Résultats : 17070 texte(s)
Détail
Liste
1951
p. 336-355
Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
Début :
Il seroit difficile de vous parler juste de la veritable [...]
Mots clefs :
Affaires de l'Europe, Campagne, Suède, Haut-Rhin, Pologne, Armée, Milan, France
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texteReconnaissance textuelle : Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
Il feroit difficile de vous
parler jufte de la veritable
fituation generale des Affaires
GALANT 1337
res del'Europe dans le moment
que je vous écris , car avant
qu'elles puiffent cftre fixées
pour la Campagne prochaine,
& quechacun puiffe voir quel
party il prendra , il faut que
les Parties intereffées fçachent
comment finiront certaines
chofes qui ont des faces differentes , &qui font en mouve
ment.
Il faut que le Roy de Suede,
dont on nous parle tous les
jours differemment , ait commencé d'entrer en action
car s'il entre en Pologne avec
une Armée formidable pour
Février 1710. Ff
>
338 MERCURE
rétablir le Roy Staniflas , le
Roy Auguſte avec toutes les
forces aura de la peine à fe
maintenir fur le Trône , & il
fera obligé de retirer toutes les
Troupes qu'il a en Flandre
ce qui apportera un grand
changement aux Affaires de
ce colté-là , & fera changer
toutes les mesures que les
Alliez peuvent avoir prifes
pour la Campagne.
Ils feront encore obligez de les
changer, fi l'Electeur de Brandebourg tient fa parole , &retire fes Troupes de Flandre , en
cas que l'on neluy rende pas la
GALANT 339
juftice qu'il pretend touchant
la fucceffion du feu Prince
d'Orange , ce qui eſt abſolument impoffible , les chofes
qu'il demande eftant trop fortes & regardant un Prince
dont les Hollandois font
charmez.
·
A l'égard des Affaires du
Haut Rhinqui paroiffent nonfeulement ; mais qui font en
effet tres avangeufes pour
nous il eft impoffible de
pouvoir dire quel party on
prendra de part & d'autre de
ce cofté- là , jufqu'à ce que
l'on ait fçu fi le Duc d'HaFfij
340 MERCURE
novre y commandera l'Armée , & fi elle fera nombreufe ou non , & il n'y a pas d'apparence qu'elle doive eftre
forte , puifque plus le temps
de l'ouverture de la Campagne avance , plus ceux qui
doivent fournir des Troupes pour cette Armée , déclarent qu'ils font dans l'impoffi
bilité de le faire , & quand
même ils en fourniroient , il
n'y a nulle apparence que
Armée puiffe eftrefuperieure à
la noſtre qui ne manque de
rien , & qui a fait payer en
bleds une partie des Contribu
leur
GALANT 341
tions qu'elle auroit pu tirere n
argent , dont elle ne manque
point , enayant tiré de l'un &
de l'autre, & de quelque manicre que ce foit , les Affaires ne
peuvent que nous eftre avantageufes de ce cofté - là , car
s'ils n'y ont pas de grandes
forces , nous penetrerons dans
leur Pays , & s'ils en ont affez,
non pas pour avoir des avantages fur nous car cela paroift impoffible , mais feulement pour nous empêcher
d'en avoirfur eux , ils ne pour
ront envoyer que tres peu
de Troupes en Flandre , ou
Ffiij
342 MERCURE
?
s'il arrive , felon que je vous
viens de marquer , que les
Troupes Saxonnes , les Pruffiennes , & les Allemandes
manquent aux Alliez , auffi
bien que l'argent qui manque
abfolument aux Hollandois
& dont les Anglois manquent
auffi beaucoup , les fubfides
accordez par le Parlement
n'ayant pû eſtre remplis à beaucoup prés , les Alliez feront
en Flandre hors d'eftat de faire
aucune Conquefte , & pendant
qu'ils y manquent d'argent
on fait tous les jours des fonds
nouveaux en France pour en
ALANT 343
avoir fuffifamment pour faire
la Campagne, Ainfi l'on ne
peut dire encore comment les
chofes tourneront. Il vient en
France du bled de toutes parts ,
& il y en aura bien- toft abondamment à Paris même , ce
qui fuffira juſqu'au temps de
la recolte , qui fera des plus
abondantes , & le vin même
diminuë de prix tous les jours
dans toute la France. Enfin
nous fommes dans le temps
des grandes revolutions , &
nous voyons des chofes dans
trop violent pour y
un eftat
pouvoir
demeurer
long- temps
,
344 MERCURE
gent
La France, comme je vous ay
fait voir le mois paffé ade l'arabondamment , & la circulation y manque feulement ,
au lieu que l'efpece manque
tout-à - fait en Angleterre , par
les raifons dont je vous ay envoyé le détail le mois paffé.
Al'égard des Affaires d'Italie , elles font dans un eſtat
trop violent pour y pouvoir
demeurer long- temps , & particulierement le Royaume de
Naples. Les peuples yfont dans
le dernier accablement , & fur
tour à Naples , où le Viceroy
fe fert tour à tour de divers
GALANT 345
pretextes pour ne point paroître en public , craignant d'eftre
infulté. Enfinles Peuples y font
dans le dernier defeſpoir , &
l'on doit tout craindre du defeſpoir d'un Peuple qu'on a
pouffé à bout, qui n'a plus rien
a menager, & qui eftoit florif
fant fous le de fon pre- regne
cedent Monarque , qu'il n'a
point ceffé d'aimer , la revolu
tion n'eftant arrivée que par
des traîtres , qui ont plongé
leur Patrie dans l'état où elle fe
trouve.
L'Etat de Milan n'eft pas
mieux. Onen tire jufqu'au der
346 MERCURE
nier fol, comme l'on a fait du
Royaume de Naples , & quand
la Maifon d'Autriche a mis
une fois le pied dans un Païs ,
elle n'en traite pas les Peuples
en fujets , mais en efclaves.
Les autres Puiffances d'Italic
ne font pas moins outrées de
la maniere dont on les traite,
& les cent mille piftoles de
contribution qu'on tire d'eux
tous les ans en font une preu
ve parlante, & qui crient vengeance ; & il n'eft enfin pas
poffible que les chofes demeurent toûjours en cet état , &
ce qu'une revolution a fait naî
GALANT 347
tre en peu de temps , finira par
une autre revolution.
Il n'en eft pas de mefme en
Espagne, où l'amour que le
Peuple a pour fon Roy cft cauLe que tout ce qui s'y fait pour
ce Monarque , eft auffi volon
taire qu'il eft forcé en Italie.
On n'a jamais vû dans aucun
fiecle , & dans aucun Etat , ce
qui fe paffe aujourd'huy en Efpagne. Les hommes s'offrent
en foule , les Troupes y paroiffent fortir de terre , auffi-bien
que les chevaux , que les Provinces qui en abondent offrent
au Roy, à qui l'on offre de 2.
348 MERCURE
l'argent de toutes parts. Enfin
il paroift par la formidable &
nombreufe Armée que S. M.
C. met fur pied, que l'Europe
entiere n'en pourroit faire davantage, & comme tout s'y
fait avec zele & de plein gré,
il y a d'autant plus lieu de croire qu'une pareille Armée fera
des prodiges , & fur tout eſtant
compofée d'Espagnols qui ne
reculent jamais , fuivant les
grands exemples que je vous
ay fouvent raportez là- deſſus,
&l'on peut dire que dans cette
occafion l'Armée d'Espagne a
pris pour Devife , Vaincre on
mourir.
Voilà
GALANT 349
Voilà la fituation oùfe trouvent aujourd'huy toutes les
affaires de l'Europe ; nous ver
rons à la fin du mois prochain
en quoy elle aura changé.
La maniere dont le Carnaval s'eft paffé à Paris , doit paroître bien differente aux Alliez, de la fituation où ils pretendent que nous nous trouvons, & dont ils font tous les
jours des peintures dans leurs
Ecrits publics bien contraires
à la verité. L'état où la France
s'eft trouvée eft venu de la
cherté du bled, qui commença
au mois de Fevrier de l'année
Février 1710. Gg
350 MERCUR F
derniere; ce quifut caufé, comme vous fçavez , par la force
de la gelée qu'il fit cette annéelà , & vous fçavez comment
les chofes fe pafferent à cette
occafion. Le Roy fe facrifia
alors pourle bien de fes Sujets;
il fit ceffer le payement des
Tailles , & de divers autres
Droits, & dans le Prelude d'une de mes Lettres , je vous fis
voir alors jufqu'à neuf Articles par lefquels Sa Majesté
abandonnoit fes Droits , & je
ne vous impofois pas , puifque
je vous raportay autant d'Arrefts , d'Edits ou de Declara
GALANT 351
tions qui regardoient le facri
fice qu'Elle faifoit à fes Peuples , outre la dépense qu'Elle
fit de plufieurs Bâtimens armez à fes dépens pour aller en
courfe , fans vouloir rien pren
dre pour les frais de l'armement , ni partager des bleds
que tous ces Bâtimens raporteroient; Sa Majeſté n'a rétably les Tailles , & commencé à recevoir plufieurs autres
Droits qu'Elle avoit abandonnez que depuis quelques mois.
Ainfi l'on ne doit pas s'étonner fi l'argent luy manquoit ;
mais l'on peut dire prefenteGg ij
352 MERCURE
ment que les chofes vont leur
train ordinaire ; mais comme
S. M. eftoit fort arrierée, il faut
encore quelque temps pour
que tous ceux à qui Elle doit ,
puiffent eftre contens , & l'on
pourroit mefme dire qu'ils le
font déja par avance, puifqu'il
eft feur que leurs efperances
ne feront pas vaines, & que la
verité de ce que j'avance eſt de
notorieté publique. Ainfi l'on
ne doit pas s'étonner fi.le Carnaval s'eft paffé à Paris de la
mefme maniere qu'il s'y eft
paffé dans tous les temps. Il eft
vray que les chofes ne s'y font
1
GALANT 353
pas faites avec les emporte
mens de joye immoderez qui
ont paru en de certains temps ;
mais pendant tout le Carnaval
il y a eu des Bals à l'ordinaire ;
on s'eft regalé , tous les fpectacles ont cfté remplis ; la foule
des Caroffes a efté auffi grande
au Fauxbourg Saint Antoine
dans les derniers jours du Carnaval , qu'elle l'a toûjours efté,
& rien n'a marqué la miferable
fituation dont tous les écrits
publics des Alliez font remplis,
dans le deffein d'éblouir leurs
Sujets en publiant des chofes
entierement contraires à la veGg iij rité.
354 MERCURE
Outre tous les bleds dont je
vous ay déja parlé qui font entrez de plufieurs endroits dans
le Royaume , je ne vous repeteray point ce que nos nouvelles publiques vous ont dit des
fix à fept mille charges de
bled , arrivées du Levant à
Toulon, & dont les Commandans des Vaiffeaux qui les ont
amenées ont rapporté qu'il en
viendroit encore beaucoup ;
de manière que tous ces bleds ,
joints à ceux des Provinces
dont la recolte a efté bonne
l'année derniere , & à l'eſpoir
de celle de cette année qui pa-
GALANY 355
roift devoir eftre des plus abondantes dans toute la France ,
& l'eſpoir du bon effet que
produira le rétabliffement des
revenus du Roy, n'ont pas peu.
contribué aux divertiffemens
du Carnaval qui ont étégrands
& continuels ; mais fans avoir
efté outrez.-
parler jufte de la veritable
fituation generale des Affaires
GALANT 1337
res del'Europe dans le moment
que je vous écris , car avant
qu'elles puiffent cftre fixées
pour la Campagne prochaine,
& quechacun puiffe voir quel
party il prendra , il faut que
les Parties intereffées fçachent
comment finiront certaines
chofes qui ont des faces differentes , &qui font en mouve
ment.
Il faut que le Roy de Suede,
dont on nous parle tous les
jours differemment , ait commencé d'entrer en action
car s'il entre en Pologne avec
une Armée formidable pour
Février 1710. Ff
>
338 MERCURE
rétablir le Roy Staniflas , le
Roy Auguſte avec toutes les
forces aura de la peine à fe
maintenir fur le Trône , & il
fera obligé de retirer toutes les
Troupes qu'il a en Flandre
ce qui apportera un grand
changement aux Affaires de
ce colté-là , & fera changer
toutes les mesures que les
Alliez peuvent avoir prifes
pour la Campagne.
Ils feront encore obligez de les
changer, fi l'Electeur de Brandebourg tient fa parole , &retire fes Troupes de Flandre , en
cas que l'on neluy rende pas la
GALANT 339
juftice qu'il pretend touchant
la fucceffion du feu Prince
d'Orange , ce qui eſt abſolument impoffible , les chofes
qu'il demande eftant trop fortes & regardant un Prince
dont les Hollandois font
charmez.
·
A l'égard des Affaires du
Haut Rhinqui paroiffent nonfeulement ; mais qui font en
effet tres avangeufes pour
nous il eft impoffible de
pouvoir dire quel party on
prendra de part & d'autre de
ce cofté- là , jufqu'à ce que
l'on ait fçu fi le Duc d'HaFfij
340 MERCURE
novre y commandera l'Armée , & fi elle fera nombreufe ou non , & il n'y a pas d'apparence qu'elle doive eftre
forte , puifque plus le temps
de l'ouverture de la Campagne avance , plus ceux qui
doivent fournir des Troupes pour cette Armée , déclarent qu'ils font dans l'impoffi
bilité de le faire , & quand
même ils en fourniroient , il
n'y a nulle apparence que
Armée puiffe eftrefuperieure à
la noſtre qui ne manque de
rien , & qui a fait payer en
bleds une partie des Contribu
leur
GALANT 341
tions qu'elle auroit pu tirere n
argent , dont elle ne manque
point , enayant tiré de l'un &
de l'autre, & de quelque manicre que ce foit , les Affaires ne
peuvent que nous eftre avantageufes de ce cofté - là , car
s'ils n'y ont pas de grandes
forces , nous penetrerons dans
leur Pays , & s'ils en ont affez,
non pas pour avoir des avantages fur nous car cela paroift impoffible , mais feulement pour nous empêcher
d'en avoirfur eux , ils ne pour
ront envoyer que tres peu
de Troupes en Flandre , ou
Ffiij
342 MERCURE
?
s'il arrive , felon que je vous
viens de marquer , que les
Troupes Saxonnes , les Pruffiennes , & les Allemandes
manquent aux Alliez , auffi
bien que l'argent qui manque
abfolument aux Hollandois
& dont les Anglois manquent
auffi beaucoup , les fubfides
accordez par le Parlement
n'ayant pû eſtre remplis à beaucoup prés , les Alliez feront
en Flandre hors d'eftat de faire
aucune Conquefte , & pendant
qu'ils y manquent d'argent
on fait tous les jours des fonds
nouveaux en France pour en
ALANT 343
avoir fuffifamment pour faire
la Campagne, Ainfi l'on ne
peut dire encore comment les
chofes tourneront. Il vient en
France du bled de toutes parts ,
& il y en aura bien- toft abondamment à Paris même , ce
qui fuffira juſqu'au temps de
la recolte , qui fera des plus
abondantes , & le vin même
diminuë de prix tous les jours
dans toute la France. Enfin
nous fommes dans le temps
des grandes revolutions , &
nous voyons des chofes dans
trop violent pour y
un eftat
pouvoir
demeurer
long- temps
,
344 MERCURE
gent
La France, comme je vous ay
fait voir le mois paffé ade l'arabondamment , & la circulation y manque feulement ,
au lieu que l'efpece manque
tout-à - fait en Angleterre , par
les raifons dont je vous ay envoyé le détail le mois paffé.
Al'égard des Affaires d'Italie , elles font dans un eſtat
trop violent pour y pouvoir
demeurer long- temps , & particulierement le Royaume de
Naples. Les peuples yfont dans
le dernier accablement , & fur
tour à Naples , où le Viceroy
fe fert tour à tour de divers
GALANT 345
pretextes pour ne point paroître en public , craignant d'eftre
infulté. Enfinles Peuples y font
dans le dernier defeſpoir , &
l'on doit tout craindre du defeſpoir d'un Peuple qu'on a
pouffé à bout, qui n'a plus rien
a menager, & qui eftoit florif
fant fous le de fon pre- regne
cedent Monarque , qu'il n'a
point ceffé d'aimer , la revolu
tion n'eftant arrivée que par
des traîtres , qui ont plongé
leur Patrie dans l'état où elle fe
trouve.
L'Etat de Milan n'eft pas
mieux. Onen tire jufqu'au der
346 MERCURE
nier fol, comme l'on a fait du
Royaume de Naples , & quand
la Maifon d'Autriche a mis
une fois le pied dans un Païs ,
elle n'en traite pas les Peuples
en fujets , mais en efclaves.
Les autres Puiffances d'Italic
ne font pas moins outrées de
la maniere dont on les traite,
& les cent mille piftoles de
contribution qu'on tire d'eux
tous les ans en font une preu
ve parlante, & qui crient vengeance ; & il n'eft enfin pas
poffible que les chofes demeurent toûjours en cet état , &
ce qu'une revolution a fait naî
GALANT 347
tre en peu de temps , finira par
une autre revolution.
Il n'en eft pas de mefme en
Espagne, où l'amour que le
Peuple a pour fon Roy cft cauLe que tout ce qui s'y fait pour
ce Monarque , eft auffi volon
taire qu'il eft forcé en Italie.
On n'a jamais vû dans aucun
fiecle , & dans aucun Etat , ce
qui fe paffe aujourd'huy en Efpagne. Les hommes s'offrent
en foule , les Troupes y paroiffent fortir de terre , auffi-bien
que les chevaux , que les Provinces qui en abondent offrent
au Roy, à qui l'on offre de 2.
348 MERCURE
l'argent de toutes parts. Enfin
il paroift par la formidable &
nombreufe Armée que S. M.
C. met fur pied, que l'Europe
entiere n'en pourroit faire davantage, & comme tout s'y
fait avec zele & de plein gré,
il y a d'autant plus lieu de croire qu'une pareille Armée fera
des prodiges , & fur tout eſtant
compofée d'Espagnols qui ne
reculent jamais , fuivant les
grands exemples que je vous
ay fouvent raportez là- deſſus,
&l'on peut dire que dans cette
occafion l'Armée d'Espagne a
pris pour Devife , Vaincre on
mourir.
Voilà
GALANT 349
Voilà la fituation oùfe trouvent aujourd'huy toutes les
affaires de l'Europe ; nous ver
rons à la fin du mois prochain
en quoy elle aura changé.
La maniere dont le Carnaval s'eft paffé à Paris , doit paroître bien differente aux Alliez, de la fituation où ils pretendent que nous nous trouvons, & dont ils font tous les
jours des peintures dans leurs
Ecrits publics bien contraires
à la verité. L'état où la France
s'eft trouvée eft venu de la
cherté du bled, qui commença
au mois de Fevrier de l'année
Février 1710. Gg
350 MERCUR F
derniere; ce quifut caufé, comme vous fçavez , par la force
de la gelée qu'il fit cette annéelà , & vous fçavez comment
les chofes fe pafferent à cette
occafion. Le Roy fe facrifia
alors pourle bien de fes Sujets;
il fit ceffer le payement des
Tailles , & de divers autres
Droits, & dans le Prelude d'une de mes Lettres , je vous fis
voir alors jufqu'à neuf Articles par lefquels Sa Majesté
abandonnoit fes Droits , & je
ne vous impofois pas , puifque
je vous raportay autant d'Arrefts , d'Edits ou de Declara
GALANT 351
tions qui regardoient le facri
fice qu'Elle faifoit à fes Peuples , outre la dépense qu'Elle
fit de plufieurs Bâtimens armez à fes dépens pour aller en
courfe , fans vouloir rien pren
dre pour les frais de l'armement , ni partager des bleds
que tous ces Bâtimens raporteroient; Sa Majeſté n'a rétably les Tailles , & commencé à recevoir plufieurs autres
Droits qu'Elle avoit abandonnez que depuis quelques mois.
Ainfi l'on ne doit pas s'étonner fi l'argent luy manquoit ;
mais l'on peut dire prefenteGg ij
352 MERCURE
ment que les chofes vont leur
train ordinaire ; mais comme
S. M. eftoit fort arrierée, il faut
encore quelque temps pour
que tous ceux à qui Elle doit ,
puiffent eftre contens , & l'on
pourroit mefme dire qu'ils le
font déja par avance, puifqu'il
eft feur que leurs efperances
ne feront pas vaines, & que la
verité de ce que j'avance eſt de
notorieté publique. Ainfi l'on
ne doit pas s'étonner fi.le Carnaval s'eft paffé à Paris de la
mefme maniere qu'il s'y eft
paffé dans tous les temps. Il eft
vray que les chofes ne s'y font
1
GALANT 353
pas faites avec les emporte
mens de joye immoderez qui
ont paru en de certains temps ;
mais pendant tout le Carnaval
il y a eu des Bals à l'ordinaire ;
on s'eft regalé , tous les fpectacles ont cfté remplis ; la foule
des Caroffes a efté auffi grande
au Fauxbourg Saint Antoine
dans les derniers jours du Carnaval , qu'elle l'a toûjours efté,
& rien n'a marqué la miferable
fituation dont tous les écrits
publics des Alliez font remplis,
dans le deffein d'éblouir leurs
Sujets en publiant des chofes
entierement contraires à la veGg iij rité.
354 MERCURE
Outre tous les bleds dont je
vous ay déja parlé qui font entrez de plufieurs endroits dans
le Royaume , je ne vous repeteray point ce que nos nouvelles publiques vous ont dit des
fix à fept mille charges de
bled , arrivées du Levant à
Toulon, & dont les Commandans des Vaiffeaux qui les ont
amenées ont rapporté qu'il en
viendroit encore beaucoup ;
de manière que tous ces bleds ,
joints à ceux des Provinces
dont la recolte a efté bonne
l'année derniere , & à l'eſpoir
de celle de cette année qui pa-
GALANY 355
roift devoir eftre des plus abondantes dans toute la France ,
& l'eſpoir du bon effet que
produira le rétabliffement des
revenus du Roy, n'ont pas peu.
contribué aux divertiffemens
du Carnaval qui ont étégrands
& continuels ; mais fans avoir
efté outrez.-
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Résumé : Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
En février 1710, l'Europe est marquée par une grande incertitude politique et économique. En Pologne, la situation est critique car le roi de Suède pourrait intervenir pour rétablir Stanislas sur le trône, ce qui obligerait le roi Auguste à retirer ses troupes de Flandre, perturbant ainsi les plans des alliés pour la prochaine campagne. De plus, l'électeur de Brandebourg menace de retirer ses troupes de Flandre si ses revendications successorales ne sont pas satisfaites. Dans le Haut-Rhin, l'incertitude règne également, dépendant de la composition et de la force de l'armée du duc de Savoie. Sur le plan économique, la France est bien approvisionnée en blé et en vin, ce qui lui permet de se préparer pour la prochaine campagne malgré des difficultés financières passées. En Italie, les populations sont dans un état de désespoir, notamment à Naples et en Espagne, où l'armée royale se prépare à combattre avec zèle. À Paris, le carnaval s'est déroulé normalement, contrairement aux descriptions alarmistes des alliés. La France a récemment rétabli certains droits et taxes qu'elle avait suspendus en raison de la cherté du blé causée par un hiver rigoureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1952
p. 355-356
Mort de S. A. S. Monsieur le Duc, [titre d'après la table]
Début :
S. A. S. Monsieur le Duc, estant morte à Paris, la nuit [...]
Mots clefs :
Mort, Goutte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort de S. A. S. Monsieur le Duc, [titre d'après la table]
S. A. S. Monfieur le Duc ,
eftant morte à Paris , la nuit
du Lundy au Mardy 4. de ce
mois , d'une goute remontée ,
le Roy en ayant appris la nouvelle , donna à Monfieur le
Duc d'Enghien fon fils , tout
cc que le défunt tenoit de fa
356 MERCURE
bonté.. Vous jugez bien qu'il
me faut plus de temps pour
parler comme je dois , d'un fi
grand Prince. Je ſuis , Madamé, vôtre , &c.
AParis ce 5 Mars 17 10.
eftant morte à Paris , la nuit
du Lundy au Mardy 4. de ce
mois , d'une goute remontée ,
le Roy en ayant appris la nouvelle , donna à Monfieur le
Duc d'Enghien fon fils , tout
cc que le défunt tenoit de fa
356 MERCURE
bonté.. Vous jugez bien qu'il
me faut plus de temps pour
parler comme je dois , d'un fi
grand Prince. Je ſuis , Madamé, vôtre , &c.
AParis ce 5 Mars 17 10.
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1954
s. p.
TABLE.
Début :
Article dont on ne peut donner dans cette Table une idée qui [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TABLE.
TABLE.
5
17
ARticle dont on ne peut donner
danscette Table une idée qui
puiffe répondre àfon fujet , & qui
renferme un Eloge du Roy , &de
Monfeigneur le Dauphin d'une
maniere toute finguliere ,
Autre Article qui renferme auffi un
Eloge de Sa Majesté ,
Mort de la Saur Anne de fainte
Cecile , Religieufe de l'Abbaye de
Port Royal des Champs , decedée
dans le Monaftere de Saint Julien d'Amiens. Cet Article eft
dès plus touchants , & doitfaire
un extreme plaifir à ceux qui
aiment la puretéde la Foy , 61
Relation exacte de tout ce qui s'eft
pafféen Canadapendant l'année
derniere,
Changementfait dans la Marine,
80%
TABLE.
de laquelle l'Intendancegenerale·
eft donnée à Mrde Beauharnois ,
124
Prifes d'Habit , par Mlles de
Dray,
129
141
Article touchant la Surdité ; 136
Article touchant les Gouttes Aromatiques d'Angleterre,
Ceremoniefaite par la Compagnie
des Penitens Bleus de Toulouse ,
14}
147
Gouvernement de Gravelines donné
par le Roy
Article curieux , touchant l'élection
de Mr le Comte de Schonborn,
àla Coadjutorerie de l'Evêché de
Bamberg
Article de Morts , parmi lesquelles
il s'en trouve de tres- édifiantes.
151
157
Naiffance de Monfeigneur le Duc
d'Anjou ,
200
1
TABLE.
Reception de Mr. Houdart de la
Motte à l'Academie Françoife ,
216
Mr le Ducde Beauvillier , obtient
la furvivance de fa Charge de
premierGentilhomme de la Chambre , pour Mrle Duc de Mortemait 252
Mariage de Mrle Duc de Laynes ,
avec Me la Princeffe de Neufchafel,
2.A 254
Thefesfoutenues en Sorbonne , 255
Mort de Mr l'Archevêque de
Reims
Suite des Affaires de Mer
Dons faits par le Roy,
259
269
Rapel de Mr le Comte de cr
bury , de fon Gouvernement de
la nouvelle Yorck,
Morts Etrangeres ,
278
285
TABLE.
Mort de Mr l'Evêque de Nifmes
288
Fanerailles faites à Mr le Prince
idem Pamphile,
Paradoxes aux uns & veritez
aux autres , avec un Prelude
important ,
Article des Enigmes
1.292
332
Situation generale des Affaires de
l'Europe ,
336
Mort de S. A. S. Monfieur le Duc,
ALTE
355
5
17
ARticle dont on ne peut donner
danscette Table une idée qui
puiffe répondre àfon fujet , & qui
renferme un Eloge du Roy , &de
Monfeigneur le Dauphin d'une
maniere toute finguliere ,
Autre Article qui renferme auffi un
Eloge de Sa Majesté ,
Mort de la Saur Anne de fainte
Cecile , Religieufe de l'Abbaye de
Port Royal des Champs , decedée
dans le Monaftere de Saint Julien d'Amiens. Cet Article eft
dès plus touchants , & doitfaire
un extreme plaifir à ceux qui
aiment la puretéde la Foy , 61
Relation exacte de tout ce qui s'eft
pafféen Canadapendant l'année
derniere,
Changementfait dans la Marine,
80%
TABLE.
de laquelle l'Intendancegenerale·
eft donnée à Mrde Beauharnois ,
124
Prifes d'Habit , par Mlles de
Dray,
129
141
Article touchant la Surdité ; 136
Article touchant les Gouttes Aromatiques d'Angleterre,
Ceremoniefaite par la Compagnie
des Penitens Bleus de Toulouse ,
14}
147
Gouvernement de Gravelines donné
par le Roy
Article curieux , touchant l'élection
de Mr le Comte de Schonborn,
àla Coadjutorerie de l'Evêché de
Bamberg
Article de Morts , parmi lesquelles
il s'en trouve de tres- édifiantes.
151
157
Naiffance de Monfeigneur le Duc
d'Anjou ,
200
1
TABLE.
Reception de Mr. Houdart de la
Motte à l'Academie Françoife ,
216
Mr le Ducde Beauvillier , obtient
la furvivance de fa Charge de
premierGentilhomme de la Chambre , pour Mrle Duc de Mortemait 252
Mariage de Mrle Duc de Laynes ,
avec Me la Princeffe de Neufchafel,
2.A 254
Thefesfoutenues en Sorbonne , 255
Mort de Mr l'Archevêque de
Reims
Suite des Affaires de Mer
Dons faits par le Roy,
259
269
Rapel de Mr le Comte de cr
bury , de fon Gouvernement de
la nouvelle Yorck,
Morts Etrangeres ,
278
285
TABLE.
Mort de Mr l'Evêque de Nifmes
288
Fanerailles faites à Mr le Prince
idem Pamphile,
Paradoxes aux uns & veritez
aux autres , avec un Prelude
important ,
Article des Enigmes
1.292
332
Situation generale des Affaires de
l'Europe ,
336
Mort de S. A. S. Monfieur le Duc,
ALTE
355
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Résumé : TABLE.
Le document présente une table des matières d'une publication structurée en plusieurs sections. Les points essentiels incluent divers articles et événements notables. Plusieurs articles contiennent des éloges du Roi et du Dauphin. Un article relate la mort de la Sœur Anne de Sainte Cécile, religieuse de l'Abbaye de Port-Royal des Champs, décédée au monastère de Saint-Julien d'Amiens. D'autres articles couvrent des sujets variés tels qu'une relation exacte des événements au Canada, des changements dans la Marine avec l'intendance générale donnée à Monsieur de Beauharnois, et des prises d'habit par les demoiselles de Dray. Des événements politiques et religieux sont également mentionnés, comme la cérémonie des Pénitents Bleus de Toulouse, le gouvernement de Gravelines donné par le Roi, et l'élection de Monsieur le Comte de Schönborn à la coadjutorerie de l'évêché de Bamberg. Le document inclut aussi des naissances, comme celle de Monseigneur le Duc d'Anjou, et des décès, parmi lesquels celui de Monsieur l'Archevêque de Reims. Des événements académiques et diplomatiques sont rapportés, tels que la réception de Monsieur Houdart de la Motte à l'Académie Française, le mariage du Duc de Lianes, et le rappel du Comte de Carbury de son gouvernement de la Nouvelle-York. Enfin, le document mentionne la situation générale des affaires de l'Europe et la mort de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1955
s. p.
« Les Jettons, page 197. [...] »
Début :
Les Jettons, page 197. [...]
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texteReconnaissance textuelle : « Les Jettons, page 197. [...] »
Les Jettons, page 197.
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1956
s. p.
« Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
Début :
Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...]
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texteReconnaissance textuelle : « Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
mmeil eft impoffible dans la conCjoncture ne pas prefente de ne pas groffir
Je Mercure, ce qui en augmente confiderablement les frais , on ne peut fe difpenfer d'en augmenter auffi le prix. Ainfi les
volumes quiferont reliez en veauſe vendront dorefnavant 8. fols. Quant 3
aux volumes qui feront reliez, en parche
min , on n'en payera que trente-cinq.
Les Relations fe vendront autant que
les Mercurés.
grande Chez MICHEL BRUNET,
Salle du Palais , au Mercure
Galant.
M. DCCX.
Avec Privilege du Roy.
Je Mercure, ce qui en augmente confiderablement les frais , on ne peut fe difpenfer d'en augmenter auffi le prix. Ainfi les
volumes quiferont reliez en veauſe vendront dorefnavant 8. fols. Quant 3
aux volumes qui feront reliez, en parche
min , on n'en payera que trente-cinq.
Les Relations fe vendront autant que
les Mercurés.
grande Chez MICHEL BRUNET,
Salle du Palais , au Mercure
Galant.
M. DCCX.
Avec Privilege du Roy.
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Résumé : « Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
Le document de 1709, signé par Michel Brunet, annonce une hausse des prix des publications due à l'augmentation des coûts du papier Mercure. Les volumes reliés en veau seront huit fois plus chers, ceux en parchemin coûteront trente-cinq unités monétaires. Les 'Relations' auront le même prix que les 'Mercurés'. L'ouvrage bénéficie d'un privilège royal.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1957
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
Il y a lieu de croire qu'on ne lit plus l'Avis qui a [...]
Mots clefs :
Lecteur, Caractères lisibles, Port
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AULECTEUR.
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuis tant d'années
aucommencement dechaque
Volume duMercure , puif
que malgréles prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quife trouvent dans
les Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on néglige de le faire , ce qui eft
cauſe qu'il y en a quantité
A ij
AU LECTEUR
dedéfigurez étant impoffible
dedeviner le nom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'on neprend
aucun argent pour ces Memoires, & quel'on employera
tousles bons Ouvrages àleur
tour , pourvû qu'ils ne def
obligent perfonne, &que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent le port.
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuis tant d'années
aucommencement dechaque
Volume duMercure , puif
que malgréles prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quife trouvent dans
les Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on néglige de le faire , ce qui eft
cauſe qu'il y en a quantité
A ij
AU LECTEUR
dedéfigurez étant impoffible
dedeviner le nom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'on neprend
aucun argent pour ces Memoires, & quel'on employera
tousles bons Ouvrages àleur
tour , pourvû qu'ils ne def
obligent perfonne, &que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent le port.
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Résumé : AU LECTEUR.
L'éditeur du Mercure déplore la mauvaise lisibilité des noms propres dans les mémoires soumis, rendant difficile l'identification des lieux et familles. Il demande une orthographe correcte et précise que la publication est gratuite et accepte tous les ouvrages, à condition qu'ils soient affranchis et respectueux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1958
p. 5-11
Prelude, dans lequel on voit la bonté du Roy, qui remet le Don gratuit aux Etats d'Artois, [titre d'après la table]
Début :
Vous sçavez que les Députez des Etats d'Artois ont esté [...]
Mots clefs :
Don, Abbé de Valbelle, Roi, États d'Artois
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prelude, dans lequel on voit la bonté du Roy, qui remet le Don gratuit aux Etats d'Artois, [titre d'après la table]
Vous
US que les Dé,
fçavez que
putez des Etats d'Artois
ont efté prefentez à Sa Majeſté
en la maniere accoûtumée , &
les Nouvelles publiques qui
s'impriment chaque femaine
A iij
6 MERCURE
vous ont apris tout ce qui a
regardé le Ceremonial de cette
Audiance ; ainfi il ne me refte
qu'à vous dire que M' l'Abbé
de Valbelle , Maistre de l'Oratoire du Roy ; nommé à l'Evêché de Saint Omer , & Député
du Clergé , porta la parole &
fit un Difcours qui plut beaucoup à Sa Majefté , & qui attira de grands applaudiffemens
de tous ceux qui furent prefens à cette Audiance , & qui
eurent le bonheur de l'entendre. Il dit qu'il venoit aux pieds
de Sa Majesté pour l'aßeurer de
lafidelité inviolable defes Sujets
GALANT 7
le de
que Sa Made la Province d'Artois ; qu'Elle
n'en avoit point de plus dévouez
àfon fervice , & qu'ils eftoient
penetrez de la bonté
jeſté avoit euë de leur remettre le
Don gratuit.
Il parla enfuite de la BatailMalplaquet ; de la fermeté des Troupes de Sa Majeſté ,
& de la grande perte des Ennemis en cette occafion , qui leur
avoit fait connoiftre qu'elles
pouvoient encore vaincre
parce que bien qu'elles fe fuffent retirées , elles avoient fait
cette retraite avec un fi grand
ordre , &une fi grande intreA iiij.
8 MERCURE
pidité, que leur marche avoit
paru aux ennemis même , plutoft une victoire qu'une retraite.
la
On ne peut faire trop de
reflexion fur les grandes bontez dont Sa Majesté donne
tous les jours d'éclatantes & de
fenfibles marques à fes Sujets.
Quoyque les Saifons luy ayent
déclaré la guerre , & que
France ait prefque efté la feule
qui ait fouffert des malheurs
caufez l'année derniere par leur
dureté , & que je vous aye fait
le détail de ce qui a caufé le
malheur dont la France n'eft ·
"
GALANT 9
B
pas encore remife, Sa Majefté
qui depuis une année a remis
à fes Sujets la plufpart de fes
droits , & leur a fait à plufieurs
fois de groffes remifes fur les
Tailles , vient encore par une
bonté toutefinguliere , & dont
l'Histoire fournit peu d'exemples , de remettre le Don gracuit aux Etats d'Artois. Cen'eſt
point moy qui donne des
loüanges à Sa Majesté. Je ne
rapporte jamais que des faits
lors que je vous en parle , &
ces faits font fi dignes d'admiration qu'ils loüent affez ce
Monarque fans qu'il foit be-
10 MERCURE
foin de le loüer.
Al'égard de l'intrepidité des
Troupes du Roy dont M² de
Valbelle a parlé dans fon Difcours , il n'y a point d'exemples d'une intrepidité pareille
à celle qu'elles ont fait voir
dans cette Bataille , & plus on
approfondira les chofes , plus
on connoiftra qu'elles ont gagné dix Batailles contre une
depuis le commencement de
la guerre , qu'elles n'ont jamais
fuy; mais que par des fatalitez
que le Ciel a permis , trois ou
quatre Affaires importantes
leur ont efté defavantageufes
GALANT II
ay
fans leur eftre honteufes , &fi
on les examinoit avec attention comme j'ay fait quelquesfois , & que je vous fait re
marquer, celles dont les fuitesont eſté deſavantageuſes n'ont
pas efté celles qui leur ont eſté
les moins glorieufes.
US que les Dé,
fçavez que
putez des Etats d'Artois
ont efté prefentez à Sa Majeſté
en la maniere accoûtumée , &
les Nouvelles publiques qui
s'impriment chaque femaine
A iij
6 MERCURE
vous ont apris tout ce qui a
regardé le Ceremonial de cette
Audiance ; ainfi il ne me refte
qu'à vous dire que M' l'Abbé
de Valbelle , Maistre de l'Oratoire du Roy ; nommé à l'Evêché de Saint Omer , & Député
du Clergé , porta la parole &
fit un Difcours qui plut beaucoup à Sa Majefté , & qui attira de grands applaudiffemens
de tous ceux qui furent prefens à cette Audiance , & qui
eurent le bonheur de l'entendre. Il dit qu'il venoit aux pieds
de Sa Majesté pour l'aßeurer de
lafidelité inviolable defes Sujets
GALANT 7
le de
que Sa Made la Province d'Artois ; qu'Elle
n'en avoit point de plus dévouez
àfon fervice , & qu'ils eftoient
penetrez de la bonté
jeſté avoit euë de leur remettre le
Don gratuit.
Il parla enfuite de la BatailMalplaquet ; de la fermeté des Troupes de Sa Majeſté ,
& de la grande perte des Ennemis en cette occafion , qui leur
avoit fait connoiftre qu'elles
pouvoient encore vaincre
parce que bien qu'elles fe fuffent retirées , elles avoient fait
cette retraite avec un fi grand
ordre , &une fi grande intreA iiij.
8 MERCURE
pidité, que leur marche avoit
paru aux ennemis même , plutoft une victoire qu'une retraite.
la
On ne peut faire trop de
reflexion fur les grandes bontez dont Sa Majesté donne
tous les jours d'éclatantes & de
fenfibles marques à fes Sujets.
Quoyque les Saifons luy ayent
déclaré la guerre , & que
France ait prefque efté la feule
qui ait fouffert des malheurs
caufez l'année derniere par leur
dureté , & que je vous aye fait
le détail de ce qui a caufé le
malheur dont la France n'eft ·
"
GALANT 9
B
pas encore remife, Sa Majefté
qui depuis une année a remis
à fes Sujets la plufpart de fes
droits , & leur a fait à plufieurs
fois de groffes remifes fur les
Tailles , vient encore par une
bonté toutefinguliere , & dont
l'Histoire fournit peu d'exemples , de remettre le Don gracuit aux Etats d'Artois. Cen'eſt
point moy qui donne des
loüanges à Sa Majesté. Je ne
rapporte jamais que des faits
lors que je vous en parle , &
ces faits font fi dignes d'admiration qu'ils loüent affez ce
Monarque fans qu'il foit be-
10 MERCURE
foin de le loüer.
Al'égard de l'intrepidité des
Troupes du Roy dont M² de
Valbelle a parlé dans fon Difcours , il n'y a point d'exemples d'une intrepidité pareille
à celle qu'elles ont fait voir
dans cette Bataille , & plus on
approfondira les chofes , plus
on connoiftra qu'elles ont gagné dix Batailles contre une
depuis le commencement de
la guerre , qu'elles n'ont jamais
fuy; mais que par des fatalitez
que le Ciel a permis , trois ou
quatre Affaires importantes
leur ont efté defavantageufes
GALANT II
ay
fans leur eftre honteufes , &fi
on les examinoit avec attention comme j'ay fait quelquesfois , & que je vous fait re
marquer, celles dont les fuitesont eſté deſavantageuſes n'ont
pas efté celles qui leur ont eſté
les moins glorieufes.
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Résumé : Prelude, dans lequel on voit la bonté du Roy, qui remet le Don gratuit aux Etats d'Artois, [titre d'après la table]
Lors d'une audience, les États d'Artois ont rendu hommage au roi. L'abbé de Valbelle, maître de l'oratoire du roi et député du clergé, a prononcé un discours apprécié. Il a exprimé la fidélité et la dévotion des sujets de la province d'Artois envers le roi, soulignant leur gratitude pour la remise du don gratuit. Valbelle a également évoqué la bataille de Malplaquet, mettant en avant la fermeté des troupes royales et les lourdes pertes ennemies, malgré une retraite ordonnée et rapide. Le texte insiste sur les bienfaits du roi envers ses sujets, notamment la remise des droits et des tailles, malgré les ravages causés par les Saifons. Il conclut en louant l'intrepidité des troupes royales, qui ont remporté de nombreuses victoires malgré quelques défaites non honteuses.
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1959
p. 11-57
Premier Article des morts, [titre d'après la table]
Début :
La pluspart des mes Lettres estant remplies de plusieurs Articles [...]
Mots clefs :
Général, Fils, Parlement, Saint, Dame
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Premier Article des morts, [titre d'après la table]
La plupart de mes Lettres
eftant remplies de plufieurs.
Articles de morts , rien n'étant plus ordinaire aux hommes , je me trouve obligé de
vous en parler prefque dés le
commencement de chaque
Lettre ; je commence par
quelques morts étrangeres
12 MERCURE
dans les Articles defquelles
vous trouverez des faits Hiftoriques affez curieux.
Le Pere Pierre Alemanni ,
Jefuite, eft mort en Toscane ,
à la fleur de fon âge ; mais
dans une grande opinion de
fainteté Les merveiles qui
ont éclaté à fa mort , & ce
qui s'eft fait à fon tombeau ,
ont même donné occafion de
compofer fa vie , qu'on
vient d'Imprimer en Italie . Il
avoit efté élevé dans la Maifon
du Grand Duc , & il avoit efté
Page d'honneur de ce Prince; il
ydonnoit déja, quoyqu'encore
GALANT 13
•
dans l'enfance , des efperances
du progrés qu'il feroit un jour
dans la vertu la plus fublime.
Retiré dans fa Chambre , &
fuyant le commerce fouvent
contagieux , de fes camarades ,
ont le furprenoit ſouvent dans
la pratique des exercices les
plus rigoureux de la Penitence
& dans la Meditation la plus.
profonde. Il connut bientoft la Cour eft un pays que
trop orageux& qu'il luy feroit
difficile d'y conferver longtemps fon innocence. Plein
de cette crainte falutaire , il
chercha un port plus affuré
14 MERCURE
dans le party qu'il prit ; il
devint en peu de temps l'exemple non-feulement de fes
jeunes Confreres , mais auffi
des plus anciens. Sa ferveur
augmentoit chaque jour ; il
netrouvoit rien dans les Obfervances de fa Regle, d'affez
penible & d'affez humiliant ;
ily ajoutoit de fecretes aufteritez , & une Meditation fi
continuelle qu'on avoit peine
à le tirer de fon Oratoire. Une
vertu fi rare a efté enviée àla
terre ; le Pere Alemanni avoit
à peine 30. ans que Dieu a
couronné fcs vertus . Il eftoit
GALANT 15
d'une illuftre famille de Tofcane qui s'eft fignalée par fa
fidelité pour la Maifon de
- Medicis. La Vie du Pere Alemanni , eft imprimée à Florence ; c'eft un vray chefd'œuvre de fpiritualité , & il
en eft peu de cette nature où
l'on parle avec tant d'onction
des voyes de Dieu. Les peintures y font vives & touchantes mais peu chargées ; les
Eloges fans eftre exceffifs donnent l'idée la plus avantageufe
du faint homme qui fait le
fujet de l'Ouvrage ; tout y
porte à la pieté & il eſt impoſ-
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceflament une feconde les merveilles qu'on dit qui ſe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faiſant ſouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe- Gotha , épouſe du Prince
d'Anhalt Zerbit, eft morteaux
eaux de Carelfbade en Boheme,
âgée de 34. ans ; c'eftoit une
tres belle perfonne , & qu'on
afortregrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneſt de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond eftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceffament une feconde les merveilles qu'on dit qui fe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faifant fouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17.
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe Gotha , époufe du Prince
d'Anhalt Zerbſt, eft morte aux
caux de Carelfbade enBoheme,
âgée de 34. ans ; c'eſtoit une
tres belle perfonne , & qu'on
fort regrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneft de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond cftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
18 MERCURE
neft; & Frederic Guillaume fon
frere aîné fit la branche d'Altemberg , qui finit il y a 37.
ans. Erneft dont defcendoit
Jean Guillaume , eftoit fils de
Frederic dit le Pacifique , qui
mourut en 1464. les autres
branches de la Maiſon de Saxe,.
font celles de Hall , Merfbourg , Naumbourg , Weymar , Eyfenach. Des Succeffeurs de Rodolfe , neveu du
fameux Witikind , le Duché
de Saxe paffa à la Maiſon de
Billingen , enfuite à celle de
Supplinberg enla perfonne de
Lothaire, qui fut depuis Em-
GALANT 19
pereur , & qui donna fa fille
avec la Saxe à Henry le Superbe Duc de Baviere ; & de celui - cy defcendent tous les
Princes de Saxc.
M' Wafferbach , Confeiller
de M' le Comte de Lippe , eft
mort depuis quelque temps.
Il eftoit un des plus fçavans
hommes de toute l'Allemagne , & fa mort fera pleurée
de plufieurs Sçavans , qui trouvoient ordinairement chez luy
des fonds inépuifables de fcience & d'érudition. Il avoit commencé à faire imprimer une
nouvelle édition des œuvres
Bij
20 MERCURE
de feu M'Herman Hamelmann
où il devoit inferer plufieurs
pieces de cet Auteur qui n'avoient pas encore eſté imprimées. Oncraint, & avec raiſon,
quecette mort n'apporte quelque retardement à cette nouvelle édition que tous les Sçavans attendent avec de vifs
empreffemens. Les principaux
ouvrages de M' Hamelmann
font , les Annales d'Oldembourg , quelques Genealogies.
& des Memoires fervant à
l'Hiftoire de la Reformation
de la Weftphalie , où eft fitué
la Ville & Comté de Lippe ,
GALANT 21
9
qui eftoit la Patrie de M' Waf
ferbach. Ce fçavant homme
avoit auffi deffein quand il eſt
mort de travailler à l'Hiftoire
du Concile que Charlemagne
fit celebrer à Lippe dans le
fiecle pour yfaire confacrer les
Evêques Saxons qu'il deftinoit
à l'inſtruction des Peuples de
Saxe qu'il avoir foûmis un fi
grand nombre de fois , & qui
aprés plufieurs revoltes furent
enfin obligez enfe foumettant
à la loy duvainqueur d'embraffer fa Religion. Je veux dire
de recevoir le Baptême. Mr
Wafferbah auroit relevé dans
22 MERCURE
cet ouvrage , l'erreur de quelques Auteurs qui ont attribué
ce Concile à la Ville de Lippe ,
qui eft en Tranffylvanie , trom
pez fans doute par la conformitédes noms.
M' Oginski petit General
de Lithuanie , & Starofte de
Samogitie , eft mort à Lublin.
Il eftoit d'une Maifon ancienne de Lithuanie , mais qui fous.
le regne de Jean III. du nom ,
s'eftoit fort élevée. Les circon..
ftances en font trop intereffantes pour n'eftre pas détaillées avec foin. La Maifon de
Sapia au commencement du
GALANT 23
regne de Jean III. eſtoit fort
rampante , & celle de Patz
tres-floriffante. Deux freres en
eftoient les Chefs , dont l'un
cftoit grand Chancelier & l'autre grand General. Ils ne confentirent qu'avec peine à l'élec
tion du grand Maréchal So
bieski au Trône de Pologne:
aprés la mort du Roy Michel.
Ce Prince monté fur le Trône
jugea que leur puiffance eftoit
trop grande & qu'elle avoit befoin de bornes. Il leur oppofa
les Sapia , qu'on difoit venir de
race Tartare. En peu de temps
le Roy les combla de biens &
24 MERCURE
de dignitez. L'aîné fut fait pe
tit General & Caftelan de Wilna; &le fecond grand Treforier , &un troifiéme qui reftoit
à pourvoir , grand Ecuyer , &
il eut le Palatinat de Polotzko ,
&quelque temps aprés le cadet
nommé le Onrioué, fut grandMaistre de l'Artillerie & Treforier de la Cour. Enfin pour
furcroift de bonne fortune
pour les Sapia , le grand General Patz mourut , & l'aîné Sapia fon ennemi declaré fut fait
grand General & eut le Palatinat de Wilna , vacant par la
mort du grand General Patz.
Le
GALANT 25
Le Grand Chancelier Patz
mourut auffi; &ainfi cette maifon étant entierement abbatuë
que le Roy devoit avoir lieu
de regretter , fur tout le Grand
General , qui foutint au fameuxCombat de Jurafno tout
l'effort des Turcs , les Sapia
s'enorgueillirent de leur exceffive puiffance , & commencerent à prendre des fentimens peu favorables à la Cour.
Alors le Roy de Pologne ,
réfolut de les abbaiffer ou du
moins de leur oppoſer quelque
Maiſon qui balançât l'autorité & la puiffance de la leur.
Mars 1710.
C
26 MERCURE
Ce Prince jetta les yeux fur
les Oginski ou Oguinski. Il
eftoient freres de noble &
ancienne famille à la verité ;
mais peu illuftrée par les dignitez. Il fit l'aîné Palatin de
Trok , qui eft le troifiéme
Senateur du Grand Duché , &
enfuite Grand Chancelier ;
l'autre eut le Bâton de petic
General avec le Caftelenat de
Wilna. Ce dernier mourut
deux ans aprés , & l'autre en
1690. n'ayant marqué ni
l'un ni l'autre la fermeté que
le Roy attendoit d'eux contre
la puiffance des Seigneurs
GALANT 27
Lithuanois oppofez à la
Maifon Sobieski. C'eft des
>.
,
deux Oginski , que defcendoit
le petit General de Lithuanie ,
dont je vous apprens la mort
& dont les démêlez avec les
Sapia ont fait tant d'éclat
depuis quelques années , que
toutes les nouvelles publiques.
en ont parlé. Les Oginski
furem plus reconnoiſſans pour
leur bienfaiteur que les Sapia ,
ou Sapieha , ( car on écrit de
ces deux manieres ) & leur
pofterité a toujours etté fidelle
non-feulement à la Maiſon
Royale Sobieski ; mais auffi
Cij
28 MERCURE
aux veritables interefts de la
Republique. Celuy dont je
vous apprens la mort en a
donné des preuves qui luy
font beaucoup d'honneur
dans les differentes irruptions
que les Mofcovites ont faites
en Pologne. Ce General a
efté fort regretté en Lithuanie
oùil eftoit fort aimé, fur tout
de la haute Nobleffe.
La Sœur de Sainte Madelaine de Sylvecane , Religieufe
de l'Ordre de Saint Benoift
dans l'Abbaye de Chazaut de
Lyon , y eft morte dans de
grands fentimens de pieté &
CALANT 29
dans la réputation d'une vertu
bien épurée. Cette Dame
avoit fait de grands progrés
dans la vie Miftique , & le
détachement parfait où elle
avoit toujours paru depuis
fon entrée dans la Religion ,
de toutes les chofes dumonde,
luy avoit fait un grand nom
parmy les Devots du premier
ordre , je veux dire , parmy
ceux qui s'attachent à là contemplation. Elle eftoit la
feconde des trois fœurs du
nom de Sylvecane qui font
dans l'Abbaye de Chazaut ,
toutes trois diftinguées par
Cij
30 MERCUR
leur vertu & par leur merite.
Mede Saint Conftant fur tout
qui eft l'aînée a l'efprit tresbrillant & tres cultivé. Ces
Dames font foeurs de Mr de
Sylvecane Prefident de la
Cour des Monnoyes de Paris ,
& de Me de Chaponey mere
de Me la Senechale de Lyon;
elles font auffi fœurs de Mc
Bultaut , qui demeure à Paris ;
toutes ces Dames enfin font
filles de feu Mr le Prefident
de Sylvecane Intendant &
Directeur General de la Monnoye de Lyon , un des plus
grands hommes de fon temps
GALANT 31
de quelque côté qu'on l'envifage. Il a donné au Public
une Traduction de Juvenal ,
qui eft tres- eftimée. La délicateffe de fa verfification prouve la facilité de fon genie. C'eſt
un homme rare que tous les
Sçavans de fon temps ont
celebré à l'envy. Il avoit eſté
Prevôt des Marchands de
Lyon. La Sœur de Sainte Madelaine eft morte à la fleur de
fon âge fort regrettée de fa
munauté.
re
C
Dame Anne le Gras , veuve
de M François - Gafpard de
Montmorin, Marquis de Saint
C
iiij
32 MERCURE
Heran, Gouverneur de Fontainebleau , eft morte âgée de 85.
ans. Elle eftoit d'une ancienne
famille de la Robe , connuë
dans le Parlement depuis prés
de trois ficcles , & au commencement qu'il fut rendu ſedentaire. Mla Marquife de SaintHerana paffé fa vie dans l'exercice des verrus chreftiennes , &
Dieu a recompenſé une conduite pure & reguliere qui a
caracterifé toutes les actions ,
par une famille dont elle a cu
de grands fujets d'eftre fatisfaite. M' le Marquis de SaintHeran fon fils eft aujourd'huy
GALANT 33
Gouverneur de Fontainebleau,
& il foutient cet employ avec
beaucoup de dignité & des manieres fort nobles. La Maiſon
dont il eft le chefeft tres - ancienne &fort illuftrée. Anne de
Montmorin , fille de Charles ,
Chevalier , Seigneur de Montmorinépoufa en 1475. Henry
d'Albon Seigneur de Saint Forgeux . Les Memoires de la Maifon d'Albon parlent avantageufement de cette Dame qui
fur grand- mere du celebre Antoine d'Albon Archevêque de
Lyon & Lieutenant de Roy au
Gouvernement du Lyonnois &
34 MERCURE
quabifayeule de Pierre d'Efpinac ,
le plus grand Ligueur de fon
temps , auffi Archevêque de
la même Ville. Françoiſe de
Montmorin , fille de noble &
puiffant Seigneur ( c'eſt la
Lité qu'il prenoit ) Claude de
Montmorin , Chevalier , Seigneur de Luppiat, Baron de la
Tarriere , S. Bonnet & de Pertus, & de Catherine de Joyeufe , époufa dans les dernieres
années du 16° fiecle Louis de
la Barge grand pere de Me la
Comteffe doüairiere de Mongon , & d'une illuftre Maiſon
d'Auvergne qui a donné cinq
GALANT 35
Comtes à l'Eglife de Lyon.
Feu Mr le Comte de la Barge
qui avoit époufé Catherine
d'Albon , fille aînée de GilbertAntoine d'Albon , Chevalier
d'Honneur de Madame la Ducheffe d'Orleans , Comte de
Chazeul , & de Dame Charlotte Bouteiller , eftoit petitfils de Françoiſe de Montmorin. Jean - Baptifte de la Barge
fon fils qui époufa Jeanne de
Canillac fut Chevalier de
l'Ordre du Roy , Gentilhomme ordinaire de fa Chambte ,
& fon Lieutenant general au
Gouvernement d'Auvergne.
36 MERCURE
La Maifon de Montmorin
porte pour Armoiries de Gueules femé de mollettes d'éperon
d'argent au Lyon de même ,
brochant fur le tout. M' l'Archevêque de Vienne , ci - devant Evêque de Die , & auparavant de l'Ordre des Feüillans , cft de cette Maifon. Il
eft frere de Me la Comteffe de
Gamaches ; & il joint à une
naiſſance illuſtre une pieté , un
zele dans les fonctions de fon
Miniftere, & un amour propre
pour les Pauvres qui le rendent
encore plus recommandable.
Mre N... Amable Faydit ,
GALANT 37
Preftre , connu dans la Republique des Lettres par quantité
d'ouvrages fortis de fa plume,
eft mort à Riom âgé de prés
de 70. ans. Il avoit paffé une
partie de fa jeuneffe dans la
Congregation de l'Oratoire ,
où les talens particuliers, joints
àune profonde érudition , luy
avoient attiré beaucoup d'admirateurs. Il y avoit profeffé
les Humanitez & même la Philofophie avecbeaucoup de fuccés & d'applaudiffement , & il
cut au nombre de fes diſciples
d'illuftres perfonnes qui font
aujourd'huy Patrons des Gens
"
38 MERCURE
de Lettres. Cet Abbé eftoit
forti de cette Congregation à
laquelle , comme on fçait , on
n'eft jamais attaché par aucun
engagement ; il compoſa plufieurs ouvrages aprés s'eftre retiré auprés de M' Lizot ancien
Curé de Saint Severin fonami
particulier. Il donna d'abord
quelques reflexions fur le premier volume des Memoires de
Mr de Tillemont , & il intitula
cet ouvrage , Memoire des Memoires , &c. Ce Livre fit beaucoup de bruit ; le Traité qu'il
donna enfuite fur la Trinité ,
n'en fit pas moins ; le P. Hugo
>
GALANT 39
Chanoine Regulier de l'Ordre
de Saint Auguſtin de la Congregation de Prémontré , attaqua cet ouvrage , & cette critique produifit quelques réponſes où Mr l'Abbé Faydit
expliquoit ce qu'il avoit voulu dire en excluant de l'Effence de Dieu une unité numerique , & en n'y admettant
qu'une unité fpecifique. La
Preſbyteromachie eſt auſſi un petit ouvrage de ce fçavant Abbé fur le Quietisme , dont il
a cfté un rude Adverfaire. Il
adreffa enfuire une Lettre à un
Prieur des Carmes déchauffez
40 MERCURE
contre la Tradition qu'onimpute aux Religieux de cet Ordre , d'avoir foutenu que Pythagore a efté de leur Ordre.
Cette Lettre eft inferée dans
un des Supplémens des Effais de
Litterature. Il fe chargea peu
aprés de continuer ce même
Supplément, & il en donna quelques volumes remplis d'une
grande érudition & d'une fine
critique. Il a fait auffi plufieurs
autres ouvrages , & il eft mort
la plume à la main. Il eftoit
preft de donner une Critique
generale des ouvrages de Mr le
Clerc, lorſqu'il cft allé luy-mê-
GALANT 41
me rendre compte de fes fentimens & de fa doctrine à celuy qui juge tous les hommes.
Il ne bornoit pas fes talens à
faire des Livres ; il eftoit Predicateur & excellent Predicateur;
dans le temps des affaires de
l'Affemblée du Clergé de France de 1682. il fit un Sermon
dans l'Eglife de Sainte Opportune , qui luy fit beaucoup
d'honneur. Il y a long temps
qu'on attend fes Difcours Polemiques qu'il promettoit depuis plufieurs années. Il eftoit
d'une tres- ancienne famille de
Riom qui a donné à certe VilMars 1710.
D
42 MERCURE
le-là pendant plus de trois cens
ans de pere en fils des Avocats
celebres , y en ayant encore actuellement de ce nom qui exercent avec éclat cette noble Profeffion. Cet Abbé eftoit proche parent de Mr Faydit de
Graville Confeiller au Prefidial de Riom , mort âgé de 8 3.
ans en 1694. Ce Magiftrat
avoit beaucoup contribué à la
compofition des doctes écrits
du P. Sirmond, Confeffeur de
Louis XIII. dont Mr l'Abbé
Faydit avoit l'honneur d'eftre
petit -neveu. Tous les Faydit
defcendent de Faydit Damoi
GALANT 43
feau de Jurgals dans le Vicomté de Turenne , & frere du fameux Jurifconfulte Faydit . Ils
vivoient au commencement
du 14. fiecle. Il y a eu un Cardinal Faydit qu'on croit de cette famille.
M Jean Doujat Doyen
du Parlement , eft mort âgé
de 89. ans & demy, regretté
univerfellement de tous fes
Confreres. Il avoit efté reçû
Confeiller au Parlement le 30.
Aouft 1647. & il a exercé
cette Charge un peu plus de
63. ans puifqu'il eft mort le 18.
Janvier de cette année ( 1710. )
Dij
44 MERCURE
Il eftoit d'une ancienne famille
connue dans le Parlement depuis deux ou trois ficcles . Elle
produifit dans le commencement du dernier fiecle un
celebre Profeffeur de Jurifpru.
dence, dont le nom eft aujourd'huy devenu celebre parmy
tous les Jurifconfultes. Il ya
aujourd'huy deux branches
de la famille des Doujats. Celuy qui vient de mourir eſtoit
Chef de la premiere. Il laiffe
un fils Maiftre des Requeſtes ,
depuis l'année 1701 .
c'eft
Mre Jean Charles Doujat
cy- devant Intendant de Bor-
GALANT 45
deaux & aujourd'huy de Poitiers. Le Chef de la feconde
branche eft Mre Jofeph- Joachim - François Doujat , reçû
Confeiller au Chaftelet en
1697. & frere de Dame N...
Doujat épouse de Jean François le Boindre , fixiéme Confeiller de la premiere Chambre
des Enqueftes , & reçû dans
le Parlement en 1689. Mr
Doujat leur pere , eftoit Contrôlleur General de la Maiſon
du Roy. La famille de Mrs
Doujat , eft fortie par les femmes de celles des Longüeil ,
de Maiſons , & de Nicolaï.
›
46 MERCURE
Celle de Fieubet Launac
tient auffi par une alliance à
celle de Doujat.
Mre Jean le Nain , SousDoyen du Parlement , eft devenu par cette mort Doyen
du même Corps ; il eſt beaufrere de Mre Paul Portail,
feptiéme Confeiller de la
Grand Chambre , & pere de
feu Mr le Nain , premier Avocat General du Parlement
mort depuis quelques mois.
Mr le Nain fut reçû dans le
Parlement le deuxième deJuin
l'an 1655. il eft frere de feu
Mr de Tillemont Auteur
GALANT 47
de l'Hiftoire Ecclefiaftique des
fix premiers ficcles de l'Eglife ,
écrite avec tant de methode
& de netteté , &frere du Pere
le Nain Sous-prieur de l'Abbaye de la Trape. La famille
de Mrs le Nain , eft dans une
grande confideration dans le
Parlement depuis plus de trois
fiecles. Elle a toûjours eu pour
Chefs d'illuftres Magiftrats ,
qui fe font diftinguez par leur
zele pour la Patrie , & parune
probité & une droiture dignes
des premiers temps dans l'adminiſtration de la Juftice.
Mre Gafpard Brayer , Sous-
48 MERCURE
4.
Doyen de la troifiéme Cham
bre des Enqueftes , eſt monté
à la grande -Chambre par le
mouvement qu'a fait la mort
du Doyen. Il y a un peu plus
detrente cinqans qu'il eft Confeiller , y ayant efté reçu le
Janvier de l'année 1675. Mr
Brayer eft tres - eftimé dans le
Parlement ; le fuccés qu'il a eu
dans la conduite de plufieurs
affaires d'une difficile difcuffion , luy a attiré une grande
réputation dans cet illuftre
Corps. Il a environ foixante
ans.
Dame Elifabeth de Hantecourt ,
GALANT 49
court , veuve de Mr Eftienne
le Tonnellier , Confeiller du
Roy & Maiftre ordinaire en
fa Chambre des Comptes , eft
morte âgée de 78. ans , dans de
grands fentimens de pieté , &
dans l'exercice des vertus qu'elle a pratiquées durant le cours
d'une longue vie. Sa charité &
fon amour pour les Pauvres
font les vertus qui l'ont le plus
diftinguée. On luy connoiffoit
un fi grand zele pour leur foulagement , & un fi grandfond
delumieres fur tout ce qui pouvoit contribuer à adoucir leurs
maux , qu'on l'a continuée
Mars 1710.
.
E
50 MERCURE
prefque pendant toute fa vie
Dame de la Charité de fa Paroiffe , parce qu'on eftoit perfuadé que les interefts des Pauvres ne pouvoient eftre en de
meilleures mains. L'inclination
qu'elle a marquée toute ſa vie
pour eux , l'avoit liée depuis
plufieurs années avec M° Trudaine mere de M° Voifin &de
M' l'Intendante de Lyon , &
ces deux illuftres Amies picquées d'une fainte émulation
s'excitoient continuellement
aux emplois de charité. Enfin le
foulagement des Pauvres & la
pratiquedes vertus propres aux
GALANT 51
Veuves chreftiennes , eftoit le
fondement de leur liaiſon. M
le Tonnellier eftoit proche parente de M' de Hantecourt ,
Chancelier de l'Univerfité de
Paris & Curé de Saint Etienne
du Mont , l'un des plus dignes
fujets de la Congregation de
Sainte Geneviève. La famille de
Mrs de Hantecourt eft fort ancienne dans le Parlement. M
le Tonnellier laiffe trois fils.
L'aîné eft Pierre Eftienne leTonnellier , Seigneur de Charmaux Confeiller au grand
Confeil , où il fut reçu en l'année 1691. Il eſt du Semestre
E ij
$2 MERCURE
d'Eté. Il a beaucoup de merite & il a acquis une folide
réputation dans l'exercice de
fa Charge. Il fit autrefois le
voyage d'Italie avec Mr Trudaine Intendant de Lyon , M
Trudaine & M° le Tonnellier
ayant voulu que leurs enfans
qui avoient toûjours efté fort
unis , ne fe féparaffent point
dans ce voyage. Ces deux Magiftrats reçurent de grands
honneurs de plufieurs perfonnes de diſtinction des princi- ·
pales Villes d'Italie. Le fecond
fils de Mele Tonnellier eft M
le Tonnellier Docteur de Sor-
GALANT 53
bonne, Chanoine Regulier de
l'Ordre de Saint Auguftin &
Prieur de l'Abbaye de S. Victor pour la troifiéme fois. C'eſt
un homme d'un grand merite ,
& qui eft eftimé dans fa Congregation;le troifiéme eſt Dom
Paſcal le Tonnellier Chartreux de Paris , Religieux connu par fes talens , & fur tour.
par la connoiffance des LanM's le Tonnelier font de
la même Maifon que M's de
Breteüil. Ily a eu un Controlleur general des Finances de
leur maison. Ils font parens
de M's Charpentier dont je
gues.
E iij
54 MERCURE
vous ay fouvent parlé.
MN..... d'Agoult , Seigneur de Chanoufle , cft mort
dans fes terres en Dauphiné.
Il eftoit iffu de François d'Agoult , Seigneur de Montiay
& de Chanouffe , & de Françoife de Virieu , d'une Maiſon
qui a donné des Ambaffadeurs
à la France. Cette Dame eftoir
fille de François de Virieu , Seigneur de Puppetieres , & de
Gafparde Prunier Saint André,
famille dont eftoit feu M' de
Saint André Ambaffadeur à
Venife & premier Prefident au
Parlement de Grenoble. Bar-
GALANT 55
thelemy d'Agoult , fecond fils
de François d'Agoult , & de
Jamonne de Revilafe , a formé
cette branche de l'illustre Maifon d'Agoule dans le penultiéme fiecle. Il époufa Françoiſe
de Remufac de qui vint François d'Agoult époux d'Anne
d'Autanne pere d'Antoine
qui de Claire de Morges a cu
le pere de feu Mr le Comte de Chanouffe. On prétend'
que le chefde l'illuftre Maiſon
d'Agoult fut un Agoult du
Loup, provenu des amours du
Prince de Goulnaud & de la
Princeffe de Pomeranie , &
E iiij
56 MERURE
qu'ayant efté expofé , il fut
nourripar une Louve, & qu'enfuiteHenryII . Empereur fit ce
SeigneurMaréchal de l'Empire
&luy infeoda la Terre de Sault,
qui eft entrée dans la Maiſon
de Crequy par Chreftienne
d'Aguerre , qui aprés avoir
perdu Antoine Duc de Crequy
fon mary , épousa FrançoisLouis d'Agoult , Comte de
Sault , Chevalier des Ordres du
Roy, dont elle eut cette Terre
• pour les droits , qu'elle laiſſa à
M' le Maréchal de Lefdiguieres fon fils du premier lit. La
Maiſon de Simianes d'aujour-
GALANT 57
d'huy eft une branche de celle
d'Agoult , une des plus illuf
tres & des plus anciennes du
Royaume.
eftant remplies de plufieurs.
Articles de morts , rien n'étant plus ordinaire aux hommes , je me trouve obligé de
vous en parler prefque dés le
commencement de chaque
Lettre ; je commence par
quelques morts étrangeres
12 MERCURE
dans les Articles defquelles
vous trouverez des faits Hiftoriques affez curieux.
Le Pere Pierre Alemanni ,
Jefuite, eft mort en Toscane ,
à la fleur de fon âge ; mais
dans une grande opinion de
fainteté Les merveiles qui
ont éclaté à fa mort , & ce
qui s'eft fait à fon tombeau ,
ont même donné occafion de
compofer fa vie , qu'on
vient d'Imprimer en Italie . Il
avoit efté élevé dans la Maifon
du Grand Duc , & il avoit efté
Page d'honneur de ce Prince; il
ydonnoit déja, quoyqu'encore
GALANT 13
•
dans l'enfance , des efperances
du progrés qu'il feroit un jour
dans la vertu la plus fublime.
Retiré dans fa Chambre , &
fuyant le commerce fouvent
contagieux , de fes camarades ,
ont le furprenoit ſouvent dans
la pratique des exercices les
plus rigoureux de la Penitence
& dans la Meditation la plus.
profonde. Il connut bientoft la Cour eft un pays que
trop orageux& qu'il luy feroit
difficile d'y conferver longtemps fon innocence. Plein
de cette crainte falutaire , il
chercha un port plus affuré
14 MERCURE
dans le party qu'il prit ; il
devint en peu de temps l'exemple non-feulement de fes
jeunes Confreres , mais auffi
des plus anciens. Sa ferveur
augmentoit chaque jour ; il
netrouvoit rien dans les Obfervances de fa Regle, d'affez
penible & d'affez humiliant ;
ily ajoutoit de fecretes aufteritez , & une Meditation fi
continuelle qu'on avoit peine
à le tirer de fon Oratoire. Une
vertu fi rare a efté enviée àla
terre ; le Pere Alemanni avoit
à peine 30. ans que Dieu a
couronné fcs vertus . Il eftoit
GALANT 15
d'une illuftre famille de Tofcane qui s'eft fignalée par fa
fidelité pour la Maifon de
- Medicis. La Vie du Pere Alemanni , eft imprimée à Florence ; c'eft un vray chefd'œuvre de fpiritualité , & il
en eft peu de cette nature où
l'on parle avec tant d'onction
des voyes de Dieu. Les peintures y font vives & touchantes mais peu chargées ; les
Eloges fans eftre exceffifs donnent l'idée la plus avantageufe
du faint homme qui fait le
fujet de l'Ouvrage ; tout y
porte à la pieté & il eſt impoſ-
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceflament une feconde les merveilles qu'on dit qui ſe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faiſant ſouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe- Gotha , épouſe du Prince
d'Anhalt Zerbit, eft morteaux
eaux de Carelfbade en Boheme,
âgée de 34. ans ; c'eftoit une
tres belle perfonne , & qu'on
afortregrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneſt de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond eftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceffament une feconde les merveilles qu'on dit qui fe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faifant fouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17.
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe Gotha , époufe du Prince
d'Anhalt Zerbſt, eft morte aux
caux de Carelfbade enBoheme,
âgée de 34. ans ; c'eſtoit une
tres belle perfonne , & qu'on
fort regrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneft de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond cftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
18 MERCURE
neft; & Frederic Guillaume fon
frere aîné fit la branche d'Altemberg , qui finit il y a 37.
ans. Erneft dont defcendoit
Jean Guillaume , eftoit fils de
Frederic dit le Pacifique , qui
mourut en 1464. les autres
branches de la Maiſon de Saxe,.
font celles de Hall , Merfbourg , Naumbourg , Weymar , Eyfenach. Des Succeffeurs de Rodolfe , neveu du
fameux Witikind , le Duché
de Saxe paffa à la Maiſon de
Billingen , enfuite à celle de
Supplinberg enla perfonne de
Lothaire, qui fut depuis Em-
GALANT 19
pereur , & qui donna fa fille
avec la Saxe à Henry le Superbe Duc de Baviere ; & de celui - cy defcendent tous les
Princes de Saxc.
M' Wafferbach , Confeiller
de M' le Comte de Lippe , eft
mort depuis quelque temps.
Il eftoit un des plus fçavans
hommes de toute l'Allemagne , & fa mort fera pleurée
de plufieurs Sçavans , qui trouvoient ordinairement chez luy
des fonds inépuifables de fcience & d'érudition. Il avoit commencé à faire imprimer une
nouvelle édition des œuvres
Bij
20 MERCURE
de feu M'Herman Hamelmann
où il devoit inferer plufieurs
pieces de cet Auteur qui n'avoient pas encore eſté imprimées. Oncraint, & avec raiſon,
quecette mort n'apporte quelque retardement à cette nouvelle édition que tous les Sçavans attendent avec de vifs
empreffemens. Les principaux
ouvrages de M' Hamelmann
font , les Annales d'Oldembourg , quelques Genealogies.
& des Memoires fervant à
l'Hiftoire de la Reformation
de la Weftphalie , où eft fitué
la Ville & Comté de Lippe ,
GALANT 21
9
qui eftoit la Patrie de M' Waf
ferbach. Ce fçavant homme
avoit auffi deffein quand il eſt
mort de travailler à l'Hiftoire
du Concile que Charlemagne
fit celebrer à Lippe dans le
fiecle pour yfaire confacrer les
Evêques Saxons qu'il deftinoit
à l'inſtruction des Peuples de
Saxe qu'il avoir foûmis un fi
grand nombre de fois , & qui
aprés plufieurs revoltes furent
enfin obligez enfe foumettant
à la loy duvainqueur d'embraffer fa Religion. Je veux dire
de recevoir le Baptême. Mr
Wafferbah auroit relevé dans
22 MERCURE
cet ouvrage , l'erreur de quelques Auteurs qui ont attribué
ce Concile à la Ville de Lippe ,
qui eft en Tranffylvanie , trom
pez fans doute par la conformitédes noms.
M' Oginski petit General
de Lithuanie , & Starofte de
Samogitie , eft mort à Lublin.
Il eftoit d'une Maifon ancienne de Lithuanie , mais qui fous.
le regne de Jean III. du nom ,
s'eftoit fort élevée. Les circon..
ftances en font trop intereffantes pour n'eftre pas détaillées avec foin. La Maifon de
Sapia au commencement du
GALANT 23
regne de Jean III. eſtoit fort
rampante , & celle de Patz
tres-floriffante. Deux freres en
eftoient les Chefs , dont l'un
cftoit grand Chancelier & l'autre grand General. Ils ne confentirent qu'avec peine à l'élec
tion du grand Maréchal So
bieski au Trône de Pologne:
aprés la mort du Roy Michel.
Ce Prince monté fur le Trône
jugea que leur puiffance eftoit
trop grande & qu'elle avoit befoin de bornes. Il leur oppofa
les Sapia , qu'on difoit venir de
race Tartare. En peu de temps
le Roy les combla de biens &
24 MERCURE
de dignitez. L'aîné fut fait pe
tit General & Caftelan de Wilna; &le fecond grand Treforier , &un troifiéme qui reftoit
à pourvoir , grand Ecuyer , &
il eut le Palatinat de Polotzko ,
&quelque temps aprés le cadet
nommé le Onrioué, fut grandMaistre de l'Artillerie & Treforier de la Cour. Enfin pour
furcroift de bonne fortune
pour les Sapia , le grand General Patz mourut , & l'aîné Sapia fon ennemi declaré fut fait
grand General & eut le Palatinat de Wilna , vacant par la
mort du grand General Patz.
Le
GALANT 25
Le Grand Chancelier Patz
mourut auffi; &ainfi cette maifon étant entierement abbatuë
que le Roy devoit avoir lieu
de regretter , fur tout le Grand
General , qui foutint au fameuxCombat de Jurafno tout
l'effort des Turcs , les Sapia
s'enorgueillirent de leur exceffive puiffance , & commencerent à prendre des fentimens peu favorables à la Cour.
Alors le Roy de Pologne ,
réfolut de les abbaiffer ou du
moins de leur oppoſer quelque
Maiſon qui balançât l'autorité & la puiffance de la leur.
Mars 1710.
C
26 MERCURE
Ce Prince jetta les yeux fur
les Oginski ou Oguinski. Il
eftoient freres de noble &
ancienne famille à la verité ;
mais peu illuftrée par les dignitez. Il fit l'aîné Palatin de
Trok , qui eft le troifiéme
Senateur du Grand Duché , &
enfuite Grand Chancelier ;
l'autre eut le Bâton de petic
General avec le Caftelenat de
Wilna. Ce dernier mourut
deux ans aprés , & l'autre en
1690. n'ayant marqué ni
l'un ni l'autre la fermeté que
le Roy attendoit d'eux contre
la puiffance des Seigneurs
GALANT 27
Lithuanois oppofez à la
Maifon Sobieski. C'eft des
>.
,
deux Oginski , que defcendoit
le petit General de Lithuanie ,
dont je vous apprens la mort
& dont les démêlez avec les
Sapia ont fait tant d'éclat
depuis quelques années , que
toutes les nouvelles publiques.
en ont parlé. Les Oginski
furem plus reconnoiſſans pour
leur bienfaiteur que les Sapia ,
ou Sapieha , ( car on écrit de
ces deux manieres ) & leur
pofterité a toujours etté fidelle
non-feulement à la Maiſon
Royale Sobieski ; mais auffi
Cij
28 MERCURE
aux veritables interefts de la
Republique. Celuy dont je
vous apprens la mort en a
donné des preuves qui luy
font beaucoup d'honneur
dans les differentes irruptions
que les Mofcovites ont faites
en Pologne. Ce General a
efté fort regretté en Lithuanie
oùil eftoit fort aimé, fur tout
de la haute Nobleffe.
La Sœur de Sainte Madelaine de Sylvecane , Religieufe
de l'Ordre de Saint Benoift
dans l'Abbaye de Chazaut de
Lyon , y eft morte dans de
grands fentimens de pieté &
CALANT 29
dans la réputation d'une vertu
bien épurée. Cette Dame
avoit fait de grands progrés
dans la vie Miftique , & le
détachement parfait où elle
avoit toujours paru depuis
fon entrée dans la Religion ,
de toutes les chofes dumonde,
luy avoit fait un grand nom
parmy les Devots du premier
ordre , je veux dire , parmy
ceux qui s'attachent à là contemplation. Elle eftoit la
feconde des trois fœurs du
nom de Sylvecane qui font
dans l'Abbaye de Chazaut ,
toutes trois diftinguées par
Cij
30 MERCUR
leur vertu & par leur merite.
Mede Saint Conftant fur tout
qui eft l'aînée a l'efprit tresbrillant & tres cultivé. Ces
Dames font foeurs de Mr de
Sylvecane Prefident de la
Cour des Monnoyes de Paris ,
& de Me de Chaponey mere
de Me la Senechale de Lyon;
elles font auffi fœurs de Mc
Bultaut , qui demeure à Paris ;
toutes ces Dames enfin font
filles de feu Mr le Prefident
de Sylvecane Intendant &
Directeur General de la Monnoye de Lyon , un des plus
grands hommes de fon temps
GALANT 31
de quelque côté qu'on l'envifage. Il a donné au Public
une Traduction de Juvenal ,
qui eft tres- eftimée. La délicateffe de fa verfification prouve la facilité de fon genie. C'eſt
un homme rare que tous les
Sçavans de fon temps ont
celebré à l'envy. Il avoit eſté
Prevôt des Marchands de
Lyon. La Sœur de Sainte Madelaine eft morte à la fleur de
fon âge fort regrettée de fa
munauté.
re
C
Dame Anne le Gras , veuve
de M François - Gafpard de
Montmorin, Marquis de Saint
C
iiij
32 MERCURE
Heran, Gouverneur de Fontainebleau , eft morte âgée de 85.
ans. Elle eftoit d'une ancienne
famille de la Robe , connuë
dans le Parlement depuis prés
de trois ficcles , & au commencement qu'il fut rendu ſedentaire. Mla Marquife de SaintHerana paffé fa vie dans l'exercice des verrus chreftiennes , &
Dieu a recompenſé une conduite pure & reguliere qui a
caracterifé toutes les actions ,
par une famille dont elle a cu
de grands fujets d'eftre fatisfaite. M' le Marquis de SaintHeran fon fils eft aujourd'huy
GALANT 33
Gouverneur de Fontainebleau,
& il foutient cet employ avec
beaucoup de dignité & des manieres fort nobles. La Maiſon
dont il eft le chefeft tres - ancienne &fort illuftrée. Anne de
Montmorin , fille de Charles ,
Chevalier , Seigneur de Montmorinépoufa en 1475. Henry
d'Albon Seigneur de Saint Forgeux . Les Memoires de la Maifon d'Albon parlent avantageufement de cette Dame qui
fur grand- mere du celebre Antoine d'Albon Archevêque de
Lyon & Lieutenant de Roy au
Gouvernement du Lyonnois &
34 MERCURE
quabifayeule de Pierre d'Efpinac ,
le plus grand Ligueur de fon
temps , auffi Archevêque de
la même Ville. Françoiſe de
Montmorin , fille de noble &
puiffant Seigneur ( c'eſt la
Lité qu'il prenoit ) Claude de
Montmorin , Chevalier , Seigneur de Luppiat, Baron de la
Tarriere , S. Bonnet & de Pertus, & de Catherine de Joyeufe , époufa dans les dernieres
années du 16° fiecle Louis de
la Barge grand pere de Me la
Comteffe doüairiere de Mongon , & d'une illuftre Maiſon
d'Auvergne qui a donné cinq
GALANT 35
Comtes à l'Eglife de Lyon.
Feu Mr le Comte de la Barge
qui avoit époufé Catherine
d'Albon , fille aînée de GilbertAntoine d'Albon , Chevalier
d'Honneur de Madame la Ducheffe d'Orleans , Comte de
Chazeul , & de Dame Charlotte Bouteiller , eftoit petitfils de Françoiſe de Montmorin. Jean - Baptifte de la Barge
fon fils qui époufa Jeanne de
Canillac fut Chevalier de
l'Ordre du Roy , Gentilhomme ordinaire de fa Chambte ,
& fon Lieutenant general au
Gouvernement d'Auvergne.
36 MERCURE
La Maifon de Montmorin
porte pour Armoiries de Gueules femé de mollettes d'éperon
d'argent au Lyon de même ,
brochant fur le tout. M' l'Archevêque de Vienne , ci - devant Evêque de Die , & auparavant de l'Ordre des Feüillans , cft de cette Maifon. Il
eft frere de Me la Comteffe de
Gamaches ; & il joint à une
naiſſance illuſtre une pieté , un
zele dans les fonctions de fon
Miniftere, & un amour propre
pour les Pauvres qui le rendent
encore plus recommandable.
Mre N... Amable Faydit ,
GALANT 37
Preftre , connu dans la Republique des Lettres par quantité
d'ouvrages fortis de fa plume,
eft mort à Riom âgé de prés
de 70. ans. Il avoit paffé une
partie de fa jeuneffe dans la
Congregation de l'Oratoire ,
où les talens particuliers, joints
àune profonde érudition , luy
avoient attiré beaucoup d'admirateurs. Il y avoit profeffé
les Humanitez & même la Philofophie avecbeaucoup de fuccés & d'applaudiffement , & il
cut au nombre de fes diſciples
d'illuftres perfonnes qui font
aujourd'huy Patrons des Gens
"
38 MERCURE
de Lettres. Cet Abbé eftoit
forti de cette Congregation à
laquelle , comme on fçait , on
n'eft jamais attaché par aucun
engagement ; il compoſa plufieurs ouvrages aprés s'eftre retiré auprés de M' Lizot ancien
Curé de Saint Severin fonami
particulier. Il donna d'abord
quelques reflexions fur le premier volume des Memoires de
Mr de Tillemont , & il intitula
cet ouvrage , Memoire des Memoires , &c. Ce Livre fit beaucoup de bruit ; le Traité qu'il
donna enfuite fur la Trinité ,
n'en fit pas moins ; le P. Hugo
>
GALANT 39
Chanoine Regulier de l'Ordre
de Saint Auguſtin de la Congregation de Prémontré , attaqua cet ouvrage , & cette critique produifit quelques réponſes où Mr l'Abbé Faydit
expliquoit ce qu'il avoit voulu dire en excluant de l'Effence de Dieu une unité numerique , & en n'y admettant
qu'une unité fpecifique. La
Preſbyteromachie eſt auſſi un petit ouvrage de ce fçavant Abbé fur le Quietisme , dont il
a cfté un rude Adverfaire. Il
adreffa enfuire une Lettre à un
Prieur des Carmes déchauffez
40 MERCURE
contre la Tradition qu'onimpute aux Religieux de cet Ordre , d'avoir foutenu que Pythagore a efté de leur Ordre.
Cette Lettre eft inferée dans
un des Supplémens des Effais de
Litterature. Il fe chargea peu
aprés de continuer ce même
Supplément, & il en donna quelques volumes remplis d'une
grande érudition & d'une fine
critique. Il a fait auffi plufieurs
autres ouvrages , & il eft mort
la plume à la main. Il eftoit
preft de donner une Critique
generale des ouvrages de Mr le
Clerc, lorſqu'il cft allé luy-mê-
GALANT 41
me rendre compte de fes fentimens & de fa doctrine à celuy qui juge tous les hommes.
Il ne bornoit pas fes talens à
faire des Livres ; il eftoit Predicateur & excellent Predicateur;
dans le temps des affaires de
l'Affemblée du Clergé de France de 1682. il fit un Sermon
dans l'Eglife de Sainte Opportune , qui luy fit beaucoup
d'honneur. Il y a long temps
qu'on attend fes Difcours Polemiques qu'il promettoit depuis plufieurs années. Il eftoit
d'une tres- ancienne famille de
Riom qui a donné à certe VilMars 1710.
D
42 MERCURE
le-là pendant plus de trois cens
ans de pere en fils des Avocats
celebres , y en ayant encore actuellement de ce nom qui exercent avec éclat cette noble Profeffion. Cet Abbé eftoit proche parent de Mr Faydit de
Graville Confeiller au Prefidial de Riom , mort âgé de 8 3.
ans en 1694. Ce Magiftrat
avoit beaucoup contribué à la
compofition des doctes écrits
du P. Sirmond, Confeffeur de
Louis XIII. dont Mr l'Abbé
Faydit avoit l'honneur d'eftre
petit -neveu. Tous les Faydit
defcendent de Faydit Damoi
GALANT 43
feau de Jurgals dans le Vicomté de Turenne , & frere du fameux Jurifconfulte Faydit . Ils
vivoient au commencement
du 14. fiecle. Il y a eu un Cardinal Faydit qu'on croit de cette famille.
M Jean Doujat Doyen
du Parlement , eft mort âgé
de 89. ans & demy, regretté
univerfellement de tous fes
Confreres. Il avoit efté reçû
Confeiller au Parlement le 30.
Aouft 1647. & il a exercé
cette Charge un peu plus de
63. ans puifqu'il eft mort le 18.
Janvier de cette année ( 1710. )
Dij
44 MERCURE
Il eftoit d'une ancienne famille
connue dans le Parlement depuis deux ou trois ficcles . Elle
produifit dans le commencement du dernier fiecle un
celebre Profeffeur de Jurifpru.
dence, dont le nom eft aujourd'huy devenu celebre parmy
tous les Jurifconfultes. Il ya
aujourd'huy deux branches
de la famille des Doujats. Celuy qui vient de mourir eſtoit
Chef de la premiere. Il laiffe
un fils Maiftre des Requeſtes ,
depuis l'année 1701 .
c'eft
Mre Jean Charles Doujat
cy- devant Intendant de Bor-
GALANT 45
deaux & aujourd'huy de Poitiers. Le Chef de la feconde
branche eft Mre Jofeph- Joachim - François Doujat , reçû
Confeiller au Chaftelet en
1697. & frere de Dame N...
Doujat épouse de Jean François le Boindre , fixiéme Confeiller de la premiere Chambre
des Enqueftes , & reçû dans
le Parlement en 1689. Mr
Doujat leur pere , eftoit Contrôlleur General de la Maiſon
du Roy. La famille de Mrs
Doujat , eft fortie par les femmes de celles des Longüeil ,
de Maiſons , & de Nicolaï.
›
46 MERCURE
Celle de Fieubet Launac
tient auffi par une alliance à
celle de Doujat.
Mre Jean le Nain , SousDoyen du Parlement , eft devenu par cette mort Doyen
du même Corps ; il eſt beaufrere de Mre Paul Portail,
feptiéme Confeiller de la
Grand Chambre , & pere de
feu Mr le Nain , premier Avocat General du Parlement
mort depuis quelques mois.
Mr le Nain fut reçû dans le
Parlement le deuxième deJuin
l'an 1655. il eft frere de feu
Mr de Tillemont Auteur
GALANT 47
de l'Hiftoire Ecclefiaftique des
fix premiers ficcles de l'Eglife ,
écrite avec tant de methode
& de netteté , &frere du Pere
le Nain Sous-prieur de l'Abbaye de la Trape. La famille
de Mrs le Nain , eft dans une
grande confideration dans le
Parlement depuis plus de trois
fiecles. Elle a toûjours eu pour
Chefs d'illuftres Magiftrats ,
qui fe font diftinguez par leur
zele pour la Patrie , & parune
probité & une droiture dignes
des premiers temps dans l'adminiſtration de la Juftice.
Mre Gafpard Brayer , Sous-
48 MERCURE
4.
Doyen de la troifiéme Cham
bre des Enqueftes , eſt monté
à la grande -Chambre par le
mouvement qu'a fait la mort
du Doyen. Il y a un peu plus
detrente cinqans qu'il eft Confeiller , y ayant efté reçu le
Janvier de l'année 1675. Mr
Brayer eft tres - eftimé dans le
Parlement ; le fuccés qu'il a eu
dans la conduite de plufieurs
affaires d'une difficile difcuffion , luy a attiré une grande
réputation dans cet illuftre
Corps. Il a environ foixante
ans.
Dame Elifabeth de Hantecourt ,
GALANT 49
court , veuve de Mr Eftienne
le Tonnellier , Confeiller du
Roy & Maiftre ordinaire en
fa Chambre des Comptes , eft
morte âgée de 78. ans , dans de
grands fentimens de pieté , &
dans l'exercice des vertus qu'elle a pratiquées durant le cours
d'une longue vie. Sa charité &
fon amour pour les Pauvres
font les vertus qui l'ont le plus
diftinguée. On luy connoiffoit
un fi grand zele pour leur foulagement , & un fi grandfond
delumieres fur tout ce qui pouvoit contribuer à adoucir leurs
maux , qu'on l'a continuée
Mars 1710.
.
E
50 MERCURE
prefque pendant toute fa vie
Dame de la Charité de fa Paroiffe , parce qu'on eftoit perfuadé que les interefts des Pauvres ne pouvoient eftre en de
meilleures mains. L'inclination
qu'elle a marquée toute ſa vie
pour eux , l'avoit liée depuis
plufieurs années avec M° Trudaine mere de M° Voifin &de
M' l'Intendante de Lyon , &
ces deux illuftres Amies picquées d'une fainte émulation
s'excitoient continuellement
aux emplois de charité. Enfin le
foulagement des Pauvres & la
pratiquedes vertus propres aux
GALANT 51
Veuves chreftiennes , eftoit le
fondement de leur liaiſon. M
le Tonnellier eftoit proche parente de M' de Hantecourt ,
Chancelier de l'Univerfité de
Paris & Curé de Saint Etienne
du Mont , l'un des plus dignes
fujets de la Congregation de
Sainte Geneviève. La famille de
Mrs de Hantecourt eft fort ancienne dans le Parlement. M
le Tonnellier laiffe trois fils.
L'aîné eft Pierre Eftienne leTonnellier , Seigneur de Charmaux Confeiller au grand
Confeil , où il fut reçu en l'année 1691. Il eſt du Semestre
E ij
$2 MERCURE
d'Eté. Il a beaucoup de merite & il a acquis une folide
réputation dans l'exercice de
fa Charge. Il fit autrefois le
voyage d'Italie avec Mr Trudaine Intendant de Lyon , M
Trudaine & M° le Tonnellier
ayant voulu que leurs enfans
qui avoient toûjours efté fort
unis , ne fe féparaffent point
dans ce voyage. Ces deux Magiftrats reçurent de grands
honneurs de plufieurs perfonnes de diſtinction des princi- ·
pales Villes d'Italie. Le fecond
fils de Mele Tonnellier eft M
le Tonnellier Docteur de Sor-
GALANT 53
bonne, Chanoine Regulier de
l'Ordre de Saint Auguftin &
Prieur de l'Abbaye de S. Victor pour la troifiéme fois. C'eſt
un homme d'un grand merite ,
& qui eft eftimé dans fa Congregation;le troifiéme eſt Dom
Paſcal le Tonnellier Chartreux de Paris , Religieux connu par fes talens , & fur tour.
par la connoiffance des LanM's le Tonnelier font de
la même Maifon que M's de
Breteüil. Ily a eu un Controlleur general des Finances de
leur maison. Ils font parens
de M's Charpentier dont je
gues.
E iij
54 MERCURE
vous ay fouvent parlé.
MN..... d'Agoult , Seigneur de Chanoufle , cft mort
dans fes terres en Dauphiné.
Il eftoit iffu de François d'Agoult , Seigneur de Montiay
& de Chanouffe , & de Françoife de Virieu , d'une Maiſon
qui a donné des Ambaffadeurs
à la France. Cette Dame eftoir
fille de François de Virieu , Seigneur de Puppetieres , & de
Gafparde Prunier Saint André,
famille dont eftoit feu M' de
Saint André Ambaffadeur à
Venife & premier Prefident au
Parlement de Grenoble. Bar-
GALANT 55
thelemy d'Agoult , fecond fils
de François d'Agoult , & de
Jamonne de Revilafe , a formé
cette branche de l'illustre Maifon d'Agoule dans le penultiéme fiecle. Il époufa Françoiſe
de Remufac de qui vint François d'Agoult époux d'Anne
d'Autanne pere d'Antoine
qui de Claire de Morges a cu
le pere de feu Mr le Comte de Chanouffe. On prétend'
que le chefde l'illuftre Maiſon
d'Agoult fut un Agoult du
Loup, provenu des amours du
Prince de Goulnaud & de la
Princeffe de Pomeranie , &
E iiij
56 MERURE
qu'ayant efté expofé , il fut
nourripar une Louve, & qu'enfuiteHenryII . Empereur fit ce
SeigneurMaréchal de l'Empire
&luy infeoda la Terre de Sault,
qui eft entrée dans la Maiſon
de Crequy par Chreftienne
d'Aguerre , qui aprés avoir
perdu Antoine Duc de Crequy
fon mary , épousa FrançoisLouis d'Agoult , Comte de
Sault , Chevalier des Ordres du
Roy, dont elle eut cette Terre
• pour les droits , qu'elle laiſſa à
M' le Maréchal de Lefdiguieres fon fils du premier lit. La
Maiſon de Simianes d'aujour-
GALANT 57
d'huy eft une branche de celle
d'Agoult , une des plus illuf
tres & des plus anciennes du
Royaume.
Fermer
Résumé : Premier Article des morts, [titre d'après la table]
Le texte relate plusieurs décès de personnalités notables et fournit des détails sur leurs vies et leurs familles. Le Père Pierre Alemanni, un jésuite toscan âgé d'environ 30 ans, est décédé. Sa vie, publiée à Florence, a été bien accueillie par la cour du Grand Duc. La princesse Frédéric de Saxe-Gotha, épouse du prince d'Anhalt-Zerbst, est morte à Carlsbad à l'âge de 34 ans et était très regrettée en Allemagne. Le texte détaille également la généalogie de la branche de Saxe-Gotha. M. Wafferbach, conseiller du comte de Lippe, est décédé récemment. Il était un savant reconnu travaillant sur une nouvelle édition des œuvres de M. Herman Hamelmann. La mort de M. Oginski, petit général de Lituanie, est également mentionnée, ainsi que des détails sur sa famille et ses exploits militaires. Le texte évoque la mort de la sœur Sainte Madeleine de Sylvecane, religieuse bénédictine à Lyon, et de Dame Anne le Gras, veuve du marquis de Saint-Héran, âgée de 85 ans, connue pour sa vie vertueuse et sa famille illustre. La comtesse douairière de Mongon, issue d'une illustre maison d'Auvergne, a donné cinq comtes à l'Église de Lyon. Le comte de la Barge, époux de Catherine d'Albon, était petit-fils de Françoise de Montmorin. Jean-Baptiste de la Barge, son fils, fut Chevalier de l'Ordre du Roy et Lieutenant général au Gouvernement d'Auvergne. M. Amable Faydit, un prêtre érudit mort à Riom à près de 70 ans, est connu pour ses ouvrages et son érudition. Il a écrit plusieurs travaux notables, dont 'Mémoire des Mémoires' et un traité sur la Trinité, et a critiqué le quietisme. M. Jean Doujat, doyen du Parlement, est décédé à 89 ans après avoir exercé sa charge pendant plus de 63 ans. Il appartenait à une famille ancienne et respectée dans le Parlement, divisée en deux branches influentes dans la magistrature. La famille Le Nain est connue pour ses magistrats zélés et probes. M. Gaspard Brayer, sous-doyen de la troisième chambre des Enquêtes, a été promu à la grande Chambre après la mort du doyen. Dame Élisabeth de Hantecourt, veuve de M. Étienne le Tonnellier, est décédée à 78 ans, reconnue pour sa charité et son amour pour les pauvres. Enfin, M. d'Agoult, seigneur de Chanoufle, est mort en Dauphiné. Sa famille, illustre et ancienne, a produit des ambassadeurs et des magistrats notables. La maison de Simianes est une branche de la maison d'Agoult.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1960
p. 57-95
Lettre d'Argentan, qui contient des faits fort singuliers, [titre d'après la table]
Début :
Le nombre des personnes dont je vous apprens tous les [...]
Mots clefs :
Argentan, Médecin, Enfant, Femme, Grossesse, Corps, Animaux, Mamelles, Aliments, Ventricule
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre d'Argentan, qui contient des faits fort singuliers, [titre d'après la table]
Le nombre des perfonnes.
dont je vous apprens tous les
mois la mort eft fi grand
quoyque je ne vous parle que
> des perfonnes diftinguées par
leur naiffances , par leur fçavoir , par leur emplois , ou par
quelque autres qualitez remarquables , qu'on a lieu de croite
que je devrois vous parler
encore d'un plus grand nombre. Eneffet plus on confidere
la conftruction du corps des
58 MERCURE
hommes , plus on voit qu'il
n'y a point de moment où le
dérangement de l'une du
grand nombre des parties
dont il eft compofé , les peut
faire mourir fubitement , ce
qui arrive tous les jours même
aux perfonnes qui paroiffent
fe porter le mieux. Voila ce
qui regarde leur mort qui eft
toujours certaine puifque
leur vietient à fi peu de chofe
fans compter les differentes
maladies qui triomphent avec
plus ou moins de temps des
plus robuftes , & de ceux dont
là fanté paroît la mieux établie.
>
GALANT 59
A l'égard de leur entrée
dans le monde , elle paroiſt
plus certaine. Les femmes
portent generalement neuf
mois leur enfant dans leur
fein ; c'eſt le terme fixé , à
moins qu'il n'arrive quelques
accidens avant la fin de ces
neuf mois qui faffent mourir
ces enfans dans le corps de leur
mere , & quelques fois même
la mere & l'enfant ; mais il
arrive fouvent des chofes qui
femblent changer l'ordre de
ce qui a efté réfolu de toute
éternité ; & l'on voit des enfans
venir avec autant de peine au
60 MERCURE
monde que les hommes en
fortent facilement , & aprés
avoir demeuré dans le fein de
leur mere même pendant plufieurs années , comme vous
verrez dans un fort grand
nombre d'exemples tres curieux , & qui font raportez
dans la fin de la Lettre que
vous allez lire ; elle eft de Mr
de Forges Medecin , à Argen.
tan en Normandie , dattée
du 17 Decembre dernier.
Cette Lettre à laquelle je ne
changerayrien ,vous paroiftra
remplie de faits curieux &
finguliers.
,
с
GALANT 61
a
Tous les Etres vivans fouhaitent naturellement la confervation de leur efpece ; ily en apeu
qui n'aiment à accomplir le Commandement que Dieu leur fit
aprés les avoircréez , Crefcite &
multiplicamini. ( Genef. ch. 1.)
l'homme comme leplus parfait
des animaux , ajoute au penchant
naturel qui luy eft commun avec
сих la raifon dont Dieu le
favorifa , pour conferver la plus
noble creature , & l'Ouvrage le
plus parfait qui foit forti des
des mainsdu Createur.
Ilfaut en effet que cette raison ,
ce penchant donné par la
62 MERCURE
nature , ayent un grand empire
fur luy , & fpecialementfur la
femme , pour leur faire preferer
le plaifir de fe conferver dans
leurs defcendans , à la peine que
Dienattacha à cette confervation
aprés que leur défobéiffance eut
meritéfa haine , multiplicabo
crumnas tuas...in dolore paries filios ( Genef. Ch. 3. )
nous voyons cependant que malgré les douleurs & les incommoditez quiaccompagnent infeparablement la multiplication de
l'efpece ; laplusgrande partie des
femmes méprife genereusement
les perils qui la fuivent , pour
GALANT 63
transmetre avec une heroïque
affeurance à leurs defcendans , la
vie qu'elles doivent à l'intrepi
dité de leurs meres ; plus malheureufes que les femelles des autres
animaux elles font fujetes àmille
incommoditez dont les autres
font exemptes ; expiant par là
les fuites funeftes du peché de
leur premiere ayeule. La feule
nature délivre celles - là du pefant
fardeau qu'elles portent dans
leurs flancs , celles- cy ont besoin
dufecours de l'Art du miniftere empruntédes Sages-femmes:
auffi-toft que les brutes ont produit leur fruit , le lieu qui les
64 MERCURE
contenoit retourne en fon premier
eftat ; les femmes s'apperçoivent
aprés leur accouchement qu'elles
fontplus infirmes que les brutes ,
& qu'elles ont befoin des purgations qui purifient leurfang , &
qui les déchargent de toutes les
impuretez qu'elles ont amaffées
pendant leur groffeffe.
Lefruit des brutes eft à peine
forti de la prifon où il eftoit enfermépendant le temps deftiné à la
perfection de fes organes , que
fon inftinct luy fait trouver le
lieu où eft l'aliment destiné àfa
confervation & à fon accroiffement ; le fruit des femmes refte
GALANY 65
dans l'inaction & dépourveu des
connoiffances & des forces necefJaires pour trouver luy - même la
nourriture dont il a befoin , attend
qu'une main étrangere luy préte
fon fecours , pour luy faciliter les
moyens de fuccer le lait qui doit
que la naluyfervir d'aliment.
Vous diriez même
ture plus foigneufe de conferver le
foetus des brutes qué celuy des
femmes, apris un foin particuiler
de leur fournir ce qui eft neceſſaire pour les deffendre des injures des
corps étrangers ; elle envelope le
fruit des premieresdans trois membranes , n'en a donnéque deux
Mars 1710. F
66 MERCURE
pour couvrir lefruit desfecondes;
maispour faire mieux voir la
preference que la nature a donnée
femelles des brutes , examinons le temps qu'elle a mesurépour
la portée de leursfruits , &pour
la groffeffe desfemmes.
Elle a établi un terme fixepour
celles - là , en forte qu'elles fe délivrent neceffairement de leurs petits dans le moment qu'elle leur
limité, & qu'on neles voitjamais
paffer les bornes qu'elle leur aprefcrites ; ainfi on voit que la Colombe employe vignt jours & la
femelle du Lapin vingt - cinq
avant que de donner lejourà leurs.
GALANT 67
petits; la Fumentproduitfon Pou
lain aprés onze mois , & l'Elephant aprés deux ans ; on ne voit
point de changement dans cesproductions , une regle conftante &
invariable les conduit ; une main
exempte de déreglement les gouverne ; les femmes dans un eſtat
plus fâcheux que les brutes , ignorent le terme qui doit finir leur
groffeffe ; e vivant dans une affligeante incertitude , ne connoiffent point le temps de leur délivrance ; les unes agréablement
furprifes le trouvent au bout de
Sept mois , ordinairement de neuf:
les autres attendant plus longFij
68 MERCURE
temps le momentperilleux , paſſent
quelquefois le dixième , l'onzième
& quelquefois le quatorziéme
mois , avant que de donner lejour
à la creature qu'elles portent.
Qu'on ne m'oppofepoint la ridicule objection que quelques- uns
font , que les femmes ignorant le
moment de leur conception , fe
trompent dans le calcul qu'elles
font du temps de leur groffeffe
qu'ainfi elles croyent quelquefois
eftre groffes de huit mois , lorfqu'-
elles ne le font que de quatre , que
l'on ne doit donc point s'étonnerfi
elles affurentquelquefois eftregroffes de treize on quatorze mois
MERCURE 69.
quoy qu'elles ne le foient que
neuf.
de
On voit desfemmes d'une vertu auftere qui eftant demeurées
groffes lors du decés de leurs époux,
ont resté quatorze ou quinze mois
aprésfans accoucher; les Autheurs
font pleins d'exemplesfemblables ,
mais fans allerfeuilleter leurs livres pour les trouver ; en voicy
un arrivé depuis quinze jours ,
c'est ce qui donne occafion aux reflexions prefentes.
Au mois d'Aoust 1708. la
femmed'un Artifande cetteVille ,
qui avoiteu déjaplufieurs enfans,
s'apperçut des accidens qui avoient
70 MERCURE
accompagné fes premieres groffef
fes , les dégoufts , les nauzées , la
fuppreffion des incommoditez ordinaires aufexe; maisfur tout l'enAlure & la douleur des mamelles
ne luy laifferent aucunement douter qu'elle nefût groffe , mais elle
enfut certainement affurée quelques mois aprés , puifqu'elle fentit remuerfon enfant : elle atten.
dit donc avec la patience requife
dans le cas le temps dans lequel
elle devoit accoucher ; ce devoit
eftre vers la fin du mois d'Avril
1709. Ce terme eftant venu elle
avoit preparé tout ce qui eftoit
neceffairepaurrecevoirfon enfant
GALANT 71..
maisfonheure n'eftoit pas venues.
elle foupira inutilement aprésfaz
liberation un mois fe paffa ,
trois mois , cinq mois s'ecoulerent fans qu'elle pût élargir fon:
prifonnier ; elle en fut extremement inquiéte , & cela d'autant
plus que fon ventre n'eftoit pas
plus enflé au bout des quinze·
mois , qu'il avoit efté aufeptiéme. Au milieu des triftes réflexions qu'elle faifoitfur le déplorable eftat dans lequel elle fe trouvoit , elle fut furprise d'une
fiévreputride continue au commencement de Novembre ; elle manda
Monfieur ... ancien Medecin
72 MERCURE
de cette Ville , homme auffi recom
mandable parſa vertu que parfa
doctrine ; elle fit venir une Sagefemme avec ce Medecin ; deux
jours aprés j'y fus appellé , ou
ayant conferé avec noftre Ancien
Sur l'eftat prefent de la maladie ,
nous la trouvâmes tresfâcheufe :
elle nous dit que depuis deuxjours
elle ne fentoit plus les mouvemens
dont elle s'eftoit apperçuë depuis fi
longtemps ; les remedes dont nous
nous fervimes n'ayant point empêchéque les accidens defa maladie n'augmentaffent , elle mourut
aprés avoir fouffert des conv ul -
fions épou ventables.
Preffez
GALANT 73
•
Preffez d'une loüable curiofité
Monfieur moy, nousla
fines ouvrir le jour d'aprés ; nous
trouvâmes un enfant mort tout
entier , qui n'eftoit pas plus grand
que s'il n'euft eu que cinq mois ;
il avoitla tefte extraordinairement
groffe par rapport aux autresparties defon corps; le cordon n'avoit
dix poulces de long que buit ои
mais il en avoit plus d'un de groffeur , le placenta eftoit beaucoup
plus petit qu'il n'auroit dû eſtre ;
cet enfant avoit la tefte en haut
&le visage tourné vers le dos
de fa mere. Nous fimes encore ouvrir quelques autres parMars 1710.
G
74 MERCURE
1
ties , nous trouvâmes dans lecœur
de la mere un polype long comme la main , qui avoit un de
fes bouts dans la veine cave ,
l'autredans le ventricule droit
du cœur; fatisfaits de cece que nous
venions de voir , nous n'en viſitâmes point davantage , & nous
nous retirâmes.
&
Voilafans doute un événement
qui n'eft pas inoui , mais qui ne
Taiffe pas d'eftre rare ; quelquesuns élevez dans les principes de la
bonne phyfique , n'ont point depeine à le croire ; d'autres moins inftruits des bizarres fantaifies de la
nature , nesçauroientfe perfuader
GALANT 75
d'un fait dont ils ne peuvent penetrer la raison pour confirmer
les premiers pourdétromper les
feconds , voici commeje raiſonne.
Pendant que le foetus demeure
dans le fein defa mere, il y a un
commerce reciproque entre elle
luy ; le chyle qu'elle fait circulant
avecfonfang, une partie de cette
liqueur laiteufe fe filtre par les
glandes de la M………dans le placenta , y eft reçuepar les orifices
despetites branches de la veine umbilicale qui s'y diſtribuë ; de là elle
eft portée par cette même veine
dans le foye du fœtus , où ellefe
jette dans la veine cave afcendanGij
76 MERCURE
te qui luy fert de canal pour eftre
porté dans le ventricule droit du
cœur , d'où elle paße par le trou
botal dans le gauche pour eſtre
enfuite diftribuée par les arteres
mammaires dans les glandes des
mammelles; trouvant là des pores
proportionnez à fon diametre , elle
s'y filtre , tombe dans le baffin de
la mamelle ; & eft enfuite verfée
par le mamelon dans cette mem
brane que l'on appelle Amnios qui eft fon envelope immediate : c'est c'eft alors
Succe & l'avale ,pour eftre enfuite
que
propre nourriture du fœtus il la
diftribuée par les veines lactées les
devenue la
GALANT 77
glandes d'Azellius , le receptacle
de Peket , les canaux thorachiques ,la veinefouclavieregauche ,
la veine cave defcendante & le
ventricule droit du cœur, & circuler tout de nouveau pour devenir alors le fang & la nourriture
de l'embryon , le refidu eft reporté
auplacenta par les arteres umbilicales.
I
C'eft icy une opinion qai fans
doute va foulever contre moy un
grand nombre de Medecins & de
Phyficiens , qui ne manqueront
pas de rejetter cefentiment comme
une nouveautécondamnable ; mais
qu'ilsfe détrompent, ces Meffieurs;
G iij
78 MERCURE
plufieurs Medecins d'une authorité confiderable , croyent que c'eſt
là le mechanifme de la naturepour
la nourriture & l'accroiffement du
fœtus ; en effet de quel ufageferoient les mamelles des malesfielles
n'eftoient destinées àceluy- ci ? il eft
für que Dieu n'afabriqué aucune
partie du corps qui nefoit propre
quelque fonction particuliere ; il
faut donc que les mamelles des
malesfoientfaites pour celle - cy
puifqu'elles nefontpoint propres à
d'autres ; j'ajoûte à cette preuve
icy une autre qui n'eft pas moins
convainquante , c'est que l'on trouve dans les mamelles des petits en-
GALANT 79
fans qui naiffent, une liqueur toutefemblable àcelle de l'amnios; on
en trouve dans la bouche & dans
l'eftomach de ceux qui meurent qui
a la même odeur , la même couleur la même confiftance ; on
doit donc conclure que c'est la même ; orfi cela est ainfi il faut neceffairement que les mamelles foient
l'organe de cette filtration , puifqu'il n'y en apoint d'autre par
ce fuc nourricier puiffe fe couler
°outter enfuite dans l'Amnios.
où
Fay cru qu'il eftoit neceſſaire
d'entrer dans ce détail pour expliquer avecplus de netteté &faire
f
G
iiij
80 MERCURE
comprendre avec plus de facilité
les raifons par lesquelles cet enfant eft refte fi longtemps
dans le fein defa mere..
enfermé
La nutrition & l'augmentation fe font de la même maniere
dans les animaux , dans les vegetaux dans les mineraux.
Dans ceux- cy uneportion de la
terre fe trouvant fixée par quelques acides , unematiere àpeuprés
de même nature conduite par
ou par l'eau fefiche dans lespores ,
les écarte , les étend , s'y incorpore
augmentefon volume ; de là
font formezfelon les differens degrez de la fermentation , les mél'air
GALANT 81
taux, les mineraux , les pierres
precieuſes , &c.
Dans les vegetaux une humidité onctueufe chargée de quelques
fels ,penetrant l'écorce de la racine
de la plante , fe diftribuë dans fes
fibres , s'y rarefie & fert à l'augmentation defes parties , celles qui
font les plus fubtiles eftant volatilifees par la chaleur du Soleil
de la terre , montent avec rapidité jufqu'au baut de la plante,
où eftant enfuite fixées par le nitre de l'air ellesproduisent lesfleurs
les fruits ; celles qui ont moins
de fubtilité nourriffent les branches , les feuilles & les racines .
82 MERCURE
&les plus groffieresfont deflinées
pour former l'écorce & produire
les mouffes.
Dans les animaux les parties
les plus déliées de ce fue que l'on
appelle Chyle , formédes alimens
qu'ils ont avalez , paffant dans
la maffe du fang circulent avec
luy ,jufqu'àce qu'elles ayent trouvé des pares proportionnez à leur
volume ; c'eft alors que s'y enga
geant elles écartent les fibres du
corps &augmentent fon diametre. Comme les alimens font com
pofez de parties differentes & que
pores ducorps ont auffides configurations diverfes , chacune de
les
GALANT 83
ces petites molecules trouve oùfe
placer , & ainfi toutes les parties
du corps eftant également partagées , doivent croître dans le même temps avec la même proportion.
Les anciens Medecins ont cru
que le fœtus nefe nourriffoit pas
de la même maniere , dans les entrailles defa mere que lorsqu'il a
briſe ſa priſon ; quelques- uns le
croyent encore aujourd'huy ; ils s'imaginent quela mereprepare affez
les alimens qu'elle doit partager
avec fon enfant , pour que cette
tendre creature puiffe s'en accommoder , fans qu'ils ayent befoin
84 MERCURE
d'une digeftion nouvelle ; mais
nous avons fait voir qu'il digere
encore lefucquefa mere luy tranf
met par la veine umbilicale , puifqu'on luy en trouve prefque tou.
jours la bouche & l'estomach
pleins.
que
Quand une mere eftbien nourrie , qu'elle vit d'alimens fucculens , qu'ellejouit d'unefantéproportionnée à l'estat defa groffiffe ,
rien ne trouble le repos de fa
vie , que la tranquilité regne dans
fon ame , qu'elle eft unie à un
épouxjeune & plein defanté, on
voit ordinairement naître fon
fantdansle terme accoûtumé, c'eften
GALANT 85
à dire dans neufmois ; comme la
digeftion eftparfaite , que le chyle
eft abondante loüable, il estporté
au foetus dans une quantitéfuffifante, tousfes membresfont abreu༧༩ར de ce fuc , la fermentationy
eft grande , par confequentfes parties reçoivent unegrande étenduë,
comme un arbre planté dans
une terre graffe & fertile croît
avecpromptitude & facilité , de
même un enfant qui eft dans le
fein de fa mere, telle que je viens
de la décrire doit dans le terme de
neufmois ou auparavant attein.
dre la perfection neceſſaire pour
fortir de foncachot.
86 MERCURE
Au contraire une femme qui
compte fes jours par fes peines ,
qu'une affreuse multitude de douleurs accable , qui eft jointe à un
maryfoible languiffant , qui
eft dans une difette universelle des
chofes même neceffaires à la vie ,
ne digere qu'avecpeine le peu d'alimens qu'elle avale ; fon chyle
crud & vifqueux paſſe dans la
maffe dufang , y excite unefermentation dereglée , eft quelquefois même trop groffierpourpaffer
pores étroits du placenta ;
devons- nous donc nous étonnerfi
lefruit qui eft attaché à cet arbre
nemeuritpoint ? devons-nous eftre
par
les
GALANT 87
furprisfi les membres de cette petite creature infortunée dés les premiers inftans de fa vie , ne croif- .
fentpoint & neparviennentpoint
à la force neceffaire pour rompre
leurs liens ? comme le fuc qui doit
les nourrir pêche parfa quantité
mediocre & parfa mauvaiſe qualité , pourquoy admirer le retardement qui enprovient ? pourquoy
douter qu'un tel fœtus ne puiffe
démeurer douze , quinze , vingt
mois &mêmeplus longtemps dans
les entrailles de fa mere ?
N'eft pas ce qui eft arrivé à
i la femme dont il s'agit , reduite
depuis plus de deux ans dans une
83 MERCURE
pour les gapauvreté honteuse , elle n'a vécu
que pourfouffrir ; les alimens les
plus neceffairespour la confervation defa vie luy ont manqué ;
il a fallu travailler
gner , à peine avoit elle un lit
pourfe délaffer des fatigues du
travail , fujette en mefme temps
à la peine que Dieu impofa à
l'homme pour le punir de la
plaifance qu'il eut pour(afemme,
in fudore vultus tui vefceris
pane, (Genef. ch. 3. ) &fujette
en mefme temps à la douleur
Dieu attacha à la groffeffe pour
punir la femme de fa con lefcendance auxfourberies du ferpent ,
comque
CALANT 89
Cum dolore paries filios
( Genef. ch. 3. ) elle réuniffoit
en elle feule les peines deües aux
deuxfexes , & paffoit ainſifes
jours dans la mifere & dans
Pafliction ; qu'elle difficultéy at-il donc à comprendre , pourquoy
cette femme ne mettoit point au
monde le fruit qu'elle portoit depuis quinze mois ; ne voit on pas
que la mere ayant à peine dequoy
Je foutenir ne pouvoit pas communiquer àfon enfant unegrande
quantité de nouriture ; ne voit on
pas que les efprits de la mere
eftant débiles & fans forces ,
ceux de l'enfant cftoient incapaMars 1710.
H
90 MERCURE
bles d'étendrefesfibres & defaire
fermenterfes liqueurs ? ne voit- on
pas que le peu defuc nourricier que
cet embryon recevoit de fa mere ,
eftantcraffe & groffier , nepouvoit
paspenetrerjufqu'aux extremitez
de fes parties ? le polype que la
mere avoit dans le cœur , eft une
preuve que fes liqueurs eftoient
tres- es- épaiffes , celles de l'enfant ne
pouvoient donc eftre bien animez ?
Les efprits qui en eftoient formez
ne pouvoient donc eftre quefoibles
& énervez ? il ne pouvoit donc
pas avoir affez de force pour brifer fes chaines , pour déchirer les
membranes qui l'enveloppoient ,
GALANT gr
ny pour ouvrir la barriere qui
s'oppofoit àfafortie ?
Voilà ce mefemble des raifons
capables de détromper ceux qui
font dans l'erreur , & de leurfaire
voir qu'une femme peut eftre
groffe plusde neufmois , &qu'il
n'y a pas tant lieu de s'eftonner
quand elle paffe le quinziéme ;
mais afin que rien ne manque aux
preuves que j'ay apportées icy j'y
ajoute l'authorité& l'experience.
Hippocrate dans for livre
de feptimeftri partu , dit qu'il
faut en croire les femmes fur leur
parole ; & qu'il faut ajouter
foy à ce qu'elles difent touchant
Hij
92 MERCURE
l'estat de leurgroffeffe ,parce que
dit cet Auteur , on à beau raifonner fur l'eftat où elles fontalors , ce qu'ellesfententles perfuade bien mieux que tout ce qu'on
pourroit leur dire.
Ariftote au liv. 7. del'Hiftoire
des Animaux , chap. 4. dit que.
tous les animaux ont un terme
certain pour leur naiſſance , que
l'homme feul n'en à point..
Pline dit la même choſe.
Harvée dans la page 3.58° de
Jon Ouvrage , de exercitatione
de partu ,
dit qu'une femme de
fon Pays fut groffe pendant plus
defeize mois. Maynard lib. 4.
GALANT 93
decifionum , dit que lafemme
du fieur Tardet accoucha d'un
fils à lafin du douzième mois
&d'une fille à lafin du feiziéme;
le même Auteur dans le même.
livre , dit que lafemme de Tibere
fille de Scipion , accoucha defon
premier enfant aprés douze mois.
Thionneau , Medecin de Tours,
raporte l'Hiftoire d'un enfant que
fa mere porta vingt trois mois.
Aventinus dit que lafemmed'un
3
Ducdes Vandales qui fut groffe
pendant deux ans accoucha
d'un enfantqui marchoit & qui
parloit ;je doute de cecy , car quel
langage auroit parlé un enfant
94 MERCURI
qui n'en avoit jamais entendu
aucuns. Mercurial dit qu'une
femme qui avoit efté mariée deux
foispendantfeize ans ,fans avoir
eu d'enfants époufa un troifiéme
mary dont elle en eut un qu'elle
porta quatre ans &qui vêcut.
Jepourrois encore ajouter
autoritez celles de plufieurs
Auteurs comme de Skenkius ,
>
de Deufingajus , &c.
à ces
Nous avons dans noftre Pays
affez d'exemples femblables , entr'autres celuy d'une femme de
qualité proche de Faleze , d'une
de Caën , d'une d'Auney , ainfi la
Taifon ,l'autorité, l'experience
GALANT 95
confirmant lefait dont il s'agit
on nepeut nier qu'il ne foitpoffible, &par confequent c'estfans
fondementque plufieurs ont revoqué en doute celuy dont il s'agit
aujourd'huy
dont je vous apprens tous les
mois la mort eft fi grand
quoyque je ne vous parle que
> des perfonnes diftinguées par
leur naiffances , par leur fçavoir , par leur emplois , ou par
quelque autres qualitez remarquables , qu'on a lieu de croite
que je devrois vous parler
encore d'un plus grand nombre. Eneffet plus on confidere
la conftruction du corps des
58 MERCURE
hommes , plus on voit qu'il
n'y a point de moment où le
dérangement de l'une du
grand nombre des parties
dont il eft compofé , les peut
faire mourir fubitement , ce
qui arrive tous les jours même
aux perfonnes qui paroiffent
fe porter le mieux. Voila ce
qui regarde leur mort qui eft
toujours certaine puifque
leur vietient à fi peu de chofe
fans compter les differentes
maladies qui triomphent avec
plus ou moins de temps des
plus robuftes , & de ceux dont
là fanté paroît la mieux établie.
>
GALANT 59
A l'égard de leur entrée
dans le monde , elle paroiſt
plus certaine. Les femmes
portent generalement neuf
mois leur enfant dans leur
fein ; c'eſt le terme fixé , à
moins qu'il n'arrive quelques
accidens avant la fin de ces
neuf mois qui faffent mourir
ces enfans dans le corps de leur
mere , & quelques fois même
la mere & l'enfant ; mais il
arrive fouvent des chofes qui
femblent changer l'ordre de
ce qui a efté réfolu de toute
éternité ; & l'on voit des enfans
venir avec autant de peine au
60 MERCURE
monde que les hommes en
fortent facilement , & aprés
avoir demeuré dans le fein de
leur mere même pendant plufieurs années , comme vous
verrez dans un fort grand
nombre d'exemples tres curieux , & qui font raportez
dans la fin de la Lettre que
vous allez lire ; elle eft de Mr
de Forges Medecin , à Argen.
tan en Normandie , dattée
du 17 Decembre dernier.
Cette Lettre à laquelle je ne
changerayrien ,vous paroiftra
remplie de faits curieux &
finguliers.
,
с
GALANT 61
a
Tous les Etres vivans fouhaitent naturellement la confervation de leur efpece ; ily en apeu
qui n'aiment à accomplir le Commandement que Dieu leur fit
aprés les avoircréez , Crefcite &
multiplicamini. ( Genef. ch. 1.)
l'homme comme leplus parfait
des animaux , ajoute au penchant
naturel qui luy eft commun avec
сих la raifon dont Dieu le
favorifa , pour conferver la plus
noble creature , & l'Ouvrage le
plus parfait qui foit forti des
des mainsdu Createur.
Ilfaut en effet que cette raison ,
ce penchant donné par la
62 MERCURE
nature , ayent un grand empire
fur luy , & fpecialementfur la
femme , pour leur faire preferer
le plaifir de fe conferver dans
leurs defcendans , à la peine que
Dienattacha à cette confervation
aprés que leur défobéiffance eut
meritéfa haine , multiplicabo
crumnas tuas...in dolore paries filios ( Genef. Ch. 3. )
nous voyons cependant que malgré les douleurs & les incommoditez quiaccompagnent infeparablement la multiplication de
l'efpece ; laplusgrande partie des
femmes méprife genereusement
les perils qui la fuivent , pour
GALANT 63
transmetre avec une heroïque
affeurance à leurs defcendans , la
vie qu'elles doivent à l'intrepi
dité de leurs meres ; plus malheureufes que les femelles des autres
animaux elles font fujetes àmille
incommoditez dont les autres
font exemptes ; expiant par là
les fuites funeftes du peché de
leur premiere ayeule. La feule
nature délivre celles - là du pefant
fardeau qu'elles portent dans
leurs flancs , celles- cy ont besoin
dufecours de l'Art du miniftere empruntédes Sages-femmes:
auffi-toft que les brutes ont produit leur fruit , le lieu qui les
64 MERCURE
contenoit retourne en fon premier
eftat ; les femmes s'apperçoivent
aprés leur accouchement qu'elles
fontplus infirmes que les brutes ,
& qu'elles ont befoin des purgations qui purifient leurfang , &
qui les déchargent de toutes les
impuretez qu'elles ont amaffées
pendant leur groffeffe.
Lefruit des brutes eft à peine
forti de la prifon où il eftoit enfermépendant le temps deftiné à la
perfection de fes organes , que
fon inftinct luy fait trouver le
lieu où eft l'aliment destiné àfa
confervation & à fon accroiffement ; le fruit des femmes refte
GALANY 65
dans l'inaction & dépourveu des
connoiffances & des forces necefJaires pour trouver luy - même la
nourriture dont il a befoin , attend
qu'une main étrangere luy préte
fon fecours , pour luy faciliter les
moyens de fuccer le lait qui doit
que la naluyfervir d'aliment.
Vous diriez même
ture plus foigneufe de conferver le
foetus des brutes qué celuy des
femmes, apris un foin particuiler
de leur fournir ce qui eft neceſſaire pour les deffendre des injures des
corps étrangers ; elle envelope le
fruit des premieresdans trois membranes , n'en a donnéque deux
Mars 1710. F
66 MERCURE
pour couvrir lefruit desfecondes;
maispour faire mieux voir la
preference que la nature a donnée
femelles des brutes , examinons le temps qu'elle a mesurépour
la portée de leursfruits , &pour
la groffeffe desfemmes.
Elle a établi un terme fixepour
celles - là , en forte qu'elles fe délivrent neceffairement de leurs petits dans le moment qu'elle leur
limité, & qu'on neles voitjamais
paffer les bornes qu'elle leur aprefcrites ; ainfi on voit que la Colombe employe vignt jours & la
femelle du Lapin vingt - cinq
avant que de donner lejourà leurs.
GALANT 67
petits; la Fumentproduitfon Pou
lain aprés onze mois , & l'Elephant aprés deux ans ; on ne voit
point de changement dans cesproductions , une regle conftante &
invariable les conduit ; une main
exempte de déreglement les gouverne ; les femmes dans un eſtat
plus fâcheux que les brutes , ignorent le terme qui doit finir leur
groffeffe ; e vivant dans une affligeante incertitude , ne connoiffent point le temps de leur délivrance ; les unes agréablement
furprifes le trouvent au bout de
Sept mois , ordinairement de neuf:
les autres attendant plus longFij
68 MERCURE
temps le momentperilleux , paſſent
quelquefois le dixième , l'onzième
& quelquefois le quatorziéme
mois , avant que de donner lejour
à la creature qu'elles portent.
Qu'on ne m'oppofepoint la ridicule objection que quelques- uns
font , que les femmes ignorant le
moment de leur conception , fe
trompent dans le calcul qu'elles
font du temps de leur groffeffe
qu'ainfi elles croyent quelquefois
eftre groffes de huit mois , lorfqu'-
elles ne le font que de quatre , que
l'on ne doit donc point s'étonnerfi
elles affurentquelquefois eftregroffes de treize on quatorze mois
MERCURE 69.
quoy qu'elles ne le foient que
neuf.
de
On voit desfemmes d'une vertu auftere qui eftant demeurées
groffes lors du decés de leurs époux,
ont resté quatorze ou quinze mois
aprésfans accoucher; les Autheurs
font pleins d'exemplesfemblables ,
mais fans allerfeuilleter leurs livres pour les trouver ; en voicy
un arrivé depuis quinze jours ,
c'est ce qui donne occafion aux reflexions prefentes.
Au mois d'Aoust 1708. la
femmed'un Artifande cetteVille ,
qui avoiteu déjaplufieurs enfans,
s'apperçut des accidens qui avoient
70 MERCURE
accompagné fes premieres groffef
fes , les dégoufts , les nauzées , la
fuppreffion des incommoditez ordinaires aufexe; maisfur tout l'enAlure & la douleur des mamelles
ne luy laifferent aucunement douter qu'elle nefût groffe , mais elle
enfut certainement affurée quelques mois aprés , puifqu'elle fentit remuerfon enfant : elle atten.
dit donc avec la patience requife
dans le cas le temps dans lequel
elle devoit accoucher ; ce devoit
eftre vers la fin du mois d'Avril
1709. Ce terme eftant venu elle
avoit preparé tout ce qui eftoit
neceffairepaurrecevoirfon enfant
GALANT 71..
maisfonheure n'eftoit pas venues.
elle foupira inutilement aprésfaz
liberation un mois fe paffa ,
trois mois , cinq mois s'ecoulerent fans qu'elle pût élargir fon:
prifonnier ; elle en fut extremement inquiéte , & cela d'autant
plus que fon ventre n'eftoit pas
plus enflé au bout des quinze·
mois , qu'il avoit efté aufeptiéme. Au milieu des triftes réflexions qu'elle faifoitfur le déplorable eftat dans lequel elle fe trouvoit , elle fut furprise d'une
fiévreputride continue au commencement de Novembre ; elle manda
Monfieur ... ancien Medecin
72 MERCURE
de cette Ville , homme auffi recom
mandable parſa vertu que parfa
doctrine ; elle fit venir une Sagefemme avec ce Medecin ; deux
jours aprés j'y fus appellé , ou
ayant conferé avec noftre Ancien
Sur l'eftat prefent de la maladie ,
nous la trouvâmes tresfâcheufe :
elle nous dit que depuis deuxjours
elle ne fentoit plus les mouvemens
dont elle s'eftoit apperçuë depuis fi
longtemps ; les remedes dont nous
nous fervimes n'ayant point empêchéque les accidens defa maladie n'augmentaffent , elle mourut
aprés avoir fouffert des conv ul -
fions épou ventables.
Preffez
GALANT 73
•
Preffez d'une loüable curiofité
Monfieur moy, nousla
fines ouvrir le jour d'aprés ; nous
trouvâmes un enfant mort tout
entier , qui n'eftoit pas plus grand
que s'il n'euft eu que cinq mois ;
il avoitla tefte extraordinairement
groffe par rapport aux autresparties defon corps; le cordon n'avoit
dix poulces de long que buit ои
mais il en avoit plus d'un de groffeur , le placenta eftoit beaucoup
plus petit qu'il n'auroit dû eſtre ;
cet enfant avoit la tefte en haut
&le visage tourné vers le dos
de fa mere. Nous fimes encore ouvrir quelques autres parMars 1710.
G
74 MERCURE
1
ties , nous trouvâmes dans lecœur
de la mere un polype long comme la main , qui avoit un de
fes bouts dans la veine cave ,
l'autredans le ventricule droit
du cœur; fatisfaits de cece que nous
venions de voir , nous n'en viſitâmes point davantage , & nous
nous retirâmes.
&
Voilafans doute un événement
qui n'eft pas inoui , mais qui ne
Taiffe pas d'eftre rare ; quelquesuns élevez dans les principes de la
bonne phyfique , n'ont point depeine à le croire ; d'autres moins inftruits des bizarres fantaifies de la
nature , nesçauroientfe perfuader
GALANT 75
d'un fait dont ils ne peuvent penetrer la raison pour confirmer
les premiers pourdétromper les
feconds , voici commeje raiſonne.
Pendant que le foetus demeure
dans le fein defa mere, il y a un
commerce reciproque entre elle
luy ; le chyle qu'elle fait circulant
avecfonfang, une partie de cette
liqueur laiteufe fe filtre par les
glandes de la M………dans le placenta , y eft reçuepar les orifices
despetites branches de la veine umbilicale qui s'y diſtribuë ; de là elle
eft portée par cette même veine
dans le foye du fœtus , où ellefe
jette dans la veine cave afcendanGij
76 MERCURE
te qui luy fert de canal pour eftre
porté dans le ventricule droit du
cœur , d'où elle paße par le trou
botal dans le gauche pour eſtre
enfuite diftribuée par les arteres
mammaires dans les glandes des
mammelles; trouvant là des pores
proportionnez à fon diametre , elle
s'y filtre , tombe dans le baffin de
la mamelle ; & eft enfuite verfée
par le mamelon dans cette mem
brane que l'on appelle Amnios qui eft fon envelope immediate : c'est c'eft alors
Succe & l'avale ,pour eftre enfuite
que
propre nourriture du fœtus il la
diftribuée par les veines lactées les
devenue la
GALANT 77
glandes d'Azellius , le receptacle
de Peket , les canaux thorachiques ,la veinefouclavieregauche ,
la veine cave defcendante & le
ventricule droit du cœur, & circuler tout de nouveau pour devenir alors le fang & la nourriture
de l'embryon , le refidu eft reporté
auplacenta par les arteres umbilicales.
I
C'eft icy une opinion qai fans
doute va foulever contre moy un
grand nombre de Medecins & de
Phyficiens , qui ne manqueront
pas de rejetter cefentiment comme
une nouveautécondamnable ; mais
qu'ilsfe détrompent, ces Meffieurs;
G iij
78 MERCURE
plufieurs Medecins d'une authorité confiderable , croyent que c'eſt
là le mechanifme de la naturepour
la nourriture & l'accroiffement du
fœtus ; en effet de quel ufageferoient les mamelles des malesfielles
n'eftoient destinées àceluy- ci ? il eft
für que Dieu n'afabriqué aucune
partie du corps qui nefoit propre
quelque fonction particuliere ; il
faut donc que les mamelles des
malesfoientfaites pour celle - cy
puifqu'elles nefontpoint propres à
d'autres ; j'ajoûte à cette preuve
icy une autre qui n'eft pas moins
convainquante , c'est que l'on trouve dans les mamelles des petits en-
GALANT 79
fans qui naiffent, une liqueur toutefemblable àcelle de l'amnios; on
en trouve dans la bouche & dans
l'eftomach de ceux qui meurent qui
a la même odeur , la même couleur la même confiftance ; on
doit donc conclure que c'est la même ; orfi cela est ainfi il faut neceffairement que les mamelles foient
l'organe de cette filtration , puifqu'il n'y en apoint d'autre par
ce fuc nourricier puiffe fe couler
°outter enfuite dans l'Amnios.
où
Fay cru qu'il eftoit neceſſaire
d'entrer dans ce détail pour expliquer avecplus de netteté &faire
f
G
iiij
80 MERCURE
comprendre avec plus de facilité
les raifons par lesquelles cet enfant eft refte fi longtemps
dans le fein defa mere..
enfermé
La nutrition & l'augmentation fe font de la même maniere
dans les animaux , dans les vegetaux dans les mineraux.
Dans ceux- cy uneportion de la
terre fe trouvant fixée par quelques acides , unematiere àpeuprés
de même nature conduite par
ou par l'eau fefiche dans lespores ,
les écarte , les étend , s'y incorpore
augmentefon volume ; de là
font formezfelon les differens degrez de la fermentation , les mél'air
GALANT 81
taux, les mineraux , les pierres
precieuſes , &c.
Dans les vegetaux une humidité onctueufe chargée de quelques
fels ,penetrant l'écorce de la racine
de la plante , fe diftribuë dans fes
fibres , s'y rarefie & fert à l'augmentation defes parties , celles qui
font les plus fubtiles eftant volatilifees par la chaleur du Soleil
de la terre , montent avec rapidité jufqu'au baut de la plante,
où eftant enfuite fixées par le nitre de l'air ellesproduisent lesfleurs
les fruits ; celles qui ont moins
de fubtilité nourriffent les branches , les feuilles & les racines .
82 MERCURE
&les plus groffieresfont deflinées
pour former l'écorce & produire
les mouffes.
Dans les animaux les parties
les plus déliées de ce fue que l'on
appelle Chyle , formédes alimens
qu'ils ont avalez , paffant dans
la maffe du fang circulent avec
luy ,jufqu'àce qu'elles ayent trouvé des pares proportionnez à leur
volume ; c'eft alors que s'y enga
geant elles écartent les fibres du
corps &augmentent fon diametre. Comme les alimens font com
pofez de parties differentes & que
pores ducorps ont auffides configurations diverfes , chacune de
les
GALANT 83
ces petites molecules trouve oùfe
placer , & ainfi toutes les parties
du corps eftant également partagées , doivent croître dans le même temps avec la même proportion.
Les anciens Medecins ont cru
que le fœtus nefe nourriffoit pas
de la même maniere , dans les entrailles defa mere que lorsqu'il a
briſe ſa priſon ; quelques- uns le
croyent encore aujourd'huy ; ils s'imaginent quela mereprepare affez
les alimens qu'elle doit partager
avec fon enfant , pour que cette
tendre creature puiffe s'en accommoder , fans qu'ils ayent befoin
84 MERCURE
d'une digeftion nouvelle ; mais
nous avons fait voir qu'il digere
encore lefucquefa mere luy tranf
met par la veine umbilicale , puifqu'on luy en trouve prefque tou.
jours la bouche & l'estomach
pleins.
que
Quand une mere eftbien nourrie , qu'elle vit d'alimens fucculens , qu'ellejouit d'unefantéproportionnée à l'estat defa groffiffe ,
rien ne trouble le repos de fa
vie , que la tranquilité regne dans
fon ame , qu'elle eft unie à un
épouxjeune & plein defanté, on
voit ordinairement naître fon
fantdansle terme accoûtumé, c'eften
GALANT 85
à dire dans neufmois ; comme la
digeftion eftparfaite , que le chyle
eft abondante loüable, il estporté
au foetus dans une quantitéfuffifante, tousfes membresfont abreu༧༩ར de ce fuc , la fermentationy
eft grande , par confequentfes parties reçoivent unegrande étenduë,
comme un arbre planté dans
une terre graffe & fertile croît
avecpromptitude & facilité , de
même un enfant qui eft dans le
fein de fa mere, telle que je viens
de la décrire doit dans le terme de
neufmois ou auparavant attein.
dre la perfection neceſſaire pour
fortir de foncachot.
86 MERCURE
Au contraire une femme qui
compte fes jours par fes peines ,
qu'une affreuse multitude de douleurs accable , qui eft jointe à un
maryfoible languiffant , qui
eft dans une difette universelle des
chofes même neceffaires à la vie ,
ne digere qu'avecpeine le peu d'alimens qu'elle avale ; fon chyle
crud & vifqueux paſſe dans la
maffe dufang , y excite unefermentation dereglée , eft quelquefois même trop groffierpourpaffer
pores étroits du placenta ;
devons- nous donc nous étonnerfi
lefruit qui eft attaché à cet arbre
nemeuritpoint ? devons-nous eftre
par
les
GALANT 87
furprisfi les membres de cette petite creature infortunée dés les premiers inftans de fa vie , ne croif- .
fentpoint & neparviennentpoint
à la force neceffaire pour rompre
leurs liens ? comme le fuc qui doit
les nourrir pêche parfa quantité
mediocre & parfa mauvaiſe qualité , pourquoy admirer le retardement qui enprovient ? pourquoy
douter qu'un tel fœtus ne puiffe
démeurer douze , quinze , vingt
mois &mêmeplus longtemps dans
les entrailles de fa mere ?
N'eft pas ce qui eft arrivé à
i la femme dont il s'agit , reduite
depuis plus de deux ans dans une
83 MERCURE
pour les gapauvreté honteuse , elle n'a vécu
que pourfouffrir ; les alimens les
plus neceffairespour la confervation defa vie luy ont manqué ;
il a fallu travailler
gner , à peine avoit elle un lit
pourfe délaffer des fatigues du
travail , fujette en mefme temps
à la peine que Dieu impofa à
l'homme pour le punir de la
plaifance qu'il eut pour(afemme,
in fudore vultus tui vefceris
pane, (Genef. ch. 3. ) &fujette
en mefme temps à la douleur
Dieu attacha à la groffeffe pour
punir la femme de fa con lefcendance auxfourberies du ferpent ,
comque
CALANT 89
Cum dolore paries filios
( Genef. ch. 3. ) elle réuniffoit
en elle feule les peines deües aux
deuxfexes , & paffoit ainſifes
jours dans la mifere & dans
Pafliction ; qu'elle difficultéy at-il donc à comprendre , pourquoy
cette femme ne mettoit point au
monde le fruit qu'elle portoit depuis quinze mois ; ne voit on pas
que la mere ayant à peine dequoy
Je foutenir ne pouvoit pas communiquer àfon enfant unegrande
quantité de nouriture ; ne voit on
pas que les efprits de la mere
eftant débiles & fans forces ,
ceux de l'enfant cftoient incapaMars 1710.
H
90 MERCURE
bles d'étendrefesfibres & defaire
fermenterfes liqueurs ? ne voit- on
pas que le peu defuc nourricier que
cet embryon recevoit de fa mere ,
eftantcraffe & groffier , nepouvoit
paspenetrerjufqu'aux extremitez
de fes parties ? le polype que la
mere avoit dans le cœur , eft une
preuve que fes liqueurs eftoient
tres- es- épaiffes , celles de l'enfant ne
pouvoient donc eftre bien animez ?
Les efprits qui en eftoient formez
ne pouvoient donc eftre quefoibles
& énervez ? il ne pouvoit donc
pas avoir affez de force pour brifer fes chaines , pour déchirer les
membranes qui l'enveloppoient ,
GALANT gr
ny pour ouvrir la barriere qui
s'oppofoit àfafortie ?
Voilà ce mefemble des raifons
capables de détromper ceux qui
font dans l'erreur , & de leurfaire
voir qu'une femme peut eftre
groffe plusde neufmois , &qu'il
n'y a pas tant lieu de s'eftonner
quand elle paffe le quinziéme ;
mais afin que rien ne manque aux
preuves que j'ay apportées icy j'y
ajoute l'authorité& l'experience.
Hippocrate dans for livre
de feptimeftri partu , dit qu'il
faut en croire les femmes fur leur
parole ; & qu'il faut ajouter
foy à ce qu'elles difent touchant
Hij
92 MERCURE
l'estat de leurgroffeffe ,parce que
dit cet Auteur , on à beau raifonner fur l'eftat où elles fontalors , ce qu'ellesfententles perfuade bien mieux que tout ce qu'on
pourroit leur dire.
Ariftote au liv. 7. del'Hiftoire
des Animaux , chap. 4. dit que.
tous les animaux ont un terme
certain pour leur naiſſance , que
l'homme feul n'en à point..
Pline dit la même choſe.
Harvée dans la page 3.58° de
Jon Ouvrage , de exercitatione
de partu ,
dit qu'une femme de
fon Pays fut groffe pendant plus
defeize mois. Maynard lib. 4.
GALANT 93
decifionum , dit que lafemme
du fieur Tardet accoucha d'un
fils à lafin du douzième mois
&d'une fille à lafin du feiziéme;
le même Auteur dans le même.
livre , dit que lafemme de Tibere
fille de Scipion , accoucha defon
premier enfant aprés douze mois.
Thionneau , Medecin de Tours,
raporte l'Hiftoire d'un enfant que
fa mere porta vingt trois mois.
Aventinus dit que lafemmed'un
3
Ducdes Vandales qui fut groffe
pendant deux ans accoucha
d'un enfantqui marchoit & qui
parloit ;je doute de cecy , car quel
langage auroit parlé un enfant
94 MERCURI
qui n'en avoit jamais entendu
aucuns. Mercurial dit qu'une
femme qui avoit efté mariée deux
foispendantfeize ans ,fans avoir
eu d'enfants époufa un troifiéme
mary dont elle en eut un qu'elle
porta quatre ans &qui vêcut.
Jepourrois encore ajouter
autoritez celles de plufieurs
Auteurs comme de Skenkius ,
>
de Deufingajus , &c.
à ces
Nous avons dans noftre Pays
affez d'exemples femblables , entr'autres celuy d'une femme de
qualité proche de Faleze , d'une
de Caën , d'une d'Auney , ainfi la
Taifon ,l'autorité, l'experience
GALANT 95
confirmant lefait dont il s'agit
on nepeut nier qu'il ne foitpoffible, &par confequent c'estfans
fondementque plufieurs ont revoqué en doute celuy dont il s'agit
aujourd'huy
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Résumé : Lettre d'Argentan, qui contient des faits fort singuliers, [titre d'après la table]
Le texte aborde la mortalité et la naissance des êtres humains, en mettant l'accent sur les individus distingués par leur naissance, leur savoir, leurs emplois ou d'autres qualités remarquables. La mort est présentée comme certaine et imprévisible, pouvant survenir subitement en raison du dérèglement d'une partie du corps. La naissance, bien que généralement certaine après neuf mois de grossesse, peut être sujette à des accidents. Des cas exceptionnels sont mentionnés, où des enfants restent dans le sein de leur mère pendant plusieurs années. Tous les êtres vivants souhaitent naturellement la conservation de leur espèce. L'homme, en tant qu'animal parfait, est doté de raison pour accomplir ce commandement divin. Malgré les douleurs et les inconvénients accompagnant la multiplication de l'espèce, la plupart des femmes préfèrent transmettre la vie à leurs descendants. Les femmes sont soumises à diverses incommodités dont les animaux sont exempts et nécessitent l'aide des sages-femmes pour accoucher. Le texte compare la gestation des animaux à celle des femmes. Les animaux ont un terme fixe pour leur portée, tandis que les femmes ignorent le moment exact de leur délivrance, pouvant accoucher entre sept et quatorze mois. Un exemple est donné d'une femme restée enceinte pendant quinze mois avant de décéder, révélant un enfant mort dans son sein. Le mécanisme de la nutrition du fœtus est également expliqué. Les mamelles des femmes jouent un rôle crucial dans ce processus, bien que cette opinion soit controversée. Cette explication permet de comprendre pourquoi un enfant peut rester longtemps dans le sein de sa mère. Le texte traite également des processus de nutrition et de croissance chez les animaux, les végétaux et les minéraux. Chez les végétaux, une humidité chargée de sels pénètre les racines, se distribue dans les fibres et, sous l'effet de la chaleur du Soleil et du nitre de l'air, produit des fleurs et des fruits. Les parties les plus subtiles montent vers le haut de la plante, tandis que les plus grossières forment l'écorce et les mousses. Chez les animaux, les parties les plus déliées du chyle, formé des aliments avalés, circulent dans le sang jusqu'à ce qu'elles trouvent des pores proportionnés à leur volume. Elles s'y engagent, écartent les fibres du corps et augmentent leur diamètre, permettant ainsi une croissance proportionnée de toutes les parties du corps. Les anciens médecins croyaient que le fœtus ne se nourrissait pas de la même manière avant et après la naissance. Cependant, il a été démontré que le fœtus digère le suc transmis par la veine ombilicale, comme en témoignent la bouche et l'estomac pleins du fœtus. Le texte décrit également les conditions favorisant une grossesse normale : une mère bien nourrie, en bonne santé, et vivant dans la tranquillité, voit généralement son enfant naître au terme de neuf mois. En revanche, une mère souffrant de malnutrition, de douleurs et de misère peut voir sa grossesse se prolonger bien au-delà de neuf mois. Plusieurs cas historiques et contemporains de grossesses prolongées sont mentionnés, citant des auteurs comme Hippocrate, Aristote, Pline, et d'autres médecins. Ces exemples montrent que des grossesses de douze, quinze, vingt mois, voire plus, sont possibles en raison de conditions défavorables affectant la digestion et la nutrition du fœtus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1961
p. 95-97
Article curieux, touchant Mr Rigaud, fameux Peintre, [titre d'après la table]
Début :
L'Article suivant ne vous paroistra pas moins curieux [...]
Mots clefs :
Hyacinthe Rigaud, Peintre du roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article curieux, touchant Mr Rigaud, fameux Peintre, [titre d'après la table]
'Article fuivant ne vous
paroiftra pas moins curieux
que celuy que vous venez de
lire.
Le merite de Mr Rigaud
Peintre du Roy eſt trop connu en France , pour ne pas
s'intereffer à fa gloire. Sa patrie vient de faire pour luy ce
que firent les Ephefiens pour
96 MERCURE
le fameux Apelles. Ceux- cy
charmez du merite de ce Prince
des Peintres , luy donnerent
droit de Bourgeoifie dans leur
Ville , dont Strabon & Lucien,
difent qu'il eftoit natif ; &
M's de Perpignan , ont admis
Mr Rigaud leur compatriote
dans le nombre de leurs Bourgeois Nobles. Apelles faifoit
honneur à ſa patric par fes
Ouvrages; mais ce qui éleva le
plus fa gloire , fut le choix que
le Grand Alexandre fu de luy ,
préferablement à tout autre
pour faire fon Portrait ? ch
quel honneur Mr Rigaud n'at-il
GALANT 97
t-il pas fait jufqu'à prefent à
fa patrie par tout ce qui eft
forti de fon Pinceau ? mais
fur tout par ce grand & excellent Portrait qu'il a fait du plus
Grand des Rois , & que l'on
voit tous les jours avec autant
d'admiration que de plaifir
dans les Appartements de
Verfailles ;fans parler de celuy
qu'il fit du Roy d'Espagne
avant que ce Prince fortit de
France , pour aller prendre
poffeffion de fes Etats , &
auquel tout le monde convint
qu'il ne manquoit quela parole.
Mars 1710.
I
paroiftra pas moins curieux
que celuy que vous venez de
lire.
Le merite de Mr Rigaud
Peintre du Roy eſt trop connu en France , pour ne pas
s'intereffer à fa gloire. Sa patrie vient de faire pour luy ce
que firent les Ephefiens pour
96 MERCURE
le fameux Apelles. Ceux- cy
charmez du merite de ce Prince
des Peintres , luy donnerent
droit de Bourgeoifie dans leur
Ville , dont Strabon & Lucien,
difent qu'il eftoit natif ; &
M's de Perpignan , ont admis
Mr Rigaud leur compatriote
dans le nombre de leurs Bourgeois Nobles. Apelles faifoit
honneur à ſa patric par fes
Ouvrages; mais ce qui éleva le
plus fa gloire , fut le choix que
le Grand Alexandre fu de luy ,
préferablement à tout autre
pour faire fon Portrait ? ch
quel honneur Mr Rigaud n'at-il
GALANT 97
t-il pas fait jufqu'à prefent à
fa patrie par tout ce qui eft
forti de fon Pinceau ? mais
fur tout par ce grand & excellent Portrait qu'il a fait du plus
Grand des Rois , & que l'on
voit tous les jours avec autant
d'admiration que de plaifir
dans les Appartements de
Verfailles ;fans parler de celuy
qu'il fit du Roy d'Espagne
avant que ce Prince fortit de
France , pour aller prendre
poffeffion de fes Etats , &
auquel tout le monde convint
qu'il ne manquoit quela parole.
Mars 1710.
I
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Résumé : Article curieux, touchant Mr Rigaud, fameux Peintre, [titre d'après la table]
L'article souligne le mérite de Monsieur Rigaud, peintre du Roi, largement reconnu en France. À l'instar des Éphésiens qui accordèrent la bourgeoisie à Apelles, un célèbre peintre, les habitants de Perpignan ont admis Monsieur Rigaud parmi leurs bourgeois nobles. Apelles honorait sa patrie par ses œuvres, tout comme Rigaud a honoré la France par ses peintures. Parmi ses réalisations notables figurent le portrait du Roi de France, admiré à Versailles, et celui du Roi d'Espagne, exécuté avant le départ de ce dernier pour ses États. Cet article est daté de mars 1710.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1962
p. 98-107
« Le droit qu'à la Ville de Perpignan de créer des Bourgeois [...] »
Début :
Le droit qu'à la Ville de Perpignan de créer des Bourgeois [...]
Mots clefs :
Perpignan, Bourgeois nobles, Consuls, Privilèges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le droit qu'à la Ville de Perpignan de créer des Bourgeois [...] »
98 MERCURE
Le droit qu'à la Ville de
Perpignan de créer des Bourgeois Nobles , eft un des plus
beaux qu'une Ville puiſſe
avoir. Nous n'enavons aucun
exemple en France , & je ne
fçay que la Ville de Barcelonne
à qui ce Privilege foit commun.
Tous les ans le 16. Juin , les
cinq Confuls s'affemblent à
Perpignan , avec ceux des
Bourgeois Nobles qui font
alors dans la Ville , qui ong
efté premiers ou feconds Confuls , & ce Confeil qui doit,
eftre au moins de quatorze
THEQUE
LYON
1893-
BE
LA
GAD
THE
QUE
GALANT
perfonnes , a le pouvoir c
jour -là feulement d'annobit
99
quelques perfonnes en les
admettant dans le Corps des
Bourgeois Nobles de la Ville.
Cc Privilege eft tres- ancien.
On le trouve établi avant le
regne de Jacques I I. Roy
d'Arragon qui monta fur le
Trône en 1291. Ils en jouiffoient fous Pierre IV. dans
le 14. fiecle , fous Alfonfe V.
dont il y a deux Actes fort
avantageux pour les Bourgeois de Perpignan , l'un du
17. Janvier 1436. & l'autre
du 20. Mars 1448. le Roy
I ij
100 MERCURE
d'Arragon , & de Caſtille ›
Ferdinand V. confirma ce
privilege le 31. Aouſt 1510.
& le Roy Phippe II. en 1585.
& le 13. Juillet 1599. Dans
ce dernier Acte de confirmation ce Prince dit que les
Bourgeois de Perpignan qui
feront immatriculez fur les
Regiſtres de la Ville , & leurs
defcendans en ligne maſculine,
à perpetuité, joüiront de tous
les Privileges , libertez , franchifes , immunitez , faveurs &
Prerogatives des Nobles, comme s'ils avoient efté armez
Chevaliers par le Roy luy- mê.
GALANT TOI
me: qu'ils pourront porter le
titre de Cavallers , fans qu'ils
foient obligez pour cet effet à
fervir dans les Armées. Auffi
font-ils de la Jurifdiction du
Viguier de Rouffillon de même que les Gentilshommes : ils
peuvent timbrer l'écuffon de
leurs Armoiries , ils portent
toûjours l'épée de quelque profeffion qu'ils foient : ils eftoient.
reçus de même que les Gentilshommes aux Jouxtes & Tournois du temps que l'on en faifoit enfin ils font admis dans
les Ordres de Chevalerie , & en
particulier dans celuy de MalI iij 1
102 MERCURE
1
te , &leurs preuves y font requës. C'eſt dequoy il y a plu--
fieurs exemples : Un des plus
celebres eft du feiziéme fiecle ,
enla perfonne de François Caftelle Bourgeois de Perpignan ,
quifut Commandeur d'Efplugé de Francoli ; & Prieur de
Catalogne. Cependant quelque ancienneté que l'on ait de
Bourgeoife , fût - elle de deux
ou trois cens années , on reſte
toûjours dans le Corps des
Bourgeois Nobles fans entrer
dans celui des Gentilshommes ,
à moins que le Roy ne donne
des Lettres particulieres.
GALANT 103.
V
Ces Privileges ont eſté confirmez non- feulement par le
Roy Loy Louis XIII. lorsqu'il
fit la conquefte de Perpignan ,
mais encore par le Roy Louis
Grand, ainfi qu'il paroift par
plufieurs Arreſts du Confeil ,
qui ont exempté Mrs de Perpignan de toute recherche de
Nobleffe:Sa Majefté leur ayant
même donné le titre de Bourgeois Nobles , au lieu qu'on ne
les appelloit auparavant que
Bourgeois , ou Honorables Bourgeois , Burges Honrats.
Pour eftre admis dans ce
Corps , il faut avoir au moins
I iiij
104 MERCURE
les deux tiers des voix ; c'eſt-àdire dix , fi il n'y a que quatorze
Votans. Mr Rigaud les a euës
toutes & avec de grands applaudiffemens. Deux autres
l'un Avocat , l'autre Capitaine
d'Infanterie , ont efté reçus
aprés luy.
Autrefois il n'y avoit à Perpignan que trois Confuls , &
pour lors un Bourgeois eftoit
toûjours le premier. En 1601 .
les Gentilshommes furent admis dans le Confulat , ce qui
produifit un quatriéme Conful ; & pour lors il fut reglé
que les places de premier &fe-
GALANT 105.
cond Confulrouleroient entre
ces deux Corps ; en forte qu'-
une année un Gentilhomme
feroit premier Conful & un
Bourgeois feroit le fecond , &
que l'année fuivante un Bourgeois feroit le premier & un
Gentilhomme le fecond: On
change de Confuls tous les ans:
maisce qu'il y a de particulier
eft que dans l'année où un Gentilhomme eft àla tefte duCon203
fulat , le Corps des Bourgeois
Nobles a la droite dans les ALA
femblées de Ville fur le Corps
des Gentilshommes , & lorfqu'un Bourgeois Noble occu- ?
106 MERCURE
pe cette premiere place , le
Corps des Gentilshommes
prend la droite. Les trois &
quatre Confuls font toûjours
du Corps de ce que l'on nomme à Perpignan les Mercaders
& en 1622. on créa un cinquiéme Conful pour le Corps
des Artiftes.
Enfin ce qu'il y a de remarquable dans le privilege qu'à
la Ville de Perpignan de créer
des Nobles , eft que le Confulat n'y annoblit point , comme
il fait à Touloufe & à Lyon ;
ainfi les trois , quatre & cinq
Confuls qui ont voix à cet-
GALANT 107
**
te création , & qui ne ſont jamais du Corps des Nobles
donnent aux autres par leurs
fuffrages ce qu'ils n'ont pas
eux-mêmes.
Le droit qu'à la Ville de
Perpignan de créer des Bourgeois Nobles , eft un des plus
beaux qu'une Ville puiſſe
avoir. Nous n'enavons aucun
exemple en France , & je ne
fçay que la Ville de Barcelonne
à qui ce Privilege foit commun.
Tous les ans le 16. Juin , les
cinq Confuls s'affemblent à
Perpignan , avec ceux des
Bourgeois Nobles qui font
alors dans la Ville , qui ong
efté premiers ou feconds Confuls , & ce Confeil qui doit,
eftre au moins de quatorze
THEQUE
LYON
1893-
BE
LA
GAD
THE
QUE
GALANT
perfonnes , a le pouvoir c
jour -là feulement d'annobit
99
quelques perfonnes en les
admettant dans le Corps des
Bourgeois Nobles de la Ville.
Cc Privilege eft tres- ancien.
On le trouve établi avant le
regne de Jacques I I. Roy
d'Arragon qui monta fur le
Trône en 1291. Ils en jouiffoient fous Pierre IV. dans
le 14. fiecle , fous Alfonfe V.
dont il y a deux Actes fort
avantageux pour les Bourgeois de Perpignan , l'un du
17. Janvier 1436. & l'autre
du 20. Mars 1448. le Roy
I ij
100 MERCURE
d'Arragon , & de Caſtille ›
Ferdinand V. confirma ce
privilege le 31. Aouſt 1510.
& le Roy Phippe II. en 1585.
& le 13. Juillet 1599. Dans
ce dernier Acte de confirmation ce Prince dit que les
Bourgeois de Perpignan qui
feront immatriculez fur les
Regiſtres de la Ville , & leurs
defcendans en ligne maſculine,
à perpetuité, joüiront de tous
les Privileges , libertez , franchifes , immunitez , faveurs &
Prerogatives des Nobles, comme s'ils avoient efté armez
Chevaliers par le Roy luy- mê.
GALANT TOI
me: qu'ils pourront porter le
titre de Cavallers , fans qu'ils
foient obligez pour cet effet à
fervir dans les Armées. Auffi
font-ils de la Jurifdiction du
Viguier de Rouffillon de même que les Gentilshommes : ils
peuvent timbrer l'écuffon de
leurs Armoiries , ils portent
toûjours l'épée de quelque profeffion qu'ils foient : ils eftoient.
reçus de même que les Gentilshommes aux Jouxtes & Tournois du temps que l'on en faifoit enfin ils font admis dans
les Ordres de Chevalerie , & en
particulier dans celuy de MalI iij 1
102 MERCURE
1
te , &leurs preuves y font requës. C'eſt dequoy il y a plu--
fieurs exemples : Un des plus
celebres eft du feiziéme fiecle ,
enla perfonne de François Caftelle Bourgeois de Perpignan ,
quifut Commandeur d'Efplugé de Francoli ; & Prieur de
Catalogne. Cependant quelque ancienneté que l'on ait de
Bourgeoife , fût - elle de deux
ou trois cens années , on reſte
toûjours dans le Corps des
Bourgeois Nobles fans entrer
dans celui des Gentilshommes ,
à moins que le Roy ne donne
des Lettres particulieres.
GALANT 103.
V
Ces Privileges ont eſté confirmez non- feulement par le
Roy Loy Louis XIII. lorsqu'il
fit la conquefte de Perpignan ,
mais encore par le Roy Louis
Grand, ainfi qu'il paroift par
plufieurs Arreſts du Confeil ,
qui ont exempté Mrs de Perpignan de toute recherche de
Nobleffe:Sa Majefté leur ayant
même donné le titre de Bourgeois Nobles , au lieu qu'on ne
les appelloit auparavant que
Bourgeois , ou Honorables Bourgeois , Burges Honrats.
Pour eftre admis dans ce
Corps , il faut avoir au moins
I iiij
104 MERCURE
les deux tiers des voix ; c'eſt-àdire dix , fi il n'y a que quatorze
Votans. Mr Rigaud les a euës
toutes & avec de grands applaudiffemens. Deux autres
l'un Avocat , l'autre Capitaine
d'Infanterie , ont efté reçus
aprés luy.
Autrefois il n'y avoit à Perpignan que trois Confuls , &
pour lors un Bourgeois eftoit
toûjours le premier. En 1601 .
les Gentilshommes furent admis dans le Confulat , ce qui
produifit un quatriéme Conful ; & pour lors il fut reglé
que les places de premier &fe-
GALANT 105.
cond Confulrouleroient entre
ces deux Corps ; en forte qu'-
une année un Gentilhomme
feroit premier Conful & un
Bourgeois feroit le fecond , &
que l'année fuivante un Bourgeois feroit le premier & un
Gentilhomme le fecond: On
change de Confuls tous les ans:
maisce qu'il y a de particulier
eft que dans l'année où un Gentilhomme eft àla tefte duCon203
fulat , le Corps des Bourgeois
Nobles a la droite dans les ALA
femblées de Ville fur le Corps
des Gentilshommes , & lorfqu'un Bourgeois Noble occu- ?
106 MERCURE
pe cette premiere place , le
Corps des Gentilshommes
prend la droite. Les trois &
quatre Confuls font toûjours
du Corps de ce que l'on nomme à Perpignan les Mercaders
& en 1622. on créa un cinquiéme Conful pour le Corps
des Artiftes.
Enfin ce qu'il y a de remarquable dans le privilege qu'à
la Ville de Perpignan de créer
des Nobles , eft que le Confulat n'y annoblit point , comme
il fait à Touloufe & à Lyon ;
ainfi les trois , quatre & cinq
Confuls qui ont voix à cet-
GALANT 107
**
te création , & qui ne ſont jamais du Corps des Nobles
donnent aux autres par leurs
fuffrages ce qu'ils n'ont pas
eux-mêmes.
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Résumé : « Le droit qu'à la Ville de Perpignan de créer des Bourgeois [...] »
Le texte traite d'un privilège distinctif de la ville de Perpignan, celui de créer des bourgeois nobles. Ce droit, partagé uniquement avec Barcelone, permet à un conseil de quatorze membres, composé des cinq consuls et des bourgeois nobles en exercice, de conférer la noblesse à certaines personnes chaque 16 juin. Ce privilège est ancien, attesté avant le règne de Jacques II d'Aragon en 1291, et a été confirmé par plusieurs rois, dont Ferdinand V et Philippe II. Les bourgeois nobles de Perpignan jouissent de nombreux avantages, tels que le port du titre de cavalier, l'exemption de la juridiction du viguier de Rouffillon, et l'admission dans les ordres de chevalerie. Ces privilèges ont été confirmés par Louis XIII et Louis XIV. Pour être admis dans ce corps, il est nécessaire d'obtenir au moins les deux tiers des voix des votants. Historiquement, les consuls de Perpignan étaient initialement au nombre de trois, puis sont passés à quatre en 1601 avec l'admission des gentilshommes, et à cinq en 1622 avec l'ajout d'un consul pour les artisans. Les consuls, issus des corps des marchands et des artisans, votent pour anoblir d'autres personnes sans être eux-mêmes nobles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1963
p. 107-111
Dispute sur l'obligation d'assister à la Messe de Parroisse, [titre d'après la table]
Début :
Je passe à un Article qui doit vous paroître fort curieux. [...]
Mots clefs :
Dispute, Obligation, Messe
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texteReconnaissance textuelle : Dispute sur l'obligation d'assister à la Messe de Parroisse, [titre d'après la table]
Je paffe à un Article qui
doit vous paroître fort curieux.
Je vous ay déja parlé plufieurs fois d'une difpute qu'il
y avoit entre M'Colin Paſteur
de Noftre- Dame dans la Ville
de Namur , & le P. Hevrart
Recollet de la même Ville , fur
l'obligation d'affifter à la Meffe de Paroifle. Cette difpute paroiffoit terminée ou pref
108 MERCURE
que affoupie , mais elle s'eft reréveillée depuis peu par des Thefes foûtenues fous le Pere Hevrat Lecteur en Theologie de
fon Ordre; il a foûtenu avec
beaucoup de vivacité , que les
Ordres Mendians font établis
pour fuppléer au défaut à lá
Predication & à la conduite
des ames ; & qu'ils font com.
me les Aides & les Provicaires
des Curez. Qu'ainfi ils peuvent
en remplir toutes les fonctions
& que les fidelles qui s'adreffent à eux foit pour la Confeffion , foit pour entendre la
Meffe, rempliffent fur celaleur
GALANT 109
obligation. M Colin obligé
de paroiftre fur les rangs encore une fois , vient de publier
unécrit pourfoûtenir les droits
des Curez. Il avouë d'abord
que les Religieux Mendians
font tres utiles à l'Eglife , lors
qu'ils demeurent dans les bornes de leur Inftitution. Nous
fommes , fait-il dire à S. Bonaventure comme ces pauvres qui
ramaßent les épics &les raiſins
les moiffonneurs laiffent échaper; c'est à dire les ames pour qui
les Paſteurs, àqui il appartient de
les conduire nefuffifent pas. Les
Ordres Mendians,luyfait-il dire
que
1TO
3
:0 MERCUR
encore,font établispourfuppléer
au défaut du Clergédans la Prédication & dans la conduite des
ames , fans diminuer en rien les
droits du Clergé. Enfin M' Colin appuye beaucoup un paſſage du Concile de Trente que
l'Evêque avertiffefoigneufement
le Peuple que chacun eft obligé
d'aller entendre la parole de Dien
dansfa Paroiffe , lorsque celafe
peutfaire commodement. La plus
grande partie de l'ouvrage de
M' Colin roule fur le fens
naturel de ce paffage. Cette
difpute quife fait dans tous les
termes de l'honnefteté donne
GALANT In
lieu à de fçavans écrits & à de
curieufes recherches.
doit vous paroître fort curieux.
Je vous ay déja parlé plufieurs fois d'une difpute qu'il
y avoit entre M'Colin Paſteur
de Noftre- Dame dans la Ville
de Namur , & le P. Hevrart
Recollet de la même Ville , fur
l'obligation d'affifter à la Meffe de Paroifle. Cette difpute paroiffoit terminée ou pref
108 MERCURE
que affoupie , mais elle s'eft reréveillée depuis peu par des Thefes foûtenues fous le Pere Hevrat Lecteur en Theologie de
fon Ordre; il a foûtenu avec
beaucoup de vivacité , que les
Ordres Mendians font établis
pour fuppléer au défaut à lá
Predication & à la conduite
des ames ; & qu'ils font com.
me les Aides & les Provicaires
des Curez. Qu'ainfi ils peuvent
en remplir toutes les fonctions
& que les fidelles qui s'adreffent à eux foit pour la Confeffion , foit pour entendre la
Meffe, rempliffent fur celaleur
GALANT 109
obligation. M Colin obligé
de paroiftre fur les rangs encore une fois , vient de publier
unécrit pourfoûtenir les droits
des Curez. Il avouë d'abord
que les Religieux Mendians
font tres utiles à l'Eglife , lors
qu'ils demeurent dans les bornes de leur Inftitution. Nous
fommes , fait-il dire à S. Bonaventure comme ces pauvres qui
ramaßent les épics &les raiſins
les moiffonneurs laiffent échaper; c'est à dire les ames pour qui
les Paſteurs, àqui il appartient de
les conduire nefuffifent pas. Les
Ordres Mendians,luyfait-il dire
que
1TO
3
:0 MERCUR
encore,font établispourfuppléer
au défaut du Clergédans la Prédication & dans la conduite des
ames , fans diminuer en rien les
droits du Clergé. Enfin M' Colin appuye beaucoup un paſſage du Concile de Trente que
l'Evêque avertiffefoigneufement
le Peuple que chacun eft obligé
d'aller entendre la parole de Dien
dansfa Paroiffe , lorsque celafe
peutfaire commodement. La plus
grande partie de l'ouvrage de
M' Colin roule fur le fens
naturel de ce paffage. Cette
difpute quife fait dans tous les
termes de l'honnefteté donne
GALANT In
lieu à de fçavans écrits & à de
curieufes recherches.
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Résumé : Dispute sur l'obligation d'assister à la Messe de Parroisse, [titre d'après la table]
Le texte décrit une dispute entre M. Colin Pasteur de Notre-Dame à Namur et le Père Hevrart, un Récollet de la même ville, concernant l'obligation d'assister à la messe paroissiale. La controverse, initialement résolue, a été relancée par les thèses du Père Hevrart. Ce dernier soutient que les ordres mendiants, comme les Récollets, peuvent suppléer aux pasteurs dans la prédication et la conduite des âmes, et remplir toutes les fonctions paroissiales, y compris la confession et la messe. En réponse, M. Colin a publié un écrit pour défendre les droits des curés. Il reconnaît l'utilité des ordres mendiants mais insiste sur le fait qu'ils doivent rester dans les limites de leur institution et ne pas diminuer les droits du clergé paroissial. M. Colin cite également un passage du Concile de Trente, stipulant que les fidèles doivent entendre la parole de Dieu dans leur paroisse lorsque cela est possible. La dispute se déroule de manière honnête et donne lieu à des écrits savants et des recherches curieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1964
p. 111-115
Dignité de Prevost de S. Paul de Liege, conferée à Mr le Comte de Berlo, Evêque de Namur, [titre d'après la table]
Début :
Le Chapitre de Lieges a conferé la dignité de Prevost de S. Paul [...]
Mots clefs :
Dignité, Prévôt de Saint Paul, Comte de Berlo, Evêque de Namur
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texteReconnaissance textuelle : Dignité de Prevost de S. Paul de Liege, conferée à Mr le Comte de Berlo, Evêque de Namur, [titre d'après la table]
Le Chapitre de Liege a conferé la dignité de Prevoft de S.
Paul à M' le Comte de Berlo , Evêque de Namur. Elle
vacquoit par la promotion de
M' le Baron de Selis à la dignité
de grand Doyen de Liege. Ce
Comte eft d'une tres - grande
Maifon originaire des Paysbas , où elle eſtoit déja connuë
dans le temps que cette Prinsipauté avoit fes Souverains
particuliers. Ce Prelat eftoit
proche parent de Mr le Prince
de Wirtemberg Colonel d'un
112 MERCURE
Regiment Suedois , & couſin
du Roy de Suede ; & qui vient
de mourir à Dubno d'une fiévre chaude , âgé feulement de
vingt ans . La Maiſon de Berlo
eft auffi alliée à celles de Rupelmonde, de Spinola , de Horne,
de Waffanaert , & de Brandebourg Bergopzom . Elle a donné à l'Empire plufieurs Generaux d'Armée , de grands & fameux Capitaines , & d'habiles
Miniftres aux Empereurs d'Allemagne. Elle a auffi donné à
l'Eglife d'excellens fujets , des
Evêques & d'habiles & zelez
défenfeurs de la veritable Reli-
GALANT 113
gion. Ce fut par les vives follicitations de l'un d'eux que les
Peres Crombach &Papebroch
Jefuites , entreprirent la belle
Differtation fur le tranfport
qu'ils prétendent avoir efté fait
des corps de S. Gervais & de
S. Prothais, de Milan à Brifack.
C'eſt à Mr de Berlo , qui vient
d'eftre élu grand Doyen de
Liege , qu'on eft redevable de
plufieurs ouvrages qui n'auroient jamais vûle jour s'il n'avoit encouragé les Auteurs par
fes bienfaits. Il a engagé depuis peu Mr Nilant fçavant Hollandois , a publier
Mars 1710. K
114 MERCURE
fon Recueil de Fables en Profe,
qui a eu un fort grand fuccés ,
& il y a beaucoup d'autres ouvrages d'une grande utilité
pour les Sçavans , defquels
nous aurons l'unique obligation à ce Prelat zelé pour la
perfection des Sciences , lorfqu'ils paroîtront. Mr de Berlo
fut nommé à l'Evêché de Namur par le feu Roy d'Eſpagne
Charles II. qui avoit marqué
pour luy en differentes occafions une tres- grande confideration , la conduite de ce Prelat pendant fon fejour à la
Cour d'Efpagne & avant qu'il
GALANY 115
fut élevé à l'Epiſcopat luy
ayant toûjours attiré beaucoup
d'eftime. Il eft grand Theologien , & fur tout verfé dans la
connoiffance des Langues.
Paul à M' le Comte de Berlo , Evêque de Namur. Elle
vacquoit par la promotion de
M' le Baron de Selis à la dignité
de grand Doyen de Liege. Ce
Comte eft d'une tres - grande
Maifon originaire des Paysbas , où elle eſtoit déja connuë
dans le temps que cette Prinsipauté avoit fes Souverains
particuliers. Ce Prelat eftoit
proche parent de Mr le Prince
de Wirtemberg Colonel d'un
112 MERCURE
Regiment Suedois , & couſin
du Roy de Suede ; & qui vient
de mourir à Dubno d'une fiévre chaude , âgé feulement de
vingt ans . La Maiſon de Berlo
eft auffi alliée à celles de Rupelmonde, de Spinola , de Horne,
de Waffanaert , & de Brandebourg Bergopzom . Elle a donné à l'Empire plufieurs Generaux d'Armée , de grands & fameux Capitaines , & d'habiles
Miniftres aux Empereurs d'Allemagne. Elle a auffi donné à
l'Eglife d'excellens fujets , des
Evêques & d'habiles & zelez
défenfeurs de la veritable Reli-
GALANT 113
gion. Ce fut par les vives follicitations de l'un d'eux que les
Peres Crombach &Papebroch
Jefuites , entreprirent la belle
Differtation fur le tranfport
qu'ils prétendent avoir efté fait
des corps de S. Gervais & de
S. Prothais, de Milan à Brifack.
C'eſt à Mr de Berlo , qui vient
d'eftre élu grand Doyen de
Liege , qu'on eft redevable de
plufieurs ouvrages qui n'auroient jamais vûle jour s'il n'avoit encouragé les Auteurs par
fes bienfaits. Il a engagé depuis peu Mr Nilant fçavant Hollandois , a publier
Mars 1710. K
114 MERCURE
fon Recueil de Fables en Profe,
qui a eu un fort grand fuccés ,
& il y a beaucoup d'autres ouvrages d'une grande utilité
pour les Sçavans , defquels
nous aurons l'unique obligation à ce Prelat zelé pour la
perfection des Sciences , lorfqu'ils paroîtront. Mr de Berlo
fut nommé à l'Evêché de Namur par le feu Roy d'Eſpagne
Charles II. qui avoit marqué
pour luy en differentes occafions une tres- grande confideration , la conduite de ce Prelat pendant fon fejour à la
Cour d'Efpagne & avant qu'il
GALANY 115
fut élevé à l'Epiſcopat luy
ayant toûjours attiré beaucoup
d'eftime. Il eft grand Theologien , & fur tout verfé dans la
connoiffance des Langues.
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Résumé : Dignité de Prevost de S. Paul de Liege, conferée à Mr le Comte de Berlo, Evêque de Namur, [titre d'après la table]
Le Chapitre de Liège a nommé le Comte de Berlo, Évêque de Namur, à la dignité de Prévôt de Saint-Paul. Cette nomination a suivi celle du Baron de Selis au poste de grand Doyen de Liège. Le Comte de Berlo appartient à une famille illustre des Pays-Bas, connue pour ses souverains historiques. Il est proche parent du Prince de Wurtemberg et cousin du Roi de Suède, récemment décédé. La Maison de Berlo est alliée à plusieurs familles nobles et a fourni à l'Empire des généraux, capitaines et ministres. Elle a également offert à l'Église des évêques et défenseurs de la religion. Le Comte de Berlo a encouragé les Pères Crombach et Papenbroch à écrire sur le transport des corps de Saint Gervais et Saint Prothais. Il est responsable de la publication du recueil de fables en prose de Mr Nilant. Nommé à l'Évêché de Namur par le défunt Roi d'Espagne Charles II, il est reconnu pour ses compétences en théologie et en langues.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1965
p. 115-117
Fondation faite à Lyon pour des Prieres pendant les trois derniers jours du Carnaval, [titre d'après la table]
Début :
Vous sçavez, que suivant un usage tres-ancien, on expose [...]
Mots clefs :
Carnaval, Lyon, Fondation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Fondation faite à Lyon pour des Prieres pendant les trois derniers jours du Carnaval, [titre d'après la table]
Vous fçauez , que fuivant
un ufage tres ancien , on expofe tous les ans à Paris le S.
Sacrement pendant les trois
derniers jours du Carnaval ,
afin que pendant que les débau
ches de la faifon y regnent ,
faffe de continuelles Prieres
pour arrefter la colere de
Dieu ; c'est ce qui vient apparament de donner lieu à Me.
Pérrichon , un des plus confiKij
116 MERURE
>
derables Citoyens de Lyon ;
d'y faire une Fondation dans
l'Hôpital de la Charité , qui
fera beaucoup d'honneur à
fa Memoire. Il luy adonné un
fond pour faire chanter tous
les ans pendant les trois jours
du Carnaval une grande
Meffe avec Diacre , & SousDiacre , & qui doit cftre precédéc par une Priere en forme
de Sermon le matin. Il doit
y avoit l'aprés- dînée les Vefpres en Mufique ; il y aura
auffi Salut , & le Sermon qui
fera toujours fait par les plus
habiles Predicateurs. Les trois
GALANT 17
$
Prédicateurs qui ont ouvert
cette année la Fondation
font le Pere Epiphane de Lyon,
Provincial des Recolets , qui
fir l'Eloge en Chaire de Mr
Perrichon , qui fut fort
applaudi ; Mr Brunet , Chanoine Regulier de Saint Au
guftin de la Congregation de
Saint Ruf , qui prêche le Ca
refme à Sainte Croix , & le
Pere LombardJefuite.
un ufage tres ancien , on expofe tous les ans à Paris le S.
Sacrement pendant les trois
derniers jours du Carnaval ,
afin que pendant que les débau
ches de la faifon y regnent ,
faffe de continuelles Prieres
pour arrefter la colere de
Dieu ; c'est ce qui vient apparament de donner lieu à Me.
Pérrichon , un des plus confiKij
116 MERURE
>
derables Citoyens de Lyon ;
d'y faire une Fondation dans
l'Hôpital de la Charité , qui
fera beaucoup d'honneur à
fa Memoire. Il luy adonné un
fond pour faire chanter tous
les ans pendant les trois jours
du Carnaval une grande
Meffe avec Diacre , & SousDiacre , & qui doit cftre precédéc par une Priere en forme
de Sermon le matin. Il doit
y avoit l'aprés- dînée les Vefpres en Mufique ; il y aura
auffi Salut , & le Sermon qui
fera toujours fait par les plus
habiles Predicateurs. Les trois
GALANT 17
$
Prédicateurs qui ont ouvert
cette année la Fondation
font le Pere Epiphane de Lyon,
Provincial des Recolets , qui
fir l'Eloge en Chaire de Mr
Perrichon , qui fut fort
applaudi ; Mr Brunet , Chanoine Regulier de Saint Au
guftin de la Congregation de
Saint Ruf , qui prêche le Ca
refme à Sainte Croix , & le
Pere LombardJefuite.
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Résumé : Fondation faite à Lyon pour des Prieres pendant les trois derniers jours du Carnaval, [titre d'après la table]
À Paris, une ancienne tradition consiste à exposer le Saint-Sacrement les trois derniers jours du Carême pour prier et apaiser la colère divine après les excès du Carnaval. Inspiré par cette pratique, M. Pérrichon, un citoyen lyonnais respecté, a fondé une célébration annuelle à l'Hôpital de la Charité de Lyon. Cette célébration inclut une grande messe avec diacre et sous-diacre, précédée d'un sermon matinal. L'après-midi, des vêpres musicales, un salut et un autre sermon sont organisés, tous prononcés par des prédicateurs compétents. Cette année, les prédicateurs ayant ouvert la fondation sont le Père Épiphane de Lyon, provincial des Recolets, M. Brunet, chanoine régulier de Saint Augustin, et le Père Lombard, jésuite.
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1966
p. 117-159
Second Article des morts, [titre d'après la table]
Début :
Je vous manday le mois passé la mort de Mr Fléchier Evêque [...]
Mots clefs :
Morts, Seigneur, Fille, Comte, Lyon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Second Article des morts, [titre d'après la table]
Je vous mandayle mois paffe
la mort de Mr Fléchier Evêque
de Nifmes ,
feulement pour
vous l'annoncer & vous mar
quer que je vous en parlerois
>
118 MERCURE
plus amplement. Je tiens ma
parole ; mais je ne vous en
apprendray rien qui ne fort
beaucoup au - deffous de ce
qu'on pourroit dire d'un Prelat fi generalement eftimé.
Vous fçavez que l'efprit de
Mr Fléchier a brillé de fi bonne heure par des ouvrages de
toutes les fortes de caracteres
qui font diftinguer l'esprit des
hommes , que Mrs de l'Academie Françoife curent à peine
connu l'étendue de fon vafte
genic , & remarqué la pureté
de la Langue qui fe trouvoit
dans tous les ouvragés ?, qu'il
GALANT 119
fut choisi pour eftre un des.
Membres de ce fçavant Corps;
il n'eftoit pas encore élevé à
l'Epifcopat. Quand il s'eſt agi
de parler en Orateur , jamais
perfonne n'a porté plus loin
que luy l'Art Oratoire , & lors
qu'il s'eft agi de Vers , ceux
qu'il a faits ont toûjours paru
juftes & de fi bon gouft qu'
ils ont efté generalement eftimez. Auffia- t- il toûjours paffé
pour un homme univerfel. On
a toûjours remarqué dans fa
Profe , unparfait caractere d'éloquence , & formé fur les
meilleurs modeles des anciens
120 MERCURE
Romains quand il a parlé leur
Langue , & la même choſe a
paru lorfqu'il a parlé la noſtre.
Il a fait des Odes , & des Poëmes qui ont fait beaucoup
d'honneur à la France , & en
cela , il a imité les grands Prelats des premiers ficcles de l'Eglife , qui fregardoient cette
maniere d'écrire en Vers ,
des fujets utiles ou chretiens ,
& entr'autres Saint Paulin
Saint Profper , & Saint Gregoire de Nazianze , non comme un vain amuſement ; mais
comme une fainte & loüable
occupation , &ces grands Evêfur
ques
GALANT 12T
laiffoient
ques des premiers temps ne
pas d'eftre fort bons
Orateurs , quoy qu'ils fuffent
fort bons Poëtes ; plufieurs de
ces Prelats, ont comme Mr l'Evêque de Nifmes, compofé des
Hiftoires , des Oraiſons funebres & des Sermons qu'ils ont
laiffez àla pofterité. Il a fait l'hiftoire du Cardinal Commendon , qui eft écrite avec une
grande pureté de langage; celle
de l'Empereur Theodofe qu'il
a faite par ordre du Roy pour
l'inftruction de Monfeigneur
le Dauphin, & la Vie du Cardinal Ximenés que les EfpaMars 1710. Ꮮ
122 MERCURE
gnols ont Traduite en leur
Langue. Tous ces Ouvrages
font des temoignages authen
tiques & éternels de fa grande
habileté dans l'Art de bien
écrire & de bien parler ; mais
fes Oraifons funebres l'ont
immortalifé en immortalifant
ceux pour qui elles ont efté
faites. La Morale de JefusChriſt , y regne par tout ; ainfi
au lieu que la plupart des
Oraifons funebres n'ont fou .
vent cfté que des Eloges de
ceux pour qui elles ont efté
compofées, les fiennes ont toujours confondu la vanité du
GALANT 123
fiecle & fait triompher en mêmetemps l'humilité chreſtienne, & elles ont toûjours eſté
des Chef d'œuvres d'une Eloquence qui a toujours tout rapporté à Dieu , & qui n'a rien
eu de profane. Comme on n'a
pû les entendre fans tranſport,
on ne peut les lire fans en eftre
touché. Ainfi elles n'édifient
pas moins qu'elles furprennent , & ceux qui aiment les
vertus chreftiennes ,font charmezde les voir triompher dans
des Difcours où l'on n'a fouvent vû regner que les vertus
civiles & morales , politiques
ou guerrieres.
124 MERCURE
Quant à fes Sermons , foit
qu'il y ait fait des Eloges des
Saints , foit qu'il y ait inſtruit
familierement les peuples , ou
qu'il y ait parlé d'une maniere
plus relevée aux Teftes couronnées , onen a toujours efté
également charmé. On les a
toûjours admirez quand même on les a vûs dépoüillez de
l'action qui les animoit fi noblement. Comme il eftoit extrêmement verfé dans l'Ecriture , &inftruit à fond dans la
connoiffance des Peres , on n'y
trouvoit point de ces idées
communes &vagues qui n'ont
GALANT 125.
rien que de general , qui ne
tombent fur perfonne en particulier , & que perfonne ne
s'applique , ny de ces détails
dangereux qui fervent plutoft
àapprendre les intrigues du peché qu'à convertir le pecheur.
Mais ony voit des Dogmes qui
n'inftruifent que pour éclairer
& pour confondre ; une Morale qui ne plaift que pour toucher , & par tout dequoy raffafier les ames d'une agreable &
folide nourriture. Ony voit une
Morale qui n'eft ny lâche ny
fevere; des portraits des mœurs
de ce fiecle peints au naturel, &
Liij
126 MERCURE
formez fur la parfaite connoif.
fance qu'il avoit du cœur humain , & fur l'ufage du grand
monde.
Tous fes travaux extraordinaires , & tout le temps qu'il a
donné à l'étude du Cabinet ,
ne luy ont jamais empêché un
moment de fe confacrer au
bien de fon Diocefe. Il écoutoit tout le monde avec bonté ; il foûtenoit les interefts des
Pauvres avec žele , & fon exactitude eftoit grande à remplir
toutes les fonctions de la Prelature. Les dernieres qu'il a
faites ont efté non-feulement
GALANT 127
le charme de tout fon Diocefe;
mais auffi de toute l'Europe.
Ce font les deux Lettres Pattorales qu'il a faites pendant le
fort de la calamité publique.
Elles furent trouvées li rem
plies d'onction , &fi confolantes que les plus malheureux
aprés les avoir vûës, fouffroient
avec patience , & ſe faifoient
un plaifir de leur malheur. Jamais ouvrage n'a plus touché
les cœurs , & quoy que l'Evê.
que parlaft , il fembloit que
F'on n'entendoit parler que l'Ecriture. Ces Lettres ont elté
imprimées dans toutes les ProLiiij
128 MERCURE
vinces du Royaume , & il et
peu de Peres de familles qui ne
les confervent.
La mort a auffi enlevé M de
Longueval , fœur de MⓇ de la
Ferté Senecterre. Elle fut nommée Prieure de Noftre Dame
de Bon- fecours , Ordre de S.
Benoit au mois de Janvier
1705. par Monfieur l'Archevêque de Paris. Sa douceur &
fon exactitude à obferver toutes les Regles de fon Ordre la
font extrêmement regretter
de ſes Religieufes , & elles font
penetrées de la douleur
mort leur a caufée.
que fa
GALANT 129
e
Dame N..... Alleman de
Montmartin , veuve de Mre
N.... de Cinfrans de Vauferre , eft morte dans les Terres.
Elle eftoit fœur de Mr l'Evêque de Grenoble , & fille de
Gafpard 4 du nom , Seigneur
de Montmartin, Gafpard Alleman-Montmartin fon grand
pere époufa Jeanne de Loras ,
fille d'Abel de Loras , Chevalier de l'Ordre du Roy, & de
Marguerite du Pré. Il eftoit
frere de Madeleine Alleman
mariée à Claude du Fenoil ,
d'une Maiſon tres ancienne du
"
Lyonnois. Mr de Champier ,
130 MERCUR E
( Claude Alleman ) oncle de la
Dame qui vient de mourir , a
laiffé des enfans , fçavoir , Mr
le Marquis de Champier, Mr
l'Abbé de Champier Chanoine & grand Vicaire de Grenoble & feuë MⓇ la Marquife de
Belmont. Gafpard Alleman ,
fecond fils de Falque Alleman
Seigneur de la Roche Chenard
& de Françoiſe de Saint Pricft
forma la branche de Montmartin en 1556. Antoine Alleman fut Evêque de Cahors
dans le quinziéme fiecle ; Antoine fon frere en fut Archidiacre , & Charles Chanoine
GALANT IZE
de Gap & non Evêque , commel'ont cru quelques Auteurs..
Boniface Alleman fut Comte
de Lyon dans le quinzième fieclc. Laurent Alleman fur Evê
que de Grenoble fur la fin du
même fiecle. Il eut une fœur
mariée dans la Maifon du Terrail ; d'où vint Pierre troifiéme:
du nom , Seigneur du Terrail ,
dit le Chevalier Bayard , & fils
d'Aymon du Terrail. La Maifon des Alleman a formé jufqu'à vingt branches differentes , & c'eft une de ces branches qui a donné un celebre
Evêque à l'Eglife de Cahors..
132 MERCURE
Guichenon la fait defcendre
d'un Raoul Alleman , Prince
de Foucigny , qui vivoit en
1125. d'autres la font defcendre d'un Allemandus de Vrifiaco. M de Vauferre laiffe des
enfans. Il y en a un Chanoine
de S. Mauris de Vienne , &un
beau-frere qui en eſt Chantre.
Ils ont fuccedé l'un & l'autre
à Mr l'Evêque de Grenoble.
La Maiſon de feu M' de Vauferre, beau-frere de M' l'Evêque de Grenoble , eft tres- ancienne. Sufanne de Beaumont
de la Maifon du fameux Baron
des Adrets, eftant veuve du Ba-
GALANT 133
ron de Tarnavas de Piémont ,
époufa Cefar de Vauferre
dont les enfans prirent la qualité de Barons des Adrets ; & le
diftinguerent longtemps dans
la Profeffion des Armes.
Mc la Comteffe de Vauferre
qui vient de mourir avoit eſté
une des plus belles perfonnes
de fon temps ; elle eftoit fœur
de M' le Comte de Montmartin Lieutenant de Royde Dauphiné au département de Vienne; qui a épousé une fille de
Mrle Marquis de Puyfieux , &
qui avoit épousé en premieres
nôces Mlle de Seve , niece de
134 MERCURE
M' l'Evêque d'Arras , & fille
de feu Mr de Seve premier
Prefident du Parlement de
Mets , & Intendant de la Generalité des trois Evêchez
Mets, Toul & Verdun.
La Soeur Marie Therefe du
Saint Efprit la plus ancienne
Religieufe du Convent des
Carmelites de Lyon , y cft
morte âgée de 68. ans , & de
53. ans de Religion. Elle a
efté pendant fix ans Sou Prieure de cette Maiſon & longtemps Maitreffe des Novices ;
elle avoit le don d'Oraiſon
d'une maniere tout à fait fin-
MERCURE 135
guliere ; & elle eftoit dans une
grande réputation dans tout
fon Ordre. Elle s'eftoit fait
une fi grande habitude de la
pratique de l'humilité qu'elle
eftoit devenue comme infenfible à tout ce qui fatte les fens ;
c'eft à dire qu'elle n'écoutoit
plusla nature : on a remarqué
qu'elle a demeuré 33 .
fans fe chauffer , & elle jeûnoit
quelques jours de chaque
femaine , au pain & à l'cau.
Elle avoit perdu la vûë depuis
plufieurs années , & elle foutenoit une pareille affliction avec
une vertu & une patience qui
ans
136 MERCURE
édifioient depuis long- temps
fa Communauté. Elle renouvella quelque temps avant que
demourir ,fa Profeffion , c'eftà- dire,au bout des so ans ; dés
qu'elle eut fait cette Ceremonie , elle dit à toute la Communauté qu'elle ne tenoit plus à la
terre , qu'elle s'y regardoit comme
n'y eftantplus, & elle ne penfoit
plus qu'à l'Eternité ou tendoient tous fes defirs. Il fembloit que Dieu luyavoit donné
quelque lumiere fur letemps de
fa mott, car plus il approchoit
plus fa ferveur redoubloit
& elle ne ceffoit point de dire
GALANT 137
qu'elle touchoit à ſon terme &
que fa carriere alloit finir. Cette
Sainte Religieufe , eftoit de
Lyon , & fille de feu M' de
Chapuis , ancien Echevin de la
même Ville. Ce nom-là eft
fort confiderable à Lyon , où
il y a plufieurs Maiſons qui le
portent.
La mort dont je vais vous
parler , a cauſé un fi grand
mouvement qu'elle me donne
lieu de vous entretenir d'un
grand nombre de familles de
la plus haute diftinction , &
vous ferezfurpriſe d'apprendre
que les Comtes de Saint Jean
Mars 1710. M
138 MERCURE
de Lyon, ont vû leur Chapttre compofé de foixante &
quatorze fils de Rois.
Mre N....de Chaſteauneuf,
Chanoine de l'Eglife & Comte
de Lyon , & Chamarrier de la
même Eglife , cft mort âgé
d'environ 65. ans. Il eftoit oncle de Mr l'Evêque de Noyon,
& frere de Mr le Marquis de
Rochebonne , Commandant
dans le Lyonnois , Foréz &
Baujollois , & ci- devant Meſtre
de Camp dans le Regiment de
la Reine. Ce Comte eftoit oncle de feu Mr le Marquis de
Rochebonne , Commandant.
GALANT 139
).
le Regiment de Villeroy , &
qui fut tué à la Bataille de Malplaquet l'année derniere , &de
Mr l'Abbé de Rochebonne ,
Comte de Lyon , ci - devant
Chantre de la même Eglife , &
à prefent Chamarrier à la place de fon oncle. La dignité de
Chantre qui eft la quatrième de
l'Eglife ( celle de Chamarrier
n'eftant que la cinquième, mais
d'un plus grand revenu ) a efté
donnée à Mrle Comte de Sarron, & la place que ce mouvement a fait vacquer a eſté don
née à Mr l'Abbé de Lugny
de l'illuftre Maifon de Levy , &
Mij
140 MERCURE
petit-neveu de Mr l'Archevêque de Lyon; Mcla Marquife
de Lugny, mere du nouveau
Comte , cftant fœur de Mr le
Comte de Saint- Georges Précenteur de cette Eglife , &niece de Mr l'Archevêque. La
Maifon de Chaſteauneuf eſt
tres ancienne & tres- illuftrée ;
en voicy quelques preuves.
Agnés de Chateauneuf , fille
de Bernard de Chafteauneuf,
& d'une fille de la Maifon de
Clermont , époufa fur la fin du
quatorziéme fiecle Guigues Alleman , Seigneur d'Uriage ; on
difoit autrefois que la Maiſon
GALANT 141
des Alleman venoit des Souverains de Foucigny. Pierre de
Chafteauneuf, ayeul de celuy
qui donne lieu à cet Article ,
eftoit Chevalier de l'Ordre du
Roy, Capitaine de cinquante
hommes d'Armes , Sénéchal
du Puy & Bailly de Velay. Il
époufa Huguette d'Oin de la
Maifon de Feugeres, heritiere
univerfelle de Claude de Feugeres fonpere , &de Jacqueline de Montdor , fille de Zacha-
> rie Seigneur de Chamboſt , &
de Louiſe de la Liegue. Mr de
Chafteauneufn'eut point d'enfans de cette Dame , mais il en
142 MERCURE
fut heritier , c'eft pourquoy le
pere de celuy qui vient de mourir portoit la qualité de Marquis d'Oin , & un de fes freres
Comte de Lyon & Chantre de
la même Eglife , Comte de
Chamboft ; celuy - cy fut un
de ceux de fon temps qui
curent le plus de part en la
confiance de Mr de Villeroy
Archevefque de Lyon. Mr
de Chasteauneuf fon pere fut
pendant toute fa vie , fore
attaché à Mr d'Alincourt pere
de ce Prelat. Ifabeau de Talaru petite- niece du Cardinal de
ce nom , Archevêque de Lyon,
GALANT 143
époufa dans le quinziéme fieele Antoine de Chafteauneuf,
Seigneur de Ligniec en Foréz.
Elle eftoit fœur de Guillaume
de Talaru , Chanoine &Chantre & enfuite Archidiacre de
Lyon , & fille d'Antoine de
Talaru & d'Alix d'Albon
de la Maifon du Maréchal
de Saint André , & elle eftoit
niece d'Amé de Talaru Chanoine & enfuite Archevêque
aprés fon oncle le Cardinal.
Dans le quinziéme fiecle les.
Maifons de Talaru , & de
Chateauneuf, renouvellerent
leurs alliances par le Mariage
THE LAD
144 MERCURE
ге
de M Antoine de Chateauneuf Chevalier Seigneur de
Rochebonne avec Ifabelle
de Talaru
fille de Jean de
Talaru
qui forma
la branche
de Chalmazel
, & de Catherine
de la Tour d'Auvergne
, fille
d'Annet
de la Tour Seigneur
d'Oliergues
& de Beatrix
de
Chalençon
, c'est par là que
M de Rochebonne
font
alliez à M de Bouillon
& de
Polignac
; en 1521.
Claude
de Chateauneuf
Seigneur
de
Rochebonne
, époufa
Cathe
rine de Talaru
fille de Gaſpard
Seigneur
de Chalmazel
& de
Marguerite
rs
GALANT 145
Marguerite Raulin veuve de
Philibert de Grolée Baron de
Senefcey. Cette Dame eftoit
niéce du Cardinal Raulin , &
fa mere eftoit de la Maiſon de
Levi-coufan. Enfin un peu
aprés le milieu du penultiéme
fiecle Dame Anne le Long ,
fille de Pierre Seigneur de
Chenillac , & d'Anne Barton
des Vicomtes de Montbas
& veuvede François de Talaru
Seigneur de Chalmazel , qui
fut tué au Siége de la Rochelle
en 1573. épousa en ſecondes
nôces Pierre de Chafteauneuf
Mars 1710. N
146 MERCURE
re
Chevalier Seigneur de Rochebonne Capitaine de 50. hom
mes d'armes , alors veuf d'Huguette d'Oin dont j'ay parlé
& elle en cutle Marquis d'Oin ,
pere de celuy qui vient de
mourir & pere de M Jean de
Rochebonne Chevalier de
Saint Lazare en 1668. A toutes ces illuftres alliances Mude
$ Chafteauneuf , joignoit celles de Cruffol , d'Uzés , & de
Grignan , Malla Marquife de
Rochebonne d'aujourd'huy
mere de M'Evêque de
Noyon , eftant foeur de M
de Comte de Grignan Cheva-
GALANT 147
lier des Ordres du Roy , &
-fond Lieutenant General en
Provence, 210 , amma DePa
bhu M'de Comte de Sarron
3 qui aeu la dignité de Chantre
vacantepar le mouvement qu'a
caufé la mort de M de Chaf
⚫teauneufe, eft d'une naiffance
rres Aqualifiée comme vous
allez voir. André de Sarron,
Seigneur des Forges , époufa
5 dans l'année 1535. Charlotte
d'Amanzé fille den François
d'Amanzé , & de Catherine
de Semur , d'une illuftre Maifon deBourgogne. Philippine
der Sarron , fille d'Antoine
Nij
148 MERCURE
or d'Efpinay
2 & Ide
Catherine
de Sivricu époufa
Euftache
Arod , un des ayeux
de M.l'Abbé
de Saint Rob
main Ambaſſadeur
à Munſter
lots duTraité de Paix. Jean de
Sarron
Chevalier
Seigneur
des
Forges
en Beaujollois , Lieute
nant de la Compagnie
d'Or
donnance
de M le Marquis
d'Halincourt
grand
pere de
Mle Maréchal
de Villeroy
,
époufa
labeau
de Rebé fille
d'Eftienne
de Rebésin
& Ade
Françoile
de Chabeu
; &
veuve de M le Baron de Vaux.
Cette Dame
elloit niéce de
GALANT 149
fou Mr de RebéCommandeur
des Ordres du Roy , & Archos
vêque de Narbonne. Charlotte
de Sarcon épousa dans le pe
multiéme fiecle Claude de
Salemardyd'ou vint Jaqueline
de Salemard époufe de Louis
de Thelis , un des ayeux de
Ml'Abbéde Valorges ; enfin
Philippine de Sarron fille de
Guillaume de Sarron , &
d'Yolande de Gletteins époufa
Eftienne de Varennes , d'une
illuftre Maifon du Lyonnois ,
fille du Seigneur de Cendars ,
&deDauphine Arod. Mrle
Comte de Sarron, à un frere
N iij
150 MARCURE
cader à Saint Jean nommé
Mr le Comte des Forges La
dignité de Chantre attefte
poffedée par de grands hom
mes & fur tout par Amé de
Talaru Grand Canonifte &
qui eftant Député de l'Eglife
de Lyon , au Concile de Conf
tance , fut élu pendant fon
ábfence Archevêque de la
même Eglife.
Mr l'Abbé de Lugny qui
a2 eu le Comté vacant par cette mort, eſt de l'illuftre Maifon de Levi. Il eft allié à la
Maiſon d'Agoult & à celle de
Crequy à caufe de Blanche •
GALANY 351
Y
deLevi , fille de Gilbert de Le
vi & de Jacqueline Dumas, qui
époula Louis d'Agoult , Seis
gneur de Montauban fils de
Claude d'Agoult & de Louiſe
d'Agoult , fa coufine ; Marguerite de Levi , fille d'Euftache ,
Chevalier Seigneur de Quaylus , Ville-neuve , la Perriere ,
& d'Alix Dame de Coufan ,
épouſa en 1471. Guillaume
d'Albon , Seigneur de S. Forgeux , & des ayeux du Maréchal de Saint André. Louife de
Levi , fille de Jean Seigneur de
Coulan & de Loüife de Breffoles , d'une illuftre Maiſon
Niiij
152 MERURE
d'Auvergne & de Bourgogne
dont Mrs de Breffolles Previcu
font premiers Barons ,
époufa
en premieres nôces Annet de
Talaru Seigneur de Chalmazel, & en fecondes noces Guil
laume de Talaru fon coufine
Seigneur de la Grange ; du pre
mier lit elle eut unefille quien- i
tra dansla Maifon de Montaynard de Marcieux en Dauphiné.
Louife de Levi époufa Amé
de Talaru vers la fin du quint
ziéme fiecle .
Antoine de Levi
Seigneur de Vauvert , avoit
époufé Louife de Tournon ,
fille d'Odon de Tournon , Seis
GALANT 153
vyls
gneur de Beauchaftel & d'Anne de Corgenon. Odon eſtoit
grand oncle du celebre Cardinal de Tournon Archevêquer
de Lyon. Enfin Jacques de Levy Seigneur de Chafteaumorand époufa Louiſe de Tournon, Tœur du Cardinal , &petite niece d'Odon , dont je
viens deparler. Nos Rois font
Chanoines d'honneur de l'E2
glife de Lyon ; Charles VII.
le reconnut dans une Charte
accordée à cette Eglife. , ..
In illud confortium , dit- il , en
parlant de ce Chapitre, cui ratione Delphinatus & Ducatus.
154 MERCURE
Biturienfis adfcriptifumus. C'elt
donc comme Dauphins de
Viennois & Ducs de Berryque
les Rois de France ont la qua
fité de Chanoines d'honneur
de cette Eglife. Les Ducs de
Bourgogne l'eftoient detemps
immemorial , & les Dauphins
de Viennoiss eurent la même
qualité en 1228. &enfuite elle
fut accordée aux Ducsde Ber
ry. Derubis dit qu'en 1245;
ce Chapitre eftoit compofé de
74 fils de Rois.
I
DameCharlotte Madeleine
de Blaignac eft morte à Tou
loufe âgée de 40. ans, elle eftoit
GALANT 155
Alle de Mre Charles Dumont ,
Seigneur & Baron de Blaignac ,
Commiffaire & Infpecteur ge
neral de la Marine , GrandMaistre des Eaux & Forefts au
Département de Guyenne
homme d'un grand merite ; il
s'établit à Touloufe & époufa
Dame Marguerite de Voifins ,
defcendue des anciensComtes
do Touloufe ; il maria fa fille
avec Mre Jofeph de Gargas
Seigneur de Montrave & Remonville ,d'une des plus illuf
tres Maifons de Touloufe, qui
audonnénance Parlement un
tres-grand nombre de Magif
156 MERCURE
trats depuis fa creation . Elle
a cu de ce mariage deux gato
çons qui promettent tout ce
que l'on peut attendre des
perfonnes de cette naiffance.
On peut dire avec juftice que
cette Dame eftoit d'un me
rite qui fe faifoit diftinguer
entre les perfonnes de fon
fexe , & que la nature en avoit
formé un ouvrage parfait
Auffi eft elle generalement
regrettée de tous ceux qui
l'ont connue. Il ne reste plus
de cette famille que¡ Mre
Gabriel Dumont , Seigneur &
Baron de Blaignac fon frere
GALANT 159
ancien Officier de la Marine,
où il a fervi vingt- cinq ans , &
s'eft fort diftingué dans toures les occafions où il s'eft
trouvé. Il s'eft retiré depuis
quatre ans ; il a épousé AnneMarguerite de Befançon d'une des plus illuftres Maifons
de Paris , qui a donné à ce Par
lement un grand nombre de
Magiftrats depuis qu'il a efté
rendu fedentaire ; un Evêque
à fon Eglife , un Archevêque à
celle de Reims , &.aux Armées
plufieurs Lieutenans generaux,
& alliée aux meilleures Maifons du Royaume, Leur fepul-
158 MERCURE
turc eft auk Cordeliers dans la
Chapelle que fonda Hugues
de Befançon , Confeiller au
Parlement en 131420Mrsude
Bullion y ont leur fepulture à
caufe des alliances qu'ils cont
contractéesavec cette Maifon,
La famille de Mr Dumont eft
originaire de Bourgogne , où
clle eft alliée à la plus grande
partic des perfonnes du premier rang. Elle paffa il y a environ cent cinquante ans dans
de Pays du Maine , où elle prit
alliance avec la Maifon de
Beaumanoir , & avec d'autres
perfonnes de diftinction , &
#GALANT 159
elle eft à prefent fedentaire à
Toulouſe. Ceux de cette Maifon fervent de pere en fils depuis plus de 400. an
la mort de Mr Fléchier Evêque
de Nifmes ,
feulement pour
vous l'annoncer & vous mar
quer que je vous en parlerois
>
118 MERCURE
plus amplement. Je tiens ma
parole ; mais je ne vous en
apprendray rien qui ne fort
beaucoup au - deffous de ce
qu'on pourroit dire d'un Prelat fi generalement eftimé.
Vous fçavez que l'efprit de
Mr Fléchier a brillé de fi bonne heure par des ouvrages de
toutes les fortes de caracteres
qui font diftinguer l'esprit des
hommes , que Mrs de l'Academie Françoife curent à peine
connu l'étendue de fon vafte
genic , & remarqué la pureté
de la Langue qui fe trouvoit
dans tous les ouvragés ?, qu'il
GALANT 119
fut choisi pour eftre un des.
Membres de ce fçavant Corps;
il n'eftoit pas encore élevé à
l'Epifcopat. Quand il s'eſt agi
de parler en Orateur , jamais
perfonne n'a porté plus loin
que luy l'Art Oratoire , & lors
qu'il s'eft agi de Vers , ceux
qu'il a faits ont toûjours paru
juftes & de fi bon gouft qu'
ils ont efté generalement eftimez. Auffia- t- il toûjours paffé
pour un homme univerfel. On
a toûjours remarqué dans fa
Profe , unparfait caractere d'éloquence , & formé fur les
meilleurs modeles des anciens
120 MERCURE
Romains quand il a parlé leur
Langue , & la même choſe a
paru lorfqu'il a parlé la noſtre.
Il a fait des Odes , & des Poëmes qui ont fait beaucoup
d'honneur à la France , & en
cela , il a imité les grands Prelats des premiers ficcles de l'Eglife , qui fregardoient cette
maniere d'écrire en Vers ,
des fujets utiles ou chretiens ,
& entr'autres Saint Paulin
Saint Profper , & Saint Gregoire de Nazianze , non comme un vain amuſement ; mais
comme une fainte & loüable
occupation , &ces grands Evêfur
ques
GALANT 12T
laiffoient
ques des premiers temps ne
pas d'eftre fort bons
Orateurs , quoy qu'ils fuffent
fort bons Poëtes ; plufieurs de
ces Prelats, ont comme Mr l'Evêque de Nifmes, compofé des
Hiftoires , des Oraiſons funebres & des Sermons qu'ils ont
laiffez àla pofterité. Il a fait l'hiftoire du Cardinal Commendon , qui eft écrite avec une
grande pureté de langage; celle
de l'Empereur Theodofe qu'il
a faite par ordre du Roy pour
l'inftruction de Monfeigneur
le Dauphin, & la Vie du Cardinal Ximenés que les EfpaMars 1710. Ꮮ
122 MERCURE
gnols ont Traduite en leur
Langue. Tous ces Ouvrages
font des temoignages authen
tiques & éternels de fa grande
habileté dans l'Art de bien
écrire & de bien parler ; mais
fes Oraifons funebres l'ont
immortalifé en immortalifant
ceux pour qui elles ont efté
faites. La Morale de JefusChriſt , y regne par tout ; ainfi
au lieu que la plupart des
Oraifons funebres n'ont fou .
vent cfté que des Eloges de
ceux pour qui elles ont efté
compofées, les fiennes ont toujours confondu la vanité du
GALANT 123
fiecle & fait triompher en mêmetemps l'humilité chreſtienne, & elles ont toûjours eſté
des Chef d'œuvres d'une Eloquence qui a toujours tout rapporté à Dieu , & qui n'a rien
eu de profane. Comme on n'a
pû les entendre fans tranſport,
on ne peut les lire fans en eftre
touché. Ainfi elles n'édifient
pas moins qu'elles furprennent , & ceux qui aiment les
vertus chreftiennes ,font charmezde les voir triompher dans
des Difcours où l'on n'a fouvent vû regner que les vertus
civiles & morales , politiques
ou guerrieres.
124 MERCURE
Quant à fes Sermons , foit
qu'il y ait fait des Eloges des
Saints , foit qu'il y ait inſtruit
familierement les peuples , ou
qu'il y ait parlé d'une maniere
plus relevée aux Teftes couronnées , onen a toujours efté
également charmé. On les a
toûjours admirez quand même on les a vûs dépoüillez de
l'action qui les animoit fi noblement. Comme il eftoit extrêmement verfé dans l'Ecriture , &inftruit à fond dans la
connoiffance des Peres , on n'y
trouvoit point de ces idées
communes &vagues qui n'ont
GALANT 125.
rien que de general , qui ne
tombent fur perfonne en particulier , & que perfonne ne
s'applique , ny de ces détails
dangereux qui fervent plutoft
àapprendre les intrigues du peché qu'à convertir le pecheur.
Mais ony voit des Dogmes qui
n'inftruifent que pour éclairer
& pour confondre ; une Morale qui ne plaift que pour toucher , & par tout dequoy raffafier les ames d'une agreable &
folide nourriture. Ony voit une
Morale qui n'eft ny lâche ny
fevere; des portraits des mœurs
de ce fiecle peints au naturel, &
Liij
126 MERCURE
formez fur la parfaite connoif.
fance qu'il avoit du cœur humain , & fur l'ufage du grand
monde.
Tous fes travaux extraordinaires , & tout le temps qu'il a
donné à l'étude du Cabinet ,
ne luy ont jamais empêché un
moment de fe confacrer au
bien de fon Diocefe. Il écoutoit tout le monde avec bonté ; il foûtenoit les interefts des
Pauvres avec žele , & fon exactitude eftoit grande à remplir
toutes les fonctions de la Prelature. Les dernieres qu'il a
faites ont efté non-feulement
GALANT 127
le charme de tout fon Diocefe;
mais auffi de toute l'Europe.
Ce font les deux Lettres Pattorales qu'il a faites pendant le
fort de la calamité publique.
Elles furent trouvées li rem
plies d'onction , &fi confolantes que les plus malheureux
aprés les avoir vûës, fouffroient
avec patience , & ſe faifoient
un plaifir de leur malheur. Jamais ouvrage n'a plus touché
les cœurs , & quoy que l'Evê.
que parlaft , il fembloit que
F'on n'entendoit parler que l'Ecriture. Ces Lettres ont elté
imprimées dans toutes les ProLiiij
128 MERCURE
vinces du Royaume , & il et
peu de Peres de familles qui ne
les confervent.
La mort a auffi enlevé M de
Longueval , fœur de MⓇ de la
Ferté Senecterre. Elle fut nommée Prieure de Noftre Dame
de Bon- fecours , Ordre de S.
Benoit au mois de Janvier
1705. par Monfieur l'Archevêque de Paris. Sa douceur &
fon exactitude à obferver toutes les Regles de fon Ordre la
font extrêmement regretter
de ſes Religieufes , & elles font
penetrées de la douleur
mort leur a caufée.
que fa
GALANT 129
e
Dame N..... Alleman de
Montmartin , veuve de Mre
N.... de Cinfrans de Vauferre , eft morte dans les Terres.
Elle eftoit fœur de Mr l'Evêque de Grenoble , & fille de
Gafpard 4 du nom , Seigneur
de Montmartin, Gafpard Alleman-Montmartin fon grand
pere époufa Jeanne de Loras ,
fille d'Abel de Loras , Chevalier de l'Ordre du Roy, & de
Marguerite du Pré. Il eftoit
frere de Madeleine Alleman
mariée à Claude du Fenoil ,
d'une Maiſon tres ancienne du
"
Lyonnois. Mr de Champier ,
130 MERCUR E
( Claude Alleman ) oncle de la
Dame qui vient de mourir , a
laiffé des enfans , fçavoir , Mr
le Marquis de Champier, Mr
l'Abbé de Champier Chanoine & grand Vicaire de Grenoble & feuë MⓇ la Marquife de
Belmont. Gafpard Alleman ,
fecond fils de Falque Alleman
Seigneur de la Roche Chenard
& de Françoiſe de Saint Pricft
forma la branche de Montmartin en 1556. Antoine Alleman fut Evêque de Cahors
dans le quinziéme fiecle ; Antoine fon frere en fut Archidiacre , & Charles Chanoine
GALANT IZE
de Gap & non Evêque , commel'ont cru quelques Auteurs..
Boniface Alleman fut Comte
de Lyon dans le quinzième fieclc. Laurent Alleman fur Evê
que de Grenoble fur la fin du
même fiecle. Il eut une fœur
mariée dans la Maifon du Terrail ; d'où vint Pierre troifiéme:
du nom , Seigneur du Terrail ,
dit le Chevalier Bayard , & fils
d'Aymon du Terrail. La Maifon des Alleman a formé jufqu'à vingt branches differentes , & c'eft une de ces branches qui a donné un celebre
Evêque à l'Eglife de Cahors..
132 MERCURE
Guichenon la fait defcendre
d'un Raoul Alleman , Prince
de Foucigny , qui vivoit en
1125. d'autres la font defcendre d'un Allemandus de Vrifiaco. M de Vauferre laiffe des
enfans. Il y en a un Chanoine
de S. Mauris de Vienne , &un
beau-frere qui en eſt Chantre.
Ils ont fuccedé l'un & l'autre
à Mr l'Evêque de Grenoble.
La Maiſon de feu M' de Vauferre, beau-frere de M' l'Evêque de Grenoble , eft tres- ancienne. Sufanne de Beaumont
de la Maifon du fameux Baron
des Adrets, eftant veuve du Ba-
GALANT 133
ron de Tarnavas de Piémont ,
époufa Cefar de Vauferre
dont les enfans prirent la qualité de Barons des Adrets ; & le
diftinguerent longtemps dans
la Profeffion des Armes.
Mc la Comteffe de Vauferre
qui vient de mourir avoit eſté
une des plus belles perfonnes
de fon temps ; elle eftoit fœur
de M' le Comte de Montmartin Lieutenant de Royde Dauphiné au département de Vienne; qui a épousé une fille de
Mrle Marquis de Puyfieux , &
qui avoit épousé en premieres
nôces Mlle de Seve , niece de
134 MERCURE
M' l'Evêque d'Arras , & fille
de feu Mr de Seve premier
Prefident du Parlement de
Mets , & Intendant de la Generalité des trois Evêchez
Mets, Toul & Verdun.
La Soeur Marie Therefe du
Saint Efprit la plus ancienne
Religieufe du Convent des
Carmelites de Lyon , y cft
morte âgée de 68. ans , & de
53. ans de Religion. Elle a
efté pendant fix ans Sou Prieure de cette Maiſon & longtemps Maitreffe des Novices ;
elle avoit le don d'Oraiſon
d'une maniere tout à fait fin-
MERCURE 135
guliere ; & elle eftoit dans une
grande réputation dans tout
fon Ordre. Elle s'eftoit fait
une fi grande habitude de la
pratique de l'humilité qu'elle
eftoit devenue comme infenfible à tout ce qui fatte les fens ;
c'eft à dire qu'elle n'écoutoit
plusla nature : on a remarqué
qu'elle a demeuré 33 .
fans fe chauffer , & elle jeûnoit
quelques jours de chaque
femaine , au pain & à l'cau.
Elle avoit perdu la vûë depuis
plufieurs années , & elle foutenoit une pareille affliction avec
une vertu & une patience qui
ans
136 MERCURE
édifioient depuis long- temps
fa Communauté. Elle renouvella quelque temps avant que
demourir ,fa Profeffion , c'eftà- dire,au bout des so ans ; dés
qu'elle eut fait cette Ceremonie , elle dit à toute la Communauté qu'elle ne tenoit plus à la
terre , qu'elle s'y regardoit comme
n'y eftantplus, & elle ne penfoit
plus qu'à l'Eternité ou tendoient tous fes defirs. Il fembloit que Dieu luyavoit donné
quelque lumiere fur letemps de
fa mott, car plus il approchoit
plus fa ferveur redoubloit
& elle ne ceffoit point de dire
GALANT 137
qu'elle touchoit à ſon terme &
que fa carriere alloit finir. Cette
Sainte Religieufe , eftoit de
Lyon , & fille de feu M' de
Chapuis , ancien Echevin de la
même Ville. Ce nom-là eft
fort confiderable à Lyon , où
il y a plufieurs Maiſons qui le
portent.
La mort dont je vais vous
parler , a cauſé un fi grand
mouvement qu'elle me donne
lieu de vous entretenir d'un
grand nombre de familles de
la plus haute diftinction , &
vous ferezfurpriſe d'apprendre
que les Comtes de Saint Jean
Mars 1710. M
138 MERCURE
de Lyon, ont vû leur Chapttre compofé de foixante &
quatorze fils de Rois.
Mre N....de Chaſteauneuf,
Chanoine de l'Eglife & Comte
de Lyon , & Chamarrier de la
même Eglife , cft mort âgé
d'environ 65. ans. Il eftoit oncle de Mr l'Evêque de Noyon,
& frere de Mr le Marquis de
Rochebonne , Commandant
dans le Lyonnois , Foréz &
Baujollois , & ci- devant Meſtre
de Camp dans le Regiment de
la Reine. Ce Comte eftoit oncle de feu Mr le Marquis de
Rochebonne , Commandant.
GALANT 139
).
le Regiment de Villeroy , &
qui fut tué à la Bataille de Malplaquet l'année derniere , &de
Mr l'Abbé de Rochebonne ,
Comte de Lyon , ci - devant
Chantre de la même Eglife , &
à prefent Chamarrier à la place de fon oncle. La dignité de
Chantre qui eft la quatrième de
l'Eglife ( celle de Chamarrier
n'eftant que la cinquième, mais
d'un plus grand revenu ) a efté
donnée à Mrle Comte de Sarron, & la place que ce mouvement a fait vacquer a eſté don
née à Mr l'Abbé de Lugny
de l'illuftre Maifon de Levy , &
Mij
140 MERCURE
petit-neveu de Mr l'Archevêque de Lyon; Mcla Marquife
de Lugny, mere du nouveau
Comte , cftant fœur de Mr le
Comte de Saint- Georges Précenteur de cette Eglife , &niece de Mr l'Archevêque. La
Maifon de Chaſteauneuf eſt
tres ancienne & tres- illuftrée ;
en voicy quelques preuves.
Agnés de Chateauneuf , fille
de Bernard de Chafteauneuf,
& d'une fille de la Maifon de
Clermont , époufa fur la fin du
quatorziéme fiecle Guigues Alleman , Seigneur d'Uriage ; on
difoit autrefois que la Maiſon
GALANT 141
des Alleman venoit des Souverains de Foucigny. Pierre de
Chafteauneuf, ayeul de celuy
qui donne lieu à cet Article ,
eftoit Chevalier de l'Ordre du
Roy, Capitaine de cinquante
hommes d'Armes , Sénéchal
du Puy & Bailly de Velay. Il
époufa Huguette d'Oin de la
Maifon de Feugeres, heritiere
univerfelle de Claude de Feugeres fonpere , &de Jacqueline de Montdor , fille de Zacha-
> rie Seigneur de Chamboſt , &
de Louiſe de la Liegue. Mr de
Chafteauneufn'eut point d'enfans de cette Dame , mais il en
142 MERCURE
fut heritier , c'eft pourquoy le
pere de celuy qui vient de mourir portoit la qualité de Marquis d'Oin , & un de fes freres
Comte de Lyon & Chantre de
la même Eglife , Comte de
Chamboft ; celuy - cy fut un
de ceux de fon temps qui
curent le plus de part en la
confiance de Mr de Villeroy
Archevefque de Lyon. Mr
de Chasteauneuf fon pere fut
pendant toute fa vie , fore
attaché à Mr d'Alincourt pere
de ce Prelat. Ifabeau de Talaru petite- niece du Cardinal de
ce nom , Archevêque de Lyon,
GALANT 143
époufa dans le quinziéme fieele Antoine de Chafteauneuf,
Seigneur de Ligniec en Foréz.
Elle eftoit fœur de Guillaume
de Talaru , Chanoine &Chantre & enfuite Archidiacre de
Lyon , & fille d'Antoine de
Talaru & d'Alix d'Albon
de la Maifon du Maréchal
de Saint André , & elle eftoit
niece d'Amé de Talaru Chanoine & enfuite Archevêque
aprés fon oncle le Cardinal.
Dans le quinziéme fiecle les.
Maifons de Talaru , & de
Chateauneuf, renouvellerent
leurs alliances par le Mariage
THE LAD
144 MERCURE
ге
de M Antoine de Chateauneuf Chevalier Seigneur de
Rochebonne avec Ifabelle
de Talaru
fille de Jean de
Talaru
qui forma
la branche
de Chalmazel
, & de Catherine
de la Tour d'Auvergne
, fille
d'Annet
de la Tour Seigneur
d'Oliergues
& de Beatrix
de
Chalençon
, c'est par là que
M de Rochebonne
font
alliez à M de Bouillon
& de
Polignac
; en 1521.
Claude
de Chateauneuf
Seigneur
de
Rochebonne
, époufa
Cathe
rine de Talaru
fille de Gaſpard
Seigneur
de Chalmazel
& de
Marguerite
rs
GALANT 145
Marguerite Raulin veuve de
Philibert de Grolée Baron de
Senefcey. Cette Dame eftoit
niéce du Cardinal Raulin , &
fa mere eftoit de la Maiſon de
Levi-coufan. Enfin un peu
aprés le milieu du penultiéme
fiecle Dame Anne le Long ,
fille de Pierre Seigneur de
Chenillac , & d'Anne Barton
des Vicomtes de Montbas
& veuvede François de Talaru
Seigneur de Chalmazel , qui
fut tué au Siége de la Rochelle
en 1573. épousa en ſecondes
nôces Pierre de Chafteauneuf
Mars 1710. N
146 MERCURE
re
Chevalier Seigneur de Rochebonne Capitaine de 50. hom
mes d'armes , alors veuf d'Huguette d'Oin dont j'ay parlé
& elle en cutle Marquis d'Oin ,
pere de celuy qui vient de
mourir & pere de M Jean de
Rochebonne Chevalier de
Saint Lazare en 1668. A toutes ces illuftres alliances Mude
$ Chafteauneuf , joignoit celles de Cruffol , d'Uzés , & de
Grignan , Malla Marquife de
Rochebonne d'aujourd'huy
mere de M'Evêque de
Noyon , eftant foeur de M
de Comte de Grignan Cheva-
GALANT 147
lier des Ordres du Roy , &
-fond Lieutenant General en
Provence, 210 , amma DePa
bhu M'de Comte de Sarron
3 qui aeu la dignité de Chantre
vacantepar le mouvement qu'a
caufé la mort de M de Chaf
⚫teauneufe, eft d'une naiffance
rres Aqualifiée comme vous
allez voir. André de Sarron,
Seigneur des Forges , époufa
5 dans l'année 1535. Charlotte
d'Amanzé fille den François
d'Amanzé , & de Catherine
de Semur , d'une illuftre Maifon deBourgogne. Philippine
der Sarron , fille d'Antoine
Nij
148 MERCURE
or d'Efpinay
2 & Ide
Catherine
de Sivricu époufa
Euftache
Arod , un des ayeux
de M.l'Abbé
de Saint Rob
main Ambaſſadeur
à Munſter
lots duTraité de Paix. Jean de
Sarron
Chevalier
Seigneur
des
Forges
en Beaujollois , Lieute
nant de la Compagnie
d'Or
donnance
de M le Marquis
d'Halincourt
grand
pere de
Mle Maréchal
de Villeroy
,
époufa
labeau
de Rebé fille
d'Eftienne
de Rebésin
& Ade
Françoile
de Chabeu
; &
veuve de M le Baron de Vaux.
Cette Dame
elloit niéce de
GALANT 149
fou Mr de RebéCommandeur
des Ordres du Roy , & Archos
vêque de Narbonne. Charlotte
de Sarcon épousa dans le pe
multiéme fiecle Claude de
Salemardyd'ou vint Jaqueline
de Salemard époufe de Louis
de Thelis , un des ayeux de
Ml'Abbéde Valorges ; enfin
Philippine de Sarron fille de
Guillaume de Sarron , &
d'Yolande de Gletteins époufa
Eftienne de Varennes , d'une
illuftre Maifon du Lyonnois ,
fille du Seigneur de Cendars ,
&deDauphine Arod. Mrle
Comte de Sarron, à un frere
N iij
150 MARCURE
cader à Saint Jean nommé
Mr le Comte des Forges La
dignité de Chantre attefte
poffedée par de grands hom
mes & fur tout par Amé de
Talaru Grand Canonifte &
qui eftant Député de l'Eglife
de Lyon , au Concile de Conf
tance , fut élu pendant fon
ábfence Archevêque de la
même Eglife.
Mr l'Abbé de Lugny qui
a2 eu le Comté vacant par cette mort, eſt de l'illuftre Maifon de Levi. Il eft allié à la
Maiſon d'Agoult & à celle de
Crequy à caufe de Blanche •
GALANY 351
Y
deLevi , fille de Gilbert de Le
vi & de Jacqueline Dumas, qui
époula Louis d'Agoult , Seis
gneur de Montauban fils de
Claude d'Agoult & de Louiſe
d'Agoult , fa coufine ; Marguerite de Levi , fille d'Euftache ,
Chevalier Seigneur de Quaylus , Ville-neuve , la Perriere ,
& d'Alix Dame de Coufan ,
épouſa en 1471. Guillaume
d'Albon , Seigneur de S. Forgeux , & des ayeux du Maréchal de Saint André. Louife de
Levi , fille de Jean Seigneur de
Coulan & de Loüife de Breffoles , d'une illuftre Maiſon
Niiij
152 MERURE
d'Auvergne & de Bourgogne
dont Mrs de Breffolles Previcu
font premiers Barons ,
époufa
en premieres nôces Annet de
Talaru Seigneur de Chalmazel, & en fecondes noces Guil
laume de Talaru fon coufine
Seigneur de la Grange ; du pre
mier lit elle eut unefille quien- i
tra dansla Maifon de Montaynard de Marcieux en Dauphiné.
Louife de Levi époufa Amé
de Talaru vers la fin du quint
ziéme fiecle .
Antoine de Levi
Seigneur de Vauvert , avoit
époufé Louife de Tournon ,
fille d'Odon de Tournon , Seis
GALANT 153
vyls
gneur de Beauchaftel & d'Anne de Corgenon. Odon eſtoit
grand oncle du celebre Cardinal de Tournon Archevêquer
de Lyon. Enfin Jacques de Levy Seigneur de Chafteaumorand époufa Louiſe de Tournon, Tœur du Cardinal , &petite niece d'Odon , dont je
viens deparler. Nos Rois font
Chanoines d'honneur de l'E2
glife de Lyon ; Charles VII.
le reconnut dans une Charte
accordée à cette Eglife. , ..
In illud confortium , dit- il , en
parlant de ce Chapitre, cui ratione Delphinatus & Ducatus.
154 MERCURE
Biturienfis adfcriptifumus. C'elt
donc comme Dauphins de
Viennois & Ducs de Berryque
les Rois de France ont la qua
fité de Chanoines d'honneur
de cette Eglife. Les Ducs de
Bourgogne l'eftoient detemps
immemorial , & les Dauphins
de Viennoiss eurent la même
qualité en 1228. &enfuite elle
fut accordée aux Ducsde Ber
ry. Derubis dit qu'en 1245;
ce Chapitre eftoit compofé de
74 fils de Rois.
I
DameCharlotte Madeleine
de Blaignac eft morte à Tou
loufe âgée de 40. ans, elle eftoit
GALANT 155
Alle de Mre Charles Dumont ,
Seigneur & Baron de Blaignac ,
Commiffaire & Infpecteur ge
neral de la Marine , GrandMaistre des Eaux & Forefts au
Département de Guyenne
homme d'un grand merite ; il
s'établit à Touloufe & époufa
Dame Marguerite de Voifins ,
defcendue des anciensComtes
do Touloufe ; il maria fa fille
avec Mre Jofeph de Gargas
Seigneur de Montrave & Remonville ,d'une des plus illuf
tres Maifons de Touloufe, qui
audonnénance Parlement un
tres-grand nombre de Magif
156 MERCURE
trats depuis fa creation . Elle
a cu de ce mariage deux gato
çons qui promettent tout ce
que l'on peut attendre des
perfonnes de cette naiffance.
On peut dire avec juftice que
cette Dame eftoit d'un me
rite qui fe faifoit diftinguer
entre les perfonnes de fon
fexe , & que la nature en avoit
formé un ouvrage parfait
Auffi eft elle generalement
regrettée de tous ceux qui
l'ont connue. Il ne reste plus
de cette famille que¡ Mre
Gabriel Dumont , Seigneur &
Baron de Blaignac fon frere
GALANT 159
ancien Officier de la Marine,
où il a fervi vingt- cinq ans , &
s'eft fort diftingué dans toures les occafions où il s'eft
trouvé. Il s'eft retiré depuis
quatre ans ; il a épousé AnneMarguerite de Befançon d'une des plus illuftres Maifons
de Paris , qui a donné à ce Par
lement un grand nombre de
Magiftrats depuis qu'il a efté
rendu fedentaire ; un Evêque
à fon Eglife , un Archevêque à
celle de Reims , &.aux Armées
plufieurs Lieutenans generaux,
& alliée aux meilleures Maifons du Royaume, Leur fepul-
158 MERCURE
turc eft auk Cordeliers dans la
Chapelle que fonda Hugues
de Befançon , Confeiller au
Parlement en 131420Mrsude
Bullion y ont leur fepulture à
caufe des alliances qu'ils cont
contractéesavec cette Maifon,
La famille de Mr Dumont eft
originaire de Bourgogne , où
clle eft alliée à la plus grande
partic des perfonnes du premier rang. Elle paffa il y a environ cent cinquante ans dans
de Pays du Maine , où elle prit
alliance avec la Maifon de
Beaumanoir , & avec d'autres
perfonnes de diftinction , &
#GALANT 159
elle eft à prefent fedentaire à
Toulouſe. Ceux de cette Maifon fervent de pere en fils depuis plus de 400. an
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Résumé : Second Article des morts, [titre d'après la table]
Le texte annonce la mort de Monsieur Fléchier, évêque de Nîmes, une nouvelle déjà communiquée au destinataire. Fléchier était reconnu pour son esprit brillant et ses œuvres littéraires variées, incluant l'oratoire et la poésie. Il fut membre de l'Académie française et auteur d'ouvrages historiques et d'oraisons funèbres très appréciés. Ses sermons étaient également célèbres pour leur éloquence et leur profondeur morale. Malgré ses nombreuses activités littéraires, Fléchier resta dévoué au bien de son diocèse, notamment durant une période de calamité publique. Le texte mentionne également le décès de Madame de Longueval, prieure de Notre-Dame de Bon-Secours, et de Madame Alleman de Montmartin, en fournissant des détails sur leurs familles et leurs titres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1967
p. 159-167
Ouverture de l'Assemblée generale du Clergé, faite aux grands Augustins, avec les Ceremonies observées à la Messe du S. Esprit, & un extrait du Sermon prêché le même jour, [titre d'après la table]
Début :
Le Samedy quinziéme de ce mois l'ouverture de l'Assemblée [...]
Mots clefs :
Assemblée générale du Clergé de France, Communauté, Église des grands Augustins, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ouverture de l'Assemblée generale du Clergé, faite aux grands Augustins, avec les Ceremonies observées à la Messe du S. Esprit, & un extrait du Sermon prêché le même jour, [titre d'après la table]
LeSamedy quinziéme de ce
amois l'ouverture de l'Allemblée Generale du Clergé de
France fe fit dans l'Eglife des
Grands Auguftins par la Mef-
>fe folemnelle du faint Efprit ,
chantée par les Religieux du
Convent , & à laquelle Monfieur le Cardinal de Noailles
officia pontificalement en qualité de Prefident de cette augufte Affemblée. LePere Raft,
Prieur du Convent alla le re-
160 MERCURE
ཝཱ ཚིན , ཏི ཡཱ
cevoir à la Porte de l'Eglife à
la tefte de toute fa Communauté , avec la Croix , l'EauBenite , & l'Encens. Tous les
Archevêques & Evêques & les
Abbez qui compofent le fecond Ordre , communierent
de la main de ce Cardinal , avec cette diftinction toutefois , que quand il donnoit la
Communion à un Archevêque ou à un Evêque , il l'embraffoit auparavant & luy
donnoit le baifer de paix à la
joüe , au lieu que les Abbez
communierent à l'ordinaire
ce qu'il y eut encore de fingu-
GALANT 161
L
lier dans cette Ceremonie
&donttout le monde fut tre
édifié, c'eſt qu'aprés s'être tous
embrafiez les uns les autres &
donné le baifer de paix , ils al
ferent tous à la Communion
portant des Ecoles pendantes
& qu'ils en revinrent avec une
modeſtie exemplaire, Mon.
fieur l'Evêque de Langres y
prêcha immediatement aprés
l'Evangile. Il prit pour rexte de
fon difcours ces paroles du
Pleaume 109. Tu es Sacerdos
in æternum. Vous êtes un Prê
tre éternel. Dans fon Exorde ,
il fir voir l'éternitédu Sacerdo
Mars 1710.
2
O
162 MERCURE
ee de Jefus Chrift , qu'il pro
pofa aux Evêques, comme de
vant être unmodele parfait de
leur Etat , & de leur conduite.
H divifa fon Difcours en deux
points , & leur dit dans le premier:Qu'il faloit que la fainteté
de leur vie , répondit à la fublimité de leur Etat. Et dans lefe
cond: Que leurs foins infatiga
bles devoient répondre aux travaux auxfouffrances de ce
divin Sauveur.
Il fit voir dans ces deux
points , comme faint Paul avoit parfaitement imité JeſusChriſt , & pour le prouver , il
"GALANT 163
rapporta les mêmes parolds de
cet Apôtre , quand il fait le
dénombrement destouthce
qu'il a fouffert fur la mer &
fur la terre, des prifons où il
aefté mis chargé de chaînes ,
& generallement de tout ce
qu'il a fair pour foûtenir la
gloire de fon Divin Maiftre.
• Enfuite ayant donné ce grand
Apôtre aux Evêques pour un
Modele fur lequel ils devoient
regler leur vie, il fie un détail
particulier de tout ce qu'ils devoient faire. Enfuite dequoy,
-il parla de la calamité publique, & il les exhorta à fe ferO ij
164 MERCURE
vir pour foulager les pauvres ,
du bien qui leur avoir efte
donné en partiepource fujer
Enfin étant tombé infenfible
ment fur ce quele Clergé de
France fe prepare à donner au
Royby , ilil fe fervit d'un Exemple
fi jufte & qui venoit fià proposp
à fonfujet que toute l'Affemblée l'admira & en fut char
mée. Ce fut de celuy du Royb
David , tiré de l'Ancien Teftan
ment , du fecond Livre des
Rois , où il est écrit , que cen
Prince fe trouvant un jour
dans une preffante faim , il eut
recours au Grand Prêtre Achi
?
GALANT 165
melech, à qui il dit , Si vous
avez quelque chose à manger"
quand ce neferoitque dupain , ou
quoique cefoit, donnez le moy. Le
Grand Prêtre luy répondit :
Je n'aypoint icy de pain pour les
Peuples , autrement pour les Lazz
queso NON HABEO LAICOS
PANES AD MANUM. Je n'ay que
du pain qui eft faint. Et il loy
donna le pain fanctifié qu'il
mangea , quoiqu'il ne fût permis qu'aux Prêtres feuls de le
manger, elaga feve
Le Roy le trouve de mê
me à prefent , dans une préf
fanteneceffité contre les Enne
166 MERCURE
mis de l'Eglife , qui luy font
une injufte guerre. Il a recours
au grand Prêtre , c'eſt à dire
à vous Meffeigneurs qui com
pofez le Clergé de France , &
vous fuivez aujourd'huy Ve
xemple du grand Prêtre Achimelech Vous luy accordez
ce fecours. Puiffe donc ce He
ros Chrêtien faire fervir des
biens que l'Eglife luy vient
offrir ; moins à foûtenir une
guerrejufte, qu'à procurer u
ne Paix folide , afin que les
Peuples éloignez du tumulte de
la guerre puiffent avec plus de
tranquilité écouter vos Inf
GALANT 167
tructions , profiter de vos lumieres , fe former fur vos verrus , & meriter la récompenſe
dans la gloire
amois l'ouverture de l'Allemblée Generale du Clergé de
France fe fit dans l'Eglife des
Grands Auguftins par la Mef-
>fe folemnelle du faint Efprit ,
chantée par les Religieux du
Convent , & à laquelle Monfieur le Cardinal de Noailles
officia pontificalement en qualité de Prefident de cette augufte Affemblée. LePere Raft,
Prieur du Convent alla le re-
160 MERCURE
ཝཱ ཚིན , ཏི ཡཱ
cevoir à la Porte de l'Eglife à
la tefte de toute fa Communauté , avec la Croix , l'EauBenite , & l'Encens. Tous les
Archevêques & Evêques & les
Abbez qui compofent le fecond Ordre , communierent
de la main de ce Cardinal , avec cette diftinction toutefois , que quand il donnoit la
Communion à un Archevêque ou à un Evêque , il l'embraffoit auparavant & luy
donnoit le baifer de paix à la
joüe , au lieu que les Abbez
communierent à l'ordinaire
ce qu'il y eut encore de fingu-
GALANT 161
L
lier dans cette Ceremonie
&donttout le monde fut tre
édifié, c'eſt qu'aprés s'être tous
embrafiez les uns les autres &
donné le baifer de paix , ils al
ferent tous à la Communion
portant des Ecoles pendantes
& qu'ils en revinrent avec une
modeſtie exemplaire, Mon.
fieur l'Evêque de Langres y
prêcha immediatement aprés
l'Evangile. Il prit pour rexte de
fon difcours ces paroles du
Pleaume 109. Tu es Sacerdos
in æternum. Vous êtes un Prê
tre éternel. Dans fon Exorde ,
il fir voir l'éternitédu Sacerdo
Mars 1710.
2
O
162 MERCURE
ee de Jefus Chrift , qu'il pro
pofa aux Evêques, comme de
vant être unmodele parfait de
leur Etat , & de leur conduite.
H divifa fon Difcours en deux
points , & leur dit dans le premier:Qu'il faloit que la fainteté
de leur vie , répondit à la fublimité de leur Etat. Et dans lefe
cond: Que leurs foins infatiga
bles devoient répondre aux travaux auxfouffrances de ce
divin Sauveur.
Il fit voir dans ces deux
points , comme faint Paul avoit parfaitement imité JeſusChriſt , & pour le prouver , il
"GALANT 163
rapporta les mêmes parolds de
cet Apôtre , quand il fait le
dénombrement destouthce
qu'il a fouffert fur la mer &
fur la terre, des prifons où il
aefté mis chargé de chaînes ,
& generallement de tout ce
qu'il a fair pour foûtenir la
gloire de fon Divin Maiftre.
• Enfuite ayant donné ce grand
Apôtre aux Evêques pour un
Modele fur lequel ils devoient
regler leur vie, il fie un détail
particulier de tout ce qu'ils devoient faire. Enfuite dequoy,
-il parla de la calamité publique, & il les exhorta à fe ferO ij
164 MERCURE
vir pour foulager les pauvres ,
du bien qui leur avoir efte
donné en partiepource fujer
Enfin étant tombé infenfible
ment fur ce quele Clergé de
France fe prepare à donner au
Royby , ilil fe fervit d'un Exemple
fi jufte & qui venoit fià proposp
à fonfujet que toute l'Affemblée l'admira & en fut char
mée. Ce fut de celuy du Royb
David , tiré de l'Ancien Teftan
ment , du fecond Livre des
Rois , où il est écrit , que cen
Prince fe trouvant un jour
dans une preffante faim , il eut
recours au Grand Prêtre Achi
?
GALANT 165
melech, à qui il dit , Si vous
avez quelque chose à manger"
quand ce neferoitque dupain , ou
quoique cefoit, donnez le moy. Le
Grand Prêtre luy répondit :
Je n'aypoint icy de pain pour les
Peuples , autrement pour les Lazz
queso NON HABEO LAICOS
PANES AD MANUM. Je n'ay que
du pain qui eft faint. Et il loy
donna le pain fanctifié qu'il
mangea , quoiqu'il ne fût permis qu'aux Prêtres feuls de le
manger, elaga feve
Le Roy le trouve de mê
me à prefent , dans une préf
fanteneceffité contre les Enne
166 MERCURE
mis de l'Eglife , qui luy font
une injufte guerre. Il a recours
au grand Prêtre , c'eſt à dire
à vous Meffeigneurs qui com
pofez le Clergé de France , &
vous fuivez aujourd'huy Ve
xemple du grand Prêtre Achimelech Vous luy accordez
ce fecours. Puiffe donc ce He
ros Chrêtien faire fervir des
biens que l'Eglife luy vient
offrir ; moins à foûtenir une
guerrejufte, qu'à procurer u
ne Paix folide , afin que les
Peuples éloignez du tumulte de
la guerre puiffent avec plus de
tranquilité écouter vos Inf
GALANT 167
tructions , profiter de vos lumieres , fe former fur vos verrus , & meriter la récompenſe
dans la gloire
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Résumé : Ouverture de l'Assemblée generale du Clergé, faite aux grands Augustins, avec les Ceremonies observées à la Messe du S. Esprit, & un extrait du Sermon prêché le même jour, [titre d'après la table]
Le 15 mars 1710, l'Assemblée Générale du Clergé de France a débuté dans l'église des Grands Augustins. La messe solennelle du Saint-Esprit a été célébrée par les religieux du couvent, avec le Cardinal de Noailles en tant que président. Le Père Rast, prieur du couvent, a accueilli le cardinal à l'entrée de l'église avec la croix, l'eau bénite et l'encens. Tous les archevêques, évêques et abbés ont communié de la main du cardinal, qui a embrassé et donné le baiser de paix aux archevêques et évêques. Les abbés ont communié de manière ordinaire. Après avoir échangé le baiser de paix, ils se sont rendus à la communion en portant des écharpes pendantes, revenant avec modestie. L'évêque de Langres a prononcé un discours après l'Évangile, utilisant le texte du Psaume 109, 'Tu es Sacerdos in æternum'. Il a mis en avant l'éternité du sacerdoce de Jésus-Christ comme modèle pour les évêques. Le discours était structuré en deux points : la sainteté de leur vie doit correspondre à la sublimité de leur état, et leurs soins infatigables doivent répondre aux travaux et souffrances du divin Sauveur. L'évêque a également rappelé les souffrances de saint Paul et a exhorté les évêques à se servir pour soulager les pauvres. Il a conclu en comparant le roi à David, qui avait demandé du pain au grand prêtre Achimélech, et a encouragé le clergé à soutenir le roi dans sa guerre contre les ennemis de l'Église. Cet appui visait à procurer une paix solide et à permettre aux peuples de bénéficier des instructions et lumières du clergé.
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1968
p. 167-179
Feste galante faite à Chasteau Gontier pour la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
Début :
Je ne dois pas oublier à vous parler d'une Fête qui a esté faite [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du duc d'Anjou, Château, Feu d'artifice, Danse, Violons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Feste galante faite à Chasteau Gontier pour la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
Je ne dois pas oublier à vous
parler d'une Fête qui a eſté faite à l'occafion de la naiffance
de Monfeigneur le Duc d'Anjou , & dans laquelle vous
trouverez des particularitez
tres fingulieres , & fur tout la
manière de mettre le feu au
Bucher, qui eft auffi nouvelle
que galante , & qui n'a jamais
cité imaginée par perfonne. Je
paffe au fujer & au détail de
cette Fête amore delibet
168 MERCUR
A peine la nouvelle de la
Naiffance de Monseigneur le
Duc d'Anjou fut-ellerépandue
à Chafteau- Gontier , dans la
Province d'Anjou , que Mr de
Fleurance , Ecuyer de Madame la Ducheffe de Bourgogne,
dont le zele avoit déja paru en
1704.& 1707. à l'occafion de
la Naiffance de Meffeigneurs
les Ducs de Bretagne , forma le deffein de témoigner fa
joye par des rejoüiffances publiques. Il donna le deux de
cemois à Chateau Gontier ,
une Fefte qui a paffé pour une
des plus galantes & une des
micux
GALANT 169
mieux ordonnées qu'on en ait
veu depuis long - temps dans
cette Province. Elle commança à deux heures aprés midy
par une décharge generale
des Canons du Chafteau ; fur
les trois heures toute la Bourgeoifie fous les armes fe rendit fur la grande Place
ayant les Tambours de la
Ville à fa tefte ; cette Bourgeofie compofée de la plus
belle jeuneffe , eftoit partagée
en fix Compagnies de jeunes
hommes des mieux faits &
des mieux vêtus , tous parez
de noeuds d'Epée , avec des
Mars 1710.
P
170 MERCURE
T
Chapeaux bordez & des cocardes de ruban d'or ou d'argent. M Cucillard leur Colo
nel fe mit à leur tefte ; ils allerent tous en tres- bel ordre
prendre M' de Fleurance pour
venir mettre le feu à un gros
bucher orné de feuillages
qu'on avoit preparé par fon
ordre fur la grande Place vis- àvis de fa maifon. Comme
toutes les Dames de la Ville
eftoient affemblées chez luy
cejour- là , il leur défera l'honneur d'allumer le feu , & pour
ne pas mettre de divifion entre
la Nobleffe , & la Robbe , il
GALANT 171
choifit trois filles des principaux Officiers du Prefidial , &
trois filles de Gentilshommes.
Ces fix Demoifelles ayant
choifi chacune un Cavalier
pour leur donner la main marcherent avectous les Hautbois
& les Violons de la Ville
entre deux hayes d'Habitans
fous les armes , jufqu'au lieu
du bucher , où elles reçurent
des mains de leurs Cavaliers
chacune un flambeau allumé
dont elles fe fervirent pour
allumer le feu. M' le Comte
de Brizay cy- devant Chevalier
de Denonville Exempt des
Pij
172 MERCURE
1
}
Gardes , & M de Flechecourt
Ecuyer du Roy, & Capitaine
de Cavaleriendans Tarente ,
s'eftant trouvez fur les lieux
furent invitez à cette réjoüiſfance , où Mr de Fleurance
ayant fait apporter trois fufils,
leur en fit prefenter à chacun
un , afin de partager avec eux
l'honneur de la Fête. Ils tirérent
tous trois enſemble les trois
premiers coups en criant Vive
le Roy. Les fix Compagnies à
qui on avoit diſtribué de la
poudre avec profufion firent
auffi toft leurpremiere décharge avec unpareil cry de Vive
GALANT 173
le Roy ; tous les Cavaliers &
toutes les Dames qui estoient
prefentes danferent un moment autour du Bucher jufqu'à ce qu'il fuft plus allumé,
mais on fut obligé de quitter
bientoft la place & de fe retirer. Chacun s'en retourna , &
Mr de Fleurance demeura à la
tefte de la Bourgeoisie tant que
le feu dura. Il luy fit faire plufieurs falves pour Monfciई gneur , pour Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , pour Madame la Ducheffe de Bourgogne , pour Monfeigneur le
Duc de Bretagne, pour
A
P iij
174 MERCURE
Monfeigneur le Duc d'Anjou
& pour Monfeigneur le Duc
de Berry. Il tira à chaque décharge le premier coup. Aprés
tout ce grand bruit de moufqueterie on tita un Féu d'Artifice , & on vit s'élever en l'air
pendant une heure une infinité de fufées qui retombant fur
elles-mêmes en pluye de feu ,
en petards , & en étoiles , formoient un fpectacle des plus
brillans. Sur les fept heures il
y cut plufieurs tables de Jeu
chez Mr de Fleurance , & à
neuf heures on fe mit à table
pour fouper. Il y avoit deux
MERCURE 175
tables de douze couverts chacune;on y fervit abondament
tout ce qu'on peut prefenter
de meilleur dans la faifon. Les
Pauvres ne furent pas oúblicz
dans ces réjouiffances ; l'Hôpital general fe fentit de la Fefte ,
& Mr de Fleurance fit part de
fa joye à tous ceux à qui elle
pouvoit eftre utile ou agreable. Il fit mettre deux tables
fur la Place publique à l'endroit où avoit efté le feu ; on
fervit à l'une un foupé pour
les Tambours & les Trompet.
tes , & à l'autre les Violons &
les Haut -bois , mangerent
P iiij
176 MERCURE
& burent largement. Un peu
avant le foupé on avoit illuminé depuis le bas juſqu'au haut
toutes les feneftres du corps
de logis , avec celles des deux
aîles & des deux pavillons de
la maiſon ; & comme elle eſt
aifée à décorer de lumieres
à caufe de la beauté de fon
Architecture , rien ne pouvoit faire unplus bel effet que
cette illumination qui dura
prefque toute la nuit. Les Balcons qui regnent aux deux côtez de la porte d'entrée depuis
la Corniche jufqu'aux Pavil
lons ,n'étoient pas moins éclai
GALANT 177
rez. Il y avoit auffi plufieurs
rangs de lumieres avec des De
vifes & des Infcriptions latines peintes fur des chaffis huilez , qu'on lifoit de fort loin
par le moyen des lampes qui
eftoient placées derriere. A dix
heures & demie Mr de Fleurrance commença le Bal avec
Mlle fa fœur , il s'y trouva
une quantité fi prodigieufe de
monde , qu'on fut obligé de
partager les Violons & les
Hautbois dans les Appartemens , & de danfer dans trois
differentes Salles. Pendant que
durale Bal on fervit à la Com-
178 MERCURE
€
pagnie des rafraîchiffemens
des baffins d'oranges , avec des
confitures féches ; & fur les
deux heures du matin on fut
furpris agreablement quand
on paffa dans un grand Salon
où il y avoit un Media noche ,
des mieux entendus. Le Balrecommença vers les trois heures pour danfer les contredanfes & dura jufqu'au jour. Tous
ceux qui furent témoins de
cette Fefte , retournerent trescontens de la maniere avec laquelle elle avoit efté executée ,
& de l'ordre qui y fut obfervé; on n'attendoit rien moins
GALANT 179
d'un Officier qui eft dans un
pofte auffi brillant & auffi ho
norable. Ceux qui connoiffent
Mr de Fleurance eftoient bien
perfuadez qu'il ne manqueroit
en rien pour fe diftinguer entre tous ceux qui ont donné
des marques de leur joye pour
des évenemens fi heureux ; &
fi la Provincé le doit ceder en
magnificence & en profufion
à la Capitale du Royaume, elle
a du moins l'avantage de pou
voir dire qu'il s'y trouve des
fujets très-zelez pour la prof
perité de l'Etat & pour la grandeur de la Maiſon Royale.
parler d'une Fête qui a eſté faite à l'occafion de la naiffance
de Monfeigneur le Duc d'Anjou , & dans laquelle vous
trouverez des particularitez
tres fingulieres , & fur tout la
manière de mettre le feu au
Bucher, qui eft auffi nouvelle
que galante , & qui n'a jamais
cité imaginée par perfonne. Je
paffe au fujer & au détail de
cette Fête amore delibet
168 MERCUR
A peine la nouvelle de la
Naiffance de Monseigneur le
Duc d'Anjou fut-ellerépandue
à Chafteau- Gontier , dans la
Province d'Anjou , que Mr de
Fleurance , Ecuyer de Madame la Ducheffe de Bourgogne,
dont le zele avoit déja paru en
1704.& 1707. à l'occafion de
la Naiffance de Meffeigneurs
les Ducs de Bretagne , forma le deffein de témoigner fa
joye par des rejoüiffances publiques. Il donna le deux de
cemois à Chateau Gontier ,
une Fefte qui a paffé pour une
des plus galantes & une des
micux
GALANT 169
mieux ordonnées qu'on en ait
veu depuis long - temps dans
cette Province. Elle commança à deux heures aprés midy
par une décharge generale
des Canons du Chafteau ; fur
les trois heures toute la Bourgeoifie fous les armes fe rendit fur la grande Place
ayant les Tambours de la
Ville à fa tefte ; cette Bourgeofie compofée de la plus
belle jeuneffe , eftoit partagée
en fix Compagnies de jeunes
hommes des mieux faits &
des mieux vêtus , tous parez
de noeuds d'Epée , avec des
Mars 1710.
P
170 MERCURE
T
Chapeaux bordez & des cocardes de ruban d'or ou d'argent. M Cucillard leur Colo
nel fe mit à leur tefte ; ils allerent tous en tres- bel ordre
prendre M' de Fleurance pour
venir mettre le feu à un gros
bucher orné de feuillages
qu'on avoit preparé par fon
ordre fur la grande Place vis- àvis de fa maifon. Comme
toutes les Dames de la Ville
eftoient affemblées chez luy
cejour- là , il leur défera l'honneur d'allumer le feu , & pour
ne pas mettre de divifion entre
la Nobleffe , & la Robbe , il
GALANT 171
choifit trois filles des principaux Officiers du Prefidial , &
trois filles de Gentilshommes.
Ces fix Demoifelles ayant
choifi chacune un Cavalier
pour leur donner la main marcherent avectous les Hautbois
& les Violons de la Ville
entre deux hayes d'Habitans
fous les armes , jufqu'au lieu
du bucher , où elles reçurent
des mains de leurs Cavaliers
chacune un flambeau allumé
dont elles fe fervirent pour
allumer le feu. M' le Comte
de Brizay cy- devant Chevalier
de Denonville Exempt des
Pij
172 MERCURE
1
}
Gardes , & M de Flechecourt
Ecuyer du Roy, & Capitaine
de Cavaleriendans Tarente ,
s'eftant trouvez fur les lieux
furent invitez à cette réjoüiſfance , où Mr de Fleurance
ayant fait apporter trois fufils,
leur en fit prefenter à chacun
un , afin de partager avec eux
l'honneur de la Fête. Ils tirérent
tous trois enſemble les trois
premiers coups en criant Vive
le Roy. Les fix Compagnies à
qui on avoit diſtribué de la
poudre avec profufion firent
auffi toft leurpremiere décharge avec unpareil cry de Vive
GALANT 173
le Roy ; tous les Cavaliers &
toutes les Dames qui estoient
prefentes danferent un moment autour du Bucher jufqu'à ce qu'il fuft plus allumé,
mais on fut obligé de quitter
bientoft la place & de fe retirer. Chacun s'en retourna , &
Mr de Fleurance demeura à la
tefte de la Bourgeoisie tant que
le feu dura. Il luy fit faire plufieurs falves pour Monfciई gneur , pour Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , pour Madame la Ducheffe de Bourgogne , pour Monfeigneur le
Duc de Bretagne, pour
A
P iij
174 MERCURE
Monfeigneur le Duc d'Anjou
& pour Monfeigneur le Duc
de Berry. Il tira à chaque décharge le premier coup. Aprés
tout ce grand bruit de moufqueterie on tita un Féu d'Artifice , & on vit s'élever en l'air
pendant une heure une infinité de fufées qui retombant fur
elles-mêmes en pluye de feu ,
en petards , & en étoiles , formoient un fpectacle des plus
brillans. Sur les fept heures il
y cut plufieurs tables de Jeu
chez Mr de Fleurance , & à
neuf heures on fe mit à table
pour fouper. Il y avoit deux
MERCURE 175
tables de douze couverts chacune;on y fervit abondament
tout ce qu'on peut prefenter
de meilleur dans la faifon. Les
Pauvres ne furent pas oúblicz
dans ces réjouiffances ; l'Hôpital general fe fentit de la Fefte ,
& Mr de Fleurance fit part de
fa joye à tous ceux à qui elle
pouvoit eftre utile ou agreable. Il fit mettre deux tables
fur la Place publique à l'endroit où avoit efté le feu ; on
fervit à l'une un foupé pour
les Tambours & les Trompet.
tes , & à l'autre les Violons &
les Haut -bois , mangerent
P iiij
176 MERCURE
& burent largement. Un peu
avant le foupé on avoit illuminé depuis le bas juſqu'au haut
toutes les feneftres du corps
de logis , avec celles des deux
aîles & des deux pavillons de
la maiſon ; & comme elle eſt
aifée à décorer de lumieres
à caufe de la beauté de fon
Architecture , rien ne pouvoit faire unplus bel effet que
cette illumination qui dura
prefque toute la nuit. Les Balcons qui regnent aux deux côtez de la porte d'entrée depuis
la Corniche jufqu'aux Pavil
lons ,n'étoient pas moins éclai
GALANT 177
rez. Il y avoit auffi plufieurs
rangs de lumieres avec des De
vifes & des Infcriptions latines peintes fur des chaffis huilez , qu'on lifoit de fort loin
par le moyen des lampes qui
eftoient placées derriere. A dix
heures & demie Mr de Fleurrance commença le Bal avec
Mlle fa fœur , il s'y trouva
une quantité fi prodigieufe de
monde , qu'on fut obligé de
partager les Violons & les
Hautbois dans les Appartemens , & de danfer dans trois
differentes Salles. Pendant que
durale Bal on fervit à la Com-
178 MERCURE
€
pagnie des rafraîchiffemens
des baffins d'oranges , avec des
confitures féches ; & fur les
deux heures du matin on fut
furpris agreablement quand
on paffa dans un grand Salon
où il y avoit un Media noche ,
des mieux entendus. Le Balrecommença vers les trois heures pour danfer les contredanfes & dura jufqu'au jour. Tous
ceux qui furent témoins de
cette Fefte , retournerent trescontens de la maniere avec laquelle elle avoit efté executée ,
& de l'ordre qui y fut obfervé; on n'attendoit rien moins
GALANT 179
d'un Officier qui eft dans un
pofte auffi brillant & auffi ho
norable. Ceux qui connoiffent
Mr de Fleurance eftoient bien
perfuadez qu'il ne manqueroit
en rien pour fe diftinguer entre tous ceux qui ont donné
des marques de leur joye pour
des évenemens fi heureux ; &
fi la Provincé le doit ceder en
magnificence & en profufion
à la Capitale du Royaume, elle
a du moins l'avantage de pou
voir dire qu'il s'y trouve des
fujets très-zelez pour la prof
perité de l'Etat & pour la grandeur de la Maiſon Royale.
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Résumé : Feste galante faite à Chasteau Gontier pour la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
À Château-Gontier, en Anjou, une fête fut organisée pour célébrer la naissance du Duc d'Anjou. À l'annonce de cette nouvelle, Monsieur de Fleurance, écuyer de Madame la Duchesse de Bourgogne, décida de manifester sa joie par des réjouissances publiques. Le 2 du mois, une fête considérée comme l'une des plus élégantes et bien organisées de la province eut lieu. Elle débuta par une décharge de canons à 14 heures, suivie par une assemblée de la bourgeoisie armée sur la grande place à 15 heures. Cette bourgeoisie, composée de jeunes gens bien vêtus et ornés de rubans, se rendit au bûcher préparé sur la place pour y mettre le feu. Monsieur de Fleurance invita des dames à allumer le feu, choisissant des filles de principaux officiers et de gentilshommes pour éviter toute division. Des invités distingués, comme le Comte de Brizay et Monsieur de Flechecourt, participèrent également à la fête. Après l'allumage du bûcher, des salves de mousqueterie et un feu d'artifice furent tirés. La soirée se poursuivit avec des jeux, un souper, et un bal qui dura jusqu'au matin. Les pauvres ne furent pas oubliés, recevant des repas et des boissons. La maison de Monsieur de Fleurance fut illuminée, et des inscriptions latines furent exposées. La fête se termina par un bal qui dura jusqu'au jour, laissant tous les participants très satisfaits de son organisation et de son ordre.
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1969
p. 180-186
SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. SONNET. / SONNET. / SONNET.
Début :
Je crois ne pouvoir mieux placer qu'aprés cette Feste, les / O Lys, dont la gloire est si pure, / De vostre Bras vengeur nous ressentons le pois. / Dieu, qui pendant que des oiseaux [...]
Mots clefs :
Naissance du duc d'Anjou, Sonnet, Dieux, Lys
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. SONNET. / SONNET. / SONNET.
Je crois ne pouvoir mieux
placer qu'aprés cette Fefte , les
trois Sonnets que vous allez
lire. Ils ont efté faits par Mr
de Meffange , dont les Ouvrages ont toûjours eu le bonheur de vousplaire, & en ayant
fait un chaque jour pendant
trois jours , il les a prefentez à
Monſeigneur le Duc de Bourgogne , à mesure qu'il les a
compofez.
GALANT 81
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
SONNET.
OLys , dont lagloire eftfi pure,
Aftreterreftre & dondes Cieux
Trefor fi cher à la nature ,
Et fi brillant à tous les yeux.
Quoy, dans une Saifonfidure
Vous renaiffez figracieux ;
Et d'une fi riche parure.
Vous venez embellir ces lieux!
182 MERCURE
Tiges toûjours incomparables
Quelsferont vos effets aimables
Dansuntemps moins rempli d'hor
reurs
Si durant celuy de l'orage ,
Nos heureuxChamps ont l'avantage
De voir multiplier vosfleurs?
SUR LE MESME SUJET.
SONNET.
De voftre Bras vengeur nous reffentons lepois,
GrandDieu vousnousfrappez de
fleauxlegitimes ;
GALANT 183
Tout ce que nous donnoient vos
bontez magnanimes ,
S'est trouvé de nos mains enlevé
par vos loix.
Apeine vos rigueurs nous ontlaifSela voix!
Mais loin d'envisager les excés
de nos crimes ,
Détournez vos regardsfurles vertusfublimes
Que pratique à vosyeux le plus
fage des Rois.
Ha , Seigneur , vous daignez
exaucer ma priere :
Je voi parfon bonheurfinir noſtre
mifere :
184 MERCURE
Votrecœurappaife donne un Prin
ce à nos Lys:
Defon Berceaunaîtrala Paix &
l'Abondance ;
Et par luy vous rendrez plus de
biens à la France ,
Que nos triftesforfaits ne nous en
ontravis.
SUR LE MESME SUJET.
SONNET.
Dieu , qui pendant que des * oifeaux
* Les Alcyons,
GALATN 185
Eléventfur le fein des ondes inconftantes
Leurs tendresfamilles flottantes ,
Deffendez que les vents ne combattent les eaux ;
生
Daignez prendre des foins fi
beaux
Pour des Divinitezfur la terre
naißantes ,
Quifont vos images vivantes ;
Etne refufez pas le calme à leurs
Berceaux.
Vous leur devez voftre affiftance ;
Mars 1710. e
.186 MERCURE
De l'Aîné de l'Eglife ils tirent
leur naiſſance :
Contre eux& contre luy l'Erreur
lancefes traits.
Tranquilifez leur destinée ;
Etdonnez unefois les douceurs de
la Paix
Aceluy qui pour vous l'a tant
defoisdonnée.
placer qu'aprés cette Fefte , les
trois Sonnets que vous allez
lire. Ils ont efté faits par Mr
de Meffange , dont les Ouvrages ont toûjours eu le bonheur de vousplaire, & en ayant
fait un chaque jour pendant
trois jours , il les a prefentez à
Monſeigneur le Duc de Bourgogne , à mesure qu'il les a
compofez.
GALANT 81
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
SONNET.
OLys , dont lagloire eftfi pure,
Aftreterreftre & dondes Cieux
Trefor fi cher à la nature ,
Et fi brillant à tous les yeux.
Quoy, dans une Saifonfidure
Vous renaiffez figracieux ;
Et d'une fi riche parure.
Vous venez embellir ces lieux!
182 MERCURE
Tiges toûjours incomparables
Quelsferont vos effets aimables
Dansuntemps moins rempli d'hor
reurs
Si durant celuy de l'orage ,
Nos heureuxChamps ont l'avantage
De voir multiplier vosfleurs?
SUR LE MESME SUJET.
SONNET.
De voftre Bras vengeur nous reffentons lepois,
GrandDieu vousnousfrappez de
fleauxlegitimes ;
GALANT 183
Tout ce que nous donnoient vos
bontez magnanimes ,
S'est trouvé de nos mains enlevé
par vos loix.
Apeine vos rigueurs nous ontlaifSela voix!
Mais loin d'envisager les excés
de nos crimes ,
Détournez vos regardsfurles vertusfublimes
Que pratique à vosyeux le plus
fage des Rois.
Ha , Seigneur , vous daignez
exaucer ma priere :
Je voi parfon bonheurfinir noſtre
mifere :
184 MERCURE
Votrecœurappaife donne un Prin
ce à nos Lys:
Defon Berceaunaîtrala Paix &
l'Abondance ;
Et par luy vous rendrez plus de
biens à la France ,
Que nos triftesforfaits ne nous en
ontravis.
SUR LE MESME SUJET.
SONNET.
Dieu , qui pendant que des * oifeaux
* Les Alcyons,
GALATN 185
Eléventfur le fein des ondes inconftantes
Leurs tendresfamilles flottantes ,
Deffendez que les vents ne combattent les eaux ;
生
Daignez prendre des foins fi
beaux
Pour des Divinitezfur la terre
naißantes ,
Quifont vos images vivantes ;
Etne refufez pas le calme à leurs
Berceaux.
Vous leur devez voftre affiftance ;
Mars 1710. e
.186 MERCURE
De l'Aîné de l'Eglife ils tirent
leur naiſſance :
Contre eux& contre luy l'Erreur
lancefes traits.
Tranquilifez leur destinée ;
Etdonnez unefois les douceurs de
la Paix
Aceluy qui pour vous l'a tant
defoisdonnée.
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Résumé : SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. SONNET. / SONNET. / SONNET.
Le texte présente trois sonnets composés par Monsieur de Meffange, dédiés au Duc de Bourgogne et célébrant la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou. Le premier sonnet exalte la pureté et la gloire du nouveau-né, comparant sa venue à une saison florissante après des troubles. Le deuxième sonnet est une prière à Dieu pour qu'Il se détourne des crimes des hommes et se tourne vers les vertus du roi, espérant que le nouveau prince apportera la paix et l'abondance à la France. Le troisième sonnet demande à Dieu de protéger le nouveau-né, comme Il protège les oiseaux Alcyons et leurs familles, et de lui accorder la paix et la tranquillité. Ces poèmes expriment des vœux de prospérité et de paix pour la France grâce à la naissance du nouveau prince.
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1970
p. 186-189
« Je vous envoye des Devises qui ont été faites par Mr de / Un autre Duc d'Anjou naissant avec l'Aurore [...] »
Début :
Je vous envoye des Devises qui ont été faites par Mr de / Un autre Duc d'Anjou naissant avec l'Aurore [...]
Mots clefs :
Naissance du duc d'Anjou, Devises, Empire français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je vous envoye des Devises qui ont été faites par Mr de / Un autre Duc d'Anjou naissant avec l'Aurore [...] »
Jevous envoye des Devifes
qui ont efté faites par Mr de
Sarron , furla naiffance du même Prince.
GALANT 187
CUM AURORA NASCENS ALTER DUX ANDEGAVENSIS
MATRE PARI AURÆ , SYDERIS INSTAR ERIT.
Un autre Duc d'Anjou naiffant
avecl'Aurore
D'une Mere qui n'apas moins d'éclat ,
Commeun Aftre éminent doit briller dans l'Etat ,
Et l'on verra bientoft fes beaux
rayons éclorre.
HÆCNOVAPROGENIES FLAMMA CELEBRATA TONANTE ,
Qij
188 MERCURE
FULMINE AVI GALLUM PROTEGET IMPERIUM.
Les Feux &les Canons annoncent la naiffance ,
D'un grand & nouveau Prince
ifu du SangRoyal.
Lançant la foudre un jour d'un
Ageul fans égal,
De l'Empire François il fera la
diffenfe.
TERTIUS EST NATUS QUEM
EDIT BURGUNDICA PRINCEPS
DELPHINUM ÆQUAVIT TŘES
PARIENDO DUCES
GALANT 189
Par ce troifiéme Fils une Auguffe
Ducheffe
Egale la Dauphine en fon enfantement,
Mêmefecondité de leur Hymen
charmant >
Defix Ducs , il en eft trois de chaque Princeffe.
qui ont efté faites par Mr de
Sarron , furla naiffance du même Prince.
GALANT 187
CUM AURORA NASCENS ALTER DUX ANDEGAVENSIS
MATRE PARI AURÆ , SYDERIS INSTAR ERIT.
Un autre Duc d'Anjou naiffant
avecl'Aurore
D'une Mere qui n'apas moins d'éclat ,
Commeun Aftre éminent doit briller dans l'Etat ,
Et l'on verra bientoft fes beaux
rayons éclorre.
HÆCNOVAPROGENIES FLAMMA CELEBRATA TONANTE ,
Qij
188 MERCURE
FULMINE AVI GALLUM PROTEGET IMPERIUM.
Les Feux &les Canons annoncent la naiffance ,
D'un grand & nouveau Prince
ifu du SangRoyal.
Lançant la foudre un jour d'un
Ageul fans égal,
De l'Empire François il fera la
diffenfe.
TERTIUS EST NATUS QUEM
EDIT BURGUNDICA PRINCEPS
DELPHINUM ÆQUAVIT TŘES
PARIENDO DUCES
GALANT 189
Par ce troifiéme Fils une Auguffe
Ducheffe
Egale la Dauphine en fon enfantement,
Mêmefecondité de leur Hymen
charmant >
Defix Ducs , il en eft trois de chaque Princeffe.
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Résumé : « Je vous envoye des Devises qui ont été faites par Mr de / Un autre Duc d'Anjou naissant avec l'Aurore [...] »
Le document célèbre la naissance d'un prince avec trois devises. La première annonce un duc d'Anjou né à l'aube, prédisant son éclat dans l'État. La deuxième décrit la naissance d'un grand prince royal, marquée par des feux et des canons. La troisième mentionne le troisième fils d'une princesse de Bourgogne, égalant la Dauphine en fécondité.
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1971
p. 189-192
Mariage, [titre d'après la table]
Début :
Le Carnaval a fini par un grand mariage dont la Ceremonie [...]
Mots clefs :
Mariage, Duc de Louvigny, Mlle d'Humières
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariage, [titre d'après la table]
Le Carnaval a fini par un
grand mariage dont la Cere
monie a efté faite à Conflans
dans la Maifon de Monfieur
l'Archevefque , où Mr le Duc
de Louvigny a époufé Mlle
d'Humieres. Mr le Duc de
Louvigny eft fils de Mr le Duc
ار
190 MERCURE
de Guiche , & de N... de Noail
les ,fille aînée de feu Mr le Maréchal de ce nom , & niéce de
Monfieur le Cardinal de Noailles. Mr le Duc de Guiche eft fils
de Mr le Duc de Gramont &
deMarie-Charlotte de Caftelnau , fille du feu Maréchal de
Caftelnau. Mr le Duc de Gramont eft fils du feu Maréchal
de Gramont , qui eftoit fils
d'une fille du Maréchal de Ro
quelaure , fœur du dernier Duc
de Roquelaure , dont une autre fœur fut mere de Mr le
Duc de Noailles , pere de feu
Mr le Maréchal de Noail-
GALANT 191
les , de Son Eminence , & de
Mr le grand Bailly de Noail
les Ambaffadeur de Malte,
Mlle d'Humieres eft fille de
Mrle Duc d'Humieres , fils du
fecond lit de feu Mr le Duc
d'Aumont, & MⓇfa mere fille
aînée de feuë M° la Maréchale
de la Motte , & fœur de Mes
les Ducheffes de Ventadour &
& de la Ferté. Mla Ducheffe
d'Humieres eft fille de feu M
le Maréchal d'Humieres & de
Mla Maréchale d'Humieres ,
de la Maiſon de la Chaftre
Dame d'un grand merite &
d'une vertu édifiante. Me la
192 MERCURE
Princeffe d'Ifenghyen , & M
la Marquife de Surville ,font
fours & aînées de MⓇ° la Ducheffe d'Humieres , qui parfon
Mariage a donné ce Duché à
Mr le Duc d'Humieres , frere
de pere de M' le Duc d'Aumont fils d'une fille de feu M'
le Chancelier le Tellier , &
fœur de Mr de Louvois & de
Mrl'Archevêque de Reims.
Ces jeunes Epoux ont tout
l'efprit que l'on peut avoir à
leur âge , & il eſt ſurprenant
de voir le grand pere, le pere ,
& le petit- fils , Ducs en même
temps.
grand mariage dont la Cere
monie a efté faite à Conflans
dans la Maifon de Monfieur
l'Archevefque , où Mr le Duc
de Louvigny a époufé Mlle
d'Humieres. Mr le Duc de
Louvigny eft fils de Mr le Duc
ار
190 MERCURE
de Guiche , & de N... de Noail
les ,fille aînée de feu Mr le Maréchal de ce nom , & niéce de
Monfieur le Cardinal de Noailles. Mr le Duc de Guiche eft fils
de Mr le Duc de Gramont &
deMarie-Charlotte de Caftelnau , fille du feu Maréchal de
Caftelnau. Mr le Duc de Gramont eft fils du feu Maréchal
de Gramont , qui eftoit fils
d'une fille du Maréchal de Ro
quelaure , fœur du dernier Duc
de Roquelaure , dont une autre fœur fut mere de Mr le
Duc de Noailles , pere de feu
Mr le Maréchal de Noail-
GALANT 191
les , de Son Eminence , & de
Mr le grand Bailly de Noail
les Ambaffadeur de Malte,
Mlle d'Humieres eft fille de
Mrle Duc d'Humieres , fils du
fecond lit de feu Mr le Duc
d'Aumont, & MⓇfa mere fille
aînée de feuë M° la Maréchale
de la Motte , & fœur de Mes
les Ducheffes de Ventadour &
& de la Ferté. Mla Ducheffe
d'Humieres eft fille de feu M
le Maréchal d'Humieres & de
Mla Maréchale d'Humieres ,
de la Maiſon de la Chaftre
Dame d'un grand merite &
d'une vertu édifiante. Me la
192 MERCURE
Princeffe d'Ifenghyen , & M
la Marquife de Surville ,font
fours & aînées de MⓇ° la Ducheffe d'Humieres , qui parfon
Mariage a donné ce Duché à
Mr le Duc d'Humieres , frere
de pere de M' le Duc d'Aumont fils d'une fille de feu M'
le Chancelier le Tellier , &
fœur de Mr de Louvois & de
Mrl'Archevêque de Reims.
Ces jeunes Epoux ont tout
l'efprit que l'on peut avoir à
leur âge , & il eſt ſurprenant
de voir le grand pere, le pere ,
& le petit- fils , Ducs en même
temps.
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Résumé : Mariage, [titre d'après la table]
Le texte décrit un grand mariage qui a marqué la fin du Carnaval à Conflans, dans la maison de Monseigneur l'Archevêque. Monsieur le Duc de Louvigny a épousé Mademoiselle d'Humières. Monsieur le Duc de Louvigny est le fils de Monsieur le Duc de Guiche et de N... de Noailles, fille aînée du feu Maréchal de Noailles et nièce du Cardinal de Noailles. Monsieur le Duc de Guiche est le fils de Monsieur le Duc de Gramont et de Marie-Charlotte de Castelnau, fille du feu Maréchal de Castelnau. Monsieur le Duc de Gramont est le fils du feu Maréchal de Gramont, qui était le fils d'une fille du Maréchal de Roquelaure, sœur du dernier Duc de Roquelaure. Mademoiselle d'Humières est la fille de Monsieur le Duc d'Humières, fils du second lit du feu Duc d'Aumont. Sa mère est la fille aînée de la feu Maréchale de la Motte et sœur des Duchesses de Ventadour et de la Ferté. Les jeunes époux sont décrits comme ayant beaucoup d'esprit pour leur âge. Il est notable que le grand-père, le père et le petit-fils sont tous Ducs en même temps.
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1972
p. 193-200
EPITHALAME.
Début :
Voicy une Epithalame faite à l'occasion de ce mariage, par / On dit que de l'Amour l'Hymen est le tombeau [...]
Mots clefs :
Hymen, Amour, Noms, Empire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITHALAME.
Voicy une Epithalame faite
à l'occafion de ce mariage , par
le même Mr de Meffange , qui
a fait les trois Sonnets fur la
Naiffance de Monſeigneur le
Duc d'Anjou.
EPITHALAME.
On dit que de l'Amour l'Hymen
eft le tombeau
Que la premiere nuit en éteint le
flambeau;
Mais ces aimables lieux font témoins du contraire
Etpar les nœuds nouveaux qu'-
Hymeny vient defaire
Mars 1710. R
194 MERCURE
On voit qu'ayant formé des Amours le plus beau
Loin d'eftre fon fepulcre , il en eft
le berceau.
?
Apeine eft-ilproduit cet Amour
plein de charmes
Qu'ilforce une Beautéde luyrendre les armes.
I
Il n'eft pourfes defirs ni dédains ni
rigueurs;
Il est né triomphant ; fes attraits
font vainqueurs.
Enfantépourla joye & non pour
la trift ffe
Ilfe trouve en naiffantMaîtrede
faMaîtreffe,
GALANT 195
Qui regnantfurfon cœur comme
Luyfur lefien
Partage entre-elle & luy fous un
commun lien
Dans de fi doux tranſports qu'on
nepeut les décrire
Et le fceptre le joug d'un mutuel Empire.
Amour dont les deffeins avouez
de Themis
Et louezdes mortels ont les Dieux
* pour amis
Vous valez beaucoup mieux que.
celuy que nous donne
Contre leursfaintes loix lafille de
Dione,
Rij
96 MERCURE
Qui n'offrant à nos yeux qu'at—
traits voluptez of th
N'aa pour nos cœurs feduits qu'ou
gidari
Ennuis , chagrins , langueurs , depits ,foupçons , allarmes,
Trahifons, defefpoirs , &longs tordelarmes.
trages , cruautez ,
rens T
L'Amourde qui l'Hymen afair
naiſtre lesfeux s
Eftfage , pacifique , égal & genereux :
TOTN
Songrandcœur eft rempli defentimensfideles WUNGA
Les Nymphes ennaiffant luy cou
perent les aîles
Etp ur luy laifferfaire un choix
d lic eux
GALANT 197
Neluy mirentjamais de bandeau
fur les yeuxoryGISTE
Le Ciel armafonbras d'un Arcinalterable -299077
Rendantpour s'en fervirfonbras
infatigable tool, siq
Samainporte unflambeau capable
d'enflamer
Mais non pas d'éblouir le cœur
qu'ilfait aimerame
Son Carquoisfoutenu des mains de
la fortune
Entre cent fléches d'or , de plomb
n'en a pas une.
Les Ris & les Plaiſirs folâtrent
furfes pas
Les Graces l'ont orné de leurs plus
R iij
198 MERCURE
1
doux
appas :
Sans ceffe autour de luy volent les
complaifances ,
40
Les jeux , les tendresfoins & les
réjouiffances.
Hymen,charmant Hymen, daigne
pourton honneur 21
Conferver un Amour qui te fait
tant d'honneur. H
Feunesse en qui nature a mis fes
dons aimables
Nerecevezjamais que des amours
femblables.
Ils font rares , ce Dieu n'en forme
pas toujours :
Tâchez d'en obtenirpour avoirde
beauxjours.
GALANTTHE
Heureux qui peut trouvékán
22 fes illuftres Peres..
Des Noms tels
ral *
1893*
que Gramont
Noailles d'Humieres ,
Des Nomsque la vertufçait immortalifer,
Des Noms à qui le Ciel ne peut
FID rien refuſer!
Heureuxqui de Chriftine éprouvant la tendreffe
Apú de fes leçons concevoir la richeffe ,
**
Et desfoibles mortels connoiffant
soles befoins
Faire unfage profit defes habiles
foins
Heureufe quipourra de cette amefi
belle Riiij
200 MERCURE
Avoirl'ame pourguide & le cœur
pour modeles seandi a¶
Mais laiffons ces difcours pour
une autrefaifon, M.
On aura tout le temps d'écouter
leur raifon:
Auffibien dévouez àdeplus doux
myfteres,
Aujourd'huy nos Amans ont bien
d'autres affaires,p
à l'occafion de ce mariage , par
le même Mr de Meffange , qui
a fait les trois Sonnets fur la
Naiffance de Monſeigneur le
Duc d'Anjou.
EPITHALAME.
On dit que de l'Amour l'Hymen
eft le tombeau
Que la premiere nuit en éteint le
flambeau;
Mais ces aimables lieux font témoins du contraire
Etpar les nœuds nouveaux qu'-
Hymeny vient defaire
Mars 1710. R
194 MERCURE
On voit qu'ayant formé des Amours le plus beau
Loin d'eftre fon fepulcre , il en eft
le berceau.
?
Apeine eft-ilproduit cet Amour
plein de charmes
Qu'ilforce une Beautéde luyrendre les armes.
I
Il n'eft pourfes defirs ni dédains ni
rigueurs;
Il est né triomphant ; fes attraits
font vainqueurs.
Enfantépourla joye & non pour
la trift ffe
Ilfe trouve en naiffantMaîtrede
faMaîtreffe,
GALANT 195
Qui regnantfurfon cœur comme
Luyfur lefien
Partage entre-elle & luy fous un
commun lien
Dans de fi doux tranſports qu'on
nepeut les décrire
Et le fceptre le joug d'un mutuel Empire.
Amour dont les deffeins avouez
de Themis
Et louezdes mortels ont les Dieux
* pour amis
Vous valez beaucoup mieux que.
celuy que nous donne
Contre leursfaintes loix lafille de
Dione,
Rij
96 MERCURE
Qui n'offrant à nos yeux qu'at—
traits voluptez of th
N'aa pour nos cœurs feduits qu'ou
gidari
Ennuis , chagrins , langueurs , depits ,foupçons , allarmes,
Trahifons, defefpoirs , &longs tordelarmes.
trages , cruautez ,
rens T
L'Amourde qui l'Hymen afair
naiſtre lesfeux s
Eftfage , pacifique , égal & genereux :
TOTN
Songrandcœur eft rempli defentimensfideles WUNGA
Les Nymphes ennaiffant luy cou
perent les aîles
Etp ur luy laifferfaire un choix
d lic eux
GALANT 197
Neluy mirentjamais de bandeau
fur les yeuxoryGISTE
Le Ciel armafonbras d'un Arcinalterable -299077
Rendantpour s'en fervirfonbras
infatigable tool, siq
Samainporte unflambeau capable
d'enflamer
Mais non pas d'éblouir le cœur
qu'ilfait aimerame
Son Carquoisfoutenu des mains de
la fortune
Entre cent fléches d'or , de plomb
n'en a pas une.
Les Ris & les Plaiſirs folâtrent
furfes pas
Les Graces l'ont orné de leurs plus
R iij
198 MERCURE
1
doux
appas :
Sans ceffe autour de luy volent les
complaifances ,
40
Les jeux , les tendresfoins & les
réjouiffances.
Hymen,charmant Hymen, daigne
pourton honneur 21
Conferver un Amour qui te fait
tant d'honneur. H
Feunesse en qui nature a mis fes
dons aimables
Nerecevezjamais que des amours
femblables.
Ils font rares , ce Dieu n'en forme
pas toujours :
Tâchez d'en obtenirpour avoirde
beauxjours.
GALANTTHE
Heureux qui peut trouvékán
22 fes illuftres Peres..
Des Noms tels
ral *
1893*
que Gramont
Noailles d'Humieres ,
Des Nomsque la vertufçait immortalifer,
Des Noms à qui le Ciel ne peut
FID rien refuſer!
Heureuxqui de Chriftine éprouvant la tendreffe
Apú de fes leçons concevoir la richeffe ,
**
Et desfoibles mortels connoiffant
soles befoins
Faire unfage profit defes habiles
foins
Heureufe quipourra de cette amefi
belle Riiij
200 MERCURE
Avoirl'ame pourguide & le cœur
pour modeles seandi a¶
Mais laiffons ces difcours pour
une autrefaifon, M.
On aura tout le temps d'écouter
leur raifon:
Auffibien dévouez àdeplus doux
myfteres,
Aujourd'huy nos Amans ont bien
d'autres affaires,p
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Résumé : EPITHALAME.
Le texte est un épithalame, un poème célébrant un mariage, écrit par Monsieur de Meffange en mars 1710. L'auteur réfute l'idée que le mariage éteint l'amour, affirmant que l'amour naît et triomphe dans le mariage. Il décrit un amour triomphant, plein de charmes, qui force une beauté à rendre les armes. Cet amour est né sans désirs, dédains ou rigueurs, et partage un lien mutuel entre les époux. L'épithalame oppose cet amour à celui de la déesse Vénus, qui apporte ennui, chagrins et soupçons. L'amour du mariage est sage, pacifique, égal et généreux, rempli de sentiments fidèles. Les Nymphes, en naissant, lui coupent les ailes pour lui permettre de faire un choix libre. Le Ciel arme ses bras d'un arc inaltérable, capable d'enflammer mais non d'éblouir le cœur. L'amour est entouré de rires, de plaisirs, de grâces et de complaisances. L'auteur souhaite que les jeunes mariés conservent cet amour et soient heureux comme leurs illustres pères, tels que Gramont, Noailles et Humieres. Il espère que les mariés suivront les leçons de Christine et feront un sage usage de leurs âmes et cœurs. Enfin, il conclut en se consacrant aux affaires des amants.
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1973
p. 200-201
AIR NOUVEAU.
Début :
Comme la joye convient aux mariages, & les chansons à la / Plus le Char du Soleil s'empresse [...]
Mots clefs :
Soleil, Guerrier, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Commela joye convient aux
mariages , & les chanſons à la
joye, j'ay crû devoir placer icy
l'Air fuivant. suoxid
AIR NOUVEAU. vuol
Plus le Char du Soleil s'em
prefe
GALANT 201
Aremonterfur l'horifon
Plus il avance une Saifon
Qui force tourGuerrier à laifferfa
Maiftreffe
Et for Cellier à l'abandon.
La Gloire n'est qu'une manie
Qu'on n'avoitpas aufiecle d'or,
Vivons l'âge du bon Neftor
Lamort la plus illuftre fut l'inftgne folie
¿D'un $
Guerrier qui vivroitencor.
Ces paroles font de M' d'Aubicourt dont vous admirez
fouvent l'efprit galant & enjoué ; & l'Air de M de Villeneuve.
mariages , & les chanſons à la
joye, j'ay crû devoir placer icy
l'Air fuivant. suoxid
AIR NOUVEAU. vuol
Plus le Char du Soleil s'em
prefe
GALANT 201
Aremonterfur l'horifon
Plus il avance une Saifon
Qui force tourGuerrier à laifferfa
Maiftreffe
Et for Cellier à l'abandon.
La Gloire n'est qu'une manie
Qu'on n'avoitpas aufiecle d'or,
Vivons l'âge du bon Neftor
Lamort la plus illuftre fut l'inftgne folie
¿D'un $
Guerrier qui vivroitencor.
Ces paroles font de M' d'Aubicourt dont vous admirez
fouvent l'efprit galant & enjoué ; & l'Air de M de Villeneuve.
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Résumé : AIR NOUVEAU.
Le poème 'AIR NOUVEAU' compare l'ascension du soleil à la progression de la vie. Il critique la quête de gloire, qualifiée de 'manie' sans valeur, et prône une vie simple et paisible. Le texte met en garde contre la folie de chercher la mort pour la gloire. Les paroles sont de M. d'Aubicourt, la musique de M. de Villeneuve.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1974
p. 202-207
Article du Testament de Mr l'Archevêque de Reims, par lequel il donne sa Bibliothque à l'Abbaye de Sainte Geneviève, [titre d'après la table]
Début :
Je passe à un Article bien different de ceux que vous venez [...]
Mots clefs :
Testament, Donner, Bibliothèque, Abbaye de Sainte Geneviève
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article du Testament de Mr l'Archevêque de Reims, par lequel il donne sa Bibliothque à l'Abbaye de Sainte Geneviève, [titre d'après la table]
Je paffe à un Article bien
different de ceux que vous ve
nez de lire. Je vous ay dit le
mois paffé que feu Mr l'Archevêque de Reims avoit laiffé fa
belle & nombreuſe Bibliotheque à l'Abbaye de Sainte Geneviève ; voicy à cet égard l'ar
ticle de fon Teftament olo
graphe , datté de Paris du s.
Novembre 1709. par lequel
il difpofe de ce riche depoft.
Mapremiere intention eftoit de
donner à mon neveu l'Abbé de
Louvois ma Bibliotheque , mais
reflexion faite j'ay cru qu'elle luy
GALANT 203
feroit inutile & même à charge à
caufe de l'honneur qu'il a d'estre
Bibliothecaire du Royce Recueil
de Livres eft grand & tres- curieux je l'ay fait avec beaucoup
de dépenfe e de plaifir , car je
n'aypas ceffé d'en acheterpendant
prés de cinquante ans ; ce feroit
grand dommage que ces Livres
fuffentdiffipez , comme il eft indu
bitable qu'ils le feroient aprés ma
mort , c'est ce qui m'aperfuadéque
je les devois donner à une Communauté capable de s'en ferair,
& d'en aider le public & de les
bien conferver.
~ Fe les donne donc je les legue
204 MERCURE
à la Maifon des Religieux de
l'Abbaye de Sainte Genevieve au
Mont de cette Ville , Chanoines
Reguliers de Saint Auguſtin dela
Congregation de France; j'eflime
cette Congregation autant qu'elle
merite de l'eſtre , &je ſuis bien
aife de luy donner cette marque de
l'amitiéque j'aypour elle & pour
le Pere Polinier prefentement fon
tres- digne General ; je prie ledit
Pere Polinier & le Pere de Ribe
folles actuellement Prieur de ladite
Abbaye de Sainte Genevieve , ou
ceux qui leurfuccederont dans ces
Emplois , de faire mettre immediatement aprés mon decés , tous les
GALANY 205
Livres de madite Bibliothèque
tous enfemble dans lafeconde partie de leur Bibliotheque dont toutes les tablettes & la menuifierie
ont eftéfaitesparles foins du Pere
Polinierdans le dernier Triennal,
pendant lequel il a efté Prieur de
ladite Abbaye.
Je prie celuy qui fera Abbé
lors de mon decés de faire prier
Dieu dans toute la Congregation
pour le repos de mon ame.
Je donne le Bufte de marbre de
feu Monfieur le Chancelier mon
pere, avecfonfcabellon aufdits Religieux de Sainte Genevieve pour
eftre par eux placé dans le même
206 MERCUR
lieu où je viens de dire queje defire
que tous mes Livresfoient mis.
Sellwal
Les Chanoines Reguliers
furent informez du beau pres
fent que leur faifoit Monfieur
l'Archevêque de Reims , pref
que en même temps qu'ils apa
prirent fa mort; auffi toftl'Ab.
bé & Superieur General , pour
marquer fa reconnoiffance envoya des Billets imprimez par
routes les Maifons de fa Congregation , avec ordre de faire
des Services pour le repos de
l'ame du deffunt.
Il en fit faire un tres-folemb
GALANT 207
nel dans l'Eglife de fon Abbaïc
le Mardy 18. Mars toute la
famille & les perfonnes les
plus confiderables de la Cour
& de la Ville , & toute l'Affemblée du Clergé y avoient
efté invitez , les Chanoines
Reguliers chanterent la veille
auMoir tout le grand Office
des Morts , & le lendemain
l'Abbé celebra Pontificale
ment la Meffe.
different de ceux que vous ve
nez de lire. Je vous ay dit le
mois paffé que feu Mr l'Archevêque de Reims avoit laiffé fa
belle & nombreuſe Bibliotheque à l'Abbaye de Sainte Geneviève ; voicy à cet égard l'ar
ticle de fon Teftament olo
graphe , datté de Paris du s.
Novembre 1709. par lequel
il difpofe de ce riche depoft.
Mapremiere intention eftoit de
donner à mon neveu l'Abbé de
Louvois ma Bibliotheque , mais
reflexion faite j'ay cru qu'elle luy
GALANT 203
feroit inutile & même à charge à
caufe de l'honneur qu'il a d'estre
Bibliothecaire du Royce Recueil
de Livres eft grand & tres- curieux je l'ay fait avec beaucoup
de dépenfe e de plaifir , car je
n'aypas ceffé d'en acheterpendant
prés de cinquante ans ; ce feroit
grand dommage que ces Livres
fuffentdiffipez , comme il eft indu
bitable qu'ils le feroient aprés ma
mort , c'est ce qui m'aperfuadéque
je les devois donner à une Communauté capable de s'en ferair,
& d'en aider le public & de les
bien conferver.
~ Fe les donne donc je les legue
204 MERCURE
à la Maifon des Religieux de
l'Abbaye de Sainte Genevieve au
Mont de cette Ville , Chanoines
Reguliers de Saint Auguſtin dela
Congregation de France; j'eflime
cette Congregation autant qu'elle
merite de l'eſtre , &je ſuis bien
aife de luy donner cette marque de
l'amitiéque j'aypour elle & pour
le Pere Polinier prefentement fon
tres- digne General ; je prie ledit
Pere Polinier & le Pere de Ribe
folles actuellement Prieur de ladite
Abbaye de Sainte Genevieve , ou
ceux qui leurfuccederont dans ces
Emplois , de faire mettre immediatement aprés mon decés , tous les
GALANY 205
Livres de madite Bibliothèque
tous enfemble dans lafeconde partie de leur Bibliotheque dont toutes les tablettes & la menuifierie
ont eftéfaitesparles foins du Pere
Polinierdans le dernier Triennal,
pendant lequel il a efté Prieur de
ladite Abbaye.
Je prie celuy qui fera Abbé
lors de mon decés de faire prier
Dieu dans toute la Congregation
pour le repos de mon ame.
Je donne le Bufte de marbre de
feu Monfieur le Chancelier mon
pere, avecfonfcabellon aufdits Religieux de Sainte Genevieve pour
eftre par eux placé dans le même
206 MERCUR
lieu où je viens de dire queje defire
que tous mes Livresfoient mis.
Sellwal
Les Chanoines Reguliers
furent informez du beau pres
fent que leur faifoit Monfieur
l'Archevêque de Reims , pref
que en même temps qu'ils apa
prirent fa mort; auffi toftl'Ab.
bé & Superieur General , pour
marquer fa reconnoiffance envoya des Billets imprimez par
routes les Maifons de fa Congregation , avec ordre de faire
des Services pour le repos de
l'ame du deffunt.
Il en fit faire un tres-folemb
GALANT 207
nel dans l'Eglife de fon Abbaïc
le Mardy 18. Mars toute la
famille & les perfonnes les
plus confiderables de la Cour
& de la Ville , & toute l'Affemblée du Clergé y avoient
efté invitez , les Chanoines
Reguliers chanterent la veille
auMoir tout le grand Office
des Morts , & le lendemain
l'Abbé celebra Pontificale
ment la Meffe.
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Résumé : Article du Testament de Mr l'Archevêque de Reims, par lequel il donne sa Bibliothque à l'Abbaye de Sainte Geneviève, [titre d'après la table]
Le texte relate le legs de la bibliothèque de l'archevêque de Reims à l'abbaye de Sainte-Geneviève. Dans son testament du 1er novembre 1709, l'archevêque avait initialement prévu de donner sa bibliothèque à son neveu, l'abbé de Louvois. Cependant, il changea d'avis, estimant que cette donation serait inutile et à charge pour son neveu en raison de ses fonctions de bibliothécaire du roi. La bibliothèque, constituée avec soin et dépense sur près de cinquante ans, était jugée trop précieuse pour être dispersée après sa mort. L'archevêque décida donc de la léguer à la communauté des religieux de l'abbaye de Sainte-Geneviève, qu'il estimait capable de bien conserver et utiliser ces livres. Il demanda que les livres soient placés dans la seconde partie de la bibliothèque de l'abbaye, récemment rénovée par le père Polinier. L'archevêque fit également don d'un buste de marbre de son père aux religieux. Après la mort de l'archevêque, les Chanoines Reguliers organisèrent des services religieux en sa mémoire, y compris une messe solennelle le 18 mars, à laquelle assistèrent des personnalités de la cour et de la ville.
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1975
p. 207-214
Cloche baptisée à Rennes, & tenuë par Mr le Maréchal de Chasteau-renault, & par Me de Brillac, premiere presidente du Parlement, [titre d'après la table]
Début :
Je passe d'une Ceremonie qui se vient de faire à Paris, à [...]
Mots clefs :
Église des grands Carmes de Renne, Cloche, Baptême, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Cloche baptisée à Rennes, & tenuë par Mr le Maréchal de Chasteau-renault, & par Me de Brillac, premiere presidente du Parlement, [titre d'après la table]
Je paffe d'une Ceremonie
qui fe vient de faire à Paris , à
une autre qui s'eft faite dans
l'Eglife des grands Carmes de
de Rennes , où Mr Enon
208 MERCURE
grand Vicaire de Mr l'Evê
que de Rennes, a baptifé une
Cloche qui a efté tenue par
Mr le Maréchal de Chateaurenault , & par M de Brillac ,
premiere Prefidente du Parlement. Ils furent reçus à la
porte de l'Eglife au bruit des
Tambours &des Trompettes,
&le Pere Superieur leur fit le
Compliment fuivant.
MONSEIGNEUR,
Qu'il eft édifiant de voir un
des plus illuftres Heros du
Royaume , aprés avoir foutenu
GALANT 209
1
par fa valeur la gloire de fon
Prince , venir au pieds des faints
Autels prefter fon nom , fes
armes & fa perfonne , pour
concourir à la gloire defon Dieu.
Que cent fois le Bronze
&
foudroyant ait fait ployerfous la
force de voftre bras vainqueur ,
Affrique , l'Amerique , l'Angleterre , la Hollande.
Qu'on vous ait vú abbattre la
fierté barbare de cefameux Mouley Ifmael Empereurde Maroc
de Sa ésenleverfes Corfaires & le
forcer d'envoyerfes Ambaffadeurs
rendre hommage à la Souveraine
Mars 1710.
S
210 MERCURE
puiffance de noftre grand Monar
que.
Qu'animé d'uneprudence Mar
tiale vous ayez trouvé lefecret de
faire àVigo par une veritablejuftice ce qui fe lit dans une Satyre
de nosjours , oùl'on voit l'avidité
de la Justice , qui avala l'huiftre
&ne laiffa aux concurrens que
des écailles. Que vous ayez, dis -je,
Monfeigneur, enlevé les millions
d'or & d'argent , que vous aviez
heureufement conduits au Port, &
quervous n'ayés laifféà nos ennemis
cocques & les écailles dont que les
ils firent unfeu de fureur & de
defefpoir , tandis que nousfaiſions
TGALANT 201
unfeu de joye , de voir que vous
leurs aviez enlevé cette huiftre
précieuſe qu'ils recherchoient avec
avidité.
Qu'enfin tous nos ennemis ayent
dit de Voftre Grandeur ce que par
une conjoncture affez heureuſe les
Peuples difent de Jesus - Chrift
dans l'Evangile d'aujourd'huy -
Qualis eft hic quia Venti &
Mare obediunt ei : qui eft donc
celuy à qui les vents &lesflots
dela mer obéiffent.
Pournous , Monseigneur , nous
› admirerons aujourd'huy voftre pieté, vous voyant donner voftre
Nom à ce Bronze confacré qui
Sij
212 MERCURE
portera fans doute l'éclat de vos
vertus jufques dans les Cieux
aprés que par tant d'actions heron
ques vous avez répandu le bruit
de voftre valeur par toute la
terre. Latinine show.ab somone
Et pour vous , Madame
il ne nous eft point étranger de
Vous voir aux
de
pieds des faints
Autels , & à la tefte des œuvres
de pieté brillante par tant d'émiss
nantes qualitez d'esprit
corps , encore plus brillante par la
folidité de vostre vertu , vous
vous conciliez tous les efprits , es
jous engagez tous les cœurs yo
auffi n'appartenoit-ilqu'à vous zb
IGALANT 213€
&
Madame de fixer toutes les
attentions d'une des premieress
teftes du Royaume ; la fuperiorité
de fon genie , & la fineffe de
fongouft justifie fans doute l'émi
nance de vostre merite.
C Que nous fommes heureux
Madame , qu'avec tant d'éleva
tion vous daigniez vous abaiffer
jufqu'à nous ne pas refufer
voftre nom ny vos armes ànce
Bronze confacré , qui ne nous
frapera jamais les oreilles fans.
rappeller nos obligations
nousengager à former des vœux
au Gielpour voftre confervationà
de langues d'heurenfes années.
214 MERCURE
←
La Ceremonie eftant finie ,
le Parain , & la Maraine firent
de grandes Aumônesmaux
Pauvres & ད་ donnerent au
Convent des marques de
leurs liberalitez.
qui fe vient de faire à Paris , à
une autre qui s'eft faite dans
l'Eglife des grands Carmes de
de Rennes , où Mr Enon
208 MERCURE
grand Vicaire de Mr l'Evê
que de Rennes, a baptifé une
Cloche qui a efté tenue par
Mr le Maréchal de Chateaurenault , & par M de Brillac ,
premiere Prefidente du Parlement. Ils furent reçus à la
porte de l'Eglife au bruit des
Tambours &des Trompettes,
&le Pere Superieur leur fit le
Compliment fuivant.
MONSEIGNEUR,
Qu'il eft édifiant de voir un
des plus illuftres Heros du
Royaume , aprés avoir foutenu
GALANT 209
1
par fa valeur la gloire de fon
Prince , venir au pieds des faints
Autels prefter fon nom , fes
armes & fa perfonne , pour
concourir à la gloire defon Dieu.
Que cent fois le Bronze
&
foudroyant ait fait ployerfous la
force de voftre bras vainqueur ,
Affrique , l'Amerique , l'Angleterre , la Hollande.
Qu'on vous ait vú abbattre la
fierté barbare de cefameux Mouley Ifmael Empereurde Maroc
de Sa ésenleverfes Corfaires & le
forcer d'envoyerfes Ambaffadeurs
rendre hommage à la Souveraine
Mars 1710.
S
210 MERCURE
puiffance de noftre grand Monar
que.
Qu'animé d'uneprudence Mar
tiale vous ayez trouvé lefecret de
faire àVigo par une veritablejuftice ce qui fe lit dans une Satyre
de nosjours , oùl'on voit l'avidité
de la Justice , qui avala l'huiftre
&ne laiffa aux concurrens que
des écailles. Que vous ayez, dis -je,
Monfeigneur, enlevé les millions
d'or & d'argent , que vous aviez
heureufement conduits au Port, &
quervous n'ayés laifféà nos ennemis
cocques & les écailles dont que les
ils firent unfeu de fureur & de
defefpoir , tandis que nousfaiſions
TGALANT 201
unfeu de joye , de voir que vous
leurs aviez enlevé cette huiftre
précieuſe qu'ils recherchoient avec
avidité.
Qu'enfin tous nos ennemis ayent
dit de Voftre Grandeur ce que par
une conjoncture affez heureuſe les
Peuples difent de Jesus - Chrift
dans l'Evangile d'aujourd'huy -
Qualis eft hic quia Venti &
Mare obediunt ei : qui eft donc
celuy à qui les vents &lesflots
dela mer obéiffent.
Pournous , Monseigneur , nous
› admirerons aujourd'huy voftre pieté, vous voyant donner voftre
Nom à ce Bronze confacré qui
Sij
212 MERCURE
portera fans doute l'éclat de vos
vertus jufques dans les Cieux
aprés que par tant d'actions heron
ques vous avez répandu le bruit
de voftre valeur par toute la
terre. Latinine show.ab somone
Et pour vous , Madame
il ne nous eft point étranger de
Vous voir aux
de
pieds des faints
Autels , & à la tefte des œuvres
de pieté brillante par tant d'émiss
nantes qualitez d'esprit
corps , encore plus brillante par la
folidité de vostre vertu , vous
vous conciliez tous les efprits , es
jous engagez tous les cœurs yo
auffi n'appartenoit-ilqu'à vous zb
IGALANT 213€
&
Madame de fixer toutes les
attentions d'une des premieress
teftes du Royaume ; la fuperiorité
de fon genie , & la fineffe de
fongouft justifie fans doute l'émi
nance de vostre merite.
C Que nous fommes heureux
Madame , qu'avec tant d'éleva
tion vous daigniez vous abaiffer
jufqu'à nous ne pas refufer
voftre nom ny vos armes ànce
Bronze confacré , qui ne nous
frapera jamais les oreilles fans.
rappeller nos obligations
nousengager à former des vœux
au Gielpour voftre confervationà
de langues d'heurenfes années.
214 MERCURE
←
La Ceremonie eftant finie ,
le Parain , & la Maraine firent
de grandes Aumônesmaux
Pauvres & ད་ donnerent au
Convent des marques de
leurs liberalitez.
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Résumé : Cloche baptisée à Rennes, & tenuë par Mr le Maréchal de Chasteau-renault, & par Me de Brillac, premiere presidente du Parlement, [titre d'après la table]
Le texte relate deux cérémonies distinctes : l'une à Paris et l'autre à l'église des grands Carmes de Rennes. À Rennes, le grand vicaire de l'évêque a baptisé une cloche en présence du maréchal de Châteaurenault et de Madame de Brillac, première présidente du Parlement. Ils ont été accueillis par des tambours et des trompettes, et le supérieur leur a adressé un compliment. Le discours du supérieur a souligné les exploits militaires du maréchal, mentionnant ses victoires en Afrique, en Amérique, contre l'Angleterre et la Hollande, ainsi que sa défaite de Moulay Ismaël, empereur du Maroc. Il a également évoqué la prudence martiale du maréchal lors de la bataille de Vigo, où il a capturé des millions d'or et d'argent. Le texte met en avant la piété et les vertus du maréchal, comparant son autorité à celle de Jésus-Christ. Madame de Brillac a été louée pour ses qualités d'esprit et de corps, ainsi que pour sa solidarité. Après la cérémonie, le parrain et la marraine ont fait des aumônes aux pauvres et ont offert des marques de libéralité au couvent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1976
p. 214-216
Offre faite au Roy, par les Secretaires Auditeurs de la Chambre des Comptes de la même Ville, [titre d'après la table]
Début :
Je dois ajouter icy un Article qui regarde encore la Bretagne. [...]
Mots clefs :
Bretagne, Chambre des comptes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Offre faite au Roy, par les Secretaires Auditeurs de la Chambre des Comptes de la même Ville, [titre d'après la table]
Je dois ajouter icy un Article qui regarde encore la Brés
tagne. M de la Chambre IS
des Comptes aprés avoir
tout mis en ufage pour franchir leur droit annuel , cftant
des Officiers du Royaume des
plus attachez à Sa Majefté;
Aprésavoiraffifté au Te Deum,
qui fut chanté pour l'heureuſe
naiffance de Monfeigneur le
GALANT 215
Duc d'Anjou , les Secretaires
Auditeurs de la Chambre
eftant affemblez délibererent
d'offrir au Roy quinze mille
livres chacun pour obtenir le
Titre de Maître des Comptes ,
&de donner pareille forme à
chacun des Maiftres ordinaires
pour les indemnifer de cette
Promotion.
naVous voyez le zele de ces
fidelles Sujets , qui à l'exem
ple de la Capitale du Royaume,
& fur tout des Cours Superieures , n'oublient rien pour
fecourir le Roy dans les preffans befoins de l'Etat , & fur
216 MERCURE
tout pour le rachapt de la
Polette cette affaire eftant
déja fort avancée , plufieurs
portant tous les jours leur
argent ; de maniere qu'elle
aura bien- toft tout l'effet que
Sa Majefté en peut fouhaiter.
tagne. M de la Chambre IS
des Comptes aprés avoir
tout mis en ufage pour franchir leur droit annuel , cftant
des Officiers du Royaume des
plus attachez à Sa Majefté;
Aprésavoiraffifté au Te Deum,
qui fut chanté pour l'heureuſe
naiffance de Monfeigneur le
GALANT 215
Duc d'Anjou , les Secretaires
Auditeurs de la Chambre
eftant affemblez délibererent
d'offrir au Roy quinze mille
livres chacun pour obtenir le
Titre de Maître des Comptes ,
&de donner pareille forme à
chacun des Maiftres ordinaires
pour les indemnifer de cette
Promotion.
naVous voyez le zele de ces
fidelles Sujets , qui à l'exem
ple de la Capitale du Royaume,
& fur tout des Cours Superieures , n'oublient rien pour
fecourir le Roy dans les preffans befoins de l'Etat , & fur
216 MERCURE
tout pour le rachapt de la
Polette cette affaire eftant
déja fort avancée , plufieurs
portant tous les jours leur
argent ; de maniere qu'elle
aura bien- toft tout l'effet que
Sa Majefté en peut fouhaiter.
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Résumé : Offre faite au Roy, par les Secretaires Auditeurs de la Chambre des Comptes de la même Ville, [titre d'après la table]
La Chambre des Comptes en Bretagne a organisé une initiative après l'accomplissement de leurs devoirs annuels. Les officiers, loyaux au roi, se sont réunis pour célébrer la naissance du Duc d'Anjou. Les secrétaires auditeurs ont décidé de contribuer chacun à hauteur de quinze mille livres pour obtenir le titre de Maître des Comptes et indemniser les Maîtres ordinaires. Le texte met en avant le zèle de ces sujets loyaux, comparables à ceux de la capitale et des cours supérieures, qui soutiennent le roi dans les besoins urgents de l'État, notamment pour le rachat de la Polette. Plusieurs personnes apportent quotidiennement leur argent, assurant ainsi le succès de cette entreprise royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1977
p. 216-218
Theses soutenuës dans les Ecoles de Droit où Mr l'Abbé du Gué de Launay reçoit le Bonnet de Docteur, [titre d'après la table]
Début :
Mr l'Abbé du Gué de Launay, fils aîné de Mr Aunillon, [...]
Mots clefs :
Docteur, Thèse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Theses soutenuës dans les Ecoles de Droit où Mr l'Abbé du Gué de Launay reçoit le Bonnet de Docteur, [titre d'après la table]
Mr l'Abbé du Gué de Launay , fils aîné de Mr Aunillon ,
premier Prefident de l'Election
de Paris , prit le Bonner de
de Docteur dans les Ecoles de
Droit au commencement de
ce mois. Ily foûtint une Thefe dediée à Mr l'Evêque de Soiffons. Ce Prelat y affifta , &
l'Affemblée fut fort nombreu
Lc,
GALANT 217
fe , & compofée de plufieurs
perfonnes de diftinction. Le
nouveau Docteur y reçut des
applaudiffemens de tous ceux
qui l'entendirent à cauſe de la
jufteffe de fes réponſes & de la
grace avec laquelle il parla. On
peut dire qu'il recueillit en cette occafion les fruits de fon
éducation au College de Louis
le Grand. Aprés s'y eftre diftingué , dans l'étude des belles
Lettres & dans le Cours de
de Theologie qu'il y a fait ,
il a fini une fi penible &figlorieufe carriere par les honneurs
du Doctorat en Droit Canon
Mars 1710.
T
218 MERCURE
& Civil , qui luy donnent le
même rang dans la fameule
Univerfité de Paris , que le degré de Docteur de Sorbonne,
qui eft un privilege digne d'êtreremarqué, & qui n'eft peuteftre pas generalement connu.
Le Difcours qu'il prononça
pour remercier la Faculté à la
fin de la Ceremonie de fa reception , fait efperer qu'il peut
eftre un jour un Orateur auffi
accomply qu'il eft bon Theologien & habile Canoniſte.
premier Prefident de l'Election
de Paris , prit le Bonner de
de Docteur dans les Ecoles de
Droit au commencement de
ce mois. Ily foûtint une Thefe dediée à Mr l'Evêque de Soiffons. Ce Prelat y affifta , &
l'Affemblée fut fort nombreu
Lc,
GALANT 217
fe , & compofée de plufieurs
perfonnes de diftinction. Le
nouveau Docteur y reçut des
applaudiffemens de tous ceux
qui l'entendirent à cauſe de la
jufteffe de fes réponſes & de la
grace avec laquelle il parla. On
peut dire qu'il recueillit en cette occafion les fruits de fon
éducation au College de Louis
le Grand. Aprés s'y eftre diftingué , dans l'étude des belles
Lettres & dans le Cours de
de Theologie qu'il y a fait ,
il a fini une fi penible &figlorieufe carriere par les honneurs
du Doctorat en Droit Canon
Mars 1710.
T
218 MERCURE
& Civil , qui luy donnent le
même rang dans la fameule
Univerfité de Paris , que le degré de Docteur de Sorbonne,
qui eft un privilege digne d'êtreremarqué, & qui n'eft peuteftre pas generalement connu.
Le Difcours qu'il prononça
pour remercier la Faculté à la
fin de la Ceremonie de fa reception , fait efperer qu'il peut
eftre un jour un Orateur auffi
accomply qu'il eft bon Theologien & habile Canoniſte.
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Résumé : Theses soutenuës dans les Ecoles de Droit où Mr l'Abbé du Gué de Launay reçoit le Bonnet de Docteur, [titre d'après la table]
Le texte décrit l'obtention du titre de Docteur en Droit par Monsieur l'Abbé du Gué de Launay, fils aîné de Monsieur Aunillon, premier Président de l'Élection de Paris. Cette cérémonie a eu lieu au début du mois de mars 1710. Monsieur l'Abbé du Gué de Launay a présenté une thèse dédiée à Monsieur l'Évêque de Soissons devant une assemblée nombreuse et distinguée. Il a été félicité pour la justesse de ses réponses et l'élégance de son discours, reflétant son éducation au Collège de Louis le Grand, où il s'est distingué en lettres et en théologie. Le Doctorat en Droit Canon et Civil lui confère un rang équivalent à celui du Docteur de Sorbonne, un privilège notable. Son discours de remerciement à la Faculté suggère qu'il pourrait devenir un orateur accompli, en plus d'être un théologien et un canoniste compétent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1978
p. 218-246
LETTRE D'un sçavant Directeur à une Dame de la Cour, sur la reception de Monsieur le Duc d'Anjou au Rosaire.
Début :
Je reivens à ce qui regarde Monseigneur le Duc d'Anjou, [...]
Mots clefs :
Duc d'Anjou, Rosaire, Réception, Religion, Père Mespolié Dominicain, Confrérie, Église, Piété, Papes, Rois chrétiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE D'un sçavant Directeur à une Dame de la Cour, sur la reception de Monsieur le Duc d'Anjou au Rosaire.
e reviens à ce qui regarde
Monfeigneur le Duc d'Anjou ,
dont je vous parleray peut-
CALANT 219
eftre plus d'une fois avant de
finir ma Lettre.
LETTRE
emp
D'un fçavant Directeur à une
Dame de la Cour , fur la reception de Monfeigneur le
Duc d'Anjou au Rofaire.
Vous me demandez ,
Madame,des éclairciffemensfur la Confrerie du Rofaire dans laquelle
Monfeigneur le Duc d'Anjou a
efté reçu par le Pere Mefpolié
Dominicain, le 27. de Février.
C'estune desplus excellentes devotions de la Religion qui nourrit
une folide pieté quand on enfuit
Tij
220 MERCURE
l'esprit & qu'on en remplit les
devoirs. Ses fondemens font les
principaux Mysteres de la Vie , de
la mort, e de la gloire de JeſusChrift de fafainte mere. Elle
renferme les Prieres vocales les
plus efficaces pour ſerendre agreables à l'un à l'autre & adorer
Dieu en efprit & en verité, les
reflexions les plus touchantes , ta
frequentation des Sacremens avec
les difpofitions requifes ; fçavoir
l'imitation des vertus de JefusChrift & de fafainte Mere &
les plus effentiels devoirs de la
charité. Car on cft obligé d'appli
quer le premier Chapelet du Rox
GALANT 228
faire pourles Confreres vivans ,
afin que s'ils font en eftat de peché qu'ils fe convertiffent , s'ils
font en eftat de grace qu'ils
perfeverent , & s'ils font expofez à quelque fâcheux accident , qu'ils en foient prefervez.
Le fecond Chapelet eft recité pour
les Agonizants , afin qu'ils foient
fortifiez à l'heure de la mort contre l'ennemi du falut, &que leur
mort foit preticufe aux aux yeux de
Dieu; & le troifiéme Chapelet
pour les Confreres deffunts , afin
qu'ilsfoient foulagez en Purgatoire , & qu'ils en foient promptement délivrez.
Tiij
222 MERCURE
plus
a
De fi grands avantages ontporté en tout temps depuis l'inftitution
de cette Confrerie les Papes , les
Rois Chreftiens , & les Saints les
recommandablesparleurfcien
cee parleurpieté àfaire une eftimefinguliere de cette devotion.
Sixte IV. dit que le Rofaire
eft une devote &religieufe pra-
*ique de prier,inftituée à la gloire de Dieu tout - puiſſant & à
l'honneur de la glorieuſe Vierge Marie , & pour nous munir
contre les dangers dont on eſt
menacé.
Leon X. reconnoist que c'est
un rempart invulnerable aux
GALANT 1 223
#
Aleaux de la guerre , &une puiffante reffource pour obrenic
des fecours miraculeux dan's
les preffantes neceffitez od
nous fommes reduits.
Clement VIII affure que cet
exercice eft d'une tres-grande
utilité pour de falut de l'ame
& du corps , qu'il attire des
graces extraordinaires fur ceux
qui s'y appliquent & qu'il excite en eux une devotion art
dente pour les pratiques de la
Religion , qu'elle a fait des
biens immenfes à l'Eglife , &
qu'elle y en fait tous les jours ,
que le Fideles , foit Clercs ou
Tiiij
224 MERCURE
Liques , hommes & femmes ,
font attirez par ce religieux
exercice à un fi haut degré de
ferveur que Dieu les a non- feulement ornéz de graces , mais
auffi fait éclater des miracles
infinis en leur faveur.
2
Pie V. dit que le Rofaire eft
un exercice de pieté propre
pour donnerla paix à ceux qui
font dans le trouble ; pour con
foler les affligez &pour rendre.
plus fervens ceux qui font lâches , & qui font leurs prieres
avec tiedeur..
Gregoire XIII. dit
Rofaire eft tres-utile pour arque le
GALANT 225
refter le cours de la juftice de
Dieu irritée contre les hommes ; que c'eft un Arſenal d'où
l'Eglife a toûjours tiré des ar
mes redoutables à l'Enfer ; &
que Saint Dominique infticua
cette pieufe methode de prier
pour meriter la protection de
la tres - Sainte Vierge , dans le
temps que la France & l'Italie
eftoient affligées par de pernicieuſes herefies.
Sixte V. dit que cette devotion a produit des biens ineftimables à l'Eglife & aux Fideles , qu'elle en produit tous les
jours , & qu'elle a efté établie
226 MERCURE
pour cette fin dans tout le mon
de Chreftien.
Adrien VI. reconnoist que le
Rofaire cft tres utile aux mo
ribonds & qu'il leur procure de
puiffans fecours pour diffiper
tous les artifices du demon à
l'heure de la mort , & pour ob
tenir aux Agonifans la perfeverance finale..
Les autres Papes qui ont precedéceux ci depuis l'établiſſement
du Rofaire , & qui les ont fuivis
en ont fait des éloges femblables
les plusgrands Saints des derniers fiecles , illuftres enpieté en
fcience nefontpas éloignez de leurs
fentimens
GALANT 227
Saint Charles Borromée autant diftinguéparfa faintetéqu'il
L'eftoit par fa pourpre & par fa
fcience , dit dans une fçavante Ordonnance qu'il a faite fur l'excellence du Rofaire , que c'eſt un
abbregé de plufieurs exercices
de pieté & des pratiques de devotion tres-agreables à Dieu ,
de laquelle le Saint Siege a toûours fait une eftime tres- particuliere , & qu'il a enrichies
d'un grand nombre de Privileges & d'Indulgences tres- authentiques.
Il ajoute que le Rofaire eft
principalement inftitué pour
228 MERCURE
honorer Jefus- Chrift & fa fairte Mere , tres propre pourpor
ter les Fideles à s'entretenir des
Miſteres de Nôtre - Seigneur
Jefus Chrift , & des douleurs
qu'il a endurées pour nous.
C'est pourquoy cefaint Cardinal
invite tout le monde ; les perfonnes lesplus diftinguéesfoit par leur
rang, foit par leur naiffance ,foit
par leurfcience , foit par leur ver
zu à fe faire écrire dans les Regiftres de cette Confrerie ,fans en
excepter même les Cleres de fon
Seminaire les Ecclefiaftiques
defon Dioceſe , déclarant qu'il n'a
en cela d'autre vûë que leurfalut
GALANT 229
d'attirer fur eux de plus en
plus par cette Priere la paix, la
grace, & la benediction du Seigneur.
Saint François de Salesfe fit recevoirdans cette auguste Affociation ; ilfaifoit prêcher cette devotion dansfes Miffions ; il exhorte
toutes les perfonnes de pieté à aimer cette devotion ; il en établit
l'excellence l'utilité; il s'oppose
de toutes fes forces à ces efprits
fortsfelon le monde qui en mépri→
fent la pratique, & pour faire
voir plus en particulier l'eftime
qu'il en faifoit & les prodigieux
avantages qu'on enpeut retirer ,
230 MERCURE
ilfit vœu dediretous les jours une
partie du Rofaire dans le cours
même des occupations continuelles
de fes Miffions.
Sainte Thereferecitoitfort exactement le Rofaire, &elle recevoit
par cette devotion desfaveurs extraordinaires.
Voici comme elle enparle. Etant
une nuit dans un Oratoire af
fez recueillie , mais fi malade
queje croyois ne pouvoir faire
oraifon , je me contentay de
prendre mon Chapelet pour
prier vocalement; il parut bien
alors que nos penſées font fors
inutiles quand Dieu veut ope→
1
GALANT 231
进
rer quelque chofe en nous :
car je tombay dans un fi grand
raviffement que je me trouvay
commehors de moi- même. Il
me fembla que j'eftois dans le
Ciel.... où je vis des chofes,
merveilleufes dans le peu de
temps quedura cette faveur.
Et parlant duchemin de laperfection ellefait voir quelle eſt l'utilité de cette devotion ,
affurant
qu'elle est auffi avantageuſe àproportion qu'on s'y attache , & que
les graces répondent au zele qu'on
a de reciterfouvent le Rofaire. Si
quelqu'un dit unefois le Rofaire ,
il en profite , s'il le recite plufieurs
232 MERCURE
fois , il en retire de plus grands.
fecours.
En eflet le Rofaire infpire l'horreur du peché, c'est là un moyen
fouverain pourobtenir lagrace du
Jalut , élever les Saints au plus
baut degré de la perfection & attirer mêmes des benedictions particulieres fur les Familles & fur
les Armées des Princes Catholiques.
Les fiecles à venir admireront à
jamais la protection miraculeufe
que tira de cette devotion , le celebre Comte deMontfort. Cegrand
General animépar les prom ffes de
Saint Dominique , qui luy pro-
GALANT 233
mettoit la victoire de la part de
Dieu , filuy co fes Soldats im-
·ploroient l'affiftance de la tres -fainte Vierge, & s'ils recitoient devotementle Rofaire , il attaquaavec
quatorze cens ou dix - huit cens
François l'Armée formidable des
Albigeois , compofée de cent mille
bommes en 1213. &commandée
par le Roy d'Arragon. Il l'attaqua; dis-je , la combattit avec
tant de valeur que cette nombreuſe
Arméefemblable à celle des Madianites confternée aux approches
de Gedeon , fut enfin diffipée.
Leon X. dit que la Ville &
le Diocefe de Cologne eftant prefMars 1710.
γ
234 MERCURE
fee par de grandes guerres , onérigea dans l'Eglife des Freres Précheurs à la demande de Frideric
111. Empereur des Romains la
Confrerie du Rofaire , afin quela
Ville & le Diocese fuffent déli
vrez de cesguerres. Ce qui arriva
peu de temps aprés.
Trois grands Papes Pie V.
Gregoire XIII. Clement VIII.
ont que la fameuse
de Lepante remportée
Za
connus
par les Chreftiens fur la Flotte
des Turcs , compofée de deux
cens quarante deux Galeres qui
menaçoient l'Italie d'une irrup
tiongenerale,fut un exploit mirairrup-
GALANT 235
culeux de cette devotion , de- là
les Souverains Pontifes ont ordonné qu'enAction de Grace, on remettroit lagrandefefte duRofaire
qu'on celebroit auparavant le 25.
Mars fefte de l'Annonciation
au premier Dimanche d'Octobre ,
jour auquel cettefignalée Victoire
futremportéedans le temps même
que dans toute la Chreftienté on
faifoit la Proceffion du faint
Rofaire ordonné par Pie V
Voilà , Madame , les motifs
qui ont inspiré aux Rois & aux
Reines de France , une veneration particuliere pour cette devotion qui les ontportez àyfaire
Vij
236 MERCURE
recevoir les Princes leur enfans
quelquejours aprés leur naillance.
L'origine de cette loüable &
religieuse coutume eft fort
ancienne. Elle vient de la Reine
Blanche époufe de Loüis VII I.
qui affligée de n'avoir point d'enfans , confulta Saint Dominique ,
furles voeux qu'elle devoit faire
à Dieu pour en obtenir , ce grand
Saint autant édifié de la pieté
qu'honoré de la confiance de
tette Reine , luy predit que fes
juftes defirs feroient exaucezfi elle
vouloit honorer la tres - fainte
Vierge , par la devotion du Rofaire dont il luyapprit lapratique ,
*
GALANT 237
མ la
le fuccés de l'évenement justifia
la verité de la Prediction ,
Reine accoucha d'un fils ; mais
Dieu l'ayant enlevé au monde
pour luy fairepart de la gloire ,
Saint Dominique conſeilla derechef à la Reine de continuer
cette Priere & elle donna à la
France Saint Louis , l'ornement
de ce Royaume , l'admiration de
fonfiecle & le modelle de tous les
Rois , qui en
bienfait fi figale honora d'une
tendre particuliere confiance
eunoi
d'un
les Religieux de Saint Dominique
fuccaavecle lait cette devotion
qui l'éleva à cette éminente per-
238 MERCURE
fection qui luy a merité la veneration de toute l'Eglife.
Ses Succeffeurs ont donnéauffi
des marques de leur zele pour de - leur
cette devotion. Nous en avons
des preuves certaines dans les
derniers fircles.
Henry IV. yfutreceu aprés
fa converfion , il difoit tous les
jours une partie du Rofaire , &
tous les Samedys le Rofaire entier , qui luy avoit efte ordonné
par Clement VIII. lorfqu'il
luy donna l'Abfolution de fon
Herefie.
Louis XIII. furnommé le
Julte , ayant formé le Siege de
GALANT 239
>
La Rochelle & voyant les difficul
tez immenfes pour reduire cette
importante Place , écrivit à la
Reine Mere Marie de Medicis
d'ordonner qu'on fit des Prieres
extraordinaires , à l'honneur de la
tres- Sainte Vierge. La Reine
choifit l'Eglife des Dominicains
de la rue Saint Honoré , pour y
faire reciter publiquement le
Rofaire de la maniere qu'elle
l'avoit vú pratiquer à Florence
à Pife , & en plufieurs autres
Villes d'Italie ; ce qu'on executa
tous les Samedis en prefence de
la Reine Mere , de la Reine
Regente , de Monfieur le Duc
240MERCURE
d'Orleans , des Eminentiffimes
Cardinaux de la Rochfoucaud ,
de Berulle , de l'Archevêque
de Paris qui faifoit la lecture des
Mifteres , de plufieurs autres
Prelats , & d'une foule incroiable de Peuple qui y accourotent
de toutes parts.
Le Roy ayant appris la ferveur avec laquelle on faifoit ces
Prieres à Paris voulut que la
même devotion fut pratiquée
dans fon Armée. Il en donna
la commiffion au Pere Louvet
aplufieurs autres Dominicains
qui avoient fuivi Sa Majesté
au Siege de cette Placepourfervir
les
GALANT 241
>
ils
les malades & pour adminiftrer
les Sacremens ; ils diftribuerent
pour cefujetplus de quinze mille
Chapelets aux Soldats
précherent avec tant de fuccés
cette devotion que tout le Camp
retentiffoit à certaines heures da
jour de la nuit des louanges &
des prieres du Rofaire , quifurent
continuées jufqu'à la reduction de
la Place.
}
que
Anne d'Autriche , une desplus
religieufes Princeffes du monde,
publiaplufieurs fois en Cour
par la vertu de cette devotion elle
avoit obtenu de Dieu noftre Augufte Monarque Louis XIV.
Mars 1710.
X
242 MERCURE
qui nâquit le premier Dimanche
deSeptembre pendantque les Prieres de nos Confreres montoient devant le Trône deJefus Chrift ,
pour obtenir l'heureuſe naiſſance
de ce Princefurnommé Dieu donné. En reconnoiffance d'un bienfait fi fignalé laReinefit recevoir
le Roy fon fils dans cette fainte
Affociation. Sa Majeflé recitoie
tous les jours une partie du Ro
faire ; elle affiftoit regulierement
aux Proceffions du Rofaire quife
font à Paris dans les Eglifes des
Peres Dominicains tous les premiers Dimanches de chaque mois.
les Festes de lafainteVierge ,
GALANT 243
& Sa Majesté s'acquittoit avec
tant d'exactitude des autres devoirs de cette devotion que ceux
qui l'approchoient en eftoient édi
fiez.
Marie - Therefe d'Autriche ,
Epoufe de noftre illuftre Monarque,fut heritiere de lapietéde la
Reine Mere. Sa Majestés'appliquoit à tous les exercices de cette Confrerie ; eftant à Versailles
elle fir parfesfoins & parfes liberalitez établir le Rofaire dans
3 la Paroiffe , &pour marquerplus
en particulier l'estime qu'elle en
faifoit & que les plus grands Seigneurs en doivent faire , SaMaXij
244 MERCURE
jeffé y fit recevoir Monfeigneur le
Dauphin & Monfeigneur le Duc
de Bourgogne peu de jours aprés
leur naiffance & donna Commiffion à deux Religieux Dominicains , fuivant l'ancien ufage ,
de dire le Rofaire pour ces deux
Princes, jufqu'à ce qu'ilsfuffent
en âge de le reciter eux- mêmes.
Les deux derniers Princes
Monfeigneur le Duc de Bretagne
&Monfeigneur le Duc d'Anjou
ont efté à leurtourreçus au Rofaire
peu de jours aprés leur naiffance,
ce quin'eftpas une Ceremonie inutile ; ils y font Affoeiez pour les
mettrefous laprotection de la tres-
GALANT 245
3
fainteVierge , & afin d'attirerfur
eux lesbenedictions du ciel de
les rendre participans des prieres
des bonnes œuvres d'un nombre
3
prefqu'infini de Confreres du Rofaire répandu dans tout le monde
chrefien. Le Pere Mefpolié Dominicam eft le Religieux qui eft
chargé de dire le Rofairepourl'un
pour l'autre Prince , jusqu'à
ce qu'ayant atteint l'usage de la
raifon , ils foient en eftat eux- mêmes de s'en acquitter. Agreez ,
Madame , ce Memoire que jay
dreſſé àla haſte pour vous donner
quelque idée de cette excellente de
votion , qui eft au- deffus de mes
X iij
246 MERCURE
expreffions. Je ne doute pas que
vous ne l'accreditiez par voftre
pieté par vos exemples. Jefuis ,
Madame, avecun zele tout refpectueux , voftre tres-humble
tres- obéïſſantſerviteur…………
Monfeigneur le Duc d'Anjou ,
dont je vous parleray peut-
CALANT 219
eftre plus d'une fois avant de
finir ma Lettre.
LETTRE
emp
D'un fçavant Directeur à une
Dame de la Cour , fur la reception de Monfeigneur le
Duc d'Anjou au Rofaire.
Vous me demandez ,
Madame,des éclairciffemensfur la Confrerie du Rofaire dans laquelle
Monfeigneur le Duc d'Anjou a
efté reçu par le Pere Mefpolié
Dominicain, le 27. de Février.
C'estune desplus excellentes devotions de la Religion qui nourrit
une folide pieté quand on enfuit
Tij
220 MERCURE
l'esprit & qu'on en remplit les
devoirs. Ses fondemens font les
principaux Mysteres de la Vie , de
la mort, e de la gloire de JeſusChrift de fafainte mere. Elle
renferme les Prieres vocales les
plus efficaces pour ſerendre agreables à l'un à l'autre & adorer
Dieu en efprit & en verité, les
reflexions les plus touchantes , ta
frequentation des Sacremens avec
les difpofitions requifes ; fçavoir
l'imitation des vertus de JefusChrift & de fafainte Mere &
les plus effentiels devoirs de la
charité. Car on cft obligé d'appli
quer le premier Chapelet du Rox
GALANT 228
faire pourles Confreres vivans ,
afin que s'ils font en eftat de peché qu'ils fe convertiffent , s'ils
font en eftat de grace qu'ils
perfeverent , & s'ils font expofez à quelque fâcheux accident , qu'ils en foient prefervez.
Le fecond Chapelet eft recité pour
les Agonizants , afin qu'ils foient
fortifiez à l'heure de la mort contre l'ennemi du falut, &que leur
mort foit preticufe aux aux yeux de
Dieu; & le troifiéme Chapelet
pour les Confreres deffunts , afin
qu'ilsfoient foulagez en Purgatoire , & qu'ils en foient promptement délivrez.
Tiij
222 MERCURE
plus
a
De fi grands avantages ontporté en tout temps depuis l'inftitution
de cette Confrerie les Papes , les
Rois Chreftiens , & les Saints les
recommandablesparleurfcien
cee parleurpieté àfaire une eftimefinguliere de cette devotion.
Sixte IV. dit que le Rofaire
eft une devote &religieufe pra-
*ique de prier,inftituée à la gloire de Dieu tout - puiſſant & à
l'honneur de la glorieuſe Vierge Marie , & pour nous munir
contre les dangers dont on eſt
menacé.
Leon X. reconnoist que c'est
un rempart invulnerable aux
GALANT 1 223
#
Aleaux de la guerre , &une puiffante reffource pour obrenic
des fecours miraculeux dan's
les preffantes neceffitez od
nous fommes reduits.
Clement VIII affure que cet
exercice eft d'une tres-grande
utilité pour de falut de l'ame
& du corps , qu'il attire des
graces extraordinaires fur ceux
qui s'y appliquent & qu'il excite en eux une devotion art
dente pour les pratiques de la
Religion , qu'elle a fait des
biens immenfes à l'Eglife , &
qu'elle y en fait tous les jours ,
que le Fideles , foit Clercs ou
Tiiij
224 MERCURE
Liques , hommes & femmes ,
font attirez par ce religieux
exercice à un fi haut degré de
ferveur que Dieu les a non- feulement ornéz de graces , mais
auffi fait éclater des miracles
infinis en leur faveur.
2
Pie V. dit que le Rofaire eft
un exercice de pieté propre
pour donnerla paix à ceux qui
font dans le trouble ; pour con
foler les affligez &pour rendre.
plus fervens ceux qui font lâches , & qui font leurs prieres
avec tiedeur..
Gregoire XIII. dit
Rofaire eft tres-utile pour arque le
GALANT 225
refter le cours de la juftice de
Dieu irritée contre les hommes ; que c'eft un Arſenal d'où
l'Eglife a toûjours tiré des ar
mes redoutables à l'Enfer ; &
que Saint Dominique infticua
cette pieufe methode de prier
pour meriter la protection de
la tres - Sainte Vierge , dans le
temps que la France & l'Italie
eftoient affligées par de pernicieuſes herefies.
Sixte V. dit que cette devotion a produit des biens ineftimables à l'Eglife & aux Fideles , qu'elle en produit tous les
jours , & qu'elle a efté établie
226 MERCURE
pour cette fin dans tout le mon
de Chreftien.
Adrien VI. reconnoist que le
Rofaire cft tres utile aux mo
ribonds & qu'il leur procure de
puiffans fecours pour diffiper
tous les artifices du demon à
l'heure de la mort , & pour ob
tenir aux Agonifans la perfeverance finale..
Les autres Papes qui ont precedéceux ci depuis l'établiſſement
du Rofaire , & qui les ont fuivis
en ont fait des éloges femblables
les plusgrands Saints des derniers fiecles , illuftres enpieté en
fcience nefontpas éloignez de leurs
fentimens
GALANT 227
Saint Charles Borromée autant diftinguéparfa faintetéqu'il
L'eftoit par fa pourpre & par fa
fcience , dit dans une fçavante Ordonnance qu'il a faite fur l'excellence du Rofaire , que c'eſt un
abbregé de plufieurs exercices
de pieté & des pratiques de devotion tres-agreables à Dieu ,
de laquelle le Saint Siege a toûours fait une eftime tres- particuliere , & qu'il a enrichies
d'un grand nombre de Privileges & d'Indulgences tres- authentiques.
Il ajoute que le Rofaire eft
principalement inftitué pour
228 MERCURE
honorer Jefus- Chrift & fa fairte Mere , tres propre pourpor
ter les Fideles à s'entretenir des
Miſteres de Nôtre - Seigneur
Jefus Chrift , & des douleurs
qu'il a endurées pour nous.
C'est pourquoy cefaint Cardinal
invite tout le monde ; les perfonnes lesplus diftinguéesfoit par leur
rang, foit par leur naiffance ,foit
par leurfcience , foit par leur ver
zu à fe faire écrire dans les Regiftres de cette Confrerie ,fans en
excepter même les Cleres de fon
Seminaire les Ecclefiaftiques
defon Dioceſe , déclarant qu'il n'a
en cela d'autre vûë que leurfalut
GALANT 229
d'attirer fur eux de plus en
plus par cette Priere la paix, la
grace, & la benediction du Seigneur.
Saint François de Salesfe fit recevoirdans cette auguste Affociation ; ilfaifoit prêcher cette devotion dansfes Miffions ; il exhorte
toutes les perfonnes de pieté à aimer cette devotion ; il en établit
l'excellence l'utilité; il s'oppose
de toutes fes forces à ces efprits
fortsfelon le monde qui en mépri→
fent la pratique, & pour faire
voir plus en particulier l'eftime
qu'il en faifoit & les prodigieux
avantages qu'on enpeut retirer ,
230 MERCURE
ilfit vœu dediretous les jours une
partie du Rofaire dans le cours
même des occupations continuelles
de fes Miffions.
Sainte Thereferecitoitfort exactement le Rofaire, &elle recevoit
par cette devotion desfaveurs extraordinaires.
Voici comme elle enparle. Etant
une nuit dans un Oratoire af
fez recueillie , mais fi malade
queje croyois ne pouvoir faire
oraifon , je me contentay de
prendre mon Chapelet pour
prier vocalement; il parut bien
alors que nos penſées font fors
inutiles quand Dieu veut ope→
1
GALANT 231
进
rer quelque chofe en nous :
car je tombay dans un fi grand
raviffement que je me trouvay
commehors de moi- même. Il
me fembla que j'eftois dans le
Ciel.... où je vis des chofes,
merveilleufes dans le peu de
temps quedura cette faveur.
Et parlant duchemin de laperfection ellefait voir quelle eſt l'utilité de cette devotion ,
affurant
qu'elle est auffi avantageuſe àproportion qu'on s'y attache , & que
les graces répondent au zele qu'on
a de reciterfouvent le Rofaire. Si
quelqu'un dit unefois le Rofaire ,
il en profite , s'il le recite plufieurs
232 MERCURE
fois , il en retire de plus grands.
fecours.
En eflet le Rofaire infpire l'horreur du peché, c'est là un moyen
fouverain pourobtenir lagrace du
Jalut , élever les Saints au plus
baut degré de la perfection & attirer mêmes des benedictions particulieres fur les Familles & fur
les Armées des Princes Catholiques.
Les fiecles à venir admireront à
jamais la protection miraculeufe
que tira de cette devotion , le celebre Comte deMontfort. Cegrand
General animépar les prom ffes de
Saint Dominique , qui luy pro-
GALANT 233
mettoit la victoire de la part de
Dieu , filuy co fes Soldats im-
·ploroient l'affiftance de la tres -fainte Vierge, & s'ils recitoient devotementle Rofaire , il attaquaavec
quatorze cens ou dix - huit cens
François l'Armée formidable des
Albigeois , compofée de cent mille
bommes en 1213. &commandée
par le Roy d'Arragon. Il l'attaqua; dis-je , la combattit avec
tant de valeur que cette nombreuſe
Arméefemblable à celle des Madianites confternée aux approches
de Gedeon , fut enfin diffipée.
Leon X. dit que la Ville &
le Diocefe de Cologne eftant prefMars 1710.
γ
234 MERCURE
fee par de grandes guerres , onérigea dans l'Eglife des Freres Précheurs à la demande de Frideric
111. Empereur des Romains la
Confrerie du Rofaire , afin quela
Ville & le Diocese fuffent déli
vrez de cesguerres. Ce qui arriva
peu de temps aprés.
Trois grands Papes Pie V.
Gregoire XIII. Clement VIII.
ont que la fameuse
de Lepante remportée
Za
connus
par les Chreftiens fur la Flotte
des Turcs , compofée de deux
cens quarante deux Galeres qui
menaçoient l'Italie d'une irrup
tiongenerale,fut un exploit mirairrup-
GALANT 235
culeux de cette devotion , de- là
les Souverains Pontifes ont ordonné qu'enAction de Grace, on remettroit lagrandefefte duRofaire
qu'on celebroit auparavant le 25.
Mars fefte de l'Annonciation
au premier Dimanche d'Octobre ,
jour auquel cettefignalée Victoire
futremportéedans le temps même
que dans toute la Chreftienté on
faifoit la Proceffion du faint
Rofaire ordonné par Pie V
Voilà , Madame , les motifs
qui ont inspiré aux Rois & aux
Reines de France , une veneration particuliere pour cette devotion qui les ontportez àyfaire
Vij
236 MERCURE
recevoir les Princes leur enfans
quelquejours aprés leur naillance.
L'origine de cette loüable &
religieuse coutume eft fort
ancienne. Elle vient de la Reine
Blanche époufe de Loüis VII I.
qui affligée de n'avoir point d'enfans , confulta Saint Dominique ,
furles voeux qu'elle devoit faire
à Dieu pour en obtenir , ce grand
Saint autant édifié de la pieté
qu'honoré de la confiance de
tette Reine , luy predit que fes
juftes defirs feroient exaucezfi elle
vouloit honorer la tres - fainte
Vierge , par la devotion du Rofaire dont il luyapprit lapratique ,
*
GALANT 237
མ la
le fuccés de l'évenement justifia
la verité de la Prediction ,
Reine accoucha d'un fils ; mais
Dieu l'ayant enlevé au monde
pour luy fairepart de la gloire ,
Saint Dominique conſeilla derechef à la Reine de continuer
cette Priere & elle donna à la
France Saint Louis , l'ornement
de ce Royaume , l'admiration de
fonfiecle & le modelle de tous les
Rois , qui en
bienfait fi figale honora d'une
tendre particuliere confiance
eunoi
d'un
les Religieux de Saint Dominique
fuccaavecle lait cette devotion
qui l'éleva à cette éminente per-
238 MERCURE
fection qui luy a merité la veneration de toute l'Eglife.
Ses Succeffeurs ont donnéauffi
des marques de leur zele pour de - leur
cette devotion. Nous en avons
des preuves certaines dans les
derniers fircles.
Henry IV. yfutreceu aprés
fa converfion , il difoit tous les
jours une partie du Rofaire , &
tous les Samedys le Rofaire entier , qui luy avoit efte ordonné
par Clement VIII. lorfqu'il
luy donna l'Abfolution de fon
Herefie.
Louis XIII. furnommé le
Julte , ayant formé le Siege de
GALANT 239
>
La Rochelle & voyant les difficul
tez immenfes pour reduire cette
importante Place , écrivit à la
Reine Mere Marie de Medicis
d'ordonner qu'on fit des Prieres
extraordinaires , à l'honneur de la
tres- Sainte Vierge. La Reine
choifit l'Eglife des Dominicains
de la rue Saint Honoré , pour y
faire reciter publiquement le
Rofaire de la maniere qu'elle
l'avoit vú pratiquer à Florence
à Pife , & en plufieurs autres
Villes d'Italie ; ce qu'on executa
tous les Samedis en prefence de
la Reine Mere , de la Reine
Regente , de Monfieur le Duc
240MERCURE
d'Orleans , des Eminentiffimes
Cardinaux de la Rochfoucaud ,
de Berulle , de l'Archevêque
de Paris qui faifoit la lecture des
Mifteres , de plufieurs autres
Prelats , & d'une foule incroiable de Peuple qui y accourotent
de toutes parts.
Le Roy ayant appris la ferveur avec laquelle on faifoit ces
Prieres à Paris voulut que la
même devotion fut pratiquée
dans fon Armée. Il en donna
la commiffion au Pere Louvet
aplufieurs autres Dominicains
qui avoient fuivi Sa Majesté
au Siege de cette Placepourfervir
les
GALANT 241
>
ils
les malades & pour adminiftrer
les Sacremens ; ils diftribuerent
pour cefujetplus de quinze mille
Chapelets aux Soldats
précherent avec tant de fuccés
cette devotion que tout le Camp
retentiffoit à certaines heures da
jour de la nuit des louanges &
des prieres du Rofaire , quifurent
continuées jufqu'à la reduction de
la Place.
}
que
Anne d'Autriche , une desplus
religieufes Princeffes du monde,
publiaplufieurs fois en Cour
par la vertu de cette devotion elle
avoit obtenu de Dieu noftre Augufte Monarque Louis XIV.
Mars 1710.
X
242 MERCURE
qui nâquit le premier Dimanche
deSeptembre pendantque les Prieres de nos Confreres montoient devant le Trône deJefus Chrift ,
pour obtenir l'heureuſe naiſſance
de ce Princefurnommé Dieu donné. En reconnoiffance d'un bienfait fi fignalé laReinefit recevoir
le Roy fon fils dans cette fainte
Affociation. Sa Majeflé recitoie
tous les jours une partie du Ro
faire ; elle affiftoit regulierement
aux Proceffions du Rofaire quife
font à Paris dans les Eglifes des
Peres Dominicains tous les premiers Dimanches de chaque mois.
les Festes de lafainteVierge ,
GALANT 243
& Sa Majesté s'acquittoit avec
tant d'exactitude des autres devoirs de cette devotion que ceux
qui l'approchoient en eftoient édi
fiez.
Marie - Therefe d'Autriche ,
Epoufe de noftre illuftre Monarque,fut heritiere de lapietéde la
Reine Mere. Sa Majestés'appliquoit à tous les exercices de cette Confrerie ; eftant à Versailles
elle fir parfesfoins & parfes liberalitez établir le Rofaire dans
3 la Paroiffe , &pour marquerplus
en particulier l'estime qu'elle en
faifoit & que les plus grands Seigneurs en doivent faire , SaMaXij
244 MERCURE
jeffé y fit recevoir Monfeigneur le
Dauphin & Monfeigneur le Duc
de Bourgogne peu de jours aprés
leur naiffance & donna Commiffion à deux Religieux Dominicains , fuivant l'ancien ufage ,
de dire le Rofaire pour ces deux
Princes, jufqu'à ce qu'ilsfuffent
en âge de le reciter eux- mêmes.
Les deux derniers Princes
Monfeigneur le Duc de Bretagne
&Monfeigneur le Duc d'Anjou
ont efté à leurtourreçus au Rofaire
peu de jours aprés leur naiffance,
ce quin'eftpas une Ceremonie inutile ; ils y font Affoeiez pour les
mettrefous laprotection de la tres-
GALANT 245
3
fainteVierge , & afin d'attirerfur
eux lesbenedictions du ciel de
les rendre participans des prieres
des bonnes œuvres d'un nombre
3
prefqu'infini de Confreres du Rofaire répandu dans tout le monde
chrefien. Le Pere Mefpolié Dominicam eft le Religieux qui eft
chargé de dire le Rofairepourl'un
pour l'autre Prince , jusqu'à
ce qu'ayant atteint l'usage de la
raifon , ils foient en eftat eux- mêmes de s'en acquitter. Agreez ,
Madame , ce Memoire que jay
dreſſé àla haſte pour vous donner
quelque idée de cette excellente de
votion , qui eft au- deffus de mes
X iij
246 MERCURE
expreffions. Je ne doute pas que
vous ne l'accreditiez par voftre
pieté par vos exemples. Jefuis ,
Madame, avecun zele tout refpectueux , voftre tres-humble
tres- obéïſſantſerviteur…………
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Résumé : LETTRE D'un sçavant Directeur à une Dame de la Cour, sur la reception de Monsieur le Duc d'Anjou au Rosaire.
La lettre d'un directeur spirituel à une dame de la cour traite de la réception du Duc d'Anjou dans la Confrérie du Rosaire. Cette confrérie est présentée comme une dévotion religieuse excellente, fondée sur les mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ et de sa sainte mère. Elle inclut des prières vocales efficaces, des réflexions touchantes et la fréquentation des sacrements avec les dispositions requises, telles que l'imitation des vertus de Jésus-Christ et de sa mère, ainsi que les devoirs essentiels de la charité. Les membres prient pour les vivants, les agonisants et les défunts. Les avantages de cette dévotion ont été reconnus par les papes, les rois chrétiens et les saints, qui l'ont recommandée pour sa piété et son utilité. Plusieurs papes, comme Sixte IV, Léon X, Clément VIII, Pie V, Grégoire XIII, Sixte V, Adrien VI, et d'autres, ont loué le Rosaire pour ses bienfaits spirituels et matériels. Des saints comme Charles Borromée et François de Sales ont également promu cette dévotion. La lettre mentionne des événements historiques où le Rosaire a joué un rôle crucial, comme la victoire de Lépante et la délivrance de la ville de Cologne des guerres. La dévotion au Rosaire est également liée à des traditions royales en France, notamment la reine Blanche et ses successeurs, qui ont honoré cette pratique. Des rois comme Henri IV et Louis XIII ont montré leur zèle pour cette dévotion, et la reine Anne d'Autriche a obtenu des grâces divines grâce au Rosaire. La pratique dévotionnelle du Rosaire est décrite comme une prière dédiée à la Vierge Marie, pratiquée régulièrement dans les églises des Pères Dominicains à Paris. Chaque premier dimanche du mois, des processions étaient organisées, auxquelles le roi participait avec exactitude, inspirant ainsi ceux qui l'entouraient. Marie-Thérèse d'Autriche, épouse du roi, héritait de la piété de sa mère et s'appliquait également aux exercices de cette confrérie. À Versailles, elle établissait souvent le Rosaire dans la paroisse et faisait recevoir les princes, tels que le Dauphin et le Duc de Bourgogne, peu après leur naissance. Deux religieux dominicains étaient chargés de dire le Rosaire pour ces princes jusqu'à ce qu'ils puissent le réciter eux-mêmes. Les Ducs de Bretagne et d'Anjou furent également reçus dans cette pratique, afin de les placer sous la protection de la Vierge Marie et de les associer aux prières et aux bonnes œuvres des confrères du Rosaire à travers le monde chrétien. Le Père Mespolié dominicain était responsable de dire le Rosaire pour ces princes jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de le réciter par eux-mêmes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1979
p. 246-256
Mouvement fait parmy les Intendans, [titre d'après la table]
Début :
L'Article que vous allez lire vous paroîtra tout nouveau. [...]
Mots clefs :
Mouvements, Intendants, Mr Pinon, Mr de Trudaine, Mr Meliand
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mouvement fait parmy les Intendans, [titre d'après la table]
'Article que vous allez
lire vous paroîtra tout nouyeau.
Il s'eft fait un mouvement
affez confiderable parmi les
Intendans, Mr Pinon Intendant de Dijon ayant demandé
à fe retirer. , Mr de Trudaine
Intendant de Lyon , a paffé à
Intendance de Dijon , & Mr
GALANT 247
1
Meliand Intendant de Pau &
de l'Armée d'Espagne , a eu
celle de Lyon. Enfin Mr le Camus de la Grange a eu cette
derniere Intendance.
Mr Pinon qui ſe retire eft
Maistre des Requeſtes depuis
l'année 1686. & il eft du Semeftre de Janvier. Il eſt frere
de Mr Pinon Prefident au
grand Confeil & du Semestre
d'Efté , & pere de Mr Pinon de
Courfes Confeiller au Parlement. Mr Pinon Confeiller de la premiere Chambre
des Enquestes & reçu dans le
Parlement le 27. Aðuſt 1704.
X iiij
248 MERCURE
& Mr Pinon Confeiller de la
troifiéme Chambre des Enquê.
tes & reçu au Parlement le 25 .
Avril 1703. font honneur à
cette famille , de même que
Mr Pinon Seigneur de Villemain , premier Prefident des
Treforiers de France , generaux des Finances , & grand
Voyer en la Generalité de Paris , receu en cette Charge depuis l'année 1691. Mr Pinon
qui fe retire , avoit eſté Intendant de Poitiers , avant de paffer à l'Intendance de Dijon.
Mr de TrudaineSeigneur de
Montigny , qui fuccede à Mr
GALANT 249
Pinon , cft Maiftre des Requê
Les depuis l'année 1680. & il
elt du Semestre d'Avril Havoit
éſté auparavant Confeiller au
Parlement, &il vendit fa Charge de Confeiller de la troifiéme
des Enqueftes à Mr de Meliand
frere aîné du nouvel Intendant
deLyon & qui fut receu au Par
lement le 30. Mars 1689. Le
nouvel Intendant de Dijon , eft
frere de M° Voifin , épouſe de
Mr Voifin Secretaire d'Erat de
la guerre , & fils de feu Mr de
Trudaine,Confeiller du Roy &
Matre ordinaire en fa Chambre des Comptes. Mr. l'Laten-
250 MARCURE
dan: de Dijon eft coufin germainde MrLefpinette le Mairat , Maiftre des Requêtes , fils
de Mr le Mairat de Nogent
Mailtre des Comptes , dont
je vais vous apprendre la mort.
Ce jeune Magiftrat eſt Maiſtre
des Requeftes depuis l'année
1700. & du Semeftre de Janvier. M de Trudaine Intendante de Dijon eft de la Maifon de la Sabiiere & petite fille
de M de la Sabliere , que tous
les beaux efprits ont louée dans
leurs ouvrages , & qui eſtoir
foeur de Mr Hefnin qui vit encoreaujourd'huy & que fa ver-
GALANT 251
tu plus encore que fon merite
rendent li recommandable. Il
elt fort âgé.
MrMeliand, nouvel Intendant de Lyon & ci - devant Intendant à Pau & Intendant des
Armées de France & d'Efpagne , eft fecond fils de feu Mr
Meliand , Confeiller aux Requeftes du Palais & enfuite
Mailtre des Requeſtes , & arrie -petit - fils de Mr Meliand
Procureur general au Parlement de Paris , auquel feu Mr
Fouquet fucceda, Il eft neveu
de Mr Meliand ancien Evêque
d'Alet & auparavant de Gap.
4
252 MERCURE
Il elt d'une tres - ancienne famille de Robbe , qui a donné
un Prefident à une des Chambres des Enqueftes du Parlement de Paris , & un Ambaſſadeur de France en Suiffe & pluficurs Confeillers au Parlement il ya une autre branche
de Meliand dans le Parlement ;
Blaife Claude Meliand Confeiller de la premiere Chambre
des Requettes , où il fut receu
le 16. Avril 1698. en eft Ic
Chef. Mr de Lamoignon de
Courfon, fils de M' de Bâville ,
ci devant Intendant de Rouen,
& qui l'eſt à prefent de Borર
GALANT 253
deaux a époufé depuis peu fa
foeur. Mr l'Intendant de Lyon
a époufé la fille de Mr le Bret
premier Prefident du Parlement d'Aix , & qui nâquit à
Lyon pendant que Mr fon
pere y eftoit Intendant. Mr
Cardin le Bret de Flavacourt
fon frere eft Intendant de
Provence. Mr le Camus Scigneur de la Grange , qui
vient d'eftre nomméIntendant
de Pau , eft Maître des Requeftes depuis l'année 1696.
& du Semestre d'Octobre. Il
eft fecond fils de M' Nicolas
le Camus Seigneur de la
254 MERCURE
Grange Bligny, premier Pre
fident de la Cour des Aydes ,
neveu de M' le Lieutenant
Civil & de feu M' le Cardinal
le Camus , & frere de M' le
Camus premier Preſident de
la Cour des Aydes , en furvivancedeM' fon pere. Ce nom
eft refpectable depuis longtemps dans la Robbe aufli
bien que dans l'Eglife.
Mr Trudaine , a tenu une
conduite à Lyon pendant qu'il
en a efté Intendant , qui luy a
gagné les cœurs de tout le
Pays. Il y avécu d'une maniere
fomptucufe , il logeoit tous-
GALANY 255
les grands Seigneurs qui y
paffoient. D'ailleurs il Y cultivoit les Sciences ; depuis une
année il y avoit formé une
efpece d'Academie en affemblant tous les Lundis de chaque Semaine l'élite des gens de
Lettres de cette Ville qui trai
toient ces jours-là le point de
fciencequi leur avoit été affigné
dans la precedente conference.
Cet Intendant ya eu l'avanta
ge de loger chez luy Monfieur
Le Duc d'Orleans , lorsqu'il
paffa à Lyon , pour aller en
Piedmont , & à fon retour.
Mr Meliand n'a que 40.
256 MERCURE.
ans ; mais dans un âge fipeu
avancé il a déja donné plufieurs
marques de fa capacité & de
fon habileté dans les affaires.
lire vous paroîtra tout nouyeau.
Il s'eft fait un mouvement
affez confiderable parmi les
Intendans, Mr Pinon Intendant de Dijon ayant demandé
à fe retirer. , Mr de Trudaine
Intendant de Lyon , a paffé à
Intendance de Dijon , & Mr
GALANT 247
1
Meliand Intendant de Pau &
de l'Armée d'Espagne , a eu
celle de Lyon. Enfin Mr le Camus de la Grange a eu cette
derniere Intendance.
Mr Pinon qui ſe retire eft
Maistre des Requeſtes depuis
l'année 1686. & il eft du Semeftre de Janvier. Il eſt frere
de Mr Pinon Prefident au
grand Confeil & du Semestre
d'Efté , & pere de Mr Pinon de
Courfes Confeiller au Parlement. Mr Pinon Confeiller de la premiere Chambre
des Enquestes & reçu dans le
Parlement le 27. Aðuſt 1704.
X iiij
248 MERCURE
& Mr Pinon Confeiller de la
troifiéme Chambre des Enquê.
tes & reçu au Parlement le 25 .
Avril 1703. font honneur à
cette famille , de même que
Mr Pinon Seigneur de Villemain , premier Prefident des
Treforiers de France , generaux des Finances , & grand
Voyer en la Generalité de Paris , receu en cette Charge depuis l'année 1691. Mr Pinon
qui fe retire , avoit eſté Intendant de Poitiers , avant de paffer à l'Intendance de Dijon.
Mr de TrudaineSeigneur de
Montigny , qui fuccede à Mr
GALANT 249
Pinon , cft Maiftre des Requê
Les depuis l'année 1680. & il
elt du Semestre d'Avril Havoit
éſté auparavant Confeiller au
Parlement, &il vendit fa Charge de Confeiller de la troifiéme
des Enqueftes à Mr de Meliand
frere aîné du nouvel Intendant
deLyon & qui fut receu au Par
lement le 30. Mars 1689. Le
nouvel Intendant de Dijon , eft
frere de M° Voifin , épouſe de
Mr Voifin Secretaire d'Erat de
la guerre , & fils de feu Mr de
Trudaine,Confeiller du Roy &
Matre ordinaire en fa Chambre des Comptes. Mr. l'Laten-
250 MARCURE
dan: de Dijon eft coufin germainde MrLefpinette le Mairat , Maiftre des Requêtes , fils
de Mr le Mairat de Nogent
Mailtre des Comptes , dont
je vais vous apprendre la mort.
Ce jeune Magiftrat eſt Maiſtre
des Requeftes depuis l'année
1700. & du Semeftre de Janvier. M de Trudaine Intendante de Dijon eft de la Maifon de la Sabiiere & petite fille
de M de la Sabliere , que tous
les beaux efprits ont louée dans
leurs ouvrages , & qui eſtoir
foeur de Mr Hefnin qui vit encoreaujourd'huy & que fa ver-
GALANT 251
tu plus encore que fon merite
rendent li recommandable. Il
elt fort âgé.
MrMeliand, nouvel Intendant de Lyon & ci - devant Intendant à Pau & Intendant des
Armées de France & d'Efpagne , eft fecond fils de feu Mr
Meliand , Confeiller aux Requeftes du Palais & enfuite
Mailtre des Requeſtes , & arrie -petit - fils de Mr Meliand
Procureur general au Parlement de Paris , auquel feu Mr
Fouquet fucceda, Il eft neveu
de Mr Meliand ancien Evêque
d'Alet & auparavant de Gap.
4
252 MERCURE
Il elt d'une tres - ancienne famille de Robbe , qui a donné
un Prefident à une des Chambres des Enqueftes du Parlement de Paris , & un Ambaſſadeur de France en Suiffe & pluficurs Confeillers au Parlement il ya une autre branche
de Meliand dans le Parlement ;
Blaife Claude Meliand Confeiller de la premiere Chambre
des Requettes , où il fut receu
le 16. Avril 1698. en eft Ic
Chef. Mr de Lamoignon de
Courfon, fils de M' de Bâville ,
ci devant Intendant de Rouen,
& qui l'eſt à prefent de Borર
GALANT 253
deaux a époufé depuis peu fa
foeur. Mr l'Intendant de Lyon
a époufé la fille de Mr le Bret
premier Prefident du Parlement d'Aix , & qui nâquit à
Lyon pendant que Mr fon
pere y eftoit Intendant. Mr
Cardin le Bret de Flavacourt
fon frere eft Intendant de
Provence. Mr le Camus Scigneur de la Grange , qui
vient d'eftre nomméIntendant
de Pau , eft Maître des Requeftes depuis l'année 1696.
& du Semestre d'Octobre. Il
eft fecond fils de M' Nicolas
le Camus Seigneur de la
254 MERCURE
Grange Bligny, premier Pre
fident de la Cour des Aydes ,
neveu de M' le Lieutenant
Civil & de feu M' le Cardinal
le Camus , & frere de M' le
Camus premier Preſident de
la Cour des Aydes , en furvivancedeM' fon pere. Ce nom
eft refpectable depuis longtemps dans la Robbe aufli
bien que dans l'Eglife.
Mr Trudaine , a tenu une
conduite à Lyon pendant qu'il
en a efté Intendant , qui luy a
gagné les cœurs de tout le
Pays. Il y avécu d'une maniere
fomptucufe , il logeoit tous-
GALANY 255
les grands Seigneurs qui y
paffoient. D'ailleurs il Y cultivoit les Sciences ; depuis une
année il y avoit formé une
efpece d'Academie en affemblant tous les Lundis de chaque Semaine l'élite des gens de
Lettres de cette Ville qui trai
toient ces jours-là le point de
fciencequi leur avoit été affigné
dans la precedente conference.
Cet Intendant ya eu l'avanta
ge de loger chez luy Monfieur
Le Duc d'Orleans , lorsqu'il
paffa à Lyon , pour aller en
Piedmont , & à fon retour.
Mr Meliand n'a que 40.
256 MERCURE.
ans ; mais dans un âge fipeu
avancé il a déja donné plufieurs
marques de fa capacité & de
fon habileté dans les affaires.
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Résumé : Mouvement fait parmy les Intendans, [titre d'après la table]
Le texte décrit des changements récents parmi les intendants en France. Monsieur Pinon, Intendant de Dijon et Maître des Requestes depuis 1686, a demandé à se retirer. Il appartient à une famille influente, avec des membres au Parlement et des conseillers au grand Conseil. Monsieur de Trudaine, Intendant de Lyon, a pris sa place à Dijon. Monsieur de Trudaine, Seigneur de Montigny, est Maître des Requestes depuis 1680 et a précédemment été conseiller au Parlement. Il est également frère de Madame Voisin, épouse d'un secrétaire d'État à la guerre. À Lyon, il a été apprécié pour sa conduite, accueillant des seigneurs et cultivant les sciences en formant une académie. Monsieur Méliand, Intendant de Pau et des armées d'Espagne, a succédé à Monsieur de Trudaine à Lyon. Monsieur Méliand est issu d'une ancienne famille de robe, avec des membres ayant occupé des postes prestigieux au Parlement et dans l'Église. Monsieur le Camus de la Grange a été nommé Intendant de Pau. Il est Maître des Requestes depuis 1696 et appartient à une famille respectée dans la robe et l'Église. Monsieur Méliand, bien que jeune, a déjà démontré ses capacités dans les affaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1980
p. 256-257
« J'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du [...] »
Début :
J'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du [...]
Mots clefs :
Rosaire, Envoyer, Duc d'Anjou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du [...] »
'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du
Rofaire , quiprecede celuy que
Vous venez de lire , que je vous
ay déja envoyé il y a quelques
années , un Article à peu prés
femblable , puifqu'il s'agiffoit
de la reception de Monfeigneur le Duc de Bretagne à
la Confrérie du Rofaire. On
ne peutrop parler de ces fortes
d'Articles , & on ne les peut
top lire à cauſe du bien qu'ils .
GALANT 257
peuvent faire, & qu'ilspeuvent
engager ceux qui les lifent à
fe mettre du nombre des
Confreres du Rofaire. L'Article que vous venez de lire eft
bien capable de produire ce
falutaire effet , puifqu'il eft
rempli de miracles qui font de
notorieté publique , & dont
les Hiftoires font pleines depuis plufieurs ficcles ; de maniere que perfonne n'en peut
douter non plus que de ce que
plufieurs Papes en ont dit dans
un grand nombre de Bulles
qui font connues de tout le
monde.
Rofaire , quiprecede celuy que
Vous venez de lire , que je vous
ay déja envoyé il y a quelques
années , un Article à peu prés
femblable , puifqu'il s'agiffoit
de la reception de Monfeigneur le Duc de Bretagne à
la Confrérie du Rofaire. On
ne peutrop parler de ces fortes
d'Articles , & on ne les peut
top lire à cauſe du bien qu'ils .
GALANT 257
peuvent faire, & qu'ilspeuvent
engager ceux qui les lifent à
fe mettre du nombre des
Confreres du Rofaire. L'Article que vous venez de lire eft
bien capable de produire ce
falutaire effet , puifqu'il eft
rempli de miracles qui font de
notorieté publique , & dont
les Hiftoires font pleines depuis plufieurs ficcles ; de maniere que perfonne n'en peut
douter non plus que de ce que
plufieurs Papes en ont dit dans
un grand nombre de Bulles
qui font connues de tout le
monde.
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Résumé : « J'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du [...] »
L'auteur regrette de ne pas avoir mentionné un article précédent sur la réception du Duc de Bretagne à la Confrérie du Rofaire. Il souligne que ces articles, riches en miracles documentés depuis des siècles et attestés par des bulles papales, peuvent encourager les lecteurs à rejoindre la confrérie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1981
p. 258-262
Trois morts subites dignes d'estre remarquées, [titre d'après la table]
Début :
Les hommes ne peuvent trop se précautionner contre [...]
Mots clefs :
Mort subite
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Trois morts subites dignes d'estre remarquées, [titre d'après la table]
Les hommes ne peuvent
trop fe précautionner contre
les morts fubites qui ont regné
dans tous les ficcles ; mais plus
en certain temps qu'en d'autres ; & l'on peut dire que fila
Confrerie du Rofaire ne les
empêche pas ,
elle peut du
moins eftre caufe qu'ils meurent en meilleur eftat. Ces
morts n'ont jamais efté fi frequentes qu'elles le font depuis
untemps par toute l'Europe
&particulierement en France.
On en entend parler tous les
jours , & je pourois vous entretenir d'un grand nombre
GALANT 259
}
qui font arrivées depuis un
mois dans tous les quartiers
de Paris ; mais je vous en rapporteray feulement trois qui
font arrivées dans trois endroits bien remarquables , & à
la vûë de beaucoup de gens
de forte que perfonne n'en
pourra difconvenir. La premiere eft arrivée dans le Templele de Dieu ; la feconde au
milieu &devant toute la Cour,
& la troifiéme au milieu d'un
des plus celebres endroits du`
monde , dans lequel on rend
la Juſtice , & pendant que les
Juges eftoient affemblez pour
la rendre.
Yij
260 MERCURE
Le premier Article nous
fait voir un Chanoine de S.
Maur, qui aprés avoir fait fes
prieres pour celebrer la Meffe ,
avoir mis fon Aube , & fon
Manipule , fans fentir la
moindre atteinte d'aucun mal,
& en mettant fon Etole , eft
tombé mort.
Le fecond exemple d'une
mort auffi fubite , eft arrivé à
Verfailles , où un Valet de
Chambre de Madame la Ducheffe de Bourgogne en
oftant un Tabouret de fa
Chambre pour le porter dans
un lieu qui joignoit la Cham1
》
GALANT 261
bre de cette Princeffe , a auffi
payé le tribut qu'il devoit
à la mort plutoft qu'il n'avoic
cru le devoir faire.
i
Et enfin le troifieme malheur de pareille nature , eft
arrivé dans la feconde des
Requeftes du Palais , à Mr
Veronneau , celebre Avocat;
le Prefident de cette Chambre
avoit fait appeller une Caufe
qu'il devoit Plaider , & pour
laquelle il eftoit tout préparé ,
le Prefident ayant accordé
l'Audiance pour cette Cauſe ;
mais à peine Mr Veronneau
eut-il commencé à parler qu'il
262 MERCURE
demanda qu'on le foutint , &
dans le même moment il comba mort aux yeux d'une nombreufe affemblée qui fut auffi
touchée que furpriſe de cette
mort qu'elle avoit encore
moins attendu de voir , que
Avocat qui s'eftoit mis en
eftat de ne la point craindre
en quelque temps qu'elle puft
Je furprendre , & l'on pour
juger de fes bonnes mœurs , &
de fa vie reguliere , puifqu'on
a découvert aprés fa mort
qu'il portoit un Cilice , & que
Fon a trouvé chez luy plufieurs
inftrumens de penitence.
trop fe précautionner contre
les morts fubites qui ont regné
dans tous les ficcles ; mais plus
en certain temps qu'en d'autres ; & l'on peut dire que fila
Confrerie du Rofaire ne les
empêche pas ,
elle peut du
moins eftre caufe qu'ils meurent en meilleur eftat. Ces
morts n'ont jamais efté fi frequentes qu'elles le font depuis
untemps par toute l'Europe
&particulierement en France.
On en entend parler tous les
jours , & je pourois vous entretenir d'un grand nombre
GALANT 259
}
qui font arrivées depuis un
mois dans tous les quartiers
de Paris ; mais je vous en rapporteray feulement trois qui
font arrivées dans trois endroits bien remarquables , & à
la vûë de beaucoup de gens
de forte que perfonne n'en
pourra difconvenir. La premiere eft arrivée dans le Templele de Dieu ; la feconde au
milieu &devant toute la Cour,
& la troifiéme au milieu d'un
des plus celebres endroits du`
monde , dans lequel on rend
la Juſtice , & pendant que les
Juges eftoient affemblez pour
la rendre.
Yij
260 MERCURE
Le premier Article nous
fait voir un Chanoine de S.
Maur, qui aprés avoir fait fes
prieres pour celebrer la Meffe ,
avoir mis fon Aube , & fon
Manipule , fans fentir la
moindre atteinte d'aucun mal,
& en mettant fon Etole , eft
tombé mort.
Le fecond exemple d'une
mort auffi fubite , eft arrivé à
Verfailles , où un Valet de
Chambre de Madame la Ducheffe de Bourgogne en
oftant un Tabouret de fa
Chambre pour le porter dans
un lieu qui joignoit la Cham1
》
GALANT 261
bre de cette Princeffe , a auffi
payé le tribut qu'il devoit
à la mort plutoft qu'il n'avoic
cru le devoir faire.
i
Et enfin le troifieme malheur de pareille nature , eft
arrivé dans la feconde des
Requeftes du Palais , à Mr
Veronneau , celebre Avocat;
le Prefident de cette Chambre
avoit fait appeller une Caufe
qu'il devoit Plaider , & pour
laquelle il eftoit tout préparé ,
le Prefident ayant accordé
l'Audiance pour cette Cauſe ;
mais à peine Mr Veronneau
eut-il commencé à parler qu'il
262 MERCURE
demanda qu'on le foutint , &
dans le même moment il comba mort aux yeux d'une nombreufe affemblée qui fut auffi
touchée que furpriſe de cette
mort qu'elle avoit encore
moins attendu de voir , que
Avocat qui s'eftoit mis en
eftat de ne la point craindre
en quelque temps qu'elle puft
Je furprendre , & l'on pour
juger de fes bonnes mœurs , &
de fa vie reguliere , puifqu'on
a découvert aprés fa mort
qu'il portoit un Cilice , & que
Fon a trouvé chez luy plufieurs
inftrumens de penitence.
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Résumé : Trois morts subites dignes d'estre remarquées, [titre d'après la table]
Le texte aborde les morts subites fréquentes en Europe et en France. La Confrérie du Rosaire, bien qu'incapable d'empêcher ces décès, peut aider les individus à mourir dans de meilleures conditions. Trois exemples notables de morts subites à Paris sont rapportés. Un chanoine de Saint-Maur est décédé après avoir préparé la messe et mis son étole. À Versailles, un valet de chambre de la duchesse de Bourgogne est mort en portant un tabouret. Un avocat célèbre, M. Veronneau, est décédé subitement lors d'un plaidoyer au Palais de justice. Sa mort a surpris en raison de sa réputation de vie régulière et de bonnes mœurs, confirmée par la découverte d'un cilice et d'instruments de pénitence chez lui après son décès.
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1982
p. 263-266
EPITAPHE DE MESSIRE ESPRIT FLECHIER, EVESQUE DE NISME.
Début :
En vous parlant de morts, je dois vous parler de l'Epitaphe / Ci gist un ESPRIT, Qui surprit [...]
Mots clefs :
Prélat, Immortel, Evêque de Nîmes, Chrétiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITAPHE DE MESSIRE ESPRIT FLECHIER, EVESQUE DE NISME.
Envous parlant de morts ,
je dois vous parler de l'Epitaphe d'un Prelat qui auroit dû
eftre immortel >, fa vie eftant
fort neceffaire au falut des
ames aufquelles il a contribué
juſqu'à fon dernier foupir.
Cette Epitaphe eft de Mr
l'Abbé Plomet , que Mr l'Evêquede Nifmes avoit honoré
de fon eftime.
264 MERCURE
EPITAPHE
DE MESSIRE
ESPRIT FLECHIER,
EVESQUE DE NISMES..
Ci gift un ESPRIT,
Quifurpris
L'Universparfon EloquenceSçavant: on le vit à la Cour •
Briller comme l' Aftre dujour ,
Prêchant aux Rois la Penitence.
Poli ,fes Ouvrages divers ,
Soit dans la Profe , ou dans les
Vers ,
Ont
GALANT 265
Ont éternife fa Gloire ,
Immortalife fa Memoire.
Zelé comme un Aron , dans fes
brûlans transports ,
Ilprefentoitau Cielles vivans &
les morts.x
Prudent comme Moyfe,
Quels Portraits enchantez de la
Terrepromife
Ne fit-il pas , pour ſe gagner le
cœur
Du Mondaincorrompu , du rebelle
Pécheur?
Mars 1710.
Z
266 MERCUR
Tanteft commeJonas , il menaçoit
en Chaire ;
Souvent en Jeremie , il pleuroit la
mifere
Des Richesobftinez ,
Des Chreftiensfafcinez.
Humble , Simple, Pieux, Bienfaifant , Charitable ,
AuxGrands comme aux Petits il
parutrespectable:
Et dans l'Epifcopat en CHARLES
transformé,
Ilfinitfes beauxjours , en vertus
confommé
je dois vous parler de l'Epitaphe d'un Prelat qui auroit dû
eftre immortel >, fa vie eftant
fort neceffaire au falut des
ames aufquelles il a contribué
juſqu'à fon dernier foupir.
Cette Epitaphe eft de Mr
l'Abbé Plomet , que Mr l'Evêquede Nifmes avoit honoré
de fon eftime.
264 MERCURE
EPITAPHE
DE MESSIRE
ESPRIT FLECHIER,
EVESQUE DE NISMES..
Ci gift un ESPRIT,
Quifurpris
L'Universparfon EloquenceSçavant: on le vit à la Cour •
Briller comme l' Aftre dujour ,
Prêchant aux Rois la Penitence.
Poli ,fes Ouvrages divers ,
Soit dans la Profe , ou dans les
Vers ,
Ont
GALANT 265
Ont éternife fa Gloire ,
Immortalife fa Memoire.
Zelé comme un Aron , dans fes
brûlans transports ,
Ilprefentoitau Cielles vivans &
les morts.x
Prudent comme Moyfe,
Quels Portraits enchantez de la
Terrepromife
Ne fit-il pas , pour ſe gagner le
cœur
Du Mondaincorrompu , du rebelle
Pécheur?
Mars 1710.
Z
266 MERCUR
Tanteft commeJonas , il menaçoit
en Chaire ;
Souvent en Jeremie , il pleuroit la
mifere
Des Richesobftinez ,
Des Chreftiensfafcinez.
Humble , Simple, Pieux, Bienfaifant , Charitable ,
AuxGrands comme aux Petits il
parutrespectable:
Et dans l'Epifcopat en CHARLES
transformé,
Ilfinitfes beauxjours , en vertus
confommé
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Résumé : EPITAPHE DE MESSIRE ESPRIT FLECHIER, EVESQUE DE NISME.
L'épitaphe rend hommage à Esprit Fléchier, évêque de Nîmes, décédé en mars 1710. Fléchier est célébré pour son éloquence et son érudition, ayant marqué la cour et prêché la pénitence aux rois. Ses œuvres, en prose et en vers, ont perpétué sa renommée. Il est loué pour son zèle apostolique, sa prudence et sa capacité à toucher les cœurs des mondains et des pécheurs. Comparé à des figures bibliques comme Aaron, Moïse, Jonas et Jérémie, il est reconnu pour sa fermeté en chaire et sa compassion envers les riches obstinés et les chrétiens tièdes. Humble, simple, pieux et charitable, il a été respecté de tous et a achevé sa vie épiscopale avec des vertus accomplies. L'épitaphe est attribuée à l'abbé Plomet, honoré par l'évêque de Nîmes.
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1983
p. 266-268
Reception de Mr le President de Mesmes, à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
Début :
La mort de cet Evêque a laissé une place vacante à l'Academie [...]
Mots clefs :
Académie française, Place vacante, Mr le Président de Mesmes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception de Mr le President de Mesmes, à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
La mort de cet Evêque a
GALANT 267
$
laiſſe une place vacante à l'Academie Françoife qu'il fera
difficile de remplir d'un auffi
bon fujet , & d'un homme
auffi univerfel. En attendant
que je puiffe vous parler de celuy fur lequel l'Academic aura jetté les yeux , je dois vous
dire que Mr le Prefident de
Meſmes, qui avoit eſté nommé
pour remplir celle de M le
Comtede Crecyyvient d'eftre
reçû ; mais comme il faut du
temps pourvousfaire unfidele
portrait de ce qui s'eſt paſſé à
cette reception j'ay cru devoir
remettre au mois prochain à
Zij
268 MERCURE
vous en entretenir. Vous ne
perdrez rien pour attendre , &
je fuis perfuadé que vostre
curiofité fera fatisfaite.
GALANT 267
$
laiſſe une place vacante à l'Academie Françoife qu'il fera
difficile de remplir d'un auffi
bon fujet , & d'un homme
auffi univerfel. En attendant
que je puiffe vous parler de celuy fur lequel l'Academic aura jetté les yeux , je dois vous
dire que Mr le Prefident de
Meſmes, qui avoit eſté nommé
pour remplir celle de M le
Comtede Crecyyvient d'eftre
reçû ; mais comme il faut du
temps pourvousfaire unfidele
portrait de ce qui s'eſt paſſé à
cette reception j'ay cru devoir
remettre au mois prochain à
Zij
268 MERCURE
vous en entretenir. Vous ne
perdrez rien pour attendre , &
je fuis perfuadé que vostre
curiofité fera fatisfaite.
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Résumé : Reception de Mr le President de Mesmes, à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
La mort d'un évêque crée une vacance à l'Académie française. Monsieur de Mesmes remplace le Comte de Créquy. L'auteur ne peut pas encore fournir de détails sur la réception de Monsieur de Mesmes, mais promet de les donner le mois suivant.
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1984
p. 268-269
Mr le Vasseur Maistre des Comptes obtient l'agrement d'une Charge de Maistre d'Hôtel du Roy, [titre d'après la table]
Début :
Cependant je vous diray que le Roy ayant permis à Mr [...]
Mots clefs :
Mr Maréchal, Chirurgien, Mr le Vasseur, Maître des comptes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mr le Vasseur Maistre des Comptes obtient l'agrement d'une Charge de Maistre d'Hôtel du Roy, [titre d'après la table]
Cependant je vous diray
que le Roy ayant permis à Mr
Maréchal fon premier Chirur
gien de fe démettre de fa
Charge de Maître d'Hôtel
qu'il luy avoit donnée , il s'en
eft deffait en faveur de Mr le
Vaffeur Maistre des Comptes
qui a travaillé pendant trente
ans aux principales Affaires
de la Marine. Sa Majesté a
donnéfon agrément à Mr le
Vaffeur , avec des temoigna
,
GALANT 269
pr
gés de bonté & de fatisfaction
des fervices qu'il luy a rendus
fous les ordres de feu Mr le
Marquis de Seignelay , de Mr.
le Chancellier , & de Mr le
Comte de Pontchatrain
que le Roy ayant permis à Mr
Maréchal fon premier Chirur
gien de fe démettre de fa
Charge de Maître d'Hôtel
qu'il luy avoit donnée , il s'en
eft deffait en faveur de Mr le
Vaffeur Maistre des Comptes
qui a travaillé pendant trente
ans aux principales Affaires
de la Marine. Sa Majesté a
donnéfon agrément à Mr le
Vaffeur , avec des temoigna
,
GALANT 269
pr
gés de bonté & de fatisfaction
des fervices qu'il luy a rendus
fous les ordres de feu Mr le
Marquis de Seignelay , de Mr.
le Chancellier , & de Mr le
Comte de Pontchatrain
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Résumé : Mr le Vasseur Maistre des Comptes obtient l'agrement d'une Charge de Maistre d'Hôtel du Roy, [titre d'après la table]
Le roi a autorisé Monsieur Maréchal à démissionner de sa charge de Maître d'Hôtel. Monsieur le Vasseur, Maître des Comptes, a été nommé à sa place. Sa Majesté a approuvé cette décision, reconnaissant les trente années de services de Monsieur le Vasseur dans la Marine.
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1985
p. 269-272
Dons faits par le Roy d'Espagne, [titre d'après la table]
Début :
Le Roy d'Espagne a nommé Don Juan-Antonio de Amezaga [...]
Mots clefs :
Dons, Roi d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : Dons faits par le Roy d'Espagne, [titre d'après la table]
Le Roy d'Efpagne a nommé Don Juan Antonio de
Amezaga Lieutenant general ,
pour fervir en Arragon fous les
ordres de Mrle Comte d'Aguilar , & le Gouvernement de
Malaga a cfté donné à Don
Baltazar de Amezaga fon frere Maréchal de Camp.
-
S. M. C. a auffi fait DonJuan
Ifidore de Padilla Gouverneur
Z iij
270 MERCURE
d'Orihuela Brigadier, en confi
deration de fes fervices.
DonJuan- Antonio de Amezaga a fervi toute fa vie
dans la Cavalerie , oùil s'est élevé par degrez ; ce qui prouve
qu'il ne doit le rang qu'il occupe à prefent qu'à fon feul merite & à fa feule valeur. Il eſt
d'une des meilleures Maifons
de Caftille , & il a l'honneur
d'eftre allié par les femmes à
Male Duc de Medina Céli .
Don Juan eft parent de Don
Jofeph de Amezaga Gouverneur d'une Place confiderable
de Caftille. Mrs d'Amezaga
+ GALANT
270
ont toûjours marqué beaucoup de zele pour les interefts
de Sa Majesté Catholique. Ces
~deux illuftres freres , tous deux
élevez fous ce regne aux premieres dignitez de la guerre ,
ont donné de frequentes marques qu'elles eftoient encore
plus dues à leur valeur & à leurs
fervices qu'à leur naiffance ,
quoy qu'elle foit des plus quaAifiées.
Don Ifidore de Padilla qui a
efté fair Brigadier , porte un
nom qui eft en veneration en
Efpagne. Loranzo Padilla Archidiacre de Malaga & qui viZ iiij
272 MERCURE
voit dans le feiziéme fiecle
fut Hiftoriographe de Charlequint. Il publia un Catalogue
des Saints d'Espagne. François
de Padilla fon neveu fe diftingua par fon fçavoir ; il enfei
gna la Theologie à Seville avec
un fuccés éclatant & fut Chanoine de Malaga ; il
fa une Hiftoire Ecclefiaftique
d'Espagne , & une Chronolo
gie des Conciles.
Amezaga Lieutenant general ,
pour fervir en Arragon fous les
ordres de Mrle Comte d'Aguilar , & le Gouvernement de
Malaga a cfté donné à Don
Baltazar de Amezaga fon frere Maréchal de Camp.
-
S. M. C. a auffi fait DonJuan
Ifidore de Padilla Gouverneur
Z iij
270 MERCURE
d'Orihuela Brigadier, en confi
deration de fes fervices.
DonJuan- Antonio de Amezaga a fervi toute fa vie
dans la Cavalerie , oùil s'est élevé par degrez ; ce qui prouve
qu'il ne doit le rang qu'il occupe à prefent qu'à fon feul merite & à fa feule valeur. Il eſt
d'une des meilleures Maifons
de Caftille , & il a l'honneur
d'eftre allié par les femmes à
Male Duc de Medina Céli .
Don Juan eft parent de Don
Jofeph de Amezaga Gouverneur d'une Place confiderable
de Caftille. Mrs d'Amezaga
+ GALANT
270
ont toûjours marqué beaucoup de zele pour les interefts
de Sa Majesté Catholique. Ces
~deux illuftres freres , tous deux
élevez fous ce regne aux premieres dignitez de la guerre ,
ont donné de frequentes marques qu'elles eftoient encore
plus dues à leur valeur & à leurs
fervices qu'à leur naiffance ,
quoy qu'elle foit des plus quaAifiées.
Don Ifidore de Padilla qui a
efté fair Brigadier , porte un
nom qui eft en veneration en
Efpagne. Loranzo Padilla Archidiacre de Malaga & qui viZ iiij
272 MERCURE
voit dans le feiziéme fiecle
fut Hiftoriographe de Charlequint. Il publia un Catalogue
des Saints d'Espagne. François
de Padilla fon neveu fe diftingua par fon fçavoir ; il enfei
gna la Theologie à Seville avec
un fuccés éclatant & fut Chanoine de Malaga ; il
fa une Hiftoire Ecclefiaftique
d'Espagne , & une Chronolo
gie des Conciles.
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Résumé : Dons faits par le Roy d'Espagne, [titre d'après la table]
Le roi d'Espagne a nommé Don Juan Antonio de Amezaga Lieutenant général en Aragon sous les ordres du Comte d'Aguilar. Don Baltazar de Amezaga, frère de Don Juan Antonio et Maréchal de Camp, a été désigné pour gouverner Malaga. De plus, Don Juan Isidore de Padilla a été nommé Gouverneur d'Orihuela et promu Brigadier. Don Juan Antonio de Amezaga, issu d'une famille noble de Castille alliée aux Ducs de Medina Céli, a passé sa carrière dans la cavalerie, gravissant les échelons par son mérite. Les Amezaga ont toujours montré un grand zèle pour les intérêts du roi. Les deux frères ont fréquemment démontré que leurs honneurs étaient dus à leur valeur et à leurs services. Don Isidore de Padilla, promu Brigadier, porte un nom vénéré en Espagne. Lorenzo Padilla, Archidiacre de Malaga au XVIe siècle, fut historiographe de Charles Quint. François de Padilla, neveu de Lorenzo, se distingua par son savoir et enseigna la théologie à Séville. Il écrivit une Histoire Ecclésiastique d'Espagne et une Chronologie des Conciles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1986
p. 272-287
Quatrieme Article des morts, [titre d'après la table]
Début :
J'aurois du vous parler plutost des Morts dont vous allez [...]
Mots clefs :
Renommée, Paris, Morts, Lieux éloignés, Marquis de Choisy, Antoine le Mairat, René de Savonnières, N... de Greslé
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texteReconnaissance textuelle : Quatrieme Article des morts, [titre d'après la table]
'aurois du vous parler plutoft des Morts dont vous allez
lire les Articles , mais quoyque
la Renommée apprenne bientoft la mort des perfonnes de
GALANT 273
diftinction qui font decedéés, il
faut neanmoins fouvent beaucoup de temps pour apprendre ce que l'on en doit dire ,
& fur tout de celles qui font
mortes dans des lieux éloignez
de Paris. Mais quand leur mort
feroit arrivée à Paris même
je ne laiffe
quefois befoin de beaucoup
de temps pour m'informer à
fond de ce que je vous en dois
apprendre.
ге
pas d'avoir quelMie Antoine le Mairat Chevalier Seigneur de Nogent , eft
mort âgé de 68. ans Il eftoit
Mailtre ordinaire de la Chamt
274 MERCURE
bre des Comptes ; il fut reç
en cette Charge en l'anné
1663. n'ayant encore qué 21 .
ans ; & il eftoit prefque à la
tefte de cette Compagnie, puifqu'il eftoit immediatement
aprés M Bailly de la Croix
qui en elt Sous- Doyen. Il
eftoit du Semeftre d hiver ; &
il avoit acquis dans l'exercice
de cet employ beaucoup de
réputation Il cft frere de Mr
le Mayrat , fi connu par fon
merite & par les lumieres de
fon efprit ; & couſin germain
de M Voifin & de M deTrudaine Intendant de Dijon. Il
t
$
GALANT 275
laiffe plufieurs enfans ; l'aîné eft
Maistre des Requeftes & foû
tient avec honneur dans le
Confeil la réputation que fes
ancêtres ont acquife dans la
Robe depuis deux ou trois ficcles . Mrs le Mairat font connus à Paris depuis le regne de
Philippes le Long. Ce Prince
avoit auprés de luy un Officier
de ce nom qui luy donna de
frequentes preuves de fa fidelité. Nous devons au petit fils
de ce même Officier la publication de l'excellent ouvrage de Fuller qui a pour titre
Pharmacopoeia ex temporanea 1
276 MERCURE
Un Religieux Benedictin du
même nom & de la même fa- .
mille qui brilla dans fon Ordre
vers le milieu du quinziéme
ficcle, agitaune queftion qu'on
a renouvellée en ces derniers
temps , & qui ne fit pas alors
moins de bruit qu'elle en fait
à prefent entre un fçivant Je
fuité & un illuftre Auteur : il
s'agilloir de fçavoir files dé
mons eftoient les Auteurs des
Oracles du Paganifme ; le Religieux Benedictin prit le mê
me parti qu'a pris le Pere Battus, & prétendit qu'en cela il
n'y avoit aucune fupercherie
GALANT 277
ད
de la part des Preftres du Paganifme. Les Actes de la Difpute de Dom le Mairat ne furent pas rendus publics , mais
on en voit divers fragmens
dans quelques Abbayes de
Champagne & de Normandie.
Mr le Marquis de Choify ,
Gouverneur de Saar- Louis ,
eſt decédé âgé de 78. ans. Il
eftoit Lieutenant General des
Armées du Roy ; & il fut
nommé le premier dans la
nombreuſe, promotion du
26. Octobre de l'année
1704. Ce Marquis avoit
fervi pendant la plus grande
*
<
278S
MERCURE
partie de fa vie dans l'Infanterie , & il s'eftoit peu paffé
d'actions d'éclat de fon temps,
oùil n'euft donnédes marques
de fon courage & de fon
experience dant l'Art de la
Guerre. Il avoit efté Gouverneur de la Citadelle de Cambray &deThionville, &il avoit
eu l'honneur de commander
l'Armée du Roy au Siege de
Rhinfeld. Il eftoit proche pa
rent de Mrs de l'Hôpital , &
il fortoit d'une ancienne Maifon qui s'est toujours diftinguée par fon zele pour le ferVice de fes Princes ; il s'eftoit
GALANT 279
attiré par les manieres civiles
& bienfaifantes les cœurs de
tout le Peuple , & de la Nobleffe de fon Gouvernement
fa mort y a caufé de grands
regrets. Mr de Varennes Maréchal de Camp , & Licurenant de Roy de Saar Louis
Mr de Montmelian Major
& Mr Deſchamps Aide- major
de la même Place , firent faire
pourluy un Service magnifique dans la principale Eglife
de Saar- Louis ,› peu de jours
aprés fa mort ; & Mr de
Flamicourt Capitaine des
Portes de la même Place , en
280 MERCURE
fait faire un en fon particulier
pour marquer d'une maniere
plus finguliere l'attachement
refpectueux qu'il conferve
pour la memoire de cet illuftre
Gouverneur.
une Fortereffe que le Roy fit
bâtir en l'année 1680. elle
eft fituée dansle Duché de Bar ,
& prés de Longwi , & de
Marfal ; & à peu prés dans la
même diſtance de Stenay.
Saar Louis eft
Mre René de Savonnieres ,
Chevalier Seigneur de Linieres,
Confeiller en la grand' Chambre , eft mort fort regretté
dans le Parlement , où il avoit
GALANT 281
acquis beaucoup de réputation par fa probité , & par l'é
tenduë de fes lumieres. Il y a
quarante trois ans que Mr de
Savonnieres eftoit Confeiller.
au Parlement , y ayant eſté reçu le 12. Mars 1667. & il eftoit
devenu par fon ancienneté le
dixiéme Confeiller de la grand
Chambre. Il eftoit d'une ancienne famille connue dans le
Parlement il y a prés de deux
fiecles. Sous François I. il y
avoit déja dans cet augufte
Corps des Magiftrats de ce.
nom , & fous les regnes túmultueux des petits fils de ce PrinMars 1710.
A a
282 MERCURE
ce , ils fe diftinguerent par leur
fidelité & par leur zele pour le
fervice de nos Rois. Mr de Savonnieres eftoit parent de Mr
Ribaudon du Monceau Confeiller en la troifiéme Chambre des Enqueftes , & de Mr
Bence Confeiller en la même
Chambre. Mr de Savonnieres
fon grand pere fe rendit celebre vers le commencement du
dernier fiecle par les progrés
qu'il fit dans les Sciences humaines , & fur tout dans la
Phyfique experimentale , où il
fit de belles & de curieufes découvertes. Il eftoit auffi tres-
GALANT 283
verfé dans la Geometrie &
1'Algebre fpecieufe ; plufieurs
grands hommes qui ont paru
depuis avec éclat , ont profité
avec fuccés de fes écrits & de
fes obfervations. Mr Reland
dont on a de fi belles Differtations fur les Antiquitez Samaritaines , a ſouvent avoué qu'il
avoit obligation à ce fçavant
homme d'une grande partie
des lumieres qu'il avoit acqui
fe dans les Antiquitez Orientales , & fut tout dans les Medailles Samaritaines, upda
Mre N... de Greflé Confeiller du Roy & Auditeur en
A a ij
284 MERCURE
fa Chambre des Compres
eſt mort dans un âge peu
avancé. Il n'y avoit que neuf
ans qu'il eftoit Officier de
cette Compagnie , n'y ayant
efté reçu qu'en l'année 1701.
il eftoit du Semestre d'Hyver.
Mr de Greflé eftoit d'uneancienne famille de la Robbe
connu dans le Parlement peu
de temps aprés qu'il eut efté
rendu fedentaire par le Roy
Philippe le Bel , & il eftoit
proche parent de Mrs Coufin
Paye n, & Chavigné , Maiſtres
des Comptes ; mais fon merite
perfonnel le diftinguoit plus
GALANT 285
que tous ces avantages parti-..
culiers. I joignoit un goût
fûr & unefprit jufte aux lumie
res profondes qu'il avoit pui
fées dans une longue étude des
Sciences les plus difficiles ; il
avoit fait de grands progrés
dansles Mathemiques. L'attachement qu'il avoit eu dés
fa jeunelle pour cette Science j
l'avoit lié avec feu Mtle Marb
quis de l'Hôpital quel'on a
regardé dans ces derniers
temps comme un des premiers.
hommes de ce fiecle pour la
Geometrie. Plufieurs Sçavans
s'affembloient un jour de
286 MERCURE
chaque femaine chezMr Greflé
& traitoient dans des conferences reglées les queftions les
plus épineufes & les moins
développées des Mathematiques. Il n'eft pas le feul de
fa famillesqui fe foit rendu
celebre dans le Republique des
Lettres ; un Pere Greflé de
l'Ordre de Saint François , fuc
dans le penultieme fiecle un
des plus grands Theologiens
de fontemps. Il s'eftoit appliqué avec fuccés à l'étude de
l'Ecriture Sainte ;il avoit même
fait un Commentaire fur les
Evangiles , que l'on conferve
GALANT 287
manufcrit dans quelques Bibliotheques & qui auroit cfté .
d'une grande utilité s'il eur
parû. On croit que le Pere
Janton le pourra publier
lire les Articles , mais quoyque
la Renommée apprenne bientoft la mort des perfonnes de
GALANT 273
diftinction qui font decedéés, il
faut neanmoins fouvent beaucoup de temps pour apprendre ce que l'on en doit dire ,
& fur tout de celles qui font
mortes dans des lieux éloignez
de Paris. Mais quand leur mort
feroit arrivée à Paris même
je ne laiffe
quefois befoin de beaucoup
de temps pour m'informer à
fond de ce que je vous en dois
apprendre.
ге
pas d'avoir quelMie Antoine le Mairat Chevalier Seigneur de Nogent , eft
mort âgé de 68. ans Il eftoit
Mailtre ordinaire de la Chamt
274 MERCURE
bre des Comptes ; il fut reç
en cette Charge en l'anné
1663. n'ayant encore qué 21 .
ans ; & il eftoit prefque à la
tefte de cette Compagnie, puifqu'il eftoit immediatement
aprés M Bailly de la Croix
qui en elt Sous- Doyen. Il
eftoit du Semeftre d hiver ; &
il avoit acquis dans l'exercice
de cet employ beaucoup de
réputation Il cft frere de Mr
le Mayrat , fi connu par fon
merite & par les lumieres de
fon efprit ; & couſin germain
de M Voifin & de M deTrudaine Intendant de Dijon. Il
t
$
GALANT 275
laiffe plufieurs enfans ; l'aîné eft
Maistre des Requeftes & foû
tient avec honneur dans le
Confeil la réputation que fes
ancêtres ont acquife dans la
Robe depuis deux ou trois ficcles . Mrs le Mairat font connus à Paris depuis le regne de
Philippes le Long. Ce Prince
avoit auprés de luy un Officier
de ce nom qui luy donna de
frequentes preuves de fa fidelité. Nous devons au petit fils
de ce même Officier la publication de l'excellent ouvrage de Fuller qui a pour titre
Pharmacopoeia ex temporanea 1
276 MERCURE
Un Religieux Benedictin du
même nom & de la même fa- .
mille qui brilla dans fon Ordre
vers le milieu du quinziéme
ficcle, agitaune queftion qu'on
a renouvellée en ces derniers
temps , & qui ne fit pas alors
moins de bruit qu'elle en fait
à prefent entre un fçivant Je
fuité & un illuftre Auteur : il
s'agilloir de fçavoir files dé
mons eftoient les Auteurs des
Oracles du Paganifme ; le Religieux Benedictin prit le mê
me parti qu'a pris le Pere Battus, & prétendit qu'en cela il
n'y avoit aucune fupercherie
GALANT 277
ད
de la part des Preftres du Paganifme. Les Actes de la Difpute de Dom le Mairat ne furent pas rendus publics , mais
on en voit divers fragmens
dans quelques Abbayes de
Champagne & de Normandie.
Mr le Marquis de Choify ,
Gouverneur de Saar- Louis ,
eſt decédé âgé de 78. ans. Il
eftoit Lieutenant General des
Armées du Roy ; & il fut
nommé le premier dans la
nombreuſe, promotion du
26. Octobre de l'année
1704. Ce Marquis avoit
fervi pendant la plus grande
*
<
278S
MERCURE
partie de fa vie dans l'Infanterie , & il s'eftoit peu paffé
d'actions d'éclat de fon temps,
oùil n'euft donnédes marques
de fon courage & de fon
experience dant l'Art de la
Guerre. Il avoit efté Gouverneur de la Citadelle de Cambray &deThionville, &il avoit
eu l'honneur de commander
l'Armée du Roy au Siege de
Rhinfeld. Il eftoit proche pa
rent de Mrs de l'Hôpital , &
il fortoit d'une ancienne Maifon qui s'est toujours diftinguée par fon zele pour le ferVice de fes Princes ; il s'eftoit
GALANT 279
attiré par les manieres civiles
& bienfaifantes les cœurs de
tout le Peuple , & de la Nobleffe de fon Gouvernement
fa mort y a caufé de grands
regrets. Mr de Varennes Maréchal de Camp , & Licurenant de Roy de Saar Louis
Mr de Montmelian Major
& Mr Deſchamps Aide- major
de la même Place , firent faire
pourluy un Service magnifique dans la principale Eglife
de Saar- Louis ,› peu de jours
aprés fa mort ; & Mr de
Flamicourt Capitaine des
Portes de la même Place , en
280 MERCURE
fait faire un en fon particulier
pour marquer d'une maniere
plus finguliere l'attachement
refpectueux qu'il conferve
pour la memoire de cet illuftre
Gouverneur.
une Fortereffe que le Roy fit
bâtir en l'année 1680. elle
eft fituée dansle Duché de Bar ,
& prés de Longwi , & de
Marfal ; & à peu prés dans la
même diſtance de Stenay.
Saar Louis eft
Mre René de Savonnieres ,
Chevalier Seigneur de Linieres,
Confeiller en la grand' Chambre , eft mort fort regretté
dans le Parlement , où il avoit
GALANT 281
acquis beaucoup de réputation par fa probité , & par l'é
tenduë de fes lumieres. Il y a
quarante trois ans que Mr de
Savonnieres eftoit Confeiller.
au Parlement , y ayant eſté reçu le 12. Mars 1667. & il eftoit
devenu par fon ancienneté le
dixiéme Confeiller de la grand
Chambre. Il eftoit d'une ancienne famille connue dans le
Parlement il y a prés de deux
fiecles. Sous François I. il y
avoit déja dans cet augufte
Corps des Magiftrats de ce.
nom , & fous les regnes túmultueux des petits fils de ce PrinMars 1710.
A a
282 MERCURE
ce , ils fe diftinguerent par leur
fidelité & par leur zele pour le
fervice de nos Rois. Mr de Savonnieres eftoit parent de Mr
Ribaudon du Monceau Confeiller en la troifiéme Chambre des Enqueftes , & de Mr
Bence Confeiller en la même
Chambre. Mr de Savonnieres
fon grand pere fe rendit celebre vers le commencement du
dernier fiecle par les progrés
qu'il fit dans les Sciences humaines , & fur tout dans la
Phyfique experimentale , où il
fit de belles & de curieufes découvertes. Il eftoit auffi tres-
GALANT 283
verfé dans la Geometrie &
1'Algebre fpecieufe ; plufieurs
grands hommes qui ont paru
depuis avec éclat , ont profité
avec fuccés de fes écrits & de
fes obfervations. Mr Reland
dont on a de fi belles Differtations fur les Antiquitez Samaritaines , a ſouvent avoué qu'il
avoit obligation à ce fçavant
homme d'une grande partie
des lumieres qu'il avoit acqui
fe dans les Antiquitez Orientales , & fut tout dans les Medailles Samaritaines, upda
Mre N... de Greflé Confeiller du Roy & Auditeur en
A a ij
284 MERCURE
fa Chambre des Compres
eſt mort dans un âge peu
avancé. Il n'y avoit que neuf
ans qu'il eftoit Officier de
cette Compagnie , n'y ayant
efté reçu qu'en l'année 1701.
il eftoit du Semestre d'Hyver.
Mr de Greflé eftoit d'uneancienne famille de la Robbe
connu dans le Parlement peu
de temps aprés qu'il eut efté
rendu fedentaire par le Roy
Philippe le Bel , & il eftoit
proche parent de Mrs Coufin
Paye n, & Chavigné , Maiſtres
des Comptes ; mais fon merite
perfonnel le diftinguoit plus
GALANT 285
que tous ces avantages parti-..
culiers. I joignoit un goût
fûr & unefprit jufte aux lumie
res profondes qu'il avoit pui
fées dans une longue étude des
Sciences les plus difficiles ; il
avoit fait de grands progrés
dansles Mathemiques. L'attachement qu'il avoit eu dés
fa jeunelle pour cette Science j
l'avoit lié avec feu Mtle Marb
quis de l'Hôpital quel'on a
regardé dans ces derniers
temps comme un des premiers.
hommes de ce fiecle pour la
Geometrie. Plufieurs Sçavans
s'affembloient un jour de
286 MERCURE
chaque femaine chezMr Greflé
& traitoient dans des conferences reglées les queftions les
plus épineufes & les moins
développées des Mathematiques. Il n'eft pas le feul de
fa famillesqui fe foit rendu
celebre dans le Republique des
Lettres ; un Pere Greflé de
l'Ordre de Saint François , fuc
dans le penultieme fiecle un
des plus grands Theologiens
de fontemps. Il s'eftoit appliqué avec fuccés à l'étude de
l'Ecriture Sainte ;il avoit même
fait un Commentaire fur les
Evangiles , que l'on conferve
GALANT 287
manufcrit dans quelques Bibliotheques & qui auroit cfté .
d'une grande utilité s'il eur
parû. On croit que le Pere
Janton le pourra publier
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Résumé : Quatrieme Article des morts, [titre d'après la table]
Le texte relate les décès de plusieurs personnalités éminentes et les difficultés rencontrées pour obtenir des informations précises et rapides sur ces décès, même à Paris. Voici les principales personnalités mentionnées : Antoine le Mairat, Chevalier Seigneur de Nogent, est décédé à l'âge de 68 ans. Il occupait le poste de Maître ordinaire de la Chambre des Comptes depuis 1663 et était connu pour son travail et ses relations familiales, notamment avec Mr le Mayrat, ainsi que des personnalités telles que Mr Voisin et Mr de Trudaine. Il laisse plusieurs enfants, dont l'aîné est Maître des Requêtes. Mr le Marquis de Choisy est décédé à 78 ans. Il était Lieutenant Général des Armées du Roi et avait servi avec distinction, notamment lors du siège de Rhinfeld. Sa mort a suscité de grands regrets parmi le peuple et la noblesse. Mr René de Savonnières, Chevalier Seigneur de Linières, est décédé après 43 ans de service comme Conseiller au Parlement. Il était reconnu pour sa probité et ses lumières. Sa famille était distinguée depuis plusieurs siècles et avait fidèlement servi les rois de France. Mr de Greflé est décédé à un âge peu avancé. Il était Officier de la Chambre des Comptes depuis 1701 et provenait d'une famille ancienne et distinguée. Il était réputé pour ses connaissances en mathématiques et ses contributions aux sciences, et était lié avec des savants comme Mr Marquis de l'Hôpital.
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1987
p. 287-290
Me de Chastillon est nommée par le Roy, Abbesse de la Deserte, [titre d'après la table]
Début :
L'Abbaye de la Deserte, située à Lyon ayant vacqué [...]
Mots clefs :
Abbaye de la Deserte, Madame de Quibly, Mort, Abbesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Me de Chastillon est nommée par le Roy, Abbesse de la Deserte, [titre d'après la table]
L'Abbaye de la Deferte ,
fituée à Lyon ayant vacqué
par la mort de Madame de
Quibly , derniere Abbeffe &
qui avoit cfté Coadjutrice de
feue Me fa tante
nomma il y a quelque temps
à cette Abbaye Mc de Chatillon , Religieufe de l'Abbayede Saint Pierre de la même
Ville. La nouvelle Abbeffe
eft fœur aînée de Me d'Hyle Roy
288 MERCURE
Yours dont le merite eft fi
connu dans le monde. Mr
l'Evêque de Châlons fur Sзone
fie quelque temps aprés la
Ceremoniede Benir cette nouvelle Abbeffe , dans l'Eglife
de la Deferte. Me de Roftaing
Abbeffe de Chazaut & Me
de la Tour- vidant Prieure
perpetuelle du Monaſtere de
Saint Benoift de la même Ville,
furent les Abbeffes, affiftantes ;
& la derniere futi appellée
faute d'autre Abbeffe.
l'Evêque de Saint Flour , qui
fe trouva alors à Lyon , affiſta -
à la Ceremonie en Camail &
Mr
en
m Wuwuu དང go: ཀྱ
GALANT 289
I
2
Mc en Rochet , de même que
l'ancien Abbé de Saint Antoi
ne. Toute la Nobleffe de Lyon
dont la meilleure partie appartient à la nouvelle Abbeffe
affifta à la Ceremonie , & Mr
l'Evêque de Chalons , fit ouvrir les portes du Convent qui
eft tres vafte & qui eft d'une
grande ancienneté, à tout ceux
qui y voulurent entrer. Me
de Châtillon eft d'une des
meilleures Maifons du Pays.
Elle eft alliée à la Maiſon de
la Chaize & à celle de Rochefort. Elle refifta long - temps
avant que d'accepter cette
Bb
•
Mars 1710.
290 MERCURE
Abbaye, & elle ne l'a fait que
par l'ordre exprés de fes Supericurs & defeüe Me l'Abbeffe
de Saint Pierre.
fituée à Lyon ayant vacqué
par la mort de Madame de
Quibly , derniere Abbeffe &
qui avoit cfté Coadjutrice de
feue Me fa tante
nomma il y a quelque temps
à cette Abbaye Mc de Chatillon , Religieufe de l'Abbayede Saint Pierre de la même
Ville. La nouvelle Abbeffe
eft fœur aînée de Me d'Hyle Roy
288 MERCURE
Yours dont le merite eft fi
connu dans le monde. Mr
l'Evêque de Châlons fur Sзone
fie quelque temps aprés la
Ceremoniede Benir cette nouvelle Abbeffe , dans l'Eglife
de la Deferte. Me de Roftaing
Abbeffe de Chazaut & Me
de la Tour- vidant Prieure
perpetuelle du Monaſtere de
Saint Benoift de la même Ville,
furent les Abbeffes, affiftantes ;
& la derniere futi appellée
faute d'autre Abbeffe.
l'Evêque de Saint Flour , qui
fe trouva alors à Lyon , affiſta -
à la Ceremonie en Camail &
Mr
en
m Wuwuu དང go: ཀྱ
GALANT 289
I
2
Mc en Rochet , de même que
l'ancien Abbé de Saint Antoi
ne. Toute la Nobleffe de Lyon
dont la meilleure partie appartient à la nouvelle Abbeffe
affifta à la Ceremonie , & Mr
l'Evêque de Chalons , fit ouvrir les portes du Convent qui
eft tres vafte & qui eft d'une
grande ancienneté, à tout ceux
qui y voulurent entrer. Me
de Châtillon eft d'une des
meilleures Maifons du Pays.
Elle eft alliée à la Maiſon de
la Chaize & à celle de Rochefort. Elle refifta long - temps
avant que d'accepter cette
Bb
•
Mars 1710.
290 MERCURE
Abbaye, & elle ne l'a fait que
par l'ordre exprés de fes Supericurs & defeüe Me l'Abbeffe
de Saint Pierre.
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Résumé : Me de Chastillon est nommée par le Roy, Abbesse de la Deserte, [titre d'après la table]
L'Abbaye de la Déferte à Lyon est devenue vacante après le décès de Madame de Quibly, dernière abbesse. Madame de Châtillon, sœur aînée de Madame d'Hyle Roy, a été nommée pour lui succéder. La cérémonie de bénédiction a eu lieu en mars 1710 en présence de l'évêque de Châlons-sur-Saône, de l'évêque de Saint-Flour, de Madame de Roftaing, abbesse de Chazaut, et de Madame de la Tour-Vidant, prieure perpétuelle du monastère de Saint-Benoît. Toute la noblesse lyonnaise, dont une grande partie est liée à la nouvelle abbesse, a assisté à l'événement. Madame de Châtillon, issue d'une famille prestigieuse, est alliée aux maisons de la Chaize et de Rochefort. Elle a accepté cette charge sur ordre de ses supérieurs et de la défunte abbesse de Saint-Pierre, après avoir longtemps résisté.
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1988
p. 290-298
Prise de Possession de l'Abbaye de S. Pierre de Lyon, par Me de Brissac, [titre d'après la table]
Début :
Le Jeuy 27 Février Me l'Abbesse de S. Pierre de Lyon, [...]
Mots clefs :
Abbaye de Saint Pierre de Lyon, Bulles, Cérémonie, Chapitres, Me de Brissac
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texteReconnaissance textuelle : Prise de Possession de l'Abbaye de S. Pierre de Lyon, par Me de Brissac, [titre d'après la table]
Le Jeudy 27 Février M
l'Abbeffe de S. Pierre de Lyon ,
foeur de feu Mr le Duc de Brif
fac & tante de celuy qui porte
aujourd'huy cette qualité , prit
poffeffion defon Abbaye ; elle
avoit reçu quelque jours au
paravant les Bulles qui avoient
efté adreffées à Mrl Abbé Terraffon Official de Lyon , & fecond Cuftode de l'Eglife Paroiffiale de Sainte Croix de la
même Ville. LaCeremoniefe
&&
GALANT 291
fit l'apréfdinée. M' le Comte
de Saint Georges Precenteur
de l'Eglife de Lyon , & neveu
de M' l'Archevêque , alla prendre M. l'Abbeffe dans fon appartement & la conduifit au
Chapitre où toutes les Religieufes eftoient affemblées. Mr
Official yy prononça un Dif
€
響
Cours tres éloquent fur le fujec
de cette Ceremonie & fur
Thonneurqu'il avoit en ce jour
de mettre en poffeffion une
Abbeffe d'un nom fi illuftre,
& dont le merite eftoit fi univerfellement connu. Toute la
Communauté fortit en ProBb ij
292 MERCURE
ceffion du Chapitre, la Croix
eftant à la tefte , & M° FAbbeffe terminoit ce Cortege ,
precedée de tous fes Officiers
& de tout fon Clergé , conduite par Mr de S. Georges
& ayant à la droite Mr l'Offi
cial , &accompagnée de toute
fa livrée ; en cet eftat elle fit le
tour du Cloiftre , la Commu
nauté chantant des Répons.
La Proceffion fit le tour fur les
Terreaux , & entra par la grande porte de l'Eglife Paroiffiale
de Saint Pierre , dont M l'Ab..
beffe prit poffeffion. Deretour
enfon appartement elle fit fer
GALANY: 293
DI vir une magnifique collation
baux Meffieurs & aux Dames
qui avoient affifté à cette Ceremonie & à ceux qui eftoient
entrez en cette Maifon , dont
les portes furent ouvertes pendant tout le jour à ceux qui
eurent la curiofité de voir une
des plus belles Maifons Religieufes du Royaume. On tira
quantité de fufées & plufieurs
boettes dehors, & dedans le
Convent devant & aprés la
Ceremonie; il y eut le foir de
grandes illuminations, des fanfares , & un concert de Trompettes , Hautbois & autres Inf
Bb iij
294 MERCURE
trumens qui fervent à rendr
une Ceremonie plus pompeu
fe. Le Lundy 17. Mars fuivant
Mr l'Archevêque de Lyon be
nit la même Abbeffe dans l'Eglife de Saint Pierre qui eftoit
magnifiquement ornée de tentures de velours cramoifi vio
let , avec quantité de feftons
chargez d'écuffons aux Armés
de la Maiſon de Coffe, de mê
me que l'Autel , où l'on voyoic
auffi les Armes de Mr l'Archevêque. Ce Prelat celebra une
grande Meffe qui fut chantée
par les Religieufes . Il avoit
pour Diacre & Sous- Diacre ,
*
GALANT 295
Ս.
E
5
5
Mr le Comte d'Albon Archi
diacre de Lyon , & Mr le Com,
te de Chantelau-la- Chaife , &
chacun de ces deux Meffieurs
eftoit accompagné de huit Miniftres inferieurs , c'est - à- dire
de quatre autres Diacres & de
quatreSoûdiacres. Mr le Com,
tede Genitines frere aînéde Mr
l'Evêque de Limoges & grand
Cuftode de l'Eglife de S. Jean,
& Mr le Comte de Chemé laValette neveu de Mr l'Arche
vêque & fon grand Preftre ,
accompagnez de Mrs Terraft
fon , & Chazeneuve Chevaliers de Saint Jean , eftorent les
Bb iiij
296 MERCURE
>
quatre Chapitres. Il y avoit
plufieurs autres Miniftres inferieurs. L'Abbeffe qu'on alloit
benir eftoit accompagnée de
M de Roftaing Abbeffe de
Chazaur , & de M de Châtil
lon Abbeffe de la Deferte ( ces
deux Abbayes font fituées
dans la Ville de Lyon ) & de
quantité de Religieuſes qui
avoient accompagné ces deux
Abbeffes. Mrs les Comtes de
Saint Jeanyvinrent en Corps ,
de même que Mrs du Confu
lat. Mr Trudaine alors Inten
dant de Lyon , & Mr le Prin.
ce d'Harcourt Y affifterent,
*
GALANT 297
it
it
锡
Mr de Pompone , ci-devand
Ambaffadeur de Venife , qui
eftoit à Lyon depuis quelques
jours , y affifta , mais incognito
de même que Mela Comteffe
de Soiffons , quifait fon féjour
dans cette Abbaye. Cette Cel
remonic une des plus brillan
tes qu'onait vûës depuis longtemps , fut fuivie d'un magni
fique repas que l'Abbcffc nous
vellement benite donna à cet
illuftre Clergé. Rien de ce que
la Saifon peut fournir de plus
délicat & de plus délicieux n'y
fur oublié. Ony admira une
profufion de toutes chofes
298 MERCURE
mais bien entendue. Le Deffert
fur tout fut magnifique. Aprés
le dîner on ouvrit les portes du
Convent à tous ceux qui voulurent y entrer
l'Abbeffe de S. Pierre de Lyon ,
foeur de feu Mr le Duc de Brif
fac & tante de celuy qui porte
aujourd'huy cette qualité , prit
poffeffion defon Abbaye ; elle
avoit reçu quelque jours au
paravant les Bulles qui avoient
efté adreffées à Mrl Abbé Terraffon Official de Lyon , & fecond Cuftode de l'Eglife Paroiffiale de Sainte Croix de la
même Ville. LaCeremoniefe
&&
GALANT 291
fit l'apréfdinée. M' le Comte
de Saint Georges Precenteur
de l'Eglife de Lyon , & neveu
de M' l'Archevêque , alla prendre M. l'Abbeffe dans fon appartement & la conduifit au
Chapitre où toutes les Religieufes eftoient affemblées. Mr
Official yy prononça un Dif
€
響
Cours tres éloquent fur le fujec
de cette Ceremonie & fur
Thonneurqu'il avoit en ce jour
de mettre en poffeffion une
Abbeffe d'un nom fi illuftre,
& dont le merite eftoit fi univerfellement connu. Toute la
Communauté fortit en ProBb ij
292 MERCURE
ceffion du Chapitre, la Croix
eftant à la tefte , & M° FAbbeffe terminoit ce Cortege ,
precedée de tous fes Officiers
& de tout fon Clergé , conduite par Mr de S. Georges
& ayant à la droite Mr l'Offi
cial , &accompagnée de toute
fa livrée ; en cet eftat elle fit le
tour du Cloiftre , la Commu
nauté chantant des Répons.
La Proceffion fit le tour fur les
Terreaux , & entra par la grande porte de l'Eglife Paroiffiale
de Saint Pierre , dont M l'Ab..
beffe prit poffeffion. Deretour
enfon appartement elle fit fer
GALANY: 293
DI vir une magnifique collation
baux Meffieurs & aux Dames
qui avoient affifté à cette Ceremonie & à ceux qui eftoient
entrez en cette Maifon , dont
les portes furent ouvertes pendant tout le jour à ceux qui
eurent la curiofité de voir une
des plus belles Maifons Religieufes du Royaume. On tira
quantité de fufées & plufieurs
boettes dehors, & dedans le
Convent devant & aprés la
Ceremonie; il y eut le foir de
grandes illuminations, des fanfares , & un concert de Trompettes , Hautbois & autres Inf
Bb iij
294 MERCURE
trumens qui fervent à rendr
une Ceremonie plus pompeu
fe. Le Lundy 17. Mars fuivant
Mr l'Archevêque de Lyon be
nit la même Abbeffe dans l'Eglife de Saint Pierre qui eftoit
magnifiquement ornée de tentures de velours cramoifi vio
let , avec quantité de feftons
chargez d'écuffons aux Armés
de la Maiſon de Coffe, de mê
me que l'Autel , où l'on voyoic
auffi les Armes de Mr l'Archevêque. Ce Prelat celebra une
grande Meffe qui fut chantée
par les Religieufes . Il avoit
pour Diacre & Sous- Diacre ,
*
GALANT 295
Ս.
E
5
5
Mr le Comte d'Albon Archi
diacre de Lyon , & Mr le Com,
te de Chantelau-la- Chaife , &
chacun de ces deux Meffieurs
eftoit accompagné de huit Miniftres inferieurs , c'est - à- dire
de quatre autres Diacres & de
quatreSoûdiacres. Mr le Com,
tede Genitines frere aînéde Mr
l'Evêque de Limoges & grand
Cuftode de l'Eglife de S. Jean,
& Mr le Comte de Chemé laValette neveu de Mr l'Arche
vêque & fon grand Preftre ,
accompagnez de Mrs Terraft
fon , & Chazeneuve Chevaliers de Saint Jean , eftorent les
Bb iiij
296 MERCURE
>
quatre Chapitres. Il y avoit
plufieurs autres Miniftres inferieurs. L'Abbeffe qu'on alloit
benir eftoit accompagnée de
M de Roftaing Abbeffe de
Chazaur , & de M de Châtil
lon Abbeffe de la Deferte ( ces
deux Abbayes font fituées
dans la Ville de Lyon ) & de
quantité de Religieuſes qui
avoient accompagné ces deux
Abbeffes. Mrs les Comtes de
Saint Jeanyvinrent en Corps ,
de même que Mrs du Confu
lat. Mr Trudaine alors Inten
dant de Lyon , & Mr le Prin.
ce d'Harcourt Y affifterent,
*
GALANT 297
it
it
锡
Mr de Pompone , ci-devand
Ambaffadeur de Venife , qui
eftoit à Lyon depuis quelques
jours , y affifta , mais incognito
de même que Mela Comteffe
de Soiffons , quifait fon féjour
dans cette Abbaye. Cette Cel
remonic une des plus brillan
tes qu'onait vûës depuis longtemps , fut fuivie d'un magni
fique repas que l'Abbcffc nous
vellement benite donna à cet
illuftre Clergé. Rien de ce que
la Saifon peut fournir de plus
délicat & de plus délicieux n'y
fur oublié. Ony admira une
profufion de toutes chofes
298 MERCURE
mais bien entendue. Le Deffert
fur tout fut magnifique. Aprés
le dîner on ouvrit les portes du
Convent à tous ceux qui voulurent y entrer
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Résumé : Prise de Possession de l'Abbaye de S. Pierre de Lyon, par Me de Brissac, [titre d'après la table]
Le 27 février, l'abbesse de Saint-Pierre de Lyon, tante du duc de Brissac, prit possession de l'abbaye. Quelques jours auparavant, elle avait reçu les bulles destinées à l'abbé Terrafson, official de Lyon et second custode de l'église paroissiale de Sainte-Croix. La cérémonie se déroula l'après-midi. Monsieur le comte de Saint-Georges, précenteur de l'église de Lyon et neveu de l'archevêque, conduisit l'abbesse au chapitre où toutes les religieuses étaient réunies. Monsieur l'official prononça un discours sur l'honneur de mettre en possession une abbesse d'un nom illustre et dont le mérite était universellement reconnu. La communauté fit procession du chapitre, suivie par l'abbesse accompagnée de ses officiers et de son clergé, conduite par Monsieur de Saint-Georges et ayant à sa droite Monsieur l'official. Elles firent le tour du cloître et des terreaux avant d'entrer par la grande porte de l'église paroissiale de Saint-Pierre. De retour dans ses appartements, l'abbesse offrit une collation aux invités. Les portes du couvent restèrent ouvertes toute la journée pour permettre aux visiteurs de voir la maison religieuse. Des feux d'artifice et des illuminations furent tirés avant et après la cérémonie, accompagnés de fanfares et d'un concert de trompettes et de hautbois. Le 17 mars suivant, l'archevêque de Lyon bénit l'abbesse dans l'église de Saint-Pierre, magnifiquement ornée de tentures de velours cramoisi violet et d'écussons aux armes de la maison de Cosse. Une grande messe fut chantée par les religieuses, avec Monsieur le comte d'Albon comme diacre et Monsieur le comte de Chantelau-la-Chaise comme sous-diacre. Plusieurs autres ministres inférieurs étaient présents. L'abbesse bénite fut accompagnée de Madame de Roffaing, abbesse de Chazaur, et de Madame de Châtillon, abbesse de la Déserte, ainsi que de nombreuses religieuses. Monsieur Trudaine, intendant de Lyon, et Monsieur le prince d'Harcourt assistèrent également à la cérémonie, ainsi que Monsieur de Pompone, ancien ambassadeur de Venise, et Madame la comtesse de Soissons. Cette cérémonie, l'une des plus brillantes vues depuis longtemps, fut suivie d'un magnifique repas offert par l'abbesse nouvellement bénite.
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1989
p. 298-299
Second Article de Mariage, [titre d'après la table]
Début :
Mr le Marquis de Broglie, Brigadier des Armées du Roy, [...]
Mots clefs :
Marquis de Broglie, Mariage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Second Article de Mariage, [titre d'après la table]
Mrle Marquis de Broglie ,
Brigadier des Armées du Roy
Intpecteur General del Infan
rie Colonel du Regiment
de l'Ile de France , fils de Mr
le Comte de Broglie , Lieutenant General des Armées du
Roy , & Gouverneur d'Avênes , & de Dame Marie dela
Moignon , époufa le 13. , de
ce mois dans la Parroiffe de
Saint Gervais Mile Voyfing,
GALANT
2
fille de Mr Voyfin , Maifto
& Secretaire d'Etat
Guerre , & de Dame N....
Trudaine. La Ceremonie fut
faite par Mr de la Berchere
Archevêque de Narbonne.
Brigadier des Armées du Roy
Intpecteur General del Infan
rie Colonel du Regiment
de l'Ile de France , fils de Mr
le Comte de Broglie , Lieutenant General des Armées du
Roy , & Gouverneur d'Avênes , & de Dame Marie dela
Moignon , époufa le 13. , de
ce mois dans la Parroiffe de
Saint Gervais Mile Voyfing,
GALANT
2
fille de Mr Voyfin , Maifto
& Secretaire d'Etat
Guerre , & de Dame N....
Trudaine. La Ceremonie fut
faite par Mr de la Berchere
Archevêque de Narbonne.
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Résumé : Second Article de Mariage, [titre d'après la table]
Le mariage du Marquis de Broglie, Brigadier des Armées du Roy, Inspecteur Général de l'Infanterie et Colonel du Régiment de l'Île de France, avec Mademoiselle Voyfing a eu lieu le 13 du mois dans la paroisse de Saint Gervais. Le Marquis est le fils du Comte de Broglie, Lieutenant Général des Armées du Roy et Gouverneur d'Avênes, et de Dame Marie de la Moignon. Mademoiselle Voyfing est la fille de Monsieur Voyfin, Maître et Secrétaire d'État à la Guerre, et de Dame N... Trudaine. La cérémonie a été officiée par Monsieur de la Berchere, Archevêque de Narbonne.
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1990
p. 299-325
Ce qui se passa à Versailles le 19 de ce mois lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles s'y rendit à la teste du Clergé, & les Harangues que son Eminence fit au Roy & à Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay si souvent parlé de ces illustres familles, & [...]
Mots clefs :
Clergé, Église des grands Augustins, Messe de Saint Esprit, Versailles, Cardinal de Noailles, Discours, Roi, Gloire, Religion, Coeur, Naissance, Dieu, Peuples
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui se passa à Versailles le 19 de ce mois lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles s'y rendit à la teste du Clergé, & les Harangues que son Eminence fit au Roy & à Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
Je vous ay fi fouvent parlé
de ces illuftres familles , &
en particulier du merite de
ceux qui les compofent , &
des actions par lesquelles ils
fe font diftinguez que je ne
crois pas vous en devoir dire
d'avantage aujourd'huy.
Je vous ay déja parlé de
tout ce qui fe paffa aux grands
Auguftins les de ce mois
с
300 MERCURE
y
lors queLle Clergé s'y affem .>
bla pour la premiere fois , de
la Meffe du Saint Efprit qui
fut celebrée , & je vous ay
donné un Extrait du Sermon
qui yfut prêché le mêmejour.
al Le 19.cet Auguſte Corps
fe rendit à Verfailles dans un
Appartement du Chateau
qui luy avoit efté preparé. Mr
le Comte de Pontchartrain ,
Secretaire d'Etat l'y vint prendre avec Mr le Marquis de
Dreux Grand Maiftre des
Ceremonies ,& Mr des Granges Maiftre des Ceremonies,
& il fut ainfi conduit à l'Au
GALANT gor ༢or
diance du Roy les Gardes du
Corps eftant en haye dans
leur Salle , & fous les Armes ,
&les deux battans des Portes
ayant cfté ouverts. Monfieur
le Cardinal de Noailles prit
la parole , & fit au Roy le
Difcours fuivant. bl
१
IMSIRE,
-
Nous venons avecjoye & eme
preſſement rendre àVoſtre Majefté
nos tres - humbles hommages , &
ceux de tout le Clergé de France
que cette Affembléereprefente , &
qui eft beaucoup moins le premier
302 MERCURE
Corps de voftre Royaume parfon
rang, que parfon zele pour vostre
fervice,
༢༠༡༥།
Nous venons en renouveller à
V. M.les proteftations lesplusfinceres , nousfouhaiterions qu'il
nous fuft poffible d'en donner des
preuves plus fortes coplus écla osdans le cours de cet Affemblée, que nous n'avons fait encore
dans les autres.ian bus
La mesure de noftre zele nefera
jamais celle de nos forces , telles
qu'elles puiffent eftre, grandes ou
perites , entieres ou épuifées , il ira
toûjours beaucoup au-delà , ilfera
au deffus de tous les évenemens
GALANT 303
rien ne le diminuëtajamais.
** Ce qui pourroit affaiblir celuy des autres , ne fervira , qu'
fortifier le nostre. Les malheurs
de cette vie , les revolutions qui
arrivent dans tous les Etats ,
peuvent ébranler la fidelité des
peuples conduits par des vûës bafJes e intereffées , mais elles ne
font qu'affermircelle des Miniftrès
de Dieu , qui doivent entrer dans
fes deffeins , & avoir des vûës
plus élevées.
1
Que David foit heureux ou
malheureux, le grand Preftre eft
également attaché à luy , ilfe déclare même plus hautement enfa
304 MERCURE
faveur, &faitplus d'effortspour
Le fecourir , quand il le voit dans
unplusgrand befoin.
Illuy donne les pains offerts à
Dieu , qui eftoient dans le Temple ,
dont il n'eftoit permis qu'aux
Preftres de manger. Il luy laiffe
prendre l'épée de Goliath , confacrée à la gloire du Seigneur ,parce
qu'il n'en avoitpoint d'autre à lug
donner, &il s'expofe genereufe
mentpar cet office de religion à la
mort que Sail luy fit fouffrir peu
aprés.
C'est une leçon pour nous , &
un exemple que nos cœurs ne nous
preffent pas moins que noftre de-
GALANT 305
voir de remplirà l'égard de Voftre
Majesté.
Sile cours defes victoires a été interrompu parar les ordres fecrets &
impenetrables de lafageffe deDieu,
qui fait ce qu'il luy plaift desplus
grands hommes , comme des plus petits pendap
pourfaire د que
grandeur & toute puiffance vient
de luy. Si
Vos armed
à qui rien
•
toune refiftoit autresfois n'ont pas
jours eu le mêmefort. Sicette gloire
humaine qu'elles vous ont attirée ,
qui a étonné le monde entier , au
point qu'on enen peut dire ce que
Ecriture dit de celle d'Alexandre
le Grand , que toute la terre en
Mars 1710.
Ca
306 MERCURE
eft tombée dans le filence. Sz
cette gloire , dis je , a reçu quelque
atteinte par les malheurs de la
guerre , noftre attachement pour
V. M. n'en eft que plusferme
plus ardent.
Nous adorons la main qui vous
frape , nous vous refpectonsda
vantage , s'il eftpoffible ,fous cette
main divine , dont les coupsfalu
taires vous rendent plus reſpectable auxyeux de la Foy.
Elle nous apprend qu'une trop
longue e trop grande profperité
annonce un malheurplus grand
plus long, puifqu'il fera éternel ,
&que le bonheur continuel de
GALANT: 307
cette vie eft le Paradis des repron
me ?• +
· L'experience ne l'enſeigne pas
moins que la Foy ; car ne voit on
pas dans toutes les biftoires , que
Les Princes qui n'ont jamais fenti
la main de Dieu , qu'il a laiſſe
joüirpaiſiblement des plaiſirs , des
grandeurs &'rde toute la gloire de
ce monde,fans y répandre aucunè
amertume, ont eſté enyvrez de leur
bonheur , ont vecu dans l'aveuglement , font morts dans l'impenitence nu
2.Se font done ,felon l'esprit de
la Religion, des graces & desfam
yeurs que ce que le monde appelle
Ccij
308 MERCURE
malheur & difgrace ; cefont des
moyens de meriter unbonheurplus
pur & plus folide que celuy de
cette vie , Dieu compte pour rien
ce qui n'eft pas éternel , & netrou
ve dans aucun bien periſſable une
digne récompenfe pour fes: Elús
ainfi il ne leur ofte lafauffegloire
de ce monde , que les hommes onta
beau appeller immortelle , &qui
paffe toujours , que pour les pre
parer à la gloire de l'éternitéfeule
folide & veritable immortelle.
C'eftce quenous envifageons ,
SIRE , dans vos peines nous
yvozons avecconfolation la bonté
de Dieu pour vous , & nous
GALANT 309
admirons avec veneration lecou
rage & la foy que vous yfaites
paroître sap sailo Tag
Ellemeritefans doute beaucoup
mieux , que les exploits militaires
d'Alexandre , ce filence d'admira."
tion où toute la terre tomba devant luy , & elle est encore plus
digne du refpect , de l'amour
du zele de vos Evêques , &de
tout le Clergé attaché à V. M.
par des liens plus purs & plus
facrez que vos autres Sujets.
Mais ce qui doit les remplir
tous , de quelque profeffion qu'ils
foient , de reconnoiffance , auffi
bienque d'admirationpourV. M.
30 MERCURE
eft le grand defir qu'elle a de
leur donner lapaix. I's fçavent
tous ce qu'elle veut bien facrifier
pour leur procurer un bien
precieux & fi neceffaire , es
qu'elle ne l'a retarde quepour le
rendre plus feur & plus folide
& ne pas prendre l'ombre
l'apparence d'une paix ; pour une
paix réelle veritable.
Perfonne n'ignore que V. M.
s'oublie elle même , pour ne fe
fouvenir que de l'extrême befoin
defespeuples qu'elle abandonne
genereufement fespropres interefts
pour leur repos ; que même la
tendreffe paternelle Jemimentfo
GALANT 311
t
jufte , fi vif, & fi puiffant
fur tout pour les bons cœurs , ne
peut l'emporter fur le defir que
vous avezdefoulagervospeuples.
Quelfacrifice & quel effort
de vostre bonté pour eux ; mais
il est vrai qu'ils l'ont bien
merité par tout ce qu'ils ont fait
&fouffert pour voftre fervice
dans des guerres fi frequentes
fi longues & fi dures :
jufte qu'eftant les meilleurs detous
les peuples , ils trouvent en "yous
le meilleur de tous les Rois.
Mais ce n'eft pas feulement
l'intereft de vos Sujets , c'est la
caufe de sans les peuples que vous
il eft
310 MERCURE
ils
foûtenez, en travaillant fifortement à la paix de l'Europe's car
ne fçait- on pas que par tout
fouffrent, & que vos Ennemis
avec toute la joye de leursfuccés,
n'en ont pas moins la douleur de
voir leur pays ruiné , leurs peuples gémir comme les autres ,
qu'ils n'ontque les évenemenspour
eux. Fantil eft vray que la guerre eft un mal univerfel que Dieu
fait fentir aux heureux ,
heureux , comme
aux malheureux , pour les punir
tous.
S'il vous en coûte donc, SIRE,
pourfaire lapaix , fi vous l'achetez cherement, que vous enferez
avanta-
GALANT 313
avantageufement & glorieufement dédommagé par la grandeur
d'ame que vousyferez paroiftre ,
par le bien infini que vous procurerez à tant de peuples accablez ,
&fur toutpar le trefor pretieux
que vous acquererez de nouveau ,
en vous attachantplus fortement
que jamais les cœurs de vos Sujets.
Quelle richeffe & quelle force
pour un Roy, que la tendreffe &
la confiance de fes Sujets ; que ne
trouve- t-il pas dans leurs cœurs
quand ils font veritablement à
luy?
Quel Empire , écrivoit ungrand
Mars 1710.
Dd .
314 MERCURE
Evefque aun Empereur , y a-t-il
mieux établi , & dont les fondemens foient plus folides &
plus feurs , que celuy qui eft
muni par l'affection & lattachement des peuples ? Qui eftce qui eft plus en affurance &
a moins à craindre , qu'un
Prince qu'on ne craint point,
&pour qui tous fes Sujets craignent ?
Que n'avez vous donc pas
attendre, SIRE , des voftres ,
leur donnant des preuvesfi effecti
ves de vostre bonté pour eux ?
Que ne devons-nous pas faire en
noftre particulier , pour vous en
à
GALANT 3'5
1
marquer noftre reconnoiffance ;
nous qui fommes les Pafteurs &
les peres fpirituels de vos peuples ,
plus intereffez & plus fenfibles
que d'autres à leurs miferes ; nous
quipar noftre caractere fommes
des Miniftres depaix obligez àla
defirer , à la demander , & à la
procurer par tous les moyens qui
peuvent dépendre de nous ?
Heureux fi nous pouvons y
1 contribuerparquelqu'endroit, nonfeulement par nos vœux & nos
prieres , mais auffi par nos biens.
Nous les tiendrons bien employez
à payer un don fi pretieux, &
nous ne craindrons point d'en chanう
Dd ij
316 MERCURE
ger la deftination, ce que nouspourrions fairefans crime , en les faifantfervirà foulager vos peuples,
à les faire jouir de la paix , ou à
les deffendre par une bonne guerre
de la fureur de vos Ennemis , &
en deffendre mefme l'Eglife , qui
n'eftpas moins attaquée que vostre
Royaume, dont les interefts ne
peuvent estre feparez de ceux de
Voſtre Majefté , parce qu'elle en
eft le plus ferme & le plus folide
appuy.
Faffe le Ciel que lesgrands
importans fervices que V. M. a
rendus , & rend encore tous les
jours à la Religion , foient prom-
GALANT 317
& les
ptement recompenfezpar unepaix
feure durable. Que Dieu de
quifeul elle dépend, & qui l'arefuféejufqu'à prefentdans fa juftice enpunition despechez du monde, appaife par les prieres
gemiffemens de tant de peuples
affligez l'accorde enfin dans fa
mifericorde. Que Voftre Majefté
aprés avoir efté long- temps un
David guerrier & genereux ,
foit le refte de fes jours un pacifique Salomon. Que fes jours fi
pretieux pour nous , &pour tous
fes Sujets , approchent autant qu'il
fera poffible de ceux des Patriarches avantle deluge. Qu'elle voye
Dd iii
318 MERCURE
,
naiſtre encore dans fa Famille
Royale plufieurs Princes , quiperpetuëntfaRace & lafaſſent durer jufqu' à la confommation du
ficcle ; qu'elle ait la joye de les former elle-même, & de leur infpirer
parſesgrands exemples & fesfages maximes des fentimens dignes
de leur augufte naiffance. Mais
qu'elle ait auffi la confolation de
voirfes peuples heureux ; qu'ils
puiffent fe repofer tranquilement,felon l'expreffion d'un Prophete , chacun fous fa vigne &
fous fon figuier , fans craindre
aucun Ennemi ; qu'ils faffent
de leurs épées des focs de char-
GALANT 319
rues , & deleurs lances des inftrumens à remuer la terre.
QueV. M regne deplus en plus
dans leur cœur , & qu'elle yfot
tienne toûjours plus fortement le
Royaume de Dieu par une Relis
gion pure & fans tache e' une
pieté fincere e folide , telle qui
convient à un Roy & à un
Royaume tres-Chreftien.
es
Le Clergé fe rendit enfuite
chez Monfeigneur le Dau
phin , & Monfieur le Cardinal
de Noailles luy parla en ces
termes :
Dd iiij
320 MERCURE
MONSEIGNEUR,
Cleft toûjours avec la même
joyer le même empreffement
que nous venons vous rendre nos ›
tres - profonds refpects. C'est un
devoir où nous ne trouvons pas
moins de plaifir que dejuftice.
Nous reconnoiffons ce qui eft
dú aurangque vous donne vostre
augufte naiffance ; mais nous
ne fentons pas moins ce que
mande de nous voſtre bonté
naturelle , qualitéfi rare , quoyque
neceſſaire , dans une fi grande
élevation , parce que le cœur
s'éleve ordinairement àproportion
de-
GALANT 321
de ce qu'il fe voit au deffus des
autres.
Combien de Princes croyent
n'eftre fur le Trône que pour
eux-mêmes , que pour fatisfaire
leurs defirs ne regardent leurs
Sujets que comme leurs efclaves ,
&font infenfibles à leurs peines.
Voftre religion , MONSEIGNEUR , & voftre
bon cœur vous donnent d'autres
fentimens vous fçavez que
Dieun'a mis les Souverains fur
la tête des autres hommes, quepour
les proteger, les fecourir
foulagerdans leurs maux , qu'ils
doivent comme luy defcendre de
les
A
322 MERCURE
leur élevation pour voir ce que
les peuples fouffrent entrer
dans leurspeines , & travailler
à les en délivrer
&
DNA ?
l'attaEn rempliffant un fojufte devoir , non feulement ils rendent
à Dieu ce qu'ils luy doivent,
mais ils fe foutiennent & fe
fortifient eux - mêmes , parce
qu'ils gagnent le cœur
chement des peuples , qui fait la
plus grande force des Rois. La
mifericorde & la verité gar
dent le Roy , & la clemence
affermit fon Trône , difoit le
plus fage & le plus heureux de
tous les Rois tant qu'il s'eft
GALANT 323
laiffe conduire par lafageffe de
Dieu.
Confervez donc , MONSEIGNEUR , cette bonté
fi agreable à Dieu , fi aimable
• pour tous ceux qui dépendent de
vous fi utile pour vousmême. Augmentez - la pour le
Clergé attaché à vous par tant
de liens , par religion , par reconnoiffance , par zelepour le Roy ,
dont on ne peut vous feparer
puifque le cœur & la tendreffe
vous unit à Sa Majesté encore
plus que la naiffance & le devoir.
Vous fçavez à quel point
nous luyfommes dévoüez , quels
1
324 MERCURE
efforts nous avons fait & voulons faire encore pourfonfervice ,
&que nous ne confultons plus
que nos cœurs &point nosforces
d'abord qu'il a beſoin de nous.
Tout cela vous répond
MONSEIGNEUR , de
noftre attachement pour vous
&nousfait efperer vostre bonté
pour nous , la continuation de
l'honneur de votre protection
pour tout le Clergé , nous vous
la demandons avec inftance ;
nous ofons affeurer que nous la
meritonspar noftreprofond respect,
par une fidelité à toute épreuve ,
& par les vœux finceres &
GALANT 25
• ardens que nous faifons pour
voftre longue confervation , pour
voftre profperité ,
de toute la Maifon Royale."
pour cel
de ces illuftres familles , &
en particulier du merite de
ceux qui les compofent , &
des actions par lesquelles ils
fe font diftinguez que je ne
crois pas vous en devoir dire
d'avantage aujourd'huy.
Je vous ay déja parlé de
tout ce qui fe paffa aux grands
Auguftins les de ce mois
с
300 MERCURE
y
lors queLle Clergé s'y affem .>
bla pour la premiere fois , de
la Meffe du Saint Efprit qui
fut celebrée , & je vous ay
donné un Extrait du Sermon
qui yfut prêché le mêmejour.
al Le 19.cet Auguſte Corps
fe rendit à Verfailles dans un
Appartement du Chateau
qui luy avoit efté preparé. Mr
le Comte de Pontchartrain ,
Secretaire d'Etat l'y vint prendre avec Mr le Marquis de
Dreux Grand Maiftre des
Ceremonies ,& Mr des Granges Maiftre des Ceremonies,
& il fut ainfi conduit à l'Au
GALANT gor ༢or
diance du Roy les Gardes du
Corps eftant en haye dans
leur Salle , & fous les Armes ,
&les deux battans des Portes
ayant cfté ouverts. Monfieur
le Cardinal de Noailles prit
la parole , & fit au Roy le
Difcours fuivant. bl
१
IMSIRE,
-
Nous venons avecjoye & eme
preſſement rendre àVoſtre Majefté
nos tres - humbles hommages , &
ceux de tout le Clergé de France
que cette Affembléereprefente , &
qui eft beaucoup moins le premier
302 MERCURE
Corps de voftre Royaume parfon
rang, que parfon zele pour vostre
fervice,
༢༠༡༥།
Nous venons en renouveller à
V. M.les proteftations lesplusfinceres , nousfouhaiterions qu'il
nous fuft poffible d'en donner des
preuves plus fortes coplus écla osdans le cours de cet Affemblée, que nous n'avons fait encore
dans les autres.ian bus
La mesure de noftre zele nefera
jamais celle de nos forces , telles
qu'elles puiffent eftre, grandes ou
perites , entieres ou épuifées , il ira
toûjours beaucoup au-delà , ilfera
au deffus de tous les évenemens
GALANT 303
rien ne le diminuëtajamais.
** Ce qui pourroit affaiblir celuy des autres , ne fervira , qu'
fortifier le nostre. Les malheurs
de cette vie , les revolutions qui
arrivent dans tous les Etats ,
peuvent ébranler la fidelité des
peuples conduits par des vûës bafJes e intereffées , mais elles ne
font qu'affermircelle des Miniftrès
de Dieu , qui doivent entrer dans
fes deffeins , & avoir des vûës
plus élevées.
1
Que David foit heureux ou
malheureux, le grand Preftre eft
également attaché à luy , ilfe déclare même plus hautement enfa
304 MERCURE
faveur, &faitplus d'effortspour
Le fecourir , quand il le voit dans
unplusgrand befoin.
Illuy donne les pains offerts à
Dieu , qui eftoient dans le Temple ,
dont il n'eftoit permis qu'aux
Preftres de manger. Il luy laiffe
prendre l'épée de Goliath , confacrée à la gloire du Seigneur ,parce
qu'il n'en avoitpoint d'autre à lug
donner, &il s'expofe genereufe
mentpar cet office de religion à la
mort que Sail luy fit fouffrir peu
aprés.
C'est une leçon pour nous , &
un exemple que nos cœurs ne nous
preffent pas moins que noftre de-
GALANT 305
voir de remplirà l'égard de Voftre
Majesté.
Sile cours defes victoires a été interrompu parar les ordres fecrets &
impenetrables de lafageffe deDieu,
qui fait ce qu'il luy plaift desplus
grands hommes , comme des plus petits pendap
pourfaire د que
grandeur & toute puiffance vient
de luy. Si
Vos armed
à qui rien
•
toune refiftoit autresfois n'ont pas
jours eu le mêmefort. Sicette gloire
humaine qu'elles vous ont attirée ,
qui a étonné le monde entier , au
point qu'on enen peut dire ce que
Ecriture dit de celle d'Alexandre
le Grand , que toute la terre en
Mars 1710.
Ca
306 MERCURE
eft tombée dans le filence. Sz
cette gloire , dis je , a reçu quelque
atteinte par les malheurs de la
guerre , noftre attachement pour
V. M. n'en eft que plusferme
plus ardent.
Nous adorons la main qui vous
frape , nous vous refpectonsda
vantage , s'il eftpoffible ,fous cette
main divine , dont les coupsfalu
taires vous rendent plus reſpectable auxyeux de la Foy.
Elle nous apprend qu'une trop
longue e trop grande profperité
annonce un malheurplus grand
plus long, puifqu'il fera éternel ,
&que le bonheur continuel de
GALANT: 307
cette vie eft le Paradis des repron
me ?• +
· L'experience ne l'enſeigne pas
moins que la Foy ; car ne voit on
pas dans toutes les biftoires , que
Les Princes qui n'ont jamais fenti
la main de Dieu , qu'il a laiſſe
joüirpaiſiblement des plaiſirs , des
grandeurs &'rde toute la gloire de
ce monde,fans y répandre aucunè
amertume, ont eſté enyvrez de leur
bonheur , ont vecu dans l'aveuglement , font morts dans l'impenitence nu
2.Se font done ,felon l'esprit de
la Religion, des graces & desfam
yeurs que ce que le monde appelle
Ccij
308 MERCURE
malheur & difgrace ; cefont des
moyens de meriter unbonheurplus
pur & plus folide que celuy de
cette vie , Dieu compte pour rien
ce qui n'eft pas éternel , & netrou
ve dans aucun bien periſſable une
digne récompenfe pour fes: Elús
ainfi il ne leur ofte lafauffegloire
de ce monde , que les hommes onta
beau appeller immortelle , &qui
paffe toujours , que pour les pre
parer à la gloire de l'éternitéfeule
folide & veritable immortelle.
C'eftce quenous envifageons ,
SIRE , dans vos peines nous
yvozons avecconfolation la bonté
de Dieu pour vous , & nous
GALANT 309
admirons avec veneration lecou
rage & la foy que vous yfaites
paroître sap sailo Tag
Ellemeritefans doute beaucoup
mieux , que les exploits militaires
d'Alexandre , ce filence d'admira."
tion où toute la terre tomba devant luy , & elle est encore plus
digne du refpect , de l'amour
du zele de vos Evêques , &de
tout le Clergé attaché à V. M.
par des liens plus purs & plus
facrez que vos autres Sujets.
Mais ce qui doit les remplir
tous , de quelque profeffion qu'ils
foient , de reconnoiffance , auffi
bienque d'admirationpourV. M.
30 MERCURE
eft le grand defir qu'elle a de
leur donner lapaix. I's fçavent
tous ce qu'elle veut bien facrifier
pour leur procurer un bien
precieux & fi neceffaire , es
qu'elle ne l'a retarde quepour le
rendre plus feur & plus folide
& ne pas prendre l'ombre
l'apparence d'une paix ; pour une
paix réelle veritable.
Perfonne n'ignore que V. M.
s'oublie elle même , pour ne fe
fouvenir que de l'extrême befoin
defespeuples qu'elle abandonne
genereufement fespropres interefts
pour leur repos ; que même la
tendreffe paternelle Jemimentfo
GALANT 311
t
jufte , fi vif, & fi puiffant
fur tout pour les bons cœurs , ne
peut l'emporter fur le defir que
vous avezdefoulagervospeuples.
Quelfacrifice & quel effort
de vostre bonté pour eux ; mais
il est vrai qu'ils l'ont bien
merité par tout ce qu'ils ont fait
&fouffert pour voftre fervice
dans des guerres fi frequentes
fi longues & fi dures :
jufte qu'eftant les meilleurs detous
les peuples , ils trouvent en "yous
le meilleur de tous les Rois.
Mais ce n'eft pas feulement
l'intereft de vos Sujets , c'est la
caufe de sans les peuples que vous
il eft
310 MERCURE
ils
foûtenez, en travaillant fifortement à la paix de l'Europe's car
ne fçait- on pas que par tout
fouffrent, & que vos Ennemis
avec toute la joye de leursfuccés,
n'en ont pas moins la douleur de
voir leur pays ruiné , leurs peuples gémir comme les autres ,
qu'ils n'ontque les évenemenspour
eux. Fantil eft vray que la guerre eft un mal univerfel que Dieu
fait fentir aux heureux ,
heureux , comme
aux malheureux , pour les punir
tous.
S'il vous en coûte donc, SIRE,
pourfaire lapaix , fi vous l'achetez cherement, que vous enferez
avanta-
GALANT 313
avantageufement & glorieufement dédommagé par la grandeur
d'ame que vousyferez paroiftre ,
par le bien infini que vous procurerez à tant de peuples accablez ,
&fur toutpar le trefor pretieux
que vous acquererez de nouveau ,
en vous attachantplus fortement
que jamais les cœurs de vos Sujets.
Quelle richeffe & quelle force
pour un Roy, que la tendreffe &
la confiance de fes Sujets ; que ne
trouve- t-il pas dans leurs cœurs
quand ils font veritablement à
luy?
Quel Empire , écrivoit ungrand
Mars 1710.
Dd .
314 MERCURE
Evefque aun Empereur , y a-t-il
mieux établi , & dont les fondemens foient plus folides &
plus feurs , que celuy qui eft
muni par l'affection & lattachement des peuples ? Qui eftce qui eft plus en affurance &
a moins à craindre , qu'un
Prince qu'on ne craint point,
&pour qui tous fes Sujets craignent ?
Que n'avez vous donc pas
attendre, SIRE , des voftres ,
leur donnant des preuvesfi effecti
ves de vostre bonté pour eux ?
Que ne devons-nous pas faire en
noftre particulier , pour vous en
à
GALANT 3'5
1
marquer noftre reconnoiffance ;
nous qui fommes les Pafteurs &
les peres fpirituels de vos peuples ,
plus intereffez & plus fenfibles
que d'autres à leurs miferes ; nous
quipar noftre caractere fommes
des Miniftres depaix obligez àla
defirer , à la demander , & à la
procurer par tous les moyens qui
peuvent dépendre de nous ?
Heureux fi nous pouvons y
1 contribuerparquelqu'endroit, nonfeulement par nos vœux & nos
prieres , mais auffi par nos biens.
Nous les tiendrons bien employez
à payer un don fi pretieux, &
nous ne craindrons point d'en chanう
Dd ij
316 MERCURE
ger la deftination, ce que nouspourrions fairefans crime , en les faifantfervirà foulager vos peuples,
à les faire jouir de la paix , ou à
les deffendre par une bonne guerre
de la fureur de vos Ennemis , &
en deffendre mefme l'Eglife , qui
n'eftpas moins attaquée que vostre
Royaume, dont les interefts ne
peuvent estre feparez de ceux de
Voſtre Majefté , parce qu'elle en
eft le plus ferme & le plus folide
appuy.
Faffe le Ciel que lesgrands
importans fervices que V. M. a
rendus , & rend encore tous les
jours à la Religion , foient prom-
GALANT 317
& les
ptement recompenfezpar unepaix
feure durable. Que Dieu de
quifeul elle dépend, & qui l'arefuféejufqu'à prefentdans fa juftice enpunition despechez du monde, appaife par les prieres
gemiffemens de tant de peuples
affligez l'accorde enfin dans fa
mifericorde. Que Voftre Majefté
aprés avoir efté long- temps un
David guerrier & genereux ,
foit le refte de fes jours un pacifique Salomon. Que fes jours fi
pretieux pour nous , &pour tous
fes Sujets , approchent autant qu'il
fera poffible de ceux des Patriarches avantle deluge. Qu'elle voye
Dd iii
318 MERCURE
,
naiſtre encore dans fa Famille
Royale plufieurs Princes , quiperpetuëntfaRace & lafaſſent durer jufqu' à la confommation du
ficcle ; qu'elle ait la joye de les former elle-même, & de leur infpirer
parſesgrands exemples & fesfages maximes des fentimens dignes
de leur augufte naiffance. Mais
qu'elle ait auffi la confolation de
voirfes peuples heureux ; qu'ils
puiffent fe repofer tranquilement,felon l'expreffion d'un Prophete , chacun fous fa vigne &
fous fon figuier , fans craindre
aucun Ennemi ; qu'ils faffent
de leurs épées des focs de char-
GALANT 319
rues , & deleurs lances des inftrumens à remuer la terre.
QueV. M regne deplus en plus
dans leur cœur , & qu'elle yfot
tienne toûjours plus fortement le
Royaume de Dieu par une Relis
gion pure & fans tache e' une
pieté fincere e folide , telle qui
convient à un Roy & à un
Royaume tres-Chreftien.
es
Le Clergé fe rendit enfuite
chez Monfeigneur le Dau
phin , & Monfieur le Cardinal
de Noailles luy parla en ces
termes :
Dd iiij
320 MERCURE
MONSEIGNEUR,
Cleft toûjours avec la même
joyer le même empreffement
que nous venons vous rendre nos ›
tres - profonds refpects. C'est un
devoir où nous ne trouvons pas
moins de plaifir que dejuftice.
Nous reconnoiffons ce qui eft
dú aurangque vous donne vostre
augufte naiffance ; mais nous
ne fentons pas moins ce que
mande de nous voſtre bonté
naturelle , qualitéfi rare , quoyque
neceſſaire , dans une fi grande
élevation , parce que le cœur
s'éleve ordinairement àproportion
de-
GALANT 321
de ce qu'il fe voit au deffus des
autres.
Combien de Princes croyent
n'eftre fur le Trône que pour
eux-mêmes , que pour fatisfaire
leurs defirs ne regardent leurs
Sujets que comme leurs efclaves ,
&font infenfibles à leurs peines.
Voftre religion , MONSEIGNEUR , & voftre
bon cœur vous donnent d'autres
fentimens vous fçavez que
Dieun'a mis les Souverains fur
la tête des autres hommes, quepour
les proteger, les fecourir
foulagerdans leurs maux , qu'ils
doivent comme luy defcendre de
les
A
322 MERCURE
leur élevation pour voir ce que
les peuples fouffrent entrer
dans leurspeines , & travailler
à les en délivrer
&
DNA ?
l'attaEn rempliffant un fojufte devoir , non feulement ils rendent
à Dieu ce qu'ils luy doivent,
mais ils fe foutiennent & fe
fortifient eux - mêmes , parce
qu'ils gagnent le cœur
chement des peuples , qui fait la
plus grande force des Rois. La
mifericorde & la verité gar
dent le Roy , & la clemence
affermit fon Trône , difoit le
plus fage & le plus heureux de
tous les Rois tant qu'il s'eft
GALANT 323
laiffe conduire par lafageffe de
Dieu.
Confervez donc , MONSEIGNEUR , cette bonté
fi agreable à Dieu , fi aimable
• pour tous ceux qui dépendent de
vous fi utile pour vousmême. Augmentez - la pour le
Clergé attaché à vous par tant
de liens , par religion , par reconnoiffance , par zelepour le Roy ,
dont on ne peut vous feparer
puifque le cœur & la tendreffe
vous unit à Sa Majesté encore
plus que la naiffance & le devoir.
Vous fçavez à quel point
nous luyfommes dévoüez , quels
1
324 MERCURE
efforts nous avons fait & voulons faire encore pourfonfervice ,
&que nous ne confultons plus
que nos cœurs &point nosforces
d'abord qu'il a beſoin de nous.
Tout cela vous répond
MONSEIGNEUR , de
noftre attachement pour vous
&nousfait efperer vostre bonté
pour nous , la continuation de
l'honneur de votre protection
pour tout le Clergé , nous vous
la demandons avec inftance ;
nous ofons affeurer que nous la
meritonspar noftreprofond respect,
par une fidelité à toute épreuve ,
& par les vœux finceres &
GALANT 25
• ardens que nous faifons pour
voftre longue confervation , pour
voftre profperité ,
de toute la Maifon Royale."
pour cel
Fermer
Résumé : Ce qui se passa à Versailles le 19 de ce mois lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles s'y rendit à la teste du Clergé, & les Harangues que son Eminence fit au Roy & à Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
En août 1710, le clergé français a organisé une assemblée marquée par plusieurs événements notables. Le clergé a célébré pour la première fois la Messe du Saint-Esprit. Le 19 août, les membres du clergé se sont rendus à Versailles, où ils ont été accueillis par le comte de Pontchartrain, le marquis de Dreux et le maître des cérémonies des Granges. Le cardinal de Noailles a prononcé un discours au roi, exprimant la loyauté et le zèle du clergé envers la monarchie. Il a souligné que les malheurs et les révolutions n'affaiblissent pas leur fidélité, citant l'exemple du grand prêtre de David. Le cardinal a également évoqué les victoires du roi et les épreuves actuelles, exhortant à voir dans les peines une occasion de mériter un bonheur éternel. Il a loué le désir du roi de procurer la paix à ses sujets et à l'Europe, soulignant que la tendresse et la confiance des sujets sont les plus grandes richesses d'un roi. Par la suite, le clergé a rendu visite au Dauphin, où le cardinal de Noailles a réitéré les mêmes sentiments de respect et de dévouement, insistant sur la nécessité pour les souverains de protéger et de soulager leurs sujets. Le texte est également une lettre adressée à un haut dignitaire, probablement un membre de la famille royale ou un représentant du roi. Les auteurs expriment leur loyauté et leur dévouement envers le roi, affirmant que leur attachement est plus profond que les simples obligations de naissance et de devoir. Ils déclarent leur volonté de servir le roi avec dévotion et de mettre toutes leurs forces à sa disposition lorsqu'il en a besoin. La lettre demande la continuité de la protection et de l'honneur du dignitaire envers le clergé, assurant que cette protection est méritée par leur respect profond, leur fidélité inébranlable et leurs vœux sincères et ardents pour la longue conservation et la prospérité de la maison royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1991
p. 325-339
Le 20. & le 27. Mrs les commissaires du Roy viennent à l'Assemblée du Clergé faire les demandes de Sa Majesté; & ce qui s'est passé à cette occasion, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain les Commissaires du Roy, Mrs le Pelletier [...]
Mots clefs :
Assemblée du Clergé, Commissaires, Abbés, Cardinaux, Cardinal de Noailles, Mr le Pelletier, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le 20. & le 27. Mrs les commissaires du Roy viennent à l'Assemblée du Clergé faire les demandes de Sa Majesté; & ce qui s'est passé à cette occasion, [titre d'après la table]
Le lendemain les Commiffaires du Roy, Mrs le Pelletier
de Souzy , Dagueffeau , Confeillers d Etat ordinaires, Mrle
Comte de Pontchartrain , Secretaire d'Etat , & Mr des Maretz , ConGeneral des Finances .
trolltre
d'Etat
&
s'étant rendus vers les dix heures du matin au Convent des
Grands Auguftins , ils y furent.
complimentez à leur arrivée
7
326 MERCURE
par les Agens du Clergé , qui
font , Mrs les Abez de Broglio & de Coiflin , & conduits
dans une Salle qui leur avoir
eftépreparée. Peu de temps aprés le Clergé députa pour les
aller recevoir & les accompa
gner jufques à lagrande Salle
de l'Affemblée Mr l'Archevê
que deBordeaux, Mr l'Evêque
de Laon , Mr. l'Evêque de
Troyes, Mr l'Evêque de faint
Pol de Leon ; Mrs les Abbez
de Dromefnil , de S. Georges,
de Crillou , & d'Aubuffon.
Voicy l'ordre dans lequel on
marcha ; fçavoir , unEvêque,
CALANT 327
unCommiſſaire du Roy, &un
Abbé , & ainfi des autres. Ils
avoient eſté reçus à la moitié
du chemin , àla maniereaccoucumée. Lorsqu'ils entrerent
dans la grande Salle toute l'Af
femblée feleva pour les faluer,
&Mrs lcs Commiffaires ayant
pris les fauteuls qui leur avoient cité préparez devant le
Bureau où ils s'affirent tous en
mêmetemps , & ils fe couvrirent. Mr le Comte de Pontchartrain remit entre les mains
de Mr l'Abbé Turgot , ancien
Agent du Clergé , Secretaire
de l'Affemblée , la Lettre du
328 MERCURE
Roy, qui la porta à Monfieur
le Cardinal de Noailles qui
l'ouvrit , & la remit à Mr l'Abbé Turgot pour en faire la lecture à toute l'Affemblée. Elle
portoit , que Sa Majeſté avoit
envoyé ces Meffieurs pour
marquer fes intentions au
Clergé , & l'eftime qu'Elle en
faifoit , & qu'il ajoûtaft toute
creance à ce que le Sicur le Pelletier luy diroit de fa part.
La lecture faite, Mrle Pelle
tier prit la parole , & témoigna d'abordla veneration que
le Roy avoit pour l'Eglife ;
l'eftime qu'il avoit pour le
↑ GALANI 329
1
Clergé , & la confideration
qu'il avoirpour ceux qui com..
pofoient cette Affemblée. Il
fit voir enfuite la liaiſon étroite qu'il y avoit entre les interefts de l'Etat & ceux de la Religion ; de quelle neceffité il étoit que le Clergé s'efforçaft de
foûtenir par de folides moyens
les juftes droits de Sa Majefparticulierement dans ces
temps calamiteux , afin de procurer à fon Peuple une paix
fûre & durable ; & enfin qu'il
ne devoit pas fe contenter
de lever les mains au Ciel; mais
qu'il devoit imiter ce Grand
té,
Mars 1710.
Ec
330 MERCURE
Preftre qui donna les Pains de
Propofition qui eftoient defti
nez pour la nourriture des Prê
tres.
Monfieur le Cardinal de
Noailles , aprés avoir donné
les louanges qui eftoient dûes
au Difcours de Mr le Pelletier,
dit qu'autrefois le Clergé ne
s'affembloit que pour concourir auxacclamations publiques
du glorieux Etat de la France;
mais que quelques ruïnées que
fuffent prefentement les Affaires du même Clergé , cependant le zele de fervir la Patrie
& d'employer tout ce qui eft
GALANT 331
dans le pouvoir de l'Eglife Gallicane pour la défenſe du
Royaume, n'étoit point ralenty , qu'il étoit tout difpofé à
donner au Roy de nouvelles
preuves de fon refpect , de fon
attachement , & de ſa juſte reconnoiffance.
Mellieurs les Commiffaires
furent enfuite reconduits pat
les mêmes Deputez jufqu'au
milieu du Cloître , où ils les avoient efté prendre, & les deux
Agens les accompagnerentjuf
qu'à leurs Caroffes.
Le 27. ils revinrent àla même heure, & ils furent reçûs
Ecij
332 MERCURE
comme la premiere fois ; &
Mr le Pelletier avant que d'entrer dans le détail de la demande qu'il avoit à faire , parla à
peu prés en ces termes.
L'homme prudent fe fert dans
toutes fes actions des précautions
requifes pour réüffir ; mais le fuccés ne dépend point de fes fages
prévoyances. Ainfi lei le Laboureur
difpofe & choifit aurc attention
les grains qu'il veut confier à la
terre, & tâche d'en connoiftre la
valeur &le temperamment. Le
Pilotte choifit luy-mefme le Vaiffeau fur lequel il veut confter fa
vie &fafortune. Il l'équippe de
GALANT 333.
tout ce qui eft neceffaire pour rendrefon voyageheureux , &prend
fon temps pour partir par un vent
favorable. Le General profite des
avantages du lieupour mettre fon
Armée en bataille , &faire une
difpofition qui puiffe luy donner
une efperance certaine de vaincre
fon ennemi. Cependant il arrive
que l'intemperie de l'air , la rigueur desfaifons , des accidens
imprevus , rendent l'efperance du
Laboureur inutile, &détruiſent
en un moment le fruit de tousfes
travaux. La Mer & les Vents
rompent tres -fouvent lesfages me.
fures que le Pilote à prifes , من
334 MERCURE
une défaite fanglante rend inutibe lesfages difpofitions d'un General experimenté. Cependantle Laboureur ne renonce point àfon travail , & une malheureufe recol
te ne fait que l'exciter à reparer
fes pertespar une Moiffon avan
tagenfe. Le Pilote radoube fon
Vaiffeau fe met en état d'entreprendre un voyage plus beureux pourfe confoler de fon naufrage. Le General ralliefes Troupes , reparefon Armée & faitté
te tout de nouveau àfon Ennemi.
Nousavons vú, Mrs, laplus belle
recolte détruite par la rigueur de la
faifon qui a glacé les femences.
GALANT 335
dans le fein de la terre qui ne nous
a pas voulu rendre le grain qu'on
luy avoit confié. Nous avons vût
le Printemps fans Moiffon
l'Etéfansfruits ; mais l'apparence d'une recolte abondante , les
Campagnes toutes vertes nous
font déja oublier nos malheurs
paffez. La Meraréparéce qu'elle nous avoit pú caufer de défordre , nous a apporté des bled's
que nous n'avions pas femez. Le
fort des armes nous a esté favorable en Espagne , en Allemagne,
en Dauphiné, où nous avons
rendu les efforts de nos Ennemis
inutiles. Si la Victoire a paruba
336 MERCURE
1
lancer aux Pays- Bas ,finos Ennemis fe font rendus maistres de
quelques- unes de nos Places , ils
le doivent plûtoft à la difette de
viores qu'aux prodigieux efforts
qu'ils ont faits .Ils ont connu dans
la derniere Bataille qu'il en coûtoit davantage aux Vainqueurs
qu'aux Vaincus. Si le fort de nos
Armes n'a plus cette fuite innom
brable de profperitez qu'elle avoit
autrefois, c'eft à vous, Mrs, àfai
re denouveaux efforts pour mettre
S. M. en étatderefifter àfes Ennemis , oude redonner la tranqui
lité à l'Europe par une bonne
durablepaix. Tous les Sujets de
Sa
GALANT 337
1
S. M.concourent ensemble pour
luy donner de nouveauxfecours.
La Cour s'eft non feulement privée defes ornemensfuperflus,mais
encoredefa Vaiffelle ,
#fes qui luyparoiffoient les plusneceffaires. Les Magiftrats ont tedes chomoigné leur zele par leurempreffement à racheter la Capitation ;
J
nousfommesperfuadez, Mrs, que
vous fuivrez defi beaux exem
ples . Outre Pintereft qui vous eft
commun avec eux , il y en a un
qui vous est tout particulier.
Nous ne combatons pas ici feulementpour défendre vos foyers. Il
s'agit de défendrela caufe deDieu,
Mars 1710.
Ff
338 MERCURE
d'empêcher laprofanation de vos
Eglifes , & d'oppofer une barriere à l'Herefte qui eft toute prefte
de penetrer dans le fein de ce
Royaume.
Il fit enfuite la demande de
vingt- quatre millions par cmprunt au denier douze , pour
le rachat & l'extinction à perpetuité du fubfidequi tient licu
de la Capitation. Monfieut le Cardinal de
Noailles répondit que l'Affemblée eftoit toute difpofée à
accorder au Roy , ce que Sa
Majefté luy demandoit , &
aprés avoir ainfi donné des
GALANT 339
marques de la foumiffion du
Clergé aux ordres du Roy ,
Meffieurs les Commiffaires
furent reconduits comme ils
l'avoient efté la premiere fois.
Rien n'eftoit fi difficile que
cet Article , tant à cauſe du
Ceremonial que du grand
nombre defaits qu'il contient.
Ils font tous veritables ; mais
je ne vous affure pas qu'il n'y
en ait point quelques uns de
tranfpolez.
de Souzy , Dagueffeau , Confeillers d Etat ordinaires, Mrle
Comte de Pontchartrain , Secretaire d'Etat , & Mr des Maretz , ConGeneral des Finances .
trolltre
d'Etat
&
s'étant rendus vers les dix heures du matin au Convent des
Grands Auguftins , ils y furent.
complimentez à leur arrivée
7
326 MERCURE
par les Agens du Clergé , qui
font , Mrs les Abez de Broglio & de Coiflin , & conduits
dans une Salle qui leur avoir
eftépreparée. Peu de temps aprés le Clergé députa pour les
aller recevoir & les accompa
gner jufques à lagrande Salle
de l'Affemblée Mr l'Archevê
que deBordeaux, Mr l'Evêque
de Laon , Mr. l'Evêque de
Troyes, Mr l'Evêque de faint
Pol de Leon ; Mrs les Abbez
de Dromefnil , de S. Georges,
de Crillou , & d'Aubuffon.
Voicy l'ordre dans lequel on
marcha ; fçavoir , unEvêque,
CALANT 327
unCommiſſaire du Roy, &un
Abbé , & ainfi des autres. Ils
avoient eſté reçus à la moitié
du chemin , àla maniereaccoucumée. Lorsqu'ils entrerent
dans la grande Salle toute l'Af
femblée feleva pour les faluer,
&Mrs lcs Commiffaires ayant
pris les fauteuls qui leur avoient cité préparez devant le
Bureau où ils s'affirent tous en
mêmetemps , & ils fe couvrirent. Mr le Comte de Pontchartrain remit entre les mains
de Mr l'Abbé Turgot , ancien
Agent du Clergé , Secretaire
de l'Affemblée , la Lettre du
328 MERCURE
Roy, qui la porta à Monfieur
le Cardinal de Noailles qui
l'ouvrit , & la remit à Mr l'Abbé Turgot pour en faire la lecture à toute l'Affemblée. Elle
portoit , que Sa Majeſté avoit
envoyé ces Meffieurs pour
marquer fes intentions au
Clergé , & l'eftime qu'Elle en
faifoit , & qu'il ajoûtaft toute
creance à ce que le Sicur le Pelletier luy diroit de fa part.
La lecture faite, Mrle Pelle
tier prit la parole , & témoigna d'abordla veneration que
le Roy avoit pour l'Eglife ;
l'eftime qu'il avoit pour le
↑ GALANI 329
1
Clergé , & la confideration
qu'il avoirpour ceux qui com..
pofoient cette Affemblée. Il
fit voir enfuite la liaiſon étroite qu'il y avoit entre les interefts de l'Etat & ceux de la Religion ; de quelle neceffité il étoit que le Clergé s'efforçaft de
foûtenir par de folides moyens
les juftes droits de Sa Majefparticulierement dans ces
temps calamiteux , afin de procurer à fon Peuple une paix
fûre & durable ; & enfin qu'il
ne devoit pas fe contenter
de lever les mains au Ciel; mais
qu'il devoit imiter ce Grand
té,
Mars 1710.
Ec
330 MERCURE
Preftre qui donna les Pains de
Propofition qui eftoient defti
nez pour la nourriture des Prê
tres.
Monfieur le Cardinal de
Noailles , aprés avoir donné
les louanges qui eftoient dûes
au Difcours de Mr le Pelletier,
dit qu'autrefois le Clergé ne
s'affembloit que pour concourir auxacclamations publiques
du glorieux Etat de la France;
mais que quelques ruïnées que
fuffent prefentement les Affaires du même Clergé , cependant le zele de fervir la Patrie
& d'employer tout ce qui eft
GALANT 331
dans le pouvoir de l'Eglife Gallicane pour la défenſe du
Royaume, n'étoit point ralenty , qu'il étoit tout difpofé à
donner au Roy de nouvelles
preuves de fon refpect , de fon
attachement , & de ſa juſte reconnoiffance.
Mellieurs les Commiffaires
furent enfuite reconduits pat
les mêmes Deputez jufqu'au
milieu du Cloître , où ils les avoient efté prendre, & les deux
Agens les accompagnerentjuf
qu'à leurs Caroffes.
Le 27. ils revinrent àla même heure, & ils furent reçûs
Ecij
332 MERCURE
comme la premiere fois ; &
Mr le Pelletier avant que d'entrer dans le détail de la demande qu'il avoit à faire , parla à
peu prés en ces termes.
L'homme prudent fe fert dans
toutes fes actions des précautions
requifes pour réüffir ; mais le fuccés ne dépend point de fes fages
prévoyances. Ainfi lei le Laboureur
difpofe & choifit aurc attention
les grains qu'il veut confier à la
terre, & tâche d'en connoiftre la
valeur &le temperamment. Le
Pilotte choifit luy-mefme le Vaiffeau fur lequel il veut confter fa
vie &fafortune. Il l'équippe de
GALANT 333.
tout ce qui eft neceffaire pour rendrefon voyageheureux , &prend
fon temps pour partir par un vent
favorable. Le General profite des
avantages du lieupour mettre fon
Armée en bataille , &faire une
difpofition qui puiffe luy donner
une efperance certaine de vaincre
fon ennemi. Cependant il arrive
que l'intemperie de l'air , la rigueur desfaifons , des accidens
imprevus , rendent l'efperance du
Laboureur inutile, &détruiſent
en un moment le fruit de tousfes
travaux. La Mer & les Vents
rompent tres -fouvent lesfages me.
fures que le Pilote à prifes , من
334 MERCURE
une défaite fanglante rend inutibe lesfages difpofitions d'un General experimenté. Cependantle Laboureur ne renonce point àfon travail , & une malheureufe recol
te ne fait que l'exciter à reparer
fes pertespar une Moiffon avan
tagenfe. Le Pilote radoube fon
Vaiffeau fe met en état d'entreprendre un voyage plus beureux pourfe confoler de fon naufrage. Le General ralliefes Troupes , reparefon Armée & faitté
te tout de nouveau àfon Ennemi.
Nousavons vú, Mrs, laplus belle
recolte détruite par la rigueur de la
faifon qui a glacé les femences.
GALANT 335
dans le fein de la terre qui ne nous
a pas voulu rendre le grain qu'on
luy avoit confié. Nous avons vût
le Printemps fans Moiffon
l'Etéfansfruits ; mais l'apparence d'une recolte abondante , les
Campagnes toutes vertes nous
font déja oublier nos malheurs
paffez. La Meraréparéce qu'elle nous avoit pú caufer de défordre , nous a apporté des bled's
que nous n'avions pas femez. Le
fort des armes nous a esté favorable en Espagne , en Allemagne,
en Dauphiné, où nous avons
rendu les efforts de nos Ennemis
inutiles. Si la Victoire a paruba
336 MERCURE
1
lancer aux Pays- Bas ,finos Ennemis fe font rendus maistres de
quelques- unes de nos Places , ils
le doivent plûtoft à la difette de
viores qu'aux prodigieux efforts
qu'ils ont faits .Ils ont connu dans
la derniere Bataille qu'il en coûtoit davantage aux Vainqueurs
qu'aux Vaincus. Si le fort de nos
Armes n'a plus cette fuite innom
brable de profperitez qu'elle avoit
autrefois, c'eft à vous, Mrs, àfai
re denouveaux efforts pour mettre
S. M. en étatderefifter àfes Ennemis , oude redonner la tranqui
lité à l'Europe par une bonne
durablepaix. Tous les Sujets de
Sa
GALANT 337
1
S. M.concourent ensemble pour
luy donner de nouveauxfecours.
La Cour s'eft non feulement privée defes ornemensfuperflus,mais
encoredefa Vaiffelle ,
#fes qui luyparoiffoient les plusneceffaires. Les Magiftrats ont tedes chomoigné leur zele par leurempreffement à racheter la Capitation ;
J
nousfommesperfuadez, Mrs, que
vous fuivrez defi beaux exem
ples . Outre Pintereft qui vous eft
commun avec eux , il y en a un
qui vous est tout particulier.
Nous ne combatons pas ici feulementpour défendre vos foyers. Il
s'agit de défendrela caufe deDieu,
Mars 1710.
Ff
338 MERCURE
d'empêcher laprofanation de vos
Eglifes , & d'oppofer une barriere à l'Herefte qui eft toute prefte
de penetrer dans le fein de ce
Royaume.
Il fit enfuite la demande de
vingt- quatre millions par cmprunt au denier douze , pour
le rachat & l'extinction à perpetuité du fubfidequi tient licu
de la Capitation. Monfieut le Cardinal de
Noailles répondit que l'Affemblée eftoit toute difpofée à
accorder au Roy , ce que Sa
Majefté luy demandoit , &
aprés avoir ainfi donné des
GALANT 339
marques de la foumiffion du
Clergé aux ordres du Roy ,
Meffieurs les Commiffaires
furent reconduits comme ils
l'avoient efté la premiere fois.
Rien n'eftoit fi difficile que
cet Article , tant à cauſe du
Ceremonial que du grand
nombre defaits qu'il contient.
Ils font tous veritables ; mais
je ne vous affure pas qu'il n'y
en ait point quelques uns de
tranfpolez.
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Résumé : Le 20. & le 27. Mrs les commissaires du Roy viennent à l'Assemblée du Clergé faire les demandes de Sa Majesté; & ce qui s'est passé à cette occasion, [titre d'après la table]
Le 27 mars 1710, des commissaires du roi, incluant Messieurs le Pelletier de Souzy, Dagueffeau, le comte de Pontchartrain, et des Maretz, se rendirent au couvent des Grands Augustins. Ils furent accueillis par les abbés de Broglie et de Coislin, puis conduits dans une salle préparée. Une délégation du clergé, dirigée par l'archevêque de Bordeaux et plusieurs évêques, vint les recevoir et les accompagner jusqu'à la grande salle de l'assemblée. Dans cette salle, les commissaires prirent place sur des fauteuils après avoir été salués par l'assemblée. Le comte de Pontchartrain remit une lettre du roi à l'abbé Turgot, qui la lut à haute voix. La lettre exprimait les intentions du roi envers le clergé et l'importance de leur soutien en ces temps difficiles. Le Pelletier de Souzy souligna la vénération du roi pour l'Église et la nécessité de soutenir les droits du roi. Le cardinal de Noailles répondit en affirmant le zèle du clergé à servir la patrie et son attachement au roi. Les commissaires furent ensuite reconduits jusqu'au cloître. Le lendemain, les commissaires revinrent à la même heure et furent reçus de la même manière. Le Pelletier de Souzy parla des précautions prises par les hommes prudents et des imprévus qui peuvent ruiner leurs efforts. Il compara cette situation à celle de la France, qui avait subi des revers mais restait déterminée à se relever. Il demanda au clergé un emprunt de vingt-quatre millions pour racheter et extinguer le subside de la capitation. Le cardinal de Noailles répondit que l'assemblée était prête à accorder cette demande au roi, marquant ainsi la soumission du clergé aux ordres du roi. Les commissaires furent reconduits comme la première fois.
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1992
p. 339-343
Suite de ce qui s'est passé aprés la mort de S.A.S Monsieur le Duc, [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay déja parlé de la mort de S.A.S. Monsieur le [...]
Mots clefs :
Mort, Cérémonies, Prince de Conty, Corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de ce qui s'est passé aprés la mort de S.A.S Monsieur le Duc, [titre d'après la table]
Je vous ay déja parlé de la
mort de S. A. S. Monfieur le
Duc , & il ne me reſtoir plus à
yous entretenir que de tout ce
Ffij
340 MERCURE
qui s'eft fait aprés fon decés
files mêmes Ceremonies qui
fe font faites aprés la mort de
feuë S. A. S. fon pere n'avoient
efté fuivies de point en point
à la referve de quelques perfonnes qui n'ont pas fait les
mêmes fonctions puifque
c'eft Mr l'Evêque d'Auxerre ;
qui'a conduit fon Cœur à l'E
glife des Jefuites de la rue S.
Antoine , & que ce Prelat l'a
prefenté en faisant l'Eloge de
ce Prince avec l'Eloquence
qui luy eft ordinaire , & dont
je vous ay fouvent parlé..
Le 12 de ce mois Monfieur
GALANT 34!
le Prince de Conty nommé
par le Roy pour venir de fa
part jetter de l'eau benifte
fur leCorps du Prince défunc
fe rendit à l'Hôtel de Condé ,
accompagné de Mele Duc de
Mortemart ; Mr le Marquis
de Levy portoit la queue de fa
robbe. Il cftoit conduit par
Mr.le Marquis de Dreux Grand
Maitre des Ceremonies , & il
yavoit autour de luy des Gardes du Corps du Roy & des
Cent-Suiffes. Il fut reçu par
Monfieur le Duc d'Enguien ,
accompagné de plufieurs Seigneurs qui ont l'honneur
Ffiij
342 MERCURE
d'être de fa parenté , & des
Principaux Officiers du Prince
défunt.
Les jours fuivans Meffieurs
le Prince de Conty en fon
nom , le Duc du Maine , le
Comte de Toulouſe , allerent
donner de l'eau - benifte.
Monfieur le Cardinal de
Noailles le Chapitre de
l'Eglife Metropolitaine , le
Parlement , la Chambre des
Comptes , la Cour des Aydes,
le Corps de Ville , & plufieurs
Communautez , allerent rendre les mêmes devoirs.
Le 15 le Corps fut tranf-
GALANY . 343
porté à Valery , fepulture des
Princes de la Maifon de Conс
fieur
1
dé , accompagné par
le Duc d'Enguien & par Mr
l'Evêque d'Auxerre , & Mr
l'Archevêque de Sens le reçut
avec les Ceremonies ordinaires.
mort de S. A. S. Monfieur le
Duc , & il ne me reſtoir plus à
yous entretenir que de tout ce
Ffij
340 MERCURE
qui s'eft fait aprés fon decés
files mêmes Ceremonies qui
fe font faites aprés la mort de
feuë S. A. S. fon pere n'avoient
efté fuivies de point en point
à la referve de quelques perfonnes qui n'ont pas fait les
mêmes fonctions puifque
c'eft Mr l'Evêque d'Auxerre ;
qui'a conduit fon Cœur à l'E
glife des Jefuites de la rue S.
Antoine , & que ce Prelat l'a
prefenté en faisant l'Eloge de
ce Prince avec l'Eloquence
qui luy eft ordinaire , & dont
je vous ay fouvent parlé..
Le 12 de ce mois Monfieur
GALANT 34!
le Prince de Conty nommé
par le Roy pour venir de fa
part jetter de l'eau benifte
fur leCorps du Prince défunc
fe rendit à l'Hôtel de Condé ,
accompagné de Mele Duc de
Mortemart ; Mr le Marquis
de Levy portoit la queue de fa
robbe. Il cftoit conduit par
Mr.le Marquis de Dreux Grand
Maitre des Ceremonies , & il
yavoit autour de luy des Gardes du Corps du Roy & des
Cent-Suiffes. Il fut reçu par
Monfieur le Duc d'Enguien ,
accompagné de plufieurs Seigneurs qui ont l'honneur
Ffiij
342 MERCURE
d'être de fa parenté , & des
Principaux Officiers du Prince
défunt.
Les jours fuivans Meffieurs
le Prince de Conty en fon
nom , le Duc du Maine , le
Comte de Toulouſe , allerent
donner de l'eau - benifte.
Monfieur le Cardinal de
Noailles le Chapitre de
l'Eglife Metropolitaine , le
Parlement , la Chambre des
Comptes , la Cour des Aydes,
le Corps de Ville , & plufieurs
Communautez , allerent rendre les mêmes devoirs.
Le 15 le Corps fut tranf-
GALANY . 343
porté à Valery , fepulture des
Princes de la Maifon de Conс
fieur
1
dé , accompagné par
le Duc d'Enguien & par Mr
l'Evêque d'Auxerre , & Mr
l'Archevêque de Sens le reçut
avec les Ceremonies ordinaires.
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Résumé : Suite de ce qui s'est passé aprés la mort de S.A.S Monsieur le Duc, [titre d'après la table]
Après la mort du Duc, fils du Prince défunt, les cérémonies funéraires ont suivi celles observées après la mort de son père, avec quelques variations. L'évêque d'Auxerre a conduit le cœur du Duc à l'église des Jésuites de la rue Saint-Antoine et a prononcé son éloge. Le 12 du mois, le Prince de Conty, nommé par le roi, s'est rendu à l'Hôtel de Condé pour jeter de l'eau bénite sur le corps du Prince défunt, accompagné du Duc de Mortemart et du Marquis de Dreux. Plusieurs gardes du roi et des Cent-Suisses étaient présents. Le Duc d'Enguien, accompagné de plusieurs seigneurs et officiers du Prince défunt, a reçu le Prince de Conty. Les jours suivants, le Prince de Conty, le Duc du Maine et le Comte de Toulouse ont également jeté de l'eau bénite. Le Cardinal de Noailles, le Chapitre de l'Église métropolitaine, le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aydes, le Corps de Ville et plusieurs communautés ont rendu les mêmes devoirs. Le 15, le corps du Duc a été transporté à Valéry, la sépulture des Princes de la Maison de Condé, accompagné par le Duc d'Enguien et l'évêque d'Auxerre. L'archevêque de Sens a reçu le corps avec les cérémonies ordinaires.
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1993
p. 343
Sermens prestez par Monsieur le Duc pur la Charge de Grand Maistre de la Maison du Roy [titre d'après la table]
Début :
Le 24e Monsieur le Duc presta deux Sermens; le premier [...]
Mots clefs :
Serment, Charge, Grand maître de la Maison du roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Sermens prestez par Monsieur le Duc pur la Charge de Grand Maistre de la Maison du Roy [titre d'après la table]
Le 24 Monfieur le Duc
prefta deux Sermens ; le premier pour la Charge de Grand
Maitre de la Maiſon du Roy,
le Serment ayant efté lû par
Mr le Comte de Pontchartrain , & le fecond pour le
Gouvernement de Bourgogne;
ce fut Mr le Marquis de la
Vrillere qui lut le Serment.
prefta deux Sermens ; le premier pour la Charge de Grand
Maitre de la Maiſon du Roy,
le Serment ayant efté lû par
Mr le Comte de Pontchartrain , & le fecond pour le
Gouvernement de Bourgogne;
ce fut Mr le Marquis de la
Vrillere qui lut le Serment.
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1994
p. 344-347
Article des Enigmes, [titre d'après la table]
Début :
Le mot de l'Enigme du mois dernier estoit le Souflet. [...]
Mots clefs :
Soufflet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article des Enigmes, [titre d'après la table]
Le mot de l'Enigme du
mois dernier eftoit le Souflet.
Ceux qui l'ont trouvé font
le Pere Agatange , des grands
Auguſtins ; M l'Abbé Grâvelle ; de la Tonnelaye , du
Faux bourg S. Germain , de
l'Ormeau du même Fauxbourg; de Rouillac : de Gafti
nay , de la rue S. Martin ; le
petit Brunet , de la rue S. Honoré ; de Bierne le cadet , ruë
des Prouvaires ; Charles Thirou , du College Mazarin ; le
petit Toury , de la Porte S
Bernard; le Maryfans Femme;
les deux Amans rivaux de
GALANT 345
Mlle M... du Quay des
Auguftins; l'heureux Blondin,
del'Hôtel des Urfins l'Amant
favorisé , du même quartier ;
le Soupirant pour Mile Lap...
le Berger Tircis de la Bergere
Climene ; le grand : Chantre
& fa Linotte , du quartier S.
Jacques;le Nouvelliſte obſtiné,
du quartier du Palais Royal ; le
Pacifiquedes Tuileries ; le Pos
litique du même Jardin ; le
beau Tircis , & l'Enfant gaſté
du Marais ; l'Amant de The
mis , du même quartier : le
Marchand à bonne Fortune ;
de la rue S. Denis : la belle
346 MERCUR
Societé de la même rue : &
l'Amy de Mlle B... Miles de
Rezé , proche la Comedie
Mercier , du Quay des Au.
guftins :Bouthillier : Moyferte:
Huflin : le Duc de Valange
1 fille : la jeune & charmante
Caron , prés S. Jullien : MarieAnne , duCloiftre S. Thomas
du Louvre Anne Jollain ,
& fa charmante voifine le
G.nt: la Spirituelle & la Gracufe, de la rue des Marmoufets : la future Marquife , du
même quartier:la Confidence
mutuelle & la Societé broüillée , du quartier de la Made-
GALANT 347
laine : la jeuneMuferenaiffante
G. O. la Blanche & Brune de
la rue des Bernardins : la Merc
dépofée , & la Sœur prude , de
la Societé de Caen la groffe
Cato , de la Porte S, Bernard :
l'Hofteffe de la belle Allegreffe , rue Medem : & la Bergere
Climene.
mois dernier eftoit le Souflet.
Ceux qui l'ont trouvé font
le Pere Agatange , des grands
Auguſtins ; M l'Abbé Grâvelle ; de la Tonnelaye , du
Faux bourg S. Germain , de
l'Ormeau du même Fauxbourg; de Rouillac : de Gafti
nay , de la rue S. Martin ; le
petit Brunet , de la rue S. Honoré ; de Bierne le cadet , ruë
des Prouvaires ; Charles Thirou , du College Mazarin ; le
petit Toury , de la Porte S
Bernard; le Maryfans Femme;
les deux Amans rivaux de
GALANT 345
Mlle M... du Quay des
Auguftins; l'heureux Blondin,
del'Hôtel des Urfins l'Amant
favorisé , du même quartier ;
le Soupirant pour Mile Lap...
le Berger Tircis de la Bergere
Climene ; le grand : Chantre
& fa Linotte , du quartier S.
Jacques;le Nouvelliſte obſtiné,
du quartier du Palais Royal ; le
Pacifiquedes Tuileries ; le Pos
litique du même Jardin ; le
beau Tircis , & l'Enfant gaſté
du Marais ; l'Amant de The
mis , du même quartier : le
Marchand à bonne Fortune ;
de la rue S. Denis : la belle
346 MERCUR
Societé de la même rue : &
l'Amy de Mlle B... Miles de
Rezé , proche la Comedie
Mercier , du Quay des Au.
guftins :Bouthillier : Moyferte:
Huflin : le Duc de Valange
1 fille : la jeune & charmante
Caron , prés S. Jullien : MarieAnne , duCloiftre S. Thomas
du Louvre Anne Jollain ,
& fa charmante voifine le
G.nt: la Spirituelle & la Gracufe, de la rue des Marmoufets : la future Marquife , du
même quartier:la Confidence
mutuelle & la Societé broüillée , du quartier de la Made-
GALANT 347
laine : la jeuneMuferenaiffante
G. O. la Blanche & Brune de
la rue des Bernardins : la Merc
dépofée , & la Sœur prude , de
la Societé de Caen la groffe
Cato , de la Porte S, Bernard :
l'Hofteffe de la belle Allegreffe , rue Medem : & la Bergere
Climene.
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Résumé : Article des Enigmes, [titre d'après la table]
Le texte énumère les personnes ayant résolu l'énigme du mois précédent, dont le mot était 'Souflet'. Les participants proviennent de divers quartiers et lieux de Paris, notamment le Faubourg Saint-Germain, la rue Saint-Martin, la rue Saint-Honoré, et le Collège Mazarin. La liste inclut des religieux tels que le Père Agatange des Grands Augustins et l'Abbé Grâvelle, ainsi que des laïcs comme de la Tonnelaye, de Rouillac, et de Gastinay. Parmi les noms figurant, on trouve également des personnages fictifs ou symboliques, tels que les 'deux Amans rivaux', 'le Berger Tircis', et 'le Marchand à bonne Fortune'. Des femmes sont également mentionnées, comme 'la belle Mercure', 'Mlle M... du Quay des Augustins', et 'la jeune & charmante Caron'. Le texte se conclut par une série de noms de femmes, certaines accompagnées de descriptions telles que 'la Spirituelle & la Gracieuse' ou 'la future Marquise'.
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1995
p. 347-349
ENIGME.
Début :
L'on me voit aisément & mon estre est sensible, [...]
Mots clefs :
Chandelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGME.
L'on me voit aisément & mon
eftre eftfenfible
348 MERCURE
Maispourmebien comprendre
fçavoir qui je fuis ,
La chofe eft mal aifée ,
impoffible ,
paroift
C'eft on demeurent court les plus
rares efprits.
Sans me diminuer l'on prendde m
fubftance,
ma
Que je donne à chacun pour eftre
en füreté,
Et quoique j'en fourniffe à tous
en abondance,
J'en ay toûjours chez moy la même quantité.
Je medonnefanspoids ,fans nombre, &fans mefure ;
Etdepuis le Bergerjufques auplus
grand Roy,
GALANT 349.
Il n'est petit ny grand dans toute
la nature
Qui n'implore mon aide, & n'ait
befoin de moy.
Tout le monde s'en fert, & tous
à la même heure,
Rien deplus merveilleux,quoyque
de plus commun,
L'on me portepar tout de demeure
en demeure ,
Etfi toft qu'on me voit j'éblouis
I un chacun.
L'on me voit aisément & mon
eftre eftfenfible
348 MERCURE
Maispourmebien comprendre
fçavoir qui je fuis ,
La chofe eft mal aifée ,
impoffible ,
paroift
C'eft on demeurent court les plus
rares efprits.
Sans me diminuer l'on prendde m
fubftance,
ma
Que je donne à chacun pour eftre
en füreté,
Et quoique j'en fourniffe à tous
en abondance,
J'en ay toûjours chez moy la même quantité.
Je medonnefanspoids ,fans nombre, &fans mefure ;
Etdepuis le Bergerjufques auplus
grand Roy,
GALANT 349.
Il n'est petit ny grand dans toute
la nature
Qui n'implore mon aide, & n'ait
befoin de moy.
Tout le monde s'en fert, & tous
à la même heure,
Rien deplus merveilleux,quoyque
de plus commun,
L'on me portepar tout de demeure
en demeure ,
Etfi toft qu'on me voit j'éblouis
I un chacun.
Fermer
1996
p. 349-350
AIR NOUVEAU.
Début :
L'Air qui suit est de Monsieur Charles. / On n'entend plus aux Champs [...]
Mots clefs :
Instruments, Musettes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
L'Air qui fuit eft de Monfieur Charles.
A
350 MERCURE
AIR NOUVEAU.
On n'entendplus aux Champs
Le doux bruitdes Mufettes ;
Les Tambours , les Trompettes
Sont les feuls Inftrumens
Qui regnent en ce temps.
A
350 MERCURE
AIR NOUVEAU.
On n'entendplus aux Champs
Le doux bruitdes Mufettes ;
Les Tambours , les Trompettes
Sont les feuls Inftrumens
Qui regnent en ce temps.
Fermer
1997
p. 350-379
Situation des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
Début :
Je passe à la situation des Affaires de l'Europe telles qu'elles [...]
Mots clefs :
Affaires de l'Europe, France, Espagne, Monarque, Puissances, Armée, Angleterre, Doctrine, Ministère, Chambre des pairs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Situation des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
Je paffe à la fituation des
Affaires de l'Europe telles qu'el
les fe trouvent dans le moment
que je vous écris. Je dis dans le
moment que je vous écris , car
il pourroit y avoir du changement dans le temps que vous
recevrez ma Lettre.
TITIT
ยม
SEm.
il
elt
ont
DCA
rez
una
efté
aut
.
ints
Jues
mêdoit hut,
de
cuqu'à
THEQUE
DE
BIBLIO
LYON
#1893
19TH THE 1971
35
ឬŠ/đឬ
SULE
rec
GALANT 35%
De quelque cofté que l'Em
pereur regarde fes Affaires , il
fe trouve fort embaraffé. Il eft
certain que fes Troupes ont
efté battues en plufieurs occafions par les Confederez
d'Hongrie , & qu'il a fait une
perte confiderable , qui a efté
fuivie de celle de l'Ile de Schut.
Ce font des faits conftants
dont les nouvelles publiques
imprimées chez les Alliez mêmes font mention. On doit
remarquer que l'Ifle de Schut,
n'eftant qu'à douze lieües de
Vienne , les Confederez peuvent faire des courfes juſqu'à
352 MERCURE
fes Porres , & que l'on n'en
fortir fans rifquer beau- peut
coup.
Les Cercles ne fe font pas
encore mis en devoir de lever
un fol, ni un homme pour tenir tefte à une Armée victoricufe & de prés de cinquante
millehommes que les François
ont du cofté du haut Rhin.
Cette Armée ne manque de
rien , ayant tiré les Contributions que les Allemans ont efté
obligez de luy payer moitié en
argent & moitié en grains.
L'Empereur ne peut efperer
aucunes Troupes de Danne-
GALANT 353
marck , & fur tout depuis la
derniere Bataille , ny d'aucun
autre cofté ; de maniere qu'il
fe trouve obligé de faire revenir d'Italie huit mille hömmes de fes meilleures Troupes,
qui ne fuffiront pas pour envoyer du cofte d'Hongrie &
du cofté du Rhin ; & ces Troupes , tirées d'Italie feront caufe
que Monfieur le Duc de Savoyenefera pas affez fort pour
mettre une Armée en Campagne. Joignez à cela qu'il luy
fera tres- difficile de tirer des
fubfides d'Angleterre , puis
qu'elle n'a pas tous les fonds
"Mars 1710. Gg
354 MERCURE
neceffaires pour faire la Campagne prochaine , & qu'il luy
fera abfolument impoffible de
rien tirer des Hollandois , qui
manquent encore beaucoup
plus d'argent , & des chofes
neceffaires pour faire la Campagne que les Anglois. Cefone
des faits connus, & publiezpar
eux-mêmes.
2
Quant à la France elle ne
manque point de Troupes , &
elles font invincibles lorfqu'elles font bien conduites. Ses
fonds feront plus que fuffifans
pout faire une gleufe Campagne. Le rachatla Paulet-
GALANT 355
de celuy de la Capitation
du Clergé , de plufieurs Affaires & de plufieurs autres
Particuliers qui ont laiffé en
mourant des fommes immenfes qui appartiennent au Roy,
& de fes revenus ordinaires qui
commencent à produire beaucoup , & qu'une grande recolte que le Ciel femble luy promettre , doit encore augmenter beaucoup , remettront fes
affaires dans une bonne fituation. Joignez à cela qu'elle
doit tirer une grande quantité
de bleds du Languedoc , que
la Bretagne luy en fournit tous
•
Gg ij
356 MERCURE
les jours ; qu'il en eſto venu
beaucoup du Levant ; qu'il en
vient encore tous les jours deo
ce cofté- là , & que tout celuy
du premier envoy que les Ge
nois devoient faire eft arrivé à
Marſeille , oùilyena quaranté
mille muids que l'on a com
mencé à fairevenir de ce coftécy, & dont une partie arrivera
inceffamment à Paris. Jenedis
rien de tous les fruits de la terre dont il paroift que nous de
vons avoir une abondante recolte. Toutes les Recrues des
Troupes font faites il ya déja
long temps , & lorfqu'il fera
GALANT 357
temps d'entrer en Campagne,
les Alliez connoîtront qu'ils
onc efté longtemps abufez fur
la veritable fituation de nos
affaires.
Il paroift qu'ils doivent peu
compter fur les Troupes Saxo
nes. Le Roy Auguſte , il eft
vray, cft retourné en Pologne;
mais comme les affaires de ce
Royaume font encore dans un
granddefordre , & que tous les
Partis ne luy font pas favorables , il a beſoin de Troupes
pour s'y maintenir , & moins
les Polonois veulent voir de
Saxons dans leurs Etats , plus
358 MERCURE
"
il y doit faire groffir le nombre de fes Troupes , fans lef
quelles il ne peut eftre bien af
fermi fur le Tiône. Enfin de
quelque cofté que l'on envifa
ge la fituation des Affaires , il
paroift que toutes les Puiffan
ces ont befoin de leurs Troum
pes , & que quand les Alliezauroient plus d'argent à leur don
ner qu'ils n'en ont en effet , ils
ont trop befoin deleurs Trou.
pes pour les envoyer hors de
chez eux , & peut- cftre , comme nous verrons dans la fuite,
les Augios feront- ils obligez
d'en referver beaucoup chez
GALANT 359
eux , puifqu'il eft impoffible
que le feu de la divifion quis'y
eft mis , puiffe eftre ftoft
éteint , & qu'il le puiffe même
eftre qu'en apparence , car les
divifions caufées par des affaires de Religion finiffent rarement ; & lors qu'on les croit
finies , elles ne font qu'affoupics , & font toûjours prêtes à
reprendre feu. A l'égard des Affaires d'El
pagne , elles fe trouvent, aujourd'huy dans une fi heureufe fituation qu'elle eft en état
de fe procurer feule fa gloire
& fon bonheur fans rien de-
360 MERCURE
voir à perfonne , & de maintenir fur fes Trônes le Monarqueà qui ils appartiennentlegitiment ; qu'elle a reconnu avec
joye , & audevant duquel elle a
envoyé avec unempreffement
remplyd'allegreffe ; de maniere
qu'elle n'auroir pas fait autre
ment quand elle l'auroit ellement choifi. Et en effet c'étoit
le choifir que de reconnoître
fesdroits fondez fur la nature
& declarez juftes par fon dernier Monarque mourant , &
en prefence de fon Dieu , ce
qu'il n'auroit pas fait s'il avoit
ctû le contraire dans le moment
GALANT 361
ment qu'il eftoit preft de luy
aller rendre compte de fes actions , &fes droits font fi vifi;
bles & fi inconteſtables , que
toutes les Puiffances de l'Europe qui les luy diſputent aujourd'huy , les ont non feulementreconnus , mais ont même efté jufqu'à Madrid l'affurer de cette reconnoiſſance , &
ont demeuré à fa Cour, foit
en qualité d'Ambaffadeurs ,
foit en qualité d'Envoyez pour
yrefider. De maniere quetoutes les Puiffances qui font liguées aujourd huy contre luy,
excepté la Maifon d'Autriche
Mars 1710.
.Hh
362 MERCURE
fur
qui ne veut pas reconnoître
fon droit , n'ont des rai- que
fons politiques pour le faire
defcendre d'un Trône auquel
tant d'autres font unis , & qui
luy appartient legitimement.
Leurs raifons font fi foibles ,
que n'eftint fondées que
la politique, &non fur le droit,
ils fe font laffez d'en parler, ou
plûtôt ils en ont eu honte.
Ainfi il n'eft plus queftion parmy les Alliez pour détrôner
Philippes V. d'autres raifons ,
que de raifons de bien-ſeance;
& c'eft pourquoy le Ciel qui
n'approuve pas ces raifons , a
GALANT 363
toûjours protegé fi vifiblement cette Couronne , & la
protege encore contre toutes
les Puiffances liguées qui l'attaquent , & que les feuls Elpagnols ont entrepris de défendre aux dépens de tout leur
fang & de tout leur bien. Ils
font charmez de la juftice
de l'efprit , de la valeur &
de la douceur du Monarque
qui les gouverne , & de la Reine fon époufe en qui toutes
les vertus abondent , & qui en
plufieurs occafions a fait voir
le cœur d'une veritable Amazone, & qui feroit digne de
Hhij
364 MERCURE
commander fi , ayant dit que
l'occafion s'en prefentoit , elle
iroit à la tefte de l'Armée avec
le Prince fon fils ; qui ne fait
pas plus de dépenfe qu'une
Dame particuliere , & qui envoye chaque jour à la Caiſſe
Militaire tout ce qu'elle reçoit
pour fon entretien , fuivant la
grandeur de fon rang. Enfin
il paroît que le Ciel a beny
cette Monarchie , & le Roy &
la Reine d'Efpagne , puifqu'il
leur a donné un fucceffeur , la
feule chofe qu'il pouvoit leur
manquer. Ils ont le plaifir de
voir aujourd'huy ſous les ar-
GALANT 365
més , pour maintenir leurs
droits , toute l'Efpagne ; c'eftà-dire , un monde entier , fans
avoir befoin d'aucun fecours
étranger. L'argent ne leur manque point non plus que les
hommes. Tous les Royaumes
leur donnent gratuitement
tout ce qui fe trouvent chez
eux , les uns des Chevaux ,
les autres des Vivres , & le
Clergé , même leur a offert
toute l'Argenterie de leurs Eglifes qui eft nombreuſe en Efpagne , ce qu'ils n'accepteront
qu'en cas qu'ils en ayent un
preffant befoin , ce qui n'arriHhv
366 MERCURE
vera pas pendant le cours de la
Campagne qui va commencer;
de forte qu'ils pourront garder
cette reffource pour une autre
Campagne, ainfi que l'argent
de la florte du Mexique qui
vient d'arriver à Cadix , fans
les grandes fommes qui peuvent continuellement arriver
du Perou, d'où ils peuvent toû
jours en attendre , & que l'on
ne manquera pas de leur envoyer pour foûtenir la gloire
d'une Nation qui va feule fe
défendre glorieuſement contre un Monde d'Ennemis. La
fituation des affaires eft telle ,
9
GALANT 367
que les Alliez ne pouvant envoyer contre l'Espagne des
Troupes que par Mer , toute
l'Europe s'épuiferoit d'hommes avant que de pouvoir former en Espagne une Armée
qui fut à beaucoup prés capable de tenir tefte aux fidelles
Efpagnols , parce que le trajet
feroit périr beaucoup d'hommes & de chevaux , à caufe des
maladies que l'air de la Mer
caufe parmy les Troupes de
tranfport qui ne font pas accoûtumées à faire un long féjour fur Mer , & de la mortalité qu'il caufe parmy les Che
368 MERCURE
;
vaux , joint à ce que les tempêtes fontperir de Vaiffeaux
& par confequent d'hommes
& de chevaux , & que l'air du
Pays atoûjours fait auffi mourir beaucoup de ceux qui yfont
arrivez à bon port ; en forte
que par les calculs que l'on a
fouvent faits , on a trouvé que
de toutes les troupes qu'on envoyoit par Mer en Espagne &
en Portugal , le cinquième
homme pouvoit à peine être
en état de rendre fervice.
Quand aprés tant de pertes
&de dépenfes , les Alliez pourroient former une Armée ca-
GALANT 369
pable de faire quelque tentative , il luy feroit abfolument
impoffible de conquerir tous
les Royaumes d'Espagne les
uns aprés les autres , & avant
que d'avoir pû emporter quelques Places , ces troupes feroient tellement diminuées que
les Alliez feroient obligez à
recommencer les mêmes dépenfes , & à faire les mêmes.
efforts ; de forte qu'aprés quelque temps toutes leurs forces
periroient , & qu'ils ne pou
roient continuer à faire des
levées qui n'auroient pas un
meilleur fuccés. Ainfil'on peut
370 MERCURE
dire que l'Espagne eft prefentement comme un rocher au
milieu de la Mer , contre lequeltous les Vaiffeaux qui en
approcheroient fe briferoient.
Je reviens à ce qui regarde
l'affaire du Docteur Sacheverel dont je vous ay déja parlé.
Il eft impoffible , tant que la
face des affaires , & la face du
Gouvernement ne feront pas
changées , que l'Angleterre ,
&fur tout la Ville de Londres
ne s'en reffentent , & que
plus grande partie des Troupes de l'un & de l'autre Parti
puiffent abandonner Londres
la
GALANT 371
1
fans craindre que leur party
foit infulté , ce quifera grand
tort aux Affaires du Royaumedans la fituation où elles fe
trouvent aujourd'huy, puifque,
de la maniereque tournent les
Affaires , les Alliez doivent avoir befoin de Troupes Angloifes , &fur tout s'il arrive ,
comme il s'y trouve beaucoup
d'apparence que les Troupes
Danoifes , celle du Roy Augufte , & celles de l'Electeur de
Brandebourg en foient rappellées. Ce qui donne lieu
de le craindre , eft que ces
Puiffances ayant engagé pour
372 MERCURE
leurs propres intereft le Roy
de Dannemarck d'attaquer le
Royde Suede , elles fe trouvent
engagées à foûtenir S. M. D.
pour nela pas laiffer périr , &
que d'ailleurs fi elles l'abandonnent , le Roy de Suede avançant toûjours , & fe faifant
jour par tout , pouroit encore
s'agrandir , & leur tailler bien
de la befogne. Et ainfi les Allicz qui fouffrent de tant de
manieres en Flandre auroient
bien de la peine à y continuer
guerre, ou pour mieux dire
nel'y pouroient foûtenir. Ainfila Cour d'Angleterre doit de
plus
la
GALANT 373
plus en plus ouvrir lesyeux fur
la faute qu'elle a faite en attaquant le Docteur Sacheverel.
Tous ceux dont on a pillé les
Temples auront raiſon auffibien que les Anglicans , de ne
pas envoyer hors du Royaume
les Troupes de leur Religion
& fi les premiers ont cité infultez ils n'en doivent accufer
que ceux qui gouvernent en
Angleterre qui auroient pû
feindre de n'avoir pas remarqué ce que le Docteur Sacheverel avoit prêché,puifqu'il n'a
fait que parler pour la Religion dominante du Pays , &
Mars 1710. I i
374 MERCURE
établie par les Loix , & que les
autres ne font que tollerées
pour les interefts de la Reine ,
& par une politique dont je
vous ay fouvent parlé , & que
je vous ay amplement expli
quée.
La Caufe du Docteur Sacheverel eft fi jufte que fes Avocats le jour qu'ils commencerent à répondre à fes accufations , ne firent autre chofe que
lire des Homelies , des Sermons , & d'autres ouvrages
qui enfeignent la même Doctrine qu'il a prêchée & qui elt
autorisée par les Livres ap-
GALANT 375
prouvez par le Parlement
Le Chevalier Harcourt plaidant en faveur de ce Docteur
fur le premier Chef d'accufation , dit entre autres chofes ,
que le Docteur Sacheverel n'avoit rien avancé contre la revolution , & que s'il avoit toûjours foûtenu la Doctrine de
l'obéïffance paffive , il avoit une foule de garents & d'autoritez parmy les fameux Docteurs de l'Eglife Anglicane ,
tant morts que vivants , & entr'autres plus de vingt Archevêques ou Evêques , dont quelques-uns étoient là pour le ju
Ii ij
376 MERCURE
ger , & dans les Sermons ou
certe Doctrine étoit maintenuë , quiavoient eftéimprimez
par ordre exprés de S. M. ou
de la Chambredes Pairs.
Le lendemain les quatre Avocats du Docteur Sacheverel
produifirent un figrand nombre de preuves pour la Doctrine de l'obéillance paffive ,
que cela occupa la Cour depuis onze heures du matin juf
qu'à fix heures du ſoir.
Les accufations faites contre le Docteur Sacheverelfont
fi criantes , & ont tellement
irrité tous les Anglicans , que
GALANT 377
2
nonobſtant les pourſuites qu'2
ils ont vû faire contre ce Docteur , ils font prefts de l'imiter
en tout ce qui regardera leur
Miniftere lorfqu'ils fe trouveront en pareilles occafions fans
craindre d'encourir la difgrace
de la Cour , & il eft arrivé làdeffus un fait auffi extraordinaire que furprenant , & qui
fait voir que les Docteurs de
Egliſe Anglicane la défendront toûjours. Ce fait eft arrivé en preſence de la Reine , &
l'on pouroit dire en s'adreffant
à elle-même , puifqu'il parloit
à l'Auditoire dont cette PrinIi iij
378 MERCURE
ceffe étoit à la tête.
Mr Palmer ayant eſté nommé par l'Evêque de Londres
pour prêcher dans la Chapelle
de la Reine à Witchall , il obéït ; mais dans fon Sermon il
pria Dieu pour le Docteur Sacheverel commepour unhomme perfecuté , & comme la
Reine a donné ordre à l'Evêque de Londres de le fufpendre de fes fonctions ; ce procedé qui eſt auſſi hardy que
glorieux pour ce Predicateur ,
a efté fort applaudi des Anglicans , & l'on peut juger par là
des fuites que l'on doit crainK
GALANT 379
dre de cette affaire , & de la
combuftion où se trouve toute la Nation Angloiſe , qui
penfera moins à l'avenir aux
affaires du dehors qu'à celles du
dedans , tous les chaftimens
n'ayant fait que l'aigrir , &
chacun ne fongeant plus qu'à
la défenfe de fa caufe, & à fa
défenſe même.
Enfin pour mieux faire remarquer la fituation violente
oùfe trouvent les chofes , il me
fuffira de vous dire que l'on
prêche hautement dans Londres contre l'injuftice du Gou
vernement.
Affaires de l'Europe telles qu'el
les fe trouvent dans le moment
que je vous écris. Je dis dans le
moment que je vous écris , car
il pourroit y avoir du changement dans le temps que vous
recevrez ma Lettre.
TITIT
ยม
SEm.
il
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efté
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BIBLIO
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19TH THE 1971
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SULE
rec
GALANT 35%
De quelque cofté que l'Em
pereur regarde fes Affaires , il
fe trouve fort embaraffé. Il eft
certain que fes Troupes ont
efté battues en plufieurs occafions par les Confederez
d'Hongrie , & qu'il a fait une
perte confiderable , qui a efté
fuivie de celle de l'Ile de Schut.
Ce font des faits conftants
dont les nouvelles publiques
imprimées chez les Alliez mêmes font mention. On doit
remarquer que l'Ifle de Schut,
n'eftant qu'à douze lieües de
Vienne , les Confederez peuvent faire des courfes juſqu'à
352 MERCURE
fes Porres , & que l'on n'en
fortir fans rifquer beau- peut
coup.
Les Cercles ne fe font pas
encore mis en devoir de lever
un fol, ni un homme pour tenir tefte à une Armée victoricufe & de prés de cinquante
millehommes que les François
ont du cofté du haut Rhin.
Cette Armée ne manque de
rien , ayant tiré les Contributions que les Allemans ont efté
obligez de luy payer moitié en
argent & moitié en grains.
L'Empereur ne peut efperer
aucunes Troupes de Danne-
GALANT 353
marck , & fur tout depuis la
derniere Bataille , ny d'aucun
autre cofté ; de maniere qu'il
fe trouve obligé de faire revenir d'Italie huit mille hömmes de fes meilleures Troupes,
qui ne fuffiront pas pour envoyer du cofte d'Hongrie &
du cofté du Rhin ; & ces Troupes , tirées d'Italie feront caufe
que Monfieur le Duc de Savoyenefera pas affez fort pour
mettre une Armée en Campagne. Joignez à cela qu'il luy
fera tres- difficile de tirer des
fubfides d'Angleterre , puis
qu'elle n'a pas tous les fonds
"Mars 1710. Gg
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neceffaires pour faire la Campagne prochaine , & qu'il luy
fera abfolument impoffible de
rien tirer des Hollandois , qui
manquent encore beaucoup
plus d'argent , & des chofes
neceffaires pour faire la Campagne que les Anglois. Cefone
des faits connus, & publiezpar
eux-mêmes.
2
Quant à la France elle ne
manque point de Troupes , &
elles font invincibles lorfqu'elles font bien conduites. Ses
fonds feront plus que fuffifans
pout faire une gleufe Campagne. Le rachatla Paulet-
GALANT 355
de celuy de la Capitation
du Clergé , de plufieurs Affaires & de plufieurs autres
Particuliers qui ont laiffé en
mourant des fommes immenfes qui appartiennent au Roy,
& de fes revenus ordinaires qui
commencent à produire beaucoup , & qu'une grande recolte que le Ciel femble luy promettre , doit encore augmenter beaucoup , remettront fes
affaires dans une bonne fituation. Joignez à cela qu'elle
doit tirer une grande quantité
de bleds du Languedoc , que
la Bretagne luy en fournit tous
•
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les jours ; qu'il en eſto venu
beaucoup du Levant ; qu'il en
vient encore tous les jours deo
ce cofté- là , & que tout celuy
du premier envoy que les Ge
nois devoient faire eft arrivé à
Marſeille , oùilyena quaranté
mille muids que l'on a com
mencé à fairevenir de ce coftécy, & dont une partie arrivera
inceffamment à Paris. Jenedis
rien de tous les fruits de la terre dont il paroift que nous de
vons avoir une abondante recolte. Toutes les Recrues des
Troupes font faites il ya déja
long temps , & lorfqu'il fera
GALANT 357
temps d'entrer en Campagne,
les Alliez connoîtront qu'ils
onc efté longtemps abufez fur
la veritable fituation de nos
affaires.
Il paroift qu'ils doivent peu
compter fur les Troupes Saxo
nes. Le Roy Auguſte , il eft
vray, cft retourné en Pologne;
mais comme les affaires de ce
Royaume font encore dans un
granddefordre , & que tous les
Partis ne luy font pas favorables , il a beſoin de Troupes
pour s'y maintenir , & moins
les Polonois veulent voir de
Saxons dans leurs Etats , plus
358 MERCURE
"
il y doit faire groffir le nombre de fes Troupes , fans lef
quelles il ne peut eftre bien af
fermi fur le Tiône. Enfin de
quelque cofté que l'on envifa
ge la fituation des Affaires , il
paroift que toutes les Puiffan
ces ont befoin de leurs Troum
pes , & que quand les Alliezauroient plus d'argent à leur don
ner qu'ils n'en ont en effet , ils
ont trop befoin deleurs Trou.
pes pour les envoyer hors de
chez eux , & peut- cftre , comme nous verrons dans la fuite,
les Augios feront- ils obligez
d'en referver beaucoup chez
GALANT 359
eux , puifqu'il eft impoffible
que le feu de la divifion quis'y
eft mis , puiffe eftre ftoft
éteint , & qu'il le puiffe même
eftre qu'en apparence , car les
divifions caufées par des affaires de Religion finiffent rarement ; & lors qu'on les croit
finies , elles ne font qu'affoupics , & font toûjours prêtes à
reprendre feu. A l'égard des Affaires d'El
pagne , elles fe trouvent, aujourd'huy dans une fi heureufe fituation qu'elle eft en état
de fe procurer feule fa gloire
& fon bonheur fans rien de-
360 MERCURE
voir à perfonne , & de maintenir fur fes Trônes le Monarqueà qui ils appartiennentlegitiment ; qu'elle a reconnu avec
joye , & audevant duquel elle a
envoyé avec unempreffement
remplyd'allegreffe ; de maniere
qu'elle n'auroir pas fait autre
ment quand elle l'auroit ellement choifi. Et en effet c'étoit
le choifir que de reconnoître
fesdroits fondez fur la nature
& declarez juftes par fon dernier Monarque mourant , &
en prefence de fon Dieu , ce
qu'il n'auroit pas fait s'il avoit
ctû le contraire dans le moment
GALANT 361
ment qu'il eftoit preft de luy
aller rendre compte de fes actions , &fes droits font fi vifi;
bles & fi inconteſtables , que
toutes les Puiffances de l'Europe qui les luy diſputent aujourd'huy , les ont non feulementreconnus , mais ont même efté jufqu'à Madrid l'affurer de cette reconnoiſſance , &
ont demeuré à fa Cour, foit
en qualité d'Ambaffadeurs ,
foit en qualité d'Envoyez pour
yrefider. De maniere quetoutes les Puiffances qui font liguées aujourd huy contre luy,
excepté la Maifon d'Autriche
Mars 1710.
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fur
qui ne veut pas reconnoître
fon droit , n'ont des rai- que
fons politiques pour le faire
defcendre d'un Trône auquel
tant d'autres font unis , & qui
luy appartient legitimement.
Leurs raifons font fi foibles ,
que n'eftint fondées que
la politique, &non fur le droit,
ils fe font laffez d'en parler, ou
plûtôt ils en ont eu honte.
Ainfi il n'eft plus queftion parmy les Alliez pour détrôner
Philippes V. d'autres raifons ,
que de raifons de bien-ſeance;
& c'eft pourquoy le Ciel qui
n'approuve pas ces raifons , a
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toûjours protegé fi vifiblement cette Couronne , & la
protege encore contre toutes
les Puiffances liguées qui l'attaquent , & que les feuls Elpagnols ont entrepris de défendre aux dépens de tout leur
fang & de tout leur bien. Ils
font charmez de la juftice
de l'efprit , de la valeur &
de la douceur du Monarque
qui les gouverne , & de la Reine fon époufe en qui toutes
les vertus abondent , & qui en
plufieurs occafions a fait voir
le cœur d'une veritable Amazone, & qui feroit digne de
Hhij
364 MERCURE
commander fi , ayant dit que
l'occafion s'en prefentoit , elle
iroit à la tefte de l'Armée avec
le Prince fon fils ; qui ne fait
pas plus de dépenfe qu'une
Dame particuliere , & qui envoye chaque jour à la Caiſſe
Militaire tout ce qu'elle reçoit
pour fon entretien , fuivant la
grandeur de fon rang. Enfin
il paroît que le Ciel a beny
cette Monarchie , & le Roy &
la Reine d'Efpagne , puifqu'il
leur a donné un fucceffeur , la
feule chofe qu'il pouvoit leur
manquer. Ils ont le plaifir de
voir aujourd'huy ſous les ar-
GALANT 365
més , pour maintenir leurs
droits , toute l'Efpagne ; c'eftà-dire , un monde entier , fans
avoir befoin d'aucun fecours
étranger. L'argent ne leur manque point non plus que les
hommes. Tous les Royaumes
leur donnent gratuitement
tout ce qui fe trouvent chez
eux , les uns des Chevaux ,
les autres des Vivres , & le
Clergé , même leur a offert
toute l'Argenterie de leurs Eglifes qui eft nombreuſe en Efpagne , ce qu'ils n'accepteront
qu'en cas qu'ils en ayent un
preffant befoin , ce qui n'arriHhv
366 MERCURE
vera pas pendant le cours de la
Campagne qui va commencer;
de forte qu'ils pourront garder
cette reffource pour une autre
Campagne, ainfi que l'argent
de la florte du Mexique qui
vient d'arriver à Cadix , fans
les grandes fommes qui peuvent continuellement arriver
du Perou, d'où ils peuvent toû
jours en attendre , & que l'on
ne manquera pas de leur envoyer pour foûtenir la gloire
d'une Nation qui va feule fe
défendre glorieuſement contre un Monde d'Ennemis. La
fituation des affaires eft telle ,
9
GALANT 367
que les Alliez ne pouvant envoyer contre l'Espagne des
Troupes que par Mer , toute
l'Europe s'épuiferoit d'hommes avant que de pouvoir former en Espagne une Armée
qui fut à beaucoup prés capable de tenir tefte aux fidelles
Efpagnols , parce que le trajet
feroit périr beaucoup d'hommes & de chevaux , à caufe des
maladies que l'air de la Mer
caufe parmy les Troupes de
tranfport qui ne font pas accoûtumées à faire un long féjour fur Mer , & de la mortalité qu'il caufe parmy les Che
368 MERCURE
;
vaux , joint à ce que les tempêtes fontperir de Vaiffeaux
& par confequent d'hommes
& de chevaux , & que l'air du
Pays atoûjours fait auffi mourir beaucoup de ceux qui yfont
arrivez à bon port ; en forte
que par les calculs que l'on a
fouvent faits , on a trouvé que
de toutes les troupes qu'on envoyoit par Mer en Espagne &
en Portugal , le cinquième
homme pouvoit à peine être
en état de rendre fervice.
Quand aprés tant de pertes
&de dépenfes , les Alliez pourroient former une Armée ca-
GALANT 369
pable de faire quelque tentative , il luy feroit abfolument
impoffible de conquerir tous
les Royaumes d'Espagne les
uns aprés les autres , & avant
que d'avoir pû emporter quelques Places , ces troupes feroient tellement diminuées que
les Alliez feroient obligez à
recommencer les mêmes dépenfes , & à faire les mêmes.
efforts ; de forte qu'aprés quelque temps toutes leurs forces
periroient , & qu'ils ne pou
roient continuer à faire des
levées qui n'auroient pas un
meilleur fuccés. Ainfil'on peut
370 MERCURE
dire que l'Espagne eft prefentement comme un rocher au
milieu de la Mer , contre lequeltous les Vaiffeaux qui en
approcheroient fe briferoient.
Je reviens à ce qui regarde
l'affaire du Docteur Sacheverel dont je vous ay déja parlé.
Il eft impoffible , tant que la
face des affaires , & la face du
Gouvernement ne feront pas
changées , que l'Angleterre ,
&fur tout la Ville de Londres
ne s'en reffentent , & que
plus grande partie des Troupes de l'un & de l'autre Parti
puiffent abandonner Londres
la
GALANT 371
1
fans craindre que leur party
foit infulté , ce quifera grand
tort aux Affaires du Royaumedans la fituation où elles fe
trouvent aujourd'huy, puifque,
de la maniereque tournent les
Affaires , les Alliez doivent avoir befoin de Troupes Angloifes , &fur tout s'il arrive ,
comme il s'y trouve beaucoup
d'apparence que les Troupes
Danoifes , celle du Roy Augufte , & celles de l'Electeur de
Brandebourg en foient rappellées. Ce qui donne lieu
de le craindre , eft que ces
Puiffances ayant engagé pour
372 MERCURE
leurs propres intereft le Roy
de Dannemarck d'attaquer le
Royde Suede , elles fe trouvent
engagées à foûtenir S. M. D.
pour nela pas laiffer périr , &
que d'ailleurs fi elles l'abandonnent , le Roy de Suede avançant toûjours , & fe faifant
jour par tout , pouroit encore
s'agrandir , & leur tailler bien
de la befogne. Et ainfi les Allicz qui fouffrent de tant de
manieres en Flandre auroient
bien de la peine à y continuer
guerre, ou pour mieux dire
nel'y pouroient foûtenir. Ainfila Cour d'Angleterre doit de
plus
la
GALANT 373
plus en plus ouvrir lesyeux fur
la faute qu'elle a faite en attaquant le Docteur Sacheverel.
Tous ceux dont on a pillé les
Temples auront raiſon auffibien que les Anglicans , de ne
pas envoyer hors du Royaume
les Troupes de leur Religion
& fi les premiers ont cité infultez ils n'en doivent accufer
que ceux qui gouvernent en
Angleterre qui auroient pû
feindre de n'avoir pas remarqué ce que le Docteur Sacheverel avoit prêché,puifqu'il n'a
fait que parler pour la Religion dominante du Pays , &
Mars 1710. I i
374 MERCURE
établie par les Loix , & que les
autres ne font que tollerées
pour les interefts de la Reine ,
& par une politique dont je
vous ay fouvent parlé , & que
je vous ay amplement expli
quée.
La Caufe du Docteur Sacheverel eft fi jufte que fes Avocats le jour qu'ils commencerent à répondre à fes accufations , ne firent autre chofe que
lire des Homelies , des Sermons , & d'autres ouvrages
qui enfeignent la même Doctrine qu'il a prêchée & qui elt
autorisée par les Livres ap-
GALANT 375
prouvez par le Parlement
Le Chevalier Harcourt plaidant en faveur de ce Docteur
fur le premier Chef d'accufation , dit entre autres chofes ,
que le Docteur Sacheverel n'avoit rien avancé contre la revolution , & que s'il avoit toûjours foûtenu la Doctrine de
l'obéïffance paffive , il avoit une foule de garents & d'autoritez parmy les fameux Docteurs de l'Eglife Anglicane ,
tant morts que vivants , & entr'autres plus de vingt Archevêques ou Evêques , dont quelques-uns étoient là pour le ju
Ii ij
376 MERCURE
ger , & dans les Sermons ou
certe Doctrine étoit maintenuë , quiavoient eftéimprimez
par ordre exprés de S. M. ou
de la Chambredes Pairs.
Le lendemain les quatre Avocats du Docteur Sacheverel
produifirent un figrand nombre de preuves pour la Doctrine de l'obéillance paffive ,
que cela occupa la Cour depuis onze heures du matin juf
qu'à fix heures du ſoir.
Les accufations faites contre le Docteur Sacheverelfont
fi criantes , & ont tellement
irrité tous les Anglicans , que
GALANT 377
2
nonobſtant les pourſuites qu'2
ils ont vû faire contre ce Docteur , ils font prefts de l'imiter
en tout ce qui regardera leur
Miniftere lorfqu'ils fe trouveront en pareilles occafions fans
craindre d'encourir la difgrace
de la Cour , & il eft arrivé làdeffus un fait auffi extraordinaire que furprenant , & qui
fait voir que les Docteurs de
Egliſe Anglicane la défendront toûjours. Ce fait eft arrivé en preſence de la Reine , &
l'on pouroit dire en s'adreffant
à elle-même , puifqu'il parloit
à l'Auditoire dont cette PrinIi iij
378 MERCURE
ceffe étoit à la tête.
Mr Palmer ayant eſté nommé par l'Evêque de Londres
pour prêcher dans la Chapelle
de la Reine à Witchall , il obéït ; mais dans fon Sermon il
pria Dieu pour le Docteur Sacheverel commepour unhomme perfecuté , & comme la
Reine a donné ordre à l'Evêque de Londres de le fufpendre de fes fonctions ; ce procedé qui eſt auſſi hardy que
glorieux pour ce Predicateur ,
a efté fort applaudi des Anglicans , & l'on peut juger par là
des fuites que l'on doit crainK
GALANT 379
dre de cette affaire , & de la
combuftion où se trouve toute la Nation Angloiſe , qui
penfera moins à l'avenir aux
affaires du dehors qu'à celles du
dedans , tous les chaftimens
n'ayant fait que l'aigrir , &
chacun ne fongeant plus qu'à
la défenfe de fa caufe, & à fa
défenſe même.
Enfin pour mieux faire remarquer la fituation violente
oùfe trouvent les chofes , il me
fuffira de vous dire que l'on
prêche hautement dans Londres contre l'injuftice du Gou
vernement.
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Résumé : Situation des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
En mars 1710, la situation politique et militaire en Europe est marquée par des difficultés pour l'Empereur. Ses troupes ont subi plusieurs défaites, notamment en Hongrie et à l'île de Schut, près de Vienne. Les cercles impériaux n'ont pas encore mobilisé de fonds ou de soldats pour affronter l'armée française victorieuse près du Rhin. L'Empereur ne peut compter sur des renforts du Danemark ou d'autres alliés et doit rapatrier des troupes d'Italie, affaiblissant ainsi la défense en Savoie. Les finances de l'Angleterre et des Pays-Bas sont également insuffisantes pour soutenir une campagne. En revanche, la France dispose de troupes nombreuses et bien équipées, avec des fonds suffisants grâce à divers rachats et revenus royaux. Les récoltes abondantes et les importations de blé assurent une bonne situation alimentaire. Les recrues sont prêtes et les alliés sous-estiment la véritable situation des affaires françaises. Les troupes saxonnes sont nécessaires en Pologne pour maintenir le roi Auguste face à l'opposition locale. Toutes les puissances européennes ont besoin de leurs troupes et les alliés, malgré leurs ressources financières, manquent de soldats à envoyer à l'extérieur. En Espagne, la situation est favorable au roi Philippe V, légitimement reconnu et soutenu par les Espagnols, qui fournissent volontairement hommes et ressources. Les alliés ne peuvent envoyer des troupes par mer sans subir de lourdes pertes, comparant la situation en Espagne à un rocher imprenable. En Angleterre, l'affaire du Docteur Sacheverell, dont les prédications ont causé des tensions, est un point crucial. Le Chevalier Harcourt, chef d'accusation contre Sacheverell, a affirmé que ce dernier n'avait jamais contesté la révolution et soutenait la doctrine de l'obéissance passive, partagée par de nombreux docteurs de l'Église Anglicane. Les sermons de ces autorités, imprimés par ordre du roi ou de la Chambre des Pairs, maintenaient cette doctrine. Les accusations ont suscité une forte réaction parmi les Anglicans, prêts à imiter Sacheverell malgré les poursuites. Un fait notable est survenu en présence de la reine : Mr Palmer, nommé par l'évêque de Londres pour prêcher à la chapelle de la reine, a prié pour Sacheverell comme pour un homme persécuté, acte applaudi par les Anglicans. La situation est tendue, avec des prêches contre l'injustice du gouvernement à Londres, la nation étant plus préoccupée par les affaires intérieures que par les affaires extérieures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1998
p. 380-383
Suite de tout ce qui s'est passé à l'occasion de la naissance du Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
Début :
Pendant que les dissentions causées par la difference des [...]
Mots clefs :
Château-Gontier, Ministres étrangers, Naissance du duc d'Anjou, Duc de Lorraine
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texteReconnaissance textuelle : Suite de tout ce qui s'est passé à l'occasion de la naissance du Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
Pendant que les diffentions
caufées par la difference des
Religions agitent l'Angleterre,
on eft encore occupé en France de la joye que la naiffance
Monfeigneur le Duc d'Anjou y a caufée ; & quoy que je
ne vous aye parlé que des Réjoüiffances qui fe font faites à
Paris , & des Feftes auffi galan.
tes que fingulieres qui ont efté
faites à Chafteau-gontier dans
l'appanage de ce Prince , ces
Réjoüiffances ont néanmoins
efté generales dans tout le
Royaume. Il s'en eft mêmefait
en quelques Pays étrangers ,
GALANT 381
& fur tout à Madrid où elles
ont eſté grandes ; la diftance
des lieux a efté caufe que je n'ay
pûvous en parler ce mois-cy ;
mais quoy que l'on en ait parlé
dans plufieurs Imprimez publics, je pourray le mois prochain vous en envoyer un
détail qui vous paroîtra nouveau.
Tous les Miniftres Etrangers qui font icy ont fait des
Complimens au Royfur cette
naiffance de la part de leurs
Maiftres , & leur efprit a brillé
fur les faveurs du Ciel qui fe
répandent fur Sa Majefté en
382 MERCURE
luy donnant des Arrieres petits - Fils , ce qui pourra faire
regner fa pofterité pendant
plufieurs ficcles.
S. A. R. Monfieur le Duc
de Lorraine s'eft diftinguée en
cette occafion , car quoy qu'el
le ait icy depuis quelques années un Envoyé Extraordinaire de confideration , & qui ,
s'acquitte des fonctions de
cet Employ au gré de tout le
monde , elle a crû néanmoins
en devoir envoyer exprés un
autre pour cette fonction feule , & elle ajetté les yeux fur Mr
le Marquis deBeauveau Craon,
GALANT 383
diftingué par fa naiffance , par
la figure qu'il fait dans la Cour
de Lorraine , & par fes grandes qualitez. Il a reçu icy tous
les honneurs que l'on rendaux
Miniftres des Teftes couron
nées. Les Caroffes dn Roy le
fontvenus prendre pour le me
ner àVerfailles avec Mr dé Bre
teuil Introducteur des Ambal
fadeurs , qui l'a conduit à l'Audiance de Sa Majeſté , & il a
efté traité par les Officiers de ce
Monarque , & les mêmes Ceremonies ont cfté obfervées à
fon Audiance de Congé.
caufées par la difference des
Religions agitent l'Angleterre,
on eft encore occupé en France de la joye que la naiffance
Monfeigneur le Duc d'Anjou y a caufée ; & quoy que je
ne vous aye parlé que des Réjoüiffances qui fe font faites à
Paris , & des Feftes auffi galan.
tes que fingulieres qui ont efté
faites à Chafteau-gontier dans
l'appanage de ce Prince , ces
Réjoüiffances ont néanmoins
efté generales dans tout le
Royaume. Il s'en eft mêmefait
en quelques Pays étrangers ,
GALANT 381
& fur tout à Madrid où elles
ont eſté grandes ; la diftance
des lieux a efté caufe que je n'ay
pûvous en parler ce mois-cy ;
mais quoy que l'on en ait parlé
dans plufieurs Imprimez publics, je pourray le mois prochain vous en envoyer un
détail qui vous paroîtra nouveau.
Tous les Miniftres Etrangers qui font icy ont fait des
Complimens au Royfur cette
naiffance de la part de leurs
Maiftres , & leur efprit a brillé
fur les faveurs du Ciel qui fe
répandent fur Sa Majefté en
382 MERCURE
luy donnant des Arrieres petits - Fils , ce qui pourra faire
regner fa pofterité pendant
plufieurs ficcles.
S. A. R. Monfieur le Duc
de Lorraine s'eft diftinguée en
cette occafion , car quoy qu'el
le ait icy depuis quelques années un Envoyé Extraordinaire de confideration , & qui ,
s'acquitte des fonctions de
cet Employ au gré de tout le
monde , elle a crû néanmoins
en devoir envoyer exprés un
autre pour cette fonction feule , & elle ajetté les yeux fur Mr
le Marquis deBeauveau Craon,
GALANT 383
diftingué par fa naiffance , par
la figure qu'il fait dans la Cour
de Lorraine , & par fes grandes qualitez. Il a reçu icy tous
les honneurs que l'on rendaux
Miniftres des Teftes couron
nées. Les Caroffes dn Roy le
fontvenus prendre pour le me
ner àVerfailles avec Mr dé Bre
teuil Introducteur des Ambal
fadeurs , qui l'a conduit à l'Audiance de Sa Majeſté , & il a
efté traité par les Officiers de ce
Monarque , & les mêmes Ceremonies ont cfté obfervées à
fon Audiance de Congé.
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Résumé : Suite de tout ce qui s'est passé à l'occasion de la naissance du Duc d'Anjou, [titre d'après la table]
La naissance du Duc d'Anjou a suscité des réjouissances en France et à l'étranger. En France, la joie est particulièrement palpable à Paris et à Château-Gontier, et ces festivités se répandent dans tout le royaume. À Madrid, les célébrations sont également notables. Les tensions religieuses perturbent l'Angleterre, contrastant avec l'allégresse française. Tous les ministres étrangers en France ont félicité le roi, soulignant les faveurs divines pour la postérité royale. Le Duc de Lorraine a envoyé le Marquis de Beauveau Craon comme émissaire spécial, qui a été accueilli avec tous les honneurs réservés aux ministres des têtes couronnées. Les cérémonies d'audience ont été respectées lors de son arrivée et de son départ. La distance a limité les détails pour ce mois-ci, mais des informations plus précises seront fournies le mois suivant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1999
p. 383-385
Nouveaux Officiers Generaux, [titre d'après la table]
Début :
Je reçois en ce moment la Liste des nouveaux Officiers [...]
Mots clefs :
Officiers généraux, Promotion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Officiers Generaux, [titre d'après la table]
Je reçois en ce moment la
27015
384 MERCURE
1
Lifte des nouveaux Officiers
Generaux nommezpar Sa Majefté , & ils font en fi grand
nombre qu'il me feroi impoffible de vous parler de chacun
en particulier comme j'ay fait
en vous envoyant toutes les
promotions qui ont eſté faites depuis que je vous adreſ
fe mes Lettres , & il n'y a
aucun de ces Officiers dont je
ne vous aye déja parlé de la
naiffance , du merite , & des
actions particulieres par lef
quelles ils fe font diftinguez ,
& l'on ne peut plus rien apprendre de nouveau des Officiers
GALANT 385
ciers de ces fortes de Promotions , fi ce n'eft de quelques
nouveaux Brigadiers , parce
que l'uſage eftant de parler de
chacun à mesure qu'il eft élevé en dignité , tous leurs fervices font connus , hors de quel-
`ques uns de ceux qui font élevez pour la premiere fois à la
dignité d'Officiers Generaux ,
dont néanmoins plufieurs fe
font fait connoiſtre en qualité
de Colonels ou de LieutenansColonels.
27015
384 MERCURE
1
Lifte des nouveaux Officiers
Generaux nommezpar Sa Majefté , & ils font en fi grand
nombre qu'il me feroi impoffible de vous parler de chacun
en particulier comme j'ay fait
en vous envoyant toutes les
promotions qui ont eſté faites depuis que je vous adreſ
fe mes Lettres , & il n'y a
aucun de ces Officiers dont je
ne vous aye déja parlé de la
naiffance , du merite , & des
actions particulieres par lef
quelles ils fe font diftinguez ,
& l'on ne peut plus rien apprendre de nouveau des Officiers
GALANT 385
ciers de ces fortes de Promotions , fi ce n'eft de quelques
nouveaux Brigadiers , parce
que l'uſage eftant de parler de
chacun à mesure qu'il eft élevé en dignité , tous leurs fervices font connus , hors de quel-
`ques uns de ceux qui font élevez pour la premiere fois à la
dignité d'Officiers Generaux ,
dont néanmoins plufieurs fe
font fait connoiſtre en qualité
de Colonels ou de LieutenansColonels.
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Résumé : Nouveaux Officiers Generaux, [titre d'après la table]
Sa Majesté a nommé de nouveaux officiers généraux. Impossible de les décrire tous individuellement, leurs mérites étant connus. Quelques nouveaux brigadiers et officiers généraux sont mentionnés, certains ayant déjà été distingués en tant que colonels ou lieutenants-colonels.
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2000
p. 385-386
Article reservez, [titre d'après la table]
Début :
La matiere continuant toûjours à m'accabler, je suis encore [...]
Mots clefs :
Articles, Matière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article reservez, [titre d'après la table]
La matiere continuant toûjours à m'accabler , je fuis encore obligé de remettre un
Mars 1710. Kk
386 MERCURE
grand nombre d'Articles au
mois prochain , & fur tout celuydu mariage de Mr le Marquis de Caftel - Blanco , avec
Mlle de Melford, fille du Comte de ce nom. Je ſuis , Madame, voſtre , &c.
AParis ce 31. Mars 1710.
Mars 1710. Kk
386 MERCURE
grand nombre d'Articles au
mois prochain , & fur tout celuydu mariage de Mr le Marquis de Caftel - Blanco , avec
Mlle de Melford, fille du Comte de ce nom. Je ſuis , Madame, voſtre , &c.
AParis ce 31. Mars 1710.
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