de France , & de Ca
therine le Picart*
\ On lui donna des Maîtres dès-qu'il pa,-
lut capable d'apprendre quelque choses
mais la barbarie qui regnoit alors dans lc$
.Collèges , le dégoûta , Ôc l'empêcha de
faire de grands progr.es. C'étoit la cou
tume de pafler à l'étude da Droit , dè$
qu'on sçavoit un peu de Latin , il la sui
vit comme les autres, & alla à Orléans
pour ce sujet ; mais il . y demeura trois ans
fans y rien apprendre. Il n'entendoit pres-
,que point les Auteurs Latins , il n'çtoit
J>as par conséquent eu état de comprendre
es Ecrits & les Leçons de ses Professeurs.
Ainsi il revint à Paris a,ussi ignorant qu'il
,«n éroit parti , & plus dégoûté de l'étude
jqu'il ne l'étoit auparavant. ' . ■
Les plaisirs firent alors toute son occu
pation , ôc il s'adonna particulièrement £
îa chaffe ; mais lorsque le premier feu de
la jeunesse se fût rallenti en lui , il se sentit
coat d'un coup saisi d'une oasEon si vios
FEVRIER. 175©. ?4I
tente pour l'étude , qu'il s'y donna avec
une ardeur inexprimable. Il renonça dès*
j lors à tous les divertissemens & à toutes
j les compagnies ; & regardant comme per
du tout le tems qui n'étoit point employé
àl'étude , il regrettoitles heures qu'il étoit
obligé de donner à (es repas & à son som
meil.
Ce qu'il y a voit de fâcheux pour lui t
1 c'est qu'il n'avoit personne qui pût le dí*
íiger dans ses études, & lui montrer la
route qu'il devojt tenir pour ne poinc
perdre un tems qui lui étoit si précieux»
îl ne fçavoit quels étoient les Auteurs
qu'il de voit lire les premiers , & il se trompoit
souvent dans le choix qu'il en faisoit.
Ce ne fut que dans la fuite , qu'il
apprit par fa propre expérience , & pat
son propre gout , ceux qu'il devoit préfé
rer aux autres. Ainsi il ne dut qu'à luimême
les progtès qu'il fit , par son appli-
I cation assidue dans les Belles-Lettres.
II ne fut non plus redevable qu'à son
travail de la connoissance qu'il acquk de
ia Langue Grecque , il eût, à la vérité, un
Maître nommé George Hermonyme , qui
L se disok natif de Lacédémone , "mais qui
ne sçachant pas grand chose ., ne pouvoit
lui en apprendre beaucoup. Quelques en
tretiens qu'il eut avec Jean Lascaris lui
furent plus utiles , . & les instructions dç
* 4* MERCURE DE FRANCE,
ce grand homme lui soumirent les moy em
d'avancer avec plus de succès dans les
çonnoiffances qu'il s'étoit proposé d'ac
quérir.
Les Belles -Lettres ne l'occuperent pas
jtellement, qu'il négligeât les autres Scien
ces» U apprit les Mathématiques de Jean
Faber, dont il épuisa bientôt le sçavoir ,
par la facilité qu'il ayoit à comprendre
tout ce qu'il lui disoit.
Cependant son Père n« le vòïoit qu'ar
yec peine attaché si fort à l'ctude , appré
hendant que cer attachement ne préjudifiât
à ses affaires domestiques , & ne nui
sît à fa santé ; mais tout ce qu'il pût lui
dire fur ce sujet fut inutile , fa passion
l'emporta fur les remontrances. Au reste
íes craintes de son Pere n'eureqt lieu qu'en
partie ; car il ne négligea jamais ses affai
res , il eut foin au contraire de se parta
gé» entre-elles & ses études. Mais fa santé
en souffrit , car son assiduité au travail lui
procura une maladie , qui le tourmenta à
différentes reprises , pendant plus de vingt
»ns , &c qui le rendit mélancolique & cha
grin. Le triste état où il se trouv,oit alors,
n'étoit point capable de le dégoûter de
J'érude , il profìtojt des niomens de relâ
che qu'il avoit, pour s'y livrer de nou
veau. C'est même pendant cc tems - là
qu'il a composé la plupart de ses QuÏJWgefe
Quelque*
TEVR1ER. 1730. ?4f
Quelques Auteurs on mis en question :
S'il étoit à propos pour un Homme de
Lettres de íe marier , & se sont servi de
Pexemple de Budé pour soutenir l'affirmative.
Il se maria en effet , & si l'on et»
croit un de ces Auteurs > fa femme bienloin
de l'empêcher d'étudier , lui servoit
de second , en lui cherchant les passages ,
& les Livres dont il avoit «besoin, Il falloir,
^u'il l'eût connue de ce goût-là des avant
ion mariage , puisque, le jeùr même de
ses noces il se de'roba trois heures ait
moins , pour les passer avec ses Livres.
Louis le Roy , de'crit ainsi la manière,
dont il avoit coutume de passer lá jour
née : En se levant, il se mettoit au travail,
& étudioit jusqu'à l'heure de dîner j avant
que de se mettre à table , il fáisoit un peu
d'exercice pour se donner de l'appetit.
Après le repas, il passoit deux heures »
Causer avec sa famille , ou ses amis , après
quoi il recommençoit à travailler jusqu'à»
souper. Comme ce repas íe saisott ordi
nairement fort tard , i! ne faisoit jamais
rien après. Ii avoit une Maison de Cam
pagne à saint Maur , où il demeuroic assez
volontiers , parce que son e'rude n'y étoiç
point interrompue par des visites , com
me à la Ville.
t II vécut fort long-tems dans l'obscuriré
{Le son Cabinet , mais son rne'rir,e j'eq tira:
$4 S MERCURE DE FRANCE.
Qay de Rochefort , Chancelier de Fran.
çe , le fit çonnoître au Roy Charles VIII.»
qui voalut le voir , Sc le fie venir auprès
de luiî mais il ne vécut pas assez après
çela, pour lui faire du bien, .. i
Louis XIL successeur de Charles, l'en»,
voya deux fois en Italie pour quelques;
négociations , & le mit ensuite au nombre,
de íes Secrétaires. 11 youlur aussi le fairç,
Conseiller au, Parlement de Paris ; maiç.
Budé refusa cette Charge , qui lui aurpir^
çauíé trop de distractions, ÔC qui lui auroit
enlevé un tems , qu'il aimoit mieu%
donner à ses études.
II se vit cependanc dans la fuite exposd
à ces distractions qu'il craignoit. Le Roy
Fcançois I. qui aimoit les Gens de Lettres,
k fit venir auprès de lui à Ardres » où
5'e'toit rendu en 1520. pour s'aboucher,
avec le Roy d'Angleterre. L' Auteur de fa.
vie remarque , que ce fut alors pour 1%
première fois que Budé eut accès auprès
de lui : ce qui détruit cç que Yarillas aavancé
dans son Histoire da François I<
(a) que ce Prince l'envoya à Rome etj
Ambassade en iji 5. auprès du Pap©
Léon X. fait suppose par cet Auteur ,
qu'iL accompagne d'une reflexion , qui
n'est pas plus vraie. » Budé, dit-il , n'ér
«toit pas mal adroit co négociation ,
Çà) 144$ u fi i -; "---.-< -i
\i'i.< C « quoiqu'il
I 'J TE V RIE R. 17300 j4f
B'qqoiqu'il eut vécu dans Paris , fans au-
» cre conversation que celle de ses Livres, «c
| -Comment Varillas a-r-il pu parler ainsi,
puisque Budé avoit déja e'té deux fois ea
! Italie pour différentes négociations ?
I François I. ayant pris gout à la convec*
/ation de Budé , voulut ,1'avoir toujours
attprès de lui , lui confia le foin de fa Bi
bliothèque , & lui donna une Charge de
Maître des Requêtes , dont il fut pourvu
}e2 I. Août 1522. La. Ville de Paris l'é*
lût la même anne'e Prevôc des Mar»
chands. . • ,
• Il aimoit trop les Sciences , pour ne pas
faire servir à leur avantage le crédit qu'il
> atoit auprès du Roy > il fut un des prin
cipaux Promoteurs de l'érection du CoU
lege Royal , & de la Fondation des Chai-s
res , qui y fur faite fous le Règne ^ de
François I.
, Il se brouilla avec Antoine du Prat t
Chancelier de France , ce qui l'obligea
pendant quelque temsà n'aller à la Cour,
qu'autanc que le devoir de fa Charge l'y
engageoit. M? is ce tems ne dura pas ; car
Guillaume. Po;;et qui l'aimoit , ayant e'té
fait Chancelier , voulut qu'il demeurât
continuellement auprès de lui.
Un voyage qu'il fit avec lui en 15 40.
fur les côres de Normandie , à la fuite duj!
&oy , qui y alloit chercher du rafraîchisr.,
. ^ * G ij sèment
^5<> MERCURE DE FRANCBj
íement dans les chaleurs excessives da
cette année , lui fut funeste. Il y ga*
gna une fièvre , qui lui paroissant dan»
gereuse , lui fit naître l'envie de se faire
porter chez lui , pour mourir du moins
au milieu de fa Famille.
De retour à Paris , il vit bien tôt son
mal s'augmenter , & il mourut le 23,
Août de la même année 1540. âgé de 73.
ans. Plusieurs Auteurs se sont trompés fut
la datte de fa mort La Croix du Maine
en la fixant au z 5. Août. S ponde , en la
mettant au 2©. Août , & Pierre de saint
Romuald, en l'avançant au $. Août de
la même année. Le P. Garasse dans fa
Doctrine curieuse , le fait mourir en 1 5 ; 9.
L'erreurde M. de Launoy est encore plus
considérable , puisqu'il recule (a) sa mort
jusqu'au premier Septembre 1 ç 7 3.
Budé fut enterré le x6 . Août à saint Ni»
colas des Champs 3 fans aucune pompe ,
comme il l'avoit ordonné par son Testa»
ment , ou il dit : m Je veux être porté en
«•terre de nuit , & íans semonce , à une
» Torche , ou à deux seulement , & ne
» veux être proclamé à l'Eglise , ne à la
» Ville , ne alors que je ferai inhumé s ne
>le lendemain; car je n'approuverai ja-
>mais la coutume des cérémonies lugu-
» bres , & pompes funèbres*. . . Je détens
(s) Hijì. Gjmn. ì{*v»rr. f» 8.8 xì. . -
*■ # qu'or*
LEVRIER, i^rjd. jç»
»qn'on m'en fasse, tant pour ce, quepout
»autres choses , qui ne se peuvent faire
asans scandale ; & si je ne veux qu'il y aie
^cérémonie funèbre , ne autre Représerr.
Mtarion à l'entour du lieu où je serai en*
«terré , le long de l'anne'e de mon trépas ,
«parce qu'il me semble imitation des Ce-
Dnotaphes , donc les Gentils ancienne-*
»xment ont asé#
C'étoit ici le lieu de placer rEpigram»
me , que fit Melain de saint Gelais , à
l'oecasion de la mort de Budé, & de la
disposition Testamentaire qu'on vient de
lire. 11 est à croire que l'Editeur des Mé
moires ne l'a pas connue > on ne fera pas
fâché de la trouver ici.
Qui est celui que tout le monde fuit >
tas ! c'est Budé au Cercueil étendu.
Pourquoi n'ont fait les Cloches plus grand]
bruk?
Son nom fans Cloche est aflez épanda;
Que n'a-t on plus en Torches dépendu í
Suivant la mode accoutumée & sainte »
Afin qu'il sut par l'obscur entendu
Que des François la lumière est éteinte*
Nous donnerons dans le prochain Mer*
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Résumé : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, [titre d'après la table]
Le texte est un extrait des 'Mémoires pour servira l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres', tome 8, publié à Paris en 1730. L'auteur annonce des corrections et des additions pour les neuf volumes précédents dans le dixième volume, prévu pour décembre 1729, et invite les lecteurs à signaler toute erreur ou information erronée. Le septième volume contenait une remarque confirmée depuis, concernant une erreur sur un ouvrage attribué à André Duchesne. Le catalogue des œuvres de Duchesne mentionne 'Les Antiquitez & Recherches des Villes, Châteaux & Places remarquables de toute la France', avec plusieurs éditions. Cependant, l'auteur des Mémoires affirme que cet ouvrage n'est pas de Duchesne, en se basant sur le témoignage de Dom Louis D'Achery, qui a déclaré que le livre n'était pas de Duchesne et avait été publié sous son nom pour mieux se vendre. Le texte mentionne également d'autres cas où des libraires ou des auteurs ont attribué des œuvres médiocres à des noms respectables pour les accréditer. Le huitième volume des Mémoires contient les vies et les catalogues des œuvres de 37 savants, dont Guillaume Budé. La vie de Budé est détaillée, soulignant son parcours académique, son assiduité dans les études, et son rôle dans la promotion des sciences sous le règne de François I. Budé a refusé des charges qui auraient pu le distraire de ses études, mais a finalement été nommé maître des requêtes et prévôt des marchands de Paris. Il a également joué un rôle clé dans la création du Collège Royal et la fondation des chaires sous François I. Le texte relate la mort de Budé, survenue en 1540. Budé, âgé de 73 ans, contracta une fièvre lors d'un séjour en Normandie et décida de retourner à Paris pour mourir entouré de sa famille. Il décéda le 23 août 1540. Plusieurs auteurs ont commis des erreurs sur la date de sa mort, la situant entre le 25 et le 31 août, ou même en 1573. Budé fut enterré le 26 août à Saint-Nicolas-des-Champs sans cérémonie, conformément à ses volontés exprimées dans son testament. Il souhaitait une inhumation discrète, sans pompe funèbre, et sans proclamation à l'église ou à la ville. Il comparait les cérémonies funèbres à des pratiques païennes. Le texte mentionne également une épigramme de Melchior de Saint-Gelais sur la mort de Budé et ses dispositions testamentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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819
p. 352-355
« LA VIE DE CALLISTHENE, Philosophe, à la Cour d'Alexandre le Grand. [...] »
Début :
LA VIE DE CALLISTHENE, Philosophe, à la Cour d'Alexandre le Grand. [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LA VIE DE CALLISTHENE, Philosophe, à la Cour d'Alexandre le Grand. [...] »
Da Vie de Cal listhene , Philo*
íophe, à la Cour d'Alexandre le Grand.
ji Paris , au Palais , chez. Prudbomme,
& Quay de Canty y chez, la veuve Pijfot ,
Í730. Brochure in- 11. de }8. pages.
■ Ce petit Ouvrage , ainsi que la Vie de
Brutus, a été faite à Poccasion de la Tragé
die de Caliifthene , de la composition de
M.Piron,qu'on joue au Théâtre François»
Desprez & Deseffarts , Libraires , don
nent avis qu'ils ont mis au jour une nou
velle Edition de la Bible , traduite par
M. Le Maître de Sacy , où l'on a joint
500. Figures,, grave'es d'après ks grands
Maîtres , par le sieur de Marne , fíraveur
ordinaire de la Reine , avec des Sommai
res Historiques fur chaque Livre de i? An
cien & du nouveau Testament , divisé en
£x volumes in-\* A P'ans , che\ lesdits
Jìettrs Desprez. & Defijfarts ,\i%'è S. Jac
ques, & chez. V Auteur des Gravures % rué
4* Foin y en entrant par la rué de la- fíarpe,
aut Heaume. Il vendra séparément les Es
tampes de grandeur in-folio ou in-^.sa
3. volumes rv
. ..L. , . t Z... »
r. Gabriel Martin., Libraire, rue S. Jac
ques , à l'Etoile , imprime le Catalogue
de la Bibliothèque de M. Turgot de Saint
Çlair , Evêque de Seez., & celui de M. le
/- \ > Président
FEVRIER. 1730. 3<fj
i Président Lambert , Pre'vôt des Mar
chands. La vente de ces deux Bibliothè
ques doit se faite incessamment.
. On trouve chez le même Gabriel M*r+
Ìtin & chez Coignard, fils , & Guerin-Yû*
aié,ruè' S.Jacques, la nouvelle Edition
des Llemens de l'Histoire de feu M.l'Ab-
■hé de Vallemont, en 4. volumes in-ix*
■considérablement augmèntée.
Le Paradis Perdu deMiítoh*
traduit de l'Anglois en Vers Hullandois,
-par M. L. P. A Amsterdam , cbeT^ E.
•ffifihtr., *7 3 o. /'»•!?. »'
Cette Traduction cil fake fur celle que
M. Vanzanten , sçavaat Médecin à Har-
4em i peblia il y a deux ans en Vers Hoir
4iiidois non rimez. »
■ ■
: Histoire modekde de l'Etat preH
■sent de tous les Peuples du monde , trat»
■duit de l'Anglois de M. Salmon , enrichie
de Remarques , de Cartes Géographiques
•8c de Tailles-douces. Idem , chez. Isaac
I-TïrioH , 173 ô. Tome premier, Premiers
•Partie , contenant une Description de
-i-'Eta* présent de PEmpire de la Chine.
in- 8.
c On apprend de Vérone, que Jacques
•V«Uarsi, Libraire-, y a donne' ane behVe
L .....4 G iiij Edí
^54 MERCURE DE FRANCE.
Edition «de toutes les Oeuvres du Trijfìrf^
cn z. vol. in- 4. fous ce titre. Tutte le
Opère di Giovan Giorgio Triíîìna , Gen~
hlhuomo Vicentinoynon pin raccolte.17 29.
Jean Albert Tumermani , de la même
•Ville, a imprimé m-%. un Poème Italie»
d'environ 450. Vers , intitulé , I. Ca
nari ni , les Serins, dont PAuteur , ap
pelle Ignacio da Perfico , n'a que 1 6. ans.
on en fait beaucoup de cas.
, II paroît à Londres une trentième Edi
tion de VEtat présent de la Grande Brer
tagne , par Chamberlain*
Un Comédien de Campagne a publie*
dans la même Ville , une Réponse à la
Préface que M. Pope a mise à la tête de
i'Edition qu'il a donnée des Oeuvres de
•Shakespear. Le Comédien prend fa deffense
des anciens Acteurs qui ont repré
senté les Pieces de ce Poète. II fait voie
dans cette Réponse les fautes qu?on a
faites dans cette Edition , & donne quel
ques éclaircissemens nouveaux fur la vie
de Shakespear , & sur l'Histoire du Théâ
tre de son temps.
On trouve aussi à Londres , chez les
jÇnaptons, un. Traité en Anglois de M. Ri
chard;
FEVRIER. Í7Ì0. jçç
<hatd Brown , intitulé : Medicina Ain
sicí, , ou Eísai , dans lequel on examine
par les Loix de la Méchanique les effets
du Chant, de la Musique & de la Danse
suc le corps humain , avec un Traité suc
la nature des maladies de la Rate & des
yapeurs , & fur la manière de les guérir.
íophe, à la Cour d'Alexandre le Grand.
ji Paris , au Palais , chez. Prudbomme,
& Quay de Canty y chez, la veuve Pijfot ,
Í730. Brochure in- 11. de }8. pages.
■ Ce petit Ouvrage , ainsi que la Vie de
Brutus, a été faite à Poccasion de la Tragé
die de Caliifthene , de la composition de
M.Piron,qu'on joue au Théâtre François»
Desprez & Deseffarts , Libraires , don
nent avis qu'ils ont mis au jour une nou
velle Edition de la Bible , traduite par
M. Le Maître de Sacy , où l'on a joint
500. Figures,, grave'es d'après ks grands
Maîtres , par le sieur de Marne , fíraveur
ordinaire de la Reine , avec des Sommai
res Historiques fur chaque Livre de i? An
cien & du nouveau Testament , divisé en
£x volumes in-\* A P'ans , che\ lesdits
Jìettrs Desprez. & Defijfarts ,\i%'è S. Jac
ques, & chez. V Auteur des Gravures % rué
4* Foin y en entrant par la rué de la- fíarpe,
aut Heaume. Il vendra séparément les Es
tampes de grandeur in-folio ou in-^.sa
3. volumes rv
. ..L. , . t Z... »
r. Gabriel Martin., Libraire, rue S. Jac
ques , à l'Etoile , imprime le Catalogue
de la Bibliothèque de M. Turgot de Saint
Çlair , Evêque de Seez., & celui de M. le
/- \ > Président
FEVRIER. 1730. 3<fj
i Président Lambert , Pre'vôt des Mar
chands. La vente de ces deux Bibliothè
ques doit se faite incessamment.
. On trouve chez le même Gabriel M*r+
Ìtin & chez Coignard, fils , & Guerin-Yû*
aié,ruè' S.Jacques, la nouvelle Edition
des Llemens de l'Histoire de feu M.l'Ab-
■hé de Vallemont, en 4. volumes in-ix*
■considérablement augmèntée.
Le Paradis Perdu deMiítoh*
traduit de l'Anglois en Vers Hullandois,
-par M. L. P. A Amsterdam , cbeT^ E.
•ffifihtr., *7 3 o. /'»•!?. »'
Cette Traduction cil fake fur celle que
M. Vanzanten , sçavaat Médecin à Har-
4em i peblia il y a deux ans en Vers Hoir
4iiidois non rimez. »
■ ■
: Histoire modekde de l'Etat preH
■sent de tous les Peuples du monde , trat»
■duit de l'Anglois de M. Salmon , enrichie
de Remarques , de Cartes Géographiques
•8c de Tailles-douces. Idem , chez. Isaac
I-TïrioH , 173 ô. Tome premier, Premiers
•Partie , contenant une Description de
-i-'Eta* présent de PEmpire de la Chine.
in- 8.
c On apprend de Vérone, que Jacques
•V«Uarsi, Libraire-, y a donne' ane behVe
L .....4 G iiij Edí
^54 MERCURE DE FRANCE.
Edition «de toutes les Oeuvres du Trijfìrf^
cn z. vol. in- 4. fous ce titre. Tutte le
Opère di Giovan Giorgio Triíîìna , Gen~
hlhuomo Vicentinoynon pin raccolte.17 29.
Jean Albert Tumermani , de la même
•Ville, a imprimé m-%. un Poème Italie»
d'environ 450. Vers , intitulé , I. Ca
nari ni , les Serins, dont PAuteur , ap
pelle Ignacio da Perfico , n'a que 1 6. ans.
on en fait beaucoup de cas.
, II paroît à Londres une trentième Edi
tion de VEtat présent de la Grande Brer
tagne , par Chamberlain*
Un Comédien de Campagne a publie*
dans la même Ville , une Réponse à la
Préface que M. Pope a mise à la tête de
i'Edition qu'il a donnée des Oeuvres de
•Shakespear. Le Comédien prend fa deffense
des anciens Acteurs qui ont repré
senté les Pieces de ce Poète. II fait voie
dans cette Réponse les fautes qu?on a
faites dans cette Edition , & donne quel
ques éclaircissemens nouveaux fur la vie
de Shakespear , & sur l'Histoire du Théâ
tre de son temps.
On trouve aussi à Londres , chez les
jÇnaptons, un. Traité en Anglois de M. Ri
chard;
FEVRIER. Í7Ì0. jçç
<hatd Brown , intitulé : Medicina Ain
sicí, , ou Eísai , dans lequel on examine
par les Loix de la Méchanique les effets
du Chant, de la Musique & de la Danse
suc le corps humain , avec un Traité suc
la nature des maladies de la Rate & des
yapeurs , & fur la manière de les guérir.
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Résumé : « LA VIE DE CALLISTHENE, Philosophe, à la Cour d'Alexandre le Grand. [...] »
En février 1730, une brochure parisienne présente diverses annonces littéraires et bibliographiques. Elle mentionne la publication de la 'Vie de Calisthène' et de la 'Vie de Brutus', inspirées par la tragédie de Calisthène de M. Piron. Les libraires Desprez et Deseffarts annoncent une nouvelle édition de la Bible traduite par M. Le Maître de Sacy, enrichie de 500 figures gravées et de résumés historiques. Gabriel Martin imprime les catalogues des bibliothèques de M. Turgot de Saint-Clair et du Président Lambert, dont les ventes sont imminentes. Une nouvelle édition des 'Éléments de l'Histoire' de l'abbé de Vallemont est publiée en quatre volumes. Le 'Paradis Perdu' de Milton est traduit en vers hollandais par M. L. P., et une 'Histoire moderne de l'État présent de tous les Peuples du monde' est traduite de l'anglais par M. Salmon. À Vérone, Jacques Varisi publie les œuvres de Giovanni Giorgio Trissino. À Londres, une trentième édition de 'L'État présent de la Grande-Bretagne' par Chamberlain est publiée, ainsi qu'une réponse d'un comédien de campagne à la préface de M. Pope sur les œuvres de Shakespeare. Enfin, un traité de M. Richard Chald Brown sur les effets de la musique et de la danse sur le corps humain est annoncé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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820
p. 355-356
Carte des environs de Paris, [titre d'après la table]
Début :
L'Abbé de la Grive, vient de mettre au jour la premiere feüille de sa Carte [...]
Mots clefs :
Chemins, Carte, Environs de Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Carte des environs de Paris, [titre d'après la table]
L'Abbé de la Grive, vient de mettre
au jour la première feuille de fa Carte
Topographique des Environs de Paris , à
cinq lieue! a, la ronde. Cet Ouvrage con
tiendra neuf feuilles de papier de grand
Aigle. L'Auteur y a observé tous les dé
tails > de façon qu'on y reconnoîtra les
Plans exacts de tous les Villages , leurs
issues & les chemins qui conduisent de
L'un à l'autre , les principales Maisons de
Campagne avec leurs Jardins; les Bois avec
kurs routes -, les Moulins, Carrières , Ca
barets détachez fur les chemins, les Pla
ces des Vignes , Prez . Terres labourables»
Çc en friche;. La première feuille qui par-
oît , renferme presque toute la Banlieue'..
L'Auteur donnera dans la fuite une dixié*
me feuille qui comprendra les précédentes,
dans laquelle il ne manquera aucun détaiL
Ce que celle- cy aura de singulier & de:
plus curieux , c'est qu'on y trouvera les;
differens Triangles qui onr fervj à lever
Jì Carte , U valeur des Angles & degrez?
tf6 MERCURE ÔE FRANCE;
& le calcul des Côtes en toises , ce qu#
h'a encore été exécuté que par M" de.
l' Académie des Sciences y pour détermi
ner la Méridienne de l'Observatoire de
Paris , & mettre le Public en état de vé
rifier les Observations de l'Auteur. // de
meure Cloître S. Binon t cliez. M. Dubois*
Avocau
au jour la première feuille de fa Carte
Topographique des Environs de Paris , à
cinq lieue! a, la ronde. Cet Ouvrage con
tiendra neuf feuilles de papier de grand
Aigle. L'Auteur y a observé tous les dé
tails > de façon qu'on y reconnoîtra les
Plans exacts de tous les Villages , leurs
issues & les chemins qui conduisent de
L'un à l'autre , les principales Maisons de
Campagne avec leurs Jardins; les Bois avec
kurs routes -, les Moulins, Carrières , Ca
barets détachez fur les chemins, les Pla
ces des Vignes , Prez . Terres labourables»
Çc en friche;. La première feuille qui par-
oît , renferme presque toute la Banlieue'..
L'Auteur donnera dans la fuite une dixié*
me feuille qui comprendra les précédentes,
dans laquelle il ne manquera aucun détaiL
Ce que celle- cy aura de singulier & de:
plus curieux , c'est qu'on y trouvera les;
differens Triangles qui onr fervj à lever
Jì Carte , U valeur des Angles & degrez?
tf6 MERCURE ÔE FRANCE;
& le calcul des Côtes en toises , ce qu#
h'a encore été exécuté que par M" de.
l' Académie des Sciences y pour détermi
ner la Méridienne de l'Observatoire de
Paris , & mettre le Public en état de vé
rifier les Observations de l'Auteur. // de
meure Cloître S. Binon t cliez. M. Dubois*
Avocau
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Résumé : Carte des environs de Paris, [titre d'après la table]
L'Abbé de la Grive a publié la première feuille de la Carte Topographique des Environs de Paris, couvrant une zone de cinq lieues autour de la ville. Cette carte, qui comportera neuf feuilles, détaille les plans des villages, leurs accès, les chemins, les maisons de campagne avec leurs jardins, les bois, les moulins, les carrières, les cabarets, les vignes, les prés, les terres labourables et celles en friche. La première feuille inclut presque toute la banlieue parisienne. L'auteur prévoit une dixième feuille résumant les précédentes et incluant tous les détails. Cette feuille notable contiendra les triangles utilisés pour lever la carte, la valeur des angles et des degrés, ainsi que le calcul des côtes en toises. Ces informations permettront au public de vérifier les observations de l'auteur, une démarche similaire à celle réalisée par un membre de l'Académie des Sciences pour la Méridienne de l'Observatoire de Paris.
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821
p. 357-361
Nouvelle Imprimerie du Sérail &c. [titre d'après la table]
Début :
On nous écrit de Constantinople que M. le Marquis de Villeneuve, Ambassadeur [...]
Mots clefs :
Imprimerie, Livre, Constantinople, Auteurs, Ouvrages, Imprimerie de Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Imprimerie du Sérail &c. [titre d'après la table]
On nous e'crit de Constantinople qui
M. le Marquis de Villeneuve, Ambassa
deur du Roy à la Porte , a envoyé depuis
peu pour la Bibliothèque de S. M. trois
Livres , qui ont été imprimez en 1728..
!dans ^Imprimerie nouvellerant établie;
Jans cette Capitale, fur de très-beau pa
pier &c en Caractères extrêmement nets,,
ôc on ajoûte ce qui fuit :
• Le premier de ces Livres est un Diction
naire Arabe, composé par Gianhari t &
traduit en Langue Turque par Ovancouli,
■ce qui saie deux volumes in-folio d'envi
ron 700. pages chacun. On ttouve à la
Tête du Dictionnaire les Vies de ces deux
fçavans Orientaux, précédées d'une assez
longue Préface , qui instruit de ce qui s'est
passé, tanr à l'égird du G. Vizir, qu'à l'égard
•du Mufti , au sujet de l'Etablisíement de
cette Imprimerie \ on y voit enfin les raiions
qui ont déterminé à commencer par"
le Dictionnaire en question.
Après la Préface fuit une copie du Cuti*
■eherif,o\i Commandement Impérial, écrit"
Jíe la main du G. S. par lequel un Privilèges
.exclusif est aexoedé à Zaid , his de Me-
G vj hemeç
3 5 3 MERCURE DE FRANCE;
îemet EfFendi , qui a été cy-devant ho*
noré de l' Ambassade de France , & à Ibra>-
him Aga , Muteferaka , * de faire impri
mer toutes sortes d'Ouvrages composez
en Arabe, en Turc, en Persan,' &c. pourvu,
qu'ils ne regardent point la Religion de
Mahomet : à la charge que les Ouvrages
qui s'imprimeront seront revùs & corri
gez par quatre personnes íçavantes fur
les matières dont ils traitent.
Enfin , outre la permission du Mufti
'jibdalah , pour imprimer , on trouve dans,
ce premier volume un Discours , qui peut
passer pour une seconde Préface , & qui
traite de l'utilité & des avantages que les
Turcs peuvent tirer de rétablissement dfl
la nouvelle Imprimerie. On y rappelle le
Mémoire présenté au G. Vizir , sur ce su
jet , & répondu favorablement par le
Mufti & par les deux Cadileskiers , ou
Juges Suprêmes de tout l'Empire Turc.
Le second Livre , sorti de la même Im
primerie , est d'un Auteur nommé Haggi
Calfah. C'est une Instruction en Langue
Turque sur le Globle de la Terre , sur la
Sphère & íur les Cartes Géographiques^
II décrit en patticulier l'Etat de Venise,
l' Albanie , l'Isle de Corfou & les autres
lieux qui font le plus à portée de Constanti-,
* Les Muteférak* , composent un Corps par]
tUnlitr pour In Qnt4t da 6. fi.
■ ÍEVRIER. 1730-. $0
nople. On y trouve auílì pluficurs traits
d'Histoire concernant les Expéditions Ma«
ritimesdes Turcs,& l'Histoire abrégée des
Capitans Pacha, depuis la conquête de la
Ville Impériale par Mahomec II. jusqu'à
l'anne'e ìíçj. Il décrit encore l'Arcenaldc
Constantinople,& entre dans le détail des
.dépenses de (on entretien» Il instruit enfin
les Armateurs Turcs de ce qu'ils doivent
observer dans leurs Courses. L'Editeut
.Ibrahim y a ajouté un Discours de fa com
position fur les Distances itinéraires ou les
Mesures géographiques , & fur le tour du>
Globe Terrestre.
Ce Livre d'Haggi Calfah , est enrichi^
d'une Mappemonde éV de plusieurs Car»»
tes Hydrographiques de la Mer Médire-'
rannée , de la Mer Noire , de l'Archipei
8c du Golphe de Venise. On y trouve
aussi en deux Planches , deux Boussolespour
l'Ocean & pour la Mer Médite»
tannée.
Le troisième Livre imprimé dans le mê»
tnelieuen 1728. est uneTraductionTurr
que d'une Histoire Latine de la derniere
' Révolution de Perse. L'Auteur de la Tra
duction est le même Ibrahim, Editeur»
dont on vient de parler. L'Auteur Ori
ginal donne dans cette Histoire un abregç
de l'Histoire des Rois de Perse , de la Dy
nastie de. ceux qui ont été abusivement
MERCURE DE FRAÍJCÉ<
■appeliez Safis , dont Schah-fíufeiri est lt?
áernier; il paîle de son détrôhement & de
^usurpation de Miri-Mamoud , auquel a.
íuccedé Acheraf, qui occupe aujourd'huiïe
Trône de Perse. C'est par ce Sultan que
finir l'Histoirë Latine , traduite en Turc,
laquelle est précédée d'une Préface dii
Traducteur , &c h Préface suivie de la
Requête par lui présentée au G. Vizir,
$our obtenir la permission d'imprimer*.
€)n y trouve tout de suite cetre permis*-'
''íìon du Premier Ministre.
' Il est marqué à la En de ces Livres',
qu'ils font imprimez à Tlmprimerie cFe
Constantinople l'aa de l'Begke 1141.
C'est-à-dire 172 8. de J. C.
L'Auteur de la Lettre qui nous est écrite
de Constantinople, n'a pas", fans douté,
été instruit au sujet à'Haggi Calsah , Ai>
*¥eur du second de ces- Livres 5 car il auïoit
pâ ajoûter que cet Ecrivain, dont I»
réputation n'est pas petite , est un Turc
Moderne de Constantinople , fils d'un Se
crétaire du: Divan. H fut premier Com
mis du Secrétaire d'Etat en Chef, & il *
passé poUt l'un des plus habiles hommes1
de son temps. On en peut juger par fa
Bibliographie, qui est dans la Eibliottieque
du Roi , laquelle contient un ample'
Recueil alphabétique de tous les Auteurs
OtKiitaux, de an-Gatabgue raisonné «te
**"*" kur-s
íetrrs Ouvrages depuis l'originc du Ma«-
hometisme. M, Petis de la Croix , mort
cn 1 7 1 3 . avoir traduit ce Livre en notre
íangue. ,
Il ne reste plus qu'à souhaiter la con?
tinuation des progrès de cette Imprime
rie , & que les tons Livres qui en soi>
firont , soient non-seulement envoyez en
France , mais encore que les Interprètes*
du Roi & les autres personnes employées?
au service de S. M. versées dans les Lan
gues Orientales , prennent foin de les'
traduire pour l'utilité publique ; & c'estce
qu'il y a lieu d'espérer de la Capacité**
& de l'e'mulation de cçs Messieurs.
M. le Marquis de Villeneuve, Ambassa
deur du Roy à la Porte , a envoyé depuis
peu pour la Bibliothèque de S. M. trois
Livres , qui ont été imprimez en 1728..
!dans ^Imprimerie nouvellerant établie;
Jans cette Capitale, fur de très-beau pa
pier &c en Caractères extrêmement nets,,
ôc on ajoûte ce qui fuit :
• Le premier de ces Livres est un Diction
naire Arabe, composé par Gianhari t &
traduit en Langue Turque par Ovancouli,
■ce qui saie deux volumes in-folio d'envi
ron 700. pages chacun. On ttouve à la
Tête du Dictionnaire les Vies de ces deux
fçavans Orientaux, précédées d'une assez
longue Préface , qui instruit de ce qui s'est
passé, tanr à l'égird du G. Vizir, qu'à l'égard
•du Mufti , au sujet de l'Etablisíement de
cette Imprimerie \ on y voit enfin les raiions
qui ont déterminé à commencer par"
le Dictionnaire en question.
Après la Préface fuit une copie du Cuti*
■eherif,o\i Commandement Impérial, écrit"
Jíe la main du G. S. par lequel un Privilèges
.exclusif est aexoedé à Zaid , his de Me-
G vj hemeç
3 5 3 MERCURE DE FRANCE;
îemet EfFendi , qui a été cy-devant ho*
noré de l' Ambassade de France , & à Ibra>-
him Aga , Muteferaka , * de faire impri
mer toutes sortes d'Ouvrages composez
en Arabe, en Turc, en Persan,' &c. pourvu,
qu'ils ne regardent point la Religion de
Mahomet : à la charge que les Ouvrages
qui s'imprimeront seront revùs & corri
gez par quatre personnes íçavantes fur
les matières dont ils traitent.
Enfin , outre la permission du Mufti
'jibdalah , pour imprimer , on trouve dans,
ce premier volume un Discours , qui peut
passer pour une seconde Préface , & qui
traite de l'utilité & des avantages que les
Turcs peuvent tirer de rétablissement dfl
la nouvelle Imprimerie. On y rappelle le
Mémoire présenté au G. Vizir , sur ce su
jet , & répondu favorablement par le
Mufti & par les deux Cadileskiers , ou
Juges Suprêmes de tout l'Empire Turc.
Le second Livre , sorti de la même Im
primerie , est d'un Auteur nommé Haggi
Calfah. C'est une Instruction en Langue
Turque sur le Globle de la Terre , sur la
Sphère & íur les Cartes Géographiques^
II décrit en patticulier l'Etat de Venise,
l' Albanie , l'Isle de Corfou & les autres
lieux qui font le plus à portée de Constanti-,
* Les Muteférak* , composent un Corps par]
tUnlitr pour In Qnt4t da 6. fi.
■ ÍEVRIER. 1730-. $0
nople. On y trouve auílì pluficurs traits
d'Histoire concernant les Expéditions Ma«
ritimesdes Turcs,& l'Histoire abrégée des
Capitans Pacha, depuis la conquête de la
Ville Impériale par Mahomec II. jusqu'à
l'anne'e ìíçj. Il décrit encore l'Arcenaldc
Constantinople,& entre dans le détail des
.dépenses de (on entretien» Il instruit enfin
les Armateurs Turcs de ce qu'ils doivent
observer dans leurs Courses. L'Editeut
.Ibrahim y a ajouté un Discours de fa com
position fur les Distances itinéraires ou les
Mesures géographiques , & fur le tour du>
Globe Terrestre.
Ce Livre d'Haggi Calfah , est enrichi^
d'une Mappemonde éV de plusieurs Car»»
tes Hydrographiques de la Mer Médire-'
rannée , de la Mer Noire , de l'Archipei
8c du Golphe de Venise. On y trouve
aussi en deux Planches , deux Boussolespour
l'Ocean & pour la Mer Médite»
tannée.
Le troisième Livre imprimé dans le mê»
tnelieuen 1728. est uneTraductionTurr
que d'une Histoire Latine de la derniere
' Révolution de Perse. L'Auteur de la Tra
duction est le même Ibrahim, Editeur»
dont on vient de parler. L'Auteur Ori
ginal donne dans cette Histoire un abregç
de l'Histoire des Rois de Perse , de la Dy
nastie de. ceux qui ont été abusivement
MERCURE DE FRAÍJCÉ<
■appeliez Safis , dont Schah-fíufeiri est lt?
áernier; il paîle de son détrôhement & de
^usurpation de Miri-Mamoud , auquel a.
íuccedé Acheraf, qui occupe aujourd'huiïe
Trône de Perse. C'est par ce Sultan que
finir l'Histoirë Latine , traduite en Turc,
laquelle est précédée d'une Préface dii
Traducteur , &c h Préface suivie de la
Requête par lui présentée au G. Vizir,
$our obtenir la permission d'imprimer*.
€)n y trouve tout de suite cetre permis*-'
''íìon du Premier Ministre.
' Il est marqué à la En de ces Livres',
qu'ils font imprimez à Tlmprimerie cFe
Constantinople l'aa de l'Begke 1141.
C'est-à-dire 172 8. de J. C.
L'Auteur de la Lettre qui nous est écrite
de Constantinople, n'a pas", fans douté,
été instruit au sujet à'Haggi Calsah , Ai>
*¥eur du second de ces- Livres 5 car il auïoit
pâ ajoûter que cet Ecrivain, dont I»
réputation n'est pas petite , est un Turc
Moderne de Constantinople , fils d'un Se
crétaire du: Divan. H fut premier Com
mis du Secrétaire d'Etat en Chef, & il *
passé poUt l'un des plus habiles hommes1
de son temps. On en peut juger par fa
Bibliographie, qui est dans la Eibliottieque
du Roi , laquelle contient un ample'
Recueil alphabétique de tous les Auteurs
OtKiitaux, de an-Gatabgue raisonné «te
**"*" kur-s
íetrrs Ouvrages depuis l'originc du Ma«-
hometisme. M, Petis de la Croix , mort
cn 1 7 1 3 . avoir traduit ce Livre en notre
íangue. ,
Il ne reste plus qu'à souhaiter la con?
tinuation des progrès de cette Imprime
rie , & que les tons Livres qui en soi>
firont , soient non-seulement envoyez en
France , mais encore que les Interprètes*
du Roi & les autres personnes employées?
au service de S. M. versées dans les Lan
gues Orientales , prennent foin de les'
traduire pour l'utilité publique ; & c'estce
qu'il y a lieu d'espérer de la Capacité**
& de l'e'mulation de cçs Messieurs.
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Résumé : Nouvelle Imprimerie du Sérail &c. [titre d'après la table]
En 1728, le Marquis de Villeneuve, ambassadeur du roi à Constantinople, envoya trois livres imprimés à la Porte. Ces ouvrages provenaient d'une nouvelle imprimerie installée dans la capitale ottomane, utilisant du papier de haute qualité et des caractères nets. Le premier livre est un dictionnaire arabe composé par Gianhari et traduit en turc par Ovancouli. Il se présente en deux volumes in-folio de 700 pages chacun. Le dictionnaire inclut des biographies des auteurs, une préface sur l'établissement de l'imprimerie, et un commandement impérial accordant un privilège exclusif à Zaid, fils de Mehemeç Efendi, et à Ibrahim Aga pour imprimer des ouvrages en arabe, turc et persan, à condition qu'ils n'abordent pas la religion de Mahomet. Les ouvrages doivent être révisés par des experts. Le second livre, écrit par Haggi Calfah, est une instruction en turc sur la géographie. Il décrit notamment l'État de Venise, l'Albanie, et l'île de Corfou. Le livre inclut des traits d'histoire sur les expéditions maritimes turques et l'histoire des capitans pacha, enrichis de cartes et de boussoles. Le troisième livre est une traduction turque d'une histoire latine sur la révolution perse, traduite par Ibrahim. Elle résume l'histoire des rois de Perse et des Safavides, jusqu'à l'usurpation de Miri-Mamoud et l'accession d'Acheraf au trône. Le texte mentionne également la réputation d'Haggi Calfah, fils d'un secrétaire du Divan, et la bibliothèque du roi contenant une bibliographie des auteurs orientaux. Il exprime l'espoir de voir continuer les progrès de cette imprimerie et la traduction des livres pour l'utilité publique.
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822
p. 361
« On a appris de Londres, que le 19. Janvier, M. Southall, ayant été introduit [...] »
Début :
On a appris de Londres, que le 19. Janvier, M. Southall, ayant été introduit [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a appris de Londres, que le 19. Janvier, M. Southall, ayant été introduit [...] »
On a appris de Londres, que le 19 Í
Janvier , M. Soutliall , ayant ère' introduit
dans la Société Royale , par le Chevalier
Hans-Sloane , qui en est Président , laiprésenta
un Traité nouveau qu'il a com
posé sur l'origine , la narure & la propâ»
gation des Punaises , & il fit part du Re
mède qJU'ii a découvert à la Jamaïque-r
pour se garantit de ces Insectes* ■
Janvier , M. Soutliall , ayant ère' introduit
dans la Société Royale , par le Chevalier
Hans-Sloane , qui en est Président , laiprésenta
un Traité nouveau qu'il a com
posé sur l'origine , la narure & la propâ»
gation des Punaises , & il fit part du Re
mède qJU'ii a découvert à la Jamaïque-r
pour se garantit de ces Insectes* ■
Fermer
823
p. 363-365
EXTRAIT du Discours que lût M. l'Abbé Souchay, à l'Assemblée publique de l'Academie Royale des Belles-Lettres, le mardi 15. Novembre de l'année derniere.
Début :
Monsieur l'Abbé Souchay s'étant proposé de faire un parallele de [...]
Mots clefs :
Ovide, Règles, Académie des Belles-Lettres, Parallèle, Poésie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Discours que lût M. l'Abbé Souchay, à l'Assemblée publique de l'Academie Royale des Belles-Lettres, le mardi 15. Novembre de l'année derniere.
JÊ XTRAtT da ttifeouri que lût M*
VAbbé Souchay , a FAssemblée publi
que de l' Académie Royale des Bellesm
Lettres , le mardi 1 5. Novembre d§
Vannée derniere* ,
TLyT Onííenr í'Abbc Soucnay s'c'tané
XVJL proposé de faire un parallèle de
Tibulle , de Properce , 8c d'Ovide , trois
Poètes Latins qui se íont distingués dans
Je genre Elegiaque , il commença par ex
poser les divers jugemens que l'on a por
tés fur le mérite de ces Auteurs , les uns
donnant la préférence à Tibulle , d'autres
à Properce y & le grand nombre des Mo
dernes la donnant à Ovide.
L'Auteur , avant que d'examiner qui la
mente , établit en peu de mots la règle
4ç comparaison dont il doit se servir. Cet
te
fé4 MERCtfRE DE FRÁHÒÈ:
íe règle est , que tout .genre de Poésie est
nne imitation , mais une forte d'imitation
qui, pour être parfaite , doit exciter dans
í'inagination les mêmes mouvemens qu'y
exciteraient les objets réels , & produire
les mêmes effets que produiroit la vérité
íte ce principí. M. l'Abbé Souchay tire?'
plusieurs conséquences , celle-ci entre-au
tres : Qu'il faût que les images qu'em-
|?loye la Poésie , soient vives & naturelles*
roút ensemble ; parce que si ks imageS
ft'exprimoienf pas la nature , I'esprit s'apìpercevroit
aise'ment de la fiction , &c que'
fi elles étoient foib'îés', I'esprit ne se prê
te roir point à 'cette mém-e fìctiòft. "" * *
*~ L*/Suteaf -•appíiquc' etisuite terre règle
auxtrois Poètes dont it est cjuc'ftíon. í/oii
íl résulte, /eloil Uri, que le? images de
^r'o'p'ercè ni celles d'Ovide n'exprímeBt
point h narufe , quoiqu'il convienne qtie
îroperce s'en éloigne moins qu'Ovide,
qui est presque toujours fardé 5 & far ce
la il entre dans des détails dans lesquels
nous né pouvons le suivre ici. Il Dancher
:donc vers Tíbqlle , qu'il croît être le
seul qur ait connu le vrai caractère de
FËtegie. » Çe désordre ingénieux, (c'est
jj.l'Auteur qui parle ) qui est corrrrhe l'arrre
Ji de la Poésie Elegîaque, parce qu'il est
w si conforme à ía nature ; il a fçû le jettet
Mí áansses Êlcjiesi On drroìt qu'elles font
» uniquement
FÉVRIER. 173a. íí§
55 iniquement le fruic de la passion. Les'
5? différentes parties qui les composent ,
r> dc'sunies , séparées , íemblent ne former
»que des tours irreguliers. Un écart el|
» suivi d'un nouvel écart , une digression
« attire une autre digression. Mais le dé-
» sordre qui règne dans ces mêmes Ele-
»gies , n'eff.-il pas un tour secret qui en'
» lie le deslein , & quf leur donne toute
>>la justesse &c toute la régularité dont elles1
>> étoient susceptibles.
. L'Auteur , après s'être eomme déclare
cn faveur de Tibulie , appuyé ion senti
ssent de celui de Quiutilieii , Si des deux
Seneques parmi les Anciens, & parmi lejÇ.
jpitri>es de cei;x de Parru & de Grayina
: «quoiqu'au fend y dit il., Ces tés
j>moignages ne prouvent rien par eiix^
» mêmes , contraires ou favorables , a
» moins qu'ils ne soient précédés d'un
5? exameo sérieux , & qu'ils ne soient ap*
»_puye'ssur de solides raisonnemens.
VAbbé Souchay , a FAssemblée publi
que de l' Académie Royale des Bellesm
Lettres , le mardi 1 5. Novembre d§
Vannée derniere* ,
TLyT Onííenr í'Abbc Soucnay s'c'tané
XVJL proposé de faire un parallèle de
Tibulle , de Properce , 8c d'Ovide , trois
Poètes Latins qui se íont distingués dans
Je genre Elegiaque , il commença par ex
poser les divers jugemens que l'on a por
tés fur le mérite de ces Auteurs , les uns
donnant la préférence à Tibulle , d'autres
à Properce y & le grand nombre des Mo
dernes la donnant à Ovide.
L'Auteur , avant que d'examiner qui la
mente , établit en peu de mots la règle
4ç comparaison dont il doit se servir. Cet
te
fé4 MERCtfRE DE FRÁHÒÈ:
íe règle est , que tout .genre de Poésie est
nne imitation , mais une forte d'imitation
qui, pour être parfaite , doit exciter dans
í'inagination les mêmes mouvemens qu'y
exciteraient les objets réels , & produire
les mêmes effets que produiroit la vérité
íte ce principí. M. l'Abbé Souchay tire?'
plusieurs conséquences , celle-ci entre-au
tres : Qu'il faût que les images qu'em-
|?loye la Poésie , soient vives & naturelles*
roút ensemble ; parce que si ks imageS
ft'exprimoienf pas la nature , I'esprit s'apìpercevroit
aise'ment de la fiction , &c que'
fi elles étoient foib'îés', I'esprit ne se prê
te roir point à 'cette mém-e fìctiòft. "" * *
*~ L*/Suteaf -•appíiquc' etisuite terre règle
auxtrois Poètes dont it est cjuc'ftíon. í/oii
íl résulte, /eloil Uri, que le? images de
^r'o'p'ercè ni celles d'Ovide n'exprímeBt
point h narufe , quoiqu'il convienne qtie
îroperce s'en éloigne moins qu'Ovide,
qui est presque toujours fardé 5 & far ce
la il entre dans des détails dans lesquels
nous né pouvons le suivre ici. Il Dancher
:donc vers Tíbqlle , qu'il croît être le
seul qur ait connu le vrai caractère de
FËtegie. » Çe désordre ingénieux, (c'est
jj.l'Auteur qui parle ) qui est corrrrhe l'arrre
Ji de la Poésie Elegîaque, parce qu'il est
w si conforme à ía nature ; il a fçû le jettet
Mí áansses Êlcjiesi On drroìt qu'elles font
» uniquement
FÉVRIER. 173a. íí§
55 iniquement le fruic de la passion. Les'
5? différentes parties qui les composent ,
r> dc'sunies , séparées , íemblent ne former
»que des tours irreguliers. Un écart el|
» suivi d'un nouvel écart , une digression
« attire une autre digression. Mais le dé-
» sordre qui règne dans ces mêmes Ele-
»gies , n'eff.-il pas un tour secret qui en'
» lie le deslein , & quf leur donne toute
>>la justesse &c toute la régularité dont elles1
>> étoient susceptibles.
. L'Auteur , après s'être eomme déclare
cn faveur de Tibulie , appuyé ion senti
ssent de celui de Quiutilieii , Si des deux
Seneques parmi les Anciens, & parmi lejÇ.
jpitri>es de cei;x de Parru & de Grayina
: «quoiqu'au fend y dit il., Ces tés
j>moignages ne prouvent rien par eiix^
» mêmes , contraires ou favorables , a
» moins qu'ils ne soient précédés d'un
5? exameo sérieux , & qu'ils ne soient ap*
»_puye'ssur de solides raisonnemens.
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Résumé : EXTRAIT du Discours que lût M. l'Abbé Souchay, à l'Assemblée publique de l'Academie Royale des Belles-Lettres, le mardi 15. Novembre de l'année derniere.
L'abbé Souchay a comparé Tibulle, Properce et Ovide, trois poètes latins élégiaques, lors d'une assemblée de l'Académie Royale des Belles-Lettres le 15 novembre précédent. Il a noté que les avis divergeaient, certains préférant Tibulle, d'autres Properce, et la majorité des modernes favorisant Ovide. Souchay a défini la poésie comme une imitation visant à stimuler l'imagination de manière naturelle et vive. Selon lui, les images de Properce et d'Ovide ne reflètent pas suffisamment la nature, bien que Properce s'en rapproche plus qu'Ovide. Il a donc privilégié Tibulle, estimant que ce dernier incarnait mieux l'élégie. Tibulle a su créer un désordre ingénieux conforme à la nature, rendant ses élégies authentiques et passionnées. Ses œuvres, bien que désordonnées, forment un ensemble cohérent. Souchay a appuyé son jugement sur les avis de Quintilien, Sénèque, Parrhasius et Graynius, tout en insistant sur la nécessité d'un examen sérieux et de raisonnements solides.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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824
p. 365-367
« Le samedi 4. de ce mois, M. Fromentin, l'un des Professeurs de Rhetorique [...] »
Début :
Le samedi 4. de ce mois, M. Fromentin, l'un des Professeurs de Rhetorique [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le samedi 4. de ce mois, M. Fromentin, l'un des Professeurs de Rhetorique [...] »
Le samedi 4. de ce mois , M. Fromenl'un
des Professeurs de Rhétorique
du Collège Mazarin , prononça un fott^
Ëeaù Discours Latin au sujet de la Naisf
fance du Dauphin. L'Assemblée fut fortno
rnhre use i le Cardinal de Biffy j le
^lonce du Pape , plusieurs Prélats ,& ua
grand nombre de personnes jde distincy
uóa>
fis MERCÚRÈ DÉ FRÀNCÉ.
iion s'y trouvèrent. On applaudit beau
coup à k Description que l'O'rateíir fié'
du Feu, qui a été tiré fur la Rivière pat
Ordre des Ambassadeurs d'Espagne.
Le même jour 4. de Février, ï'Acade-' ,
mie Royale des Sciences , élut Mrs. Lieu-*
íaud & de Liste , Associés Astronome* J
de cette Académie , & M. Maraldi Exter
ne & Neveu de feu M. Maraldi , pour'
que l'un de ces trois Sujets , au choix du
Roi, remplisse la place dé Pensionnaire
Astronome , vacante par la mort de M.
Maraldi , décède au mois de Decembr©
dernier , âgé d*envifott 7 i. ans.
Le mercredi 9. le Comte de Maurépa*
écrivit à V Académie que S. M. avoíé
choisi M. Lieutaud.'
Le samedi 18* M. Daguessèau de Val-
|Oum, Frère puiíhé da Chancelier de Frartfce
, fut élu pour remplir la piace d'Aca
démicien Honoraire, vacante par la mort
de M. de Valincourtv
Lé Comté dé Portmore a été recetf
dépuis peu Membre de la Société Royalé
de Londres. ,
Six Allemands expérimentez dans lé
travail des Mines , vont dans les Mont
ïagaes de k Calabre ,.pour faire l'épreuvé
d'une
une Mine d'or qu'on çroit y avoir été"
c'eouverce*
On donne avis aux Antiquaires , que le jaî
du mois de May prochain on vendra à Amster
dam le fameux Cabinet de feu M, Jacques de
. Bí ry , ci-devant Consul de L. H. P. à Seville :
Kl consiste dans des Médailles d'or & d"argent,
t & en un très-grand nombre de cuivre , toutes
■intiques > parmi lesquelles on ne trouve pas
feulement les principales & les plus rares Mé
dailles des Empereurs , en grandes & moyennes
sortes en cuivre, mais auífi un très- beau &
véritable Othon > dont le pareil est à peine con
nu dans l'Europe: II contient encore une sin
gulière collection de Médailles Espagnoles Se
Puniques, & plusieurs autres , selen lc Cata^
logue qui est imprimé.
des Professeurs de Rhétorique
du Collège Mazarin , prononça un fott^
Ëeaù Discours Latin au sujet de la Naisf
fance du Dauphin. L'Assemblée fut fortno
rnhre use i le Cardinal de Biffy j le
^lonce du Pape , plusieurs Prélats ,& ua
grand nombre de personnes jde distincy
uóa>
fis MERCÚRÈ DÉ FRÀNCÉ.
iion s'y trouvèrent. On applaudit beau
coup à k Description que l'O'rateíir fié'
du Feu, qui a été tiré fur la Rivière pat
Ordre des Ambassadeurs d'Espagne.
Le même jour 4. de Février, ï'Acade-' ,
mie Royale des Sciences , élut Mrs. Lieu-*
íaud & de Liste , Associés Astronome* J
de cette Académie , & M. Maraldi Exter
ne & Neveu de feu M. Maraldi , pour'
que l'un de ces trois Sujets , au choix du
Roi, remplisse la place dé Pensionnaire
Astronome , vacante par la mort de M.
Maraldi , décède au mois de Decembr©
dernier , âgé d*envifott 7 i. ans.
Le mercredi 9. le Comte de Maurépa*
écrivit à V Académie que S. M. avoíé
choisi M. Lieutaud.'
Le samedi 18* M. Daguessèau de Val-
|Oum, Frère puiíhé da Chancelier de Frartfce
, fut élu pour remplir la piace d'Aca
démicien Honoraire, vacante par la mort
de M. de Valincourtv
Lé Comté dé Portmore a été recetf
dépuis peu Membre de la Société Royalé
de Londres. ,
Six Allemands expérimentez dans lé
travail des Mines , vont dans les Mont
ïagaes de k Calabre ,.pour faire l'épreuvé
d'une
une Mine d'or qu'on çroit y avoir été"
c'eouverce*
On donne avis aux Antiquaires , que le jaî
du mois de May prochain on vendra à Amster
dam le fameux Cabinet de feu M, Jacques de
. Bí ry , ci-devant Consul de L. H. P. à Seville :
Kl consiste dans des Médailles d'or & d"argent,
t & en un très-grand nombre de cuivre , toutes
■intiques > parmi lesquelles on ne trouve pas
feulement les principales & les plus rares Mé
dailles des Empereurs , en grandes & moyennes
sortes en cuivre, mais auífi un très- beau &
véritable Othon > dont le pareil est à peine con
nu dans l'Europe: II contient encore une sin
gulière collection de Médailles Espagnoles Se
Puniques, & plusieurs autres , selen lc Cata^
logue qui est imprimé.
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Résumé : « Le samedi 4. de ce mois, M. Fromentin, l'un des Professeurs de Rhetorique [...] »
Le 4 février, M. Fromenl'un, professeur de rhétorique au Collège Mazarin, prononça un discours en latin célébrant la naissance du Dauphin. L'événement fut marqué par la présence du Cardinal de Bissy, du nonce du Pape, de plusieurs prélats et de nombreuses personnes distinguées. Le discours fut acclamé, notamment pour sa description du feu d'artifice organisé par les ambassadeurs d'Espagne. Le même jour, l'Académie Royale des Sciences élut Messieurs Lieutaud, de L'Isle et Maraldi pour remplacer l'astronome décédé, M. Maraldi, âgé d'environ 71 ans. Le 9 février, le Comte de Maurepas annonça que le Roi avait choisi M. Lieutaud. Le 18 février, M. Daguessau de Val-Pin, frère puîné du Chancelier de France, fut élu académicien honoraire pour remplacer M. de Valincourt. Le Comte de Portmore fut récemment admis à la Société Royale de Londres. Six Allemands experts en mines se rendirent en Calabre pour explorer une mine d'or supposée. Les antiquaires furent informés que le cabinet de feu M. Jacques de Biri, ancien consul à Séville, serait vendu à Amsterdam le 1er mai. Ce cabinet comprend des médailles rares, dont un Othon véritable, ainsi qu'une collection de médailles espagnoles et puniques.
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825
p. 369-370
« La jeune Dlle Dangeville, qui a continué de paroître avec avantage sur [...] »
Début :
La jeune Dlle Dangeville, qui a continué de paroître avec avantage sur [...]
Mots clefs :
Mlle Dangeville, Comédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La jeune Dlle Dangeville, qui a continué de paroître avec avantage sur [...] »
LA jeune D"e Dangeville, qui a con?'
cinué de paroîrre avec avantage fur
le Ttowatre François , dans les Rôles de
Suivantes Comiques , joua celui de la-
Comédie du Florentin le 5. de ce mois,
avec un applaudiísement universel , le 7.
celui de Laurette, dans la Comédie de
la Mere Coquette , avec le même succès „
& le 9. la Suivante encore , dans les Fo
ies Amoureuses , avec toute la vivacité»
les grâces, la justesse & la légèreté ima
ginable. Elle est assez grande pour son
âge, avec la taille admirable, bon air,
marchant bien , la parole , le geste aisé,
le visage agréable , & quelque chose de
fin & de picquant dans la philïonomie
dans les manières.
; La D"c Dangeville a jolie depuis trois
autres Rôles , qui lui ont fait beaucoup
4'honnçur, & .qui ont unanimement con-
* " fr1"!
;3>o -MERCURE DE FRANCE,
jfirmé dans la boqnc opinion qu'on avoit
d'elle & dé ses talcns. La Suivante , dans
ia Comédie d' Esope à la Fille , celui de
Túnette , .dans le Malade Imaginaire , Sf.
Jjifette , dans la petite Comédie de la Sé
rénade , ce qui a fait dire à tout le monde
<juc cette jeune personne commence com
me les meilleurs Comédiens ont fini.
cinué de paroîrre avec avantage fur
le Ttowatre François , dans les Rôles de
Suivantes Comiques , joua celui de la-
Comédie du Florentin le 5. de ce mois,
avec un applaudiísement universel , le 7.
celui de Laurette, dans la Comédie de
la Mere Coquette , avec le même succès „
& le 9. la Suivante encore , dans les Fo
ies Amoureuses , avec toute la vivacité»
les grâces, la justesse & la légèreté ima
ginable. Elle est assez grande pour son
âge, avec la taille admirable, bon air,
marchant bien , la parole , le geste aisé,
le visage agréable , & quelque chose de
fin & de picquant dans la philïonomie
dans les manières.
; La D"c Dangeville a jolie depuis trois
autres Rôles , qui lui ont fait beaucoup
4'honnçur, & .qui ont unanimement con-
* " fr1"!
;3>o -MERCURE DE FRANCE,
jfirmé dans la boqnc opinion qu'on avoit
d'elle & dé ses talcns. La Suivante , dans
ia Comédie d' Esope à la Fille , celui de
Túnette , .dans le Malade Imaginaire , Sf.
Jjifette , dans la petite Comédie de la Sé
rénade , ce qui a fait dire à tout le monde
<juc cette jeune personne commence com
me les meilleurs Comédiens ont fini.
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Résumé : « La jeune Dlle Dangeville, qui a continué de paroître avec avantage sur [...] »
La jeune Demoiselle Dangeville a récemment brillé sur le Théâtre Français en interprétant plusieurs rôles avec succès. Le 5 du mois, elle a joué dans 'La Comédie du Florentin' et a reçu des applaudissements universels. Le 7, elle a incarné Laurette dans 'La Mère Coquette', et le 9, elle a interprété un rôle dans 'Les Folles Amoureuses', démontrant vivacité, grâce, justesse et légèreté. Physiquement, elle est de taille convenable pour son âge, avec une silhouette admirable, une bonne allure, une démarche assurée, une parole et des gestes aisés, un visage agréable, et une expression fine et piquante. Depuis, elle a joué trois autres rôles qui lui ont valu beaucoup d'honneur et ont confirmé l'opinion favorable sur ses talents. Elle a interprété La Suivante dans 'Esope à la Ville', Tunette dans 'Le Malade Imaginaire', et Javotte dans 'La Sérénade', ce qui a conduit à des éloges, soulignant qu'elle commence sa carrière comme les meilleurs comédiens l'ont terminée.
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826
p. 370
Tragédie nouvelle de Calistene, [titre d'après la table]
Début :
Le Samedi 18. de ce mois, les Comediens François donnerent la premiere représentation [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Tragédie, Callisthène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tragédie nouvelle de Calistene, [titre d'après la table]
Lé Samedi 1 8. de ce mois , les Come»
4iens François donnèrent la première re
présentation de la Tragédie nouvelle de
Callystene , à une .des plus nombreuses
Assemblées qu'on ait vu de long rfmps.
Elle fut fort applaudie & fott critiquée.
A la seconde représentation , donnée le
fur-lendemain , ou a beaucoup moins
.censuré que loué , & les meilleurs con
naisseurs ont trouvé dans ce Poème de<
bcautez comparables à ce que nos pluí
grands Poètes ont fait de plus beau. Nous
en parlerons plus au long.
4iens François donnèrent la première re
présentation de la Tragédie nouvelle de
Callystene , à une .des plus nombreuses
Assemblées qu'on ait vu de long rfmps.
Elle fut fort applaudie & fott critiquée.
A la seconde représentation , donnée le
fur-lendemain , ou a beaucoup moins
.censuré que loué , & les meilleurs con
naisseurs ont trouvé dans ce Poème de<
bcautez comparables à ce que nos pluí
grands Poètes ont fait de plus beau. Nous
en parlerons plus au long.
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Résumé : Tragédie nouvelle de Calistene, [titre d'après la table]
Le 18 du mois, les Comédiens Français ont présenté la tragédie 'Callystène'. La première représentation a été très applaudie mais aussi critiquée. Le lendemain, l'œuvre a été davantage louée. Les experts y ont trouvé des beautés comparables aux plus grandes réalisations poétiques. Un commentaire détaillé suivra.
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827
p. 370-371
« Le 5. les Comediens Italiens remirent au Théatre l'Italien Marié à Paris, Piece [...] »
Début :
Le 5. les Comediens Italiens remirent au Théatre l'Italien Marié à Paris, Piece [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 5. les Comediens Italiens remirent au Théatre l'Italien Marié à Paris, Piece [...] »
Le 5. les Comédiens Italiens remirent
du Théâtre {'Italien Marie' a d'ans , Piece
-, Françoise ,en cinq Actes , avec des agré"-
Jnens , de la composition du sieur Lelic.
Elle fut donnée dans fa nouveauté ea
Ïji6. Elle étoit pour lors en Italien:
l'Auteur, qui y joiioit le principal Rôle ,
la donna en François au mois de Novem
bre
FEVRIER. 17? o..' J7 r
t>re i 7 2 8 . Le sieur Paghety a joíié celui
du sieuc LeRo à cette derniere reprise , &c
a rempli le caractère de Jaloux, sur le
quel roule toute la Piece. On en peut
yoir le Sujet 8c ('Extrait dans le premier
-yolume de Décembre 17:8.
Le 6. les mêmes Comédiens jouèrent
Arlequin Mut t par crainte , Comédie Ita
lienne , en trois Actes , du mime Auteur
de Y Italien Marié a Paris. M. le Duc
de Lorraine honora cette Piece. de fa pré
sence , & parut y prendre beaucoup de
plaisir , surtout par le Rôle d'Arlequin,
qui a presque tout le jeu de la Piece. On
joiïa ensuite la' petite Piece du Retour de
Tendress ,,quí ne fit pas moins de plaisir
à la nombreuse Assemblée qu'il y eut cc
jour-là à l'Hòtel de Bourgogne.
du Théâtre {'Italien Marie' a d'ans , Piece
-, Françoise ,en cinq Actes , avec des agré"-
Jnens , de la composition du sieur Lelic.
Elle fut donnée dans fa nouveauté ea
Ïji6. Elle étoit pour lors en Italien:
l'Auteur, qui y joiioit le principal Rôle ,
la donna en François au mois de Novem
bre
FEVRIER. 17? o..' J7 r
t>re i 7 2 8 . Le sieur Paghety a joíié celui
du sieuc LeRo à cette derniere reprise , &c
a rempli le caractère de Jaloux, sur le
quel roule toute la Piece. On en peut
yoir le Sujet 8c ('Extrait dans le premier
-yolume de Décembre 17:8.
Le 6. les mêmes Comédiens jouèrent
Arlequin Mut t par crainte , Comédie Ita
lienne , en trois Actes , du mime Auteur
de Y Italien Marié a Paris. M. le Duc
de Lorraine honora cette Piece. de fa pré
sence , & parut y prendre beaucoup de
plaisir , surtout par le Rôle d'Arlequin,
qui a presque tout le jeu de la Piece. On
joiïa ensuite la' petite Piece du Retour de
Tendress ,,quí ne fit pas moins de plaisir
à la nombreuse Assemblée qu'il y eut cc
jour-là à l'Hòtel de Bourgogne.
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Résumé : « Le 5. les Comediens Italiens remirent au Théatre l'Italien Marié à Paris, Piece [...] »
Le 5 février 1728, les Comédiens Italiens ont présenté la pièce 'Françoise' en cinq actes, avec des agréments composés par le sieur Lelic. Initialement en italien, la pièce a été traduite en français en novembre. Lors de la dernière représentation, le sieur Paghety a interprété le rôle du jaloux, personnage central. Un sujet et un extrait de cette pièce sont disponibles dans le premier volume de décembre 1728. Le 6 février, les mêmes comédiens ont joué 'Arlequin Mut par crainte', une comédie italienne en trois actes du même auteur, en présence du Duc de Lorraine, qui a apprécié le rôle d'Arlequin. Ensuite, la pièce 'Le Retour de Tendresse' a été jouée à l'Hôtel de Bourgogne, suscitant beaucoup de plaisir parmi l'assemblée nombreuse présente.
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828
p. 371-373
Le malade par complaisance, [titre d'après la table]
Début :
Le 3. de ce mois, l'ouverture de la Foire S. Germain fut faite par le Lieutenant [...]
Mots clefs :
Foire Saint-Germain, Pierrot, Malade par complaisance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le malade par complaisance, [titre d'après la table]
Le 3. de ce mois , l'ouverture de la
tFoire S. Germain fut faite par le Lieute
nant General de Police, en la manière ac
coutumée. Le même jour l'Opera Comi
que, qui est toujours danslaruë deBussy,
& disposé plus commodément que Tannée
passé, a ouvert son Théâtre par la pre*-
miere Représentation du Malade par
complaisance , Piece en trois Actes, ornée
de Divertissemens. Le fond de cette Piece
est tout-à-fait Comique; en-voici le sujet,
£erf»^rf,Officier,aïnoureux d'une jeune
;H per-sonne
372 MËRCURÊ DE FRANCE.
personne qu'il ne connoît pas , en fait
(Confidence à Pierrot , son Valet. Dans' lé
temps qu'ils concertent les moyens d'enirec
dans le Château, résidence de laBellej
jl en fort un Paysan qu'ils interrogent &
jqui dans le fil de fa conversation rustique,
|eur apprend qu'il y a une certaine Gou
vernante des filles du Seigneur du Vil
lage , de qui le tic est de traiter des mala
des, & qu'il íçair par expérience comme
elle les mitonne. Aussi-toc Leandre propose
à Pierrot de contrefaire le malade ;
& pour l'engager à accepter ce rôle-là,
il lui fait une peinture délicieuse des foinç
qu'on aura pour lui & des bons morceaux
<m'on lui servira. Pierrot , frappé d'une
idée gourmande , accepte sur le champ Iè
parti proposé , & feint un mal de pied
ttès-douloureux , fans en prévoir la con
séquence. Il est reçu comme goûteux dani
le Château, & en cette qualité condamne
à Peau & à une scrupuleuse abstinence par
la rigide Gouvernante qui s'intéresse d'a
bord à fa santé. Cette situation triste pour
un Valet doué d'un grand apétit , produit
plusieurs Scènes divertissantes dans he
cours de la Piece. Il y a dans un des Actes
un Divertissement d'Enthumez qui im
plorent le secours d'un Operateur. Le
Rhume universel qui a régné cet hyver
dans Paris, a rendu cette maladie un Vau -
deville.
FEVRIER, in». 11%
jâevillc. Voici les Couplets de ce Diver
tissement , dont les paroles font de M. Panart,
& la Musique de M. Gilliers, aussibien
que celle de tous les Divertiflemensv
Le Duc de Lorraine , accompagne de
plusieurs Seigneurs de la Cour ôc d'autres
•personnes de considération , honora ce
Spectacle de fa présence , auquel on ajoû-
,ta leDivertiffement de l' Impromptu duPont
Neuf, qui avoit été joué à la derniere
Foire S. Laurent avec beaucoup de succès;
pn y dansa aussi plusieurs Entrées de Cai»
íactercs , dont ce Prince parut satisfait..
tFoire S. Germain fut faite par le Lieute
nant General de Police, en la manière ac
coutumée. Le même jour l'Opera Comi
que, qui est toujours danslaruë deBussy,
& disposé plus commodément que Tannée
passé, a ouvert son Théâtre par la pre*-
miere Représentation du Malade par
complaisance , Piece en trois Actes, ornée
de Divertissemens. Le fond de cette Piece
est tout-à-fait Comique; en-voici le sujet,
£erf»^rf,Officier,aïnoureux d'une jeune
;H per-sonne
372 MËRCURÊ DE FRANCE.
personne qu'il ne connoît pas , en fait
(Confidence à Pierrot , son Valet. Dans' lé
temps qu'ils concertent les moyens d'enirec
dans le Château, résidence de laBellej
jl en fort un Paysan qu'ils interrogent &
jqui dans le fil de fa conversation rustique,
|eur apprend qu'il y a une certaine Gou
vernante des filles du Seigneur du Vil
lage , de qui le tic est de traiter des mala
des, & qu'il íçair par expérience comme
elle les mitonne. Aussi-toc Leandre propose
à Pierrot de contrefaire le malade ;
& pour l'engager à accepter ce rôle-là,
il lui fait une peinture délicieuse des foinç
qu'on aura pour lui & des bons morceaux
<m'on lui servira. Pierrot , frappé d'une
idée gourmande , accepte sur le champ Iè
parti proposé , & feint un mal de pied
ttès-douloureux , fans en prévoir la con
séquence. Il est reçu comme goûteux dani
le Château, & en cette qualité condamne
à Peau & à une scrupuleuse abstinence par
la rigide Gouvernante qui s'intéresse d'a
bord à fa santé. Cette situation triste pour
un Valet doué d'un grand apétit , produit
plusieurs Scènes divertissantes dans he
cours de la Piece. Il y a dans un des Actes
un Divertissement d'Enthumez qui im
plorent le secours d'un Operateur. Le
Rhume universel qui a régné cet hyver
dans Paris, a rendu cette maladie un Vau -
deville.
FEVRIER, in». 11%
jâevillc. Voici les Couplets de ce Diver
tissement , dont les paroles font de M. Panart,
& la Musique de M. Gilliers, aussibien
que celle de tous les Divertiflemensv
Le Duc de Lorraine , accompagne de
plusieurs Seigneurs de la Cour ôc d'autres
•personnes de considération , honora ce
Spectacle de fa présence , auquel on ajoû-
,ta leDivertiffement de l' Impromptu duPont
Neuf, qui avoit été joué à la derniere
Foire S. Laurent avec beaucoup de succès;
pn y dansa aussi plusieurs Entrées de Cai»
íactercs , dont ce Prince parut satisfait..
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Résumé : Le malade par complaisance, [titre d'après la table]
Le 3 février, la Foire Saint-Germain a été inaugurée par le Lieutenant Général de Police. Le même jour, l'Opéra Comique a ouvert sa saison avec la pièce 'Le Malade par complaisance', une comédie en trois actes. L'intrigue suit Leandre, un officier amoureux d'une jeune femme inconnue, qui demande à son valet Pierrot de l'aider à entrer dans le château où elle réside. Ils interrogent un paysan qui leur parle d'une gouvernante réputée pour soigner les malades. Leandre suggère à Pierrot de se faire passer pour un malade. Pierrot accepte et simule un mal de pied, ce qui lui permet d'être accueilli au château mais soumis à un régime strict. Cette situation génère plusieurs scènes comiques. La pièce inclut également un divertissement sur les enrhumés, une maladie courante à Paris cet hiver. Le Duc de Lorraine et plusieurs personnalités ont assisté à la représentation, qui comprenait aussi l''Impromptu du Pont Neuf' et des danses de caractère.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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829
p. 374-376
« Le 18. l'Opera Comique donna la premiere Représentation de la Reine de Barostan [...] »
Début :
Le 18. l'Opera Comique donna la premiere Représentation de la Reine de Barostan [...]
Mots clefs :
Théâtre, Opéra, Musique
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texteReconnaissance textuelle : « Le 18. l'Opera Comique donna la premiere Représentation de la Reine de Barostan [...] »
Le i 8. l'Opera Comique donna la pre
mière Représentation de la Reine de Barostan
, Pie'ce nouvelle Héroïque , en un
FEVRIER; ï7?o: 37*
Acte, suivie d'une autre petite Píéce dl'un
Acte , qui a pour titre les Couplets dei
Vaudevilles en procès , avec un Prologue
qui précède ces deux Pieces , lesquelleá
Ont été reçues très-favofablement du Pu
blic. On en parlera plus au long.
Le 19. l'Acadéniíe Royale de Musiqué
donna la derniere Représentation de Thefée
, 8c le zj. on remit au Théâtre l'Qpera
de Telemaque ou Calypso , donne
dans sa nouveauté en ftovembré 17 14.
qui n'avoic point été repris depuis fi
nouveauté , & que le Public sòuhaitoic
revoir. Il a marqué sa satisfaction par
beaucoup d'applaudissèmens. On en par-*
lera plus au long le mois prochain.
Le Lundi 8c le Mardi gras , on donna
fur le même Théâtre un Divertissement
très-convenable pour finir le Carnaval,
composé du Prologue du Ballet des
Amours de Mars & de Ftrins , mis en
Musique par M. Campra , de la Paftofale
Héroïque 3 chantée à la Fête des
Ambassadeurs d'Espagne , & des deux
Divertiffemens de Pourceaugnac & de
Carifelly , mis en Musique par M. de
Lully. Le Sr Tribou joua dans ces deux
dernieres Piéces le principal Rôle d'une
manière tout à fait comique , & rrès-eonvenable
au íujet ; il fut généralement
H iij ap-.
jfi MÊfcOtfRE DÉ FRANCÉ.
applaudi. Les Dlles Camargo , Sali» Sc
W ariette se sont aussi signale'es par les
différentes Entrées qu'elles ont dansé.
On apprend de Bruxelles que l'Opera
Italien à? A uale qu'on y représenta le ç.
de ce mois pour la première fois , eut
beaucoup de succès, ainsi que celui de
Jules Ccfas, qu'on représenta à Londres à'
peu près dans le meme-tems.
Le 30. Janvier au soir , le Cardinal
Ottoboni fit faire sur le Théâtre de la
Chancellerie à Rome , une Répétition
generale du nouvel Opsra de Constantin
le Grand , qui fut généralement applaudi»
Deux Opéra nouveaux ont été donnex
depuis peu à Venise , sur les Théâtres de
S. Ange & de S. Moyse ; ils font intitul
iez Hélène & les Stratagèmes amoureux.
mière Représentation de la Reine de Barostan
, Pie'ce nouvelle Héroïque , en un
FEVRIER; ï7?o: 37*
Acte, suivie d'une autre petite Píéce dl'un
Acte , qui a pour titre les Couplets dei
Vaudevilles en procès , avec un Prologue
qui précède ces deux Pieces , lesquelleá
Ont été reçues très-favofablement du Pu
blic. On en parlera plus au long.
Le 19. l'Acadéniíe Royale de Musiqué
donna la derniere Représentation de Thefée
, 8c le zj. on remit au Théâtre l'Qpera
de Telemaque ou Calypso , donne
dans sa nouveauté en ftovembré 17 14.
qui n'avoic point été repris depuis fi
nouveauté , & que le Public sòuhaitoic
revoir. Il a marqué sa satisfaction par
beaucoup d'applaudissèmens. On en par-*
lera plus au long le mois prochain.
Le Lundi 8c le Mardi gras , on donna
fur le même Théâtre un Divertissement
très-convenable pour finir le Carnaval,
composé du Prologue du Ballet des
Amours de Mars & de Ftrins , mis en
Musique par M. Campra , de la Paftofale
Héroïque 3 chantée à la Fête des
Ambassadeurs d'Espagne , & des deux
Divertiffemens de Pourceaugnac & de
Carifelly , mis en Musique par M. de
Lully. Le Sr Tribou joua dans ces deux
dernieres Piéces le principal Rôle d'une
manière tout à fait comique , & rrès-eonvenable
au íujet ; il fut généralement
H iij ap-.
jfi MÊfcOtfRE DÉ FRANCÉ.
applaudi. Les Dlles Camargo , Sali» Sc
W ariette se sont aussi signale'es par les
différentes Entrées qu'elles ont dansé.
On apprend de Bruxelles que l'Opera
Italien à? A uale qu'on y représenta le ç.
de ce mois pour la première fois , eut
beaucoup de succès, ainsi que celui de
Jules Ccfas, qu'on représenta à Londres à'
peu près dans le meme-tems.
Le 30. Janvier au soir , le Cardinal
Ottoboni fit faire sur le Théâtre de la
Chancellerie à Rome , une Répétition
generale du nouvel Opsra de Constantin
le Grand , qui fut généralement applaudi»
Deux Opéra nouveaux ont été donnex
depuis peu à Venise , sur les Théâtres de
S. Ange & de S. Moyse ; ils font intitul
iez Hélène & les Stratagèmes amoureux.
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Résumé : « Le 18. l'Opera Comique donna la premiere Représentation de la Reine de Barostan [...] »
En février 1770, plusieurs événements marquants ont eu lieu dans le monde de l'opéra. Le 8 février, l'Opéra Comique a présenté 'La Reine de Barostan' et 'Les Couplets des Vaudevilles en procès', tous deux bien accueillis par le public. Le 19 février, l'Académie Royale de Musique a donné la dernière représentation de 'Thésée'. Le 21 février, 'Télémaque ou Calypso' a été repris avec succès. Lors du lundi et mardi gras, un divertissement a inclus des extraits de 'Ballet des Amours de Mars et de Vénus', de la 'Pastorale héroïque' et des divertissements de 'Pourceaugnac' et 'Carifelly'. Le sieur Tribou, les demoiselles Camargo, Sallé et Wariette se sont distingués par leurs performances. À Bruxelles, 'Le Cid' a connu un succès notable. À Londres, 'Jules César' a également été acclamé. Le 30 janvier, le Cardinal Ottoboni a organisé une répétition générale de 'Constantin le Grand' à Rome. À Venise, deux nouveaux opéras, 'Hélène' et 'Les Stratagèmes amoureux', ont été présentés.
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830
p. 378-383
EXTRAIT d'une Lettre de M. Delisle, écrite de Petersbourg le 3. Janvier 1730.
Début :
Le 9. du mois de Novembre, j'ai fait chanter la Messe & le Te Deum en Musique dans [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Réjouissances, Lumières, Armes, Fleurs
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de M. Delisle, écrite de Petersbourg le 3. Janvier 1730.
EXTRAIT d'une Lettre de M. Delijle;
i écrits de Peterjbourg le 3 . Janvier
1730.
LE 9. du mois de Novembre, j'ai fait char*-
ter la Messe & 1; Te Veum en Musique dans
j'Eglise^ Catholique , en action de grâces de
j'heureux Accouchement de la Reine, & de
]a Naissance de Monseigneur le Dauphin. J'y
avois invité non seulement tous les François
qui font dans cette ville , mais encore toutes
les personnes de distinction qu'il y a ici > com
me Officiers Généraux, Amiraux, Vice- Ami
raux, Contre- Amiraux , les principaux Mem
bres des différents Collèges , les principaux
Marchands , & tous les Académiciens. Toutes
ces personnes invitées se sont ensuite rendues le
même soir dans la maison de l' Académie oú
est l'Observatoire , & dans laquelle je demeu
re.
FEVRIER. 1750; J79
ré. Cette maison qui est isolée , est avantageu
sement située au milieu de la ville , à la pointe
de l'ifle appellée Vasile OHrou ; elle est com
posée de deux grands Corps de logis , au mi
lieu desquels est élevé l'Obscrvatoire. Toute
:1a maison, percée de plus de cent fenêtres ,
^étoic éclairée d'illuminations par des Pìramides
de lumières posées en dedans de chaque
fenêcie , suivant l'usage du pays- J'avois auífi
fait préparer un grand nombre de terrines pour
illuminer en dehors la tour de l'Obscrvatoire»
dans trois rangs , les uns au dessus des autres \
il y avoit une fort grosse boule transparente ,
qui devoir terminer cette illumination de ï*
Tour , & qui étant élevée tout au haut de
l'Obscrvatoire , à plus de deux cens pieds de
.hauteur > pouvoit être vûe de toute la ville
& des environs , & y montrer fur un fond
obscur les Fleurs de Lys des Armes de France
illuminées ; mais la grande tempête & le venc
-qu'il fit toute cette nuit à Peteríbourg, ne
permirent pas cette illumination de la Tour.
D; plein pied à mon Appartement est une
:grande Salle que j'avois fait préparer pour la
Fête; elle ctoit ornée des plus belles Tapisse
ries de haute & basse Lisse , au dessus desquel
les regnoit tout autour de la Salle une large
bande d' Etoffé bleue' , couverte de figures , de
Dauphins & de Lys de France. La voûte étoic
soutenue par huit Colomnes, autour desquel-
,fcs j'avois fait attacher en spirales des bran
ches d'arbres qui faisoient l'esset des Colonnes
torscs. Cette Salle étoit illuminée , de même
que le reste de la ftiaison , en Pîramides de
lumières dedans l'embrasure de chaque fenêtrer
Outre cela dans les deux fonds , par les
quels cette Salle est contiguê au reste de la
*. , H y Maison,
38o MERCURE DÉ FRANCE.
Maison , & dans lesquels il n'y a point de fé>
Jiêtres , il y avoir fur le mur quatre autres
plus grandes Piramides de lumières > & entre
ces Piramides , fur chaque fond , on voyoit
en haut comme dans un enfoncement un
grand Tableau transparent , sur lequel étoient
peintes des Devises qui convenoient au sujet.
Celui de ces Tableaux qui étoît le premier vû
en entrant , reprefentoic le sujet de la Fête.
Les deux Anges qui servent de Support aux
Armes de France , y étoient représentez en
pied s & au lieu de sòûtenir l'Ecuífon , ils recevoient
des Cieux un Enfant richement ernr
mailloté &accollé de l'Ordre du S. Esprit,
avec cette Inscription : C&lesti tr,unere Ui»
Gallia. La Traduction en Rulìe étoit au bas.
Du côté opposé > sur un Tableau de même
grandeur , étoit représente' un Dauphin au
tour du Sceptre Royal de France , lequel fer
retminoit en Ancre , avec cette Inscription*;
Spet fausta futuri , la Traduction en Ruflè
étoit au bas. Au fond de la Salle il y avoit
«ne grande Table de cent Couverts , dressée
en fer â cheval, & aux deux côtez vers le
bas , deux autres Tables de if. Couverts cha
cune; enfin vers le plus bas de la Table étoir
Choeurs , entre lesquels on passoit fous un
Berceau de vetdure , pour entrer dans la Salle.
Cette entrée étoit gardée par deux grands Gre
nadiers de la Garde de S. M. il y en avoit iSautres
à rentrée de la maison & de mon ap
partement. Entre l'Amphitheatre des Musi
ciens & les Tables il y avoit encorô un fore
grand espace vuide pour la Danse , fans in
commoder le Service des Tables , pour lequeî
il y avoit deux grands Buffets dressez aux deux
cote?
FEVRIER, ma. jSi
çâtez de la Salle. J'avois fait servir sur les
Tables une Collation en Ambigu , laquelle
faifoic un fore bel effet par le grand nombre
de bougies qui étoient fur ces Tables dans
des flambeaux de cristal. Toutes les Piramides
qui étoient aussi de cristal éroient ornées de
fleurs naturelles & artificielles ; toutes les
viandes étóient jonchées de Bouquets de lau
riers naturels . dorez 8r argentez par les extremitez
; j'avois auíïi fait représenter fur cette
Collation , autant que l'on avoit pû , des figu
res de Dauphins & dè Fleurs de-Lys , fur le»
Tourtes , les Pàtez , & dans les Candits.
Il y avoit au haut de la plus grande Piramide
, qui étoit placée au milieu de h plus
frande Table, un groupe de plusieurs figures
e relief, en cire , de près d*un pied de hau
teur , dorées , & les Draperies argentées. La
principale figure étoit debout , & represen
toit la France , ayant le Manteau Royal , 8c la
Couronne de Fiance. Elle tenoit fur fes bras
un Enfant nud , qui representoit le Dauphin.
Au bas étoit un petit Amour , qui mettant les
pieds fur un Carreau semé de Fleurs de-Lys ,
cherchoit à s'élever pour présenter à l'aucuste
Enfant la Couronne du Dauphin , 8t
fc Cordon de l'Ordre dû S. Efprir,. Ce groupe
qui étoit artistement entouré des plus belles
Tleurs naturelles & artificielles , étoit sur
monté d'une Arcade de feuilles de Lauriers ,
dorées 8r argentées. Au haut de cette Arcade
étoit une grande Fleur-de- Lys de Sucre caniîî
transparante > qui à la clarté des lumières paroissoit
d'or. Aux deux côtez , fur les pince»
du Fer à cheval , étoient deux autres figures
de même matière, dorées & argentées de la
»é.me manière j l'une representoit la Paix, 8c
H vj l'awî*
3 8 1 MERCURE DE FRAtíCE;
l'autre l' Abondance, avec léurs attributs, pour
marquerque cette Naissance étoit arrivée dans,
la Paix & l'Abondance. J'avois aussi fait met
tre fur la Tapisserie du fond de la Salle les
Portraits du Roy & de lá Reine. Enfirt
fur le bas de la Nappe du milieu de la grande
Table , on voyoit les Armes du Dauphin ,
peintes en grand. Voilà quelle étoit la disposi
tion de la Salle, dont on ne fit Touverturc
qu'après que toute la Compagnie sc'fû't assem
blée dans mon Appartement.
Les Amiraux & autres Officiers Généraux,
à mesure qu'ils arrivoient par eau dans leurs
Barques, etoient annoncez par les Timballes
& les Trompettes', & étoient reçus , les Gre
nadiers étant fous les armes , & leur Lieute»
nant à leur tête. Lorsque la Compagnie fut
doute aflemblée, & qu'au sortir de mon Ap
partement elle entra dans la Salle où 'les Musi
ciens la reçurent pat un Concert de tous leurs
înstrumens ; elle y fut agréablement surprise
de l'éclat de toutes les lumières & de la belle
■disposition de la Salle , que chacun prit plaisir
de voir plus d'un quart d'heureavant que de sb
mettre à table. Chacun s'étant ensuite placé
suivant son.rang , & les Dames ayant été eon*.
duites par les personnes les plus distinguées ,
le Repas fut accompagné de la- Musique , qui
joiia les plus belles Sonnâtes , & autres Airs
choisis. L'on y but les Santez de Leurs Ma
lestez & de Monseigneur lè Dauphin au son
des Timballes & des Trompettes , & ensuite
toutes les autres Santez , suivant la coutume
du pays, comme celles du haut Ministère,. de
Ï Amirauté, & de la Généralité , des fidèles
Serviteurs , des Absents , &c, J'y fis servît
avec profusion ks meilleurí vins du Rhin , de
Bouc»
FEVRIER. *7%tí. i%$
Bourgogne & de Canarie , faisant donner à
chacun celuy qu'il souhaittoit , & autant qu'il
cn vouloir. Après la Collation le Bal fut ou
vert par M. le General Major Tessin, Envoyé
du Duc de Holstein , qui dansa avec la fille
Je l'Arniral Sivcrs. On dansa non-seulemenc
dans la grande Salle , mais aussi dans les au*
tres Chambres de mon Appartement , & je fis
servir pendant le Bal tous les Rafraîchissemtns
que l'on souhaittoit- J'y avois aufli fait dresser
des tables pour ceux qui vouloient fumer ou
chanter , ou boire de la Ponche, à la manière
Angloife , afin que rien ne manquât dans cette
Fête , qui a dure jusqu'au lendemain huit heu
res du matin , avec une telle satisfaction de
tout le monde , que plusieurs personnes ont
allure qu'il n'y avoic point encore eu jufqu'aîors
à Peterfbourg une Fête plus belle & mieu*
ordonnée.
M. Delijle-, Astronome , de l'Academie
Royale des Sciences de Paris » Lecteur &
Professeur au Collège Royal de France, de
la Société Royale de Londres, & de celle de
Prusse, alla à Peterfbourg il y a quatre ans,
avec la permission du Roy , pour y travailler
avec plusieurs autres Sçavans, à un Observa
toire & à une A cademie des Sciences que le feu-
Czar avoit commencé d'y établi»
i écrits de Peterjbourg le 3 . Janvier
1730.
LE 9. du mois de Novembre, j'ai fait char*-
ter la Messe & 1; Te Veum en Musique dans
j'Eglise^ Catholique , en action de grâces de
j'heureux Accouchement de la Reine, & de
]a Naissance de Monseigneur le Dauphin. J'y
avois invité non seulement tous les François
qui font dans cette ville , mais encore toutes
les personnes de distinction qu'il y a ici > com
me Officiers Généraux, Amiraux, Vice- Ami
raux, Contre- Amiraux , les principaux Mem
bres des différents Collèges , les principaux
Marchands , & tous les Académiciens. Toutes
ces personnes invitées se sont ensuite rendues le
même soir dans la maison de l' Académie oú
est l'Observatoire , & dans laquelle je demeu
re.
FEVRIER. 1750; J79
ré. Cette maison qui est isolée , est avantageu
sement située au milieu de la ville , à la pointe
de l'ifle appellée Vasile OHrou ; elle est com
posée de deux grands Corps de logis , au mi
lieu desquels est élevé l'Obscrvatoire. Toute
:1a maison, percée de plus de cent fenêtres ,
^étoic éclairée d'illuminations par des Pìramides
de lumières posées en dedans de chaque
fenêcie , suivant l'usage du pays- J'avois auífi
fait préparer un grand nombre de terrines pour
illuminer en dehors la tour de l'Obscrvatoire»
dans trois rangs , les uns au dessus des autres \
il y avoit une fort grosse boule transparente ,
qui devoir terminer cette illumination de ï*
Tour , & qui étant élevée tout au haut de
l'Obscrvatoire , à plus de deux cens pieds de
.hauteur > pouvoit être vûe de toute la ville
& des environs , & y montrer fur un fond
obscur les Fleurs de Lys des Armes de France
illuminées ; mais la grande tempête & le venc
-qu'il fit toute cette nuit à Peteríbourg, ne
permirent pas cette illumination de la Tour.
D; plein pied à mon Appartement est une
:grande Salle que j'avois fait préparer pour la
Fête; elle ctoit ornée des plus belles Tapisse
ries de haute & basse Lisse , au dessus desquel
les regnoit tout autour de la Salle une large
bande d' Etoffé bleue' , couverte de figures , de
Dauphins & de Lys de France. La voûte étoic
soutenue par huit Colomnes, autour desquel-
,fcs j'avois fait attacher en spirales des bran
ches d'arbres qui faisoient l'esset des Colonnes
torscs. Cette Salle étoit illuminée , de même
que le reste de la ftiaison , en Pîramides de
lumières dedans l'embrasure de chaque fenêtrer
Outre cela dans les deux fonds , par les
quels cette Salle est contiguê au reste de la
*. , H y Maison,
38o MERCURE DÉ FRANCE.
Maison , & dans lesquels il n'y a point de fé>
Jiêtres , il y avoir fur le mur quatre autres
plus grandes Piramides de lumières > & entre
ces Piramides , fur chaque fond , on voyoit
en haut comme dans un enfoncement un
grand Tableau transparent , sur lequel étoient
peintes des Devises qui convenoient au sujet.
Celui de ces Tableaux qui étoît le premier vû
en entrant , reprefentoic le sujet de la Fête.
Les deux Anges qui servent de Support aux
Armes de France , y étoient représentez en
pied s & au lieu de sòûtenir l'Ecuífon , ils recevoient
des Cieux un Enfant richement ernr
mailloté &accollé de l'Ordre du S. Esprit,
avec cette Inscription : C&lesti tr,unere Ui»
Gallia. La Traduction en Rulìe étoit au bas.
Du côté opposé > sur un Tableau de même
grandeur , étoit représente' un Dauphin au
tour du Sceptre Royal de France , lequel fer
retminoit en Ancre , avec cette Inscription*;
Spet fausta futuri , la Traduction en Ruflè
étoit au bas. Au fond de la Salle il y avoit
«ne grande Table de cent Couverts , dressée
en fer â cheval, & aux deux côtez vers le
bas , deux autres Tables de if. Couverts cha
cune; enfin vers le plus bas de la Table étoir
Choeurs , entre lesquels on passoit fous un
Berceau de vetdure , pour entrer dans la Salle.
Cette entrée étoit gardée par deux grands Gre
nadiers de la Garde de S. M. il y en avoit iSautres
à rentrée de la maison & de mon ap
partement. Entre l'Amphitheatre des Musi
ciens & les Tables il y avoit encorô un fore
grand espace vuide pour la Danse , fans in
commoder le Service des Tables , pour lequeî
il y avoit deux grands Buffets dressez aux deux
cote?
FEVRIER, ma. jSi
çâtez de la Salle. J'avois fait servir sur les
Tables une Collation en Ambigu , laquelle
faifoic un fore bel effet par le grand nombre
de bougies qui étoient fur ces Tables dans
des flambeaux de cristal. Toutes les Piramides
qui étoient aussi de cristal éroient ornées de
fleurs naturelles & artificielles ; toutes les
viandes étóient jonchées de Bouquets de lau
riers naturels . dorez 8r argentez par les extremitez
; j'avois auíïi fait représenter fur cette
Collation , autant que l'on avoit pû , des figu
res de Dauphins & dè Fleurs de-Lys , fur le»
Tourtes , les Pàtez , & dans les Candits.
Il y avoit au haut de la plus grande Piramide
, qui étoit placée au milieu de h plus
frande Table, un groupe de plusieurs figures
e relief, en cire , de près d*un pied de hau
teur , dorées , & les Draperies argentées. La
principale figure étoit debout , & represen
toit la France , ayant le Manteau Royal , 8c la
Couronne de Fiance. Elle tenoit fur fes bras
un Enfant nud , qui representoit le Dauphin.
Au bas étoit un petit Amour , qui mettant les
pieds fur un Carreau semé de Fleurs de-Lys ,
cherchoit à s'élever pour présenter à l'aucuste
Enfant la Couronne du Dauphin , 8t
fc Cordon de l'Ordre dû S. Efprir,. Ce groupe
qui étoit artistement entouré des plus belles
Tleurs naturelles & artificielles , étoit sur
monté d'une Arcade de feuilles de Lauriers ,
dorées 8r argentées. Au haut de cette Arcade
étoit une grande Fleur-de- Lys de Sucre caniîî
transparante > qui à la clarté des lumières paroissoit
d'or. Aux deux côtez , fur les pince»
du Fer à cheval , étoient deux autres figures
de même matière, dorées & argentées de la
»é.me manière j l'une representoit la Paix, 8c
H vj l'awî*
3 8 1 MERCURE DE FRAtíCE;
l'autre l' Abondance, avec léurs attributs, pour
marquerque cette Naissance étoit arrivée dans,
la Paix & l'Abondance. J'avois aussi fait met
tre fur la Tapisserie du fond de la Salle les
Portraits du Roy & de lá Reine. Enfirt
fur le bas de la Nappe du milieu de la grande
Table , on voyoit les Armes du Dauphin ,
peintes en grand. Voilà quelle étoit la disposi
tion de la Salle, dont on ne fit Touverturc
qu'après que toute la Compagnie sc'fû't assem
blée dans mon Appartement.
Les Amiraux & autres Officiers Généraux,
à mesure qu'ils arrivoient par eau dans leurs
Barques, etoient annoncez par les Timballes
& les Trompettes', & étoient reçus , les Gre
nadiers étant fous les armes , & leur Lieute»
nant à leur tête. Lorsque la Compagnie fut
doute aflemblée, & qu'au sortir de mon Ap
partement elle entra dans la Salle où 'les Musi
ciens la reçurent pat un Concert de tous leurs
înstrumens ; elle y fut agréablement surprise
de l'éclat de toutes les lumières & de la belle
■disposition de la Salle , que chacun prit plaisir
de voir plus d'un quart d'heureavant que de sb
mettre à table. Chacun s'étant ensuite placé
suivant son.rang , & les Dames ayant été eon*.
duites par les personnes les plus distinguées ,
le Repas fut accompagné de la- Musique , qui
joiia les plus belles Sonnâtes , & autres Airs
choisis. L'on y but les Santez de Leurs Ma
lestez & de Monseigneur lè Dauphin au son
des Timballes & des Trompettes , & ensuite
toutes les autres Santez , suivant la coutume
du pays, comme celles du haut Ministère,. de
Ï Amirauté, & de la Généralité , des fidèles
Serviteurs , des Absents , &c, J'y fis servît
avec profusion ks meilleurí vins du Rhin , de
Bouc»
FEVRIER. *7%tí. i%$
Bourgogne & de Canarie , faisant donner à
chacun celuy qu'il souhaittoit , & autant qu'il
cn vouloir. Après la Collation le Bal fut ou
vert par M. le General Major Tessin, Envoyé
du Duc de Holstein , qui dansa avec la fille
Je l'Arniral Sivcrs. On dansa non-seulemenc
dans la grande Salle , mais aussi dans les au*
tres Chambres de mon Appartement , & je fis
servir pendant le Bal tous les Rafraîchissemtns
que l'on souhaittoit- J'y avois aufli fait dresser
des tables pour ceux qui vouloient fumer ou
chanter , ou boire de la Ponche, à la manière
Angloife , afin que rien ne manquât dans cette
Fête , qui a dure jusqu'au lendemain huit heu
res du matin , avec une telle satisfaction de
tout le monde , que plusieurs personnes ont
allure qu'il n'y avoic point encore eu jufqu'aîors
à Peterfbourg une Fête plus belle & mieu*
ordonnée.
M. Delijle-, Astronome , de l'Academie
Royale des Sciences de Paris » Lecteur &
Professeur au Collège Royal de France, de
la Société Royale de Londres, & de celle de
Prusse, alla à Peterfbourg il y a quatre ans,
avec la permission du Roy , pour y travailler
avec plusieurs autres Sçavans, à un Observa
toire & à une A cademie des Sciences que le feu-
Czar avoit commencé d'y établi»
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de M. Delisle, écrite de Petersbourg le 3. Janvier 1730.
Le 9 novembre 1730, M. Delijle organisa une messe et un Te Deum en musique dans l'église catholique de Peterjbourg pour célébrer l'accouchement heureux de la Reine et la naissance de Monseigneur le Dauphin. Il invita tous les Français résidant dans la ville ainsi que des personnes de distinction, y compris des officiers généraux, des amiraux, des membres des collèges, des marchands et des académiciens. Le soir même, ces invités se rendirent à la maison de l'Académie, où se trouve l'Observatoire et où réside M. Delijle. La maison, située au milieu de la ville sur l'île de Vasile Ostrou, est composée de deux grands corps de logis avec l'Observatoire au centre. Elle était illuminée par des pyramides de lumières à chaque fenêtre et des terrines pour éclairer la tour de l'Observatoire. Cependant, une grande tempête empêcha l'illumination complète de la tour. Une grande salle, située au même niveau que l'appartement de M. Delijle, était préparée pour la fête. Elle était ornée de tapisseries, de bandes bleues avec des figures, des dauphins et des lys de France. La voûte était soutenue par huit colonnes décorées de branches d'arbres. La salle était illuminée par des pyramides de lumières et des tableaux transparents avec des devises appropriées au sujet de la fête. La salle contenait une grande table de cent couverts en fer à cheval, flanquée de deux autres tables de cinquante couverts chacune. Entre les chœurs de musiciens et les tables, un espace était réservé pour la danse. La collation servie était richement décorée avec des bougies, des pyramides de cristal ornées de fleurs, et des viandes jonchées de bouquets de laurier. Un groupe de figures en cire représentait la France tenant le Dauphin, entouré de symboles de paix et d'abondance. Les invités, annoncés par des timballes et des trompettes, furent reçus par des grenadiers. Après un concert des musiciens, ils prirent place selon leur rang. Le repas fut accompagné de musique, et des santés furent portées au son des timballes et des trompettes. Après la collation, un bal fut ouvert par M. le Général Major Tessin, et dura jusqu'au lendemain matin. La fête fut jugée par plusieurs comme étant la plus belle et la mieux ordonnée jamais vue à Peterjbourg. M. Delijle, astronome de l'Académie Royale des Sciences de Paris, lecteur et professeur au Collège Royal de France, membre de la Société Royale de Londres et de celle de Prusse, se rendit à Peterjbourg il y a quatre ans pour travailler à un observatoire et à une académie des sciences.
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831
p. 386-387
ESPAGNE
Début :
On a apris de Seville, que les Fêtes que le Corps de Ville devoit celebrer pour [...]
Mots clefs :
Course de Taureaux, Fête, Naissance
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE
Espagne
ON a aprís deSeville , que íes Fêtes qui
le Corps de Ville dévoie célébrer pour
l'heureux Accouchement de la Reine, & la
Naissance de l'Infante Dona Maria Antoinet
te Ferdinante, commencèrent le n- Janvier
au matin , dans la Place de S. François , qu'on
avoit ornée de magnifiques Tapisseries , par la
Course de dix Taureaux qui furent attaquez
par des homme à pied , & par quelques
Cavaliers armez de lances ; les uns & les au
tres s'en acquittèrent avec beaucoup d'adresse;
Vers ies deux heuras aprés Midy , le Roy
& la Re ie , accompagnez du Prince & de la
Princeiï* des Aíturies , des Infants Don Car*
los-, Do i Philippe & Don Louis , & de l'In
fante Dona Marie Thérèse , se rendirent aux
balcons de l'Hôtel de Ville , suivies des OrTíciers
de leurs Maisons , des Dames de la Cour,
& escortées par les Gardes d-u Corps & fa
Compagnie des Hallebardiers de la Garde : les
Regimens des Gardes Espagnoles &Walones
ètoient en haye & fous les armes. Aussi tôt
que Leurs Majestez parurent on commença la
Course des Cannes, huic Quadrilles composées
chacune de quatre Cavalia.s.&r diílíng.uées par
la couleur des habits &par les Devises , étant
entrées dans la Place , se divisèrent en deux
Corps ou Escadrons, dont le premier avoit
four Parrain Don Rodolphe Acquaviva » &
autre le Marquis de Monte-Suertí. Le premier
Parrain étoit suivi de vingt-quatre Laquais
vêtus en Esclaves Negxes , avec des chaînes,
FEVRIER. i7$ o; îtij
des grelots & des menotes dorées , des brode
quins & des turbans. Le second avoit à sa
suite un pareil nombre de Laquais vêtus en
Hussarts , avec des bonnets d'hermine & des
sabres : outre cette fuite chaque Parrain avoit
encore huit Laquais de fa livrée très » bien'
montez , & cette Marche étoit terminée par/
seize chevaux de main des Cavaliers qui cemÎosorent
les Quadrilles , conduits par leurs'
aquais , de différentes livrées , & precedezí
les uns & les autres de Clairons & de Ti'rrw
baies.
Les Parrains ayant donné se lignai, les Qua
drilles coururent les Cannes avec beaucoup
d'agilité & d'adreiTe : ensuite les Cavaliers fi
rent faire l'exercice à leurs chevaux , & I»
Fête fut terminée ce jour-là par une Course
de sept Taureaux.
Le lendemain matin il y eut Une Course
d'onze Taureaux . & l'après-midy te Roy &
la Reine , les Princes & Princesses de la Fa
mille Roïile , étant retournez à l'Hôte! de"
Ville avec la même fuite que le jour précé
dent, Don Niçois de Toledo , Don Simondé
Legorbura , & Don Antoine de Bertendona
, tous trois natifs de Seville, & suivis
chacun de cinquante. Laquais de leur livrée ,
entrèrent dans la Place , où ils attaquèrent
Siuinze Taureaux avec tant de vivacité, que
è Roy voyant le danger où ils s'exposoient ,
leur ordonna de fe retirer ; cette seconde Fête
fut terminée par sept autres Taureaux, que de
jeunes gens du peuple actaquerent à piea.S.M.
a été si satisfaite de l'adrelìè des trois Cava
liers dont on vient de parler , qu'elle les a
fait ses Ecuyers , avec les mêmes appointemens
dont jouissent ceux qui font en charge"
depuis plusieurs années.
ON a aprís deSeville , que íes Fêtes qui
le Corps de Ville dévoie célébrer pour
l'heureux Accouchement de la Reine, & la
Naissance de l'Infante Dona Maria Antoinet
te Ferdinante, commencèrent le n- Janvier
au matin , dans la Place de S. François , qu'on
avoit ornée de magnifiques Tapisseries , par la
Course de dix Taureaux qui furent attaquez
par des homme à pied , & par quelques
Cavaliers armez de lances ; les uns & les au
tres s'en acquittèrent avec beaucoup d'adresse;
Vers ies deux heuras aprés Midy , le Roy
& la Re ie , accompagnez du Prince & de la
Princeiï* des Aíturies , des Infants Don Car*
los-, Do i Philippe & Don Louis , & de l'In
fante Dona Marie Thérèse , se rendirent aux
balcons de l'Hôtel de Ville , suivies des OrTíciers
de leurs Maisons , des Dames de la Cour,
& escortées par les Gardes d-u Corps & fa
Compagnie des Hallebardiers de la Garde : les
Regimens des Gardes Espagnoles &Walones
ètoient en haye & fous les armes. Aussi tôt
que Leurs Majestez parurent on commença la
Course des Cannes, huic Quadrilles composées
chacune de quatre Cavalia.s.&r diílíng.uées par
la couleur des habits &par les Devises , étant
entrées dans la Place , se divisèrent en deux
Corps ou Escadrons, dont le premier avoit
four Parrain Don Rodolphe Acquaviva » &
autre le Marquis de Monte-Suertí. Le premier
Parrain étoit suivi de vingt-quatre Laquais
vêtus en Esclaves Negxes , avec des chaînes,
FEVRIER. i7$ o; îtij
des grelots & des menotes dorées , des brode
quins & des turbans. Le second avoit à sa
suite un pareil nombre de Laquais vêtus en
Hussarts , avec des bonnets d'hermine & des
sabres : outre cette fuite chaque Parrain avoit
encore huit Laquais de fa livrée très » bien'
montez , & cette Marche étoit terminée par/
seize chevaux de main des Cavaliers qui cemÎosorent
les Quadrilles , conduits par leurs'
aquais , de différentes livrées , & precedezí
les uns & les autres de Clairons & de Ti'rrw
baies.
Les Parrains ayant donné se lignai, les Qua
drilles coururent les Cannes avec beaucoup
d'agilité & d'adreiTe : ensuite les Cavaliers fi
rent faire l'exercice à leurs chevaux , & I»
Fête fut terminée ce jour-là par une Course
de sept Taureaux.
Le lendemain matin il y eut Une Course
d'onze Taureaux . & l'après-midy te Roy &
la Reine , les Princes & Princesses de la Fa
mille Roïile , étant retournez à l'Hôte! de"
Ville avec la même fuite que le jour précé
dent, Don Niçois de Toledo , Don Simondé
Legorbura , & Don Antoine de Bertendona
, tous trois natifs de Seville, & suivis
chacun de cinquante. Laquais de leur livrée ,
entrèrent dans la Place , où ils attaquèrent
Siuinze Taureaux avec tant de vivacité, que
è Roy voyant le danger où ils s'exposoient ,
leur ordonna de fe retirer ; cette seconde Fête
fut terminée par sept autres Taureaux, que de
jeunes gens du peuple actaquerent à piea.S.M.
a été si satisfaite de l'adrelìè des trois Cava
liers dont on vient de parler , qu'elle les a
fait ses Ecuyers , avec les mêmes appointemens
dont jouissent ceux qui font en charge"
depuis plusieurs années.
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Résumé : ESPAGNE
En Espagne, des fêtes ont été organisées à Séville pour célébrer l'accouchement de la Reine et la naissance de l'Infante Dona Maria Antoinette Ferdinande. Les festivités ont débuté le 1er janvier sur la Place de S. François, décorée de tapisseries. La journée a commencé par une course de dix taureaux attaqués par des hommes à pied et des cavaliers armés de lances. L'après-midi, le Roi, la Reine et la famille royale se sont rendus aux balcons de l'Hôtel de Ville, escortés par les Gardes du Corps et la Compagnie des Hallebardiers. La course des cannes a suivi, impliquant huit quadrilles de cavaliers. Chaque quadrille était dirigé par un parrain et suivi de laquais et de chevaux de main. Après les courses des cannes, les cavaliers ont fait exercer leurs chevaux, et la fête s'est terminée par une course de sept taureaux. Le lendemain, une course de onze taureaux a eu lieu le matin, suivie d'une autre course l'après-midi. Trois cavaliers sévillans ont attaqué seize taureaux, impressionnant le Roi qui les a nommés écuyers. La fête s'est conclue par une course de sept taureaux attaqués par des jeunes du peuple.
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832
p. 390-403
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
Début :
Les préparatifs immenses & la dépense veritablement Royale de cette superbe Fête, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Fête, Feu d'artifice, Paris, Roi d'Espagne, Spectacle, Jardin, Hôtel de Bouillon, Musique, Ambassadeurs d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
DESCRIPTION de la Fête & du
Fen d'Artifice tiré sur la Rivière , *
Paris , entre If P'ont- Neuf & le Pont
Royal , au sujet de la Naijsance du ■
Dau p h i ri , par ordre du Roy d'Espa- !
gné , & par les foins de MM. le Mar
quis de Sanca-Cruz & de Barrenechea,
^Ambassadeurs Extraordinaires & Plé
nipotentiaires de S. M, Catholique.
LEs préparatifs immenses & la dépense ve-"
ritablement Royale de cette superbe Fête,'
dans l'execution de laquelle on a, pour ainsi
dire, forcé la nature, & surmonté tous les
obstacles de la Saison , méritent bien que le
Mercure de France en parle d'une manière i
en pouvoir donner une idée à ceux qui n'ons
pas été à portée de voir un spectacle auíS
■éclatant , lequel a parfaitement répondu aux
ordres que M M. les Ambassadeurs d'Espagne
avoient reçus du Roy , leur Maître , S. M. O
ayant voulu à l'occasion de cet heureux évé
nement , exprimer avec pompe dans la Capi
tale du Royaume , ses tendres sentimens pour
le Roi , son Neveu , & mêler fa joye avec
celle de toute la France.
On fçait assez Jes marques de joye qu'ont
fait paroître le Roi & la Reine d'Espagne de
l'heureux Accouchement de la Reine ; mais
íjuelques brillantes & générales qu'ayent été
les Fêtes qu'on a données dans leurs Etats l
ÍSCCC
t ù '.-ìjìò LIìjRARY.
A5TCR, LENOX AND
TILOEM FOUMOATlONâ.
FEVRIER. î73«. 391
î
eette occasion , elles n'ont pas encore été pro
portionnées à ce que L. M, C. ont senti dans
le coeur.
M M de Santa- Cruz & de Barrenechea ont
agi avec tant de sagacité , tant de grandeur
cl'ame , de discernement , cie goût , & sur touç
avec tact de zèle pour le service de S. M.
qu'il a résulté de leur application & de l'étenduë
de leurs lumières , une iclatante Fête,
où la grandeur » la variété & la magnificence
ont également régné.
L'Hpcel de Bouillon , situé fur le Quai de*
Theatins , vis-à-vis le Louvre , que léDuode
ce nom â bien voulu prêter . avec la noblesse
& les manières qa j font ordinaires aux person
nes de son rang , a servi de principale Scène.
C'étoit comme le centre de la Fête & du
spectacle , qui fut heureusement favorisé d'une
très- belle nuit.
Le ti. Janvier > à six heures du soir , tou
tes les Illuminations parurent dans l'éclat &
dans le brillant qu'il eít plus aisé de s'i
maginer que de décrire. La Façade de l'Hôtel
de Bouillon présentoit aux yeux sept Porques
de lumières ; on liloit au-dessus de ceìui
du milieu , qui étoit formé par la porte
de L'Hôtel , une Inscription Latine qui man-
Suoit l'union & le bonheur de la France & -
e l'îíspagne. Les ceimres des Portiques étoient
«lecórés alternativement par des Dauphins de
relief entrclaíTés > & par les Chifres du Roi ;
le tòut rehaussé d'or. Le vuide des Portiques
étoit occupé par des Emblèmes peintes en
camayeux , dans des Médaillons ornés de guir
landes. Au premier adroite, la France étòh;
'représentée sous la figure d'une belle femme,
gui montre à, l'Efpagne le Dauphin entre les
sjjî MERCURE DE FRANCE.
hus de Lncint. Çe Vers d'Ovide ctoit au ba<*
"3*1» nostrum curvi porunt Delphine; amorem.
Au deuxième Portique , à gauche , TEspagne
montroit à la France le jeune Dauphin,
armé d'un casque & d'une cuirasse que J'Amour
conduit. , & lui présente. Et ce Vers de
Iroj/erce.
Sed tibi fuífidio Delphinum eurrere vidi.
Les deux Portiques ensuite n'attiroient pas
*.ant les regards ; mais en revanche les go
siers altérés y couroient ayee grand empres
sement s car de deux mûries de Lion dorés ,
couloient deux Fontaines de vin pour lè
peuple.
On voyoit au Médaillon du troisième Poe- ,
tique un Coq , simbole de la France } qui
s'addressoit au Lion , simbole de l'Espagne,
<Bi ce Vers à' Ovide. Met amorphofi
ÌJttnc dtio concordes anima vivemus in uni,
L'amour qui entre dans cet Emblème . Ii«
ensemble le Coq , le Lion & le Dauphin.
Sur le dernier Portique de la gauche , un
Xion paroissoit donner au Coq des assurances
d'une íînceie amitié par ce Vers de Virgile»
f>ispeream fi te fuerit tnihi chariot alttr.
L'Amour au bas avec un Dauphin à ses
pieds, gravoit ces paroies fur le marbre 8c
fur l'airain pour en marquer lá solidité 8c la
jRncerité.
Un entablement formé par des lampions ,
leguoit
'FEVRIER. iys0; -9J
tegnoit sur les Portiques i il étoit surmonté
par une Galerie découverte , dont la Balustra
de étoit formée par des Qirandoles d'une fi
gure agréable; I* Architecture de toute la Fa
çade de l'Hôtel de Bouillon étoit ingénieu
sement dessinée par des Lampions , & enri
chie de Lustres & de Girandoles aux Tru
meaux , dans les Croisées & fur les Comble»,
On voyoit fur la principale porte un Dau
phin de relief ■ en marbre blanc , rthaussc
d'or & couronné > accompagné de Lys , re
présentés en lumière ; à quoi on a pou
voir appliquer ce Vers d'Ovide :
p f*cr* frogcn'tes d'tgna ptrente tuo.
L'interieur de la Cour étoit aussi illumines
non seulement par des Chambranles à toutes
les Croisées julqu'à celles des deux aîles qui
jendent iur le Quay , mais encore jusques fur
le faite du Bâtiment où l'on avoit placé des
Girandoles & des Pots à feu.
D'autres Portiques de lumières décoroienc
encore le pourtour de cette Cour. On lisoit
au-dessus de celui du milieu , où est la Porte
id'Entrée , cette Inscription tirée d'un Vers de
IroÇerce.
luce.ït é» toti fiamm* secund* dôme.
A l'appLomb de cette porte , fur les Corn*
bles , on avoic élevé une Tour lumineuse,
faisant allusion aux Tours de Castille ; elle
étoit acompagnée des,Chiísres & du princi
pal Attribut des Armes de Philippe V.
Toute ì'ordonnance de cette Illumination
* été conduite pai le S. Beauûre , 1e fils *
594 MERCURE DE FRANCE. -.
Architecte de la Ville de Paris, qui en, ~
donné les Dcsstins.
La surface de la Rivière , vis-à-vis l'HôteJ
de Bouillon , offroit un spectacle d'une autrç
espece , dont les yeux étoient également en-
'chantés & éblouis. C'étoit un vaste Jardin >
de l'un â l'autre Rivage du Fleuve , qui â
cet endroit a environ 90- toises de large , sur^
un espace de 70. dans fa loneueur. La si-N
tuation étoit des plus magnifiques & des
plus avantageuses , étant naturellement dé
corée par le Qiiay du Collège des Quatre:
ÎNations d'un côté , par celui des GaUeries dp
Louvre de l'autre , &c aux deux bouts , pat
je Pont-Neuf & par le Pont Royal.
Deux Rochers isolés ou Montagnes escar
pées , Simbole des Monts Pirennées > qui
séparent la France de í'Espagne , formciénc
le principal objet de ce::e pompeuse décor
ration- au milieu de la Rivière. Les deux
Monts étoient joints par leurs Bases fur un
Plan d'environ 140. pieds de íong , fur 60.
de large , & séparés par leur cime de près
de 40. pieds , ayant chacun 9i. pieds d'élé
vation au-deííus de la surface de l'eau 8c
des deux grands Bateaux fur lesquels touc
i'Edihce étoit construit.
On voyoit une agréable variété fur ces
Montagnes. s où la nature étoit imitée avec
beaucoup d'art, dans tout ce qu'elle a d'a
greste & de sauvage. Dans un endroit c'étoient
des crevasses avec des quartiers de Rochers ;
en saillie 5 dans d'autres , des Plantes & des I
Arbustes , des Cascades , des Napes & chu
tes d'eau , imitées par des gases d'argent ,
des Antres , des Cavernes &c. Il y avoir,
couc au pourtour, à fleur d'eau, des Jirenes,
•: 4n
TEVRIER. ryto.
ces Tritons , des Néréides & autres Mons
tres marins.
A une certaine distance , au-dessus & audeilous
des Rochers , en voyoit à fleur d'eau
deux Parceres de lumières qui occupoient
chacun un espace de 18. toises fur i/. donc
Jes bordures etoient ornées alternativemcnc
dlrs & d'Orangers, avec leurs fruits, de
ii. pieds de hauc, chargez de lumières. Le
deflein des Parceres étoic trace? & figuré d'une
mamete variée & agréable par des Terrines,
îe^rs Sa2°n lc dc diveises Cou*
Du milieu de chacun de ces Parteres s'éltì
voient des espèces de Rochers jusqu'à la hau
teur de if. pieds , fur un Plan de J0. pieda
í^'i",? . »V01t,Placé au dessus une Figure
Colossale, bronzée en ronde bosse de 16
pieds de proportion. A l'un c'étoit lê Fleuve*
du Guadalquivir , avec un Lion au bas. On
Jifoit en Lettres d'or, fur l'Urnede ce Fleuve,
ces deux Vers d'Ovide ;
Ho» iOi melior quìsqutm , nec •mmnthr tquì.
Rex fuit aut UU reverentior ulla Dearum.
Et à l'autre Partere c'éroit la Rivière de
Seine avec un Coq. On voyoit fur l'Urne,
d ou 1 eau du Fleuve paroisloit sortir cn gaze
d argent, ces Vers de Tiíulle:
St longé ante alias omnes mitijftmm muter.
Issue Pater , quo non alter amabìlitr.
Aux deux cotez des Parteres & dés deux
rfoncs regnoieht fix Platebandes fur t. lignes
au* a fieiu 4 eau , ornées & décorées fans
I le
MERCURE DE FRANCE.
Je même goûc des Parteres. Les trois de cha
que cócé occupoienc un espace^ de plus decent
pieds de long fur if. de large.
■ Deux Terrasses de charpente , à doubles
Rampes de 10. piés de haut, étoient adoste'es
aux Quais dés deux cotez , oc se terminoienç
en Gradins jusques fur le rivage. Elles regnoient
fur toute la longueur du Jardin, &
occupoienc un terrain de 4oS« piés fur la même
ligne , en y comprenant une fuite de Décora
tions rustiques , qui semblaient servir d'appuy
à ces deux grands Perrons , le tpue étoit garni
d'une si grande quantité de Terrines , que les
yeux en étoient éblouis , & les ténèbres de la
nuit entièrement dissipées. Le mouvement des
lumières , qui en les confondant leur donnoit
encore plus d'éclat , faisoit un tel effet à unecertaine
distance, qu'on croyoit voir des Napcs.
8í des Cascades de feu donc les Spectateu r s.
étoient enchantez.
Entre ces Terrasses lumineuses & le brillant
Jardin , à la hauteur des deux Montagnes , otv
avoic placé deux Bateaux de 70. piés de long ,
£ár M- de large, d'une forme singulière 8e
agréable , ornez de sculpture & dorez. Dtimk
lieu de chacun de ces Bateaux, s'élevoit une
espece de Temple Octogone, couvert enjnaflierede
Baldaquin , soutenu par huit Palmiers
àvec des Quirlandes , des lestons de Fleurs ,
& des Lustres de exista*. Les Bateaux étoient ,
remplis de Musiciens pour les fanfares qu'on
enteodoic alternativement. Les Timbales , les
Trompettes, les Cors de Chasse, les Hautbois^
frappoient agréablement l'oreille.
Surla partie la plus élevée du Temple .placé
j3u côté de l'Hôcd de Bouillon, «nlifoir, ce
Vexs de TìíhUs, [ ,.' ... ... / .. ;-. . i
tl Omnibus
FEVRIER. 1730:
Bmnihus ille die s Çtmpr natal! 1 agatur. , "
Pour Inscription sur l'autre Temple du c$J
*é du Louvre > onlisoit cet autre Vers du mème
toc te.
o quantum fttix , ter que quat erque dits»
Le sommet de ces deux magnifiques G09*1
doles étoit terminé par de gros Fanaux & par
<ies Etandarts , fur lesquels on avoir represen- «
*é des Dauphins & des Amours.
Les quatre coins .de ce vaste , lumineux Sfí
magnifique Jardin, étojent terminez par 4-
brillantcs Tours , couvertes de Lampions ì
plaques de fer-blapc , qui augmentoient cop-
Cderablement l'éclat des lumières , &■ qui per
dant le iour faisoient paroître les Tours comm«
argentées. Elles fembloient s'élever fut q.uat«ji
Terrafles de lumières , ayant 18. piés de diamettre
, fur 70. de haut, en y .comprenant le*
Etendarts aux Armes de France & d'Espagne,
Îu'on y avoit aròorez, à un petit Mât chargé
'un gros Fallot.
C'elt du haut de ces Tours que coinmene*
une partie de l'artisice de ce grand Spectacle ,
après que le signal en eut été donné par une
décharge de Boëces & de Canons , placez fur
le Quay du côré des Thuilleries , 8c après que;
les Princes & Princesses du Sang, les AmbaG»
fadeurs & Minières Etrangers , & les Sei
gneurs & Dames de la Cour , invitez à la Fête,
furent arrivez à l'Hôtel de Bouillon.
On vit partir en même teins de ces Toifr$
les Fusées d'Honneur, & ensuite quantitf
d'autres Auiâces , Soleils fixes & touinans,
'.' I ij Gerbes >
MERCURE t>E FRANCE.
Gerbes, &c. après quoi commença leSpec*
tacle d'un Combat fur la Rivière , dans Jëfc intervales
& les allées du Jardin , de douze
Monstres Marins, tous differens, figurez fur aurantde
Bateaux dé plus de io. píésdelong, d'où
on vie forcir une grande quantité de Serpen
teaux , de Grenades , Balons d'eau , & autres
Artifices qui plongeoientdans laRiviere>& qui
en reíTortoient avec une extrême vitesse , pre
nant différentes formes » comme de Serpens ,
&r.
Pour troisième Acte de cet agréable Spectaclè,
on fit partir i'abord du bas des deux
Montagnes, &r ensuite par gradation, des Sail
lies , des Crevasses , des Cavitez , & enfin
du sommet des deux Monts une très-grande
quantité d'Artifice suivi & diversifie , ce qui
cevoit former comme deux Montagnes de feu
-dont l'action n'etoit interrompue que par des
Volcans clairs & ,brillans , qui fortoient â plu
sieurs reprises de tous côrez & du sommet des
Rochers. Les intervales des differens tems ausvrjuels
les Volcans partoient , écoient remplis
par des Fòugades très- vives par le grand
nombre & par la singularité des Fusées. La
fin fut marquée par plusieurs Girandes.
• Après que les yeux d'un grand nombre, oa
plutôt d'un monde de Spectateurs , eurent ctê
afïez long- tems & allez agréablement occupez
de ce qui se passoit dans l'air , la surface des
eaux attira tous les regards. On la voyoit ptac
inrervales presque entièrement couverte d'arrtifice
-, Dauphins brillans qui s'élevoient &r le
replongeoient, & mille autres Figures animées
& éclatantes , Jets deau , ou plutôt de feu %
& Gerbes flotantes fur des plateaux , qui fà?^
fcient un agréable contraste, par leur état pai»
Ê ETRIER. 1730. 3
sible, avec la vivacité & le bruit éclatant des
autres feux ; enrìn on auroit dit qu'il n'y avoir>
pïus d'antipatie entre le feu & l'eau , & que*
ces deux Elemens si opposez , s'étoient réunis
pour faire un charmant badinage en faveur de
cette superbe Fête.
Après tout l' Artifice* terminé par une secorw
de iàlve de Canon , il devoir sortir une lu
mière éclatante du centre des deux Monta
gnes , pour désigner un Soleil- Levant » de ji»
pieds de diamettre , & rester fixe fur son horiíon,
avec ces mots à'Ovide au tour du Disque i
Ijubil» disjecit. Et en méme-tems s'élever un
Arc-en- Ciel de 40 piés d'ouverture , très-vif
& trés lumineux, avec ses couleurs naturelles,
& la Déesse Iris au -dessus . les deux extremitez
liant les sommets des Montagnes , ce qui
fera plus sensible dans la Planche cy -jointe,
dette Inscription saisok allusion au Traits
d'Alliance conclu depuis peu.
• JEttma fiat CòncorÀi* Rcgum.
Toute l'Ordonnance de ce Spectacle fur Is
Rivière , dont les Ambassadeurs Plénipoten
tiaires d'Espagne ont fourni les pensées , a été
conduire & dessinée par le íìeur Servandoni ,
Florentin , Peintre & Architecte , premier
Peintre de PAcademie Royale de Musique,
très-connu par beaucoup d'autres Décorations
<run excellent gout , qu'il a heureusement
faites , en Italie , en France , & en Angle
terre. Toutes les Illuminations ont été exé
cutées fur ses Desseins , par les sieurs Berthelin
&rÒ'erard, Chandeliers Illuminateurs' or
dinaires des plaisirs du Roy. Quelques Lam
pions à Plaque qu'ils ont nouvellement ima
ginés 1 ontfa.it beaucoup d'effet.
1 iij Nous
4o ó MÊRCURtf DE FRANCE.
Nous n'entreprendrons point de donner une
idée de la vûë admirable que produiíoit la
fpule des Spectateurs de tous états , de tout
âge & de tout sexe, dans des Bateaux fur la
Rîvïere , fur les deux Quais & fur les deux
Ponts , fur les Terrasses . les Balcons & nux
fe'hêtres du Louvre , des Hôtels & des Maisons
des deux cotez ; moins encore du coup d'oeit
magnifique, éclatants? tói;í-à fait fupeibe de
lá Galerie de l'Hòtel de Bouillon , & des Ter-*
rasses en Amphithéâtre qui- s'y joignoient ,
couverts & ornez d'une manière convenable,
oû étoient placei tous les Princes , Princesses,
Seigneurs &c Dames invitez à la Pêtc, tous
en habits neufs magnifiques , qui , à l'envi , se
difputoient la richesse, legout & la magni
ficence , & dont plusieurs , avec tout ce qu'on
p'eUt employer de dorures, de broderies &r de
superbes Etoffes , étoient encore enrichis de
Garnitures ccmplettes de Pierreries.,
Dans la Galerie du grand Appartement de
l'Hòtel de Bouillon , on avoit dressé un Théâ
tre très- bien décoré par le sieur Servandoni ,
& disposé d'une manière convenable aux íìj
ches ofrietnêns de la Galerie, dont les Specta
teurs occupoient les deux tiers. Le Rideau du
Théâtre prefentoit aux yeux un Lion, Ufv
Dauphin & des Amòufs , fur un Globe Ter*
reítre, avec quelques attributs de la Fêcç. On
Hfoit au-dessus: Mrs. Egl.
. Clark T)tum sohles
, Jlspìce vmturo Utantur ut cm nia secU.
C'est dans cette Galerie que toute l'illuslre
Compagnie fe rendit aptes tout í" Artifice, pour
j voir une Pastorale dé la composition de M. de
la
FEVRîER. 1730. 461
/* Serre 3c un Ballet. Toute la Musique est dfc
M. R t bel , le Ris , Compositeur de la Musique
de la Chambre du Roy. La Scène se passoit dans,
íin Paysage au pied des Pirenées. Ce Diver
tissement» généralement goûté , fut exécuté
par l'élite des Acteurs de l'Opera, qui ont été
gratifiez par des Bijoux d'or , d'un prix
considérable , outre leurs habits , qui étoient
-euflì riches que convenables» Le sieur Lavtl
avoit composé le Ballet j il y dansa avec te
sieur Dtngtvìlle & les Dlles Prévost & Salil
chantoient dans la Piece. , les Dlle» utntier ,
Pelifur, Le Maure , &c. & les fieurs Tribut, ,
Vun , &c.
Après ce Spectacle, toute 1" Assemblée" i
composée de tout ce qu'il y à de grand par la
.naissance & par les dignitez dans le Royaume,)
& des Ministres Etrangers > passa dans le grand
8alon de 108. piés de long, fur 4 s. de large
& n. d'élévation dans Oeuvre , construit ex
près dans le Jardin , & élevé jusqu'au plein
sied du Vestibule & des Appartemens bas da
Hôtel de Bouillon.
Cette magnifique Salle, destinée à un superbe
Festin , étoi: percée de sept portes , trcis gran
des & quatre moindres. Huit Cabinets hors
d'oeuvre de n. pieds en quarréj distribuez aux
iquatres Angles , & dans les intervales des co
tez , étoierit destinez pour les Bufets , pendant
le Souper & pendant le Bal. Cette Salle , éclai
rée par un très-grand nombre de Lustres de
cristal & de Girandoles garnies de bougies
étoit décorée & richement ornée par leíieur
Titoísy Sculpteur & Décorateur , qui a trèsbien
réiislî , surtout dans les bas- reliefs do
rez, où l'on voyoit les attributs de différentes
Divinitesj de Bacchus , de l' Abondance, &rc,
I iiij enfin
'49i MERCURE t)E FRANCE;
ènfin on avoit sçû allier la plus grande srîmp*
tuosité â tout ce qui peut procurer Sc inspires
la joyè & la gayeté.
Les illustres Convives priez, se placèrent i
fix tablâsS de cinquante couverts chacune >
fervks à quatre Services , en gras & en maigre,
dans la plus grande magnificence & avec au
tant de délicateflè que d'abondance. Au Des
sert on but l£S Santez Royales au bruit de l'Ar
tillerie. Deux autres tables de ja» couverts
chacune , furent servies en Ambigu dans deux
Appartemens à plein pied du Vestibule.
Après le Festin on remonta dans la Galerie
de la Pastorale , où l'on entendit un charmant
Concert de Voix & d'Inítrumens. On y executa
le cinquième Acte de l'Opera de Phaeton,
après quoi on retourna dans le grand Salon,
qu'on trouva préparé pour le Bal , avec six
rangs de Gradins tout autour, fur lesquels on
ne vit jamais une feule place vuide jusqu'à
sept heures du matin. Il est aisé de comprendre
le charmant effet que dévoient faire à la clarté
vive des lumières , la richesse de la parure âc
, k brillant des Pierreries des Seigneurs & des
Dames de cette auguste Assemblée.
Vers les deux heures après minuit on laisíà
entrer les personnes invitées au Bal par billet,
& peu de temps après tous les Masques qui se
présentèrent, ce qui rendit le Bal très- nom
breux & très-animé jusqu'au grand jour qu'on
se retira plein d'admiration d'une si belle Fête
& charmé des manières nobles , & polies des
en avoient fait les honneurs avec tant de di
gnité. Ces Ministres avoient donné de si bons
ordres , que pendant tout le Bal les Rafraîenissemens
de toutes les espèces qu'on avoic
:FE VRI ER. 1750. 40$
pû ìiîiaginer , dans la plus grande abondance
& la plus grande délicatesse, furent présentez
de tous côcez , enforte qu'on n'avoit pas mê
me le temps de souhaiter , & chose assez rare
dans ces sortes de Fêtes » malgré la foule pro-,
digieule.il n'est pas arrivé le moindre désordre.
Fen d'Artifice tiré sur la Rivière , *
Paris , entre If P'ont- Neuf & le Pont
Royal , au sujet de la Naijsance du ■
Dau p h i ri , par ordre du Roy d'Espa- !
gné , & par les foins de MM. le Mar
quis de Sanca-Cruz & de Barrenechea,
^Ambassadeurs Extraordinaires & Plé
nipotentiaires de S. M, Catholique.
LEs préparatifs immenses & la dépense ve-"
ritablement Royale de cette superbe Fête,'
dans l'execution de laquelle on a, pour ainsi
dire, forcé la nature, & surmonté tous les
obstacles de la Saison , méritent bien que le
Mercure de France en parle d'une manière i
en pouvoir donner une idée à ceux qui n'ons
pas été à portée de voir un spectacle auíS
■éclatant , lequel a parfaitement répondu aux
ordres que M M. les Ambassadeurs d'Espagne
avoient reçus du Roy , leur Maître , S. M. O
ayant voulu à l'occasion de cet heureux évé
nement , exprimer avec pompe dans la Capi
tale du Royaume , ses tendres sentimens pour
le Roi , son Neveu , & mêler fa joye avec
celle de toute la France.
On fçait assez Jes marques de joye qu'ont
fait paroître le Roi & la Reine d'Espagne de
l'heureux Accouchement de la Reine ; mais
íjuelques brillantes & générales qu'ayent été
les Fêtes qu'on a données dans leurs Etats l
ÍSCCC
t ù '.-ìjìò LIìjRARY.
A5TCR, LENOX AND
TILOEM FOUMOATlONâ.
FEVRIER. î73«. 391
î
eette occasion , elles n'ont pas encore été pro
portionnées à ce que L. M, C. ont senti dans
le coeur.
M M de Santa- Cruz & de Barrenechea ont
agi avec tant de sagacité , tant de grandeur
cl'ame , de discernement , cie goût , & sur touç
avec tact de zèle pour le service de S. M.
qu'il a résulté de leur application & de l'étenduë
de leurs lumières , une iclatante Fête,
où la grandeur » la variété & la magnificence
ont également régné.
L'Hpcel de Bouillon , situé fur le Quai de*
Theatins , vis-à-vis le Louvre , que léDuode
ce nom â bien voulu prêter . avec la noblesse
& les manières qa j font ordinaires aux person
nes de son rang , a servi de principale Scène.
C'étoit comme le centre de la Fête & du
spectacle , qui fut heureusement favorisé d'une
très- belle nuit.
Le ti. Janvier > à six heures du soir , tou
tes les Illuminations parurent dans l'éclat &
dans le brillant qu'il eít plus aisé de s'i
maginer que de décrire. La Façade de l'Hôtel
de Bouillon présentoit aux yeux sept Porques
de lumières ; on liloit au-dessus de ceìui
du milieu , qui étoit formé par la porte
de L'Hôtel , une Inscription Latine qui man-
Suoit l'union & le bonheur de la France & -
e l'îíspagne. Les ceimres des Portiques étoient
«lecórés alternativement par des Dauphins de
relief entrclaíTés > & par les Chifres du Roi ;
le tòut rehaussé d'or. Le vuide des Portiques
étoit occupé par des Emblèmes peintes en
camayeux , dans des Médaillons ornés de guir
landes. Au premier adroite, la France étòh;
'représentée sous la figure d'une belle femme,
gui montre à, l'Efpagne le Dauphin entre les
sjjî MERCURE DE FRANCE.
hus de Lncint. Çe Vers d'Ovide ctoit au ba<*
"3*1» nostrum curvi porunt Delphine; amorem.
Au deuxième Portique , à gauche , TEspagne
montroit à la France le jeune Dauphin,
armé d'un casque & d'une cuirasse que J'Amour
conduit. , & lui présente. Et ce Vers de
Iroj/erce.
Sed tibi fuífidio Delphinum eurrere vidi.
Les deux Portiques ensuite n'attiroient pas
*.ant les regards ; mais en revanche les go
siers altérés y couroient ayee grand empres
sement s car de deux mûries de Lion dorés ,
couloient deux Fontaines de vin pour lè
peuple.
On voyoit au Médaillon du troisième Poe- ,
tique un Coq , simbole de la France } qui
s'addressoit au Lion , simbole de l'Espagne,
<Bi ce Vers à' Ovide. Met amorphofi
ÌJttnc dtio concordes anima vivemus in uni,
L'amour qui entre dans cet Emblème . Ii«
ensemble le Coq , le Lion & le Dauphin.
Sur le dernier Portique de la gauche , un
Xion paroissoit donner au Coq des assurances
d'une íînceie amitié par ce Vers de Virgile»
f>ispeream fi te fuerit tnihi chariot alttr.
L'Amour au bas avec un Dauphin à ses
pieds, gravoit ces paroies fur le marbre 8c
fur l'airain pour en marquer lá solidité 8c la
jRncerité.
Un entablement formé par des lampions ,
leguoit
'FEVRIER. iys0; -9J
tegnoit sur les Portiques i il étoit surmonté
par une Galerie découverte , dont la Balustra
de étoit formée par des Qirandoles d'une fi
gure agréable; I* Architecture de toute la Fa
çade de l'Hôtel de Bouillon étoit ingénieu
sement dessinée par des Lampions , & enri
chie de Lustres & de Girandoles aux Tru
meaux , dans les Croisées & fur les Comble»,
On voyoit fur la principale porte un Dau
phin de relief ■ en marbre blanc , rthaussc
d'or & couronné > accompagné de Lys , re
présentés en lumière ; à quoi on a pou
voir appliquer ce Vers d'Ovide :
p f*cr* frogcn'tes d'tgna ptrente tuo.
L'interieur de la Cour étoit aussi illumines
non seulement par des Chambranles à toutes
les Croisées julqu'à celles des deux aîles qui
jendent iur le Quay , mais encore jusques fur
le faite du Bâtiment où l'on avoit placé des
Girandoles & des Pots à feu.
D'autres Portiques de lumières décoroienc
encore le pourtour de cette Cour. On lisoit
au-dessus de celui du milieu , où est la Porte
id'Entrée , cette Inscription tirée d'un Vers de
IroÇerce.
luce.ït é» toti fiamm* secund* dôme.
A l'appLomb de cette porte , fur les Corn*
bles , on avoic élevé une Tour lumineuse,
faisant allusion aux Tours de Castille ; elle
étoit acompagnée des,Chiísres & du princi
pal Attribut des Armes de Philippe V.
Toute ì'ordonnance de cette Illumination
* été conduite pai le S. Beauûre , 1e fils *
594 MERCURE DE FRANCE. -.
Architecte de la Ville de Paris, qui en, ~
donné les Dcsstins.
La surface de la Rivière , vis-à-vis l'HôteJ
de Bouillon , offroit un spectacle d'une autrç
espece , dont les yeux étoient également en-
'chantés & éblouis. C'étoit un vaste Jardin >
de l'un â l'autre Rivage du Fleuve , qui â
cet endroit a environ 90- toises de large , sur^
un espace de 70. dans fa loneueur. La si-N
tuation étoit des plus magnifiques & des
plus avantageuses , étant naturellement dé
corée par le Qiiay du Collège des Quatre:
ÎNations d'un côté , par celui des GaUeries dp
Louvre de l'autre , &c aux deux bouts , pat
je Pont-Neuf & par le Pont Royal.
Deux Rochers isolés ou Montagnes escar
pées , Simbole des Monts Pirennées > qui
séparent la France de í'Espagne , formciénc
le principal objet de ce::e pompeuse décor
ration- au milieu de la Rivière. Les deux
Monts étoient joints par leurs Bases fur un
Plan d'environ 140. pieds de íong , fur 60.
de large , & séparés par leur cime de près
de 40. pieds , ayant chacun 9i. pieds d'élé
vation au-deííus de la surface de l'eau 8c
des deux grands Bateaux fur lesquels touc
i'Edihce étoit construit.
On voyoit une agréable variété fur ces
Montagnes. s où la nature étoit imitée avec
beaucoup d'art, dans tout ce qu'elle a d'a
greste & de sauvage. Dans un endroit c'étoient
des crevasses avec des quartiers de Rochers ;
en saillie 5 dans d'autres , des Plantes & des I
Arbustes , des Cascades , des Napes & chu
tes d'eau , imitées par des gases d'argent ,
des Antres , des Cavernes &c. Il y avoir,
couc au pourtour, à fleur d'eau, des Jirenes,
•: 4n
TEVRIER. ryto.
ces Tritons , des Néréides & autres Mons
tres marins.
A une certaine distance , au-dessus & audeilous
des Rochers , en voyoit à fleur d'eau
deux Parceres de lumières qui occupoient
chacun un espace de 18. toises fur i/. donc
Jes bordures etoient ornées alternativemcnc
dlrs & d'Orangers, avec leurs fruits, de
ii. pieds de hauc, chargez de lumières. Le
deflein des Parceres étoic trace? & figuré d'une
mamete variée & agréable par des Terrines,
îe^rs Sa2°n lc dc diveises Cou*
Du milieu de chacun de ces Parteres s'éltì
voient des espèces de Rochers jusqu'à la hau
teur de if. pieds , fur un Plan de J0. pieda
í^'i",? . »V01t,Placé au dessus une Figure
Colossale, bronzée en ronde bosse de 16
pieds de proportion. A l'un c'étoit lê Fleuve*
du Guadalquivir , avec un Lion au bas. On
Jifoit en Lettres d'or, fur l'Urnede ce Fleuve,
ces deux Vers d'Ovide ;
Ho» iOi melior quìsqutm , nec •mmnthr tquì.
Rex fuit aut UU reverentior ulla Dearum.
Et à l'autre Partere c'éroit la Rivière de
Seine avec un Coq. On voyoit fur l'Urne,
d ou 1 eau du Fleuve paroisloit sortir cn gaze
d argent, ces Vers de Tiíulle:
St longé ante alias omnes mitijftmm muter.
Issue Pater , quo non alter amabìlitr.
Aux deux cotez des Parteres & dés deux
rfoncs regnoieht fix Platebandes fur t. lignes
au* a fieiu 4 eau , ornées & décorées fans
I le
MERCURE DE FRANCE.
Je même goûc des Parteres. Les trois de cha
que cócé occupoienc un espace^ de plus decent
pieds de long fur if. de large.
■ Deux Terrasses de charpente , à doubles
Rampes de 10. piés de haut, étoient adoste'es
aux Quais dés deux cotez , oc se terminoienç
en Gradins jusques fur le rivage. Elles regnoient
fur toute la longueur du Jardin, &
occupoienc un terrain de 4oS« piés fur la même
ligne , en y comprenant une fuite de Décora
tions rustiques , qui semblaient servir d'appuy
à ces deux grands Perrons , le tpue étoit garni
d'une si grande quantité de Terrines , que les
yeux en étoient éblouis , & les ténèbres de la
nuit entièrement dissipées. Le mouvement des
lumières , qui en les confondant leur donnoit
encore plus d'éclat , faisoit un tel effet à unecertaine
distance, qu'on croyoit voir des Napcs.
8í des Cascades de feu donc les Spectateu r s.
étoient enchantez.
Entre ces Terrasses lumineuses & le brillant
Jardin , à la hauteur des deux Montagnes , otv
avoic placé deux Bateaux de 70. piés de long ,
£ár M- de large, d'une forme singulière 8e
agréable , ornez de sculpture & dorez. Dtimk
lieu de chacun de ces Bateaux, s'élevoit une
espece de Temple Octogone, couvert enjnaflierede
Baldaquin , soutenu par huit Palmiers
àvec des Quirlandes , des lestons de Fleurs ,
& des Lustres de exista*. Les Bateaux étoient ,
remplis de Musiciens pour les fanfares qu'on
enteodoic alternativement. Les Timbales , les
Trompettes, les Cors de Chasse, les Hautbois^
frappoient agréablement l'oreille.
Surla partie la plus élevée du Temple .placé
j3u côté de l'Hôcd de Bouillon, «nlifoir, ce
Vexs de TìíhUs, [ ,.' ... ... / .. ;-. . i
tl Omnibus
FEVRIER. 1730:
Bmnihus ille die s Çtmpr natal! 1 agatur. , "
Pour Inscription sur l'autre Temple du c$J
*é du Louvre > onlisoit cet autre Vers du mème
toc te.
o quantum fttix , ter que quat erque dits»
Le sommet de ces deux magnifiques G09*1
doles étoit terminé par de gros Fanaux & par
<ies Etandarts , fur lesquels on avoir represen- «
*é des Dauphins & des Amours.
Les quatre coins .de ce vaste , lumineux Sfí
magnifique Jardin, étojent terminez par 4-
brillantcs Tours , couvertes de Lampions ì
plaques de fer-blapc , qui augmentoient cop-
Cderablement l'éclat des lumières , &■ qui per
dant le iour faisoient paroître les Tours comm«
argentées. Elles fembloient s'élever fut q.uat«ji
Terrafles de lumières , ayant 18. piés de diamettre
, fur 70. de haut, en y .comprenant le*
Etendarts aux Armes de France & d'Espagne,
Îu'on y avoit aròorez, à un petit Mât chargé
'un gros Fallot.
C'elt du haut de ces Tours que coinmene*
une partie de l'artisice de ce grand Spectacle ,
après que le signal en eut été donné par une
décharge de Boëces & de Canons , placez fur
le Quay du côré des Thuilleries , 8c après que;
les Princes & Princesses du Sang, les AmbaG»
fadeurs & Minières Etrangers , & les Sei
gneurs & Dames de la Cour , invitez à la Fête,
furent arrivez à l'Hôtel de Bouillon.
On vit partir en même teins de ces Toifr$
les Fusées d'Honneur, & ensuite quantitf
d'autres Auiâces , Soleils fixes & touinans,
'.' I ij Gerbes >
MERCURE t>E FRANCE.
Gerbes, &c. après quoi commença leSpec*
tacle d'un Combat fur la Rivière , dans Jëfc intervales
& les allées du Jardin , de douze
Monstres Marins, tous differens, figurez fur aurantde
Bateaux dé plus de io. píésdelong, d'où
on vie forcir une grande quantité de Serpen
teaux , de Grenades , Balons d'eau , & autres
Artifices qui plongeoientdans laRiviere>& qui
en reíTortoient avec une extrême vitesse , pre
nant différentes formes » comme de Serpens ,
&r.
Pour troisième Acte de cet agréable Spectaclè,
on fit partir i'abord du bas des deux
Montagnes, &r ensuite par gradation, des Sail
lies , des Crevasses , des Cavitez , & enfin
du sommet des deux Monts une très-grande
quantité d'Artifice suivi & diversifie , ce qui
cevoit former comme deux Montagnes de feu
-dont l'action n'etoit interrompue que par des
Volcans clairs & ,brillans , qui fortoient â plu
sieurs reprises de tous côrez & du sommet des
Rochers. Les intervales des differens tems ausvrjuels
les Volcans partoient , écoient remplis
par des Fòugades très- vives par le grand
nombre & par la singularité des Fusées. La
fin fut marquée par plusieurs Girandes.
• Après que les yeux d'un grand nombre, oa
plutôt d'un monde de Spectateurs , eurent ctê
afïez long- tems & allez agréablement occupez
de ce qui se passoit dans l'air , la surface des
eaux attira tous les regards. On la voyoit ptac
inrervales presque entièrement couverte d'arrtifice
-, Dauphins brillans qui s'élevoient &r le
replongeoient, & mille autres Figures animées
& éclatantes , Jets deau , ou plutôt de feu %
& Gerbes flotantes fur des plateaux , qui fà?^
fcient un agréable contraste, par leur état pai»
Ê ETRIER. 1730. 3
sible, avec la vivacité & le bruit éclatant des
autres feux ; enrìn on auroit dit qu'il n'y avoir>
pïus d'antipatie entre le feu & l'eau , & que*
ces deux Elemens si opposez , s'étoient réunis
pour faire un charmant badinage en faveur de
cette superbe Fête.
Après tout l' Artifice* terminé par une secorw
de iàlve de Canon , il devoir sortir une lu
mière éclatante du centre des deux Monta
gnes , pour désigner un Soleil- Levant » de ji»
pieds de diamettre , & rester fixe fur son horiíon,
avec ces mots à'Ovide au tour du Disque i
Ijubil» disjecit. Et en méme-tems s'élever un
Arc-en- Ciel de 40 piés d'ouverture , très-vif
& trés lumineux, avec ses couleurs naturelles,
& la Déesse Iris au -dessus . les deux extremitez
liant les sommets des Montagnes , ce qui
fera plus sensible dans la Planche cy -jointe,
dette Inscription saisok allusion au Traits
d'Alliance conclu depuis peu.
• JEttma fiat CòncorÀi* Rcgum.
Toute l'Ordonnance de ce Spectacle fur Is
Rivière , dont les Ambassadeurs Plénipoten
tiaires d'Espagne ont fourni les pensées , a été
conduire & dessinée par le íìeur Servandoni ,
Florentin , Peintre & Architecte , premier
Peintre de PAcademie Royale de Musique,
très-connu par beaucoup d'autres Décorations
<run excellent gout , qu'il a heureusement
faites , en Italie , en France , & en Angle
terre. Toutes les Illuminations ont été exé
cutées fur ses Desseins , par les sieurs Berthelin
&rÒ'erard, Chandeliers Illuminateurs' or
dinaires des plaisirs du Roy. Quelques Lam
pions à Plaque qu'ils ont nouvellement ima
ginés 1 ontfa.it beaucoup d'effet.
1 iij Nous
4o ó MÊRCURtf DE FRANCE.
Nous n'entreprendrons point de donner une
idée de la vûë admirable que produiíoit la
fpule des Spectateurs de tous états , de tout
âge & de tout sexe, dans des Bateaux fur la
Rîvïere , fur les deux Quais & fur les deux
Ponts , fur les Terrasses . les Balcons & nux
fe'hêtres du Louvre , des Hôtels & des Maisons
des deux cotez ; moins encore du coup d'oeit
magnifique, éclatants? tói;í-à fait fupeibe de
lá Galerie de l'Hòtel de Bouillon , & des Ter-*
rasses en Amphithéâtre qui- s'y joignoient ,
couverts & ornez d'une manière convenable,
oû étoient placei tous les Princes , Princesses,
Seigneurs &c Dames invitez à la Pêtc, tous
en habits neufs magnifiques , qui , à l'envi , se
difputoient la richesse, legout & la magni
ficence , & dont plusieurs , avec tout ce qu'on
p'eUt employer de dorures, de broderies &r de
superbes Etoffes , étoient encore enrichis de
Garnitures ccmplettes de Pierreries.,
Dans la Galerie du grand Appartement de
l'Hòtel de Bouillon , on avoit dressé un Théâ
tre très- bien décoré par le sieur Servandoni ,
& disposé d'une manière convenable aux íìj
ches ofrietnêns de la Galerie, dont les Specta
teurs occupoient les deux tiers. Le Rideau du
Théâtre prefentoit aux yeux un Lion, Ufv
Dauphin & des Amòufs , fur un Globe Ter*
reítre, avec quelques attributs de la Fêcç. On
Hfoit au-dessus: Mrs. Egl.
. Clark T)tum sohles
, Jlspìce vmturo Utantur ut cm nia secU.
C'est dans cette Galerie que toute l'illuslre
Compagnie fe rendit aptes tout í" Artifice, pour
j voir une Pastorale dé la composition de M. de
la
FEVRîER. 1730. 461
/* Serre 3c un Ballet. Toute la Musique est dfc
M. R t bel , le Ris , Compositeur de la Musique
de la Chambre du Roy. La Scène se passoit dans,
íin Paysage au pied des Pirenées. Ce Diver
tissement» généralement goûté , fut exécuté
par l'élite des Acteurs de l'Opera, qui ont été
gratifiez par des Bijoux d'or , d'un prix
considérable , outre leurs habits , qui étoient
-euflì riches que convenables» Le sieur Lavtl
avoit composé le Ballet j il y dansa avec te
sieur Dtngtvìlle & les Dlles Prévost & Salil
chantoient dans la Piece. , les Dlle» utntier ,
Pelifur, Le Maure , &c. & les fieurs Tribut, ,
Vun , &c.
Après ce Spectacle, toute 1" Assemblée" i
composée de tout ce qu'il y à de grand par la
.naissance & par les dignitez dans le Royaume,)
& des Ministres Etrangers > passa dans le grand
8alon de 108. piés de long, fur 4 s. de large
& n. d'élévation dans Oeuvre , construit ex
près dans le Jardin , & élevé jusqu'au plein
sied du Vestibule & des Appartemens bas da
Hôtel de Bouillon.
Cette magnifique Salle, destinée à un superbe
Festin , étoi: percée de sept portes , trcis gran
des & quatre moindres. Huit Cabinets hors
d'oeuvre de n. pieds en quarréj distribuez aux
iquatres Angles , & dans les intervales des co
tez , étoierit destinez pour les Bufets , pendant
le Souper & pendant le Bal. Cette Salle , éclai
rée par un très-grand nombre de Lustres de
cristal & de Girandoles garnies de bougies
étoit décorée & richement ornée par leíieur
Titoísy Sculpteur & Décorateur , qui a trèsbien
réiislî , surtout dans les bas- reliefs do
rez, où l'on voyoit les attributs de différentes
Divinitesj de Bacchus , de l' Abondance, &rc,
I iiij enfin
'49i MERCURE t)E FRANCE;
ènfin on avoit sçû allier la plus grande srîmp*
tuosité â tout ce qui peut procurer Sc inspires
la joyè & la gayeté.
Les illustres Convives priez, se placèrent i
fix tablâsS de cinquante couverts chacune >
fervks à quatre Services , en gras & en maigre,
dans la plus grande magnificence & avec au
tant de délicateflè que d'abondance. Au Des
sert on but l£S Santez Royales au bruit de l'Ar
tillerie. Deux autres tables de ja» couverts
chacune , furent servies en Ambigu dans deux
Appartemens à plein pied du Vestibule.
Après le Festin on remonta dans la Galerie
de la Pastorale , où l'on entendit un charmant
Concert de Voix & d'Inítrumens. On y executa
le cinquième Acte de l'Opera de Phaeton,
après quoi on retourna dans le grand Salon,
qu'on trouva préparé pour le Bal , avec six
rangs de Gradins tout autour, fur lesquels on
ne vit jamais une feule place vuide jusqu'à
sept heures du matin. Il est aisé de comprendre
le charmant effet que dévoient faire à la clarté
vive des lumières , la richesse de la parure âc
, k brillant des Pierreries des Seigneurs & des
Dames de cette auguste Assemblée.
Vers les deux heures après minuit on laisíà
entrer les personnes invitées au Bal par billet,
& peu de temps après tous les Masques qui se
présentèrent, ce qui rendit le Bal très- nom
breux & très-animé jusqu'au grand jour qu'on
se retira plein d'admiration d'une si belle Fête
& charmé des manières nobles , & polies des
en avoient fait les honneurs avec tant de di
gnité. Ces Ministres avoient donné de si bons
ordres , que pendant tout le Bal les Rafraîenissemens
de toutes les espèces qu'on avoic
:FE VRI ER. 1750. 40$
pû ìiîiaginer , dans la plus grande abondance
& la plus grande délicatesse, furent présentez
de tous côcez , enforte qu'on n'avoit pas mê
me le temps de souhaiter , & chose assez rare
dans ces sortes de Fêtes » malgré la foule pro-,
digieule.il n'est pas arrivé le moindre désordre.
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Résumé : DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
Une fête somptueuse fut organisée à Paris pour célébrer la naissance du Dauphin d'Espagne. Cette célébration, ordonnée par le roi d'Espagne et orchestrée par les ambassadeurs espagnols, les marquis de Santa-Cruz et de Barrenechea, visait à exprimer la joie et les sentiments affectueux du roi d'Espagne envers son neveu, le roi de France. La fête se déroula sur la rivière entre le Pont Neuf et le Pont Royal, malgré les obstacles saisonniers. Les préparatifs furent immenses et la dépense royale. L'Hôtel de Bouillon, situé sur le quai des Théatins, servit de scène principale. Sa façade était illuminée avec sept portiques de lumières, des inscriptions latines célébrant l'union entre la France et l'Espagne, et des emblèmes peints en camaïeux. La rivière fut transformée en un vaste jardin illuminé, avec des rochers symbolisant les Pyrénées, des cascades d'eau imitées par des jets d'argent, et des figures marines. Deux bateaux ornés de temples octogones et de musiciens naviguaient sur la rivière. Le spectacle inclut un combat de monstres marins, des feux d'artifice formant des montagnes de feu, et des jets d'eau brillants. Le spectacle se conclut par une salve de canon, révélant un soleil levant et un arc-en-ciel avec la déesse Iris, symbolisant l'alliance entre les deux royaumes. L'ensemble de l'organisation fut dirigée par le peintre et architecte florentin Servandoni. Par ailleurs, une autre fête fut organisée dans un grand salon de l'Hôtel de Bouillon, destiné à un festin. Cette salle, percée de sept portes et ornée de huit cabinets pour les buffets, était éclairée par de nombreux lustres et girandoles. Le sculpteur et décorateur Titoisy réalisa des bas-reliefs représentant des divinités comme Bacchus et l'Abondance. Les convives, placés à six tables de cinquante couverts chacune, dégustèrent des mets en abondance et en magnificence. Après le festin, ils assistèrent à un concert exécutant le cinquième acte de l'opéra de Phaëton, suivi d'un bal jusqu'à sept heures du matin. Les rafraîchissements furent servis en abondance et avec délicatesse, sans désordre malgré la foule. Les ministres ayant organisé la fête reçurent des éloges pour leur dignité et leurs bonnes manières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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832
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
833
p. 406-407
« Le 7. de ce mois, M. Destouches, SurIntendant de la Musique du Roi, fit chanter [...] »
Début :
Le 7. de ce mois, M. Destouches, SurIntendant de la Musique du Roi, fit chanter [...]
Mots clefs :
Reine, Opéra, Duchesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 7. de ce mois, M. Destouches, SurIntendant de la Musique du Roi, fit chanter [...] »
7. de ce mois ,. M. Destouches , Sus»
Intendant de la Musique du Roi , fie chan
ter à Marly, devant la Reine, un Concert còm-
£osé du Prologue du Ballet des Elemens , de
1 Fête de Junon dans l' entrée de Vuiìr , 8c
de l'Acte entier de la Vestale. Le Sr Chaste
chanta le Rôle du Destin, Si laDllc Lenner
celui de Venus. Le Sr d'Angerville fit le Rô>e
de Valere , & la Dlle Antier s'attira bien des
applaudi flemens dans les Rôles de 'Junon 8c
à'.Emilie. Ce Concert eut un grand succès a
l*execiKÌon en ayant été parfaite.
Le 8. on chanta le Prologue & le premier
cte à'jimadis de Grèce , qui fut très-goûré.;
a été mis en Musique par M. Destouches-.
Le 13. on continua le même Opéra par le
second & le troisième Acte > & le if . on chanta
les deux derniers Actes. La D le Antier fit le
Rôle de Melijfe , & celui d' Amadis fut chanté
par le Sr Dangerville. La Reine parut trèkcontente
de cet. Opéra & de l*execution.
Le io. là Reine demanda les deux dernier*
Actes de l'Opera de Thésée , qui firent un
extrême plaisir- On l'avoit interrompu depuis
k départ de VerfaillèSi
Le 17. la Cour étant de retour à Versailles?,
la Reine ordonna pour les grands Appartemens
le Prologue & le premier Acte du Bal
let, des Elemens , que S. M. voulut entendre
«rie. seconde foi». Les Acteurs furent les mê
mes,
FEVRIER. 1730. 40s
mes qui avoienc dunté & Marly , à I'cxcepti'on
de la-D"6 Le Maure j qui chanta avec;
succès le Rôle de Venus dans le Prologue» ,
& celui de Junon au premier Acte.
te ï. Fête de la Purification , il y eut un
Concerc spirituel au Château des Thuille-
' ries, qui commença par le Motet Dominus
rtgnuvit. La D')e Petitpas & le S Bun en
chantèrent un autre en duo , de M. Du Bousset
, & la Díle Le Maure chanta seule un
autre Motet du même Auteur. On joua differens
Concerto íùr le Violon & la Plute qui
furent exécutés avec une grande précision.
On finit par le beau Te Deum de M. de h
lande , précédé d'une fimphonie de Violons,.
Hautboi$|, Trompettes- , & Timbales , de la
composition de M. Mouret , qu'on entend tóûjours
avec plaisir. Il y eut une très-nonvbreuse
assemblée , que le Duc de Lorraine
honora de fa présence .-
Le 8. il y eut Concert François qui' a1
continué tous les Mercredis du mois. Oh'
chanta le même jour une Cantatille nouv
velle qui a pour titre Le Rhume , &• la Can
tate de Psyché, chantée par la D"« Petitpas;
La D' Le Maure chanta le rf. une Can»,
tate nouvelle , intitulée VAbsence , qui St.
beaucoup' de plaisir.
Le 8. la Loterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville ûit tirée en prés
sence du Prévôt des Marchands '& des Echavins,
en la. manière accoutumée. Lefonds du
second mois de. cette année s'est trouvé mon
ter à la somme de i3i?.?7r- liv- laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les Lots qui leur
font échus., conformément à. la. Liste gênée
rale qui a été renduë publique.
Le 1.. Fevrier, S A. R. Madame la Duchesse
d'Orléans
, donna
, avec l'agrément
du Roi, la place de sa Dame d'honneur, à
la Duchesse de Nevers; vacante par lamort
de la Duchesse de Sforze,
Intendant de la Musique du Roi , fie chan
ter à Marly, devant la Reine, un Concert còm-
£osé du Prologue du Ballet des Elemens , de
1 Fête de Junon dans l' entrée de Vuiìr , 8c
de l'Acte entier de la Vestale. Le Sr Chaste
chanta le Rôle du Destin, Si laDllc Lenner
celui de Venus. Le Sr d'Angerville fit le Rô>e
de Valere , & la Dlle Antier s'attira bien des
applaudi flemens dans les Rôles de 'Junon 8c
à'.Emilie. Ce Concert eut un grand succès a
l*execiKÌon en ayant été parfaite.
Le 8. on chanta le Prologue & le premier
cte à'jimadis de Grèce , qui fut très-goûré.;
a été mis en Musique par M. Destouches-.
Le 13. on continua le même Opéra par le
second & le troisième Acte > & le if . on chanta
les deux derniers Actes. La D le Antier fit le
Rôle de Melijfe , & celui d' Amadis fut chanté
par le Sr Dangerville. La Reine parut trèkcontente
de cet. Opéra & de l*execution.
Le io. là Reine demanda les deux dernier*
Actes de l'Opera de Thésée , qui firent un
extrême plaisir- On l'avoit interrompu depuis
k départ de VerfaillèSi
Le 17. la Cour étant de retour à Versailles?,
la Reine ordonna pour les grands Appartemens
le Prologue & le premier Acte du Bal
let, des Elemens , que S. M. voulut entendre
«rie. seconde foi». Les Acteurs furent les mê
mes,
FEVRIER. 1730. 40s
mes qui avoienc dunté & Marly , à I'cxcepti'on
de la-D"6 Le Maure j qui chanta avec;
succès le Rôle de Venus dans le Prologue» ,
& celui de Junon au premier Acte.
te ï. Fête de la Purification , il y eut un
Concerc spirituel au Château des Thuille-
' ries, qui commença par le Motet Dominus
rtgnuvit. La D')e Petitpas & le S Bun en
chantèrent un autre en duo , de M. Du Bousset
, & la Díle Le Maure chanta seule un
autre Motet du même Auteur. On joua differens
Concerto íùr le Violon & la Plute qui
furent exécutés avec une grande précision.
On finit par le beau Te Deum de M. de h
lande , précédé d'une fimphonie de Violons,.
Hautboi$|, Trompettes- , & Timbales , de la
composition de M. Mouret , qu'on entend tóûjours
avec plaisir. Il y eut une très-nonvbreuse
assemblée , que le Duc de Lorraine
honora de fa présence .-
Le 8. il y eut Concert François qui' a1
continué tous les Mercredis du mois. Oh'
chanta le même jour une Cantatille nouv
velle qui a pour titre Le Rhume , &• la Can
tate de Psyché, chantée par la D"« Petitpas;
La D' Le Maure chanta le rf. une Can»,
tate nouvelle , intitulée VAbsence , qui St.
beaucoup' de plaisir.
Le 8. la Loterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville ûit tirée en prés
sence du Prévôt des Marchands '& des Echavins,
en la. manière accoutumée. Lefonds du
second mois de. cette année s'est trouvé mon
ter à la somme de i3i?.?7r- liv- laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les Lots qui leur
font échus., conformément à. la. Liste gênée
rale qui a été renduë publique.
Le 1.. Fevrier, S A. R. Madame la Duchesse
d'Orléans
, donna
, avec l'agrément
du Roi, la place de sa Dame d'honneur, à
la Duchesse de Nevers; vacante par lamort
de la Duchesse de Sforze,
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Résumé : « Le 7. de ce mois, M. Destouches, SurIntendant de la Musique du Roi, fit chanter [...] »
En janvier 1730, plusieurs événements musicaux notables ont eu lieu. Le 7 janvier, M. Destouches a dirigé un concert à Marly devant la Reine, incluant des extraits du Ballet des Éléments et de la Vestale, avec des interprètes tels que le Sr Chaste, la Dlle Lenner, le Sr d'Angerville et la Dlle Antier. Ce concert a été acclamé pour son exécution parfaite. Les 8, 13 et 14 janvier, des extraits de l'opéra *Jumadis de Grèce* de M. Destouches ont été interprétés, avec la Dlle Antier et le Sr d'Angerville dans les rôles principaux. La Reine a exprimé sa satisfaction. Le 10 janvier, la Reine a demandé les deux derniers actes de l'opéra *Thésée*. Le 17 janvier, à Versailles, le Prologue et le premier acte du Ballet des Éléments ont été représentés, avec la Dlle Le Maure remplaçant la Dlle Lenner. Le 2 février, un concert spirituel a eu lieu au Château des Tuileries, incluant des motets, des concertos et le Te Deum de M. de Lully. Le 8 février, un concert français a été donné, avec des interprétations de la Dlle Petitpas et de la Dlle Le Maure. Par ailleurs, le 1er février, la Duchesse d'Orléans a nommé la Duchesse de Nevers Dame d'honneur. Le 8 février, la loterie pour le remboursement des rentes de l'Hôtel de Ville a été tirée, distribuant 131 771 livres aux rentiers.
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834
p. 429-436
LETTRE écrite à l'Auteur du Mercure, au sujet de la Réponse à la Question proposée dans le Mercure de Juin, second volume, page 1359. laquelle Réponse est inserée dans le Mercure de Decembre, premier volume, page 2758.
Début :
On lût hier, Monsieur, dans une Compagne où j'étois, la Lettre que [...]
Mots clefs :
Haine, Mari, Femme, Vertueuse, Délicatesse, Coeur, Horreur, Passion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à l'Auteur du Mercure, au sujet de la Réponse à la Question proposée dans le Mercure de Juin, second volume, page 1359. laquelle Réponse est inserée dans le Mercure de Decembre, premier volume, page 2758.
LETTRE écrite à l'Auteur du Mercure
au fujet de la Réponse à la Question
propofée dans le Mercure de Juin , fecond
volume , page 1359. laquelle Ré
ponfe eft inferée dans le Mercure de Decembre
, premier volume , page 2758
IN lût hier , Monfieur , dans und
Compagne où j'étois , la Lettre que
vous avez mife au commencement de
votre Mercure du mois dernier , contenant
la Réponse à la Queftion propolée
dans le fecond volume de Juin ; fçavoir ,
Quelle est la femme la plus malheureuſe , ou
cellequi a un mari qu'elle bait, & dont elle eſt
aimée , ou celle qui a un mari qu'elle aime ,
dont elle est haie. La Compagnie étoit
nombreufe , on lût deux fois de fuite cette
Lettre toute entiere , & enfin il ne fe trouva
perfonne qui ne dît que l'Auteur avoit
rencontré jufte , chacun s'applaudit d'avoir
été de fon fentiment , & on anathéma
tifa d'une voix unanime tous ceux qui feroient
affez témeraires pour foutenir le
contraire. J'éprouvai en cette occaſion ,
comme j'avois fait en bien d'autres , avec
quelle facilité l'efprit François fe rend aux
apparences qui le frappent les premieres ,
A iiij
aycc
430 MERCURE DE FRANCE:
avec quelle impétuofité il s'y livre . Je
rêvois à cela, & jufqu'alors je n'avois rien
dit , tout le monde s'en apperçut à la fois, 2
& furpris de mon filence , on m'en demanda
la caufe . Quoi ! me dit une jeune
Dame qui a beaucoup de vivacité ; vous
balancez à vous déclarer pour nous ! feriez
- vous affez abftrait pour penſer autrement
, & ces raifonnemens ne vous
perfuadent- ils pas ? J'en admire comme
vous la délicateffe , lui répondis - je , mais
vous me permettrez , s'il vous plaît , de
n'en trouver bon rien de plus .
A ces mots je me vis fur les bras douze
ou treize perſonnes , & toutes auffi prevenuës
que je viens de vous le dire . On
m'accabla des repetitions de ce que contenoit
cette Lettre , & on me crut con
vaincu, parce qu'on ne me donnoit pas
le loifir de rien dire ; à la fin il me fut
permis de parler ; & lorfqu'on s'attendoit
à un aveu de ma défaite ; je vois bien ,
dis -je , que je tenterois en vain de vous
diffuader ici. Pour détruire vos préventions
il me faudroit plus que des raiſons ;
mais n'en parlons plus , Mercure vous
en donnera des nouvelles ; je fus pris au
mot & fifflé d'avance : c'eſt à vous , Monfieur
, à voir fi je le mérite , & en ce caslà
je vous crois affez de bonté pour ne
m'expofer point à l'être de nouveau .
Jc
MARS. 1730.
+37
}
Je dis donc que le malheur d'une femme
haïe d'un mari qu'elle aime , eft fans
comparaison plus grand que celui d'une
femme qui haït un mari dont elle eſt
aimée ; & voici en peu de mots ce qui me
le fait dire .
L'amour & la haine font deux extrêmes
auffi oppoſez dans leurs effets que dans
leurs principes ; mais les impreffions de
la premiere de ces paffions font bien plus
fenfibles que celles de la feconde . L'amour
eft enfant de la vertu , du mérite & des
appas ; la haine , fille du vice & des horreurs
celle- cy dans fon origine n'eft que
groffiereté ; l'origine de l'autre est toute
délicateffe ; la haine n'a dans les coeurs que
la place qu'elle y ufurpe , ils femblent
n'être faits que pour aimer ; dès- là une
ame s'abandonne bien plus naturellement
à des tranfpots de joye ou de douleur ,
qui ont pour principe une partie de fon
effence , qu'à des mouvemens dont elle
ne reçoit la caufe que malgré foi ;` delà ,
par une confequence neceffaire , elle goute
des douceurs bien plus grandes , en fatisfaifant
fon amour , que celles qu'elle
trouve , fi l'on peut parler ainfi , à fatisfaire
à fa haine.
Un coeur amoureux n'eft occupé que de
l'objet de fa tendreffe ; & comme l'amour
heureux l'eft infiniment , l'amour malheu
A v reux
432 MERCURE DE FRANCE:
•
reux l'eft fans mefure , formée à des fere
timens auffi vifs qu'ils font purs & nobles ,
une ame tendre & vertueufe goute &
reffent tout avec excès ; cette paffion , dans
un fexe qui en eft le plus fufceptible ,
porte plus loin encore les effets de fa délicateffe.
Un coeur au contraire que la haine tiranniſe
, loin de fe perpetuer l'image de
ce qu'il haft , ne voudroit s'en défaire
que pour ne plus le hair. J'avoue qu'il a
des momens d'horreur , mais cette horreur
groffiere ne fe fait pas fentir fi vivement
que les dépits d'un amour outragé;
a- t'il des intervalles,comme la cauſe de
fon mal lui eft étrangere , il s'en détache
plus facilement fans doute ; & d'ailleurs
dans fes temps les plus fâcheux , dans cette
horreur même , il trouve la funefte confolation
de penſer que bien-tôt peut- être
il les verra finir avec celui qui les caufe.
Quelle difference dans les chagrins amoureux
! ils ont des horreurs , mais d'autantplus
triftes , qu'elles font plus fubtiles &
penetrent plus avant , elles ne peuvent
fair qu'avec leur caufe ; & quand on s'abandonne
aux langueurs de cette paffion ,
on ne fe flatte pas que la caufe en puiffe
ceffer. Point de relâche, point d'efperance;
& quand on efpereroit , il eft conftant
que les feules impatiences feroient plus
fouffrir
MAR S.
433
1730 .
7
fouffrir que tout ce que la haine a de plus
affreux.
De-là je conclus que quand les chagrins
que donne la haine inveterée feroient actuellement
auffi vifs que ceux de l'amour
bleffé , il y auroit toûjours beaucoup de
difference , parce qu'on a la durée & la
continuité. Mais ce n'eft pas affez d'avoir
établi des principes , il faut les accommoder
à l'efpece dont il s'agit dans la
Queſtion propofée . Ce font deux femmes
également vertueuſes , qui éprouvent toutes
les deux les bizarreries d'un hymen
mal afforti . Cette qualité qu'on leur donne
, favorile extrémement ma theſe . La
haine de cette femme vertueufe ne pour
ta avoir pour principe qu'une antipathies
c'eft beaucoup , j'en conviens , mais
combien fon devoir & fa vertu ne lui
fourniront- ils pas de moyens d'en adoucir
les amertumes ? Elle n'aura rien à craindre
des tranfports qui portent aux extrémitez
funeftes ; le crime eft enfant du vice , &
le vice eft incompatible avec la vertu .
déja il faut retrancher, par rapport à elle,
bien des chofes que j'ai attribuées à la
haine , dans ce que j'en viens de dire . Je
veux que les complaifances de fon mari ,
fes empreffemens , fes careffes , lui donnent
quelque chofe de plus que des dégouts;
qu'il lui foit infupportable, elle ne
A vj poussa
434 MERCURE DE FRANCE:
pourra s'empêcher de convenir de l'in
juftice de fa haine , fa vertu lui fera faire
des efforts pour la furmonter , elle n'aura
à travailler que fur elle- même ; & fuppofé
qu'elle ne puiffe s'en rendre la maitreffe
, elle employera tout pour ne pas
penfer à fon mari , lorfqu'il ne lui fera
pas prefent ; & penfez- vous qu'il lui foit
impoffible d'avoir des momens tranquilles
? La focieté de fes amies qu'elle recherchera,
les amuſemens des Dames , tout
confpirera avec fa réfolution à diminuer
Les ennuis.
Je dis plus , enfin je fuppofe qu'elle
ne goûte aucun repos , qu'occupée de fon
deftin , elle s'en faffe une idée affreuſe ,
que fa vertu même & les efforts qu'elle
lui fait faire , lui foient à charge ( ce qui
ne peut être qu'une fuppofition dans l'hipotheſe
qui l'établit vertueufe ) du moins
la mort de fon mari n'aura pour elle rien
d'horrible , & elle pourra fe flatter d'y
voir terminer fes douleurs . Mais une femme
fage & vertueufe qui n'a à fe reprocher
que la haine injufte d'un mari qu'elle
adore , eft bien plus à plaindre ; elle fait
fon devoir en l'aimant , elle fatisfait à fa
vertu en n'aimant que lui , elle aime un
ingrat ; c'eft peu , il la méprife ; fi ce n'étoit
qu'indifference , elle efpereroit , mais
elle s'en flatteroit en yain : ces duretez
COD
MAR S. 17307 435
continuelles , ces infidelitez , ces avances
qui coutent tant au beau fexe , tant do
fois rejettées , ne lui en font que de trop fatales
& de trop certaines preuves. Point
d'apparence qu'elle ait un feul moment
de bien ; fa paffion qui fait une partie d'elle-
même ; la fuit par tout , elle tâcheroit
en vain de l'étouffer , elle veut , elle doit
la conferver. Elle fuit les converfations
à charge aux autres , elle eft infupportable
à foi - même , elle envie le fort de tout
ce qu'elle voit , jaloufe de tout , elle accufe
tout de fon malheur ; voit- elle fon
mari , c'eft alors que toute la cruauté de
fes mépris fe reprefente à fon coeur
elle eft dans une agitation mortelle ; l'amour,
la honte , le defefpoir la bourrellent
: quel état ! helas ! qui le croiroit que
ces momens fuffent les plus beaux de ceux
qu'elle paffe ! Cela n'eft que trop vrai , quel
ques tourmens qu'elle endure à la vûë de
fon mari , elle voudroit toûjours le voir; fi
elle ne le voit pas, mille reflexions affreuſes
lui donnent mille morts ; ingenieule à ſe
tourmenter, elle invente tous les jours quel
que fecret nouveau ; fes charmes diminuent
à mesure que le nombre augmente de fes
années , quel torrent de douleur ne puiſet'elle
pas dans cette cruelle penſée ? Si for
mari la detefte jeune , belle & vertueuſe
l'aimera -t'il dénuée d'attraits & avancée
CD
436 MERCURE DE FRANCE.
1
age ? Et puis quand il pourroit l'aimer
alors , comment accommoder cela avec
fa délicateffe ? que n'auroit- elle point à
fouffrir de fa fierté ! mais que deviendrat'elle
fi elle s'avife de fouiller dans l'avenir
? Elle croit découvrir dans chaque
inftant l'inftant fatal qui doit lui arracher
le cher objet de fes amours . Ici je laiſſe
à ceux qui aiment , le foin de fupléer à mes
expreffions ; tandis que les momens lui
paroiffent des ficcles , les années lui pa-
" roiffent des momens . Ses allarmes croiffent
tous les jours , elle n'y apperçoit
point de remede , elle ne ceffera d'être la
plus infortunée de toutes les femmes qu'ent
ceffant d'aimer , & elle ne ceffera d'aimer
qu'en ceffant de vivre. Telles font les re .
Alexions dont fon imagination bleffée fe
repaît ; Eft il un état qui approche de la
cruauté de celui-là ? Si on me prouve qu'il
puiffe y avoir une femme plus malheureufe
que celle qui eft haïe d'un mari qu'elle
aime , je confens volontiers que ce foit
celle qui eft aimée d'un mari qu'elle haït .
Il me feroit ailé de réfuter pied à pied tour
ce qu'on avance pour foutenir le fentiment
contraire , mais je ferois trop long ,
& d'ailleurs il eft bon de laiffer quelque
chofe à faire au difcernement des Lecteurs.
Je fuis , &c.
De Paris , ce 14. Janvier 1730.
au fujet de la Réponse à la Question
propofée dans le Mercure de Juin , fecond
volume , page 1359. laquelle Ré
ponfe eft inferée dans le Mercure de Decembre
, premier volume , page 2758
IN lût hier , Monfieur , dans und
Compagne où j'étois , la Lettre que
vous avez mife au commencement de
votre Mercure du mois dernier , contenant
la Réponse à la Queftion propolée
dans le fecond volume de Juin ; fçavoir ,
Quelle est la femme la plus malheureuſe , ou
cellequi a un mari qu'elle bait, & dont elle eſt
aimée , ou celle qui a un mari qu'elle aime ,
dont elle est haie. La Compagnie étoit
nombreufe , on lût deux fois de fuite cette
Lettre toute entiere , & enfin il ne fe trouva
perfonne qui ne dît que l'Auteur avoit
rencontré jufte , chacun s'applaudit d'avoir
été de fon fentiment , & on anathéma
tifa d'une voix unanime tous ceux qui feroient
affez témeraires pour foutenir le
contraire. J'éprouvai en cette occaſion ,
comme j'avois fait en bien d'autres , avec
quelle facilité l'efprit François fe rend aux
apparences qui le frappent les premieres ,
A iiij
aycc
430 MERCURE DE FRANCE:
avec quelle impétuofité il s'y livre . Je
rêvois à cela, & jufqu'alors je n'avois rien
dit , tout le monde s'en apperçut à la fois, 2
& furpris de mon filence , on m'en demanda
la caufe . Quoi ! me dit une jeune
Dame qui a beaucoup de vivacité ; vous
balancez à vous déclarer pour nous ! feriez
- vous affez abftrait pour penſer autrement
, & ces raifonnemens ne vous
perfuadent- ils pas ? J'en admire comme
vous la délicateffe , lui répondis - je , mais
vous me permettrez , s'il vous plaît , de
n'en trouver bon rien de plus .
A ces mots je me vis fur les bras douze
ou treize perſonnes , & toutes auffi prevenuës
que je viens de vous le dire . On
m'accabla des repetitions de ce que contenoit
cette Lettre , & on me crut con
vaincu, parce qu'on ne me donnoit pas
le loifir de rien dire ; à la fin il me fut
permis de parler ; & lorfqu'on s'attendoit
à un aveu de ma défaite ; je vois bien ,
dis -je , que je tenterois en vain de vous
diffuader ici. Pour détruire vos préventions
il me faudroit plus que des raiſons ;
mais n'en parlons plus , Mercure vous
en donnera des nouvelles ; je fus pris au
mot & fifflé d'avance : c'eſt à vous , Monfieur
, à voir fi je le mérite , & en ce caslà
je vous crois affez de bonté pour ne
m'expofer point à l'être de nouveau .
Jc
MARS. 1730.
+37
}
Je dis donc que le malheur d'une femme
haïe d'un mari qu'elle aime , eft fans
comparaison plus grand que celui d'une
femme qui haït un mari dont elle eſt
aimée ; & voici en peu de mots ce qui me
le fait dire .
L'amour & la haine font deux extrêmes
auffi oppoſez dans leurs effets que dans
leurs principes ; mais les impreffions de
la premiere de ces paffions font bien plus
fenfibles que celles de la feconde . L'amour
eft enfant de la vertu , du mérite & des
appas ; la haine , fille du vice & des horreurs
celle- cy dans fon origine n'eft que
groffiereté ; l'origine de l'autre est toute
délicateffe ; la haine n'a dans les coeurs que
la place qu'elle y ufurpe , ils femblent
n'être faits que pour aimer ; dès- là une
ame s'abandonne bien plus naturellement
à des tranfpots de joye ou de douleur ,
qui ont pour principe une partie de fon
effence , qu'à des mouvemens dont elle
ne reçoit la caufe que malgré foi ;` delà ,
par une confequence neceffaire , elle goute
des douceurs bien plus grandes , en fatisfaifant
fon amour , que celles qu'elle
trouve , fi l'on peut parler ainfi , à fatisfaire
à fa haine.
Un coeur amoureux n'eft occupé que de
l'objet de fa tendreffe ; & comme l'amour
heureux l'eft infiniment , l'amour malheu
A v reux
432 MERCURE DE FRANCE:
•
reux l'eft fans mefure , formée à des fere
timens auffi vifs qu'ils font purs & nobles ,
une ame tendre & vertueufe goute &
reffent tout avec excès ; cette paffion , dans
un fexe qui en eft le plus fufceptible ,
porte plus loin encore les effets de fa délicateffe.
Un coeur au contraire que la haine tiranniſe
, loin de fe perpetuer l'image de
ce qu'il haft , ne voudroit s'en défaire
que pour ne plus le hair. J'avoue qu'il a
des momens d'horreur , mais cette horreur
groffiere ne fe fait pas fentir fi vivement
que les dépits d'un amour outragé;
a- t'il des intervalles,comme la cauſe de
fon mal lui eft étrangere , il s'en détache
plus facilement fans doute ; & d'ailleurs
dans fes temps les plus fâcheux , dans cette
horreur même , il trouve la funefte confolation
de penſer que bien-tôt peut- être
il les verra finir avec celui qui les caufe.
Quelle difference dans les chagrins amoureux
! ils ont des horreurs , mais d'autantplus
triftes , qu'elles font plus fubtiles &
penetrent plus avant , elles ne peuvent
fair qu'avec leur caufe ; & quand on s'abandonne
aux langueurs de cette paffion ,
on ne fe flatte pas que la caufe en puiffe
ceffer. Point de relâche, point d'efperance;
& quand on efpereroit , il eft conftant
que les feules impatiences feroient plus
fouffrir
MAR S.
433
1730 .
7
fouffrir que tout ce que la haine a de plus
affreux.
De-là je conclus que quand les chagrins
que donne la haine inveterée feroient actuellement
auffi vifs que ceux de l'amour
bleffé , il y auroit toûjours beaucoup de
difference , parce qu'on a la durée & la
continuité. Mais ce n'eft pas affez d'avoir
établi des principes , il faut les accommoder
à l'efpece dont il s'agit dans la
Queſtion propofée . Ce font deux femmes
également vertueuſes , qui éprouvent toutes
les deux les bizarreries d'un hymen
mal afforti . Cette qualité qu'on leur donne
, favorile extrémement ma theſe . La
haine de cette femme vertueufe ne pour
ta avoir pour principe qu'une antipathies
c'eft beaucoup , j'en conviens , mais
combien fon devoir & fa vertu ne lui
fourniront- ils pas de moyens d'en adoucir
les amertumes ? Elle n'aura rien à craindre
des tranfports qui portent aux extrémitez
funeftes ; le crime eft enfant du vice , &
le vice eft incompatible avec la vertu .
déja il faut retrancher, par rapport à elle,
bien des chofes que j'ai attribuées à la
haine , dans ce que j'en viens de dire . Je
veux que les complaifances de fon mari ,
fes empreffemens , fes careffes , lui donnent
quelque chofe de plus que des dégouts;
qu'il lui foit infupportable, elle ne
A vj poussa
434 MERCURE DE FRANCE:
pourra s'empêcher de convenir de l'in
juftice de fa haine , fa vertu lui fera faire
des efforts pour la furmonter , elle n'aura
à travailler que fur elle- même ; & fuppofé
qu'elle ne puiffe s'en rendre la maitreffe
, elle employera tout pour ne pas
penfer à fon mari , lorfqu'il ne lui fera
pas prefent ; & penfez- vous qu'il lui foit
impoffible d'avoir des momens tranquilles
? La focieté de fes amies qu'elle recherchera,
les amuſemens des Dames , tout
confpirera avec fa réfolution à diminuer
Les ennuis.
Je dis plus , enfin je fuppofe qu'elle
ne goûte aucun repos , qu'occupée de fon
deftin , elle s'en faffe une idée affreuſe ,
que fa vertu même & les efforts qu'elle
lui fait faire , lui foient à charge ( ce qui
ne peut être qu'une fuppofition dans l'hipotheſe
qui l'établit vertueufe ) du moins
la mort de fon mari n'aura pour elle rien
d'horrible , & elle pourra fe flatter d'y
voir terminer fes douleurs . Mais une femme
fage & vertueufe qui n'a à fe reprocher
que la haine injufte d'un mari qu'elle
adore , eft bien plus à plaindre ; elle fait
fon devoir en l'aimant , elle fatisfait à fa
vertu en n'aimant que lui , elle aime un
ingrat ; c'eft peu , il la méprife ; fi ce n'étoit
qu'indifference , elle efpereroit , mais
elle s'en flatteroit en yain : ces duretez
COD
MAR S. 17307 435
continuelles , ces infidelitez , ces avances
qui coutent tant au beau fexe , tant do
fois rejettées , ne lui en font que de trop fatales
& de trop certaines preuves. Point
d'apparence qu'elle ait un feul moment
de bien ; fa paffion qui fait une partie d'elle-
même ; la fuit par tout , elle tâcheroit
en vain de l'étouffer , elle veut , elle doit
la conferver. Elle fuit les converfations
à charge aux autres , elle eft infupportable
à foi - même , elle envie le fort de tout
ce qu'elle voit , jaloufe de tout , elle accufe
tout de fon malheur ; voit- elle fon
mari , c'eft alors que toute la cruauté de
fes mépris fe reprefente à fon coeur
elle eft dans une agitation mortelle ; l'amour,
la honte , le defefpoir la bourrellent
: quel état ! helas ! qui le croiroit que
ces momens fuffent les plus beaux de ceux
qu'elle paffe ! Cela n'eft que trop vrai , quel
ques tourmens qu'elle endure à la vûë de
fon mari , elle voudroit toûjours le voir; fi
elle ne le voit pas, mille reflexions affreuſes
lui donnent mille morts ; ingenieule à ſe
tourmenter, elle invente tous les jours quel
que fecret nouveau ; fes charmes diminuent
à mesure que le nombre augmente de fes
années , quel torrent de douleur ne puiſet'elle
pas dans cette cruelle penſée ? Si for
mari la detefte jeune , belle & vertueuſe
l'aimera -t'il dénuée d'attraits & avancée
CD
436 MERCURE DE FRANCE.
1
age ? Et puis quand il pourroit l'aimer
alors , comment accommoder cela avec
fa délicateffe ? que n'auroit- elle point à
fouffrir de fa fierté ! mais que deviendrat'elle
fi elle s'avife de fouiller dans l'avenir
? Elle croit découvrir dans chaque
inftant l'inftant fatal qui doit lui arracher
le cher objet de fes amours . Ici je laiſſe
à ceux qui aiment , le foin de fupléer à mes
expreffions ; tandis que les momens lui
paroiffent des ficcles , les années lui pa-
" roiffent des momens . Ses allarmes croiffent
tous les jours , elle n'y apperçoit
point de remede , elle ne ceffera d'être la
plus infortunée de toutes les femmes qu'ent
ceffant d'aimer , & elle ne ceffera d'aimer
qu'en ceffant de vivre. Telles font les re .
Alexions dont fon imagination bleffée fe
repaît ; Eft il un état qui approche de la
cruauté de celui-là ? Si on me prouve qu'il
puiffe y avoir une femme plus malheureufe
que celle qui eft haïe d'un mari qu'elle
aime , je confens volontiers que ce foit
celle qui eft aimée d'un mari qu'elle haït .
Il me feroit ailé de réfuter pied à pied tour
ce qu'on avance pour foutenir le fentiment
contraire , mais je ferois trop long ,
& d'ailleurs il eft bon de laiffer quelque
chofe à faire au difcernement des Lecteurs.
Je fuis , &c.
De Paris , ce 14. Janvier 1730.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite à l'Auteur du Mercure, au sujet de la Réponse à la Question proposée dans le Mercure de Juin, second volume, page 1359. laquelle Réponse est inserée dans le Mercure de Decembre, premier volume, page 2758.
La lettre aborde une question posée dans le Mercure de Juin : 'Quelle est la femme la plus malheureuse, ou celle qui a un mari qu'elle hait et dont elle est aimée, ou celle qui a un mari qu'elle aime et dont elle est haïe ?' La réponse publiée dans le Mercure de Décembre conclut que la femme la plus malheureuse est celle qui aime un mari qui la hait. L'auteur de la lettre, ayant lu cette réponse en compagnie, observe que tout le monde approuve cette réponse. Interrogé sur son avis, il choisit d'abord de ne pas s'exprimer immédiatement, mais finit par déclarer que le malheur de la femme aimant un mari qui la hait est effectivement plus grand. Il explique que l'amour, étant une passion plus délicate et naturelle, cause des souffrances plus intenses et continues que la haine. Une femme vertueuse haïssant son mari peut trouver des moyens d'adoucir son malheur grâce à sa vertu, tandis qu'une femme aimant un mari ingrat souffre constamment, sans espoir de rédemption. La lettre se conclut par une réflexion sur l'état désespéré de cette dernière, dont les tourments sont incessants et sans remède apparent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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835
p. 439-446
REPONSE d'un Chanoine d' A*** à la demande proposée par un Chanoine de Beauvais sur Saint Oudard.
Début :
Le nom d'Oudard, Monsieur, sur lequel on écrit de Beauvais la Lettre [...]
Mots clefs :
Saint-Oudard, Saint, Évêque, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE d'un Chanoine d' A*** à la demande proposée par un Chanoine de Beauvais sur Saint Oudard.
REPONSE d'un Chanoine d'A***
à la demande proposée par un Cha
noine de Beauvais fur Saint Oudard.
Lenom ifutle
E nom d'Oudard , Monfieur , fur le
tre qui a été rendue publique dans le fe
cond Volume du Mercure de Decembre
dernier
440 MERCURE DE FRANCE
3
dernier , n'eft point à ce qu'il me parole
une chofe fort difficile à éclaircir . Il
n'eft pas neceffaire d'aller chercher le
fondement où l'origine de ce nom dans
le Pays de Liege , ni dans le Languedoc ,
ce n'eft ni S. Theodart , Evêque de Maftrech
, mort au 7. fiecle , & qui eft nommé
vulgairement S. Dodard , ni le faing
Evêque de Narbonne du même nom ,
mort au 9. qui ont fait naître le nom
fur lequel il paroît qu'on eft en peine.
Ce dernier eft celébre fur tout à Mon
tauban où il déceda. On prononce for
nom en deux fyllabes , & on dit S. Tho
dard , que quelques- uns écrivent mal
Saint Audard. Certe derniere maniere
d'écrire le nom du faint Evêque de Narbonne
, pourroit faire croire que celui
d'Oudard en auroit été formé ; mais
quoiqu'on ait des exemples de noms dont
les peuples ont limé les premieres lettres
& même dans des noms commençans
comme celui de Theodard , je fuis pers
fuadé qu'Oudard ne vient point de Theodard
, inais d'Odon , que c'en eft un derivé
, une espece d'allongement ou d'extenfion
affez femblable à celle des diminutifs
fi ufitez en Italie. La preuve que
je veux en rapporter à la fatisfaction de
M. le Feron , Chanoine de Beauvais ,
fera affez fimple ; je la tire d'un Hiftorien
MARS. 1730 441
rien de Tournay , nommé Heriman , qui
écrivoit au 12. fiecle. Cet Auteur parlant
du celebre Odon , Evêque de Cambray
, mort en l'an 1113. dit que lorfqu'il
étoit encore jeune Profeffeur de Dialectique
dans le Clergé de Tournay , i
compofa quelques Ouvrages , dans lefquels
il ne fe nommoit point Odon ,
quoique ce fut fon veritable nom
mais Odoard ou Odard , fuivant que
tout le monde l'appelloit. Non fe Odonem
, fed ficut tunc ab omnibus vocaba
tur , nominabat Odardum. T. 12. Spicil
p. 361. Ce trait d'Hiftoire nous apprend
qu'il étoit dès-lors de l'ufage vulgaire
de transformer le nom d'Odon , en ce
lui d'Odoard ou Odard . Ce fameux Odon
natif d'Orleans , premierement Profei
feur ou Maître à Toul en Lorraine , &
delà à Tournay , ne dédaigna point de
fe conformer au nom que le peuple lui
avoit donné ; il le conferva fi bien
que Heriman , fon Hiſtorien , l'appelle
prefqu'auffi fouvent Magifter Odardus
que Domnus Odo . Au fond cependant ,
c'étoit un nom qui n'étoit pas rare alors,
& fi cet Ecolâtre de Tournay , depuis
fait Evêque de Cambray , avoit un patron
à honorer dans le nom qu'il por
toit , il pouvoit s'acquitter de ce devoir
envers S. Odon , Abbé de Cluni , mort
plus
442 MERCURE DE FRANCE.
paplus
de cent foixante ans auparavant ,
& qu'on honoroit comme Saint depuis
fort long- tems. C'eft pourquoi , fi M. le
Feron ne juge pas à propos de regarder
le Venerable Odon de Cambray comme
Saint , il peut fe donner la peine de jetter
la vûë fur le jour dont il a datté la
Lettre qu'il vous a écrite ; c'eſt le 18 .
Novembre , propre jour du decès & de
la Fête du grand Saint Odon , Abbé de
Cluny. Voilà , felon moi , fon faint
tron primitif & principal , parceque c'eft
le premier Saint connu du nom d'Odon,
duquel celui d'Odoard n'eft qu'une fimple
modification. C'eft un Saint que tous
ceux qui le mêlent de Plain - chant ou
de Mufique ne devroient pas balancer de
prendre pour leur patron , au lieu d'une
fainte Cecile de quatre jours après , laquelle
ne fut jamais Muficienne , & qui
felon même les Actes qu'on en produit,
avoit une espece d'averfion , ou au moins
une grande indifference pour la Mufique
& les Muficiens , au lieu que S. Odon
étoit veritablement Muficien , grand connoiffeur
en Chant , Infignis Muficus ,
dont on a des Pieces de chant & des Traités
fur le chant. Je n'exclus pas , au refte ,
du Catalogue des Bienheureux l'illuftre
Odon ou Odoard de Cambray , que Molanus
, Docteur de Louvain , a mis dans
lc
·
MARS. 1730 443
le rang des Saints des Pays-Bas ( a ) &
le Pere Mabillon après lui ( b ) difant
qu'on le croit Saint à Cambray ; ce qui
a été fuivi par M. Chaſtelain , Chanoine
de Notre- Dame de Paris qui l'a placé
au 19. Juin dans fon Martyrologe univerfel.
Ceux qui auront la dévotion de
l'invoquer comme Saint , fçauront donc
que fon decès arriva le 19. Juin 113 .
dans l'Abbaye d'Anfchin , proche Douay,
au Diocéſe d'Arras , qu'il y fut inhumé,
& qu'il y repofe encore. Ordinairement
les Chroniques font un peu feches &
arides ; mais celle du Moine Heriman ne
paroît pas avoir ce deffaut . Permettez que
je vous invite à y lire l'Hiftoire de la converfion
de ce celebre perfonnage , Odon , ou
Odoard d'Orleans ; vous y verrez avec
plaifir qu'elle fut operée à l'occafion d'un
Manufcrit des Traités de S. Auguftin
de libero arbitrio , qu'un de fes Ecoliers
avoit apporté en Claffe , qu'il acheta
par pure curiofité , qu'il ouvrit par hazard
au bout d'un certain tems , voulant
faire une explication du quatriéme Livre
de Boece ; qu'en ayant lû deux ou
trois pages , l'éloquence du Saint Docteur
le charma & lui infpira le dégoût
( a ) Natal, Belg
(b ) Annal. Bened. F. S : P• 486,
de
444 MERCURE DE FRANCE.
"
du fiecle, auquel il renonça fi efficacement
qu'il devint le premier Abbé de l'Eglife
de Saint Martin de Tournay dont il avoit
été le reftaurateur. Si Meffieurs Hennequin
viennent de Flandres , ils peuvent
aifément en avoir apporté le nom d'Odoard.
J'ai trouvé le nom d'Odard Hennequin
dans mes collections parmi les
Archidiacres de Puifaye en l'Eglife d'Auxerre.
Jean Baillet , Evêque , decedé en
1513. reçut fon ferment de fidelité ; un
Acte relatif à cette Cerémonie l'appelle
Odardus. Il porte auffi le même nom à
la tête du grand Recueil de Statuts fynodaux
du Diocèle de Troyes qu'il fit
imprimer en 1530. à Troyes , en étant
devenu Evêque après l'avoir été de Senlis.
Et peut être eft- ce par le moyen de
ce perfonnage que le nom d'Oudard a
penetré jufques dans ces pays- ci où quelques
perfonnes le portent encore. ( a )
Ce n'eft pas le feul exemple qu'on a de
noms dont la terminaiſon eft plus ou
moins étendue fuivant la bizarrerie de
l'ufage . On voit à Autun une Eglife ,
& les Reliques d'un faint Evêque de Bâle
& d'Augt , qui eft appellé dans plufieurs
titres Racho , & dans d'autres Rachnasharius
ou Ragnacharius . S. Ouën de
>
( a) à Stignelay bei
Roüen
MARS. 1730. 445
Rouen a été appellé dès fon vivant Dado
& Audoënus . S. Faron de Meaux
Fare & Burgundofaro . Remi d'Auxerre a
été dit tantôt Raimo , & tantôt Remigius.
Ainfi il ne doit pas paroître étonnant
qu'un même perfonnage ait été appellé
par les uns Odo , & par les autres Odoardus.
Peut -être que le Bienheureux Odon
de Cambray étoit de petite ftature ; ce
qui lui auroit fait donner ce nom d'Ou̟-
dard par maniere de diminutif , comme
on dit à Rome S. Carlin , pour fignifier
S. Charles le petit , S. Paulin
pour le petit Saint Paul , S. Antonin
pour le petit S. Antoine , S. Cyprianin ,
pour le petit S. Cyprien , & S. Ambrofin
, pour dire le petit S. Ambroife.
Après tout , quand même ce ne feroit
pas le nom de S. Odon qu'on dut envifager
comme voilé , & caché fous celui
d'Odoard , il n'y auroit pas de difficulté
d'accorder que ceux qui portent
le nom d'Odoard ou bien d'Oudard
n'ont point encore de Saint canonifé pour
patron , & cela ne leur feroit pas fingu
lier. Celui de Ferric que tant d'hommes
illuftres portoient il y a deux & trois
cens ans , fur quel Saint étoit - il fondé
J'en dis de même de ceux de Triftan ,
d'Almaric , Petrarque , Palamedes , Hector
, & même de celui d'Armand . J'ai
?
prouvé
446 MERCURE DE FRANCE:
prouvé il y a quelques années que le nom
latin Armandus , fi on veut le faire venir
de quelque Saint , n'eft autre que
celui de Hartmannus , defiguré par un
Latiniſme venu après coup . ( a ) J'ignorois
alors qu'il y eut en France une Eglife
dediée fous l'invocation de ce Saint.
Mais quoiqu'on affure que le fait foit
réel , cela ne détruit point ma penſée.
J'ai appris que c'eft l'Eglife des Capucins
de Tarafcon en Provence . On y lit ,
à la verité , fur une pierre au dehors
qu'elle eft dediée fub invocatione S. Armandi
; ce fut le Cardinal de Richelieu
qui étant relevé d'une groffe maladie
qu'il avoit euë à Tarafcon , y fit cette
Dédicace. Mais un Curieux qui y paffa
quelques années après , ayant demandé
aux Religieux en quel jour ils faifoient
la Fête de ce Saint , & qui il étoit
ils répondirent qu'ils ne le connoiffoient
pas , qu'ils n'en celébroient aucune Fête,
& qu'ils ne faifoient que celle de la Dédicace
le 3 1.Août. Vous pouvez vous infor
mer fi ce Saint eft plus connu & honoré
en Sorbonne , au Frontifpice de laquelle
fon nom est écrit en gros caracteres ;
J'en doute fort , & je fuis cependant ,
Monfieur , votre & c.
Ce 7. Fevrier 1730:
( a ) Mercure de Fr. Novem. 1795•
à la demande proposée par un Cha
noine de Beauvais fur Saint Oudard.
Lenom ifutle
E nom d'Oudard , Monfieur , fur le
tre qui a été rendue publique dans le fe
cond Volume du Mercure de Decembre
dernier
440 MERCURE DE FRANCE
3
dernier , n'eft point à ce qu'il me parole
une chofe fort difficile à éclaircir . Il
n'eft pas neceffaire d'aller chercher le
fondement où l'origine de ce nom dans
le Pays de Liege , ni dans le Languedoc ,
ce n'eft ni S. Theodart , Evêque de Maftrech
, mort au 7. fiecle , & qui eft nommé
vulgairement S. Dodard , ni le faing
Evêque de Narbonne du même nom ,
mort au 9. qui ont fait naître le nom
fur lequel il paroît qu'on eft en peine.
Ce dernier eft celébre fur tout à Mon
tauban où il déceda. On prononce for
nom en deux fyllabes , & on dit S. Tho
dard , que quelques- uns écrivent mal
Saint Audard. Certe derniere maniere
d'écrire le nom du faint Evêque de Narbonne
, pourroit faire croire que celui
d'Oudard en auroit été formé ; mais
quoiqu'on ait des exemples de noms dont
les peuples ont limé les premieres lettres
& même dans des noms commençans
comme celui de Theodard , je fuis pers
fuadé qu'Oudard ne vient point de Theodard
, inais d'Odon , que c'en eft un derivé
, une espece d'allongement ou d'extenfion
affez femblable à celle des diminutifs
fi ufitez en Italie. La preuve que
je veux en rapporter à la fatisfaction de
M. le Feron , Chanoine de Beauvais ,
fera affez fimple ; je la tire d'un Hiftorien
MARS. 1730 441
rien de Tournay , nommé Heriman , qui
écrivoit au 12. fiecle. Cet Auteur parlant
du celebre Odon , Evêque de Cambray
, mort en l'an 1113. dit que lorfqu'il
étoit encore jeune Profeffeur de Dialectique
dans le Clergé de Tournay , i
compofa quelques Ouvrages , dans lefquels
il ne fe nommoit point Odon ,
quoique ce fut fon veritable nom
mais Odoard ou Odard , fuivant que
tout le monde l'appelloit. Non fe Odonem
, fed ficut tunc ab omnibus vocaba
tur , nominabat Odardum. T. 12. Spicil
p. 361. Ce trait d'Hiftoire nous apprend
qu'il étoit dès-lors de l'ufage vulgaire
de transformer le nom d'Odon , en ce
lui d'Odoard ou Odard . Ce fameux Odon
natif d'Orleans , premierement Profei
feur ou Maître à Toul en Lorraine , &
delà à Tournay , ne dédaigna point de
fe conformer au nom que le peuple lui
avoit donné ; il le conferva fi bien
que Heriman , fon Hiſtorien , l'appelle
prefqu'auffi fouvent Magifter Odardus
que Domnus Odo . Au fond cependant ,
c'étoit un nom qui n'étoit pas rare alors,
& fi cet Ecolâtre de Tournay , depuis
fait Evêque de Cambray , avoit un patron
à honorer dans le nom qu'il por
toit , il pouvoit s'acquitter de ce devoir
envers S. Odon , Abbé de Cluni , mort
plus
442 MERCURE DE FRANCE.
paplus
de cent foixante ans auparavant ,
& qu'on honoroit comme Saint depuis
fort long- tems. C'eft pourquoi , fi M. le
Feron ne juge pas à propos de regarder
le Venerable Odon de Cambray comme
Saint , il peut fe donner la peine de jetter
la vûë fur le jour dont il a datté la
Lettre qu'il vous a écrite ; c'eſt le 18 .
Novembre , propre jour du decès & de
la Fête du grand Saint Odon , Abbé de
Cluny. Voilà , felon moi , fon faint
tron primitif & principal , parceque c'eft
le premier Saint connu du nom d'Odon,
duquel celui d'Odoard n'eft qu'une fimple
modification. C'eft un Saint que tous
ceux qui le mêlent de Plain - chant ou
de Mufique ne devroient pas balancer de
prendre pour leur patron , au lieu d'une
fainte Cecile de quatre jours après , laquelle
ne fut jamais Muficienne , & qui
felon même les Actes qu'on en produit,
avoit une espece d'averfion , ou au moins
une grande indifference pour la Mufique
& les Muficiens , au lieu que S. Odon
étoit veritablement Muficien , grand connoiffeur
en Chant , Infignis Muficus ,
dont on a des Pieces de chant & des Traités
fur le chant. Je n'exclus pas , au refte ,
du Catalogue des Bienheureux l'illuftre
Odon ou Odoard de Cambray , que Molanus
, Docteur de Louvain , a mis dans
lc
·
MARS. 1730 443
le rang des Saints des Pays-Bas ( a ) &
le Pere Mabillon après lui ( b ) difant
qu'on le croit Saint à Cambray ; ce qui
a été fuivi par M. Chaſtelain , Chanoine
de Notre- Dame de Paris qui l'a placé
au 19. Juin dans fon Martyrologe univerfel.
Ceux qui auront la dévotion de
l'invoquer comme Saint , fçauront donc
que fon decès arriva le 19. Juin 113 .
dans l'Abbaye d'Anfchin , proche Douay,
au Diocéſe d'Arras , qu'il y fut inhumé,
& qu'il y repofe encore. Ordinairement
les Chroniques font un peu feches &
arides ; mais celle du Moine Heriman ne
paroît pas avoir ce deffaut . Permettez que
je vous invite à y lire l'Hiftoire de la converfion
de ce celebre perfonnage , Odon , ou
Odoard d'Orleans ; vous y verrez avec
plaifir qu'elle fut operée à l'occafion d'un
Manufcrit des Traités de S. Auguftin
de libero arbitrio , qu'un de fes Ecoliers
avoit apporté en Claffe , qu'il acheta
par pure curiofité , qu'il ouvrit par hazard
au bout d'un certain tems , voulant
faire une explication du quatriéme Livre
de Boece ; qu'en ayant lû deux ou
trois pages , l'éloquence du Saint Docteur
le charma & lui infpira le dégoût
( a ) Natal, Belg
(b ) Annal. Bened. F. S : P• 486,
de
444 MERCURE DE FRANCE.
"
du fiecle, auquel il renonça fi efficacement
qu'il devint le premier Abbé de l'Eglife
de Saint Martin de Tournay dont il avoit
été le reftaurateur. Si Meffieurs Hennequin
viennent de Flandres , ils peuvent
aifément en avoir apporté le nom d'Odoard.
J'ai trouvé le nom d'Odard Hennequin
dans mes collections parmi les
Archidiacres de Puifaye en l'Eglife d'Auxerre.
Jean Baillet , Evêque , decedé en
1513. reçut fon ferment de fidelité ; un
Acte relatif à cette Cerémonie l'appelle
Odardus. Il porte auffi le même nom à
la tête du grand Recueil de Statuts fynodaux
du Diocèle de Troyes qu'il fit
imprimer en 1530. à Troyes , en étant
devenu Evêque après l'avoir été de Senlis.
Et peut être eft- ce par le moyen de
ce perfonnage que le nom d'Oudard a
penetré jufques dans ces pays- ci où quelques
perfonnes le portent encore. ( a )
Ce n'eft pas le feul exemple qu'on a de
noms dont la terminaiſon eft plus ou
moins étendue fuivant la bizarrerie de
l'ufage . On voit à Autun une Eglife ,
& les Reliques d'un faint Evêque de Bâle
& d'Augt , qui eft appellé dans plufieurs
titres Racho , & dans d'autres Rachnasharius
ou Ragnacharius . S. Ouën de
>
( a) à Stignelay bei
Roüen
MARS. 1730. 445
Rouen a été appellé dès fon vivant Dado
& Audoënus . S. Faron de Meaux
Fare & Burgundofaro . Remi d'Auxerre a
été dit tantôt Raimo , & tantôt Remigius.
Ainfi il ne doit pas paroître étonnant
qu'un même perfonnage ait été appellé
par les uns Odo , & par les autres Odoardus.
Peut -être que le Bienheureux Odon
de Cambray étoit de petite ftature ; ce
qui lui auroit fait donner ce nom d'Ou̟-
dard par maniere de diminutif , comme
on dit à Rome S. Carlin , pour fignifier
S. Charles le petit , S. Paulin
pour le petit Saint Paul , S. Antonin
pour le petit S. Antoine , S. Cyprianin ,
pour le petit S. Cyprien , & S. Ambrofin
, pour dire le petit S. Ambroife.
Après tout , quand même ce ne feroit
pas le nom de S. Odon qu'on dut envifager
comme voilé , & caché fous celui
d'Odoard , il n'y auroit pas de difficulté
d'accorder que ceux qui portent
le nom d'Odoard ou bien d'Oudard
n'ont point encore de Saint canonifé pour
patron , & cela ne leur feroit pas fingu
lier. Celui de Ferric que tant d'hommes
illuftres portoient il y a deux & trois
cens ans , fur quel Saint étoit - il fondé
J'en dis de même de ceux de Triftan ,
d'Almaric , Petrarque , Palamedes , Hector
, & même de celui d'Armand . J'ai
?
prouvé
446 MERCURE DE FRANCE:
prouvé il y a quelques années que le nom
latin Armandus , fi on veut le faire venir
de quelque Saint , n'eft autre que
celui de Hartmannus , defiguré par un
Latiniſme venu après coup . ( a ) J'ignorois
alors qu'il y eut en France une Eglife
dediée fous l'invocation de ce Saint.
Mais quoiqu'on affure que le fait foit
réel , cela ne détruit point ma penſée.
J'ai appris que c'eft l'Eglife des Capucins
de Tarafcon en Provence . On y lit ,
à la verité , fur une pierre au dehors
qu'elle eft dediée fub invocatione S. Armandi
; ce fut le Cardinal de Richelieu
qui étant relevé d'une groffe maladie
qu'il avoit euë à Tarafcon , y fit cette
Dédicace. Mais un Curieux qui y paffa
quelques années après , ayant demandé
aux Religieux en quel jour ils faifoient
la Fête de ce Saint , & qui il étoit
ils répondirent qu'ils ne le connoiffoient
pas , qu'ils n'en celébroient aucune Fête,
& qu'ils ne faifoient que celle de la Dédicace
le 3 1.Août. Vous pouvez vous infor
mer fi ce Saint eft plus connu & honoré
en Sorbonne , au Frontifpice de laquelle
fon nom est écrit en gros caracteres ;
J'en doute fort , & je fuis cependant ,
Monfieur , votre & c.
Ce 7. Fevrier 1730:
( a ) Mercure de Fr. Novem. 1795•
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Résumé : REPONSE d'un Chanoine d' A*** à la demande proposée par un Chanoine de Beauvais sur Saint Oudard.
Le texte est une réponse d'un chanoine d'A*** à une demande d'un chanoine de Beauvais concernant l'origine du nom 'Oudard'. L'auteur affirme que ce nom n'est pas difficile à éclaircir et ne provient ni du Pays de Liège ni du Languedoc. Il n'est pas non plus lié à Saint Theodart, évêque de Maestricht, ni à l'évêque de Narbonne du même nom. Selon l'auteur, le nom 'Oudard' dérive plutôt d'Odon, un dérivé ou une extension similaire aux diminutifs italiens. Cette conclusion est appuyée par un historien de Tournay, Heriman, qui écrivait au XIIe siècle. Heriman mentionne qu'Odon, évêque de Cambray, était souvent appelé Odoard ou Odard par le peuple. Odon, natif d'Orléans, utilisait ce nom sans le rejeter, et son historien le nommait fréquemment 'Magister Odardus'. Le texte souligne également que le nom 'Oudard' pourrait avoir été introduit en France par des personnes venues de Flandres, comme les Hennequin. L'auteur cite plusieurs exemples de noms dont la terminaison varie selon l'usage, comme Saint Racho ou Saint Ouën. Il conclut en affirmant que les personnes portant le nom 'Oudard' n'ont pas de saint canonisé comme patron, et que cela n'est pas exceptionnel, citant d'autres noms similaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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836
p. 450-460
IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
Début :
MONSIEUR, Quoique l'objection que vos amis vous ont faite au sujet de mes dernieres Lettres [...]
Mots clefs :
Sels, Ville d'Eu, Santé, Maladies, Sang
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texteReconnaissance textuelle : IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
IV LETTRE de M. Capperon ,
ancien Doyen de S. Maxent , écrite de
la Ville d'Eu , le 25. Janvier 1730,
à M. Adam , M. fur les Sels contenus
dans l'Air, & fur la nouvelle Methode
pour
voir les mêmes Sels & pour juger
de leurs effets par rapport à la ſanté.
MONSI ONSIEUR ,
Quoique l'objection que vos amis yous
ont faite au fujet de mes dernieres Lettres
fur les Sels de l'Air , ne foit pas d'une
grande importance , je ne laifferai pas de
vous expofer une partie des Réponfes
qu'on peut y faire ; car il eft à propos
qu'une
MARS. 1730. 451
qu'une perfonne qui écrit fur quelque
matiere que ce foit , fe rende intelligible
à tout le monde ; d'ailleurs la matiere que
j'ai entrepris de traiter paroît affez intereffante
pour qu'on l'étudie foigneuſement
, & qu'on s'attache à en développer
toutes les confequences , principalement
en ce qui peut avoir quelque rapport
la fanté.
à
C'eſt donc dans cette vûë , Monfieur
que je vais m'expliquer fur la penfée que
quelques perfonnes ont eue en lifant ma
feconde Lettre , où je rapporte quelles
maladies certains Sels doivent naturellement
caufer, lorfqu'il s'en rencontre dans
PAir une trop grande quantité ; fçavoir ,
que tous ceux qui refpirent le même air devroient
generalement être attaquez des mê
mes maladies.
Il est vrai , comme je vous l'ai marqué,
que toutes les fois que l'Air fe trouve
chargé de certains Sels , plus que de coû
tume & que cela dure pendant quelque
elpace de temps , il y a plus de perfonnes
qui devroient être attaquées des maladies
que ces Sels peuvent caufer ; mais il ne
s'enfuit pas pour cela que generalement
tous ceux qui fe trouvent environnez de
cet air & qui le refpirent , doivent néceffairement
en reffentir les mauvais cffers.
Non , Monfieur , plufieurs perfonnes
Bij peuvent
452 MERCURE DE FRANCE .
peuvent bien n'être pas fufceptibles de
ces tâcheufes impreffions , & cela pour
differentes raifons que je vais vous expofer.
La premiere confifte en ce que quetques-
uns d'entre ceux qui fe trouvent environnez
de ce mauvais air , ont les fibres
de la peau , des chairs , des vaiſſeaux , des
vifceres , en un mot , de tout le corps , plus
fermes & plus ferrées ; ce qui rendant
leurs pores plus étroits , & les Sels de l'Air
trouvant par ce moyen les paffages moins
libres , ils ne peuvent pas penetrer fi
promptement ni fi abondamment dans la
maffe de leur fang , pour pouvoir y caufer
un dérangement confiderable .
>
D'ailleurs comme dans les perfonnes
de cette conftitution les efprits font ordinairement
moins fubtils & plus groffiers
, ils en ont moins de facilité à être
dérangez dans leur mouvement par des
parties hétherogenes , tels que font les
Sels de l'Air lorfqu'ils viennent à fe mê
ler avec eux. C'est delà que les perfonnes
fortes & vigoureufes , foit qu'elles foient
nées telles , ou qu'elles ayent contracté
cette fermeté par de fréquens exercices
ou par des travaux long - temps continuez ,
qui leur ont refferré les fibres , comme
un Chapeau eft plus refferré & plus ferme
pour avoir été long - temps foulé , c'ekt
deMARS.
17301 453
delà , dis - je , que ces perfonnes font beau
coup moins fufceptibles de ces fortes d'im
preffions de l'Air , fur tout lorfqu'avec
cela elles n'ufent que de nourritures grof
fieres , parce que les Particules les plus
déliées de leur fang & leurs efprits pàrticipent
à cette groffereté.
Tout le contraire arrive aux perfonnes
naturellement délicates , & qui par fur
croît , ont fouvent encore été élevées délicatement
; car ordinairement ces perfonnes
ayant la peau plus fine , moins épaiffe ,
les chairs plus molaffes , les tuniques des
vaiffeaux plus lâches , la fubftance des Vil
ceres plus tendre , tous les pores plus ouverts
& les efprits plus fubtils & plus délicats
, il s'enfuit que les Sels de l'Air
doivent les pénetrer plus aifément , s'ins
troduire plus abondamminent dans la maffe
de leur fang , troubler plus violemment le
mouvement naturel de leurs efprits , &
caufer un plus grand defordre dans la jufte
oeconomie de leurs corps .
C'est à caufe de ce peu de fermeté des
fibres , & de ce qu'elles font peu ferrées
dans les enfans , qu'on les voit quelquefois
prefque sous attaquez d'une toux très
violente , pendant que les perfonnes âgées
en font exemptes . C'est encore parce que
ces fibres font trop lâches & les efprits
fubtils & délicats , que quelques perfon-
Biiij
nes
454 MERCURE DE FRANCE.
nes fe trouvent incommodées du ferain
& fe fentent differemment affectées , felon
les diverfes conftitutions de l'Air &
les changemens de temps , à quoi d'autres
ne font point expofées . Enfin c'eft ce qui
fait que quand il regne des maladies caufées
par l'abondance des Sels mêlez avec
les Souffres , plufieurs en font attaquez
plutôt que d'autres.
Cette difference , Monfieur , qu'on ob
ferve tous les jours à l'égard de ceux qui
vivent dans le même air , chargé des mêmes
Sels , où les uns s'en trouvent mal
pendant que les autres n'en reffentent aucun
mauvais effet , vient encore d'une autre
caufe fçavoir , de ce que fe rencontrant
dans le fang , dans les humeurs ,
dans les chairs , même dans les viſceres
des uns , une affez grande quantité de certains
Sels femblables à ceux qui dominent
dans l'Air , la même chofe ne fe renconrant
pas dans les autres , c'en eft affez
pour que ceux qui font ainſi diſpoſez ſe
trouvent très-mal de l'Air chargé de ces
Sels , & que les autres n'en reffentent aucune
incommodité , parce qu'il eſt évident
que ces Sels de l'Air le joignant à
ceux qui font déja dans leurs corps , faf
fent plus puiffamment reffentir leurs mauvais
effets ; comme lorfqu'il y a déja dans
quelques mets du Sel & des Epiceries , il
MARS. 1730. 455
yen faut beancoup moins jetter pour en
rendre le gout plus acre & plus piquant.
Voilà donc pourquoi , Monfieur , il arrive
encore que les Sels de l'Air font des
impreffions fur les uns , qu'ils ne font pas
fur les autres ; fçavoir , parce qu'ils trouvent
fouvent dans les uns une ébauche
fort avancée des mauvais effets qu'ils peuvent
produire , qu'ils ne rencontrent pas
dans les autres . C'eſt ainfi , comme vous
fçavez , que les corps de certains Enfans
étant remplis de Sels acres dès leur conception
, lefquels leur ont été tranſmis
les parens dont ils font nez , fetrouvent parlà
plus difpofez que d'autres à reffentir les
mouvais effets d'un Air qui contiendra
de ces mêmes Sels , & qui caufera en eux
des Coliques , des Convulfions , des Gales
, des Rougeoles , des petites Veroles ,
la Goute même dans un âge plus avancé.
par
C'est par le même principe que ceuxqui
prennent des alimens dans lefquels il
y a trop d'Acide , font plutôt attaquez de
Fievres intermittentes , de Flux , de Diffenteries
, & c. dans les temps & les faifons
où les Sels nitreux - acides , les Sels:
dominent le plus dans l'Air . C'eft
delà que les jeunes gens dont le fang eft:
plus bouillant & plus rempli de Sonfres
font plutôt attaquez deFievres peftilentiel .
les & contagieufes que les Vieillards , dans :
B.v le
456 MERCURE DE FRANCE .
·
le fang defquels l'Acide domine ; ce qui
fait qu'à leur égard l'Air nitreux de l'Automne
les fait tomber aifément dans des
Létargies , dans des Apoplexies & dans
d'autres maux provenant des mêmes Sels ,
qui les emportent fouvent . C'eſt delà
encore que ceux en qui les Sels ont cauſé
des maladies dont le fang & les chairs reftent
impreignées , retombent ailément
pour s'être expofez mal à propos à certain
Air rempli des mêmes Sels . C'eſt delà
que ceux qui font attaquez de Rhumatifmes
, caulez par une Lymphe remplie
de Sels acres , fentent augmenter leurs
douleurs, lorfque l'Air , contenant de femblables
Sels , vient à fe répandre dans les
lieux de leur demeure ; c'eft delà que les
Malades fe trouvent ordinairement plusmal
la nuit que le jour , parce que l'Air ſe
refferrant alors par le froid , les Sels nuifibles
qu'il contient & qui font fouvent
femblables à ceux qui ont caufé la maladie,
fe trouvant plus raffembléz autour du
malade , le pénetre en plus grande quantité
, pour le joindre à ceux qui font la
premiere caufe de fon mal . Enfin c'eſt ce
que dans les perfonnes d'une même famille
, certain Sel particulier dominant
dans leur fang , foit par la conftitution
des parens dont ils font nez , foit par des
alimens particuliers dont ils ont ufé plutor
MARS . 1730. 457
tôt que d'autres , s'il arrive qu'un Sel
Analogue à celui - là , vienne à dominer
dans l'Air en trop grande quantité , il eft
fur , dis- je , que ceux de cette famille en
reffentiront les mauvais effets plutôt que
d'autres ,comme on l'obferve tous les jours.
On ne doit pas être furpris , Monfieur,
que dans le même temps & dans le même
lieu les Sels de l'Air caufent quelquefois
des maladies forr differentes ; parce
que fouvent dans un même temps & dans
des lieux peu éloignez les uns des autres
certain Air peut s'y répandre chargé abondamment
de certains Sels nuifibles , pendant
qu'un autre Air , rempli d'autres Sels,
fera porté peu à peu dans le même lieu ou
dans un endroit qui en fera peu éloigné.
>
。
J'ai moi- même obfervé qu'à differens
temps d'un même jour l'Air fe trouvoit
quelquefois chargé de Sels fort differ.ents .
Il arrive affez fouvent qu'un broü llard
qui s'élevera à certaine heure dujour remplira
tout l'air d'un coup de certains Sels
nuifibles qui ne s'y trouvoient pas un moment
auparavant ; c'eft delà qu'on voit
tous les jours dans un Jardin Fruitier
des rangées d'Arbres , dont les feuilles ont
été tout à coup deffechées par un vent qui
a fouflé , rempli de Sels très - nuifibles ,
pendant qu'il n'a pas touché aux autres
Arbres du même Verger ; vous conjectu
Bvi Lez
•
458 MERCURE DE FRANCE :
rez bien que fi des perfonnes s'étoient
également trouvées enveloppées de ce
mauvais air , elles n'en auroient pas ref-.
fenti de trop bons effets . C'eſt par la mê ←
ane Lafon qu'on voit tous les jours des
Paroiffes , des Villages , des Villes & même
des Provinces , actaquées de certaines ma--
ladies dont les Lieux & les Pays voisins.
font exempts
.
La chaleur cauſe encore une diverfité
confiderable dans les mauvais effets des:
Sels de l'Air , c'est même ce qui en facilite
fouvent l'execution , parce que les
Pores du corps fe dilatant extrémement
par la chaleur , rien ne facilite mieux l'en--
trée de ces Sels dans la maffe du fang..
C'eft ce qui fait que les lieux expofez au
vent da Midi , font fouvent les plus mal
fains que dans les mois de l'année où le
Nitre et ordinairement plus abondant
Gant l'Air , on a obfervé qu'il eft dange :
reux de s'expofer à la chaleur du Soleil .
C'est par la même raifon que fi après s'être
échauffé , on vient à recevoir l'impreffion
d'un Air froid rempli de . Nitre , on
eft facilement attaqué où de Rhume , ou
de Pleurefie , ou de Fluxion de poitrine ;
ce Sel Nitreux , qui eſt entré abondamment
dans les Poulinons & la Poitrine par
la refpiration , y peut plus promptement
coaguler le fang & former une inflamma ,
tiona. Les
MARS. 1730 459
Les chofes ne font pas moins fàcheufes
files Pores fe trouvant trop ouverts par
la chaleur , les Soufres viennent particulierement
à s'introduire trop abondamment
dans le fang , conjointement avec
d'autres Sels : car c'eft justement d'où procedent
ce qu'on appelle Goups de Soleil ,
c'est ce qui rend les Fievres Peftilentielles
fi fréquentes dans les Pays chauds , &
qu'elles ne paroiffent ordinairement que
durant les chaleurs de l'Eté dans les Pays
temperez ; qu'elles ceffent ordinairement
lorfque le froid de l'Hyver approche ;
non pas entièrement , comme on fe l'imagine
quelquefois, dans la penſéé qu'on
a que le froid purifie l'Air ; car quoiqu'il
foit vrai que lorfque l'Air eft plus froid
il s'exhale moins de Soufres de la Terre ,,
neanmoins la principale caule de l'éloi
gnement des maladies vient de ce que les
Pores des corps fe refferrent pendant lè
froid , les Soufres & les Sels répandus ;
dans l'Air , n'ont plus la même facilité de:
s'introduire dans la maſſe du fång : D'ailleurs
les Soufres qui fortent dés Malades,.
rencontrant le froid de l'Air , perdent la
plus confiderable partie de leur tourbil
lonnement , ce qui leur ôte la facilité d'en
allumer d'autres & fait ceffer la Conta →
gion. Enfin on peut voir par là qu'on peut
plus ailément gagner une maladie conta
gicula
460 MERCURE DE FRANCE .
1
gieufe lorfqu'on s'approche des Malades
qui ont les Pores bien ouverts par la cha
leur , que lorfqu'ils font refferrez , par
froid.
le
Vous voyez , Monfieur , comment par
le moyen de mon Syfteme des Sels de
l'Air , fondé fur d'exactes Obſervations
on peut aller loin dans la connoiffance
des maladies. J'efpere qu'en fuivant la
foute que j'ai tracée , on pourra pour l'u
tilité publique , perfectionner ce que je
n'ai fait , pour ainfi dire , qu'ébaucher .
Je fuis , Monfieur , &c.
Cette derniere Lettre & celles qui ont
precedé, nous ont paru mériter l'attention
des Curieux , fur quoi nous ne fçaurions
trop marquer de gré aux deux Sçavans qui
nous les ont procurées. Nous ne pouvions,
au refte, les publier dans des circonftances
plus propres à bien faire connoître leur
mérite que le temps prefent , où les Rhumes
mortels & les Fluxions de poitrine ont
regné durant cet Hyver , ce qui juftifie
les Obfervations de l'Auteur fur l'Air
chargé de Nitre & d'autres Sels contagieux
, qui ont penetré d'autant plus facilement
les corps que les Pores étoient
moins refferrez lorſque le froid n'étoir
pas extreme.
ancien Doyen de S. Maxent , écrite de
la Ville d'Eu , le 25. Janvier 1730,
à M. Adam , M. fur les Sels contenus
dans l'Air, & fur la nouvelle Methode
pour
voir les mêmes Sels & pour juger
de leurs effets par rapport à la ſanté.
MONSI ONSIEUR ,
Quoique l'objection que vos amis yous
ont faite au fujet de mes dernieres Lettres
fur les Sels de l'Air , ne foit pas d'une
grande importance , je ne laifferai pas de
vous expofer une partie des Réponfes
qu'on peut y faire ; car il eft à propos
qu'une
MARS. 1730. 451
qu'une perfonne qui écrit fur quelque
matiere que ce foit , fe rende intelligible
à tout le monde ; d'ailleurs la matiere que
j'ai entrepris de traiter paroît affez intereffante
pour qu'on l'étudie foigneuſement
, & qu'on s'attache à en développer
toutes les confequences , principalement
en ce qui peut avoir quelque rapport
la fanté.
à
C'eſt donc dans cette vûë , Monfieur
que je vais m'expliquer fur la penfée que
quelques perfonnes ont eue en lifant ma
feconde Lettre , où je rapporte quelles
maladies certains Sels doivent naturellement
caufer, lorfqu'il s'en rencontre dans
PAir une trop grande quantité ; fçavoir ,
que tous ceux qui refpirent le même air devroient
generalement être attaquez des mê
mes maladies.
Il est vrai , comme je vous l'ai marqué,
que toutes les fois que l'Air fe trouve
chargé de certains Sels , plus que de coû
tume & que cela dure pendant quelque
elpace de temps , il y a plus de perfonnes
qui devroient être attaquées des maladies
que ces Sels peuvent caufer ; mais il ne
s'enfuit pas pour cela que generalement
tous ceux qui fe trouvent environnez de
cet air & qui le refpirent , doivent néceffairement
en reffentir les mauvais cffers.
Non , Monfieur , plufieurs perfonnes
Bij peuvent
452 MERCURE DE FRANCE .
peuvent bien n'être pas fufceptibles de
ces tâcheufes impreffions , & cela pour
differentes raifons que je vais vous expofer.
La premiere confifte en ce que quetques-
uns d'entre ceux qui fe trouvent environnez
de ce mauvais air , ont les fibres
de la peau , des chairs , des vaiſſeaux , des
vifceres , en un mot , de tout le corps , plus
fermes & plus ferrées ; ce qui rendant
leurs pores plus étroits , & les Sels de l'Air
trouvant par ce moyen les paffages moins
libres , ils ne peuvent pas penetrer fi
promptement ni fi abondamment dans la
maffe de leur fang , pour pouvoir y caufer
un dérangement confiderable .
>
D'ailleurs comme dans les perfonnes
de cette conftitution les efprits font ordinairement
moins fubtils & plus groffiers
, ils en ont moins de facilité à être
dérangez dans leur mouvement par des
parties hétherogenes , tels que font les
Sels de l'Air lorfqu'ils viennent à fe mê
ler avec eux. C'est delà que les perfonnes
fortes & vigoureufes , foit qu'elles foient
nées telles , ou qu'elles ayent contracté
cette fermeté par de fréquens exercices
ou par des travaux long - temps continuez ,
qui leur ont refferré les fibres , comme
un Chapeau eft plus refferré & plus ferme
pour avoir été long - temps foulé , c'ekt
deMARS.
17301 453
delà , dis - je , que ces perfonnes font beau
coup moins fufceptibles de ces fortes d'im
preffions de l'Air , fur tout lorfqu'avec
cela elles n'ufent que de nourritures grof
fieres , parce que les Particules les plus
déliées de leur fang & leurs efprits pàrticipent
à cette groffereté.
Tout le contraire arrive aux perfonnes
naturellement délicates , & qui par fur
croît , ont fouvent encore été élevées délicatement
; car ordinairement ces perfonnes
ayant la peau plus fine , moins épaiffe ,
les chairs plus molaffes , les tuniques des
vaiffeaux plus lâches , la fubftance des Vil
ceres plus tendre , tous les pores plus ouverts
& les efprits plus fubtils & plus délicats
, il s'enfuit que les Sels de l'Air
doivent les pénetrer plus aifément , s'ins
troduire plus abondamminent dans la maffe
de leur fang , troubler plus violemment le
mouvement naturel de leurs efprits , &
caufer un plus grand defordre dans la jufte
oeconomie de leurs corps .
C'est à caufe de ce peu de fermeté des
fibres , & de ce qu'elles font peu ferrées
dans les enfans , qu'on les voit quelquefois
prefque sous attaquez d'une toux très
violente , pendant que les perfonnes âgées
en font exemptes . C'est encore parce que
ces fibres font trop lâches & les efprits
fubtils & délicats , que quelques perfon-
Biiij
nes
454 MERCURE DE FRANCE.
nes fe trouvent incommodées du ferain
& fe fentent differemment affectées , felon
les diverfes conftitutions de l'Air &
les changemens de temps , à quoi d'autres
ne font point expofées . Enfin c'eft ce qui
fait que quand il regne des maladies caufées
par l'abondance des Sels mêlez avec
les Souffres , plufieurs en font attaquez
plutôt que d'autres.
Cette difference , Monfieur , qu'on ob
ferve tous les jours à l'égard de ceux qui
vivent dans le même air , chargé des mêmes
Sels , où les uns s'en trouvent mal
pendant que les autres n'en reffentent aucun
mauvais effet , vient encore d'une autre
caufe fçavoir , de ce que fe rencontrant
dans le fang , dans les humeurs ,
dans les chairs , même dans les viſceres
des uns , une affez grande quantité de certains
Sels femblables à ceux qui dominent
dans l'Air , la même chofe ne fe renconrant
pas dans les autres , c'en eft affez
pour que ceux qui font ainſi diſpoſez ſe
trouvent très-mal de l'Air chargé de ces
Sels , & que les autres n'en reffentent aucune
incommodité , parce qu'il eſt évident
que ces Sels de l'Air le joignant à
ceux qui font déja dans leurs corps , faf
fent plus puiffamment reffentir leurs mauvais
effets ; comme lorfqu'il y a déja dans
quelques mets du Sel & des Epiceries , il
MARS. 1730. 455
yen faut beancoup moins jetter pour en
rendre le gout plus acre & plus piquant.
Voilà donc pourquoi , Monfieur , il arrive
encore que les Sels de l'Air font des
impreffions fur les uns , qu'ils ne font pas
fur les autres ; fçavoir , parce qu'ils trouvent
fouvent dans les uns une ébauche
fort avancée des mauvais effets qu'ils peuvent
produire , qu'ils ne rencontrent pas
dans les autres . C'eſt ainfi , comme vous
fçavez , que les corps de certains Enfans
étant remplis de Sels acres dès leur conception
, lefquels leur ont été tranſmis
les parens dont ils font nez , fetrouvent parlà
plus difpofez que d'autres à reffentir les
mouvais effets d'un Air qui contiendra
de ces mêmes Sels , & qui caufera en eux
des Coliques , des Convulfions , des Gales
, des Rougeoles , des petites Veroles ,
la Goute même dans un âge plus avancé.
par
C'est par le même principe que ceuxqui
prennent des alimens dans lefquels il
y a trop d'Acide , font plutôt attaquez de
Fievres intermittentes , de Flux , de Diffenteries
, & c. dans les temps & les faifons
où les Sels nitreux - acides , les Sels:
dominent le plus dans l'Air . C'eft
delà que les jeunes gens dont le fang eft:
plus bouillant & plus rempli de Sonfres
font plutôt attaquez deFievres peftilentiel .
les & contagieufes que les Vieillards , dans :
B.v le
456 MERCURE DE FRANCE .
·
le fang defquels l'Acide domine ; ce qui
fait qu'à leur égard l'Air nitreux de l'Automne
les fait tomber aifément dans des
Létargies , dans des Apoplexies & dans
d'autres maux provenant des mêmes Sels ,
qui les emportent fouvent . C'eſt delà
encore que ceux en qui les Sels ont cauſé
des maladies dont le fang & les chairs reftent
impreignées , retombent ailément
pour s'être expofez mal à propos à certain
Air rempli des mêmes Sels . C'eſt delà
que ceux qui font attaquez de Rhumatifmes
, caulez par une Lymphe remplie
de Sels acres , fentent augmenter leurs
douleurs, lorfque l'Air , contenant de femblables
Sels , vient à fe répandre dans les
lieux de leur demeure ; c'eft delà que les
Malades fe trouvent ordinairement plusmal
la nuit que le jour , parce que l'Air ſe
refferrant alors par le froid , les Sels nuifibles
qu'il contient & qui font fouvent
femblables à ceux qui ont caufé la maladie,
fe trouvant plus raffembléz autour du
malade , le pénetre en plus grande quantité
, pour le joindre à ceux qui font la
premiere caufe de fon mal . Enfin c'eſt ce
que dans les perfonnes d'une même famille
, certain Sel particulier dominant
dans leur fang , foit par la conftitution
des parens dont ils font nez , foit par des
alimens particuliers dont ils ont ufé plutor
MARS . 1730. 457
tôt que d'autres , s'il arrive qu'un Sel
Analogue à celui - là , vienne à dominer
dans l'Air en trop grande quantité , il eft
fur , dis- je , que ceux de cette famille en
reffentiront les mauvais effets plutôt que
d'autres ,comme on l'obferve tous les jours.
On ne doit pas être furpris , Monfieur,
que dans le même temps & dans le même
lieu les Sels de l'Air caufent quelquefois
des maladies forr differentes ; parce
que fouvent dans un même temps & dans
des lieux peu éloignez les uns des autres
certain Air peut s'y répandre chargé abondamment
de certains Sels nuifibles , pendant
qu'un autre Air , rempli d'autres Sels,
fera porté peu à peu dans le même lieu ou
dans un endroit qui en fera peu éloigné.
>
。
J'ai moi- même obfervé qu'à differens
temps d'un même jour l'Air fe trouvoit
quelquefois chargé de Sels fort differ.ents .
Il arrive affez fouvent qu'un broü llard
qui s'élevera à certaine heure dujour remplira
tout l'air d'un coup de certains Sels
nuifibles qui ne s'y trouvoient pas un moment
auparavant ; c'eft delà qu'on voit
tous les jours dans un Jardin Fruitier
des rangées d'Arbres , dont les feuilles ont
été tout à coup deffechées par un vent qui
a fouflé , rempli de Sels très - nuifibles ,
pendant qu'il n'a pas touché aux autres
Arbres du même Verger ; vous conjectu
Bvi Lez
•
458 MERCURE DE FRANCE :
rez bien que fi des perfonnes s'étoient
également trouvées enveloppées de ce
mauvais air , elles n'en auroient pas ref-.
fenti de trop bons effets . C'eſt par la mê ←
ane Lafon qu'on voit tous les jours des
Paroiffes , des Villages , des Villes & même
des Provinces , actaquées de certaines ma--
ladies dont les Lieux & les Pays voisins.
font exempts
.
La chaleur cauſe encore une diverfité
confiderable dans les mauvais effets des:
Sels de l'Air , c'est même ce qui en facilite
fouvent l'execution , parce que les
Pores du corps fe dilatant extrémement
par la chaleur , rien ne facilite mieux l'en--
trée de ces Sels dans la maffe du fang..
C'eft ce qui fait que les lieux expofez au
vent da Midi , font fouvent les plus mal
fains que dans les mois de l'année où le
Nitre et ordinairement plus abondant
Gant l'Air , on a obfervé qu'il eft dange :
reux de s'expofer à la chaleur du Soleil .
C'est par la même raifon que fi après s'être
échauffé , on vient à recevoir l'impreffion
d'un Air froid rempli de . Nitre , on
eft facilement attaqué où de Rhume , ou
de Pleurefie , ou de Fluxion de poitrine ;
ce Sel Nitreux , qui eſt entré abondamment
dans les Poulinons & la Poitrine par
la refpiration , y peut plus promptement
coaguler le fang & former une inflamma ,
tiona. Les
MARS. 1730 459
Les chofes ne font pas moins fàcheufes
files Pores fe trouvant trop ouverts par
la chaleur , les Soufres viennent particulierement
à s'introduire trop abondamment
dans le fang , conjointement avec
d'autres Sels : car c'eft justement d'où procedent
ce qu'on appelle Goups de Soleil ,
c'est ce qui rend les Fievres Peftilentielles
fi fréquentes dans les Pays chauds , &
qu'elles ne paroiffent ordinairement que
durant les chaleurs de l'Eté dans les Pays
temperez ; qu'elles ceffent ordinairement
lorfque le froid de l'Hyver approche ;
non pas entièrement , comme on fe l'imagine
quelquefois, dans la penſéé qu'on
a que le froid purifie l'Air ; car quoiqu'il
foit vrai que lorfque l'Air eft plus froid
il s'exhale moins de Soufres de la Terre ,,
neanmoins la principale caule de l'éloi
gnement des maladies vient de ce que les
Pores des corps fe refferrent pendant lè
froid , les Soufres & les Sels répandus ;
dans l'Air , n'ont plus la même facilité de:
s'introduire dans la maſſe du fång : D'ailleurs
les Soufres qui fortent dés Malades,.
rencontrant le froid de l'Air , perdent la
plus confiderable partie de leur tourbil
lonnement , ce qui leur ôte la facilité d'en
allumer d'autres & fait ceffer la Conta →
gion. Enfin on peut voir par là qu'on peut
plus ailément gagner une maladie conta
gicula
460 MERCURE DE FRANCE .
1
gieufe lorfqu'on s'approche des Malades
qui ont les Pores bien ouverts par la cha
leur , que lorfqu'ils font refferrez , par
froid.
le
Vous voyez , Monfieur , comment par
le moyen de mon Syfteme des Sels de
l'Air , fondé fur d'exactes Obſervations
on peut aller loin dans la connoiffance
des maladies. J'efpere qu'en fuivant la
foute que j'ai tracée , on pourra pour l'u
tilité publique , perfectionner ce que je
n'ai fait , pour ainfi dire , qu'ébaucher .
Je fuis , Monfieur , &c.
Cette derniere Lettre & celles qui ont
precedé, nous ont paru mériter l'attention
des Curieux , fur quoi nous ne fçaurions
trop marquer de gré aux deux Sçavans qui
nous les ont procurées. Nous ne pouvions,
au refte, les publier dans des circonftances
plus propres à bien faire connoître leur
mérite que le temps prefent , où les Rhumes
mortels & les Fluxions de poitrine ont
regné durant cet Hyver , ce qui juftifie
les Obfervations de l'Auteur fur l'Air
chargé de Nitre & d'autres Sels contagieux
, qui ont penetré d'autant plus facilement
les corps que les Pores étoient
moins refferrez lorſque le froid n'étoir
pas extreme.
Fermer
Résumé : IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
Dans une lettre datée du 25 janvier 1730, M. Capperon, ancien doyen de Saint-Maxent, répond à des objections concernant ses lettres précédentes sur les sels contenus dans l'air et leurs effets sur la santé. Il explique que l'air chargé de certains sels peut causer des maladies, mais que toutes les personnes exposées ne sont pas affectées de la même manière. Capperon distingue deux types de constitutions : les personnes fortes et vigoureuses, dont les fibres corporelles sont fermes et les pores étroits, sont moins susceptibles aux effets des sels de l'air. En revanche, les personnes délicates, avec des fibres lâches et des pores ouverts, sont plus vulnérables. Il cite des exemples comme les enfants, plus sujets aux maladies respiratoires, et les personnes âgées, plus exposées aux effets du froid. Capperon souligne également que la présence de sels similaires dans le corps peut amplifier les effets néfastes des sels de l'air. Par exemple, les personnes ayant déjà des sels acides dans leur sang sont plus susceptibles de contracter des fièvres ou des flux lors de l'exposition à des sels nitreux-acides dans l'air. Il observe que les variations de température et les conditions météorologiques influencent la pénétration des sels dans le corps. La chaleur dilate les pores, facilitant l'entrée des sels, tandis que le froid les referme, réduisant ainsi les effets des sels de l'air. Le texte discute également des conditions météorologiques et de leur impact sur la santé durant un hiver particulier. Il souligne que les rhumes et les fluxions de poitrine ont été prévalents, justifiant ainsi les observations de l'auteur sur la qualité de l'air. L'air était chargé de nitre et d'autres sels contagieux, ce qui a facilité leur pénétration dans les corps humains. Cette pénétration était plus aisée car les pores de la peau étaient moins refermés lorsque le froid n'était pas extrême. Capperon conclut en espérant que ses observations contribueront à une meilleure compréhension des maladies et à l'amélioration des méthodes de prévention et de traitement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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837
p. 463-471
REMARQUES sur l'Arc de Triomphe d'Orange.
Début :
L'Arc de Triomphe de la Ville d'Orange a merité de tout temps l'attention [...]
Mots clefs :
Arc de triomphe, Ville d'Orange, Auguste, Monument, Général, Romains, Marius, Domitien
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur l'Arc de Triomphe d'Orange.
REMARQUES fur l'Arc de Triomphe
d'Orange.
L'A
'Arc de Triomphe de la Ville d'O
range a merité de tout temps l'atten
tion des Curieux ; la beauté de ce Monu
ment les a engagez fur tout à rechercher
à quelle occafion il a été érigé ; les uns
Pont attribué à Domitius Enobarbus , ou
à Fabius Maximus , & les autres à Caïns
Marius ; ces derniers font prefentement
Les plus fuivis , mais , fi j'ofe le dire , ces
deux opinions font infoutenables , & pour
peu qu'on veuille examiner fur quoi elles
font fondées, on en fera bien- tôt perfuadé.
Florus , dans fon Abregé de l'Hiftoire
Romaine , a donné naiffance à l'un & àl'autre
de ces fentimens ; il dit que Domitius
Enobarbus & Fabius Maximus , après
avoir vaincu les Allorbroges , firent élever
fur le Champ de bataille des Tours de
pierre , & au- deffus y firent dreffer des
Trophées , parés des Armes des Ennemis :
voici les paroles : Domitius Enobarbus &
Fabius Maximus , ipfis quibus dimicaverant
Locis faxeas erexere turres & defuper
exornata armis hoftilibus Trophea
fixere.
Ceux qui font pour la premiere opinion
difens
464 MERCURE DE FRANCE.
difent que le Monument d'Orange eft le
même que celui que Florus nous décrit ,
qu'il n'eſt éloigné que de quelques lieuës
de l'endroit où les Allobroges furent défaits
, qu'il eft certain que c'eft un Ouvrage
des Romains , & qu'il eft très ancien
, ainfi il n'y a pas lieu de douter , difent
ils , que Domitius Enob. ou Fab.
Max . ne l'ayent fait élever .
Pour répondre à cela , il n'y a qu'à faire
attention que le Monument d'Orange eft
un Arc de Triomphe qu'on admire encore
aujourd'hui par fon Architecture & par
la beauté de les bas - reliefs , & que Florus
ne nous parle que de Tours informes &
groffieres , faxeas erexere turres. Cela eft
6 vrai que Coëffeteau , Evêque de Marſeil
le , l'un des plus fçavans hommes du fieele
paffé , en traduifant ce Paffage , dit
que Domit . Enobarbus & Fab. Maximus
ne firent élever que des monceaux de
pierre ; ainfi fans qu'il foit befoin d'avoir
recours à d'autres preuves , cette opinion
tombe d'elle - même .
Venons prefentement à celle qui veut
que l'Arc de Triomphe d'Orange doit
Etre attribué à Marius ; ils établiffent d'abord
que les Romains depuis Domitius
Enobarbus & Fabius Maximus , étoient
dans la coûtume d'élever des Monumens de
Triomphe après avoir remporté quelque
victoire
MAR S. 1730. 465
victoire ; ils difent enfuite que Caius Ma
rius , après avoir défait les Ambrons &
les Teutons , n'aura pas manqué d'en faire
aufli conftruire un , mais comme ce General
Romain furpaffoit fes Predeceffeurs
par la grandeur & le nombre de ces Exploits
, il voulut les furpaffer en magnificence
, & ainfi au lieu de quelques Tours
informes & groffieres , il fit élever le bel
Arc de Triomphe que nous voyons à
Orange ; enfin , pour nous en convaincre
entierement , ils font remarquer que le
nom de Marius fe trouve gravé fur ce Mo
nument.
Avant que de démontrer la fauffeté de
cette derniere opinion , il eft bon de fe
rappeller que les Romains ont de tour
temps érigé fur le Champ de bataille des
Trophées d'Armes , dont l'appareil confif
toit en un Pieu ou Tronc d'arbre , chargé
des dépouilles de l'Ennemi ; ainfi Domitius
Enobius & Fab. Maximus , ne changerent
rien à l'ancienne coûtume , ils vou-
Jurent feulement rehauffer l'éclat de leurs
Trophées , dont l'ufage avoit été jufqu'alors
de les mettre fur un Pieu fimplement
élevé fur terre , & pour cela ils firent conf
truire des Tours de pierre pour les y placer
au -deffus , voulant par là abaiffer encore
davantage l'orgueil de leurs Ennemis
, & par des Monumens plus durables
per
466 MERCURE DE FRANCE .
perpetuer leur honte dans la poſterité ;
c'eft pour cela que Florus dit que les Ro
mains n'avoient pas encore infulté aux
Vaincus d'une maniere fi outrageante ,
Cum hic mos inufitatus fuerit noftris , nunquam
enim Populus Rom. hoftibus domitis
victoriam exprobavit.
Il faut remarquer en fecond lieu que
Domit.Enob. & Fab. Max, ne firent con (-
truire leursTours qu'aux mêmes endroits
où l'on avoit coûtume d'ériger des Tro
phées ( c'est - à- dire , fur le Champ de ba
taille ) comme Florus nous Patteſte , Ipſis
quibus dimicaverant Locis faxeas erexere
turres : & que le's Trophées étoient ornez
des Armes des Vaincus , & defuper exor
nata arnis hoftilibus Trophea fixere.
Cela fuppofé , je dis , que l'Arc de
Triomphe d'Orange ne peut pas être attribué
à Marius.
1. Parce que ce Monument n'eft pas
conftruit fur le Champ de Bataille , & que
Marius n'a pas dû s'écarter d'un ufage établi
de temps immemorial ; à la verité , fice
General Romain a voulu fe diftinguer de
fes Predecefleurs par la grandeur & la
beauté du Monument , il l'aura pù , mais il
Faura toûjours fait conftruire fuivant l'ufage
établi dans le lieu même du Combat ,
ipfis quibus dimicaverant Locis . En effet
sonne on ne conftruifoit de ces fortes de
Mo
MARS. 1730. 4.67
Monumens que pour infulter aux Ennemiş
vaincus , on fe fervoit des Armes & des
dépouilles de ceux qui avoient été tuez
pendant l'action , pour en faire des Trophées
, & defuper exornata Armis hoftilibus
Trophea fixere , & par la même raifon
on choififfoit expreffement le lieu du
Combat , comme un témoin irreprochable
de leur défaite , & par confequent un
terrain étranger ne leur convenoit pas ;
d'ailleurs quelle apparence y a-t-il que
pour deux Batailles gagnées proche laVille
d'Aix , Marius ait choifi la Ville d'Orange
, où il n'a jamais été , & qui eft éloignée
du lieu du Combat d'environ dixhuit
lieuës, pour y faire dreffer un Arc de
Triomphe , il feroit bien plus naturel de
placer dans la Plaine appellée de Porrieres
, à quatre lieuës d'Aix , le Monument
de Triomphe que ce General Romain fit
conftruire , puifque c'eft dans cette Plaine
qu'il acheva de détruire entierement les
Barbares, & qu'on y voit encore un refte
d'Edifice quarré d'une Antiquité très - reculée
, que les gens du Pays appellent par
tradition le Triomphe de Porrieres ; ainfi
il me femble qu'on pourroit conjecturer
vrai-femblablement que ce General , fuivant
la coûtume d'alors fit élever ce Monument
fur le Champ de Bataille , pour
marquer la victoire.
468 MERCURE DE FRANCE.
2°. Aucun Auteur ancien n'a parlé d'un
Monument de Triomphe , érigé à Orange
à l'honneur de Marius ; cependant Florus
qui a décrit fi exactement les Tours
élevées par Domit. Enob. & par Fabius
Max. n'auroit pas manqué de faire mention
d'un Arc de Triomphe , qui auroit
été autant nouveau & inufité pour le tems
de Marius , que les Tours décrites par cet
Auteur , l'étoient pour le tems de Domitius
& de Fabius , car s'il n'a pas parlé
du Monument que Marius fit dreffer dans
la Plaine de Porrieres , c'eſt qu'il reffembloit
apparemment , à peu de chofe près ,
aux Monuments dreffez par fes Predeceffeurs
; d'autant mieux qu'il n'y a qu'une
vingtaine d'années d'intervalle des uns
aux autres : enfin Plutarque , qui a écrit
la Vie de Marius , auroit - il oublié de faire
mention d'un Monument fi propre à relever
la gloire de fon Heros ; certainement
ce n'eft pas un Ouvrage d'une nature
à pouvoir être caché ni ignoré, pour
le paffer fous filence .
3 °. La République Romaine qui étoit
fi jaloufe de la grandeur de fes Sujets ,
auroit- elle permis qu'on érigeat un fi beau
Monument à la gloire d'un de fes Generaux
, qu'on foupçonnoit déja de vouloir
fe rendre indépendant.
4. Sylla , Dictateur , dont la puiffance
étoit
MARS. 1730. 469
étoit fans bornes , & qui fit abattre les
Trophées que Marius avoit fait dreffer
dans Rome ; auroit-il laiffé fur pied un
Monument capable lui feul d'illuftrer
fon Rival dans la pofterité la plus reculée.
59 Le nom de Marius fe trouve confondu
& mêlé avec d'autres noms fur les
Boucliers de cet Arc de Triomphe , or je
dis que fi ce Monument avoit été élevé
pour ce General Romain , on auroit certainement
mis fon nom dans la Place la
plus honorable , cependant on le trouve
gravé fimplement fur un Bouclier fans
diftinction des autres , c'eſt donc une marque
évidente qu'on ne l'a pas élevé
pour lui , & même il y a beaucoup d'apparence
que par ce nom de Marius on a
voulu défigner quelqu'autre que le Vainqueur
des Ambrons & des Teutons , d'autant
mieux que les autres noms qui font
placez du pair & dans le même rang qué
celui-cy , font des noms barbares & inconnus.
6º. On voit gravé fur ce Monument
une grande quantité d'Inftrumens de Marine
; autre raison qui prouve qu'on ne le
doit pas attribuer à Marius , puifque ce
General Romain n'a jamais donné aucun
Combat fur Mer.
Après tout, les habiles Antiquaires cons
viennent aujourd'hui que les Arcs de
Triomphe
470 MERCURE DE FRANCE.
Triomphe n'éoient point encore en ufage
du tems de Marius , & que le Monument
d'Orange eft trop beau pour être fi ancien;
pour moi je le croirois du fiecle d'Augufte.
Suetone, dans la Vie de cet Empereur,
m'a fait naître cette conjecture ; il nous
apprend qu'Augufte fit conftruire une
grande quantité de Monuments & d'Edifices
, non- feulement à Rome , mais encore
dans plufieurs Provinces de l'Empire,
& qu'il exhorta fouvent les principaux
Citoyens de Rome , d'en faire conftruire
pour l'embelliffenent de la Ville ; cet Auteur
ajoûte que plufieurs d'entre eux en
firent élever : à leur exemple les Proconfuls
& les Préteurs dans leurs Gouvernements
, pour fe conformer au gout de
l'Empereur & lui faire leur cour , & les
Villes particulieres pour mieux marquer
leur attachement à leur Souverain , ou
pour obtenir quelque Privilege , en firent
pareillement élever de leur côté ; ainſi il
me femble très-probable que l'Arc de
Triomphe d'Orange a été érigé dans ce
temps-là à la gloire d'Augufte , pour quelqu'un
des motifs que je viens d'infinuer ;
d'autant mieux que les inftruments de Mazine
qu'on voit dans ce Monument conviennent
parfaitement à cet Empereur ,
qui par la Bataille Navale qu'il gagna pro
che d'Actium , le vit feul maître du Monde
entier. Je
MARS. 1730 . 471
Je, conclus enfin qu'on peut pareillement
rapporter à ce tems là la conftruc .
tion du Monument qui eft proche la Ville
de S. Remi en Provence , & celle de l'Arc
de Triomphe qu'on voit dans la Ville de
Carpentras , Capitale du Comtat Venailfin
les Connoiffeurs les jugent tous les
deux du fiecle d'Augufte , ainfi des Monumens
fituez fi proches les uns des autres
, & qui paroiffent avoir été conſtruits
dans le même temps , fortifient encore
le fentiment où je fuis , que tous ces Monumens
ont été élevez du temps d'Augufte
pour quelqu'un des motifs obfervez
cy- deffus .
d'Orange.
L'A
'Arc de Triomphe de la Ville d'O
range a merité de tout temps l'atten
tion des Curieux ; la beauté de ce Monu
ment les a engagez fur tout à rechercher
à quelle occafion il a été érigé ; les uns
Pont attribué à Domitius Enobarbus , ou
à Fabius Maximus , & les autres à Caïns
Marius ; ces derniers font prefentement
Les plus fuivis , mais , fi j'ofe le dire , ces
deux opinions font infoutenables , & pour
peu qu'on veuille examiner fur quoi elles
font fondées, on en fera bien- tôt perfuadé.
Florus , dans fon Abregé de l'Hiftoire
Romaine , a donné naiffance à l'un & àl'autre
de ces fentimens ; il dit que Domitius
Enobarbus & Fabius Maximus , après
avoir vaincu les Allorbroges , firent élever
fur le Champ de bataille des Tours de
pierre , & au- deffus y firent dreffer des
Trophées , parés des Armes des Ennemis :
voici les paroles : Domitius Enobarbus &
Fabius Maximus , ipfis quibus dimicaverant
Locis faxeas erexere turres & defuper
exornata armis hoftilibus Trophea
fixere.
Ceux qui font pour la premiere opinion
difens
464 MERCURE DE FRANCE.
difent que le Monument d'Orange eft le
même que celui que Florus nous décrit ,
qu'il n'eſt éloigné que de quelques lieuës
de l'endroit où les Allobroges furent défaits
, qu'il eft certain que c'eft un Ouvrage
des Romains , & qu'il eft très ancien
, ainfi il n'y a pas lieu de douter , difent
ils , que Domitius Enob. ou Fab.
Max . ne l'ayent fait élever .
Pour répondre à cela , il n'y a qu'à faire
attention que le Monument d'Orange eft
un Arc de Triomphe qu'on admire encore
aujourd'hui par fon Architecture & par
la beauté de les bas - reliefs , & que Florus
ne nous parle que de Tours informes &
groffieres , faxeas erexere turres. Cela eft
6 vrai que Coëffeteau , Evêque de Marſeil
le , l'un des plus fçavans hommes du fieele
paffé , en traduifant ce Paffage , dit
que Domit . Enobarbus & Fab. Maximus
ne firent élever que des monceaux de
pierre ; ainfi fans qu'il foit befoin d'avoir
recours à d'autres preuves , cette opinion
tombe d'elle - même .
Venons prefentement à celle qui veut
que l'Arc de Triomphe d'Orange doit
Etre attribué à Marius ; ils établiffent d'abord
que les Romains depuis Domitius
Enobarbus & Fabius Maximus , étoient
dans la coûtume d'élever des Monumens de
Triomphe après avoir remporté quelque
victoire
MAR S. 1730. 465
victoire ; ils difent enfuite que Caius Ma
rius , après avoir défait les Ambrons &
les Teutons , n'aura pas manqué d'en faire
aufli conftruire un , mais comme ce General
Romain furpaffoit fes Predeceffeurs
par la grandeur & le nombre de ces Exploits
, il voulut les furpaffer en magnificence
, & ainfi au lieu de quelques Tours
informes & groffieres , il fit élever le bel
Arc de Triomphe que nous voyons à
Orange ; enfin , pour nous en convaincre
entierement , ils font remarquer que le
nom de Marius fe trouve gravé fur ce Mo
nument.
Avant que de démontrer la fauffeté de
cette derniere opinion , il eft bon de fe
rappeller que les Romains ont de tour
temps érigé fur le Champ de bataille des
Trophées d'Armes , dont l'appareil confif
toit en un Pieu ou Tronc d'arbre , chargé
des dépouilles de l'Ennemi ; ainfi Domitius
Enobius & Fab. Maximus , ne changerent
rien à l'ancienne coûtume , ils vou-
Jurent feulement rehauffer l'éclat de leurs
Trophées , dont l'ufage avoit été jufqu'alors
de les mettre fur un Pieu fimplement
élevé fur terre , & pour cela ils firent conf
truire des Tours de pierre pour les y placer
au -deffus , voulant par là abaiffer encore
davantage l'orgueil de leurs Ennemis
, & par des Monumens plus durables
per
466 MERCURE DE FRANCE .
perpetuer leur honte dans la poſterité ;
c'eft pour cela que Florus dit que les Ro
mains n'avoient pas encore infulté aux
Vaincus d'une maniere fi outrageante ,
Cum hic mos inufitatus fuerit noftris , nunquam
enim Populus Rom. hoftibus domitis
victoriam exprobavit.
Il faut remarquer en fecond lieu que
Domit.Enob. & Fab. Max, ne firent con (-
truire leursTours qu'aux mêmes endroits
où l'on avoit coûtume d'ériger des Tro
phées ( c'est - à- dire , fur le Champ de ba
taille ) comme Florus nous Patteſte , Ipſis
quibus dimicaverant Locis faxeas erexere
turres : & que le's Trophées étoient ornez
des Armes des Vaincus , & defuper exor
nata arnis hoftilibus Trophea fixere.
Cela fuppofé , je dis , que l'Arc de
Triomphe d'Orange ne peut pas être attribué
à Marius.
1. Parce que ce Monument n'eft pas
conftruit fur le Champ de Bataille , & que
Marius n'a pas dû s'écarter d'un ufage établi
de temps immemorial ; à la verité , fice
General Romain a voulu fe diftinguer de
fes Predecefleurs par la grandeur & la
beauté du Monument , il l'aura pù , mais il
Faura toûjours fait conftruire fuivant l'ufage
établi dans le lieu même du Combat ,
ipfis quibus dimicaverant Locis . En effet
sonne on ne conftruifoit de ces fortes de
Mo
MARS. 1730. 4.67
Monumens que pour infulter aux Ennemiş
vaincus , on fe fervoit des Armes & des
dépouilles de ceux qui avoient été tuez
pendant l'action , pour en faire des Trophées
, & defuper exornata Armis hoftilibus
Trophea fixere , & par la même raifon
on choififfoit expreffement le lieu du
Combat , comme un témoin irreprochable
de leur défaite , & par confequent un
terrain étranger ne leur convenoit pas ;
d'ailleurs quelle apparence y a-t-il que
pour deux Batailles gagnées proche laVille
d'Aix , Marius ait choifi la Ville d'Orange
, où il n'a jamais été , & qui eft éloignée
du lieu du Combat d'environ dixhuit
lieuës, pour y faire dreffer un Arc de
Triomphe , il feroit bien plus naturel de
placer dans la Plaine appellée de Porrieres
, à quatre lieuës d'Aix , le Monument
de Triomphe que ce General Romain fit
conftruire , puifque c'eft dans cette Plaine
qu'il acheva de détruire entierement les
Barbares, & qu'on y voit encore un refte
d'Edifice quarré d'une Antiquité très - reculée
, que les gens du Pays appellent par
tradition le Triomphe de Porrieres ; ainfi
il me femble qu'on pourroit conjecturer
vrai-femblablement que ce General , fuivant
la coûtume d'alors fit élever ce Monument
fur le Champ de Bataille , pour
marquer la victoire.
468 MERCURE DE FRANCE.
2°. Aucun Auteur ancien n'a parlé d'un
Monument de Triomphe , érigé à Orange
à l'honneur de Marius ; cependant Florus
qui a décrit fi exactement les Tours
élevées par Domit. Enob. & par Fabius
Max. n'auroit pas manqué de faire mention
d'un Arc de Triomphe , qui auroit
été autant nouveau & inufité pour le tems
de Marius , que les Tours décrites par cet
Auteur , l'étoient pour le tems de Domitius
& de Fabius , car s'il n'a pas parlé
du Monument que Marius fit dreffer dans
la Plaine de Porrieres , c'eſt qu'il reffembloit
apparemment , à peu de chofe près ,
aux Monuments dreffez par fes Predeceffeurs
; d'autant mieux qu'il n'y a qu'une
vingtaine d'années d'intervalle des uns
aux autres : enfin Plutarque , qui a écrit
la Vie de Marius , auroit - il oublié de faire
mention d'un Monument fi propre à relever
la gloire de fon Heros ; certainement
ce n'eft pas un Ouvrage d'une nature
à pouvoir être caché ni ignoré, pour
le paffer fous filence .
3 °. La République Romaine qui étoit
fi jaloufe de la grandeur de fes Sujets ,
auroit- elle permis qu'on érigeat un fi beau
Monument à la gloire d'un de fes Generaux
, qu'on foupçonnoit déja de vouloir
fe rendre indépendant.
4. Sylla , Dictateur , dont la puiffance
étoit
MARS. 1730. 469
étoit fans bornes , & qui fit abattre les
Trophées que Marius avoit fait dreffer
dans Rome ; auroit-il laiffé fur pied un
Monument capable lui feul d'illuftrer
fon Rival dans la pofterité la plus reculée.
59 Le nom de Marius fe trouve confondu
& mêlé avec d'autres noms fur les
Boucliers de cet Arc de Triomphe , or je
dis que fi ce Monument avoit été élevé
pour ce General Romain , on auroit certainement
mis fon nom dans la Place la
plus honorable , cependant on le trouve
gravé fimplement fur un Bouclier fans
diftinction des autres , c'eſt donc une marque
évidente qu'on ne l'a pas élevé
pour lui , & même il y a beaucoup d'apparence
que par ce nom de Marius on a
voulu défigner quelqu'autre que le Vainqueur
des Ambrons & des Teutons , d'autant
mieux que les autres noms qui font
placez du pair & dans le même rang qué
celui-cy , font des noms barbares & inconnus.
6º. On voit gravé fur ce Monument
une grande quantité d'Inftrumens de Marine
; autre raison qui prouve qu'on ne le
doit pas attribuer à Marius , puifque ce
General Romain n'a jamais donné aucun
Combat fur Mer.
Après tout, les habiles Antiquaires cons
viennent aujourd'hui que les Arcs de
Triomphe
470 MERCURE DE FRANCE.
Triomphe n'éoient point encore en ufage
du tems de Marius , & que le Monument
d'Orange eft trop beau pour être fi ancien;
pour moi je le croirois du fiecle d'Augufte.
Suetone, dans la Vie de cet Empereur,
m'a fait naître cette conjecture ; il nous
apprend qu'Augufte fit conftruire une
grande quantité de Monuments & d'Edifices
, non- feulement à Rome , mais encore
dans plufieurs Provinces de l'Empire,
& qu'il exhorta fouvent les principaux
Citoyens de Rome , d'en faire conftruire
pour l'embelliffenent de la Ville ; cet Auteur
ajoûte que plufieurs d'entre eux en
firent élever : à leur exemple les Proconfuls
& les Préteurs dans leurs Gouvernements
, pour fe conformer au gout de
l'Empereur & lui faire leur cour , & les
Villes particulieres pour mieux marquer
leur attachement à leur Souverain , ou
pour obtenir quelque Privilege , en firent
pareillement élever de leur côté ; ainſi il
me femble très-probable que l'Arc de
Triomphe d'Orange a été érigé dans ce
temps-là à la gloire d'Augufte , pour quelqu'un
des motifs que je viens d'infinuer ;
d'autant mieux que les inftruments de Mazine
qu'on voit dans ce Monument conviennent
parfaitement à cet Empereur ,
qui par la Bataille Navale qu'il gagna pro
che d'Actium , le vit feul maître du Monde
entier. Je
MARS. 1730 . 471
Je, conclus enfin qu'on peut pareillement
rapporter à ce tems là la conftruc .
tion du Monument qui eft proche la Ville
de S. Remi en Provence , & celle de l'Arc
de Triomphe qu'on voit dans la Ville de
Carpentras , Capitale du Comtat Venailfin
les Connoiffeurs les jugent tous les
deux du fiecle d'Augufte , ainfi des Monumens
fituez fi proches les uns des autres
, & qui paroiffent avoir été conſtruits
dans le même temps , fortifient encore
le fentiment où je fuis , que tous ces Monumens
ont été élevez du temps d'Augufte
pour quelqu'un des motifs obfervez
cy- deffus .
Fermer
Résumé : REMARQUES sur l'Arc de Triomphe d'Orange.
L'Arc de Triomphe d'Orange suscite des interrogations quant à son origine. Deux hypothèses principales ont été proposées. La première attribue sa construction à Domitius Enobarbus ou à Fabius Maximus, après leur victoire sur les Allobroges, comme le rapporte Florus. La seconde hypothèse suggère que Caius Marius l'aurait érigé après ses victoires sur les Ambrons et les Teutons. Cependant, ces deux théories sont jugées infondées. Les partisans de la première hypothèse affirment que l'Arc correspond aux tours décrites par Florus, construites sur le champ de bataille. Toutefois, l'Arc de Triomphe d'Orange est un monument architectural complexe, contrairement aux tours informes décrites par Florus. De plus, l'évêque Coëffeteau traduit ces tours comme des monceaux de pierre, ce qui contredit l'idée d'un Arc de Triomphe. Pour la seconde hypothèse, les défenseurs de Marius soulignent que les Romains avaient l'habitude d'élever des monuments de triomphe après une victoire. Ils avancent que Marius, voulant surpasser ses prédécesseurs, aurait construit un Arc de Triomphe plus magnifique. Cependant, plusieurs points contredisent cette théorie : l'Arc n'est pas situé sur le champ de bataille, contrairement à l'usage romain, et aucun auteur ancien ne mentionne un tel monument à Orange pour Marius. De plus, la République romaine était jalouse de la grandeur de ses sujets et n'aurait pas permis un tel monument pour un général suspecté de vouloir s'émanciper. Sylla, dictateur, aurait également détruit les trophées de Marius à Rome, rendant improbable la survie d'un monument en son honneur. Le nom de Marius est gravé sur l'Arc, mais il est mélangé avec d'autres noms, suggérant qu'il ne s'agit pas du principal honneur. La présence d'instruments de marine sur le monument est incompatible avec les campagnes terrestres de Marius. Les antiquaires modernes estiment que les Arcs de Triomphe n'étaient pas en usage du temps de Marius et que l'Arc d'Orange est trop beau pour être aussi ancien. Ils le datent plutôt du siècle d'Auguste. Suétone mentionne qu'Auguste a construit de nombreux monuments et a encouragé les citoyens à en faire de même. Ainsi, l'Arc de Triomphe d'Orange pourrait avoir été érigé à la gloire d'Auguste, peut-être après sa victoire navale près d'Actium. Cette hypothèse est renforcée par la présence d'instruments de marine sur le monument.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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838
p. 474-487
LETTRE. DE M. L'ARCHEVESQUE DE PARIS. AU ROY.
Début :
SIRE, Je crois devoir à VOTRE MAJESTÉ un compte [...]
Mots clefs :
Archevêque de Paris, Curé, Sa Majesté, Constitution, Église, Doctrine de l'Église, Ecclésiastiques, Ordonnance, Ministres
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE. DE M. L'ARCHEVESQUE DE PARIS. AU ROY.
LETTRE.
***
DE M. L'ARCHEVESQUE DE PARIS,
A U ROY
SIRE,
Je crois devoir à VOTRE MAJESTE' un compte
exact de la fituation où j'ai trouvé le Diocèle
de Paris , par rapport aux malheureuſes
conteftations qui affligent l'Eglife de France , de
la conduite que j'ai tenue jufqu'à prefent , pour
ramener les efprits & des mouvemens qui fe font
encore aujourd'hui pour empêcher le bien que
je cherche à y procurer . L'interêt de la Religion
étroitement lié avec celui de l'Etat , exige de l'Evêque
de la Capitale de votre Royaume , SIRE ,
qu'il vous inftruiſe de toutes fes démarches ; & à
qui d'ailleurs pourrois-je mieux expofer mes inquiétudes
& mes peines qu'à un Roi qui aime l'Eglife
, qui protege d'une maniere éclatante les
Miniftres de Jefus- Chrift , & qui en me faiſant
P'honneur de me nommer à la place importante
que j'occupe , m'a promis tous les fecours dont
j'aurois befoin.
Perfonne n'ignore que les Adverfaires de la
Conftitution Unigenitus , n'ont rien négligé pour
révolter les Fideles de la Ville de Paris contre ce
Jugement Apoftolique : on y a répandu des Libelles
fans nombre & de toutes efpeces pour rendre
odieuſe la puiffance dont la Bulle eft émanée,
& mêprifables ceux qui lui étoient foumis. Cet
attaMARS.
1720. 475
attachement fidele pour la Chaire de S. Pierre , ce
refpect filial pour le Vicaire de Jefus -Chrift fur
la terre , qui diftingue l'Eglife Catholique de toutes
les Sectes des Schifmatiques & des Heretiques,
s'eft infenfiblement affoibli ; le fecond Ordre s'eft .
nourri dans des principes contraires à la dépendance
& à la fubordination où il doit être ; de
fimples Fideles fe font accoûtumez à juger les
Juges de la Foi , & à oppofer leurs propres idées
aux décifions du Pape & des Evêques ; telle étoit
la difpofition d'un grand nombre de perfonnes
SIRE, lorfque je pris poffeffion de l'Archevêché
de Paris.
A la vue de ces defordres fi affligeants pour
ceux qui aiment la Religion , & dont le feul récit
coûte infiniment à mon coeur , j'ai été perſuadé ,
que la précipitation ne feroit qu'irriter le mal , &
que des préventions invéterées ne pouvoient être.
gueries que par la charité , par la patience & par,
P'inftruction
Dieu a beni mes premiers foins ; le Chapitre
de mon Eglife Métropolitaine s'eft uni d'abord à
moi , en adherant au Mandement de mon Prédeceffeur
pour l'acceptation de la Conftitution Unigenius
, ce qui me donna d'autant plus de confolation
, qu'il y avoit lieu d'efperer que l'exemple
du premier Corps Ecclefiaftique du Diocèfe
& d'un Corps eftimable par fes lumieres & par
fa capacité , infpireroit au refte du Clergé les
fentimens de foumiffion & de docilité que j'en
devois attendre ; quelques autres en effet ſuivirent
cet exemple , & je reçûs dès -lors de la part de
plufieurs Particuliers , des déclarations précifes
& formelles de leur obéiffance.
Dieu qui vouloit m'éprouver , n'a pas permis
que ma joye fut pleine & entiere , peu de jours
après la déclaration du Chapitre de mon Eglife
Ciij Mé176
MERCURE DE FRANCE.
Métropolitaine , cinq Curez de Paris mé préfens
terent une Lettre avec une Requête fignée d'eux
& de vingt de leurs Confreres , tant de la Ville
que de la Banlieue. Je remarquai d'abord dans cette
démarche une affociation d'Ecclefiaftiques qui ne
font point corps , & qui ne doivent s'affembler
qu'avec leur Archevêque & par fes ordres ; affociation
défenduë par d'anciens Arrêts
que Vo-
TRE MAJESTE' a renouvellez à l'occafion de pareils
mouvemens qui fe firent en 1728. mais
lorfque j'eus i la Lettre & la Requête , ma furprife
& mon étonnement redoublerent .
Je n'avois encore rien fait , SIRE , qui pût don
ner le moindre prétexte aux efprits inquiets d'allarmer
les Peuples ; mon Ordonnance pour l'acceptation
de la Bulle Unigenitus & mon Mandement
pour le renouvellement des Pouvoirs , n'avoient
pas même encore parû , cependant dans la
Lettre dont je viens de parler , ceux qui l'avoient
foufcrite me difoient : que fur des bruits qui fe
repandoient dans le Públic , ils craignoient que
livré aux fuggeftions importunes des personnes
prévenues, & qui ne refpirent que le trouble, je
ne retiraffe les pouvoirs de precher & de confeßer
à une multitude de dignes Miniftres qui travaillent
avec édification dans cette Ville , genera
lement estimez des Peuples qu'ils conduisent
dans la voye du Salut , & des Curez qu'ils foutagent
dans leurs fonctions .
Ils faifoient enfuite entendre quej'allois fubftituer
à ces Miniftres fideles de mauvais fujets
qui refuferoient les Sacremens aux plus faintes
ames , & qui les accorderoient aux pécheurs les
moins préparez que par cette conduite au lieu
du faint concert qui regnoit dans les Paroiffes ,
fallois y mettre le trouble & la divifion , allu
mer le feu du Schifme , & donner occafion aux
libertins
MAR S. 1730. 477
libertins & aux impies de s'affermir dans l'ir
religion.
Un Evêque , SIRE , qui feroit capable de faire
un uſage fi pernicieux de l'autorité qu'il a reçûë
de Jefus- Chrift , ne feroit pas un Paſteur , mais
un loup raviffant, qui, loin d'être occupé des befoins
de fon troupeau , ne penferoit qu'à le ravager.
Comment des Curez ont- ils pû concevoir
une idée fi defavantageufe de leur Archevêque ,
qui ne faifoit que d'entrer dans l'exercice de fon
miniftere , & que l'honneur qu'il avoit d'être
choiſi recemment par VOTRE MAJESTE' devoit
mettre à couvert de pareils foupçons ? Vouloientils
à quelque prix que ce fût, & fans vouloir gar
રે
der même les moindres bienfeances , me décre
diter , m'ôter l'eftime & la confiance des peuples
& me rendre odieux à tout mon Diocèfe ?
La Lettre des vingt-cinq Curez n'étoit pas feu
lement injurieufe à leur Archevêque , elle étoit
encore outrageante pour l'Eglife , par la maniere
dont elle s'expliquoit fur la Conftitution Unige
nitus : ils y reconnoiffoient que ces Miniftres
dont ils avoient fait l'éloge , refufent d'accepter
La Conftitution qui eft , difoient-ils , déferée &
l'Eglife ; & ils ajoûtoient : Sur ce point la canfe
de ces Ecclefiaftiques est la nôtre , ou plutôt
c'est la caufe de la Morale Chrétienne , de la
doctrine de l'Eglife , du langage des S S. Peres &
des Libertex de l'Eglife Gallicane.
Si la Conftitution eft le renversement de la
Morale Chrétienne , de la Doctrine de l'Eglife ,
du langage des Saints Peres & des Libertez de
l'Eglife Gallicane , comme le font entendre ces
vingt-cinq Curez, trois Papes confécutifs qui ont
fait éclater leur zèle pour l'obſervation de la Conftitution
; tous les Evêques de France qui à quatre
ou cinq près , l'ont unanimement acceptée ; ceux
C iiij
des
478 MERCURE DE FRANCE:
des autres Etats , qui fans en excepter un feuf,
y adherent , font donc des prévaricateurs qui
ont trahi & abandonné la verité pour embraffer
& pour foutenir un Decret favorable à l'erreur.
Dans quel état feroit l'Eglife de Jefus- Chrift fi
la verité détruite & ouvertement attaquée par le
Corps des Paſteurs unis à leur Chef , n'avoit plus
pour défenfeurs que quatre ou cinq Evêques ?
les promeffes de Jefus- Chrift , qui a fi pofitivement
déclaré qu'il feroit avec les Apôtres &
leurs fucceffeurs tous les jours jufquà la confommation
du fiecle , feroit fans effet ; les portes
de l'Enfer auroient prévalu contre l'Eglife ; l'autorité
infaillible de cette Epoufe de Jefus-Chrift ,
qui eft toute la fûreté & toute la confolation des
Fideles , fa perpetuelle vifibilité qui l'a fait reconnoître
entre les differentes Communions qui
s'en font féparées , feroient anéanties ; les premiers
Pafteurs ayant le Pape à leur tête ne feroient
plus des guides furs , il faudroit leur préferer fes
propres lumieres & fon efprit particulier ; les
peuples feroient enfin réduits à cette difcuffion
qui leur eft impoffible & qui a plongé les Proteftants
dans un grand nombre d'abſurditez &
d'égalements.
Quant à la Requête qui étoit jointe à la Lettre,
ces mêmes Curez cherchant à fe maintenir dans
la poffeffion qu'ils avoient prétendu ufurper depuis
quelques années de fervir de guides & de
conducteurs à leur Archevêque , excitoient mon
zele pour le fervice de VOTRE MAJESTE' , & me
traçoient avec hauteur la route que je devois
fuivre , avis d'autant plus mal placez que mon
zele n'aura jamais befoin d'être animé , quand il
s'agira de défendre vos droits , SIRE , & de l'indépendance
de votre Couronne ; remontrances qui
convenoient d'autant moins dans la bouche de
ceux
MAR S. 1730. 479.
ceux qui les faifoient , qu'ils contrevenoient formellement
à vos ordres , & qu'ils faifoient des
démarches expreffément condamnées par vos Déclarations
& par vos Arrêts , en même temps
qu'ils vouloient fe donner pour les défenfeurs de
votre autorité.
J'étois en droit , SIRE , de proceder juridi
quement contre ceux qui en avoient ufé avec
moi d'une maniere fi répréhenfible , fur tout
après que leur Lettre a été rendue publique ; je
pouvois regarder ce qu'ils avoient avancé contre la
Bulle comme une contravention manifefte à la Déclaration
du mois d'Août 1720. & les faire punir
fuivant la rigueur des Loix ; mais retenu par les
fentimens de modération & de charité qui font
gravez dans mon coeur , & qui font affez connus
de ceux avec lefquels j'ai vécu , je ne crus pas alors
devoir me fervir de l'autorité qui eft entre mes
mains , encore moins implorer celle de VOTRE
MAJESTE'.
Prêt à publier mon Inftruction Paſtorale fur la
Conftitution Unigenitus , pour diffiper , comme
mon Prédeceffeur l'avoit promis , les doutes &
les fcrupules de ceux qui avoient encore befoin
d'être éclairez fur une matiere fi importante ,
j'efperois que l'expofition que j'y devois faire de
la Doctrine de la Bulle , defabuferoit les efprits les
plus prévenus , & que les principes inconteftablesfur
l'autorité de la Conftitution qui y feroient
établis , détermineroient tous ceux qui refpectent
l'Eglife à fe foumettre au Decret Apoftolique.
Je me contentai donc de mander les cinq Curez
qui m'avoient apporté la Lettre & la Requête , je
leur réprefentai leur faute avec tout le ménagement
poffible; je leur fis les reproches qu'ils méritoient
fur leur affociation , contraire aux Loix de
l'Etat , & d'autant moins convenable , qu'ils fçavoient
C.v
480 MERCURE DE FRANCE :
voient que ma porte leur étoit toûjours ouverte ,
pour écouter ce que chacun d'eux en particulier
voudroit me repreſenter fur l'état de få Paroiffe ;
je leur fis fentir combien leur Lettre m'étoit injurieufe
& à l'Eglife même , je leur parlai de ma
niere à leur faire connoître que les maximes du
Royaume m'étoient auffi précieufes qu'elles le leur
pouvoient être ; je n'omis rien enfin pour les engager
à rentrer en eux-mêmes & à faire de férieufes
reflexions fur leurs fentimens & fur leur conduite.
Quelque temps après cet évenement , SIRE , jet
publiai mon Inftruction Paftorale fur la Conftitution
Unigenitus : j'eus la fatisfaction
que
plufieurs Ecclefiaftiques & differens Corps (a )
touchez & éclairez par cet ouvrage de paix & de
verité , ouvrirent les yeux & defabufez de leurspréventions,
vinrent me déclarer qu'ils obéiffoient.
avec docilité au Decret Apoftolique , quelquesuns
même des Curez , qui avoient figné la Lettre,,
ré racterent leur fignature en fe foumettant plei
nement à mon Ordonnance ; & j'ai été informé
que dans differens Diocèfes cette Inftruction avoit
eu le même fuccès.
A la fin du mois d'Octobre je donnai mon
Mandement pour le renouvellement des pouvoirs.
de prêcher & de confeffer ; je fixai le terme de:
quatre mois pour les Prêtres Séculiers & Reguliers
de la Ville & de la Banlieuë de Paris , pendant
lefquels tous les Confeffeurs feroient obligez
de fe préfenter devant les Examinateurs que je
choifis pour ce difcernement important ; & à l'égard
des Prêtres de la Campagne , afin de ne les
point obliger de venir à la Ville pendant la ri
(a) Les Dominicains, les Carmes , les Prémon
les Doctrinaires. trez
gueur
MARS . 1730. 481
gueur de l'Hyver , je remis cet examen au temps
de l'Eté. En publiant ce Mandement j'avois fuivi
ce que mon Prédeceffeur avoit fait à fon avenement
à l'Archevêché de Paris ; ce que j'avois fait
moi - même à Marſeille & à Aix , & ce que tout
Evêque obferve ordinairement pour connoître les
moeurs , les talens & la Doctrine de ceux à qui il
confie le miniftere le plus redoutable & le plus
faint que des hommes puiffent exercer ; je ne pouvois
d'ailleurs ignorer qu'il y avoit dans lesParoiffes
de Paris & dans celles de la Campagne , un certain
nombre de Prêtres étrangers renvoyez de
leurs Diocèfes, ou qui s'en étoient eux-mêmes
éloignez pour fe fouftraire à l'obéiffance qu'ils
dévoient à leur Evêque , nouveau motif qui m'obligeoit
à prendre des précautions dans le commencement
de mon Epifcopat , pour le choix de
ceux qui devoient travailler fous mes ordres.
Ces Ordonnances , quelques neceffaires , quelques
fages , quelques moderées qu'elles fuffent
n'étoient pas du gout des Adverfaires de la
Bulle : il n'en a pas fallu davantage pour qu'à
cette occafion il fe foit élevé un orage contre
moi ; on a répandu contre mon Inftruction dif
ferents libelles anonymes , dans lefquels on a attaqué
ma doctrine , & on s'eft attaché à repré→
fenter ma moderation même , comme un piege
dont il falloit fe garantir ; on s'eft appliqué à indifpofer
dans plufieurs Paroiffes & dans plufieurs
Communautez les Prédicateurs & les Confeffeurs,
on a répandu les bruits les plus faux fur la ma
niere dont fe paffoient les Examens de l'Archevêché
; on a détourné plufieurs Ecclefiaftiques d'y
venir , dans l'idée de faire manquer le Service des
Paroiffes , de m'en rendre refponfable, & de foulever
les peuples en leur perfuadant que je voulois
leur ôter les Miniftres aufquels ils avoient
Cvj con482
MERCURE DE FRANCE :
1
confiance ; & fur un fi grand nombre de Prêtres
aufquels on continuoit les pouvoirs , il s'en trouvoit
un ou deux que l'on refufàt par incapacité
ou par mauvaiſe doctrine , le bruit de ces
interdits
étoit auffi -tôt publié & exageré dans tout
Paris , les Examinateurs repréfentez comme des
hommes durs & fans lumieres , qui excluoient du
miniftere tous ceux qui étoient les plus capables
de l'exercer ; malignité d'autant plus grande,
que depuis que je fuis en place , SIRE , j'ai renouvellé
les pouvoirs à plus de mille quatre-vingt
Confeffeurs , & qu'il n'y en a que trente qui
foient interdits ; ( a ) de ces trente quelques-uns
ont fait des Sermons fi féditieux , que les Magiftrats
n'auroient pû s'empêcher de les punir , s'ils.
en avoient éû connoiffance ; il y en a d'autres
qui ne font venus aux Examens que pour y déclarer
avec arrogance , qu'ils refufoient d'obeïr à
la Conftitution & à mon Ordonnance , pour faire
eux-mêmes l'énumeration des actes de défobéïffance
qu'ils avoient fignez , & pour affurer qu'ils
y perfiftoient ; quelques autres font connus dans
le public comme des Chefs de parti , qui n'infpirent
que la défobéiffance à l'Eglife & le mépris.
des Puiffances. que Dieu a établies ; il s'en eft trouvé
enfin , qui par rapport à leur incapacité & à
leurs, moeurs ,. ne devoient pas être employez.
Si on n'avoit répandu que des Libelles anonymes
, qui par ce titre feul , portent un caractere
de réprobation , fi je n'avois eû à me plaindre
que de brigues fourdes , que de difcours vagues ,,
que de mouvements fecrets de gens fans aveu ,
j'aurois été bien éloigné d'en importuner VOTRE
(a) S'il y en a d'autres qui foient fans pou
voirs , c'est qu'ils ne fe font pas prefenté aux
Examens pour les faire renouveller.
MA
MARS. 17307 48.
MAJESTE'. Il y a trop long-temps que je fuis
dans le Miniftere Ecclefiaftique , pour ne pas fçavoir
qu'un Evêque doit méprifer ces fortes d'écarts
; mais ce que je ne vous puis cacher , SIRE ,
& ce qui m'attrifte profondément , c'eft que ces
mêmes Curez qui m'avoient écrit la Lettre dont
j'ai eu l'honneur de vous parler , & que j'avois efperé
de ramener par ma modération & par mes
exhortations charitables , n'ont pas craint de m'écrire
une feconde Lettre le 29. Décembre dernier
, & de m'envoyer un Memoire contre mon
Inftruction Paftorale.
Dans cette nouvelle Lettre on m'attaque encore
fur le nombre des Confeffeurs que j'ai interdits
on dit
que le Troupeau va être privé de tous
fes dignes Miniftres , & qu'il fera livré dé
formais à des guides aveugles & relâchez ; on
dépeint la Ville de Paris , cette Ville d'une rare
beauté & qui faifoit l'admiration de toute la
la terre, comme couverte d'afflictions & de ténebres
, & l'on fait entendre que les Peuples de
votre Capitale font dans une confternation generale.
Mais , SIRE , qu'il me foit permis de
répréfenter à VOTRE MAJESTE' quel eft le principe
de toute cette déclamation ? Il s'agit uniquement
, comme j'ai eu l'honneur de vous le faire
obferver de trente Confeffeurs interdits , encore:
même parmi les Curez qui s'en plaignent , il y
en a plufieurs qui n'y ont point d'interêts , les
uns font feuls dans leurs Paroiffes , ( a ) les autres
n'ont qu'un ou deux Ecclefiaftiques qui ne font
point du nombre de ceux aufquels on n'a pas jugé
à propos de renouveller les pouvoirs ; (b) où
( a ) Les Gurez de fainte Marine & de faint
Jean le Rond.
(b) Les Curez du Roule , de Montmartre , de
la Vilette , de la Chapelle & de Conflans.
voit484
MERCURE DE FRANCE .
Voit-on auffi cette prétendue confternation que
F'on fait tant valoir ? Elle ne fe trouve que dans
ceux qui la publient & qui cherchent à l'exciter
par des écrits & par des difcours remplis de calomnies
& d'artifices. *
En fut-il jamais un plus marqué , SIRE , que
l'attention avec laquelle les Auteurs de la Lettre
s'efforcent d'exciter la compaffion des riches en
faveur des Écclefiaftiques qui n'auront plus le
pouvoir de confeffer ? Ils les repréfentent comme
s'ils alloient être réduits à la mendicité ; le miniſtere
de la pénitence , ce miniſtere ſi faint , qui
doit être exercé avec des vûës fi pures & fi defintereffées
, peut-il donc jamais être une reffource
à l'indigence ? Mais ce qui eft de plus criminel
& ce qui pourroit devenir plus dangereux , c'eft
que dans cette même Lettre , dont les copies font
déja répanduës à Paris , & qui fera bientôt imprimée
comme la premiere , on cherche à intereffer
les pauvres en leur annonçant que
les aumônes
qui leur étoient deſtinées , vont être portées
aux Ecclefiaftiques privez de leurs fonctions;
à quoi peut tendre un pareil difcours , finon á
perfuader à ceux qui font dans le befoin , qu'ils
ne doivent plus s'attendre aux fecours qu'ils recevoient
, & que c'eft leur Archevêque qui fait:
tarir les fources fur lefquelles ils peuvent compter?
Le Memoire des Curez n'eft pas plus mefuré
leur Lettre , c'eſt une fatyre & une invective que
* Nota. Qu'avant la feconde Lettre des Curez
à M. l'Archevêque , il y avoit plusieurs
grandes Paroiffes où il n'y avoit aucun Prétre
d'interdit ,fçavoir , de S. Jean , de S. Gervais ,
de S. Roch , de S. Etienne du Mont , de S. Médard
fainte Marguerite ; à faint Germain
de l'Auxerrois un feul .
pleine
MARS. 1730. 485
pleine d'aigreur & de fauffetez contre la Conftitution
Unigenitus , contre mon Inftruction Paftorale
; je refpecte trop les momens de VOTRE
MAJESTE' , pour lui faire un long détail de cette
piece ; il me fuffit de lui remontrer qu'il n'y a
pas un article de mon Inftruction qui n'y foit
attaqué , foit par des ironies picquantes , foit par
des critiques témeraires ; toutes les expreflions de
mon Mandement pour le renouvellement des
pouvoirs , y font tournées avec malignité & condamnées
avec indécence ; les Curez ne s'y font
pas bornez à attaquer l'Ordonnance & le Mandement
que j'ai publiez depuis que je fuis Archevêque
de Paris , ils ont été rechercher une Cenfure
que je fus obligé de faire à Aix contre de
mauvaifes propofitions qu'un Profeffeur en Théologie
avoit avancées ; cenfure à laquelle le Profeffeur
fe foumit , qui ne fut contredite , ni dansle
Diocèfe d'Aix , ni dans l'Eglife de France , &
que les Curez tronquent & défigurent dans leur
Memoire pour la rendre odieufe.
Je ne crois pas, SIRE , qu'on ait jamais vu dans
P'Eglife un exemple d'une pareille révolte du fecond
ordre contre le premier , ni qu'on ait jamais
pouffé plus loin l'efprit d'indépendance & le
renversement de la fubordination la plus effentielle
..
Les Auteurs de la Lettre & du Memoire fe
déclarent mes cooperateurs dans le droit d'enſeigner
& de juger de la Doctrine ; pleins de ces
prétentions chimeriques , ils élevent autel contre
autel ; ils érigent un Tribunal fuperieur au mien ;
c'eft là où mon Ordonnance eft examinée ; ils ne
craignent point d'enſeigner ouvertement une doctrine
contraire à la mienne , & de profcrire celle que
j'ai crû devoir prefenter à mon Diocèfe ; d'autant
plus coupables que ce que j'ai dit dans mon Inf
truction
486 MERCURE DE FRANCE.
truction Paſtorale , je l'ai dit avec le Pape & avec
le Corps des Paſteurs.
Ils devroient cependant fçavoir qu'un Archevêque
en publiant dans fon Diocèſe une Décifion
de l'Eglife , remplit ce que fon Miniſtere exige
de lui ; c'eft aux Evêques à qui Jefus - Chrift a dit
en la perfonne des Apôtres : Allez, enſeignez
toutes les Nations , celui qui vous écoute m'écoute,
& celui qui vous méprise me mépriſe
moi même, c'est à eux que S.Paul dit , en parlant
à Thimothée , confervez le dépôt : les Prêtres
doivent être les premiers à donner l'exemple de
la foumiffion & de l'obéïſſance , & ils doivent
apprendre à tout le Troupeau à refpecter la voix
du premier Paſteur . ´
Après l'expofé que je viens de faire à VOTRE
MAJESTE', elle ne fçauroit douter que je ne connoiffe
toute l'énormité d'une pareille conduite ; je
prévois les fuites funeftes qu'elle peut avoir , je
fens qu'il eft dangereux de la diffimuler , je fçai
même qu'il eft quelquefois neceffaire de faire des
exemples qui puiffent , felon l'Apôtre S. Paul ,
inſpirer une terreur falutaire , je ne puis cependant
encore me réfoudre à punir les coupa→
bles ni à employer ces armes puiffantes quej'ai
en main pour renverser toute hauteur qui s'éleve
contre la fcience de Dieu ; je fupplie Vo-
TRE MAJESTE , de fufpendre les effets de fon
indignation , je veux épuifer les dernieres reffources
de la patience & de la charité ; il n'eſt
pas poffible que ces Ecclefiaftiques ne " reconnoiffent
enfin leur faute, & qu'ils ne réparent par leur
foumiffion le fcandale qu'ils ont donné : je me
flate qu'ils ouvriront les yeux à l'exemple d'un
grand nombre de leurs Confreres , qui blâmant
leur conduite , goutent dans une parfaite obéïffance
à la voix de l'Eglife , cette paix & cette confolation
MARS. 1730. 487
folation qui en font inféparables ; fi cependant
contre mon inclination & contre mon attente
ces Ecclefiaftiques me forcent d'agir en Juge ,
après leur avoir inutilement parlé en Pere , je
ferai mon devoir , SIRE , avec le zele & la fermeté
d'un Evêque , qui après avoir vieilli dane
l'Epiſcopat , n'eft pas venu dans votre Ville Capitale
pour trahir fon miniftere , ni pour le deshonorer
à la fin de fes jours , & j'aurai recours
alors avec confiance à la protection de VOTR
MAJESTE', afin que par un parfait concert des deux
Puiffances du Sacerdoce & de l'Empire , tout ce
qui trouble le bon ordre foit puni felon les voyce
Canoniques & Civiles. Je fuis avec le plus profond
reſpect ,
ȘIRE ,
DE VOTRE MAJESTE',
Le très-humble , très-obéiffant
& très-fidele ferviteur & fujet,
† CHARLES , Archevêque de Paris.
A Paris , le 8. Fevrier 1730.
***
DE M. L'ARCHEVESQUE DE PARIS,
A U ROY
SIRE,
Je crois devoir à VOTRE MAJESTE' un compte
exact de la fituation où j'ai trouvé le Diocèle
de Paris , par rapport aux malheureuſes
conteftations qui affligent l'Eglife de France , de
la conduite que j'ai tenue jufqu'à prefent , pour
ramener les efprits & des mouvemens qui fe font
encore aujourd'hui pour empêcher le bien que
je cherche à y procurer . L'interêt de la Religion
étroitement lié avec celui de l'Etat , exige de l'Evêque
de la Capitale de votre Royaume , SIRE ,
qu'il vous inftruiſe de toutes fes démarches ; & à
qui d'ailleurs pourrois-je mieux expofer mes inquiétudes
& mes peines qu'à un Roi qui aime l'Eglife
, qui protege d'une maniere éclatante les
Miniftres de Jefus- Chrift , & qui en me faiſant
P'honneur de me nommer à la place importante
que j'occupe , m'a promis tous les fecours dont
j'aurois befoin.
Perfonne n'ignore que les Adverfaires de la
Conftitution Unigenitus , n'ont rien négligé pour
révolter les Fideles de la Ville de Paris contre ce
Jugement Apoftolique : on y a répandu des Libelles
fans nombre & de toutes efpeces pour rendre
odieuſe la puiffance dont la Bulle eft émanée,
& mêprifables ceux qui lui étoient foumis. Cet
attaMARS.
1720. 475
attachement fidele pour la Chaire de S. Pierre , ce
refpect filial pour le Vicaire de Jefus -Chrift fur
la terre , qui diftingue l'Eglife Catholique de toutes
les Sectes des Schifmatiques & des Heretiques,
s'eft infenfiblement affoibli ; le fecond Ordre s'eft .
nourri dans des principes contraires à la dépendance
& à la fubordination où il doit être ; de
fimples Fideles fe font accoûtumez à juger les
Juges de la Foi , & à oppofer leurs propres idées
aux décifions du Pape & des Evêques ; telle étoit
la difpofition d'un grand nombre de perfonnes
SIRE, lorfque je pris poffeffion de l'Archevêché
de Paris.
A la vue de ces defordres fi affligeants pour
ceux qui aiment la Religion , & dont le feul récit
coûte infiniment à mon coeur , j'ai été perſuadé ,
que la précipitation ne feroit qu'irriter le mal , &
que des préventions invéterées ne pouvoient être.
gueries que par la charité , par la patience & par,
P'inftruction
Dieu a beni mes premiers foins ; le Chapitre
de mon Eglife Métropolitaine s'eft uni d'abord à
moi , en adherant au Mandement de mon Prédeceffeur
pour l'acceptation de la Conftitution Unigenius
, ce qui me donna d'autant plus de confolation
, qu'il y avoit lieu d'efperer que l'exemple
du premier Corps Ecclefiaftique du Diocèfe
& d'un Corps eftimable par fes lumieres & par
fa capacité , infpireroit au refte du Clergé les
fentimens de foumiffion & de docilité que j'en
devois attendre ; quelques autres en effet ſuivirent
cet exemple , & je reçûs dès -lors de la part de
plufieurs Particuliers , des déclarations précifes
& formelles de leur obéiffance.
Dieu qui vouloit m'éprouver , n'a pas permis
que ma joye fut pleine & entiere , peu de jours
après la déclaration du Chapitre de mon Eglife
Ciij Mé176
MERCURE DE FRANCE.
Métropolitaine , cinq Curez de Paris mé préfens
terent une Lettre avec une Requête fignée d'eux
& de vingt de leurs Confreres , tant de la Ville
que de la Banlieue. Je remarquai d'abord dans cette
démarche une affociation d'Ecclefiaftiques qui ne
font point corps , & qui ne doivent s'affembler
qu'avec leur Archevêque & par fes ordres ; affociation
défenduë par d'anciens Arrêts
que Vo-
TRE MAJESTE' a renouvellez à l'occafion de pareils
mouvemens qui fe firent en 1728. mais
lorfque j'eus i la Lettre & la Requête , ma furprife
& mon étonnement redoublerent .
Je n'avois encore rien fait , SIRE , qui pût don
ner le moindre prétexte aux efprits inquiets d'allarmer
les Peuples ; mon Ordonnance pour l'acceptation
de la Bulle Unigenitus & mon Mandement
pour le renouvellement des Pouvoirs , n'avoient
pas même encore parû , cependant dans la
Lettre dont je viens de parler , ceux qui l'avoient
foufcrite me difoient : que fur des bruits qui fe
repandoient dans le Públic , ils craignoient que
livré aux fuggeftions importunes des personnes
prévenues, & qui ne refpirent que le trouble, je
ne retiraffe les pouvoirs de precher & de confeßer
à une multitude de dignes Miniftres qui travaillent
avec édification dans cette Ville , genera
lement estimez des Peuples qu'ils conduisent
dans la voye du Salut , & des Curez qu'ils foutagent
dans leurs fonctions .
Ils faifoient enfuite entendre quej'allois fubftituer
à ces Miniftres fideles de mauvais fujets
qui refuferoient les Sacremens aux plus faintes
ames , & qui les accorderoient aux pécheurs les
moins préparez que par cette conduite au lieu
du faint concert qui regnoit dans les Paroiffes ,
fallois y mettre le trouble & la divifion , allu
mer le feu du Schifme , & donner occafion aux
libertins
MAR S. 1730. 477
libertins & aux impies de s'affermir dans l'ir
religion.
Un Evêque , SIRE , qui feroit capable de faire
un uſage fi pernicieux de l'autorité qu'il a reçûë
de Jefus- Chrift , ne feroit pas un Paſteur , mais
un loup raviffant, qui, loin d'être occupé des befoins
de fon troupeau , ne penferoit qu'à le ravager.
Comment des Curez ont- ils pû concevoir
une idée fi defavantageufe de leur Archevêque ,
qui ne faifoit que d'entrer dans l'exercice de fon
miniftere , & que l'honneur qu'il avoit d'être
choiſi recemment par VOTRE MAJESTE' devoit
mettre à couvert de pareils foupçons ? Vouloientils
à quelque prix que ce fût, & fans vouloir gar
રે
der même les moindres bienfeances , me décre
diter , m'ôter l'eftime & la confiance des peuples
& me rendre odieux à tout mon Diocèfe ?
La Lettre des vingt-cinq Curez n'étoit pas feu
lement injurieufe à leur Archevêque , elle étoit
encore outrageante pour l'Eglife , par la maniere
dont elle s'expliquoit fur la Conftitution Unige
nitus : ils y reconnoiffoient que ces Miniftres
dont ils avoient fait l'éloge , refufent d'accepter
La Conftitution qui eft , difoient-ils , déferée &
l'Eglife ; & ils ajoûtoient : Sur ce point la canfe
de ces Ecclefiaftiques est la nôtre , ou plutôt
c'est la caufe de la Morale Chrétienne , de la
doctrine de l'Eglife , du langage des S S. Peres &
des Libertex de l'Eglife Gallicane.
Si la Conftitution eft le renversement de la
Morale Chrétienne , de la Doctrine de l'Eglife ,
du langage des Saints Peres & des Libertez de
l'Eglife Gallicane , comme le font entendre ces
vingt-cinq Curez, trois Papes confécutifs qui ont
fait éclater leur zèle pour l'obſervation de la Conftitution
; tous les Evêques de France qui à quatre
ou cinq près , l'ont unanimement acceptée ; ceux
C iiij
des
478 MERCURE DE FRANCE:
des autres Etats , qui fans en excepter un feuf,
y adherent , font donc des prévaricateurs qui
ont trahi & abandonné la verité pour embraffer
& pour foutenir un Decret favorable à l'erreur.
Dans quel état feroit l'Eglife de Jefus- Chrift fi
la verité détruite & ouvertement attaquée par le
Corps des Paſteurs unis à leur Chef , n'avoit plus
pour défenfeurs que quatre ou cinq Evêques ?
les promeffes de Jefus- Chrift , qui a fi pofitivement
déclaré qu'il feroit avec les Apôtres &
leurs fucceffeurs tous les jours jufquà la confommation
du fiecle , feroit fans effet ; les portes
de l'Enfer auroient prévalu contre l'Eglife ; l'autorité
infaillible de cette Epoufe de Jefus-Chrift ,
qui eft toute la fûreté & toute la confolation des
Fideles , fa perpetuelle vifibilité qui l'a fait reconnoître
entre les differentes Communions qui
s'en font féparées , feroient anéanties ; les premiers
Pafteurs ayant le Pape à leur tête ne feroient
plus des guides furs , il faudroit leur préferer fes
propres lumieres & fon efprit particulier ; les
peuples feroient enfin réduits à cette difcuffion
qui leur eft impoffible & qui a plongé les Proteftants
dans un grand nombre d'abſurditez &
d'égalements.
Quant à la Requête qui étoit jointe à la Lettre,
ces mêmes Curez cherchant à fe maintenir dans
la poffeffion qu'ils avoient prétendu ufurper depuis
quelques années de fervir de guides & de
conducteurs à leur Archevêque , excitoient mon
zele pour le fervice de VOTRE MAJESTE' , & me
traçoient avec hauteur la route que je devois
fuivre , avis d'autant plus mal placez que mon
zele n'aura jamais befoin d'être animé , quand il
s'agira de défendre vos droits , SIRE , & de l'indépendance
de votre Couronne ; remontrances qui
convenoient d'autant moins dans la bouche de
ceux
MAR S. 1730. 479.
ceux qui les faifoient , qu'ils contrevenoient formellement
à vos ordres , & qu'ils faifoient des
démarches expreffément condamnées par vos Déclarations
& par vos Arrêts , en même temps
qu'ils vouloient fe donner pour les défenfeurs de
votre autorité.
J'étois en droit , SIRE , de proceder juridi
quement contre ceux qui en avoient ufé avec
moi d'une maniere fi répréhenfible , fur tout
après que leur Lettre a été rendue publique ; je
pouvois regarder ce qu'ils avoient avancé contre la
Bulle comme une contravention manifefte à la Déclaration
du mois d'Août 1720. & les faire punir
fuivant la rigueur des Loix ; mais retenu par les
fentimens de modération & de charité qui font
gravez dans mon coeur , & qui font affez connus
de ceux avec lefquels j'ai vécu , je ne crus pas alors
devoir me fervir de l'autorité qui eft entre mes
mains , encore moins implorer celle de VOTRE
MAJESTE'.
Prêt à publier mon Inftruction Paſtorale fur la
Conftitution Unigenitus , pour diffiper , comme
mon Prédeceffeur l'avoit promis , les doutes &
les fcrupules de ceux qui avoient encore befoin
d'être éclairez fur une matiere fi importante ,
j'efperois que l'expofition que j'y devois faire de
la Doctrine de la Bulle , defabuferoit les efprits les
plus prévenus , & que les principes inconteftablesfur
l'autorité de la Conftitution qui y feroient
établis , détermineroient tous ceux qui refpectent
l'Eglife à fe foumettre au Decret Apoftolique.
Je me contentai donc de mander les cinq Curez
qui m'avoient apporté la Lettre & la Requête , je
leur réprefentai leur faute avec tout le ménagement
poffible; je leur fis les reproches qu'ils méritoient
fur leur affociation , contraire aux Loix de
l'Etat , & d'autant moins convenable , qu'ils fçavoient
C.v
480 MERCURE DE FRANCE :
voient que ma porte leur étoit toûjours ouverte ,
pour écouter ce que chacun d'eux en particulier
voudroit me repreſenter fur l'état de få Paroiffe ;
je leur fis fentir combien leur Lettre m'étoit injurieufe
& à l'Eglife même , je leur parlai de ma
niere à leur faire connoître que les maximes du
Royaume m'étoient auffi précieufes qu'elles le leur
pouvoient être ; je n'omis rien enfin pour les engager
à rentrer en eux-mêmes & à faire de férieufes
reflexions fur leurs fentimens & fur leur conduite.
Quelque temps après cet évenement , SIRE , jet
publiai mon Inftruction Paftorale fur la Conftitution
Unigenitus : j'eus la fatisfaction
que
plufieurs Ecclefiaftiques & differens Corps (a )
touchez & éclairez par cet ouvrage de paix & de
verité , ouvrirent les yeux & defabufez de leurspréventions,
vinrent me déclarer qu'ils obéiffoient.
avec docilité au Decret Apoftolique , quelquesuns
même des Curez , qui avoient figné la Lettre,,
ré racterent leur fignature en fe foumettant plei
nement à mon Ordonnance ; & j'ai été informé
que dans differens Diocèfes cette Inftruction avoit
eu le même fuccès.
A la fin du mois d'Octobre je donnai mon
Mandement pour le renouvellement des pouvoirs.
de prêcher & de confeffer ; je fixai le terme de:
quatre mois pour les Prêtres Séculiers & Reguliers
de la Ville & de la Banlieuë de Paris , pendant
lefquels tous les Confeffeurs feroient obligez
de fe préfenter devant les Examinateurs que je
choifis pour ce difcernement important ; & à l'égard
des Prêtres de la Campagne , afin de ne les
point obliger de venir à la Ville pendant la ri
(a) Les Dominicains, les Carmes , les Prémon
les Doctrinaires. trez
gueur
MARS . 1730. 481
gueur de l'Hyver , je remis cet examen au temps
de l'Eté. En publiant ce Mandement j'avois fuivi
ce que mon Prédeceffeur avoit fait à fon avenement
à l'Archevêché de Paris ; ce que j'avois fait
moi - même à Marſeille & à Aix , & ce que tout
Evêque obferve ordinairement pour connoître les
moeurs , les talens & la Doctrine de ceux à qui il
confie le miniftere le plus redoutable & le plus
faint que des hommes puiffent exercer ; je ne pouvois
d'ailleurs ignorer qu'il y avoit dans lesParoiffes
de Paris & dans celles de la Campagne , un certain
nombre de Prêtres étrangers renvoyez de
leurs Diocèfes, ou qui s'en étoient eux-mêmes
éloignez pour fe fouftraire à l'obéiffance qu'ils
dévoient à leur Evêque , nouveau motif qui m'obligeoit
à prendre des précautions dans le commencement
de mon Epifcopat , pour le choix de
ceux qui devoient travailler fous mes ordres.
Ces Ordonnances , quelques neceffaires , quelques
fages , quelques moderées qu'elles fuffent
n'étoient pas du gout des Adverfaires de la
Bulle : il n'en a pas fallu davantage pour qu'à
cette occafion il fe foit élevé un orage contre
moi ; on a répandu contre mon Inftruction dif
ferents libelles anonymes , dans lefquels on a attaqué
ma doctrine , & on s'eft attaché à repré→
fenter ma moderation même , comme un piege
dont il falloit fe garantir ; on s'eft appliqué à indifpofer
dans plufieurs Paroiffes & dans plufieurs
Communautez les Prédicateurs & les Confeffeurs,
on a répandu les bruits les plus faux fur la ma
niere dont fe paffoient les Examens de l'Archevêché
; on a détourné plufieurs Ecclefiaftiques d'y
venir , dans l'idée de faire manquer le Service des
Paroiffes , de m'en rendre refponfable, & de foulever
les peuples en leur perfuadant que je voulois
leur ôter les Miniftres aufquels ils avoient
Cvj con482
MERCURE DE FRANCE :
1
confiance ; & fur un fi grand nombre de Prêtres
aufquels on continuoit les pouvoirs , il s'en trouvoit
un ou deux que l'on refufàt par incapacité
ou par mauvaiſe doctrine , le bruit de ces
interdits
étoit auffi -tôt publié & exageré dans tout
Paris , les Examinateurs repréfentez comme des
hommes durs & fans lumieres , qui excluoient du
miniftere tous ceux qui étoient les plus capables
de l'exercer ; malignité d'autant plus grande,
que depuis que je fuis en place , SIRE , j'ai renouvellé
les pouvoirs à plus de mille quatre-vingt
Confeffeurs , & qu'il n'y en a que trente qui
foient interdits ; ( a ) de ces trente quelques-uns
ont fait des Sermons fi féditieux , que les Magiftrats
n'auroient pû s'empêcher de les punir , s'ils.
en avoient éû connoiffance ; il y en a d'autres
qui ne font venus aux Examens que pour y déclarer
avec arrogance , qu'ils refufoient d'obeïr à
la Conftitution & à mon Ordonnance , pour faire
eux-mêmes l'énumeration des actes de défobéïffance
qu'ils avoient fignez , & pour affurer qu'ils
y perfiftoient ; quelques autres font connus dans
le public comme des Chefs de parti , qui n'infpirent
que la défobéiffance à l'Eglife & le mépris.
des Puiffances. que Dieu a établies ; il s'en eft trouvé
enfin , qui par rapport à leur incapacité & à
leurs, moeurs ,. ne devoient pas être employez.
Si on n'avoit répandu que des Libelles anonymes
, qui par ce titre feul , portent un caractere
de réprobation , fi je n'avois eû à me plaindre
que de brigues fourdes , que de difcours vagues ,,
que de mouvements fecrets de gens fans aveu ,
j'aurois été bien éloigné d'en importuner VOTRE
(a) S'il y en a d'autres qui foient fans pou
voirs , c'est qu'ils ne fe font pas prefenté aux
Examens pour les faire renouveller.
MA
MARS. 17307 48.
MAJESTE'. Il y a trop long-temps que je fuis
dans le Miniftere Ecclefiaftique , pour ne pas fçavoir
qu'un Evêque doit méprifer ces fortes d'écarts
; mais ce que je ne vous puis cacher , SIRE ,
& ce qui m'attrifte profondément , c'eft que ces
mêmes Curez qui m'avoient écrit la Lettre dont
j'ai eu l'honneur de vous parler , & que j'avois efperé
de ramener par ma modération & par mes
exhortations charitables , n'ont pas craint de m'écrire
une feconde Lettre le 29. Décembre dernier
, & de m'envoyer un Memoire contre mon
Inftruction Paftorale.
Dans cette nouvelle Lettre on m'attaque encore
fur le nombre des Confeffeurs que j'ai interdits
on dit
que le Troupeau va être privé de tous
fes dignes Miniftres , & qu'il fera livré dé
formais à des guides aveugles & relâchez ; on
dépeint la Ville de Paris , cette Ville d'une rare
beauté & qui faifoit l'admiration de toute la
la terre, comme couverte d'afflictions & de ténebres
, & l'on fait entendre que les Peuples de
votre Capitale font dans une confternation generale.
Mais , SIRE , qu'il me foit permis de
répréfenter à VOTRE MAJESTE' quel eft le principe
de toute cette déclamation ? Il s'agit uniquement
, comme j'ai eu l'honneur de vous le faire
obferver de trente Confeffeurs interdits , encore:
même parmi les Curez qui s'en plaignent , il y
en a plufieurs qui n'y ont point d'interêts , les
uns font feuls dans leurs Paroiffes , ( a ) les autres
n'ont qu'un ou deux Ecclefiaftiques qui ne font
point du nombre de ceux aufquels on n'a pas jugé
à propos de renouveller les pouvoirs ; (b) où
( a ) Les Gurez de fainte Marine & de faint
Jean le Rond.
(b) Les Curez du Roule , de Montmartre , de
la Vilette , de la Chapelle & de Conflans.
voit484
MERCURE DE FRANCE .
Voit-on auffi cette prétendue confternation que
F'on fait tant valoir ? Elle ne fe trouve que dans
ceux qui la publient & qui cherchent à l'exciter
par des écrits & par des difcours remplis de calomnies
& d'artifices. *
En fut-il jamais un plus marqué , SIRE , que
l'attention avec laquelle les Auteurs de la Lettre
s'efforcent d'exciter la compaffion des riches en
faveur des Écclefiaftiques qui n'auront plus le
pouvoir de confeffer ? Ils les repréfentent comme
s'ils alloient être réduits à la mendicité ; le miniſtere
de la pénitence , ce miniſtere ſi faint , qui
doit être exercé avec des vûës fi pures & fi defintereffées
, peut-il donc jamais être une reffource
à l'indigence ? Mais ce qui eft de plus criminel
& ce qui pourroit devenir plus dangereux , c'eft
que dans cette même Lettre , dont les copies font
déja répanduës à Paris , & qui fera bientôt imprimée
comme la premiere , on cherche à intereffer
les pauvres en leur annonçant que
les aumônes
qui leur étoient deſtinées , vont être portées
aux Ecclefiaftiques privez de leurs fonctions;
à quoi peut tendre un pareil difcours , finon á
perfuader à ceux qui font dans le befoin , qu'ils
ne doivent plus s'attendre aux fecours qu'ils recevoient
, & que c'eft leur Archevêque qui fait:
tarir les fources fur lefquelles ils peuvent compter?
Le Memoire des Curez n'eft pas plus mefuré
leur Lettre , c'eſt une fatyre & une invective que
* Nota. Qu'avant la feconde Lettre des Curez
à M. l'Archevêque , il y avoit plusieurs
grandes Paroiffes où il n'y avoit aucun Prétre
d'interdit ,fçavoir , de S. Jean , de S. Gervais ,
de S. Roch , de S. Etienne du Mont , de S. Médard
fainte Marguerite ; à faint Germain
de l'Auxerrois un feul .
pleine
MARS. 1730. 485
pleine d'aigreur & de fauffetez contre la Conftitution
Unigenitus , contre mon Inftruction Paftorale
; je refpecte trop les momens de VOTRE
MAJESTE' , pour lui faire un long détail de cette
piece ; il me fuffit de lui remontrer qu'il n'y a
pas un article de mon Inftruction qui n'y foit
attaqué , foit par des ironies picquantes , foit par
des critiques témeraires ; toutes les expreflions de
mon Mandement pour le renouvellement des
pouvoirs , y font tournées avec malignité & condamnées
avec indécence ; les Curez ne s'y font
pas bornez à attaquer l'Ordonnance & le Mandement
que j'ai publiez depuis que je fuis Archevêque
de Paris , ils ont été rechercher une Cenfure
que je fus obligé de faire à Aix contre de
mauvaifes propofitions qu'un Profeffeur en Théologie
avoit avancées ; cenfure à laquelle le Profeffeur
fe foumit , qui ne fut contredite , ni dansle
Diocèfe d'Aix , ni dans l'Eglife de France , &
que les Curez tronquent & défigurent dans leur
Memoire pour la rendre odieufe.
Je ne crois pas, SIRE , qu'on ait jamais vu dans
P'Eglife un exemple d'une pareille révolte du fecond
ordre contre le premier , ni qu'on ait jamais
pouffé plus loin l'efprit d'indépendance & le
renversement de la fubordination la plus effentielle
..
Les Auteurs de la Lettre & du Memoire fe
déclarent mes cooperateurs dans le droit d'enſeigner
& de juger de la Doctrine ; pleins de ces
prétentions chimeriques , ils élevent autel contre
autel ; ils érigent un Tribunal fuperieur au mien ;
c'eft là où mon Ordonnance eft examinée ; ils ne
craignent point d'enſeigner ouvertement une doctrine
contraire à la mienne , & de profcrire celle que
j'ai crû devoir prefenter à mon Diocèfe ; d'autant
plus coupables que ce que j'ai dit dans mon Inf
truction
486 MERCURE DE FRANCE.
truction Paſtorale , je l'ai dit avec le Pape & avec
le Corps des Paſteurs.
Ils devroient cependant fçavoir qu'un Archevêque
en publiant dans fon Diocèſe une Décifion
de l'Eglife , remplit ce que fon Miniſtere exige
de lui ; c'eft aux Evêques à qui Jefus - Chrift a dit
en la perfonne des Apôtres : Allez, enſeignez
toutes les Nations , celui qui vous écoute m'écoute,
& celui qui vous méprise me mépriſe
moi même, c'est à eux que S.Paul dit , en parlant
à Thimothée , confervez le dépôt : les Prêtres
doivent être les premiers à donner l'exemple de
la foumiffion & de l'obéïſſance , & ils doivent
apprendre à tout le Troupeau à refpecter la voix
du premier Paſteur . ´
Après l'expofé que je viens de faire à VOTRE
MAJESTE', elle ne fçauroit douter que je ne connoiffe
toute l'énormité d'une pareille conduite ; je
prévois les fuites funeftes qu'elle peut avoir , je
fens qu'il eft dangereux de la diffimuler , je fçai
même qu'il eft quelquefois neceffaire de faire des
exemples qui puiffent , felon l'Apôtre S. Paul ,
inſpirer une terreur falutaire , je ne puis cependant
encore me réfoudre à punir les coupa→
bles ni à employer ces armes puiffantes quej'ai
en main pour renverser toute hauteur qui s'éleve
contre la fcience de Dieu ; je fupplie Vo-
TRE MAJESTE , de fufpendre les effets de fon
indignation , je veux épuifer les dernieres reffources
de la patience & de la charité ; il n'eſt
pas poffible que ces Ecclefiaftiques ne " reconnoiffent
enfin leur faute, & qu'ils ne réparent par leur
foumiffion le fcandale qu'ils ont donné : je me
flate qu'ils ouvriront les yeux à l'exemple d'un
grand nombre de leurs Confreres , qui blâmant
leur conduite , goutent dans une parfaite obéïffance
à la voix de l'Eglife , cette paix & cette confolation
MARS. 1730. 487
folation qui en font inféparables ; fi cependant
contre mon inclination & contre mon attente
ces Ecclefiaftiques me forcent d'agir en Juge ,
après leur avoir inutilement parlé en Pere , je
ferai mon devoir , SIRE , avec le zele & la fermeté
d'un Evêque , qui après avoir vieilli dane
l'Epiſcopat , n'eft pas venu dans votre Ville Capitale
pour trahir fon miniftere , ni pour le deshonorer
à la fin de fes jours , & j'aurai recours
alors avec confiance à la protection de VOTR
MAJESTE', afin que par un parfait concert des deux
Puiffances du Sacerdoce & de l'Empire , tout ce
qui trouble le bon ordre foit puni felon les voyce
Canoniques & Civiles. Je fuis avec le plus profond
reſpect ,
ȘIRE ,
DE VOTRE MAJESTE',
Le très-humble , très-obéiffant
& très-fidele ferviteur & fujet,
† CHARLES , Archevêque de Paris.
A Paris , le 8. Fevrier 1730.
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Résumé : LETTRE. DE M. L'ARCHEVESQUE DE PARIS. AU ROY.
L'archevêque de Paris adresse une lettre au roi pour l'informer des tensions au sein du diocèse de Paris, liées à la Constitution Unigenitus. Il souligne l'importance de la Religion pour l'État et son devoir d'informer le roi de ses démarches. Les opposants à la Constitution Unigenitus ont diffusé des libelles pour discréditer la bulle papale et affaiblir l'autorité papale. À son arrivée, l'archevêque a trouvé un diocèse divisé, avec des fidèles et des ecclésiastiques opposés à la Constitution Unigenitus. Il a opté pour la patience et l'instruction pour apaiser les tensions. Le chapitre de son église métropolitaine a adhéré au mandement de son prédécesseur, et plusieurs particuliers ont déclaré leur obéissance. Cependant, cinq curés de Paris et vingt de leurs confrères ont critiqué les mesures de l'archevêque et exprimé des craintes infondées. L'archevêque a réagi avec modération, rappelant les curés à leurs devoirs et publiant une instruction pastorale sur la Constitution Unigenitus. Plusieurs ecclésiastiques et corps religieux ont alors accepté le décret apostolique. Il a également publié un mandement pour le renouvellement des pouvoirs de prêcher et de confesser, fixant un délai pour l'examen des prêtres. Malgré ces mesures, des libelles anonymes ont été diffusés contre son instruction. L'archevêque mentionne que sur plus de mille quatre-vingt confesseurs, seulement trente ont été interdits. Parmi ces interdits, certains ont prononcé des sermons séditieux, refusé d'obéir aux constitutions et aux ordonnances, ou sont connus pour inspirer la désobéissance et le mépris des autorités. Les curés ont exagéré ces interdictions, prétendant que Paris serait privé de ses ministres dignes et plongé dans l'affliction. L'archevêque souligne que cette opposition est motivée par des intérêts personnels et des calomnies. Il exprime son désir de résoudre ce conflit par la patience et la charité, espérant que les prêtres reconnaîtront leur faute et se soumettront. Cependant, il se tient prêt à agir en juge si nécessaire, avec le soutien du souverain pour maintenir l'ordre et la discipline dans l'Église.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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839
p. 489-501
PLAN abregé d'une Méthode nouvelle d'accompagnement pour le Clavecin.
Début :
Une Méthode en musique est un morceau tout neuf. Celles qu'on a données [...]
Mots clefs :
Harmonie, Musique, Méthode, Accords, Notes, Succession des accords, Note tonique, Dissonance, Progrès, Oreille, Clavecin
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texteReconnaissance textuelle : PLAN abregé d'une Méthode nouvelle d'accompagnement pour le Clavecin.
PLAN abregé d'une Méthode nouvelle
d'accompagnement pour le Clavecin.
U
Ne Méthode en mufique eft un mor
ceau tout neuf. Celles qu'on a don
nées jufqu'à prefent n'en ont que le titres
on n'y voit qu'une pratique à demi détaillée
, des regles arbitraires , remplies
d'exceptions , & deftituées de tout fondement.
La Méthode nouvelle eft appuyée ſur
la Baffe fondamentale , feul & premier
principe , où tout fe rapporte en Muſique
, & d'où émanent des regles auffi
certaines que fimples.
C'eft par les définitions de l'Art & de
fes
490 MERCURE DE FRANCE .
fes parties qu'on commence à developer
cette Méthode.
L'accompagnement du Clavecin eſt
l'Art d'executer fucceffivement une harmonie
complete & parfaite fur un Chant
donné qu'on appelle Baffe continuë.
La connoiffance de l'harmonie eft le
premier mobile de cette execution ; l'habitude
des doigts & de l'oreille en fait la
promptitude .
Le premier objet de la Méthode eft
donc d'examiner en quoi confiftent l'harmonie
, fa plenitude , fa perfection , fa
fucceffion , & la marche de la Baffe.
Le deuxième objet eft de faciliter aux
doigts les habitudes neceffaires , & de rendre
l'oreille fenfible à l'harmonie & à fes
fucceffions les plus régulieres.
L'harmonie fe conçoit dans la pratique
fous le nom d'Accord ; elle est complete
& parfaite quand l'Accord eft tel .
Un Accord eft primitivement l'affemblage
de plufieurs fons difpofés par 3 .
Il n'y a que deux Accords ; le Conſonant
& le Diffonant.
Le Confonant eft compofé de trois Notes
, à la 3e l'une 3º de l'autre , & eft renfermé
dans l'intervale de 5º , comine par
exemple , fol , fi , re.
Le Diffonant eft de deux efpeces ; l'un
eft fondamental , l'autre eft de gout , &
par fuppofition. L'Accord
1
MARS. 1730. 491
L'Accord diffonant fondamental eſt compofé
de quatre Notes diftantes pareillement
d'une 3 , & eft renfermé dans l'intervale
de 7. Cet Accord contient le
Confonant & une Note de plus , comme
par exemple , fol , fi , re , fa ; tous deux
font compris dans l'étendue de l'8 , &
la premiere Note des 3e confecutives qui
les compofent , en est toujours la Baffe
fondamentale.
es
L'Acord diffonant par ſuppoſition eft
compofé de cinq Notes differentes , &
excede par conféquent l'étendue de l'ge ;
c'est - à- dire , qu'il contient l'Accord diffonant
fondamental , & une Note de plus ;
mais cette Note n'eft jamais que la 3 ,
ou la 5 au deffous de la premiere des
3 , qui compofent cet Accord , & c'eft
alors la Baffe qui eft par fuppofition ,
comme, par exemple , mi , fol, fi , re , fa,
& ut , fol , fi , re , fa,
с
Un Accord n'eft complet qu'autant
qu'il renferme le nombre de Notes qu'on
vient de rapporter , & il ne l'eft plus dès
qu'on en retranche quelques-unes , comme
il arrive dans l'Accord diffonant
appellé Accord de 4º ; ce qui n'empêche
pas qu'il ne demeure foûmis à toutes les
loix des autres Accords diffonans .
Un Accord eft parfait dans fa conftrution
, lorfque toutes les 3es qui le com
pofent
492 MERCURE DE FRANCE.
pofent font formées des Notes du Mode
qui exifte.
L'Accord confonant & le diffonant fondamental
peuvent recevoir autant de formes
differentes qu'ils contiennent de Notes
; & ce renverlement n'en change point
le fond.
Ainfi l'Accord confonant reçoit trois
formes differentes , & l'Accord diffonant
fondamental en reçoit quatre.
Mais fi l'on donne à ce dernier Accordune
Baffe par fuppofition , à la 3º ou à
la sau deffous , comme il a été dit ,
l'addition de cette cinquiéme Note change
la gradation refpective des quatre Notes
par 3 dont il eft compofé , & préfente
l'Accord fous deux formes de plus;
ainfi l'Accord diffonant en general reçoit
fix formes differentes.
Le renversement de l'Accord diffonant
fondamental n'eft point reciproque avec
la Note de la Baffe par fuppofition , &
n'a lieu qu'entre les quatre Notes fol , fi,
re , fa , où l'on reconnoît la jonction
de deux Notes , c'est - à - dire , un intervale
de 2 , comme entre fa & fol .
Cette jonction de deux Nores , qui feule
fait la diftinction de l'Accord confonant
d'avec le diffonant , ſemble auffi deſtinée
feule à faire reconnoître ce dernier par
deux chiffres de valeur immédiate , où
l'interMARS.
1730. 493
Pintervale de 2 fe découvre ; & l'ufage
où l'on eft de chiffrer l'Accord de 4º par
, celui de grande 6 par , & même
celui de petite 6 ° par , y eft entierement
conforme.
Mais fi l'intervale de 2 eût guidé en
cela la maniere de chiffrer , il femble
qu'on auroit dû proceder également à l'égard
des trois autres formes de l'Accord
diffonant , puifque par rapport à la Baffe
actuelle de l'Accord , on ne peut confiderer
celui de 2e que comme , celui de
9 comme , & celui de 7 comme ; il
y a donc même railon pour défigner les
uns & les autres par les chiffres où l'intervale
de 2 a lieu ; ce qui prefente toutes
les formes de l'Accord diffonant en
cette maniere fimple & uniforme 234568
& donne déja une ouverture importante
fur l'harmonie; puifque des deux chiffres
immédiats , le plus grand marque toû
jours la Baffe fondamentale , & le plus
petit la diffonance , obfervation qui fair
feule tout le principe de cette Méthode
fur la fucceffion des Accords .
2
123457
L'avantage qu'on tire de cette maniere
de concevoir toutes les formes de
l'Accord diffonant , n'eft pas moins fenfible
dans la pratique ; mais avant que de
faire agir les doigts , il faut obferver que
pour des raifons capitales que la Métho
de
494 MERCURE DE FRANCE.
de expofe , on doit fufpendre l'ufage du
pouce ; ce qui ne doit point rebuter les
petites mains , auxquelles elle fournit des
expediens.
S'il s'agit maintenant de trouver l'Accord
fur le Clavier par le moyen des
deux chiffres immédiats il fuffit de
connoître une feule des deux touches qui
répondent aux intervales défignés par ces
chiffres , pour connoître l'autre fur le
champ , puifque plaçant un doigt fur
cette touche , un des deux doigts voisins
ne peut que tomber naturellement fur
Pautre, & quant aux deux doigts reftans ,
il ne s'agit plus que de les difpofer par
3es
S'il arrive que le doigt voifin de celui
qu'on a placé d'abord ne fe trouve pas
tout portéfur la touche défignée par l'autre
chiffre , il ne faut que l'écarter par
3e , & les deux autres pareillement , on
aura toûjours le même Accord diffonant
complet ; car alors la touche occupée par
le doigt d'en haut n'eft que la réplique du
fon qui réuniroit deux doigts pour former
l'intervale de 2 , ce qui revient au
même pour l'efprit & pour les doigts ,
puifqu'il ne s'agit jamais que de les difpofer
tous par 3es , ou d'en joindre deux
feulement ; habitude qui ne les affujettit
qu'à deux fituations , & qui rend tous les
endroits
MAR S. 1730. 495
endroits du Clavier également familiers.
Chacun peut éprouver la facilité qu'il
y a de trouver ainfi tous les Accords diffonans
poffibles , & l'on verra qu'ils ne font
tous qu'un même arrangement par 3 ,
foit majeures , foit mineures , & que par
tout la Baffe fondamentale & la diffonance
font les mêmes , quoique les Accords
puiffent ne pas être complets.
Pour ce qui eft de la fucceffion des
Accords , il eft clair qu'étant tous confonans
ou diffonans , elle ne peut confifter
dans celle des confonans entre
que
eux , des diffonans entre eux , & des confonans
mêlés avec les diffonans.
Le principe de ces fucceffions réfide dans
deux cadences fondamentales , dont l'une
qui defcend de se , comme de fol à ut
s'appelle parfaite , & dont l'autre qui
monte des , comme de fa à ut , s'appelle
imparfaite ou irréguliere ; les Notes
qui forment ces cadences , portent chacune
l'Accord confonant , & la derniere
de chaque cadence eft toûjours la Tonique,
c'est- à- dire , la principale Note du ton .
Ces deux cadences ordonnent d'abord
de la fucceffion des Accords conforans
entr'eux ; mais comme le principal but
de la fucceffion des Accords eft d'entretenir
à l'oreille la modulation ou le ton qui
exifte , & que pour cet effet , l'art & l'ex-
D perience
496 MERCURE
DE FRANCE .
perience ont revêtu l'harmonie
de la diffonance
; on l'ajoûte en confequence
à la
premiere Note de chacune de ces deux cadences ; & delà naît la fucceffion
des
Accords confonans
mêlés de diffonans .
Si au lieu de terminer la cadence parfaite
par l'Accord confonant , on ajoûte
encore à celui - ci la même diffonance ;
il en refulte un progrès obligé d'Accords
diffonans , dont la conclufion ne fe peut
faire que par le feul Accord confonant ,
& ce n'eſt qu'alors que la cadence parfaite
apparoît ; car celles qui fe font d'un
Accord diffonant à un autre diffonant ,
n'en font que l'imitation.
Ainfi l'imitation de la cadence parfaite
eft l'origine de la fucceffion des Accords
diffonans entr'eux , & c'eft en ces deux
mouvemens de la même cadence que gir
tout l'artifice de la compofition & de
l'Accompagnement
; car la cadence irré
guliere eft toujours concluante , & ne
s'imite point.
Après le progrès obligé des Accords ,
ce qui refte à examiner , eft l'interruption
fréquente de ce progrès , par les differens
points de conclufion
que l'Accord confonant
y apporte ; & c'eft à quoi l'oreille
doit principalement
fe rendre fenfible ;
mais ce ne peut être qu'avec beaucoup
de tems & de peine , fans les lumieres
de
MARS 1730. 497
de l'efprit ; c'est pourquoi l'on s'attache
à faire raporter tous les Accords à la Note
tonique , & l'on fait obferver que confequemment
à la diffonance appliquée à
la premiere Note de chacune des deux
cadences , il n'y a dans un Mode que
trois Accords , celui de la tonique , celui
de fa 2º & le fenfible.
Le ton au-deffus de la tonique indique
fon Accord de 2º , & le femiton au - deffous,
indique fon Accord fenfible.
L'Accord confonant de la tonique commence
& termine toutes les fucceffions ;
& comme tout Mode ne contient que trois
Accords , il est évident que celui de la
tonique ne peut être précedé que de l'un
des deux autres , & qu'il doit en être
fuivi pareillement , fi ce n'eſt d'un autre
Accord , qu'un progrès obligé peut occafionner
après celui de la tonique.
Mais la marche de la Baffe détermine
alors l'Accord diffonant qui doit fuivre
le confonant ; & comme celui- ci ne peut
jamais être precedé que de fon Accord
de ze , & bien plus fréquemment de fon
Accord fenfible , on continue le progrès
obligé , jufqu'à ce que l'un des deux derniers
paroiffe ; & quand on eft arrivé à
celui de la 2º ,la Baffe montre clairement,
file fenfible ou le confonant doit le fuivre ;
Car fi ce n'eft le confonant, c'est le fenfible.
Dij
Si
498 MERCURE DE FRANCE .
Si le ton vient à changer après l'Accord
confonant de la tonique , ou après fon
Accord de 2 , cela eft infailliblement
marqué par la marche de la Baffe , par
un diéze , par un bémol , ou par un béquarre
; & le ton connû , tout le refte
l'eft.
Si enfin l'Accord diffonant pris aprés le
confonant , n'eſt pas le fenfible du ton où
l'on paffe , on fait fucceder pour lors les
Accords diffonans par le progrès obligé,
comme on l'a déja dit.
Ces regles établies fur toutes les marches
poffibles de la Baffe fondamentale
inftruifent parfaitement de la fucceffion
de l'harmonie ; mais tout ainfi que la
pratique la plus confommée ne fçauroit
procurer une entiere poffeffion de l'art ,
fi l'efprit n'est pourvû de ces connoiſſances
, de même auffi la pratique eft- elle
neceffaire pour les y graver mieux , &
plus promtement ; cependant on ne peut
trop obferver de fimplifier extrêmement
les objets , & de ne les lier qu'à meſure
qu'ils fe prefentent d'eux- mêmes.
C'eft dans cette vûë que la Méthode
prefcrit d'exercer d'abord les Accords fans
la Baffe ; & comme la diffonance eft le
guide le plus affuré des fucceffions , on
commence par celle des Accords diffomans
entr'eux , où il ne s'agit que de faire
defcen
MARS. 1730. 499
defcendre alternativement deux doigts
contigus fur les touches voifines de celles.
qu'ils occupent , & cela d'un Accord à
un autre ; de forte que les diffonances y
font toujours préparées & fauvées dans la
derniere rigueur . Voyez fur ce fujet l'exemple
du Traité de l'harmonie , page
396.
Le feul arrangement des doigts fait
fentir ceux qu'il faut mouvoir ; fi tous
les doigts font par 3 , le petit doigt demande
à deſcendre le premier , & de deux
doigts qui le joignent , celui d'au - deffous
peut feul partir , & ainfi du fuivant.
On apprend dans ce progrès obligé à
reconnoître l'Accord fenfible fi decifif
dans la modulation ; on y remarque que
l'Accord de la 2 tonique le précede toûjours
, ce qui facilite à l'oreille la diftinction
qu'elle en doit faire ; d'où l'on
fçait & l'on fent que l'Accord confonant
de la tonique doit le fuivre .
De cet exercice on paffe à celui des ca
dences , où l'on s'accoutume à entrelaffer
l'Accord confonant avec celui de la 2º
tonique , & le fenfible ; on fait fucceder
ces cadences d'un ton à l'autre , & lorf
qu'elles font familieres en differens tons ,
on y fait joindre une Baffe qu'on varie
autant qu'il eft neceffaire .
En exerçant ces cadences , on apprend
D iij
à
500 MERCURE DE FRANCE ;
à diftinguer les tons majeurs des mineurs,
& leurs rapports , combien chacun d'eux
contient de diézes ou de bémols , & par
quel moyen le nombre peut toûjours en
étre préfent .
Ces dernieres remarques jointes à la
marche de la Baffe font connoître le ton
qui exifte , & decident abfolument de
PAccord diffonant qui doit fucceder au
confonant ; mais la plus belle regle qu'on
y joint , & qui eft peu connue , eft celle
qui enfeigne le moment précis où chaque
ton commence & finit .
A mesure que l'efprit , les doigts &
P'oreille concourent à faifir les changemens
de ton , & que les conclufions fe
multiplient , on acquiert l'habitude de
faire fucceder les Accords confonans entr'eux
; car de cette fucceffion à celle des.
diffonans , il n'y a de difference que la
diffonance ajoûtée pour entretenir la mo- -
dulation , & pour fixer la fucceffion des
uns & des autres , puiſque s'il n'y a que
deux Accords , il n'y a pareillement que
deux fucceffions & deux marches fondamentales
de laBaffe , auxquelles les Accords
confonans ne font pas moins affujettis que
les diffonans .
On fait enfuite un corps féparé des licences
comme de la cadence rompuë , où
la Baffe fondamentale monte diatoniquement,
MARS.
1730: Sor
ment , de la cadence interrompuë , où elle
defcend de 3º , & de la fufpenfion , dont
tout l'artifice dans la pratique confifte à
faire defcendre un doigt de plus ou de
moins , après l'Accord diffonant.
Entre les fix manieres de chiffrer l'Accord
diffonant , adoptées par cette Méthode
, il y en a trois qui ne répondent pas
à l'ufage établi ; mais au prix de l'utilité
qu'en retirent les commençans , la peine
de s'accoûtumer aux autres chiffres n'eft
rien , & il leur fuffit qu'ils foient pairs ou
impairs , pour fe déterminer fur le champ;
d'ailleurs l'intelligence du principe , la
fenfibilité de l'oreille & la mécanique des
doigts les met bientôt en état de s'en
paffer.
L'Extrait qu'on donne ici ne permet pas
de prévenir les difficultés que peut faire
l'ancienne Ecole ; mais on imprime actuellement
le Plan entier chez M. Ballard ,
au Mont-Parnaffe , où l'on en trouvera
la folution , & même un parallele en forme
de toutes les Méthodes de compofition
& d'Accompagnement.
d'accompagnement pour le Clavecin.
U
Ne Méthode en mufique eft un mor
ceau tout neuf. Celles qu'on a don
nées jufqu'à prefent n'en ont que le titres
on n'y voit qu'une pratique à demi détaillée
, des regles arbitraires , remplies
d'exceptions , & deftituées de tout fondement.
La Méthode nouvelle eft appuyée ſur
la Baffe fondamentale , feul & premier
principe , où tout fe rapporte en Muſique
, & d'où émanent des regles auffi
certaines que fimples.
C'eft par les définitions de l'Art & de
fes
490 MERCURE DE FRANCE .
fes parties qu'on commence à developer
cette Méthode.
L'accompagnement du Clavecin eſt
l'Art d'executer fucceffivement une harmonie
complete & parfaite fur un Chant
donné qu'on appelle Baffe continuë.
La connoiffance de l'harmonie eft le
premier mobile de cette execution ; l'habitude
des doigts & de l'oreille en fait la
promptitude .
Le premier objet de la Méthode eft
donc d'examiner en quoi confiftent l'harmonie
, fa plenitude , fa perfection , fa
fucceffion , & la marche de la Baffe.
Le deuxième objet eft de faciliter aux
doigts les habitudes neceffaires , & de rendre
l'oreille fenfible à l'harmonie & à fes
fucceffions les plus régulieres.
L'harmonie fe conçoit dans la pratique
fous le nom d'Accord ; elle est complete
& parfaite quand l'Accord eft tel .
Un Accord eft primitivement l'affemblage
de plufieurs fons difpofés par 3 .
Il n'y a que deux Accords ; le Conſonant
& le Diffonant.
Le Confonant eft compofé de trois Notes
, à la 3e l'une 3º de l'autre , & eft renfermé
dans l'intervale de 5º , comine par
exemple , fol , fi , re.
Le Diffonant eft de deux efpeces ; l'un
eft fondamental , l'autre eft de gout , &
par fuppofition. L'Accord
1
MARS. 1730. 491
L'Accord diffonant fondamental eſt compofé
de quatre Notes diftantes pareillement
d'une 3 , & eft renfermé dans l'intervale
de 7. Cet Accord contient le
Confonant & une Note de plus , comme
par exemple , fol , fi , re , fa ; tous deux
font compris dans l'étendue de l'8 , &
la premiere Note des 3e confecutives qui
les compofent , en est toujours la Baffe
fondamentale.
es
L'Acord diffonant par ſuppoſition eft
compofé de cinq Notes differentes , &
excede par conféquent l'étendue de l'ge ;
c'est - à- dire , qu'il contient l'Accord diffonant
fondamental , & une Note de plus ;
mais cette Note n'eft jamais que la 3 ,
ou la 5 au deffous de la premiere des
3 , qui compofent cet Accord , & c'eft
alors la Baffe qui eft par fuppofition ,
comme, par exemple , mi , fol, fi , re , fa,
& ut , fol , fi , re , fa,
с
Un Accord n'eft complet qu'autant
qu'il renferme le nombre de Notes qu'on
vient de rapporter , & il ne l'eft plus dès
qu'on en retranche quelques-unes , comme
il arrive dans l'Accord diffonant
appellé Accord de 4º ; ce qui n'empêche
pas qu'il ne demeure foûmis à toutes les
loix des autres Accords diffonans .
Un Accord eft parfait dans fa conftrution
, lorfque toutes les 3es qui le com
pofent
492 MERCURE DE FRANCE.
pofent font formées des Notes du Mode
qui exifte.
L'Accord confonant & le diffonant fondamental
peuvent recevoir autant de formes
differentes qu'ils contiennent de Notes
; & ce renverlement n'en change point
le fond.
Ainfi l'Accord confonant reçoit trois
formes differentes , & l'Accord diffonant
fondamental en reçoit quatre.
Mais fi l'on donne à ce dernier Accordune
Baffe par fuppofition , à la 3º ou à
la sau deffous , comme il a été dit ,
l'addition de cette cinquiéme Note change
la gradation refpective des quatre Notes
par 3 dont il eft compofé , & préfente
l'Accord fous deux formes de plus;
ainfi l'Accord diffonant en general reçoit
fix formes differentes.
Le renversement de l'Accord diffonant
fondamental n'eft point reciproque avec
la Note de la Baffe par fuppofition , &
n'a lieu qu'entre les quatre Notes fol , fi,
re , fa , où l'on reconnoît la jonction
de deux Notes , c'est - à - dire , un intervale
de 2 , comme entre fa & fol .
Cette jonction de deux Nores , qui feule
fait la diftinction de l'Accord confonant
d'avec le diffonant , ſemble auffi deſtinée
feule à faire reconnoître ce dernier par
deux chiffres de valeur immédiate , où
l'interMARS.
1730. 493
Pintervale de 2 fe découvre ; & l'ufage
où l'on eft de chiffrer l'Accord de 4º par
, celui de grande 6 par , & même
celui de petite 6 ° par , y eft entierement
conforme.
Mais fi l'intervale de 2 eût guidé en
cela la maniere de chiffrer , il femble
qu'on auroit dû proceder également à l'égard
des trois autres formes de l'Accord
diffonant , puifque par rapport à la Baffe
actuelle de l'Accord , on ne peut confiderer
celui de 2e que comme , celui de
9 comme , & celui de 7 comme ; il
y a donc même railon pour défigner les
uns & les autres par les chiffres où l'intervale
de 2 a lieu ; ce qui prefente toutes
les formes de l'Accord diffonant en
cette maniere fimple & uniforme 234568
& donne déja une ouverture importante
fur l'harmonie; puifque des deux chiffres
immédiats , le plus grand marque toû
jours la Baffe fondamentale , & le plus
petit la diffonance , obfervation qui fair
feule tout le principe de cette Méthode
fur la fucceffion des Accords .
2
123457
L'avantage qu'on tire de cette maniere
de concevoir toutes les formes de
l'Accord diffonant , n'eft pas moins fenfible
dans la pratique ; mais avant que de
faire agir les doigts , il faut obferver que
pour des raifons capitales que la Métho
de
494 MERCURE DE FRANCE.
de expofe , on doit fufpendre l'ufage du
pouce ; ce qui ne doit point rebuter les
petites mains , auxquelles elle fournit des
expediens.
S'il s'agit maintenant de trouver l'Accord
fur le Clavier par le moyen des
deux chiffres immédiats il fuffit de
connoître une feule des deux touches qui
répondent aux intervales défignés par ces
chiffres , pour connoître l'autre fur le
champ , puifque plaçant un doigt fur
cette touche , un des deux doigts voisins
ne peut que tomber naturellement fur
Pautre, & quant aux deux doigts reftans ,
il ne s'agit plus que de les difpofer par
3es
S'il arrive que le doigt voifin de celui
qu'on a placé d'abord ne fe trouve pas
tout portéfur la touche défignée par l'autre
chiffre , il ne faut que l'écarter par
3e , & les deux autres pareillement , on
aura toûjours le même Accord diffonant
complet ; car alors la touche occupée par
le doigt d'en haut n'eft que la réplique du
fon qui réuniroit deux doigts pour former
l'intervale de 2 , ce qui revient au
même pour l'efprit & pour les doigts ,
puifqu'il ne s'agit jamais que de les difpofer
tous par 3es , ou d'en joindre deux
feulement ; habitude qui ne les affujettit
qu'à deux fituations , & qui rend tous les
endroits
MAR S. 1730. 495
endroits du Clavier également familiers.
Chacun peut éprouver la facilité qu'il
y a de trouver ainfi tous les Accords diffonans
poffibles , & l'on verra qu'ils ne font
tous qu'un même arrangement par 3 ,
foit majeures , foit mineures , & que par
tout la Baffe fondamentale & la diffonance
font les mêmes , quoique les Accords
puiffent ne pas être complets.
Pour ce qui eft de la fucceffion des
Accords , il eft clair qu'étant tous confonans
ou diffonans , elle ne peut confifter
dans celle des confonans entre
que
eux , des diffonans entre eux , & des confonans
mêlés avec les diffonans.
Le principe de ces fucceffions réfide dans
deux cadences fondamentales , dont l'une
qui defcend de se , comme de fol à ut
s'appelle parfaite , & dont l'autre qui
monte des , comme de fa à ut , s'appelle
imparfaite ou irréguliere ; les Notes
qui forment ces cadences , portent chacune
l'Accord confonant , & la derniere
de chaque cadence eft toûjours la Tonique,
c'est- à- dire , la principale Note du ton .
Ces deux cadences ordonnent d'abord
de la fucceffion des Accords conforans
entr'eux ; mais comme le principal but
de la fucceffion des Accords eft d'entretenir
à l'oreille la modulation ou le ton qui
exifte , & que pour cet effet , l'art & l'ex-
D perience
496 MERCURE
DE FRANCE .
perience ont revêtu l'harmonie
de la diffonance
; on l'ajoûte en confequence
à la
premiere Note de chacune de ces deux cadences ; & delà naît la fucceffion
des
Accords confonans
mêlés de diffonans .
Si au lieu de terminer la cadence parfaite
par l'Accord confonant , on ajoûte
encore à celui - ci la même diffonance ;
il en refulte un progrès obligé d'Accords
diffonans , dont la conclufion ne fe peut
faire que par le feul Accord confonant ,
& ce n'eſt qu'alors que la cadence parfaite
apparoît ; car celles qui fe font d'un
Accord diffonant à un autre diffonant ,
n'en font que l'imitation.
Ainfi l'imitation de la cadence parfaite
eft l'origine de la fucceffion des Accords
diffonans entr'eux , & c'eft en ces deux
mouvemens de la même cadence que gir
tout l'artifice de la compofition & de
l'Accompagnement
; car la cadence irré
guliere eft toujours concluante , & ne
s'imite point.
Après le progrès obligé des Accords ,
ce qui refte à examiner , eft l'interruption
fréquente de ce progrès , par les differens
points de conclufion
que l'Accord confonant
y apporte ; & c'eft à quoi l'oreille
doit principalement
fe rendre fenfible ;
mais ce ne peut être qu'avec beaucoup
de tems & de peine , fans les lumieres
de
MARS 1730. 497
de l'efprit ; c'est pourquoi l'on s'attache
à faire raporter tous les Accords à la Note
tonique , & l'on fait obferver que confequemment
à la diffonance appliquée à
la premiere Note de chacune des deux
cadences , il n'y a dans un Mode que
trois Accords , celui de la tonique , celui
de fa 2º & le fenfible.
Le ton au-deffus de la tonique indique
fon Accord de 2º , & le femiton au - deffous,
indique fon Accord fenfible.
L'Accord confonant de la tonique commence
& termine toutes les fucceffions ;
& comme tout Mode ne contient que trois
Accords , il est évident que celui de la
tonique ne peut être précedé que de l'un
des deux autres , & qu'il doit en être
fuivi pareillement , fi ce n'eſt d'un autre
Accord , qu'un progrès obligé peut occafionner
après celui de la tonique.
Mais la marche de la Baffe détermine
alors l'Accord diffonant qui doit fuivre
le confonant ; & comme celui- ci ne peut
jamais être precedé que de fon Accord
de ze , & bien plus fréquemment de fon
Accord fenfible , on continue le progrès
obligé , jufqu'à ce que l'un des deux derniers
paroiffe ; & quand on eft arrivé à
celui de la 2º ,la Baffe montre clairement,
file fenfible ou le confonant doit le fuivre ;
Car fi ce n'eft le confonant, c'est le fenfible.
Dij
Si
498 MERCURE DE FRANCE .
Si le ton vient à changer après l'Accord
confonant de la tonique , ou après fon
Accord de 2 , cela eft infailliblement
marqué par la marche de la Baffe , par
un diéze , par un bémol , ou par un béquarre
; & le ton connû , tout le refte
l'eft.
Si enfin l'Accord diffonant pris aprés le
confonant , n'eſt pas le fenfible du ton où
l'on paffe , on fait fucceder pour lors les
Accords diffonans par le progrès obligé,
comme on l'a déja dit.
Ces regles établies fur toutes les marches
poffibles de la Baffe fondamentale
inftruifent parfaitement de la fucceffion
de l'harmonie ; mais tout ainfi que la
pratique la plus confommée ne fçauroit
procurer une entiere poffeffion de l'art ,
fi l'efprit n'est pourvû de ces connoiſſances
, de même auffi la pratique eft- elle
neceffaire pour les y graver mieux , &
plus promtement ; cependant on ne peut
trop obferver de fimplifier extrêmement
les objets , & de ne les lier qu'à meſure
qu'ils fe prefentent d'eux- mêmes.
C'eft dans cette vûë que la Méthode
prefcrit d'exercer d'abord les Accords fans
la Baffe ; & comme la diffonance eft le
guide le plus affuré des fucceffions , on
commence par celle des Accords diffomans
entr'eux , où il ne s'agit que de faire
defcen
MARS. 1730. 499
defcendre alternativement deux doigts
contigus fur les touches voifines de celles.
qu'ils occupent , & cela d'un Accord à
un autre ; de forte que les diffonances y
font toujours préparées & fauvées dans la
derniere rigueur . Voyez fur ce fujet l'exemple
du Traité de l'harmonie , page
396.
Le feul arrangement des doigts fait
fentir ceux qu'il faut mouvoir ; fi tous
les doigts font par 3 , le petit doigt demande
à deſcendre le premier , & de deux
doigts qui le joignent , celui d'au - deffous
peut feul partir , & ainfi du fuivant.
On apprend dans ce progrès obligé à
reconnoître l'Accord fenfible fi decifif
dans la modulation ; on y remarque que
l'Accord de la 2 tonique le précede toûjours
, ce qui facilite à l'oreille la diftinction
qu'elle en doit faire ; d'où l'on
fçait & l'on fent que l'Accord confonant
de la tonique doit le fuivre .
De cet exercice on paffe à celui des ca
dences , où l'on s'accoutume à entrelaffer
l'Accord confonant avec celui de la 2º
tonique , & le fenfible ; on fait fucceder
ces cadences d'un ton à l'autre , & lorf
qu'elles font familieres en differens tons ,
on y fait joindre une Baffe qu'on varie
autant qu'il eft neceffaire .
En exerçant ces cadences , on apprend
D iij
à
500 MERCURE DE FRANCE ;
à diftinguer les tons majeurs des mineurs,
& leurs rapports , combien chacun d'eux
contient de diézes ou de bémols , & par
quel moyen le nombre peut toûjours en
étre préfent .
Ces dernieres remarques jointes à la
marche de la Baffe font connoître le ton
qui exifte , & decident abfolument de
PAccord diffonant qui doit fucceder au
confonant ; mais la plus belle regle qu'on
y joint , & qui eft peu connue , eft celle
qui enfeigne le moment précis où chaque
ton commence & finit .
A mesure que l'efprit , les doigts &
P'oreille concourent à faifir les changemens
de ton , & que les conclufions fe
multiplient , on acquiert l'habitude de
faire fucceder les Accords confonans entr'eux
; car de cette fucceffion à celle des.
diffonans , il n'y a de difference que la
diffonance ajoûtée pour entretenir la mo- -
dulation , & pour fixer la fucceffion des
uns & des autres , puiſque s'il n'y a que
deux Accords , il n'y a pareillement que
deux fucceffions & deux marches fondamentales
de laBaffe , auxquelles les Accords
confonans ne font pas moins affujettis que
les diffonans .
On fait enfuite un corps féparé des licences
comme de la cadence rompuë , où
la Baffe fondamentale monte diatoniquement,
MARS.
1730: Sor
ment , de la cadence interrompuë , où elle
defcend de 3º , & de la fufpenfion , dont
tout l'artifice dans la pratique confifte à
faire defcendre un doigt de plus ou de
moins , après l'Accord diffonant.
Entre les fix manieres de chiffrer l'Accord
diffonant , adoptées par cette Méthode
, il y en a trois qui ne répondent pas
à l'ufage établi ; mais au prix de l'utilité
qu'en retirent les commençans , la peine
de s'accoûtumer aux autres chiffres n'eft
rien , & il leur fuffit qu'ils foient pairs ou
impairs , pour fe déterminer fur le champ;
d'ailleurs l'intelligence du principe , la
fenfibilité de l'oreille & la mécanique des
doigts les met bientôt en état de s'en
paffer.
L'Extrait qu'on donne ici ne permet pas
de prévenir les difficultés que peut faire
l'ancienne Ecole ; mais on imprime actuellement
le Plan entier chez M. Ballard ,
au Mont-Parnaffe , où l'on en trouvera
la folution , & même un parallele en forme
de toutes les Méthodes de compofition
& d'Accompagnement.
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Résumé : PLAN abregé d'une Méthode nouvelle d'accompagnement pour le Clavecin.
Le texte présente une 'Méthode nouvelle' pour l'accompagnement au clavecin, critiquant les méthodes existantes comme incomplètes et arbitraires. Cette nouvelle méthode repose sur la 'Basse fondamentale', principe essentiel de la musique. Elle commence par définir l'art et ses parties, et explique que l'accompagnement au clavecin consiste à exécuter une harmonie complète et parfaite sur une mélodie donnée, appelée 'Basse continue'. La connaissance de l'harmonie et l'habitude des doigts et de l'oreille sont cruciales pour cette exécution. La méthode distingue deux types d'accords : le 'Consonant' et le 'Dissonant'. L'accord consonant est composé de trois notes à la tierce, tandis que l'accord dissonant peut être fondamental ou par supposition, contenant respectivement quatre ou cinq notes. Un accord est complet s'il contient le nombre de notes requis et parfait s'il est formé des notes du mode existant. La méthode explore les différentes formes des accords et leur succession, basée sur deux cadences fondamentales : parfaite (descendante) et imparfaite (ascendante). Ces cadences déterminent la succession des accords et l'entretien de la modulation. La pratique des accords sans la Basse est recommandée pour simplifier l'apprentissage, en commençant par les accords dissonants et en progressant vers les cadences. Cet exercice permet de reconnaître les accords sensibles et de distinguer les tons majeurs des mineurs. Le texte traite également des principes de la musique, en particulier des accords et des changements de ton. Il souligne que la marche de la basse (ou basse continue) et les accords dissonants déterminent le ton existant et l'accord suivant. Une règle importante, peu connue, enseigne le moment précis où chaque ton commence et finit. À mesure que l'esprit, les doigts et l'oreille collaborent pour effectuer les changements de ton, on acquiert l'habitude de faire succéder les accords consonants. La différence entre les accords consonants et dissonants réside dans la dissonance ajoutée pour moduler et fixer la succession des accords. Le texte mentionne différentes manières de chiffrer l'accord dissonant, dont trois ne correspondent pas à l'usage établi. Cependant, l'utilité pour les débutants justifie l'effort d'apprentissage. L'intelligence du principe, la sensibilité de l'oreille et la mécanique des doigts permettent rapidement de maîtriser ces chiffres. Enfin, le texte indique que l'extrait ne permet pas de prévenir les difficultés posées par l'ancienne école, mais que le plan entier est disponible chez M. Ballard au Mont-Parnasse, où l'on peut trouver la solution et un parallèle des méthodes de composition et d'accompagnement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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840
p. 503-524
EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
Début :
MILORD, L'amour que vous avez pour l'Histoire & surtout pour les nouvelles découvertes [...]
Mots clefs :
Carausius, Auguste, Médailles, Médaille, Cohortes, Empereur, Gloire, Légion, Taureaux, Bretagne, Cabinet, Bélier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
EXPLICATION des Médailles qui font
mention des Cohortes & des differentes
Legions de Caraufius , par où l'on peut
fixer à peu près le nombre des Troupes
que cet Empereur des anciens Bretons
entretenoit. Adreffée à fon Excellence
Milord Carteret , Vice-Roy d'Irlande ,
&c. Par M. Genebrier , Docteur en
Medecine , Medecin ordinaire de la
Cour d'Angleterre & premier Medecin
du Vice- Roi d'Irlande.
M.
ILORD ,
L'amour que vous avez pour l'Hiftoire
& furtout pour les nouvelles découvertes
qui peuvent intereffer la gloire de votre
Nation , m'ayant fait entreprendre l'Hiftoire
Metallique de Caraufius , un des
plus grands Conquerans que l'Angleterre
ait jamais eu , j'ai crû que pour concou-.
rir à vos vûës , il ne fuffifoit pas de relever
la gloire de ce Heros , fi je ne tâchois
en même - temps de celebrer les Inftrumens
de fes victoires : Je veux dire
fi je ne parlois des Legions, qui ont combattu
fous fes Etendarts , & qui lui ont acquis
tant de gloire. C'est ce que j'ai tâ-
D v ché
"
304 MERCURE DE FRANCE:
ché de faire en recueillant autant que j'ai
pû , les Médailles qui font mention de
ces Legions ou de ces Cohortes Prétoriennes.
Ces Monumens ferviront , au défaut
de l'Hiftoire qui n'en parle point ,
à fixer à peu près le nombre des Troupes
de cet Empereur. Et ces Legions ainfi
raffemblées , formeront , pour ainſi dire
un Corps d'armée glorieux , dont le dénombrement,
après tant de fiécles , ne peut
que faire plaifir à Votre Excellence.
Voici, Milord, ces Legions, fuivant l'ordre
de leur découverte.
Legion I.
IMP . C. Caraufius P.F. Aug. L'Empe
reur Cefar Caraufius , Pieux, Heureux , Augufte
, fa tête couronnée de Lauriers.
LEG . VIII . AUG. Legio octava Augufta..
Pour Type un Taureau . Cette huitiéme
Legion , furnommée Auguftale , dont Caraufius
a voulu par cette Médaille éternifer
la valeur & la fidelité , eft une des plus
anciennes Legions de l'Empire ; elle fut
formée par Augufte même , qui lui donna
fon nom & le rang de huitiéme Auguftale.
Il l'envoya d'abord en Pannonie,
où elle refta jufqu'à l'Empereur Claude ,
qui la fit paffer en Moefie, où Galba trouva
à propos de la laiffer. Mais Septime
Severe la fit revenir , & la plaça dans la
haute
MARS. 1730.
505
haute Germanie. Il y a apparence qu'elle
y refta pour deffendre les Frontieres de
l'Empire , jufqu'au temps de Caraufius.
Que ce fut entr'autres avec cette Legion,
qu'il défit les Germains en plufieurs rencontres
; qu'il remporta fur eux plufieurs
Victoires fignalées , & qu'il mérita enfin
le titre glorieux de très - grand Germanique
, Germanicus Maximus , que les Médailles
lui donnent. Je ne ferois pas non
plus fort éloigné de croire que ce fût cette
fiére Legion qui fe déclara la premiere
pour Caraufius ; qui le fuivit enAngleterre ,
& que le Panegyrifte Eumenius femble
nous défigner par ces termes , occupara
Legione Romanâ , en parlant du paffage.
de Caraufius dans la Grande - Bretagne.
Nous avons auffi cette même Legion
dans une Médaille d'argent de Septime
Severe , auquel on peut croire qu'elle
n'avoit pas rendu des fervices moins importans
que ceux qu'elle rendit depuis à
Caraufius. Mais au lieu d'un Taureau qui
eft fur la Médaille de ce dernier , il y a
dans celle de Severe , l'Aigle Legionaire
entre deux Signes Militaires. Je trouve
encore le même Taureau & la même Legion
, dans Gallien , que dans Caraufius .
Nous ne parlerons point ici des autres
Legions qui ont auffi été furnommées Au
guftales , nous dirons feulement , que la
Dvj feconde
506 ME RCURE DE FRANCE
feconde Legion Auguftale étoit en quar
tier d'hyver dans la Haute-Bretagne . Quand
Xiphilin même ne nous en auroit pas donné
de preuves , comme il a fait dans la
Vie d'Augufte , le fragment de Brique
qui eft dans le Cabinet du Docteur Woodward
, où j'ai lû , LEG . II . AUG . en
feroit une preuve affez autentique . Cette
Infcription nous fait croire que la feconde
Legion Auguftale pouvoit avoir été employée
à quelques travaux publics dont
elle vouloit fe faire honneur dans la pofterité.
Je n'affurerai point que ce Monument
foit du temps de Septime Severe
qui fit , comme on l'a dit ailleurs , conftruire
plufieurs Edifices publics dans la
Grande-Bretagne. Cependant , comme ce
fragment a été trouvé proche d'York , &
que SeptimeSevere y avoit établi fa demeu
re & fait de cette Ville fon Siege Imperial;
il y a apparence que ce débris eft , pour aing
dire , encore un témoin de fa gloire , auffi
bien que cet autre fragment que j'ai vû
à Londres , où le mot de SEVERI fe lit
en gros caractere fur une Brique d'une
épaiffeur pareille à la premiere , au - delfous
d'une Tête en forme de Soleil . Cette
feconde Legion Auguftale fe trouve auffi
dans les Médailles de Septime Severe ,
LEG. II. AUG . avec deux Signes Militaires
, & au milieu l'Aigle Legionaire ,
MARS. 17307 507
ce qui confirmeroit notre conjecture. Il
eft encore fait mention de la feconde
Legion Auguftale , auffi - bien auffi- bien que de
la huitiéme Legion Auguftale , dans un
fragment d'une ancienne Colonne à Rome
, que je ne rapporterai point ici , parce
qu'elle fe trouve dans Gruter & dans plufeurs
autres Antiquaires .
14 Nous lifons dans les Colonies de Vail
lant , qu'Augufte avoit envoyé à Beryte
une Colonie des Veterans de la huitiéme
Legion Auguftale . Une autre partie fut
envoyée à Fréjus , dans nos Gaules , &
l'autre à Heliopolis.
J'ai vû cette Médaille d'argent dans leCabinet
du Duc de Dewonshire , à Londres.
Legion II.
Imp. Caraufius , P. F. Aug. fa tête
couronnée de Rayons. LEG . VII CL
ML . Legio feptima Claudia . La ſeptiéme
Legion Claudienne . Je lis Claudia , &
non pas Claffica , comme a fait Gutherius,
dans fon Traité De Jure Manium , page
48. Il a été trompé par le mor Claffica,
qui fe trouve dans une Médaille de Marc
Antoine , jointe à la dixiéme Legion.
LEG. XVII. CLASSICA. Cette
Legion eft bien differente de la nôtre
& d'ailleurs le mot de Claudia fe
trouve auffi écrit tout au long dans plufieurs
Infcriptions antiques . Spon , dans
ג
Les
1
508 MERCURE DE FRANCE.
fes Mélanges d'Antiquitez , page 254-
nous en fournit une que voici .
Q SERTORIUS L. F.
POB. FESTUS
CENTUR LIG . XI.
CLAUDIAE PIAE FIDELIS .
La feptiéme Legion de notre Médaille
a pour Type un Taureau comme la précedente
. Elle fut appellée Claudienne, du
nom de l'Empereur Claude , parce qu'elle
lui avoit été fidele étant dans la Moëfie,
& qu'elle avoit vivement foutenu fon parti
contre Scribonien , Gouverneur de la
Dace. Cette Legion n'avoit d'abord aucun
furnom qui la diftinguât des autres que
le rang de fon ancienneté ; & c'eft pour
cela même que Jules - Cefar , dans fon
quatriéme Livre de la Guerre des Gaules ,
ne fait point de difficulté de l'appeller
une des plus illuftres & des plus anciennes
Legions de l'Empire Veterrima Legio .
Auffi la fit- il paffer avec lui dans la Grande-
Bretagne , comme une de celles qu'il
jugeoit des plus capables de feconder fes
grands deffeins pour la conquête ou pour
l'expedition de ce nouveau Monde. Au
revers il y a un Taureau , comme dans la
precedente , ce qui nous apprend que ces
Legions avoient été formées des Colonies
Romaines. Le Taureau étant le Symbole
d'une
MARS. 1730. so gi
d'une Colonie , parce que c'étoit un ufage
chez les Romains, quand on vouloit bâtie
une Ville , d'en marquer l'enceinte avec
le Soc de la Charruë , fuivant ce fragment:
de Caton , mos fuit defignandi urbes aratro.
Soit , au refte , que cette feptiéme
Legion Claudienne qui étoit autrefois en
la haute Moëfie, fût déja dans la Grande-
Bretagne lorfque Caraufius y aborda ; ſoir
qu'elle y fût conduite avec la huitiéme
Legion Auguftale , dont nous avons parlé
; foit enfin qu'elle ne ſe rangeât fous les
Etendarts de Caraufius , qu'après qu'il eur
défait l'armeé Romaine qui tenoit encore
dans cette Ifle pour Diocletien & pour
Maximien : Caraufius ne pouvoit mieux
faire pour ſe la rendre fidele ou pour la
récompenfer de fa valeur, qu'en confacrant
fon nom à l'immortalité , avec les autres
Legions dont il avoit reconnu le zele &
l'attachement , & dont il fit auffi graver
les noms fur les Médailles que nous expliquons.
Gruter rapporte une Infcrip
tion de lafeptiéme Legion Claudienne.
P. ÆLIO P. F. PP . MARCELLO
VE . PP . EX PREF. LEG . VII .
CL. ET I. ADJUT . SUB. PRINC
IPE PEREGRINORUM .
La feptiéme Legion Claudienne fe trou
ve auffi fur les Médailles de Septime See
vere & fur celles de Gallien,
310 MERCURE DE FRANCE.
La feptiéme Legion Claudierne étoft
encore dans la haute Moëfie , fous Gordien
Pie , qui envoya les Veterans de la
feptiéme & de la quatriéme Legion à Vi
minacium , Colonie de cette Province ,
comme nous l'apprend une Médaille du
Cabinet de M. le Prefident de Maifons.
Il y a d'un côté , Imp. Gordianus pius fel
Aug. Sa tête couronnée de Rayons .
Et au Revers , P. M. S. COL . VIM .
AN IIII. Provincia Moefia Superioris
Colonia Viminacium. Anno quarto. La
figure d'une femme debout tient de la
main droite un Signe Militaire , où eft le
nombre VII. & de la main gauche un
autre Signe Militaire , où eſt le nombre
IIII. & à fes pieds , au côté droit , un Taureau
, & au côté gauche un Lion , qui.
font les Symboles de ces deux Legions ,
pour marquer que les Veterans de la feptiéme
Legion Claudienne & ceux de la
quatriéme ,y avoient été envoyez pour peupler
cette Ville & la deffendre contre les
infultes des Barbares .
Dion, Livre 55 page 564. ne laiffe aucun
lieu de douter que ce ne foit la 7
Legion Claudienne qui eft fur la Médaille
de Gordien Pie , quoique le nom de Claudia
n'y foit point. Il nous apprend que
c'eft la même qui étoit en quartier d'hyver
dans la haute Moëfie . Septimia in Mifia
LibMARS,
1730% 511
fuperiori, Claudiana præcipue nuncupata .
M.l'Abbé de Rothelin a auffi la feptiéme
Legion Claudienne dans Gallien avec le
même Taureau .
J'ai vu cette Médaille de petit Bronze
dans le Cabinet de Milord Pembrok , en
Angleterre ; & à Paris , chez le P. Chamillard
, qui l'a , dit - il, trouvée à Pontoiſe
Legion 111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. Sa tête couronnée
de Rayons , pour Type un Taureau
. LEG . VIIII . GE ML . Legio nona
Gemina. La neuviéme Legion Gemelle.
Cette 9º Legion , dont Caraufius voulut
auffi celebrer la valeur , étoit auffi appellée
Gemina ou Gemelle , parce quelle
avoit été formée de deux Legions qui n'en
compofoient plus qu'une , comme Dion
ou Xiphilin fon Compilateur nous l'apprend
dans la Vie d'Augufte , page 183. Le
Revers de cette Médaille porte le même
Type que les deux précedentes . C'eſt un
Taureau qui eft le ſymbole ordinaire des
Veterans d'une Colonie . Le Taureau étoit
fous la protection de la Déeffe de Cythere.
Taurum Cytherea tuetur , dit le PoëteManilius
. Il eſt fait mention dans le frag
ment d'une ancienne Colomne , de la feptiéme
Legion Gemina , on Gemelle , ce
qui
311 MERCURE DE FRANCE:
qui fait voir que le mot G E, fe doit rend
dre en latin par celui de Gemina , puiſqu'il
fe trouve écrit tout du long ſur les anciennes
Infcriptions. Quant aux Lettres
ML qui fe trouvent dans l'Exergue de
ces Médailles , nous aurons lieu d'en dire
notre fentiment dans un Chapitre particulier
, où nous tâcherons de découvrir ce
ce que les Monetaires de ces temps - là ont
voulu nous donner à entendre par ces
Lettres & autres femblables.
CetteMédaille de petit Bronze , eft dans
le Cabinet du Duc de Dewonshire.
Legion 1111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête cou
tonnée de Laurier . LEG . IIII. FL. Dans
Exergue , R. S. R. Legio quarta Flavia,
la 4 Legion Flavienne . Cette quatriéme
Legion fut ainfi furnommée par Vefpafien,
qui voulut qu'elle prit le furnom de fa Famille
appellée Flavia . Il plaça cette Legion
dans la Syrie pour contenir les peuples
dans leur devoir . Quarta Flavia in
Syria commorata eft , ſelon Dion , p . 272.
qui rapporte qu'elle étoit encore en Syrie
fous le regne d'Alexandre Severe.
Cette Legion porte pour enfeigne un
Lyon , fimbole ordinaire de la force . Septime
Severe s'étoit auffi fait gloire de celebrer
MARS. 17300 $ 13
lebrer la valeur de la même Legion , avee
la même Legende ; mais le Type eft fort
different de la Médaille de Caraufius , il
y a fur celle de Severe deux Signes Militaires
avec l'Aigle Legionnaire ; au lieu
que dans la Médaille de Caraufius il n'y
a qu'un Lion feul. J'ai auffi obfervé ailleurs
la mêmeLegende que dans Caraufius ;
mais au lieu d'un Lion , il y en à deux
entre lefquels on voit une tête cafquée.
J'ai vu à Londres dans le Cabinet
de Milord Pembrock , ce même Type fur
une Médaille d'or de Victorin , où cette
Legion prend le furnom de Pia Felix.
Legio IIII. Flavia P. F.
Vaillant nous affure que de toutes les
Legions qui reftoient fous Gallien , la
quatriéme Legion Flavienne étoit la feule
qui portât un Lion pour Enfeigne , & les .
Médailles que nous venons de rapporter.
en dernier lieu , font voir que cette Legion
fubfifta encore quelque temps après
Gallien , puifque Victorin s'eft fait honneur
de faire graver encore le nom de
la même Legion fur fes Médailles ..
Elle avoit été auffi fort celebre fous plufieurs
autres Princes , comme on le peut
voir dans les Colonies de Vaillant. La
Médaille qu'il rapporte du jeune Philippe
, me paroît fur tout digne de remarque.
On voit d'un côté la tête de ce Prince ; &
21
314 MERCURE DE FRANCE.
au revers ces quatre Lettres initiales G.
F. P. D. qui fignifient Colonia Flavia
Pacenfis Deultana , parce que cette Colonie
avoit été formée des Veterans de
cette quatriéme Legion Flavienne .
Il eft auffi fait mention de la quatriéme
Legion Flavienne dans une Infcription
antique , trouvée à Pezaro , rapportée
,
, page 148. dans le Traité des Regions
Suburbicaires , où il eft fait mention entr'autres
du Tribun de la quatriéme Legion
Flavienne , qui étoit auf le Patron
des Colonies de Pezaro & de Feneſte .
TRIB . LATICL . LEG. IIII. FLAV
PATRONUS COLONIARUM .
PISAURI ET FANEST .
A l'égard de Pezaro , il eft bon de re
marquer en paffant que c'eft - là , où les
defcendans de Caraufius fe retirerent dans
des temps difficiles , fuivant le Comte de
Zabarella , * dans la Genealogie qu'il fait
des Pezari de Venife , intitulée : Il Carau
fio Overo Regia & Augufta Fameglia
di Pezari di Venetia ; Famille que cet
Auteur fait defcendre en ligne directe de
Caraufius , Empereur de la Grande - Bretagne
. Cette Médaille , qui eſt d'argent ,
eft à Londres dans le Cabinet du Duc de
Dewonshire .
* Le Livre du Comte de Zabarella , que j'avois
cherché long- temps , m'a été donné par M. Duvau
, Ecuyer , ancien Capitoul de Toulouse.
MAR S. 1730. SIS
Legion V.
Imp. Caraufius, P. F. Aug. Sa tête cou
ronnée de Rayons.
LEG . VIII... IN . ML . Legio octava ..
IN... cette Legion a pour Type un Belier.
La huitéme Legion furnommée ... IN ..
peut être invicta , l'invincible. C'eſt ainſi
que je crois qu'on peut interpreter le mot
abregé ... IN ... à moins que dans la
Médaille en queſtion il n'y ait MIN . au
lieu de N. ce qui feroir pour lors MINERVIA
Qu MINERVINA car il fe
pourroit bien faire que la Médaille n'étant
pas affez nette ni affez confervée en
cet endroit , on auroit pû lire IN , au lieu
de MIN.
Cette Médaille eft d'autant plus finguliere
que
fa Legende & fon Type font
encore inconnus fur les Médailles des autres
Empereurs. Quant au Type du revers,
ne pourroit - on point dire qu'il nous
défigne une Legion particuliere des Bagaudes
? On fçait que les Auteurs les appelloient
Agreftes ou Rufticanos & qu'ils
avoient quitté le foin de leurs Troupeaux
pour courir après une liberté chimerique
en prenant les armes fous la conduite.
d'Amandus , leur Empereur . Suivant ce
trait hiftorique, que nous avons rapporté
ailleurs ; ne pourroit- on pas dire que ces
Bagaudes ayant pris les armes , choifirent
pour
$ 16 MERCURE DE FRANCE.
pour le figne de leur liberté le Belier ,
pour marquer qu'ils n'avoient point perdu
de vûë leur premier état , & que s'ils
avoient pris les armes , ce n'étoit que pour
deffendre leur ancien Domaine ? Ce qui
pourroit fortifier d'ailleurs cette conjecture
, c'est que le Belier étoit confacré à
Pallas , Déefle de la Guerre ( Déeffe qui
fe voit fi fouvent fur les Médailles de
Caraufius ) Manilius nous en fournit une
preuve autentique dansfon deuxièmeLivre.
Lanigerum Pallas , Taurum Cytherea tuetur,
Le même Auteur parle encore du Belier
en des termes qui femblent parfaitement
juftifier le choix que nos anciens Gaulois
auroient pû faire du Belier pour enfeigne
d'une Legion qui fe feroit déclarée de nouveau
pour la liberté de la Patrie fous un fi
grand Capitaine.
Sed Princeps aries toto fulgebit in orbe,
Ainfi le furnom & le fymbole que prend
cette Legion conviendroit parfaitement
au temps dont nous parlons , & à un
Prince, qui prenoit à juste titre, le furnom
d'invincible , comme fes Médailles , avec
le titre d'Invictus , le confirment.
Il est bon de remarquer ici , qu'on por
toit quelquefois le Belier parmi les Enfeignes
Romaines. Mais fur tout quand
on
**ཟེ
MARS
.
1730.
SIY
en vouloit déclarer la guerre. Pour lors
un Herault d'Armes , tiré de l'illuftre Corps
des Faciales , marchoit à la tête portant
le figne du Belier , qu'il devoit lancer
fur les premieres Terres des Ennemis ,
pour montrer qu'ils n'avoient pris les
armes contre eux que pour le venger
des outrages qu'ils en avoient reçûs les
premiers , felon quelques Auteurs ; ou
plutôt felon Pierius dans fes Hyerogli
phes , pour donner à entendre par - là qu'ils
étoient déja , pour ainsi dire , en poffeffion
des Terres de leurs Ennemis . Ce qui étant
pris en ces deux fens , ne laifferoit pas
d'avoir fon application dans Caraufius qui
prétendoit avoir été infulté le premier
par Maximien , & qui s'empara bientôt
de l'ifle la plus belle , la plus grande & la
plus fertile du monde en pâturages , &c,
Legion VI
.....
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête couzonnée
de rayons.
LEG...... Legio Légion,
Dans l'Exergue M L. pour Type ,
la figure du Capricorne tourné du côté
droit . Les Legions dont nous venons de
parler m'étoient connuës fous trois Types
differens ; trois avoient le Type d'un
Taureau , une fous le Type d'un Belier ,
une autre fous le Type d'un Lion ; mais
celle- ci a un Type different , & on ne
l'avoit
418 MERCURE DE FRANCE .
f'avoit point encore vû fur aucune Médaille
de Caraufius ; il feroit à fouhaiter
que le nom de la Legion ne fut pas effacé,
Peut -être que le tems nous en fera dé
couvrir quelque femblable mieux confervée.
Il y a eu fept Legions de Gallien avec
le même Signe du Capricorne , & Vaillant
les rapporte dans fon Livre des Médailles
Impériales ; fçavoir , la Legion
premiere , Adjutrix. La premiere Italica,
la quatorziéme Gemina , la trentiéme Ulpia
, la vingt- deuxième , furnommée Primigenia
, au rapport de Spartien , dans la
vie de Didius Julianus . La dix- huitiéme
& la vingt- fixiéme fans nom particulier.
Ainfi on pourroit croire que celle de Ca
raufius , dont je parle ici , feroit une de ces
Legions , parcequ'elles ont toutes le même
fimbole que note Médaille.
La feconde Legion Auguftale pourroit
auffi être de ce nombre . On a trouvé dans
la Grande Bretagne une Infcription Antique
conçûë en ces termes , & avec le
même Type du Capricorne .
IMP.
AVG .
ANTONINO
Pio.
LE G.
I I.
A V G.
F. P. III. CC L XX II.
1
Cette
MARS. 1730: 519
Cette Infcription nous apprend que la
deuxième Legion Auguftale avoit continué
le mur d'Antonin Pie ,qui eft au Nord
d'Ecoffe , pendant l'efpace de trois mille
deux cent foixante & douze pas. Cette
Infcription eft fur une pierre qui reprefente
dans le haut , la figure d'un Capricorne
que je prens pour le figne de cette
Legion , & non pas le Griffon qui eſt au
bas. A l'égard du furnom Augufta , nous
avons déja remarqué qu'Augufte donna
fon nom à plufieurs Legions , & cette
Infcription nous fait voir que celle- ci
avoit non- feulement le nom d'Augufte ,
mais qu'elle en avoit auffi pris le fimbole
pour préfage de bonheur : le Signe
du Capricorne ayant toujours été regardé
comme tel par cet Empereur. Et parcequ'il
avoit été Conful pour la premiere fois ,
& qu'il avoit aufli gagné la Bataille d'Actium
dans le mois d'Août , il lui donna
fon nom . C'est ce qui me feroit croire
que c'eft cette feconde Legion qui nous
eft marquée fur notre Médaille de Caraufius
. Dion rapporte que la feconde Legion
Auguftale étoit de fon tems dans la
haute Bretagne , & les Infcriptions qu'on
Y découvre tous les jours en donnent des
preuves inconteftables. C'eſt cette feconde
Legion qui donna fon nom & la naiffance
à la Ville de Caer-leon , appellée dans l'IE
tineraire
520 MERCURE DE FRANCE.
tineraire d'Antonin , ISCA LEG. II. AUGUSTA.
Cette Legion étoit fans doute
encore dans la Grande Bretagne au tems
de Caraufius , puifque peu d'années avant
qu'il y allât , Pofthume , Empereur dans
les Gaules , avoit dans cette Ville un
Corps d'Armée. C'est ce que je trouve
confirmé par une Médaille de ce dernier
Empereur ; elle a d'un côté le nom de ce
Prince , & la tête couronnée de rayons.
IMP CM CASS LAT. Pofthumus Aug.
& de l'autre côté , on voit à cheval l'Em
pereur qui harangue les Troupes , & autour
EXERCITUS YSCanicus , l'AEmée
de Caer- Leon .Cette Armée de Pofthu .
me fut nommée Armée Tfcanique d'Yíca,
parceque cette Legion qui prêta ferment
de fidelité à Pofthume dans la Grande
Bretagne , étoit placée fur la Riviere de
PUske, qu'on appelloit Yſca - Silurum , &
non pas Silulorum , comme l'a écrit Vaillant
, qui rapporte cette Médaille . Cette
Ville n'eft plus aujourd'hui qu'un petit
Village , portant le nom de Caer-Leon, par
corruption de Cefaris Legio ; & c'eſt là
que les Hiftoriens Anglois avoient placé
la Cour de leur grand Roi Artus &
où ils prétendent qu'il y avoit un College
de deux cens Philofophes établis pour
Ay obferver le cours des Aftres . Cette Médaille
de petit bronze eft en Angleterre ,
dans le Cabinet du Docteur Sloane.
"
MARS. 1730. 521
*
COHORTES PRETORIENNES.
Imp. Caraufius. P. F. Aug. La tête
couronnée de Rayons.
COHH .... ML. Cohortes ... Les
Cohortes ... M L. COHORTES. Ce font
fans doute les Cohortes Prétoriennes qui
formoient la garde de Caraufius , dont cet
Empereur voulut éternifer la mémoire &
la fidelité aufli bien que celle des Legions
dont nous venons de parler. Je n'entrerai
point ici dans la queftion de fçavoir de
combien étoit compofée la Legion . Les
Auteurs font pleins de ces fortes de détails.
J'ajouterai cependant qu'il y avoit
fous Augufte neuf Cohortes Prétoriennes
pour la garde du Prince , & que Galba
y en ajoûta trois nouvelles. Ainfi il y eut
douze Cohortes de Gardes Prétoriennes,
qui fubfiftoient encore du tems de Septime
Severe , au rapport de Dion. Je ne
fçai fi le nombre de ces Cohortes étoit le
même du tems de Diocletien & de Maximien
; mais ce qu'on peut affurer , fuivant
le témoignage de cette Médaille unique
de Caraufius , c'eft que la garde de
ce Prince étoit compofée de quatre mille
hommes. C'eft ainfi que je crois qu'on
doit expliquer les quatre fignes militaires
qui font au revers de fa Médaille . En effer
chaque Cohorte ayant fon enfeigne
militaire , & chaque Cohorte étant com
- E ij poléc
322 MERCURE DE FRANCE :
pofée de mille hommes , fuivant le témoi
gnage de la plupart des Auteurs ,
quatre enfeignes militaires nous défignent
que la Garde de cet Empereur des Bretons
étoit compofée de quatre Cohortes
Prétoriennes . A quoi fi nous ajoûrons le
nombre de dix ou de douze mille hommes
, dont chaque Legion pouvoit être
compofée , en y comprenant les Troupes
auxiliaires , il fe trouvera que Caraufius ,
fuivant ces Médailles, avoit du moins une
armée de foixante & quatre mille hommes,
fans y comprendre les forces maritimes.
Ce font là les Cohortes Prétoriennes & les
fix Legions principales qui compofoient
l'Armée de notre Conquerant , & dont
les Auteurs ne parlent point. Elles métitoient
bien , après lui avoir acquis tant
de gloire , d'en partager avec lui une por
tion , & de revivre un jour dans la mémoire
des hommes par ce témoignage autentique
de fa reconnoiffance , ayant été
les compagnes fideles de fes travaux guerriers
, & ayant verſé fi librement leur fang
dans plufieurs occafions pour l'élever fur
le Trône de la Grande Bretagne,
Dans cette occafion , comme dans bien
d'autres, nous pourrions nous plaindre du
filence des Hiftoriens qui ne nous difent
rien de toutes ces circonftances , & qui
ne font mention que d'une Legion Romaine
MAR 9. 1730. 523
1
maine dont ils ont même affecté de nous
cacher le nom ; mais nous devons nous
confoler ayant des Monumens plus fûrs
& moins fujets à être alterés , & qui fe
font heureuſement dérobés aux injures
des tems & de l'envie . Après tout nous
ne ferions peut-être pas obligés de nous
plaindre fi fort du filence de ces Hiftoriens
, fi le fecond Livre que nous avons
de Zozime fur la vie des Empereurs de
ces tems, nous étoit refté dans fon entier ,
mais cet Auteur fe trouve tronqué immédiatement
après la vie de Probus , & ce
qui fuit ne recommence qu'à l'Hiftoire de
Conftantin le Grand . De forte que ce qui
nous manque de cet Auteur ne comprend
gueres moins que les Vies de fept à huit
Empereurs , qui font Carus , Ĉarinus
Numerianus , Diocletianus Maximianus
Herculius , Caraufius , Conftantius
Chlorus & Gal. Maximianus , dont l'Hiftoire
ou les évenemens étant neceffairement
liés avec ce qui s'eft paffé du tems
de Caraufius n'auroient pas laiffé de nous
donner des lumieres pour expliquer bien
des faits particuliers , où les conjet&cures
ne fçauroient atteindre.
>
Ne feroit- ce point là un effet moins du
hazard que de l'envie ou de la politique
Romaine , qui jaloufe de la gloire de ce
Prince auroit fupprimé à deffein les
E iij
>
Mc124
MERCURE DE FRANCE.
Mémoires les plus confiderables de fon
tems , qui ne pouvoient être qu'à la gloire
de ce Heros qui avoit fi fort abbatu
leurs forces & leur puiffance. Cette Médaille
de petit bronze eft dans le Cabinet
de l'Auteur..
Voilà , Milord , ce que j'avois à obferver
de plus remarquable au fujet des Cohortes
& des Legions dont les noms nous
font confervés fur les Médailles de Caraufius
, & fans lefquelles les fervices
qu'elles lui avoient rendus feroient reſtez
dans un oubli éternel . Ce font là ces fieres
Legions & ces Cohortes fideles qui fua
rent les témoins de fes travaux guerriers ,
qui fe firent honneur de combatre fous fes
Etendarts , & avec qui il fit tant d'actions
heroïques & tant d'exploits glorieux ,
qu'il fut enfin élevé aux acclammations
des Peuples fur le Trône de la Grande
Bretagne Je fuis avec un profond reſpect
& c .
IMITATION
mention des Cohortes & des differentes
Legions de Caraufius , par où l'on peut
fixer à peu près le nombre des Troupes
que cet Empereur des anciens Bretons
entretenoit. Adreffée à fon Excellence
Milord Carteret , Vice-Roy d'Irlande ,
&c. Par M. Genebrier , Docteur en
Medecine , Medecin ordinaire de la
Cour d'Angleterre & premier Medecin
du Vice- Roi d'Irlande.
M.
ILORD ,
L'amour que vous avez pour l'Hiftoire
& furtout pour les nouvelles découvertes
qui peuvent intereffer la gloire de votre
Nation , m'ayant fait entreprendre l'Hiftoire
Metallique de Caraufius , un des
plus grands Conquerans que l'Angleterre
ait jamais eu , j'ai crû que pour concou-.
rir à vos vûës , il ne fuffifoit pas de relever
la gloire de ce Heros , fi je ne tâchois
en même - temps de celebrer les Inftrumens
de fes victoires : Je veux dire
fi je ne parlois des Legions, qui ont combattu
fous fes Etendarts , & qui lui ont acquis
tant de gloire. C'est ce que j'ai tâ-
D v ché
"
304 MERCURE DE FRANCE:
ché de faire en recueillant autant que j'ai
pû , les Médailles qui font mention de
ces Legions ou de ces Cohortes Prétoriennes.
Ces Monumens ferviront , au défaut
de l'Hiftoire qui n'en parle point ,
à fixer à peu près le nombre des Troupes
de cet Empereur. Et ces Legions ainfi
raffemblées , formeront , pour ainſi dire
un Corps d'armée glorieux , dont le dénombrement,
après tant de fiécles , ne peut
que faire plaifir à Votre Excellence.
Voici, Milord, ces Legions, fuivant l'ordre
de leur découverte.
Legion I.
IMP . C. Caraufius P.F. Aug. L'Empe
reur Cefar Caraufius , Pieux, Heureux , Augufte
, fa tête couronnée de Lauriers.
LEG . VIII . AUG. Legio octava Augufta..
Pour Type un Taureau . Cette huitiéme
Legion , furnommée Auguftale , dont Caraufius
a voulu par cette Médaille éternifer
la valeur & la fidelité , eft une des plus
anciennes Legions de l'Empire ; elle fut
formée par Augufte même , qui lui donna
fon nom & le rang de huitiéme Auguftale.
Il l'envoya d'abord en Pannonie,
où elle refta jufqu'à l'Empereur Claude ,
qui la fit paffer en Moefie, où Galba trouva
à propos de la laiffer. Mais Septime
Severe la fit revenir , & la plaça dans la
haute
MARS. 1730.
505
haute Germanie. Il y a apparence qu'elle
y refta pour deffendre les Frontieres de
l'Empire , jufqu'au temps de Caraufius.
Que ce fut entr'autres avec cette Legion,
qu'il défit les Germains en plufieurs rencontres
; qu'il remporta fur eux plufieurs
Victoires fignalées , & qu'il mérita enfin
le titre glorieux de très - grand Germanique
, Germanicus Maximus , que les Médailles
lui donnent. Je ne ferois pas non
plus fort éloigné de croire que ce fût cette
fiére Legion qui fe déclara la premiere
pour Caraufius ; qui le fuivit enAngleterre ,
& que le Panegyrifte Eumenius femble
nous défigner par ces termes , occupara
Legione Romanâ , en parlant du paffage.
de Caraufius dans la Grande - Bretagne.
Nous avons auffi cette même Legion
dans une Médaille d'argent de Septime
Severe , auquel on peut croire qu'elle
n'avoit pas rendu des fervices moins importans
que ceux qu'elle rendit depuis à
Caraufius. Mais au lieu d'un Taureau qui
eft fur la Médaille de ce dernier , il y a
dans celle de Severe , l'Aigle Legionaire
entre deux Signes Militaires. Je trouve
encore le même Taureau & la même Legion
, dans Gallien , que dans Caraufius .
Nous ne parlerons point ici des autres
Legions qui ont auffi été furnommées Au
guftales , nous dirons feulement , que la
Dvj feconde
506 ME RCURE DE FRANCE
feconde Legion Auguftale étoit en quar
tier d'hyver dans la Haute-Bretagne . Quand
Xiphilin même ne nous en auroit pas donné
de preuves , comme il a fait dans la
Vie d'Augufte , le fragment de Brique
qui eft dans le Cabinet du Docteur Woodward
, où j'ai lû , LEG . II . AUG . en
feroit une preuve affez autentique . Cette
Infcription nous fait croire que la feconde
Legion Auguftale pouvoit avoir été employée
à quelques travaux publics dont
elle vouloit fe faire honneur dans la pofterité.
Je n'affurerai point que ce Monument
foit du temps de Septime Severe
qui fit , comme on l'a dit ailleurs , conftruire
plufieurs Edifices publics dans la
Grande-Bretagne. Cependant , comme ce
fragment a été trouvé proche d'York , &
que SeptimeSevere y avoit établi fa demeu
re & fait de cette Ville fon Siege Imperial;
il y a apparence que ce débris eft , pour aing
dire , encore un témoin de fa gloire , auffi
bien que cet autre fragment que j'ai vû
à Londres , où le mot de SEVERI fe lit
en gros caractere fur une Brique d'une
épaiffeur pareille à la premiere , au - delfous
d'une Tête en forme de Soleil . Cette
feconde Legion Auguftale fe trouve auffi
dans les Médailles de Septime Severe ,
LEG. II. AUG . avec deux Signes Militaires
, & au milieu l'Aigle Legionaire ,
MARS. 17307 507
ce qui confirmeroit notre conjecture. Il
eft encore fait mention de la feconde
Legion Auguftale , auffi - bien auffi- bien que de
la huitiéme Legion Auguftale , dans un
fragment d'une ancienne Colonne à Rome
, que je ne rapporterai point ici , parce
qu'elle fe trouve dans Gruter & dans plufeurs
autres Antiquaires .
14 Nous lifons dans les Colonies de Vail
lant , qu'Augufte avoit envoyé à Beryte
une Colonie des Veterans de la huitiéme
Legion Auguftale . Une autre partie fut
envoyée à Fréjus , dans nos Gaules , &
l'autre à Heliopolis.
J'ai vû cette Médaille d'argent dans leCabinet
du Duc de Dewonshire , à Londres.
Legion II.
Imp. Caraufius , P. F. Aug. fa tête
couronnée de Rayons. LEG . VII CL
ML . Legio feptima Claudia . La ſeptiéme
Legion Claudienne . Je lis Claudia , &
non pas Claffica , comme a fait Gutherius,
dans fon Traité De Jure Manium , page
48. Il a été trompé par le mor Claffica,
qui fe trouve dans une Médaille de Marc
Antoine , jointe à la dixiéme Legion.
LEG. XVII. CLASSICA. Cette
Legion eft bien differente de la nôtre
& d'ailleurs le mot de Claudia fe
trouve auffi écrit tout au long dans plufieurs
Infcriptions antiques . Spon , dans
ג
Les
1
508 MERCURE DE FRANCE.
fes Mélanges d'Antiquitez , page 254-
nous en fournit une que voici .
Q SERTORIUS L. F.
POB. FESTUS
CENTUR LIG . XI.
CLAUDIAE PIAE FIDELIS .
La feptiéme Legion de notre Médaille
a pour Type un Taureau comme la précedente
. Elle fut appellée Claudienne, du
nom de l'Empereur Claude , parce qu'elle
lui avoit été fidele étant dans la Moëfie,
& qu'elle avoit vivement foutenu fon parti
contre Scribonien , Gouverneur de la
Dace. Cette Legion n'avoit d'abord aucun
furnom qui la diftinguât des autres que
le rang de fon ancienneté ; & c'eft pour
cela même que Jules - Cefar , dans fon
quatriéme Livre de la Guerre des Gaules ,
ne fait point de difficulté de l'appeller
une des plus illuftres & des plus anciennes
Legions de l'Empire Veterrima Legio .
Auffi la fit- il paffer avec lui dans la Grande-
Bretagne , comme une de celles qu'il
jugeoit des plus capables de feconder fes
grands deffeins pour la conquête ou pour
l'expedition de ce nouveau Monde. Au
revers il y a un Taureau , comme dans la
precedente , ce qui nous apprend que ces
Legions avoient été formées des Colonies
Romaines. Le Taureau étant le Symbole
d'une
MARS. 1730. so gi
d'une Colonie , parce que c'étoit un ufage
chez les Romains, quand on vouloit bâtie
une Ville , d'en marquer l'enceinte avec
le Soc de la Charruë , fuivant ce fragment:
de Caton , mos fuit defignandi urbes aratro.
Soit , au refte , que cette feptiéme
Legion Claudienne qui étoit autrefois en
la haute Moëfie, fût déja dans la Grande-
Bretagne lorfque Caraufius y aborda ; ſoir
qu'elle y fût conduite avec la huitiéme
Legion Auguftale , dont nous avons parlé
; foit enfin qu'elle ne ſe rangeât fous les
Etendarts de Caraufius , qu'après qu'il eur
défait l'armeé Romaine qui tenoit encore
dans cette Ifle pour Diocletien & pour
Maximien : Caraufius ne pouvoit mieux
faire pour ſe la rendre fidele ou pour la
récompenfer de fa valeur, qu'en confacrant
fon nom à l'immortalité , avec les autres
Legions dont il avoit reconnu le zele &
l'attachement , & dont il fit auffi graver
les noms fur les Médailles que nous expliquons.
Gruter rapporte une Infcrip
tion de lafeptiéme Legion Claudienne.
P. ÆLIO P. F. PP . MARCELLO
VE . PP . EX PREF. LEG . VII .
CL. ET I. ADJUT . SUB. PRINC
IPE PEREGRINORUM .
La feptiéme Legion Claudienne fe trou
ve auffi fur les Médailles de Septime See
vere & fur celles de Gallien,
310 MERCURE DE FRANCE.
La feptiéme Legion Claudierne étoft
encore dans la haute Moëfie , fous Gordien
Pie , qui envoya les Veterans de la
feptiéme & de la quatriéme Legion à Vi
minacium , Colonie de cette Province ,
comme nous l'apprend une Médaille du
Cabinet de M. le Prefident de Maifons.
Il y a d'un côté , Imp. Gordianus pius fel
Aug. Sa tête couronnée de Rayons .
Et au Revers , P. M. S. COL . VIM .
AN IIII. Provincia Moefia Superioris
Colonia Viminacium. Anno quarto. La
figure d'une femme debout tient de la
main droite un Signe Militaire , où eft le
nombre VII. & de la main gauche un
autre Signe Militaire , où eſt le nombre
IIII. & à fes pieds , au côté droit , un Taureau
, & au côté gauche un Lion , qui.
font les Symboles de ces deux Legions ,
pour marquer que les Veterans de la feptiéme
Legion Claudienne & ceux de la
quatriéme ,y avoient été envoyez pour peupler
cette Ville & la deffendre contre les
infultes des Barbares .
Dion, Livre 55 page 564. ne laiffe aucun
lieu de douter que ce ne foit la 7
Legion Claudienne qui eft fur la Médaille
de Gordien Pie , quoique le nom de Claudia
n'y foit point. Il nous apprend que
c'eft la même qui étoit en quartier d'hyver
dans la haute Moëfie . Septimia in Mifia
LibMARS,
1730% 511
fuperiori, Claudiana præcipue nuncupata .
M.l'Abbé de Rothelin a auffi la feptiéme
Legion Claudienne dans Gallien avec le
même Taureau .
J'ai vu cette Médaille de petit Bronze
dans le Cabinet de Milord Pembrok , en
Angleterre ; & à Paris , chez le P. Chamillard
, qui l'a , dit - il, trouvée à Pontoiſe
Legion 111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. Sa tête couronnée
de Rayons , pour Type un Taureau
. LEG . VIIII . GE ML . Legio nona
Gemina. La neuviéme Legion Gemelle.
Cette 9º Legion , dont Caraufius voulut
auffi celebrer la valeur , étoit auffi appellée
Gemina ou Gemelle , parce quelle
avoit été formée de deux Legions qui n'en
compofoient plus qu'une , comme Dion
ou Xiphilin fon Compilateur nous l'apprend
dans la Vie d'Augufte , page 183. Le
Revers de cette Médaille porte le même
Type que les deux précedentes . C'eſt un
Taureau qui eft le ſymbole ordinaire des
Veterans d'une Colonie . Le Taureau étoit
fous la protection de la Déeffe de Cythere.
Taurum Cytherea tuetur , dit le PoëteManilius
. Il eſt fait mention dans le frag
ment d'une ancienne Colomne , de la feptiéme
Legion Gemina , on Gemelle , ce
qui
311 MERCURE DE FRANCE:
qui fait voir que le mot G E, fe doit rend
dre en latin par celui de Gemina , puiſqu'il
fe trouve écrit tout du long ſur les anciennes
Infcriptions. Quant aux Lettres
ML qui fe trouvent dans l'Exergue de
ces Médailles , nous aurons lieu d'en dire
notre fentiment dans un Chapitre particulier
, où nous tâcherons de découvrir ce
ce que les Monetaires de ces temps - là ont
voulu nous donner à entendre par ces
Lettres & autres femblables.
CetteMédaille de petit Bronze , eft dans
le Cabinet du Duc de Dewonshire.
Legion 1111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête cou
tonnée de Laurier . LEG . IIII. FL. Dans
Exergue , R. S. R. Legio quarta Flavia,
la 4 Legion Flavienne . Cette quatriéme
Legion fut ainfi furnommée par Vefpafien,
qui voulut qu'elle prit le furnom de fa Famille
appellée Flavia . Il plaça cette Legion
dans la Syrie pour contenir les peuples
dans leur devoir . Quarta Flavia in
Syria commorata eft , ſelon Dion , p . 272.
qui rapporte qu'elle étoit encore en Syrie
fous le regne d'Alexandre Severe.
Cette Legion porte pour enfeigne un
Lyon , fimbole ordinaire de la force . Septime
Severe s'étoit auffi fait gloire de celebrer
MARS. 17300 $ 13
lebrer la valeur de la même Legion , avee
la même Legende ; mais le Type eft fort
different de la Médaille de Caraufius , il
y a fur celle de Severe deux Signes Militaires
avec l'Aigle Legionnaire ; au lieu
que dans la Médaille de Caraufius il n'y
a qu'un Lion feul. J'ai auffi obfervé ailleurs
la mêmeLegende que dans Caraufius ;
mais au lieu d'un Lion , il y en à deux
entre lefquels on voit une tête cafquée.
J'ai vu à Londres dans le Cabinet
de Milord Pembrock , ce même Type fur
une Médaille d'or de Victorin , où cette
Legion prend le furnom de Pia Felix.
Legio IIII. Flavia P. F.
Vaillant nous affure que de toutes les
Legions qui reftoient fous Gallien , la
quatriéme Legion Flavienne étoit la feule
qui portât un Lion pour Enfeigne , & les .
Médailles que nous venons de rapporter.
en dernier lieu , font voir que cette Legion
fubfifta encore quelque temps après
Gallien , puifque Victorin s'eft fait honneur
de faire graver encore le nom de
la même Legion fur fes Médailles ..
Elle avoit été auffi fort celebre fous plufieurs
autres Princes , comme on le peut
voir dans les Colonies de Vaillant. La
Médaille qu'il rapporte du jeune Philippe
, me paroît fur tout digne de remarque.
On voit d'un côté la tête de ce Prince ; &
21
314 MERCURE DE FRANCE.
au revers ces quatre Lettres initiales G.
F. P. D. qui fignifient Colonia Flavia
Pacenfis Deultana , parce que cette Colonie
avoit été formée des Veterans de
cette quatriéme Legion Flavienne .
Il eft auffi fait mention de la quatriéme
Legion Flavienne dans une Infcription
antique , trouvée à Pezaro , rapportée
,
, page 148. dans le Traité des Regions
Suburbicaires , où il eft fait mention entr'autres
du Tribun de la quatriéme Legion
Flavienne , qui étoit auf le Patron
des Colonies de Pezaro & de Feneſte .
TRIB . LATICL . LEG. IIII. FLAV
PATRONUS COLONIARUM .
PISAURI ET FANEST .
A l'égard de Pezaro , il eft bon de re
marquer en paffant que c'eft - là , où les
defcendans de Caraufius fe retirerent dans
des temps difficiles , fuivant le Comte de
Zabarella , * dans la Genealogie qu'il fait
des Pezari de Venife , intitulée : Il Carau
fio Overo Regia & Augufta Fameglia
di Pezari di Venetia ; Famille que cet
Auteur fait defcendre en ligne directe de
Caraufius , Empereur de la Grande - Bretagne
. Cette Médaille , qui eſt d'argent ,
eft à Londres dans le Cabinet du Duc de
Dewonshire .
* Le Livre du Comte de Zabarella , que j'avois
cherché long- temps , m'a été donné par M. Duvau
, Ecuyer , ancien Capitoul de Toulouse.
MAR S. 1730. SIS
Legion V.
Imp. Caraufius, P. F. Aug. Sa tête cou
ronnée de Rayons.
LEG . VIII... IN . ML . Legio octava ..
IN... cette Legion a pour Type un Belier.
La huitéme Legion furnommée ... IN ..
peut être invicta , l'invincible. C'eſt ainſi
que je crois qu'on peut interpreter le mot
abregé ... IN ... à moins que dans la
Médaille en queſtion il n'y ait MIN . au
lieu de N. ce qui feroir pour lors MINERVIA
Qu MINERVINA car il fe
pourroit bien faire que la Médaille n'étant
pas affez nette ni affez confervée en
cet endroit , on auroit pû lire IN , au lieu
de MIN.
Cette Médaille eft d'autant plus finguliere
que
fa Legende & fon Type font
encore inconnus fur les Médailles des autres
Empereurs. Quant au Type du revers,
ne pourroit - on point dire qu'il nous
défigne une Legion particuliere des Bagaudes
? On fçait que les Auteurs les appelloient
Agreftes ou Rufticanos & qu'ils
avoient quitté le foin de leurs Troupeaux
pour courir après une liberté chimerique
en prenant les armes fous la conduite.
d'Amandus , leur Empereur . Suivant ce
trait hiftorique, que nous avons rapporté
ailleurs ; ne pourroit- on pas dire que ces
Bagaudes ayant pris les armes , choifirent
pour
$ 16 MERCURE DE FRANCE.
pour le figne de leur liberté le Belier ,
pour marquer qu'ils n'avoient point perdu
de vûë leur premier état , & que s'ils
avoient pris les armes , ce n'étoit que pour
deffendre leur ancien Domaine ? Ce qui
pourroit fortifier d'ailleurs cette conjecture
, c'est que le Belier étoit confacré à
Pallas , Déefle de la Guerre ( Déeffe qui
fe voit fi fouvent fur les Médailles de
Caraufius ) Manilius nous en fournit une
preuve autentique dansfon deuxièmeLivre.
Lanigerum Pallas , Taurum Cytherea tuetur,
Le même Auteur parle encore du Belier
en des termes qui femblent parfaitement
juftifier le choix que nos anciens Gaulois
auroient pû faire du Belier pour enfeigne
d'une Legion qui fe feroit déclarée de nouveau
pour la liberté de la Patrie fous un fi
grand Capitaine.
Sed Princeps aries toto fulgebit in orbe,
Ainfi le furnom & le fymbole que prend
cette Legion conviendroit parfaitement
au temps dont nous parlons , & à un
Prince, qui prenoit à juste titre, le furnom
d'invincible , comme fes Médailles , avec
le titre d'Invictus , le confirment.
Il est bon de remarquer ici , qu'on por
toit quelquefois le Belier parmi les Enfeignes
Romaines. Mais fur tout quand
on
**ཟེ
MARS
.
1730.
SIY
en vouloit déclarer la guerre. Pour lors
un Herault d'Armes , tiré de l'illuftre Corps
des Faciales , marchoit à la tête portant
le figne du Belier , qu'il devoit lancer
fur les premieres Terres des Ennemis ,
pour montrer qu'ils n'avoient pris les
armes contre eux que pour le venger
des outrages qu'ils en avoient reçûs les
premiers , felon quelques Auteurs ; ou
plutôt felon Pierius dans fes Hyerogli
phes , pour donner à entendre par - là qu'ils
étoient déja , pour ainsi dire , en poffeffion
des Terres de leurs Ennemis . Ce qui étant
pris en ces deux fens , ne laifferoit pas
d'avoir fon application dans Caraufius qui
prétendoit avoir été infulté le premier
par Maximien , & qui s'empara bientôt
de l'ifle la plus belle , la plus grande & la
plus fertile du monde en pâturages , &c,
Legion VI
.....
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête couzonnée
de rayons.
LEG...... Legio Légion,
Dans l'Exergue M L. pour Type ,
la figure du Capricorne tourné du côté
droit . Les Legions dont nous venons de
parler m'étoient connuës fous trois Types
differens ; trois avoient le Type d'un
Taureau , une fous le Type d'un Belier ,
une autre fous le Type d'un Lion ; mais
celle- ci a un Type different , & on ne
l'avoit
418 MERCURE DE FRANCE .
f'avoit point encore vû fur aucune Médaille
de Caraufius ; il feroit à fouhaiter
que le nom de la Legion ne fut pas effacé,
Peut -être que le tems nous en fera dé
couvrir quelque femblable mieux confervée.
Il y a eu fept Legions de Gallien avec
le même Signe du Capricorne , & Vaillant
les rapporte dans fon Livre des Médailles
Impériales ; fçavoir , la Legion
premiere , Adjutrix. La premiere Italica,
la quatorziéme Gemina , la trentiéme Ulpia
, la vingt- deuxième , furnommée Primigenia
, au rapport de Spartien , dans la
vie de Didius Julianus . La dix- huitiéme
& la vingt- fixiéme fans nom particulier.
Ainfi on pourroit croire que celle de Ca
raufius , dont je parle ici , feroit une de ces
Legions , parcequ'elles ont toutes le même
fimbole que note Médaille.
La feconde Legion Auguftale pourroit
auffi être de ce nombre . On a trouvé dans
la Grande Bretagne une Infcription Antique
conçûë en ces termes , & avec le
même Type du Capricorne .
IMP.
AVG .
ANTONINO
Pio.
LE G.
I I.
A V G.
F. P. III. CC L XX II.
1
Cette
MARS. 1730: 519
Cette Infcription nous apprend que la
deuxième Legion Auguftale avoit continué
le mur d'Antonin Pie ,qui eft au Nord
d'Ecoffe , pendant l'efpace de trois mille
deux cent foixante & douze pas. Cette
Infcription eft fur une pierre qui reprefente
dans le haut , la figure d'un Capricorne
que je prens pour le figne de cette
Legion , & non pas le Griffon qui eſt au
bas. A l'égard du furnom Augufta , nous
avons déja remarqué qu'Augufte donna
fon nom à plufieurs Legions , & cette
Infcription nous fait voir que celle- ci
avoit non- feulement le nom d'Augufte ,
mais qu'elle en avoit auffi pris le fimbole
pour préfage de bonheur : le Signe
du Capricorne ayant toujours été regardé
comme tel par cet Empereur. Et parcequ'il
avoit été Conful pour la premiere fois ,
& qu'il avoit aufli gagné la Bataille d'Actium
dans le mois d'Août , il lui donna
fon nom . C'est ce qui me feroit croire
que c'eft cette feconde Legion qui nous
eft marquée fur notre Médaille de Caraufius
. Dion rapporte que la feconde Legion
Auguftale étoit de fon tems dans la
haute Bretagne , & les Infcriptions qu'on
Y découvre tous les jours en donnent des
preuves inconteftables. C'eſt cette feconde
Legion qui donna fon nom & la naiffance
à la Ville de Caer-leon , appellée dans l'IE
tineraire
520 MERCURE DE FRANCE.
tineraire d'Antonin , ISCA LEG. II. AUGUSTA.
Cette Legion étoit fans doute
encore dans la Grande Bretagne au tems
de Caraufius , puifque peu d'années avant
qu'il y allât , Pofthume , Empereur dans
les Gaules , avoit dans cette Ville un
Corps d'Armée. C'est ce que je trouve
confirmé par une Médaille de ce dernier
Empereur ; elle a d'un côté le nom de ce
Prince , & la tête couronnée de rayons.
IMP CM CASS LAT. Pofthumus Aug.
& de l'autre côté , on voit à cheval l'Em
pereur qui harangue les Troupes , & autour
EXERCITUS YSCanicus , l'AEmée
de Caer- Leon .Cette Armée de Pofthu .
me fut nommée Armée Tfcanique d'Yíca,
parceque cette Legion qui prêta ferment
de fidelité à Pofthume dans la Grande
Bretagne , étoit placée fur la Riviere de
PUske, qu'on appelloit Yſca - Silurum , &
non pas Silulorum , comme l'a écrit Vaillant
, qui rapporte cette Médaille . Cette
Ville n'eft plus aujourd'hui qu'un petit
Village , portant le nom de Caer-Leon, par
corruption de Cefaris Legio ; & c'eſt là
que les Hiftoriens Anglois avoient placé
la Cour de leur grand Roi Artus &
où ils prétendent qu'il y avoit un College
de deux cens Philofophes établis pour
Ay obferver le cours des Aftres . Cette Médaille
de petit bronze eft en Angleterre ,
dans le Cabinet du Docteur Sloane.
"
MARS. 1730. 521
*
COHORTES PRETORIENNES.
Imp. Caraufius. P. F. Aug. La tête
couronnée de Rayons.
COHH .... ML. Cohortes ... Les
Cohortes ... M L. COHORTES. Ce font
fans doute les Cohortes Prétoriennes qui
formoient la garde de Caraufius , dont cet
Empereur voulut éternifer la mémoire &
la fidelité aufli bien que celle des Legions
dont nous venons de parler. Je n'entrerai
point ici dans la queftion de fçavoir de
combien étoit compofée la Legion . Les
Auteurs font pleins de ces fortes de détails.
J'ajouterai cependant qu'il y avoit
fous Augufte neuf Cohortes Prétoriennes
pour la garde du Prince , & que Galba
y en ajoûta trois nouvelles. Ainfi il y eut
douze Cohortes de Gardes Prétoriennes,
qui fubfiftoient encore du tems de Septime
Severe , au rapport de Dion. Je ne
fçai fi le nombre de ces Cohortes étoit le
même du tems de Diocletien & de Maximien
; mais ce qu'on peut affurer , fuivant
le témoignage de cette Médaille unique
de Caraufius , c'eft que la garde de
ce Prince étoit compofée de quatre mille
hommes. C'eft ainfi que je crois qu'on
doit expliquer les quatre fignes militaires
qui font au revers de fa Médaille . En effer
chaque Cohorte ayant fon enfeigne
militaire , & chaque Cohorte étant com
- E ij poléc
322 MERCURE DE FRANCE :
pofée de mille hommes , fuivant le témoi
gnage de la plupart des Auteurs ,
quatre enfeignes militaires nous défignent
que la Garde de cet Empereur des Bretons
étoit compofée de quatre Cohortes
Prétoriennes . A quoi fi nous ajoûrons le
nombre de dix ou de douze mille hommes
, dont chaque Legion pouvoit être
compofée , en y comprenant les Troupes
auxiliaires , il fe trouvera que Caraufius ,
fuivant ces Médailles, avoit du moins une
armée de foixante & quatre mille hommes,
fans y comprendre les forces maritimes.
Ce font là les Cohortes Prétoriennes & les
fix Legions principales qui compofoient
l'Armée de notre Conquerant , & dont
les Auteurs ne parlent point. Elles métitoient
bien , après lui avoir acquis tant
de gloire , d'en partager avec lui une por
tion , & de revivre un jour dans la mémoire
des hommes par ce témoignage autentique
de fa reconnoiffance , ayant été
les compagnes fideles de fes travaux guerriers
, & ayant verſé fi librement leur fang
dans plufieurs occafions pour l'élever fur
le Trône de la Grande Bretagne,
Dans cette occafion , comme dans bien
d'autres, nous pourrions nous plaindre du
filence des Hiftoriens qui ne nous difent
rien de toutes ces circonftances , & qui
ne font mention que d'une Legion Romaine
MAR 9. 1730. 523
1
maine dont ils ont même affecté de nous
cacher le nom ; mais nous devons nous
confoler ayant des Monumens plus fûrs
& moins fujets à être alterés , & qui fe
font heureuſement dérobés aux injures
des tems & de l'envie . Après tout nous
ne ferions peut-être pas obligés de nous
plaindre fi fort du filence de ces Hiftoriens
, fi le fecond Livre que nous avons
de Zozime fur la vie des Empereurs de
ces tems, nous étoit refté dans fon entier ,
mais cet Auteur fe trouve tronqué immédiatement
après la vie de Probus , & ce
qui fuit ne recommence qu'à l'Hiftoire de
Conftantin le Grand . De forte que ce qui
nous manque de cet Auteur ne comprend
gueres moins que les Vies de fept à huit
Empereurs , qui font Carus , Ĉarinus
Numerianus , Diocletianus Maximianus
Herculius , Caraufius , Conftantius
Chlorus & Gal. Maximianus , dont l'Hiftoire
ou les évenemens étant neceffairement
liés avec ce qui s'eft paffé du tems
de Caraufius n'auroient pas laiffé de nous
donner des lumieres pour expliquer bien
des faits particuliers , où les conjet&cures
ne fçauroient atteindre.
>
Ne feroit- ce point là un effet moins du
hazard que de l'envie ou de la politique
Romaine , qui jaloufe de la gloire de ce
Prince auroit fupprimé à deffein les
E iij
>
Mc124
MERCURE DE FRANCE.
Mémoires les plus confiderables de fon
tems , qui ne pouvoient être qu'à la gloire
de ce Heros qui avoit fi fort abbatu
leurs forces & leur puiffance. Cette Médaille
de petit bronze eft dans le Cabinet
de l'Auteur..
Voilà , Milord , ce que j'avois à obferver
de plus remarquable au fujet des Cohortes
& des Legions dont les noms nous
font confervés fur les Médailles de Caraufius
, & fans lefquelles les fervices
qu'elles lui avoient rendus feroient reſtez
dans un oubli éternel . Ce font là ces fieres
Legions & ces Cohortes fideles qui fua
rent les témoins de fes travaux guerriers ,
qui fe firent honneur de combatre fous fes
Etendarts , & avec qui il fit tant d'actions
heroïques & tant d'exploits glorieux ,
qu'il fut enfin élevé aux acclammations
des Peuples fur le Trône de la Grande
Bretagne Je fuis avec un profond reſpect
& c .
IMITATION
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Résumé : EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
Le texte, rédigé par M. Genebrier, médecin, est une explication des médailles mentionnant les cohortes et les différentes légions de l'empereur Carausius, adressée à Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande. Genebrier, motivé par l'intérêt de Milord Carteret pour l'histoire et les découvertes liées à la gloire de la nation, entreprend de rédiger une histoire métallique de Carausius, l'un des plus grands conquérants de l'Angleterre. Il cherche à célébrer les instruments des victoires de Carausius, notamment les légions qui ont combattu sous ses étendards. Le document liste plusieurs légions et leurs caractéristiques : 1. **Légion I** : Représente l'empereur César Carausius, pieux, heureux et auguste, couronné de lauriers. 2. **Légion VIII Augusta** : Symbolisée par un taureau, elle est l'une des plus anciennes légions, formée par Auguste. Elle a combattu sous Carausius contre les Germains, lui valant le titre de Germanicus Maximus. 3. **Légion II Augusta** : Trouvée dans des fragments de briques et des médailles, elle était en quartier d'hiver en Haute-Bretagne. 4. **Légion VII Claudia** : Appelée Claudienne, elle était fidèle à Claude et a soutenu ses partis contre Scribonien. Elle est symbolisée par un taureau. 5. **Légion IX Gemina** : Formée de deux légions fusionnées, elle est également symbolisée par un taureau. 6. **Légion IV Flavia** : Symbolisée par un lion, elle a été placée en Syrie par Vespasien pour maintenir l'ordre. Ces légions sont mentionnées dans diverses médailles et inscriptions, permettant de fixer le nombre approximatif des troupes de Carausius. Le texte mentionne également des médailles et des fragments trouvés dans divers cabinets et collections, confirmant l'existence et les actions de ces légions. Une médaille rapportée par le jeune Philippe présente sur une face la tête de ce prince et sur l'autre les lettres initiales G.F.P.D., signifiant Colonia Flavia Pacensis Deultana, formée des vétérans de la quatrième Légion Flavienne. Cette légion est également mentionnée dans une inscription antique trouvée à Pesaro, où elle est désignée comme patronne des colonies de Pesaro et de Fano. Le texte évoque également plusieurs légions de Carausius, identifiées par des symboles animaux comme le bélier, le taureau, et le capricorne. La huitième Légion, peut-être invicta, est marquée par un bélier, symbole de liberté et de défense du domaine ancestral. La sixième Légion est représentée par un capricorne, symbole de bonne fortune. Le texte note que sept légions de Gallien portaient le même signe du capricorne, et que la seconde Légion Augusta, stationnée en Bretagne, pourrait être celle représentée sur la médaille de Carausius. Enfin, le texte mentionne les cohortes prétoriennes de Carausius, composées de quatre mille hommes en quatre cohortes, et discute de l'armée de Carausius, estimée à soixante-quatre mille hommes, incluant les troupes auxiliaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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840
EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
841
p. 526-531
MOYEN de faire changer la distribution du sang dans le corps de l'homme, sans être obligé d'avoir recours à la saignée. Par M. B. P. R. E. H.
Début :
Ce n'est pas toûjours parceque la masse du sang est trop grande que [...]
Mots clefs :
Saignée, Sang, Parties du corps, Vaisseaux, distribution, Pesanteur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MOYEN de faire changer la distribution du sang dans le corps de l'homme, sans être obligé d'avoir recours à la saignée. Par M. B. P. R. E. H.
MOTEN de faire changer la diftribution
du fang dans le corps de l'homme
, fans être obligé d'avoir recours à
la faignée. Par M. B. P. R. E. H.
CE
E n'eft pas toujours parceque la
maffe du fang eft trop grande que
l'on a recours à l'ouverture de la veine
c'efttrès-fouvent parceque la diftribution
de ce fluide n'eft pas parfaite , & que
quelques parties de notre corps s'en trouvent
trop chargées , pendant que d'autres
en font beaucoup trop dépourvûës . Alors
on tâche par la faignée de faire aborder
ou dériver le fang vers ces dernieres parties
, afin de le détourner des autres , &
d'y produire une révulfion . Mais outre
qu'il n'eft point naturel de diminuer le
volume d'une liqueur , lorfqu'il eft quelquefois
déja trop petit , on s'expofe encore
en réiterant les faignées à jetter le
malade dans le dernier épuiſement , & à
le rendre hydropique , comme on n'en a
que trop d'exemples .Voici un autre moyen
qui paroîtra trivial & badin , mais qu'on
croit cependant pouvoir propofer , parceque,
s'il n'eft pas applicable dans toutes
les rencontres , il le fera peut - être dans
quelMAR
S. 1730 : 527
quelqu'une. C'eft de fe fervir de la force
centrifuge comme de pefanteur pour obli
ger le fang à s'éloigner des parties qui font
trop chargées . Les Phyficiens donnent le
nom de centrifuge à l'effort que font les
corps pour s'écarter du centre autour duquel
ils circulent ; c'eft par cette force
qu'une pierre qu'on fait tourner dans une
fronde roidit la corde , & cet effort eft
fufceptible de quelle augmentation on
veut , lorfqu'on rend le mouvement plus
rapide , ou lorſqu'on oblige la pierre de
décrire un plus petit cercle . Or fi l'homme
indifpofé étoit couché fur une espece
de petit lit qu'on pût faire tourner trèsvîte
autour d'un axe vertical , vers lequel
le chevet du lit fût fitué , ou bien
pour fe fervir d'une machine beaucoup
plus fimple , fi l'homme indifpofé étoit
affis dans un fauteuil fufpendu avec des
cordes , & qu'on lui fit faire de grands
balancemens , il réfulteroit de l'un ou de
l'autre mouvement une force centrifuge,
qui donnant au fang une nouvelle tendance
vers les parties d'en bas , l'obligeroit
à fe porter moins vers celles d'en
haut , & pourroit par conféquent contri
buer au dégagement de la tête & de toutes
les autres parties fuperieures. Lorſque
les vibrations feroien des deux tiers du
demi cercle , l'effort centrifuge feroit dans
E v le
528 MERCURE DE FRANCE
le bas de l'arc , égal à la pefanteur , &
il en feroit double fi les vibrations étoient
de tout le demi cercle ; ainfi dans le dernier
cas , le fang tendroit à defcendre avec
trois fois plus de force , puifque la vertu
centrifuge , alors deux fois plus grande
feroit comme une feconde pefanteur qui
s'ajoûteroit à la premiere. Au furplus , fi
l'effet n'étoit pas encore affez fenfible ,
il n'y auroit qu'à mettre des obftacles de
part & d'autre pour fervir de limites aux
balancemens , & pouffant enfuite le fauteüil
avec force , on lui imprimeroit la
même vîreffe que s'il defcendoit d'une
très grande hauteur , ce qui feroit augmenter
l'effort centrifuge autant qu'on le
voudroit jufques - là que s'il n'y avoit
aucun accident à craindre , il feroit trèsfacile
de donner la même tendance au
fang vers les parties inférieures , que fi
fa pefanteur étoir fix à fept fois plus
grande ..
虚
Il est donc indubitable qu'on fera toû
jours changer la diftribution du fang
mais il faut avouer que ce n'eft que par
l'experience qu'on peut fçavoir file changement
ne feroit pas accompagné de quelques
circonstances . dangereufes. Pour en
faire l'épreuve fans rien rifquer , il n'y
auroit qu'à commencer par des fujers dont
Findifpofition eft peu confiderable , n'exciter:
MARS. 1730. 529
citer tout au plus qu'une force centrifuge
double de la pefanteur , & n'aller encore
à ce terme que par degrés . On pourroit ,
par exemple , dans une infinité de rencontres
qu'un Médecin peut choifir ailément
, éprouver file moyen n'eft pas propre
dans les perfonnes du fexe , à aider le
fang à furmonter les obftacles qui s'oppofent
quelquefois à fon écoulement periodique.
On étendroit enfuite l'ufage de
la force centrifuge , & peut-être qu'elle
fe trouveroit utile non - feulement dans
l'apoplexie , mais encore dans toutes les
autres maladies dont une des caufes eft la
mauvaiſe diftribution du fang. C'eft toû
jours , nous le repétons , à l'experience à
decider , mais fans le ridicule dont la pro
pofition eft fufceptible , nous ne ferions
point difficulté de dire d'avance que toutes
les apparences nous font favorables ..
Comme la vertu centrifuge peut déterminer
le fang vers quelle partie du corps
on veut , il n'eſt toûjours queftion que
d'en choisir une qui puiffe le recevoir fans
inconvenient ; & pour cela il fuffit de
n'employer le moyen dont il s'agit que:
lorfqu'il n'y a point d'inflammation à
craindre dans cet endroit où le fang doit
dériver , & que lorfqu'on eft affuré que
le volume total de ce fluide n'eft pas
trop grand , foit parcequ'il a déja été di-
Evj minue
330 MERCURE DE FRANCE:
1
minué par des faignées , foit parceque le
malade ne prend que peu de nourriture
&c. de cette forte la dérivation ne fera
retablir les vaiffeaux dans leur pre- que
mier état , fans les diftendre confiderablement
, & avant qu'elle puiffe produire
de mauvais effets , la révulfion ou la retraite
du fang de la partie affectée ?
en
pourra toûjours produire de bons . On ne
doit pas objecter que les vaiffeaux ne ſeront
pas également gonflés dans l'endroit
de la dérivation , & qu'il n'y aura que
ceux qui feront fitués d'une certaine maniere
qui foûtiendront tout le poids ; car
il eft conftant que les liqueurs comprimées
dans un certain fens font effort dans
tous les autres , & qu'elles tendent à
avancer vers tous les côtés , & ainfi le
fang qui eft preffé par la pefanteur & par
la force centrifuge de celui qui eſt audeffus
doit le diftribuer dans tous les vaiffeaux
fans que leurs directions ni leurs
contours y apportent de difference ; de
même que nous voyons que toutes les
parties de nos mains fe gonflent également
, lorfque nous laiffons tomber nos
bras. On ne peut gueres objecter non
plus,que lorfque le fang fe retire de la partie
qui étoit trop chargée , il donne occafion
à quelques autres liqueurs de s'infiauer
dans les arteres & dans les veines ;
CCE
MARS. 1730. F3 F
cet accident ne peut arriver que lorfqu'on
pouffe les chofes trop loin , & il eft encore
beaucoup plus à craindre lorfqu'on
a recours à la faignée , puifqu'elle produit
une diminution réelle dans tous les
vaiffeaux . Enfin fi l'exercice de la force
centrifuge ne dure que peu de tems , le
fuccès qu'ont quelquefois les plus petites
faignées révulfives fait affez voir qu'il
n'en faut pas davantage pour que les engorgemens
& les embarras ceffent , &
pour que les vaiffeaux qui étoient diftendus
, & qui ne pouvoient pas fe contracter
, fe mettent en action , & reprennent
leur premier reffort.
du fang dans le corps de l'homme
, fans être obligé d'avoir recours à
la faignée. Par M. B. P. R. E. H.
CE
E n'eft pas toujours parceque la
maffe du fang eft trop grande que
l'on a recours à l'ouverture de la veine
c'efttrès-fouvent parceque la diftribution
de ce fluide n'eft pas parfaite , & que
quelques parties de notre corps s'en trouvent
trop chargées , pendant que d'autres
en font beaucoup trop dépourvûës . Alors
on tâche par la faignée de faire aborder
ou dériver le fang vers ces dernieres parties
, afin de le détourner des autres , &
d'y produire une révulfion . Mais outre
qu'il n'eft point naturel de diminuer le
volume d'une liqueur , lorfqu'il eft quelquefois
déja trop petit , on s'expofe encore
en réiterant les faignées à jetter le
malade dans le dernier épuiſement , & à
le rendre hydropique , comme on n'en a
que trop d'exemples .Voici un autre moyen
qui paroîtra trivial & badin , mais qu'on
croit cependant pouvoir propofer , parceque,
s'il n'eft pas applicable dans toutes
les rencontres , il le fera peut - être dans
quelMAR
S. 1730 : 527
quelqu'une. C'eft de fe fervir de la force
centrifuge comme de pefanteur pour obli
ger le fang à s'éloigner des parties qui font
trop chargées . Les Phyficiens donnent le
nom de centrifuge à l'effort que font les
corps pour s'écarter du centre autour duquel
ils circulent ; c'eft par cette force
qu'une pierre qu'on fait tourner dans une
fronde roidit la corde , & cet effort eft
fufceptible de quelle augmentation on
veut , lorfqu'on rend le mouvement plus
rapide , ou lorſqu'on oblige la pierre de
décrire un plus petit cercle . Or fi l'homme
indifpofé étoit couché fur une espece
de petit lit qu'on pût faire tourner trèsvîte
autour d'un axe vertical , vers lequel
le chevet du lit fût fitué , ou bien
pour fe fervir d'une machine beaucoup
plus fimple , fi l'homme indifpofé étoit
affis dans un fauteuil fufpendu avec des
cordes , & qu'on lui fit faire de grands
balancemens , il réfulteroit de l'un ou de
l'autre mouvement une force centrifuge,
qui donnant au fang une nouvelle tendance
vers les parties d'en bas , l'obligeroit
à fe porter moins vers celles d'en
haut , & pourroit par conféquent contri
buer au dégagement de la tête & de toutes
les autres parties fuperieures. Lorſque
les vibrations feroien des deux tiers du
demi cercle , l'effort centrifuge feroit dans
E v le
528 MERCURE DE FRANCE
le bas de l'arc , égal à la pefanteur , &
il en feroit double fi les vibrations étoient
de tout le demi cercle ; ainfi dans le dernier
cas , le fang tendroit à defcendre avec
trois fois plus de force , puifque la vertu
centrifuge , alors deux fois plus grande
feroit comme une feconde pefanteur qui
s'ajoûteroit à la premiere. Au furplus , fi
l'effet n'étoit pas encore affez fenfible ,
il n'y auroit qu'à mettre des obftacles de
part & d'autre pour fervir de limites aux
balancemens , & pouffant enfuite le fauteüil
avec force , on lui imprimeroit la
même vîreffe que s'il defcendoit d'une
très grande hauteur , ce qui feroit augmenter
l'effort centrifuge autant qu'on le
voudroit jufques - là que s'il n'y avoit
aucun accident à craindre , il feroit trèsfacile
de donner la même tendance au
fang vers les parties inférieures , que fi
fa pefanteur étoir fix à fept fois plus
grande ..
虚
Il est donc indubitable qu'on fera toû
jours changer la diftribution du fang
mais il faut avouer que ce n'eft que par
l'experience qu'on peut fçavoir file changement
ne feroit pas accompagné de quelques
circonstances . dangereufes. Pour en
faire l'épreuve fans rien rifquer , il n'y
auroit qu'à commencer par des fujers dont
Findifpofition eft peu confiderable , n'exciter:
MARS. 1730. 529
citer tout au plus qu'une force centrifuge
double de la pefanteur , & n'aller encore
à ce terme que par degrés . On pourroit ,
par exemple , dans une infinité de rencontres
qu'un Médecin peut choifir ailément
, éprouver file moyen n'eft pas propre
dans les perfonnes du fexe , à aider le
fang à furmonter les obftacles qui s'oppofent
quelquefois à fon écoulement periodique.
On étendroit enfuite l'ufage de
la force centrifuge , & peut-être qu'elle
fe trouveroit utile non - feulement dans
l'apoplexie , mais encore dans toutes les
autres maladies dont une des caufes eft la
mauvaiſe diftribution du fang. C'eft toû
jours , nous le repétons , à l'experience à
decider , mais fans le ridicule dont la pro
pofition eft fufceptible , nous ne ferions
point difficulté de dire d'avance que toutes
les apparences nous font favorables ..
Comme la vertu centrifuge peut déterminer
le fang vers quelle partie du corps
on veut , il n'eſt toûjours queftion que
d'en choisir une qui puiffe le recevoir fans
inconvenient ; & pour cela il fuffit de
n'employer le moyen dont il s'agit que:
lorfqu'il n'y a point d'inflammation à
craindre dans cet endroit où le fang doit
dériver , & que lorfqu'on eft affuré que
le volume total de ce fluide n'eft pas
trop grand , foit parcequ'il a déja été di-
Evj minue
330 MERCURE DE FRANCE:
1
minué par des faignées , foit parceque le
malade ne prend que peu de nourriture
&c. de cette forte la dérivation ne fera
retablir les vaiffeaux dans leur pre- que
mier état , fans les diftendre confiderablement
, & avant qu'elle puiffe produire
de mauvais effets , la révulfion ou la retraite
du fang de la partie affectée ?
en
pourra toûjours produire de bons . On ne
doit pas objecter que les vaiffeaux ne ſeront
pas également gonflés dans l'endroit
de la dérivation , & qu'il n'y aura que
ceux qui feront fitués d'une certaine maniere
qui foûtiendront tout le poids ; car
il eft conftant que les liqueurs comprimées
dans un certain fens font effort dans
tous les autres , & qu'elles tendent à
avancer vers tous les côtés , & ainfi le
fang qui eft preffé par la pefanteur & par
la force centrifuge de celui qui eſt audeffus
doit le diftribuer dans tous les vaiffeaux
fans que leurs directions ni leurs
contours y apportent de difference ; de
même que nous voyons que toutes les
parties de nos mains fe gonflent également
, lorfque nous laiffons tomber nos
bras. On ne peut gueres objecter non
plus,que lorfque le fang fe retire de la partie
qui étoit trop chargée , il donne occafion
à quelques autres liqueurs de s'infiauer
dans les arteres & dans les veines ;
CCE
MARS. 1730. F3 F
cet accident ne peut arriver que lorfqu'on
pouffe les chofes trop loin , & il eft encore
beaucoup plus à craindre lorfqu'on
a recours à la faignée , puifqu'elle produit
une diminution réelle dans tous les
vaiffeaux . Enfin fi l'exercice de la force
centrifuge ne dure que peu de tems , le
fuccès qu'ont quelquefois les plus petites
faignées révulfives fait affez voir qu'il
n'en faut pas davantage pour que les engorgemens
& les embarras ceffent , &
pour que les vaiffeaux qui étoient diftendus
, & qui ne pouvoient pas fe contracter
, fe mettent en action , & reprennent
leur premier reffort.
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Résumé : MOYEN de faire changer la distribution du sang dans le corps de l'homme, sans être obligé d'avoir recours à la saignée. Par M. B. P. R. E. H.
Le texte de M. B. P. R. E. H. présente une méthode alternative à la saignée pour améliorer la distribution du sang dans le corps humain. L'auteur critique la saignée, souvent utilisée pour corriger une mauvaise distribution du sang, car elle peut entraîner un épuisement excessif et des risques d'hydropisie. Il propose d'utiliser la force centrifuge pour déplacer le sang des parties surchargées vers celles qui en manquent. Deux méthodes sont suggérées : faire tourner un lit ou un fauteuil suspendu à grande vitesse autour d'un axe vertical. Cette force centrifuge obligerait le sang à se diriger vers les parties inférieures du corps, soulageant ainsi les parties supérieures. L'auteur insiste sur la nécessité de tester cette méthode progressivement et avec précaution, en commençant par des forces centrifuges faibles et en augmentant progressivement. Il suggère que cette méthode pourrait être utile non seulement pour l'apoplexie, mais aussi pour d'autres maladies liées à une mauvaise distribution du sang. Le texte aborde également les objections potentielles, comme la compression des vaisseaux sanguins et l'infiltration de liquides dans les artères et les veines. Il conclut que l'exercice de la force centrifuge, même de courte durée, peut suffire à résoudre les problèmes de circulation sanguine.
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842
p. 536-538
« ENTRETIENS PHISIQUES d'Ariste & d'Eudoxe, ou Physique nouvelle [...] »
Début :
ENTRETIENS PHISIQUES d'Ariste & d'Eudoxe, ou Physique nouvelle [...]
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texteReconnaissance textuelle : « ENTRETIENS PHISIQUES d'Ariste & d'Eudoxe, ou Physique nouvelle [...] »
NTRETIENS PHISIQUES d'Arifte
& d'Eudoxe , ou Physique nouvelle
en Dialogues , qui renferme précilement
ce qui s'est découvert de plus curieux.
& de plus utile dans la Nature , enrichis
de beaucoup de figures. Par le P. Regnault
, de la Compagnie de Jefus. A
Paris , Quay des Auguftins , chez les
freres Ofmont , 1729. trois vol.in- 1 2. de
plus de 1200. pages.
L'ANTI - BAILLET , ou Critique du
Livre de M. Baillet , intitulé : Jugemens
des Sçavans , par M. Menage , avec des
Obfervations de M. de la Monnoye , &
des Reflexions fur les Jugemens des Sçavans.
A Paris , au Palais , ruë de la
Vieille Bouclerie ; Quay des Auguftins ;
Quay
MARS . 1730. 537
Quay de Gefures , & rue S. Severin , chiz
H. Charpentier, Ch . Moette , Ch. le Clerc,
P. Prault , & Jacq . Chardon , 1730. in -4.
&
C'est une fuite des Jugemens des Sçavans
, dont M. de la Monnoye , mort en
1728. donna une Edition in- 4. en 7. vofumes
, avec les Remarques . Celui -cy fait
le huitiéme volume . Il n'avoit jamais été
imprimé en France . On trouve au commencement
une Lettre Critique de M***
qui fait voir combien cette Edition de
Anti -Baillet, doit l'emporter fur les Editions
qu'on en a faites en Hollande .
CRITIQUE de la Bibliotheque des Au
teurs Ecclefiaftiques & des Prolegomenes
de la Bible , publiez par M. Ellies Dupin,
avec des Eclairciffemens & des Supplemens
aux endroits où on les a jugés né
ceffaires par feu M. Richard. Simon ,
avec des Remarques. A Paris , rue faint
Jacques , chez Etienne Ganean , 1730 .
4. volumes en- 8.
LES SERMONS du R. P. de la Boiffiere,
Prêtre de l'Oratoire , pour le Carême
Vêtures , Profeffions Religieufes & Affemblées
de Charité . A Paris , ruë faint
Jacques , chez Henry , 1730. 3. volu
mes in- 12%
His=
$ 38 MERCURE DE FRANCE .
HISTOIRE DE L'ACADEMIE FRAN
COISE , depuis fon établiſſement jufqu'en
1652. Par M. Peliffon , avec des Notes
& des Additions. A Paris , chez J. B. Coignard
, fils , ruë S. Jacques , 1729. in-4.
de 366. pages .
L'ACADEMIE HISTOIRE DE
FRANÇOISE
, depuis 1562. jufqu'en
1700. Par M. l'Abbé d'Olivet , 1729 .
Chez le même , in 4. de 386. pages.
TRAITE DE L'UNIVERS
MATERIEL
, ou Aftronomie
Phyfique . Troi
fiéme Partie , contenant
les caufes du
Flux & du Reflux de la Mer , les moyens
de s'en fervir pour trouver la Longitude
des Vaiffeaux en pleine Mer , avec les
Tables du Flux & Reflux de la Mer &
celles des Vents qui pourront être caufez
par la Lune pendant l'année 1730. Par
le fieur Jean Petit , Arpenteur
à Blois.
A Paris , ruë S. Jacques , chez Jean Vi-
·lente , fils , 1730. Brochure in- 12. avec
des figures.
L'Auteur explique dans un Avertiffement
, les raifons pourquoi il donne cette
troifiéme Partie avant que la feconde ait
paru.
& d'Eudoxe , ou Physique nouvelle
en Dialogues , qui renferme précilement
ce qui s'est découvert de plus curieux.
& de plus utile dans la Nature , enrichis
de beaucoup de figures. Par le P. Regnault
, de la Compagnie de Jefus. A
Paris , Quay des Auguftins , chez les
freres Ofmont , 1729. trois vol.in- 1 2. de
plus de 1200. pages.
L'ANTI - BAILLET , ou Critique du
Livre de M. Baillet , intitulé : Jugemens
des Sçavans , par M. Menage , avec des
Obfervations de M. de la Monnoye , &
des Reflexions fur les Jugemens des Sçavans.
A Paris , au Palais , ruë de la
Vieille Bouclerie ; Quay des Auguftins ;
Quay
MARS . 1730. 537
Quay de Gefures , & rue S. Severin , chiz
H. Charpentier, Ch . Moette , Ch. le Clerc,
P. Prault , & Jacq . Chardon , 1730. in -4.
&
C'est une fuite des Jugemens des Sçavans
, dont M. de la Monnoye , mort en
1728. donna une Edition in- 4. en 7. vofumes
, avec les Remarques . Celui -cy fait
le huitiéme volume . Il n'avoit jamais été
imprimé en France . On trouve au commencement
une Lettre Critique de M***
qui fait voir combien cette Edition de
Anti -Baillet, doit l'emporter fur les Editions
qu'on en a faites en Hollande .
CRITIQUE de la Bibliotheque des Au
teurs Ecclefiaftiques & des Prolegomenes
de la Bible , publiez par M. Ellies Dupin,
avec des Eclairciffemens & des Supplemens
aux endroits où on les a jugés né
ceffaires par feu M. Richard. Simon ,
avec des Remarques. A Paris , rue faint
Jacques , chez Etienne Ganean , 1730 .
4. volumes en- 8.
LES SERMONS du R. P. de la Boiffiere,
Prêtre de l'Oratoire , pour le Carême
Vêtures , Profeffions Religieufes & Affemblées
de Charité . A Paris , ruë faint
Jacques , chez Henry , 1730. 3. volu
mes in- 12%
His=
$ 38 MERCURE DE FRANCE .
HISTOIRE DE L'ACADEMIE FRAN
COISE , depuis fon établiſſement jufqu'en
1652. Par M. Peliffon , avec des Notes
& des Additions. A Paris , chez J. B. Coignard
, fils , ruë S. Jacques , 1729. in-4.
de 366. pages .
L'ACADEMIE HISTOIRE DE
FRANÇOISE
, depuis 1562. jufqu'en
1700. Par M. l'Abbé d'Olivet , 1729 .
Chez le même , in 4. de 386. pages.
TRAITE DE L'UNIVERS
MATERIEL
, ou Aftronomie
Phyfique . Troi
fiéme Partie , contenant
les caufes du
Flux & du Reflux de la Mer , les moyens
de s'en fervir pour trouver la Longitude
des Vaiffeaux en pleine Mer , avec les
Tables du Flux & Reflux de la Mer &
celles des Vents qui pourront être caufez
par la Lune pendant l'année 1730. Par
le fieur Jean Petit , Arpenteur
à Blois.
A Paris , ruë S. Jacques , chez Jean Vi-
·lente , fils , 1730. Brochure in- 12. avec
des figures.
L'Auteur explique dans un Avertiffement
, les raifons pourquoi il donne cette
troifiéme Partie avant que la feconde ait
paru.
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Résumé : « ENTRETIENS PHISIQUES d'Ariste & d'Eudoxe, ou Physique nouvelle [...] »
Le document recense des publications parues à Paris entre 1729 et 1730. Parmi elles, 'Entretiens Physiques d'Arifte & d'Eudoxe, ou Physique nouvelle en Dialogues' est un ouvrage en trois volumes de plus de 1200 pages, écrit par le Père Regnault de la Compagnie de Jésus et publié chez les frères Osmont. 'L'Anti-Baillet' est une critique du livre de M. Baillet 'Jugemens des Sçavans', éditée par M. Menage, avec des observations de M. de la Monnoye et des réflexions sur les jugements des savants. Cette édition, publiée en 1730, constitue le huitième volume et inclut une lettre critique de M***. 'Critique de la Bibliothèque des Auteurs Ecclésiastiques & des Prolegomènes de la Bible' est une œuvre de M. Ellies Dupin, enrichie par les éclaircissements et suppléments de M. Richard Simon, publiée en quatre volumes in-octavo chez Étienne Ganeau. Les 'Sermons du R. P. de la Boiffiere' sont destinés au Carême, aux professions religieuses et aux assemblées de charité, et sont publiés en trois volumes in-douzième chez Henry. Le 'Mercure de France' mentionne également 'Histoire de l'Académie Française' par M. Pellisson, 'Académie Histoire de Françoise' par l'Abbé d'Olivet, et 'Traité de l'Univers Matériel, ou Astronomie Physique' par Jean Petit, qui traite des causes du flux et du reflux de la mer et des moyens de déterminer la longitude des vaisseaux.
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843
p. 538-539
Tableau du Monde ancien & moderne, &c. [titre d'après la table]
Début :
TABLEAU du Monde ancien & moderne, divisé en trois Parties. [...]
Mots clefs :
Monde ancien, Monde moderne
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texteReconnaissance textuelle : Tableau du Monde ancien & moderne, &c. [titre d'après la table]
TABLEAU du Monde ancien & moderne
, divifé en trois Parties. ་ .
MARS. 1730. 539
La premiere contient la divifion du
Monde en fept âges , les Epoques les plus
celebres de l'Hiftoire depuis Adam jufqu'à
prefent ; le partage de la Terre entre
les Enfans de Noé , l'établiſſement &
la décadence des quatre Monarchies , des
anciennes Républiques ; & comment de
la derniere des quatre Monarchies , qui
eft celle des Romains, fe font formez prefque
tous les Etats qui fubfiftent aujourd'hui
, & c.
La feconde eft une courte Defcription
des quatre Parties du Monde , contenant
ce qu'elles produifent pout l'utilité des
hommes , les Meurs , la Religion , & la
Langue de toutes les Nations.
La troifiéme enfin eft un Recueil de
toutes fortes de Remarques curieuſes ,
parmi lesquelles on trouvera l'origine des
Arts & des Sciences . Vol . in- 1 2. de 149.
pages. A Paris , au Palais , chez Claude
Prud'homme , 1730,
Ce Livre peut tenir fon rang parmi ceux
qui apprennent beaucoup de chofes curieufes
& utiles à fçavoir , dans un affez
petit volume. L'étendue du titre nous
difpenfe d'en donner un Extrait ,
, divifé en trois Parties. ་ .
MARS. 1730. 539
La premiere contient la divifion du
Monde en fept âges , les Epoques les plus
celebres de l'Hiftoire depuis Adam jufqu'à
prefent ; le partage de la Terre entre
les Enfans de Noé , l'établiſſement &
la décadence des quatre Monarchies , des
anciennes Républiques ; & comment de
la derniere des quatre Monarchies , qui
eft celle des Romains, fe font formez prefque
tous les Etats qui fubfiftent aujourd'hui
, & c.
La feconde eft une courte Defcription
des quatre Parties du Monde , contenant
ce qu'elles produifent pout l'utilité des
hommes , les Meurs , la Religion , & la
Langue de toutes les Nations.
La troifiéme enfin eft un Recueil de
toutes fortes de Remarques curieuſes ,
parmi lesquelles on trouvera l'origine des
Arts & des Sciences . Vol . in- 1 2. de 149.
pages. A Paris , au Palais , chez Claude
Prud'homme , 1730,
Ce Livre peut tenir fon rang parmi ceux
qui apprennent beaucoup de chofes curieufes
& utiles à fçavoir , dans un affez
petit volume. L'étendue du titre nous
difpenfe d'en donner un Extrait ,
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Résumé : Tableau du Monde ancien & moderne, &c. [titre d'après la table]
Le document 'TABLEAU du Monde ancien & moderne, divisé en trois Parties' a été publié en mars 1730 à Paris par Claude Prud'homme. Il est structuré en trois sections. La première partie décrit la division du monde en sept âges, les époques historiques marquantes depuis Adam jusqu'à l'époque contemporaine, la répartition de la Terre entre les fils de Noé, et l'établissement et la décadence des quatre monarchies et des anciennes républiques. Elle explique également comment la monarchie romaine a donné naissance à presque tous les États actuels. La deuxième partie offre une brève description des quatre parties du monde, incluant leurs productions utiles, les mœurs, la religion et la langue des différentes nations. La troisième partie présente un recueil de remarques curieuses, parmi lesquelles figure l'origine des arts et des sciences. Le livre, un volume in-12 de 149 pages, est noté pour sa capacité à offrir de nombreuses informations curieuses et utiles dans un format compact.
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844
p. 539-540
« PHAEDRI FABULAE & Publii Syri Sententia. 1. vol. in 16. Parisiis, Ex Typographia [...] »
Début :
PHAEDRI FABULAE & Publii Syri Sententia. 1. vol. in 16. Parisiis, Ex Typographia [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « PHAEDRI FABULAE & Publii Syri Sententia. 1. vol. in 16. Parisiis, Ex Typographia [...] »
PHADRI FABULE Publii Syri Sen
tentia. 1. vol. in 16. Parifiis , Ex Typographia
Regia M. DCC. XXIX.
Co
$ 40 MERCURE DE FRANCE.
Ce petit Volume , qui ne contient que
86. pages & qui eft précedé d'une Vignette
très - bien gravée , doit paffer pour
un Chef- d'oeuvre d'impreffion , par la
beauté finguliere des Caracteres , qui dans
leur petiteffe ont toute l'élegance & la
netteté qu'on peut defirer . On ne pouvoit
pas traiter plus noblement un Auteur
auffi poli & auffi recherché
que Phedre
tentia. 1. vol. in 16. Parifiis , Ex Typographia
Regia M. DCC. XXIX.
Co
$ 40 MERCURE DE FRANCE.
Ce petit Volume , qui ne contient que
86. pages & qui eft précedé d'une Vignette
très - bien gravée , doit paffer pour
un Chef- d'oeuvre d'impreffion , par la
beauté finguliere des Caracteres , qui dans
leur petiteffe ont toute l'élegance & la
netteté qu'on peut defirer . On ne pouvoit
pas traiter plus noblement un Auteur
auffi poli & auffi recherché
que Phedre
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845
p. 540-541
Essay sur la Critique, Poëme de M. Pope, &c. [titre d'après la table]
Début :
ESSAY SUR LA CRITIQUE, Poëme, traduit de l'Anglois de M. Pope, avec [...]
Mots clefs :
Critique, Poème
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Essay sur la Critique, Poëme de M. Pope, &c. [titre d'après la table]
ESSAY SUR LA CRITIQUE , Poëme ,
traduit de l'Anglois de M. Pope , avec
un Difcours & des Remarques . A Paris ,
chez T. le Gras , la veuve Piffot , & Ph
N. Lottin , Imprimeur- Libraire , ruë faint
Jacques , à la Verité.
Cette Brochure , qui a paru au commencement
de Février & qui n'a que 140.
pages , a réuni en fa faveur tous les fuf
frages des Connoiffeurs . Le Difcours du
Traducteur eft regardé comme un des
plus judicieux Ouvrages de Critique qui
ait paru depuis long- temps . On y admire
fur tout le Parallele des Anglois & des
Italiens. L'efprit de moderation & de po
liteffe qui regne dans le Difcours , regne
auffi dans le Poëme . Veritablement
malgré tous fes efforts & toute fon
adreffe , le Traducteur n'a pû lui rendre
ce qui lui manque effentiellement , qui
eft l'ordre, mais cela n'empêche pas qu'il
ne
MARS. 1730. 541
ne fe faffe lire avec avidité. Les pentées
en font nobles & vives , les Vers pleins
de force & d'énergie , fans trop fentir
le travail ; & ce qui eft affez rare dans
les Poëtes , on ne s'apperçoit point que
le fens ni la conftruction y fouffrent jamais
de la contrainte de la Poëfie. Les
Remarques ne font pas la moindre partie
de cet Ouvrage ; & en general on
peut dire que l'Auteur y a attrapé ce juſte
milieu , qui conſiſte à être exact & corect
, fans être apprêté ni contraint , &
à plaire, fans paroître trop occupé du
foin de vouloir fe rendre agréable.
traduit de l'Anglois de M. Pope , avec
un Difcours & des Remarques . A Paris ,
chez T. le Gras , la veuve Piffot , & Ph
N. Lottin , Imprimeur- Libraire , ruë faint
Jacques , à la Verité.
Cette Brochure , qui a paru au commencement
de Février & qui n'a que 140.
pages , a réuni en fa faveur tous les fuf
frages des Connoiffeurs . Le Difcours du
Traducteur eft regardé comme un des
plus judicieux Ouvrages de Critique qui
ait paru depuis long- temps . On y admire
fur tout le Parallele des Anglois & des
Italiens. L'efprit de moderation & de po
liteffe qui regne dans le Difcours , regne
auffi dans le Poëme . Veritablement
malgré tous fes efforts & toute fon
adreffe , le Traducteur n'a pû lui rendre
ce qui lui manque effentiellement , qui
eft l'ordre, mais cela n'empêche pas qu'il
ne
MARS. 1730. 541
ne fe faffe lire avec avidité. Les pentées
en font nobles & vives , les Vers pleins
de force & d'énergie , fans trop fentir
le travail ; & ce qui eft affez rare dans
les Poëtes , on ne s'apperçoit point que
le fens ni la conftruction y fouffrent jamais
de la contrainte de la Poëfie. Les
Remarques ne font pas la moindre partie
de cet Ouvrage ; & en general on
peut dire que l'Auteur y a attrapé ce juſte
milieu , qui conſiſte à être exact & corect
, fans être apprêté ni contraint , &
à plaire, fans paroître trop occupé du
foin de vouloir fe rendre agréable.
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Résumé : Essay sur la Critique, Poëme de M. Pope, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Essai sur la Critique, Poème', traduction de l'anglais de M. Pope, a été publié à Paris au début du mois de février 1730. Cette brochure de 140 pages a été acclamée par les connaisseurs. Le discours du traducteur est considéré comme l'un des plus judicieux en matière de critique. Il compare les Anglais et les Italiens et se distingue par son esprit de modération et de politesse. Le poème, bien que désordonné, est apprécié pour ses pensées nobles et vives, ses vers énergiques et son absence de contrainte poétique. Les remarques ne constituent pas une partie essentielle de l'ouvrage. Globalement, l'auteur a réussi à trouver un équilibre entre exactitude et correction, sans être apprêté ni contraint, et à plaire sans chercher à être agréable.
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846
p. 541-543
« On trouve chez Delespine, pere & fils, Libraires, ruë S. Jacques, à l'Image saint [...] »
Début :
On trouve chez Delespine, pere & fils, Libraires, ruë S. Jacques, à l'Image saint [...]
Mots clefs :
Italien, Comédie
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texteReconnaissance textuelle : « On trouve chez Delespine, pere & fils, Libraires, ruë S. Jacques, à l'Image saint [...] »
On trouve chez Delefpine , pere & fils,
Libraires , rue S. Jacques , à l'image faint
Paul , les Voyages du Pere Labat , de
l'Ordre des Freres Prêcheurs , en Espagne
& en Italie , in - 12 . 8. volumes . L'Auteur
y fait une fidelle deſcription des endroits
où il a été ; il y a inferé une Defcription
de la Ville de Florence , &
des environs , qu'il a traduite de l'Italien
, & une Relation exacte de la Cour
de Rome , des Ceremonies qui s'y obſervent
du Pape , des Cardinaux , de tous
les Officiers du S. Siege , de leurs Jurifdictions
, Revenus & autres chofes qui
peuvent donner une idée parfaite de cette
Cour ; traduite de l'Italien du fieur Je
rêine
542 MERCURE
DE FRANCE
.
Tême Limadoro , Chevalier de l'Ordre de
S. Etienne , & Gentilhomme Siennois.
On peut juger de cet Ouvrage par la réputation
que l'Auteur s'eft acquife pare
mi les gens d'efprit & de mérite , 1730.
Le même Libraire a imprimé la Relation
des Fêtes données à Rome , au mois
de Novembre dernier , par le Cardinal
de Polignac , avec une Cantate en deux
Actes , dont les Paroles font de l'Abbé
Méthaftafe. Le tout traduit de l'Italien .
Le Breton , pere , Libraire , Quay de
Conty , près la rue Guenegaud , imprime
les Philofophes Amoureux , Comédie en
Vers & en cinq Actes , par M. Nericault
Deftouches , repréſentée pour la premiere
fois le 26. Novembre 1279. fur le Théatre
de la Comedie Françoife . L'Auteur
l'a retirée, craignant de trouver encore des
Spectateurs indifpofez contre lui , & il a
mieux aimé prendre pour juge le Lecteur
tranquille ; cette Piece fera en vente à la
fin du mois.
TRAITEZ GEOGRAPHIQUES ET
HISTORIQUES , pour faciliter l'intelligence
de l'Ecriture Sainte , par divers
Auteurs. A la Hays , chez Ga. Vander
Poel , 1730. 2. volumes.
L'HONM.
ARS. 1730. 545
L'HONNESTE HOMME , ou Recueil
de Pieces choifies fur differens ſujets ,
comme fur l'Amitié , l'Amour , la Galanterie
, le Mariage , la Morale , les Affaires
de Commerce , la Peinture , l'Hiftoire
, la Poëfie , &c. A Londres , chez
Innys , J. Knapton , &c. 3. vol. in- 8 . cm
Anglois.
Libraires , rue S. Jacques , à l'image faint
Paul , les Voyages du Pere Labat , de
l'Ordre des Freres Prêcheurs , en Espagne
& en Italie , in - 12 . 8. volumes . L'Auteur
y fait une fidelle deſcription des endroits
où il a été ; il y a inferé une Defcription
de la Ville de Florence , &
des environs , qu'il a traduite de l'Italien
, & une Relation exacte de la Cour
de Rome , des Ceremonies qui s'y obſervent
du Pape , des Cardinaux , de tous
les Officiers du S. Siege , de leurs Jurifdictions
, Revenus & autres chofes qui
peuvent donner une idée parfaite de cette
Cour ; traduite de l'Italien du fieur Je
rêine
542 MERCURE
DE FRANCE
.
Tême Limadoro , Chevalier de l'Ordre de
S. Etienne , & Gentilhomme Siennois.
On peut juger de cet Ouvrage par la réputation
que l'Auteur s'eft acquife pare
mi les gens d'efprit & de mérite , 1730.
Le même Libraire a imprimé la Relation
des Fêtes données à Rome , au mois
de Novembre dernier , par le Cardinal
de Polignac , avec une Cantate en deux
Actes , dont les Paroles font de l'Abbé
Méthaftafe. Le tout traduit de l'Italien .
Le Breton , pere , Libraire , Quay de
Conty , près la rue Guenegaud , imprime
les Philofophes Amoureux , Comédie en
Vers & en cinq Actes , par M. Nericault
Deftouches , repréſentée pour la premiere
fois le 26. Novembre 1279. fur le Théatre
de la Comedie Françoife . L'Auteur
l'a retirée, craignant de trouver encore des
Spectateurs indifpofez contre lui , & il a
mieux aimé prendre pour juge le Lecteur
tranquille ; cette Piece fera en vente à la
fin du mois.
TRAITEZ GEOGRAPHIQUES ET
HISTORIQUES , pour faciliter l'intelligence
de l'Ecriture Sainte , par divers
Auteurs. A la Hays , chez Ga. Vander
Poel , 1730. 2. volumes.
L'HONM.
ARS. 1730. 545
L'HONNESTE HOMME , ou Recueil
de Pieces choifies fur differens ſujets ,
comme fur l'Amitié , l'Amour , la Galanterie
, le Mariage , la Morale , les Affaires
de Commerce , la Peinture , l'Hiftoire
, la Poëfie , &c. A Londres , chez
Innys , J. Knapton , &c. 3. vol. in- 8 . cm
Anglois.
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Résumé : « On trouve chez Delespine, pere & fils, Libraires, ruë S. Jacques, à l'Image saint [...] »
En 1730, plusieurs publications et ouvrages sont disponibles chez différents libraires. Chez Delefpine, père et fils, on trouve les 'Voyages du Père Labat', un moine dominicain décrivant ses voyages en Espagne et en Italie. L'ouvrage inclut des descriptions de Florence et de ses environs, ainsi qu'une relation de la cour de Rome, des cérémonies papales et des fonctions des cardinaux, traduites de l'italien. Le même libraire a également imprimé la relation des fêtes données à Rome en novembre par le Cardinal de Polignac, incluant une cantate en deux actes de l'Abbé Méthastase. Le Breton, père, propose les 'Philosophes Amoureux', une comédie en vers et en cinq actes de M. Nericault Destouches, représentée pour la première fois le 26 novembre 1729 au Théâtre de la Comédie Française. Les 'Traitez Géographiques et Historiques' pour faciliter l'intelligence de l'Écriture Sainte, par divers auteurs, sont disponibles en deux volumes chez Ga. Vander Poel à La Haye. L'ouvrage 'L'Honnête Homme', un recueil de pièces choisies sur divers sujets, est publié en trois volumes en anglais à Londres chez Innys et J. Knapton.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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847
p. 543
Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE UNIVERSELLE, divisée en 8. Livres. Le premier comprendra [...]
Mots clefs :
Histoire universelle
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texteReconnaissance textuelle : Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
HISTOIRE
UNIVERSELLE , divifée
en 8. Livres . Le premier
comprendra
l'Hiftoire de l'Afie , depuis le Déluge , &
les premieres
Tranfmigrations juſqu'à
Alexandre . Le fecond , l'Hiftoire des
Grecs , jointe à celle des Peuples de l'Afie
, depuis
Alexandre jufqu'à Mahomet.
Le troifiéme , l'Hiftoire
Romaine. Le
quatrième , l'Hiftoire des
Mahometans.
Le cinquiéme
l'Hiftoire des
Peuples
d'Occident & du Nord de l'Europe , &
leurs irruptions dans l'Empire Romain.
Le fixiéme , l'Hiftoire des Royaumes modernes
& des Etats
Méridionaux de l'Europe
. Le feptiéme , l'Hiftoire des Royaumes
modernes & des Etats qui font au
Nord de l'Europe . Le huitiéme , l'Hiftoire
de l'Afrique & de
l'Amerique . Cet
Ouvrage qui s'imprime en Anglois par
Soufcription à Londres , & dont on fait
déja de grands éloges
contiendra au
moins 4. volumes in-folio .
UNIVERSELLE , divifée
en 8. Livres . Le premier
comprendra
l'Hiftoire de l'Afie , depuis le Déluge , &
les premieres
Tranfmigrations juſqu'à
Alexandre . Le fecond , l'Hiftoire des
Grecs , jointe à celle des Peuples de l'Afie
, depuis
Alexandre jufqu'à Mahomet.
Le troifiéme , l'Hiftoire
Romaine. Le
quatrième , l'Hiftoire des
Mahometans.
Le cinquiéme
l'Hiftoire des
Peuples
d'Occident & du Nord de l'Europe , &
leurs irruptions dans l'Empire Romain.
Le fixiéme , l'Hiftoire des Royaumes modernes
& des Etats
Méridionaux de l'Europe
. Le feptiéme , l'Hiftoire des Royaumes
modernes & des Etats qui font au
Nord de l'Europe . Le huitiéme , l'Hiftoire
de l'Afrique & de
l'Amerique . Cet
Ouvrage qui s'imprime en Anglois par
Soufcription à Londres , & dont on fait
déja de grands éloges
contiendra au
moins 4. volumes in-folio .
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Résumé : Histoire Universelle, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Histoire Universelle' en huit livres couvre l'histoire de l'Asie, des Grecs, des Romains, des Mahométans, des peuples d'Occident et du Nord de l'Europe, des royaumes modernes européens, ainsi que de l'Afrique et de l'Amérique. Imprimé en anglais à Londres, il est acclamé et comptera au moins quatre volumes in-folio.
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848
p. 544-550
Memoire sur les deux Editions de Herrera, &c. [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRE sur deux Editions nouvelles des Décades d'Antonio de Herrera, [...]
Mots clefs :
Antonio de Herrera, Mémoire, Indes, Cartes, Estampe, Nouvelle édition, Madrid
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texteReconnaissance textuelle : Memoire sur les deux Editions de Herrera, &c. [titre d'après la table]
MEMOIRE fur deux Editions nouvel-
Jes des Décades d'Antonio de Herrera ,
publiées , Pune par le fieur Verduſſen , Libraire
à Anvers en 1728. Pautre à Madrid
l'an 1729. par les foins de Dom André
Gonzalez de Barcia , Membre du
Confeil de Caftille.
On verra par ce Mémoire , que comme
rien ne defigure tant les bons Livres an
ciens que les mauvaiſes réimpreffions
qu'en font ordinairement les Libraires ;
rien auffi n'eft plus avantageux à ces mêmes
Livres que de tomber entre les mains
d'un nouvel Editeur , homme habile &
intelligent. Antonio de Herrera , l'un des
plus grands Ecrivains du Regne de Phi-
Jippe II . & de Philippe III . Rois d'Elpagne
, a effuyé l'un & l'autre fort.
On recherchoit avec empreffement
les Décades du nouveau Monde de cet
illuftre Ecrivain ; elles étoient devenuës
très-rares. Un Libraire d'Anvers , c'eſt
le fieur Verduffen , très- attentif à fes interêts
propres , a crû leur pouvoir facrifier
la gloire d'Antonio de Herrera ; au lieu
d'en réimprimer les Decades comme il a
fait en 1728. avec les augmentations &
les corrections qu'il promet , on les trouve
entierement defigurées & retranchées
dans fon Edition . Ce n'eft plus cette exactitude
fcrupuleute qu'on doit avoir dans
L'imprefMAR
S. 1730. 545
f'impreffion des Livres de cette importance
, c'eſt une multitude effroyable de fautes
groffieres qui défigurent dans cette
Edition la beauté de la Langue Caftillane,
chofe trop ordinaire aux Livres Efpagnols
qui s'impriment hors de l'Eſpagne.
La fubftance du Livre d'Antonio de
Herrera n'eft pas moins défigurée que le
langage dans l'Edition de Verduffen , qui
s'eft avifé de fupprimer les Cartes originales
de Herrera , pour y en fubftituer
de nouvelles , qui n'ont aucune relation
avec la Deſcription des Indes de cer
habile Hiftoriographe , qui en a fait comme
la clef de fon ouvrage ; ainfi au lieu
des quatorze Cartes , fçavoir , deux generales
& douze particulieres que Herrera
avoit travaillées avec beaucoup de
foin , on ne trouve dans l'Edition de Verduffen
que deux Cartes qui ne contiennent
prefque rien de ce que rapporte
P'Auteur original , & qui renferment
beaucoup de chofes nouvelles qui n'ont
aucune relation avec la Defcription des
Indes de cet Ecrivain . Par là les Cartes
ne fervent de rien pour l'intelligence de
P'ouvrage & la Defcription qui le trouve
privée de ce fecours Geographique, en devient
obfcure & embarraffée.
Mais comme les Peuples des Pays - Bas
ont beaucoup de goût pour les Eftampes,
Fij
Qi
346 MERCURE DE FRANCE.
ou pour ce qui s'appelle Portraits & Figures
hiftoriques , Verduffen a bien voulu
en accabler fa nouvelle Edition ; il a
prétendu l'enrichir par une dépenfe inutile
& hors de propos , & il n'a fait que
la defigurer & même l'appauvrir , fi l'on
peut ainfi parler , en la chargeant de Planches
très -imparfaites , & qui loin de reprefenter
l'Hiftoire du Tems , ne donnent
que les imaginations de Theodore
de Bri , Graveur Allemand de l'Amerique,
duquel toutes ces figures ont été copiées
par Verduffen fans goût , fans difcernement
, & même fans aucune connoiffance
du fond des évenemens , auxquels la plûpart
de ces Eftampes font contraires.
Si Verduffen avoit deffein de donner des
Eftampes dans fa nouvelle Edition de Herrera
, rien n'étoit plus facile ; il n'avoit
qu'à donner de l'extenfion aux Figures
hiftoriques qui fe trouvent dans l'Edition
originale de fon Auteur , on l'auroit approuvé
au moins quant à cette partie , au
lieu qu'on ne peut fe difpenfer de le cenfurer
pour avoir copié des Figures faites
il y a plus de 140. ans , en haine de la Nation
Eſpagnole , dans un rems où fon nom
étoit l'objet de l'averfion des Heretiques
des Pays Bas & de l'Allemagne.
Quelle difference au contraire dans l'Edition
que Don André Gonzalez, de Barcia
MARS. 17300 547
cia procura l'année derniere 1729. à Madrid
de ces mêmes Decades d'Antonio de
Herrera, On y voit un fçavant Editeur ,
qui ne le cede en rien au fçavoir , à l'exactitude
& à l'élegance de l'Auteur original
; élevé par fon mérite comme le
font les Magiftrats qui forment en Eſpa
pagne les divers Confeils & les Tribunaux
de la Nation ; il voulut ajoûter à les
autres qualités celle d'Editeur de Herrera
, modeftie trop grande dans un Sçavant
qui auroit pù l'emporter par fes lumieres
& fes recherches au - deffus de l'Auteur
qu'il a réimprimé.
Cet illuftre Magiftrat également verſé
dans la Jurifprudence , dans les Belles-
Lettres & dans l'Hiftoire , fut touché de
la perte que faifoient les Sçavans par la
rareté de la premiere Edition des Decades
d'Antonio de Herrera ; il forma donc
le genereux & loüable deffein d'en donner
une Edition plus exacte & plus ample
; pour y réuffir , il puifa un nombre
infini de Mémoires dans les Actes de la
Chambre Royale de Caſtille dans les
Archives de la Couronne , dans les Regiftres
& dans les Papiers du Confeil
Royal & fuprême des Indes ; non content
de tous ces documens autentiques.
il fit encore le dépouillement de tout ce
que l'Hiftoire peut fournir de curieux
F iij fur
>
9
348 MERCURE DE FRANCE .
fur les Indes Occidentales. Il relut done
avec foin les Ouvrages de Pedro Martyr
d'Anghiera , de Diego de Tobilla , de
Ferdinand Colon , de Bernard Diaz de
Caftille , de Barthelemi de las Casas , de
Ganbay , de Pierre Piçarro , d'Augustin
de Zarate , de l'Inca Garcilaffo , de Dom
Antonio de Saaredra , & generalement
de tous ceux qui ont écrit fur le nouveau
monde ; il en a fait une jufte & fevere
comparaiſon avec fon Auteur original.
Peut- on avec tant de fecours & de difcernement
ne pas donner une Edition exacte
des Decades de Herrera ? C'eſt par ce
moyen que Don André Gonzalez de Barcia
a corrigé les fautes qui avoient échapé
aux Copiftes & aux Imprimeurs , &
qu'il a rempli les lacunes qui faifoient une
forte de defectuofité dans la premiere Edi
tion de fon Auteur.
Les Eftampes relatives au Difcours de
Herrera & aux évenemens qu'il rapporte,
fe trouvent à la tête de la nouvelle Edition
de Madrid . Un Difcours préliminaire
qui fert d'Apologie à cet Ouvrage,
ne fait pas moins d'honneur à l'Editeur
qu'à Herrera même . Loin de corrompre
les termes de l'original , Don André
Gonzalez de Barcia s'eft crû obligé de les
conferver & de les éclaircir ; enfin il couronne
fon travail par une table très-étenduë
MARS. 1730. 549
due qui lui a donné plus de peine que tout
le reste de l'ouvrage ; mais il l'a jugée abfolument
neceffaire pour faciliter aux Leeteurs
l'ufage de cet important Ouvrage .
Il a fait davantage , il a compofé encore
un Supplement aux Decades de Herrera,
où l'on voit tout ce qui avoit pû échaper
aux lumieres & aux immenfes recherches
du premier Auteur.
Que l'on juge à prefent de la difference
de ces deux Editions , & on conviendra
que l'on ne peut avoir que du mépris
pour celles des plus grands Ecrivains qui
font l'objet de Favidité mal entenduë des
Libraires , au lieu que ces nouvelles Editions
font toûjours refpectables quand
elles partent d'une main auffi fage & auffi
fçavante que celle de Don André Gonzalez
de Barcia.
Ce fçavant Magiftrat ne s'en eft pas tenu
à la feule exactitude , il a voulu encore
que fon Auteur eut tous les agrémens de
Pimpreffion , foit par la beauté du papier,
foit par la groffeur & l'élegance des caracteres
; enfin cet illuftre Editeur n'a rien
oublié pour donner de la perfection à un
Ouvrage , qui felon fes propres paroles ,
mériteroit d'être imprimé en Lettres d'or ,
ou même gravé fur le bronze. François
Martinez Abad , celebre Imprimeur de
Madrid eft celui que Don André Gonza-
F iiij
Iez
so MERCURE DE FRANCE.
pour
lez de Barcia a choifi l'execution de
fon deffein , & qui en eft venu heureufement
à bout, C'eft à ce Libraire que les
Etrangers peuvent s'addreffer pour obtenir
à des conditions raifonnables lesExemplaires
qu'ils fouhaiteront de cette nouvelle
Edition.
Jes des Décades d'Antonio de Herrera ,
publiées , Pune par le fieur Verduſſen , Libraire
à Anvers en 1728. Pautre à Madrid
l'an 1729. par les foins de Dom André
Gonzalez de Barcia , Membre du
Confeil de Caftille.
On verra par ce Mémoire , que comme
rien ne defigure tant les bons Livres an
ciens que les mauvaiſes réimpreffions
qu'en font ordinairement les Libraires ;
rien auffi n'eft plus avantageux à ces mêmes
Livres que de tomber entre les mains
d'un nouvel Editeur , homme habile &
intelligent. Antonio de Herrera , l'un des
plus grands Ecrivains du Regne de Phi-
Jippe II . & de Philippe III . Rois d'Elpagne
, a effuyé l'un & l'autre fort.
On recherchoit avec empreffement
les Décades du nouveau Monde de cet
illuftre Ecrivain ; elles étoient devenuës
très-rares. Un Libraire d'Anvers , c'eſt
le fieur Verduffen , très- attentif à fes interêts
propres , a crû leur pouvoir facrifier
la gloire d'Antonio de Herrera ; au lieu
d'en réimprimer les Decades comme il a
fait en 1728. avec les augmentations &
les corrections qu'il promet , on les trouve
entierement defigurées & retranchées
dans fon Edition . Ce n'eft plus cette exactitude
fcrupuleute qu'on doit avoir dans
L'imprefMAR
S. 1730. 545
f'impreffion des Livres de cette importance
, c'eſt une multitude effroyable de fautes
groffieres qui défigurent dans cette
Edition la beauté de la Langue Caftillane,
chofe trop ordinaire aux Livres Efpagnols
qui s'impriment hors de l'Eſpagne.
La fubftance du Livre d'Antonio de
Herrera n'eft pas moins défigurée que le
langage dans l'Edition de Verduffen , qui
s'eft avifé de fupprimer les Cartes originales
de Herrera , pour y en fubftituer
de nouvelles , qui n'ont aucune relation
avec la Deſcription des Indes de cer
habile Hiftoriographe , qui en a fait comme
la clef de fon ouvrage ; ainfi au lieu
des quatorze Cartes , fçavoir , deux generales
& douze particulieres que Herrera
avoit travaillées avec beaucoup de
foin , on ne trouve dans l'Edition de Verduffen
que deux Cartes qui ne contiennent
prefque rien de ce que rapporte
P'Auteur original , & qui renferment
beaucoup de chofes nouvelles qui n'ont
aucune relation avec la Defcription des
Indes de cet Ecrivain . Par là les Cartes
ne fervent de rien pour l'intelligence de
P'ouvrage & la Defcription qui le trouve
privée de ce fecours Geographique, en devient
obfcure & embarraffée.
Mais comme les Peuples des Pays - Bas
ont beaucoup de goût pour les Eftampes,
Fij
Qi
346 MERCURE DE FRANCE.
ou pour ce qui s'appelle Portraits & Figures
hiftoriques , Verduffen a bien voulu
en accabler fa nouvelle Edition ; il a
prétendu l'enrichir par une dépenfe inutile
& hors de propos , & il n'a fait que
la defigurer & même l'appauvrir , fi l'on
peut ainfi parler , en la chargeant de Planches
très -imparfaites , & qui loin de reprefenter
l'Hiftoire du Tems , ne donnent
que les imaginations de Theodore
de Bri , Graveur Allemand de l'Amerique,
duquel toutes ces figures ont été copiées
par Verduffen fans goût , fans difcernement
, & même fans aucune connoiffance
du fond des évenemens , auxquels la plûpart
de ces Eftampes font contraires.
Si Verduffen avoit deffein de donner des
Eftampes dans fa nouvelle Edition de Herrera
, rien n'étoit plus facile ; il n'avoit
qu'à donner de l'extenfion aux Figures
hiftoriques qui fe trouvent dans l'Edition
originale de fon Auteur , on l'auroit approuvé
au moins quant à cette partie , au
lieu qu'on ne peut fe difpenfer de le cenfurer
pour avoir copié des Figures faites
il y a plus de 140. ans , en haine de la Nation
Eſpagnole , dans un rems où fon nom
étoit l'objet de l'averfion des Heretiques
des Pays Bas & de l'Allemagne.
Quelle difference au contraire dans l'Edition
que Don André Gonzalez, de Barcia
MARS. 17300 547
cia procura l'année derniere 1729. à Madrid
de ces mêmes Decades d'Antonio de
Herrera, On y voit un fçavant Editeur ,
qui ne le cede en rien au fçavoir , à l'exactitude
& à l'élegance de l'Auteur original
; élevé par fon mérite comme le
font les Magiftrats qui forment en Eſpa
pagne les divers Confeils & les Tribunaux
de la Nation ; il voulut ajoûter à les
autres qualités celle d'Editeur de Herrera
, modeftie trop grande dans un Sçavant
qui auroit pù l'emporter par fes lumieres
& fes recherches au - deffus de l'Auteur
qu'il a réimprimé.
Cet illuftre Magiftrat également verſé
dans la Jurifprudence , dans les Belles-
Lettres & dans l'Hiftoire , fut touché de
la perte que faifoient les Sçavans par la
rareté de la premiere Edition des Decades
d'Antonio de Herrera ; il forma donc
le genereux & loüable deffein d'en donner
une Edition plus exacte & plus ample
; pour y réuffir , il puifa un nombre
infini de Mémoires dans les Actes de la
Chambre Royale de Caſtille dans les
Archives de la Couronne , dans les Regiftres
& dans les Papiers du Confeil
Royal & fuprême des Indes ; non content
de tous ces documens autentiques.
il fit encore le dépouillement de tout ce
que l'Hiftoire peut fournir de curieux
F iij fur
>
9
348 MERCURE DE FRANCE .
fur les Indes Occidentales. Il relut done
avec foin les Ouvrages de Pedro Martyr
d'Anghiera , de Diego de Tobilla , de
Ferdinand Colon , de Bernard Diaz de
Caftille , de Barthelemi de las Casas , de
Ganbay , de Pierre Piçarro , d'Augustin
de Zarate , de l'Inca Garcilaffo , de Dom
Antonio de Saaredra , & generalement
de tous ceux qui ont écrit fur le nouveau
monde ; il en a fait une jufte & fevere
comparaiſon avec fon Auteur original.
Peut- on avec tant de fecours & de difcernement
ne pas donner une Edition exacte
des Decades de Herrera ? C'eſt par ce
moyen que Don André Gonzalez de Barcia
a corrigé les fautes qui avoient échapé
aux Copiftes & aux Imprimeurs , &
qu'il a rempli les lacunes qui faifoient une
forte de defectuofité dans la premiere Edi
tion de fon Auteur.
Les Eftampes relatives au Difcours de
Herrera & aux évenemens qu'il rapporte,
fe trouvent à la tête de la nouvelle Edition
de Madrid . Un Difcours préliminaire
qui fert d'Apologie à cet Ouvrage,
ne fait pas moins d'honneur à l'Editeur
qu'à Herrera même . Loin de corrompre
les termes de l'original , Don André
Gonzalez de Barcia s'eft crû obligé de les
conferver & de les éclaircir ; enfin il couronne
fon travail par une table très-étenduë
MARS. 1730. 549
due qui lui a donné plus de peine que tout
le reste de l'ouvrage ; mais il l'a jugée abfolument
neceffaire pour faciliter aux Leeteurs
l'ufage de cet important Ouvrage .
Il a fait davantage , il a compofé encore
un Supplement aux Decades de Herrera,
où l'on voit tout ce qui avoit pû échaper
aux lumieres & aux immenfes recherches
du premier Auteur.
Que l'on juge à prefent de la difference
de ces deux Editions , & on conviendra
que l'on ne peut avoir que du mépris
pour celles des plus grands Ecrivains qui
font l'objet de Favidité mal entenduë des
Libraires , au lieu que ces nouvelles Editions
font toûjours refpectables quand
elles partent d'une main auffi fage & auffi
fçavante que celle de Don André Gonzalez
de Barcia.
Ce fçavant Magiftrat ne s'en eft pas tenu
à la feule exactitude , il a voulu encore
que fon Auteur eut tous les agrémens de
Pimpreffion , foit par la beauté du papier,
foit par la groffeur & l'élegance des caracteres
; enfin cet illuftre Editeur n'a rien
oublié pour donner de la perfection à un
Ouvrage , qui felon fes propres paroles ,
mériteroit d'être imprimé en Lettres d'or ,
ou même gravé fur le bronze. François
Martinez Abad , celebre Imprimeur de
Madrid eft celui que Don André Gonza-
F iiij
Iez
so MERCURE DE FRANCE.
pour
lez de Barcia a choifi l'execution de
fon deffein , & qui en eft venu heureufement
à bout, C'eft à ce Libraire que les
Etrangers peuvent s'addreffer pour obtenir
à des conditions raifonnables lesExemplaires
qu'ils fouhaiteront de cette nouvelle
Edition.
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Résumé : Memoire sur les deux Editions de Herrera, &c. [titre d'après la table]
Le mémoire compare deux éditions des 'Décades' d'Antonio de Herrera, un historien des règnes de Philippe II et Philippe III d'Espagne. Les 'Décades' étant devenues rares, deux rééditions ont été publiées par des éditeurs différents. En 1728, le libraire Verdussen à Anvers a publié une édition critiquée pour ses nombreuses fautes et modifications inappropriées. Cette édition a supprimé les cartes originales de Herrera, les remplaçant par des cartes sans relation avec le texte. Verdussen a également ajouté des estampes de mauvaise qualité, copiées d'un graveur allemand, Theodore de Bry, sans pertinence historique. En 1729, Dom André Gonzalez de Barcia, membre du Conseil de Castille, a publié une édition à Madrid. Cette édition est louée pour son exactitude et son enrichissement par de nombreux documents authentiques. Barcia a corrigé les erreurs de la première édition et ajouté un discours préliminaire, des estampes pertinentes et une table étendue pour faciliter la lecture. Il a également composé un supplément aux 'Décades'. L'édition de Barcia est saluée pour sa qualité d'impression et son respect de l'œuvre originale, contrairement à celle de Verdussen.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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849
p. 550-551
Histoire Bizantine, par Souscription, &c. [titre d'après la table]
Début :
Barthelemi Javarina, Libraire de Venise nous prie de faire sçavoir au Public qu'après avoir [...]
Mots clefs :
Histoire byzantine, Savants, Souscripteurs
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texteReconnaissance textuelle : Histoire Bizantine, par Souscription, &c. [titre d'après la table]
Barthelemi Javarina , Libraire de Veniſe nous
prie de faire fçavoir au Public qu'après avoir
achevé l'Edition des OEuvres du P. Sirmond , il
a formé le deffein d'imprimer & de publier par
foufcription le corps complet de l'Hiftoire Byfantine
dont tous les Sçavans connoiffent le prix
& l'utilité , ajoûtant que par les difpofitions qu'il
a faites , il fera en état de commencer l'impreffion
dans le courant du mois de Mai prochain ;
il a choifi le papier le plus magnifique & les plus
beaux caracteres , & il promet de donner tous fes
foins pour que les Textes Grecs & Latins foient
imprimés avec toute la correction & l'exactitude
poffible.
On fçait que ce grand Recueil eft compofé de
trente-quatre Volumes , de grandeur entièrement
differente , les uns étant très-minces , & les autres
, au contraire , d'une énorme épaiffeur ; fon
deffein eft de les imprimer en vingt -deux Volumes
in-folio , d'une égale groffeur. Il fe promet
d'en donner un Volume tous les deux mois ou
un peu plus tard ; tout l'Ouvrage complet fe donnera
pour deux cens ducats , monnoye de Venife
, au lieu qu'on a de la peine à l'avoir aujourd'hui
pour fept cens.
A l'égard des Soufcripteurs , ( & on affure qu'il y
en a déja un grand nombre ) ils jouiront d'un avantage
confiderable , dont il n'y a point encore eu
d'exemple ;
MARS. 1730. ·SSI
d'exèmple ; car ils ne payéront que cent ducats
pour les vingt-deux Volumes , dont ils donneront
vingt-neuf livres , monnoye de Venife , avant
l'impreffion du premier Tome , & la même fomme
en retirant chaque Volume . Le Libraire ajoûte
que des Sçavans de differens Pays lui ont promis
plufieurs Pieces très -propres à orner & à perfectionner
l'Hiftoire Byfantine , qui pourroit
faire monter l'Ouvrage à un plus grand nombre
de Volumes ; mais il déclare , fi cela arrive , que
les Soufcripteurs ne payeront pas plus de ces Volumes
que des précedens.
prie de faire fçavoir au Public qu'après avoir
achevé l'Edition des OEuvres du P. Sirmond , il
a formé le deffein d'imprimer & de publier par
foufcription le corps complet de l'Hiftoire Byfantine
dont tous les Sçavans connoiffent le prix
& l'utilité , ajoûtant que par les difpofitions qu'il
a faites , il fera en état de commencer l'impreffion
dans le courant du mois de Mai prochain ;
il a choifi le papier le plus magnifique & les plus
beaux caracteres , & il promet de donner tous fes
foins pour que les Textes Grecs & Latins foient
imprimés avec toute la correction & l'exactitude
poffible.
On fçait que ce grand Recueil eft compofé de
trente-quatre Volumes , de grandeur entièrement
differente , les uns étant très-minces , & les autres
, au contraire , d'une énorme épaiffeur ; fon
deffein eft de les imprimer en vingt -deux Volumes
in-folio , d'une égale groffeur. Il fe promet
d'en donner un Volume tous les deux mois ou
un peu plus tard ; tout l'Ouvrage complet fe donnera
pour deux cens ducats , monnoye de Venife
, au lieu qu'on a de la peine à l'avoir aujourd'hui
pour fept cens.
A l'égard des Soufcripteurs , ( & on affure qu'il y
en a déja un grand nombre ) ils jouiront d'un avantage
confiderable , dont il n'y a point encore eu
d'exemple ;
MARS. 1730. ·SSI
d'exèmple ; car ils ne payéront que cent ducats
pour les vingt-deux Volumes , dont ils donneront
vingt-neuf livres , monnoye de Venife , avant
l'impreffion du premier Tome , & la même fomme
en retirant chaque Volume . Le Libraire ajoûte
que des Sçavans de differens Pays lui ont promis
plufieurs Pieces très -propres à orner & à perfectionner
l'Hiftoire Byfantine , qui pourroit
faire monter l'Ouvrage à un plus grand nombre
de Volumes ; mais il déclare , fi cela arrive , que
les Soufcripteurs ne payeront pas plus de ces Volumes
que des précedens.
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Résumé : Histoire Bizantine, par Souscription, &c. [titre d'après la table]
Barthelemi Javarina, libraire à Venise, annonce la publication par souscription de l'Histoire Byzantine, reconnue pour son prix et son utilité. L'impression débutera en mai 1730, utilisant du papier de haute qualité et des caractères élégants. L'ouvrage, initialement composé de trente-quatre volumes de tailles variées, sera réorganisé en vingt-deux volumes in-folio de même épaisseur. Un volume sera publié tous les deux mois. L'ensemble sera vendu deux cents ducats à Venise, contre sept cents ducats actuellement. Les souscripteurs bénéficieront d'un avantage significatif, payant cent ducats pour les vingt-deux volumes. Ils devront verser vingt-neuf livres avant l'impression du premier tome et la même somme à la réception de chaque volume. Des savants de divers pays ont promis des contributions supplémentaires, mais les souscripteurs ne paieront pas plus pour les volumes additionnels.
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850
p. 551-552
« On nous mande d'Amsterdam qu'on y imprime les Médailles des Familles Consulaires de Morel, [...] »
Début :
On nous mande d'Amsterdam qu'on y imprime les Médailles des Familles Consulaires de Morel, [...]
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texteReconnaissance textuelle : « On nous mande d'Amsterdam qu'on y imprime les Médailles des Familles Consulaires de Morel, [...] »
On nous mande d'Amfterdam qu'on y imprime
les Médailles des Familles Confulaires de Morel
, avec un Commentaire de M. Havercamp
qui a donné au Public un Traité ſur les Médail
les Contorniates , qu'une nouvelle Edition de
Thucydide y va paroître , qu'on y imprime de
nouveau les Poëfies du Chancelier de l'Hôpital
augmentées d'un tiers , fur quoi l'Editeur prie les
perfonnes qui auront quelques Pieces de cet Auteur
qui n'auront pas paru , de lui en faire part.
On ajoûte qu'on prépare auffi dans la même Ville
une nouvelle Edition de Dion Caffius , avec les
Remarques du fçavant J. A. Fabricius , & enfin
qu'on aura dans moins de deux mois la Relation
du voyage de M. Dorville en Sicile , où le Public
trouvera des découvertes très -curieufes en
fait d'Antiquités .
>
M. Dupuy , qui demeure rue de la Tifferanderie
chez M. Normand , Avocat nous prie
d'avertir les Libraires qu'il a un Livre à faite
imprimer , lequel eft approuvé , intitulé Mythologie
, ou l'Hifloire des Dieux , des demi Dieux
& des plus illuftres Heros de l'Antiquité Payen-
E v
ne
552 MERCURE DE FRANCE:
ne , avec l'Explication de la Fable & de la
Metamorphofe
les Médailles des Familles Confulaires de Morel
, avec un Commentaire de M. Havercamp
qui a donné au Public un Traité ſur les Médail
les Contorniates , qu'une nouvelle Edition de
Thucydide y va paroître , qu'on y imprime de
nouveau les Poëfies du Chancelier de l'Hôpital
augmentées d'un tiers , fur quoi l'Editeur prie les
perfonnes qui auront quelques Pieces de cet Auteur
qui n'auront pas paru , de lui en faire part.
On ajoûte qu'on prépare auffi dans la même Ville
une nouvelle Edition de Dion Caffius , avec les
Remarques du fçavant J. A. Fabricius , & enfin
qu'on aura dans moins de deux mois la Relation
du voyage de M. Dorville en Sicile , où le Public
trouvera des découvertes très -curieufes en
fait d'Antiquités .
>
M. Dupuy , qui demeure rue de la Tifferanderie
chez M. Normand , Avocat nous prie
d'avertir les Libraires qu'il a un Livre à faite
imprimer , lequel eft approuvé , intitulé Mythologie
, ou l'Hifloire des Dieux , des demi Dieux
& des plus illuftres Heros de l'Antiquité Payen-
E v
ne
552 MERCURE DE FRANCE:
ne , avec l'Explication de la Fable & de la
Metamorphofe
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Résumé : « On nous mande d'Amsterdam qu'on y imprime les Médailles des Familles Consulaires de Morel, [...] »
Le texte mentionne plusieurs projets éditoriaux à Amsterdam. Parmi ceux-ci, l'impression des 'Médailles des Familles Consulaires de Morel' accompagnée d'un commentaire de M. Havercamp, qui a également publié un traité sur les médailles et les contorniates. Une nouvelle édition de Thucydide est en préparation, ainsi qu'une réédition des poésies du Chancelier de l'Hôpital, augmentée d'un tiers. L'éditeur sollicite des pièces inédites de cet auteur. Une nouvelle édition de Dion Cassius, avec les remarques de J. A. Fabricius, est également en cours de préparation. Une relation du voyage de M. Dorville en Sicile, contenant des découvertes intéressantes en matière d'antiquités, sera publiée dans les deux mois. Par ailleurs, M. Dupuy, résidant rue de la Tissanderie chez M. Normand, avocat, informe les libraires qu'il a un livre approuvé à faire imprimer, intitulé 'Mythologie, ou l'Histoire des Dieux, des demi-Dieux et des plus illustres Héros de l'Antiquité Païenne', avec l'explication de la fable et de la métamorphose.
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