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51
p. 492-495
LA PROVIDENCE, ODE.
Début :
O Vous, qui méritez les justes anathêmes [...]
Mots clefs :
Providence, Dieu, Bonté, Foi, Chrétiens, Seigneur, Moïse, Jonas
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texteReconnaissance textuelle : LA PROVIDENCE, ODE.
LA PROVIDENCE ,
O DE.
O -Vous , qui méritez les justes anathêmes
Dont l'Eglise vous a frappés ,
Trop aveugles Auteurs , et trop tard détrompés
Allez dans les Enfers abjurer vos sistêmes ;
Dieu n'est point un maître inhumain
Il ne voit point avec dédain
Les ouvrages de sa puissance ;
Il les conserve tous ; l'insecte le plus vil ;
Le juste et le pecheur , le Juif et le Gentil
Annoncent sa magnificence.
諾
S'il est le Roi des Rois , s'il est le Dieu des
Dieux ,
S'il est Juge saint et severe ,
Il veut être nommé mon refuge et mon pere
Et sa bonté remplit et la terre et les Cieux ,
Elle fournit à nos délices ,
Elle asservit à nos caprices
?
La nature et les élemens ;
Seule elle sçait fixer la jeunesse indocile
Et seule elle soutient la vieillesse débile ,
Qui gémit sous le poids des ans.
}
Quelle
MARS. 17318 493
Quelle vive splendeur vient éclairer mon ame a
Grand Dieu ! j'adore tes decrets ,
Tu daignes à mes yeux dévoiler tes secrets ;
Terre , écoutez ; je cede à l'ardeur qui m'enflâme;
Je vois Noë braver les eaux ;
Ici des esprits infernaux
Moïse confond les prestiges ;
Là , triomphe Israël ; ses tyrans sont punis ;
Les flots émus , calmés , divisés , réunis,
M'attestent le Dieu des prodiges.
Qu'aperçois-je ? Joseph indignement lié
Au fond d'une prison obscure ;
Tout innocent qu'il est ,
il souffre sans murmure ,
Mais le Dieu de Jacob ne l'a point oublié ;
> Ses soupirs ont percé la núë :
C'est par une route inconnuë
Qu'il monte aux suprêmes honneurs :
Joseph passe soudain de la honte à la gloire ,
D'une indigne prison sur un char de victoire ;
Il doit sa joye à ses douleurs.
Ciel ! qu'entens- je ! les vents sur la liquide plaine
Se livrent d'horribles combats ;
La mer s'enfle et mugit ; rien ne trouble Jonas ,
il prie , adore , espere au sein de la Baleine.
Seigneur , tu le conduis au port ;
D v Tu
་
494 MERCURE DE FRANCE
Tu te déclares le support
D'un coeur pénitent qui t'implore ;
J'ai moi-même cent fois éprouvé ton secours ;
Pere tendre , déja tu veillois sur mes jours
Qui venoient à peine d'éclore.
粥
La nouvelle Sion en bute à mille assauts ,
Leve sa tête triomphante ;
On la poursuit en vain , les chrétiens qu'elle en
fante
Renaissent de leur cendre , et sur les échafauts
Je la vois toujours immuable ;
Sur ce rocher inébranlable
Ses ennemis sont écrasés ;
L'esprit Saint la dirige , et que peuvent contre elle
Les vents impétueux et leur soufle rebelle ?
Dès qu'il parle , ils sont appaisés.
Pardonne moi , Dieu saint , le murmure coupable
Qu'excita souvent dans mon coeur
De l'impie élevé le fastueux bonheur ;
Ce bonheur doit le rendre un jour plus misérable.
Il est un moment arrêté
Pour confondre l'iniquité :
Que ce moment sera terrible !
Le pêcheur dort au sein d'une trompeuse paix ;
La mort vient et le frappe , il gémit, vains regrets !
Le Juge est pour lors inflexible,
Oui ,
MARS. 1731. 495
Oui , je mets en toi seul et mon unique espoir
Et ma plus ferme confiance ;
De ton Verbe avec nous l'inéfable alliance
M'apprend que ton amour égale ton pouvoir ;
C'est cet amour que je réclame ;
Dans mon coeur allume sa flamme.
Dés lors je ne craindrai plus rien ,
L'indigence , les fers , la honte , la mort même ;
Eh ! Seigneur , quel revers peut craindre un coeur
qui t'aime ,
N'es-tu pas le souverain bien ?
Deus meus et omnia.
Poncy de Neuville , Prêtre.
O DE.
O -Vous , qui méritez les justes anathêmes
Dont l'Eglise vous a frappés ,
Trop aveugles Auteurs , et trop tard détrompés
Allez dans les Enfers abjurer vos sistêmes ;
Dieu n'est point un maître inhumain
Il ne voit point avec dédain
Les ouvrages de sa puissance ;
Il les conserve tous ; l'insecte le plus vil ;
Le juste et le pecheur , le Juif et le Gentil
Annoncent sa magnificence.
諾
S'il est le Roi des Rois , s'il est le Dieu des
Dieux ,
S'il est Juge saint et severe ,
Il veut être nommé mon refuge et mon pere
Et sa bonté remplit et la terre et les Cieux ,
Elle fournit à nos délices ,
Elle asservit à nos caprices
?
La nature et les élemens ;
Seule elle sçait fixer la jeunesse indocile
Et seule elle soutient la vieillesse débile ,
Qui gémit sous le poids des ans.
}
Quelle
MARS. 17318 493
Quelle vive splendeur vient éclairer mon ame a
Grand Dieu ! j'adore tes decrets ,
Tu daignes à mes yeux dévoiler tes secrets ;
Terre , écoutez ; je cede à l'ardeur qui m'enflâme;
Je vois Noë braver les eaux ;
Ici des esprits infernaux
Moïse confond les prestiges ;
Là , triomphe Israël ; ses tyrans sont punis ;
Les flots émus , calmés , divisés , réunis,
M'attestent le Dieu des prodiges.
Qu'aperçois-je ? Joseph indignement lié
Au fond d'une prison obscure ;
Tout innocent qu'il est ,
il souffre sans murmure ,
Mais le Dieu de Jacob ne l'a point oublié ;
> Ses soupirs ont percé la núë :
C'est par une route inconnuë
Qu'il monte aux suprêmes honneurs :
Joseph passe soudain de la honte à la gloire ,
D'une indigne prison sur un char de victoire ;
Il doit sa joye à ses douleurs.
Ciel ! qu'entens- je ! les vents sur la liquide plaine
Se livrent d'horribles combats ;
La mer s'enfle et mugit ; rien ne trouble Jonas ,
il prie , adore , espere au sein de la Baleine.
Seigneur , tu le conduis au port ;
D v Tu
་
494 MERCURE DE FRANCE
Tu te déclares le support
D'un coeur pénitent qui t'implore ;
J'ai moi-même cent fois éprouvé ton secours ;
Pere tendre , déja tu veillois sur mes jours
Qui venoient à peine d'éclore.
粥
La nouvelle Sion en bute à mille assauts ,
Leve sa tête triomphante ;
On la poursuit en vain , les chrétiens qu'elle en
fante
Renaissent de leur cendre , et sur les échafauts
Je la vois toujours immuable ;
Sur ce rocher inébranlable
Ses ennemis sont écrasés ;
L'esprit Saint la dirige , et que peuvent contre elle
Les vents impétueux et leur soufle rebelle ?
Dès qu'il parle , ils sont appaisés.
Pardonne moi , Dieu saint , le murmure coupable
Qu'excita souvent dans mon coeur
De l'impie élevé le fastueux bonheur ;
Ce bonheur doit le rendre un jour plus misérable.
Il est un moment arrêté
Pour confondre l'iniquité :
Que ce moment sera terrible !
Le pêcheur dort au sein d'une trompeuse paix ;
La mort vient et le frappe , il gémit, vains regrets !
Le Juge est pour lors inflexible,
Oui ,
MARS. 1731. 495
Oui , je mets en toi seul et mon unique espoir
Et ma plus ferme confiance ;
De ton Verbe avec nous l'inéfable alliance
M'apprend que ton amour égale ton pouvoir ;
C'est cet amour que je réclame ;
Dans mon coeur allume sa flamme.
Dés lors je ne craindrai plus rien ,
L'indigence , les fers , la honte , la mort même ;
Eh ! Seigneur , quel revers peut craindre un coeur
qui t'aime ,
N'es-tu pas le souverain bien ?
Deus meus et omnia.
Poncy de Neuville , Prêtre.
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Résumé : LA PROVIDENCE, ODE.
Le poème 'La Providence' célèbre la puissance et la bonté de Dieu. Il critique les interprétations erronées de la nature divine et invite à les rejeter. Dieu est présenté comme un maître bienveillant qui protège toutes ses créatures, des plus humbles aux plus nobles, et manifeste sa magnificence à travers elles. Le texte met en avant la royauté, la justice, la bonté et la providence divine, qui soutiennent la jeunesse et la vieillesse. Le poète admire les œuvres de Dieu, illustrées par des événements bibliques comme le déluge, la sortie d'Égypte, et les épreuves de Joseph et Jonas. Ces récits montrent la protection et le soutien divin face aux adversités. Le texte évoque également la persécution et la résilience des chrétiens, guidés par l'Esprit Saint, et la justice divine qui confondra les impies. Le poète conclut en plaçant toute sa confiance en Dieu, affirmant que l'amour divin surpasse tout pouvoir et que rien ne peut effrayer un cœur qui aime Dieu. Il souhaite voir la flamme de cet amour allumée dans son cœur, le rendant invulnérable à l'indigence, aux fers, à la honte et même à la mort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 1397-1407
Ligne directe de la Maison de Boulogne, de Lens, de Licques, de Recourt, et de Rupelmonde.
Début :
Eustache, Comte de Boulogne, en 1040. avoit épousé Mahaud de Brabant, et [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne Philippe IV, Seigneur de Beaufort, Commandant des forts, Boulogne, Seigneur
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texteReconnaissance textuelle : Ligne directe de la Maison de Boulogne, de Lens, de Licques, de Recourt, et de Rupelmonde.
Ligne directe de la Maison de Boulogne ,
de Lens , de Licques , de Recourt ;
et de Rupelmonde.
Eustache , Comte de Boulogne , en 1040 .
avoit épousé Mahand de Brabant , et
eurent :
Eustache Cuens de Boulogne , surnom
mé Auguienen , en 1076. il épousa rde
d' Ardenne , fille de Godefroy le Bon , Duc
de Bouillon et de Lorraine. Godefroy de
Bouillon , Baudouin , Roi de Jerusalem ,
et Eustache III . Comte de Boulogne ,
sont issus de ce Mariage .
Eustache , Comte de Boulogne , épousa
Marie , fille de Maleone , Roi d'Ecosse ,
dont est issu ,
· Eustache de Boulogne , qui fut tué de
vant Rama , en 1107. deux de ses freres y
perdirent la vie. Ce dernier avoit épousé
1. Vol I ij
Gabine
398 MERCURE DE FRANCE
Gabine , fille de Jacques de Bodebacque ,
Seigneur de Wauvin ; ils eurent :
Godefroy de Boulogne , qui n'avoit que
trois ans lorsqu'Eustache son pere fut tué,
Eustache , son ayeul , l'envoya à la Cour
de Baudouin , son grand oncle , Roi de
Jerusalem . Après avoir servi dans ses Ar
mées , il commanda sa Gendarmerie ; il
défit les Sarrasins en plusieurs rencontres ;
enfin il fut fait prisonnier ; on le condui
sit à Antioche , où il demeura en capti
vité. Nogora , fille du Roi d'Antioche ,
touchée du mérite et du malheur de Go
defroy , embrassa sa Religion , se fit Chré
tienne et l'épousa. Dans le tems qu'ils se
sauvoient ensemble , ils furent atteints
par ceux qui avoient ordre de les pour
suivre. Godefroy fut tué en combattant ,
et Nogora fut ramenée chez le Roi son
pere , où elle accoucha d'un fils qui fur
nommé :
Noradin de Boulogne. Il passoit pour un
des plus braves Chevaliers de son tems , et
pour ennemi déclaré des Chrétiens . Phi
lippe d'Alsace , Comte de Flandres , le re
tira d'entre les mains des Chrétiens , qui
l'avoient fait prisonnier , et l'emmena en
Flandres , où il le remit entre les mains de
ses parens et amis. Deux ans après No
radin se convertit. Il fut baptisé à Bruges
I. Vol. dans
JUIN. 1731 1399
dans l'Eglise de S. Donat , et fut nommé
Eustache , ainsi que son ayeul. On lui
donna la Chastellenie de Lens, en Artois ,
avec heredité. Enfin il retint les Armes
qu'il avoit avant sa prison ; il portoit
Ecartelé d'or et de sable. Il épousa Marie
de fausse , dont il eut :
Jean de Boulogne , Chastelain hereditaire
de Lens , qui eut de Marie d'Enghien
sa femme ;
Baudouin de Boulogne , Chastelain he
reditaire de Lens , qui épousa Sara de
Mello , et en eut :
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens .
Le Pere Simplicien , dans l'Histoire des
Grands - Officiers de la Couronne , dont
le septième volume doit paroître incessa
ment , prétend que Jean de Boulogne ,
second du nom , n'étoit point de la Mai
son de Boulogne , mais de celle de Re
court , et avoit épousé Yde , Chastelaine
de Lens , Dame de Gomblain , fille et he
ritiere du Chastelain hereditaire de la
Ville de Lens en Artois , issus , comme
on vient de le voir , des anciens Comtes
de Boulogne , et que Jean de Recourt a
pris le nom et les Armes de Lens . Recourt
portoit pour Armes bandé de Vair et de
gueulle , qui est de Longueval , au chef
I. Vol. I üj d'or.
1400 MERCURE DE FRANCE
d'or. Cette Maison est surement très-no -❤
ble , très-illustre et très - ancienne.
Malgré l'opinion du Pere Simplicien ,
le Comte de Rupelmonde prétend descen
dre en ligne directe de la Maison de Bou
logne , et que Fean , second du nom ',
étoit fils de Baudouin de Boulogne et de
Sara de Mello , et avoit épousé Isabeau
de Brimeu , dont il eut pour fils :
"
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Seigneur de Recourt et de
Comblain. Il épousa en premieres nôces
Catherine de Bethune , et en secondes ,
Marie Desnes,Dame du Conroy, dont il eut :
François de Boulogne , Chastelain he
reditaire de Lens , Seigneur de Recourt
et de Comblain , qui épousa Dame Bea
trix de Licques , heritiere de Licques en
Artois , laquelle portoit pour Armes ban
dé d'argent et d'azur à la bordure de
gueulle, qu'ils ont écartelé dans leurs Ar
mes, et dont ils ont encore la Terre ; il eut
pour fils :
Sei
Gerard de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens , Baron de Licques ,
gneur de Recourt et de Comblain . It
mourut l'an 1375. il avoit épousé en pre
mieres nôces Jeanne de Mailly , dont il eut :
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Baron de Licques , Sei
I. Vol.
gneur
JUIN. 1 1731. 1401
de Recourt et de Comblain , qui
gneur
épousa Alix de Vermeilles ; il mourut l'an
1390. et fut enterré dans l'Eglise de Com
blain ; il eut pour fils :
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain , tué à
la Bataille d'Azincourt , l'an 1415. sans
posterité. Il avoit une soeur mariée avec
Valeran , Seigneur Desabords , qui mourut
aussi sans enfans , et ses biens revinrent
à son cousin germain ; elle est enterrée à
S. Pierre de Lille .
Du second Mariage de Gerard de Bou
logne avec Jeanne de Vianne , nâquit :
Charles de Boulogne , Chastelain he
reditaire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain . Il fut
fait Amiral de France en 1418. fut fort
estimé du Duc Jean de Bourgogne , qui
l'établit son Lieutenant dans la Ville de
Paris. Il accompagnoit ce Prince quand il
fut tué sur le Pont de Montreau , par Ta
neguy du Chastel , en 1419. il mourut
sans être marié.
•
Fean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain , vi
voit le 17. Juin 1429. et conjointement
avec Marguerite Dalesnes , sa femme , Da
1. Vol. I iiij
me
1402 MERCURE DE FRANCE
me d'Escoüannes , le 9. Janvier 1435. ils
firent le partage de leurs biens à plusieurs
enfans qu'ils eurent , dont l'aîné fut :
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain , Vi
comte de Beaurains . Il épousa le 27. Août
1453. Jeanne de Stanelle , fille de Jean de
Stauelle, Seigneur Dysenghien , et de Mar
guerite d' Antoing ; il eut pour fils :
Jacques de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain. Il fut
Chambellan de l'Empereur Charles V. Il
épousa Jeanne du Fay , fille de Laurent du
Fay Chateaurouge , Seigneur de Hulles
- Maître d'Hôtel du Roi , et de Bonne de
la Vieuville. Il vivoit encore en 1540.
alors âgé de 8. ans . Il eut plusieurs en
fans , dont l'aîné fut :
3.
7
Jacques de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain , Con
seiller et Chambellan de l'Empereur Char
les V. Lieutenant General en Flandres
Gouverneur et Capitaine de Landrecy. Il
épousa en premieres nôces le 23. Août
1512. Philippe le Fevre de Hemstéde , fille
deRoland le Fevre , Chevalier, Seigneur de
Tamise de Lieweletde Havoise de Hemside,
C. I. Vol.
I iiij
et
+
JUIN. 1731. 1405
T
·
et en secondes nôces , Isabeau de Fouque
soles , fille de Jacques , Seigneur de Fou
quesoles et d'Andrehem , et d'Isabeau de
Monchy-Senarpont. Il ne vivoit plus l'an
1562. du second lit , il eut ;
Philippe de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt , successivement Capi
taine d'une Compagnie de Cent Lances
l'an 1568. Gouverneur , Capitaine et Bail
ly des Villes de Tournchem et Dandruick,
et du Pays de Bredenarde , l'an 1573
Gouverneur des Villes et Citadelle de
Cambray et du Cambresis , l'an 1574. Ca
pitaine et Gouverneur d'Harlem , Gou
verneur et Sur- Intendant de la Ville de
Louvain , et Colonel d'un Regiment de
dix Compagnies de Gens de pied Walons,
l'an 1579. Capitaine et Souverain Bailly
du Château de la Motthe aux Bois de
Nieppe , Gruyer et Veneur des Châtelle
nies de Cassel et de la Motte , l'an 1582 .
puis Gouverneur de Lille , de Tournay ,
de Douay et d'Orchie. Il fut commis par
le Roi Catholique le 12. May de l'an
1586. pour régler , avec les Commissai
res du Roi Henry III. tous les differends
qui pouvoient naître sur l'interprétation
et sur l'execution des articles de la Tréve
de Cambray , concluë le 23. Decembre
..
L. Vol. Iv 1585.
1404 MERCURE DE FRANCE
1585. Il mourut à Bruxelles le Vendredi
Saint de l'an 1588. et fut enterré aux
Cordeliers de Tournay ; il avoit été ma
rié , du consentement de l'Empereur et
de son Conseil , avec Jeanne de Witthem,
fille de Georges de Witthem , Chevalier ,
Seigneur Dirque , et de Jeanne de Jansse
de Mastain ; il eut plusieurs enfans.
Gabriel de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens, Baron de Licques de Com
blains et d'Audenthun , Seigneur de Re
court , épousa Helene de Merode , fille de
Jean de Merode , Seigneur de Moriamez,
et de Philippe de Montfort , dont est sorti
la posterité de M. le Marquis de Licques,
rapportée dans l'Histoire des Grands Of
ficiers de la Couronne , qui subsiste en
core .
La Branche de M. de Rupelmonde, vient
de Philippe de Boulogne , Lens , Licques
et Recourt , troisiéme fils de Philippe de
Boulogne , et de Jeanne de Witthem . II
fut Seigneur Daudenthun , et de la Terre
de Wissekerke , laquelle fut érigée en Ba
ronie par Philippes IV. Roi d'Espagne ,
à la charge de la tenir de plein Fief du
Comté de Flandres , en consideration des
services que ses Ancêtres et lui avoient
rendus. Il avoit servi plus de 40. ans ,
tant Capitaine d'Infanterie, que Capitaine
1. Vol.
de
JUIN. 1731. 1495
de Chevaux-Lanciers, Colonel d'Infanterie
Walone, d'une Compagnie de 300.Têtes ;
il étoit Grand - Bailly du Pays d'Waës , et
Commandant les Troupes ; il avoit été
Capitaine des Gardes du Duc de Parme ;
qui commandoit dans les Pays Bas. Il
avoit épousé Marguerite Stéelandt , le 11 .
Juin 1590. fille de Servais de Stéelandt ,
Seigneur de la Terre de Wissekerke , ri
che heritiere ; il eut plusieurs enfans,
Servais de Boulogne , de Lens , de Lic
ques et de Recourt , Seigneur de Beaufort
et Baron de Wissekerke , Capitaine d'une
Compagnie de trois cens Têtes libres pour
le service de S. M. Catholique , Comman
dant des Forts de Calloo , de Burcht et de
Werrebrouck , Grand- Bailly du Pays de
Waes , et Sur- Intendant des Gens de Guer
re dans les Pays et Comtez de Flandres ;
il épousa le 20. Septembre de l'an 16 24 .
Marguerite de Robles , fille de Jean de Ro
bles , Comte d'Hanap , Baron de Billy ,
Gouverneur et Capitaine general des Vil
les , Châtellenie et Châteaux de Lille , de
Douay et d'Orchies ; de son Mariage
nâquit :
-
Philippe de Boulogne , de Lens , Lic
ques et Recourt , Baron de Wissekerke ,
Seigneur de Beaufort , de Bays , Docle , et
d'Audenthun , qui épousa le 5. Juillet
1. Vel. Ivj .. 1655.
1406 MERCURE DE FRANCE
1655. Marguerite de Bäerlandt , riche he
ritiere , fille de Jacques , Seigneur de
Baërlandt , Dondlandt , Dirikland , & c.
Le Roi d'Espagne Philippe IV. lui vendit
le 9. Avril 1658. la Ville , Château , Ter
re et Seigneurie de Rupelmonde , mouvant
du Comté de Flandres. Il mourut fort
jeune , et laissa pour fils unique :
Philippe de Boulogne , Lens , Licques et
Recourt , Comte de Rupelmonde , Baron
de Wissekerke , Seigneur de Bays , Daudenthun
, de Majourque , de Hongersdycg
de Baerlandt , de Bakendorf, Doud-Landt,
de Diriklandt, de Philiplandt, de Score¸d’V
lack. Il fut marié le 21. Avril 1677. avec
Marie- Anne Eusebe Truchses , née Contes
se de Wollfegg, fille de Maximilien Guillau
me Truchses , Comte de Wolfegg , Gouver
neur d'Amberg en Baviere , et d'Isabelle
Claire de Lignes d' Aremberg et d'Arschot.
Il mourut fort jeune , et de ce Mariage il
eut pour fils unique :
Maximilien- Philippe- Joseph de Boulo◄
gne , de Lens , de Licques , de Recourt
Comte de Rupelmonde , Baron de Wis
sekerke , Seigneur de Bays , Daudenthun ,
de Majourque , de Hongersdicg , de Baër
landt , de Bakendorf , Doudlandt , de
Diriklandt , de Philipplande , de Score et
d'Ulack , Colonel d'un Regiment de
I
I. Vol.
Trou *
JU.IN. 1731.. 1407
Troupes Walonnes en 1702. et Brigadier
des Armées du Roi d'Espagne l'an 1706.
Il fut émancipé le 26. Juin 1701. et il
épousa le 24. Janvier 1705. Marie Mar
guerite- Elisabeth. d'Alegre , presentement
Dame du Palais de la Reine , et fille d'Y
ves , Marquis d'Alegre , Maréchal de
France , Chevalier des Ordres du Roi , et
de Jeanne- Françoise Garrault de Caminade.
Il fut tué au Siege de Brihuega en Espagne,
ayant été fait Maréchal de Camp quatre
jours avant sa mort , qui arriva le 11.
Decembre 1710. il laissa un fils unique ,
qui donne lieu à cet Article..
Yves- Marie de Boulogne , de Lens , de
Licques , de Recourt , Comte de Rupel
monde , Baron de Wissekerke , Seigneur
de Bays , Daudenthun , de Majourque , de
Hongersdycg , de Baerlandt , de Baken
dorf , Doudlandt , de Dirikland , de Phi
Tipplandt , de Score , d'Ulack et de ta
Creste , Capitaine au Régiment d'Alsace ,
et Colonel à la suite de ce Regiment.
Nous ne donnerons point ici la Généa
logie de la Maison de Grammont , parce
qu'elle est détaillée fort au long dans la
nouvelle Edition de l'Histoire des Grands
Officiers de la Couronne, Tome 4. p . 6.12.
de Lens , de Licques , de Recourt ;
et de Rupelmonde.
Eustache , Comte de Boulogne , en 1040 .
avoit épousé Mahand de Brabant , et
eurent :
Eustache Cuens de Boulogne , surnom
mé Auguienen , en 1076. il épousa rde
d' Ardenne , fille de Godefroy le Bon , Duc
de Bouillon et de Lorraine. Godefroy de
Bouillon , Baudouin , Roi de Jerusalem ,
et Eustache III . Comte de Boulogne ,
sont issus de ce Mariage .
Eustache , Comte de Boulogne , épousa
Marie , fille de Maleone , Roi d'Ecosse ,
dont est issu ,
· Eustache de Boulogne , qui fut tué de
vant Rama , en 1107. deux de ses freres y
perdirent la vie. Ce dernier avoit épousé
1. Vol I ij
Gabine
398 MERCURE DE FRANCE
Gabine , fille de Jacques de Bodebacque ,
Seigneur de Wauvin ; ils eurent :
Godefroy de Boulogne , qui n'avoit que
trois ans lorsqu'Eustache son pere fut tué,
Eustache , son ayeul , l'envoya à la Cour
de Baudouin , son grand oncle , Roi de
Jerusalem . Après avoir servi dans ses Ar
mées , il commanda sa Gendarmerie ; il
défit les Sarrasins en plusieurs rencontres ;
enfin il fut fait prisonnier ; on le condui
sit à Antioche , où il demeura en capti
vité. Nogora , fille du Roi d'Antioche ,
touchée du mérite et du malheur de Go
defroy , embrassa sa Religion , se fit Chré
tienne et l'épousa. Dans le tems qu'ils se
sauvoient ensemble , ils furent atteints
par ceux qui avoient ordre de les pour
suivre. Godefroy fut tué en combattant ,
et Nogora fut ramenée chez le Roi son
pere , où elle accoucha d'un fils qui fur
nommé :
Noradin de Boulogne. Il passoit pour un
des plus braves Chevaliers de son tems , et
pour ennemi déclaré des Chrétiens . Phi
lippe d'Alsace , Comte de Flandres , le re
tira d'entre les mains des Chrétiens , qui
l'avoient fait prisonnier , et l'emmena en
Flandres , où il le remit entre les mains de
ses parens et amis. Deux ans après No
radin se convertit. Il fut baptisé à Bruges
I. Vol. dans
JUIN. 1731 1399
dans l'Eglise de S. Donat , et fut nommé
Eustache , ainsi que son ayeul. On lui
donna la Chastellenie de Lens, en Artois ,
avec heredité. Enfin il retint les Armes
qu'il avoit avant sa prison ; il portoit
Ecartelé d'or et de sable. Il épousa Marie
de fausse , dont il eut :
Jean de Boulogne , Chastelain hereditaire
de Lens , qui eut de Marie d'Enghien
sa femme ;
Baudouin de Boulogne , Chastelain he
reditaire de Lens , qui épousa Sara de
Mello , et en eut :
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens .
Le Pere Simplicien , dans l'Histoire des
Grands - Officiers de la Couronne , dont
le septième volume doit paroître incessa
ment , prétend que Jean de Boulogne ,
second du nom , n'étoit point de la Mai
son de Boulogne , mais de celle de Re
court , et avoit épousé Yde , Chastelaine
de Lens , Dame de Gomblain , fille et he
ritiere du Chastelain hereditaire de la
Ville de Lens en Artois , issus , comme
on vient de le voir , des anciens Comtes
de Boulogne , et que Jean de Recourt a
pris le nom et les Armes de Lens . Recourt
portoit pour Armes bandé de Vair et de
gueulle , qui est de Longueval , au chef
I. Vol. I üj d'or.
1400 MERCURE DE FRANCE
d'or. Cette Maison est surement très-no -❤
ble , très-illustre et très - ancienne.
Malgré l'opinion du Pere Simplicien ,
le Comte de Rupelmonde prétend descen
dre en ligne directe de la Maison de Bou
logne , et que Fean , second du nom ',
étoit fils de Baudouin de Boulogne et de
Sara de Mello , et avoit épousé Isabeau
de Brimeu , dont il eut pour fils :
"
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Seigneur de Recourt et de
Comblain. Il épousa en premieres nôces
Catherine de Bethune , et en secondes ,
Marie Desnes,Dame du Conroy, dont il eut :
François de Boulogne , Chastelain he
reditaire de Lens , Seigneur de Recourt
et de Comblain , qui épousa Dame Bea
trix de Licques , heritiere de Licques en
Artois , laquelle portoit pour Armes ban
dé d'argent et d'azur à la bordure de
gueulle, qu'ils ont écartelé dans leurs Ar
mes, et dont ils ont encore la Terre ; il eut
pour fils :
Sei
Gerard de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens , Baron de Licques ,
gneur de Recourt et de Comblain . It
mourut l'an 1375. il avoit épousé en pre
mieres nôces Jeanne de Mailly , dont il eut :
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Baron de Licques , Sei
I. Vol.
gneur
JUIN. 1 1731. 1401
de Recourt et de Comblain , qui
gneur
épousa Alix de Vermeilles ; il mourut l'an
1390. et fut enterré dans l'Eglise de Com
blain ; il eut pour fils :
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain , tué à
la Bataille d'Azincourt , l'an 1415. sans
posterité. Il avoit une soeur mariée avec
Valeran , Seigneur Desabords , qui mourut
aussi sans enfans , et ses biens revinrent
à son cousin germain ; elle est enterrée à
S. Pierre de Lille .
Du second Mariage de Gerard de Bou
logne avec Jeanne de Vianne , nâquit :
Charles de Boulogne , Chastelain he
reditaire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain . Il fut
fait Amiral de France en 1418. fut fort
estimé du Duc Jean de Bourgogne , qui
l'établit son Lieutenant dans la Ville de
Paris. Il accompagnoit ce Prince quand il
fut tué sur le Pont de Montreau , par Ta
neguy du Chastel , en 1419. il mourut
sans être marié.
•
Fean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain , vi
voit le 17. Juin 1429. et conjointement
avec Marguerite Dalesnes , sa femme , Da
1. Vol. I iiij
me
1402 MERCURE DE FRANCE
me d'Escoüannes , le 9. Janvier 1435. ils
firent le partage de leurs biens à plusieurs
enfans qu'ils eurent , dont l'aîné fut :
Jean de Boulogne , Chastelain heredi
taire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain , Vi
comte de Beaurains . Il épousa le 27. Août
1453. Jeanne de Stanelle , fille de Jean de
Stauelle, Seigneur Dysenghien , et de Mar
guerite d' Antoing ; il eut pour fils :
Jacques de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain. Il fut
Chambellan de l'Empereur Charles V. Il
épousa Jeanne du Fay , fille de Laurent du
Fay Chateaurouge , Seigneur de Hulles
- Maître d'Hôtel du Roi , et de Bonne de
la Vieuville. Il vivoit encore en 1540.
alors âgé de 8. ans . Il eut plusieurs en
fans , dont l'aîné fut :
3.
7
Jacques de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt et de Comblain , Con
seiller et Chambellan de l'Empereur Char
les V. Lieutenant General en Flandres
Gouverneur et Capitaine de Landrecy. Il
épousa en premieres nôces le 23. Août
1512. Philippe le Fevre de Hemstéde , fille
deRoland le Fevre , Chevalier, Seigneur de
Tamise de Lieweletde Havoise de Hemside,
C. I. Vol.
I iiij
et
+
JUIN. 1731. 1405
T
·
et en secondes nôces , Isabeau de Fouque
soles , fille de Jacques , Seigneur de Fou
quesoles et d'Andrehem , et d'Isabeau de
Monchy-Senarpont. Il ne vivoit plus l'an
1562. du second lit , il eut ;
Philippe de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens , Baron de Licques , Sei
gneur de Recourt , successivement Capi
taine d'une Compagnie de Cent Lances
l'an 1568. Gouverneur , Capitaine et Bail
ly des Villes de Tournchem et Dandruick,
et du Pays de Bredenarde , l'an 1573
Gouverneur des Villes et Citadelle de
Cambray et du Cambresis , l'an 1574. Ca
pitaine et Gouverneur d'Harlem , Gou
verneur et Sur- Intendant de la Ville de
Louvain , et Colonel d'un Regiment de
dix Compagnies de Gens de pied Walons,
l'an 1579. Capitaine et Souverain Bailly
du Château de la Motthe aux Bois de
Nieppe , Gruyer et Veneur des Châtelle
nies de Cassel et de la Motte , l'an 1582 .
puis Gouverneur de Lille , de Tournay ,
de Douay et d'Orchie. Il fut commis par
le Roi Catholique le 12. May de l'an
1586. pour régler , avec les Commissai
res du Roi Henry III. tous les differends
qui pouvoient naître sur l'interprétation
et sur l'execution des articles de la Tréve
de Cambray , concluë le 23. Decembre
..
L. Vol. Iv 1585.
1404 MERCURE DE FRANCE
1585. Il mourut à Bruxelles le Vendredi
Saint de l'an 1588. et fut enterré aux
Cordeliers de Tournay ; il avoit été ma
rié , du consentement de l'Empereur et
de son Conseil , avec Jeanne de Witthem,
fille de Georges de Witthem , Chevalier ,
Seigneur Dirque , et de Jeanne de Jansse
de Mastain ; il eut plusieurs enfans.
Gabriel de Boulogne , Chastelain here
ditaire de Lens, Baron de Licques de Com
blains et d'Audenthun , Seigneur de Re
court , épousa Helene de Merode , fille de
Jean de Merode , Seigneur de Moriamez,
et de Philippe de Montfort , dont est sorti
la posterité de M. le Marquis de Licques,
rapportée dans l'Histoire des Grands Of
ficiers de la Couronne , qui subsiste en
core .
La Branche de M. de Rupelmonde, vient
de Philippe de Boulogne , Lens , Licques
et Recourt , troisiéme fils de Philippe de
Boulogne , et de Jeanne de Witthem . II
fut Seigneur Daudenthun , et de la Terre
de Wissekerke , laquelle fut érigée en Ba
ronie par Philippes IV. Roi d'Espagne ,
à la charge de la tenir de plein Fief du
Comté de Flandres , en consideration des
services que ses Ancêtres et lui avoient
rendus. Il avoit servi plus de 40. ans ,
tant Capitaine d'Infanterie, que Capitaine
1. Vol.
de
JUIN. 1731. 1495
de Chevaux-Lanciers, Colonel d'Infanterie
Walone, d'une Compagnie de 300.Têtes ;
il étoit Grand - Bailly du Pays d'Waës , et
Commandant les Troupes ; il avoit été
Capitaine des Gardes du Duc de Parme ;
qui commandoit dans les Pays Bas. Il
avoit épousé Marguerite Stéelandt , le 11 .
Juin 1590. fille de Servais de Stéelandt ,
Seigneur de la Terre de Wissekerke , ri
che heritiere ; il eut plusieurs enfans,
Servais de Boulogne , de Lens , de Lic
ques et de Recourt , Seigneur de Beaufort
et Baron de Wissekerke , Capitaine d'une
Compagnie de trois cens Têtes libres pour
le service de S. M. Catholique , Comman
dant des Forts de Calloo , de Burcht et de
Werrebrouck , Grand- Bailly du Pays de
Waes , et Sur- Intendant des Gens de Guer
re dans les Pays et Comtez de Flandres ;
il épousa le 20. Septembre de l'an 16 24 .
Marguerite de Robles , fille de Jean de Ro
bles , Comte d'Hanap , Baron de Billy ,
Gouverneur et Capitaine general des Vil
les , Châtellenie et Châteaux de Lille , de
Douay et d'Orchies ; de son Mariage
nâquit :
-
Philippe de Boulogne , de Lens , Lic
ques et Recourt , Baron de Wissekerke ,
Seigneur de Beaufort , de Bays , Docle , et
d'Audenthun , qui épousa le 5. Juillet
1. Vel. Ivj .. 1655.
1406 MERCURE DE FRANCE
1655. Marguerite de Bäerlandt , riche he
ritiere , fille de Jacques , Seigneur de
Baërlandt , Dondlandt , Dirikland , & c.
Le Roi d'Espagne Philippe IV. lui vendit
le 9. Avril 1658. la Ville , Château , Ter
re et Seigneurie de Rupelmonde , mouvant
du Comté de Flandres. Il mourut fort
jeune , et laissa pour fils unique :
Philippe de Boulogne , Lens , Licques et
Recourt , Comte de Rupelmonde , Baron
de Wissekerke , Seigneur de Bays , Daudenthun
, de Majourque , de Hongersdycg
de Baerlandt , de Bakendorf, Doud-Landt,
de Diriklandt, de Philiplandt, de Score¸d’V
lack. Il fut marié le 21. Avril 1677. avec
Marie- Anne Eusebe Truchses , née Contes
se de Wollfegg, fille de Maximilien Guillau
me Truchses , Comte de Wolfegg , Gouver
neur d'Amberg en Baviere , et d'Isabelle
Claire de Lignes d' Aremberg et d'Arschot.
Il mourut fort jeune , et de ce Mariage il
eut pour fils unique :
Maximilien- Philippe- Joseph de Boulo◄
gne , de Lens , de Licques , de Recourt
Comte de Rupelmonde , Baron de Wis
sekerke , Seigneur de Bays , Daudenthun ,
de Majourque , de Hongersdicg , de Baër
landt , de Bakendorf , Doudlandt , de
Diriklandt , de Philipplande , de Score et
d'Ulack , Colonel d'un Regiment de
I
I. Vol.
Trou *
JU.IN. 1731.. 1407
Troupes Walonnes en 1702. et Brigadier
des Armées du Roi d'Espagne l'an 1706.
Il fut émancipé le 26. Juin 1701. et il
épousa le 24. Janvier 1705. Marie Mar
guerite- Elisabeth. d'Alegre , presentement
Dame du Palais de la Reine , et fille d'Y
ves , Marquis d'Alegre , Maréchal de
France , Chevalier des Ordres du Roi , et
de Jeanne- Françoise Garrault de Caminade.
Il fut tué au Siege de Brihuega en Espagne,
ayant été fait Maréchal de Camp quatre
jours avant sa mort , qui arriva le 11.
Decembre 1710. il laissa un fils unique ,
qui donne lieu à cet Article..
Yves- Marie de Boulogne , de Lens , de
Licques , de Recourt , Comte de Rupel
monde , Baron de Wissekerke , Seigneur
de Bays , Daudenthun , de Majourque , de
Hongersdycg , de Baerlandt , de Baken
dorf , Doudlandt , de Dirikland , de Phi
Tipplandt , de Score , d'Ulack et de ta
Creste , Capitaine au Régiment d'Alsace ,
et Colonel à la suite de ce Regiment.
Nous ne donnerons point ici la Généa
logie de la Maison de Grammont , parce
qu'elle est détaillée fort au long dans la
nouvelle Edition de l'Histoire des Grands
Officiers de la Couronne, Tome 4. p . 6.12.
Fermer
Résumé : Ligne directe de la Maison de Boulogne, de Lens, de Licques, de Recourt, et de Rupelmonde.
Le texte expose la lignée directe de la Maison de Boulogne, de Lens, de Licques, de Recourt et de Rupelmonde. Eustache, Comte de Boulogne en 1040, épousa Mahaut de Brabant. Leur fils, Eustache II, Comte de Boulogne, épousa Ida d'Ardenne, fille de Godefroy le Bon, Duc de Bouillon et de Lorraine. De cette union naquirent Godefroy de Bouillon, Baudouin, Roi de Jérusalem, et Eustache III, Comte de Boulogne. Eustache III épousa Marie, fille de Malcolm III, Roi d'Écosse. Leur fils, Eustache de Boulogne, fut tué devant Rama en 1107. Eustache avait épousé Gabine de Bodebacque, et ils eurent Godefroy de Boulogne. Ce dernier, envoyé à la cour de Baudouin, Roi de Jérusalem, fut capturé et libéré par Nogora, fille du Roi d'Antioche, qu'il épousa. Ils eurent un fils, Noradin de Boulogne, qui se convertit au christianisme et fut nommé Eustache. Jean de Boulogne, Chastelain héréditaire de Lens, épousa Marie d'Enghien. Leur fils, Baudouin de Boulogne, épousa Sara de Mello, et ils eurent Jean de Boulogne. La filiation de Jean de Boulogne est contestée par le Père Simplicien, qui affirme qu'il appartenait à la Maison de Recourt. Le Comte de Rupelmonde, cependant, affirme descendre directement de la Maison de Boulogne. La lignée continue avec François de Boulogne, qui épousa Béatrix de Licques, et leur fils, Gérard de Boulogne, qui épousa Jeanne de Mailly. Gérard eut plusieurs enfants, dont Jean de Boulogne, tué à la bataille d'Azincourt en 1415. Charles de Boulogne, frère de Jean, fut Amiral de France et Lieutenant du Duc Jean de Bourgogne. Fean de Boulogne épousa Marguerite Dalesnes et eut plusieurs enfants, dont Jean de Boulogne, qui épousa Jeanne de Stanelle. Leur fils, Jacques de Boulogne, fut Chambellan de l'Empereur Charles V. Philippe de Boulogne, fils de Jacques, eut une carrière militaire distinguée et épousa Jeanne de Witthem. La branche de Rupelmonde vient de Philippe de Boulogne, qui épousa Marguerite Stéelandt. Leur fils, Servais de Boulogne, épousa Marguerite de Robles. Philippe de Boulogne, leur fils, épousa Marguerite de Bäerlandt et acheta la Seigneurie de Rupelmonde. Philippe de Boulogne, Comte de Rupelmonde, épousa Marie-Anne Eusèbe Truchses et eut un fils, Maximilien-Philippe-Joseph de Boulogne. Ce dernier fut Colonel et Brigadier des Armées du Roi d'Espagne et fut tué au siège de Brihuega en 1710. Son fils unique, Yves-Marie de Boulogne, continua la lignée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
53
p. 2541-2549
ELOGE de M. de Lavaur, celebre Avocat. Lettre écrite par M. B. B. à M. de S. Aigne, Conseiller de la Cour des Aides de Clermont.
Début :
Je viens, Monsieur, répandre dans vôtre sein la juste douleur que me [...]
Mots clefs :
Éloge, Écuyer, Avocat, Seigneur, Jurisprudence, Gentilhomme ordinaire du roi, Arbitre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de M. de Lavaur, celebre Avocat. Lettre écrite par M. B. B. à M. de S. Aigne, Conseiller de la Cour des Aides de Clermont.
ELOGE de M. de Lavaur , celebre Avocat.
Lettre écrite
›
par
M. B. B. à M..de
Conseiller de la Cour des
S.
Aigne
Aides de Clermont
.
E viens , Monsieur , répandre dans
vôtre sein la juste douleur que me
cause la mort de M. de Lavaur , Ecuyer,
Seigneur de la Boisse , Avocat au Parlement
de Paris ; l'illustre défunt m'a
honoré de son amitié pendant toute sa
vie Sa mort arrivée à S. Cere le 8 Avril
dernier après avoir fait le sujet de mes
larmes exige , ce me semble , quelque
chose de plus de ma reconnoissance . Voici
, Monsieur , un leger crayon de sa
vie , pour honorer en quelque façon sa
mémoire et pour la satisfaction de ses
Amis , entre lesquels vous tenez un des
premiers rangs.
,
3
Guillaume de Lavaur étoit né à Saint
Cere dans la Vicomté de Turenne en
Querci , le 11. Juin 1653. Paul , son
Pere , Avocat au Parlement de Toulouse,
étoit très habile dans sa Profession. Il
aimoit singulierement l'étude des Belles--
Lettres
et il → inspira cet amour à son
-
Fils..
2542 MERCURE DE FRANCE
Fils. Ses lumieres , son experience , sa
probité lui meriterent la confiance du
Public ; et il fut très- estimé dans sa Patrie
, à laquelle il rendit des services importans
,
et dont la memoire est encore
récente. Il descendoit d'un Cadet des Seigneurs
de Lavaur , Maison considerable
et des plus anciennes du Querci.
,
,
Guillaume son digne Fils , la rendra
encore plus célebre. A peine eût- il fini
son Droit à Toulouse , que son Pere jaloux
de son éducation , l'envoya à Paris
pour suivre le Barreaut et pour s'y former
sur les grands modeles de ce tems-là .
Nôtre jeune Avocat ne s'appliqua pas
seulement à la Jurisprudence , mais il
fit encore de grands progrès dans l'étude
des Belles- Letttes , pour lesquelles il avoit
beaucoup de goût et de talent. Son ap
plication infatigable la sagesse de sa
conduite , la bonté de ses moeurs
manieres nobles , polies , genereuses lui
firent des amis de distinction . Les affaires
de sa Famille l'ayant obligé de retourner
en Province , il épousa Marie-
Charlotte Maynard , Fille de Charles
Gentilhomme ordinaire du Roy , et Petite-
Fille de François , Président à Aurillac
en Auvergne , Secretaire de la
Reine Marguerite , et honoré avant sa
ses
J'
most
NOVEMBRE 1731. 254
mort d'un Brevet de Conseiller d'Etat :
mais beaucoup plus connu par les ouvrages
dont il a enrichi le Public.
M. de Lavaur se trouva attaché à
S. Cere ,
par la tendresse qu'il avoit
pour cette digne Epouse , par ses affaires
domestiques , et par la délicatesse de sa
santé , qui ne se soutenoit que par un
grand regime de vie. Il ne s'absenta
du Querci , que pour un Voyage qu'il
fut obligé de faire à Paris en 1700, et
pour quelques autres voyages de nécessité
qu'il fit à Toulouze , où l'on n'oublia
rien pour le retenir.
>
و
Il étoit le Conseil , l'Arbitre , l'Oracle
du Païs. Sa maison étoit ouverte à tous
et à toute heure sur- tout aux Pauvres
et aux Affligés ausquels il accordoit
volontiers son secours et une bonne partie
de son revenu qui étoit considerable.
L'Illustre Fenelon , Archevêque de
Cambrai , le Duc de Bouillon , et plusieurs
personnes du premier rang et d'un
goût exquis , connoissant la solidité de
son mérite , lui donnerent leur confiance
la plus intime et la plus étroite.
Aussi parfait Chrétien , que bon Citoyen
, il donnoit chaque jour un temps
considerable à la priere et à la lecture
de l'Ecriture , des Peres , et de la Morale
Chré
2544 MERCURE DE FRANCE
›
Chrétienne. Sa religion et sa pieté étoient
la regle de ses Etudes : et ses Etudes l'affermissoient
dans sa Religion , et n'altererent
jamais sa pieté. Tout éclairé qu'il
étoit il vivoit dans une merveilleuse
simplicité , religieux dans les moindres
de ses actions , aussi -bien que dans les
plus grandes , il étoit exact et fidele à
toutes les pratiques de la Religion , assidu
à sa Paroisse attaché à son Pasteur
, que la noblesse de son extraction
lui rendoit moins recommandable , que
la pureté de sa Doctrine et de ses moeurs.
,
,
M. de Lavaur joignit à cette haute pieté
une profonde érudition . Il étoit Philosophe
, Orateur , et Poëte. Il sçavoit
parfaitement le Grec et l'Hebreu , et
toutes les finesses de la Langue Latine.
Pour ce qui est de nôtre Langue la
pureté et la beauté de son élocution , le
choix , l'arrangement , l'harmonie de ses
expressions , la hardiesse et la magnificence
de ses figures , la rapidité de son
éloquence , l'artifice de sa composition ,
Ia beauté de ses discours ne laissoient
rien à desirer.
Quelque attaché qu'il fut aux devoirs
de son état , il trouvoit encore assez de
Toisir pour cultiver l'étude des Sciences.
En 1726. il fit imprimer chez E. Ganeau-,
PHisNOVEMBRE
1731. 2545
> J
Histoire secrete de Neron , ou le Festin
de Trimalcion traduit de Petrone avec
des Notes historiques , in 12 de 446. pages ,
sans le Discours préliminaire qui en remplit
72. Les quatre premieres ne sont
qu'une Traduction du Portrait que Tacite
fait de Petrone , au livre xvj . de ses
'Annales. La suite de ce discours est trèsrecherchée
, on y trouve des remarques
curieuses sur les affranchis , sur les factions
, les jeux et leurs couleurs , sur les
Sevirs , sur les habits et les noms des Romains
, et sur les Sesterces. La Traduction
de l'Histoire est pure et élegante : on
trouve une Critique exacte dans les notes:
elles sont courtes et dégagées de tout
fatras d'érudition , et l'on ne peut s'em- >
pêcher de convenir que personne n'a
mieux pénetré que lui le sens de Petrone
; il est entré parfaitement bien dans
le Plan de son Auteur ; il a conservé
dans sa version les beautez presque inimitables
de l'Original , sans lui rien faire
perdre de ses traits , de ses couleurs , de
son prix ; il fait sentir par tout la finesse
de ses tours et la délicatesse de ses pensées
et si Petrone a été nommé Autor
›
in obscoenitate purus , ne pourroit-on pas
appeller le sçavant Traducteur qui l'a si
bien épuré , en retranchant toutes les
obsce-
1
2546 MERCURE DE FRANCE
obscenités , Purissimus impurissimi Auctoris
Interpres ?
Un autre ouvrage plus considerable de
M. de L. est intitulé : Conférence de la
Fable avec l'Histoire Sainte où l'on voit
›
>
que les grandes Fables le culte et les mysteres
du Paganisme ne sont que des Copies
alterées des Histoires , des Usages , et des
Traditions des Hebreux 2. vol . in 12. le
premier de 96. pages , sans le Discourspréliminaire
qui en contient 122. Le second
tome est de 361. pages . M. le Cardinal
de Fleury a bien voulu être le Mecene
de ce Livre , et ce n'est pas une approbation
mediocre pour l'ouvrage , ni
une petite louange pour l'Auteur , qui ,
d'ailleurs a tout-à - fait bien rempli son
dessein , lequel se trouve heureusement
exprimé dès le Frontispice
par ce passage
du I. livre des Macchabées
, c. 3. v. 48.
expanserunt libros legis , de quibus scrutabantur
gentes similitudinem
simulachrorum
suorum & c.
>
Avant lui , Steuchus , Evêque de Kisanie
, qui vivoit au milieu du xvj . siécle
, Bochard dans sa Géographie sacrée
M. Huet , Evêque d'Avranches , dans sa
Démonstration Evangelique , et le Pere
Thomassin , dans sa méthode d'étudier
les Poëtes , avoient travaillé après Eusebe
aux
NOVEMBRE 1731. 2547
aux Remarques de quelques traits de ressemblance
entre les personnages du vieux
Testament , et les Dieux du Paganisme .
M. de Lavaur a poussé ces recherches
plus loin , et il a découvert heureusement
la ressemblance des avantures et de la
vie des plus célebres personnages de la
Fable , avec ceux de nos saintes Ecritures.
Il prouve solidement , que les Fables
du Paganisme ne sont qu'une copie alterée
de la Religion , et par ce moyen
il établit le droit d'aînesse , et l'autorité
des livres divins sur les inventions des
hommes , de la verité sur le mensonge ,
de la vraie Religion et de la vraie Divinité
sur les fausses , qui n'en sont qu'une
imitation corrompue. Il démontre clairement
l'origine du Paganisme , sortie du
sein de Dieu même , sans que les Payens
s'en soient apperçûs ; il établit évidemment
la conformité des Fables avec les
Textes sacrés , et développe si nettement
les Metaphores des Auteurs Profanes
qu'on diroit qu'il a conferé avec les plus:
illustres morts de l'antiquité , pour nous
apprendre le vrai sens de leurs Enigmes.
Le témoignage de M. l'Abbé Raguer
me sera un bon et solide garand de ce
que je viens d'avancer. M. de Lavaur
dit-il , dans son approbation , fait paroître
2548 MERCURE DE FRANCE
foître dans cet ouvrage beaucoup d'éru-
»dition , un zele extrême pour les inte-
→ rêts de la verité , et une grande saga-
» cité à découvrir les traces précieuses de
» la Tradition des Hebreux parmi les té-
>> nebres du Paganisme. Il fait par tout
>> sentir l'autorité supprimée des livres
» sacrez , et par des conjectures ordinai-
» rement très heureuses , et par les mo-
» numens les plus acréditez de ceux qui
»> ne sembloient s'être instruits dans les
» Divines Ecritures , que pour les alterer ,
» suivant l'égarement de leur esprit , et
» la corruption de leur coeur.
Cet homme digne de l'immortalité
nous a laissé non - seulement ces deuxbeaux
ouvrages , mais encore trois fils ,
qui sont la gloire et la couronne d'un
tel Pere. Pierre - Louis de Lavaur son
aîné , Trésorier de France , disputa au
sortir des Ecoles une Chaire de Droit dans
l'Université de Cahors , et s'il ne l'ob
rint pas
›
pas , par un coup de faveur qui la
fit donner à son concurrent , il la mérita
suivant la justice que lui rendirent les
Sçavans desinteressez qui assisterent à
cette dispute. Il s'est allié aux meilleures
Maisons du Querci , par son mariage
avec Dame Elisabeth de Banze. Il suit
Les traces de son Pere , par son application
NOVEMBRE. 1731. 2549
tion à la Jurisprudence et aux Belles-
Lettres.
Philippe , son puîné , est Chanoine
de S. Sernin à Toulouse , et Syndic du
Chapitre , ce qui n'est pas une petite
distinction .
Le troisiéme Fils est François , Sieur
de l'Ort , il a eu soin de l'Edition du Livre
de la Conférence , qu'il a fait imprimer
à Paris , chez Cailleau 1730. 11
est premier Secretaire de M. le Marquis
de Fenelon Ambassadeur du Roy en
Hollande. J'ai l'honneur d'être , Mon
sieur , & c.
Ce 1. May 1731,
Lettre écrite
›
par
M. B. B. à M..de
Conseiller de la Cour des
S.
Aigne
Aides de Clermont
.
E viens , Monsieur , répandre dans
vôtre sein la juste douleur que me
cause la mort de M. de Lavaur , Ecuyer,
Seigneur de la Boisse , Avocat au Parlement
de Paris ; l'illustre défunt m'a
honoré de son amitié pendant toute sa
vie Sa mort arrivée à S. Cere le 8 Avril
dernier après avoir fait le sujet de mes
larmes exige , ce me semble , quelque
chose de plus de ma reconnoissance . Voici
, Monsieur , un leger crayon de sa
vie , pour honorer en quelque façon sa
mémoire et pour la satisfaction de ses
Amis , entre lesquels vous tenez un des
premiers rangs.
,
3
Guillaume de Lavaur étoit né à Saint
Cere dans la Vicomté de Turenne en
Querci , le 11. Juin 1653. Paul , son
Pere , Avocat au Parlement de Toulouse,
étoit très habile dans sa Profession. Il
aimoit singulierement l'étude des Belles--
Lettres
et il → inspira cet amour à son
-
Fils..
2542 MERCURE DE FRANCE
Fils. Ses lumieres , son experience , sa
probité lui meriterent la confiance du
Public ; et il fut très- estimé dans sa Patrie
, à laquelle il rendit des services importans
,
et dont la memoire est encore
récente. Il descendoit d'un Cadet des Seigneurs
de Lavaur , Maison considerable
et des plus anciennes du Querci.
,
,
Guillaume son digne Fils , la rendra
encore plus célebre. A peine eût- il fini
son Droit à Toulouse , que son Pere jaloux
de son éducation , l'envoya à Paris
pour suivre le Barreaut et pour s'y former
sur les grands modeles de ce tems-là .
Nôtre jeune Avocat ne s'appliqua pas
seulement à la Jurisprudence , mais il
fit encore de grands progrès dans l'étude
des Belles- Letttes , pour lesquelles il avoit
beaucoup de goût et de talent. Son ap
plication infatigable la sagesse de sa
conduite , la bonté de ses moeurs
manieres nobles , polies , genereuses lui
firent des amis de distinction . Les affaires
de sa Famille l'ayant obligé de retourner
en Province , il épousa Marie-
Charlotte Maynard , Fille de Charles
Gentilhomme ordinaire du Roy , et Petite-
Fille de François , Président à Aurillac
en Auvergne , Secretaire de la
Reine Marguerite , et honoré avant sa
ses
J'
most
NOVEMBRE 1731. 254
mort d'un Brevet de Conseiller d'Etat :
mais beaucoup plus connu par les ouvrages
dont il a enrichi le Public.
M. de Lavaur se trouva attaché à
S. Cere ,
par la tendresse qu'il avoit
pour cette digne Epouse , par ses affaires
domestiques , et par la délicatesse de sa
santé , qui ne se soutenoit que par un
grand regime de vie. Il ne s'absenta
du Querci , que pour un Voyage qu'il
fut obligé de faire à Paris en 1700, et
pour quelques autres voyages de nécessité
qu'il fit à Toulouze , où l'on n'oublia
rien pour le retenir.
>
و
Il étoit le Conseil , l'Arbitre , l'Oracle
du Païs. Sa maison étoit ouverte à tous
et à toute heure sur- tout aux Pauvres
et aux Affligés ausquels il accordoit
volontiers son secours et une bonne partie
de son revenu qui étoit considerable.
L'Illustre Fenelon , Archevêque de
Cambrai , le Duc de Bouillon , et plusieurs
personnes du premier rang et d'un
goût exquis , connoissant la solidité de
son mérite , lui donnerent leur confiance
la plus intime et la plus étroite.
Aussi parfait Chrétien , que bon Citoyen
, il donnoit chaque jour un temps
considerable à la priere et à la lecture
de l'Ecriture , des Peres , et de la Morale
Chré
2544 MERCURE DE FRANCE
›
Chrétienne. Sa religion et sa pieté étoient
la regle de ses Etudes : et ses Etudes l'affermissoient
dans sa Religion , et n'altererent
jamais sa pieté. Tout éclairé qu'il
étoit il vivoit dans une merveilleuse
simplicité , religieux dans les moindres
de ses actions , aussi -bien que dans les
plus grandes , il étoit exact et fidele à
toutes les pratiques de la Religion , assidu
à sa Paroisse attaché à son Pasteur
, que la noblesse de son extraction
lui rendoit moins recommandable , que
la pureté de sa Doctrine et de ses moeurs.
,
,
M. de Lavaur joignit à cette haute pieté
une profonde érudition . Il étoit Philosophe
, Orateur , et Poëte. Il sçavoit
parfaitement le Grec et l'Hebreu , et
toutes les finesses de la Langue Latine.
Pour ce qui est de nôtre Langue la
pureté et la beauté de son élocution , le
choix , l'arrangement , l'harmonie de ses
expressions , la hardiesse et la magnificence
de ses figures , la rapidité de son
éloquence , l'artifice de sa composition ,
Ia beauté de ses discours ne laissoient
rien à desirer.
Quelque attaché qu'il fut aux devoirs
de son état , il trouvoit encore assez de
Toisir pour cultiver l'étude des Sciences.
En 1726. il fit imprimer chez E. Ganeau-,
PHisNOVEMBRE
1731. 2545
> J
Histoire secrete de Neron , ou le Festin
de Trimalcion traduit de Petrone avec
des Notes historiques , in 12 de 446. pages ,
sans le Discours préliminaire qui en remplit
72. Les quatre premieres ne sont
qu'une Traduction du Portrait que Tacite
fait de Petrone , au livre xvj . de ses
'Annales. La suite de ce discours est trèsrecherchée
, on y trouve des remarques
curieuses sur les affranchis , sur les factions
, les jeux et leurs couleurs , sur les
Sevirs , sur les habits et les noms des Romains
, et sur les Sesterces. La Traduction
de l'Histoire est pure et élegante : on
trouve une Critique exacte dans les notes:
elles sont courtes et dégagées de tout
fatras d'érudition , et l'on ne peut s'em- >
pêcher de convenir que personne n'a
mieux pénetré que lui le sens de Petrone
; il est entré parfaitement bien dans
le Plan de son Auteur ; il a conservé
dans sa version les beautez presque inimitables
de l'Original , sans lui rien faire
perdre de ses traits , de ses couleurs , de
son prix ; il fait sentir par tout la finesse
de ses tours et la délicatesse de ses pensées
et si Petrone a été nommé Autor
›
in obscoenitate purus , ne pourroit-on pas
appeller le sçavant Traducteur qui l'a si
bien épuré , en retranchant toutes les
obsce-
1
2546 MERCURE DE FRANCE
obscenités , Purissimus impurissimi Auctoris
Interpres ?
Un autre ouvrage plus considerable de
M. de L. est intitulé : Conférence de la
Fable avec l'Histoire Sainte où l'on voit
›
>
que les grandes Fables le culte et les mysteres
du Paganisme ne sont que des Copies
alterées des Histoires , des Usages , et des
Traditions des Hebreux 2. vol . in 12. le
premier de 96. pages , sans le Discourspréliminaire
qui en contient 122. Le second
tome est de 361. pages . M. le Cardinal
de Fleury a bien voulu être le Mecene
de ce Livre , et ce n'est pas une approbation
mediocre pour l'ouvrage , ni
une petite louange pour l'Auteur , qui ,
d'ailleurs a tout-à - fait bien rempli son
dessein , lequel se trouve heureusement
exprimé dès le Frontispice
par ce passage
du I. livre des Macchabées
, c. 3. v. 48.
expanserunt libros legis , de quibus scrutabantur
gentes similitudinem
simulachrorum
suorum & c.
>
Avant lui , Steuchus , Evêque de Kisanie
, qui vivoit au milieu du xvj . siécle
, Bochard dans sa Géographie sacrée
M. Huet , Evêque d'Avranches , dans sa
Démonstration Evangelique , et le Pere
Thomassin , dans sa méthode d'étudier
les Poëtes , avoient travaillé après Eusebe
aux
NOVEMBRE 1731. 2547
aux Remarques de quelques traits de ressemblance
entre les personnages du vieux
Testament , et les Dieux du Paganisme .
M. de Lavaur a poussé ces recherches
plus loin , et il a découvert heureusement
la ressemblance des avantures et de la
vie des plus célebres personnages de la
Fable , avec ceux de nos saintes Ecritures.
Il prouve solidement , que les Fables
du Paganisme ne sont qu'une copie alterée
de la Religion , et par ce moyen
il établit le droit d'aînesse , et l'autorité
des livres divins sur les inventions des
hommes , de la verité sur le mensonge ,
de la vraie Religion et de la vraie Divinité
sur les fausses , qui n'en sont qu'une
imitation corrompue. Il démontre clairement
l'origine du Paganisme , sortie du
sein de Dieu même , sans que les Payens
s'en soient apperçûs ; il établit évidemment
la conformité des Fables avec les
Textes sacrés , et développe si nettement
les Metaphores des Auteurs Profanes
qu'on diroit qu'il a conferé avec les plus:
illustres morts de l'antiquité , pour nous
apprendre le vrai sens de leurs Enigmes.
Le témoignage de M. l'Abbé Raguer
me sera un bon et solide garand de ce
que je viens d'avancer. M. de Lavaur
dit-il , dans son approbation , fait paroître
2548 MERCURE DE FRANCE
foître dans cet ouvrage beaucoup d'éru-
»dition , un zele extrême pour les inte-
→ rêts de la verité , et une grande saga-
» cité à découvrir les traces précieuses de
» la Tradition des Hebreux parmi les té-
>> nebres du Paganisme. Il fait par tout
>> sentir l'autorité supprimée des livres
» sacrez , et par des conjectures ordinai-
» rement très heureuses , et par les mo-
» numens les plus acréditez de ceux qui
»> ne sembloient s'être instruits dans les
» Divines Ecritures , que pour les alterer ,
» suivant l'égarement de leur esprit , et
» la corruption de leur coeur.
Cet homme digne de l'immortalité
nous a laissé non - seulement ces deuxbeaux
ouvrages , mais encore trois fils ,
qui sont la gloire et la couronne d'un
tel Pere. Pierre - Louis de Lavaur son
aîné , Trésorier de France , disputa au
sortir des Ecoles une Chaire de Droit dans
l'Université de Cahors , et s'il ne l'ob
rint pas
›
pas , par un coup de faveur qui la
fit donner à son concurrent , il la mérita
suivant la justice que lui rendirent les
Sçavans desinteressez qui assisterent à
cette dispute. Il s'est allié aux meilleures
Maisons du Querci , par son mariage
avec Dame Elisabeth de Banze. Il suit
Les traces de son Pere , par son application
NOVEMBRE. 1731. 2549
tion à la Jurisprudence et aux Belles-
Lettres.
Philippe , son puîné , est Chanoine
de S. Sernin à Toulouse , et Syndic du
Chapitre , ce qui n'est pas une petite
distinction .
Le troisiéme Fils est François , Sieur
de l'Ort , il a eu soin de l'Edition du Livre
de la Conférence , qu'il a fait imprimer
à Paris , chez Cailleau 1730. 11
est premier Secretaire de M. le Marquis
de Fenelon Ambassadeur du Roy en
Hollande. J'ai l'honneur d'être , Mon
sieur , & c.
Ce 1. May 1731,
Fermer
Résumé : ELOGE de M. de Lavaur, celebre Avocat. Lettre écrite par M. B. B. à M. de S. Aigne, Conseiller de la Cour des Aides de Clermont.
Guillaume de Lavaur, avocat renommé, est loué dans une lettre de M. B. B. adressée à un conseiller de la Cour des Aides de Clermont. Né le 11 juin 1653 à Saint-Céré dans la vicomté de Turenne en Quercy, Guillaume était le fils de Paul de Lavaur, avocat au Parlement de Toulouse, reconnu pour son talent et son amour des lettres. Guillaume suivit les pas de son père en étudiant le droit à Toulouse, puis à Paris, où il se forma au barreau. Il se distingua par son sérieux, sa sagesse et ses manières distinguées, gagnant ainsi des amis influents. De retour en province, il épousa Marie-Charlotte Maynard, fille d'un gentilhomme du Roi. Malgré une santé fragile, il devint une figure influente à Saint-Céré, conseillant et aidant les pauvres. Il était respecté par des personnalités telles que l'archevêque Fénelon et le duc de Bouillon. Sa piété et son érudition étaient remarquables; il maîtrisait le grec, l'hébreu et le latin, et était également poète et orateur. En 1726, il publia 'Histoire secrète de Néron' et en 1730, 'Conférence de la Fable avec l'Histoire Sainte', ouvrage approuvé par le cardinal de Fleury. Ce livre démontre que les fables païennes sont des copies altérées des histoires hébraïques, établissant ainsi la supériorité des textes sacrés. M. de Lavaur eut trois fils : Pierre-Louis, trésorier de France et juriste; Philippe, chanoine à Toulouse; et François, secrétaire de l'ambassadeur du Roi en Hollande. La lettre se conclut par des marques de respect et d'admiration pour l'illustre défunt.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
54
p. 81-88
ODE SACRÉE, Tirée du Cantique chanté par Moyse. Exode, Chapitre XV.
Début :
Préparons nos chants de victoire, [...]
Mots clefs :
Cantique, Moïse, Éternel, Seigneur, Terre, Hébreux, Pharaon, Peuple
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE SACRÉE, Tirée du Cantique chanté par Moyse. Exode, Chapitre XV.
ODE SA CRE' E ,
Tirée du Cantique chanté par Moyse.
Exode , Chapitre XV.
PRéparons nos chants de victoire
Hébreux , accourez à ma voix ,
Celebrons à l'envi la gloire ,
Et la bonté du Roi des Roist
Quel triomphe plus magnifique ;
C'est contre un Peuple pacifique ,
Que l'Egypte arme ses Guerriers ;
Mais Dieu , que l'injustice irrite ,
Dans le fond des Mers précipite ,
Et les Soldats et leurs Coursiers,
Daigne agréer le pur hommage;
Seigneur, que j'aime à te vouer ,
Comme má force est ton ouvrage,
Mon bonheur est de te loüer:
Entourez d'un péril funeste ,
Nous avons vu ton bras celeste ,
Sur notre ennemi s'abaisser ;
Et par ce secours invincible ,
Il a subi le sort terrible ,
Dont il osoit nous menacer,
E Au
2 MERCURE DE FRANCE
Au milieu de ce grand Spectacle,
Qui m'annonce un Liberateur ,
Plus je suis frappé du Miracle ,
Et moins je doute de l'Auteur :
C'est l'Estre Eternel , l'Estre Immense,
Qui de sa suprême vengeance ,
Signale aujourd'hui les effets ,
C'est l'Estre qu'adore mon Pere,
Et dont ma gratitude espere ,
Sans cesse exalter les bienfaits.
Tel qu'est un Guerrier intrépide ,
Dont tout craint le fer menaçant ,
Tel est le Seigneur qui nous guide,
Et son nom est le Tout- Puissant
Dès qu'il voit le destin barbare ,
Qu'un Tyran endurci prépare ,
Au Peuple instruit de ce saint nom ,
La Mer par son ordre animée ,
Engloutit les Chars et l'Armée ,
De l'implacable Pharaon.
Où sont les Princes dont la foule ,
De ce Monarque enfloit l'orgueil ?
N'est-ce point sous l'Onde qui coule ,
Qu'ils ont rencontré leur Cercueil ?
Qui , Seigneur, nous t'en rendons graces,
L'ar
JANVIER.
'
17320 L'ardeur de marcher sur nos traces ,
Les livre à la merci des flots ,
Ils sont tombez comme la pierre ,
Qui semble implorer de la Terre ,
L'heureux instant de son repos.
En vain nous cherchons leurs vestiges ;
Vangeur d'un projet inhumain ,
Dieu triomphant , dans tes prodiges ,
Permets-nous d'adorer ta main ;
Main auguste , main redoutable ,
Dont le pouvoir insurmontable ,
A nos yeux s'est manifesté,
Tu veux , ô Seigneur , qu'elle expic
Dans l'effort de ton ennemie ,
Le crime d'en avoir douté.
Comme en un instant le feu monte,
Au faîte du chaume embrasé ,
6
Ta colere est encor plus prompte ,
Et ton triomphe p'us aisé ;
Ainsi quand les Hébreux timides,
Entre deux Montagnes liquides ,
Suivoient ton celeste flambeau ,
Dans cette route salutaire ,
A notre perfide Adversaire ,
Ta fureur creusoit un Tombeau.
"
E ij L'ea
*
MERCURE DE FRANCE
;
L'eau coulante s'est arrêtée ,
Dieu commandoit , et c'est assez
Au milieu de la Mer domptée ,
Les abîmes se sont pressez.
Fier de ses Troupes florissantes,
Déja pour nos mains innocentes ,
Pharaon apprêtoit des fers ;
Je dois , disoit ce Roy parjure ,
La perte des Juifs à l'injure ,
Qu'ils ont faite aux Dieux que je sers,
Quel plaisir de voir ces Victimes ,
Tomber sous mes premiers efforts !
Et leurs dépouilles légitimes ,
Grossir l'amas de mes trésors !
Mon glaive est prêt , dès que l'Aurore ,
Des vils Esclaves que j'abhorre ,
Eclairera les Pavillons ,
De ce sang qu'ils n'osent deffendre ,
Et que je brule de répandre ,
Je cours inonder nos Sillons,
Mais , ô mon Dieu , tout sert d'azile ,
A ceux que tu veux proteger ;
Plus ton couroux paroît tranquile Moins il differe à se vanger.
Ton souffle du plus haut des Nues,
Aux
JANVIER 1732.
Aux Ondes long- temps retenues ,
A rendu leur activité ;
D'abord leur course impétueuse
De l'Egypte présomptueuse ,
A puni la témerité.
Qui d'entre les Forts est semblable
A ce Dieu que sert Israël !
Est-il quelque bras comparable ,
Seigneur , à ton bras immortel &
L'éclat de ta Majesté sainte ,
Imprime l'amour et la crainte ,
Heureux les cœurs où tu descends ,
Tes desseins sont toûjours augustes ,
Tes louanges sont toûjours justes ,
Et tes Miracles toûjours grands.
Tout conspiroit à notre perte,
Quand la Providence a permis ,
Qu'à nos yeux la Terre entr'ouverte
Ensevelit nos ennemis ;
Nous jouissons de ta présence ,
Et par un excès de clémence ,
Tu devins notre Conducteur ;
Non- content de briser nos chaînes ,
Tu nous transportes dans les Plaines ,
Où doit triompher ta grandeur.
E iij Ce
86 MERCURE DE FRANCE
Cependant les faveurs divines ,
Que le Ciel prodigue pour nous ,,
Parmi les Nations voisines ,
Sement des sentimens jaloux.
On craint le succès de nos armes ,
La Palestine est en allarmes ,
Les Princes d'Edon sont tremblans ,
Une terreur vive et subite ;
Enleve au cruel Moabite ,
Ses Deffenseurs les plus vaillants.,
Chanaan frémit par avance "
Et ses Habitans consternez ,
Semblent présenter l'abondance ,
Des biens qui nous sont destinez ;
Poursuis , Dieu , toujours redoutable ,
Acheve , et que ton bras accable
Les ennemis de tes Decrets ;
Qu'ils soient dans leur fureur sterile ,
Ainsi qu'un Rocher immobile ,
Témoins de nos heureux progrès.
Répands sur leurs yeux un nuage,
Qui leur dérobe nos Exploits ,
Que rien ne s'oppose au passage
Du Peuple soumis à tes Loix ;
Déja nous découvrons l'entrée
De
JANVIER. 1732. $7
De cette fertile Contrée ,
Promise aux Enfans d'Abraham
Bien-tôt sous tes sages auspices ,
Nos cœurs jouiront des délices ,
Dont tu veux priver Chanaam,
A
Là nous celebrerons des Fêtes
Que dis-je le Seigneur m'instruit ,
Que s'il préside à nos conquêtes ,
C'est pour en partager le fruit.
Sur une Montagne élevée ,
Qu'à son culte il a réservée ,
Aux Hébreux il viendra s'unir ,.-
Quel bonheur de faire alliance
Avec un Dieu dont la puissance ,
Ne peut ni changer ni finir !.
3.3
Puissent les Annales du Monde ,
Transmettre à nos derniers neveux , ›
Que Pharaon entrà dans l'Onde ,
Montant un Coursier belliqueux ,
Qu'autour de ce Prince coupable ,,
On vit un amas effroyable ,
D'hommes , de Cavaliers , de Chars
Et que Dieu châtiant leurs crimes ,
Les plongea tous dans les abîmes ,
Que la Mer cache à nos regards,
E iiij Mais
MERCURE DE FRANCE
Mais aussi que ces coups terribles ,
Partis de la main du Seigneur ,
Rendent nos esprits plus sensibles ,
Al'excès de notre bonheur.
Pleins d'une foi victorieuse,
De cette Mer imperieuseNous bravons l'instabilité ;
Et tandis que ses flots reposent 2,
Sous nos pas le lit qu'ils arrosent...
Perd jusqu'à son humidité..
Tirée du Cantique chanté par Moyse.
Exode , Chapitre XV.
PRéparons nos chants de victoire
Hébreux , accourez à ma voix ,
Celebrons à l'envi la gloire ,
Et la bonté du Roi des Roist
Quel triomphe plus magnifique ;
C'est contre un Peuple pacifique ,
Que l'Egypte arme ses Guerriers ;
Mais Dieu , que l'injustice irrite ,
Dans le fond des Mers précipite ,
Et les Soldats et leurs Coursiers,
Daigne agréer le pur hommage;
Seigneur, que j'aime à te vouer ,
Comme má force est ton ouvrage,
Mon bonheur est de te loüer:
Entourez d'un péril funeste ,
Nous avons vu ton bras celeste ,
Sur notre ennemi s'abaisser ;
Et par ce secours invincible ,
Il a subi le sort terrible ,
Dont il osoit nous menacer,
E Au
2 MERCURE DE FRANCE
Au milieu de ce grand Spectacle,
Qui m'annonce un Liberateur ,
Plus je suis frappé du Miracle ,
Et moins je doute de l'Auteur :
C'est l'Estre Eternel , l'Estre Immense,
Qui de sa suprême vengeance ,
Signale aujourd'hui les effets ,
C'est l'Estre qu'adore mon Pere,
Et dont ma gratitude espere ,
Sans cesse exalter les bienfaits.
Tel qu'est un Guerrier intrépide ,
Dont tout craint le fer menaçant ,
Tel est le Seigneur qui nous guide,
Et son nom est le Tout- Puissant
Dès qu'il voit le destin barbare ,
Qu'un Tyran endurci prépare ,
Au Peuple instruit de ce saint nom ,
La Mer par son ordre animée ,
Engloutit les Chars et l'Armée ,
De l'implacable Pharaon.
Où sont les Princes dont la foule ,
De ce Monarque enfloit l'orgueil ?
N'est-ce point sous l'Onde qui coule ,
Qu'ils ont rencontré leur Cercueil ?
Qui , Seigneur, nous t'en rendons graces,
L'ar
JANVIER.
'
17320 L'ardeur de marcher sur nos traces ,
Les livre à la merci des flots ,
Ils sont tombez comme la pierre ,
Qui semble implorer de la Terre ,
L'heureux instant de son repos.
En vain nous cherchons leurs vestiges ;
Vangeur d'un projet inhumain ,
Dieu triomphant , dans tes prodiges ,
Permets-nous d'adorer ta main ;
Main auguste , main redoutable ,
Dont le pouvoir insurmontable ,
A nos yeux s'est manifesté,
Tu veux , ô Seigneur , qu'elle expic
Dans l'effort de ton ennemie ,
Le crime d'en avoir douté.
Comme en un instant le feu monte,
Au faîte du chaume embrasé ,
6
Ta colere est encor plus prompte ,
Et ton triomphe p'us aisé ;
Ainsi quand les Hébreux timides,
Entre deux Montagnes liquides ,
Suivoient ton celeste flambeau ,
Dans cette route salutaire ,
A notre perfide Adversaire ,
Ta fureur creusoit un Tombeau.
"
E ij L'ea
*
MERCURE DE FRANCE
;
L'eau coulante s'est arrêtée ,
Dieu commandoit , et c'est assez
Au milieu de la Mer domptée ,
Les abîmes se sont pressez.
Fier de ses Troupes florissantes,
Déja pour nos mains innocentes ,
Pharaon apprêtoit des fers ;
Je dois , disoit ce Roy parjure ,
La perte des Juifs à l'injure ,
Qu'ils ont faite aux Dieux que je sers,
Quel plaisir de voir ces Victimes ,
Tomber sous mes premiers efforts !
Et leurs dépouilles légitimes ,
Grossir l'amas de mes trésors !
Mon glaive est prêt , dès que l'Aurore ,
Des vils Esclaves que j'abhorre ,
Eclairera les Pavillons ,
De ce sang qu'ils n'osent deffendre ,
Et que je brule de répandre ,
Je cours inonder nos Sillons,
Mais , ô mon Dieu , tout sert d'azile ,
A ceux que tu veux proteger ;
Plus ton couroux paroît tranquile Moins il differe à se vanger.
Ton souffle du plus haut des Nues,
Aux
JANVIER 1732.
Aux Ondes long- temps retenues ,
A rendu leur activité ;
D'abord leur course impétueuse
De l'Egypte présomptueuse ,
A puni la témerité.
Qui d'entre les Forts est semblable
A ce Dieu que sert Israël !
Est-il quelque bras comparable ,
Seigneur , à ton bras immortel &
L'éclat de ta Majesté sainte ,
Imprime l'amour et la crainte ,
Heureux les cœurs où tu descends ,
Tes desseins sont toûjours augustes ,
Tes louanges sont toûjours justes ,
Et tes Miracles toûjours grands.
Tout conspiroit à notre perte,
Quand la Providence a permis ,
Qu'à nos yeux la Terre entr'ouverte
Ensevelit nos ennemis ;
Nous jouissons de ta présence ,
Et par un excès de clémence ,
Tu devins notre Conducteur ;
Non- content de briser nos chaînes ,
Tu nous transportes dans les Plaines ,
Où doit triompher ta grandeur.
E iij Ce
86 MERCURE DE FRANCE
Cependant les faveurs divines ,
Que le Ciel prodigue pour nous ,,
Parmi les Nations voisines ,
Sement des sentimens jaloux.
On craint le succès de nos armes ,
La Palestine est en allarmes ,
Les Princes d'Edon sont tremblans ,
Une terreur vive et subite ;
Enleve au cruel Moabite ,
Ses Deffenseurs les plus vaillants.,
Chanaan frémit par avance "
Et ses Habitans consternez ,
Semblent présenter l'abondance ,
Des biens qui nous sont destinez ;
Poursuis , Dieu , toujours redoutable ,
Acheve , et que ton bras accable
Les ennemis de tes Decrets ;
Qu'ils soient dans leur fureur sterile ,
Ainsi qu'un Rocher immobile ,
Témoins de nos heureux progrès.
Répands sur leurs yeux un nuage,
Qui leur dérobe nos Exploits ,
Que rien ne s'oppose au passage
Du Peuple soumis à tes Loix ;
Déja nous découvrons l'entrée
De
JANVIER. 1732. $7
De cette fertile Contrée ,
Promise aux Enfans d'Abraham
Bien-tôt sous tes sages auspices ,
Nos cœurs jouiront des délices ,
Dont tu veux priver Chanaam,
A
Là nous celebrerons des Fêtes
Que dis-je le Seigneur m'instruit ,
Que s'il préside à nos conquêtes ,
C'est pour en partager le fruit.
Sur une Montagne élevée ,
Qu'à son culte il a réservée ,
Aux Hébreux il viendra s'unir ,.-
Quel bonheur de faire alliance
Avec un Dieu dont la puissance ,
Ne peut ni changer ni finir !.
3.3
Puissent les Annales du Monde ,
Transmettre à nos derniers neveux , ›
Que Pharaon entrà dans l'Onde ,
Montant un Coursier belliqueux ,
Qu'autour de ce Prince coupable ,,
On vit un amas effroyable ,
D'hommes , de Cavaliers , de Chars
Et que Dieu châtiant leurs crimes ,
Les plongea tous dans les abîmes ,
Que la Mer cache à nos regards,
E iiij Mais
MERCURE DE FRANCE
Mais aussi que ces coups terribles ,
Partis de la main du Seigneur ,
Rendent nos esprits plus sensibles ,
Al'excès de notre bonheur.
Pleins d'une foi victorieuse,
De cette Mer imperieuseNous bravons l'instabilité ;
Et tandis que ses flots reposent 2,
Sous nos pas le lit qu'ils arrosent...
Perd jusqu'à son humidité..
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Résumé : ODE SACRÉE, Tirée du Cantique chanté par Moyse. Exode, Chapitre XV.
Le poème s'inspire du Cantique de Moïse dans l'Exode, Chapitre XV, et célèbre la victoire des Hébreux sur l'Égypte. Il met en avant la bonté et la puissance de Dieu, le 'Roi des Rois', qui a sauvé son peuple en noyant les soldats égyptiens dans la mer. Le texte décrit le miracle de la mer Rouge qui s'est ouverte pour laisser passer les Hébreux et s'est refermée sur les Égyptiens. Dieu est loué pour sa puissance et sa vengeance contre les injustices commises par les Égyptiens. Le poème mentionne également la terreur des nations voisines face aux succès des Hébreux et leur crainte des faveurs divines accordées à Israël. Les Hébreux expriment leur gratitude et leur foi en Dieu, qui les guide et les protège. Ils anticipent leur entrée en Terre Promise et les fêtes qu'ils célébreront en l'honneur de Dieu. Le texte se termine par une réflexion sur la puissance de Dieu et les leçons tirées de la défaite de Pharaon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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55
p. 1258-1160
MORTS NAISSANCE, &c.
Début :
François de Carbonieres, Chevalier, Marquis de la Capelle-Biron, de [...]
Mots clefs :
Veuve, Seigneur
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texteReconnaissance textuelle : MORTS NAISSANCE, &c.
MORTS NAISSANCES, &c.
Rançois de Carbonieres , Chevalier ,
- >
Georis et du Freche , Comte de Rabas ,
Seigneur du Pain , mourut le 27. May
âgé de 75. ans environ.
Pierre -Jean- Martin de Berulle , Abbé
de l'Abbaye de Lezat , Ordre de S. Benoît , Diocèse de Rieux , mourut à Paris.
le 29. de Juin , âgé de 43. ans.
Charles-Hubert de Mesgrigni, ChevaI. Vola lier
JUIN.. 1732 1259
lier, Marquis de Mesgrigni et de Vandeuvre , Baron de l'Orme , Vicomte de Bridiers , Seigneur de Rhodes , &c. Conseiller de la Grand'Chambre du Parlement,
mourut le 30. du même mois.
D. Catherine- Elizabeth de Manneville
veuve de Charles de Tilly , Marquis de
Blaru, Lieutenant de Roy de l'Isle de France , mourut le 12. Juin , âgée de 68. ans.
D. Marie - Françoise - Celeste de Voyer
de Paulmy, veuve de M. Charles-YvesJacques , Comte de la Riviere , Gouverneur de S. Brieux , mourut à Paris le 12.
de Juin , âgée de 70 ans.
: D.Marie de Méelz,veuve de JeanBaptiste Piquot Ecuyer, Seigneur du Housset ;
Maréchal des Logis de la Maison du Roi ,
mourut le 13. Juin.
Frere François de Comenge , GrandCroix et Hospitalier de l'Ordre de S. Jean
de Jerusalem , Commandeur de Chantraine et Vaillantpont , Abbé de l'Abbaye.
de Notre Dame de Lauroux , Ordre de
Citeaux , Diocèse d'Angers , mourut à
Paris le 16. dans la 73. année de son âge.
D. Henriette Faideau , Epouse d'Arnauld-Paul de Fieubet , Enseigne des
Gendarmes de la Garde , accoucha le 26.
Mai d'un fils qui fut nommé GaspardLouis , par Louis- Gaspard de Fieuber ,
1. Vol.
Con-
་ 60 MERCURE DE FRANCE
Conseiller au Parlement et par D. MarieLouise Croiset , veuve d'Henry Faideau,
President au Parlement.
, D. Marie Louise de Vaudrey , Epouse
de Claude-Alexandre Barberot de Travaux , accoucha le 8. de Juin d'une fille
qui fut nommée Charlotte Eleonor- Loui
se, par Louis-Henri d'Auber Daubœuf.
Chevalier de S. Louis , Capitaine de Cavalerie , et par D. Eleonor- Charlotte de
Sandresleben , Princesse de WittembergMontbelliard , Epouse de S. A. S. Geor
ge Leopold de Wittemberg - Montbelliard.
D. Louise- Genevieve Pajot , Epouse de
Pierre Maximilien Pajot, Seigneur de Villeperrot , Brigadier des Armées du Roi ,
Colonel du Regiment de Beauvoisis , Chevalier de S. Louis , accoucha le 4. Juin
d'une fille qui fut nommée CharlotteLouise , par Charles - Christophle Pajot.,
Conseiller Secretaire du Roi , &c. et par
D. Anne-Marie Pajot , épouse de ClaudeJoseph le Jai , Gouverneur de la ville
d'Aire , Chevalier de S. Louis.
Rançois de Carbonieres , Chevalier ,
- >
Georis et du Freche , Comte de Rabas ,
Seigneur du Pain , mourut le 27. May
âgé de 75. ans environ.
Pierre -Jean- Martin de Berulle , Abbé
de l'Abbaye de Lezat , Ordre de S. Benoît , Diocèse de Rieux , mourut à Paris.
le 29. de Juin , âgé de 43. ans.
Charles-Hubert de Mesgrigni, ChevaI. Vola lier
JUIN.. 1732 1259
lier, Marquis de Mesgrigni et de Vandeuvre , Baron de l'Orme , Vicomte de Bridiers , Seigneur de Rhodes , &c. Conseiller de la Grand'Chambre du Parlement,
mourut le 30. du même mois.
D. Catherine- Elizabeth de Manneville
veuve de Charles de Tilly , Marquis de
Blaru, Lieutenant de Roy de l'Isle de France , mourut le 12. Juin , âgée de 68. ans.
D. Marie - Françoise - Celeste de Voyer
de Paulmy, veuve de M. Charles-YvesJacques , Comte de la Riviere , Gouverneur de S. Brieux , mourut à Paris le 12.
de Juin , âgée de 70 ans.
: D.Marie de Méelz,veuve de JeanBaptiste Piquot Ecuyer, Seigneur du Housset ;
Maréchal des Logis de la Maison du Roi ,
mourut le 13. Juin.
Frere François de Comenge , GrandCroix et Hospitalier de l'Ordre de S. Jean
de Jerusalem , Commandeur de Chantraine et Vaillantpont , Abbé de l'Abbaye.
de Notre Dame de Lauroux , Ordre de
Citeaux , Diocèse d'Angers , mourut à
Paris le 16. dans la 73. année de son âge.
D. Henriette Faideau , Epouse d'Arnauld-Paul de Fieubet , Enseigne des
Gendarmes de la Garde , accoucha le 26.
Mai d'un fils qui fut nommé GaspardLouis , par Louis- Gaspard de Fieuber ,
1. Vol.
Con-
་ 60 MERCURE DE FRANCE
Conseiller au Parlement et par D. MarieLouise Croiset , veuve d'Henry Faideau,
President au Parlement.
, D. Marie Louise de Vaudrey , Epouse
de Claude-Alexandre Barberot de Travaux , accoucha le 8. de Juin d'une fille
qui fut nommée Charlotte Eleonor- Loui
se, par Louis-Henri d'Auber Daubœuf.
Chevalier de S. Louis , Capitaine de Cavalerie , et par D. Eleonor- Charlotte de
Sandresleben , Princesse de WittembergMontbelliard , Epouse de S. A. S. Geor
ge Leopold de Wittemberg - Montbelliard.
D. Louise- Genevieve Pajot , Epouse de
Pierre Maximilien Pajot, Seigneur de Villeperrot , Brigadier des Armées du Roi ,
Colonel du Regiment de Beauvoisis , Chevalier de S. Louis , accoucha le 4. Juin
d'une fille qui fut nommée CharlotteLouise , par Charles - Christophle Pajot.,
Conseiller Secretaire du Roi , &c. et par
D. Anne-Marie Pajot , épouse de ClaudeJoseph le Jai , Gouverneur de la ville
d'Aire , Chevalier de S. Louis.
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Résumé : MORTS NAISSANCE, &c.
Le document relate les décès et naissances survenus en juin 1732. Parmi les décès notables, Georis et du Freche, Comte de Rabas, Seigneur du Pain, est décédé le 27 mai à 75 ans. Pierre-Jean-Martin de Bérulle, Abbé de l'Abbaye de Lezat, est mort à Paris le 29 juin à 43 ans. Charles-Hubert de Mesgrigny, Marquis de Mesgrigny et de Vandeuvre, est décédé le 30 juin. D'autres décès incluent ceux de D. Catherine-Elisabeth de Manneville, veuve de Charles de Tilly, le 12 juin à 68 ans, et de D. Marie-Françoise-Celeste de Voyer de Paulmy, veuve de Charles-Yves-Jacques, Comte de la Rivière, également le 12 juin à 70 ans. Frère François de Comenge, Grand-Croix et Hospitalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, est mort à Paris le 16 juin à 73 ans. En ce qui concerne les naissances, D. Henriette Faideau a accouché le 26 mai d'un fils nommé Gaspard-Louis. D. Marie-Louise de Vaudrey a donné naissance le 8 juin à une fille nommée Charlotte-Éléonore-Louise. D. Louise-Geneviève Pajot a accouché le 4 juin d'une fille nommée Charlotte-Louise.
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56
p. 1337-13[4]4
ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume 113, In Exitu Israël, &c.
Début :
Irrité par la barbarie, [...]
Mots clefs :
Dieu, Seigneur, Psaume, Israël, Voeux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume 113, In Exitu Israël, &c.
DE SA CREE,
Tirée du Pseaume 113 , In Exitu Israël, &c.
IRrité Rrité par la barbarie ,
D'un Peuple idolâtre et cruel ,
Le Seigneur , aux Fils d'Israël ,
Promit leur ancienne Patrie.
Alors , sous un Chef redouté ,
De Jacob la féconde Race ,
Brisa par une sainte audace ,
Les fers de sa Captivité.
Heureuses Plaines de Judée ,
Le Ciel daigna vous confier ,
La gloire de sanctifier ,
La Troupe qu'il avoit guidée ;
Votre bonheur fut résolu ,
Quand l'Etre par qui tout respire ,
Soumit vos guerets à l'Empire ,
Du Peuple qu'il avoit élû.
Mais en la présence terrible ,
Du Dieu qui créa l'Univers ,
Combien de prodiges divers !
La Mer même y parut sensible ;;
IL Vol. D V Son
1338 MERCURE DE FRANCESon vaste sein s'épouventa ;
Ses flots fuyoient d'un cours rapide,
Tandis que le Jourdain timide ,
Jusqu'à sa source remonta.
On vous vit , superbes Montagnes
On vous vit , steriles Côteaux ,
Aussi legers que les Troupeaux ,
Qui bondissent dans les Campagnes.
O! Mer, qui te fit reculer 2
O! Jourdain , pourquoi sur tes Rives ,
Vit- on les ondes fugitives ,
Vers leur origine couler ?.
Monts sacrez , Collines tranquiles ,,
Apprenez -nous quel changement s
Vous imprime le mouvement ,.
Des animaux les plus agiles ;,
L'Etre Eternel se découvroit ;
La Terre cessa d'être stable ,
A l'aspect du Dieu redoutable ,
Du Dieu que Jacob adoroit.
C'est lui dont la bonté presente ,
Aux cœurs qui sçavent le chercher ,
Change le sterile Rocher ,
En une Source bienfaisante ;
La pierre obéit à sa voix;'
II Vol. M
༣ JUIN 1732 1339 .
Il parle et soudain l'Onde coule ,
'Au gré de cette ingrate foule ,
Qui murmure contre ses Loix.
Seigneur, aux yeux des foibles hommes ;
Quand tu fais briller ta splendeur ,
L'immensité de ta grandeur ,
Nous instruit du peu que nous sommes :
Sage Auteur de notre raison "
Inspire-nous toûjours de croire
Qu'il ne nous est point dû de gloire ;
Qu'il n'en appartient qu'à ton Nom.
Fais que malgré leur arrogance
Les Humains puissent concevoir ,
La verité de ton pouvoir "
Et les trésors de ta clémence ;
Que les. Infideles privez ,
Des avantages de ton culte
N'osent plus dire avec insulte 9
Quel est le Dieu que vous servez ?
Le Dieu qui reçoit notre hommage ,
'Assis sur la Voute des cieux ,
'Attache ŝans cesse ses yeux ,
1
Sur l'homme , son plus cher ouvrage ;
Aux tendres soins de sa bonté ,
Le Monde entier doit sa naissance ,
IL. Vol Et D vj
1340 MERCURE DE FRANCE
Et, pour limite , sa puissance ,
Ne connoît que sa volonté.
Flatez d'esperances frivoles ,
Chaque jour on voit des Mortels,
Dresser, à l'envi , des Autels ,
A de chimeriques Idoles ;
Quelle honte pour les Humains
D'adorer un Métail sordide !
De fléchir un genoüil timide ,
Devant l'ouvrage de leurs mains.
Vainement l'Ouvrier habile,
Prête une bouche à ces faux Dieux
En vain le ciseau sur leurs yeux ,
Taille une paupiere immobile ;
On ne verra point à des sons
Ceder leurs levres inflexibles ,
Ni leurs yeux devenir sensibles ,
Au Soleil dont nous jouissons.
Tel qui veut chanter les merveilles ,
Des Dieux qu'il se fait à son choix,
Ose-t'il penser que sa voix ,
Percera leurs sourdes oreilles ?
Ces vains fantômes de l'erreur ,
Honorez d'un Peuple crédule ,
Dans le moment que l'encens brule ,
Ignorent quelle en est l'odeur.
II. Vol. Sans
JUIN. 1732. 1347
Sans cesse ma raison demande ,
Si jamais leurs pieds agiront ,
Ou si leurs mains discerneront ,
Le prix d'une riche Guirlande ;
Ont-ils quelques droits sur nos jours.
Quand leur silence opiniâtre ,
Résiste aux cris de l'Idolâtre,
Qui les appelle à son secours.
•
Malheur à l'aveugle qui compte,
Sur un Métail inanimé ;
Puisse celui qui l'a forme,
De son Dieu partager la honte!
Puissent tous ceux de qui l'encens,
Indignement se prostituë ,
Devant une froide Statuë,
Perdre l'usage de leurs sens !
Aux pieds du vrai Dieu prosternée,
La sage Maison d'Israël ,
Fonda sur son bras immortel ,
Tout l'espoir de sa destinée.
Par quel secours , par quel appui ,
Le Seigneur , prodigue pour elle ,
A-t'il récompensé le zele ,
Des cœurs qui n'invoquoient que lui ?
Avec la même confiance ,
II.Vol.
Les
1342 MERCURE DE FRANCE
Les Fils illustres d'Aaron ,
En la grandeur de son saint nom ,
Mettant leur plus ferme esperance ;
Par mille bienfaits répandus ,
A chaque instant Dieu se déclare
Le Protecteur de la Thiare ,
Dontil couronne leurs vertus,
Qu'ils sont forts , malgré leur foiblesse
Ceux qui porte au fond du cœur ,
Cette humble crainte du Seigneur
D'où naît la plus haute sagesse ;
Tous ces illustres Combattans ,
Pour prix d'une fidelle attente
Reçoivent la grace constante ,
Qui les soutient dans tous les temps.
".
Mais dans notre triste carriere ,
Nous-mêmes n'éprouvons nous pas
Que le Seigneur à tous nos pas
Prête sa divine lumiere ?
Loin que nos vœux soient oubliez
Tout nous apprend que sa Justice ,
Abeni l'ardent SacrificeDe nos desirs humilicz.
Ainsi d'un secours efficace ,
Israël mérita le don…
II. Vale Ainsi
JUIN. 173.20 7343 Ainsi le Pontife Aaron ,
L'obtint pour son Auguste Race;
Ainsi le Dieu de Verité ,
Soutient par les graces qu'il donne ,
Et la Houlette et la Couronne
De qui craint sa Divinité.
Puisse-t'il, ce Dieu favorable
A qui vous adressez vos vœux
Et sur vous et sur vos neveux
Répandre sa grace ineffable !
Soyez tous benis, du Seigneur,
Dont la voix commande au Tannerre,
Er #
que le Ciel avec la Terre,
Reconnoît pour son Créateur.
Lorsqu'il se proposa lui- même ,
De regler le Monde à son gré,
Au-dessus du Ciel azuré ,
Il plaça son. Trône suprême.
Le Firmament fut son séjour ,
Et la Terre obscure où nous sommes
Devint le partage des hommes,
Qu'avoit enfantez son amour.
Dieu puissant , Souverain des Anges,.
Les Humains plongez par le sort ,
Dans les tenebres de la mort ,
Ne publieront point tes louanges ;
IL. Vob Tom
1334 MERCURE DE FRANCE 4
Ton nom ne sera point chanté ,
Par ces ames infortunées ,
Que tajustice a condamnées ,
Agémir loin de ta clarté,
Mais nous , qui jouissons encore
Du Soleil , que tu fais mouvoir ,
Seigneur , pour benir ton pouvoir ,
Nous sçavons devancer l'Aurore :
Tous nos vœux seront satisfaits,
Des jours que ta bonté nous laisse
Si nous les consacrons sans cesse ,
Au souvenir de tes bienfaits
Tirée du Pseaume 113 , In Exitu Israël, &c.
IRrité Rrité par la barbarie ,
D'un Peuple idolâtre et cruel ,
Le Seigneur , aux Fils d'Israël ,
Promit leur ancienne Patrie.
Alors , sous un Chef redouté ,
De Jacob la féconde Race ,
Brisa par une sainte audace ,
Les fers de sa Captivité.
Heureuses Plaines de Judée ,
Le Ciel daigna vous confier ,
La gloire de sanctifier ,
La Troupe qu'il avoit guidée ;
Votre bonheur fut résolu ,
Quand l'Etre par qui tout respire ,
Soumit vos guerets à l'Empire ,
Du Peuple qu'il avoit élû.
Mais en la présence terrible ,
Du Dieu qui créa l'Univers ,
Combien de prodiges divers !
La Mer même y parut sensible ;;
IL Vol. D V Son
1338 MERCURE DE FRANCESon vaste sein s'épouventa ;
Ses flots fuyoient d'un cours rapide,
Tandis que le Jourdain timide ,
Jusqu'à sa source remonta.
On vous vit , superbes Montagnes
On vous vit , steriles Côteaux ,
Aussi legers que les Troupeaux ,
Qui bondissent dans les Campagnes.
O! Mer, qui te fit reculer 2
O! Jourdain , pourquoi sur tes Rives ,
Vit- on les ondes fugitives ,
Vers leur origine couler ?.
Monts sacrez , Collines tranquiles ,,
Apprenez -nous quel changement s
Vous imprime le mouvement ,.
Des animaux les plus agiles ;,
L'Etre Eternel se découvroit ;
La Terre cessa d'être stable ,
A l'aspect du Dieu redoutable ,
Du Dieu que Jacob adoroit.
C'est lui dont la bonté presente ,
Aux cœurs qui sçavent le chercher ,
Change le sterile Rocher ,
En une Source bienfaisante ;
La pierre obéit à sa voix;'
II Vol. M
༣ JUIN 1732 1339 .
Il parle et soudain l'Onde coule ,
'Au gré de cette ingrate foule ,
Qui murmure contre ses Loix.
Seigneur, aux yeux des foibles hommes ;
Quand tu fais briller ta splendeur ,
L'immensité de ta grandeur ,
Nous instruit du peu que nous sommes :
Sage Auteur de notre raison "
Inspire-nous toûjours de croire
Qu'il ne nous est point dû de gloire ;
Qu'il n'en appartient qu'à ton Nom.
Fais que malgré leur arrogance
Les Humains puissent concevoir ,
La verité de ton pouvoir "
Et les trésors de ta clémence ;
Que les. Infideles privez ,
Des avantages de ton culte
N'osent plus dire avec insulte 9
Quel est le Dieu que vous servez ?
Le Dieu qui reçoit notre hommage ,
'Assis sur la Voute des cieux ,
'Attache ŝans cesse ses yeux ,
1
Sur l'homme , son plus cher ouvrage ;
Aux tendres soins de sa bonté ,
Le Monde entier doit sa naissance ,
IL. Vol Et D vj
1340 MERCURE DE FRANCE
Et, pour limite , sa puissance ,
Ne connoît que sa volonté.
Flatez d'esperances frivoles ,
Chaque jour on voit des Mortels,
Dresser, à l'envi , des Autels ,
A de chimeriques Idoles ;
Quelle honte pour les Humains
D'adorer un Métail sordide !
De fléchir un genoüil timide ,
Devant l'ouvrage de leurs mains.
Vainement l'Ouvrier habile,
Prête une bouche à ces faux Dieux
En vain le ciseau sur leurs yeux ,
Taille une paupiere immobile ;
On ne verra point à des sons
Ceder leurs levres inflexibles ,
Ni leurs yeux devenir sensibles ,
Au Soleil dont nous jouissons.
Tel qui veut chanter les merveilles ,
Des Dieux qu'il se fait à son choix,
Ose-t'il penser que sa voix ,
Percera leurs sourdes oreilles ?
Ces vains fantômes de l'erreur ,
Honorez d'un Peuple crédule ,
Dans le moment que l'encens brule ,
Ignorent quelle en est l'odeur.
II. Vol. Sans
JUIN. 1732. 1347
Sans cesse ma raison demande ,
Si jamais leurs pieds agiront ,
Ou si leurs mains discerneront ,
Le prix d'une riche Guirlande ;
Ont-ils quelques droits sur nos jours.
Quand leur silence opiniâtre ,
Résiste aux cris de l'Idolâtre,
Qui les appelle à son secours.
•
Malheur à l'aveugle qui compte,
Sur un Métail inanimé ;
Puisse celui qui l'a forme,
De son Dieu partager la honte!
Puissent tous ceux de qui l'encens,
Indignement se prostituë ,
Devant une froide Statuë,
Perdre l'usage de leurs sens !
Aux pieds du vrai Dieu prosternée,
La sage Maison d'Israël ,
Fonda sur son bras immortel ,
Tout l'espoir de sa destinée.
Par quel secours , par quel appui ,
Le Seigneur , prodigue pour elle ,
A-t'il récompensé le zele ,
Des cœurs qui n'invoquoient que lui ?
Avec la même confiance ,
II.Vol.
Les
1342 MERCURE DE FRANCE
Les Fils illustres d'Aaron ,
En la grandeur de son saint nom ,
Mettant leur plus ferme esperance ;
Par mille bienfaits répandus ,
A chaque instant Dieu se déclare
Le Protecteur de la Thiare ,
Dontil couronne leurs vertus,
Qu'ils sont forts , malgré leur foiblesse
Ceux qui porte au fond du cœur ,
Cette humble crainte du Seigneur
D'où naît la plus haute sagesse ;
Tous ces illustres Combattans ,
Pour prix d'une fidelle attente
Reçoivent la grace constante ,
Qui les soutient dans tous les temps.
".
Mais dans notre triste carriere ,
Nous-mêmes n'éprouvons nous pas
Que le Seigneur à tous nos pas
Prête sa divine lumiere ?
Loin que nos vœux soient oubliez
Tout nous apprend que sa Justice ,
Abeni l'ardent SacrificeDe nos desirs humilicz.
Ainsi d'un secours efficace ,
Israël mérita le don…
II. Vale Ainsi
JUIN. 173.20 7343 Ainsi le Pontife Aaron ,
L'obtint pour son Auguste Race;
Ainsi le Dieu de Verité ,
Soutient par les graces qu'il donne ,
Et la Houlette et la Couronne
De qui craint sa Divinité.
Puisse-t'il, ce Dieu favorable
A qui vous adressez vos vœux
Et sur vous et sur vos neveux
Répandre sa grace ineffable !
Soyez tous benis, du Seigneur,
Dont la voix commande au Tannerre,
Er #
que le Ciel avec la Terre,
Reconnoît pour son Créateur.
Lorsqu'il se proposa lui- même ,
De regler le Monde à son gré,
Au-dessus du Ciel azuré ,
Il plaça son. Trône suprême.
Le Firmament fut son séjour ,
Et la Terre obscure où nous sommes
Devint le partage des hommes,
Qu'avoit enfantez son amour.
Dieu puissant , Souverain des Anges,.
Les Humains plongez par le sort ,
Dans les tenebres de la mort ,
Ne publieront point tes louanges ;
IL. Vob Tom
1334 MERCURE DE FRANCE 4
Ton nom ne sera point chanté ,
Par ces ames infortunées ,
Que tajustice a condamnées ,
Agémir loin de ta clarté,
Mais nous , qui jouissons encore
Du Soleil , que tu fais mouvoir ,
Seigneur , pour benir ton pouvoir ,
Nous sçavons devancer l'Aurore :
Tous nos vœux seront satisfaits,
Des jours que ta bonté nous laisse
Si nous les consacrons sans cesse ,
Au souvenir de tes bienfaits
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Résumé : ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume 113, In Exitu Israël, &c.
Le poème relate l'exode des Israélites hors d'Égypte et leur traversée miraculeuse de la mer Rouge. Dieu, irrité par la barbarie d'un peuple idolâtre et cruel, promet aux Israélites leur ancienne patrie. Sous la conduite d'un chef redouté, les Israélites brisent les fers de leur captivité par une sainte audace. Les plaines de Judée sont confiées à la gloire de sanctifier le peuple guidé par Dieu. La mer Rouge et le Jourdain accomplissent des prodiges, comme reculer et remonter à leur source, tandis que les montagnes et les collines se comportent comme des troupeaux légers. Ces événements miraculeux montrent la puissance de Dieu, qui change les rochers en sources bienfaisantes et fait couler l'eau au gré d'une foule ingrate. Le poème exalte la grandeur de Dieu, qui surveille constamment l'homme, son ouvrage le plus cher. Il critique l'adoration des idoles et des faux dieux, incapables de réagir ou d'agir. La Maison d'Israël, prosternée devant le vrai Dieu, fonde son espoir sur son bras immortel. Les fils d'Aaron mettent leur confiance en Dieu, qui les récompense par mille bienfaits. Le texte se conclut par une prière pour que Dieu répande sa grâce sur les fidèles et leurs descendants, reconnaissant son pouvoir sur le ciel et la terre.
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57
p. 190-191
SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
Début :
Dans l'excés des maux que j'endure, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Pénitent, Pécheur
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texteReconnaissance textuelle : SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
SONNET
Sur un Pécheur Pénitent.
Dans l'excés des maux que j'endure
Jay souvent prié le Seigneur 9"
D'agir avec moins de rigueur ,
A l'égard de sa Créature.
Kay
JANVIER . 1732. 191
Fay dit : Auteur de la Nature ,
Grand Dieu , voi ma triste langueur ;.
Infirme , je perds ma vigueur ,
Comme une fleur perd sa parure .
Mais , Seigneur , rejette ces voeux ;
Le soulagement que je veux
Est d'un ordre bien plus sublime.
Releve mon coeur abattu ;
Et d'un vil Esclave du crime ,
Fais un Enfant de la Vertu.
Liberati autem à peccato servi facti estis jussitin..
Rom. 6. 18. 22.
Sur un Pécheur Pénitent.
Dans l'excés des maux que j'endure
Jay souvent prié le Seigneur 9"
D'agir avec moins de rigueur ,
A l'égard de sa Créature.
Kay
JANVIER . 1732. 191
Fay dit : Auteur de la Nature ,
Grand Dieu , voi ma triste langueur ;.
Infirme , je perds ma vigueur ,
Comme une fleur perd sa parure .
Mais , Seigneur , rejette ces voeux ;
Le soulagement que je veux
Est d'un ordre bien plus sublime.
Releve mon coeur abattu ;
Et d'un vil Esclave du crime ,
Fais un Enfant de la Vertu.
Liberati autem à peccato servi facti estis jussitin..
Rom. 6. 18. 22.
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Résumé : SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
Le sonnet 'Sur un Pécheur Pénitent' décrit la souffrance et la repentance d'un individu. En janvier 1732, l'auteur prie Dieu de lui accorder une délivrance spirituelle. Il souhaite passer d'esclave du crime à enfant de la vertu, évoquant la libération du péché et la servitude de la justice.
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58
p. 258-261
ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
Début :
De mes tristes sanglots reçoy le sacrifice, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Ennemis, Innocence, Gloire, Heureux, Cruels, Âme, Victoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
O D E.
L'Ame persecutée par les ennemis de son
innocence , invoque le Seigneur.
DE mes tristes sanglots reçoy le sacrifice ,
Mes cruels ennemis , Seigneur ,
arment contre mon sein la barbare injustice
D'une
FEVRIER. 1733. 259
D'une sacrilege fureur,
Mets dans tes mains , Seigneur , les traits de ta
vengeance ,
Déclare toi pour l'innocence ;
Qu'ils tombent à tes pieds sous tes coups abate
tus.
Que vois -je! ma plainte t'anime.
Tu parois dans ta gloire et déja dans l'abîme
,
Ces cruels ennemis gémissent confondus.
M
Tremblés Peuples , armé de sa foudre bra .
·
lante ,
Le Seigneur devient mon appui ,
Les Cieux sont étonnés de sa gloire écla
tante ,
L'Univers fléchit devant lui.
Sous son bras foudroyant , les plus superbes
têtes
Tombent au rang de ses conquêtes.
D'un témeraire orgueil l'éclat audacieux
Se dissipe devant sa gloire ,
Le Seigneur a vaincu ; graces à sa victoire ,
Mes jours à ses Autels couleront sous ses
yeux.
De mes fiers ennemis les fureurs criminel
les
Ne
160 MERCURE DE FRANCE
Ne troubleront plus mon bonheur ,
Et je puis aux beautez de ses loix éternelles
Consacrer à jamais mon coeur.
A l'abri de son Throne et charmé de sa
gloire ,
Le jour heureux de sa victoire
Retracé dans mes chants augmentera ma paix,
Rempli de sa bonté suprême ,
Puisse plutôt mon coeur s'oublier de lui- même
Que du prix glorieux qu'il tient de ses bien
faits !
Des frivoles grandeurs d'un pompeux escla
vage ,
Mes yeux ne sont plus éblouis ;
Je vois , dans le repos où le Seigneur m'en
gage ,
Ces fantômes évanouis.
Heureux , Seigneur , heureux , le coeur qui to
révere !
Embrasé d'un amour sincere ,
Il goûte des vrais biens Les solides appas :
De son innocence éternelle
Rien ne peut alterer la pureté fidelle ;
Il craint le seul malheur de ne te loüer pas.
譏
Non , non , le monde en vain m'étale ses `délices
,
Le
FEVRIER. 261 1733.
Le seul bonheur est sous ta loy ,
Et je ne compte plus que parmi les suplices
.
Les biens qui me privent de toi.
Le Seigneur est ma force , à l'ombre sal
taire
De son auguste Sanctuaire ,
Des traits les plus cruels je brave la rigueur.
Vous , dont une indigne licence
Poursuit sur cette mer la timide innocence ,
Voulez-vous triompher ? invoqués le Seigneur
,
Dominus pars hareditatis mea et Calicis mei
Tu es qui restitues hareditatem meam mihi.
Par M. l'Abbé P. V. de Marseilles
L'Ame persecutée par les ennemis de son
innocence , invoque le Seigneur.
DE mes tristes sanglots reçoy le sacrifice ,
Mes cruels ennemis , Seigneur ,
arment contre mon sein la barbare injustice
D'une
FEVRIER. 1733. 259
D'une sacrilege fureur,
Mets dans tes mains , Seigneur , les traits de ta
vengeance ,
Déclare toi pour l'innocence ;
Qu'ils tombent à tes pieds sous tes coups abate
tus.
Que vois -je! ma plainte t'anime.
Tu parois dans ta gloire et déja dans l'abîme
,
Ces cruels ennemis gémissent confondus.
M
Tremblés Peuples , armé de sa foudre bra .
·
lante ,
Le Seigneur devient mon appui ,
Les Cieux sont étonnés de sa gloire écla
tante ,
L'Univers fléchit devant lui.
Sous son bras foudroyant , les plus superbes
têtes
Tombent au rang de ses conquêtes.
D'un témeraire orgueil l'éclat audacieux
Se dissipe devant sa gloire ,
Le Seigneur a vaincu ; graces à sa victoire ,
Mes jours à ses Autels couleront sous ses
yeux.
De mes fiers ennemis les fureurs criminel
les
Ne
160 MERCURE DE FRANCE
Ne troubleront plus mon bonheur ,
Et je puis aux beautez de ses loix éternelles
Consacrer à jamais mon coeur.
A l'abri de son Throne et charmé de sa
gloire ,
Le jour heureux de sa victoire
Retracé dans mes chants augmentera ma paix,
Rempli de sa bonté suprême ,
Puisse plutôt mon coeur s'oublier de lui- même
Que du prix glorieux qu'il tient de ses bien
faits !
Des frivoles grandeurs d'un pompeux escla
vage ,
Mes yeux ne sont plus éblouis ;
Je vois , dans le repos où le Seigneur m'en
gage ,
Ces fantômes évanouis.
Heureux , Seigneur , heureux , le coeur qui to
révere !
Embrasé d'un amour sincere ,
Il goûte des vrais biens Les solides appas :
De son innocence éternelle
Rien ne peut alterer la pureté fidelle ;
Il craint le seul malheur de ne te loüer pas.
譏
Non , non , le monde en vain m'étale ses `délices
,
Le
FEVRIER. 261 1733.
Le seul bonheur est sous ta loy ,
Et je ne compte plus que parmi les suplices
.
Les biens qui me privent de toi.
Le Seigneur est ma force , à l'ombre sal
taire
De son auguste Sanctuaire ,
Des traits les plus cruels je brave la rigueur.
Vous , dont une indigne licence
Poursuit sur cette mer la timide innocence ,
Voulez-vous triompher ? invoqués le Seigneur
,
Dominus pars hareditatis mea et Calicis mei
Tu es qui restitues hareditatem meam mihi.
Par M. l'Abbé P. V. de Marseilles
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Résumé : ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
Le poème 'L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur' de l'Abbé P. V. de Marseilles décrit la souffrance d'une âme persécutée par des ennemis cruels et injustes. L'âme implore le Seigneur de prendre vengeance et de défendre son innocence. Le Seigneur répond à cette prière en apparaissant dans sa gloire et en terrassant les ennemis. L'auteur exalte la victoire du Seigneur, qui devient son appui et sa force. Grâce à cette victoire, l'âme peut désormais consacrer son cœur aux lois éternelles du Seigneur, à l'abri de sa gloire. L'auteur exprime son bonheur et sa révérence envers le Seigneur, rejetant les plaisirs mondains. Il affirme que le seul véritable bonheur réside dans la loyauté au Seigneur. Le poème se conclut par une invocation au Seigneur pour protéger l'innocence et restaurer son héritage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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59
p. 469-471
REPONSE à la Missive du Chevalier de Leucotece, Protecteur de l'Infante Malcrais, imprimée dans le premier Volume du Mercure de Décembre.
Début :
Honneur vous soit, Seigneur de Leucotece, [...]
Mots clefs :
Leucotèce, Chevalier, Seigneur, Rimeur marseillais, Malcrais, Chevalier errant
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texteReconnaissance textuelle : REPONSE à la Missive du Chevalier de Leucotece, Protecteur de l'Infante Malcrais, imprimée dans le premier Volume du Mercure de Décembre.
REPONSE à la Missive du Chevalier
de Leucotece , Protecteur de l'Infante
Malerais , imprimée dans le premier Volume
du Mercure de Décembre.
Honneur Onneur vous soit , Seigneur de Leucotece ;
Preux Chevalier Errant sur le Permesse ,
Vos Vers obscurs , votre stile gaulois ,
Doivent occir le Rimeur Marseillois ;
Vous
470 MERCURE DE FRANCE
Vous discourez comme un vrai Dom Quixote ,
Et méritez bon Brévet de Calotte ;
Puisqu'aussi - bien vous dites sans façon ,
Que vous n'avez ni rime ni raison ;
Mais , direz-vous , ce n'est que pour la rimés
Il me falloit faire rimer Escrime ,
Loin de manquer à ce point important ,
"J'ai mieux aimé me taxer d'ignorant ,
Bien répondu ; le Public charitable ,
En cela seul vous trouve raisonnable ;
Mais entre -nous, Chevalier valeureux
Votre courage est tant soit peu
douteux ;
Vous frissonnez à l'aspect de Voltaire ,
Avec raison votre bras le révere ,
Mais en voulant excepter l'Hélicon ,
Vous nous montrez l'image d'un Poltron.
Quant au Berger des Rives de la Seine ,
On s'apperçoit que ce Rival vos gêne ;
Vous l'attaquez en timide Soldat ,
Quin'ose point hazarder le Combat.
Et pour couvrir votre poltronnerie ,
Vous le voulés par votre calomnie ,
Faire passer pour malin Enchanteur :
Fuyez , fuyez , Chevalier sans valeur ,
Malcrais n'a pas besoin pour la deffendre ,
Que votre voix ici se fasse entendre ,
•
Ni qu'en l'honneur de ses charmans appas,
De yos Rivaux coupiez têtes et bras ;
Point
MARS.
47%
1733
Point de lui faut le secours de votre ordre ;
D'autres sans vous sçauront frapper et mordre
Le moindre mot de son aimable voix ,
Pourroit forcer le Rimeur Marseillois
A confesser que malgré son mérite ,
Et ses talens , dans son corps il habite ,
Certain esprit , qui , quoiqu'il soit divin ,
N'en est pas moins de Sexe feminin ;
Que cette Fille habile et toute aimable ,
N'est point chimere et qu'elle est très - palpable ;
Ainsi , Seigneur , n'exposez plus au vent ,
Votre Harnois de Chevalier Errant ;
Soyez tranquille , et gardez le silence ,
Ou regagnez la Manche en diligence ;
Là renfermé dans votre vieux Château ,
Pour affermir votre foible cerveau ,
Et
pour calmer l'ire qui vous transporte
Avalerez une dose un peu forte
D'un Hellebore éprouvé , bien récent,
C'est mon avis , Seigneur , profitez - en.
V. D. G.
de Leucotece , Protecteur de l'Infante
Malerais , imprimée dans le premier Volume
du Mercure de Décembre.
Honneur Onneur vous soit , Seigneur de Leucotece ;
Preux Chevalier Errant sur le Permesse ,
Vos Vers obscurs , votre stile gaulois ,
Doivent occir le Rimeur Marseillois ;
Vous
470 MERCURE DE FRANCE
Vous discourez comme un vrai Dom Quixote ,
Et méritez bon Brévet de Calotte ;
Puisqu'aussi - bien vous dites sans façon ,
Que vous n'avez ni rime ni raison ;
Mais , direz-vous , ce n'est que pour la rimés
Il me falloit faire rimer Escrime ,
Loin de manquer à ce point important ,
"J'ai mieux aimé me taxer d'ignorant ,
Bien répondu ; le Public charitable ,
En cela seul vous trouve raisonnable ;
Mais entre -nous, Chevalier valeureux
Votre courage est tant soit peu
douteux ;
Vous frissonnez à l'aspect de Voltaire ,
Avec raison votre bras le révere ,
Mais en voulant excepter l'Hélicon ,
Vous nous montrez l'image d'un Poltron.
Quant au Berger des Rives de la Seine ,
On s'apperçoit que ce Rival vos gêne ;
Vous l'attaquez en timide Soldat ,
Quin'ose point hazarder le Combat.
Et pour couvrir votre poltronnerie ,
Vous le voulés par votre calomnie ,
Faire passer pour malin Enchanteur :
Fuyez , fuyez , Chevalier sans valeur ,
Malcrais n'a pas besoin pour la deffendre ,
Que votre voix ici se fasse entendre ,
•
Ni qu'en l'honneur de ses charmans appas,
De yos Rivaux coupiez têtes et bras ;
Point
MARS.
47%
1733
Point de lui faut le secours de votre ordre ;
D'autres sans vous sçauront frapper et mordre
Le moindre mot de son aimable voix ,
Pourroit forcer le Rimeur Marseillois
A confesser que malgré son mérite ,
Et ses talens , dans son corps il habite ,
Certain esprit , qui , quoiqu'il soit divin ,
N'en est pas moins de Sexe feminin ;
Que cette Fille habile et toute aimable ,
N'est point chimere et qu'elle est très - palpable ;
Ainsi , Seigneur , n'exposez plus au vent ,
Votre Harnois de Chevalier Errant ;
Soyez tranquille , et gardez le silence ,
Ou regagnez la Manche en diligence ;
Là renfermé dans votre vieux Château ,
Pour affermir votre foible cerveau ,
Et
pour calmer l'ire qui vous transporte
Avalerez une dose un peu forte
D'un Hellebore éprouvé , bien récent,
C'est mon avis , Seigneur , profitez - en.
V. D. G.
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Résumé : REPONSE à la Missive du Chevalier de Leucotece, Protecteur de l'Infante Malcrais, imprimée dans le premier Volume du Mercure de Décembre.
L'auteur répond à une lettre du Chevalier de Leucotece, Protecteur de l'Infante, publiée dans le Mercure de Décembre. Il critique sévèrement le style littéraire et le courage du Chevalier, le comparant à Don Quichotte. Ses vers sont jugés obscurs et son style qualifié de gaulois. Bien que le Chevalier reconnaisse ne pas maîtriser la rime et la raison, l'auteur le traite de poltron, notamment face à Voltaire et un rival berger des Rives de la Seine. Il accuse le Chevalier de calomnier ce rival pour dissimuler sa propre lâcheté. L'auteur affirme que Malcrais n'a pas besoin de la défense du Chevalier et que d'autres sauront mieux défendre ses qualités. Il conseille au Chevalier de se taire ou de regagner la Manche, suggérant qu'il avale une dose d'hellébore pour apaiser son esprit agité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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60
p. 1101-1125
TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
Début :
Vous me marquez, Monsieur, quelque satisfaction des Eclaircissemens contenus dans [...]
Mots clefs :
Marquis de Rosny, Prince, Artillerie, Religion, Duc de Sully, Duc de Savoie, Médaille, Mémoires, Seigneur, Dieu, Corps, Esprit, Enfants, Béthune, Melun
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texteReconnaissance textuelle : TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
TROISIEME LETTRE de M. D. L.
R. écrite à M. A. C. D. S.T.au sujet du
Marquis de Rosny , depuis Duc de Sully
, &c. contenant quelques Remarques
Historiques.
Ous me Monsieur
quelque satisfaction des Eclaircissemens
contenus dans mes deux Lettres
précédentes , sur la premiere Question
que vous m'avez faite , au sujet du
Marquis de Rosny , premier Ministre
du Roi Henri Le Grand. Cela m'engage
de redoubler mes soins pour répondre
avec la même éxactitude et le même succès
aux autres demandes que vous me
faites sur ce sujet.
و
Instruit par P'Histoire de l'ancienneté
et de la Catholicité de la Maison de Bethune
dont le Marquis de Rosny se
trouvoit le Chef , vous êtes surpris que
ce Seigneur n'ait pas persevere dans la
Religion de ses Ancêtres vous me demandez
la cause de ce changement , à
quoi vous ajoutez deux ou trois autres
Questions , dont la Réponse fera tout le
sujet de cette Lettre.:
1. Fol. Cvi Da1102
MERCURE DE FRANCE
D'abord il est bon de vous dire , Monsieur
, que ce n'est pas le Marquis de
Rosny qui fait la premiere cause de cette
variation . Pour en être bien instruit , il
faut remonter jusqu'à Jean de Bethune
IV. du nom son Ayeul , lequel étant
encore assez jeune épousa Anne de Melun
, qui lui apporta en dot la Baronie
de Rosny , &c. Il en eut plusieurs Enfans
, lesquels eurent un double malheur
; le premier de perdre leur Mere
dans leur bas âge , et le second de voir
remarier leur Pere avec une simple Demoiselle
sans biens. Un troisiéme malheur
, suite des premiers , voulut que
Jean de Bethune n'eut ni ordre , ni oeconomie
dans ses affaires , qu'il s'endetta -
beaucoup , et qu'en mourant enfin retiré
au Château de Coucy , après avoir
aliené ses plus beaux Domaines
il ne
laissa presque rien à ses Enfans : de sorte
que François de Bethune son fils aîné ,
dépouillé de tous les grands biens de ses
Ancêtres , et ne jouissant que de ceux
d'Anne de Melun sa Mere , est comparé
par un Historien au Prince * Jean , surnommé
sans Terre , qui étant fils de Roi ,
se trouva presque sans aucune possession
, & c.
D
* Jean , fils de Henri II . Roi d'Angleterre .
1. Vol.
Ce
JUIN. 1733- 1103
Ce fils aîné épousa en 1557. Charlotte
Dauvet , qui lui donna sept Enfans. Il
s'attacha de bonne heure à Louis de Bourbon
, Prince de Condé , qui étoit alors
le Chef des Huguenots , et fit Profession
de la nouvelle Religion , à l'imitation de
plusieurs Grands Seigneurs , séduits par
les opinions des Novateurs , ou par des
motifs humains. En courant toutes les
fortunes du Prince il se trouva à la Bataille
de Jarnac , où il fut fait Prisonnier ;
j'omets le reste de son histoire pour marquer
seulement qu'en mourant en l'année
1577. il laissa pour Chef de sa Maison
Maximilien de Bethune, son Fils puisné ,
dont il s'agit particulierement ici .
Ce Seigneur suivit les traces de Fran
çois de Bethune son Pere , tant pour la
Religion dans laquelle il étoit né , que
du côté de la Fortune; il pourroit fournir
seul la matière d'une longue Histoire ,
que j'avois eu autrefois dessein d'entreprendre
ce Pere homme vertueux
de bon esprit , et brûlant du
loüable désir de relever sa Maison , avoit
jetté les yeux sur notre Maximilien , le
second des quatre fils qu'il eut de Charlotte
Dauvet.
,
د
Il avoit remarqué en lui non - seulement
une grande vigueur de corps et
I. Vol. d'es
1104 MERCURE DE FRANCE
d'esprit , mais encore une grande inclination
à la vertu , et une forte aversion
pour le vice , ce qui lui ayant fait concevoir
une grande espérance , il le fit appeller
un jour , disent les Mémoires qui
portent son nom , dans sa Chambre de
la Haute Tour , et en la seule présence
de la Durandiere , son Précepteur, il lui
tint un discours que sa briéveté et l'importance
du sujet m'engagent de rappor
ter ici.
» Maximilian , puisque la Coûtume
ne me permet pas de vous faire le prin-
» cipal Héritier de mes biens , je veux en
» récompense essayer de vous enrichir
» de vertus , et par le moyen d'icelles
» comme on me l'a prédit , j'espere que
» vous serez un jour quelque chose . Pré-
» parez- vous donc à supporter avec cou-
» rage , toutes les traverses et difficultez
» que vous rencontrerez dans le monde ,
» ct en les surmontant genereusement ,
acquerez- vous l'estime des gens d'hon-
» neur , et particulierement celle du
» Maître à qui je veux vous donner ; au
Service duquel je vous commande de
» vivre et mourir. Et quand je serai sur
mon partement pour aller à Vendôme
>> trouver la Reine de Navarre , et Mon-
» sieur le Prince son fils , auquel je veux
»
1. Vol. » Yous
JUIN. 1733- 1109
» vous donner , disposez-vous à venir
» avec moi , et vous préparer par une
Harangue à lui offrir votre service
» lors que je lui présenterai votre -Per-
» sonne .
la
Ce Discours pathétique et sensé , écou
té avec attention par un fils né pour
vertu , eut dans les suites tout le succès
que l'affection et la prévoyance d'un sage
Pere pouvoient esperer. Le Pere et le
Fils se rendirent bien-tôt auprès de la
Reine de Navarre , et le jeune Rosny
fut présenté au Prince son Fils , qui étoit
aussi fort jeune.
»
*
» Cela se fit , disent les Auteurs des
» Mémoires , en présence de la Reine sa
mere , avec des protestations que
» vous lui seriez à jamais très - fidele er
n très- obéïssant serviteur : ee que vous.
» lui jurâtes aussi , en si beaux termes
» avec tant de grace et d'assûrance
>> et un ton de voix si agréable , qu'il
conçût dès lors de bonnes espérances de
» vous. Et vous ayant relevé ( car vous
>> étiez à genoux , ) il vous embrassa deux
» fois , et vous dit : qu'il admiroit votre
gentillesse , vû votre âge , qui n'étoit
"
ת
La parole est ici adressée au Marquis de
Rosny , comme dans tout le corps de l'Ouvrage.
I. Vol.
» que
1106 MERCURE DE FRANCE
>>
que de onze années , et que lui aviés
» présenté votre service avec une si gran-
» de facilité , et étiés de si bonne race
» qu'il ne doutoit point qu'un jour vous
» n'en fissiés paroître les effets en vrai
» Gentilhomme . Et aussi vous promit il
» en foi de Prince , qu'en vous recevant
» de fort bon coeur , il vous aimeroit tou-
» jours , et qu'il ne se présenteroit jamais
» occasion de vous faire acquerir du bien
>> et de l'honneur , qu'il ne s'y employât
» de tout son coeur. Tous lesquels dis-
» cours , qui n'étoient lors que par com-
» plimens , ont eu depuis des Evénemens.
» plus avantageux que vous n'aviez ´es-
» péré.
Ces Evénemens que les mêmes Auteurs
ont rapporté fort au long , furent précédez
et mêlez de bien des traversés. La
Religion surtout , dont ce jeune Seigneur
faisoit profession , et qui fait le
principal article de vos demandes , pensa
lui coûter cher , dans la fatale journée
qui vit couler tant de sang François , au
milieu d'une profonde paix. Sa conservation
a quelque chose de singulier et de
merveilleux : elle merite bien que j'en
place ici le petit détail , tiré des mêmes
Mémoires .
» Voici ce que nous vous en avons
1. Vol. » oui
JUIN. 1733. 1107
noui conter : à sçavoir que vous ayant
» fait dessein d'aller faire votre Cour ce
» jour là , vous vous étiés couché la veille
de bonne heure , et que sur les trois
>> heures du matin , vous vous réveillâ-
» tes au bruit de plusieurs cris de peu-
» ples , et des allarmes que l'on sonnoit
» dans tous les Clochers. Le sieur de
» S. Julien , votre Gouverneur , et votre
» Valet de Chambre , ( qui s'étoient aussi
» éveillés au bruit , ) étant sortis de vo-
» tre logis , pour apprendre ce que c'é-
» toit , n'y rentrerent point ; et n'avez-
» vous jamais sçû ce qu'ils étoient deve-
» nus. De sorte qu'étant réduit vous
>> seul dans votre chambre et votre
» Hôte qui étoit de la Religion , vous
» pressant d'aller avec lui à la Messe , afin
» de garantir sa vie et sa maison de sac-
» cagement , vous vous résolûtes d'es-
» sayer à vous sauver dans le College de
Bourgogne.
"3
,
>> Pour ce faire,yous prîtes votre Robbe
>> d'Ecolier , un Livre sous votre bras , et
» vous vous mîtes en chemin . Par les
» ruës vous rencontrâtes trois Corps de
» Garde , l'un à celle de S. Jacques , un
>> autre à celle de la Harpe , et l'autre à
» l'issue du Cloître de S. Benoît. Au pre
» mier ayant été arrêté et rudoyé par
1. Vol. >> ceux
108 MERCURE DE FRANCE
» ceux de la Garde , un d'entr'eux pre
> nant votre Livre , et voyant que , de
» bonheur pour vous , c'étoit de grosses'
» Heures , vous fit passer , ce qui vous
» servit de passeport aux autres. En al-
>> lant vous vîtes enfoncer et piller des
» maisons , massacrer hommes , femmes .
» et enfans , avec les cris de tuë , tuë , ô
»Huguenot , ô Huguenot , ce qui vous
» faisoit souhaiter avec impatience d'être
» arrivé à la porte du College , où enfin
>> Dieu vous accompagna , sans qu'il vous
>> fût arrivé autre mal que la peur.
»
» A l'abord , le Portier vous refusa deux
» fois l'entrée de la porte mais enfin
» moyennant quatre Testons que vous
» lui donnâtes , il alla dire au Principal ,
» nommé la Faye , que vous étiés à la
» porte , et ce que vous demandiez , lequel
aussi- tôt meu de compassion
» étant votre particulier ami , vous vint
» faire entrer , empêché toutefois de ce
» qu'il feroit de vous , à cause de deux
» Ecclésiastiques qui étoient dans sa
» chambre , et qui disoient y avoir des-
» sein formé de tuer tous les Huguenots ,
» jusqu'aux enfans à la mammelle , et ce
à l'exemple des Vêpres Siciliennes .
» Néanmoins , par pitié , ce bon Personnage
vous mit dans une chambre fort
"
I. Vol. ≫ seJUIN.
1733.
1109
» secrette , dans laquelle personne n'en-
» trât que son Valet , qui vous y por-
» toit des vivres , et vous y servît trois
» jours durant , au bout desquels il se
» fit une publication de par le Roi , por-
" tant deffenses de plus tuer ni saccager
>> personne.
» Alors deux Archers de la Garde, Vas-
» saux de M. votre Pere , l'un nommé
» Ferrieres , et l'autre la Vieville , vin-
» rent avec leurs Hocquetons , et Halle-
» bardes à ce College , pour s'enquerir de
» vos nouvelles , et les mander à M. vo-
» tre Pere , qui étoit fort en peine de
» vous , duquel vous reçûtes une Lettre
» trois jours après , par laquelle il vous
mandoit de demeurer à Paris , et d'y
» continuer vos Etudes comme auparavant.
Et pour ce faire il jugeoit bien
qu'il vous faudroit aller à la Messe , à
» quoi il vous falloit résoudre , aussi-
» bien avoit fait votre Maître et beau-
>> coup d'autres : et que sur tout il vou-
» loit que vous courussiez toutes les for-
» tunes de ce Prince jusqu'à la mort
» afin que l'on ne vous pût reprocher de
l'avoir quitté en son adversité : à quoi
» vous vous rendîtes si soigneux , que
» vous en acquires l'estime d'un chacun .
Tout le monde sçait avec quelle exac-
I. Vol. titude
1110 MERCURE DE FRANCE
titude et quelle constante fidelité ce dernier
commandement de courir toutes les
fortunes de ce grand Prince fut éxécuté.
On en peut voir la preuve dans l'Histoire
, et sur tout dans les Mémoires des
Ecrivains que nous avons citez , lesquels
remarquent particulierement qu'au milieu
de toutes ses assiduitez auprès du
Prince , dans ces premiers tems de trouble
et de confusion , le jeune Rosny s'appliquoit
toujours à cultiver son esprit
par des connoissances solides. Ils parlent
en ces termes de cette circonstance ; en
» quelque condition que vous fussiés
» vous preniés toujours le tems de conti-
» nuer vos Etudes , sur tout de l'Histoi
de laquelle vous faisiés déja des Ex-
>> traits , tant pour les moeurs , que pour
» les choses naturelles ; et des Mathéma
>> re ,
tiques , lesquelles occupations fai-
» soient paroître votre inclination à la
>> vertu .
Dans la suite il se présenta une occasion
qui auroit pû , si Dieu l'avoit permis
, servir à éclairer ce jeune Seigneur
et à le faire rentrer dans la Religion de
ses Ancêtres. Il n'avoit qu'environ vingtdeux
ans , lorsqu'en l'année 1581. il lui
prit envie de faire un petit voyage en
Flandres , principalement pour y visiter
la
矍
1
•
M•
DEL
SVLLY
HO
DVC
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NAHL
FDE
BETHUN
01
SA
SSA
JUIN. 1733 1111
la Comtesse de Mastin sa Tante . Cette
Tante et le Vicomte de Gand son Ayeul
maternel , et son Parrain , l'avoient deshérité
, lui et François de Bethune son-
Pere , à cause de la Religion, Il partit
muni d'un Passe- port du Comte * de
Barlemont , son Parent et se rendit à
la Bassée , où demeuroit cette Dame. Il
en fut accueilli assez froidement , préve
nuë sur son sujet de la maniere que nous
allons le voir,
ར་ ་ .
Le lendemain matin elle mena son Ne
veu dans la grande Eglise de l'Abbaye
qu'elle avoit fondée , pour lui faire voir
les Sépultures de Marbre de ses Ancêtres,
qu'elle y avoit fait construire ; et entre
les autres celles d'Helene de Melun , femme
de Robert d'Artois , d'Hugues de
Melun , son Ayeul , le même qui l'avoit
deshérité , et d'Anne de Melun son Ayeule
, celle enfin qu'elle avoit fait élever
pour elle-même. Elle lui dit alors , ayant
les larmes aux yeux : » hélas ! mon Ne-
» veu , mon ami , que mon Pere votre
» Ayeul , et ma Soeur votre Grand mere,
* Le Comte de Barlemont étoit Président du
Conseil Royal des Finances , Gouverneur de Namur
Chevalier de la Toison d'Or , &c. J'ai
une Médaille de ce Seigneur frapée en 1576. selon
Laquelle il faut lire BERLAYMONT.
>
"
» s'ils
1112 MERCURE DE FRANCE
» s'ils étoient en vie , jetteroient de lar-
>> mes , et ressentiroient de déplaisirs ,
» aussi-bien que moi , de voir en vous
» l'un de leurs Enfans , ne point croire
» en Dieu , ni en sa Messe , et n'adresser
» ses Prieres qu'à l'ennemi d'enfer , qui
» vous renal ennemi des bonnes oeuvres ,
» ainsi que je l'ai entendu dire à nos bons
>> Peres ! & c.
"
•
Le jeune Neveu étrangement surpris ,
s'écria là- dessus : » Vrai Dieu , ma Tan-
» te , que dites - vous ? Jesus ! seroit- il
> bien possible que vous disiés ceci à bon
» escient , et qu'il y ait eu des gens si
pleins d'impostures et de calomnies
» que de vous avoir voulu persuader tel-
» les éxécrations , qui nous rendroient
indignes de vivre sur la terre ? 11 lui fit
ensuite un détail de sa Créance, lui récita
même l'Oraison Dominicale , le Symbole
, &c. Tout cela fait un Dialogue qui
mérite d'être lû dans le 18. Chap. du pre
mier Tome des Mémoires , on en jugera
par la fin , qui est telle. La Dame écou
ta fort attentivement cette récitation
sans rien repondre , tant que le Neveu
ne parla que de Dieu , de Jesus-Christ
et du S. Esprit , mais lorsqu'il dit qui est
né de la Vierge Marie , et ensuite , je crois
Ja Communion des Saints , & c. Elle se mit
JUIN. 1733. 1113
à crier , » hélas ! mon Neveu , mon ami ,
» est- il possible qu'en vos Oraisons vous
» parliés de la bonne Dame , et fassiés
» mention des Saints Bienheureux ? Or
» venez m'embrasser , puisque cela est :
» car je vous aime comme mon bon Ne-
» veu , et me semble en vous voyant , et
" vous oyant parler , que ma pauvre soeur
» est encore en vie : ô que j'ai de déplai-
» sir que mon Neveu votre Parrain et
» moi , vous avons deshérité : vrayement
je veux essayer à rompre tout cela , et
» vous le jure par la Sainte Vierge : les
» effets néanmoins ne suivirent pas les
» paroles , &c.
>>
t
Il faut convenir , Monsieur , qu'une
telle occasion de parler de la nouvelle
Religion , mieux ménagée , auroit pû
produire quelque bon effet sur l'esprit
du jeune Parent , mais ce n'étoit pas le
moyen sans doute de le faire entrer dans
la bonne voye , que d'employer de pareils
argumens , on ne corrige point l'erreur
par
d'autres erreurs .
Quoiqu'il en soit , le Marquis de Rosny
, en quittant la Dame sa Tante prit
le chemin de Bethune , Ville qu'il avoit
toujours souhaité de voir , et où malgré
sa Religion , opposée à la grande Catholicité
de ses Ancêtres , à celle des Fla-
S
I. Vol. mands
1114 MERCURE DE FRANCE
mands en général , et aux circonstances
du tems , il fut parfaitement bien reçû
régalé du vin de Ville , et honoré en plu
sieurs manieres comme descendu de
l'antique Maison des anciens Seigneurs
de Bethune. Il vit tout ce qui étoit à
voir dans cette Ville , et visita principalement
les Eglises où sont les Mausolées
de ces Seigneurs , d'où il revint en droi
ture à Rosny. 7
L'ordre des tems , qui s'accorde avec
celui de vos demandes , me fait passer ,
Monsicur , de la Religion de Maximilien
de Bethune , à laquelle j'aurai occasion
de revenir , à ses grandeurs temporelles
, récompense de son mérite et de
son attachement à la fortune et aux interêts
d'un grand Prince. Vous voulez
sçavoir d'abord quand et comment il fût
pourvû de la Charge de Grand - Maître
de l'Artillerie , et comment il en fût destitué
après la mort de son cher Maître.
Je crois d'abord trouver la premiere
origine de son élévation à cette Charge
dans l'Evénement de la Bataille de Coutras
, donnée le 20 Octobre 1587. entre
l'Armée Royale , ou plutôt de la Ligue ,
commandée par M. de Joyeuse , et celle
du Roi de Navarre , commandée par ce
Prince en personne , accompagné du
I. Vol. Prince
JUI N. 1733 : 1115
·
Prince de Condé , du Comte de Soissons
; et d'un nombre de Seigneurs des
plus qualifiez , qui suivoient sa Religion
et sa fortune . Le Marquis de Rosny
étoit non seulement des premiers
dans ce nombre ; mais le Roy son
Maître lui commit dans cette importante
journée le soin de tout ce qui regardoit
l'Artillerie , quoiqu'il ne fût encore
âgé que de 28 ans .
>>
,
Je n'oublierai pas ici ce que lui dit ce
vaillant Prince , au moment qu'il se sépara
de sa Personne pour aller éxécuter
ses ordres. » Mon ami Rosny ,
» c'est à ce coup qu'il faut faire paroî-
» tre votre esprit et votre diligence , qui
» nous est mille fois plus nécessaire
» qu'elle n'étoit hier , à cause que le
» corps nous presse , et que de l'Artillerie
bien logée , bien munie et bien exploitée
, dépendra en grande partie le
» gain de la bataille , lequelj'attends de
» Dieu , & c. Les Mémoires qui ont conservé
ce trait , marquent aussi de quelle
maniere le Marquis de Rosny éxécuta
les ordres du Roi , ils détaillent particulierement
l'opération de deux Canons et
d'une Coulevrine , placées et employées
» si à propos , qu'elles firent des mer-
» veilles , ne tirant une seule volée
I. Vol. D » qu'ils
1116 MERCURE DE FRANCE
» qu'ils ne fissent des rues dans les Es
» cadrons et Bataillons du Camp ennemi
, qui étoient jonchées de douze
» quinze , vingt , et quelquefois jusqu'à
vingt- cinq corps d'hommes et
» chevaux ; si bien que les ennemis , &c .
Le reste du Narré mene au gain entier
de la Bataille , dû en bonne partie
à cette vigoureuse canonade , ainsi que
le Roi l'avoit prédit.
Les Auteurs en finissant ce Narré
ajoûtent une circonstance qui ne doit
pas être omise , et qui confirme d'ailleurs
ce que je viens de dire au sujet de
l'Artillerie.
39 Si- tôt que vous vîtes les ennemis
» en déroute ( c'est toujours à M、de
» Rosny qu'ils parlent ) et que sans
» doute la Bataille étant gagnée , vous
» n'aviez plus que faire au Canon : Vous
» montâtes sur votre grand Cheval d'Es-
» pagne Bay , lequel M. de Bois- Breuil
>> vous faisoit tenir prêt derriere les Pié-
» ces , pour essayer d'apprendre des
> nouvelles de Mrs vos Freres que vous
cuidiés être avec M. de Joyeuse , er
» sçavoir aussi en quel état le Roy de
» Navarre étoit , lequel vous rencontrâ-
» tes. par- delà la Garenne , l'épée toute
sanglante au poing , poursuivant la
>>
1. Vol.
vicJUIN.
1733. 1117
>
» victoire et si- tôt qu'il vous apper-
» çût , vous cría ; et bien , mon ami
c'est à ce coup que nous ferons per-
»> dre l'opinion que l'on avoit prise
» que les Huguenots ne gagnoient jamais
de Batailles ; car en celle- ci la
» victoire est toute entiere.... et faut
>> confesser qu'à Dieu seul en appar-
" tient la gloire , car ils étoient deux
» fois aussi forts que nous ; et s'il en
» faut attribuer quelque chose aux hom-
» mes , croyez que M. de Clermont
» vous , et Bois du Lys , y devez avoir
» bonne part ; car vos Piéces ont fait
» merveilles aussi vous promets- je que
» je n'oublierai jamais le service que vous
» m'y avez rendu .
C'est ainsi que lui parla ce Prince
incomparable , et on peut dire qu'il
tint magnifiquement sa parole Royale :
car dès qu'il fût Roi de France , ce
qui arriva deux ans après , il eut une
attention particulière sur la fortune
d'un homme qui le servoit si bien , et
qui ne le quitta pas d'un pas , surtout
aux Batailles d'Arques et d'Ivry qui
suivirent , où l'Artillerie fit encore des
merveilles , et où M. de Rosny emporté
par sa valeur , fut percé de coups.
Enfin , le Roi après l'avoir fait suc-
1. Vol. Dij ces
1118 MERCURE DE FRANCE
· ,
>
après
cessivement Grand Voyer de France
Sur Intendant des Finances
avoir érigé la Baronie de Rosny en
Marquisat , lui accorda en l'année 1599.
la Charge de Grand - Maître de l'Artillerie
, sur la démission de M. d'Etrées
avec la qualité d'Officier de la Couronne
, Charge que ce Prince lui ménageoit
depuis long- tems , et dont il y a lieu de
croire que
la journée de Coutras avoit
été comme le gage. Il fut presque en
même- tems pourvû de la Sur- Intendance
des Bâtimens et de celles des Fortifications
, qui furent suivies du Gouverne
ment de la Bastille , de la grande Maîtrise
des Ports et Havres du Royaume
et du Gouvernement de Poictou,
L'Artillerie avoit asşûrément besoin
d'un Grand - Maître aussi entendu et
aussi vigilant , que l'étoit le Marquis
de Rosny. Tout étoit en désordre à cer
égard dans les Provinces , où il fut obligé
de casser près de 500 Officiers , inuti
les ou mal - intentionnez , et l'Arcenal
étoit dénué presque de toutes choses
quand il en prit possession . Le Roi l'y
vint voir quinze jours après. Il reçût ensuite
un pareil honneur de Charles Emanuel
, Duc de Savoye , qui étoit venu
en France pour traiter en pe sonne d'af-
>
faires importantes.
JUIN. 1733 1119
T
Les Mémoires qui font le détail de
cette visite , marquent une circonstance
qui doit avoir icy sa place.
» Comme M. de Savoye fût arrivé à
» l'Arsenac, il vous demanda aussi- tôt où
» étoient toutes vos Armes , Munitions
» et Artilleries; sur quoi vous vous trouvâtes
bien empêché , ayant honte de
» lui faire voir une Maison si pauvre et
» dénuée de toutes ces choses , qu'étoit
» l'Arsenac ; tellement qu'au lieu d'aller
aux Magazins, vous le menates aux At-
» teliers , ausquels vous faisiez ouvrer à
» puissance; et lors voyant quelques qua-
» rante affuts et rouage , ésquels on tra
» vailloit ; vingt Canons , nouvellement
» fondus , et des provisions et préparatifs
pour en fondre encore autant ; il
» vous demanda que c'est que vous vou-
» liez faire de tant d'Artillerie nouvelle-
» ment fonduë ? Vous lui répondites en
» riant : Monsieur , c'est pour prendre
" Mont-Mélian. Lors il vous demanda
y avez vous été ? Non, Monsieur , dit-
» tes-vous ; vraiement je le vois bien , ré-
' pondit- il , car vous ne diriez pas cela ;
>> Mont-Mélian ne se peut prendre. Bien ,
>> bien , Monsieur , dittes - vous , je vous
» en crois , neanmoins ne mettez pas le
» Roy en cette peine ; s'il me l'avoit
I.Vol. Diij >> com1120
MERCURE DE FRANCE
» commandé j'en viendrois bien à bout
>> mais je veux croire qu'il n'en sera point
» besoin, et que le Roy et vous, vous sé-
»parerez bien contens l'un de l'autre, & c. .
M. de Rosny avoit sans doute ses raisons
pour parler ainsi au Duc de Savoye ,
qui n'oublia rien pour le mettre dans ses
interêts. C'est en partie la matiere du 93
chap. dans le second volume des Mémoires
, où l'on voit que si ce Seigneur refusa
, de la part du Prince , une Boëte de
Diamans , et jusqu'à son Portrait , enrichi
de Pierreries , de trop grand prix , il
ne manqua en rien à son égard du côté
des bienséances et de la politesse . Dans le
même jour que se passa ce que je viens
de rapporter ; il eût l'honneur de traiter
splendidement à souper, dans l'Arsenal ,le
Roy , le Duc de Savoye , les Dames et les
Seigneurs les plus qualifiez de la Cour :
mais revenons à l'Artillerie.
Elle changea absolument de face sous
sa conduite , et l'Arsenal cy - devant si
dépourvu, qu'on n'osoit presque le laisser
voir aux Etrangers , devint , pour ainsi
dire , sous le nouveau Grand- Maître , la
terreur des Ennemis de la France , et cela
dans moins d'une année. Le premier
Prince , à qui la vigilance du Marquis de
Rosny devint fatale fut le Duc de Sa-
1. Vol.
voye
JUIN. 1733. 1121
voye même , et ce qui s'étoit dit dans
l'Arsenal entre ce Prince et le Grand
Maître , par maniere d'entretien et de
plaisanterie , au sujet de Mont - Mélian' ,
devint une affaire sérieuse et une verité
dont les circonstances sont marquées
dans l'Histoire.
»
Je n'en rapporterai icy qu'une. Le Duc
de Savoye refufant d'exécuter le Traité
conclu à Paris , le Roy lui déclara la Guerre
, marcha en personne avec deux corps
d'Armée , qui firent des Exploits rapides
dans la Savoye et dans la Bresse; et Montmélian
, Place prétendue imprénable ,
fut prise ; le Marquis de Rosny se signala
en plusieurs manieres dans cette Expedi
tion , et fit plus que le devoir de sa Charge
, en ne s'exposant que trop par tout.
La diligence de Rosny , dit Mezerai ;
» pourvût. si bien aux Munitions et à
» l'Artillerie , les ayant fait charrier par
» les Rivieres,qu'à la fin de Juillet(1600)
» il eût en ce Païs-là 40 Piéces de Canon
>> et de quoi tirer quarante mille coups.
» Aussi n'oublia -t - il rien en cette occa-
»sion pour se montrer digne de la Char-
>> ge de Grand- Maître de l'Artillerie, dont
» le Roy venoit de l'honorer , l'ayant
» même érigée en Charge de la Couron-
» ne. Deux ans auparavant il lui avoit
-
I. Vol.
D iiij » aussi
Î122 MERCURE DE FRANCE
» aussi donné celle de Grand -Voyer, con-
» noissant qu'il étoit Homme d'ordre et
qu'il pourvoiroit soigneusement à la
» réparation et à l'entretenement des
» Chemins, pour la commodité du Char-
» roy , dont en effet il s'acquitta fort
» bien. Entre autres choses , il obligea les
» Particuliers de planter des Ormes de
» distance en distance dans leurs Terres ,
» sur les bords des grands Chemins , pour
» fournir un jour de bois de Charonage
au roulage de l'Artillerie. On appelle
» encore aujourd'hui ces Arbres des
» Rosnys.
>
C'est à cette occasion de la Guerre de
Savoye , que fût frappée une belle Médaille
d'Henri IV. en opposition et pour
répondre à la Médaille satyrique , que les-
Courtisans du Duc de Savoye firent fraper
peu de temps après qu'il se fût emparé
du Marquisat de Saluces , en profitant
des Troubles de la Ligue. Sur celle - cy on
voyoit d'un côté la tête du Prince , avec
cette Légende : CAR . EM. D.G.Dux Sab .
P. PED . Et sur le Revers , un Centaure
qui en décochant une Fléche pose le pied
sur une Couronne renversée ; ce seul mot
OPPORTUNE se lisoit autour ; et dans
l'Exergue M. D. LXXXVIII . Dans la Médaille
du Roy , la face étoit chargée du
>
I.Vol. Buste
JUIN. 1733. 1123
Buste de ce grand Prince , la tête ceinte
de Laurier, et les épaules couvertes d'une
Peau de Lyon , avec cette Inscription :
ALCIDES HIC NOVUS OR BI . Au revers ,
le Roy , armé d'une Massuë , paroît assommer
d'une main le Centaure abbatu ,"
sur lequel est posé l'un des pieds du Vainqueur
, qui de l'autre main releve une
Couronne , avec ce seul mot : OPPORTUNIUS
. Cette Médaille qui n'est chargée.
d'aucune datte , doit avoir été frappée
dans le courant de l'année 1600.ou avant
le Traité de Paix conclu entre les deux
Princes , en l'année 1601.
Le Marquis de Rosny , qui avoit eu tant
de part aux travaux de son Maître dans
cette Guerre , eut aussi part à sa gloire ; car
quelque tems après on lui frappa une Médaille,
où l'on voit d'un côté sonBuste, avec
cette Légende : MAXI. DE BETHUNE , DUC
DE SULLY.G.M.DE L'ART.DE F.Et sur le revers
, une Aigle élevée dans les Airs , la
tête tournée vers le ciel , tenant dans ses
Serres la Foudre de Jupiter , dont ilsemble
attendre les ordres pour la lancer
avec ces mots : Quo JUSSA Jovis . Dans
l'Exergue M. DC. VII. Cette Devise semble
faire allusion à ce que notre Grand
Maître répondit au Duc de Savoye , au
sujet de Mont-Mélian : Si le Roy m'avoit
1.Vol DY
Ccm1124
MERCURE DE FRANCE
commandé de le prendre,j'en viendrois bien- '
tôt à bout , &c. L'Evenement justifia cette
réponse.» Le Gouverneur de cette Place,
» dit Mezeray , triompha d'abord en pa-
» roles , parce qu'il ne croyoit pas.qu'on
put dresser des Batteries pour l'attaquer;
» mais quand Rosny eut trouvé moyen
» d'en planter à cinq ou six endroits (car
que ne peuvent l'argent et le travail ) sa
» fierté s'amollit tout d'un coup ; il per-
» mit que sa femme nouât conversation
avec celle de Rosny , et ses craintes
» s'augmentant d'heure en heure , il ca-
» pitula le 14 Octobre , &c.
»
Maximilien de Bethune .est qualifié
Duc de Sully sur cette Médaille , parce
qu'en l'année précédente 1606. le Roy
avoit érigé la Baronie de Sully en Duché
et Pairie ; sa reception fut des plus magnifiques
, le Roy ayant assisté au Festin ,
qui fut donné à l'Arsenal , &c. Ce Grand-
Prince lui donna aussi la même année , la
Charge de Capitaine - Lieutenant de deux
cent Hommes d'Armes de la Reine.
Comme la Médaille de ce premier Duc
'de Sully , Grand- Maître de l'Artillerie ,
&c. est assez rare , je vous envoïe la gra
vure , que j'en ai fait faire par une ha-
* Anne de Courtenay , Epouse du Marquis de
Rosny , qui l'avoit suivi dans cette Guerre.
I.Vol bile
JUIN. 1733. 1125
bile main , sur l'Original du Cabinet de
M. le Duc de Sully , que ce Seigneur a
bien voulu me communiquer. Cet Original
est des mieux conservez , et si beau
que je le crois de Germain Dupré , cxcellent
Graveur de ce temps-là , dont
nous avons de tres - belles Médailles. Les
deux autres Médailles dont je viens de
vous parler,de Henry le Grand et du Duc
de Savoye , sont dans mon Cabinet .Vous
pourrez les voir quand vous viendrez à
Paris.
Je suis forcé de renvoyer à une autre
Lettre ce qui me reste à vous dire pour
satisfaire pleinement à toutes vos demandes
, et pour ne point allonger celle - ci
lavantage. Je suis toujours , Monsieur ,
& c .
A Paris , le 25 Avril 1733 .
R. écrite à M. A. C. D. S.T.au sujet du
Marquis de Rosny , depuis Duc de Sully
, &c. contenant quelques Remarques
Historiques.
Ous me Monsieur
quelque satisfaction des Eclaircissemens
contenus dans mes deux Lettres
précédentes , sur la premiere Question
que vous m'avez faite , au sujet du
Marquis de Rosny , premier Ministre
du Roi Henri Le Grand. Cela m'engage
de redoubler mes soins pour répondre
avec la même éxactitude et le même succès
aux autres demandes que vous me
faites sur ce sujet.
و
Instruit par P'Histoire de l'ancienneté
et de la Catholicité de la Maison de Bethune
dont le Marquis de Rosny se
trouvoit le Chef , vous êtes surpris que
ce Seigneur n'ait pas persevere dans la
Religion de ses Ancêtres vous me demandez
la cause de ce changement , à
quoi vous ajoutez deux ou trois autres
Questions , dont la Réponse fera tout le
sujet de cette Lettre.:
1. Fol. Cvi Da1102
MERCURE DE FRANCE
D'abord il est bon de vous dire , Monsieur
, que ce n'est pas le Marquis de
Rosny qui fait la premiere cause de cette
variation . Pour en être bien instruit , il
faut remonter jusqu'à Jean de Bethune
IV. du nom son Ayeul , lequel étant
encore assez jeune épousa Anne de Melun
, qui lui apporta en dot la Baronie
de Rosny , &c. Il en eut plusieurs Enfans
, lesquels eurent un double malheur
; le premier de perdre leur Mere
dans leur bas âge , et le second de voir
remarier leur Pere avec une simple Demoiselle
sans biens. Un troisiéme malheur
, suite des premiers , voulut que
Jean de Bethune n'eut ni ordre , ni oeconomie
dans ses affaires , qu'il s'endetta -
beaucoup , et qu'en mourant enfin retiré
au Château de Coucy , après avoir
aliené ses plus beaux Domaines
il ne
laissa presque rien à ses Enfans : de sorte
que François de Bethune son fils aîné ,
dépouillé de tous les grands biens de ses
Ancêtres , et ne jouissant que de ceux
d'Anne de Melun sa Mere , est comparé
par un Historien au Prince * Jean , surnommé
sans Terre , qui étant fils de Roi ,
se trouva presque sans aucune possession
, & c.
D
* Jean , fils de Henri II . Roi d'Angleterre .
1. Vol.
Ce
JUIN. 1733- 1103
Ce fils aîné épousa en 1557. Charlotte
Dauvet , qui lui donna sept Enfans. Il
s'attacha de bonne heure à Louis de Bourbon
, Prince de Condé , qui étoit alors
le Chef des Huguenots , et fit Profession
de la nouvelle Religion , à l'imitation de
plusieurs Grands Seigneurs , séduits par
les opinions des Novateurs , ou par des
motifs humains. En courant toutes les
fortunes du Prince il se trouva à la Bataille
de Jarnac , où il fut fait Prisonnier ;
j'omets le reste de son histoire pour marquer
seulement qu'en mourant en l'année
1577. il laissa pour Chef de sa Maison
Maximilien de Bethune, son Fils puisné ,
dont il s'agit particulierement ici .
Ce Seigneur suivit les traces de Fran
çois de Bethune son Pere , tant pour la
Religion dans laquelle il étoit né , que
du côté de la Fortune; il pourroit fournir
seul la matière d'une longue Histoire ,
que j'avois eu autrefois dessein d'entreprendre
ce Pere homme vertueux
de bon esprit , et brûlant du
loüable désir de relever sa Maison , avoit
jetté les yeux sur notre Maximilien , le
second des quatre fils qu'il eut de Charlotte
Dauvet.
,
د
Il avoit remarqué en lui non - seulement
une grande vigueur de corps et
I. Vol. d'es
1104 MERCURE DE FRANCE
d'esprit , mais encore une grande inclination
à la vertu , et une forte aversion
pour le vice , ce qui lui ayant fait concevoir
une grande espérance , il le fit appeller
un jour , disent les Mémoires qui
portent son nom , dans sa Chambre de
la Haute Tour , et en la seule présence
de la Durandiere , son Précepteur, il lui
tint un discours que sa briéveté et l'importance
du sujet m'engagent de rappor
ter ici.
» Maximilian , puisque la Coûtume
ne me permet pas de vous faire le prin-
» cipal Héritier de mes biens , je veux en
» récompense essayer de vous enrichir
» de vertus , et par le moyen d'icelles
» comme on me l'a prédit , j'espere que
» vous serez un jour quelque chose . Pré-
» parez- vous donc à supporter avec cou-
» rage , toutes les traverses et difficultez
» que vous rencontrerez dans le monde ,
» ct en les surmontant genereusement ,
acquerez- vous l'estime des gens d'hon-
» neur , et particulierement celle du
» Maître à qui je veux vous donner ; au
Service duquel je vous commande de
» vivre et mourir. Et quand je serai sur
mon partement pour aller à Vendôme
>> trouver la Reine de Navarre , et Mon-
» sieur le Prince son fils , auquel je veux
»
1. Vol. » Yous
JUIN. 1733- 1109
» vous donner , disposez-vous à venir
» avec moi , et vous préparer par une
Harangue à lui offrir votre service
» lors que je lui présenterai votre -Per-
» sonne .
la
Ce Discours pathétique et sensé , écou
té avec attention par un fils né pour
vertu , eut dans les suites tout le succès
que l'affection et la prévoyance d'un sage
Pere pouvoient esperer. Le Pere et le
Fils se rendirent bien-tôt auprès de la
Reine de Navarre , et le jeune Rosny
fut présenté au Prince son Fils , qui étoit
aussi fort jeune.
»
*
» Cela se fit , disent les Auteurs des
» Mémoires , en présence de la Reine sa
mere , avec des protestations que
» vous lui seriez à jamais très - fidele er
n très- obéïssant serviteur : ee que vous.
» lui jurâtes aussi , en si beaux termes
» avec tant de grace et d'assûrance
>> et un ton de voix si agréable , qu'il
conçût dès lors de bonnes espérances de
» vous. Et vous ayant relevé ( car vous
>> étiez à genoux , ) il vous embrassa deux
» fois , et vous dit : qu'il admiroit votre
gentillesse , vû votre âge , qui n'étoit
"
ת
La parole est ici adressée au Marquis de
Rosny , comme dans tout le corps de l'Ouvrage.
I. Vol.
» que
1106 MERCURE DE FRANCE
>>
que de onze années , et que lui aviés
» présenté votre service avec une si gran-
» de facilité , et étiés de si bonne race
» qu'il ne doutoit point qu'un jour vous
» n'en fissiés paroître les effets en vrai
» Gentilhomme . Et aussi vous promit il
» en foi de Prince , qu'en vous recevant
» de fort bon coeur , il vous aimeroit tou-
» jours , et qu'il ne se présenteroit jamais
» occasion de vous faire acquerir du bien
>> et de l'honneur , qu'il ne s'y employât
» de tout son coeur. Tous lesquels dis-
» cours , qui n'étoient lors que par com-
» plimens , ont eu depuis des Evénemens.
» plus avantageux que vous n'aviez ´es-
» péré.
Ces Evénemens que les mêmes Auteurs
ont rapporté fort au long , furent précédez
et mêlez de bien des traversés. La
Religion surtout , dont ce jeune Seigneur
faisoit profession , et qui fait le
principal article de vos demandes , pensa
lui coûter cher , dans la fatale journée
qui vit couler tant de sang François , au
milieu d'une profonde paix. Sa conservation
a quelque chose de singulier et de
merveilleux : elle merite bien que j'en
place ici le petit détail , tiré des mêmes
Mémoires .
» Voici ce que nous vous en avons
1. Vol. » oui
JUIN. 1733. 1107
noui conter : à sçavoir que vous ayant
» fait dessein d'aller faire votre Cour ce
» jour là , vous vous étiés couché la veille
de bonne heure , et que sur les trois
>> heures du matin , vous vous réveillâ-
» tes au bruit de plusieurs cris de peu-
» ples , et des allarmes que l'on sonnoit
» dans tous les Clochers. Le sieur de
» S. Julien , votre Gouverneur , et votre
» Valet de Chambre , ( qui s'étoient aussi
» éveillés au bruit , ) étant sortis de vo-
» tre logis , pour apprendre ce que c'é-
» toit , n'y rentrerent point ; et n'avez-
» vous jamais sçû ce qu'ils étoient deve-
» nus. De sorte qu'étant réduit vous
>> seul dans votre chambre et votre
» Hôte qui étoit de la Religion , vous
» pressant d'aller avec lui à la Messe , afin
» de garantir sa vie et sa maison de sac-
» cagement , vous vous résolûtes d'es-
» sayer à vous sauver dans le College de
Bourgogne.
"3
,
>> Pour ce faire,yous prîtes votre Robbe
>> d'Ecolier , un Livre sous votre bras , et
» vous vous mîtes en chemin . Par les
» ruës vous rencontrâtes trois Corps de
» Garde , l'un à celle de S. Jacques , un
>> autre à celle de la Harpe , et l'autre à
» l'issue du Cloître de S. Benoît. Au pre
» mier ayant été arrêté et rudoyé par
1. Vol. >> ceux
108 MERCURE DE FRANCE
» ceux de la Garde , un d'entr'eux pre
> nant votre Livre , et voyant que , de
» bonheur pour vous , c'étoit de grosses'
» Heures , vous fit passer , ce qui vous
» servit de passeport aux autres. En al-
>> lant vous vîtes enfoncer et piller des
» maisons , massacrer hommes , femmes .
» et enfans , avec les cris de tuë , tuë , ô
»Huguenot , ô Huguenot , ce qui vous
» faisoit souhaiter avec impatience d'être
» arrivé à la porte du College , où enfin
>> Dieu vous accompagna , sans qu'il vous
>> fût arrivé autre mal que la peur.
»
» A l'abord , le Portier vous refusa deux
» fois l'entrée de la porte mais enfin
» moyennant quatre Testons que vous
» lui donnâtes , il alla dire au Principal ,
» nommé la Faye , que vous étiés à la
» porte , et ce que vous demandiez , lequel
aussi- tôt meu de compassion
» étant votre particulier ami , vous vint
» faire entrer , empêché toutefois de ce
» qu'il feroit de vous , à cause de deux
» Ecclésiastiques qui étoient dans sa
» chambre , et qui disoient y avoir des-
» sein formé de tuer tous les Huguenots ,
» jusqu'aux enfans à la mammelle , et ce
à l'exemple des Vêpres Siciliennes .
» Néanmoins , par pitié , ce bon Personnage
vous mit dans une chambre fort
"
I. Vol. ≫ seJUIN.
1733.
1109
» secrette , dans laquelle personne n'en-
» trât que son Valet , qui vous y por-
» toit des vivres , et vous y servît trois
» jours durant , au bout desquels il se
» fit une publication de par le Roi , por-
" tant deffenses de plus tuer ni saccager
>> personne.
» Alors deux Archers de la Garde, Vas-
» saux de M. votre Pere , l'un nommé
» Ferrieres , et l'autre la Vieville , vin-
» rent avec leurs Hocquetons , et Halle-
» bardes à ce College , pour s'enquerir de
» vos nouvelles , et les mander à M. vo-
» tre Pere , qui étoit fort en peine de
» vous , duquel vous reçûtes une Lettre
» trois jours après , par laquelle il vous
mandoit de demeurer à Paris , et d'y
» continuer vos Etudes comme auparavant.
Et pour ce faire il jugeoit bien
qu'il vous faudroit aller à la Messe , à
» quoi il vous falloit résoudre , aussi-
» bien avoit fait votre Maître et beau-
>> coup d'autres : et que sur tout il vou-
» loit que vous courussiez toutes les for-
» tunes de ce Prince jusqu'à la mort
» afin que l'on ne vous pût reprocher de
l'avoir quitté en son adversité : à quoi
» vous vous rendîtes si soigneux , que
» vous en acquires l'estime d'un chacun .
Tout le monde sçait avec quelle exac-
I. Vol. titude
1110 MERCURE DE FRANCE
titude et quelle constante fidelité ce dernier
commandement de courir toutes les
fortunes de ce grand Prince fut éxécuté.
On en peut voir la preuve dans l'Histoire
, et sur tout dans les Mémoires des
Ecrivains que nous avons citez , lesquels
remarquent particulierement qu'au milieu
de toutes ses assiduitez auprès du
Prince , dans ces premiers tems de trouble
et de confusion , le jeune Rosny s'appliquoit
toujours à cultiver son esprit
par des connoissances solides. Ils parlent
en ces termes de cette circonstance ; en
» quelque condition que vous fussiés
» vous preniés toujours le tems de conti-
» nuer vos Etudes , sur tout de l'Histoi
de laquelle vous faisiés déja des Ex-
>> traits , tant pour les moeurs , que pour
» les choses naturelles ; et des Mathéma
>> re ,
tiques , lesquelles occupations fai-
» soient paroître votre inclination à la
>> vertu .
Dans la suite il se présenta une occasion
qui auroit pû , si Dieu l'avoit permis
, servir à éclairer ce jeune Seigneur
et à le faire rentrer dans la Religion de
ses Ancêtres. Il n'avoit qu'environ vingtdeux
ans , lorsqu'en l'année 1581. il lui
prit envie de faire un petit voyage en
Flandres , principalement pour y visiter
la
矍
1
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NAHL
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BETHUN
01
SA
SSA
JUIN. 1733 1111
la Comtesse de Mastin sa Tante . Cette
Tante et le Vicomte de Gand son Ayeul
maternel , et son Parrain , l'avoient deshérité
, lui et François de Bethune son-
Pere , à cause de la Religion, Il partit
muni d'un Passe- port du Comte * de
Barlemont , son Parent et se rendit à
la Bassée , où demeuroit cette Dame. Il
en fut accueilli assez froidement , préve
nuë sur son sujet de la maniere que nous
allons le voir,
ར་ ་ .
Le lendemain matin elle mena son Ne
veu dans la grande Eglise de l'Abbaye
qu'elle avoit fondée , pour lui faire voir
les Sépultures de Marbre de ses Ancêtres,
qu'elle y avoit fait construire ; et entre
les autres celles d'Helene de Melun , femme
de Robert d'Artois , d'Hugues de
Melun , son Ayeul , le même qui l'avoit
deshérité , et d'Anne de Melun son Ayeule
, celle enfin qu'elle avoit fait élever
pour elle-même. Elle lui dit alors , ayant
les larmes aux yeux : » hélas ! mon Ne-
» veu , mon ami , que mon Pere votre
» Ayeul , et ma Soeur votre Grand mere,
* Le Comte de Barlemont étoit Président du
Conseil Royal des Finances , Gouverneur de Namur
Chevalier de la Toison d'Or , &c. J'ai
une Médaille de ce Seigneur frapée en 1576. selon
Laquelle il faut lire BERLAYMONT.
>
"
» s'ils
1112 MERCURE DE FRANCE
» s'ils étoient en vie , jetteroient de lar-
>> mes , et ressentiroient de déplaisirs ,
» aussi-bien que moi , de voir en vous
» l'un de leurs Enfans , ne point croire
» en Dieu , ni en sa Messe , et n'adresser
» ses Prieres qu'à l'ennemi d'enfer , qui
» vous renal ennemi des bonnes oeuvres ,
» ainsi que je l'ai entendu dire à nos bons
>> Peres ! & c.
"
•
Le jeune Neveu étrangement surpris ,
s'écria là- dessus : » Vrai Dieu , ma Tan-
» te , que dites - vous ? Jesus ! seroit- il
> bien possible que vous disiés ceci à bon
» escient , et qu'il y ait eu des gens si
pleins d'impostures et de calomnies
» que de vous avoir voulu persuader tel-
» les éxécrations , qui nous rendroient
indignes de vivre sur la terre ? 11 lui fit
ensuite un détail de sa Créance, lui récita
même l'Oraison Dominicale , le Symbole
, &c. Tout cela fait un Dialogue qui
mérite d'être lû dans le 18. Chap. du pre
mier Tome des Mémoires , on en jugera
par la fin , qui est telle. La Dame écou
ta fort attentivement cette récitation
sans rien repondre , tant que le Neveu
ne parla que de Dieu , de Jesus-Christ
et du S. Esprit , mais lorsqu'il dit qui est
né de la Vierge Marie , et ensuite , je crois
Ja Communion des Saints , & c. Elle se mit
JUIN. 1733. 1113
à crier , » hélas ! mon Neveu , mon ami ,
» est- il possible qu'en vos Oraisons vous
» parliés de la bonne Dame , et fassiés
» mention des Saints Bienheureux ? Or
» venez m'embrasser , puisque cela est :
» car je vous aime comme mon bon Ne-
» veu , et me semble en vous voyant , et
" vous oyant parler , que ma pauvre soeur
» est encore en vie : ô que j'ai de déplai-
» sir que mon Neveu votre Parrain et
» moi , vous avons deshérité : vrayement
je veux essayer à rompre tout cela , et
» vous le jure par la Sainte Vierge : les
» effets néanmoins ne suivirent pas les
» paroles , &c.
>>
t
Il faut convenir , Monsieur , qu'une
telle occasion de parler de la nouvelle
Religion , mieux ménagée , auroit pû
produire quelque bon effet sur l'esprit
du jeune Parent , mais ce n'étoit pas le
moyen sans doute de le faire entrer dans
la bonne voye , que d'employer de pareils
argumens , on ne corrige point l'erreur
par
d'autres erreurs .
Quoiqu'il en soit , le Marquis de Rosny
, en quittant la Dame sa Tante prit
le chemin de Bethune , Ville qu'il avoit
toujours souhaité de voir , et où malgré
sa Religion , opposée à la grande Catholicité
de ses Ancêtres , à celle des Fla-
S
I. Vol. mands
1114 MERCURE DE FRANCE
mands en général , et aux circonstances
du tems , il fut parfaitement bien reçû
régalé du vin de Ville , et honoré en plu
sieurs manieres comme descendu de
l'antique Maison des anciens Seigneurs
de Bethune. Il vit tout ce qui étoit à
voir dans cette Ville , et visita principalement
les Eglises où sont les Mausolées
de ces Seigneurs , d'où il revint en droi
ture à Rosny. 7
L'ordre des tems , qui s'accorde avec
celui de vos demandes , me fait passer ,
Monsicur , de la Religion de Maximilien
de Bethune , à laquelle j'aurai occasion
de revenir , à ses grandeurs temporelles
, récompense de son mérite et de
son attachement à la fortune et aux interêts
d'un grand Prince. Vous voulez
sçavoir d'abord quand et comment il fût
pourvû de la Charge de Grand - Maître
de l'Artillerie , et comment il en fût destitué
après la mort de son cher Maître.
Je crois d'abord trouver la premiere
origine de son élévation à cette Charge
dans l'Evénement de la Bataille de Coutras
, donnée le 20 Octobre 1587. entre
l'Armée Royale , ou plutôt de la Ligue ,
commandée par M. de Joyeuse , et celle
du Roi de Navarre , commandée par ce
Prince en personne , accompagné du
I. Vol. Prince
JUI N. 1733 : 1115
·
Prince de Condé , du Comte de Soissons
; et d'un nombre de Seigneurs des
plus qualifiez , qui suivoient sa Religion
et sa fortune . Le Marquis de Rosny
étoit non seulement des premiers
dans ce nombre ; mais le Roy son
Maître lui commit dans cette importante
journée le soin de tout ce qui regardoit
l'Artillerie , quoiqu'il ne fût encore
âgé que de 28 ans .
>>
,
Je n'oublierai pas ici ce que lui dit ce
vaillant Prince , au moment qu'il se sépara
de sa Personne pour aller éxécuter
ses ordres. » Mon ami Rosny ,
» c'est à ce coup qu'il faut faire paroî-
» tre votre esprit et votre diligence , qui
» nous est mille fois plus nécessaire
» qu'elle n'étoit hier , à cause que le
» corps nous presse , et que de l'Artillerie
bien logée , bien munie et bien exploitée
, dépendra en grande partie le
» gain de la bataille , lequelj'attends de
» Dieu , & c. Les Mémoires qui ont conservé
ce trait , marquent aussi de quelle
maniere le Marquis de Rosny éxécuta
les ordres du Roi , ils détaillent particulierement
l'opération de deux Canons et
d'une Coulevrine , placées et employées
» si à propos , qu'elles firent des mer-
» veilles , ne tirant une seule volée
I. Vol. D » qu'ils
1116 MERCURE DE FRANCE
» qu'ils ne fissent des rues dans les Es
» cadrons et Bataillons du Camp ennemi
, qui étoient jonchées de douze
» quinze , vingt , et quelquefois jusqu'à
vingt- cinq corps d'hommes et
» chevaux ; si bien que les ennemis , &c .
Le reste du Narré mene au gain entier
de la Bataille , dû en bonne partie
à cette vigoureuse canonade , ainsi que
le Roi l'avoit prédit.
Les Auteurs en finissant ce Narré
ajoûtent une circonstance qui ne doit
pas être omise , et qui confirme d'ailleurs
ce que je viens de dire au sujet de
l'Artillerie.
39 Si- tôt que vous vîtes les ennemis
» en déroute ( c'est toujours à M、de
» Rosny qu'ils parlent ) et que sans
» doute la Bataille étant gagnée , vous
» n'aviez plus que faire au Canon : Vous
» montâtes sur votre grand Cheval d'Es-
» pagne Bay , lequel M. de Bois- Breuil
>> vous faisoit tenir prêt derriere les Pié-
» ces , pour essayer d'apprendre des
> nouvelles de Mrs vos Freres que vous
cuidiés être avec M. de Joyeuse , er
» sçavoir aussi en quel état le Roy de
» Navarre étoit , lequel vous rencontrâ-
» tes. par- delà la Garenne , l'épée toute
sanglante au poing , poursuivant la
>>
1. Vol.
vicJUIN.
1733. 1117
>
» victoire et si- tôt qu'il vous apper-
» çût , vous cría ; et bien , mon ami
c'est à ce coup que nous ferons per-
»> dre l'opinion que l'on avoit prise
» que les Huguenots ne gagnoient jamais
de Batailles ; car en celle- ci la
» victoire est toute entiere.... et faut
>> confesser qu'à Dieu seul en appar-
" tient la gloire , car ils étoient deux
» fois aussi forts que nous ; et s'il en
» faut attribuer quelque chose aux hom-
» mes , croyez que M. de Clermont
» vous , et Bois du Lys , y devez avoir
» bonne part ; car vos Piéces ont fait
» merveilles aussi vous promets- je que
» je n'oublierai jamais le service que vous
» m'y avez rendu .
C'est ainsi que lui parla ce Prince
incomparable , et on peut dire qu'il
tint magnifiquement sa parole Royale :
car dès qu'il fût Roi de France , ce
qui arriva deux ans après , il eut une
attention particulière sur la fortune
d'un homme qui le servoit si bien , et
qui ne le quitta pas d'un pas , surtout
aux Batailles d'Arques et d'Ivry qui
suivirent , où l'Artillerie fit encore des
merveilles , et où M. de Rosny emporté
par sa valeur , fut percé de coups.
Enfin , le Roi après l'avoir fait suc-
1. Vol. Dij ces
1118 MERCURE DE FRANCE
· ,
>
après
cessivement Grand Voyer de France
Sur Intendant des Finances
avoir érigé la Baronie de Rosny en
Marquisat , lui accorda en l'année 1599.
la Charge de Grand - Maître de l'Artillerie
, sur la démission de M. d'Etrées
avec la qualité d'Officier de la Couronne
, Charge que ce Prince lui ménageoit
depuis long- tems , et dont il y a lieu de
croire que
la journée de Coutras avoit
été comme le gage. Il fut presque en
même- tems pourvû de la Sur- Intendance
des Bâtimens et de celles des Fortifications
, qui furent suivies du Gouverne
ment de la Bastille , de la grande Maîtrise
des Ports et Havres du Royaume
et du Gouvernement de Poictou,
L'Artillerie avoit asşûrément besoin
d'un Grand - Maître aussi entendu et
aussi vigilant , que l'étoit le Marquis
de Rosny. Tout étoit en désordre à cer
égard dans les Provinces , où il fut obligé
de casser près de 500 Officiers , inuti
les ou mal - intentionnez , et l'Arcenal
étoit dénué presque de toutes choses
quand il en prit possession . Le Roi l'y
vint voir quinze jours après. Il reçût ensuite
un pareil honneur de Charles Emanuel
, Duc de Savoye , qui étoit venu
en France pour traiter en pe sonne d'af-
>
faires importantes.
JUIN. 1733 1119
T
Les Mémoires qui font le détail de
cette visite , marquent une circonstance
qui doit avoir icy sa place.
» Comme M. de Savoye fût arrivé à
» l'Arsenac, il vous demanda aussi- tôt où
» étoient toutes vos Armes , Munitions
» et Artilleries; sur quoi vous vous trouvâtes
bien empêché , ayant honte de
» lui faire voir une Maison si pauvre et
» dénuée de toutes ces choses , qu'étoit
» l'Arsenac ; tellement qu'au lieu d'aller
aux Magazins, vous le menates aux At-
» teliers , ausquels vous faisiez ouvrer à
» puissance; et lors voyant quelques qua-
» rante affuts et rouage , ésquels on tra
» vailloit ; vingt Canons , nouvellement
» fondus , et des provisions et préparatifs
pour en fondre encore autant ; il
» vous demanda que c'est que vous vou-
» liez faire de tant d'Artillerie nouvelle-
» ment fonduë ? Vous lui répondites en
» riant : Monsieur , c'est pour prendre
" Mont-Mélian. Lors il vous demanda
y avez vous été ? Non, Monsieur , dit-
» tes-vous ; vraiement je le vois bien , ré-
' pondit- il , car vous ne diriez pas cela ;
>> Mont-Mélian ne se peut prendre. Bien ,
>> bien , Monsieur , dittes - vous , je vous
» en crois , neanmoins ne mettez pas le
» Roy en cette peine ; s'il me l'avoit
I.Vol. Diij >> com1120
MERCURE DE FRANCE
» commandé j'en viendrois bien à bout
>> mais je veux croire qu'il n'en sera point
» besoin, et que le Roy et vous, vous sé-
»parerez bien contens l'un de l'autre, & c. .
M. de Rosny avoit sans doute ses raisons
pour parler ainsi au Duc de Savoye ,
qui n'oublia rien pour le mettre dans ses
interêts. C'est en partie la matiere du 93
chap. dans le second volume des Mémoires
, où l'on voit que si ce Seigneur refusa
, de la part du Prince , une Boëte de
Diamans , et jusqu'à son Portrait , enrichi
de Pierreries , de trop grand prix , il
ne manqua en rien à son égard du côté
des bienséances et de la politesse . Dans le
même jour que se passa ce que je viens
de rapporter ; il eût l'honneur de traiter
splendidement à souper, dans l'Arsenal ,le
Roy , le Duc de Savoye , les Dames et les
Seigneurs les plus qualifiez de la Cour :
mais revenons à l'Artillerie.
Elle changea absolument de face sous
sa conduite , et l'Arsenal cy - devant si
dépourvu, qu'on n'osoit presque le laisser
voir aux Etrangers , devint , pour ainsi
dire , sous le nouveau Grand- Maître , la
terreur des Ennemis de la France , et cela
dans moins d'une année. Le premier
Prince , à qui la vigilance du Marquis de
Rosny devint fatale fut le Duc de Sa-
1. Vol.
voye
JUIN. 1733. 1121
voye même , et ce qui s'étoit dit dans
l'Arsenal entre ce Prince et le Grand
Maître , par maniere d'entretien et de
plaisanterie , au sujet de Mont - Mélian' ,
devint une affaire sérieuse et une verité
dont les circonstances sont marquées
dans l'Histoire.
»
Je n'en rapporterai icy qu'une. Le Duc
de Savoye refufant d'exécuter le Traité
conclu à Paris , le Roy lui déclara la Guerre
, marcha en personne avec deux corps
d'Armée , qui firent des Exploits rapides
dans la Savoye et dans la Bresse; et Montmélian
, Place prétendue imprénable ,
fut prise ; le Marquis de Rosny se signala
en plusieurs manieres dans cette Expedi
tion , et fit plus que le devoir de sa Charge
, en ne s'exposant que trop par tout.
La diligence de Rosny , dit Mezerai ;
» pourvût. si bien aux Munitions et à
» l'Artillerie , les ayant fait charrier par
» les Rivieres,qu'à la fin de Juillet(1600)
» il eût en ce Païs-là 40 Piéces de Canon
>> et de quoi tirer quarante mille coups.
» Aussi n'oublia -t - il rien en cette occa-
»sion pour se montrer digne de la Char-
>> ge de Grand- Maître de l'Artillerie, dont
» le Roy venoit de l'honorer , l'ayant
» même érigée en Charge de la Couron-
» ne. Deux ans auparavant il lui avoit
-
I. Vol.
D iiij » aussi
Î122 MERCURE DE FRANCE
» aussi donné celle de Grand -Voyer, con-
» noissant qu'il étoit Homme d'ordre et
qu'il pourvoiroit soigneusement à la
» réparation et à l'entretenement des
» Chemins, pour la commodité du Char-
» roy , dont en effet il s'acquitta fort
» bien. Entre autres choses , il obligea les
» Particuliers de planter des Ormes de
» distance en distance dans leurs Terres ,
» sur les bords des grands Chemins , pour
» fournir un jour de bois de Charonage
au roulage de l'Artillerie. On appelle
» encore aujourd'hui ces Arbres des
» Rosnys.
>
C'est à cette occasion de la Guerre de
Savoye , que fût frappée une belle Médaille
d'Henri IV. en opposition et pour
répondre à la Médaille satyrique , que les-
Courtisans du Duc de Savoye firent fraper
peu de temps après qu'il se fût emparé
du Marquisat de Saluces , en profitant
des Troubles de la Ligue. Sur celle - cy on
voyoit d'un côté la tête du Prince , avec
cette Légende : CAR . EM. D.G.Dux Sab .
P. PED . Et sur le Revers , un Centaure
qui en décochant une Fléche pose le pied
sur une Couronne renversée ; ce seul mot
OPPORTUNE se lisoit autour ; et dans
l'Exergue M. D. LXXXVIII . Dans la Médaille
du Roy , la face étoit chargée du
>
I.Vol. Buste
JUIN. 1733. 1123
Buste de ce grand Prince , la tête ceinte
de Laurier, et les épaules couvertes d'une
Peau de Lyon , avec cette Inscription :
ALCIDES HIC NOVUS OR BI . Au revers ,
le Roy , armé d'une Massuë , paroît assommer
d'une main le Centaure abbatu ,"
sur lequel est posé l'un des pieds du Vainqueur
, qui de l'autre main releve une
Couronne , avec ce seul mot : OPPORTUNIUS
. Cette Médaille qui n'est chargée.
d'aucune datte , doit avoir été frappée
dans le courant de l'année 1600.ou avant
le Traité de Paix conclu entre les deux
Princes , en l'année 1601.
Le Marquis de Rosny , qui avoit eu tant
de part aux travaux de son Maître dans
cette Guerre , eut aussi part à sa gloire ; car
quelque tems après on lui frappa une Médaille,
où l'on voit d'un côté sonBuste, avec
cette Légende : MAXI. DE BETHUNE , DUC
DE SULLY.G.M.DE L'ART.DE F.Et sur le revers
, une Aigle élevée dans les Airs , la
tête tournée vers le ciel , tenant dans ses
Serres la Foudre de Jupiter , dont ilsemble
attendre les ordres pour la lancer
avec ces mots : Quo JUSSA Jovis . Dans
l'Exergue M. DC. VII. Cette Devise semble
faire allusion à ce que notre Grand
Maître répondit au Duc de Savoye , au
sujet de Mont-Mélian : Si le Roy m'avoit
1.Vol DY
Ccm1124
MERCURE DE FRANCE
commandé de le prendre,j'en viendrois bien- '
tôt à bout , &c. L'Evenement justifia cette
réponse.» Le Gouverneur de cette Place,
» dit Mezeray , triompha d'abord en pa-
» roles , parce qu'il ne croyoit pas.qu'on
put dresser des Batteries pour l'attaquer;
» mais quand Rosny eut trouvé moyen
» d'en planter à cinq ou six endroits (car
que ne peuvent l'argent et le travail ) sa
» fierté s'amollit tout d'un coup ; il per-
» mit que sa femme nouât conversation
avec celle de Rosny , et ses craintes
» s'augmentant d'heure en heure , il ca-
» pitula le 14 Octobre , &c.
»
Maximilien de Bethune .est qualifié
Duc de Sully sur cette Médaille , parce
qu'en l'année précédente 1606. le Roy
avoit érigé la Baronie de Sully en Duché
et Pairie ; sa reception fut des plus magnifiques
, le Roy ayant assisté au Festin ,
qui fut donné à l'Arsenal , &c. Ce Grand-
Prince lui donna aussi la même année , la
Charge de Capitaine - Lieutenant de deux
cent Hommes d'Armes de la Reine.
Comme la Médaille de ce premier Duc
'de Sully , Grand- Maître de l'Artillerie ,
&c. est assez rare , je vous envoïe la gra
vure , que j'en ai fait faire par une ha-
* Anne de Courtenay , Epouse du Marquis de
Rosny , qui l'avoit suivi dans cette Guerre.
I.Vol bile
JUIN. 1733. 1125
bile main , sur l'Original du Cabinet de
M. le Duc de Sully , que ce Seigneur a
bien voulu me communiquer. Cet Original
est des mieux conservez , et si beau
que je le crois de Germain Dupré , cxcellent
Graveur de ce temps-là , dont
nous avons de tres - belles Médailles. Les
deux autres Médailles dont je viens de
vous parler,de Henry le Grand et du Duc
de Savoye , sont dans mon Cabinet .Vous
pourrez les voir quand vous viendrez à
Paris.
Je suis forcé de renvoyer à une autre
Lettre ce qui me reste à vous dire pour
satisfaire pleinement à toutes vos demandes
, et pour ne point allonger celle - ci
lavantage. Je suis toujours , Monsieur ,
& c .
A Paris , le 25 Avril 1733 .
Fermer
Résumé : TROISIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. A. C. D. S. T. au sujet du Marquis de Rosny, depuis Duc de Sully, &c. contenant quelques Remarques Historiques.
La troisième lettre de M. D. L. à M. A. C. D. S. T. traite de la vie et de la conversion religieuse du Marquis de Rosny, devenu Duc de Sully. L'auteur répond à des questions sur les raisons de cette conversion et sur l'histoire de la famille Bethune. Jean de Bethune IV, ancêtre de Rosny, avait épousé Anne de Melun, apportant ainsi la Baronie de Rosny en dot. Après la mort de sa première épouse, il se remaria et dilapida ses biens, laissant ses enfants dans une situation précaire. François de Bethune, fils aîné de Jean, épousa Charlotte Dauvet et eut sept enfants. Il s'attacha au Prince de Condé et adopta la religion protestante. Son fils Maximilien, futur Marquis de Rosny, suivit ses traces. François, conscient des qualités de Maximilien, le prépara à servir le Prince de Condé, futur Henri IV. Maximilien fut présenté au Prince et jura fidélité, débutant ainsi une carrière marquée par la fidélité et l'excellence. Lors du massacre de la Saint-Barthélemy, Maximilien échappa à la mort en se déguisant et en se réfugiant au Collège de Bourgogne. Il continua ses études et servit fidèlement Henri IV, cultivant son esprit par des connaissances solides en histoire et en mathématiques. En 1581, il visita sa tante en Flandres, mais celle-ci, en raison de sa religion, l'accueillit froidement. Malgré les tentatives de retour à la foi catholique, Maximilien resta protestant et continua à servir Henri IV avec dévouement. La carrière militaire de Rosny fut marquée par des événements cruciaux, notamment la bataille de Coutras en 1587, où il dirigea l'artillerie pour le Roi de Navarre. Cette victoire fut en grande partie due à l'efficacité de l'artillerie dirigée par Rosny. Après la bataille, le Roi de Navarre exprima sa gratitude et reconnut l'importance de Rosny dans la victoire. Rosny reçut plusieurs charges et honneurs, notamment celle de Grand Maître de l'Artillerie en 1599, après avoir été successivement Grand Voyer de France et Surintendant des Finances. Il réorganisa l'artillerie, cassa des officiers inutiles ou mal intentionnés, et modernisa l'arsenal. Sa gestion fut si efficace que l'arsenal devint une terreur pour les ennemis de la France. Lors de la guerre contre le Duc de Savoie, Rosny joua un rôle clé en assurant les munitions et l'artillerie, contribuant à la prise de Montmélian. Sa diligence et son organisation furent saluées par Mezeray. Rosny avait également été chargé de la réparation et de l'entretien des chemins, obligeant les particuliers à planter des ormes pour le charroi de l'artillerie. Ces arbres sont encore appelés 'les Rosnys' de nos jours. Maximilien de Bethune fut élevé au rang de Duc de Sully en 1606, et reçut la charge de Capitaine-Lieutenant de deux cents hommes d'armes de la Reine la même année.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
61
p. 1404-1408
Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Début :
Briasson, Acquereur du Traité de l'Opinion, a fait relier cet Ouvrage en dix [...]
Mots clefs :
Gilbert-Charles Le Gendre, Saint-Aubin-sur-Loire, Chevalier, Seigneur, Conseiller, Trésorier de France, Maître des requêtes, Cabinet du roi, Parlement, Jeton
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Briasson , Acquereur du Traité de l'Opinion
, a fait relier cet Ouvrage en dix
volumes. L'Auteur a trouvé bon d'être
nommé dans les nouveaux Frontispices.
C'est Gilbert- Charles le Gendre , Marquis.
II. Vol.
de
JUIN. 1733. 1405
·
de S. Aubin sur Loire , cy - devant Maître
des Requêtes.
Il est fils de Charles le Gendre , Chevalier
Seigneur de S. Aubin sur Loire ,
Conseiller au Grand- Conseil , dont la
mort est marquée dans le Mercure du
mois d'Avril 1752.
Le grand- pere de Gilbert- Charles le
Gendre de S. Aubin , a été Charles le
Gendre , Chevalier , Seigneur de S. Aubin
sur Loire , Ecuyer Ordinaire de
Henriette d'Angleterre , premiere femme
de Philippe de France , Duc d'Orleans.
Son Bisaïeul a été Paul le Gendre ,
Chevalier Seigneur de S. Aubin sur Loire
, Maître d'Hôtel de Louis XIII. par
Brévet , signé Louis , et plus bas de Lomenie
, du 3. Février 1634. enregistré
en la Chambre aux Deniers le 14, des mêmes
mois et an. Son nom , ses qualitez
et ses armes se voyent dans son Epitaphe
, en l'Eglise de S. Pierre à Moulins.
Paul le Gendre de S. Aubin , Maître
d'Hôtel du Roy , étoit frere de Jacques
le Gendre , Chevalier Seigneur de Lormoy
, Conseiller d'Etat par Brévet du
15. Janvier 1626. La réception dudit
sieur le Gendre et sa prestation de serment
ès mains de M. d'Aligre , Chancelier
, est du 20. Janvier suivant.
II. Vol. Giiij Jacques
1406 MERCURE DE FRANCE
Jacques le Gendre de Lormoy , Conseiller
d'Etat , a laisé Paul le Gendre
Chevalier Seigneur de Lormoy , Secretaire
du Cabinet de Louis XIII. et de-
Louis XIV . et Maître des Requêtes , décedé
dans sa 96. année en 1713. Le feu
Roy , qui l'avoit vû à la Cour pendant
70. ans , l'appelloit le plus ancien de ses
Domestiques.
›
Il a été Pere de Gaspard - François le
Gendre , Maître des Requêtes et Inten- ,
dant des Generalitez de Montauban
d'Auch et de Tours , qui a deux fils
François-Paul le Gendre , Conseiller au
Parlement , et Leon le Gendre de Lormoy
, Mestre de Camp du Régiment Colonel
Géneral de la Cavalerie ou de la
Cornette Blanche.
Paul le Gendre de Lormoy , Secretaire
du Cabinet , a eu deux freres , Jacques
le Gendre , Chanoine de Notre- Dame de
Paris et Abbé d'Anzy le - Duc , décedé
en 1705. et Claude le Gendre , qui étant
Cornette dans le Mestre de Camp Géneral
de la Cavalerie , fut pris par les
Espagnols en 1655. et mourut à l'âge
de 17. ans de ses blessures. Il en est
parlé dans les Mémoires de Bussy sur
la Campagne de 1655. T. 2. in 4. p. 14.
Jacques le Gendre de Lormoy , Con-
II. Vol. seiller
JUIN. 1733
1407
seiller d'Etat , et Paul le Gendre de Saint
Aubin , Maître d'Hôtel du Roy , étoient
fils de Jean le Gendre , Chevalier , Contrôleur
Géneral de la Marine , qui fur
chargé par Henry IV. d'entendre les propositions
faites par Antoine Perez , Ministre
disgracié de Philippe II. aur sujet
de l'augmentation de la Marine en France.
On trouve plus anciennement Claude
le Gendre , Capinaine de so . Hommes
d'Armes en 1526. Pierre le Gendre , Chanoine
de Notre - Dame de Paris , reçû
Conseiller Clerc au Parlement en 1496.
et Pierre le Gendre , Chevalier , Seigneur
d'Alincourt, Trésorier de France et Géneral
des Finances , qui épousa en premieres
Nôces Jeanne Poncher , Soeur d'Etienne
Poncher , Evêque de Paris , puis Archevêque
de Sens , et en secondes Nôces Charlotte
Briçonnet. La premiere déceda sans
enfans ; la seconde n'eut que deux filles
qui moururent le même jour , ainsi que
M.de Thou l'a remarqué.Par ces deux Mariages
Pierre le Gendre, Trésorier de Fran
ce , fut beau frere et neveu de deux Premiers
Ministres.
›
Il y a dans le Cabinet du Roy , un Jetton
frappé aux Armes des le Gendre
qui sont d'azur à la face d'argent, accompagnée
de trois têtes de filles échevelées
11. Vol. d'or G V
1408 MERCURE DE FRANCE
* d'or. Il est écrit sur ce Jetton : Pietrc
le Gendre , Trésorier de France du Roy
Lois douzeïesme de ce nom. Dans plu
sieurs Cabinets de Curieux , on voit un
autre Jetton frappé aux mêmes Armes, sur
lequel il est écrit : P. le Gendre , Cheva
lier , Trésorier de France ; et au revers on
lit : Judica me Deus , et . discerne causam
meam. Ces Armes sont sculptées anciennément
sur une Porte de la Ville de
Magny, et à Paris , .aux Saints Innocents,
à la Chapelle du S. Sépulchre , en dehors.
La Terre de S. Aubin sur Loire , a été
érigée en Marquisat par Lettres du grand
Sceau , datées d'Avril 1717. registrées au
Parlement et à la Chambre des Comptes
de Bourgogne.
, a fait relier cet Ouvrage en dix
volumes. L'Auteur a trouvé bon d'être
nommé dans les nouveaux Frontispices.
C'est Gilbert- Charles le Gendre , Marquis.
II. Vol.
de
JUIN. 1733. 1405
·
de S. Aubin sur Loire , cy - devant Maître
des Requêtes.
Il est fils de Charles le Gendre , Chevalier
Seigneur de S. Aubin sur Loire ,
Conseiller au Grand- Conseil , dont la
mort est marquée dans le Mercure du
mois d'Avril 1752.
Le grand- pere de Gilbert- Charles le
Gendre de S. Aubin , a été Charles le
Gendre , Chevalier , Seigneur de S. Aubin
sur Loire , Ecuyer Ordinaire de
Henriette d'Angleterre , premiere femme
de Philippe de France , Duc d'Orleans.
Son Bisaïeul a été Paul le Gendre ,
Chevalier Seigneur de S. Aubin sur Loire
, Maître d'Hôtel de Louis XIII. par
Brévet , signé Louis , et plus bas de Lomenie
, du 3. Février 1634. enregistré
en la Chambre aux Deniers le 14, des mêmes
mois et an. Son nom , ses qualitez
et ses armes se voyent dans son Epitaphe
, en l'Eglise de S. Pierre à Moulins.
Paul le Gendre de S. Aubin , Maître
d'Hôtel du Roy , étoit frere de Jacques
le Gendre , Chevalier Seigneur de Lormoy
, Conseiller d'Etat par Brévet du
15. Janvier 1626. La réception dudit
sieur le Gendre et sa prestation de serment
ès mains de M. d'Aligre , Chancelier
, est du 20. Janvier suivant.
II. Vol. Giiij Jacques
1406 MERCURE DE FRANCE
Jacques le Gendre de Lormoy , Conseiller
d'Etat , a laisé Paul le Gendre
Chevalier Seigneur de Lormoy , Secretaire
du Cabinet de Louis XIII. et de-
Louis XIV . et Maître des Requêtes , décedé
dans sa 96. année en 1713. Le feu
Roy , qui l'avoit vû à la Cour pendant
70. ans , l'appelloit le plus ancien de ses
Domestiques.
›
Il a été Pere de Gaspard - François le
Gendre , Maître des Requêtes et Inten- ,
dant des Generalitez de Montauban
d'Auch et de Tours , qui a deux fils
François-Paul le Gendre , Conseiller au
Parlement , et Leon le Gendre de Lormoy
, Mestre de Camp du Régiment Colonel
Géneral de la Cavalerie ou de la
Cornette Blanche.
Paul le Gendre de Lormoy , Secretaire
du Cabinet , a eu deux freres , Jacques
le Gendre , Chanoine de Notre- Dame de
Paris et Abbé d'Anzy le - Duc , décedé
en 1705. et Claude le Gendre , qui étant
Cornette dans le Mestre de Camp Géneral
de la Cavalerie , fut pris par les
Espagnols en 1655. et mourut à l'âge
de 17. ans de ses blessures. Il en est
parlé dans les Mémoires de Bussy sur
la Campagne de 1655. T. 2. in 4. p. 14.
Jacques le Gendre de Lormoy , Con-
II. Vol. seiller
JUIN. 1733
1407
seiller d'Etat , et Paul le Gendre de Saint
Aubin , Maître d'Hôtel du Roy , étoient
fils de Jean le Gendre , Chevalier , Contrôleur
Géneral de la Marine , qui fur
chargé par Henry IV. d'entendre les propositions
faites par Antoine Perez , Ministre
disgracié de Philippe II. aur sujet
de l'augmentation de la Marine en France.
On trouve plus anciennement Claude
le Gendre , Capinaine de so . Hommes
d'Armes en 1526. Pierre le Gendre , Chanoine
de Notre - Dame de Paris , reçû
Conseiller Clerc au Parlement en 1496.
et Pierre le Gendre , Chevalier , Seigneur
d'Alincourt, Trésorier de France et Géneral
des Finances , qui épousa en premieres
Nôces Jeanne Poncher , Soeur d'Etienne
Poncher , Evêque de Paris , puis Archevêque
de Sens , et en secondes Nôces Charlotte
Briçonnet. La premiere déceda sans
enfans ; la seconde n'eut que deux filles
qui moururent le même jour , ainsi que
M.de Thou l'a remarqué.Par ces deux Mariages
Pierre le Gendre, Trésorier de Fran
ce , fut beau frere et neveu de deux Premiers
Ministres.
›
Il y a dans le Cabinet du Roy , un Jetton
frappé aux Armes des le Gendre
qui sont d'azur à la face d'argent, accompagnée
de trois têtes de filles échevelées
11. Vol. d'or G V
1408 MERCURE DE FRANCE
* d'or. Il est écrit sur ce Jetton : Pietrc
le Gendre , Trésorier de France du Roy
Lois douzeïesme de ce nom. Dans plu
sieurs Cabinets de Curieux , on voit un
autre Jetton frappé aux mêmes Armes, sur
lequel il est écrit : P. le Gendre , Cheva
lier , Trésorier de France ; et au revers on
lit : Judica me Deus , et . discerne causam
meam. Ces Armes sont sculptées anciennément
sur une Porte de la Ville de
Magny, et à Paris , .aux Saints Innocents,
à la Chapelle du S. Sépulchre , en dehors.
La Terre de S. Aubin sur Loire , a été
érigée en Marquisat par Lettres du grand
Sceau , datées d'Avril 1717. registrées au
Parlement et à la Chambre des Comptes
de Bourgogne.
Fermer
Résumé : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente la famille Le Gendre et ses membres notables. Briasson a publié le 'Traité de l'Opinion' en dix volumes, attribuant la paternité de l'œuvre à Gilbert-Charles Le Gendre, Marquis de Saint-Aubin-sur-Loire. Gilbert-Charles est le fils de Charles Le Gendre, Chevalier et Seigneur de Saint-Aubin-sur-Loire, décédé en avril 1752. Son grand-père, également nommé Charles Le Gendre, était Écuyer Ordinaire d'Henriette d'Angleterre. Paul Le Gendre, arrière-grand-père de Gilbert-Charles, fut Maître d'Hôtel de Louis XIII. Jacques Le Gendre, frère de Paul, occupa la fonction de Conseiller d'État. Paul Le Gendre de Lormoy, Secrétaire du Cabinet de Louis XIII et Louis XIV, décéda à l'âge de 96 ans en 1713. Il avait deux frères : Jacques, Chanoine de Notre-Dame de Paris, et Claude, mort à 17 ans en 1755. Jean Le Gendre, père de Jacques et Paul, fut Contrôleur Général de la Marine sous Henri IV. Le texte mentionne également des ancêtres plus lointains, tels que Claude Le Gendre, Capitaine en 1526, et Pierre Le Gendre, Trésorier de France. Les armes de la famille Le Gendre sont décrites et présentes sur divers objets et lieux. La terre de Saint-Aubin-sur-Loire fut érigée en marquisat en 1717.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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62
p. 1615-1622
RÉPONSE à M. D. L. R. sur un Mémoire venu d'Amiens, au sujet de quelques cérémonies de la premiere Entrée des Evêques de cette Ville.
Début :
L'Ecrit dont vous m'avez prié de faire la lecture, renferme plusieurs choses curieuses, [...]
Mots clefs :
Évêque, Entrée, Amiens, Seigneur, Rivery, Cahors, Cessac, Seigneurs, Sentence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à M. D. L. R. sur un Mémoire venu d'Amiens, au sujet de quelques cérémonies de la premiere Entrée des Evêques de cette Ville.
REPONSE à M. D. L. R. sur un
Mémoire venu d'Amiens , au sujet de
quelques cérémonies de la premiere Entrée
des Evêques de cette Ville.
L'E
' Ecrit dont vous m'avez prié de faire la lecture
, renferme plusieurs choses curieuses ,
mais qui ne m'ont paru devoir agréer au Lecteur
qu'autant qu'il y aura un ordre plus méthodique
dans les matieres qui le composent.
M. Boullanger de Rivery est bien- aise que le
Public soit informé dans le temps de la vacance
du Siége Episcopal d'Amiens , de ce qui doit
Giiij être
1616 MERCURE DE FRANCE
être pratiqué à l'Entrée du futur Evêque , et sur
tout de la part qu'il doit prendre lui- même à
cette cérémonie. Ce qu'il marque dans cet Ecrit,
auquel il donne le nom de Manifeste , se voit
représenté à Amiens, dans une Tapisserie de l'Eglise
de S.Firmin le Confès . L'on y voit l'Entrée
d'un Evêque d'Amiens, dans sa ville Episcopale;
à son Joyeux Avenement. Le Prélat est monté
sur une Mule ; le Seigneur de Rivery portant
l'Ecu de ses Armes ( qui sont de Gueules à trois
pals de vair , au franc quartier d'or ) tient la
bride de la Mule , et conduit ainsi l'Evêque,suivi
de la Noblesse et du Peuple.On nous laisse ignorer
dans cet Ecrit les autres circonstances de
cette cérémonie ; mais on n'oublie point de remarquer
que le Seigneur de Rivery ayant servi
le Prélat à la descente de sa monture , est en
droit de revendiquer la Mule , comme à lui appartenante
, et même la Vaisselle servie aux Festins
de ce jour solemuel.
Cet usage ancien , attesté par M de la Morliere
, Chanoine de la Cathédrale d'Amiens et
Historiographe du Païs a été pratiqué dans
les Entrées de Messire Antoine de Créqui , le
1 Janvier 1564. dans celle de M. Geoffroy de la
Marthonie , le 25 Mars 1577. de M. François
le Febvre de Caumartin , le 1 Juillet 1618 et
trois Evêques depuis ce temps - là , qui sont
M. Favre , M. Feydeau de Brou et M Pierre
Sabatier, le dernier décédé , ont reconnu ce droit
du Seigneur de Rivery
Pour ce qui est de son origine , M Boullanger
de Rivery en fait la date bien ancienne dans
son Imprimé , puisqu'il ne craint point de remonter
jusqu'à S. Firmin , premier Evêque d'Amiens.
Sans le suivre dans les preuves qu'il a
apporté
JUILLET. 1733. 1617
apporté , que ce S. Apôtre du Païs a été le premier
Auteur des Institutions de Fiefs, dans la Ville
et Diocèse d'Amiens ; il me permettra de commencer
par douter de tout ce qu'il dit , qu'on
peut tirer tant des Chartes de l'Hôtel de Ville
de l'Evêché , et du Chapitre , que de celles des Seigneurs
de Picquigny et du Vidame d'Amiens .
En effet , si on y trouve ce qu'il dit y être ;
sçavoir , que de Puissans Seigneurs temporels
qui ne reconnoissoient aacun Souverain ni Seigneur
au dessus d'eux , voulurent bien avoüer tenir
leurs Terres et Seigneuries de S. Firmin ; et que
ce Saint Evêque , en reconnoissance , chargea
ses successeurs , lorsqu'ils recevroient le même
hommage à leur premiere Entrée, de gratifier le
principal de ces Seigneurs , de l'Anneau d'or
qu'ils porteroient au doigt ; et l'un des autres ,
de la monture sur laquelle ils feroient cette Entrée
, ce sont des faits sujets à revision , et sur
lesquels la Critique peut avoir de quoi s'exercer.
Il peut d'abord paroître extraordinaire
qu'un Evêque mort martyr , sous l'Empire de
Dioclétien , eut eu la derniere volonté qu'on lui
prête.
Au reste , je ne doute pas plus du droit qu'ont
le Vidame d'Amiens , et le Seigneur de Rivery
sur l'Anneau et sur la Mule de l'Evêque, qui fait
sa premiere Entrée â Amiens , que de celui qu'a
l'Evêque d'exiger d'eux l'hommage et la soumission
qui sont d'ancienne tradition ; je regarde
ces droits comme imprescriptibles de part
et d'autre , ainsi que le dit M. de Rivery ; mais
je suis persuadé qu'il ne convient aucunement
d'en faire remonter l'Epoque au troisiéme ou
quatrième siècle.
Ce qu'il dit dès le commencement de son Ma-
G v nifeste
16 : 3 MERCURE DE FRANCE
>
nifeste , touchant l'Eglise de Rome , qui étane.
opprimée par les Lombards se choisit des
Avouez ou Deffenseurs , même parmi les Têtes
Couronnées , et ce qu'il ajoute plus bas , touchant
les Evêques et les Monasteres , qui se
choisirent pareillement des Deffenseurs pour les
proteger contre les incursions des Tyrans ou
des Barbares , peut suffire pour fixer à quelques.
siecles près , l'origine de ces devoirs respectifs
et mutuels , entre les Seigneurs Ecclesiastiques,
et les seigneurs Laïques. Vous touchez , M.quel
que choses de ces Avouez, qu'on appelloit Porte-
Oriflammes ou Porte- Etendards , dans votre Jour
nal de Mars dernier , à la page 480 .
" Les exemples que M. Boullanger de Rivery.
apporte pour appuyer l'usage qui s'observe as
Amiens , sont excellens pour insinuer qu'il ne
conviendroit point de l'abolir. Il extrait de la
Gazette de France , du 9 May 1701. que le Pape
Cement XI . monta à Cheval dans le Jardin de
son Palais , le & Avril 1701. et qu'il s'exerça
pour la Cavalcade qu'il devoit faire le lende
main , jour de son 'Entrée publique , que le Prince
de Parme tint la bride du Cheval , et le Connêtable
l'Etrier il ajoute qu'il y est aussi marqué
, que le Duc de Parme est le Grand Gonfalonier
de l'Eglise , pourquoi il écartele par un
Pal de Gueules au Gonfalon Papal , c. M. de
Rivery trouve du rapport , entre les Armoiries
de la Tapisserie de S. Firmin , citée cy- dessus ,
et celles de ce Grand Gonfalonier ; mais on n'a
pas besoin de cela pour prouver les honneurs
que des Seigneurs séculiers se sont toujours plu
a rendre aux Evêques dans le temps de leur
reception.
•
Ce qu'il rapporte du Baron de Cessac au
Comté
JUILLET. 1733. 1619
Somté de Cahors est plus pressant. Quand un
Evêque de Cahors fait son Entrée solemnelle à
P'Evêché , ce Baron va.au devant de lui , hors
la Ville ; l'ayant rencontré àun certain Endroit.
marqué , il met pied à terre; après l'avoir salué ,
nuë tête et sans manteau , il prend la Mule de
P'Evêque par la bride , le conduit à l'Eglise Cathedrale
, de là au Palais Episcopal , où il s'arrête
pour le servir à table durant son diner, après
lequel il se retire avec la Mnle et le Buffet qui lui
appartiennent et lui sont acquis.
Cette soumission fut faite en 1604. par le
Baron de Cessac , et Messire Antoine Popinian
lors Evêque de Cahors ; mais elle fut suivie d'un
Procès entr'eux aux Requêtes du Palais de Toulouze
, sur ce que le sieur de Cessac prétendoit
que le Buffet dont l'Evêque s'étoit servi , n'étoit
point conforme et sortable à la célébrité de l'Acte
ni à la magnificence du Festin .
Surquoi intervint Sentence , le 15 May 1604.
qui ordonne qu'il sera procédé à l'estimation
des Droits par Experts ; eu égard à la qualité
des Parties , la célébrité de l'Acte , et la magnificence
du Festin. Estimation faite en conséquence
par Experts , à la somme de 3123 liv.sur quoi
autre Sentence , qui condamne l'Evêque à payer
pareille somme. Sentence qui fut confirmée par
Arrêt du même Parlement du Toulouse.
En 1627 23 ans après , M. Pierre de Habert ,
nouvellement pourvû de cet Evêché , ayant fait
son Entrée en la Ville de Cahors , sans avoit appellé
M. Pierre de Casilhac , Baron de Cessaç.
Autre Instance , aux Requêtes dn Palais , de la
part du Baron , qui demande , contre l'Evêque ,
condamnation de la somme de 3123 liv. pour ex
au lieu de la valeur de ses droits.
Gvj L'E1520
MERCURE DE FRANCE
;
L'Evêque soutient que c'est chose purement
du Seigneur , d'appeller son Vassal à pareille
cérémonie ; que d'ailleurs l'Entrée qu'il a faite
dans la Ville de Cahors n'étoit pas solemnelle
que le Clergé ne s'y étoit pas trouvé en Procession
, nonobstant quoi , par Sentence du 20 Fevrier
1530. il est condamné à payer au sieur de
Cessac la somme demandée , à la charge par lui
de se trouver à une Entrée plus solemnelle , si le
sieur Evêque en vouloit faire ; sans pouvoir prétendre
autres droits.
L'Evêque ayant appellé de cette Sentence , et
conclu sur Procês par écrit , aux Enquêtes , suz
la question de sçavoir , si le Baron de Cessac
qui devoit rendre ce service au sieur Evêque à sa
premiere Entrée , étoit en droit de contraindre
le sieur Evêque de l'accepter.
Par Arrêt du Parlement de Toulouze , rendu
le S Juillet 1630 au rapport de M. Olive Dumesnil
, Conseiller ; il fut jugé que l'obligation
du Seigneur et du Vassal est réciproque , qu'un
même lien mutuel les lie tous deux, quoique par
des devoirs différens ; notamment , dit l'Autheur
en cette rencontre , où tout l'honneur se réfere à
l'Evêque.
Il est dit par l'Arrêt qu'il a été bien jugé par
la Sentence dont étoit appel , et ledit sieur Evêque
condamné à payer ladite somme de 3123 liv .
si mieux il n'aime faire une Entrée plus solemnelle.
Ces Arrêts sont rapportez au long par M Olive
Dumesnil , en ses Questions Notables , Liv.
2. Chap. 8.
Les Institutions et formalitez prescrites entre
l'Evêque de Cahors , et le Baron de Cessac , pour
la cérémonie de l'Entrée de l'Evêque , en la Ville .
Capitale de Cahors. se trouvent pareilles, communes
JUILLET . 1733. 16: 1
nes et relatives à ce qui s'observe , et a été observé
en pareil cas , pour la cérémonie de l'Entrée de
l'Evêque d'Amiens, dans sa Ville Capitale, pareilles
feodalitez , pareils motifs , parité de raisons
, et par conséquent pareil jugement, mêmes
droits , même décision : Übi eadem ratio, ibi idem
jus. C'est ainsi que s'exprime M. de Rivery dans
son Manifeste.
Il y touche incidemment l'usage qui est observé
communément par les Evêques , qui est de
donner des repas aux Chanoines à certains jours
de l'année. Il dit que la Jurisprudence des Arrêts
a jugé ces Festins obligatoires à la nouvelle Entrée:
Ad comparandum favorem populi et militum.
De plus , que par Arrêt du Parlement de
Paris , du 16 May 1346. l'Evêque d'Angers a été
condamné à faire cinq ou six Festins par an à
son Chapitre ; et qu'un particulier même , qui
est l'Archiprêtre, fit condamner l'un de ses Successeurs
dans le même Evêchê , l'an 1385 , à lui
payer le jour de S Yves , l'évaluation d'un semblable
Festin .
very
"
Comme il m'a paru que le Seigneur de Ris'attachoit
à faire connoître au Public les
prérogatives attachées à sa Terre , j'ai été surpris
qu'il n'ait rien dit de la Chasse aux Cygnes,
qui est Seigneuriale en ce Pais- là, selon la Morliere
, Historien d'Amiens ; et qui n'appartient
selon lui , qu'à l'Evêque d'Amiens , au Chapitre,
à l'Abbé de Corbie , au Vidame , à cause de
Dours , Village situé sur la Riviere de Seine , au
Seigneur de Rivery , et à celui de Blangy sur
Somme.Vous en lirez , avec plaisir , un récit abregé
, dans l'Ouvrage de ce Chanoine , page 139 .
édition de 1622. in 8. Informez-vous , s'il vous
plaît , si cet usage subsiste encore ; et supposé
que
1622 MERCURE DE FRANCE
que cela soit , je vous invite à assigner à Mercure
une Séance sur la Riviere de Somme , entre
Ambons et Corbie , le premier Mardy d'Aoust ,
qui sera le quatrième jour du mois en la présente
année 1733. pour y voir les Baillifs des six
Seigneurs , cy-dessus nommez , s'acquitter de
leur devoir..
↓
Vous y verrez ( si l'usage n'est pas aboli ) six
graves Magistrats , se faire apporter toutes les
couvées de Cygnes , avec les peres et meres, dans
le Village de la Motte; et là suivant qu'on trou
ve les Peres de famille marquez , on marque de
même les Enfans . La couvée dont le pere se trouve
marqué d'une Crosse , au côté droit du bec
est censée appartenir à M. l'Evêquè , et son Baillif
fait matquer de même toute la filiation . La
marque du Chapitre est une Croix ; celle de
l'Abbé de Corbie , une Clef , celle du Vidame est
un Ecusson appliqué des deux côtez du bec du
Cygne , au lieu que le Seigneur de Blangy ne
l'applique que du côté gauche . Pour ce qui est da
Seigneur de Rivery , la marque qu'il fait apposer
par son Baillif , est une simple barre de travers
, sur le bec de l'Oyseau . C'est toujours un
Privilege singulier pour ce Seigneur de pouvoir
réunir son Baillif avec ceux de l'Evêque , đu Chapitre
de l'Abbé de Corbie, et du Vidame, pour
juger une cause aussi importante que l'est celle
du nombre des couvées des Cygnes qui se baignent
dans la Riviere de Somme , et le public ne
sera pas fàché d'en être informé. Je suis ,
&c.
Mémoire venu d'Amiens , au sujet de
quelques cérémonies de la premiere Entrée
des Evêques de cette Ville.
L'E
' Ecrit dont vous m'avez prié de faire la lecture
, renferme plusieurs choses curieuses ,
mais qui ne m'ont paru devoir agréer au Lecteur
qu'autant qu'il y aura un ordre plus méthodique
dans les matieres qui le composent.
M. Boullanger de Rivery est bien- aise que le
Public soit informé dans le temps de la vacance
du Siége Episcopal d'Amiens , de ce qui doit
Giiij être
1616 MERCURE DE FRANCE
être pratiqué à l'Entrée du futur Evêque , et sur
tout de la part qu'il doit prendre lui- même à
cette cérémonie. Ce qu'il marque dans cet Ecrit,
auquel il donne le nom de Manifeste , se voit
représenté à Amiens, dans une Tapisserie de l'Eglise
de S.Firmin le Confès . L'on y voit l'Entrée
d'un Evêque d'Amiens, dans sa ville Episcopale;
à son Joyeux Avenement. Le Prélat est monté
sur une Mule ; le Seigneur de Rivery portant
l'Ecu de ses Armes ( qui sont de Gueules à trois
pals de vair , au franc quartier d'or ) tient la
bride de la Mule , et conduit ainsi l'Evêque,suivi
de la Noblesse et du Peuple.On nous laisse ignorer
dans cet Ecrit les autres circonstances de
cette cérémonie ; mais on n'oublie point de remarquer
que le Seigneur de Rivery ayant servi
le Prélat à la descente de sa monture , est en
droit de revendiquer la Mule , comme à lui appartenante
, et même la Vaisselle servie aux Festins
de ce jour solemuel.
Cet usage ancien , attesté par M de la Morliere
, Chanoine de la Cathédrale d'Amiens et
Historiographe du Païs a été pratiqué dans
les Entrées de Messire Antoine de Créqui , le
1 Janvier 1564. dans celle de M. Geoffroy de la
Marthonie , le 25 Mars 1577. de M. François
le Febvre de Caumartin , le 1 Juillet 1618 et
trois Evêques depuis ce temps - là , qui sont
M. Favre , M. Feydeau de Brou et M Pierre
Sabatier, le dernier décédé , ont reconnu ce droit
du Seigneur de Rivery
Pour ce qui est de son origine , M Boullanger
de Rivery en fait la date bien ancienne dans
son Imprimé , puisqu'il ne craint point de remonter
jusqu'à S. Firmin , premier Evêque d'Amiens.
Sans le suivre dans les preuves qu'il a
apporté
JUILLET. 1733. 1617
apporté , que ce S. Apôtre du Païs a été le premier
Auteur des Institutions de Fiefs, dans la Ville
et Diocèse d'Amiens ; il me permettra de commencer
par douter de tout ce qu'il dit , qu'on
peut tirer tant des Chartes de l'Hôtel de Ville
de l'Evêché , et du Chapitre , que de celles des Seigneurs
de Picquigny et du Vidame d'Amiens .
En effet , si on y trouve ce qu'il dit y être ;
sçavoir , que de Puissans Seigneurs temporels
qui ne reconnoissoient aacun Souverain ni Seigneur
au dessus d'eux , voulurent bien avoüer tenir
leurs Terres et Seigneuries de S. Firmin ; et que
ce Saint Evêque , en reconnoissance , chargea
ses successeurs , lorsqu'ils recevroient le même
hommage à leur premiere Entrée, de gratifier le
principal de ces Seigneurs , de l'Anneau d'or
qu'ils porteroient au doigt ; et l'un des autres ,
de la monture sur laquelle ils feroient cette Entrée
, ce sont des faits sujets à revision , et sur
lesquels la Critique peut avoir de quoi s'exercer.
Il peut d'abord paroître extraordinaire
qu'un Evêque mort martyr , sous l'Empire de
Dioclétien , eut eu la derniere volonté qu'on lui
prête.
Au reste , je ne doute pas plus du droit qu'ont
le Vidame d'Amiens , et le Seigneur de Rivery
sur l'Anneau et sur la Mule de l'Evêque, qui fait
sa premiere Entrée â Amiens , que de celui qu'a
l'Evêque d'exiger d'eux l'hommage et la soumission
qui sont d'ancienne tradition ; je regarde
ces droits comme imprescriptibles de part
et d'autre , ainsi que le dit M. de Rivery ; mais
je suis persuadé qu'il ne convient aucunement
d'en faire remonter l'Epoque au troisiéme ou
quatrième siècle.
Ce qu'il dit dès le commencement de son Ma-
G v nifeste
16 : 3 MERCURE DE FRANCE
>
nifeste , touchant l'Eglise de Rome , qui étane.
opprimée par les Lombards se choisit des
Avouez ou Deffenseurs , même parmi les Têtes
Couronnées , et ce qu'il ajoute plus bas , touchant
les Evêques et les Monasteres , qui se
choisirent pareillement des Deffenseurs pour les
proteger contre les incursions des Tyrans ou
des Barbares , peut suffire pour fixer à quelques.
siecles près , l'origine de ces devoirs respectifs
et mutuels , entre les Seigneurs Ecclesiastiques,
et les seigneurs Laïques. Vous touchez , M.quel
que choses de ces Avouez, qu'on appelloit Porte-
Oriflammes ou Porte- Etendards , dans votre Jour
nal de Mars dernier , à la page 480 .
" Les exemples que M. Boullanger de Rivery.
apporte pour appuyer l'usage qui s'observe as
Amiens , sont excellens pour insinuer qu'il ne
conviendroit point de l'abolir. Il extrait de la
Gazette de France , du 9 May 1701. que le Pape
Cement XI . monta à Cheval dans le Jardin de
son Palais , le & Avril 1701. et qu'il s'exerça
pour la Cavalcade qu'il devoit faire le lende
main , jour de son 'Entrée publique , que le Prince
de Parme tint la bride du Cheval , et le Connêtable
l'Etrier il ajoute qu'il y est aussi marqué
, que le Duc de Parme est le Grand Gonfalonier
de l'Eglise , pourquoi il écartele par un
Pal de Gueules au Gonfalon Papal , c. M. de
Rivery trouve du rapport , entre les Armoiries
de la Tapisserie de S. Firmin , citée cy- dessus ,
et celles de ce Grand Gonfalonier ; mais on n'a
pas besoin de cela pour prouver les honneurs
que des Seigneurs séculiers se sont toujours plu
a rendre aux Evêques dans le temps de leur
reception.
•
Ce qu'il rapporte du Baron de Cessac au
Comté
JUILLET. 1733. 1619
Somté de Cahors est plus pressant. Quand un
Evêque de Cahors fait son Entrée solemnelle à
P'Evêché , ce Baron va.au devant de lui , hors
la Ville ; l'ayant rencontré àun certain Endroit.
marqué , il met pied à terre; après l'avoir salué ,
nuë tête et sans manteau , il prend la Mule de
P'Evêque par la bride , le conduit à l'Eglise Cathedrale
, de là au Palais Episcopal , où il s'arrête
pour le servir à table durant son diner, après
lequel il se retire avec la Mnle et le Buffet qui lui
appartiennent et lui sont acquis.
Cette soumission fut faite en 1604. par le
Baron de Cessac , et Messire Antoine Popinian
lors Evêque de Cahors ; mais elle fut suivie d'un
Procès entr'eux aux Requêtes du Palais de Toulouze
, sur ce que le sieur de Cessac prétendoit
que le Buffet dont l'Evêque s'étoit servi , n'étoit
point conforme et sortable à la célébrité de l'Acte
ni à la magnificence du Festin .
Surquoi intervint Sentence , le 15 May 1604.
qui ordonne qu'il sera procédé à l'estimation
des Droits par Experts ; eu égard à la qualité
des Parties , la célébrité de l'Acte , et la magnificence
du Festin. Estimation faite en conséquence
par Experts , à la somme de 3123 liv.sur quoi
autre Sentence , qui condamne l'Evêque à payer
pareille somme. Sentence qui fut confirmée par
Arrêt du même Parlement du Toulouse.
En 1627 23 ans après , M. Pierre de Habert ,
nouvellement pourvû de cet Evêché , ayant fait
son Entrée en la Ville de Cahors , sans avoit appellé
M. Pierre de Casilhac , Baron de Cessaç.
Autre Instance , aux Requêtes dn Palais , de la
part du Baron , qui demande , contre l'Evêque ,
condamnation de la somme de 3123 liv. pour ex
au lieu de la valeur de ses droits.
Gvj L'E1520
MERCURE DE FRANCE
;
L'Evêque soutient que c'est chose purement
du Seigneur , d'appeller son Vassal à pareille
cérémonie ; que d'ailleurs l'Entrée qu'il a faite
dans la Ville de Cahors n'étoit pas solemnelle
que le Clergé ne s'y étoit pas trouvé en Procession
, nonobstant quoi , par Sentence du 20 Fevrier
1530. il est condamné à payer au sieur de
Cessac la somme demandée , à la charge par lui
de se trouver à une Entrée plus solemnelle , si le
sieur Evêque en vouloit faire ; sans pouvoir prétendre
autres droits.
L'Evêque ayant appellé de cette Sentence , et
conclu sur Procês par écrit , aux Enquêtes , suz
la question de sçavoir , si le Baron de Cessac
qui devoit rendre ce service au sieur Evêque à sa
premiere Entrée , étoit en droit de contraindre
le sieur Evêque de l'accepter.
Par Arrêt du Parlement de Toulouze , rendu
le S Juillet 1630 au rapport de M. Olive Dumesnil
, Conseiller ; il fut jugé que l'obligation
du Seigneur et du Vassal est réciproque , qu'un
même lien mutuel les lie tous deux, quoique par
des devoirs différens ; notamment , dit l'Autheur
en cette rencontre , où tout l'honneur se réfere à
l'Evêque.
Il est dit par l'Arrêt qu'il a été bien jugé par
la Sentence dont étoit appel , et ledit sieur Evêque
condamné à payer ladite somme de 3123 liv .
si mieux il n'aime faire une Entrée plus solemnelle.
Ces Arrêts sont rapportez au long par M Olive
Dumesnil , en ses Questions Notables , Liv.
2. Chap. 8.
Les Institutions et formalitez prescrites entre
l'Evêque de Cahors , et le Baron de Cessac , pour
la cérémonie de l'Entrée de l'Evêque , en la Ville .
Capitale de Cahors. se trouvent pareilles, communes
JUILLET . 1733. 16: 1
nes et relatives à ce qui s'observe , et a été observé
en pareil cas , pour la cérémonie de l'Entrée de
l'Evêque d'Amiens, dans sa Ville Capitale, pareilles
feodalitez , pareils motifs , parité de raisons
, et par conséquent pareil jugement, mêmes
droits , même décision : Übi eadem ratio, ibi idem
jus. C'est ainsi que s'exprime M. de Rivery dans
son Manifeste.
Il y touche incidemment l'usage qui est observé
communément par les Evêques , qui est de
donner des repas aux Chanoines à certains jours
de l'année. Il dit que la Jurisprudence des Arrêts
a jugé ces Festins obligatoires à la nouvelle Entrée:
Ad comparandum favorem populi et militum.
De plus , que par Arrêt du Parlement de
Paris , du 16 May 1346. l'Evêque d'Angers a été
condamné à faire cinq ou six Festins par an à
son Chapitre ; et qu'un particulier même , qui
est l'Archiprêtre, fit condamner l'un de ses Successeurs
dans le même Evêchê , l'an 1385 , à lui
payer le jour de S Yves , l'évaluation d'un semblable
Festin .
very
"
Comme il m'a paru que le Seigneur de Ris'attachoit
à faire connoître au Public les
prérogatives attachées à sa Terre , j'ai été surpris
qu'il n'ait rien dit de la Chasse aux Cygnes,
qui est Seigneuriale en ce Pais- là, selon la Morliere
, Historien d'Amiens ; et qui n'appartient
selon lui , qu'à l'Evêque d'Amiens , au Chapitre,
à l'Abbé de Corbie , au Vidame , à cause de
Dours , Village situé sur la Riviere de Seine , au
Seigneur de Rivery , et à celui de Blangy sur
Somme.Vous en lirez , avec plaisir , un récit abregé
, dans l'Ouvrage de ce Chanoine , page 139 .
édition de 1622. in 8. Informez-vous , s'il vous
plaît , si cet usage subsiste encore ; et supposé
que
1622 MERCURE DE FRANCE
que cela soit , je vous invite à assigner à Mercure
une Séance sur la Riviere de Somme , entre
Ambons et Corbie , le premier Mardy d'Aoust ,
qui sera le quatrième jour du mois en la présente
année 1733. pour y voir les Baillifs des six
Seigneurs , cy-dessus nommez , s'acquitter de
leur devoir..
↓
Vous y verrez ( si l'usage n'est pas aboli ) six
graves Magistrats , se faire apporter toutes les
couvées de Cygnes , avec les peres et meres, dans
le Village de la Motte; et là suivant qu'on trou
ve les Peres de famille marquez , on marque de
même les Enfans . La couvée dont le pere se trouve
marqué d'une Crosse , au côté droit du bec
est censée appartenir à M. l'Evêquè , et son Baillif
fait matquer de même toute la filiation . La
marque du Chapitre est une Croix ; celle de
l'Abbé de Corbie , une Clef , celle du Vidame est
un Ecusson appliqué des deux côtez du bec du
Cygne , au lieu que le Seigneur de Blangy ne
l'applique que du côté gauche . Pour ce qui est da
Seigneur de Rivery , la marque qu'il fait apposer
par son Baillif , est une simple barre de travers
, sur le bec de l'Oyseau . C'est toujours un
Privilege singulier pour ce Seigneur de pouvoir
réunir son Baillif avec ceux de l'Evêque , đu Chapitre
de l'Abbé de Corbie, et du Vidame, pour
juger une cause aussi importante que l'est celle
du nombre des couvées des Cygnes qui se baignent
dans la Riviere de Somme , et le public ne
sera pas fàché d'en être informé. Je suis ,
&c.
Fermer
Résumé : RÉPONSE à M. D. L. R. sur un Mémoire venu d'Amiens, au sujet de quelques cérémonies de la premiere Entrée des Evêques de cette Ville.
Le texte est une réponse à M. D. L. R. concernant un mémoire sur les cérémonies de l'entrée des évêques à Amiens. L'auteur, M. Boullanger de Rivery, souligne que le document, bien que riche en informations, manque d'ordre méthodique. Il souhaite informer le public des pratiques lors de l'entrée d'un nouvel évêque, en mettant en avant son propre rôle dans cette cérémonie. Cette tradition est illustrée par une tapisserie de l'église Saint-Firmin, montrant l'évêque monté sur une mule, conduit par le Seigneur de Rivery tenant la bride. Après la descente de l'évêque, le Seigneur de Rivery revendique la mule et la vaisselle des festins. Cet usage est attesté par plusieurs entrées épiscopales, notamment celles de Messire Antoine de Créqui en 1564, Geoffroy de la Marthonie en 1577, et François le Febvre de Caumartin en 1618. M. Boullanger de Rivery fait remonter cette tradition à Saint Firmin, premier évêque d'Amiens. Cependant, l'auteur exprime des doutes sur l'authenticité de cette origine ancienne et les preuves apportées. Le texte mentionne également des exemples similaires à Cahors, où le Baron de Cessac conduit l'évêque et revendique des droits sur la mule et la vaisselle. Des litiges judiciaires ont confirmé ces droits réciproques entre les seigneurs laïques et ecclésiastiques. L'auteur note aussi l'usage de la chasse aux cygnes, un privilège partagé par plusieurs seigneurs, dont le Seigneur de Rivery. Il invite à une séance pour observer cette tradition et en informer le public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
63
p. 1843-1850
Morts de Personnes Illustres.
Début :
Si nous n'étions pas dans l'usage de rendre certains devoirs à la Mémoire des Personnes celebres [...]
Mots clefs :
Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, Personnes célèbres, Mort, Esprit, Lieutenant, Roi, Paris, Seigneur, Gouverneur, Église, Jean-François Félibien, Jacques Leullier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts de Personnes Illustres.
Mors de Personnes Illustres.
Si nous n'étions pas dans l'usage de rendre
certains devoirs à la Mémoire des Personnes ce- i
lebres que la mort nous enleve , nous commencerions
par la Marquise de Lambert , décedée à
Paris le 12 . Juillet 1733. dans la 86.année de son
âge , géneralment regrettée , à cause des grandes
qualitez de son coeur et de son esprit. Nous
avons d'elle un excellent Ouvrage sous ce titre :
Avi
1814 MERCURE DE FRANCE
Avis d'une Mere à son Fils et à sa Fille , imprimé
à Paris chez Ganeau en 1728. 1. vol . in 12.
et des Refléxions sur les Femmes , dont il y a une
Edition de Hollande.
La Marquise le Lambert, qui se nommoit Anne-
Therese de Marguenat de Courcelles , étoit
Fille unique d'Etienne de Marguenat, Seigneur de
Courcelles , Maître ordinaire en la Chambre des
Comptes, mort le 22. May 1650. et de Monique
Passart , morte le 21. Juillet 1692. alors
femme en secondes Nôces de François le Coigneux
, Seigneur de la Rocheturpin et de Bachau-:
mont , celebre par son bel esprit . Elle avoit été
mariée le 22. Février 1666. avec Henri de Lambert
, Marquis de S. Bris en Auxerrois , Baron de
Chitry et Augy , alors Capitaine au Régiment
Royal , et depuis Mestre de Camp d'un Régiment
de Cavalerie , fait Brigadier en 1674. Maréchal
de Camp le 25. Février 1677. Commandant de
Fribourg en Brisgaw, au mois de Novembre suivant
, Gouverneur de Longwy , et Lieutenant
General des Armées du Roy , au mois de Juillet
1682. et enfin Gouverneur et Lieutenant Gene
ral de la Ville et Duché de Luxembourg , au
mois de Juin 1684. mort au mois de Juillet 686.
Elle en avoit eu , outre deux Filles mortes en
bas âge , un Fils et une autre Fille , le Fils est
Henry- François de Lambert , Mirquis de saint
Eris , né le 13. Décembre 1677. Lieutenant general
des Armées du Roy du 30. Mars 1720. et
Gouverneur de la Ville d'Auxerre , autrefois Colonel
du Régiment de Périgord. Il a été marié le
12. Janvier 1725. avec Angélique de Lariam de
Rochefort , veuve de Louis- François du Parc ,
Marquis de Loëmmaria , Lieutenant General des
Armées du Roy, mort le 4. Octobre 1709. la
Fille
AOUS T. 1733. 1815
Fille de la Marquise de Lambert étoit Marie-Thérese
de Lambert , qui avoit été mariée en 1703 .
avec Louis de Beaupoil , Comte de S. Aulaire
Seigneur de la Porcherie et de la Grenellerie ,
Colonel - Lieutenant du Régiment d'Enguien ,
Infanterie , tué au Combat de Ramersheim , dans
la haute Alsace , le 26. Août 1709. elle est morte
le 13. Juillet 1731. âgée de 52. ans , ayant laissé
une File unique nommée Therese- Eulalie de
Beaupoil de S. Aulaire , mariée le 7. révrier
1725. avec Anne - Pierre d'Harcourt , Marquis de
Beuvron , Seigneur de Tourneville , Lieutenant
General pour le Roy au Gouvernement de Normandie
, Gouverneur du vieux Palais de Roun
et Mestre de Camp de Cavalerie , Frere du Duc
d'Harcourt.
La Mere de la Marquise de Lambert , épousa ,
comme on l'a dit , M. de Bachaumont , qui nonseulement
faisoit fort agréablement des Vers
comme tout le monde sçait par le fameux vorge
dont il partagea la gloire avec la Chapelle , mais
qui de plus étoit homme de beaucoup d'esprit et
de plus encore , homme de très- bonne compagnie
, dans un temps où la bonne et la mauvaise
se mêloient beaucoup moins , et où l'on y étoit
bien plus difficile. Il s'affectionna à sa Belle fille ,
presque encore enfant , cause des dispositions
heureuses qu'il découvrit bien - tôt en elle et
il s'appliqua à les cultiver , tant par lui-mêmeque
par le monde choisi qui venoit dans sa maison
, et dont elle apprenoit sa Langue comme
on fait la Langue maternelle.
a
Elle se déroboit souvent aux plaisirs de son
age pour aller ire en son particulier , et elle s'accoûtuma
dès lors , de son propre mouvement , à
faire de petits Extraits de ce qui la frappoit le
plus
1846 MERCURE DE FRANCE
plus. C'étoient déja, ou des reflexions fines sur le
coeur humain , ou des tours d'expressions ingenieux
, mais le plus souvent des réfléxions .
Ce goût ne la quitta, ni quand elle fut obligée
de représenter à Luxembourg, dont M. le Marquis
de Lambert étoit Gouverneur , ni quand
après sa mort elle eut à essuyer de longs et
cruels Procès où il s'agissoit de toute sa fortune ;
enfin quand elle les eut conduits et gagnez avec
toute la capacité d'une personne qui n'eut point
eu d'autre talent ; libre enfin et Maîtresse d'un
bien assez considerable qu'elle avoit presque conquis
, elle établit dans Paris une Maison où il
étoit honorable d'être reçû. C'étoit la seule , à un
petit nombre d'exceptions près , qui se fût préservée
de la maladie Epidémique du jeu ; la seule
où l'on se trouvât pour se parler raisonnab ement
les uns les autres , et même avec esprit , selon
l'occasion . Aussi ceux qui avoient leurs raisons
pour trouver mauvais qu'il y eût encore de la
Conversation que que part , lançoient - ils , quand
ils le pouvoient , quelques traits malins contre
la Maison de Madame de Lambert , et Mme de
Lambert elle- même , très-délicate sur les discours
et sur l'opinion du Public , craignoit quelquefois
de donner trop à son goût ; elle avoit le
soin de se rassurer, en faisant refléxion , que
cette même Maison , si accusée d'esprit , elle y
faisoit une dépense très - noble et y recevoit beaucoup
plus de gens du Monde et de condition que
de gens illustres dans les Lettres ..
dans
Son extrême sensibilité sur les discours du Public
, fut mise à une bien plus rude épreuve . Elle
s'amusoit volontiers à écrire pour elle seule , et
elle voulut bien lire ses Ecrits à un très - petit
nombre d'amis particuliers ; car quoiqu'on n'écrive
A O UST. 1733. 1847
crive que pour soi , on écrit aussi un peu pour
les autres sans s'en douter . Elle fit plus , elle
laissa sortir ses papiers de ses mains , sous les
sermens les plus forts qu'on lui fit de la fidelité
la plus exacte. On viola les sermens ; des Auteurs
ne crurent point qu'une modestie d'Auteur pûr
être sincere ; is prirent des copies qui ne manquerent
pas d'échapper. Voilà les Avis d'une
Mere à son Fils , les Avis à sa Fille , imprimez ,
et elle se croit deshonorée . Une Femme de condition
faire des Livres , comment soutenir cette
infamie !
Le Public sentit bien cependant le mérite de
ces Ouvrages , la beauté du stile , la finesse et
l'élevation des sentimens , le ton aimable de vertu
qui y regne par tout. Il s'en fit en peu de temps
plusieurs Editions , soit en France , soit ailleurs ,
et ils furent traduits en Anglois. Mais Mme de
Lambert ne se consoloit point ; et on n'auroit
pas la hardiesse d'assurer ici une chose si peu
vrai-semblable , si après ces succès , on ne lui
avoit vû retirer de chez un Libraire , et payer au
prix qu'il voulut , toute l'Edition qu'il venoit de
faire d'un autre Ouvrage qu'on lui avoit dérobé.
Les qualitez de l'ame p us importantes , et
plus rares , surpassoient encore en elle les qualitez
de l'esprit. Elle étoit née courageuse , peu
susceptible d'aucune crainte , si ce n'étoit sur la
gloire; incapable de se rendre aux obstacles dang
une entreprise nécessaire ou vertueuse . Elle n'étoit
pas seulement ardente à servir ses amis sans
attendre leurs prieres , ni l'exposition , souvent
humiliante de leurs besoins , mais une bonne
action à faire , même en faveur des personnes
indifférentes , la tentoit toujours vivement , et il
falloit que les circonstances fussent bien contraires
,
1818 FRCURE DE FRANCE
traires , si elle n'y succomboit pas . Quelque
mauvais succès de ses générositez ne l'en avoient
point corrigée , et elle étoit toujours également
prête à hazarder de faire le bien . Ele fut fort
infirme pendant tout le cours de sa vie . Ses dernieres
années furent accablées de souffrances
pour lesquelles son courage naturel n'eût pas
suffi sans le secours de toute sa Religion.
Jean-François Felibien , Ecuyer , Sieur des Awaux
et de Javercy , Conseiller et Historiographe
du Roy , et de ses Bâtimens, Arts et Manufactures
de France , et Garde du Cabinet Royal
des Antiques , Secretaire de l'Académie Royale
d'Architecture , et cy- devant l'un des Pensionnaires
et Trésorier perpétuel de l'Académie des
Inscriptions et Biles Lettres , mourut à Paris le
23 Juin 1733 âgé d'environ 75 ans . Il étoit d'une
Famille fort connue dans la République des Lettres
. André Félibien , son pere , auquel il avoit
succedé en 1695.dans la place d'Historiographe
des Bâtimens et de Garde du Cabinet des Antiques,
a donné au public un grand nombre d'Ouvrages
, comme on peut le voir dans son éloge ,
rapporté d'aprés le trente- neuviéme Journal des
Sçavans , de l'année 695. dans le Dictionnaire
Historique , éditions de 1715 et 1732. Jacques
Fé ibien , son oncle , Chanoine et Archidiacre
de Vendôme , en l'Eglise de Chartres , mort
le 25 Novembre 1716. dans la 80 année de son
âge ; et Dom Michel Fél bien son frere , Bénédictin
, de la Congrégation de S. Maur, mort
le 25 Septembre 1719. Se sont aussi rendus célébres
par leurs Ouvrages . Il s'est fait connoître
aussi par les sens dont les principaux sont un
Recueil Historique de la Vie et des Ouvrages
des plus célebres Architectes ; les Plans des Mai-
1
1
sons
AOUS T. 1733. 1849
sons de Pline et leur Description ; la Description
de Versailles , et de celle de l'Eglise des Invalides.
Il s'étoit marié le 1 Septembre 1712 , avec
Caterine-Elizabeth Minet , fille de Louis Minet ,
Conseiller , Secretaire du Roy , et Avocat aux
Conseils, et d'Elizabeth Moufle.Il en avoit eu 11
enfans,mais ils sont tous morts jeunes ; de sorte
qu'il ne laisse pour héritiere qu'une Soeur , sçavoir
Marie- Anne Fé.ibien , veuve de Joachim
de Bruet , Chevalier , Seigneur de la Chesnais,
qui avoit commandé la Noblesse de la Provin
ce d'Orleans , Chartres et Pais Blésois , Vendômois
, Montargis , Estampes , Gien et Amboise
pendant les cinq dernieres années de la guerre
qui a été terminée psr la Paix de Risvvich.
Jacques Lullier , Prêtre, Docteur et Doyen de
de Faculté de Théologie de Paris , dont il avoit
reçu le Bonnet le 10 Juin 1675. Sénieur de la
Maison de Sorbonne , et ancien Curé de la Paroisse
de S. Louis en l'Isle Notre Dame mourut
en Sorbonne le 30 Juin , âgé d'environ 86
ans , son corps ayant été porté à S. Louis en
FIsle , il y fut inhumé le 2 Juillet . Il étoit le
quatriéme Curé de cette Paroisse , ayant succedé à
Bernard Crosse,mort le 6 Avril 1693 , à l'exemple
de ses Prédecesseurs qui avoient déja fait construire
le Choeur de l'Eglise de S.Louis , il entreprit
d'en continuer le Bâtiment , et vint à bout
de faire édifier la Nef , avec son Jubé, la Voute
de la Croisée , et une tres - belle Chapelle de la
Communion . Ce fut par ses soins que cette
nouvelle Eglise fut , cor sacrée le 14 Juillet 1726
par l'Evêque de Grenoble. Après avoir gouverné
cette Paroisse pendant plus de 33 ans , il résigna
sa Cure à Jacques- Barthelemi de la Broise
Curé de Notre-Dame de Bonnes Nouvelles, quì
en
1810 MERCURE DE FRANCE
en prit possession le 3 Novembre 1726. Voyez
touchant la cérémonie de la consécration de la
nouvelle Eglise de S. Louis , le Mercure du mois
d'Août 1726. pag. 1787.
Si nous n'étions pas dans l'usage de rendre
certains devoirs à la Mémoire des Personnes ce- i
lebres que la mort nous enleve , nous commencerions
par la Marquise de Lambert , décedée à
Paris le 12 . Juillet 1733. dans la 86.année de son
âge , géneralment regrettée , à cause des grandes
qualitez de son coeur et de son esprit. Nous
avons d'elle un excellent Ouvrage sous ce titre :
Avi
1814 MERCURE DE FRANCE
Avis d'une Mere à son Fils et à sa Fille , imprimé
à Paris chez Ganeau en 1728. 1. vol . in 12.
et des Refléxions sur les Femmes , dont il y a une
Edition de Hollande.
La Marquise le Lambert, qui se nommoit Anne-
Therese de Marguenat de Courcelles , étoit
Fille unique d'Etienne de Marguenat, Seigneur de
Courcelles , Maître ordinaire en la Chambre des
Comptes, mort le 22. May 1650. et de Monique
Passart , morte le 21. Juillet 1692. alors
femme en secondes Nôces de François le Coigneux
, Seigneur de la Rocheturpin et de Bachau-:
mont , celebre par son bel esprit . Elle avoit été
mariée le 22. Février 1666. avec Henri de Lambert
, Marquis de S. Bris en Auxerrois , Baron de
Chitry et Augy , alors Capitaine au Régiment
Royal , et depuis Mestre de Camp d'un Régiment
de Cavalerie , fait Brigadier en 1674. Maréchal
de Camp le 25. Février 1677. Commandant de
Fribourg en Brisgaw, au mois de Novembre suivant
, Gouverneur de Longwy , et Lieutenant
General des Armées du Roy , au mois de Juillet
1682. et enfin Gouverneur et Lieutenant Gene
ral de la Ville et Duché de Luxembourg , au
mois de Juin 1684. mort au mois de Juillet 686.
Elle en avoit eu , outre deux Filles mortes en
bas âge , un Fils et une autre Fille , le Fils est
Henry- François de Lambert , Mirquis de saint
Eris , né le 13. Décembre 1677. Lieutenant general
des Armées du Roy du 30. Mars 1720. et
Gouverneur de la Ville d'Auxerre , autrefois Colonel
du Régiment de Périgord. Il a été marié le
12. Janvier 1725. avec Angélique de Lariam de
Rochefort , veuve de Louis- François du Parc ,
Marquis de Loëmmaria , Lieutenant General des
Armées du Roy, mort le 4. Octobre 1709. la
Fille
AOUS T. 1733. 1815
Fille de la Marquise de Lambert étoit Marie-Thérese
de Lambert , qui avoit été mariée en 1703 .
avec Louis de Beaupoil , Comte de S. Aulaire
Seigneur de la Porcherie et de la Grenellerie ,
Colonel - Lieutenant du Régiment d'Enguien ,
Infanterie , tué au Combat de Ramersheim , dans
la haute Alsace , le 26. Août 1709. elle est morte
le 13. Juillet 1731. âgée de 52. ans , ayant laissé
une File unique nommée Therese- Eulalie de
Beaupoil de S. Aulaire , mariée le 7. révrier
1725. avec Anne - Pierre d'Harcourt , Marquis de
Beuvron , Seigneur de Tourneville , Lieutenant
General pour le Roy au Gouvernement de Normandie
, Gouverneur du vieux Palais de Roun
et Mestre de Camp de Cavalerie , Frere du Duc
d'Harcourt.
La Mere de la Marquise de Lambert , épousa ,
comme on l'a dit , M. de Bachaumont , qui nonseulement
faisoit fort agréablement des Vers
comme tout le monde sçait par le fameux vorge
dont il partagea la gloire avec la Chapelle , mais
qui de plus étoit homme de beaucoup d'esprit et
de plus encore , homme de très- bonne compagnie
, dans un temps où la bonne et la mauvaise
se mêloient beaucoup moins , et où l'on y étoit
bien plus difficile. Il s'affectionna à sa Belle fille ,
presque encore enfant , cause des dispositions
heureuses qu'il découvrit bien - tôt en elle et
il s'appliqua à les cultiver , tant par lui-mêmeque
par le monde choisi qui venoit dans sa maison
, et dont elle apprenoit sa Langue comme
on fait la Langue maternelle.
a
Elle se déroboit souvent aux plaisirs de son
age pour aller ire en son particulier , et elle s'accoûtuma
dès lors , de son propre mouvement , à
faire de petits Extraits de ce qui la frappoit le
plus
1846 MERCURE DE FRANCE
plus. C'étoient déja, ou des reflexions fines sur le
coeur humain , ou des tours d'expressions ingenieux
, mais le plus souvent des réfléxions .
Ce goût ne la quitta, ni quand elle fut obligée
de représenter à Luxembourg, dont M. le Marquis
de Lambert étoit Gouverneur , ni quand
après sa mort elle eut à essuyer de longs et
cruels Procès où il s'agissoit de toute sa fortune ;
enfin quand elle les eut conduits et gagnez avec
toute la capacité d'une personne qui n'eut point
eu d'autre talent ; libre enfin et Maîtresse d'un
bien assez considerable qu'elle avoit presque conquis
, elle établit dans Paris une Maison où il
étoit honorable d'être reçû. C'étoit la seule , à un
petit nombre d'exceptions près , qui se fût préservée
de la maladie Epidémique du jeu ; la seule
où l'on se trouvât pour se parler raisonnab ement
les uns les autres , et même avec esprit , selon
l'occasion . Aussi ceux qui avoient leurs raisons
pour trouver mauvais qu'il y eût encore de la
Conversation que que part , lançoient - ils , quand
ils le pouvoient , quelques traits malins contre
la Maison de Madame de Lambert , et Mme de
Lambert elle- même , très-délicate sur les discours
et sur l'opinion du Public , craignoit quelquefois
de donner trop à son goût ; elle avoit le
soin de se rassurer, en faisant refléxion , que
cette même Maison , si accusée d'esprit , elle y
faisoit une dépense très - noble et y recevoit beaucoup
plus de gens du Monde et de condition que
de gens illustres dans les Lettres ..
dans
Son extrême sensibilité sur les discours du Public
, fut mise à une bien plus rude épreuve . Elle
s'amusoit volontiers à écrire pour elle seule , et
elle voulut bien lire ses Ecrits à un très - petit
nombre d'amis particuliers ; car quoiqu'on n'écrive
A O UST. 1733. 1847
crive que pour soi , on écrit aussi un peu pour
les autres sans s'en douter . Elle fit plus , elle
laissa sortir ses papiers de ses mains , sous les
sermens les plus forts qu'on lui fit de la fidelité
la plus exacte. On viola les sermens ; des Auteurs
ne crurent point qu'une modestie d'Auteur pûr
être sincere ; is prirent des copies qui ne manquerent
pas d'échapper. Voilà les Avis d'une
Mere à son Fils , les Avis à sa Fille , imprimez ,
et elle se croit deshonorée . Une Femme de condition
faire des Livres , comment soutenir cette
infamie !
Le Public sentit bien cependant le mérite de
ces Ouvrages , la beauté du stile , la finesse et
l'élevation des sentimens , le ton aimable de vertu
qui y regne par tout. Il s'en fit en peu de temps
plusieurs Editions , soit en France , soit ailleurs ,
et ils furent traduits en Anglois. Mais Mme de
Lambert ne se consoloit point ; et on n'auroit
pas la hardiesse d'assurer ici une chose si peu
vrai-semblable , si après ces succès , on ne lui
avoit vû retirer de chez un Libraire , et payer au
prix qu'il voulut , toute l'Edition qu'il venoit de
faire d'un autre Ouvrage qu'on lui avoit dérobé.
Les qualitez de l'ame p us importantes , et
plus rares , surpassoient encore en elle les qualitez
de l'esprit. Elle étoit née courageuse , peu
susceptible d'aucune crainte , si ce n'étoit sur la
gloire; incapable de se rendre aux obstacles dang
une entreprise nécessaire ou vertueuse . Elle n'étoit
pas seulement ardente à servir ses amis sans
attendre leurs prieres , ni l'exposition , souvent
humiliante de leurs besoins , mais une bonne
action à faire , même en faveur des personnes
indifférentes , la tentoit toujours vivement , et il
falloit que les circonstances fussent bien contraires
,
1818 FRCURE DE FRANCE
traires , si elle n'y succomboit pas . Quelque
mauvais succès de ses générositez ne l'en avoient
point corrigée , et elle étoit toujours également
prête à hazarder de faire le bien . Ele fut fort
infirme pendant tout le cours de sa vie . Ses dernieres
années furent accablées de souffrances
pour lesquelles son courage naturel n'eût pas
suffi sans le secours de toute sa Religion.
Jean-François Felibien , Ecuyer , Sieur des Awaux
et de Javercy , Conseiller et Historiographe
du Roy , et de ses Bâtimens, Arts et Manufactures
de France , et Garde du Cabinet Royal
des Antiques , Secretaire de l'Académie Royale
d'Architecture , et cy- devant l'un des Pensionnaires
et Trésorier perpétuel de l'Académie des
Inscriptions et Biles Lettres , mourut à Paris le
23 Juin 1733 âgé d'environ 75 ans . Il étoit d'une
Famille fort connue dans la République des Lettres
. André Félibien , son pere , auquel il avoit
succedé en 1695.dans la place d'Historiographe
des Bâtimens et de Garde du Cabinet des Antiques,
a donné au public un grand nombre d'Ouvrages
, comme on peut le voir dans son éloge ,
rapporté d'aprés le trente- neuviéme Journal des
Sçavans , de l'année 695. dans le Dictionnaire
Historique , éditions de 1715 et 1732. Jacques
Fé ibien , son oncle , Chanoine et Archidiacre
de Vendôme , en l'Eglise de Chartres , mort
le 25 Novembre 1716. dans la 80 année de son
âge ; et Dom Michel Fél bien son frere , Bénédictin
, de la Congrégation de S. Maur, mort
le 25 Septembre 1719. Se sont aussi rendus célébres
par leurs Ouvrages . Il s'est fait connoître
aussi par les sens dont les principaux sont un
Recueil Historique de la Vie et des Ouvrages
des plus célebres Architectes ; les Plans des Mai-
1
1
sons
AOUS T. 1733. 1849
sons de Pline et leur Description ; la Description
de Versailles , et de celle de l'Eglise des Invalides.
Il s'étoit marié le 1 Septembre 1712 , avec
Caterine-Elizabeth Minet , fille de Louis Minet ,
Conseiller , Secretaire du Roy , et Avocat aux
Conseils, et d'Elizabeth Moufle.Il en avoit eu 11
enfans,mais ils sont tous morts jeunes ; de sorte
qu'il ne laisse pour héritiere qu'une Soeur , sçavoir
Marie- Anne Fé.ibien , veuve de Joachim
de Bruet , Chevalier , Seigneur de la Chesnais,
qui avoit commandé la Noblesse de la Provin
ce d'Orleans , Chartres et Pais Blésois , Vendômois
, Montargis , Estampes , Gien et Amboise
pendant les cinq dernieres années de la guerre
qui a été terminée psr la Paix de Risvvich.
Jacques Lullier , Prêtre, Docteur et Doyen de
de Faculté de Théologie de Paris , dont il avoit
reçu le Bonnet le 10 Juin 1675. Sénieur de la
Maison de Sorbonne , et ancien Curé de la Paroisse
de S. Louis en l'Isle Notre Dame mourut
en Sorbonne le 30 Juin , âgé d'environ 86
ans , son corps ayant été porté à S. Louis en
FIsle , il y fut inhumé le 2 Juillet . Il étoit le
quatriéme Curé de cette Paroisse , ayant succedé à
Bernard Crosse,mort le 6 Avril 1693 , à l'exemple
de ses Prédecesseurs qui avoient déja fait construire
le Choeur de l'Eglise de S.Louis , il entreprit
d'en continuer le Bâtiment , et vint à bout
de faire édifier la Nef , avec son Jubé, la Voute
de la Croisée , et une tres - belle Chapelle de la
Communion . Ce fut par ses soins que cette
nouvelle Eglise fut , cor sacrée le 14 Juillet 1726
par l'Evêque de Grenoble. Après avoir gouverné
cette Paroisse pendant plus de 33 ans , il résigna
sa Cure à Jacques- Barthelemi de la Broise
Curé de Notre-Dame de Bonnes Nouvelles, quì
en
1810 MERCURE DE FRANCE
en prit possession le 3 Novembre 1726. Voyez
touchant la cérémonie de la consécration de la
nouvelle Eglise de S. Louis , le Mercure du mois
d'Août 1726. pag. 1787.
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Résumé : Morts de Personnes Illustres.
Le texte rend hommage à plusieurs personnalités décédées, en mettant particulièrement en lumière la Marquise de Lambert. Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, connue sous le nom de Marquise de Lambert, est décédée à Paris le 12 juillet 1733 à l'âge de 86 ans. Elle était réputée pour ses grandes qualités de cœur et d'esprit. Parmi ses œuvres notables figurent 'Avis d'une Mère à son Fils et à sa Fille' et 'Réflexions sur les Femmes'. Née fille unique d'Étienne de Marguenat et de Monique Passart, elle épousa Henri de Lambert, un militaire distingué qui atteignit le grade de Lieutenant Général des Armées du Roi. La Marquise de Lambert eut un fils, Henri-François de Lambert, et une fille, Marie-Thérèse de Lambert, mariée à Louis de Beaupoil, Comte de Saint-Aulaire. La mère de la Marquise, Monique Passart, se remaria avec François Le Coigneux, connu pour son esprit et sa compagnie agréable. La Marquise de Lambert était également connue pour sa maison parisienne, où elle recevait des personnes de qualité, et pour ses écrits, qui furent publiés malgré ses réticences. Elle était également reconnue pour son courage et sa générosité. Le texte mentionne également la mort de Jean-François Felibien, historien et architecte, et de Jacques Lullier, doyen de la Faculté de Théologie de Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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64
p. 1889-1892
DISCOURS prononcé par M. l'Evêque Duc de Laon, dans son Eglise Cathedrale, pour la Benediction des Etendarts du Régiment de LA CORNETTE BLANCHE, au mois d'Août 1733.
Début :
Per turmas, signa atque vexilla, Castrametabuntum Filii Israel, per gyrum Tabernaculi Foederis. [...]
Mots clefs :
Dieu, Gloire, Seigneur, Armées, Victoire, Turenne, Bénédiction, Régiment
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texteReconnaissance textuelle : DISCOURS prononcé par M. l'Evêque Duc de Laon, dans son Eglise Cathedrale, pour la Benediction des Etendarts du Régiment de LA CORNETTE BLANCHE, au mois d'Août 1733.
DISCOURS prononcé par M. PEvêque
Duc de Laon , dans son Eglise
Cathedrale , pour la Benediction des
Etendarts du Régiment de LA CORNETTE
BLANCHE , au mois d'Août
1733.
Per turmas , signa atque vexilla, Castrametabun
tum Filii Israel . per gyrum Tabernaculı Foederis.
Num 2.
I
de
plus
L n'est rien , MESSIEURS ,
gréable gré ble au Seigneur que les hommages
des Guerriers. Mettre au pied de ses
Autels des Erendirts , c'est le reconnoître
pour le Dieu des Combats , le Dieu
des Triomphes et de la Victoire ; c'est lui
donner le titre sublime de Dieu des Armées
, qu'il prend lui- même si souvent
dans les Saintes Ecritures : Dominus Deus
exercituum.
Avec quelle complaisance ne jette til
donc pas les yeux sur cette auguste Céré
monie , sur cette Pompe brillante , avec
laquelle vous venez révérer dans son
Temple sa Grandeur et sa Puissance.
Oi , MESSIEURS , c'est parce que vous
l'avez toujours reconnu comme l'arbitre
suprême de votre destinée et l'unique
source du véritable héroisme , qu'il a ré--
Ivi panda vj
1890 MERCURE DE FRANCE
pandu tant de Gloire sur votre Illustre
Corps , et qu'il lui a donné de si fréquens
et de si heureux succès .
>
Il est vrai que tout a concouru à
vous les procurer , ces succès éclatans
conduits autrefois par M. de Turenne
c'est-à dire , par un Héros dont les rares
qualitez égaloient la haute Naissance ; et
commandez aujourd'hui par un Seigneur
du même Sang et de la même valeur
, il n'est pas surprenant que la Victoire
vous ait fuivi par tout, et que dans
le temps même de la Paix , la Gloire ne
Vous ait pas abandonné . Que vous ayez
fait tant de prodiges en Allemagne et en
Italie ; que M. de Turenne se soit crû invincible
à la tête de votre Régialent; que
Messieurs deCatinat et deVilleroy l'ayent
comblé d'Eloges; qu'à Luzara et à Calciil
ait ravi d'admiration M. le Duc
de Vendôme ; que vous soyez devenus ,
pour ainsi dire , sa Troupe favorie
qu'au lieu de prendre dans l'Infanterie
selon l'usage ordinaire , une Garde pour
sa Personne , il n'en ait pas voulu d'autre
que des Cavaliers si braves et si vigilans.
nato ,
et
3
Mais l'on peut dire aussi que sans le
secours du Tres- Haut , ces grands Capitaines
n'auroient pû inspirer à leurs Trou
pes de si glorieux sentimens.
A O UST. 1733. 1891
Oui , je le répéte , si vous avez été jusqu'ici
la terreur des Ennemis par votre
bravoure ,et si vous êtes aujourd'hui l'ornement
de l'Etat par votre Naissance et
vorre Probité , c'est qu'autrefois , comme
aujourd'hui , vous avez offert à Dieu vos
Armes avant les Batailles , et vos Trophées
après vos Victoires. Cette succession
de courage qu'on admire dans votre
invincible Légion , et qui a fourni aux
Armées du Roy des Généraux si distinguez
, n'est autre chose que la récompense
d'une si constante vertu .
Venez donc , Illustres Guerriers , consacrer
encore au Seigneur les préparatifs
de vos nouveaux Combats : Venez vous
dévouer vous - mêmes à la défenfe des
Autels de votre Dieu , de l'autorité de
votre Roy et de la sûreté de votre Patrie .
Semblables à cette Colomne de feu qui
brille sur vos Etendarts , continuez de
montrer aux autres le chemin de la Gloire
, et de leur apprendre, par votre exemple
, qu'il n'y a pas de valeur plus parfaite
que celle qui est soutenue par l'esprit.
de Religion .
Tel est . MESSIEURS , la grande , mais la
juste idée que vous laissez de vous dans
une Contrée qui ne vous perd qu'avec un
regret infini , et qui édifiée de la sagesse
de
1892 MERCURE DE FRANCE
de votre conduite , ne ces era de la proposer
pour modele à ceux qui vous y succederont.
Plaise au Ciel d'exaucer les voeux que je
fais pour une si noble Portion de nos Armées
, et après vous avoir accordé mille
Triomphes sur la terre , vous couronner
ensuite d'une gloire qui ne passera jamais.
Duc de Laon , dans son Eglise
Cathedrale , pour la Benediction des
Etendarts du Régiment de LA CORNETTE
BLANCHE , au mois d'Août
1733.
Per turmas , signa atque vexilla, Castrametabun
tum Filii Israel . per gyrum Tabernaculı Foederis.
Num 2.
I
de
plus
L n'est rien , MESSIEURS ,
gréable gré ble au Seigneur que les hommages
des Guerriers. Mettre au pied de ses
Autels des Erendirts , c'est le reconnoître
pour le Dieu des Combats , le Dieu
des Triomphes et de la Victoire ; c'est lui
donner le titre sublime de Dieu des Armées
, qu'il prend lui- même si souvent
dans les Saintes Ecritures : Dominus Deus
exercituum.
Avec quelle complaisance ne jette til
donc pas les yeux sur cette auguste Céré
monie , sur cette Pompe brillante , avec
laquelle vous venez révérer dans son
Temple sa Grandeur et sa Puissance.
Oi , MESSIEURS , c'est parce que vous
l'avez toujours reconnu comme l'arbitre
suprême de votre destinée et l'unique
source du véritable héroisme , qu'il a ré--
Ivi panda vj
1890 MERCURE DE FRANCE
pandu tant de Gloire sur votre Illustre
Corps , et qu'il lui a donné de si fréquens
et de si heureux succès .
>
Il est vrai que tout a concouru à
vous les procurer , ces succès éclatans
conduits autrefois par M. de Turenne
c'est-à dire , par un Héros dont les rares
qualitez égaloient la haute Naissance ; et
commandez aujourd'hui par un Seigneur
du même Sang et de la même valeur
, il n'est pas surprenant que la Victoire
vous ait fuivi par tout, et que dans
le temps même de la Paix , la Gloire ne
Vous ait pas abandonné . Que vous ayez
fait tant de prodiges en Allemagne et en
Italie ; que M. de Turenne se soit crû invincible
à la tête de votre Régialent; que
Messieurs deCatinat et deVilleroy l'ayent
comblé d'Eloges; qu'à Luzara et à Calciil
ait ravi d'admiration M. le Duc
de Vendôme ; que vous soyez devenus ,
pour ainsi dire , sa Troupe favorie
qu'au lieu de prendre dans l'Infanterie
selon l'usage ordinaire , une Garde pour
sa Personne , il n'en ait pas voulu d'autre
que des Cavaliers si braves et si vigilans.
nato ,
et
3
Mais l'on peut dire aussi que sans le
secours du Tres- Haut , ces grands Capitaines
n'auroient pû inspirer à leurs Trou
pes de si glorieux sentimens.
A O UST. 1733. 1891
Oui , je le répéte , si vous avez été jusqu'ici
la terreur des Ennemis par votre
bravoure ,et si vous êtes aujourd'hui l'ornement
de l'Etat par votre Naissance et
vorre Probité , c'est qu'autrefois , comme
aujourd'hui , vous avez offert à Dieu vos
Armes avant les Batailles , et vos Trophées
après vos Victoires. Cette succession
de courage qu'on admire dans votre
invincible Légion , et qui a fourni aux
Armées du Roy des Généraux si distinguez
, n'est autre chose que la récompense
d'une si constante vertu .
Venez donc , Illustres Guerriers , consacrer
encore au Seigneur les préparatifs
de vos nouveaux Combats : Venez vous
dévouer vous - mêmes à la défenfe des
Autels de votre Dieu , de l'autorité de
votre Roy et de la sûreté de votre Patrie .
Semblables à cette Colomne de feu qui
brille sur vos Etendarts , continuez de
montrer aux autres le chemin de la Gloire
, et de leur apprendre, par votre exemple
, qu'il n'y a pas de valeur plus parfaite
que celle qui est soutenue par l'esprit.
de Religion .
Tel est . MESSIEURS , la grande , mais la
juste idée que vous laissez de vous dans
une Contrée qui ne vous perd qu'avec un
regret infini , et qui édifiée de la sagesse
de
1892 MERCURE DE FRANCE
de votre conduite , ne ces era de la proposer
pour modele à ceux qui vous y succederont.
Plaise au Ciel d'exaucer les voeux que je
fais pour une si noble Portion de nos Armées
, et après vous avoir accordé mille
Triomphes sur la terre , vous couronner
ensuite d'une gloire qui ne passera jamais.
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Résumé : DISCOURS prononcé par M. l'Evêque Duc de Laon, dans son Eglise Cathedrale, pour la Benediction des Etendarts du Régiment de LA CORNETTE BLANCHE, au mois d'Août 1733.
En août 1733, dans la cathédrale de Laon, l'évêque Duc de Laon bénit les étendards du Régiment de La Cornette Blanche. Il exprime sa gratitude envers Dieu, le qualifiant de 'Dieu des Combats, des Triomphes et de la Victoire'. L'orateur célèbre les succès militaires du régiment, autrefois dirigé par M. de Turenne et aujourd'hui par un seigneur de même lignée. Il mentionne les éloges reçus de généraux comme Messieurs de Catinat et de Villeroi. Les victoires sont attribuées aux talents des capitaines et au soutien divin. L'évêque encourage les soldats à continuer de consacrer leurs armes et trophées à Dieu, à défendre les autels, l'autorité du roi et la sûreté de la patrie. Le discours se conclut par un vœu pour que le régiment continue de briller par sa valeur et sa piété, servant de modèle aux générations futures.
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65
p. 1892-1901
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Le 7. Juillet, Henry-Louis Colomne du Lac, de Parthenay, en Poitou, [...]
Mots clefs :
Roi, Paris, Seigneur, Lieutenant, Maison, Henri-Louis Colonne du Lac, Marie Geneviève Amyot, Jacques Geoffroy, Marie Megret, Jacques d'Illiers de Balsac d'Entragues, Catherine-Henriette Feydeau, César-Antoine de La Luzerne, Marie-Élisabeth de Lamoignon de Blancmesnil, Alexandre-Maximilien Balthazar Dominique de Gand-Vilain de Merode de Montmorency
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS , NAISSANCES
LE
et Mariages .
E 7. Juillet , Henry- Louis Colomne
u Lac , de Parthenay , en Poitou
Docteur en Theologie , Doyen de l'Eglise
Royale et Collegiale de S. Marcel
les Paris , nommé en 1732. à l'Abbaye
de Landais , Ordre de Cîteaux , Diocèse
de Bourges , mourut en sa maison Déconale
, agé de 80. ans 3. mois. Il étoit
fort curieux et amateur de Fleurs , et
it en cultivoit des plus belles et des plus
rares dans son Jardin à Paris.
Le 25. Juillet , D. Marie - Anne Leoward,
Epouse de M. Daniel Chardon ,
Conseiller en la Cour des Aydes de Paris
, mourut après une longue maladie ,
laissant un fils unique , âgé de deux ans
et demi.
AOUST. 1733 . 1893
Le 27. Juillet , D. Marie Genevieve
Anyot , Epouse de M. Paul Emile de
Braque , Chevalier , Seigreur. du Luat ,
er du Fief de Domont , scis à S. Brice ,
Sarcelles et environs , et fille de Benoît-
Jean- François Amyot , Seigneur d'Inville
, Conseiller en la Cour des Aydes.
de Paris , et de D. Marguerite Yvonnet
mourut à Paris , âgée de 33. ans , et fut
inhumée le lendemain à la Me cy , liew
de la sépulture de la famille de Braque ,
qui étoit déja considerable sous le Regne
de Philippe de Valois , dans le 14.
siecle , et c'est d'elle que la rue de Braque
tire son nom. La Marquise de Braque
, qui vient de mourir , avoit éte marite
le 12. Juin 1724 et n'a laissé que
des filles .
Le 28. Juillet, Jacques Gerffy, Ecuyer,
Seigneur de Coiffy , Nozry er S Etienne,
autrefois Lieutenant au Régiment des
Gardes Françoises , mourut à Paris tout
sub tement en sortand dîner , âgé d' nviron
60. ans et sans avoir ét ' marié ,
laisant pour heritier Marc - Antoine
Geoffroy de Coiffy , Abbé Commardataire
de l'Abbaye de Cercanç ux riocèse
de Sens , et D. Anne Geoffroy
de Coiffy , veuve de Henry Pa ot . Seigncur
du Bouchet , Secretaire du Roy ,
mort
1894 MERCURE DE FRANCE
mort le 4. Octobre 1713. ses frere et
soeur.
D. Marie Megret , fille de François
Nicolas Megret , Seigneur de Passy , Conseiller-
Secretaire du Roy , Maison Couronne
de France et de ses Finances , et
Grand- Audiencier de France , et de Marguerite
Beaucousin , Epouse de Claude
Pellot , Comte de Tréviers , Seigneur des
grand et petit Deffand , Port - David ,
Saillencourt , &c. Conseiller au Parlement
de Paris , avec lequel elle avoit été
marié le 29. Avril 1726. mourut d'une
maladie de poitrine à la Campagne au
commencement du mois d'Août 1733-
laissant deux fils en bas âge.
Jacques d'Iliers de Balsac d'Entragues?
appellé le Marquis d'Illiers , Maréchal
des Camps et Armées du Roy , et Chevalier
de l'Ordre Militaire de S. Louis ,
qui s'étoit retiré depuis 2. ans dans la
Maison des Prêtres de l'Oratoire à Notre-
Dame des Vertus , y mourut vers le
commencement de ce mois , âgé d'environ
65. ans , sans avoir été marié . Il avoit
été autrefois successivement Guidon des
Gendarmes Flamans , en 1689. Enseigne
des Gendarmes de Bourgogne , en 1690.
Sous-Lieutenant des Chevaux - Legers de
Berry , en 1693. et enfin Capitaine Lieutenant
A O UST. 1732. 1895
tenant de cette Compagnie en 1703. II
fut fait Brigadier le 10. Février 1754.
et Maréchal de Camp le 20. Mars 1709 .
Il avoit eu pour freres pui nez , Henry
Comte d'Illers , Capitaine de Vaisseau
du Roy , mort au Pont S. E prit , en
revenant de Toulon , le 26. Novembre
1727. qui avoit épousé la fille de Marcellin
Florent de Selles , Trésorier general
de la Marine , dont il n'a laissé qu'une
fille en bas âge ; et le Chevalier d'Illiers ,
tué à la bataille de Ramilles en 1706.
Ils étoient tous trois fils de Henry d'Illiers
de Balsac, Seigneur de Chantemesle,
Beaumont , la Grange , &c. Sous - Lieutenant
de la Compagnie des Chevaux-
Legers de la Garde du Roy , tué au Combat
de Senefen 1674. et de Louise- Magdeleine
de Grimouville,
Le 20. Août , D. Catherine Henriette
Feydeau , Epouse d'Arnaud - Paul de Fieubet
, Mestre de Camp de Cavalerie , et
Enseigne des Gendarmes de la Garde ordinaire
du Roy , accoucha d'une fille ,
son second enfant , qui fut nommée par
M. Pierre Gilbert , Seigneur de Voisins ,
Premier Avocat General au Parlement
de Paris , son oncle paternel , à cause de
D. Anne-Louise de Fieubet , sa femme i
ct
1896 MERCURE DE FRANCE
,
et par D. Catherine Croiset , veuve de
M. Guillaume Briconnet , Comte d'Auteüil
vivant Président en la troisiéme
Chambre des Enquêtes du Parlement de
Paris sa grande - tante maternelle , et
sceur de D. Marie Louise Croiset , veuve
de M. Henry Feydeau , Seigneur de Calende
, vivant , aussi Président aux Enquêtes
du même Parlement, Ayeule maternelle
de l'Enfant.
و
Le 3. Août , fut celebré à Malesherbes
en Gâtinois , le Mariage de César - An
toine de la Luzerne , Comte de Beusseville
Seigneur de Moulin - Chapelle
Houllebec , & c. Mestre de Camp du Régiment
de Cavalerie des Curassiers du
Roy , et Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , veuf de Germaine Françoise
de la Vieuville , morte le 19. Décembre
17 29. à l'âge de 22. ans ; avec Dlle Ma
rie - Elisabeth de Lamoignon de Blancménil
, née le 10. Mars 1716. fille aînée
de Guillaume de Lamoignon , Seigneur
de Blancménil , du Bourget , de Malesherbes
, &c . Président au Parlement de
Paris , et de D. Anne Elizabeth Roujault,
sa seconde femme. La Maison de la Luzerne
est une des plus anciennes de la
Province de Normandie , étant connuë
par
AOUS T. 1733. 1897
par titres dès la fin du 13. siecle. Elle
porte pour Armes d'azur à la Croix
d'or encrée , chargée de 5. Coquilles de guenles.
Le nouveau Marié est fils aîné de
Gui-Cesar de la Luzerne , marquis de
Beusseville , Baron de Garencieres , et de
Beaudemont , Seigneur de Lorcy et de
Courteville , Capitaine des Côtes de la
Mer en Normandie , cy - devant Cornette
des Chevaux -Legers de la Garde du Roy,
et de deffunte D. Magdeleine- Françoise.
de Pommerciil , Dame de Moulins- Chapelle
, morte le 12. May 1725. Il avoit
eu de sa premiere femme un fils unique ,
nommé Cesar- François de la Luzerne ,
né le 16. Décembre 1729. mais cet enfant
mourut le 15. Août 1732.
Le 10. Août , Alexandre- Maximilien-
Balthasar Dominique de Gand - Villain
de Merode et de Montmorency , Comte
de Middelbourg , Colonel du Régiment
de la Marine depuis 1716. et auparavant
de celui des Landes en 1704. Brigadier
des Armées du Roy , du premier
Février 1719. et Gouverneur de la
Ville de Bouchain , depuis 1724. frere
puîné de Louis de Gand- Villain de Merode
de Montmorency , Prince d'Isenghien
et de Masmimes , Lieutenant General
des Armées du Roy , du 8. Mars
1728.
I'
900 MERCURE DE FRANCE
1718. Chevalier des Ordres de S. M. du
3. Juin 1724. Lieutenant general en la
Province d'Artois , du mois d'Août 1724.
et Gouverneur de la Ville et Cité d'Arras
, depuis 17 : 5 . et fils de Jean - Alphonse
de Gand . Villain de Merode de Montmorency
, Prince d'Isenghien et de Masmimes
, mort le 6. May 1687. à l'âge
de 30. ans , et de Marie- Therese de Crevant
d'Humieres , morte le 19. Août 1732.
âgée de 79. ans , fut marié dans la
Chapelle des hauts- Thermes , au bout
des Champs Elizées , avec la Dile de la
Rochefoucault , âgée de 16. à 17. ans ,
fille unique de feu Barthelemi de Roye
de la Rochefoucault , dit le Marquis de
la Roch foucault , Lieutenant General
des Armées du Roy , ancien Capitaine-
Lieutenant de la Compagnie des Gendarmes
Flamans , Capitaine des Gardes
du Corps de deffunts le Duc et la Duchesse
de Berry , mort le 3. Novembre
1724. à lâge de 51. ans , et de D. Pauline
Marguerite Prondre , sa veuve. La Maison
de Villain , surnommée de Gand , est
une des grandes et premieres Maisons
de Flandres . Elle remonte son origine ,
aux anciens Comtes et Chastelains de
Gand. On en trouve la généalogie dans
le Dictionnaire Historique , Editions de
1725.
A O UST. 1901 1733 .
1725. et 1732. sous le nom de Gand .
Celle de la Maison de la Rochefoucault
est rapportée dans le 4. tome des Grands
Officiers de la Couronne , de la derniere
Edition , page 418 .
Nous remettons au mois prochain à parler
du Mariage de M. le Marquis de
Mirepoix , avec Mdeumoiselle Bernard de
Rieux et de la magnifique Fête
M. Bernard , Comte de Coubert , á donné:
à cette occasion .
LE
et Mariages .
E 7. Juillet , Henry- Louis Colomne
u Lac , de Parthenay , en Poitou
Docteur en Theologie , Doyen de l'Eglise
Royale et Collegiale de S. Marcel
les Paris , nommé en 1732. à l'Abbaye
de Landais , Ordre de Cîteaux , Diocèse
de Bourges , mourut en sa maison Déconale
, agé de 80. ans 3. mois. Il étoit
fort curieux et amateur de Fleurs , et
it en cultivoit des plus belles et des plus
rares dans son Jardin à Paris.
Le 25. Juillet , D. Marie - Anne Leoward,
Epouse de M. Daniel Chardon ,
Conseiller en la Cour des Aydes de Paris
, mourut après une longue maladie ,
laissant un fils unique , âgé de deux ans
et demi.
AOUST. 1733 . 1893
Le 27. Juillet , D. Marie Genevieve
Anyot , Epouse de M. Paul Emile de
Braque , Chevalier , Seigreur. du Luat ,
er du Fief de Domont , scis à S. Brice ,
Sarcelles et environs , et fille de Benoît-
Jean- François Amyot , Seigneur d'Inville
, Conseiller en la Cour des Aydes.
de Paris , et de D. Marguerite Yvonnet
mourut à Paris , âgée de 33. ans , et fut
inhumée le lendemain à la Me cy , liew
de la sépulture de la famille de Braque ,
qui étoit déja considerable sous le Regne
de Philippe de Valois , dans le 14.
siecle , et c'est d'elle que la rue de Braque
tire son nom. La Marquise de Braque
, qui vient de mourir , avoit éte marite
le 12. Juin 1724 et n'a laissé que
des filles .
Le 28. Juillet, Jacques Gerffy, Ecuyer,
Seigneur de Coiffy , Nozry er S Etienne,
autrefois Lieutenant au Régiment des
Gardes Françoises , mourut à Paris tout
sub tement en sortand dîner , âgé d' nviron
60. ans et sans avoir ét ' marié ,
laisant pour heritier Marc - Antoine
Geoffroy de Coiffy , Abbé Commardataire
de l'Abbaye de Cercanç ux riocèse
de Sens , et D. Anne Geoffroy
de Coiffy , veuve de Henry Pa ot . Seigncur
du Bouchet , Secretaire du Roy ,
mort
1894 MERCURE DE FRANCE
mort le 4. Octobre 1713. ses frere et
soeur.
D. Marie Megret , fille de François
Nicolas Megret , Seigneur de Passy , Conseiller-
Secretaire du Roy , Maison Couronne
de France et de ses Finances , et
Grand- Audiencier de France , et de Marguerite
Beaucousin , Epouse de Claude
Pellot , Comte de Tréviers , Seigneur des
grand et petit Deffand , Port - David ,
Saillencourt , &c. Conseiller au Parlement
de Paris , avec lequel elle avoit été
marié le 29. Avril 1726. mourut d'une
maladie de poitrine à la Campagne au
commencement du mois d'Août 1733-
laissant deux fils en bas âge.
Jacques d'Iliers de Balsac d'Entragues?
appellé le Marquis d'Illiers , Maréchal
des Camps et Armées du Roy , et Chevalier
de l'Ordre Militaire de S. Louis ,
qui s'étoit retiré depuis 2. ans dans la
Maison des Prêtres de l'Oratoire à Notre-
Dame des Vertus , y mourut vers le
commencement de ce mois , âgé d'environ
65. ans , sans avoir été marié . Il avoit
été autrefois successivement Guidon des
Gendarmes Flamans , en 1689. Enseigne
des Gendarmes de Bourgogne , en 1690.
Sous-Lieutenant des Chevaux - Legers de
Berry , en 1693. et enfin Capitaine Lieutenant
A O UST. 1732. 1895
tenant de cette Compagnie en 1703. II
fut fait Brigadier le 10. Février 1754.
et Maréchal de Camp le 20. Mars 1709 .
Il avoit eu pour freres pui nez , Henry
Comte d'Illers , Capitaine de Vaisseau
du Roy , mort au Pont S. E prit , en
revenant de Toulon , le 26. Novembre
1727. qui avoit épousé la fille de Marcellin
Florent de Selles , Trésorier general
de la Marine , dont il n'a laissé qu'une
fille en bas âge ; et le Chevalier d'Illiers ,
tué à la bataille de Ramilles en 1706.
Ils étoient tous trois fils de Henry d'Illiers
de Balsac, Seigneur de Chantemesle,
Beaumont , la Grange , &c. Sous - Lieutenant
de la Compagnie des Chevaux-
Legers de la Garde du Roy , tué au Combat
de Senefen 1674. et de Louise- Magdeleine
de Grimouville,
Le 20. Août , D. Catherine Henriette
Feydeau , Epouse d'Arnaud - Paul de Fieubet
, Mestre de Camp de Cavalerie , et
Enseigne des Gendarmes de la Garde ordinaire
du Roy , accoucha d'une fille ,
son second enfant , qui fut nommée par
M. Pierre Gilbert , Seigneur de Voisins ,
Premier Avocat General au Parlement
de Paris , son oncle paternel , à cause de
D. Anne-Louise de Fieubet , sa femme i
ct
1896 MERCURE DE FRANCE
,
et par D. Catherine Croiset , veuve de
M. Guillaume Briconnet , Comte d'Auteüil
vivant Président en la troisiéme
Chambre des Enquêtes du Parlement de
Paris sa grande - tante maternelle , et
sceur de D. Marie Louise Croiset , veuve
de M. Henry Feydeau , Seigneur de Calende
, vivant , aussi Président aux Enquêtes
du même Parlement, Ayeule maternelle
de l'Enfant.
و
Le 3. Août , fut celebré à Malesherbes
en Gâtinois , le Mariage de César - An
toine de la Luzerne , Comte de Beusseville
Seigneur de Moulin - Chapelle
Houllebec , & c. Mestre de Camp du Régiment
de Cavalerie des Curassiers du
Roy , et Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , veuf de Germaine Françoise
de la Vieuville , morte le 19. Décembre
17 29. à l'âge de 22. ans ; avec Dlle Ma
rie - Elisabeth de Lamoignon de Blancménil
, née le 10. Mars 1716. fille aînée
de Guillaume de Lamoignon , Seigneur
de Blancménil , du Bourget , de Malesherbes
, &c . Président au Parlement de
Paris , et de D. Anne Elizabeth Roujault,
sa seconde femme. La Maison de la Luzerne
est une des plus anciennes de la
Province de Normandie , étant connuë
par
AOUS T. 1733. 1897
par titres dès la fin du 13. siecle. Elle
porte pour Armes d'azur à la Croix
d'or encrée , chargée de 5. Coquilles de guenles.
Le nouveau Marié est fils aîné de
Gui-Cesar de la Luzerne , marquis de
Beusseville , Baron de Garencieres , et de
Beaudemont , Seigneur de Lorcy et de
Courteville , Capitaine des Côtes de la
Mer en Normandie , cy - devant Cornette
des Chevaux -Legers de la Garde du Roy,
et de deffunte D. Magdeleine- Françoise.
de Pommerciil , Dame de Moulins- Chapelle
, morte le 12. May 1725. Il avoit
eu de sa premiere femme un fils unique ,
nommé Cesar- François de la Luzerne ,
né le 16. Décembre 1729. mais cet enfant
mourut le 15. Août 1732.
Le 10. Août , Alexandre- Maximilien-
Balthasar Dominique de Gand - Villain
de Merode et de Montmorency , Comte
de Middelbourg , Colonel du Régiment
de la Marine depuis 1716. et auparavant
de celui des Landes en 1704. Brigadier
des Armées du Roy , du premier
Février 1719. et Gouverneur de la
Ville de Bouchain , depuis 1724. frere
puîné de Louis de Gand- Villain de Merode
de Montmorency , Prince d'Isenghien
et de Masmimes , Lieutenant General
des Armées du Roy , du 8. Mars
1728.
I'
900 MERCURE DE FRANCE
1718. Chevalier des Ordres de S. M. du
3. Juin 1724. Lieutenant general en la
Province d'Artois , du mois d'Août 1724.
et Gouverneur de la Ville et Cité d'Arras
, depuis 17 : 5 . et fils de Jean - Alphonse
de Gand . Villain de Merode de Montmorency
, Prince d'Isenghien et de Masmimes
, mort le 6. May 1687. à l'âge
de 30. ans , et de Marie- Therese de Crevant
d'Humieres , morte le 19. Août 1732.
âgée de 79. ans , fut marié dans la
Chapelle des hauts- Thermes , au bout
des Champs Elizées , avec la Dile de la
Rochefoucault , âgée de 16. à 17. ans ,
fille unique de feu Barthelemi de Roye
de la Rochefoucault , dit le Marquis de
la Roch foucault , Lieutenant General
des Armées du Roy , ancien Capitaine-
Lieutenant de la Compagnie des Gendarmes
Flamans , Capitaine des Gardes
du Corps de deffunts le Duc et la Duchesse
de Berry , mort le 3. Novembre
1724. à lâge de 51. ans , et de D. Pauline
Marguerite Prondre , sa veuve. La Maison
de Villain , surnommée de Gand , est
une des grandes et premieres Maisons
de Flandres . Elle remonte son origine ,
aux anciens Comtes et Chastelains de
Gand. On en trouve la généalogie dans
le Dictionnaire Historique , Editions de
1725.
A O UST. 1901 1733 .
1725. et 1732. sous le nom de Gand .
Celle de la Maison de la Rochefoucault
est rapportée dans le 4. tome des Grands
Officiers de la Couronne , de la derniere
Edition , page 418 .
Nous remettons au mois prochain à parler
du Mariage de M. le Marquis de
Mirepoix , avec Mdeumoiselle Bernard de
Rieux et de la magnifique Fête
M. Bernard , Comte de Coubert , á donné:
à cette occasion .
Fermer
Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En juillet 1733, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Henry-Louis Colomne, docteur en théologie et doyen de l'église royale de Saint-Marcel à Paris, est décédé à l'âge de 80 ans. Passionné de fleurs, il cultivait des espèces rares dans son jardin parisien. Marie-Anne Leoward, épouse de Daniel Chardon, conseiller à la Cour des Aides de Paris, est morte après une longue maladie, laissant un fils de deux ans et demi. Marie Geneviève Amyot, épouse de Paul Émile de Braque, est décédée à Paris à l'âge de 33 ans et a été inhumée à la Madeleine. Jacques Gerffy, écuyer et seigneur de Coiffy, est mort subitement à Paris à l'âge d'environ 60 ans. Marie Megret, épouse de Claude Pellot, comte de Tréviers, est décédée d'une maladie de poitrine au début du mois d'août, laissant deux fils en bas âge. Jacques d'Illiers de Balsac d'Entragues, maréchal des camps et armées du roi, est mort à l'âge d'environ 65 ans. En août 1733, Catherine Henriette Feydeau, épouse d'Arnaud-Paul de Fieubet, a accouché d'une fille. Le 3 août, César-Antoine de la Luzerne, comte de Beusseville, s'est marié avec Marie-Elisabeth de Lamoignon de Blancménil à Malesherbes. Le 10 août, Alexandre-Maximilien-Balthasar Dominique de Gand-Villain de Merode et de Montmorency, comte de Middelbourg, s'est marié avec la fille de Barthélemi de Roye de la Rochefoucault.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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66
p. 2085-2109
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Antoine Paris, Ecuyer, Conseiller d'Etat, cy-devant Trésorier général [...]
Mots clefs :
Marquis de Mirepoix, Gaston Pierre de Lévis-Mirepoix, Anne-Gabrielle-Henriette Bernard de Rieux, Roi, Fille unique, Paris, Seigneur, Marquis, Comte, Épouser, Mariée , Chambre, Salle, Finances, Brigadier des armées du roi, Parlement de Paris, Lampions, Terrines, Rez-de-chaussée, Fer à cheval, Façade, Fronton, Pourtour, Pilastres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS , NAISSANCES
et Mariages.
Ntoine Paris , Ecuyer , Confeiller
Ad'Etat , cy- devant Tréforier géné
ral des Finances de la Province de Dauphiné
, mourut en sa Terre de Sampigny,
près de Commercy , en Loraine , le
29 Juillet 1733. Il étoit veuf de Marie-
Elizabeth - Jeanne de la Roche , fille de
Geoffroi de la Roche , vivant Ecuyer ,
Commandant les Gardes des Plaifirs du
Roy , dans les Parcs de Verfailles , & de
feué Élizibeth Hérault, de laquelle il n'a
laissé qu'une fille unique mariée avec
Jean Paris de Montmartel , son oncle
Ecuyer , Confeiller d'Etat et Garde du
Tréſor Royal , cy- devant Tréforier General
des Ponts et Chaussées , qui avoit
épousé en premieres nôces Marguerite-
Françoiſe Megret , foeur de Jean -Nicolas
Mégret de Sérilly , Maître des Requêtes
Ordinaire de l'Hôtel du Roy.
Le 25 Août , Dame Sufanne de Louvat
,veuve de Meffire Raoul des Champs,
Chevalier, Seigneur de Boishebert , qu'elle
it épousé le 23 Juillet 1691. mourut
gée d'environ 61 ans. Elle étoit fille de
Clau
100% MERCURE DE FRANCE
Claude de Louvat , Maréchal des Champs
& Armées du Roy , Gouverneur de Bellc-
Isle , & de Geneviève Robert de Lay.
Le même jour Chrétien - Nicolas de
Lamoignon , Seigneur de Bournau , Maître
des Requêtes ordinaire de l'Hôtel du
Roy depuis 1728. et auparavant Confeiller
au Parlement de Paris, où il avoit été
reçu le 23 Juillet 1721. mourut d'une
fiévre maligne à Paris , dans sa 33 année,
étant né le 25 Decembre 1700. fans avoir
été marié. Il étoit fecond fils d'Urbain-
Guillaume de Lamoignon , Comte de
Launay Courfon & de Montrevaux ,
Confeiller d'Etat ordinaire , & au Confeil
Royal des Finances , et de D. Marie-
Françoife Méliand , fon épouſe.
-
Le 30 Août , Jean - François- Paul le Févre
de Caumartin , Evêque de Blois , Abbé
commandataire de l'Abbaïe de Buzai
-de l'Ordre de Circaux , Diocèse de Nantes
, Docteur en Théologie de la Faculté
de Paris, l'un des quarante de l'Académie
Françoise , et Honoraire de celle des Infcriptions
et Belles- Lettres , mourut d'une
attaque d'Apoplexie , dans la 65 année
de fon âge, étant né le 16 Decemb.1668 .
Ce Prélat qui eft univerfellement regretté
à caufe de ses belles qualitez,avoit han
bord été deftiné à l'Ordre de Malthe 8 .
reçu
SEPTEMBRE. 1732. 2087
·
reçu de minorité au grand Prieuré deFrance
en 1669. Depuis il embrassa l'état Ecclésiastique
, et fut pourvu de l'Abbaïe
de Buzai , par la démiffion de Jean François-
Paul de Gondi , Cardinal de Retz ,
fon parain.Il fut reçu à l'Académie Françoise
le May 1694. reçut le Bonnet de
Docteur en Théologie le 7 Février 1697.
et fut admis au mois d'Août 1701. au
nombre des Honoraires de l'Académie
des Inscriptions et Belles Lettres . Etant
Doyen de l'Eglife Métropolitaine de
Tours; et l'un des grands Vicaires du Siége
vacant , il fut nommé à l'Evêché de
Vannes le 17 Septembre 1717. et après
avoir été facré le 17 Juillet 1718. à Dinant
par l'Evêque de S. Malo , en préfence
des Etats de Bretagne , il préta ferrent
de fidélité entre les mains du Roy
le 11 Decembre fuivant. Il fut transféré
à l'Evêché de Blois le 27 Août 1719. et
prêta un nouveau serment de fidélité le
17 Juillet 1720.Il assista au Sacre du Roy
le 25 Octobre 1722. ayant été un des Prélats
qui y furent invitez .
e1 Septembre , Charles de Y de
Seraucourt , cy-devant Capitaine au Ré
ciment des Gardes Françoises , mourut à
is , ágé de 78 ans. Il étoit fils d'Antoi
e Y , sieur de Seraucourt, Lieutenant
Cri2088
MERCURE DE FRANCE
Criminel du Bailli de Vermandois , au
Siége Préfidial de Reims , et d'Isabelle
P'Epagnol.
Le. 8. Jean le Boulanger , Maître ordinaire
en la Chambre des Comtes de Paris
, où il avoit été reçû le 28. Mars 1686.
et auparavant Conseiller au Châtelet ,
mourut septuagenaire ; il avoit épousé au
mois de Février 1695. Marie- Agnès Soulet
, soeur de Nicolas Soulet , Conseil
1er en la Grand'Chambre du Parlement
'de Paris , et fille de Nicolas Soulet , Con
seiller - Secretaire du Roy , et d'Agnès
Gaillard. Il a laissé un fils , reçû Maître
en la même Chambre des Comptes en
1729. et une fille , mariée au mois d'Avril
1727. avec Pierre Charpentier , Scigneur
de Royennes , aussi Maître des
Comptes aàllParis.
2
t
Le 11. D. Marie- Christine- Victoire de
Prougent , Epouse d'Anne- François de
Vandeuil , Chevalier , Seigneur d'Estel
fay, Ecuyer de la grande Ecurie du Roy
et Chef d'Académie Royale à Paris , mourut
âgée d'environ 48. ans ; elle avoit été
mariée le 16. May 1715. et étoit fille
unique de Marie Joseph de Prougent
Ecuyer, Seigneur de Mongivroux , Întendant
des Maisons et Finances de feües
leurs Altesses Sérenissimes la Prince orae
SEPTEMBRE, 1738. 2089
Condé et la Duchesse de Brunswik Ha
nover , mort le 26. Avril dernier , et de
D. Catherine Davy de la Pailleterie , sa
femme, auparavant Chanoinesse et Dame
de Remiremont , morte le 2. Décembre
1729. âgée de 81. ans.
Le 12. de ce mois , Dame Françoise le
Gendre , Epouse de M. Jean Baptiste.
Bosc , Seigneur de Souscarriere , Conseiller
du Roy en ses Conseils , Secretaire.
de la Chambre et du Cabinet de S M.
Procureur Géneral en la Cour des Aydes
de Paris , Commandeur et Chancelier ,
des Ordres Royaux , Militaires et Hospitaliers
de N. D. du Mont- Carmel et de
S. Lazare de Jérusalem , mourut à Paris
après une longue, maladie , âgée de 49 .
15 ; elle étoit fille de feu François le
Gendre , Ecuyer , Fermier Géneral des.
Fermes du Roy , mort le 11 , Juin 1696.
t de feüe D, Marguerite le Roux , morte,
' e 11.Décembre 1726. et avoit pour soeurs
înées la D. Crozat , la D. Doublet et la
D. Présidente Durey ; elle avoit été mariée
au mois de Janvier 1704. et n'a laissé
que deux filles , qui sont la D. de Sourrière
et Marguerite Bosc , mariée le 9 .
évrier 1728. avec Bertrand - Cesar du
Guesclin , Seigneur de la Roberie, Colo-
Infanterie, Chevalier de l'Ordre Militaire
6
2090 MERCURE DE FRANCE
litaire de S. Louis , et Gentilhomme de
la Chambre du Duc d'Orleans.
Le 13. D. Marie Elizabeth Daret de
Chevry , Veuve depuis le 18. Juin dernier
, d'Antoine - François de la Trémoille
de Noirmontier , Duc de Royan , dont
on a rapporté la mort dans le Mercure
de Juin dernier , premier vol . p . 1246.
mourut à Paris , âgée de 61. ans , sans posterité
; elle étoit fille de feu Charles François
Duret , Seigneur de Villefranche et
de Chevry , qui avoit été Mestre de Camp
d'un Régiment d'Infanterie pour le service
du Roy en Portugal , et de feüe D.
Marie - Elizabeth Bellier de Platbuisson
et avoit été mariée le 22. Mars 1700.
·· Le 19. D. Henriette Louise Col-"
bert , Duchesse de Beauvillier , qui avoit
été Dame du Palais de la Reine Marie-
Thérese d'Autriche , mourut en son Hôtel
rue sainte Avoye à Paris , âgée de 76.
ans , 9. mois , et le 21. son corps fut
transporté à Montargis , pour y être inhumé
dans le Monastere des Benedictines
auprès du feu Duc son Mary . Elle étoit
seconde fille de Jean- Baptiste Colbert
Marquis de Seignelay de Château - Neufsur
- Cher , et de Blainville , Baron de
Monétau de Chény , d'Ormoy , de
Sceaux , de Linieres , &c. Conseiller
dinal...
SEPTEMBRE . 1733 2091
dinaire du Roy en tous ses Conseils : et
au Conseil Royal des Finances , Ministre
et Secretaire d'Etat , Contrôleur General
des Finances , Commandeur et Grand-
Trésorier des Ordres du Roy , Sur- Intendant
et Ordonnateur general des Bâ →
timens de S. M. Jardins , Arts et Manufactures
de France , &c. mort le 6. Septembre
1683. et de D. Marie Charron ,
morte le 7. Avril 1687. elle avoit été
mariée le 21. Janvier 1671. avec Paul de.
Beauvillier , Duc de S. Aignan , Pair de
France , Grand d'Espagne , Comte de
Busançois et de Palluan , Seigneur des
Terres et Baronies de la Ferté saint
Aignan , la Salle , les Cléri , Lucè en
Beauce , et des Terres et Châtellenies
des Aix , d'Angillon , Séri , Humbligni ,
Chemeri , la Grange , Montigny , haut
et bas Foullé, Chanterennes et Neufvres,
Vicomte de Valognes, Chevalier des Ordres
du Roy, et cy -devant Premier Gentilhomme
de fa Chambre ,Brigadier de fest
Armées , Ministre d'Etat , Chef du Confeil
Royal des Finances , Gouverneur des
nfans de France , Premier Gentilhomme
de leur Chambre , et Maître de leur
Warde-robe, Gouverneur pour le Roy des
Ville et Citadelle du Havre de Grace et
as en dépendans , Gouverneur et Bailli
des
2092 MERCURE DE FRANCE
,
des Villes et Chateau de Loches et Beaulieu,
mort le 31 Août 1714 Elle en avoit
eu plusieurs enfans , dont il n'y a cu
qu'une seule fille de mariée, qui étoit feuë .
Marie-Henriette de Beauvillier , morte le
4 Septembre 1718. laissant de Louis de
Rochechouart , Duc de Mortemart , Pair
de France , Premier Gentilhomme de la
Chambre du Roy, Chevalier de ses Ordres,
et Lieutenant Général de ſes Armées,
son cousin germain maternel , qu'elle avoit
épousé le 20 Décembre 1703. deux fils
et trois filles , l'aîné des fils mourut
en 1731. sans enfans; le second est Charles
- Auguste Duc de Rochechouart, premier
Gentilhomme de la Chambre du
Roy , né le 11 Octobre 1714- qui n'est
pas encore marié,
>
Le 20. D. Charlotte de Rohan , Epouse
depuis 1729 , de Jean Antoine de Créqui
, Comte de Canaples , et auparavant
veuve depuis le 14 Mars 1720 d'Antoine-
François de Colins , Comte de Mortaigne
, Seigneur de Justingue et d'Ham
premier Ecuyer de feuë Elizabeth-Charlotte
de Baviere , Duchesse Doüairiere
d'Orleans, et auparavant Capitaine- Lieutenant
de la Compagnie des Gens d'Armes
de Bourgogne , qu'elle avoit épousé
au mois de Mars 1717 , mourut d'une
ApoSEPTEMBRE
. 1733. 2093 .
Apoplexie de sang en son Château de
Beaumont au Perche , dans la 53 année
de son âge , étant née le 20 Decembre
1680. Elle étoit fille de Charles de Rohan,
Prince de Guimené, Duc de Montbazon ,
Pair de France mort le 10 Octobre 1727,
et de Charlotte Elizabeth de Cochefilet
de Vauvineux , morte le 24 Décembre
1719. Elle a laissé de son premier mari
Loüise Elizabeth de Colins de Mortaigne,
fille unique ,née au mois de Février 1713.
et mariée le 6 May 1733 , avec le Comte
de Montboissier , Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment de Clermont , Prince ,
Cavalerie , fils aîné de Philippe Claude ,
Marquis de Montboissier Canilliac , Capitaine
Lieutenant de la seconde Compagnie
des Mousquetaires de la Garde du
Roy.
·
Le 21. D. Marie- Anne Tronçon, veuve
depuis le 17 Novembre 1704. de Mathieu
Garnier, Seigneur de Monthereau ,
Président au Parlement de Metz , et fille.
d'Ennemond Tronçon , Seigneur de Chaumontel
- la- Ville , et du Preslay , Maître
d'Hôtel ordinaire du Roy , et Trésorier
de France à Orleans , et d'Anne Boyer ,
mourut à Paris , âgée d'environ 89 ans ,
laissant une fille unique , qui est D.Marie-
Jeanne Garnier de Monthereau , ma-
I riéc
2094 MERCURE DE FRANCE .
›
riée le 20 Avril 1689 , avec Etienne Canaye
, Seigneur de Malval , des Roches ,
&c . Conseiller en la Grand'Chambce du
Parlement de Paris.
و
Le 28 , François le Maistre , Seigneur
de Persac en Poitou , de Belloc , et en
partie du Marquisat de Ferrieres , Conseiller
Honoraire au Parlement de Paris ,
où il avoit été reçu le 2 Juillet 1692. fils
de François le Maistre , Seigneur des mê
mes Lieux, mort Conseiller en la Grand-
Chambre du même Parlement , le 14 Septembre
1685. et de D. Marie le Feron , fa
seconde femme , morte le 4 Decembre
1720 femme alors en secondes nôces de
Claude de Thyard , Comte de Bissy , frere
du Cardinal de ce nom mourut au
Chateau de Mont rouge , près de Paris,
âgé d'environ 65 ans , et le lendemain au
soir son corps fut apporté à Paris , et inhumé
aux Cordeliers , dans la fépulture
de fa famille. Il desaendoit du celebre
Gilles le Maistre , premier Président au
Parlement de Paris , qui étoit son 4 aïeul,
et qui mourut le 5 Decembre 1562. François
le Maistre qui vient de mourir ,avoit
été marié le 1 Août 1695 , avec Marie-
Marguerite Boucher , morte le 2 Avril
1721.dans la 47 année de son âge,fille de
Nicolas Boucher , vivant Secretaire du
Roy ,
J
SEPTEMBRE. 1733. 2095
Roy , Grand Audiancier de France, et de
Mario Bannelier. Il n'en a laissé que Marie-
Anne le Maistre ,née le 27 Mars 1700.
et mariée le 22 Décembre 1722. avec Nicolas
le Camus , premier Président en la
Cour des Aydes de Paris , et Seigneur de
Mont-rouge , qui avoit épousé en premieres
nôces Magdeleine- Charlotte Baugier
, morte le 2 Decembre 1722 .
Le 25. Août , est née Augustine-Julie , fille
d'Anne- Gabriel de Cugnac , Chevalier , Baron de
Reuilly , Sous - Lieutenant au Régiment des Gar
des Françoises , et de D. Jeanne Marie - Joseph
Guyon de Disier , son Epouse. Ses Parains et
Maraines ont été Antoine- Hiacinte de Mainville
, Comte de Marigny , Brigadier des Armées
du Roy et Capitaine - Lieutenant de la Compagnie
des Chevaux- Legers d'Orleans , et Dlle Ju-
Tie- Augustine Hurault de Vibraye.
Le 13. Septembre , fut baptisée Marie - Charlotte-
Dorothée , née le jour précedent , fille de
Michel - Charles - Dorothée de Roncherolles ,
Chevalier , Comte du Pont S. Pierre , Mestre de
Camp du Régiment Royal des Cravates, Cavalerie
, de D. Charlotte - Marguerite de Romilley de
la Chesnelaye , son Epouse , qui ont été mariez
le 25. May 1728. elle a eu pour Parain Adolphe
Charles de Romilley , Chevalier , Marquis de la
Chesnelaye et d'Amy , Comte de Mausson , Seigneur
de la Chaise , d'Ardesne, & c. Brigadier des
Armées du Roy , Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , et Gouverneur des Ville et Château
de Fougeres en Bretagne , son Ayeul maternel
et pour Maraine , D. Marie- Anne Dorothée
Erard
I ij.
1
2016 MERCURE DE FRANCE
Erard le Gris,Marquise d'Echauffour et de Montreuil
, Comtesse de Cisey , &c. Epouse de Mi
chel de Roncherolles, Marquis du Pont S. Pierre,
premier Baron de Normandie , et Conseiller
'honneur-né au Parlement de Roücn , son Ayeu
le paternelle. Nous avons parlé de cette Maison
de Roncherolles , aussi bien que de celle de Romilley
, dans le Mercure de Juin 1728. premier
vol.p. 1255. à l'occasion tant du Mariage des Pere
et Mere de P'Enfant qui vient de naître , que de
celui de D. Marie - Catherine de Roncherolles,
soeur du Comte du Pont S. Pierre , avec François
de Rivoire , Marquis du Palais , Brigadier
des Armées du Roy , Lieutenant des Gardes du
Corps de S. M. qui fut celebré le 3. Juin 1728 .
Le 15. il est né un fils à Louis - François de
Laurens , Comte de Montserin , de son Mariage
avec Françoise Louise de Laurens , qui a été
nommé au Baptême par Thomas Rivier , et par
D. Joseph de Rebé , veuve de Leonor du Maine
Marquis du Bourg,
-Le 12. Septembre , Charles- Guillaume- Louis
de Broglio , âgé de 17. à 18. ans , seul fils de
Charles Guillaume , Marquis de Broglio , Lieu
tenant General des Armées du Roy , et Gouver
neur de Graveline , cy- devant Directeur general
d'Infanterie , et de feue D. Marie Magdeleine
Voysin , son Epouse , fille du Chancelier de
France de ce nom , morte le 11. Janvier 1722,
fut marié avec Dlle Theodore - Elizabeth de Besenval
de Bronstat , fille de Jean- Victor Baron
de Besenval Bronstat , du Canton de Soleure ,
Lieutenant General des Armées du Roy, et Colo
nel des Gardes Suisses de S. M. et de D, Cathe
ine , née Comtesse de Biclinski.
Le 15. Pierre- Jacques - Louis de Becdelievre ,
Marquis
Marquis de Quevilly , fils de Louis de Becdelievre,
Baron de Cany , et de feüe D. Anne- Henriette
Catherine Toustaing d'Herbeville , épousa Dlle
Charlotte Paulmier de la Bucaille , fille de Pierre
Paulmier de la Bucaille , Seigneur de Prestreval ,
et de D. Genoviéve Marette.
-
>
La nuit du Dimanche au Lundi 17.
d'Août dernier , Charles Pierre Gaston
de Lévis de Lomagne , Maréchal hé
reditaire de la Foy , Chevalier , Marquis
de Mirepoix , Comte de Terrides , Vicomte
de Gimoix , Baron de Mont- Fourcaul
, &c. Colonel du Régiment de Saintonge
; fils de feu Charles- Pierre de Lévis
, Marquis de Mirepoix , Prince de
Pescheseul , Comte de Terredes , Maréchal
héréditaire de la Foy , et de feüe
Dame Gabrielle d'Olivier , épousa Anne-
Gabrielle-Henriette Bernard , fille de Gabriel
. Bernard . Comte de Rieux , Baron
et Seigneur de la Liviniere , Ferals , Fief-
Madame , &c. Conseiller du Roy en ses
Conseils , Président au Parlement , Deu
xiéme Chambre des Enquêtes , et de Dame
Suzanne-Marie- Henriette de Boulainvilliers
, petite fille du côté Paternel de Samuel
Bernard , Chevalier de l'un des Ordres
du Roy , Conseiller d'État , Comte
de Coubert , Marquis de Merry , &c. en
du côté Maternel , de feu Henry de Boulainvilliers
, Comte de S. Saire , si celebret
1 ii
par
L
par le grand nombre de ses Ouvrages
dont la plupart ont été rendus publics
depuis sa mort.
On ne s'étendra pas sur la grandeur
de la Maison de Lévis , dont le Marquis
de Mirepoix est l'aîné. Ce ne seroit rien
apprendre au Public ; personne n'ignore
qu'elle est une des plus anciennes et des
plus illustres du Royaume . On en trouve
la Généalogie détaillée dans le 4. volume
de l'Histoire Généalogique du P.
Anselme , page 15 .
11 suffira d'observer que Guy de Lévis
I. du nom , Chef de toutes les Branches
de cette Maison , qui subsistent au→
jourd'hui , fit paroître tant de valeur et
de zele pour la Religion dans la guerre
contre les Albigeois , où il commandoit
en qualité de Maréchal des Croisez , au
commencement du 13. siecle , qu'il y
mérita pour lui et pour l'aîné de ses Enfans
mâles , à perpétuité , le Titre de Maréchal
de la Foy Titre que nos Rois
ont depuis confirmé en plusieurs occa
sions , entre autres , par un Arrêt du
Grand Conseil du 10.Juin 1651. et c'est
en qualité de Maréchal héréditaire de la
Foy , que le Marquis de Mirepoix porte
derriere l'Ecu de ses Armes , qui sont
d'or à trois chevrons de sable , deux Bâtons
SEPTEMBRE. 1733 2099
tons d'azur en sautoir , semez de Croix
et de Fleurs de Lys d'or.
Le Chevalier Bernard , toujours magnifique
dans ce qu'il fait , donna à l'occasion
de ce Mariage dans son Hôtel ,
ruë neuve Notte -Dame des Victoires
une Fête qui a fait l'étonnement et l'ad
miration de tous ceux qui y ont assisté.
Le matin du Dimanche 16. Août , un
grand nombre de Suisses furent postez
aux portes de l'Hôtel et des Apparte
mens , et un détachement d'autres Suisses
fut chargé de la garde des Cour, Jar
dins , Passages , &c.
La Fête commença sur les 6. heures
du soir , par un Concert , qui ne pouvoit
manquer d'être parfaitement bien
executé , M. Bernard ayant eu soin d'y
rassembler en grand nombre les plus belles
Voix et les meilleurs Instrumens , et
l'on peut dire de ces excellens Sujets ,
que le zele se joignant à leurs talens , ils
se surpasserent pour répondre aux intentions
de M. Bernard .
Sur les 7. heures du soir , toutes les
façades de l'Hôtel furent illuminées d'u
ne quantité prodigieuse de Lampions et
de Terrines , qui profiloient toutes les
Corniches , les Croisées , les Plintes et
les autres principaux Membres de l'Ar-
I iiij
chi2100
MERCURE DE FRANCE
chitecture , depuis le faîte jusqu'au rezde
- chaussée. La principale façade de la
Cour , étoit surmontée d'une Etoite de
Lampions , si grande et si brillante que
les yeux avoient peine à en soutenir l'éclat.
L'Illumination qui décoroit le devant
de l'Hôtel sur la ruë , formoit plusieurs
Pilastres , et le pourtour de la
Porte Cochere , au haut de laquelle étoit
un Fronton entre deux grandes Pirami
des de Lampions , qui jettoient une lumiere
très-agréable ; et pour éclairer de
plus loin les Carosses , on avoit garni le
mur du Jardin des Petits - Peres de la
Place des Victoires , de terrines posées
sur des Consoles , depuis l'Eglise jusqu'à
l'angle et très-avant dans la ruë neuve
S. Augustin. On n'aura pas de peine à
s'imaginier le brillant de cette Illumina
tion , quand on sçaura que tous les lampions
et les terrines étoient en cire blanche
, précaution que l'on a crû devoir
prendre pour éviter la mauvaise odeur
et pour garantir les habits des Dames
et des autres Conviez qui étoient obligez
de passer sous des Arcades illuminées .
Après le Concert , vers les neuf heures
, toute la Compagnie descendit et traversa
une enfilade d'Appartement à rezde-
chaussée , pour se rendre dans une
Sale
Echelle
de
Le Roux inv.
PEL
618 wifes
P
C
LIBRARY
.
A, LENOX
AND
TELEEN
FOUNDATIONS
.
pou endre dans une
Sale
DRAKY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
TEMPLE DE MARS
Mademoifelle
uis de
Mirepoix avec
Bernard
Comte de Coubert .
DEO NT
REG
REGI
SEPTEMBRE. 1733. 2102
Sale , où l'on avoit servi un Repas des
plus somptueux. C'est ici qu'a parû dans
tout son éclat , le goût et la magnificence
du Chevalier Bernard ,
Cette Sale , dont tout le monde a
admiré la grandeur et les proportions ,
avoit été construite dans le Jardin par
les soins et sur les Desseins de M. le Roux,
Architecte du Roy et de l'Académie
Royale d'Architecture , qui a employé
avec succès son Art et ses talens pour
executer les idées de M. Bernard .
L'étendue de la Sale étoit de 12. toises
de longueur , sur sept de largeur , et elle
avoit 22. pieds et demi d'élevation depuis
le plancher jusqu'au Plafond. 1. a
La décoration du Frontispice repré
sentoit en camayeu le Temple de Mars ,
dont une Porte cintrée formoit la prin
cipale Entrée. Aux deux côtez étoient
quatre grands Pilastres d'une très- belle
Architecture, ornez de Trophées de
guerre , et entre les Pilastres , deux grandes
Arcades vitrées , qui laissoient jouir
un grand nombre de Spectateurs du coup
d'oeil de la Sale , et donnoient aux Conviez
le plaisir de voir la Façade illuminée
du dedans de l'Hôtel. Au - dessus
de ces deux Arcades , on voyoit des
Trophées d'Amour et les Chiffres des
21
I y now
1102 MERCURE DE FRANCE
nouveaux Epoux , sous une Corniche
feinte de pierre de taille , surmontée d'un
grand Fronton de la largeur de l'Edifice;
dans le Timpan duquel étoient les Ar
mes du Marquis de Mirepoix , accolées
avec celles de sa nouvelle Epouse , dans.un
Cartouche , avec la Couronne Ducale,
un Griphon et un Lion pour supports ,
et les Bâtons de Maréchal de la Foy
mis en sautoir derriere les deux Ecus
le tout peint et très bien exprimé en
bas - relief, par les clairs et les ombres.
Sur un des cô ez du Fronton et à la
droite du Cartouche , on lisoit dans une
Banderole la Devise : Aide Dieu an second
Chrétien Lévis , à la gauche dans
une autre Banderole : Deo ut Regi , Regi
ut Deo ; et au- dessous des Armes , Callar
Vale Mas. Ces trois Devises appartiennent
depuis un temps immémorial à la
Branche aînée de Lévis , et ne sont pas
moins des marques de son ancienneté ,
que des grands services qu'elle a rendus
au Roy et à la Religion .
Enfin , aux deux extrémitez du Fron
ton , sur la Corniche , s'élevoient deux
bouts de balustrade , chargez de deux
Trophées d'Armes en ronde-bosse.
Au fond de cette Sale , en face de la
grande Porte , on avoit pratiqué un enfonSEPTEMBRE.
1733 . 2103
foncement pour un grand Buffet d'appa
rat , aux côtez duquel il y en avoit
deux autres. Au - dessus de ces deux Buf
fers étoient deux Tribunes spacieuses ,
destinées pour la Symphonie.
Au pourtour du bas de la Sale regnoit
un Lambris de quatre pieds de hauteur ;
le Plafond étoit soutenu d'un Frise et Cor
niche , interrompuës au- dessus du grand
Buffet , des Armes groupées des Mariez,
entre deux Emblêmes, peints en camayeu
gris-de- lin ; et du côté opposé , c'est - àdire
, au- dessus de la grande Porte , on
voyoit les Armes de M. Bernard , placées
entre deux Chiffres dans des Čartouches.
Le reste de la Frise , le long des
deux grands côtez,étoit orné de Cartouches
et de Devises .
Outre la principale Porte d'entrée dont
nous avons parlé, il y en avoit encore
4.autres de 15. pieds de hauteur sur 8. de
largeur dans les grands côtez de la Sale;
et à la premiere à droite , aboutissoit une
Galerie couverte , longue de 4. toises et
demie , et large d'environ 2. toises , qui
communiquoit aux Appartemens du rezde-
chaussée , par le moyen de laquelle
la Compagnie passa des Appartemens
dans la Sale, sans être exposée à la pluye
ni au mauvais temps.
I vj Dans
2104 MERCURE DE FRANCE
Dans le milieu de la Sale étoit une Table
en fer à cheval , qui avoit 150. pieds
de pourtour par les dehors , pout 70.
Couverts. Il y en avoit encore quatre au
tres de 9. pieds de long dans les encoignures
du côté de la grande Entrée , qui
servoient de Buffet pour poser les Services
, avant que de les porter sur la grande
Table. La Sale étoit décorée avec tout
l'art possible ; un grand nombre de Lustres
et de Girandoles dans les plus ingénieux
arrangemens , y répandoit une lumiere
très- éclatante.
Le Fer à cheval étoit entouré par- dehors
de 70, tant chaises que fauteuils , de
même parure , en velours cramoisi , chamaré
en or et argent , les chaises placées.
alternativement entre les fauteuils.
L'arrivée des Conviez dans la Sale fut
annoncée par un bruit de Timbales et
de Trompettes , qui ne cessa que quand
tout le monde fut à table. Les nouveaux
Epoux étoient placez au milieu du Fer à.
cheval ; les fauteuils étoient occupez par
les Dames et les chaises par les Messieurs. ,
Il n'étoit guére possible de voir une.
Assemblée plus brillante , ni un Spectacle
plus magnifique . Cette Table reünissoit
sous un seul point de vûë un grand.
nombre de personnes des plus qualifiées .
et:
SEPTEMBR E. 1753. 210
et des plus considérables du Royaume.
Nous nous croyons dispensez d'entrer
dans le détail du Festin ; on n'aura pas
de peine à imaginer qu'il étoit des plus
somptueux et des mieux servis ; M. Bernard
fit éclarer en cette occasion sa magnificence
ordinaire . 7
Nous observerons seulement , pour
donner une idée de l'ordre établi , que
les Plats et Services étoient apportez par
des Suisses et remis entre les mains d'un
grand nombre d'Officiers , qui les posoient
sur la Table par le milieu du fer
à cheval.
Rien n'étoit plus beau à voir que le
Service du fruit , la Table se trouva en
un instant métamorphosée en une espece
de Jardin délicieux , où les yeux et le
goût trouvoient également de quoi se sa
tisfaire , par l'abondance des fleurs et des
fruits de toute espece qui couvroient
toute l'étendue de la Table ; sans parler
des formes variées et de la délicatesse des
mets , & c.
Les deux Buffets étoient servis par de
hors, ct il y avoit à chacun plusieurs Officiers
qui n'étoient occupez qu'à donner
les Vins les plus rares et les plus exquis. ཏ མ ཉི
A. la Musique guerriere , succeda une
Symphonic mélodieuse , placée dans les
Tri
1
&
2106 MERCURE DE FRANCE
Tribunes , qui dura pendant tout le souper
, interrompuë par intervales par les
Fanfares des Trompettes et des Timbales,
placées sur un Théatre hors de la Sale
du côté de la Galerie couverte. Les sieurs
Charpentier et Danguy , dont tout le
monde connoît les talens ,
l'un pour
la
Musette et l'autre pour la Viele , vinrent
pendant le Souper au milieu du fer
à cheval , et y joüerent ensemble avec
tous les agrémens comiques dont on les
sçait capables ; ce qui fit un intermede
des plus amusants.
Au sortir de table à minuit , toute
la Compagnie monta en carosse pour se
rendre à S. Eutsache Paroisse de la
Mariée .
>
Le devant de l'Hôtel étoit bordé de
plusieurs Escoüades de Guet à pied , et
l'on trouvoit des Brigades de Guet à che
val à chaque coin des rues aboutissant à
celles par où passoit la suite des Carosses.'
Il y en avoit encore un plus grand nom-'
bre au grand Portail de l'Eglise pour
empêcher le tumulte et la confusion.
L'attention de M. Bernard s'étoit éten
due jusqu'à faire éclairer toute la Place
qui est vis-à- vis l'Eglise ; elle étoit en
tourée de quantité de Terrines , dont la
grande lumiere dissipoit entierement les
énebres de la nuit.
SEPTEMBRE. 1733. 2107
P
Le grand Autel et le Choeur étoient surbement
décorés * et éclairés d'une si
grande quantité de Cierges et de Bougies,
po ées sur Candelabres et des Girandoles,
qu'on avoit peine à s'imaginer que l'on
fût au milieu de la nuit. Une longue suite
de Lustres , suspendus au milieu de
la Nef, accompagnez de Bras à plusieurs
branches , attachez à chaque Pilier , n'y
produisoient pas une clarté moins brillante.
Mais la plus belle Décoration de l'Eglise
, et celle qui devoit le plus flatter
M. Bernard , c'étoit la multitude prodigieuse
de monde, de tout rang et de tout
etat qui s'y rendit de tous les quartiers
de Paris , pour prendre part et voir cette
pompeuse Nôce. Jamais Ceremonie de
cette espece n'attira en effet tant de
Spectateurs. Le Choeur er la Nef étoient
templis de personnes de la premiere distinction
, qui cependant n'étoient pas de
la Noce. Il y avoir dans le reste de l'Eglise
un peuple aussi nombreux qu'aux
jours des plus grandes Fêtes . Une foule
de Carosses occupoir , à une très-grande
distance , toutes les rues qui aboutissent
à S. Eustache.
Par le sieur Guilleaumon , Tapissier ordinaire
de la Ville , qui avoit aussi décoré et illuminé la
Sale.
2708 MERCURE DE FRANCE
Tous ceux qui ont assité à cette sainte
et éclatante Ceremonie , ont parû en être
pleinement satisfaits . Le Marquis de Mirepoix
est un des Seigneurs les mieux
faits et des plus polis de la Cour , et
rien n'est plus charmant que sa jeune
Epouse , qui dans cette occasion ajoûta
aux graces de sa personne , une douceur
et une modestie , qui firent l'admiration
de tout le monde.
M. le Curé de S. Eustache fit la Célebration
du Mariage dans le Choeur de
son Eglise et dit ensuite la Messe , pendant
laquelle M. Forcroy toucha POr
gue.
Quelque étonnante que soit la magnificence
que M. le Chevalier Bernard ait
fait paroître à l'occasion de ce Mariage,
on sera encore plus surpris de la rapidité
avec laquelle tous les préparatifs de la
Fête ont été faits.. La construction et la
décoration de la Sale , toutes les Illumi
nations au dedans et au dehors de l'Hô
tel , tout le travail des Cuisines et des
Offices , tout cela a été l'ouvrage de cinq
jours , pendant lesquels on a vû près de
deux mille Ouvriers travailler à des opé
rations differentes , sans trouble ni confusion.
Le jour de la Fête se passa avec le même
SEPTEMBRE. 1733. 2109
me ordre , quoique toute la Maison fût
dans un grand mouvement , et entierementeremplie
de monde ; mais par le
bon ordre , il n'y eut ni accident , ni
cohue ni embarras , ce qui est assez rare
dans de pareilles circonstances .
Nous joignons ici à cette Description
un Plan gravé , tant de l'Hôtel de M. Bernard
, que de la grande Sale , et une
élevation ou façade du Temple.
et Mariages.
Ntoine Paris , Ecuyer , Confeiller
Ad'Etat , cy- devant Tréforier géné
ral des Finances de la Province de Dauphiné
, mourut en sa Terre de Sampigny,
près de Commercy , en Loraine , le
29 Juillet 1733. Il étoit veuf de Marie-
Elizabeth - Jeanne de la Roche , fille de
Geoffroi de la Roche , vivant Ecuyer ,
Commandant les Gardes des Plaifirs du
Roy , dans les Parcs de Verfailles , & de
feué Élizibeth Hérault, de laquelle il n'a
laissé qu'une fille unique mariée avec
Jean Paris de Montmartel , son oncle
Ecuyer , Confeiller d'Etat et Garde du
Tréſor Royal , cy- devant Tréforier General
des Ponts et Chaussées , qui avoit
épousé en premieres nôces Marguerite-
Françoiſe Megret , foeur de Jean -Nicolas
Mégret de Sérilly , Maître des Requêtes
Ordinaire de l'Hôtel du Roy.
Le 25 Août , Dame Sufanne de Louvat
,veuve de Meffire Raoul des Champs,
Chevalier, Seigneur de Boishebert , qu'elle
it épousé le 23 Juillet 1691. mourut
gée d'environ 61 ans. Elle étoit fille de
Clau
100% MERCURE DE FRANCE
Claude de Louvat , Maréchal des Champs
& Armées du Roy , Gouverneur de Bellc-
Isle , & de Geneviève Robert de Lay.
Le même jour Chrétien - Nicolas de
Lamoignon , Seigneur de Bournau , Maître
des Requêtes ordinaire de l'Hôtel du
Roy depuis 1728. et auparavant Confeiller
au Parlement de Paris, où il avoit été
reçu le 23 Juillet 1721. mourut d'une
fiévre maligne à Paris , dans sa 33 année,
étant né le 25 Decembre 1700. fans avoir
été marié. Il étoit fecond fils d'Urbain-
Guillaume de Lamoignon , Comte de
Launay Courfon & de Montrevaux ,
Confeiller d'Etat ordinaire , & au Confeil
Royal des Finances , et de D. Marie-
Françoife Méliand , fon épouſe.
-
Le 30 Août , Jean - François- Paul le Févre
de Caumartin , Evêque de Blois , Abbé
commandataire de l'Abbaïe de Buzai
-de l'Ordre de Circaux , Diocèse de Nantes
, Docteur en Théologie de la Faculté
de Paris, l'un des quarante de l'Académie
Françoise , et Honoraire de celle des Infcriptions
et Belles- Lettres , mourut d'une
attaque d'Apoplexie , dans la 65 année
de fon âge, étant né le 16 Decemb.1668 .
Ce Prélat qui eft univerfellement regretté
à caufe de ses belles qualitez,avoit han
bord été deftiné à l'Ordre de Malthe 8 .
reçu
SEPTEMBRE. 1732. 2087
·
reçu de minorité au grand Prieuré deFrance
en 1669. Depuis il embrassa l'état Ecclésiastique
, et fut pourvu de l'Abbaïe
de Buzai , par la démiffion de Jean François-
Paul de Gondi , Cardinal de Retz ,
fon parain.Il fut reçu à l'Académie Françoise
le May 1694. reçut le Bonnet de
Docteur en Théologie le 7 Février 1697.
et fut admis au mois d'Août 1701. au
nombre des Honoraires de l'Académie
des Inscriptions et Belles Lettres . Etant
Doyen de l'Eglife Métropolitaine de
Tours; et l'un des grands Vicaires du Siége
vacant , il fut nommé à l'Evêché de
Vannes le 17 Septembre 1717. et après
avoir été facré le 17 Juillet 1718. à Dinant
par l'Evêque de S. Malo , en préfence
des Etats de Bretagne , il préta ferrent
de fidélité entre les mains du Roy
le 11 Decembre fuivant. Il fut transféré
à l'Evêché de Blois le 27 Août 1719. et
prêta un nouveau serment de fidélité le
17 Juillet 1720.Il assista au Sacre du Roy
le 25 Octobre 1722. ayant été un des Prélats
qui y furent invitez .
e1 Septembre , Charles de Y de
Seraucourt , cy-devant Capitaine au Ré
ciment des Gardes Françoises , mourut à
is , ágé de 78 ans. Il étoit fils d'Antoi
e Y , sieur de Seraucourt, Lieutenant
Cri2088
MERCURE DE FRANCE
Criminel du Bailli de Vermandois , au
Siége Préfidial de Reims , et d'Isabelle
P'Epagnol.
Le. 8. Jean le Boulanger , Maître ordinaire
en la Chambre des Comtes de Paris
, où il avoit été reçû le 28. Mars 1686.
et auparavant Conseiller au Châtelet ,
mourut septuagenaire ; il avoit épousé au
mois de Février 1695. Marie- Agnès Soulet
, soeur de Nicolas Soulet , Conseil
1er en la Grand'Chambre du Parlement
'de Paris , et fille de Nicolas Soulet , Con
seiller - Secretaire du Roy , et d'Agnès
Gaillard. Il a laissé un fils , reçû Maître
en la même Chambre des Comptes en
1729. et une fille , mariée au mois d'Avril
1727. avec Pierre Charpentier , Scigneur
de Royennes , aussi Maître des
Comptes aàllParis.
2
t
Le 11. D. Marie- Christine- Victoire de
Prougent , Epouse d'Anne- François de
Vandeuil , Chevalier , Seigneur d'Estel
fay, Ecuyer de la grande Ecurie du Roy
et Chef d'Académie Royale à Paris , mourut
âgée d'environ 48. ans ; elle avoit été
mariée le 16. May 1715. et étoit fille
unique de Marie Joseph de Prougent
Ecuyer, Seigneur de Mongivroux , Întendant
des Maisons et Finances de feües
leurs Altesses Sérenissimes la Prince orae
SEPTEMBRE, 1738. 2089
Condé et la Duchesse de Brunswik Ha
nover , mort le 26. Avril dernier , et de
D. Catherine Davy de la Pailleterie , sa
femme, auparavant Chanoinesse et Dame
de Remiremont , morte le 2. Décembre
1729. âgée de 81. ans.
Le 12. de ce mois , Dame Françoise le
Gendre , Epouse de M. Jean Baptiste.
Bosc , Seigneur de Souscarriere , Conseiller
du Roy en ses Conseils , Secretaire.
de la Chambre et du Cabinet de S M.
Procureur Géneral en la Cour des Aydes
de Paris , Commandeur et Chancelier ,
des Ordres Royaux , Militaires et Hospitaliers
de N. D. du Mont- Carmel et de
S. Lazare de Jérusalem , mourut à Paris
après une longue, maladie , âgée de 49 .
15 ; elle étoit fille de feu François le
Gendre , Ecuyer , Fermier Géneral des.
Fermes du Roy , mort le 11 , Juin 1696.
t de feüe D, Marguerite le Roux , morte,
' e 11.Décembre 1726. et avoit pour soeurs
înées la D. Crozat , la D. Doublet et la
D. Présidente Durey ; elle avoit été mariée
au mois de Janvier 1704. et n'a laissé
que deux filles , qui sont la D. de Sourrière
et Marguerite Bosc , mariée le 9 .
évrier 1728. avec Bertrand - Cesar du
Guesclin , Seigneur de la Roberie, Colo-
Infanterie, Chevalier de l'Ordre Militaire
6
2090 MERCURE DE FRANCE
litaire de S. Louis , et Gentilhomme de
la Chambre du Duc d'Orleans.
Le 13. D. Marie Elizabeth Daret de
Chevry , Veuve depuis le 18. Juin dernier
, d'Antoine - François de la Trémoille
de Noirmontier , Duc de Royan , dont
on a rapporté la mort dans le Mercure
de Juin dernier , premier vol . p . 1246.
mourut à Paris , âgée de 61. ans , sans posterité
; elle étoit fille de feu Charles François
Duret , Seigneur de Villefranche et
de Chevry , qui avoit été Mestre de Camp
d'un Régiment d'Infanterie pour le service
du Roy en Portugal , et de feüe D.
Marie - Elizabeth Bellier de Platbuisson
et avoit été mariée le 22. Mars 1700.
·· Le 19. D. Henriette Louise Col-"
bert , Duchesse de Beauvillier , qui avoit
été Dame du Palais de la Reine Marie-
Thérese d'Autriche , mourut en son Hôtel
rue sainte Avoye à Paris , âgée de 76.
ans , 9. mois , et le 21. son corps fut
transporté à Montargis , pour y être inhumé
dans le Monastere des Benedictines
auprès du feu Duc son Mary . Elle étoit
seconde fille de Jean- Baptiste Colbert
Marquis de Seignelay de Château - Neufsur
- Cher , et de Blainville , Baron de
Monétau de Chény , d'Ormoy , de
Sceaux , de Linieres , &c. Conseiller
dinal...
SEPTEMBRE . 1733 2091
dinaire du Roy en tous ses Conseils : et
au Conseil Royal des Finances , Ministre
et Secretaire d'Etat , Contrôleur General
des Finances , Commandeur et Grand-
Trésorier des Ordres du Roy , Sur- Intendant
et Ordonnateur general des Bâ →
timens de S. M. Jardins , Arts et Manufactures
de France , &c. mort le 6. Septembre
1683. et de D. Marie Charron ,
morte le 7. Avril 1687. elle avoit été
mariée le 21. Janvier 1671. avec Paul de.
Beauvillier , Duc de S. Aignan , Pair de
France , Grand d'Espagne , Comte de
Busançois et de Palluan , Seigneur des
Terres et Baronies de la Ferté saint
Aignan , la Salle , les Cléri , Lucè en
Beauce , et des Terres et Châtellenies
des Aix , d'Angillon , Séri , Humbligni ,
Chemeri , la Grange , Montigny , haut
et bas Foullé, Chanterennes et Neufvres,
Vicomte de Valognes, Chevalier des Ordres
du Roy, et cy -devant Premier Gentilhomme
de fa Chambre ,Brigadier de fest
Armées , Ministre d'Etat , Chef du Confeil
Royal des Finances , Gouverneur des
nfans de France , Premier Gentilhomme
de leur Chambre , et Maître de leur
Warde-robe, Gouverneur pour le Roy des
Ville et Citadelle du Havre de Grace et
as en dépendans , Gouverneur et Bailli
des
2092 MERCURE DE FRANCE
,
des Villes et Chateau de Loches et Beaulieu,
mort le 31 Août 1714 Elle en avoit
eu plusieurs enfans , dont il n'y a cu
qu'une seule fille de mariée, qui étoit feuë .
Marie-Henriette de Beauvillier , morte le
4 Septembre 1718. laissant de Louis de
Rochechouart , Duc de Mortemart , Pair
de France , Premier Gentilhomme de la
Chambre du Roy, Chevalier de ses Ordres,
et Lieutenant Général de ſes Armées,
son cousin germain maternel , qu'elle avoit
épousé le 20 Décembre 1703. deux fils
et trois filles , l'aîné des fils mourut
en 1731. sans enfans; le second est Charles
- Auguste Duc de Rochechouart, premier
Gentilhomme de la Chambre du
Roy , né le 11 Octobre 1714- qui n'est
pas encore marié,
>
Le 20. D. Charlotte de Rohan , Epouse
depuis 1729 , de Jean Antoine de Créqui
, Comte de Canaples , et auparavant
veuve depuis le 14 Mars 1720 d'Antoine-
François de Colins , Comte de Mortaigne
, Seigneur de Justingue et d'Ham
premier Ecuyer de feuë Elizabeth-Charlotte
de Baviere , Duchesse Doüairiere
d'Orleans, et auparavant Capitaine- Lieutenant
de la Compagnie des Gens d'Armes
de Bourgogne , qu'elle avoit épousé
au mois de Mars 1717 , mourut d'une
ApoSEPTEMBRE
. 1733. 2093 .
Apoplexie de sang en son Château de
Beaumont au Perche , dans la 53 année
de son âge , étant née le 20 Decembre
1680. Elle étoit fille de Charles de Rohan,
Prince de Guimené, Duc de Montbazon ,
Pair de France mort le 10 Octobre 1727,
et de Charlotte Elizabeth de Cochefilet
de Vauvineux , morte le 24 Décembre
1719. Elle a laissé de son premier mari
Loüise Elizabeth de Colins de Mortaigne,
fille unique ,née au mois de Février 1713.
et mariée le 6 May 1733 , avec le Comte
de Montboissier , Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment de Clermont , Prince ,
Cavalerie , fils aîné de Philippe Claude ,
Marquis de Montboissier Canilliac , Capitaine
Lieutenant de la seconde Compagnie
des Mousquetaires de la Garde du
Roy.
·
Le 21. D. Marie- Anne Tronçon, veuve
depuis le 17 Novembre 1704. de Mathieu
Garnier, Seigneur de Monthereau ,
Président au Parlement de Metz , et fille.
d'Ennemond Tronçon , Seigneur de Chaumontel
- la- Ville , et du Preslay , Maître
d'Hôtel ordinaire du Roy , et Trésorier
de France à Orleans , et d'Anne Boyer ,
mourut à Paris , âgée d'environ 89 ans ,
laissant une fille unique , qui est D.Marie-
Jeanne Garnier de Monthereau , ma-
I riéc
2094 MERCURE DE FRANCE .
›
riée le 20 Avril 1689 , avec Etienne Canaye
, Seigneur de Malval , des Roches ,
&c . Conseiller en la Grand'Chambce du
Parlement de Paris.
و
Le 28 , François le Maistre , Seigneur
de Persac en Poitou , de Belloc , et en
partie du Marquisat de Ferrieres , Conseiller
Honoraire au Parlement de Paris ,
où il avoit été reçu le 2 Juillet 1692. fils
de François le Maistre , Seigneur des mê
mes Lieux, mort Conseiller en la Grand-
Chambre du même Parlement , le 14 Septembre
1685. et de D. Marie le Feron , fa
seconde femme , morte le 4 Decembre
1720 femme alors en secondes nôces de
Claude de Thyard , Comte de Bissy , frere
du Cardinal de ce nom mourut au
Chateau de Mont rouge , près de Paris,
âgé d'environ 65 ans , et le lendemain au
soir son corps fut apporté à Paris , et inhumé
aux Cordeliers , dans la fépulture
de fa famille. Il desaendoit du celebre
Gilles le Maistre , premier Président au
Parlement de Paris , qui étoit son 4 aïeul,
et qui mourut le 5 Decembre 1562. François
le Maistre qui vient de mourir ,avoit
été marié le 1 Août 1695 , avec Marie-
Marguerite Boucher , morte le 2 Avril
1721.dans la 47 année de son âge,fille de
Nicolas Boucher , vivant Secretaire du
Roy ,
J
SEPTEMBRE. 1733. 2095
Roy , Grand Audiancier de France, et de
Mario Bannelier. Il n'en a laissé que Marie-
Anne le Maistre ,née le 27 Mars 1700.
et mariée le 22 Décembre 1722. avec Nicolas
le Camus , premier Président en la
Cour des Aydes de Paris , et Seigneur de
Mont-rouge , qui avoit épousé en premieres
nôces Magdeleine- Charlotte Baugier
, morte le 2 Decembre 1722 .
Le 25. Août , est née Augustine-Julie , fille
d'Anne- Gabriel de Cugnac , Chevalier , Baron de
Reuilly , Sous - Lieutenant au Régiment des Gar
des Françoises , et de D. Jeanne Marie - Joseph
Guyon de Disier , son Epouse. Ses Parains et
Maraines ont été Antoine- Hiacinte de Mainville
, Comte de Marigny , Brigadier des Armées
du Roy et Capitaine - Lieutenant de la Compagnie
des Chevaux- Legers d'Orleans , et Dlle Ju-
Tie- Augustine Hurault de Vibraye.
Le 13. Septembre , fut baptisée Marie - Charlotte-
Dorothée , née le jour précedent , fille de
Michel - Charles - Dorothée de Roncherolles ,
Chevalier , Comte du Pont S. Pierre , Mestre de
Camp du Régiment Royal des Cravates, Cavalerie
, de D. Charlotte - Marguerite de Romilley de
la Chesnelaye , son Epouse , qui ont été mariez
le 25. May 1728. elle a eu pour Parain Adolphe
Charles de Romilley , Chevalier , Marquis de la
Chesnelaye et d'Amy , Comte de Mausson , Seigneur
de la Chaise , d'Ardesne, & c. Brigadier des
Armées du Roy , Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , et Gouverneur des Ville et Château
de Fougeres en Bretagne , son Ayeul maternel
et pour Maraine , D. Marie- Anne Dorothée
Erard
I ij.
1
2016 MERCURE DE FRANCE
Erard le Gris,Marquise d'Echauffour et de Montreuil
, Comtesse de Cisey , &c. Epouse de Mi
chel de Roncherolles, Marquis du Pont S. Pierre,
premier Baron de Normandie , et Conseiller
'honneur-né au Parlement de Roücn , son Ayeu
le paternelle. Nous avons parlé de cette Maison
de Roncherolles , aussi bien que de celle de Romilley
, dans le Mercure de Juin 1728. premier
vol.p. 1255. à l'occasion tant du Mariage des Pere
et Mere de P'Enfant qui vient de naître , que de
celui de D. Marie - Catherine de Roncherolles,
soeur du Comte du Pont S. Pierre , avec François
de Rivoire , Marquis du Palais , Brigadier
des Armées du Roy , Lieutenant des Gardes du
Corps de S. M. qui fut celebré le 3. Juin 1728 .
Le 15. il est né un fils à Louis - François de
Laurens , Comte de Montserin , de son Mariage
avec Françoise Louise de Laurens , qui a été
nommé au Baptême par Thomas Rivier , et par
D. Joseph de Rebé , veuve de Leonor du Maine
Marquis du Bourg,
-Le 12. Septembre , Charles- Guillaume- Louis
de Broglio , âgé de 17. à 18. ans , seul fils de
Charles Guillaume , Marquis de Broglio , Lieu
tenant General des Armées du Roy , et Gouver
neur de Graveline , cy- devant Directeur general
d'Infanterie , et de feue D. Marie Magdeleine
Voysin , son Epouse , fille du Chancelier de
France de ce nom , morte le 11. Janvier 1722,
fut marié avec Dlle Theodore - Elizabeth de Besenval
de Bronstat , fille de Jean- Victor Baron
de Besenval Bronstat , du Canton de Soleure ,
Lieutenant General des Armées du Roy, et Colo
nel des Gardes Suisses de S. M. et de D, Cathe
ine , née Comtesse de Biclinski.
Le 15. Pierre- Jacques - Louis de Becdelievre ,
Marquis
Marquis de Quevilly , fils de Louis de Becdelievre,
Baron de Cany , et de feüe D. Anne- Henriette
Catherine Toustaing d'Herbeville , épousa Dlle
Charlotte Paulmier de la Bucaille , fille de Pierre
Paulmier de la Bucaille , Seigneur de Prestreval ,
et de D. Genoviéve Marette.
-
>
La nuit du Dimanche au Lundi 17.
d'Août dernier , Charles Pierre Gaston
de Lévis de Lomagne , Maréchal hé
reditaire de la Foy , Chevalier , Marquis
de Mirepoix , Comte de Terrides , Vicomte
de Gimoix , Baron de Mont- Fourcaul
, &c. Colonel du Régiment de Saintonge
; fils de feu Charles- Pierre de Lévis
, Marquis de Mirepoix , Prince de
Pescheseul , Comte de Terredes , Maréchal
héréditaire de la Foy , et de feüe
Dame Gabrielle d'Olivier , épousa Anne-
Gabrielle-Henriette Bernard , fille de Gabriel
. Bernard . Comte de Rieux , Baron
et Seigneur de la Liviniere , Ferals , Fief-
Madame , &c. Conseiller du Roy en ses
Conseils , Président au Parlement , Deu
xiéme Chambre des Enquêtes , et de Dame
Suzanne-Marie- Henriette de Boulainvilliers
, petite fille du côté Paternel de Samuel
Bernard , Chevalier de l'un des Ordres
du Roy , Conseiller d'État , Comte
de Coubert , Marquis de Merry , &c. en
du côté Maternel , de feu Henry de Boulainvilliers
, Comte de S. Saire , si celebret
1 ii
par
L
par le grand nombre de ses Ouvrages
dont la plupart ont été rendus publics
depuis sa mort.
On ne s'étendra pas sur la grandeur
de la Maison de Lévis , dont le Marquis
de Mirepoix est l'aîné. Ce ne seroit rien
apprendre au Public ; personne n'ignore
qu'elle est une des plus anciennes et des
plus illustres du Royaume . On en trouve
la Généalogie détaillée dans le 4. volume
de l'Histoire Généalogique du P.
Anselme , page 15 .
11 suffira d'observer que Guy de Lévis
I. du nom , Chef de toutes les Branches
de cette Maison , qui subsistent au→
jourd'hui , fit paroître tant de valeur et
de zele pour la Religion dans la guerre
contre les Albigeois , où il commandoit
en qualité de Maréchal des Croisez , au
commencement du 13. siecle , qu'il y
mérita pour lui et pour l'aîné de ses Enfans
mâles , à perpétuité , le Titre de Maréchal
de la Foy Titre que nos Rois
ont depuis confirmé en plusieurs occa
sions , entre autres , par un Arrêt du
Grand Conseil du 10.Juin 1651. et c'est
en qualité de Maréchal héréditaire de la
Foy , que le Marquis de Mirepoix porte
derriere l'Ecu de ses Armes , qui sont
d'or à trois chevrons de sable , deux Bâtons
SEPTEMBRE. 1733 2099
tons d'azur en sautoir , semez de Croix
et de Fleurs de Lys d'or.
Le Chevalier Bernard , toujours magnifique
dans ce qu'il fait , donna à l'occasion
de ce Mariage dans son Hôtel ,
ruë neuve Notte -Dame des Victoires
une Fête qui a fait l'étonnement et l'ad
miration de tous ceux qui y ont assisté.
Le matin du Dimanche 16. Août , un
grand nombre de Suisses furent postez
aux portes de l'Hôtel et des Apparte
mens , et un détachement d'autres Suisses
fut chargé de la garde des Cour, Jar
dins , Passages , &c.
La Fête commença sur les 6. heures
du soir , par un Concert , qui ne pouvoit
manquer d'être parfaitement bien
executé , M. Bernard ayant eu soin d'y
rassembler en grand nombre les plus belles
Voix et les meilleurs Instrumens , et
l'on peut dire de ces excellens Sujets ,
que le zele se joignant à leurs talens , ils
se surpasserent pour répondre aux intentions
de M. Bernard .
Sur les 7. heures du soir , toutes les
façades de l'Hôtel furent illuminées d'u
ne quantité prodigieuse de Lampions et
de Terrines , qui profiloient toutes les
Corniches , les Croisées , les Plintes et
les autres principaux Membres de l'Ar-
I iiij
chi2100
MERCURE DE FRANCE
chitecture , depuis le faîte jusqu'au rezde
- chaussée. La principale façade de la
Cour , étoit surmontée d'une Etoite de
Lampions , si grande et si brillante que
les yeux avoient peine à en soutenir l'éclat.
L'Illumination qui décoroit le devant
de l'Hôtel sur la ruë , formoit plusieurs
Pilastres , et le pourtour de la
Porte Cochere , au haut de laquelle étoit
un Fronton entre deux grandes Pirami
des de Lampions , qui jettoient une lumiere
très-agréable ; et pour éclairer de
plus loin les Carosses , on avoit garni le
mur du Jardin des Petits - Peres de la
Place des Victoires , de terrines posées
sur des Consoles , depuis l'Eglise jusqu'à
l'angle et très-avant dans la ruë neuve
S. Augustin. On n'aura pas de peine à
s'imaginier le brillant de cette Illumina
tion , quand on sçaura que tous les lampions
et les terrines étoient en cire blanche
, précaution que l'on a crû devoir
prendre pour éviter la mauvaise odeur
et pour garantir les habits des Dames
et des autres Conviez qui étoient obligez
de passer sous des Arcades illuminées .
Après le Concert , vers les neuf heures
, toute la Compagnie descendit et traversa
une enfilade d'Appartement à rezde-
chaussée , pour se rendre dans une
Sale
Echelle
de
Le Roux inv.
PEL
618 wifes
P
C
LIBRARY
.
A, LENOX
AND
TELEEN
FOUNDATIONS
.
pou endre dans une
Sale
DRAKY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
TEMPLE DE MARS
Mademoifelle
uis de
Mirepoix avec
Bernard
Comte de Coubert .
DEO NT
REG
REGI
SEPTEMBRE. 1733. 2102
Sale , où l'on avoit servi un Repas des
plus somptueux. C'est ici qu'a parû dans
tout son éclat , le goût et la magnificence
du Chevalier Bernard ,
Cette Sale , dont tout le monde a
admiré la grandeur et les proportions ,
avoit été construite dans le Jardin par
les soins et sur les Desseins de M. le Roux,
Architecte du Roy et de l'Académie
Royale d'Architecture , qui a employé
avec succès son Art et ses talens pour
executer les idées de M. Bernard .
L'étendue de la Sale étoit de 12. toises
de longueur , sur sept de largeur , et elle
avoit 22. pieds et demi d'élevation depuis
le plancher jusqu'au Plafond. 1. a
La décoration du Frontispice repré
sentoit en camayeu le Temple de Mars ,
dont une Porte cintrée formoit la prin
cipale Entrée. Aux deux côtez étoient
quatre grands Pilastres d'une très- belle
Architecture, ornez de Trophées de
guerre , et entre les Pilastres , deux grandes
Arcades vitrées , qui laissoient jouir
un grand nombre de Spectateurs du coup
d'oeil de la Sale , et donnoient aux Conviez
le plaisir de voir la Façade illuminée
du dedans de l'Hôtel. Au - dessus
de ces deux Arcades , on voyoit des
Trophées d'Amour et les Chiffres des
21
I y now
1102 MERCURE DE FRANCE
nouveaux Epoux , sous une Corniche
feinte de pierre de taille , surmontée d'un
grand Fronton de la largeur de l'Edifice;
dans le Timpan duquel étoient les Ar
mes du Marquis de Mirepoix , accolées
avec celles de sa nouvelle Epouse , dans.un
Cartouche , avec la Couronne Ducale,
un Griphon et un Lion pour supports ,
et les Bâtons de Maréchal de la Foy
mis en sautoir derriere les deux Ecus
le tout peint et très bien exprimé en
bas - relief, par les clairs et les ombres.
Sur un des cô ez du Fronton et à la
droite du Cartouche , on lisoit dans une
Banderole la Devise : Aide Dieu an second
Chrétien Lévis , à la gauche dans
une autre Banderole : Deo ut Regi , Regi
ut Deo ; et au- dessous des Armes , Callar
Vale Mas. Ces trois Devises appartiennent
depuis un temps immémorial à la
Branche aînée de Lévis , et ne sont pas
moins des marques de son ancienneté ,
que des grands services qu'elle a rendus
au Roy et à la Religion .
Enfin , aux deux extrémitez du Fron
ton , sur la Corniche , s'élevoient deux
bouts de balustrade , chargez de deux
Trophées d'Armes en ronde-bosse.
Au fond de cette Sale , en face de la
grande Porte , on avoit pratiqué un enfonSEPTEMBRE.
1733 . 2103
foncement pour un grand Buffet d'appa
rat , aux côtez duquel il y en avoit
deux autres. Au - dessus de ces deux Buf
fers étoient deux Tribunes spacieuses ,
destinées pour la Symphonie.
Au pourtour du bas de la Sale regnoit
un Lambris de quatre pieds de hauteur ;
le Plafond étoit soutenu d'un Frise et Cor
niche , interrompuës au- dessus du grand
Buffet , des Armes groupées des Mariez,
entre deux Emblêmes, peints en camayeu
gris-de- lin ; et du côté opposé , c'est - àdire
, au- dessus de la grande Porte , on
voyoit les Armes de M. Bernard , placées
entre deux Chiffres dans des Čartouches.
Le reste de la Frise , le long des
deux grands côtez,étoit orné de Cartouches
et de Devises .
Outre la principale Porte d'entrée dont
nous avons parlé, il y en avoit encore
4.autres de 15. pieds de hauteur sur 8. de
largeur dans les grands côtez de la Sale;
et à la premiere à droite , aboutissoit une
Galerie couverte , longue de 4. toises et
demie , et large d'environ 2. toises , qui
communiquoit aux Appartemens du rezde-
chaussée , par le moyen de laquelle
la Compagnie passa des Appartemens
dans la Sale, sans être exposée à la pluye
ni au mauvais temps.
I vj Dans
2104 MERCURE DE FRANCE
Dans le milieu de la Sale étoit une Table
en fer à cheval , qui avoit 150. pieds
de pourtour par les dehors , pout 70.
Couverts. Il y en avoit encore quatre au
tres de 9. pieds de long dans les encoignures
du côté de la grande Entrée , qui
servoient de Buffet pour poser les Services
, avant que de les porter sur la grande
Table. La Sale étoit décorée avec tout
l'art possible ; un grand nombre de Lustres
et de Girandoles dans les plus ingénieux
arrangemens , y répandoit une lumiere
très- éclatante.
Le Fer à cheval étoit entouré par- dehors
de 70, tant chaises que fauteuils , de
même parure , en velours cramoisi , chamaré
en or et argent , les chaises placées.
alternativement entre les fauteuils.
L'arrivée des Conviez dans la Sale fut
annoncée par un bruit de Timbales et
de Trompettes , qui ne cessa que quand
tout le monde fut à table. Les nouveaux
Epoux étoient placez au milieu du Fer à.
cheval ; les fauteuils étoient occupez par
les Dames et les chaises par les Messieurs. ,
Il n'étoit guére possible de voir une.
Assemblée plus brillante , ni un Spectacle
plus magnifique . Cette Table reünissoit
sous un seul point de vûë un grand.
nombre de personnes des plus qualifiées .
et:
SEPTEMBR E. 1753. 210
et des plus considérables du Royaume.
Nous nous croyons dispensez d'entrer
dans le détail du Festin ; on n'aura pas
de peine à imaginer qu'il étoit des plus
somptueux et des mieux servis ; M. Bernard
fit éclarer en cette occasion sa magnificence
ordinaire . 7
Nous observerons seulement , pour
donner une idée de l'ordre établi , que
les Plats et Services étoient apportez par
des Suisses et remis entre les mains d'un
grand nombre d'Officiers , qui les posoient
sur la Table par le milieu du fer
à cheval.
Rien n'étoit plus beau à voir que le
Service du fruit , la Table se trouva en
un instant métamorphosée en une espece
de Jardin délicieux , où les yeux et le
goût trouvoient également de quoi se sa
tisfaire , par l'abondance des fleurs et des
fruits de toute espece qui couvroient
toute l'étendue de la Table ; sans parler
des formes variées et de la délicatesse des
mets , & c.
Les deux Buffets étoient servis par de
hors, ct il y avoit à chacun plusieurs Officiers
qui n'étoient occupez qu'à donner
les Vins les plus rares et les plus exquis. ཏ མ ཉི
A. la Musique guerriere , succeda une
Symphonic mélodieuse , placée dans les
Tri
1
&
2106 MERCURE DE FRANCE
Tribunes , qui dura pendant tout le souper
, interrompuë par intervales par les
Fanfares des Trompettes et des Timbales,
placées sur un Théatre hors de la Sale
du côté de la Galerie couverte. Les sieurs
Charpentier et Danguy , dont tout le
monde connoît les talens ,
l'un pour
la
Musette et l'autre pour la Viele , vinrent
pendant le Souper au milieu du fer
à cheval , et y joüerent ensemble avec
tous les agrémens comiques dont on les
sçait capables ; ce qui fit un intermede
des plus amusants.
Au sortir de table à minuit , toute
la Compagnie monta en carosse pour se
rendre à S. Eutsache Paroisse de la
Mariée .
>
Le devant de l'Hôtel étoit bordé de
plusieurs Escoüades de Guet à pied , et
l'on trouvoit des Brigades de Guet à che
val à chaque coin des rues aboutissant à
celles par où passoit la suite des Carosses.'
Il y en avoit encore un plus grand nom-'
bre au grand Portail de l'Eglise pour
empêcher le tumulte et la confusion.
L'attention de M. Bernard s'étoit éten
due jusqu'à faire éclairer toute la Place
qui est vis-à- vis l'Eglise ; elle étoit en
tourée de quantité de Terrines , dont la
grande lumiere dissipoit entierement les
énebres de la nuit.
SEPTEMBRE. 1733. 2107
P
Le grand Autel et le Choeur étoient surbement
décorés * et éclairés d'une si
grande quantité de Cierges et de Bougies,
po ées sur Candelabres et des Girandoles,
qu'on avoit peine à s'imaginer que l'on
fût au milieu de la nuit. Une longue suite
de Lustres , suspendus au milieu de
la Nef, accompagnez de Bras à plusieurs
branches , attachez à chaque Pilier , n'y
produisoient pas une clarté moins brillante.
Mais la plus belle Décoration de l'Eglise
, et celle qui devoit le plus flatter
M. Bernard , c'étoit la multitude prodigieuse
de monde, de tout rang et de tout
etat qui s'y rendit de tous les quartiers
de Paris , pour prendre part et voir cette
pompeuse Nôce. Jamais Ceremonie de
cette espece n'attira en effet tant de
Spectateurs. Le Choeur er la Nef étoient
templis de personnes de la premiere distinction
, qui cependant n'étoient pas de
la Noce. Il y avoir dans le reste de l'Eglise
un peuple aussi nombreux qu'aux
jours des plus grandes Fêtes . Une foule
de Carosses occupoir , à une très-grande
distance , toutes les rues qui aboutissent
à S. Eustache.
Par le sieur Guilleaumon , Tapissier ordinaire
de la Ville , qui avoit aussi décoré et illuminé la
Sale.
2708 MERCURE DE FRANCE
Tous ceux qui ont assité à cette sainte
et éclatante Ceremonie , ont parû en être
pleinement satisfaits . Le Marquis de Mirepoix
est un des Seigneurs les mieux
faits et des plus polis de la Cour , et
rien n'est plus charmant que sa jeune
Epouse , qui dans cette occasion ajoûta
aux graces de sa personne , une douceur
et une modestie , qui firent l'admiration
de tout le monde.
M. le Curé de S. Eustache fit la Célebration
du Mariage dans le Choeur de
son Eglise et dit ensuite la Messe , pendant
laquelle M. Forcroy toucha POr
gue.
Quelque étonnante que soit la magnificence
que M. le Chevalier Bernard ait
fait paroître à l'occasion de ce Mariage,
on sera encore plus surpris de la rapidité
avec laquelle tous les préparatifs de la
Fête ont été faits.. La construction et la
décoration de la Sale , toutes les Illumi
nations au dedans et au dehors de l'Hô
tel , tout le travail des Cuisines et des
Offices , tout cela a été l'ouvrage de cinq
jours , pendant lesquels on a vû près de
deux mille Ouvriers travailler à des opé
rations differentes , sans trouble ni confusion.
Le jour de la Fête se passa avec le même
SEPTEMBRE. 1733. 2109
me ordre , quoique toute la Maison fût
dans un grand mouvement , et entierementeremplie
de monde ; mais par le
bon ordre , il n'y eut ni accident , ni
cohue ni embarras , ce qui est assez rare
dans de pareilles circonstances .
Nous joignons ici à cette Description
un Plan gravé , tant de l'Hôtel de M. Bernard
, que de la grande Sale , et une
élevation ou façade du Temple.
Fermer
Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En 1733, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Ntoine Paris, Écuyer et Conseiller d'État, ancien Trésorier général des Finances de la Province de Dauphiné, est décédé le 29 juillet à Sampigny, près de Commercy, en Lorraine. Il était veuf de Marie-Elisabeth Jeanne de la Roche et avait une fille unique mariée à Jean Paris de Montmartel, son oncle. Le 25 août, Dame Suzanne de Louvat, veuve de Raoul des Champs, Chevalier et Seigneur de Boishebert, est décédée à l'âge d'environ 61 ans. Elle était fille de Claude de Louvat, Maréchal des Champs et Armées du Roy, et de Geneviève Robert de Lay. Le même jour, Chrétien-Nicolas de Lamoignon, Seigneur de Bournau et Maître des Requêtes ordinaire de l'Hôtel du Roy, est décédé à Paris à l'âge de 33 ans. Il était fils d'Urbain-Guillaume de Lamoignon, Comte de Launay Courfon et de Montrevaux, et de Marie-Françoise Méliand. Le 30 août, Jean-François-Paul Le Fèvre de Caumartin, Évêque de Blois et Abbé commandataire de l'Abbaye de Buzai, est décédé d'une attaque d'apoplexie à l'âge de 65 ans. Il avait embrassé l'état ecclésiastique après avoir été destiné à l'Ordre de Malthe. Le 1er septembre, Charles de Y de Seraucourt, ancien Capitaine au Régiment des Gardes Françoises, est décédé à l'âge de 78 ans. Il était fils d'Antoine de Y, sieur de Seraucourt, et d'Isabelle d'Epagnol. Le 8 septembre, Jean Le Boulanger, Maître ordinaire en la Chambre des Comptes de Paris, est décédé septuagénaire. Il avait épousé Marie-Agnès Soulet et laissé un fils et une fille. Le 11 septembre, Marie-Christine-Victoire de Prougent, épouse d'Anne-François de Vandeuil, Chevalier et Seigneur d'Estelfay, est décédée à l'âge d'environ 48 ans. Elle était fille unique de Marie-Joseph de Prougent et de Catherine Davy de la Pailleterie. Le 12 septembre, Dame Françoise Le Gendre, épouse de Jean-Baptiste Bosc, Seigneur de Souscarriere, est décédée à Paris après une longue maladie à l'âge de 49 ans. Elle avait deux filles, Marguerite Bosc et la Dame de Sourrière. Le 13 septembre, Marie-Elisabeth Daret de Chevry, veuve d'Antoine-François de La Trémoille de Noirmontier, Duc de Royan, est décédée à Paris à l'âge de 61 ans sans postérité. Elle était fille de Charles-François Duret et de Marie-Elisabeth Bellier de Platbuisson. Le 19 septembre, Henriette-Louise Colbert, Duchesse de Beauvillier, est décédée à Paris à l'âge de 76 ans. Elle était seconde fille de Jean-Baptiste Colbert, Marquis de Seignelay, et de Marie Charron. Le 20 septembre, Charlotte de Rohan, épouse de Jean-Antoine de Créqui, Comte de Canaples, est décédée d'une apoplexie à l'âge de 53 ans. Elle était fille de Charles de Rohan, Prince de Guimené, et de Charlotte-Elisabeth de Cochefilet de Vauvineux. Le 21 septembre, Marie-Anne Tronçon, veuve de Mathieu Garnier, Seigneur de Monthereau, est décédée à Paris à l'âge d'environ 89 ans. Elle avait une fille unique, Marie-Jeanne Garnier de Monthereau. Le 28 septembre, François Le Maistre, Seigneur de Persac et Conseiller honoraire au Parlement de Paris, est décédé à l'âge d'environ 65 ans. Il était marié à Marie-Marguerite Boucher et avait une fille, Marie-Anne Le Maistre. En termes de naissances, le 25 août, Augustine-Julie, fille d'Anne-Gabriel de Cugnac et de Jeanne-Marie-Joseph Guyon de Disier, est née. Ses parrains et marraines étaient Antoine-Hiacinte de Mainville, Comte de Marigny, et Mademoiselle Julie-Augustine Hurault de Vibraye. Le 13 septembre, Marie-Charlotte-Dorothée, fille de Michel-Charles-Dorothée de Roncherolles et de Charlotte-Marguerite de Romilley de la Chesnelaye, a été baptisée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
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p. 2521-252[9]
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Dans le Mercure du mois dernier, en parlant de la mort d'Hercule-Joseph [...]
Mots clefs :
Marquis, Général, Seigneur, Épouse, Maison, Abbaye, Capitaine, Président, Diocèse, Congrégation, François-Jean-Baptiste-Joseph de Sade, Michel-François de Maillé de La Tour, Maison de Maillé, Anne-Geneviève de Meuves, Charlotte-Elisabeth de Bassompierre, Guillaume-Jean-Baptiste-François de Becdelièvre, Gabriel de Riberolles, Pierre de Pardaillan de Gondrin
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texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS , NAISSANCES
et Mariages.
D
Ans le Mercure du mois dernier
en parlant de la mort d'Hercule-
Joseph de Lur , Chevalier , Marquis de
Saluces , de Drujac et de la Groliere , on
doit ajouter qu'il étoit ; Vicomte , Seigneur
de Melangein , de l'Isle de Couderot
, &c.
La Maison de Lur est très ancienne , et
tire son origine d'Allemagne ; elle est
établie depuis plusieurs siècles dans la
Ι province
2522 MERCURE DE FRANCE
Province de Guienne , et a contracté en
France des alliances avec les Maisons les
plus considerables du Royaume.
Le Marquis de Saluces étoit l'aîné de la
Maison ; il ne laisse qu'un fils , Officier
aux Gardes Françoises,
D. Gabrielle de Rochechouart- Morte
mar, Abbesse de l'Abbaye de Beaumontlès-
Tours ,Ordre de S. Benoît , mourut le
24. Octobre , âgée d'environ soixante
seize ans , après avoir gouverné cette Abbaye
avec beaucoup de sagesse et d'édification
pendant près de 44. ans. Elle étoit
fille aînée de Louis Victor de Rochechouart,
Duc deVivonne , Pair et Maréchal
de France , Général des Galeres , Gouverneur
de Champagne et Brie , mort le 18
Septemb. 1688.et de D. Antoinette Louise
de Mesmes, morte le 10 Mars 1709.
M. Pierre de Pardaillan de Gondrin
d'Antin , Evêque et Duc de Langres ,
Pair de France , Abbé des Abbayes de
Montier-Ramey et de Lire , Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris , et l'un
des 40 de l'Académie Françoise , mourut
dans son Diocèse le 2. Novembre âgé
d'environ 41 ans. Il étoit quatriéme fils er
Le seul qui restât de Louis- Antoine dePar
daillan de Gondrin , Duc d'Antin , Pair
de France , Chevalier des Ordres du Roi ,
Lieutenant
NOVEMBRE . 1733. 2525
Lieutenant général de ses Armées , et de
la haute et basse Alsace &c. Gouverneur
des Ville et Duché d'Orleans & c. Directeur
général des Bâtimens du Roi , Jardins
et Manufactures de France , et de D.
Julie Françoise de Crussol d'Uzez .
Le R. P. Gabriel de Riberolles , Prêtre '
Chanoine Régulier de l'Ordre de S. Augustin
, de la Congrégation de France ,
mourut le 2. Novembre en l'Abbaye Ste
Geneviève à Paris , âgé d'environ 81 ans ,
après avoir été pendant six années Abbé
de cette Abbaye, et Superieur Général de
sa Congrégation . Il étoit de Paris , et fils
d'Abraham de Riberolles , Conseiller au
Châtelet, et de Clemence du Mas , Soeur
d'Hilaire du Mas , Docteur de la Maison
et Societé de Sorbonne , et Conseiller au
Parlement. Le P. de Riberolles , fut élû
pour la premiere fois Abbé de Ste Genevieve
, et Superieur général de sa Congrégation
, le 11. Septembre 1715. et fut
continué par le Chapitre général pour
trois autres années, le is . Septembre 1718.
étant premier Assistant de sa Congrégation
lors de la mort du R. P. Jean Polinier
, Abbé et Superieur général , arrivée
le 6. Mars 1727. Il fut choisi pour achever
les sept mois qui restoient au deffunt
de ses trois ans , et le 11. Septembre sui-
Iij
vant ,
2524 MERCURE DE FRANCE
vant , il fut élû Abbé et Superieur général
pour la troisième fois , et le 11. Septembre
1730. pour la quatrième fois .
J
D. Magdelaine le Cousturier de Neuville
, Veuve de Claude Potier , Comte
de Novion ,Brigadier des Armées du Roi,
mourut le 4. Novembre sans enfans. Elle
étoit fille de Henri le Cousturier , Seigneur
de Neuville , vivant Capitaine ,
commandant le premier Bataillon du Regiment
du Roi , et de Catherine - Françoise-
Louise de la Broise , soeur de la Veuve
de Charles - Jean - Louis de Faucon
Marquis de Ris.
Henri Joseph de Vassé , Marquis d'Esguilly
&c. Seigneur de Fontenay , Mestre
de Camp de Cavalerie , mourut le
6. Novembre , âgé d'environ 34. ans.
Il étoit fils ds Joseph Artus de Vassé
, Marquis d'Esguilly &c. mort le 2 .
Septembre 1710. Et de Louise de Fesque
morte en 1732 ..Il avoit épousé en 1724 .
D. Magdeleine - Gabrielle des Gentils du
Bessay , de laquelle il laisse deux fils .
D. Jeanne Marie Palatine de Dyo de
Momperous , Marquise de Roquefeuil
Baronne de Castelnau , Epouse de Marie
François Roger de Langhac , Comte de
Dalet et de Toulongon &c. mourut le 7 .
âgée d'environ 5.5.ans , laissant deux filles,
dont
NOVEMBRE . 1733 2525
dont la cadette Françoise Charlotte de
Langhac fut mariée le 7. Juillet 1732.
avec Jean-Baptiste - François de Cugnac
Marquis de Dampierre &c. Mestre de
Camp de Cavalerie , cy- devant Cornette
des Chevaux Legers de Berry.
Le même jour , Guillaume - Jean-
Baptiste- François Becdelievre , Seigneur
de la Busnelays et de Treambert , premier
Président en la Chambre des Comtes
de Nantes , Charge en laquelle il·
avoit été reçu par la résignation de son
Pere , le 17. Novembre 1722. après avoir
étéauparavant successivement Maître ordinaire
, et Président en la même Chambre
, mourut âgé de 46. ans . Il étoit fils
aîné de feu Jean - Baptiste Becdeljevre ,
Seigneur de la Busnelays , le deuxième
de sa famille , premier Président én la
Chambre des Comptes de Nantes , et de
Renée de Sesmaisons de Treambert , et
il avoit été marié le 30. Juillet 1705. avec
Françoise Renée le Nobletz , fille de René
le Noblerz , Seigneur de Lescus , et de
Marie Agnes du Chastel . Il en a eu plusieurs
enfans , qui sont rapportés dans
l'Etat de la France'de 17 27. vol.4.p. sí7 .
"la Généalogie de cette famille se trouve
dans le Dictionnaire Histor. éditions de
1725. et 1732.
3
I iij
Le
2526 MERCURE DE FRANCE
Le 8.Philippe- Auguste Porlier, Ecuyer,
Sieur de Compiègne , et de Maillezais ,
autrefois Capitaine au Regiment Dauphin
Infanterie , mourut à Paris , âgé d'environ
65 ans. Il avoit épousé au mois de
Mai 1700. Susanne Fardoil , sa Cousine
issuë de germain , morte le 12. Février
1710. âgée de 32. ans , fille unique de Nicolas
Fardoil , Conseiller en la Cour des
Aides de Paris , mort le 8. Juin 1699. et
de Magdeleine Poussé , de laquelle il laisse
des enfans.
>
D. Charlotte- Elizabeth de Bassompierre
Epouse de Charles Marie , Marquis
de Choiseul , Mestre de Camp de Cava
krie , Sous-Lieutenant des Gendarmes
Ecossois , et Lieutenant général pour le
Roi au Gouvernement de Champagne et
Brie, accoucha le 6. Octobre dans la Ville
de Nanci , d'un fils qui a été nommé
Claude Antoine par M. l'Abbé de Choiseul
, Aumônier du Roi , nommé à l'Evêché
de Châlons sur Marne , et par D.
Charlotte de Choiseul , Comtesse de
Ludre.
D. Anne- Geneviève de Meuves, Epou
se de Jean- Paul Bochard de Champigny,
Capitaine au Regiment des Gardes Françoises
, Chevalier de S. Louis , accoucha
NOVEMBRE. 1733 2527
-
le 24 Octobre d'un fils qui a été nommé
Conrard Alexandre , par Conrard
Alexandre , Comte de Rottembourg ,
Brigadier des Armées du Roi , Gouver
neur de Bethune , Chevalier des Ordres
du Roi , Ambassadeur de S. M. en Espagne
, et par D. Emilie Mailly du Bruëil ,
Epouse de Jean-François de Creil , Brigadier
des Armées du Roi, Capitaine - Commandant
de la Compagnie des Grenadiers
à cheval, Chevalier de S. Louis.
Le Lundy 26, Octobre , à une heure
du matin , a été celebré dans la Chapelle
du Château du Houssay , près de Bonneval,
Diocèse de Chartres par M. Michel
François de Maillé de la Tour Landri ,
Prêtre , Chanoine et Chefcier de l'Eglise
Cathedrale , et Vicaire général de l'Evêque
de Chartres, Abbé commandataire de
F'Abbaye de S.Pierre de L'Esterp, Diocèse
de Limoges , le Mariage de François- Antoine
- Alexandre d'Albignac , Marquis de
Castelnau, âgé de 21. ans, fils aîné de Fran
çois d'Albignac, Chevalier , Baron de Castelnau
, Seigneur du Triadous au Diocèse
de Mende, & c.avec Dlle Anne- Elizabeth-
Constance de Montboissier , âgée de 19 .
ans , fille aînée de Philippe - Claude de
Montboissier- Canillac , Capitaine - Lieu-
I iiij
tenant
2528 MERCURE DE FRANCE
tenant de la seconde Compagnie des
Mousquetaires de la Garde du Roi , et
Brigadier des Armées de S. M. et de D.
Marie-Anne Genevieve de Maillé- Benchart
, Dame du Houssay.
M. le Marquis de Courbons , premier
Président du Parlement de Navarre , fils
de M. Miche , Marquis de Gaubert ,
premier Président au même Parlement ,
épousa le même jour Dlle Angelique
de Lons , fille de feu M. le Marquis
de Lons , Lieutenant pour le Roi et
'Commandant en Navarre et Bearn."
-
Le 13. Novembre , François - Jean-
Baptiste Joseph de Sade , Chevalier ,
Comte de la Coste et de Saumane dans
le païs Venaissin , Colonel général de la
Cavalerie du Pape , fils de Gaspard-François
de Sade , Chevalier , Marquis de
Mazan , Seigneur de Saumane , &c. et
de D. Louise - Aldonce d'Astoüaud de
Mus , épousa à Paris Dlle Marie - Eleonore
de Maillé de Carman , fille de Do
natien de Maillé , Chevalier , Marquis de
Carman , Comte de Maillé , Baron de
Lesquelen , Seigneur Desterres de Dameny
, et de Villeromain , second Baron de
Bretagne , et de Dame Marie - Louise Binet
de Marcognet son Epouse. Ce mariage
a été celebré dans la Chapelle de l'Hôtel
NOVEMBRE. 1733. 2527
tel de Condé , en présence du Duc et
de la jeune Duchesse de Bourbon . La
Mariée a été nommée Dame d'accompagnement
par M.le Duc, à qui elle a l'honneur
d'être alliée . Le marié est d'une des
plus anciennes familles de Provence , l'Abbé
Robert de Briançon en parle avantageusement
dans son Livre intitulé PEtat
de la Provence dans sa Noblesse,Tom.
3. p. 21 , La belle Laure , si connue par les
loüanges , que le fameux Petrarque , qui
s'étoit laissé toucher par sa beauté et par
son esprit , lui donna dans les Vers qu'il
fit en son honneur , pendant sa vie , et
même après sa mort arrivée en 1348. sans
avoir été mariée , étoit de la famille de
Sade. Il y a un article d'Elle dans le Dictionnaire
Histor. sous le nom de Laurc..
La Maison de Maillé originaire de
Touraine , est trop connue pour en parler
icy. La Généalogie de cette Illustre
Maison se trouve dans le 7. Tome des
grands Officiers de la Couronne à l'art.
des Maréchaux de France p. 497.
et Mariages.
D
Ans le Mercure du mois dernier
en parlant de la mort d'Hercule-
Joseph de Lur , Chevalier , Marquis de
Saluces , de Drujac et de la Groliere , on
doit ajouter qu'il étoit ; Vicomte , Seigneur
de Melangein , de l'Isle de Couderot
, &c.
La Maison de Lur est très ancienne , et
tire son origine d'Allemagne ; elle est
établie depuis plusieurs siècles dans la
Ι province
2522 MERCURE DE FRANCE
Province de Guienne , et a contracté en
France des alliances avec les Maisons les
plus considerables du Royaume.
Le Marquis de Saluces étoit l'aîné de la
Maison ; il ne laisse qu'un fils , Officier
aux Gardes Françoises,
D. Gabrielle de Rochechouart- Morte
mar, Abbesse de l'Abbaye de Beaumontlès-
Tours ,Ordre de S. Benoît , mourut le
24. Octobre , âgée d'environ soixante
seize ans , après avoir gouverné cette Abbaye
avec beaucoup de sagesse et d'édification
pendant près de 44. ans. Elle étoit
fille aînée de Louis Victor de Rochechouart,
Duc deVivonne , Pair et Maréchal
de France , Général des Galeres , Gouverneur
de Champagne et Brie , mort le 18
Septemb. 1688.et de D. Antoinette Louise
de Mesmes, morte le 10 Mars 1709.
M. Pierre de Pardaillan de Gondrin
d'Antin , Evêque et Duc de Langres ,
Pair de France , Abbé des Abbayes de
Montier-Ramey et de Lire , Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris , et l'un
des 40 de l'Académie Françoise , mourut
dans son Diocèse le 2. Novembre âgé
d'environ 41 ans. Il étoit quatriéme fils er
Le seul qui restât de Louis- Antoine dePar
daillan de Gondrin , Duc d'Antin , Pair
de France , Chevalier des Ordres du Roi ,
Lieutenant
NOVEMBRE . 1733. 2525
Lieutenant général de ses Armées , et de
la haute et basse Alsace &c. Gouverneur
des Ville et Duché d'Orleans & c. Directeur
général des Bâtimens du Roi , Jardins
et Manufactures de France , et de D.
Julie Françoise de Crussol d'Uzez .
Le R. P. Gabriel de Riberolles , Prêtre '
Chanoine Régulier de l'Ordre de S. Augustin
, de la Congrégation de France ,
mourut le 2. Novembre en l'Abbaye Ste
Geneviève à Paris , âgé d'environ 81 ans ,
après avoir été pendant six années Abbé
de cette Abbaye, et Superieur Général de
sa Congrégation . Il étoit de Paris , et fils
d'Abraham de Riberolles , Conseiller au
Châtelet, et de Clemence du Mas , Soeur
d'Hilaire du Mas , Docteur de la Maison
et Societé de Sorbonne , et Conseiller au
Parlement. Le P. de Riberolles , fut élû
pour la premiere fois Abbé de Ste Genevieve
, et Superieur général de sa Congrégation
, le 11. Septembre 1715. et fut
continué par le Chapitre général pour
trois autres années, le is . Septembre 1718.
étant premier Assistant de sa Congrégation
lors de la mort du R. P. Jean Polinier
, Abbé et Superieur général , arrivée
le 6. Mars 1727. Il fut choisi pour achever
les sept mois qui restoient au deffunt
de ses trois ans , et le 11. Septembre sui-
Iij
vant ,
2524 MERCURE DE FRANCE
vant , il fut élû Abbé et Superieur général
pour la troisième fois , et le 11. Septembre
1730. pour la quatrième fois .
J
D. Magdelaine le Cousturier de Neuville
, Veuve de Claude Potier , Comte
de Novion ,Brigadier des Armées du Roi,
mourut le 4. Novembre sans enfans. Elle
étoit fille de Henri le Cousturier , Seigneur
de Neuville , vivant Capitaine ,
commandant le premier Bataillon du Regiment
du Roi , et de Catherine - Françoise-
Louise de la Broise , soeur de la Veuve
de Charles - Jean - Louis de Faucon
Marquis de Ris.
Henri Joseph de Vassé , Marquis d'Esguilly
&c. Seigneur de Fontenay , Mestre
de Camp de Cavalerie , mourut le
6. Novembre , âgé d'environ 34. ans.
Il étoit fils ds Joseph Artus de Vassé
, Marquis d'Esguilly &c. mort le 2 .
Septembre 1710. Et de Louise de Fesque
morte en 1732 ..Il avoit épousé en 1724 .
D. Magdeleine - Gabrielle des Gentils du
Bessay , de laquelle il laisse deux fils .
D. Jeanne Marie Palatine de Dyo de
Momperous , Marquise de Roquefeuil
Baronne de Castelnau , Epouse de Marie
François Roger de Langhac , Comte de
Dalet et de Toulongon &c. mourut le 7 .
âgée d'environ 5.5.ans , laissant deux filles,
dont
NOVEMBRE . 1733 2525
dont la cadette Françoise Charlotte de
Langhac fut mariée le 7. Juillet 1732.
avec Jean-Baptiste - François de Cugnac
Marquis de Dampierre &c. Mestre de
Camp de Cavalerie , cy- devant Cornette
des Chevaux Legers de Berry.
Le même jour , Guillaume - Jean-
Baptiste- François Becdelievre , Seigneur
de la Busnelays et de Treambert , premier
Président en la Chambre des Comtes
de Nantes , Charge en laquelle il·
avoit été reçu par la résignation de son
Pere , le 17. Novembre 1722. après avoir
étéauparavant successivement Maître ordinaire
, et Président en la même Chambre
, mourut âgé de 46. ans . Il étoit fils
aîné de feu Jean - Baptiste Becdeljevre ,
Seigneur de la Busnelays , le deuxième
de sa famille , premier Président én la
Chambre des Comptes de Nantes , et de
Renée de Sesmaisons de Treambert , et
il avoit été marié le 30. Juillet 1705. avec
Françoise Renée le Nobletz , fille de René
le Noblerz , Seigneur de Lescus , et de
Marie Agnes du Chastel . Il en a eu plusieurs
enfans , qui sont rapportés dans
l'Etat de la France'de 17 27. vol.4.p. sí7 .
"la Généalogie de cette famille se trouve
dans le Dictionnaire Histor. éditions de
1725. et 1732.
3
I iij
Le
2526 MERCURE DE FRANCE
Le 8.Philippe- Auguste Porlier, Ecuyer,
Sieur de Compiègne , et de Maillezais ,
autrefois Capitaine au Regiment Dauphin
Infanterie , mourut à Paris , âgé d'environ
65 ans. Il avoit épousé au mois de
Mai 1700. Susanne Fardoil , sa Cousine
issuë de germain , morte le 12. Février
1710. âgée de 32. ans , fille unique de Nicolas
Fardoil , Conseiller en la Cour des
Aides de Paris , mort le 8. Juin 1699. et
de Magdeleine Poussé , de laquelle il laisse
des enfans.
>
D. Charlotte- Elizabeth de Bassompierre
Epouse de Charles Marie , Marquis
de Choiseul , Mestre de Camp de Cava
krie , Sous-Lieutenant des Gendarmes
Ecossois , et Lieutenant général pour le
Roi au Gouvernement de Champagne et
Brie, accoucha le 6. Octobre dans la Ville
de Nanci , d'un fils qui a été nommé
Claude Antoine par M. l'Abbé de Choiseul
, Aumônier du Roi , nommé à l'Evêché
de Châlons sur Marne , et par D.
Charlotte de Choiseul , Comtesse de
Ludre.
D. Anne- Geneviève de Meuves, Epou
se de Jean- Paul Bochard de Champigny,
Capitaine au Regiment des Gardes Françoises
, Chevalier de S. Louis , accoucha
NOVEMBRE. 1733 2527
-
le 24 Octobre d'un fils qui a été nommé
Conrard Alexandre , par Conrard
Alexandre , Comte de Rottembourg ,
Brigadier des Armées du Roi , Gouver
neur de Bethune , Chevalier des Ordres
du Roi , Ambassadeur de S. M. en Espagne
, et par D. Emilie Mailly du Bruëil ,
Epouse de Jean-François de Creil , Brigadier
des Armées du Roi, Capitaine - Commandant
de la Compagnie des Grenadiers
à cheval, Chevalier de S. Louis.
Le Lundy 26, Octobre , à une heure
du matin , a été celebré dans la Chapelle
du Château du Houssay , près de Bonneval,
Diocèse de Chartres par M. Michel
François de Maillé de la Tour Landri ,
Prêtre , Chanoine et Chefcier de l'Eglise
Cathedrale , et Vicaire général de l'Evêque
de Chartres, Abbé commandataire de
F'Abbaye de S.Pierre de L'Esterp, Diocèse
de Limoges , le Mariage de François- Antoine
- Alexandre d'Albignac , Marquis de
Castelnau, âgé de 21. ans, fils aîné de Fran
çois d'Albignac, Chevalier , Baron de Castelnau
, Seigneur du Triadous au Diocèse
de Mende, & c.avec Dlle Anne- Elizabeth-
Constance de Montboissier , âgée de 19 .
ans , fille aînée de Philippe - Claude de
Montboissier- Canillac , Capitaine - Lieu-
I iiij
tenant
2528 MERCURE DE FRANCE
tenant de la seconde Compagnie des
Mousquetaires de la Garde du Roi , et
Brigadier des Armées de S. M. et de D.
Marie-Anne Genevieve de Maillé- Benchart
, Dame du Houssay.
M. le Marquis de Courbons , premier
Président du Parlement de Navarre , fils
de M. Miche , Marquis de Gaubert ,
premier Président au même Parlement ,
épousa le même jour Dlle Angelique
de Lons , fille de feu M. le Marquis
de Lons , Lieutenant pour le Roi et
'Commandant en Navarre et Bearn."
-
Le 13. Novembre , François - Jean-
Baptiste Joseph de Sade , Chevalier ,
Comte de la Coste et de Saumane dans
le païs Venaissin , Colonel général de la
Cavalerie du Pape , fils de Gaspard-François
de Sade , Chevalier , Marquis de
Mazan , Seigneur de Saumane , &c. et
de D. Louise - Aldonce d'Astoüaud de
Mus , épousa à Paris Dlle Marie - Eleonore
de Maillé de Carman , fille de Do
natien de Maillé , Chevalier , Marquis de
Carman , Comte de Maillé , Baron de
Lesquelen , Seigneur Desterres de Dameny
, et de Villeromain , second Baron de
Bretagne , et de Dame Marie - Louise Binet
de Marcognet son Epouse. Ce mariage
a été celebré dans la Chapelle de l'Hôtel
NOVEMBRE. 1733. 2527
tel de Condé , en présence du Duc et
de la jeune Duchesse de Bourbon . La
Mariée a été nommée Dame d'accompagnement
par M.le Duc, à qui elle a l'honneur
d'être alliée . Le marié est d'une des
plus anciennes familles de Provence , l'Abbé
Robert de Briançon en parle avantageusement
dans son Livre intitulé PEtat
de la Provence dans sa Noblesse,Tom.
3. p. 21 , La belle Laure , si connue par les
loüanges , que le fameux Petrarque , qui
s'étoit laissé toucher par sa beauté et par
son esprit , lui donna dans les Vers qu'il
fit en son honneur , pendant sa vie , et
même après sa mort arrivée en 1348. sans
avoir été mariée , étoit de la famille de
Sade. Il y a un article d'Elle dans le Dictionnaire
Histor. sous le nom de Laurc..
La Maison de Maillé originaire de
Touraine , est trop connue pour en parler
icy. La Généalogie de cette Illustre
Maison se trouve dans le 7. Tome des
grands Officiers de la Couronne à l'art.
des Maréchaux de France p. 497.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En novembre 1733, plusieurs événements marquants ont eu lieu parmi la noblesse française. Plusieurs décès notables sont à signaler. Le Chevalier Marquis de Saluces, Joseph de Lur, issu d'une ancienne famille allemande établie en Guienne, est décédé, laissant un fils officier. Gabrielle de Rochechouart, Abbesse de Beaumont-lès-Tours, est morte à l'âge de 76 ans après 44 ans de gouvernance. Pierre de Pardaillan de Gondrin, Évêque de Langres, est décédé à 41 ans. Gabriel de Riberolles, Chanoine Régulier de l'Ordre de Saint Augustin, est mort à 81 ans après avoir été Abbé de Sainte-Geneviève. D'autres décès incluent ceux de Magdeleine le Cousturier, Henri Joseph de Vassé, Jeanne Marie Palatine de Dyo, Guillaume-Jean-Baptiste Becdelievre, et Philippe-Auguste Porlier. Parallèlement, plusieurs naissances ont été signalées. Charlotte-Elisabeth de Bassompierre a accouché d'un fils nommé Claude Antoine, et Anne-Geneviève de Meuves a donné naissance à un fils nommé Conrad Alexandre. Des mariages ont également eu lieu, notamment celui de François-Antoine-Alexandre d'Albignac avec Anne-Elisabeth-Constance de Montboissier, et celui de François-Jean-Baptiste-Joseph de Sade avec Marie-Éléonore de Maillé de Carman. Le Marquis de Courbons a épousé Angélique de Lons. Ces événements illustrent la dynamique des familles nobles à travers les naissances, les mariages et les décès qui structurent la continuité et les alliances au sein de l'aristocratie française.
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68
p. 188-195
MORTS[,] NAISSANCES, et Mariages.
Début :
Le nommé Nicolas-François Petit, Gagne deniers, mourut à Paris, ruë [...]
Mots clefs :
Dame, Âge, Seigneur, Maison, Paris, Roi, Mestre de camp de cavalerie, Parlement de Metz, Thomas Honoré de Francini, Louis-Christophe de La Rochefoucauld de Lascaris, Bernard du Mas de La Vergne, Armand François de Bretagne, Louise de Montguillon, William Stafford-Howard, Joseph Hyacinthe de Kersulguen, Marie Hélène Moreau de Séchelles
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texteReconnaissance textuelle : MORTS[,] NAISSANCES, et Mariages.
MORTS NAISSANCES
311
et Mariages.
E nommé Nicolas - François Petit
Gagne deniers ,mourut à Paris , rue
Cadet , le 2. Novembre 1733. dans la
centiéme année de son âge , et fit inhumé
dans le cimetiere de S. Joseph , annexe
de la Paroisse S. Eustache,
M. Thomas Honoré de Francini , Prê
tre- Docteur en Theologie de la Faculté de
Paris , de la Maison Royale de Navarre
et Doyen de la même Faculté , mourut le
5. Janvier 1734 au College de Boncours ,
dans la 78. année de son âge. Son corps
fût transporté à S. Germain en Laye pour
être inhumé dans l'Eglise des Recollets Y
lieu de la sépulture de sa famille , qui est
originaire de la Ville de Florence , et com
prise au nombre de celles qui étoient admises
aux dignitez de la République dès
l'an 1318. Elle vint s'établir en France
sous le regne de Henry IV. et fut naturalisée
en 1500. Jean Nicolas de Francini,
ancien Maître d'Hôtel du Roy qui
avoit épousé en 1684. Magdelaine Catherine
de Lully , morte en 1703. fille du
celebre Jean- Baptiste Lulli , est de cette
>
famille.
JANVIER. 1734. 189
famille. Francini porte d'Azur à une main
gantelée d'argent mouvante du flanc seneftre
de l'Ecu , tenant une pomme de pin d'or surmontée
d'une étoile de même , & accompagnée
de trois fleurs de Lys d'or, deux en chef
une en pointe.
Louis- Christophe de la Rochefoucaud
de Lascaris , Marquis d'Urfé , Grand Bailly
du Pays et Comté de Forez , Mestre de
Camp de Cavalerie , mourut le 7. Janvier
près de Tortonne dans le Milanez , dans
la trentiéme année de son âge . Il étoit fils
aîné de Jean Antoine de la Rochefou
caud , Marquis de Langheac , & c. et
de Dame Marie-Therese de Guerin de Lugeac.
Il avoit succedé aux biens de la Maison
d'Urfé en vertu d'anciennes substitutions
, par la mort de Joseph Marie de
Lascaris , Marquis d'Urfé , le dernier de
cette illustre Maison , arrivé le 13. Octobre
1724. celui qui vient de mourir avoit
été marié le 11. Septembre 1724. avec.
Dame Jeanne Camus de Pontcarré , fille
de Nicolas- Pierre Camus , Seigneur de
Pontcarré Premier Président du Parlement
de Normandie , et de feuë Dame
Marie -Michelle de Bragelongne sa scconde
femme . Il en a laissé des enfans.
Bernard du Mas de la Vergne , Maréchal
190 MERCURE DE FRANCE
chal des Logis de la premiere Compagnie
des Mousquetaires de la Garde du Roy ,
Mestre de Camp de Cavalerie , et Chevalier
de S. Louis , mourut le 16. Janvier
âgé d'environ 76. ans Il avoit été marié
le 30. Avril 1697. avec Anne Geneviève
Portier , fille de François Portier , Ecuyer
sieur de Compiegne et de Maillezais , Secretaire
des Commandemens , et Intendant
des Maisons et affaires du Duc de
Longueville , et de Catherine Cantot.
Armand François de Bretagne , premier
Baron de Bretagne , Baron d'Avangour ,
Comte de Vertus et de Goello , &c. Maréchal
des Camps et Armées du Roy ,
Chevalier de S. Louis , mourut à Paris le
12. Janvier , âgé de 52. ans . Il avoit été
successivement Guidon et Enseigne de la
Compagnie des Gendarmes de la Garde dur
Roy . Il n'a point été marié , laissant seulement
un frere et une soeur , qui sont
Henry François de Bretagne , Colonel
d'Infanterie , qu'il a institué son légataire
universel , et Dame Marie-Claire - Geneviéve
de Bretagne , veuve de Charles Roger
, Prince de Courtenay , mort en
1730.
Dame Louise de Montguillon , veuve
en premieres nôces d'Alexandre leMazier,
Auditeur en la Chambre des Comtes ; et
en
JANVIER 1734 191
en secondes de Claude- Auguste Vitart de
Passy , Ecuyer , Seigneur de Barzy , Capitaine
de Dragons , mourut le 14. Janvier
dans un âge avancé , laissant des enfans
de ses deux mariages.
M. Pierre Renard , Prêtre Superieur de
la Maison et Hôpital Royal de la Trinité
à Paris , mourut le même jour 14. âgé de
85. ans.
Dame Marie Angelique Cadeau , veuve
de Guillaume Fremin , Comte de Moras,
et Président à Mortier au Parlement de
Metz , mourut le 16. âgée de 87. ans . Elle
a laissé pour fille unique Marie Angelique
Fremin de Moras , qui a été mariée
le 17. Décembre 1709. avec Louis Antoine
de Brancas , Duc de Villars , Pair de
France , Chevalier des Ordres du Roy' ,
& c.
Guillaume Stafford Howard , Comte
de Stafford , Pair de la Grande Bretagne ,
mourut le 18. Janvier en la Maison des
Religieuses Chanoinesses Angloises , ruë
des Fossez S. Victor , d'une apoplexie
dont il fût attaqué étant à la grille . Il
étoit âgé d'environ 49. ans. Ses obseques
ont été celebrées le 20. dans l'Eglise Paroissiale
de S. Nicolas du Chardonnet ,
et il a été inhumé dans l'Eglise des mêmes
Chanoinesses Angloises, La Maison Howard
192 MERCURE DE FRANCE
ward est une des plus anciennes et des
plus illustres d'Angleterre. Guillaume
Howard , ayeul de celui qui vient de
mourir , étoit cadet des Ducs de Norfolck
, Aînez de toute la Maison Howard,
qui est fort nombreuse. Il prit le nom de
Stafford ; dont il avoit épousé l'heritiere.
Ce Seigneur , qui avoit embrassé la Religion
Catholique , ayant été accusé faussement
par deux scelerats de tremper dans
une prétendue conspiration des Catholiques
contre le Roy Charles II. eût la tête
tranchée à Londres le 8. Janvier 1681 .
à l'âge de 70. ans . Son fils , pere de celui
qui donne lieu à cet article , avoit suivi la
fortune du Roy Jacques II . en France , et
faisoit aussi profession de la Religion Catholique.
>
Charles de Creil , ancien Capitaine de
Cavalerie , ci devant Gentilhomme ordinaire
de la Maison du Roy , mourut le
24. Janvier âgé de 68. ans . Il étoit Fils de
feu Pierre de Creil , Seigneur de Grand-
Mesnil , Maître ordinaire en la Chambre
des Comtes , et de Jeanne Crié sa seconde
femme .
On apprend de Bretagne que Messirǝ
Jofeph- Hyacinte de Kersulguen , Chevalier
Seigneur , Marquis de Klorec , mourut le
19. de ce mois , en son Chasteau de Chefdu-
Bois
JANVIER 1734 193
du- Bois , où il avoit fixé depuis long- tems
sa demeure , mais où il ne s'est pas moins
rendu utile aux interêts du Roy , qu'à ceux
de sa Province ; tous les Officiers Generaux
qu'il recevoit chez lui avec une magnificence
et une noblesse qui l'auroient
distingué à la Cour , l'honoroient de leur
confiance et de leur amitié , et abandon
noient entierement à sa prudence ce qu'ils
ne pouvoient ou connoître ou executer
par eux mêmes , et l'associoient toûjours
à leur conseil . Il fut sur tout l'ami intime
du feu Maréchal de Vauban .
Egalement estimé de la Noblesse de
Bretagne , et connu par son zele pour les
interêts de la Province. Il fût élu deux
fois d'une voix unanime Président de
l'Assemblée des Etats de 1731. en l'absen
ce du Duc de la Tremouille .
Outre un esprit élevé , pénétrant , vif
plein d'un enjoüement noble et délicat ; il
possedoit à un si haut dégré le don de la
parole , qu'on le regardoit comme l'oracle
de la Province. Le caractere de son
coeur honoroit encore les qualitez supé
rieures de son esprit. Il alloit au- levant de
tous lei démêlez . Il calmoit toutes les querelles
, et la décision de tous les interêts
lui étoit confiée , sans que qui que ce soit.
ait jamais été tenté d'en appeller à un autie
Tribunal. Sa
194 MERCURE DE FRANCE.
ne
Sa tendresse pour les
pauvres , et sur
tout , pour les pauvres de ses terres ,
peut être mieux publiée que par les larmes
qu'ils ont répandues à sa mort ; moment
qu'il a rendu précieux aux hommes
et aux yeux de Dieu , par les sentimens
de religion , de paix , et de tranquillité ,
que le témoignage seul de la bonne conscience
peut donner.
,
Il laissa deux fils , l'aisné aujourd'hui
Marquis de Klorec , que la longue interruption
de la guerre où il s'étoit distingué
dans le service de la Marine , a fixé à la
tête de sa famille , et le Chevalier de
Klorec , Lieutenant de Vais eaux , fort
connu par ses services et son mérit . personnel
, l'un et l'autre Chevaliers de Saint
Louis .
Cet illustre Mort étoit de la Maison
de Kersulguen , l'une des plus anciennes
Maisons de Bretagne , et alliée de tout
tems à ce qu'il y a de plus considerable.
Jamais homme ne fut plus aimé
pendant sa vie , ni plus regretté après sa
mort.
Dame Marie-Helene Moreau de Se
chelles , épouse de M. René Herault
Chevalier , Seigneur de Fontaine- Labbé,
et de Vaucresson , Conseiller d'Etat , et
Lieutenant
JANVIER 1734. 195
> Lieutenant General de Police de la Ville
Prévôté et Vicomté de Paris , mariez le
30. Décembre 1732., accoucha le 23. Janvier
d'un fils , son premier enfant ,
quifut
nommé Jean René , ayant été tenu șur
les Fonts par M. Jean Moreau , Cheva
lier , Seigneur de Sechelles , Maistre des
Requestes , et Intendant du Haynault ,
son ayeul maternel , et par Dame Jeanne-
Charlotte Guillard , veuve de Louis Herault
, Seigneur d'Epone , et Mazieres , da
grande belle-mere paternelle.
Guy de Chartraire , Seigneur de Rugny
, de Montreal , & c. fils d'Emilien de
Chartraire de Romilly , Conseiller honofaire
au Parlement de Metz , et de Dame
Jeanne- Marie Girard , épousa le 20. Janvier
Dame Marie- Reine Chauvelin , fille
de M. Chauvelin , Seigneur de Beausejour
, &c. Conseiller d'Etat , et de Dame
Catherine Martin .
311
et Mariages.
E nommé Nicolas - François Petit
Gagne deniers ,mourut à Paris , rue
Cadet , le 2. Novembre 1733. dans la
centiéme année de son âge , et fit inhumé
dans le cimetiere de S. Joseph , annexe
de la Paroisse S. Eustache,
M. Thomas Honoré de Francini , Prê
tre- Docteur en Theologie de la Faculté de
Paris , de la Maison Royale de Navarre
et Doyen de la même Faculté , mourut le
5. Janvier 1734 au College de Boncours ,
dans la 78. année de son âge. Son corps
fût transporté à S. Germain en Laye pour
être inhumé dans l'Eglise des Recollets Y
lieu de la sépulture de sa famille , qui est
originaire de la Ville de Florence , et com
prise au nombre de celles qui étoient admises
aux dignitez de la République dès
l'an 1318. Elle vint s'établir en France
sous le regne de Henry IV. et fut naturalisée
en 1500. Jean Nicolas de Francini,
ancien Maître d'Hôtel du Roy qui
avoit épousé en 1684. Magdelaine Catherine
de Lully , morte en 1703. fille du
celebre Jean- Baptiste Lulli , est de cette
>
famille.
JANVIER. 1734. 189
famille. Francini porte d'Azur à une main
gantelée d'argent mouvante du flanc seneftre
de l'Ecu , tenant une pomme de pin d'or surmontée
d'une étoile de même , & accompagnée
de trois fleurs de Lys d'or, deux en chef
une en pointe.
Louis- Christophe de la Rochefoucaud
de Lascaris , Marquis d'Urfé , Grand Bailly
du Pays et Comté de Forez , Mestre de
Camp de Cavalerie , mourut le 7. Janvier
près de Tortonne dans le Milanez , dans
la trentiéme année de son âge . Il étoit fils
aîné de Jean Antoine de la Rochefou
caud , Marquis de Langheac , & c. et
de Dame Marie-Therese de Guerin de Lugeac.
Il avoit succedé aux biens de la Maison
d'Urfé en vertu d'anciennes substitutions
, par la mort de Joseph Marie de
Lascaris , Marquis d'Urfé , le dernier de
cette illustre Maison , arrivé le 13. Octobre
1724. celui qui vient de mourir avoit
été marié le 11. Septembre 1724. avec.
Dame Jeanne Camus de Pontcarré , fille
de Nicolas- Pierre Camus , Seigneur de
Pontcarré Premier Président du Parlement
de Normandie , et de feuë Dame
Marie -Michelle de Bragelongne sa scconde
femme . Il en a laissé des enfans.
Bernard du Mas de la Vergne , Maréchal
190 MERCURE DE FRANCE
chal des Logis de la premiere Compagnie
des Mousquetaires de la Garde du Roy ,
Mestre de Camp de Cavalerie , et Chevalier
de S. Louis , mourut le 16. Janvier
âgé d'environ 76. ans Il avoit été marié
le 30. Avril 1697. avec Anne Geneviève
Portier , fille de François Portier , Ecuyer
sieur de Compiegne et de Maillezais , Secretaire
des Commandemens , et Intendant
des Maisons et affaires du Duc de
Longueville , et de Catherine Cantot.
Armand François de Bretagne , premier
Baron de Bretagne , Baron d'Avangour ,
Comte de Vertus et de Goello , &c. Maréchal
des Camps et Armées du Roy ,
Chevalier de S. Louis , mourut à Paris le
12. Janvier , âgé de 52. ans . Il avoit été
successivement Guidon et Enseigne de la
Compagnie des Gendarmes de la Garde dur
Roy . Il n'a point été marié , laissant seulement
un frere et une soeur , qui sont
Henry François de Bretagne , Colonel
d'Infanterie , qu'il a institué son légataire
universel , et Dame Marie-Claire - Geneviéve
de Bretagne , veuve de Charles Roger
, Prince de Courtenay , mort en
1730.
Dame Louise de Montguillon , veuve
en premieres nôces d'Alexandre leMazier,
Auditeur en la Chambre des Comtes ; et
en
JANVIER 1734 191
en secondes de Claude- Auguste Vitart de
Passy , Ecuyer , Seigneur de Barzy , Capitaine
de Dragons , mourut le 14. Janvier
dans un âge avancé , laissant des enfans
de ses deux mariages.
M. Pierre Renard , Prêtre Superieur de
la Maison et Hôpital Royal de la Trinité
à Paris , mourut le même jour 14. âgé de
85. ans.
Dame Marie Angelique Cadeau , veuve
de Guillaume Fremin , Comte de Moras,
et Président à Mortier au Parlement de
Metz , mourut le 16. âgée de 87. ans . Elle
a laissé pour fille unique Marie Angelique
Fremin de Moras , qui a été mariée
le 17. Décembre 1709. avec Louis Antoine
de Brancas , Duc de Villars , Pair de
France , Chevalier des Ordres du Roy' ,
& c.
Guillaume Stafford Howard , Comte
de Stafford , Pair de la Grande Bretagne ,
mourut le 18. Janvier en la Maison des
Religieuses Chanoinesses Angloises , ruë
des Fossez S. Victor , d'une apoplexie
dont il fût attaqué étant à la grille . Il
étoit âgé d'environ 49. ans. Ses obseques
ont été celebrées le 20. dans l'Eglise Paroissiale
de S. Nicolas du Chardonnet ,
et il a été inhumé dans l'Eglise des mêmes
Chanoinesses Angloises, La Maison Howard
192 MERCURE DE FRANCE
ward est une des plus anciennes et des
plus illustres d'Angleterre. Guillaume
Howard , ayeul de celui qui vient de
mourir , étoit cadet des Ducs de Norfolck
, Aînez de toute la Maison Howard,
qui est fort nombreuse. Il prit le nom de
Stafford ; dont il avoit épousé l'heritiere.
Ce Seigneur , qui avoit embrassé la Religion
Catholique , ayant été accusé faussement
par deux scelerats de tremper dans
une prétendue conspiration des Catholiques
contre le Roy Charles II. eût la tête
tranchée à Londres le 8. Janvier 1681 .
à l'âge de 70. ans . Son fils , pere de celui
qui donne lieu à cet article , avoit suivi la
fortune du Roy Jacques II . en France , et
faisoit aussi profession de la Religion Catholique.
>
Charles de Creil , ancien Capitaine de
Cavalerie , ci devant Gentilhomme ordinaire
de la Maison du Roy , mourut le
24. Janvier âgé de 68. ans . Il étoit Fils de
feu Pierre de Creil , Seigneur de Grand-
Mesnil , Maître ordinaire en la Chambre
des Comtes , et de Jeanne Crié sa seconde
femme .
On apprend de Bretagne que Messirǝ
Jofeph- Hyacinte de Kersulguen , Chevalier
Seigneur , Marquis de Klorec , mourut le
19. de ce mois , en son Chasteau de Chefdu-
Bois
JANVIER 1734 193
du- Bois , où il avoit fixé depuis long- tems
sa demeure , mais où il ne s'est pas moins
rendu utile aux interêts du Roy , qu'à ceux
de sa Province ; tous les Officiers Generaux
qu'il recevoit chez lui avec une magnificence
et une noblesse qui l'auroient
distingué à la Cour , l'honoroient de leur
confiance et de leur amitié , et abandon
noient entierement à sa prudence ce qu'ils
ne pouvoient ou connoître ou executer
par eux mêmes , et l'associoient toûjours
à leur conseil . Il fut sur tout l'ami intime
du feu Maréchal de Vauban .
Egalement estimé de la Noblesse de
Bretagne , et connu par son zele pour les
interêts de la Province. Il fût élu deux
fois d'une voix unanime Président de
l'Assemblée des Etats de 1731. en l'absen
ce du Duc de la Tremouille .
Outre un esprit élevé , pénétrant , vif
plein d'un enjoüement noble et délicat ; il
possedoit à un si haut dégré le don de la
parole , qu'on le regardoit comme l'oracle
de la Province. Le caractere de son
coeur honoroit encore les qualitez supé
rieures de son esprit. Il alloit au- levant de
tous lei démêlez . Il calmoit toutes les querelles
, et la décision de tous les interêts
lui étoit confiée , sans que qui que ce soit.
ait jamais été tenté d'en appeller à un autie
Tribunal. Sa
194 MERCURE DE FRANCE.
ne
Sa tendresse pour les
pauvres , et sur
tout , pour les pauvres de ses terres ,
peut être mieux publiée que par les larmes
qu'ils ont répandues à sa mort ; moment
qu'il a rendu précieux aux hommes
et aux yeux de Dieu , par les sentimens
de religion , de paix , et de tranquillité ,
que le témoignage seul de la bonne conscience
peut donner.
,
Il laissa deux fils , l'aisné aujourd'hui
Marquis de Klorec , que la longue interruption
de la guerre où il s'étoit distingué
dans le service de la Marine , a fixé à la
tête de sa famille , et le Chevalier de
Klorec , Lieutenant de Vais eaux , fort
connu par ses services et son mérit . personnel
, l'un et l'autre Chevaliers de Saint
Louis .
Cet illustre Mort étoit de la Maison
de Kersulguen , l'une des plus anciennes
Maisons de Bretagne , et alliée de tout
tems à ce qu'il y a de plus considerable.
Jamais homme ne fut plus aimé
pendant sa vie , ni plus regretté après sa
mort.
Dame Marie-Helene Moreau de Se
chelles , épouse de M. René Herault
Chevalier , Seigneur de Fontaine- Labbé,
et de Vaucresson , Conseiller d'Etat , et
Lieutenant
JANVIER 1734. 195
> Lieutenant General de Police de la Ville
Prévôté et Vicomté de Paris , mariez le
30. Décembre 1732., accoucha le 23. Janvier
d'un fils , son premier enfant ,
quifut
nommé Jean René , ayant été tenu șur
les Fonts par M. Jean Moreau , Cheva
lier , Seigneur de Sechelles , Maistre des
Requestes , et Intendant du Haynault ,
son ayeul maternel , et par Dame Jeanne-
Charlotte Guillard , veuve de Louis Herault
, Seigneur d'Epone , et Mazieres , da
grande belle-mere paternelle.
Guy de Chartraire , Seigneur de Rugny
, de Montreal , & c. fils d'Emilien de
Chartraire de Romilly , Conseiller honofaire
au Parlement de Metz , et de Dame
Jeanne- Marie Girard , épousa le 20. Janvier
Dame Marie- Reine Chauvelin , fille
de M. Chauvelin , Seigneur de Beausejour
, &c. Conseiller d'Etat , et de Dame
Catherine Martin .
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Résumé : MORTS[,] NAISSANCES, et Mariages.
En janvier 1734, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Nicolas-François Petit, âgé de 100 ans, est décédé à Paris et inhumé dans le cimetière de Saint-Joseph. M. Thomas Honoré de Francini, Prêtre et Docteur en Théologie, est mort à 78 ans au Collège de Boncours et inhumé à Saint-Germain-en-Laye. La famille Francini, originaire de Florence, s'était établie en France sous le règne de Henri IV et avait été naturalisée en 1500. Louis-Christophe de La Rochefoucauld de Lascaris, Marquis d'Urfé, est décédé à 30 ans près de Tortonne. Bernard du Mas de La Vergne, Maréchal des Logis des Mousquetaires du Roi, est mort à 76 ans. Armand-François de Bretagne, Maréchal des Camps et Armées du Roi, est décédé à 52 ans à Paris. Parmi les autres décès notables, on compte Dame Louise de Montguillon, M. Pierre Renard, Prêtre Supérieur de la Maison de la Trinité, et Dame Marie-Angélique Cadeau, veuve du Comte de Moras. Guillaume Stafford Howard, Comte de Stafford, est mort à 49 ans à Paris. Charles de Creil, ancien Capitaine de Cavalerie, est décédé à 68 ans. Joseph-Hyacinte de Kersulguen, Marquis de Klorec, est mort à 62 ans en Bretagne. Du côté des naissances et mariages, Dame Marie-Hélène Moreau de Séchelles a accouché d'un fils nommé Jean-René le 23 janvier 1734. Guy de Chartraire a épousé Dame Marie-Reine Chauvelin le 20 janvier 1734.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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69
p. 395-405
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Le dix-neuf Janvier Dame Marie-Magdelene Baudin, Epouse de Mathias Goudin, Conseiller [...]
Mots clefs :
Paris, France, Mort, Seigneur, Âge, Conseiller au Parlement, Dame, Roi, Fille, Chevalier, Secrétaire, Marquis, Comte, Président, Louis Milon de Rigny, Pierre de Brilhat, Pierre-Maurille Boulard, René-Charles-Elisabeth de Coëtlogon, Marie-Celse-Antoinette de Cugnac, Louis-Charles de Gouffier, Catherine-Angélique d'Albert de Luynes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS , NAISSANCES
et Mariages.
LBA
Edix- neuf Janvier Dame Marie -Magdelene
Baudin , Epouse de Mathias Goudin , Conseilde
ler en la Cour des Aydes de Paris , et qui avoit
été mariée le 18 Fevrier 1732.mourut en couches
de son deuxième enfant , agée de 27. ans.
>
Le 24. Janvier M. Louis Milon , Evêque et
Seigneur de Condom Prieur des Prieurés de
S. Marcel , de Villiers S. Sepulchre , et des deux
Gemeaux , Docteur en Théologie de la Faculté
11
de
396 MERCURE DE FRANCE
de Paris du 4. Juillet 1685. mourut en son Château
à deux lieuës de Condom , agé d'environ
76. ans , et dans la 41. année de son Episcopat ,
ayant été nommé à l'Evêché de Condom , Suffra
(gant de Bourdeaux , le 1. Novembre 1693 et sacré
le 14. Fevrier 1694. Il avoit été auparavant
Chanoine de l'Eglise de Saint Martin de Tours,
et Aumônier du Roi . Ce Prêlat qui est fort regretté
dans son Diocèse , a fondé à Condom un Hôpital
, dans lequel les pauvres sont emploïés à
divers Arts et Métiers , et il a confié l'administration
de cette Maison aux Soeurs appellées de
la Foy. Il a établi les mêmes Soeurs à Nérac ,
pour instruire et cathechiser les jeunes Filles de
la Religion protestante , a retabli les Eglises de
Monchenit , et de Puge , que les Religionaires
avoient entierement detruites , et a achevé son Palais
Episcopal qui avoit été deja commencé à
grands frais . Il assista en 1705. à l'Assemblée
générale du Clergé , en qualité d'un des Députés
de la Province de Bourdeaux . Ce Prélat étoit
deuxième Fils d'Alexandre Milon , Seigneur de
la Borde , Mesne Amnon &c. Président , Trésorier
General de rance en Berri , mort le 10.
May 1687. et de Françoise Palla , morte le 26.
May 1703. Il avoit pour Frere aîné Aléxandre
Milon , Maîtte des Requêtes Honoraire de l'Hôtel
du Roi , qui vient d'entrer dans la 82. année
de son age , et qui est veuf depuis le 6. Janvier
1700. de Marie - Magdelene Thérese Coicault de
Chevigny , de laquelle il avoit eu Françoise- Elizabeth
Milon , Fille unique , mariée le 19. Fevrier
1700. avec Louis- Charles de Machault ,
Seigneur d'Arnouville , Conseiller d'Etat ordinaire
, et morte le 22. Janvier 1720. laissant un
Fils unique , qui est Maître des Requêtes depuis
1728
1
FEVRIER . 1734 397
1718. L'Eveque de Condom avoit pour frere
puîné Henry Milon , Seigneur de Mesne , Intendant
General des Turces et levées de France ,
et Grand-Maître des Eaux et forêts de France en
Touraine , puis en Poitou , Auni , Saintonge ,
Engoumois , Limosin , haute et basse Marche ,
Bourbonnois , et Nivernois , mort depuis plusieurs
années , ayant laissé de Jeanne - Françoise
Angelique Collin sa femme , trois Fils , dont l'un ,
après avoir été Capitaine dans le Regiment du
Roi , s'étoit retiré à Condom auprès de l'Evêque
son Oncle ; un autre connu sous le nom du sieur
de Mesne , resident à Tours , et un troisiéme qui
est Alexandre Milon , né à Paris le 13. Juin 1688 .
Docteur en Théologie de la Faculté de Paris du
18. Octobre 1714. ci-devant Aumônier du Roi ,
et à présent Evêque de Valence en Dauphiné qui
a été nommé à cet Evêché le 7. May 1725 .
et sacré le 31. Mars 1728. et qui a obtenu au
mois de May 1728. l'Abbaye de Leoncel,Ordre
de Citaux , Diocèse de Die.
Le 25. Janvier M. Pierre de Brilhat , Vicomte,
de Geneay en Poitou , Seigneur de Nouzières en
ngoumois , Premier President au Parlement de
Bretagne , mourut à Paris agé de 67. ans , étant
né le 26. Janvier 1667. Il étoit dans la 31. année
de l'éxercice de sa Charge de Premier Président,
en laquelle il avoit été reçu le 16. Juin 1703
étant auparavant Conseiller au Parlement de
Paris , depuis le 27. Fevrier 1688. Il étoit Fils
ainé de Nicolas de Brilhat , Seigneur de Nouzieres
, Vicomte de Geneay , Conseiller au Parlement
de Paris , et de Jeanne Auzanne , et avoit
épousé en premieres noces le 17. Septembre 1693 ,
Marie-Anne de Chouet, Fille de Pierre de Choüett
Seigneur de Gevreau , Conseiller au Parlement
I v de
398 MERCURE DE FRANCE
de Bretagne , et de Marie du Moley ; et en se
condes noces Pelagie- Constance de Lys , Fille
d'un Conseiller au même Parlement. Cette derniere
mourut de la petite verole à Paris le 11 .
Novembre 1731. agée d'environ 43. ans. Il a
laissé des Enfans de l'une et de l'autre.
:
Le même jour Emanuel Pierre-Claude Raymond
, Ecuyer , Sieur de Marcest , Lieuter ne
au Regiment de Rosnyvinen , Dragons , File
feu Pierre Raymond, Ecuyer , Seigneur de
cest , Lieutenant de Roy en la Province de Bo
bonnois , et auparavant Lieutenant au Régime :
des Gardes Françoises , mort le 8. Juillet 12
59. ans ; et de Dame Elizabeth River sa YouT
mourut d'une maladie de poitrine à Paris , gé
21. ans f . mois 24. jours. Il avoit fait sa pa
miere Campagne l'année derniere en Allem
à
"
Gabriel-Jean Nicolas, Seigneur de la Reyre , er
de Tralage , Fils de feu Gabriel Nicolas , Signeur
de-la Reynie de Tralage , et de Vic , Conseiller
d'Etat ordinaire , et Sous- Doyen du Conseil
, et auparavant Lieutenant General de Police
de la Ville de Paris , mort le 14. Juin 1709 .
l'age de 84. ans , et de Gabrielle de Garibal
mourut à Rome , le 26. Janvier , où il s'étoit
retiré depuis plusieurs années. Il n'avoit point
été marié.
Le 28 , Janvier Dame Marie- Therese Poyrel
de Grandval , veuve depuis le 24. Juin 1724. de
Jean du Puis , Ecuyer, Conseiller, Tresorier General
de la Maison du Roi , mourut à Paris ,
agé de 68. ans . mois , laissant un Fils qui est
Pierre du Puis , reçu Conseiller au Parlement de
Paris le 27. Janvier 1712.puis Président au Grand
Conseil le 9. Fevrier 1720. qui a épousé l'Ainée
des trois Filles de feu Charles Ruau du Tronchot,
Seigneur
FEVRIER 1734. 399
Seigneur de Ville - Dieu &c. Chevalier de l'Ordre
du Roi, Secretaire de S. M. Maison , Couronne
de France , et de ses Finances , Ancien Fermier
General , mort le 20. Juillet 1729. et de Marie-
Anne Lépinau , de laquelle il a des enfans.
Dame Anne-Magdelaine Adelaide de Maupeou,
Fille de René- Charles de Maupeou , Marquis de
Motangle , et de Montigny , President à Mortier
au Parlement de Paris , et d'Anne-Victoire de
Lamoignon de Courson , et Epouse de François-
Louis de Louvet de Murat , Comte de Nogaret ,
de Cauvisson , Capitaine de Cavalerie dans le
Regiment Dauphin ; mariée le 22. Novembre
1731. mourut le 28. Janvier en couches de son
premier enfant , mort incontinent après , agé de
19. ans 5. jours , fort regrettée . Elle fut inhumée
le lendemain aux Cordeliers.
La nuit du 30. au 31. Janvier , Charles - Her
cules d'Albert , Chevalier de Luynes , Chef d'Escadre
des Armées Navales du Roi depuis 1422,
et Capitaine des Gardes du Pavillon , Amiral
qui avoit servi en dernier lieu , en qualité de Chef
d'Escadre sur l'Escadre qui a été envoiée l'année
derniere dans la Mer Baltique , sous les ordres du
Marquis de la Luzerne , Lieutenant General ,
mourut à Paris , dans la 60. année de son age ,
étant né le 8. Mars 1674. Il étoit second Fils de
Louis - Charles d'Albert , Duc de Luynes , Paix
de France , mort le 20. Octobre 1690. et d'Anne
de Rhohan de Montbason ,sa deuxième femme ,
morte le 29. Octobre 1684. et grand oncle de
Charles- Philippe d'Albert , aujourd'huy Duc de
Luynes , Pair de France.
Le premier Fevrier , Louis le Gendre , Prêtre,
natif de Rouen , Chanoine du 15. Avril 1690 .
et Sous-Chantre de l'Eglise Métropolitaine de
I vi
Paris
400 MERCURE DE FRANCE
·
Paris du .Juillet 1723.et Abbé Commandataire
de l'Abbaïe Roiale deN.D. de Claire - Fontaine
O.S.A.Diocèse de Chartres du mois de Decembre
1724.mourut en sa MaisonCanoniale, agé de 78.
ans. Il étoit Auteur d'une Histoire de France , imprimée
d'abord en plusieurs volumes in 12. puis
en dernier lieu en 3. vol. in fol . à laquelle est
joint un ouvrage intitulé Mours des François ,
dont il y a aussi une Edition in 12. morceau estimé.
On a encore de lui une Histoire du Cardinal
d'Amboise , 3. vol . in 12. et 1. vol . in 4º. On a
de plus de lui , une Vie Latine de François de
Harlay , Archêveque de Paris , son Bienfaicteur ,
le tout écrit d'un bon Stile .
>
Jean Baptiste du Moustier , Clerc du Diocèse
de Bayeux, Abbé Commandataire de l'Abbaie de
la Victoire , O.S A Diocèse de Senlis , depuis
le 8. Janvier 172 1. et auparavant de celle de Saint
Sauveur de Blaye , O. S. B. Diocèse de Bourdeaux
depuis le 6 Novembre 1717. aussi Prieur
d'Huriel , Aumônier du Duc de Bourbon , et
Secretaire de ses commandemens ; et ci-devant
Instituteur de la jeunesse de ce Prince , mourut
à l'Hôtel de Condé , le 1, Fevrier , après une longue
maladie.
Le neuf Fevrier Dame Marguerite-Charlote de
la Roche de Fontenilles , Fille de feu François de
la Roche , Marquis de Fontenilles , mort en 1728.
et de Dame Marie- Therese de Mesme , et Epouse
depuis le 16. Avril 1733. de Simon -Joseph de
Raousset , Marquis de Seillon , Conseiller au
Parlement de Provence , mourut en couches ,
agée d'environ 33. ans.
D. marie Anne le Bault de Langy , Fille ainée
de Gilbert - François le Bault , Chevalier Seigneur
de Langy en Nivernois , et de D. Anne-Radegonde
FEVRIER. 1734. 401
gonde Charpentier de Crecy , mourut en la ville
de Saint Saulge en la même Province , le 10. Fevrier
, agée d'environ 30. ans. La famille de le
Bault de Langy , ancienne Noblesse de Nivernois,
porte de gueules au chevron d'or , accompagné
de trois Merlettes de sable.
M. Pierre-Maurice Boulard , Ecuyer , Chevalier
, Commandeur , Secretaire General , et Greffier
de l'Ordre Royale Militaire et Hospitalier
de Notre- Dame de Mont- Carmel et de Saint
Lazare de Jerusalem , et Intendant et Secretairedes
commandemens de S. A.S. Monseigneur le
Prince de Conty , mourut le 18. Janvier 1734.
agé d'environ 62. ans. Il étoit Fils de Pierre
Boulard , qui a été emploié pendant plus de 30.
années en qualité de premier Secretaire des Ambassades
du feu Comte d'Avaux , tant à Venize
au Traité de paix de Nimegue en Holande ,qu'en
Irlande à la suite de Jacques I I. Roi d'Angletaire.
N. Boulard son Fils , a commencé en l'année
1701. à servir le Roy en la même qualité ,
sous le même ministere en Holande , et à continué
à son retour en France , de travailler aux
mêmes affaires jusqu'à la mort du Comte d'Avaux
, arrivée en 1709. Il fut depuis choisi pour
Premier Secretaire de l'Ambassade du feu Marechal
d'Uxelles , Plenipotentiaire aux Conferences
de Gertrudemberg , et ensuite Premier Secretaire
de M. de Mesme , Premier Président du Parlement.
Il a été reçu Chevalier de l'Ordre Militaire
et Hospitalier de Saint Lazare , le 9. Octobre
1716. Commandeur et Secretaire General ,
et Greffier du mêine Ordre , le 15. Juillet 1728,
Le Roi pour recompenser les services du Sieur
Boulard , et de son Pere lui avoit accordé des Lertres
de Noblesse pour lui et sa posterité , par Lettres
402 MERCURE DE FRANCE
tres Patentes du mois de Fevrier 1719. et depuis
La mort de M. de Mesme , Premier President ,
feu S. A. S. Monseigneur le Prince de Conty ,
connoissant la probité , capacité , et le désinteressement
du Sieur Boulard , l'a choisi pour le
mettre à la tête des affaires de sa Maison en qualité
de son Intendant General , et Secretaire de
ses Commandemens , et il a toujours été honnoré
de la confiance de ce Prince , et de celle de
Madame la Princesse, et de Monseigneur le Prince
de Conty leur Fils , qui ont donné des preuves
éclatantes de leur satisfaction . Le merite d'un si
digne sujet , le fait regretter universellement.
René- Charles -Elizabeth de Coëtlogon, Comte
de Loyat , Châtelain de-la Gaudinaye , Sindic General
des Etats de- la Province de Bretagne , mourut
à Paris le 19. Fevrier agé de 60. ans , Il étoit
Neveu de feu Alain- Emanuel de Coëtlogon,Maréchal
et Vice- Amiral de France , Chevalier des
Ordres du Roi , Grand - Croix de l'Ordre Militaire
de Saint Louis &c. mort le 7. May 1730*
à l'age de 83. ans, et il avoit épousé Anne Auvril ,
Fille unique de René Auvril , Seigneur de la
Roche et de Genevieve Menardo, de laquelle il
a laissé Louis de Coëtlogon , Lieutenant dans le
Regiment du Roi , puis reçu Cornette dans la scconde
Compagnie des Mousquetaires le 30. May
1731. Emanuel- Louis de Coëtlogon , Capitaine
de Dragons dans le Regiment , Mestre de Camp
General ; Emanuel Marie , Chevalier de Coërlogon
, Lieutenant de Vaisseaux ; et René- Anne
Elizabeth de Coetlogon , Abbé Commandataire
de l'Abbaie de Saint Memin près de Châlons sur
Marne , depuis le mois d'Octobre 1729. La Genealogie
de la Maison de Coëtlogon , du Dio
cèse de Saint Brieuc , en basse Bretagne , est raportée
FEVRIER 1734. 403
portée dans la nouvelle Edition des Grands Offi
ciers de la Couronne , article des Maréchaux de
France tome 7. page 717. où elle est remontée
jusqu'à la fin du 12. Siecle. Ses Armes sont de
Gueules à trois Ecussons d'Hermines passées.
2. et I.
On mande de Bourgogne , que le nommé
Jean Coquelay , du village de Presle , Bailliage
d'Avallon , Intendance de Dijon , étoit mort depuis
peu , agé de 106 ans ; étant né le 15. Septembre
1627. Il avoit conservé son bon sens jusqu'à
sa mort ; il marchoit encore très - bien deux
jours auparavant , et il ne se souvenoit pas d'avoir
jamais été malade ; il a vû sa cinquième
Generation , dont il subsiste encore plusieurs
Enfans.
Il y a dans ce village , et aux environs , des
Habitans qui ont plus de 90. ans , qui travaillent
journellement . Ce n'est pas seulement parmi les
villagois , mais il y a aussi plusieurs Gentils- Hommes
dans ces Cantons , qui sont de même age
et qui vont tous les jours à la Chasse , soit
pied ou à cheval : l'Air y est extrémement pur ,
et il n'y a presque jamais de malades.
Le 25. Fevrier 1734. a été baptisée à S.Sulpice
Marie-Celse-Antoinette , née le jour précedent
fille de Jean - Baptiste - François de Cugnac , appellé
le Marquis de Dampierre , Baron d'Huisseau
, Mestre de Camp de Cavalerie , cy-devant
Cornette des Chevaux Legers de Berry , et de
D. Françoise- Charlotte de Langhac , qui ont
été mariez le 7 Juillet 1732. elle a été tenuë
sur les Fonts par Mrs Michel Celse Roger de
Rabutin , Comte de Bussy , Evêque de Luçon,
l'un des 40 de l'Académie Françoise son parent
paternel
404 MERCURE DE FRANCE
paternel et maternel , et par D. Marie-Magdelaine
-Henriette de Lagny son ayeule paternelle,
veuve depuis 1724. de François de Cugnac ,
Marquis de Dampierre , Baron d'Huisseau ,
d'Hautevenne , & c .
Le 13 Janvier a été célebré dans la Chapelle
de l'Hôtel de Pontchartrain le Mariage de
Louis -Charles de Gouffier , Marquis d'Heilly,
Ribemont &c. né du vingt - sept Septembre
1698. Mestre de Camp du Régiment de Condé
Cavalerie , par Commission du 24 Novembre
1719. Fils de feu Charles- Antoine de Gouffier
, Marquis d'Heilly , Enseigne des Gendarmes
de la Garde du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , et Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , mort à l'âge de 33 ans , des
blessures qu'il avoit receues a la Bataille de Ramillies
, le 23 May 1706. et de Dame Catherine-
Angelique d'Albert de Luynes , sa veuve ,
avec Dile Marie- Catherine Phelypeaux , fille
mineure , et unique héritiere de feu François
Phelypeaux , Chevalier Seigneur d'Outreville
Maître des Requêtes ordinaire de l'Hôtel du
Roy , mort le 19 Décembre 1715 , dans la ! 26
année de son âge , et de feue D. Marie - Catherine
Voisin sa femme , fille d'un Conseiller au
Parlement de Rouen , morte âgée de 39 ans
le 2 Février 1717. la Mariée est petite niéce de
feu Louis Phelypeaux de Pontchartrain , Chancelier
de France . La Généalogie de la Maison
de Gouffier , dont il subsiste encore plusieurs
branches est rapportée dans l'Histoire des
Grands Officiers de la Couronne , à l'Art . des
Duchez non Pairies Tom. f . pag. 605 .
+6
Le 26 Janvier , Angelique - François de Renoüard
,
FEVRIER. 1734 405
豎
nouard , Chevalier , Comte de Villayer et d'Auteuil
, Seigneur de Drouges , Couvrau , &c . Maftre
des Requêtes Ordinaire de l'Hôtel du Roy ,
depuis 1719. et auparavant Conseiller au Parlement
de Paris, où il avoit été reçu en 1716. fils
unique , né posthume de feu Jean - Jacques de
Renouard , Comte de Villayer , Conseiller au
Parlement de Bretagne ; et de deffunte Dame
Michelle-Lucrece Chappel , morte le 22 Janvier
1717. et petit- fils de Jean - Jacques de Renouard
, Comte de Villayer , mort Doïen du
Conseil d'Etat du Roy , et l'un des quarante de
l'Académie Françoise , les Mars 1691. âgé de
86 ans , a été marié avec Dame Angelique- Clau
de de Marescot , Dame de Thoiry , àgée de 29
ans , du 7 du même mois de Janvier , et veuve
depuis le Novembre 1731. d'Adrien Claude de
Baussan , son cousin germain , Ecuyer du Roy ,
dont elle a un fils unique. Elle est fille et seule
heritiére de feu Gilles - Michel de Marescot , Seigneur
de Thoiry , de Morgue , &c. Mestre de
Camp de Cavalerie , Maréchal General des Logis
de la Cavalerie Legere de France , Chevalier
de l'Ordre Militaire de S Louis , mort le 8
Mars 1714 et de feue Angelique Dappougny , sa
femme , morte le 9 Janvier 1705. Les Armes de
la famille de la Mariée sont de Gueules à trois
faces d'argent à un Lion Léopardé , brochant sur
Le tout , et un Chef de même , chargé d'un Aigle ,
Couronné de sable , et pour Cimier un Léopard ,
surmonté d'un Aigle couronné, qui sont les Armes
des Marescotti de Boulogne en Italie , qui ont
reconnu les Marescot de France pour leurs pa
>
rens. La famille de Renouard - Villayer est de
Bretagne , et porte pour armes , d'Argent à une
Quinte-feuille , percée de Gueules.
et Mariages.
LBA
Edix- neuf Janvier Dame Marie -Magdelene
Baudin , Epouse de Mathias Goudin , Conseilde
ler en la Cour des Aydes de Paris , et qui avoit
été mariée le 18 Fevrier 1732.mourut en couches
de son deuxième enfant , agée de 27. ans.
>
Le 24. Janvier M. Louis Milon , Evêque et
Seigneur de Condom Prieur des Prieurés de
S. Marcel , de Villiers S. Sepulchre , et des deux
Gemeaux , Docteur en Théologie de la Faculté
11
de
396 MERCURE DE FRANCE
de Paris du 4. Juillet 1685. mourut en son Château
à deux lieuës de Condom , agé d'environ
76. ans , et dans la 41. année de son Episcopat ,
ayant été nommé à l'Evêché de Condom , Suffra
(gant de Bourdeaux , le 1. Novembre 1693 et sacré
le 14. Fevrier 1694. Il avoit été auparavant
Chanoine de l'Eglise de Saint Martin de Tours,
et Aumônier du Roi . Ce Prêlat qui est fort regretté
dans son Diocèse , a fondé à Condom un Hôpital
, dans lequel les pauvres sont emploïés à
divers Arts et Métiers , et il a confié l'administration
de cette Maison aux Soeurs appellées de
la Foy. Il a établi les mêmes Soeurs à Nérac ,
pour instruire et cathechiser les jeunes Filles de
la Religion protestante , a retabli les Eglises de
Monchenit , et de Puge , que les Religionaires
avoient entierement detruites , et a achevé son Palais
Episcopal qui avoit été deja commencé à
grands frais . Il assista en 1705. à l'Assemblée
générale du Clergé , en qualité d'un des Députés
de la Province de Bourdeaux . Ce Prélat étoit
deuxième Fils d'Alexandre Milon , Seigneur de
la Borde , Mesne Amnon &c. Président , Trésorier
General de rance en Berri , mort le 10.
May 1687. et de Françoise Palla , morte le 26.
May 1703. Il avoit pour Frere aîné Aléxandre
Milon , Maîtte des Requêtes Honoraire de l'Hôtel
du Roi , qui vient d'entrer dans la 82. année
de son age , et qui est veuf depuis le 6. Janvier
1700. de Marie - Magdelene Thérese Coicault de
Chevigny , de laquelle il avoit eu Françoise- Elizabeth
Milon , Fille unique , mariée le 19. Fevrier
1700. avec Louis- Charles de Machault ,
Seigneur d'Arnouville , Conseiller d'Etat ordinaire
, et morte le 22. Janvier 1720. laissant un
Fils unique , qui est Maître des Requêtes depuis
1728
1
FEVRIER . 1734 397
1718. L'Eveque de Condom avoit pour frere
puîné Henry Milon , Seigneur de Mesne , Intendant
General des Turces et levées de France ,
et Grand-Maître des Eaux et forêts de France en
Touraine , puis en Poitou , Auni , Saintonge ,
Engoumois , Limosin , haute et basse Marche ,
Bourbonnois , et Nivernois , mort depuis plusieurs
années , ayant laissé de Jeanne - Françoise
Angelique Collin sa femme , trois Fils , dont l'un ,
après avoir été Capitaine dans le Regiment du
Roi , s'étoit retiré à Condom auprès de l'Evêque
son Oncle ; un autre connu sous le nom du sieur
de Mesne , resident à Tours , et un troisiéme qui
est Alexandre Milon , né à Paris le 13. Juin 1688 .
Docteur en Théologie de la Faculté de Paris du
18. Octobre 1714. ci-devant Aumônier du Roi ,
et à présent Evêque de Valence en Dauphiné qui
a été nommé à cet Evêché le 7. May 1725 .
et sacré le 31. Mars 1728. et qui a obtenu au
mois de May 1728. l'Abbaye de Leoncel,Ordre
de Citaux , Diocèse de Die.
Le 25. Janvier M. Pierre de Brilhat , Vicomte,
de Geneay en Poitou , Seigneur de Nouzières en
ngoumois , Premier President au Parlement de
Bretagne , mourut à Paris agé de 67. ans , étant
né le 26. Janvier 1667. Il étoit dans la 31. année
de l'éxercice de sa Charge de Premier Président,
en laquelle il avoit été reçu le 16. Juin 1703
étant auparavant Conseiller au Parlement de
Paris , depuis le 27. Fevrier 1688. Il étoit Fils
ainé de Nicolas de Brilhat , Seigneur de Nouzieres
, Vicomte de Geneay , Conseiller au Parlement
de Paris , et de Jeanne Auzanne , et avoit
épousé en premieres noces le 17. Septembre 1693 ,
Marie-Anne de Chouet, Fille de Pierre de Choüett
Seigneur de Gevreau , Conseiller au Parlement
I v de
398 MERCURE DE FRANCE
de Bretagne , et de Marie du Moley ; et en se
condes noces Pelagie- Constance de Lys , Fille
d'un Conseiller au même Parlement. Cette derniere
mourut de la petite verole à Paris le 11 .
Novembre 1731. agée d'environ 43. ans. Il a
laissé des Enfans de l'une et de l'autre.
:
Le même jour Emanuel Pierre-Claude Raymond
, Ecuyer , Sieur de Marcest , Lieuter ne
au Regiment de Rosnyvinen , Dragons , File
feu Pierre Raymond, Ecuyer , Seigneur de
cest , Lieutenant de Roy en la Province de Bo
bonnois , et auparavant Lieutenant au Régime :
des Gardes Françoises , mort le 8. Juillet 12
59. ans ; et de Dame Elizabeth River sa YouT
mourut d'une maladie de poitrine à Paris , gé
21. ans f . mois 24. jours. Il avoit fait sa pa
miere Campagne l'année derniere en Allem
à
"
Gabriel-Jean Nicolas, Seigneur de la Reyre , er
de Tralage , Fils de feu Gabriel Nicolas , Signeur
de-la Reynie de Tralage , et de Vic , Conseiller
d'Etat ordinaire , et Sous- Doyen du Conseil
, et auparavant Lieutenant General de Police
de la Ville de Paris , mort le 14. Juin 1709 .
l'age de 84. ans , et de Gabrielle de Garibal
mourut à Rome , le 26. Janvier , où il s'étoit
retiré depuis plusieurs années. Il n'avoit point
été marié.
Le 28 , Janvier Dame Marie- Therese Poyrel
de Grandval , veuve depuis le 24. Juin 1724. de
Jean du Puis , Ecuyer, Conseiller, Tresorier General
de la Maison du Roi , mourut à Paris ,
agé de 68. ans . mois , laissant un Fils qui est
Pierre du Puis , reçu Conseiller au Parlement de
Paris le 27. Janvier 1712.puis Président au Grand
Conseil le 9. Fevrier 1720. qui a épousé l'Ainée
des trois Filles de feu Charles Ruau du Tronchot,
Seigneur
FEVRIER 1734. 399
Seigneur de Ville - Dieu &c. Chevalier de l'Ordre
du Roi, Secretaire de S. M. Maison , Couronne
de France , et de ses Finances , Ancien Fermier
General , mort le 20. Juillet 1729. et de Marie-
Anne Lépinau , de laquelle il a des enfans.
Dame Anne-Magdelaine Adelaide de Maupeou,
Fille de René- Charles de Maupeou , Marquis de
Motangle , et de Montigny , President à Mortier
au Parlement de Paris , et d'Anne-Victoire de
Lamoignon de Courson , et Epouse de François-
Louis de Louvet de Murat , Comte de Nogaret ,
de Cauvisson , Capitaine de Cavalerie dans le
Regiment Dauphin ; mariée le 22. Novembre
1731. mourut le 28. Janvier en couches de son
premier enfant , mort incontinent après , agé de
19. ans 5. jours , fort regrettée . Elle fut inhumée
le lendemain aux Cordeliers.
La nuit du 30. au 31. Janvier , Charles - Her
cules d'Albert , Chevalier de Luynes , Chef d'Escadre
des Armées Navales du Roi depuis 1422,
et Capitaine des Gardes du Pavillon , Amiral
qui avoit servi en dernier lieu , en qualité de Chef
d'Escadre sur l'Escadre qui a été envoiée l'année
derniere dans la Mer Baltique , sous les ordres du
Marquis de la Luzerne , Lieutenant General ,
mourut à Paris , dans la 60. année de son age ,
étant né le 8. Mars 1674. Il étoit second Fils de
Louis - Charles d'Albert , Duc de Luynes , Paix
de France , mort le 20. Octobre 1690. et d'Anne
de Rhohan de Montbason ,sa deuxième femme ,
morte le 29. Octobre 1684. et grand oncle de
Charles- Philippe d'Albert , aujourd'huy Duc de
Luynes , Pair de France.
Le premier Fevrier , Louis le Gendre , Prêtre,
natif de Rouen , Chanoine du 15. Avril 1690 .
et Sous-Chantre de l'Eglise Métropolitaine de
I vi
Paris
400 MERCURE DE FRANCE
·
Paris du .Juillet 1723.et Abbé Commandataire
de l'Abbaïe Roiale deN.D. de Claire - Fontaine
O.S.A.Diocèse de Chartres du mois de Decembre
1724.mourut en sa MaisonCanoniale, agé de 78.
ans. Il étoit Auteur d'une Histoire de France , imprimée
d'abord en plusieurs volumes in 12. puis
en dernier lieu en 3. vol. in fol . à laquelle est
joint un ouvrage intitulé Mours des François ,
dont il y a aussi une Edition in 12. morceau estimé.
On a encore de lui une Histoire du Cardinal
d'Amboise , 3. vol . in 12. et 1. vol . in 4º. On a
de plus de lui , une Vie Latine de François de
Harlay , Archêveque de Paris , son Bienfaicteur ,
le tout écrit d'un bon Stile .
>
Jean Baptiste du Moustier , Clerc du Diocèse
de Bayeux, Abbé Commandataire de l'Abbaie de
la Victoire , O.S A Diocèse de Senlis , depuis
le 8. Janvier 172 1. et auparavant de celle de Saint
Sauveur de Blaye , O. S. B. Diocèse de Bourdeaux
depuis le 6 Novembre 1717. aussi Prieur
d'Huriel , Aumônier du Duc de Bourbon , et
Secretaire de ses commandemens ; et ci-devant
Instituteur de la jeunesse de ce Prince , mourut
à l'Hôtel de Condé , le 1, Fevrier , après une longue
maladie.
Le neuf Fevrier Dame Marguerite-Charlote de
la Roche de Fontenilles , Fille de feu François de
la Roche , Marquis de Fontenilles , mort en 1728.
et de Dame Marie- Therese de Mesme , et Epouse
depuis le 16. Avril 1733. de Simon -Joseph de
Raousset , Marquis de Seillon , Conseiller au
Parlement de Provence , mourut en couches ,
agée d'environ 33. ans.
D. marie Anne le Bault de Langy , Fille ainée
de Gilbert - François le Bault , Chevalier Seigneur
de Langy en Nivernois , et de D. Anne-Radegonde
FEVRIER. 1734. 401
gonde Charpentier de Crecy , mourut en la ville
de Saint Saulge en la même Province , le 10. Fevrier
, agée d'environ 30. ans. La famille de le
Bault de Langy , ancienne Noblesse de Nivernois,
porte de gueules au chevron d'or , accompagné
de trois Merlettes de sable.
M. Pierre-Maurice Boulard , Ecuyer , Chevalier
, Commandeur , Secretaire General , et Greffier
de l'Ordre Royale Militaire et Hospitalier
de Notre- Dame de Mont- Carmel et de Saint
Lazare de Jerusalem , et Intendant et Secretairedes
commandemens de S. A.S. Monseigneur le
Prince de Conty , mourut le 18. Janvier 1734.
agé d'environ 62. ans. Il étoit Fils de Pierre
Boulard , qui a été emploié pendant plus de 30.
années en qualité de premier Secretaire des Ambassades
du feu Comte d'Avaux , tant à Venize
au Traité de paix de Nimegue en Holande ,qu'en
Irlande à la suite de Jacques I I. Roi d'Angletaire.
N. Boulard son Fils , a commencé en l'année
1701. à servir le Roy en la même qualité ,
sous le même ministere en Holande , et à continué
à son retour en France , de travailler aux
mêmes affaires jusqu'à la mort du Comte d'Avaux
, arrivée en 1709. Il fut depuis choisi pour
Premier Secretaire de l'Ambassade du feu Marechal
d'Uxelles , Plenipotentiaire aux Conferences
de Gertrudemberg , et ensuite Premier Secretaire
de M. de Mesme , Premier Président du Parlement.
Il a été reçu Chevalier de l'Ordre Militaire
et Hospitalier de Saint Lazare , le 9. Octobre
1716. Commandeur et Secretaire General ,
et Greffier du mêine Ordre , le 15. Juillet 1728,
Le Roi pour recompenser les services du Sieur
Boulard , et de son Pere lui avoit accordé des Lertres
de Noblesse pour lui et sa posterité , par Lettres
402 MERCURE DE FRANCE
tres Patentes du mois de Fevrier 1719. et depuis
La mort de M. de Mesme , Premier President ,
feu S. A. S. Monseigneur le Prince de Conty ,
connoissant la probité , capacité , et le désinteressement
du Sieur Boulard , l'a choisi pour le
mettre à la tête des affaires de sa Maison en qualité
de son Intendant General , et Secretaire de
ses Commandemens , et il a toujours été honnoré
de la confiance de ce Prince , et de celle de
Madame la Princesse, et de Monseigneur le Prince
de Conty leur Fils , qui ont donné des preuves
éclatantes de leur satisfaction . Le merite d'un si
digne sujet , le fait regretter universellement.
René- Charles -Elizabeth de Coëtlogon, Comte
de Loyat , Châtelain de-la Gaudinaye , Sindic General
des Etats de- la Province de Bretagne , mourut
à Paris le 19. Fevrier agé de 60. ans , Il étoit
Neveu de feu Alain- Emanuel de Coëtlogon,Maréchal
et Vice- Amiral de France , Chevalier des
Ordres du Roi , Grand - Croix de l'Ordre Militaire
de Saint Louis &c. mort le 7. May 1730*
à l'age de 83. ans, et il avoit épousé Anne Auvril ,
Fille unique de René Auvril , Seigneur de la
Roche et de Genevieve Menardo, de laquelle il
a laissé Louis de Coëtlogon , Lieutenant dans le
Regiment du Roi , puis reçu Cornette dans la scconde
Compagnie des Mousquetaires le 30. May
1731. Emanuel- Louis de Coëtlogon , Capitaine
de Dragons dans le Regiment , Mestre de Camp
General ; Emanuel Marie , Chevalier de Coërlogon
, Lieutenant de Vaisseaux ; et René- Anne
Elizabeth de Coetlogon , Abbé Commandataire
de l'Abbaie de Saint Memin près de Châlons sur
Marne , depuis le mois d'Octobre 1729. La Genealogie
de la Maison de Coëtlogon , du Dio
cèse de Saint Brieuc , en basse Bretagne , est raportée
FEVRIER 1734. 403
portée dans la nouvelle Edition des Grands Offi
ciers de la Couronne , article des Maréchaux de
France tome 7. page 717. où elle est remontée
jusqu'à la fin du 12. Siecle. Ses Armes sont de
Gueules à trois Ecussons d'Hermines passées.
2. et I.
On mande de Bourgogne , que le nommé
Jean Coquelay , du village de Presle , Bailliage
d'Avallon , Intendance de Dijon , étoit mort depuis
peu , agé de 106 ans ; étant né le 15. Septembre
1627. Il avoit conservé son bon sens jusqu'à
sa mort ; il marchoit encore très - bien deux
jours auparavant , et il ne se souvenoit pas d'avoir
jamais été malade ; il a vû sa cinquième
Generation , dont il subsiste encore plusieurs
Enfans.
Il y a dans ce village , et aux environs , des
Habitans qui ont plus de 90. ans , qui travaillent
journellement . Ce n'est pas seulement parmi les
villagois , mais il y a aussi plusieurs Gentils- Hommes
dans ces Cantons , qui sont de même age
et qui vont tous les jours à la Chasse , soit
pied ou à cheval : l'Air y est extrémement pur ,
et il n'y a presque jamais de malades.
Le 25. Fevrier 1734. a été baptisée à S.Sulpice
Marie-Celse-Antoinette , née le jour précedent
fille de Jean - Baptiste - François de Cugnac , appellé
le Marquis de Dampierre , Baron d'Huisseau
, Mestre de Camp de Cavalerie , cy-devant
Cornette des Chevaux Legers de Berry , et de
D. Françoise- Charlotte de Langhac , qui ont
été mariez le 7 Juillet 1732. elle a été tenuë
sur les Fonts par Mrs Michel Celse Roger de
Rabutin , Comte de Bussy , Evêque de Luçon,
l'un des 40 de l'Académie Françoise son parent
paternel
404 MERCURE DE FRANCE
paternel et maternel , et par D. Marie-Magdelaine
-Henriette de Lagny son ayeule paternelle,
veuve depuis 1724. de François de Cugnac ,
Marquis de Dampierre , Baron d'Huisseau ,
d'Hautevenne , & c .
Le 13 Janvier a été célebré dans la Chapelle
de l'Hôtel de Pontchartrain le Mariage de
Louis -Charles de Gouffier , Marquis d'Heilly,
Ribemont &c. né du vingt - sept Septembre
1698. Mestre de Camp du Régiment de Condé
Cavalerie , par Commission du 24 Novembre
1719. Fils de feu Charles- Antoine de Gouffier
, Marquis d'Heilly , Enseigne des Gendarmes
de la Garde du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , et Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , mort à l'âge de 33 ans , des
blessures qu'il avoit receues a la Bataille de Ramillies
, le 23 May 1706. et de Dame Catherine-
Angelique d'Albert de Luynes , sa veuve ,
avec Dile Marie- Catherine Phelypeaux , fille
mineure , et unique héritiere de feu François
Phelypeaux , Chevalier Seigneur d'Outreville
Maître des Requêtes ordinaire de l'Hôtel du
Roy , mort le 19 Décembre 1715 , dans la ! 26
année de son âge , et de feue D. Marie - Catherine
Voisin sa femme , fille d'un Conseiller au
Parlement de Rouen , morte âgée de 39 ans
le 2 Février 1717. la Mariée est petite niéce de
feu Louis Phelypeaux de Pontchartrain , Chancelier
de France . La Généalogie de la Maison
de Gouffier , dont il subsiste encore plusieurs
branches est rapportée dans l'Histoire des
Grands Officiers de la Couronne , à l'Art . des
Duchez non Pairies Tom. f . pag. 605 .
+6
Le 26 Janvier , Angelique - François de Renoüard
,
FEVRIER. 1734 405
豎
nouard , Chevalier , Comte de Villayer et d'Auteuil
, Seigneur de Drouges , Couvrau , &c . Maftre
des Requêtes Ordinaire de l'Hôtel du Roy ,
depuis 1719. et auparavant Conseiller au Parlement
de Paris, où il avoit été reçu en 1716. fils
unique , né posthume de feu Jean - Jacques de
Renouard , Comte de Villayer , Conseiller au
Parlement de Bretagne ; et de deffunte Dame
Michelle-Lucrece Chappel , morte le 22 Janvier
1717. et petit- fils de Jean - Jacques de Renouard
, Comte de Villayer , mort Doïen du
Conseil d'Etat du Roy , et l'un des quarante de
l'Académie Françoise , les Mars 1691. âgé de
86 ans , a été marié avec Dame Angelique- Clau
de de Marescot , Dame de Thoiry , àgée de 29
ans , du 7 du même mois de Janvier , et veuve
depuis le Novembre 1731. d'Adrien Claude de
Baussan , son cousin germain , Ecuyer du Roy ,
dont elle a un fils unique. Elle est fille et seule
heritiére de feu Gilles - Michel de Marescot , Seigneur
de Thoiry , de Morgue , &c. Mestre de
Camp de Cavalerie , Maréchal General des Logis
de la Cavalerie Legere de France , Chevalier
de l'Ordre Militaire de S Louis , mort le 8
Mars 1714 et de feue Angelique Dappougny , sa
femme , morte le 9 Janvier 1705. Les Armes de
la famille de la Mariée sont de Gueules à trois
faces d'argent à un Lion Léopardé , brochant sur
Le tout , et un Chef de même , chargé d'un Aigle ,
Couronné de sable , et pour Cimier un Léopard ,
surmonté d'un Aigle couronné, qui sont les Armes
des Marescotti de Boulogne en Italie , qui ont
reconnu les Marescot de France pour leurs pa
>
rens. La famille de Renouard - Villayer est de
Bretagne , et porte pour armes , d'Argent à une
Quinte-feuille , percée de Gueules.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En janvier et février 1734, plusieurs décès, naissances et mariages ont été enregistrés. Le 9 janvier, Dame Marie-Magdeleine Baudin, épouse de Mathias Goudin, est décédée en couches à l'âge de 27 ans. Elle avait été mariée le 18 février 1732. Le 24 janvier, M. Louis Milon, évêque et seigneur de Condom, est mort à son château à l'âge d'environ 76 ans. Il avait été nommé à l'évêché de Condom en 1693 et avait fondé un hôpital à Condom ainsi qu'une école pour les jeunes filles protestantes à Nérac. Il avait également rétabli des églises et achevé son palais épiscopal. Le même jour, M. Pierre de Brilhat, vicomte de Geneay en Poitou, seigneur de Nouzières en Angoumois, et premier président au Parlement de Bretagne, est décédé à Paris à l'âge de 67 ans. Le 26 janvier, Gabriel-Jean Nicolas, seigneur de la Reyre et de Tralage, est mort à Rome à l'âge de 60 ans. Le 28 janvier, Dame Marie-Thérèse Poyrel de Grandval, veuve de Jean du Puis, est décédée à Paris à l'âge de 68 ans. Le même jour, Dame Anne-Magdeleine Adélaïde de Maupeou, épouse de François-Louis de Louvet de Murat, est morte en couches à l'âge de 19 ans. La nuit du 30 au 31 janvier, Charles-Hercule d'Albert, chevalier de Luynes et chef d'escadre, est décédé à Paris à l'âge de 60 ans. Le 1er février, Louis le Gendre, prêtre et chanoine de Paris, est mort à l'âge de 78 ans. Il était l'auteur de plusieurs ouvrages historiques. Le même jour, Jean-Baptiste du Moustier, abbé commandataire de l'abbaye de la Victoire, est décédé à l'Hôtel de Condé après une longue maladie. Le 9 février, Dame Marguerite-Charlotte de la Roche de Fontenilles, épouse de Simon-Joseph de Raousset, marquis de Seillon, est morte en couches à l'âge d'environ 33 ans. Le 10 février, Dame Marie-Anne le Bault de Langy est décédée à Saint-Saulge à l'âge d'environ 30 ans. Le 18 janvier, M. Pierre-Maurice Boulard, secrétaire général et greffier de l'Ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem, est mort à l'âge d'environ 62 ans. Le 19 février, René-Charles-Élisabeth de Coëtlogon, comte de Loyat, est décédé à Paris à l'âge de 60 ans. Il était syndic général des États de la province de Bretagne et avait épousé Anne Auvril. Enfin, Jean Coquelay, un habitant du village de Presle en Bourgogne, est décédé à l'âge de 106 ans. Le 25 février, Marie-Celse-Antoinette, fille de Jean-Baptiste-François de Cugnac, Marquis de Dampierre, et de Françoise-Charlotte de Langhac, a été baptisée à Saint-Sulpice. Le 13 janvier, Louis-Charles de Gouffier, Marquis d'Heilly, a épousé Dile Marie-Catherine Phelypeaux dans la chapelle de l'Hôtel de Pontchartrain. Le 26 janvier, Angelique-François de Renouard, Chevalier et Comte de Villayer, a épousé Dame Angelique-Claude de Marescot.
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70
p. 461-464
ODE TIRÉE DU CANTIQUE D'HABACUC, Domine, audivi auditionem tuam et timui, &c.
Début :
L'ai-je bien entendu ! quelle horrible Sentence [...]
Mots clefs :
Habacuc, Cantique, Ennemi, Mort, Ennemis, Mer, Regards , Voix, Maux, Seigneur
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texteReconnaissance textuelle : ODE TIRÉE DU CANTIQUE D'HABACUC, Domine, audivi auditionem tuam et timui, &c.
ODE
TIRE'E DU CANTIQUE D'HABACUĆ ,
Domine, audivi auditionem tuam
et timui , & c.
L'Ai- je bien entendu ! quelle horrible Sentence
Vient émouvoir mes sens ! quelle sinistre voix !
Ah! pardonne, Seigneur ; differe ta vengeance ;
Sois touché de mes pleurs pour la derniere foist
Où t'alloit emporter un Jugement funeste ! ´´.
Pour quel forfait le glaive armoit- il ton courroux?
Pouvois -tu l'immoler , ce déplorable reste
D'un Peuple que tu mis à couvert de tes coups.
'Armé pour sa deffense , il est tems de paroître ,
Vainement Babylone oppose ses Remparts ;
Combats , triomphe , cours ; Seigneur , fais- toi
connoître ;
Que dis-je? tu le peux d'un seul de tes regards.
Tel jadis tu parus , quand éclatant de gloire ,
Tu trainois à ton Char tes Ennemis vaincus ;
Les Echos du Pharam témoins de ta victoire ,
Du bruit de tes Exploits furent soudain émûs.
C iij
Le
462 MERCURE DE FRANCE
Le Soleil , à l'aspect de ta face brillante ,
Dans un nuage épais renferma sa splendeur ;
Les Foudres qui partoient de ta main menaçante ,
Terrassant l'Ennemi , rassuroient le vainqueur.
La Mort devant ton Char précipitoit ses traces ;
Le carnage et l'horreur suivoient ses tristes pas ;
L'Enfer à tes côtez , vengeur de tes disgraces ,
Portoit, selon ton ordre , à chacun le trépas .
Tu fixes tes regards ; tu parlas ; et la Terre
Reçoit , en frémissant , ton ordre souverains
Elle obéit , s'entr'ouvre , et bien - tôt le Tonnerre
Force tes Ennemis à rentrer dans son sein.
Tout fléchit devant toi , les Vallons et les Plaines
Aux Monts les plus chenus , se virent égalez ;
La Mer retint ses flots , les Fleuves, les Fontaines ,
Vers leurs Sources soudain fuyrent épouvantez.
L'Aveugle Egyptien , le blasphême à la bouche ,
Fut contraint de ceder aux efforts de ton bras;
Le sacrilege Chef d'une Race farouche ,
Abandonna son Camp au gré de tes Soldats .
Le Soleil dans les flots va finir sa carriere ;
La nuit confond déja ton Peuple dans l'oubli
Ти
MARS 1734 .
Tu tonnes . . . des Eclairs la bleuâtre lumiere ...
Guide le coup mortel qui frappe l'Ennemi.
La Mer entend ta voix ; son Onde menaçante
Attend pour s'écarter un seul de tes regards ;
Tu la fixes ; bien -tôt étonnée et tremblante ,
Elle forme en son sein deux humides remparts.
Ton Peuple craint les flots ; ta présence l'anime;
Il franchit des sentiers aux Mortels inconnus ;
L'Ennemi court , s'élance , il chancelle ; il s'abîme
,
La Mer gronde , se joint, et l'Ennemi n'est plus.
Mais ce jour a jamais marqué pour ta clémence,
Que d'horreurs, que de maux doivent le préceder !
Tu m'en as revelé la funeste science ,
Dieu Puissant , et je tremble à m'en persuader.
mort , vien de mes ans terminer la misere ;
Douce Mort hâte- toi de m'unir au Seigneur ;
Dérobez -moi, Tombeaux , aux traits de sa colere,
J'en connois la justice et j'en prévois l'horreur .
Tous les maux à la fois regneront sur la Terre
Une éternelle mort dévorera son sein
Nos Champs ensanglantez des fureurs de la guerre
Du triste Moissonneur tromperont le dessein .
C iiij
Les
464 MERCURE DE FRANCE
Les Fleuves tariront ; l'Astre qui nous éclaire
Refusera ses feux à nos Arbres naissants ;
Les Troupeaux périront sous la dent meurtriere
Des Lions affamez et des Ours dévorants.
Mais pourquoi t'affliger,ô mon ame ? qu'importe?
Pourquoi t'abandonner aux plus vives douleurs ?
Espere au Tout-Puissant ; crains - tu que sa main
forte ,
Ne puisse t'affranchir des plus pressans malheurs?
O Dieu , parmi les maux que ton bras nous
prépare ,
Ma voix ne cessera d'éxalter tes bienfaits ;
Israël dans les fers d'un Ennemi barbare
Connoîtra que c'est toi qui punis ses forfaits.
Oui c'est toi... quel rayon vient éclairer mon
ame !
Quel tumulte , quel bruit se répand dans les airs !
Les Remparts ennemis sont en proye à la flâme
Israël a brisé la honte de ses fers.
Releve- toi , Sion , mille cris de victoire
Annoncent la grandeur du Dieu de tes Ayeux ,
Vante à tout l'Univers sa puissance et sa gloire ,
Et que son nom soit craint de tes derniers Neveux.
Par M. R. Billard de Marseille.
TIRE'E DU CANTIQUE D'HABACUĆ ,
Domine, audivi auditionem tuam
et timui , & c.
L'Ai- je bien entendu ! quelle horrible Sentence
Vient émouvoir mes sens ! quelle sinistre voix !
Ah! pardonne, Seigneur ; differe ta vengeance ;
Sois touché de mes pleurs pour la derniere foist
Où t'alloit emporter un Jugement funeste ! ´´.
Pour quel forfait le glaive armoit- il ton courroux?
Pouvois -tu l'immoler , ce déplorable reste
D'un Peuple que tu mis à couvert de tes coups.
'Armé pour sa deffense , il est tems de paroître ,
Vainement Babylone oppose ses Remparts ;
Combats , triomphe , cours ; Seigneur , fais- toi
connoître ;
Que dis-je? tu le peux d'un seul de tes regards.
Tel jadis tu parus , quand éclatant de gloire ,
Tu trainois à ton Char tes Ennemis vaincus ;
Les Echos du Pharam témoins de ta victoire ,
Du bruit de tes Exploits furent soudain émûs.
C iij
Le
462 MERCURE DE FRANCE
Le Soleil , à l'aspect de ta face brillante ,
Dans un nuage épais renferma sa splendeur ;
Les Foudres qui partoient de ta main menaçante ,
Terrassant l'Ennemi , rassuroient le vainqueur.
La Mort devant ton Char précipitoit ses traces ;
Le carnage et l'horreur suivoient ses tristes pas ;
L'Enfer à tes côtez , vengeur de tes disgraces ,
Portoit, selon ton ordre , à chacun le trépas .
Tu fixes tes regards ; tu parlas ; et la Terre
Reçoit , en frémissant , ton ordre souverains
Elle obéit , s'entr'ouvre , et bien - tôt le Tonnerre
Force tes Ennemis à rentrer dans son sein.
Tout fléchit devant toi , les Vallons et les Plaines
Aux Monts les plus chenus , se virent égalez ;
La Mer retint ses flots , les Fleuves, les Fontaines ,
Vers leurs Sources soudain fuyrent épouvantez.
L'Aveugle Egyptien , le blasphême à la bouche ,
Fut contraint de ceder aux efforts de ton bras;
Le sacrilege Chef d'une Race farouche ,
Abandonna son Camp au gré de tes Soldats .
Le Soleil dans les flots va finir sa carriere ;
La nuit confond déja ton Peuple dans l'oubli
Ти
MARS 1734 .
Tu tonnes . . . des Eclairs la bleuâtre lumiere ...
Guide le coup mortel qui frappe l'Ennemi.
La Mer entend ta voix ; son Onde menaçante
Attend pour s'écarter un seul de tes regards ;
Tu la fixes ; bien -tôt étonnée et tremblante ,
Elle forme en son sein deux humides remparts.
Ton Peuple craint les flots ; ta présence l'anime;
Il franchit des sentiers aux Mortels inconnus ;
L'Ennemi court , s'élance , il chancelle ; il s'abîme
,
La Mer gronde , se joint, et l'Ennemi n'est plus.
Mais ce jour a jamais marqué pour ta clémence,
Que d'horreurs, que de maux doivent le préceder !
Tu m'en as revelé la funeste science ,
Dieu Puissant , et je tremble à m'en persuader.
mort , vien de mes ans terminer la misere ;
Douce Mort hâte- toi de m'unir au Seigneur ;
Dérobez -moi, Tombeaux , aux traits de sa colere,
J'en connois la justice et j'en prévois l'horreur .
Tous les maux à la fois regneront sur la Terre
Une éternelle mort dévorera son sein
Nos Champs ensanglantez des fureurs de la guerre
Du triste Moissonneur tromperont le dessein .
C iiij
Les
464 MERCURE DE FRANCE
Les Fleuves tariront ; l'Astre qui nous éclaire
Refusera ses feux à nos Arbres naissants ;
Les Troupeaux périront sous la dent meurtriere
Des Lions affamez et des Ours dévorants.
Mais pourquoi t'affliger,ô mon ame ? qu'importe?
Pourquoi t'abandonner aux plus vives douleurs ?
Espere au Tout-Puissant ; crains - tu que sa main
forte ,
Ne puisse t'affranchir des plus pressans malheurs?
O Dieu , parmi les maux que ton bras nous
prépare ,
Ma voix ne cessera d'éxalter tes bienfaits ;
Israël dans les fers d'un Ennemi barbare
Connoîtra que c'est toi qui punis ses forfaits.
Oui c'est toi... quel rayon vient éclairer mon
ame !
Quel tumulte , quel bruit se répand dans les airs !
Les Remparts ennemis sont en proye à la flâme
Israël a brisé la honte de ses fers.
Releve- toi , Sion , mille cris de victoire
Annoncent la grandeur du Dieu de tes Ayeux ,
Vante à tout l'Univers sa puissance et sa gloire ,
Et que son nom soit craint de tes derniers Neveux.
Par M. R. Billard de Marseille.
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Résumé : ODE TIRÉE DU CANTIQUE D'HABACUC, Domine, audivi auditionem tuam et timui, &c.
Le texte est une ode extraite du Cantique d'Habacuc, qui exprime la peur et la supplication face à la vengeance divine. Le narrateur, après avoir entendu une sentence terrible, implore Dieu de retarder sa vengeance et de pardonner. Il s'interroge sur la raison pour laquelle le glaive est levé contre un peuple déjà éprouvé et espère que Dieu se manifestera pour défendre son peuple contre Babylone. Le narrateur rappelle la puissance divine en évoquant les victoires passées où Dieu a terrassé ses ennemis et commandé aux éléments naturels. Il décrit les signes de la colère divine, tels que la mer qui s'ouvre et les montagnes qui s'abaissent. L'ode se conclut par une acceptation des maux à venir, mais aussi par une espérance en la clémence divine et la libération d'Israël de ses oppresseurs. Le peuple est appelé à se relever et à proclamer la grandeur et la puissance de Dieu.
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71
p. 1024-1037
MORTS ET MARIAGES.
Début :
Le 18 Avril dernier, Marc-Antoinne Bosc de Boucher, Maître des Requêtes Honoraire [...]
Mots clefs :
Seigneur, Roi, Paris, Marquis, Duc, Chevalier, Lieutenant général, Veuve, Épouse, Conseiller au Parlement, Chambre des comptes de Paris, Marc-Antoine de Bosc de Bouchet, Nicolas de Neufville de Villeroy, François-Camille de Neufville de Villeroy, François-Théodore des Vignes, Charles-Eugène de Lévis-Charlus
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texteReconnaissance textuelle : MORTS ET MARIAGES.
MORTS ET MARIAGES.
E 18 Avril dernier , Marc- Antoine Bosc du
>
LBoucher, Maitre des Requêtes Honoraire
de l'Hôtel du Roy , ci-devant Sur - Intendant
General de la Maison , Finances , Domaines et
Affaires de feuë Madame la Dauphine , Mere du
Roy , et Intendant en la Generalité de Limoges
mourut à Paris dans la 63 année de son âge
étant né le 24 Septembre 1671. Il avoit d'abord
été reçu Procureur General aux Requêtes de
l'Hôtel le 16 Juin 1695. puis Maître des Requêtes
le 7 Septembre 1696. et nommé au mois
de Mars 1710. à l'Intendance de Limoges , d'où
il fut rappellé la même année. Il obtint des Lettres
de Maître des Requêtes Honoraire , le 23
Decembre 1711. Il étoit fils de Laurent Bosc
en son vivant Conseiller au Parlement de Toulouse
, et de Françoise de Marc de la Calmette ,
sa premiere femme , et il avoit épousé le premier
Juin 1702. Dame Grace Angelique - Françoise
Arazola d'Ognate , veuve d'Armand Nompar
de Caumont la Force , Marquis de Montpouillan
, premier Gentilhomme de la Chambre
du Roy d'Angleterre Guillaume III. Lieutenant
General des Armées des Etats Generaux de
Hollande et Gouverneur d'Arnheim , et fille de
Jean Arazola d'Ognate , Seigneur de Gaumont ,
en son vivant Intendant pour le Roy d'Espagne,
des Provinces de Flandres et Haynault, et d'Anne'
Isabelle de Cordes. Il en laisse Jeanne Grace
Bosc
MAY.
1734. 1025
Bose , née le 17 Fevrier . 1703. et deux autres
enfans.
Le 19 , Dame Marie- Gabrielle le Clerc , veuve
depuis le 9 Juin 8713. de Messire François
Baillet , Chevalier Marquis de Vaugrenant , Seigneur
du Duesne , &c. qu'elle avoit épousé le
13 Fevrier 1679. mourut à Paris , sans posterité,
dans la 78 année de son âge , étant née le 14
Août 1656. elle étoit fille de Gabriel le Clerc ,
Seigneur du Buisson , Commis au Greffe de la
Chambre des Comptes de Paris , mort le 2 Avril
1663. et de Jeanne Royer sa femme , décédée le
3 Octobre 1687. elle avoit eu pour Soeur aînée
Jeanne- Françoise le Clerc , qui avoit été mariée
le 15 Septembre 1610. avec Jacques le Picart ,
Seigneur des Marchais ; feu le Marquis de Vaugrenant
étoit fis de Claude Baillet , Seigneur de
Vaugrenant , Président en la premiere Chambre
des Requêtes du Palais au Parlement de Paris
mort le 2 Fevrier 1694. âgé de 75 ans.
Le 20 , Dame Claude Douet , femme de François
Boucot , Conseiller du Roy en ses Conseils
, Sécretaire de S. M. Maison Couronne de
France, et Garde des Rôiles des Offices de France,
mourut à Paris , sans laisser d'enfans .
Le 21 , D. Louis le Roy , General de l'Ordre
des Feuillants , mourut à Paris en la Maison de
son Ordre , dans la 67 année de son âge , ayant
été baptisé en la Paroisse S. Gervais à Paris ;
le 4 Septembre 1667. Il étoit fils de feu Georges
le Roy , Avocat au Parlement et ès Conseils du
Roy , mort le 16 Fevrier 1702. âgé de 73 ans ,
et de Louise Rousseau sa femme , et frere de
Georges le Roy, et de Pierre le Roy de Valieres,
ancien Avocat au Parlement de Paris, et ès Conseils
du Roy , Sécretaire de S. M. Maison Couronne
de France et de ses Finances. I
1026 MERCURE DE FRANCE
Le Jeudy Saint 22 Avril 1734. Nicolas de
Neufville , Duc de Villeroy , Fair de France >
Marquis d'Alincourt , Seigneur de Magny , &c.
Chevalier des Ordres du Roy , Capitaine de la
premiere Compagnie Françoise des Gardes du
Corps de S.M. Lieutenant General de ses Armées,
Gouverneur et Lieutenant General des Provin
ces de Lionnois , Forez et Beaujolois , mourut à
Paris subitement d'une attaque d'Apoplexie , en
sortant de l'Office , entre 11 heures et midy, dans
la 71 année de son âge , ayant été baptisé le 25
Decembre 1663. Ce Seigneur qui s'étoit rendu
digne de vénération par sa bonté naturelle , son
affabilité et sa grande probité , est genéralement
regretté. Il avoit d'abord été connu sous le titre
de Marquis d'Alincourt ; et étant encore fort jeune
il fut fait au mois d'Avril 1680. Lieutenant General
des Provinces de Lionnois , Forez et Beaujolois,
en Survivance de l'Archevêque de Lyon ,
son grand Oncle. Il fut ensuite Colonel du Re
giment Lionnois , et fait Brigadier d'Infanterie
le 30 Mars 1693. servit la même année au Siége
de Charleroy , fut nommé Maréchal de Camp
le 3 Janvier 1696. et le Maréchal son pere s'étant
démis en sa faveur de son Duché , il prêta serment
et prit séance au Parlement en qualité de
Pair de France , le 11 Avril de la même année
1696. Il se trouva le 15 Août 1702. à la Bataille
de Luzara en Italie ; et ayant été depêché
en France par le Duc de Vendôme pour porter
au Roy la nouvelle de cette Victoire , S. M. le
déclara le 13 Septembre Lieutenant General de
ses Armées , le fit Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , le 20 Janvier 1703. et le nomma au
mois de Fevrier suivant pour servir dans son Armée
en Flandres . Il se· trouva le 30 Juin de la
même
MAY. 1734 1027
même année au combat d'Eckeren , où les Hollandois
furent battus par leMaréchal de Boufflers.
Il servit aussi à la Bataille de Ramillies le 23
May 1706. le Maréchal de Villeroy son pere
s'étant démis en sa faveur de la Charge de Capitaine
des Gardes du Corps , il en prêta serment
de fidelité entre les mains du Roy , le 14 Janvier
1708. et obtint au mois d'Octobre 1712. la
Survivance du Gouvernement du Lionnois . Il fit
au Sacre du Roy en 1722 , la fonction de Capitaine
de la Garde Ecossoise en l'Absence du Duc
de Noailles , et il commanda aussi le Corps de
Troupes , qui campa près de la Ville de Reims ,
pendant le séjour du Roy. Enfin il fut reçu Chevalier
des Ordres de S. M. le 3 Juin 1724. Il
étoit veuf de Marguerite le Tellier de Louvois ,
morte le 23 Avril 1711. Il avoit eu d'elle quatre
enfans qui sont 1. Louis François -Anne de Neufville
, Marquis , puis Duc de Villeroy , Pair de
France , connu jusqu'à présent sous le nom de
Duc de Retz , né au mois d'Octobre 1695. fait
Lieutenant General au Gouvernement des Provinces
de Lionnois , Forez et Beaujolois , en Sur
vivance de son pere au mois d'Octobre 1712.
Colonel du Regiment de Lionnois , par commission
du 27 Fevrier 1714. et nommé Capitaine
des Gardes du Corps du Roy , en Survivance le
12 Decembre 1716. Il a prêté serment et pris
séance au Parlement en qualité de Pair de France
le 9 Fevrier 1722. a été fait Brigadier d'Infanterie
à la Promotion du 20 Fevrier dernier , et .
vient d'obtenir le Gouvernement des Provinces
de Lionnois , Forez et Beaujolois , et celui de la
Ville de Lyon , vacant par la mort du Duc son
pere. Il n'a point d'enfans de Marie Renée de
Moutmorency- Luxembourg , qu'il a épousée le
I ij 15
1028 MERCURE DE FRANCE
15 Avril 1716. 2. Marguerite- Louise - Sophie de
Neuville-Villeroy , mariée le 14 Janvier 1716.
avec François , Duc a'Harcourt , Pair de France ,
Capitaine des Gardes du Corps du Roy, et moste
le 4 Juin suivant , dans la 18 année de son âge,
3. François Camille de Neufville , Duc d'Alin-
Court dont on va parler , et 4. Madeleine- Angelique
de Neufville de Villeroy , née au mois.
Octobre 1707. et mariée le 16 Septembre 1721.
avec Joseph Marie , Duc de Boffers , Pair de
France , Gouverneur de la Flandre Françoise et
du Haynault , et des Ville et Citadelles de Lille ,
Grand Baillet Gouverneur et héréditaire de
Beauvais et du Beauvoisis , Colonel d'un Regiment
d'Infanterie , elle a été nommée au mois
de Janvier dernier Dame du Palais de la Reine ,
au lieu et place de la Duchesse d'Alincourt sa
Belle- Soeur , qui avoit demandé la permission
de se retirer.
>
François Camille de Neufville- Villeroy , Marquis
, puis Duc d'Alincourt , Baron de Marais
et de S. Marc , fait Lieutenant de Roy au Gouvernement
des Provinces de Lionnois , Forez et
Beaujolois , au mois d'Octobre 1712. fit la Campagne
de Hongrie en 1717. et alla ensuîte voïager
en Italie. Il fut fait Mestre de Camp du Regiment
de Cavalerie de Villeroy , par commission
du Is Mars 1718. et obtint un brevet de Duc le
20 Septembre 1729. I mourut de la petite vérole
à Paris , le 26 Decembre 1732. dans la 33 année
de son âge. Il avoit été marié le 4 Septembre
1720. avec Marie- Joseph de Boufflers , nommée
Dame du Palais de la Reine , le 27 Juin 1716.
fille puinée de feu Louis François , Duc de Bouf-
Alers , Pair et Maréchal de France , General des
Armées du Roy , Chevalier de ses Ordres , Gou
verneur
MAY. TO29 1734.
:
>
verneur de la Flandre Françoise &c . et de Dame
Catherine - Charlotre de Gramont > sa veuve
Dame d'honneur de la Reine de ce mariage
sont sortis.. de Neufville -Villeroy , élé
25 Août 1723. appellé d'abord le Comte de Sault,
puis en 1729. le Marquis d'Alincourt , mort au
College de Clermont à Paris , le 24 Decembre
1730. agé de 7 ans 4 mois ; Charles- Nicolas-
Joseph de Neufville - Villeroy , né le 28 Fevrier
1729. appellé le Marquis d'Alincourt , mort le
4 Juin 1731. et Gabriël - Louis de Neufville
Villeroy , né le 8 Octobre 1731. appellé le Marquis
de Villeroy , le seul enfant qui reste de cette
Maison , et auquel lé Roy vient d'accorder la
Charge de Lieutenant General au Gouvernement
du Lionnois , Forez et Beaujolois , dont le Duc
de Retz son Oncle avoit la Survivance .
Le 24 Avril , Amable Baisle , Auvergnat ,
Prêtre , Chapelain Ordinaire de la Chapelle et
Oratoire du Roy , Chanoine honoraire de Saint
Germain l'Auxerrois , mourut à Paris chez son
frere, Chanoine de S. Honoré , à l'âge de 94 ans .
Jean- Joseph Baisle son neveu , Chanoine de Saint
Germain l'Auxerrois , lui succede dans la Charge
de Chapelain ordinaire de la Chapelle et Oratoire
du Roy , dont il avoit la Survivance .
Le 27 , la Dlle Noblet de Romery , 2 me fille
de feu Jean Antoine Noblet, Seigneur de Romery
Conseiller au Parlement de Paris , mort le 9 Avril
1728. et de Dame Louise - Catherine de la Salle ,
sa veuve , mourut de la petite vérole , le s jour
de sa maladie , âgée d'environ 18 ans ; la Soonr
aînée de la deffunte a été mariée le 7 Decembre
1730. avec Claude- Olivier Boucher , Conseiller
au Parlement de Faris .
Le Comte de Vertillac , du surnom de la
I iij Brousse
1030 MERCURE DE FRANCE
Brousse , mourut en Perigord au mois d'Avril
1734. âge de 85 ans , laissant des enfans , qui
sont le Comte de Vertillac , Gouverneur et Sénéchal
de Périgord , qui est marié , et le Chevalier
de Vertillac , Capitaine dans le Regiment du
Maine.
La Dame le Boulanger , femme de M. le Boulanger
, Maître ordinaire de la Chambre des
Comptes de Paris , mourut en couches d'une
fille , son premier enfant , au commencement
de ce mois ; elle avoit été mariée le 7 Juillet
1733. et étoit fille de Jean Gaschier , Maître
ordinaire en la Chambre des Comptes de Paris ,
ancien Echevin , et ci - devant Notaite au Châtelet
de Paris.
Les de ce mois, mourut à Paris Dame Anne
Angelique de la Barre , veuve de Nicolas Char
py , Ecuyer , Seigneur de Chartrettes , Roqua.
mont , la Forest , &c . qu'elie avoit épousé le 19
Août 1710. elle étoit fille de Jean de la Barre ,
Ecuyer , Sr de Gomerville , Sécretaire du Conseil
, et Intendant des Maisons , Domaines et
Finances de Philippe Fils de France , Duc d'Or
leans , et d'Anne le Noir , et elle étoit dans la
52 année de son âge.
Le même jour , François - Theodore des Vignes
, Chevalier , Seigneur de Chutfort en Nivernois
, Gentilhomme de la Chambre du Roy
de Pologne , Stanislas I. et fils aîné de Jacques
des Vignes , Seigneur de Chuffort , et de Marie
Carpentier de Crecy , mourut en son Château de
Chuffort , âgé d'environ 71 ans . Il s'étoit marié
en Pologne avec Marie Anne- Claude de Croisy,
originaire de France , d'une Famille Noble da
Duché de Bourgogne. Il a laissé d'elle Louis-,
Benedict des Vignes , Seigneur de Chuffort , et
Dlic
MAY. 1734. 1031
Dlle Jeanne- Louise des Vignes , tous deux nés
en Pologne , et présentement établis dans la
Province de Nivernois . La Famille des Vignes ,
d'une ancienne Noblesse , porte écartelé au premier
et 4. d'argent à une fasce de Gueules
chargée de 3 Besans d'or , et accompagnée de
7-Merlettes de gueules , 4 en chef et 3 en pointe,
à un Lambel às pendans d'azur , qui est des
Vignes , et au 2 et 3 d'azur à une Etoile d'or
accompagnée de 3 Croissans d'argent 2 en chef
et un en pointe , qui est de Carpentier , accollé
des Armes de Choisy , qui sont de Gueules à une
Croix d'argent , chargée des Coquilles de sable.
Le 7. Dame Jeanne Gallon , veuve d'Antoine-
François Phelypeaux, Chevalier, Seigneur d'Her
bault , Intendant General de la Marine , et des
Armées Navales du Roy , mort à Malaga le 10
Octobre 1704. d'une blessure qu'il avoit reçue le
24 Août précédent sur le vaisseau Amiral , dans
un combat Naval sur les côtes d'Espagne , mourut
à Paris ; elle étoit fille de feu Georges Gallon,
de la Ville de Lyon , Ecuyer , et de Susanne Rigioli
, et avoit été mariée les May 1695, elle
laisse pour enfans Georges Phelypeaux, Seigneur
d'Herbault , qui fut receu Conseiller au Parlement
de Paris , le 31 Mars 1719. puis Lieutenant
de Roy en la Province du Blaisois, Charge pour
laquelle il prêta serment entre les mains du Roy.
Je 2 Mars 1727. et Marie - Anne Phelypeaux
d'Herbault , mariée le 17 Juillet 1725. avec Gabriël
Bertrand du Guesclin , Seigneur de Beaucé.
Le même jour , Pierre Paulmier de la Bu
caille , Seigneur de Prestreval , mourut à Rouen,
laissant de Dame Geneviève Marette sa femme ,
deux filles , qui sont Genevieve Paulmier de la
Bucaille , épouse de Jean- Baptiste Hélie Camus
Liiija do
1032 MERCURE DE FRANCE
de Pontcarré Seigneur de Viarme , Maître des
Requêtes ordinaire de l'Hôtel du Roy , et auparavant
veuve de Charles- Etienne Maignart , Seigneur
de la Vaupalliere , de Hauville &c. Conseiller
au Parlement de Normandie , et Charlotte
Paulmier de la Bucaille , qui a été mariée le 15
Septembre de l'année derniere avec Pierre-
Jacques- Louis de Becdelievre , Marquis de Quévilly
, jeune homme sortant de l'Académie .
>
Le 9. Mai Charles Eugene de Levis , Duc de
Levis , Pair de France , Comte de Charius et de
Saignes , Baron de Monjouvent , Seigneur de S.
Nizier,&c . et Chevalier des ordres du Roi, Lieutenant
General de ses Armées et au Gouvernement
de la Province du Bourbonnois , Commandant
en chef pour S. M. dans le Comté de Bourgogne
, Gouverneur de Bergue S. Vinox , modrut
à Paris dans la 65. année de son âge. Il commença
à servir en 1688. et suivit le Dauphin
aycul du Roi , aux sieges de Philisbourg , de
Manheim er de Frankendal ; eut ensuite un Regiment
de Cavalerie , à la tête duquel il se trouva
aux Batailles de Fleurus en 1690. de Stinkerque
en 1692. et de Nerwingue en 1693.de même
qu'aux Sieges de Mons,de Namur,et de Charleroi,
et dans d'autres occasions jusqu'à la paix de Riswick
en 1697. fut fait Brigadier le 29. Janvier
1702 eut le Commandement de la Cavalerie dans
l'Armée qui alla joindre l'Electeur de Baviere
en Allemagne en 1703. se distingua à la premiere
Bataille d'hocshtet ; la même année fut nominé
Marechal de Camp le 10. Fevrier 1704. et servit
en cette qualité les années suivantes . Le Roi
le fit seul par distinction Lieutenant General
de ses Armées le 18. Fevrier 1708. et le nomma
en même tems pour servir en cette qualité
auprès
MAY. 1734. 1033
auprès du corps de Troupes qui étoit destiné
pour passer en Ecosse ; mais la descente n'ayant
pû avoir lieu , et le Vaisseau sur lequel il étoit
ayant été obligé de se rendre aux Anglois le 25.
Mars , il fut fait prisonnier. Après avoir re-
Couvert sa liberté , il continua de servir jusqu'à
la paix d'Utrecht. Le Gouvernement des Villes
et Gitadelles de Mezieres ee de Charleville lui
fut donné au mois de Novembre 1713. Il fut
fait du Conseil de Guerre établi au mois de
Septembre mil sept cent quinze , et après la
suppression de ce Conseil , il eut le Commandement
en chef dans le Comté de Bourgogne. II
obtint l'érection de ses Terres et Seigneuries de
Lurcy le Sauvage , de Poligny , la Braudiere ,
Champroux , et autres situés en Bourbonnois ,
en titre de Duché et Pairie , sous le nom de Levis
, par Lettres du mois de Fevrier 1723. après
la verification desquelles il prêta serment et prit
séance au Parlement le 22. du même mois , le
Roi y séancen son Lit de Justice pour la déclaration
de sa majorité . Le Gouvernement de Bergue
S. Vinox lui fut accordé le 27. Mars 1728 .
et il fut reçû Chevalier des Ordres du Roi le z .
Fevrier 1732. Il étoit Fils de Charles de Levis ,
Comte de Charlus , Marquis de Poligny , Lieutenant
General pour le Roi en Bourbonnois ,
mort fort âgé le 22. Avril 1719. et de Françoise
de Bethisy de Mezieres , morte le 30. Janvier
1719, âgée de 82. ans ; et il avoit été marié le
26. Janvier 1698. avec Marie Françoise d'Albert
, fille de Charles Honoré d'Albert , Duc de
Chevreuse et de Luynes , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , et de Jeanne - Marie
Colbert . Il en avoit eu Charles de Levis , Comte
de Charlus , Mestre de Camp d'un Regiment de
Cavas I v
1034 MERCURE DE FRANCE
Cavalerie , mort le 10. Decembre 1724. dans la
26. année de son âge , sans avoir été marié. François
Honoré Marquis de Levis , faic Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie , vacant par la
mort de son Frere au mois de Decembre 1724.
et mort le 24. Fevrier 1727. dans la 21. année
de son âge , sans avoir été marié ; Gui- Antoine
de Levis , imort le 4. Juin 1725. âgé de 10. ans;
et Marie-Françoise de Levis , mariée le 12. Janvier
1722. avec Joseph- François de la Croix ,
Marquis de Castries , Baron de Castelnau , de
Gourdieges et des Etats de Languedoc , Lieutenant
de Roi dans la même Province , Marechal de
Camp et Armées du Roi , Gouverneur des Vil
le , Citadelle et Diocése de Montpellier , Gouverneur
de la Ville et Port de Cette , et Fort en
dépendant , Chevalier des Ordres de S. M. et
Chevalier d'honneur de la Duchesse d'Orleans ',
duquel elle resta veuve le 24. Juin 1728. elle
mourut le 2. Decembre suivant , âgée de 30. ans,
laissant trois fils en bas âge.
Le Duc de Levis , n'ayant plus de garçons ,
son Duché est éteint par sa mort.
Le Gouvernement de Bergues S. Vinox, vacant
par sa mort, a été donné à François Marie de Broglio,
Comte deBuhy, et de Revel, Baron de Ferrieres,
appellé le Comte de Broglio, né le 11. Janvier
1671. Lieutenant General des Armées du Roi, du
29. Mars 1710. Gouverneur de Mondauphin en
Dauphiné , depuis le mois de Fevrier 1712. Directeur
General de la Cavalerie et Dragons , du
mois de Mai 1719. Ambassadeur en Angleterre
depuis l'année 1724. et reçu Chevalier des Ordres
du Roi , le 31. Mai 1731. servant actuellement
dans l'Armée d'Italie.
Le 1o. Mai Philippe Langlois , Seigneur de Po
meusca
MAY . 1734. 1035
meuse , Guerard et Raisy , Conseiller du Roi en
ses Conseils , et Grand- Audiancier de France ,
ci-devant Receveur General des Finances à Montauban,
oncle de Robert Langlois , Seigneur de la
Fortelle, President en la Chambre des Comptes de
Paris , mourut âgé d'environ 73. ans. Il avoit
épousé en premieres noces au mois de Mars
1701. Louise Sandrier , fille de Jacques Sandrier,
Secretaire du Roi , et d'Agnés Billart , et étant
resté veufd'elle le 3. Octobre 1715. il s'étoit remarié
au mois de Mars 1718. avec Charlotte de
Ricoüart , fille de Jacques de Ricouart , Seigneur
du Martray , et de Charlotte Huguet de
Semonville. Il laisse trois fils de la premiere.
Le Jeudi 13. de ce mois Françoise le Tellier,
veuve de Pierre Vallée , Marchand Mercier , a
été inhumée dans la 95. année de son âge.
Le 14. Mai Noel Falconnet, celebre Docteur en
Medecine , et Doyen du College des Medecins de
Lyon, Medecin Adjugeant et Consultant pour la
personne du Roi, et Medecin de la petite Ecurie de
S. M.mourut dans la 90. année de son âge, étant
né au mois de Juillet 1644.Il laisse un fils , Camille
Falconet ,Docteur, Regent enla Faculté de Medeci
ne deParis ,de l'Académie des Inscriptions et Belles
Lettres,qui lui succede dans les Charges de Medecin
Consultant pour la personne du Roi , et de
Medecin de la petite Ecurie , dont il avoit la survivance.
· Le 15. Mai , Jules -Louis Jean - Claude de la
Marck , seul fils de Louis Engilbert , Comte de
la Marck et de Schleiden , Baron de Lumain, Seigneur
de Kerpen , Comte du S. Empire , Marquis
de Vardes, Colonel d'un Regiment d'Infanterie
Allemand au service du Roi , et de deffunte
Dame Marie-Anne-Hyacinthe Visdelou , Daine
Ivj
Com-
1
1035 MERCURE DE FRANCE
Comtesse de Bienassis en Bretagne , mourut à
Paris , âgé de 2. ans 7. mois 1. jour , étant né le
14. Octobre 1731 .
›
Le même jour, Dame Anne- Victoire de S. Chamant
, épouse depuis le 2. Juin 1729. de Robert
de Pierrepont , Chevalier , Marquis de Pierrepont
, Baron de Lievray , Seigneur , Patron de
S. Nicolas de Pierrepont , Escoileville , Baudreville
, Ourville , Beauchamp , & c . et fille de feu
François de S. Chamant , Marquis de Mery sur
Seine , Seigneur de Miriel, de Saucourt,de Montubois
, & c . et de Dame Bonne de Chastellus , sa
veuve mourur d'une fluxion de poitrine à Paris,
âgée de 38. ans , et sans avoir eu d'enfant . Elle
étoit soeur puînée de Dame Judith de S. Chamant
, mariée le 6. Mars 1719. avec Henri de
Barres , Seigneur , Baron de Cossigny , Montor,
Prissey , Moux , &c . Chevalier de S. Louis , ancien
Capitaine de Cavalerie , et de Dame Pauline-
Felicité de S. Chamant , mariée le 10. Août
1720 avec Samuel Bernard , Chevalier de l'Ordre
du Roi , Secretaire de S. M. Maison Couronne
de France et de ses Finances , Comte de
Coubert , dont elle est la seconde femme. Voyez
le Mercure de Juin 1729. V. 1. pag. 1470. où le
mariage de la defunte est rapporté.
Le 20. Mai , Anne François Joseph ,Marquis de
Bassompierre , ci - devant Capitaine dans le Regiment
du Roi Infanterie,fils de feu Anne François-
Joseph Marquis de Bassompiere, Seigneur du Châteler,
et de Dame Catherine- Dianne de Beauvau,
sa veuve actuellement vivante , et remariée en troisiémes
noces avec Eugene Comte de Rouerke ,
mourut à Paris en sa maison au fond du Faubourg
S.Antoine , âgé d'environ 48. ans . Il vivoit
fort retiré du monde dans la grande devoti on, et
pratie
MAY. 17'4. 1037
pratiquant de grandes austeritez . Il s'étoit marié
le 3. Juin de l'année derniere 1733. avec Marie-
Eleonor d'Oglethorp , Angloise de Nation , soeur
d'Eleonor d'Oglethorp , veuve d'Eugene - Marie
de Bechisy, Marquis de Mezieres , Lieutenant General
des Armées du Roi, Gouverneur d'Amiens,
et fille de feu Théophile d'Oglethorp , Chevalier,
Baronnet , Seigneur de Westbrook et Deanhold
en Godalming dans le Comté de Surry , grand
Ecuyer des Rois d'Angleterre Charles II . et Jacques
II. Major General de leurs Armées , et de
feue Eleonore Wal de Rathkenny , il n'en laisse
point d'enfans , ainsi ses herieicres sont ses deux
soeurs , qui sont Charlotte - Elizabeth de Bassompierre
, femme de François - Joseph de Choiseuil,
Envoyé extraordinaire du Duc de Lorraine en
France , et Louise- Lucie de Bassompierre , qui a
épousé François - Emmanuel de Ligny du Plessis,
ci-devant Enseigne des Gendarmes d'Orleans . Il
leur avoit fait ci - devant une donation entre - vifs
de tous ses biens.
E 18 Avril dernier , Marc- Antoine Bosc du
>
LBoucher, Maitre des Requêtes Honoraire
de l'Hôtel du Roy , ci-devant Sur - Intendant
General de la Maison , Finances , Domaines et
Affaires de feuë Madame la Dauphine , Mere du
Roy , et Intendant en la Generalité de Limoges
mourut à Paris dans la 63 année de son âge
étant né le 24 Septembre 1671. Il avoit d'abord
été reçu Procureur General aux Requêtes de
l'Hôtel le 16 Juin 1695. puis Maître des Requêtes
le 7 Septembre 1696. et nommé au mois
de Mars 1710. à l'Intendance de Limoges , d'où
il fut rappellé la même année. Il obtint des Lettres
de Maître des Requêtes Honoraire , le 23
Decembre 1711. Il étoit fils de Laurent Bosc
en son vivant Conseiller au Parlement de Toulouse
, et de Françoise de Marc de la Calmette ,
sa premiere femme , et il avoit épousé le premier
Juin 1702. Dame Grace Angelique - Françoise
Arazola d'Ognate , veuve d'Armand Nompar
de Caumont la Force , Marquis de Montpouillan
, premier Gentilhomme de la Chambre
du Roy d'Angleterre Guillaume III. Lieutenant
General des Armées des Etats Generaux de
Hollande et Gouverneur d'Arnheim , et fille de
Jean Arazola d'Ognate , Seigneur de Gaumont ,
en son vivant Intendant pour le Roy d'Espagne,
des Provinces de Flandres et Haynault, et d'Anne'
Isabelle de Cordes. Il en laisse Jeanne Grace
Bosc
MAY.
1734. 1025
Bose , née le 17 Fevrier . 1703. et deux autres
enfans.
Le 19 , Dame Marie- Gabrielle le Clerc , veuve
depuis le 9 Juin 8713. de Messire François
Baillet , Chevalier Marquis de Vaugrenant , Seigneur
du Duesne , &c. qu'elle avoit épousé le
13 Fevrier 1679. mourut à Paris , sans posterité,
dans la 78 année de son âge , étant née le 14
Août 1656. elle étoit fille de Gabriel le Clerc ,
Seigneur du Buisson , Commis au Greffe de la
Chambre des Comptes de Paris , mort le 2 Avril
1663. et de Jeanne Royer sa femme , décédée le
3 Octobre 1687. elle avoit eu pour Soeur aînée
Jeanne- Françoise le Clerc , qui avoit été mariée
le 15 Septembre 1610. avec Jacques le Picart ,
Seigneur des Marchais ; feu le Marquis de Vaugrenant
étoit fis de Claude Baillet , Seigneur de
Vaugrenant , Président en la premiere Chambre
des Requêtes du Palais au Parlement de Paris
mort le 2 Fevrier 1694. âgé de 75 ans.
Le 20 , Dame Claude Douet , femme de François
Boucot , Conseiller du Roy en ses Conseils
, Sécretaire de S. M. Maison Couronne de
France, et Garde des Rôiles des Offices de France,
mourut à Paris , sans laisser d'enfans .
Le 21 , D. Louis le Roy , General de l'Ordre
des Feuillants , mourut à Paris en la Maison de
son Ordre , dans la 67 année de son âge , ayant
été baptisé en la Paroisse S. Gervais à Paris ;
le 4 Septembre 1667. Il étoit fils de feu Georges
le Roy , Avocat au Parlement et ès Conseils du
Roy , mort le 16 Fevrier 1702. âgé de 73 ans ,
et de Louise Rousseau sa femme , et frere de
Georges le Roy, et de Pierre le Roy de Valieres,
ancien Avocat au Parlement de Paris, et ès Conseils
du Roy , Sécretaire de S. M. Maison Couronne
de France et de ses Finances. I
1026 MERCURE DE FRANCE
Le Jeudy Saint 22 Avril 1734. Nicolas de
Neufville , Duc de Villeroy , Fair de France >
Marquis d'Alincourt , Seigneur de Magny , &c.
Chevalier des Ordres du Roy , Capitaine de la
premiere Compagnie Françoise des Gardes du
Corps de S.M. Lieutenant General de ses Armées,
Gouverneur et Lieutenant General des Provin
ces de Lionnois , Forez et Beaujolois , mourut à
Paris subitement d'une attaque d'Apoplexie , en
sortant de l'Office , entre 11 heures et midy, dans
la 71 année de son âge , ayant été baptisé le 25
Decembre 1663. Ce Seigneur qui s'étoit rendu
digne de vénération par sa bonté naturelle , son
affabilité et sa grande probité , est genéralement
regretté. Il avoit d'abord été connu sous le titre
de Marquis d'Alincourt ; et étant encore fort jeune
il fut fait au mois d'Avril 1680. Lieutenant General
des Provinces de Lionnois , Forez et Beaujolois,
en Survivance de l'Archevêque de Lyon ,
son grand Oncle. Il fut ensuite Colonel du Re
giment Lionnois , et fait Brigadier d'Infanterie
le 30 Mars 1693. servit la même année au Siége
de Charleroy , fut nommé Maréchal de Camp
le 3 Janvier 1696. et le Maréchal son pere s'étant
démis en sa faveur de son Duché , il prêta serment
et prit séance au Parlement en qualité de
Pair de France , le 11 Avril de la même année
1696. Il se trouva le 15 Août 1702. à la Bataille
de Luzara en Italie ; et ayant été depêché
en France par le Duc de Vendôme pour porter
au Roy la nouvelle de cette Victoire , S. M. le
déclara le 13 Septembre Lieutenant General de
ses Armées , le fit Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , le 20 Janvier 1703. et le nomma au
mois de Fevrier suivant pour servir dans son Armée
en Flandres . Il se· trouva le 30 Juin de la
même
MAY. 1734 1027
même année au combat d'Eckeren , où les Hollandois
furent battus par leMaréchal de Boufflers.
Il servit aussi à la Bataille de Ramillies le 23
May 1706. le Maréchal de Villeroy son pere
s'étant démis en sa faveur de la Charge de Capitaine
des Gardes du Corps , il en prêta serment
de fidelité entre les mains du Roy , le 14 Janvier
1708. et obtint au mois d'Octobre 1712. la
Survivance du Gouvernement du Lionnois . Il fit
au Sacre du Roy en 1722 , la fonction de Capitaine
de la Garde Ecossoise en l'Absence du Duc
de Noailles , et il commanda aussi le Corps de
Troupes , qui campa près de la Ville de Reims ,
pendant le séjour du Roy. Enfin il fut reçu Chevalier
des Ordres de S. M. le 3 Juin 1724. Il
étoit veuf de Marguerite le Tellier de Louvois ,
morte le 23 Avril 1711. Il avoit eu d'elle quatre
enfans qui sont 1. Louis François -Anne de Neufville
, Marquis , puis Duc de Villeroy , Pair de
France , connu jusqu'à présent sous le nom de
Duc de Retz , né au mois d'Octobre 1695. fait
Lieutenant General au Gouvernement des Provinces
de Lionnois , Forez et Beaujolois , en Sur
vivance de son pere au mois d'Octobre 1712.
Colonel du Regiment de Lionnois , par commission
du 27 Fevrier 1714. et nommé Capitaine
des Gardes du Corps du Roy , en Survivance le
12 Decembre 1716. Il a prêté serment et pris
séance au Parlement en qualité de Pair de France
le 9 Fevrier 1722. a été fait Brigadier d'Infanterie
à la Promotion du 20 Fevrier dernier , et .
vient d'obtenir le Gouvernement des Provinces
de Lionnois , Forez et Beaujolois , et celui de la
Ville de Lyon , vacant par la mort du Duc son
pere. Il n'a point d'enfans de Marie Renée de
Moutmorency- Luxembourg , qu'il a épousée le
I ij 15
1028 MERCURE DE FRANCE
15 Avril 1716. 2. Marguerite- Louise - Sophie de
Neuville-Villeroy , mariée le 14 Janvier 1716.
avec François , Duc a'Harcourt , Pair de France ,
Capitaine des Gardes du Corps du Roy, et moste
le 4 Juin suivant , dans la 18 année de son âge,
3. François Camille de Neufville , Duc d'Alin-
Court dont on va parler , et 4. Madeleine- Angelique
de Neufville de Villeroy , née au mois.
Octobre 1707. et mariée le 16 Septembre 1721.
avec Joseph Marie , Duc de Boffers , Pair de
France , Gouverneur de la Flandre Françoise et
du Haynault , et des Ville et Citadelles de Lille ,
Grand Baillet Gouverneur et héréditaire de
Beauvais et du Beauvoisis , Colonel d'un Regiment
d'Infanterie , elle a été nommée au mois
de Janvier dernier Dame du Palais de la Reine ,
au lieu et place de la Duchesse d'Alincourt sa
Belle- Soeur , qui avoit demandé la permission
de se retirer.
>
François Camille de Neufville- Villeroy , Marquis
, puis Duc d'Alincourt , Baron de Marais
et de S. Marc , fait Lieutenant de Roy au Gouvernement
des Provinces de Lionnois , Forez et
Beaujolois , au mois d'Octobre 1712. fit la Campagne
de Hongrie en 1717. et alla ensuîte voïager
en Italie. Il fut fait Mestre de Camp du Regiment
de Cavalerie de Villeroy , par commission
du Is Mars 1718. et obtint un brevet de Duc le
20 Septembre 1729. I mourut de la petite vérole
à Paris , le 26 Decembre 1732. dans la 33 année
de son âge. Il avoit été marié le 4 Septembre
1720. avec Marie- Joseph de Boufflers , nommée
Dame du Palais de la Reine , le 27 Juin 1716.
fille puinée de feu Louis François , Duc de Bouf-
Alers , Pair et Maréchal de France , General des
Armées du Roy , Chevalier de ses Ordres , Gou
verneur
MAY. TO29 1734.
:
>
verneur de la Flandre Françoise &c . et de Dame
Catherine - Charlotre de Gramont > sa veuve
Dame d'honneur de la Reine de ce mariage
sont sortis.. de Neufville -Villeroy , élé
25 Août 1723. appellé d'abord le Comte de Sault,
puis en 1729. le Marquis d'Alincourt , mort au
College de Clermont à Paris , le 24 Decembre
1730. agé de 7 ans 4 mois ; Charles- Nicolas-
Joseph de Neufville - Villeroy , né le 28 Fevrier
1729. appellé le Marquis d'Alincourt , mort le
4 Juin 1731. et Gabriël - Louis de Neufville
Villeroy , né le 8 Octobre 1731. appellé le Marquis
de Villeroy , le seul enfant qui reste de cette
Maison , et auquel lé Roy vient d'accorder la
Charge de Lieutenant General au Gouvernement
du Lionnois , Forez et Beaujolois , dont le Duc
de Retz son Oncle avoit la Survivance .
Le 24 Avril , Amable Baisle , Auvergnat ,
Prêtre , Chapelain Ordinaire de la Chapelle et
Oratoire du Roy , Chanoine honoraire de Saint
Germain l'Auxerrois , mourut à Paris chez son
frere, Chanoine de S. Honoré , à l'âge de 94 ans .
Jean- Joseph Baisle son neveu , Chanoine de Saint
Germain l'Auxerrois , lui succede dans la Charge
de Chapelain ordinaire de la Chapelle et Oratoire
du Roy , dont il avoit la Survivance .
Le 27 , la Dlle Noblet de Romery , 2 me fille
de feu Jean Antoine Noblet, Seigneur de Romery
Conseiller au Parlement de Paris , mort le 9 Avril
1728. et de Dame Louise - Catherine de la Salle ,
sa veuve , mourut de la petite vérole , le s jour
de sa maladie , âgée d'environ 18 ans ; la Soonr
aînée de la deffunte a été mariée le 7 Decembre
1730. avec Claude- Olivier Boucher , Conseiller
au Parlement de Faris .
Le Comte de Vertillac , du surnom de la
I iij Brousse
1030 MERCURE DE FRANCE
Brousse , mourut en Perigord au mois d'Avril
1734. âge de 85 ans , laissant des enfans , qui
sont le Comte de Vertillac , Gouverneur et Sénéchal
de Périgord , qui est marié , et le Chevalier
de Vertillac , Capitaine dans le Regiment du
Maine.
La Dame le Boulanger , femme de M. le Boulanger
, Maître ordinaire de la Chambre des
Comptes de Paris , mourut en couches d'une
fille , son premier enfant , au commencement
de ce mois ; elle avoit été mariée le 7 Juillet
1733. et étoit fille de Jean Gaschier , Maître
ordinaire en la Chambre des Comptes de Paris ,
ancien Echevin , et ci - devant Notaite au Châtelet
de Paris.
Les de ce mois, mourut à Paris Dame Anne
Angelique de la Barre , veuve de Nicolas Char
py , Ecuyer , Seigneur de Chartrettes , Roqua.
mont , la Forest , &c . qu'elie avoit épousé le 19
Août 1710. elle étoit fille de Jean de la Barre ,
Ecuyer , Sr de Gomerville , Sécretaire du Conseil
, et Intendant des Maisons , Domaines et
Finances de Philippe Fils de France , Duc d'Or
leans , et d'Anne le Noir , et elle étoit dans la
52 année de son âge.
Le même jour , François - Theodore des Vignes
, Chevalier , Seigneur de Chutfort en Nivernois
, Gentilhomme de la Chambre du Roy
de Pologne , Stanislas I. et fils aîné de Jacques
des Vignes , Seigneur de Chuffort , et de Marie
Carpentier de Crecy , mourut en son Château de
Chuffort , âgé d'environ 71 ans . Il s'étoit marié
en Pologne avec Marie Anne- Claude de Croisy,
originaire de France , d'une Famille Noble da
Duché de Bourgogne. Il a laissé d'elle Louis-,
Benedict des Vignes , Seigneur de Chuffort , et
Dlic
MAY. 1734. 1031
Dlle Jeanne- Louise des Vignes , tous deux nés
en Pologne , et présentement établis dans la
Province de Nivernois . La Famille des Vignes ,
d'une ancienne Noblesse , porte écartelé au premier
et 4. d'argent à une fasce de Gueules
chargée de 3 Besans d'or , et accompagnée de
7-Merlettes de gueules , 4 en chef et 3 en pointe,
à un Lambel às pendans d'azur , qui est des
Vignes , et au 2 et 3 d'azur à une Etoile d'or
accompagnée de 3 Croissans d'argent 2 en chef
et un en pointe , qui est de Carpentier , accollé
des Armes de Choisy , qui sont de Gueules à une
Croix d'argent , chargée des Coquilles de sable.
Le 7. Dame Jeanne Gallon , veuve d'Antoine-
François Phelypeaux, Chevalier, Seigneur d'Her
bault , Intendant General de la Marine , et des
Armées Navales du Roy , mort à Malaga le 10
Octobre 1704. d'une blessure qu'il avoit reçue le
24 Août précédent sur le vaisseau Amiral , dans
un combat Naval sur les côtes d'Espagne , mourut
à Paris ; elle étoit fille de feu Georges Gallon,
de la Ville de Lyon , Ecuyer , et de Susanne Rigioli
, et avoit été mariée les May 1695, elle
laisse pour enfans Georges Phelypeaux, Seigneur
d'Herbault , qui fut receu Conseiller au Parlement
de Paris , le 31 Mars 1719. puis Lieutenant
de Roy en la Province du Blaisois, Charge pour
laquelle il prêta serment entre les mains du Roy.
Je 2 Mars 1727. et Marie - Anne Phelypeaux
d'Herbault , mariée le 17 Juillet 1725. avec Gabriël
Bertrand du Guesclin , Seigneur de Beaucé.
Le même jour , Pierre Paulmier de la Bu
caille , Seigneur de Prestreval , mourut à Rouen,
laissant de Dame Geneviève Marette sa femme ,
deux filles , qui sont Genevieve Paulmier de la
Bucaille , épouse de Jean- Baptiste Hélie Camus
Liiija do
1032 MERCURE DE FRANCE
de Pontcarré Seigneur de Viarme , Maître des
Requêtes ordinaire de l'Hôtel du Roy , et auparavant
veuve de Charles- Etienne Maignart , Seigneur
de la Vaupalliere , de Hauville &c. Conseiller
au Parlement de Normandie , et Charlotte
Paulmier de la Bucaille , qui a été mariée le 15
Septembre de l'année derniere avec Pierre-
Jacques- Louis de Becdelievre , Marquis de Quévilly
, jeune homme sortant de l'Académie .
>
Le 9. Mai Charles Eugene de Levis , Duc de
Levis , Pair de France , Comte de Charius et de
Saignes , Baron de Monjouvent , Seigneur de S.
Nizier,&c . et Chevalier des ordres du Roi, Lieutenant
General de ses Armées et au Gouvernement
de la Province du Bourbonnois , Commandant
en chef pour S. M. dans le Comté de Bourgogne
, Gouverneur de Bergue S. Vinox , modrut
à Paris dans la 65. année de son âge. Il commença
à servir en 1688. et suivit le Dauphin
aycul du Roi , aux sieges de Philisbourg , de
Manheim er de Frankendal ; eut ensuite un Regiment
de Cavalerie , à la tête duquel il se trouva
aux Batailles de Fleurus en 1690. de Stinkerque
en 1692. et de Nerwingue en 1693.de même
qu'aux Sieges de Mons,de Namur,et de Charleroi,
et dans d'autres occasions jusqu'à la paix de Riswick
en 1697. fut fait Brigadier le 29. Janvier
1702 eut le Commandement de la Cavalerie dans
l'Armée qui alla joindre l'Electeur de Baviere
en Allemagne en 1703. se distingua à la premiere
Bataille d'hocshtet ; la même année fut nominé
Marechal de Camp le 10. Fevrier 1704. et servit
en cette qualité les années suivantes . Le Roi
le fit seul par distinction Lieutenant General
de ses Armées le 18. Fevrier 1708. et le nomma
en même tems pour servir en cette qualité
auprès
MAY. 1734. 1033
auprès du corps de Troupes qui étoit destiné
pour passer en Ecosse ; mais la descente n'ayant
pû avoir lieu , et le Vaisseau sur lequel il étoit
ayant été obligé de se rendre aux Anglois le 25.
Mars , il fut fait prisonnier. Après avoir re-
Couvert sa liberté , il continua de servir jusqu'à
la paix d'Utrecht. Le Gouvernement des Villes
et Gitadelles de Mezieres ee de Charleville lui
fut donné au mois de Novembre 1713. Il fut
fait du Conseil de Guerre établi au mois de
Septembre mil sept cent quinze , et après la
suppression de ce Conseil , il eut le Commandement
en chef dans le Comté de Bourgogne. II
obtint l'érection de ses Terres et Seigneuries de
Lurcy le Sauvage , de Poligny , la Braudiere ,
Champroux , et autres situés en Bourbonnois ,
en titre de Duché et Pairie , sous le nom de Levis
, par Lettres du mois de Fevrier 1723. après
la verification desquelles il prêta serment et prit
séance au Parlement le 22. du même mois , le
Roi y séancen son Lit de Justice pour la déclaration
de sa majorité . Le Gouvernement de Bergue
S. Vinox lui fut accordé le 27. Mars 1728 .
et il fut reçû Chevalier des Ordres du Roi le z .
Fevrier 1732. Il étoit Fils de Charles de Levis ,
Comte de Charlus , Marquis de Poligny , Lieutenant
General pour le Roi en Bourbonnois ,
mort fort âgé le 22. Avril 1719. et de Françoise
de Bethisy de Mezieres , morte le 30. Janvier
1719, âgée de 82. ans ; et il avoit été marié le
26. Janvier 1698. avec Marie Françoise d'Albert
, fille de Charles Honoré d'Albert , Duc de
Chevreuse et de Luynes , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , et de Jeanne - Marie
Colbert . Il en avoit eu Charles de Levis , Comte
de Charlus , Mestre de Camp d'un Regiment de
Cavas I v
1034 MERCURE DE FRANCE
Cavalerie , mort le 10. Decembre 1724. dans la
26. année de son âge , sans avoir été marié. François
Honoré Marquis de Levis , faic Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie , vacant par la
mort de son Frere au mois de Decembre 1724.
et mort le 24. Fevrier 1727. dans la 21. année
de son âge , sans avoir été marié ; Gui- Antoine
de Levis , imort le 4. Juin 1725. âgé de 10. ans;
et Marie-Françoise de Levis , mariée le 12. Janvier
1722. avec Joseph- François de la Croix ,
Marquis de Castries , Baron de Castelnau , de
Gourdieges et des Etats de Languedoc , Lieutenant
de Roi dans la même Province , Marechal de
Camp et Armées du Roi , Gouverneur des Vil
le , Citadelle et Diocése de Montpellier , Gouverneur
de la Ville et Port de Cette , et Fort en
dépendant , Chevalier des Ordres de S. M. et
Chevalier d'honneur de la Duchesse d'Orleans ',
duquel elle resta veuve le 24. Juin 1728. elle
mourut le 2. Decembre suivant , âgée de 30. ans,
laissant trois fils en bas âge.
Le Duc de Levis , n'ayant plus de garçons ,
son Duché est éteint par sa mort.
Le Gouvernement de Bergues S. Vinox, vacant
par sa mort, a été donné à François Marie de Broglio,
Comte deBuhy, et de Revel, Baron de Ferrieres,
appellé le Comte de Broglio, né le 11. Janvier
1671. Lieutenant General des Armées du Roi, du
29. Mars 1710. Gouverneur de Mondauphin en
Dauphiné , depuis le mois de Fevrier 1712. Directeur
General de la Cavalerie et Dragons , du
mois de Mai 1719. Ambassadeur en Angleterre
depuis l'année 1724. et reçu Chevalier des Ordres
du Roi , le 31. Mai 1731. servant actuellement
dans l'Armée d'Italie.
Le 1o. Mai Philippe Langlois , Seigneur de Po
meusca
MAY . 1734. 1035
meuse , Guerard et Raisy , Conseiller du Roi en
ses Conseils , et Grand- Audiancier de France ,
ci-devant Receveur General des Finances à Montauban,
oncle de Robert Langlois , Seigneur de la
Fortelle, President en la Chambre des Comptes de
Paris , mourut âgé d'environ 73. ans. Il avoit
épousé en premieres noces au mois de Mars
1701. Louise Sandrier , fille de Jacques Sandrier,
Secretaire du Roi , et d'Agnés Billart , et étant
resté veufd'elle le 3. Octobre 1715. il s'étoit remarié
au mois de Mars 1718. avec Charlotte de
Ricoüart , fille de Jacques de Ricouart , Seigneur
du Martray , et de Charlotte Huguet de
Semonville. Il laisse trois fils de la premiere.
Le Jeudi 13. de ce mois Françoise le Tellier,
veuve de Pierre Vallée , Marchand Mercier , a
été inhumée dans la 95. année de son âge.
Le 14. Mai Noel Falconnet, celebre Docteur en
Medecine , et Doyen du College des Medecins de
Lyon, Medecin Adjugeant et Consultant pour la
personne du Roi, et Medecin de la petite Ecurie de
S. M.mourut dans la 90. année de son âge, étant
né au mois de Juillet 1644.Il laisse un fils , Camille
Falconet ,Docteur, Regent enla Faculté de Medeci
ne deParis ,de l'Académie des Inscriptions et Belles
Lettres,qui lui succede dans les Charges de Medecin
Consultant pour la personne du Roi , et de
Medecin de la petite Ecurie , dont il avoit la survivance.
· Le 15. Mai , Jules -Louis Jean - Claude de la
Marck , seul fils de Louis Engilbert , Comte de
la Marck et de Schleiden , Baron de Lumain, Seigneur
de Kerpen , Comte du S. Empire , Marquis
de Vardes, Colonel d'un Regiment d'Infanterie
Allemand au service du Roi , et de deffunte
Dame Marie-Anne-Hyacinthe Visdelou , Daine
Ivj
Com-
1
1035 MERCURE DE FRANCE
Comtesse de Bienassis en Bretagne , mourut à
Paris , âgé de 2. ans 7. mois 1. jour , étant né le
14. Octobre 1731 .
›
Le même jour, Dame Anne- Victoire de S. Chamant
, épouse depuis le 2. Juin 1729. de Robert
de Pierrepont , Chevalier , Marquis de Pierrepont
, Baron de Lievray , Seigneur , Patron de
S. Nicolas de Pierrepont , Escoileville , Baudreville
, Ourville , Beauchamp , & c . et fille de feu
François de S. Chamant , Marquis de Mery sur
Seine , Seigneur de Miriel, de Saucourt,de Montubois
, & c . et de Dame Bonne de Chastellus , sa
veuve mourur d'une fluxion de poitrine à Paris,
âgée de 38. ans , et sans avoir eu d'enfant . Elle
étoit soeur puînée de Dame Judith de S. Chamant
, mariée le 6. Mars 1719. avec Henri de
Barres , Seigneur , Baron de Cossigny , Montor,
Prissey , Moux , &c . Chevalier de S. Louis , ancien
Capitaine de Cavalerie , et de Dame Pauline-
Felicité de S. Chamant , mariée le 10. Août
1720 avec Samuel Bernard , Chevalier de l'Ordre
du Roi , Secretaire de S. M. Maison Couronne
de France et de ses Finances , Comte de
Coubert , dont elle est la seconde femme. Voyez
le Mercure de Juin 1729. V. 1. pag. 1470. où le
mariage de la defunte est rapporté.
Le 20. Mai , Anne François Joseph ,Marquis de
Bassompierre , ci - devant Capitaine dans le Regiment
du Roi Infanterie,fils de feu Anne François-
Joseph Marquis de Bassompiere, Seigneur du Châteler,
et de Dame Catherine- Dianne de Beauvau,
sa veuve actuellement vivante , et remariée en troisiémes
noces avec Eugene Comte de Rouerke ,
mourut à Paris en sa maison au fond du Faubourg
S.Antoine , âgé d'environ 48. ans . Il vivoit
fort retiré du monde dans la grande devoti on, et
pratie
MAY. 17'4. 1037
pratiquant de grandes austeritez . Il s'étoit marié
le 3. Juin de l'année derniere 1733. avec Marie-
Eleonor d'Oglethorp , Angloise de Nation , soeur
d'Eleonor d'Oglethorp , veuve d'Eugene - Marie
de Bechisy, Marquis de Mezieres , Lieutenant General
des Armées du Roi, Gouverneur d'Amiens,
et fille de feu Théophile d'Oglethorp , Chevalier,
Baronnet , Seigneur de Westbrook et Deanhold
en Godalming dans le Comté de Surry , grand
Ecuyer des Rois d'Angleterre Charles II . et Jacques
II. Major General de leurs Armées , et de
feue Eleonore Wal de Rathkenny , il n'en laisse
point d'enfans , ainsi ses herieicres sont ses deux
soeurs , qui sont Charlotte - Elizabeth de Bassompierre
, femme de François - Joseph de Choiseuil,
Envoyé extraordinaire du Duc de Lorraine en
France , et Louise- Lucie de Bassompierre , qui a
épousé François - Emmanuel de Ligny du Plessis,
ci-devant Enseigne des Gendarmes d'Orleans . Il
leur avoit fait ci - devant une donation entre - vifs
de tous ses biens.
Fermer
Résumé : MORTS ET MARIAGES.
En avril 1734, plusieurs personnalités notables décédèrent à Paris et dans d'autres régions. Marc-Antoine Bosc du Boucher, Maître des Requêtes Honoraire, ancien Surintendant des finances et Intendant de Limoges, mourut à Paris le 18 avril à l'âge de 63 ans. Il avait épousé Grace Angélique Françoise Arazola d'Ognate et eut trois enfants, dont Jeanne Grace Bosc. Le 19 avril, Dame Marie-Gabrielle Le Clerc, veuve de François Baillet, Chevalier Marquis de Vaugrenant, décéda sans postérité à l'âge de 78 ans. Le 20 avril, Dame Claude Douet, épouse de François Boucot, Conseiller du Roi, mourut sans enfants. Le 21 avril, Dom Louis Le Roy, Général de l'Ordre des Feuillants, décéda à Paris à l'âge de 67 ans. Le 22 avril, Nicolas de Neufville, Duc de Villeroy, Chevalier des Ordres du Roi, Lieutenant Général des Armées et Gouverneur des provinces de Lyonnois, Forez et Beaujolais, mourut subitement d'une attaque d'apoplexie à Paris à l'âge de 71 ans. Il avait une carrière militaire distinguée et était père de quatre enfants, dont Louis François Anne de Neufville, Duc de Retz. Le 24 avril, Amable Baisle, Chapelain Ordinaire du Roi, mourut à Paris à l'âge de 94 ans. Le 27 avril, Mademoiselle Noblet de Romery, âgée d'environ 18 ans, décéda de la petite vérole. En avril 1734, le Comte de Vertillac mourut en Périgord à l'âge de 85 ans, laissant des enfants. La Dame Le Boulanger, femme de Maître des Comptes, mourut en couches à Paris. Dame Anne Angélique de la Barre, veuve de Nicolas Charpy, décéda à l'âge de 52 ans. François-Théodore des Vignes, Chevalier et Gentilhomme de la Chambre du Roi de Pologne, mourut à son château de Chuffort à l'âge d'environ 71 ans, laissant deux enfants. Le 7 mai, Dame Jeanne Gallon, veuve de l'Intendant Général de la Marine Antoine-François Phélypeaux, décéda à Paris, laissant deux enfants. Le même jour, Pierre Paulmier de La Buccaille, Seigneur de Prestreval, mourut à Rouen. Charles Eugène de Lévis, Duc de Lévis, Pair de France, décéda à Paris à l'âge de 65 ans. Il a servi dans l'armée dès 1688, participant à de nombreuses batailles et sièges, et a atteint le grade de Lieutenant Général des Armées du Roi. Il a également été Gouverneur de plusieurs provinces et a été fait Chevalier des Ordres du Roi. Il laisse deux filles, Geneviève Paulmier de la Bucaille et Charlotte Paulmier de la Bucaille, toutes deux mariées à des nobles. Philippe Langlois, Seigneur de Pommeuse, Conseiller du Roi et Grand-Auditeur de France, décéda à l'âge d'environ 73 ans. Il avait épousé Louise Sandrier en 1701 et, après son décès en 1715, s'est remarié avec Charlotte de Ricoüart en 1718. Il laisse trois fils de son premier mariage. Françoise Le Tellier, veuve de Pierre Vallée, fut inhumée à l'âge de 95 ans. Noël Falconnet, célèbre Docteur en Médecine et Doyen du Collège des Médecins de Lyon, décéda à l'âge de 90 ans. Il laisse un fils, Camille Falconnet, qui lui succède dans ses charges. Jules-Louis Jean-Claude de la Marck, Colonel d'un régiment d'infanterie allemand au service du Roi, décéda à l'âge de 2 ans et 7 mois. Dame Anne-Victoire de Saint Chamant, épouse de Robert de Pierrepont, décéda à l'âge de 38 ans sans avoir eu d'enfant. Anne-François-Joseph, Marquis de Bassompierre, Capitaine dans le Régiment du Roi Infanterie, décéda à l'âge d'environ 48 ans. Il était marié à Marie-Éléonor d'Oglethorp et laisse deux sœurs comme héritières.
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72
p. 1092-1104
L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
Début :
La Maison d'Albon est connuë pour une des plus anciennes du Royaume, [...]
Mots clefs :
Maison d'Albon, Forez, Lieutenant du roi, Ville, Comte d'Albon, Roanne, Officiers, Montbrison, Compliment, Noblesse, Seigneur, Ordre, Échevins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
L'INSTALLATION du Comte d'Albon
, Prince d'Yvetot , dans la Charge
de Lieutenant de Roi de la Province de
Foretz.
L
A Maison d'Albon est connue pour
une des plus anciennes du Royaume ,
et ceux qui connoissent particulierement
M. le Comte d'Albon avoue que ses qualités
personnelles sont encore au- dessus
de sa naissance . Le Roi vient de lui accorder
des Provisions pour la Lieutenan
ce de Roi de la Proviuce de Foretz , va
cante par le décès du Comte de Verdun .
La Ville de Roanne , Capitale de la pe
tite Province de Roannois , qui fait partie
du Foretz , se felicite d'avoir vû naître
le Comte d'Albon , qui s'y rendit au
commencement de l'hyver dernier , et
voyant la Noblesse et les Corps disposés
à lui rendre les honneurs dûs à la Digni
té pour laquelle il venoit de prêter serment
entre les mains de Sa Majesté , sa
modestie lui fit differer de les recevoir
jusqu'après son installation ; cependant
il donna aux Dames pendant le Carna
val plusieurs Fêtes galantes, dont la der-
1. Vola
niere
JUIN. €734- 1079 ,
niere fut distinguée par l'abondance et la
somptuosité. Cent dix- huit personnes invitées
à un grand répas , furent servies
avec autant d'ordre et de propreté, que de
délicatesse et de goût .
Les R. P. Jesuites , pour contribuer à
la joye publique , firent représenter par
leurs Ecoliers la Tragedie du Sacrificce
d'Abraham , de la composition du P. Brumoy.
Les Acteurs surpasserent les talens
ordinaires des Enfans de leur âge , par l'intelligence
et la précision de leur déclamation
, et cette Représentation procura à
M. le Comte d'Albon les premiers complimens
publics. Ces mêmes Peres prépa -1
rent actuellement un jeune Ecolier à soutenir
une These publique de Litterature
qui lui sera dédiée, et qui terminera tout
ce qui se sera passé à cette occasion .
s ,
Dès les premiers jours d'Avril le Comte
d'Albon ayant fait sçavoir à la Ville
de Monbrison le jour qu'il y arrivercit
pour l'enregistremsnt de ses Provisions
et pour prendre possession de sa nouvelle
Dignité, il partit de Roinne, accompagné
de la plus grande partie de la Noblesse de
la Ville et du voisinage , de la Maréchaussée
, de ses Gardes , et d'un grand nombre
d'Officiers et de Domestiques de sa
Maison ; la Bourgeoise des petites Villes
I. Vol.
qiu
C
1994 MERCURE DE FRANCE
qui sont sur la route vint à cheval audevant
de lui , le complimenta et l'accompagna
de Ville en Ville.
Il alla coucher de Roanne à Leigneux ,
Maison et Chapitre de Chanoinesses de
la premiere distinction ; il fut reçû avec
les marques du plus vif empressement ,
complimenté par le Chapitre et par la Noblesse
du voisinage qui s'y étoient rendus
en grand concours . Il en partit le lende
main avec le même cortege , et la Noblesse
qui l'avoit accompagné de Roanne ,
se trouva encore augmentée par celle
qui s'étoit rendue à Leigneux. Le Lieutenant
du Prévôt de la Maréchaussée de.
Monbrison, à la tête de ses Brigades, vint
jusques près de Leigneux, le complimenta
, et l'accompagna jusqu'à Monbrison .
Sur les limites de la banlieuë de cette
Ville , le Lieutenant General du Bailliage
avec la Noblesse de la Ville et des environs
, plusieurs Officiers de ce Siege ,
de l'Election , et des autres Corps vinrent
à cheval au devant de lui .
A son entrée dans la Ville , on fit une
décharge de Fauconneaux et de Boëtes ,
dans le tems que les Echevins firent leur
compliment. La Milice Bourgeoise sous
les Armes , Tambours battans , Enseignes
déployées , formant une double haye de-
1. Vol.
puis
JUIN.
1095
1734.
puis les Portes de la Ville jusqu'à l'Hôtel
qui lui avoit été préparé . Il s'y rendit aux
acclamations du Peuple et au bruit de la
mousqueterie , entouré de huit Drapeaux
de la Bourgeoisie , les Dames magnifiquement
parées étant aux fenêtres. Il trouva
à son Hôtel une infinité de personnes de
distinction , que l'âge ou les infirmités
empêchoient de donner des marques plus
vives de leur zele. Le soir on alluma des
feux dans les rues et dans les Places
bliques , et presque toutes les maisons curent
des illuminations ; on y vit sur tout
quantité de lanternes ingenieusement
faites et peintes aux Armes de la Maison
d'Albon .
pu-
Le lendemain la Milice Bourgeoise se
mit en double haye depuis l'Hôtel du
Comte d'Albon jusqu'au Palais . Les Echovins
, en habit de ceremonie , avec les
Officiets de la Ville , le vinrent prendre;
il étoit précedé dans sa marche par une
Compagnie Franche de 30. hommes d'élite
, en habits uniformes , d'un grand
nombre de Gentilshommes , d'Officiers
Militaires, et d'une infinité de personnes
disringuées ; ses Gardes marchoient immediatement
devant lui , et les Echevins
à ses côtés. La marche étoit fermée par
un nombre égal de trente hommes de la
I. Vol. Cij même
1096 MERCURE DE FRANCE
même Compagnie Franche ;, il fut ainsi
conduit au bruit des Fauconneaux , des
Boëtes , de la Mousqueterie et des Tambours
.A la Porte duPalais il reçut un compliment
du Doyen du Bailliage , qui l'ac
compagna jusqu'au fauteuil qui lui étoit
préparé au milieu du Parquet , et dans
lequel il se plaça , ayant à ses côtés les
Echevins et les Officiers de Ville sur des
chaises ordinaires. La salle d'Audiance
étoit extrêmément ornée , les Dames richement
parées , et beaucoup de personnes
s'y étoient rendues pour assister à la
ceremonie.
L'Huissier Audiancier ayant donné le
signal , le Sieur de Pomerolle , celcbre
Avocat, prononça un três - beau Discours
sur le sujet de la Séance ; il s'étendit sur
l'ancienne origine de la Maison d'Albon
, que l'Histoire assûre être sortie des
Dauphins de Viennois , sur le nombre des
Illustres personnages qu'elle a donnés à
l'Eglise de Lyon depuis l'onziéme siecle.
L'éloge de M. l'Abbé Comte d'Albon
qui est le quatriéme Archidiacre de cette
Eglise de son nom , ne fut point oublié;
ses grandes qualités le rapprochent si fort
de M. son Frere, qu'il semble ne lui ceder
que par la seule circonstance d'être son
puîné.
3
I. Vol. L'OraJUIN.
1734. 1097
L'Orateur rappella la memoire du fameux
Antoine d'Albon , Archevêque de
Lyon , et Commandant pour le Roi dan's
le Gouvernement ; il fit mention de tous
ceux de cette Maison qui avoient rempli
les Dignités de cette Eglise , ainsi que
des quatorze Abbés de Savigny , de plusieurs
Chevaliers et Commandeurs de
Malthe , de deux Gouverneurs du Lyonnois
, Jean et Jacques d'Albon ;, ce dernier
étoit Chevalier des Ordres du Roi
et de la Jarretiere, Favori des trois Rois ;
et si connu dans l'Histoire sous le nom
de Maréchal de Saint André. Il parla de
plusieurs autres Illustres Guerriers , et cafin
du fameux Gosselin d'Albon , Marquis
de Saint Forgeux , duquel M. le Comte
d'Albon décend de Pere en Fils , lequel
se rendit si recommandable dans les premieres
Croizades , et qui rapporta de la
Tetre Sainte le Corps de S. Antoine
dont il fit present à l'Abbaye de cet Ordre.
Il parla aussi de la Transaction faire
entre Jean d'Albon et Humbert Dauphin
de Viennois , qui regle la legitime du premier
. Et en retraçant les differentes Alliances
de cette Maison , il finit par celle
de Camille d'Albon , Marquis de S. Forgeux
, avec Françoise - Julie de Crévant ,
qui a fait entrer dans cette Maison la Prin-
1. Vol. Ciij cipauté
1098 MERCURE DE FRANCE
cipauté Souveraine d'Yvetot en Normandie.
L'Orateur fut particulierement applaudi
lorsqu'il parla des qualités personnelles
de M.le Comte d'Albon , c'est-a- dire
, sa generosité , sa magnificence ,sa pieté,
sa charité, qui lui a merité le titre précieux
de Pere des Pauvres , sa douceur,
son équité , sa politesse , son esprit de
paix qui lerend arbitre des differens , & c.
Ce Discours fut suivi de celui de M.
Thoynet , Procureur du Roi , qui ne
parla pas avec moins d'Eloquence et de
dignité sur le même sujet , et plut infiniment
par sa netteté et par sa précision .
Ensuite M. Demaux , Lieutenant General
, ayant recueilli les voix , prononça
l'enregistrement des Lettres et de l'Acte
d'Installation .
M. le Comte d'Albon s'étant levé et
ayant salué la Compagnie , se remit en
marche dans le même ordre. Le Peuple
fut regalé de plusieurs tonneaux de vin
qui coulerent avec profusion .
Arrivé chez lui il reçût les complimens
de tous les Députés des Corps de la Ville
de Monbrison , et des autres Corps du
département de Forez , ausquels il répondit
avec l'esprit et la politesse qui lui
sont si naturels , et sur tout avec une bonté
de coeur que personne ne se lasse d'admirer.
PenJUIN.
1734 1099
Pendant cinq jours que le Comte d'Albon
a passés à Monbrison , il a tenu deux
tables de vingt- cinq couverts chacune
servies avec la même magnificence , le
même ordre et la même profusion , ce qui
ne l'a pas empêché de faire sentir aux malheureux
que sa generosité et sa charité
étoient inépuisables . Les accommodemens
qu'il a faits ont annoncé que la paix
et l'union ont été ses premieres vûës dans
l'exercice de sa Charge.
Avant son départ les Officiers de Monbrison
lui donnerent uneFête magnifique.
Son retout à Roanne fut celebré par les
mêmes honneurs ; les principales Dames ,
très- parées , allerent dans leurs carosses
au devant de lui à plus d'une lieuë. Une
troupe de plus de cinquante Cavaliers formée
par les principaux de la Ville , propre
ment vêtus et très - bien montés sur des
chevaux richement harnachés , avoit précedé
le carosse des Dames , et étoient
allés à plus de trois lieuës au- devant du
nouveau Lieutenant de Roi . Un Trompette
marchoit à la tête de la Troupe ;
celui qui la commandoit le salua de Fépée
, et lui fit un compliment militaire
qui fut très- goûté et parfaitement bien
reçû.
Le Lieutenant de la Maréchaussée de
1. Vol. Ciiij Roanne
1100 MERCURE DE FRANCE
Roanne fut aussi à la tête de ses Brigades
à quatre ou cinq lieuës au devant de lui;
mais ce qui parut le plus remarquable fut
uneCompagnie de douze jeunes Demoiselles
des plus distinguées et des plus brillantes
, une Dame à leur tête , toutes en habit
d'Amazones , escortées par un pareil
nombre de jeunes Cavaliers , parfaitement
bien montés , qui furent aussi audevant
de lui à près de deux lieuës ; et
après le compliment que lui fit la Dame
qui les conduisoit , elles lui firent cortege
jusqu'a son Hôtel . Son arrivée à Roanne
fut annoncée comme à Monbrison ,
par le bruit des boëtes , de la Mousqueteric
, des Tambours , & c.
La Bourgeoisie sous les Armes forme
une double haye depuis l'entrée de la Ville
jusques chez lui , où il reçût le compli
ment des Echevins et des Officiers du
Corps de la Ville . Il reçut ensuite les
complimens de tous les Corps Ecclesiastiques
, Seculiers et Reguliers , des Officiers
du Bailliage , de l'Election , et des
autres Compagnies .
Les Jesuites y conduisirent un nombre
chosi de leurs Ecoliers , qui firent leurs
complimens en Prose et en Vers François
, en Latin et en Grec. Il retint plus
de soixante personnes à souper ; il y eut
I. Vol. trois
JUIN. 1734. ΙΙΟΙ
trois tables de vingt couverts chacune
servies avec la même magnificence et le
même ordre.
Le lendemain une troupe de jeunes
Garçons de distinction , de l'âge de sept
à huit ans , un des Fils du Lieutenant general
du Baillage à leur tête , et portant la
parole , lui vint faire un compliment en
vers qui lui plut beaucoup. Ce Seigneur
eut la bonté de lui faire present et de le
ceindre d'une magnifique épée, en répondant
à son compliment avec la derniere
politesse.Le jeune Enfant sensible au-delà
de l'expression à l'honneur qu'il avoit
reçû , pressa vivement M. son Pere de
lui composer un remerciement qu'il apprit
toute la nuit , et qu'il alla reciter le
endemain.
Le surlendemain le Comte d'Albon fit
inviter à dîner tous les Corps , au nombre
de plus de 60. personnes , ainsi que
les Officiers Militaires ; la même délicatesse
et la même abondance s'y firent
remarquer.
Une partie des jeunes Cavaliers et des
Amazones qui allerent au devant de lui,
pour terminer toutes ces fêtes parun spectacle
vif et brillant,a fait dresser un Théâtre
magnifique dans le jeu de Palme de
la Ville , sur lequel ils ont represent la
I. Vol. Cy Tra1102
MERCURE DE FRANCE
Tragedie d'Andromaque , suivie de la petite
Piece des Vendanges de Surenne , avec
tous les ornemens , mêlés de danses. Les
Acteurs ont passé l'attente desSpectateus ;
et le Marquis de C .... qui s'est chargé
de les exercer , doit s'applaudir de ses
soins , encore plus de ses talens pour la
déclamation .
On peut dire que dans toutes ces Fêtes
rien n'a manqué de la part de la Province,
pour prouver à M. le Comte d'Albon
combien les coeurs lui sont dévoüés ; et
de la part de ce Seigneur , combien il a
été sensible aux empressemens qu'on lui
a témoignés.
Voici le compliment du Fils de M. Huť
de la Curée , Lieutenant General au
Bailliage de Roanne.
SEigneur , les jeux , les ris , les fêtes , l'allo
gresse ,
Ont été de tout tems amis de la jeunesse ;
Permets donc qu'Apollon secondant nos transports ,
Pour les mieux exprimer nous prête ses accords.
› Ta Noblesse, ton Sang , ton coeur ton caractere
T'acquirent de tout tems le doux talent de plaire ;
Et de tes qualités sincere admirateur ,
Chacun t'ofre à l'envi l'hommage de son creur.
Nos braves Citoyens par leur ardeur guerriere ,
I. Vol.
Sem17'
4. 1103
Semblent aux champs de Mars s'ouvrir une car◄
riere ;
Au bruit de leurs Tambours , au son de leurs Clairons
"
¿
On voit à chaque instant grossir leurs Bataillons
Et d'une double file honorant ton passage,
De leur filelité leur ardeur est le gage ,
Empressés de prouver que sous tes étendarts
Leur valeur défendra leurs antiques remparts.
Des Echevins zelés à leur devoir dociles ,
T'ofrent les clefs des coeurs avec celles des Villes.
Et vientnent t'assûrer de leur attachement ,
Par la solemnité d'un auguste serment ;
De toute part l'écho de la voix populaire ,
Benit l'heureux instant où tu vis la lumiere.
Mille et mille soukaits portés jusques aux Cieux
pour toi des jours sains et nom- Leur demandent
breux .
Resterons- nous muets, tandis que tout s'anime ?
Non , non >
nous allons tous d'une voix unanime
Crier dans nos transports longissimè vivat ;
Voilà nos voeux , Seigneur , Deus exaudiat.
Suit le Remerciement du même jeune
Homme , sur l'épée dont M.d'Albon
lui a fait present.
SEigneur , mon coeur reçoit avec reconnoissance
Ce present que je dois à ta magnificence .
1.Vol. Cvj Tu
1104 MERCURE DE FRANCE
Tu m'armes Chevalier : Ceux des siecles passés
Vont voir par mes exploits tous les leurs effacés..
Je sens avec mon sang circuler le courage ,
Et mon ardeur prévient les forces de mon âge ;
Les Renauds , les Rollands , et les deux Amadis,
Instruits de mes projets en feroient interdits.
Le trait n'est point Gascon ; car aux ames bien
nées
La valeur n'atsend pas le nombre des années ;
Et quand par toi , Seigneur , on voit armer son
bras,
On brave les périls et l'horreur du trépas.
Paroissez , fier Germain , paroissez , Moscovite,
Je fçaurai vous dompter , vous réduire à lafuite
J'enjure par ce fer que j'ai reçû de toi ,
Par lafidelité que je dois à mon Roi,
Par l'amour paternel , par celui de la gloire ,
Enfin par le désir de vivre dans l'histoire.
Mais ce fer me seroit encor plus précieux
Si pour toi je pouvois l'employer à tes yeux.
, Prince d'Yvetot , dans la Charge
de Lieutenant de Roi de la Province de
Foretz.
L
A Maison d'Albon est connue pour
une des plus anciennes du Royaume ,
et ceux qui connoissent particulierement
M. le Comte d'Albon avoue que ses qualités
personnelles sont encore au- dessus
de sa naissance . Le Roi vient de lui accorder
des Provisions pour la Lieutenan
ce de Roi de la Proviuce de Foretz , va
cante par le décès du Comte de Verdun .
La Ville de Roanne , Capitale de la pe
tite Province de Roannois , qui fait partie
du Foretz , se felicite d'avoir vû naître
le Comte d'Albon , qui s'y rendit au
commencement de l'hyver dernier , et
voyant la Noblesse et les Corps disposés
à lui rendre les honneurs dûs à la Digni
té pour laquelle il venoit de prêter serment
entre les mains de Sa Majesté , sa
modestie lui fit differer de les recevoir
jusqu'après son installation ; cependant
il donna aux Dames pendant le Carna
val plusieurs Fêtes galantes, dont la der-
1. Vola
niere
JUIN. €734- 1079 ,
niere fut distinguée par l'abondance et la
somptuosité. Cent dix- huit personnes invitées
à un grand répas , furent servies
avec autant d'ordre et de propreté, que de
délicatesse et de goût .
Les R. P. Jesuites , pour contribuer à
la joye publique , firent représenter par
leurs Ecoliers la Tragedie du Sacrificce
d'Abraham , de la composition du P. Brumoy.
Les Acteurs surpasserent les talens
ordinaires des Enfans de leur âge , par l'intelligence
et la précision de leur déclamation
, et cette Représentation procura à
M. le Comte d'Albon les premiers complimens
publics. Ces mêmes Peres prépa -1
rent actuellement un jeune Ecolier à soutenir
une These publique de Litterature
qui lui sera dédiée, et qui terminera tout
ce qui se sera passé à cette occasion .
s ,
Dès les premiers jours d'Avril le Comte
d'Albon ayant fait sçavoir à la Ville
de Monbrison le jour qu'il y arrivercit
pour l'enregistremsnt de ses Provisions
et pour prendre possession de sa nouvelle
Dignité, il partit de Roinne, accompagné
de la plus grande partie de la Noblesse de
la Ville et du voisinage , de la Maréchaussée
, de ses Gardes , et d'un grand nombre
d'Officiers et de Domestiques de sa
Maison ; la Bourgeoise des petites Villes
I. Vol.
qiu
C
1994 MERCURE DE FRANCE
qui sont sur la route vint à cheval audevant
de lui , le complimenta et l'accompagna
de Ville en Ville.
Il alla coucher de Roanne à Leigneux ,
Maison et Chapitre de Chanoinesses de
la premiere distinction ; il fut reçû avec
les marques du plus vif empressement ,
complimenté par le Chapitre et par la Noblesse
du voisinage qui s'y étoient rendus
en grand concours . Il en partit le lende
main avec le même cortege , et la Noblesse
qui l'avoit accompagné de Roanne ,
se trouva encore augmentée par celle
qui s'étoit rendue à Leigneux. Le Lieutenant
du Prévôt de la Maréchaussée de.
Monbrison, à la tête de ses Brigades, vint
jusques près de Leigneux, le complimenta
, et l'accompagna jusqu'à Monbrison .
Sur les limites de la banlieuë de cette
Ville , le Lieutenant General du Bailliage
avec la Noblesse de la Ville et des environs
, plusieurs Officiers de ce Siege ,
de l'Election , et des autres Corps vinrent
à cheval au devant de lui .
A son entrée dans la Ville , on fit une
décharge de Fauconneaux et de Boëtes ,
dans le tems que les Echevins firent leur
compliment. La Milice Bourgeoise sous
les Armes , Tambours battans , Enseignes
déployées , formant une double haye de-
1. Vol.
puis
JUIN.
1095
1734.
puis les Portes de la Ville jusqu'à l'Hôtel
qui lui avoit été préparé . Il s'y rendit aux
acclamations du Peuple et au bruit de la
mousqueterie , entouré de huit Drapeaux
de la Bourgeoisie , les Dames magnifiquement
parées étant aux fenêtres. Il trouva
à son Hôtel une infinité de personnes de
distinction , que l'âge ou les infirmités
empêchoient de donner des marques plus
vives de leur zele. Le soir on alluma des
feux dans les rues et dans les Places
bliques , et presque toutes les maisons curent
des illuminations ; on y vit sur tout
quantité de lanternes ingenieusement
faites et peintes aux Armes de la Maison
d'Albon .
pu-
Le lendemain la Milice Bourgeoise se
mit en double haye depuis l'Hôtel du
Comte d'Albon jusqu'au Palais . Les Echovins
, en habit de ceremonie , avec les
Officiets de la Ville , le vinrent prendre;
il étoit précedé dans sa marche par une
Compagnie Franche de 30. hommes d'élite
, en habits uniformes , d'un grand
nombre de Gentilshommes , d'Officiers
Militaires, et d'une infinité de personnes
disringuées ; ses Gardes marchoient immediatement
devant lui , et les Echevins
à ses côtés. La marche étoit fermée par
un nombre égal de trente hommes de la
I. Vol. Cij même
1096 MERCURE DE FRANCE
même Compagnie Franche ;, il fut ainsi
conduit au bruit des Fauconneaux , des
Boëtes , de la Mousqueterie et des Tambours
.A la Porte duPalais il reçut un compliment
du Doyen du Bailliage , qui l'ac
compagna jusqu'au fauteuil qui lui étoit
préparé au milieu du Parquet , et dans
lequel il se plaça , ayant à ses côtés les
Echevins et les Officiers de Ville sur des
chaises ordinaires. La salle d'Audiance
étoit extrêmément ornée , les Dames richement
parées , et beaucoup de personnes
s'y étoient rendues pour assister à la
ceremonie.
L'Huissier Audiancier ayant donné le
signal , le Sieur de Pomerolle , celcbre
Avocat, prononça un três - beau Discours
sur le sujet de la Séance ; il s'étendit sur
l'ancienne origine de la Maison d'Albon
, que l'Histoire assûre être sortie des
Dauphins de Viennois , sur le nombre des
Illustres personnages qu'elle a donnés à
l'Eglise de Lyon depuis l'onziéme siecle.
L'éloge de M. l'Abbé Comte d'Albon
qui est le quatriéme Archidiacre de cette
Eglise de son nom , ne fut point oublié;
ses grandes qualités le rapprochent si fort
de M. son Frere, qu'il semble ne lui ceder
que par la seule circonstance d'être son
puîné.
3
I. Vol. L'OraJUIN.
1734. 1097
L'Orateur rappella la memoire du fameux
Antoine d'Albon , Archevêque de
Lyon , et Commandant pour le Roi dan's
le Gouvernement ; il fit mention de tous
ceux de cette Maison qui avoient rempli
les Dignités de cette Eglise , ainsi que
des quatorze Abbés de Savigny , de plusieurs
Chevaliers et Commandeurs de
Malthe , de deux Gouverneurs du Lyonnois
, Jean et Jacques d'Albon ;, ce dernier
étoit Chevalier des Ordres du Roi
et de la Jarretiere, Favori des trois Rois ;
et si connu dans l'Histoire sous le nom
de Maréchal de Saint André. Il parla de
plusieurs autres Illustres Guerriers , et cafin
du fameux Gosselin d'Albon , Marquis
de Saint Forgeux , duquel M. le Comte
d'Albon décend de Pere en Fils , lequel
se rendit si recommandable dans les premieres
Croizades , et qui rapporta de la
Tetre Sainte le Corps de S. Antoine
dont il fit present à l'Abbaye de cet Ordre.
Il parla aussi de la Transaction faire
entre Jean d'Albon et Humbert Dauphin
de Viennois , qui regle la legitime du premier
. Et en retraçant les differentes Alliances
de cette Maison , il finit par celle
de Camille d'Albon , Marquis de S. Forgeux
, avec Françoise - Julie de Crévant ,
qui a fait entrer dans cette Maison la Prin-
1. Vol. Ciij cipauté
1098 MERCURE DE FRANCE
cipauté Souveraine d'Yvetot en Normandie.
L'Orateur fut particulierement applaudi
lorsqu'il parla des qualités personnelles
de M.le Comte d'Albon , c'est-a- dire
, sa generosité , sa magnificence ,sa pieté,
sa charité, qui lui a merité le titre précieux
de Pere des Pauvres , sa douceur,
son équité , sa politesse , son esprit de
paix qui lerend arbitre des differens , & c.
Ce Discours fut suivi de celui de M.
Thoynet , Procureur du Roi , qui ne
parla pas avec moins d'Eloquence et de
dignité sur le même sujet , et plut infiniment
par sa netteté et par sa précision .
Ensuite M. Demaux , Lieutenant General
, ayant recueilli les voix , prononça
l'enregistrement des Lettres et de l'Acte
d'Installation .
M. le Comte d'Albon s'étant levé et
ayant salué la Compagnie , se remit en
marche dans le même ordre. Le Peuple
fut regalé de plusieurs tonneaux de vin
qui coulerent avec profusion .
Arrivé chez lui il reçût les complimens
de tous les Députés des Corps de la Ville
de Monbrison , et des autres Corps du
département de Forez , ausquels il répondit
avec l'esprit et la politesse qui lui
sont si naturels , et sur tout avec une bonté
de coeur que personne ne se lasse d'admirer.
PenJUIN.
1734 1099
Pendant cinq jours que le Comte d'Albon
a passés à Monbrison , il a tenu deux
tables de vingt- cinq couverts chacune
servies avec la même magnificence , le
même ordre et la même profusion , ce qui
ne l'a pas empêché de faire sentir aux malheureux
que sa generosité et sa charité
étoient inépuisables . Les accommodemens
qu'il a faits ont annoncé que la paix
et l'union ont été ses premieres vûës dans
l'exercice de sa Charge.
Avant son départ les Officiers de Monbrison
lui donnerent uneFête magnifique.
Son retout à Roanne fut celebré par les
mêmes honneurs ; les principales Dames ,
très- parées , allerent dans leurs carosses
au devant de lui à plus d'une lieuë. Une
troupe de plus de cinquante Cavaliers formée
par les principaux de la Ville , propre
ment vêtus et très - bien montés sur des
chevaux richement harnachés , avoit précedé
le carosse des Dames , et étoient
allés à plus de trois lieuës au- devant du
nouveau Lieutenant de Roi . Un Trompette
marchoit à la tête de la Troupe ;
celui qui la commandoit le salua de Fépée
, et lui fit un compliment militaire
qui fut très- goûté et parfaitement bien
reçû.
Le Lieutenant de la Maréchaussée de
1. Vol. Ciiij Roanne
1100 MERCURE DE FRANCE
Roanne fut aussi à la tête de ses Brigades
à quatre ou cinq lieuës au devant de lui;
mais ce qui parut le plus remarquable fut
uneCompagnie de douze jeunes Demoiselles
des plus distinguées et des plus brillantes
, une Dame à leur tête , toutes en habit
d'Amazones , escortées par un pareil
nombre de jeunes Cavaliers , parfaitement
bien montés , qui furent aussi audevant
de lui à près de deux lieuës ; et
après le compliment que lui fit la Dame
qui les conduisoit , elles lui firent cortege
jusqu'a son Hôtel . Son arrivée à Roanne
fut annoncée comme à Monbrison ,
par le bruit des boëtes , de la Mousqueteric
, des Tambours , & c.
La Bourgeoisie sous les Armes forme
une double haye depuis l'entrée de la Ville
jusques chez lui , où il reçût le compli
ment des Echevins et des Officiers du
Corps de la Ville . Il reçut ensuite les
complimens de tous les Corps Ecclesiastiques
, Seculiers et Reguliers , des Officiers
du Bailliage , de l'Election , et des
autres Compagnies .
Les Jesuites y conduisirent un nombre
chosi de leurs Ecoliers , qui firent leurs
complimens en Prose et en Vers François
, en Latin et en Grec. Il retint plus
de soixante personnes à souper ; il y eut
I. Vol. trois
JUIN. 1734. ΙΙΟΙ
trois tables de vingt couverts chacune
servies avec la même magnificence et le
même ordre.
Le lendemain une troupe de jeunes
Garçons de distinction , de l'âge de sept
à huit ans , un des Fils du Lieutenant general
du Baillage à leur tête , et portant la
parole , lui vint faire un compliment en
vers qui lui plut beaucoup. Ce Seigneur
eut la bonté de lui faire present et de le
ceindre d'une magnifique épée, en répondant
à son compliment avec la derniere
politesse.Le jeune Enfant sensible au-delà
de l'expression à l'honneur qu'il avoit
reçû , pressa vivement M. son Pere de
lui composer un remerciement qu'il apprit
toute la nuit , et qu'il alla reciter le
endemain.
Le surlendemain le Comte d'Albon fit
inviter à dîner tous les Corps , au nombre
de plus de 60. personnes , ainsi que
les Officiers Militaires ; la même délicatesse
et la même abondance s'y firent
remarquer.
Une partie des jeunes Cavaliers et des
Amazones qui allerent au devant de lui,
pour terminer toutes ces fêtes parun spectacle
vif et brillant,a fait dresser un Théâtre
magnifique dans le jeu de Palme de
la Ville , sur lequel ils ont represent la
I. Vol. Cy Tra1102
MERCURE DE FRANCE
Tragedie d'Andromaque , suivie de la petite
Piece des Vendanges de Surenne , avec
tous les ornemens , mêlés de danses. Les
Acteurs ont passé l'attente desSpectateus ;
et le Marquis de C .... qui s'est chargé
de les exercer , doit s'applaudir de ses
soins , encore plus de ses talens pour la
déclamation .
On peut dire que dans toutes ces Fêtes
rien n'a manqué de la part de la Province,
pour prouver à M. le Comte d'Albon
combien les coeurs lui sont dévoüés ; et
de la part de ce Seigneur , combien il a
été sensible aux empressemens qu'on lui
a témoignés.
Voici le compliment du Fils de M. Huť
de la Curée , Lieutenant General au
Bailliage de Roanne.
SEigneur , les jeux , les ris , les fêtes , l'allo
gresse ,
Ont été de tout tems amis de la jeunesse ;
Permets donc qu'Apollon secondant nos transports ,
Pour les mieux exprimer nous prête ses accords.
› Ta Noblesse, ton Sang , ton coeur ton caractere
T'acquirent de tout tems le doux talent de plaire ;
Et de tes qualités sincere admirateur ,
Chacun t'ofre à l'envi l'hommage de son creur.
Nos braves Citoyens par leur ardeur guerriere ,
I. Vol.
Sem17'
4. 1103
Semblent aux champs de Mars s'ouvrir une car◄
riere ;
Au bruit de leurs Tambours , au son de leurs Clairons
"
¿
On voit à chaque instant grossir leurs Bataillons
Et d'une double file honorant ton passage,
De leur filelité leur ardeur est le gage ,
Empressés de prouver que sous tes étendarts
Leur valeur défendra leurs antiques remparts.
Des Echevins zelés à leur devoir dociles ,
T'ofrent les clefs des coeurs avec celles des Villes.
Et vientnent t'assûrer de leur attachement ,
Par la solemnité d'un auguste serment ;
De toute part l'écho de la voix populaire ,
Benit l'heureux instant où tu vis la lumiere.
Mille et mille soukaits portés jusques aux Cieux
pour toi des jours sains et nom- Leur demandent
breux .
Resterons- nous muets, tandis que tout s'anime ?
Non , non >
nous allons tous d'une voix unanime
Crier dans nos transports longissimè vivat ;
Voilà nos voeux , Seigneur , Deus exaudiat.
Suit le Remerciement du même jeune
Homme , sur l'épée dont M.d'Albon
lui a fait present.
SEigneur , mon coeur reçoit avec reconnoissance
Ce present que je dois à ta magnificence .
1.Vol. Cvj Tu
1104 MERCURE DE FRANCE
Tu m'armes Chevalier : Ceux des siecles passés
Vont voir par mes exploits tous les leurs effacés..
Je sens avec mon sang circuler le courage ,
Et mon ardeur prévient les forces de mon âge ;
Les Renauds , les Rollands , et les deux Amadis,
Instruits de mes projets en feroient interdits.
Le trait n'est point Gascon ; car aux ames bien
nées
La valeur n'atsend pas le nombre des années ;
Et quand par toi , Seigneur , on voit armer son
bras,
On brave les périls et l'horreur du trépas.
Paroissez , fier Germain , paroissez , Moscovite,
Je fçaurai vous dompter , vous réduire à lafuite
J'enjure par ce fer que j'ai reçû de toi ,
Par lafidelité que je dois à mon Roi,
Par l'amour paternel , par celui de la gloire ,
Enfin par le désir de vivre dans l'histoire.
Mais ce fer me seroit encor plus précieux
Si pour toi je pouvois l'employer à tes yeux.
Fermer
Résumé : L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
Le Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, issu d'une des plus anciennes maisons du Royaume, a été nommé Lieutenant du Roi de la Province de Foretz après le décès du Comte de Verdun. La ville de Roanne, capitale du Roannois, a célébré sa nomination et ses qualités personnelles. Le Comte d'Albon a organisé plusieurs fêtes à Roanne, dont la dernière a été particulièrement somptueuse avec 118 invités. Les Jésuites ont contribué à la joie publique en représentant la tragédie du Sacrifice d'Abraham. Le Comte d'Albon s'est ensuite rendu à Monbrison pour l'enregistrement de ses provisions et la prise de possession de sa nouvelle dignité. Il a été accompagné par la noblesse, la maréchaussée, et un grand nombre d'officiers et de domestiques. À Monbrison, il a été accueilli avec des honneurs militaires et des illuminations. L'enregistrement des lettres et de l'acte d'installation a été suivi de discours élogieux sur la Maison d'Albon et les qualités personnelles du Comte. Pendant son séjour à Monbrison, le Comte d'Albon a tenu des tables somptueuses et a fait preuve de générosité envers les pauvres. Son retour à Roanne a été célébré par des honneurs similaires, avec des fêtes et des spectacles organisés par la jeunesse locale. Les Jésuites ont présenté des compliments en prose et en vers. Le Comte d'Albon a reçu des compliments de divers corps ecclésiastiques et militaires, et a offert des présents, notamment une épée à un jeune garçon. Les fêtes se sont conclues par une représentation théâtrale. Le texte est également un poème célébrant le courage et la loyauté des citoyens et d'un jeune homme en particulier. Les citoyens, animés par une ardeur guerrière, proclament leur fidélité et leur valeur sous les étendards de leur seigneur. Les échevins offrent les clés des cœurs et des villes, assurant leur attachement par un serment solennel. La voix populaire bénit l'instant de la naissance du seigneur et souhaite pour lui des jours sains et nombreux. Le jeune homme remercie son seigneur pour le présent d'une épée, symbole de son armement en chevalier. Il exprime sa reconnaissance et sa détermination à accomplir des exploits qui effaceront ceux des siècles passés. Il affirme que le courage circule dans son sang et que son ardeur dépasse les forces de son âge. Il se compare aux héros légendaires comme Renaud, Roland et les deux Amadis, et se prépare à affronter les Germains et les Moscovites. Il jure par l'épée reçue, sa fidélité au roi, l'amour paternel, la gloire et le désir de vivre dans l'histoire. Il exprime enfin le souhait d'utiliser cette épée pour son seigneur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
73
p. 39-71
L'EDUCATION D'UN PRINCE.
Début :
Théophile. Voici un lieu fort champêtre, Prince ; [...]
Mots clefs :
Éducation, Éducation d'un prince, Prince, Hommes, Homme, Nature, Sang, Esprit, Seigneur, Raison, Vérité, Vertus, Gouverneur, Dialogue, Marivaux, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'EDUCATION D'UN PRINCE.
L'EDUCATION D'UN PRINCE.
Cfont tres anciens. Un Seigneur qui
Es dialogues qu'on donne au public ,
hérita , il y a quelque tems , d'un de fes
parens , les trouva dans le château où ce
parent étoit mort ; ils étoient confondus
avec d'autres papiers extrêmement anciens
auffi ; on n'en a changé que le langage gaulois
, par lequel il paroît , au jugement de
quelques fçavans , qu'il y a pour le moins
quatre fiécles qu'ils font écrits . On ne fçait
point non plus quel en eft l'auteur ; tout ce
qu'on en peut croire , c'eft qu'ils ont fervi
à l'éducation de quelqu'un de nos Rois ,
ou de quelques Princes deftinés à regner.
Quoiqu'il en foit , en voici le premier ,
dont les détails font affez fimples . C'eſt un
40 MERCURE DE FRANCE.
Gouverneur & un jeune Prince qui s'entretiennent
enfemble , tous deux apparemment
fous des noms fuppofés , puifque le
Prince a celui de Théodofe , & le Gouver
neur celui de Théophile.
PREMIER DIALOGUE.
Théophile.
Voici un lieu fort champêtre , Prince ;
voulez- vous que nous nous y arrêtions ?
Théodofe.
Comme il vous plaira.
Théophile.
Vous me paroiffez aujourd'hui bien férieux
; la promenade vous ennuie-t-elle ?
Auriez vous mieux aimé refter avec ces
jeunes gens que nous venons de quitter ?
Théodofe.
Mais je vous avoue qu'ils m'amufoient,
Théophile.
Vous me fçavez donc bien mauvais gré
de vous avoir amené ici : n'eft- il pas vrai
que vous me trouvez dans mille momens
un homme bien incommode ? je pense que
DECEMBRE . 1754. 41
vous ne m'aimerez gueres quand vous
ferez débarraffé de moi.
Théodofe.
Pourquoi me dites- vous cela vous vous
trompez.
Théophile.
Combien de fois me fuis- je apperçu que
je vous fatiguois , que je vous étois defagréable
?
Théodofe.
Ah ! defagréable , c'eft trop dire : vous
m'avez quelquefois gêné , contrarié , quelquefois
fait faire des chofes qui n'étoient
pas de mon goût ; mais votre intention
étoit bonne , & je ne fuis pas affez injuſte
pour en être fâché contre vous.
Théophile.
C'est-à - dire que mes foins & mes attentions
ne m'ont point encore brouillé
avec vous ; que vous me pardonnez tout
le zele & même toute la tendreffe avec laquelle
j'ai travaillé à votre éducation : voilà
précisément ce que vous voulez bien
oublier en ma faveur .
Théodofe.
Ce n'eft point là ma pensée , & vous
42 MERCURE DE FRANCE.
me faites une vraie chicanne ; je viens
d'avouer que vous m'avez quelquefois chagriné
, mais que je compte cela pour rien ,
que je n'y fonge plus , que je n'en ai point
de rancune ; que puis-je dire de plus ?
Théophile.
Jugez-en vous - même. Si quelqu'un vous
voyoit dans un grand péril , qu'il ne pût
vous en tirer , vous fauver la vie qu'en
vous faifant une légere douleur , feroit- il
jufte lorsque vous feriez hors de danger ,
de vous en tenir à lui dire , vous m'avez
fait un petit mal , vous m'avez un peu trop
preffé le bras , mais je n'en ai point de rancune
, & je vous le pardonne è
Théodofe.
Ah ! vous avez raiſon , il y auroit une
ingratitude effroyable à ce que vous me
dites là ; mais c'eft de quoi il n'eft pas queftion
ici : je ne fçache pas que vous m'ayez
jamais fauvé la vie.
Théophile.
Non , le fervice que j'ai tâché de vous
rendre eft encore plus grand ; j'ai voulu
vous fauver du malheur de vivre fans gloire.
Je vous ai vû expofé à des défauts qui
auroient fait périr les qualités de votre
DECEMBRE.
1754 43
ame , & c'eſt à la plus noble partie de vousmême
que j'ai , pour ainfi dire , tâché de
conferver la vie. Je n'ai pû y réuffir qu'en
vous contrariant , qu'en vous gênant quelquefois
: il vous en a coûté de petits chagrins
; c'est là cette légere douleur dont je
parlois tout -à- l'heure : vous contentezvous
encore de dire , je n'y fonge plus.
Théodofe.
Non , Théophile , je me trompois , & je
me dédis de tout mon coeur ; je vous ai en
effet les plus grandes obligations.
Théophile.
Point du tout , je n'ai fait que mon devoir
, mais il y a eu du courage à le faire :
vous m'aimeriez bien davantage fi je l'avois
voulu ; il n'a tenu qu'à moi de vous être
extrêmement agréable , & de gagner pour
jamais vos bonnes graces ; ce n'eût été qu'à
vos dépens , à la vérité.
Théodofe.
A mes dépens , dites-vous ?
Théophile.
Oui , je n'avois qu'à vous trahir pour
vous plaire, qu'à négliger votre inftruction
, qu'à laiffer votre coeur & votre ef44
MERCURE DE FRANCE .
prit devenir ce qu'ils auroient pû , qu'à
vous abandonner à vos humeurs ,à vos impatiences
, à vos volontés impétueufes , à
votre dégoût pour tout ce qui n'étoit pas
diffipation & plaifir . Convenez - en , la
moindre petite contradiction vous irritoit ,
vous étoit infupportable ; & ce qui eft encore
pis , j'ai vu le tems où ceux qui vous
entouroient , n'étoient précisément pour
vous que des figures qui amufoient vos
yeux ; vous ne fçaviez pas que c'étoit des
hommes qui penfoient , qui vous examinoient
, qui vous jugeoient , qui ne demandoient
qu'à vous aimer , qu'à pouvoir
vous regarder comme l'objet de leur amour
& de leur efpérance . On peut vous dire cela
aujourd'hui que vous n'êtes plus de même ,
& que vous vous montrez aimable ; auffi
vous aime- t-on , auſſi ne voyez- vous autour
de vous que des vifages contens &
charmés
, que des refpects mêlés d'applau
diffement & de joie ; mais je n'en fuis pas
mieux avec vous , moi , pour vous avoir
appris à être bien avec tout le monde.
Theodofe.
Laiffons là ce que je vous ai répondu
d'abord , je le defavoue ; mais quand vous
dites qu'il n'y avoit qu'à m'abandonner à
mes défauts pour me plaire , que fçavez-
7
9
DECEMBRE. 1754. 45
vous fi je ne vous les aurois pas reprochés
quelque jour ?
Théophile.
Non , Prince , non , il n'y avoit rien à
craindre , vous ne les auriez jamais fçus ; il
faut avoir des vertus pour s'appercevoir
qu'on en manque , ou du moins pour être
fâché de n'en point avoir ; & des vertus ,
vous n'en auriez point eu : la maniere dont
je vous aurois élevé y auroit mis bon ordre
; & ce lâche Gouverneur qui vous auroit
épargné la peine de devenir vertueux
& raifonnable , qui vous auroit laiffé la
miférable douceur de vous gâter tout à vo
tre aiſe , vous feroit toujours refté dans
l'efprit comme l'homme du monde le plus
accommodant & du meilleur commerce ,
& non pas comme un homme à qui vous
pardonnez tout au plus le bien qu'il vous a
fait.
Théodofe.
Vous en revenez toujours à un mot que
j'ai dit fans réflexion.
Théophile.
Oui , Prince , je foupçonne quelquefois
que vous ne m'aimez
gueres , mais en re
vanche, on vous aimera , & je fuis content
; voilà ce que je vous devois à vous
46 MERCURE DE FRANCE.
& ce que je devois à tout le monde . Vous
fouvenez-vous d'un trait de l'hiftoire romaine
que nous lifions ce matin ? Qu'il me
tue , pourvu qu'il regne , difoit Agrippine en
parlant de Neron : & moi , j'ai dit fans
comparaifon , qu'il me haïffe pourvû qu'on
l'aime , qu'il ait tort avec moi pourvû qu'il
ne manque jamais à fa gloire , & qu'il
n'ait tort ni avec la raifon ni avec les ver
tus qu'il doit avoir.
Théodofe.
Qu'il me haïffe , dites -vous ; vous n'y
fongez pas , Théophile ; en vérité , m'en
foupçonnez -vous capable ?
ble
Théophile.
Lamaniere dont vous vous récriez fem
promettre qu'il n'en fera rien.
Théodofe.
Je vous en convaincrai encore mieux
dans les fuites , foyez en perfuadé.
Théophile.
Je crois vous entendre , Prince , & je
fuis extrêmement touché de ce témoigna
ge de votre bon coeur ; mais de grace , ne
vous y trompez point ; je ne vous rappelle
pas mes foins pour les vanter. Si je tâche
DECEMBRE. 1754. 47
de vous y rendre fenfible , c'eft afin que
vous les récompenfiez de votre confiance
& non pas de vos bienfaits. Nous allons
bientôt nous quitter , & j'ai beſoin aujour
d'hui que vous m'aimiez un peu ; mais c'eft
pour vous que j'en ai befoin , & non pas
our moi ; c'eft que vous m'en écouterez
plus volontiers fur ce qui me refte à vous
dire pour achever votre éducation,
Théodofe.
Ah ! parlez , Théophile , me voici , je
vousaffure , dans la difpofition où vous me
fouhaitez ; je fçai d'ailleurs que le tems
preffe , & que nous n'avons pas long- tems
â demeurer enſemble.
Théophile.
Et vous attendez que je n'y fois plus ?
n'eft- il vrai ? vous n'aurez plus de Gouverneur
, vous ferez plus libre , & cela
vous réjouit , convenez - en.
Théodofe.
Franchement il pourroit bien y avoir
quelque chofe de ce que vous dites là , &
le tout fans que je m'impatiente d'être
avec vous ; mais on aime à être le maître
de fes actions.
48 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
Raifonnons. Si juſqu'ici vous aviez été
le maître abfolu des vôtres , vous n'en auriez
peut-être pas fait une qui vous eût fait
honneur ; vous auriez gardé tous vos défauts
, par exemple.
Théodofe.
J'en ferois bien fâché.
Théophile.
C'est donc un bonheur pour vous de n'avoir
pas été votre maître. N'y a-t-il pas
de danger que vous le foyez aujourd'hui ?
ne vous défiez- vous pas de l'extrême envie
que vous avez de l'être : Votre raiſon
a fait du progrès fans doute ; mais prenez
garde : quand on eft fi impatient d'être
défait de fon Gouverneur , ne feroit- ce pas
figne qu'on a encore befoin de lui , qu'on
n'eft pas encore auffi raifonnable qu'on devroit
l'être car fi on l'étoit , ce Gouver
neur ne feroit plus fi incommode , il ne
gêneroit plus ; on feroit toujours d'accord
avec lui , il ne feroit plus que tenir compagnie
: qu'en pensez-vous ?
Théodofe.
Je rêve à votre réflexion .
Théophile:
DECEMBRE . 1754. 49
.
Théophile.
Il n'en eft pas de vous comme d'un particulier
de votre âge , votre liberté tire à
bien d'autres conféquences ; on fçaura bien
empêcher ce particulier d'abufer long- tems.
& à un certain point de la fienne ; mais
qui eft-ce qui vous empêchera d'abufer de
la vôtre qui eft- ce qui la réduira à de
juftes bornes ? quels fecours aura- t- on contre
vous que vos vertus , votre raiſon , vos
lumieres ? &
quoiqu'aujourd'hui vous ayez
de tout cela , êtes-vous für d'en avoir affez.
pour ne pas appréhender d'être parfaitement
libre ? Songez à ce que c'eft qu'une
liberté que votre âge & que l'impunité de
l'abus que vous en pouvez faire , rendront
fi dangereuſe. Si vous n'étiez pas naturellement
bon & généreux , fi vous n'aviez
pas le meilleur fond du monde , Prince ,
je ne vous tiendrois pas ce difcours - là
mais c'eft qu'avec vous il y a bien des reffources
, je vous connois , il n'y a que des
réflexions à vous faire faire.
Théodofe.
A la bonne heure , mais vous me faites
trembler ; je commence à craindre très-férieufement
de vous perdre.
11. Vol.
so MERCURE
DE FRANCE .
Théophile.
Voilà une crainte qui me charme , elle
part d'un fentiment qui vaut mieux que
tous les Gouverneurs du monde : ah ! que
je fuis content , & qu'elle nous annonce
une belle ame !
Il ne tiendra
Théodofe.
pas à moi que vous ne difiez
vrai ; courage , mettons à profit le tems
que nous avons à penfer enfemble
; nous
en refte-t-il beaucoup
?
Théophile.
Encore quelque mois .
Théodofe.
Cela eft bien court .
Théophile.
Je vous garantis que c'en fera plus qu'il
men faut pour un Prince capable de cette
réponſe là , fur-tout avec un homme qui
ne vous épargnera pas la vérité , d'autant
plus que vous n'avez que ce petit efpace
de tems-ci pour l'entendre , & qu'après
moi perfonne ne vous la dira peut-être ;
vous allez tomber entre les mains de gens
qui vous aimeront bien moins qu'ils n'auDECEMBRE.
1754.
ront envie que vous les aimiez , qui ne
voudront que vous plaire & non pas vous
inftruire , qui feront tout pour le plaifir
de votre amour propre , & rien le
pour
le profit de votre raifon .
Théodofe.
Mais n'y a-t-il pas
d'honnêtes gens qui
font d'un
caractere fûr , & d'un
honneur
à toute épreuve ?
Théophile.
Oui , il y en a par- tout , quoique tou
jours en petit nombre.
Théodofe.
Eh bien , j'aurai foin de me les attacher ;
de les
encourager à me parler ; je les préviendrai.
Théophile.
Vous le croyez que vous les préviendrez
; mais fi vous n'y prenez garde , je
vous avertis que ce feront ceux qui auront
le moins d'attrait pour vous , ceux pour
qui vous aurez le moins d'inclination &
que vous traiterez le plus froidement.
Théodofe.
Froidement moi qui me fens tant de
difpofition à les aimer , à les diftinguer ?
Cij
j2 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
Eh ! vous ne la garderez pas cette difpofition
là , leur caractere vous l'ôtera . Et
à propos de cela voulez- vous bien me dire
ce que vous penfez de Softene ? C'eſt un
des hommes de la Cour que vous voyez le
plus fouvent.
Theodofe.
Et un fort aimable homme , qui a tonjours
quelque chofe d'obligeant à vous dire
, & qui vous le dit avec grace , quoique
d'un air fimple & naturel . C'eſt un homme
que j'aime à voir , malgré la différence
de fon âge au mien , & je fuis perfuadé
qu'il m'aime un peu auffi . Je le fens à la
maniere dont il m'aborde , dont il me parle
, dont il écoute ce que je dis ; je n'ai
point encore trouvé d'efprit plus liant , plus
d'accord avec le mien.
Théophile.
Il eft vrai .
Théodofe.
Je ne penſe pas de même de Philante,
Je vous crois.
Théophile.
DECEMBRE . 1754 53
Théodofe.
Quelle différence ! celui- ci a un efprit
roide & férieux , je penfe qu'il n'eftime que
lui , car il n'approuve jamais rien ; ou s'il
approuve , c'est avec tant de réferve & d'un
air fi contraint , qu'on diroit qu'il a toujours
peur de vous donner trop de vanité ;
il est toujours de votre avis le moins qu'il
peut , & il vaudroit autant qu'il n'en fût
point du tout. Il y a quelques jours que
pendant que vous étiez fur la terraffe il
m'arriva de dire quelque chofe dont tout
le monde fe mit à rire , comme d'une fail
lie affez plaifante ; lui feul baiffa les yeux ,
en fouriant à la vérité , mais d'un fouris
qui fignifioit qu'on ne devoit pas rire.
Théophile.
Peut-être avoit-il raifon.
Théodofe.
Quoi ! raifon contre tout le monde ? eſtce
que jamais tout le monde a tort ? avoitil
plus d'efprit que trente perſonnes ?
Théophile.
Trente flateries font-elles une approbation
décident- elles de quelque chofe t
Ciij
34 MERCURE DE FRANCE.
Théodofe.
Comme vous voudrez ; mais Philante
n'eft pas mon homme.
Théophile.
Vous avez cependant tant de difpofition
à aimer les gens d'un caractere für &
d'un honneur à toute epreuve ?
Théodofe.
Affûrément , & je le dis encore.
Théophile.
Eh bien ! Philante eft un de ces hommes
que vous avez deffein de prévenir & de
vous attacher.
Théodofe.
Vous me furprenez , cet honnêteté- là
a donc bien mauvaife grace à l'être.
Théophile.
Tous les honnêtes gens lui reffemblent ,
les graces de l'adulation & de la faufferé
leur manquent à tous ; ils aiment mieux
quand il faut opter , être vertueux qu'agréables.
Vous l'avez vu par Philante : il
n'a pu dans l'occafion & avec fa probité
louer en vous que ce qu'il y a vû de louaDECEMBRE.
1754. 55
ble, & a pris le parti de garder le filence
fur ce qui ne l'étoit pas ; la vérité ne lui
a pas permis de donner à votre amour propre
toutes les douceurs qu'il demandoit ,
& que Softene lui a données fans fcrupule :
voilà ce qui vous a rebuté de Philante
ce qui vous l'a fait trouver fi froid , fi
peu affectueux , fi difficile à contenter ;
voilà ce caractere quí dans fes pareils vous
paroîtra fi fec , fi auftere , & fi critique en
comparaifon de la foupleffe des Softene ,
avec qui vous contracterez un fi grand befoin
d'être applaudi , d'être encenfé , je
dirois prefque d'être adoré.
Théodofe .
Oh ! vous en dites trop ; me prendraije
pour une divinité ? me feront - ils accroire
que j'en fuis une .
Théophile .
Non , on ne va pas fi loin , on ne fçauroit
, & je pense que l'exemple de l'Empereur
Caïus , dont nous lifions l'hiftoire
ces jours paffés , ne gâtera à préſent perfonne
.
Théodofe .
Vous me parlez d'un extravagant , d'une
tête naturellement folle.
Ciiij
36 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
11 eft vrai ; mais malgré la foibleffe de
fa tête , s'il n'avoit jamais été qu'un particulier
, il ne feroit point tombé dans la
folie qu'il eut , & ce fut la hauteur de fa
place qui lui donna ce vertige . Aujourd'hui
les conditions comme la fienne ne
peuvent plus être fi funeftes à la raiſon ,
elles ne fçauroient faire des effets fi terribles
; la religion , nos principes , nos lumieres
ont rendu un pareil oubli de foimême
impoffible , il n'y a plus moyen de
s'égarer jufques-là , mais tout le danger
n'eft pas ôté , & fi l'on n'y prend garde , il
y a encore des étourdiffemens où l'on
peut tomber , & qui empêchent qu'on ne
fe connoiffe : on ne fe croit pas une divinité
, mais on ne fçait pas trop ce qu'on
eft ni pour qui l'on fe prend , on ne fe
définit point. Ce qui eft certain , c'eſt
qu'on fe croit bien différent des autres
hommes : on ne fe dit pas , je fuis d'une
autre nature qu'eux ; mais de la maniere
dont on l'entend , on fe dit à peu près la
la valeur de cela.
Theodofe.
Attendez donc ; me tromperois-je quand
je me croirai plus que les autres hommes ?
DECEMBRE.
$7
1754.
Théophile.
Non dans un fens , vous êtes infiniment
plus qu'eux ; dans un autre vous êtes précifément
ce qu'ils font. '
Théodofe.
Précifement ce qu'ils font ! quoi ! le fang
'dont je fors....
Théophile.
Eft confacré à nos refpects , & devenu le
plus noble fang du monde ; les hommes fe
font fait & ont dû fe faire une loi inviolable
de le refpecter ; voilà ce qui vous
met au-deffus de nous. Mais dans la nature
, votre fang , le mien , celui de tous les
hommes , c'eft la même chofe ; nous le tirons
tous d'une fource commune ; voilà
par où vous êtes ce que nous fommes.
Théodofe.
A la rigueur , ce que vous dites là eſt
vrai ; mais il me femble qu'à préſent tout
cela n'eft plus de même , & qu'il faut raifonner
autrement ; car enfin penfez -vous
de bonne foi qu'un valet de pied , qu'un
homme du peuple eft un homme comme
moi , & que je ne fuis qu'un homme comme
lui ?
C v.
58 MERCURE DE FRANCE
Théophile.
Oui , dans la nature .
Théodofe.
Mais cette nature ; eft- il encore ici queftion
d'elle comment l'entendez- vous ?
Théophile.
Tout fimplement ; il ne s'agit pas d'une
penſée hardie , je ne hazarde rien , je ne
fais point le Philofophe , & vous ne me
foupçonnez pas de vouloir diminuer de
vos prérogatives ?
Théodofe.
Ce n'eft
pas là ce que j'imagine.
Théophile.
Elles me font cheres , parce que c'eft vous
qui les avez ; elles me font facrées , parce
que vous les tenez , non feulement des
hommes , mais de Dieu même ; fans compter
que de toutes les façons de penfer , la
plus ridicule , la plus impertinente & la.
plus injufte feroit de vouloir déprimer la
grandeur de certaines conditions abfolument
néceffaires. Mais à l'égard de ce que
nous difions tout - à - l'heure , je parle en
homme qui fuit les lumieres du bon feas
DECEMBRE. 1754.. 59
le plus ordinaire , & la peine que vous
avez à m'entendre , vient de ce que je vous
difois tout à -l'heure , qui eft que dans le
rang où vous êtes on ne fçait pas trop
pour qui l'on fe prend ; ce n'eft pas que
vous ayez eu encore à faire aux fateurs ,
j'ai tâché de vous en garantir , vous êtes
né d'ailleurs avec beaucoup d'efprit ; cependant
l'orgueil de ce rang vous a déja
gagné , vous ne vous connoillez déja plus ,
& cela à caufe de cet empreffement qu'on
a pour vous voir de ces refpects que vous
trouvez fur votre paffage ; il n'en a pas
fallu davantage pour vous jetter dans une
illufion , dont je fuis fûr que vous allez rire
vous-même.
Théodofe.
Oh ! je n'y manquerai pas , je vous promets
d'en rire bien franchement fi j'ai
autant de tort que vous le dites : voyons ,
comment vous tirerez- vous de la
comparaifon
du valet de pied ?
Théophile.
Au lieu de lui , mettons un eſclave.
Théodofe.
C'est encore pis.
Cvj
60 MERCURE DE FRANCE:
Théophile.
C'eft que j'ai un fait amufant à vous
rapporter là - deffus. J'ai lû , je ne fçais plus
dans quel endroit , qu'un Roi de l'Afie encore
plus grand par fa fageffe que par ſa
puiffance , avoit un fils unique , que par un
article d'un traité de paix il avoit été obligé
de marier fort jeune. Ce fils avoit mille
vertus ; c'étoit le Prince de la plus grande
efpérance , mais il avoit un défaut qui
déparoit tout ; c'eſt qu'il ne daignoit s'humanifer
avec perfonne ; c'eft qu'il avoit
une fi fuperbe idée de fa condition , qu'il
auroit cru fe deshonorer par le commerce
des autres hommes , & qu'il les regardoit
comme de viles créatures , qu'il traitoit
doucement , parce qu'il étoit bon , mais
qui n'exiftoient que pour le fervir , que
pour lui obéir , & à qui il ne pouvoit décemment
parler que pour leur apprendre
fes volontés , fans y fouffrir de replique ;
car la moindre difcuffion lui paroiffoit familiere
& hardie , & il fçavoit l'arrêter par
un regard , ou par un mot qui faifoit rentrer
dans le néant dont on ofoit fortir devant
lui.
Théodofe.
Ah ! la trifte & ridicule façon de vivre ;
DECEMBRE . 1754. 61
je prévois la fin de l'hiftoire , ce Prince
là mourut d'ennui ?
Théophile.
Non , fon orgueil le foutenoit ; il lui
tenoit compagnie. Son pere qui gémiffoit
de le voir de cette humeur là , & qui en
fçavoit les conféquences , avoit beau lui
dire tout ce qu'il imaginoit de mieux pour
le rendre plus raifonnable là - deffus. Pour
le guérir de cette petiteffe d'efprit , il avoit
beau fe propofer pour exemple , lui qui
étoit Roi , lui qui regnoit & qui étoit cependant
fi acceffible , lui qui parloit à tout
le monde , qui donnoit à tout le monde le
droit de lui parler , & qui avoit autant
d'amis qu'il avoit de fujets qui l'entouroient
rien ne touchoit le fils. Il écoutoit
fon pere ; il le laiffoit dire , mais comme
un vieillard dont l'efprit avoit baiffé par
les années , & à l'âge duquel il falloit
donner le peu de dignité qu'il y avoit dans
fes remontrances.
Théodofe.
par-
Ce jeune Prince avoit donc été bien mal
élevé ?
Théophile.
Peut-être fon gouverneur l'avoit - il épar62
MERCURE DE FRANCE.
peur
gné de d'en être haï. Quoiqu'il
en foit , le Roi ne fçavoit
plus comment
s'y prendre
, & defefpéra
d'avoir
jamais
la
confolation
de le corriger
. Il le corrigea
pourtant
, fa tendreffe
ingénieufe
lui en fuggera
un moyen
qui lui réuffit. Je vous ai dit que le Prince
étoit marié ; ajoutez
à cela que la jeune Princeffe
touchoit
à l'inf tant de lui donner
un fils ; du moins fe
flattoit
-on que c'en feroit un. Oh ! vous remarquerez
qu'une
de ſes eſclaves
fe trou voit alors dans le même
cas qu'elle
, & n'attendoit
auffi que le moment
de mettre
un enfant au monde. Le Roi qui avoit fes vûes , s'arrangea
là- deffus , & prit des mefures
que
le hazard
favorifa
. Les deux
meres eurent
chacun
un fils ; & qui plus eft , l'enfant
royal & l'enfant
eſclave`na- quirent
dans le même quart d'heure
.
Théodofe.
A quoi cela aboutira-t-il ?
Théophile.
Le dernier ( je parle de l'efclave ) fut
auffi-tôt porté dans l'appartement de la
Princeffe , & mis fubtilement à côté du
petit Prince ; ils étoient tous deux accommodés
l'un comme l'autre ; on avoit feulement
eu la précaution de diftinguer le
DECEMBRE . 1754 .
63
petit Prince par une marque qui n'étoit
fçûe que du Roi & de fes confidens . Deux
enfans au lieu d'un , s'écria- t- on avec furprife
dans l'appartement , & qu'eft- ce que
cela fignifie qu'eft-ce qui a ofé apporter
l'autre comment fe trouve t-il là : & puis
à préfent comment démêler le Prince
jugez du bruit & de la rumeur.
Théodofe.
L'aventure étoit embarraffante.
Théophile.
Sur ces entrefaites , le Prince impatient
'de voir fon fils , arrive & demande qu'on
le lui montre. Hélas ! Seigneur , on ne
fçauroit , lui dit- on d'un air confterné ; il
ne vous est né qu'un Prince , & nous venons
de trouver deux enfans l'un auprès
de l'autre ; les voilà , & de vous dire lequel
des deux eft votre fils , c'est ce qui
nous eft abfolument impoffible. Le Prince,
en pâliffant , regarde ces deux enfans , &
Toupire de ne fçavoir à laquelle de ces
petites maffes de chair encore informes , il
doit ou fon amour ou fon mépris. Eh ! quel
eft donc l'infolent qui a ofé faire cet ou
trage au fang de fes maîtres , s'écria- t- il ?
A peine achevoit-il cette exclamation , que
tout-à- coup le Roi parut , fuivi de trois
64 MERCURE DE FRANCE.
ou quatre des plus vénérables Seigneurs
de l'Empire. Vous me paroiffez bien agi
té , mon fils , lui dit le Roi : il me femble
même avoir entendu que vous vous plaignez
d'un outrage ; de quoi eft- il queftion
? Ah ! Seigneur , lui répondit le Prince
, en lui montrant fes deux enfans , vous
me voyez au defefpoir : il n'y a point de
fupplice digne du crime dont il s'agit . J'ai
perdu mon fils , on l'a confondu avec je
ne fçais quelle vile créature qui m'empêche
de le reconnoître. Sauvez- moi de
l'affront de m'y tromper ; l'auteur de cet
attentat n'eft pas loin , qu'on le cherche ,
qu'on me venge , & que fon fupplice
effraye toute la terre.
Théodofe.
Ceci m'intéreſſe .
Théophile.
Il n'eft pas néceffaire de le chercher :
le voici , Prince ; c'eft moi , dit alors froidement
un de ces vénérables Seigneurs,
& dans cette action que vous appellez un
crime , je n'ai eu en vûe que votre gloire. Le
Roi fe plaint de ce que vous êtes trop fier ,
il gémit tous les jours de votre mépris
pour le refte des hommes ; & moi , pour
vous aider à le convaincre que vous avez
DECEMBRE. 1754.
65
raifon de les méprifer , & de les croire
d'une nature bien au-deffous de la vôtre ,
j'ai fait enlever un enfant qui vient de
naître , je l'ai fait mettre à côté de votre
fils , afin de vous donner une occaſion de
prouver que tout confondus qu'ils font ,
vous ne vous y tromperez pas , & que
vous n'en verrez pas moins les caracteres
de grandeur qui doivent diftinguer votre
augufte fang d'avec le vil fang des autres.
Au furplus , je n'ai pas rendu la diftinction
bien difficile à faire ; ce n'eſt pas même
un enfant noble , c'eft le fils d'un miférable
efclave que vous voyez à côté du
vôtre ; ainfi la différence eft fi énorme entr'eux
, que votre pénétration va fe jouer
de cette foible épreuve où je la mets.
Théodofe .
Ah le malin vieillard !
Théophile.
Au refte , Seigneur , ajouta-t-il , je me
Tuis menagé un moyen für de reconnoître
votre fils , il n'eft point confondu pour
moi ; mais s'il l'eft pour vous , je vous
: avertis que rien ne m'engagera à vous le
montrer , à moins que le Roi ne me l'ordonne.
Seigneur , dit alors le Prince à fon
pere , d'un air un peu confus , & preſque
66 MERCURE DE FRANCE.
la larme à l'oeil , ordonnez- lui donc qu'il
me le rende . Moi , Prince , lui répartit le
Roi faites- vous reflexion à ce que vous
me demandez ? eft- ce que la nature n'a
point marqué votre fils ? fi rien ne vous
l'indique ici , fi vous ne pouvez le retrouver
fans que je m'en mêle , eh ! que deviendra
l'opinion fuperbe que vous avez de
votre fang il faudra donc renoncer à croire
qu'il eft d'une autre forte que celui des autres
, & convenir que la nature à cet égard
n'a rien fait de particulier pour nous.
Théodofe.
Il avoit plus d'efprit que moi , s'il répondit
à cela.
Théophile.
L'hiftoire nous rapporte qu'il parut rêver
un inftant , & qu'enfuire il s'écria tout
d'un coup , je me rends , Seigneur , c'en
eft fait vous avez trouvé le fecret de m'éclairer
; la nature ne fait que des hommes
& point de Princes : je conçois maintenant
d'où mes droits tirent leur origine , je les
faifois venir de trop loin , & je rougis
de ma fierté paffée. Auffi -tôt le vieux Seigneur
alla prendre le petit Prince qu'il
préfenta à fon pere , après avoir tiré de
deffous les linges qui l'enveloppoient un
DECEMBRE. 1754. 67
billet que le Roi lui -même y avoit mis pour
le reconnoître. Le Prince , en pleurant de
joie , embraſſa fon fils , remercia mille fois
le vieux Seigneur qui avoit aidé le Roi
dans cet innocent artifice , & voulut tout
de fuite qu'on lui apportât l'enfant efclave
dont on s'étoit fervi pour l'inftruire , &
qu'il embraffa à fon tour , comme en reconnoiffance
du trait de lumiere qui venoit
de le frapper. Je t'affranchis , lui ditil
, en le preffant entre fes bras ; on t'élevera
avec mon fils , je lui apprendrai ce
que je te dois , tu lui ferviras de leçon
comme à moi , & tu me feras toujours.
cher , puifque c'eſt
venu raifonnable.
par toi que je fuis de-
Théodofe.
Votre Prince me fait pleurer.
Théophile.
pé-
Ah ! mon fils , s'écria alors le Roi ,
nétré d'attendriffement , que vous êtes bien
digne aujourd'hui d'être l'héritier d'un Empire
! que tant de raifon & que tant de
grandeur vous vengent bien de l'erreur où
vous étiez tombé !
Theodofe.
Ah ! que je fuis content de votre hif
68 MERCURE DE FRANCE.
toire ; me voilà bien raccommodé avec la
comparaison du valet- de - pied ; je lui ai
autant d'obligation que le Prince en avoit
au petit esclave. Mais dires moi , Théophile
, ce que vous venez de dire , & qui
eft fi vrai , tout le monde le fçait - il comme
il faut le fçavoir ? Je cherche un pes
à m'excufer. La plupart de nos jeunes gens
ne s'y trompent-ils pas auffi ? je vois bien
qu'ils me mettent au- deffus d'eux , mais il me
femble qu'ils ne croyent pas que tout homme
, dans la nature , eft leur femblable ;
ils s'imaginent qu'elle a auffi un fang à
part pour eux ; il n'eft ni fi beau ni fi
diftingué que le mien , mais il n'eſt pas de
l'efpéce de celui des autres ; qu'en ditesyous
?
Théophile.
Que non -feulement ces jeunes gens ne
fçavent pas que tout eft égal à cet égard ,
mais que des perfonnages très- graves &
très- fenfés l'oublient : je dis qu'ils l'oublient
, car il eft impoffible qu'ils l'ignorent
; & fi vous leur parlez de cette égalité
, ils ne la nieront pas , mais ils ne la
fçavent que pour en difcourir , & non pas
pour la croire ; ce n'eft pour eux qu'un
trait d'érudition , qu'une morale de converfation
, & non pas une vérité d'ufage.
DECEMBRE. 1754. 69
Théodofe .
J'ai encore une queſtion à vous faire :
ne dit-on pas fouvent , en parlant d'un
homme qu'on eftime , c'eft un homme qui
fe reffent de la nobleffe de fon fang.
"
Théophile.
Oui , il y a des
gens qui s'imaginent
qu'un fang tranfmis par un grand nombre
d'ayeux nobles , qui ont été élevés
dans la fierté de leur rang ; ils s'imaginent
, dis-je , que ce fang , tout venu qu'il
eft d'une fource commune , a acquis en
paffant , de certaines impreffions qui le diftinguent
d'un fang reçu de beaucoup d'ayeux
d'une petite condition ; & il fe pourroit
bien effectivement que cela fît des
différences : mais ces différences font- el
les avantageufes ? produifent- elles des vertus
? contribuent - elles à rendre l'ame plus
belle & plus raifonnable ? & la nature
là-deffus fuit-elle la vanité de notre opinion
il y auroit bien de la vifion a le
croire , d'autant plus qu'on a tant de preuves
du contraire : ne voit-on pas des hommes
du plus bas étage qui font des hommes
admirables ?
70 MERCURE DE FRANCE.
Théodofe.
Et l'hiſtoire ne nous montre- t- elle pas de
grands Seigneurs par la naiffance qui
avoient une ame indigne ? Allons , tout eft
dit fur cet article : la nature ne connoît
pas les nobles , elle ne les exempte de
rien , ils naiffent fouvent auffi infirmes de
corps , auffi courts d'efprit.
Théodofe .
Ils meurent de même , fans compter
que la fortune fe joue de leurs biens , de
leurs honneurs , que leur famille s'éteint
ou s'éclipfe ; n'y a- t- il pas une infinité de
races , & des plus illuftres , qu'on a perdu
de vûe , que la nature a continuées , mais
que la fortune a quittées , & dont les defcendans
méconnus rampent apparemment
dans la foule , labourent ou mendient
pendant que
de nouvelles races forties de
la pouffiere , font aujourd'hui les fieres &
les fuperbes , & s'éclipferont auffi , pour
faire à leur tour place à d'autres , un peu
plus tôt ou un peu plus tard ? c'eft un cercle
de viciffitudes qui enveloppe tout le
monde , c'eft par tout miferes communes.
Théodofe.
Changeons de matiere ; je me fens trop
DECEMBRE. 1754. 71
humilié de m'être trompé là - deffus , je
n'étois gueres Prince alors.
Théophile.
' En revanche vous l'êtes aujourd'hui beaucoup.
Mais il fe fait tard ; rentrons , Prince
, & demain , fi vous voulez , nous reprendrons
la même converfation.
Le Dialogue qu'on vient de lire eft de M.
de Marivaux. Il n'y a perfonne qui ne fente
que des développemens de cette naturefont trèspropres
à rendre plus raiſonnables & meilleurs
ceux que leur naiſſance appelle au trône.
Nous prévoyons avec joie que l'Amenr ne
pourra pas fe refufer au defir que le public lui
marquera de voir l'exécution entiere d'un des
plus beaux projets qu'on puiſſe former pour
bien de la fociété.
Cfont tres anciens. Un Seigneur qui
Es dialogues qu'on donne au public ,
hérita , il y a quelque tems , d'un de fes
parens , les trouva dans le château où ce
parent étoit mort ; ils étoient confondus
avec d'autres papiers extrêmement anciens
auffi ; on n'en a changé que le langage gaulois
, par lequel il paroît , au jugement de
quelques fçavans , qu'il y a pour le moins
quatre fiécles qu'ils font écrits . On ne fçait
point non plus quel en eft l'auteur ; tout ce
qu'on en peut croire , c'eft qu'ils ont fervi
à l'éducation de quelqu'un de nos Rois ,
ou de quelques Princes deftinés à regner.
Quoiqu'il en foit , en voici le premier ,
dont les détails font affez fimples . C'eſt un
40 MERCURE DE FRANCE.
Gouverneur & un jeune Prince qui s'entretiennent
enfemble , tous deux apparemment
fous des noms fuppofés , puifque le
Prince a celui de Théodofe , & le Gouver
neur celui de Théophile.
PREMIER DIALOGUE.
Théophile.
Voici un lieu fort champêtre , Prince ;
voulez- vous que nous nous y arrêtions ?
Théodofe.
Comme il vous plaira.
Théophile.
Vous me paroiffez aujourd'hui bien férieux
; la promenade vous ennuie-t-elle ?
Auriez vous mieux aimé refter avec ces
jeunes gens que nous venons de quitter ?
Théodofe.
Mais je vous avoue qu'ils m'amufoient,
Théophile.
Vous me fçavez donc bien mauvais gré
de vous avoir amené ici : n'eft- il pas vrai
que vous me trouvez dans mille momens
un homme bien incommode ? je pense que
DECEMBRE . 1754. 41
vous ne m'aimerez gueres quand vous
ferez débarraffé de moi.
Théodofe.
Pourquoi me dites- vous cela vous vous
trompez.
Théophile.
Combien de fois me fuis- je apperçu que
je vous fatiguois , que je vous étois defagréable
?
Théodofe.
Ah ! defagréable , c'eft trop dire : vous
m'avez quelquefois gêné , contrarié , quelquefois
fait faire des chofes qui n'étoient
pas de mon goût ; mais votre intention
étoit bonne , & je ne fuis pas affez injuſte
pour en être fâché contre vous.
Théophile.
C'est-à - dire que mes foins & mes attentions
ne m'ont point encore brouillé
avec vous ; que vous me pardonnez tout
le zele & même toute la tendreffe avec laquelle
j'ai travaillé à votre éducation : voilà
précisément ce que vous voulez bien
oublier en ma faveur .
Théodofe.
Ce n'eft point là ma pensée , & vous
42 MERCURE DE FRANCE.
me faites une vraie chicanne ; je viens
d'avouer que vous m'avez quelquefois chagriné
, mais que je compte cela pour rien ,
que je n'y fonge plus , que je n'en ai point
de rancune ; que puis-je dire de plus ?
Théophile.
Jugez-en vous - même. Si quelqu'un vous
voyoit dans un grand péril , qu'il ne pût
vous en tirer , vous fauver la vie qu'en
vous faifant une légere douleur , feroit- il
jufte lorsque vous feriez hors de danger ,
de vous en tenir à lui dire , vous m'avez
fait un petit mal , vous m'avez un peu trop
preffé le bras , mais je n'en ai point de rancune
, & je vous le pardonne è
Théodofe.
Ah ! vous avez raiſon , il y auroit une
ingratitude effroyable à ce que vous me
dites là ; mais c'eft de quoi il n'eft pas queftion
ici : je ne fçache pas que vous m'ayez
jamais fauvé la vie.
Théophile.
Non , le fervice que j'ai tâché de vous
rendre eft encore plus grand ; j'ai voulu
vous fauver du malheur de vivre fans gloire.
Je vous ai vû expofé à des défauts qui
auroient fait périr les qualités de votre
DECEMBRE.
1754 43
ame , & c'eſt à la plus noble partie de vousmême
que j'ai , pour ainfi dire , tâché de
conferver la vie. Je n'ai pû y réuffir qu'en
vous contrariant , qu'en vous gênant quelquefois
: il vous en a coûté de petits chagrins
; c'est là cette légere douleur dont je
parlois tout -à- l'heure : vous contentezvous
encore de dire , je n'y fonge plus.
Théodofe.
Non , Théophile , je me trompois , & je
me dédis de tout mon coeur ; je vous ai en
effet les plus grandes obligations.
Théophile.
Point du tout , je n'ai fait que mon devoir
, mais il y a eu du courage à le faire :
vous m'aimeriez bien davantage fi je l'avois
voulu ; il n'a tenu qu'à moi de vous être
extrêmement agréable , & de gagner pour
jamais vos bonnes graces ; ce n'eût été qu'à
vos dépens , à la vérité.
Théodofe.
A mes dépens , dites-vous ?
Théophile.
Oui , je n'avois qu'à vous trahir pour
vous plaire, qu'à négliger votre inftruction
, qu'à laiffer votre coeur & votre ef44
MERCURE DE FRANCE .
prit devenir ce qu'ils auroient pû , qu'à
vous abandonner à vos humeurs ,à vos impatiences
, à vos volontés impétueufes , à
votre dégoût pour tout ce qui n'étoit pas
diffipation & plaifir . Convenez - en , la
moindre petite contradiction vous irritoit ,
vous étoit infupportable ; & ce qui eft encore
pis , j'ai vu le tems où ceux qui vous
entouroient , n'étoient précisément pour
vous que des figures qui amufoient vos
yeux ; vous ne fçaviez pas que c'étoit des
hommes qui penfoient , qui vous examinoient
, qui vous jugeoient , qui ne demandoient
qu'à vous aimer , qu'à pouvoir
vous regarder comme l'objet de leur amour
& de leur efpérance . On peut vous dire cela
aujourd'hui que vous n'êtes plus de même ,
& que vous vous montrez aimable ; auffi
vous aime- t-on , auſſi ne voyez- vous autour
de vous que des vifages contens &
charmés
, que des refpects mêlés d'applau
diffement & de joie ; mais je n'en fuis pas
mieux avec vous , moi , pour vous avoir
appris à être bien avec tout le monde.
Theodofe.
Laiffons là ce que je vous ai répondu
d'abord , je le defavoue ; mais quand vous
dites qu'il n'y avoit qu'à m'abandonner à
mes défauts pour me plaire , que fçavez-
7
9
DECEMBRE. 1754. 45
vous fi je ne vous les aurois pas reprochés
quelque jour ?
Théophile.
Non , Prince , non , il n'y avoit rien à
craindre , vous ne les auriez jamais fçus ; il
faut avoir des vertus pour s'appercevoir
qu'on en manque , ou du moins pour être
fâché de n'en point avoir ; & des vertus ,
vous n'en auriez point eu : la maniere dont
je vous aurois élevé y auroit mis bon ordre
; & ce lâche Gouverneur qui vous auroit
épargné la peine de devenir vertueux
& raifonnable , qui vous auroit laiffé la
miférable douceur de vous gâter tout à vo
tre aiſe , vous feroit toujours refté dans
l'efprit comme l'homme du monde le plus
accommodant & du meilleur commerce ,
& non pas comme un homme à qui vous
pardonnez tout au plus le bien qu'il vous a
fait.
Théodofe.
Vous en revenez toujours à un mot que
j'ai dit fans réflexion.
Théophile.
Oui , Prince , je foupçonne quelquefois
que vous ne m'aimez
gueres , mais en re
vanche, on vous aimera , & je fuis content
; voilà ce que je vous devois à vous
46 MERCURE DE FRANCE.
& ce que je devois à tout le monde . Vous
fouvenez-vous d'un trait de l'hiftoire romaine
que nous lifions ce matin ? Qu'il me
tue , pourvu qu'il regne , difoit Agrippine en
parlant de Neron : & moi , j'ai dit fans
comparaifon , qu'il me haïffe pourvû qu'on
l'aime , qu'il ait tort avec moi pourvû qu'il
ne manque jamais à fa gloire , & qu'il
n'ait tort ni avec la raifon ni avec les ver
tus qu'il doit avoir.
Théodofe.
Qu'il me haïffe , dites -vous ; vous n'y
fongez pas , Théophile ; en vérité , m'en
foupçonnez -vous capable ?
ble
Théophile.
Lamaniere dont vous vous récriez fem
promettre qu'il n'en fera rien.
Théodofe.
Je vous en convaincrai encore mieux
dans les fuites , foyez en perfuadé.
Théophile.
Je crois vous entendre , Prince , & je
fuis extrêmement touché de ce témoigna
ge de votre bon coeur ; mais de grace , ne
vous y trompez point ; je ne vous rappelle
pas mes foins pour les vanter. Si je tâche
DECEMBRE. 1754. 47
de vous y rendre fenfible , c'eft afin que
vous les récompenfiez de votre confiance
& non pas de vos bienfaits. Nous allons
bientôt nous quitter , & j'ai beſoin aujour
d'hui que vous m'aimiez un peu ; mais c'eft
pour vous que j'en ai befoin , & non pas
our moi ; c'eft que vous m'en écouterez
plus volontiers fur ce qui me refte à vous
dire pour achever votre éducation,
Théodofe.
Ah ! parlez , Théophile , me voici , je
vousaffure , dans la difpofition où vous me
fouhaitez ; je fçai d'ailleurs que le tems
preffe , & que nous n'avons pas long- tems
â demeurer enſemble.
Théophile.
Et vous attendez que je n'y fois plus ?
n'eft- il vrai ? vous n'aurez plus de Gouverneur
, vous ferez plus libre , & cela
vous réjouit , convenez - en.
Théodofe.
Franchement il pourroit bien y avoir
quelque chofe de ce que vous dites là , &
le tout fans que je m'impatiente d'être
avec vous ; mais on aime à être le maître
de fes actions.
48 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
Raifonnons. Si juſqu'ici vous aviez été
le maître abfolu des vôtres , vous n'en auriez
peut-être pas fait une qui vous eût fait
honneur ; vous auriez gardé tous vos défauts
, par exemple.
Théodofe.
J'en ferois bien fâché.
Théophile.
C'est donc un bonheur pour vous de n'avoir
pas été votre maître. N'y a-t-il pas
de danger que vous le foyez aujourd'hui ?
ne vous défiez- vous pas de l'extrême envie
que vous avez de l'être : Votre raiſon
a fait du progrès fans doute ; mais prenez
garde : quand on eft fi impatient d'être
défait de fon Gouverneur , ne feroit- ce pas
figne qu'on a encore befoin de lui , qu'on
n'eft pas encore auffi raifonnable qu'on devroit
l'être car fi on l'étoit , ce Gouver
neur ne feroit plus fi incommode , il ne
gêneroit plus ; on feroit toujours d'accord
avec lui , il ne feroit plus que tenir compagnie
: qu'en pensez-vous ?
Théodofe.
Je rêve à votre réflexion .
Théophile:
DECEMBRE . 1754. 49
.
Théophile.
Il n'en eft pas de vous comme d'un particulier
de votre âge , votre liberté tire à
bien d'autres conféquences ; on fçaura bien
empêcher ce particulier d'abufer long- tems.
& à un certain point de la fienne ; mais
qui eft-ce qui vous empêchera d'abufer de
la vôtre qui eft- ce qui la réduira à de
juftes bornes ? quels fecours aura- t- on contre
vous que vos vertus , votre raiſon , vos
lumieres ? &
quoiqu'aujourd'hui vous ayez
de tout cela , êtes-vous für d'en avoir affez.
pour ne pas appréhender d'être parfaitement
libre ? Songez à ce que c'eft qu'une
liberté que votre âge & que l'impunité de
l'abus que vous en pouvez faire , rendront
fi dangereuſe. Si vous n'étiez pas naturellement
bon & généreux , fi vous n'aviez
pas le meilleur fond du monde , Prince ,
je ne vous tiendrois pas ce difcours - là
mais c'eft qu'avec vous il y a bien des reffources
, je vous connois , il n'y a que des
réflexions à vous faire faire.
Théodofe.
A la bonne heure , mais vous me faites
trembler ; je commence à craindre très-férieufement
de vous perdre.
11. Vol.
so MERCURE
DE FRANCE .
Théophile.
Voilà une crainte qui me charme , elle
part d'un fentiment qui vaut mieux que
tous les Gouverneurs du monde : ah ! que
je fuis content , & qu'elle nous annonce
une belle ame !
Il ne tiendra
Théodofe.
pas à moi que vous ne difiez
vrai ; courage , mettons à profit le tems
que nous avons à penfer enfemble
; nous
en refte-t-il beaucoup
?
Théophile.
Encore quelque mois .
Théodofe.
Cela eft bien court .
Théophile.
Je vous garantis que c'en fera plus qu'il
men faut pour un Prince capable de cette
réponſe là , fur-tout avec un homme qui
ne vous épargnera pas la vérité , d'autant
plus que vous n'avez que ce petit efpace
de tems-ci pour l'entendre , & qu'après
moi perfonne ne vous la dira peut-être ;
vous allez tomber entre les mains de gens
qui vous aimeront bien moins qu'ils n'auDECEMBRE.
1754.
ront envie que vous les aimiez , qui ne
voudront que vous plaire & non pas vous
inftruire , qui feront tout pour le plaifir
de votre amour propre , & rien le
pour
le profit de votre raifon .
Théodofe.
Mais n'y a-t-il pas
d'honnêtes gens qui
font d'un
caractere fûr , & d'un
honneur
à toute épreuve ?
Théophile.
Oui , il y en a par- tout , quoique tou
jours en petit nombre.
Théodofe.
Eh bien , j'aurai foin de me les attacher ;
de les
encourager à me parler ; je les préviendrai.
Théophile.
Vous le croyez que vous les préviendrez
; mais fi vous n'y prenez garde , je
vous avertis que ce feront ceux qui auront
le moins d'attrait pour vous , ceux pour
qui vous aurez le moins d'inclination &
que vous traiterez le plus froidement.
Théodofe.
Froidement moi qui me fens tant de
difpofition à les aimer , à les diftinguer ?
Cij
j2 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
Eh ! vous ne la garderez pas cette difpofition
là , leur caractere vous l'ôtera . Et
à propos de cela voulez- vous bien me dire
ce que vous penfez de Softene ? C'eſt un
des hommes de la Cour que vous voyez le
plus fouvent.
Theodofe.
Et un fort aimable homme , qui a tonjours
quelque chofe d'obligeant à vous dire
, & qui vous le dit avec grace , quoique
d'un air fimple & naturel . C'eſt un homme
que j'aime à voir , malgré la différence
de fon âge au mien , & je fuis perfuadé
qu'il m'aime un peu auffi . Je le fens à la
maniere dont il m'aborde , dont il me parle
, dont il écoute ce que je dis ; je n'ai
point encore trouvé d'efprit plus liant , plus
d'accord avec le mien.
Théophile.
Il eft vrai .
Théodofe.
Je ne penſe pas de même de Philante,
Je vous crois.
Théophile.
DECEMBRE . 1754 53
Théodofe.
Quelle différence ! celui- ci a un efprit
roide & férieux , je penfe qu'il n'eftime que
lui , car il n'approuve jamais rien ; ou s'il
approuve , c'est avec tant de réferve & d'un
air fi contraint , qu'on diroit qu'il a toujours
peur de vous donner trop de vanité ;
il est toujours de votre avis le moins qu'il
peut , & il vaudroit autant qu'il n'en fût
point du tout. Il y a quelques jours que
pendant que vous étiez fur la terraffe il
m'arriva de dire quelque chofe dont tout
le monde fe mit à rire , comme d'une fail
lie affez plaifante ; lui feul baiffa les yeux ,
en fouriant à la vérité , mais d'un fouris
qui fignifioit qu'on ne devoit pas rire.
Théophile.
Peut-être avoit-il raifon.
Théodofe.
Quoi ! raifon contre tout le monde ? eſtce
que jamais tout le monde a tort ? avoitil
plus d'efprit que trente perſonnes ?
Théophile.
Trente flateries font-elles une approbation
décident- elles de quelque chofe t
Ciij
34 MERCURE DE FRANCE.
Théodofe.
Comme vous voudrez ; mais Philante
n'eft pas mon homme.
Théophile.
Vous avez cependant tant de difpofition
à aimer les gens d'un caractere für &
d'un honneur à toute epreuve ?
Théodofe.
Affûrément , & je le dis encore.
Théophile.
Eh bien ! Philante eft un de ces hommes
que vous avez deffein de prévenir & de
vous attacher.
Théodofe.
Vous me furprenez , cet honnêteté- là
a donc bien mauvaife grace à l'être.
Théophile.
Tous les honnêtes gens lui reffemblent ,
les graces de l'adulation & de la faufferé
leur manquent à tous ; ils aiment mieux
quand il faut opter , être vertueux qu'agréables.
Vous l'avez vu par Philante : il
n'a pu dans l'occafion & avec fa probité
louer en vous que ce qu'il y a vû de louaDECEMBRE.
1754. 55
ble, & a pris le parti de garder le filence
fur ce qui ne l'étoit pas ; la vérité ne lui
a pas permis de donner à votre amour propre
toutes les douceurs qu'il demandoit ,
& que Softene lui a données fans fcrupule :
voilà ce qui vous a rebuté de Philante
ce qui vous l'a fait trouver fi froid , fi
peu affectueux , fi difficile à contenter ;
voilà ce caractere quí dans fes pareils vous
paroîtra fi fec , fi auftere , & fi critique en
comparaifon de la foupleffe des Softene ,
avec qui vous contracterez un fi grand befoin
d'être applaudi , d'être encenfé , je
dirois prefque d'être adoré.
Théodofe .
Oh ! vous en dites trop ; me prendraije
pour une divinité ? me feront - ils accroire
que j'en fuis une .
Théophile .
Non , on ne va pas fi loin , on ne fçauroit
, & je pense que l'exemple de l'Empereur
Caïus , dont nous lifions l'hiftoire
ces jours paffés , ne gâtera à préſent perfonne
.
Théodofe .
Vous me parlez d'un extravagant , d'une
tête naturellement folle.
Ciiij
36 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
11 eft vrai ; mais malgré la foibleffe de
fa tête , s'il n'avoit jamais été qu'un particulier
, il ne feroit point tombé dans la
folie qu'il eut , & ce fut la hauteur de fa
place qui lui donna ce vertige . Aujourd'hui
les conditions comme la fienne ne
peuvent plus être fi funeftes à la raiſon ,
elles ne fçauroient faire des effets fi terribles
; la religion , nos principes , nos lumieres
ont rendu un pareil oubli de foimême
impoffible , il n'y a plus moyen de
s'égarer jufques-là , mais tout le danger
n'eft pas ôté , & fi l'on n'y prend garde , il
y a encore des étourdiffemens où l'on
peut tomber , & qui empêchent qu'on ne
fe connoiffe : on ne fe croit pas une divinité
, mais on ne fçait pas trop ce qu'on
eft ni pour qui l'on fe prend , on ne fe
définit point. Ce qui eft certain , c'eſt
qu'on fe croit bien différent des autres
hommes : on ne fe dit pas , je fuis d'une
autre nature qu'eux ; mais de la maniere
dont on l'entend , on fe dit à peu près la
la valeur de cela.
Theodofe.
Attendez donc ; me tromperois-je quand
je me croirai plus que les autres hommes ?
DECEMBRE.
$7
1754.
Théophile.
Non dans un fens , vous êtes infiniment
plus qu'eux ; dans un autre vous êtes précifément
ce qu'ils font. '
Théodofe.
Précifement ce qu'ils font ! quoi ! le fang
'dont je fors....
Théophile.
Eft confacré à nos refpects , & devenu le
plus noble fang du monde ; les hommes fe
font fait & ont dû fe faire une loi inviolable
de le refpecter ; voilà ce qui vous
met au-deffus de nous. Mais dans la nature
, votre fang , le mien , celui de tous les
hommes , c'eft la même chofe ; nous le tirons
tous d'une fource commune ; voilà
par où vous êtes ce que nous fommes.
Théodofe.
A la rigueur , ce que vous dites là eſt
vrai ; mais il me femble qu'à préſent tout
cela n'eft plus de même , & qu'il faut raifonner
autrement ; car enfin penfez -vous
de bonne foi qu'un valet de pied , qu'un
homme du peuple eft un homme comme
moi , & que je ne fuis qu'un homme comme
lui ?
C v.
58 MERCURE DE FRANCE
Théophile.
Oui , dans la nature .
Théodofe.
Mais cette nature ; eft- il encore ici queftion
d'elle comment l'entendez- vous ?
Théophile.
Tout fimplement ; il ne s'agit pas d'une
penſée hardie , je ne hazarde rien , je ne
fais point le Philofophe , & vous ne me
foupçonnez pas de vouloir diminuer de
vos prérogatives ?
Théodofe.
Ce n'eft
pas là ce que j'imagine.
Théophile.
Elles me font cheres , parce que c'eft vous
qui les avez ; elles me font facrées , parce
que vous les tenez , non feulement des
hommes , mais de Dieu même ; fans compter
que de toutes les façons de penfer , la
plus ridicule , la plus impertinente & la.
plus injufte feroit de vouloir déprimer la
grandeur de certaines conditions abfolument
néceffaires. Mais à l'égard de ce que
nous difions tout - à - l'heure , je parle en
homme qui fuit les lumieres du bon feas
DECEMBRE. 1754.. 59
le plus ordinaire , & la peine que vous
avez à m'entendre , vient de ce que je vous
difois tout à -l'heure , qui eft que dans le
rang où vous êtes on ne fçait pas trop
pour qui l'on fe prend ; ce n'eft pas que
vous ayez eu encore à faire aux fateurs ,
j'ai tâché de vous en garantir , vous êtes
né d'ailleurs avec beaucoup d'efprit ; cependant
l'orgueil de ce rang vous a déja
gagné , vous ne vous connoillez déja plus ,
& cela à caufe de cet empreffement qu'on
a pour vous voir de ces refpects que vous
trouvez fur votre paffage ; il n'en a pas
fallu davantage pour vous jetter dans une
illufion , dont je fuis fûr que vous allez rire
vous-même.
Théodofe.
Oh ! je n'y manquerai pas , je vous promets
d'en rire bien franchement fi j'ai
autant de tort que vous le dites : voyons ,
comment vous tirerez- vous de la
comparaifon
du valet de pied ?
Théophile.
Au lieu de lui , mettons un eſclave.
Théodofe.
C'est encore pis.
Cvj
60 MERCURE DE FRANCE:
Théophile.
C'eft que j'ai un fait amufant à vous
rapporter là - deffus. J'ai lû , je ne fçais plus
dans quel endroit , qu'un Roi de l'Afie encore
plus grand par fa fageffe que par ſa
puiffance , avoit un fils unique , que par un
article d'un traité de paix il avoit été obligé
de marier fort jeune. Ce fils avoit mille
vertus ; c'étoit le Prince de la plus grande
efpérance , mais il avoit un défaut qui
déparoit tout ; c'eſt qu'il ne daignoit s'humanifer
avec perfonne ; c'eft qu'il avoit
une fi fuperbe idée de fa condition , qu'il
auroit cru fe deshonorer par le commerce
des autres hommes , & qu'il les regardoit
comme de viles créatures , qu'il traitoit
doucement , parce qu'il étoit bon , mais
qui n'exiftoient que pour le fervir , que
pour lui obéir , & à qui il ne pouvoit décemment
parler que pour leur apprendre
fes volontés , fans y fouffrir de replique ;
car la moindre difcuffion lui paroiffoit familiere
& hardie , & il fçavoit l'arrêter par
un regard , ou par un mot qui faifoit rentrer
dans le néant dont on ofoit fortir devant
lui.
Théodofe.
Ah ! la trifte & ridicule façon de vivre ;
DECEMBRE . 1754. 61
je prévois la fin de l'hiftoire , ce Prince
là mourut d'ennui ?
Théophile.
Non , fon orgueil le foutenoit ; il lui
tenoit compagnie. Son pere qui gémiffoit
de le voir de cette humeur là , & qui en
fçavoit les conféquences , avoit beau lui
dire tout ce qu'il imaginoit de mieux pour
le rendre plus raifonnable là - deffus. Pour
le guérir de cette petiteffe d'efprit , il avoit
beau fe propofer pour exemple , lui qui
étoit Roi , lui qui regnoit & qui étoit cependant
fi acceffible , lui qui parloit à tout
le monde , qui donnoit à tout le monde le
droit de lui parler , & qui avoit autant
d'amis qu'il avoit de fujets qui l'entouroient
rien ne touchoit le fils. Il écoutoit
fon pere ; il le laiffoit dire , mais comme
un vieillard dont l'efprit avoit baiffé par
les années , & à l'âge duquel il falloit
donner le peu de dignité qu'il y avoit dans
fes remontrances.
Théodofe.
par-
Ce jeune Prince avoit donc été bien mal
élevé ?
Théophile.
Peut-être fon gouverneur l'avoit - il épar62
MERCURE DE FRANCE.
peur
gné de d'en être haï. Quoiqu'il
en foit , le Roi ne fçavoit
plus comment
s'y prendre
, & defefpéra
d'avoir
jamais
la
confolation
de le corriger
. Il le corrigea
pourtant
, fa tendreffe
ingénieufe
lui en fuggera
un moyen
qui lui réuffit. Je vous ai dit que le Prince
étoit marié ; ajoutez
à cela que la jeune Princeffe
touchoit
à l'inf tant de lui donner
un fils ; du moins fe
flattoit
-on que c'en feroit un. Oh ! vous remarquerez
qu'une
de ſes eſclaves
fe trou voit alors dans le même
cas qu'elle
, & n'attendoit
auffi que le moment
de mettre
un enfant au monde. Le Roi qui avoit fes vûes , s'arrangea
là- deffus , & prit des mefures
que
le hazard
favorifa
. Les deux
meres eurent
chacun
un fils ; & qui plus eft , l'enfant
royal & l'enfant
eſclave`na- quirent
dans le même quart d'heure
.
Théodofe.
A quoi cela aboutira-t-il ?
Théophile.
Le dernier ( je parle de l'efclave ) fut
auffi-tôt porté dans l'appartement de la
Princeffe , & mis fubtilement à côté du
petit Prince ; ils étoient tous deux accommodés
l'un comme l'autre ; on avoit feulement
eu la précaution de diftinguer le
DECEMBRE . 1754 .
63
petit Prince par une marque qui n'étoit
fçûe que du Roi & de fes confidens . Deux
enfans au lieu d'un , s'écria- t- on avec furprife
dans l'appartement , & qu'eft- ce que
cela fignifie qu'eft-ce qui a ofé apporter
l'autre comment fe trouve t-il là : & puis
à préfent comment démêler le Prince
jugez du bruit & de la rumeur.
Théodofe.
L'aventure étoit embarraffante.
Théophile.
Sur ces entrefaites , le Prince impatient
'de voir fon fils , arrive & demande qu'on
le lui montre. Hélas ! Seigneur , on ne
fçauroit , lui dit- on d'un air confterné ; il
ne vous est né qu'un Prince , & nous venons
de trouver deux enfans l'un auprès
de l'autre ; les voilà , & de vous dire lequel
des deux eft votre fils , c'est ce qui
nous eft abfolument impoffible. Le Prince,
en pâliffant , regarde ces deux enfans , &
Toupire de ne fçavoir à laquelle de ces
petites maffes de chair encore informes , il
doit ou fon amour ou fon mépris. Eh ! quel
eft donc l'infolent qui a ofé faire cet ou
trage au fang de fes maîtres , s'écria- t- il ?
A peine achevoit-il cette exclamation , que
tout-à- coup le Roi parut , fuivi de trois
64 MERCURE DE FRANCE.
ou quatre des plus vénérables Seigneurs
de l'Empire. Vous me paroiffez bien agi
té , mon fils , lui dit le Roi : il me femble
même avoir entendu que vous vous plaignez
d'un outrage ; de quoi eft- il queftion
? Ah ! Seigneur , lui répondit le Prince
, en lui montrant fes deux enfans , vous
me voyez au defefpoir : il n'y a point de
fupplice digne du crime dont il s'agit . J'ai
perdu mon fils , on l'a confondu avec je
ne fçais quelle vile créature qui m'empêche
de le reconnoître. Sauvez- moi de
l'affront de m'y tromper ; l'auteur de cet
attentat n'eft pas loin , qu'on le cherche ,
qu'on me venge , & que fon fupplice
effraye toute la terre.
Théodofe.
Ceci m'intéreſſe .
Théophile.
Il n'eft pas néceffaire de le chercher :
le voici , Prince ; c'eft moi , dit alors froidement
un de ces vénérables Seigneurs,
& dans cette action que vous appellez un
crime , je n'ai eu en vûe que votre gloire. Le
Roi fe plaint de ce que vous êtes trop fier ,
il gémit tous les jours de votre mépris
pour le refte des hommes ; & moi , pour
vous aider à le convaincre que vous avez
DECEMBRE. 1754.
65
raifon de les méprifer , & de les croire
d'une nature bien au-deffous de la vôtre ,
j'ai fait enlever un enfant qui vient de
naître , je l'ai fait mettre à côté de votre
fils , afin de vous donner une occaſion de
prouver que tout confondus qu'ils font ,
vous ne vous y tromperez pas , & que
vous n'en verrez pas moins les caracteres
de grandeur qui doivent diftinguer votre
augufte fang d'avec le vil fang des autres.
Au furplus , je n'ai pas rendu la diftinction
bien difficile à faire ; ce n'eſt pas même
un enfant noble , c'eft le fils d'un miférable
efclave que vous voyez à côté du
vôtre ; ainfi la différence eft fi énorme entr'eux
, que votre pénétration va fe jouer
de cette foible épreuve où je la mets.
Théodofe .
Ah le malin vieillard !
Théophile.
Au refte , Seigneur , ajouta-t-il , je me
Tuis menagé un moyen für de reconnoître
votre fils , il n'eft point confondu pour
moi ; mais s'il l'eft pour vous , je vous
: avertis que rien ne m'engagera à vous le
montrer , à moins que le Roi ne me l'ordonne.
Seigneur , dit alors le Prince à fon
pere , d'un air un peu confus , & preſque
66 MERCURE DE FRANCE.
la larme à l'oeil , ordonnez- lui donc qu'il
me le rende . Moi , Prince , lui répartit le
Roi faites- vous reflexion à ce que vous
me demandez ? eft- ce que la nature n'a
point marqué votre fils ? fi rien ne vous
l'indique ici , fi vous ne pouvez le retrouver
fans que je m'en mêle , eh ! que deviendra
l'opinion fuperbe que vous avez de
votre fang il faudra donc renoncer à croire
qu'il eft d'une autre forte que celui des autres
, & convenir que la nature à cet égard
n'a rien fait de particulier pour nous.
Théodofe.
Il avoit plus d'efprit que moi , s'il répondit
à cela.
Théophile.
L'hiftoire nous rapporte qu'il parut rêver
un inftant , & qu'enfuire il s'écria tout
d'un coup , je me rends , Seigneur , c'en
eft fait vous avez trouvé le fecret de m'éclairer
; la nature ne fait que des hommes
& point de Princes : je conçois maintenant
d'où mes droits tirent leur origine , je les
faifois venir de trop loin , & je rougis
de ma fierté paffée. Auffi -tôt le vieux Seigneur
alla prendre le petit Prince qu'il
préfenta à fon pere , après avoir tiré de
deffous les linges qui l'enveloppoient un
DECEMBRE. 1754. 67
billet que le Roi lui -même y avoit mis pour
le reconnoître. Le Prince , en pleurant de
joie , embraſſa fon fils , remercia mille fois
le vieux Seigneur qui avoit aidé le Roi
dans cet innocent artifice , & voulut tout
de fuite qu'on lui apportât l'enfant efclave
dont on s'étoit fervi pour l'inftruire , &
qu'il embraffa à fon tour , comme en reconnoiffance
du trait de lumiere qui venoit
de le frapper. Je t'affranchis , lui ditil
, en le preffant entre fes bras ; on t'élevera
avec mon fils , je lui apprendrai ce
que je te dois , tu lui ferviras de leçon
comme à moi , & tu me feras toujours.
cher , puifque c'eſt
venu raifonnable.
par toi que je fuis de-
Théodofe.
Votre Prince me fait pleurer.
Théophile.
pé-
Ah ! mon fils , s'écria alors le Roi ,
nétré d'attendriffement , que vous êtes bien
digne aujourd'hui d'être l'héritier d'un Empire
! que tant de raifon & que tant de
grandeur vous vengent bien de l'erreur où
vous étiez tombé !
Theodofe.
Ah ! que je fuis content de votre hif
68 MERCURE DE FRANCE.
toire ; me voilà bien raccommodé avec la
comparaison du valet- de - pied ; je lui ai
autant d'obligation que le Prince en avoit
au petit esclave. Mais dires moi , Théophile
, ce que vous venez de dire , & qui
eft fi vrai , tout le monde le fçait - il comme
il faut le fçavoir ? Je cherche un pes
à m'excufer. La plupart de nos jeunes gens
ne s'y trompent-ils pas auffi ? je vois bien
qu'ils me mettent au- deffus d'eux , mais il me
femble qu'ils ne croyent pas que tout homme
, dans la nature , eft leur femblable ;
ils s'imaginent qu'elle a auffi un fang à
part pour eux ; il n'eft ni fi beau ni fi
diftingué que le mien , mais il n'eſt pas de
l'efpéce de celui des autres ; qu'en ditesyous
?
Théophile.
Que non -feulement ces jeunes gens ne
fçavent pas que tout eft égal à cet égard ,
mais que des perfonnages très- graves &
très- fenfés l'oublient : je dis qu'ils l'oublient
, car il eft impoffible qu'ils l'ignorent
; & fi vous leur parlez de cette égalité
, ils ne la nieront pas , mais ils ne la
fçavent que pour en difcourir , & non pas
pour la croire ; ce n'eft pour eux qu'un
trait d'érudition , qu'une morale de converfation
, & non pas une vérité d'ufage.
DECEMBRE. 1754. 69
Théodofe .
J'ai encore une queſtion à vous faire :
ne dit-on pas fouvent , en parlant d'un
homme qu'on eftime , c'eft un homme qui
fe reffent de la nobleffe de fon fang.
"
Théophile.
Oui , il y a des
gens qui s'imaginent
qu'un fang tranfmis par un grand nombre
d'ayeux nobles , qui ont été élevés
dans la fierté de leur rang ; ils s'imaginent
, dis-je , que ce fang , tout venu qu'il
eft d'une fource commune , a acquis en
paffant , de certaines impreffions qui le diftinguent
d'un fang reçu de beaucoup d'ayeux
d'une petite condition ; & il fe pourroit
bien effectivement que cela fît des
différences : mais ces différences font- el
les avantageufes ? produifent- elles des vertus
? contribuent - elles à rendre l'ame plus
belle & plus raifonnable ? & la nature
là-deffus fuit-elle la vanité de notre opinion
il y auroit bien de la vifion a le
croire , d'autant plus qu'on a tant de preuves
du contraire : ne voit-on pas des hommes
du plus bas étage qui font des hommes
admirables ?
70 MERCURE DE FRANCE.
Théodofe.
Et l'hiſtoire ne nous montre- t- elle pas de
grands Seigneurs par la naiffance qui
avoient une ame indigne ? Allons , tout eft
dit fur cet article : la nature ne connoît
pas les nobles , elle ne les exempte de
rien , ils naiffent fouvent auffi infirmes de
corps , auffi courts d'efprit.
Théodofe .
Ils meurent de même , fans compter
que la fortune fe joue de leurs biens , de
leurs honneurs , que leur famille s'éteint
ou s'éclipfe ; n'y a- t- il pas une infinité de
races , & des plus illuftres , qu'on a perdu
de vûe , que la nature a continuées , mais
que la fortune a quittées , & dont les defcendans
méconnus rampent apparemment
dans la foule , labourent ou mendient
pendant que
de nouvelles races forties de
la pouffiere , font aujourd'hui les fieres &
les fuperbes , & s'éclipferont auffi , pour
faire à leur tour place à d'autres , un peu
plus tôt ou un peu plus tard ? c'eft un cercle
de viciffitudes qui enveloppe tout le
monde , c'eft par tout miferes communes.
Théodofe.
Changeons de matiere ; je me fens trop
DECEMBRE. 1754. 71
humilié de m'être trompé là - deffus , je
n'étois gueres Prince alors.
Théophile.
' En revanche vous l'êtes aujourd'hui beaucoup.
Mais il fe fait tard ; rentrons , Prince
, & demain , fi vous voulez , nous reprendrons
la même converfation.
Le Dialogue qu'on vient de lire eft de M.
de Marivaux. Il n'y a perfonne qui ne fente
que des développemens de cette naturefont trèspropres
à rendre plus raiſonnables & meilleurs
ceux que leur naiſſance appelle au trône.
Nous prévoyons avec joie que l'Amenr ne
pourra pas fe refufer au defir que le public lui
marquera de voir l'exécution entiere d'un des
plus beaux projets qu'on puiſſe former pour
bien de la fociété.
Fermer
Résumé : L'EDUCATION D'UN PRINCE.
Le texte présente un dialogue intitulé 'L'éducation d'un Prince', découvert dans un château et datant d'au moins quatre siècles. Les personnages principaux sont Théodose, un jeune prince, et Théophile, son gouverneur. Leur conversation révèle les efforts de Théophile pour éduquer et guider Théodose, malgré les résistances initiales du prince. Théophile explique que ses actions, parfois perçues comme désagréables, visaient à protéger Théodose des défauts et à le préparer à une vie glorieuse. Théodose finit par reconnaître les bienfaits de l'éducation stricte de Théophile. Théophile met en garde le prince contre les dangers de la liberté sans contrôle et l'importance de continuer à écouter des conseils honnêtes et bienveillants. Ils discutent également des personnes qui entoureront Théodose, notamment Softène, apprécié pour son caractère aimable, et Philante, perçu comme trop sérieux. Théophile exprime son souhait que Théodose continue à valoriser les conseils sincères et à se méfier des flatteurs. Théophile critique Philante, un homme honnête mais peu flatteur, que Théodose trouve froid et difficile à contenter. Théophile explique que Philante préfère la vérité à la flatterie, contrairement à Softène qui flatte excessivement. Théodose se compare à une divinité, mais Théophile le ramène à la réalité en évoquant l'exemple de l'empereur Caïus, dont l'orgueil fut exacerbé par sa position élevée. Théophile met en garde contre les dangers de l'orgueil et de l'illusion de supériorité, même si la religion et les lumières modernes rendent un tel oubli de soi impossible. Théophile raconte ensuite l'histoire d'un prince asiatique orgueilleux qui méprise les autres hommes. Le roi, son père, utilise une ruse pour lui faire comprendre son erreur : il place un enfant esclave à côté de son fils nouveau-né et demande au prince de les distinguer. Le prince, incapable de les différencier, réalise enfin la vanité de son orgueil. Le texte relate une conversation entre un Prince et Théophile, au cours de laquelle le Prince prend conscience de l'égalité naturelle entre les hommes. Le Roi, pour éclairer son fils, organise un stratagème impliquant un enfant esclave. Le Prince, après réflexion, reconnaît que la nature ne crée pas de princes, mais des hommes, et embrasse son fils ainsi que l'esclave, qu'il affranchit. Théophile et Théodofe discutent ensuite de la perception erronée des jeunes gens et des personnes influentes concernant la noblesse et l'égalité naturelle. Ils soulignent que la noblesse de sang n'apporte pas nécessairement des vertus ou des avantages moraux. Théodofe conclut en affirmant que la nature et la fortune traitent tous les hommes de manière égale, indépendamment de leur rang social. Le dialogue, écrit par Marivaux, vise à rendre plus raisonnables et meilleurs ceux appelés au trône.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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74
p. 210-215
MORTS.
Début :
Le 29 Août mourut en Forès dans la quatre-vingt-uniéme année de son âge, Claude de [...]
Mots clefs :
Seigneur, Marquis, Comte, Maison de Bourbon, Châteaugay
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S.
E 29 Août mourut en Forès dans la quatre-
Ling >
la Queille , Comte de Ronchevol- Pramenou , Seigneur
de la Mure , Fougeres , Ornal , la Gardette ,
le Poyet , &c. Il étoit fils puîné de Claude de la
Queille , Marquis de Châteaugai , Baron de Vendat
, Seigneur de Sabazat , Florac , &c ; & d'Anne
de Ronchevol , Dame de Pramenou , héritiere de
fa Maiſon , l'une des plus anciennes du pays de
Forès , d'où elle paffa en Beaujolais vers l'an
1310. Le Comte de Ronchevol-Pramenou avoit
éré appellé à la fubftitution de tous les biens de
fa mere , à la charge d'en porter le nom & les
armes. De fon mariage fait en 1707 avec Anne-
Jofephe de Chabannes , fille de Gilbert de Chabannes
, Comte de Pionzac , & d'Anne-Françoife
de Lutzelbourg , il laifle pour-fille unique Gilberte
de la Queille , dite de Ronchevol -Pramenou ,
mariée en 1733 à Gilbert - Allire , Comte de Lan.
gheac , Brigadier des armées du Roi , Meftre de
camp du Regiment de Conti , Cavalerie , dont
trois garçons. Voyez la page 317 , cinquiéme partie
des Tablettes historiques.
La Maiſon de la Queille , la Queuille , ou la
Cueille , a toujours tenu rang parmi les plus
grandes de la province d'Auvergne , par fon ancienneté
, fes grands biens & fes alliances . Elle
tire fon origine de celle de Rochefort au Montd'or
, dont elle a ceffé de joindre le nom à celui
de la Queille vers l'an 1350. La terre de Rochefort
a paflé depuis aux Comtes d'Auvergne & à la
FEVRIER. 1755
2FF
maifon de Bourbon , & eft actuellement poffédée
par M. le Marquis de Chabannes- Curton .
Aymon, Seigneur de Rochefort & de la Queille,
vivoit en 1220. On lui donne pour femme Marie
de la Tour , fille de Bertrand , Seigneur de la Tour.
Il fut pere de Bertrand de Rochefort , Seigneur
de la Queille , marié en 1250 à Alix de Plaignes
Dame de Ronchely & de Monceaux . Leur fils Ber
nard , qui vivoit encore en 1299, fut pere de Jean
de Rochefort , Seigneur de la Queille, qui époufa
une Dame nommée Jeanne , que l'on croit de
la maiſon de Comborn. De ce mariage nâquit Antoine
de Rochefort , Seigneur de la Queille , allié
en 1310 avec Anne de Pierre- Buffiere - Châteauneuf.
Elle fut mere de Girard , Seigneur de la
Queille , Gouverneur du Dauphiné d'Auvergne ,
& Chambellan de Pierre I du nom , Duc de Bour
bon. Girard de la Queille fut allié avec Jeanne de
Murol , fille de Jean de Murol & d'Alix de la Rochebriant.
De cette alliance fortit Guillaume ,
gneur de la Queille, Capitaine de Gendarmes , mari
de Jeanne-Habeau d'Apchon , & pere de Bertrand
Seigneur de la Queille , Capitaine de Gendarmes, &
Chambellan du Duc de Berry, Celui- ci époufa Alix
Drap , fille de Guillaume Drap , Seigneur de Châ
teauneuf. Elle fe remaria à Girard de Rochefort
Seigneur de Saint-Marc , & vivoit en 1377, ayant
eu de fon premier mari , Pierre , Seigneur de la
Queille & de Châteauneuf , allié avec Marguerite
de Montmorin , décédée le & Octobre 1415. Elle:
étoit fille de Geofroi de Montmorin & de Daufine
de Thenieres. Leur fils Jacques , Seigneur de.
Ja Quelle & de Châteauneuf, Capitaine de Gendarmes
, Chambellan du Duc de Bourbon , épouſa
Louife de Giac , fille de Pierre de Giac & de Jeanac
de Naillac , & arriere- petite-fille de Pierre de
Sei212
MERCURE DE FRANCE.
Giac , Chancelier de France. Elle apporta à fon
mari les terres de Giac & de Châteaugai , & fur
mere de Charles , Seigneur de la Queille , de Chateauneuf
, de Châteaugai , de Giac , & c. qui n'eut
point d'enfans de fa feconde femme Marie de Levi
, & en laiffa deux de fa premiere , Anne de Bellenave
; fçavoir , François & Guillaume de la
Queille : l'aîné eut en partage la terre de la Queille
& les deux tiers des biens de fa maiſon . Il fut marié
deux fois : 1 ° . avec Marguerite de Castelnau
de Bretenoux . 2 °. Avec Anne de Rohan , fille de
Henri de Rohan , Seigneur d'Efpinai en Bretagne.
Il n'eut de ces deux mariages que trois filles ; deux
du premier , & une du fecond ; fçavoir , 1º . Jacqueline
de la Queille , Dame de Châteaubrun ;
alliée à Robert Stuart , Comte de Lenox , Seigneur
d'Aubigni , Maréchal de France . 2º Françoife
de la Queille , mariée à Jacques Ricard de
Genouillac , dit Galiot , Seigneur d'Acier , grand
Ecuyer & grand Maître de l'Artillerie de France.
3°. Catherine de la Queille , Dame de la Queille
& de Châteauneuf , époufa le 3 Decembre 1535
Marc de Beaufort - Montboiffier , Comte d'Alais
Marquis de Canillac.
Guillaume de la Queille eut en partage Florac
des biens paternels , & Giac & Châteaugai avec
les autres terres portées par fa grande mere Louiſe
de Giac. Il continua la pofterité maſculine de ſa
maifon par fon alliance avec Marie de Damas ,
fille de Jean de Damas , Seigneur de Marcilly , &
d'Anne de Digoine. Il fut pere de Jean de la
Queille I du nom Baron de Florac & de Châ →
teaugai , &c. Celui- ci époufa Ifabelle de Bourbon-
Buffet , de laquelle nâquit Jean de la Queille II
du nom , Baron de Florac , de Châteaugai , &c ,
Capitaine de cinquante hommes d'armes , Gou
>
ปี
FEVRIER . 1755. 213
verneur & Lieutenant général pour le Roi & la
Reine Marguerite , des Comtés d'Auvergne & de
Clermont , & Séné, hal d'Auvergne . Il époufa en
1553 Anne d'Efcars - Lavauguyon , fecorde fille
de François d'Efcirs , Seigneur de Lavauguyon , &
d'Iſabeau de Bourbon - Carenci . Elle fut mere de
Jean de la Queille III du nom , Baron de Florac ,
de Chateaugai , & c , qui étant devenu veuf fans
enfans de Claude de la Tour- Murat , fe remaria le
24 Nov. 1608 à Simone de Saix , fille de Claude de
Saix , Seigneur de Rivoire , & de Diane de Seneret.
De ce mariage nâquirent un fils & deux filles ; fçavoir
, Helene & Jeanne . La premiere fut mar ée en
Août 1639 à Jean - Louis ,Comte de Bourbon - Buffet;
l'autre époula Antoine- Claude d'Eberard de Saint-
Sulpice. Leur frere Guillaume de la Queille , Seigneur
de Florac , de Châteaugai , de Vendat , &c. ,
Capitaine de Chevaux - Legers , époufa Anne de
Gadagne , fille de Claude de Gadagne , Maréchal
de camp
& d'Eleonore de Coligni. Il en eut
Claude de la Queille , Seigneur de Florac , de Châteaugai
, &c , allié avec Marie de Ronchevol , héritiere
de Pramenou , fille aînée de François de Ron ..
chevol , Seigneur de Pramenou , & de Benigne de
Damas - la - Biftie . De ce mariage nâquirent deux
garçons , dont le dernier a donné lieu à cet article
.
L'aîné Anne-Gilbert de la Queille , Marquis
de Châteaugai , Lieutenant général au Duché de
Bourgogne , Gouverneur de Bourbon - Lanci ,
épouſa Marie - Jofephe , Dame d'Amanzé , fille
aînée de Louis , Vicomte d'Amanzé , & de Marie-
Louife Falconis , Le Marquis de Châteaugai eft
par ce mariage fſubſtitué au nom & armes d'Amanzé.
Son fils Louis - Gilbert - Gafpard de la
Queille de Châteaugai , Comte d'Amanzé , Bri214
MERCURE DE FRANCE.
gadier des armées du Roi , Colonel du Régiment
de Nice , a époufé en Août 1741 Louife- Jacqueline
de Laftic- Saint- Jal , fille de Jean -Claude de
Laftic- Saint -Jal , & de Marie - Marguerite Bazin
de Bezons. Il en a deux enfans.
Il a pour foeurs ,
1. N.
de la Queille
de Châteaugai
, mariée à Jacques - Philippe - Sebaftien
le Prêtre , Comte de Vauban , Maréchal
de camp , Lieutenant général en Franche-Comté.
2º. Anne- Louiſe de la Queille , mariée le 15
Avril 1741 , à Jofeph-Louis-Dominique de Cambis
, Marquis de Velleron.
Les armes de la Queille font de fable à la croix
d'or engrêlée , que le Comte d'Amanzé écartelle
avec celles d'Amanzé. Le Comte de Pramenou
chargeoit la croix en coeur d'un aigle éployé de
gueules , membré & becqué d'azur.
Demoiſelle Henriette - Mechtilde Van-Holt ,
née à s'Heerenberg dans les Pays-Bas le 28 Août
1664 , mourut à Paris le 28 Septembre 1754 , âgée
de quatre-vingt-dix ans. Elle étoit tante de Barthelemi
de Vanolles , ci -devant Intendant d'Alface
, & aujourd'hui Confeiller d'Etat , dont le pere
Jacques- Hartger Van-Holt , Grand - Audiencier
de France , & Tréforier Général ancien de la
Marine , obtint au mois d'Octobre 1696 des lettres
de mutation de fon nom de Van- Holt en celui
de Vanolles ; & au mois d'Août 1704 des lettres
de naturalité. Guillaume Van-Holt ( pere de
ce Jacques Hartger , & d'Henriette-Mechtilde qui
donne lieu à cet article ) Gentilhomme originaire
de-Dotekum fur les confins de la Gueldre Hollandoife
, Seigneur de Bleck & de Biltien , Co-feigneur
de Liefferinck , étoit d'une famille patricienne
, connue dès l'an 1448 en la perfonne de
FEVRIER. 1755. 215
Jean Van-Holt , Maître d'Hôtel , ou Majordome
d'Arnoul , Duc de Gueldre , qui le fit le 10 Novembre
de cette année là , grand Tréforier de fon
Duché de Gueldre , du Comté de Zutphen & de la
Seigneurie de Cuyck. L'article de cette famille
dreffé fur les titres originaux & d'après les Hiſtoriens
de Gueldre les plus eftimés , eft traité avec
étendue dans le quatrieme registre de la Nobleſſe
de France , où l'on renvoye le Lecteur. Ses armes
font d'argent , à fept annelets defable , pofés trois ,
trois un.
E 29 Août mourut en Forès dans la quatre-
Ling >
la Queille , Comte de Ronchevol- Pramenou , Seigneur
de la Mure , Fougeres , Ornal , la Gardette ,
le Poyet , &c. Il étoit fils puîné de Claude de la
Queille , Marquis de Châteaugai , Baron de Vendat
, Seigneur de Sabazat , Florac , &c ; & d'Anne
de Ronchevol , Dame de Pramenou , héritiere de
fa Maiſon , l'une des plus anciennes du pays de
Forès , d'où elle paffa en Beaujolais vers l'an
1310. Le Comte de Ronchevol-Pramenou avoit
éré appellé à la fubftitution de tous les biens de
fa mere , à la charge d'en porter le nom & les
armes. De fon mariage fait en 1707 avec Anne-
Jofephe de Chabannes , fille de Gilbert de Chabannes
, Comte de Pionzac , & d'Anne-Françoife
de Lutzelbourg , il laifle pour-fille unique Gilberte
de la Queille , dite de Ronchevol -Pramenou ,
mariée en 1733 à Gilbert - Allire , Comte de Lan.
gheac , Brigadier des armées du Roi , Meftre de
camp du Regiment de Conti , Cavalerie , dont
trois garçons. Voyez la page 317 , cinquiéme partie
des Tablettes historiques.
La Maiſon de la Queille , la Queuille , ou la
Cueille , a toujours tenu rang parmi les plus
grandes de la province d'Auvergne , par fon ancienneté
, fes grands biens & fes alliances . Elle
tire fon origine de celle de Rochefort au Montd'or
, dont elle a ceffé de joindre le nom à celui
de la Queille vers l'an 1350. La terre de Rochefort
a paflé depuis aux Comtes d'Auvergne & à la
FEVRIER. 1755
2FF
maifon de Bourbon , & eft actuellement poffédée
par M. le Marquis de Chabannes- Curton .
Aymon, Seigneur de Rochefort & de la Queille,
vivoit en 1220. On lui donne pour femme Marie
de la Tour , fille de Bertrand , Seigneur de la Tour.
Il fut pere de Bertrand de Rochefort , Seigneur
de la Queille , marié en 1250 à Alix de Plaignes
Dame de Ronchely & de Monceaux . Leur fils Ber
nard , qui vivoit encore en 1299, fut pere de Jean
de Rochefort , Seigneur de la Queille, qui époufa
une Dame nommée Jeanne , que l'on croit de
la maiſon de Comborn. De ce mariage nâquit Antoine
de Rochefort , Seigneur de la Queille , allié
en 1310 avec Anne de Pierre- Buffiere - Châteauneuf.
Elle fut mere de Girard , Seigneur de la
Queille , Gouverneur du Dauphiné d'Auvergne ,
& Chambellan de Pierre I du nom , Duc de Bour
bon. Girard de la Queille fut allié avec Jeanne de
Murol , fille de Jean de Murol & d'Alix de la Rochebriant.
De cette alliance fortit Guillaume ,
gneur de la Queille, Capitaine de Gendarmes , mari
de Jeanne-Habeau d'Apchon , & pere de Bertrand
Seigneur de la Queille , Capitaine de Gendarmes, &
Chambellan du Duc de Berry, Celui- ci époufa Alix
Drap , fille de Guillaume Drap , Seigneur de Châ
teauneuf. Elle fe remaria à Girard de Rochefort
Seigneur de Saint-Marc , & vivoit en 1377, ayant
eu de fon premier mari , Pierre , Seigneur de la
Queille & de Châteauneuf , allié avec Marguerite
de Montmorin , décédée le & Octobre 1415. Elle:
étoit fille de Geofroi de Montmorin & de Daufine
de Thenieres. Leur fils Jacques , Seigneur de.
Ja Quelle & de Châteauneuf, Capitaine de Gendarmes
, Chambellan du Duc de Bourbon , épouſa
Louife de Giac , fille de Pierre de Giac & de Jeanac
de Naillac , & arriere- petite-fille de Pierre de
Sei212
MERCURE DE FRANCE.
Giac , Chancelier de France. Elle apporta à fon
mari les terres de Giac & de Châteaugai , & fur
mere de Charles , Seigneur de la Queille , de Chateauneuf
, de Châteaugai , de Giac , & c. qui n'eut
point d'enfans de fa feconde femme Marie de Levi
, & en laiffa deux de fa premiere , Anne de Bellenave
; fçavoir , François & Guillaume de la
Queille : l'aîné eut en partage la terre de la Queille
& les deux tiers des biens de fa maiſon . Il fut marié
deux fois : 1 ° . avec Marguerite de Castelnau
de Bretenoux . 2 °. Avec Anne de Rohan , fille de
Henri de Rohan , Seigneur d'Efpinai en Bretagne.
Il n'eut de ces deux mariages que trois filles ; deux
du premier , & une du fecond ; fçavoir , 1º . Jacqueline
de la Queille , Dame de Châteaubrun ;
alliée à Robert Stuart , Comte de Lenox , Seigneur
d'Aubigni , Maréchal de France . 2º Françoife
de la Queille , mariée à Jacques Ricard de
Genouillac , dit Galiot , Seigneur d'Acier , grand
Ecuyer & grand Maître de l'Artillerie de France.
3°. Catherine de la Queille , Dame de la Queille
& de Châteauneuf , époufa le 3 Decembre 1535
Marc de Beaufort - Montboiffier , Comte d'Alais
Marquis de Canillac.
Guillaume de la Queille eut en partage Florac
des biens paternels , & Giac & Châteaugai avec
les autres terres portées par fa grande mere Louiſe
de Giac. Il continua la pofterité maſculine de ſa
maifon par fon alliance avec Marie de Damas ,
fille de Jean de Damas , Seigneur de Marcilly , &
d'Anne de Digoine. Il fut pere de Jean de la
Queille I du nom Baron de Florac & de Châ →
teaugai , &c. Celui- ci époufa Ifabelle de Bourbon-
Buffet , de laquelle nâquit Jean de la Queille II
du nom , Baron de Florac , de Châteaugai , &c ,
Capitaine de cinquante hommes d'armes , Gou
>
ปี
FEVRIER . 1755. 213
verneur & Lieutenant général pour le Roi & la
Reine Marguerite , des Comtés d'Auvergne & de
Clermont , & Séné, hal d'Auvergne . Il époufa en
1553 Anne d'Efcars - Lavauguyon , fecorde fille
de François d'Efcirs , Seigneur de Lavauguyon , &
d'Iſabeau de Bourbon - Carenci . Elle fut mere de
Jean de la Queille III du nom , Baron de Florac ,
de Chateaugai , & c , qui étant devenu veuf fans
enfans de Claude de la Tour- Murat , fe remaria le
24 Nov. 1608 à Simone de Saix , fille de Claude de
Saix , Seigneur de Rivoire , & de Diane de Seneret.
De ce mariage nâquirent un fils & deux filles ; fçavoir
, Helene & Jeanne . La premiere fut mar ée en
Août 1639 à Jean - Louis ,Comte de Bourbon - Buffet;
l'autre époula Antoine- Claude d'Eberard de Saint-
Sulpice. Leur frere Guillaume de la Queille , Seigneur
de Florac , de Châteaugai , de Vendat , &c. ,
Capitaine de Chevaux - Legers , époufa Anne de
Gadagne , fille de Claude de Gadagne , Maréchal
de camp
& d'Eleonore de Coligni. Il en eut
Claude de la Queille , Seigneur de Florac , de Châteaugai
, &c , allié avec Marie de Ronchevol , héritiere
de Pramenou , fille aînée de François de Ron ..
chevol , Seigneur de Pramenou , & de Benigne de
Damas - la - Biftie . De ce mariage nâquirent deux
garçons , dont le dernier a donné lieu à cet article
.
L'aîné Anne-Gilbert de la Queille , Marquis
de Châteaugai , Lieutenant général au Duché de
Bourgogne , Gouverneur de Bourbon - Lanci ,
épouſa Marie - Jofephe , Dame d'Amanzé , fille
aînée de Louis , Vicomte d'Amanzé , & de Marie-
Louife Falconis , Le Marquis de Châteaugai eft
par ce mariage fſubſtitué au nom & armes d'Amanzé.
Son fils Louis - Gilbert - Gafpard de la
Queille de Châteaugai , Comte d'Amanzé , Bri214
MERCURE DE FRANCE.
gadier des armées du Roi , Colonel du Régiment
de Nice , a époufé en Août 1741 Louife- Jacqueline
de Laftic- Saint- Jal , fille de Jean -Claude de
Laftic- Saint -Jal , & de Marie - Marguerite Bazin
de Bezons. Il en a deux enfans.
Il a pour foeurs ,
1. N.
de la Queille
de Châteaugai
, mariée à Jacques - Philippe - Sebaftien
le Prêtre , Comte de Vauban , Maréchal
de camp , Lieutenant général en Franche-Comté.
2º. Anne- Louiſe de la Queille , mariée le 15
Avril 1741 , à Jofeph-Louis-Dominique de Cambis
, Marquis de Velleron.
Les armes de la Queille font de fable à la croix
d'or engrêlée , que le Comte d'Amanzé écartelle
avec celles d'Amanzé. Le Comte de Pramenou
chargeoit la croix en coeur d'un aigle éployé de
gueules , membré & becqué d'azur.
Demoiſelle Henriette - Mechtilde Van-Holt ,
née à s'Heerenberg dans les Pays-Bas le 28 Août
1664 , mourut à Paris le 28 Septembre 1754 , âgée
de quatre-vingt-dix ans. Elle étoit tante de Barthelemi
de Vanolles , ci -devant Intendant d'Alface
, & aujourd'hui Confeiller d'Etat , dont le pere
Jacques- Hartger Van-Holt , Grand - Audiencier
de France , & Tréforier Général ancien de la
Marine , obtint au mois d'Octobre 1696 des lettres
de mutation de fon nom de Van- Holt en celui
de Vanolles ; & au mois d'Août 1704 des lettres
de naturalité. Guillaume Van-Holt ( pere de
ce Jacques Hartger , & d'Henriette-Mechtilde qui
donne lieu à cet article ) Gentilhomme originaire
de-Dotekum fur les confins de la Gueldre Hollandoife
, Seigneur de Bleck & de Biltien , Co-feigneur
de Liefferinck , étoit d'une famille patricienne
, connue dès l'an 1448 en la perfonne de
FEVRIER. 1755. 215
Jean Van-Holt , Maître d'Hôtel , ou Majordome
d'Arnoul , Duc de Gueldre , qui le fit le 10 Novembre
de cette année là , grand Tréforier de fon
Duché de Gueldre , du Comté de Zutphen & de la
Seigneurie de Cuyck. L'article de cette famille
dreffé fur les titres originaux & d'après les Hiſtoriens
de Gueldre les plus eftimés , eft traité avec
étendue dans le quatrieme registre de la Nobleſſe
de France , où l'on renvoye le Lecteur. Ses armes
font d'argent , à fept annelets defable , pofés trois ,
trois un.
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Résumé : MORTS.
Le 29 août, le Comte de Ronchevol-Pramenou, Seigneur de plusieurs domaines, décéda à Forès dans la Quéille. Il était le fils puîné de Claude de la Quéille, Marquis de Châteaugai, et d'Anne de Ronchevol, Dame de Pramenou. Cette dernière appartenait à une des plus anciennes maisons du pays de Forès, installée en Beaujolais vers 1310. Le Comte avait hérité de tous les biens de sa mère, à condition de porter son nom et ses armes. En 1707, il épousa Anne-Josèphe de Chabannes, fille de Gilbert de Chabannes, Comte de Pionzac. De cette union naquit une fille unique, Gilberte de la Quéille, mariée en 1733 à Gilbert-Alire, Comte de Langheac. La Maison de la Quéille, connue aussi sous les noms de la Queuille ou la Cueille, est l'une des plus grandes familles de la province d'Auvergne en raison de son ancienneté, de ses vastes biens et de ses alliances. Elle tire son origine de la Maison de Rochefort au Montd'or, dont elle a cessé de joindre le nom vers 1350. La terre de Rochefort passa ensuite aux Comtes d'Auvergne et à la Maison de Bourbon, et est actuellement possédée par le Marquis de Chabannes-Curton. Aymon, Seigneur de Rochefort et de la Quéille, vivait en 1220. Il épousa Marie de la Tour. Leur fils Bertrand de Rochefort épousa Alix de Plaignes. Leur fils Bernard eut un fils nommé Jean de Rochefort, qui épousa Jeanne de Comborn. De cette union naquit Antoine de Rochefort, allié en 1310 avec Anne de Pierre-Buffiere-Châteauneuf. Leur fils Girard, Seigneur de la Quéille, fut Gouverneur du Dauphiné d'Auvergne et Chambellan de Pierre I, Duc de Bourbon. Girard épousa Jeanne de Murol. Leur fils Guillaume, Seigneur de la Quéille, fut Capitaine de Gendarmes et épousa Jeanne-Habeau d'Apchon. Leur fils Bertrand, Seigneur de la Quéille, fut également Capitaine de Gendarmes et Chambellan du Duc de Berry. Il épousa Alix Drap. Leur fils Pierre, Seigneur de la Quéille et de Châteauneuf, épousa Marguerite de Montmorin. Leur fils Jacques, Seigneur de la Quéille et de Châteauneuf, épousa Louise de Giac. Elle apporta à son mari les terres de Giac et de Châteaugai et fut mère de Charles, Seigneur de la Quéille, de Châteauneuf, de Châteaugai, de Giac. Charles eut deux fils de sa première femme Anne de Bellenave : François et Guillaume de la Quéille. François hérita de la terre de la Quéille et des deux tiers des biens de la maison. Il épousa Marguerite de Castelnau de Bretenoux et Anne de Rohan. Ils eurent trois filles : Jacqueline, Françoise et Catherine de la Quéille. Guillaume de la Quéille hérita de Florac et des terres apportées par sa grand-mère Louise de Giac. Il épousa Marie de Damas. Leur fils Jean de la Quéille, Baron de Florac et de Châteaugai, épousa Isabelle de Bourbon.
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75
p. 165-166
DU LEVANT.
Début :
Le 22 Décembre, jour fixé pour l'inauguration d'Osman III, ce Prince, accompagné [...]
Mots clefs :
Seigneur, Sultan, Constantinople
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texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVANT.
DE CONSTANTINOPLE , le 4 Janvier.
L
E 22 Décembre , jour fixé pour l'inauguration
d'Ofman III , ce Prince , accompagné
de toute fa Cour , fe rendit à la Mofquée d'Ejoub.
Après que le Grand Seigneur eut fait fa priere ,
le Mufti s'avança vers la Hauteffe , & lui dit :
Puiffant Empereur , glorieux monarque , Dieu l'a
établi Sultan pour regnerfur les véritables croyans ;
fois fidele à la loi , & ton regne fera heureux. Il
ajouta enfuite en fe tournant vers le peuple
voilà celui que Dieu , dans l'éternité de fes decrets ,
a destinépour vous gouverner ; il obfervera la loi ;
foyez lui foumis. Puis il ceignit le cimeterre de
Mahomet au Sultan , qu'il exhorta de ne le tirer
que pour la défense de la religion & de la justice.
Lorfque cette cérémonie fut finie , la mufique
des Janiffaires fe fit entendre , & l'air retentit
d'acclamations . Le Grand Seigneur étant retourné
àu Sérail , on diftribua quinze cens bourſes aux
troupes. Au milieu des réjouiflances , quelques
Leventi , ou gens de mer , infulterent un Janiffaire
. Celui -ci n'en eut pas plutot informé les foldats
de fa compagnie , qu'ils fe répandirent dans
les rues voifines du port , & fondirent le fabre à la
main fur les Leventi. Heureufement l'Aga des
1
166 MERCURE DE FRANCE.
•
Janiffaires & le Capitan Pacha impoferent par leur
préfence aux uns & aux autres , & en peu de tems
le defordre fut appaifé . On empala fur le champ
fans autre forme de procès , les Leventi qui y
avoient donné lieu.
1
Sa Hauteffe étant inftruite que la plupart des
Mufulmans regardent la défenfe de boire du via
comme un réglement fait pour le fimple vulgaire ,
a ftatué de rigoureufes peines contre ceux qui ,
fans refpect pour l'Alcoran , feront ufage de cette
liqueur,
DE CONSTANTINOPLE , le 4 Janvier.
L
E 22 Décembre , jour fixé pour l'inauguration
d'Ofman III , ce Prince , accompagné
de toute fa Cour , fe rendit à la Mofquée d'Ejoub.
Après que le Grand Seigneur eut fait fa priere ,
le Mufti s'avança vers la Hauteffe , & lui dit :
Puiffant Empereur , glorieux monarque , Dieu l'a
établi Sultan pour regnerfur les véritables croyans ;
fois fidele à la loi , & ton regne fera heureux. Il
ajouta enfuite en fe tournant vers le peuple
voilà celui que Dieu , dans l'éternité de fes decrets ,
a destinépour vous gouverner ; il obfervera la loi ;
foyez lui foumis. Puis il ceignit le cimeterre de
Mahomet au Sultan , qu'il exhorta de ne le tirer
que pour la défense de la religion & de la justice.
Lorfque cette cérémonie fut finie , la mufique
des Janiffaires fe fit entendre , & l'air retentit
d'acclamations . Le Grand Seigneur étant retourné
àu Sérail , on diftribua quinze cens bourſes aux
troupes. Au milieu des réjouiflances , quelques
Leventi , ou gens de mer , infulterent un Janiffaire
. Celui -ci n'en eut pas plutot informé les foldats
de fa compagnie , qu'ils fe répandirent dans
les rues voifines du port , & fondirent le fabre à la
main fur les Leventi. Heureufement l'Aga des
1
166 MERCURE DE FRANCE.
•
Janiffaires & le Capitan Pacha impoferent par leur
préfence aux uns & aux autres , & en peu de tems
le defordre fut appaifé . On empala fur le champ
fans autre forme de procès , les Leventi qui y
avoient donné lieu.
1
Sa Hauteffe étant inftruite que la plupart des
Mufulmans regardent la défenfe de boire du via
comme un réglement fait pour le fimple vulgaire ,
a ftatué de rigoureufes peines contre ceux qui ,
fans refpect pour l'Alcoran , feront ufage de cette
liqueur,
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Résumé : DU LEVANT.
Le 22 décembre, le sultan Ofman III a été inauguré à Constantinople. Accompagné de sa cour, il s'est rendu à la mosquée d'Ejoub où, après la prière, le Mufti l'a proclamé sultan et a exhorté le peuple à lui obéir et à respecter la loi. Le Mufti a ceint le cimeterre de Mahomet au sultan, l'encourageant à défendre la religion et la justice. Après la cérémonie, la musique des Janissaires a retenti, et des acclamations ont résonné. De retour au Sérail, 1500 bourses ont été distribuées aux troupes. Des troubles ont éclaté lorsque des Leventi ont insulté un Janissaire, provoquant une bagarre. L'Aga des Janissaires et le Capitan Pacha ont rapidement restauré l'ordre, et les Leventi responsables ont été empalés sans procès. Par ailleurs, le sultan a décrété des peines sévères contre ceux qui consomment du vin, malgré l'opinion de certains musulmans qui voient cette interdiction comme destinée au vulgaire.
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76
p. 185-200
NAISSANCE, MARIAGES ET MORTS.
Début :
Le 31 Janvier, Dame Marie-Jeanne Moreau, épouse de Messire Jean-Pierre-Louis de [...]
Mots clefs :
Chevalier, Seigneur, Marquis, Comte, Lieutenant, Général, Armées du roi, Capitaine, Gouverneur, Brigadier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NAISSANCE, MARIAGES ET MORTS.
NAISSANCE ,
MARIAGES ET MORTS.
E31 Janvier , Dame Marie - Jeanne Moreau
- -
Puech , Seigneur de Laloubiere , eſt accouchée
d'un fils qui a été baptifé le même jour en l'Eglife
de S. Euſtache de Paris , & nommé Marie - André-
Louis.
Voyez fur la famille del Puech le Mercure de
Janvier au fujet du mariage du fils aîné de François
del Puech de Comeiras , Brigadier des armées
du Roi , coufin germain paternel de Jean- Pierre-
Louis del Puech de Laloubiere,, pere de Marie-
André - Louis del Puech , qui a donné lieu à cet
article .
1
Meffire Marie-Henri de Salvert , fils de Meffire
Gilbert- François , Comte de Salvert , a époufé le s
Novembre dernier à Sceaux Dlle Charlotte -Henriette
de Sabrevois , fille de Meffire- Henri de Sabrevois
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Lieutenant général de l'artillerie , & Commandant
en chef le département d'Alface.
Meffire François de Boyffeulh , Capitaine de
Cavalerie au Régiment de Lufignan , fils de Meſſire
Charles , Comte de Boyffeulh , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Marcieux ; & de Dame Mar.
the d'Abzac , époufa le 27 Novembre Dlle Marie-
Marguerite-Catherine Damblard de Lafmaftres ,
fille de Meffire Jean- Marie Damblard de Lafmaftres
, Commandant de la Venerie du Roi ; & de Da
186 MERCURE DE FRANCE.
me Catherine de Bauny. La bénédiction nuptiale
leur fut donnée par l'Evêque d'Arras dans l'Eglife
de la Paroiffe du Château à Verſailles , & la Comteffe
de Toulouſe affifta à cette cérémonie. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 24 par leurs
Majeftés , & par la Famille royale.
Le 28 de Novembre fut faite dans la Chapelle
de l'Hôtel de Soubife la célébration du mariage de
Louis , Comte de Prie , Gouverneur de Bourbon-
Lancy , Moufquetaire de la Garde ordinaire du
Roi dans la premiere Compagnie , fils de François-
Leonor de Prie , Chevalier , Marquis-de Pla
nes & Courbepine , Seigneur haut jufticier de
Chauffée en Normandie , & de Thefmillon en
Bourgogne , Seigneur & Patron des Paroiffes de
Coquainvilliers , du Chefne , de Leffart en Normandie
, &c. Commandeur des Ordres réunis de
Notre Dame de Mont- Carmel & de S. Lazare ,
& ancien Capitaine de Cavalerie au Régiment
qui portoit le nom de fon frere aîné Louis II de
Prie , Marquis de Planes , dit le Marquis de Pries
& de Marie-Magdeleine- Genevieve Loquet , Dame
de Tolleville en Normandie , &c. avec Loui
fc - Camille -Victoire de Villette , fille de Pierres
Charles de Villette , Ecuyer , Seigneur du Pleffis-
Longueau, de Baficourt , d'Houdancourt , de Saron,
du Portail , &c . Confeiller du Roi en fes Con
feils , Commandeur , Tréforier de l'Ordre royal
& militaire de S. Louis , Tréforier général de
l'extraordinaire des guerres ; & de Thérèſe- Charlotte
Cordier de Launay , fille de Jacques Cordier
de Launay , Ecuyer , Seigneur de Valery , de
Dinant , de la Verriere , &c , ancien Thréforier
général de l'extraordinaire des guerres. Leur contrat
de mariage avoit été honoré le 24 de la fignature
du Roi , de la Reine , & de la Famille royale.
MARS 1755 . 187
Tous les avantages qui conftituent la grandeur
des Maifons , nobleffe dont l'origine fe perd dans
l'obfcurité des fiécles , poffeffion de grandes terres
, alliances illuftres , fervices importans rene
dus à l'Etat , dignités & honneurs qui en font la
jufte récompenfe , tous fe trouvent réunis dans la
Maifon de Prie , de laquelle il eft forti un Cardinal
, un Grand Pannetier , deux Grands- Queux, un
Grand Maître des Arbalêtriers de France , un
Chevalier des Ordres du Roi , des Capitaines de
Compagnies d'Ordonnance , & autres Officiers
de diftinction . Elle tire fon nom de la terre de
Prie en Nivernois , où elle a poffedé plufieurs
autres terres confidérables , auffi bien que dans le
Berry , entr'autres celle de Bufançois.
*
Elle eft connue depuis Geoffroi , Sire de Prie
qui fut préfent en 1178 à la donation faite par la
Comteffe de Nevers aux Religieux de Notre- Da
me de la Ferté -fur -l'Ifeure.
Un de fes defcendans , Philippe de Prie , Sei
gneur de Moulins en Berry , qualifié Chevalier
Banneret , étoit en 1338 Sénéchal de Beaucaire
& de Nîmes , dignité qui n'étoit alors donnée
qu'aux perfonnes de la plus haute naiffance. Ce
Seigneur qui fervit le Roi Philippe de Valois dans
différentes expéditions , laiffa de fa femme Ifabeau
de Sainte-Maure , Philippe de Prie , dit le Borgne,
Seigneur de Moulins. Celui - ci étoit en 1342 Maître
d'Hôtel du Duc de Normandie, qui fut depuis le Roi
Jean , & qui en récompenfe de fes fervices le fit
Capitaine fouverain & général au Bailliage de
Les poffeffeurs modernes de cette terre induits
apparemment en erreur par quelques Topographes
mal inftruits , en écrivent le nom Prix, il eſt écriz
Prie dans tous les anciens titres.
188 MERCURE DE FRANCE.
Bourges , & de cinquante hommes d'armes de fa
Compagnie.
Son fils Jean VII du nom , qualifié Sire de Prie
& de Bufançois, Seigneur de Châteauclos , de Gargilefle
& de Thefmillon , Chevalier Banneret , fur
appellé , fuivant des mémoires manuferits , Paon
de Prie , à caufe de fa magnificence. Il fe diftingua
principalement par fa fidélité envers le Roi
Jean , fait prifonnier à la bataille de Poitiers , &
le Dauphin Régent du Royaume , depuis Roi
Charles V. Il fut un des principaux Barons du
Berry , qui prirent les armes pour défendre cette
province contre l'invafion des troupes du Prince
de Galles . Il eut entr'autres enfans de fa femme ,
Philippe Courault.
Jean VIII , Chevalier , Sire de Prie & de Bufançois
, Confeiller & Chambellan du Roi , allié
avec llabeau de Chanac , de laquelle il laiffa Jean
& Antoine de Prie. L'aîné mérita par fes fervices
d'être élevé à la dignité de Grand Pannetier de
France , & s'attira par fa fidélité la haine du Roi
d'Angleterre , qui confifqua la terre de Prie , que
Charles VII rendit depuis à fes héritiers légitimes.
Il fut tué en 1427 d'un coup de vireton , en défendant
contre les Anglois la groffe tour de Bourges
, dont il étoit Capitaine.
Antoine , frere puîné de Jean VIII , qui l'avoit
forcé dans fa jeuneffe à fe faire Religieux dans
l'Abbaye de Déols , avoit paffé depuis dans l'Ordre
de Saint Jean de Jerufalem . Après la mort
fans enfans de ce frere aîné , il obtint difpenfe
de fes voeux ; il s'allia avec Magdeleine d'Amboife
, & continua la lignée , étant devenu Sire de
Prie & de Bufançois , Seigneur de Montpoupon
de Moulins & de Thefinillon. Il fut Chevalier,
MARS. 1755. 189
Confeiller & Chambellan du Roi Charles VII
& du Dauphin , & en 1431 Grand Queux de
France. Il prenoit la qualité de premier Baron de
Touraine ; il affifta, au lit de Juftice à Vendome
pour la décifion du procès du Duc d'Alençon , &
yfut affis à droite fur la même ligne que le haut
banc des Ducs & Comtes- Pairs de France . Il vendit
la Seigneurie de Prie à Imbert de la Plattiere ,
Seigneur de Bourdillon , Gentilhomme Nivernois,
qui devenu Maréchal de France, fut appellé le Maréchal
de Bourdillon . Par fon teftament il ordonna
que douze pucelles , vêtues de robes blanches de
fin lin , porteroient chacune à fon enterrement
un flambeau de cire blanche , du poids de deux
livres. Il laiffa , entr'autres enfans , trois fils , qui
furent élevés aux premieres dignités.
Louis I de Prie ( fils aîné d'Antoine ) , Chevalier
, Baron de Bufançois , Seigneur de Montpoupon
& de Thefmillon , Confeiller & Chambellan
du Roi , fut auffi Grand Queux de France. Cette
charge fut fupprimée après la mort , & l'exercice
en fut uni à celle de Grand Maître de l'Hôtel du
Roi. Il voulut que fes funerailles fe fiffent comme
celles de fon pere , en doublant le nombre des
pucelles. Il portoit, ainfi que fon pere, l'écu écartelé
au premier & au quatre de gueules, à trois tiercesfeuilles
d'or , qui eft Prie ; au fecond & au troisieme
d'or , à une aigle à deux têtes de fable , couronnée
de gueules , qui eft Bufançois * . Louis , Sire de
Prie , avoit été allié à Jeanne de Salazart , fille
de Jean de Salazart , Seigneur de Saint-Juſt & de
Marcilly , & de Marie de la Tremouille , Dame
de Saint - Fargeau. Leurs petits- fils Gabriel &
* La terre de Bufançois , l'une des plus confidé
rables du Berry , appartient aujourd'hui au Duc de
Saint-Aignan
190 MERCURE DE FRANCE.
René de Prie , moururent fans pofterité .
René de Prie , fils puîné d'Antoine , & coufingermain
, par la mere , du Cardinal d'Amboiſe
fut grand Archidiacre de Bourges , Proto-Notaire
apoftolique , Doyen de S. Hilaire de Poitiers ,
Abbé Commendataire de Sainte - Marie de Levroux,
de
de Notre Dame du Landais , du Bourg-Dieu ,
la Prée-fur-Arnon , & de Lire ; Evêque fucceffivement
de Leitoure , de Limoges & de Bayeux ;
enfin Cardinal en Janvier 1506 , & nommé le
Cardinal de Bayeux . Il fut un des membres du facré
Collége , qui tinrent le Concile de Piſe contre
le Pape Jules If. Il mourut le 9 de Septembre 1516 ,
& fut enterré dans fon Abbaye de la Prée.
Aimard I de Prie , ( troiſieme fils d'Antoine ) ;
Chevalier, Seigneur de Montpoupon , de la Motte ,
de Lezillé, de Thefmillon , & c. Confeiller & Chambellan
du Roi , Capitaine de cinquante Lances de
fes ordonnances , & Gouverneur du Pont Saint-
Efprit, fut Grand Maître des Arbalêtriers de France
, charge qui fut fupprimée après la mort arrivée
avant 1527. C'eſt la postérité qui fubfifte .
Il avoit été marié deux fois . De fa premiere
femme Claude de Choiſeul de Traves , il n'eut
que deux filles. La feconde , Claude de la Baume-
Chevalier , Montrevel , le fit pere d'Efme de Prie ,
Seigneur de Montpoupon , de Lezillé , de Toucy ,
de Thefmillon , de la Grange- Foffegiler , & c. Celui-
ci fut Capitaine de cinquante hommes d'armes
des ordonnances du Roi , Gouverneur & Lieutenant
pour le Roi en la ville d'Auxerre & pays
Auxerrois , Lieutenant général au Gouvernement
de Touraine , Blaifois & Vendomois , & Chevalier
de l'Ordre du Roi . De fon mariage avec Charlotte
de Rochefort de Pleuvaut , nâquit entr'autres eRfans
MAR S. 1755. 191
René de Prie , Chevalier , Baron de Toucy ,
Seigneur de Montpoupon , de Lezillé , de Thefmillon
, & c. Ecuyer d'Ecurie du Roi Charles IX ,
Gouverneur de Touraine . Celui - ci qui fut auffi
Chevalier de l'Ordre du Roi , époufa , par contrat
du 19 Novembre 1559 , Joffine de Selles, fille unique
d'Antoine de Selles , Seigneur de Beuzeville
& de Magdeleine de Ravenel . Leur fils aîné
Aimard II de Prie , Chevalier , Marquis de Tou
cy , Baron de Montpoupon , Seigneur de Thef--
millon , &c. Capitaine de cent hommes d'armes
des ordonnances du Roi , & Chevalier de fon Ordre
, fut député par la nobleffe du Bailliage d'Auxerre
aux Etats Généraux de 1614 : c'eft en conféquence
de fon mariage avec Louiſe , fille & hériere
pour moitié de Guillaume de Hautemer ,
Chevalier , Comte de Grancey , Seigneur de Fervaques
, de Planes , &c , Maréchal de France , &
Chevalier des Ordres du Roi , dit le Maréchal de
Fervaques , que la maifon de Prie fe trouve tranfplantée
en Normandie.
François de Prie , troifieme fils d'Aimard II , &
le feul qui ait continué la lignée , eut , du chef
de fa mere , la baronie de Planes en Normandie
& fut pere d'Aimard-Antoine de Prie , Chevalier ,
Baron de Planes , Seigneur de Coquainvilliers ,
du Chêne , de Marigny , &c . & Maréchal de bataille
des camps & armées du Roi. Celui - ci eut
pour fils Louis II & François- Leonor de Prię ,
pere de celui qui donne lieu à cet article .
Louis II de Prie , Baron , puis Marquis de Planes
, dit le Marquis de Prie , fut Colonel d'un Régiment
de Cavalerie de fon nom , Brigadier
des
armées du Roi , Chevalier de fes Ordres ; fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne , l'un des
Seigneurs attachés à l'éducation de Sa Majefté ,
192 MERCURE DE FRANCE:
Gouverneur de Bourbon -Lancy , & Lieutenant
général au Gouvernement du Bas- Languedoc ;
c'eft en fa faveur que les terres réunies de Planes
& de Courbepine furent érigées en Marquifat ,
fous le nom commun de Planes, par lettres du mois
de Février 1724. Il avoit eu conjointement avec
la Ducheffe de la Ferté fa coufine , l'honneur de
tenir fur les fonts de bapteme le Roi Louis XV.
glorieufement regnant.
La Maiſon de Prie tient par des alliances , la
plupart réiterées , aux anciennes Maifons de Bertrand-
Briquebec , de Chauvigny , de Sully , de
Craon , de Parthenay- l'Archevêque , de Boulogne,
de Châlon , d'Amboise - Chaumont , de Grailly-
Feix, d'Albret-Navarre; aux Maiſons exiftantes de
la Tour-d'Auvergne , de Rohan - Guemené , de Røhan-
Soubife , de Montmorenci-Laval , de Montmorenci-
Luxembourg , de la Tremouille , d'Uzès , de
Beauvilliers , d'Aumont , de Gévres , de Mailly ,
de Chabannes , de Bethune , de Rochefort - d'Aloigny
, de Choiseul , de Beauvau , ď’Alegre , de
Sennectere , de Sainte- Maure , de la Baune-Montrevel
, de Rouxel-Medavy , & à plufieurs autres des
premieres Maifons du Royaunie.
La Maiſon de Prie porte pour armes , de gueules
, à trois tierces-feuilles d'or , deux & une. Son
ancien cri de guerre eft cant d'oiſeaux ; & fa déwife
, non degener ortu.
Voyez l'Hiftoire généalogique des grands Officiers
de la Couronne ; l'Hiftoire de Berry, par la
Thaumafiere ; l'Hiftoire généalogique de la Maifon
de Chateigner , par André Duchêne. Les mémoires
de Michel de Maroles , Abbé de Villeloing,
&c. Voyez les Tablettes hiftoriques , tom. iv. p.
214.
Meffire Jofeph - François de Paule de Preaulx ,
de
MARS. 1755. 193
fils de Meffire Jofeph de Preaulx , Marquis de
Preaulx , a époufé le 2 Novembre dans la ville de
Château -Gontier en Anjou , Dlle Renée-Catheri
ne - Jeanne du Tertre de Sancé.
Meffire Jean-Baptifte-François- Gabriel - Louis
de Coutaud , Marquis de Coulanges , Capitaine de
Cavalerie au Régiment de Bourbon-Buffet , fils de
feu Meffire Jean de Coutaud , Baron de Coulanges
, & de Dame Marguerite de Polaftron , fut
marié le 7 Janvier à Dile Marie- Louife - Jofeph
de Calonne de Courtebonne , fille de feu Meffire
Louis-Jacques de Calonne , Marquis de Courtebonne
, Maréchal des camps & armées de Sa Majefté
, Lieutenant de Roi de la province d'Artois
& de Dame Ifabelle - Claire -Jofeph Guillain de la
Tour- Saint- Quentin.
Meffire Jean- Baptifte du Sauzay , Marquis du
Sauzay, Rebé , Amplepuis, Saint -Jean la Buxiere ,
Rono , Jarnoffe , & autres dépendances , Colonel
d'Infanterie , Lieutenant aux Gardes Françoiſes ,
fils de Meffire Dominique du Sauzay , Chevalier
Seigneur de Jarnoffe , & autres lieux , époufa le 8
de Janvier Dile Marguerite de Blotefiere - de Vauchelle
, fille de Meffire Nicolas de Blotefiere , Marquis
de Vauchelle , Lieutenant de Roi dans la
Province de Picardie , Meftre de camp de Cavalerie.
La bénédiction nuptiale leur a été donnée dans
la Chapelle de la Bibliothèque du Roi.
Le 10 Février Meffire Jean- Baptifte du Champ
d'Affant , Chevalier , Seigneur de la Motte , &
d'autres lieux , ancien Capitaine d'Infanterie
reftant feul de fa famille , une des plus anciennes
de nom & d'armes & des mieux alliées du Comté
de Bourgogne , fut marié dans la Chapelle du
Château de Montramé en Brie , avec Dlle Rofafie-
Louife du Tillet , fille de Meffire Charles- Clau
194 MERCURE DE FRANCE.
de du Tillet , Chevalier , Seigneur du Boui-Montramé
, Chalmaiſon , Chalantre la petite , Vicomte
de la Malmaiſon , Brigadier des armées du Roi ,
ancien Aide - Major & Enfeigne des Gardes du
Corps ; & de Dame Marie- Marguerite de Cueuret
de Nefle fes pere & mere. Ces deux Familles
font connues par leur ancienneté , leurs charges
& leurs alliances.
Dame Anne - Elizabeth - Marie - Rofe Briffart ,
épouse de Meffire Henri-Charles de Thiard de
Billy , Comte de Thiard , Brigadier de cavalerie ,
& Capitaine - Lieutenant de la compagnie des
Chevau-légers Dauphins , mourut à Paris , le 4
Octobre , âgée de vingt ans.
Marie- Louife- Charlotte , légitimée de Bourbon
, épouse de Meffire Nicolas de Chaugy .
Comte de Rouffillon , Maréchal des camps & armées
du Roi , eft morte les , en la même ville
dans la cinquante- cinquième année de fon âge.
>
Le même jour eft décedée au vieux Louvre ,
Dame Marie - Roſe Teffier , épouſe de Meffire
Jean-Louis Quentin de Richebourg , Marquis
de Champcenetz.
Honoré le. Tellier , Comte de Souvré , fils de
François- Louis le Tellier , Comte de Rebenac ,
Marquis del Souvré , eft mort le 7.
Le fieur Pierre Dedelay de la Garde , l'un des
quarante Fermiers généraux de Sa Majeſté , eſt
mort le 10.
Charles-Pierre de la Chaftre , fils de Meffire
Charles-Louis de la Chaftre , Comte de Nançai ,
Brigadier des armées du Roi , eft mort le 16.
Meffire Charles- Antoine-Armand- Odet d'Aydie
, Comte de Riberac , ancien Colonel d'un
régiment d'infanterie , eft mort le 1 Novembre
MARS. 1755. 195
à fa terre de la Ville-aux-Clercs , dans la foixante
& dixième année de fon âge.
Frere Jean-François Fraguier , Chevalier de
l'Ordre de Saint Jean de Jerufalem , Comman
deur de la Commenderie de Beauvais en Gâtinois
& Titulaire du Membre de Dieu- Lamant , dépendant
du grand Prieuré de France , mourut à
Paris le 2 , âgé de foixante & treize ans.
Dame Gabrielle de Murviel , épouse de Meffire
Henri de Carion , Marquis de Nizas , Lieutenant
général des armées de Sa Majeſté , eft morte le
Novembre dans fes terres en Languedoc , âgée
de foixante & dix ans .
Meffire Michel Larcher, Maître des Requêtes,
eft mort le 10.
Meffire Jofeph Darbaud , Brigadier de cavale
rie , mourut à Paris le 14 , âgé de cinquanteneuf
ans.
Dame Marie-Anne d'Azemar, veuve de Meffire
Jerôme du Faur , Comte de Pibrac , eft morte le
14 à Toulouſe , dans fa foixante & quinziéme
année.
Meffire Henri de Carion , Marquis de Nizas ,
Lieutenant général des armées du Roi , eft mort
le is dans fes terres en Languedoc , âgé de
quatre-vingt-quatorze ans.
Jacques de Lomagne-Tarride , Vicomte titu
laire de Tarride , Seigneur de Baringue , Vicomte
d'Efcures , Baron du Mont & de Couhain , mou◄
rut dans fa quatre- vingtiéme année , le 16 Novembre
1754 , dans fon château de Simacourbe
en Bearn. Il étoit l'aîné de la Maifon des derniers
Vicomtes de Lomagne , iflus, des Comtes d'Armagnac
. Il a laiffé de Marguerite de Foix-Candale
, fa veuve , deux garçons , dont l'un eft
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Capitaine au régiment du Roi, & l'autre eft au Séminaire
de faint Sulpice,
Melfire Pierre- Gabriel-Louis le Neuf de Sourdeval
, Brigadier d'infanterie , eft mort le même
jour , dans fa cinquante -quatriéme année .
Dame Anne-Marie Rouillé , veuve de Meffire
Louis de Bernage , Confeiller d'Etat ordinaire
mourut à Paris le 21 , âgée de près de quatrevingt
& onze ans.
Rolland Puchot- Defalleurs , Comte Defalleurs,
Ambaffadeur de France à la Porte , eft mort à
Conftantinople le 23 Novembre dernier.
Meffire N ....... du Chambon , Lieutenant
général des armées du Roi , & ci-devant Major de
la compagnie des Gendarmes de la garde ordinaire
de Sa Majesté , eft mort le 1 Décembre en
fon château de Pierrefitte , près de Moulins , âgé
de quatre-vingt- quatre ans.
Meffire Jofeph Brunet de Raney , Brigadier
d'infanterie , ci-devant Commandant d'un bataillon
du régiment des Gardes- Françoifes , eft
mort le 3 , dans la foixante - huitième année de
fon âge,
Conftance - Françoife Duffon de Bonnac ,
époufe de Charles - Antoine - François - Marie ,
Marquis de Wignacourt , mourut à Paris le 7 ,
âgée de trente ans. Elle étoit petite fille de
Charles-Armand de Gontaut , Duc de Biron , Pair
& Doyen des Maréchaux de France , & foeur du
Marquis de Bonnac , Ambafladeur en Hollande .
Elle avoit été mariée le 9 Mai 1749 , dans la
chapelle de l'Evêché de Pamiers, par Henri Gaſton
de Levis , Evêque de cette ville , au Marquis de
Vignacourt , fils de Robert - Antoine , Comte
de Wignacourt , chef de toutes les branches de
Fancienne Maifon de Wignacourt , établies en
MARS. 1755. 197
Picardie , Champagne , &c. De cette Maiſon font
fortis Alof & Adrien de Wignacourt , élus Grands-
Maîtres de Malthe en 1601 & 1690. La Marquife
de Wignacourt laifle de fon mariage une fille
unique , Charlotte- Antoinette-Conftance- Louife-
Françoife de Wignacourt , née le 30 Octobre
1750.
M. Antoine Ralet de Chalet , ancien Secrétaire
du Roi , près le Parlement de Bretagne , eft mort
le 9 à Paris , âgé de cent & trois ans.
Meffire Louis le Maire , Maréchal des camps
& armées du Roi , Directeur des fortifications
d'une partie des places de Flandre & du Hainault ,
eft mort à Abbeville le 10 , âgé de quatre - vingtdix
ans. Il étoit le plus ancien Ingénieur du
royaume , & il avoit commencé à fervir en
1680 .
Dame Marie-Therefe de Mizon , épouse du
Comte de Muy , Confeiller d'Etat d'épée , Directeur
général des Oeconomats & ci-devant
fous- Gouverneur de Monfeigneur le Dauphin ,
mourut le 13 à Verſailles , dans fa foixante &
treizième année .
༈
Meffire Charles Foucault , Brigadier de cavalerie
, eftmort le 14 , âgé de foixante & dix-sept ans.
Nicolas-Jofeph- Balthazar de Langlade , Vicomte
du Chayla , Chevalier des Ordres du Roi ,
Lieutenant général des armées de Sa Majeſté ,
Directeur général de la cavalerie , Gouverneur de.
Villefranche en Rouffillon , Gouverneur , Sénéchal
& Grand Bailli du Duché de Mercoeur' , mourut
à Paris le 16 , âgé d'environ ſoixante & douze
ans.
Meffire Pierre-Maximilien Pajot de Villeperrot ,
Maréchal des camps & armées de Sa Majefté , eft
mort le 19 , en ſa ſoixante & onzième année.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Guillaume-Anne , Comte d'Albemarle , Vicomte
Bury, Baron d'Ashford , Pair de la Grande-
Bretagne , Chevalier de l'Ordre de la Jarretiere ,
premier Gentilhomme de la chambre de Sa Majefté
Britannique , & fon Ambaffadeur extraordimaire
& plénipotentiaire auprès du Roi , mourut
à Paris le 22 , âgé de cinquante-deux ans. Il
étoit Lieutenant général des armées de la Grande-
Bretagne , Colonel du ſecond régiment des Gardes
Angloifes , Gouverneur & Capitaine général
de la Virginie.
Antoine François , Comte de Chabannes , Lieutenant
général des armées du Roi , Grand- Croix
de l'Ordre royal & militaire de Saint Louis ,
Gouverneur de Verdun & du Verdunois , ci-devant
Lieutenant-Colonel du régiment des Gardes-
Françoifes , eft mort en cette Ville le 23 , dans fa
foixante-huitième année.
Dame Marie-Julie de la Jaille , épouſe d'André-
Antoine , Vicomte de Sabran , des Comtes de
Forcalquier , Mestre de camp de cavalerie , Aide-
Major de la Gendarmerie , mourut à Paris le
même jour , dans fa quarante- cinquiéme année.
Meffire Aymard- Charles de Nicolaï , fils de
Meffire Aymard-Jean de Nicolaï , premier Pré
fident de la Chambre des Comptes , & de Magdeleine-
Charlotte -Guillelmine- Léontine de Vintimille
du Luc , eft mort à Paris le 29 , âgé de
vingt ans.
René-François , Marquis du Châtelet , & de
Grandfeille , Baron de Cirey , Lieutenant général
des troupes de l'Empereur , & ci-devant Commandant
en chef dans le grand Duché de Tof.
cane , eft mort le 2 Janvier , à Blamont en Lorraine
, âgé de foixante - fept ans.
Dame Marie-Thereſe de Meſmes , veuve de
M.AR S. 1755. 199
Meffire François de la Roche , Marquis de Fontenilles
mourut à Paris le 6 Janvier âgée de
quatre-vingt-fept ans.
Dame Marie-Jeanne Frefeau de la Frefeliere
épouse de Mefire Nicolas Doublet de Perfan
Maître des Requêtes , & Intendant du commerce,
eft morte à Paris le 16 , dans fa quarante-neuviéme
année.
I.e 19 eft décedé Meffire Alexandre de Bauffan,
Maître des Requêtes , dans la vingt- huitiéme année
de fon âge.
Huguette- Gabrielle de Lufignan de Lezay ;
épouse de M. Lancelot , Comte de Turpin de Crif
fe , Brigadier de cavalerie , mourut le 25 , âgée
de vingt-cinq ans.
Thomas Caraccioli , Napolitain , le plus ancien
Lieutenant général des armées du Roi , eft
mort le 26 , dans fa cent & troifiéme année. Le
Marquis de Caraccioli étoit de l'illuftre Maifon
de ce nom. Il avoit été Gouverneur de Briançon ,
& Commandant des villes de Mezieres , de Charleville
, & de Sedan
Anne le Roux veuve en fecondes nôces de
Jean Druart , eft morte le 16 Octobre , à Paris ,
fur la paroiffe de faint Severin , âgée de près de
cent-vingt ans. Elle étoit née à Dormont , dans
le Diocèle d'Evreux , & elle avoit douze ans lorfqu'en
1646 ce hameau fut confumé par un incendie.
La nommée Marie Blanchard , veuve de ' Jean
Manfeau , eft morte le 30 Octobre dernier , au
château de Champs - Cremainville , paroiffe de
Melleray , Diocèfè de Chartres , âgée de [centtrois
ans neuf mois , n'ayant aucune des infirmités
de la vieilleffe ; elle voyoit & entendoit trèsbien
, & elle marchoit fans bâton. Dans le mois
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'Octobre de l'année derniere elle alla à une
petite ville du Perche , diftante de trois lieues de
Champs , & elle en revint le même jour fur une
charrette chargée de meubles , où elle étoit d'autant
moins à fon aife , que le tems étoit très-froid
& très- pluvieux.
MARIAGES ET MORTS.
E31 Janvier , Dame Marie - Jeanne Moreau
- -
Puech , Seigneur de Laloubiere , eſt accouchée
d'un fils qui a été baptifé le même jour en l'Eglife
de S. Euſtache de Paris , & nommé Marie - André-
Louis.
Voyez fur la famille del Puech le Mercure de
Janvier au fujet du mariage du fils aîné de François
del Puech de Comeiras , Brigadier des armées
du Roi , coufin germain paternel de Jean- Pierre-
Louis del Puech de Laloubiere,, pere de Marie-
André - Louis del Puech , qui a donné lieu à cet
article .
1
Meffire Marie-Henri de Salvert , fils de Meffire
Gilbert- François , Comte de Salvert , a époufé le s
Novembre dernier à Sceaux Dlle Charlotte -Henriette
de Sabrevois , fille de Meffire- Henri de Sabrevois
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Lieutenant général de l'artillerie , & Commandant
en chef le département d'Alface.
Meffire François de Boyffeulh , Capitaine de
Cavalerie au Régiment de Lufignan , fils de Meſſire
Charles , Comte de Boyffeulh , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Marcieux ; & de Dame Mar.
the d'Abzac , époufa le 27 Novembre Dlle Marie-
Marguerite-Catherine Damblard de Lafmaftres ,
fille de Meffire Jean- Marie Damblard de Lafmaftres
, Commandant de la Venerie du Roi ; & de Da
186 MERCURE DE FRANCE.
me Catherine de Bauny. La bénédiction nuptiale
leur fut donnée par l'Evêque d'Arras dans l'Eglife
de la Paroiffe du Château à Verſailles , & la Comteffe
de Toulouſe affifta à cette cérémonie. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 24 par leurs
Majeftés , & par la Famille royale.
Le 28 de Novembre fut faite dans la Chapelle
de l'Hôtel de Soubife la célébration du mariage de
Louis , Comte de Prie , Gouverneur de Bourbon-
Lancy , Moufquetaire de la Garde ordinaire du
Roi dans la premiere Compagnie , fils de François-
Leonor de Prie , Chevalier , Marquis-de Pla
nes & Courbepine , Seigneur haut jufticier de
Chauffée en Normandie , & de Thefmillon en
Bourgogne , Seigneur & Patron des Paroiffes de
Coquainvilliers , du Chefne , de Leffart en Normandie
, &c. Commandeur des Ordres réunis de
Notre Dame de Mont- Carmel & de S. Lazare ,
& ancien Capitaine de Cavalerie au Régiment
qui portoit le nom de fon frere aîné Louis II de
Prie , Marquis de Planes , dit le Marquis de Pries
& de Marie-Magdeleine- Genevieve Loquet , Dame
de Tolleville en Normandie , &c. avec Loui
fc - Camille -Victoire de Villette , fille de Pierres
Charles de Villette , Ecuyer , Seigneur du Pleffis-
Longueau, de Baficourt , d'Houdancourt , de Saron,
du Portail , &c . Confeiller du Roi en fes Con
feils , Commandeur , Tréforier de l'Ordre royal
& militaire de S. Louis , Tréforier général de
l'extraordinaire des guerres ; & de Thérèſe- Charlotte
Cordier de Launay , fille de Jacques Cordier
de Launay , Ecuyer , Seigneur de Valery , de
Dinant , de la Verriere , &c , ancien Thréforier
général de l'extraordinaire des guerres. Leur contrat
de mariage avoit été honoré le 24 de la fignature
du Roi , de la Reine , & de la Famille royale.
MARS 1755 . 187
Tous les avantages qui conftituent la grandeur
des Maifons , nobleffe dont l'origine fe perd dans
l'obfcurité des fiécles , poffeffion de grandes terres
, alliances illuftres , fervices importans rene
dus à l'Etat , dignités & honneurs qui en font la
jufte récompenfe , tous fe trouvent réunis dans la
Maifon de Prie , de laquelle il eft forti un Cardinal
, un Grand Pannetier , deux Grands- Queux, un
Grand Maître des Arbalêtriers de France , un
Chevalier des Ordres du Roi , des Capitaines de
Compagnies d'Ordonnance , & autres Officiers
de diftinction . Elle tire fon nom de la terre de
Prie en Nivernois , où elle a poffedé plufieurs
autres terres confidérables , auffi bien que dans le
Berry , entr'autres celle de Bufançois.
*
Elle eft connue depuis Geoffroi , Sire de Prie
qui fut préfent en 1178 à la donation faite par la
Comteffe de Nevers aux Religieux de Notre- Da
me de la Ferté -fur -l'Ifeure.
Un de fes defcendans , Philippe de Prie , Sei
gneur de Moulins en Berry , qualifié Chevalier
Banneret , étoit en 1338 Sénéchal de Beaucaire
& de Nîmes , dignité qui n'étoit alors donnée
qu'aux perfonnes de la plus haute naiffance. Ce
Seigneur qui fervit le Roi Philippe de Valois dans
différentes expéditions , laiffa de fa femme Ifabeau
de Sainte-Maure , Philippe de Prie , dit le Borgne,
Seigneur de Moulins. Celui - ci étoit en 1342 Maître
d'Hôtel du Duc de Normandie, qui fut depuis le Roi
Jean , & qui en récompenfe de fes fervices le fit
Capitaine fouverain & général au Bailliage de
Les poffeffeurs modernes de cette terre induits
apparemment en erreur par quelques Topographes
mal inftruits , en écrivent le nom Prix, il eſt écriz
Prie dans tous les anciens titres.
188 MERCURE DE FRANCE.
Bourges , & de cinquante hommes d'armes de fa
Compagnie.
Son fils Jean VII du nom , qualifié Sire de Prie
& de Bufançois, Seigneur de Châteauclos , de Gargilefle
& de Thefmillon , Chevalier Banneret , fur
appellé , fuivant des mémoires manuferits , Paon
de Prie , à caufe de fa magnificence. Il fe diftingua
principalement par fa fidélité envers le Roi
Jean , fait prifonnier à la bataille de Poitiers , &
le Dauphin Régent du Royaume , depuis Roi
Charles V. Il fut un des principaux Barons du
Berry , qui prirent les armes pour défendre cette
province contre l'invafion des troupes du Prince
de Galles . Il eut entr'autres enfans de fa femme ,
Philippe Courault.
Jean VIII , Chevalier , Sire de Prie & de Bufançois
, Confeiller & Chambellan du Roi , allié
avec llabeau de Chanac , de laquelle il laiffa Jean
& Antoine de Prie. L'aîné mérita par fes fervices
d'être élevé à la dignité de Grand Pannetier de
France , & s'attira par fa fidélité la haine du Roi
d'Angleterre , qui confifqua la terre de Prie , que
Charles VII rendit depuis à fes héritiers légitimes.
Il fut tué en 1427 d'un coup de vireton , en défendant
contre les Anglois la groffe tour de Bourges
, dont il étoit Capitaine.
Antoine , frere puîné de Jean VIII , qui l'avoit
forcé dans fa jeuneffe à fe faire Religieux dans
l'Abbaye de Déols , avoit paffé depuis dans l'Ordre
de Saint Jean de Jerufalem . Après la mort
fans enfans de ce frere aîné , il obtint difpenfe
de fes voeux ; il s'allia avec Magdeleine d'Amboife
, & continua la lignée , étant devenu Sire de
Prie & de Bufançois , Seigneur de Montpoupon
de Moulins & de Thefinillon. Il fut Chevalier,
MARS. 1755. 189
Confeiller & Chambellan du Roi Charles VII
& du Dauphin , & en 1431 Grand Queux de
France. Il prenoit la qualité de premier Baron de
Touraine ; il affifta, au lit de Juftice à Vendome
pour la décifion du procès du Duc d'Alençon , &
yfut affis à droite fur la même ligne que le haut
banc des Ducs & Comtes- Pairs de France . Il vendit
la Seigneurie de Prie à Imbert de la Plattiere ,
Seigneur de Bourdillon , Gentilhomme Nivernois,
qui devenu Maréchal de France, fut appellé le Maréchal
de Bourdillon . Par fon teftament il ordonna
que douze pucelles , vêtues de robes blanches de
fin lin , porteroient chacune à fon enterrement
un flambeau de cire blanche , du poids de deux
livres. Il laiffa , entr'autres enfans , trois fils , qui
furent élevés aux premieres dignités.
Louis I de Prie ( fils aîné d'Antoine ) , Chevalier
, Baron de Bufançois , Seigneur de Montpoupon
& de Thefmillon , Confeiller & Chambellan
du Roi , fut auffi Grand Queux de France. Cette
charge fut fupprimée après la mort , & l'exercice
en fut uni à celle de Grand Maître de l'Hôtel du
Roi. Il voulut que fes funerailles fe fiffent comme
celles de fon pere , en doublant le nombre des
pucelles. Il portoit, ainfi que fon pere, l'écu écartelé
au premier & au quatre de gueules, à trois tiercesfeuilles
d'or , qui eft Prie ; au fecond & au troisieme
d'or , à une aigle à deux têtes de fable , couronnée
de gueules , qui eft Bufançois * . Louis , Sire de
Prie , avoit été allié à Jeanne de Salazart , fille
de Jean de Salazart , Seigneur de Saint-Juſt & de
Marcilly , & de Marie de la Tremouille , Dame
de Saint - Fargeau. Leurs petits- fils Gabriel &
* La terre de Bufançois , l'une des plus confidé
rables du Berry , appartient aujourd'hui au Duc de
Saint-Aignan
190 MERCURE DE FRANCE.
René de Prie , moururent fans pofterité .
René de Prie , fils puîné d'Antoine , & coufingermain
, par la mere , du Cardinal d'Amboiſe
fut grand Archidiacre de Bourges , Proto-Notaire
apoftolique , Doyen de S. Hilaire de Poitiers ,
Abbé Commendataire de Sainte - Marie de Levroux,
de
de Notre Dame du Landais , du Bourg-Dieu ,
la Prée-fur-Arnon , & de Lire ; Evêque fucceffivement
de Leitoure , de Limoges & de Bayeux ;
enfin Cardinal en Janvier 1506 , & nommé le
Cardinal de Bayeux . Il fut un des membres du facré
Collége , qui tinrent le Concile de Piſe contre
le Pape Jules If. Il mourut le 9 de Septembre 1516 ,
& fut enterré dans fon Abbaye de la Prée.
Aimard I de Prie , ( troiſieme fils d'Antoine ) ;
Chevalier, Seigneur de Montpoupon , de la Motte ,
de Lezillé, de Thefmillon , & c. Confeiller & Chambellan
du Roi , Capitaine de cinquante Lances de
fes ordonnances , & Gouverneur du Pont Saint-
Efprit, fut Grand Maître des Arbalêtriers de France
, charge qui fut fupprimée après la mort arrivée
avant 1527. C'eſt la postérité qui fubfifte .
Il avoit été marié deux fois . De fa premiere
femme Claude de Choiſeul de Traves , il n'eut
que deux filles. La feconde , Claude de la Baume-
Chevalier , Montrevel , le fit pere d'Efme de Prie ,
Seigneur de Montpoupon , de Lezillé , de Toucy ,
de Thefmillon , de la Grange- Foffegiler , & c. Celui-
ci fut Capitaine de cinquante hommes d'armes
des ordonnances du Roi , Gouverneur & Lieutenant
pour le Roi en la ville d'Auxerre & pays
Auxerrois , Lieutenant général au Gouvernement
de Touraine , Blaifois & Vendomois , & Chevalier
de l'Ordre du Roi . De fon mariage avec Charlotte
de Rochefort de Pleuvaut , nâquit entr'autres eRfans
MAR S. 1755. 191
René de Prie , Chevalier , Baron de Toucy ,
Seigneur de Montpoupon , de Lezillé , de Thefmillon
, & c. Ecuyer d'Ecurie du Roi Charles IX ,
Gouverneur de Touraine . Celui - ci qui fut auffi
Chevalier de l'Ordre du Roi , époufa , par contrat
du 19 Novembre 1559 , Joffine de Selles, fille unique
d'Antoine de Selles , Seigneur de Beuzeville
& de Magdeleine de Ravenel . Leur fils aîné
Aimard II de Prie , Chevalier , Marquis de Tou
cy , Baron de Montpoupon , Seigneur de Thef--
millon , &c. Capitaine de cent hommes d'armes
des ordonnances du Roi , & Chevalier de fon Ordre
, fut député par la nobleffe du Bailliage d'Auxerre
aux Etats Généraux de 1614 : c'eft en conféquence
de fon mariage avec Louiſe , fille & hériere
pour moitié de Guillaume de Hautemer ,
Chevalier , Comte de Grancey , Seigneur de Fervaques
, de Planes , &c , Maréchal de France , &
Chevalier des Ordres du Roi , dit le Maréchal de
Fervaques , que la maifon de Prie fe trouve tranfplantée
en Normandie.
François de Prie , troifieme fils d'Aimard II , &
le feul qui ait continué la lignée , eut , du chef
de fa mere , la baronie de Planes en Normandie
& fut pere d'Aimard-Antoine de Prie , Chevalier ,
Baron de Planes , Seigneur de Coquainvilliers ,
du Chêne , de Marigny , &c . & Maréchal de bataille
des camps & armées du Roi. Celui - ci eut
pour fils Louis II & François- Leonor de Prię ,
pere de celui qui donne lieu à cet article .
Louis II de Prie , Baron , puis Marquis de Planes
, dit le Marquis de Prie , fut Colonel d'un Régiment
de Cavalerie de fon nom , Brigadier
des
armées du Roi , Chevalier de fes Ordres ; fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne , l'un des
Seigneurs attachés à l'éducation de Sa Majefté ,
192 MERCURE DE FRANCE:
Gouverneur de Bourbon -Lancy , & Lieutenant
général au Gouvernement du Bas- Languedoc ;
c'eft en fa faveur que les terres réunies de Planes
& de Courbepine furent érigées en Marquifat ,
fous le nom commun de Planes, par lettres du mois
de Février 1724. Il avoit eu conjointement avec
la Ducheffe de la Ferté fa coufine , l'honneur de
tenir fur les fonts de bapteme le Roi Louis XV.
glorieufement regnant.
La Maiſon de Prie tient par des alliances , la
plupart réiterées , aux anciennes Maifons de Bertrand-
Briquebec , de Chauvigny , de Sully , de
Craon , de Parthenay- l'Archevêque , de Boulogne,
de Châlon , d'Amboise - Chaumont , de Grailly-
Feix, d'Albret-Navarre; aux Maiſons exiftantes de
la Tour-d'Auvergne , de Rohan - Guemené , de Røhan-
Soubife , de Montmorenci-Laval , de Montmorenci-
Luxembourg , de la Tremouille , d'Uzès , de
Beauvilliers , d'Aumont , de Gévres , de Mailly ,
de Chabannes , de Bethune , de Rochefort - d'Aloigny
, de Choiseul , de Beauvau , ď’Alegre , de
Sennectere , de Sainte- Maure , de la Baune-Montrevel
, de Rouxel-Medavy , & à plufieurs autres des
premieres Maifons du Royaunie.
La Maiſon de Prie porte pour armes , de gueules
, à trois tierces-feuilles d'or , deux & une. Son
ancien cri de guerre eft cant d'oiſeaux ; & fa déwife
, non degener ortu.
Voyez l'Hiftoire généalogique des grands Officiers
de la Couronne ; l'Hiftoire de Berry, par la
Thaumafiere ; l'Hiftoire généalogique de la Maifon
de Chateigner , par André Duchêne. Les mémoires
de Michel de Maroles , Abbé de Villeloing,
&c. Voyez les Tablettes hiftoriques , tom. iv. p.
214.
Meffire Jofeph - François de Paule de Preaulx ,
de
MARS. 1755. 193
fils de Meffire Jofeph de Preaulx , Marquis de
Preaulx , a époufé le 2 Novembre dans la ville de
Château -Gontier en Anjou , Dlle Renée-Catheri
ne - Jeanne du Tertre de Sancé.
Meffire Jean-Baptifte-François- Gabriel - Louis
de Coutaud , Marquis de Coulanges , Capitaine de
Cavalerie au Régiment de Bourbon-Buffet , fils de
feu Meffire Jean de Coutaud , Baron de Coulanges
, & de Dame Marguerite de Polaftron , fut
marié le 7 Janvier à Dile Marie- Louife - Jofeph
de Calonne de Courtebonne , fille de feu Meffire
Louis-Jacques de Calonne , Marquis de Courtebonne
, Maréchal des camps & armées de Sa Majefté
, Lieutenant de Roi de la province d'Artois
& de Dame Ifabelle - Claire -Jofeph Guillain de la
Tour- Saint- Quentin.
Meffire Jean- Baptifte du Sauzay , Marquis du
Sauzay, Rebé , Amplepuis, Saint -Jean la Buxiere ,
Rono , Jarnoffe , & autres dépendances , Colonel
d'Infanterie , Lieutenant aux Gardes Françoiſes ,
fils de Meffire Dominique du Sauzay , Chevalier
Seigneur de Jarnoffe , & autres lieux , époufa le 8
de Janvier Dile Marguerite de Blotefiere - de Vauchelle
, fille de Meffire Nicolas de Blotefiere , Marquis
de Vauchelle , Lieutenant de Roi dans la
Province de Picardie , Meftre de camp de Cavalerie.
La bénédiction nuptiale leur a été donnée dans
la Chapelle de la Bibliothèque du Roi.
Le 10 Février Meffire Jean- Baptifte du Champ
d'Affant , Chevalier , Seigneur de la Motte , &
d'autres lieux , ancien Capitaine d'Infanterie
reftant feul de fa famille , une des plus anciennes
de nom & d'armes & des mieux alliées du Comté
de Bourgogne , fut marié dans la Chapelle du
Château de Montramé en Brie , avec Dlle Rofafie-
Louife du Tillet , fille de Meffire Charles- Clau
194 MERCURE DE FRANCE.
de du Tillet , Chevalier , Seigneur du Boui-Montramé
, Chalmaiſon , Chalantre la petite , Vicomte
de la Malmaiſon , Brigadier des armées du Roi ,
ancien Aide - Major & Enfeigne des Gardes du
Corps ; & de Dame Marie- Marguerite de Cueuret
de Nefle fes pere & mere. Ces deux Familles
font connues par leur ancienneté , leurs charges
& leurs alliances.
Dame Anne - Elizabeth - Marie - Rofe Briffart ,
épouse de Meffire Henri-Charles de Thiard de
Billy , Comte de Thiard , Brigadier de cavalerie ,
& Capitaine - Lieutenant de la compagnie des
Chevau-légers Dauphins , mourut à Paris , le 4
Octobre , âgée de vingt ans.
Marie- Louife- Charlotte , légitimée de Bourbon
, épouse de Meffire Nicolas de Chaugy .
Comte de Rouffillon , Maréchal des camps & armées
du Roi , eft morte les , en la même ville
dans la cinquante- cinquième année de fon âge.
>
Le même jour eft décedée au vieux Louvre ,
Dame Marie - Roſe Teffier , épouſe de Meffire
Jean-Louis Quentin de Richebourg , Marquis
de Champcenetz.
Honoré le. Tellier , Comte de Souvré , fils de
François- Louis le Tellier , Comte de Rebenac ,
Marquis del Souvré , eft mort le 7.
Le fieur Pierre Dedelay de la Garde , l'un des
quarante Fermiers généraux de Sa Majeſté , eſt
mort le 10.
Charles-Pierre de la Chaftre , fils de Meffire
Charles-Louis de la Chaftre , Comte de Nançai ,
Brigadier des armées du Roi , eft mort le 16.
Meffire Charles- Antoine-Armand- Odet d'Aydie
, Comte de Riberac , ancien Colonel d'un
régiment d'infanterie , eft mort le 1 Novembre
MARS. 1755. 195
à fa terre de la Ville-aux-Clercs , dans la foixante
& dixième année de fon âge.
Frere Jean-François Fraguier , Chevalier de
l'Ordre de Saint Jean de Jerufalem , Comman
deur de la Commenderie de Beauvais en Gâtinois
& Titulaire du Membre de Dieu- Lamant , dépendant
du grand Prieuré de France , mourut à
Paris le 2 , âgé de foixante & treize ans.
Dame Gabrielle de Murviel , épouse de Meffire
Henri de Carion , Marquis de Nizas , Lieutenant
général des armées de Sa Majeſté , eft morte le
Novembre dans fes terres en Languedoc , âgée
de foixante & dix ans .
Meffire Michel Larcher, Maître des Requêtes,
eft mort le 10.
Meffire Jofeph Darbaud , Brigadier de cavale
rie , mourut à Paris le 14 , âgé de cinquanteneuf
ans.
Dame Marie-Anne d'Azemar, veuve de Meffire
Jerôme du Faur , Comte de Pibrac , eft morte le
14 à Toulouſe , dans fa foixante & quinziéme
année.
Meffire Henri de Carion , Marquis de Nizas ,
Lieutenant général des armées du Roi , eft mort
le is dans fes terres en Languedoc , âgé de
quatre-vingt-quatorze ans.
Jacques de Lomagne-Tarride , Vicomte titu
laire de Tarride , Seigneur de Baringue , Vicomte
d'Efcures , Baron du Mont & de Couhain , mou◄
rut dans fa quatre- vingtiéme année , le 16 Novembre
1754 , dans fon château de Simacourbe
en Bearn. Il étoit l'aîné de la Maifon des derniers
Vicomtes de Lomagne , iflus, des Comtes d'Armagnac
. Il a laiffé de Marguerite de Foix-Candale
, fa veuve , deux garçons , dont l'un eft
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Capitaine au régiment du Roi, & l'autre eft au Séminaire
de faint Sulpice,
Melfire Pierre- Gabriel-Louis le Neuf de Sourdeval
, Brigadier d'infanterie , eft mort le même
jour , dans fa cinquante -quatriéme année .
Dame Anne-Marie Rouillé , veuve de Meffire
Louis de Bernage , Confeiller d'Etat ordinaire
mourut à Paris le 21 , âgée de près de quatrevingt
& onze ans.
Rolland Puchot- Defalleurs , Comte Defalleurs,
Ambaffadeur de France à la Porte , eft mort à
Conftantinople le 23 Novembre dernier.
Meffire N ....... du Chambon , Lieutenant
général des armées du Roi , & ci-devant Major de
la compagnie des Gendarmes de la garde ordinaire
de Sa Majesté , eft mort le 1 Décembre en
fon château de Pierrefitte , près de Moulins , âgé
de quatre-vingt- quatre ans.
Meffire Jofeph Brunet de Raney , Brigadier
d'infanterie , ci-devant Commandant d'un bataillon
du régiment des Gardes- Françoifes , eft
mort le 3 , dans la foixante - huitième année de
fon âge,
Conftance - Françoife Duffon de Bonnac ,
époufe de Charles - Antoine - François - Marie ,
Marquis de Wignacourt , mourut à Paris le 7 ,
âgée de trente ans. Elle étoit petite fille de
Charles-Armand de Gontaut , Duc de Biron , Pair
& Doyen des Maréchaux de France , & foeur du
Marquis de Bonnac , Ambafladeur en Hollande .
Elle avoit été mariée le 9 Mai 1749 , dans la
chapelle de l'Evêché de Pamiers, par Henri Gaſton
de Levis , Evêque de cette ville , au Marquis de
Vignacourt , fils de Robert - Antoine , Comte
de Wignacourt , chef de toutes les branches de
Fancienne Maifon de Wignacourt , établies en
MARS. 1755. 197
Picardie , Champagne , &c. De cette Maiſon font
fortis Alof & Adrien de Wignacourt , élus Grands-
Maîtres de Malthe en 1601 & 1690. La Marquife
de Wignacourt laifle de fon mariage une fille
unique , Charlotte- Antoinette-Conftance- Louife-
Françoife de Wignacourt , née le 30 Octobre
1750.
M. Antoine Ralet de Chalet , ancien Secrétaire
du Roi , près le Parlement de Bretagne , eft mort
le 9 à Paris , âgé de cent & trois ans.
Meffire Louis le Maire , Maréchal des camps
& armées du Roi , Directeur des fortifications
d'une partie des places de Flandre & du Hainault ,
eft mort à Abbeville le 10 , âgé de quatre - vingtdix
ans. Il étoit le plus ancien Ingénieur du
royaume , & il avoit commencé à fervir en
1680 .
Dame Marie-Therefe de Mizon , épouse du
Comte de Muy , Confeiller d'Etat d'épée , Directeur
général des Oeconomats & ci-devant
fous- Gouverneur de Monfeigneur le Dauphin ,
mourut le 13 à Verſailles , dans fa foixante &
treizième année .
༈
Meffire Charles Foucault , Brigadier de cavalerie
, eftmort le 14 , âgé de foixante & dix-sept ans.
Nicolas-Jofeph- Balthazar de Langlade , Vicomte
du Chayla , Chevalier des Ordres du Roi ,
Lieutenant général des armées de Sa Majeſté ,
Directeur général de la cavalerie , Gouverneur de.
Villefranche en Rouffillon , Gouverneur , Sénéchal
& Grand Bailli du Duché de Mercoeur' , mourut
à Paris le 16 , âgé d'environ ſoixante & douze
ans.
Meffire Pierre-Maximilien Pajot de Villeperrot ,
Maréchal des camps & armées de Sa Majefté , eft
mort le 19 , en ſa ſoixante & onzième année.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Guillaume-Anne , Comte d'Albemarle , Vicomte
Bury, Baron d'Ashford , Pair de la Grande-
Bretagne , Chevalier de l'Ordre de la Jarretiere ,
premier Gentilhomme de la chambre de Sa Majefté
Britannique , & fon Ambaffadeur extraordimaire
& plénipotentiaire auprès du Roi , mourut
à Paris le 22 , âgé de cinquante-deux ans. Il
étoit Lieutenant général des armées de la Grande-
Bretagne , Colonel du ſecond régiment des Gardes
Angloifes , Gouverneur & Capitaine général
de la Virginie.
Antoine François , Comte de Chabannes , Lieutenant
général des armées du Roi , Grand- Croix
de l'Ordre royal & militaire de Saint Louis ,
Gouverneur de Verdun & du Verdunois , ci-devant
Lieutenant-Colonel du régiment des Gardes-
Françoifes , eft mort en cette Ville le 23 , dans fa
foixante-huitième année.
Dame Marie-Julie de la Jaille , épouſe d'André-
Antoine , Vicomte de Sabran , des Comtes de
Forcalquier , Mestre de camp de cavalerie , Aide-
Major de la Gendarmerie , mourut à Paris le
même jour , dans fa quarante- cinquiéme année.
Meffire Aymard- Charles de Nicolaï , fils de
Meffire Aymard-Jean de Nicolaï , premier Pré
fident de la Chambre des Comptes , & de Magdeleine-
Charlotte -Guillelmine- Léontine de Vintimille
du Luc , eft mort à Paris le 29 , âgé de
vingt ans.
René-François , Marquis du Châtelet , & de
Grandfeille , Baron de Cirey , Lieutenant général
des troupes de l'Empereur , & ci-devant Commandant
en chef dans le grand Duché de Tof.
cane , eft mort le 2 Janvier , à Blamont en Lorraine
, âgé de foixante - fept ans.
Dame Marie-Thereſe de Meſmes , veuve de
M.AR S. 1755. 199
Meffire François de la Roche , Marquis de Fontenilles
mourut à Paris le 6 Janvier âgée de
quatre-vingt-fept ans.
Dame Marie-Jeanne Frefeau de la Frefeliere
épouse de Mefire Nicolas Doublet de Perfan
Maître des Requêtes , & Intendant du commerce,
eft morte à Paris le 16 , dans fa quarante-neuviéme
année.
I.e 19 eft décedé Meffire Alexandre de Bauffan,
Maître des Requêtes , dans la vingt- huitiéme année
de fon âge.
Huguette- Gabrielle de Lufignan de Lezay ;
épouse de M. Lancelot , Comte de Turpin de Crif
fe , Brigadier de cavalerie , mourut le 25 , âgée
de vingt-cinq ans.
Thomas Caraccioli , Napolitain , le plus ancien
Lieutenant général des armées du Roi , eft
mort le 26 , dans fa cent & troifiéme année. Le
Marquis de Caraccioli étoit de l'illuftre Maifon
de ce nom. Il avoit été Gouverneur de Briançon ,
& Commandant des villes de Mezieres , de Charleville
, & de Sedan
Anne le Roux veuve en fecondes nôces de
Jean Druart , eft morte le 16 Octobre , à Paris ,
fur la paroiffe de faint Severin , âgée de près de
cent-vingt ans. Elle étoit née à Dormont , dans
le Diocèle d'Evreux , & elle avoit douze ans lorfqu'en
1646 ce hameau fut confumé par un incendie.
La nommée Marie Blanchard , veuve de ' Jean
Manfeau , eft morte le 30 Octobre dernier , au
château de Champs - Cremainville , paroiffe de
Melleray , Diocèfè de Chartres , âgée de [centtrois
ans neuf mois , n'ayant aucune des infirmités
de la vieilleffe ; elle voyoit & entendoit trèsbien
, & elle marchoit fans bâton. Dans le mois
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'Octobre de l'année derniere elle alla à une
petite ville du Perche , diftante de trois lieues de
Champs , & elle en revint le même jour fur une
charrette chargée de meubles , où elle étoit d'autant
moins à fon aife , que le tems étoit très-froid
& très- pluvieux.
Fermer
Résumé : NAISSANCE, MARIAGES ET MORTS.
Le texte relate plusieurs événements familiaux et historiques concernant des familles nobles françaises. Le 31 janvier, Dame Marie, épouse de Puech, Seigneur de Laloubiere, a donné naissance à un fils baptisé Marie-André-Louis. Le texte mentionne également le mariage du fils aîné de François del Puech de Comeiras, Brigadier des armées du Roi, cousin germain paternel de Jean-Pierre-Louis del Puech de Laloubiere. Le 5 novembre, Meffire Marie-Henri de Salvert a épousé Dlle Charlotte-Henriette de Sabrevois, fille de Meffire Henri de Sabrevois, Maréchal des camps et armées du Roi. Le 27 novembre, Meffire François de Boyffeulh, Capitaine de Cavalerie, a épousé Dlle Marie-Marguerite-Catherine Damblard de Lafmaftres. Leur mariage a été bénit par l'Évêque d'Arras dans l'église de la Paroisse du Château à Versailles, en présence de la Comtesse de Toulouse. Le 28 novembre, Louis, Comte de Prie, a épousé Louise-Camille-Victoire de Villette. Leur contrat de mariage a été signé par le Roi, la Reine et la Famille royale. Le texte décrit ensuite la Maison de Prie, soulignant ses origines nobles, ses possessions territoriales et ses alliances illustres. La famille de Prie est connue depuis Geoffroi, Sire de Prie, présent en 1178. Plusieurs membres de cette famille ont occupé des postes importants, tels que Sénéchal de Beaucaire et de Nîmes, Maître d'Hôtel du Duc de Normandie, et Capitaines de compagnies d'ordonnance. La Maison de Prie est alliée à de nombreuses autres grandes familles nobles françaises. En mars 1755, plusieurs mariages ont été célébrés : Meffire Jofeph de Preaulx a épousé Dlle Renée-Catherine-Joanne du Tertre de Sancé à Château-Gontier ; Meffire Jean-Baptiste-François-Gabriel-Louis de Coutaud a épousé Dlle Marie-Louise-Joseph de Calonne de Courtebonne ; Meffire Jean-Baptiste du Sauzay a épousé Dlle Marguerite de Blotefiere de Vauchelle ; Meffire Jean-Baptiste du Champ d'Affant a épousé Dlle Rosalie-Louise du Tillet. Plusieurs décès notables sont également mentionnés, notamment ceux de Dame Anne-Elisabeth-Marie-Rose Briffart, épouse de Meffire Henri-Charles de Thiard de Billy, et de Marie-Louise-Charlotte, légitimée de Bourbon, épouse de Meffire Nicolas de Chaugy. D'autres décès incluent ceux de Meffire Honoré le Tellier, Comte de Souvré, Meffire Pierre Dedelay de la Garde, et Meffire Charles-Pierre de la Chastre. Le document détaille également les décès de plusieurs personnalités militaires et nobles, comme Meffire Charles-Antoine-Armand-Odet d'Aydie, Comte de Riberac, et Frere Jean-François Fraguier, Chevalier de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem. Parmi les autres décès notables figurent ceux de Dame Gabrielle de Murviel, épouse de Meffire Henri de Carion, Marquis de Nizas, et de Meffire Michel Larcher, Maître des Requêtes. Le document se termine par la mention de plusieurs autres décès, incluant ceux de Meffire Antoine Ralet de Chalet, Meffire Louis le Maire, et Dame Marie-Thérèse de Mizon, épouse du Comte de Muy.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
77
p. 118-129
REPONSE DE M. L'ABBÉ V. A M. LE P. H.
Début :
Le suffrage d'un homme comme vous, Monsieur, a quelque chose de si séduisant [...]
Mots clefs :
Droit de Régale, Abbé, Églises, Fiefs, Bénéfices, Seigneur, Maître, Terres, Rois
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE DE M. L'ABBÉ V. A M. LE P. H.
REPONSE DE M. L'ABBÉ V.
A M. LE P. H.
e
E fuffrage d'un homme comme vous ,
Monfieur , & quelque chofe de fi féduifant
, qu'à da lecture de la lettre dont
vous m'honorez , j'ai prefque été tenté de
me croire un perfonnage . Mais je me connois
, & cette connoiffance ne m'a laiffé
appercevoir dans vos politeffes qu'un excès
de bonté qui veut encourager un novice
, plus recommendable par fa bonne
volonté que par fes talens. Vous me permettez
de vous faire quelques nouvelles
obfervations fur le point qui nous divife :
j'ufe de la permiffion , moins cependant
pour difputer que pour chercher le vrai ,
qui feul doit être notre guide . C'eſt unt
écolier qui confulte fon maître ; & quel
maître ? Un nouveau Sallufte , mais plus
clair dans fa briéveté fententieufe , un au- -
tre Velleius Paterculus plus inftructif &
auffi délicat dans fes portraits , le digne
éleve enfin du goût , & le favori des graces.
L'Abbé Velly ne fait point remonter
l'origine des fiefs , ftrictement dit , jufqu'aux
premiers fiécles de la monarchie :
il convient avec l'illuftre auteur du nouvel
AVRIL. 1755. 119
abrégé chronologique de notre hiftoire
que ce n'eft que fous le foible regne de
Charles le Simple qu'on les voit tels qu'ils
font aujourd'hui. Charles le Chauve les
avoit , pour ainfi dire , préparés par le fameux
capitulaire (a ) qui ordonne que
fi après la mort quelqu'un de fes fideles
veut renoncerau monde , il pourra
laiffer tous fes emplois à fon fils , ou à ce
lui de fes parens qu'il voudra choisir pour
fon fucceffeurs ce qui étoit établir une.
efpece d'hérédité dans les offices , & les
rendre en quelque forte propres & patri
moniaux. sidst 201 160 2000
Mais en même tems qu'il abandonne ce
point , qui demanderoit pour être éclairci
plus de tems & plus de connoiffances , il fe
croit sautorifé à foutenir qu'il y avoit fous
la premiere race des efpeces de poffeffions
qui tenoient beaucoup de la nature féodale
, quelque nom qu'on veuille leur don
ner , terres , feigneuries , bénéfices ou fiefs.
Pafquier ( b) les appelle Bénéfices , & cite
pour exemple Clovis , qui inveftit le Com
te Auréliens de la feigneurie de Melun.
Loifeau ( a ) ne craint point de les nommer
( a ) Capitul . 10. apud Duch . tom. 2. p. 463 .
( b ) Recherch. de la France , tom. 1. c. liv. 2
16. p. 130.
(c) Loyf. des Offices feod. ch. z . p. 99.
120 MERCURE DE FRANCE:
»
fiefs , & les fait auffi anciens que la monarchie
: voici fes propres termes. » Ce
peuple victorieux ( les Francs ) partagea
& diftribua les terres de fa conquête ; il
» les attribua à titre & condition de fief à
» fes Capitaines , tant pour récompenfe de
leur mérite , que pour tenir deformais
» lieu de gages à leur office , attendu que
» ces Capitaines étoient leurs uniques Ma-
» giftrats. Ceux- ci , ajoute- t-il , baillerent
»à leurs foldats certaines terres à même
»titre de fief , c'est- à- dire , à la charge de
» les affifter toujours en guerre ; & ces fe-
"conds fiefs finiffoient du commencement,
» ainfi que les premiers , par la mort du
» vaffal . Mais comme toutes chofes ten-
» dent & s'établiſſent enfin à la propriété
» à fucceffion de tems on vint à confidé-
» rer que c'étoit une cruauté d'ôter le fief
» aux enfans d'un pauvre foldat bien méri
» té , qui ne leur avoit laiffé aucun autre
»bien , & partant on s'accoutuma à les re
و د
bailler par pitié à l'un defdits enfans ,
» tel qu'il plaifoit au feigneur d'en grati-
» fier . Puis ce fut un droit commun que
les enfans mâles fuccéderoient tous en-
» femble au fief du pere. Mais les filles &
» les collatéraux n'y fuccédoient point ...
» Nous avons à la fin admis indiftincte-
» ment les fucceffions collatérales des fiefs,
même
AVRIL. 1755. 121
>
même au profit des filles en défaut
» toutefois de mâle en pareil dégré il
» nous eft cependant refté quelque chofe
» de notre ancienne rigueur , à fçavoir
qu'à toutes mutations de fiefs , il eft dit
» ouvert & fans homme , c'est - à- dire va-
» cant au refpect du Seigneur , lequel ſe
»peut remettre dans icelui & en jouir com-
» me réuni à fon domaine , jufqu'à ce qu'il
» ſe préſente un fucceffeur qui vienne le
» couvrir & relever , & fe déclarer hom-
» me & vaffal du Seigneur ; & quand il
» tombe en fucceffion collatérale , ou en
❤aliénation , quelle qu'elle foit , il le faut
racheter du Seigneur par certains droits
» qu'on lui paye.
Ce paffage un peu long , mais effentiel.
à la juftification du fyftême attaqué , n'eſt
rien autre chofe qu'une paraphrafe du premier
titre des fiefs : Antiquiffimo tempore poterat
Dominus auferre rem infeudum datam :
deinde obfervatum eft , ut ad vitam fidelis
produceretur produceretur. Il en réfulte deux chofes ,
la premiere qu'il n'eft point de l'effence du
fief d'être héréditaire & patrimonial , mais
d'être tenu fous certaine redevance ; la feconde
, que l'Abbé Velly en tirant l'origine
de la Régale de la nature du droit
féodal , lui donne la même antiquité qu'à
la Monarchie : antiquiffimo tempore. Nous
F
122 MERCURE DE FRANCE.
avons d'ailleurs plufieurs monumens qui
prouvent que même avant le regne de
Charles le Simple , les Evêques ( fans dou
te ceux qui étoient foumis à la Régale )
fe reconnoiffoient hommes , tenanciers ,
feudataires , ou bénéficiers du Prince. On
lit dans un poëme manufcrit de Philippe
Mouskes , intitulé : Hiftoire des François ,
& cité par Ducange ( d )',
Et caskuns Veſques premerains ( e ) ,
Dou Roi de France , joint ſes mains
Prent fon Régale por droiture ,
Et fes hom eft de teneure,
On remarquera
que l'historien
poete
parle de la coutume obfervée fous Chilpéric.
Nous voyons encore quelque choſe de
plus marqué dans une formule de ferment
prêté fous Charles le Chauve
(f) » Moi
" Hincmar
, Evêque de Laon , promets
d'être à jamais fidele & obéillant
, felon
le devoir de mon miniftere
, à Charles ,
» mon maître & mon Seigneur
, comme
» un homme doit l'être à fon Seigneur , &
( d ) Au mot Regalia.
(e ) C'est -à-dire premiers , principaux , fans
doute par
les fiefs qu'ils tenoient de la Couronne. On difoit autrefois Prematie au lieu de Primatię,
(ƒ) Continúat. Aimoin . 1. 5 : c. 21 .
AVRIL 1755. 123
un Evêque à fon Roi » . Ici l'homme &
l'Evêque font diftingués , de même que
le fuzerain & le Souverain : Sicut homo fue
feniori , & Epifcopus fuo Regi.
On objecte que les fiefs font de tous les
pays , & que les feuls Rois de France ont
droit de Régale ; mais l'objection tombe
d'elle-même , s'il eft vrai que les autres
Souverains en ont joui anciennement. On
lit dans Orderic Vital ( g ) , » qu'à la mort
» des Prélats & des Archimandrites , les
» Satellites du Roi d'Angleterre s'empa-
>> roient des terres de leur Eglife , qu'ils
» réuniffoient au domaine pour trois ans ,
quelquefois plus d'où il arrivoit que
» le troupeau , deftitué de Paſteur , étoit
expofé à la morfure des loups » . Qu'on
life l'hiftoire des divifions du facerdoce
& de l'Empire ( b ) , on y verra ces juftes
plaintes mille fois répétées. Les Empereurs
& les Rois d'Angleterre avoient donc anciennement
droit de mettre en leur main
le temporel des Prélatures vacantes par
mort : ce qui n'eft autre chofe que le droit
de Régale. Pourquoi ne l'ont-ils plus ? &
comment ont- ils laiffé perdre une fi glorieufe
prérogative ? c'eft ce qui n'eft point
de notre fujer. La gloire de nos Rois eft
( g ) Liv. 10. p. 763.
(h) Arnold. Lubec. 1. 3. c. 16..!
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
d'avoir eu en même tems , & affez de fermeté
pour fe maintenir dans la poffeffion
d'un privilege né & établi avec la Monarchie
, & affez de religion pour n'en point
abufer.
Mais , dira t- on , M. Audoul , célébré
Avocat , dans fon traité de la Régale , tire
l'origine de cette noble prérogative , du
canon VII du premier concile d'Orléans
& M. Ifali , autre oracle du barreau ,
dans l'approbation qu'il a donnée à cet
ouvrage , affure que ce fyftême eft prouvé
par des faits fi certains , qu'il n'eft pas
poffible d'y refifter. L'Abbé Velly honore
affurément ces deux grandes lumieres :
mais il les admire encore plus , & confeſſe
ingénument qu'il n'a pas d'affez bons
yeux pour voir ce qu'ils ont vû. Il tient
actuellement en main le Concile d'Or
léans , il lit le feptiéme canon ( b ) , & n'y
apperçoit qu'une défenfe aux Abbés , aux
Prêtres , aux Clercs , & aux Religieux
d'aller en Cour , fans la permiffion & la
recommendation de l'Evêque , pour obrenir
des bénéfices. Abbatibus , Prefbiteris ,
omnique Clero , vel in religionis profeffione
viventibus , fine difcuffione vel commendatione
Epifcoporum , pro pretendis Beneficiis ¿
(h ) Concil. tom. 4. p. 1406,
AVRIL. · 17.55. 125
ad domnos venire non liceat. Quodfi quifquam
prafumpferit , tam diu fui honore &
communione privetur , donec per pænitentiam
plenam ejus fatisfactionem facerdos accipiat.
Il recommence donc une lecture
déja refléchie de tout le Concile , & trouve
enfin dans de cinquième canon ces mots
qu'on prétend facramentaux , quidquid in
fructibus. Voici comme ce decret eft conçu :
( i ) De oblationibus vel agris quos domnus
Rex Ecclefiis fuo munere conferre dignatus
eft , vel adhuc , non habentibus , Deo infpirante
, contulerit , ipforum agrorum vel Ecclefiarum
immunitate conceffa , id effe juftif
fimum definimus , ut in reparationibus Ecclefiarum
alimoniis facerdotum & pauperum
, vel redemptionibus captivorum , quidquid
Deus in fructibus dare dignatusfuerit ,
expendatur , & Clerici in adjutorium Ecclefiaftici
operis conftringantur. Quod fi aliquis
facerdotum ad hanc curam minus follicius
ac devotus extiterit , publicè à comprovincialibus
Epifcopis confundatur. Quod fi nec tali
confufione correxerit , donec emendet errorem,
communione fratrum habeatur indignus . Il
faut avouer que c'eft
peu communes
que avoir des lumieres
de trouver les vrais
principes de la Régale dans ce ftatut plus
( i ) Ibid. Can. V. p. 1405 , 1406.
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
}
religieux qué politique. M. Fleury & tous
les hiftoriens eccléfiaftiques n'y découvrent
qu'une fage attention de l'Eglife à prévemir
fes miniftres , que les biens qu'ils tiennent
de la libéralité de nos Rois ne leur
ont point été donnés pour en faire l'ufage
qu'il leur plairoit ; mais qu'ils doivent employer
tout ce que Dieu leur donne audelà
du néceffaire , à la reparation des
Eglifes , à l'entretien des Prêtres & des
pauvres , ou enfin au rachat des captifs.
L'Abbé Velly pourroit même en tirer une
induction favorable à fon fyftême . Les
conceffions de nos Rois en faveur du Clergé
étoient donc , ou conditionnelles , ou
pures & fimples , c'eft- à - dire , ou affujet
ties à certaines redevances , ou affranchies
de toure fervitude : de là cette diftinction
des Eglifes qui vaquoient ou ne vaquoient
point en Régale.
On répond que les Gens du Roi , M.
Molé & M. Bignon , dans leur avis donné
en 1633 & en 1638 , difent qu'il doit être
tenu pour conftant , que la Régale eft univerfelle
, & a lieu dans toutes les Eglifes
du Royaume , comme étant un droit non
feulement inhérent à la perfonne facrée
de nos Rois , mais auffi uni & incorporé
à la Couronne , né & établi avec elle.
L'Abbé Velly fent toute l'importance de
AVRIL 1755 127
cette objection , & combien il eft délicat
d'avoir à fe défendre contre des autorités
toujours refpectables , & quelquefois terribles.
Auffi n'entreprendra- t- il pas d'y répondre
: c'eft Pafquier ( k ) qui plaidera fa
caufe , & parlera pour lui. Tous les
Archevêchés & Evêchés de France , dit
» ce célébre Jurifconfulte , ne font eftimés
" tomber en Régale , vacation d'iceux avenant
: ores que quelques- uns eftiment le
» contraire, Opinion de prime face plaufible
pour favorifer les droits du Roi ;
mais erronée , bien qu'elle ne foit deſtituée
de bons parrains. Car Maitre Jean
» le Bouteiller en fa fomme rurale , l'efti-
»ma ainfi & de notre tems , M. de Pibrac
, Avocat du Roi au Parlement , la
voulut faire paffer par Edict , mais il en
fur dedict . Il ne faut rien ôter à l'Eglife
pour le donner par une nouveauté à nos
» Rois , ni leur ôter pour le donner à l'Eglife.
Or que toutes les Eglifes Cathédrales
ne tombent en Régale , nous avons
plufieurs Ordonnances qui le nous enfeignent.
Celle de Philippe le Bel , en
" 1302 , porte entr'autres articles ( 4 ).
» Item , quantum ad Regalias quas nos 5
(k ) Recherch. de la France , tom . 1. 1. 3. chap.
37. p. 303 .
(1 ) Apud de Lauriere , tom. 1. Ordinat. p. 359.
Fiv
18 MERCURE DE FRANCE.
» prædeceffores noftri , confuervimus percipere
in aliquibus Ecclefiis Regni noftri ,
quando eas vacare contigit : & Louis XII
dit expreffément dans fon édit de l'an
» 1499 , nous défendons à tous nos Officiers
»qu'ès Archevêchés , Abbayes , & autres bénéfices
de notre Royaume , efquels n'avons
droit de Régale , ils ne fe mettent dedans ni
» ès fortes places , finon ès bénéfices & fortes
» places qui feroient affifes ès pays
limitrophes
de notre Royaume. Bref, qui foutient
le contraire eft plutôt un flateur de Cour ,
qu'un Jurifconfulte François. sy b
+
P
On peut encore confulter les actes du
fecond Concile général de Lyon , qui autorife
la Régale dans les Eglifes où elle
étoit établie par la fondation ou par quelque
coutume ancienne ( m ) , mais qui dé,
fend de l'introduire dans celles où elle n'étoit
pas reçue. Quant aux Eglifes qui vaquoient,
ou ne vaquoient point en Régale ,
on en trouvera la lifte dans le Traité de
l'ufage des fiefs ( n ) , par M. Bruffel. Au
refte , le fentiment de M. le Préfident Hénaut
fur l'univerfalité de cette prérogative
unique de nos Rois , eft appuyée far de
grandes autorités , & pour me fervir des
termes de Pafquier , a de très bons parreins.
( m ) Tom. XI. Concil. Confid. 13. de Elect.
( a ) Tom. I. pag. 292 & 293.·
AVRIL. 1755 129
,
Le celebre auteur du nouvel abrégé chronologique
de notre hiftoire , mérite affurément
une place diftinguée parmi les plus
illuftres , tels que les Pibracs , les Molés :
les Bignons , noms confacrés à l'immortalité.
Voilà , Monfieur , fur quels fondemens
fai bâti mon fyftême de l'origine de la
Régale , & en même tems une partie des
faifons qui peuvent fervir à ma juſtification
. J'ai cru devoir vous les expofer , pour
répondre à la bienveillance dont vous
m'honorez je les foumers à vos lumieres ,
toujours prêt à rendre au plus judicieux &
au plus élégant de nos hiftoriens , l'hom
mage qu'un difciple doit à fon maître. Ik
ne me refte qu'à vous faire d'humbles re
mercimens de m'avoir procuré l'occafion
de faire paroître les fentimens , & c.
*
Medspaſt nad ubqkeretek VELLY.
A M. LE P. H.
e
E fuffrage d'un homme comme vous ,
Monfieur , & quelque chofe de fi féduifant
, qu'à da lecture de la lettre dont
vous m'honorez , j'ai prefque été tenté de
me croire un perfonnage . Mais je me connois
, & cette connoiffance ne m'a laiffé
appercevoir dans vos politeffes qu'un excès
de bonté qui veut encourager un novice
, plus recommendable par fa bonne
volonté que par fes talens. Vous me permettez
de vous faire quelques nouvelles
obfervations fur le point qui nous divife :
j'ufe de la permiffion , moins cependant
pour difputer que pour chercher le vrai ,
qui feul doit être notre guide . C'eſt unt
écolier qui confulte fon maître ; & quel
maître ? Un nouveau Sallufte , mais plus
clair dans fa briéveté fententieufe , un au- -
tre Velleius Paterculus plus inftructif &
auffi délicat dans fes portraits , le digne
éleve enfin du goût , & le favori des graces.
L'Abbé Velly ne fait point remonter
l'origine des fiefs , ftrictement dit , jufqu'aux
premiers fiécles de la monarchie :
il convient avec l'illuftre auteur du nouvel
AVRIL. 1755. 119
abrégé chronologique de notre hiftoire
que ce n'eft que fous le foible regne de
Charles le Simple qu'on les voit tels qu'ils
font aujourd'hui. Charles le Chauve les
avoit , pour ainfi dire , préparés par le fameux
capitulaire (a ) qui ordonne que
fi après la mort quelqu'un de fes fideles
veut renoncerau monde , il pourra
laiffer tous fes emplois à fon fils , ou à ce
lui de fes parens qu'il voudra choisir pour
fon fucceffeurs ce qui étoit établir une.
efpece d'hérédité dans les offices , & les
rendre en quelque forte propres & patri
moniaux. sidst 201 160 2000
Mais en même tems qu'il abandonne ce
point , qui demanderoit pour être éclairci
plus de tems & plus de connoiffances , il fe
croit sautorifé à foutenir qu'il y avoit fous
la premiere race des efpeces de poffeffions
qui tenoient beaucoup de la nature féodale
, quelque nom qu'on veuille leur don
ner , terres , feigneuries , bénéfices ou fiefs.
Pafquier ( b) les appelle Bénéfices , & cite
pour exemple Clovis , qui inveftit le Com
te Auréliens de la feigneurie de Melun.
Loifeau ( a ) ne craint point de les nommer
( a ) Capitul . 10. apud Duch . tom. 2. p. 463 .
( b ) Recherch. de la France , tom. 1. c. liv. 2
16. p. 130.
(c) Loyf. des Offices feod. ch. z . p. 99.
120 MERCURE DE FRANCE:
»
fiefs , & les fait auffi anciens que la monarchie
: voici fes propres termes. » Ce
peuple victorieux ( les Francs ) partagea
& diftribua les terres de fa conquête ; il
» les attribua à titre & condition de fief à
» fes Capitaines , tant pour récompenfe de
leur mérite , que pour tenir deformais
» lieu de gages à leur office , attendu que
» ces Capitaines étoient leurs uniques Ma-
» giftrats. Ceux- ci , ajoute- t-il , baillerent
»à leurs foldats certaines terres à même
»titre de fief , c'est- à- dire , à la charge de
» les affifter toujours en guerre ; & ces fe-
"conds fiefs finiffoient du commencement,
» ainfi que les premiers , par la mort du
» vaffal . Mais comme toutes chofes ten-
» dent & s'établiſſent enfin à la propriété
» à fucceffion de tems on vint à confidé-
» rer que c'étoit une cruauté d'ôter le fief
» aux enfans d'un pauvre foldat bien méri
» té , qui ne leur avoit laiffé aucun autre
»bien , & partant on s'accoutuma à les re
و د
bailler par pitié à l'un defdits enfans ,
» tel qu'il plaifoit au feigneur d'en grati-
» fier . Puis ce fut un droit commun que
les enfans mâles fuccéderoient tous en-
» femble au fief du pere. Mais les filles &
» les collatéraux n'y fuccédoient point ...
» Nous avons à la fin admis indiftincte-
» ment les fucceffions collatérales des fiefs,
même
AVRIL. 1755. 121
>
même au profit des filles en défaut
» toutefois de mâle en pareil dégré il
» nous eft cependant refté quelque chofe
» de notre ancienne rigueur , à fçavoir
qu'à toutes mutations de fiefs , il eft dit
» ouvert & fans homme , c'est - à- dire va-
» cant au refpect du Seigneur , lequel ſe
»peut remettre dans icelui & en jouir com-
» me réuni à fon domaine , jufqu'à ce qu'il
» ſe préſente un fucceffeur qui vienne le
» couvrir & relever , & fe déclarer hom-
» me & vaffal du Seigneur ; & quand il
» tombe en fucceffion collatérale , ou en
❤aliénation , quelle qu'elle foit , il le faut
racheter du Seigneur par certains droits
» qu'on lui paye.
Ce paffage un peu long , mais effentiel.
à la juftification du fyftême attaqué , n'eſt
rien autre chofe qu'une paraphrafe du premier
titre des fiefs : Antiquiffimo tempore poterat
Dominus auferre rem infeudum datam :
deinde obfervatum eft , ut ad vitam fidelis
produceretur produceretur. Il en réfulte deux chofes ,
la premiere qu'il n'eft point de l'effence du
fief d'être héréditaire & patrimonial , mais
d'être tenu fous certaine redevance ; la feconde
, que l'Abbé Velly en tirant l'origine
de la Régale de la nature du droit
féodal , lui donne la même antiquité qu'à
la Monarchie : antiquiffimo tempore. Nous
F
122 MERCURE DE FRANCE.
avons d'ailleurs plufieurs monumens qui
prouvent que même avant le regne de
Charles le Simple , les Evêques ( fans dou
te ceux qui étoient foumis à la Régale )
fe reconnoiffoient hommes , tenanciers ,
feudataires , ou bénéficiers du Prince. On
lit dans un poëme manufcrit de Philippe
Mouskes , intitulé : Hiftoire des François ,
& cité par Ducange ( d )',
Et caskuns Veſques premerains ( e ) ,
Dou Roi de France , joint ſes mains
Prent fon Régale por droiture ,
Et fes hom eft de teneure,
On remarquera
que l'historien
poete
parle de la coutume obfervée fous Chilpéric.
Nous voyons encore quelque choſe de
plus marqué dans une formule de ferment
prêté fous Charles le Chauve
(f) » Moi
" Hincmar
, Evêque de Laon , promets
d'être à jamais fidele & obéillant
, felon
le devoir de mon miniftere
, à Charles ,
» mon maître & mon Seigneur
, comme
» un homme doit l'être à fon Seigneur , &
( d ) Au mot Regalia.
(e ) C'est -à-dire premiers , principaux , fans
doute par
les fiefs qu'ils tenoient de la Couronne. On difoit autrefois Prematie au lieu de Primatię,
(ƒ) Continúat. Aimoin . 1. 5 : c. 21 .
AVRIL 1755. 123
un Evêque à fon Roi » . Ici l'homme &
l'Evêque font diftingués , de même que
le fuzerain & le Souverain : Sicut homo fue
feniori , & Epifcopus fuo Regi.
On objecte que les fiefs font de tous les
pays , & que les feuls Rois de France ont
droit de Régale ; mais l'objection tombe
d'elle-même , s'il eft vrai que les autres
Souverains en ont joui anciennement. On
lit dans Orderic Vital ( g ) , » qu'à la mort
» des Prélats & des Archimandrites , les
» Satellites du Roi d'Angleterre s'empa-
>> roient des terres de leur Eglife , qu'ils
» réuniffoient au domaine pour trois ans ,
quelquefois plus d'où il arrivoit que
» le troupeau , deftitué de Paſteur , étoit
expofé à la morfure des loups » . Qu'on
life l'hiftoire des divifions du facerdoce
& de l'Empire ( b ) , on y verra ces juftes
plaintes mille fois répétées. Les Empereurs
& les Rois d'Angleterre avoient donc anciennement
droit de mettre en leur main
le temporel des Prélatures vacantes par
mort : ce qui n'eft autre chofe que le droit
de Régale. Pourquoi ne l'ont-ils plus ? &
comment ont- ils laiffé perdre une fi glorieufe
prérogative ? c'eft ce qui n'eft point
de notre fujer. La gloire de nos Rois eft
( g ) Liv. 10. p. 763.
(h) Arnold. Lubec. 1. 3. c. 16..!
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
d'avoir eu en même tems , & affez de fermeté
pour fe maintenir dans la poffeffion
d'un privilege né & établi avec la Monarchie
, & affez de religion pour n'en point
abufer.
Mais , dira t- on , M. Audoul , célébré
Avocat , dans fon traité de la Régale , tire
l'origine de cette noble prérogative , du
canon VII du premier concile d'Orléans
& M. Ifali , autre oracle du barreau ,
dans l'approbation qu'il a donnée à cet
ouvrage , affure que ce fyftême eft prouvé
par des faits fi certains , qu'il n'eft pas
poffible d'y refifter. L'Abbé Velly honore
affurément ces deux grandes lumieres :
mais il les admire encore plus , & confeſſe
ingénument qu'il n'a pas d'affez bons
yeux pour voir ce qu'ils ont vû. Il tient
actuellement en main le Concile d'Or
léans , il lit le feptiéme canon ( b ) , & n'y
apperçoit qu'une défenfe aux Abbés , aux
Prêtres , aux Clercs , & aux Religieux
d'aller en Cour , fans la permiffion & la
recommendation de l'Evêque , pour obrenir
des bénéfices. Abbatibus , Prefbiteris ,
omnique Clero , vel in religionis profeffione
viventibus , fine difcuffione vel commendatione
Epifcoporum , pro pretendis Beneficiis ¿
(h ) Concil. tom. 4. p. 1406,
AVRIL. · 17.55. 125
ad domnos venire non liceat. Quodfi quifquam
prafumpferit , tam diu fui honore &
communione privetur , donec per pænitentiam
plenam ejus fatisfactionem facerdos accipiat.
Il recommence donc une lecture
déja refléchie de tout le Concile , & trouve
enfin dans de cinquième canon ces mots
qu'on prétend facramentaux , quidquid in
fructibus. Voici comme ce decret eft conçu :
( i ) De oblationibus vel agris quos domnus
Rex Ecclefiis fuo munere conferre dignatus
eft , vel adhuc , non habentibus , Deo infpirante
, contulerit , ipforum agrorum vel Ecclefiarum
immunitate conceffa , id effe juftif
fimum definimus , ut in reparationibus Ecclefiarum
alimoniis facerdotum & pauperum
, vel redemptionibus captivorum , quidquid
Deus in fructibus dare dignatusfuerit ,
expendatur , & Clerici in adjutorium Ecclefiaftici
operis conftringantur. Quod fi aliquis
facerdotum ad hanc curam minus follicius
ac devotus extiterit , publicè à comprovincialibus
Epifcopis confundatur. Quod fi nec tali
confufione correxerit , donec emendet errorem,
communione fratrum habeatur indignus . Il
faut avouer que c'eft
peu communes
que avoir des lumieres
de trouver les vrais
principes de la Régale dans ce ftatut plus
( i ) Ibid. Can. V. p. 1405 , 1406.
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
}
religieux qué politique. M. Fleury & tous
les hiftoriens eccléfiaftiques n'y découvrent
qu'une fage attention de l'Eglife à prévemir
fes miniftres , que les biens qu'ils tiennent
de la libéralité de nos Rois ne leur
ont point été donnés pour en faire l'ufage
qu'il leur plairoit ; mais qu'ils doivent employer
tout ce que Dieu leur donne audelà
du néceffaire , à la reparation des
Eglifes , à l'entretien des Prêtres & des
pauvres , ou enfin au rachat des captifs.
L'Abbé Velly pourroit même en tirer une
induction favorable à fon fyftême . Les
conceffions de nos Rois en faveur du Clergé
étoient donc , ou conditionnelles , ou
pures & fimples , c'eft- à - dire , ou affujet
ties à certaines redevances , ou affranchies
de toure fervitude : de là cette diftinction
des Eglifes qui vaquoient ou ne vaquoient
point en Régale.
On répond que les Gens du Roi , M.
Molé & M. Bignon , dans leur avis donné
en 1633 & en 1638 , difent qu'il doit être
tenu pour conftant , que la Régale eft univerfelle
, & a lieu dans toutes les Eglifes
du Royaume , comme étant un droit non
feulement inhérent à la perfonne facrée
de nos Rois , mais auffi uni & incorporé
à la Couronne , né & établi avec elle.
L'Abbé Velly fent toute l'importance de
AVRIL 1755 127
cette objection , & combien il eft délicat
d'avoir à fe défendre contre des autorités
toujours refpectables , & quelquefois terribles.
Auffi n'entreprendra- t- il pas d'y répondre
: c'eft Pafquier ( k ) qui plaidera fa
caufe , & parlera pour lui. Tous les
Archevêchés & Evêchés de France , dit
» ce célébre Jurifconfulte , ne font eftimés
" tomber en Régale , vacation d'iceux avenant
: ores que quelques- uns eftiment le
» contraire, Opinion de prime face plaufible
pour favorifer les droits du Roi ;
mais erronée , bien qu'elle ne foit deſtituée
de bons parrains. Car Maitre Jean
» le Bouteiller en fa fomme rurale , l'efti-
»ma ainfi & de notre tems , M. de Pibrac
, Avocat du Roi au Parlement , la
voulut faire paffer par Edict , mais il en
fur dedict . Il ne faut rien ôter à l'Eglife
pour le donner par une nouveauté à nos
» Rois , ni leur ôter pour le donner à l'Eglife.
Or que toutes les Eglifes Cathédrales
ne tombent en Régale , nous avons
plufieurs Ordonnances qui le nous enfeignent.
Celle de Philippe le Bel , en
" 1302 , porte entr'autres articles ( 4 ).
» Item , quantum ad Regalias quas nos 5
(k ) Recherch. de la France , tom . 1. 1. 3. chap.
37. p. 303 .
(1 ) Apud de Lauriere , tom. 1. Ordinat. p. 359.
Fiv
18 MERCURE DE FRANCE.
» prædeceffores noftri , confuervimus percipere
in aliquibus Ecclefiis Regni noftri ,
quando eas vacare contigit : & Louis XII
dit expreffément dans fon édit de l'an
» 1499 , nous défendons à tous nos Officiers
»qu'ès Archevêchés , Abbayes , & autres bénéfices
de notre Royaume , efquels n'avons
droit de Régale , ils ne fe mettent dedans ni
» ès fortes places , finon ès bénéfices & fortes
» places qui feroient affifes ès pays
limitrophes
de notre Royaume. Bref, qui foutient
le contraire eft plutôt un flateur de Cour ,
qu'un Jurifconfulte François. sy b
+
P
On peut encore confulter les actes du
fecond Concile général de Lyon , qui autorife
la Régale dans les Eglifes où elle
étoit établie par la fondation ou par quelque
coutume ancienne ( m ) , mais qui dé,
fend de l'introduire dans celles où elle n'étoit
pas reçue. Quant aux Eglifes qui vaquoient,
ou ne vaquoient point en Régale ,
on en trouvera la lifte dans le Traité de
l'ufage des fiefs ( n ) , par M. Bruffel. Au
refte , le fentiment de M. le Préfident Hénaut
fur l'univerfalité de cette prérogative
unique de nos Rois , eft appuyée far de
grandes autorités , & pour me fervir des
termes de Pafquier , a de très bons parreins.
( m ) Tom. XI. Concil. Confid. 13. de Elect.
( a ) Tom. I. pag. 292 & 293.·
AVRIL. 1755 129
,
Le celebre auteur du nouvel abrégé chronologique
de notre hiftoire , mérite affurément
une place diftinguée parmi les plus
illuftres , tels que les Pibracs , les Molés :
les Bignons , noms confacrés à l'immortalité.
Voilà , Monfieur , fur quels fondemens
fai bâti mon fyftême de l'origine de la
Régale , & en même tems une partie des
faifons qui peuvent fervir à ma juſtification
. J'ai cru devoir vous les expofer , pour
répondre à la bienveillance dont vous
m'honorez je les foumers à vos lumieres ,
toujours prêt à rendre au plus judicieux &
au plus élégant de nos hiftoriens , l'hom
mage qu'un difciple doit à fon maître. Ik
ne me refte qu'à vous faire d'humbles re
mercimens de m'avoir procuré l'occafion
de faire paroître les fentimens , & c.
*
Medspaſt nad ubqkeretek VELLY.
Fermer
Résumé : REPONSE DE M. L'ABBÉ V. A M. LE P. H.
L'abbé V. répond à une lettre de M. le P. H., reconnaissant sa bonté mais affirmant être un novice. Il accepte de discuter du point qui les divise pour chercher la vérité et loue M. le P. H. en le comparant à des historiens célèbres comme Salluste et Velleius Paterculus. L'abbé V. aborde l'origine des fiefs, affirmant qu'ils n'apparaissent pas aux premiers siècles de la monarchie mais sous le règne de Charles le Simple. Charles le Chauve avait préparé leur établissement par un capitulaire permettant l'hérédité des offices. Cependant, il reconnaît l'existence de possessions féodales sous la première race, appelées bénéfices par Pasquier et fiefs par Loiseleur. Les Francs distribuaient les terres à titre de fief à leurs capitaines et soldats, avec la charge de les assister en guerre. Ces fiefs finissaient à la mort du vassal, mais sont devenus héréditaires par pitié pour les enfants des soldats méritants. Les successions collatérales et les filles ont été admises plus tard, mais certaines rigueurs anciennes subsistent, comme le droit du seigneur de récupérer le fief en l'absence d'héritier. L'abbé V. conclut que le fief n'est pas héréditaire par essence mais tenu sous redevance. Il cite des exemples historiques et des textes pour appuyer ses arguments, notamment des poèmes et des formules de serment d'évêques sous les rois francs. Le texte traite également de la coutume de la régale, une pratique ancienne qui ne doit pas être introduite dans les régions où elle n'était pas déjà établie. La liste des églises concernées par cette coutume peut être trouvée dans le traité de l'usage des fiefs par M. Bruffel. Le sentiment du Président Hénaut sur l'universalité de cette prérogative royale est soutenu par de grandes autorités, et les termes de Pasquier confirment cette opinion. En avril 1755, l'auteur rend hommage à un célèbre historien, auteur d'un abrégé chronologique de l'histoire de France, le plaçant parmi les illustres noms comme Pibrac, Molé et Bignon. L'auteur expose les fondements de son système sur l'origine de la régale et les raisons qui peuvent justifier sa position, exprimant sa gratitude pour la bienveillance et les lumières de son interlocuteur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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78
p. 201-213
NAISSANCE, MARIAGES, & Morts.
Début :
Le 21 Mars, Angélique-Louise de la Rochefoucauld, épouse de Jean-Alexandre-Romée [...]
Mots clefs :
Comte, Seigneur, Mariages, Général, Capitaine, Duc, Marquis, Alliances, Mort, Naissance
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texteReconnaissance textuelle : NAISSANCE, MARIAGES, & Morts.
NAISSANCE , MARIAGES
& Morts.
E 21 Mars , Angélique- Louife de la Rochefoncauld
, époufe de Jean- Alexandre- Romée de
Villeneuve , Vicomte de Vence , Colonel en fecond
& commandant le Régiment Royal- Corfe ,
eft accouchée à Aix d'un fils qui a été nommé
Jules-Alexandre Romée.
202 MERCURE DE FRANCE..
Le 11 de Janvier fut célebré le mariage de
Louis-Léon-Félicité , Comte de Lauraguais , fils
de Louis de Brancas , Duc de Lauraguais , & d'Elifabeth-
Pauline d'Itanguien.
La cérémonie fut faite dans la Chapelle de
l'Hôtel de Biron , par M. le Cardinal de la Rochefoucauld.
La maifon de Brancas eft affez connue par fon
ancienneté , fon illuftration & fes grandes alliances
,fans qu'il foit néceffaire ici d'en faire l'éloge.
Son hiſtoire a été imprimée par beaucoup d'Auteurs
, elle fe trouve dans celle des grands Officiers
de la Couronne , article du Duché- Pairie de
Villars , t . V. p. 277. On y voit que cette Maiſon
eft originaire de Naples , où elle a poffedé les
premieres Charges de cette Couronne , & que le
premier qui s'établit en Provence y vint avec deux
Cardinaux c'étoit Bufille de Brancas , Comte
d'Agnano , au Royaume de Naples , & Seigneur
d'Oife & de Vilofe , aux Diocèfes de Digne , & de
Sifteron , Maréchal de la Cour Romaine , vers la
fin du quatorzieme fiecle .
Le 1 Février , Louis d'Etampes , Marquis
d'Etampes , fils de Louis Roger , Marquis d'Etampes
, & de Marguerite Lidie de Becdelievres de
Cany, époufa Adélaïde- Godefroi-Julie de Fouilleufe
de Flavacourt , fille de François - Marie de
Fouilleufe , Marquis de Flavacourt , Maréchal des
Camps & armées du Roi , & Lieutenant de Roi de
Normandie , & de Hortenfe-Félicité de Mailly de
Nefle.
La maifon d'Etampes , illuftre par les premieres
dignités de l'Eglife & de l'Etat , à eu des alliances
avec les maifons de Montmorenci , de Beauvilliers
, de Gouffier , de Regnier , de Guerchy , de
la Châtre , de Brulart de Sillery , de Choifeul , de
, י
MAI. 1755- 203
Becdelievres , de Béthune , d'Ailly , de Fiennes ,
de Monchy, de Chavagnac , de Rochechouart , &
autres.
Cette maifon a formé quatre branches : la
branche de la Ferté- Imbault , celle de la Mottelez-
Ennordre , de Valençay , & celle d'Autry.
La branche de la Motte- lez-Ennordre defcend
de Jean d'Etampes , Seigneur de la Ferté- Imbault ,
lequel de fon mariage avec Blanche d'Ailly , fille
de Waleran d'Ailly , de la branche de Sains , Seigneur
de Marigny , Bailli de Senlis , & de Jacqueline
de Rouvroy-Saint- Simon, eut plufieurs enfans,
entr'autres Louis d'Etampes , Seigneur de la Ferté-
Imbault , qui a continué la branche aînée , & qui
eft le fixieme ayeul du Marquis d'Etampes qui
donne lieu à cet article , & François d'Etampes
auteur de la branche de la Motte- lez- Ennordre.
La branche de Valençay & celle d'Autry
defcendent de Robert III . d'Etampes , Seigneur
de Sallebris , d'Ardreloup & de Tillay , Maréchal
& Sénéchal du Bourbonnois , lequel eut trois garçons
de fon mariage avec Louife Levraud , fçavoir
Jean d'Etampes , Seigneur de la Ferté-Imbault
dont on a parlé plus haut ; Louis d'Etampes , Seigneur
de Valençay , & Robert d'Etampes , Seigneur
d'Autry. Voyez les Tablettes hiftoriques ,
généalogiques & chronologiques , quat. Partie ,
P. 395. & Gr. Off. tome 7. p . 543 .
La maifon de Fouilleufe de Flavacourt , une des
plus anciennes du Vexin François , a pris alliance
dans le 13 fiecle avec la maiſon de Crevecoeur ,
& depuis avec celle de Gaucourt , de Boves , du
Bec- Crefpin , de Dampont , de Suzanne de Cerny,
de Gaudechart , de Ligny , de Rouffé d'Alembon ,
de Rouxel de Médavy , de Mailly , & autres. Voyez
Tab. Généal. 4. part. p. 77.´.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Le 10 Mars , Milord Clare , Comte de Tho
mond , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
général de fes armées , & Infpecteur général ,
époufa Marie- Genevieve- Louife de Chiffreville ,
fille unique du Marquis de Chiffreville , Lieutenant
général des armées de Sa Majeſté , & premier
Sous-Lieutenant de la feconde Compagnie des
Moufquetaires , & de Dame Marie- Genevieve le
Tonnellier de Charmeaux .
Ce mariage a été fait dans la Chapelle de
l'Hôtel de Machault , par l'Abbé de Breteuil , ancien
Agent général du Clergé.
Le 14 Février 1755 mourut à Paris Marie-
'Anne de Gouffier de Thois , âgée de foixante-huit,
ans fept jours , veuve depuis le 14 Avril 1724 , de
Louis de Bourbon , fecond du nom , Comte de
Buffet & de Châlus , Baron de Piégut , de Vezigneux
, & de Saint - Martin du Puis , &c . qu'elle
avoit épousé par contrat du 31 Décembre 1719.
Elle étoit fille de Thimoléon de Gouffier , Marquis
de Thois , & autres lieux , Gouverneur de
Blois , & d'Henriette de Penancoët de Keroualle ,
veuve de Philippe Herbert , Comte de Pembrock
en Angleterre ; & foeur cadette de Louife-Renée
de Penancoët de Keroualle , Ducheffe de Portsmouth.
Madame la Comteffe de Bourbon- Buffet
laiffe de fon mariage trois enfans , fçavoir ,
2
1. François-Louis Antoine de Bourbon , Comte
de Buffet , dont on va parler.
2. Louife -Claude de Bourbon- Buffet , Religieufe
Bénédictine au Monaftere du Cherche -midi , Fauxbourg
faint Germain , à Paris , où elle a fait profeffion
le 17 Septembre 1740 .
3. Et Henriette- Antoinette de Bourbon-Buffet ,
yeuve fans enfans depuis le 2 Novembre 1752 , de
MA I. 1755. 205
Paul de Grivel de Groffove , Comte d'Auroy , Seigneur
de Groffove , &c. ancien Meftre de camp
du Régiment d'Anjou , Cavalerie , avec lequel
elle avoit été mariée par contrat du 22 Août 1747.
François-Louis-Antoine de Bourbon , Comte
de Buffet & de Châlus , Baron de Vezigneux & de
Saint-Martin du Puis , Seigneur des Creuziers
&c. Meftre de camp du Régiment de Bourbon-
Buffet , Cavalerie , & Chevalier de l'Ordre militaire
de faint Louis , époufa le 23 Avril 1743 ,
Magdeleine- Louife-Jeanne de Clermont - Tonnerre
, fille de Gafpard de Clermont - Tonnerre ,
Maréchal de France , Chevalier des Ordres du Roi,
Gouverneur de Béfort , Marquis de Vauvillars ,
Comte d'Efpinac & de Thoury , & de feue Antoinette
Potier de Novion . De cette alliance font
fortis les enfans qui fuivent .
1. Gafpard- Louis de Bourbon - Buffet , Comte
de Châlus , mort à Paris le 8 Décembre 1751 , âgé
de fix ans & demi.
2.
Louis-François-Jofeph de Bourbon- Buffer ,
aujourd'hui Comte de Châlus , né au Château, de
Buffet en Auvergne , le 1 Juin 1749.
I
3. Artus Charles - Thimoléon de Bourbon-
Buffet , né à Paris le 21 Septembre 1752 .
4. N.... de Bourbon- Buffet , né au Château de
Buffet , le 11 Novembre 1753 , non encore nom
mé..
S. N...de Bourbon-Buffet , née à Buffet , lé 20
Juillet 1746 , auffi non nommée.
6. Marie-Anne-Julie -Louife de Bourbon- Buf
fet , Demoifelle de Châfus , née au Château de Buffet
le 16 Septembre 1747.
7. Et N. de Bourbon- Buffet , morte au Château
de Buffet , le 23 Mars 1751 , fans avoir été nommée,
âgée de deux jours ..
206 MERCURE DE FRANCE.
Voyez ce qui eft dit de la maiſon de Gouffier ;
dans le volume V. p. 605. & fuiv . de l'Hiſtoire des
Grands Officiers de la Couronne ; & le Mercure
du mois de Juin 1754. premiere Partie , à l'occa
fion de la mort de M. le Marquis de Thois , frere
aîné de Madame la Comteffe de Bourbon - Buffet ;
& la quatrieme Partie des Tablettes hiftoriques ,
pages 114 & 115 .
François de Mailly , Comte de Mailly , mourut
le 21 de Février au château de Saint - Leger
près d'Abbeville , âgé de foixante- treize ans ;
il étoit oncle du Comte de Mailly , Lieutenant
général des armées du Roi , & de la province de
Rouffillon , Infpecteur de la Cavalerie , à qui il
a laiffé les terres de fa branche.
La Maiſon de Mailly eft trop connue pour
qu'il foit néceffaire d'entrer ici dans aucun détail
fur l'ancienneté de fon origine , & fur la
grandeur de fes alliances. Il fuffira de rappeller
qu'en 1070 Anfelme de Mailly
doit l'armée de la Comteffe de Flandre , &
gouvernoit fes Etats comme tuteur & le plus
proche parent du Comte fon fils .
* comman-
Colard de Mailly ** fut appellé au gouvernement
du Royaume fous Charles VF , & cette
illuftration a tranfmis dans cette Maifon une
Couronne perfonnelle entremêlée de fleurs de
lys , qu'elle porte depuis ce tems . L'on fçait
auffi que cette Maifon a été revêtue dans tous
* Chronique de Flandre , par Dom de Gherit , 13
91. Hiftoire des Châtelains de Lille , par Floris
Vander- Vaher. Malbrancq. dans ce qu'il a écrit
fur la Flandre.
** Monftrelet , tom. 1. p.77 130. Hift . de Charles
VI. par Le Laboureur , liv . 30. p. 755..
MA I. 1755. 207
*
les tems des Ordres & des plus grandes Charges de
la Couronne .
Le Comte de Mailly , Seigneur de Saint-
Leger , qui donne lieu à cet article , étoit de
la branche des Comtes de Mailly , Seigneurs
d'Haucourt , féparée en 1503 par le mariage
qu'Adrien de Mailly , fecond fils de Jean , Sire
de Mailly , Chambellan de Charles VIII & de
Louis XII , & d'Ifabeau d'Ailly , fille de Jean ,
Vidame d'Amiens , & d'Iolande de Bourgogne ,
fit avec Françoife de Bailleul , fille d'Adrien de
Bailleul & de Jeanne d'Haucourt , par contrat
du 18 Octobre 1503 : c'est par cette alliance
que la terre d'Haucourt eft entrée dans cette
branche de la Maifon de Mailly. L'on voit à
ce fujet un acte paffé devant le Roi François I ,
qui donne à Adrien de Mailly le titre de coufin
, & qui lui remet en faveur dudit mariage
tous les droits qui lui étoient dûs fur la Maifon
de Bailleul ; il ratifia le 3 Mai 1513
tranfaction paffée entre lui & le Comte de Vendôme
, fur les droits réciproques qu'ils avoient
fur la terre de Ravenfberg , à caufe de la Maifon
de Bailleul , dont étoit iffu par fa mere le
Comte de Vendôme.
la
Adrien de Mailly eut entr'autres enfans Edme
de Mailly , qui continua la postérité , &
Jean de Mailly , Seigneur de Belleville , Chevalier
de l'Ordre du Roi , qui n'eut d'Antoinette
de Baudeuil , Dame d'Abancourt , qu'une fille
mariée à Robert de Roncherolles , Baron de
Pont- Saint- Pierre , Chevalier de l'Ordre du Roi ,
Gentilhomme ordinaire de fa Chambre , & premier
Baron de Normandie.
Edine de Mailly , Seigneur d'Haucourt & de
Saint-Leger , étoit Gouverneur d'Ivoy , & Ca208
MERCURE DE FRANCE.
pitaine de mille hommes de pied fous les re
gnes de François I & de Henri II . Il fut l'un
des ôtages de la capitulation de Thionville en
1558. Il époufa en premieres nôces , par con
trat du 16 Avril 1536 , Marie de Boulan , dont
il laiffa François de Mailly qui fuit ; & en fecondes
nôces , par contrat du 24 Avril 1550 ,
Gabrielle d'Ougnies , Dame du Quefnoy en Flandre
elle fur mere de Louis de Mailly , auteur
de la branche du Qefnoy qui , par fes alliances ,
a l'honneur d'appartenir à plufieurs Maifons fouveraines
de l'Europe , & tient à celles de Montmorenci
, de Melun , d'Ifenghien , de Crequi ,
de Berg , d'Aremberg , de Croy , de Longueval ,
de Leide , & c. & c .
:
François de Mailly , premier du nom , Seigneur
d'Haucourt & de Saint -Leger , fut un des Seigneurs
qui fe diftinguerent le plus par leur fidélité
envers le Roi Henri III , durant les guerres
de la ligue. Il fe fignala au fiege de la Rochelle
en 1573 , au combat de Dormans , à la
prife d'Iffoire en 1577 , & fut tué d'un coup
de canon au fiege de la Fere en 1579. Le Roi
Henri III écrivit à cette occafion à la Dame
de Mailly fa veuve , que fi elle avoit perdu un
mari il avoit perdu un bon ferviteur & ami ,
& lui promit qu'il auroit foin de fes enfans.
Il avoit épousé par contrat du 6 Août 1573 ,
Marie d'Hallencourt , fille de N. d'Hallencourt ,
Marquis de Drofmefnil , Seigneur de Canteville .
Il eut de ce mariage :
François de Mailly , II du nom , Seigneur
d'Haucourt & de Saint-Leger , fait Capitaine de
cinquante hommes d'armes , des ordonnances
du Roi. Il fe . diftingua au fiege d'Amiens en
1597 , & mourut à Paris le 30 Mars 1621
.. MA I. 1755. 209
avoit époufé par contrat du 22 Janvier 1607 ,
Marie Turpin , fille de Guillaume Turpin , Seigneur
d'Aligny , & de Françoile de Pellevé ,
laquelle étoit fille de Genevieve de Montmorency
, & niece du Cardinal de Pellevé . Il naquit
de ce mariage , 10 Philippe de Mailly qui
fuit. 20 Antoine de Mailly , Chevalier de Malthe
mort en 1670. 3 ° Nicolas de Mailly , tué
au fiege de Dixnude en 1677
>
Philippe de Mailly , Seigneur d'Haucourt &
'de Saint - Leger , Capitaine d'une compagnie de
cent hommes, dits de Chevaux - Legers , qu'il com-
'mandoit à la bataille d'Avein en 1635, fe trouva à la
fanglante journée de la Marfée en 1641 , & au ſiege
de Nanci en 1633 , invité par deux lettres du Cardinal
de la Valette , commandant l'armée du fiége
, qui lui marquoit que le Roi lui fçauroit gré
d'y venir avec fa compagnie . Il avoit épousé par
contrat da 8 Janvier 1631 , Guillaine Dubié
petite fille du Maréchal de France de ce nom. I
laiffa
Antoine de Mailly , Seigneur d'Haucourt & de
Saint- Leger , marié par contrat du 6 Février 1678
à Françoife de Canutfon de Berlifontaine , dont
vinrent le Comte de Mailly , Seigneur de Saint-
Leger , qui donne lieu à cet article , & le Marquis
de Mailly, Seigneur d'Haucourt , Page du Roi
en 1694 , pere du Comte de Mailly , dont la fille
a époufé le Marquis de Voyer , & dont le fils ,
Louis-Marie de Mailly, eft Capitaine- Lieutenant,
en furvivance de fon pere , de la Compagnie des
Gendarmes Ecoffois , fixième de fon nom revêtu
de cette charge.
Cette branche appartient par fes alliances aux
Maifons de Lorraine, de Moy, de Montmorenci, de
Chaulnes, de S.Simon, d'Harcourt, d'Eſpinai- Saint210
MERCURE DE FRANCE.
Luc , de Mornai Monchevreuil , de Gouffier , d'E
trade , d'Aumont , de Boufflers , d'Auxi , de Roncherolles
, de Brulart , de Vieux- pont , de Moflé ,
de Marcatel , des Effarts , d'Hangeft , de Montmorenci-
Laval , de la Force , de Milli , Le Tellier-
Louvois , d'Ecquevilli , de Colbert , d'Efclainvilliers
, de Voyer d'Argenfon & autres.
La Maiſon de Mailly a produit un grand nombre
de branches , & elle fe trouve réduite aujourd'hui
aux cinq feules fuivantes , qualifiées felon les
titres qui leur ont été affectés.
Celle de Louis , Sire & Marquis de Mailly ' ,
chef du nom , Brigadier des armées du Roi , &
Colonel du régiment d'infanterie de fon nom .
Celle du Marquis de Nefle , Chevalier des Ordres
du Roi , féparée en 1648 , en faveur de laquelle
le Marquifat de Mailly-Moncavrel a été
érigé , & qui a produit
Celle de Louis de Mailly , auffi Chevalier des
Ordres du Roi , Lieutenant- Général de fes armées ,
& premier Ecuyer de Madame la Dauphine' , féparée
de celle de Nefle en 1687.
Celle d'Alexandre - Louis de Mailly , Seigneur
de Fecamp , né en 1744 , fils de feu Louis - Alexandre
de Mailly , & de Louife de Saint - Chamans
, féparée en 1600 .
Et celle du Comte de Mailly , Lieutenant -Général
des armées du Roi & du Rouffillon , Infpecteur
de la cavalerie , en faveur de laquelle le
Comté de Mailly a été érigé , féparée en 1503 ,
d'où eft forti celle des Marquis du Quefnoi en
Flandre , féparée de celle - ci en 1596.
Voyez fur cette maifon les grands Officiers de
la Couronne , tome VIII. & les Tablettes hiftoriques
, tom . IV & tom . V.
L'on travaille actuellement à donner une hifMAI.
1755 .
211
toire de cette grande Maiſon dans toute fon
étendue.
1
Claude-Marie , Comte de Bellegarde & d'An
tremont , Envoyé extraordinaire du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe à la Cour de France , eft
mort à Paris le 26 Février , laiffant deux enfans de
Dame Anne Rutouska , ſon épouſe , foeur de Maurice
, Comte de Saxe , Maréchal de France . Ce
grand homme avoit par fon teftament nommé le
feu Comte de Bellegarde fon héritier univerfel.
La Maiſon de Bellegarde originaire de Flan
dres , eft depuis long-tems établie en Savoye , où
elle eft fort diftinguée par fon ancienneté & par
fes illuftrations. Jean Noël , Seigneur de Bellegarde
, Maître d'Hôtel de Charles III , Duc de
Savoye en 1304 , eut de Claudine de Saint- Trivier,
Dame de Monts , fa femine :
-
François Noël de Bellegarde , Seigneur de
Monts & des Marches , Gouverneur de Nice ,
Ambaffadeur du Duc de Savoye , près de l'Empereur
Charles-Quint , marié le 4 Octobre 1546 à
Gafparde de Menthon , dont
Jean- François de Bellegarde , Marquis d'Antre
mont & des Marches , Colonel des Gardes de
Charles- Emanuel , Duc de Savoye , marié à Florentine
de Perrache. Par fon teſtament du 3 Août
1597 , il inftitua pour héritier fon fils
Claude-André de Bellegarde , Marquis d'Antremont
& des Marches , marié à Gafparde de Doncieux
, dont il eut Jean- François , qui fuit :
Pierre de Bellegarde , Abbé de S. Sixte ; Guillaume
de Bellegarde , Comte d'Antremont , marié
à Anne-Françoife de Loche ; Claire de Bellegarde ,
mariée le 27 Août 1646 à Charles de Broffes , Baron
de Montfalcon , Seigneur de Tournay , Grand
Bailli de Gex , dont postérité.
212 MERCURE DE FRANCE.
Jean-François de Bellegarde , Marquis d'Antre
mont & des Marches , Capitaine de Cavalerie ,
marié le 13 Avril 1632 , à Magdeleine Portier de
Micudry , dont
>
Janus de Bellegarde Comte d'Antremont
>
Marquis des Marches , Chancelier de Savoye &
Miniftre d'Etat , marié les Mai 1659 , à Anne du
Prayet , Dame de Veynes , dont
Jean- François de Bellegarde , Marquis d'Antremont
& des Marches , Ambaffadeur du Roi de
Sicile , Duc de Savoye, à la Cour de France , marié
le 23 Avril 1687 à Catherine- Françoiſe de Regard
de Vars , dont Jofeph - François qui fuit
Claude-Marie qui a donné lieu à cet article , &
deux autres fils , Pun Chambellan du Roi de Pologne
, marié à Drefde , l'autre établi & marié à
Prague.
Jofeph-François de Bellegarde , Marquis des
Marches & de Curfinge , Comte d'Antremont ,
Commandeur de l'Ordre de Saint Maurice , Gentilhomme
de la Chambre du Roi de Sardaigne
marié à Françoife Charlotte Ogletorpe , dont il
a un fils Colonel au fervice d'Angleterre , & deux
filles , l'une mariée au Seigneur de Maffingy, Marquis
de la Pierre ; l'autre , Charlotte-Eléonore ,
Chanoineffe en Lorraine.
Dame Marguerite Defcreux de Sainte- Croix
époufe du Comte de Duglas , Capitaine au Régiment
royal Ecoffois , eft morte au Château de
Montréal en Bugey , le 27 de Février , âgée d'environ
30 ans ; elle étoit l'unique héritiere de la
famille Defcreux de Sainte- Croix , une des meilleures
maifons de la Breffe. Le Comte de Duglas
eft d'une branche de l'ancienne maifon de Duglas
en Ecoffe , établie en ce pays là depuis près d'un .
fiecle. Il a trois freres , l'un Capitaine dans le
MA I. 1755. 213
même Régiment que lui , l'autre Capitaine dans
celui de Languedoc infanterie , & le troifieme
Eccléfiaftique , qui eft au Séminaire de S. Sulpice.
& Morts.
E 21 Mars , Angélique- Louife de la Rochefoncauld
, époufe de Jean- Alexandre- Romée de
Villeneuve , Vicomte de Vence , Colonel en fecond
& commandant le Régiment Royal- Corfe ,
eft accouchée à Aix d'un fils qui a été nommé
Jules-Alexandre Romée.
202 MERCURE DE FRANCE..
Le 11 de Janvier fut célebré le mariage de
Louis-Léon-Félicité , Comte de Lauraguais , fils
de Louis de Brancas , Duc de Lauraguais , & d'Elifabeth-
Pauline d'Itanguien.
La cérémonie fut faite dans la Chapelle de
l'Hôtel de Biron , par M. le Cardinal de la Rochefoucauld.
La maifon de Brancas eft affez connue par fon
ancienneté , fon illuftration & fes grandes alliances
,fans qu'il foit néceffaire ici d'en faire l'éloge.
Son hiſtoire a été imprimée par beaucoup d'Auteurs
, elle fe trouve dans celle des grands Officiers
de la Couronne , article du Duché- Pairie de
Villars , t . V. p. 277. On y voit que cette Maiſon
eft originaire de Naples , où elle a poffedé les
premieres Charges de cette Couronne , & que le
premier qui s'établit en Provence y vint avec deux
Cardinaux c'étoit Bufille de Brancas , Comte
d'Agnano , au Royaume de Naples , & Seigneur
d'Oife & de Vilofe , aux Diocèfes de Digne , & de
Sifteron , Maréchal de la Cour Romaine , vers la
fin du quatorzieme fiecle .
Le 1 Février , Louis d'Etampes , Marquis
d'Etampes , fils de Louis Roger , Marquis d'Etampes
, & de Marguerite Lidie de Becdelievres de
Cany, époufa Adélaïde- Godefroi-Julie de Fouilleufe
de Flavacourt , fille de François - Marie de
Fouilleufe , Marquis de Flavacourt , Maréchal des
Camps & armées du Roi , & Lieutenant de Roi de
Normandie , & de Hortenfe-Félicité de Mailly de
Nefle.
La maifon d'Etampes , illuftre par les premieres
dignités de l'Eglife & de l'Etat , à eu des alliances
avec les maifons de Montmorenci , de Beauvilliers
, de Gouffier , de Regnier , de Guerchy , de
la Châtre , de Brulart de Sillery , de Choifeul , de
, י
MAI. 1755- 203
Becdelievres , de Béthune , d'Ailly , de Fiennes ,
de Monchy, de Chavagnac , de Rochechouart , &
autres.
Cette maifon a formé quatre branches : la
branche de la Ferté- Imbault , celle de la Mottelez-
Ennordre , de Valençay , & celle d'Autry.
La branche de la Motte- lez-Ennordre defcend
de Jean d'Etampes , Seigneur de la Ferté- Imbault ,
lequel de fon mariage avec Blanche d'Ailly , fille
de Waleran d'Ailly , de la branche de Sains , Seigneur
de Marigny , Bailli de Senlis , & de Jacqueline
de Rouvroy-Saint- Simon, eut plufieurs enfans,
entr'autres Louis d'Etampes , Seigneur de la Ferté-
Imbault , qui a continué la branche aînée , & qui
eft le fixieme ayeul du Marquis d'Etampes qui
donne lieu à cet article , & François d'Etampes
auteur de la branche de la Motte- lez- Ennordre.
La branche de Valençay & celle d'Autry
defcendent de Robert III . d'Etampes , Seigneur
de Sallebris , d'Ardreloup & de Tillay , Maréchal
& Sénéchal du Bourbonnois , lequel eut trois garçons
de fon mariage avec Louife Levraud , fçavoir
Jean d'Etampes , Seigneur de la Ferté-Imbault
dont on a parlé plus haut ; Louis d'Etampes , Seigneur
de Valençay , & Robert d'Etampes , Seigneur
d'Autry. Voyez les Tablettes hiftoriques ,
généalogiques & chronologiques , quat. Partie ,
P. 395. & Gr. Off. tome 7. p . 543 .
La maifon de Fouilleufe de Flavacourt , une des
plus anciennes du Vexin François , a pris alliance
dans le 13 fiecle avec la maiſon de Crevecoeur ,
& depuis avec celle de Gaucourt , de Boves , du
Bec- Crefpin , de Dampont , de Suzanne de Cerny,
de Gaudechart , de Ligny , de Rouffé d'Alembon ,
de Rouxel de Médavy , de Mailly , & autres. Voyez
Tab. Généal. 4. part. p. 77.´.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Le 10 Mars , Milord Clare , Comte de Tho
mond , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
général de fes armées , & Infpecteur général ,
époufa Marie- Genevieve- Louife de Chiffreville ,
fille unique du Marquis de Chiffreville , Lieutenant
général des armées de Sa Majeſté , & premier
Sous-Lieutenant de la feconde Compagnie des
Moufquetaires , & de Dame Marie- Genevieve le
Tonnellier de Charmeaux .
Ce mariage a été fait dans la Chapelle de
l'Hôtel de Machault , par l'Abbé de Breteuil , ancien
Agent général du Clergé.
Le 14 Février 1755 mourut à Paris Marie-
'Anne de Gouffier de Thois , âgée de foixante-huit,
ans fept jours , veuve depuis le 14 Avril 1724 , de
Louis de Bourbon , fecond du nom , Comte de
Buffet & de Châlus , Baron de Piégut , de Vezigneux
, & de Saint - Martin du Puis , &c . qu'elle
avoit épousé par contrat du 31 Décembre 1719.
Elle étoit fille de Thimoléon de Gouffier , Marquis
de Thois , & autres lieux , Gouverneur de
Blois , & d'Henriette de Penancoët de Keroualle ,
veuve de Philippe Herbert , Comte de Pembrock
en Angleterre ; & foeur cadette de Louife-Renée
de Penancoët de Keroualle , Ducheffe de Portsmouth.
Madame la Comteffe de Bourbon- Buffet
laiffe de fon mariage trois enfans , fçavoir ,
2
1. François-Louis Antoine de Bourbon , Comte
de Buffet , dont on va parler.
2. Louife -Claude de Bourbon- Buffet , Religieufe
Bénédictine au Monaftere du Cherche -midi , Fauxbourg
faint Germain , à Paris , où elle a fait profeffion
le 17 Septembre 1740 .
3. Et Henriette- Antoinette de Bourbon-Buffet ,
yeuve fans enfans depuis le 2 Novembre 1752 , de
MA I. 1755. 205
Paul de Grivel de Groffove , Comte d'Auroy , Seigneur
de Groffove , &c. ancien Meftre de camp
du Régiment d'Anjou , Cavalerie , avec lequel
elle avoit été mariée par contrat du 22 Août 1747.
François-Louis-Antoine de Bourbon , Comte
de Buffet & de Châlus , Baron de Vezigneux & de
Saint-Martin du Puis , Seigneur des Creuziers
&c. Meftre de camp du Régiment de Bourbon-
Buffet , Cavalerie , & Chevalier de l'Ordre militaire
de faint Louis , époufa le 23 Avril 1743 ,
Magdeleine- Louife-Jeanne de Clermont - Tonnerre
, fille de Gafpard de Clermont - Tonnerre ,
Maréchal de France , Chevalier des Ordres du Roi,
Gouverneur de Béfort , Marquis de Vauvillars ,
Comte d'Efpinac & de Thoury , & de feue Antoinette
Potier de Novion . De cette alliance font
fortis les enfans qui fuivent .
1. Gafpard- Louis de Bourbon - Buffet , Comte
de Châlus , mort à Paris le 8 Décembre 1751 , âgé
de fix ans & demi.
2.
Louis-François-Jofeph de Bourbon- Buffer ,
aujourd'hui Comte de Châlus , né au Château, de
Buffet en Auvergne , le 1 Juin 1749.
I
3. Artus Charles - Thimoléon de Bourbon-
Buffet , né à Paris le 21 Septembre 1752 .
4. N.... de Bourbon- Buffet , né au Château de
Buffet , le 11 Novembre 1753 , non encore nom
mé..
S. N...de Bourbon-Buffet , née à Buffet , lé 20
Juillet 1746 , auffi non nommée.
6. Marie-Anne-Julie -Louife de Bourbon- Buf
fet , Demoifelle de Châfus , née au Château de Buffet
le 16 Septembre 1747.
7. Et N. de Bourbon- Buffet , morte au Château
de Buffet , le 23 Mars 1751 , fans avoir été nommée,
âgée de deux jours ..
206 MERCURE DE FRANCE.
Voyez ce qui eft dit de la maiſon de Gouffier ;
dans le volume V. p. 605. & fuiv . de l'Hiſtoire des
Grands Officiers de la Couronne ; & le Mercure
du mois de Juin 1754. premiere Partie , à l'occa
fion de la mort de M. le Marquis de Thois , frere
aîné de Madame la Comteffe de Bourbon - Buffet ;
& la quatrieme Partie des Tablettes hiftoriques ,
pages 114 & 115 .
François de Mailly , Comte de Mailly , mourut
le 21 de Février au château de Saint - Leger
près d'Abbeville , âgé de foixante- treize ans ;
il étoit oncle du Comte de Mailly , Lieutenant
général des armées du Roi , & de la province de
Rouffillon , Infpecteur de la Cavalerie , à qui il
a laiffé les terres de fa branche.
La Maiſon de Mailly eft trop connue pour
qu'il foit néceffaire d'entrer ici dans aucun détail
fur l'ancienneté de fon origine , & fur la
grandeur de fes alliances. Il fuffira de rappeller
qu'en 1070 Anfelme de Mailly
doit l'armée de la Comteffe de Flandre , &
gouvernoit fes Etats comme tuteur & le plus
proche parent du Comte fon fils .
* comman-
Colard de Mailly ** fut appellé au gouvernement
du Royaume fous Charles VF , & cette
illuftration a tranfmis dans cette Maifon une
Couronne perfonnelle entremêlée de fleurs de
lys , qu'elle porte depuis ce tems . L'on fçait
auffi que cette Maifon a été revêtue dans tous
* Chronique de Flandre , par Dom de Gherit , 13
91. Hiftoire des Châtelains de Lille , par Floris
Vander- Vaher. Malbrancq. dans ce qu'il a écrit
fur la Flandre.
** Monftrelet , tom. 1. p.77 130. Hift . de Charles
VI. par Le Laboureur , liv . 30. p. 755..
MA I. 1755. 207
*
les tems des Ordres & des plus grandes Charges de
la Couronne .
Le Comte de Mailly , Seigneur de Saint-
Leger , qui donne lieu à cet article , étoit de
la branche des Comtes de Mailly , Seigneurs
d'Haucourt , féparée en 1503 par le mariage
qu'Adrien de Mailly , fecond fils de Jean , Sire
de Mailly , Chambellan de Charles VIII & de
Louis XII , & d'Ifabeau d'Ailly , fille de Jean ,
Vidame d'Amiens , & d'Iolande de Bourgogne ,
fit avec Françoife de Bailleul , fille d'Adrien de
Bailleul & de Jeanne d'Haucourt , par contrat
du 18 Octobre 1503 : c'est par cette alliance
que la terre d'Haucourt eft entrée dans cette
branche de la Maifon de Mailly. L'on voit à
ce fujet un acte paffé devant le Roi François I ,
qui donne à Adrien de Mailly le titre de coufin
, & qui lui remet en faveur dudit mariage
tous les droits qui lui étoient dûs fur la Maifon
de Bailleul ; il ratifia le 3 Mai 1513
tranfaction paffée entre lui & le Comte de Vendôme
, fur les droits réciproques qu'ils avoient
fur la terre de Ravenfberg , à caufe de la Maifon
de Bailleul , dont étoit iffu par fa mere le
Comte de Vendôme.
la
Adrien de Mailly eut entr'autres enfans Edme
de Mailly , qui continua la postérité , &
Jean de Mailly , Seigneur de Belleville , Chevalier
de l'Ordre du Roi , qui n'eut d'Antoinette
de Baudeuil , Dame d'Abancourt , qu'une fille
mariée à Robert de Roncherolles , Baron de
Pont- Saint- Pierre , Chevalier de l'Ordre du Roi ,
Gentilhomme ordinaire de fa Chambre , & premier
Baron de Normandie.
Edine de Mailly , Seigneur d'Haucourt & de
Saint-Leger , étoit Gouverneur d'Ivoy , & Ca208
MERCURE DE FRANCE.
pitaine de mille hommes de pied fous les re
gnes de François I & de Henri II . Il fut l'un
des ôtages de la capitulation de Thionville en
1558. Il époufa en premieres nôces , par con
trat du 16 Avril 1536 , Marie de Boulan , dont
il laiffa François de Mailly qui fuit ; & en fecondes
nôces , par contrat du 24 Avril 1550 ,
Gabrielle d'Ougnies , Dame du Quefnoy en Flandre
elle fur mere de Louis de Mailly , auteur
de la branche du Qefnoy qui , par fes alliances ,
a l'honneur d'appartenir à plufieurs Maifons fouveraines
de l'Europe , & tient à celles de Montmorenci
, de Melun , d'Ifenghien , de Crequi ,
de Berg , d'Aremberg , de Croy , de Longueval ,
de Leide , & c. & c .
:
François de Mailly , premier du nom , Seigneur
d'Haucourt & de Saint -Leger , fut un des Seigneurs
qui fe diftinguerent le plus par leur fidélité
envers le Roi Henri III , durant les guerres
de la ligue. Il fe fignala au fiege de la Rochelle
en 1573 , au combat de Dormans , à la
prife d'Iffoire en 1577 , & fut tué d'un coup
de canon au fiege de la Fere en 1579. Le Roi
Henri III écrivit à cette occafion à la Dame
de Mailly fa veuve , que fi elle avoit perdu un
mari il avoit perdu un bon ferviteur & ami ,
& lui promit qu'il auroit foin de fes enfans.
Il avoit épousé par contrat du 6 Août 1573 ,
Marie d'Hallencourt , fille de N. d'Hallencourt ,
Marquis de Drofmefnil , Seigneur de Canteville .
Il eut de ce mariage :
François de Mailly , II du nom , Seigneur
d'Haucourt & de Saint-Leger , fait Capitaine de
cinquante hommes d'armes , des ordonnances
du Roi. Il fe . diftingua au fiege d'Amiens en
1597 , & mourut à Paris le 30 Mars 1621
.. MA I. 1755. 209
avoit époufé par contrat du 22 Janvier 1607 ,
Marie Turpin , fille de Guillaume Turpin , Seigneur
d'Aligny , & de Françoile de Pellevé ,
laquelle étoit fille de Genevieve de Montmorency
, & niece du Cardinal de Pellevé . Il naquit
de ce mariage , 10 Philippe de Mailly qui
fuit. 20 Antoine de Mailly , Chevalier de Malthe
mort en 1670. 3 ° Nicolas de Mailly , tué
au fiege de Dixnude en 1677
>
Philippe de Mailly , Seigneur d'Haucourt &
'de Saint - Leger , Capitaine d'une compagnie de
cent hommes, dits de Chevaux - Legers , qu'il com-
'mandoit à la bataille d'Avein en 1635, fe trouva à la
fanglante journée de la Marfée en 1641 , & au ſiege
de Nanci en 1633 , invité par deux lettres du Cardinal
de la Valette , commandant l'armée du fiége
, qui lui marquoit que le Roi lui fçauroit gré
d'y venir avec fa compagnie . Il avoit épousé par
contrat da 8 Janvier 1631 , Guillaine Dubié
petite fille du Maréchal de France de ce nom. I
laiffa
Antoine de Mailly , Seigneur d'Haucourt & de
Saint- Leger , marié par contrat du 6 Février 1678
à Françoife de Canutfon de Berlifontaine , dont
vinrent le Comte de Mailly , Seigneur de Saint-
Leger , qui donne lieu à cet article , & le Marquis
de Mailly, Seigneur d'Haucourt , Page du Roi
en 1694 , pere du Comte de Mailly , dont la fille
a époufé le Marquis de Voyer , & dont le fils ,
Louis-Marie de Mailly, eft Capitaine- Lieutenant,
en furvivance de fon pere , de la Compagnie des
Gendarmes Ecoffois , fixième de fon nom revêtu
de cette charge.
Cette branche appartient par fes alliances aux
Maifons de Lorraine, de Moy, de Montmorenci, de
Chaulnes, de S.Simon, d'Harcourt, d'Eſpinai- Saint210
MERCURE DE FRANCE.
Luc , de Mornai Monchevreuil , de Gouffier , d'E
trade , d'Aumont , de Boufflers , d'Auxi , de Roncherolles
, de Brulart , de Vieux- pont , de Moflé ,
de Marcatel , des Effarts , d'Hangeft , de Montmorenci-
Laval , de la Force , de Milli , Le Tellier-
Louvois , d'Ecquevilli , de Colbert , d'Efclainvilliers
, de Voyer d'Argenfon & autres.
La Maiſon de Mailly a produit un grand nombre
de branches , & elle fe trouve réduite aujourd'hui
aux cinq feules fuivantes , qualifiées felon les
titres qui leur ont été affectés.
Celle de Louis , Sire & Marquis de Mailly ' ,
chef du nom , Brigadier des armées du Roi , &
Colonel du régiment d'infanterie de fon nom .
Celle du Marquis de Nefle , Chevalier des Ordres
du Roi , féparée en 1648 , en faveur de laquelle
le Marquifat de Mailly-Moncavrel a été
érigé , & qui a produit
Celle de Louis de Mailly , auffi Chevalier des
Ordres du Roi , Lieutenant- Général de fes armées ,
& premier Ecuyer de Madame la Dauphine' , féparée
de celle de Nefle en 1687.
Celle d'Alexandre - Louis de Mailly , Seigneur
de Fecamp , né en 1744 , fils de feu Louis - Alexandre
de Mailly , & de Louife de Saint - Chamans
, féparée en 1600 .
Et celle du Comte de Mailly , Lieutenant -Général
des armées du Roi & du Rouffillon , Infpecteur
de la cavalerie , en faveur de laquelle le
Comté de Mailly a été érigé , féparée en 1503 ,
d'où eft forti celle des Marquis du Quefnoi en
Flandre , féparée de celle - ci en 1596.
Voyez fur cette maifon les grands Officiers de
la Couronne , tome VIII. & les Tablettes hiftoriques
, tom . IV & tom . V.
L'on travaille actuellement à donner une hifMAI.
1755 .
211
toire de cette grande Maiſon dans toute fon
étendue.
1
Claude-Marie , Comte de Bellegarde & d'An
tremont , Envoyé extraordinaire du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe à la Cour de France , eft
mort à Paris le 26 Février , laiffant deux enfans de
Dame Anne Rutouska , ſon épouſe , foeur de Maurice
, Comte de Saxe , Maréchal de France . Ce
grand homme avoit par fon teftament nommé le
feu Comte de Bellegarde fon héritier univerfel.
La Maiſon de Bellegarde originaire de Flan
dres , eft depuis long-tems établie en Savoye , où
elle eft fort diftinguée par fon ancienneté & par
fes illuftrations. Jean Noël , Seigneur de Bellegarde
, Maître d'Hôtel de Charles III , Duc de
Savoye en 1304 , eut de Claudine de Saint- Trivier,
Dame de Monts , fa femine :
-
François Noël de Bellegarde , Seigneur de
Monts & des Marches , Gouverneur de Nice ,
Ambaffadeur du Duc de Savoye , près de l'Empereur
Charles-Quint , marié le 4 Octobre 1546 à
Gafparde de Menthon , dont
Jean- François de Bellegarde , Marquis d'Antre
mont & des Marches , Colonel des Gardes de
Charles- Emanuel , Duc de Savoye , marié à Florentine
de Perrache. Par fon teſtament du 3 Août
1597 , il inftitua pour héritier fon fils
Claude-André de Bellegarde , Marquis d'Antremont
& des Marches , marié à Gafparde de Doncieux
, dont il eut Jean- François , qui fuit :
Pierre de Bellegarde , Abbé de S. Sixte ; Guillaume
de Bellegarde , Comte d'Antremont , marié
à Anne-Françoife de Loche ; Claire de Bellegarde ,
mariée le 27 Août 1646 à Charles de Broffes , Baron
de Montfalcon , Seigneur de Tournay , Grand
Bailli de Gex , dont postérité.
212 MERCURE DE FRANCE.
Jean-François de Bellegarde , Marquis d'Antre
mont & des Marches , Capitaine de Cavalerie ,
marié le 13 Avril 1632 , à Magdeleine Portier de
Micudry , dont
>
Janus de Bellegarde Comte d'Antremont
>
Marquis des Marches , Chancelier de Savoye &
Miniftre d'Etat , marié les Mai 1659 , à Anne du
Prayet , Dame de Veynes , dont
Jean- François de Bellegarde , Marquis d'Antremont
& des Marches , Ambaffadeur du Roi de
Sicile , Duc de Savoye, à la Cour de France , marié
le 23 Avril 1687 à Catherine- Françoiſe de Regard
de Vars , dont Jofeph - François qui fuit
Claude-Marie qui a donné lieu à cet article , &
deux autres fils , Pun Chambellan du Roi de Pologne
, marié à Drefde , l'autre établi & marié à
Prague.
Jofeph-François de Bellegarde , Marquis des
Marches & de Curfinge , Comte d'Antremont ,
Commandeur de l'Ordre de Saint Maurice , Gentilhomme
de la Chambre du Roi de Sardaigne
marié à Françoife Charlotte Ogletorpe , dont il
a un fils Colonel au fervice d'Angleterre , & deux
filles , l'une mariée au Seigneur de Maffingy, Marquis
de la Pierre ; l'autre , Charlotte-Eléonore ,
Chanoineffe en Lorraine.
Dame Marguerite Defcreux de Sainte- Croix
époufe du Comte de Duglas , Capitaine au Régiment
royal Ecoffois , eft morte au Château de
Montréal en Bugey , le 27 de Février , âgée d'environ
30 ans ; elle étoit l'unique héritiere de la
famille Defcreux de Sainte- Croix , une des meilleures
maifons de la Breffe. Le Comte de Duglas
eft d'une branche de l'ancienne maifon de Duglas
en Ecoffe , établie en ce pays là depuis près d'un .
fiecle. Il a trois freres , l'un Capitaine dans le
MA I. 1755. 213
même Régiment que lui , l'autre Capitaine dans
celui de Languedoc infanterie , & le troifieme
Eccléfiaftique , qui eft au Séminaire de S. Sulpice.
Fermer
Résumé : NAISSANCE, MARIAGES, & Morts.
En 1755, plusieurs événements familiaux et décès ont marqué l'aristocratie française. Le 21 mars, Angélique-Louise de La Rochefoucauld, épouse de Jean-Alexandre Romée de Villeneuve, Vicomte de Vence, a donné naissance à un fils nommé Jules-Alexandre Romée. Le 11 janvier, Louis-Léon-Félicité, Comte de Lauraguais, fils de Louis de Brancas, Duc de Lauraguais, et d'Élisabeth-Pauline d'Itanguien, s'est marié avec la bénédiction du Cardinal de La Rochefoucauld. La maison de Brancas, originaire de Naples et établie en Provence au XIVe siècle, est connue pour son ancienneté et ses grandes alliances. Le 1er février, Louis d'Etampes, Marquis d'Etampes, a épousé Adélaïde-Godefroi-Julie de Fouilleuse de Flavacourt. La maison d'Etampes est illustre par ses dignités ecclésiastiques et étatiques, avec des alliances prestigieuses et compte quatre branches principales. Le 10 mars, Milord Clare, Comte de Thomond, a épousé Marie-Geneviève-Louise de Chiffreville, fille unique du Marquis de Chiffreville, dans la chapelle de l'Hôtel de Machault par l'Abbé de Breteuil. Plusieurs décès ont également été enregistrés. Le 14 février, Marie-Anne de Gouffier de Thois, veuve de Louis de Bourbon, Comte de Buffet, est décédée à Paris à l'âge de soixante-huit ans, laissant trois enfants, dont François-Louis-Antoine de Bourbon, Comte de Buffet. Le 21 février, François de Mailly, Comte de Mailly, est mort au château de Saint-Leger près d'Abbeville à l'âge de soixante-treize ans. La maison de Mailly est renommée pour son ancienneté et ses alliances illustres, avec des membres ayant occupé des postes importants dans l'armée et la cour. Le texte mentionne également deux maisons nobles distinctes : la Maison de Mailly et la Maison de Bellegarde. La Maison de Mailly est liée par alliance à plusieurs familles illustres, telles que les maisons de Lorraine, de Montmorenci, d'Harcourt, de Colbert, et d'autres. Elle compte cinq branches principales, chacune ayant des titres et des fonctions spécifiques. La Maison de Bellegarde, originaire de Flandres et établie en Savoie, est distinguée par son ancienneté et ses illustrations. Claude-Marie, Comte de Bellegarde et d'Antrémont, Envoyé extraordinaire du Roi de Pologne, est décédé à Paris le 26 février, laissant deux enfants. La famille compte des membres ayant servi dans diverses fonctions militaires et diplomatiques.
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79
p. 180-196
EXTRAIT DE PHILOCTETE.
Début :
Ulysse & Pyrrhus accompagnés de Démas, ouvrent la scene, qui est dans l'isle [...]
Mots clefs :
M. de Chateaubrun, Dieux, Amour, Grecs, Guerrier, Gloire, Héros, Seigneur, Comédie-Française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT DE PHILOCTETE.
EXTRAIT DE PHILOCTETE.
Ulyffe & Pyrrhus accompagnés de Démas
, ouvrent la fcene , qui eft dans l'ifle
de Lemnos , à vue de la caverne qui fert
de retraite à Philoctete . Le premier dit au
fils d'Achille , que Philoctete refpire dans
ce defert affreux , & que les Grecs ne peuvent
triompher de Troye fans le bras de ce
guerrier , uni à la valeur de Pyrrhus. Les
Dieux l'ont déclaré par la bouche de Calchas'
; cet Oracle eft un arrêt dont on ne
peut appeller. Si Philoctete n'eft ramené
JUIN. 1755. 181
dans l'armée , elle va périr dans l'opprobre
& dans la mifere. Pyrrhus impatient veut
courir vers Philoctete , mais Ulyffe le retient
, & l'inftruit du jufte courroux de ce
Prince contre les Grecs . Il lui apprend que
dès les premiers jours du fiége d'Ilion ,
Un Troyen le bleffa d'un dard envenimé
Par d'horribles douleurs le poiſon ſe déclare :
Mais fon ardeur s'éteint dans un profond fommeil,
Et jamais la douleur ne fuccéde au réveil.
A peine ce guerrier revoit-il la lumière ,
Qu'il retrouve fa voix &. fa force premiere ;
Jufqu'à d'autres accès fans ceffe renaiſſans ,
L'art épuifa fur lui fes fecours impuiffans.
Ce mal cruel rendit Philoctete fi farouche
qu'il devint infupportable à tous les
chefs , & particulierement aux Atrides
qu'il accabloit de reproches amers. Le Roi
d'Itaque , pour les en délivrer , joua le mécontent,
engagea Philoctete à le fuivre dans
l'ifle de Lemnos où il feignit de fe retirer ,
& l'abandonna feul dans ce defert pendant
fon fommeil. Ulyffe , après ce récit
recommande à Pyrrhus de ne pas le nommer
il lui confeille , pour arracher ce héros
de fa retraite , de feindre que la tempête
l'a pouflé fur ce rivage , qu'il à quitté
182 MERCURE DE FRANCE.
le camp des Grecs , & qu'il retourne à Scyros
, révolté contre un fiége fi lent , & indigné
de l'avarice fordide des chefs qui
ont fruftré fa valeur de fes droits . Pyrrhus
réfifte d'abord à ce confeil , la feinte répugne
à fon grand coeur ; mais Ulyffe lui
en fait fentir la néceffité & s'éloigne
pour le laiffer agir .
›
Pyrrhus refte avec Démas , & s'écrie en
jettant les regards fur l'entrée de la caverne
,
Mon oeil foutient à peine
Cet horrible tableau de la miſere humaine ;
Quelques vafes groffiers que le befoin conftruit ,
Des feuilles , des lambeaux qui lui fervent de lit.
Il voit fortir du fond de cet antre fauvage
une jeune beauté ; il eft frappé de
fes charmes , il l'aborde , & apprend d'elle
que fon nom eft Sophie , & qu'elle eft la
fille de Philoctete. Så tendreffe l'a conduite
dans cette ifle déferte pour y partager
le malheur de fon pere ; elle y aborda par
un naufrage. Nous allions périr , dit- elle ,
Hercule nous fecourut .
Il retint dans nos coeurs notre ame fugitive ,
Et fon bras bienfaiſant nous pouffa fur la rive.
Nous appellons mon pere , il s'avance vers nous.
Que n'éprouvai -je point dans un moment fi doux !
Avec quelle tendreffe il efluya mes larmes ↓
JUIN.
183 1755.
Combien für mon état témoigna-t- il d'allarmes !
Quels mouvemens confus de joie & de pitié ,
De fanglots mutuels qu'exhaloit l'amitié !
Les périls de la mer , mes craintes , ma mifere ,
J'oubliai tout , Seigneur , en embraffant mon pere
;
Voilà le langage naïf de la nature. Les
vers les plus pompeux valent - ils ceux
qu'elle infpire ? Cette fimplicité charmante
qui rend fi bien le fentiment , n'eſtelle
pas la vraie éloquence ? Pyrrhus témoigne
le defir qu'il a de voir Philoctete
Sophie répond, qu'armé d'un arc qui pourvoit
à leur fubfiftance , il erre dans les
bois , & qu'elle va le chercher. Pyrrhus
devant Démas fait éclater pour Sophie une
pitié qui laiffe entrevoir le premier trait
de l'amour. Démas lui repréfente qu'il ne
doit s'occuper que du foin de rendre Philoctete
aux Grecs prêts à périr.
Philoctete paroît avec Sophie , & marque
fa furprife à Pyrrhus , qu'il n'a jamais
vu , de le voir dans des lieux fi fauvages.
11 exprime en même tems fon reffentiment
contre les chefs de la Grece , & leur ingratitude
, par ces deux vers juftement applaudis
,
Les bienfaits n'avoient pu m'attacher les Atrides
:
Je fous apprivoifer jufqu'aux monftres avides.
184 MERCURE DE FRANCE.
Pyrrhus fe nomme ; Philoctere montre
une joie très- vive de voir en lui le fils
d'Achille dont il a toujours été l'ami ; mais
apprenant la mort de ce héros par la bouche
de fon fils , il s'écrie avec douleur
2
Achille eft mort , grands Dieux , & les Atrides
vivent
! Y
7 25377
Pyrrhus s'offre à conduire Philoctete &
fa fille dans leur patrie. Ce guerrier y
confent ; mais dans le moment qu'il veut
partir , il eft arrêté par un accès de fon
mal , qui l'oblige à rentrer dans fon antre
, & qui termine le premier acte. Y
101-20
Pyrrhus ouvre le fecond acte par ce beau
monologue , qui peint avec des couleurs
fi touchantes l'état de mifere & de douleur
où il vient de voir Philoctete dans la
caverne , ayant près de lui fa fille qui arrofoit
fes mains de larmes. Quel contraſte ,
dit- il , avec l'éducation qu'on nous donne !
p , cody courqu
"P
On écarte de nous juſqu'à l'ombre des maux
On n'offre à nos regards que de fiants tableaux
Pour ne point nous déplaire , on nous cache à
nous - mêmes ; ovo zng , ol mbase C
On ne nous entretient que de grandeurs fupre
-kot mes.unim un saciera'n aistroid as S11
On ajoûte à nos noms des noms ambitieux :
Autant que l'on le peut on fait de nous des Dieur.
JUIN.
185
1755 .
Victimes des flateurs , malheureux que nous fom
mes ,
Que ne nous apprend-t-on que les Rois font des
hommes !
·Démas furvient ; il exhorte Pyrrhus à
diffimuler encore pour engager Philoctete
à partir. La générofité de Pyrrhus attendri
s'en offenfe , & marque un vrai remords
d'avoir employé la feinte . Philoctete paroît
avec Sophie , & veut fe rendre au rivage.
Pyrrhus l'arrête. Philoctete furpris , lui en
demande la raifon . Le fatal fecret échappe
de la bouche du fils d'Achille, qui rougit de
commettre une perfidie , & lui déclare
qu'il le méne aux Atrides . A cet aveu le Roi
d'Eubée devient furieux. Pyrrhus l'inftruit
de la pofition des Grecs , & du befoin
qu'ils ont de fon bras pour renverfer
Troye , & s'arracher à une mort honteuſe ;
il le preffe en même tems d'immoler fon
reffentiment au falut de l'Etat. Philoctete
refufe de fe rendre , & fait des imprécations
contre Ulyffe & les autres chefs. Pyrrhus
lui répond , qu'il ne peut fe venger plus
noblement d'eux qu'en faifant triompher
fa patrie , & qu'en voyant Agamemnon
lui-même ramper à fes pieds. Philoctete
perfifte à ne point prêter fon fecours au
Roi d'Argos ; mais il propofe à Pyrrhus
186 MERCURE DE FRANCE.
d'aller combattre avec leurs foldats , & d'a
voir feuls la gloire de vaincre les Troyens.
Pyrrhus approuve ce parti ; mais comme il
entend du bruit , il s'éloigne avec Philoctete.
Démas qui les écoutoit , veut inftruire
Ulyffe du projet que ces deux guerriers
viennent de former ; mais le Roi d'Itaque
lui dit que les Grecs cachés avec lui fous
un rocher l'ont entendu , qu'ils ont réſolu
de les en punir ; & que s'il n'eût retenu
leur fureur , ils alloient fondre fur eux &
les immoler. Démas ajoûte qu'il craint encore
plus la fille que le pere . Ulyffe lui en
demande la raifon ; l'autre lui répond
que Pyrrhus adore Sophie."
›
Ulyffe en paroit allarmé , & quitte la
fcene en difant qu'il va voir avec les
Grecs ce qu'on doit oppofer à ce fatal
amour qui peut tout détruire.
I
Ulyffe ouvre le troifieme acte avec Démas.
Il tient un papier à la main , & dit à
Démas que les Grecs veulent entraîner
au camp Philoctete mort ou vivant , que
tel eft l'arrêt qu'ils viennent de figner ; &
que fi ce Prince refifte , ils veulent exterminer
fa famille , & faire fubir à fa fille
le fort d'Iphigénie . Ulyffe craint que Pyrrhus
ne prenne leur défenſe ; mais Démas
lui répond que fa résistance fera vaine , &
JUIN 1755. 187
que les Grecs viennent d'envelopper Philoctete
de toutes parts:
Pyrrhus paroît ; Ulyffe le preffe de partir
fans Philoctete , en difant qu'il ne veut
pas lui-même qu'on emmene ce guerrier au
camp . Pyrrhus s'excufe fur la pitié. Ulyffe
lui dit que la pitié dont il eft ému , n'eft
qu'un amour déguifé. Le premier répond
que l'amour n'eft pas un crime. Non , réplique
le Roi d'Itaque ,
Quand élevant le coeur , loin de l'humilier ,
Aux régles du devoir l'amour fçait le plier ,
Et ne l'enyvre point de fon poifon funefte :
Il eft fublime alors , la fource en eft céleste ,
Et c'eſt de cet amour que les Dieux font heureux.
Mais , Seigneur , quand l'amour , le bandeau fur
les yeux ,
Enchaîne le devoir aux pieds d'une maîtreffe ,
A des coeurs généreux n'infpire que foibleffe ,
Tient fous un joug d'airain leur courage foumis ,
Leur fait facrifier gloire , patrie , amis ,
Et des droits les plus faints rompt le noeud légitime
;
Alors , Seigneur , alors cet amour eft an crime.
Pyrrhus veut fe juftifier en difant qu'Achille
aima comme lui . Ulyffe lui repart
qu'il n'aima point aux dépens de fa gloire ,
& qu'il quitta tout pour elle. Il lui fait en
188 MERCURE DE FRANCE.
même tems une peinture pathétique de
l'état affreux où l'armée des Grecs fe trouve
réduite , ajoûtant qu'il va la joindre ,
& mourir fur le tombeau d'Achille , tandis
que fon fils refte tranquille à Lemnos
par l'amour. Ce trait réveille le
courage de Pyrrhus , & l'adroit Ulyffe pour
achever de le déterminer à le fuivre , lui
rapporte ainfi les dernieres paroles d'Achille
expirant , après qu'il l'eut arraché
lui-même des mains des Troyens .
enchaîné
Cher ami , me dit-il , cache-moi tes alarmes ;
Et laiffe- moi mourir parmi le bruit des armes. T
Par tes foins je fuis libre , & je refpire encor
Tu m'épargnes l'affront dont je flétris Hector.:
Que mon fils à jamais en garde la mémoire ,
Et te rende les foins que tu prens de ma gloire.
Sers-lui de pere , amis qu'il te ferve de fils . ' ; i
Voilà fes derniers voeux ; les avez-vous remplis
:
Pyrrhus eft prêt à partir , quand la préfence
de Sophie le retient il fe trouve
alors entre la gloire & l'amour, La premiere
foutenue par l'art d'Ulyffe , femble
d'abord l'emporter ; mais l'amour mieux
déféndu par les larmes de Sophie ', triomphe
enfin de Pyrrhus , & l'entraîne de fon
côté. Ce jeune héros en tournant les yeux
vers elle , s'écrie :
JUIN.
183 1755.
Quoi vous pleurez , courons à votre pere.
Il vole fur les pas de Sophie. Ulyffe fo
retire avec Démas , en difant que Pyrrhus
va fe perdre & combler le malheur de
Philoctete & de fa fille . Ce troifiéme Acte
eft d'une grande beauté .
Z Sophie commence le quatriéme Acte avec
Palmire fa gouvernante , & lui dit que fans
Pyrrhus les Grecs auroient furpris & enlevé
fon pere. Elle avoue avec cette ingé
nuité qui accompagne l'innocence , que
ce jeune héros lui a déclaré qu'il l'adoroit
, & qu'elle y a été fenfible par reconnoiffance
pour
le fervice qu'il a rendu à
fon pere. Palmire l'avertit de redouter les
effets de fa beauté . Je n'ai pas oublié , lui
répond Sophie , vos fages leçons.
Hélas ! cette beauté , ce charme fouverain ;
Dont le fexe s'honore , & qui le rend fi vain
Si la vertu n'en fait un ornement célefte ,
Eft , des Dieux irrités , le don le plus funefte.
" Philoctete arrive , & dit à fa fille qu'il
faut fauver l'honneur d'un pere infortuné ,
& lui remet un poignard. Sophie lui demande
quel ufage elle en doit faire : il répond
qu'il a vécu comme Hercule , &
qu'il veut mourir de même , ajoutant que
Le poifon peut encore lui porter une at
190 MERCURE DE FRANCE.
teinte , que les Grecs pourroient faifir, ce
moment pour le charger de fers , & qu'elle
doit le fouftraire à leur fureur , en faisant
ce qu'Hercule exigea de fon fils. Elle frémit
de commettre un parricide . Philoctete
defeſpéré de ce refus , s'écrie
s'écrie que dans
cette extrêmité il va lancer ces flèches redoutables
qui portent d'inévitables coups ,
& qu'il va commencer par Pyrrhus . Sophie
allarmée l'arrête , & lui apprend que
c'eft le fecours de Pyrrhus qui l'a dérobé à
l'audace des Grecs , & qu'elle en eft aimée.
Philoctete raffuré par l'amour de Pyrrhus
pour fa fille , la preffe de lui déclarer que
La flamme eft connue de fon pere , qui l'approuve
; mais que fi ce jeune guerrier ne
fe joint à lui pour les venger ,
elle rejette
avec dédain les offres de fa foi. Sophie le
lui jure , en lui difant tendrement qu'après
avoir partagé fa gloire , il eft jufte qu'elle
partage fon affront. Philoctete qui voit
venir Pyrrhus, rentre dans fon afyle , & recommande
à Sophie d'éprouver le coeur de
fon amant.
Pyrrhus dit à Sophie qu'il a fait retirer
les foldats , mais qu'elle engage fon pere
à remplir leurs voeux ; que le falut public
doit être un de fes bienfaits,, & qu'il ofe à
çe motif preffant joindre l'intérêt de fon
amour. Elle lui répond que Philoctete eft
JUI N. 1755. 191*
·
inftruit de fes feux , qu'il confent que
l'hymen les couronne , mais qu'il veut que
ces noeuds foient formés dans fes états .
Pyrrhus lui réplique en foupirant , que la
Grece l'implore , & qu'il ne peut l'abandonner,
Elle l'interrompt en lui difant que
puifque l'intérêt de fon pere & le fien lui
font moins chers que celui des Atrides ,
elle rend à fon amour les fermens qui le
lient. Seigneur , ajoute- t -elle ':
Plus grands dans nos deferts que vous ,
trône ,
fur votre
L'honneur nous tiendra lieu de fceptre & de cou
ronne.
Partez , laiffez -nous feuls dans ces fauvages lieux
La vertų pour témoin n'a befoin que des Dieux..
Pyrrhus lui fait entendre que Philoctete
a tout à craindre de la rage des Grecs. Sophie
répond que fa main va mettre un
frein à leurs droits prétendus , que fon
pere vient de l'armer d'un poignard , &
que fi les Grecs s'avançoient pour le pren
are , elle a juré de le plonger dans le coeur
de Philoctete
,› pour prévenir fa honte.
Pourriez-vous , lui dit Pyrrhus , verfer le
fang d'un pere ? elle s'écrie :
Que fçais-je leurs fureurs me ferviront de guid
des ? >
191 MERCURE DE FRANCE.
Un mortel fans honneur n'eſt plus qu'un monſtrë
affreux ,
Que tout autre homme abhorre , & qui craint
tous les yeux ;
Chaque regard l'infulte , & réveillant fa honte ;
De fon honneur perdu , lui redemande compte
Lui fait baiffer la vûe , & femble l'avertir
De fuir dans le tombeau qui devroit l'engloutir.
Pyrrhus frappé de ce tableau promet à
Sophie de périr plutôt mille fois que de
fouffrir que leurs foldats en viennent à
cette violence . Elle le quitte en lui re-.
commandant ainſi les jours de fon pere :
Etes-vous à l'abri du deſtin qui l'accable ›
Si les hommes , hélas ! réfléchiffoient fur eux ;
Ils répandroient des pleurs fur tous les malheu
reux.
Ulyffe vient apprendre à Pyrrhus que
les Troyens inftruits de l'oracle , ont profité
du tems de fon abſence pour attaquer
le camp , qu'ils font près de forcer fi luimême
ne vole au fecours des Grecs ; qu'ils
ont déja bleffé plufieurs chefs de l'armée
& qu'ils ont fouillé dans le tombeau d'Achille
, & difperfé les reftes de fon corps ,
qui font devenus la proie des chiens & des
vautours.
JUIN. 1755. 193
yautours. Pyrrhus devient furieux à cette
nouvelle , & veut voler au camp . Ulyffe
infifte alors pour enlever Philoctete , &
montre les foldats qui l'ont fuivi pour
cette exécution. Mais Pyrrhus s'écrie qu'ils
n'avancent point , que Philoctete eft armé
des traits du defefpoir , & que fa mort va
tromper leur eſpérance. Il termine le quatriéme
acte , en difant qu'il va tenter un
dernier effort auprès du pere de Sophie ,
& qu'après il s'abandonne tout entier aux
confeils d'Ulyffe.
Pyrrhus paroît d'abord feul au cinquiéme
acte , & dit à Ulyffe qui furvient , qu'il
n'a pu fléchir Philoctete. Le Roi d'Itaque
lui montre l'arrêt que la Grece a dicté contre
ce guerrier indomptable. Pyrrhus lui
repréfente qu'en livrant Philoctete à la
mort on venge la patrie , mais qu'on ne
la fauve pas. Ulyffe répond qu'avant
d'exécuter l'arrêt , il veut tout effayer , &
qu'il veut voir Philoctete , qui arrive dans
ce moment avec Sophie. C'eft ici cette admirable
fcene qui forme non feulement
un dénouement des plus heureux , mais
qui fait encore elle feule un des plus beaux
cinquiémes actes qui foient au théâtre :
il faudroit la tranfcrire toute entiere pour
en faire fentir toutes les beautés . Philoctete
à l'afpect d'Ulyffe s'écrie dans fa fu-
II.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
reur qu'on lui rende fes armes. Ce der
nier lui donne les fiennes. Philoctete veut
l'en percer , mais Pyrrhus l'arrête . Ce
guerrier les brave par ces deux vers , dont
le dernier eft digne de Corneille :
Un oracle accablant vous à glacés d'effroi.
Vous vous trouvez preffés entre les Dieux & moi.
Ulyffe lui dit de ne punir que lai , &
d'avoir pitié de fa patrie :
Graces à mon exil , cruel je n'en ai plus ,
Lui répond Philoctete :
•
Je voue à vos fureurs les Grecs que je détefte ;
Dieux ! épargnez Pyrrhus & foudroyez le refte .
Le fils d'Achille eſt révolté de cette imprécation
; mais Ulyffe combat alors Philoctete
avec tous les traits de fon éloquen-.
ce. Il l'attaque par fon foible , c'eſt - à- dire
par l'endroit le plus fenfible à fa gloire.p
Vous ofez (lui dit- il ) confpirer contre votre pays...
Quand un homme a formé ce projet parricide ,
On dévoue aux tourmens ce citoyen perfide :
Son opprobre s'attache aux flancs qui l'ont posté ,
Et fa honte le fuit dans fa poftérité .
A fes concitoyens fon nom eft exécrable ;
On recherche avec foin les traces dy coupable.
JUIN. 1755. 195
Rebut de l'univers , à foi- même odieux :
Il vit errant , fans loix , fans amis & fans Dieux.
Son fupplice aux mortels offre un exemple horri
ble ;
Le tombeau lui refuſe un afyle paifible ,
Et la terre abandonne aux monftres dévorans ,
De fon corps déchiré , les reftes expirans.
Ses manes agités d'une éternelle rage ,
En vain parmi les morts fe cherchent un paffage ;
L'enfer même l'enfer fe rend fourd à fes cris.
Si vous l'ofez , cruel , vengez - vous à ce prix.
Philoctete eft effrayé de cette image.
Ulyffe pour achever de le defarmer , &
pour frapper le dernier coup , preffe Pyrrhus
de partir. Renvoyez , dit - il , des
vaiffeaux qui puiffent tranfporter ce héros
par-tout où il voudra aller :
Maître du fort des Grecs , qu'il le foit de lui- mê
me.
Emmenez tous nos Grecs ; je refte près de lui.
Philoctete à ces mots s'écrie :
Ulyffe près de moi ! retire-toi barbare .
Ulyffe lui fait cette réplique admirable ,
qui le met pour ainfi dire au pied du mur .
Si votre coeur pour moi ne peut être adouci ,
Suivez les Grecs , Seigneur , & me laiffez ici.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Philoctete à ce trait demeure interdit.
Sa fille fe joint à Ulyffe , & embraſſe ſes
genoux pour le fléchir . Ce guerrier attendri
par les larmes de fa fille , céde à cette
derniere inftance . Il lui facrifie fon reffentiment
, conſent de l'unir à Pyrrhus , &
termine la piece en difant :
Le Ciel m'ouvre les yeux fur la vertu d'Ulyffe ,
Et femble m'annoncer la fin de mon fupplice :
En marchant fur les pas au rivage Troyen ,
Nous fuivrons le grand homme & le vrai citoyen.
On ne peut pas conduire ni dénouer
une piece avec plus d'art. Que M. de Châteaubrun
a tiré fur tout un heureux parti
de l'épifode de Sophie ! 'que fon Ulyffe eft
beau ! & que M. de la Noue l'a bien
rendu !
Ulyffe & Pyrrhus accompagnés de Démas
, ouvrent la fcene , qui eft dans l'ifle
de Lemnos , à vue de la caverne qui fert
de retraite à Philoctete . Le premier dit au
fils d'Achille , que Philoctete refpire dans
ce defert affreux , & que les Grecs ne peuvent
triompher de Troye fans le bras de ce
guerrier , uni à la valeur de Pyrrhus. Les
Dieux l'ont déclaré par la bouche de Calchas'
; cet Oracle eft un arrêt dont on ne
peut appeller. Si Philoctete n'eft ramené
JUIN. 1755. 181
dans l'armée , elle va périr dans l'opprobre
& dans la mifere. Pyrrhus impatient veut
courir vers Philoctete , mais Ulyffe le retient
, & l'inftruit du jufte courroux de ce
Prince contre les Grecs . Il lui apprend que
dès les premiers jours du fiége d'Ilion ,
Un Troyen le bleffa d'un dard envenimé
Par d'horribles douleurs le poiſon ſe déclare :
Mais fon ardeur s'éteint dans un profond fommeil,
Et jamais la douleur ne fuccéde au réveil.
A peine ce guerrier revoit-il la lumière ,
Qu'il retrouve fa voix &. fa force premiere ;
Jufqu'à d'autres accès fans ceffe renaiſſans ,
L'art épuifa fur lui fes fecours impuiffans.
Ce mal cruel rendit Philoctete fi farouche
qu'il devint infupportable à tous les
chefs , & particulierement aux Atrides
qu'il accabloit de reproches amers. Le Roi
d'Itaque , pour les en délivrer , joua le mécontent,
engagea Philoctete à le fuivre dans
l'ifle de Lemnos où il feignit de fe retirer ,
& l'abandonna feul dans ce defert pendant
fon fommeil. Ulyffe , après ce récit
recommande à Pyrrhus de ne pas le nommer
il lui confeille , pour arracher ce héros
de fa retraite , de feindre que la tempête
l'a pouflé fur ce rivage , qu'il à quitté
182 MERCURE DE FRANCE.
le camp des Grecs , & qu'il retourne à Scyros
, révolté contre un fiége fi lent , & indigné
de l'avarice fordide des chefs qui
ont fruftré fa valeur de fes droits . Pyrrhus
réfifte d'abord à ce confeil , la feinte répugne
à fon grand coeur ; mais Ulyffe lui
en fait fentir la néceffité & s'éloigne
pour le laiffer agir .
›
Pyrrhus refte avec Démas , & s'écrie en
jettant les regards fur l'entrée de la caverne
,
Mon oeil foutient à peine
Cet horrible tableau de la miſere humaine ;
Quelques vafes groffiers que le befoin conftruit ,
Des feuilles , des lambeaux qui lui fervent de lit.
Il voit fortir du fond de cet antre fauvage
une jeune beauté ; il eft frappé de
fes charmes , il l'aborde , & apprend d'elle
que fon nom eft Sophie , & qu'elle eft la
fille de Philoctete. Så tendreffe l'a conduite
dans cette ifle déferte pour y partager
le malheur de fon pere ; elle y aborda par
un naufrage. Nous allions périr , dit- elle ,
Hercule nous fecourut .
Il retint dans nos coeurs notre ame fugitive ,
Et fon bras bienfaiſant nous pouffa fur la rive.
Nous appellons mon pere , il s'avance vers nous.
Que n'éprouvai -je point dans un moment fi doux !
Avec quelle tendreffe il efluya mes larmes ↓
JUIN.
183 1755.
Combien für mon état témoigna-t- il d'allarmes !
Quels mouvemens confus de joie & de pitié ,
De fanglots mutuels qu'exhaloit l'amitié !
Les périls de la mer , mes craintes , ma mifere ,
J'oubliai tout , Seigneur , en embraffant mon pere
;
Voilà le langage naïf de la nature. Les
vers les plus pompeux valent - ils ceux
qu'elle infpire ? Cette fimplicité charmante
qui rend fi bien le fentiment , n'eſtelle
pas la vraie éloquence ? Pyrrhus témoigne
le defir qu'il a de voir Philoctete
Sophie répond, qu'armé d'un arc qui pourvoit
à leur fubfiftance , il erre dans les
bois , & qu'elle va le chercher. Pyrrhus
devant Démas fait éclater pour Sophie une
pitié qui laiffe entrevoir le premier trait
de l'amour. Démas lui repréfente qu'il ne
doit s'occuper que du foin de rendre Philoctete
aux Grecs prêts à périr.
Philoctete paroît avec Sophie , & marque
fa furprife à Pyrrhus , qu'il n'a jamais
vu , de le voir dans des lieux fi fauvages.
11 exprime en même tems fon reffentiment
contre les chefs de la Grece , & leur ingratitude
, par ces deux vers juftement applaudis
,
Les bienfaits n'avoient pu m'attacher les Atrides
:
Je fous apprivoifer jufqu'aux monftres avides.
184 MERCURE DE FRANCE.
Pyrrhus fe nomme ; Philoctere montre
une joie très- vive de voir en lui le fils
d'Achille dont il a toujours été l'ami ; mais
apprenant la mort de ce héros par la bouche
de fon fils , il s'écrie avec douleur
2
Achille eft mort , grands Dieux , & les Atrides
vivent
! Y
7 25377
Pyrrhus s'offre à conduire Philoctete &
fa fille dans leur patrie. Ce guerrier y
confent ; mais dans le moment qu'il veut
partir , il eft arrêté par un accès de fon
mal , qui l'oblige à rentrer dans fon antre
, & qui termine le premier acte. Y
101-20
Pyrrhus ouvre le fecond acte par ce beau
monologue , qui peint avec des couleurs
fi touchantes l'état de mifere & de douleur
où il vient de voir Philoctete dans la
caverne , ayant près de lui fa fille qui arrofoit
fes mains de larmes. Quel contraſte ,
dit- il , avec l'éducation qu'on nous donne !
p , cody courqu
"P
On écarte de nous juſqu'à l'ombre des maux
On n'offre à nos regards que de fiants tableaux
Pour ne point nous déplaire , on nous cache à
nous - mêmes ; ovo zng , ol mbase C
On ne nous entretient que de grandeurs fupre
-kot mes.unim un saciera'n aistroid as S11
On ajoûte à nos noms des noms ambitieux :
Autant que l'on le peut on fait de nous des Dieur.
JUIN.
185
1755 .
Victimes des flateurs , malheureux que nous fom
mes ,
Que ne nous apprend-t-on que les Rois font des
hommes !
·Démas furvient ; il exhorte Pyrrhus à
diffimuler encore pour engager Philoctete
à partir. La générofité de Pyrrhus attendri
s'en offenfe , & marque un vrai remords
d'avoir employé la feinte . Philoctete paroît
avec Sophie , & veut fe rendre au rivage.
Pyrrhus l'arrête. Philoctete furpris , lui en
demande la raifon . Le fatal fecret échappe
de la bouche du fils d'Achille, qui rougit de
commettre une perfidie , & lui déclare
qu'il le méne aux Atrides . A cet aveu le Roi
d'Eubée devient furieux. Pyrrhus l'inftruit
de la pofition des Grecs , & du befoin
qu'ils ont de fon bras pour renverfer
Troye , & s'arracher à une mort honteuſe ;
il le preffe en même tems d'immoler fon
reffentiment au falut de l'Etat. Philoctete
refufe de fe rendre , & fait des imprécations
contre Ulyffe & les autres chefs. Pyrrhus
lui répond , qu'il ne peut fe venger plus
noblement d'eux qu'en faifant triompher
fa patrie , & qu'en voyant Agamemnon
lui-même ramper à fes pieds. Philoctete
perfifte à ne point prêter fon fecours au
Roi d'Argos ; mais il propofe à Pyrrhus
186 MERCURE DE FRANCE.
d'aller combattre avec leurs foldats , & d'a
voir feuls la gloire de vaincre les Troyens.
Pyrrhus approuve ce parti ; mais comme il
entend du bruit , il s'éloigne avec Philoctete.
Démas qui les écoutoit , veut inftruire
Ulyffe du projet que ces deux guerriers
viennent de former ; mais le Roi d'Itaque
lui dit que les Grecs cachés avec lui fous
un rocher l'ont entendu , qu'ils ont réſolu
de les en punir ; & que s'il n'eût retenu
leur fureur , ils alloient fondre fur eux &
les immoler. Démas ajoûte qu'il craint encore
plus la fille que le pere . Ulyffe lui en
demande la raifon ; l'autre lui répond
que Pyrrhus adore Sophie."
›
Ulyffe en paroit allarmé , & quitte la
fcene en difant qu'il va voir avec les
Grecs ce qu'on doit oppofer à ce fatal
amour qui peut tout détruire.
I
Ulyffe ouvre le troifieme acte avec Démas.
Il tient un papier à la main , & dit à
Démas que les Grecs veulent entraîner
au camp Philoctete mort ou vivant , que
tel eft l'arrêt qu'ils viennent de figner ; &
que fi ce Prince refifte , ils veulent exterminer
fa famille , & faire fubir à fa fille
le fort d'Iphigénie . Ulyffe craint que Pyrrhus
ne prenne leur défenſe ; mais Démas
lui répond que fa résistance fera vaine , &
JUIN 1755. 187
que les Grecs viennent d'envelopper Philoctete
de toutes parts:
Pyrrhus paroît ; Ulyffe le preffe de partir
fans Philoctete , en difant qu'il ne veut
pas lui-même qu'on emmene ce guerrier au
camp . Pyrrhus s'excufe fur la pitié. Ulyffe
lui dit que la pitié dont il eft ému , n'eft
qu'un amour déguifé. Le premier répond
que l'amour n'eft pas un crime. Non , réplique
le Roi d'Itaque ,
Quand élevant le coeur , loin de l'humilier ,
Aux régles du devoir l'amour fçait le plier ,
Et ne l'enyvre point de fon poifon funefte :
Il eft fublime alors , la fource en eft céleste ,
Et c'eſt de cet amour que les Dieux font heureux.
Mais , Seigneur , quand l'amour , le bandeau fur
les yeux ,
Enchaîne le devoir aux pieds d'une maîtreffe ,
A des coeurs généreux n'infpire que foibleffe ,
Tient fous un joug d'airain leur courage foumis ,
Leur fait facrifier gloire , patrie , amis ,
Et des droits les plus faints rompt le noeud légitime
;
Alors , Seigneur , alors cet amour eft an crime.
Pyrrhus veut fe juftifier en difant qu'Achille
aima comme lui . Ulyffe lui repart
qu'il n'aima point aux dépens de fa gloire ,
& qu'il quitta tout pour elle. Il lui fait en
188 MERCURE DE FRANCE.
même tems une peinture pathétique de
l'état affreux où l'armée des Grecs fe trouve
réduite , ajoûtant qu'il va la joindre ,
& mourir fur le tombeau d'Achille , tandis
que fon fils refte tranquille à Lemnos
par l'amour. Ce trait réveille le
courage de Pyrrhus , & l'adroit Ulyffe pour
achever de le déterminer à le fuivre , lui
rapporte ainfi les dernieres paroles d'Achille
expirant , après qu'il l'eut arraché
lui-même des mains des Troyens .
enchaîné
Cher ami , me dit-il , cache-moi tes alarmes ;
Et laiffe- moi mourir parmi le bruit des armes. T
Par tes foins je fuis libre , & je refpire encor
Tu m'épargnes l'affront dont je flétris Hector.:
Que mon fils à jamais en garde la mémoire ,
Et te rende les foins que tu prens de ma gloire.
Sers-lui de pere , amis qu'il te ferve de fils . ' ; i
Voilà fes derniers voeux ; les avez-vous remplis
:
Pyrrhus eft prêt à partir , quand la préfence
de Sophie le retient il fe trouve
alors entre la gloire & l'amour, La premiere
foutenue par l'art d'Ulyffe , femble
d'abord l'emporter ; mais l'amour mieux
déféndu par les larmes de Sophie ', triomphe
enfin de Pyrrhus , & l'entraîne de fon
côté. Ce jeune héros en tournant les yeux
vers elle , s'écrie :
JUIN.
183 1755.
Quoi vous pleurez , courons à votre pere.
Il vole fur les pas de Sophie. Ulyffe fo
retire avec Démas , en difant que Pyrrhus
va fe perdre & combler le malheur de
Philoctete & de fa fille . Ce troifiéme Acte
eft d'une grande beauté .
Z Sophie commence le quatriéme Acte avec
Palmire fa gouvernante , & lui dit que fans
Pyrrhus les Grecs auroient furpris & enlevé
fon pere. Elle avoue avec cette ingé
nuité qui accompagne l'innocence , que
ce jeune héros lui a déclaré qu'il l'adoroit
, & qu'elle y a été fenfible par reconnoiffance
pour
le fervice qu'il a rendu à
fon pere. Palmire l'avertit de redouter les
effets de fa beauté . Je n'ai pas oublié , lui
répond Sophie , vos fages leçons.
Hélas ! cette beauté , ce charme fouverain ;
Dont le fexe s'honore , & qui le rend fi vain
Si la vertu n'en fait un ornement célefte ,
Eft , des Dieux irrités , le don le plus funefte.
" Philoctete arrive , & dit à fa fille qu'il
faut fauver l'honneur d'un pere infortuné ,
& lui remet un poignard. Sophie lui demande
quel ufage elle en doit faire : il répond
qu'il a vécu comme Hercule , &
qu'il veut mourir de même , ajoutant que
Le poifon peut encore lui porter une at
190 MERCURE DE FRANCE.
teinte , que les Grecs pourroient faifir, ce
moment pour le charger de fers , & qu'elle
doit le fouftraire à leur fureur , en faisant
ce qu'Hercule exigea de fon fils. Elle frémit
de commettre un parricide . Philoctete
defeſpéré de ce refus , s'écrie
s'écrie que dans
cette extrêmité il va lancer ces flèches redoutables
qui portent d'inévitables coups ,
& qu'il va commencer par Pyrrhus . Sophie
allarmée l'arrête , & lui apprend que
c'eft le fecours de Pyrrhus qui l'a dérobé à
l'audace des Grecs , & qu'elle en eft aimée.
Philoctete raffuré par l'amour de Pyrrhus
pour fa fille , la preffe de lui déclarer que
La flamme eft connue de fon pere , qui l'approuve
; mais que fi ce jeune guerrier ne
fe joint à lui pour les venger ,
elle rejette
avec dédain les offres de fa foi. Sophie le
lui jure , en lui difant tendrement qu'après
avoir partagé fa gloire , il eft jufte qu'elle
partage fon affront. Philoctete qui voit
venir Pyrrhus, rentre dans fon afyle , & recommande
à Sophie d'éprouver le coeur de
fon amant.
Pyrrhus dit à Sophie qu'il a fait retirer
les foldats , mais qu'elle engage fon pere
à remplir leurs voeux ; que le falut public
doit être un de fes bienfaits,, & qu'il ofe à
çe motif preffant joindre l'intérêt de fon
amour. Elle lui répond que Philoctete eft
JUI N. 1755. 191*
·
inftruit de fes feux , qu'il confent que
l'hymen les couronne , mais qu'il veut que
ces noeuds foient formés dans fes états .
Pyrrhus lui réplique en foupirant , que la
Grece l'implore , & qu'il ne peut l'abandonner,
Elle l'interrompt en lui difant que
puifque l'intérêt de fon pere & le fien lui
font moins chers que celui des Atrides ,
elle rend à fon amour les fermens qui le
lient. Seigneur , ajoute- t -elle ':
Plus grands dans nos deferts que vous ,
trône ,
fur votre
L'honneur nous tiendra lieu de fceptre & de cou
ronne.
Partez , laiffez -nous feuls dans ces fauvages lieux
La vertų pour témoin n'a befoin que des Dieux..
Pyrrhus lui fait entendre que Philoctete
a tout à craindre de la rage des Grecs. Sophie
répond que fa main va mettre un
frein à leurs droits prétendus , que fon
pere vient de l'armer d'un poignard , &
que fi les Grecs s'avançoient pour le pren
are , elle a juré de le plonger dans le coeur
de Philoctete
,› pour prévenir fa honte.
Pourriez-vous , lui dit Pyrrhus , verfer le
fang d'un pere ? elle s'écrie :
Que fçais-je leurs fureurs me ferviront de guid
des ? >
191 MERCURE DE FRANCE.
Un mortel fans honneur n'eſt plus qu'un monſtrë
affreux ,
Que tout autre homme abhorre , & qui craint
tous les yeux ;
Chaque regard l'infulte , & réveillant fa honte ;
De fon honneur perdu , lui redemande compte
Lui fait baiffer la vûe , & femble l'avertir
De fuir dans le tombeau qui devroit l'engloutir.
Pyrrhus frappé de ce tableau promet à
Sophie de périr plutôt mille fois que de
fouffrir que leurs foldats en viennent à
cette violence . Elle le quitte en lui re-.
commandant ainſi les jours de fon pere :
Etes-vous à l'abri du deſtin qui l'accable ›
Si les hommes , hélas ! réfléchiffoient fur eux ;
Ils répandroient des pleurs fur tous les malheu
reux.
Ulyffe vient apprendre à Pyrrhus que
les Troyens inftruits de l'oracle , ont profité
du tems de fon abſence pour attaquer
le camp , qu'ils font près de forcer fi luimême
ne vole au fecours des Grecs ; qu'ils
ont déja bleffé plufieurs chefs de l'armée
& qu'ils ont fouillé dans le tombeau d'Achille
, & difperfé les reftes de fon corps ,
qui font devenus la proie des chiens & des
vautours.
JUIN. 1755. 193
yautours. Pyrrhus devient furieux à cette
nouvelle , & veut voler au camp . Ulyffe
infifte alors pour enlever Philoctete , &
montre les foldats qui l'ont fuivi pour
cette exécution. Mais Pyrrhus s'écrie qu'ils
n'avancent point , que Philoctete eft armé
des traits du defefpoir , & que fa mort va
tromper leur eſpérance. Il termine le quatriéme
acte , en difant qu'il va tenter un
dernier effort auprès du pere de Sophie ,
& qu'après il s'abandonne tout entier aux
confeils d'Ulyffe.
Pyrrhus paroît d'abord feul au cinquiéme
acte , & dit à Ulyffe qui furvient , qu'il
n'a pu fléchir Philoctete. Le Roi d'Itaque
lui montre l'arrêt que la Grece a dicté contre
ce guerrier indomptable. Pyrrhus lui
repréfente qu'en livrant Philoctete à la
mort on venge la patrie , mais qu'on ne
la fauve pas. Ulyffe répond qu'avant
d'exécuter l'arrêt , il veut tout effayer , &
qu'il veut voir Philoctete , qui arrive dans
ce moment avec Sophie. C'eft ici cette admirable
fcene qui forme non feulement
un dénouement des plus heureux , mais
qui fait encore elle feule un des plus beaux
cinquiémes actes qui foient au théâtre :
il faudroit la tranfcrire toute entiere pour
en faire fentir toutes les beautés . Philoctete
à l'afpect d'Ulyffe s'écrie dans fa fu-
II.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
reur qu'on lui rende fes armes. Ce der
nier lui donne les fiennes. Philoctete veut
l'en percer , mais Pyrrhus l'arrête . Ce
guerrier les brave par ces deux vers , dont
le dernier eft digne de Corneille :
Un oracle accablant vous à glacés d'effroi.
Vous vous trouvez preffés entre les Dieux & moi.
Ulyffe lui dit de ne punir que lai , &
d'avoir pitié de fa patrie :
Graces à mon exil , cruel je n'en ai plus ,
Lui répond Philoctete :
•
Je voue à vos fureurs les Grecs que je détefte ;
Dieux ! épargnez Pyrrhus & foudroyez le refte .
Le fils d'Achille eſt révolté de cette imprécation
; mais Ulyffe combat alors Philoctete
avec tous les traits de fon éloquen-.
ce. Il l'attaque par fon foible , c'eſt - à- dire
par l'endroit le plus fenfible à fa gloire.p
Vous ofez (lui dit- il ) confpirer contre votre pays...
Quand un homme a formé ce projet parricide ,
On dévoue aux tourmens ce citoyen perfide :
Son opprobre s'attache aux flancs qui l'ont posté ,
Et fa honte le fuit dans fa poftérité .
A fes concitoyens fon nom eft exécrable ;
On recherche avec foin les traces dy coupable.
JUIN. 1755. 195
Rebut de l'univers , à foi- même odieux :
Il vit errant , fans loix , fans amis & fans Dieux.
Son fupplice aux mortels offre un exemple horri
ble ;
Le tombeau lui refuſe un afyle paifible ,
Et la terre abandonne aux monftres dévorans ,
De fon corps déchiré , les reftes expirans.
Ses manes agités d'une éternelle rage ,
En vain parmi les morts fe cherchent un paffage ;
L'enfer même l'enfer fe rend fourd à fes cris.
Si vous l'ofez , cruel , vengez - vous à ce prix.
Philoctete eft effrayé de cette image.
Ulyffe pour achever de le defarmer , &
pour frapper le dernier coup , preffe Pyrrhus
de partir. Renvoyez , dit - il , des
vaiffeaux qui puiffent tranfporter ce héros
par-tout où il voudra aller :
Maître du fort des Grecs , qu'il le foit de lui- mê
me.
Emmenez tous nos Grecs ; je refte près de lui.
Philoctete à ces mots s'écrie :
Ulyffe près de moi ! retire-toi barbare .
Ulyffe lui fait cette réplique admirable ,
qui le met pour ainfi dire au pied du mur .
Si votre coeur pour moi ne peut être adouci ,
Suivez les Grecs , Seigneur , & me laiffez ici.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Philoctete à ce trait demeure interdit.
Sa fille fe joint à Ulyffe , & embraſſe ſes
genoux pour le fléchir . Ce guerrier attendri
par les larmes de fa fille , céde à cette
derniere inftance . Il lui facrifie fon reffentiment
, conſent de l'unir à Pyrrhus , &
termine la piece en difant :
Le Ciel m'ouvre les yeux fur la vertu d'Ulyffe ,
Et femble m'annoncer la fin de mon fupplice :
En marchant fur les pas au rivage Troyen ,
Nous fuivrons le grand homme & le vrai citoyen.
On ne peut pas conduire ni dénouer
une piece avec plus d'art. Que M. de Châteaubrun
a tiré fur tout un heureux parti
de l'épifode de Sophie ! 'que fon Ulyffe eft
beau ! & que M. de la Noue l'a bien
rendu !
Fermer
Résumé : EXTRAIT DE PHILOCTETE.
L'extrait de 'Philoctète' se déroule sur l'île de Lemnos, où Ulysse et Pyrrhus discutent de la nécessité de ramener Philoctète, un guerrier essentiel à la victoire contre Troie. Philoctète, abandonné sur l'île en raison d'une blessure empoisonnée incurable, est décrit comme farouche et insupportable. Ulysse conseille à Pyrrhus de feindre un naufrage pour approcher Philoctète sans éveiller sa méfiance. Pyrrhus rencontre Sophie, la fille de Philoctète, et apprend son histoire. Philoctète apparaît ensuite, exprimant son ressentiment contre les Grecs. Pyrrhus se propose de les conduire, lui et Sophie, dans leur patrie, mais un accès de douleur oblige Philoctète à rentrer dans sa caverne. Dans le second acte, Pyrrhus exprime sa pitié pour la misère de Philoctète. Ulysse révèle à Pyrrhus que les Grecs sont prêts à tout pour ramener Philoctète. Philoctète, furieux, refuse de se rendre aux Grecs. Pyrrhus propose alors de combattre avec lui contre les Troyens, sans les autres Grecs. Dans le troisième acte, Ulysse et Démas discutent de la manière de capturer Philoctète. Pyrrhus, partagé entre son amour pour Sophie et son devoir, finit par choisir l'amour. Sophie avoue à sa gouvernante qu'elle aime Pyrrhus. Dans le quatrième acte, Sophie révèle à Philoctète l'amour de Pyrrhus et son aide contre les Grecs. Philoctète accepte leur union à condition que Pyrrhus les aide à se venger. Pyrrhus, pressé par Sophie, accepte de rejoindre Philoctète pour combattre les Troyens, malgré les appels de la Grèce. Dans le cinquième acte, Ulysse montre à Philoctète un arrêt de mort dicté par la Grèce. Philoctète, face à Ulysse, exige ses armes mais est arrêté par Pyrrhus. Ulysse utilise son éloquence pour convaincre Philoctète de renoncer à sa vengeance, en lui décrivant les horreurs réservées aux traîtres. Touché par les larmes de sa fille Sophie, Philoctète cède et accepte de se réconcilier. La pièce se termine par l'union de Sophie et Pyrrhus, et Philoctète reconnaît la vertu d'Ulysse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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80
p. 216-228
MARIAGES ET MORTS.
Début :
Le 1 Février, François-Philibert de Bonvoust; Marquis de Prulay, fils de [...]
Mots clefs :
Mariage, Mort, Marquis, Comte, Fils, Fille, Lieutenant, Gouverneur, Capitaine, Seigneur
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
E 1 Février , François- Philibert de Bonvouft ;
>
Philibert de Bonvouft , Marquis de Prulay , Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes Dauphins , &
de Dame Marie de la Grange , fut marié le premier
Février à Damoifelle Marie, Louife-Françoife
Durey de Noinville , fille de Meffire Jacques-
Bernard Durey de Noinville , Maître des Requê
tes , & Préfident honoraire au Grand- Conſeil™, &
de Dame Marie-Françoife- Pauline de Simiane.
La cérémonie fut faite dans la Chapelle de l'hôtel
de Pons , par l'Evêque de Gap.
Jean-Paul -François de Noailles, Comte d'Ayen;
Gouverneur & Capitaine des Chaffes de S. Germain-
en-Laye en furvivance , époufa le 4 Février
Damoifelle Henriette- Anne- Louiſe Dagueffeau ,
fille de Meffire Jean-Baptiste-Paulin Dagueffeau
de Frefnes , Confeiller d'Etat ordinaire , & de
feue Dame Anne- Louife-Françoife Dupré . La
Bénédiction nuptiale leur fut donnée par l'Archevêque
de Rouen , dans la Chapelle de l'hôtel de
Machault. Le Comte d'Ayen eft fils de Louis de
Noailles , Duc d'Ayen , Chevalier des Ordres du
Roi , Lieutenant général des Armées de Sa Majefté
, Capitaine de la Compagnie Ecoffoife des
Gardes du Corps , Gouverneur de la Province de
Rouillon , en furvivance , Gouverneur & Capitaine
des Chaffes de S. Germain-en- Laye , & de
Catherine - Françoife - Charlotte de Coffé de
Briffac .
Meffire Simon-Claude Graſſin , Maréchal des
Camps & Armées du Roi , Lieutenant pour Sa
Majesté
JUILLET: 1755 : 217
Majefté , & Commandant des Ville & Citadelle de
Saint-Tropez , fut marié le 6 Mars en fecondes
nôces , à Damoiselle Marguerite- Françoiſe- Genevieve
de Vion de Teffancourt de Maiſoncelle ,
fille de feu Meffire René de Vion , Seigneur de
Teffancourt - Maifoncelle , & de Dame Marie-
Marguerite de la Salle .
Meffire Jofeph- Augufte le Camus , fils de Meffire
Barthélemi le Camus , Gouverneur de Mevoillon
, & de Dame Jeanne de Cauſans , fut marié
le 18 à Damoiſelle Antoinette-Nicole le Camus
, fille de Meffire Nicolas le Camus , Commandeur
des Ordres du Roi , & ci-devant Premier
Préfident de la Cour des Aydes .
Le 8 Avril , Meffire Jean- Baptifte- Calixte de
Montmorin , Marquis de Saint - Herem , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , fut
marié à Damoiſelle Amable-Emilie- Gabrielle le
Tellier de Souvré , fille de Meffire François- Louis
le Tellier , Comte de Rebenac , Marquis de Souvré
, Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
général des Armées de Sa Majesté , & Lieutenant
général pour le Roi dans les Provinces de haute
& balle- Navarre & de Bearn , Maître de la Garderobe
de Sa Majefté , & de feue Dame Jeanne-
Françoife Dauver des Marefts. La Bénédiction
nuptiale leur fut donnée dans la Chapelle de la
Congrégation de S. Sulpice , par l'Evêque d'Agen.
Leur contrat de mariage avoit été figné le 6 par
Leurs Majeftés & par la Famille royale . Le Marquis
de Saint-Herem eft fils de Mellire Jean-
Baptifte-François , Marquis de Montmorin , Lieutenant
général des Armées du Roi , & Gouverneur
de Fontainebleau , & de Dame Conſtance-Lucie
de Valois de Villette.
La Maiſon de Montmorin qui tire fon nom
K
218 MERCURE DE FRANCE.
d'une terre en Auvergne , doit être comptée par
mi les premieres de cette Province & les plus anciennes
du Royaume . Elle n'eft pas moins illuftre
par fes alliances que par fon ancienneté. Calixte I ,
Seigneur de Montmorin , qui vivoit fous le regne
du Roi Lothaire , & qui eft mentionné dans une
charte du Prieuré de Saucillange , avec Hugues
fon fils , eft le 9e ayeul de Geoffroi , Seigneur de
Montmorin , qui vivoit en 1417 , & qui de fa
femme Dauphine de Thinieres , eut pour fecond
fils Jacques de Montmorin , Seigneur de Saint-
Herem , du chef de fa femme Jeanne Gouge , dite
de Charpaigne , mere de Gilbert de Montmorin
qui d'Alix de Chalancon eut Jean de Montmorin ,
Seigneur de Saint-Herem , allié en 1490 à Marie
de Chazeron. Leur fils François de Montmorin ,
Gouverneur de la haute & baffe- Auvergne , eut de
Jeanne de Joyeufe , Gafpard de Montmorin
Gouverneur d'Auvergne après fon pere , & Jean ,
qui époufa Gabrielle de Murol , Dame du Broc
de Gignac , & de Saint-Bonnet. Leur fils Gafpard
de Montmorin , Seigneur de Saint- Herem , fut
allié à Claude de Chazeron , mere de Gilbert-
Gafpard de Montmorin , décedé le 27 Février
1660 , laiffant de Catherine de Caftille , François-
Gafpard & Edouard de Montmorin , qui ont formé
les deux branches qui fubfiftent aujourd'hui.
François-Gafpard , l'aîné fut grand Louvetier de
France en 1655 , Gouverneur & Capitaine des
Chaffes de Fontainebleau. Son fils Charles-Louis
de Montmorin , qui eut la furvivance de cette
derniere Charge , eft ayeul par fa femme Marie-
Genevieve Rioult de Douilly , du Marquis de
Montmorin qui donne lieu à cet article.
Voyez l'Hiftoire des Grands Officiers de la
Couronne , t, 8. p. 813 , & les Tablettes hiftori
ques , t. 4. P. 419.
JUILLET. 1753. 219
Meffire Charles- Adrien , Comte de Ligny , Vicomte
de Damballe , Meftre de Camp de Cavalerie
, époufa le 17 Avril Demoifeile Elifabeth-
Jeanne de la Roche de Rambures , fille de Meffire
Louis-Antoine de la Roche , Marquis de Rambures
, Maréchal des Camps & Armées du Roi , &
de Dame Elifabeth-Marguerite de Saint - Georges
de Verac. La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
par l'Evêque de Meaux , dans la Chapelle
particuliere de l'hôtel de Rothelin . Le Comte de
Ligny eft veuf de Dame Reine -Magdeleine de
Hunolfthein.
Marie-François- Henri de Francquetot , Marquis
de Coigny , Meftre de Camp général des
Dragons de France , & Gouverneur de Choify- le-
Roi , fils de feu Jean- Antoine- François de Francquetot
, Comte de Coigny & de Dame Théreſe-
Jofephe-Corentine de Nevet , & petit- fils du Maréchal
de France de ce nom , fut marié le 21 à
Dame Marie-Jeanne-Olimpe de Bonnevie , Dame
des Ville & Marquifat de Vervins , veuve de
Louis- Augufte , Vicomte de Chabot.
Voyez les Tablettes hiftoriques , 3 part. p. 60, ´ .
& 4 part. p. 310.
>
Atmand , Marquis de Bethune Meftre de
Camp général de la Cavalerie , veuf de Dame
Marie-Edmée de Boullongne, a épousé le 22 Avril
Damoiselle Louife- Thérefe Crozat de Thiers , fille
de Meffire Antoine -Louis Crozat de Thiers , Brigadier
des Armées du Roi & Lecteur du cabinet
de Sa Majefté , & de Marie- Louife Auguftine de
Laval-Montmorenci . L'Evêque de Blois leur donna
la Bénédiction nuptiale dans la Chapelle du château
de Brunoy.
Meffire Jean- Fréderic de la Tour- Dupin de
Gouvernet , Comte de Paulin , Marquis de la
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
Roche- Chalais , Colonel dans le Corps des Gre
nadiers de France , a été márié le 24 à Demoiſelle
Cecile- Marguerite - Séraphine Guignot de Monconfeil,
fille de Meffire Etienne Guignot , Marquis
de Monconfeil , Lieutenant général des Armées
du Roi & Inspecteur général de l'Infanterie , &
de Dame Cécile Thérele Rioult de Curfay. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 22 par leurs
Majeftés & par la Famille royale.
Meffire François de Laftic , Comte de Laſtic ;
Capitaine de Cavalerie dans le Régiment de Saint-
Jal , fut marié le 30 à Demoiſelle Anne Charron
de Menars , fille de feu Meffire Michel-Jean-
Baptifte Charron , Marquis de Menars , Brigadier
d'Infanterie , Capitaine des Chaffes de la Capitai
nerie de Blois & Gouverneur du Château de ladite
Ville , & de Dame Anne de Caftres de la
Rivierre. La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
dans l'Eglife de Saint Sulpice , par l'Evêque de
Comminges. Le Comte de Laftic eft fils de Meffire
François , Marquis de Laftic , Maréchal des Camps
& Armées du Roi , & Lieutenant des Gardes du
Corps , & de Dame. Magdeleine- Héleine Camus
de Pontcarré. 1
Le a Mars eft mort à Paris Louis de Rouvroi §
Duc de Saint-Simon , Pair de France , Grand d'Eſpagne
de la premiere claffe , Chevalier des Ordres
du Roi, Vidame de Chartres, Gouverneur des Ville,
Château & Citadelle de Blaye , ainſi que du Fort
de Medoc , Grand Bailli & Gouverneur de Senlis
& du Pont Saint-Maxence. Ce Seigneur étoit âgé
de 30 ans. Il avoit été du Confeil de Régence &
Ambaffadeur extraordinaire du Roi en Eſpagne.
Par cette mort fe trouve éteinte la Duché-
Pairie de Saint-Simon , & la derniere branche de
l'illuftre Maifon de Rouvroi- Saint-Simon , n
JUILLET. 1733 : 221
reftant de cette branche Ducale que Marie-Chrif
tine -Chrétienne de Saint-Simon , fille unique de
Jacques-Louis de Rouvroi S.S mon , Duc de Ruffec ,
mort en 1746 , & de Catherine- Charlotte Thérefe
de Gramont , fille d'Antoine , Duc de Gramont.
Elle eft petite-fille du Duc dont nous annonçons
la mort & a époulé le 10 Décembre 1749 ,
Charles Maurice Grimaldi , appellé Comte de
Valentinois.
Il y a encore trois autres branches de la Maifon
de Saint-Simon , aînées de la Ducale. La premiere
fubfifte dans la perfonne de Claude , Bailli de
Saint-Simon , qui a été Général des Galeres de
Malthe en 1735 & 1736 , & de Claude de Saint-
Simon , Evêque de Metz , fon frere. La feconde
a pour chef Louis- Gabriel de Saint-Simon , Marquis
de Montbleru , veuf depuis le mois de Décembre
1753 , de Catherine-Marguerite Pineau
de Lucé , de laquelle il a quatre garçons & quatre
filles. La troifieme branche fubfifte dans cinq
garçons & une fille , enfans de Louis François de
Saint-Simon , Marquis de Sandricourt , Lieute
nant général des Armées du Roi , mort en 1749 .
& de Marie-Louife -Gabrielle de Gourgues , morte
en 1753:
Marie- Thérefe-Emmanuelle Cafimire- Genevie.
ve de Béthune , épouſe de Louis- Augufte Fouquer
de Belle- Ifle , Duc de Gifors , Pair & Maréchal de
France , Prince du S. Empire Romain , Chevalier
des Ordres du Roi & de l'Ordre de la Toifon d'or,
Gouverneur des Ville & Citadelle de Metz & du
pays Meflin , Commandant en chef dans les trois
Evêchés , frontiere de Champagne & pays de Luxembourg
, & Lieutenant général des Duchés de
Lorraine & de Bar , oft morte le 3 dans la 46€
année de fon âge.
"
Kiij
222 MERCURF DE FRANCE.
Dame Françci'e - Marie - Elifabeth Couvay ,
époufe de Louis Balb - Bertons Marquis de Crillon
, Maréchal des Camps & Armées du Roi ,
mourut à Paris le 6 Mars âgée de 30.
Le Comte de Rohan , Chambellan , Grand
Ecuyer & Grand Veneur de l'Infant Duc de Parme
, eft mort à Parme le 77.Mars.
Diane- Henriette de Bafchi d'Aubaïs , épouse
de Jofeph de Montainard , Marquis de Montfrin ,
Comte de Souternon , eft morte le 18 au château
de Montfrin en Languedoc , dans fa 44° année.
Voyez Bafchi, 4. part. des Tablettes hiftoriques
, pag. 170 , 212 , 217 & 325. & Montainard ,
ibid. pag. 110 & 158 .
9
Meffire Matthieu-Henri Molé de Champlaftreux
fils de Meffire Matthieu-François Molé
fecond Préfident du Parlement , eft mort le 20 dans
La 7e année.
Catherine Charlotte - Thérefe de Gramont ,
venve de Jacques- Louis de Saint- Simon , Duc de
Ruffec , Pair de France, Vidame de Chartres, Chevalier
de la Toifon d'or , mourut en cette ville le 21
âgée de 48 ans. Elle avoit été mariée en premieres
nôces à Philippe- Alexandre , Prince de Bournonville
, mort en 1727. Elle étoit fille d'Antoine de
Gramont , Pair & Maréchal de France , Lieutenant
général de Navarre & de Bearn , Colonel du Régiment
des Gardes- Françoiſes , & de Marie- Chriftine
de Noailles.
Le fieur Jacques Molin , Médecin de la Faculté
de Montpellier , & l'un des Médecins confultans
da Roi , eft mort le 21 Mars âgé de 92 ans. Ses
lumieres , fon expérience & fes fuccès , l'ont fait
compter , avec juftice , au nombre des plus grands
Médecins de ce fiecle.
Meffire Nicolas -Alexandre de Ségur , Préfident
JUILLET. 1755. 223
honoraire du Parlement de Bordeaux , eft mort le
24 dans la cinquante-huitieme année de fon âge.
Meffire Pierre de Forges , Marquis de Châteaubrun
, eft mort le 28 en fon château de Château
vieux , âgé de 75 ans. Il laiffe deux fils & trois
filles de fon fecond mariage avec Dame Gabrielle
de la Marche , fille de Meffire François de la Marche
, Baron de Fins , & de feu Gabrielle de Montmorenci.
Augufte-Henri , Comte de Friefe , Maréchal
des Camps & Armées du Roi , Mestre de Camp
d'un Régiment de Cavalerie légere de fon nom ,
& Colonel - Lieutenant du Régiment de Madame
la Dauphine , mourut à Paris le 29 Mars âgé de 27 ans.
隔Meffire Guillaume Raffin d'Hauterive , Abbé
de l'Abbaye de Belleville , Ordre de Saint Auguftin
, Diocèfe de Lyon , eft mort le 31 dans la
78e année .
Le 2 Avril , Meffire Jofeph- Philibert d'Apchies ,
Comte de Vabres, des Deux Chiens & de la Baume,
Grand Sénéchal d'Arles , eft mort en cette ville
dans la 69 année de fon âge.
Dame Marie -Jofephe le Duc , veuve de Meffire
Jules , Marquis de Grave , eft morte le 6 Avril
âgée de 70 ans.
Dame Catherine -Félicité- Arnauld de Pompon
ne , veuve de Meffire Jean-Baptifte Colbert , Mar
quis de Torcy , Commandeur des Ordres du Roi ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , ayant le département
des Affaires étrangeres , & Surintendant des
Poſtes , mourut à Paris le 7 âgée de 77 ans.
Dame Marie-Magdeleine Camus de Pontcarré ,
veuve de Méffire Louis- Balthazard de Ricouart ,
Comte d'Herouville, mourut le 12 du même mois.
Meffire Jochim PEfpinette-le-Mairat , Seigneur
Kiiij
224 MERCURE DE FRANCE.
de Nogent , Préfident de la Chambre des Comp
ies , eft mort le 15 âgé de 74 ans.
Meffire Gabriel Tachereau de Baudry , Confeiller
d'Etat ordinaire & Intendant des Finances ,
mourut en cette ville le 22 âgé de 82 ans .
Meffire Jean-Baptifte de Francheville , Préfident
du Parlement de Bretagne , mourut le 29 âgé de
67 ans.
Meffire Jean Bart , Vice-Amiral , Grand- Croix
de l'Ordre royal & militaire de Saint Louis , eſt
mort à Dunkerque fur la fin d'Avril .
Le 4 Mai , Meffire Nicolas Malezieu , Major
de Carabiniers , fils de Meffire Pierre de Malezieu,
Commandeur de l'Ordre royal & militaire de
S. Louis & Lieutenant général des Armées du
Roi , & de Dame Marthe Stoppa , mourut à Paris
dans la 34 année de fon âge.
Don Manuel Gallevon , Comte de la Cerda
Commandeur de l'Ordre de Chrift , & Envoyé
extraordinaire du Roi de Portugal auprès de Sa
Majefté , mourut le 9 en cette ville âgé de ao
ans.
Meffire Charles -Louis de Biaudos , Comte de
Cafteja , Maréchal des Camps & Armées du Roi
Gouverneur de Toul & de Saint-Dizier , ci devant
'Ambaffadeur de Sa Majeſté en Suede , eft mort le
10 dans la 72 ° année de fon âge.
Dame Marie-Françoiſe - Victoire de Verthamon,
veuve de Meffire Louis de Perruffe , Comte
d'Efcars , Lieutenant général pour le Roi au Gouvernement
du haut & bas Limoufin , mourut le
12 au château d'Eſcars , dans la 72º année de fon
âge.
Jean-Marie de Bourbon , Duc de Châteauvi
Jain , fils de Louis-Jean- Marie de Bourbon , Duc
de Penthievre , & de feue Marie- Thétefe- Félicité
JUILLET. 1753. 223
'Eft , Princeffe de Modene , mourut le 19 à Paris,
âge de fix ans , fix mois & deux jours.
Mre Marc-René des Ruaux de Rouffiac , Abbé
de l'Abbaye de Notre-Dame de Sellieres , Ordre
de Citeaux , Diocèfe de Troyes & Vicaire Général
de l'Evêché de Sarlat , mourut à Versailles le
25 dans fa quarante- cinquième année.
Meffire Pierre-Emmanuel , Marquis de Roqué-
Jaure , eft mort dans le mois de Mai , dans fon
château en Auvergne , âgé de quatre - vingt - deux
ans.
Meffire Samuel de Meherenc , Comte de Varennes
, l'un des Lieutenans de Roi dans la Province
de Flandres , Lieutenant pour Sa Majesté &
Commandant au Gouvernement de Béthune , eſt
mort en Normandie dans fa foixante- dix- huitieme
année.
L'Eglife de France vient de perdre un Prélat digne
des premiers temps. Son nom manque à la
તે
lifte des Princes de l'Eglife , dont la pourpre eut
reçu un nouvel éclat , s'il en eut été décoré,
Henri-François -Xavier de Bel unce de Caftelmoron
, étoit né en Décembre 1671. Il entra dans
la Société des Jéfaites en Septembre 1691 , il en
fortit pour être grand-Vicaire de l'Evêque d'Agen ;
il fut nommé à l'évêché de Marfeille en 1709 , &
facré à Paris en1710pendant l'affemblée du Clergé
à laquelle il étoit député en qualité de fuffragant
de la province d'Arles, La pefte arrivée à Marfeille
en 1720 , & qui dura toute l'année 1721. fit éclater
fa charité , fon courage & fon zèle , & nous fit voir
un fecond Charles- Boromée. M. le Régent ne tarda
pas à récompenfer tant de vertus , en le nommant
le 16 Octobre 1723 à l'Evêché de Laon , feconde
pairie du royaume. Il en étoit d'autant plus
digne qu'il refufa ce nouvel honneur pour fe
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
conferver tout entier à fon troupeau pour lequel
'il avoit facrifié fes biens , & tant de fois expofé fa
vie. Il continua de vieillir dans les travaux apoftoliques
, parcourant fon diocèfe en fimple miffionnaire
, & verfant partout avec profuſion ſes inftructions
& fes aumônes. Clément XI . lui envoya
le pallium , & l'honora de plufieurs brefs : ce Pape
mourut au moment où il alloit le faire cardinal :
on ne doit pas omettre que ce Prélat a refufé depuis
l'archevêché de Bordeaux. Il eft mort le 4
Juin , au même jour où la ville de Marfeille renouvelle
tous les ans la confécration qu'il fit pendant
les horreurs de la pefte , de lui & de tout fon
peuple au facré coeur de Jefus. Les regrets de tous
les habitans de cette ville , & les honneurs rendus
à cet illuftre Prélat , éterniferont à jamais fa mémoire
& leur reconnoiffance .
Sa Maiſon eft trop connue pour entrer ici dans
un grand détail : originaire de Navarre , & portant
dans fes armes depuis un tems.immémorial
celles de Bearn , elle fe perd dans les tems les plus
reculés. La fuite non interrompue des ancêtres de
M. de Marſeille , remonte à un Guillaume de Bel
funce , Vicomte de Macaye qui tefta en 1209. Les
Seigneurs de Belfunce font en poffeffion du titre
de Vicomtes depuis le douzieme fiecle. Les chroniques
de Bayonne rapportent l'entrepriſe d'un
cadet de Belfunce qui combattit un monftre à trois.
têtes , & qui fut écrafé par ce monftre après l'avoir
tué. L'événement fabuleux ou véritable en eft
confervé par ce qui fe voit dans leurs armes : c'eſt
un dragon qu'ils ont ajouté à leur écu par la permiffion
du Roi de Navarre Charles III , dit le
Noble. Ils poffederent les premieres charges dans
la maifon des Rois de Navarre. Le titre de Ricombre
qui répond à celui de haut & puiſſant SeiJUILLET.
1755. 227
gneur , fut concédé à Guillaume-Arnaud de Bel-
Tunce par le Roi Charles II , dit le Mauvais , &
parmi les maifons de Navarre établies , en France
, on ne connoît que celles de Grammont de
Luxe & de Belfunce qui foient parvenues à cette
dignité. Les illuftres alliances que les feigneurs
de Belfunce ont contractées , foit par des filles,
données , foit par des filles reçues en mariage ,
répondent bien à la nobleffe de cette maifon. Elle
eft alliée aux maifons de Grammont , d'Efchau
d'Armindaris , d'Arambure , d'Urtubre de Luxe ,
de Montmorency - Luxembourg , Gontaud de
Saint -Geniès , de Foix , de Navailles , d'Elbeuf ,
Pompadour , Rothelin , de Leffe du Coudrai proche
parent de Georges Duc de Virtemberg , Caumont-
la-Force , Montalambert -Moubaux , Beaumont
des Junies , la Lane , Fumel de Monfegur
d'Albret , de Tallerant , de Montp fat , de Goth ,
maifon du Pape Clement V. de Bourdeille , Caf
telnau de Clermont - Lodeve , Pardaillant , de
Rye-Rouffy , de la Rochefoucault , Candale de
Foix , Gontaud-Biron , d'Aydie de Riberac , Théobon
, de Pons , Fumel , Beaupoil - Saint - Aulaire ,
Harcourt -Beuvron , de Chapt de Raftignac , Dur
fort de Duras , de Bearn de Braflac , &c.
"
Il ne refte de la branche de M. l'Evêque de
Marſeille que le Marquis de Belfunce de Caftelmoron
fon petit neveu , fils de feu Antonin Armand
, Comte de Belfunce , Grand Louvetier de
France , & d'Alexandrine- Charlotte Sublet d'Heudicourt
& petit-fils de Charles- Gabriel de Belfance
, Marquis de Caftelmoron , &c. Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes Bourguignons , Lieuten
ant général des armées du Roi , Gouverneur &
Sé échal des provinces d'Agenois & Condommois ,
& de Cécile- Genevieve de Fontanicu. 3
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE.
Le chef de la branche aînée de cette maifon , eft
'Armand , Vicomte de Belfunce , Colonel du régiment
de ce nom.
Louis-François- Alexandre Savary , Seigneur &
Marquis de Lancofme , Chevalier de l'Ordre
royal & Militaire de Saint Louis , ci - devant
capitaine de Grenadiers Grenadiers au Régiment de
Richelieu , eft décédé le 12 Juin 1755 , dans
fon Château de Lancofme en Touraine , âgé de
foixante ans , il étoit chef du nom & armes de
Savary, & avoit épousé par contrat de mariage du
9 Janvier 1725 , damoiſelle Marie- Anne de Vaillant
, fille de Meffire François de Vaillant , Chevalier,
Seigneur d'Avignon , & de Dame Margue
rite de la Bouchardiere , dont font iffus trois fils
fçavoir ,
*
Louis-Jean-Baptifte Savary , Seigneur & Marquis
de Lancofne , Capitaine dans le régiment de
Bourgogne , cavalerie, marié à Damoiſelle Louiſe-
Renée de Roncée.
Louis-Alexandre Savary-Lancofme , chevalier
'de Malthe.
Louis-François Savary-Lancofme , Prêtre , Bathelier
de la Faculté de Théologie de Paris , à la
fin de fa Licence.
Ily a une autre branche de la maifon de Savary,
connue depuis 200 ans fous le nom de Bréves , de
laquelle est aîné Paul- Louis-Jean - Baptifte-Camille
de Savary-Breves , appellé le Marquis de Jarzé ,
parce qu'il a hérité du Marquifat de Jarzé en Anjou
dans la fucceffion collatéralle de Marie- Urbain-
René du Pleffis , Marquis de Jarzé , décédé
fans enfans .
Voyez à l'article des Morts & mariages du fe-
Bond volume de Juin , il y eft parlé très au long des
deux branches de cette maison,
E 1 Février , François- Philibert de Bonvouft ;
>
Philibert de Bonvouft , Marquis de Prulay , Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes Dauphins , &
de Dame Marie de la Grange , fut marié le premier
Février à Damoifelle Marie, Louife-Françoife
Durey de Noinville , fille de Meffire Jacques-
Bernard Durey de Noinville , Maître des Requê
tes , & Préfident honoraire au Grand- Conſeil™, &
de Dame Marie-Françoife- Pauline de Simiane.
La cérémonie fut faite dans la Chapelle de l'hôtel
de Pons , par l'Evêque de Gap.
Jean-Paul -François de Noailles, Comte d'Ayen;
Gouverneur & Capitaine des Chaffes de S. Germain-
en-Laye en furvivance , époufa le 4 Février
Damoifelle Henriette- Anne- Louiſe Dagueffeau ,
fille de Meffire Jean-Baptiste-Paulin Dagueffeau
de Frefnes , Confeiller d'Etat ordinaire , & de
feue Dame Anne- Louife-Françoife Dupré . La
Bénédiction nuptiale leur fut donnée par l'Archevêque
de Rouen , dans la Chapelle de l'hôtel de
Machault. Le Comte d'Ayen eft fils de Louis de
Noailles , Duc d'Ayen , Chevalier des Ordres du
Roi , Lieutenant général des Armées de Sa Majefté
, Capitaine de la Compagnie Ecoffoife des
Gardes du Corps , Gouverneur de la Province de
Rouillon , en furvivance , Gouverneur & Capitaine
des Chaffes de S. Germain-en- Laye , & de
Catherine - Françoife - Charlotte de Coffé de
Briffac .
Meffire Simon-Claude Graſſin , Maréchal des
Camps & Armées du Roi , Lieutenant pour Sa
Majesté
JUILLET: 1755 : 217
Majefté , & Commandant des Ville & Citadelle de
Saint-Tropez , fut marié le 6 Mars en fecondes
nôces , à Damoiselle Marguerite- Françoiſe- Genevieve
de Vion de Teffancourt de Maiſoncelle ,
fille de feu Meffire René de Vion , Seigneur de
Teffancourt - Maifoncelle , & de Dame Marie-
Marguerite de la Salle .
Meffire Jofeph- Augufte le Camus , fils de Meffire
Barthélemi le Camus , Gouverneur de Mevoillon
, & de Dame Jeanne de Cauſans , fut marié
le 18 à Damoiſelle Antoinette-Nicole le Camus
, fille de Meffire Nicolas le Camus , Commandeur
des Ordres du Roi , & ci-devant Premier
Préfident de la Cour des Aydes .
Le 8 Avril , Meffire Jean- Baptifte- Calixte de
Montmorin , Marquis de Saint - Herem , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , fut
marié à Damoiſelle Amable-Emilie- Gabrielle le
Tellier de Souvré , fille de Meffire François- Louis
le Tellier , Comte de Rebenac , Marquis de Souvré
, Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
général des Armées de Sa Majesté , & Lieutenant
général pour le Roi dans les Provinces de haute
& balle- Navarre & de Bearn , Maître de la Garderobe
de Sa Majefté , & de feue Dame Jeanne-
Françoife Dauver des Marefts. La Bénédiction
nuptiale leur fut donnée dans la Chapelle de la
Congrégation de S. Sulpice , par l'Evêque d'Agen.
Leur contrat de mariage avoit été figné le 6 par
Leurs Majeftés & par la Famille royale . Le Marquis
de Saint-Herem eft fils de Mellire Jean-
Baptifte-François , Marquis de Montmorin , Lieutenant
général des Armées du Roi , & Gouverneur
de Fontainebleau , & de Dame Conſtance-Lucie
de Valois de Villette.
La Maiſon de Montmorin qui tire fon nom
K
218 MERCURE DE FRANCE.
d'une terre en Auvergne , doit être comptée par
mi les premieres de cette Province & les plus anciennes
du Royaume . Elle n'eft pas moins illuftre
par fes alliances que par fon ancienneté. Calixte I ,
Seigneur de Montmorin , qui vivoit fous le regne
du Roi Lothaire , & qui eft mentionné dans une
charte du Prieuré de Saucillange , avec Hugues
fon fils , eft le 9e ayeul de Geoffroi , Seigneur de
Montmorin , qui vivoit en 1417 , & qui de fa
femme Dauphine de Thinieres , eut pour fecond
fils Jacques de Montmorin , Seigneur de Saint-
Herem , du chef de fa femme Jeanne Gouge , dite
de Charpaigne , mere de Gilbert de Montmorin
qui d'Alix de Chalancon eut Jean de Montmorin ,
Seigneur de Saint-Herem , allié en 1490 à Marie
de Chazeron. Leur fils François de Montmorin ,
Gouverneur de la haute & baffe- Auvergne , eut de
Jeanne de Joyeufe , Gafpard de Montmorin
Gouverneur d'Auvergne après fon pere , & Jean ,
qui époufa Gabrielle de Murol , Dame du Broc
de Gignac , & de Saint-Bonnet. Leur fils Gafpard
de Montmorin , Seigneur de Saint- Herem , fut
allié à Claude de Chazeron , mere de Gilbert-
Gafpard de Montmorin , décedé le 27 Février
1660 , laiffant de Catherine de Caftille , François-
Gafpard & Edouard de Montmorin , qui ont formé
les deux branches qui fubfiftent aujourd'hui.
François-Gafpard , l'aîné fut grand Louvetier de
France en 1655 , Gouverneur & Capitaine des
Chaffes de Fontainebleau. Son fils Charles-Louis
de Montmorin , qui eut la furvivance de cette
derniere Charge , eft ayeul par fa femme Marie-
Genevieve Rioult de Douilly , du Marquis de
Montmorin qui donne lieu à cet article.
Voyez l'Hiftoire des Grands Officiers de la
Couronne , t, 8. p. 813 , & les Tablettes hiftori
ques , t. 4. P. 419.
JUILLET. 1753. 219
Meffire Charles- Adrien , Comte de Ligny , Vicomte
de Damballe , Meftre de Camp de Cavalerie
, époufa le 17 Avril Demoifeile Elifabeth-
Jeanne de la Roche de Rambures , fille de Meffire
Louis-Antoine de la Roche , Marquis de Rambures
, Maréchal des Camps & Armées du Roi , &
de Dame Elifabeth-Marguerite de Saint - Georges
de Verac. La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
par l'Evêque de Meaux , dans la Chapelle
particuliere de l'hôtel de Rothelin . Le Comte de
Ligny eft veuf de Dame Reine -Magdeleine de
Hunolfthein.
Marie-François- Henri de Francquetot , Marquis
de Coigny , Meftre de Camp général des
Dragons de France , & Gouverneur de Choify- le-
Roi , fils de feu Jean- Antoine- François de Francquetot
, Comte de Coigny & de Dame Théreſe-
Jofephe-Corentine de Nevet , & petit- fils du Maréchal
de France de ce nom , fut marié le 21 à
Dame Marie-Jeanne-Olimpe de Bonnevie , Dame
des Ville & Marquifat de Vervins , veuve de
Louis- Augufte , Vicomte de Chabot.
Voyez les Tablettes hiftoriques , 3 part. p. 60, ´ .
& 4 part. p. 310.
>
Atmand , Marquis de Bethune Meftre de
Camp général de la Cavalerie , veuf de Dame
Marie-Edmée de Boullongne, a épousé le 22 Avril
Damoiselle Louife- Thérefe Crozat de Thiers , fille
de Meffire Antoine -Louis Crozat de Thiers , Brigadier
des Armées du Roi & Lecteur du cabinet
de Sa Majefté , & de Marie- Louife Auguftine de
Laval-Montmorenci . L'Evêque de Blois leur donna
la Bénédiction nuptiale dans la Chapelle du château
de Brunoy.
Meffire Jean- Fréderic de la Tour- Dupin de
Gouvernet , Comte de Paulin , Marquis de la
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
Roche- Chalais , Colonel dans le Corps des Gre
nadiers de France , a été márié le 24 à Demoiſelle
Cecile- Marguerite - Séraphine Guignot de Monconfeil,
fille de Meffire Etienne Guignot , Marquis
de Monconfeil , Lieutenant général des Armées
du Roi & Inspecteur général de l'Infanterie , &
de Dame Cécile Thérele Rioult de Curfay. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 22 par leurs
Majeftés & par la Famille royale.
Meffire François de Laftic , Comte de Laſtic ;
Capitaine de Cavalerie dans le Régiment de Saint-
Jal , fut marié le 30 à Demoiſelle Anne Charron
de Menars , fille de feu Meffire Michel-Jean-
Baptifte Charron , Marquis de Menars , Brigadier
d'Infanterie , Capitaine des Chaffes de la Capitai
nerie de Blois & Gouverneur du Château de ladite
Ville , & de Dame Anne de Caftres de la
Rivierre. La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
dans l'Eglife de Saint Sulpice , par l'Evêque de
Comminges. Le Comte de Laftic eft fils de Meffire
François , Marquis de Laftic , Maréchal des Camps
& Armées du Roi , & Lieutenant des Gardes du
Corps , & de Dame. Magdeleine- Héleine Camus
de Pontcarré. 1
Le a Mars eft mort à Paris Louis de Rouvroi §
Duc de Saint-Simon , Pair de France , Grand d'Eſpagne
de la premiere claffe , Chevalier des Ordres
du Roi, Vidame de Chartres, Gouverneur des Ville,
Château & Citadelle de Blaye , ainſi que du Fort
de Medoc , Grand Bailli & Gouverneur de Senlis
& du Pont Saint-Maxence. Ce Seigneur étoit âgé
de 30 ans. Il avoit été du Confeil de Régence &
Ambaffadeur extraordinaire du Roi en Eſpagne.
Par cette mort fe trouve éteinte la Duché-
Pairie de Saint-Simon , & la derniere branche de
l'illuftre Maifon de Rouvroi- Saint-Simon , n
JUILLET. 1733 : 221
reftant de cette branche Ducale que Marie-Chrif
tine -Chrétienne de Saint-Simon , fille unique de
Jacques-Louis de Rouvroi S.S mon , Duc de Ruffec ,
mort en 1746 , & de Catherine- Charlotte Thérefe
de Gramont , fille d'Antoine , Duc de Gramont.
Elle eft petite-fille du Duc dont nous annonçons
la mort & a époulé le 10 Décembre 1749 ,
Charles Maurice Grimaldi , appellé Comte de
Valentinois.
Il y a encore trois autres branches de la Maifon
de Saint-Simon , aînées de la Ducale. La premiere
fubfifte dans la perfonne de Claude , Bailli de
Saint-Simon , qui a été Général des Galeres de
Malthe en 1735 & 1736 , & de Claude de Saint-
Simon , Evêque de Metz , fon frere. La feconde
a pour chef Louis- Gabriel de Saint-Simon , Marquis
de Montbleru , veuf depuis le mois de Décembre
1753 , de Catherine-Marguerite Pineau
de Lucé , de laquelle il a quatre garçons & quatre
filles. La troifieme branche fubfifte dans cinq
garçons & une fille , enfans de Louis François de
Saint-Simon , Marquis de Sandricourt , Lieute
nant général des Armées du Roi , mort en 1749 .
& de Marie-Louife -Gabrielle de Gourgues , morte
en 1753:
Marie- Thérefe-Emmanuelle Cafimire- Genevie.
ve de Béthune , épouſe de Louis- Augufte Fouquer
de Belle- Ifle , Duc de Gifors , Pair & Maréchal de
France , Prince du S. Empire Romain , Chevalier
des Ordres du Roi & de l'Ordre de la Toifon d'or,
Gouverneur des Ville & Citadelle de Metz & du
pays Meflin , Commandant en chef dans les trois
Evêchés , frontiere de Champagne & pays de Luxembourg
, & Lieutenant général des Duchés de
Lorraine & de Bar , oft morte le 3 dans la 46€
année de fon âge.
"
Kiij
222 MERCURF DE FRANCE.
Dame Françci'e - Marie - Elifabeth Couvay ,
époufe de Louis Balb - Bertons Marquis de Crillon
, Maréchal des Camps & Armées du Roi ,
mourut à Paris le 6 Mars âgée de 30.
Le Comte de Rohan , Chambellan , Grand
Ecuyer & Grand Veneur de l'Infant Duc de Parme
, eft mort à Parme le 77.Mars.
Diane- Henriette de Bafchi d'Aubaïs , épouse
de Jofeph de Montainard , Marquis de Montfrin ,
Comte de Souternon , eft morte le 18 au château
de Montfrin en Languedoc , dans fa 44° année.
Voyez Bafchi, 4. part. des Tablettes hiftoriques
, pag. 170 , 212 , 217 & 325. & Montainard ,
ibid. pag. 110 & 158 .
9
Meffire Matthieu-Henri Molé de Champlaftreux
fils de Meffire Matthieu-François Molé
fecond Préfident du Parlement , eft mort le 20 dans
La 7e année.
Catherine Charlotte - Thérefe de Gramont ,
venve de Jacques- Louis de Saint- Simon , Duc de
Ruffec , Pair de France, Vidame de Chartres, Chevalier
de la Toifon d'or , mourut en cette ville le 21
âgée de 48 ans. Elle avoit été mariée en premieres
nôces à Philippe- Alexandre , Prince de Bournonville
, mort en 1727. Elle étoit fille d'Antoine de
Gramont , Pair & Maréchal de France , Lieutenant
général de Navarre & de Bearn , Colonel du Régiment
des Gardes- Françoiſes , & de Marie- Chriftine
de Noailles.
Le fieur Jacques Molin , Médecin de la Faculté
de Montpellier , & l'un des Médecins confultans
da Roi , eft mort le 21 Mars âgé de 92 ans. Ses
lumieres , fon expérience & fes fuccès , l'ont fait
compter , avec juftice , au nombre des plus grands
Médecins de ce fiecle.
Meffire Nicolas -Alexandre de Ségur , Préfident
JUILLET. 1755. 223
honoraire du Parlement de Bordeaux , eft mort le
24 dans la cinquante-huitieme année de fon âge.
Meffire Pierre de Forges , Marquis de Châteaubrun
, eft mort le 28 en fon château de Château
vieux , âgé de 75 ans. Il laiffe deux fils & trois
filles de fon fecond mariage avec Dame Gabrielle
de la Marche , fille de Meffire François de la Marche
, Baron de Fins , & de feu Gabrielle de Montmorenci.
Augufte-Henri , Comte de Friefe , Maréchal
des Camps & Armées du Roi , Mestre de Camp
d'un Régiment de Cavalerie légere de fon nom ,
& Colonel - Lieutenant du Régiment de Madame
la Dauphine , mourut à Paris le 29 Mars âgé de 27 ans.
隔Meffire Guillaume Raffin d'Hauterive , Abbé
de l'Abbaye de Belleville , Ordre de Saint Auguftin
, Diocèfe de Lyon , eft mort le 31 dans la
78e année .
Le 2 Avril , Meffire Jofeph- Philibert d'Apchies ,
Comte de Vabres, des Deux Chiens & de la Baume,
Grand Sénéchal d'Arles , eft mort en cette ville
dans la 69 année de fon âge.
Dame Marie -Jofephe le Duc , veuve de Meffire
Jules , Marquis de Grave , eft morte le 6 Avril
âgée de 70 ans.
Dame Catherine -Félicité- Arnauld de Pompon
ne , veuve de Meffire Jean-Baptifte Colbert , Mar
quis de Torcy , Commandeur des Ordres du Roi ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , ayant le département
des Affaires étrangeres , & Surintendant des
Poſtes , mourut à Paris le 7 âgée de 77 ans.
Dame Marie-Magdeleine Camus de Pontcarré ,
veuve de Méffire Louis- Balthazard de Ricouart ,
Comte d'Herouville, mourut le 12 du même mois.
Meffire Jochim PEfpinette-le-Mairat , Seigneur
Kiiij
224 MERCURE DE FRANCE.
de Nogent , Préfident de la Chambre des Comp
ies , eft mort le 15 âgé de 74 ans.
Meffire Gabriel Tachereau de Baudry , Confeiller
d'Etat ordinaire & Intendant des Finances ,
mourut en cette ville le 22 âgé de 82 ans .
Meffire Jean-Baptifte de Francheville , Préfident
du Parlement de Bretagne , mourut le 29 âgé de
67 ans.
Meffire Jean Bart , Vice-Amiral , Grand- Croix
de l'Ordre royal & militaire de Saint Louis , eſt
mort à Dunkerque fur la fin d'Avril .
Le 4 Mai , Meffire Nicolas Malezieu , Major
de Carabiniers , fils de Meffire Pierre de Malezieu,
Commandeur de l'Ordre royal & militaire de
S. Louis & Lieutenant général des Armées du
Roi , & de Dame Marthe Stoppa , mourut à Paris
dans la 34 année de fon âge.
Don Manuel Gallevon , Comte de la Cerda
Commandeur de l'Ordre de Chrift , & Envoyé
extraordinaire du Roi de Portugal auprès de Sa
Majefté , mourut le 9 en cette ville âgé de ao
ans.
Meffire Charles -Louis de Biaudos , Comte de
Cafteja , Maréchal des Camps & Armées du Roi
Gouverneur de Toul & de Saint-Dizier , ci devant
'Ambaffadeur de Sa Majeſté en Suede , eft mort le
10 dans la 72 ° année de fon âge.
Dame Marie-Françoiſe - Victoire de Verthamon,
veuve de Meffire Louis de Perruffe , Comte
d'Efcars , Lieutenant général pour le Roi au Gouvernement
du haut & bas Limoufin , mourut le
12 au château d'Eſcars , dans la 72º année de fon
âge.
Jean-Marie de Bourbon , Duc de Châteauvi
Jain , fils de Louis-Jean- Marie de Bourbon , Duc
de Penthievre , & de feue Marie- Thétefe- Félicité
JUILLET. 1753. 223
'Eft , Princeffe de Modene , mourut le 19 à Paris,
âge de fix ans , fix mois & deux jours.
Mre Marc-René des Ruaux de Rouffiac , Abbé
de l'Abbaye de Notre-Dame de Sellieres , Ordre
de Citeaux , Diocèfe de Troyes & Vicaire Général
de l'Evêché de Sarlat , mourut à Versailles le
25 dans fa quarante- cinquième année.
Meffire Pierre-Emmanuel , Marquis de Roqué-
Jaure , eft mort dans le mois de Mai , dans fon
château en Auvergne , âgé de quatre - vingt - deux
ans.
Meffire Samuel de Meherenc , Comte de Varennes
, l'un des Lieutenans de Roi dans la Province
de Flandres , Lieutenant pour Sa Majesté &
Commandant au Gouvernement de Béthune , eſt
mort en Normandie dans fa foixante- dix- huitieme
année.
L'Eglife de France vient de perdre un Prélat digne
des premiers temps. Son nom manque à la
તે
lifte des Princes de l'Eglife , dont la pourpre eut
reçu un nouvel éclat , s'il en eut été décoré,
Henri-François -Xavier de Bel unce de Caftelmoron
, étoit né en Décembre 1671. Il entra dans
la Société des Jéfaites en Septembre 1691 , il en
fortit pour être grand-Vicaire de l'Evêque d'Agen ;
il fut nommé à l'évêché de Marfeille en 1709 , &
facré à Paris en1710pendant l'affemblée du Clergé
à laquelle il étoit député en qualité de fuffragant
de la province d'Arles, La pefte arrivée à Marfeille
en 1720 , & qui dura toute l'année 1721. fit éclater
fa charité , fon courage & fon zèle , & nous fit voir
un fecond Charles- Boromée. M. le Régent ne tarda
pas à récompenfer tant de vertus , en le nommant
le 16 Octobre 1723 à l'Evêché de Laon , feconde
pairie du royaume. Il en étoit d'autant plus
digne qu'il refufa ce nouvel honneur pour fe
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
conferver tout entier à fon troupeau pour lequel
'il avoit facrifié fes biens , & tant de fois expofé fa
vie. Il continua de vieillir dans les travaux apoftoliques
, parcourant fon diocèfe en fimple miffionnaire
, & verfant partout avec profuſion ſes inftructions
& fes aumônes. Clément XI . lui envoya
le pallium , & l'honora de plufieurs brefs : ce Pape
mourut au moment où il alloit le faire cardinal :
on ne doit pas omettre que ce Prélat a refufé depuis
l'archevêché de Bordeaux. Il eft mort le 4
Juin , au même jour où la ville de Marfeille renouvelle
tous les ans la confécration qu'il fit pendant
les horreurs de la pefte , de lui & de tout fon
peuple au facré coeur de Jefus. Les regrets de tous
les habitans de cette ville , & les honneurs rendus
à cet illuftre Prélat , éterniferont à jamais fa mémoire
& leur reconnoiffance .
Sa Maiſon eft trop connue pour entrer ici dans
un grand détail : originaire de Navarre , & portant
dans fes armes depuis un tems.immémorial
celles de Bearn , elle fe perd dans les tems les plus
reculés. La fuite non interrompue des ancêtres de
M. de Marſeille , remonte à un Guillaume de Bel
funce , Vicomte de Macaye qui tefta en 1209. Les
Seigneurs de Belfunce font en poffeffion du titre
de Vicomtes depuis le douzieme fiecle. Les chroniques
de Bayonne rapportent l'entrepriſe d'un
cadet de Belfunce qui combattit un monftre à trois.
têtes , & qui fut écrafé par ce monftre après l'avoir
tué. L'événement fabuleux ou véritable en eft
confervé par ce qui fe voit dans leurs armes : c'eſt
un dragon qu'ils ont ajouté à leur écu par la permiffion
du Roi de Navarre Charles III , dit le
Noble. Ils poffederent les premieres charges dans
la maifon des Rois de Navarre. Le titre de Ricombre
qui répond à celui de haut & puiſſant SeiJUILLET.
1755. 227
gneur , fut concédé à Guillaume-Arnaud de Bel-
Tunce par le Roi Charles II , dit le Mauvais , &
parmi les maifons de Navarre établies , en France
, on ne connoît que celles de Grammont de
Luxe & de Belfunce qui foient parvenues à cette
dignité. Les illuftres alliances que les feigneurs
de Belfunce ont contractées , foit par des filles,
données , foit par des filles reçues en mariage ,
répondent bien à la nobleffe de cette maifon. Elle
eft alliée aux maifons de Grammont , d'Efchau
d'Armindaris , d'Arambure , d'Urtubre de Luxe ,
de Montmorency - Luxembourg , Gontaud de
Saint -Geniès , de Foix , de Navailles , d'Elbeuf ,
Pompadour , Rothelin , de Leffe du Coudrai proche
parent de Georges Duc de Virtemberg , Caumont-
la-Force , Montalambert -Moubaux , Beaumont
des Junies , la Lane , Fumel de Monfegur
d'Albret , de Tallerant , de Montp fat , de Goth ,
maifon du Pape Clement V. de Bourdeille , Caf
telnau de Clermont - Lodeve , Pardaillant , de
Rye-Rouffy , de la Rochefoucault , Candale de
Foix , Gontaud-Biron , d'Aydie de Riberac , Théobon
, de Pons , Fumel , Beaupoil - Saint - Aulaire ,
Harcourt -Beuvron , de Chapt de Raftignac , Dur
fort de Duras , de Bearn de Braflac , &c.
"
Il ne refte de la branche de M. l'Evêque de
Marſeille que le Marquis de Belfunce de Caftelmoron
fon petit neveu , fils de feu Antonin Armand
, Comte de Belfunce , Grand Louvetier de
France , & d'Alexandrine- Charlotte Sublet d'Heudicourt
& petit-fils de Charles- Gabriel de Belfance
, Marquis de Caftelmoron , &c. Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes Bourguignons , Lieuten
ant général des armées du Roi , Gouverneur &
Sé échal des provinces d'Agenois & Condommois ,
& de Cécile- Genevieve de Fontanicu. 3
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE.
Le chef de la branche aînée de cette maifon , eft
'Armand , Vicomte de Belfunce , Colonel du régiment
de ce nom.
Louis-François- Alexandre Savary , Seigneur &
Marquis de Lancofme , Chevalier de l'Ordre
royal & Militaire de Saint Louis , ci - devant
capitaine de Grenadiers Grenadiers au Régiment de
Richelieu , eft décédé le 12 Juin 1755 , dans
fon Château de Lancofme en Touraine , âgé de
foixante ans , il étoit chef du nom & armes de
Savary, & avoit épousé par contrat de mariage du
9 Janvier 1725 , damoiſelle Marie- Anne de Vaillant
, fille de Meffire François de Vaillant , Chevalier,
Seigneur d'Avignon , & de Dame Margue
rite de la Bouchardiere , dont font iffus trois fils
fçavoir ,
*
Louis-Jean-Baptifte Savary , Seigneur & Marquis
de Lancofne , Capitaine dans le régiment de
Bourgogne , cavalerie, marié à Damoiſelle Louiſe-
Renée de Roncée.
Louis-Alexandre Savary-Lancofme , chevalier
'de Malthe.
Louis-François Savary-Lancofme , Prêtre , Bathelier
de la Faculté de Théologie de Paris , à la
fin de fa Licence.
Ily a une autre branche de la maifon de Savary,
connue depuis 200 ans fous le nom de Bréves , de
laquelle est aîné Paul- Louis-Jean - Baptifte-Camille
de Savary-Breves , appellé le Marquis de Jarzé ,
parce qu'il a hérité du Marquifat de Jarzé en Anjou
dans la fucceffion collatéralle de Marie- Urbain-
René du Pleffis , Marquis de Jarzé , décédé
fans enfans .
Voyez à l'article des Morts & mariages du fe-
Bond volume de Juin , il y eft parlé très au long des
deux branches de cette maison,
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
En 1755, plusieurs mariages et décès notables ont été enregistrés. Le 1er février, Philibert de Bonvoult, Marquis de Prulay, a épousé Marie Louise Françoise Durey de Noinville. Le 4 février, Jean-Paul-François de Noailles, Comte d'Ayen, a épousé Henriette-Anne-Louise Dagueffau. Le 6 mars, Simon-Claude Grassin, Maréchal des Camps et Armées du Roi, s'est remarié avec Marguerite-Françoise-Geneviève de Vion de Tessancourt de Maisoncelle. D'autres mariages ont eu lieu en mars et avril, impliquant des personnalités telles que Joseph-Auguste Le Camus, Jean-Baptiste-Calixte de Montmorin, Charles-Adrien, Comte de Ligny, Marie-François-Henri de Francquetot, Marquis de Coigny, Armand, Marquis de Béthune, Jean-Frédéric de La Tour-Dupin de Gouvernet, et François de Lastic, Comte de Lastic. Parmi les décès notables, Louis de Rouvroi, Duc de Saint-Simon, est mort à Paris le 1er mars à l'âge de 30 ans. Marie-Thérèse-Emmanuelle Casimire-Geneviève de Béthune, épouse de Louis-Auguste Fouquet de Belle-Isle, est décédée le 3 mars à l'âge de 46 ans. Françoise-Marie-Élisabeth Couray, épouse de Louis-Balthazar Bertons Marquis de Crillon, est morte à Paris le 6 mars à l'âge de 30 ans. Le Comte de Rohan, Chambellan et Grand Veneur de l'Infant Duc de Parme, est décédé à Parme le 7 mars. Diane-Henriette de Bashi d'Aubais, épouse de Joseph de Montainard, Marquis de Montfrin, est morte le 18 mars à l'âge de 44 ans. Matthieu-Henri Molé de Champlâtreux est décédé le 20 mars à l'âge de 7 ans. Catherine-Charlotte-Thérèse de Gramont, veuve de Jacques-Louis de Saint-Simon, Duc de Ruffec, est morte le 21 mars à l'âge de 48 ans. Jacques Molin, Médecin de la Faculté de Montpellier, est décédé le 21 mars à l'âge de 92 ans. Nicolas-Alexandre de Ségur, Président honoraire du Parlement de Bordeaux, est mort le 24 mars à l'âge de 58 ans. Pierre de Forges, Marquis de Châteaubrun, est décédé le 28 mars à l'âge de 75 ans. Auguste-Henri, Comte de Frise, Maréchal des Camps et Armées du Roi, est mort à Paris le 29 mars à l'âge de 27 ans. Guillaume Raffin d'Hauterive, Abbé de l'Abbaye de Belleville, est décédé le 31 mars à l'âge de 78 ans. Joseph-Philibert d'Apchier, Comte de Vabres, est mort à Arles le 2 avril à l'âge de 69 ans. Marie-Josèphe Le Duc, veuve de Jules, Marquis de Grave, est décédée le 6 avril à l'âge de 70 ans. Catherine-Félicité Arnauld de Pomponne, veuve de Jean-Baptiste Colbert, Marquis de Torcy, est morte à Paris le 7 avril à l'âge de 77 ans. Marie-Madeleine Camus de Pontcarré, veuve de Louis-Balthazard de Ricouart, Comte d'Herouville, est décédée le 12 avril. Joachim Espinette-Le-Mairat, Seigneur de Nogent, Président de la Chambre des Comptes, est mort le 15 avril à l'âge de 74 ans. Gabriel Tachereau de Baudry, Conseiller au Parlement de Bretagne, est décédé le 16 avril à l'âge de 75 ans. En 1753, plusieurs personnalités notables sont également décédées. Jean-Baptiste de Francheville, Président du Parlement de Bretagne, est mort le 29 mai à l'âge de 67 ans. Jean Bart, Vice-Amiral et Grand-Croix de l'Ordre royal et militaire de Saint Louis, est décédé à Dunkerque à la fin avril. Nicolas Malezieu, Major de Carabiniers, est mort à Paris le 4 mai à l'âge de 34 ans.
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81
p. 229-236
MARAIGES ET MORTS.
Début :
Louis-Hubert, Comte de Champagne & de la Roussiere, veuf de Dame [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Comte de la Suze, Comte de Champagne, Louise Julie Sylvie de Maridort, Magdeleine Françoise de Champagne, Seigneur, Marquis, Louis de Champagne, Evêque de Dijon
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texteReconnaissance textuelle : MARAIGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
Louis-Hubert ,
Ouis- Hubert , Comte de Champagne & de la
Rouffiere, veufde Dame Bonne -Judith de Lopriac
de Donges , époufa le 24 Juin Dlle Louife- Julie-
Sylvie de Maridort, fille de Meffire Charles - Louis-
Augufte , Comte de Maridort , Baron du Bourgle-
Roi , Grand Sénéchal de la Province du Maine ;
& de Dame Julie -Hortenfe Colbert de Linieres ,
fille de Louis Comte de Linieres , & de Marie-
Louiſe du Bouchet de Sourches .
La Maiſon du Comte de Champagne eft contée
à jufte titre parmi les plus illuftres du Royaume
, tant par l'ancienneté de fon origine que par
le luftre de fes alliances & de fes dignités. Elle
eft fortie de la Maifon de Mathefelon , connue
dès le onzième fiécle , auquel vivoit Hubert , Seigneur
de Mathefelon & de Duretal . Il reçut cette
derniere Seigneurie l'an 1059 , de la libéralté de
Geoffroi Martel , Comte d'Anjou , qui dans l'Acte
de donation le qualifie fon coulin . Hugues
Seigneur de Mathefelon & de Duretal , fon fils
époufa Jeanne de Sablé , & fut pere de Thibaud
& de Brandelis de Mathefelon. Thibaud continua
la branche de Mathefelon , & Brandelis ayant
eu en partage la Seigneurie de Champagne de
Parcé au Maine , il prit ce dernier nom & le
ds
230 MERCURE DE FRANCE.
tranfmit à fa poftérité . De Brandelis qui vivoit
fous le regne de S. Louis , defcendoit au feptiéme
dégré , Baudouin de Champagne , Seigneur de la
Suze au Maine , Confeiller Chambellan des Rois
Louis XII & François I , pere de Nicolas de
Champagne , créé Comte de la Suze en 1566 ,
tué à la bataille de S. Denis l'année fuivante. Il
avoit épousé Françoife de Laval -Loué ; & de ce
mariage fortirent Louis de Champagne , Comte
de la Suze , & Brandelis , Marquis de Villaines ,
qui furent tous deux Chevaliers des ordres du Roi,
& formerent les deux branches de la Suze & de
Villaines.
Louis de Champagne , Comte de la Suze , fut
Confeiller d'Etat , Capitaine de cinquante hommes
d'armes , reçu Chevalier des ordres du Roi
dans la promotion de 1585 , & mourut à la ba→
taille de Coutras en 1 587. Il avoit époufé , par
contrat du 2 Mars 1572 , Magdeleine de Melun ,
fille de Charles , Seigneur de Normanville , de
laquelle il laila Louis de Champagne , 11 du
nom , Comte de la Suze , Maréchal de camp ès
armées du Roi , mort en 1636 , laiffant de fa
femme Charlotte de Roye de la Rochefoucauld ,
fille de Charles Comte de Rouci , entr'autres enfans
Gafpard de Champagne , Comte de la Suze .
allié à Henriette de Coligny , de laquelle il
fut féparé. 2 ° . A Louife de Clermont- Gallerande.
De ce cernier mariage nâquit Thibaut de
Champagne , Comte de la Suze , mort fans pofté
rité ; & trois filles dont la cadette Magdeleine-
Françoife de Champagne la Suze , étoit mere de
Louis- Hubert Comte de Champagne.
Brandelis de Champagne , Marquis de Villaines
, fecond fils de Nicolas Comte de la Suze
fut Confeiller d'Etat , & Capitaine de cinquante
NOVEMBRE. 1755. 231
hommes d'armes des Ordonnances du Roi , &
honoré en 1599 du collier des Ordres de Sa Majefté
. Il épousa Anne de Fefchal , Dame de Tucé ,
de laquelle il eut Hubert de Champagne , Marquis
de Villaines , marié 1. à Louiſe d'Arconna. 2°.
Par contrat du 29 Décembre 1644 à Catherine
Fouquet de la Varenne , fille de René , Marquis
de laVarenne , & de Jeanne de Girard de la Rouffiere.
Du premier lit vint Louife-Marie de Champagne
, femme de Claude de Talaru , Marquis
de Chalmazel , dont deſcend le Chevalier des Or
dres. Du fecond lit il laiffa deux garçons , René-
Brandelis , & Hubert - Jerôme de Champagne.
René-Brandelis de Champagne , Marquis deVillaines
& de la Varenne , mort le s Avril 1723 ,
n'ayant laiffé de fon mariage avec Catherine-
Thérefe le Royer que deux filles , dont la feconde
nommée Catherine de Champagne qui avoit été
mariée en 17394 Louis- Céfar ( le Tellier ) Comte
d'Eftrées , eft morte fans enfans le 19 Juillet 1742.
Sa foeur aînée , Marie de Champagne , a épousé
le 30 Avril 1732 , Céfar.Gabriel de Choifeul ,
Comte de Chevigni & de la Riviere , dont font
nés un fils & une fille.
Hubert - Jérôme de Champagne , Comte de
Villaines , frere cadet de René- Brandelis , avoit
épousé en 1700 , Magdeleine- Françoife de Champagne-
la-Suze , fille de Gafpard de Champagne ,
Comte de la Suze , & de Louife de Clermont- Gallerande.
Il eft pere de Louis-Hubert , Comte de
Champagne , qui donne lieu à cet article.
Quant à la famille du Comte de Maridort qui
porte pour armes d'azur , à 3 gerbes d'or , elle eft
connue dans le Maine parmi les plus nobles de
cette province depuis près de 400 ans. Jacques de
Maridor qui vivoit au commencement du quin-
{
232 MERCURE DE FRANCE.
zieme fiecle , fut feigneur des terres des Epinays
& de la Freflonniere , du chef de fa femme Françoile
Bocquet. Son fils Jacques de Maridort II . du
nom , feigneur de la Freflonniere , fut pere de
Jacques III. feigneur de la Freflonniere , allié avec
Laurette de Coainon , dame de S. Ouen , fille du ~
feigneur de la Roche-Coainon. De ce mariage
fortit Jean de Maridort , Seigneur de la Freflonniere
, de S. Ouen & de Château - Sénéchal , marié
en 15-10 à Marguerite de Maulay , dame de
Bretefin en Anjou, & de l'Artuzier, fille unique de
Foulques de Maulay & de Jeanne Lenfant de Varennes.
Il en eut Jacqueline de Maridort , alliée à
Guy d'Aflé , feigneur de Montfaucon & de l'Efpinay,
& deux fils qui eurent poftérité : fçavoir , Guillaume
& Hercules. L'aîné , feigneur châtelain de
Vaulx , époufa Renée de Mauny , dame de Verron,
de Vaulx , Courchardie dans le Maine & l'Anjou ,
fille de Pierre de Mauny, feigneur de S. Aiguan , &
de Françoile de Beaumanoir. Il eut de ce mariage
trois enfans : 1 °. Olivier, qui fuit ; 2 °. Radegonde,
mariée à Louis Frefneau , feigneur d'Aviré & de
Créance ; 3 °. Magdeleine de Maridort , alliée en
1561. à Joachim de Caradreux , Vicomte de Neuville,
fire de Chaftenay . Olivier de Maridort , feigneur
de la Freflonniere & de Vaulx , époufa en
1552 , Anne de Matignon , Dame d'honneur de
Jeanne d'Albret , Reine de Navarre , foeur du Maréchal
de Matignon , & fille de Jacques , Comte
de Matignon , & de Françoise de Silly. De cette
alliance il n'eut que trois filles : fçavoir , 1 ° . Françoiſe
de Maridort , Dame de la Freflonniere , mariée
en premieres nôces à Jean de Coefme , Baron
de Lucé- Bonneftable ; duquel elle n'eut point d'enfans
, & en fecondes nôces à Charles de Chambes ,
Comte de Montforcau , Marquis d'Avoir . 2°. AnNOVEMBRE.
1755. 233
I
he de Maridort , qui époufa Antoine de Longueval
, feigneur de Haraucourt . 3º. Philippe de Maridort
alliée à Yves de Lifcouet , feigneur de Lifcouet
& du Bois de la Roche.
Hercules de Maridort , par lequel la postérité
s'eft continuée jufqu'à préfent , fut feigneur de
S. Ouen , Bourg-le- Roi , Doucet , du Breuil , de
Mélangé & les Garnifons , du chef de fa femme ,
Guillelmine de Mauny , qu'il avoit épousée le dernier
Février 1532. Elle étoit niéce de Renée de
Mauny , femme de fon frere , & fille de François
de Mauny & d'Hélène de Villeblanche . Leur fils
Jean de Maridort , feigneur de S. Ouen , Bourgle-
Roi , Doucet , &c . fut marié par contrat du
19 Octobre 1566. à Claude de Tillon , Dame de
Groflé , fille d'Urbain de Tillon , feigneur de Sacé ,
& de Charlotte de Villeblanche . Il en eut David ,
qui fuit , & Jean de Maridort, feigneur du Bourgle-
Roi , Gentilhomme ordinaire de la chambre du
Roi , & Confeiller d'Etat , mort fans enfans de fes
deux femmes Hélene le Grand, & Barbe de S.Denis.
David de Maridort , feigneur de S. Ouen , &c.
décédé le 27 Septembre 1606. avoit épousé le s
Juin 1583 , Germaine de Riant , fille de Gilles de
Riant , Préfident du Parlement de Paris & de Magdeleine
Formel . Leur fils , Gilles de Maridor , feigneur
châtelain de S. Ouen , &c fut Centilhomme
ordinaire de la chambre du Roi , & marié le 13
Octobre 1613 , à Françoife de Vignolles , fille de
Pompée de Vignolles, Ecuyer, Seigneur de la Roche
& du Boudin, & de Louife de Lude. De ce mariage,
fortirent, 1 °. Louis, qui-fuit , 2º. Pompée qui a laiffé
postérité, & Marie de Maridort , femme de Charles
des Guets , feigneur de la Pinardiere.
Louis de Maridort, feigneur châtelain de Saint-
Quen , du Bourg- le-Roi , &c. fe maria en 1663 à
234 MERCURE DE FRANCE.
Sufanne de Crocelai , fille de Michel , feigneur de
Crocelai en Bretagne, & d'Anne Bitaud. De ce mariage
fortit , Louis - Charles de Maridor , feigneur
du Bourg- le- Roi , qui n'ayant point eu d'enfans
de fa femme N. de Riant , fe remaria en 1703. à
Elifabeth-Louife- Charlotte de Perochelle , fille
de Charles - François de Perochelle , feigneur de
Grandchamp , & de Marie- Françoife de Fontenay,
il eft pere de Charles- Louis - Augufte , Comte de
Maridort , & ayeul de Louife -Julie- Sylvie de Maridort
, Comteffe de Champagne.
René-Mans , Sire de Froullay , Comte de Teffé,
Marquis de Lavardin , Baron d'Ambriere , Comte
de Verny , de Froullay , &c , Grand d'Espagne, de
la premiere claffe , Lieutenant-Général pour le
Roi dans les provinces du Maine & du Perche ,
ainfi que dans le Comté de Laval , premier Ecuyer
de la Reine , & Colonel du régiment des Cravates
, fut marié le 26 Juin , dans l'Eglife paroiffiale
de S. Roch , à Adrienne - Catherine de
Noailles , fille de Louis de Noailles , Duc d'Ayen ,
Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant - Général
des armées de Sa Majefté , Capitaine de la
Compagnie Ecofloife des Gardes du Corps ;
Gouverneur de la province de Rouffillon en
furvivance du Maréchal Duc de Noailles , Gouverneur
& Capitaine des Chaffes de Saint Germain-
en- Laye; & de Catherine-Françoiſe - Charlotte
de Coffé - Briffac . La bénédiction nuptiale
leur a été donnée par le Curé de la paroiffe. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 22 du même
mois par leurs Majeftés & par la Famille royale .
Le Comte de Teffé eft fils de feu René- Mans , Sire
de Froullay , Marquis de Teffé , Grand d'Efpagne
, de la premiere claffe , Brigadier , Colonel
NOVEMBRE. 1755
235
Lieutenant du Régiment de la Reine- Infanterie,
& fon premier Ecuyer ; & de Marie - Charlotte
de Bethune- Charoft .
·
Le 16 Octobre fut célébré par l'Evêque de
Lefcars , dans la Chapelle de l'hôtel de Rothelin ,
rue du Cherche - midi , le mariage entre Meffire
Pons Fréderic de Pierre Chevalier , Seigneur
des Ports en Languedoc , Comte de Bernis , aîné
de la Maifon de Pierre ( en latin Petri ) connue
dès le onzieme fiecle ; fils de feu Meffire André de
Pierre, Chevalier , Seigneur des Ports , & de Dame
Anne- Therefe de Nigry , iffue d'une ancienne &
illuftre race.
Et Damoifelle-Marie- Helene-Elizabeth- Hyacinthe
de Narbonne- Pelet , fille de Meffire Clau
de de Narbonne- Pelet , Chevalier , Seigneur de
Verbron , Salgas , Rouffes , la Carriere , Montaigu
, & autres places ; chef de la quatrieme branche
de la Maifon de Narbonne-Pelet , laquelle
rapporte fon origine aux anciens Vicomtes de
Narbonne ; & de Dame Françoife - Heléne de Pierre
de Bernis , foeur du Marquis de ce nom , & de
l'Abbé de Bernis , Comte de Lyon , Ambaſſadeur
extraordinaire , & Miniftre Plénipotentiaire du
Roi à la Cour d'Espagne .
En faveur de ce mariage , le Roi a accordé au
Comte de Bernis un bon pour avoir un Régiment.
à fon tour.
Meffire Céfar-Antoine de la Luzerne , Comte
de Beuzeville , Maréchal des camps & armées du
Roi , & ci-devant Meftre de camp - Lieutenant .
du Régiment des Cuiraffers , mourut à Paris le
17 Juin , âgé de foixante- quatre ans.
Meffire Louis-Antoine de la Roche- Fontenille ,
Marquis de Rambures , auffi Maréchal de camp ,
236 MERCURE DE FRANCE:
eft mort à Paris dans le même mois , dans fa
cinquante-neuvieme année
Meffire Claude Bouhier , Evêque de Dijon , Abbé
de l'Abbaye de Fontaine- Daniel , Ordre de Cîteaux
, Diocèle du Mans , & Prieur de Pontarlier ,
Ordre du Val des Ecoliers , Diocèſe de Langres ,
mourut à Dijon le 21 Juin , dans fa foixante- onzieme
année.
Louis-Hubert ,
Ouis- Hubert , Comte de Champagne & de la
Rouffiere, veufde Dame Bonne -Judith de Lopriac
de Donges , époufa le 24 Juin Dlle Louife- Julie-
Sylvie de Maridort, fille de Meffire Charles - Louis-
Augufte , Comte de Maridort , Baron du Bourgle-
Roi , Grand Sénéchal de la Province du Maine ;
& de Dame Julie -Hortenfe Colbert de Linieres ,
fille de Louis Comte de Linieres , & de Marie-
Louiſe du Bouchet de Sourches .
La Maiſon du Comte de Champagne eft contée
à jufte titre parmi les plus illuftres du Royaume
, tant par l'ancienneté de fon origine que par
le luftre de fes alliances & de fes dignités. Elle
eft fortie de la Maifon de Mathefelon , connue
dès le onzième fiécle , auquel vivoit Hubert , Seigneur
de Mathefelon & de Duretal . Il reçut cette
derniere Seigneurie l'an 1059 , de la libéralté de
Geoffroi Martel , Comte d'Anjou , qui dans l'Acte
de donation le qualifie fon coulin . Hugues
Seigneur de Mathefelon & de Duretal , fon fils
époufa Jeanne de Sablé , & fut pere de Thibaud
& de Brandelis de Mathefelon. Thibaud continua
la branche de Mathefelon , & Brandelis ayant
eu en partage la Seigneurie de Champagne de
Parcé au Maine , il prit ce dernier nom & le
ds
230 MERCURE DE FRANCE.
tranfmit à fa poftérité . De Brandelis qui vivoit
fous le regne de S. Louis , defcendoit au feptiéme
dégré , Baudouin de Champagne , Seigneur de la
Suze au Maine , Confeiller Chambellan des Rois
Louis XII & François I , pere de Nicolas de
Champagne , créé Comte de la Suze en 1566 ,
tué à la bataille de S. Denis l'année fuivante. Il
avoit épousé Françoife de Laval -Loué ; & de ce
mariage fortirent Louis de Champagne , Comte
de la Suze , & Brandelis , Marquis de Villaines ,
qui furent tous deux Chevaliers des ordres du Roi,
& formerent les deux branches de la Suze & de
Villaines.
Louis de Champagne , Comte de la Suze , fut
Confeiller d'Etat , Capitaine de cinquante hommes
d'armes , reçu Chevalier des ordres du Roi
dans la promotion de 1585 , & mourut à la ba→
taille de Coutras en 1 587. Il avoit époufé , par
contrat du 2 Mars 1572 , Magdeleine de Melun ,
fille de Charles , Seigneur de Normanville , de
laquelle il laila Louis de Champagne , 11 du
nom , Comte de la Suze , Maréchal de camp ès
armées du Roi , mort en 1636 , laiffant de fa
femme Charlotte de Roye de la Rochefoucauld ,
fille de Charles Comte de Rouci , entr'autres enfans
Gafpard de Champagne , Comte de la Suze .
allié à Henriette de Coligny , de laquelle il
fut féparé. 2 ° . A Louife de Clermont- Gallerande.
De ce cernier mariage nâquit Thibaut de
Champagne , Comte de la Suze , mort fans pofté
rité ; & trois filles dont la cadette Magdeleine-
Françoife de Champagne la Suze , étoit mere de
Louis- Hubert Comte de Champagne.
Brandelis de Champagne , Marquis de Villaines
, fecond fils de Nicolas Comte de la Suze
fut Confeiller d'Etat , & Capitaine de cinquante
NOVEMBRE. 1755. 231
hommes d'armes des Ordonnances du Roi , &
honoré en 1599 du collier des Ordres de Sa Majefté
. Il épousa Anne de Fefchal , Dame de Tucé ,
de laquelle il eut Hubert de Champagne , Marquis
de Villaines , marié 1. à Louiſe d'Arconna. 2°.
Par contrat du 29 Décembre 1644 à Catherine
Fouquet de la Varenne , fille de René , Marquis
de laVarenne , & de Jeanne de Girard de la Rouffiere.
Du premier lit vint Louife-Marie de Champagne
, femme de Claude de Talaru , Marquis
de Chalmazel , dont deſcend le Chevalier des Or
dres. Du fecond lit il laiffa deux garçons , René-
Brandelis , & Hubert - Jerôme de Champagne.
René-Brandelis de Champagne , Marquis deVillaines
& de la Varenne , mort le s Avril 1723 ,
n'ayant laiffé de fon mariage avec Catherine-
Thérefe le Royer que deux filles , dont la feconde
nommée Catherine de Champagne qui avoit été
mariée en 17394 Louis- Céfar ( le Tellier ) Comte
d'Eftrées , eft morte fans enfans le 19 Juillet 1742.
Sa foeur aînée , Marie de Champagne , a épousé
le 30 Avril 1732 , Céfar.Gabriel de Choifeul ,
Comte de Chevigni & de la Riviere , dont font
nés un fils & une fille.
Hubert - Jérôme de Champagne , Comte de
Villaines , frere cadet de René- Brandelis , avoit
épousé en 1700 , Magdeleine- Françoife de Champagne-
la-Suze , fille de Gafpard de Champagne ,
Comte de la Suze , & de Louife de Clermont- Gallerande.
Il eft pere de Louis-Hubert , Comte de
Champagne , qui donne lieu à cet article.
Quant à la famille du Comte de Maridort qui
porte pour armes d'azur , à 3 gerbes d'or , elle eft
connue dans le Maine parmi les plus nobles de
cette province depuis près de 400 ans. Jacques de
Maridor qui vivoit au commencement du quin-
{
232 MERCURE DE FRANCE.
zieme fiecle , fut feigneur des terres des Epinays
& de la Freflonniere , du chef de fa femme Françoile
Bocquet. Son fils Jacques de Maridort II . du
nom , feigneur de la Freflonniere , fut pere de
Jacques III. feigneur de la Freflonniere , allié avec
Laurette de Coainon , dame de S. Ouen , fille du ~
feigneur de la Roche-Coainon. De ce mariage
fortit Jean de Maridort , Seigneur de la Freflonniere
, de S. Ouen & de Château - Sénéchal , marié
en 15-10 à Marguerite de Maulay , dame de
Bretefin en Anjou, & de l'Artuzier, fille unique de
Foulques de Maulay & de Jeanne Lenfant de Varennes.
Il en eut Jacqueline de Maridort , alliée à
Guy d'Aflé , feigneur de Montfaucon & de l'Efpinay,
& deux fils qui eurent poftérité : fçavoir , Guillaume
& Hercules. L'aîné , feigneur châtelain de
Vaulx , époufa Renée de Mauny , dame de Verron,
de Vaulx , Courchardie dans le Maine & l'Anjou ,
fille de Pierre de Mauny, feigneur de S. Aiguan , &
de Françoile de Beaumanoir. Il eut de ce mariage
trois enfans : 1 °. Olivier, qui fuit ; 2 °. Radegonde,
mariée à Louis Frefneau , feigneur d'Aviré & de
Créance ; 3 °. Magdeleine de Maridort , alliée en
1561. à Joachim de Caradreux , Vicomte de Neuville,
fire de Chaftenay . Olivier de Maridort , feigneur
de la Freflonniere & de Vaulx , époufa en
1552 , Anne de Matignon , Dame d'honneur de
Jeanne d'Albret , Reine de Navarre , foeur du Maréchal
de Matignon , & fille de Jacques , Comte
de Matignon , & de Françoise de Silly. De cette
alliance il n'eut que trois filles : fçavoir , 1 ° . Françoiſe
de Maridort , Dame de la Freflonniere , mariée
en premieres nôces à Jean de Coefme , Baron
de Lucé- Bonneftable ; duquel elle n'eut point d'enfans
, & en fecondes nôces à Charles de Chambes ,
Comte de Montforcau , Marquis d'Avoir . 2°. AnNOVEMBRE.
1755. 233
I
he de Maridort , qui époufa Antoine de Longueval
, feigneur de Haraucourt . 3º. Philippe de Maridort
alliée à Yves de Lifcouet , feigneur de Lifcouet
& du Bois de la Roche.
Hercules de Maridort , par lequel la postérité
s'eft continuée jufqu'à préfent , fut feigneur de
S. Ouen , Bourg-le- Roi , Doucet , du Breuil , de
Mélangé & les Garnifons , du chef de fa femme ,
Guillelmine de Mauny , qu'il avoit épousée le dernier
Février 1532. Elle étoit niéce de Renée de
Mauny , femme de fon frere , & fille de François
de Mauny & d'Hélène de Villeblanche . Leur fils
Jean de Maridort , feigneur de S. Ouen , Bourgle-
Roi , Doucet , &c . fut marié par contrat du
19 Octobre 1566. à Claude de Tillon , Dame de
Groflé , fille d'Urbain de Tillon , feigneur de Sacé ,
& de Charlotte de Villeblanche . Il en eut David ,
qui fuit , & Jean de Maridort, feigneur du Bourgle-
Roi , Gentilhomme ordinaire de la chambre du
Roi , & Confeiller d'Etat , mort fans enfans de fes
deux femmes Hélene le Grand, & Barbe de S.Denis.
David de Maridort , feigneur de S. Ouen , &c.
décédé le 27 Septembre 1606. avoit épousé le s
Juin 1583 , Germaine de Riant , fille de Gilles de
Riant , Préfident du Parlement de Paris & de Magdeleine
Formel . Leur fils , Gilles de Maridor , feigneur
châtelain de S. Ouen , &c fut Centilhomme
ordinaire de la chambre du Roi , & marié le 13
Octobre 1613 , à Françoife de Vignolles , fille de
Pompée de Vignolles, Ecuyer, Seigneur de la Roche
& du Boudin, & de Louife de Lude. De ce mariage,
fortirent, 1 °. Louis, qui-fuit , 2º. Pompée qui a laiffé
postérité, & Marie de Maridort , femme de Charles
des Guets , feigneur de la Pinardiere.
Louis de Maridort, feigneur châtelain de Saint-
Quen , du Bourg- le-Roi , &c. fe maria en 1663 à
234 MERCURE DE FRANCE.
Sufanne de Crocelai , fille de Michel , feigneur de
Crocelai en Bretagne, & d'Anne Bitaud. De ce mariage
fortit , Louis - Charles de Maridor , feigneur
du Bourg- le- Roi , qui n'ayant point eu d'enfans
de fa femme N. de Riant , fe remaria en 1703. à
Elifabeth-Louife- Charlotte de Perochelle , fille
de Charles - François de Perochelle , feigneur de
Grandchamp , & de Marie- Françoife de Fontenay,
il eft pere de Charles- Louis - Augufte , Comte de
Maridort , & ayeul de Louife -Julie- Sylvie de Maridort
, Comteffe de Champagne.
René-Mans , Sire de Froullay , Comte de Teffé,
Marquis de Lavardin , Baron d'Ambriere , Comte
de Verny , de Froullay , &c , Grand d'Espagne, de
la premiere claffe , Lieutenant-Général pour le
Roi dans les provinces du Maine & du Perche ,
ainfi que dans le Comté de Laval , premier Ecuyer
de la Reine , & Colonel du régiment des Cravates
, fut marié le 26 Juin , dans l'Eglife paroiffiale
de S. Roch , à Adrienne - Catherine de
Noailles , fille de Louis de Noailles , Duc d'Ayen ,
Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant - Général
des armées de Sa Majefté , Capitaine de la
Compagnie Ecofloife des Gardes du Corps ;
Gouverneur de la province de Rouffillon en
furvivance du Maréchal Duc de Noailles , Gouverneur
& Capitaine des Chaffes de Saint Germain-
en- Laye; & de Catherine-Françoiſe - Charlotte
de Coffé - Briffac . La bénédiction nuptiale
leur a été donnée par le Curé de la paroiffe. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 22 du même
mois par leurs Majeftés & par la Famille royale .
Le Comte de Teffé eft fils de feu René- Mans , Sire
de Froullay , Marquis de Teffé , Grand d'Efpagne
, de la premiere claffe , Brigadier , Colonel
NOVEMBRE. 1755
235
Lieutenant du Régiment de la Reine- Infanterie,
& fon premier Ecuyer ; & de Marie - Charlotte
de Bethune- Charoft .
·
Le 16 Octobre fut célébré par l'Evêque de
Lefcars , dans la Chapelle de l'hôtel de Rothelin ,
rue du Cherche - midi , le mariage entre Meffire
Pons Fréderic de Pierre Chevalier , Seigneur
des Ports en Languedoc , Comte de Bernis , aîné
de la Maifon de Pierre ( en latin Petri ) connue
dès le onzieme fiecle ; fils de feu Meffire André de
Pierre, Chevalier , Seigneur des Ports , & de Dame
Anne- Therefe de Nigry , iffue d'une ancienne &
illuftre race.
Et Damoifelle-Marie- Helene-Elizabeth- Hyacinthe
de Narbonne- Pelet , fille de Meffire Clau
de de Narbonne- Pelet , Chevalier , Seigneur de
Verbron , Salgas , Rouffes , la Carriere , Montaigu
, & autres places ; chef de la quatrieme branche
de la Maifon de Narbonne-Pelet , laquelle
rapporte fon origine aux anciens Vicomtes de
Narbonne ; & de Dame Françoife - Heléne de Pierre
de Bernis , foeur du Marquis de ce nom , & de
l'Abbé de Bernis , Comte de Lyon , Ambaſſadeur
extraordinaire , & Miniftre Plénipotentiaire du
Roi à la Cour d'Espagne .
En faveur de ce mariage , le Roi a accordé au
Comte de Bernis un bon pour avoir un Régiment.
à fon tour.
Meffire Céfar-Antoine de la Luzerne , Comte
de Beuzeville , Maréchal des camps & armées du
Roi , & ci-devant Meftre de camp - Lieutenant .
du Régiment des Cuiraffers , mourut à Paris le
17 Juin , âgé de foixante- quatre ans.
Meffire Louis-Antoine de la Roche- Fontenille ,
Marquis de Rambures , auffi Maréchal de camp ,
236 MERCURE DE FRANCE:
eft mort à Paris dans le même mois , dans fa
cinquante-neuvieme année
Meffire Claude Bouhier , Evêque de Dijon , Abbé
de l'Abbaye de Fontaine- Daniel , Ordre de Cîteaux
, Diocèle du Mans , & Prieur de Pontarlier ,
Ordre du Val des Ecoliers , Diocèſe de Langres ,
mourut à Dijon le 21 Juin , dans fa foixante- onzieme
année.
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Résumé : MARAIGES ET MORTS.
Le texte relate plusieurs événements de mariages et de décès au sein de la noblesse française. Louis-Hubert, Comte de Champagne et de la Rouffiere, veuf de Bonne-Judith de Lopriac de Donges, a épousé le 24 juin Louise-Julie-Sylvie de Maridort. Cette dernière est la fille de Charles-Louis-Auguste, Comte de Maridort, Baron du Bourg-Roi, Grand Sénéchal de la Province du Maine, et de Julie-Hortense Colbert de Linieres. La Maison du Comte de Champagne est l'une des plus illustres du Royaume, remontant à la Maison de Mathefelon au onzième siècle. Hubert, Seigneur de Mathefelon et de Duretal, reçut la Seigneurie de Duretal en 1059 de Geoffroi Martel, Comte d'Anjou. La lignée se poursuit avec Hugues, Thibaud et Brandelis de Mathefelon, ce dernier prenant le nom de Champagne et transmettant ce nom à sa postérité. Le texte détaille également les alliances et les dignités de la famille de Champagne, mentionnant des personnages comme Baudouin de Champagne et Nicolas de Champagne, ainsi que leurs descendants, qui ont occupé des postes prestigieux à la cour des rois de France. La famille de Maridort, connue dans le Maine depuis près de 400 ans, est également décrite. Jacques de Maridort, vivant au quinzième siècle, fut seigneur des terres des Epinays et de la Freslonnière. La lignée se poursuit avec Jacques II et III, et leurs descendants, jusqu'à Charles-Louis-Auguste, Comte de Maridort, père de Louise-Julie-Sylvie de Maridort. Le texte mentionne aussi d'autres mariages et décès notables, comme celui de René-Mans, Sire de Froullay, Comte de Tessé, et d'Adrienne-Catherine de Noailles, ainsi que le mariage de Pons Frédéric de Pierre, Chevalier, Seigneur des Ports en Languedoc, Comte de Bernis, et de Marie-Hélène-Élisabeth-Hyacinthe de Narbonne-Pelet. Enfin, le texte rapporte les décès de César-Antoine de la Luzerne, Comte de Beuzeville, Maréchal des camps et armées du Roi, de Louis-Antoine de la Roche-Fontenille, Marquis de Rambures, et de Claude Bouhier, Evêque de Dijon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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82
p. 257-261
MORTS.
Début :
Joseph de Mailly, Marquis de Mailly-Hancourt, mourut le 7 Décembre dernier [...]
Mots clefs :
Morts, Marquis, Seigneur, Chevalier, Maison de Lostanges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S.
Correction pour le premier volume de Janvier
1756.
L'articlefuivant ayant été donné peu exactement
dans le premier volume de Janvier, on le répétera ici
en entier.
Jofeph de Mailly , Marquis de Mailly-Haucourt
, mourut le 7 Décembre dernier au Château
de la Roche d'Evaux , dans le Maine , âgé de 75
ans . Il avoit été Page de la Petite Ecurie , enfuite
Moufquetaire Gris , d'où il paffa dans le Régiment
du Roi , qu'il ne quitta après plufieurs campagnes
que pour le marier en 1704 , à N.... de la Riviere
d'Evaux , de laquelle il a eu fix enfans , defquels
deux font morts en bas- âge,un étant Chevalier de
Malte , deux autres font morts plus âgés , l'un
Chevalier de Malte , & l'autre Eccléfiaftique . Lès
deux qui reftent font le Comte de Mailly , Lieutenant
Général des Armées du Roi , Infpecteur de
Cavalerie , & Demoiſelle Marie- Jofephe- Magdeleine
de Mailly domiciliée à Paris depuis plufieurs
années.
Correction pour le second volume de Janvier
1756.
p. 231 , lig. 21, aujourd'hui Préſident du Parlement,
effacez aujourd'hui , & lifez Préfident du Parlement
de Paris , mort à Soiffons le 29 Avril 1754
lequel avoit époufé le 25 Novembre 1729 , 1729 , &c.
2
Meffire Louis - Antoine- Charles de Saint
Simon , appellé le Chevalier de Courtomer
Chevalier de l'Ordre de Saint Jean de Jéruſalem,.
eft mort au Château de la Motte - Fouqué en
258 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , âgé de vingt-un ans. Il étoit fils de
feu Meffire Gui- Antoine de Saint Simon , Marquis
de Courtomer, Meftre de Camp de Cavalerie,
& Capitaine des Gardes de feue Madame la Ducheffe
de Berri .
Meffire Jean-Louis de Loflanges , Marquis de
Beduer, Comte de Corn , Goudon, & c . Seigneur de
Sainte Neboule , Saint Laurens , Camboufie , Patron
de Liflac , eft mort le 27 Décembre dans fon
Château de Beduer en Querci , & a été inhumé le
lendemain dans l'Eglife du Monaftere des Religieufes
de Liffac. Il ne laiffe pas d'enfans de Marie
Pulcherie - Anaftafie de Foucaud - d'Alzon
Dame de Jonnac , Mandens , &c . fon épouse
qu'il a inftituée héritiere de tous fes biens , à la
charge de les rendre à fon choix à un Loftanges.
-
·
>
La Maiſon de Loftanges tire fon nom du Châ
teau de Loftanges , dans le Bas-Limofin , où elle
étoit confidérable dès le douzieme fiecle. La branche
des Marquis de Beduer eft fortie de celle de
Saint Alvaire , laquelle avoit été formée par
Jean-Aimar de Loftanges , Chevalier , qui époufa
le 27 Septembre 1446 , Antoinette de Vayrines ,
dite de Limeuil , Dame de Saint - Alvaire en Périgord
, de laquelle il eut entr'autres , Jean , dit
Janicor de Loftanges , Seigneur de Saint - Alvaire ,
allié par contrat , du 3 Janvier 1508 , à Marie
fille de Jean de Salagnac , Seigneur de la Motte-
Fenelon , Maître d'Hôtel ordinaire du Roi , & de
Catherine de Lauzieres-Themines. De ce mariage
fortirent, entr'autres , Bertrand , dont nous allons
parler ; & François , Auteur de la branche des Seigneurs
de Palliez en Saintonge.
Bertrand de Loftanges , Seigneur de Saint- Alvaire
, fut pere par Marie de Montberon de Hugues
, Seigneur de Saint - Alvaire , Chevalier de
ΜΑΙ . 1796. 259
l'ordre du Roi , Gentilhomme de la Chambre ,
Capitaine de cinquante hommes d'Armes de fes
Ordonnances , marié à Galiotte de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Baron de Vaillac , Chevalier
de l'ordre du Roi , Gouverneur du Château-
Trompette , &c ; & de Jeanne le Brun , Dame
de Boiffet. Il eut de certe alliance , 1º . Jean-
Louis , qui a continué la branche de Saint- Alvaire.
2. Louis-François , qui a formé celle des
Marquis de Beduer , que nous rapporterons enfuite.
.
Jean-Louis de Loftanges , Baron de Saint - Alvaire
, fut allié à Elifabeth , fille de Jacques de
Cruffol , Duc d'Uzès , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , & de Françoile de Clermont-
Tonnerre. Il eut de ce mariage , entr'autres , Emmanuel-
Galliot de Loftanges , Marquis de Saint-
Alvaire , Sénéchal , & Gouverneur de Querci ,
qui de fa femme Claude - Simonne Eberard de
Saint-Sulpice , Dame du Vigan , a eu, entr'autres,
Louis de Loftanges qui fuit : Emmanuel , dit le
Comte de Saint-Alvaire , Gouverneur & Sénéchal
de Querci ; Louis , Seigneur d'Uffel ; & François ,
dit le Chevalier de Saint- Alvaire .
Louis de Loftanges , Marquis de Saint- Alvaire
, Baron du Vigan , Sénéchal & Gouverneur de
Querci , Chevalier de Saint Louis , perdit un ceil
à la Bataille de Senef , & fut noyé dans la Dordogne
en Décembre 1705. Il avoit épousé Roſe ,
fille de Louis , Marquis de Cadrieu , & de Marie
de Saint- Nectaire de Veyrieres , de laquelle il a eu ,
entr'autres , Armand - Louis - Claude - Simon de
Loftanges , Marquis de Sainte Alvaire , Sénéchal
& Gouverneur de Querci , allié en 1719 à Marie
de Larmandie de Longua. Leurs enfans font ,
1º. Armand - Louis - Marie , Marquis de Lof
tanges , Meftre de Camp du Régiment des Cui
260 MERCURE DE FRANCE..
raffiers du Roi , premier Ecuyer de Madame Adelaïde
, marié le 8 Mai 1754 , à Marie -Elizabeth-
Charlotte-Pauline de Galucci de l'Hôpital. Voyez
le Mercure du mois de Juin 1754 , fecond volume
pag. 197.
2º. Alexandre- Rofe de Loftanges , Marquis de
Cadrieu , né le 18 Octobre 1723 , Capitaine de
Dragons.
A
3. N ... de Loftanges , dit le Vicomte de
Saint - Alvaire , né en 1733 .
4°. Marie-Julie de Loftanges.
5º , 6º & 7°. Trois autres filles.
Louis-François de Loftanges , fecond fils de
Flugues , Seigneur de Saint- Alvaire & de Galiotte
de Gourdon de Genouillac , fut Colonel d'un Régiment
d'Infanterie dans les Armées des Rois Henri
IV & Louis XIII . II forma la branche des
Marquis de Beduer. Il époufa , 19. Jeanne de Luzech
, veuve & donataire de Jean de Narbonnez
Baron de Puillaunez & de Beduer , de laquelle il
n'eut point d'enfans. 2 ° Jeanne de Marqueyssac,
yeuve de N.... de Saint Aftier , Seigneur de Borie
, dont vint , entr'autres , Jean- Louis de Loftanges
, Comte de Beduer , Capitaine Commandant
le Régiment de Candale Cavalerie , député
de la Nobleffe de Guyenne , puis de celle de
Périgord. Il fut marié à Françoiſe de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Seigneur de Reillac ,
& en eut deux fils , Francois- Louis qui fuit , &
Jean - Marguerit de Loftanges , Auteur de la
Branche de Cuxac , qui fera rapportée.
François-Louis -de Loftanges , Comte de Beduer
, qui mourut en 1692 , eut de fa femme
Marie-Renée Menardeau , entr'autres Louis- Henri
& Laurent de Loftanges. Louis - Henri- de
Loftanges , Comte de Beduer , fut marié à Fran
soife du Mont de laquelle il eut
>
MA I. 1756.
261
1. Louis de Loftanges , Marquis de Beduer ,
mort en Septembre 1746 , fans enfans de N..
du Maine du Bourg , petite fille du Maréchal du
Bourg , actuellement vivante.
..
20. Jean Louis , qui donne lieu à cet article ,
3°. Renée de Loſtanges , aujourd'hui Prieure de
Liffac.
Laurent de Loftanges , frere de Louis- Henri ,
a laiffé un fils nommé Louis de Loftanges , Seigneur
de Jarmons , Cornette de Cavaleriiee ,, àà préfent
Chefde la Branche de Beduer.
-
Jean Marguerit de Loftanges , fecond fils de
Jean-Louis, Comte de Beduer ; & de Françoife de
Gourdon de Genouillac , fut Marquis de Felains ,
Seigneur de Cufac ou Cuxac , en Rouergue , &
mourut en 1691. Il avoit épousé Marguerite de
Corn-d'Ampare dont il eut , entr'autres enfans ,
Jean-François de Loftanges , Seigneur de Cuxac ,
marié le 10 Août 1711 , à Françoiſe de la Mothe.
La Maifon de Loftanges porte pour Armes
d'argent au Lion de gueules courronné , accompagné
de cinq étoiles de même en orle.
Meffire François- Edouard le Gras de Vauberfey,
Chevalier , Seigneur de Montgenot , Lieute
nant des Maréchaux de France au département de
Champagne & de Brie , eft mort le 7 Mars dans
fon Château de Montgenot en Champagne , âgé
de 54 ans. Il avoit époufé le 11 Septembre dernier
Demoiſelle Marie Claire de Relongue - de la
Louptiere.
Correction pour le premier volume de Janvier
1756.
L'articlefuivant ayant été donné peu exactement
dans le premier volume de Janvier, on le répétera ici
en entier.
Jofeph de Mailly , Marquis de Mailly-Haucourt
, mourut le 7 Décembre dernier au Château
de la Roche d'Evaux , dans le Maine , âgé de 75
ans . Il avoit été Page de la Petite Ecurie , enfuite
Moufquetaire Gris , d'où il paffa dans le Régiment
du Roi , qu'il ne quitta après plufieurs campagnes
que pour le marier en 1704 , à N.... de la Riviere
d'Evaux , de laquelle il a eu fix enfans , defquels
deux font morts en bas- âge,un étant Chevalier de
Malte , deux autres font morts plus âgés , l'un
Chevalier de Malte , & l'autre Eccléfiaftique . Lès
deux qui reftent font le Comte de Mailly , Lieutenant
Général des Armées du Roi , Infpecteur de
Cavalerie , & Demoiſelle Marie- Jofephe- Magdeleine
de Mailly domiciliée à Paris depuis plufieurs
années.
Correction pour le second volume de Janvier
1756.
p. 231 , lig. 21, aujourd'hui Préſident du Parlement,
effacez aujourd'hui , & lifez Préfident du Parlement
de Paris , mort à Soiffons le 29 Avril 1754
lequel avoit époufé le 25 Novembre 1729 , 1729 , &c.
2
Meffire Louis - Antoine- Charles de Saint
Simon , appellé le Chevalier de Courtomer
Chevalier de l'Ordre de Saint Jean de Jéruſalem,.
eft mort au Château de la Motte - Fouqué en
258 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , âgé de vingt-un ans. Il étoit fils de
feu Meffire Gui- Antoine de Saint Simon , Marquis
de Courtomer, Meftre de Camp de Cavalerie,
& Capitaine des Gardes de feue Madame la Ducheffe
de Berri .
Meffire Jean-Louis de Loflanges , Marquis de
Beduer, Comte de Corn , Goudon, & c . Seigneur de
Sainte Neboule , Saint Laurens , Camboufie , Patron
de Liflac , eft mort le 27 Décembre dans fon
Château de Beduer en Querci , & a été inhumé le
lendemain dans l'Eglife du Monaftere des Religieufes
de Liffac. Il ne laiffe pas d'enfans de Marie
Pulcherie - Anaftafie de Foucaud - d'Alzon
Dame de Jonnac , Mandens , &c . fon épouse
qu'il a inftituée héritiere de tous fes biens , à la
charge de les rendre à fon choix à un Loftanges.
-
·
>
La Maiſon de Loftanges tire fon nom du Châ
teau de Loftanges , dans le Bas-Limofin , où elle
étoit confidérable dès le douzieme fiecle. La branche
des Marquis de Beduer eft fortie de celle de
Saint Alvaire , laquelle avoit été formée par
Jean-Aimar de Loftanges , Chevalier , qui époufa
le 27 Septembre 1446 , Antoinette de Vayrines ,
dite de Limeuil , Dame de Saint - Alvaire en Périgord
, de laquelle il eut entr'autres , Jean , dit
Janicor de Loftanges , Seigneur de Saint - Alvaire ,
allié par contrat , du 3 Janvier 1508 , à Marie
fille de Jean de Salagnac , Seigneur de la Motte-
Fenelon , Maître d'Hôtel ordinaire du Roi , & de
Catherine de Lauzieres-Themines. De ce mariage
fortirent, entr'autres , Bertrand , dont nous allons
parler ; & François , Auteur de la branche des Seigneurs
de Palliez en Saintonge.
Bertrand de Loftanges , Seigneur de Saint- Alvaire
, fut pere par Marie de Montberon de Hugues
, Seigneur de Saint - Alvaire , Chevalier de
ΜΑΙ . 1796. 259
l'ordre du Roi , Gentilhomme de la Chambre ,
Capitaine de cinquante hommes d'Armes de fes
Ordonnances , marié à Galiotte de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Baron de Vaillac , Chevalier
de l'ordre du Roi , Gouverneur du Château-
Trompette , &c ; & de Jeanne le Brun , Dame
de Boiffet. Il eut de certe alliance , 1º . Jean-
Louis , qui a continué la branche de Saint- Alvaire.
2. Louis-François , qui a formé celle des
Marquis de Beduer , que nous rapporterons enfuite.
.
Jean-Louis de Loftanges , Baron de Saint - Alvaire
, fut allié à Elifabeth , fille de Jacques de
Cruffol , Duc d'Uzès , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , & de Françoile de Clermont-
Tonnerre. Il eut de ce mariage , entr'autres , Emmanuel-
Galliot de Loftanges , Marquis de Saint-
Alvaire , Sénéchal , & Gouverneur de Querci ,
qui de fa femme Claude - Simonne Eberard de
Saint-Sulpice , Dame du Vigan , a eu, entr'autres,
Louis de Loftanges qui fuit : Emmanuel , dit le
Comte de Saint-Alvaire , Gouverneur & Sénéchal
de Querci ; Louis , Seigneur d'Uffel ; & François ,
dit le Chevalier de Saint- Alvaire .
Louis de Loftanges , Marquis de Saint- Alvaire
, Baron du Vigan , Sénéchal & Gouverneur de
Querci , Chevalier de Saint Louis , perdit un ceil
à la Bataille de Senef , & fut noyé dans la Dordogne
en Décembre 1705. Il avoit épousé Roſe ,
fille de Louis , Marquis de Cadrieu , & de Marie
de Saint- Nectaire de Veyrieres , de laquelle il a eu ,
entr'autres , Armand - Louis - Claude - Simon de
Loftanges , Marquis de Sainte Alvaire , Sénéchal
& Gouverneur de Querci , allié en 1719 à Marie
de Larmandie de Longua. Leurs enfans font ,
1º. Armand - Louis - Marie , Marquis de Lof
tanges , Meftre de Camp du Régiment des Cui
260 MERCURE DE FRANCE..
raffiers du Roi , premier Ecuyer de Madame Adelaïde
, marié le 8 Mai 1754 , à Marie -Elizabeth-
Charlotte-Pauline de Galucci de l'Hôpital. Voyez
le Mercure du mois de Juin 1754 , fecond volume
pag. 197.
2º. Alexandre- Rofe de Loftanges , Marquis de
Cadrieu , né le 18 Octobre 1723 , Capitaine de
Dragons.
A
3. N ... de Loftanges , dit le Vicomte de
Saint - Alvaire , né en 1733 .
4°. Marie-Julie de Loftanges.
5º , 6º & 7°. Trois autres filles.
Louis-François de Loftanges , fecond fils de
Flugues , Seigneur de Saint- Alvaire & de Galiotte
de Gourdon de Genouillac , fut Colonel d'un Régiment
d'Infanterie dans les Armées des Rois Henri
IV & Louis XIII . II forma la branche des
Marquis de Beduer. Il époufa , 19. Jeanne de Luzech
, veuve & donataire de Jean de Narbonnez
Baron de Puillaunez & de Beduer , de laquelle il
n'eut point d'enfans. 2 ° Jeanne de Marqueyssac,
yeuve de N.... de Saint Aftier , Seigneur de Borie
, dont vint , entr'autres , Jean- Louis de Loftanges
, Comte de Beduer , Capitaine Commandant
le Régiment de Candale Cavalerie , député
de la Nobleffe de Guyenne , puis de celle de
Périgord. Il fut marié à Françoiſe de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Seigneur de Reillac ,
& en eut deux fils , Francois- Louis qui fuit , &
Jean - Marguerit de Loftanges , Auteur de la
Branche de Cuxac , qui fera rapportée.
François-Louis -de Loftanges , Comte de Beduer
, qui mourut en 1692 , eut de fa femme
Marie-Renée Menardeau , entr'autres Louis- Henri
& Laurent de Loftanges. Louis - Henri- de
Loftanges , Comte de Beduer , fut marié à Fran
soife du Mont de laquelle il eut
>
MA I. 1756.
261
1. Louis de Loftanges , Marquis de Beduer ,
mort en Septembre 1746 , fans enfans de N..
du Maine du Bourg , petite fille du Maréchal du
Bourg , actuellement vivante.
..
20. Jean Louis , qui donne lieu à cet article ,
3°. Renée de Loſtanges , aujourd'hui Prieure de
Liffac.
Laurent de Loftanges , frere de Louis- Henri ,
a laiffé un fils nommé Louis de Loftanges , Seigneur
de Jarmons , Cornette de Cavaleriiee ,, àà préfent
Chefde la Branche de Beduer.
-
Jean Marguerit de Loftanges , fecond fils de
Jean-Louis, Comte de Beduer ; & de Françoife de
Gourdon de Genouillac , fut Marquis de Felains ,
Seigneur de Cufac ou Cuxac , en Rouergue , &
mourut en 1691. Il avoit épousé Marguerite de
Corn-d'Ampare dont il eut , entr'autres enfans ,
Jean-François de Loftanges , Seigneur de Cuxac ,
marié le 10 Août 1711 , à Françoiſe de la Mothe.
La Maifon de Loftanges porte pour Armes
d'argent au Lion de gueules courronné , accompagné
de cinq étoiles de même en orle.
Meffire François- Edouard le Gras de Vauberfey,
Chevalier , Seigneur de Montgenot , Lieute
nant des Maréchaux de France au département de
Champagne & de Brie , eft mort le 7 Mars dans
fon Château de Montgenot en Champagne , âgé
de 54 ans. Il avoit époufé le 11 Septembre dernier
Demoiſelle Marie Claire de Relongue - de la
Louptiere.
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Résumé : MORTS.
En 1756, plusieurs décès et corrections de généalogie ont été enregistrés. Joseph de Mailly, Marquis de Mailly-Haucourt, est décédé le 7 décembre 1755 au Château de la Roche d'Evaux à l'âge de 75 ans. Il a occupé divers postes militaires et a eu six enfants. Deux sont décédés en bas âge, deux sont Chevaliers de Malte, un est ecclésiastique, et deux survivants sont le Comte de Mailly et Demoiselle Marie-Josèphe-Madeleine de Mailly. Le texte mentionne également des corrections pour le second volume de janvier 1756. Louis-Antoine-Charles de Saint Simon, Chevalier de Courtomer, est décédé à l'âge de 21 ans au Château de la Motte-Fouqué en Normandie. Jean-Louis de Loflanges, Marquis de Beduer, est décédé le 27 décembre 1755 dans son Château de Beduer en Quercy et a été inhumé le lendemain. Il n'a laissé aucun enfant et a institué son épouse héritière de tous ses biens. La Maison de Loflanges, tirant son nom du Château de Loflanges en Bas-Limousin, est mentionnée comme étant considérable dès le douzième siècle. Le texte détaille la généalogie des Marquis de Beduer, incluant plusieurs générations et alliances matrimoniales. François-Édouard le Gras de Vauberfey, Chevalier et Seigneur de Montgenot, est décédé le 7 mars 1756 à l'âge de 54 ans dans son Château de Montgenot en Champagne. Il avait épousé Demoiselle Marie Claire de Relongue-de-la-Louptiere.
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83
p. 209-211
MORTS.
Début :
Le 5 Octobre 1757, mourut à Nancy Messire Claude-François, Marquis [...]
Mots clefs :
Morts, Marquis de Toustain de Viray, Conseiller d'État, Maison de Lorraine, Comte de Wignacourt, Seigneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
LE 5 Octobre 1757 , mourut à Nancy Meffire
Claude- François , Marquis de Touftain de Viray,.
d'une ancienne & illuftre famille , originaire de
Normandie , Confeiller d'Etat du Roi de Pologne,
& fon Procureur Général de Lorraine & Barrois
qui emporta tous les regrets de la province . Jamais
Magiftrat ne renferma de qualités plus rares :
fa haute piété , jointe à fon érudition profonde ,
fut garant de fon intégrité ; fon mérite diftingué
lui avoit procuré toute la confiance de l'augufte
Maifon de Lorraine , & fut chargé de l'exécution
des dernieres volontés de S. A. R. Madame la Ducheffe
Douairiere. Monfieur fon pere , Meftre de
camp de Cavalerie , & Gouverneur d'Obernheim ,..
l'avoit deftiné au militaire ; il fut même fait capitaine
de Cavalerie , à l'âge de quatorze ans : la
mort enleva ce pere qui le chériffoit . Un grand
homme ayant reconnu en lui des difpofitions
prématurées , le deſtina à la Magiftrature , où il
a fait l'appui de l'Etat , & aujourd'hui fa douleur ,
qui paffera à la poſtérité .
Robert Antoine , Comte de Wignacourt , Baron
de Saint- Loup , Scigneur des terres & fiefs
nobles de Warnecourt , Charbogne , Chevenicy ,
Verrieres , Briquemaux , les Auches , les Crettes
maifonnettes , les grand & petit Vivier , Toulie ,
le Griffon , Bronville , la Hamel , Evignie , Modignie
, Senglis , Sufanne , Ecordard , Brunehamel
, &c. eft mort en fon château de Charbogne
en Champagne , le 30 Octobre 1756 , âgé de 58
•
210 MERCURE DE FRANCE.
ans , trois mois & quinze jours , étant né le i
Juillet 1698. Le lendemain 31 Octobre , à dix
heures du foir , fon convoi fe mit en marche , &
arriva le premier Novembre dans fa terre de
Warnecourt , où , fur le foir , fon corps fut inhumé
dans la chapelle fondée par les ancêtres , &
leur fépulture depuis plufieurs fiecles : il eft généralement
regretté. Il étoit chef de l'ancienne mai
fon de fon nom , qui tient rang entre les plus
grandes & les plus illuftres , & qui a donné dans
le dernier fiecle deux grands Maîtres à l'Ordre de
Malthe , ( Alof de Wignacourt , élu avec le concours
général & unanime de tout l'Ordre , & un
applandiffement univerfel , en 1601 , & Adrien
de Wignacourt en 1690 ) & fils d'Antoine , Marquis
de Wignacourt , Seigneur de Warnecourt ,
Evignie , Charbogne , &c. Gouverneur de la ville
de Donchery , & de Marie- Héleine- Magdeleine
de Villelongue , Dame de Brunehamel , morts
tous deux en 1736. Il avoit été marié à Marie-
Louiſe de Goujon Condé , morte le jour de Pâ.
ques 1729 , de laquelle il a laiffé pour fils unique
Charles -Antoine - François - Marie , Marquis de
Wignacourt , Baron de Saint - Loup , Seigneur de
Warnecourt , Brunehamel , Charbogne , Evignie,
Ecordal , &c. chef actuel de la maiſon de Wignacourt
, né le 30 Juillet 1727 , veuf du 7 Décembre
1754 , de Conftance - Françoife Duffon de
Bonnac , petite fille du feu Maréchal Duc de Biron
, Pair de France , dont il a une fille , Marie-
Charlotte-Antoinette- Conftance- Louife - Françoife
de Wignacourt , née le 30 Octobre 1750 .
Les janvier eft mort haut & puiffant Seigneur ,
Monfeigneur Pierre-Emanuel Marquis de Cruffol,
Maréchal des Camps & Armées du Roi , Cheva
lier de fes ordres , âgé de 40 ans.
JANVIER. 1758. 211
Il étoit de la branche aînée de Cruffol d'Uzés.
La généalogie de cette maifon eft trop connue ,
pour qu'il foit néceffaire de la rappeller.
LE 5 Octobre 1757 , mourut à Nancy Meffire
Claude- François , Marquis de Touftain de Viray,.
d'une ancienne & illuftre famille , originaire de
Normandie , Confeiller d'Etat du Roi de Pologne,
& fon Procureur Général de Lorraine & Barrois
qui emporta tous les regrets de la province . Jamais
Magiftrat ne renferma de qualités plus rares :
fa haute piété , jointe à fon érudition profonde ,
fut garant de fon intégrité ; fon mérite diftingué
lui avoit procuré toute la confiance de l'augufte
Maifon de Lorraine , & fut chargé de l'exécution
des dernieres volontés de S. A. R. Madame la Ducheffe
Douairiere. Monfieur fon pere , Meftre de
camp de Cavalerie , & Gouverneur d'Obernheim ,..
l'avoit deftiné au militaire ; il fut même fait capitaine
de Cavalerie , à l'âge de quatorze ans : la
mort enleva ce pere qui le chériffoit . Un grand
homme ayant reconnu en lui des difpofitions
prématurées , le deſtina à la Magiftrature , où il
a fait l'appui de l'Etat , & aujourd'hui fa douleur ,
qui paffera à la poſtérité .
Robert Antoine , Comte de Wignacourt , Baron
de Saint- Loup , Scigneur des terres & fiefs
nobles de Warnecourt , Charbogne , Chevenicy ,
Verrieres , Briquemaux , les Auches , les Crettes
maifonnettes , les grand & petit Vivier , Toulie ,
le Griffon , Bronville , la Hamel , Evignie , Modignie
, Senglis , Sufanne , Ecordard , Brunehamel
, &c. eft mort en fon château de Charbogne
en Champagne , le 30 Octobre 1756 , âgé de 58
•
210 MERCURE DE FRANCE.
ans , trois mois & quinze jours , étant né le i
Juillet 1698. Le lendemain 31 Octobre , à dix
heures du foir , fon convoi fe mit en marche , &
arriva le premier Novembre dans fa terre de
Warnecourt , où , fur le foir , fon corps fut inhumé
dans la chapelle fondée par les ancêtres , &
leur fépulture depuis plufieurs fiecles : il eft généralement
regretté. Il étoit chef de l'ancienne mai
fon de fon nom , qui tient rang entre les plus
grandes & les plus illuftres , & qui a donné dans
le dernier fiecle deux grands Maîtres à l'Ordre de
Malthe , ( Alof de Wignacourt , élu avec le concours
général & unanime de tout l'Ordre , & un
applandiffement univerfel , en 1601 , & Adrien
de Wignacourt en 1690 ) & fils d'Antoine , Marquis
de Wignacourt , Seigneur de Warnecourt ,
Evignie , Charbogne , &c. Gouverneur de la ville
de Donchery , & de Marie- Héleine- Magdeleine
de Villelongue , Dame de Brunehamel , morts
tous deux en 1736. Il avoit été marié à Marie-
Louiſe de Goujon Condé , morte le jour de Pâ.
ques 1729 , de laquelle il a laiffé pour fils unique
Charles -Antoine - François - Marie , Marquis de
Wignacourt , Baron de Saint - Loup , Seigneur de
Warnecourt , Brunehamel , Charbogne , Evignie,
Ecordal , &c. chef actuel de la maiſon de Wignacourt
, né le 30 Juillet 1727 , veuf du 7 Décembre
1754 , de Conftance - Françoife Duffon de
Bonnac , petite fille du feu Maréchal Duc de Biron
, Pair de France , dont il a une fille , Marie-
Charlotte-Antoinette- Conftance- Louife - Françoife
de Wignacourt , née le 30 Octobre 1750 .
Les janvier eft mort haut & puiffant Seigneur ,
Monfeigneur Pierre-Emanuel Marquis de Cruffol,
Maréchal des Camps & Armées du Roi , Cheva
lier de fes ordres , âgé de 40 ans.
JANVIER. 1758. 211
Il étoit de la branche aînée de Cruffol d'Uzés.
La généalogie de cette maifon eft trop connue ,
pour qu'il foit néceffaire de la rappeller.
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Résumé : MORTS.
Le 5 octobre 1757, Claude-François, Marquis de Touftain de Viray, conseiller d'État du Roi de Pologne et procureur général de Lorraine et Barrois, décéda à Nancy. Issu d'une famille normande illustre, il fut apprécié pour sa piété, son érudition et son intégrité, ce qui lui valut la confiance de la Maison de Lorraine. Initialement destiné à une carrière militaire, il se tourna vers la magistrature et devint un pilier de l'État. Robert Antoine, Comte de Wignacourt, Baron de Saint-Loup, décéda le 30 octobre 1756 à l'âge de 58 ans dans son château de Charbogne en Champagne. Fils d'Antoine, Marquis de Wignacourt, et de Marie-Hélène-Madeleine de Villelongue, il fut inhumé dans la chapelle familiale à Warnecourt. Marié à Marie-Louise de Goujon Condé, il laissa un fils, Charles-Antoine-François-Marie, Marquis de Wignacourt, et une fille, Marie-Charlotte-Antoinette-Constance-Louise-Françoise de Wignacourt. En janvier 1758, Pierre-Emanuel, Marquis de Cruffol, Maréchal des Camps et Armées du Roi et Chevalier des ordres, décéda à l'âge de 40 ans. Issu de la branche aînée de Cruffol d'Uzés, sa généalogie était bien connue.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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84
p. 195-207
MEMOIRE GENEALOGIQUE De la branche des Caumont de Picardie, connus sous le nom de Gauville, depuis leur transmigration de Guyenne, vers l'an 1400.
Début :
Les démarches qui ont été faites par Messieurs de Caumont de Gauville, transmigrés de Guienne [...]
Mots clefs :
Famille Caumont de Gauville, Picardie, Guyenne, Migration, Preuves, Armes, Ducs, Généalogie, Seigneur, Trésorier, Service du roi, Comte, Maison, Branche, Degrés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE GENEALOGIQUE De la branche des Caumont de Picardie, connus sous le nom de Gauville, depuis leur transmigration de Guyenne, vers l'an 1400.
MEMOIRE GENEALOGIQUE
De la branche des Caumont de Picardie ,
connus fous le nom de Gauville , depuis
leur tranfmigration de Guyenne , vers
l'an 1400.
Les démarches qui ont été faites par Meffieurs
de Caumont de Gauville , tranfmigrés de Guien
I ij
196 MERCURE DE FRANCE:
ne ès Frontieres de Picardie & Normandie vers
l'an 1400 , pour ſe réunir à leur vraie origine ,
font trop connues , & ont trop affecté les perfonnes
de la plus haute confidération , & furtout
celles qui ont la bonté de s'intéreffer à leur fort ,
pour ne pas juftifier dans la circonftance préfente,
la légitimité de leurs prétentions & des moyens
fur lefquels ils s'apuient , pour fe raffoucher à la
Maifon de Caumont de Guienne , depuis Ducs
de la Force.
La Généalogie de M. de Caumont de Beauvilla,
qui paroît annoncer qu'il eft le feul rejetton de
cette illuftre Souche , opére une espece d'exclufion
peu favorable pour ceux de ce nom & Armes
anciennes qui fe croient en droit d'y prétendre.
L'on va travailler à diffiper ces préjugés par les
preuves fuivantes.
La Branche des Caumont de Gauville n'eft animée
en cela que du feul amour de la vérité , & de
la gloire de fe remonter à la pureté de fa fource.
Loin d'ici tous foupçons d'antitation : pour pouvoir
en préfumer , il faudroit prêter à Jean & à
Guy ou Guyot de Caumont , leurs Auteurs , des
perfpectives auffi prématurées qu'étendues , en
ayant amaffé des matériaux , comme Nom & Armes
dès l'année 1386 , dans la vue que leurs Succeffeurs
en fiffent un ufage frauduleux pour fe
greffer en 1757 , fur une Maifon à laquelle ils
n'auroient eu aucun raport , furtout dans un
temps où ils ignoroient les illuftrations qui devoient
décorer cette branche ainée , telles que des
Duchés & Bâtons de Maréchaux de France. On
Jaiffe le Public & les perfonnes défintérefféès , juges
d'une pareille précaution . Elles feront plus
a même d'en décider , fi elles veulent jetter les
yeux fur ce Mémoire , que l'on fera le plus ferré
le plus précis qu'il fera poffible.
FEVRIER. 1758. 197
Toutes les citations feront marquées au coinde
la vérité la plus fcrupuleufe : l'on offre d'en donner
la preuve , foit par titres originaux , foit par
différentes époques ou anecdotes tirées de la
Chambre des Comptes.
PREUVE de l'Identité des anciennes armes.
Il eft conftant que les premieres Armes de la
Maiſon Ducale de Caumont n'étoient point les
Léopards. M. le Duc de la Force convient qu'il
les porte par conceffion des Rois d'Angleterre ; la
tradition de cette Maiſon annonce que c'étoient
des Faces ou Bandes. Cette tradition va être appuyée
de preuves inconteftables . MM. les Ducs
de Lauzun qui font féparés de cette branche aînée,
vers l'an 1250 , ont toujours porté tiercé en bandes
; ce qui eft la même chofe que les Faces , à la
pofition de différence : donc les anciennes Armes
de la Maiſon Ducale de la Force n'étoient pas les
Léopards.
Guillelme ou Guillaume III , du nom qui for
me le douzieme degré de la Généalogie de la
Maiſon Ducale de la Force , donna quittance en
qualité d'Ecuyer à Hardouin le Roi , Tréforier
des guerres à Leuze , le mercredi 24 Septembre
1315. Cet acte eft fcellé de fon Sceau en cire
rouge , où il eft repréſenté à cheval , tenant fon
bouclier de la main gauche , fur lequel il paroît 3
Faces & 3 Léopards , le cheval caparaçonné des
mêmes armes. Il eft le premier que l'on voit
écarteler les Léopards avec les Faces .
Guillefme Raymond , Seigneur de Caumont ,
qui fait le XIII degré de la même généalogie ,
donna quittance le 18 Avril 1347 , à Jean Chauyel
, tréforier des guerres de 300 liv. pour le de
I iij
TOS MERCURE DE FRANCE .
meurant de fes gages : fon fceau eft en cire rouge ,
partie de 3 Léopards & d'un Facé.
26 Septembre 1352. Autre quittance du même ,
& fous le même fcel de 752 liv , donnée à Jacques
l'Empereur , tréforier des guerres.
Jean Bâtard de Guillelme ou Guillaume , légitimé
au Monceau S. Mayence , le 25 Mars 1346,
donna quittance fur fes gages de 15 liv. à Paris le
13 Octobre 1356 ; fon iceau eft en cire rouge ,
une face accompagnée de 3 Etoiles à fix raies :
comme bâtard il garda une face , le tiers des armes
de fa Maiſon avec différentes Brifures .
Ce que l'on vient de rapporter démontre clairement
que les Auteurs de la Maiſon Ducale de
Caumont, jufqu'au 13 dégré inclufivement , ont
porté les Faces pour Armes.
Nompar , qui a fait le 14 degré , quitta totalement
les faces en 1366 , pour prendre les léopards ',
armes d'Angleterre , pendant que Guillefme ou
Guillaume Raimond fon pere & fon grand- pere ,
avoient porté les faces écartelées avec les léopards,
comme on a dit ci - deffus , & dont on pourroit
'donner d'autres exemples.
Guillelme Raimont , Seigneur de Caumont ,
eut pour femme Efclamor de Defpins , dont il eut
trois enfans mâles , Nompar , Jean & Gaiton . Il
fit fon teftament en 1365 , par lequel il ſubſtitua
& rappella au défaut de hoirs mâles de Nompar
fon aîné , Jean fon fecord fils , auteur de la branche
des Caumont de Picardie ; il rappella auffi
Gafton fon troifieme fils.
Nompar , Seigneur de Caumont , qui fait le
quatorzieme degré de la généalogie de la branche
Ducale , époufa Magne de Caftelnau , par contrat
du 26 novembre 1368. Il rappella par fon
teftament dus août 1400 , Jean & Gaſton fes
FEVRIER. 1758 .
199
›freres :: ce titre eft en original dans les archives
de M. le Duc de la Force , ce qui prouve qu'il
connoiffoit leur exiftence jufques dans le commencement
du quatorzieme fiécle , & fait en même
temps une liaiſon parfaite avec les différentes
époques des quittances que Jean de Caumont a
données aux Tréforiers des guerres , que l'on va
ordre & par dates.
·
rapporter par
Il paroît par le compte de Guillaume Denfernet
, Tréforier des guerres , que Jean de Caumont
, Ecuyer- Servant avec neufautres Ecuyers ,
donna quittance de 150 liv . fur fes gages & de fes
Ecuyers , le 16 février 1386 , fcélée en cire rouge
du fceau de fes armes , trois faces furmontées
en chef de deux tourteaux & une étoile.
L'on voit une autre quittance en 1388 , fcélée
du même fcel , avec cette différence , que les
-trois faces font furmontées d'une étoile & de deux
tourteaux , & une autre fois d'une étoile & d'un
tourteau .
Tout le monde fçait que les armes varioient
anciennement , & que le fçeau du Gentilhomme
tenoit lieu de fa fignature : ioriqu'il lui arrivoit
de le perdre , il en faifoit déclaration juridique ,
le révoquoit , & pour qu'il ne lui pût porter aucun
préjudice , il déclaroit celui qu'il avoit pris
de nouveau , auquel il avoit fait quelque changement
ou addition .
Le Comte de Macéhéron , Tréforier des guerres
de l'année 1405 , marque que Jean de Cau-
-mont Ecuyer , fut reçu , avec plufieurs autres
-Ecuyers à fa fuite , à Gravelines , dans les mois de
juin , juillet & août 1404 ; il toucha plufieurs
fommes fur les gages de fes fervices militaires &
de fes Ecuyers , de Jean de Précy , Tréforier des
guerres : plufieurs montres & quittances de Jean
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
de Caumont font fcélées de fon fcel en cire rou
ge , avec l'empreinte de fes armes , trois faces
furmontées de trois tourteaux , telles qu'il les a
tranfmis à Guy ou Guyot de Caumont fon fuccef.
feur & héritier , aux mêmes noms & armes que
fes defcendans ont portés, fans aucun changement
ni interruption jufqu'à ce jour.
Preuves présomptives de la Tranfmigration.
L'on a vu Jean & Gafton de Caumont freres ;
venir de Guienne pendant dix années confécutives
, fervir fur les frontieres de Normandie , Picardie
& Flandre , fous le commandement du Sire
d'Albret & des Ducs d'Aquitaine , avec à peu près
le même nombre d'Ecuyers à leur fuite , portant
le même nom & les mêmes armes avec cette
feule différence , que Gafton avoit changé quelque
chofe dans fes brifures ; c'eft pendant ces
guerres que la tranfmigration de Jean de Caumont
s'eft faite en Picardie ; l'on peut d'autant mieux
l'aflurer , que l'on ne voit pas qu'il ait fait aucun
établiffement de
ment dans la patrie ni rien qui annonce
qu'il fait mort fans postérité.
r
Jean étant admis frere de Gaſton , par une con
féquence néceffaire & abfolue , il eft auffi frere de
Nompar l'un fe prouve par l'autre , & établit
l'identité. L'on convient qu'il manque ici un contrat
qui dife que Guyot de Caumont eft fils de
Jean . Un titre de cette nature ſeroit trop fatis
faifant , puifque dans une généalogie de vingttrois
dégrés , il conftateroit la fucceffion & la filiation
d'une façon auffi précife & auffi claire que
celle d'un pere à fon fils . Malgré le défaut de ce
feul titre , il ne refte rien de louche ni d'équivoque
dans la jonction , parce qu'en rapprochant
C
FEVRIER. 1758. 201
ceux de M. le Duc de la Force , Pon y verra que
Nompar a rappellé Jean fon frere par fon teftament
du 5 août 1400. En remontant ceux de la
Branche de Caumont de Picardie , l'on y lira
que
Guyot de Caumont qui a fait fon teſtament le s
mai 1472 , s'étoit marié le 14 avril 1436 , en
fuppofant qu'il ait contracté mariage de 25 à 30
ans; tout eft rempli , de forte qu'il ne fe trouve
ni vuide , ni lacune , ni interruption dans la fucceffion
du nom & des armes dont Guyot de Caumont
& fes defcendans font les héritiers .
ont
Mais , dira- t-on fans doute , pourquoi Jean
dans fa tranfmigration n'a-t -il pas pris les léopards
que Nompar fon frere avoit adoptés , &
que Guillefime Raimond fon pere , avoit portés
avec les faces ? Il est tout fimple de répondre ,
qu'il ne le pouvoit , qu'il ne le devoit , parce que
la branche aînée qui tenoit pour lors le parti des
Rois d'Angleterre , n'a pu fe difpenfer de prendre
les léopards qu'elle avoit eus par conceffion
de ces mêmes Rois ; au lieu que Jean & Gaſton
qui étoient au fervice des Rois de France ,
confervé les faces , anciennes armes de leur maifon
, fans y mêler celles d'Angleterre contre qui
ils faifoient la guerre , ce qui indépendamment
de leurs différentes quittances rapportées ci - def
fus , eft prouvé par un titre latin , tiré fur l'onginal
de la Tour de Londres , par lequel Henri
V , Roi d'Angleterre , pour lors en poffeffion de
la Normandie , prononce la confifcation des biens
de Jean de Caumont , pour avoir porté les armes
contre lui : elle eft de Bayeux , datée de la fixieme
année de fon regne. Comme il feroit trop long
de rapporter ici tout ce qui peut militer en faveur
des Caumont de Picardie , l'on fe contentera de
dire , qu'après avoir ſuffiſamment détruit tous les
I v
202 MERCURE DE FRANCE .
foupçons d'antitation , établi l'identité & la fucceffion
du nom & des armes fans interruption ,
prouvé le même nombre de degrés , après avoir
fait voir par un manufcrit fort étendu , l'extinction
des bâtards de ce nom , & démontré l'alibi
des différentes maifons de Caumont avec leſquel-
1es ils n'ont & ne peuvent avoir aucun rapport ,
ni par la contemporanité , ni par les titres , ni
par les fucceffions des terres , & encore moins par
Îa conformité des armes , le tout bien conftaté ,
ils continueront à fe dire hautement comme ils
ont toujours fait , non pas de la maifon de la Force
, parce que le Duché de ce nom n'en étoit
point l'appanage lors de leur féparation ; mais
bien defcendans des Caumont de Guienne ou Agenois
, depuis Ducs de la Force , à moins qu'on
ne leur faffe voir que Jean de Caumont frere de
Nompar , n'ait fait fouche ailleurs , ou ne ſoit
mort fans poftérité. M. de Caumont de Fontaine ,
ancien Major du Régiment des Dragons de la Reine
, qui a entrepris l'ouvrage de cette jonction ,
& qui continue avec foin fes recherches pour le
conduire à fa perfection , fe flatte que non-feulement
M. le Duc de la Force ne défapprouvera pas
l'ardeur & le zele avec lefquels il travaille , pour
fe réunir à une des plus grandes maiſons , d'où il
attend tout fon luftre & fa gloire ; mais encore
qu'il voudra bien l'aider de la communication de
fes titres , & furtout des teftamens de Guilleſme
Raimond & de Nompar de Caumont . Il s'appuye
fur neuf ou dix dégrés foutenus de titres originaux
, fans une feule méfalliance , pour le remonter
& tendre la main à M. le Duc de la Force : s'il
veut avoir la bonté d'en defcendre un feul , la jonction
fera faite felon l'ordre généalogique le plus
ftrict & le plus févere.
FEVRIER . 1758. 203
Si contre tout espoir , & par le malheur des
temps , le feul titre de jonction qui eft écarté , ne
le recouvre pas , & que l'on ne veuille point admettre
ceux qui devroient y ſuppléer , les Caumont
de Picardie s'en tiendront à la preuve qu'ils
ont donnée , qu'ils font nobles d'extraction militaire
dès l'an 1400 & au- deffus , portant les anciennes
armes des Caumont de Guienne dont on
ne voit pas l'origine , & dont les premiers auteurs
ont paru avec dignité & diftinction , foit à la
guerre , foit à la Cour , puifque Jean de Caumont
eft qualifié de Capitaine de cent quarante
hommes d'armes ; qu'on le voit fervir avec plufieurs
Ecuyers à fa fuite , & que Guy ou Guyot
de Caumont fon héritier & fucceffeur aux nom &
armes , étoit Ecuyer d'honneur du Roi Charles
VI, felon l'ordonnance de fon Hôtel , du mois de
ſeptembre 1418.
Ils ont de plus l'honneur d'appartenir à ce qu'il
y a de plus grandes maifons dans la Picardie & le
Vexin ils font en état d'en juftifier par des actes
de partages & de tutelles avec les Princes de
Montmorenci Logny , les Comtes de Mailli- Haucourt
, les Ducs de Biron & Belloy-Morangle ,
& d'autres alliances directes ou mutuelles , avec
les maifons de Mouy , de Conflans , d'Etrées , de
Gaillard -Bois , de Paulmy , au troifieme degré
par les Lefévre de Caumartin , d'Eftrades , de
Manneville , de Guiry- Chaumont , de Saveuſe
de la Boifiere - Chambort , de Boulainvilliers , de
Crény , d'Alencourt , de Monfure , de la Ruë-
Bernapré & autres , ce qui les autorife à fe remonter
à ce qu'il y a de plus élevé.
Le pere Simplicien qui a traité l'hiftoire des
Grands Officiers de la Couronne , auroit bien dû
conduire Jean & Gafton de Caumont freres de
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Nompar , jufqu'à quelques degrés de leur fépara
tion , furtout les voyant rappellés par deux teftamens
confécutifs. Cette attention de fa part auroit
mis les chofes dans une évidence parfaite. Mais
non , il s'eft contenté de les laiffer en blanc au
treizieme degré de la généalogie de la maifon
Ducale de la Force : fans doute qu'il ignoroit leur
tranfmigration . On peut lui paffer cette omiffion,
après la confufion & l'erreur manifefte qu'il a faite
au feizieme degré de la même généalogie , où il
donne Charles de Caumont pour auteur de la branche
des Caumont de la Force , pendant que c'eft
lui qui a formé celle des Caumont de Monbeton
& de Beauvilla ; il n'a pas moins fallu que toute
la précifion , la pureté & l'autenticité des titres de
M. le Marquis de Caumont de Beauvilla , pour
détruire cette erreur & diffiper le préjugé où le
public & M. le Duc de la Force étoit lui- même ,
qu'il reftoit le dernier de fa maiſon. Les Caumont
de Gauville n'étoient point frappés de cette illufion.
Le mariage que Cofme de Caumont , Lieu
tenant- Colonel de Cavalerie , connu fous le nom
de Foucaucourt , avoit fait avec Ifabeau de Roquefeuille
, l'ayant rétabli dans fon ancienne Patrie , il
avoit été à portée de lier connoiffance avec Monfieur
de Caumont de Bauvilla , dont il s'eft trouvé
voifin par fa terre de Sérignac : comme ils
étoient l'un & l'autre plus près de leur fource , il
leur étoit plus facile d'en connoître les points de
féparation , ce qui faifoit qu'ils le regardoient deſ
cendans de la même fouche .
La liaiſon mutuelle qui avoit régné entre ces
deux maifons , a fubfifté jufqu'au décès du fieur
de Caumont de Foucaucourt arrivé en 1733 .
N'ayant point laiffé d'enfans , le grand éloignement
qu'il y a de Quercy en Picardie , a fait que
FEVRIER. 1758. 203
fes neveux ont perdu de vue cette branche de
Caumont de Beauvilla : c'eft avec toute la fatisfaction
poffible qu'ils la voyent revivre avec fplendeur
, par la repréfentation & le rappel authenti .
que de M. le Marquis de Caumont.
Les Caumont de Picardie ne fe remonteront que
jufqu'au treizieme degré de la maiſon Ducale de
la Force , qui fait le point de leur féparation . Ils
fuivent pour tout ce qui eft au- deffus , les généalogies
fubfiftantes de Meffieurs les Ducs de la
Force & de Lauzun.
Additions à l'arbre généalogique de la Maiſon de
Caumont.
XIII. Degré. Guillefme-Rémond , Seigneur de
Caumont, portoit pour armes trois faces & trois léopards.
Il a épouse Efclamonde Defpins. Ils ont eu
pour enfans mâles Nompar , Jean & Gafton : ce
dernier eft mort fans poftérité. Nompar a formé les
deux branches qui fuivent.
XIV. Degré. Nompar de Caumont , qui a
adopté les léopards .
Magne de Caftelnau , pour femme .
XV. Degré. Brandelis de Caumont.
Marguerite de Bretagne.
Branche de la Maifon Ducale de la Force.
XVI. Degré . François de Caumont .
Claude de Cardaillac.
XVII. Degré . Charles de Caumont.
Jeanne de Perrufe d'Efcar.
XVIII. Degré. François de Caumont.
Philippe de Beaupoil de la Force.
XIX . Degré. Jacques Nompar de Caumont
206 MERCURE DE FRANCE:
Duc de la Force , Pair & Maréchal de France.
Catherine de Gontault .
XX. Degré . Henri Nompar de Caumont, Duc
de la Force.
Marguerite Defcodeca.
XXI. Degré. Jacques de Caumont , Marquis
de Boiffe. 1
Louife de Saint Georges.
XXII. Degré. Jacques Nompar de Caumont ,
Duc de la Force.
Sufanne de Beringhen.
XXIII. Degré. Armand Nompar de Caumont,
Duc de la Force .
Anne- Elifabeth de Gruel de la Frette.
Branche des Caumont de Beauvilla.
XVI. Charles de Caumont de Berbiguieres .
Jeanne de Baynac.
XVII . Degré. François I. de Caumont de Berbiguieres.
Jeanne de Saint -Etienne de Montbeton .
XVIII. Degré. François II. de Caumont de
Berbiguieres & de Montbeton.
Olimpe de Bitel du Buis.
XIX. Degré. Hercules de Caumont , Sieur de
Beauvilla.
Claude de Puis d'Orfille.
XX. Degré. François de Caumont de Beauvilla.
Jeanne de Langlade.
XXI. Degré. Bernard de Caumont de Beauvilla.
.Marie de Brois de S. André .
XXII. Degré. Jean-François de Caumont de
Beauvilla.
1
FEVRIER. 1758. 207
Jeanne de Maury.
XXIII. Degré. Bertrand de Caumont de Beanvilla.
Gallard de Braffac de Bearn.
XIII . Degré. Jean de Caumont a formé la
branche qui fuit.
Branche des Caumont de Gauville.
XIV. Degré. Jean de Caumont a pris les faces
pour armes. On lui donne Jeanne Danchot pour
femme.
XV. Degré. Gui ou Guyot de Caumont.
Marguerite de Fourdrinoy.
XVI. Degré. Jean de Caumont.
Marguerite de Boulainvilliers.
XVII. Degré. Antoine de Caumont aſſiſta au
mariage de Jean fon fils.
XVIII . Degré. Jean de Caumont.
I. Appolline de Montomer.
II. Antoinette de Manneville .
XIX. Degré. Antoine II. de Caumont.
Sufanne de Monfure.
II. Magdeleine du Bois.
XX . Degré. Antoine III. de Caumont .
Catherine le Fevre de Caumartin. ·
II. Marguerite d'Acheux .
XXI . Degré . Louis - Gabriel de Caumont.
Marie-Jeanne de Guerfan.
XXII. Degré. François - Marie de Caumont.
Eléonore Sabine le Meffier de Menillets.
XXIII. Degré. Augufte - Marie de Caumont,
Cornette au régiment des dragons de la Reine.
De la branche des Caumont de Picardie ,
connus fous le nom de Gauville , depuis
leur tranfmigration de Guyenne , vers
l'an 1400.
Les démarches qui ont été faites par Meffieurs
de Caumont de Gauville , tranfmigrés de Guien
I ij
196 MERCURE DE FRANCE:
ne ès Frontieres de Picardie & Normandie vers
l'an 1400 , pour ſe réunir à leur vraie origine ,
font trop connues , & ont trop affecté les perfonnes
de la plus haute confidération , & furtout
celles qui ont la bonté de s'intéreffer à leur fort ,
pour ne pas juftifier dans la circonftance préfente,
la légitimité de leurs prétentions & des moyens
fur lefquels ils s'apuient , pour fe raffoucher à la
Maifon de Caumont de Guienne , depuis Ducs
de la Force.
La Généalogie de M. de Caumont de Beauvilla,
qui paroît annoncer qu'il eft le feul rejetton de
cette illuftre Souche , opére une espece d'exclufion
peu favorable pour ceux de ce nom & Armes
anciennes qui fe croient en droit d'y prétendre.
L'on va travailler à diffiper ces préjugés par les
preuves fuivantes.
La Branche des Caumont de Gauville n'eft animée
en cela que du feul amour de la vérité , & de
la gloire de fe remonter à la pureté de fa fource.
Loin d'ici tous foupçons d'antitation : pour pouvoir
en préfumer , il faudroit prêter à Jean & à
Guy ou Guyot de Caumont , leurs Auteurs , des
perfpectives auffi prématurées qu'étendues , en
ayant amaffé des matériaux , comme Nom & Armes
dès l'année 1386 , dans la vue que leurs Succeffeurs
en fiffent un ufage frauduleux pour fe
greffer en 1757 , fur une Maifon à laquelle ils
n'auroient eu aucun raport , furtout dans un
temps où ils ignoroient les illuftrations qui devoient
décorer cette branche ainée , telles que des
Duchés & Bâtons de Maréchaux de France. On
Jaiffe le Public & les perfonnes défintérefféès , juges
d'une pareille précaution . Elles feront plus
a même d'en décider , fi elles veulent jetter les
yeux fur ce Mémoire , que l'on fera le plus ferré
le plus précis qu'il fera poffible.
FEVRIER. 1758. 197
Toutes les citations feront marquées au coinde
la vérité la plus fcrupuleufe : l'on offre d'en donner
la preuve , foit par titres originaux , foit par
différentes époques ou anecdotes tirées de la
Chambre des Comptes.
PREUVE de l'Identité des anciennes armes.
Il eft conftant que les premieres Armes de la
Maiſon Ducale de Caumont n'étoient point les
Léopards. M. le Duc de la Force convient qu'il
les porte par conceffion des Rois d'Angleterre ; la
tradition de cette Maiſon annonce que c'étoient
des Faces ou Bandes. Cette tradition va être appuyée
de preuves inconteftables . MM. les Ducs
de Lauzun qui font féparés de cette branche aînée,
vers l'an 1250 , ont toujours porté tiercé en bandes
; ce qui eft la même chofe que les Faces , à la
pofition de différence : donc les anciennes Armes
de la Maiſon Ducale de la Force n'étoient pas les
Léopards.
Guillelme ou Guillaume III , du nom qui for
me le douzieme degré de la Généalogie de la
Maiſon Ducale de la Force , donna quittance en
qualité d'Ecuyer à Hardouin le Roi , Tréforier
des guerres à Leuze , le mercredi 24 Septembre
1315. Cet acte eft fcellé de fon Sceau en cire
rouge , où il eft repréſenté à cheval , tenant fon
bouclier de la main gauche , fur lequel il paroît 3
Faces & 3 Léopards , le cheval caparaçonné des
mêmes armes. Il eft le premier que l'on voit
écarteler les Léopards avec les Faces .
Guillefme Raymond , Seigneur de Caumont ,
qui fait le XIII degré de la même généalogie ,
donna quittance le 18 Avril 1347 , à Jean Chauyel
, tréforier des guerres de 300 liv. pour le de
I iij
TOS MERCURE DE FRANCE .
meurant de fes gages : fon fceau eft en cire rouge ,
partie de 3 Léopards & d'un Facé.
26 Septembre 1352. Autre quittance du même ,
& fous le même fcel de 752 liv , donnée à Jacques
l'Empereur , tréforier des guerres.
Jean Bâtard de Guillelme ou Guillaume , légitimé
au Monceau S. Mayence , le 25 Mars 1346,
donna quittance fur fes gages de 15 liv. à Paris le
13 Octobre 1356 ; fon iceau eft en cire rouge ,
une face accompagnée de 3 Etoiles à fix raies :
comme bâtard il garda une face , le tiers des armes
de fa Maiſon avec différentes Brifures .
Ce que l'on vient de rapporter démontre clairement
que les Auteurs de la Maiſon Ducale de
Caumont, jufqu'au 13 dégré inclufivement , ont
porté les Faces pour Armes.
Nompar , qui a fait le 14 degré , quitta totalement
les faces en 1366 , pour prendre les léopards ',
armes d'Angleterre , pendant que Guillefme ou
Guillaume Raimond fon pere & fon grand- pere ,
avoient porté les faces écartelées avec les léopards,
comme on a dit ci - deffus , & dont on pourroit
'donner d'autres exemples.
Guillelme Raimont , Seigneur de Caumont ,
eut pour femme Efclamor de Defpins , dont il eut
trois enfans mâles , Nompar , Jean & Gaiton . Il
fit fon teftament en 1365 , par lequel il ſubſtitua
& rappella au défaut de hoirs mâles de Nompar
fon aîné , Jean fon fecord fils , auteur de la branche
des Caumont de Picardie ; il rappella auffi
Gafton fon troifieme fils.
Nompar , Seigneur de Caumont , qui fait le
quatorzieme degré de la généalogie de la branche
Ducale , époufa Magne de Caftelnau , par contrat
du 26 novembre 1368. Il rappella par fon
teftament dus août 1400 , Jean & Gaſton fes
FEVRIER. 1758 .
199
›freres :: ce titre eft en original dans les archives
de M. le Duc de la Force , ce qui prouve qu'il
connoiffoit leur exiftence jufques dans le commencement
du quatorzieme fiécle , & fait en même
temps une liaiſon parfaite avec les différentes
époques des quittances que Jean de Caumont a
données aux Tréforiers des guerres , que l'on va
ordre & par dates.
·
rapporter par
Il paroît par le compte de Guillaume Denfernet
, Tréforier des guerres , que Jean de Caumont
, Ecuyer- Servant avec neufautres Ecuyers ,
donna quittance de 150 liv . fur fes gages & de fes
Ecuyers , le 16 février 1386 , fcélée en cire rouge
du fceau de fes armes , trois faces furmontées
en chef de deux tourteaux & une étoile.
L'on voit une autre quittance en 1388 , fcélée
du même fcel , avec cette différence , que les
-trois faces font furmontées d'une étoile & de deux
tourteaux , & une autre fois d'une étoile & d'un
tourteau .
Tout le monde fçait que les armes varioient
anciennement , & que le fçeau du Gentilhomme
tenoit lieu de fa fignature : ioriqu'il lui arrivoit
de le perdre , il en faifoit déclaration juridique ,
le révoquoit , & pour qu'il ne lui pût porter aucun
préjudice , il déclaroit celui qu'il avoit pris
de nouveau , auquel il avoit fait quelque changement
ou addition .
Le Comte de Macéhéron , Tréforier des guerres
de l'année 1405 , marque que Jean de Cau-
-mont Ecuyer , fut reçu , avec plufieurs autres
-Ecuyers à fa fuite , à Gravelines , dans les mois de
juin , juillet & août 1404 ; il toucha plufieurs
fommes fur les gages de fes fervices militaires &
de fes Ecuyers , de Jean de Précy , Tréforier des
guerres : plufieurs montres & quittances de Jean
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
de Caumont font fcélées de fon fcel en cire rou
ge , avec l'empreinte de fes armes , trois faces
furmontées de trois tourteaux , telles qu'il les a
tranfmis à Guy ou Guyot de Caumont fon fuccef.
feur & héritier , aux mêmes noms & armes que
fes defcendans ont portés, fans aucun changement
ni interruption jufqu'à ce jour.
Preuves présomptives de la Tranfmigration.
L'on a vu Jean & Gafton de Caumont freres ;
venir de Guienne pendant dix années confécutives
, fervir fur les frontieres de Normandie , Picardie
& Flandre , fous le commandement du Sire
d'Albret & des Ducs d'Aquitaine , avec à peu près
le même nombre d'Ecuyers à leur fuite , portant
le même nom & les mêmes armes avec cette
feule différence , que Gafton avoit changé quelque
chofe dans fes brifures ; c'eft pendant ces
guerres que la tranfmigration de Jean de Caumont
s'eft faite en Picardie ; l'on peut d'autant mieux
l'aflurer , que l'on ne voit pas qu'il ait fait aucun
établiffement de
ment dans la patrie ni rien qui annonce
qu'il fait mort fans postérité.
r
Jean étant admis frere de Gaſton , par une con
féquence néceffaire & abfolue , il eft auffi frere de
Nompar l'un fe prouve par l'autre , & établit
l'identité. L'on convient qu'il manque ici un contrat
qui dife que Guyot de Caumont eft fils de
Jean . Un titre de cette nature ſeroit trop fatis
faifant , puifque dans une généalogie de vingttrois
dégrés , il conftateroit la fucceffion & la filiation
d'une façon auffi précife & auffi claire que
celle d'un pere à fon fils . Malgré le défaut de ce
feul titre , il ne refte rien de louche ni d'équivoque
dans la jonction , parce qu'en rapprochant
C
FEVRIER. 1758. 201
ceux de M. le Duc de la Force , Pon y verra que
Nompar a rappellé Jean fon frere par fon teftament
du 5 août 1400. En remontant ceux de la
Branche de Caumont de Picardie , l'on y lira
que
Guyot de Caumont qui a fait fon teſtament le s
mai 1472 , s'étoit marié le 14 avril 1436 , en
fuppofant qu'il ait contracté mariage de 25 à 30
ans; tout eft rempli , de forte qu'il ne fe trouve
ni vuide , ni lacune , ni interruption dans la fucceffion
du nom & des armes dont Guyot de Caumont
& fes defcendans font les héritiers .
ont
Mais , dira- t-on fans doute , pourquoi Jean
dans fa tranfmigration n'a-t -il pas pris les léopards
que Nompar fon frere avoit adoptés , &
que Guillefime Raimond fon pere , avoit portés
avec les faces ? Il est tout fimple de répondre ,
qu'il ne le pouvoit , qu'il ne le devoit , parce que
la branche aînée qui tenoit pour lors le parti des
Rois d'Angleterre , n'a pu fe difpenfer de prendre
les léopards qu'elle avoit eus par conceffion
de ces mêmes Rois ; au lieu que Jean & Gaſton
qui étoient au fervice des Rois de France ,
confervé les faces , anciennes armes de leur maifon
, fans y mêler celles d'Angleterre contre qui
ils faifoient la guerre , ce qui indépendamment
de leurs différentes quittances rapportées ci - def
fus , eft prouvé par un titre latin , tiré fur l'onginal
de la Tour de Londres , par lequel Henri
V , Roi d'Angleterre , pour lors en poffeffion de
la Normandie , prononce la confifcation des biens
de Jean de Caumont , pour avoir porté les armes
contre lui : elle eft de Bayeux , datée de la fixieme
année de fon regne. Comme il feroit trop long
de rapporter ici tout ce qui peut militer en faveur
des Caumont de Picardie , l'on fe contentera de
dire , qu'après avoir ſuffiſamment détruit tous les
I v
202 MERCURE DE FRANCE .
foupçons d'antitation , établi l'identité & la fucceffion
du nom & des armes fans interruption ,
prouvé le même nombre de degrés , après avoir
fait voir par un manufcrit fort étendu , l'extinction
des bâtards de ce nom , & démontré l'alibi
des différentes maifons de Caumont avec leſquel-
1es ils n'ont & ne peuvent avoir aucun rapport ,
ni par la contemporanité , ni par les titres , ni
par les fucceffions des terres , & encore moins par
Îa conformité des armes , le tout bien conftaté ,
ils continueront à fe dire hautement comme ils
ont toujours fait , non pas de la maifon de la Force
, parce que le Duché de ce nom n'en étoit
point l'appanage lors de leur féparation ; mais
bien defcendans des Caumont de Guienne ou Agenois
, depuis Ducs de la Force , à moins qu'on
ne leur faffe voir que Jean de Caumont frere de
Nompar , n'ait fait fouche ailleurs , ou ne ſoit
mort fans poftérité. M. de Caumont de Fontaine ,
ancien Major du Régiment des Dragons de la Reine
, qui a entrepris l'ouvrage de cette jonction ,
& qui continue avec foin fes recherches pour le
conduire à fa perfection , fe flatte que non-feulement
M. le Duc de la Force ne défapprouvera pas
l'ardeur & le zele avec lefquels il travaille , pour
fe réunir à une des plus grandes maiſons , d'où il
attend tout fon luftre & fa gloire ; mais encore
qu'il voudra bien l'aider de la communication de
fes titres , & furtout des teftamens de Guilleſme
Raimond & de Nompar de Caumont . Il s'appuye
fur neuf ou dix dégrés foutenus de titres originaux
, fans une feule méfalliance , pour le remonter
& tendre la main à M. le Duc de la Force : s'il
veut avoir la bonté d'en defcendre un feul , la jonction
fera faite felon l'ordre généalogique le plus
ftrict & le plus févere.
FEVRIER . 1758. 203
Si contre tout espoir , & par le malheur des
temps , le feul titre de jonction qui eft écarté , ne
le recouvre pas , & que l'on ne veuille point admettre
ceux qui devroient y ſuppléer , les Caumont
de Picardie s'en tiendront à la preuve qu'ils
ont donnée , qu'ils font nobles d'extraction militaire
dès l'an 1400 & au- deffus , portant les anciennes
armes des Caumont de Guienne dont on
ne voit pas l'origine , & dont les premiers auteurs
ont paru avec dignité & diftinction , foit à la
guerre , foit à la Cour , puifque Jean de Caumont
eft qualifié de Capitaine de cent quarante
hommes d'armes ; qu'on le voit fervir avec plufieurs
Ecuyers à fa fuite , & que Guy ou Guyot
de Caumont fon héritier & fucceffeur aux nom &
armes , étoit Ecuyer d'honneur du Roi Charles
VI, felon l'ordonnance de fon Hôtel , du mois de
ſeptembre 1418.
Ils ont de plus l'honneur d'appartenir à ce qu'il
y a de plus grandes maifons dans la Picardie & le
Vexin ils font en état d'en juftifier par des actes
de partages & de tutelles avec les Princes de
Montmorenci Logny , les Comtes de Mailli- Haucourt
, les Ducs de Biron & Belloy-Morangle ,
& d'autres alliances directes ou mutuelles , avec
les maifons de Mouy , de Conflans , d'Etrées , de
Gaillard -Bois , de Paulmy , au troifieme degré
par les Lefévre de Caumartin , d'Eftrades , de
Manneville , de Guiry- Chaumont , de Saveuſe
de la Boifiere - Chambort , de Boulainvilliers , de
Crény , d'Alencourt , de Monfure , de la Ruë-
Bernapré & autres , ce qui les autorife à fe remonter
à ce qu'il y a de plus élevé.
Le pere Simplicien qui a traité l'hiftoire des
Grands Officiers de la Couronne , auroit bien dû
conduire Jean & Gafton de Caumont freres de
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
Nompar , jufqu'à quelques degrés de leur fépara
tion , furtout les voyant rappellés par deux teftamens
confécutifs. Cette attention de fa part auroit
mis les chofes dans une évidence parfaite. Mais
non , il s'eft contenté de les laiffer en blanc au
treizieme degré de la généalogie de la maifon
Ducale de la Force : fans doute qu'il ignoroit leur
tranfmigration . On peut lui paffer cette omiffion,
après la confufion & l'erreur manifefte qu'il a faite
au feizieme degré de la même généalogie , où il
donne Charles de Caumont pour auteur de la branche
des Caumont de la Force , pendant que c'eft
lui qui a formé celle des Caumont de Monbeton
& de Beauvilla ; il n'a pas moins fallu que toute
la précifion , la pureté & l'autenticité des titres de
M. le Marquis de Caumont de Beauvilla , pour
détruire cette erreur & diffiper le préjugé où le
public & M. le Duc de la Force étoit lui- même ,
qu'il reftoit le dernier de fa maiſon. Les Caumont
de Gauville n'étoient point frappés de cette illufion.
Le mariage que Cofme de Caumont , Lieu
tenant- Colonel de Cavalerie , connu fous le nom
de Foucaucourt , avoit fait avec Ifabeau de Roquefeuille
, l'ayant rétabli dans fon ancienne Patrie , il
avoit été à portée de lier connoiffance avec Monfieur
de Caumont de Bauvilla , dont il s'eft trouvé
voifin par fa terre de Sérignac : comme ils
étoient l'un & l'autre plus près de leur fource , il
leur étoit plus facile d'en connoître les points de
féparation , ce qui faifoit qu'ils le regardoient deſ
cendans de la même fouche .
La liaiſon mutuelle qui avoit régné entre ces
deux maifons , a fubfifté jufqu'au décès du fieur
de Caumont de Foucaucourt arrivé en 1733 .
N'ayant point laiffé d'enfans , le grand éloignement
qu'il y a de Quercy en Picardie , a fait que
FEVRIER. 1758. 203
fes neveux ont perdu de vue cette branche de
Caumont de Beauvilla : c'eft avec toute la fatisfaction
poffible qu'ils la voyent revivre avec fplendeur
, par la repréfentation & le rappel authenti .
que de M. le Marquis de Caumont.
Les Caumont de Picardie ne fe remonteront que
jufqu'au treizieme degré de la maiſon Ducale de
la Force , qui fait le point de leur féparation . Ils
fuivent pour tout ce qui eft au- deffus , les généalogies
fubfiftantes de Meffieurs les Ducs de la
Force & de Lauzun.
Additions à l'arbre généalogique de la Maiſon de
Caumont.
XIII. Degré. Guillefme-Rémond , Seigneur de
Caumont, portoit pour armes trois faces & trois léopards.
Il a épouse Efclamonde Defpins. Ils ont eu
pour enfans mâles Nompar , Jean & Gafton : ce
dernier eft mort fans poftérité. Nompar a formé les
deux branches qui fuivent.
XIV. Degré. Nompar de Caumont , qui a
adopté les léopards .
Magne de Caftelnau , pour femme .
XV. Degré. Brandelis de Caumont.
Marguerite de Bretagne.
Branche de la Maifon Ducale de la Force.
XVI. Degré . François de Caumont .
Claude de Cardaillac.
XVII. Degré . Charles de Caumont.
Jeanne de Perrufe d'Efcar.
XVIII. Degré. François de Caumont.
Philippe de Beaupoil de la Force.
XIX . Degré. Jacques Nompar de Caumont
206 MERCURE DE FRANCE:
Duc de la Force , Pair & Maréchal de France.
Catherine de Gontault .
XX. Degré . Henri Nompar de Caumont, Duc
de la Force.
Marguerite Defcodeca.
XXI. Degré. Jacques de Caumont , Marquis
de Boiffe. 1
Louife de Saint Georges.
XXII. Degré. Jacques Nompar de Caumont ,
Duc de la Force.
Sufanne de Beringhen.
XXIII. Degré. Armand Nompar de Caumont,
Duc de la Force .
Anne- Elifabeth de Gruel de la Frette.
Branche des Caumont de Beauvilla.
XVI. Charles de Caumont de Berbiguieres .
Jeanne de Baynac.
XVII . Degré. François I. de Caumont de Berbiguieres.
Jeanne de Saint -Etienne de Montbeton .
XVIII. Degré. François II. de Caumont de
Berbiguieres & de Montbeton.
Olimpe de Bitel du Buis.
XIX. Degré. Hercules de Caumont , Sieur de
Beauvilla.
Claude de Puis d'Orfille.
XX. Degré. François de Caumont de Beauvilla.
Jeanne de Langlade.
XXI. Degré. Bernard de Caumont de Beauvilla.
.Marie de Brois de S. André .
XXII. Degré. Jean-François de Caumont de
Beauvilla.
1
FEVRIER. 1758. 207
Jeanne de Maury.
XXIII. Degré. Bertrand de Caumont de Beanvilla.
Gallard de Braffac de Bearn.
XIII . Degré. Jean de Caumont a formé la
branche qui fuit.
Branche des Caumont de Gauville.
XIV. Degré. Jean de Caumont a pris les faces
pour armes. On lui donne Jeanne Danchot pour
femme.
XV. Degré. Gui ou Guyot de Caumont.
Marguerite de Fourdrinoy.
XVI. Degré. Jean de Caumont.
Marguerite de Boulainvilliers.
XVII. Degré. Antoine de Caumont aſſiſta au
mariage de Jean fon fils.
XVIII . Degré. Jean de Caumont.
I. Appolline de Montomer.
II. Antoinette de Manneville .
XIX. Degré. Antoine II. de Caumont.
Sufanne de Monfure.
II. Magdeleine du Bois.
XX . Degré. Antoine III. de Caumont .
Catherine le Fevre de Caumartin. ·
II. Marguerite d'Acheux .
XXI . Degré . Louis - Gabriel de Caumont.
Marie-Jeanne de Guerfan.
XXII. Degré. François - Marie de Caumont.
Eléonore Sabine le Meffier de Menillets.
XXIII. Degré. Augufte - Marie de Caumont,
Cornette au régiment des dragons de la Reine.
Fermer
Résumé : MEMOIRE GENEALOGIQUE De la branche des Caumont de Picardie, connus sous le nom de Gauville, depuis leur transmigration de Guyenne, vers l'an 1400.
Le document 'Mémoire généalogique' explore la branche des Caumont de Picardie, connue sous le nom de Gauville, qui a migré de Guyenne vers l'an 1400. Cette branche a entrepris des démarches pour se rattacher à la maison de Caumont de Guienne, devenue Ducs de la Force. La généalogie de M. de Caumont de Beauvilliers semble exclure les autres branches portant le même nom et les mêmes armes anciennes. Les Caumont de Gauville cherchent à dissiper les préjugés en fournissant des preuves de leur légitimité, affirmant être animés par l'amour de la vérité et la gloire de remonter à la pureté de leur source. Ils soutiennent que les premières armes de la maison ducale de Caumont n'étaient pas les léopards, mais des faces ou bandes, et apportent des preuves telles que des sceaux et des quittances datant du XIVe siècle. Le texte détaille les relations familiales et les successions au sein de la famille Caumont, mentionnant des figures comme Guillaume III, Nompar, et Jean de Caumont. Jean de Caumont a servi sous les Rois de France et a conservé les anciennes armes de sa maison, contrairement à la branche aînée qui avait adopté les léopards des Rois d'Angleterre. Les Caumont de Picardie se présentent comme nobles d'extraction militaire dès l'an 1400, portant les anciennes armes des Caumont de Guienne. Ils appartiennent à des maisons prestigieuses en Picardie et en Normandie. Le document se conclut par une demande de communication de titres et de testaments pour établir une jonction généalogique avec la maison de Caumont de la Force. Le père Simplicien, dans son ouvrage sur les Grands Officiers de la Couronne, a omis de tracer la généalogie complète des frères Jean et Gaston de Caumont, se limitant au treizième degré. Il a également commis une erreur en attribuant à Charles de Caumont la branche des Caumont de la Force, alors qu'il a fondé celle des Caumont de Monbeton et de Beauvilliers. Les titres authentiques du Marquis de Caumont de Beauvilliers ont permis de corriger cette erreur. Les Caumont de Gauville, grâce à un mariage et des liens de voisinage, ont pu mieux connaître les points de séparation de leur lignée. La liaison entre les Caumont de Gauville et de Beauvilliers a perduré jusqu'au décès de Cosme de Caumont en 1733. Les Caumont de Picardie se réfèrent au treizième degré de la maison Ducale de la Force pour leur généalogie, suivant les lignées des Ducs de la Force et de Lauzun pour les degrés antérieurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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p. 204-206
MARIAGE ET MORTS.
Début :
Le premier Février dernier M. Laurent Grimod de la Reyniere, Fermier [...]
Mots clefs :
Morts, Mariage, Abbé, Seigneur, Dame, Cardinal, Brigadier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE ET MORTS.
MARIAGE ET MORTS.
Le premier Février dernier M. Laurent Grimod
E
de la Reyniere , Fermier général , & l'un des Adminiftrateurs
des Poftes & relais de France, époufas
Mademoiſelle Sufanne- Françoife- Elifabeth de Jarente
d'Orgeval , fille de Meffire Alexandre - Bal
thafar de Jarente - de Senas , Baron de Luce , Lacroixhaute
, Marquis d'Orgeval , & de Dame Elifabeth
de Rambault - de Saint- Maurice.
La Bénédiction nuptiale leur a été donnée par
M. l'Evêque d'Orléans dans l'Eglife de Panthe--
mont..
Meffire N. Donadieu , Grand- Vicaire d'Alais ,,
Prieur Commendataire des Prieurés de Renty ,.
Diocefe de Boulogne - fur - Mer , & de Tournac
Ordre de Cluny , Dioceſe d'Alais , mourut à Uſezz
le 30-Janvier dans fa foixante - troiſieme année .
Meffire N. de Vanolles , Abbé Commendatairede
l'Abbaye royale de Reffons , Ordre de Saint
Benoit , Diocefe de Rouen , eft mort à Rheims le
8 Février âgé de $ 8 ans.
Meffire Alexandre- Hector de Gouvernet , Sei
gneur de Vexclaufe , eft mort à Bagnols , Diocese
AVRIL. 1758. 20 $
PUfez , le 10 Février dernier , âgé de quatrevingt-
feize ans.
Dame Marie - Françoile de Gelas Leberon
époufe de Meffire Marc- Antoine de Levis- Cou
fan , Baron de Lugny , ancien Capitaine aux Gardes
, eft morte le 17 Février dans la cinquanteunieme
année de fon âge.
Meffire Pierre Guerin-de Tencin , Cardinal de
Ja Sainte Eglife Romaine , Archevêque de Lyon
& Proviſeur de Sorbonne , Miniftre d'Etat , Abbé
des Abbayes de Vezelay , Dioceſe d'Autun , de
Trois Fontaines , Ordre de Cîteaux , Diocefe de
Châlons-fur-Marne ; d'Aiſnay , Diocefe de Lyon,.
& d'Abondance en Savoye , eft mort en fon Palais
Archiepifcopal le 2 Mars , dans la quatre - vingt--
quatrieme année de fon âge. Le Cardinal de Tencin
avoit été nommé à l'Archevêché d'Embrun en
1724 , & à celui de Lyon en 1740 ( 1 ) .
Meffire Guy de Durfort , Duc de Lorge , Comte
& Baron de Quintin , Vicomte de Pommerit , eft
décédé à Chaillot le 3 Mars , âgé de foixantequinze
ans.
( 1 ) Il s'eft gliſſé une erreur aſſez conſidérable dans
la Gazette de France du 11 de ce mois , p . 128 , par
rapport à l'âge de M. le Cardinal de Tencin. Ily
eft dit qu'il avoit 84 ans. Cela eft fautif, puifque ce
Cardinal étoit né en 1679 , le 22 du mois d'Août .
Ainfi il étoit âgé de 77 ans , fix mois & plufieurs
jours . C'est ce que l'on a appris d'une perfonne qui a
approché de très-près M. le Cardinal , & qui nous a
affaré le tenir de lui - même. Il eft à propos de relever
auffi une faute moins importante de l'Almanach
Royal ( p. 46 ) , où l'on a fait ce Cardinal pluss
jenne d'un an qu'il n'étoit , en marquant la date de
La nailance au 23 Août de l'année 1680.
a
206 MERCURE DE FRANCE.
Meffire Louis-George , Comte de Clermont-
Gallerande , Maréchal des Camps & Armées du
Roi , premier Gentilhomme de la Chambre du
Duc d'Orléans , eft mort le même jour en cette
Ville , âgé de foixante-quatorze ans .
Meffire Bernard Drohin- de Valenceau , Brigadier
des Armées du Roi , ancien Lieutenant - Colonel
du Régiment de l'Artillerie & du Génie , &
Commandant d'un Bataillon de fon nom , eſt décédé
le 4 Mars à Avalon en Bourgogne , âgé de
quatre-vingt- treize ans & deux mois. Il avoit
cinquante-neuf ans de fervice , & il étoit retiré
depuis le premier Mars 1744-
Le premier Février dernier M. Laurent Grimod
E
de la Reyniere , Fermier général , & l'un des Adminiftrateurs
des Poftes & relais de France, époufas
Mademoiſelle Sufanne- Françoife- Elifabeth de Jarente
d'Orgeval , fille de Meffire Alexandre - Bal
thafar de Jarente - de Senas , Baron de Luce , Lacroixhaute
, Marquis d'Orgeval , & de Dame Elifabeth
de Rambault - de Saint- Maurice.
La Bénédiction nuptiale leur a été donnée par
M. l'Evêque d'Orléans dans l'Eglife de Panthe--
mont..
Meffire N. Donadieu , Grand- Vicaire d'Alais ,,
Prieur Commendataire des Prieurés de Renty ,.
Diocefe de Boulogne - fur - Mer , & de Tournac
Ordre de Cluny , Dioceſe d'Alais , mourut à Uſezz
le 30-Janvier dans fa foixante - troiſieme année .
Meffire N. de Vanolles , Abbé Commendatairede
l'Abbaye royale de Reffons , Ordre de Saint
Benoit , Diocefe de Rouen , eft mort à Rheims le
8 Février âgé de $ 8 ans.
Meffire Alexandre- Hector de Gouvernet , Sei
gneur de Vexclaufe , eft mort à Bagnols , Diocese
AVRIL. 1758. 20 $
PUfez , le 10 Février dernier , âgé de quatrevingt-
feize ans.
Dame Marie - Françoile de Gelas Leberon
époufe de Meffire Marc- Antoine de Levis- Cou
fan , Baron de Lugny , ancien Capitaine aux Gardes
, eft morte le 17 Février dans la cinquanteunieme
année de fon âge.
Meffire Pierre Guerin-de Tencin , Cardinal de
Ja Sainte Eglife Romaine , Archevêque de Lyon
& Proviſeur de Sorbonne , Miniftre d'Etat , Abbé
des Abbayes de Vezelay , Dioceſe d'Autun , de
Trois Fontaines , Ordre de Cîteaux , Diocefe de
Châlons-fur-Marne ; d'Aiſnay , Diocefe de Lyon,.
& d'Abondance en Savoye , eft mort en fon Palais
Archiepifcopal le 2 Mars , dans la quatre - vingt--
quatrieme année de fon âge. Le Cardinal de Tencin
avoit été nommé à l'Archevêché d'Embrun en
1724 , & à celui de Lyon en 1740 ( 1 ) .
Meffire Guy de Durfort , Duc de Lorge , Comte
& Baron de Quintin , Vicomte de Pommerit , eft
décédé à Chaillot le 3 Mars , âgé de foixantequinze
ans.
( 1 ) Il s'eft gliſſé une erreur aſſez conſidérable dans
la Gazette de France du 11 de ce mois , p . 128 , par
rapport à l'âge de M. le Cardinal de Tencin. Ily
eft dit qu'il avoit 84 ans. Cela eft fautif, puifque ce
Cardinal étoit né en 1679 , le 22 du mois d'Août .
Ainfi il étoit âgé de 77 ans , fix mois & plufieurs
jours . C'est ce que l'on a appris d'une perfonne qui a
approché de très-près M. le Cardinal , & qui nous a
affaré le tenir de lui - même. Il eft à propos de relever
auffi une faute moins importante de l'Almanach
Royal ( p. 46 ) , où l'on a fait ce Cardinal pluss
jenne d'un an qu'il n'étoit , en marquant la date de
La nailance au 23 Août de l'année 1680.
a
206 MERCURE DE FRANCE.
Meffire Louis-George , Comte de Clermont-
Gallerande , Maréchal des Camps & Armées du
Roi , premier Gentilhomme de la Chambre du
Duc d'Orléans , eft mort le même jour en cette
Ville , âgé de foixante-quatorze ans .
Meffire Bernard Drohin- de Valenceau , Brigadier
des Armées du Roi , ancien Lieutenant - Colonel
du Régiment de l'Artillerie & du Génie , &
Commandant d'un Bataillon de fon nom , eſt décédé
le 4 Mars à Avalon en Bourgogne , âgé de
quatre-vingt- treize ans & deux mois. Il avoit
cinquante-neuf ans de fervice , & il étoit retiré
depuis le premier Mars 1744-
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Résumé : MARIAGE ET MORTS.
Le 1er février, Laurent Grimod de la Reynière, Fermier général et administrateur des Postes et relais de France, a épousé Suzanne-Françoise-Élisabeth de Jarente d'Orgeval, fille du Baron de Luce et Marquis d'Orgeval. La cérémonie a eu lieu en l'église de Pantin, avec la bénédiction de l'Évêque d'Orléans. Plusieurs décès notables ont été enregistrés : N. Donadieu, Grand-Vicaire d'Alais, est mort à Usezz le 30 janvier à 63 ans. N. de Vanolles, Abbé Commendataire de l'Abbaye royale de Reffons, est décédé à Reims le 8 février à 88 ans. Alexandre-Hector de Gouvernet, Seigneur de Vexclaufe, est mort à Bagnols le 10 février à 84 ans. Marie-Françoise de Gelas Leberon, épouse du Baron de Lugny, est décédée le 17 février à 51 ans. Pierre Guerin de Tencin, Cardinal et Archevêque de Lyon, est mort le 2 mars à 77 ans. Guy de Durfort, Duc de Lorge, et Louis-George, Comte de Clermont-Gallerande, Maréchal des Camps et Armées du Roi, sont décédés le 3 mars respectivement à 75 et 74 ans. Bernard Drohin de Valenceau, Brigadier des Armées du Roi, est mort le 4 mars à Avalon en Bourgogne à 83 ans et 2 mois.
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86
p. 212-213
MORTS.
Début :
M. le Comte de Chabannes Curron, Capitaine dans le Régiment de Dragons [...]
Mots clefs :
Capitaine, Régiment des dragons, Lieutenant général, Seigneur, Comte, Morts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
M. le Comte de Chabannes Curton , Capitaine
dans le Régiment de Dragons d'Apchon , a été tué
d'un coup de canon dans le combat de Sanderhauſen
le 23 Juillet , âgé de vingt-cinq ans , & fans
avoir été marié ; il étoit fils aîné du Marquis de
Chabannes Curton , Seigneur de Paulagnac & de
Rochefort , ci- devant Major du Régiment des Cravates
, & de Mademoiselle de Roquefeuil ; neveu
de feu le Marquis de Chabannes Curton , Lieutenant-
Général des armées du Roi , mort il y a plufieurs
années à Pragues en Boheme , ſans avoir
laiflé de poſtérité ; & d'Antoine de Chabannes
Marquis de Curton , ancien Colonel d'Infanterie.
Il laiſſe un frere , Enſeigne de vaiſſeaux , actuellement
en mer , qui s'eſt trouvé à la priſe du Port
Mahon en 1756 , & une fooeur mariée au Marquis
de Bochart Champigni .
,
,
Ce Seigneur qui , l'an paſſé , avoit combattu à
Roſbac , eft le quatrieme de la même maiſon
tué au ſervice du Roi depuis 1743 , le Marquis
de Chabannes Mariol , Maréchal de Camp & Lieutenant
des Gardes du Corps , à la bataille d'Etinguen
, fans poſtérité. Le Comte de Chabannes ,
frere de M. l'Evêque d'Agen , à la bataille de
Coni , faiſant les fonctions d'Aide Maréchal des
Logis de l'armée , & le Chevalier de Chabannes
Duverger , ſur mer. Depuis des fiecles , cette maifon
eſt en poffeffion de fournir fous tous les re
SEPTEMBRE . 1758 . 213
gnes des ferviteurs & des victimes à l'Etat , dont
les noms font inférés dans nos Hiſtoires générales
& particulieres , ayant occupé les dignités
& emplois de Grands Maîtres de France , Maréchal
de France , Lieutenans-Généraux , &c .
Meſſire François - Ifaac de la Cropte , Comte de
Bourzac , ci -devant Premier Gentilhomme de la
Chambre du Prince de Conty , & ancien Meſtre
de Camp-Lieutenant du régiment de Conty , cavalerie,
eſt mort à Noyon le 31 du mois de Juillet,
dans la ſoixante-dix- ſeptieme année de ſon âge,
M. le Comte de Chabannes Curton , Capitaine
dans le Régiment de Dragons d'Apchon , a été tué
d'un coup de canon dans le combat de Sanderhauſen
le 23 Juillet , âgé de vingt-cinq ans , & fans
avoir été marié ; il étoit fils aîné du Marquis de
Chabannes Curton , Seigneur de Paulagnac & de
Rochefort , ci- devant Major du Régiment des Cravates
, & de Mademoiselle de Roquefeuil ; neveu
de feu le Marquis de Chabannes Curton , Lieutenant-
Général des armées du Roi , mort il y a plufieurs
années à Pragues en Boheme , ſans avoir
laiflé de poſtérité ; & d'Antoine de Chabannes
Marquis de Curton , ancien Colonel d'Infanterie.
Il laiſſe un frere , Enſeigne de vaiſſeaux , actuellement
en mer , qui s'eſt trouvé à la priſe du Port
Mahon en 1756 , & une fooeur mariée au Marquis
de Bochart Champigni .
,
,
Ce Seigneur qui , l'an paſſé , avoit combattu à
Roſbac , eft le quatrieme de la même maiſon
tué au ſervice du Roi depuis 1743 , le Marquis
de Chabannes Mariol , Maréchal de Camp & Lieutenant
des Gardes du Corps , à la bataille d'Etinguen
, fans poſtérité. Le Comte de Chabannes ,
frere de M. l'Evêque d'Agen , à la bataille de
Coni , faiſant les fonctions d'Aide Maréchal des
Logis de l'armée , & le Chevalier de Chabannes
Duverger , ſur mer. Depuis des fiecles , cette maifon
eſt en poffeffion de fournir fous tous les re
SEPTEMBRE . 1758 . 213
gnes des ferviteurs & des victimes à l'Etat , dont
les noms font inférés dans nos Hiſtoires générales
& particulieres , ayant occupé les dignités
& emplois de Grands Maîtres de France , Maréchal
de France , Lieutenans-Généraux , &c .
Meſſire François - Ifaac de la Cropte , Comte de
Bourzac , ci -devant Premier Gentilhomme de la
Chambre du Prince de Conty , & ancien Meſtre
de Camp-Lieutenant du régiment de Conty , cavalerie,
eſt mort à Noyon le 31 du mois de Juillet,
dans la ſoixante-dix- ſeptieme année de ſon âge,
Fermer
Résumé : MORTS.
Le texte évoque la mort de deux personnalités militaires françaises. Le Comte de Chabannes Curton, capitaine dans le Régiment de Dragons d'Apchon, a été tué par un coup de canon lors du combat de Sanderhausen le 23 juillet à l'âge de vingt-cinq ans. Il était le fils aîné du Marquis de Chabannes Curton et de Mademoiselle de Roquefeuil, et neveu du défunt Marquis de Chabannes Curton, Lieutenant-Général des armées du Roi. Il laisse un frère, Enseigne de vaisseaux, et une sœur mariée au Marquis de Bochart Champigny. Il est le quatrième membre de sa famille à mourir au service du Roi depuis 1743, après le Marquis de Chabannes Mariol, le Comte de Chabannes et le Chevalier de Chabannes Duverger. Messire François-Isaac de la Cropte, Comte de Bourzac, ancien Premier Gentilhomme de la Chambre du Prince de Conty et Mestre de Camp-Lieutenant du régiment de Conty cavalerie, est décédé à Noyon le 31 juillet à l'âge de soixante-dix-sept ans. La famille Chabannes est reconnue pour avoir fourni des serviteurs et des victimes à l'État depuis des siècles, occupant des dignités telles que Grands Maîtres de France, Maréchaux de France et Lieutenants-Généraux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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87
p. 204-206
MORTS.
Début :
Messire Charles Chatelain, Chapelain du Roi, Chanoine de Soissons, Prieur [...]
Mots clefs :
Comte, Marquis, Chapelain du roi, Seigneur, Chevalier, Curé, Morts, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
MESSIRE Charle Chatelain , Chapelain du Roi ,
Chanoine de Soiffons , Prieur Commandataire de
Friardel &de Lieru , mourut à Lieru le 29 Juillet ,
âgé de ſoixante- dix-neuf ans.
Meſſire François-Ifaac de la Cropte , Comte
de Bourzac , Marquis de la Jarrie , Seigneur dé
Chaſſagnes , Vandoire , Belleville , &c. ci-devant
premier Gentilhomme de la Chambre de S. A. S.
Monſeigneur le Prince de Conty , & ancien Mef
tre de Camp, Lieutenant du Régiment de Cavalerie
de Conty , mourut à Noyon le 31 Juiller
dernier , dans la ſoixante dix-septieme année de
ſon âge. Il étoit fils de François- Ifaac de la Cropte
, Comte de Bourzac , & de Suzanne Tiraqueaude
la Jarrie , & frere aîné de Jean-François de la
Gropte-de Bourzac , Evêque-Comte de Noyon ,
Pair de France , & avoit épousé Dame Marie-
Antoinette-Achars de Joumard- de Legé , fille de
feu Meſſire Louis-Achars de Joumard , Vicomte
de Legé , & Dame Elifabeth de la Faye , dont il
laiſſe 1. Suzanne de la Cropte ; 20. Jean- François
de la Cropte ; 3°. Françoiſe-Elifabeth-Suzanne de
la Cropte , & 4°. Louis-François-Joſeph de la
Cropre , Chevalier de Malthe.
Le 2Aoûr , mourut au village de Conche, dans
4
203 OCTOBRE. 1758 .
le Dioceſe de Mende, Florette Roux , âgée de
cent dix-huit ans & quatre mois. Són mari , Jac
ques Guin , mourut l'année derniere âgé de cent
quatorze ans. Ils ont vécu enſemble foixante-dixneuf
ans , & ont eu dix-huit enfans , douze garçons&
fix filles : quatorze de ces enfans vivent
encore. Leur mariage avoit été béni par un Miniſtre
quelque temps après la révocation de l'Edit
deNantes. Jacques Guin ſe diftingua parmi les
Rebelles , connus ſous le nom de Camiſards. Il
s'étoit d'abord attaché à Joannen , & combattit
fous ſes ordres à l'affaire de Chandomerge. Il
quitta Joannen pour ſuivre Roland, lequel ayant
bonne opinion de ſes talens , lui donna le commandement
d'une Troupe de cinquante hommes.
Il ſe trouva avec ce dernier à Fontmort , où le
Régiment de Champagne fut fi maltraité. Enfin
il Paccompagna auprès du Maréchal de Villars ,
& lui ſervit de conſeil pour conclure ſon traité
particulier.
Meſſire Bleixart-Louis-Edouard-Henri leGras,
Chevalier de Vauberſey , fils de feu Meſſire Fran--
çois-Edouard le Gras de Vauberſey , Seigneur de
Mongenôt , Lieutenant des Maréchaux de France
au département de Champagne & Brie , & de
DameMarie-Claire de Relongue de la Louptiere ,
eſt mort au château de la Louptiere en Champagne
, le 10 Août , âgé d'un an , onze mois 21
jours. Il étoit arriere-petit neveu de Meffire Simon
leGras-de Vauberſey , Evêque de Soiffons , qui a
eu l'honneur de ſacrer Louis XIV.
Meſſire Robion , ancien Curé de Dartas , dans
le Dioceſe de Vienne , y eſt mort le 11 Août âgé
de cent huit ans. 11 poſſédoit cette Cure depuis
près de quatre-vingt ans , & il avoit vu naître tous
ſes Paroiſſiens. La ſervante qui l'a toujours ſervi
vit encore , & a cent quatre ans.
206 MERCURE DE FRANCE.
M. Bouguer , l'un des Membres de l'Académie
Royale des Sciences , de la Société Royale de
Londres & de Berlin , Honoraire de l'Académie de
Marine , eſt mort en cette Ville le 13 Août , dans
Ja foixante- troiſieme année de ſon âge.
Meffire Charles-Louis de Monfaulnin , Comte
de Montal , Lieutenant-Général des Armées du
Roi , Chevalier des Ordres de Sa Majesté , Gouverneur
des Ville & Château de Guiſe , eſt décédé
dans ſes terres en Bourgogne le 22 Août , âgé de
foixante-dix- sept ans..
MESSIRE Charle Chatelain , Chapelain du Roi ,
Chanoine de Soiffons , Prieur Commandataire de
Friardel &de Lieru , mourut à Lieru le 29 Juillet ,
âgé de ſoixante- dix-neuf ans.
Meſſire François-Ifaac de la Cropte , Comte
de Bourzac , Marquis de la Jarrie , Seigneur dé
Chaſſagnes , Vandoire , Belleville , &c. ci-devant
premier Gentilhomme de la Chambre de S. A. S.
Monſeigneur le Prince de Conty , & ancien Mef
tre de Camp, Lieutenant du Régiment de Cavalerie
de Conty , mourut à Noyon le 31 Juiller
dernier , dans la ſoixante dix-septieme année de
ſon âge. Il étoit fils de François- Ifaac de la Cropte
, Comte de Bourzac , & de Suzanne Tiraqueaude
la Jarrie , & frere aîné de Jean-François de la
Gropte-de Bourzac , Evêque-Comte de Noyon ,
Pair de France , & avoit épousé Dame Marie-
Antoinette-Achars de Joumard- de Legé , fille de
feu Meſſire Louis-Achars de Joumard , Vicomte
de Legé , & Dame Elifabeth de la Faye , dont il
laiſſe 1. Suzanne de la Cropte ; 20. Jean- François
de la Cropte ; 3°. Françoiſe-Elifabeth-Suzanne de
la Cropte , & 4°. Louis-François-Joſeph de la
Cropre , Chevalier de Malthe.
Le 2Aoûr , mourut au village de Conche, dans
4
203 OCTOBRE. 1758 .
le Dioceſe de Mende, Florette Roux , âgée de
cent dix-huit ans & quatre mois. Són mari , Jac
ques Guin , mourut l'année derniere âgé de cent
quatorze ans. Ils ont vécu enſemble foixante-dixneuf
ans , & ont eu dix-huit enfans , douze garçons&
fix filles : quatorze de ces enfans vivent
encore. Leur mariage avoit été béni par un Miniſtre
quelque temps après la révocation de l'Edit
deNantes. Jacques Guin ſe diftingua parmi les
Rebelles , connus ſous le nom de Camiſards. Il
s'étoit d'abord attaché à Joannen , & combattit
fous ſes ordres à l'affaire de Chandomerge. Il
quitta Joannen pour ſuivre Roland, lequel ayant
bonne opinion de ſes talens , lui donna le commandement
d'une Troupe de cinquante hommes.
Il ſe trouva avec ce dernier à Fontmort , où le
Régiment de Champagne fut fi maltraité. Enfin
il Paccompagna auprès du Maréchal de Villars ,
& lui ſervit de conſeil pour conclure ſon traité
particulier.
Meſſire Bleixart-Louis-Edouard-Henri leGras,
Chevalier de Vauberſey , fils de feu Meſſire Fran--
çois-Edouard le Gras de Vauberſey , Seigneur de
Mongenôt , Lieutenant des Maréchaux de France
au département de Champagne & Brie , & de
DameMarie-Claire de Relongue de la Louptiere ,
eſt mort au château de la Louptiere en Champagne
, le 10 Août , âgé d'un an , onze mois 21
jours. Il étoit arriere-petit neveu de Meffire Simon
leGras-de Vauberſey , Evêque de Soiffons , qui a
eu l'honneur de ſacrer Louis XIV.
Meſſire Robion , ancien Curé de Dartas , dans
le Dioceſe de Vienne , y eſt mort le 11 Août âgé
de cent huit ans. 11 poſſédoit cette Cure depuis
près de quatre-vingt ans , & il avoit vu naître tous
ſes Paroiſſiens. La ſervante qui l'a toujours ſervi
vit encore , & a cent quatre ans.
206 MERCURE DE FRANCE.
M. Bouguer , l'un des Membres de l'Académie
Royale des Sciences , de la Société Royale de
Londres & de Berlin , Honoraire de l'Académie de
Marine , eſt mort en cette Ville le 13 Août , dans
Ja foixante- troiſieme année de ſon âge.
Meffire Charles-Louis de Monfaulnin , Comte
de Montal , Lieutenant-Général des Armées du
Roi , Chevalier des Ordres de Sa Majesté , Gouverneur
des Ville & Château de Guiſe , eſt décédé
dans ſes terres en Bourgogne le 22 Août , âgé de
foixante-dix- sept ans..
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Résumé : MORTS.
En 1758, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Messire Charle Chatelain, Chapelain du Roi, Chanoine de Soiffons, Prieur Commandataire de Friardel et de Lieru, est décédé à Lieru le 29 juillet à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Messire François-Ifaac de la Cropte, Comte de Bourzac, Marquis de la Jarrie, et ancien premier Gentilhomme de la Chambre de Monseigneur le Prince de Conty, est mort à Noyon le 31 juillet à soixante-dix-sept ans. Il était fils de François-Ifaac de la Cropte et de Suzanne Tiraqueau de la Jarrie, et frère aîné de Jean-François de la Cropte, Evêque-Comte de Noyon. Il a laissé quatre enfants : Suzanne, Jean-François, Françoise-Élisabeth-Suzanne et Louis-François-Joseph, Chevalier de Malthe. Florette Roux est décédée au village de Conche, dans le Diocèse de Mende, le 2 août à l'âge de cent dix-huit ans et quatre mois. Son mari, Jacques Guin, était décédé l'année précédente à cent quatorze ans. Ils ont eu dix-huit enfants, dont quatorze sont encore en vie. Leur mariage a été béni par un Ministre après la révocation de l'Édit de Nantes. Jacques Guin s'est distingué parmi les Camisards, combattant sous les ordres de Joannen et Roland. Messire Bleixart-Louis-Edouard-Henri le Gras, Chevalier de Vaubersey, est mort au château de la Louptiere en Champagne le 10 août à l'âge d'un an, onze mois et vingt-et-un jours. Messire Robion, ancien Curé de Dartas dans le Diocèse de Vienne, est décédé le 11 août à cent huit ans. Il a possédé cette Cure pendant près de quatre-vingt ans. M. Bouguer, membre de l'Académie Royale des Sciences, de la Société Royale de Londres et de Berlin, et honoraire de l'Académie de Marine, est mort à Paris le 13 août à soixante-trois ans. Messire Charles-Louis de Monfaulnin, Comte de Montal, Lieutenant-Général des Armées du Roi et Chevalier des Ordres de Sa Majesté, est décédé dans ses terres en Bourgogne le 22 août à soixante-dix-sept ans.
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88
p. 212-213
AVIS A l'Auteur de la Lettre anonyme sur l'Instruction de la Jeunesse, dans le second volume du Mercure du mois de Juillet dernier, fol. I 37.
Début :
Monsieur, sur l'avis que vous donnez au bas de votre Lettre, un Seigneur auroit [...]
Mots clefs :
Nouvelle méthode, Seigneur, Rencontre , Auteur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS A l'Auteur de la Lettre anonyme sur l'Instruction de la Jeunesse, dans le second volume du Mercure du mois de Juillet dernier, fol. I 37.
AVIS
Al'Auteur de la Lettre anonyme ſur l'Inftruction
de la Jeuneſſe , dans le second
volume du Mercure du mois de Juillet
dernier , fol. 137 .
MONSIEUR',
ONSIEUR , fur l'avis que vous donnez
au bas de votre Lettre , un Seigneur auroit
envie de faire connoiſſance avec l'Auteur
de la nouvelle Méthode dont vous
parlez ; il m'a écrit à cet effet , & je me
preſſe de vous en faire part pour que vous
lui procuriez ce plaifir. Mon adreſſe eſt à
M. Gelein , Agent des RR. PP. Céleftins
, près l'Arſenal , demeurant en leur
maiſon. Je me flatte que vous voudrez '
bien me faire connoître cet habile home
OCTOBRE. 1758 . 213
me , à moins qu'il ne juge plus à propos
de ſe donner la peine de venir dans cette
maiſon . J'attendrai avec impatience que
vous me procuriez l'honneur de le connoître
par celui de ces deux moyens qu'il
trouvera bon .
J'ai l'honneur d'être , &c.
GELEIN.
Paris , ce 8 Septembre 17.58 .
Al'Auteur de la Lettre anonyme ſur l'Inftruction
de la Jeuneſſe , dans le second
volume du Mercure du mois de Juillet
dernier , fol. 137 .
MONSIEUR',
ONSIEUR , fur l'avis que vous donnez
au bas de votre Lettre , un Seigneur auroit
envie de faire connoiſſance avec l'Auteur
de la nouvelle Méthode dont vous
parlez ; il m'a écrit à cet effet , & je me
preſſe de vous en faire part pour que vous
lui procuriez ce plaifir. Mon adreſſe eſt à
M. Gelein , Agent des RR. PP. Céleftins
, près l'Arſenal , demeurant en leur
maiſon. Je me flatte que vous voudrez '
bien me faire connoître cet habile home
OCTOBRE. 1758 . 213
me , à moins qu'il ne juge plus à propos
de ſe donner la peine de venir dans cette
maiſon . J'attendrai avec impatience que
vous me procuriez l'honneur de le connoître
par celui de ces deux moyens qu'il
trouvera bon .
J'ai l'honneur d'être , &c.
GELEIN.
Paris , ce 8 Septembre 17.58 .
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Résumé : AVIS A l'Auteur de la Lettre anonyme sur l'Instruction de la Jeunesse, dans le second volume du Mercure du mois de Juillet dernier, fol. I 37.
Gelein, Agent des RR. PP. Célestins à Paris, répond à une lettre anonyme du Mercure de juillet 1758. Un seigneur souhaite rencontrer l'auteur d'une nouvelle méthode d'instruction mentionnée dans cette lettre. Gelein fournit son adresse et attend une réponse. La date de l'avis est le 8 septembre 1758.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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89
p. 208-211
MARIAGE ET MORTS.
Début :
Le premier Septembre 1758, le très-haut & très-puissant Seigneur [...]
Mots clefs :
Seigneur, Duc, Colonel d'infanterie, Mariage, Maison Galeano-Galieni, Maison Trémoletti-Montpezat, Chevalier, Armoiries, Abbé, Morts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE ET MORTS.
MARIAGE ET MORTS..
cal flor the pisten allia plang aftur
LUIS
7 DEC
7s premier Septembre 1758 , le très- haut &
très -puiffant Seigneur Charles-Hyacinthe -Antoine
Galeano- Galieni , des Seigneurs de ce nom en
Lombardie , Duc de Galean , Prince du Saint-
Siege , Sire & Marquis de Salernes , Baron des
OCTOBRE . 1758. 200
Iffarts , Seigneur du Caftellet- Courtines , lez - Angles
& autres lieux , Colonel d'Infanterie dans le
Corps des Grenadiers de France , Chevalier d'honneur
de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem , de la
Religion, de celui de Saints Maurice & Lazare , & c .
&c , &c , époufa à Lile , dans le Comtat d'Avignon,
Mademoiſelle Marie Françoife - Henriette de
Montpezat , fille de très haut & très puiffant Seigneur
Jean-Jofeph- Paul- Antoine de Trémoletty-
Montpezat , Duc & Marquis de Montpezat , Prince
du Saint- Siege , l'un des quatre premiers Ba
rons de la Province de Dauphine , Baron de
Montmaur , Piegon & Rochebrune , Seigneur
de Laval , Argilliers , &c. Lieutenant pour
Roi en Languedoc , & de très -haute & très- puiffante
Dame Madame Marie - Juftine - Efpérance
d'Agoult , Ducheffe de Montpezat . La bénédiction
nuptiale fut donnée par M. l'Evêque de Cavaillon.
le
La maifon de Galeano - Galieni eft affez connue
pour qu'on le contente d'en placer ici feulement
un extrait. Il fuffira donc de dire que depuis quatre
fiecles qu'elle s'eft féparée des branches aînées
demeurées en Italie , elle a toujours tenu un rang
confidérable dans l'état d'Avignon où elle a fixe
fa demeure. Elle exifte dans deux branches ; celle
du Duc de Guadagne , qui eft la premiere , a
donné le fameux Duc de Gadagne , Capitaine
Général des Armées en France , Gouverneur de la
Rochelle , Lieutenant Général de la Province du
Berry , mert Généraliffime des Armées de Rome
& de Venife, & celle du Duc de Galean des Iffarts,
dont il eft queftion . Ce dernier eft unique fils de
feu le Marquis des Iffarts , Chevalier de l'Ordre
de l'Aigle blanc en Pologne , Confeiller d'Etat ,
d'Epée , & Ambaffadeur extraordinaire & Pléni
Tro MERCURE DE FRANCE.
potentiaire de S. M. T. C. aux cours de Warfovie
& de Turin , mort à Avignon en 1754 , âgé de
37 ans, & de feu très-haute & très- puiffante Dame
Charlotte Yolande-de Forbin , dès Séignéurs de
la Barben & de Pont-à-Mouffon, décédée en 1742
âgée de vingt-fix ans .
Quant à la maifon de Trémoletti-Montpezat ,
elle eft comptée dès la fin du douzieme fiecle au
nombre des meilleures Maiſons & de la plus ancienne
Chevalerie du pays de Foix , d'où elle tire'
fon origine ; ce qui eft conftaté par des actes ori-'
ginaux de ce temps , ou les Seigneurs de cette
maifon prennent toujours les titres de Nobilis
miles ou Domicellus , qui fignifié Chevalier &
Damoifeau : ceux de cette race ont toujours tenu
dans les armées les premiers emplois. Nous '
remarquerons entr'autres féu le Marquis de'
Montpezat , grand- oncle paternel du Dúc de'
Montpezat d'aujourd'hui , qui mourut Lieutenant
Général des Armées du Roi & Gouverneur d'Arras
, à la veille d'être décoré du bâton de Maté
chal de France dont le feu Roi vouloit récompen
fer fa bravoure & fès importans fervices.
Les maifons de Galean & de Montpezat ont
fourni grand nombre de Chevaliers à l'Ordre de '
Saint Jean de Jérufalem , dont plufieurs ont eu
l'avantage de répandre leur fang au fervice de la
Religion.
La maifon de Galean porté d'argent à la bande
de fable remplie d'or , & aux deux'rofes de gueules
cimier , un lion iffant d'or avec ces mots , ab
obice favior ibit , cri de guerre , femper magis ; fup
ports , deux Anges cotemaillés de rofes.
Celles de Montpezat font d'azur , au Cigne'
d'argent pofé fur une riviere , de même furmonté
de trois molettes d'or , bordé d'azur & parfemé.de
OCTOBRE. 1758. 211
tys d'argent pour fupport , deux Anges cottes
maillés de lys d'argent , avec des Bannieres de
même ; pour cimier un Cigne furmonté d'une
molette d'or avec la devife en latin : Cignus aut
victoria ludit in undas
Meffire Antoine- François de Monlezun- de Bufca
, Abbé de l'Abbaye royale de Longvilliers , Ordre
de Câteaux, Diocefe de Boulogne, mourut dans
fon Abbaye le 11 Septembre , âgé de quatrevingt-
cinq ans.
Meffire Louis- François , Marquis de l'Aubef
pine , eft mort en Beauce dans fes terres le 22 ,
dans la quatre-vingt - treizieme année de fon âge .
Meffire Urbain Robinet , Chanoine de l'Eglife
de Paris , l'un des Vicaires Généraux de M. l'Arclievêque
, Abbé de l'Abbaye de Bellozane , Ordre
de Prémontré , Dioceſe de Rouen , eft mort en
cette Ville le 29 du mois dernier, dans fa foixantequinzieme
année.
cal flor the pisten allia plang aftur
LUIS
7 DEC
7s premier Septembre 1758 , le très- haut &
très -puiffant Seigneur Charles-Hyacinthe -Antoine
Galeano- Galieni , des Seigneurs de ce nom en
Lombardie , Duc de Galean , Prince du Saint-
Siege , Sire & Marquis de Salernes , Baron des
OCTOBRE . 1758. 200
Iffarts , Seigneur du Caftellet- Courtines , lez - Angles
& autres lieux , Colonel d'Infanterie dans le
Corps des Grenadiers de France , Chevalier d'honneur
de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem , de la
Religion, de celui de Saints Maurice & Lazare , & c .
&c , &c , époufa à Lile , dans le Comtat d'Avignon,
Mademoiſelle Marie Françoife - Henriette de
Montpezat , fille de très haut & très puiffant Seigneur
Jean-Jofeph- Paul- Antoine de Trémoletty-
Montpezat , Duc & Marquis de Montpezat , Prince
du Saint- Siege , l'un des quatre premiers Ba
rons de la Province de Dauphine , Baron de
Montmaur , Piegon & Rochebrune , Seigneur
de Laval , Argilliers , &c. Lieutenant pour
Roi en Languedoc , & de très -haute & très- puiffante
Dame Madame Marie - Juftine - Efpérance
d'Agoult , Ducheffe de Montpezat . La bénédiction
nuptiale fut donnée par M. l'Evêque de Cavaillon.
le
La maifon de Galeano - Galieni eft affez connue
pour qu'on le contente d'en placer ici feulement
un extrait. Il fuffira donc de dire que depuis quatre
fiecles qu'elle s'eft féparée des branches aînées
demeurées en Italie , elle a toujours tenu un rang
confidérable dans l'état d'Avignon où elle a fixe
fa demeure. Elle exifte dans deux branches ; celle
du Duc de Guadagne , qui eft la premiere , a
donné le fameux Duc de Gadagne , Capitaine
Général des Armées en France , Gouverneur de la
Rochelle , Lieutenant Général de la Province du
Berry , mert Généraliffime des Armées de Rome
& de Venife, & celle du Duc de Galean des Iffarts,
dont il eft queftion . Ce dernier eft unique fils de
feu le Marquis des Iffarts , Chevalier de l'Ordre
de l'Aigle blanc en Pologne , Confeiller d'Etat ,
d'Epée , & Ambaffadeur extraordinaire & Pléni
Tro MERCURE DE FRANCE.
potentiaire de S. M. T. C. aux cours de Warfovie
& de Turin , mort à Avignon en 1754 , âgé de
37 ans, & de feu très-haute & très- puiffante Dame
Charlotte Yolande-de Forbin , dès Séignéurs de
la Barben & de Pont-à-Mouffon, décédée en 1742
âgée de vingt-fix ans .
Quant à la maifon de Trémoletti-Montpezat ,
elle eft comptée dès la fin du douzieme fiecle au
nombre des meilleures Maiſons & de la plus ancienne
Chevalerie du pays de Foix , d'où elle tire'
fon origine ; ce qui eft conftaté par des actes ori-'
ginaux de ce temps , ou les Seigneurs de cette
maifon prennent toujours les titres de Nobilis
miles ou Domicellus , qui fignifié Chevalier &
Damoifeau : ceux de cette race ont toujours tenu
dans les armées les premiers emplois. Nous '
remarquerons entr'autres féu le Marquis de'
Montpezat , grand- oncle paternel du Dúc de'
Montpezat d'aujourd'hui , qui mourut Lieutenant
Général des Armées du Roi & Gouverneur d'Arras
, à la veille d'être décoré du bâton de Maté
chal de France dont le feu Roi vouloit récompen
fer fa bravoure & fès importans fervices.
Les maifons de Galean & de Montpezat ont
fourni grand nombre de Chevaliers à l'Ordre de '
Saint Jean de Jérufalem , dont plufieurs ont eu
l'avantage de répandre leur fang au fervice de la
Religion.
La maifon de Galean porté d'argent à la bande
de fable remplie d'or , & aux deux'rofes de gueules
cimier , un lion iffant d'or avec ces mots , ab
obice favior ibit , cri de guerre , femper magis ; fup
ports , deux Anges cotemaillés de rofes.
Celles de Montpezat font d'azur , au Cigne'
d'argent pofé fur une riviere , de même furmonté
de trois molettes d'or , bordé d'azur & parfemé.de
OCTOBRE. 1758. 211
tys d'argent pour fupport , deux Anges cottes
maillés de lys d'argent , avec des Bannieres de
même ; pour cimier un Cigne furmonté d'une
molette d'or avec la devife en latin : Cignus aut
victoria ludit in undas
Meffire Antoine- François de Monlezun- de Bufca
, Abbé de l'Abbaye royale de Longvilliers , Ordre
de Câteaux, Diocefe de Boulogne, mourut dans
fon Abbaye le 11 Septembre , âgé de quatrevingt-
cinq ans.
Meffire Louis- François , Marquis de l'Aubef
pine , eft mort en Beauce dans fes terres le 22 ,
dans la quatre-vingt - treizieme année de fon âge .
Meffire Urbain Robinet , Chanoine de l'Eglife
de Paris , l'un des Vicaires Généraux de M. l'Arclievêque
, Abbé de l'Abbaye de Bellozane , Ordre
de Prémontré , Dioceſe de Rouen , eft mort en
cette Ville le 29 du mois dernier, dans fa foixantequinzieme
année.
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Résumé : MARIAGE ET MORTS.
Le texte décrit le mariage de Charles-Hyacinthe-Antoine Galeano-Galieni, Duc de Galean, et de Marie Françoise-Henriette de Montpezat, fille du Duc de Montpezat, célébré le 7 septembre 1758 à L'Isle dans le Comtat d'Avignon. La cérémonie a été bénie par l'évêque de Cavaillon. Les familles des mariés sont présentées en détail. La maison Galeano-Galieni est établie en Avignon depuis quatre siècles et se divise en deux branches : celle du Duc de Guadagne et celle du Duc de Galean des Issarts. Le père du marié, le Marquis des Issarts, était Chevalier de l'Ordre de l'Aigle blanc en Pologne et Ambassadeur extraordinaire. La maison de Montpezat, originaire du pays de Foix, est connue pour ses services militaires et ses titres de noblesse. Les deux familles ont fourni de nombreux Chevaliers à l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem. Le texte mentionne également les armoiries et devises des deux maisons. Par ailleurs, il note le décès de plusieurs personnalités, dont l'Abbé de l'Abbaye royale de Longvilliers, le Marquis de l'Aubespine et le Chanoine Urbain Robinet.
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90
p. 204-205
MORTS.
Début :
Louise de Mailly de Buire, est morte le 26 à Lille en [...]
Mots clefs :
Maison de Mailly, Morts, Lieutenant général, Seigneur, Chevalier, Brigadier, Maréchal de camp, Artillerie, Réputation, Maison de Cramezel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
M O R T S.
Louiſe de Mailly de Buire, eſt morte le 26 à
Lille en Flandre. Elle étoit la derniere de la bran
che de Mailly du Quetnoy, ſortie de celle du
Mailly- Haucourt en 1 5 59. Le Prince de Croy lui
ſuccéde dans tous ſes biens.
Le ſieur Bailly , Iieutenant-Général des Armées
du Roi & de l'Artillerie , mourut a Paris le 2 2 ,
âgé de ſoixante-quatorze ans. -
Marie Marguerite Françoiſe de Melun d'Epinoy,
mou ut en cette ville le 4 Avril, âgée de quatre
vingt ſept ans.
Haut & Puiſſant Seigneur Meſſire Paul de la
Roche-Aymon, Chevalier Seigneur de Lavaud ,
Baron de la Farge, Marquis de Saint Maixent,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de Saint
Louis, Lieutenant Général des Armée s du Roi ,
Lieutenant-Général de l'Artillerie de France, &
Directeur en chef de ladite Artillerie au Départe
ment de la haute & bafle Normandie, eſt décédé
ruè du FauxbourgSaint Lazare le 22 Mars 1759,
enterré le 23 à Saint Laurent. Il étoit âgé de 7 f
ans 5 mois 2 , jours , étant né le .7 Septembre
1 683. Il eſt entré au Service dans l'Artillerie en
17o3 , a été fait Capitaine de Canoniers en 17o9.
Brigadier d'Infanterie en . .. .. .. 1721.
Maréchal de Camp en . . . . . . . .. 17 34.
Lieutenant-Général de l'Artillerie au Dé
partement de Normandie en . . . . . .. 1738.
Et Lieutenant Général des Armées du Roi
en - • • • • • • • • • • • • • • • • • • I743 •
Il a commandé en chef l'Artillerie à
l'Armée de la Moſelle Cil • • • • • • • 1744
- M A I. 1759. - 2o5
Aux Armées du bas Rhin en . ' 174 r & 1746.
Aux Armées de Flandres en .. 1747 & 1748.
Tous les Gens de Guerre ſçavent avec quelle
diſtinction & quelle réputation il a ſervi tant dans
les Batailles que dans les Siéges.
| On croit inutile de rappeller au Public la belle
& grande Généalogie de ce Seigneur , dont la
Maiſon eſt des plus connuë.
Le 12 Avril mourut à Paris noble Dame Fran
çoiſe Prieur, âgée de ſoixante-quinze ans. Elle
avoit épouſé le 2 Février 17 5 1, Meſſire Pierre
Auguſtin de Cramezel, Chevalier, ſieur de Ker
gerault, anc en O iicier de la Marine , de la
Maiſon duquel on a donné en Juin 17 5 1, une
courte généalogie. -
Un auteur de cette Maiſon ancienne, du nom
d'Armand de Cramezel, né le 4 Décembre 1 34o,
qui épouſa Anne de Martel fille unique, ſe ſignala
beaucoup à Toul, à Metz & à Verdun, ainſi
qu'a la bataille d'Auvray, qui ſe donna le 24 Sep-.
tembre 1 364, entre Jean Comte de Monfort
& Charles de Blois. Les Mémoires du Comte
de Goudon, allié des Comtes d'Anjou, ont laiſſé
une idée de ſa valeur & de la bravoure d'Armand
Cramezel ; il fut aimé & conſidéré par ſes ac
tions, il ne le fut pas moins par ſes talens ; il
avoit celui d'exprimer avec deux ou trois traits le
burin juſqu'a l'humeur & au caractére particulier
de chaque figure ; il avoit encore l'adreſſe ſin
guliere de ramaſſer en peu de place une infinité
de choſes, & ſi on peut le dire , le don de créer
de l'eſpace ; car, comme l'atteſtent les Mémoi
res de M. le Comte de Goulon, en un ſeul pouce
de terrain, il faiſoit voir diſtinctement cinq a ſix
lieues de pays, & une multitude inconcevable
de perſonnages.
Louiſe de Mailly de Buire, eſt morte le 26 à
Lille en Flandre. Elle étoit la derniere de la bran
che de Mailly du Quetnoy, ſortie de celle du
Mailly- Haucourt en 1 5 59. Le Prince de Croy lui
ſuccéde dans tous ſes biens.
Le ſieur Bailly , Iieutenant-Général des Armées
du Roi & de l'Artillerie , mourut a Paris le 2 2 ,
âgé de ſoixante-quatorze ans. -
Marie Marguerite Françoiſe de Melun d'Epinoy,
mou ut en cette ville le 4 Avril, âgée de quatre
vingt ſept ans.
Haut & Puiſſant Seigneur Meſſire Paul de la
Roche-Aymon, Chevalier Seigneur de Lavaud ,
Baron de la Farge, Marquis de Saint Maixent,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de Saint
Louis, Lieutenant Général des Armée s du Roi ,
Lieutenant-Général de l'Artillerie de France, &
Directeur en chef de ladite Artillerie au Départe
ment de la haute & bafle Normandie, eſt décédé
ruè du FauxbourgSaint Lazare le 22 Mars 1759,
enterré le 23 à Saint Laurent. Il étoit âgé de 7 f
ans 5 mois 2 , jours , étant né le .7 Septembre
1 683. Il eſt entré au Service dans l'Artillerie en
17o3 , a été fait Capitaine de Canoniers en 17o9.
Brigadier d'Infanterie en . .. .. .. 1721.
Maréchal de Camp en . . . . . . . .. 17 34.
Lieutenant-Général de l'Artillerie au Dé
partement de Normandie en . . . . . .. 1738.
Et Lieutenant Général des Armées du Roi
en - • • • • • • • • • • • • • • • • • • I743 •
Il a commandé en chef l'Artillerie à
l'Armée de la Moſelle Cil • • • • • • • 1744
- M A I. 1759. - 2o5
Aux Armées du bas Rhin en . ' 174 r & 1746.
Aux Armées de Flandres en .. 1747 & 1748.
Tous les Gens de Guerre ſçavent avec quelle
diſtinction & quelle réputation il a ſervi tant dans
les Batailles que dans les Siéges.
| On croit inutile de rappeller au Public la belle
& grande Généalogie de ce Seigneur , dont la
Maiſon eſt des plus connuë.
Le 12 Avril mourut à Paris noble Dame Fran
çoiſe Prieur, âgée de ſoixante-quinze ans. Elle
avoit épouſé le 2 Février 17 5 1, Meſſire Pierre
Auguſtin de Cramezel, Chevalier, ſieur de Ker
gerault, anc en O iicier de la Marine , de la
Maiſon duquel on a donné en Juin 17 5 1, une
courte généalogie. -
Un auteur de cette Maiſon ancienne, du nom
d'Armand de Cramezel, né le 4 Décembre 1 34o,
qui épouſa Anne de Martel fille unique, ſe ſignala
beaucoup à Toul, à Metz & à Verdun, ainſi
qu'a la bataille d'Auvray, qui ſe donna le 24 Sep-.
tembre 1 364, entre Jean Comte de Monfort
& Charles de Blois. Les Mémoires du Comte
de Goudon, allié des Comtes d'Anjou, ont laiſſé
une idée de ſa valeur & de la bravoure d'Armand
Cramezel ; il fut aimé & conſidéré par ſes ac
tions, il ne le fut pas moins par ſes talens ; il
avoit celui d'exprimer avec deux ou trois traits le
burin juſqu'a l'humeur & au caractére particulier
de chaque figure ; il avoit encore l'adreſſe ſin
guliere de ramaſſer en peu de place une infinité
de choſes, & ſi on peut le dire , le don de créer
de l'eſpace ; car, comme l'atteſtent les Mémoi
res de M. le Comte de Goulon, en un ſeul pouce
de terrain, il faiſoit voir diſtinctement cinq a ſix
lieues de pays, & une multitude inconcevable
de perſonnages.
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Résumé : MORTS.
En 1759, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Louise de Mailly de Buire, dernière de la branche de Mailly du Quetnoy, est décédée le 26 avril à Lille en Flandre. Le Prince de Croy a hérité de tous ses biens. À Paris, le sieur Bailly, Lieutenant-Général des Armées du Roi et de l'Artillerie, est mort le 22 avril à l'âge de soixante-quatorze ans. Marie Marguerite Françoise de Melun d'Epinoy est décédée le 4 avril à l'âge de quatre-vingt-sept ans. Paul de la Roche-Aymon, Chevalier et Lieutenant Général des Armées du Roi, est décédé le 22 mars à l'âge de 75 ans. Il a servi dans l'artillerie depuis 1703 et a occupé divers postes prestigieux. Françoise Prieur, âgée de soixante-quinze ans, est morte le 12 avril à Paris. Elle avait épousé Pierre Augustin de Cramezel, officier de la Marine. La famille Cramezel est connue pour ses exploits militaires et artistiques, notamment Armand de Cramezel, né en 1340.
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91
p. 216-232
DE PARIS le 25 Août.
Début :
Un Courier arrivé de Vienne a apporté la nouvelle que le 12 de ce mois les Russes [...]
Mots clefs :
Baron de Laudon, Russes, Prince, Défaite, Colonel, Comte du Lau, Marquis, Seigneur, Lieutenant au régiment du roi, Généalogie, Maison de Lau, Gouverneur, Neveu, Cousine, Nominations, Famille, Origines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS le 25 Août.
DE PARIS le 25 Août.
Un Courier arrivé de Vienne a apporté la
nouvelle que le 12 de ce mois les Rufles foutenus
du corps aux ordres du Baron de Laudon , ont
remporté près de Francfort une feconde victoire
contre les Pruffiens com mandés par le Roi de
Pruffe en perfonne. Ce Prince , après la défaite
entiere de fon armée , a été obligé de fe retirer
avec précipitation fous Cuftrin. On évalue ſa perte
à plus de quinze mille hommes. Son artillerie &
Les bagages ont éte pris.
LE
OCTOBRE
.
1759
.
217
fa
cou-
LE ROI a donné une place de Colonel dans les
Grenadiers de France à Jean Baptifte Comte du
Lau , Lieutenant au Régiment du Roi, Infanterie;
Sa Majesté lui en avoit accordé l'expectative en
1754 il eft fils d'ArmandII du nom , Comte du
Lau , Seigneur de la Côte , de Savignac & la
Routeille en Perigord ; & de Dame Françoife de
Salleton de Laborie , & petit-fils de Jean Armand
Marquis du Lau , Seigneur de la Côte & autres
Heux ; & de Marie - Sibille du Lau fa coufine , iffue
de Germaine maternelle , fille d'Armand du Lau,
Marquis d'Allemans , Baron de Chamniers , Sei-
gneur de Montardi , Couture & Braffac ; & de
Sufanne du Lau , Baronne de Chamniers ,
fine germaine maternelle, & fa parente pater-
nelle du 4º au se degré , fille d'Armand du Lau ,
Baron de Chamniers , Seigneur de Chambon ,
Celettes & autres lieux , Maréchal des Camps &
Armées du Roi , Commandant pour Sa Majesté
dans les Gouvernemens de Balaguier , Ager &
autres Places de la Concque , Colonel de deux
Régimens d'Infanterie, & Gouverneur de Xaintes;
& de Sibille Jaubert de S. Gelais , fille de Fran-
çois Jaubert de S. Gelais , Chevalier , Seigneur
de S. Severin & en partie d'Allemans , & de
Sufanne de Raimond , Dame de S. Severin & de
Bourlac , & niéce & héritiere de Sibille Jaubert ,
Dame d'Allemans , de Montardit , Feidit & Bra
fac , veuve fans enfans , de Clinet d'Aidie , Vi-
comte de Carlux , Chevalier de l'Ordre du Roi.
"
Le Comte du Lau eft neveu de Jean du Lau
d'Allemans , Docteur en Théologie , Curé de la
Paroille de S. Sulpice de Paris , frere de Jean-
Louis du Lau , Evêque de Digne , Abbé de Saint
Romain de Blaye , Prieur du Montaux- Malades ,
mort en l'année 1746 ; de Claude Louis du Lau ,
Chevalier de Malte , dit le Chevalier de la Cô :é ,
I. Val.
K
7
218 MERCURE DE FRANCE.
tué en 1732 fur les Vailleaux de la Religion en
combattant pour fon Ordre , dans lequel il s'étoit
fait confidérer par des actions de valeur ; de Phi-
lippe du Lau , aufli Chevalier, de Malthe , dit le
Chevalier de la Roche , mort en 1734 fur les
Vailleaux de la Religion ; & de Jean du Lau ,
Grand Vicaire de l'Evêché de Pamiers , qui a été
député en 1770 par la Métropole de Toulouſe
à l'Aflemblée Générale du Clergé de France ; &
il eft petit neveu de jean du Lau , Comte d'Al-
lemans , Brigadier des Armées du Roi , Com-
mandeur de l'Ordre de S. Louis , Gouverneur de
Doulens , ci devant Gouverneur de Cognac , &
Lieutenant-Colonel du Régiment du Roi Infan-
terie , qui a épousé par Contrat du mois d'Avril
1745 Jeanne- Louile de Cherifey , fille de Louis
Comte de Cherifey , Lieutenant- Général des Ar-
mées du Roi , Grand Croix de l'Ordre de S. Louis,
Gouverneur du Fort S. Jean de Marſeille , Com-
mandant de toute la Maifon du Roi , & d'Anne
de Paget, dont postérité le Comte d'Allemans
eft frere de Claude-Martin du Lau , Chevalier de
Malthe , Commandeur, de Nice en Provence ,
mort en 1746 , peu de tems après qu'il eut été
nommé à cette Commanderie ; de Jean Louis du
Lau, Baron de Chamniers , Capitaine au Régi-
ment d'Anjou Cavalerie ; & de Jean- Armand du
Lau Comte d'Allemans , Baron de Chamniers ,
Seigneur de Montardi , Couture , Brailac , &c.
Chevalier de l'Ordre de S. Louis , Capitaine au
Régiment du Roi infanterie , qui avoit épouſé
Antoinette-Julie de Beaupoil Saint-Aulaire , fille
de Louis de Beaupoil Saint-Aulaire , Marquis de
Lanmary , Baron d'Angerville , Seigneur des
Forges , Chabannes , &c . Grand & premier
Echanfon de France , Capitaine Commandant
les Gensdarmes de la Reine , & de Jeanne-Marie
OCTOBRE
.
1759
.
219
>
Perrault
,
Baronne
de
Milly
,
Rouvre
,
Angerville
&
la
Riviere
.
Jean
-
Armand
du
Lau
,
Comte
d'Al-
Hemans
,
a
laiffé
de
fon
mariage deux
fils
&
une
fille
fçavoir
1
°
.
Jean
-
Louis
-
Antoine
du Lau
,
Marquis
d'Allemans
,
Baron
de Chamniers
,
Sei-
gneur
de
la
Châtellenie
de Couture
,
&
des
Terres
&
Seigneurie
de Montardi
,
Celles
,
Bertric
&
au-
tres
lieux
qui
a
épousé
Marie Madeleine
le
Coigneux
fille
de
Jacques
Marquis de
Bellabre
,
&
de Marie
-
Anne
de
Neiret
de
la
Ravoye
,
Mar-
quife
de
Bellabre
,
dont
le
fils
aîné
Jean
Armand-
Marie
du Lau
eft
Enfeigne dans
le
Régiment
des
Gardes
Françoiſes
,
après avoir
fervi
dans
les
Chevaux
-
Légers de
la
Garde
.
2º
.
Henri du Lau
,
Chevalier
de
l'ordre
de
S.
Louis
,
Capitaine
au
Régiment de Conty
Cavalerie
,
&
Sufanne
du
Lau
,
mariée
à
Jean
de
Chapt
de
Raftinac
,
Comte
de
Puiguilhem
,
dont
postérité
.
La maifon du Comte du Lau qui donne lieu
à cet article , eft établie en Périgord dès l'an
1429 ; elle eft une branche cadette des Barons
du Lau en Béarn , que l'on a trouvé , après un
mur examen , être iffus des Souverains de Biſcaye,
Comtes d'Alaua & Seigneur de Lod en Biſcaye ;
on en a puiſé les preuves dans les Chartres , dans
les anciennes Chroniques , les Cartulaires & dans
les Hiftoires du temps. La Généalogie de la mai-
fon du Lau a été faite fur de femblables monu-
mens , & fur titres tous originaux , par le Che-
valier Blondeau de Charnage ; & elle fut com-
muniquée avec les titres à M. de Clairambault ,
Généalogifte des Ordres du Roi lorfque le Comte
du Lau obtint les honneurs de la Cour. Nous
défirerions pouvoir inférer ici cet Ouvrage , mais
il est d'une trop grande étendue à caufe des
branches que la maifon du Lau a produit : nous
dirons feulement deux mots fur le rang des an-
Kij
220 MERCURE DE FRANCE
•
"
:
ciens Seigneurs de cette maiſon & fur fon ori-
gine , & nous ne parlerons enfuite qué de la
Branche établie en Périgord.
La maifon du Lau , dit l'Auteur de la Généa-
logie , eft iffue des Souverains de Biſcaye , par
Inigo-Sanches , Seigneur de Lod en Biscaye',
neveu d'Inigo- Loppes Comte d'Alaua . Nous ne
fixerons pas ajoute-t-il l'origine de la maiſon
du Lau à Inigo- Sanches Seigneur de Lod : l'hif-
toire exige que nous la remontions à Dom Lop
ou Fort- Loup , furnommé Suria , * premier Sei-
gneur de Biscaye qui fut élu par la Nation ,
après une bataille qu'il avoit gagné étant à leur
tête , en l'année 870 , fur Ordogne , fils d'Al-
phonfe III , furnommé le Grand , Roi d'Oviedo
& de Léon en ce lieu , & dans tout le cours
de l'Ouvrage , l'Auteur rapporte plufieurs faits
hiftoriques , intérellans & relatifs à fon Ouvrage.
Fort- Loup épouſa 1 ° . Dalda , fille de Sanche-
Eftigues-Ortun , Seigneur de Tariba & de Du-
rango , de laquelle il eut Manfo - Lopes 2º Sei-
gaeur de Biscaye , & de Tariba , pere d'Inigo-
Lopes 3 Seigneur de Bilcaye , dont vint Lopes-
Dias 4 Seigneur de Bilcaye , qui époufa Elvire-
Bermundes , fille de Bermuy l'aînez , & dont il
eut deux fils & une fille , fçavoir , Sanche-
Lopes e Seigneur de Bifcaye , qui fuit , Inigo-
Lopes Comte d'Alaua 6 Seigneur de Biſcaye ,
& Urraca-Lopes mariée à Dom Fernand ,
Roi
de Léon. Sancho - Lopes fut tué à Cubijana de
Morillos en conduifant une armée au fecours
du Comte de Caftille ; il laiffa deux fils en bas
âge , Inigo Lopes , Seigneur de Lod en Biscaye ,
qui fuit , & fort-Sanches , Seigneur d'Orofco ,
tige de la maiſon de ce nom ,
Les Souverains de Biscaye n'ont jamais eu d'autre
sitre que celui de Şeigucup.
OCTOBRE
.
1759. 221
I
Inigo
-
Lopes
,
Seigneur
de
Lod
en
Biſcayé
,
fut
Gouverneur de
la
Ville
de
Navarre
,
&
grand
Ecuyer
des
Ecuries
de
Garcias
,
Roi de
Navarre
,
furnommé
le
Trembleur
:
il
n'étoit
qu'un enfant
à
la
mort
de
fon père
,
ce
qui
fit
que
les
Bifca-
yens engagés dans
des guerres
,
&
ayant
beſoin
d'un
Chef
expérimenté
,
élurent
en
la
place
pour
leur
Seigneur Inigo
Lopes
,
Comte
d'Alaua
for
oncle
paternel
,
*
qui
,
pour
le
dédommager
du
moinsen
quelque
forte
,
lui
donna
la
Seigneurie
de
Lod
en
Bifcaye
,
dent
fa poftérité
prit
lé
nom
on
a de
lui
des
titres
des
années
997
,
1014
&
1920
:
il
eut
deux
fils
,
fçavoir
,
Lopes-
Sanches
,
Seigneur
de
Lod
en
Bifcaye
,
tige
de
la
maifon de
ce
nom
&
de
celle
de
Merdoce
,
&
Guillaume
**
Sance
,
Seigneur
de
la
Terre
du
Lau
en Bearn
,
fituée
comme
dans
un
Fauxbourg
de
la
Ville
de
Lefcar
: il
époufa
une
Dame
nom-
mée
Sancia-
Vacca
;
ils
firent
donation
,
du
con-
fentement de
leurs
fils
,
au
Chapitre
de
Lefcar
,
d'une
partie
des
dixmes de
l'Eglife
du Lau
,
Calbet
du Lau
,
mort
avant
l'an
115
,
leur
petit-
fils
fur
Evêque de
Leſcard
:
Cajard
du Lau
fon
frere
eft
nommé
au rang
des
Barons
du
Béarn
,
après
les
Seigneurs de Gavaſton
&
de Navaille
,
&
avant ceux
de
Domii
,
de Miocens
,
&
autres
:
dans
l'acte
d'un
jugement
folemnel
en
faveur
de
l'Eglife
de
Lefcar
,
rendu par
Talefe
,
Vicomteſſe
de Béarn
,
en
l'abfence
de fon mari
,
vers l'an
1090.
la
maifon du Lau
,
toutesfois
ne
fut pas
comprife dans
le
Réglement de
l'an
1230
;
qui
reftraignoit les
Barons
du
Béarn à un
certain
nombre
;
mais
les
terres
du nom du Lau
,
fituées
***
* Les Hiftoriens s'accordent tous
en
ce
fait
.
**
On
diroit
Sanchés
,
fi
on
le fuivoit
en
Bifcave
.
***
Il
ne changea pas
le
nom
de
Calbet pour
celui
de
Guy
, fuivant qu'on
le
lit
dans
le
Gallia Chriftiana
.
K
iij
A
222 MERCURE DE FRANCE.
en
Chaloffe
&
en
Armagnac
,
ont
toujours
été
qualifiées
Baronnies
:
Arnaud
,
fils
de
Raymond
du Lau
,
étant
dans
le
deffein d'aller
à
la
Terre-
Sainte
,
fit
un
don
au
Chapitre
de
Dacqs
;
Sance
du Lau
fon
fils
,
s'empara
des
biens
que
fon pere
avoit
donné
,
&
les
rendit
en
l'année
1151
;
ces
biens furent
encore
repris
par
leur
poſtérité
,
qui
enfin
les
laiffa
entiérement
au
même
Chapitre
,
Arnaud du Lau
eft
nommé
au rang
des
Ba-
rons
des
terres
de Labour
&
d'Arberac
,
en
un
titre
de
l'an
1193
;
Ponce
,
Seigneur
du
Lau
,
épousa
en 1234
,
Jcanne
,
fille
d'Arivus
,
Vi-
comte
de
Corneillan
,
&
de Marie
de
Vernede
;
il
fut
témoin
avec
les
Seigneurs
de
l'Ifle
&
de
Comenge
,
de l'hommage
que Gerard
,
Comte
d'Armagnac
,
fit
en
1245 pour
fon Château
de
Mauvoifin
,
à
Raimond
,
Comte
de
Touloufe
:
Arnaud
Guillaume
&
Leberon
du
Lau
,
Chevaliers
,
furent
témoins
de l'hommage
que
le
même
Com-
te
d'Armagnac
rendit
en 1254
,
pour
les
Comtés
d'Armagnac
&
de
Fezenfac
,
à
Henri
III
,
Roi
d'Angleterre
,
&
Leberon
du Lau
s'en
rendit
cau
→
tion
Amanieu du Lau
,
Chevalier
de
l'Ordre
des Templiers
,
avoit été
député
en
1235
par
le
Clergé de Gafcogne
,
vers
le
même
Monarque
,
&
il
en
étoit très -
confidéré
;
Gerard
du
Lau
,
Chevalier
,
accompagna
Edouard
,
Roi
d'Angleterre
,
dans
fon
voyage de
la
Terre
Sainte
ce Prince l'envoya
à Ortés
l'an
1273
,
pour
ap
paifer
les
mouvemens
que Gaton
,
Vicomte de
Béarn
y
avoit excité
.
Arnaud Sequin , premier du nom du Lau ,
Chevalier Seigneur de la Baronnie du Lau &
des lieux de Laqui , Geles , Lobe , Heloda , Gau-
be , Pujo , Montijos , Carrera , Caftagnet , Sulaus ,
Perquier , Badigos , Lilauhet , Hontans , Caupet
Margaro , Coerbeoa , Halchet , de la Ville de
.
Un Courier arrivé de Vienne a apporté la
nouvelle que le 12 de ce mois les Rufles foutenus
du corps aux ordres du Baron de Laudon , ont
remporté près de Francfort une feconde victoire
contre les Pruffiens com mandés par le Roi de
Pruffe en perfonne. Ce Prince , après la défaite
entiere de fon armée , a été obligé de fe retirer
avec précipitation fous Cuftrin. On évalue ſa perte
à plus de quinze mille hommes. Son artillerie &
Les bagages ont éte pris.
LE
OCTOBRE
.
1759
.
217
fa
cou-
LE ROI a donné une place de Colonel dans les
Grenadiers de France à Jean Baptifte Comte du
Lau , Lieutenant au Régiment du Roi, Infanterie;
Sa Majesté lui en avoit accordé l'expectative en
1754 il eft fils d'ArmandII du nom , Comte du
Lau , Seigneur de la Côte , de Savignac & la
Routeille en Perigord ; & de Dame Françoife de
Salleton de Laborie , & petit-fils de Jean Armand
Marquis du Lau , Seigneur de la Côte & autres
Heux ; & de Marie - Sibille du Lau fa coufine , iffue
de Germaine maternelle , fille d'Armand du Lau,
Marquis d'Allemans , Baron de Chamniers , Sei-
gneur de Montardi , Couture & Braffac ; & de
Sufanne du Lau , Baronne de Chamniers ,
fine germaine maternelle, & fa parente pater-
nelle du 4º au se degré , fille d'Armand du Lau ,
Baron de Chamniers , Seigneur de Chambon ,
Celettes & autres lieux , Maréchal des Camps &
Armées du Roi , Commandant pour Sa Majesté
dans les Gouvernemens de Balaguier , Ager &
autres Places de la Concque , Colonel de deux
Régimens d'Infanterie, & Gouverneur de Xaintes;
& de Sibille Jaubert de S. Gelais , fille de Fran-
çois Jaubert de S. Gelais , Chevalier , Seigneur
de S. Severin & en partie d'Allemans , & de
Sufanne de Raimond , Dame de S. Severin & de
Bourlac , & niéce & héritiere de Sibille Jaubert ,
Dame d'Allemans , de Montardit , Feidit & Bra
fac , veuve fans enfans , de Clinet d'Aidie , Vi-
comte de Carlux , Chevalier de l'Ordre du Roi.
"
Le Comte du Lau eft neveu de Jean du Lau
d'Allemans , Docteur en Théologie , Curé de la
Paroille de S. Sulpice de Paris , frere de Jean-
Louis du Lau , Evêque de Digne , Abbé de Saint
Romain de Blaye , Prieur du Montaux- Malades ,
mort en l'année 1746 ; de Claude Louis du Lau ,
Chevalier de Malte , dit le Chevalier de la Cô :é ,
I. Val.
K
7
218 MERCURE DE FRANCE.
tué en 1732 fur les Vailleaux de la Religion en
combattant pour fon Ordre , dans lequel il s'étoit
fait confidérer par des actions de valeur ; de Phi-
lippe du Lau , aufli Chevalier, de Malthe , dit le
Chevalier de la Roche , mort en 1734 fur les
Vailleaux de la Religion ; & de Jean du Lau ,
Grand Vicaire de l'Evêché de Pamiers , qui a été
député en 1770 par la Métropole de Toulouſe
à l'Aflemblée Générale du Clergé de France ; &
il eft petit neveu de jean du Lau , Comte d'Al-
lemans , Brigadier des Armées du Roi , Com-
mandeur de l'Ordre de S. Louis , Gouverneur de
Doulens , ci devant Gouverneur de Cognac , &
Lieutenant-Colonel du Régiment du Roi Infan-
terie , qui a épousé par Contrat du mois d'Avril
1745 Jeanne- Louile de Cherifey , fille de Louis
Comte de Cherifey , Lieutenant- Général des Ar-
mées du Roi , Grand Croix de l'Ordre de S. Louis,
Gouverneur du Fort S. Jean de Marſeille , Com-
mandant de toute la Maifon du Roi , & d'Anne
de Paget, dont postérité le Comte d'Allemans
eft frere de Claude-Martin du Lau , Chevalier de
Malthe , Commandeur, de Nice en Provence ,
mort en 1746 , peu de tems après qu'il eut été
nommé à cette Commanderie ; de Jean Louis du
Lau, Baron de Chamniers , Capitaine au Régi-
ment d'Anjou Cavalerie ; & de Jean- Armand du
Lau Comte d'Allemans , Baron de Chamniers ,
Seigneur de Montardi , Couture , Brailac , &c.
Chevalier de l'Ordre de S. Louis , Capitaine au
Régiment du Roi infanterie , qui avoit épouſé
Antoinette-Julie de Beaupoil Saint-Aulaire , fille
de Louis de Beaupoil Saint-Aulaire , Marquis de
Lanmary , Baron d'Angerville , Seigneur des
Forges , Chabannes , &c . Grand & premier
Echanfon de France , Capitaine Commandant
les Gensdarmes de la Reine , & de Jeanne-Marie
OCTOBRE
.
1759
.
219
>
Perrault
,
Baronne
de
Milly
,
Rouvre
,
Angerville
&
la
Riviere
.
Jean
-
Armand
du
Lau
,
Comte
d'Al-
Hemans
,
a
laiffé
de
fon
mariage deux
fils
&
une
fille
fçavoir
1
°
.
Jean
-
Louis
-
Antoine
du Lau
,
Marquis
d'Allemans
,
Baron
de Chamniers
,
Sei-
gneur
de
la
Châtellenie
de Couture
,
&
des
Terres
&
Seigneurie
de Montardi
,
Celles
,
Bertric
&
au-
tres
lieux
qui
a
épousé
Marie Madeleine
le
Coigneux
fille
de
Jacques
Marquis de
Bellabre
,
&
de Marie
-
Anne
de
Neiret
de
la
Ravoye
,
Mar-
quife
de
Bellabre
,
dont
le
fils
aîné
Jean
Armand-
Marie
du Lau
eft
Enfeigne dans
le
Régiment
des
Gardes
Françoiſes
,
après avoir
fervi
dans
les
Chevaux
-
Légers de
la
Garde
.
2º
.
Henri du Lau
,
Chevalier
de
l'ordre
de
S.
Louis
,
Capitaine
au
Régiment de Conty
Cavalerie
,
&
Sufanne
du
Lau
,
mariée
à
Jean
de
Chapt
de
Raftinac
,
Comte
de
Puiguilhem
,
dont
postérité
.
La maifon du Comte du Lau qui donne lieu
à cet article , eft établie en Périgord dès l'an
1429 ; elle eft une branche cadette des Barons
du Lau en Béarn , que l'on a trouvé , après un
mur examen , être iffus des Souverains de Biſcaye,
Comtes d'Alaua & Seigneur de Lod en Biſcaye ;
on en a puiſé les preuves dans les Chartres , dans
les anciennes Chroniques , les Cartulaires & dans
les Hiftoires du temps. La Généalogie de la mai-
fon du Lau a été faite fur de femblables monu-
mens , & fur titres tous originaux , par le Che-
valier Blondeau de Charnage ; & elle fut com-
muniquée avec les titres à M. de Clairambault ,
Généalogifte des Ordres du Roi lorfque le Comte
du Lau obtint les honneurs de la Cour. Nous
défirerions pouvoir inférer ici cet Ouvrage , mais
il est d'une trop grande étendue à caufe des
branches que la maifon du Lau a produit : nous
dirons feulement deux mots fur le rang des an-
Kij
220 MERCURE DE FRANCE
•
"
:
ciens Seigneurs de cette maiſon & fur fon ori-
gine , & nous ne parlerons enfuite qué de la
Branche établie en Périgord.
La maifon du Lau , dit l'Auteur de la Généa-
logie , eft iffue des Souverains de Biſcaye , par
Inigo-Sanches , Seigneur de Lod en Biscaye',
neveu d'Inigo- Loppes Comte d'Alaua . Nous ne
fixerons pas ajoute-t-il l'origine de la maiſon
du Lau à Inigo- Sanches Seigneur de Lod : l'hif-
toire exige que nous la remontions à Dom Lop
ou Fort- Loup , furnommé Suria , * premier Sei-
gneur de Biscaye qui fut élu par la Nation ,
après une bataille qu'il avoit gagné étant à leur
tête , en l'année 870 , fur Ordogne , fils d'Al-
phonfe III , furnommé le Grand , Roi d'Oviedo
& de Léon en ce lieu , & dans tout le cours
de l'Ouvrage , l'Auteur rapporte plufieurs faits
hiftoriques , intérellans & relatifs à fon Ouvrage.
Fort- Loup épouſa 1 ° . Dalda , fille de Sanche-
Eftigues-Ortun , Seigneur de Tariba & de Du-
rango , de laquelle il eut Manfo - Lopes 2º Sei-
gaeur de Biscaye , & de Tariba , pere d'Inigo-
Lopes 3 Seigneur de Bilcaye , dont vint Lopes-
Dias 4 Seigneur de Bilcaye , qui époufa Elvire-
Bermundes , fille de Bermuy l'aînez , & dont il
eut deux fils & une fille , fçavoir , Sanche-
Lopes e Seigneur de Bifcaye , qui fuit , Inigo-
Lopes Comte d'Alaua 6 Seigneur de Biſcaye ,
& Urraca-Lopes mariée à Dom Fernand ,
Roi
de Léon. Sancho - Lopes fut tué à Cubijana de
Morillos en conduifant une armée au fecours
du Comte de Caftille ; il laiffa deux fils en bas
âge , Inigo Lopes , Seigneur de Lod en Biscaye ,
qui fuit , & fort-Sanches , Seigneur d'Orofco ,
tige de la maiſon de ce nom ,
Les Souverains de Biscaye n'ont jamais eu d'autre
sitre que celui de Şeigucup.
OCTOBRE
.
1759. 221
I
Inigo
-
Lopes
,
Seigneur
de
Lod
en
Biſcayé
,
fut
Gouverneur de
la
Ville
de
Navarre
,
&
grand
Ecuyer
des
Ecuries
de
Garcias
,
Roi de
Navarre
,
furnommé
le
Trembleur
:
il
n'étoit
qu'un enfant
à
la
mort
de
fon père
,
ce
qui
fit
que
les
Bifca-
yens engagés dans
des guerres
,
&
ayant
beſoin
d'un
Chef
expérimenté
,
élurent
en
la
place
pour
leur
Seigneur Inigo
Lopes
,
Comte
d'Alaua
for
oncle
paternel
,
*
qui
,
pour
le
dédommager
du
moinsen
quelque
forte
,
lui
donna
la
Seigneurie
de
Lod
en
Bifcaye
,
dent
fa poftérité
prit
lé
nom
on
a de
lui
des
titres
des
années
997
,
1014
&
1920
:
il
eut
deux
fils
,
fçavoir
,
Lopes-
Sanches
,
Seigneur
de
Lod
en
Bifcaye
,
tige
de
la
maifon de
ce
nom
&
de
celle
de
Merdoce
,
&
Guillaume
**
Sance
,
Seigneur
de
la
Terre
du
Lau
en Bearn
,
fituée
comme
dans
un
Fauxbourg
de
la
Ville
de
Lefcar
: il
époufa
une
Dame
nom-
mée
Sancia-
Vacca
;
ils
firent
donation
,
du
con-
fentement de
leurs
fils
,
au
Chapitre
de
Lefcar
,
d'une
partie
des
dixmes de
l'Eglife
du Lau
,
Calbet
du Lau
,
mort
avant
l'an
115
,
leur
petit-
fils
fur
Evêque de
Leſcard
:
Cajard
du Lau
fon
frere
eft
nommé
au rang
des
Barons
du
Béarn
,
après
les
Seigneurs de Gavaſton
&
de Navaille
,
&
avant ceux
de
Domii
,
de Miocens
,
&
autres
:
dans
l'acte
d'un
jugement
folemnel
en
faveur
de
l'Eglife
de
Lefcar
,
rendu par
Talefe
,
Vicomteſſe
de Béarn
,
en
l'abfence
de fon mari
,
vers l'an
1090.
la
maifon du Lau
,
toutesfois
ne
fut pas
comprife dans
le
Réglement de
l'an
1230
;
qui
reftraignoit les
Barons
du
Béarn à un
certain
nombre
;
mais
les
terres
du nom du Lau
,
fituées
***
* Les Hiftoriens s'accordent tous
en
ce
fait
.
**
On
diroit
Sanchés
,
fi
on
le fuivoit
en
Bifcave
.
***
Il
ne changea pas
le
nom
de
Calbet pour
celui
de
Guy
, fuivant qu'on
le
lit
dans
le
Gallia Chriftiana
.
K
iij
A
222 MERCURE DE FRANCE.
en
Chaloffe
&
en
Armagnac
,
ont
toujours
été
qualifiées
Baronnies
:
Arnaud
,
fils
de
Raymond
du Lau
,
étant
dans
le
deffein d'aller
à
la
Terre-
Sainte
,
fit
un
don
au
Chapitre
de
Dacqs
;
Sance
du Lau
fon
fils
,
s'empara
des
biens
que
fon pere
avoit
donné
,
&
les
rendit
en
l'année
1151
;
ces
biens furent
encore
repris
par
leur
poſtérité
,
qui
enfin
les
laiffa
entiérement
au
même
Chapitre
,
Arnaud du Lau
eft
nommé
au rang
des
Ba-
rons
des
terres
de Labour
&
d'Arberac
,
en
un
titre
de
l'an
1193
;
Ponce
,
Seigneur
du
Lau
,
épousa
en 1234
,
Jcanne
,
fille
d'Arivus
,
Vi-
comte
de
Corneillan
,
&
de Marie
de
Vernede
;
il
fut
témoin
avec
les
Seigneurs
de
l'Ifle
&
de
Comenge
,
de l'hommage
que Gerard
,
Comte
d'Armagnac
,
fit
en
1245 pour
fon Château
de
Mauvoifin
,
à
Raimond
,
Comte
de
Touloufe
:
Arnaud
Guillaume
&
Leberon
du
Lau
,
Chevaliers
,
furent
témoins
de l'hommage
que
le
même
Com-
te
d'Armagnac
rendit
en 1254
,
pour
les
Comtés
d'Armagnac
&
de
Fezenfac
,
à
Henri
III
,
Roi
d'Angleterre
,
&
Leberon
du Lau
s'en
rendit
cau
→
tion
Amanieu du Lau
,
Chevalier
de
l'Ordre
des Templiers
,
avoit été
député
en
1235
par
le
Clergé de Gafcogne
,
vers
le
même
Monarque
,
&
il
en
étoit très -
confidéré
;
Gerard
du
Lau
,
Chevalier
,
accompagna
Edouard
,
Roi
d'Angleterre
,
dans
fon
voyage de
la
Terre
Sainte
ce Prince l'envoya
à Ortés
l'an
1273
,
pour
ap
paifer
les
mouvemens
que Gaton
,
Vicomte de
Béarn
y
avoit excité
.
Arnaud Sequin , premier du nom du Lau ,
Chevalier Seigneur de la Baronnie du Lau &
des lieux de Laqui , Geles , Lobe , Heloda , Gau-
be , Pujo , Montijos , Carrera , Caftagnet , Sulaus ,
Perquier , Badigos , Lilauhet , Hontans , Caupet
Margaro , Coerbeoa , Halchet , de la Ville de
.
Fermer
Résumé : DE PARIS le 25 Août.
Le 25 août, un courrier de Vienne a rapporté que le 12 août, les troupes du Baron de Laudon avaient remporté une victoire près de Francfort contre les Prussiens, commandés par le Roi de Prusse en personne. Cette défaite a contraint le Roi de Prusse à se retirer précipitamment vers Custrin, abandonnant plus de quinze mille hommes, ainsi que son artillerie et ses bagages capturés. En octobre 1759, le Roi de France a accordé une place de Colonel dans les Grenadiers de France à Jean-Baptiste Comte du Lau, Lieutenant au Régiment du Roi. Le Comte du Lau est le fils d'Armand II du Lau et de Dame Françoise de Salleton de Laborie, et le petit-fils de Jean-Armand Marquis du Lau. Il est également neveu de plusieurs personnalités notables, dont Jean du Lau d'Allemans, Docteur en Théologie, et Jean-Armand du Lau, Brigadier des Armées du Roi. La maison du Comte du Lau est établie en Périgord depuis 1429 et est une branche cadette des Barons du Lau en Béarn. Selon les recherches généalogiques, cette maison est issue des Souverains de Biscaye, Comtes d'Alava et Seigneurs de Lod en Biscaye. La généalogie de la maison du Lau a été documentée par le Chevalier Blondeau de Charnage et communiquée à M. de Clairambault, Généalogiste des Ordres du Roi.
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92
p. 203
DE ROME, le 10 Décembre.
Début :
On mande de Naples, qu'il y a eu le 24 du mois dernier éruption du Vésuve [...]
Mots clefs :
Éruption du Vésuve, Lave, Nuages de cendres, Pape, Duc, Prince, Seigneur
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texteReconnaissance textuelle : DE ROME, le 10 Décembre.
De ROME , le 10 Décembre .
On mande de Naples , qu'il y a eu le 24 dù
mois dernier une éruption du Véfuve des plus
confidérables ; qu'il en eft forti , par cinq nouvelles
ouvertures , une quantité prodigieufe de
matière enflammée ; & que diverfes exploſions
ont pouffé le bitume & les cendres jufques vers
la Tour de la Nunziata : ce qui a rempli d'effroi
tous les habitans du canton .
Le 14 de ce mois le Pape a créé Prince le
Duc de Galean des Iffarts , Colonel d'Infanterie
au fervice de France , Chevalier des Ordres de
S. Hubert au Palatinat , & de Malthe. Sa Sainteté
a fait expédier à ce Seigneur le diplome conçu
dans les termes les plus honorables.
On mande de Naples , qu'il y a eu le 24 dù
mois dernier une éruption du Véfuve des plus
confidérables ; qu'il en eft forti , par cinq nouvelles
ouvertures , une quantité prodigieufe de
matière enflammée ; & que diverfes exploſions
ont pouffé le bitume & les cendres jufques vers
la Tour de la Nunziata : ce qui a rempli d'effroi
tous les habitans du canton .
Le 14 de ce mois le Pape a créé Prince le
Duc de Galean des Iffarts , Colonel d'Infanterie
au fervice de France , Chevalier des Ordres de
S. Hubert au Palatinat , & de Malthe. Sa Sainteté
a fait expédier à ce Seigneur le diplome conçu
dans les termes les plus honorables.
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Résumé : DE ROME, le 10 Décembre.
Le 24 novembre, le Vésuve a connu une éruption majeure avec cinq nouvelles fissures, libérant de la matière enflammée et projetant du bitume et des cendres jusqu'à la Tour de la Nunziata. Le 14 décembre, le Pape a élevé le Duc de Galean des Iffarts, Colonel d'Infanterie français et Chevalier des Ordres de Saint-Hubert et de Malte, au rang de Prince.
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93
p. 212-213
DE LONDRES, le 20 Mars.
Début :
Les troupes destinées pour l'Allemagne, s'embarquent actuellement en différens ports [...]
Mots clefs :
Troupes, Flotte, Escadre, Conseil de guerre, Mer baltique, Seigneur, Témoins
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 20 Mars.
De LONDRES , le 20 Mars.
Les troupes deftinées pour l'Allemagne , s'em
barquent actuellement en différens ports du
Royaume. On les fait monter à vingt-un mille
cinq cens hommes. La grande flotte qu'on deftine
à agir contre les côtes de France , eft à la rade
de Spithead , prête à mettre à la voile . Elle attend
les troupes qui doivent s'y embarquer .
L'efcadre deftinée pour la mer Baltique , n'eft
pas encore formée. On affure , que les Puiffances
du Nord ont témoigné , qu'elles ne verroient pas
avec indifférence une efcadre Angloife dans cette
mer.
Le Confeil de guerre , chargé de l'affaire du
Lord Georges Sackeville , a été occupé , depuis
le 6 jufqu'au 12 , à entendre les témoins venus
d'Allemagne , pour dépofer contre lui . Les
fieurs de Vilingerode & de Derenthal , Adjudans
généraux du Prince Ferdinand , font les deuxpincipaux.
On dit qu'ils l'ont beaucoup chargé.
AVRIL. 1760. 215
Ce Seigneur a produit , le 15 & les jours fuivans
, les témoins qui lui font favorables. La
décifion de ce Procès ne fçauroit tarder.
Les troupes deftinées pour l'Allemagne , s'em
barquent actuellement en différens ports du
Royaume. On les fait monter à vingt-un mille
cinq cens hommes. La grande flotte qu'on deftine
à agir contre les côtes de France , eft à la rade
de Spithead , prête à mettre à la voile . Elle attend
les troupes qui doivent s'y embarquer .
L'efcadre deftinée pour la mer Baltique , n'eft
pas encore formée. On affure , que les Puiffances
du Nord ont témoigné , qu'elles ne verroient pas
avec indifférence une efcadre Angloife dans cette
mer.
Le Confeil de guerre , chargé de l'affaire du
Lord Georges Sackeville , a été occupé , depuis
le 6 jufqu'au 12 , à entendre les témoins venus
d'Allemagne , pour dépofer contre lui . Les
fieurs de Vilingerode & de Derenthal , Adjudans
généraux du Prince Ferdinand , font les deuxpincipaux.
On dit qu'ils l'ont beaucoup chargé.
AVRIL. 1760. 215
Ce Seigneur a produit , le 15 & les jours fuivans
, les témoins qui lui font favorables. La
décifion de ce Procès ne fçauroit tarder.
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Résumé : DE LONDRES, le 20 Mars.
Le 20 mars, environ 21 500 soldats britanniques se préparent à embarquer vers l'Allemagne depuis divers ports du Royaume-Uni. Une flotte importante, destinée à opérer contre les côtes françaises, est prête à appareiller depuis Spithead et attend l'embarquement des troupes. L'escadre prévue pour la mer Baltique n'est pas encore constituée, en raison de la désapprobation des puissances du Nord face à une éventuelle présence navale britannique dans cette région. Parallèlement, le Conseil de guerre a auditionné du 6 au 12 mars des témoins allemands contre Lord Georges Sackeville. Les principaux témoins à charge sont les adjudants généraux du Prince Ferdinand, Vilingerode et Derenthal. Lord Georges Sackeville a présenté ses propres témoins favorables le 15 avril et les jours suivants. La décision de ce procès est imminente.
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94
p. 208-213
MORTS.
Début :
Messire Jean de Pujol, Brigadier des Armées du Roi, est mort le 30 Mai dernier [...]
Mots clefs :
Messire, Brigadier, Héritier, Maison de Buissy, Seigneur, Décès, Chevalier, Dame, Marquis, Comte, Duc
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texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Meffire Jean de Pujol , Brigadier des Armées
du Roi , eft mort le 30 Mai dernier au Château de
La Grave en Albigeois , dans la 83 ° année de fon
JUILLET. 17600. 200
age ; fans avoir pris d'alliance . Il'a fait ſon héritier
Meffire Pierre- Louis-Jacques de Pujol , Baron de
la Grave , Capitaine de Cavalerie au Régiment de
Royal-Piémont , fon arriere-petit- neveu Breton
M. de Pujol avoit mérité, par des fervites diftin
gués, des penfions confidérables,
-Le ſeize du mois de Mai dernier , mourut au
Château de Magreville,près Anvers , Marie Conftance
de Buiffy.
Elle étoit de l'ancienne Maifon de Builly , connue
en Arrois dès le commencement du douzième
frécle. On voit encore dans l'Abbaye de S. Aubert
en Flandres une chartre de l'an 1178, par laquelle
on prouve , que Hagues , fils de Thiebault de
Buifly fit plufieurs donations confidérables a cette
Abbaye. It s'y voit encore un autre Acte de donation
fait par un autre Thiebault de Buifly, en
Pan 1262. *
Les premiers qui foient connus,par une filiation
faivie , appuyée fur des actes authentiques , & done
les trois branches de ce nom actuellement exiftanres
en Picardie, prouvent leur defcendance , font :
• Premierement , Jean de Buiffy , premier du
nom , Ecuyer , Seigneur de Villers- Broulin , de
Villerelle , & de Noullette qui vivoit en 1380 ; il"
époufa Saincte de Gribauvalle. Il eut de ce ma
riage Jean fecond du nom , Seigneur defdites'
terres , qui prit pour femme Catherine de Mailly
en 1414.
Antoine, premier du nom, leur fils Ecuyer Seigheur
de Villers- Broulin & de Noulette , fur
marié en premieres noces à Catherine de Lieftre ,
dont il n'eut point d'enfans ; & en fecondes nôces,
à Marie du Lonvault, en 1459.
Hiftoire Généalogique des Pays- Bas , ou Hiftoire de
Cambrai & du Cambrefis. Par Jean Charpentier , pagy
178 & 38. Imprimé à Leyde , en 1664
I
218 MERCURE DE FRANCE.
Jean , troifiéme du nom , Ecuyer , Seigneur de
Villers Broulin & de Noulette,fils aîné d'Antoine
épo faJeanne de la Rivierre en 1479.Dont Jacques,
Philippe , François & Pierre , Auteurs de la branche
établie en l'icardie , rapportée après celle des
ainés.
Jacques ,de Bully , premier du nom, époufa
Francode d'Erces.
Thilippe ,fut allié avec Catherine de Poix.
*
Frans Builly , I'd non , époufa en premieres
noe Catherine de Boufflers , en fecondes,
Claire All Lis eurent pour enfans François de
Builly fecond du nom , Ecuyer Seigneur de
Noulette , mort fans alliance. En lui finit cette
bran , he,
Mariede Buifly,fa focur , Dame & héritiere de
Noulette, fur mariée avec laques de Brias , Chevalier
Seigneur de Brias, Gouverneur & Capitaine
de Marienbourg. Elle mourur, fans pofténté.
I
latelle de Bly , fa lceu & héritie e , époufa
Char es de Bonnieres , Chevalier Seigneur de
Souaftres , Comte de Guilnes , Gouverneur &,
Grand Bill de S. Omer . Par cetre alliance , les
te res de Villers Breulin & de Noulette fortirent
de la branche mafculine .
Pierre de Builly , premier du nom , Ecuyer ,
quatrieme fils de Jean de Buity , troifiéme du
nom , & de Janne de la Rivierre , eut pour femme
Agnette de Caullins.
De Cade de Buifly , fecond du nom , Chevalier
Seigneur Dumefnil Yvrench * , qui époufa
Marie- Marguerite l'Herminier , defcendante au
fixiéme degré dudit Pierre , premier du nom
& d'Aguette de Caullins , font fotti les trois
branches qui fubfiftent aujourd'hui .
Ces Terres font fituées dans le Comté de Ponthieu
en Picardie,
JUILLET. 1760 .
21
Pierre de Builly , fecond du nom , Chevalier
auffi Seigneur Dumefnil Yvrench , aîné par la
mort de fon frere , a formé la premiere bran
che. Il époufa , le 8 Juillet 1688 , Marie- Marguerite
Leblond d'Acqueft. De ce mariage font
nés Pierre- Paul de Builly , Prêtre Religieux de
Clugny , Prieur de Saint Gelais & de Saint Brilfon
, Vicaire général de l'Abbé de Clagny,
Trois autres fils morts fans pofterité , & trois
filles Religieufes .
François Jofeph de Buiffy , Chevalier Seigneur
Dumefnil Yvrench d'Acqueit &c. cinquiéme filsh
devenu aîné, fut marié le 27 Avril 1717 , à Ma
rie Marguerite Marthe le Bel d'Huchennevilleg
Dame de la Vicomté Dumefnil ; de laquelle il
eur 1 ° , un fils mort en bas âge , 1 °. Paul François
de Builly , Vicomte Dumefnil , Moufquetairer
Roi , né en 1731 , 3 ° . & 4º. Claude, Che
valier de Buiffy , Seigneur de Tacerville , Capi→
taine au Régiment de Lorraine , & Honoré Abbé
de Builly , Grand-Vicaire de Lombez , tous,
deux jumeaux nés en 1732.
Les tilles font , Marie- Marguerite- Marthe de
Builly , née en 1728 , & mariée en 1752 , à
Marc Antoine de Carpentier , Chevalier Seigneur
de Neuville Gapenne & autres lieux , Capitaine
au Régiment de Lorraine Infanterie , & Marie-
Thérele de Builly , dite Mademoifelle de Beal
court , morte fans avoir été mariée.
La feconde branche eut pour Chef Honoré de
Buifly , Chevalier Seigneur dudit Lieu , Châtelain
de Long , Seigneur , Fondateur & Patron de l'Eglife
Collégiale de Longprez aux Corps Saints,fe
cond fils de Claude de Buiffy , fecond du nom ,
Chevalier Seigneur Dumefnil Yvrench , & de
Marie- Marguerite l'Herminier. Il prit pour fem
me , l'an 1692 , Marie-Marguerite Fuzelier. De
112 MERCURE DE FRANCE
cè mariage, naquirent Honoré- Charles, qui faits
Jacques , Prêtre , Chanoine de la Cathédrale &
Grand-Vicaire de l'Evêque d'Arras, N *** de Buif
fy, Moufquetaire du Roi, & plufieurs filles mortes
fans être mariées.
: Honoré-Charles de Buiffy, Chevalier Châtelainde-
Long , Seigneur , fondateur & Patron de l'Eglife
Collégiale de Longprez , aux Corps Saints
&c. &c. &c. époufa , le 20 Février 1733 , The
refe - Genevieve Ravot-d'Ombreval. De ce mariage
font nés plufieurs garçons , morts en bas
age . Il ne refte que Pierre de Buiffy , troifiéme
du nom , Chevalier Seigneur de Longprez , né
en 1737 , reçu Chevaux - Léger de la Garde du
Roi en 1758 , & Officier au Régiment des Gar
des Françoiſes en 1759', & trois filles.
-L'Auteur de la troifiéme branche , eft Claude
Jofeph de Builly , Chevalier Seigneur de Moromainil,
Fontaine-lez-fec &c. troifiéme fils de
Claude de Builly. Il eut de fon mariage avec
Françoife de la. Caille , Pierre - Joſeph de Buiffy
qui fuit , & Françoife - Marguerite - Félicité de
Buiffy , Demoifelle de Ponthoille , morte fans être
mariée.
Pierre-Jofeph, épouſa Marie-Elizabeth Fuzelier.
Il eut de ce mariage quatre garçons & trois
Billes.
Les armes font d'argent , à la face de gueule ,
chargée de trois boucles d'or. Le cris d'armes , attente
nuit Buiffy. ・・
Dame Françoife Elizabeth de Rouxel de Gran
cey , veuve de Mellire Gabriel - Etienne - Louis
de Texier , Marquis d'Hautefeuille , Lieutenant
Général des Armées du Roi , & Meltre de Camp
Général des Dragons , mourut en cette Ville , le
Mai , dans la 88 année de fon âge.
JUILLET. 1760. 273
Therefe de Ligneville , fille de Jean-Jacques ,
Marquis de Ligneville , Comte du Saint Empire ,
& de Dame Soreau , eft morte à Marly , âgée
de 24 ans.
Claude-François de Narbonne- Peler , Evêque
de Leictour , eit mort dans fon Diocèfe , le 14
Mai , âgé de 68 ans.
Jeanne-Elizabeth , Douairiere de Chriſtian - Augufte
, Prince d'Anhalt - Zerbft , foeur du Roi de
Suéde , & mere de la grande Ducheſſe de Ruſ
fie , eft morte le 30 du mois dernier dans cette
Ville , où elle s'étoit retirée depuis deux ans , à
l'occafion des troubles qui regnent en Allemagne.
Cette Princeffe étoit dans fa 48º . année. Son
corps fera tranfporté en Allemagne , pour y
être inhumé dans le tombeau de la maifon d'Anhalt-
Zerbft.
Meffire Louis - Gabriel le Preftre , Marquis de
Vauban , Brigadier des Armées du Roi , mou
Fut le 22 du mois dernier , dans fon Châteam
de Vauban , âgé de 55 ans,
Meffire Jean de Pujol , Brigadier des Armées
du Roi , eft mort le 30 Mai dernier au Château de
La Grave en Albigeois , dans la 83 ° année de fon
JUILLET. 17600. 200
age ; fans avoir pris d'alliance . Il'a fait ſon héritier
Meffire Pierre- Louis-Jacques de Pujol , Baron de
la Grave , Capitaine de Cavalerie au Régiment de
Royal-Piémont , fon arriere-petit- neveu Breton
M. de Pujol avoit mérité, par des fervites diftin
gués, des penfions confidérables,
-Le ſeize du mois de Mai dernier , mourut au
Château de Magreville,près Anvers , Marie Conftance
de Buiffy.
Elle étoit de l'ancienne Maifon de Builly , connue
en Arrois dès le commencement du douzième
frécle. On voit encore dans l'Abbaye de S. Aubert
en Flandres une chartre de l'an 1178, par laquelle
on prouve , que Hagues , fils de Thiebault de
Buifly fit plufieurs donations confidérables a cette
Abbaye. It s'y voit encore un autre Acte de donation
fait par un autre Thiebault de Buifly, en
Pan 1262. *
Les premiers qui foient connus,par une filiation
faivie , appuyée fur des actes authentiques , & done
les trois branches de ce nom actuellement exiftanres
en Picardie, prouvent leur defcendance , font :
• Premierement , Jean de Buiffy , premier du
nom , Ecuyer , Seigneur de Villers- Broulin , de
Villerelle , & de Noullette qui vivoit en 1380 ; il"
époufa Saincte de Gribauvalle. Il eut de ce ma
riage Jean fecond du nom , Seigneur defdites'
terres , qui prit pour femme Catherine de Mailly
en 1414.
Antoine, premier du nom, leur fils Ecuyer Seigheur
de Villers- Broulin & de Noulette , fur
marié en premieres noces à Catherine de Lieftre ,
dont il n'eut point d'enfans ; & en fecondes nôces,
à Marie du Lonvault, en 1459.
Hiftoire Généalogique des Pays- Bas , ou Hiftoire de
Cambrai & du Cambrefis. Par Jean Charpentier , pagy
178 & 38. Imprimé à Leyde , en 1664
I
218 MERCURE DE FRANCE.
Jean , troifiéme du nom , Ecuyer , Seigneur de
Villers Broulin & de Noulette,fils aîné d'Antoine
épo faJeanne de la Rivierre en 1479.Dont Jacques,
Philippe , François & Pierre , Auteurs de la branche
établie en l'icardie , rapportée après celle des
ainés.
Jacques ,de Bully , premier du nom, époufa
Francode d'Erces.
Thilippe ,fut allié avec Catherine de Poix.
*
Frans Builly , I'd non , époufa en premieres
noe Catherine de Boufflers , en fecondes,
Claire All Lis eurent pour enfans François de
Builly fecond du nom , Ecuyer Seigneur de
Noulette , mort fans alliance. En lui finit cette
bran , he,
Mariede Buifly,fa focur , Dame & héritiere de
Noulette, fur mariée avec laques de Brias , Chevalier
Seigneur de Brias, Gouverneur & Capitaine
de Marienbourg. Elle mourur, fans pofténté.
I
latelle de Bly , fa lceu & héritie e , époufa
Char es de Bonnieres , Chevalier Seigneur de
Souaftres , Comte de Guilnes , Gouverneur &,
Grand Bill de S. Omer . Par cetre alliance , les
te res de Villers Breulin & de Noulette fortirent
de la branche mafculine .
Pierre de Builly , premier du nom , Ecuyer ,
quatrieme fils de Jean de Buity , troifiéme du
nom , & de Janne de la Rivierre , eut pour femme
Agnette de Caullins.
De Cade de Buifly , fecond du nom , Chevalier
Seigneur Dumefnil Yvrench * , qui époufa
Marie- Marguerite l'Herminier , defcendante au
fixiéme degré dudit Pierre , premier du nom
& d'Aguette de Caullins , font fotti les trois
branches qui fubfiftent aujourd'hui .
Ces Terres font fituées dans le Comté de Ponthieu
en Picardie,
JUILLET. 1760 .
21
Pierre de Builly , fecond du nom , Chevalier
auffi Seigneur Dumefnil Yvrench , aîné par la
mort de fon frere , a formé la premiere bran
che. Il époufa , le 8 Juillet 1688 , Marie- Marguerite
Leblond d'Acqueft. De ce mariage font
nés Pierre- Paul de Builly , Prêtre Religieux de
Clugny , Prieur de Saint Gelais & de Saint Brilfon
, Vicaire général de l'Abbé de Clagny,
Trois autres fils morts fans pofterité , & trois
filles Religieufes .
François Jofeph de Buiffy , Chevalier Seigneur
Dumefnil Yvrench d'Acqueit &c. cinquiéme filsh
devenu aîné, fut marié le 27 Avril 1717 , à Ma
rie Marguerite Marthe le Bel d'Huchennevilleg
Dame de la Vicomté Dumefnil ; de laquelle il
eur 1 ° , un fils mort en bas âge , 1 °. Paul François
de Builly , Vicomte Dumefnil , Moufquetairer
Roi , né en 1731 , 3 ° . & 4º. Claude, Che
valier de Buiffy , Seigneur de Tacerville , Capi→
taine au Régiment de Lorraine , & Honoré Abbé
de Builly , Grand-Vicaire de Lombez , tous,
deux jumeaux nés en 1732.
Les tilles font , Marie- Marguerite- Marthe de
Builly , née en 1728 , & mariée en 1752 , à
Marc Antoine de Carpentier , Chevalier Seigneur
de Neuville Gapenne & autres lieux , Capitaine
au Régiment de Lorraine Infanterie , & Marie-
Thérele de Builly , dite Mademoifelle de Beal
court , morte fans avoir été mariée.
La feconde branche eut pour Chef Honoré de
Buifly , Chevalier Seigneur dudit Lieu , Châtelain
de Long , Seigneur , Fondateur & Patron de l'Eglife
Collégiale de Longprez aux Corps Saints,fe
cond fils de Claude de Buiffy , fecond du nom ,
Chevalier Seigneur Dumefnil Yvrench , & de
Marie- Marguerite l'Herminier. Il prit pour fem
me , l'an 1692 , Marie-Marguerite Fuzelier. De
112 MERCURE DE FRANCE
cè mariage, naquirent Honoré- Charles, qui faits
Jacques , Prêtre , Chanoine de la Cathédrale &
Grand-Vicaire de l'Evêque d'Arras, N *** de Buif
fy, Moufquetaire du Roi, & plufieurs filles mortes
fans être mariées.
: Honoré-Charles de Buiffy, Chevalier Châtelainde-
Long , Seigneur , fondateur & Patron de l'Eglife
Collégiale de Longprez , aux Corps Saints
&c. &c. &c. époufa , le 20 Février 1733 , The
refe - Genevieve Ravot-d'Ombreval. De ce mariage
font nés plufieurs garçons , morts en bas
age . Il ne refte que Pierre de Buiffy , troifiéme
du nom , Chevalier Seigneur de Longprez , né
en 1737 , reçu Chevaux - Léger de la Garde du
Roi en 1758 , & Officier au Régiment des Gar
des Françoiſes en 1759', & trois filles.
-L'Auteur de la troifiéme branche , eft Claude
Jofeph de Builly , Chevalier Seigneur de Moromainil,
Fontaine-lez-fec &c. troifiéme fils de
Claude de Builly. Il eut de fon mariage avec
Françoife de la. Caille , Pierre - Joſeph de Buiffy
qui fuit , & Françoife - Marguerite - Félicité de
Buiffy , Demoifelle de Ponthoille , morte fans être
mariée.
Pierre-Jofeph, épouſa Marie-Elizabeth Fuzelier.
Il eut de ce mariage quatre garçons & trois
Billes.
Les armes font d'argent , à la face de gueule ,
chargée de trois boucles d'or. Le cris d'armes , attente
nuit Buiffy. ・・
Dame Françoife Elizabeth de Rouxel de Gran
cey , veuve de Mellire Gabriel - Etienne - Louis
de Texier , Marquis d'Hautefeuille , Lieutenant
Général des Armées du Roi , & Meltre de Camp
Général des Dragons , mourut en cette Ville , le
Mai , dans la 88 année de fon âge.
JUILLET. 1760. 273
Therefe de Ligneville , fille de Jean-Jacques ,
Marquis de Ligneville , Comte du Saint Empire ,
& de Dame Soreau , eft morte à Marly , âgée
de 24 ans.
Claude-François de Narbonne- Peler , Evêque
de Leictour , eit mort dans fon Diocèfe , le 14
Mai , âgé de 68 ans.
Jeanne-Elizabeth , Douairiere de Chriſtian - Augufte
, Prince d'Anhalt - Zerbft , foeur du Roi de
Suéde , & mere de la grande Ducheſſe de Ruſ
fie , eft morte le 30 du mois dernier dans cette
Ville , où elle s'étoit retirée depuis deux ans , à
l'occafion des troubles qui regnent en Allemagne.
Cette Princeffe étoit dans fa 48º . année. Son
corps fera tranfporté en Allemagne , pour y
être inhumé dans le tombeau de la maifon d'Anhalt-
Zerbft.
Meffire Louis - Gabriel le Preftre , Marquis de
Vauban , Brigadier des Armées du Roi , mou
Fut le 22 du mois dernier , dans fon Châteam
de Vauban , âgé de 55 ans,
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Résumé : MORTS.
En mai et juin 1760, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Jean de Pujol, Brigadier des Armées du Roi, est décédé le 30 mai à l'âge de 83 ans au Château de La Grave en Albigeois. Il a désigné comme héritier Pierre-Louis-Jacques de Pujol, Baron de la Grave, Capitaine de Cavalerie au Régiment de Royal-Piémont. Marie Constance de Buissy est morte le 16 mai au Château de Magreville près d'Anvers. Elle appartenait à l'ancienne Maison de Builly, une famille connue en Artois dès le douzième siècle. Le texte mentionne également plusieurs autres décès, notamment ceux de Dame Françoise Élisabeth de Rouxel de Grancy, veuve du Marquis d'Hautefeuille, Thérèse de Ligneville, Claude-François de Narbonne-Péler, Évêque de Lecoustre, et Jeanne-Élisabeth, Douairière de Christian-Auguste, Prince d'Anhalt-Zerbst. Louis-Gabriel Le Prestre, Marquis de Vauban, Brigadier des Armées du Roi, est décédé le 22 mai dans son château. Sébastien Le Prestre de Vauban, né en 1633, était un ingénieur militaire et architecte français célèbre pour ses fortifications et ses contributions à l'art de la guerre. Il a servi sous Louis XIV et a joué un rôle crucial dans la modernisation des défenses françaises. Ses travaux incluent la construction de citadelles et de remparts, ainsi que des innovations en matière de siège et de défense. Vauban est également connu pour ses écrits sur les fortifications et la stratégie militaire, qui ont influencé les pratiques militaires en Europe.
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95
p. 201
MARIAGE.
Début :
Le 22 Septembre 1760, Très Haut & Très-Puissant Seigneur Timoleon [...]
Mots clefs :
Seigneur, Comte, Marquis, Dame, Demoiselle, Fille, Fils, Contrat de mariage, Bénédiction nuptiale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
}
Le 22 Septembre 1760 , Très Haut & Trèse'
Puillant Seigneur Timoleon - Antoine - Jofeph-
François-Louis- Alexandre Comte d'Elpinay , de
Saint Luc , Marquis de Lignery , fils de défunt
Très Haut & Très - Puiffant Seigneur François
d'Efpinay de Saint- Luc , Marquis de Lignery ,
Meftre de Camp de Cavalerie , & de Très- Haute
& Très- Puillante Dame Marie Madeleine- Louife-
Catherine de Samfon , Dame de Lorcheres , fut
marié dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen
avec Très - Haute & Très Puillante Demoiſelle
Marie - Bernardine Cadot de Sebeville , fille du
défunt Très- Haut & Très- Puillant Seigneur Bernardin
- François Calot , Marquis de Sebeville ,
Colonel du Régiment du Vieux - Languedoc Dragons
, & de Très - Haute & Très Puiflante Dame
Barbe Anzeray de Courvaudon.
La Bénédiction Nuptiale leur fut donnée par
M. l'Archevêque de Rouen .
Leur Contrat de Mariage avoir été figné par le
Roi , la Reine & la Famille Royale , le 14 Sep
tembre.
}
Le 22 Septembre 1760 , Très Haut & Trèse'
Puillant Seigneur Timoleon - Antoine - Jofeph-
François-Louis- Alexandre Comte d'Elpinay , de
Saint Luc , Marquis de Lignery , fils de défunt
Très Haut & Très - Puiffant Seigneur François
d'Efpinay de Saint- Luc , Marquis de Lignery ,
Meftre de Camp de Cavalerie , & de Très- Haute
& Très- Puillante Dame Marie Madeleine- Louife-
Catherine de Samfon , Dame de Lorcheres , fut
marié dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen
avec Très - Haute & Très Puillante Demoiſelle
Marie - Bernardine Cadot de Sebeville , fille du
défunt Très- Haut & Très- Puillant Seigneur Bernardin
- François Calot , Marquis de Sebeville ,
Colonel du Régiment du Vieux - Languedoc Dragons
, & de Très - Haute & Très Puiflante Dame
Barbe Anzeray de Courvaudon.
La Bénédiction Nuptiale leur fut donnée par
M. l'Archevêque de Rouen .
Leur Contrat de Mariage avoir été figné par le
Roi , la Reine & la Famille Royale , le 14 Sep
tembre.
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Résumé : MARIAGE.
Le 22 septembre 1760, Timoléon-Antoine-Joseph-François-Louis-Alexandre Comte d'Elpinay, Marquis de Lignery, a épousé Marie Bernardine Cadot de Sebeville. La cérémonie s'est déroulée dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen. Le contrat de mariage avait été signé par le Roi, la Reine et la Famille Royale le 14 septembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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96
p. 202
MORTS.
Début :
Le 27 Septembre, Messire Louis de la Tour-du-Pin, Marquis de Montauban, [...]
Mots clefs :
Messire, Marquis, Seigneur, Prince du sang, Décès, Fils, Comte, Colonel, Dame, Veuve
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texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S
Le 27 Septembre ,Meffire Louis de la Tour- du-
Pin , Marquis de Montauban , Seigneur de Roquebeau
, premier Cornette des Chevaux- légers
d'Aquitaine , & Chambellan de Monfeigneur le
Duc d'Orleans , premier Prince du Sang , mourut
au Palais Royal , âgé de vingt ans , dix mois.
Il étoit fils aîné de Meffire Louis de la Tour- du-
Pin , Comte de Montauban , Brigadier des Armées
du Roi & premier Ecuyer de Monſeigneur le
Duc d'Orléans , décédé le s Avril dernier , & dont
la mort a été annoncée dans le Mercure du mois
de Mai de cette année.
Hugues -Jean - Baptifte - François le Bourfier .
chargé des affaires de S. A. S. Monfeigneur le
Duc de Modène , eft mort le Lundi 6 Octobre ,
âgé de 49 ans.:
Meffire Jean- François de Boyvin , Marquis de
Bacqueville , ancien Colonel d'Infanterie , eft
mort à Paris le 7 , âgé de foixante & douze ans.
Le feu ayant pris à une aîle de fa Maiſon , fife fur
Te Quai des Théatins , il a malheureuſement péri
dans cet incendie..
Dame Marie- Lambertine de la Marque, veuve
de Meffire Auguftin - Louis , Marquis de Xime-
Maréchal des Camps & Armées du Roi , eſt
morte le 10 de ce mois , âgée de cinquante- neuf
nez ,
ans.
Le 27 Septembre ,Meffire Louis de la Tour- du-
Pin , Marquis de Montauban , Seigneur de Roquebeau
, premier Cornette des Chevaux- légers
d'Aquitaine , & Chambellan de Monfeigneur le
Duc d'Orleans , premier Prince du Sang , mourut
au Palais Royal , âgé de vingt ans , dix mois.
Il étoit fils aîné de Meffire Louis de la Tour- du-
Pin , Comte de Montauban , Brigadier des Armées
du Roi & premier Ecuyer de Monſeigneur le
Duc d'Orléans , décédé le s Avril dernier , & dont
la mort a été annoncée dans le Mercure du mois
de Mai de cette année.
Hugues -Jean - Baptifte - François le Bourfier .
chargé des affaires de S. A. S. Monfeigneur le
Duc de Modène , eft mort le Lundi 6 Octobre ,
âgé de 49 ans.:
Meffire Jean- François de Boyvin , Marquis de
Bacqueville , ancien Colonel d'Infanterie , eft
mort à Paris le 7 , âgé de foixante & douze ans.
Le feu ayant pris à une aîle de fa Maiſon , fife fur
Te Quai des Théatins , il a malheureuſement péri
dans cet incendie..
Dame Marie- Lambertine de la Marque, veuve
de Meffire Auguftin - Louis , Marquis de Xime-
Maréchal des Camps & Armées du Roi , eſt
morte le 10 de ce mois , âgée de cinquante- neuf
nez ,
ans.
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Résumé : MORTS.
En septembre et octobre, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Le 27 septembre, Louis de la Tour-du-Pin, Marquis de Montauban, premier Cornette des Chevaux-légers d'Aquitaine et Chambellan du Duc d'Orléans, est décédé au Palais Royal à l'âge de vingt ans et dix mois. Il était le fils aîné de Louis de la Tour-du-Pin, Comte de Montauban, décédé en avril précédent. Le 6 octobre, Hugues-Jean-Baptiste-François le Bourfier, chargé des affaires du Duc de Modène, est mort à l'âge de 49 ans. Le 7 octobre, Jean-François de Boyvin, Marquis de Bacqueville et ancien Colonel d'Infanterie, a péri dans un incendie à Paris à l'âge de 62 ans. Enfin, le 10 octobre, Marie-Lambertine de la Marque, veuve du Marquis de Ximenez et Maréchal des Camps et Armées du Roi, est décédée à l'âge de 59 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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97
p. 224-232
CINQUIÈME BAL, le 14 Février.
Début :
Le Mai Flamand fut le Sujet d'un nouveau Ballet, pour cette dernière [...]
Mots clefs :
Seigneur, Cœur, Ballet, Filles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CINQUIÈME BAL, le 14 Février.
CINQUIÈME BAL , le 14 Février.
Le Mai Flamand fut le Sujet d'un
nouveau Ballet , pour cette dernière
Nuit. Plus Pantomime , plus en action
& plus compofé qu'aucun des précédens
, nous allons éffayer de détailler
la compofition & les parties du tableau
qu'il repréfentoit. L'objet en étoit l'hom
mage rendu les habitans d'un canton
de Flandres à un ancien & très - grand
Seigneur de ce Pays. On fuppofe quel'action
de cet hommage étoit de planter un
Mai devant fon château , avec tout
l'appareil & toute la gaîé des fêtes qui
peuvent embellir cette forte de cérémonial
champêtre.
par
Ainfi cela formoit deux corps de ballet
diftingués. L'un compofé du Seigneur
avec fa famille , les Seigneurs & Dames
de fa Cour ou de fa compagnie , &
tout le cortége qui accompagnoit les
Seigneurs de ce pays. Dans l'autre corps
de Ballet étoient les Habitans avec un
Bourgmestre à leur tête.
ر
MARS. 1763. 225
La Salle du Bal repréfentoit la Scène
convenable à cette action : un château
antique dans le fond , du genre des anciens
édifices de Flandres , & la partie
où l'on danfoit ornée de verdure & de
fleurs.
Diftribution des Perfonnages danfans
dans le Ballet.
LE
SEIGNEUR ,
Un SEIGNEUR de
fa Compagnie ,
Le Fils du SEIgneur
,
La Fille du SEIGNEUR
,
Une Dame de la
Cour du SEIGNEUR
,
M. le Marquis de
SERAN.
M. leMarquis d'AVARAI.
MM.. llee Comte de
LAVAIR.
Mde la Comteffe
d'ESPARBÉS
.”
Mde la Marquife
de BRANCAS.
La Gouvernante , Mdela Ducheffe de
MAZARIN.
Le Bourgmestre , M. le Marquis de
GARÇONS duVillage,
ouPayfans
Flamans.
VAUDREUIL.
FILLES du Villa
ge ou Flamandes.
M. le Duc de Mde la Marquife
FRONSAC .
de BEZONS .
K v z
226 MERCURE DE FRANCE.
M. le Marquis de
DURAS : mo ha
M. le Comte de
RABODANGE.
M. le Vicomte de
CHABOT.
M. le Comte
COIGNY.
de
M. le Chevalier de
COIGNYAY
Mde la Baronne de
WASSEBERGH
.
Mde la Ducheffe
de CoSSÉ.
Mde la Marquife
d'AVARAI.
Mde la Vicomteffe
de BEAUNE.
Mde de ROCHAMBEAU
.
Six Pages vêtus à l'antique & à la
Flamande.
Symphonistes.
Deux Pages , portant chacun un faucon
fur le poing , ouvroient la marche.
Enfuite paroiffoit le Seigneur , fuivi de
deux autres Pages , dont l'un portoir fa
Rondache & l'autre fon Epée. Le jeune
Seigneur , fa Soeur , avec la Gouvernante
, entroient à la fuite avec deux
autres Pages , dont l'un portoit un Arc
& l'autre une Lance. La Dame & le Seigneur
de cette Cour les fuivoient.
Le Bourgmestre ( vêtu de noir & dans
l'exact habillement des portraits de Wandeik
& Reimbranz ) étoit fuivi des Payfannes
Flamandes & dé Symphoniſtes ,
dont les inftrumens étoient ornés de rubans
& d'oripeaux,
MARS. 1763. 227
Le Seigneur , avec fa Famille & fa
Cour , alloir prendre place au fond de
la Salle. Quelques Garçons du Village
faifoient groupe au milieu de la Salle ;
d'autres pofoient par derriere des gradins
de gazon. On apportoit enfuite le Mai ,
& les Payfans Flamands qui le portoient
avoient des maillets & des coins pour le
planter.
Le Bourgmestre faifoit ranger les Filles
du Village en demi-rond. Il ordonnoit
enfuite aux Symphonistes de commencer
une Sérénade en l'honneur du
Seigneur , pendant laquelle les Garçons
élevoient le Mai , qui étoit orné de cercles
de fleurs par étages. Sur la fin de
la Sérénade , les Symphoniftes alloient
fe placer fur les gradins de gazons , au
pied du Mai qu'ils environnoient.
Ces Joueurs d'inftrumens , vêtus à
la Flamande & de couleur forte , ainfi
groupés au centre , faifoient valoir &
reffortir les autres parties éclatantes du
tableau .
Les filles du Village conduifoient
en danfant le Bourguemeftre à un fiége
préparé auprès du Mai en face de la
Cour. Dès qu'il y étoit affis , les Garçons
Flamands & les Filles formoient
enfemble plufieurs danfes autour de ce
Mai. K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Le Bourguemeftre fe levoit ; il alloit
inviter le Seigneur à danfer avec fa
Compagnie , & retournoit gravement
reprendre fa place. Le Seigneur fa
Famille & fa Compagnie , danfoient
des Entrées conformes à la dignité de
leurs caractères..
,
Tout le Village applaudiffoit par des
battemens de mains à la complaifance
du Seigneur & de fa Cour. Tous formoient
une Entrée de trois en trois, ce
qui faifoit quatre groupes aux quatre
coins de la Salle .
Les Pages s'approchoient du Mai , en
détachoient de très-longues guirlandes
de fleurs , dont il étoit entouré. Sur la
fin des précédentes entrées , ils alloient
occuper les quatre angles , & les deux
milieux de côté de la Salle , en tenant &
foulevant les extrémités des guirlandes ,
ce qui formoit un Baldaquin très- galant.
Sur des Allemandes que jouoit la
Symphonie , le Seigneur fe levoit avec
vivacité & alloit inviter les Dames du
Bal à danfer , en leur préfentant les
hommes de fa cour. Les Filles du Village
alloient prendre des hommes dans
le Bal , & tous enfemble danfoient
fous le Baldaquin de fleurs. Ce moment
MARS. 1763. 229
de mêlange des Flamands avec les autres
Perfonnes du Bal produifoit un
tumulte de gaîté très-piquant & trèsagréable.
Le Bourgmeftre interrompoit
ces Danfes ; & lorfque le Seigneur
avec fa cour avoit repris fa place au bas
des loges de SA MAJESTÉ , il raffembloit
tous fes habitans en demi cercle
& chantoit les couplets fuivans
fur
l'Air de la Ronde des Amours Grivois
ainfi qu'il eft notté ci- contre. Tous les
couplets étoient adreffés au Seigneur
& les Affiftans en répétoient le
refrain au Choeur,
Vla donc not' Mai qu'eſt planté !
Je viens compléter l'hommage.
Pour nous donner plus d'gaîté ,
Et couronner notre ouvrage,
Faut la chanson du Seigneur ;
C'est dans l'ordre & c'eft l'ufage ;
Le coeur doit donner au coeur ( refrain . )
Le vrai droit du Seigneur.
Son Domaine eft ben peuplé ;
Quoiqu'ça falle ben du monde ,
Tout ç'monde- là raſſemblé ,
F'roit chorus à notre ronde ,
Diroit comm'nous : »> notre bonheur
» Sur vos jours , fur vous fe fonde ;
230 MERCURE DE FRANCE.
> Tous nos coeurs ne font qu'un coeur ;
» C'eft l'vrai droit du Seigneur.
On l'aim'roit quand i'n' feroit
Pas d'une auffi bonn'famille :
Pourquoi ? ç'eft qu'il brillercit
Partout où la bonté brille .
Et quand nous l'chantons , l'ardeur
Qui dans tous nos yeux petille ,
Rend ben moins au rang qu'au coeur
De notre bon Seigneur.
A par foi chacun penſoit
C'que jly dis , qu'eft ben , c'que j'penſe
A tous nos coeurs ça peloit ;
Pour eux l'mien rompt le filence :
Au furplus ça n'fait qu'un coeur
De plus dans la confidence.
Ouvrons donc nos coeurs en choeur
A notre bon Seigneur.
Sa Famill' qu'il couv' des yeux
En bonté comin'ça lui r'ſemble !
Tous ont leur part dans les voeux
Qu'un mêm' zéle ici raffemble :
Ils aimont tant not' bonheur
Que pour nous ils n'ont enſemble
Qu'un mêm' coeur qui tient du coeur
De notre bon Seigneur .
MARS. 231
Avant de v'nir , je m'difois :
Comment eft-c' que j'vais m'y prendre ?
J'voulois chanter ; puis j'nofois :
V'la pourtant qui'l vient d'mentendre !
Sa bonté guérit d'la peur ;
Si ça m'fait trop entreprendre ;
Le pardon eft dans fon coeur :
C'eſt d'vrai droit du Seigneur.
Cette Ronde fut chantée très- agréablement
, avec beaucoup de naturel &
d'enjouement. Chaque couplet en étoit
univerfellement applaudi.
Après la Ronde , les Garçons alloient
inviter le Bourgmestre à danfer : il s'en
défendoit beaucoup , il refufoit même
les Filles : mais il étoit entraîné par
toutes ces troupes réunies . Enfuite il
s'animoit ; enforte qu'il danfoit une entrée
feul ; puis il alloit prendre le Seigneur
& fa cour, qu'il engageoit à danfer
avec lui . Les Garçons & les Filles formoient
un Rond , qui environnoit le
Seigneur , fa Cour & le Bourgmeftre.
Un groupe général de tous les perfonnages
terminoit le Ballet d'une manière
très- brillante.
La compofition générale du Ballet &
de toutes les Entrées eft du fieur de
132 MERCURE DE FRANCE.
Heffe ; le fieur Lani avoit compofé les
premieres Entrées du Seigneur & de fa
Cour.
Nous ne donnerons point le détail
des Habillemens , il nous fuffira de dire
que l'effet général en parut brillant &
agréable. Ils étoient tous dans le genre
convenable , & l'Enfemble produifoit
deux Tableaux réunis fidélement
”
,
copiés mais avec choix choix , d'après
Vauwermans , pour les Flamands de
qualité , & d'après Tenieres pour les
Villageois.
Ce Ballet eût le fuccès qu'on
s'en étoit promis . Il fut exécuté avec la
plus grande précifion & les grâces propres
du genre , dans tous les caractères
différens dont il étoit compofé . Il fut
redemandé & danfé trois fois dans cette
même nuit , & toutes les fois applaudi
avec une nouvelle vivacité.
M. le DUC DE DURAS , Premier
Gentilhomme de la Chambre en exercice
, fecondé de MM. les autres Gentilshommes
de la Chambre , faifoit les
honneurs à tous ces Bals.
Il y avoit dans les Salles joignantes
celle du Bal , toutes les fortes de rafraîchiffemens
que l'on pouvoit defirer,
ainfi que les Bouillons , confommés & c.
Le Mai Flamand fut le Sujet d'un
nouveau Ballet , pour cette dernière
Nuit. Plus Pantomime , plus en action
& plus compofé qu'aucun des précédens
, nous allons éffayer de détailler
la compofition & les parties du tableau
qu'il repréfentoit. L'objet en étoit l'hom
mage rendu les habitans d'un canton
de Flandres à un ancien & très - grand
Seigneur de ce Pays. On fuppofe quel'action
de cet hommage étoit de planter un
Mai devant fon château , avec tout
l'appareil & toute la gaîé des fêtes qui
peuvent embellir cette forte de cérémonial
champêtre.
par
Ainfi cela formoit deux corps de ballet
diftingués. L'un compofé du Seigneur
avec fa famille , les Seigneurs & Dames
de fa Cour ou de fa compagnie , &
tout le cortége qui accompagnoit les
Seigneurs de ce pays. Dans l'autre corps
de Ballet étoient les Habitans avec un
Bourgmestre à leur tête.
ر
MARS. 1763. 225
La Salle du Bal repréfentoit la Scène
convenable à cette action : un château
antique dans le fond , du genre des anciens
édifices de Flandres , & la partie
où l'on danfoit ornée de verdure & de
fleurs.
Diftribution des Perfonnages danfans
dans le Ballet.
LE
SEIGNEUR ,
Un SEIGNEUR de
fa Compagnie ,
Le Fils du SEIgneur
,
La Fille du SEIGNEUR
,
Une Dame de la
Cour du SEIGNEUR
,
M. le Marquis de
SERAN.
M. leMarquis d'AVARAI.
MM.. llee Comte de
LAVAIR.
Mde la Comteffe
d'ESPARBÉS
.”
Mde la Marquife
de BRANCAS.
La Gouvernante , Mdela Ducheffe de
MAZARIN.
Le Bourgmestre , M. le Marquis de
GARÇONS duVillage,
ouPayfans
Flamans.
VAUDREUIL.
FILLES du Villa
ge ou Flamandes.
M. le Duc de Mde la Marquife
FRONSAC .
de BEZONS .
K v z
226 MERCURE DE FRANCE.
M. le Marquis de
DURAS : mo ha
M. le Comte de
RABODANGE.
M. le Vicomte de
CHABOT.
M. le Comte
COIGNY.
de
M. le Chevalier de
COIGNYAY
Mde la Baronne de
WASSEBERGH
.
Mde la Ducheffe
de CoSSÉ.
Mde la Marquife
d'AVARAI.
Mde la Vicomteffe
de BEAUNE.
Mde de ROCHAMBEAU
.
Six Pages vêtus à l'antique & à la
Flamande.
Symphonistes.
Deux Pages , portant chacun un faucon
fur le poing , ouvroient la marche.
Enfuite paroiffoit le Seigneur , fuivi de
deux autres Pages , dont l'un portoir fa
Rondache & l'autre fon Epée. Le jeune
Seigneur , fa Soeur , avec la Gouvernante
, entroient à la fuite avec deux
autres Pages , dont l'un portoit un Arc
& l'autre une Lance. La Dame & le Seigneur
de cette Cour les fuivoient.
Le Bourgmestre ( vêtu de noir & dans
l'exact habillement des portraits de Wandeik
& Reimbranz ) étoit fuivi des Payfannes
Flamandes & dé Symphoniſtes ,
dont les inftrumens étoient ornés de rubans
& d'oripeaux,
MARS. 1763. 227
Le Seigneur , avec fa Famille & fa
Cour , alloir prendre place au fond de
la Salle. Quelques Garçons du Village
faifoient groupe au milieu de la Salle ;
d'autres pofoient par derriere des gradins
de gazon. On apportoit enfuite le Mai ,
& les Payfans Flamands qui le portoient
avoient des maillets & des coins pour le
planter.
Le Bourgmestre faifoit ranger les Filles
du Village en demi-rond. Il ordonnoit
enfuite aux Symphonistes de commencer
une Sérénade en l'honneur du
Seigneur , pendant laquelle les Garçons
élevoient le Mai , qui étoit orné de cercles
de fleurs par étages. Sur la fin de
la Sérénade , les Symphoniftes alloient
fe placer fur les gradins de gazons , au
pied du Mai qu'ils environnoient.
Ces Joueurs d'inftrumens , vêtus à
la Flamande & de couleur forte , ainfi
groupés au centre , faifoient valoir &
reffortir les autres parties éclatantes du
tableau .
Les filles du Village conduifoient
en danfant le Bourguemeftre à un fiége
préparé auprès du Mai en face de la
Cour. Dès qu'il y étoit affis , les Garçons
Flamands & les Filles formoient
enfemble plufieurs danfes autour de ce
Mai. K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Le Bourguemeftre fe levoit ; il alloit
inviter le Seigneur à danfer avec fa
Compagnie , & retournoit gravement
reprendre fa place. Le Seigneur fa
Famille & fa Compagnie , danfoient
des Entrées conformes à la dignité de
leurs caractères..
,
Tout le Village applaudiffoit par des
battemens de mains à la complaifance
du Seigneur & de fa Cour. Tous formoient
une Entrée de trois en trois, ce
qui faifoit quatre groupes aux quatre
coins de la Salle .
Les Pages s'approchoient du Mai , en
détachoient de très-longues guirlandes
de fleurs , dont il étoit entouré. Sur la
fin des précédentes entrées , ils alloient
occuper les quatre angles , & les deux
milieux de côté de la Salle , en tenant &
foulevant les extrémités des guirlandes ,
ce qui formoit un Baldaquin très- galant.
Sur des Allemandes que jouoit la
Symphonie , le Seigneur fe levoit avec
vivacité & alloit inviter les Dames du
Bal à danfer , en leur préfentant les
hommes de fa cour. Les Filles du Village
alloient prendre des hommes dans
le Bal , & tous enfemble danfoient
fous le Baldaquin de fleurs. Ce moment
MARS. 1763. 229
de mêlange des Flamands avec les autres
Perfonnes du Bal produifoit un
tumulte de gaîté très-piquant & trèsagréable.
Le Bourgmeftre interrompoit
ces Danfes ; & lorfque le Seigneur
avec fa cour avoit repris fa place au bas
des loges de SA MAJESTÉ , il raffembloit
tous fes habitans en demi cercle
& chantoit les couplets fuivans
fur
l'Air de la Ronde des Amours Grivois
ainfi qu'il eft notté ci- contre. Tous les
couplets étoient adreffés au Seigneur
& les Affiftans en répétoient le
refrain au Choeur,
Vla donc not' Mai qu'eſt planté !
Je viens compléter l'hommage.
Pour nous donner plus d'gaîté ,
Et couronner notre ouvrage,
Faut la chanson du Seigneur ;
C'est dans l'ordre & c'eft l'ufage ;
Le coeur doit donner au coeur ( refrain . )
Le vrai droit du Seigneur.
Son Domaine eft ben peuplé ;
Quoiqu'ça falle ben du monde ,
Tout ç'monde- là raſſemblé ,
F'roit chorus à notre ronde ,
Diroit comm'nous : »> notre bonheur
» Sur vos jours , fur vous fe fonde ;
230 MERCURE DE FRANCE.
> Tous nos coeurs ne font qu'un coeur ;
» C'eft l'vrai droit du Seigneur.
On l'aim'roit quand i'n' feroit
Pas d'une auffi bonn'famille :
Pourquoi ? ç'eft qu'il brillercit
Partout où la bonté brille .
Et quand nous l'chantons , l'ardeur
Qui dans tous nos yeux petille ,
Rend ben moins au rang qu'au coeur
De notre bon Seigneur.
A par foi chacun penſoit
C'que jly dis , qu'eft ben , c'que j'penſe
A tous nos coeurs ça peloit ;
Pour eux l'mien rompt le filence :
Au furplus ça n'fait qu'un coeur
De plus dans la confidence.
Ouvrons donc nos coeurs en choeur
A notre bon Seigneur.
Sa Famill' qu'il couv' des yeux
En bonté comin'ça lui r'ſemble !
Tous ont leur part dans les voeux
Qu'un mêm' zéle ici raffemble :
Ils aimont tant not' bonheur
Que pour nous ils n'ont enſemble
Qu'un mêm' coeur qui tient du coeur
De notre bon Seigneur .
MARS. 231
Avant de v'nir , je m'difois :
Comment eft-c' que j'vais m'y prendre ?
J'voulois chanter ; puis j'nofois :
V'la pourtant qui'l vient d'mentendre !
Sa bonté guérit d'la peur ;
Si ça m'fait trop entreprendre ;
Le pardon eft dans fon coeur :
C'eſt d'vrai droit du Seigneur.
Cette Ronde fut chantée très- agréablement
, avec beaucoup de naturel &
d'enjouement. Chaque couplet en étoit
univerfellement applaudi.
Après la Ronde , les Garçons alloient
inviter le Bourgmestre à danfer : il s'en
défendoit beaucoup , il refufoit même
les Filles : mais il étoit entraîné par
toutes ces troupes réunies . Enfuite il
s'animoit ; enforte qu'il danfoit une entrée
feul ; puis il alloit prendre le Seigneur
& fa cour, qu'il engageoit à danfer
avec lui . Les Garçons & les Filles formoient
un Rond , qui environnoit le
Seigneur , fa Cour & le Bourgmeftre.
Un groupe général de tous les perfonnages
terminoit le Ballet d'une manière
très- brillante.
La compofition générale du Ballet &
de toutes les Entrées eft du fieur de
132 MERCURE DE FRANCE.
Heffe ; le fieur Lani avoit compofé les
premieres Entrées du Seigneur & de fa
Cour.
Nous ne donnerons point le détail
des Habillemens , il nous fuffira de dire
que l'effet général en parut brillant &
agréable. Ils étoient tous dans le genre
convenable , & l'Enfemble produifoit
deux Tableaux réunis fidélement
”
,
copiés mais avec choix choix , d'après
Vauwermans , pour les Flamands de
qualité , & d'après Tenieres pour les
Villageois.
Ce Ballet eût le fuccès qu'on
s'en étoit promis . Il fut exécuté avec la
plus grande précifion & les grâces propres
du genre , dans tous les caractères
différens dont il étoit compofé . Il fut
redemandé & danfé trois fois dans cette
même nuit , & toutes les fois applaudi
avec une nouvelle vivacité.
M. le DUC DE DURAS , Premier
Gentilhomme de la Chambre en exercice
, fecondé de MM. les autres Gentilshommes
de la Chambre , faifoit les
honneurs à tous ces Bals.
Il y avoit dans les Salles joignantes
celle du Bal , toutes les fortes de rafraîchiffemens
que l'on pouvoit defirer,
ainfi que les Bouillons , confommés & c.
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Résumé : CINQUIÈME BAL, le 14 Février.
Le 14 février, un ballet intitulé 'Le Mai Flamand' a été présenté lors du cinquième bal. Ce ballet, plus pantomimique et en action que les précédents, mettait en scène l'hommage rendu par les habitants d'un canton de Flandres à un ancien et grand seigneur du pays. L'action principale consistait à planter un mai devant le château du seigneur, accompagné de festivités champêtres. La salle de bal était décorée pour ressembler à une scène flamande, avec un château antique en fond et des ornements de verdure et de fleurs là où l'on dansait. Le ballet se divisait en deux groupes distincts : l'un composé du seigneur, de sa famille, des seigneurs et dames de sa cour, et de leur cortège ; l'autre formé par les habitants, dirigés par un bourgmestre. Les personnages principaux incluaient le seigneur, sa famille, des membres de la cour, et divers nobles tels que le marquis de Seran, le marquis d'Avaray, et la comtesse d'Esparbès. Le bourgmestre, vêtu à la manière des portraits de Vandeyck et Rembrandt, était suivi par des paysans et des symphonistes. Le ballet débutait par l'entrée du seigneur, suivi de sa famille et de sa cour, puis par l'arrivée du bourgmestre et des habitants. Le mai, orné de fleurs, était planté au centre de la salle. Les symphonistes jouaient une sérénade pendant que le mai était élevé. Ensuite, le bourgmestre invitait le seigneur à danser, et tous les participants formaient des danses autour du mai. Le ballet se poursuivait avec des danses et des chants, notamment une ronde en l'honneur du seigneur. Après la ronde, les garçons invitaient le bourgmestre à danser, et tous les personnages se rejoignaient pour une entrée générale. La composition du ballet et des entrées était attribuée à M. Heffe, tandis que M. Lani avait composé les premières entrées du seigneur et de sa cour. Les costumes, inspirés des œuvres de Vauwermans et Teniers, étaient brillants et appropriés. Le ballet a rencontré un grand succès et a été redemandé trois fois au cours de la même nuit, chaque fois acclamé avec enthousiasme. M. le duc de Duras, Premier Gentilhomme de la Chambre, et les autres gentilshommes de la Chambre faisaient les honneurs de ces bals. Des rafraîchissements étaient disponibles dans les salles adjacentes.
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98
p. *230-230
Extrait des Lettres Patentes accordées par S. M. au sieur de Villette, qui érigent sa Terre de Duplessis Longeant, en Marquisat, sous le nom de Villette ; du 20 Mars 1763.
Début :
Voulant donner au sieur de Villette, & à sa famille des marques particulières de distinction, [...]
Mots clefs :
Lettres patentes, Famille, Ancêtres, Seigneur, Gouverneur, Prince de Condé, Noblesse
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texteReconnaissance textuelle : Extrait des Lettres Patentes accordées par S. M. au sieur de Villette, qui érigent sa Terre de Duplessis Longeant, en Marquisat, sous le nom de Villette ; du 20 Mars 1763.
Extrait des Lettres Patentes accordées par S. М.
au fieur de Villette , qui érigent fa Terre de
DUPLESSIS LONGEANT , en Marquifat, ſous
le nom de VILLETTE ; du 20 Mars 1763 .
VOULANT donner au ſieur de Villette , &
à ſa famille des marques particulières de diftinction
, & reconnoître en ſa perſonne les fervices
de ſes Ancêtres , & notamment ceux que
le ſieur François de Villette rendit à Henri IV.
de glorieuſe Mémoire , enlui conſervant la Ville
d'Alençon , où il fut laillé par le Seigneur de
Hartray , qui en étoit le Gouverneur, le Bifayeul
de François en 1490 , porta au Duc d'Alençon
l'aveu des Domaines de Villette , qu'il tenoit de
lui à foi & hommage. Son petit-filsVillette de
la Palla , fut Maître d'Hôtel-d'Henri de Bourbon
, Prince de Condé. Depuis ce temps cette
Famille nous a donné des preuves de ſon zéle ,
&de fon attachement , &c.
Cette famille ajustifié ſa Nobleſſe depuis Jean
de Villette , Écuyer , que l'on trouve ainſi qualifié
dans un Acte du 17 Août 1385 , &c . &c. &c.
Voyez le Nobiliaire de Normandie , Article
Villette.
au fieur de Villette , qui érigent fa Terre de
DUPLESSIS LONGEANT , en Marquifat, ſous
le nom de VILLETTE ; du 20 Mars 1763 .
VOULANT donner au ſieur de Villette , &
à ſa famille des marques particulières de diftinction
, & reconnoître en ſa perſonne les fervices
de ſes Ancêtres , & notamment ceux que
le ſieur François de Villette rendit à Henri IV.
de glorieuſe Mémoire , enlui conſervant la Ville
d'Alençon , où il fut laillé par le Seigneur de
Hartray , qui en étoit le Gouverneur, le Bifayeul
de François en 1490 , porta au Duc d'Alençon
l'aveu des Domaines de Villette , qu'il tenoit de
lui à foi & hommage. Son petit-filsVillette de
la Palla , fut Maître d'Hôtel-d'Henri de Bourbon
, Prince de Condé. Depuis ce temps cette
Famille nous a donné des preuves de ſon zéle ,
&de fon attachement , &c.
Cette famille ajustifié ſa Nobleſſe depuis Jean
de Villette , Écuyer , que l'on trouve ainſi qualifié
dans un Acte du 17 Août 1385 , &c . &c. &c.
Voyez le Nobiliaire de Normandie , Article
Villette.
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Résumé : Extrait des Lettres Patentes accordées par S. M. au sieur de Villette, qui érigent sa Terre de Duplessis Longeant, en Marquisat, sous le nom de Villette ; du 20 Mars 1763.
Le document est un extrait des Lettres Patentes du 20 mars 1763, par lesquelles le roi érige la Terre de Duplessis-Longeant en marquisat, sous le nom de Villette, en reconnaissance des services rendus par le sieur de Villette et sa famille. François de Villette est particulièrement honoré pour avoir sauvé la ville d'Alençon en 1490 en la défendant contre le seigneur de Hartray. Son arrière-petit-fils, Villette de la Palla, a été Maître d'Hôtel du prince de Condé. La famille Villette a démontré son zèle et son attachement au fil des générations. La noblesse de cette famille est attestée depuis Jean de Villette, Écuyer, mentionné dans un acte du 17 août 1385. Pour plus d'informations, le texte renvoie au Nobiliaire de Normandie, article Villette.
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99
p. 192-193
MORTS.
Début :
Henri-Constance de Lort de Serignan de Valras, Évêque de Mâcon, [...]
Mots clefs :
Évêque de Mâcon, Marquis, Garde du corps du roi, Veuve, Décès, Seigneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S.
Henri-Conftance de Lort de Serignan de Valras
, Evêque de Mâcon , Abbé des Abbayes de Val-´
lemont , Ordre de S. Benoît , Diocèle de Rouen ,
& de S. Manfuy , même Ordre , Diocèle de Toul ,
eſt mort à Paris , le 8 Novembre , dans la foixantequatorziéme
année de fon âge.
Jean- Philippe- François de Vion , Marquis de
Gaillon ,
JANVIER . 1764. 193
Gaillon , ancien Exempt des Gardes du Corps du
Roi , Meſtre de Camp de Cavalerie , eft mort le
8 Novembre , au Château de Gaillon près Meulan ,
dans la foixante- dix - huitième année de fon âge .
Jeanne-Louiſe Allard , veuve du Sieur Etienne
Couleur, Seigneur en partie du Canal de Briare , eſt
morte à Paris , le 8 Novembre , âgée de cent ans.
Henri-Conftance de Lort de Serignan de Valras
, Evêque de Mâcon , Abbé des Abbayes de Val-´
lemont , Ordre de S. Benoît , Diocèle de Rouen ,
& de S. Manfuy , même Ordre , Diocèle de Toul ,
eſt mort à Paris , le 8 Novembre , dans la foixantequatorziéme
année de fon âge.
Jean- Philippe- François de Vion , Marquis de
Gaillon ,
JANVIER . 1764. 193
Gaillon , ancien Exempt des Gardes du Corps du
Roi , Meſtre de Camp de Cavalerie , eft mort le
8 Novembre , au Château de Gaillon près Meulan ,
dans la foixante- dix - huitième année de fon âge .
Jeanne-Louiſe Allard , veuve du Sieur Etienne
Couleur, Seigneur en partie du Canal de Briare , eſt
morte à Paris , le 8 Novembre , âgée de cent ans.
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Résumé : MORTS.
En novembre 1764, trois personnalités sont décédées. Henri-Constance de Lort de Serignan de Valras, évêque de Mâcon, est mort à Paris le 8 novembre à 74 ans. Le même jour, Jean-Philippe-François de Vion, marquis de Gaillon, est décédé à 78 ans. Jeanne-Louise Allard, veuve d'Étienne Couleur, est morte à Paris le 8 novembre à 100 ans.
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100
p. 232-233
MARIAGES.
Début :
Le 10 du mois de Janvier, Joseph Durey ; Marquis Duterrail, Maréchal des Camps [...]
Mots clefs :
Marquis, Maréchal, Chevalier, Fille, Seigneur, Bénédiction nuptiale, Maison de Châtillon, Conjoints
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
MARIAGES.
Le te du mois de Janvier , Joſeph Durey;
Marquis Duterrail , Maréchal des Camps& Armées
du Roi , ſon Lieutenant Général du Verdunois
, Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de
S. Louis , Seigneur du Duché-Pairie de Damville ,
Baron de S. André , de la Rambandière , Neuville,
Meliné , Mongon & autres lieux ; époula Marie
Charlotte de Cruffol de Montauſier ; elle eſt fille
du Marquis de Crufſol d'Uzès de Montaufier &
d'Elifabeth d'Aubuffon la Feuillade , & foeur du
Comte de Cruffol de Montauſier , Colonel du
Régiment d'Orléans.
LeMarquis Duterrail eſt fils de Joſeph Durey,
Seigneur de Sauroy , Duterrail , du Duché-Pairie
de Damville , de Martigni-le-Comte , de la Motte
S. Jean , Digoin S. Valier , Montigni , Monquel
, Beauvillier & autres lieux , Commandeur
FEVRIER. 1764. 293
honoraire de l'Ordre Royal & Militaire de S.
Louis ; & de Marie Claire d'Estaing , Dame Duterrail
Bayard.
La Bénédiction Nuptiale leur fut donnée par
l'Abbé de Crufſol S. Sulpice, Grand-Vicaire d'Angers
, également parent des deux conjoints , dans
la Paroiſſe de S. Sulpice .
Le Marquis Duterrail avoit épousé en premières
nôces , Marie Roſalie de Goeſbriand ,dont la
mere étoit héritiére de la ſeconde branche de la
maiſon de Châtillon , & niéce du feu Duc de
Châtillon , Gouverneur de Monſeigneur le Dauphin.
Il a eu de ſa première femme quatre enfans
qui font morts en bas âge.
Il avoit pour ſoeur , feue la Ducheſſe de Brif-.
fac, premiere Dame de Mesdames Henriette &
Adelaide de France.
Le te du mois de Janvier , Joſeph Durey;
Marquis Duterrail , Maréchal des Camps& Armées
du Roi , ſon Lieutenant Général du Verdunois
, Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de
S. Louis , Seigneur du Duché-Pairie de Damville ,
Baron de S. André , de la Rambandière , Neuville,
Meliné , Mongon & autres lieux ; époula Marie
Charlotte de Cruffol de Montauſier ; elle eſt fille
du Marquis de Crufſol d'Uzès de Montaufier &
d'Elifabeth d'Aubuffon la Feuillade , & foeur du
Comte de Cruffol de Montauſier , Colonel du
Régiment d'Orléans.
LeMarquis Duterrail eſt fils de Joſeph Durey,
Seigneur de Sauroy , Duterrail , du Duché-Pairie
de Damville , de Martigni-le-Comte , de la Motte
S. Jean , Digoin S. Valier , Montigni , Monquel
, Beauvillier & autres lieux , Commandeur
FEVRIER. 1764. 293
honoraire de l'Ordre Royal & Militaire de S.
Louis ; & de Marie Claire d'Estaing , Dame Duterrail
Bayard.
La Bénédiction Nuptiale leur fut donnée par
l'Abbé de Crufſol S. Sulpice, Grand-Vicaire d'Angers
, également parent des deux conjoints , dans
la Paroiſſe de S. Sulpice .
Le Marquis Duterrail avoit épousé en premières
nôces , Marie Roſalie de Goeſbriand ,dont la
mere étoit héritiére de la ſeconde branche de la
maiſon de Châtillon , & niéce du feu Duc de
Châtillon , Gouverneur de Monſeigneur le Dauphin.
Il a eu de ſa première femme quatre enfans
qui font morts en bas âge.
Il avoit pour ſoeur , feue la Ducheſſe de Brif-.
fac, premiere Dame de Mesdames Henriette &
Adelaide de France.
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Résumé : MARIAGES.
En janvier, Joseph Durey, Marquis Duterrail, Maréchal des Camps et Armées du Roi, Lieutenant Général du Verdunois, Chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, Seigneur du Duché-Pairie de Damville, épousa Marie Charlotte de Cruffol de Montausier. Cette dernière est la fille du Marquis de Crufsol d'Uzès de Montaufier et d'Élisabeth d'Aubuffon la Feuillade, et la sœur du Comte de Cruffol de Montausier, Colonel du Régiment d'Orléans. Le Marquis Duterrail est le fils de Joseph Durey, Seigneur de Sauroy, Duterrail, du Duché-Pairie de Damville, et de Marie Claire d'Estaing, Dame Duterrail Bayard. La bénédiction nuptiale fut donnée par l'Abbé de Crufsol Saint-Sulpice, Grand-Vicaire d'Angers, parent des deux conjoints, dans la paroisse de Saint-Sulpice. Précédemment, le Marquis Duterrail avait épousé Marie Rosalie de Goesbriand, dont la mère était héritière de la seconde branche de la maison de Châtillon et nièce du feu Duc de Châtillon, Gouverneur de Monseigneur le Dauphin. De cette première union, il eut quatre enfants morts en bas âge. Il avait également pour sœur la défunte Duchesse de Brissac, première Dame de Mesdames Henriette et Adélaïde de France.
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