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1
p. 145-160
LA DEFAITE des Hannetons. POEME en deux Chants.
Début :
Des Hannetons vaincus je chante la défaite, [...]
Mots clefs :
Hannetons, Défaite, Victoire, Combat, Chant, Verger, Insectes, Triomphe, Discorde, Licas
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texteReconnaissance textuelle : LA DEFAITE des Hannetons. POEME en deux Chants.
LA DEFAITE
ries Hannetons. PÔ E ME
en deux Chants.
DEs Hannetons vaineusje
chante la défaite,
Et du brave Licas lavictoire
complette,
Mufe, raconte-nous quelle
bouillante ardeur
D'unvifrejjentiment es-
Novembre 1713. Nv
chauffesongrandcoeur,
Colmamentdansses projets valeuraffermie
Triompha fierément d'une
troupe ennemie.
Licas vivoit heureux ,0
tranquilleaParis,
Sonreposfusttroublesi-tost
qu'ileustappris
Que d'insèctes aislées un
partiformidable
Causoit dans ses vergers
un ravage effroyable.
Sur le haut d'un charmant
&fertilecosteau
S'ejUveunmagnifique f5
modernechass,eoeu,
Doptïart ingen«%i$>rivald&
Umfwe:9 >.
Par divers ornemens embellit
lastructure.
L'édifice est construit entre
deux verdsbosquets,
Où l'ardeur du Soleil ne
penetre jamais.
Dujardinspacieuxondécouvre
la Seine,
Qui parde longs detours
Jerpentent dans la plaines
Des ruisseaux, des valons,
des prez, & desforests,
Les presens de Bacchus f5 les dons de Cerés, ,
Les champestres beautez
dont la terresepare,
Et mille objets où l'oeil
avecplaisirs'égare.
C'est dans ce beauséjour,
c'est dans ces lieux charmans,
Qtie Licas avec soin re,.'
veille tous lesans
Favori fortuné de Flore
&dePomonne,
Et lesfleurs du Printems
(f le;fruits de l'Automne.
De quel trait de douleur
dans l'absynthetrempé,
Au rapport qu'on luyfist
son coeurfust-ilfrappé.
Deux coursiers attelez,à
son char le plus leste,
Ilpart, il arrive,&voit
quelspectaclefuneste , ;
Ses arbres dépoüillez de
verdure & defleurs,
; Il pouffe des sanglots ac-
Ilcompagnez de pleurs y'r fremit,il frissonne
,
il
fhûU5 ilchancelle
Danssesyeux enflammez
sacolère tftitoceile:
IIdcîcffc centfois un at-
£ J~ CeïftfWtemïm
qt*Aijfyiffotfdëfefpôir> Ils'addresseàPômône
çfluytimwhzgxgi y
;
O vousquipartagezavec
moy cet outrage,
Dtéeessse pvuniosselzadesninsfec,- j
Dont VÙUY voyez içyles
transportsinsolents. iliI
La Diejle aussitost à ses
yeuxfepresente
Et luy dit: mon pouvoir
remplira ton attente,
Nos ennemis communs de
t$nbonheurjaloux,
Se,ptironMï&ceptw (¡]01(( peutmon-ow>:y-- Je desim?îmz•.» ;u:> .;;• leuraudace>
Il faut extermipçr cette
coupable race.
Dés que l'ajlre du jour
dans l'empire desflots,
Aura précipitéfan char if
ses chervaux,
Armetoy de courage, &
cours a la vengeance,
De ces audacieux reprime
l'insolence ; Je conduiray tes coups ,
j'animeray ton coeur,
Et de cegrandcombat tu
sortiras vainqueur.
Fin du premier Chant.
,
SECOND CHANT.
Licas impatient attend
l'heure marquée
Où la troupe parluy doit
sevoir attaquées
Et le temps luy paroist.
couler trop lentement:,
L'astre second des Cieux
qui donne la lumiere,
\A peine eut dans les eaux
terminésa carriere
Quel'empresséLicascourt
&voleaïinjiant,
Ou le dessin l'appelle, où
c
taïgtoire.l'attend,
A l'aspect de ces lieux il
sent croistresa rage:
Surprenons j'ennemysàns
tarderdavantage*,
Frappons ditil,frappons,
ifgnalom noseffort eha^fssjmnt
rw
'f;QWvetIS~y~
&de iïwrtss
Voffenfecptonmefait j,tiF
tementme £wrrw6t<
llejbranle. acestnêup$t
plus d'unesecousse
Des Frenes,des Ormeaux,
ou l'ennemy caché,
Saisi d'effroy, tremblant,
est en euàt*ri retranché.
Des, arbresles plushauts
LaDeese.semontreau
trmjrrsdela:nuey>
AugmehitdeLicasl'héroïquevalèur,
b..
Et de son bras lasséranime
lavigueur -
A ces coups redoublez,tout
cede, toutsuccombe yZ
De momenten momentun
gros d'ennemy tombe>
Ainsi le Laboureur d'unefobujlemain,
De la gerbequ'il batfait
sortirtout legrain.
Pour eux contre la mort il
n'est aucun azyle,
A chaquepasqu'ilfait il
-
enecrasè mille;
Ainsi le Vendangeurpour
avoirplus de vin,
Sous lepesant pressoir é-
,
crase leraisin.
Les coups portentpar tout
des atteintes mortelles,
C'estenvain qu'emploiant
lesecours de leursasiles,
Pour éviter leur perte ils
traversent les airs
Des cadavresépars tous
les champssont couverts
y Les ventsfontmoins tomber
defeuilles en Automne
LaFaucilleabb, at moins
d'épis quand on mois
sonne,
Licas de toutespartsvainqueur
impetueux,
Massacre en un moment
des bataillons nombreux;
Tel un Lion de sang 0*
decarnageavide,
Exerce sa fureur sur un
troupeau timide.
Tel onvit autrefois dans
leschamps Phrygiens
Achille ason courroux immoler
les Troyens.
Par la paix, cettegrande
Qf terriblejournée
Au gré des deux partis
fust enfin terminée.
LesHannetonsvaincus
signerent un traité,
Promirent à Licas ce
vainqueur indompté,
De ne plus ravager de
formaisson domaine.
Mules, qui m'inspirez
laissezmoy prendre )
Mm#,
Préparez,d'autres vers, chantons une autrepaix
, Quele Cieffdrj&r^&fe accorde
à nossebaits
Pitrjfeparsonretourcette
,.,
Paixdesirée ,.
1 K^mner/h^^tgm'fs.
àç&atww es de Rheey
Etfinissant les maux que
nous avonssoufferts;
Enchaisnerpmp jamais
la Discordeaux Enfers.
Fin du fecond & dernier
Chant,
ries Hannetons. PÔ E ME
en deux Chants.
DEs Hannetons vaineusje
chante la défaite,
Et du brave Licas lavictoire
complette,
Mufe, raconte-nous quelle
bouillante ardeur
D'unvifrejjentiment es-
Novembre 1713. Nv
chauffesongrandcoeur,
Colmamentdansses projets valeuraffermie
Triompha fierément d'une
troupe ennemie.
Licas vivoit heureux ,0
tranquilleaParis,
Sonreposfusttroublesi-tost
qu'ileustappris
Que d'insèctes aislées un
partiformidable
Causoit dans ses vergers
un ravage effroyable.
Sur le haut d'un charmant
&fertilecosteau
S'ejUveunmagnifique f5
modernechass,eoeu,
Doptïart ingen«%i$>rivald&
Umfwe:9 >.
Par divers ornemens embellit
lastructure.
L'édifice est construit entre
deux verdsbosquets,
Où l'ardeur du Soleil ne
penetre jamais.
Dujardinspacieuxondécouvre
la Seine,
Qui parde longs detours
Jerpentent dans la plaines
Des ruisseaux, des valons,
des prez, & desforests,
Les presens de Bacchus f5 les dons de Cerés, ,
Les champestres beautez
dont la terresepare,
Et mille objets où l'oeil
avecplaisirs'égare.
C'est dans ce beauséjour,
c'est dans ces lieux charmans,
Qtie Licas avec soin re,.'
veille tous lesans
Favori fortuné de Flore
&dePomonne,
Et lesfleurs du Printems
(f le;fruits de l'Automne.
De quel trait de douleur
dans l'absynthetrempé,
Au rapport qu'on luyfist
son coeurfust-ilfrappé.
Deux coursiers attelez,à
son char le plus leste,
Ilpart, il arrive,&voit
quelspectaclefuneste , ;
Ses arbres dépoüillez de
verdure & defleurs,
; Il pouffe des sanglots ac-
Ilcompagnez de pleurs y'r fremit,il frissonne
,
il
fhûU5 ilchancelle
Danssesyeux enflammez
sacolère tftitoceile:
IIdcîcffc centfois un at-
£ J~ CeïftfWtemïm
qt*Aijfyiffotfdëfefpôir> Ils'addresseàPômône
çfluytimwhzgxgi y
;
O vousquipartagezavec
moy cet outrage,
Dtéeessse pvuniosselzadesninsfec,- j
Dont VÙUY voyez içyles
transportsinsolents. iliI
La Diejle aussitost à ses
yeuxfepresente
Et luy dit: mon pouvoir
remplira ton attente,
Nos ennemis communs de
t$nbonheurjaloux,
Se,ptironMï&ceptw (¡]01(( peutmon-ow>:y-- Je desim?îmz•.» ;u:> .;;• leuraudace>
Il faut extermipçr cette
coupable race.
Dés que l'ajlre du jour
dans l'empire desflots,
Aura précipitéfan char if
ses chervaux,
Armetoy de courage, &
cours a la vengeance,
De ces audacieux reprime
l'insolence ; Je conduiray tes coups ,
j'animeray ton coeur,
Et de cegrandcombat tu
sortiras vainqueur.
Fin du premier Chant.
,
SECOND CHANT.
Licas impatient attend
l'heure marquée
Où la troupe parluy doit
sevoir attaquées
Et le temps luy paroist.
couler trop lentement:,
L'astre second des Cieux
qui donne la lumiere,
\A peine eut dans les eaux
terminésa carriere
Quel'empresséLicascourt
&voleaïinjiant,
Ou le dessin l'appelle, où
c
taïgtoire.l'attend,
A l'aspect de ces lieux il
sent croistresa rage:
Surprenons j'ennemysàns
tarderdavantage*,
Frappons ditil,frappons,
ifgnalom noseffort eha^fssjmnt
rw
'f;QWvetIS~y~
&de iïwrtss
Voffenfecptonmefait j,tiF
tementme £wrrw6t<
llejbranle. acestnêup$t
plus d'unesecousse
Des Frenes,des Ormeaux,
ou l'ennemy caché,
Saisi d'effroy, tremblant,
est en euàt*ri retranché.
Des, arbresles plushauts
LaDeese.semontreau
trmjrrsdela:nuey>
AugmehitdeLicasl'héroïquevalèur,
b..
Et de son bras lasséranime
lavigueur -
A ces coups redoublez,tout
cede, toutsuccombe yZ
De momenten momentun
gros d'ennemy tombe>
Ainsi le Laboureur d'unefobujlemain,
De la gerbequ'il batfait
sortirtout legrain.
Pour eux contre la mort il
n'est aucun azyle,
A chaquepasqu'ilfait il
-
enecrasè mille;
Ainsi le Vendangeurpour
avoirplus de vin,
Sous lepesant pressoir é-
,
crase leraisin.
Les coups portentpar tout
des atteintes mortelles,
C'estenvain qu'emploiant
lesecours de leursasiles,
Pour éviter leur perte ils
traversent les airs
Des cadavresépars tous
les champssont couverts
y Les ventsfontmoins tomber
defeuilles en Automne
LaFaucilleabb, at moins
d'épis quand on mois
sonne,
Licas de toutespartsvainqueur
impetueux,
Massacre en un moment
des bataillons nombreux;
Tel un Lion de sang 0*
decarnageavide,
Exerce sa fureur sur un
troupeau timide.
Tel onvit autrefois dans
leschamps Phrygiens
Achille ason courroux immoler
les Troyens.
Par la paix, cettegrande
Qf terriblejournée
Au gré des deux partis
fust enfin terminée.
LesHannetonsvaincus
signerent un traité,
Promirent à Licas ce
vainqueur indompté,
De ne plus ravager de
formaisson domaine.
Mules, qui m'inspirez
laissezmoy prendre )
Mm#,
Préparez,d'autres vers, chantons une autrepaix
, Quele Cieffdrj&r^&fe accorde
à nossebaits
Pitrjfeparsonretourcette
,.,
Paixdesirée ,.
1 K^mner/h^^tgm'fs.
àç&atww es de Rheey
Etfinissant les maux que
nous avonssoufferts;
Enchaisnerpmp jamais
la Discordeaux Enfers.
Fin du fecond & dernier
Chant,
Fermer
Résumé : LA DEFAITE des Hannetons. POEME en deux Chants.
En novembre 1713, Licas, résidant paisiblement à Paris, apprend que ses vergers sont ravagés par des hannetons. Il se rend sur place et constate l'étendue des dégâts. Fou de rage, il invoque Pomone, la déesse des vergers, qui lui assure son soutien pour exterminer les hannetons. Licas attend avec impatience le moment de l'attaque et, dès l'aube, il se lance à l'assaut des insectes. Pomone l'accompagne et renforce sa détermination. Licas combat les hannetons avec une fureur comparable à celle d'Achille contre les Troyens. Après une journée de lutte acharnée, les hannetons, vaincus, signent un traité promettant de ne plus ravager les domaines de Licas. Le texte se conclut par un appel à la paix et à la fin des souffrances.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 1884-1892
EXTRAIT d'une Lettre contenant une Relation de la défaite des Renards, Nation Sauvage, située au haut du Fleuve Mississipy , par les François de la Loüisiane et du Canada, au mois de Septembre 1730.
Début :
Les Renards, unis avec les Maskoutins et les Quikapons, faisoient depuis [...]
Mots clefs :
Renards, Défaite, Guerre, Sauvages Illinois, Détachements, Armes, Officiers français, Prisonniers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre contenant une Relation de la défaite des Renards, Nation Sauvage, située au haut du Fleuve Mississipy , par les François de la Loüisiane et du Canada, au mois de Septembre 1730.
EXTRAIT d'une Lettre contenant une
Relation de la défaite des Renards , Nation
Sauvage , située au baut du Fleuve
Mississipy , parles François de la Loüisiane
et du Canada , au mois de Septembre
1730 .
L
Es Renards , unis avec les Maskoutins
et les Quikapons, faisoient depuis
environ dix ans une Guerre ouverte aux
François et aux Sauvages Illinois . Ils
surprenoient et attaquoient nos détachements
A O UST. 1731.
1885
ments , ils enlevoient nos Voyageurs qui
se trouvoient en petit nombre , et ils
venoient même nous inquiéter jusques
dans nos habitations où nous ne pouvions
cultiver nos Terres que les Armes à la
main. On avoit tenté plusieurs fois de
les détruire ; mais le défaut de concert
entre les Officiers François qui commandoient
dans les postes avancés , se trouvant
joint à l'interest , et à la mauvaise
volonté de quelques-uns , avoient toujours
fait échouer les entreprises qui
avoient été formées en éxecution des Ordres
de la Cour. Un Evenement a enfin
causé la désunion de ces Sauvages et la
perte des Renards.
Au mois d'Octobre de l'année 1728.
un parti de Quikapons et de Maskoutins
arrêta sur le Mississipy dix - sept François
qui descendoient des Sioux aux Illinois.
Ces Sauvages délibererent. d'abord s'ils
brûleroient leurs Prisonniers ou s'ils
les remettroient entre les mains des Renards
; mais le Pere Guignas , Missionnaire
Jesuite , qui étoit du nombre de
çes François , leur fit comprendre qu'ils
avoient interêt de bien conserver leurs
Prisonniers , et il gagna tellement leur
confiance qu'il parvint ensuite à les déta
C cher
18 MERCURE DE FRANCE
cher des Renards, et à les porter à nous
demander la Paix.
Au bout de cinq mois de captivité ;
il vint lui même avec leurs députés auFort
de Chartres , Poste François , au Pays
des Illinois , où cette Paix fut concluë à
la satisfaction de ces Nations.
Les Renards déconcertés et fort affoi
blis par cette division , resolurent de se
refugier chez les Iroquois , alliez des Anglois
; en passant par le Pays des Onya
tanous , les Quikapons et Maskoutins qui
penétrerent leur dessein , en donnerent
avis dans tous les Postes François de la
Louisianne et du Canada ; mais on douta
de leur bonne foy , et M. de S. Ange
Officier commandant au Fort de Chartres
, ne put jamais déterminer les habitans
François à se mettre en Campagne!
Cependant les Illinois du Village des
Cahokias , vinrent au mois de Juillet
130. nous apprendre que les Renards
avoient fait des Prisonniers sur eux , ea
brûlé le fils de leur grand Chef auprès
du Rocher , sur la Riviere des Illinois
Ces nouvelles jointes à des avis que nous
avions reçus d'ailleurs , engagerent à
aller chercher l'ennemi, Nos Sauvages
animez à vanger leur sang, furent bientôt
en Campagne; M. de S. Ange se mit en
marche à la tête de tout ce qu'il put
rassembler de François , er le 10. d'Aoust
ceux-ci ayant joint 3 : à 400. Sauvages qui
les avoient devancés de quelques jours ,
notre petite Armée se trouva forte de 500.
hommes. Les Quikapons , Maskoutins et
Illinois du Rocher , s'étoient rendus maitres
des passages du côté du Nord Est
ce qui détermina ces Renards à construire
un Fort à une lieüe au dessous d'eux ,
pour se mettre à couvert de leurs insultes.
>
Le 12. nous eûmes des nouvelles des
Ennemis par un de nos Coureurs . Il
nous apprit où étoit leur Fort , et nous
dit qu'il y avoit compté cent onze Cabanes.
Nous n'en étions éloignés que
de deux ou trois journées ; nous conti
nuâmes notre marche par des Pays
couverts , et le 17. à la pointe du jour
nous vîmes la Retraite de l'Ennemi :
nous tombâmes sur un party de 40. hommes
qui sortoit pour la chasse et nous le
contraignîmes de regagner le Fort , qui
étoit un petit bouquet de bois , renfermé
de pieux , situé sur une ponte douce
qui s'elevoit du côté de l'Ouest et du
Nord- Ouest , le long d'une petite Riviere:
ensorte que du côté du Sud et du
Cij Sud
Sud- Est , on les voyoit à découvert .
Leurs Cabannes étoient fort petites et
pratiquées dans la Terre comme les Tanieres
des Renards dont ils portent le
nom .
Au bruit des premiers coups de Fusil
les Quikapons Maskoutins et Illinois
qui étoient souvent aux mains avec les
partis ennemis , et qui depuis un mois
attendoient du secours , vinrent nous
joindre au nombre de 200. hommes. On
se partagea suivant les ordres de M. de
S. Ange pour bloquer les Renards qui
ce jour- là firent deux sorties inutiles. Ôn
ouvrit la tranchée la nuit suivante , et
chacun travailla à se fortifier dans le
poste qui lui avoit été assigné.
Le 19. les Ennemis demanderent à
parler ils offrirent de rendre les Esclaves
qu'ils avoient fait autrefois sur les
Illinois , et en effet ils en renvoyerent
quelques uns '; mais comme on s'apperçut
qu'ils ne cherchoient qu'à nous amuser
dès le lendemain on recommença à tirer
sur eux .
Nous fumes joints les jours suivants
par so . à 60. François et soo . Sauvages
Poutouatamis et Sakis qui étoient sous la
conduite de M. Devilliers , Commandant
de la Riviere S, Joseph , du Gouver
nement
A O UST. 1731. 1889
nement de Canada . Il fut suivi de quel
ques Sauvages Ouyatanous et Peanguichias.
A son arrivée il y eut de nouvelles Confe
rences avec les Renards qui demanderent
la vie , les presens à la main . M. de Villiers
paroissoit tenté de la leur accorder ;
mais ses gens n'étoient pas les plus forts ,
et il ne pouvoit rien conclure sans le
consentement des François , et des Sauvages
Illinois , qui ne vouloient se prêter
à aucun accommodement.
Cependant on decouvrit que les Sakis ,
parents et alliez des Renards , traitoient
sous mains avec eux , leur fournissant
des munitions , et prenant des mesures
pour favoriser leur évasion : nos Sauva
ges qui s'en apperçurent s'ameuterent
le premier Septembre , et ils étoient sur
le point de donner sur les Sakis , lorsque
M. de S. Ange , à la tête de 100. François
, s'avança pour fermer toutes les
avenues du Fort du côté des Sakis , ce
qui y retablit le bon ordre.
Notre dessein étoit de dissimuler cette
perfidie jusqu'à l'arrivée de M. de Noyelle
, Commandant des Miamis , que nous
attendions ; mais il arriva le même jour
au Camp avec 1. François et 200. Sauvages.
Il apportoit des défenses de M. le
Ciij Gouverneur
1890 MERCURE DE FRANCE
Gouverneur du Canada de faire aucun
Traité avec les Renards.
Sur cela on tint un Conseil general ,
où les Sakis furent humiliés ; car toutes
les voix se réunirent pour la perte de
l'ennemi .
Cependant il y avoit déja plusieurs
jours que nous souffrions de la faim aussi
bien que les Renards ; nos Sauvages se
rebutoient et marquoient leur impatience.
Le 7. Septembre 200. Illinois deserterent
, et il y avoit tout à craindre de
ce mauvais exemple , qui n'eut pourtant
pas de suites ; car les Troupes de M. de
S. Ange construisoient à deux portées de
Pistolet des Renards un petit Fort qui
alloit leur couper la communication de
la Riviere , et qui paroissoit nous annoncer
une victoire complette et prochainc.
Le &. Septembre , des Tonneres terribles
et une pluye effroyable interrompirent
ros travaux , la nuit suivante fut
également pluvieuse , et outre cela trèsnoire
et très-froide ; les Renards profitant
de l'occasion sortirent de leur Fort ,
on s'en apperçut aussitôt par les cris des
enfants ; mais que faire par le tems qu'il
faisoit , il étoit impossible de se reconnoître
dans une si grande obscurité où l'on
SC
A O UST. 1731. 1898
se seroit exposé à tirer sur nos gens comme
sur l'ennemi : on ne sçavoit donc
quel party prendre ; cependant tout le
monde étoit sous les armes et les Sauvages
s'avançoient sur les deux aîles des
fuyards pour donner dessus dès que le
jour paroîtroit. Il parut enfin et chacun
se mit à les suivre ; nos Sauvages plus
frais et plus vigoureux qu'eux , les joi
gnirent bientôt.
Les Femmes , les Enfans et les Vicillards
marchoient à la tête , et les Guerriers
fermoient la marche pour les couvrir
; ils furent d'abord rempus et défaits ;
le nombre des morts et des prisonniers ,
s'est trouvé d'environ 300. Guerriers ;
Il n'est point question du nombre des.
Vieillards , des Femmes et des Enfans
qui tous ont été pris. Il ne s'est échapé
au plus que so. ou 6o, hommes qui se
sont sauvés sans Fusils er sans aucuns ustanciles
pour se procurer de quoy vivre.
Les Illinois du Rocher , les Maskoutins
et Quikapons , sont actuellement après
ce petit reste de Fuyards , et les premieres
nouvelles nous apprendront la destruction
totale de cette malheureuse Nation .
M. Perrier , Commandant General de
la Louisianne a beaucoup contribué à
sette Expédition par les bons ordres qu'il
C iiij avoit
1892 MERCURE DE FRANCE
avoit donnés à M. de S. Ange , et par le
soin qu'il avoit eu de lui envoyer environ
100. hommes , quoyqu'il eut alors un extrême
besoin de Troupes dans le bas de
la Colonie pour l'entreprise qu'il projettoit
contre les Matchez.
On donnera la Relation de la défaite de
cette derniere Nation dans le prochain Mer
cure.
Relation de la défaite des Renards , Nation
Sauvage , située au baut du Fleuve
Mississipy , parles François de la Loüisiane
et du Canada , au mois de Septembre
1730 .
L
Es Renards , unis avec les Maskoutins
et les Quikapons, faisoient depuis
environ dix ans une Guerre ouverte aux
François et aux Sauvages Illinois . Ils
surprenoient et attaquoient nos détachements
A O UST. 1731.
1885
ments , ils enlevoient nos Voyageurs qui
se trouvoient en petit nombre , et ils
venoient même nous inquiéter jusques
dans nos habitations où nous ne pouvions
cultiver nos Terres que les Armes à la
main. On avoit tenté plusieurs fois de
les détruire ; mais le défaut de concert
entre les Officiers François qui commandoient
dans les postes avancés , se trouvant
joint à l'interest , et à la mauvaise
volonté de quelques-uns , avoient toujours
fait échouer les entreprises qui
avoient été formées en éxecution des Ordres
de la Cour. Un Evenement a enfin
causé la désunion de ces Sauvages et la
perte des Renards.
Au mois d'Octobre de l'année 1728.
un parti de Quikapons et de Maskoutins
arrêta sur le Mississipy dix - sept François
qui descendoient des Sioux aux Illinois.
Ces Sauvages délibererent. d'abord s'ils
brûleroient leurs Prisonniers ou s'ils
les remettroient entre les mains des Renards
; mais le Pere Guignas , Missionnaire
Jesuite , qui étoit du nombre de
çes François , leur fit comprendre qu'ils
avoient interêt de bien conserver leurs
Prisonniers , et il gagna tellement leur
confiance qu'il parvint ensuite à les déta
C cher
18 MERCURE DE FRANCE
cher des Renards, et à les porter à nous
demander la Paix.
Au bout de cinq mois de captivité ;
il vint lui même avec leurs députés auFort
de Chartres , Poste François , au Pays
des Illinois , où cette Paix fut concluë à
la satisfaction de ces Nations.
Les Renards déconcertés et fort affoi
blis par cette division , resolurent de se
refugier chez les Iroquois , alliez des Anglois
; en passant par le Pays des Onya
tanous , les Quikapons et Maskoutins qui
penétrerent leur dessein , en donnerent
avis dans tous les Postes François de la
Louisianne et du Canada ; mais on douta
de leur bonne foy , et M. de S. Ange
Officier commandant au Fort de Chartres
, ne put jamais déterminer les habitans
François à se mettre en Campagne!
Cependant les Illinois du Village des
Cahokias , vinrent au mois de Juillet
130. nous apprendre que les Renards
avoient fait des Prisonniers sur eux , ea
brûlé le fils de leur grand Chef auprès
du Rocher , sur la Riviere des Illinois
Ces nouvelles jointes à des avis que nous
avions reçus d'ailleurs , engagerent à
aller chercher l'ennemi, Nos Sauvages
animez à vanger leur sang, furent bientôt
en Campagne; M. de S. Ange se mit en
marche à la tête de tout ce qu'il put
rassembler de François , er le 10. d'Aoust
ceux-ci ayant joint 3 : à 400. Sauvages qui
les avoient devancés de quelques jours ,
notre petite Armée se trouva forte de 500.
hommes. Les Quikapons , Maskoutins et
Illinois du Rocher , s'étoient rendus maitres
des passages du côté du Nord Est
ce qui détermina ces Renards à construire
un Fort à une lieüe au dessous d'eux ,
pour se mettre à couvert de leurs insultes.
>
Le 12. nous eûmes des nouvelles des
Ennemis par un de nos Coureurs . Il
nous apprit où étoit leur Fort , et nous
dit qu'il y avoit compté cent onze Cabanes.
Nous n'en étions éloignés que
de deux ou trois journées ; nous conti
nuâmes notre marche par des Pays
couverts , et le 17. à la pointe du jour
nous vîmes la Retraite de l'Ennemi :
nous tombâmes sur un party de 40. hommes
qui sortoit pour la chasse et nous le
contraignîmes de regagner le Fort , qui
étoit un petit bouquet de bois , renfermé
de pieux , situé sur une ponte douce
qui s'elevoit du côté de l'Ouest et du
Nord- Ouest , le long d'une petite Riviere:
ensorte que du côté du Sud et du
Cij Sud
Sud- Est , on les voyoit à découvert .
Leurs Cabannes étoient fort petites et
pratiquées dans la Terre comme les Tanieres
des Renards dont ils portent le
nom .
Au bruit des premiers coups de Fusil
les Quikapons Maskoutins et Illinois
qui étoient souvent aux mains avec les
partis ennemis , et qui depuis un mois
attendoient du secours , vinrent nous
joindre au nombre de 200. hommes. On
se partagea suivant les ordres de M. de
S. Ange pour bloquer les Renards qui
ce jour- là firent deux sorties inutiles. Ôn
ouvrit la tranchée la nuit suivante , et
chacun travailla à se fortifier dans le
poste qui lui avoit été assigné.
Le 19. les Ennemis demanderent à
parler ils offrirent de rendre les Esclaves
qu'ils avoient fait autrefois sur les
Illinois , et en effet ils en renvoyerent
quelques uns '; mais comme on s'apperçut
qu'ils ne cherchoient qu'à nous amuser
dès le lendemain on recommença à tirer
sur eux .
Nous fumes joints les jours suivants
par so . à 60. François et soo . Sauvages
Poutouatamis et Sakis qui étoient sous la
conduite de M. Devilliers , Commandant
de la Riviere S, Joseph , du Gouver
nement
A O UST. 1731. 1889
nement de Canada . Il fut suivi de quel
ques Sauvages Ouyatanous et Peanguichias.
A son arrivée il y eut de nouvelles Confe
rences avec les Renards qui demanderent
la vie , les presens à la main . M. de Villiers
paroissoit tenté de la leur accorder ;
mais ses gens n'étoient pas les plus forts ,
et il ne pouvoit rien conclure sans le
consentement des François , et des Sauvages
Illinois , qui ne vouloient se prêter
à aucun accommodement.
Cependant on decouvrit que les Sakis ,
parents et alliez des Renards , traitoient
sous mains avec eux , leur fournissant
des munitions , et prenant des mesures
pour favoriser leur évasion : nos Sauva
ges qui s'en apperçurent s'ameuterent
le premier Septembre , et ils étoient sur
le point de donner sur les Sakis , lorsque
M. de S. Ange , à la tête de 100. François
, s'avança pour fermer toutes les
avenues du Fort du côté des Sakis , ce
qui y retablit le bon ordre.
Notre dessein étoit de dissimuler cette
perfidie jusqu'à l'arrivée de M. de Noyelle
, Commandant des Miamis , que nous
attendions ; mais il arriva le même jour
au Camp avec 1. François et 200. Sauvages.
Il apportoit des défenses de M. le
Ciij Gouverneur
1890 MERCURE DE FRANCE
Gouverneur du Canada de faire aucun
Traité avec les Renards.
Sur cela on tint un Conseil general ,
où les Sakis furent humiliés ; car toutes
les voix se réunirent pour la perte de
l'ennemi .
Cependant il y avoit déja plusieurs
jours que nous souffrions de la faim aussi
bien que les Renards ; nos Sauvages se
rebutoient et marquoient leur impatience.
Le 7. Septembre 200. Illinois deserterent
, et il y avoit tout à craindre de
ce mauvais exemple , qui n'eut pourtant
pas de suites ; car les Troupes de M. de
S. Ange construisoient à deux portées de
Pistolet des Renards un petit Fort qui
alloit leur couper la communication de
la Riviere , et qui paroissoit nous annoncer
une victoire complette et prochainc.
Le &. Septembre , des Tonneres terribles
et une pluye effroyable interrompirent
ros travaux , la nuit suivante fut
également pluvieuse , et outre cela trèsnoire
et très-froide ; les Renards profitant
de l'occasion sortirent de leur Fort ,
on s'en apperçut aussitôt par les cris des
enfants ; mais que faire par le tems qu'il
faisoit , il étoit impossible de se reconnoître
dans une si grande obscurité où l'on
SC
A O UST. 1731. 1898
se seroit exposé à tirer sur nos gens comme
sur l'ennemi : on ne sçavoit donc
quel party prendre ; cependant tout le
monde étoit sous les armes et les Sauvages
s'avançoient sur les deux aîles des
fuyards pour donner dessus dès que le
jour paroîtroit. Il parut enfin et chacun
se mit à les suivre ; nos Sauvages plus
frais et plus vigoureux qu'eux , les joi
gnirent bientôt.
Les Femmes , les Enfans et les Vicillards
marchoient à la tête , et les Guerriers
fermoient la marche pour les couvrir
; ils furent d'abord rempus et défaits ;
le nombre des morts et des prisonniers ,
s'est trouvé d'environ 300. Guerriers ;
Il n'est point question du nombre des.
Vieillards , des Femmes et des Enfans
qui tous ont été pris. Il ne s'est échapé
au plus que so. ou 6o, hommes qui se
sont sauvés sans Fusils er sans aucuns ustanciles
pour se procurer de quoy vivre.
Les Illinois du Rocher , les Maskoutins
et Quikapons , sont actuellement après
ce petit reste de Fuyards , et les premieres
nouvelles nous apprendront la destruction
totale de cette malheureuse Nation .
M. Perrier , Commandant General de
la Louisianne a beaucoup contribué à
sette Expédition par les bons ordres qu'il
C iiij avoit
1892 MERCURE DE FRANCE
avoit donnés à M. de S. Ange , et par le
soin qu'il avoit eu de lui envoyer environ
100. hommes , quoyqu'il eut alors un extrême
besoin de Troupes dans le bas de
la Colonie pour l'entreprise qu'il projettoit
contre les Matchez.
On donnera la Relation de la défaite de
cette derniere Nation dans le prochain Mer
cure.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre contenant une Relation de la défaite des Renards, Nation Sauvage, située au haut du Fleuve Mississipy , par les François de la Loüisiane et du Canada, au mois de Septembre 1730.
En septembre 1730, les Renards, alliés des Maskoutins et des Quikapons, menaient une guerre contre les Français de la Louisiane et du Canada depuis environ dix ans. Ils attaquaient les détachements français, enlevaient les voyageurs et inquiétaient les habitations françaises. Plusieurs tentatives de destruction des Renards avaient échoué en raison du manque de concertation entre les officiers français et des intérêts divergents. En octobre 1728, un groupe de Quikapons et de Maskoutins captura dix-sept Français sur le Mississippi. Le Père Guignas, missionnaire jésuite, convainquit ces Sauvages de libérer les prisonniers et de demander la paix. Cette paix fut conclue au Fort de Chartres en mars 1729. Les Renards, déconcertés par cette division, décidèrent de se réfugier chez les Iroquois, alliés des Anglais. Les Quikapons et Maskoutins informèrent les postes français, mais leur bonne foi fut mise en doute. En juillet 1730, les Illinois signalèrent que les Renards avaient fait des prisonniers et brûlé le fils de leur grand chef. Les Français, soutenus par les Sauvages, se mirent en campagne. Le 10 août, une armée de 500 hommes, composée de Français et de Sauvages alliés, se forma. Les Quikapons, Maskoutins et Illinois bloquèrent les Renards dans un fort. Le 19 août, les Renards demandèrent à parler et offrirent de rendre des esclaves, mais les négociations échouèrent. Les jours suivants, des renforts français et sauvages arrivèrent. Les Sakis, alliés des Renards, furent découverts en train de les aider, ce qui provoqua une tension. Le 7 septembre, 200 Illinois désertèrent, mais les travaux de fortification continuèrent. Dans la nuit du 8 septembre, les Renards profitèrent d'une tempête pour s'échapper. Ils furent poursuivis et défaits le lendemain. Environ 300 guerriers furent tués ou capturés, et seuls 50 à 60 hommes réussirent à s'échapper sans armes. Les Illinois, Maskoutins et Quikapons poursuivirent les fuyards, annonçant la destruction totale de la nation Renard. Le commandant général de la Louisiane, M. Perrier, contribua à cette expédition en envoyant des renforts à M. de Saint-Ange.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2086-2104
EXTRAIT d'une Lettre contenant la Relation de la défaite des Natches (a) par M. Perier, Commandant General à la Loüisianne, au mois de Janvier 1731.
Début :
Notre General jugeant qu'il étoit necessaire avant de rien entreprendre, [...]
Mots clefs :
Défaite, Chactas, Natches, Louisiane, Traités de commerce et d'alliance, Guerre, Détachement des troupes de la Marine, Sauvages, Rivière-Rouge, Embuscades
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre contenant la Relation de la défaite des Natches (a) par M. Perier, Commandant General à la Loüisianne, au mois de Janvier 1731.
EXTRAIT d'une Lettre contenant la
*
Relation de la défaite des Natches (a)
par M. Perier, Commandant General à
la Louisianne , au mois de Janvier 1731 .
No
,
Otre General jugeant qu'il étoit ne
cessaire avant de rien entreprendre ,
de s'éclaircir avec les Chactas , Nation
Sauvage la plus considerable de la Loüisianne
sur les differens bruits qui s'étoient
répandus de leur mauvaise volonté
pour nous , se rendit à la Mobile , Fort
occupé par les Françóis , à la Côte de l'Est
de la Louisianne , où il avoit fait avertir
leurs Chefs de se rendre dans les premiers
jours de Novembre , et les ayant trouvez
bien disposez , il renouvella en la manie◄
re ordinaire , les Traitez de Commerce et
d'Alliance que nous avons depuis longtemps
avec eux , et leur proposa de re
connoître pour Grand- Chef de la partie
du Ouest , qu'on appelle Bas- Chacra , le
Chef des Castacha , Village de la mêmę
( a ) C'est une Nation Sauvage , qui au mois
de Decembre 1729. massacra les François qui
étoient établis auprès d'elle , quoiqu'elle fût en
paix avec eux.
Nation,
SEPTEMBRE. 1731 2087
Nation. Ils l'accepterent avec plaisir et
promirent de nous renvoyer le reste des
Negres qu'ils avoient pris sur les Natches
, et de payer tout ce qu'ils devoient
aux François , avec lesquels ils avoient
négocié. Ils lui demanderent ensuite d'aller
en guerre contre les Natches , mais i'
leur répondit seulement qu'il les feroit
avertir s'il avoit besoin d'eux , étant bien
résolu de ne s'en pas servir pour les tirer
de l'erreur où ils étoient , que nous ne
pouvions nous passer de leur secours , et
que sans leur appui nous serions obligez:
d'abandonner nos établissemens.
Après les avoir renvoyez chez eux
il partit pour la nouvelle Orleans , où il
arriva le 13. Novembre 1730. il y trouva
M. de Salvert son frere , Lieutenant de
Vaisseau , commandant un Détachement
des Troupes de la Marine , très - avancé
dans les préparatifs dont il l'avoit chargé
pour aller attaquer les Natches. L'Equipage
du Vaisseau du Roi , qu'il commandoit
, y avoit travaillé fort utilement , et
on peut assurer que sans lui nous n'eussions
pas été si-tôt prêt à marcher contre
l'Ennemi .
Le 9. Decembre M. de Salvert partit à
la tête du Détachement de la Marine ,
qui formoit un petit Bataillon , il avoit
ordre
2088 MERCURE DE FRANCE
ordre d'attendre au Village de Carlestin
Habitations françoises , situées à environ
15. lieües au-dessus de la nouvelle Orleans
, en montant le Fleuve , le General
qui le joignit le 13. avec les Troupes de
la Colonie et les Munitions de guerre.
Le 14. ils marcherent ensemble jus
qu'aux Bayagoulas , où ils resterent quatre
jours pour attendre le Détachement
des Milices du Pays , commandé par M. de
Benac , Officier retiré du Service , qui
s'est établi dans la Colonie , et les grands
Bateaux chargez de vivres qui ne pou
voient suivre..
Le General avoit divisé ses forces en
trois Corps , pour éviter toute tracasseric
et donner plus d'émulation . Le premier
étoit commandé par M. de Salvert ; il
étoit composé de iso . Soldats de la Marine
et d'environ 40. hommes de son
Equipage . Le second étoit commandé par
le Baron de Crenay , Lieutenant - Colo❤
nel , et étoit composé d'un Détachement
de 150. hommes des Troupes de la Co-
Ionie ; et le troisième étoit commandé par
le sieur de Benac , et étoit composé de
120. habitans qui s'étoient offerts d'aller
à la guerre
.
Le 22. tout étant rassemblé , on se mit
en marche et on fat coucher à Manchac
où
SEPTEMBRE. 1731. 2089
ù le sieur de Laye , Habitant , attendoit
le General , il lui dit que s'il vouloit se
servir des Sauvages Tonnicas , petite Nation
située sur les bords du Fleuve ,
environ 70. lieuës au - dessus de la nouvelle
Orleans , en suivant le Fleuve , il
étoit necessaire qu'il se rendît lui -même
chez eux pour les faire marcher ; ce qu'il
fit en laissant la conduite de la petite
armée à M. son frere , qui malgré la
neige et le verglas , le joignit aux Tonnicas
le 27.
Le 28. il continua sa marche jusqu'à
l'entrée de la Riviere Rouge , (a ) où étoit
le rendez - vous general. Le Vaisseau le
Prince de Conty , sur lequel on avoit fai ■
faire des Fours , y arriva le même jour.
Le General fut obligé de rester jusqu'au .
3. de Janvier aux Tonnicas pour leur
faire achever leurs préparatifs de guerre ,
ils étoient d'autant plus lents , que la
peur les avoit saisis sur la nouvelle qu'ils
venoient d'apprendre que le sieur de Coulange
, ( Canadien , frère d'un Officier des
Troupes de la Colonie , et fils du sieur
de Livilliers , Officier des Troupes de Ca
nada , ) qui avoit été envoyé dans une
grande Pirogue , armée de zo. hommes :
(a) A 9. lieues au- dessus du Village des Tonnicas
, situé à present au portage de la Croix .
grande
2090 MERCURE DE FRANCE
volontaires Sauvages , et Negres libres ,
pour faire porter les ordres du General
aux Arkansas , avoit été attaqué à quelques
journées de chez eux par les Natches , qui
lui avoient tué ou blessé la moitié de ses
gens , parmi lesquels les sieurs de la Touche
,Beaulieu et Cochart, ( le premier, Gen--
tilhomme Breton ; le second , Officier de
Marine de la Compagnie , ) ont eu le
malheur de se trouver au nombre des
morts. Le sieur de Coulange y reçût deux
coups de fusil , dont un au travers du
été mortel. Cette accorps
, qui n'a pas
tion , qui ne décidoit de rien , avoit cependant
si fort abattu le courage de nos
Sauvages , qu'il ne s'en trouva que iso .
des plus braves à l'Armée , les autres s'étant
retirez peu à peu sous differens pré
textes.
Le 4. Janvier , le General joignit l'Ar
mée à la Riviere Rouge , où il trouva les
Détachemens des Garnisons des Natches
et Natchitoches (a) arrivez , et la division
des Habitans , partie pour se montrer à
la hauteur des Natches , (b) afin de faire
(a) Forts François qui portent le nom des Na→
tions Sauvages auprès desquelles ils ont éte cons
truits.
(b) C'est la Nation même qui depuis qu'elle se
vit menacée d'être châtiée par les Frauçois , aban--
croire
SEPTEMBRE . 1731. 209%
croire à leurs découvreurs s'ils nous rencontroient
, que notre intention étoit de
les aller attaquer par le Fleuve , quoique
notre parti fût pris , d'aller par la Riviere
Rouge.
Le 11. l'Armée entra dans cette Riviere
pour chercher l'Ennemi , car nous n'avions
pû sçavoir depuis 9. mois l'endroit
positif où les Natches avoient fait leur
Fort , quoique le General y eût envoyé
zo . Partis differens , tant forts que foi
bles ; ensorte que ce ne fut que sur le
peu de connoissance qu'il avoit tirée d'un
enfant de 12 à 13. ans , qui avoit deserté
de cette Nation , qu'il se hazarda à l'aller
- chercher , contre le sentiment general des
Sauvages , vers la Riviere Rouge , dans ,
des Pays marécageux et coupez , jusques
là inconnus à nos Sauvages du Fleuve .
Cependant l'Armée guidée par l'esperance
et encouragée par son General dans
les peines inexprimables que le mauvais
temps et la difficulté du Pays, lui faisoient
souffrir , se trouva le 19. sans le sçavoir ,
précisement à une lieuë du Fort de Valeur
, c'est le Fort de la Nation Natches.
donna le lieu de sa demeure ordinaire et se transporta
dans un autre endroit qu'elle croyoit inconnu
à tous autres Sauvages et inaccessibles aux
François.
Le
2092 MERCURE DE FRANCE
Le General prenoit toutes sortes de me
sures pour éviter les embuscades qu'il
étoit aisé de nous dresser , y ayant apparence
que les Ennemis sçavoient notre
marche , puisque le 18. quelques - uns de
nos Sauvages qui étoient allez à la découverte
, ( car ils s'étoient un peu rassurez
par l'exemple des François qu'ils voyoient
marcher courageusement par terre ) étant
venus avertir qu'ils avoient appefçû un
. Parti de Natches à deux lieuës au - dessous
de nous , de l'autre côté de la Riviere,
le General y envoya un Détachement de
François et de Sauvages , pour tâcher de
le surprendre , mais on ne put y réussir
par la jalousie de six Sauvages Houmas ;
qui tirerent dessus avant que nos gens
fussent arrivez ; ensorte que ce Parti prie
la fuite et s'éloigna en peu de temps. Si
nous avions pû l'attaquer , on se flattoit
de pouvoir faire quelque prisonnier et
d'apprendre des nouvelles positives du
lieu où la Nation s'étoit retirée .
Nous restâmes le 19. dans la même in
quietude , quoique nos Sauvages vissent
encore plusieurs Natches , dont ils tuerent
un homme et une femme , mais le
20. le General ayant envoyé à la découverte
un Parti d'Habitans et de Sauvages,
soutenus par les Compagnies de Mrs de
la
S
SEPTEMBRE. 1731. 2093
la Giroüardiere et de Lusser ; le premier
Capitaine d'une Compagnie de la Marine,
l'autre Capitaine d'une Compagnie des
Troupes de la Colonie. On vint lui dire
une demie heure après leur départ qu'ils
se trouvoient dans un chemin battu ;
aussi-tôt on ne douta point que ce ne fût
celui du Fort , et on se prépara à marcher.
Le General fit monter les Bateaux vis-àvis
cet endroit , et ayant ordonné au Baron
de Crenay d'y rester avec 100. hommes
, il se tenoit prèt à marcher avec
M. Salvert , pour aller investir le Fort
dès qu'il en auroit quelque nouvelle. A
peine les Bateaux et Pirogues furent- ils
arrivez l'on entendit la Mousqueteque
rie du Fort et celle des Escarmoucheurs
du Détachement qui avoit toûjours suivi
le chemin battu ; dans l'instant on marcha
et on rencontra les sieurs Marin et
Outlas , qui venoient dire que nos gens
avoient trouvé le Fort , nous y arrivâmes
en une heure de marche par un Pays
tout couvert de bois ; dès que nous
l'apperçûmes , le General fit battre aux
champs . A ce bruit les Tonnicas se sentant
soutenus , attaquerent quelques Cases
aux environs du Fort , d'où ils chasserent
les Natches et y mirent le feu."
Pendant ce temps M. de Salvert marcha
pan
094 MERCURE DE FRANCE
1
35.
la droite avec partie des Troupes
par
et le General par la gauche pour rejoindre
Mrs de la Giroüardiere et de Lusser,
Il les trouva qui s'étoient avancez à
toises du Fort , à la faveur de plusieurs
arbres , où ils resterenr jusqu'à ce qu'il
leur dit de venir se mettre derriere une
butte qui étoit à 120. toises du Fort , lieu
qui lui étoit très- favorablement situé pour
mettre une partie de notre Camp à cou
vert. Il fut aussi - tôt joindre M. de Salvert
, et ils passerent ensemble une petite
Riviere ou gros Ruisseau , auprès duquel
les Natches avoient construit leur Fort ;
ils étoient suivis par les Compagnies de
Dartaguette et de Sanzei , la premiere
de la Colonie , l'autre , de la Marine. Ils
rangerent ce Fort de très-près , à la faveur
de quelques Cabanes , et après avoir
reconnu le terrain , ils firent l'un et
l'autre le tour du Fort par les derrieres
jusqu'à la butte dont on vient de parler,
et ils convinrent d'y établir le Quartier
general , par rapport à la facilité qu'il y
avoit de recevoir là nos besoins qui venoient
du bord de la Riviere , sans que
l'on fût obligé de passer le Ruisseau.
Le 21. le General envoya ordre au Baron
de Crenay de venir le joindre pour
commander l'attaque de la gauche , et le.
même
SEPTEMBRE. 1731 2095
même jour il fit arborer un Drapeau blanc
pour demander aux Sauvages qu'ils eussent
à lui remettre des Negres qu'ils
avoient pris ; ils tirerent sur le Drapeau
en disant à l'Interprete qu'ils ne vouloient
pas parler à des chiens comme nous.
Sur les deux heures un de nos Mortiers
de bois arriva. ( a) On jetta sur le champ
quelques Grenades Royales , dont deux
tomberent dans le Fort , sur une de leurs
maisons et y mit le feu. Après qu'elles
eurent crevé , nous entendîmes de grands
cris et des pleurs de femmes et d'enfans,'
ce qui nous fit redoubler notre feu de
Mousqueterie et de double Grenade , mais
malheureusement nos Mortiers furent
trop tôt hors de service par les cercles
qui manquerent.
A 5. heures et demie du soir , les Natches
firent une sortie sur un de nos Postes, oùil
y avoit 15. hommes retranchez derriere un
gros arbre qui n'étoit qu'à 20 toises du
Fort ; ils le prirent à revers et tuerent un
Grenadier de la Marine, Un Sergent des
Troupes de la Colonie y reçut un coup
de fusil qui lui perça les deux épaules.
Dès que nous eûmes connoissance de
(a) C'étoit des Mortiers portatifs , que le sieur
Baron , Ingenieur , avoit inventez , ils étoient
faits d'un bois fort dur , et çerçlez de fer.
cette
20961 MERCURE DE FRANCE
cette sortie , nous crûmes que les Ennemis
alloient tenter de se sauver dans les
Bois par l'intervale du Camp des Habitans
au nôtre , ce qui détermina M. Salvert à
prendre la Compagnie de Lusser , pour
les couper. Mais voyant qu'ils n'en vouloient
qu'à notre Poste , il donna dessus
avec quelques Habitans et les obligea de
rentrer avec précipitation dans leur Fort.
Dans cette Action le sieur Dehaye ,
Capitaine de Milice , reçut deux coups.
de fusil , et un Negre fut tué.
A 8. heures du soir , quoique le tems
fût très- mauvais , le General fit ouvrir de
son côté la Tranchée à 30. toises du Fort,
et nous ne la poussâmes qu'à 15. toises,
faute de Gabions.
Le 22. on fit venir le Canon et le der
nier Mortier ; nous en tirâmes quelques
coups sur la fin du jour en redoublant
le feu de notre Mousqueterie , qui ne discontinua
point toute la nuit.
Avant que de continuer le travail de
la Tranchée , le General fit visiter sur le
soir une maison forte , qui enfiloit nos
travaux ; il envoya un Officier avec 12 .
Grenadiers et autant de Sappeurs armez
pour s'en emparer , mais ils furent repoussez
par le feu des Ennemis , qui étoit
extrémement vif. M. de Salvert y accou
rug
SEPTEMBRE. 1731. 2097
rut ; et se mettant à la tête des Assaillants
, il recommença si vivement l'attaque
, qu'en un quart d'heure il força l'Ennemi
d'abandonner la maison . Il trouva
que c'étoit une espece de redoute à l'épreuve
du coup de fusil , avec des meurtrieres
tout autour ; il la fit garder , jugeant
qu'elle serviroit bien à deffendre la
tête de notre Tranchée.
En effet le 23. nous poussâmes trèsvigoureusement
le travail de la Tranchće,
à la faveur de cette redoute , de façon que
le General comptoit achever le lendemain
la communication de ses Travaux avec
ceux de M. le Baron de Crenay , qui de
son côté travailloit aussi avec beaucoup
de vigueur.
Le 24. les Natches voyant que nous
les serrions de fort près , et se trouvant
fort incommodez par nos doubles Grenades
et par le Canon , ( quoique notre
petite Artillerie ne tirât que de loin en
Loin , ) ( a ) arborerent un Drapeau blanc
7. heures du matin , et nous envoyeà
(a ), Ils avoient bien trouvé le secret de se garantir
du Canon et de la Mousqueterie , en faisant
des trous en terre , dans lesquels te tenoient
leurs femmes et leurs enfans , et où ils se reposoient
eux-mêmes , mais ces trous étant ouverts
par le haut , les Grenades ou leurs éclats qui y
tomboient y causoient beaucoup de desordre.
C rent
2098 MERCURE DE FRANCE
rent un Sauvage qui parloit un peu François.
Le General lui dit qu'il ne les écouteroit
point qu'ils ne lui eussent renvoyé
tous les Negres qui étoient dans le Fort.
Ce Député retourné , on vit arriver avec
lui un moment après 19. Negres et une
Negresse , qui rapporterent que six autres
Negres étoient à la Chasse avec des Natches
, et que le reste avoit été tué. Le General
dit au même Sauvage qu'il ne vou
loit donner sa parole sur rien qu'il n'eût
les Chefs de sa Nation dans son Camp ;
après quoi il le renvoya.
Il vint ensuite un autre Sauvage nommé
S. Côme , (a) mais il le renvoya aussi
sans l'entendre , en lui disant , que si le
Grand - Chef, celui de la Farine et lui (b)
ne venoient pas bien - tôt ensemble , il-fe-
(a ) Quand les Sauvages sont bien avec les
François , ils se font honneur de prendre des
noms que ceux- cy portent.
(b) Avant que cette Nation eût frappé les François
, elle étoit divisée en 5. Villages , le premier
nommé la Valeur ; le 2. la Farine ; le 3 ° . la
Pomme ; le 4. les Gris , et le se . le grand Village
.Chaque Village avoit son Chef, et cependant
tous étoient soumis à un Grand - Chef , et tous
ces Chefs particuliers s'appelloient Soleil par Excellence
; ces Sauvages ayant une dévotion toute
particuliere pour cet Astre , en l'honneur duquel
ils entretenoient un feu perpetuel.
ne
SEPTEMR E. 1731. 2099
-
roit recommencer à tirer sur eux . Malgré
le mauvais temps ils se rendirent à
notre Camp sur les 4. heures du soir ; on
les conduisit au General ; ils l'aborderent
avec toutes les façons qui parmi eux peuvent
marquer le repentiret la soumission,
et ils dirent qu'ils ressentoient la grandeur
du crime qu'ils avoient commis ,
qu'ils n'osoient demander la vie , mais
qu'ils s'estimeroient heureux en mourant,
si on vouloit l'accorder à leurs femmes
et à leurs enfans.
Le General leur répondit qu'il la donneroit
à tous ceux de la Nation , même
aux hommes qui se rendroient à lui le
lendemain , mais que passé ce jour là , il
feroit bruler ceux qui ne profiteroient
pas de la grace qu'il vouloit bien leur
faire ; ils répliquerent que sa résolution
étoit juste. Cependant à minuit le Chef
de la Farine , qui étoit dans une Tente
gardée par 12. hommes , tant François
que Sauvages des plus alertes , doutant
de la parole du General , se sauva à la faveur
de la nuit , qui étoit la plus obscure
que l'on ait jamais vûë , et du temps effroyable
qu'il faisoit , la pluye tombant
si furieusement , qu'il falloit être Sauvage
et craindre le bucher pour tenir dehors ;
on tira sur lui sans l'atteindre.
Cij Le
2100 MERCURE DE FRANCE
Le 25. quoique le temps continuât d'être
mauvais , ( ce qui nous incommodoit
extrémement ) la femme du Grand- Chef
et sa Famille , sortirent le matin du Fort
avec 450. femmes ou enfans , et vinrent
se rendre. A l'égard des hommes , ils ne
venoient que l'un après l'autre , ensorte
que le soir il en restoit encore dans le
Fort environ 20. qui demanderent qu'on
les laissât jusqu'au lendemain , ce qui leur
fut accordé , parce que le temps ne permettoit
pas de les aller prendre. Nous
étions alors entre deux eaux ; car là pluye
ne cessa que vers les 9 , heures du soir. A
8. he es , presque tous ceux qui étoient
restez dans le Fort s'évaderent. Le quartier
des Habitans s'en apperçut ,
fut impossible ni de tirer sur eux un seul
coup de fusil , ni de les faire poursuivre
par nos Sauvages , l'eau du Ciel nous ayant
réduits en tel état que nos gens ne pouvoient
ni marcher , ni faire usage de leurs
armes. Cependant la pluye ayant cessé
nous entrâmes dans le Fort , où nous
trouvâmes seulement deux hommes et
une femme , et nous apprîmes que ceux
qui s'étoient enfuis , étoient au nombre
de 16. hommes et de 4. femmes.
mais il
Le General fit ensuite le recensement
de ses Prisonniers qu'il avoit résolu pour
l'exemple
SEPTEMBRE. 1731. zioł
;
l'exemple d'envoyer dans une autre Colonie
pour y être vendus comme Esclaves
; et voyant qu'il ne se trouvoit que
45. hommes , il demanda ce que les autres
étoient devenus , parce que cette Nation
devoit être forte d'envirom 500. Guerriers
,lorsqu'elle surprit le Poste François .
le principal d'entr'eux dit qu'ils avoient
perdu du monde dans cette malheureuse
Action , qu'ensuite les Partis des Nations
Sauvages qui sont dans notre Alliance ,
les ayant attaquez en differens endroits ,
et nous-mêmes les ayant assiegez dans
leurs anciens Forts , ils y avoient encore
fait de grandes pertes que depuis s'étant
venus établir dans l'endroit où nous venons
de les prendre , la fatigue du chemin
et le mauvais air du lieu , avoient
fait périr par maladie plus de la moitié
de leurs gens. Que tandis qu'ils souffroient
tant de miseres , les Partis de nos Sauvages
leur avoient détruit peu à peu et en
differens Cantons beaucoup de Guerriers,
que nous venions de leur en tuer encore
un grand nombre en les forçant de se rendre
; et qu'enfin il n'en restoit point d'autres
que ceux que l'on voyoit prisonniers ,
que les 16. qui s'étoient sauvez du Fort ,
et qu'un très- petit nombre qui étoit à la
Chasse , lorsque nous les avons assiegez
C iij .
il
2102 MERCURE DE FRANCE
dizil
fut facile de juger que le
compte
Sauvage étoit juste , et le General en parut
content.
Le lendemain 26 , nos Sauvages qui
étoient en course , prirent deux Ñatches
qu'ils brulerent , et enleverent la chevefure
d'un autre qu'ils avoient tué.
Ce jour- là et le suivant furent employez
à démolir le Fort , et à bruler les
bois dont il étoit construit. Le General
envoya M. son frere avec le Bataillon de
la Marine et 25o . Esclaves , au Camp qui
gardoit les Bateaux.
Le 28. tout ce qui appartenoit aux Natches
se trouvant détruit , le General partit
avec le reste de son monde et des Esclaves
pour joindre M. de Salvert , et le
29. tout se mit en mouvement pour se
rendre dans le Fleuve de Mississipy , ou
chacun avoit grand besoin d'arriver en
un lieu commode , pour se remettre des
fatigues qu'il avoit essuyées.
On jugera aisément par cette Relation
que si nous n'avions pas pressé l'Ennemi
aussi vivement que nous avons fait , nous
cussions couru grand risque de ne pas
réüissir et de perdre la plus grande partie
de notre petite Armée par la fatigue et
par le mauvais temps , ce qui infailliblement
auroit causé des maladies , qui toutes
SEPTEMBRE. 1731. 2103
tes auroient été mortelles dans un lieu où
les hommes les plus vigoureux souffriroient
beaucoup.
Jamais Expedition ne fut plus utile ;
elle a vangé la Nation Françoise d'un horrible
massacre fait d'une partie de ses Habitans
à la Louisianne par des Sauvages
qui étoient en pleine Paix avec eux , et
qui pour les surprendre s'étoient répandus
dans leurs maisons , sous l'apparence
de l'amitié et sous le prétexte de leur
rendre service . Elle a servi en même-temps
à faire connoître à tous les Sauvages du
Continent , que les François ne trouvent
rien d'impossible lorsqu'il s'agit de punir
le crime , et qu'ils sçavent trouver et
dompter leurs Ennemis dans les lieux les
plus écartez , les plus difficiles à abor
der et les mieux fortifiez .
Et enfin cette Expedition a dû effacer
de l'esprit des Sauvages Chaetas , Nation
très- nombreuse et la plus redoutable du
Continent , l'opinion qu'elle avoit que
nous ne pouvions châtier nos Ennemis.
sans son secours , ce qui la rendoit le
plus souvent si insolente , que M. Perrier
s'étoit déterminé à ne la point employer
dans l'entreprise qu'il avoit projettée
contre les Natches , ainsi qu'on l'a
dit dans le commencement de cette Re-
Lation C iiij Tous
2104 MERCURE DE FRANCE
Tous ces objets animoient tellement
nos gens dans cette affaire , qu'il n'y a
eû aucun Officier ni Soldat , tant des
Troupes reglées , que des Milices , qui
n'ait fait tout ce qui a dépendu de ses
forces pour avancer le travail , chacun
ayant mis la main à l'oeuvre , et qui n'ait
agi avec toute la valeur imaginable . Il
est vrai que le bon exemple des Chefs
y a beaucoup contribué , et certainement
les deux frères ont bien Fait connoître
qu'ils sçavent former une entreprise difficile
, et qu'ils sont également habiles et
courageux dans l'execution. Ils ont donné
beaucoup de loüanges à M. le Baron
de Crenay , et generalement à tous les
Officiers qui ont eû part à cette Expedition.
*
Relation de la défaite des Natches (a)
par M. Perier, Commandant General à
la Louisianne , au mois de Janvier 1731 .
No
,
Otre General jugeant qu'il étoit ne
cessaire avant de rien entreprendre ,
de s'éclaircir avec les Chactas , Nation
Sauvage la plus considerable de la Loüisianne
sur les differens bruits qui s'étoient
répandus de leur mauvaise volonté
pour nous , se rendit à la Mobile , Fort
occupé par les Françóis , à la Côte de l'Est
de la Louisianne , où il avoit fait avertir
leurs Chefs de se rendre dans les premiers
jours de Novembre , et les ayant trouvez
bien disposez , il renouvella en la manie◄
re ordinaire , les Traitez de Commerce et
d'Alliance que nous avons depuis longtemps
avec eux , et leur proposa de re
connoître pour Grand- Chef de la partie
du Ouest , qu'on appelle Bas- Chacra , le
Chef des Castacha , Village de la mêmę
( a ) C'est une Nation Sauvage , qui au mois
de Decembre 1729. massacra les François qui
étoient établis auprès d'elle , quoiqu'elle fût en
paix avec eux.
Nation,
SEPTEMBRE. 1731 2087
Nation. Ils l'accepterent avec plaisir et
promirent de nous renvoyer le reste des
Negres qu'ils avoient pris sur les Natches
, et de payer tout ce qu'ils devoient
aux François , avec lesquels ils avoient
négocié. Ils lui demanderent ensuite d'aller
en guerre contre les Natches , mais i'
leur répondit seulement qu'il les feroit
avertir s'il avoit besoin d'eux , étant bien
résolu de ne s'en pas servir pour les tirer
de l'erreur où ils étoient , que nous ne
pouvions nous passer de leur secours , et
que sans leur appui nous serions obligez:
d'abandonner nos établissemens.
Après les avoir renvoyez chez eux
il partit pour la nouvelle Orleans , où il
arriva le 13. Novembre 1730. il y trouva
M. de Salvert son frere , Lieutenant de
Vaisseau , commandant un Détachement
des Troupes de la Marine , très - avancé
dans les préparatifs dont il l'avoit chargé
pour aller attaquer les Natches. L'Equipage
du Vaisseau du Roi , qu'il commandoit
, y avoit travaillé fort utilement , et
on peut assurer que sans lui nous n'eussions
pas été si-tôt prêt à marcher contre
l'Ennemi .
Le 9. Decembre M. de Salvert partit à
la tête du Détachement de la Marine ,
qui formoit un petit Bataillon , il avoit
ordre
2088 MERCURE DE FRANCE
ordre d'attendre au Village de Carlestin
Habitations françoises , situées à environ
15. lieües au-dessus de la nouvelle Orleans
, en montant le Fleuve , le General
qui le joignit le 13. avec les Troupes de
la Colonie et les Munitions de guerre.
Le 14. ils marcherent ensemble jus
qu'aux Bayagoulas , où ils resterent quatre
jours pour attendre le Détachement
des Milices du Pays , commandé par M. de
Benac , Officier retiré du Service , qui
s'est établi dans la Colonie , et les grands
Bateaux chargez de vivres qui ne pou
voient suivre..
Le General avoit divisé ses forces en
trois Corps , pour éviter toute tracasseric
et donner plus d'émulation . Le premier
étoit commandé par M. de Salvert ; il
étoit composé de iso . Soldats de la Marine
et d'environ 40. hommes de son
Equipage . Le second étoit commandé par
le Baron de Crenay , Lieutenant - Colo❤
nel , et étoit composé d'un Détachement
de 150. hommes des Troupes de la Co-
Ionie ; et le troisième étoit commandé par
le sieur de Benac , et étoit composé de
120. habitans qui s'étoient offerts d'aller
à la guerre
.
Le 22. tout étant rassemblé , on se mit
en marche et on fat coucher à Manchac
où
SEPTEMBRE. 1731. 2089
ù le sieur de Laye , Habitant , attendoit
le General , il lui dit que s'il vouloit se
servir des Sauvages Tonnicas , petite Nation
située sur les bords du Fleuve ,
environ 70. lieuës au - dessus de la nouvelle
Orleans , en suivant le Fleuve , il
étoit necessaire qu'il se rendît lui -même
chez eux pour les faire marcher ; ce qu'il
fit en laissant la conduite de la petite
armée à M. son frere , qui malgré la
neige et le verglas , le joignit aux Tonnicas
le 27.
Le 28. il continua sa marche jusqu'à
l'entrée de la Riviere Rouge , (a ) où étoit
le rendez - vous general. Le Vaisseau le
Prince de Conty , sur lequel on avoit fai ■
faire des Fours , y arriva le même jour.
Le General fut obligé de rester jusqu'au .
3. de Janvier aux Tonnicas pour leur
faire achever leurs préparatifs de guerre ,
ils étoient d'autant plus lents , que la
peur les avoit saisis sur la nouvelle qu'ils
venoient d'apprendre que le sieur de Coulange
, ( Canadien , frère d'un Officier des
Troupes de la Colonie , et fils du sieur
de Livilliers , Officier des Troupes de Ca
nada , ) qui avoit été envoyé dans une
grande Pirogue , armée de zo. hommes :
(a) A 9. lieues au- dessus du Village des Tonnicas
, situé à present au portage de la Croix .
grande
2090 MERCURE DE FRANCE
volontaires Sauvages , et Negres libres ,
pour faire porter les ordres du General
aux Arkansas , avoit été attaqué à quelques
journées de chez eux par les Natches , qui
lui avoient tué ou blessé la moitié de ses
gens , parmi lesquels les sieurs de la Touche
,Beaulieu et Cochart, ( le premier, Gen--
tilhomme Breton ; le second , Officier de
Marine de la Compagnie , ) ont eu le
malheur de se trouver au nombre des
morts. Le sieur de Coulange y reçût deux
coups de fusil , dont un au travers du
été mortel. Cette accorps
, qui n'a pas
tion , qui ne décidoit de rien , avoit cependant
si fort abattu le courage de nos
Sauvages , qu'il ne s'en trouva que iso .
des plus braves à l'Armée , les autres s'étant
retirez peu à peu sous differens pré
textes.
Le 4. Janvier , le General joignit l'Ar
mée à la Riviere Rouge , où il trouva les
Détachemens des Garnisons des Natches
et Natchitoches (a) arrivez , et la division
des Habitans , partie pour se montrer à
la hauteur des Natches , (b) afin de faire
(a) Forts François qui portent le nom des Na→
tions Sauvages auprès desquelles ils ont éte cons
truits.
(b) C'est la Nation même qui depuis qu'elle se
vit menacée d'être châtiée par les Frauçois , aban--
croire
SEPTEMBRE . 1731. 209%
croire à leurs découvreurs s'ils nous rencontroient
, que notre intention étoit de
les aller attaquer par le Fleuve , quoique
notre parti fût pris , d'aller par la Riviere
Rouge.
Le 11. l'Armée entra dans cette Riviere
pour chercher l'Ennemi , car nous n'avions
pû sçavoir depuis 9. mois l'endroit
positif où les Natches avoient fait leur
Fort , quoique le General y eût envoyé
zo . Partis differens , tant forts que foi
bles ; ensorte que ce ne fut que sur le
peu de connoissance qu'il avoit tirée d'un
enfant de 12 à 13. ans , qui avoit deserté
de cette Nation , qu'il se hazarda à l'aller
- chercher , contre le sentiment general des
Sauvages , vers la Riviere Rouge , dans ,
des Pays marécageux et coupez , jusques
là inconnus à nos Sauvages du Fleuve .
Cependant l'Armée guidée par l'esperance
et encouragée par son General dans
les peines inexprimables que le mauvais
temps et la difficulté du Pays, lui faisoient
souffrir , se trouva le 19. sans le sçavoir ,
précisement à une lieuë du Fort de Valeur
, c'est le Fort de la Nation Natches.
donna le lieu de sa demeure ordinaire et se transporta
dans un autre endroit qu'elle croyoit inconnu
à tous autres Sauvages et inaccessibles aux
François.
Le
2092 MERCURE DE FRANCE
Le General prenoit toutes sortes de me
sures pour éviter les embuscades qu'il
étoit aisé de nous dresser , y ayant apparence
que les Ennemis sçavoient notre
marche , puisque le 18. quelques - uns de
nos Sauvages qui étoient allez à la découverte
, ( car ils s'étoient un peu rassurez
par l'exemple des François qu'ils voyoient
marcher courageusement par terre ) étant
venus avertir qu'ils avoient appefçû un
. Parti de Natches à deux lieuës au - dessous
de nous , de l'autre côté de la Riviere,
le General y envoya un Détachement de
François et de Sauvages , pour tâcher de
le surprendre , mais on ne put y réussir
par la jalousie de six Sauvages Houmas ;
qui tirerent dessus avant que nos gens
fussent arrivez ; ensorte que ce Parti prie
la fuite et s'éloigna en peu de temps. Si
nous avions pû l'attaquer , on se flattoit
de pouvoir faire quelque prisonnier et
d'apprendre des nouvelles positives du
lieu où la Nation s'étoit retirée .
Nous restâmes le 19. dans la même in
quietude , quoique nos Sauvages vissent
encore plusieurs Natches , dont ils tuerent
un homme et une femme , mais le
20. le General ayant envoyé à la découverte
un Parti d'Habitans et de Sauvages,
soutenus par les Compagnies de Mrs de
la
S
SEPTEMBRE. 1731. 2093
la Giroüardiere et de Lusser ; le premier
Capitaine d'une Compagnie de la Marine,
l'autre Capitaine d'une Compagnie des
Troupes de la Colonie. On vint lui dire
une demie heure après leur départ qu'ils
se trouvoient dans un chemin battu ;
aussi-tôt on ne douta point que ce ne fût
celui du Fort , et on se prépara à marcher.
Le General fit monter les Bateaux vis-àvis
cet endroit , et ayant ordonné au Baron
de Crenay d'y rester avec 100. hommes
, il se tenoit prèt à marcher avec
M. Salvert , pour aller investir le Fort
dès qu'il en auroit quelque nouvelle. A
peine les Bateaux et Pirogues furent- ils
arrivez l'on entendit la Mousqueteque
rie du Fort et celle des Escarmoucheurs
du Détachement qui avoit toûjours suivi
le chemin battu ; dans l'instant on marcha
et on rencontra les sieurs Marin et
Outlas , qui venoient dire que nos gens
avoient trouvé le Fort , nous y arrivâmes
en une heure de marche par un Pays
tout couvert de bois ; dès que nous
l'apperçûmes , le General fit battre aux
champs . A ce bruit les Tonnicas se sentant
soutenus , attaquerent quelques Cases
aux environs du Fort , d'où ils chasserent
les Natches et y mirent le feu."
Pendant ce temps M. de Salvert marcha
pan
094 MERCURE DE FRANCE
1
35.
la droite avec partie des Troupes
par
et le General par la gauche pour rejoindre
Mrs de la Giroüardiere et de Lusser,
Il les trouva qui s'étoient avancez à
toises du Fort , à la faveur de plusieurs
arbres , où ils resterenr jusqu'à ce qu'il
leur dit de venir se mettre derriere une
butte qui étoit à 120. toises du Fort , lieu
qui lui étoit très- favorablement situé pour
mettre une partie de notre Camp à cou
vert. Il fut aussi - tôt joindre M. de Salvert
, et ils passerent ensemble une petite
Riviere ou gros Ruisseau , auprès duquel
les Natches avoient construit leur Fort ;
ils étoient suivis par les Compagnies de
Dartaguette et de Sanzei , la premiere
de la Colonie , l'autre , de la Marine. Ils
rangerent ce Fort de très-près , à la faveur
de quelques Cabanes , et après avoir
reconnu le terrain , ils firent l'un et
l'autre le tour du Fort par les derrieres
jusqu'à la butte dont on vient de parler,
et ils convinrent d'y établir le Quartier
general , par rapport à la facilité qu'il y
avoit de recevoir là nos besoins qui venoient
du bord de la Riviere , sans que
l'on fût obligé de passer le Ruisseau.
Le 21. le General envoya ordre au Baron
de Crenay de venir le joindre pour
commander l'attaque de la gauche , et le.
même
SEPTEMBRE. 1731 2095
même jour il fit arborer un Drapeau blanc
pour demander aux Sauvages qu'ils eussent
à lui remettre des Negres qu'ils
avoient pris ; ils tirerent sur le Drapeau
en disant à l'Interprete qu'ils ne vouloient
pas parler à des chiens comme nous.
Sur les deux heures un de nos Mortiers
de bois arriva. ( a) On jetta sur le champ
quelques Grenades Royales , dont deux
tomberent dans le Fort , sur une de leurs
maisons et y mit le feu. Après qu'elles
eurent crevé , nous entendîmes de grands
cris et des pleurs de femmes et d'enfans,'
ce qui nous fit redoubler notre feu de
Mousqueterie et de double Grenade , mais
malheureusement nos Mortiers furent
trop tôt hors de service par les cercles
qui manquerent.
A 5. heures et demie du soir , les Natches
firent une sortie sur un de nos Postes, oùil
y avoit 15. hommes retranchez derriere un
gros arbre qui n'étoit qu'à 20 toises du
Fort ; ils le prirent à revers et tuerent un
Grenadier de la Marine, Un Sergent des
Troupes de la Colonie y reçut un coup
de fusil qui lui perça les deux épaules.
Dès que nous eûmes connoissance de
(a) C'étoit des Mortiers portatifs , que le sieur
Baron , Ingenieur , avoit inventez , ils étoient
faits d'un bois fort dur , et çerçlez de fer.
cette
20961 MERCURE DE FRANCE
cette sortie , nous crûmes que les Ennemis
alloient tenter de se sauver dans les
Bois par l'intervale du Camp des Habitans
au nôtre , ce qui détermina M. Salvert à
prendre la Compagnie de Lusser , pour
les couper. Mais voyant qu'ils n'en vouloient
qu'à notre Poste , il donna dessus
avec quelques Habitans et les obligea de
rentrer avec précipitation dans leur Fort.
Dans cette Action le sieur Dehaye ,
Capitaine de Milice , reçut deux coups.
de fusil , et un Negre fut tué.
A 8. heures du soir , quoique le tems
fût très- mauvais , le General fit ouvrir de
son côté la Tranchée à 30. toises du Fort,
et nous ne la poussâmes qu'à 15. toises,
faute de Gabions.
Le 22. on fit venir le Canon et le der
nier Mortier ; nous en tirâmes quelques
coups sur la fin du jour en redoublant
le feu de notre Mousqueterie , qui ne discontinua
point toute la nuit.
Avant que de continuer le travail de
la Tranchée , le General fit visiter sur le
soir une maison forte , qui enfiloit nos
travaux ; il envoya un Officier avec 12 .
Grenadiers et autant de Sappeurs armez
pour s'en emparer , mais ils furent repoussez
par le feu des Ennemis , qui étoit
extrémement vif. M. de Salvert y accou
rug
SEPTEMBRE. 1731. 2097
rut ; et se mettant à la tête des Assaillants
, il recommença si vivement l'attaque
, qu'en un quart d'heure il força l'Ennemi
d'abandonner la maison . Il trouva
que c'étoit une espece de redoute à l'épreuve
du coup de fusil , avec des meurtrieres
tout autour ; il la fit garder , jugeant
qu'elle serviroit bien à deffendre la
tête de notre Tranchée.
En effet le 23. nous poussâmes trèsvigoureusement
le travail de la Tranchće,
à la faveur de cette redoute , de façon que
le General comptoit achever le lendemain
la communication de ses Travaux avec
ceux de M. le Baron de Crenay , qui de
son côté travailloit aussi avec beaucoup
de vigueur.
Le 24. les Natches voyant que nous
les serrions de fort près , et se trouvant
fort incommodez par nos doubles Grenades
et par le Canon , ( quoique notre
petite Artillerie ne tirât que de loin en
Loin , ) ( a ) arborerent un Drapeau blanc
7. heures du matin , et nous envoyeà
(a ), Ils avoient bien trouvé le secret de se garantir
du Canon et de la Mousqueterie , en faisant
des trous en terre , dans lesquels te tenoient
leurs femmes et leurs enfans , et où ils se reposoient
eux-mêmes , mais ces trous étant ouverts
par le haut , les Grenades ou leurs éclats qui y
tomboient y causoient beaucoup de desordre.
C rent
2098 MERCURE DE FRANCE
rent un Sauvage qui parloit un peu François.
Le General lui dit qu'il ne les écouteroit
point qu'ils ne lui eussent renvoyé
tous les Negres qui étoient dans le Fort.
Ce Député retourné , on vit arriver avec
lui un moment après 19. Negres et une
Negresse , qui rapporterent que six autres
Negres étoient à la Chasse avec des Natches
, et que le reste avoit été tué. Le General
dit au même Sauvage qu'il ne vou
loit donner sa parole sur rien qu'il n'eût
les Chefs de sa Nation dans son Camp ;
après quoi il le renvoya.
Il vint ensuite un autre Sauvage nommé
S. Côme , (a) mais il le renvoya aussi
sans l'entendre , en lui disant , que si le
Grand - Chef, celui de la Farine et lui (b)
ne venoient pas bien - tôt ensemble , il-fe-
(a ) Quand les Sauvages sont bien avec les
François , ils se font honneur de prendre des
noms que ceux- cy portent.
(b) Avant que cette Nation eût frappé les François
, elle étoit divisée en 5. Villages , le premier
nommé la Valeur ; le 2. la Farine ; le 3 ° . la
Pomme ; le 4. les Gris , et le se . le grand Village
.Chaque Village avoit son Chef, et cependant
tous étoient soumis à un Grand - Chef , et tous
ces Chefs particuliers s'appelloient Soleil par Excellence
; ces Sauvages ayant une dévotion toute
particuliere pour cet Astre , en l'honneur duquel
ils entretenoient un feu perpetuel.
ne
SEPTEMR E. 1731. 2099
-
roit recommencer à tirer sur eux . Malgré
le mauvais temps ils se rendirent à
notre Camp sur les 4. heures du soir ; on
les conduisit au General ; ils l'aborderent
avec toutes les façons qui parmi eux peuvent
marquer le repentiret la soumission,
et ils dirent qu'ils ressentoient la grandeur
du crime qu'ils avoient commis ,
qu'ils n'osoient demander la vie , mais
qu'ils s'estimeroient heureux en mourant,
si on vouloit l'accorder à leurs femmes
et à leurs enfans.
Le General leur répondit qu'il la donneroit
à tous ceux de la Nation , même
aux hommes qui se rendroient à lui le
lendemain , mais que passé ce jour là , il
feroit bruler ceux qui ne profiteroient
pas de la grace qu'il vouloit bien leur
faire ; ils répliquerent que sa résolution
étoit juste. Cependant à minuit le Chef
de la Farine , qui étoit dans une Tente
gardée par 12. hommes , tant François
que Sauvages des plus alertes , doutant
de la parole du General , se sauva à la faveur
de la nuit , qui étoit la plus obscure
que l'on ait jamais vûë , et du temps effroyable
qu'il faisoit , la pluye tombant
si furieusement , qu'il falloit être Sauvage
et craindre le bucher pour tenir dehors ;
on tira sur lui sans l'atteindre.
Cij Le
2100 MERCURE DE FRANCE
Le 25. quoique le temps continuât d'être
mauvais , ( ce qui nous incommodoit
extrémement ) la femme du Grand- Chef
et sa Famille , sortirent le matin du Fort
avec 450. femmes ou enfans , et vinrent
se rendre. A l'égard des hommes , ils ne
venoient que l'un après l'autre , ensorte
que le soir il en restoit encore dans le
Fort environ 20. qui demanderent qu'on
les laissât jusqu'au lendemain , ce qui leur
fut accordé , parce que le temps ne permettoit
pas de les aller prendre. Nous
étions alors entre deux eaux ; car là pluye
ne cessa que vers les 9 , heures du soir. A
8. he es , presque tous ceux qui étoient
restez dans le Fort s'évaderent. Le quartier
des Habitans s'en apperçut ,
fut impossible ni de tirer sur eux un seul
coup de fusil , ni de les faire poursuivre
par nos Sauvages , l'eau du Ciel nous ayant
réduits en tel état que nos gens ne pouvoient
ni marcher , ni faire usage de leurs
armes. Cependant la pluye ayant cessé
nous entrâmes dans le Fort , où nous
trouvâmes seulement deux hommes et
une femme , et nous apprîmes que ceux
qui s'étoient enfuis , étoient au nombre
de 16. hommes et de 4. femmes.
mais il
Le General fit ensuite le recensement
de ses Prisonniers qu'il avoit résolu pour
l'exemple
SEPTEMBRE. 1731. zioł
;
l'exemple d'envoyer dans une autre Colonie
pour y être vendus comme Esclaves
; et voyant qu'il ne se trouvoit que
45. hommes , il demanda ce que les autres
étoient devenus , parce que cette Nation
devoit être forte d'envirom 500. Guerriers
,lorsqu'elle surprit le Poste François .
le principal d'entr'eux dit qu'ils avoient
perdu du monde dans cette malheureuse
Action , qu'ensuite les Partis des Nations
Sauvages qui sont dans notre Alliance ,
les ayant attaquez en differens endroits ,
et nous-mêmes les ayant assiegez dans
leurs anciens Forts , ils y avoient encore
fait de grandes pertes que depuis s'étant
venus établir dans l'endroit où nous venons
de les prendre , la fatigue du chemin
et le mauvais air du lieu , avoient
fait périr par maladie plus de la moitié
de leurs gens. Que tandis qu'ils souffroient
tant de miseres , les Partis de nos Sauvages
leur avoient détruit peu à peu et en
differens Cantons beaucoup de Guerriers,
que nous venions de leur en tuer encore
un grand nombre en les forçant de se rendre
; et qu'enfin il n'en restoit point d'autres
que ceux que l'on voyoit prisonniers ,
que les 16. qui s'étoient sauvez du Fort ,
et qu'un très- petit nombre qui étoit à la
Chasse , lorsque nous les avons assiegez
C iij .
il
2102 MERCURE DE FRANCE
dizil
fut facile de juger que le
compte
Sauvage étoit juste , et le General en parut
content.
Le lendemain 26 , nos Sauvages qui
étoient en course , prirent deux Ñatches
qu'ils brulerent , et enleverent la chevefure
d'un autre qu'ils avoient tué.
Ce jour- là et le suivant furent employez
à démolir le Fort , et à bruler les
bois dont il étoit construit. Le General
envoya M. son frere avec le Bataillon de
la Marine et 25o . Esclaves , au Camp qui
gardoit les Bateaux.
Le 28. tout ce qui appartenoit aux Natches
se trouvant détruit , le General partit
avec le reste de son monde et des Esclaves
pour joindre M. de Salvert , et le
29. tout se mit en mouvement pour se
rendre dans le Fleuve de Mississipy , ou
chacun avoit grand besoin d'arriver en
un lieu commode , pour se remettre des
fatigues qu'il avoit essuyées.
On jugera aisément par cette Relation
que si nous n'avions pas pressé l'Ennemi
aussi vivement que nous avons fait , nous
cussions couru grand risque de ne pas
réüissir et de perdre la plus grande partie
de notre petite Armée par la fatigue et
par le mauvais temps , ce qui infailliblement
auroit causé des maladies , qui toutes
SEPTEMBRE. 1731. 2103
tes auroient été mortelles dans un lieu où
les hommes les plus vigoureux souffriroient
beaucoup.
Jamais Expedition ne fut plus utile ;
elle a vangé la Nation Françoise d'un horrible
massacre fait d'une partie de ses Habitans
à la Louisianne par des Sauvages
qui étoient en pleine Paix avec eux , et
qui pour les surprendre s'étoient répandus
dans leurs maisons , sous l'apparence
de l'amitié et sous le prétexte de leur
rendre service . Elle a servi en même-temps
à faire connoître à tous les Sauvages du
Continent , que les François ne trouvent
rien d'impossible lorsqu'il s'agit de punir
le crime , et qu'ils sçavent trouver et
dompter leurs Ennemis dans les lieux les
plus écartez , les plus difficiles à abor
der et les mieux fortifiez .
Et enfin cette Expedition a dû effacer
de l'esprit des Sauvages Chaetas , Nation
très- nombreuse et la plus redoutable du
Continent , l'opinion qu'elle avoit que
nous ne pouvions châtier nos Ennemis.
sans son secours , ce qui la rendoit le
plus souvent si insolente , que M. Perrier
s'étoit déterminé à ne la point employer
dans l'entreprise qu'il avoit projettée
contre les Natches , ainsi qu'on l'a
dit dans le commencement de cette Re-
Lation C iiij Tous
2104 MERCURE DE FRANCE
Tous ces objets animoient tellement
nos gens dans cette affaire , qu'il n'y a
eû aucun Officier ni Soldat , tant des
Troupes reglées , que des Milices , qui
n'ait fait tout ce qui a dépendu de ses
forces pour avancer le travail , chacun
ayant mis la main à l'oeuvre , et qui n'ait
agi avec toute la valeur imaginable . Il
est vrai que le bon exemple des Chefs
y a beaucoup contribué , et certainement
les deux frères ont bien Fait connoître
qu'ils sçavent former une entreprise difficile
, et qu'ils sont également habiles et
courageux dans l'execution. Ils ont donné
beaucoup de loüanges à M. le Baron
de Crenay , et generalement à tous les
Officiers qui ont eû part à cette Expedition.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre contenant la Relation de la défaite des Natches (a) par M. Perier, Commandant General à la Loüisianne, au mois de Janvier 1731.
En janvier 1731, M. Perier, Commandant Général en Louisiane, entreprit de clarifier les relations avec les Chactas, une nation amérindienne influente, après des rumeurs de mauvaise volonté. Il se rendit à la Mobile pour renouveler les traités de commerce et d'alliance avec les Chactas, qui acceptèrent de renvoyer des esclaves capturés sur les Natches et de payer leurs dettes aux Français. Perier se rendit ensuite à la Nouvelle-Orléans, où il retrouva son frère, M. de Salvert, commandant un détachement des troupes de la marine. Le 9 décembre, M. de Salvert partit pour le village de Carlestin, où il rejoignit Perier avec les troupes de la colonie et les munitions. Ils marchèrent ensuite vers les Bayagoulas, où ils attendirent les milices du pays et les bateaux de vivres. Les forces françaises furent divisées en trois corps : le premier commandé par M. de Salvert, le second par le Baron de Crenay, et le troisième par le sieur de Benac. Le 22 décembre, ils se mirent en marche vers les Tonnicas, une petite nation amérindienne. Perier dut rester jusqu'au 3 janvier pour permettre aux Tonnicas de finaliser leurs préparatifs de guerre, retardés par la peur après une attaque des Natches. Le 4 janvier, Perier rejoignit l'armée à la Rivière Rouge, où il trouva des détachements des garnisons des Natches et des Natchitoches. Le 11 janvier, l'armée entra dans la Rivière Rouge pour chercher les Natches, dont le fort était inconnu. Guidés par un jeune déserteur, ils découvrirent le fort des Natches le 19 janvier. Le 20 janvier, après avoir repéré le chemin menant au fort, les Français se préparèrent à l'attaquer. Le 21 janvier, ils trouvèrent le fort et commencèrent à le bombarder avec des mortiers et des grenades. Les Natches firent une sortie, tuant un grenadier et blessant un sergent. Les Français ouvrirent une tranchée à 30 toises du fort. Le 22 janvier, ils continuèrent à bombarder le fort avec du canon et un mortier. En septembre 1731, les troupes françaises engagées dans une expédition contre les Natches ont affronté des conditions difficiles. La nuit précédant une attaque, la mousqueterie française continua sans interruption. M. de Salvert captura une redoute ennemie, utilisée pour défendre la tête de la tranchée française. Le 23 septembre, les travaux de la tranchée furent poussés vigoureusement à l'abri de cette redoute. Le 24 septembre, face à la pression des Français et aux attaques de grenades et de canon, les Natches arborèrent un drapeau blanc à 7 heures du matin. Ils demandèrent la paix en échange de la reddition de leurs esclaves noirs. Le général exigea la présence des chefs de la nation Natché pour négocier. Malgré le mauvais temps, les chefs Natches se rendirent au camp français en fin d'après-midi. Ils exprimèrent leur repentir et leur soumission, demandant la clémence pour leurs femmes et enfants. Le général accorda la vie à tous ceux qui se rendraient le lendemain, mais menaça de brûler ceux qui refuseraient. Le 25 septembre, de nombreux Natches se rendirent, mais environ 20 hommes restèrent dans le fort. La nuit suivante, la plupart des hommes restants s'enfuirent. Les Français démolirent ensuite le fort et brûlèrent les bois. Le 26 septembre, des Sauvages alliés capturèrent et brûlèrent deux Natches, et en tuèrent un autre. Les jours suivants furent consacrés à la démolition du fort et à la préparation du départ. Le 29 septembre, l'expédition quitta les lieux pour rejoindre le fleuve Mississippi. Cette expédition venger un massacre perpétré par les Natches et renforça la réputation des Français auprès des autres nations sauvages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 216-232
DE PARIS le 25 Août.
Début :
Un Courier arrivé de Vienne a apporté la nouvelle que le 12 de ce mois les Russes [...]
Mots clefs :
Baron de Laudon, Russes, Prince, Défaite, Colonel, Comte du Lau, Marquis, Seigneur, Lieutenant au régiment du roi, Généalogie, Maison de Lau, Gouverneur, Neveu, Cousine, Nominations, Famille, Origines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS le 25 Août.
DE PARIS le 25 Août.
Un Courier arrivé de Vienne a apporté la
nouvelle que le 12 de ce mois les Rufles foutenus
du corps aux ordres du Baron de Laudon , ont
remporté près de Francfort une feconde victoire
contre les Pruffiens com mandés par le Roi de
Pruffe en perfonne. Ce Prince , après la défaite
entiere de fon armée , a été obligé de fe retirer
avec précipitation fous Cuftrin. On évalue ſa perte
à plus de quinze mille hommes. Son artillerie &
Les bagages ont éte pris.
LE
OCTOBRE
.
1759
.
217
fa
cou-
LE ROI a donné une place de Colonel dans les
Grenadiers de France à Jean Baptifte Comte du
Lau , Lieutenant au Régiment du Roi, Infanterie;
Sa Majesté lui en avoit accordé l'expectative en
1754 il eft fils d'ArmandII du nom , Comte du
Lau , Seigneur de la Côte , de Savignac & la
Routeille en Perigord ; & de Dame Françoife de
Salleton de Laborie , & petit-fils de Jean Armand
Marquis du Lau , Seigneur de la Côte & autres
Heux ; & de Marie - Sibille du Lau fa coufine , iffue
de Germaine maternelle , fille d'Armand du Lau,
Marquis d'Allemans , Baron de Chamniers , Sei-
gneur de Montardi , Couture & Braffac ; & de
Sufanne du Lau , Baronne de Chamniers ,
fine germaine maternelle, & fa parente pater-
nelle du 4º au se degré , fille d'Armand du Lau ,
Baron de Chamniers , Seigneur de Chambon ,
Celettes & autres lieux , Maréchal des Camps &
Armées du Roi , Commandant pour Sa Majesté
dans les Gouvernemens de Balaguier , Ager &
autres Places de la Concque , Colonel de deux
Régimens d'Infanterie, & Gouverneur de Xaintes;
& de Sibille Jaubert de S. Gelais , fille de Fran-
çois Jaubert de S. Gelais , Chevalier , Seigneur
de S. Severin & en partie d'Allemans , & de
Sufanne de Raimond , Dame de S. Severin & de
Bourlac , & niéce & héritiere de Sibille Jaubert ,
Dame d'Allemans , de Montardit , Feidit & Bra
fac , veuve fans enfans , de Clinet d'Aidie , Vi-
comte de Carlux , Chevalier de l'Ordre du Roi.
"
Le Comte du Lau eft neveu de Jean du Lau
d'Allemans , Docteur en Théologie , Curé de la
Paroille de S. Sulpice de Paris , frere de Jean-
Louis du Lau , Evêque de Digne , Abbé de Saint
Romain de Blaye , Prieur du Montaux- Malades ,
mort en l'année 1746 ; de Claude Louis du Lau ,
Chevalier de Malte , dit le Chevalier de la Cô :é ,
I. Val.
K
7
218 MERCURE DE FRANCE.
tué en 1732 fur les Vailleaux de la Religion en
combattant pour fon Ordre , dans lequel il s'étoit
fait confidérer par des actions de valeur ; de Phi-
lippe du Lau , aufli Chevalier, de Malthe , dit le
Chevalier de la Roche , mort en 1734 fur les
Vailleaux de la Religion ; & de Jean du Lau ,
Grand Vicaire de l'Evêché de Pamiers , qui a été
député en 1770 par la Métropole de Toulouſe
à l'Aflemblée Générale du Clergé de France ; &
il eft petit neveu de jean du Lau , Comte d'Al-
lemans , Brigadier des Armées du Roi , Com-
mandeur de l'Ordre de S. Louis , Gouverneur de
Doulens , ci devant Gouverneur de Cognac , &
Lieutenant-Colonel du Régiment du Roi Infan-
terie , qui a épousé par Contrat du mois d'Avril
1745 Jeanne- Louile de Cherifey , fille de Louis
Comte de Cherifey , Lieutenant- Général des Ar-
mées du Roi , Grand Croix de l'Ordre de S. Louis,
Gouverneur du Fort S. Jean de Marſeille , Com-
mandant de toute la Maifon du Roi , & d'Anne
de Paget, dont postérité le Comte d'Allemans
eft frere de Claude-Martin du Lau , Chevalier de
Malthe , Commandeur, de Nice en Provence ,
mort en 1746 , peu de tems après qu'il eut été
nommé à cette Commanderie ; de Jean Louis du
Lau, Baron de Chamniers , Capitaine au Régi-
ment d'Anjou Cavalerie ; & de Jean- Armand du
Lau Comte d'Allemans , Baron de Chamniers ,
Seigneur de Montardi , Couture , Brailac , &c.
Chevalier de l'Ordre de S. Louis , Capitaine au
Régiment du Roi infanterie , qui avoit épouſé
Antoinette-Julie de Beaupoil Saint-Aulaire , fille
de Louis de Beaupoil Saint-Aulaire , Marquis de
Lanmary , Baron d'Angerville , Seigneur des
Forges , Chabannes , &c . Grand & premier
Echanfon de France , Capitaine Commandant
les Gensdarmes de la Reine , & de Jeanne-Marie
OCTOBRE
.
1759
.
219
>
Perrault
,
Baronne
de
Milly
,
Rouvre
,
Angerville
&
la
Riviere
.
Jean
-
Armand
du
Lau
,
Comte
d'Al-
Hemans
,
a
laiffé
de
fon
mariage deux
fils
&
une
fille
fçavoir
1
°
.
Jean
-
Louis
-
Antoine
du Lau
,
Marquis
d'Allemans
,
Baron
de Chamniers
,
Sei-
gneur
de
la
Châtellenie
de Couture
,
&
des
Terres
&
Seigneurie
de Montardi
,
Celles
,
Bertric
&
au-
tres
lieux
qui
a
épousé
Marie Madeleine
le
Coigneux
fille
de
Jacques
Marquis de
Bellabre
,
&
de Marie
-
Anne
de
Neiret
de
la
Ravoye
,
Mar-
quife
de
Bellabre
,
dont
le
fils
aîné
Jean
Armand-
Marie
du Lau
eft
Enfeigne dans
le
Régiment
des
Gardes
Françoiſes
,
après avoir
fervi
dans
les
Chevaux
-
Légers de
la
Garde
.
2º
.
Henri du Lau
,
Chevalier
de
l'ordre
de
S.
Louis
,
Capitaine
au
Régiment de Conty
Cavalerie
,
&
Sufanne
du
Lau
,
mariée
à
Jean
de
Chapt
de
Raftinac
,
Comte
de
Puiguilhem
,
dont
postérité
.
La maifon du Comte du Lau qui donne lieu
à cet article , eft établie en Périgord dès l'an
1429 ; elle eft une branche cadette des Barons
du Lau en Béarn , que l'on a trouvé , après un
mur examen , être iffus des Souverains de Biſcaye,
Comtes d'Alaua & Seigneur de Lod en Biſcaye ;
on en a puiſé les preuves dans les Chartres , dans
les anciennes Chroniques , les Cartulaires & dans
les Hiftoires du temps. La Généalogie de la mai-
fon du Lau a été faite fur de femblables monu-
mens , & fur titres tous originaux , par le Che-
valier Blondeau de Charnage ; & elle fut com-
muniquée avec les titres à M. de Clairambault ,
Généalogifte des Ordres du Roi lorfque le Comte
du Lau obtint les honneurs de la Cour. Nous
défirerions pouvoir inférer ici cet Ouvrage , mais
il est d'une trop grande étendue à caufe des
branches que la maifon du Lau a produit : nous
dirons feulement deux mots fur le rang des an-
Kij
220 MERCURE DE FRANCE
•
"
:
ciens Seigneurs de cette maiſon & fur fon ori-
gine , & nous ne parlerons enfuite qué de la
Branche établie en Périgord.
La maifon du Lau , dit l'Auteur de la Généa-
logie , eft iffue des Souverains de Biſcaye , par
Inigo-Sanches , Seigneur de Lod en Biscaye',
neveu d'Inigo- Loppes Comte d'Alaua . Nous ne
fixerons pas ajoute-t-il l'origine de la maiſon
du Lau à Inigo- Sanches Seigneur de Lod : l'hif-
toire exige que nous la remontions à Dom Lop
ou Fort- Loup , furnommé Suria , * premier Sei-
gneur de Biscaye qui fut élu par la Nation ,
après une bataille qu'il avoit gagné étant à leur
tête , en l'année 870 , fur Ordogne , fils d'Al-
phonfe III , furnommé le Grand , Roi d'Oviedo
& de Léon en ce lieu , & dans tout le cours
de l'Ouvrage , l'Auteur rapporte plufieurs faits
hiftoriques , intérellans & relatifs à fon Ouvrage.
Fort- Loup épouſa 1 ° . Dalda , fille de Sanche-
Eftigues-Ortun , Seigneur de Tariba & de Du-
rango , de laquelle il eut Manfo - Lopes 2º Sei-
gaeur de Biscaye , & de Tariba , pere d'Inigo-
Lopes 3 Seigneur de Bilcaye , dont vint Lopes-
Dias 4 Seigneur de Bilcaye , qui époufa Elvire-
Bermundes , fille de Bermuy l'aînez , & dont il
eut deux fils & une fille , fçavoir , Sanche-
Lopes e Seigneur de Bifcaye , qui fuit , Inigo-
Lopes Comte d'Alaua 6 Seigneur de Biſcaye ,
& Urraca-Lopes mariée à Dom Fernand ,
Roi
de Léon. Sancho - Lopes fut tué à Cubijana de
Morillos en conduifant une armée au fecours
du Comte de Caftille ; il laiffa deux fils en bas
âge , Inigo Lopes , Seigneur de Lod en Biscaye ,
qui fuit , & fort-Sanches , Seigneur d'Orofco ,
tige de la maiſon de ce nom ,
Les Souverains de Biscaye n'ont jamais eu d'autre
sitre que celui de Şeigucup.
OCTOBRE
.
1759. 221
I
Inigo
-
Lopes
,
Seigneur
de
Lod
en
Biſcayé
,
fut
Gouverneur de
la
Ville
de
Navarre
,
&
grand
Ecuyer
des
Ecuries
de
Garcias
,
Roi de
Navarre
,
furnommé
le
Trembleur
:
il
n'étoit
qu'un enfant
à
la
mort
de
fon père
,
ce
qui
fit
que
les
Bifca-
yens engagés dans
des guerres
,
&
ayant
beſoin
d'un
Chef
expérimenté
,
élurent
en
la
place
pour
leur
Seigneur Inigo
Lopes
,
Comte
d'Alaua
for
oncle
paternel
,
*
qui
,
pour
le
dédommager
du
moinsen
quelque
forte
,
lui
donna
la
Seigneurie
de
Lod
en
Bifcaye
,
dent
fa poftérité
prit
lé
nom
on
a de
lui
des
titres
des
années
997
,
1014
&
1920
:
il
eut
deux
fils
,
fçavoir
,
Lopes-
Sanches
,
Seigneur
de
Lod
en
Bifcaye
,
tige
de
la
maifon de
ce
nom
&
de
celle
de
Merdoce
,
&
Guillaume
**
Sance
,
Seigneur
de
la
Terre
du
Lau
en Bearn
,
fituée
comme
dans
un
Fauxbourg
de
la
Ville
de
Lefcar
: il
époufa
une
Dame
nom-
mée
Sancia-
Vacca
;
ils
firent
donation
,
du
con-
fentement de
leurs
fils
,
au
Chapitre
de
Lefcar
,
d'une
partie
des
dixmes de
l'Eglife
du Lau
,
Calbet
du Lau
,
mort
avant
l'an
115
,
leur
petit-
fils
fur
Evêque de
Leſcard
:
Cajard
du Lau
fon
frere
eft
nommé
au rang
des
Barons
du
Béarn
,
après
les
Seigneurs de Gavaſton
&
de Navaille
,
&
avant ceux
de
Domii
,
de Miocens
,
&
autres
:
dans
l'acte
d'un
jugement
folemnel
en
faveur
de
l'Eglife
de
Lefcar
,
rendu par
Talefe
,
Vicomteſſe
de Béarn
,
en
l'abfence
de fon mari
,
vers l'an
1090.
la
maifon du Lau
,
toutesfois
ne
fut pas
comprife dans
le
Réglement de
l'an
1230
;
qui
reftraignoit les
Barons
du
Béarn à un
certain
nombre
;
mais
les
terres
du nom du Lau
,
fituées
***
* Les Hiftoriens s'accordent tous
en
ce
fait
.
**
On
diroit
Sanchés
,
fi
on
le fuivoit
en
Bifcave
.
***
Il
ne changea pas
le
nom
de
Calbet pour
celui
de
Guy
, fuivant qu'on
le
lit
dans
le
Gallia Chriftiana
.
K
iij
A
222 MERCURE DE FRANCE.
en
Chaloffe
&
en
Armagnac
,
ont
toujours
été
qualifiées
Baronnies
:
Arnaud
,
fils
de
Raymond
du Lau
,
étant
dans
le
deffein d'aller
à
la
Terre-
Sainte
,
fit
un
don
au
Chapitre
de
Dacqs
;
Sance
du Lau
fon
fils
,
s'empara
des
biens
que
fon pere
avoit
donné
,
&
les
rendit
en
l'année
1151
;
ces
biens furent
encore
repris
par
leur
poſtérité
,
qui
enfin
les
laiffa
entiérement
au
même
Chapitre
,
Arnaud du Lau
eft
nommé
au rang
des
Ba-
rons
des
terres
de Labour
&
d'Arberac
,
en
un
titre
de
l'an
1193
;
Ponce
,
Seigneur
du
Lau
,
épousa
en 1234
,
Jcanne
,
fille
d'Arivus
,
Vi-
comte
de
Corneillan
,
&
de Marie
de
Vernede
;
il
fut
témoin
avec
les
Seigneurs
de
l'Ifle
&
de
Comenge
,
de l'hommage
que Gerard
,
Comte
d'Armagnac
,
fit
en
1245 pour
fon Château
de
Mauvoifin
,
à
Raimond
,
Comte
de
Touloufe
:
Arnaud
Guillaume
&
Leberon
du
Lau
,
Chevaliers
,
furent
témoins
de l'hommage
que
le
même
Com-
te
d'Armagnac
rendit
en 1254
,
pour
les
Comtés
d'Armagnac
&
de
Fezenfac
,
à
Henri
III
,
Roi
d'Angleterre
,
&
Leberon
du Lau
s'en
rendit
cau
→
tion
Amanieu du Lau
,
Chevalier
de
l'Ordre
des Templiers
,
avoit été
député
en
1235
par
le
Clergé de Gafcogne
,
vers
le
même
Monarque
,
&
il
en
étoit très -
confidéré
;
Gerard
du
Lau
,
Chevalier
,
accompagna
Edouard
,
Roi
d'Angleterre
,
dans
fon
voyage de
la
Terre
Sainte
ce Prince l'envoya
à Ortés
l'an
1273
,
pour
ap
paifer
les
mouvemens
que Gaton
,
Vicomte de
Béarn
y
avoit excité
.
Arnaud Sequin , premier du nom du Lau ,
Chevalier Seigneur de la Baronnie du Lau &
des lieux de Laqui , Geles , Lobe , Heloda , Gau-
be , Pujo , Montijos , Carrera , Caftagnet , Sulaus ,
Perquier , Badigos , Lilauhet , Hontans , Caupet
Margaro , Coerbeoa , Halchet , de la Ville de
.
Un Courier arrivé de Vienne a apporté la
nouvelle que le 12 de ce mois les Rufles foutenus
du corps aux ordres du Baron de Laudon , ont
remporté près de Francfort une feconde victoire
contre les Pruffiens com mandés par le Roi de
Pruffe en perfonne. Ce Prince , après la défaite
entiere de fon armée , a été obligé de fe retirer
avec précipitation fous Cuftrin. On évalue ſa perte
à plus de quinze mille hommes. Son artillerie &
Les bagages ont éte pris.
LE
OCTOBRE
.
1759
.
217
fa
cou-
LE ROI a donné une place de Colonel dans les
Grenadiers de France à Jean Baptifte Comte du
Lau , Lieutenant au Régiment du Roi, Infanterie;
Sa Majesté lui en avoit accordé l'expectative en
1754 il eft fils d'ArmandII du nom , Comte du
Lau , Seigneur de la Côte , de Savignac & la
Routeille en Perigord ; & de Dame Françoife de
Salleton de Laborie , & petit-fils de Jean Armand
Marquis du Lau , Seigneur de la Côte & autres
Heux ; & de Marie - Sibille du Lau fa coufine , iffue
de Germaine maternelle , fille d'Armand du Lau,
Marquis d'Allemans , Baron de Chamniers , Sei-
gneur de Montardi , Couture & Braffac ; & de
Sufanne du Lau , Baronne de Chamniers ,
fine germaine maternelle, & fa parente pater-
nelle du 4º au se degré , fille d'Armand du Lau ,
Baron de Chamniers , Seigneur de Chambon ,
Celettes & autres lieux , Maréchal des Camps &
Armées du Roi , Commandant pour Sa Majesté
dans les Gouvernemens de Balaguier , Ager &
autres Places de la Concque , Colonel de deux
Régimens d'Infanterie, & Gouverneur de Xaintes;
& de Sibille Jaubert de S. Gelais , fille de Fran-
çois Jaubert de S. Gelais , Chevalier , Seigneur
de S. Severin & en partie d'Allemans , & de
Sufanne de Raimond , Dame de S. Severin & de
Bourlac , & niéce & héritiere de Sibille Jaubert ,
Dame d'Allemans , de Montardit , Feidit & Bra
fac , veuve fans enfans , de Clinet d'Aidie , Vi-
comte de Carlux , Chevalier de l'Ordre du Roi.
"
Le Comte du Lau eft neveu de Jean du Lau
d'Allemans , Docteur en Théologie , Curé de la
Paroille de S. Sulpice de Paris , frere de Jean-
Louis du Lau , Evêque de Digne , Abbé de Saint
Romain de Blaye , Prieur du Montaux- Malades ,
mort en l'année 1746 ; de Claude Louis du Lau ,
Chevalier de Malte , dit le Chevalier de la Cô :é ,
I. Val.
K
7
218 MERCURE DE FRANCE.
tué en 1732 fur les Vailleaux de la Religion en
combattant pour fon Ordre , dans lequel il s'étoit
fait confidérer par des actions de valeur ; de Phi-
lippe du Lau , aufli Chevalier, de Malthe , dit le
Chevalier de la Roche , mort en 1734 fur les
Vailleaux de la Religion ; & de Jean du Lau ,
Grand Vicaire de l'Evêché de Pamiers , qui a été
député en 1770 par la Métropole de Toulouſe
à l'Aflemblée Générale du Clergé de France ; &
il eft petit neveu de jean du Lau , Comte d'Al-
lemans , Brigadier des Armées du Roi , Com-
mandeur de l'Ordre de S. Louis , Gouverneur de
Doulens , ci devant Gouverneur de Cognac , &
Lieutenant-Colonel du Régiment du Roi Infan-
terie , qui a épousé par Contrat du mois d'Avril
1745 Jeanne- Louile de Cherifey , fille de Louis
Comte de Cherifey , Lieutenant- Général des Ar-
mées du Roi , Grand Croix de l'Ordre de S. Louis,
Gouverneur du Fort S. Jean de Marſeille , Com-
mandant de toute la Maifon du Roi , & d'Anne
de Paget, dont postérité le Comte d'Allemans
eft frere de Claude-Martin du Lau , Chevalier de
Malthe , Commandeur, de Nice en Provence ,
mort en 1746 , peu de tems après qu'il eut été
nommé à cette Commanderie ; de Jean Louis du
Lau, Baron de Chamniers , Capitaine au Régi-
ment d'Anjou Cavalerie ; & de Jean- Armand du
Lau Comte d'Allemans , Baron de Chamniers ,
Seigneur de Montardi , Couture , Brailac , &c.
Chevalier de l'Ordre de S. Louis , Capitaine au
Régiment du Roi infanterie , qui avoit épouſé
Antoinette-Julie de Beaupoil Saint-Aulaire , fille
de Louis de Beaupoil Saint-Aulaire , Marquis de
Lanmary , Baron d'Angerville , Seigneur des
Forges , Chabannes , &c . Grand & premier
Echanfon de France , Capitaine Commandant
les Gensdarmes de la Reine , & de Jeanne-Marie
OCTOBRE
.
1759
.
219
>
Perrault
,
Baronne
de
Milly
,
Rouvre
,
Angerville
&
la
Riviere
.
Jean
-
Armand
du
Lau
,
Comte
d'Al-
Hemans
,
a
laiffé
de
fon
mariage deux
fils
&
une
fille
fçavoir
1
°
.
Jean
-
Louis
-
Antoine
du Lau
,
Marquis
d'Allemans
,
Baron
de Chamniers
,
Sei-
gneur
de
la
Châtellenie
de Couture
,
&
des
Terres
&
Seigneurie
de Montardi
,
Celles
,
Bertric
&
au-
tres
lieux
qui
a
épousé
Marie Madeleine
le
Coigneux
fille
de
Jacques
Marquis de
Bellabre
,
&
de Marie
-
Anne
de
Neiret
de
la
Ravoye
,
Mar-
quife
de
Bellabre
,
dont
le
fils
aîné
Jean
Armand-
Marie
du Lau
eft
Enfeigne dans
le
Régiment
des
Gardes
Françoiſes
,
après avoir
fervi
dans
les
Chevaux
-
Légers de
la
Garde
.
2º
.
Henri du Lau
,
Chevalier
de
l'ordre
de
S.
Louis
,
Capitaine
au
Régiment de Conty
Cavalerie
,
&
Sufanne
du
Lau
,
mariée
à
Jean
de
Chapt
de
Raftinac
,
Comte
de
Puiguilhem
,
dont
postérité
.
La maifon du Comte du Lau qui donne lieu
à cet article , eft établie en Périgord dès l'an
1429 ; elle eft une branche cadette des Barons
du Lau en Béarn , que l'on a trouvé , après un
mur examen , être iffus des Souverains de Biſcaye,
Comtes d'Alaua & Seigneur de Lod en Biſcaye ;
on en a puiſé les preuves dans les Chartres , dans
les anciennes Chroniques , les Cartulaires & dans
les Hiftoires du temps. La Généalogie de la mai-
fon du Lau a été faite fur de femblables monu-
mens , & fur titres tous originaux , par le Che-
valier Blondeau de Charnage ; & elle fut com-
muniquée avec les titres à M. de Clairambault ,
Généalogifte des Ordres du Roi lorfque le Comte
du Lau obtint les honneurs de la Cour. Nous
défirerions pouvoir inférer ici cet Ouvrage , mais
il est d'une trop grande étendue à caufe des
branches que la maifon du Lau a produit : nous
dirons feulement deux mots fur le rang des an-
Kij
220 MERCURE DE FRANCE
•
"
:
ciens Seigneurs de cette maiſon & fur fon ori-
gine , & nous ne parlerons enfuite qué de la
Branche établie en Périgord.
La maifon du Lau , dit l'Auteur de la Généa-
logie , eft iffue des Souverains de Biſcaye , par
Inigo-Sanches , Seigneur de Lod en Biscaye',
neveu d'Inigo- Loppes Comte d'Alaua . Nous ne
fixerons pas ajoute-t-il l'origine de la maiſon
du Lau à Inigo- Sanches Seigneur de Lod : l'hif-
toire exige que nous la remontions à Dom Lop
ou Fort- Loup , furnommé Suria , * premier Sei-
gneur de Biscaye qui fut élu par la Nation ,
après une bataille qu'il avoit gagné étant à leur
tête , en l'année 870 , fur Ordogne , fils d'Al-
phonfe III , furnommé le Grand , Roi d'Oviedo
& de Léon en ce lieu , & dans tout le cours
de l'Ouvrage , l'Auteur rapporte plufieurs faits
hiftoriques , intérellans & relatifs à fon Ouvrage.
Fort- Loup épouſa 1 ° . Dalda , fille de Sanche-
Eftigues-Ortun , Seigneur de Tariba & de Du-
rango , de laquelle il eut Manfo - Lopes 2º Sei-
gaeur de Biscaye , & de Tariba , pere d'Inigo-
Lopes 3 Seigneur de Bilcaye , dont vint Lopes-
Dias 4 Seigneur de Bilcaye , qui époufa Elvire-
Bermundes , fille de Bermuy l'aînez , & dont il
eut deux fils & une fille , fçavoir , Sanche-
Lopes e Seigneur de Bifcaye , qui fuit , Inigo-
Lopes Comte d'Alaua 6 Seigneur de Biſcaye ,
& Urraca-Lopes mariée à Dom Fernand ,
Roi
de Léon. Sancho - Lopes fut tué à Cubijana de
Morillos en conduifant une armée au fecours
du Comte de Caftille ; il laiffa deux fils en bas
âge , Inigo Lopes , Seigneur de Lod en Biscaye ,
qui fuit , & fort-Sanches , Seigneur d'Orofco ,
tige de la maiſon de ce nom ,
Les Souverains de Biscaye n'ont jamais eu d'autre
sitre que celui de Şeigucup.
OCTOBRE
.
1759. 221
I
Inigo
-
Lopes
,
Seigneur
de
Lod
en
Biſcayé
,
fut
Gouverneur de
la
Ville
de
Navarre
,
&
grand
Ecuyer
des
Ecuries
de
Garcias
,
Roi de
Navarre
,
furnommé
le
Trembleur
:
il
n'étoit
qu'un enfant
à
la
mort
de
fon père
,
ce
qui
fit
que
les
Bifca-
yens engagés dans
des guerres
,
&
ayant
beſoin
d'un
Chef
expérimenté
,
élurent
en
la
place
pour
leur
Seigneur Inigo
Lopes
,
Comte
d'Alaua
for
oncle
paternel
,
*
qui
,
pour
le
dédommager
du
moinsen
quelque
forte
,
lui
donna
la
Seigneurie
de
Lod
en
Bifcaye
,
dent
fa poftérité
prit
lé
nom
on
a de
lui
des
titres
des
années
997
,
1014
&
1920
:
il
eut
deux
fils
,
fçavoir
,
Lopes-
Sanches
,
Seigneur
de
Lod
en
Bifcaye
,
tige
de
la
maifon de
ce
nom
&
de
celle
de
Merdoce
,
&
Guillaume
**
Sance
,
Seigneur
de
la
Terre
du
Lau
en Bearn
,
fituée
comme
dans
un
Fauxbourg
de
la
Ville
de
Lefcar
: il
époufa
une
Dame
nom-
mée
Sancia-
Vacca
;
ils
firent
donation
,
du
con-
fentement de
leurs
fils
,
au
Chapitre
de
Lefcar
,
d'une
partie
des
dixmes de
l'Eglife
du Lau
,
Calbet
du Lau
,
mort
avant
l'an
115
,
leur
petit-
fils
fur
Evêque de
Leſcard
:
Cajard
du Lau
fon
frere
eft
nommé
au rang
des
Barons
du
Béarn
,
après
les
Seigneurs de Gavaſton
&
de Navaille
,
&
avant ceux
de
Domii
,
de Miocens
,
&
autres
:
dans
l'acte
d'un
jugement
folemnel
en
faveur
de
l'Eglife
de
Lefcar
,
rendu par
Talefe
,
Vicomteſſe
de Béarn
,
en
l'abfence
de fon mari
,
vers l'an
1090.
la
maifon du Lau
,
toutesfois
ne
fut pas
comprife dans
le
Réglement de
l'an
1230
;
qui
reftraignoit les
Barons
du
Béarn à un
certain
nombre
;
mais
les
terres
du nom du Lau
,
fituées
***
* Les Hiftoriens s'accordent tous
en
ce
fait
.
**
On
diroit
Sanchés
,
fi
on
le fuivoit
en
Bifcave
.
***
Il
ne changea pas
le
nom
de
Calbet pour
celui
de
Guy
, fuivant qu'on
le
lit
dans
le
Gallia Chriftiana
.
K
iij
A
222 MERCURE DE FRANCE.
en
Chaloffe
&
en
Armagnac
,
ont
toujours
été
qualifiées
Baronnies
:
Arnaud
,
fils
de
Raymond
du Lau
,
étant
dans
le
deffein d'aller
à
la
Terre-
Sainte
,
fit
un
don
au
Chapitre
de
Dacqs
;
Sance
du Lau
fon
fils
,
s'empara
des
biens
que
fon pere
avoit
donné
,
&
les
rendit
en
l'année
1151
;
ces
biens furent
encore
repris
par
leur
poſtérité
,
qui
enfin
les
laiffa
entiérement
au
même
Chapitre
,
Arnaud du Lau
eft
nommé
au rang
des
Ba-
rons
des
terres
de Labour
&
d'Arberac
,
en
un
titre
de
l'an
1193
;
Ponce
,
Seigneur
du
Lau
,
épousa
en 1234
,
Jcanne
,
fille
d'Arivus
,
Vi-
comte
de
Corneillan
,
&
de Marie
de
Vernede
;
il
fut
témoin
avec
les
Seigneurs
de
l'Ifle
&
de
Comenge
,
de l'hommage
que Gerard
,
Comte
d'Armagnac
,
fit
en
1245 pour
fon Château
de
Mauvoifin
,
à
Raimond
,
Comte
de
Touloufe
:
Arnaud
Guillaume
&
Leberon
du
Lau
,
Chevaliers
,
furent
témoins
de l'hommage
que
le
même
Com-
te
d'Armagnac
rendit
en 1254
,
pour
les
Comtés
d'Armagnac
&
de
Fezenfac
,
à
Henri
III
,
Roi
d'Angleterre
,
&
Leberon
du Lau
s'en
rendit
cau
→
tion
Amanieu du Lau
,
Chevalier
de
l'Ordre
des Templiers
,
avoit été
député
en
1235
par
le
Clergé de Gafcogne
,
vers
le
même
Monarque
,
&
il
en
étoit très -
confidéré
;
Gerard
du
Lau
,
Chevalier
,
accompagna
Edouard
,
Roi
d'Angleterre
,
dans
fon
voyage de
la
Terre
Sainte
ce Prince l'envoya
à Ortés
l'an
1273
,
pour
ap
paifer
les
mouvemens
que Gaton
,
Vicomte de
Béarn
y
avoit excité
.
Arnaud Sequin , premier du nom du Lau ,
Chevalier Seigneur de la Baronnie du Lau &
des lieux de Laqui , Geles , Lobe , Heloda , Gau-
be , Pujo , Montijos , Carrera , Caftagnet , Sulaus ,
Perquier , Badigos , Lilauhet , Hontans , Caupet
Margaro , Coerbeoa , Halchet , de la Ville de
.
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Résumé : DE PARIS le 25 Août.
Le 25 août, un courrier de Vienne a rapporté que le 12 août, les troupes du Baron de Laudon avaient remporté une victoire près de Francfort contre les Prussiens, commandés par le Roi de Prusse en personne. Cette défaite a contraint le Roi de Prusse à se retirer précipitamment vers Custrin, abandonnant plus de quinze mille hommes, ainsi que son artillerie et ses bagages capturés. En octobre 1759, le Roi de France a accordé une place de Colonel dans les Grenadiers de France à Jean-Baptiste Comte du Lau, Lieutenant au Régiment du Roi. Le Comte du Lau est le fils d'Armand II du Lau et de Dame Françoise de Salleton de Laborie, et le petit-fils de Jean-Armand Marquis du Lau. Il est également neveu de plusieurs personnalités notables, dont Jean du Lau d'Allemans, Docteur en Théologie, et Jean-Armand du Lau, Brigadier des Armées du Roi. La maison du Comte du Lau est établie en Périgord depuis 1429 et est une branche cadette des Barons du Lau en Béarn. Selon les recherches généalogiques, cette maison est issue des Souverains de Biscaye, Comtes d'Alava et Seigneurs de Lod en Biscaye. La généalogie de la maison du Lau a été documentée par le Chevalier Blondeau de Charnage et communiquée à M. de Clairambault, Généalogiste des Ordres du Roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 197-198
De LONDRES, le 24 Juin.
Début :
Quoique les forces navales de l'Angleterr n'ayant jamais été si formidables [...]
Mots clefs :
Forces navales, Angleterre, Vaisseaux, Pertes, Caroline, Guerre, Amérique, Colons, Négociants, Québec, Défaite, Français, Marche
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De LONDRES, le 24 Juin.
De LONDRES , le 24 Juin.
Quoique les forces navales de l'Angleterr
n'ayent jamais été fi formidables qu'à préfent , le
commerce de la nation ne laiffe pas de fouffrir
beaucoup des prifes que les Armateurs François
font continuellement. On compte deux cens de
nos Vailleaux pris depuis le commencement de
Mars ; fçavoir , trente deux au mois de Mars ,
quarante-fept dans le cours d'Avril , quatre- vingt
en Mai & quarante- un depuis le commencement
de ce mois . On obferve, avec chagrin, cet accroiffement
journalier de nos pertes . Toutes ces prifes
font évaluées à quatre cens cinquante mille livres
fterlings.
On s'apprête dans la Caroline à pouffer vigoureulement
la guerre contre les Chiroquois Nous
avons remporté fur cux quelques avantages , mais
peu décififs . Les Colons qui habitent leurs frontierés
font toujours dans la derniere confternation ,
& ils abandonnent le pays de crainte d'être les
victimes de leur cruauté.
Les Négocians qui ont fait des envois pour
Québec , font dans de grandes allarmes depuis
lés fâcheufes nouvelles que l'on a reçues de la
défaite des troupes du Brigadier général Murray .
On dit que les François , profitant de leur avan
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tage , ont continué leur marche vers cette Capitale
du Canada , & que nos troupes l'ont abandonnées
Quoique les forces navales de l'Angleterr
n'ayent jamais été fi formidables qu'à préfent , le
commerce de la nation ne laiffe pas de fouffrir
beaucoup des prifes que les Armateurs François
font continuellement. On compte deux cens de
nos Vailleaux pris depuis le commencement de
Mars ; fçavoir , trente deux au mois de Mars ,
quarante-fept dans le cours d'Avril , quatre- vingt
en Mai & quarante- un depuis le commencement
de ce mois . On obferve, avec chagrin, cet accroiffement
journalier de nos pertes . Toutes ces prifes
font évaluées à quatre cens cinquante mille livres
fterlings.
On s'apprête dans la Caroline à pouffer vigoureulement
la guerre contre les Chiroquois Nous
avons remporté fur cux quelques avantages , mais
peu décififs . Les Colons qui habitent leurs frontierés
font toujours dans la derniere confternation ,
& ils abandonnent le pays de crainte d'être les
victimes de leur cruauté.
Les Négocians qui ont fait des envois pour
Québec , font dans de grandes allarmes depuis
lés fâcheufes nouvelles que l'on a reçues de la
défaite des troupes du Brigadier général Murray .
On dit que les François , profitant de leur avan
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tage , ont continué leur marche vers cette Capitale
du Canada , & que nos troupes l'ont abandonnées
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Résumé : De LONDRES, le 24 Juin.
Le 24 juin à Londres, malgré la supériorité navale britannique, le commerce national subit des pertes significatives dues aux captures de navires par les armateurs français. Depuis mars, 200 vaisseaux ont été capturés : 32 en mars, 47 en avril, 80 en mai et 41 en juin. Ces pertes, évaluées à 450 000 livres sterling, augmentent quotidiennement, provoquant une grande inquiétude. En Caroline, les préparatifs pour la guerre contre les Chiroquois sont en cours. Quelques avantages ont été obtenus, mais ils ne sont pas décisifs. Les colons frontaliers vivent dans la consternation et abandonnent leurs terres par crainte des attaques. Les négociants envoyant des marchandises à Québec sont alarmés par la défaite des troupes du brigadier général Murray. Les Français, profitant de leur avantage, avancent vers Québec, contraignant les troupes britanniques à se retirer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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