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1
p. 237-273
Ils vont voir les travaux que l'on fait à la Riviere d'Eure. Description de cet Ouvrage, avec tout ce qui s'est passé à la reveuë des Troupes qui y travaillent. [titre d'après la table]
Début :
Rien ne marquant mieux la grandeur du Roy, & le [...]
Mots clefs :
Troupes, Maintenon, Pieds, Hauteur, Aqueduc , Terre, Roi, Rivière, Nivellements, Arcades, Maçonnerie, Canal, Talus, Berchères, Rivière d'Eure, Revue des troupes, Travaux, Eaux, Versailles, Louvois, La Hire
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texteReconnaissance textuelle : Ils vont voir les travaux que l'on fait à la Riviere d'Eure. Description de cet Ouvrage, avec tout ce qui s'est passé à la reveuë des Troupes qui y travaillent. [titre d'après la table]
Rien ne marquant
mieux la grandeur du
- Roy , & le glorieux eftat
où eſt la France , que les
travaux qu'on fait pour
conduire laRiviere d'Fure
à Versailles,& les Ambaffadeurs
ſouhaitant avec
ardeur de voir quelques
Troupes de Sa Majesté ,
2
238 Voyage des Amb.
و
on les a menez à Maintenon
pour leur faire
voir en bataille celles qui
travaillent à l'Aqueduc ,
&pour fatisfaire en mefme
temps leur curioſité
fur ce grand Ouvrage.
Comme c'eſt icy une occafion
de vous en parler à
fond, jeprendray la choſe
dés ſon origine .
Toutes les meſures
7
qu'on avoit priſes , & tous
les nivellemens qui avoient
eſté faits ily a plu
de Siam. 239
2
ſieurs années , pour faire
venir des Eaux vives à
Verfailles , fans y employer
des Pompes ou
d'autres Machines femblables
, avoient fait voir
qu'il eſtoit impoffible d'en
avoir que de la Riviere de
Loire , mais pour la conduire
en cette Maiſon
Royale , il auroit fallu la
détourner au deſſus de la
Charité, ce qui avoit paru
d'une fi grande difficulté,
pour la longueur du che
240 Voyage des Amb.
min , & à caufe des lieux
bas par où l'on auroit efté
contraint de paffer , que
Sa Majesté avoit entierement
abandonné ce deffein
, eftant d'ailleurs tresperfuadée
de la juſteſſe
avec laquelle feu M.Picard
de l'Academie des
Sciences , avoit pris tous
les niveaux , quoy qu'on
vouluſt affcurer qu'un
ruiſſeau de cette Riviere
étant dérournéàOrleans ,
,
pouvoit eſtre conduit jufque
de Siam . 241
que fur la Montagne de
Sataury , qui eft de pluſieurs
toiſes plus haute
que le dessus duChaſteau .
Il n'y avoit point d'apparence
qu'on pût trouver
quelqueautre Riviere, ou
quelques eaux vives pour
eſtre conduites à Verſailles
, puis que par ſes nivellemens
on ſçavoit que la
Seine étoit beaucoup plus
baſse que la Loire, & que
par confequent tout le
terrein entre ces deux Ri
X
242 Voyage des Amb.
vieres ne pouvoit fournir
que quelques eaux qui
n'avoient pas assez de
hauteur pour ce qu'on avoit
deſsein de faire ; &
comme il y a de l'apparence
que plus on s'approche
de la Mer, plus les terreins
vont en defcendant,
il ſembloit que c'eſtoit
inutilementqu'on croyoit
trouver des eaux aſsez
hautes dans les terres
qui font au Couchant
à l'égard de Verſailles,
de Siam.
243
puis que c'eſt vers ce côtélà
queles Rivieres de Loire
& de Seine ont leur
cours . Cependant fur la
fin de l'année 1684. M² de
Louvois ayant confideré
que la Riviere d'Eure devoit
avoir beaucoup de
hauteur, puis que tous les
terreins depuis Verſailles
en tirant versMaintenon,
où elle paſſe , estoient extrémement
hauts,& qu'il
y avoit vers ce coſté-là
des eaux que l'on foute
X ij
244 Voyage des Amb.
noit dans des canaux avec
une tres - grande hauteur
, il jugea que cette
Riviere , qui étoit fort rapide
dans ſa courſe , en
pouvoit au moins avoir
aſſez pour eftre élevée
commodement par le fecours
de quelque petite
Machine juſque dans les
Eſtangs de Trape & des
environs , qui ſervoient
de refervoir aux eaux
de ces Quartiers - là. Il
donna ordre à M de la
deSiam.
245
Hire, Profeffeur Royal en
Mathematique , & de
l'Academie des Sciencès ,
à qui il avoit déja confié
pluſieurs nivellemens importans
pour Fontainebleau
&Verfailles , d'aller
reconnoiſtre la hauteur
de la Riviere d'Eure dans
fa courſe en remontant
depuis Maintenon , &
de chercher vers le Perche
quellesen étoient leseaux
& quelles hauteurs elles
avoient. M' de la Hire
r
25
Xij
246 Voyagedes Amb.
partit de Versailles dans
le mois d'Octobre de la
mefme année ; & en nivellant
toûjours juſqu'à
Maintenon , il y trouva
la Riviere d'Eure plus bafſe
que le deſſus du Chafteau
de Versailles d'environ
cent cinquante pieds,
& remontant cette Riviere
, il trouva enfin qu'à
Pontgüoin, qui eft à ſept
lieuës au deffus de Chartres
, elle estoit plus haute
que ce Chaſteau de prés
de Siam. 247
de quatre - vingt pieds.
Cette découverte luy
donna d'abord beaucoup
de joye , mais auffi beaucoup
de crainte de quelque
erreur , qui pouvoit
s'eftre infenfiblement gliffée
dans les operations
quifont tres difficiles dans
des nivellemens de plus
de trente lieues . Il verifia
toutes fes obfervations ,
autant que la ſaiſon le luy
pût permettre , à cauſe du
mauvais remps , & fur
Xinj
248 Voyagedes Amb.
tout des grands vents, qui
nuifent fort aux nivellemens
, & il trouva qu'il
ne pouvoit y avoir que
tres - peu d'erreur. Le Roy
eſtant alors à Fontainebleau
, il apporta cette
nouvelle à M'de Louvois,
qui témoigna en eſtre fort
fatisfait . Cependant M. de
la Hire luy ayant remontré
les difficultez des operarions
pendant l'Hiver ,
M'de Louvois luy donna
ordre de retourner dans
de Siam.
249
ces meſmes lieux vers le
Printemps , pour faire les
verifications des hauteurs
qu'il avoit trouvées dans
tous les points principaux
où il avoit marqué que
l'eau devoit paffer , de la
maniere que l'on comence
à l'executer preſentement
. Il trouva dans la
verification des premiers
nivellemens , un pied ou
deux plus de hauteur que
la premiere fois , & il reconnut
par des nivelle
250 Voyage des Amb.
mens un peu plus longs
queles premiers , que les
eaux des Rivieres qui paffent
à Verneuil & à Breteüil,
pouvoient eftre conduites
dans des canaux
fur terrejuſqu'à l'emboucheure
de l'Aqueduc qui
devoit porter les eaux de
la Riviere d'Eure pardeffus
le valon de Maintenon
. On travaille prefentement
à cette grande
Entrepriſe qui furpaffera
en magnificence tout ce
de Siam.
251
que les Empereurs Romains
ont fait dans l'étenduë
de pluſieurs Siecles..
Tous les canaux fur la fuperficie
de la terre font achevez
; l'eau que l'on y a
fait couler a confirméla
juſteſfedes nivellemens,&
l'Aqueduc qui doit paffer
dans le valon de Maintenon
eft fort avancé. La
partie de cet Aqueduc qui
eſt dans le plus profond
du valon doit eftre de
pierre,& le reſte des deux
252 Voyage des Amb.
C
coftez , où la hauteur est
mediocre , paffera fur de
grandes Terraffes élevées
pour ce ſujet . Voicy les
meſures & le détail de
cetOuvrage.
Ily a environ vingt mille
toiſes de Canal depuis
Pontgoüin, où l'on prend
laRiviere, juſque àBercherelaMangor.
CeCanal, qui
eft conduit fur la fuperficie
de la terre , felon fon
niveau , a par bas quinze
pieds , & plus ou moins
de Siam.
253
de hauteur felon le terrein
;& le Talus des bords
eſt double de la profondeur.
Dans le fond de
Berchere, où devoit commencer
l'Aqueduc de maçonnerie
, on fait une Levée
ou Aqueduc de terre,
rapportée à l'Aqueduc de
maçonnerie pendant trois
mille fix cens ſept toiſes.
- Cet Aqueduc de terre a
comme le Canal quinze
pieds de large par le fond,
de haut fix , ſept, ou huit
هللا
254 Voyage des Amb.
pieds ,&de talus le double
de la hauteur ; les
bords font fortifiez de
chauffées de neuf pieds
de large. Le talus de la
Levée eſt auſſi double de
ſa hauteur , pour empefcher
que les terres ne s'éboulent.
Dans le fond de
Berchere la Levée de terrea
cent pieds, & en d'autres
endroits foixante &
dix, cinquante , quarante
&vingt de hauteur.
A l'endroit où cette lede
Siam.
255
vée de terre joint l'Aqueduc
de Maçonnerie qui
eft vers Maintenon , elle
a 79. pieds de haut. Cét
Aqueduc de Maçonnerie
à 2960. toiſes de longueur
en 242. Arcades qui ont
40. pieds de large. Leurs
piles en ont vingt- quatre,
& de longueur quaranteſepta
quarante-huit pieds ,
avec des pilliers boutans
de onze pieds de large , aprés
les retraites , & de
faillie fix pieds. Il a dans
256 Voyage des Amb.
le plus profond trois Ar
cades l'une fur l'autre .
Du coſté de Berchere,
le nombre des Arcades
ſimples eftde trente- trois.
De doubles foixante-
& onze.
De triples quarante- fix.
Puis de doubles , foixante
& douze .
Et enfin de ſimples ,
vingt.
Leſquelles réjoignent
l'Aqueduc de terre rap.
portée du coſté de Ver
de Siam
257
&
failles afoixante cinq pieds
environ de hauteur , qui
continuë en. diminuant:
pendant fix mille cinquante
cinq , juſqu'à ce qu'il
vienne à la hauteur du
terrain , & depuis la juf
ques à Verfailles , il continue
fur terre de meſme
qu'entre Pontgouin &
Berchere pendant vingtcinq
mille toiſes , horſmis :
qu'en quelques endrois il
y aura dans terre unAque--
duc de Maçonnerie. La
298 Voyage des Amb.
plus grande hauteur de
l'Aqueduc dans le fondde
Maintenon , où paſſent
les Rivieres d'Eure & de
Gallardon , & où font les
triples arcades , eft de216.
pieds 6. pouces , juſqu'au
pavé des Corridors , ſans
les fondemens qui doivent
avoir 15. ou 16. pieds
de profondeur , & fans le
Parapet qui a trois pieds
fix pouces.
La hauteur des premieresArcades
juſque ſous la
de Siam. 252
voûte eſt de foixante &
ſeize pieds ,& juſqu'au pavé
des ſecondes quatre--
vingt-un pied fix pouces.
Les fecondes arcades
ont juſque ſous la voûte
foixante&dix pieds ,&jufqu'au
pavédes troiſiemes ,
quatre-vingt- cinq pieds.
Les troifiémes arcades
ont juſque ſous la voure
trente pieds trois pouces,
& juſqu'aux Corridors
neuf pieds neuf pouces,
fur leſquels font les Para
Yij
260 Voyage desAmb.
pets de trois pieds fix pou
ces .
Le Canal à ſept pieds
de large par bas , & s'élargit
juſqu'à ſept pieds fix
pouces , à la hauteur de
quatre pieds où commence
lavoute à plein ceintre.
Il y a de coſté & d'autre
du Canal un Corridor
-de trois pieds , & un Parapet
de dix- fept pouces de
large.
Les piles font à plomb
par le dedans hors de ter
de Siam. 261
re ,& par les coſtez . Il y
a par tout l'Aquedue un
pouce pour toiſe de talus,
mais les piliers bourans
en ont davantage au deffus
des premieres Arcades .
Il ſe fait de part & d'autre
une retraite d'environ
-ſept pieds , & au deffus
des fecondes , de prés de
fix pieds .
Ily a une porte au milieu
de chaque pile pour
pouvoir paffer tout du
long de l'Aqueduc , tant
262 Voyage des Amb.
aux ſecondes Arcades
qu'aux troifiémes. Lesportes
des fecondes ont quatre
pieds de large ,& celles
des troifiémes trois pieds
fix pouces , fur ſept pieds
dehaut.
Il y a des Eſcaliers qui
montent de terre au premier
étage par le dehors.
Ceux qui montent au
ſecond ſont pratiquez
dans l'épaiffeur des piles,
& ceux qui montent au
troifiéme font partie de
de Siam. 263
dans , partie dehors.
Voilà l'eſtat où eftoient
ces Ouvrages il y a fix
mois. Ils doivent eftre prefentement
bien plus avancez,
puisque plus de trente
mille hommes n'ont point
ceffé d'y travailler pendat
ce temps- là. De ces trente
mille hommes, il y en
a une partie de Maçons,
d'Apareilleurs , & d'autres
gens neceſſaires pour
les choſes qui ne peuvent
être faites par lesTroupes.
264 Vyage des Amb.
Elles font employées tant
l'Aqueduc qu'aux CarrieresdeGallardon
&d'Epernon
, & aux Ouvrages de
terre & fe montent à
vingt - deux mille hommes
où environ. Voicy les
noms des Regimens qui
les compoſent. Je ne vous
les envoye pas felon leur
rang.
REGIMENS.
Picardie.
Champagne..point
Royal
de Siam. 265
Royal des Vaiſſeaux.
Languedoc.
Navarre.
Feuquieres.
Cruffol.
La Fare .
Fufiliers du Roy.
Alface.
Vaubecour.
Lyonnois.
Dauphin .
La Reyne .
Anjou.
Vermandois.
Il y a outre cela trois
Z
266 Voyage des Amb.
Efcadrons de Dragons .
Le Logis des Ambaffadeurs
fut gardé par une
Compagnie dont le Capitaine
, le Lieutenant &
1 ' Enſeigne étoient en
Hauſſe - Col , pour leur
faire plus d'honneur. M
le Marquis d'Uxelles qui
commande toutes ces
Troupes , alla luy- meſme
le premier jour demander
le mot aux Ambaſſadeurs ,
&ils donnerent pour mot
Prosperité. Le Major Ge
deSiam. 267
neraly alla le prendre les
deuxjours fuivans , & les
motsqu'ils luy donnerent
furent l'Alliance Royale,
& Deux contre tous . Je
ne vous dis point qu'ils
entendoient parler des
Rois de France & de
Siam Ils admirerent les
Travaux dont je viens
de vous faire la defcription.
Le premier Ambaffadeur
les conçeut fi bien,
& en donna des marques
fi convaincantes , qu'iln'y
Zij
268 Voyage des Amb.
a point d'Architecte ny
d'Ingenieur qui euft pû les
mieux comprendre . Il dit
auffi , Qu'il ne croyoit pas
que tous les Rois de l' Europe
ensemble en puſſentfaire
autant. On leur fit voir
toutes les Troupes qui bátirent
aux Champs , &
falüerent du Drapeau.
Elles firent l'Exercice au
fon du Tambour, & montrerent
la parfaite intelligence
qu'elles ontdu Mêtier
de la Guerre.Il y avoit
de Siam. 269
douze Chevaux de l'Ecurie
du Roy que l'Ambaffadeur
& les Mandarins
monterent. Le premier
Ambaffadeur montra
d'un air fort déliberé ,
de quelle maniere les Siamois
ſe battent avec la
Lance. On luy demanda
s'il trouvoit les Troupes
du Roy belles , & il répondit,
qu'il ne croyoit pas
en avoir veu Cette réponfe
furprit , mais il tira bientoſt
d'embarras ceux qui
Z iij
270 Voyage des Amb.
l'avoient entenduë ,&dit
Qu'il ne croyoit pas avoir
vû des Troupes, maisfeulement
des Officiers , parce
qu'ils en avoient tous l'air,
&& l'adreſſe . M' le Marquis
d'Uxelles luy don.
na un magnifique Repas,
avec les Princes d'Hano
ver
, d'Holſtein , d'Harmeſtein
& d'Hanau. On
y but la Santédu Roy , &
l'on peut dire que c'eſt
la ſcule choſe dont il ait
efté ſurpris en France ,
de Siam.
27
ayant toûjours dit , Que
comme on devoit tout attendre
des François il n'étoit
étonné de rien ; mais
il eut de la peine à ſe perfuader
qu'on puft boire à
la Santé du Roy ſans manquer
de reſpect. On luy
dit que les diftinctions
qu'on faiſoit en la beuvant,
marquoient le refpect
, & qu'enfin le Roy
donnoit cette liberté ,
parce qu'elle faiſoit voir le
zele , & l'amour qu'on a-
Zij
272 Voyage des Amb.
'voit pour luy. Il joüa aprés
leRepas à toute table
avec Mª d'Uxelles , & le
gagna. Il dit lors qu'il eut
vû les Ouvrages , & les
Troupes , Qu'il ne s'éton
noit point de la grandeur,
&de la prosperité du Roy ,
& que beaucoup de choſes
ycontribuoient,Scavoir l'union
de la Famille Royale ,
l'avantage qu'il avoit de
gouverner par luy-mesme,
lafidelité , la ponctualité ,
Pintelligence, &la vigilande
Siam. 273
ce de ſes Ministres , es la
bonté deſes Troupes remplies
de jeuneſfe adroite,
& propre à tout.
mieux la grandeur du
- Roy , & le glorieux eftat
où eſt la France , que les
travaux qu'on fait pour
conduire laRiviere d'Fure
à Versailles,& les Ambaffadeurs
ſouhaitant avec
ardeur de voir quelques
Troupes de Sa Majesté ,
2
238 Voyage des Amb.
و
on les a menez à Maintenon
pour leur faire
voir en bataille celles qui
travaillent à l'Aqueduc ,
&pour fatisfaire en mefme
temps leur curioſité
fur ce grand Ouvrage.
Comme c'eſt icy une occafion
de vous en parler à
fond, jeprendray la choſe
dés ſon origine .
Toutes les meſures
7
qu'on avoit priſes , & tous
les nivellemens qui avoient
eſté faits ily a plu
de Siam. 239
2
ſieurs années , pour faire
venir des Eaux vives à
Verfailles , fans y employer
des Pompes ou
d'autres Machines femblables
, avoient fait voir
qu'il eſtoit impoffible d'en
avoir que de la Riviere de
Loire , mais pour la conduire
en cette Maiſon
Royale , il auroit fallu la
détourner au deſſus de la
Charité, ce qui avoit paru
d'une fi grande difficulté,
pour la longueur du che
240 Voyage des Amb.
min , & à caufe des lieux
bas par où l'on auroit efté
contraint de paffer , que
Sa Majesté avoit entierement
abandonné ce deffein
, eftant d'ailleurs tresperfuadée
de la juſteſſe
avec laquelle feu M.Picard
de l'Academie des
Sciences , avoit pris tous
les niveaux , quoy qu'on
vouluſt affcurer qu'un
ruiſſeau de cette Riviere
étant dérournéàOrleans ,
,
pouvoit eſtre conduit jufque
de Siam . 241
que fur la Montagne de
Sataury , qui eft de pluſieurs
toiſes plus haute
que le dessus duChaſteau .
Il n'y avoit point d'apparence
qu'on pût trouver
quelqueautre Riviere, ou
quelques eaux vives pour
eſtre conduites à Verſailles
, puis que par ſes nivellemens
on ſçavoit que la
Seine étoit beaucoup plus
baſse que la Loire, & que
par confequent tout le
terrein entre ces deux Ri
X
242 Voyage des Amb.
vieres ne pouvoit fournir
que quelques eaux qui
n'avoient pas assez de
hauteur pour ce qu'on avoit
deſsein de faire ; &
comme il y a de l'apparence
que plus on s'approche
de la Mer, plus les terreins
vont en defcendant,
il ſembloit que c'eſtoit
inutilementqu'on croyoit
trouver des eaux aſsez
hautes dans les terres
qui font au Couchant
à l'égard de Verſailles,
de Siam.
243
puis que c'eſt vers ce côtélà
queles Rivieres de Loire
& de Seine ont leur
cours . Cependant fur la
fin de l'année 1684. M² de
Louvois ayant confideré
que la Riviere d'Eure devoit
avoir beaucoup de
hauteur, puis que tous les
terreins depuis Verſailles
en tirant versMaintenon,
où elle paſſe , estoient extrémement
hauts,& qu'il
y avoit vers ce coſté-là
des eaux que l'on foute
X ij
244 Voyage des Amb.
noit dans des canaux avec
une tres - grande hauteur
, il jugea que cette
Riviere , qui étoit fort rapide
dans ſa courſe , en
pouvoit au moins avoir
aſſez pour eftre élevée
commodement par le fecours
de quelque petite
Machine juſque dans les
Eſtangs de Trape & des
environs , qui ſervoient
de refervoir aux eaux
de ces Quartiers - là. Il
donna ordre à M de la
deSiam.
245
Hire, Profeffeur Royal en
Mathematique , & de
l'Academie des Sciencès ,
à qui il avoit déja confié
pluſieurs nivellemens importans
pour Fontainebleau
&Verfailles , d'aller
reconnoiſtre la hauteur
de la Riviere d'Eure dans
fa courſe en remontant
depuis Maintenon , &
de chercher vers le Perche
quellesen étoient leseaux
& quelles hauteurs elles
avoient. M' de la Hire
r
25
Xij
246 Voyagedes Amb.
partit de Versailles dans
le mois d'Octobre de la
mefme année ; & en nivellant
toûjours juſqu'à
Maintenon , il y trouva
la Riviere d'Eure plus bafſe
que le deſſus du Chafteau
de Versailles d'environ
cent cinquante pieds,
& remontant cette Riviere
, il trouva enfin qu'à
Pontgüoin, qui eft à ſept
lieuës au deffus de Chartres
, elle estoit plus haute
que ce Chaſteau de prés
de Siam. 247
de quatre - vingt pieds.
Cette découverte luy
donna d'abord beaucoup
de joye , mais auffi beaucoup
de crainte de quelque
erreur , qui pouvoit
s'eftre infenfiblement gliffée
dans les operations
quifont tres difficiles dans
des nivellemens de plus
de trente lieues . Il verifia
toutes fes obfervations ,
autant que la ſaiſon le luy
pût permettre , à cauſe du
mauvais remps , & fur
Xinj
248 Voyagedes Amb.
tout des grands vents, qui
nuifent fort aux nivellemens
, & il trouva qu'il
ne pouvoit y avoir que
tres - peu d'erreur. Le Roy
eſtant alors à Fontainebleau
, il apporta cette
nouvelle à M'de Louvois,
qui témoigna en eſtre fort
fatisfait . Cependant M. de
la Hire luy ayant remontré
les difficultez des operarions
pendant l'Hiver ,
M'de Louvois luy donna
ordre de retourner dans
de Siam.
249
ces meſmes lieux vers le
Printemps , pour faire les
verifications des hauteurs
qu'il avoit trouvées dans
tous les points principaux
où il avoit marqué que
l'eau devoit paffer , de la
maniere que l'on comence
à l'executer preſentement
. Il trouva dans la
verification des premiers
nivellemens , un pied ou
deux plus de hauteur que
la premiere fois , & il reconnut
par des nivelle
250 Voyage des Amb.
mens un peu plus longs
queles premiers , que les
eaux des Rivieres qui paffent
à Verneuil & à Breteüil,
pouvoient eftre conduites
dans des canaux
fur terrejuſqu'à l'emboucheure
de l'Aqueduc qui
devoit porter les eaux de
la Riviere d'Eure pardeffus
le valon de Maintenon
. On travaille prefentement
à cette grande
Entrepriſe qui furpaffera
en magnificence tout ce
de Siam.
251
que les Empereurs Romains
ont fait dans l'étenduë
de pluſieurs Siecles..
Tous les canaux fur la fuperficie
de la terre font achevez
; l'eau que l'on y a
fait couler a confirméla
juſteſfedes nivellemens,&
l'Aqueduc qui doit paffer
dans le valon de Maintenon
eft fort avancé. La
partie de cet Aqueduc qui
eſt dans le plus profond
du valon doit eftre de
pierre,& le reſte des deux
252 Voyage des Amb.
C
coftez , où la hauteur est
mediocre , paffera fur de
grandes Terraffes élevées
pour ce ſujet . Voicy les
meſures & le détail de
cetOuvrage.
Ily a environ vingt mille
toiſes de Canal depuis
Pontgoüin, où l'on prend
laRiviere, juſque àBercherelaMangor.
CeCanal, qui
eft conduit fur la fuperficie
de la terre , felon fon
niveau , a par bas quinze
pieds , & plus ou moins
de Siam.
253
de hauteur felon le terrein
;& le Talus des bords
eſt double de la profondeur.
Dans le fond de
Berchere, où devoit commencer
l'Aqueduc de maçonnerie
, on fait une Levée
ou Aqueduc de terre,
rapportée à l'Aqueduc de
maçonnerie pendant trois
mille fix cens ſept toiſes.
- Cet Aqueduc de terre a
comme le Canal quinze
pieds de large par le fond,
de haut fix , ſept, ou huit
هللا
254 Voyage des Amb.
pieds ,&de talus le double
de la hauteur ; les
bords font fortifiez de
chauffées de neuf pieds
de large. Le talus de la
Levée eſt auſſi double de
ſa hauteur , pour empefcher
que les terres ne s'éboulent.
Dans le fond de
Berchere la Levée de terrea
cent pieds, & en d'autres
endroits foixante &
dix, cinquante , quarante
&vingt de hauteur.
A l'endroit où cette lede
Siam.
255
vée de terre joint l'Aqueduc
de Maçonnerie qui
eft vers Maintenon , elle
a 79. pieds de haut. Cét
Aqueduc de Maçonnerie
à 2960. toiſes de longueur
en 242. Arcades qui ont
40. pieds de large. Leurs
piles en ont vingt- quatre,
& de longueur quaranteſepta
quarante-huit pieds ,
avec des pilliers boutans
de onze pieds de large , aprés
les retraites , & de
faillie fix pieds. Il a dans
256 Voyage des Amb.
le plus profond trois Ar
cades l'une fur l'autre .
Du coſté de Berchere,
le nombre des Arcades
ſimples eftde trente- trois.
De doubles foixante-
& onze.
De triples quarante- fix.
Puis de doubles , foixante
& douze .
Et enfin de ſimples ,
vingt.
Leſquelles réjoignent
l'Aqueduc de terre rap.
portée du coſté de Ver
de Siam
257
&
failles afoixante cinq pieds
environ de hauteur , qui
continuë en. diminuant:
pendant fix mille cinquante
cinq , juſqu'à ce qu'il
vienne à la hauteur du
terrain , & depuis la juf
ques à Verfailles , il continue
fur terre de meſme
qu'entre Pontgouin &
Berchere pendant vingtcinq
mille toiſes , horſmis :
qu'en quelques endrois il
y aura dans terre unAque--
duc de Maçonnerie. La
298 Voyage des Amb.
plus grande hauteur de
l'Aqueduc dans le fondde
Maintenon , où paſſent
les Rivieres d'Eure & de
Gallardon , & où font les
triples arcades , eft de216.
pieds 6. pouces , juſqu'au
pavé des Corridors , ſans
les fondemens qui doivent
avoir 15. ou 16. pieds
de profondeur , & fans le
Parapet qui a trois pieds
fix pouces.
La hauteur des premieresArcades
juſque ſous la
de Siam. 252
voûte eſt de foixante &
ſeize pieds ,& juſqu'au pavé
des ſecondes quatre--
vingt-un pied fix pouces.
Les fecondes arcades
ont juſque ſous la voûte
foixante&dix pieds ,&jufqu'au
pavédes troiſiemes ,
quatre-vingt- cinq pieds.
Les troifiémes arcades
ont juſque ſous la voure
trente pieds trois pouces,
& juſqu'aux Corridors
neuf pieds neuf pouces,
fur leſquels font les Para
Yij
260 Voyage desAmb.
pets de trois pieds fix pou
ces .
Le Canal à ſept pieds
de large par bas , & s'élargit
juſqu'à ſept pieds fix
pouces , à la hauteur de
quatre pieds où commence
lavoute à plein ceintre.
Il y a de coſté & d'autre
du Canal un Corridor
-de trois pieds , & un Parapet
de dix- fept pouces de
large.
Les piles font à plomb
par le dedans hors de ter
de Siam. 261
re ,& par les coſtez . Il y
a par tout l'Aquedue un
pouce pour toiſe de talus,
mais les piliers bourans
en ont davantage au deffus
des premieres Arcades .
Il ſe fait de part & d'autre
une retraite d'environ
-ſept pieds , & au deffus
des fecondes , de prés de
fix pieds .
Ily a une porte au milieu
de chaque pile pour
pouvoir paffer tout du
long de l'Aqueduc , tant
262 Voyage des Amb.
aux ſecondes Arcades
qu'aux troifiémes. Lesportes
des fecondes ont quatre
pieds de large ,& celles
des troifiémes trois pieds
fix pouces , fur ſept pieds
dehaut.
Il y a des Eſcaliers qui
montent de terre au premier
étage par le dehors.
Ceux qui montent au
ſecond ſont pratiquez
dans l'épaiffeur des piles,
& ceux qui montent au
troifiéme font partie de
de Siam. 263
dans , partie dehors.
Voilà l'eſtat où eftoient
ces Ouvrages il y a fix
mois. Ils doivent eftre prefentement
bien plus avancez,
puisque plus de trente
mille hommes n'ont point
ceffé d'y travailler pendat
ce temps- là. De ces trente
mille hommes, il y en
a une partie de Maçons,
d'Apareilleurs , & d'autres
gens neceſſaires pour
les choſes qui ne peuvent
être faites par lesTroupes.
264 Vyage des Amb.
Elles font employées tant
l'Aqueduc qu'aux CarrieresdeGallardon
&d'Epernon
, & aux Ouvrages de
terre & fe montent à
vingt - deux mille hommes
où environ. Voicy les
noms des Regimens qui
les compoſent. Je ne vous
les envoye pas felon leur
rang.
REGIMENS.
Picardie.
Champagne..point
Royal
de Siam. 265
Royal des Vaiſſeaux.
Languedoc.
Navarre.
Feuquieres.
Cruffol.
La Fare .
Fufiliers du Roy.
Alface.
Vaubecour.
Lyonnois.
Dauphin .
La Reyne .
Anjou.
Vermandois.
Il y a outre cela trois
Z
266 Voyage des Amb.
Efcadrons de Dragons .
Le Logis des Ambaffadeurs
fut gardé par une
Compagnie dont le Capitaine
, le Lieutenant &
1 ' Enſeigne étoient en
Hauſſe - Col , pour leur
faire plus d'honneur. M
le Marquis d'Uxelles qui
commande toutes ces
Troupes , alla luy- meſme
le premier jour demander
le mot aux Ambaſſadeurs ,
&ils donnerent pour mot
Prosperité. Le Major Ge
deSiam. 267
neraly alla le prendre les
deuxjours fuivans , & les
motsqu'ils luy donnerent
furent l'Alliance Royale,
& Deux contre tous . Je
ne vous dis point qu'ils
entendoient parler des
Rois de France & de
Siam Ils admirerent les
Travaux dont je viens
de vous faire la defcription.
Le premier Ambaffadeur
les conçeut fi bien,
& en donna des marques
fi convaincantes , qu'iln'y
Zij
268 Voyage des Amb.
a point d'Architecte ny
d'Ingenieur qui euft pû les
mieux comprendre . Il dit
auffi , Qu'il ne croyoit pas
que tous les Rois de l' Europe
ensemble en puſſentfaire
autant. On leur fit voir
toutes les Troupes qui bátirent
aux Champs , &
falüerent du Drapeau.
Elles firent l'Exercice au
fon du Tambour, & montrerent
la parfaite intelligence
qu'elles ontdu Mêtier
de la Guerre.Il y avoit
de Siam. 269
douze Chevaux de l'Ecurie
du Roy que l'Ambaffadeur
& les Mandarins
monterent. Le premier
Ambaffadeur montra
d'un air fort déliberé ,
de quelle maniere les Siamois
ſe battent avec la
Lance. On luy demanda
s'il trouvoit les Troupes
du Roy belles , & il répondit,
qu'il ne croyoit pas
en avoir veu Cette réponfe
furprit , mais il tira bientoſt
d'embarras ceux qui
Z iij
270 Voyage des Amb.
l'avoient entenduë ,&dit
Qu'il ne croyoit pas avoir
vû des Troupes, maisfeulement
des Officiers , parce
qu'ils en avoient tous l'air,
&& l'adreſſe . M' le Marquis
d'Uxelles luy don.
na un magnifique Repas,
avec les Princes d'Hano
ver
, d'Holſtein , d'Harmeſtein
& d'Hanau. On
y but la Santédu Roy , &
l'on peut dire que c'eſt
la ſcule choſe dont il ait
efté ſurpris en France ,
de Siam.
27
ayant toûjours dit , Que
comme on devoit tout attendre
des François il n'étoit
étonné de rien ; mais
il eut de la peine à ſe perfuader
qu'on puft boire à
la Santé du Roy ſans manquer
de reſpect. On luy
dit que les diftinctions
qu'on faiſoit en la beuvant,
marquoient le refpect
, & qu'enfin le Roy
donnoit cette liberté ,
parce qu'elle faiſoit voir le
zele , & l'amour qu'on a-
Zij
272 Voyage des Amb.
'voit pour luy. Il joüa aprés
leRepas à toute table
avec Mª d'Uxelles , & le
gagna. Il dit lors qu'il eut
vû les Ouvrages , & les
Troupes , Qu'il ne s'éton
noit point de la grandeur,
&de la prosperité du Roy ,
& que beaucoup de choſes
ycontribuoient,Scavoir l'union
de la Famille Royale ,
l'avantage qu'il avoit de
gouverner par luy-mesme,
lafidelité , la ponctualité ,
Pintelligence, &la vigilande
Siam. 273
ce de ſes Ministres , es la
bonté deſes Troupes remplies
de jeuneſfe adroite,
& propre à tout.
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Résumé : Ils vont voir les travaux que l'on fait à la Riviere d'Eure. Description de cet Ouvrage, avec tout ce qui s'est passé à la reveuë des Troupes qui y travaillent. [titre d'après la table]
Le texte décrit les travaux entrepris pour approvisionner en eau le château de Versailles en utilisant la rivière d'Eure. Initialement, des projets visant à utiliser la Loire furent jugés impraticables en raison de la longueur du trajet et des difficultés topographiques. Le roi abandonna cette idée après avoir été convaincu par les relevés de Picard de l'Académie des Sciences. En 1684, Louvois, en considérant la hauteur de la rivière d'Eure et les terrains élevés entre Versailles et Maintenon, ordonna à La Hire, professeur en mathématiques et membre de l'Académie des Sciences, de vérifier la hauteur de cette rivière. La Hire découvrit que l'Eure était suffisamment haute à Pontgouin pour alimenter Versailles. Après vérifications, les travaux commencèrent, incluant la construction de canaux et d'un aqueduc en maçonnerie et en terre. L'aqueduc, long de 2960 toises avec 242 arcades, fut décrit en détail avec des hauteurs variées selon les sections. Les travaux impliquèrent plus de 30 000 hommes, incluant des régiments de troupes et des artisans spécialisés. Les ambassadeurs étrangers, impressionnés par les travaux et les troupes, admirèrent la grandeur du projet et la discipline des soldats français. Par ailleurs, le texte relate la surprise d'un ambassadeur de Siam en France face à une coutume locale. Cet ambassadeur, bien que toujours admiratif des Français, eut du mal à comprendre comment on pouvait porter un toast à la santé du roi sans manquer de respect. On lui expliqua que les distinctions faites en buvant à la santé du roi montraient le respect et que cette liberté était accordée par le roi pour démontrer l'ardeur et l'amour du peuple à son égard. Après le repas, l'ambassadeur joua à des jeux de table avec Madame d'Uxelles et la gagna. Il exprima ensuite son admiration pour les œuvres et les troupes françaises, soulignant que la grandeur et la prospérité du roi étaient dues à plusieurs facteurs, notamment l'union de la famille royale, la capacité du roi à gouverner personnellement, la fidélité, la ponctualité, l'intelligence et la vigilance de ses ministres, ainsi que la qualité des troupes, composées de jeunes gens adroits et compétents.
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2
p. 117-127
Description de l'Ora[n]gerie, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain ils furent conduits à l'Orangerie, où Mr [...]
Mots clefs :
Orangerie, Colonnes, Rampes, Parterre, Galeries, Galerie, Toises, Murs, Arcades, Trumeaux
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texteReconnaissance textuelle : Description de l'Ora[n]gerie, [titre d'après la table]
Le lendemain ils furent
conduits à l'Orangerie , où
Mile Fevre les accompagna ,
ainſi qu'il avoit fait le jour
precedent , ce qu'il fit encore
les jours ſuivans. Cette Orangerie
qui vient d'eſtre achevée
, & qui eſt du deſſeinde
Mr Manſard , eſt un morceau
fi grand & fi hardy , &
a déja fait tant de bruit dans
le monde , que vous auriez
ſujet de vous plaindre de
moy , fi je ne vous en envoyois
pas une deſcription
4
106 Suite du Voyage
1
fort exacte. Elle eft expoſe
àmain gauche du Midy. La
maſſe en ſoûtient les terres ,
deſquelles un grand Parterre
eft formé. Ce Parterre regarde
la face laterale du Château
& celle de la grande
aifle . Cet Edifice conſiſte
en une grande Galerie dans
le fond de 80. toiſes de longueur
, & en deux autres en
retour , chacune de 60. toifes
ou environ. La largeur de
ces Galeries au nud du mur ,
eft de 38. pieds , ayant ſept
toiſes ſous clef , & les doflerets
d'un pied de faillie por
tant des Arcs doubleaux, qui
parta
des Amb. de Siam.
107
partagent la voûte en autant
d'eſpaces qu'il y a de croifées.
Les Galeries laterales
- ſont communiquées à celles
du fond par deux Tours rondes
ou portions circulaires
qui ont leurs faillies en dehors
, & dont la largeur en
dedans eft pareille à celle
des Galeries. Du coſté & fous
la grande Aifle , le maſſif angulaire
en dedans eſt orné
-de deux grandes Niches , &
de l'autre bout à la place de
ces Niches font deux Arcades
par leſquelles avec des
perrons on monte dans un
Salon ou Veſtibule rond qui
K
108 Suite du Voyage
eſt la principale entrée du
Pare dans l'Orangerie. Outre
ces Niches il y en a une dans
le milieu de la Galerie du
fond , & vis à vis la grande
Porte où eſt la Statuë en pied
du Roy. Elle eſt de marbre
blanc , & a eſté donnée à Sa
Majefté par Me le Duc de la
Feüillade . Il l'avoit fait faire
pour mettre à la Place des
Victoires , au lieu de celle
qu'on y voit preſentement.
Čes grandes Niches font capables
d'eſtre remplies par des
Coloffes ou groupes , com
me pouvoient eſtre celles
des Bains de Titus & de
des Amb. de Siam. 109
Caracalla , où eſtoient les
Statuës d'Hercule & de Flore.
La Galerie du fond eſt éclai
rée par 13. feneftres ceintrées
& priſes par enfoncement
dans des Arcades. Chaque
Tour ronde qui attache les
Galeries en aifles au Corps,
eſt percée de trois croiſées ,
dont celle du milieu fert de
porte de toute la grandeur
de l'Arcade. Le dedans n'eſt
orné d'aucune Sculpture ny
Architecture , ainſi que ce
genre de Baſtiment le demande
, & l'artifice des voûtes
en fait la plus grande
beauté. La Décoration du
Kij
Suite du Voyage
<
dehors n'eſt autre que des
Boſſages de la hauteur d'un
Module, ou demy Diamettre
des Colomnes. Elles font
Toſcanes , de quatre pieds &
demy de diamettre , ayant
dehauteur ſept fois leur grofſeur
; il n'y en a qu'à trois avant-
Corps , celuy du fond
de huit Colomnes accouplées
, & les deux autres de
quatre Colomnes chacun.
Il y a auffi deux Colomnes à
la Porte Royale du Salon ou
Veſtibule qui ſont du meſme
ordre, mais de moindre diamettre.
Ces Colomnes portent
leur entablement regu
des Amb. de Siam. im
lier. Les avant Corps des
coftez arreſtent la partie de
niveau de la terraffe qui porte
ſur les voûtes , en forte
que par deux grandes rampes
de dix toiſes chacune de large
, on defcend dans le bas
de l'Orangerie . Ces rampes
font interrompuës par deux
Palliers , & fous ces Rampes
font des Arcades rampantes
pour donner du jour ſous la
voûte des meſmes rampes.
Tout ce grand Theatre renferme
un Parterre de Compartiment
de gazon , au milieu
duquel eſt un Baffin
rond. Le devant de ce Parterre
eſt fermé par une Balu-
Kiij
112 Suite du Voyage...
ſtrade portée ſur un mur en
talus qui fait un des coſtez
d'un petit foffé en Canal remply
d'eau , dont la contrefcarpe
eſt beaucoup plus bafſe
que ce mur ; de forte que
paſſant par le grand chemin,
ce Baſtiment repreſente un
tres-bel endroit. Les entrées
principales qui font de la largeur
des rampes , font ornées
de deux grands trumeaux ou
pieds droits , décorez chacun
de deux Colomnes Tofcanes
accouplées & ifolées ,
couronnées ainſi que les
trumeaux de leur entablement
regulier , & le 'nud des
des Amb. de Siam .
113
trumeaux eſt couvert de
Boſſages , comme ceux des
faces de l'Orangerie. Au deffus
de chaque pied droit &
des Colomnes font portées
fur un focle des Groupes
de figures . Entre ces pieds
droits de chaque coſté , ainſi
que depuis le derriere des
meſmes pieds droits jufqu'au
pied des rampes , des
grilles de fer renferment l'efpace
qui eſt entre les rampes
& les principales Portes ,
de forte que l'on peut monter
au Parterre d'en haut
fans entrer dans l'Orangerie
Ces grilles font entretenuës
114
T
Suite du Voyage
droits de pierre qui portent
des Vaſes remplis de fruits
& de fleurs. Les portes font
couronnées de riches amortiflemens
de fer à deux paremens
avec les Armes du Roy.
Tous les ornemens de la Serrurerie
doivent eſtre dorez.
conduits à l'Orangerie , où
Mile Fevre les accompagna ,
ainſi qu'il avoit fait le jour
precedent , ce qu'il fit encore
les jours ſuivans. Cette Orangerie
qui vient d'eſtre achevée
, & qui eſt du deſſeinde
Mr Manſard , eſt un morceau
fi grand & fi hardy , &
a déja fait tant de bruit dans
le monde , que vous auriez
ſujet de vous plaindre de
moy , fi je ne vous en envoyois
pas une deſcription
4
106 Suite du Voyage
1
fort exacte. Elle eft expoſe
àmain gauche du Midy. La
maſſe en ſoûtient les terres ,
deſquelles un grand Parterre
eft formé. Ce Parterre regarde
la face laterale du Château
& celle de la grande
aifle . Cet Edifice conſiſte
en une grande Galerie dans
le fond de 80. toiſes de longueur
, & en deux autres en
retour , chacune de 60. toifes
ou environ. La largeur de
ces Galeries au nud du mur ,
eft de 38. pieds , ayant ſept
toiſes ſous clef , & les doflerets
d'un pied de faillie por
tant des Arcs doubleaux, qui
parta
des Amb. de Siam.
107
partagent la voûte en autant
d'eſpaces qu'il y a de croifées.
Les Galeries laterales
- ſont communiquées à celles
du fond par deux Tours rondes
ou portions circulaires
qui ont leurs faillies en dehors
, & dont la largeur en
dedans eft pareille à celle
des Galeries. Du coſté & fous
la grande Aifle , le maſſif angulaire
en dedans eſt orné
-de deux grandes Niches , &
de l'autre bout à la place de
ces Niches font deux Arcades
par leſquelles avec des
perrons on monte dans un
Salon ou Veſtibule rond qui
K
108 Suite du Voyage
eſt la principale entrée du
Pare dans l'Orangerie. Outre
ces Niches il y en a une dans
le milieu de la Galerie du
fond , & vis à vis la grande
Porte où eſt la Statuë en pied
du Roy. Elle eſt de marbre
blanc , & a eſté donnée à Sa
Majefté par Me le Duc de la
Feüillade . Il l'avoit fait faire
pour mettre à la Place des
Victoires , au lieu de celle
qu'on y voit preſentement.
Čes grandes Niches font capables
d'eſtre remplies par des
Coloffes ou groupes , com
me pouvoient eſtre celles
des Bains de Titus & de
des Amb. de Siam. 109
Caracalla , où eſtoient les
Statuës d'Hercule & de Flore.
La Galerie du fond eſt éclai
rée par 13. feneftres ceintrées
& priſes par enfoncement
dans des Arcades. Chaque
Tour ronde qui attache les
Galeries en aifles au Corps,
eſt percée de trois croiſées ,
dont celle du milieu fert de
porte de toute la grandeur
de l'Arcade. Le dedans n'eſt
orné d'aucune Sculpture ny
Architecture , ainſi que ce
genre de Baſtiment le demande
, & l'artifice des voûtes
en fait la plus grande
beauté. La Décoration du
Kij
Suite du Voyage
<
dehors n'eſt autre que des
Boſſages de la hauteur d'un
Module, ou demy Diamettre
des Colomnes. Elles font
Toſcanes , de quatre pieds &
demy de diamettre , ayant
dehauteur ſept fois leur grofſeur
; il n'y en a qu'à trois avant-
Corps , celuy du fond
de huit Colomnes accouplées
, & les deux autres de
quatre Colomnes chacun.
Il y a auffi deux Colomnes à
la Porte Royale du Salon ou
Veſtibule qui ſont du meſme
ordre, mais de moindre diamettre.
Ces Colomnes portent
leur entablement regu
des Amb. de Siam. im
lier. Les avant Corps des
coftez arreſtent la partie de
niveau de la terraffe qui porte
ſur les voûtes , en forte
que par deux grandes rampes
de dix toiſes chacune de large
, on defcend dans le bas
de l'Orangerie . Ces rampes
font interrompuës par deux
Palliers , & fous ces Rampes
font des Arcades rampantes
pour donner du jour ſous la
voûte des meſmes rampes.
Tout ce grand Theatre renferme
un Parterre de Compartiment
de gazon , au milieu
duquel eſt un Baffin
rond. Le devant de ce Parterre
eſt fermé par une Balu-
Kiij
112 Suite du Voyage...
ſtrade portée ſur un mur en
talus qui fait un des coſtez
d'un petit foffé en Canal remply
d'eau , dont la contrefcarpe
eſt beaucoup plus bafſe
que ce mur ; de forte que
paſſant par le grand chemin,
ce Baſtiment repreſente un
tres-bel endroit. Les entrées
principales qui font de la largeur
des rampes , font ornées
de deux grands trumeaux ou
pieds droits , décorez chacun
de deux Colomnes Tofcanes
accouplées & ifolées ,
couronnées ainſi que les
trumeaux de leur entablement
regulier , & le 'nud des
des Amb. de Siam .
113
trumeaux eſt couvert de
Boſſages , comme ceux des
faces de l'Orangerie. Au deffus
de chaque pied droit &
des Colomnes font portées
fur un focle des Groupes
de figures . Entre ces pieds
droits de chaque coſté , ainſi
que depuis le derriere des
meſmes pieds droits jufqu'au
pied des rampes , des
grilles de fer renferment l'efpace
qui eſt entre les rampes
& les principales Portes ,
de forte que l'on peut monter
au Parterre d'en haut
fans entrer dans l'Orangerie
Ces grilles font entretenuës
114
T
Suite du Voyage
droits de pierre qui portent
des Vaſes remplis de fruits
& de fleurs. Les portes font
couronnées de riches amortiflemens
de fer à deux paremens
avec les Armes du Roy.
Tous les ornemens de la Serrurerie
doivent eſtre dorez.
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Résumé : Description de l'Ora[n]gerie, [titre d'après la table]
L'Orangerie, un bâtiment récemment achevé conçu par Monsieur Mansard, a suscité un grand intérêt dans le monde. Située à main gauche du Midi, elle soutient les terres formant un grand parterre. L'Orangerie se compose d'une grande galerie de 80 toises de longueur et de deux autres galeries en retour, chacune mesurant environ 60 toises. La largeur des galeries est de 38 pieds, avec une hauteur sous clef de 7 toises. Les galeries latérales sont reliées à la galerie du fond par deux tours rondes. Du côté de la grande aile, des niches et des arcades mènent à un salon ou vestibule rond, qui sert d'entrée principale au parc dans l'Orangerie. La galerie du fond est éclairée par 13 fenêtres cintrées et comporte une statue en pied du roi, offerte par le Duc de la Feuillade. Les niches peuvent être remplies de colonnes ou de groupes sculptés. L'intérieur n'est pas orné de sculptures ou d'architecture, mais l'artifice des voûtes en constitue la principale beauté. L'extérieur est décoré de bossages et de colonnes toscanes. Le bâtiment comprend également des rampes et des arcades rampantes pour permettre l'éclairage sous les voûtes. Le parterre est fermé par une balustrade et un mur en talus, avec des entrées principales ornées de colonnes et de groupes de figures. Des grilles de fer permettent d'accéder au parterre sans entrer dans l'Orangerie.
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3
p. 297-308
Grand Escalier, [titre d'après la table]
Début :
Ils virent le mesme jour le grand Escalier de Versailles, [...]
Mots clefs :
Grand escalier, Marbre, Ornements, Degrés, Bronze, Escalier, Roi, Figures, Galeries, Monde, Paliers, Sculpture, Nations, Arcades, Pilastres, Charles Le Brun, Pierre Mignard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Grand Escalier, [titre d'après la table]
Ils virent le meſme jour le
grand Eſcalier de Verſailles ,
qui fait tant de bruit dans le
monde, & qui peut eſtre comparé
au plus bel Apartement
qu'il y ait fur la terre , fi toutefois
il s'en peut trouver un
auſſi riche.Cet Eſcalier a onze
toiſes de long fur cinq de large
, dans lesquelles largeurs
font compris les degrez d'en
bas , & celles des rampes.
On entre par trois Arca
des de face , dans un Veſti
bule de 39 pieds de large, fur
r3 de profondeur,dont le bas
eſt à compartiment de mar
bre ,& la Voûte d'ornemens,
Aa
286 Suite du Voyage
&trophées en Bas- relief do
ré.
On monte par trois degrez
, & trois arcades opposées
ſur le premier palier , large
de 55. pieds , & fur la profondeur
large de 18. Il eſt revétu
tout autour , comme le
bas , de compartimens de
marbre . En face de ces trois
Arcades , il y a un Eſcalier à
pans , d'onze degrez de marbre.
Le palier de deſſus eft
d'onze degrez en quarré.
-Dans la face & l'épaiffeur
du mur , eſt une niche ſurbaiflée
, & dedans un Baffin
de Marbre , foutenu de DauF
$ des Amb. de Siam. 287
phins de bronze. Deux Tritons
qui ſont deffus , ſupportent
une double coquille de
marbre , ornée d'un maſque
jettant de l'eau dans un panier
remply de coquilles. Ce
panier forme une nape qui
tombe dans le Baffinde marbre
, & qui ſe decharge par
un autre maſque , & par les
deux Dauphins , le tout de
bronze.
20.
Les rampes font de ro. pieds
de large , & chacune de
degrez de marbre ; les appuis
de meſme matiere , ſuportez
de balustres de bronze cize
lez & dorez au feu. Les deux
Aaij
288 Suite du Voyage
paliers font auſſi à compartimens
de marbre , & de 10
pieds de large . On paffe dans
les Appartemens par quatre
portes , richement ornées de
Sculpture , qui ſont ſur chacun
de ces paliers .
De deſſus les meſmes pa
liers on a élevé un Ordre
2
de d'Architecture Jonique
colomnes & pilaftres de marbre,
dont les bazes & les chapiteaux
ſont de bronze doré
au feu. Je pourrois vous parler
icy de quantité d'ornemens
de pareille matiere, qui
accompagnent un Bufſte du
Roy , fait de marbre blanc ,
A
h
des Amb. de Siam. 289
: & de ceux qui font face à un
endroit fi enrichy.
Les quatre maſſifs à coſté
de quatre portes des Appartemens
, font remplis entre
les pilaftres de feintes Tapifferies
à fond d'or , pleines
d'ornemens & de Figures.
Dans les quatre milieux il y
a pluſieurs Tableaux qui repreſentent
toutes les Conqueſtes
du Roy. Dans les places
entre ces maffifs & celles
des milieux , on a feint deux
Galeries de chaque coſté , du
meſme Ordre Jonique , & fur
le meſme plan , des paliers
dans lesquels font reprefen
Aa iij
290
Suite du Voyage
tées des Perſonnes de pluſieurs
Nations , comme fi elles paffoient
dans ces Galeries. Il y
a encore des Galeries au deffus
de la premiere corniche ,
&deux autres dans la longueur
des faces , ſupportées
par des Termes .
De grands poupes de
Vaiſſeaux font aux angles , &
fur l'extremité ; elles portent
4. Trophée d'Armes ſemblables
à celles des quatre Parties
du Monde. Ces Poupes font
foûtenuës de conſoles en arcboutant
, fortifiées de cornes
d'abondance & de coquilles
de Bronze. Aux côtez font
des Amb. de Siam. 191
des Captifs de Sculpture , &
au deſſous des Victoires .
Le Plafond eſt orné de
bas- reliefs octogones remplis
de Figures qui conviennent
au ſujet. De grands Rideaux
dont des termes tiennent les
cordons , tombent le long
des Attiques. On a encore
trouvé place dans cet Eſca
lier pour toutes les Muſes
pour la Peinture & pour la
Sculpture , pour des Captifs ,
pour les quatre Parties du
Monde avec leurs attributs ,
pour toutes les actions du
Roy , pour la Poësie , pour
belles Porcelaines , dont il n'y
en a point du tout. On y voit
,
292
هک
Suite du Voyage
mée , & pour Mercure. Joř
gnez-y les ornemens necef
faires pour lier toutes ces choſes
avec leurs attributs , &
vous vous reprefenterez tout
ceque l'Art & la Nature peuvent
produire.
Celieu est embellyde cette
maniere pour repreſenter un
jour de Fête , où les Divinitez
du Parnaſſe ſont affemblées
pour recevoir le Roy à
fon retour de la Guerre. On
fuppoſe que tout a eſté peint
par des Genies qui paroiſſent
en l'air, ornant encore la voute
de feſtons , ainſi que tout
le reſte de ce ſuperbe lieu.
Sa
des Amb. de Siam.
293
Sa Majesté eſt placée dans le
milieu
د
, pour marquer que
c'eſt pour Elle que cette Fête
ſe fait. Toutes les Nations
qui paſſerent dans les Galeries
feintes habillées diverſement
& à la maniere de leur
Païs regardent toutes ces
merveilles felon leur caractere
, en allant voir le grand
Prince dont la reputation les
a charmées. Tout ce que je
viens de vous décrire eſt de
Monfieur leBrun , & l'Eſcalier
eft du deſſein de Mr Manſard.
Le ſurprenant amas de tant
de Marbres differens , de tant
de divers ornemens de Bron-
Bb
294 Suite du Voyage
parler
,
ze doré , de tant de Figures
peintes & d'ornemens de relief,
de tant de dorure & de
tant d'action diverſes repreſentées
par le Pinceau , furprit
tellement les Ambaſſadeurs
, que l'un d'eux dit
Qu'il valoitbeaucoup mieux se
taire que de parler , quand le
grand nombre des choses qu'on
avoit à dire empéchoit que l'on
ne pût exprimer tout ce qu'on
penſoit. Ils s'attacherent beaucoup
à regarder les Figures
des differentes Nations qui
ſont peintes dans cette Galerie.
grand Eſcalier de Verſailles ,
qui fait tant de bruit dans le
monde, & qui peut eſtre comparé
au plus bel Apartement
qu'il y ait fur la terre , fi toutefois
il s'en peut trouver un
auſſi riche.Cet Eſcalier a onze
toiſes de long fur cinq de large
, dans lesquelles largeurs
font compris les degrez d'en
bas , & celles des rampes.
On entre par trois Arca
des de face , dans un Veſti
bule de 39 pieds de large, fur
r3 de profondeur,dont le bas
eſt à compartiment de mar
bre ,& la Voûte d'ornemens,
Aa
286 Suite du Voyage
&trophées en Bas- relief do
ré.
On monte par trois degrez
, & trois arcades opposées
ſur le premier palier , large
de 55. pieds , & fur la profondeur
large de 18. Il eſt revétu
tout autour , comme le
bas , de compartimens de
marbre . En face de ces trois
Arcades , il y a un Eſcalier à
pans , d'onze degrez de marbre.
Le palier de deſſus eft
d'onze degrez en quarré.
-Dans la face & l'épaiffeur
du mur , eſt une niche ſurbaiflée
, & dedans un Baffin
de Marbre , foutenu de DauF
$ des Amb. de Siam. 287
phins de bronze. Deux Tritons
qui ſont deffus , ſupportent
une double coquille de
marbre , ornée d'un maſque
jettant de l'eau dans un panier
remply de coquilles. Ce
panier forme une nape qui
tombe dans le Baffinde marbre
, & qui ſe decharge par
un autre maſque , & par les
deux Dauphins , le tout de
bronze.
20.
Les rampes font de ro. pieds
de large , & chacune de
degrez de marbre ; les appuis
de meſme matiere , ſuportez
de balustres de bronze cize
lez & dorez au feu. Les deux
Aaij
288 Suite du Voyage
paliers font auſſi à compartimens
de marbre , & de 10
pieds de large . On paffe dans
les Appartemens par quatre
portes , richement ornées de
Sculpture , qui ſont ſur chacun
de ces paliers .
De deſſus les meſmes pa
liers on a élevé un Ordre
2
de d'Architecture Jonique
colomnes & pilaftres de marbre,
dont les bazes & les chapiteaux
ſont de bronze doré
au feu. Je pourrois vous parler
icy de quantité d'ornemens
de pareille matiere, qui
accompagnent un Bufſte du
Roy , fait de marbre blanc ,
A
h
des Amb. de Siam. 289
: & de ceux qui font face à un
endroit fi enrichy.
Les quatre maſſifs à coſté
de quatre portes des Appartemens
, font remplis entre
les pilaftres de feintes Tapifferies
à fond d'or , pleines
d'ornemens & de Figures.
Dans les quatre milieux il y
a pluſieurs Tableaux qui repreſentent
toutes les Conqueſtes
du Roy. Dans les places
entre ces maffifs & celles
des milieux , on a feint deux
Galeries de chaque coſté , du
meſme Ordre Jonique , & fur
le meſme plan , des paliers
dans lesquels font reprefen
Aa iij
290
Suite du Voyage
tées des Perſonnes de pluſieurs
Nations , comme fi elles paffoient
dans ces Galeries. Il y
a encore des Galeries au deffus
de la premiere corniche ,
&deux autres dans la longueur
des faces , ſupportées
par des Termes .
De grands poupes de
Vaiſſeaux font aux angles , &
fur l'extremité ; elles portent
4. Trophée d'Armes ſemblables
à celles des quatre Parties
du Monde. Ces Poupes font
foûtenuës de conſoles en arcboutant
, fortifiées de cornes
d'abondance & de coquilles
de Bronze. Aux côtez font
des Amb. de Siam. 191
des Captifs de Sculpture , &
au deſſous des Victoires .
Le Plafond eſt orné de
bas- reliefs octogones remplis
de Figures qui conviennent
au ſujet. De grands Rideaux
dont des termes tiennent les
cordons , tombent le long
des Attiques. On a encore
trouvé place dans cet Eſca
lier pour toutes les Muſes
pour la Peinture & pour la
Sculpture , pour des Captifs ,
pour les quatre Parties du
Monde avec leurs attributs ,
pour toutes les actions du
Roy , pour la Poësie , pour
belles Porcelaines , dont il n'y
en a point du tout. On y voit
,
292
هک
Suite du Voyage
mée , & pour Mercure. Joř
gnez-y les ornemens necef
faires pour lier toutes ces choſes
avec leurs attributs , &
vous vous reprefenterez tout
ceque l'Art & la Nature peuvent
produire.
Celieu est embellyde cette
maniere pour repreſenter un
jour de Fête , où les Divinitez
du Parnaſſe ſont affemblées
pour recevoir le Roy à
fon retour de la Guerre. On
fuppoſe que tout a eſté peint
par des Genies qui paroiſſent
en l'air, ornant encore la voute
de feſtons , ainſi que tout
le reſte de ce ſuperbe lieu.
Sa
des Amb. de Siam.
293
Sa Majesté eſt placée dans le
milieu
د
, pour marquer que
c'eſt pour Elle que cette Fête
ſe fait. Toutes les Nations
qui paſſerent dans les Galeries
feintes habillées diverſement
& à la maniere de leur
Païs regardent toutes ces
merveilles felon leur caractere
, en allant voir le grand
Prince dont la reputation les
a charmées. Tout ce que je
viens de vous décrire eſt de
Monfieur leBrun , & l'Eſcalier
eft du deſſein de Mr Manſard.
Le ſurprenant amas de tant
de Marbres differens , de tant
de divers ornemens de Bron-
Bb
294 Suite du Voyage
parler
,
ze doré , de tant de Figures
peintes & d'ornemens de relief,
de tant de dorure & de
tant d'action diverſes repreſentées
par le Pinceau , furprit
tellement les Ambaſſadeurs
, que l'un d'eux dit
Qu'il valoitbeaucoup mieux se
taire que de parler , quand le
grand nombre des choses qu'on
avoit à dire empéchoit que l'on
ne pût exprimer tout ce qu'on
penſoit. Ils s'attacherent beaucoup
à regarder les Figures
des differentes Nations qui
ſont peintes dans cette Galerie.
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Résumé : Grand Escalier, [titre d'après la table]
Le texte décrit l'Escalier de Versailles, célèbre pour sa richesse et sa grandeur. Cet escalier mesure onze toises de long et cinq de large, et est accessible par trois arcades menant à un vestibule orné de marbre et de bas-reliefs. Le premier palier, large de 55 pieds, est également revêtu de marbre et comporte trois arcades opposées. Un escalier à pans de onze degrés de marbre conduit à un second palier carré, orné d'une niche contenant un bassin de marbre soutenu par des dauphins et des tritons en bronze. Les rampes, larges de dix pieds, sont bordées de balustres en bronze doré. Les paliers et les portes sont richement décorés de sculptures et de tableaux représentant les conquêtes du roi. Des galeries feintes et des statues de diverses nations sont également présentes. Le plafond est orné de bas-reliefs et de figures, et des rideaux sont tenus par des termes. L'ensemble est conçu pour représenter un jour de fête où les divinités du Parnasse accueillent le roi de retour de la guerre. Les ambassadeurs de Siam, impressionnés par la profusion de marbres, de bronzes dorés, de figures peintes et de divers ornements, ont exprimé leur admiration et leur incapacité à décrire pleinement la splendeur de l'escalier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 146-151
Décoration du Temple de Minerve à l'Opera, [titre d'après la table]
Début :
On continue les représentations de l'Opera de Thesée, auquel celui de Telemaque, [...]
Mots clefs :
Décorations, Marbre, Temples, Pilastres, Architecture, Arcades
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Décoration du Temple de Minerve à l'Opera, [titre d'après la table]
On continue lesreprésentátfons de l'Ô«
pera de Thésée , auquel .elui de Telemacftte
, qu'on repete , succédera le mois
prochain ; mais à propos de Thésée , quel
ques personnes d'un go' t exquis, nous
^ntreproçhçde n'avoir rien dit de la helle
Décoration
JANVIER. T7îo; 147'
ra , représentant le Temple de Minerve.
Nous reconnotssons notre tort , & pour le
réparer , voici une Description que nous
allons tâcher de rendre digne de la curio
sité du Lecteur , & s'il se peut , de ré
pondre au mérite de l'Ouvrage. ,
Ce Temple est d'Ordre Ionique, trèsrichement
orné. Les Colonnes , Pilastres
& Contre- Pilastres font en Marbre canelés
; les ornemens en Bronze doré,
& les Hgures & bas Reliefs , en Marbre -
blanc.
Un grand Vestibule est formé par 4. -
Arcades fort exaucées , deux à droite , .
& deux à gauche , soutenues par 16. Co
lonnes <ouplées , qui forment un passage
considérable pour í'entrée & la sortie des
Acteurs;
Dans les espaces entre lés Areades.il y &
deux Colonnes isolées & Contre pilastres»
avec leurs Piédestaux & leurs Enublemens.
De grandes Consoles posent dtssus
& soutiennent des Travées foimant un
Plafond à compartiments , dans le goût
"Antique-, lequel par l'att de \x Perspec
tive trompe les yeux , car il parcît vrai
& de niveau aux Spectateurs , quoiqu'il
seit par la position des toiles , mis per
pendiculairement.:
íiMedtóflflOT"4* Vlctlbule, font
Décoration du premier Acte de cet Ope?
4í* MERCURE DE FRANCE,
v m
des Piédestaux rotods , porcant des Fi*-"
gures qui paroiflent re'ellemenc isolées , ôi
détachées du fond où elles sont peintes.
Au fond de ce Vestibule, est une grande
Arcade de 13. piés d'ouverture , fur ï6-,
de haut , portée par huit Colonnes, L es
Entrecolonnements font de 4. piés d'ou
verture, par où l'on découvre tout le Tem
ple, qui par l'opposition de ces Colonnes,
par la manière dont elles font traitées , &c
par le jour dont il est éclairé, qui est beau
coup plus; vague & brillant que celui du
Vestibule , devient entièrement majeí3-
tueux & éclatant j- eûtre les C olonnes il
y a deux Figures isolées.
Cette grande Arcade sert de principale
entrée au Temple , íequel parou réelle
ment aux yeux de figure ronde.
Tout autour de ['intérieur- du Temple,,
sont f. Arcades voûtées qui forment desbascôtez,
dont les Voûtes sont portées
par des Colonnes de la même proportioa
que celles du Vestibule , avec lesquelles
elles s'alignent & nc font qu'un Corps
à.' Architecture-^ ■ .,
Au-dessus de ces Arcades est une Ga
lerie ou PromcBoir , formé par 5. autres-
Arcad; s , dans les Pil.istres desquels il y .a
■des Colonne* adossées au mur, de même
qu'au premier Ordre. Au-defius de leux
EnrablciDiCat ,s'éiev* ,un,Dorne , orné, de
( Mosaïques,
JAN VI E R. i fi ô. f45
Mosaïques , formé par des formes Octbgones
avec des Rozettes au milieu , dan*
le gouc Antique. Ce second Ordre est
Corinthien.
Pendant la Scène , ce Promenoir se voit
réellement rempli d'un grand nombre de
personnes, qui font Spectateurs des Cé
rémonies qui se fonr dans le Temple. Or»
voit au milieu de ce Temple la Statue de
Minerve en ronde Bosse, aíîìse sur uh
Piédestaik *
Les connoiffeurs ont mis cette Décora^
eion au>deflus de celle du Palais de Ninus
du même Auteur , dans l'Opera de Pi4-
rame & Thisbé , dont nous avons donné
la Description en Octobre 171$'. La
Perspective semble avoir donné réelle*
ment à cette derniere une élévation ex
traordinaire , puisque malgré la petitesse
du lieu , & sans avoir dérangé aucune
machine, les Décorations font beaucoup
plus hsjjrcs- dans- k fond da Tkestr-e quefur
le devant , chose qu'on n'avoit pas en
core vû à l'Opera , & qui fait un effet
admirable ; car outre le Dome , on f
voit dans le fond , deux Ordres d'Archi
tecture , le tout ayant 52 . pics de haut
réels , qui paroisseno à la vue en avoir
plus de 60. au lieu que jusqu'à présent
aucune Décoration n'a eu que 1 8. piés d«
kaur au plus dans le fond.
fc'Ordmt
ï jô MÉRCÛRE DÉ FRAI^CÉ.
E' Ordre du Vestibule, qui est Ionique 'p
Maligne tout au pourtour à l'aplomb dvr
second Ordre du Temple , qui est Co
rinthien. On y voit réellement 78. Co
lonnes ou Pilastres ; les plus grandes
portent l'Entablement qui règne au pour
tour ; lès moindres , qui ne montent
qu'aux deux tiers des grandes , portent
les Voûtes &c les Arcades ; elles font paroître
le Temple d'une grandeur d'autant
plus étonnante ,. que tout le monde fçait-
. que le lieu est très-resserré.
Le-iìeur Servandoni , Auteur de cette
Décoration $í de toutes celles dont nour
avons parle' dans nos précédents Mercures,
à travaillé jusqu'ici avec succès à faire'
pàrokre vrayes toutes' les Décorations
qu'il a données ; mais comme l'Architec-'
ture est sen principal talent , & qu'il y'
donne toute son attention, il a composé
routes ses Décorations avec tant d'étude
& d'art ..qu'elle s Re_tíYenr. ia&touícs miíc&-
réellement à exécution , selon les diíposiv
rions les plus exaótes , & les règles les plusjustes
de l'Architecture.
Il a donné par ordre de la Cour', uti
Dessein pour l'Edifice qu'ort propose de1
bâtir aux Grands Augustins de Paris. Il
est Auteur des Dispositions , Décorations,-
Illuminations de la Fête & du Feu d'arti
fice fur la Rivière de- Seine, tiré le *4-. de*
o©-'
Janvier. i7?0.
ce mois , dont nous nemancjuerons pas de
parler.
pera de Thésée , auquel .elui de Telemacftte
, qu'on repete , succédera le mois
prochain ; mais à propos de Thésée , quel
ques personnes d'un go' t exquis, nous
^ntreproçhçde n'avoir rien dit de la helle
Décoration
JANVIER. T7îo; 147'
ra , représentant le Temple de Minerve.
Nous reconnotssons notre tort , & pour le
réparer , voici une Description que nous
allons tâcher de rendre digne de la curio
sité du Lecteur , & s'il se peut , de ré
pondre au mérite de l'Ouvrage. ,
Ce Temple est d'Ordre Ionique, trèsrichement
orné. Les Colonnes , Pilastres
& Contre- Pilastres font en Marbre canelés
; les ornemens en Bronze doré,
& les Hgures & bas Reliefs , en Marbre -
blanc.
Un grand Vestibule est formé par 4. -
Arcades fort exaucées , deux à droite , .
& deux à gauche , soutenues par 16. Co
lonnes <ouplées , qui forment un passage
considérable pour í'entrée & la sortie des
Acteurs;
Dans les espaces entre lés Areades.il y &
deux Colonnes isolées & Contre pilastres»
avec leurs Piédestaux & leurs Enublemens.
De grandes Consoles posent dtssus
& soutiennent des Travées foimant un
Plafond à compartiments , dans le goût
"Antique-, lequel par l'att de \x Perspec
tive trompe les yeux , car il parcît vrai
& de niveau aux Spectateurs , quoiqu'il
seit par la position des toiles , mis per
pendiculairement.:
íiMedtóflflOT"4* Vlctlbule, font
Décoration du premier Acte de cet Ope?
4í* MERCURE DE FRANCE,
v m
des Piédestaux rotods , porcant des Fi*-"
gures qui paroiflent re'ellemenc isolées , ôi
détachées du fond où elles sont peintes.
Au fond de ce Vestibule, est une grande
Arcade de 13. piés d'ouverture , fur ï6-,
de haut , portée par huit Colonnes, L es
Entrecolonnements font de 4. piés d'ou
verture, par où l'on découvre tout le Tem
ple, qui par l'opposition de ces Colonnes,
par la manière dont elles font traitées , &c
par le jour dont il est éclairé, qui est beau
coup plus; vague & brillant que celui du
Vestibule , devient entièrement majeí3-
tueux & éclatant j- eûtre les C olonnes il
y a deux Figures isolées.
Cette grande Arcade sert de principale
entrée au Temple , íequel parou réelle
ment aux yeux de figure ronde.
Tout autour de ['intérieur- du Temple,,
sont f. Arcades voûtées qui forment desbascôtez,
dont les Voûtes sont portées
par des Colonnes de la même proportioa
que celles du Vestibule , avec lesquelles
elles s'alignent & nc font qu'un Corps
à.' Architecture-^ ■ .,
Au-dessus de ces Arcades est une Ga
lerie ou PromcBoir , formé par 5. autres-
Arcad; s , dans les Pil.istres desquels il y .a
■des Colonne* adossées au mur, de même
qu'au premier Ordre. Au-defius de leux
EnrablciDiCat ,s'éiev* ,un,Dorne , orné, de
( Mosaïques,
JAN VI E R. i fi ô. f45
Mosaïques , formé par des formes Octbgones
avec des Rozettes au milieu , dan*
le gouc Antique. Ce second Ordre est
Corinthien.
Pendant la Scène , ce Promenoir se voit
réellement rempli d'un grand nombre de
personnes, qui font Spectateurs des Cé
rémonies qui se fonr dans le Temple. Or»
voit au milieu de ce Temple la Statue de
Minerve en ronde Bosse, aíîìse sur uh
Piédestaik *
Les connoiffeurs ont mis cette Décora^
eion au>deflus de celle du Palais de Ninus
du même Auteur , dans l'Opera de Pi4-
rame & Thisbé , dont nous avons donné
la Description en Octobre 171$'. La
Perspective semble avoir donné réelle*
ment à cette derniere une élévation ex
traordinaire , puisque malgré la petitesse
du lieu , & sans avoir dérangé aucune
machine, les Décorations font beaucoup
plus hsjjrcs- dans- k fond da Tkestr-e quefur
le devant , chose qu'on n'avoit pas en
core vû à l'Opera , & qui fait un effet
admirable ; car outre le Dome , on f
voit dans le fond , deux Ordres d'Archi
tecture , le tout ayant 52 . pics de haut
réels , qui paroisseno à la vue en avoir
plus de 60. au lieu que jusqu'à présent
aucune Décoration n'a eu que 1 8. piés d«
kaur au plus dans le fond.
fc'Ordmt
ï jô MÉRCÛRE DÉ FRAI^CÉ.
E' Ordre du Vestibule, qui est Ionique 'p
Maligne tout au pourtour à l'aplomb dvr
second Ordre du Temple , qui est Co
rinthien. On y voit réellement 78. Co
lonnes ou Pilastres ; les plus grandes
portent l'Entablement qui règne au pour
tour ; lès moindres , qui ne montent
qu'aux deux tiers des grandes , portent
les Voûtes &c les Arcades ; elles font paroître
le Temple d'une grandeur d'autant
plus étonnante ,. que tout le monde fçait-
. que le lieu est très-resserré.
Le-iìeur Servandoni , Auteur de cette
Décoration $í de toutes celles dont nour
avons parle' dans nos précédents Mercures,
à travaillé jusqu'ici avec succès à faire'
pàrokre vrayes toutes' les Décorations
qu'il a données ; mais comme l'Architec-'
ture est sen principal talent , & qu'il y'
donne toute son attention, il a composé
routes ses Décorations avec tant d'étude
& d'art ..qu'elle s Re_tíYenr. ia&touícs miíc&-
réellement à exécution , selon les diíposiv
rions les plus exaótes , & les règles les plusjustes
de l'Architecture.
Il a donné par ordre de la Cour', uti
Dessein pour l'Edifice qu'ort propose de1
bâtir aux Grands Augustins de Paris. Il
est Auteur des Dispositions , Décorations,-
Illuminations de la Fête & du Feu d'arti
fice fur la Rivière de- Seine, tiré le *4-. de*
o©-'
Janvier. i7?0.
ce mois , dont nous nemancjuerons pas de
parler.
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Résumé : Décoration du Temple de Minerve à l'Opera, [titre d'après la table]
Le texte traite des représentations de l'opéra 'Thésée', suivi par 'Telemach' le mois prochain. Il critique l'absence de description du Temple de Minerve dans l'opéra. Pour pallier cette lacune, une description détaillée du Temple est fournie. Le Temple, de style ionique, est richement orné avec des colonnes, pilastres et contre-pilastres en marbre cannelé, des ornements en bronze doré, et des figures et bas-reliefs en marbre blanc. Le vestibule est formé par quatre arcades soutenues par seize colonnes. La perspective offre une élévation extraordinaire, avec deux ordres d'architecture visibles dans le fond, totalisant 52 pieds de haut. L'ordre du vestibule est ionique, tandis que le second ordre du Temple est corinthien, comptant 78 colonnes ou pilastres. L'architecte Servandoni est félicité pour son talent en architecture et ses décorations précises. Il a également conçu les dispositions et décorations pour la fête et le feu d'artifice sur la Seine le 24 janvier 1770.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 155-157
FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Début :
L'Hôtel destiné pour cette Fête, étoit decoré de 25. Arcades, dont 5. remplissoient [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du Dauphin, Arcades, Lampions, Tables, Bal, Roi de Suède, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
f ESTE donnée k Stolkbolvt , par lé
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
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Résumé : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Le texte relate une fête organisée par le Comte de Castéja, ministre plénipotentiaire de France en Suède, en l'honneur de la naissance du Dauphin. La célébration se déroula dans un hôtel richement décoré d'arcades ornées de lampions et de fenêtres peintes en bleu semé de fleurs de lys. Les appartements étaient somptueusement meublés, avec des salles dédiées aux tables, aux buffets et aux jeux. La première journée de la fête, le 7 décembre, débuta par un dîner auquel étaient conviés des sénateurs, des ministres étrangers, des présidents de collèges et d'autres officiers. Le dîner, servi avec délicatesse et abondance, s'étendit de une heure après midi à six heures du soir. Des toasts furent portés au Roi, à la Reine, au Dauphin, ainsi qu'à des personnalités suédoises et étrangères. Le lendemain, 8 décembre, une seconde fête eut lieu, commençant à six heures du soir par un grand bal ouvert par le ministre d'Angleterre et la fille du Comte de Horn. Le Roi de Suède participa au bal, dansant avec la Reine du bal et la Comtesse de Castéja. Après son départ à neuf heures, des tables furent dressées pour les convives, renouvelées toutes les deux heures. Les tables furent occupées par des dames de la cour, des sénateurs, des ministres étrangers, des généraux et d'autres officiers. La fête se poursuivit toute la nuit, avec des fontaines de vin dans les arcades de l'hôtel. Cette célébration, sans précédent en Suède, rassembla un grand nombre de personnes sans désordre. Aucun feu d'artifice n'eut lieu en raison des risques d'incendie dans la ville de Stockholm, construite en bois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 2935-2941
L'Opera Phaéton, Décorations, [titre d'après la table]
Début :
Le 29. Decembre le Roi honora de sa présence l'Opera de Phaëton, qui fut [...]
Mots clefs :
Décorations, Colonnes, Arcades, Soleil, Lumière, Galerie, Vestibules, Phaëton, Opéra
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Opera Phaéton, Décorations, [titre d'après la table]
Le 29. Decembre le Roi honora de
fa préfence l'Opera de Phaeton , qui fut
executé dans fa plus grande perfection :
on danfa par extraordinaire à la fin dư
Divertiffement du quatriéme Acte le Pas
de Trois , dont on a déja parlé , exécuté
par les Srs Blondi , Dumoulin le jeune , &
la Dile Camargo . S. M. étoit placée dans
fa Loge, accompagnée des Ducs de Charoft
, de la Roche-Foucault & d'Harcourt;
les autres Loges du même côté étoient
occupées par les autres Seigneurs & Officiers
de fa Maiſon, H Nous
=
2936 MERCURE DE FRANCE
Nous avons affez parlé de cet Opera la
derniere fois qu'il fut remis au Théatre
au mois de Novembre 1721 , des paroles,
de la Muſique , du Ballet , des Habits &
des Décorations de ce tems- là , avec une
Deſcription particuliere de celle du Palais
du Soleil.
Dans cette repriſe les habits ſont très
magnifiques & très bien caracteriſés . Les
Balets,toujours compofés par le St Blondi,
font auffi ingénieux que variés.
Les principaux Danfeurs font les fieurs
Dumoulin , Dupré , Malterre & Laval ,
& la De Camargo en Egyptienne , termine
le Divertiffement du cinquième
Acte. Les principaux Rôles dans la Tragedie
de Lybie , de Theone & de Climene
font remplis par les Diles Antier , le
-Maure & Erremens ; ceux de Phaëton
d'Epaphus , de Protée & du Soleil fort
repréſentés par les fieurs Tribou , Chaſſe,
Dun & du Mas.
A l'égard des deux principales Décorations
dont nous avons à parler , celle
du fecond Acte repréfente une des Entrées
d'un Palais du Roy d'Egypte , d'ordre
Dorique. On y voit une grande Arcade
de chaque côté , aux côtez deſquelles
font deux Colonnes , dont l'entrecolonne
eft d'un Diametre & demi
felon l'ordre Dorique.
II. Vol. Après
DECEMBRE . 1730. 2937
Après les Arcades on voit un Veftibule
qui forme un quarré , fe reliant avec les
autres Colonnes . Ce Veftibule eft foutenu
par huit Colonnes , efpacées de 4
Diametres au milieu , & fur les côtez ,
d'un Diamétre & demi ; & fous le Veftibule
, de chaque côté , il y a deux autres
Arcades , comme les premieres , ayant
3 diametres de large , & 3 quarts de colonnes
& 8 diametres de haut.
Les Colonnes ont 2 pieds 3 pouces de
diametre ; elles pofent fur un Socle, font
canelées jufqu'au tiers , & font de marbre
d'Egypte , ainfi que la frife , les chapiteaux
, les bazes & les triglifles , faits en
confole , font de bronze , ainfi que le
refte des ornemens.
Ce Veftibule porte une grande Terraſſe
avec une Balustrade , qui fuppofe après
l'efcalier , conduire dans le reste du Palais
; & à travers le Veftibule , on voit
une continuation d'Arcades , portées
par des Colonnes qui ne fe voyent qu'obliquement.
L'habile Architecte fuppofe
par là y en avoir autant de l'autre côté
en fimetrie , & ce point de vûë qui eft
tres - pictorefque & tres- ingénieulement
imaginé , fait parfaitement l'effet qu'il
doit faire. L'air de grandeur & de noble
fimplicité de cette magnifique décoration
la font admirer par tous les Spectateurs
II. Vol.
inte-
Hij
2938 MERCURE DE FRANCE
intelligens. Elle eſt éclairée par une lumiere
douce qui donne le repos & le relief
convenable à toutes les parties. La
Perfpective & le Clair- obfcur y font employez
avec un art infini . On a remarqué,
Tans doute , que cette décoration fait un
parfait contraſte avec celle dont nous alfons
parler ; ce qui marque le génie &
l'habileté du fieur Servandoni , qui a fait
l'une & l'autre.
Le Palais du Soleil , au 4° Acte , eft tresélevé,
& ouvert en plufieurs endroits ; il
paroît à la vûë d'un vafte prodigieux par
la quantité des Colonnes & des Arcades
qui s'y trouvent , & qui fuppofent conduire
dans Pimmenfe étendue des nuages
qui paroiffent porter le Palais , & qui s'y
introduifent de toutes parts.
Le Thrône du Soleil eft placé au fond
d'une grande Galerie , ornée à droite &
à gauche d'une colonade d'ordre Compofite
, & entre les colonnes font de
grandes & magnifiques arcades .
Derriere le Thrône eft une Baluftrade
circulaire , à hauteur d'appui , au deffus
de laquelle ou voit plufieurs Divinitez
& grand nombre de Génies ; partie perfonnages
vivans , partie figures en relief,
imitant parfaitement le naturel.
Au delà de la Balustrade fe voyent
grandes Arcades , portées par des Co-
II.Vol
lonDECEMBRE
. 1730. 29 39
·
lonnes couplées , qui forment des ouvertures
pour
aller , par un plan de niveau
, derriere les colonnes de la Galerie,
& qui, font voir par la Perfpective un
magnifique Salon , formé par des Arcades
, foutenues par des Colonnes , de
même que la Galerie.
Vers le milieu de la Galerie , on commence
à monter au Thrône du Soleil ; on
y trouve une Baluftrade interrompuë au
milieu par trois marches , pour monter
fur un grand Palier , après lequel font
trois autres marches & un fecond Palier ,
par lequel on arrive par trois autres marches
circulaires au Thrône du Soleil. Ce
fecond Palier eft à niveau des bazes des
colonnes .
Toutes les colonnes font torfes , portées
par des piedeftaux compofez ; leurs chapiteaux
& entablemens font auffi compofez
pour placer les ornemens & les pierreries
dont ils font enrichis .
Le plafond de la Galerie eft en ceintre,
formé d'une colonne à l'autre , & enrichi
de feftons & autres ornemens . Entre
les travées font des ouvertures ovales
par où entrent les nuées , & aux bas côtez
du plafond , entre chaque colonne
il y a des médaillons , chacun reprefentant
quelque Attribut du Soleil .
>
Le Thrône eſt d'une forme prefque py.
II. Vol. Hij rami
2940 MERCURE DE FRANCE
ramidale & majeftueufe , il eft entouré
par derriere de rayons , formez avec du
tranfparent de gazes d'or , à travers lefquelles
on voit une lumiere fi vive & fi
brillante , que les yeux ont peine à en
foutenir l'éclat . Cette lumiere fort du
Thrône , & fe rependant de tous côtez ,
éclaire le Salon , la Galerie & tout le refte
de la Décoration , laquelle paroît fi chargée
d'or & de pierreries , de differentes
couleurs , comme Diamans , Rubis , Topafes
, Emeraudes , Perles , Lapis , &c.
qu'il eft impoffible d'imaginer quelque
chofe qui approche de fa richeſſe & de fa
fplendeur.
Ces Pierreries , qui font au nombre de
plus de 7000. & dont les plus petites
ont au moins un pouce & demi de diametre
, jettent à la lumiere un éclat & un
brillant prodigieux , tant par rapport à
leurs formes convexes , concaves & à facettes
, que par le grand poly & les cou
leurs tranfparentes qu'on leur a données.
Le public voit tous les jours avec beaucoup
de plaifir & de nouveaux applaudiffemens
, ce pompeux & refplandiffant
Spectacle , aujourd'hui le plus magnifique
de l'Europe ; le Roy qui a voulu
le voir, a témoigné publiquement en avoir
été tres fatisfait.
Le fieur Servandoni , Florentin , dont
II. Vol Dous
DECEMBRE. 1730. 2941
nous avons eu occaſion de parler tant de
fois , & dont nous avons donné des def
criptions des décorations qu'il a faites .
comme celle du Palais de Ninus , le Tem
ple de Minerve , les Champs élizées dans
Proferpine , la vafte Galerie dans Pyrrhus
la Calcade ou Torrent avec fluctuation ;
la chute du Nil , ou grande Cafcade ;
une Forêt , & c . & plufieurs autres Décorations
qui ont été generalement ap
plaudies & reconnues poffibles dans l'execation
réelle , felon les Regles de l'Architecture
. Il a fait auffi le Feu d'artifice
fur la Riviere,à l'occafion de la naiffance
de Monfeigneur le Dauphin ; les Plans &
Profils , pour bâtir l'Eglife des Grands
Auguftins ; pour un Arc de Triomphe à
la Porte de la Conference ; pour un nou
veau Théatre avec toutes fes dépendances
; le modele d'un Temple fait par
coupe de pierres , au nombre de plus de
fooo. toutes les parties le foutenant par
la coupe des pierres . Tous ces deffeins &
modeles qui lui ont été ordonnez par la
Cour , ont attiré chez lui grand nombre
de Seigneurs & de Curieux de diftinction,
qui l'ont honoré de leurs aplaudiffemens.
Il a fait encore au Château de Trenel
pour la Ducheffe d'Orleans plufieurs Ou
vrages que tous les Princes du Sang &
Seigneurs de la Cour ont vû avec une
finguliere fatisfaction .
fa préfence l'Opera de Phaeton , qui fut
executé dans fa plus grande perfection :
on danfa par extraordinaire à la fin dư
Divertiffement du quatriéme Acte le Pas
de Trois , dont on a déja parlé , exécuté
par les Srs Blondi , Dumoulin le jeune , &
la Dile Camargo . S. M. étoit placée dans
fa Loge, accompagnée des Ducs de Charoft
, de la Roche-Foucault & d'Harcourt;
les autres Loges du même côté étoient
occupées par les autres Seigneurs & Officiers
de fa Maiſon, H Nous
=
2936 MERCURE DE FRANCE
Nous avons affez parlé de cet Opera la
derniere fois qu'il fut remis au Théatre
au mois de Novembre 1721 , des paroles,
de la Muſique , du Ballet , des Habits &
des Décorations de ce tems- là , avec une
Deſcription particuliere de celle du Palais
du Soleil.
Dans cette repriſe les habits ſont très
magnifiques & très bien caracteriſés . Les
Balets,toujours compofés par le St Blondi,
font auffi ingénieux que variés.
Les principaux Danfeurs font les fieurs
Dumoulin , Dupré , Malterre & Laval ,
& la De Camargo en Egyptienne , termine
le Divertiffement du cinquième
Acte. Les principaux Rôles dans la Tragedie
de Lybie , de Theone & de Climene
font remplis par les Diles Antier , le
-Maure & Erremens ; ceux de Phaëton
d'Epaphus , de Protée & du Soleil fort
repréſentés par les fieurs Tribou , Chaſſe,
Dun & du Mas.
A l'égard des deux principales Décorations
dont nous avons à parler , celle
du fecond Acte repréfente une des Entrées
d'un Palais du Roy d'Egypte , d'ordre
Dorique. On y voit une grande Arcade
de chaque côté , aux côtez deſquelles
font deux Colonnes , dont l'entrecolonne
eft d'un Diametre & demi
felon l'ordre Dorique.
II. Vol. Après
DECEMBRE . 1730. 2937
Après les Arcades on voit un Veftibule
qui forme un quarré , fe reliant avec les
autres Colonnes . Ce Veftibule eft foutenu
par huit Colonnes , efpacées de 4
Diametres au milieu , & fur les côtez ,
d'un Diamétre & demi ; & fous le Veftibule
, de chaque côté , il y a deux autres
Arcades , comme les premieres , ayant
3 diametres de large , & 3 quarts de colonnes
& 8 diametres de haut.
Les Colonnes ont 2 pieds 3 pouces de
diametre ; elles pofent fur un Socle, font
canelées jufqu'au tiers , & font de marbre
d'Egypte , ainfi que la frife , les chapiteaux
, les bazes & les triglifles , faits en
confole , font de bronze , ainfi que le
refte des ornemens.
Ce Veftibule porte une grande Terraſſe
avec une Balustrade , qui fuppofe après
l'efcalier , conduire dans le reste du Palais
; & à travers le Veftibule , on voit
une continuation d'Arcades , portées
par des Colonnes qui ne fe voyent qu'obliquement.
L'habile Architecte fuppofe
par là y en avoir autant de l'autre côté
en fimetrie , & ce point de vûë qui eft
tres - pictorefque & tres- ingénieulement
imaginé , fait parfaitement l'effet qu'il
doit faire. L'air de grandeur & de noble
fimplicité de cette magnifique décoration
la font admirer par tous les Spectateurs
II. Vol.
inte-
Hij
2938 MERCURE DE FRANCE
intelligens. Elle eſt éclairée par une lumiere
douce qui donne le repos & le relief
convenable à toutes les parties. La
Perfpective & le Clair- obfcur y font employez
avec un art infini . On a remarqué,
Tans doute , que cette décoration fait un
parfait contraſte avec celle dont nous alfons
parler ; ce qui marque le génie &
l'habileté du fieur Servandoni , qui a fait
l'une & l'autre.
Le Palais du Soleil , au 4° Acte , eft tresélevé,
& ouvert en plufieurs endroits ; il
paroît à la vûë d'un vafte prodigieux par
la quantité des Colonnes & des Arcades
qui s'y trouvent , & qui fuppofent conduire
dans Pimmenfe étendue des nuages
qui paroiffent porter le Palais , & qui s'y
introduifent de toutes parts.
Le Thrône du Soleil eft placé au fond
d'une grande Galerie , ornée à droite &
à gauche d'une colonade d'ordre Compofite
, & entre les colonnes font de
grandes & magnifiques arcades .
Derriere le Thrône eft une Baluftrade
circulaire , à hauteur d'appui , au deffus
de laquelle ou voit plufieurs Divinitez
& grand nombre de Génies ; partie perfonnages
vivans , partie figures en relief,
imitant parfaitement le naturel.
Au delà de la Balustrade fe voyent
grandes Arcades , portées par des Co-
II.Vol
lonDECEMBRE
. 1730. 29 39
·
lonnes couplées , qui forment des ouvertures
pour
aller , par un plan de niveau
, derriere les colonnes de la Galerie,
& qui, font voir par la Perfpective un
magnifique Salon , formé par des Arcades
, foutenues par des Colonnes , de
même que la Galerie.
Vers le milieu de la Galerie , on commence
à monter au Thrône du Soleil ; on
y trouve une Baluftrade interrompuë au
milieu par trois marches , pour monter
fur un grand Palier , après lequel font
trois autres marches & un fecond Palier ,
par lequel on arrive par trois autres marches
circulaires au Thrône du Soleil. Ce
fecond Palier eft à niveau des bazes des
colonnes .
Toutes les colonnes font torfes , portées
par des piedeftaux compofez ; leurs chapiteaux
& entablemens font auffi compofez
pour placer les ornemens & les pierreries
dont ils font enrichis .
Le plafond de la Galerie eft en ceintre,
formé d'une colonne à l'autre , & enrichi
de feftons & autres ornemens . Entre
les travées font des ouvertures ovales
par où entrent les nuées , & aux bas côtez
du plafond , entre chaque colonne
il y a des médaillons , chacun reprefentant
quelque Attribut du Soleil .
>
Le Thrône eſt d'une forme prefque py.
II. Vol. Hij rami
2940 MERCURE DE FRANCE
ramidale & majeftueufe , il eft entouré
par derriere de rayons , formez avec du
tranfparent de gazes d'or , à travers lefquelles
on voit une lumiere fi vive & fi
brillante , que les yeux ont peine à en
foutenir l'éclat . Cette lumiere fort du
Thrône , & fe rependant de tous côtez ,
éclaire le Salon , la Galerie & tout le refte
de la Décoration , laquelle paroît fi chargée
d'or & de pierreries , de differentes
couleurs , comme Diamans , Rubis , Topafes
, Emeraudes , Perles , Lapis , &c.
qu'il eft impoffible d'imaginer quelque
chofe qui approche de fa richeſſe & de fa
fplendeur.
Ces Pierreries , qui font au nombre de
plus de 7000. & dont les plus petites
ont au moins un pouce & demi de diametre
, jettent à la lumiere un éclat & un
brillant prodigieux , tant par rapport à
leurs formes convexes , concaves & à facettes
, que par le grand poly & les cou
leurs tranfparentes qu'on leur a données.
Le public voit tous les jours avec beaucoup
de plaifir & de nouveaux applaudiffemens
, ce pompeux & refplandiffant
Spectacle , aujourd'hui le plus magnifique
de l'Europe ; le Roy qui a voulu
le voir, a témoigné publiquement en avoir
été tres fatisfait.
Le fieur Servandoni , Florentin , dont
II. Vol Dous
DECEMBRE. 1730. 2941
nous avons eu occaſion de parler tant de
fois , & dont nous avons donné des def
criptions des décorations qu'il a faites .
comme celle du Palais de Ninus , le Tem
ple de Minerve , les Champs élizées dans
Proferpine , la vafte Galerie dans Pyrrhus
la Calcade ou Torrent avec fluctuation ;
la chute du Nil , ou grande Cafcade ;
une Forêt , & c . & plufieurs autres Décorations
qui ont été generalement ap
plaudies & reconnues poffibles dans l'execation
réelle , felon les Regles de l'Architecture
. Il a fait auffi le Feu d'artifice
fur la Riviere,à l'occafion de la naiffance
de Monfeigneur le Dauphin ; les Plans &
Profils , pour bâtir l'Eglife des Grands
Auguftins ; pour un Arc de Triomphe à
la Porte de la Conference ; pour un nou
veau Théatre avec toutes fes dépendances
; le modele d'un Temple fait par
coupe de pierres , au nombre de plus de
fooo. toutes les parties le foutenant par
la coupe des pierres . Tous ces deffeins &
modeles qui lui ont été ordonnez par la
Cour , ont attiré chez lui grand nombre
de Seigneurs & de Curieux de diftinction,
qui l'ont honoré de leurs aplaudiffemens.
Il a fait encore au Château de Trenel
pour la Ducheffe d'Orleans plufieurs Ou
vrages que tous les Princes du Sang &
Seigneurs de la Cour ont vû avec une
finguliere fatisfaction .
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Résumé : L'Opera Phaéton, Décorations, [titre d'après la table]
Le 29 décembre, le roi assista à la représentation de l'opéra 'Phaéton', exécuté avec une grande perfection. À la fin du quatrième acte, un 'Pas de Trois' fut dansé par Blondi, Dumoulin le jeune et la dame Camargo. Le roi était accompagné des ducs de Charost, de la Roche-Foucault et d'Harcourt, tandis que les autres loges étaient occupées par divers seigneurs et officiers de la maison royale. L'opéra 'Phaéton' avait déjà été repris en novembre 1721, avec des descriptions détaillées des paroles, de la musique, du ballet, des habits et des décorations. Les habits étaient magnifiques et bien caractérisés. Les ballets, composés par Blondi, étaient ingénieux et variés. Les principaux danseurs incluaient Dumoulin, Dupré, Malterre, Laval et la dame Camargo, qui dansait le rôle d'une Égyptienne. Dans la tragédie de 'Lybie', les rôles principaux étaient interprétés par les dames Antier, le Maure et Erremens, et les sieurs Tribou, Chasse, Dun et du Mas. Les décorations étaient particulièrement remarquables. Le second acte représentait une entrée d'un palais du roi d'Égypte d'ordre dorique, avec des arcades et des colonnes en marbre d'Égypte, éclairées par une lumière douce. Le palais du Soleil, au quatrième acte, était très élevé et ouvert, avec de nombreuses colonnes et arcades. Le trône du Soleil, placé au fond d'une grande galerie, était entouré de colonnes composites et d'arcades magnifiques. La galerie menait à un salon formé par des arcades et des colonnes, avec un plafond en voûte enrichi de festons et d'ornements. Le trône avait une forme pyramidale et majestueuse, entouré de rayons transparents diffusant une lumière vive. La décoration était riche en or et en pierreries, au nombre de plus de 7000, jetant un éclat prodigieux. Le public applaudit ce spectacle magnifique, et le roi témoigna publiquement sa satisfaction. L'architecte Servandoni, Florentin, était reconnu pour ses nombreuses décorations applaudies et ses réalisations architecturales, telles que le feu d'artifice pour la naissance du Dauphin, les plans pour l'église des Grands Augustins, et divers ouvrages au château de Trianon pour la duchesse d'Orléans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2310-2329
Fête donnée à l'occasion du Mariage de M. le Président Molé, [titre d'après la table]
Début :
La nuit du 21 au 22 Septembre dernier, Mathieu François Molé, Chevalier, [...]
Mots clefs :
Mathieu-François Molé, Bonne-Félicité Bernard, Maison de Molé, Samuel Bernard, Justice, Salon, Arcades, Arcade, Marbre, Balance, Yeux, Armes, Bas-reliefs, Chevalier, Couronne, Attributs de la justice, Panneaux, Bassin, Colonne, Devise
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texteReconnaissance textuelle : Fête donnée à l'occasion du Mariage de M. le Président Molé, [titre d'après la table]
La nuit du 21 au 22 Septembre dernier
, Mathieu François Molé, Chevalier,
Seigneur de Champlatreux , Luzarches ,
&c. Conseiller du Roy en tous ses Conseils
, Président du Parlement, fils de feu
Jean- Baptiste Molé , Chevalier, &c. Président
du Parlement , et de Dame Marie-
Nicole le Gorlier de Drovilly , épousa
Bonne- Félicité Bernard , fille de Samuel
Bernard , Chevalier de l'un des Ordres
du Roy , Conseiller d'Etat , Comte de
Coubert, Marquis de Merry , &c. et de
Dame Pauline Félicité de S. Chamant ,
fille de feu François de S. Chamant, Marquis
de Merry , Seigneur de Mériel , de
Saucourt, de Montabois , &c.et de Dame
Bonne de Chastelus sa veuve .
La Maison de Molé est , comme tout
le monde sait , une des plus anciennes et
des plus illustres du Parlement. Elle a
fourni dans le dernier siècle plusieurs
Grands Hommes , dont la mémoire sera
toujours en vénération , et l'on n'oubliera
OCTOBR Ë. 1733. 231º
ra jamais le nom de Mathieu Molé , qui
fut successivement Procureur Général ,
Premier Président du Parlement et Garde
des Sceaux de France ; et qui dans l'exercice
de ces différentes Charges, donna des
témoignages éclatans de zéle et d'attachement
au bien public , et à la gloire de l'Etat
, particulierement durant les troubles
de Paris. Sa principale occupation pendant
qu'il étoit Procureur Général , fut
de réprimer les désordres de l'ancienne
discipline , causez par une suite de Guerres
civiles. C'étoit un homme de probité ,
actif , vigilant et consommé dans les affaires.
M. Molé qui donne lieu à cet artiticle
, est successivement le sixième Président
à Mortier de son nom et de sa Maison
, depuis Edouard Molé , pere de Mathieu
, qui se trouvant enfermé dans Paris
et contraint par ceux de la Ligue
d'exercer la Charge de Procureur Général
, fut obligé de l'accepter , pour satisfaire
le peuple et appaiser ses cris , et à
qui le Roi Henri IV. donna cette Charge
en 1602 , pour le récompenser des grands
services qu'il lui avoit rendus. La Généalogie
de la Maison de Molé , se trouve
dans le P. Anselme , derniere Edition ,
tome 6. page $ 70.
La nouvelle Fête que M. le Chevalier
I iiij
Ber2311
MERCURE DE FRANCE ་
Bernard donna à l'occasion de ce second
mariage , ne fut ni moins magnifique ni
moins brillante que celle qu'il donna le
16 du mois d'Août dernier , pour le mariage
de M. et de Mde la Marquise de
Mirepoix , dont nous avons parlé dans
le Mercure précédent.
Elle commença comme la premiere ,
par un Concert , composé des mêmes
Voix et Instrumens ; il n'y eut rien de
changé à l'ordre et au dessein de l'illumination;
sur quoi nous renvoyons à la description
que nous en avons déja faite.
On soupa sur les neuf heures dans une
nouvelle Sale , construite dans le même
Jardin , et dont la décoration tant intéricure
, qu'extérieure ne ressembloit en
rien à celle de la premiere . Le Chevalier
Servandoni , Peintre et Architecte du
Roy , à qui M. Bernard en avoit confié
l'entreprise , y donna une preuve écla
tante de son génie et de son goût singu
lier pour ces sortes d'Ouvrages .
Le Frontispice offroit aux yeux une Architecture
rustique en bossage , d'une
vetusté majestueuse et simple , representant
la façade d'un ancien Palais , au
milieu de laquelle étoit une grande Arcade
, formée par des pierres de taille
d'inégales grandeurs , et saillantes d'environ
OCTOBRE. 1733. 2313
viron quatre pouces. Les deux fenêtres
à côté de l'Arcade étoient dans le même
goût , et portoient chacune une corniche
et un fronton surmonté d'une étoile'
en saillie qui paroissoit détachée du mur.
Au-dessus de l'Arcade régnoit d'un bout
à l'autre de la façade une corniche soutenant
un fronton qui servoit de couronnement
, et dans le timpan duquel on
voyoit un Cartouche avec les Armes des
nouveaux Epoux, surmontées du Mortier
avec la Couronne et le Manteau Ducal
pour soûtien deux Cornes d'abondance
renversées.
La Décoration interieure representoit
un Salon des plus superbes , orné d'Arcades
, de Colonnes , de Figures allegoriques
, de Bas - reliefs , de Médaillons , de
Cartels et de Trophées. Tout y avoit un
rapport marqué au nom et à la dignité
de M. Molé et de ses illustres Ancêtres .
Les Attributs de la Justice y étoient pa
tout exposez d'une maniere variée et in
genieuse , ce qui a fait nommer ce beau
Lieu le Salon de Themis.
- Ce Salon qui formoit un quarré long
de 12 toises et demie de longueur sur
7toises et demie de largeur , et de 6 toises
et demie de hauteur , étoit en marbré
blanc veiné , et ouvert par 12 Arcades.
Ly de
2314 MERCURE DE FRANCE
de 19 pieds de haut sur 8 de large , dis
tribuées par trois , sur chacun des quatre
côrez . Les Ceintres , ou Archivotes.
de ces Arcades soûtenoient chacun deux
figures de Femme couchées , en marbre
blanc , plus grandes que le naturel , et
qui exprimoient differens Attributs de
la Justice . Elles étoient au nombre de 24.
réduites à douze , parce qu'elles étoient
chacune repetées deux fois. On voyoit la
premiere tenant entre les mains une Base
sur laquelle étoit representée une Ville
pour faire entendre que la Justice est le
vrai fondement de toutes les societez .
"
La deuxième tenoit un Gouvernail
pour marquer qu'il n'y a que la Justice
qui puisse maintenir les Villes et les
Etats dans la tranquillité et la sûreté.
La troisième , les yeux attachés sur un
Livre , tenoit un Equerre de la main
droite , pour signifier l'attention que
les Magistrats doivent donner à l'Etude
des Loix , et l'équité avec laquelle ils
doivent agir.
La quatriéme tenoit une Balance
symbole de l'éxactitude et de la précision
des Magistrats , en pesant les divers.
interêts des hommes , et décidant sur
leurs vies et sur leurs biens,
La cinquième tenoit un plomb sus
pendu
OCTOBR E. 1733. 2315
pendu au bout d'un cordon , pour donner
à connoître qu'un Juge ne peut pas
être en état de rendre la justice , qu'il
ne se soit bien instruit des causes , et
qu'il n'en ait approfondi toutes les circonstances.
La sixième , qui étoit nuë avec un
Soleil sur la tête , representoit la Verité
qui doit être découverte et éclairer la
Justice.
La septième , superbement vêtuë ,
portoit une Couronne et un Sceptre , et
avoit la main sur un Globe , par où on
a voulu faire entendre que la Justice est
sur la terre comme la dépositaire de la
puissance divine.
La huitième, tenoit sur ses genoux un
Enfant qu'elle allaitoit , pour exprimer
que la Justice doit prendre pour ceux
qui ont recours à elle , les tendres sentimens
d'une mere , et devenir en quelque
sorte la nourice des peuples.
La neuviéme tenoit une Bride , pour
montrer que la Justice met un frein à
Pinsolence des méchans , et les empêche
de nuire.
*
La dixième , qui portoit un Faisceau
avec la hache , signifioit que la Justice
est armée pour punir les coupables et
deffendre les innocens.-
I vj
La
2316 MERCURE DE FRANCE
La onzième se couvroit les yeux d'un
bandeau , pour faire connoître que la
Justice doit fermer les yeux à la faveur
et au crédit , pour ne les ouvrir que sur
les Loix et l'équité lui prescri
ce que
vent.
La douzième enfin paroissoit se boucher
une oreille d'une main , et montrer
l'autre ouverte , pour exprimer l'impartialité
de la Justice , qui doit tout
écouter sans se laisser prévenir,
Le pourtour du Salon étoit decoré de
24 colonnes en relief , en bréche violette
, d'ordre Ionique , de 18 pieds de
haut , y compris Bases et Chapiteaux ,
sur deux pieds de diametre. Elles portoient
leur entablement , et elles étoient
posées à côté des Arcades sur des piedestaux
de quatre pieds de hauteur, dont
les paneaux aussi en brèche violette , les
Bases et Chapiteaux dorés ; elies avoient
chacune , au tiers de la hauteur , un
bandeau richement orné , soûtenant une
tige dorée à cinq branches , garnies de
bougies. A la place du Fleuron des chapiteaux
, étoit une Etoile , qui est une
piéce des Armes de M. Bernard et de
M. Molé .
Dans les quatre Entre colonnes des
grands côtés , qui avoient 7 pieds de
large
OCTOBRE . 1733. 2317
large , d'une Arcade à l'autre , on voyoit .
huit Bas reliefs en Marbre blanc , entourés
de Festons en fleurs artificielles ,
dont quatre étoient sous les Impos.es , et
quatre au-dessus.
1
2
·
Les quatre Bas reliefs sous les Impostes
, avoient chacun huit pieds de
haut sur 4 de large , representant les
principaux Attributs de la Justice , er
étoient couronnés chacun par un Cartel
ovale , dont les ornemens étoient dorés ,
et sur le fond , peint en émeraude , on'
lisoit des Inscriptions ou Devises latines:
relatives aux sujets exprimés dans les Basreliefs
.
Dans le premier on voyoit la Justice
sous la figure d'une Femme assise sur une
base quarrée , une Balance en équilibre.
à la main , la tête et le visage voilés , et
portant une Couronne par dessus son
voile. A ses pieds étoient , d'un côté un
Barbare , tenant une chaîne d'une main ,
et un poignard de l'autre , et paroissant
vouloir lui faire violence , et de l'autrecôté
une femme en action soumise , qui
pour la fléchir , lui offroit un vase plein
d'or , sur lequel la Justice posoit dédaigneusement
le pied , pour signifier que
la seule équité doit dicter ses jugemens ,
et qu'elle ne doit ni se laisser ébranler
par
2318 MERCURE DE FRANCE
par les menaces ,
ni se laisser corrompre
par les promesses : On lisoit dans le
Cartel , au- dessus de ce Bas- relief. Fatta
aquato examine pendit.
Dans le 2 Bas relief , la Justice sous.
la figure d'une Femme aîlée , paroissoit
descendre avec rapidité , la Foudre à la
main , pour terrasser un Cyclope que
l'on voyoit renversé à ses pieds , par où
on a voulu marquer qu'il appartient à la
Justice de punir les coupables , et d'être
la vangeresse des violentes oppressions ,
ce qui étoit exprimé dans le Cartel par
la devise : Quatit sontes accinctaflagello.
Le Sujet du 3 Bas - relief étoit un Roi
assis sur un Trône , la Couronne antique
sur la tête , et le Sceptre à la main , en
action de prononcer un jugement. A sa
gauche la Justice ayant devant elle une
Balance posée sur la base du Trône
sembloit le soûtenir. De l'autre côté
Minerve avec un Casque , la Lance et le
Bouclier , exprimoit d'une maniere sensible
que la Justice et la Sagesse sont les
plus fermes appuis des Rois. La Devise
au- dessus n'avoit rapport qu'à la Justice :
Regem foliumque tuetur.
Enfin on voyoit dans le 4 Bas- relief
la Justice avec un Diadême , assise sur
un Trône et entourée de personnes
>
de
OCTOBRE . 1733. 2359
de differens âges , dont les habillemens
dénotoient l'état malheureux , et qui
sembloient applaudir et marquer leur
joye. Elle tenoit la Balance d'une main ,
et montroit de l'autre une Corne d'abondance
, pour faite entendre que la Justiçe
est la ressource la plus assûrée des
pauvres , des veuves et des orphelins
et que c'est d'elle que dépend le bonheur
et la felicité des peuples ; c'est pourquoi
on lisoit au- dessus de ce Bas - relief :
Misero tutamen in arctis.
>
Les quatre Bas- reliefs au-dessus des
Impostes , et ayant chacun 4 pieds de
haut sur 4 de large , representoient des
Enfans badinans avec les Attributs de la
Justice. Dans le premier , des enfans délioient
un Faisceau , et en rompoient les
baguettes pour en faire des fléches , ausquelles
l'Amour attachoit lui- même les
pointes.
Dans le second un de ces Amours ayant
enlevé un bassin de la Balance , et y ayant
attaché un coeur au milieu , le tenoit
élevé pour servir de but aux autres qui
s'éxerçoient à y tirer leurs féches.
Dans le troisième , l'Amour assis surun
Globe , couronné de lauriers , tenoit
son Arc d'une main , et une Balance de
Pautre ; des enfans venoient mettre à ses
pieds
2320 MERCURE DE FRANCE
pieds les Symboles de toutes les conditions
, Couronnes , Casques , Faisceaux ,
& c. l'Amour sembloit en triompher t
leur donner la loi.
Le quatriéme offroit aux yeux des Enfans
qui avoient mis dans un des bassins
de la Balance un Globe , une Couronne ,
une Epée , des Livres , des richesses , & c .
et dans l'autre un coeur percé d'une fléche.
L'Amour ayant touché l'équilibre
de la balance , le bassin où étoit ce coeur
l'emportoit sur tout le reste.
- Dans les Entre - colonnes des angles qui
Pavoient que 4 pieds de largeur , il y
avoit au dessus des impostes , quatre Médaillons
ovales en Marbre blanc , repres
sentant d'après l'Antique , les têtes des
quatre Législateurs , Numa , Minos ,
Solon et Saleucus . Et à Paplomb de ces
Médaillons , au- dessous , on voyoit quatre
Trophées en Bas - reliefs , aussi en
Marbre blanc , composés des Attributs
de la Justice , de l'Amour et de la Victoire.
Les paneaux où étoient ces Médaillons
et ces Trophées , étoient entourés
, ainsi que les autres Bas- reliefs , de
Guirlandes de fleurs artificielles . Tous
ces Bas -reliefs et toutes les Figures en
camayeu , dont nous venons de donner
Pexplication , étoient de la main du sicut
André
OCTOBRE. 1733. 2327
André , Peintre Curlandois , ils ont fait
Fadhiration des Connoisseurs les plus
difficiles , et du meilleur goût , qui en
ent trouvé la composition sage et noble ,
le dessein aussi élégant que correct , er
le clair obscur si bien entendu que toutes
ces Figures ont parû de relief , et
nous ne croyons pas que depuis Polidore
de Caravage , Disciple de Raphaël ,
on ait rien vû de mieux en ce genre.
Les douze Arcades dont le Salon étoit
percé , à l'exception de celle de la principale
d'entrée , et de celle du fond ,
avoient chacune deux portieres , ou rideaux
de Satin verd , garnis de galons
et de franges d'or , et relevés en pavillons
par des cordons et des glands avec
beaucoup de goût. Celle du fond , visà
vis l'entrée , étoit en niche , peinte en
Marbre précieux , ayant 14 pieds de
haut sur 6 de large , le fond revêtu de
congellations en or. La Base de cette
Niche étoit un pied de Fontaine à pans ,
du même Marbre , orné de Festons et
de Consoles dorées de 4 pieds de haut
sur 9 de large , 7 d'enfoncement , et plus
de trois pieds de saillie. La surface de
cette Fontaine formoit un bassin revêtu
de plomb , de huit pouces de profondeur.
Da
222 MERCURE DE FRANCE
Du milieu de ce bassin s'élevoit une
tige ou pied droit , portant deux Coupes
, ou Coquilles dorées , d'inegale
grandeur la plus petite étoit la plus
élevée de celle ci sortoit uue grosse gerbe
d'eau vive , qui retombant en nappe
dans l'autre coquille , et de- là dans le
Bassin , formoit une cascade très - abondante
, et dont la vuë fit d'autant plus
de plaisir , qu'on devoit moins s'atten
dre à la trouver dans ce Salon.
Le pied qui soutenoit la premiere Coquille
étoit revêtu de trois mufles dorés ,
jettant de l'eau dans le Bassin , du milieu
duquel s'élevoient encore sept Jets d'eau ,
dont l'inégale hauteur formoit une figure
pyramidale. Celui du milieu s'élançoir
jusques dans la coquille d'en haut , et les
six autres retomboient inégalement dans
celle de dessous.
Au-dessus de la Gerbe , étoit suspendue
une Ancre d'argent , jettant de l'eau
par les deux pointes , et cette Ancre
étoit surmontée d'une Etoile lumineuse
de cristal , qui jettoit aussi de l'eau de
tous les côtez , ensorte qu'elle paroissoit
être au milieu d'un Soleil d'eau , ce qui
figuroit avec beaucoup d'artifice le blazon
des Armes de M. Bernard.
Le ceintre de la Niche étoit couvert
d'une
OCTOBRE . 1733. 2323
d'une Banderole peinte en émeraude , sur
laquelle on lisoit cette Devise : In patriam
populumque fluxit.
Sous les deux Arcades à côté de là
Niche étoient deux Buffets pour la distribution
du Vin , des Liqueurs , & c.
et au-dessus deux Tribunes avec des
Balustrades dorées à hauteur d'appui.
Les quatre Arcades aux extrêmitez des
grands côtez étoient entierement ouvertes.
A la premiere , à droite , aboutissoit
la Galerie couverte , qui communiquoit
de plein pied aux Appartemens du rezde
chaussée . Elle étoit tapissée de Damas
cramoisi , galonné d'or au dessus d'un
lambri à paneaux , et oruée de Trumeaux,
de Glaces , et de Girandoles . On avoit
pratiqué derriete les deux grands côtez
du Salon , des Galeries de sept pieds de
largeur , lambrissées , et richement tapissées
, qui communiquoient d'une Arcade
à l'autre , et l'on voyoit au fond de
chacune de ces Arcades des Tables de
Marbre , des Glaces , des Lustres ,
Torcheres et des Girandoles ce qui
trompoit agréablement les yeux , et faisoit
croire que ces Arcades formoient les
entrées d'autant d'Appartemens differens.
›
des
L'Arcade du milieu du grand côté , à
gauche
2324 MERCURE DE FRANCE
›
gauche , étoit fermé par un grand pa
neau de glaces , qui répétoient le Salon
dans toute son étenduë et celle qui
étoit vis à- vis à droite , étoit seulement
vitrée , pour donner passage au jour , et
laisser à un grand nombre de Spectateurs
la liberté de jouir du Spectacle du
Salon .
Les deux Arcades à côté de celle d'entrée
, embrassoient les deux- croisées vitrées
dont on a parlé en décrivant le
Frontispice,
Frontispice . Les fonds des Arcades ou
vertes ,des Tribunes et des Buffets étoient
meublés de Damas cramoisi , galonné
d'or.
en
La Frise qui régnoit tout autour du
Salon étoit ainsi que les Colonnes
bréche violette . Les ornemens de l'Architrave
et de la Corniche , selon l'ordre
Ionique , étoient en or. Au - dessus du
milieu des Arcades étoient différens
Cartouches d'Armes et Cartels de Devises
dorés en relief. Les Armes y étoient
blasonnées avec les émaux et couleurs propres,
et les devises étoient écrites dans les
carrels sur un fond vert. On voyoit les
armes des nouveaux Epoux répétées avec
tous leurs attributs et ornées de Guirlanlandes
de fleurs , en trois differens , endroits
; au dessus de l'Arcade de la Fontaine
,
OCTOBRE . 1733 2325
taine , et au dessus des Arcades du milieu
des deux grands côtez , celles de M. Bernard
étoient au dessus de l'Arcade d'entrée.
Dans le cartel posé sur l'Arcade à
gauche de la Fontaine , on lisoit cette devise
M. Molé : Hares virtutis avita.
pour
Sur l'Arcade voisine du grand côté ,
cellec- cy qui regardoit les deux époux :
trajecit utrumque sagitta.
Les deux qui étoient sur les mêmes Arcades
, de l'autre côté , convenoient à la
jeune Epouse : La premiere étoit : Magno
Patre nata puella est ; et la seconde : Quam
jocus Circumvolat et cupido.
La devise qui étoit sur l'Arcade à droi
te des Armes de M.Bernard , exprimée en
ces termes : Illum aget fama superstes , annonçoit
que ses grandes qualitez feroient
passer sa mémoire à la postérité ; et pour
marquer le noble usage qu'il fait de son
bien , on avoit mis au dessus de l'Arcade
de la Galerie des Appartemens : Beata
pleno copia cornu . Sur les mêmes Arcades,
du côté opposé , on lisoit ces deux devises
: Serus in coelum redeas , et Hic ames
dici pater, exprimoient les voeux de la famille
de M. Bernard , pour sa conservation
et la durée de ses jours .
Rien n'étoit plus brillant que le Plafond
de ce superbe Salon. Il avoit 25 .
pieds
2326 MERCURE DE FRANCE
pieds d'élevation et étoit composé de
plusieurs Travées en compartimens, alignées
d'une colonne à l'autre , et les
compartimens étoient formez par des Paneaux
quarrez et octogones , régulierement
assemblez , dont le milieu , les
moulures et les ornemens étoient en or.
Les Paneaux octogones avoient au centre
une grosse Etoile d'argent , et ils étoient
tous séparez les uns des autres , suivant
les lignes de leur direction aux colomdes
Guirlandes de fleurs peintes
par
au naturel, et par de grosses Roses dorées
en relief , qui couvroient les angles des
Paneaux , ce qui produisoit aux yeux un
effet aussi riche que varić ; ce Plafond,
aussi bien que l'Architecture de la façade
, avoit été peint par le sieur Pietre ,
Vénitien , très - habile en ce genre . C'est
le sieur Chouasse , qui a fait tous les
Ouvrages de Sculpture.
nes ,
Dans le milieu du Salon étoit la même
Table en fer à cheval qui avoit servi
pour la premiere Nôce. L'Illumination
de ce Salon répondoit parfaitement à la
magnificence de la Décoration ; il étoit
éclairé de toutes parts par un grand nombre
de Lustres et de Girandoles , dont
il est aisé d'imaginer le brillant effet.
Les Conviez descendirent dans le Salon
;
OCTOBRE . 1733. 2327
ion , comme à la précédente Nôce , au
bruit des Timbales et Trompettes, L'Assemblée
ne fut ni moins nombreuse , ni
moins brillante ; les Ministres , les principaux
Seigneurs et Dames de la Cour y
assisterent. La magnificence du Chevalier
Bernard fut également admirée dans
l'abondance , la varieté et la délicatesse
des mets et des vins qui furent servis,
>
On avoit disposé dans trois endroits
differens du Salon , trois corps de Symphonie
, l'un de Violons , Haut- bois et
Flutes , l'autre de Trompettes ct Timbales
, et le dernier de Cors de - Chasse
lesquels se répondant alternativement les
uns aux autres pendant tout le souper
et se joignant au murmure des Eaux de la
Cascade , flaterent agréablement l'oreille.
Au premier Service les sieurs Charpen
tier et Danguy , habillez en Bergers , entrerent
dans le Fer- à- cheval , le premier
joüant de la Musette , et l'autre de la
Viele. La Dlle Salé , célebre Danseuse ,
très- galamment vétuë en Bergere , vint
se placer entre eux deux ; elle sembloit
exprimer son étonnement et leur demander
la cause d'une Fête si superbe . Les
deux Bergers la conduisirent auprès de
Ma nouvelle Epouse , à qui elle présenta
un magnifique Bouquet. Elle continua
de
2328 MERCURE DE FRANCE
guant
de former quelques . Pas de danse , feide
chercher encore une autre personne
, et s'arrêta vis- à - vis la place qu'oc◄
cupoit M. Bernard ; elle lui présenta un
autre Bouquet , après quoi elle se retira.
Elle revint au dessert , pendant lequel
elle dansa differentes Entrées dans la plus
grande perfiction et avec des applaudissemens
infinis.
On sortit de table à minuit pour se
rendre à S. Eustache , où les nouveaux
Epoux devoient être mariez. Il nous pa--
roît inutile de nous étendre sur l'Illumination
et la Décoration de l'Eglise . Tout
Paris en a été témoin , et d'ailleurs nous.
n'aurions rien à ajoûter à ce que nous en
avons dit dans le dernier Mercure.
..Ce fut encore M. le Curé de S. Eusta
che qui fit la célebration du Mariage
et pendant tout le temps qu'elle dura
on entendit le bruit des Timbales et des
Trompettes , mêlé avec l'harmonie de
l'Orgue.
Nous avions intention d'ajoûter à cette
Description quelques Estampes , pour
donner au Lecteur une idée de ce superbe
Salon de Thémis , comme nous l'avons
fait pour le Temple de Mars , mais let
peu de temps que nous avons eu pour
faire graver ces Morceaux dans la perfection
OCTOBRE . 1733. 2325
fection qu'ils auroient demandé , ne nous
a pas permis de donner cette satisfaction
au Public.
, Mathieu François Molé, Chevalier,
Seigneur de Champlatreux , Luzarches ,
&c. Conseiller du Roy en tous ses Conseils
, Président du Parlement, fils de feu
Jean- Baptiste Molé , Chevalier, &c. Président
du Parlement , et de Dame Marie-
Nicole le Gorlier de Drovilly , épousa
Bonne- Félicité Bernard , fille de Samuel
Bernard , Chevalier de l'un des Ordres
du Roy , Conseiller d'Etat , Comte de
Coubert, Marquis de Merry , &c. et de
Dame Pauline Félicité de S. Chamant ,
fille de feu François de S. Chamant, Marquis
de Merry , Seigneur de Mériel , de
Saucourt, de Montabois , &c.et de Dame
Bonne de Chastelus sa veuve .
La Maison de Molé est , comme tout
le monde sait , une des plus anciennes et
des plus illustres du Parlement. Elle a
fourni dans le dernier siècle plusieurs
Grands Hommes , dont la mémoire sera
toujours en vénération , et l'on n'oubliera
OCTOBR Ë. 1733. 231º
ra jamais le nom de Mathieu Molé , qui
fut successivement Procureur Général ,
Premier Président du Parlement et Garde
des Sceaux de France ; et qui dans l'exercice
de ces différentes Charges, donna des
témoignages éclatans de zéle et d'attachement
au bien public , et à la gloire de l'Etat
, particulierement durant les troubles
de Paris. Sa principale occupation pendant
qu'il étoit Procureur Général , fut
de réprimer les désordres de l'ancienne
discipline , causez par une suite de Guerres
civiles. C'étoit un homme de probité ,
actif , vigilant et consommé dans les affaires.
M. Molé qui donne lieu à cet artiticle
, est successivement le sixième Président
à Mortier de son nom et de sa Maison
, depuis Edouard Molé , pere de Mathieu
, qui se trouvant enfermé dans Paris
et contraint par ceux de la Ligue
d'exercer la Charge de Procureur Général
, fut obligé de l'accepter , pour satisfaire
le peuple et appaiser ses cris , et à
qui le Roi Henri IV. donna cette Charge
en 1602 , pour le récompenser des grands
services qu'il lui avoit rendus. La Généalogie
de la Maison de Molé , se trouve
dans le P. Anselme , derniere Edition ,
tome 6. page $ 70.
La nouvelle Fête que M. le Chevalier
I iiij
Ber2311
MERCURE DE FRANCE ་
Bernard donna à l'occasion de ce second
mariage , ne fut ni moins magnifique ni
moins brillante que celle qu'il donna le
16 du mois d'Août dernier , pour le mariage
de M. et de Mde la Marquise de
Mirepoix , dont nous avons parlé dans
le Mercure précédent.
Elle commença comme la premiere ,
par un Concert , composé des mêmes
Voix et Instrumens ; il n'y eut rien de
changé à l'ordre et au dessein de l'illumination;
sur quoi nous renvoyons à la description
que nous en avons déja faite.
On soupa sur les neuf heures dans une
nouvelle Sale , construite dans le même
Jardin , et dont la décoration tant intéricure
, qu'extérieure ne ressembloit en
rien à celle de la premiere . Le Chevalier
Servandoni , Peintre et Architecte du
Roy , à qui M. Bernard en avoit confié
l'entreprise , y donna une preuve écla
tante de son génie et de son goût singu
lier pour ces sortes d'Ouvrages .
Le Frontispice offroit aux yeux une Architecture
rustique en bossage , d'une
vetusté majestueuse et simple , representant
la façade d'un ancien Palais , au
milieu de laquelle étoit une grande Arcade
, formée par des pierres de taille
d'inégales grandeurs , et saillantes d'environ
OCTOBRE. 1733. 2313
viron quatre pouces. Les deux fenêtres
à côté de l'Arcade étoient dans le même
goût , et portoient chacune une corniche
et un fronton surmonté d'une étoile'
en saillie qui paroissoit détachée du mur.
Au-dessus de l'Arcade régnoit d'un bout
à l'autre de la façade une corniche soutenant
un fronton qui servoit de couronnement
, et dans le timpan duquel on
voyoit un Cartouche avec les Armes des
nouveaux Epoux, surmontées du Mortier
avec la Couronne et le Manteau Ducal
pour soûtien deux Cornes d'abondance
renversées.
La Décoration interieure representoit
un Salon des plus superbes , orné d'Arcades
, de Colonnes , de Figures allegoriques
, de Bas - reliefs , de Médaillons , de
Cartels et de Trophées. Tout y avoit un
rapport marqué au nom et à la dignité
de M. Molé et de ses illustres Ancêtres .
Les Attributs de la Justice y étoient pa
tout exposez d'une maniere variée et in
genieuse , ce qui a fait nommer ce beau
Lieu le Salon de Themis.
- Ce Salon qui formoit un quarré long
de 12 toises et demie de longueur sur
7toises et demie de largeur , et de 6 toises
et demie de hauteur , étoit en marbré
blanc veiné , et ouvert par 12 Arcades.
Ly de
2314 MERCURE DE FRANCE
de 19 pieds de haut sur 8 de large , dis
tribuées par trois , sur chacun des quatre
côrez . Les Ceintres , ou Archivotes.
de ces Arcades soûtenoient chacun deux
figures de Femme couchées , en marbre
blanc , plus grandes que le naturel , et
qui exprimoient differens Attributs de
la Justice . Elles étoient au nombre de 24.
réduites à douze , parce qu'elles étoient
chacune repetées deux fois. On voyoit la
premiere tenant entre les mains une Base
sur laquelle étoit representée une Ville
pour faire entendre que la Justice est le
vrai fondement de toutes les societez .
"
La deuxième tenoit un Gouvernail
pour marquer qu'il n'y a que la Justice
qui puisse maintenir les Villes et les
Etats dans la tranquillité et la sûreté.
La troisième , les yeux attachés sur un
Livre , tenoit un Equerre de la main
droite , pour signifier l'attention que
les Magistrats doivent donner à l'Etude
des Loix , et l'équité avec laquelle ils
doivent agir.
La quatriéme tenoit une Balance
symbole de l'éxactitude et de la précision
des Magistrats , en pesant les divers.
interêts des hommes , et décidant sur
leurs vies et sur leurs biens,
La cinquième tenoit un plomb sus
pendu
OCTOBR E. 1733. 2315
pendu au bout d'un cordon , pour donner
à connoître qu'un Juge ne peut pas
être en état de rendre la justice , qu'il
ne se soit bien instruit des causes , et
qu'il n'en ait approfondi toutes les circonstances.
La sixième , qui étoit nuë avec un
Soleil sur la tête , representoit la Verité
qui doit être découverte et éclairer la
Justice.
La septième , superbement vêtuë ,
portoit une Couronne et un Sceptre , et
avoit la main sur un Globe , par où on
a voulu faire entendre que la Justice est
sur la terre comme la dépositaire de la
puissance divine.
La huitième, tenoit sur ses genoux un
Enfant qu'elle allaitoit , pour exprimer
que la Justice doit prendre pour ceux
qui ont recours à elle , les tendres sentimens
d'une mere , et devenir en quelque
sorte la nourice des peuples.
La neuviéme tenoit une Bride , pour
montrer que la Justice met un frein à
Pinsolence des méchans , et les empêche
de nuire.
*
La dixième , qui portoit un Faisceau
avec la hache , signifioit que la Justice
est armée pour punir les coupables et
deffendre les innocens.-
I vj
La
2316 MERCURE DE FRANCE
La onzième se couvroit les yeux d'un
bandeau , pour faire connoître que la
Justice doit fermer les yeux à la faveur
et au crédit , pour ne les ouvrir que sur
les Loix et l'équité lui prescri
ce que
vent.
La douzième enfin paroissoit se boucher
une oreille d'une main , et montrer
l'autre ouverte , pour exprimer l'impartialité
de la Justice , qui doit tout
écouter sans se laisser prévenir,
Le pourtour du Salon étoit decoré de
24 colonnes en relief , en bréche violette
, d'ordre Ionique , de 18 pieds de
haut , y compris Bases et Chapiteaux ,
sur deux pieds de diametre. Elles portoient
leur entablement , et elles étoient
posées à côté des Arcades sur des piedestaux
de quatre pieds de hauteur, dont
les paneaux aussi en brèche violette , les
Bases et Chapiteaux dorés ; elies avoient
chacune , au tiers de la hauteur , un
bandeau richement orné , soûtenant une
tige dorée à cinq branches , garnies de
bougies. A la place du Fleuron des chapiteaux
, étoit une Etoile , qui est une
piéce des Armes de M. Bernard et de
M. Molé .
Dans les quatre Entre colonnes des
grands côtés , qui avoient 7 pieds de
large
OCTOBRE . 1733. 2317
large , d'une Arcade à l'autre , on voyoit .
huit Bas reliefs en Marbre blanc , entourés
de Festons en fleurs artificielles ,
dont quatre étoient sous les Impos.es , et
quatre au-dessus.
1
2
·
Les quatre Bas reliefs sous les Impostes
, avoient chacun huit pieds de
haut sur 4 de large , representant les
principaux Attributs de la Justice , er
étoient couronnés chacun par un Cartel
ovale , dont les ornemens étoient dorés ,
et sur le fond , peint en émeraude , on'
lisoit des Inscriptions ou Devises latines:
relatives aux sujets exprimés dans les Basreliefs
.
Dans le premier on voyoit la Justice
sous la figure d'une Femme assise sur une
base quarrée , une Balance en équilibre.
à la main , la tête et le visage voilés , et
portant une Couronne par dessus son
voile. A ses pieds étoient , d'un côté un
Barbare , tenant une chaîne d'une main ,
et un poignard de l'autre , et paroissant
vouloir lui faire violence , et de l'autrecôté
une femme en action soumise , qui
pour la fléchir , lui offroit un vase plein
d'or , sur lequel la Justice posoit dédaigneusement
le pied , pour signifier que
la seule équité doit dicter ses jugemens ,
et qu'elle ne doit ni se laisser ébranler
par
2318 MERCURE DE FRANCE
par les menaces ,
ni se laisser corrompre
par les promesses : On lisoit dans le
Cartel , au- dessus de ce Bas- relief. Fatta
aquato examine pendit.
Dans le 2 Bas relief , la Justice sous.
la figure d'une Femme aîlée , paroissoit
descendre avec rapidité , la Foudre à la
main , pour terrasser un Cyclope que
l'on voyoit renversé à ses pieds , par où
on a voulu marquer qu'il appartient à la
Justice de punir les coupables , et d'être
la vangeresse des violentes oppressions ,
ce qui étoit exprimé dans le Cartel par
la devise : Quatit sontes accinctaflagello.
Le Sujet du 3 Bas - relief étoit un Roi
assis sur un Trône , la Couronne antique
sur la tête , et le Sceptre à la main , en
action de prononcer un jugement. A sa
gauche la Justice ayant devant elle une
Balance posée sur la base du Trône
sembloit le soûtenir. De l'autre côté
Minerve avec un Casque , la Lance et le
Bouclier , exprimoit d'une maniere sensible
que la Justice et la Sagesse sont les
plus fermes appuis des Rois. La Devise
au- dessus n'avoit rapport qu'à la Justice :
Regem foliumque tuetur.
Enfin on voyoit dans le 4 Bas- relief
la Justice avec un Diadême , assise sur
un Trône et entourée de personnes
>
de
OCTOBRE . 1733. 2359
de differens âges , dont les habillemens
dénotoient l'état malheureux , et qui
sembloient applaudir et marquer leur
joye. Elle tenoit la Balance d'une main ,
et montroit de l'autre une Corne d'abondance
, pour faite entendre que la Justiçe
est la ressource la plus assûrée des
pauvres , des veuves et des orphelins
et que c'est d'elle que dépend le bonheur
et la felicité des peuples ; c'est pourquoi
on lisoit au- dessus de ce Bas - relief :
Misero tutamen in arctis.
>
Les quatre Bas- reliefs au-dessus des
Impostes , et ayant chacun 4 pieds de
haut sur 4 de large , representoient des
Enfans badinans avec les Attributs de la
Justice. Dans le premier , des enfans délioient
un Faisceau , et en rompoient les
baguettes pour en faire des fléches , ausquelles
l'Amour attachoit lui- même les
pointes.
Dans le second un de ces Amours ayant
enlevé un bassin de la Balance , et y ayant
attaché un coeur au milieu , le tenoit
élevé pour servir de but aux autres qui
s'éxerçoient à y tirer leurs féches.
Dans le troisième , l'Amour assis surun
Globe , couronné de lauriers , tenoit
son Arc d'une main , et une Balance de
Pautre ; des enfans venoient mettre à ses
pieds
2320 MERCURE DE FRANCE
pieds les Symboles de toutes les conditions
, Couronnes , Casques , Faisceaux ,
& c. l'Amour sembloit en triompher t
leur donner la loi.
Le quatriéme offroit aux yeux des Enfans
qui avoient mis dans un des bassins
de la Balance un Globe , une Couronne ,
une Epée , des Livres , des richesses , & c .
et dans l'autre un coeur percé d'une fléche.
L'Amour ayant touché l'équilibre
de la balance , le bassin où étoit ce coeur
l'emportoit sur tout le reste.
- Dans les Entre - colonnes des angles qui
Pavoient que 4 pieds de largeur , il y
avoit au dessus des impostes , quatre Médaillons
ovales en Marbre blanc , repres
sentant d'après l'Antique , les têtes des
quatre Législateurs , Numa , Minos ,
Solon et Saleucus . Et à Paplomb de ces
Médaillons , au- dessous , on voyoit quatre
Trophées en Bas - reliefs , aussi en
Marbre blanc , composés des Attributs
de la Justice , de l'Amour et de la Victoire.
Les paneaux où étoient ces Médaillons
et ces Trophées , étoient entourés
, ainsi que les autres Bas- reliefs , de
Guirlandes de fleurs artificielles . Tous
ces Bas -reliefs et toutes les Figures en
camayeu , dont nous venons de donner
Pexplication , étoient de la main du sicut
André
OCTOBRE. 1733. 2327
André , Peintre Curlandois , ils ont fait
Fadhiration des Connoisseurs les plus
difficiles , et du meilleur goût , qui en
ent trouvé la composition sage et noble ,
le dessein aussi élégant que correct , er
le clair obscur si bien entendu que toutes
ces Figures ont parû de relief , et
nous ne croyons pas que depuis Polidore
de Caravage , Disciple de Raphaël ,
on ait rien vû de mieux en ce genre.
Les douze Arcades dont le Salon étoit
percé , à l'exception de celle de la principale
d'entrée , et de celle du fond ,
avoient chacune deux portieres , ou rideaux
de Satin verd , garnis de galons
et de franges d'or , et relevés en pavillons
par des cordons et des glands avec
beaucoup de goût. Celle du fond , visà
vis l'entrée , étoit en niche , peinte en
Marbre précieux , ayant 14 pieds de
haut sur 6 de large , le fond revêtu de
congellations en or. La Base de cette
Niche étoit un pied de Fontaine à pans ,
du même Marbre , orné de Festons et
de Consoles dorées de 4 pieds de haut
sur 9 de large , 7 d'enfoncement , et plus
de trois pieds de saillie. La surface de
cette Fontaine formoit un bassin revêtu
de plomb , de huit pouces de profondeur.
Da
222 MERCURE DE FRANCE
Du milieu de ce bassin s'élevoit une
tige ou pied droit , portant deux Coupes
, ou Coquilles dorées , d'inegale
grandeur la plus petite étoit la plus
élevée de celle ci sortoit uue grosse gerbe
d'eau vive , qui retombant en nappe
dans l'autre coquille , et de- là dans le
Bassin , formoit une cascade très - abondante
, et dont la vuë fit d'autant plus
de plaisir , qu'on devoit moins s'atten
dre à la trouver dans ce Salon.
Le pied qui soutenoit la premiere Coquille
étoit revêtu de trois mufles dorés ,
jettant de l'eau dans le Bassin , du milieu
duquel s'élevoient encore sept Jets d'eau ,
dont l'inégale hauteur formoit une figure
pyramidale. Celui du milieu s'élançoir
jusques dans la coquille d'en haut , et les
six autres retomboient inégalement dans
celle de dessous.
Au-dessus de la Gerbe , étoit suspendue
une Ancre d'argent , jettant de l'eau
par les deux pointes , et cette Ancre
étoit surmontée d'une Etoile lumineuse
de cristal , qui jettoit aussi de l'eau de
tous les côtez , ensorte qu'elle paroissoit
être au milieu d'un Soleil d'eau , ce qui
figuroit avec beaucoup d'artifice le blazon
des Armes de M. Bernard.
Le ceintre de la Niche étoit couvert
d'une
OCTOBRE . 1733. 2323
d'une Banderole peinte en émeraude , sur
laquelle on lisoit cette Devise : In patriam
populumque fluxit.
Sous les deux Arcades à côté de là
Niche étoient deux Buffets pour la distribution
du Vin , des Liqueurs , & c.
et au-dessus deux Tribunes avec des
Balustrades dorées à hauteur d'appui.
Les quatre Arcades aux extrêmitez des
grands côtez étoient entierement ouvertes.
A la premiere , à droite , aboutissoit
la Galerie couverte , qui communiquoit
de plein pied aux Appartemens du rezde
chaussée . Elle étoit tapissée de Damas
cramoisi , galonné d'or au dessus d'un
lambri à paneaux , et oruée de Trumeaux,
de Glaces , et de Girandoles . On avoit
pratiqué derriete les deux grands côtez
du Salon , des Galeries de sept pieds de
largeur , lambrissées , et richement tapissées
, qui communiquoient d'une Arcade
à l'autre , et l'on voyoit au fond de
chacune de ces Arcades des Tables de
Marbre , des Glaces , des Lustres ,
Torcheres et des Girandoles ce qui
trompoit agréablement les yeux , et faisoit
croire que ces Arcades formoient les
entrées d'autant d'Appartemens differens.
›
des
L'Arcade du milieu du grand côté , à
gauche
2324 MERCURE DE FRANCE
›
gauche , étoit fermé par un grand pa
neau de glaces , qui répétoient le Salon
dans toute son étenduë et celle qui
étoit vis à- vis à droite , étoit seulement
vitrée , pour donner passage au jour , et
laisser à un grand nombre de Spectateurs
la liberté de jouir du Spectacle du
Salon .
Les deux Arcades à côté de celle d'entrée
, embrassoient les deux- croisées vitrées
dont on a parlé en décrivant le
Frontispice,
Frontispice . Les fonds des Arcades ou
vertes ,des Tribunes et des Buffets étoient
meublés de Damas cramoisi , galonné
d'or.
en
La Frise qui régnoit tout autour du
Salon étoit ainsi que les Colonnes
bréche violette . Les ornemens de l'Architrave
et de la Corniche , selon l'ordre
Ionique , étoient en or. Au - dessus du
milieu des Arcades étoient différens
Cartouches d'Armes et Cartels de Devises
dorés en relief. Les Armes y étoient
blasonnées avec les émaux et couleurs propres,
et les devises étoient écrites dans les
carrels sur un fond vert. On voyoit les
armes des nouveaux Epoux répétées avec
tous leurs attributs et ornées de Guirlanlandes
de fleurs , en trois differens , endroits
; au dessus de l'Arcade de la Fontaine
,
OCTOBRE . 1733 2325
taine , et au dessus des Arcades du milieu
des deux grands côtez , celles de M. Bernard
étoient au dessus de l'Arcade d'entrée.
Dans le cartel posé sur l'Arcade à
gauche de la Fontaine , on lisoit cette devise
M. Molé : Hares virtutis avita.
pour
Sur l'Arcade voisine du grand côté ,
cellec- cy qui regardoit les deux époux :
trajecit utrumque sagitta.
Les deux qui étoient sur les mêmes Arcades
, de l'autre côté , convenoient à la
jeune Epouse : La premiere étoit : Magno
Patre nata puella est ; et la seconde : Quam
jocus Circumvolat et cupido.
La devise qui étoit sur l'Arcade à droi
te des Armes de M.Bernard , exprimée en
ces termes : Illum aget fama superstes , annonçoit
que ses grandes qualitez feroient
passer sa mémoire à la postérité ; et pour
marquer le noble usage qu'il fait de son
bien , on avoit mis au dessus de l'Arcade
de la Galerie des Appartemens : Beata
pleno copia cornu . Sur les mêmes Arcades,
du côté opposé , on lisoit ces deux devises
: Serus in coelum redeas , et Hic ames
dici pater, exprimoient les voeux de la famille
de M. Bernard , pour sa conservation
et la durée de ses jours .
Rien n'étoit plus brillant que le Plafond
de ce superbe Salon. Il avoit 25 .
pieds
2326 MERCURE DE FRANCE
pieds d'élevation et étoit composé de
plusieurs Travées en compartimens, alignées
d'une colonne à l'autre , et les
compartimens étoient formez par des Paneaux
quarrez et octogones , régulierement
assemblez , dont le milieu , les
moulures et les ornemens étoient en or.
Les Paneaux octogones avoient au centre
une grosse Etoile d'argent , et ils étoient
tous séparez les uns des autres , suivant
les lignes de leur direction aux colomdes
Guirlandes de fleurs peintes
par
au naturel, et par de grosses Roses dorées
en relief , qui couvroient les angles des
Paneaux , ce qui produisoit aux yeux un
effet aussi riche que varić ; ce Plafond,
aussi bien que l'Architecture de la façade
, avoit été peint par le sieur Pietre ,
Vénitien , très - habile en ce genre . C'est
le sieur Chouasse , qui a fait tous les
Ouvrages de Sculpture.
nes ,
Dans le milieu du Salon étoit la même
Table en fer à cheval qui avoit servi
pour la premiere Nôce. L'Illumination
de ce Salon répondoit parfaitement à la
magnificence de la Décoration ; il étoit
éclairé de toutes parts par un grand nombre
de Lustres et de Girandoles , dont
il est aisé d'imaginer le brillant effet.
Les Conviez descendirent dans le Salon
;
OCTOBRE . 1733. 2327
ion , comme à la précédente Nôce , au
bruit des Timbales et Trompettes, L'Assemblée
ne fut ni moins nombreuse , ni
moins brillante ; les Ministres , les principaux
Seigneurs et Dames de la Cour y
assisterent. La magnificence du Chevalier
Bernard fut également admirée dans
l'abondance , la varieté et la délicatesse
des mets et des vins qui furent servis,
>
On avoit disposé dans trois endroits
differens du Salon , trois corps de Symphonie
, l'un de Violons , Haut- bois et
Flutes , l'autre de Trompettes ct Timbales
, et le dernier de Cors de - Chasse
lesquels se répondant alternativement les
uns aux autres pendant tout le souper
et se joignant au murmure des Eaux de la
Cascade , flaterent agréablement l'oreille.
Au premier Service les sieurs Charpen
tier et Danguy , habillez en Bergers , entrerent
dans le Fer- à- cheval , le premier
joüant de la Musette , et l'autre de la
Viele. La Dlle Salé , célebre Danseuse ,
très- galamment vétuë en Bergere , vint
se placer entre eux deux ; elle sembloit
exprimer son étonnement et leur demander
la cause d'une Fête si superbe . Les
deux Bergers la conduisirent auprès de
Ma nouvelle Epouse , à qui elle présenta
un magnifique Bouquet. Elle continua
de
2328 MERCURE DE FRANCE
guant
de former quelques . Pas de danse , feide
chercher encore une autre personne
, et s'arrêta vis- à - vis la place qu'oc◄
cupoit M. Bernard ; elle lui présenta un
autre Bouquet , après quoi elle se retira.
Elle revint au dessert , pendant lequel
elle dansa differentes Entrées dans la plus
grande perfiction et avec des applaudissemens
infinis.
On sortit de table à minuit pour se
rendre à S. Eustache , où les nouveaux
Epoux devoient être mariez. Il nous pa--
roît inutile de nous étendre sur l'Illumination
et la Décoration de l'Eglise . Tout
Paris en a été témoin , et d'ailleurs nous.
n'aurions rien à ajoûter à ce que nous en
avons dit dans le dernier Mercure.
..Ce fut encore M. le Curé de S. Eusta
che qui fit la célebration du Mariage
et pendant tout le temps qu'elle dura
on entendit le bruit des Timbales et des
Trompettes , mêlé avec l'harmonie de
l'Orgue.
Nous avions intention d'ajoûter à cette
Description quelques Estampes , pour
donner au Lecteur une idée de ce superbe
Salon de Thémis , comme nous l'avons
fait pour le Temple de Mars , mais let
peu de temps que nous avons eu pour
faire graver ces Morceaux dans la perfection
OCTOBRE . 1733. 2325
fection qu'ils auroient demandé , ne nous
a pas permis de donner cette satisfaction
au Public.
Fermer
Résumé : Fête donnée à l'occasion du Mariage de M. le Président Molé, [titre d'après la table]
Le 21 septembre 1733, Mathieu François Molé, Chevalier et Seigneur de Champlatreux et Luzarches, Conseiller du Roi et Président du Parlement, a épousé Bonne-Félicité Bernard. Cette dernière est la fille de Samuel Bernard, Chevalier et Conseiller d'État, et de Pauline Félicité de Saint Chamant. La famille Molé est l'une des plus anciennes et illustres du Parlement, ayant fourni plusieurs grands hommes au siècle précédent, notamment Mathieu Molé, Procureur Général, Premier Président du Parlement et Garde des Sceaux de France. Mathieu Molé, mentionné dans le texte, est le sixième Président à Mortier de sa famille. La fête organisée par le Chevalier Bernard à l'occasion de ce mariage a été aussi magnifique que celle célébrée le 16 août précédent pour le mariage de la Marquise de Mirepoix. Elle a commencé par un concert suivi d'un souper à neuf heures dans une nouvelle salle du jardin, décorée par le Chevalier Servandoni. La décoration extérieure représentait un ancien palais avec une arcade et des fenêtres ornées. La décoration intérieure, nommée le Salon de Thémis, était ornée de figures allégoriques et de bas-reliefs représentant les attributs de la justice. Le salon, de dimensions imposantes, était décoré de colonnes et de figures de femmes symbolisant divers aspects de la justice. Les bas-reliefs et médaillons étaient l'œuvre du peintre curlandois André. Le salon, considéré comme l'un des plus beaux depuis Polidore de Caravage, est percé de douze arcades, chacune ornée de rideaux de satin vert garnis d'or. L'arcade du fond, en forme de niche, est peinte en marbre précieux et ornée de congélations en or. Elle abrite une fontaine avec des coquilles dorées et des jets d'eau formant une cascade abondante. La niche est surmontée d'une ancre d'argent et d'une étoile lumineuse de cristal, symbolisant les armes de M. Bernard. Le salon est richement meublé avec des buffets pour la distribution de vin et de liqueurs, des tribunes avec des balustrades dorées, et des galeries lambrissées et tapissées. Les arcades sont décorées de damas cramoisi galonné d'or, et la frise ainsi que les colonnes sont en brèche violette. Les ornements de l'architrave et de la corniche sont en or, suivant l'ordre ionique. Des cartouches d'armes et des devises dorées en relief sont présents au-dessus des arcades. Le plafond, élevé de 25 pieds, est composé de travées en compartiments alignés d'une colonne à l'autre, ornés de guirlandes de fleurs et de roses dorées. La décoration a été réalisée par le sieur Pietre, et les sculptures par le sieur Chouasse. Une table en fer à cheval, utilisée lors d'une précédente noce, est placée au milieu du salon. L'illumination est assurée par de nombreux lustres et girandoles, et des corps de symphonie jouent pendant le souper. Après le souper, les convives se rendent à l'église Saint-Eustache pour la célébration du mariage, accompagnée de musique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 187-203
Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Début :
L'Opera que l'on représenta, est composé de trois Actes ; il est intitulé [...]
Mots clefs :
Opéra, Amour, Hymen, Dieux, Querelles, Humanité, Destin, Campagne, Mer, Nymphe, Conseils, Magnificence, Enchantements, Merveilles, Fête, Noblesse, Ministres étrangers, Comte, Dîner, Marquis, Cérémonie, Mariage, Escadrons, Église, Décorations, Cortège, Ornements, Argent, Or, Étoffes, Arcades, Nef, Lumières, Sanctuaire, Hallebardiers, Chevaux, Capitaine, Carosse, Anneaux, Salle, Repas, Plats, Palais, Union, Temple, Jardins, Colonnes, Pyramides, Beauté, Clémence, Fécondité, Douceur, Figures, Dignité, Intelligence, Fontaines, Illuminations, Feu d'artifice, Guirlandes, Fleurs, Bal, Archiduchesse, Officiers, Chevaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Suite de la Relation de tout ce qui s'eft
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
1 ་
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
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200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
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Résumé : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Le texte relate les festivités entourant le mariage des Altesses Royales, notamment Madame l'Archiduchesse à Parme. Les célébrations incluent la représentation de l'opéra 'Les Fêtes de l'Hymen', composé de trois actes indépendants précédés d'un prologue intitulé 'Le Triomphe de l'Amour'. Ce prologue met en scène une querelle entre les dieux et l'Amour, qui obtient leur pardon pour l'union de la vertu et de la beauté. Les trois actes de l'opéra sont 'Aris', 'Sapho' et 'Eglé', chacun racontant des histoires d'amour et d'interventions divines. Les festivités comprennent des réceptions et des dîners offerts par des nobles tels que le Prince de Liechtenstein et le Comte de Rochechouart, avec des représentations d'opéra et des danses. La cérémonie de mariage à la cathédrale est décrite avec une décoration somptueuse et une procession ordonnée. Les troupes et les gardes assurent la sécurité, et la cérémonie religieuse suit le rituel ordinaire avec quelques adaptations spécifiques. Après la cérémonie, les princes retournent au palais dans le même ordre qu'à l'arrivée. Les événements incluent également un feu d'artifice et une illumination dans le jardin du palais, représentant l'union de l'Amour et de l'Hymen, suivi d'un bal masqué au théâtre. Madame l'Archiduchesse ouvre le bal avec le Prince François. Le lendemain, le Prince de Liechtenstein prend congé selon les cérémonies protocolaires. Les festivités se poursuivent avec des audiences et des repas officiels. Le 11 octobre, divers corps de l'État rendent hommage à Madame l'Archiduchesse. Le 13 octobre, elle quitte pour Casalmaggiore, escortée par des troupes et des dignitaires, et arrive à midi. Elle prévoit de s'arrêter à Casalmaggiore et à Mantoue pour saluer les députés et la noblesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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