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1
p. 450-460
IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
Début :
MONSIEUR, Quoique l'objection que vos amis vous ont faite au sujet de mes dernieres Lettres [...]
Mots clefs :
Sels, Ville d'Eu, Santé, Maladies, Sang
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texteReconnaissance textuelle : IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
IV LETTRE de M. Capperon ,
ancien Doyen de S. Maxent , écrite de
la Ville d'Eu , le 25. Janvier 1730,
à M. Adam , M. fur les Sels contenus
dans l'Air, & fur la nouvelle Methode
pour
voir les mêmes Sels & pour juger
de leurs effets par rapport à la ſanté.
MONSI ONSIEUR ,
Quoique l'objection que vos amis yous
ont faite au fujet de mes dernieres Lettres
fur les Sels de l'Air , ne foit pas d'une
grande importance , je ne laifferai pas de
vous expofer une partie des Réponfes
qu'on peut y faire ; car il eft à propos
qu'une
MARS. 1730. 451
qu'une perfonne qui écrit fur quelque
matiere que ce foit , fe rende intelligible
à tout le monde ; d'ailleurs la matiere que
j'ai entrepris de traiter paroît affez intereffante
pour qu'on l'étudie foigneuſement
, & qu'on s'attache à en développer
toutes les confequences , principalement
en ce qui peut avoir quelque rapport
la fanté.
à
C'eſt donc dans cette vûë , Monfieur
que je vais m'expliquer fur la penfée que
quelques perfonnes ont eue en lifant ma
feconde Lettre , où je rapporte quelles
maladies certains Sels doivent naturellement
caufer, lorfqu'il s'en rencontre dans
PAir une trop grande quantité ; fçavoir ,
que tous ceux qui refpirent le même air devroient
generalement être attaquez des mê
mes maladies.
Il est vrai , comme je vous l'ai marqué,
que toutes les fois que l'Air fe trouve
chargé de certains Sels , plus que de coû
tume & que cela dure pendant quelque
elpace de temps , il y a plus de perfonnes
qui devroient être attaquées des maladies
que ces Sels peuvent caufer ; mais il ne
s'enfuit pas pour cela que generalement
tous ceux qui fe trouvent environnez de
cet air & qui le refpirent , doivent néceffairement
en reffentir les mauvais cffers.
Non , Monfieur , plufieurs perfonnes
Bij peuvent
452 MERCURE DE FRANCE .
peuvent bien n'être pas fufceptibles de
ces tâcheufes impreffions , & cela pour
differentes raifons que je vais vous expofer.
La premiere confifte en ce que quetques-
uns d'entre ceux qui fe trouvent environnez
de ce mauvais air , ont les fibres
de la peau , des chairs , des vaiſſeaux , des
vifceres , en un mot , de tout le corps , plus
fermes & plus ferrées ; ce qui rendant
leurs pores plus étroits , & les Sels de l'Air
trouvant par ce moyen les paffages moins
libres , ils ne peuvent pas penetrer fi
promptement ni fi abondamment dans la
maffe de leur fang , pour pouvoir y caufer
un dérangement confiderable .
>
D'ailleurs comme dans les perfonnes
de cette conftitution les efprits font ordinairement
moins fubtils & plus groffiers
, ils en ont moins de facilité à être
dérangez dans leur mouvement par des
parties hétherogenes , tels que font les
Sels de l'Air lorfqu'ils viennent à fe mê
ler avec eux. C'est delà que les perfonnes
fortes & vigoureufes , foit qu'elles foient
nées telles , ou qu'elles ayent contracté
cette fermeté par de fréquens exercices
ou par des travaux long - temps continuez ,
qui leur ont refferré les fibres , comme
un Chapeau eft plus refferré & plus ferme
pour avoir été long - temps foulé , c'ekt
deMARS.
17301 453
delà , dis - je , que ces perfonnes font beau
coup moins fufceptibles de ces fortes d'im
preffions de l'Air , fur tout lorfqu'avec
cela elles n'ufent que de nourritures grof
fieres , parce que les Particules les plus
déliées de leur fang & leurs efprits pàrticipent
à cette groffereté.
Tout le contraire arrive aux perfonnes
naturellement délicates , & qui par fur
croît , ont fouvent encore été élevées délicatement
; car ordinairement ces perfonnes
ayant la peau plus fine , moins épaiffe ,
les chairs plus molaffes , les tuniques des
vaiffeaux plus lâches , la fubftance des Vil
ceres plus tendre , tous les pores plus ouverts
& les efprits plus fubtils & plus délicats
, il s'enfuit que les Sels de l'Air
doivent les pénetrer plus aifément , s'ins
troduire plus abondamminent dans la maffe
de leur fang , troubler plus violemment le
mouvement naturel de leurs efprits , &
caufer un plus grand defordre dans la jufte
oeconomie de leurs corps .
C'est à caufe de ce peu de fermeté des
fibres , & de ce qu'elles font peu ferrées
dans les enfans , qu'on les voit quelquefois
prefque sous attaquez d'une toux très
violente , pendant que les perfonnes âgées
en font exemptes . C'est encore parce que
ces fibres font trop lâches & les efprits
fubtils & délicats , que quelques perfon-
Biiij
nes
454 MERCURE DE FRANCE.
nes fe trouvent incommodées du ferain
& fe fentent differemment affectées , felon
les diverfes conftitutions de l'Air &
les changemens de temps , à quoi d'autres
ne font point expofées . Enfin c'eft ce qui
fait que quand il regne des maladies caufées
par l'abondance des Sels mêlez avec
les Souffres , plufieurs en font attaquez
plutôt que d'autres.
Cette difference , Monfieur , qu'on ob
ferve tous les jours à l'égard de ceux qui
vivent dans le même air , chargé des mêmes
Sels , où les uns s'en trouvent mal
pendant que les autres n'en reffentent aucun
mauvais effet , vient encore d'une autre
caufe fçavoir , de ce que fe rencontrant
dans le fang , dans les humeurs ,
dans les chairs , même dans les viſceres
des uns , une affez grande quantité de certains
Sels femblables à ceux qui dominent
dans l'Air , la même chofe ne fe renconrant
pas dans les autres , c'en eft affez
pour que ceux qui font ainſi diſpoſez ſe
trouvent très-mal de l'Air chargé de ces
Sels , & que les autres n'en reffentent aucune
incommodité , parce qu'il eſt évident
que ces Sels de l'Air le joignant à
ceux qui font déja dans leurs corps , faf
fent plus puiffamment reffentir leurs mauvais
effets ; comme lorfqu'il y a déja dans
quelques mets du Sel & des Epiceries , il
MARS. 1730. 455
yen faut beancoup moins jetter pour en
rendre le gout plus acre & plus piquant.
Voilà donc pourquoi , Monfieur , il arrive
encore que les Sels de l'Air font des
impreffions fur les uns , qu'ils ne font pas
fur les autres ; fçavoir , parce qu'ils trouvent
fouvent dans les uns une ébauche
fort avancée des mauvais effets qu'ils peuvent
produire , qu'ils ne rencontrent pas
dans les autres . C'eſt ainfi , comme vous
fçavez , que les corps de certains Enfans
étant remplis de Sels acres dès leur conception
, lefquels leur ont été tranſmis
les parens dont ils font nez , fetrouvent parlà
plus difpofez que d'autres à reffentir les
mouvais effets d'un Air qui contiendra
de ces mêmes Sels , & qui caufera en eux
des Coliques , des Convulfions , des Gales
, des Rougeoles , des petites Veroles ,
la Goute même dans un âge plus avancé.
par
C'est par le même principe que ceuxqui
prennent des alimens dans lefquels il
y a trop d'Acide , font plutôt attaquez de
Fievres intermittentes , de Flux , de Diffenteries
, & c. dans les temps & les faifons
où les Sels nitreux - acides , les Sels:
dominent le plus dans l'Air . C'eft
delà que les jeunes gens dont le fang eft:
plus bouillant & plus rempli de Sonfres
font plutôt attaquez deFievres peftilentiel .
les & contagieufes que les Vieillards , dans :
B.v le
456 MERCURE DE FRANCE .
·
le fang defquels l'Acide domine ; ce qui
fait qu'à leur égard l'Air nitreux de l'Automne
les fait tomber aifément dans des
Létargies , dans des Apoplexies & dans
d'autres maux provenant des mêmes Sels ,
qui les emportent fouvent . C'eſt delà
encore que ceux en qui les Sels ont cauſé
des maladies dont le fang & les chairs reftent
impreignées , retombent ailément
pour s'être expofez mal à propos à certain
Air rempli des mêmes Sels . C'eſt delà
que ceux qui font attaquez de Rhumatifmes
, caulez par une Lymphe remplie
de Sels acres , fentent augmenter leurs
douleurs, lorfque l'Air , contenant de femblables
Sels , vient à fe répandre dans les
lieux de leur demeure ; c'eft delà que les
Malades fe trouvent ordinairement plusmal
la nuit que le jour , parce que l'Air ſe
refferrant alors par le froid , les Sels nuifibles
qu'il contient & qui font fouvent
femblables à ceux qui ont caufé la maladie,
fe trouvant plus raffembléz autour du
malade , le pénetre en plus grande quantité
, pour le joindre à ceux qui font la
premiere caufe de fon mal . Enfin c'eſt ce
que dans les perfonnes d'une même famille
, certain Sel particulier dominant
dans leur fang , foit par la conftitution
des parens dont ils font nez , foit par des
alimens particuliers dont ils ont ufé plutor
MARS . 1730. 457
tôt que d'autres , s'il arrive qu'un Sel
Analogue à celui - là , vienne à dominer
dans l'Air en trop grande quantité , il eft
fur , dis- je , que ceux de cette famille en
reffentiront les mauvais effets plutôt que
d'autres ,comme on l'obferve tous les jours.
On ne doit pas être furpris , Monfieur,
que dans le même temps & dans le même
lieu les Sels de l'Air caufent quelquefois
des maladies forr differentes ; parce
que fouvent dans un même temps & dans
des lieux peu éloignez les uns des autres
certain Air peut s'y répandre chargé abondamment
de certains Sels nuifibles , pendant
qu'un autre Air , rempli d'autres Sels,
fera porté peu à peu dans le même lieu ou
dans un endroit qui en fera peu éloigné.
>
。
J'ai moi- même obfervé qu'à differens
temps d'un même jour l'Air fe trouvoit
quelquefois chargé de Sels fort differ.ents .
Il arrive affez fouvent qu'un broü llard
qui s'élevera à certaine heure dujour remplira
tout l'air d'un coup de certains Sels
nuifibles qui ne s'y trouvoient pas un moment
auparavant ; c'eft delà qu'on voit
tous les jours dans un Jardin Fruitier
des rangées d'Arbres , dont les feuilles ont
été tout à coup deffechées par un vent qui
a fouflé , rempli de Sels très - nuifibles ,
pendant qu'il n'a pas touché aux autres
Arbres du même Verger ; vous conjectu
Bvi Lez
•
458 MERCURE DE FRANCE :
rez bien que fi des perfonnes s'étoient
également trouvées enveloppées de ce
mauvais air , elles n'en auroient pas ref-.
fenti de trop bons effets . C'eſt par la mê ←
ane Lafon qu'on voit tous les jours des
Paroiffes , des Villages , des Villes & même
des Provinces , actaquées de certaines ma--
ladies dont les Lieux & les Pays voisins.
font exempts
.
La chaleur cauſe encore une diverfité
confiderable dans les mauvais effets des:
Sels de l'Air , c'est même ce qui en facilite
fouvent l'execution , parce que les
Pores du corps fe dilatant extrémement
par la chaleur , rien ne facilite mieux l'en--
trée de ces Sels dans la maffe du fang..
C'eft ce qui fait que les lieux expofez au
vent da Midi , font fouvent les plus mal
fains que dans les mois de l'année où le
Nitre et ordinairement plus abondant
Gant l'Air , on a obfervé qu'il eft dange :
reux de s'expofer à la chaleur du Soleil .
C'est par la même raifon que fi après s'être
échauffé , on vient à recevoir l'impreffion
d'un Air froid rempli de . Nitre , on
eft facilement attaqué où de Rhume , ou
de Pleurefie , ou de Fluxion de poitrine ;
ce Sel Nitreux , qui eſt entré abondamment
dans les Poulinons & la Poitrine par
la refpiration , y peut plus promptement
coaguler le fang & former une inflamma ,
tiona. Les
MARS. 1730 459
Les chofes ne font pas moins fàcheufes
files Pores fe trouvant trop ouverts par
la chaleur , les Soufres viennent particulierement
à s'introduire trop abondamment
dans le fang , conjointement avec
d'autres Sels : car c'eft justement d'où procedent
ce qu'on appelle Goups de Soleil ,
c'est ce qui rend les Fievres Peftilentielles
fi fréquentes dans les Pays chauds , &
qu'elles ne paroiffent ordinairement que
durant les chaleurs de l'Eté dans les Pays
temperez ; qu'elles ceffent ordinairement
lorfque le froid de l'Hyver approche ;
non pas entièrement , comme on fe l'imagine
quelquefois, dans la penſéé qu'on
a que le froid purifie l'Air ; car quoiqu'il
foit vrai que lorfque l'Air eft plus froid
il s'exhale moins de Soufres de la Terre ,,
neanmoins la principale caule de l'éloi
gnement des maladies vient de ce que les
Pores des corps fe refferrent pendant lè
froid , les Soufres & les Sels répandus ;
dans l'Air , n'ont plus la même facilité de:
s'introduire dans la maſſe du fång : D'ailleurs
les Soufres qui fortent dés Malades,.
rencontrant le froid de l'Air , perdent la
plus confiderable partie de leur tourbil
lonnement , ce qui leur ôte la facilité d'en
allumer d'autres & fait ceffer la Conta →
gion. Enfin on peut voir par là qu'on peut
plus ailément gagner une maladie conta
gicula
460 MERCURE DE FRANCE .
1
gieufe lorfqu'on s'approche des Malades
qui ont les Pores bien ouverts par la cha
leur , que lorfqu'ils font refferrez , par
froid.
le
Vous voyez , Monfieur , comment par
le moyen de mon Syfteme des Sels de
l'Air , fondé fur d'exactes Obſervations
on peut aller loin dans la connoiffance
des maladies. J'efpere qu'en fuivant la
foute que j'ai tracée , on pourra pour l'u
tilité publique , perfectionner ce que je
n'ai fait , pour ainfi dire , qu'ébaucher .
Je fuis , Monfieur , &c.
Cette derniere Lettre & celles qui ont
precedé, nous ont paru mériter l'attention
des Curieux , fur quoi nous ne fçaurions
trop marquer de gré aux deux Sçavans qui
nous les ont procurées. Nous ne pouvions,
au refte, les publier dans des circonftances
plus propres à bien faire connoître leur
mérite que le temps prefent , où les Rhumes
mortels & les Fluxions de poitrine ont
regné durant cet Hyver , ce qui juftifie
les Obfervations de l'Auteur fur l'Air
chargé de Nitre & d'autres Sels contagieux
, qui ont penetré d'autant plus facilement
les corps que les Pores étoient
moins refferrez lorſque le froid n'étoir
pas extreme.
ancien Doyen de S. Maxent , écrite de
la Ville d'Eu , le 25. Janvier 1730,
à M. Adam , M. fur les Sels contenus
dans l'Air, & fur la nouvelle Methode
pour
voir les mêmes Sels & pour juger
de leurs effets par rapport à la ſanté.
MONSI ONSIEUR ,
Quoique l'objection que vos amis yous
ont faite au fujet de mes dernieres Lettres
fur les Sels de l'Air , ne foit pas d'une
grande importance , je ne laifferai pas de
vous expofer une partie des Réponfes
qu'on peut y faire ; car il eft à propos
qu'une
MARS. 1730. 451
qu'une perfonne qui écrit fur quelque
matiere que ce foit , fe rende intelligible
à tout le monde ; d'ailleurs la matiere que
j'ai entrepris de traiter paroît affez intereffante
pour qu'on l'étudie foigneuſement
, & qu'on s'attache à en développer
toutes les confequences , principalement
en ce qui peut avoir quelque rapport
la fanté.
à
C'eſt donc dans cette vûë , Monfieur
que je vais m'expliquer fur la penfée que
quelques perfonnes ont eue en lifant ma
feconde Lettre , où je rapporte quelles
maladies certains Sels doivent naturellement
caufer, lorfqu'il s'en rencontre dans
PAir une trop grande quantité ; fçavoir ,
que tous ceux qui refpirent le même air devroient
generalement être attaquez des mê
mes maladies.
Il est vrai , comme je vous l'ai marqué,
que toutes les fois que l'Air fe trouve
chargé de certains Sels , plus que de coû
tume & que cela dure pendant quelque
elpace de temps , il y a plus de perfonnes
qui devroient être attaquées des maladies
que ces Sels peuvent caufer ; mais il ne
s'enfuit pas pour cela que generalement
tous ceux qui fe trouvent environnez de
cet air & qui le refpirent , doivent néceffairement
en reffentir les mauvais cffers.
Non , Monfieur , plufieurs perfonnes
Bij peuvent
452 MERCURE DE FRANCE .
peuvent bien n'être pas fufceptibles de
ces tâcheufes impreffions , & cela pour
differentes raifons que je vais vous expofer.
La premiere confifte en ce que quetques-
uns d'entre ceux qui fe trouvent environnez
de ce mauvais air , ont les fibres
de la peau , des chairs , des vaiſſeaux , des
vifceres , en un mot , de tout le corps , plus
fermes & plus ferrées ; ce qui rendant
leurs pores plus étroits , & les Sels de l'Air
trouvant par ce moyen les paffages moins
libres , ils ne peuvent pas penetrer fi
promptement ni fi abondamment dans la
maffe de leur fang , pour pouvoir y caufer
un dérangement confiderable .
>
D'ailleurs comme dans les perfonnes
de cette conftitution les efprits font ordinairement
moins fubtils & plus groffiers
, ils en ont moins de facilité à être
dérangez dans leur mouvement par des
parties hétherogenes , tels que font les
Sels de l'Air lorfqu'ils viennent à fe mê
ler avec eux. C'est delà que les perfonnes
fortes & vigoureufes , foit qu'elles foient
nées telles , ou qu'elles ayent contracté
cette fermeté par de fréquens exercices
ou par des travaux long - temps continuez ,
qui leur ont refferré les fibres , comme
un Chapeau eft plus refferré & plus ferme
pour avoir été long - temps foulé , c'ekt
deMARS.
17301 453
delà , dis - je , que ces perfonnes font beau
coup moins fufceptibles de ces fortes d'im
preffions de l'Air , fur tout lorfqu'avec
cela elles n'ufent que de nourritures grof
fieres , parce que les Particules les plus
déliées de leur fang & leurs efprits pàrticipent
à cette groffereté.
Tout le contraire arrive aux perfonnes
naturellement délicates , & qui par fur
croît , ont fouvent encore été élevées délicatement
; car ordinairement ces perfonnes
ayant la peau plus fine , moins épaiffe ,
les chairs plus molaffes , les tuniques des
vaiffeaux plus lâches , la fubftance des Vil
ceres plus tendre , tous les pores plus ouverts
& les efprits plus fubtils & plus délicats
, il s'enfuit que les Sels de l'Air
doivent les pénetrer plus aifément , s'ins
troduire plus abondamminent dans la maffe
de leur fang , troubler plus violemment le
mouvement naturel de leurs efprits , &
caufer un plus grand defordre dans la jufte
oeconomie de leurs corps .
C'est à caufe de ce peu de fermeté des
fibres , & de ce qu'elles font peu ferrées
dans les enfans , qu'on les voit quelquefois
prefque sous attaquez d'une toux très
violente , pendant que les perfonnes âgées
en font exemptes . C'est encore parce que
ces fibres font trop lâches & les efprits
fubtils & délicats , que quelques perfon-
Biiij
nes
454 MERCURE DE FRANCE.
nes fe trouvent incommodées du ferain
& fe fentent differemment affectées , felon
les diverfes conftitutions de l'Air &
les changemens de temps , à quoi d'autres
ne font point expofées . Enfin c'eft ce qui
fait que quand il regne des maladies caufées
par l'abondance des Sels mêlez avec
les Souffres , plufieurs en font attaquez
plutôt que d'autres.
Cette difference , Monfieur , qu'on ob
ferve tous les jours à l'égard de ceux qui
vivent dans le même air , chargé des mêmes
Sels , où les uns s'en trouvent mal
pendant que les autres n'en reffentent aucun
mauvais effet , vient encore d'une autre
caufe fçavoir , de ce que fe rencontrant
dans le fang , dans les humeurs ,
dans les chairs , même dans les viſceres
des uns , une affez grande quantité de certains
Sels femblables à ceux qui dominent
dans l'Air , la même chofe ne fe renconrant
pas dans les autres , c'en eft affez
pour que ceux qui font ainſi diſpoſez ſe
trouvent très-mal de l'Air chargé de ces
Sels , & que les autres n'en reffentent aucune
incommodité , parce qu'il eſt évident
que ces Sels de l'Air le joignant à
ceux qui font déja dans leurs corps , faf
fent plus puiffamment reffentir leurs mauvais
effets ; comme lorfqu'il y a déja dans
quelques mets du Sel & des Epiceries , il
MARS. 1730. 455
yen faut beancoup moins jetter pour en
rendre le gout plus acre & plus piquant.
Voilà donc pourquoi , Monfieur , il arrive
encore que les Sels de l'Air font des
impreffions fur les uns , qu'ils ne font pas
fur les autres ; fçavoir , parce qu'ils trouvent
fouvent dans les uns une ébauche
fort avancée des mauvais effets qu'ils peuvent
produire , qu'ils ne rencontrent pas
dans les autres . C'eſt ainfi , comme vous
fçavez , que les corps de certains Enfans
étant remplis de Sels acres dès leur conception
, lefquels leur ont été tranſmis
les parens dont ils font nez , fetrouvent parlà
plus difpofez que d'autres à reffentir les
mouvais effets d'un Air qui contiendra
de ces mêmes Sels , & qui caufera en eux
des Coliques , des Convulfions , des Gales
, des Rougeoles , des petites Veroles ,
la Goute même dans un âge plus avancé.
par
C'est par le même principe que ceuxqui
prennent des alimens dans lefquels il
y a trop d'Acide , font plutôt attaquez de
Fievres intermittentes , de Flux , de Diffenteries
, & c. dans les temps & les faifons
où les Sels nitreux - acides , les Sels:
dominent le plus dans l'Air . C'eft
delà que les jeunes gens dont le fang eft:
plus bouillant & plus rempli de Sonfres
font plutôt attaquez deFievres peftilentiel .
les & contagieufes que les Vieillards , dans :
B.v le
456 MERCURE DE FRANCE .
·
le fang defquels l'Acide domine ; ce qui
fait qu'à leur égard l'Air nitreux de l'Automne
les fait tomber aifément dans des
Létargies , dans des Apoplexies & dans
d'autres maux provenant des mêmes Sels ,
qui les emportent fouvent . C'eſt delà
encore que ceux en qui les Sels ont cauſé
des maladies dont le fang & les chairs reftent
impreignées , retombent ailément
pour s'être expofez mal à propos à certain
Air rempli des mêmes Sels . C'eſt delà
que ceux qui font attaquez de Rhumatifmes
, caulez par une Lymphe remplie
de Sels acres , fentent augmenter leurs
douleurs, lorfque l'Air , contenant de femblables
Sels , vient à fe répandre dans les
lieux de leur demeure ; c'eft delà que les
Malades fe trouvent ordinairement plusmal
la nuit que le jour , parce que l'Air ſe
refferrant alors par le froid , les Sels nuifibles
qu'il contient & qui font fouvent
femblables à ceux qui ont caufé la maladie,
fe trouvant plus raffembléz autour du
malade , le pénetre en plus grande quantité
, pour le joindre à ceux qui font la
premiere caufe de fon mal . Enfin c'eſt ce
que dans les perfonnes d'une même famille
, certain Sel particulier dominant
dans leur fang , foit par la conftitution
des parens dont ils font nez , foit par des
alimens particuliers dont ils ont ufé plutor
MARS . 1730. 457
tôt que d'autres , s'il arrive qu'un Sel
Analogue à celui - là , vienne à dominer
dans l'Air en trop grande quantité , il eft
fur , dis- je , que ceux de cette famille en
reffentiront les mauvais effets plutôt que
d'autres ,comme on l'obferve tous les jours.
On ne doit pas être furpris , Monfieur,
que dans le même temps & dans le même
lieu les Sels de l'Air caufent quelquefois
des maladies forr differentes ; parce
que fouvent dans un même temps & dans
des lieux peu éloignez les uns des autres
certain Air peut s'y répandre chargé abondamment
de certains Sels nuifibles , pendant
qu'un autre Air , rempli d'autres Sels,
fera porté peu à peu dans le même lieu ou
dans un endroit qui en fera peu éloigné.
>
。
J'ai moi- même obfervé qu'à differens
temps d'un même jour l'Air fe trouvoit
quelquefois chargé de Sels fort differ.ents .
Il arrive affez fouvent qu'un broü llard
qui s'élevera à certaine heure dujour remplira
tout l'air d'un coup de certains Sels
nuifibles qui ne s'y trouvoient pas un moment
auparavant ; c'eft delà qu'on voit
tous les jours dans un Jardin Fruitier
des rangées d'Arbres , dont les feuilles ont
été tout à coup deffechées par un vent qui
a fouflé , rempli de Sels très - nuifibles ,
pendant qu'il n'a pas touché aux autres
Arbres du même Verger ; vous conjectu
Bvi Lez
•
458 MERCURE DE FRANCE :
rez bien que fi des perfonnes s'étoient
également trouvées enveloppées de ce
mauvais air , elles n'en auroient pas ref-.
fenti de trop bons effets . C'eſt par la mê ←
ane Lafon qu'on voit tous les jours des
Paroiffes , des Villages , des Villes & même
des Provinces , actaquées de certaines ma--
ladies dont les Lieux & les Pays voisins.
font exempts
.
La chaleur cauſe encore une diverfité
confiderable dans les mauvais effets des:
Sels de l'Air , c'est même ce qui en facilite
fouvent l'execution , parce que les
Pores du corps fe dilatant extrémement
par la chaleur , rien ne facilite mieux l'en--
trée de ces Sels dans la maffe du fang..
C'eft ce qui fait que les lieux expofez au
vent da Midi , font fouvent les plus mal
fains que dans les mois de l'année où le
Nitre et ordinairement plus abondant
Gant l'Air , on a obfervé qu'il eft dange :
reux de s'expofer à la chaleur du Soleil .
C'est par la même raifon que fi après s'être
échauffé , on vient à recevoir l'impreffion
d'un Air froid rempli de . Nitre , on
eft facilement attaqué où de Rhume , ou
de Pleurefie , ou de Fluxion de poitrine ;
ce Sel Nitreux , qui eſt entré abondamment
dans les Poulinons & la Poitrine par
la refpiration , y peut plus promptement
coaguler le fang & former une inflamma ,
tiona. Les
MARS. 1730 459
Les chofes ne font pas moins fàcheufes
files Pores fe trouvant trop ouverts par
la chaleur , les Soufres viennent particulierement
à s'introduire trop abondamment
dans le fang , conjointement avec
d'autres Sels : car c'eft justement d'où procedent
ce qu'on appelle Goups de Soleil ,
c'est ce qui rend les Fievres Peftilentielles
fi fréquentes dans les Pays chauds , &
qu'elles ne paroiffent ordinairement que
durant les chaleurs de l'Eté dans les Pays
temperez ; qu'elles ceffent ordinairement
lorfque le froid de l'Hyver approche ;
non pas entièrement , comme on fe l'imagine
quelquefois, dans la penſéé qu'on
a que le froid purifie l'Air ; car quoiqu'il
foit vrai que lorfque l'Air eft plus froid
il s'exhale moins de Soufres de la Terre ,,
neanmoins la principale caule de l'éloi
gnement des maladies vient de ce que les
Pores des corps fe refferrent pendant lè
froid , les Soufres & les Sels répandus ;
dans l'Air , n'ont plus la même facilité de:
s'introduire dans la maſſe du fång : D'ailleurs
les Soufres qui fortent dés Malades,.
rencontrant le froid de l'Air , perdent la
plus confiderable partie de leur tourbil
lonnement , ce qui leur ôte la facilité d'en
allumer d'autres & fait ceffer la Conta →
gion. Enfin on peut voir par là qu'on peut
plus ailément gagner une maladie conta
gicula
460 MERCURE DE FRANCE .
1
gieufe lorfqu'on s'approche des Malades
qui ont les Pores bien ouverts par la cha
leur , que lorfqu'ils font refferrez , par
froid.
le
Vous voyez , Monfieur , comment par
le moyen de mon Syfteme des Sels de
l'Air , fondé fur d'exactes Obſervations
on peut aller loin dans la connoiffance
des maladies. J'efpere qu'en fuivant la
foute que j'ai tracée , on pourra pour l'u
tilité publique , perfectionner ce que je
n'ai fait , pour ainfi dire , qu'ébaucher .
Je fuis , Monfieur , &c.
Cette derniere Lettre & celles qui ont
precedé, nous ont paru mériter l'attention
des Curieux , fur quoi nous ne fçaurions
trop marquer de gré aux deux Sçavans qui
nous les ont procurées. Nous ne pouvions,
au refte, les publier dans des circonftances
plus propres à bien faire connoître leur
mérite que le temps prefent , où les Rhumes
mortels & les Fluxions de poitrine ont
regné durant cet Hyver , ce qui juftifie
les Obfervations de l'Auteur fur l'Air
chargé de Nitre & d'autres Sels contagieux
, qui ont penetré d'autant plus facilement
les corps que les Pores étoient
moins refferrez lorſque le froid n'étoir
pas extreme.
Fermer
Résumé : IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
Dans une lettre datée du 25 janvier 1730, M. Capperon, ancien doyen de Saint-Maxent, répond à des objections concernant ses lettres précédentes sur les sels contenus dans l'air et leurs effets sur la santé. Il explique que l'air chargé de certains sels peut causer des maladies, mais que toutes les personnes exposées ne sont pas affectées de la même manière. Capperon distingue deux types de constitutions : les personnes fortes et vigoureuses, dont les fibres corporelles sont fermes et les pores étroits, sont moins susceptibles aux effets des sels de l'air. En revanche, les personnes délicates, avec des fibres lâches et des pores ouverts, sont plus vulnérables. Il cite des exemples comme les enfants, plus sujets aux maladies respiratoires, et les personnes âgées, plus exposées aux effets du froid. Capperon souligne également que la présence de sels similaires dans le corps peut amplifier les effets néfastes des sels de l'air. Par exemple, les personnes ayant déjà des sels acides dans leur sang sont plus susceptibles de contracter des fièvres ou des flux lors de l'exposition à des sels nitreux-acides dans l'air. Il observe que les variations de température et les conditions météorologiques influencent la pénétration des sels dans le corps. La chaleur dilate les pores, facilitant l'entrée des sels, tandis que le froid les referme, réduisant ainsi les effets des sels de l'air. Le texte discute également des conditions météorologiques et de leur impact sur la santé durant un hiver particulier. Il souligne que les rhumes et les fluxions de poitrine ont été prévalents, justifiant ainsi les observations de l'auteur sur la qualité de l'air. L'air était chargé de nitre et d'autres sels contagieux, ce qui a facilité leur pénétration dans les corps humains. Cette pénétration était plus aisée car les pores de la peau étaient moins refermés lorsque le froid n'était pas extrême. Capperon conclut en espérant que ses observations contribueront à une meilleure compréhension des maladies et à l'amélioration des méthodes de prévention et de traitement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1482-1494
LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, sur une Méthode facile qu'il a découverte, pour connoître les Sels, pour juger des effets qu'ils doivent produire, et pour examiner ceux qui se trouvent dans les terres, dans les eaux, dans les plantes, dans les humeurs et dans l'air, ce qui servira à connoître les qualitez de ces differentes choses.
Début :
MONSIEUR, Puisque vous souhaitez que je vous donne une parfaite connoissance des Observations [...]
Mots clefs :
Sels, Terre roide, Eaux , Plantes, Terre fine, Concrétion particulière, Cristalliser, Nitre, Vitriol, Sel d'Epsom
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, sur une Méthode facile qu'il a découverte, pour connoître les Sels, pour juger des effets qu'ils doivent produire, et pour examiner ceux qui se trouvent dans les terres, dans les eaux, dans les plantes, dans les humeurs et dans l'air, ce qui servira à connoître les qualitez de ces differentes choses.
LETTRE de M. Capperon , ancien
Doyen de S. Maxent , sur une Méthode
facile qu'il a découverte , pour connoître
les Sels , pour juger des effets qu'ils doi
vent produire , et pour examiner ceux qui
se trouvent dans les terres , dans les eaux,
dans les plantes , dans les humeurs et
dans l'air , ce qui servira à connoître
les qualitez de ces differentes choses.
MONSIEUR ,
Puisque vous souhaitez que je vous
donne une parfaite connoissance des Ob
servations que j'ai faites sur les Sels , dans
la vûe de faciliter le moyen de découvrir
par une voye plus simple que celles dont
II Vol on
JUIN.
1483 1731.
S
on s'est servi jusqu'à present , quelles peu
vent être les qualitez des differens mixtes
qu'on veut examiner ; je le ferai volon
tiers , n'ayant rien plus à coeur que de
vous satisfaire. Ce que j'ai dit cy- devant
sur les Sels de l'air dans les Lettres que
je vous ai adressées , ( a) ayant produit
d'aussi heureux effets , et pouvant en pro
curer beaucoup d'autres , je ne crois pas
devoir négliger de vous faire connoître
l'étenduë que j'ai donnée à ma découver
te , pour faire remarquer l'utilité qu'on
en peut tirer.
Je crois d'abord pouvoir avancer qu'il
n'y a pas de moyen plus sûr que ma Mé
thode pour bien connoître tous les Sels ,
et pour les distinguer
parfaitement les
uns des autres. C'est par cette même Mé
thode qu'il est le plus facile de connoî
tre comment sont formées les plus peti
tes parties
integrantes qui
composent ces
Sels ; d'où je conclus qu'il est très - aisé
ensuite de juger des effets qu'ils doivent
naturellement produire.
Pour vous persuader , Monsieur , de
ces trois propositions , permettez - moi de
vous marquer d'abord ce que j'entends
précisement par ce qu'on appelle Sel.
(a) Voyez les Mercures de Février, Mars et
Décembre 1729. et Mars 1730,
I I. Vol.
J'en
7484 MERCURE DE FRANCE
J'entends par Sel , une concrétion parti
culiere , faite d'une terre fine , roide et
cassante , qui se dissout dans l'eau et qui
après sa dissolution reprend toûjours la
même figure lorsqu'on n'y met point
d'obstacles. Telle est, ce me semble,la ve
ritable idée qu'on peut avoir de la nature
des Sels , reconnue par de solides Obser
vations , et non simplement suposée par
la seule imagination , telles que celles
qu'on a eües jusqu'à present.
C'est ce qu'il est facile de justifier par
ma Méthode ; car qu'on prenne tel Sel
qu'on voudra , qu'on en fasse dissoudre
dans l'eau une quantité convenable , et
qu'on le fasse ensuite cristaliser sur le ver
re, ainsi que je l'enseigne , l'on verra que
chaque Sel y réprendra toûjours la figure
qui lui est specifique ; par où il sera très
aisé de le distinguer des autres. Pour pro
fiter donc de cette découverte , et pour
éviter qu'on y soit trompé , il est à pro
pos de faire cristaliser de cette maniere
chaque Sel en particulier , et d'en tirer
ensuite le papier ; car cela étant fait une
fois , c'est le moyen de les reconnoître
toûjours et de les distinguer parfaitement
les uns des autres . On aura même là
une espece de clef pour les trouver et
les connoître par tout où ils sont.
par
II. Vol. C'est
JUIN. 1731. 1485
募
C'est ce dont je donne un échantillon
dans la Planche qui accompagne mes Let
tres , où j'ai représenté les Figures des
Sels les plus connus , ainsi que je les ai
vûs et dessinez moi- même ; tels que le
Sel marin , le Nitre , le Vitriol blanc et
le vert , l'Alun , le Sel Armoniac , le Bo
rax, le Sel d'Epsom ou d'Angleterre, l'Ar¬
senic , le Sublimé et le Sucre.
Il est aisé de voir par les figures de ces
Sels , représentez dans cette Planche , que
le Sel Marin se cristalise toûjours en cubes,
qui ont moins de hauteur que de largeur,
avec cette particularité , que la plupart
de ces cubes forment sur leur hauteur un
creux à quatre facetes , lesquelles se reü
nissant , donnent souvent lieu de croire
que bien loin de former un creux , elles
s'élevent tout au contraire en pointe de
diamant , ce qui arrive ordinairement
lorsqu'on n'apporte pas assez d'attention
à les regarder avec un Microscope , l'illu
sion venant de la transparence de ces
Cristaux .
Le Nitre prend la figure de petites li
gnes droites , lesquelles se réunissant sou
* On ajugé à propos de ne faire graver qu'u
ne partie des Sels dont parle l'Auteur ; cette
partie nous paroissant suffisante pour exprimer
ses idées.
II. Vol. D vent
1486 MERCURE DE FRANCE
vent les unes aux autres , forment des li
gnes cannelées plus longues et plus gros
ses , ayant quelques inégalitez dans leur
longueur , causées par la jonction de ces
lignes. Souvent dans les intervales qui res
tent entre ces longues lignes , il en paroît
qui sont en forme de branchages, traversées
par d'autres ; et parmi ces lignes on voit
plusieurs petits Cristaux ovales, mais poin
tus par les deux bouts , même d'autres qui
sont ronds et dispersez differemment.
Le Vitriol a aussi des lignes , mais beau
coup plus irregulieres et moins unies que
celles du Nitre , puisqu'elles sont souvent
comme dentelées ; et dans les intervales
de ces lignes , il se trouve comme de
pe
tites éguilles , dont les unes sont disper
sées et d'auttes sont réunies en forme
d'étoiles ; lors qu'elles se réunissent en
plus grand nombre , elles ont la figure
de têtes de Chardons.
L'Alun se cristalise en espece de trian
gles , dont les trois angles sont pres
que toûjours coupez vers leurs extrémi
tez , ce qui forme un exagone plus ou
moins regulier. Si par hazard les Cris
taux se réunissent , ce qui arrive particu
Hierement vers les bords du verre , ils font
alors des Cristaux continus , qui ont pres
que toûjours la figure d'angles saillans
II. Vol.
JUIN. 1731. 1487
a peu près semblables à ceux des Bastions
ou des demi - Lunes.
Le Sel Armoniac se forme en lignes
plus ou moins longues ; mais dont les côtez
sont toûjours garnis d'autres moindres li
gnes qui s'y joignent à angles droits, ce qui
forme souvent des croix assez régulieres.
Le Borax donne des Cristaux fort pe
tits , de figure differente , les uns étant
plus ou moins quarrez ou triangulaires
ou paralellogrames ou pentagones ou
exagones ; mais tous avec certaine épais
seur et coupez à vives arêtes .
Le Sel d'Angleterre prend la figure de
quarrez longs , avec nombre d'espece de
rosettes , dont plusieurs sont herissez ,
approchant des têtes de Chardons.
Le Sel Polycreste a des paralellogrames
plus menus que le Sel d'Epsom , dont
plusieurs se joignant ensemble , forment
des lignes qui se tiennent les unes aux au
tres. Il y a outre cela d'autres petits Cris
taux plus quarrez , et quantité de petites
lignes ou éguilles , et des globules heris
sez en têtes de Chardons .
L'Arsenic a de petits Cristaux , dont
on ne peut voir parfaitement la figure
qu'avec un bon Microscope ; pour lors on
les voit faits en globules comme herissez de
pointes de diamans; et parmi ceux- là on en
11. Vol Dij voit
488 MERCURE DE FRANCE
voit d'autres formez en rond.Les Cristaux
du Sublimé sont en figure d'épines , dont
les éguillons sont très- pointus. Enfin le
Sucre se cristalise en agréables rosettes.
Telles sont les figures de ces differens
Sels que j'ai fait cristaliser par ma Métho
de, et que j'ai vû paroître toûjours de mê
me , à quelque petite difference près , qui
ne fait pas changer les figures dominan
tes et specifiques de ces Sels , telles que
je viens de les décrire : ce que j'ai fait à
P'égard de ceux-là , se peut également
faire à l'égard de tout autre ; car il ne
faut pas croire que tous les Sels qui sont
dans la Nature , se réduisent tous à ceux
qui sont les plus connus ; il est vrai qu'ils
se trouvent souvent dans l'air , dans la
terre et dans les differens mixtes qu'on
peut connoître ; mais il paroît assez vrai
semblable qu'il y a dans la terre une ma
tiere saline dont tous les Sels sont com
posez , laquelle se réunissant et se con
gelant differemment , suivant les petits
vuides où elle entre , soit dans la terre
même ou dans les mixtes , forme par ce
moyen autant de differens Sels que les mou
les ( pour ainsi dire ) où elle s'est conge
lée , se sont trouvez differens . L'Art même
fait souvent changer de figure aux Sels
naturels , mais il est toûjours vrai que
II. Vol.
lorsque
JUIN.
1731. 1489
lorsque cette matiere saline a été fixée , soit
par la Nature soit par l'Art , à une figure
particuliere , elle la reprend toûjours
quand on la cristalise par ma Méthode .
Il y a une autre chose qui mérite d'ê
tre connue dans ce qui regarde les Sels ,
et qu'on peut dire être le fondement de
tout ce qu'on peut juger des cffets qu'ils
peuvent produire ; sçavoir , que les plus
petites parties intégrantes dont ils sont
composez , gardent dans leur plus petit
volume , tout imperceptible qu'il est , la
même figure qui paroît sur le verre par
l'assemblage d'une infinité de ces petites
parties dont la figure du Sel criştalisé est
composée ; c'est ce qu'un Ecrivain mo
derne (a) avance comme un principe as
suré ; car après avoir dit , conformément
à ce que j'ai pensé , que ce qu'il y a de
singulier dans les Sels , c'est que de telle
maniere qu'on les divise ou qu'on les dis
solve , ils prennent toujours la même
forme dans la cristalisation , étant aussi
difficile de leur enlever leur figure que
leur nature saline , la loi qui leur donne
cet arrangement , étant invariable . Puis
passant plus loin , il ajoûte que les parties
(a) M. Senac , nouveau Cours de Chymie
suivant les principes de Nevveton et de Sthalle,
Art. dernier de la Cristalisation.
9
II. Vol.
Dij les
1490 MERCURE DE FRANCE.
les plus simples des Sels ont toûjours leur
figure semblable à celle que prennent les
Sels en se cristalisant , ce qui donne lieu
à cet Auteur de souhaiter qu'on pût
trouver un moyen de connoître quelle
est précisement la figure spécifique de
chaque Sel , afin que par ce même moyen
on pût connoître de quelles figures
sont les moindres parties qui les compo
sent ; c'est ainsi qu'il s'exprime : On pourra
peut-être , en connoissant la figure des
Cristaux ( des Sels , ) connoître laforme des
parties qui les composent.
Ce que cet Auteur espere pouvoir
quelque jour arriver , c'est , ce me semble ,
par la Méthode que j'ai proposée ; puis
que rien n'est plus aisé que de connoître
par ce moyen si simple , quelle est la
figure specifique de chaque Sel ; ainsi qu'on
en peut juger par ce que je viens de dire
des Sels dont j'ai parlé cy- dessus.
Etant donc une chose assurée que les
parties interieures et invisibles des Sels
sont de la même figure que les Cristaux
qui se voyent avec les yeux ; il s'ensuit
qu'il est après cela très- facile de connoître
quels effets ces Sels doivent produire, puis
que lescorps n'agissent les uns sur les autres
que par leur figure et leur mouvement.
Ainsi voyant que les Cristaux du Ni
II. Vol. tre
JUIN. 1731. 1491
tre sont quelques-uns formez en lignes ,
d'autres en petites ovales fort pointuës
par
les deux extrémitez , et enfin d'autres
plus petits presque ronds ; n'a-t'on pas
raison de juger que par ses parties poin
tuës , il doit être d'un gout acide et pic
quant ; par ses parties longues , il doit di
minuer le mouvement interieur des li
quides , et être un peu volatile par ses pe
tites parties rondes ? que le Sel marin , où
l'on ne voit que des Cristaux cubiques
doit avoir quelque chose de plus âcre,
raison de ses differens angles , et plus fixe
à cause de sa figure moins susceptible de
à
mouvement ?
Le Vitriol ayant quelques- uns de ses
Cristaux formez en lignes assez grosses ,
mais comme dentelées en forme de Scies,
d'autres en petites éguilles , et enfin d'au
tres en étoiles pointues et en Chardons
herissez ; ne doit- on pas juger que par
ses parties longues , il doit , aussi - bien
que le Nitre , diminuer le mouvement
des liquides ? mais être plus âcre et plus
caustique par la dentelure de ses parties ,
comme par ses étoiles pointues et ses es
peces de têtes de Chardons ? ce qui doit ,
aussi le rendre astringent , lorsque ces
parties dentelées ou herissées , venant à
se glisser entre les fibres , leur donnent
eccasion de se resserrer. Diiij l'A
1492 MERCURE DE FRANCE
L'Alun n'a presque qu'une sorte de
Cristaux composez aussi de plusieurs an
gles plus roides et plus fermes , puisqu'il
se dissout moins aisément ; c'est pourquoi
jugeant par leur figure des qualitez de ce
Sel , il est aisé de voir que piquant par
ses angles roides et fermes les fibres ou
'mammelons de la langue , il doit causer
un gout austere , et que ses particules ainsi
figureés se glissant entre ces fibres
leur donnent lieu de se bander et de se
resserrer , ce qui produit son astriction .
Le Sel Armoniac ayant ses parties lon
gues , doit aussi être rafraichissant ; mais
parce qu'elles sont traversées par d'autres
petites lignes qui les croisent , elles don
nent par - là plus de prise pour être enle
vées dans l'évaporation , ce qui par con
sequent doit le rendre volatile.
Le Borax a ses Cristaux pareillement
composez de plusieurs angles , même cou
pez à vives arêtes , ce qui le doit rendre
pénetrant et irritant ; mais parce qu'il est
plus compacte et moins facile à se dis
soudre , cela empêche qu'il ne pro
duise sur la langue des effets aussi sensi
bles que les Sels précedens ; au lieu qu'é
tant plus développé dans les visceres , il
Y fait ses principales Opérations.
Le Sel d'Epsom et le Sel Policreste ,
II. Vol. pa:
JUIN. 1731. 1493
par leurs paralellogrammes assez longs ,
font connoître qu'ils peuvent diminuer
l'agitation interieure des liquides ; mais
leur âcreté se fait voir aussi aisément par
leurs Cristaux en forme de têtes de Char
dons , ce qui les rend purgatifs , irritant
facilement les intestins par ces parties ain
si figurées , et le Sel Policreste de plus par
ses petites éguilles. Il est facile de con
noître les cruels effets de l'Arsenic et du
Sublimé , par la seule inspection de la fi
gure de leurs Cristaux. Ceux du Sucre
tout au contraire , formez en petites ro
settes , marquent assez qu'en roulant sur
les fibres de la langue , ils ne sont propres
qu'à les chatouiller agréablement.
Je ne suis entré dans ce détail touchant
les Sels les plus connus , que pour justi
fier par ces Sels la verité de ce que j'ai
avancé et de ce qu'en pense M. Sénac ; sça
voir , que connoissant quelle est la figure
specifique que prend chaque Sel dans la
cristalisation , on parvient à connoître
quels effets il doit naturellement operer.
Ilconvient maintenant de marquer com
ment on doit s'y prendre pour trouver
ces differentes figures des Sels , il n'y a qu'à
faire dissoudre dans l'eau le Sel dont on
veut connoître la figure des Cristaux, faire
la dissolution un peu forte , la filtrer en
II. Vol.
suite
Dv
1494 MERCURE DE FRANCE
suite par le papier gris , et en prendre
une très - petite portion pour la faire cris
taliser sur un petit morceau de verre for
mé en rond , comme je l'enseigne dans ma
troisiéme Lettre sur les Sels de l'air , (a)
pour faire cristaliser les Sels qui se ren
contrent dans les eaux de pluye , de rosée ,
de brouillards , & c . La cristalisation étant
faite, si l'on veut voir distinctement quelle
est la figure des Cristaux , il faut les re
garder avec un Microscope qui doit être
fait comme ceux dont je vous ai donné
autrefois la description . Il y a quelques
observations à faire pour n'être pas trom
pé dans la Cristalisation de ces Sels ; mais
je me réserve à en parler dans la Lettre qui
doit suivre celle-cy de près . Je suis , Mon
sieur , & c.
FIGURES des principaux Sels
dont il est parlé dans cette Lettre.
La 1. figure représente le Sel Marin .
La 2. le Sel du Terreau de fumier.
La 3. le Sel de l'Ozeille.
le Sel de la Salive.
La 4.
La
5.
le
Sel
du
Sang
.
La
6.
le
Sel
de
l'Urine
.
Doyen de S. Maxent , sur une Méthode
facile qu'il a découverte , pour connoître
les Sels , pour juger des effets qu'ils doi
vent produire , et pour examiner ceux qui
se trouvent dans les terres , dans les eaux,
dans les plantes , dans les humeurs et
dans l'air , ce qui servira à connoître
les qualitez de ces differentes choses.
MONSIEUR ,
Puisque vous souhaitez que je vous
donne une parfaite connoissance des Ob
servations que j'ai faites sur les Sels , dans
la vûe de faciliter le moyen de découvrir
par une voye plus simple que celles dont
II Vol on
JUIN.
1483 1731.
S
on s'est servi jusqu'à present , quelles peu
vent être les qualitez des differens mixtes
qu'on veut examiner ; je le ferai volon
tiers , n'ayant rien plus à coeur que de
vous satisfaire. Ce que j'ai dit cy- devant
sur les Sels de l'air dans les Lettres que
je vous ai adressées , ( a) ayant produit
d'aussi heureux effets , et pouvant en pro
curer beaucoup d'autres , je ne crois pas
devoir négliger de vous faire connoître
l'étenduë que j'ai donnée à ma découver
te , pour faire remarquer l'utilité qu'on
en peut tirer.
Je crois d'abord pouvoir avancer qu'il
n'y a pas de moyen plus sûr que ma Mé
thode pour bien connoître tous les Sels ,
et pour les distinguer
parfaitement les
uns des autres. C'est par cette même Mé
thode qu'il est le plus facile de connoî
tre comment sont formées les plus peti
tes parties
integrantes qui
composent ces
Sels ; d'où je conclus qu'il est très - aisé
ensuite de juger des effets qu'ils doivent
naturellement produire.
Pour vous persuader , Monsieur , de
ces trois propositions , permettez - moi de
vous marquer d'abord ce que j'entends
précisement par ce qu'on appelle Sel.
(a) Voyez les Mercures de Février, Mars et
Décembre 1729. et Mars 1730,
I I. Vol.
J'en
7484 MERCURE DE FRANCE
J'entends par Sel , une concrétion parti
culiere , faite d'une terre fine , roide et
cassante , qui se dissout dans l'eau et qui
après sa dissolution reprend toûjours la
même figure lorsqu'on n'y met point
d'obstacles. Telle est, ce me semble,la ve
ritable idée qu'on peut avoir de la nature
des Sels , reconnue par de solides Obser
vations , et non simplement suposée par
la seule imagination , telles que celles
qu'on a eües jusqu'à present.
C'est ce qu'il est facile de justifier par
ma Méthode ; car qu'on prenne tel Sel
qu'on voudra , qu'on en fasse dissoudre
dans l'eau une quantité convenable , et
qu'on le fasse ensuite cristaliser sur le ver
re, ainsi que je l'enseigne , l'on verra que
chaque Sel y réprendra toûjours la figure
qui lui est specifique ; par où il sera très
aisé de le distinguer des autres. Pour pro
fiter donc de cette découverte , et pour
éviter qu'on y soit trompé , il est à pro
pos de faire cristaliser de cette maniere
chaque Sel en particulier , et d'en tirer
ensuite le papier ; car cela étant fait une
fois , c'est le moyen de les reconnoître
toûjours et de les distinguer parfaitement
les uns des autres . On aura même là
une espece de clef pour les trouver et
les connoître par tout où ils sont.
par
II. Vol. C'est
JUIN. 1731. 1485
募
C'est ce dont je donne un échantillon
dans la Planche qui accompagne mes Let
tres , où j'ai représenté les Figures des
Sels les plus connus , ainsi que je les ai
vûs et dessinez moi- même ; tels que le
Sel marin , le Nitre , le Vitriol blanc et
le vert , l'Alun , le Sel Armoniac , le Bo
rax, le Sel d'Epsom ou d'Angleterre, l'Ar¬
senic , le Sublimé et le Sucre.
Il est aisé de voir par les figures de ces
Sels , représentez dans cette Planche , que
le Sel Marin se cristalise toûjours en cubes,
qui ont moins de hauteur que de largeur,
avec cette particularité , que la plupart
de ces cubes forment sur leur hauteur un
creux à quatre facetes , lesquelles se reü
nissant , donnent souvent lieu de croire
que bien loin de former un creux , elles
s'élevent tout au contraire en pointe de
diamant , ce qui arrive ordinairement
lorsqu'on n'apporte pas assez d'attention
à les regarder avec un Microscope , l'illu
sion venant de la transparence de ces
Cristaux .
Le Nitre prend la figure de petites li
gnes droites , lesquelles se réunissant sou
* On ajugé à propos de ne faire graver qu'u
ne partie des Sels dont parle l'Auteur ; cette
partie nous paroissant suffisante pour exprimer
ses idées.
II. Vol. D vent
1486 MERCURE DE FRANCE
vent les unes aux autres , forment des li
gnes cannelées plus longues et plus gros
ses , ayant quelques inégalitez dans leur
longueur , causées par la jonction de ces
lignes. Souvent dans les intervales qui res
tent entre ces longues lignes , il en paroît
qui sont en forme de branchages, traversées
par d'autres ; et parmi ces lignes on voit
plusieurs petits Cristaux ovales, mais poin
tus par les deux bouts , même d'autres qui
sont ronds et dispersez differemment.
Le Vitriol a aussi des lignes , mais beau
coup plus irregulieres et moins unies que
celles du Nitre , puisqu'elles sont souvent
comme dentelées ; et dans les intervales
de ces lignes , il se trouve comme de
pe
tites éguilles , dont les unes sont disper
sées et d'auttes sont réunies en forme
d'étoiles ; lors qu'elles se réunissent en
plus grand nombre , elles ont la figure
de têtes de Chardons.
L'Alun se cristalise en espece de trian
gles , dont les trois angles sont pres
que toûjours coupez vers leurs extrémi
tez , ce qui forme un exagone plus ou
moins regulier. Si par hazard les Cris
taux se réunissent , ce qui arrive particu
Hierement vers les bords du verre , ils font
alors des Cristaux continus , qui ont pres
que toûjours la figure d'angles saillans
II. Vol.
JUIN. 1731. 1487
a peu près semblables à ceux des Bastions
ou des demi - Lunes.
Le Sel Armoniac se forme en lignes
plus ou moins longues ; mais dont les côtez
sont toûjours garnis d'autres moindres li
gnes qui s'y joignent à angles droits, ce qui
forme souvent des croix assez régulieres.
Le Borax donne des Cristaux fort pe
tits , de figure differente , les uns étant
plus ou moins quarrez ou triangulaires
ou paralellogrames ou pentagones ou
exagones ; mais tous avec certaine épais
seur et coupez à vives arêtes .
Le Sel d'Angleterre prend la figure de
quarrez longs , avec nombre d'espece de
rosettes , dont plusieurs sont herissez ,
approchant des têtes de Chardons.
Le Sel Polycreste a des paralellogrames
plus menus que le Sel d'Epsom , dont
plusieurs se joignant ensemble , forment
des lignes qui se tiennent les unes aux au
tres. Il y a outre cela d'autres petits Cris
taux plus quarrez , et quantité de petites
lignes ou éguilles , et des globules heris
sez en têtes de Chardons .
L'Arsenic a de petits Cristaux , dont
on ne peut voir parfaitement la figure
qu'avec un bon Microscope ; pour lors on
les voit faits en globules comme herissez de
pointes de diamans; et parmi ceux- là on en
11. Vol Dij voit
488 MERCURE DE FRANCE
voit d'autres formez en rond.Les Cristaux
du Sublimé sont en figure d'épines , dont
les éguillons sont très- pointus. Enfin le
Sucre se cristalise en agréables rosettes.
Telles sont les figures de ces differens
Sels que j'ai fait cristaliser par ma Métho
de, et que j'ai vû paroître toûjours de mê
me , à quelque petite difference près , qui
ne fait pas changer les figures dominan
tes et specifiques de ces Sels , telles que
je viens de les décrire : ce que j'ai fait à
P'égard de ceux-là , se peut également
faire à l'égard de tout autre ; car il ne
faut pas croire que tous les Sels qui sont
dans la Nature , se réduisent tous à ceux
qui sont les plus connus ; il est vrai qu'ils
se trouvent souvent dans l'air , dans la
terre et dans les differens mixtes qu'on
peut connoître ; mais il paroît assez vrai
semblable qu'il y a dans la terre une ma
tiere saline dont tous les Sels sont com
posez , laquelle se réunissant et se con
gelant differemment , suivant les petits
vuides où elle entre , soit dans la terre
même ou dans les mixtes , forme par ce
moyen autant de differens Sels que les mou
les ( pour ainsi dire ) où elle s'est conge
lée , se sont trouvez differens . L'Art même
fait souvent changer de figure aux Sels
naturels , mais il est toûjours vrai que
II. Vol.
lorsque
JUIN.
1731. 1489
lorsque cette matiere saline a été fixée , soit
par la Nature soit par l'Art , à une figure
particuliere , elle la reprend toûjours
quand on la cristalise par ma Méthode .
Il y a une autre chose qui mérite d'ê
tre connue dans ce qui regarde les Sels ,
et qu'on peut dire être le fondement de
tout ce qu'on peut juger des cffets qu'ils
peuvent produire ; sçavoir , que les plus
petites parties intégrantes dont ils sont
composez , gardent dans leur plus petit
volume , tout imperceptible qu'il est , la
même figure qui paroît sur le verre par
l'assemblage d'une infinité de ces petites
parties dont la figure du Sel criştalisé est
composée ; c'est ce qu'un Ecrivain mo
derne (a) avance comme un principe as
suré ; car après avoir dit , conformément
à ce que j'ai pensé , que ce qu'il y a de
singulier dans les Sels , c'est que de telle
maniere qu'on les divise ou qu'on les dis
solve , ils prennent toujours la même
forme dans la cristalisation , étant aussi
difficile de leur enlever leur figure que
leur nature saline , la loi qui leur donne
cet arrangement , étant invariable . Puis
passant plus loin , il ajoûte que les parties
(a) M. Senac , nouveau Cours de Chymie
suivant les principes de Nevveton et de Sthalle,
Art. dernier de la Cristalisation.
9
II. Vol.
Dij les
1490 MERCURE DE FRANCE.
les plus simples des Sels ont toûjours leur
figure semblable à celle que prennent les
Sels en se cristalisant , ce qui donne lieu
à cet Auteur de souhaiter qu'on pût
trouver un moyen de connoître quelle
est précisement la figure spécifique de
chaque Sel , afin que par ce même moyen
on pût connoître de quelles figures
sont les moindres parties qui les compo
sent ; c'est ainsi qu'il s'exprime : On pourra
peut-être , en connoissant la figure des
Cristaux ( des Sels , ) connoître laforme des
parties qui les composent.
Ce que cet Auteur espere pouvoir
quelque jour arriver , c'est , ce me semble ,
par la Méthode que j'ai proposée ; puis
que rien n'est plus aisé que de connoître
par ce moyen si simple , quelle est la
figure specifique de chaque Sel ; ainsi qu'on
en peut juger par ce que je viens de dire
des Sels dont j'ai parlé cy- dessus.
Etant donc une chose assurée que les
parties interieures et invisibles des Sels
sont de la même figure que les Cristaux
qui se voyent avec les yeux ; il s'ensuit
qu'il est après cela très- facile de connoître
quels effets ces Sels doivent produire, puis
que lescorps n'agissent les uns sur les autres
que par leur figure et leur mouvement.
Ainsi voyant que les Cristaux du Ni
II. Vol. tre
JUIN. 1731. 1491
tre sont quelques-uns formez en lignes ,
d'autres en petites ovales fort pointuës
par
les deux extrémitez , et enfin d'autres
plus petits presque ronds ; n'a-t'on pas
raison de juger que par ses parties poin
tuës , il doit être d'un gout acide et pic
quant ; par ses parties longues , il doit di
minuer le mouvement interieur des li
quides , et être un peu volatile par ses pe
tites parties rondes ? que le Sel marin , où
l'on ne voit que des Cristaux cubiques
doit avoir quelque chose de plus âcre,
raison de ses differens angles , et plus fixe
à cause de sa figure moins susceptible de
à
mouvement ?
Le Vitriol ayant quelques- uns de ses
Cristaux formez en lignes assez grosses ,
mais comme dentelées en forme de Scies,
d'autres en petites éguilles , et enfin d'au
tres en étoiles pointues et en Chardons
herissez ; ne doit- on pas juger que par
ses parties longues , il doit , aussi - bien
que le Nitre , diminuer le mouvement
des liquides ? mais être plus âcre et plus
caustique par la dentelure de ses parties ,
comme par ses étoiles pointues et ses es
peces de têtes de Chardons ? ce qui doit ,
aussi le rendre astringent , lorsque ces
parties dentelées ou herissées , venant à
se glisser entre les fibres , leur donnent
eccasion de se resserrer. Diiij l'A
1492 MERCURE DE FRANCE
L'Alun n'a presque qu'une sorte de
Cristaux composez aussi de plusieurs an
gles plus roides et plus fermes , puisqu'il
se dissout moins aisément ; c'est pourquoi
jugeant par leur figure des qualitez de ce
Sel , il est aisé de voir que piquant par
ses angles roides et fermes les fibres ou
'mammelons de la langue , il doit causer
un gout austere , et que ses particules ainsi
figureés se glissant entre ces fibres
leur donnent lieu de se bander et de se
resserrer , ce qui produit son astriction .
Le Sel Armoniac ayant ses parties lon
gues , doit aussi être rafraichissant ; mais
parce qu'elles sont traversées par d'autres
petites lignes qui les croisent , elles don
nent par - là plus de prise pour être enle
vées dans l'évaporation , ce qui par con
sequent doit le rendre volatile.
Le Borax a ses Cristaux pareillement
composez de plusieurs angles , même cou
pez à vives arêtes , ce qui le doit rendre
pénetrant et irritant ; mais parce qu'il est
plus compacte et moins facile à se dis
soudre , cela empêche qu'il ne pro
duise sur la langue des effets aussi sensi
bles que les Sels précedens ; au lieu qu'é
tant plus développé dans les visceres , il
Y fait ses principales Opérations.
Le Sel d'Epsom et le Sel Policreste ,
II. Vol. pa:
JUIN. 1731. 1493
par leurs paralellogrammes assez longs ,
font connoître qu'ils peuvent diminuer
l'agitation interieure des liquides ; mais
leur âcreté se fait voir aussi aisément par
leurs Cristaux en forme de têtes de Char
dons , ce qui les rend purgatifs , irritant
facilement les intestins par ces parties ain
si figurées , et le Sel Policreste de plus par
ses petites éguilles. Il est facile de con
noître les cruels effets de l'Arsenic et du
Sublimé , par la seule inspection de la fi
gure de leurs Cristaux. Ceux du Sucre
tout au contraire , formez en petites ro
settes , marquent assez qu'en roulant sur
les fibres de la langue , ils ne sont propres
qu'à les chatouiller agréablement.
Je ne suis entré dans ce détail touchant
les Sels les plus connus , que pour justi
fier par ces Sels la verité de ce que j'ai
avancé et de ce qu'en pense M. Sénac ; sça
voir , que connoissant quelle est la figure
specifique que prend chaque Sel dans la
cristalisation , on parvient à connoître
quels effets il doit naturellement operer.
Ilconvient maintenant de marquer com
ment on doit s'y prendre pour trouver
ces differentes figures des Sels , il n'y a qu'à
faire dissoudre dans l'eau le Sel dont on
veut connoître la figure des Cristaux, faire
la dissolution un peu forte , la filtrer en
II. Vol.
suite
Dv
1494 MERCURE DE FRANCE
suite par le papier gris , et en prendre
une très - petite portion pour la faire cris
taliser sur un petit morceau de verre for
mé en rond , comme je l'enseigne dans ma
troisiéme Lettre sur les Sels de l'air , (a)
pour faire cristaliser les Sels qui se ren
contrent dans les eaux de pluye , de rosée ,
de brouillards , & c . La cristalisation étant
faite, si l'on veut voir distinctement quelle
est la figure des Cristaux , il faut les re
garder avec un Microscope qui doit être
fait comme ceux dont je vous ai donné
autrefois la description . Il y a quelques
observations à faire pour n'être pas trom
pé dans la Cristalisation de ces Sels ; mais
je me réserve à en parler dans la Lettre qui
doit suivre celle-cy de près . Je suis , Mon
sieur , & c.
FIGURES des principaux Sels
dont il est parlé dans cette Lettre.
La 1. figure représente le Sel Marin .
La 2. le Sel du Terreau de fumier.
La 3. le Sel de l'Ozeille.
le Sel de la Salive.
La 4.
La
5.
le
Sel
du
Sang
.
La
6.
le
Sel
de
l'Urine
.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, sur une Méthode facile qu'il a découverte, pour connoître les Sels, pour juger des effets qu'ils doivent produire, et pour examiner ceux qui se trouvent dans les terres, dans les eaux, dans les plantes, dans les humeurs et dans l'air, ce qui servira à connoître les qualitez de ces differentes choses.
M. Capperon, ancien doyen de Saint-Maxent, propose une méthode pour identifier et analyser les sels présents dans divers milieux tels que les terres, les eaux, les plantes, les humeurs et l'air. Cette méthode permet de connaître les qualités des sels et de juger de leurs effets. Capperon définit un sel comme une concrétion fine, roide et cassante, qui se dissout dans l'eau et reprend sa forme après dissolution. Sa méthode consiste à dissoudre les sels dans l'eau et à les faire cristalliser sur du verre pour observer leurs formes spécifiques, permettant ainsi de les distinguer et de les identifier. Le texte décrit les formes cristallines de plusieurs sels connus, tels que le sel marin, le nitre, le vitriol, l'alun, le sel armoniac, le borax, le sel d'Epsom, l'arsenic, le sublimé et le sucre. Chaque sel présente des cristaux de formes distinctes. Par exemple, le sel marin se cristallise en cubes, le nitre en lignes droites et cannelées, et le vitriol en lignes irrégulières et dentelées. Capperon explique que la forme des cristaux permet de déduire les effets des sels. Par exemple, les cristaux pointus du nitre indiquent un goût acide et piquant, tandis que les cristaux cubiques du sel marin suggèrent une nature âcre et fixe. La méthode de Capperon permet également de comprendre les propriétés des sels en observant leurs formes cristallines et leurs interactions avec d'autres substances. Le texte mentionne également des sels spécifiques comme le sel d'Epsom et le sel policreste, identifiables par leurs cristaux en forme de têtes de chardons, qui sont purgatifs et irritent les intestins. L'arsenic et le sublimé, reconnaissables par leurs cristaux, ont des effets cruels. En revanche, les cristaux de sucre, en forme de petites rosettes, chatouillent agréablement les fibres de la langue. L'auteur justifie l'importance de connaître la figure spécifique des cristaux de chaque sel pour prédire leurs effets. Il décrit également la méthode pour observer ces cristaux : dissoudre le sel dans l'eau, filtrer la solution, et la faire cristalliser sur un morceau de verre, puis examiner les cristaux au microscope. Le texte mentionne également des observations à faire pour éviter les erreurs lors de la cristallisation, promettant d'en parler dans une lettre ultérieure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, sur une Méthode facile qu'il a découverte, pour connoître les Sels, pour juger des effets qu'ils doivent produire, et pour examiner ceux qui se trouvent dans les terres, dans les eaux, dans les plantes, dans les humeurs et dans l'air, ce qui servira à connoître les qualitez de ces differentes choses.
3
p. 1653-1668
SECONDE LETTRE de M. Capperon sur la Méthode d'observer les Sels qui se trouvent dans les Terres, dans les Plantes, dans les Humeurs, &c.
Début :
MONSIEUR, Vous sçavez mieux que moi, qu'il y a long-tems qu'on cherche un moyen de [...]
Mots clefs :
Sels, Mixtes, Hippocrate, Analyse chimique, Académie royale des sciences de Paris, Sel volatile, Distillation, Terre glaise, Puits, Blanchisseurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE LETTRE de M. Capperon sur la Méthode d'observer les Sels qui se trouvent dans les Terres, dans les Plantes, dans les Humeurs, &c.
SECONDE LETTRE de M. Capperon
sur la Méthode d'observer les Sels qui
se trouvent dans les Terres , dans les
Plantes , dans les Humeurs , &c.
MONSIEUR ,
Vous sçavez mieux que moi , qu'il y a
long- tems qu'on cherche un moyen de
connoître la qualité des Mixtes , pour ju
ger des effets qu'ils doivent naturellement
operer. Comme on étoit d'abord persuadé
que les Mixtes
n'opéroient
que parce
qu'on
appelloit
leurs qualitez
; sçavoir
, le
chaud
, le sec , le froid
, et l'humide
; on
B iij
1574 MERCURE DE FRANCE
crut avoir fait beaucoup , que d'assigner à
chaque Mixte , jusqu'à quel degré il étoit
chaud , sec , froid , ou humide ; ce dont
on jugeoit par les effets qu'on lui voyoit
produire , et par- là on se flatoit d'avoir
un moyen suffisant pour connoître le
bien ou le mal que ces Mixtes pouvoient
faire.
Quoique cette Méthode fut en usage
avant le tems d'Hypocrate , et qu'elle l'ait
été presque jusqu'à nos jours : * cet habile
Homme reconnut néanmoins , qu'on ne
pouvoit pas aller loin avec cette Découverte.
Il crut qu'il pouvoit y mieux réüssir
, en enseignant que les Mixtes n'opéroient
qu'entant qu'ils contenoient quelque
chose de plus ou moins amer , ou salé,
ou doux , ou âpre , ou acerbe , ou adoucissant
, ** &c.En quoi , sans doute , il
pensoit plus juste que ceux qui l'avoient
précedé , mais après tout , ce n'étoit connoître
la nature des Mixtes que par leurs
seuls effets , même par leurs effets senfibles
; par consequent il falloit les avoir
souvent éprouvez , avant que d'en fixer
les qualitez.
Enfin la Chymie étant devenue com-
* On la peut voir bien marquée dans Matthi
Comment. sur Dioscoride.
** Lib. de prisca Medicina.
mune
JUILLET.
1731. 1575
mune , on a crû avoir trouvé le moyen
infaillible pour découvrir primitivement
ce que chaque Mixte devoit naturellement
opérer , parce que ceux qui cultivoient
cet art , prétendant avoir une Méthode
assurée pour décomposer les Mixtes par
le moyen du feu , séparer les Principes
dont ils étoient composez , pour les voir
ensuite à leur aise séparément , et connoître
leurs opérations, ils n'ont nullement
douté , qu'à proportion que quelques- uns
de ces principes se trouveroient dominer
plus ou moins dans les Mixtes , leurs Effets
devoient se diversifier differemment :
c'est ce qui a même donné lieu à l'Académie
Royale des Sciences de Paris , de
faire travailler à l'Analyse Chymique des
Plantes , dans l'esperance qu'on auroit
par là une connoissance assurée des effets
qu'elles doivent naturellement produire.
Mais les personnes éclairées , même les
plus habiles dans cette Profession , sont
tombées d'accord , qu'on ne pouvoit pas
encore sé flatter d'être arrivé par cette
voye au but qu'on se proposoit depuis si
long - tems. M. Lemery , cet habile Chymiste
, avoue lui- même dans le Discours
qu'il a fait sur la Chymie en général , et
qui est à la tête de son cours de Chymie ,
B iiij que
1656 MERCURE DE FRANCE
que, si l'on veut considerer sans préoccupation
, comment le feu agit lorsqu'on
s'en sert pour anatomiser les plantes , ( on
;
doit dire la même chose des autres Mixtes
) : on avouera , dit- il , qu'il détruit et
confond la plupart des choses qu'il disseque
qu'il n'y a pas lieu de croire qu'il
rende les substances en leur état naturel :
aussi n'hésite - t- il pas à dire , parlant des
Sels des Plantes , qu'il n'y a que leur Sel
essentiel qui se tire de leur Suc exprimé ,
et filtré , et christalisé , qui soit le veritable
Sel qui étoit dans la Plante , ce qu'on
ne peut pas dire ( ajoûte t- il ) des deux autres
; sçavoir , le Sel volatile , et le Sel
fixescar eû égard à la violence du feu dont
on s'est servi pour les faire , il y agrande
apparence qu'ils ont été déguisez .
Tous ceux qui ont parlé sans prévention
de cette Analise des Mixtes,faite par
la voye du feu , en ont pensé de même.
Le Medecin de Montpellier qui a fait des
Notes sur l'Anatomie d'Heister , dit . que
ce n'est pas par l'Analyse Chymique qu'on
peut connoître les veritables principes
des
corps ; puisque le feu change les matieres
, et qu'il les décompose ; que ceuxqui
veulent en juger par cette Analyse ,
n'ont pas plus de raison , que ceux qui
voudroient connoître la nature des Caillous
JUILLET. 1731. 1657.
lous par la chaux . En effet , c'est une
chose certaine , dit M. Lemery dans son
Mémoire sur les Analyses des Plantes , inseré
dans l'Histoire de l'Académie
, que
quoique l'Oseille ait un Suç naturellement
aigre dans la Distilation , neanmoins
elle donne beaucoup moins d'acide , que
plusieurs autres Plantes qui n'en manifestent
pas tant.
Il me paroît donc , que voulant connoître
ce que la plupart des Mixtes peuvent
opérer, on peut aller plus surement
au but par la Méthode que j'ai découverte,
que par cette Analyse Chymique à laquelle
on s'est attaché depuis ces derniers
tems ; car dans la plupart des Mixtes ,
quelle est la chose qui opére les plus
grands & les plus sensibles effets ? ne sontce
pas les Sels qui sont contenus dans ces
Mixtes , lorsque venant à se déveloper , et
s'insinuant dans les pores des autres Corps
ils les dilatent , les ouvrent , en remplissent
les vuides , ou rompent & dérangent
la contexture de leurs parties ? Ainsi , on
ne peut disconvenir , que de toutes les
parties , ou , si l'on veut, de tous les principes
qui forment les Mixtes , les particules
salines étant les plus roides
Ait, Des Mamelles,
, et les
plus
1658 MERCURE DE FRANCE
plus figurées , leur opération doit être
la plus sensible et la plus considerable.
Ainsi le moyen incontestablement le
plus sûr pour juger quels effets la plûpart
des Mixtes doivent naturellement produire
, consiste à connoître parfaitement
quels Sels dominent en eux , et quelles
sont les Figures specifiques de chacun de
ces Sels : puisque , comme j'ai déja dit , ils
opérent toûjours conformément à leur Figure
et à leur mouvement : or on ne peut
pas douter , que par ma Méthode , on ne
connoisse parfaitement quels sont les Sels
qui sont contenus dans la plupart des
Mixtes, et quelles en sont les Figures spécifiques
par consequent ma Méthode est
celle qui est la meilleure et la plus
sûre pour juger des effets que ces Mixtes
doivent naturellement produire .
Tout ceci préalablement établi , entrons
maintenant en matiere ; et voyons en particulier
comment il faut s'y prendre pour
connoître quels sont les Sels qui peuvent
être contenus, soit dans les Terres, soit dans
les Eaux , soit dans les Plantes , soit dans les
Humeurs ; car il me paroit que quand on
aura poussé jusques- là ses connoissances ,
on aura trouvé suffisamment de quoi se satisfaire
.
Voulant donc découvrir quel est le Sel
qui
JUILLET. 1731. 1659
qui peut être contenu dans telle Terre que
ce puisse être , voici comme je m'y prends
pour y réüssir. Je mêle avec de l'eau la
Terre en question , observant qu'il n'y ait
pas trop d'eau ; et aprés l'avoir laissée
quelque tems en infusion , je lui donne un
leger bouillon sur le feu ; ensuite ayant
filtré cette eau par le papier gris , pour la
rendre claire , je la fais christaliser sur
mes petits vers ronds , conformément à
ma Méthode. C'est ainsi que je m'y suis
pris pour voir et connoître les Sels difrens
du Terreau de fumier , de la bonne
Terre des champs , et de la Terre glaise ,
desquels je vous envoye les desseins. Mais
avant que je finisse ce qui regarde les Terres,
il est à propos que j'avertisse, que par rap-
•port à celles qui sont exposées à la Pluye,
Jes Sels qu'on y peut trouver , peuvent
souvent varier à raison des pluyes
des rosées , des brouillards , des neiges ,
ou des grêles , qui peuvent y tomber ,
et y déposer les differens Sels qui s'y rencontrent.
, ›
Pour les Eaux des puits , des rivieres et
des fontalnes, je ies christalise telles qu'elles
sont , lorsqu'elles sont pures et claires :
mais je dois aussi faire observer , que celles
des puits et des fontaines ne donnent
pas toûjours les mêmes Sels , ce que j'ai
B vj même
1660 MERCURE DE FRANCE
même remarqué dans les Eaux de Forges.
Certe variation mérite bien d'être plus
exactement observée que je n'ai fait, pour
en tirer toutes les conséquences convenables
à un pareil sujet.
,
et
Il est vrai que la même chose arrive à
l'égard de l'Eau des rivieres : mais la cause
en est évidente , sçavoir les pluyes , les
neiges, les grêles , & c. qui y tombent ,
les differentes Terres qui y sont souvent
entraînées , et qui y portent leurs Sels
avec elles . C'est par cette raison que j'ai
rrouvé des deux sortes de Sels dans l'eau
de la mer l'un est le Sel marin ordinaire
; et l'autre un Sel plus délié , dont
les pointes font plus fines. Ce qui rend
cette eau plus corrosive que celle où le
Sel marin seul est dissout . J'ai de même
trouvé de deux sortes de Sel dans l'eau
de riviere du mois de Mars , prise à dif
rens 'tems , le premier a quelque rapport
au Nitre , et le second au Borax ; mais
parce que je n'ai pas trouvé ce dernier Sel
avant ou après le tems marqué , cela
me fait soupçonner que c'est cette
espece de Sel qui rend les Eaux du mois
de Mars plus fortes et plus âpres que
les autres , qu'elles rendent le Linge plus
blanc , et qu'elles rongent davantage les
mains des Blanchisseuses , & c.
>
A
JUILLET
. 1731. 1661
'A l'égard des Plantes , voulant connoître
leurs veritables Sels , et voir quelles
sont leurs figures specifiques
,tout consiste
à piler la plante dans un mortier , y verser
ensuite ce qu'il convient d'eau , pour
donner plus de fluidité au suc , et donner
au Sel plus de facilité pour se dégager de
la viscosité dans laquelle il est souvent
renfermé : puis ayant laissé le tout poser
pendant quelque peu de tems , le filtrer
par le papier gris , et le faire ensuite christaliser
sur le verre. On peut bien juger
que plus le Suc de la Plante est visqueux , plus on doit y mêler d'eau . Je dirai aussi
que j'ai observé, que prenant les Plantes , dans le tems qu'elles sont dans leur for- ce , leurs Sels se font mieux connoître
.
>
Voilà de quelle maniere on peut voir
et connoitre les Sels des Plantes , quelles
sont leurs figures specifiques : par où l'on
peut juger des effets qu'elles doivent naturellement
produire : puisque comme
j'ai dit , c'est principalement
par les Sels
que tous les Mixtes font leurs plus puissantes
opérations ; et qu'en connoissant
les figures sensibles que prennent
les Sels en se christalisant
sur le verre
on connoît les figures invisibles de leurs
plus petites parties par lesquelles elles
opérent.
C'est
1662 MERCURE DE FRANCE
C'est ce qu'il m'est aisé de justifier par
un grand nombre de Plantes , dont j'ai
découvert et connu les Sels par cette
Méthode on peut en être persuadé , en
voyant seulement les trois desseins que
j'ai tiré de Sels , de l'Oseille , du Marübe
blanc , et de la Christe - Marine ; par - lesquels
il est très-facile de connoître les effets
que ces trois Plantes doivent naturellement
opérer : car trouvant dans l'Oseille
les principaux Sels formez en figures d'épines
, d'autres en petites éguilles , et d'autres
enfin en figure de lozanges pointuës
par les deux bouts , n'a-t- on pas une
marque assurée , que cette Plante doit
piquer par son acidité , et être tant soit
peu corrosive , comme on le reconnoît
par ces effets ; puisque chacun sçait
qu'elle dissipe les taches d'encre , lorsqu'il
en est tombé sur le Linge ? elle
doit aussi être rafraîchissante et pénétrante
, ce qu'on ne peut jamais reconnoître
( ainsi que je l'ai dit par son Analyse
Chymique.
Il en est de même du Marube blanc : les
Sels de cette Plante vûs et découverts par
ma Méthode sont visiblement un Sel ammoniac
très-abondant mêlé d'un peu deNître;
puisqu'ils ont l'un et l'autre des figures
sem
JUILLET. 1731. 1 1663
semblables à celles de ces deux Sels ; par où
il est aisé de juger que cette Plante doit
être volatile et désopilante , conformément
à ces deux Sels. Enfin j'ai trouvé les Sels
provenant de la Christe - Marine , où le Sel
marin se fait voir , accompagné de l'armoniac.
Je pourrois entrer dans un plus
grand détail , si je voulois rapporter comment
sont figurés les differens Sels des
Plantes , que je me suis donné le plaisir
d'examiner : je dis le plaisir , car c'en
est un veritable , que de voir cette differente
Palingénésie des Sels , et cet agréable
arrangement qu'ils prennent d'eux- mêmes
sur le Verre.
Passons maintenant aux humeurs , ou
liquides les plus considerables du Corps
humain,pour connoître les Sels contenus
dans la salive ; il est necessaire d'observer
qu'étant ordinairement trés visqueuses , il
faut pour en dissoudre la viscosité , pour en
détacher les Sels qui sont enfevelis , y mêler
au moins une fois autant d'eau ; et afin
que la dissolution se puisse mieux faire , il
est à propos de laisser poser le tout pendant
quelques heures ; et la laisser christaliser
aprés l'avoir filtrée : c'est alors, que , quoiqu'il
s'y trouve quelquefois des Sels differens
, on a presque toûjours le plaisir de
voir de ses yeux la verité de ce qu'on a dit,
sçavoir ,
1664 MERCURE DE FRANCE
sçavoir, que la Salive est ordinairement
remplie de Sel armoniac , ainsi qu'il est facile
de le voir par le dessein que j'ai tiré
d'après celle que j'ai christalisée.
Pour ce qui est du sang ; comme c'est
dans sa sérosité que les Sels sont dissous ,
ce n'est aussi que dans cette seule sérosité
qu'il les faut chercher. Il faut donc pour
cet effet , prendre celle qui se sépare d'ellemême
après la saignée . Mais comme elle
est extrêmement visqueuse et gluante
elle a besoin pour en débarasser les Sels ,
qu'on y mêle beaucoup plus d'eau que
dans la Salive , ensorte qu'il en faut mettre
environ sept à huit fois plus qu'il n'y a
de sérosite ayant ensuite laissé poser le
tout trois ou quatre heures , filtrer et
christaliser.C'a été en agissant de la sorte,
que
voulant connoître les Sels du sang
d'une personne legerement indisposée ,
j'y ai trouvai , comme on peut voir dans
le dessein , beaucoup de Sel armoniac
très-pen de Nitre , et quelques Globules ,
que je croyois être échapez dans la filtration.
Quant à l'urine , il faut s'y prendre
d'une maniere fort differente de celle
dont on use pour la Salive et pour le Sang
* Ettmuller, sur la Pharm. de Schoder. de la
Salive de l'Homme. liv z.
puisJUILLET.
1731. 1665
puisqu'à celles - là , il fant , si l'on veut en
voirles Sels , y adjoûter de l'eau ; au lieu
quepour voir ceux des urines , it convient
d'en faire évaporer une partře. On peut
voir dans la Planche la figure du Sel , que
j'ai observée dans l'urine d'une personne
saine.
Il me reste maintenant à faire quelques
Observations neceffaires ; et qu'il convient
de sçavoir , pour mieux réussir
en usant de cette Methode , pour ne s'y
pas tromper.
La premiere regarde l'eau dont on
doit se servir , soit pour dissoudre les
Sels , ou pour rendre les sucs des Plantes
, ou la salive et les serosités du sang
plus liquides : car soit qu'elle soit de
Fontaine , de Riviere , ou de Puits ; comme
ces differentes eaux peuvent avoir
leurs Sels propres et particuliers , il est
à propos , toutes les fois qu'on fait christaliser
ces choses mélangées d'eau , de
mettre en même temps de cette même
eau sur un autre verre , afin que si étant
elle - même christalisée , et y remarquant
quelque Sel particulier , on puisse le distinguer
d'avec ceux de la Plante , ou de
telle autre chose dont on veut connoître
le Sel propre.
La seconde Observation consiste à sçavoir
,
1666 MERCURE DE FRANCE
"
voir , que souvent et plus particulierement
à l'égard des sucs des Plantes , de la
salive , et de la serosité du sang , les Selssevoyent
et se distinguent d'autant mieux
qu'on met sur le verre une moindre quan ,
tité de ces liqueurs , la trop grande abondance
des Sels qui s'y rencontrent apportant
souvent de la confusion dans leur
christalisation , et les empêchant de prendre
exactement leut figure specifique..
C'est pourquoy
il est à propos d'en mettre
une plus ou moins grande quantité
sur deux ou trois des petits verres dont
on use à cet effet ; et pour le faire facilement
, on peut se setvir, comme je fais ,
pour prendre et pour poser ces liqueurs ,
d'une espece de petite cueilliere de cuivre
, dont le creux n'a pas plus de largeur
que la moitié de l'écaille d'une noisette
, ayant trés peu de profondeur.
La troisiéme Observation , est par
rapport à la serosité du sang , où l'on
peut aisement se tromper : car quoyqu'on
y mêle beaucoup d'eau , cela n'empêche
pas qu'à cause de sa grande viscosité
venant à se secher sur le verre , il ne s'y
fasse au moins à quelque endroit , une
pellicule , laquelle se sechant fortement , il
s'y fait diverses crevasses , lesquelles se
reünissent le plus souvent en forme de
lozanges :
JUILLET. 1731. 1667
lozanges : on en peut voir quelques-unes
tracées dans le dessein qui représente les
Sels du sang : et lorsqu'on vient â regarder
au jour avec le Microscope , les, Sels
de cette serosité , ces fentes ou crevasses
étant moins opaques , on peut aisement
les prendre pour des Sels plus transparens.
Enfin la quatrième et la derniere Observation
que j'ai à faire , est pour indiquer
le moyen de mieux connoître quels
sont les Sels qui paroissent sur le verre
aprés que la cristalisation est faite : Car
la premiere chose qu'on doit observer
c'est de voir si les cristaux qui paroissent ,
sont semblables à quelqu'un des Sels qui
sont connus , et dont les figures sont dessinées
dans la Planche qui est jointe à
ma Lettre parce qu'au moment qu'on
les verra semblables , on peut s'assurer
que ce sont les mêmes Sels , ce qui peut
arriver souvent ; puisque,comme j'ai dit ,
ces Sels connus de tout le monde , sont
aussi les plus communs dans la nature.
Néanmoins , parcequ'on ne peut pas dire
qu'ils soient les seuls , au cas qu'on en remarque
, soit dans certaines ter es , certaines
eaux , certaines plantes &c. qui
prennent constamment des figures particulieres
, il convient alors de les observer
1668 MERCURE DE FRANCE
ver exactement , pourjuger par leur figu
re des effets particuliers qu'ils doivent
pareillement produire.
Je me crois d'ailleurs obligé d'avertir ,
que je n'ai pas tellement perfectionné
cette découverte , qu'il ne reste plus rien
à faire pour découvrir géneralement tous
les Sels , et plus particulierement ceux
de toutes les Plantes et de toutes les humeurs
. Je ne donne tout ce qui est contenu
dans ces deux Lettres , que comme
un essai , dans lequel je me flatte d'avoir
réûssi ; s'il est poussé aussi loin qu'il le
peut être par des mains plus habiles , il
pourra devenir trés avantageux au public.
Je suis Monsieur & c.
On trouvera les Figures gravées de
ces Sels , dans la premiere Lettre de M.
Capperon , inserée dans le precedent
Mercure.
sur la Méthode d'observer les Sels qui
se trouvent dans les Terres , dans les
Plantes , dans les Humeurs , &c.
MONSIEUR ,
Vous sçavez mieux que moi , qu'il y a
long- tems qu'on cherche un moyen de
connoître la qualité des Mixtes , pour ju
ger des effets qu'ils doivent naturellement
operer. Comme on étoit d'abord persuadé
que les Mixtes
n'opéroient
que parce
qu'on
appelloit
leurs qualitez
; sçavoir
, le
chaud
, le sec , le froid
, et l'humide
; on
B iij
1574 MERCURE DE FRANCE
crut avoir fait beaucoup , que d'assigner à
chaque Mixte , jusqu'à quel degré il étoit
chaud , sec , froid , ou humide ; ce dont
on jugeoit par les effets qu'on lui voyoit
produire , et par- là on se flatoit d'avoir
un moyen suffisant pour connoître le
bien ou le mal que ces Mixtes pouvoient
faire.
Quoique cette Méthode fut en usage
avant le tems d'Hypocrate , et qu'elle l'ait
été presque jusqu'à nos jours : * cet habile
Homme reconnut néanmoins , qu'on ne
pouvoit pas aller loin avec cette Découverte.
Il crut qu'il pouvoit y mieux réüssir
, en enseignant que les Mixtes n'opéroient
qu'entant qu'ils contenoient quelque
chose de plus ou moins amer , ou salé,
ou doux , ou âpre , ou acerbe , ou adoucissant
, ** &c.En quoi , sans doute , il
pensoit plus juste que ceux qui l'avoient
précedé , mais après tout , ce n'étoit connoître
la nature des Mixtes que par leurs
seuls effets , même par leurs effets senfibles
; par consequent il falloit les avoir
souvent éprouvez , avant que d'en fixer
les qualitez.
Enfin la Chymie étant devenue com-
* On la peut voir bien marquée dans Matthi
Comment. sur Dioscoride.
** Lib. de prisca Medicina.
mune
JUILLET.
1731. 1575
mune , on a crû avoir trouvé le moyen
infaillible pour découvrir primitivement
ce que chaque Mixte devoit naturellement
opérer , parce que ceux qui cultivoient
cet art , prétendant avoir une Méthode
assurée pour décomposer les Mixtes par
le moyen du feu , séparer les Principes
dont ils étoient composez , pour les voir
ensuite à leur aise séparément , et connoître
leurs opérations, ils n'ont nullement
douté , qu'à proportion que quelques- uns
de ces principes se trouveroient dominer
plus ou moins dans les Mixtes , leurs Effets
devoient se diversifier differemment :
c'est ce qui a même donné lieu à l'Académie
Royale des Sciences de Paris , de
faire travailler à l'Analyse Chymique des
Plantes , dans l'esperance qu'on auroit
par là une connoissance assurée des effets
qu'elles doivent naturellement produire.
Mais les personnes éclairées , même les
plus habiles dans cette Profession , sont
tombées d'accord , qu'on ne pouvoit pas
encore sé flatter d'être arrivé par cette
voye au but qu'on se proposoit depuis si
long - tems. M. Lemery , cet habile Chymiste
, avoue lui- même dans le Discours
qu'il a fait sur la Chymie en général , et
qui est à la tête de son cours de Chymie ,
B iiij que
1656 MERCURE DE FRANCE
que, si l'on veut considerer sans préoccupation
, comment le feu agit lorsqu'on
s'en sert pour anatomiser les plantes , ( on
;
doit dire la même chose des autres Mixtes
) : on avouera , dit- il , qu'il détruit et
confond la plupart des choses qu'il disseque
qu'il n'y a pas lieu de croire qu'il
rende les substances en leur état naturel :
aussi n'hésite - t- il pas à dire , parlant des
Sels des Plantes , qu'il n'y a que leur Sel
essentiel qui se tire de leur Suc exprimé ,
et filtré , et christalisé , qui soit le veritable
Sel qui étoit dans la Plante , ce qu'on
ne peut pas dire ( ajoûte t- il ) des deux autres
; sçavoir , le Sel volatile , et le Sel
fixescar eû égard à la violence du feu dont
on s'est servi pour les faire , il y agrande
apparence qu'ils ont été déguisez .
Tous ceux qui ont parlé sans prévention
de cette Analise des Mixtes,faite par
la voye du feu , en ont pensé de même.
Le Medecin de Montpellier qui a fait des
Notes sur l'Anatomie d'Heister , dit . que
ce n'est pas par l'Analyse Chymique qu'on
peut connoître les veritables principes
des
corps ; puisque le feu change les matieres
, et qu'il les décompose ; que ceuxqui
veulent en juger par cette Analyse ,
n'ont pas plus de raison , que ceux qui
voudroient connoître la nature des Caillous
JUILLET. 1731. 1657.
lous par la chaux . En effet , c'est une
chose certaine , dit M. Lemery dans son
Mémoire sur les Analyses des Plantes , inseré
dans l'Histoire de l'Académie
, que
quoique l'Oseille ait un Suç naturellement
aigre dans la Distilation , neanmoins
elle donne beaucoup moins d'acide , que
plusieurs autres Plantes qui n'en manifestent
pas tant.
Il me paroît donc , que voulant connoître
ce que la plupart des Mixtes peuvent
opérer, on peut aller plus surement
au but par la Méthode que j'ai découverte,
que par cette Analyse Chymique à laquelle
on s'est attaché depuis ces derniers
tems ; car dans la plupart des Mixtes ,
quelle est la chose qui opére les plus
grands & les plus sensibles effets ? ne sontce
pas les Sels qui sont contenus dans ces
Mixtes , lorsque venant à se déveloper , et
s'insinuant dans les pores des autres Corps
ils les dilatent , les ouvrent , en remplissent
les vuides , ou rompent & dérangent
la contexture de leurs parties ? Ainsi , on
ne peut disconvenir , que de toutes les
parties , ou , si l'on veut, de tous les principes
qui forment les Mixtes , les particules
salines étant les plus roides
Ait, Des Mamelles,
, et les
plus
1658 MERCURE DE FRANCE
plus figurées , leur opération doit être
la plus sensible et la plus considerable.
Ainsi le moyen incontestablement le
plus sûr pour juger quels effets la plûpart
des Mixtes doivent naturellement produire
, consiste à connoître parfaitement
quels Sels dominent en eux , et quelles
sont les Figures specifiques de chacun de
ces Sels : puisque , comme j'ai déja dit , ils
opérent toûjours conformément à leur Figure
et à leur mouvement : or on ne peut
pas douter , que par ma Méthode , on ne
connoisse parfaitement quels sont les Sels
qui sont contenus dans la plupart des
Mixtes, et quelles en sont les Figures spécifiques
par consequent ma Méthode est
celle qui est la meilleure et la plus
sûre pour juger des effets que ces Mixtes
doivent naturellement produire .
Tout ceci préalablement établi , entrons
maintenant en matiere ; et voyons en particulier
comment il faut s'y prendre pour
connoître quels sont les Sels qui peuvent
être contenus, soit dans les Terres, soit dans
les Eaux , soit dans les Plantes , soit dans les
Humeurs ; car il me paroit que quand on
aura poussé jusques- là ses connoissances ,
on aura trouvé suffisamment de quoi se satisfaire
.
Voulant donc découvrir quel est le Sel
qui
JUILLET. 1731. 1659
qui peut être contenu dans telle Terre que
ce puisse être , voici comme je m'y prends
pour y réüssir. Je mêle avec de l'eau la
Terre en question , observant qu'il n'y ait
pas trop d'eau ; et aprés l'avoir laissée
quelque tems en infusion , je lui donne un
leger bouillon sur le feu ; ensuite ayant
filtré cette eau par le papier gris , pour la
rendre claire , je la fais christaliser sur
mes petits vers ronds , conformément à
ma Méthode. C'est ainsi que je m'y suis
pris pour voir et connoître les Sels difrens
du Terreau de fumier , de la bonne
Terre des champs , et de la Terre glaise ,
desquels je vous envoye les desseins. Mais
avant que je finisse ce qui regarde les Terres,
il est à propos que j'avertisse, que par rap-
•port à celles qui sont exposées à la Pluye,
Jes Sels qu'on y peut trouver , peuvent
souvent varier à raison des pluyes
des rosées , des brouillards , des neiges ,
ou des grêles , qui peuvent y tomber ,
et y déposer les differens Sels qui s'y rencontrent.
, ›
Pour les Eaux des puits , des rivieres et
des fontalnes, je ies christalise telles qu'elles
sont , lorsqu'elles sont pures et claires :
mais je dois aussi faire observer , que celles
des puits et des fontaines ne donnent
pas toûjours les mêmes Sels , ce que j'ai
B vj même
1660 MERCURE DE FRANCE
même remarqué dans les Eaux de Forges.
Certe variation mérite bien d'être plus
exactement observée que je n'ai fait, pour
en tirer toutes les conséquences convenables
à un pareil sujet.
,
et
Il est vrai que la même chose arrive à
l'égard de l'Eau des rivieres : mais la cause
en est évidente , sçavoir les pluyes , les
neiges, les grêles , & c. qui y tombent ,
les differentes Terres qui y sont souvent
entraînées , et qui y portent leurs Sels
avec elles . C'est par cette raison que j'ai
rrouvé des deux sortes de Sels dans l'eau
de la mer l'un est le Sel marin ordinaire
; et l'autre un Sel plus délié , dont
les pointes font plus fines. Ce qui rend
cette eau plus corrosive que celle où le
Sel marin seul est dissout . J'ai de même
trouvé de deux sortes de Sel dans l'eau
de riviere du mois de Mars , prise à dif
rens 'tems , le premier a quelque rapport
au Nitre , et le second au Borax ; mais
parce que je n'ai pas trouvé ce dernier Sel
avant ou après le tems marqué , cela
me fait soupçonner que c'est cette
espece de Sel qui rend les Eaux du mois
de Mars plus fortes et plus âpres que
les autres , qu'elles rendent le Linge plus
blanc , et qu'elles rongent davantage les
mains des Blanchisseuses , & c.
>
A
JUILLET
. 1731. 1661
'A l'égard des Plantes , voulant connoître
leurs veritables Sels , et voir quelles
sont leurs figures specifiques
,tout consiste
à piler la plante dans un mortier , y verser
ensuite ce qu'il convient d'eau , pour
donner plus de fluidité au suc , et donner
au Sel plus de facilité pour se dégager de
la viscosité dans laquelle il est souvent
renfermé : puis ayant laissé le tout poser
pendant quelque peu de tems , le filtrer
par le papier gris , et le faire ensuite christaliser
sur le verre. On peut bien juger
que plus le Suc de la Plante est visqueux , plus on doit y mêler d'eau . Je dirai aussi
que j'ai observé, que prenant les Plantes , dans le tems qu'elles sont dans leur for- ce , leurs Sels se font mieux connoître
.
>
Voilà de quelle maniere on peut voir
et connoitre les Sels des Plantes , quelles
sont leurs figures specifiques : par où l'on
peut juger des effets qu'elles doivent naturellement
produire : puisque comme
j'ai dit , c'est principalement
par les Sels
que tous les Mixtes font leurs plus puissantes
opérations ; et qu'en connoissant
les figures sensibles que prennent
les Sels en se christalisant
sur le verre
on connoît les figures invisibles de leurs
plus petites parties par lesquelles elles
opérent.
C'est
1662 MERCURE DE FRANCE
C'est ce qu'il m'est aisé de justifier par
un grand nombre de Plantes , dont j'ai
découvert et connu les Sels par cette
Méthode on peut en être persuadé , en
voyant seulement les trois desseins que
j'ai tiré de Sels , de l'Oseille , du Marübe
blanc , et de la Christe - Marine ; par - lesquels
il est très-facile de connoître les effets
que ces trois Plantes doivent naturellement
opérer : car trouvant dans l'Oseille
les principaux Sels formez en figures d'épines
, d'autres en petites éguilles , et d'autres
enfin en figure de lozanges pointuës
par les deux bouts , n'a-t- on pas une
marque assurée , que cette Plante doit
piquer par son acidité , et être tant soit
peu corrosive , comme on le reconnoît
par ces effets ; puisque chacun sçait
qu'elle dissipe les taches d'encre , lorsqu'il
en est tombé sur le Linge ? elle
doit aussi être rafraîchissante et pénétrante
, ce qu'on ne peut jamais reconnoître
( ainsi que je l'ai dit par son Analyse
Chymique.
Il en est de même du Marube blanc : les
Sels de cette Plante vûs et découverts par
ma Méthode sont visiblement un Sel ammoniac
très-abondant mêlé d'un peu deNître;
puisqu'ils ont l'un et l'autre des figures
sem
JUILLET. 1731. 1 1663
semblables à celles de ces deux Sels ; par où
il est aisé de juger que cette Plante doit
être volatile et désopilante , conformément
à ces deux Sels. Enfin j'ai trouvé les Sels
provenant de la Christe - Marine , où le Sel
marin se fait voir , accompagné de l'armoniac.
Je pourrois entrer dans un plus
grand détail , si je voulois rapporter comment
sont figurés les differens Sels des
Plantes , que je me suis donné le plaisir
d'examiner : je dis le plaisir , car c'en
est un veritable , que de voir cette differente
Palingénésie des Sels , et cet agréable
arrangement qu'ils prennent d'eux- mêmes
sur le Verre.
Passons maintenant aux humeurs , ou
liquides les plus considerables du Corps
humain,pour connoître les Sels contenus
dans la salive ; il est necessaire d'observer
qu'étant ordinairement trés visqueuses , il
faut pour en dissoudre la viscosité , pour en
détacher les Sels qui sont enfevelis , y mêler
au moins une fois autant d'eau ; et afin
que la dissolution se puisse mieux faire , il
est à propos de laisser poser le tout pendant
quelques heures ; et la laisser christaliser
aprés l'avoir filtrée : c'est alors, que , quoiqu'il
s'y trouve quelquefois des Sels differens
, on a presque toûjours le plaisir de
voir de ses yeux la verité de ce qu'on a dit,
sçavoir ,
1664 MERCURE DE FRANCE
sçavoir, que la Salive est ordinairement
remplie de Sel armoniac , ainsi qu'il est facile
de le voir par le dessein que j'ai tiré
d'après celle que j'ai christalisée.
Pour ce qui est du sang ; comme c'est
dans sa sérosité que les Sels sont dissous ,
ce n'est aussi que dans cette seule sérosité
qu'il les faut chercher. Il faut donc pour
cet effet , prendre celle qui se sépare d'ellemême
après la saignée . Mais comme elle
est extrêmement visqueuse et gluante
elle a besoin pour en débarasser les Sels ,
qu'on y mêle beaucoup plus d'eau que
dans la Salive , ensorte qu'il en faut mettre
environ sept à huit fois plus qu'il n'y a
de sérosite ayant ensuite laissé poser le
tout trois ou quatre heures , filtrer et
christaliser.C'a été en agissant de la sorte,
que
voulant connoître les Sels du sang
d'une personne legerement indisposée ,
j'y ai trouvai , comme on peut voir dans
le dessein , beaucoup de Sel armoniac
très-pen de Nitre , et quelques Globules ,
que je croyois être échapez dans la filtration.
Quant à l'urine , il faut s'y prendre
d'une maniere fort differente de celle
dont on use pour la Salive et pour le Sang
* Ettmuller, sur la Pharm. de Schoder. de la
Salive de l'Homme. liv z.
puisJUILLET.
1731. 1665
puisqu'à celles - là , il fant , si l'on veut en
voirles Sels , y adjoûter de l'eau ; au lieu
quepour voir ceux des urines , it convient
d'en faire évaporer une partře. On peut
voir dans la Planche la figure du Sel , que
j'ai observée dans l'urine d'une personne
saine.
Il me reste maintenant à faire quelques
Observations neceffaires ; et qu'il convient
de sçavoir , pour mieux réussir
en usant de cette Methode , pour ne s'y
pas tromper.
La premiere regarde l'eau dont on
doit se servir , soit pour dissoudre les
Sels , ou pour rendre les sucs des Plantes
, ou la salive et les serosités du sang
plus liquides : car soit qu'elle soit de
Fontaine , de Riviere , ou de Puits ; comme
ces differentes eaux peuvent avoir
leurs Sels propres et particuliers , il est
à propos , toutes les fois qu'on fait christaliser
ces choses mélangées d'eau , de
mettre en même temps de cette même
eau sur un autre verre , afin que si étant
elle - même christalisée , et y remarquant
quelque Sel particulier , on puisse le distinguer
d'avec ceux de la Plante , ou de
telle autre chose dont on veut connoître
le Sel propre.
La seconde Observation consiste à sçavoir
,
1666 MERCURE DE FRANCE
"
voir , que souvent et plus particulierement
à l'égard des sucs des Plantes , de la
salive , et de la serosité du sang , les Selssevoyent
et se distinguent d'autant mieux
qu'on met sur le verre une moindre quan ,
tité de ces liqueurs , la trop grande abondance
des Sels qui s'y rencontrent apportant
souvent de la confusion dans leur
christalisation , et les empêchant de prendre
exactement leut figure specifique..
C'est pourquoy
il est à propos d'en mettre
une plus ou moins grande quantité
sur deux ou trois des petits verres dont
on use à cet effet ; et pour le faire facilement
, on peut se setvir, comme je fais ,
pour prendre et pour poser ces liqueurs ,
d'une espece de petite cueilliere de cuivre
, dont le creux n'a pas plus de largeur
que la moitié de l'écaille d'une noisette
, ayant trés peu de profondeur.
La troisiéme Observation , est par
rapport à la serosité du sang , où l'on
peut aisement se tromper : car quoyqu'on
y mêle beaucoup d'eau , cela n'empêche
pas qu'à cause de sa grande viscosité
venant à se secher sur le verre , il ne s'y
fasse au moins à quelque endroit , une
pellicule , laquelle se sechant fortement , il
s'y fait diverses crevasses , lesquelles se
reünissent le plus souvent en forme de
lozanges :
JUILLET. 1731. 1667
lozanges : on en peut voir quelques-unes
tracées dans le dessein qui représente les
Sels du sang : et lorsqu'on vient â regarder
au jour avec le Microscope , les, Sels
de cette serosité , ces fentes ou crevasses
étant moins opaques , on peut aisement
les prendre pour des Sels plus transparens.
Enfin la quatrième et la derniere Observation
que j'ai à faire , est pour indiquer
le moyen de mieux connoître quels
sont les Sels qui paroissent sur le verre
aprés que la cristalisation est faite : Car
la premiere chose qu'on doit observer
c'est de voir si les cristaux qui paroissent ,
sont semblables à quelqu'un des Sels qui
sont connus , et dont les figures sont dessinées
dans la Planche qui est jointe à
ma Lettre parce qu'au moment qu'on
les verra semblables , on peut s'assurer
que ce sont les mêmes Sels , ce qui peut
arriver souvent ; puisque,comme j'ai dit ,
ces Sels connus de tout le monde , sont
aussi les plus communs dans la nature.
Néanmoins , parcequ'on ne peut pas dire
qu'ils soient les seuls , au cas qu'on en remarque
, soit dans certaines ter es , certaines
eaux , certaines plantes &c. qui
prennent constamment des figures particulieres
, il convient alors de les observer
1668 MERCURE DE FRANCE
ver exactement , pourjuger par leur figu
re des effets particuliers qu'ils doivent
pareillement produire.
Je me crois d'ailleurs obligé d'avertir ,
que je n'ai pas tellement perfectionné
cette découverte , qu'il ne reste plus rien
à faire pour découvrir géneralement tous
les Sels , et plus particulierement ceux
de toutes les Plantes et de toutes les humeurs
. Je ne donne tout ce qui est contenu
dans ces deux Lettres , que comme
un essai , dans lequel je me flatte d'avoir
réûssi ; s'il est poussé aussi loin qu'il le
peut être par des mains plus habiles , il
pourra devenir trés avantageux au public.
Je suis Monsieur & c.
On trouvera les Figures gravées de
ces Sels , dans la premiere Lettre de M.
Capperon , inserée dans le precedent
Mercure.
Fermer
Résumé : SECONDE LETTRE de M. Capperon sur la Méthode d'observer les Sels qui se trouvent dans les Terres, dans les Plantes, dans les Humeurs, &c.
La lettre de M. Capperon explore une méthode d'observation des sels présents dans les terres, les plantes et les humeurs. Historiquement, les mixtes étaient classés selon leurs qualités (chaud, sec, froid, humide) ou leurs saveurs (amer, salé, doux). Cependant, ces méthodes étaient limitées aux effets observables. Avec l'avènement de la chimie, on a tenté de décomposer les mixtes par le feu, mais cette approche altérait les substances, rendant l'analyse imparfaite. Capperon propose une méthode alternative basée sur l'observation des sels cristallisés. Il affirme que les sels, en se développant et en s'insinuant dans les pores des corps, produisent des effets sensibles et considérables. Pour observer ces sels, il mélange les substances avec de l'eau, les filtre et les cristallise sur des verres. Cette méthode est appliquée aux terres, eaux, plantes et humeurs, notant que les sels peuvent varier en fonction des conditions environnementales. Pour les plantes, Capperon pile la plante, ajoute de l'eau, filtre le suc et observe la cristallisation. Il illustre cette méthode avec des exemples comme l'oseille, le marube blanc et la christe-marine, montrant comment les formes des cristaux révèlent les propriétés des plantes. Pour la salive, il dissout la viscosité avec de l'eau et observe les cristaux formés. Le texte décrit également une méthode pour analyser les sels présents dans le sang, la salive et l'urine. Pour le sang, il est nécessaire de séparer la sérosité après une saignée, de la mélanger avec une grande quantité d'eau, de laisser reposer le mélange, puis de filtrer et cristalliser. Cette méthode a permis de découvrir du sel armoniac et du nitre dans le sang d'une personne légèrement indisposée. Pour l'urine, il faut évaporer une partie du liquide pour observer les sels. L'auteur souligne l'importance d'utiliser de l'eau de même source pour éviter la confusion des sels et de reconnaître les sels connus. Il mentionne que sa découverte est un essai et espère qu'elle pourra être perfectionnée par d'autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 1278-1288
EXTRAIT du Memoire lû par M. de Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences du 5 May 1734. sur les diférens degrez du froid qu'on peut produire en mêlant de la Glace avec diférens Sels ou avec d'autres matieres, soit solides, soit liquides.
Début :
On sçait qu'en mêlant de la glace pilée avec certains sels, tels que le [...]
Mots clefs :
Réaumur, Académie royale des sciences, Froid, Glace, Sels, Degrés, Salpêtre, Expériences, Esprit de vin, Poudre, Sel marin, Thermomètres, Degré, Liqueurs, Mémoire
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire lû par M. de Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences du 5 May 1734. sur les diférens degrez du froid qu'on peut produire en mêlant de la Glace avec diférens Sels ou avec d'autres matieres, soit solides, soit liquides.
EXTRAIT du Memoire lû par M. de
Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie
Royale des Sciences du 5 May
1734. sur les diférens degrez du froid
qu'on peut produire en mêlant de la Glace
avec diférens Sels ou avec d'autres matieres,
soit solides , soit liquides .
OP
N sçait qu'en mêlant de la glace
pilée avec certains sels , tels que le
Salpêtre et le Sel marin , ou le Sel de table
, on fait naître un plus grand degré
de froid que celui qu'avoit cette Glace ;
qu'au moyen du froid produit par ce mélange
on fait geler de l'eau dans les jours
les plus chauds . C'est même l'expédient
auquel nous devons ces liqueurs glacées
que nous prenons avec plaisir en Eté et
qui paroissent à présent en toutes Saisons
sur les tables somptueuses ; Mais or ne
sçait point encore assez quelle est l'efficacité
de chaque Sel mêlé avec la Glace pour
la production du froid. Quoiqu'on ait
fait beaucoup d'expériences sur la production
de ces froids , qu'on peut nom,
mer artificiels , on ne sçait point encore
de combien le froid qu'un Sel peut produire
est plus grand que celui qui peut
II Vol. être
JUIN. 1734: 1279
Etre produit par un autre Sel , et quelle
est la proportion la plus avantageuse dans
laquelle chaque Sel doit être combiné
avec la Glace. C'est aussi ce qui ne pouvoit
être déterminé avec une sorte de
précision , avant qu'on eut les Thermométres
dont M. de Réaumur a donné la
construction dans les Mémoires de l'Académie
de 1730. Il falloit que les dégrez
de chaud et de froid eussent été réduits à
certaines mesures fixes ; que les dégrez du
Thermométre qui les désignent ne fussent
pas pris arbitrairement comme ils le
sont dans les Thermométres ordinaires.
Dans ceux de M. de Réaumur , ces dégrez
sont des portions connues d'un volume
connu , d'un esprit de vin connu : aussi
plusieurs de ces Thermométres , placez à
côté les uns des autres , s'ils ont été bien
construits , marquent par un même nombre
de dégrez la température de l'air.
On a donc dans ces Thermomètres des
instrumens propres à déterminer les dégrez
du froid en mesures connuës . Les
premiers que M. de Réaumur avoit fait
construire étoient extrémement grands
et par consequent difficiles même à
manier. Il est parvenu à en faire faire
d'aussi petits qu'on les peut souhaiter
, et aussi exacts que les grands. Les
II. Vol. de1280
MERCURE DE FRANCE
dégrez des uns sont proportionnels à ceux
des autres . Les petits n'ont que huic à
dix pouces de hauteur , et moins si l'on
veut. Nous sommes encore obligez de
rapp ller ici qu'il y a sur ces Thermométres
deux suites de dégrez ou de divisions,
l'une qu'on peut appeller celle des dégrez
ascendans ou des dégrez de chaud , et
l'autre des dégrez descendans ou des dégrez
de froid ; le terme , la ligne qui sépare
ces deux suites est marquée par Zero.
Lorsque la liqueur du Thermométre e
à ce terme , elle n'a précisément que le
degré de f oid qui suffit pour geler l'eau
ou pour empêcher la Glace de se fondre.
Les dégrez qui sont au dessous de ce terme
expriment des d'grez de froid de plus
grand en plus grand que celui qui est
simplement capable de geler l'eau.
Le Salpêtre est un des Sels de l'efficacité
duquel on a le plus d'idée pour la
production du froid. C'est à un nitre ou
à un Salpêtre répandu dans l'air qu'on
attribue les plus grands froids : si la Glace
se forme au milieu de l'Eté dans quelques
cavernes souterraines, telles que la Grotte
de Besançon on veut que ce soit parce
que les terres des environs sont impregnées
de Salpêtre . Les expériences de
M. de Réaumur nous font beaucoup ra-7.
,
11 Vol. batJUIN
1734. 1 ·
1281
battre de cette idée qu'on s'étoit faite du
Salpêtre , elles, apprennent que le Salpêtre
bien pur, bien rafiné , étant mêlé avec
la Glace , ne peut faire naîtte qu'un dégré
de froid de trois dégrez et demi plus
grand que celui qui est capable de geler
T'eau.
Si on avoit eu besoin de produite un
grand degré de froid , on ne se seroit pas.
avisé apparemment de préférer le sucre
au Salpêtre ; on l'auroit dû pourtant , puisque
les expériences de M. de Reaumur apprennent
qu'avec du sucre et de la Glace
on fait naître un froid de 5 dégrez au - dessous
de la congellation. Ces expériences
doivent paroître curieuses; mais on auroit
été assez porté à croire qu'elles ne sont
que curieuses, M. de Reaumur à fait voir
qu'elles ont des utilitez qu'on n'en auroit
pas attendues. On a cherché et on a imaginé
bien des moyens et bien des machines
pour éprouver la force de la poudre
à canon , parce qu'il importe extrémement
de pouvoir s'assurer de la qualité des différentes
poudres. Ceux qui sont le plus
au fait de l'Artillerie sçavent cependant
que malgré tous les genres d'épreuves
qu'on a imaginés , il n'y en a pas encore
une bonne qui soit connues on n'a pas
pensé assurémentque la meilleure maniere
I I. Vol. B dé1232
MERCURE DE FRANCE
11
déprouver de la poudre à canon fur déprouver
le degré du froid qu'elle peut
faire naître : c'est pourtant ce qui résul
te très - clairement des expériences de
M. de Reaumur. Le Salpêtre fait la base
de cette poudre , elle est composée de
trois parties de Salpêtre , d'une demie
partie de charbon et d'une demie partie
de souffre , c'est sur tout par la qualité,
du Salpêtre qu'on peut craindre que la
poudre peche . L'opération de purifier ,
de rafiner le Salpêtre se réduit presque à
en séparer un Sel de la nature du Sel marin
où du Sel de table avec lequel il est
mêlé. Le Salpêtre est d'autant plus pur ,
plus parfait , qu'il contient moms de ce
Sel. Or les expériences de M. de Reaumur
lui ont appris que le Sel matin ou
que le Sel qui altére le Salpêtre mêlé avec
la Glace, est capable de produire un trèsgrand
froid , un froid qui surpasse de 15
degrez celui qui suffit pour geler l'eau¸
au lieu que leSalpêtre bien rafiné ne peut
produire qu'un froid de 3 degrez et demi
plus grand que celui de l'eau qui
commence à se geler. Delà il suit que
moins le Salpêtre sera rafiné et plus le
froid qu'il fera naître , étant mêlé avec de
la Glace , sera grand . La plus sûre , la
moins équivoque des épreuves du Salpê-
II. . Vol.
tre
JUIN. 1734 1283
que
tre est donc celle du froid qu'il peut produire
. M. de Reaumur a trouvé qu'il y
a du Salpêtre de la premiere cuite qui fait
naître jusqu'à 11 degrez de froid. Enfin
que d'autre Salpêtre n'en fait naître
9. 8.7. degrez plus ou moins selon qu'il
a été rafiné. On voit bien que l'essai doit
réüssir de même pour la poudre à canon,
sur tout lorsqu'on sçait que le charbon
pilé et le souffre n'augmentent point le
froid de la Glace. Afin pourtant qu'il ne
restât aucun doute sur le succès de cette
épreuve , M. de Reaumur a fait faire de
la poudre à canon avec du Salpêtre bien
rafiné ; mêlé avec la Glace elle a produit
3 degrez et demi de froid ; il a fait faire
d'autres poudres avec d'autres Salpêtres
qui ont donné 7. 8. ou 10. degrez de
froid selon la qualité de Salpêtre qui
étoit entré dans leur composition.
Nous ne sçaurions suivre le détail des
expériences que M. de Reaumur a faites
sur toutes les diférentes especes des Sels ,
mais nous ne pouvons nous dispenser de
dire quelque chose de celles sur les diférens
Sels fixes ou alcalis et sur les cendres
qui fournissent ces Sels , parce que les
resultats de ses expériences peuvent être
utiles à tous ceux qui font des liqueurs
glacées dans les Pays où le Sel marin jest
Bip rare II Vol.
1284 MERCURE DE FRANCE
rare ou cher , et à ceux qui sont obligez
de conserver leurs Glaces pendant des
demie journées. Le Sel de Soude , les diférentes
Soudes elles mêmes , les potasses,
les cendres gravelées , le Tartre , en un
mot , tous les Sels alcalis ou les cendres
chargées de ces Sels sont capables de produire
au moins un aussi grand degré de
froid que le Salpêtre bien rafiné : quel
ques- unes mêmes de ces matieres produisent
de très- grands froids et même
superieurs à celui que le Sel marin peut
produire. La cendre ordinaire , celle qu'on
trouve dans toute cheminée où on a brûlé
du bois neufsuffit pour faire des Glaces
ou liqueurs glacées ; on ne sçauroit désirer
une matiere à meilleur marché ; il est
vrai pourtant qu'avec cette cendre on ne
fera pas des Glaces aussi promptement à
beaucoup près , qu'on les fait avec le Sel
marin , qu'on sera obligé d'y employer
plus de deux heures , mais cet inconvé
nient , qui n'en est un que lorsqu'on est
pressé par le tems , est compensé par un
avantage , c'est que la cendre conserve
bien plus long-tems les Glaces qu'elle a
faites que le Sel marin ne conserve celles
qu'il a produites plus vîte ; c'est de quoi
les raisons sont expliquées dans le Mémoire.
La longueur d'un Extrait ne nous
II. Vol
perJUIN.
1734. 1285
permet pas de parler de toutes les diférentes
matieres qui augmentent le froid
de la Glace avec laquelle on les mêle ; il
y en a pourtant que nous ne pouvons
nous résoudre à passer entierement sous
silence . Il est bien singulier que la chaux
qui s'échauffe si considérablement lorsqu'elle
est humectée par l'eau , augmente
le froid de la Glace avec laquelle on l'a
mêlée. Les Physiciens sçavoient déja que
l'esprit de vin , qui est une liqueur si
inflamable , qui est tout feu
versé sur
la Glace augmente son froid ; mais M. de
Reaumur a trouvé qu'avec la Glace l'Esprit
de vin versé dessus en certaines circonstances
, on peut faire naître un froid
excessif.
›
→
Il a cherché aussi à mesurer les degrez
des froids qu'on peut faire naître au
moyen des plus violens esprits acides
comme l'esprit de nitre et l'esprit de Sel :
Ils peuvent produire des froids prodigieux
: Celui que nous avons ressenti à
Paris dans le mémorable hyver de 1709.
n'eut fait descendre la liqueur du Thermométre
qu'un peu au - dessous de 14
degrez , et avec ces esprits et par d'autres
moyens indiquez , M. de Reaumur en
produit des froids capables de faire descendre
la liqueur à 25 ou à 26 degrez .
- II. Vol.
B iij
Si
1286 MERCURE DE FRANCE
Si on affablit de l'Esprit de vin de la
qualité de celui du Thermométre , si on
mêle trois parties de cet Esprit de vin
avec deux parties d'eau cet Esprit de
vin affoibli est encore plus fort que les
meilleures eaux de vie , il ne sçauroit cependant
conserver sa liquidité contre un
froid de 24 degrez , il se géle sur le
champ.
,
>
Les liqueurs inflamables et les liqueurs
qui sont chargées de beaucoup de Sel
sont celles qui se gélent le plus dificilement
; mais M. de Reaumur a fait observer
dans son Memoire, que la nature sçait
composer des liqueurs qui nous semblent
purement aqueuses , qui ne sont point
inflamables qui ne nous paroissent
pas chargées de Sels et qui cependant
sont capables de soutenir de très grands
froids sans perdre leur liquidité : Ce sont
celles qui circulent dans les corps des
insectes de tant d'especes differentes.
M. de Reaumur a fait quantité d'essais
pour connoître les degrez de froid qui
peuvent faire périr les insectes de diverses
especes qui peuvent geler leur sang.Si
les degrez de froid de certains Hyvers
sont supérieurs à ceux que certains insec
tes peuvent soutenir, et qu'ils sont exposez
à soutenir , nous pourrons alors pré-
II. Vol. dire
JUIN. 17345 1287
dire que ces Insectes ne nous incommoderont
pas dans le reste de l'année ; c'est
un détail curieux dont il a reservé la plus
grande partie pour l'Histoire des Insectes.
Il ne parle ici que de quelques especes
de Chenilles , il en a trouvé des especes
qu'un froid de huit degrez fait perir 13
mais malheureusement il y en a une espece
, la plus commune de toutes , et
qu'il a aussi nommée la commune , parce
que le nombre de ses individus surpasse
dans le Royaume en certaines années le
nombre des individus qui fournissent
ensemble plusieurs milliers d'autres especes
; c'est cette espéce dont on voit
des nichées sur les arbres lorsqu'ils ont
perdu leurs feuilles. Ces Chenilles sont
malheureusement constituées de façon
que nous ne pouvons pas esperer qu'aucun
froid nous en délivre ; quoique jeunes et
petites , elles ont soutenu un froid de 18
degrez sans que leur sang se soit gelé et
sans qu'elles ayent péri , c'est - à- dire , un
froid au moins plus grand de quatre degrez
que celui que nous avons eu en
1709.
le
Il n'est pas sûr même qu'un froid de
huit degrez nous délivre de celles dont
sang peut être gelé par ce froid. La nature
a appris à celles qui ne sont pas en
11. Vol.
Biiij état
1288 MERCURE DE FRANCE
état de soutenir les plus grands froids de
s'enfoncer en terre ; quelques-unes y entrent
dès le Printems , d'autres y entrent
en Eté elles s'y métamorphosent en
Crysalides . Sous cette derniere forme elles
restent pendant tout Hyver cachées en
terre,d'où ces Insectes sortent auPrinters
sous la forme de Papillons.
Quand nous étendrions , encore plus
loin cet Extrait, il faudroit toujours nous
résoudre à ne rien dire d'une partie des
faits curieux et utiles dont le Memoire
est rempli dès que nous ne donnerions
pas le Memoire en entier.
*
Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie
Royale des Sciences du 5 May
1734. sur les diférens degrez du froid
qu'on peut produire en mêlant de la Glace
avec diférens Sels ou avec d'autres matieres,
soit solides , soit liquides .
OP
N sçait qu'en mêlant de la glace
pilée avec certains sels , tels que le
Salpêtre et le Sel marin , ou le Sel de table
, on fait naître un plus grand degré
de froid que celui qu'avoit cette Glace ;
qu'au moyen du froid produit par ce mélange
on fait geler de l'eau dans les jours
les plus chauds . C'est même l'expédient
auquel nous devons ces liqueurs glacées
que nous prenons avec plaisir en Eté et
qui paroissent à présent en toutes Saisons
sur les tables somptueuses ; Mais or ne
sçait point encore assez quelle est l'efficacité
de chaque Sel mêlé avec la Glace pour
la production du froid. Quoiqu'on ait
fait beaucoup d'expériences sur la production
de ces froids , qu'on peut nom,
mer artificiels , on ne sçait point encore
de combien le froid qu'un Sel peut produire
est plus grand que celui qui peut
II Vol. être
JUIN. 1734: 1279
Etre produit par un autre Sel , et quelle
est la proportion la plus avantageuse dans
laquelle chaque Sel doit être combiné
avec la Glace. C'est aussi ce qui ne pouvoit
être déterminé avec une sorte de
précision , avant qu'on eut les Thermométres
dont M. de Réaumur a donné la
construction dans les Mémoires de l'Académie
de 1730. Il falloit que les dégrez
de chaud et de froid eussent été réduits à
certaines mesures fixes ; que les dégrez du
Thermométre qui les désignent ne fussent
pas pris arbitrairement comme ils le
sont dans les Thermométres ordinaires.
Dans ceux de M. de Réaumur , ces dégrez
sont des portions connues d'un volume
connu , d'un esprit de vin connu : aussi
plusieurs de ces Thermométres , placez à
côté les uns des autres , s'ils ont été bien
construits , marquent par un même nombre
de dégrez la température de l'air.
On a donc dans ces Thermomètres des
instrumens propres à déterminer les dégrez
du froid en mesures connuës . Les
premiers que M. de Réaumur avoit fait
construire étoient extrémement grands
et par consequent difficiles même à
manier. Il est parvenu à en faire faire
d'aussi petits qu'on les peut souhaiter
, et aussi exacts que les grands. Les
II. Vol. de1280
MERCURE DE FRANCE
dégrez des uns sont proportionnels à ceux
des autres . Les petits n'ont que huic à
dix pouces de hauteur , et moins si l'on
veut. Nous sommes encore obligez de
rapp ller ici qu'il y a sur ces Thermométres
deux suites de dégrez ou de divisions,
l'une qu'on peut appeller celle des dégrez
ascendans ou des dégrez de chaud , et
l'autre des dégrez descendans ou des dégrez
de froid ; le terme , la ligne qui sépare
ces deux suites est marquée par Zero.
Lorsque la liqueur du Thermométre e
à ce terme , elle n'a précisément que le
degré de f oid qui suffit pour geler l'eau
ou pour empêcher la Glace de se fondre.
Les dégrez qui sont au dessous de ce terme
expriment des d'grez de froid de plus
grand en plus grand que celui qui est
simplement capable de geler l'eau.
Le Salpêtre est un des Sels de l'efficacité
duquel on a le plus d'idée pour la
production du froid. C'est à un nitre ou
à un Salpêtre répandu dans l'air qu'on
attribue les plus grands froids : si la Glace
se forme au milieu de l'Eté dans quelques
cavernes souterraines, telles que la Grotte
de Besançon on veut que ce soit parce
que les terres des environs sont impregnées
de Salpêtre . Les expériences de
M. de Réaumur nous font beaucoup ra-7.
,
11 Vol. batJUIN
1734. 1 ·
1281
battre de cette idée qu'on s'étoit faite du
Salpêtre , elles, apprennent que le Salpêtre
bien pur, bien rafiné , étant mêlé avec
la Glace , ne peut faire naîtte qu'un dégré
de froid de trois dégrez et demi plus
grand que celui qui est capable de geler
T'eau.
Si on avoit eu besoin de produite un
grand degré de froid , on ne se seroit pas.
avisé apparemment de préférer le sucre
au Salpêtre ; on l'auroit dû pourtant , puisque
les expériences de M. de Reaumur apprennent
qu'avec du sucre et de la Glace
on fait naître un froid de 5 dégrez au - dessous
de la congellation. Ces expériences
doivent paroître curieuses; mais on auroit
été assez porté à croire qu'elles ne sont
que curieuses, M. de Reaumur à fait voir
qu'elles ont des utilitez qu'on n'en auroit
pas attendues. On a cherché et on a imaginé
bien des moyens et bien des machines
pour éprouver la force de la poudre
à canon , parce qu'il importe extrémement
de pouvoir s'assurer de la qualité des différentes
poudres. Ceux qui sont le plus
au fait de l'Artillerie sçavent cependant
que malgré tous les genres d'épreuves
qu'on a imaginés , il n'y en a pas encore
une bonne qui soit connues on n'a pas
pensé assurémentque la meilleure maniere
I I. Vol. B dé1232
MERCURE DE FRANCE
11
déprouver de la poudre à canon fur déprouver
le degré du froid qu'elle peut
faire naître : c'est pourtant ce qui résul
te très - clairement des expériences de
M. de Reaumur. Le Salpêtre fait la base
de cette poudre , elle est composée de
trois parties de Salpêtre , d'une demie
partie de charbon et d'une demie partie
de souffre , c'est sur tout par la qualité,
du Salpêtre qu'on peut craindre que la
poudre peche . L'opération de purifier ,
de rafiner le Salpêtre se réduit presque à
en séparer un Sel de la nature du Sel marin
où du Sel de table avec lequel il est
mêlé. Le Salpêtre est d'autant plus pur ,
plus parfait , qu'il contient moms de ce
Sel. Or les expériences de M. de Reaumur
lui ont appris que le Sel matin ou
que le Sel qui altére le Salpêtre mêlé avec
la Glace, est capable de produire un trèsgrand
froid , un froid qui surpasse de 15
degrez celui qui suffit pour geler l'eau¸
au lieu que leSalpêtre bien rafiné ne peut
produire qu'un froid de 3 degrez et demi
plus grand que celui de l'eau qui
commence à se geler. Delà il suit que
moins le Salpêtre sera rafiné et plus le
froid qu'il fera naître , étant mêlé avec de
la Glace , sera grand . La plus sûre , la
moins équivoque des épreuves du Salpê-
II. . Vol.
tre
JUIN. 1734 1283
que
tre est donc celle du froid qu'il peut produire
. M. de Reaumur a trouvé qu'il y
a du Salpêtre de la premiere cuite qui fait
naître jusqu'à 11 degrez de froid. Enfin
que d'autre Salpêtre n'en fait naître
9. 8.7. degrez plus ou moins selon qu'il
a été rafiné. On voit bien que l'essai doit
réüssir de même pour la poudre à canon,
sur tout lorsqu'on sçait que le charbon
pilé et le souffre n'augmentent point le
froid de la Glace. Afin pourtant qu'il ne
restât aucun doute sur le succès de cette
épreuve , M. de Reaumur a fait faire de
la poudre à canon avec du Salpêtre bien
rafiné ; mêlé avec la Glace elle a produit
3 degrez et demi de froid ; il a fait faire
d'autres poudres avec d'autres Salpêtres
qui ont donné 7. 8. ou 10. degrez de
froid selon la qualité de Salpêtre qui
étoit entré dans leur composition.
Nous ne sçaurions suivre le détail des
expériences que M. de Reaumur a faites
sur toutes les diférentes especes des Sels ,
mais nous ne pouvons nous dispenser de
dire quelque chose de celles sur les diférens
Sels fixes ou alcalis et sur les cendres
qui fournissent ces Sels , parce que les
resultats de ses expériences peuvent être
utiles à tous ceux qui font des liqueurs
glacées dans les Pays où le Sel marin jest
Bip rare II Vol.
1284 MERCURE DE FRANCE
rare ou cher , et à ceux qui sont obligez
de conserver leurs Glaces pendant des
demie journées. Le Sel de Soude , les diférentes
Soudes elles mêmes , les potasses,
les cendres gravelées , le Tartre , en un
mot , tous les Sels alcalis ou les cendres
chargées de ces Sels sont capables de produire
au moins un aussi grand degré de
froid que le Salpêtre bien rafiné : quel
ques- unes mêmes de ces matieres produisent
de très- grands froids et même
superieurs à celui que le Sel marin peut
produire. La cendre ordinaire , celle qu'on
trouve dans toute cheminée où on a brûlé
du bois neufsuffit pour faire des Glaces
ou liqueurs glacées ; on ne sçauroit désirer
une matiere à meilleur marché ; il est
vrai pourtant qu'avec cette cendre on ne
fera pas des Glaces aussi promptement à
beaucoup près , qu'on les fait avec le Sel
marin , qu'on sera obligé d'y employer
plus de deux heures , mais cet inconvé
nient , qui n'en est un que lorsqu'on est
pressé par le tems , est compensé par un
avantage , c'est que la cendre conserve
bien plus long-tems les Glaces qu'elle a
faites que le Sel marin ne conserve celles
qu'il a produites plus vîte ; c'est de quoi
les raisons sont expliquées dans le Mémoire.
La longueur d'un Extrait ne nous
II. Vol
perJUIN.
1734. 1285
permet pas de parler de toutes les diférentes
matieres qui augmentent le froid
de la Glace avec laquelle on les mêle ; il
y en a pourtant que nous ne pouvons
nous résoudre à passer entierement sous
silence . Il est bien singulier que la chaux
qui s'échauffe si considérablement lorsqu'elle
est humectée par l'eau , augmente
le froid de la Glace avec laquelle on l'a
mêlée. Les Physiciens sçavoient déja que
l'esprit de vin , qui est une liqueur si
inflamable , qui est tout feu
versé sur
la Glace augmente son froid ; mais M. de
Reaumur a trouvé qu'avec la Glace l'Esprit
de vin versé dessus en certaines circonstances
, on peut faire naître un froid
excessif.
›
→
Il a cherché aussi à mesurer les degrez
des froids qu'on peut faire naître au
moyen des plus violens esprits acides
comme l'esprit de nitre et l'esprit de Sel :
Ils peuvent produire des froids prodigieux
: Celui que nous avons ressenti à
Paris dans le mémorable hyver de 1709.
n'eut fait descendre la liqueur du Thermométre
qu'un peu au - dessous de 14
degrez , et avec ces esprits et par d'autres
moyens indiquez , M. de Reaumur en
produit des froids capables de faire descendre
la liqueur à 25 ou à 26 degrez .
- II. Vol.
B iij
Si
1286 MERCURE DE FRANCE
Si on affablit de l'Esprit de vin de la
qualité de celui du Thermométre , si on
mêle trois parties de cet Esprit de vin
avec deux parties d'eau cet Esprit de
vin affoibli est encore plus fort que les
meilleures eaux de vie , il ne sçauroit cependant
conserver sa liquidité contre un
froid de 24 degrez , il se géle sur le
champ.
,
>
Les liqueurs inflamables et les liqueurs
qui sont chargées de beaucoup de Sel
sont celles qui se gélent le plus dificilement
; mais M. de Reaumur a fait observer
dans son Memoire, que la nature sçait
composer des liqueurs qui nous semblent
purement aqueuses , qui ne sont point
inflamables qui ne nous paroissent
pas chargées de Sels et qui cependant
sont capables de soutenir de très grands
froids sans perdre leur liquidité : Ce sont
celles qui circulent dans les corps des
insectes de tant d'especes differentes.
M. de Reaumur a fait quantité d'essais
pour connoître les degrez de froid qui
peuvent faire périr les insectes de diverses
especes qui peuvent geler leur sang.Si
les degrez de froid de certains Hyvers
sont supérieurs à ceux que certains insec
tes peuvent soutenir, et qu'ils sont exposez
à soutenir , nous pourrons alors pré-
II. Vol. dire
JUIN. 17345 1287
dire que ces Insectes ne nous incommoderont
pas dans le reste de l'année ; c'est
un détail curieux dont il a reservé la plus
grande partie pour l'Histoire des Insectes.
Il ne parle ici que de quelques especes
de Chenilles , il en a trouvé des especes
qu'un froid de huit degrez fait perir 13
mais malheureusement il y en a une espece
, la plus commune de toutes , et
qu'il a aussi nommée la commune , parce
que le nombre de ses individus surpasse
dans le Royaume en certaines années le
nombre des individus qui fournissent
ensemble plusieurs milliers d'autres especes
; c'est cette espéce dont on voit
des nichées sur les arbres lorsqu'ils ont
perdu leurs feuilles. Ces Chenilles sont
malheureusement constituées de façon
que nous ne pouvons pas esperer qu'aucun
froid nous en délivre ; quoique jeunes et
petites , elles ont soutenu un froid de 18
degrez sans que leur sang se soit gelé et
sans qu'elles ayent péri , c'est - à- dire , un
froid au moins plus grand de quatre degrez
que celui que nous avons eu en
1709.
le
Il n'est pas sûr même qu'un froid de
huit degrez nous délivre de celles dont
sang peut être gelé par ce froid. La nature
a appris à celles qui ne sont pas en
11. Vol.
Biiij état
1288 MERCURE DE FRANCE
état de soutenir les plus grands froids de
s'enfoncer en terre ; quelques-unes y entrent
dès le Printems , d'autres y entrent
en Eté elles s'y métamorphosent en
Crysalides . Sous cette derniere forme elles
restent pendant tout Hyver cachées en
terre,d'où ces Insectes sortent auPrinters
sous la forme de Papillons.
Quand nous étendrions , encore plus
loin cet Extrait, il faudroit toujours nous
résoudre à ne rien dire d'une partie des
faits curieux et utiles dont le Memoire
est rempli dès que nous ne donnerions
pas le Memoire en entier.
*
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Résumé : EXTRAIT du Memoire lû par M. de Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences du 5 May 1734. sur les diférens degrez du froid qu'on peut produire en mêlant de la Glace avec diférens Sels ou avec d'autres matieres, soit solides, soit liquides.
Le mémoire de M. de Réaumur, présenté à l'Académie Royale des Sciences le 5 mai 1734, examine les différents degrés de froid obtenus en combinant de la glace avec divers sels ou matières. Il est établi que des sels comme le salpêtre, le sel marin ou le sel de table augmentent le froid de la glace, permettant de geler de l'eau même par temps chaud. Cependant, l'efficacité de chaque sel pour produire du froid reste mal connue malgré de nombreuses expériences. Réaumur met en avant l'importance des thermomètres pour mesurer précisément ces degrés de froid. Il a développé des thermomètres plus petits et précis, permettant de comparer les degrés de froid produits par différents mélanges. Le salpêtre, souvent associé à des froids intenses, ne produit qu'un degré de froid de 3,5 degrés au-dessus de la congélation de l'eau lorsqu'il est pur. En revanche, le sucre mélangé à la glace produit un froid de 5 degrés en dessous de la congélation. Les expériences de Réaumur montrent également que la qualité du salpêtre, utilisé dans la poudre à canon, peut être évaluée par le degré de froid qu'il produit. Un salpêtre impur produit un froid plus intense qu'un salpêtre raffiné. D'autres sels, comme la soude, la potasse, et les cendres, peuvent également produire des froids intenses, parfois supérieurs à ceux du sel marin. Réaumur a également étudié les effets du froid sur divers liquides et insectes. Il a observé que certaines liqueurs, comme l'esprit de vin, augmentent le froid de la glace lorsqu'elles sont mélangées. Il a également mesuré les degrés de froid capables de geler le sang des insectes, notant que certaines chenilles peuvent résister à des froids extrêmes.
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5
p. 206-207
« Sa Majesté le Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, [...] »
Début :
Sa Majesté le Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, [...]
Mots clefs :
Eaux minérales, Sels, Commerce étranger, Malades, Médecin, Privilège du roi de Pologne, Authenticité, Boules d'acier
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texteReconnaissance textuelle : « Sa Majesté le Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, [...] »
sa Majeſté le Roi de Pologne, Duc de Lorraine
& de Bar, toujours attentifs au bonheur & a la,
conſervation de ſes Sujets, a bien voulu accorder
pour 2o ans au ſieur Virion, premier Apoticaire
de feue Son Alteſſe Royale Ma lame la Ducheſſe
Douairiere de Lorraine , demeurant rue Saint
Diſier à Nancy , un Privilège excluſif pour la
vente & diſtribution des Eaux minérales & Sels
analogues , tant du Pays qu'étrangeres, ſous
l'inſpection de Meſſieurs du Collège Royal de
Médecine de la même Ville, avec défenſes à
tous autres d'en vendre ni débiter dans toute l'é
· tendue de ſes Etats, à peine de 15oo livres d'a
mende, confiſcation, &c. Permis cependant à
·tout Particulier d'en faire venir pour ſon uſage
ſeulement, (la liberté publique n'étant pas gênée ),
Cette ſage prévoyance ſi longtems deſirée par
Ies Médecins qui les ordonnent, & par les mala
des qui en font uſage, les mettra à couvert des
abus qui ſe multiplioient dans l'adminiſtration
- d'un remède ſi précieux & ſi ſalutaire, à la con
ſervation duquel des Perſonnes ſures & intelli
gentes ne ſçauroient trop veiller, puiſque la vie
des hommes en dépend,
Les conditions que le Legiſlateur a impoſées à
•cer établiſſement, ſeront inviolablement obſer
·vées : il convient d'en inſtruire le Public.
Toutes les Eaux ſe tireront du lieu de leur
· ſource dans des vaſes de grès ou de verre ſcellés
du cachet de la fontaine. Chaque envoi accom
pagné d'atteſtations authentiques ſera reçu par
· ledit Collège Royal.
| Les Eaux deſi ées par les Médecins, qui ſe trou
veront toujours au Magaſin, ſont celles des Bains,
2Buſſang , Plombierre chaude & favonneuſe,
M A I. 1759. 2o7
Vals Bruun, Bourbon , Spa , Selters , Vichy ,
Balaruc, Calſabigi & de Sedlitz, avec ſon ſel.
Chaque eſpèce d'eau ſera accempagnée d'une
| brochure d, eſlée par un Membre du Collège, qui
inſtruira de leur vertu, qualité & propriété, avec
la méthode de les prendre.
Et afin que tout ſecours ſoit donné aux Mala
des qui en auront beſoin, les Eaux de Forges,
Sainte-Reine, Vals, Cranſac, Cauterats, Bonne
Ca ſons & Dattencourt , leur ſeront fournies à
un prix raiſonnable, en diligence, en avertiſſant
-quelque temps avant de les prendre.
Le même débite auſſi en gros & en détail les
véritables boules d'acier ou de Mars , les boules
· blanches de fougere vulneraires, fidèlement tra-,
vaillées. Ceux qui en font commerce dans les
Provinces étrangeres, ſeront traités ſi favorable- !
ment, que le prix ne ſurpaſſera pas celui des
mauvaiſes qu'ils tirent ou viennent acheter en
Lorraine. Il répond de leur qualité, & ſe ſoumer
à les reprendre en tous temps , & d'en rem
bourſer le prix en cas de mécontentenment Les unes
& les autres ſeront munies des imprimés qui an
noncent leurs vertus avec la maniere de s'en ſervir.
& de Bar, toujours attentifs au bonheur & a la,
conſervation de ſes Sujets, a bien voulu accorder
pour 2o ans au ſieur Virion, premier Apoticaire
de feue Son Alteſſe Royale Ma lame la Ducheſſe
Douairiere de Lorraine , demeurant rue Saint
Diſier à Nancy , un Privilège excluſif pour la
vente & diſtribution des Eaux minérales & Sels
analogues , tant du Pays qu'étrangeres, ſous
l'inſpection de Meſſieurs du Collège Royal de
Médecine de la même Ville, avec défenſes à
tous autres d'en vendre ni débiter dans toute l'é
· tendue de ſes Etats, à peine de 15oo livres d'a
mende, confiſcation, &c. Permis cependant à
·tout Particulier d'en faire venir pour ſon uſage
ſeulement, (la liberté publique n'étant pas gênée ),
Cette ſage prévoyance ſi longtems deſirée par
Ies Médecins qui les ordonnent, & par les mala
des qui en font uſage, les mettra à couvert des
abus qui ſe multiplioient dans l'adminiſtration
- d'un remède ſi précieux & ſi ſalutaire, à la con
ſervation duquel des Perſonnes ſures & intelli
gentes ne ſçauroient trop veiller, puiſque la vie
des hommes en dépend,
Les conditions que le Legiſlateur a impoſées à
•cer établiſſement, ſeront inviolablement obſer
·vées : il convient d'en inſtruire le Public.
Toutes les Eaux ſe tireront du lieu de leur
· ſource dans des vaſes de grès ou de verre ſcellés
du cachet de la fontaine. Chaque envoi accom
pagné d'atteſtations authentiques ſera reçu par
· ledit Collège Royal.
| Les Eaux deſi ées par les Médecins, qui ſe trou
veront toujours au Magaſin, ſont celles des Bains,
2Buſſang , Plombierre chaude & favonneuſe,
M A I. 1759. 2o7
Vals Bruun, Bourbon , Spa , Selters , Vichy ,
Balaruc, Calſabigi & de Sedlitz, avec ſon ſel.
Chaque eſpèce d'eau ſera accempagnée d'une
| brochure d, eſlée par un Membre du Collège, qui
inſtruira de leur vertu, qualité & propriété, avec
la méthode de les prendre.
Et afin que tout ſecours ſoit donné aux Mala
des qui en auront beſoin, les Eaux de Forges,
Sainte-Reine, Vals, Cranſac, Cauterats, Bonne
Ca ſons & Dattencourt , leur ſeront fournies à
un prix raiſonnable, en diligence, en avertiſſant
-quelque temps avant de les prendre.
Le même débite auſſi en gros & en détail les
véritables boules d'acier ou de Mars , les boules
· blanches de fougere vulneraires, fidèlement tra-,
vaillées. Ceux qui en font commerce dans les
Provinces étrangeres, ſeront traités ſi favorable- !
ment, que le prix ne ſurpaſſera pas celui des
mauvaiſes qu'ils tirent ou viennent acheter en
Lorraine. Il répond de leur qualité, & ſe ſoumer
à les reprendre en tous temps , & d'en rem
bourſer le prix en cas de mécontentenment Les unes
& les autres ſeront munies des imprimés qui an
noncent leurs vertus avec la maniere de s'en ſervir.
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Résumé : « Sa Majesté le Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar, [...] »
Le Roi de Pologne, Duc de Lorraine et de Bar, accorde un privilège exclusif de 20 ans au sieur Virion, apothicaire à Nancy, pour la vente et la distribution des eaux minérales et sels analogues. Ce privilège, soumis à l'inspection du Collège Royal de Médecine de Nancy, interdit à toute autre personne de vendre ces produits dans les États du Roi, sous peine d'une amende de 1500 livres et de confiscation. Les particuliers peuvent toutefois acheter ces produits pour leur usage personnel. Les eaux disponibles incluent celles des Bains de Bussang, Plombières, Vals, Bourbon, Spa, Selters, Vichy, Balaruc, Calsabigi et Sedlitz. Chaque type d'eau est accompagné d'une brochure expliquant ses vertus, qualités et propriétés, ainsi que la méthode de les prendre. Des eaux spécifiques, comme celles de Forges, Sainte-Reine, Vals, Cransac, Cauterats, Bonne Caçons et Dattencourt, sont fournies à un prix raisonnable. Virion vend également des boules d'acier ou de Mars, et des boules blanches de fougère vulnéraires, garantissant leur qualité et offrant de les reprendre en cas de mécontentement. Les produits sont accompagnés d'imprimés détaillant leurs vertus et leur usage.
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