Résultats : 1422 texte(s)
Détail
Liste
401
p. 274-294
REPONSE de M. Meynier, Ingenieur du Roy pour la Marine, cy-devant Professeur Royal d'Hidrographie, sur ce que M. Bouguer, cy-devant Professeur d'Hidrographie au Croisic, à present Professeur Royal d'Hidrographie au Havre de Grace a dit au sujet du Demi-Cercle que M. Meynier a inventé pour observer sur Mer et à Terre, la hauteur du Soleil et des Etoiles, sans qu'il soit necessaire de voir l'horison; et au sujet du Quart de Cercle que M. Bouguer a donné pour être preferable au Demi-Cercle et à tous les autres Instrumens qui sont en usage sur Mer, pour le même sujet.
Début :
Comme des amis communs entre M. Bouguet et moi, m'avoient [...]
Mots clefs :
Hydrographie, Cercle, Hauteur, Mer, Terre, Demi-cercle, Professeur royal, Rayon, Instruments, Figure, Pinule, Mouvement, Observations, Astres, Marteau, Circonférence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE de M. Meynier, Ingenieur du Roy pour la Marine, cy-devant Professeur Royal d'Hidrographie, sur ce que M. Bouguer, cy-devant Professeur d'Hidrographie au Croisic, à present Professeur Royal d'Hidrographie au Havre de Grace a dit au sujet du Demi-Cercle que M. Meynier a inventé pour observer sur Mer et à Terre, la hauteur du Soleil et des Etoiles, sans qu'il soit necessaire de voir l'horison; et au sujet du Quart de Cercle que M. Bouguer a donné pour être preferable au Demi-Cercle et à tous les autres Instrumens qui sont en usage sur Mer, pour le même sujet.
REPONSE de M. Meynier , Ingenieur
du Roy pour la Marine , cy- devant Professeur Royal d'Hidrographie , sur ce que
M.Bouguer, cy- devant Professeur d'Hidrographie au Croisic , à present Professeur Royal d'Hidrographie au Havre de
Grace a dit au sujet du Demi- Cercle que
·M. Meynier a inventé pour observer sur
Meret à Terre , la hauteur du Soleil et
des Etoiles , sans qu'il soit necessaire de
voir l'horisons et au sujet du Quart de
Cercle que M. Bouguer a donné pour être
preferable au Demi Cercle et à tous les
autres Instrumens qui sont en usage sur
Mer, pour le même sujet.
C
Omme des amis communs entre
M. Bouguer et moi , m'avoient dit
lui avoir représenté le tort qu'il a eû de
parler de mon Demi- Cercle de la maniere qu'il en a parlé dans un Ouvrage
intitulé : De la Méthode d'observer exactement sur Merla hauteur des Astres , imprimé
FEVRIER 1732. 295
primé à Paris , chez Claude Jombert en
l'année 1729 , j'avois crû qu'il auroit pû
y faire attention et reparer sa faute dans
le Public ; mais bien loin qu'il en ait été
question , depuis plus de deux ans et demi que j'ai lieu de me plaindre de la
fausse idée qu'il en a donnée dans son Li
vre ; il m'a fait verbalement depuis peu
de jours une espece de défi d'y répondre ,
ce qui m'a indispensablement engagé à
mettre la main à la plume.
On voit dans l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences , de l'année 17 : 4.
page 93. où M. Bouguer a dit avoir lû
la description de mon demi Cerle , que
ces Mrs l'approuverent après l'avoir examiné et après en avoir fait plusieurs observations au Soleil. Il est extraordinaire
qu'après cela M. Bouguer , qui ne l'avoit
pas vû, en ait fait un portrait au Public
qui n'y a aucune ressemblance , et qu'en
même temps il l'ait condamné sur ce
portrait d'une façon fort singuliere , malgré l'Approbation de l'Académie Royale
des Sciences.
Pour prouver que M. Bouguer a condamné ce demi Cercle sans le connoître
je rapporte ici mot-à-mot ce qu'il en a
dit , où il ne paroît pas qu'il en ait connu
la construction , la suspension ni les usa
Diiij ges.
1
276 MERCURE DE FRANCE
1
ges. J'ai aussi copié exactement la figure
3. de la premiere Planche de son Livre,
qu'il a donnée pour celle de mon demi
Cercle ; je la représente ici notée du même
chiffre 3. et des mêmes lettres. Je donne
en même temps le Dessein de mon demi
Cercle , dans la figure 4. étant suspendu
dans la Caisse MRTV, qui le met à
couvert du vent , de la même maniere
et au même état qu'il étoit lorsque l'Académie Royale des Sciences l'a examiné:
Je l'ai encore en cèt état- là , dans la même Caisse , de maniere qu'on peut ve
rifier très-facilement ce que j'avance.
La Caisse de cet Instrument est noir*
cie en dedans , afin d'absorber les rayons
du Soleil , elle ne devroit être represen
tée ouverte que par dessus ; mais je l'ai
représentée aussi ouverte par devant , afin
de voir plus distinctement toute la figure du demi Cercle et de sa suspension/
Pendant toutes les observations qui ont
été faites avec cet Instrument , sa Caisse
étoit posée à terre ou sur une table , ou
sur quelque banc , de maniere que l'Observateur n'avoit point d'autre attention
que
du
celle de regarder sur la circonference
de l'Instrument , le degré que le rayon
Soleil y marquoit , qui étoit celui de sa
hauteur sur l'horison. On peut verifier
facilement
LYON
*
1893*
partie interieure de l'Arc , et fait connoi hauteur comine dans l'Aneau Astronomique
Instrument peut être aussi d'usage la nuit ,
observer la hauteur des Etoiles ; mais appai
ment qu'on le suspend dans un sens contraire
qu'on vise à l'Etoile par la Pinule du centre pår une autre Pinule située sur la circonferen
Nous ne connoissons ce demi Cercle que pour Dy avo
ou sur une table > our
sur quelque banc , de maniere que l'Observateur n'avoit point d'autre attention.
que celle de regarder sur la circonference
de l'Instrument , le degré que le rayon du
Soleil y marquoit , qui étoit celui de sa
hauteur sur l'horison. On peut verifier facilement
FEVRIER 1732. 377
facilement ce demi Cercle pour sçavoir
s'il est juste , exposant simplement sa
Caisse successivement des deux côtez
MR. aux rayons du Soleil vers l'heure de
midi , car pour lors si le rayon du Soleil
qui passeroit par le centre I. marquoit le
même degré sur les deux côtez du demi
Cercle , son diamétre AC. seroit horisontal ; et si par hazard il inclinoit de quelque côté, ce qui ne pourroit arriver que
par quelque accident extraordinaire , outre qu'on pourroit y remedier sur le
champ par le moyen du petit poids S.
en le faisant glisser le long du diamétre
AC. on pourroit s'en servir aussi quoiqu'incline , comme je l'ai démontré dans
mes Mémoires. Voici ce que M. Bouguer
en a dit.
On voit dans la figure 3. le demi Cercle de
M. Meynier , actuellement Professeur Royal
d'Hidrographie au Havre de Grace. Ce demi
Cercle se suspend par la Boucle A. fig. 3. et le
rayon du Soleil passant par la pinule C. qui répond au centre , vient se rendre en E dans la
partie interieure de l'Arc , et fait connoître la
hauteur comme dans l'Aneau Astronomique. Cet
Instrument peut être aussi d'usagé la nuit , pour
observer la hauteur des Etoiles ; mais apparemment qu'on le suspend dans un sens contraire , et
qu'on vise à l'Etoile par la Pinule du centre ,
pår une autre Pinule située sur la circonference.
Nous ne connoissons ce demi Cercle que pour en
D v avoir
et
278 MERCURE DE FRANCE
avoir vu une description très succinte dans l'Histoire de l'Académie Royale des Sciences de l'An- née 1724. page 93. mais nous ne doutons point
que son sçavant Auteur ne lui procure une situation constamment horisontale , malgré le poids
de la Pinule , qui est située sur la circonference ,
et qu'on est obligé de faire monter ou descendre,
selon que les hauteurs sont plus ou moins
grandes.
Article premier , M. Bouguer dit que
la figure 3. represente mon demi Cercle ;
qu'il est suspendu par la Boucle A. et qu'il
fait connoître la hauteur du Soleil , comme
dans l'Anneau Astronomique. Il suffit de
regarder la figure qu'il donne pour celle
de mon demi Cercle , et de la comparer
avec la figure 4. qui en est la veritable
figure , pour en voir d'abord la difference. Bien loin que mon demi Cercle fig.
4. soit suspendu par la Boucle A. de la
figure 3. il est suspendu sur les deux Pivots NB. dans la Caisse MRVT. qui le
garantit du vent , lesquels Pivots NB.
sont portez par une seconde suspension
XNBZ de même que les Boussoles de
Mer. Ce demi Cercle a un poids O. vers
son milieu , lequel poids ayant le centre
de son mouvement particulier en P.
vibrations particulieres tendent à détruire plutôt le mouvement que le vaisseau
imprime au demi Cercle ; car à mesure
ses
que
FEVRIER: 1732. 279
les vibrations du poids O. et celles du
demi Cercle ADC. ne se font pas en
temps égaux , elles se contrarient récipro
quement et se détruisent mutuellement
en beaucoup moins de temps. Il est évident que par cette suspension l'Instrument obéit beaucoup mieux au Roulis
et au Tangage du Vaisseau , qu'il n'y
obeïroit s'il étoit suspendu par une Boucle; car si la suspension de la Boucle va- loit mieux on s'en serviroit pour suspendre les Boussoles de Mer ; mais l'experience prouve le contraire. On voit par là combien cet Instrument est different
de l'Astrolabe , de même que ses usages ,
et que parconsequent la comparaison de
M. Bouguer , n'est pas juste.
Article II. Il a dit que pour dit que pour observer
la hauteur des Etoilles pendant la nuit , apparemment on suspend mon demi Cercle d'un
sens contraire, et qu'on vise à l'Etoile par
la Pinule du centre. Ce terme d'apparemmentfait voir qu'il ne croit pas lui- méme
connoître la construction de cet Instrument , non- plus que ses usages ; mais
bien loin qu'on soit obligé de le suspendre d'un sens contraire , on ne fait jamais aucun changement à sa suspension
dans aucun de ses usages , et la Pinule.
du centre ne sert jamais pour observer la
D vj hauteur
280 MERCURE DE FRANCE
prohauteur des Etoiles ; car on trouve leur
hauteur avec cet Instrument par la
prieté des Angles formez à là circonfe
rence du Cercle, qui ont un avantage con.
siderable sur ceux qui sont formez au centre du même Cercle , en ce que leurs degrez occupent un Arc double des autres,
comme il est démontré dans la 24. Proposition du troisiéme Livre d'Euclide ,
ce qui rend leurs divisions parconsequent
beaucoup plus distinctes. Comme , par
exemple , l'Angle F A C. qui est celui de
la hauteur de l'Etoile L , qui est formé au
point A. de la circonference , qui est égal
à l'Angle A F E. qui est aussi à la circonference , qui est mesuré par la moitié de
l'Arc AE , égal à l'Arc FC, et qui est indiqué par l'extrémité E. de l'alidade E F.
Article III. Il condamne ce demi Cer→
cle , en disant qu'il croit que je lui procurerai une situation constamment horisontale,
malgré le poids de la Pinule , qui est située
sur la circonference qu'on est obligé de faire
monter ou descendre , selon que les hauteurs
sont plus ou moins grandes. Comme il est
necessaire dans tous les usages de ce demi
Cercle , que son dismétre A C. prenne
de lui- même une situation horisontale ,
quoique l'Astre soit plus ou moins élevé
cola seroit impossible , si le poids de quel
que
FEVRIER. 1732 28
que pinule qui seroit située sur sa circon
ference étoit capable de faire incliner
l'Instrument à mesure qu'elle se trouveroit plus ou moins élevée autour du de
mi Cercle , parce que pour lors son poids
agiroit sur des lignes verticales qui se
roient differemment éloignées de la ligne
verticale qui passeroit par le centre de
gravité du demi Cercle , ce qui feroit
changer l'équilibre de l'Instrument à
mesure que la hauteur de la Pinule changeroit Apparemment que M. Bouguer a
pris delà occasion de vouloir persuader
au Public que mon demi Cercle ayant
une Pinule qu'on fait monter ou descendre plus ou moins , suivant les differentes
hauteurs des Astres , ne devoit pas conserver sa situation horisontale, à cause du
poids de cette même Pinule ; mais il au
roit dû faire attention que si cela eût eu
lieu, Mrs de l'Académie ne l'eussent point
approuvé , étant très- capables de s'en être
appercûs , et si ensuite il eût été convaincu de cette verité , il n'auroit pas avancé
la chose si hardiment ; d'ailleurs les principes des forces mouvantes nous apprennent que tout corps qui a un mouvement circulaire autour d'un Cercle ou
d'un demi Cercle , ou autour de quelque
point, peut conserver toûjours le même
équilibre
282 MERCURE DE FRANCE
équilibre sur le centre de son mouvement , par le moyen d'un autre poids
qui aura le même mouvement sur un
bras de Levier opposé ; c'est ce qu'on
voit aux Pinules des Astrolabes qui montent et descendent autour de sa circonference de l'Instrument sans en changer
l'équilibre.
Je ne crois pas non-plus qu'il eût parlé de même de ce demi Cercle, si auparavant il eût pris connoissance de sa cons-
"truction, de sa suspension et de ses usages ,
parce qu'il auroit vû que la Pinule A. qui
est la seule qui soit située à la circonfe
rence de cet Instrument , n'est pas mobile , mais qu'elle est toûjours fixe à l'extremité A du diamétre AC , et que par
cette raison la hauteur de l'œil qu'on place
en K du côté de cette même Pinule , ne
change pas lorsqu'on fait l'observation
quoique la hauteur de l'Astre change. II
auroit aussi vû que la Pinule A ayant été
mise d'équilibre , avec le demi Cercle
ADC , sur le centre commun I , elle ne
doit jamais changer la situation horisontale de l'Instrument qui se suspend continuellement de lui- même par la verticale
qui passe par son centre de mouvement
et par son centre de gravité ; et que pour
ce qui est de la seconde Pinule F , elle se
trouve
FEVRIER. 17327 28
trouve toujours plus ou moins élevée audessus du demi Cercle , suivant les dif
ferentes hauteurs des Etoiles sur l'horidans le temps de l'observation ;
et que le centre de mouvement er de
gravité de l'Alidade EF , qui la porte ,
étant au centre I du demi Cercle , elle:
ne doit non-plus rien changer à l'équili
bre de l'Instrument dans quelque situation qu'on la mette ; et s'il eût demandé
à l'Académie des Sciences une plus gran-.
de instruction sur mon demi Cercle, comme il en étoit correspondant , on lui auroit communiqué , sans doute, le desseinet le Memoire que j'y ai laissé à ce sujet ;
on auroit pû lui communiquer en mêmetemps un Certificat autentique qu'elle
avoit reçû touchant les experiences qui
furent faites avec ce demi Ĉercle dans la
Rade de Brest , sur le Vaisseau du Roy
l'Elisabeth, qui n'ont été écartez que d'environ une minute de la vraye latitude
du lieu où elles furent faites , quoique le
Vaisseau eût beaucoup de mouvement
puisque lors de la derniere observation
le vent nous fit faire près de deux lieuës
de chemin en une heure de temps dans
un gros Bateau qu'on nomme Bugalet,
qui n'avoit qu'une seule Voile. J'avois
fait faire ce demi Cercle entierement semblable
284 MERCURE DE FRANCE
blable à celui dont il est parlé dans l'His
toire de l'Académie des Sciences de l'année 1724. il avoit seulement été divisé:
avec plus de soin. Avantque de partir pour
Brest, Mrs. de Cassini et deMaraldi, comparerent en ma presence à l'Observatoire
Royal plusieurs Observations faites avec›
ce demi Cercle à celles qui furent faites
en même temps avec un quart de Cercle
d'environ trois pieds de rayon , elles furent toutes trouvées égales à celles du
quart de Cercle de l'Observatoire à une
ou deux minutes près ; mais sans doute
que dans ce temps-là l'Histoire de l'Académie étoit imprimée , sans quoi je suis
persuadé que ces Mrs. y auroient fait inserer ces dernieres Observations.
Article IV. Il dit Connoître cet Ins
trument pour en avoir vu une Description
très-succinte dans l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences de l'année 1724. pages
93. Je rapporte ici cette même Descrip
tion mot à- mot , afin de faire voir au Public qu'elle ne l'autorise en rien du tout
sur l'idée qu'il a voulu lui donner de mon
demi Cercle.
Description de l'Académie. Un Instrument de
M. Meynier , consistant en un demi Cercle dont le diamétré se met dans une situation horisontale
par la maniere dont il est suspendu. Il sert à apprendre sur Mer, sans qu'il soit necessaire des voir
FEVRIER. 1732. 28
voir l'horison , la distance du bord superieur der
Soleil au Zenith, par le moyen de l'ombre faite
par les rayons qui passent par une fente qui
répond au centre du demi Cercle et va se projetter sur une circonference graduée , il sert aussi.à observer la hauteur du Soleil et des Etoiles , depuis l'horison jusques à environ so degrez , par
le moyende deux Pinules , avec lesquelles on vise
l'Astre. On a fait avec cet Instrument plusieurs
Observations qui ont été le plus souvent à 8 ou
10. minutes près , les mêmes que celles qui
se faisoient en même- temps avec un quart de
Cercle de deux pieds de rayon. Cet Instrument
est ingenieux et commode à cause que pour les
Observations des Etoiles, l'œil est toujours placé
à la même hauteur , quoique l'Etoile soit diffe- remment élevée , et parce qu'on n'a pas besoin
de voir l'horison. On a crû qu'il seroit préferable sur Mer à la plupart des Instrumens qu'on y'
employe , s'il y donnoit les hauteurs avec la même précision que sur Terre , ce que l'experience seule peut décider.
Je conviens que cette description est
tres- succinte ; mais cependant on n'y
trouve point du tout que ce demi cerclesoit suspendu par une boule , ni qu'il
donne la hauteur des Astres , comme l'As
trolabe ; ony voit seulement qu'il se place
horisontalement par la maniere dont il est
suspendu , et qui fait assez entendre que
cette maniere de le suspendre n'est pas
par une boule, car il auroit été plus court
et plus naturel à Mrs de l'Academie de l
dire
286 MERCURE DE FRANCÈ
dire dans leur Description. On n'y trouve
non plus rien qui donne aucune idée
qu'il faille suspendre ce demi Cercle d'un
sens contraire pour observer la hauteur
des Etoiles ; n'y qu'on vise à l'Etoile par
la Pinule du centre , ni rien qui puisse
faire douter que le poids des Pinules qui
y sont, puisse faire changer la situation
horisontale de l'instrument , en observant
la hauteur des Etoiles.
Il est surprenant que M. Bouguer n'ait
compris que le mot de demi Cercle ,
dans la Description de l'Académie , au
sujet de cet instrument, qu'il en ait donné
une idée au public, entierement différente
tant au sujet de sa construction , que de
sa suspension et de ses usages , par une interprétation , qui n'y a aucune ressemblance; qu'il en ait même parlé d'une maniere à faire voir évidemment qu'il ne le
connoissoit du tout point ; et qu'ensuite
il l'ait condamné d'une façon tres- singu
liere , en disant qu'il croit queje lui procurerai une situation constamment horisontale
malgré le poids de la Pinule , qui est à la
circonference.
Je propose à M. Bouguer de faire avec
lui l'experience de son quart de Cercle
et en même temps celle ce mon demi
Cercle , et celle du quart de Cercle Anglois ,
FEVRIER. 1932. 287
glois , en présence des personnes qu'il jugera à propos , afin de voir par là si sort
quart de Cercle vaut mieux que ces autres instruments , à la mer et à terre même , lorsqu'il fait du vent , ou lorsque
le corps de l'Observateur est en mouvement; mais puisqu'il a condamné mon
demi Cercle sans aucuu fondement , il
ne doit pas trouver mauvais que je détaille au public les raisons qui condamnent avec fondement le quart de Cercle qu'il a donné dans le même ouvrage ,
que j'ai cité , comme un instrument préférable au quart de Cercle des Anglois, et
à tous les autres instrumens qu'on employe sur Mer , pour observer la hauteur des Astres.
La figure 5 , represente le quart de Cer
cle dont les Anglois se servent pour. ob
server la hauteur des Astres.
La figure 6 , représente exactement le
quart de Cercle de M. Bouguer , qui ne
differe du quart de Cercle des Anglais
que parce qu'il est formé d'un seul- Arc ,
É FD , de même que tous les quarts de
Cercle ordinaires que tous ses rayons
sont égaux au grand rayon du quart de
Cercle Anglois , c'est à dire d'environ 23
pouces de longueur ; et que celui des Anglois , figure 5 , est formé de deux differentes
288 MERCURE DE FRANCE
rentes portions de Cercle A BHD. dont
les rayons CCA.A. CH. sont inégaux , le
grand CH. est d'environ 23 pouces , il y
en a quelquefois qui ont quelques pouces de plus, mais je n'en ai point vû qui
en eussent moins ; l'Arc D H. que ce
rayon soutient , est d'environ 25 à 30 dégrez. On appuye contre l'épaule le côté
Dde cet Arc, lorsqu'on fait l'observa-.
tion ; le reste des dégrez de ce quart de
Cercle , est sur le petit Arc A'B , qui n'est
ordinairement que de à 10 pouces de
rayon. J'en ai cependant vu un qui avoit
ce même rayon , d'environ un pied.
Nous avons en France , depuis treslong- temps , beaucoup de Pilotes qui se
servent du quart de Cercle Anglois, figu
re 5. Plusieurs y mettent un verre lanticalaire au martcau A, qui réunit les rayons
du Soleil sur le Marteau C , qui est au
centre de l'instrument; beaucoup d'autres
né se servent que d'un petit trou rond au
même Marteau , en place de Verre , et
quelquesautres ne se servent que de l'ombre qui tombé du bord du même Marteau
A' , sur celui du centre C.
Il y a long-temps que j'ai entendu dire
à nos Pilotes de Brest , et à ceux de Tou-.
lon , que ce qui a obligé de reformer le
quart de Cercle ordinaire , formé par un
seul
FEVRIER 1732. 289
?
seul rayon , comme celui de la figure 6 , a
été , premierement , parce que le vent
avoit beaucoup plus de force sur la circonference E H,figure 5 , que sur la semblable circonférence A B. Secondement
parce que cette circonference E H, outre
qu'elle recevoit beaucoup plus de vent
étant plus grande , étoit ausst beaucoup
plus éloignée de la main de l'Observateur qui tenoit l'instrument en I , de
maniere que la force du vent agissoit sur
un Lévier beaucoup plus long , qui fatiguoit davantage l'Observateur, et qui causoit un plus grand mouvement à l'instru
ment ; de sorte que non-seulement l'Observateur ne pouvoit pas le tenir si ferme,
mais pas même si vertical , ni si horisontal , à cause du vent , ce qui rendoit l'observation d'autant plus douteuse que le
vent étoit plusfort. Troisiémement, parce
que le bord de l'ombre du Marteau E. figure 6 , en tombant sur le Marteau C, de
la distance E C , lorsqu'elle étoit d'environ 23 pouces, étoit beaucoup moins sensible sur ce même Marteau C , que lorsqu'il ne tombe que de la distance A C ,
figures , qui n'est ordinairement que
d'environ 9 pouces. Quatrièmement
parce que la distance EC , figure 5 et 6 ,
étant d'environ 23 pouces , le mouvement
>
290 MERCURE DE FRANCE
ment de l'ombre du bord du Marteau, ou
le mouvement du rayon du Soleil , qui
tomboit du Marteau E sur le Marteau C,
parcouroient un espace qui étoit plus de
deux fois et demi aussi grand , que l'espace qu'ils parcourent sur le même Marteau C , lorsque cette distance n'est que d'environ 9 pouces , telle que A C, figure
55 car quoique le mouvement des deux
instrumens , figure $ et 6 , fût le même,
le mouvement de l'ombre du Marteau E,
ou le mouvement du rayon du Soleil ,
qui tomberoit du même Marteau E , sur
celui du centre C, des figures 5 et 6 , seroit au mouvement de cette même ombre , ou rayon qui tomberoit du Marteau A, sur le Marteau C , de la figure
5 :: comme le rayon EC, des figures 5
et 6 , est au rayon A C de la figure 5 , ce
qui formoit une tres-grande difficulté ,
parce que pour lors on ne pouvoit estimer le milieu de ce mouvement que tresimparfaitement;car comme il falloit aussi
estimer en même temps le milieu des
rayons du Soleil sur le Marteau C ; ces
deux estimations qui doivent se faire dans
le même instant , étoient d'autant plus
difficiles et douteuses , que le mouvement
de ce rayon sur le Marteau du centre C
étoit plus grand. Cinquièmement , parce
-
que
FEVRIER. 1732. 291
pas
que lorsqu'on a voulu avoir le rayon du
Soleil sur le Marteau C , par le moyen
d'un trou au Marteau E , quelque petit
que fût ce trou , l'étendue du rayon de
Astre qui y passoit étoit fort grande sur
le Marteau C, et beaucoup moins distincte , principalement lorsque le Soleil n'est
bien brillant , comme cela arrive tressouvent à la Mer ; ce qui n'est pas de même lorsque la longueur du rayon de l'A
tre n'est que de 9 à re pouces. Sixièmement , parce que ces difficultez augmentoient encore davantage , lorsque le Soleil étoit fort élevé sur l'horison , ou près
du Zénith ; car pour lors l'étendue de son
rayon sur le Marteau C, prenoit une figure ovale , beaucoup plus grande,à cause de l'obliquité du plan du Marteau C,
avec le rayon de l'Astre. Septiémement ,
parce que lorsqu'on a voulu mettre un
verre lenticulaire au Marteau E, figure 6,
pour réunir les rayons du Soleil sur le
Marteau C, on a trouvé qu'un verre d'environ 23 pouces de foyer , ne donnoit pas
les rayons de l'Astre si bien réinis qu'un
verre d'environ 9 pouces de foyer , de
maniere qu'on n'en pouvoit pas estimer
le milieu si exactement ; d'ailleurs cette
lentille ne détruisoit pas l'augmentation
du mouvement des rayons du Soleil sur
le
292 MERCURE DE FRANCE
le Marteau C , ce qui est un tres- grand
obstacle , auquel on n'a pû remedier
qu'en racourcissant considerablement le
rayon à une partie du quart de Cercle ,
comme on le voit à la figure 5 .
Etant en Angleterre l'année derniere,
et scachant que tous les Anglois se servent sur Mer du quart de Cercle , de la
figures , je m'informai pourquoi ils ne
font pas ce quart de Cercle regulier, c'està-dire d'un seul arc de Cercle. On me répondit à peu près la même chose que ce
que j'en avois apris de nos Pilotes François. On y ajouta seulement,que ceux qui
voudroient se servir d'un quart de Cercle d'un seul Arc , pour observer la hauteur des Astres sur Mer, en seroient bientôt desabusez, puisqu'eux-mêmes ne se servent pas de l'Arc du grand rayon tout
seul pour observer la hauteur du Soleil, à
cause des raisons susdites , quoiqu'ils le
pussent toutes les fois que les dégrez de
la hauteur de l'Astre n'excedent pas les
dégrez de l'Arc du grand rayon de l'ins
trument.
Quand même nos Pilotes et les Anglois
n'auroient pas pour eux l'experience
comme ils l'ont , qui confirme leurs raisons , elles sont trop pour ne
pas s'y rendre ; et ils sont fondez à croire
évidentes
qu'ils
FEVRIER.
1732. 293
qu'ils ont eux - mêmes reformé le quart
de Cercle ordinaire , avec connoissance
de cause et avec fondement , pour leur
servir plus exactement et plus commodé
ment à observer la hauteur des Astres sur
Mer , en formant le quart de Cercle de
deux differens Arcs , comme celui de la
figure 5.
Les raisons que je viens de détailler
font voit que ce n'est pas le seul embarras
de l'instrument qui a occasionné la réforme que les Pilotes en ont faite , mais bien
la nécessité ; ce qui nous prouve que l'expérience sur cette matiere en a plus appris
aux Pilotes que la Théorie. Car il est assez
évident à ceux qui ignorent ces expériences , que le quart de Cercle qui auroit
deux pieds de rayon , devroit être plus
précis que celui qui n'en auroit que 9 ou
10pouces,parce que les divisions de ce premier seroient beaucoup plus grandes que
celles de l'autre , et par consequent plus
distinctes et plus exactes ; cela est incontestable à terre; mais le raisonnement doit
ceder à
l'expérience ,
principalement en
ce qui regarde la navigation.
Si M. Beguer , dont la Théorie est
profonde , avoit pratiqué la Mer ou fait seulement une campagne de long cours ,
pendant laquelle il se futservi de son quart
E de
294 MERCURE DE FRANCE
de Cercle, figure 5, pour observer la haureur du Soleil , je ne croi pas qu'il l'eut
proposé ensuite pour s'en servir à la Mer,
préférablement aux instrumens ordinai
res , parce qu'il en auroit senti lui-même
les difficultez mentionnées cy-dessus.
du Roy pour la Marine , cy- devant Professeur Royal d'Hidrographie , sur ce que
M.Bouguer, cy- devant Professeur d'Hidrographie au Croisic , à present Professeur Royal d'Hidrographie au Havre de
Grace a dit au sujet du Demi- Cercle que
·M. Meynier a inventé pour observer sur
Meret à Terre , la hauteur du Soleil et
des Etoiles , sans qu'il soit necessaire de
voir l'horisons et au sujet du Quart de
Cercle que M. Bouguer a donné pour être
preferable au Demi Cercle et à tous les
autres Instrumens qui sont en usage sur
Mer, pour le même sujet.
C
Omme des amis communs entre
M. Bouguer et moi , m'avoient dit
lui avoir représenté le tort qu'il a eû de
parler de mon Demi- Cercle de la maniere qu'il en a parlé dans un Ouvrage
intitulé : De la Méthode d'observer exactement sur Merla hauteur des Astres , imprimé
FEVRIER 1732. 295
primé à Paris , chez Claude Jombert en
l'année 1729 , j'avois crû qu'il auroit pû
y faire attention et reparer sa faute dans
le Public ; mais bien loin qu'il en ait été
question , depuis plus de deux ans et demi que j'ai lieu de me plaindre de la
fausse idée qu'il en a donnée dans son Li
vre ; il m'a fait verbalement depuis peu
de jours une espece de défi d'y répondre ,
ce qui m'a indispensablement engagé à
mettre la main à la plume.
On voit dans l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences , de l'année 17 : 4.
page 93. où M. Bouguer a dit avoir lû
la description de mon demi Cerle , que
ces Mrs l'approuverent après l'avoir examiné et après en avoir fait plusieurs observations au Soleil. Il est extraordinaire
qu'après cela M. Bouguer , qui ne l'avoit
pas vû, en ait fait un portrait au Public
qui n'y a aucune ressemblance , et qu'en
même temps il l'ait condamné sur ce
portrait d'une façon fort singuliere , malgré l'Approbation de l'Académie Royale
des Sciences.
Pour prouver que M. Bouguer a condamné ce demi Cercle sans le connoître
je rapporte ici mot-à-mot ce qu'il en a
dit , où il ne paroît pas qu'il en ait connu
la construction , la suspension ni les usa
Diiij ges.
1
276 MERCURE DE FRANCE
1
ges. J'ai aussi copié exactement la figure
3. de la premiere Planche de son Livre,
qu'il a donnée pour celle de mon demi
Cercle ; je la représente ici notée du même
chiffre 3. et des mêmes lettres. Je donne
en même temps le Dessein de mon demi
Cercle , dans la figure 4. étant suspendu
dans la Caisse MRTV, qui le met à
couvert du vent , de la même maniere
et au même état qu'il étoit lorsque l'Académie Royale des Sciences l'a examiné:
Je l'ai encore en cèt état- là , dans la même Caisse , de maniere qu'on peut ve
rifier très-facilement ce que j'avance.
La Caisse de cet Instrument est noir*
cie en dedans , afin d'absorber les rayons
du Soleil , elle ne devroit être represen
tée ouverte que par dessus ; mais je l'ai
représentée aussi ouverte par devant , afin
de voir plus distinctement toute la figure du demi Cercle et de sa suspension/
Pendant toutes les observations qui ont
été faites avec cet Instrument , sa Caisse
étoit posée à terre ou sur une table , ou
sur quelque banc , de maniere que l'Observateur n'avoit point d'autre attention
que
du
celle de regarder sur la circonference
de l'Instrument , le degré que le rayon
Soleil y marquoit , qui étoit celui de sa
hauteur sur l'horison. On peut verifier
facilement
LYON
*
1893*
partie interieure de l'Arc , et fait connoi hauteur comine dans l'Aneau Astronomique
Instrument peut être aussi d'usage la nuit ,
observer la hauteur des Etoiles ; mais appai
ment qu'on le suspend dans un sens contraire
qu'on vise à l'Etoile par la Pinule du centre pår une autre Pinule située sur la circonferen
Nous ne connoissons ce demi Cercle que pour Dy avo
ou sur une table > our
sur quelque banc , de maniere que l'Observateur n'avoit point d'autre attention.
que celle de regarder sur la circonference
de l'Instrument , le degré que le rayon du
Soleil y marquoit , qui étoit celui de sa
hauteur sur l'horison. On peut verifier facilement
FEVRIER 1732. 377
facilement ce demi Cercle pour sçavoir
s'il est juste , exposant simplement sa
Caisse successivement des deux côtez
MR. aux rayons du Soleil vers l'heure de
midi , car pour lors si le rayon du Soleil
qui passeroit par le centre I. marquoit le
même degré sur les deux côtez du demi
Cercle , son diamétre AC. seroit horisontal ; et si par hazard il inclinoit de quelque côté, ce qui ne pourroit arriver que
par quelque accident extraordinaire , outre qu'on pourroit y remedier sur le
champ par le moyen du petit poids S.
en le faisant glisser le long du diamétre
AC. on pourroit s'en servir aussi quoiqu'incline , comme je l'ai démontré dans
mes Mémoires. Voici ce que M. Bouguer
en a dit.
On voit dans la figure 3. le demi Cercle de
M. Meynier , actuellement Professeur Royal
d'Hidrographie au Havre de Grace. Ce demi
Cercle se suspend par la Boucle A. fig. 3. et le
rayon du Soleil passant par la pinule C. qui répond au centre , vient se rendre en E dans la
partie interieure de l'Arc , et fait connoître la
hauteur comme dans l'Aneau Astronomique. Cet
Instrument peut être aussi d'usagé la nuit , pour
observer la hauteur des Etoiles ; mais apparemment qu'on le suspend dans un sens contraire , et
qu'on vise à l'Etoile par la Pinule du centre ,
pår une autre Pinule située sur la circonference.
Nous ne connoissons ce demi Cercle que pour en
D v avoir
et
278 MERCURE DE FRANCE
avoir vu une description très succinte dans l'Histoire de l'Académie Royale des Sciences de l'An- née 1724. page 93. mais nous ne doutons point
que son sçavant Auteur ne lui procure une situation constamment horisontale , malgré le poids
de la Pinule , qui est située sur la circonference ,
et qu'on est obligé de faire monter ou descendre,
selon que les hauteurs sont plus ou moins
grandes.
Article premier , M. Bouguer dit que
la figure 3. represente mon demi Cercle ;
qu'il est suspendu par la Boucle A. et qu'il
fait connoître la hauteur du Soleil , comme
dans l'Anneau Astronomique. Il suffit de
regarder la figure qu'il donne pour celle
de mon demi Cercle , et de la comparer
avec la figure 4. qui en est la veritable
figure , pour en voir d'abord la difference. Bien loin que mon demi Cercle fig.
4. soit suspendu par la Boucle A. de la
figure 3. il est suspendu sur les deux Pivots NB. dans la Caisse MRVT. qui le
garantit du vent , lesquels Pivots NB.
sont portez par une seconde suspension
XNBZ de même que les Boussoles de
Mer. Ce demi Cercle a un poids O. vers
son milieu , lequel poids ayant le centre
de son mouvement particulier en P.
vibrations particulieres tendent à détruire plutôt le mouvement que le vaisseau
imprime au demi Cercle ; car à mesure
ses
que
FEVRIER: 1732. 279
les vibrations du poids O. et celles du
demi Cercle ADC. ne se font pas en
temps égaux , elles se contrarient récipro
quement et se détruisent mutuellement
en beaucoup moins de temps. Il est évident que par cette suspension l'Instrument obéit beaucoup mieux au Roulis
et au Tangage du Vaisseau , qu'il n'y
obeïroit s'il étoit suspendu par une Boucle; car si la suspension de la Boucle va- loit mieux on s'en serviroit pour suspendre les Boussoles de Mer ; mais l'experience prouve le contraire. On voit par là combien cet Instrument est different
de l'Astrolabe , de même que ses usages ,
et que parconsequent la comparaison de
M. Bouguer , n'est pas juste.
Article II. Il a dit que pour dit que pour observer
la hauteur des Etoilles pendant la nuit , apparemment on suspend mon demi Cercle d'un
sens contraire, et qu'on vise à l'Etoile par
la Pinule du centre. Ce terme d'apparemmentfait voir qu'il ne croit pas lui- méme
connoître la construction de cet Instrument , non- plus que ses usages ; mais
bien loin qu'on soit obligé de le suspendre d'un sens contraire , on ne fait jamais aucun changement à sa suspension
dans aucun de ses usages , et la Pinule.
du centre ne sert jamais pour observer la
D vj hauteur
280 MERCURE DE FRANCE
prohauteur des Etoiles ; car on trouve leur
hauteur avec cet Instrument par la
prieté des Angles formez à là circonfe
rence du Cercle, qui ont un avantage con.
siderable sur ceux qui sont formez au centre du même Cercle , en ce que leurs degrez occupent un Arc double des autres,
comme il est démontré dans la 24. Proposition du troisiéme Livre d'Euclide ,
ce qui rend leurs divisions parconsequent
beaucoup plus distinctes. Comme , par
exemple , l'Angle F A C. qui est celui de
la hauteur de l'Etoile L , qui est formé au
point A. de la circonference , qui est égal
à l'Angle A F E. qui est aussi à la circonference , qui est mesuré par la moitié de
l'Arc AE , égal à l'Arc FC, et qui est indiqué par l'extrémité E. de l'alidade E F.
Article III. Il condamne ce demi Cer→
cle , en disant qu'il croit que je lui procurerai une situation constamment horisontale,
malgré le poids de la Pinule , qui est située
sur la circonference qu'on est obligé de faire
monter ou descendre , selon que les hauteurs
sont plus ou moins grandes. Comme il est
necessaire dans tous les usages de ce demi
Cercle , que son dismétre A C. prenne
de lui- même une situation horisontale ,
quoique l'Astre soit plus ou moins élevé
cola seroit impossible , si le poids de quel
que
FEVRIER. 1732 28
que pinule qui seroit située sur sa circon
ference étoit capable de faire incliner
l'Instrument à mesure qu'elle se trouveroit plus ou moins élevée autour du de
mi Cercle , parce que pour lors son poids
agiroit sur des lignes verticales qui se
roient differemment éloignées de la ligne
verticale qui passeroit par le centre de
gravité du demi Cercle , ce qui feroit
changer l'équilibre de l'Instrument à
mesure que la hauteur de la Pinule changeroit Apparemment que M. Bouguer a
pris delà occasion de vouloir persuader
au Public que mon demi Cercle ayant
une Pinule qu'on fait monter ou descendre plus ou moins , suivant les differentes
hauteurs des Astres , ne devoit pas conserver sa situation horisontale, à cause du
poids de cette même Pinule ; mais il au
roit dû faire attention que si cela eût eu
lieu, Mrs de l'Académie ne l'eussent point
approuvé , étant très- capables de s'en être
appercûs , et si ensuite il eût été convaincu de cette verité , il n'auroit pas avancé
la chose si hardiment ; d'ailleurs les principes des forces mouvantes nous apprennent que tout corps qui a un mouvement circulaire autour d'un Cercle ou
d'un demi Cercle , ou autour de quelque
point, peut conserver toûjours le même
équilibre
282 MERCURE DE FRANCE
équilibre sur le centre de son mouvement , par le moyen d'un autre poids
qui aura le même mouvement sur un
bras de Levier opposé ; c'est ce qu'on
voit aux Pinules des Astrolabes qui montent et descendent autour de sa circonference de l'Instrument sans en changer
l'équilibre.
Je ne crois pas non-plus qu'il eût parlé de même de ce demi Cercle, si auparavant il eût pris connoissance de sa cons-
"truction, de sa suspension et de ses usages ,
parce qu'il auroit vû que la Pinule A. qui
est la seule qui soit située à la circonfe
rence de cet Instrument , n'est pas mobile , mais qu'elle est toûjours fixe à l'extremité A du diamétre AC , et que par
cette raison la hauteur de l'œil qu'on place
en K du côté de cette même Pinule , ne
change pas lorsqu'on fait l'observation
quoique la hauteur de l'Astre change. II
auroit aussi vû que la Pinule A ayant été
mise d'équilibre , avec le demi Cercle
ADC , sur le centre commun I , elle ne
doit jamais changer la situation horisontale de l'Instrument qui se suspend continuellement de lui- même par la verticale
qui passe par son centre de mouvement
et par son centre de gravité ; et que pour
ce qui est de la seconde Pinule F , elle se
trouve
FEVRIER. 17327 28
trouve toujours plus ou moins élevée audessus du demi Cercle , suivant les dif
ferentes hauteurs des Etoiles sur l'horidans le temps de l'observation ;
et que le centre de mouvement er de
gravité de l'Alidade EF , qui la porte ,
étant au centre I du demi Cercle , elle:
ne doit non-plus rien changer à l'équili
bre de l'Instrument dans quelque situation qu'on la mette ; et s'il eût demandé
à l'Académie des Sciences une plus gran-.
de instruction sur mon demi Cercle, comme il en étoit correspondant , on lui auroit communiqué , sans doute, le desseinet le Memoire que j'y ai laissé à ce sujet ;
on auroit pû lui communiquer en mêmetemps un Certificat autentique qu'elle
avoit reçû touchant les experiences qui
furent faites avec ce demi Ĉercle dans la
Rade de Brest , sur le Vaisseau du Roy
l'Elisabeth, qui n'ont été écartez que d'environ une minute de la vraye latitude
du lieu où elles furent faites , quoique le
Vaisseau eût beaucoup de mouvement
puisque lors de la derniere observation
le vent nous fit faire près de deux lieuës
de chemin en une heure de temps dans
un gros Bateau qu'on nomme Bugalet,
qui n'avoit qu'une seule Voile. J'avois
fait faire ce demi Cercle entierement semblable
284 MERCURE DE FRANCE
blable à celui dont il est parlé dans l'His
toire de l'Académie des Sciences de l'année 1724. il avoit seulement été divisé:
avec plus de soin. Avantque de partir pour
Brest, Mrs. de Cassini et deMaraldi, comparerent en ma presence à l'Observatoire
Royal plusieurs Observations faites avec›
ce demi Cercle à celles qui furent faites
en même temps avec un quart de Cercle
d'environ trois pieds de rayon , elles furent toutes trouvées égales à celles du
quart de Cercle de l'Observatoire à une
ou deux minutes près ; mais sans doute
que dans ce temps-là l'Histoire de l'Académie étoit imprimée , sans quoi je suis
persuadé que ces Mrs. y auroient fait inserer ces dernieres Observations.
Article IV. Il dit Connoître cet Ins
trument pour en avoir vu une Description
très-succinte dans l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences de l'année 1724. pages
93. Je rapporte ici cette même Descrip
tion mot à- mot , afin de faire voir au Public qu'elle ne l'autorise en rien du tout
sur l'idée qu'il a voulu lui donner de mon
demi Cercle.
Description de l'Académie. Un Instrument de
M. Meynier , consistant en un demi Cercle dont le diamétré se met dans une situation horisontale
par la maniere dont il est suspendu. Il sert à apprendre sur Mer, sans qu'il soit necessaire des voir
FEVRIER. 1732. 28
voir l'horison , la distance du bord superieur der
Soleil au Zenith, par le moyen de l'ombre faite
par les rayons qui passent par une fente qui
répond au centre du demi Cercle et va se projetter sur une circonference graduée , il sert aussi.à observer la hauteur du Soleil et des Etoiles , depuis l'horison jusques à environ so degrez , par
le moyende deux Pinules , avec lesquelles on vise
l'Astre. On a fait avec cet Instrument plusieurs
Observations qui ont été le plus souvent à 8 ou
10. minutes près , les mêmes que celles qui
se faisoient en même- temps avec un quart de
Cercle de deux pieds de rayon. Cet Instrument
est ingenieux et commode à cause que pour les
Observations des Etoiles, l'œil est toujours placé
à la même hauteur , quoique l'Etoile soit diffe- remment élevée , et parce qu'on n'a pas besoin
de voir l'horison. On a crû qu'il seroit préferable sur Mer à la plupart des Instrumens qu'on y'
employe , s'il y donnoit les hauteurs avec la même précision que sur Terre , ce que l'experience seule peut décider.
Je conviens que cette description est
tres- succinte ; mais cependant on n'y
trouve point du tout que ce demi cerclesoit suspendu par une boule , ni qu'il
donne la hauteur des Astres , comme l'As
trolabe ; ony voit seulement qu'il se place
horisontalement par la maniere dont il est
suspendu , et qui fait assez entendre que
cette maniere de le suspendre n'est pas
par une boule, car il auroit été plus court
et plus naturel à Mrs de l'Academie de l
dire
286 MERCURE DE FRANCÈ
dire dans leur Description. On n'y trouve
non plus rien qui donne aucune idée
qu'il faille suspendre ce demi Cercle d'un
sens contraire pour observer la hauteur
des Etoiles ; n'y qu'on vise à l'Etoile par
la Pinule du centre , ni rien qui puisse
faire douter que le poids des Pinules qui
y sont, puisse faire changer la situation
horisontale de l'instrument , en observant
la hauteur des Etoiles.
Il est surprenant que M. Bouguer n'ait
compris que le mot de demi Cercle ,
dans la Description de l'Académie , au
sujet de cet instrument, qu'il en ait donné
une idée au public, entierement différente
tant au sujet de sa construction , que de
sa suspension et de ses usages , par une interprétation , qui n'y a aucune ressemblance; qu'il en ait même parlé d'une maniere à faire voir évidemment qu'il ne le
connoissoit du tout point ; et qu'ensuite
il l'ait condamné d'une façon tres- singu
liere , en disant qu'il croit queje lui procurerai une situation constamment horisontale
malgré le poids de la Pinule , qui est à la
circonference.
Je propose à M. Bouguer de faire avec
lui l'experience de son quart de Cercle
et en même temps celle ce mon demi
Cercle , et celle du quart de Cercle Anglois ,
FEVRIER. 1932. 287
glois , en présence des personnes qu'il jugera à propos , afin de voir par là si sort
quart de Cercle vaut mieux que ces autres instruments , à la mer et à terre même , lorsqu'il fait du vent , ou lorsque
le corps de l'Observateur est en mouvement; mais puisqu'il a condamné mon
demi Cercle sans aucuu fondement , il
ne doit pas trouver mauvais que je détaille au public les raisons qui condamnent avec fondement le quart de Cercle qu'il a donné dans le même ouvrage ,
que j'ai cité , comme un instrument préférable au quart de Cercle des Anglois, et
à tous les autres instrumens qu'on employe sur Mer , pour observer la hauteur des Astres.
La figure 5 , represente le quart de Cer
cle dont les Anglois se servent pour. ob
server la hauteur des Astres.
La figure 6 , représente exactement le
quart de Cercle de M. Bouguer , qui ne
differe du quart de Cercle des Anglais
que parce qu'il est formé d'un seul- Arc ,
É FD , de même que tous les quarts de
Cercle ordinaires que tous ses rayons
sont égaux au grand rayon du quart de
Cercle Anglois , c'est à dire d'environ 23
pouces de longueur ; et que celui des Anglois , figure 5 , est formé de deux differentes
288 MERCURE DE FRANCE
rentes portions de Cercle A BHD. dont
les rayons CCA.A. CH. sont inégaux , le
grand CH. est d'environ 23 pouces , il y
en a quelquefois qui ont quelques pouces de plus, mais je n'en ai point vû qui
en eussent moins ; l'Arc D H. que ce
rayon soutient , est d'environ 25 à 30 dégrez. On appuye contre l'épaule le côté
Dde cet Arc, lorsqu'on fait l'observa-.
tion ; le reste des dégrez de ce quart de
Cercle , est sur le petit Arc A'B , qui n'est
ordinairement que de à 10 pouces de
rayon. J'en ai cependant vu un qui avoit
ce même rayon , d'environ un pied.
Nous avons en France , depuis treslong- temps , beaucoup de Pilotes qui se
servent du quart de Cercle Anglois, figu
re 5. Plusieurs y mettent un verre lanticalaire au martcau A, qui réunit les rayons
du Soleil sur le Marteau C , qui est au
centre de l'instrument; beaucoup d'autres
né se servent que d'un petit trou rond au
même Marteau , en place de Verre , et
quelquesautres ne se servent que de l'ombre qui tombé du bord du même Marteau
A' , sur celui du centre C.
Il y a long-temps que j'ai entendu dire
à nos Pilotes de Brest , et à ceux de Tou-.
lon , que ce qui a obligé de reformer le
quart de Cercle ordinaire , formé par un
seul
FEVRIER 1732. 289
?
seul rayon , comme celui de la figure 6 , a
été , premierement , parce que le vent
avoit beaucoup plus de force sur la circonference E H,figure 5 , que sur la semblable circonférence A B. Secondement
parce que cette circonference E H, outre
qu'elle recevoit beaucoup plus de vent
étant plus grande , étoit ausst beaucoup
plus éloignée de la main de l'Observateur qui tenoit l'instrument en I , de
maniere que la force du vent agissoit sur
un Lévier beaucoup plus long , qui fatiguoit davantage l'Observateur, et qui causoit un plus grand mouvement à l'instru
ment ; de sorte que non-seulement l'Observateur ne pouvoit pas le tenir si ferme,
mais pas même si vertical , ni si horisontal , à cause du vent , ce qui rendoit l'observation d'autant plus douteuse que le
vent étoit plusfort. Troisiémement, parce
que le bord de l'ombre du Marteau E. figure 6 , en tombant sur le Marteau C, de
la distance E C , lorsqu'elle étoit d'environ 23 pouces, étoit beaucoup moins sensible sur ce même Marteau C , que lorsqu'il ne tombe que de la distance A C ,
figures , qui n'est ordinairement que
d'environ 9 pouces. Quatrièmement
parce que la distance EC , figure 5 et 6 ,
étant d'environ 23 pouces , le mouvement
>
290 MERCURE DE FRANCE
ment de l'ombre du bord du Marteau, ou
le mouvement du rayon du Soleil , qui
tomboit du Marteau E sur le Marteau C,
parcouroient un espace qui étoit plus de
deux fois et demi aussi grand , que l'espace qu'ils parcourent sur le même Marteau C , lorsque cette distance n'est que d'environ 9 pouces , telle que A C, figure
55 car quoique le mouvement des deux
instrumens , figure $ et 6 , fût le même,
le mouvement de l'ombre du Marteau E,
ou le mouvement du rayon du Soleil ,
qui tomberoit du même Marteau E , sur
celui du centre C, des figures 5 et 6 , seroit au mouvement de cette même ombre , ou rayon qui tomberoit du Marteau A, sur le Marteau C , de la figure
5 :: comme le rayon EC, des figures 5
et 6 , est au rayon A C de la figure 5 , ce
qui formoit une tres-grande difficulté ,
parce que pour lors on ne pouvoit estimer le milieu de ce mouvement que tresimparfaitement;car comme il falloit aussi
estimer en même temps le milieu des
rayons du Soleil sur le Marteau C ; ces
deux estimations qui doivent se faire dans
le même instant , étoient d'autant plus
difficiles et douteuses , que le mouvement
de ce rayon sur le Marteau du centre C
étoit plus grand. Cinquièmement , parce
-
que
FEVRIER. 1732. 291
pas
que lorsqu'on a voulu avoir le rayon du
Soleil sur le Marteau C , par le moyen
d'un trou au Marteau E , quelque petit
que fût ce trou , l'étendue du rayon de
Astre qui y passoit étoit fort grande sur
le Marteau C, et beaucoup moins distincte , principalement lorsque le Soleil n'est
bien brillant , comme cela arrive tressouvent à la Mer ; ce qui n'est pas de même lorsque la longueur du rayon de l'A
tre n'est que de 9 à re pouces. Sixièmement , parce que ces difficultez augmentoient encore davantage , lorsque le Soleil étoit fort élevé sur l'horison , ou près
du Zénith ; car pour lors l'étendue de son
rayon sur le Marteau C, prenoit une figure ovale , beaucoup plus grande,à cause de l'obliquité du plan du Marteau C,
avec le rayon de l'Astre. Septiémement ,
parce que lorsqu'on a voulu mettre un
verre lenticulaire au Marteau E, figure 6,
pour réunir les rayons du Soleil sur le
Marteau C, on a trouvé qu'un verre d'environ 23 pouces de foyer , ne donnoit pas
les rayons de l'Astre si bien réinis qu'un
verre d'environ 9 pouces de foyer , de
maniere qu'on n'en pouvoit pas estimer
le milieu si exactement ; d'ailleurs cette
lentille ne détruisoit pas l'augmentation
du mouvement des rayons du Soleil sur
le
292 MERCURE DE FRANCE
le Marteau C , ce qui est un tres- grand
obstacle , auquel on n'a pû remedier
qu'en racourcissant considerablement le
rayon à une partie du quart de Cercle ,
comme on le voit à la figure 5 .
Etant en Angleterre l'année derniere,
et scachant que tous les Anglois se servent sur Mer du quart de Cercle , de la
figures , je m'informai pourquoi ils ne
font pas ce quart de Cercle regulier, c'està-dire d'un seul arc de Cercle. On me répondit à peu près la même chose que ce
que j'en avois apris de nos Pilotes François. On y ajouta seulement,que ceux qui
voudroient se servir d'un quart de Cercle d'un seul Arc , pour observer la hauteur des Astres sur Mer, en seroient bientôt desabusez, puisqu'eux-mêmes ne se servent pas de l'Arc du grand rayon tout
seul pour observer la hauteur du Soleil, à
cause des raisons susdites , quoiqu'ils le
pussent toutes les fois que les dégrez de
la hauteur de l'Astre n'excedent pas les
dégrez de l'Arc du grand rayon de l'ins
trument.
Quand même nos Pilotes et les Anglois
n'auroient pas pour eux l'experience
comme ils l'ont , qui confirme leurs raisons , elles sont trop pour ne
pas s'y rendre ; et ils sont fondez à croire
évidentes
qu'ils
FEVRIER.
1732. 293
qu'ils ont eux - mêmes reformé le quart
de Cercle ordinaire , avec connoissance
de cause et avec fondement , pour leur
servir plus exactement et plus commodé
ment à observer la hauteur des Astres sur
Mer , en formant le quart de Cercle de
deux differens Arcs , comme celui de la
figure 5.
Les raisons que je viens de détailler
font voit que ce n'est pas le seul embarras
de l'instrument qui a occasionné la réforme que les Pilotes en ont faite , mais bien
la nécessité ; ce qui nous prouve que l'expérience sur cette matiere en a plus appris
aux Pilotes que la Théorie. Car il est assez
évident à ceux qui ignorent ces expériences , que le quart de Cercle qui auroit
deux pieds de rayon , devroit être plus
précis que celui qui n'en auroit que 9 ou
10pouces,parce que les divisions de ce premier seroient beaucoup plus grandes que
celles de l'autre , et par consequent plus
distinctes et plus exactes ; cela est incontestable à terre; mais le raisonnement doit
ceder à
l'expérience ,
principalement en
ce qui regarde la navigation.
Si M. Beguer , dont la Théorie est
profonde , avoit pratiqué la Mer ou fait seulement une campagne de long cours ,
pendant laquelle il se futservi de son quart
E de
294 MERCURE DE FRANCE
de Cercle, figure 5, pour observer la haureur du Soleil , je ne croi pas qu'il l'eut
proposé ensuite pour s'en servir à la Mer,
préférablement aux instrumens ordinai
res , parce qu'il en auroit senti lui-même
les difficultez mentionnées cy-dessus.
Fermer
Résumé : REPONSE de M. Meynier, Ingenieur du Roy pour la Marine, cy-devant Professeur Royal d'Hidrographie, sur ce que M. Bouguer, cy-devant Professeur d'Hidrographie au Croisic, à present Professeur Royal d'Hidrographie au Havre de Grace a dit au sujet du Demi-Cercle que M. Meynier a inventé pour observer sur Mer et à Terre, la hauteur du Soleil et des Etoiles, sans qu'il soit necessaire de voir l'horison; et au sujet du Quart de Cercle que M. Bouguer a donné pour être preferable au Demi-Cercle et à tous les autres Instrumens qui sont en usage sur Mer, pour le même sujet.
M. Meynier, ingénieur du Roy pour la Marine et ancien professeur royal d'hidrographie, répond à M. Bouguer, qui a critiqué son invention du demi-cercle pour observer la hauteur du Soleil et des étoiles sans voir l'horizon. Meynier conteste les affirmations de Bouguer, qui a préféré le quart de cercle à son demi-cercle dans un ouvrage publié en 1729. Meynier souligne que l'Académie Royale des Sciences avait approuvé son demi-cercle après l'avoir examiné et utilisé pour des observations solaires. Meynier reproche à Bouguer de ne pas avoir connu la construction, la suspension et les usages de son demi-cercle, et de l'avoir condamné sur la base d'une description incorrecte. Il présente des figures comparant la représentation erronée de Bouguer avec la véritable figure de son demi-cercle. Meynier explique que son instrument est suspendu dans une caisse qui le protège du vent et qu'il est conçu pour s'adapter au roulis et au tangage du vaisseau. Il détaille également les usages de son demi-cercle, tant pour les observations diurnes que nocturnes, et réfute les critiques de Bouguer sur la stabilité horizontale de l'instrument. Meynier affirme que les principes des forces mouvantes permettent à l'instrument de conserver son équilibre, et que l'Académie Royale des Sciences avait validé son fonctionnement par des expériences réussies. En 1724, des observations faites avec un demi-cercle ont été comparées à celles réalisées avec un quart de cercle de trois pieds de rayon, et les résultats ont été jugés égaux à une ou deux minutes près. Cependant, ces observations n'ont pas été incluses dans l'Histoire de l'Académie des Sciences, probablement parce qu'elle était déjà imprimée. Le texte mentionne également une description succincte d'un instrument de M. Meynier, consistant en un demi-cercle horizontal, utilisé pour mesurer la distance du Soleil au zénith et observer la hauteur des astres. Cet instrument a été jugé ingénieux et commode, bien que son utilité en mer reste à prouver. L'auteur critique M. Bouguer pour avoir mal interprété la description de l'instrument et propose de comparer les performances du quart de cercle de Bouguer avec celles du demi-cercle et du quart de cercle anglais en présence de témoins. Les pilotes ont réformé le quart de cercle ordinaire, formé d'un seul arc, en un instrument à deux arcs différents pour des raisons pratiques et d'expérience. Enfin, l'auteur souligne que la théorie doit céder à l'expérience, surtout en navigation, et critique M. Bouguer pour ne pas avoir suffisamment pratiqué en mer avant de proposer son instrument.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
401
REPONSE de M. Meynier, Ingenieur du Roy pour la Marine, cy-devant Professeur Royal d'Hidrographie, sur ce que M. Bouguer, cy-devant Professeur d'Hidrographie au Croisic, à present Professeur Royal d'Hidrographie au Havre de Grace a dit au sujet du Demi-Cercle que M. Meynier a inventé pour observer sur Mer et à Terre, la hauteur du Soleil et des Etoiles, sans qu'il soit necessaire de voir l'horison; et au sujet du Quart de Cercle que M. Bouguer a donné pour être preferable au Demi-Cercle et à tous les autres Instrumens qui sont en usage sur Mer, pour le même sujet.
402
p. 316-317
SECOND LOGOGRYPHE.
Début :
Mon corps est singulier dans toute sa figure. [...]
Mots clefs :
Lamproie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECOND LOGOGRYPHE.
ECOND LOGOGRYPHE.
Moncorps est singulier dans toute sa figure,
En plus de six endroits une ronde ouverture
Sur ligne parallele est à chaque côté.
Parlà passe et repasse une sérosité.
Jemarche sur huit pieds , rangez de telle sorte ;
Qu'en retranchant les trois qu'à la tête je porte ,
Si vous les renversez , je désigne un tyran ,
Le Aéau des Humains , et vrai fils de Satan.
Le reste de mes pieds est le nom de la chose
Que devient aux Corbeaux un pendu qu'on expose.
Coupez mon tout en deux par sa derniere part
Je suis Ville Picarde : ôtez son premier quart
Me voilà sur le champ un animal qui vole ,
Et dont la voix jadis sauva le Capitole.
Si tous ces traits , Lecteur , ne sont pas suffisans ,
Je vais me démasquer par les chiffres suivans.
Je me métamorphose en plus d'une maniere.
Un,
FEVRIER. 1732. 317
Un , deux , trois , quatre et huit , je porte la lu- miere.
Otez quatre , je suis moitié de l'instrument
Quifit périr Henri par la main de Clement.
Un , deux , cinq , trois et huit
fougere.
souvent sur la
J'ai des fieres Beautez désarmé la colere.
Si je suis cinq , six , sept , plus d'un flateur me
suit.
Le désir de six , cinq , gâte deux , trois et huit.
Cinq , deux , sept huit , je suis employée en
cuisine.
Huit , six , un, huit , sur trois , huit et cinq je domine.
Deux, sept, marquent un lieu connu par ses bons vins ,
Un, sept, cinq , huit , pour vous,mes accens sont Divins ,
Mortels qui cherissez les concerts du Parnasse.
L'été ; six , cinq , trois , huit, les Dimanches j'a .. masse
Troupes de Paysans pour leurs champêtres jeux.
Cinq, six , trois , huit , je suis Ville de nom fa- meux.
Etant trois, six , cinq , huit , j'ai la prérogative
Qu'à me vouloir blanchir on perdroit sa lessive.
Trois , deux , cinq , un , sept , font un jardin • curieux ,
-Sur les bords de la Seine habité par des Dieux.
Moncorps est singulier dans toute sa figure,
En plus de six endroits une ronde ouverture
Sur ligne parallele est à chaque côté.
Parlà passe et repasse une sérosité.
Jemarche sur huit pieds , rangez de telle sorte ;
Qu'en retranchant les trois qu'à la tête je porte ,
Si vous les renversez , je désigne un tyran ,
Le Aéau des Humains , et vrai fils de Satan.
Le reste de mes pieds est le nom de la chose
Que devient aux Corbeaux un pendu qu'on expose.
Coupez mon tout en deux par sa derniere part
Je suis Ville Picarde : ôtez son premier quart
Me voilà sur le champ un animal qui vole ,
Et dont la voix jadis sauva le Capitole.
Si tous ces traits , Lecteur , ne sont pas suffisans ,
Je vais me démasquer par les chiffres suivans.
Je me métamorphose en plus d'une maniere.
Un,
FEVRIER. 1732. 317
Un , deux , trois , quatre et huit , je porte la lu- miere.
Otez quatre , je suis moitié de l'instrument
Quifit périr Henri par la main de Clement.
Un , deux , cinq , trois et huit
fougere.
souvent sur la
J'ai des fieres Beautez désarmé la colere.
Si je suis cinq , six , sept , plus d'un flateur me
suit.
Le désir de six , cinq , gâte deux , trois et huit.
Cinq , deux , sept huit , je suis employée en
cuisine.
Huit , six , un, huit , sur trois , huit et cinq je domine.
Deux, sept, marquent un lieu connu par ses bons vins ,
Un, sept, cinq , huit , pour vous,mes accens sont Divins ,
Mortels qui cherissez les concerts du Parnasse.
L'été ; six , cinq , trois , huit, les Dimanches j'a .. masse
Troupes de Paysans pour leurs champêtres jeux.
Cinq, six , trois , huit , je suis Ville de nom fa- meux.
Etant trois, six , cinq , huit , j'ai la prérogative
Qu'à me vouloir blanchir on perdroit sa lessive.
Trois , deux , cinq , un , sept , font un jardin • curieux ,
-Sur les bords de la Seine habité par des Dieux.
Fermer
403
p. 395-402
LETTRE écrite par M.... à M.... sur les Embellissemens du Jardin du Palais Royal.
Début :
Vous me demandez, Monsieur, avec tant d'empressement, la Description [...]
Mots clefs :
Embellissement, Jardin du Palais Royal, Duc d'Orléans, Pièce d'eau, Arbres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite par M.... à M.... sur les Embellissemens du Jardin du Palais Royal.
LETTRE écrite par M.... à M.....
sur les Embellissemens du Jardin
du Palais Royal.
Ous me demandez , Monsieur , avec
tant d'empressement, la Description
des Embellissemens que M. le Duc d'Or
leans a ordonné de faire dans son Jardin
du Palais Royal', depuis votre départ de
Paris , que je croirois manquer à ce que
je vous dois , si je differois plus long- temps
de satisfaire là- dessus votre louable cu
riosité.
Lorsque le Cardinal de Richelieu laissa
ce Palais au Roy Louis XIII. par son Tes
tament , en l'année 1642. l'Art des Jardins n'étoit presque pas connu en France ;
aussi voyoit - on des grands défauts dans
celui dont il s'agit ici . On avoit fait au
bout du Jardin une Piece d'Eau , de figure ronde , dont le Diametre étoit de 40
toises , ce qui étoit immense et tres- disproportionné à la grandeur du lieu. On y
mettoit de petits Vaisseaux, qui imitoient
lés Combats de Mer , pour servir de divertissement au feu Roy dans son enfance. Il y avoit un autre Bassin sur la même
ligne , plus près du Château , avec un Jet d'eau , &c..
I iiij Aw
>
396 MERCURE DE FRANCE
Autour du Jardin on avoit pratiqué un
Mail;exercice qui étoit fort envogue en ce
temps là , et que les Seigneurs de la Cour
aimoient passionément.
Il y avoit aussi un Manége , qui emportoit encore une portion de Terrain
en sorte que le moindre usage qu'on faisoit alors de ce Jardin , étoit la promenade.
Il est vrai que dans la suite , et après la
cessation de ces exercices , on trouva de
l'ombre et de quoi se promener; mais la
durée des Arbres et de tout ce qu'on avoit
planté, n'a pas été longue , en sorte que
quand il a été question de faire les changemens que vous allez voir , tout étoit
mort , à l'exception de quelques Maroniers sur le retour, et de l'Allée qui donne
sur le milieu de l'Appartement , et du
petit Jardin de S. A. R. qui ont été conservez.
Une autre deffectuosité , ( et ce n'étoit
pas la moins considérable ) venoit de differentes formes d'Escaliers , qui appar
tiennent aux Maisons bâties autour de ce
Jardin, er qui y communiquent. Outre
l'irrégularité et la difformité qui choquoit
étrangement la vûë ; on étoit exposé par
les immondices que cause cette communication à une infection tres-desagréable, et
ca-
FEVRIER. 17328 397
capable d'alterer l'air et du Jardin et des
Maisons.
Enfin la continuation du passage public
à travers le Jardin , que M. le Duc d'Orleans avoit la bonté de souffrir, ne permettoit pas d'avoir de Parterre , de Broderie , ni- de Découpé ; avec des Fleurs ,
&c.
Tel étoit , Monsieur , l'état de ce Jardin , lorsqu'en l'année 1730 M. le . Duct
d'Orleans, qui sçait allier les plus grandes
qualitez, dont la principale est en lui une
vraie et solide piété, avec le goût du beau
et du vrai dans les Arts , se détermina à
faireremedier à tous ces inconveniens et à
donner au Jardin de son Palais , les ornemens dont il peut être susceptible.
Ce Projet résolu, le Prince chargea M.le
Comte d'Argenson , Conseiller d'Etat ,
Grand -Croix et Chancelier , Garde des
Sceaux de l'Ordre Royal et Militaire de
S. Louis , Chancelier , Garde des Sceaux et
Sur-Intendant des Finances de la Maison
de Monseigneur leDuc d'Orleans , dont
il connoit parfaitement le zéle et le bon
goût , de le faire exécuter. Ce Magistrat
jetta d'abord les yeux sur M. Desgotz,.
Architecte du Roy de la premiere Classe,
ancien Contrôleur General des Bâtimens ,
neveu de l'illustre Mle Nôtre, et l'héri--
Ly. tiers
400 MERCURE DE FRANCE
tier dé son génie ; choix duquel M. le Duc
d'Orleans donna d'autant plus facilement
les mains , que la capacité de M.Desgotz
pour l'Art des Jardins et pour l'Architecture lui est parfaitement connuë. Ce
Prince fut dèslors assuré du succès de l'entreprise et de la celerité de l'exécution.
Il étoit principalement question dans le
Projet de faire un Jardin fort ouvert et
capable de contenir beaucoup de monde;
de négliger pour cela tous Jardinages fermez , comme Bosquets de Charmille ,
Boulingrains , Palissades , &c. Dans cette
vûë , l'habile exécuteur des Ordres du
Prince , a fait un grand Parterre de Gazon
sans Plattes bandes , entouré seulement
d'Ormes en boule , avec un Bassin d'une
grandeur raisonnable et proportionnée ,
qui pousse un tres-beau Jet d'Eau.
و
Autour de la partie superieure du Bassin , il y a une demie Lune surhaussée de
treillage à plusieurs Angles. C'est-là que
sont placez , ainsi qu'autour du Parterre
des Statues de la main de Leremberg ,
et des plus habiles Maîtres du siecle passé.
Au-dessus de la demi Lune de treillage
qui forme la place du Parterre , il y aun
Quinconge de Tilleuls et des places espacées avec simétrie pour des bancs de
commodité , ce qui donnera dans la suite
un
FEVRIER. 1732. 450
un ombrage charmant et une très- belle
Promenade.
Tout au fond du Jardin on a élevé
un grand Portique de Treillage de sixtoises de largeur , avec une hauteur proportionnée , orné de deux Figures dans
des Niches , d'une très- belle exécution ,
ce qui termine agréablement tout le Jar
din et fait un très- beau coup d'œil .
Enfin pour obvier à l'irrégularité et à ·
l'inconvénient dont il a été parlé , et pour
que tout fût agréable à la vûë, on a fait
un treillage continu d'environ 10. pieds.
de hauteur , qui regne sur tout le pourtourà 12. pieds de distance des maisons,
et qui couvre absolument la difformité
des differens Escaliers. il a été fait en même temps une deffense generale aux Habitans de ces maisons de ne rien souffrir le
long des murs et dans la distance qui
vient d'être dite , qui puisse causer la
moindre mauvaise odeur , ce qui est parfaitement bien observé..
C'est ainsi que les ordres de M. le Duc.:
d'Orleans ont été heureusement exécuteze
par M. Desgots , et c'est par ces change
mens necessaires et par tous les embellissemens que je viens de décrire , que
le Jardin du Palais Royal est aujourd'hui
Pun des plus beaux ornemens de Paris 22.0 * et.
402 MERCURE DE FRANCE
et qu'il fait également un singulier plaisir aux Etangers et aux Habitans de cette:
grande Ville , sur tout à ceux qui ont le
bonheur de demeures aux environs , et.
qui ont l'avantage d'y voir souvent cet
aimable Prince s'y promenerp ubliquement et devenir , pour ainsi dire , Cytoyen ,à l'imitation du plus grand d nos
Rois qui dépouilla quelquefois , si j'ore.
ainsi parler , son Eminente Dignité pour
se rendre populaire , affable et presque
Citoyen , Rex prope civis erat , selon l'expression du fameux Santeuil , qui justifie
la mienne. Je suis , Monsieur , &c..
A Paris le 15. Janvier 1732
sur les Embellissemens du Jardin
du Palais Royal.
Ous me demandez , Monsieur , avec
tant d'empressement, la Description
des Embellissemens que M. le Duc d'Or
leans a ordonné de faire dans son Jardin
du Palais Royal', depuis votre départ de
Paris , que je croirois manquer à ce que
je vous dois , si je differois plus long- temps
de satisfaire là- dessus votre louable cu
riosité.
Lorsque le Cardinal de Richelieu laissa
ce Palais au Roy Louis XIII. par son Tes
tament , en l'année 1642. l'Art des Jardins n'étoit presque pas connu en France ;
aussi voyoit - on des grands défauts dans
celui dont il s'agit ici . On avoit fait au
bout du Jardin une Piece d'Eau , de figure ronde , dont le Diametre étoit de 40
toises , ce qui étoit immense et tres- disproportionné à la grandeur du lieu. On y
mettoit de petits Vaisseaux, qui imitoient
lés Combats de Mer , pour servir de divertissement au feu Roy dans son enfance. Il y avoit un autre Bassin sur la même
ligne , plus près du Château , avec un Jet d'eau , &c..
I iiij Aw
>
396 MERCURE DE FRANCE
Autour du Jardin on avoit pratiqué un
Mail;exercice qui étoit fort envogue en ce
temps là , et que les Seigneurs de la Cour
aimoient passionément.
Il y avoit aussi un Manége , qui emportoit encore une portion de Terrain
en sorte que le moindre usage qu'on faisoit alors de ce Jardin , étoit la promenade.
Il est vrai que dans la suite , et après la
cessation de ces exercices , on trouva de
l'ombre et de quoi se promener; mais la
durée des Arbres et de tout ce qu'on avoit
planté, n'a pas été longue , en sorte que
quand il a été question de faire les changemens que vous allez voir , tout étoit
mort , à l'exception de quelques Maroniers sur le retour, et de l'Allée qui donne
sur le milieu de l'Appartement , et du
petit Jardin de S. A. R. qui ont été conservez.
Une autre deffectuosité , ( et ce n'étoit
pas la moins considérable ) venoit de differentes formes d'Escaliers , qui appar
tiennent aux Maisons bâties autour de ce
Jardin, er qui y communiquent. Outre
l'irrégularité et la difformité qui choquoit
étrangement la vûë ; on étoit exposé par
les immondices que cause cette communication à une infection tres-desagréable, et
ca-
FEVRIER. 17328 397
capable d'alterer l'air et du Jardin et des
Maisons.
Enfin la continuation du passage public
à travers le Jardin , que M. le Duc d'Orleans avoit la bonté de souffrir, ne permettoit pas d'avoir de Parterre , de Broderie , ni- de Découpé ; avec des Fleurs ,
&c.
Tel étoit , Monsieur , l'état de ce Jardin , lorsqu'en l'année 1730 M. le . Duct
d'Orleans, qui sçait allier les plus grandes
qualitez, dont la principale est en lui une
vraie et solide piété, avec le goût du beau
et du vrai dans les Arts , se détermina à
faireremedier à tous ces inconveniens et à
donner au Jardin de son Palais , les ornemens dont il peut être susceptible.
Ce Projet résolu, le Prince chargea M.le
Comte d'Argenson , Conseiller d'Etat ,
Grand -Croix et Chancelier , Garde des
Sceaux de l'Ordre Royal et Militaire de
S. Louis , Chancelier , Garde des Sceaux et
Sur-Intendant des Finances de la Maison
de Monseigneur leDuc d'Orleans , dont
il connoit parfaitement le zéle et le bon
goût , de le faire exécuter. Ce Magistrat
jetta d'abord les yeux sur M. Desgotz,.
Architecte du Roy de la premiere Classe,
ancien Contrôleur General des Bâtimens ,
neveu de l'illustre Mle Nôtre, et l'héri--
Ly. tiers
400 MERCURE DE FRANCE
tier dé son génie ; choix duquel M. le Duc
d'Orleans donna d'autant plus facilement
les mains , que la capacité de M.Desgotz
pour l'Art des Jardins et pour l'Architecture lui est parfaitement connuë. Ce
Prince fut dèslors assuré du succès de l'entreprise et de la celerité de l'exécution.
Il étoit principalement question dans le
Projet de faire un Jardin fort ouvert et
capable de contenir beaucoup de monde;
de négliger pour cela tous Jardinages fermez , comme Bosquets de Charmille ,
Boulingrains , Palissades , &c. Dans cette
vûë , l'habile exécuteur des Ordres du
Prince , a fait un grand Parterre de Gazon
sans Plattes bandes , entouré seulement
d'Ormes en boule , avec un Bassin d'une
grandeur raisonnable et proportionnée ,
qui pousse un tres-beau Jet d'Eau.
و
Autour de la partie superieure du Bassin , il y a une demie Lune surhaussée de
treillage à plusieurs Angles. C'est-là que
sont placez , ainsi qu'autour du Parterre
des Statues de la main de Leremberg ,
et des plus habiles Maîtres du siecle passé.
Au-dessus de la demi Lune de treillage
qui forme la place du Parterre , il y aun
Quinconge de Tilleuls et des places espacées avec simétrie pour des bancs de
commodité , ce qui donnera dans la suite
un
FEVRIER. 1732. 450
un ombrage charmant et une très- belle
Promenade.
Tout au fond du Jardin on a élevé
un grand Portique de Treillage de sixtoises de largeur , avec une hauteur proportionnée , orné de deux Figures dans
des Niches , d'une très- belle exécution ,
ce qui termine agréablement tout le Jar
din et fait un très- beau coup d'œil .
Enfin pour obvier à l'irrégularité et à ·
l'inconvénient dont il a été parlé , et pour
que tout fût agréable à la vûë, on a fait
un treillage continu d'environ 10. pieds.
de hauteur , qui regne sur tout le pourtourà 12. pieds de distance des maisons,
et qui couvre absolument la difformité
des differens Escaliers. il a été fait en même temps une deffense generale aux Habitans de ces maisons de ne rien souffrir le
long des murs et dans la distance qui
vient d'être dite , qui puisse causer la
moindre mauvaise odeur , ce qui est parfaitement bien observé..
C'est ainsi que les ordres de M. le Duc.:
d'Orleans ont été heureusement exécuteze
par M. Desgots , et c'est par ces change
mens necessaires et par tous les embellissemens que je viens de décrire , que
le Jardin du Palais Royal est aujourd'hui
Pun des plus beaux ornemens de Paris 22.0 * et.
402 MERCURE DE FRANCE
et qu'il fait également un singulier plaisir aux Etangers et aux Habitans de cette:
grande Ville , sur tout à ceux qui ont le
bonheur de demeures aux environs , et.
qui ont l'avantage d'y voir souvent cet
aimable Prince s'y promenerp ubliquement et devenir , pour ainsi dire , Cytoyen ,à l'imitation du plus grand d nos
Rois qui dépouilla quelquefois , si j'ore.
ainsi parler , son Eminente Dignité pour
se rendre populaire , affable et presque
Citoyen , Rex prope civis erat , selon l'expression du fameux Santeuil , qui justifie
la mienne. Je suis , Monsieur , &c..
A Paris le 15. Janvier 1732
Fermer
Résumé : LETTRE écrite par M.... à M.... sur les Embellissemens du Jardin du Palais Royal.
La lettre décrit les transformations du jardin du Palais Royal, initiées par le Duc d'Orléans. En 1642, le jardin, hérité du Cardinal de Richelieu par Louis XIII, présentait plusieurs défauts. Il comprenait une grande pièce d'eau ronde disproportionnée, des bassins avec des jets d'eau, un mail pour l'exercice et un manège. Après l'arrêt de ces activités, les arbres et plantations périrent, ne laissant que quelques marronniers et une allée conservée. Les escaliers des maisons environnantes posaient des problèmes d'hygiène et d'esthétique, et le passage public traversant le jardin empêchait la création de parterres et de broderies florales. En 1730, le Duc d'Orléans décida de remédier à ces inconvénients. Il confia la supervision des travaux au Comte d'Argenson, qui à son tour engagea l'architecte Desgotz, neveu de Le Nôtre. Le projet visait à créer un jardin ouvert pouvant accueillir beaucoup de monde. Il incluait un grand parterre de gazon, un bassin proportionné, des statues et des treillages pour masquer les escaliers. Un portique de treillage fut érigé au fond du jardin, et des défenses furent mises en place pour éviter les mauvaises odeurs. Grâce à ces transformations, le jardin du Palais Royal devint l'un des plus beaux ornements de Paris, offrant un plaisir singulier aux habitants et aux étrangers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
404
p. 416-426
RÉPONSE aux Réflexions de M. Laloüat de Soulaines, Avocat au Parlement de Paris, sur l'Explication Physique que M. Capperon a donnée de l'Akousmate d'Ansacq, dans le Mercure de France, du mois de Novembre 1731.
Début :
Il faudroit être d'un génie bien singulier, si je [...]
Mots clefs :
Physique, Acousmate d'Ansacq, Liquide, Matière, Fermentation, Vapeurs, Mouvement, Corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE aux Réflexions de M. Laloüat de Soulaines, Avocat au Parlement de Paris, sur l'Explication Physique que M. Capperon a donnée de l'Akousmate d'Ansacq, dans le Mercure de France, du mois de Novembre 1731.
REPONSE aux Réflexions de M.Lalonat de Sonlaines , Avocat au Parlement de Paris , sur l'Explication Physique que M. Capperon a donnée de l'Akousmate d'Ansacq , dans le Mercure de
France , du mois de Novembre 1731.
L faudroit être d'un génie bien singulier , si je me refusois à ce que M. Lalouat de Soulaines désire de moi ; sçavoir,
que je dissipe les doutes et les scrupules
Philosophiques, que mon explication de
l'Akousmate d'Ansacq a jettés dans son
esprit. Un concurrent qui en agit avec
tant d'honnêteté et de politesse , mérite
qu'on ne néglige rien pour le satisfaire.
,
J'aurai d'abord l'honneur de lui dire ,
par rapport à sa premiere observation
qu'il n'a pas lieu d'être embarassé sur ce
quej'ai dit qu'il y avoit des fermentations
froides
A
“
MARS. 1732 417
froides , s'il souhaite de s'en convaincre
il peut voir dans le Livre des Expériences Physiques , que M. Poliniere a donné
au public, la 77 Experience , où il rapporte , qu'en mettant dans l'Esprit de Vitriol du Sel armoniac , si l'on y plonge la
Boule d'un Thermométre , pendant que
ces deux choses fermentent , l'Esprit de
vin descend au même instant considérablement , ce qui est une preuve incontestable qu'il y a des Fermentations froides.
Le même Auteur en donne l'explication ,
et il dit peu après , qu'il y a long-temps
qu'on a remarqué ces Fermentations froides. On les a , ajoute- t-il , souvent regardées comme contraires à l'opinion commune, qui est , que la chaleur consiste
dans le mouvement.
Enfin, pour parler plus précisément ,
par rapport à mon systême , énoncé dans
mon Explication ; je dis , avec un Auteur
moderne , que je reconnois , ainsi que je
l'ai exposé , deux sortes de fermentations;
sçavoir , celles que j'appelle chaudes , et
qui se fontavec une chaleur sensible, telle
que celle qui me pensa autrefois brûler
les doigts , pour avoir jetté quelques
clouds de fer dans une Phiole de verre ou
j'avois mis de l'Eau-forte , et que je tenois
dans ma main & et d'autres fermentations
A iiij froides
418 MERCURE DE FRANCE
froides , c'est à-dire , qui se font sans cha
leur sensible , telle que celle du Vinaigre,
avec le Corail , les Coquillages et sembla
Bles Alcalis. C'est sur ces principes , que
j'ai attribué à la premiere sorte de fermentation, formée dans un nuage , la cause du Tonnerre ; et à la seconde , formée
aussi dans un nuage , la cause des bruits
qu'on entend quelquefois dans l'air.
En ce qui touche sa seconde Observation , j'ai dit, et je le dis encore, avec tous
les Physiciens de nos jours , que la matie
re subtile par son mouvement tourbillonant , agitant continuellement les parties
essentielles des liquides , et en mêmetemps celles qui s'y trouvent quelquefois
mélangées , quoiqu'éthérogenes , est la
seule cause de leur fluidité, et par occasion,
celle des fermentations qui se font dans
ces liquides, par le mélange de ces parties
hétérogenes qui peuvent s'y trouver. S'il
étoit vrai , comme le dit M. Laloüat de
Soulaines , que les parties des fluides fussent longues,contigues , couchées les unes
sur les autres , la matiere subtile n'ayant
qu'un libre passage entre chaque partie ,
et que ces parties n'eussent pointde pores,
comme il le veut; il s'ensuivroit , qu'à
raison de leur contiguité , étant d'ailleurs
couchées les unes sur les autres , loin de
former
MARS: 1732. 419
former des corps liquides par leur tours
billonement continuel , elles en forme
roient de solides , puisqu'elles seroient
dans le repos ; et faute d'avoir des pores ,
pour laisser passer librement la matiere
éthérée qui produit la lumiere , elles ren- droient tous les corps liquides opaques.
Je crois que M.Lalouat comprend bien
que quand j'ai parlé de la fermentation
froide du Vin et du Cidre , et que pour
l'expliquer j'ai dit , que la matiere subtile
fait seule la liquidité des fluides , et que
j'ai ajouté , qu'agitant continuellement
leurs parties grossieres et tartareuses , &c.
je n'entendois parler que du Vin et du
Cidre , desquels seuls j'expliquois la fer
mentation , et non des liquides en general , tels qu'ils peuvent être dans leur pureté essentielle. Il faut avouer qu'il s'est
glissé une faute de Copisté dans cet endroit , et qu'il devoit y avoir de ces finides , et non simplement des fluides ; mais
la chose se trouve réparée huit lignes
plus bas , où je conclus que c'est l'action
de ces parties fines contre les grossieres
qui cause la fermentation de ces liquides ,
sçavoir, du Vin et du Cidre , dont il étoit
uniquement question . -
9
Je suis surpris , que quand je dis que
les vapeurs emportent avec elles , dans
Av Pair
420 MERCURE DE FRANCE
:
Pair , quantité de parties simplementterestres , qui contiennent aussi de l'air , et
quantité d'autres , purement salines cela
ait jetté de la confusion à son égard , sur la
nature des vapeurs et de l'air car il expli
que lui- même dans sa troisième et derniere Reflexion , comment les vapeurs et
les exhalaisons s'élevent dans l'air , et je
ne crois pas qu'il ignore , qu'on entend
par vapeurs les parties aqueuses qui s'élevent dans l'air , et par les exhalaisons , les
parties terrestres qui s'y élevent de même,
soit qu'elles soient simplement terrestres
ou salines , ou sulphureuses. Je ne dis
donc que ce que tout le monde sçait , et
qu'il n'ignore pas lui- même ; car pour la
nature de l'air , j'en pense comme tous les
Physicions modernes, ainsi je ne vois pas ,
ce qui dans mes paroles , a pu jetter de la confusion , si ce n'est ce que je dis , que
les parties terrestres qui sont enlevées ,
avec les vapeurs , contiennent de l'air , et .
c'est surquoi je m'expliquerai , en répon- dant à sa troisiéme Reflexion.
Après ce que je viens d'exposer pour
servir de premier éclaircissement aux
doutes de M. Lalotat , je vais répondre
à sa premiere Refléxion , et je dis , que la
premiere consequence qu'il tire de l'idée
que je donne de la fermentation , n'est
pas
MARS. 1732. 421
pas juste ; car quoique je dise qu'il y a
des fermentations froides dans les liquides , comme je l'ai prouvé , je n'ai jamais
dit que cela arrivât quand ces liquides
étoient dans la pureté qui leur est essen❤
tielle , comme lorsque l'eau et l'air song
parfaitement purs ; mais bien quand il s'y
trouve des corps étrangers , qui mettent
obstacle au mouvement naturel et ordi
naire que la matiere subtile entretient
dans ces liquides , pour former leur li
quidité. Les liquides ne peuvent dond
pas fermenter toujours ni en toute saison;
puisqu'il n'y a pas toujours en eux des
corps qui mettent obstacle au libre mou
vement de la matiere subtile. Je n'ai garde de penser que la fermentation soit
occasionnée la matiere subtile , com- par
me il paroît me l'attribuer. Je sçai bien
que son mouvement est continuel ; j'ai
dit seulement que ce qui occasionnoit la
fermentation des liquides , tels que le vin
et le Cidre, c'étoient les parties grossieres
et tartareuses , qui, dans ces liquides ,
mettoient par occasion un obstacle au
mouvement de la matiere subtile.
Comment M. de Soulaines entend- il
que si dans les fermentations froides des
liquides , l'effet de la matiere subtile étoit
de pousser les parties les plus fines dans
A vj les
422 MERCURE DE FRANCE
les pores des plus grossieres , il s'en ensuivroit une condensation ou diminution
de volume ? Peut- il ignorer que la fe
mentation ne se fait que pourbriser , dissoudre , subtiliser et éloigner les parties
grossieres des liquides qui mettent obsta
cle au mouvement de la matiere subtile ?
Parconsequent , si les fines sont poussées
dans les pores des plus grossieres , ce n'est
pas pour y rester, mais pour les diviser
et les rompre , comme un coin qu'on enfonce violemment dans du bois l'ouvre
et le divise , la fermentation des liquides
n'y peut donc causer ni condensation
ni diminution de volume.
Pour répondre à la seconde Refléxion ,
je dis qu'elle me paroît fort inutile 3 premierement , parce que les trois inconveniens qu'il croyoit s'ensuivre de mon Systême , de la fermentation des liquides, ne
subsiste pas , comme je viens de le fairevoir. Secondement , parce que les trois
causes qu'il apporte de cette fermentation, n'ont rien de vrai-semblable qu'en
ce qui a quelque rapport à ce que j'en'
ai dit, conjointement avec tous les Physiciens modernes.
Car dans la fermentation ce n'est pas
la matiere subtile , comme il le prétend,
qui augmente son mouvement ,
il est
toujours
&
MAR S. 1732 423
toujours le même ; mais rencontrant des
obstacles dans son mouvement , c'est alors
qu'elle pousse , agite , brise , chasse ces
corps qui lui résistent , et voilà ce qui
cause le trouble qui se fait dans les li
quides pendant les fermentations. Pourquoi y chercher des parties grasses et enz trelassées ? Se trouve- til des parties gras
ses dans le vinaigre qui fermente avec le
Corail , les yeux d'Ecrevisses et sembla
bles Alcalis? Que signifie cette augmen
tation de force que prend la matiere sub
tile lorsqu'elle frappe les Globules du
second Element ? Selon tous les Cartésiens , n'est-elle pas elle- même composée du premier et du second Element ? (a)
Enfin, quel est ce corps étrangerqui pousse la matiere subtile , qu'on donne pour
troisiéme cause de la fermentation , et
qu'onsuppose plus puissant que cette mariere subtile ? J'avoue que je ne le con →
pas , et que tout cela n'est pas assez
clair et intelligible , pour me faire changer de sentiment.
nois
Je n'ai rien à dire sur la premiere Par
tic de la troisiéme Refléxion , puisqu'elle
ne sert qu'à justifier qu'il s'éleve dans
Fair des vapeurs et des exhalaisons dont
(a) Regis. Syst. de Philos. Tom. I. Part 2.
Chap. 9.
rout
424 MERCURE DE FRANCE
tout le monde convient , ce qui fait l'es
sentiel de mon Explication . Il s'agit seulement de répondre à la conclusion tirée de cette Refléxion ; sçavoir , que les
parties qui composent les vapeurs sont
trop fines pour être poreuses et pour pou,
voir parconsequent contenir de l'air. A
quoi je dirai d'abord , qu'elles ne sont
pas toûjours si fines qu'on se l'imagine ¿
puisque les parties terrestres qui s'élevent
avec les vapeurs , sont si sensibles , que
retombant avec la pluye , elles déposent
dans les Réservoirs un veritable limon
Chambon , dans ses Principes de Physique , dit qu'en Pologne on voit souvent,
pendant l'hyver le Nitre qui a été enlevé.
avec les vapeurs , tomber en forme de
nege. La même chose est aussi quelquefois arrivée à l'égard du Souffre. Wormius a donné la Relation d'une pluye
qui tomba à Copenhague le 16. May,
1646. laquelle outre l'odeur du Souffre
dont elle infectoit tout le monde , laissa..
sur la terre tant de poudre sulphureuse
qu'on la pouvoit aisément ramasser ; ce
qui démontre que les parties des corps
terrestres qui s'élevent dans l'air avec les
Vapeurs , ne sont pas toujours si fines
qu'on peut s'imaginer..
Enfin , si fines qu'elles puissent être
MARS. 17322 425
elles
pas
il faut néanmoins qu'elles soient toûjours
poreuses, car si elles ne l'étoient pas,
seroient alors exactement compactes et
solides; dans ce cas , selon les loix cons
tantes de la pesanteur respective des corps
solides et des liquides , leur petit volume
l'emporteroit de force , à raison de sa
grande solidité, sur un égal volume de l'air
qui est très- fluide ; ainsi l'air n'auroit
assez de force pour les enlever de la terre,
et beaucoup moins encore pour les soutenir su penduës dans sa masse ; comme
un morceau de bois très dur et très solide ne peut pas aisément s'élever dans
l'eau et y nâger , ainsi que fait sans peine
un morceau de liege très- poreux , quoi.
qu'il soit d'un volume égal à celui de ce
bois dur.
Or comme les particules terrestres qui '
s'élevent avec les vapeurs et qui retombent avec la pluye , ne sont pas si excessivement fines , puisqu'elles forment
un limon sensible , rien n'empêche que
leurs pores étant plus ouverts , ils ne
puissent contenir de l'air ; la facilité qu'elles ont à s'y élever et à s'y soutenir aussi
aisément qu'elles font , est une preuve,
non seulement qu'elles sont poreuses ,
mais que penetrées de l'air , il les soutient d'autant plus aisément , que son
poids
426 MERCURE DE FRANCE
poids est plus puissant que le leur.-
J'espere qu'après tous ces éclaircissemens , M. Laloüat de Soulaines sera satisfait , au moins doit-il demeurer persuadé que je n'ai rien négligé pour lui
donner des marques de ma bonne volonté à son égard; et que je suis et serai tou
jours plein d'estime pour sa capacité et
pour son mérite.
France , du mois de Novembre 1731.
L faudroit être d'un génie bien singulier , si je me refusois à ce que M. Lalouat de Soulaines désire de moi ; sçavoir,
que je dissipe les doutes et les scrupules
Philosophiques, que mon explication de
l'Akousmate d'Ansacq a jettés dans son
esprit. Un concurrent qui en agit avec
tant d'honnêteté et de politesse , mérite
qu'on ne néglige rien pour le satisfaire.
,
J'aurai d'abord l'honneur de lui dire ,
par rapport à sa premiere observation
qu'il n'a pas lieu d'être embarassé sur ce
quej'ai dit qu'il y avoit des fermentations
froides
A
“
MARS. 1732 417
froides , s'il souhaite de s'en convaincre
il peut voir dans le Livre des Expériences Physiques , que M. Poliniere a donné
au public, la 77 Experience , où il rapporte , qu'en mettant dans l'Esprit de Vitriol du Sel armoniac , si l'on y plonge la
Boule d'un Thermométre , pendant que
ces deux choses fermentent , l'Esprit de
vin descend au même instant considérablement , ce qui est une preuve incontestable qu'il y a des Fermentations froides.
Le même Auteur en donne l'explication ,
et il dit peu après , qu'il y a long-temps
qu'on a remarqué ces Fermentations froides. On les a , ajoute- t-il , souvent regardées comme contraires à l'opinion commune, qui est , que la chaleur consiste
dans le mouvement.
Enfin, pour parler plus précisément ,
par rapport à mon systême , énoncé dans
mon Explication ; je dis , avec un Auteur
moderne , que je reconnois , ainsi que je
l'ai exposé , deux sortes de fermentations;
sçavoir , celles que j'appelle chaudes , et
qui se fontavec une chaleur sensible, telle
que celle qui me pensa autrefois brûler
les doigts , pour avoir jetté quelques
clouds de fer dans une Phiole de verre ou
j'avois mis de l'Eau-forte , et que je tenois
dans ma main & et d'autres fermentations
A iiij froides
418 MERCURE DE FRANCE
froides , c'est à-dire , qui se font sans cha
leur sensible , telle que celle du Vinaigre,
avec le Corail , les Coquillages et sembla
Bles Alcalis. C'est sur ces principes , que
j'ai attribué à la premiere sorte de fermentation, formée dans un nuage , la cause du Tonnerre ; et à la seconde , formée
aussi dans un nuage , la cause des bruits
qu'on entend quelquefois dans l'air.
En ce qui touche sa seconde Observation , j'ai dit, et je le dis encore, avec tous
les Physiciens de nos jours , que la matie
re subtile par son mouvement tourbillonant , agitant continuellement les parties
essentielles des liquides , et en mêmetemps celles qui s'y trouvent quelquefois
mélangées , quoiqu'éthérogenes , est la
seule cause de leur fluidité, et par occasion,
celle des fermentations qui se font dans
ces liquides, par le mélange de ces parties
hétérogenes qui peuvent s'y trouver. S'il
étoit vrai , comme le dit M. Laloüat de
Soulaines , que les parties des fluides fussent longues,contigues , couchées les unes
sur les autres , la matiere subtile n'ayant
qu'un libre passage entre chaque partie ,
et que ces parties n'eussent pointde pores,
comme il le veut; il s'ensuivroit , qu'à
raison de leur contiguité , étant d'ailleurs
couchées les unes sur les autres , loin de
former
MARS: 1732. 419
former des corps liquides par leur tours
billonement continuel , elles en forme
roient de solides , puisqu'elles seroient
dans le repos ; et faute d'avoir des pores ,
pour laisser passer librement la matiere
éthérée qui produit la lumiere , elles ren- droient tous les corps liquides opaques.
Je crois que M.Lalouat comprend bien
que quand j'ai parlé de la fermentation
froide du Vin et du Cidre , et que pour
l'expliquer j'ai dit , que la matiere subtile
fait seule la liquidité des fluides , et que
j'ai ajouté , qu'agitant continuellement
leurs parties grossieres et tartareuses , &c.
je n'entendois parler que du Vin et du
Cidre , desquels seuls j'expliquois la fer
mentation , et non des liquides en general , tels qu'ils peuvent être dans leur pureté essentielle. Il faut avouer qu'il s'est
glissé une faute de Copisté dans cet endroit , et qu'il devoit y avoir de ces finides , et non simplement des fluides ; mais
la chose se trouve réparée huit lignes
plus bas , où je conclus que c'est l'action
de ces parties fines contre les grossieres
qui cause la fermentation de ces liquides ,
sçavoir, du Vin et du Cidre , dont il étoit
uniquement question . -
9
Je suis surpris , que quand je dis que
les vapeurs emportent avec elles , dans
Av Pair
420 MERCURE DE FRANCE
:
Pair , quantité de parties simplementterestres , qui contiennent aussi de l'air , et
quantité d'autres , purement salines cela
ait jetté de la confusion à son égard , sur la
nature des vapeurs et de l'air car il expli
que lui- même dans sa troisième et derniere Reflexion , comment les vapeurs et
les exhalaisons s'élevent dans l'air , et je
ne crois pas qu'il ignore , qu'on entend
par vapeurs les parties aqueuses qui s'élevent dans l'air , et par les exhalaisons , les
parties terrestres qui s'y élevent de même,
soit qu'elles soient simplement terrestres
ou salines , ou sulphureuses. Je ne dis
donc que ce que tout le monde sçait , et
qu'il n'ignore pas lui- même ; car pour la
nature de l'air , j'en pense comme tous les
Physicions modernes, ainsi je ne vois pas ,
ce qui dans mes paroles , a pu jetter de la confusion , si ce n'est ce que je dis , que
les parties terrestres qui sont enlevées ,
avec les vapeurs , contiennent de l'air , et .
c'est surquoi je m'expliquerai , en répon- dant à sa troisiéme Reflexion.
Après ce que je viens d'exposer pour
servir de premier éclaircissement aux
doutes de M. Lalotat , je vais répondre
à sa premiere Refléxion , et je dis , que la
premiere consequence qu'il tire de l'idée
que je donne de la fermentation , n'est
pas
MARS. 1732. 421
pas juste ; car quoique je dise qu'il y a
des fermentations froides dans les liquides , comme je l'ai prouvé , je n'ai jamais
dit que cela arrivât quand ces liquides
étoient dans la pureté qui leur est essen❤
tielle , comme lorsque l'eau et l'air song
parfaitement purs ; mais bien quand il s'y
trouve des corps étrangers , qui mettent
obstacle au mouvement naturel et ordi
naire que la matiere subtile entretient
dans ces liquides , pour former leur li
quidité. Les liquides ne peuvent dond
pas fermenter toujours ni en toute saison;
puisqu'il n'y a pas toujours en eux des
corps qui mettent obstacle au libre mou
vement de la matiere subtile. Je n'ai garde de penser que la fermentation soit
occasionnée la matiere subtile , com- par
me il paroît me l'attribuer. Je sçai bien
que son mouvement est continuel ; j'ai
dit seulement que ce qui occasionnoit la
fermentation des liquides , tels que le vin
et le Cidre, c'étoient les parties grossieres
et tartareuses , qui, dans ces liquides ,
mettoient par occasion un obstacle au
mouvement de la matiere subtile.
Comment M. de Soulaines entend- il
que si dans les fermentations froides des
liquides , l'effet de la matiere subtile étoit
de pousser les parties les plus fines dans
A vj les
422 MERCURE DE FRANCE
les pores des plus grossieres , il s'en ensuivroit une condensation ou diminution
de volume ? Peut- il ignorer que la fe
mentation ne se fait que pourbriser , dissoudre , subtiliser et éloigner les parties
grossieres des liquides qui mettent obsta
cle au mouvement de la matiere subtile ?
Parconsequent , si les fines sont poussées
dans les pores des plus grossieres , ce n'est
pas pour y rester, mais pour les diviser
et les rompre , comme un coin qu'on enfonce violemment dans du bois l'ouvre
et le divise , la fermentation des liquides
n'y peut donc causer ni condensation
ni diminution de volume.
Pour répondre à la seconde Refléxion ,
je dis qu'elle me paroît fort inutile 3 premierement , parce que les trois inconveniens qu'il croyoit s'ensuivre de mon Systême , de la fermentation des liquides, ne
subsiste pas , comme je viens de le fairevoir. Secondement , parce que les trois
causes qu'il apporte de cette fermentation, n'ont rien de vrai-semblable qu'en
ce qui a quelque rapport à ce que j'en'
ai dit, conjointement avec tous les Physiciens modernes.
Car dans la fermentation ce n'est pas
la matiere subtile , comme il le prétend,
qui augmente son mouvement ,
il est
toujours
&
MAR S. 1732 423
toujours le même ; mais rencontrant des
obstacles dans son mouvement , c'est alors
qu'elle pousse , agite , brise , chasse ces
corps qui lui résistent , et voilà ce qui
cause le trouble qui se fait dans les li
quides pendant les fermentations. Pourquoi y chercher des parties grasses et enz trelassées ? Se trouve- til des parties gras
ses dans le vinaigre qui fermente avec le
Corail , les yeux d'Ecrevisses et sembla
bles Alcalis? Que signifie cette augmen
tation de force que prend la matiere sub
tile lorsqu'elle frappe les Globules du
second Element ? Selon tous les Cartésiens , n'est-elle pas elle- même composée du premier et du second Element ? (a)
Enfin, quel est ce corps étrangerqui pousse la matiere subtile , qu'on donne pour
troisiéme cause de la fermentation , et
qu'onsuppose plus puissant que cette mariere subtile ? J'avoue que je ne le con →
pas , et que tout cela n'est pas assez
clair et intelligible , pour me faire changer de sentiment.
nois
Je n'ai rien à dire sur la premiere Par
tic de la troisiéme Refléxion , puisqu'elle
ne sert qu'à justifier qu'il s'éleve dans
Fair des vapeurs et des exhalaisons dont
(a) Regis. Syst. de Philos. Tom. I. Part 2.
Chap. 9.
rout
424 MERCURE DE FRANCE
tout le monde convient , ce qui fait l'es
sentiel de mon Explication . Il s'agit seulement de répondre à la conclusion tirée de cette Refléxion ; sçavoir , que les
parties qui composent les vapeurs sont
trop fines pour être poreuses et pour pou,
voir parconsequent contenir de l'air. A
quoi je dirai d'abord , qu'elles ne sont
pas toûjours si fines qu'on se l'imagine ¿
puisque les parties terrestres qui s'élevent
avec les vapeurs , sont si sensibles , que
retombant avec la pluye , elles déposent
dans les Réservoirs un veritable limon
Chambon , dans ses Principes de Physique , dit qu'en Pologne on voit souvent,
pendant l'hyver le Nitre qui a été enlevé.
avec les vapeurs , tomber en forme de
nege. La même chose est aussi quelquefois arrivée à l'égard du Souffre. Wormius a donné la Relation d'une pluye
qui tomba à Copenhague le 16. May,
1646. laquelle outre l'odeur du Souffre
dont elle infectoit tout le monde , laissa..
sur la terre tant de poudre sulphureuse
qu'on la pouvoit aisément ramasser ; ce
qui démontre que les parties des corps
terrestres qui s'élevent dans l'air avec les
Vapeurs , ne sont pas toujours si fines
qu'on peut s'imaginer..
Enfin , si fines qu'elles puissent être
MARS. 17322 425
elles
pas
il faut néanmoins qu'elles soient toûjours
poreuses, car si elles ne l'étoient pas,
seroient alors exactement compactes et
solides; dans ce cas , selon les loix cons
tantes de la pesanteur respective des corps
solides et des liquides , leur petit volume
l'emporteroit de force , à raison de sa
grande solidité, sur un égal volume de l'air
qui est très- fluide ; ainsi l'air n'auroit
assez de force pour les enlever de la terre,
et beaucoup moins encore pour les soutenir su penduës dans sa masse ; comme
un morceau de bois très dur et très solide ne peut pas aisément s'élever dans
l'eau et y nâger , ainsi que fait sans peine
un morceau de liege très- poreux , quoi.
qu'il soit d'un volume égal à celui de ce
bois dur.
Or comme les particules terrestres qui '
s'élevent avec les vapeurs et qui retombent avec la pluye , ne sont pas si excessivement fines , puisqu'elles forment
un limon sensible , rien n'empêche que
leurs pores étant plus ouverts , ils ne
puissent contenir de l'air ; la facilité qu'elles ont à s'y élever et à s'y soutenir aussi
aisément qu'elles font , est une preuve,
non seulement qu'elles sont poreuses ,
mais que penetrées de l'air , il les soutient d'autant plus aisément , que son
poids
426 MERCURE DE FRANCE
poids est plus puissant que le leur.-
J'espere qu'après tous ces éclaircissemens , M. Laloüat de Soulaines sera satisfait , au moins doit-il demeurer persuadé que je n'ai rien négligé pour lui
donner des marques de ma bonne volonté à son égard; et que je suis et serai tou
jours plein d'estime pour sa capacité et
pour son mérite.
Fermer
Résumé : RÉPONSE aux Réflexions de M. Laloüat de Soulaines, Avocat au Parlement de Paris, sur l'Explication Physique que M. Capperon a donnée de l'Akousmate d'Ansacq, dans le Mercure de France, du mois de Novembre 1731.
Le texte est une réponse de M. Capperon aux réflexions de M. Lalouat de Soulaines concernant l'explication physique de l'Akousmate d'Ansacq, publiée dans le Mercure de France en novembre 1731. Capperon reconnaît l'honnêteté et la politesse de Soulaines et accepte de dissiper les doutes philosophiques soulevés. Capperon commence par aborder la question des fermentations froides, qu'il justifie en se référant à des expériences décrites par M. Poliniere. Il distingue deux types de fermentations : les fermentations chaudes, accompagnées de chaleur sensible, et les fermentations froides, sans chaleur sensible, comme celles du vinaigre avec le corail ou les coquillages. Il attribue au premier type la cause du tonnerre et au second, les bruits dans l'air. Ensuite, Capperon discute de la matière subtile et son rôle dans la fluidité des liquides et les fermentations. Il réfute l'idée que les parties des fluides soient longues et contiguës, ce qui empêcherait leur fluidité et les rendrait opaques. Il précise que ses explications sur la fermentation du vin et du cidre ne concernent pas les liquides en général mais ces liquides spécifiques. Capperon s'étonne que Soulaines ait été confus par sa description des vapeurs et de l'air, soulignant que les vapeurs contiennent des parties terrestres et salines. Il explique que les particules terrestres, bien que fines, sont poreuses et peuvent contenir de l'air, ce qui leur permet de s'élever et de se maintenir dans l'atmosphère. Enfin, Capperon espère que ces éclaircissements satisferont Soulaines et réaffirme son estime pour sa capacité et son mérite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
405
p. 430-434
LETTRE de M. de Couffilts, Medecin de Barege, écrite à M. Chevillard, Fontainier du Roy, sur la Découverte d'une nouvelle Source, &c.
Début :
Pour l'intelligence de cette Lettre, il faut sçavoir que [...]
Mots clefs :
Eaux , Nouvelle source, Barèges, Bains de Barège, Guérisons extraordinaires, Minéraux, Analyse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. de Couffilts, Medecin de Barege, écrite à M. Chevillard, Fontainier du Roy, sur la Découverte d'une nouvelle Source, &c.
LETTRE de M. de Couffilts , Medecin
de Barege , écrite à M. Chevillard
Fontainier du Roy , sur la Découverte ´
d'une nouvelle Source , &c..
Our l'intelligence de cette Lettre , il Pourfaut sçavoir que les Eaux de Barege ,
dans les Pyrenées , dont les excellentes
qualitez et les merveilleux effets ne sont
ignorez de personne , se perdoient depuis quelque temps , et sembloient , pour
ainsi- dire , vouloir rentrer dans le sein
de la Terre. M. Dangervilliers en ayant
eû avis et sçachant combien ces Eaux sont
particulierement salutaires aux Officiers
et à tous les gens de guerre qui exposent leur vie pour le service du Roy
pria M. le Duc d'Antin , de jetter les yeux
sur quelque personne habile et entenduë
sur le fait des Eaux , capable de faire la
recherche en question et le rétablissement
parfait des Bains de Barege. Le Duc d'Antin lui envoya aussi- tôt le sieur Chevillard , Fontainier du Roy à Meudon , d'une capacité reconnue , lequel partit pour
les Pyrenées au mois de Juin dernier
et fut de retour au mois de Septembre ,
après
MARS. 17320 431
après avoir fait , non-seulement la recherche et la réunion des anciennes Eaux en
plus grande abondance qu'auparavant ,
mais encore la découverte heureuse d'une
nouvelle Source qui a déja operé des guérisons extraordinaires et presque subites.'
C'est de quoi M. Couffilts , Medecin des
Eaux de Barege , instruit le sieur Chevillard par la Lettre qu'on va lire.
Le succès de vos peines et de votre
Ouvrage en ce Pays- cy , Monsieur , st
trop grand , sur tout par la découverte
que vous avez faite de la Source Minerale qui produit tous les jours des effets
admirables , pour ne vous pas informer
des heureuses suites de vore travail . Je
vous dirai d'abord que l'Eau de la nouvelle Source a un grand gout de fer et
de souffre ; j'estime qu'elle charrie d'autres Mineraux , mais qui sont si bien liez
ensemble , qu'on ne peut guere les distinguer par le goût ni par l'odorat , les
premiers etant dominants , ce qui mérite
qu'on en fasse faire l'Analyse par quelque
habile Artiste.
A l'égard des effets , cette Eau purge
des uns par les premieres voyes , par les
urines et par les transpiration ; elle fait
vomir les autres et les soulage de même,
donnant à tous un grand appetit.
Ma
432 MERCURE DE FRANCE
Ma Lettre seroit trop longue si je vous
faisois l'énumeration de toutes les guérisons parfaites qui sont de ma connoissance ; des Malades sur tout qui avoient
des obstructions aux Visceres. Je me contenterai de vous parler sommairement de
trois personnes.
La premiere est un Prêtre Arragonois
de la Ville d'Aorle , que la réputation de
la nouvelle Source a fait venir ici. Il
souffroit depuis long-temps d'une tumeur squirreuse au foye , et avoit tenté
inutilement tous les Remedes de la Medecine Espagnole. Après neufjours d'usage de ces Eaux , pendant lesquels je
purgeai deux fois le Malade avec la Rhu
barbe et la Mane seulement , la tumeur
s'est entierement fonduë , et il s'est retiré
parfaitement guéri. J'ai reçû depuis peu
une de ses Lettres , par laquelle il me
marque qu'il jouit d'une santé parfaite
et qu'il doit sa guérison aux Eaux de cette
Source.
En second lieu , un Domestique du
Comte de Montaigu , atteint depuis
long- temps d'une maladie de langueur
qui l'avoit rendu éthique , à cause , sans
doute , des obstructions de ses Visceres ,
ayant accompagné son Maître à Barege
fur conseillé de boire aussi de cette Eau,
ce
MARS. 1132. 433
S
S
ce qu'il a pratiqué avec tant de succès ,
qu'il a été pareillement et radicalement
guéri.
>
Enfin le sieur Gertoux , Marchand et
Habitant de la Valée d'Aure , qui souffroit des Obstructions considerables au
Foye et au Pancreas se trouvant aux
Eaux de Bagneres , qu'il prenoit sans aucun succès , les quitta pour venir essayer
de cette nouvelle Source; je n'osai pas
le lui conseiller, voyant sa bile répanpar tout le corps , et craignant quelfâcheux accident ; cependant au bout
de huit jours d'usage de cette Eau, ils'apperçut comme moi , que la bile avoit
repris sa circulation naturelle , et que les
Obstructions étoient fondues par la force
des Mineraux ; en un mot, il s'est retire
en parfaite santé.
duë
que
Jay crû, Monsieur , devoir vous faire
će petit détail pour votre satisfaction particuliere et pour l'interêt du Public , qui
ne sçauroit trop tôt être informé des ef
fets merveilleux de cette nouvelle Découverte. Je suis , &c.
A Lus en Barege , le 2. Novembre 1781,
Nous invitons M. Couffilts , au nom
du Public , de travailler ou de faire travailler le plutôt qu'il lui sera possible
434 MERCURE DE FRANCE
à l'Analyse de ces Eaux , Operation dont
il reconnoît lui- même la necessité , et
que nous publierons avec plaisir , s'il veut
bien nous en faire part.
de Barege , écrite à M. Chevillard
Fontainier du Roy , sur la Découverte ´
d'une nouvelle Source , &c..
Our l'intelligence de cette Lettre , il Pourfaut sçavoir que les Eaux de Barege ,
dans les Pyrenées , dont les excellentes
qualitez et les merveilleux effets ne sont
ignorez de personne , se perdoient depuis quelque temps , et sembloient , pour
ainsi- dire , vouloir rentrer dans le sein
de la Terre. M. Dangervilliers en ayant
eû avis et sçachant combien ces Eaux sont
particulierement salutaires aux Officiers
et à tous les gens de guerre qui exposent leur vie pour le service du Roy
pria M. le Duc d'Antin , de jetter les yeux
sur quelque personne habile et entenduë
sur le fait des Eaux , capable de faire la
recherche en question et le rétablissement
parfait des Bains de Barege. Le Duc d'Antin lui envoya aussi- tôt le sieur Chevillard , Fontainier du Roy à Meudon , d'une capacité reconnue , lequel partit pour
les Pyrenées au mois de Juin dernier
et fut de retour au mois de Septembre ,
après
MARS. 17320 431
après avoir fait , non-seulement la recherche et la réunion des anciennes Eaux en
plus grande abondance qu'auparavant ,
mais encore la découverte heureuse d'une
nouvelle Source qui a déja operé des guérisons extraordinaires et presque subites.'
C'est de quoi M. Couffilts , Medecin des
Eaux de Barege , instruit le sieur Chevillard par la Lettre qu'on va lire.
Le succès de vos peines et de votre
Ouvrage en ce Pays- cy , Monsieur , st
trop grand , sur tout par la découverte
que vous avez faite de la Source Minerale qui produit tous les jours des effets
admirables , pour ne vous pas informer
des heureuses suites de vore travail . Je
vous dirai d'abord que l'Eau de la nouvelle Source a un grand gout de fer et
de souffre ; j'estime qu'elle charrie d'autres Mineraux , mais qui sont si bien liez
ensemble , qu'on ne peut guere les distinguer par le goût ni par l'odorat , les
premiers etant dominants , ce qui mérite
qu'on en fasse faire l'Analyse par quelque
habile Artiste.
A l'égard des effets , cette Eau purge
des uns par les premieres voyes , par les
urines et par les transpiration ; elle fait
vomir les autres et les soulage de même,
donnant à tous un grand appetit.
Ma
432 MERCURE DE FRANCE
Ma Lettre seroit trop longue si je vous
faisois l'énumeration de toutes les guérisons parfaites qui sont de ma connoissance ; des Malades sur tout qui avoient
des obstructions aux Visceres. Je me contenterai de vous parler sommairement de
trois personnes.
La premiere est un Prêtre Arragonois
de la Ville d'Aorle , que la réputation de
la nouvelle Source a fait venir ici. Il
souffroit depuis long-temps d'une tumeur squirreuse au foye , et avoit tenté
inutilement tous les Remedes de la Medecine Espagnole. Après neufjours d'usage de ces Eaux , pendant lesquels je
purgeai deux fois le Malade avec la Rhu
barbe et la Mane seulement , la tumeur
s'est entierement fonduë , et il s'est retiré
parfaitement guéri. J'ai reçû depuis peu
une de ses Lettres , par laquelle il me
marque qu'il jouit d'une santé parfaite
et qu'il doit sa guérison aux Eaux de cette
Source.
En second lieu , un Domestique du
Comte de Montaigu , atteint depuis
long- temps d'une maladie de langueur
qui l'avoit rendu éthique , à cause , sans
doute , des obstructions de ses Visceres ,
ayant accompagné son Maître à Barege
fur conseillé de boire aussi de cette Eau,
ce
MARS. 1132. 433
S
S
ce qu'il a pratiqué avec tant de succès ,
qu'il a été pareillement et radicalement
guéri.
>
Enfin le sieur Gertoux , Marchand et
Habitant de la Valée d'Aure , qui souffroit des Obstructions considerables au
Foye et au Pancreas se trouvant aux
Eaux de Bagneres , qu'il prenoit sans aucun succès , les quitta pour venir essayer
de cette nouvelle Source; je n'osai pas
le lui conseiller, voyant sa bile répanpar tout le corps , et craignant quelfâcheux accident ; cependant au bout
de huit jours d'usage de cette Eau, ils'apperçut comme moi , que la bile avoit
repris sa circulation naturelle , et que les
Obstructions étoient fondues par la force
des Mineraux ; en un mot, il s'est retire
en parfaite santé.
duë
que
Jay crû, Monsieur , devoir vous faire
će petit détail pour votre satisfaction particuliere et pour l'interêt du Public , qui
ne sçauroit trop tôt être informé des ef
fets merveilleux de cette nouvelle Découverte. Je suis , &c.
A Lus en Barege , le 2. Novembre 1781,
Nous invitons M. Couffilts , au nom
du Public , de travailler ou de faire travailler le plutôt qu'il lui sera possible
434 MERCURE DE FRANCE
à l'Analyse de ces Eaux , Operation dont
il reconnoît lui- même la necessité , et
que nous publierons avec plaisir , s'il veut
bien nous en faire part.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. de Couffilts, Medecin de Barege, écrite à M. Chevillard, Fontainier du Roy, sur la Découverte d'une nouvelle Source, &c.
La lettre de M. de Couffilts, médecin des Eaux de Barege, adressée à M. Chevillard, fontainier du Roy, rapporte la découverte d'une nouvelle source à Barege. Les Eaux de Barege, réputées pour leurs vertus thérapeutiques, avaient cessé de couler, ce qui inquiétait M. Dangervilliers en raison de leurs bienfaits pour les officiers et les soldats. À la demande de M. Dangervilliers, le Duc d'Antin envoya M. Chevillard enquêter sur place. Chevillard se rendit à Barege en juin et revint en septembre, ayant non seulement restauré les anciennes sources, mais aussi découvert une nouvelle source minérale aux effets remarquables. L'eau de cette nouvelle source présente un goût prononcé de fer et de soufre et contient probablement d'autres minéraux. Elle possède des propriétés purgatives, stimule l'appétit et soulage divers maux. M. Couffilts mentionne plusieurs guérisons spectaculaires, notamment celle d'un prêtre souffrant d'une tumeur au foie, d'un domestique atteint de langueur, et d'un marchand souffrant d'obstructions au foie et au pancréas. Ces guérisons rapides et complètes attestent de l'efficacité de la nouvelle source. M. Couffilts suggère de réaliser une analyse chimique des eaux pour mieux comprendre leurs propriétés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
406
p. 495-504
RÉPONSE à une Lettre écrite de Toulouze, inserée dans le Mercure du mois d'Aoust 1731. page 1922. au sujet de la Philosophie Hermetique.
Début :
L'On ne répondra qu'à deux articles de la [...]
Mots clefs :
Mercure philosophique, Agent, Soleil, Science, Métaux, Corps sec, Or
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à une Lettre écrite de Toulouze, inserée dans le Mercure du mois d'Aoust 1731. page 1922. au sujet de la Philosophie Hermetique.
RE'PONSE à une Lettre écrite de Toulouze, inserée dans le Mercure du mois
d'Aoust 1731. page 1922. au sujet de la
Philosophie Hermetique.
L'altre Anonime de Toulouse.
'Onne répondra qu'à deux articles de
Premierement ; que son Mercure ou Vif
argent commun et Venal , quelque épu
ré qu'il soit , n'est point le premier Mer--
cure actif des Philosophes , ni leur semence, et qu'il ne peut en cet état pro-.
duire par lui-même l'Or phisique , comme il l'assure ; et cela , parce qu'il n'en´
contient point, et que nulle chose ne peutdonner ce qu'elle n'a pas. Le Mercure devenu vierge et mondifie , ne se peut précipi
ter enforme de terre par aucun feu, dit Helmont, à cause de sa trop grande simplicité,
pourlaquelle on le compare à l'Element de
l'eau. Il auroit dû voir dans le roʻchap.
de Philalette , de son Entrée ouverte, qu'il
faut introduire dans le Mercure un feu sulfureux , actif, capable de pourir l'or ; et que·
parcette préparation le Mercure est herma
frodite , àcause de ce soufre , qui renferme
en même-temps en lui un principe qui est tout
496 MERCURE DE FRANCE
tout ensemble actifet passif, moyennant lequel il se coagule soi- même , étant aidé senlement d'une chaleur convenable ; c'est
pourquoi dans le chap. suivant, il dit ,
que la vie du Mercure est dans le seul soufre Metallique, caché dans la Maison d'Aries. Et dans cet autre Passage du même
Auteur , dans son Commentaire sur la
Lettre de Riplée , au Roy Edouard , où
il dit : Sachez que le Mercure a en lui un
soufre qui n'est pas actif; notre Art consiste
àmultiplier en lui un soufre vifet actif, lequel vient des reins de notre corps hermafrodite , dont le pere est un Métal , et la
mere un Mineral. Voilà qui est bien
clair ? Si l'Anonime connoissoit la composition de ce corps , qui est le premier
Rebis , et son usage ; il n'auroit pas assûré
que l'Artiste ne crez rien de nouveau, car
la premiere opération est de composer le
Chaos , le Rebis ou Corps hermafrodite ,
pour nétoyer le Mercure , et lui ajouter
par la même opération , ce qui lui manque. Rebis, dit Bernard Trévisan à Thomas de Boulogne , est la premiere chose en
cet œuvre , c'est pourquoi Phil. dans le
Commentaire cité, dit- il , n'y a qu'une seu
le liqueur convenable à notre ture , laquelle
n'est tirée d'aucune chose , que la nature ay?
formé , mais d'une substance composée par
Part
MARS. 17321 1 497
l'art du Philosophe. Notre Art donc , ajoute-t- il , est de joindre deux principes , ( un
dans lequel le soufre , et l'autre dans lequel le
sel de nature abonde ) , qui pourtant ne sont
pas parfaits , ni toutefois imparfaits entierement, etpar consequent peuvent, par notre
Art , être changez on exaltez , ( ce que ne
peut être et qui sera entierement parfait ) et
puis par le Mercure commun , extraire du
composé , non le poids , mais la vertu fermentative , qui engendre dans le Mercure
commun une race plus noble qu'elle même, qui
est notre vraie hermafrodite. Or cette hermafrodite icy est un corps fluide , sous
forme de Vif-argent ; mais le premier
qui a animé ce second , est un corps sec:
et pulverisable ; c'est l'enfant hermafro
dite dont Phil. décrit la composition dans
son 7 ch. de l'Entrée ouverte , lequel est
seul capable de nettoyer le vif- argent de
sa lépre , et en même temps de l'impreigner du soufre spirituel embrional et
potentiel de l'or physique , contenu dans
le premier Rebis ou Chaos. Cela est conforme à la pratique de B. Trévisan et à
celle d'Espagner , qui d'un commun accord ne se sont pas contentez de rendre
le Mercure homogéne , mais ils ont cru
qu'il falloit , par la même opération , lui
ajouter ce qui lui manque, qui est le soufre
498 MERCURE DE FRANCE
ด
fre spirituel Metallique , et comme ap
puyé d'un double soûtien Métallique , ils eussent un Mercure double et animé
qu'ils n'ont pas cru seulement être l'unique clefnécessaire pour ouvrir le Palais
du Roy; mais ils l'ont persuadé aux au-~
tres avec autant de force que de science , non seulement n'ayant point admis
le Mercure simple , mais l'ayant totalement rejetté. Le premier se déclare ou
vertement dans l'Epître à T. de B. à las
pénultiéme page , et le 2ª , dans les §. 47--
et 54.
Voilà assez d'autoritez pour prouver
àl'Auteur anonime que son Mercure n'a
point les qualitez de celui des Phylosophes , que Phil. nomme dans le 1. ch. de
son Entrée ouverte : Or bland crud semence femine, dans laquelle l'or jette la›
sienne.
,
Nous voilà arrivé au second article à ›
réfuter. L'Anonime prétend que son prétendu Mercure homogéne , mondifié de
sa lépre ou tache originelle , étant joint à
l'or , donnera la Médecine qui transmuëi
des Métaux imparfaits en or. Il permet
tra qu'on lui représente, que pour pareil→
le chose peut-être , il faudroit que son ' ,
simple Mercure fut capable de dissoudre radicalement l'or , ce qui ne peut être ” .
puisque
MARS. 1732. 499
puisque le veritable Mercure Phylosophi
que,quelque bien animé et travaillé qu'il
soit ,joint à l'or , attendroit , dit Philalette , sans être changé , la fin du monde.
L'Anonime auroit dû apprendre de Gebert
qu'ily a trois principes de Métaux ; l'Ar-.
gent- vif, le Soufre et son compar l'Arsenic}
ainsi donc ; il supprime de sa pratique
l'Arsenic, qui est le troisiéme principe ,
qu'il ne connoît pas apparemment , sans
lequel la dissolution de l'or est impossible, et c'est de ce troisiéme principe dont
les Phylosophes ne parlent qu'énigmati
quement, et non du Mercure animécomme le prétend l'anonime, duquel, au con- .
traire , ils parlent tres- clairement. Phil.
qui est un des Phylosophes modernes ,
qui a écrit le plus clairement , dit dans
son Vademecum : Notre Lune qui represente la femelle , est d'une race Saturnienne,
taquelle a contracté mariage avec un Dieu
Belliqueux ; elle est appellée Arsenic , parce
qu'elle teint l'or en blancheur , déchire ses
membres et le rend fluxible à la moindre chaleur, comme du Mercure , l'argent du vulgaire est masculin et agit comme mâle ; it
peut être employé au deffaut de l'or ; mais
cette Lune , qui est femelle , et qui est don→
née pourfemme au Soleil ( dans la production du Magistere ) n'estpas un corps , mais HIE
350172
oo MERCURE DE FRANCE
un pur chaos , et un esprit merveilleux ; et
quoiqu'il puisse passer pour un corps , il est
cependant vivant et vivifiant , c'est pourquoi cette Lune est chez les Phylosophes appellée substance moyenne; au regard du Mer
cure, elle peut être appellée Corps et au re- ;
gard de l'Oret de l'Argent, elle est un espritz
C'est notre Soufre crud et immaturé, et`unMercure vifet coagulé , quoique non fixe ; il est
l'unique et le plus grand secret de notre art
et tous les Enigmes que les Phylosophes ont
inventez , ne l'ont été qu'à dessein de le cacher. Voilà une ample description de l'Ar
senic des Philosophes , ou de leur Lune
femme du Soleil. Riplée dit : Trois subs- tances ne font que deux natures , terre et eaus
à quoi Phil. ajoute dans son Commentaire; l'Homme et la Femme sont deux corps ou
terre. Dans son Vademecum , parlant de
la proportion des poids , il dit : Soyez
attentif, prenez du corps parfait , blanc et
roage (lequel represente le mâle) une partie ;
de notre Arsenic ( qui tient lieu defemelle Y
deux ou trois parties , de l'eau de notre mer ,
quatre parties on plus.
Riplée , dans ses 12 portes , dit , que le
Mâle Rouge , la femme blanche , sont faits
un , mariez par l'esprit de vie. Item : Elle
est appellée Eau-de-Vie Metallique , parce
qu'elle donne vie et santé aux Métaux
moris ,
MARS. 1732. Sor
morts , et conjoint par mariage l'homme rouge , avec la femme blanche, c'est- à-dire avec
le Soleil et la Lune. Item , Mettez dans un
verre toutes ces matieres ( quoique trois en
nombre , toutefois c'est une seule chose) et les
laissez putrefier. Finissons cet article , par
cette question que fait Riplée : Qu'est- ce
que l'hommerouge ? qu'est- ce lafemme blanche? qu'est-ce que l'esprit de vie ?
Artephius désigne aussi trois matieres
Dans cette eau, dit-il , le corps qui est fait
de deux corps, du Soleil et de la Lune , s'enfle , se dilate , grossit. Item. Notre Vinaigre
susdit se mêle avecle Soleil et la Lune.Item.
L'Esprit est la vertu mineralle des deux
corps et de l'eau. Item. De ces trois ensemble unis,se fait notre Pierre, c'est- à- dire, du
Soleil , de la Lune et du Mercure.Finissons
par dire que le Bain , le Roy et la Reine
d'Artephius sont trois substances distinques l'une de l'autre , le Bain est le Mercure animé , le Roy est l'or ou l'argent
et la Reine est l'Arsenic ou la Lune des
Phylosophes , non pas l'argent vulgaire ,
qui est un mâle , comme l'enseigne le
Cosmopolite , ch. 10. lorsqu'il dit : Les
Ports du Corps'ouvrent dans notre eau, qui
ne mouille point les mains; le Corps est le
Soleil , qui donne sa semence , et c'est notre
Lune qui la reçoit , non l'argent vulgaire.
Flamel
02 MERCURE DE FRANCE
Flamel parle aussi de trois substances”,
forsqu'il dit : Ce sont ces deux Dragons sur
lesquels Fason versa le jus, préparé parMedée. Item , la dissolution de nos Corps proa
cede de ligucité pontique de notre Mercure.
Item , je t'ai fait peindre un Corps , une
Ame, et un Esprit , pour te montrer que le
Soleil , la Lune et Mercure sont résuscitez
en cette opération.
Bernard Trévisan dit à T.de Boulogne :
Si l'or se décuit dans l'argent vif, la cause
de sa dissolution est l'humidité de l'argent
vif, restrainte par la dancité d'une terre ho
mogéne , qui est de semblable nature : On
s'apperçoit aisément que ce sujet est un
Corps sec , different de l'Or et du Mereure , lequel est la troisiéme matière en
question , ( dont il est parlé dans le Trai
té du Sel, qu'on attribue au Cosmopolite,
en ces termes: Quand cette Pierre Satur
nienne aurd resserré l'Eau Mercurielle , qui
est le pur feu de l'or , enclos et emprisonné
dans leprofond d'un sel congelé. ) Item, dans
le Mercure sefait la conjonction des deux semences masculine et feminine. Phil. Entrée
ouverte , ch. 18. dit : Quelque procedé que
tu suives des deux, tu nepeuxrienfaire, sans
lefeu le plus approchant du Soleil et de la
Lune; je t'avertis que par ce feu - là , il net
faut entendre que notre Fourneau secret. C'est
de
MARS. 1732.
503
de ce feu dont il parle , ch. 20. lorsqu'il
dit: Des aussi-tôt que la Pierre aura senti
sonfeu , le Soufre et le Mercure se fondront
et seront fluents sur le feu.Or ce premierfeu
n'est pas le second, qui est l'exterieur ; en
un mot , ce feu est celui dont parle Pontanus , lequel dit , que faute de le connoître , iferra deux cens fois. Riplée le
nomme Lyon vert. Flamel , Dragon Babilonien,c'est la moyenne substance d'Artephius,le Garde- Porte du Trévisan. Jean
d'Espagnet le loue comme étant un feu
secret. Le Grand Rosaire l'appelle la Racine de l'Art.Finissons par ce passage que
Philalette rapporte dans son Vademe
cum : Lorsque ces trois especes sont jointes
ensemble en poids convenable , après une
longue attente etpleine depatience, elles donneront ce seul et unique principe, qui contient
en lui tout ce qui est requis pour notre Pierre.
Nous finitons par prier les curieux qui
pourroient écrire sur ce sujet, de ne point
tomber dans le défaut de l'Anonime qui
n'a cité aucun passage des Phylosophes ,
pour prouver ce qu'il avance , sans quoi
on ne repondra point à de pareils écrits ;
nous avons évité cette négligence et pris
soin de ne citer que des passages d'Auteurs dont les ouvrages sont fort connus,
Nous nous flatons d'avoir démontré, sui- vant
504 MERCURE DE FRANCE
vant ces Auteurs , 1°. que le Mercure pur
et homogene , sans être animé d'un or
potentiel , n'est point le premier Mercure des Philosophes ; et 2° . que le Mercure même vrayment philosophique ne
dissout point l'or , s'il n'est aidé d'une
substance moyenne nommée par Pontanus feu , sans lequel tout travail est
inutile en cet Art.
d'Aoust 1731. page 1922. au sujet de la
Philosophie Hermetique.
L'altre Anonime de Toulouse.
'Onne répondra qu'à deux articles de
Premierement ; que son Mercure ou Vif
argent commun et Venal , quelque épu
ré qu'il soit , n'est point le premier Mer--
cure actif des Philosophes , ni leur semence, et qu'il ne peut en cet état pro-.
duire par lui-même l'Or phisique , comme il l'assure ; et cela , parce qu'il n'en´
contient point, et que nulle chose ne peutdonner ce qu'elle n'a pas. Le Mercure devenu vierge et mondifie , ne se peut précipi
ter enforme de terre par aucun feu, dit Helmont, à cause de sa trop grande simplicité,
pourlaquelle on le compare à l'Element de
l'eau. Il auroit dû voir dans le roʻchap.
de Philalette , de son Entrée ouverte, qu'il
faut introduire dans le Mercure un feu sulfureux , actif, capable de pourir l'or ; et que·
parcette préparation le Mercure est herma
frodite , àcause de ce soufre , qui renferme
en même-temps en lui un principe qui est tout
496 MERCURE DE FRANCE
tout ensemble actifet passif, moyennant lequel il se coagule soi- même , étant aidé senlement d'une chaleur convenable ; c'est
pourquoi dans le chap. suivant, il dit ,
que la vie du Mercure est dans le seul soufre Metallique, caché dans la Maison d'Aries. Et dans cet autre Passage du même
Auteur , dans son Commentaire sur la
Lettre de Riplée , au Roy Edouard , où
il dit : Sachez que le Mercure a en lui un
soufre qui n'est pas actif; notre Art consiste
àmultiplier en lui un soufre vifet actif, lequel vient des reins de notre corps hermafrodite , dont le pere est un Métal , et la
mere un Mineral. Voilà qui est bien
clair ? Si l'Anonime connoissoit la composition de ce corps , qui est le premier
Rebis , et son usage ; il n'auroit pas assûré
que l'Artiste ne crez rien de nouveau, car
la premiere opération est de composer le
Chaos , le Rebis ou Corps hermafrodite ,
pour nétoyer le Mercure , et lui ajouter
par la même opération , ce qui lui manque. Rebis, dit Bernard Trévisan à Thomas de Boulogne , est la premiere chose en
cet œuvre , c'est pourquoi Phil. dans le
Commentaire cité, dit- il , n'y a qu'une seu
le liqueur convenable à notre ture , laquelle
n'est tirée d'aucune chose , que la nature ay?
formé , mais d'une substance composée par
Part
MARS. 17321 1 497
l'art du Philosophe. Notre Art donc , ajoute-t- il , est de joindre deux principes , ( un
dans lequel le soufre , et l'autre dans lequel le
sel de nature abonde ) , qui pourtant ne sont
pas parfaits , ni toutefois imparfaits entierement, etpar consequent peuvent, par notre
Art , être changez on exaltez , ( ce que ne
peut être et qui sera entierement parfait ) et
puis par le Mercure commun , extraire du
composé , non le poids , mais la vertu fermentative , qui engendre dans le Mercure
commun une race plus noble qu'elle même, qui
est notre vraie hermafrodite. Or cette hermafrodite icy est un corps fluide , sous
forme de Vif-argent ; mais le premier
qui a animé ce second , est un corps sec:
et pulverisable ; c'est l'enfant hermafro
dite dont Phil. décrit la composition dans
son 7 ch. de l'Entrée ouverte , lequel est
seul capable de nettoyer le vif- argent de
sa lépre , et en même temps de l'impreigner du soufre spirituel embrional et
potentiel de l'or physique , contenu dans
le premier Rebis ou Chaos. Cela est conforme à la pratique de B. Trévisan et à
celle d'Espagner , qui d'un commun accord ne se sont pas contentez de rendre
le Mercure homogéne , mais ils ont cru
qu'il falloit , par la même opération , lui
ajouter ce qui lui manque, qui est le soufre
498 MERCURE DE FRANCE
ด
fre spirituel Metallique , et comme ap
puyé d'un double soûtien Métallique , ils eussent un Mercure double et animé
qu'ils n'ont pas cru seulement être l'unique clefnécessaire pour ouvrir le Palais
du Roy; mais ils l'ont persuadé aux au-~
tres avec autant de force que de science , non seulement n'ayant point admis
le Mercure simple , mais l'ayant totalement rejetté. Le premier se déclare ou
vertement dans l'Epître à T. de B. à las
pénultiéme page , et le 2ª , dans les §. 47--
et 54.
Voilà assez d'autoritez pour prouver
àl'Auteur anonime que son Mercure n'a
point les qualitez de celui des Phylosophes , que Phil. nomme dans le 1. ch. de
son Entrée ouverte : Or bland crud semence femine, dans laquelle l'or jette la›
sienne.
,
Nous voilà arrivé au second article à ›
réfuter. L'Anonime prétend que son prétendu Mercure homogéne , mondifié de
sa lépre ou tache originelle , étant joint à
l'or , donnera la Médecine qui transmuëi
des Métaux imparfaits en or. Il permet
tra qu'on lui représente, que pour pareil→
le chose peut-être , il faudroit que son ' ,
simple Mercure fut capable de dissoudre radicalement l'or , ce qui ne peut être ” .
puisque
MARS. 1732. 499
puisque le veritable Mercure Phylosophi
que,quelque bien animé et travaillé qu'il
soit ,joint à l'or , attendroit , dit Philalette , sans être changé , la fin du monde.
L'Anonime auroit dû apprendre de Gebert
qu'ily a trois principes de Métaux ; l'Ar-.
gent- vif, le Soufre et son compar l'Arsenic}
ainsi donc ; il supprime de sa pratique
l'Arsenic, qui est le troisiéme principe ,
qu'il ne connoît pas apparemment , sans
lequel la dissolution de l'or est impossible, et c'est de ce troisiéme principe dont
les Phylosophes ne parlent qu'énigmati
quement, et non du Mercure animécomme le prétend l'anonime, duquel, au con- .
traire , ils parlent tres- clairement. Phil.
qui est un des Phylosophes modernes ,
qui a écrit le plus clairement , dit dans
son Vademecum : Notre Lune qui represente la femelle , est d'une race Saturnienne,
taquelle a contracté mariage avec un Dieu
Belliqueux ; elle est appellée Arsenic , parce
qu'elle teint l'or en blancheur , déchire ses
membres et le rend fluxible à la moindre chaleur, comme du Mercure , l'argent du vulgaire est masculin et agit comme mâle ; it
peut être employé au deffaut de l'or ; mais
cette Lune , qui est femelle , et qui est don→
née pourfemme au Soleil ( dans la production du Magistere ) n'estpas un corps , mais HIE
350172
oo MERCURE DE FRANCE
un pur chaos , et un esprit merveilleux ; et
quoiqu'il puisse passer pour un corps , il est
cependant vivant et vivifiant , c'est pourquoi cette Lune est chez les Phylosophes appellée substance moyenne; au regard du Mer
cure, elle peut être appellée Corps et au re- ;
gard de l'Oret de l'Argent, elle est un espritz
C'est notre Soufre crud et immaturé, et`unMercure vifet coagulé , quoique non fixe ; il est
l'unique et le plus grand secret de notre art
et tous les Enigmes que les Phylosophes ont
inventez , ne l'ont été qu'à dessein de le cacher. Voilà une ample description de l'Ar
senic des Philosophes , ou de leur Lune
femme du Soleil. Riplée dit : Trois subs- tances ne font que deux natures , terre et eaus
à quoi Phil. ajoute dans son Commentaire; l'Homme et la Femme sont deux corps ou
terre. Dans son Vademecum , parlant de
la proportion des poids , il dit : Soyez
attentif, prenez du corps parfait , blanc et
roage (lequel represente le mâle) une partie ;
de notre Arsenic ( qui tient lieu defemelle Y
deux ou trois parties , de l'eau de notre mer ,
quatre parties on plus.
Riplée , dans ses 12 portes , dit , que le
Mâle Rouge , la femme blanche , sont faits
un , mariez par l'esprit de vie. Item : Elle
est appellée Eau-de-Vie Metallique , parce
qu'elle donne vie et santé aux Métaux
moris ,
MARS. 1732. Sor
morts , et conjoint par mariage l'homme rouge , avec la femme blanche, c'est- à-dire avec
le Soleil et la Lune. Item , Mettez dans un
verre toutes ces matieres ( quoique trois en
nombre , toutefois c'est une seule chose) et les
laissez putrefier. Finissons cet article , par
cette question que fait Riplée : Qu'est- ce
que l'hommerouge ? qu'est- ce lafemme blanche? qu'est-ce que l'esprit de vie ?
Artephius désigne aussi trois matieres
Dans cette eau, dit-il , le corps qui est fait
de deux corps, du Soleil et de la Lune , s'enfle , se dilate , grossit. Item. Notre Vinaigre
susdit se mêle avecle Soleil et la Lune.Item.
L'Esprit est la vertu mineralle des deux
corps et de l'eau. Item. De ces trois ensemble unis,se fait notre Pierre, c'est- à- dire, du
Soleil , de la Lune et du Mercure.Finissons
par dire que le Bain , le Roy et la Reine
d'Artephius sont trois substances distinques l'une de l'autre , le Bain est le Mercure animé , le Roy est l'or ou l'argent
et la Reine est l'Arsenic ou la Lune des
Phylosophes , non pas l'argent vulgaire ,
qui est un mâle , comme l'enseigne le
Cosmopolite , ch. 10. lorsqu'il dit : Les
Ports du Corps'ouvrent dans notre eau, qui
ne mouille point les mains; le Corps est le
Soleil , qui donne sa semence , et c'est notre
Lune qui la reçoit , non l'argent vulgaire.
Flamel
02 MERCURE DE FRANCE
Flamel parle aussi de trois substances”,
forsqu'il dit : Ce sont ces deux Dragons sur
lesquels Fason versa le jus, préparé parMedée. Item , la dissolution de nos Corps proa
cede de ligucité pontique de notre Mercure.
Item , je t'ai fait peindre un Corps , une
Ame, et un Esprit , pour te montrer que le
Soleil , la Lune et Mercure sont résuscitez
en cette opération.
Bernard Trévisan dit à T.de Boulogne :
Si l'or se décuit dans l'argent vif, la cause
de sa dissolution est l'humidité de l'argent
vif, restrainte par la dancité d'une terre ho
mogéne , qui est de semblable nature : On
s'apperçoit aisément que ce sujet est un
Corps sec , different de l'Or et du Mereure , lequel est la troisiéme matière en
question , ( dont il est parlé dans le Trai
té du Sel, qu'on attribue au Cosmopolite,
en ces termes: Quand cette Pierre Satur
nienne aurd resserré l'Eau Mercurielle , qui
est le pur feu de l'or , enclos et emprisonné
dans leprofond d'un sel congelé. ) Item, dans
le Mercure sefait la conjonction des deux semences masculine et feminine. Phil. Entrée
ouverte , ch. 18. dit : Quelque procedé que
tu suives des deux, tu nepeuxrienfaire, sans
lefeu le plus approchant du Soleil et de la
Lune; je t'avertis que par ce feu - là , il net
faut entendre que notre Fourneau secret. C'est
de
MARS. 1732.
503
de ce feu dont il parle , ch. 20. lorsqu'il
dit: Des aussi-tôt que la Pierre aura senti
sonfeu , le Soufre et le Mercure se fondront
et seront fluents sur le feu.Or ce premierfeu
n'est pas le second, qui est l'exterieur ; en
un mot , ce feu est celui dont parle Pontanus , lequel dit , que faute de le connoître , iferra deux cens fois. Riplée le
nomme Lyon vert. Flamel , Dragon Babilonien,c'est la moyenne substance d'Artephius,le Garde- Porte du Trévisan. Jean
d'Espagnet le loue comme étant un feu
secret. Le Grand Rosaire l'appelle la Racine de l'Art.Finissons par ce passage que
Philalette rapporte dans son Vademe
cum : Lorsque ces trois especes sont jointes
ensemble en poids convenable , après une
longue attente etpleine depatience, elles donneront ce seul et unique principe, qui contient
en lui tout ce qui est requis pour notre Pierre.
Nous finitons par prier les curieux qui
pourroient écrire sur ce sujet, de ne point
tomber dans le défaut de l'Anonime qui
n'a cité aucun passage des Phylosophes ,
pour prouver ce qu'il avance , sans quoi
on ne repondra point à de pareils écrits ;
nous avons évité cette négligence et pris
soin de ne citer que des passages d'Auteurs dont les ouvrages sont fort connus,
Nous nous flatons d'avoir démontré, sui- vant
504 MERCURE DE FRANCE
vant ces Auteurs , 1°. que le Mercure pur
et homogene , sans être animé d'un or
potentiel , n'est point le premier Mercure des Philosophes ; et 2° . que le Mercure même vrayment philosophique ne
dissout point l'or , s'il n'est aidé d'une
substance moyenne nommée par Pontanus feu , sans lequel tout travail est
inutile en cet Art.
Fermer
Résumé : RÉPONSE à une Lettre écrite de Toulouze, inserée dans le Mercure du mois d'Aoust 1731. page 1922. au sujet de la Philosophie Hermetique.
Le texte est une réponse à une lettre anonyme publiée dans le Mercure d'août 1731. L'auteur anonyme soutient que le mercure commun, même épuré, ne peut produire de l'or physique car il manque de soufre actif. Selon lui, le véritable mercure des philosophes doit être préparé avec un feu sulfureux pour devenir hermaphrodite, c'est-à-dire contenir à la fois un principe actif et passif, permettant ainsi au mercure de se coaguler et de produire de l'or. L'auteur anonyme est critiqué pour son ignorance de la composition du premier Rebis, un corps hermaphrodite essentiel à la première opération alchimique. Cette opération consiste à composer le Chaos ou Rebis pour purifier le mercure et lui ajouter ce qui lui manque. Plusieurs auteurs, comme Philalèthe et Bernard Trévisan, sont cités pour appuyer cette vision. Le texte réfute également l'idée que le mercure homogène, même épuré, puisse transmuter les métaux en or sans l'aide d'une substance moyenne, l'arsenic. L'arsenic est décrit comme un principe essentiel, souvent mentionné de manière énigmatique par les philosophes. Il est nécessaire pour dissoudre l'or et permettre la transmutation. Plusieurs auteurs alchimiques, comme Riplée, Artephius, et Flamel, sont cités pour expliquer la nécessité de trois substances (le Soleil, la Lune, et le Mercure) et de leur conjonction par un feu secret pour réussir l'opération alchimique. Le texte se termine en invitant les curieux à citer des passages des philosophes pour prouver leurs affirmations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
407
p. 505-506
LOGOGRYPHE.
Début :
Cinq lettres font mon tout, et ce tout une graine, [...]
Mots clefs :
Pépin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LOGOGRYPHE.
LOGOGRYPHE.
C
Inq lettres font mon tout , et ce tout une
graine ,
Du moins je crois pouvoir me baptiser ainsi ,
De mon chef formez ma bedaine ,
Et puis faites le reversi ;
Sans moi vous ne sçauriez ajuster de parure..
Voulez vous voir un arbre aussi ?
Après m'avoir rendu mapremiere nature;
Ostez
foo MERCURE DE FRANCE
Otez deux parts , c'est où gist l'encloueure.
Estes- vous curieux d'un changement nouveau?
Je vous ferai voir un tonneau ;
Mais il faut pour cela retrancher ma finale,
Et que mes membres quatre et deux ,
Pour cet effet changent entre eux ;
Ce n'est pas tout , dans cet ordre j'étale ;'
Encore un autre objet composé d'un tuyau ,
Au bout duquel est un certain fourneau ;.
En cet état sequestrez ma troisiéme ,
Il doit vous rester un oyseau ;
Rassemblez tout enfin vous conviendrez vous même ,
Qu'un Royaume m'a vâ porter le Diadême
C
Inq lettres font mon tout , et ce tout une
graine ,
Du moins je crois pouvoir me baptiser ainsi ,
De mon chef formez ma bedaine ,
Et puis faites le reversi ;
Sans moi vous ne sçauriez ajuster de parure..
Voulez vous voir un arbre aussi ?
Après m'avoir rendu mapremiere nature;
Ostez
foo MERCURE DE FRANCE
Otez deux parts , c'est où gist l'encloueure.
Estes- vous curieux d'un changement nouveau?
Je vous ferai voir un tonneau ;
Mais il faut pour cela retrancher ma finale,
Et que mes membres quatre et deux ,
Pour cet effet changent entre eux ;
Ce n'est pas tout , dans cet ordre j'étale ;'
Encore un autre objet composé d'un tuyau ,
Au bout duquel est un certain fourneau ;.
En cet état sequestrez ma troisiéme ,
Il doit vous rester un oyseau ;
Rassemblez tout enfin vous conviendrez vous même ,
Qu'un Royaume m'a vâ porter le Diadême
Fermer
408
p. 656-661
POEME Sur les progrès de l'Art des Jardins. Sous LOÜIS LE GRAND.
Début :
Du siécle de LOUIS, les prodges divers, [...]
Mots clefs :
Prière, Paix, Roi de France, Art des jardins, Nature, Fleurs, Génie, Louis le Grand
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POEME Sur les progrès de l'Art des Jardins. Sous LOÜIS LE GRAND.
POEM E
Sur les progrès de l'Art des Jardins..
Sous LoüiS LE GRAND.
DUsiécle de Louis , les prodiges divers,
Sont l'étude du nôtre , et l'objet de nos Vers.
Muscs ›
AVRIL. 1732. 657
Muses , qui de ce Roy , chérissez la mémoire ,
Pour prix de notre ardeur à conserver sa gloire.
Vous nous devez vos soins , j'implore votre appui ,
Inspirez-moy des Vers , tels qu'on les fit sous lui.
Si le gout de son siecle
est banni
de mes rimes
,
Muses
, n'exaucez
point
des vœux
illégitimes
. "
Le Laurier
, où j'aspire
, est un affront
pour
moy,
S'il n'est coupé d'un Tronc, planté sous ce grand
Roy.
Chassez de mes Ecrits , toute vaine peinture ,
Le fard est inutile , à qui peint la nature.
L'art doit l'orner de fleurs , mais non pas l'en
charger ,
C'est ainsi , sous Louis, qu'on sçut la ménager.
C'est sous ce regne heureux , si fécond en miracles ,
Que la Nature et l'Art s'unirent sans obstacles.
La raison en régla l'accord selon ses vœux ,
Et la perfection naquit de ces beaux nœuds.
Ainsi des sages Grecs , le sublime Génie ,
Acet amant discret , l'avoit jadis unie.
Sure du gout exquis de ce discret Amant ,
Gout formé sur le sien , et sobre en arnement.
La Déesse , toujours simple , naïve et pure ,
Laissoit aux mains de l'Art , le soin de sa pasure B vj L'Art
6,8 MERCURE DE FRANCE
L'Art content de ce soin , et l'œil sur ses appas ›
La faisoit briller seule , et ne se montroit pas.
Si la Nature en pleurs soupiroit sur la Scéne ,
Les malheurs d'Hyppolite , ou ceux de Polixéne.
L'Art d'une main cachée et prompte en ses besoins ,
Lui chaussoit le Cothurne , et bornoit là ses soins.
Mais que cet age d'or fut prompt à disparoître ?
Louis , en ta faveur , le Ciel la fit renaître.
Tout , jusques aux Jardins, sous ce Roy si vanté,
Atteignit le haut point de sa juste bonté.
Ce n'est plus ces Jardins , que , voisins du Tonė ,
nerre ,
Suspendit dans les airs , au mépris de la terre.
L'Epouse de Ninus , l'Amante de son fils ,
De la Nature , hélas ! connut elle le prix ?
L'Emphrate sur son Urne , en ses Grottes pro- fondes ,
Plaiguit ces bois , privez du secours de ses Ondes.
Sur ses bords sabloneux , prodigua ce secours ,
Et les rendit si beaux , qu'on désertà ces tours.
Au gout de la raison, noble , simple , et sensée,
Louis a des humains , ramené la pensée.
Deux Vertumnes fameux , à son regne donnez ,
Firent voir aux vivans les Jardins fortunez ,
Où les ombres d'Achille et d'Hector réunies >
Réposent dans la paix , sur l'Email' des Prairies.
L'un
AVRIL. 17320 659
L'un , des beautés de l'Ordre instruit par le bon
goût ,
Mit la Nature en regle et la fit voir en tout.
De naïfs ornemens , Dispensateur habile ,
Il donna même au faste un air simple et facile,
Apprit par un secret que lui seul sçut trouver ,
Aux Chênes sourcilleux l'art de faire rêver,
Se fit suivre à son gré de l'Element humide ,
Ingénieux , forma de ce Cristal liquide
Mille Jeux séducteurs , cent Théatres divers ;
Plus qu'aucun avant lui l'élança dans les Airs ;
Des Graces et des Jeux accompagné sans cesse ,
Fit au triste Cyprès respirer la temiresse ;
Dans un Dédale heureux de Myrthes verdoyans,
Emprisonna les Ris sous les fleurs s'égayans ;
Et d'un Peuple de Dieux , ou palis ou sauvages,
Avec art disposez , anima ses Boccags ;
Puis ouvrant des Vallons les lo ntains gracieux,
Sçut finir ses Jardins où commencent les Cieux ,
Et presentant au loin mile oby ts à la vûë,
Prêter aux Champs étroits une immense étenduë.
De Nymphes , cependant un jeune et tendre Essein ,
Le suivoit pas à pas la Guirlande à la main ;
D'où tirant avec choix mille fleurs éclatantes ,
Flore en semoit par tout les couleurs differentes.
De Pomone au sein riche , auteint frais et fleuri,
L'autre, sçayant Eleve, et Confident chéri ,, Du
50 MERCURE DE FRANCE
Dufruit , vrai gland jadis insipide et sauvage ,
Triptoleme nouveau , bannit l'austere usage ,
Corrigea de nos Champs les Sels contagieux ,
Et versant dans la séve un Nectar précieux,
Nous rendit ces beaux fruits que, Roy de la Na ture ,
L'homme, aux Vergers d'Edem ; cueilloit d'une
main pure.
La branche obeissante et souple à ses leçons,
Prit sous ses doctes mains cent diverses façons.
Du Lierre rampant le verd mélancolique ,
Scut couvrir les débris de quelque tombe antique,,
Où ses bras tortueux , par dinquiets efforts ,
Vont jusques dans leur cendre importuner les -
Morts.
Tandis que les amours de Flore et de Pomone,
Étalant à la fois le Printemps et l'Automne ,
Le Citronier docile à notre œil enchanté
Déroboit de nos murs l'informe nudité ;
Et dans ses bras , qu'il ouvre aux traits de l'œil du monde ,
En reçoit à l'abri l'influence féconde.
Vous n'avilirez point le prix des mes accens , ·
Vous, de nos bons Ayeux les repas innocens
Herbages fortunez , que ce Mortel si sage ,
Ala Cour, chez les Rois , ramena du Village.
Mases , tel est le fruit du gout qu'on a pous vous.
Tout objet fait ses soins, il les embellit tous.
Et
AVRIL. 17322 661
Et si l'appui du Trône est le prix de vos veilles ,
Où neportez- vous pas vos sublimes merveilles !
PRIERE POUR LEROT.
20
Tels que sur le penchant d'une aimable ColineSous un Ciel favorable un Olivier planté ,
Voit d'heureux rejettons sa féconde racine ,
L'environner de tout côté.
Tel , Seigneur, chaque jour par un exemple uni
*que ,
LOUIS, se voit renaitre et combler de ses dons ;
Mais pour rendre éternels les biens que nousgoutons ,
Sous son Empire pacifique ,
Conserve , Dieu de Paix , sous ta main magnifique ,
Et la Tige et les Rejettons.
Auteurs, en écrivant , imitez la Nature:
Sur les progrès de l'Art des Jardins..
Sous LoüiS LE GRAND.
DUsiécle de Louis , les prodiges divers,
Sont l'étude du nôtre , et l'objet de nos Vers.
Muscs ›
AVRIL. 1732. 657
Muses , qui de ce Roy , chérissez la mémoire ,
Pour prix de notre ardeur à conserver sa gloire.
Vous nous devez vos soins , j'implore votre appui ,
Inspirez-moy des Vers , tels qu'on les fit sous lui.
Si le gout de son siecle
est banni
de mes rimes
,
Muses
, n'exaucez
point
des vœux
illégitimes
. "
Le Laurier
, où j'aspire
, est un affront
pour
moy,
S'il n'est coupé d'un Tronc, planté sous ce grand
Roy.
Chassez de mes Ecrits , toute vaine peinture ,
Le fard est inutile , à qui peint la nature.
L'art doit l'orner de fleurs , mais non pas l'en
charger ,
C'est ainsi , sous Louis, qu'on sçut la ménager.
C'est sous ce regne heureux , si fécond en miracles ,
Que la Nature et l'Art s'unirent sans obstacles.
La raison en régla l'accord selon ses vœux ,
Et la perfection naquit de ces beaux nœuds.
Ainsi des sages Grecs , le sublime Génie ,
Acet amant discret , l'avoit jadis unie.
Sure du gout exquis de ce discret Amant ,
Gout formé sur le sien , et sobre en arnement.
La Déesse , toujours simple , naïve et pure ,
Laissoit aux mains de l'Art , le soin de sa pasure B vj L'Art
6,8 MERCURE DE FRANCE
L'Art content de ce soin , et l'œil sur ses appas ›
La faisoit briller seule , et ne se montroit pas.
Si la Nature en pleurs soupiroit sur la Scéne ,
Les malheurs d'Hyppolite , ou ceux de Polixéne.
L'Art d'une main cachée et prompte en ses besoins ,
Lui chaussoit le Cothurne , et bornoit là ses soins.
Mais que cet age d'or fut prompt à disparoître ?
Louis , en ta faveur , le Ciel la fit renaître.
Tout , jusques aux Jardins, sous ce Roy si vanté,
Atteignit le haut point de sa juste bonté.
Ce n'est plus ces Jardins , que , voisins du Tonė ,
nerre ,
Suspendit dans les airs , au mépris de la terre.
L'Epouse de Ninus , l'Amante de son fils ,
De la Nature , hélas ! connut elle le prix ?
L'Emphrate sur son Urne , en ses Grottes pro- fondes ,
Plaiguit ces bois , privez du secours de ses Ondes.
Sur ses bords sabloneux , prodigua ce secours ,
Et les rendit si beaux , qu'on désertà ces tours.
Au gout de la raison, noble , simple , et sensée,
Louis a des humains , ramené la pensée.
Deux Vertumnes fameux , à son regne donnez ,
Firent voir aux vivans les Jardins fortunez ,
Où les ombres d'Achille et d'Hector réunies >
Réposent dans la paix , sur l'Email' des Prairies.
L'un
AVRIL. 17320 659
L'un , des beautés de l'Ordre instruit par le bon
goût ,
Mit la Nature en regle et la fit voir en tout.
De naïfs ornemens , Dispensateur habile ,
Il donna même au faste un air simple et facile,
Apprit par un secret que lui seul sçut trouver ,
Aux Chênes sourcilleux l'art de faire rêver,
Se fit suivre à son gré de l'Element humide ,
Ingénieux , forma de ce Cristal liquide
Mille Jeux séducteurs , cent Théatres divers ;
Plus qu'aucun avant lui l'élança dans les Airs ;
Des Graces et des Jeux accompagné sans cesse ,
Fit au triste Cyprès respirer la temiresse ;
Dans un Dédale heureux de Myrthes verdoyans,
Emprisonna les Ris sous les fleurs s'égayans ;
Et d'un Peuple de Dieux , ou palis ou sauvages,
Avec art disposez , anima ses Boccags ;
Puis ouvrant des Vallons les lo ntains gracieux,
Sçut finir ses Jardins où commencent les Cieux ,
Et presentant au loin mile oby ts à la vûë,
Prêter aux Champs étroits une immense étenduë.
De Nymphes , cependant un jeune et tendre Essein ,
Le suivoit pas à pas la Guirlande à la main ;
D'où tirant avec choix mille fleurs éclatantes ,
Flore en semoit par tout les couleurs differentes.
De Pomone au sein riche , auteint frais et fleuri,
L'autre, sçayant Eleve, et Confident chéri ,, Du
50 MERCURE DE FRANCE
Dufruit , vrai gland jadis insipide et sauvage ,
Triptoleme nouveau , bannit l'austere usage ,
Corrigea de nos Champs les Sels contagieux ,
Et versant dans la séve un Nectar précieux,
Nous rendit ces beaux fruits que, Roy de la Na ture ,
L'homme, aux Vergers d'Edem ; cueilloit d'une
main pure.
La branche obeissante et souple à ses leçons,
Prit sous ses doctes mains cent diverses façons.
Du Lierre rampant le verd mélancolique ,
Scut couvrir les débris de quelque tombe antique,,
Où ses bras tortueux , par dinquiets efforts ,
Vont jusques dans leur cendre importuner les -
Morts.
Tandis que les amours de Flore et de Pomone,
Étalant à la fois le Printemps et l'Automne ,
Le Citronier docile à notre œil enchanté
Déroboit de nos murs l'informe nudité ;
Et dans ses bras , qu'il ouvre aux traits de l'œil du monde ,
En reçoit à l'abri l'influence féconde.
Vous n'avilirez point le prix des mes accens , ·
Vous, de nos bons Ayeux les repas innocens
Herbages fortunez , que ce Mortel si sage ,
Ala Cour, chez les Rois , ramena du Village.
Mases , tel est le fruit du gout qu'on a pous vous.
Tout objet fait ses soins, il les embellit tous.
Et
AVRIL. 17322 661
Et si l'appui du Trône est le prix de vos veilles ,
Où neportez- vous pas vos sublimes merveilles !
PRIERE POUR LEROT.
20
Tels que sur le penchant d'une aimable ColineSous un Ciel favorable un Olivier planté ,
Voit d'heureux rejettons sa féconde racine ,
L'environner de tout côté.
Tel , Seigneur, chaque jour par un exemple uni
*que ,
LOUIS, se voit renaitre et combler de ses dons ;
Mais pour rendre éternels les biens que nousgoutons ,
Sous son Empire pacifique ,
Conserve , Dieu de Paix , sous ta main magnifique ,
Et la Tige et les Rejettons.
Auteurs, en écrivant , imitez la Nature:
Fermer
Résumé : POEME Sur les progrès de l'Art des Jardins. Sous LOÜIS LE GRAND.
Le texte 'POEM E' célèbre les avancées de l'art des jardins sous le règne de Louis XIV. En avril 1732, l'auteur invoque les Muses pour inspirer ses vers et aspire à égaler la grandeur de cette époque. Il souligne que l'art des jardins a atteint une perfection où la nature et l'art se sont harmonisés sous la guidance de la raison, créant des jardins d'une beauté exceptionnelle, loin des excès des jardins suspendus des époques antérieures. Le poème met en lumière deux célèbres jardiniers du règne de Louis XIV, comparés à des Vertumnes, qui ont su ordonner la nature et lui donner un aspect simple et noble. Le premier a su dompter les éléments naturels, créer des jeux d'eau et des théâtres divers, et animer les jardins avec des statues de dieux. Le second a amélioré les fruits et les plantes, rendant les vergers à la fois productifs et esthétiques. L'auteur exalte également les repas simples et innocents des ancêtres, ramenés à la cour par ce roi sage. Il conclut en priant pour que les bienfaits du règne de Louis XIV soient éternels, comparant le roi à un olivier dont les rejets prolifèrent. Le texte se termine par une exhortation aux auteurs à imiter la nature dans leurs écrits.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
409
p. 693-706
LETTRE de M. Bouguer, à M. Meynier, au sujet d'un Ecrit inseré dans le Mercure de France du mois de Février dernier, page 274. et suiv.
Début :
MONSIEUR, La plûpart des personnes qui jetteront les yeux sur [...]
Mots clefs :
Demi-cercle, Pinule, Circonférence, Instrument, Académie royale des sciences, Balancier, Vibrations, Machine, Boussole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Bouguer, à M. Meynier, au sujet d'un Ecrit inseré dans le Mercure de France du mois de Février dernier, page 274. et suiv.
LETTRE de M. Bouguer , à M. Meynier, au sujet d'un Ecrit inseré dans le
Mercure de France du mois de Février
dernier, page 274. et suiv.
MONONSIEUR,
La plupart des personnes qui jetteront
les yeux sur l'Ecrit que vous avez fait inserer dans le Mercure de France de
Fevrier
4 MERCURE DE FRANCE
Fevrier dernier , ne pourront jamais découvrir pourquoi vous exagerez si fort
la faute dont vous m'accusez, ni pourquoi vous poussez si loin vos plaintes.
Ils verront , non-seulement que je ne
pouvois pas découvrir toutes les particularitez de votre demi Cercle , dans une
Description qui ne les contenoit pas , ils
verront encore que si je n'en ai pas donné
une idée assez exacte , je n'avois aucune
mauvaise intention , et ils ne comprendront point ce qui peut vous avoir fait
prendre pour une censure , ce qu'on ne
doit regarder que commeune espece d'approbation. Je n'ai pas une notion assez
distincte de votre demi Cercle ; il me
semble qu'il est sujet à un inconvénient,
et j'affirme aussi-tôt sur la connoissance
que j'ai de vos lumieres , que vous avez
trouvé le moyen de l'éviter : Nous ne
connoissons ce demi Cercle , ce sont mes
propres termes , que pour en avoir vu une
description très-succincte ; mais nous ne dontons point que son sçavant Auteur ne lui
procure une situation constamment horisontale , malgré le poids de la Pinule qui est
située sur la circonference. Je le demande à
tout le monde , je le demande même à
vos amis les plus intimes , si c'est- là le
langage d'un homme qui cherche à vous
offenser
AVRIL. 1732 695
offenser , et si ce ne sont pas là plutôt les
termes de la prédilection et de l'estime.
Mais puisque vous me forcez à expHquer l'Enigme; je vais montrer comment
Fai , malgré moi , donné occasion à votre
chagrin. Tous les Instrumens dont on peut
se servir en Mer pour observer la hau
teur des Astres , se réduisent à deux especes ; ou ils se mettent de niveau par
leur propre pesanteur , ou c'est le Pilote
qui les met dans cette situation , en vi
sant à l'horison sensible. Je me suis trouvé dans la nécessité d'examiner ces di
vers Instrumens ; cet examen fait le sujet
de la premiere Partie d'un petit Traité
publié en 1729. qui remporta le Prix proposé par l'Académie Royale des Sciences.
Je me déclarai dans cet Ouvrage pour les
Instrumens de la seconde espece , lesquels
sont en usage depuis longtemps dans la
Marine , et je justifiai mon choix par des
raisons , qui , parcequ'elles sont generales,
donnent l'exclusion à votre demi Cercle,
comme à tous les autres Instrumens qui
sont suspendus de la même maniere. Vollà, je pense , ce qui vous a indisposé contre moi ; car je mets à part tous les autres
motifs. Vous avez trouvé mes raisons trop
fortes , quoique j'aye eu la politesse de >
n'en faire aucune application particuliere;
D elles
695 MERCURE DE FRANCE
elles vous ont fâché en même- temps qu'elles vous ont paru utiles ; et comme vous
avez senti qu'il n'étoit point à propos
d'y répondre , vous vous êtes à la fin crû
obligé d'écrire au moins contre l'endroit où je parlois avantageusement de
vous. Il vous est facile de me réfuter de
cette sorte , et vous pouvez continuer
tant que vous le voudrez , à m'apprendre
toutes les particularitez de votre demi
cercle , avec tout l'appareil d'une réprimande. Il vous importe peu d'ailleurs de
le faire sans aucune apparence de necessité, pouvû que vous puissiez faire croire
qu'il ne s'agis point entre nous d'autre
chose. Mais comme on ne peut point en
imposer au Public , qui est un Juge trop
éclairé , il s'appercevra bien que vous
abandonnez réellement la deffense de votre cause, et que vous ne touchez pointdu
tout au sujet.
Il n'importe point en effet , que j'aye
bien ou mal décrit votre demi Cercle ,
puisque j'ay déclaré moi- même que je ne
le connoissois pas parfaitement. Toute
la question est de sçavoir si j'ai pû cependant le condamner avec tous les autres Instrumens de la même espece. Or
il me suffiroit pour avoir ce droit , de
sçavoir qu'il se plaçoit de niveau par sa
construc
AVRIL. 1732. 697
construction et qu'il étoit suspendu par
sa partie superieure. Car dès lors je pouvois le regarder comme un Pendule dont
l'agitation est continuelle , puisque le Navire est sans cesse sujet pendant sa marche ; ou au tangage ou au roulis , ou à
faire quelques élans , et que son mouvement n'est jamais parfaitement uniforme.
Si l'Instrument étoit suspendu par son
centre de gravité , toutes ses parties participeroient en même temps aux secousses; mais aussi tôt qu'il est suspendu par
un autre endroit , une de ses extrémitez
doit toûjours recevoir par l'entremise des
Ressorts et des Balanciers , l'agitation
du Vaisseau , pendant que les autres parties n'auront encore que leur premier
mouvement , et ainsi il doit être sujet à
faire sans cesse des vibrations , lesquelles
seront encore perpetuées par la main de
l'Observateur , qui est obligé presque
chaque instant de toucher à la Boëte pour
l'orienter , ou à l'Allidade pour la diriger.
Remarquez de plus que quelques foibles
que soient ces vibrations , elles feront
toûjours que l'Instrument perdra sa situa-
*
à
★ Les Balanciers sont des especes de Cercles ou
de Quadres de cuivre , dont on se sert avec des
Pivots à l'oposite l'un de l'autre , pour suspendre en Mer les Boussoles.
Dij tion
98 MERCURE DE FRANCE
tion verticale de plusieurs degrez , et qu'll
la perdra dans divers sens , à cause de
Pirrégularité des secousses. Or en voilà
assez pour rendre deffectueuses presque
toutes les Observations qu'on fera au
Soleil ; d'autant plus que le temps absolument propre à les faire , s'échappe avec
rapidité. Mais ce sera encore toute autre
chose , lorsqu'on voudra la nuit prendre
la hauteur des Etoiles. Car comment voulez vous pendant que votre demi Cercle
sera agité et que l'Observateur sera aussi
exposé de son côté à un grand mouvement et à un mouvement qui n'a aucune
conformité avec celui du demi Cercle ,
puisque l'Observateur est toûjours obligé
de s'incliner d'un côté lorsque le Navire
s'incline de l'autre, comment voulez- vous
que pendant cette complication de deux
ou trois mouvemens qui ne s'accordent
point , le Pilote puisse appliquer l'œil à
une Pinule extrémement étroite , et viser
à un objet aussi difficile à saisir qu'une
Etoile Vous devez bien sentir que cela
est absolument impossible avec tous les
Instrumens de l'espece du vôtre , sans
aucune exception ; et que pour réüssir
dans une pareille Observation , on est
obligé, comme je l'ai toûjours soutenu ,
d'employer ceux qui sont actuellement
›
en
A VRIE 17327 699
en usage. Car il faut qu'on puisse ôter
à l'Instrument dont on se sert , tous ses
balancemens particuliers et l'assujettir
contre l'œil et il faut parçonséquent
que le Pilote se charge de tout le soin
de le disposer en visant à l'horison sen- sible.
>
Mais je serois obligé de transcrire
presque toute la premiere Partie de mon
petit Traité , si je voulois vous rapporter
toutes les choses qui vous interessent et
auxquelles vous n'entreprenez point de
répondre. Je pourrois cependant encore
ajouter, maintenant que je connois mieux
votre demi Cercle , que comme une de
ses graduations est conforme à celle de
l'Anneau Astronomique , il doit être extrémement difficile de distinguer avec
exactitude les scrupules du degré, et que
ce n'a pû être que par hazard , ou parce
que vous sçaviez d'avance la hauteur que
vous deviez trouver , que vous ne vous
êtes trompé à Brest que d'environ une
minute. Je pourrois encore vous montrer combien est inutile la suspension que
vous employez , faute d'avoir fait attention qu'on ne doit se servir de Balancier
que lorsqu'on veut suspendre quelque
chose par un point qui est interieur et
qui ne se presente pas aisément. Est-il
Diij question
700 MERCURE DE FRANCE
question de suspendre une Boussole où
une Lampe par un point qu'on ne peut
point aller chercher au- dedans , il faut
dans cette rencontre mettte un Balancier
par dehors. Mais ce n'est plus la même.
chose , aussi- tôt qu'il s'agit de suspendre
un corps par un endroit qui est exterieur
et qu'on peut saisir sans peine. Car tous
les Balanciers que vous mettriez , ne serviroient qu'à rendre immobile un certain
point par rapport à la Boëte et aussi- tôt
que vous en avez la commodité, vous devez bien plutôt suspendre l'Instrument
immédiatement à ce point , sans rendre
inutilement la Machine plus composée et
plus sujette à se déranger. J'insisterois
sur toutes ces choses et je tâcherois de les
porter jusqu'à la derniere évidence, si je ne.
voyois quevous ne donnez aucuneatteinte
à mes premieres Remarques , et que vous
les laissez subsister dans toute leur force..
Je vois d'ailleurs qu'elles ont fait quelque impression sur vous , et qu'elles ne
vous ont pas été inutiles. Car vous avez
depuis changé d'avis dans la construction
d'un autre Instrument destiné encore à
des usages nautiques. Il s'agit , dans un
Ouvrage que vous venez de donner au
Public , de la suspension des Boussoles , et
quoiqu'elles ayent déja un Balancier comme
AVRIL. 1732. 701
me votre demi Cercle , vous reconnoissez néanmoins que tant qu'elles sont appliquées sur quelque chose qui tient au
Vaisseau , elles en reçoivent tous les mou
vemens , et que les Observations se trouvent par là dérangées ; parce que , ditesvous , (a) tantôt le Soleil ne peut être vû
par la fenêtre qui est du côté de l'Observateur, que beaucoup au- dessus ou aux côtez
de lafenêtre opposée à cause du mouvement,
comme lorsque le Vaisseau est incliné du côté
du Soleil on àla droite ou à lagauche, de
PObservateur , lorsqu'il fait Observation ;
et tantôt , &c. C'est pourquoi vous aimez
mieux maintenant laisser au Pilote le soin
de donner à l'Instrument la situation
qu'il doit avoir, et cela parce que (b) le
Pilote , par une habitude qui lui est enpar tie devenuë naturelle à la Mer, entretenant
assez bien son corps en équilibre , et en même temps l'Instrument qui qui lui sert lui sert pour observer la latitude , quoique dans ce temps- la le Vaisseau incline considerablement , tantôt
d'un côté, tantôt de l'autre , à cause du roulis et du Tangage, il entretiendra cet Instrument dans le même équilibre de son corps.
lorsqu'il s'en servira pour observer la déclinaison de l'Aiguille aimantée , tant au Soleil qu'aux Etoiles , ce qui rendra l'Obser-
(a) Au bas de la page 6. (b) Page 17.
Diiij vation
702 MERCURE DE FRANCE
vation bien plus seure. Je vous félicite,
Monsieur , sur votre changement , mais
souffrez en même-temps que je m'en pré
vale ; puisque vous mettez vous même le
sceau à votre condamnation en employant contre les Boussoles ordinaires ,
les mêmes raisons , aux termes près , que
j'avois déja employées contre votre demiCercle.
•
Après cela je ne suis plus étonné si vous
ne lui donnez plus la préference sur l'Arbalestrille ni sur le quartier Anglois ordinaire , et si vous n'entreprenez pas même de la comparer à un Instrument que
j'ai proposé , qui est soutenu par son centre de gravité et qui est parconsequent
de même espece que le vôtre, quoique
je le croye beaucoup mieux suspendu.
Tout ce que vous prétendez faire , c'est
de montrer que je me suis mépris lorsque j'ai préferé le quart de Cercle formé
d'un seul Arc , non- pas à votre demi Cercle , dont il n'étoit plus question , mais
au quartier Anglois ordinaire. Que j'aye
cependant bien ou mal choisi dans cette
derniere circonstance , le sort de votre
Instrument ne change point ; et si je ne
me suis trompé que dans cette rencontre,
j'ai toûjours eu l'avantage de rendre un
service assez considerable au Public , en
pros-
A-V R- IL. 17.320 703
·
proscrivant toutes ces diverses suspensions , dons on vouloit , mal à propos
lui faire embrasser l'usage. Mais de quelle
manieré prouvez- vous que le quart de
Cercle formé d'un seul Arc , est moins
exact que le quartier Anglois ? La nature
de vos preuves me dispense d'y répondre.
Il s'agit d'un changement fait il y a plus
d'un siecle ; il s'agit de sçavoir les motifs
qui ont déterminé à le faire , et vous m'alleguez pour cela l'experience des Marins
d'aujourd'hui. Nous avons une suite de
Traités de Navigation, qui nous marquent
les divers progrès du Pilotage ; Pierre de
Médine et Pierre Nonius en Espagne et
en Portugal; Willebrod Snellius et plu- sieurs autres en Hollande ; M. Denis et
les P. Fournier et Dechales en France ,
ont écrit sur cet Art , et nous en ont représenté tous les differens âges. Mais vous
ne consultez point ces Livres ; vous vous
adressez à nos Pilotes , pour qu'ils vous
rendent compte d'une chose qu'ils doivent encore moins sçavoir que vous, puisqu'elle ne s'est point passée sous leurs
yeux ni de leur temps , et qu'elle n'est
pour eux qu'un point de pure spéculation. De grace , Monsieur , ne renversez
pas ainsi une autre fois l'ordre des cho
ses ou si à la honte des Professeurs
Dv VOUS
2
My
704 MERCURE DE FRANCE
vous suivez encore une pareille conduite,
faites au moins assez usage de vos lumieres , pour peser les réponses que les Pilotes vous feront. Ils vous ont assuré ,
dites-vous , qu'on a abandonné l'usage du
quart de Cerclé formé d'un seul " Arc ,
parce qu'on a experimentéque cet Instrument est sujet à tel et tel inconvenient.
Mais ne deviez- vous pas penser qu'on ne
peut rien établir sur une experience que
personne n'a vûë et que personne ne peut
attester ? ne deviez - vous pas encore examiner si les inconveniens dont on vous
parloit, étoient réels , et s'il n'étoit pas
possible de les lever ?
Je finis , Monsieur , en vous assurant
que comme je n'ai que faire d'en venir
à l'experience pour sçavoir ce que je dois
penser de votre demi Cercle , je ne crois
pas que je me donne jamais la peine d'en
faire l'essai. Je m'imagine bien que vous
me ferez encore un crime de ce que je
persiste ainsi à condamner une Production qui a été approuvée par une Compagnie , dont je suis plus interessé que
personne au monde , à faire valoir les
Jugemens. Ce reproche me toucheroit ,
s'il n'étoit aussi mal fondé que les autres;
et si l'Académie des Sciences , qui prononce toûjours avec autant de prudence
que
AVRIL 1732 705
que de lumieres , n'avoit pas eu le soin
de mettre de sages restrictions à l'Approbation qu'elle vous donna. Cette Compagnie a , outre cela , assez montré depuis
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé
la question en votre faveur , puisqu'elle
en a fait le sujet du Prix qui fut distri-,
bué en 1729. et dont elle m'honora. Objectez-moi encore , si vous le voulez , que
je n'ai point été en Mer ; je vous répondrai que si dans certaines matieres de Marine , la premiere chose est d'acquerir des
connoissances de fait , et de se former
une juste idée des mouvemens de la Mer
et de ceux du Vaisseau , le point le plus
essentiel et en même- temps le plus dif.
ficile , est de penetrer la cause de tous
ces mouvemens et d'être en état d'en prévoir les divers effets ; et j'ajouterai qu'on
peut s'appliquer à tout cela avec autant
de succès à Terre que dans tout autre
endroit. Je dois aussi me rendre ce bon
témoignage , puisque vous m'y obligez ,
que quoique je connusse tout le péril
qu'il y avoit à venir remplir une place
que vous aviez occupée , vous qui avez
-fait un voyage de long cours ; personne
ne s'est encore apperçu ici que je n'aye
cultivé l'Hydrographie que dans le Cabinet. J'ai l'honneur d'être , malgré tous
D vj nos
7c6 MERCURE DE FRANCE
nos differends , avec bien de la conside
ration , Monsieur , votre , &c. -
Au Havre , le premier d'Avril 1732.
Mercure de France du mois de Février
dernier, page 274. et suiv.
MONONSIEUR,
La plupart des personnes qui jetteront
les yeux sur l'Ecrit que vous avez fait inserer dans le Mercure de France de
Fevrier
4 MERCURE DE FRANCE
Fevrier dernier , ne pourront jamais découvrir pourquoi vous exagerez si fort
la faute dont vous m'accusez, ni pourquoi vous poussez si loin vos plaintes.
Ils verront , non-seulement que je ne
pouvois pas découvrir toutes les particularitez de votre demi Cercle , dans une
Description qui ne les contenoit pas , ils
verront encore que si je n'en ai pas donné
une idée assez exacte , je n'avois aucune
mauvaise intention , et ils ne comprendront point ce qui peut vous avoir fait
prendre pour une censure , ce qu'on ne
doit regarder que commeune espece d'approbation. Je n'ai pas une notion assez
distincte de votre demi Cercle ; il me
semble qu'il est sujet à un inconvénient,
et j'affirme aussi-tôt sur la connoissance
que j'ai de vos lumieres , que vous avez
trouvé le moyen de l'éviter : Nous ne
connoissons ce demi Cercle , ce sont mes
propres termes , que pour en avoir vu une
description très-succincte ; mais nous ne dontons point que son sçavant Auteur ne lui
procure une situation constamment horisontale , malgré le poids de la Pinule qui est
située sur la circonference. Je le demande à
tout le monde , je le demande même à
vos amis les plus intimes , si c'est- là le
langage d'un homme qui cherche à vous
offenser
AVRIL. 1732 695
offenser , et si ce ne sont pas là plutôt les
termes de la prédilection et de l'estime.
Mais puisque vous me forcez à expHquer l'Enigme; je vais montrer comment
Fai , malgré moi , donné occasion à votre
chagrin. Tous les Instrumens dont on peut
se servir en Mer pour observer la hau
teur des Astres , se réduisent à deux especes ; ou ils se mettent de niveau par
leur propre pesanteur , ou c'est le Pilote
qui les met dans cette situation , en vi
sant à l'horison sensible. Je me suis trouvé dans la nécessité d'examiner ces di
vers Instrumens ; cet examen fait le sujet
de la premiere Partie d'un petit Traité
publié en 1729. qui remporta le Prix proposé par l'Académie Royale des Sciences.
Je me déclarai dans cet Ouvrage pour les
Instrumens de la seconde espece , lesquels
sont en usage depuis longtemps dans la
Marine , et je justifiai mon choix par des
raisons , qui , parcequ'elles sont generales,
donnent l'exclusion à votre demi Cercle,
comme à tous les autres Instrumens qui
sont suspendus de la même maniere. Vollà, je pense , ce qui vous a indisposé contre moi ; car je mets à part tous les autres
motifs. Vous avez trouvé mes raisons trop
fortes , quoique j'aye eu la politesse de >
n'en faire aucune application particuliere;
D elles
695 MERCURE DE FRANCE
elles vous ont fâché en même- temps qu'elles vous ont paru utiles ; et comme vous
avez senti qu'il n'étoit point à propos
d'y répondre , vous vous êtes à la fin crû
obligé d'écrire au moins contre l'endroit où je parlois avantageusement de
vous. Il vous est facile de me réfuter de
cette sorte , et vous pouvez continuer
tant que vous le voudrez , à m'apprendre
toutes les particularitez de votre demi
cercle , avec tout l'appareil d'une réprimande. Il vous importe peu d'ailleurs de
le faire sans aucune apparence de necessité, pouvû que vous puissiez faire croire
qu'il ne s'agis point entre nous d'autre
chose. Mais comme on ne peut point en
imposer au Public , qui est un Juge trop
éclairé , il s'appercevra bien que vous
abandonnez réellement la deffense de votre cause, et que vous ne touchez pointdu
tout au sujet.
Il n'importe point en effet , que j'aye
bien ou mal décrit votre demi Cercle ,
puisque j'ay déclaré moi- même que je ne
le connoissois pas parfaitement. Toute
la question est de sçavoir si j'ai pû cependant le condamner avec tous les autres Instrumens de la même espece. Or
il me suffiroit pour avoir ce droit , de
sçavoir qu'il se plaçoit de niveau par sa
construc
AVRIL. 1732. 697
construction et qu'il étoit suspendu par
sa partie superieure. Car dès lors je pouvois le regarder comme un Pendule dont
l'agitation est continuelle , puisque le Navire est sans cesse sujet pendant sa marche ; ou au tangage ou au roulis , ou à
faire quelques élans , et que son mouvement n'est jamais parfaitement uniforme.
Si l'Instrument étoit suspendu par son
centre de gravité , toutes ses parties participeroient en même temps aux secousses; mais aussi tôt qu'il est suspendu par
un autre endroit , une de ses extrémitez
doit toûjours recevoir par l'entremise des
Ressorts et des Balanciers , l'agitation
du Vaisseau , pendant que les autres parties n'auront encore que leur premier
mouvement , et ainsi il doit être sujet à
faire sans cesse des vibrations , lesquelles
seront encore perpetuées par la main de
l'Observateur , qui est obligé presque
chaque instant de toucher à la Boëte pour
l'orienter , ou à l'Allidade pour la diriger.
Remarquez de plus que quelques foibles
que soient ces vibrations , elles feront
toûjours que l'Instrument perdra sa situa-
*
à
★ Les Balanciers sont des especes de Cercles ou
de Quadres de cuivre , dont on se sert avec des
Pivots à l'oposite l'un de l'autre , pour suspendre en Mer les Boussoles.
Dij tion
98 MERCURE DE FRANCE
tion verticale de plusieurs degrez , et qu'll
la perdra dans divers sens , à cause de
Pirrégularité des secousses. Or en voilà
assez pour rendre deffectueuses presque
toutes les Observations qu'on fera au
Soleil ; d'autant plus que le temps absolument propre à les faire , s'échappe avec
rapidité. Mais ce sera encore toute autre
chose , lorsqu'on voudra la nuit prendre
la hauteur des Etoiles. Car comment voulez vous pendant que votre demi Cercle
sera agité et que l'Observateur sera aussi
exposé de son côté à un grand mouvement et à un mouvement qui n'a aucune
conformité avec celui du demi Cercle ,
puisque l'Observateur est toûjours obligé
de s'incliner d'un côté lorsque le Navire
s'incline de l'autre, comment voulez- vous
que pendant cette complication de deux
ou trois mouvemens qui ne s'accordent
point , le Pilote puisse appliquer l'œil à
une Pinule extrémement étroite , et viser
à un objet aussi difficile à saisir qu'une
Etoile Vous devez bien sentir que cela
est absolument impossible avec tous les
Instrumens de l'espece du vôtre , sans
aucune exception ; et que pour réüssir
dans une pareille Observation , on est
obligé, comme je l'ai toûjours soutenu ,
d'employer ceux qui sont actuellement
›
en
A VRIE 17327 699
en usage. Car il faut qu'on puisse ôter
à l'Instrument dont on se sert , tous ses
balancemens particuliers et l'assujettir
contre l'œil et il faut parçonséquent
que le Pilote se charge de tout le soin
de le disposer en visant à l'horison sen- sible.
>
Mais je serois obligé de transcrire
presque toute la premiere Partie de mon
petit Traité , si je voulois vous rapporter
toutes les choses qui vous interessent et
auxquelles vous n'entreprenez point de
répondre. Je pourrois cependant encore
ajouter, maintenant que je connois mieux
votre demi Cercle , que comme une de
ses graduations est conforme à celle de
l'Anneau Astronomique , il doit être extrémement difficile de distinguer avec
exactitude les scrupules du degré, et que
ce n'a pû être que par hazard , ou parce
que vous sçaviez d'avance la hauteur que
vous deviez trouver , que vous ne vous
êtes trompé à Brest que d'environ une
minute. Je pourrois encore vous montrer combien est inutile la suspension que
vous employez , faute d'avoir fait attention qu'on ne doit se servir de Balancier
que lorsqu'on veut suspendre quelque
chose par un point qui est interieur et
qui ne se presente pas aisément. Est-il
Diij question
700 MERCURE DE FRANCE
question de suspendre une Boussole où
une Lampe par un point qu'on ne peut
point aller chercher au- dedans , il faut
dans cette rencontre mettte un Balancier
par dehors. Mais ce n'est plus la même.
chose , aussi- tôt qu'il s'agit de suspendre
un corps par un endroit qui est exterieur
et qu'on peut saisir sans peine. Car tous
les Balanciers que vous mettriez , ne serviroient qu'à rendre immobile un certain
point par rapport à la Boëte et aussi- tôt
que vous en avez la commodité, vous devez bien plutôt suspendre l'Instrument
immédiatement à ce point , sans rendre
inutilement la Machine plus composée et
plus sujette à se déranger. J'insisterois
sur toutes ces choses et je tâcherois de les
porter jusqu'à la derniere évidence, si je ne.
voyois quevous ne donnez aucuneatteinte
à mes premieres Remarques , et que vous
les laissez subsister dans toute leur force..
Je vois d'ailleurs qu'elles ont fait quelque impression sur vous , et qu'elles ne
vous ont pas été inutiles. Car vous avez
depuis changé d'avis dans la construction
d'un autre Instrument destiné encore à
des usages nautiques. Il s'agit , dans un
Ouvrage que vous venez de donner au
Public , de la suspension des Boussoles , et
quoiqu'elles ayent déja un Balancier comme
AVRIL. 1732. 701
me votre demi Cercle , vous reconnoissez néanmoins que tant qu'elles sont appliquées sur quelque chose qui tient au
Vaisseau , elles en reçoivent tous les mou
vemens , et que les Observations se trouvent par là dérangées ; parce que , ditesvous , (a) tantôt le Soleil ne peut être vû
par la fenêtre qui est du côté de l'Observateur, que beaucoup au- dessus ou aux côtez
de lafenêtre opposée à cause du mouvement,
comme lorsque le Vaisseau est incliné du côté
du Soleil on àla droite ou à lagauche, de
PObservateur , lorsqu'il fait Observation ;
et tantôt , &c. C'est pourquoi vous aimez
mieux maintenant laisser au Pilote le soin
de donner à l'Instrument la situation
qu'il doit avoir, et cela parce que (b) le
Pilote , par une habitude qui lui est enpar tie devenuë naturelle à la Mer, entretenant
assez bien son corps en équilibre , et en même temps l'Instrument qui qui lui sert lui sert pour observer la latitude , quoique dans ce temps- la le Vaisseau incline considerablement , tantôt
d'un côté, tantôt de l'autre , à cause du roulis et du Tangage, il entretiendra cet Instrument dans le même équilibre de son corps.
lorsqu'il s'en servira pour observer la déclinaison de l'Aiguille aimantée , tant au Soleil qu'aux Etoiles , ce qui rendra l'Obser-
(a) Au bas de la page 6. (b) Page 17.
Diiij vation
702 MERCURE DE FRANCE
vation bien plus seure. Je vous félicite,
Monsieur , sur votre changement , mais
souffrez en même-temps que je m'en pré
vale ; puisque vous mettez vous même le
sceau à votre condamnation en employant contre les Boussoles ordinaires ,
les mêmes raisons , aux termes près , que
j'avois déja employées contre votre demiCercle.
•
Après cela je ne suis plus étonné si vous
ne lui donnez plus la préference sur l'Arbalestrille ni sur le quartier Anglois ordinaire , et si vous n'entreprenez pas même de la comparer à un Instrument que
j'ai proposé , qui est soutenu par son centre de gravité et qui est parconsequent
de même espece que le vôtre, quoique
je le croye beaucoup mieux suspendu.
Tout ce que vous prétendez faire , c'est
de montrer que je me suis mépris lorsque j'ai préferé le quart de Cercle formé
d'un seul Arc , non- pas à votre demi Cercle , dont il n'étoit plus question , mais
au quartier Anglois ordinaire. Que j'aye
cependant bien ou mal choisi dans cette
derniere circonstance , le sort de votre
Instrument ne change point ; et si je ne
me suis trompé que dans cette rencontre,
j'ai toûjours eu l'avantage de rendre un
service assez considerable au Public , en
pros-
A-V R- IL. 17.320 703
·
proscrivant toutes ces diverses suspensions , dons on vouloit , mal à propos
lui faire embrasser l'usage. Mais de quelle
manieré prouvez- vous que le quart de
Cercle formé d'un seul Arc , est moins
exact que le quartier Anglois ? La nature
de vos preuves me dispense d'y répondre.
Il s'agit d'un changement fait il y a plus
d'un siecle ; il s'agit de sçavoir les motifs
qui ont déterminé à le faire , et vous m'alleguez pour cela l'experience des Marins
d'aujourd'hui. Nous avons une suite de
Traités de Navigation, qui nous marquent
les divers progrès du Pilotage ; Pierre de
Médine et Pierre Nonius en Espagne et
en Portugal; Willebrod Snellius et plu- sieurs autres en Hollande ; M. Denis et
les P. Fournier et Dechales en France ,
ont écrit sur cet Art , et nous en ont représenté tous les differens âges. Mais vous
ne consultez point ces Livres ; vous vous
adressez à nos Pilotes , pour qu'ils vous
rendent compte d'une chose qu'ils doivent encore moins sçavoir que vous, puisqu'elle ne s'est point passée sous leurs
yeux ni de leur temps , et qu'elle n'est
pour eux qu'un point de pure spéculation. De grace , Monsieur , ne renversez
pas ainsi une autre fois l'ordre des cho
ses ou si à la honte des Professeurs
Dv VOUS
2
My
704 MERCURE DE FRANCE
vous suivez encore une pareille conduite,
faites au moins assez usage de vos lumieres , pour peser les réponses que les Pilotes vous feront. Ils vous ont assuré ,
dites-vous , qu'on a abandonné l'usage du
quart de Cerclé formé d'un seul " Arc ,
parce qu'on a experimentéque cet Instrument est sujet à tel et tel inconvenient.
Mais ne deviez- vous pas penser qu'on ne
peut rien établir sur une experience que
personne n'a vûë et que personne ne peut
attester ? ne deviez - vous pas encore examiner si les inconveniens dont on vous
parloit, étoient réels , et s'il n'étoit pas
possible de les lever ?
Je finis , Monsieur , en vous assurant
que comme je n'ai que faire d'en venir
à l'experience pour sçavoir ce que je dois
penser de votre demi Cercle , je ne crois
pas que je me donne jamais la peine d'en
faire l'essai. Je m'imagine bien que vous
me ferez encore un crime de ce que je
persiste ainsi à condamner une Production qui a été approuvée par une Compagnie , dont je suis plus interessé que
personne au monde , à faire valoir les
Jugemens. Ce reproche me toucheroit ,
s'il n'étoit aussi mal fondé que les autres;
et si l'Académie des Sciences , qui prononce toûjours avec autant de prudence
que
AVRIL 1732 705
que de lumieres , n'avoit pas eu le soin
de mettre de sages restrictions à l'Approbation qu'elle vous donna. Cette Compagnie a , outre cela , assez montré depuis
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé
la question en votre faveur , puisqu'elle
en a fait le sujet du Prix qui fut distri-,
bué en 1729. et dont elle m'honora. Objectez-moi encore , si vous le voulez , que
je n'ai point été en Mer ; je vous répondrai que si dans certaines matieres de Marine , la premiere chose est d'acquerir des
connoissances de fait , et de se former
une juste idée des mouvemens de la Mer
et de ceux du Vaisseau , le point le plus
essentiel et en même- temps le plus dif.
ficile , est de penetrer la cause de tous
ces mouvemens et d'être en état d'en prévoir les divers effets ; et j'ajouterai qu'on
peut s'appliquer à tout cela avec autant
de succès à Terre que dans tout autre
endroit. Je dois aussi me rendre ce bon
témoignage , puisque vous m'y obligez ,
que quoique je connusse tout le péril
qu'il y avoit à venir remplir une place
que vous aviez occupée , vous qui avez
-fait un voyage de long cours ; personne
ne s'est encore apperçu ici que je n'aye
cultivé l'Hydrographie que dans le Cabinet. J'ai l'honneur d'être , malgré tous
D vj nos
7c6 MERCURE DE FRANCE
nos differends , avec bien de la conside
ration , Monsieur , votre , &c. -
Au Havre , le premier d'Avril 1732.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Bouguer, à M. Meynier, au sujet d'un Ecrit inseré dans le Mercure de France du mois de Février dernier, page 274. et suiv.
La lettre de M. Bouguer à M. Méchain répond à des critiques publiées dans le Mercure de France de février précédent concernant une description de son demi-cercle. Bouguer affirme que ses remarques étaient bienveillantes et non malveillantes. Il reconnaît ne pas avoir une connaissance parfaite du demi-cercle de Méchain mais exprime des réserves sur son utilisation en mer. Bouguer rappelle avoir publié un traité en 1729, récompensé par l'Académie Royale des Sciences, où il justifiait l'usage d'instruments de la seconde espèce, ceux que le pilote met en niveau en visant l'horizon sensible. Il pense que Méchain s'est offensé car ses raisons excluaient les instruments suspendus, comme le demi-cercle. Bouguer détaille les inconvénients des instruments suspendus, notamment les vibrations causées par le tangage et le roulis du navire, rendant les observations astronomiques imprécises. Il insiste sur l'impossibilité d'utiliser efficacement ces instruments pour observer les étoiles en raison des mouvements contradictoires du navire et de l'observateur. Il note également que Méchain a modifié sa position sur la suspension des boussoles, reconnaissant les problèmes soulevés par Bouguer. Méchain préfère désormais laisser au pilote le soin de mettre l'instrument en niveau, ce que Bouguer considère comme une validation de ses arguments. Bouguer critique Méchain pour ne pas avoir consulté les traités historiques de navigation et pour se fier uniquement aux expériences actuelles des marins, ce qui est insuffisant pour juger des évolutions passées. Par ailleurs, un texte daté du 1er avril 1732 conteste l'abandon de l'usage d'un quart de cercle formé d'un seul arc. L'auteur critique l'absence de preuves concrètes et d'expériences vérifiables concernant les inconvénients supposés de cet instrument. Il souligne l'importance de vérifier la réalité de ces inconvénients et la possibilité de les surmonter. Il exprime son refus de tester cet instrument, affirmant qu'il n'a pas besoin d'expérience pour se forger une opinion. L'auteur mentionne que l'Académie des Sciences a approuvé le quart de cercle avec des restrictions et a fait de son évaluation le sujet d'un prix en 1729. Il reconnaît ne pas avoir navigué mais affirme que la compréhension des mouvements marins et la prédiction de leurs effets peuvent être étudiées à terre avec succès. Enfin, il se défend d'avoir négligé l'hydrographie et affirme avoir cultivé cette discipline dans son cabinet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
410
p. 738
SECONDE ENIGME.
Début :
Mon origine est incertaine, [...]
Mots clefs :
Boussole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE ENIGME.
SECONDE ENIGME.
Monorigine est incertaine ,
Mais on me dit communément ,
Ou Chinoise ou Napolitaine.
Je navige très-fréquemment ,
Et l'Empire affreux de Neptune ,
Que mon sexe a tant en horreur ,
Ne m'inspire point de terreur ;
Quand l'homme y va chercher fortune,
Il ne l'entreprend pas sans moi;
Sans moi , foible est son esperance.
Je possede sa confiance ,
Sans que je devine pourquoi ;
Car chez moi ce n'est qu'inconstance
Que foiblesse et fragilité ;
Souvent une vivacité ,
Qu'on prendroit pour extravagance.
A me consulter empressé,
Malgré ces deffauts , plus d'un sage ,
Atrès- souvent eu l'avantage ,
De 'se voir par moi redressé.
P.D. F. de Granville , en Normandie.
Monorigine est incertaine ,
Mais on me dit communément ,
Ou Chinoise ou Napolitaine.
Je navige très-fréquemment ,
Et l'Empire affreux de Neptune ,
Que mon sexe a tant en horreur ,
Ne m'inspire point de terreur ;
Quand l'homme y va chercher fortune,
Il ne l'entreprend pas sans moi;
Sans moi , foible est son esperance.
Je possede sa confiance ,
Sans que je devine pourquoi ;
Car chez moi ce n'est qu'inconstance
Que foiblesse et fragilité ;
Souvent une vivacité ,
Qu'on prendroit pour extravagance.
A me consulter empressé,
Malgré ces deffauts , plus d'un sage ,
Atrès- souvent eu l'avantage ,
De 'se voir par moi redressé.
P.D. F. de Granville , en Normandie.
Fermer
411
p. 882-887
MEMOIRE au sujet d'un nouveau Calendrier.
Début :
Voicy un Ouvrage qui a été déposé par l'Auteur [...]
Mots clefs :
Calendrier, Hémisphère, Astronomes, Epacte, Lune, Éclipses de soleil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE au sujet d'un nouveau Calendrier.
MEMOIRE au sujet d'un nouveau
Calendrier.
Oicy un Ouvrage qui a été déposé
Vopar l'Auteur à la Bibliotheque de
l'Abbaye Royale de S. Germain des Prezlez- Paris , dont la Reconnoissance a été
donnée par les RR. P P. Dom Martin
Bouquet et Louis Lemrault , Bibliothe
quaires , le 20. Avril 1732.
DE '
882 MERCURE DE FRANCE
DECOUVERTE faiteparun travail consommé.
CREATION d'un nouveau Calendrier
pour toutes les parties du Monde , composépar le calcul Astronomique , dont le
point a été pris l'année d'une grande
Eclipse de Soleil , arrivée en 1706. sous
notre Hemisphere , qui accorde l'Ecclesiastique , le Civil , les Conciles et le sentiment des PP. de l'Eglise. Cette Découverte peut servir non- seulement pour
l'Eglise Romaine , mais encore pour
Toutes les Nations de la Terre , de toutes sortes de Religions dans l'un et
l'autre Hemisphere. Rien de plus clair
et de plus simple dans son principe lorsqu'on l'a trouvé. Rien de plus obscur, de
plus composé et de plus difficile quand on le cherche.
L'Auteur de cet Ouvrage prie tous les
Astronomes du siecle , de lui faire l'honneur de venir à la Bibliotheque de l'Abbaye Royale S. Germain , pour être présens à ce qu'il démontrera en public , il
y aura , dit-il , deux Assemblées par Semaine; sçavoir , les Lundis et Vendredis.
11 est penetré des devoirs sacrez qu'il
doit à sa Religion , au Roy et à sa Patrie,
à laquelle il est attaché comme l'Epouse
la
M A Y. 1732. 853
la plus fidelle et la plus vertueuse l'est
à son Epoux.
L'Auteur ne veut pas aller chercher
une fortune ailleurs , il espere la trouver
dans le sein de sa Patrie, et il ne veut jamais s'en séparer.
Il prie Messieurs de l'Académie Royale des Sciences et tous les Sçavans en ce
genre , d'honorer les Assemblées de leur
présence > pour être témoins de ce que
' Auteur démontrera ; il promet de développer des choses qui n'ont pû être acquises que par un travail consommé ,
ce qui produira les effets qu'il annonce
dans tous les siecles passez , présent et à
venir.
L'Auteur s'oblige de répondre sur le
champ , en présence de l'Assemblée , à
toutes les difficultez imaginables, de quelle
nature qu'elles puissent être , concernant
la matiere qu'il traite , sans apporter pour
excuse qu'il n'avoit pas prévû la difficulté
qu'on lui fait. Outre les Assemblées , of
peut le consulter en particulier tous les
jours à la Bibliotheque de S. Germain , où
tous les Sçavans seront bien reçûs depuis
9. heures du matin jusqu'à rr. et depuis
3. heures après midi jusqu'à 6. heures du
soir , il expliquera toutes les difficultez
qu'on pourra lui opposer.
C Voici
$84 MERCURE DE FRANCE
Voici deux Observations faites par deux
celebres Astronomes dans les deux Hemispheres , l'année d'une grande Eclipse
de Soleil , arrivée en 1706. qui sert de
point fixe.
L'Epacte Astronomique de notreHemisphere a été calculée sous le méridien de
Mantoüe en Italie , où l'Auteur étoit pour
lors ; cette Epacte s'est trouvée suivant le
calcul de l'Eclipse de 16. p. 15. h. 28" 45" ,
elle con-vient à tous les Méridiens de notre Hemisphere , et c'est par cette Epacte
qu'il est remonté jusqu'à la Naissance de
J.C.et ensuite il est descendu jusqu'à 6400.
ans pour avoir la découverte complete.
Suivant le calcul d'un Astronome de
l'autre Hemisphere , l'Epacte Astronomique a été trouvée de 17. p. 8. h. 31'15"-
Nous prenons pour point fixe le 23. Mars
dans l'une et l'autre Partie du monde , et
nous cherchons la nouvelle Lune la plus
proche de ce point que nous trouvons le
14.Mars, ce 14. étoit un Dimanche, le plein
de la Lune étoit le 27. Mars , ce 27. étoit
un Samedy, la Lune étoit dans son 14.
et le 28. étoit un Dimanche , qui , selon
les Chrétiens , est la vraie Pâque.
Tous ces points sont égaux à ceux de
notre Hemisphere , puisqu'ils s'accordent
en tous sens, l'Epacte Astronomique étant
de
MAY. 1732. * 85
de 16. p. 15. h. 28 ' 45 ". suivant le Civil
on doit compter 17. d'Epacte, à cause
-que les heures qui suivent les jours passent 12. heures on compte un jour civil,
parce que le jour astronomique anticipe.
sur le jour civil , afin de s'approcher toû
jours de plus en plus de l'Equinoxe et de
faire accorder les deux Hemispheres.
,
On prie les Astronomes de faire at
tention à ce que l'Auteur découvre. Il démontrera par le même principe quel
quantiéme a été celebrée la premiere Pâque du Christianisme ou pour mieux s'expliquer , il démontrera la Pâque qui a
été celebrée il y a 169 8. ans , qui est l'an
34. de J. C. qui selon les Chronologistes
Sacrez , est l'an que J. C. est mort ;
suivant notre Hemisphere l'Epacte astronomique étoit de 24. j . 6. h. 58' 29". la
nouvelle Lune la plus proche du 23 Mars
étoit le 6. Avril , qui se trouvoit un
Jeudy, parce que l'an 34 la Lettre Dominicale étoit A. le plein étoit le 19. Avril,
qui tomboit un Mercredy; la Lune étoit
ce jour- là dans son 14. le Vendredy- Saint
étoit le 21. Avril, et le Dimanche sui
vant étoit le 23. Avril pour la premiere
Pâque du Christianisme.
C'est par cette raison que l'Eglise a
tegléquele plein qui seroit le plus proche
Cij
de
886 MERCURE DE FRANCE
6
,
de l'Equinoxe seroit le plein de la Lune
Pascale , et que le Dimanche immédiatement après,seroit la Pâque des Chrétiens;
mais lorsque le plein tomberoit un Dimanche , pour ne pas faire la Pâque avec
les Juifs, on la remettroit toûjours au Dimanche suivant, pour suivre une conformité et une regle précise dans tout le
Christianisme ; et afin que toutes les Nations de la terre suivent cette regle , il
faut donc donner un calcul infaillible
qui ne s'écarte en rien du vrai , de la maniere que l'Auteur le démontre.
6
Il donne un Calcul , non-seulement
pour toute l'Europe , mais encore pour
toutes les parties de la Terre ; danslautre Hemisphere l'Epacte Astronomique
de l'an 34. de J. C. est de 23.j. 17. h.
1'31" , égal à 24..jours pour le civil, qui
donnera les nouvelles et pleines Lunes
Paschales , et si la Religion Chrétienneey.
étoit établie , on celebreroit la Pâque
le même jour qu'ici.
1 .
On prie les personnes consommées en
Astronomie et dans la matiere en question , de faire l'honneur de répondre à
Auteur , il donnera tous les mois quelque chose de nouveau et de très- interessant , qu'il espere être bien reçû du
Public. Il y a près de trente ans que cet
MAY. 17320 887
cet Auteur vit dans l'obscurité , il est
témps qu'il se fasse connoître avec son
Ouvrage.
Calendrier.
Oicy un Ouvrage qui a été déposé
Vopar l'Auteur à la Bibliotheque de
l'Abbaye Royale de S. Germain des Prezlez- Paris , dont la Reconnoissance a été
donnée par les RR. P P. Dom Martin
Bouquet et Louis Lemrault , Bibliothe
quaires , le 20. Avril 1732.
DE '
882 MERCURE DE FRANCE
DECOUVERTE faiteparun travail consommé.
CREATION d'un nouveau Calendrier
pour toutes les parties du Monde , composépar le calcul Astronomique , dont le
point a été pris l'année d'une grande
Eclipse de Soleil , arrivée en 1706. sous
notre Hemisphere , qui accorde l'Ecclesiastique , le Civil , les Conciles et le sentiment des PP. de l'Eglise. Cette Découverte peut servir non- seulement pour
l'Eglise Romaine , mais encore pour
Toutes les Nations de la Terre , de toutes sortes de Religions dans l'un et
l'autre Hemisphere. Rien de plus clair
et de plus simple dans son principe lorsqu'on l'a trouvé. Rien de plus obscur, de
plus composé et de plus difficile quand on le cherche.
L'Auteur de cet Ouvrage prie tous les
Astronomes du siecle , de lui faire l'honneur de venir à la Bibliotheque de l'Abbaye Royale S. Germain , pour être présens à ce qu'il démontrera en public , il
y aura , dit-il , deux Assemblées par Semaine; sçavoir , les Lundis et Vendredis.
11 est penetré des devoirs sacrez qu'il
doit à sa Religion , au Roy et à sa Patrie,
à laquelle il est attaché comme l'Epouse
la
M A Y. 1732. 853
la plus fidelle et la plus vertueuse l'est
à son Epoux.
L'Auteur ne veut pas aller chercher
une fortune ailleurs , il espere la trouver
dans le sein de sa Patrie, et il ne veut jamais s'en séparer.
Il prie Messieurs de l'Académie Royale des Sciences et tous les Sçavans en ce
genre , d'honorer les Assemblées de leur
présence > pour être témoins de ce que
' Auteur démontrera ; il promet de développer des choses qui n'ont pû être acquises que par un travail consommé ,
ce qui produira les effets qu'il annonce
dans tous les siecles passez , présent et à
venir.
L'Auteur s'oblige de répondre sur le
champ , en présence de l'Assemblée , à
toutes les difficultez imaginables, de quelle
nature qu'elles puissent être , concernant
la matiere qu'il traite , sans apporter pour
excuse qu'il n'avoit pas prévû la difficulté
qu'on lui fait. Outre les Assemblées , of
peut le consulter en particulier tous les
jours à la Bibliotheque de S. Germain , où
tous les Sçavans seront bien reçûs depuis
9. heures du matin jusqu'à rr. et depuis
3. heures après midi jusqu'à 6. heures du
soir , il expliquera toutes les difficultez
qu'on pourra lui opposer.
C Voici
$84 MERCURE DE FRANCE
Voici deux Observations faites par deux
celebres Astronomes dans les deux Hemispheres , l'année d'une grande Eclipse
de Soleil , arrivée en 1706. qui sert de
point fixe.
L'Epacte Astronomique de notreHemisphere a été calculée sous le méridien de
Mantoüe en Italie , où l'Auteur étoit pour
lors ; cette Epacte s'est trouvée suivant le
calcul de l'Eclipse de 16. p. 15. h. 28" 45" ,
elle con-vient à tous les Méridiens de notre Hemisphere , et c'est par cette Epacte
qu'il est remonté jusqu'à la Naissance de
J.C.et ensuite il est descendu jusqu'à 6400.
ans pour avoir la découverte complete.
Suivant le calcul d'un Astronome de
l'autre Hemisphere , l'Epacte Astronomique a été trouvée de 17. p. 8. h. 31'15"-
Nous prenons pour point fixe le 23. Mars
dans l'une et l'autre Partie du monde , et
nous cherchons la nouvelle Lune la plus
proche de ce point que nous trouvons le
14.Mars, ce 14. étoit un Dimanche, le plein
de la Lune étoit le 27. Mars , ce 27. étoit
un Samedy, la Lune étoit dans son 14.
et le 28. étoit un Dimanche , qui , selon
les Chrétiens , est la vraie Pâque.
Tous ces points sont égaux à ceux de
notre Hemisphere , puisqu'ils s'accordent
en tous sens, l'Epacte Astronomique étant
de
MAY. 1732. * 85
de 16. p. 15. h. 28 ' 45 ". suivant le Civil
on doit compter 17. d'Epacte, à cause
-que les heures qui suivent les jours passent 12. heures on compte un jour civil,
parce que le jour astronomique anticipe.
sur le jour civil , afin de s'approcher toû
jours de plus en plus de l'Equinoxe et de
faire accorder les deux Hemispheres.
,
On prie les Astronomes de faire at
tention à ce que l'Auteur découvre. Il démontrera par le même principe quel
quantiéme a été celebrée la premiere Pâque du Christianisme ou pour mieux s'expliquer , il démontrera la Pâque qui a
été celebrée il y a 169 8. ans , qui est l'an
34. de J. C. qui selon les Chronologistes
Sacrez , est l'an que J. C. est mort ;
suivant notre Hemisphere l'Epacte astronomique étoit de 24. j . 6. h. 58' 29". la
nouvelle Lune la plus proche du 23 Mars
étoit le 6. Avril , qui se trouvoit un
Jeudy, parce que l'an 34 la Lettre Dominicale étoit A. le plein étoit le 19. Avril,
qui tomboit un Mercredy; la Lune étoit
ce jour- là dans son 14. le Vendredy- Saint
étoit le 21. Avril, et le Dimanche sui
vant étoit le 23. Avril pour la premiere
Pâque du Christianisme.
C'est par cette raison que l'Eglise a
tegléquele plein qui seroit le plus proche
Cij
de
886 MERCURE DE FRANCE
6
,
de l'Equinoxe seroit le plein de la Lune
Pascale , et que le Dimanche immédiatement après,seroit la Pâque des Chrétiens;
mais lorsque le plein tomberoit un Dimanche , pour ne pas faire la Pâque avec
les Juifs, on la remettroit toûjours au Dimanche suivant, pour suivre une conformité et une regle précise dans tout le
Christianisme ; et afin que toutes les Nations de la terre suivent cette regle , il
faut donc donner un calcul infaillible
qui ne s'écarte en rien du vrai , de la maniere que l'Auteur le démontre.
6
Il donne un Calcul , non-seulement
pour toute l'Europe , mais encore pour
toutes les parties de la Terre ; danslautre Hemisphere l'Epacte Astronomique
de l'an 34. de J. C. est de 23.j. 17. h.
1'31" , égal à 24..jours pour le civil, qui
donnera les nouvelles et pleines Lunes
Paschales , et si la Religion Chrétienneey.
étoit établie , on celebreroit la Pâque
le même jour qu'ici.
1 .
On prie les personnes consommées en
Astronomie et dans la matiere en question , de faire l'honneur de répondre à
Auteur , il donnera tous les mois quelque chose de nouveau et de très- interessant , qu'il espere être bien reçû du
Public. Il y a près de trente ans que cet
MAY. 17320 887
cet Auteur vit dans l'obscurité , il est
témps qu'il se fasse connoître avec son
Ouvrage.
Fermer
Résumé : MEMOIRE au sujet d'un nouveau Calendrier.
Le texte décrit un mémoire relatif à la création d'un nouveau calendrier fondé sur des calculs astronomiques. L'auteur a déposé son ouvrage à la Bibliothèque de l'Abbaye Royale de Saint-Germain-des-Prés à Paris, où il a été reconnu le 20 avril 1732. Ce calendrier, élaboré à partir d'une grande éclipse solaire observée en 1706, vise à harmoniser les calendriers ecclésiastique, civil et les conciles, tout en étant applicable à toutes les nations et religions du monde. L'auteur convie les astronomes et les savants à des démonstrations publiques à la bibliothèque, les lundis et vendredis, pour examiner son travail. Il s'engage à répondre à toutes les questions et à expliquer les difficultés liées à son calendrier. L'auteur mentionne des observations astronomiques réalisées en 1706, servant de point fixe pour ses calculs. Il démontre comment ces observations permettent de déterminer la date de la Pâque chrétienne, notamment celle de l'an 34, année supposée de la mort de Jésus-Christ. Le calendrier proposé est conçu pour être universel, applicable à toutes les parties du monde, et pour fournir un calcul infaillible afin de standardiser la célébration de la Pâque chrétienne. L'auteur espère ainsi se faire connaître après avoir vécu dans l'obscurité pendant près de trente ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
412
p. 890-898
WAMPIRS, fait singulier et des plus extraordinaires, s'il est vrai.
Début :
Voicy le rapport des Chirurgiens Impériaux, sur ce qui s'est [...]
Mots clefs :
Vampires, Sang, Mort, Jour, Chirurgiens, Maladie, Corps, Médugion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : WAMPIRS, fait singulier et des plus extraordinaires, s'il est vrai.
WAMPIRS, fait singulier et des plus .
extraordinaires , s'il est vrai.
Oicy le rapport des Chirurgiens
V. Impériaux , sur pur cece qui s'est s'est trouvé
en Servie au Village de Médugion , sur
les Frontieres de la Turquie , au sujet des
Wampirs; c'est le nom qu'on donne en
ce
MAY. 1732. 891
ce Païs , à des gens , qui après leur mort
viennent , dit- on , sucer les vivans.
Sur l'avis qui fût donné que dans le
Village de Médugion , certains Wampirs
avoient fait mourir quelques personnes
en les suçant. J'ai été envoyé sur les
lieux par l'ordre du Commandant de ces
quartiers, pour examiner la chose à fond
avec deux Officiers et deux Chirurgiens ,
commandez , à cet effét ; et j'ai fait l'in
formation suivante , en présence de tous
les Chefs du Village , du Gerschita , Càpitaine des Haiduchs, du Hadnach, du Fariala , et des plus anciens Hayduchs du
village, ce qui s'est passé en cette maniere:
3
Après les interrogatoires requis , tous
les gens du Village ont dit unanimement
que depuis, environ 5 ans , un Hayduch
du Païs , nommé Arnoud - Parte , lequel
s'étoit cassé le col en tombant du haut
d'un Chariot à foin , et avoit souvent raconté pendant sa vie , que près de Gossera , dans la Servie Turque , il avoit été
toarmenté par un Wampirs , et qu'il
avoit ensuite mangé la terre de sa fosse et
s'étoit frotté de son sang , pour se déli
vrer de ce tourment ; que 20 ou 30 jours
après la mort de ce Hayduch , quelques
personnes s'étoient plaintes d'avoir été
tourmentées par le même Arnoud, et
Cv qu'en
892 MERCURE DE FRANCE
qu'en effet cinq personnes en étoient
mortes ; que d'abord pour arrêter ce mal¸
on avoit été, du conseil de leur Hadnach,
qui s'étoit trouvé cn pareil cas ,
déterrer
corps d'Arnoud-Parte environ 40 jours
après sa mort , et qu'on avoit trouvé qu'il
étoit encore entier , sans aucune corruple
tion ; que le sang lui couloit encore tout
frais des yeux , du nez , de la bouche et
des oreilles , que son drap , sa chemise et
son cercueil , étoient pleins de sang , que
les ongles des mains et des pieds lui
étoient tombez avec la peau , et qu'il lui
en croissoit d'autres ; que comme on reconnut que c'étoit un véritable Wampir ,
on lui enfonça , selon la coutume , un
Pal à travers du cœur , sur quoi il fit un
petit crachement , et la playe,rendit une
grande quantité de sang ; on brula le cadavre le même jour , et on jetta les cendres dans la fosse.
Les mêmes gens ont encore dit , que,
tous ceux qui sont tourmentez par les
Wampirs. et qui en meurent, deviennent
aussi Wampirs eux - mêmes , et que c'est
pour cela qu'ils firent la même opération
sur les cinq personnes dont on a parlé s
Ils ajoutent encore que le même ArnoudParte, attaquoit et suivoit non- seulementles hommes , mais aussi les bestiaux , et
que
MAY. 1732. 893
que comme illyy avoit des personnes qui
avoient mangé de leur chair , on s'appercevoit de nouveau dans le païs qu'il s'y
trouvoit beaucoup de Vvampirs ; de sorte
qu'en trois mois de temps , la mort avoit
enlevé 17 personnes , tant jeunes que
vieux , dont quelques uns étoient morts
en deux ou trois jours sans avoir été malades.
Le Hayduc Jorvina a déposé de plus ;
qu'il y avoit environ 20 jours que sa bru,
nommée Stanaha , s'étoit mise au lit en
bonne santé , et s'étant reveillée en sursaut , avec un cri , une frayeur , et un
tremblement extraordinaire , se plaignit
d'avoir été sucée au col par le fils d'un
Hayduc , nommé Miller , mort depuis 9
semaines , dont elle avoit senti une gran
de douleur à la poitrine ; et que se trouvant plus mal d'heure en heure , elle étoit
enfin morte au bout de trois jours..
Le même jour après midi , nous nous
transportames au Cimetiere , accompagnez des mêmes Ouvriers Hayducs dut
Village , pour faire ouvrir les tombeaux
suspects , et en faire visiter les corps ; ce
qu'ayant fait,nous trouvâmes: 1 ° .Une fem
me , nommée Stana, qui étoit morte,âgée
de 20 ans, après une maladie de trois jours ,
causée par ses couches , et qui avoit dic
I
Cvj, avant
894 MERCURE DE FRANCE
ayant sa mort, s'être frottée du sang d'un
Wampir , dont elle et son enfant , mort
aussi-tôt après sa naissance , et qui avoit
été encore mangé par les chiens , parce
que sa fosse n'étoit pas assez profonde
étoient devenus Wampirs.
Cette femme étoit toute entiere , sans
pourriture. Après l'ouverture du corps on
lui trouva quantité de sangextravasé dans
la cavité de la poitrine , les vaisscaux ,
comme arteres et veines , avec les ventri
cules du cœur , n'étoient pas , comme il
sont ordinairement , remplis de sang coagulé; tous les visceres , comme le poulmon et le foye , l'estomac , la ratte et le
reste des intestins , étant aussi sains que
dans une personne en santé, mais la matrice étoit fort grande et intérieurement
enflammée, parce que l'arriere- faix et les
vuidanges y étoient restez , ce qui avoit
causé une entiere pourriture. La peau des
mains et des pieds , de même que les ongles tomboient d'eux - mêmes , et il reparoissoit à la place de nouveaux ongles ep
une nouvelle peau fraiche et vive.
2. Nous déterrames une autre femme,
nommée Mélica , qui étoit morte , âgée
d'environ 60 ans , après une maladie de 3
mois on lui trouva dans la poitrine beaucoup de sang liquide , le reste des entrailles
...
MAY. 1732. 8955
les étoit comme dans l'autre femme , en
bon état. Tous les Hayduchs qui étoient
présens à la dissection , furent fort étonnéz de la graisse et de l'embonpoint de
cette femme, disant unanimement l'avoir
très-bien connue dès sa jeunesse , et que
pendant sa vie elle avoit été toujours fort :
maigre et fort seche. Ils ajoutoient unanimement qu'il falloit que cet embonpoint
fut venu dans le tombeau , et que selon
le rapport des gens du lieu , c'étoit elle..
qui avoit été la premiere desWampirsd'àpresent , parce qu'elle avoit mangé de la chair des Brebis qui avoient été tuées par
les Wampirs précédens..
3. Nous trouvames un enfant de huit
jours , enterré depuis trois mois , lequel ™
étoit pareillement dans le même état des
Wampirs
4. Le fils d'an Hayduch ; nommé Millot , mort à 16 ans , après une maladie de
trois jours , et enterré depuis neuf semaines , fut trouvé dans le même état des
Wampirs.
5. Un Hayduch, nommé Joachin, mort
à 17 ans , après 2 jours de maladie , et enterré depuis 8 semaines.
6. Une femme , nommée Ruscha, morte
après dix jours de maladie , et enterrée .
depuis six semaines ; on trouva beaucoup
de
896 MERCURE DE FRANCE
de sang tout frais , non- seulement dans la
poitrine , mais aussi au fond du ventricule; la même chose fut observée à l'égard
de son enfant , qui étoit mort depuis cinq
semaines , âgé de 18 ans.
7. Une jeune fille de dix ans , morte depuis 2 mois , pareillement toute entiere
et avec du sang dans la poitrine.
8. La femme d'un Hayduch , avec un
enfant , laquelle étoit morte depuis 7 semaines, et son enfant mort depuis 15 jours
âgé de 8 ans ; la mere et l'enfant furent
trouvez tout pourris , quoiqu'enterrez
tout auprès des Wampirs.
9. Le Valet d'un Caporal de Heyduchs,
d'un païs nommé Rad , mort âgé de 23:
ans , après trois mois de maladie , et enterré depuis 5 semaines , fut trouvé en
tierement pourri .
10. Lafemme du Bariactar du lieu, avec
son enfant, mort depuis six semaines, pareillement pourris.
11. Auprès du même , un Heyduch¸.
mort depuis 6 semaines , âgé de 60 ans. Je
lai trouvai , comme aux autres Wampirs,
quantité de sang liquide dans la poitrine
et l'estomach , avec tout le corps , dans le
même état des Wampirs..
12. La femme d'un Heyduch , appel
lée Stanaha, morte à l'âge de 20 ans,après
trois
ΜΑΥ. 17323 899
3 jours de maladie , et enterrée depuis 18
jours à la dissection je trouvai qu'elleavoit le visage d'une couleur toute rouge,.
et vive ; et comme on a dit cy dessus
qu'elle avoit été sucée au col par le fils
d'un Heyduch , nommé Millve. On remarquoit effectivement qu'elle avoit au :
dessus de l'oreille du côté droit , une tache bleuë , mêlée de sang extravasé , de la
longueur du doigt. Au sortir de la fosse.
elle jetta une grande quantité de sang
tout frais par le nez,et après la dissection,
je trouvai , comme je l'ai souvent remarqué , une grande quantité de sang balsamique et tout frais , non seulement dans
le creux de la poitrine , mais aussi dans
le ventricule du cœur ; tous les visceres
étoient entierement sains et en bon état ,
et la peau de tout le corps , de même que
les ongles des mains et des pieds étoient
pareillement tout frais.
Après la visite de ces corps , on fit couper la tête à tous les Wampirs , par l'E--
xécuteur du lieu , et ensuite on brûla les
têtes et les corps , les cendres en furentjettées dans la Riviere du Morave ; pour
les Cadavres pourris on les remit dans
leurs premieres fosses. Toutes lesquelles.
choses j'atteste veritables , conjointement
气
avec
898 MER CURE DE FRANCE
*
avec les deux Chirurgiens qui m'ont été
adjoints pour cette information..
Signé ,Jean Schchinge, Chirurgien du
Regiment de Rischembach , Infanterie.
Jean Ferdirack , Chirurgien du même
Régiment. J. H.Sicq, Chirurgien au Ké
giment de Moralt..
Nous , soussignez , certifions-que tout
ce que les Chirurgiens de Rischembach ,
et les deux Chirurgiens cy- dessus nommez, ont attesté à l'égard des Wampirs a été par Nous vû et trouvé conforme à
la vérité dans tous les points , ayant éré
présens à la visite et à l'examen de toutes
choses ; en foy de quoi nous avons signé
le present Acte , et apposé nos Cachets.
A Belgrade, le 26 Janv.1732. Signé , Bultrul, Lieutenant Colonel du Regiment dư
Pr. Alexandre de Wirtemberg, C. L. S.
de Linden fils , Enseigne dans le Regiment du Pr. Alexandre de Wirtemberg.
extraordinaires , s'il est vrai.
Oicy le rapport des Chirurgiens
V. Impériaux , sur pur cece qui s'est s'est trouvé
en Servie au Village de Médugion , sur
les Frontieres de la Turquie , au sujet des
Wampirs; c'est le nom qu'on donne en
ce
MAY. 1732. 891
ce Païs , à des gens , qui après leur mort
viennent , dit- on , sucer les vivans.
Sur l'avis qui fût donné que dans le
Village de Médugion , certains Wampirs
avoient fait mourir quelques personnes
en les suçant. J'ai été envoyé sur les
lieux par l'ordre du Commandant de ces
quartiers, pour examiner la chose à fond
avec deux Officiers et deux Chirurgiens ,
commandez , à cet effét ; et j'ai fait l'in
formation suivante , en présence de tous
les Chefs du Village , du Gerschita , Càpitaine des Haiduchs, du Hadnach, du Fariala , et des plus anciens Hayduchs du
village, ce qui s'est passé en cette maniere:
3
Après les interrogatoires requis , tous
les gens du Village ont dit unanimement
que depuis, environ 5 ans , un Hayduch
du Païs , nommé Arnoud - Parte , lequel
s'étoit cassé le col en tombant du haut
d'un Chariot à foin , et avoit souvent raconté pendant sa vie , que près de Gossera , dans la Servie Turque , il avoit été
toarmenté par un Wampirs , et qu'il
avoit ensuite mangé la terre de sa fosse et
s'étoit frotté de son sang , pour se déli
vrer de ce tourment ; que 20 ou 30 jours
après la mort de ce Hayduch , quelques
personnes s'étoient plaintes d'avoir été
tourmentées par le même Arnoud, et
Cv qu'en
892 MERCURE DE FRANCE
qu'en effet cinq personnes en étoient
mortes ; que d'abord pour arrêter ce mal¸
on avoit été, du conseil de leur Hadnach,
qui s'étoit trouvé cn pareil cas ,
déterrer
corps d'Arnoud-Parte environ 40 jours
après sa mort , et qu'on avoit trouvé qu'il
étoit encore entier , sans aucune corruple
tion ; que le sang lui couloit encore tout
frais des yeux , du nez , de la bouche et
des oreilles , que son drap , sa chemise et
son cercueil , étoient pleins de sang , que
les ongles des mains et des pieds lui
étoient tombez avec la peau , et qu'il lui
en croissoit d'autres ; que comme on reconnut que c'étoit un véritable Wampir ,
on lui enfonça , selon la coutume , un
Pal à travers du cœur , sur quoi il fit un
petit crachement , et la playe,rendit une
grande quantité de sang ; on brula le cadavre le même jour , et on jetta les cendres dans la fosse.
Les mêmes gens ont encore dit , que,
tous ceux qui sont tourmentez par les
Wampirs. et qui en meurent, deviennent
aussi Wampirs eux - mêmes , et que c'est
pour cela qu'ils firent la même opération
sur les cinq personnes dont on a parlé s
Ils ajoutent encore que le même ArnoudParte, attaquoit et suivoit non- seulementles hommes , mais aussi les bestiaux , et
que
MAY. 1732. 893
que comme illyy avoit des personnes qui
avoient mangé de leur chair , on s'appercevoit de nouveau dans le païs qu'il s'y
trouvoit beaucoup de Vvampirs ; de sorte
qu'en trois mois de temps , la mort avoit
enlevé 17 personnes , tant jeunes que
vieux , dont quelques uns étoient morts
en deux ou trois jours sans avoir été malades.
Le Hayduc Jorvina a déposé de plus ;
qu'il y avoit environ 20 jours que sa bru,
nommée Stanaha , s'étoit mise au lit en
bonne santé , et s'étant reveillée en sursaut , avec un cri , une frayeur , et un
tremblement extraordinaire , se plaignit
d'avoir été sucée au col par le fils d'un
Hayduc , nommé Miller , mort depuis 9
semaines , dont elle avoit senti une gran
de douleur à la poitrine ; et que se trouvant plus mal d'heure en heure , elle étoit
enfin morte au bout de trois jours..
Le même jour après midi , nous nous
transportames au Cimetiere , accompagnez des mêmes Ouvriers Hayducs dut
Village , pour faire ouvrir les tombeaux
suspects , et en faire visiter les corps ; ce
qu'ayant fait,nous trouvâmes: 1 ° .Une fem
me , nommée Stana, qui étoit morte,âgée
de 20 ans, après une maladie de trois jours ,
causée par ses couches , et qui avoit dic
I
Cvj, avant
894 MERCURE DE FRANCE
ayant sa mort, s'être frottée du sang d'un
Wampir , dont elle et son enfant , mort
aussi-tôt après sa naissance , et qui avoit
été encore mangé par les chiens , parce
que sa fosse n'étoit pas assez profonde
étoient devenus Wampirs.
Cette femme étoit toute entiere , sans
pourriture. Après l'ouverture du corps on
lui trouva quantité de sangextravasé dans
la cavité de la poitrine , les vaisscaux ,
comme arteres et veines , avec les ventri
cules du cœur , n'étoient pas , comme il
sont ordinairement , remplis de sang coagulé; tous les visceres , comme le poulmon et le foye , l'estomac , la ratte et le
reste des intestins , étant aussi sains que
dans une personne en santé, mais la matrice étoit fort grande et intérieurement
enflammée, parce que l'arriere- faix et les
vuidanges y étoient restez , ce qui avoit
causé une entiere pourriture. La peau des
mains et des pieds , de même que les ongles tomboient d'eux - mêmes , et il reparoissoit à la place de nouveaux ongles ep
une nouvelle peau fraiche et vive.
2. Nous déterrames une autre femme,
nommée Mélica , qui étoit morte , âgée
d'environ 60 ans , après une maladie de 3
mois on lui trouva dans la poitrine beaucoup de sang liquide , le reste des entrailles
...
MAY. 1732. 8955
les étoit comme dans l'autre femme , en
bon état. Tous les Hayduchs qui étoient
présens à la dissection , furent fort étonnéz de la graisse et de l'embonpoint de
cette femme, disant unanimement l'avoir
très-bien connue dès sa jeunesse , et que
pendant sa vie elle avoit été toujours fort :
maigre et fort seche. Ils ajoutoient unanimement qu'il falloit que cet embonpoint
fut venu dans le tombeau , et que selon
le rapport des gens du lieu , c'étoit elle..
qui avoit été la premiere desWampirsd'àpresent , parce qu'elle avoit mangé de la chair des Brebis qui avoient été tuées par
les Wampirs précédens..
3. Nous trouvames un enfant de huit
jours , enterré depuis trois mois , lequel ™
étoit pareillement dans le même état des
Wampirs
4. Le fils d'an Hayduch ; nommé Millot , mort à 16 ans , après une maladie de
trois jours , et enterré depuis neuf semaines , fut trouvé dans le même état des
Wampirs.
5. Un Hayduch, nommé Joachin, mort
à 17 ans , après 2 jours de maladie , et enterré depuis 8 semaines.
6. Une femme , nommée Ruscha, morte
après dix jours de maladie , et enterrée .
depuis six semaines ; on trouva beaucoup
de
896 MERCURE DE FRANCE
de sang tout frais , non- seulement dans la
poitrine , mais aussi au fond du ventricule; la même chose fut observée à l'égard
de son enfant , qui étoit mort depuis cinq
semaines , âgé de 18 ans.
7. Une jeune fille de dix ans , morte depuis 2 mois , pareillement toute entiere
et avec du sang dans la poitrine.
8. La femme d'un Hayduch , avec un
enfant , laquelle étoit morte depuis 7 semaines, et son enfant mort depuis 15 jours
âgé de 8 ans ; la mere et l'enfant furent
trouvez tout pourris , quoiqu'enterrez
tout auprès des Wampirs.
9. Le Valet d'un Caporal de Heyduchs,
d'un païs nommé Rad , mort âgé de 23:
ans , après trois mois de maladie , et enterré depuis 5 semaines , fut trouvé en
tierement pourri .
10. Lafemme du Bariactar du lieu, avec
son enfant, mort depuis six semaines, pareillement pourris.
11. Auprès du même , un Heyduch¸.
mort depuis 6 semaines , âgé de 60 ans. Je
lai trouvai , comme aux autres Wampirs,
quantité de sang liquide dans la poitrine
et l'estomach , avec tout le corps , dans le
même état des Wampirs..
12. La femme d'un Heyduch , appel
lée Stanaha, morte à l'âge de 20 ans,après
trois
ΜΑΥ. 17323 899
3 jours de maladie , et enterrée depuis 18
jours à la dissection je trouvai qu'elleavoit le visage d'une couleur toute rouge,.
et vive ; et comme on a dit cy dessus
qu'elle avoit été sucée au col par le fils
d'un Heyduch , nommé Millve. On remarquoit effectivement qu'elle avoit au :
dessus de l'oreille du côté droit , une tache bleuë , mêlée de sang extravasé , de la
longueur du doigt. Au sortir de la fosse.
elle jetta une grande quantité de sang
tout frais par le nez,et après la dissection,
je trouvai , comme je l'ai souvent remarqué , une grande quantité de sang balsamique et tout frais , non seulement dans
le creux de la poitrine , mais aussi dans
le ventricule du cœur ; tous les visceres
étoient entierement sains et en bon état ,
et la peau de tout le corps , de même que
les ongles des mains et des pieds étoient
pareillement tout frais.
Après la visite de ces corps , on fit couper la tête à tous les Wampirs , par l'E--
xécuteur du lieu , et ensuite on brûla les
têtes et les corps , les cendres en furentjettées dans la Riviere du Morave ; pour
les Cadavres pourris on les remit dans
leurs premieres fosses. Toutes lesquelles.
choses j'atteste veritables , conjointement
气
avec
898 MER CURE DE FRANCE
*
avec les deux Chirurgiens qui m'ont été
adjoints pour cette information..
Signé ,Jean Schchinge, Chirurgien du
Regiment de Rischembach , Infanterie.
Jean Ferdirack , Chirurgien du même
Régiment. J. H.Sicq, Chirurgien au Ké
giment de Moralt..
Nous , soussignez , certifions-que tout
ce que les Chirurgiens de Rischembach ,
et les deux Chirurgiens cy- dessus nommez, ont attesté à l'égard des Wampirs a été par Nous vû et trouvé conforme à
la vérité dans tous les points , ayant éré
présens à la visite et à l'examen de toutes
choses ; en foy de quoi nous avons signé
le present Acte , et apposé nos Cachets.
A Belgrade, le 26 Janv.1732. Signé , Bultrul, Lieutenant Colonel du Regiment dư
Pr. Alexandre de Wirtemberg, C. L. S.
de Linden fils , Enseigne dans le Regiment du Pr. Alexandre de Wirtemberg.
Fermer
Résumé : WAMPIRS, fait singulier et des plus extraordinaires, s'il est vrai.
En mai 1732, un rapport des chirurgiens impériaux a documenté des événements survenus au village de Médugion, en Serbie, aux frontières de la Turquie, concernant des créatures appelées 'Wampirs'. Ces Wampirs sont des individus décédés qui, selon les croyances locales, sucent le sang des vivants. Une enquête a été menée par un officier et deux chirurgiens après des informations sur des décès suspects. Les habitants du village ont rapporté que depuis environ cinq ans, un homme nommé Arnoud-Parte, mort après une chute, était devenu un Wampir. Après sa mort, plusieurs personnes ont été tourmentées et cinq sont décédées. Le corps d'Arnoud-Parte, exhumé 40 jours après son décès, était intact et rempli de sang frais. Pour le neutraliser, on lui a enfoncé un pieu dans le cœur et son cadavre a été brûlé. Les habitants ont également mentionné que les personnes tuées par les Wampirs deviennent elles-mêmes des Wampirs. Arnoud-Parte attaquait aussi les animaux, et ceux qui consommaient leur chair risquaient de devenir des Wampirs. En trois mois, 17 personnes sont mortes dans des circonstances similaires. Lors de l'exhumation de plusieurs corps suspects, les chirurgiens ont trouvé des signes de vampirisme, tels que du sang frais dans la poitrine et des organes internes en bon état. Les corps des Wampirs étaient intacts, contrairement aux autres cadavres qui étaient en décomposition. Les Wampirs identifiés ont été décapités et brûlés, leurs cendres jetées dans la rivière Morave. Les chirurgiens et les officiers présents ont attesté la véracité de ces observations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
413
p. 903-908
EXTRAIT d'une Lettre écrite à M. D. L. R. au sujet des Préservatifs contre le Tonnerre, et contre les Maladies du Corps humain.
Début :
On diroit, MONSIEUR, à la lecture de ce qui est [...]
Mots clefs :
Préservatifs, Tonnerre, Maladies du corps humain, Chirurgie, Remèdes, Dévotion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite à M. D. L. R. au sujet des Préservatifs contre le Tonnerre, et contre les Maladies du Corps humain.
EXTRAIT d'une Lettre écrite à M. D.
L. R. au sujet des Préservatifs contre le
Tonnerre et contre les Maladies du
Corps humain.
O
"
N diroit , MONSIEUR , à la lecture de ce qui est rapporté dans le
Mercure de Sept. dern. pag. 2063. à l'oc-
´casion des Fêtes du Tonnerre , qui se celebrent dans le Diocèse de Trèves , que
eette Province Ecclesiastique seroit sans
Réglemens , et que toutes les superstitions y sont en usage. Pour vous prouver le contraire , et vous faire voir qu'el
kes n'y sont pas plus autorisées qu'ailleurs donnez-vous la peine de jetter la
vûë sur le Concile de Tréves de l'an
1310 , qui n'a été imprimé que depuis
quelques années ( a ) . A la vérité vous n'y
trouverez rien qui regarde ces Fêtes du
Tonnerre; mais vous ne pourrez pas vous
empêcher d'avouer qu'il contient de sages
Canons contre une infinité de superstitions. Je ne doute pas que le Sçavant qui
s'est chargé de la nouvelle Edition du livre du Pere le Brun , contre les pratiques
superstitieuses , n'en fasse mention.
(a)Thes. Anecdot. T. IV.
A
904 MERCURE DE FRANCE
A de la dévotion des peuples ,
propos ,
pour être préservé du Tonnerre et de la
Grêle, je crois avoir trouvé la raison
pour laquelle , c'est plutôt vers S.Abdon
que vers un autre Saint , qu'ils tournent
leurs vœux. Elle est assez clairement marquée dans l'Histoire de la Translation du
Corps de ce Saint , faite de Rome , dans
le Comté de Roussillon , il y a plusieurs
siecles. Une Vallée de cette Province , entre les autres , étoit plus souvent affligée
de la Grêle ; et les années s'y passoient
souvent sans recolte. Les termes de l'His
torien qui le rapporte sont énergiques: In
ista igitur valle ex reverberatione solis ,quoniam ita naturalitergrando generatur , consuevit tempore quo fructus terra in manibus
debebant venire laborantium , insurgere tempestares grandinis et fulgurum , in tantum
"quod non remanebant fructus nec folia in
vineis , nec in campis apparebant nisi palea tantùm sine grano. L'Abbé du Monas
tere d'Arles en cette Province , écrit qu'il
falloit procurer àce territoire des Protecteurs singuliers ; il alla à Rome , il exposa
au Pape les calamitez publiques du lieu
d'où il étoit député , lui demanda des Reliques , et Dieu permit que ce furent celles des Saints Abdon et Sennan qu'on lui
accorda. De là vint que ces Martyrs pas-
*
serent
MAY. 1732 905 4
serent pour Tutelaires du Païs ; et la pieuse coutume qu'on prit de les invoquer
particulierement dans les temps des Orages , s'étendit ensuite au delà des limites
de la Province. Vous pouvez voir cette
Histoire dans le dernier volume des
Sçavans Bollandistes , à la page 139 , du
30 Juillet.
Comme le Concile de Tréves , dont je
vous ai parlé , est un des plus curieux qui
se trouvent dans les dernieres collections,
vous ne trouverez pas mauvais queje saisisse cette occasion , pour vous prier de
rendre un Canon , qui regarde les donneurs de remedes , plus public et plus
connu qu'il ne l'est. On ne sçauroit souvent résister au torrent de tant de gens
qui s'érigent en Médecins , et qui distri
buent des Remedes qu'ils ont inventés.
Ce sont toujours des Préservatifs spécifiques, des Remedes souverains, et incomparables, qu'ils font publier par les Journaux ou par les Gazettes.
Il y en a dans les Provinces , comme à
Paris , qui s'érigent là- dessus en Maîtres ,
sans avoir été auparavant Disciples. Le
Canon 112. du Concile de Tréves , deffend à aucun de ces prétendus Docteurs
en Médecine et en Chirurgie , de rien
distribuer, ni de proceder à aucune Cure,
sans
06 MERCURE DE FRANCE
sans avoir obtenu la permission des Evêques Diocésains. Il ne faut pas croire pour
cela que les Evêques des quatre Diocèses
de la Province , qui sont Metz , Toul et
Verdun, avec celui de Tréves, fussent solidement versez dans la Médecine et dans
da Chirurgie ; mais ils pouvoient avoir à
leur suite, ou au moins dans leur Chapitre quelque Docteur en Médecine , par
des lumieres duquel ils étoient en état de
discerner les Charlatans d'avec les personnes habiles dans l'art de guérir les maladies. Je ne sçaurois mieux vous mettre au
fait de ce Reglement, qui menace les contrevenans d'excommunication , ipsofacto,
et qui fait un éloge singulier de la santé
du corps , qu'en vous l'envoyant en propres termes : Quia , sicut intelleximus, plerique indocti , et quorum vitæ et mores incognita sunt , in civitate , castris oppidis et villis nostris et nostre Provincia , in arte Medicine et Chirurgie et aliis artibus docere ,
dicere et prædicare contendunt , et circa exhibendas Medicinas et collyria , quam plures
imperiti et inexperti se ingerunt , ex quibus
quamplurima dispendia provenisse noscun
tur; Magistrique esse cupiunt qui Discipuli
nonfuerunt ; districtè sub pœna excommunicationis lata sententia inhibemus , ne quis
deinceps in civitate , diœcesi nostra et Provincia
MAY. 17320 907
vincia artem Medicina et Chirurgia exersere seu docere prasumat , absque nostra lisentia , seu Episcoporum locorum speciali.
Decet enim ut prius examinentur et appro
bentur tam in scientia quam moribus hi qui
circa salutem corporum, qua rebus quibuslibes
praponenda existit , se asserunt expertos; cum
maximè in talibus tam periculosis et arduis
quilibet ignorans prasumi debeat , nisi pro
baverit se scientem . Quand même en Fran
ce l'examen des Drogues et des pansemens de Playes ne seroit pas attribué à un
autre Tribunal , qu'à celui des Evêques :
on doit s'attendre que l'émulation qui va
s'introduire parmi les Chirurgiens du Royaume , par le moyen de la nouvelle
Academie de Chirurgie , rendra l'art de
guérir les Corps , encore plus parfait et
plus heureux qu'il n'a été jusqu'icy. Au reste , c'est presque dans toutes les Sciences et les Arts , que l'on voit des personnes qui ont une démangeaison étonnante.
de se donner pour Maîtres , sans jamais
avoir été Disciples. J'en connois , qui éle
vez durant longues années , dans un lieu
où l'on fait profession publique de ne
mettre jamais en pratique une certaine
science , et où l'on se fait , au contraire ,
un principe de l'ignorer ; et qui sans avoir
jamais rien lû• ni étudié qui puîsse supD pléer
908 MERCURE DE FRANCE
pléer au défaut d'instruction , s'avisent
de commencer , tout sexagenaires ou mê
me septuagenaires qu'ils sont , à donner
des leçons à ceux qui ont été formez dès
l'âge de 15 ans par les plus habiles Maîtres de Paris et de tout le Royaume ; tant
il est vrai que la grande Maxime des Aneiens : Nosce te ipsum , fait peu le sujet
de leurs méditations. Quelques personnes
croient que , quoique venue des Payens ,
elle devroit être écrite en gros caracteres
sur le frontispice des endroits où les Chrétiens tiennent leurs assemblées, comme elle
Pétoit à l'entrée du Temple de Delphes :
Mais y auroit-il lieu d'esperer que cette
Sentence fit grande impression sur ceux
qui ont pris leur ply ( pour parler ainsi )
et dont le caractere naturel est d'entreprendre de donner des leçons sur les matieres qu'ils connoissent le moins , et cela
afin de s'égayer l'esprit, et d'avoir au moins
la satisfaction de murmurer de ce qu'on
ne les écoute pas , ou de railler ceux qui
mettent les bonnes regles en pratique
L. R. au sujet des Préservatifs contre le
Tonnerre et contre les Maladies du
Corps humain.
O
"
N diroit , MONSIEUR , à la lecture de ce qui est rapporté dans le
Mercure de Sept. dern. pag. 2063. à l'oc-
´casion des Fêtes du Tonnerre , qui se celebrent dans le Diocèse de Trèves , que
eette Province Ecclesiastique seroit sans
Réglemens , et que toutes les superstitions y sont en usage. Pour vous prouver le contraire , et vous faire voir qu'el
kes n'y sont pas plus autorisées qu'ailleurs donnez-vous la peine de jetter la
vûë sur le Concile de Tréves de l'an
1310 , qui n'a été imprimé que depuis
quelques années ( a ) . A la vérité vous n'y
trouverez rien qui regarde ces Fêtes du
Tonnerre; mais vous ne pourrez pas vous
empêcher d'avouer qu'il contient de sages
Canons contre une infinité de superstitions. Je ne doute pas que le Sçavant qui
s'est chargé de la nouvelle Edition du livre du Pere le Brun , contre les pratiques
superstitieuses , n'en fasse mention.
(a)Thes. Anecdot. T. IV.
A
904 MERCURE DE FRANCE
A de la dévotion des peuples ,
propos ,
pour être préservé du Tonnerre et de la
Grêle, je crois avoir trouvé la raison
pour laquelle , c'est plutôt vers S.Abdon
que vers un autre Saint , qu'ils tournent
leurs vœux. Elle est assez clairement marquée dans l'Histoire de la Translation du
Corps de ce Saint , faite de Rome , dans
le Comté de Roussillon , il y a plusieurs
siecles. Une Vallée de cette Province , entre les autres , étoit plus souvent affligée
de la Grêle ; et les années s'y passoient
souvent sans recolte. Les termes de l'His
torien qui le rapporte sont énergiques: In
ista igitur valle ex reverberatione solis ,quoniam ita naturalitergrando generatur , consuevit tempore quo fructus terra in manibus
debebant venire laborantium , insurgere tempestares grandinis et fulgurum , in tantum
"quod non remanebant fructus nec folia in
vineis , nec in campis apparebant nisi palea tantùm sine grano. L'Abbé du Monas
tere d'Arles en cette Province , écrit qu'il
falloit procurer àce territoire des Protecteurs singuliers ; il alla à Rome , il exposa
au Pape les calamitez publiques du lieu
d'où il étoit député , lui demanda des Reliques , et Dieu permit que ce furent celles des Saints Abdon et Sennan qu'on lui
accorda. De là vint que ces Martyrs pas-
*
serent
MAY. 1732 905 4
serent pour Tutelaires du Païs ; et la pieuse coutume qu'on prit de les invoquer
particulierement dans les temps des Orages , s'étendit ensuite au delà des limites
de la Province. Vous pouvez voir cette
Histoire dans le dernier volume des
Sçavans Bollandistes , à la page 139 , du
30 Juillet.
Comme le Concile de Tréves , dont je
vous ai parlé , est un des plus curieux qui
se trouvent dans les dernieres collections,
vous ne trouverez pas mauvais queje saisisse cette occasion , pour vous prier de
rendre un Canon , qui regarde les donneurs de remedes , plus public et plus
connu qu'il ne l'est. On ne sçauroit souvent résister au torrent de tant de gens
qui s'érigent en Médecins , et qui distri
buent des Remedes qu'ils ont inventés.
Ce sont toujours des Préservatifs spécifiques, des Remedes souverains, et incomparables, qu'ils font publier par les Journaux ou par les Gazettes.
Il y en a dans les Provinces , comme à
Paris , qui s'érigent là- dessus en Maîtres ,
sans avoir été auparavant Disciples. Le
Canon 112. du Concile de Tréves , deffend à aucun de ces prétendus Docteurs
en Médecine et en Chirurgie , de rien
distribuer, ni de proceder à aucune Cure,
sans
06 MERCURE DE FRANCE
sans avoir obtenu la permission des Evêques Diocésains. Il ne faut pas croire pour
cela que les Evêques des quatre Diocèses
de la Province , qui sont Metz , Toul et
Verdun, avec celui de Tréves, fussent solidement versez dans la Médecine et dans
da Chirurgie ; mais ils pouvoient avoir à
leur suite, ou au moins dans leur Chapitre quelque Docteur en Médecine , par
des lumieres duquel ils étoient en état de
discerner les Charlatans d'avec les personnes habiles dans l'art de guérir les maladies. Je ne sçaurois mieux vous mettre au
fait de ce Reglement, qui menace les contrevenans d'excommunication , ipsofacto,
et qui fait un éloge singulier de la santé
du corps , qu'en vous l'envoyant en propres termes : Quia , sicut intelleximus, plerique indocti , et quorum vitæ et mores incognita sunt , in civitate , castris oppidis et villis nostris et nostre Provincia , in arte Medicine et Chirurgie et aliis artibus docere ,
dicere et prædicare contendunt , et circa exhibendas Medicinas et collyria , quam plures
imperiti et inexperti se ingerunt , ex quibus
quamplurima dispendia provenisse noscun
tur; Magistrique esse cupiunt qui Discipuli
nonfuerunt ; districtè sub pœna excommunicationis lata sententia inhibemus , ne quis
deinceps in civitate , diœcesi nostra et Provincia
MAY. 17320 907
vincia artem Medicina et Chirurgia exersere seu docere prasumat , absque nostra lisentia , seu Episcoporum locorum speciali.
Decet enim ut prius examinentur et appro
bentur tam in scientia quam moribus hi qui
circa salutem corporum, qua rebus quibuslibes
praponenda existit , se asserunt expertos; cum
maximè in talibus tam periculosis et arduis
quilibet ignorans prasumi debeat , nisi pro
baverit se scientem . Quand même en Fran
ce l'examen des Drogues et des pansemens de Playes ne seroit pas attribué à un
autre Tribunal , qu'à celui des Evêques :
on doit s'attendre que l'émulation qui va
s'introduire parmi les Chirurgiens du Royaume , par le moyen de la nouvelle
Academie de Chirurgie , rendra l'art de
guérir les Corps , encore plus parfait et
plus heureux qu'il n'a été jusqu'icy. Au reste , c'est presque dans toutes les Sciences et les Arts , que l'on voit des personnes qui ont une démangeaison étonnante.
de se donner pour Maîtres , sans jamais
avoir été Disciples. J'en connois , qui éle
vez durant longues années , dans un lieu
où l'on fait profession publique de ne
mettre jamais en pratique une certaine
science , et où l'on se fait , au contraire ,
un principe de l'ignorer ; et qui sans avoir
jamais rien lû• ni étudié qui puîsse supD pléer
908 MERCURE DE FRANCE
pléer au défaut d'instruction , s'avisent
de commencer , tout sexagenaires ou mê
me septuagenaires qu'ils sont , à donner
des leçons à ceux qui ont été formez dès
l'âge de 15 ans par les plus habiles Maîtres de Paris et de tout le Royaume ; tant
il est vrai que la grande Maxime des Aneiens : Nosce te ipsum , fait peu le sujet
de leurs méditations. Quelques personnes
croient que , quoique venue des Payens ,
elle devroit être écrite en gros caracteres
sur le frontispice des endroits où les Chrétiens tiennent leurs assemblées, comme elle
Pétoit à l'entrée du Temple de Delphes :
Mais y auroit-il lieu d'esperer que cette
Sentence fit grande impression sur ceux
qui ont pris leur ply ( pour parler ainsi )
et dont le caractere naturel est d'entreprendre de donner des leçons sur les matieres qu'ils connoissent le moins , et cela
afin de s'égayer l'esprit, et d'avoir au moins
la satisfaction de murmurer de ce qu'on
ne les écoute pas , ou de railler ceux qui
mettent les bonnes regles en pratique
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite à M. D. L. R. au sujet des Préservatifs contre le Tonnerre, et contre les Maladies du Corps humain.
L'auteur d'une lettre répond à une critique concernant les superstitions dans le Diocèse de Trèves, mentionnée dans le Mercure de Septembre. Pour réfuter cette critique, il cite le Concile de Trèves de 1310, récemment imprimé, qui contient des canons contre diverses superstitions. Il mentionne également un ouvrage du Père le Brun sur les pratiques superstitieuses, soulignant ainsi que le Diocèse de Trèves n'est pas plus superstitieux que d'autres régions. L'auteur explique ensuite la dévotion particulière à Saint Abdon pour se protéger du tonnerre et de la grêle. Cette dévotion trouve son origine dans une vallée du Comté de Roussillon, souvent frappée par la grêle. L'abbé du monastère d'Arles y obtint des reliques des saints Abdon et Sennan, qui devinrent les protecteurs de la région. Cette coutume s'étendit au-delà de la province, montrant l'importance de ces saints dans la protection contre les intempéries. La lettre aborde également la question des charlatans distribuant des remèdes sans autorisation. Le Canon 112 du Concile de Trèves interdit à quiconque de pratiquer la médecine ou la chirurgie sans la permission des évêques diocésains. Cette mesure vise à protéger la population des pratiques dangereuses et incompétentes. L'auteur espère que la nouvelle Académie de Chirurgie en France améliorera la qualité des soins médicaux en formant correctement les praticiens. Enfin, l'auteur conclut en soulignant la tendance de certaines personnes à se proclamer maîtres dans divers domaines sans avoir reçu de formation adéquate, mettant en danger la santé et le bien-être des individus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
414
p. 934-935
AUTRE LOGOGRYPHE.
Début :
Je suis un mets des plus communs, [...]
Mots clefs :
Fève
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE LOGOGRYPHE.
UTRE LOGOGRYPHE,
JE
E suis un mets des plus communs
Saus être dédaigné du goût de quelques- uns
De plus, certain jour d'allégresse ;
Au début du repas ,je fais l'attention
De maint convive qui s'empresse
D'inspirer à l'envi la jubilation ;
Pris dans un autre sens , je suis toute autre ess
pece
Alors j'oblige le Cheval ,
D'avoir recours au Maréchal
Retranchez ma queuë et ma tête
Et vous verrez Ville et Comté
Mon dernier membre icy seul rapporté
L'on voit , sans aller à l'enquête ,
Fémelle de l'antiquité ,
De qui le nom par singularité ,
Quoique pris à rebours , reste toujours le même
De ma finale encor , faisant soustraction ,
Et de mon chef la restitution ,
Je vous avertis sans problême
Ne
MAY. 1732.
933
Ne m'approchez qu'avec précaution ,
Or de mon tout enfin , ôtez la pénultiéme' ,
Je tiens certains esprits en admiration ,
Et ne suis pourtant rien que pure fiction.
JE
E suis un mets des plus communs
Saus être dédaigné du goût de quelques- uns
De plus, certain jour d'allégresse ;
Au début du repas ,je fais l'attention
De maint convive qui s'empresse
D'inspirer à l'envi la jubilation ;
Pris dans un autre sens , je suis toute autre ess
pece
Alors j'oblige le Cheval ,
D'avoir recours au Maréchal
Retranchez ma queuë et ma tête
Et vous verrez Ville et Comté
Mon dernier membre icy seul rapporté
L'on voit , sans aller à l'enquête ,
Fémelle de l'antiquité ,
De qui le nom par singularité ,
Quoique pris à rebours , reste toujours le même
De ma finale encor , faisant soustraction ,
Et de mon chef la restitution ,
Je vous avertis sans problême
Ne
MAY. 1732.
933
Ne m'approchez qu'avec précaution ,
Or de mon tout enfin , ôtez la pénultiéme' ,
Je tiens certains esprits en admiration ,
Et ne suis pourtant rien que pure fiction.
Fermer
415
p. 972-976
Memoire sur la maniere de colorer les Pierres, [titre d'après la table]
Début :
Dans la derniere assemblée publique de l'Académie Royale des [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Colorer, Pierres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoire sur la maniere de colorer les Pierres, [titre d'après la table]
Dáns la derniere assemblée publique de
L'Académie Royale des Sciences , M. Dufay lut un second Mémoire sur la maniere
de colorer les Pierres ; nous avons donné
l'Extrait du premier dans le Mercure de
Decembre 1730. 1. vol. Celui- cy- contient
MAY. 1732.
973*
tient deux parties ; dans la premiere M..
Dufay remedie à quelques inconveniens
qui se rencontroient dans l'emploi de certaines couleurs , décrites dans son premier Mémoire , et il en ajoute quelquesunes , qu'il n'a découvertes que depuis
peu ; dans la seconde partie , il donne la
maniere de former des desseins en blanc
sur la Cornaline, ou de blanchir le champ
de la Cornaline, et d'y tracer des desseins
en rouge.
La maniere dont l'Auteur employe la
Gomme , appellée Sang de Dragon , pour
fair le rouge sur du Marbre blanc , est
bien simple; il broye cette Gomme dans
un Mortier d'Agathe , et y met quelques.
goutes d'Esprit de vin ; il l'employe ainsi
avec le Pinceau , sans qu'elle se grumele,
ou s'empâte , comme il arrive , en la dissolvant à l'ordinaire ; pour faireun rouges
très brun , il y ajoûte de la Poix noire ,
suivant la nuance qu'il désire, il employe
la Gomme gutte pour le jaune de la même maniere; et si avec l'une ou l'autre de
ces couleurs on veut réserver des Parties
blanches au milieu de la tache , fl suffit de
mettre un enduitde blanc d'Espagne.avec
de l'Eau gommée dans les endroits que
l'on veut conserver ; on peut passer la
couleur pardessus , sans craindre qu'elles
les endommage.. Lors
974 MERCURE DE FRANCE
Lorsque ces couleurs sont employées ,
on porte la piece de marbre dans un Four
ordinaire , et on l'y laisse jusques à ce
qu'on s'apperçoive par quelque échantil
lon que les couleurs sont fonduës et ont
bien pénétré.
Le marbre étant froid , on y met la dissolution de Sang de dragon pour faire la
couleur de chair ; le marbre n'a pas -besoin d'être chaud pour cette nuance,
non plus que pour le bleu , qui se fait
avec une dissolution de tournesol, dans
une lessive de chaux et d'urine ; cette liqueur pénétre le marbre à froid et entre
très-avant. Elle fait un très beau bleu , tirant quelquefois sur le violet , suivant
que la liqueur est plus ou moins chargée
de Tournesol , ou qu'elle a digéré plus
long- temps:
Lorsque le marbre est entierement peint,
on le ponce pour enlever le marc des couleurs , et on le polit à l'ordinaire ; de la
sorte on peut faire pénétrer dans le marbre blanc toutes les couleurs imaginables,
et par consequent imiter les marbres les
plus beaux et les plus précieux.
A l'égard de la seconde Partie qui regarde Is Cornalines , la pratique en est
fort simple, et voicy comme M. Dufay
en a fait la découverte ; il voulut essayer
d'é-
MA Y. 17327 975
d'émailler une Cornaline ; elle ne put pas
soutenir,sans se casser,la chaleur nécessaire pour fondre l'émail ; mais l'ayant retiré du feu , il s'apperçut que les endroits
qui avoient été couverts d'émail , étoient
blancs , le reste étant demeuré rouge ; il
imagina que l'émail avoit occasionne plus
de chaleur dans les endroits où il avoit été
appliqué, et il essaya de faire la même chose
avec d'autres matieres terreuses ; en ayant
essayéplusieurs, il trouva qu'aucune ne faisoit mieux que le Colchotar dissous dans
l'Eau gommée, on forme avec cette matiere des desseins sur la Cornaline , et en la
chauffantpetit à petit sous uneMoufle, tout
ce qui est couvert de Colchorar blanchit,
et le champ de la pierre demeure rouge.
M.Dufay a aussi remarqué qu'on pouvoit
nuancer ce blanc et le faire plus mat en
des endroits qu'en d'autres , en donnant
plus ou moins d'épaisseur à l'enduit de
Colchotar ; on peut aussi ombrer ces sortes de desseins avec la dissolution d'argent dans l'Esprit de Nitre, en sorte qu'il
ne faut présentement qu'un ouvrier hapour porter cet art à son plus haut
dégré de perfection. M. Dufay finit par
quelques Observations sur le choix des
Cornalines les plus propres à cette sorte
de travail , parce qu'elles ne le sont pas
bile
tou
976 MERCURE DE FRANCE
toutes également , et qu'il y en a même
qui n'y sçauroient absolument être employées
L'Académie Royale des Sciences , M. Dufay lut un second Mémoire sur la maniere
de colorer les Pierres ; nous avons donné
l'Extrait du premier dans le Mercure de
Decembre 1730. 1. vol. Celui- cy- contient
MAY. 1732.
973*
tient deux parties ; dans la premiere M..
Dufay remedie à quelques inconveniens
qui se rencontroient dans l'emploi de certaines couleurs , décrites dans son premier Mémoire , et il en ajoute quelquesunes , qu'il n'a découvertes que depuis
peu ; dans la seconde partie , il donne la
maniere de former des desseins en blanc
sur la Cornaline, ou de blanchir le champ
de la Cornaline, et d'y tracer des desseins
en rouge.
La maniere dont l'Auteur employe la
Gomme , appellée Sang de Dragon , pour
fair le rouge sur du Marbre blanc , est
bien simple; il broye cette Gomme dans
un Mortier d'Agathe , et y met quelques.
goutes d'Esprit de vin ; il l'employe ainsi
avec le Pinceau , sans qu'elle se grumele,
ou s'empâte , comme il arrive , en la dissolvant à l'ordinaire ; pour faireun rouges
très brun , il y ajoûte de la Poix noire ,
suivant la nuance qu'il désire, il employe
la Gomme gutte pour le jaune de la même maniere; et si avec l'une ou l'autre de
ces couleurs on veut réserver des Parties
blanches au milieu de la tache , fl suffit de
mettre un enduitde blanc d'Espagne.avec
de l'Eau gommée dans les endroits que
l'on veut conserver ; on peut passer la
couleur pardessus , sans craindre qu'elles
les endommage.. Lors
974 MERCURE DE FRANCE
Lorsque ces couleurs sont employées ,
on porte la piece de marbre dans un Four
ordinaire , et on l'y laisse jusques à ce
qu'on s'apperçoive par quelque échantil
lon que les couleurs sont fonduës et ont
bien pénétré.
Le marbre étant froid , on y met la dissolution de Sang de dragon pour faire la
couleur de chair ; le marbre n'a pas -besoin d'être chaud pour cette nuance,
non plus que pour le bleu , qui se fait
avec une dissolution de tournesol, dans
une lessive de chaux et d'urine ; cette liqueur pénétre le marbre à froid et entre
très-avant. Elle fait un très beau bleu , tirant quelquefois sur le violet , suivant
que la liqueur est plus ou moins chargée
de Tournesol , ou qu'elle a digéré plus
long- temps:
Lorsque le marbre est entierement peint,
on le ponce pour enlever le marc des couleurs , et on le polit à l'ordinaire ; de la
sorte on peut faire pénétrer dans le marbre blanc toutes les couleurs imaginables,
et par consequent imiter les marbres les
plus beaux et les plus précieux.
A l'égard de la seconde Partie qui regarde Is Cornalines , la pratique en est
fort simple, et voicy comme M. Dufay
en a fait la découverte ; il voulut essayer
d'é-
MA Y. 17327 975
d'émailler une Cornaline ; elle ne put pas
soutenir,sans se casser,la chaleur nécessaire pour fondre l'émail ; mais l'ayant retiré du feu , il s'apperçut que les endroits
qui avoient été couverts d'émail , étoient
blancs , le reste étant demeuré rouge ; il
imagina que l'émail avoit occasionne plus
de chaleur dans les endroits où il avoit été
appliqué, et il essaya de faire la même chose
avec d'autres matieres terreuses ; en ayant
essayéplusieurs, il trouva qu'aucune ne faisoit mieux que le Colchotar dissous dans
l'Eau gommée, on forme avec cette matiere des desseins sur la Cornaline , et en la
chauffantpetit à petit sous uneMoufle, tout
ce qui est couvert de Colchorar blanchit,
et le champ de la pierre demeure rouge.
M.Dufay a aussi remarqué qu'on pouvoit
nuancer ce blanc et le faire plus mat en
des endroits qu'en d'autres , en donnant
plus ou moins d'épaisseur à l'enduit de
Colchotar ; on peut aussi ombrer ces sortes de desseins avec la dissolution d'argent dans l'Esprit de Nitre, en sorte qu'il
ne faut présentement qu'un ouvrier hapour porter cet art à son plus haut
dégré de perfection. M. Dufay finit par
quelques Observations sur le choix des
Cornalines les plus propres à cette sorte
de travail , parce qu'elles ne le sont pas
bile
tou
976 MERCURE DE FRANCE
toutes également , et qu'il y en a même
qui n'y sçauroient absolument être employées
Fermer
Résumé : Memoire sur la maniere de colorer les Pierres, [titre d'après la table]
Lors de la dernière assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, M. Du Fay a présenté un second mémoire sur la manière de colorer les pierres, publié en mai 1732. Ce mémoire est divisé en deux parties. Dans la première, Du Fay corrige des inconvénients mentionnés dans son premier mémoire et ajoute de nouvelles couleurs récemment découvertes. Il décrit également comment former des dessins en blanc sur la cornaline ou blanchir son champ pour tracer des dessins en rouge. Pour obtenir du rouge sur du marbre blanc, Du Fay utilise la gomme appelée Sang de Dragon, qu'il broie dans un mortier d'agate avec quelques gouttes d'esprit de vin, puis applique avec un pinceau. Pour des rouges plus bruns, il ajoute de la poix noire. Il utilise la gomme gutte pour obtenir du jaune de la même manière. Pour préserver des parties blanches, il applique un enduit de blanc d'Espagne mélangé à de l'eau gommée. Après l'application des couleurs, la pièce de marbre est placée dans un four jusqu'à ce que les couleurs soient fondues et bien pénétrées. Pour la couleur de chair et le bleu, le marbre n'a pas besoin d'être chaud. Le bleu est obtenu avec une dissolution de tournesol dans une lessive de chaux et d'urine, qui pénètre le marbre à froid. Une fois le marbre entièrement peint, il est poncé pour enlever les résidus de couleur, puis poli. Ainsi, toutes les couleurs peuvent être intégrées dans le marbre blanc, permettant d'imiter les marbres les plus beaux et les plus précieux. Dans la seconde partie, Du Fay explique comment créer des dessins sur la cornaline. Il a découvert que l'émail, en fondant, blanchit les zones couvertes. Il utilise ensuite le colchotar dissous dans l'eau gommée pour former des dessins, qui blanchissent en chauffant. Il est également possible de nuancer ces blancs et de les ombrer avec une dissolution d'argent dans l'esprit de nitre. Du Fay conclut avec des observations sur le choix des cornalines les plus adaptées à ce type de travail.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
416
p. 1053-1076
REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
Début :
J'ay vû depuis trois jours dans le Mercure du [...]
Mots clefs :
Demi-cercle, Hydrographie, Public, Plainte, Prix de l'Académie royale des sciences, Académie royale des sciences, Astres, Marins, Instruments, Théorie, Observations, Professeur royal, Mathématiques, Expériences, Pilotes, Mémoires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
REPONSE de M. Meynier , Ingénieur
de la Marine , à la Lettre que M. Bouguer , Professeur Royal d'Hidrographie ,
a fait inserer dans le Mercure de France
du mois d'Avril dernier , page 693.
"Ay vû depuis trois jours dans le MerJacure du mois d'Avril dernier , la Réponse que vous avez donnée au Public
sur ma plainte que je lui avois exposée
dans le Mercure du mois de Fevrier de
la même année , page 247. Vous ditës
d'abord , que le Public ne découvrira pas
les raisons de ma plainte. Elles étoient trop
évidentes pour que cette découverte pût 1. Vol.
A iiij lui
1054 MERCURE DE FRANCE
lui avoir donné de la peine; j'ai eu la satisfaction de voir qu'il m'a rendu justice
et à vous aussi , et de lui entendre dire
qu'il ne comprenoit pas comment vous
aviez pû vous écarter si fort sur cet article , en décidant d'une chose que vous
ne connoissiez pas , de laquelle vous avez
fait un portrait qui n'y a aucune ressemblance , et que vous n'en avez agi de
même que pour tâcher de sapper tout
ce qui étoit connu , afin de donner plus
d'éclat à vos productions , et afin d'avoir
plus de part au Prix que l'Académie avoit
proposé à ce sujet. Ce même Public est
trop éclairé pour ne pas voir que votre
Réponse est montée sur le même ton
que ce qui a donné lieu à ma plainte.
Vous ne lui persuaderez jamais que ce que
vous avez dit de mon demi Cercle.en
étoit une espece d'approbation ; en tout
cas le Public trouvera l'espece d'approbation fort singuliere.
Dans votre Réponse , page 694. ligne
15. vous dites : Que vous avez parlé de
mon demi Cercle dans votre Livre sur la
meilleure maniere d'observer la hauteur
des Atres , en disant qu'il vous semble
qu'il est sujet à un inconvénient , et que
vous affirmez aussi- tôt sur la connoissance
que vous avez de mes lumieres , que j'ai
1. Vol. trouvé
JUIN 1732. 1055
trouvé le moyen de l'éviter. Ceux qui ont
lû ma plainte , où je répete mot à mot ce
que vous en avez dit , verront bien que
Ce n'est pas-là ce que vous en dites aujourd'hui , que vous en avez changé le
veritable sens , en employant dans votre
Réponse le présent où vous aviez employé l'avenir , et le doute où vous aviez
employé l'affirmation ; vous en avez repeté quelques mots , comme si vous n'en
eussiez pas dit davantage ailleurs , et vous
avez obmis les principaux termes , comme, par exemple, celui de qu'on est obligé,
parce qu'il exprime une chose qui est indispensable et non une chose qui semble
être , &c. Auriez- vous voulu en faire une
Enigme j'ai été fort aise de voir que
vous prévenez le Public , page 695. que
vous en répandez dans vos Ouvrages , en
disant que vous allez expliquer l'Enigme.
Dès la premiere lecture que je fis de vos
Ouvrages, je m'étois apperçu qu'ils étoient
fort énigmatiques , et j'avoue que je n'ai
pas pû reconnoître le sens que vous leur
donnez pour être leur sens naturel , comme vous le verrez un jour dans un Ouvrage que je donnerai au Public.
Après ce que vous avez dit de mon
demi Cercle et ce que vous venez de répondre à ma juste plainte, je m'attends
I, Vol.
Αν bien
1016 MERCURE DE FRANCE
bien que vous donnerez au Public de
nouvelles Enigmes sur mon compte ; mais
j'espere que je n'aurai pas de peine à lui .
en expliquer le sens naturel , et qu'il ne
prendra pas , comme vous avez fait , le
retard du temps à votre avantage.
L'article de votre Livre qui a donné
occasion à nos écritures , est sur le projet
du Programme que l'Académie Royale
des Sciences avoit publié pour l'année
1729 qui ne consistoit que sur la meil
leure maniere d'observer la hauteur des
Astres sur Mer , soit par des Instrumens
déja connus , soit par des Instrumens de
nouvelle invention. Il ne s'agissoit donc
que de décider sur l'Instrument le plus
utile , le mien ne fut pas dans le cas de
pouvoir disputer le Prix au vôtre , parce
que sur l'annoncé du Programme , j'avois
cru que le Mémoire que j'avois remis à
l'Académie quatre ans auparavant sur ce
même sujet , lorsqu'elle m'en donna son
Certificat , devoit suffire , attendu que
mon demi Cercle répondoit aux deux cas
du Programme , et que par cette raison il
seroit inutile d'envoyer une seconde copie
de mon Mémoire ; mais Mrs de l'Académie ne penserent pas de- même , ils ne
firent aucun usage de mon Mémoire , disant que j'aurois dû en envoyer une autre
1. Vol.
copie
JUIN. 1732 1057
copie dans le temps prescrit par le Programme , ce que j'avois cru inutile ; mais
puisque vous m'obligez à vous parler net,
je croi Mrs de l'Académie trop éclairez
pour qu'ils n'eussent pas préferé mon demi Cercle à vos deux quarts de Cercle,
s'ils eussent fait usage de mon Memoire.
pas
Vous voudriez faire entendre au Public , que j'ai crû vos quarts de Cercle
fort bons et plus utiles à la Navigation
que mon demi Cercle , parce que je ne
l'ai d'abord réfuté ; la consequence
n'est pas juste , je ne pensois pas même
à le faire , parce que j'avois des occupa
tions plus essentielles , et ce n'a été que
votre maniere de m'en parler qui m'y a
contraint; il me suffiroit de sçavoir avec
tous les Marins , qu'on ne peut pas mettre en pratique votre quart de Cercle sur
Mer aussi utilement que les Instrumens
ordinaires ; je ne travaille d'ailleurs à examiner les Ouvrages des autres et à en faire
des Notes , qu'à certaines heures de récréation qui sont toujours fort courtes chez
moi , parce que je commence d'abord par
remplir mon devoir et travailler à ce qui
me paroît pouvoir être utile au service du
Roiou du public ; les succès que j'ai eu
dans ces occupations , m'y attachent si
fort , qu'il est bien rare que je les discon
I. Vol. A vj tinue
1058 MERCURE DE FRANCE
·
tinue pour m'amuser à autre chose , à
moins que ce ne soit pour remplir mon
devoir , de maniere que très- souvent je
ne trouve pas seulement le temps de répondre aux Lettres de mes amis même
les plus intimes ; ainsi vous ne devez pas
croire que je me dérange jamais beaucoup
de cette conduite pour vous répondre
incessamment ; qu'importe que je le fasse
plus tôt ou plus tard , mes Réponses n'en
vaudront pas moins ? Je ne veux rien réfuter legerement , ni m'attacher à ce qui
n'est point essentiel au fait , ni chercher
des détours qui ne sçauroient instruire le
Public pour l'éclaircir des faits. Je crois,
Monsieur , qu'il nous convient à tous les
deux de prendre ce parti là , afin de rendre nos Ouvrages plus instructifs ; car
si nous nous avisions de faire autrement,
il nous en coûteroit notre argent pour
l'impression , parce que nous ne trouverions aucun Libraire qui voulût s'en charger , dans la crainte d'être obligé de
les vendre à des Marchands de Poivre.
Le Public qui n'aime pas à être fatigué
par les longs discours , lorsqu'ils ne décident point avec évidence , jugera beaucoup plus sainement de nos Ouvrages
par des raisons simples et sensibles et par
leur utilité dans la pratique , que par tou
I, Vol. tes
JUIN. 1732.
1055
tes les autres voyes que nous pourrions
prendre.
Tout le monde est convaincu que l'experience dément souvent la théorie , ou
la rend impraticable , principalement sur
Mer , lorsque les fondemens de cette
Théorie sont douteux , comme il arrive
à bien des propositions , comme dans toutes celles qui ne sont que de pure spéculation . C'est par cette raison qu'on ne
doit disputer que sur des faits certains ,
dont les principes sont bien démontrez
et les consequences,sûres ; à moins que
l'experience ne décide des choses qui sont
fondées sur des principes douteux , ou
qu'elle se déclare contre les principes qui
paroissent évidents , ou lorsque les difficultez de mettre ces principes en execution
ne peuvent pas assez répondre à la proposition pour la rendre utile. C'est- là
mon unique but le Public qui sçait que
je l'ai atteint en plusieurs occasions , me
rend justice là- dessus.
J'ai vû avec plaisir dans votre Réponse.
que vous reconnoissez que les Instrumens
qui sont actuellement en usage pour observer
la hauteur des Astres sur Mer , sont préferables à tous les autres , et par consequent
aux vôtres qui ne sont point en usage ;
mais vous ne devriez pas dire que vous
چر I. Vol. l'avez
fogo MERCURE DE FRANCE
L'avez toujours soutenu de même ; puisque vous avez soutenu le contraire en faveur
de votre demi Cercle , dans la troisiéme
Section de votre Livre , page 32. sous le
titre de Changemens qu'il faut faire au
quartier Anglois , pour lui donner toute la
perfection possible ; c'est sur ces changemens que vous avez donné votre quart
de Cercle pour être préferable à tous les
autres Instrumens. Je vous felicite d'être
revenu de- même sur le compte de votre
quart de Cercle , je dois l'attribuer à l'évidence de l'explication que j'en ai donnée dans ma plainte.
Vous ne vous êtes pas contenté de
parle de mon demiCercle sans fondement,
vous avez encore voulu me faire mon procès un peu cavalierement sur les Observations qui en ont été faites dans la
Rade de Brest , en disant , que je connoissois la latitude du lieu où elles furent faites;
faisant entendre que c'étoit sur cette connoissance que le Certificat avoit été fait
et non sur le mérite de l'Instrument.
Vous me connoissez bien mal , Monsieur,
de me croire capable d'en imposer de
même à la verité , tout autre que moi
vous en accuseroit aussi dans vos Ouvrages ; mais parce que croyant faire mon
procès , vous avez fait en deux façons
I. Vol. celui
JUIN. 1734. 1061
celui des personnes qui m'ont donné le
Certificat dont j'ai parlé , qui firent euxmêmes l'experience de mon demi Cercle
dans cette Rade , en ma présence. Ce
sont M. Deslandes , Contrôleur de la Marine , de l'Académie Royale des Sciences,
le R. P. le Brun , Professeur Royal de
Mathématiques pour Mr les Gardes de la
Marine , Mrs Liard et Michot , Pilotes
Amiraux , qui en dresserent ensuite un
Certificat , dont ils envoyerent copie à
⚫ M. le Comte de Maurepas et à l'Académie des Sciences , à ce que ces M m'en
dirent six mois après , c'est- à - dire , au
retour de la campagne , en m'en remettant aussi une copie ; c'est donc à ces
Mrs là à se plaindre de votre jugement
sur cet article ; ce qu'il y a de bien certain , c'est qu'ils n'avoient aucun interêt
d'en imposer à la Cour et à l'Académie
qu'ils ont trop de probité pour l'avoir
fait sous aucun prétexte , que je n'avois
pas l'honneur de les connoître trois jours
avant mon départ pour l'Amerique , et
queje n'ai contribué en rien aux termes du
Certificat , puisque dès le lendemain de la
derniere Observation nous partîmes pour
l'Amerique , qu'il n'a été dressé qu'après ,
et queje n'ai sçû ce qu'il contenoit que six
mois après.
1. Vol. Puisque
1062 MERCURE DE FRANCE
Puisque vous n'avez pas jugé à propos
de vous appercevoir de la proposition que
je vous ai faite dans maplainte, je vais vous
la répeter afin que le Public sçache encore
mieux de quoi il s'agit , et que vous ne
puissiez plus feindre de l'ignorer. Je
vous avois proposé de faire en presence
des gens du métier , l'experience de votre quart de Cercle et en même temps
de mon demi Cercle.dans une Rade ,
ou même à terre , à un endroit qui seroit
exposé au vent et à un mouvement qui
imiteroit à peu près le roulis d'un Vaisseau ; mais ne l'ayant pas accepté , si vous
le refusez encore , ce sera , pour me servir de vos termes , proscrire vous- même
vos quarts de Cercle de l'usage que vous
auriez voulu en faire prendre au Public ,
et les reconnoître en même temps beauinferieurs à mon demi Cercle pour coup
l'usage de la Navigation ; et comme notre dispute ne roule que là-dessus , vous y
cederez entierement par votre refus. Vous
êtes encore à temps d'accepter mon défi , vous pouvez même joindre à votre
quart de Gercle que j'ai réfuté dans mat
plainte , celui que vous suspendez par
une boucle , que vous dites être mieux
suspendue que le mien ;je vous permettrai dans l'experience que vous employez
I. Vol. l'un
JUIN. 17328 1063
l'un et l'autre indifferemment à votre
choix. Pour nous assurer par l'experiencé
de l'avantage de nos Instrumens les uns
sur les autres , on assemblera à terre un
quart de Cercle à lunette de 3. ou 4.
pieds du Rayon , pour observer pendant
le jour la hauteur du Soleil , er pendant
la nuit celle de quelque Etoile ; nous
serons ensuite tous les deux en Rade dans
le même Vaisseau , sans Montre ni Horloge , nous aurons pris d'avance toutes les précautions qu'on pourra proposer , afin
que nous ne puissions pas avoir connoissance de l'heure , parce qu'elle pourroit
nous servir pour déterminer les hauteurs
des Astres , indépendamment de nos Ins
trumens ; nous observerions ensuite la
hauteur du Soleil le jour , et celle de
quelque Etoile la nuit , dans le temps
qu'on feroit la même observation à terre
avec le susdit quart de Cercle ; et au
moyen des signaux , on n'ôteroit en même temps la quantité de chacune des Observations , qui étant ensuite comparées
avec celles qui auroient été faites en même-temps à terre , serviroient à décider
d'une maniere incontestable lequel des
deux Instrumens vaut le mieux. On peut
faire les mêmes experiences à terre sur
quelques planches mobiles ; il n'y auroie
I. Vol.
en
1064 MERCURE DE FRANCÉ
en cela de l'avantage pour personne. Quesi
yous n'acceptez pas une proposition si raisonnable , qui est la maniere la plus sure
de faire connoître au Public l'avantage
de vos Instrumens sur le mien , ou du
mien sur les vôtres , il employera avec bien
plus de fondement le terme de proscription pour vos deux quarts de Cercle , que
vous ne l'avez employé mal - à- propos
pour mon demi Cercle ; je dis mal- à- pro-.
pos , parce que vous en parlez comme
une personne qui ne le connoît pas encore , qui ne veut pas s'en rapporter aux experiences qui en ont été faites par des
gens de probité et du métier , ni à tous
les Pilotes de Brest , qui l'ont reconnu
fort utile pour la Marine , dans un Certificat qu'ils m'en ont donné. J'espere cependant que les Pilotes des autres Ports
ne l'approuveront pas moins , et que je
m'en servirai utilement à la campagne que
je vais faire dans le Levant.Je ne crois pas
que vous puissiez jamais en dire autant
de vos deux quarts de Cercle.
Vous prétendez , Monsieur , que la
suspension que je donne à mon demi Cercle est inutile , et que je n'ai pas fait at
tention aux cas qu'on employe cette sus
pension. Avez-vous fait attention vousmême que la suspension de mon demi I. Vel.
Cercle
JUIN. 1732. 1065
Cercle est la même que celle des Compas de variation dont on se sert sur Mer
que l'effet de cette suspension , dans l'un
comme dans l'autre Instrument , porte
l'Instrument à obéïr aux differens mouvemens du Vaisseau ? qu'on ne les employe
que pour cela , et que vous ne sçauriez
condamner l'un sans condamner Pautre ?
Si vous aviez fait quelque campagne sur la
Mer , vous auriez vû que cette suspension est si necessaire qu'il ne seroit pas
possible de se servir également des Compas de variation sans cela ; je la laisse subsister dans le Compas de variation que
j'ai donné au Public , et par consequent
je la croi très-utile , parce qu'elle l'est veritablement.
Je m'apperçois dans toute votre Répon
se , que vos idées sont bien differentes
de celles qui ont été acquises par la pratique , ce qui me fait penser que vous en
doutez au moins , c'est le refus que vous
avez fait à mon défi sur la comparaison
de nos Instrumens par des experiences ;
parlant dans votre Réponse comme si je
ne l'avois pas proposé.
Vous dites que parce que je ne donne
aucune atteinte à vos Remarques, qu'elles
ont fait une impression sur moi ; la consequence n'est pas prouvée , en disant qu'elI. Vol. los
1066 MERCURE DE FRANCE
les ne m'ont pas été inutiles , que depuis
j'ai changé d'avis dans l'Ouvrage que je
viens de donner au Public , sur la meilleure maniere d'observer la variation de
la Boussole à la Mer. Je n'ai du tout
point changé d'avis ; et une preuve que
je soutiens toûjours cette suspension bonne , c'est que je l'ai employée , comme je
viens de le dire , au Compas de Variation
que vous citez de la même manieré qu'elle est employée à mon demi Cercle , et
vous vous attribuez mal à propos les avis
que j'ai suivis pour faire tenir mon Compas de variation , par celui qui fait l'Observation.
Etant à Brest 4. ans avant l'impression
de votre Ouvrage , Mr les Officiers de ce
Port , tant d'Epée que de Plume , m'en
donnerent l'idée , que j'ai réduite à la
maniere qui est expliquée dans mon Livre;il y a apparence que vous aviez puisé
cette idée à la même source , puisque j'ai
appris que vous aviez aussi été à Brest ;
d'ailleurs les Marins l'ont toûjours dit
ainsi , et la théorie seule ne sçauroit nous
l'avoir appris de même.
Le public trouvera , comme moi fort
singulier , que vous desaprouvicz , page
703. que je consulte les Marins d'aujourd'hui , ne diroit-on pas à ce terme
I. Vol.
de
JUIN. 1732. 1067
de Marins d'aujourd'hui , que vous voudriez les mettre bien au dessous de
ceux de l'ancien temps ; il est pourtant
certain que de l'aveu de tout l'Univers
la Marine est à un plus haut point de
perfection qu'elle ait jamais été , et la
comparaison que nous faisons des anciens
écrits avec les modernes qui la regar
dent, nous le confirment ; vous conviendrez, sans doute, qu'elle n'a reçu ce grand
avantage ni de vous ni de moi ; d'où je
conclus que les Marins d'aujourd'hui
valent bien mieux que ceux de l'ancien
temps ; qu'ils sont plus habiles , qu'ils
naviguent bien mieux , et que nous devons les consulter préférablement aux
écrits des anciens. L'expérience et la tradition ont appris aux Marins d'aujour
d'hui ( pour me servir de votre terme )
que vos deux quarts de Cercle sont proscrits à l'usage de la Marine, par les raisons que j'ai détaillées dans ma plainte,
Elles sont si évidentes , qu'il n'est pas
possible de les contester avec fondement
et n'exigent aucune citation, parce qu'aucun des Livres qui traitent de la Navigation ou du Pilotage , ne nous donne
l'histoire suivie d'aucun des Instrumens
qui ont été employez , ou qu'on employe
sur mer ; mais seulement leur construc
I.Vol. tion
068 MERCURE DE FRANCE
tion et leurs usages,comme ils l'ont fait de
beaucoup d'autres Instrumens qu'on ne
sçauroit mettre en pratique utilement et
qui sont inutiles. Auroit-il falu vous consulter préférablement aux Marins d'aujourd'hui, et s'en raporter à vos décisions?
il y auroit eu de la témérité. On doitagir
avec plus de prudence lorsqu'on veut.
donner des choses qui soient praticables
sur Mer. Il ne paroît pas dans vos écrits
que vous ayez la moindre pratique de la
Navigation. Si vous ne les consultiez pas
vous- même bien souvent , dans un cas où
vous seriez chargé de la conduite d'un
Vaisseau , il y a toute apparence que vous
iriez bien- tôt habiter avec les Poissons, par
le deffaut de pratique. Vous reconnoître
peut-être unjour la nécessité de les consúlter , ou de frequenter long- temps
Mer soi-même , lorsqu'on veut donner
du nouveau qui soit utile. Si vous aviez
pris cette sage précaution , je ne croi pas
que vous eussiez donné votre Traité sur
la matiere des Vaisseaux, tel que vous l'avez publié ; je vous en expliquerai un jour
les raisons, appuïées la plus part sur l'expérience et sur des démonstrations géométriques , qui seront à la portée de tous
les Géometres.
la
La Campagne que j'ai faite à l'AmériI. Vol.
que
JUIN. 1732. 1069
que , les avis que je pris de Mrs les Marins
pendant le voyage , et à Brest à mon retour me donnerent dans ce temps- là l'idée de réduire le Compas de Variation
que j'avois inventé , tel que je viens de
le donner au public , n'ayant fait , comme je l'ai déja dit , aucun changement à sa
suspension , ainsi vous me félicitez mal à
propos sur ce prétendu changement,
Vous cherchez , Monsieur , à vous défendre inutilement d'avoir voulu décider
de mon demi Cercle sans le connoître ;
l'histoire de l'Académie , de l'année 1724.
où on voit , pag. 93. la Relation de mon
demi Cercle , laquelle Relation vous a
donné occasion d'en parler , comme vous
avez fait , subsiste encore ; de même que
le Traité sur la meilleure maniere d'observer la hauteur des Astres que vous.
avez fait imprimer en l'année 1729. chez
Claude Jombert , à Paris , où vous avez
donné occasion à ma plainte , page 11.
ainsi vous avez beau dire que vous n'aviez pas pu en prendre assez de connoissance dans l'histoire de l'Académie ; vous
prononcez votre condamnation par cet
aveu ; car quand même l'instrument seroit tel que vous le dites à present , vous
n'étiez pas en droit d'en faire un portrait
qui n'y eût aucune ressemblance, et encore I. Vol. toins
1070 MERCURE DE FRANCE
moins d'en décider , sans le connoître ,
parce qu'on ne doit faite le portrait et
décider que des choses qu'on connoît entierement ; et parce que j'ai fait voir dans
ma plainte , par la copie des pièces justificatives , que tout ce que vous en avez
dit , n'a aucun rapport à ce qui est inseré
dans l'histoire de l'Académie. Vous voulez soutenir une partie de ce que vous
avez avancé ; mais il ne vous est pas possible d'y réussir , à moins que vous n'acceptiez le défi que je vous en ai fait , et
que vous ayez gain de cause dans les expériences proposées. Vous avez cru vous
en deffendre , en disant que vous n'avez
faire d'en venir à l'expérience de mon
demi Cercle. N'auriez- vous pas fait attention qu'il s'agissoit aussi dans mon défi
de l'expérience de votre quart de Cercle,
afin de juger ensuite s'il vaut mieux que
mon demi Cercle , par la comparaison de
leurs expériences. Vous êtes encore àtems
de l'accepter et d'y joindre votre autre
quart de Cercle suspendu par une boucle , comme je vous l'ai déja dit ; que si
vous le refusez , le public ne manquera
pas de dire avec raison que vous cedez entierement , quelques détours que vous
puissiez chercher , parce que c'est- là le
seul point sur lequel roule toute notre
que
*I.Vol. dispute ;
JUIN. 1732.
1071
dispute ; jusqu'icy les détours que vous
pourrez prendre , ne pourront être que
de la nature de ceux qui ont donné occasion à ma plainte, de ceux que vous venez de produire et de ceux que vous avez
cherchez pour ne pas effectuer la gageure
que vous m'aviez fait proposer au sujet
de nos deux Mémoires , sur la meilleure
maniere d'observer la variation de l'Eguille Aimantée sur mer. Le public sera
bien aise d'être informé de cette petite.
'histoire , afin de sçavoir à quoi il doit s'en
tenir , sur ce que vous avancez.
Au commencement du mois de Juillet
dernier, vous me fîtes proposer du Ha
vre, par un de mes amis , une gageure de
Jo Louis , au sujet de nos deux Mémoi
res ; lesquels so Louis seroient au profitde celui dont le Mémoire seroit reconnu
par Mrs les Commissaires de l'Académie
avoir mieux mérité le prix qui avoit été
proposé à ce sujet. J'appris cette nouvelle
à Paris , où j'étois pour lors , et où j'en
parlai par occasion , à des personnes qui
me dirent, qu'avant votre départ de Paris
pour le Havre , vous aviez dit chez votre
Libraire et ailleurs , en présence de plusieurs personnes, que si je croïois que mon
Mémoire eut eu le prix , s'il n'eut pas été
oublié à la Poste , vous me gageriez les
1.Vol. B 2000
1072 MERCURE DE FRANCE
2000 liv. que vous en aviez reçuës, pour,
soûtenir qu'il vous auroit été attribué également depuis ; votre Libraire et d'autres personnes m'ont confirmé la chose.
Je vis bien par là combien vous étiez prévenu en faveur de votre Ouvrage , car
vous ne connoissiez pas encore le mien
dans ce temps- là enfin je n'ai été informé de votre proposition de gageure à Paris , qu'après que vous m'avez eu faitproposer du Havre celle de so Louis , ainsi
je n'avois pas pû y répondre , parce que
je n'en avois pas eu connoissance ; mais
parce que vous aurez pû croire que je le
sçavois , et que la crainte m'avoit empêché de l'accepter , vous m'avez fait proposer la seconde, croïant , sans doute, que
je ne l'accepterois pas ; mais vous en fûtes
bien- tôt détrompe , car j'envoié le lendemain à mon ami la gageure écrite et signée
de ma main , priant cet ami de compter
la somme , afin que vous n'eussiez qu'à
signer la gageure , pour qu'elle commençat d'avoir lieu ; mais lorsqu'on vous presenta l'écrit pour le signer , vous vous retranchates d'abord à 5o Pistoles,au lieu de
50 Louis , et l'orsqu'on voulut compter
l'argent pour moi , vous ne jugeâtes pas à
propos de fondre la cloche. Il y a apparence qu'après avoir réduit la gagcure de
J.Vol. 2000
JUIN. 1732.
2000 liv. à 5o Louis , et de so Louis à
1073
go Pistoles , vous auriez voulu la réduire
a moins de so sols , puisqu'à la fin vous
l'avez réduite à rien. Je vous avois cependant laissé le maître de choisir vousmême les Juges dans le Corps de l'Académie des Sciences , ou dans celui de la
Marine. Je dois cependant vous dire que
je l'accepterai encore , que je vous laisserai le même avantage de choisir les Juges,
et que si l'Académie refuse son jugement,
nous en ferons décider Mrs les Marins
qui assurément en rendront unjugement
équitable, parce que la matiere est de leur
competence , qu'elle les interesse même
beaucoup , et parce que toute la question
ne roule que sur la meilleure maniere
d'observer sur Mer la variation de la
Boussole; il ne s'agit que de décider ,
lequel des deux Ouvrages y sera le plus
utile.
"
Les sages restrictions de l'Académie
dont vous parlez dans votre Lettre , pag.
705.ne consistent qu'à faire sur Mer l'expérience de mon demi Cercle, pour sçavoir s'il approcheroit d'y donner la hauteur des Astres , comme il l'avoit donnée à terre. On trouve dans le Mémoire
que j'ai laissé à la même Académie à ce
sujet , cette restriction dans les mêmes
I. Vol.
Bij termes ,
2074 MERCURE DE FRANCE
termes ; depuis, l'Académie n'a pas montré comme vous l'avancez tout de suite,
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé la
question en mafaveur , en proposant le mêmesujet pour prix. Ce qu'elle en a ditdans
-son histoire de 1724 , page 93. est tresclair , puisqu'elle ne parle qu'après les
Observations qu'elle en fit dans un sens,
qui ne demande aucune interprétation ;
ainsi vous auriez dû vous dispenser de
celle que vous y donnez , parce que cette
description n'est pas de la nature de vos
énigmes.
Vous · finissez votre Lettre , Monsieur ,
en disant, au sujet des Vaisseaux lorsqu'ils
sont à la Mer , que le point le plus essentiel et en même temps le plus difficile est de
pénétrer la cause de tous les mouvemens , ei
d'être en état d'en prévoir les différens effets
vous ajoûtez, qu'on peut s'appliquer à tous
dans cela avec autant de succès à terre que
tout autre endroit.
On vous prouvera un jour le contraire ;
mais en attendant où trouverez- vous un
Marin qui en convienne , depuis le plus
habile et le plus expert ,jusqu'au plus novice dans cette pratique ; l'expérience leur
en a appris la verité.
Vous dites de suite que personne ne
s'est encore apperçu au Havre que vous
n'as
JUIN. 1732. T07
moins
n'ayez cultivé l'Hydrographie que dans
le Cabinet,je crois qu'on ne vous l'a pas té
moigné , mais qu'on ne s'en est pas
apperçuscar moi qui n'al fait qu'une Cam
pagne de long cours , je l'ai si- bien recom
nu dans tous vos Ouvrages touchant la
Marine, que je n'ai pas pu m'empêcher de
vous le dire dans ma plainte ; quoique 15
jours auparavant vous m'eussiez soutenu
verbalement le contraire. Je vous détail
lerai à mon loisir les articles oùje m'en
suis aperçu.
Comme je pars demain pour Toulon,
et de-là pour les Echelles du Levant , je
serai assez long temps absent du Royaumesans être informé dece que vous pour
rez écrire contre moi. Vous aurez l'avantage de combattre un homme absent da
Royaume, qui ne pouvant avoir aucune
connoissance de vos écritures, ne sçauroit
vous répondre qu'à son retour, qui ne sera
pas si-tôt ; vous ne voudrez pas pour lors
tirer avantage du retard de sa replique ,.
comme vous avez voulu le faire du re.
tard de sa-Plainte; ces sortes de ressources
se réduisent à rien dans les disputes , elles
ne vont pointau fait, et lorsqu'on est obligé de les employer pour se défendre , on
annonce la perte de la cause, parce que ces
affaires - là ne prescrivent point.
I.Vol. Bij Je
1076 MERCURE DE FRANCE
Je vous propose, Monsieur, de faire ensemble une campagne par Mer , pour y
mettre en pratique vos Instrumens et les
miens ; je ne doute pas que M. le Comte
de Maurepas ne nous en accorde la per
mission , parce que cette campagne seroit
utile à la Marine, en ce que nous ne manquerions pas l'un et l'autre de bien éplu- cher nos Instrumens dans tous leurs usages , d'en apprendre , autant que nous le
pourrions, la pratique à Mr les Marins, et
de leur en faire sentir par- là le bon ou lè
mauvais ; on sçauroit pour lors fort bien
à quoi s'en tenir , sur les vôtres et sur
les miens ; vous m'y trouverez toujours
disposé; mais si vous le refusés, le public
ne manquera pas de dire, avec raison, que
connoissant vous-même la superiorité de
mes Ouvrages sur les vôtres , pour l'utilité de la Marine , vous voulez éviter de
l'en éclaircir. J'ai l'honneur d'être , malgré tous nos differens , avec beaucoup
de considération. Monsieur , votre , &c.
AVersailles , le 12 May 1732.
de la Marine , à la Lettre que M. Bouguer , Professeur Royal d'Hidrographie ,
a fait inserer dans le Mercure de France
du mois d'Avril dernier , page 693.
"Ay vû depuis trois jours dans le MerJacure du mois d'Avril dernier , la Réponse que vous avez donnée au Public
sur ma plainte que je lui avois exposée
dans le Mercure du mois de Fevrier de
la même année , page 247. Vous ditës
d'abord , que le Public ne découvrira pas
les raisons de ma plainte. Elles étoient trop
évidentes pour que cette découverte pût 1. Vol.
A iiij lui
1054 MERCURE DE FRANCE
lui avoir donné de la peine; j'ai eu la satisfaction de voir qu'il m'a rendu justice
et à vous aussi , et de lui entendre dire
qu'il ne comprenoit pas comment vous
aviez pû vous écarter si fort sur cet article , en décidant d'une chose que vous
ne connoissiez pas , de laquelle vous avez
fait un portrait qui n'y a aucune ressemblance , et que vous n'en avez agi de
même que pour tâcher de sapper tout
ce qui étoit connu , afin de donner plus
d'éclat à vos productions , et afin d'avoir
plus de part au Prix que l'Académie avoit
proposé à ce sujet. Ce même Public est
trop éclairé pour ne pas voir que votre
Réponse est montée sur le même ton
que ce qui a donné lieu à ma plainte.
Vous ne lui persuaderez jamais que ce que
vous avez dit de mon demi Cercle.en
étoit une espece d'approbation ; en tout
cas le Public trouvera l'espece d'approbation fort singuliere.
Dans votre Réponse , page 694. ligne
15. vous dites : Que vous avez parlé de
mon demi Cercle dans votre Livre sur la
meilleure maniere d'observer la hauteur
des Atres , en disant qu'il vous semble
qu'il est sujet à un inconvénient , et que
vous affirmez aussi- tôt sur la connoissance
que vous avez de mes lumieres , que j'ai
1. Vol. trouvé
JUIN 1732. 1055
trouvé le moyen de l'éviter. Ceux qui ont
lû ma plainte , où je répete mot à mot ce
que vous en avez dit , verront bien que
Ce n'est pas-là ce que vous en dites aujourd'hui , que vous en avez changé le
veritable sens , en employant dans votre
Réponse le présent où vous aviez employé l'avenir , et le doute où vous aviez
employé l'affirmation ; vous en avez repeté quelques mots , comme si vous n'en
eussiez pas dit davantage ailleurs , et vous
avez obmis les principaux termes , comme, par exemple, celui de qu'on est obligé,
parce qu'il exprime une chose qui est indispensable et non une chose qui semble
être , &c. Auriez- vous voulu en faire une
Enigme j'ai été fort aise de voir que
vous prévenez le Public , page 695. que
vous en répandez dans vos Ouvrages , en
disant que vous allez expliquer l'Enigme.
Dès la premiere lecture que je fis de vos
Ouvrages, je m'étois apperçu qu'ils étoient
fort énigmatiques , et j'avoue que je n'ai
pas pû reconnoître le sens que vous leur
donnez pour être leur sens naturel , comme vous le verrez un jour dans un Ouvrage que je donnerai au Public.
Après ce que vous avez dit de mon
demi Cercle et ce que vous venez de répondre à ma juste plainte, je m'attends
I, Vol.
Αν bien
1016 MERCURE DE FRANCE
bien que vous donnerez au Public de
nouvelles Enigmes sur mon compte ; mais
j'espere que je n'aurai pas de peine à lui .
en expliquer le sens naturel , et qu'il ne
prendra pas , comme vous avez fait , le
retard du temps à votre avantage.
L'article de votre Livre qui a donné
occasion à nos écritures , est sur le projet
du Programme que l'Académie Royale
des Sciences avoit publié pour l'année
1729 qui ne consistoit que sur la meil
leure maniere d'observer la hauteur des
Astres sur Mer , soit par des Instrumens
déja connus , soit par des Instrumens de
nouvelle invention. Il ne s'agissoit donc
que de décider sur l'Instrument le plus
utile , le mien ne fut pas dans le cas de
pouvoir disputer le Prix au vôtre , parce
que sur l'annoncé du Programme , j'avois
cru que le Mémoire que j'avois remis à
l'Académie quatre ans auparavant sur ce
même sujet , lorsqu'elle m'en donna son
Certificat , devoit suffire , attendu que
mon demi Cercle répondoit aux deux cas
du Programme , et que par cette raison il
seroit inutile d'envoyer une seconde copie
de mon Mémoire ; mais Mrs de l'Académie ne penserent pas de- même , ils ne
firent aucun usage de mon Mémoire , disant que j'aurois dû en envoyer une autre
1. Vol.
copie
JUIN. 1732 1057
copie dans le temps prescrit par le Programme , ce que j'avois cru inutile ; mais
puisque vous m'obligez à vous parler net,
je croi Mrs de l'Académie trop éclairez
pour qu'ils n'eussent pas préferé mon demi Cercle à vos deux quarts de Cercle,
s'ils eussent fait usage de mon Memoire.
pas
Vous voudriez faire entendre au Public , que j'ai crû vos quarts de Cercle
fort bons et plus utiles à la Navigation
que mon demi Cercle , parce que je ne
l'ai d'abord réfuté ; la consequence
n'est pas juste , je ne pensois pas même
à le faire , parce que j'avois des occupa
tions plus essentielles , et ce n'a été que
votre maniere de m'en parler qui m'y a
contraint; il me suffiroit de sçavoir avec
tous les Marins , qu'on ne peut pas mettre en pratique votre quart de Cercle sur
Mer aussi utilement que les Instrumens
ordinaires ; je ne travaille d'ailleurs à examiner les Ouvrages des autres et à en faire
des Notes , qu'à certaines heures de récréation qui sont toujours fort courtes chez
moi , parce que je commence d'abord par
remplir mon devoir et travailler à ce qui
me paroît pouvoir être utile au service du
Roiou du public ; les succès que j'ai eu
dans ces occupations , m'y attachent si
fort , qu'il est bien rare que je les discon
I. Vol. A vj tinue
1058 MERCURE DE FRANCE
·
tinue pour m'amuser à autre chose , à
moins que ce ne soit pour remplir mon
devoir , de maniere que très- souvent je
ne trouve pas seulement le temps de répondre aux Lettres de mes amis même
les plus intimes ; ainsi vous ne devez pas
croire que je me dérange jamais beaucoup
de cette conduite pour vous répondre
incessamment ; qu'importe que je le fasse
plus tôt ou plus tard , mes Réponses n'en
vaudront pas moins ? Je ne veux rien réfuter legerement , ni m'attacher à ce qui
n'est point essentiel au fait , ni chercher
des détours qui ne sçauroient instruire le
Public pour l'éclaircir des faits. Je crois,
Monsieur , qu'il nous convient à tous les
deux de prendre ce parti là , afin de rendre nos Ouvrages plus instructifs ; car
si nous nous avisions de faire autrement,
il nous en coûteroit notre argent pour
l'impression , parce que nous ne trouverions aucun Libraire qui voulût s'en charger , dans la crainte d'être obligé de
les vendre à des Marchands de Poivre.
Le Public qui n'aime pas à être fatigué
par les longs discours , lorsqu'ils ne décident point avec évidence , jugera beaucoup plus sainement de nos Ouvrages
par des raisons simples et sensibles et par
leur utilité dans la pratique , que par tou
I, Vol. tes
JUIN. 1732.
1055
tes les autres voyes que nous pourrions
prendre.
Tout le monde est convaincu que l'experience dément souvent la théorie , ou
la rend impraticable , principalement sur
Mer , lorsque les fondemens de cette
Théorie sont douteux , comme il arrive
à bien des propositions , comme dans toutes celles qui ne sont que de pure spéculation . C'est par cette raison qu'on ne
doit disputer que sur des faits certains ,
dont les principes sont bien démontrez
et les consequences,sûres ; à moins que
l'experience ne décide des choses qui sont
fondées sur des principes douteux , ou
qu'elle se déclare contre les principes qui
paroissent évidents , ou lorsque les difficultez de mettre ces principes en execution
ne peuvent pas assez répondre à la proposition pour la rendre utile. C'est- là
mon unique but le Public qui sçait que
je l'ai atteint en plusieurs occasions , me
rend justice là- dessus.
J'ai vû avec plaisir dans votre Réponse.
que vous reconnoissez que les Instrumens
qui sont actuellement en usage pour observer
la hauteur des Astres sur Mer , sont préferables à tous les autres , et par consequent
aux vôtres qui ne sont point en usage ;
mais vous ne devriez pas dire que vous
چر I. Vol. l'avez
fogo MERCURE DE FRANCE
L'avez toujours soutenu de même ; puisque vous avez soutenu le contraire en faveur
de votre demi Cercle , dans la troisiéme
Section de votre Livre , page 32. sous le
titre de Changemens qu'il faut faire au
quartier Anglois , pour lui donner toute la
perfection possible ; c'est sur ces changemens que vous avez donné votre quart
de Cercle pour être préferable à tous les
autres Instrumens. Je vous felicite d'être
revenu de- même sur le compte de votre
quart de Cercle , je dois l'attribuer à l'évidence de l'explication que j'en ai donnée dans ma plainte.
Vous ne vous êtes pas contenté de
parle de mon demiCercle sans fondement,
vous avez encore voulu me faire mon procès un peu cavalierement sur les Observations qui en ont été faites dans la
Rade de Brest , en disant , que je connoissois la latitude du lieu où elles furent faites;
faisant entendre que c'étoit sur cette connoissance que le Certificat avoit été fait
et non sur le mérite de l'Instrument.
Vous me connoissez bien mal , Monsieur,
de me croire capable d'en imposer de
même à la verité , tout autre que moi
vous en accuseroit aussi dans vos Ouvrages ; mais parce que croyant faire mon
procès , vous avez fait en deux façons
I. Vol. celui
JUIN. 1734. 1061
celui des personnes qui m'ont donné le
Certificat dont j'ai parlé , qui firent euxmêmes l'experience de mon demi Cercle
dans cette Rade , en ma présence. Ce
sont M. Deslandes , Contrôleur de la Marine , de l'Académie Royale des Sciences,
le R. P. le Brun , Professeur Royal de
Mathématiques pour Mr les Gardes de la
Marine , Mrs Liard et Michot , Pilotes
Amiraux , qui en dresserent ensuite un
Certificat , dont ils envoyerent copie à
⚫ M. le Comte de Maurepas et à l'Académie des Sciences , à ce que ces M m'en
dirent six mois après , c'est- à - dire , au
retour de la campagne , en m'en remettant aussi une copie ; c'est donc à ces
Mrs là à se plaindre de votre jugement
sur cet article ; ce qu'il y a de bien certain , c'est qu'ils n'avoient aucun interêt
d'en imposer à la Cour et à l'Académie
qu'ils ont trop de probité pour l'avoir
fait sous aucun prétexte , que je n'avois
pas l'honneur de les connoître trois jours
avant mon départ pour l'Amerique , et
queje n'ai contribué en rien aux termes du
Certificat , puisque dès le lendemain de la
derniere Observation nous partîmes pour
l'Amerique , qu'il n'a été dressé qu'après ,
et queje n'ai sçû ce qu'il contenoit que six
mois après.
1. Vol. Puisque
1062 MERCURE DE FRANCE
Puisque vous n'avez pas jugé à propos
de vous appercevoir de la proposition que
je vous ai faite dans maplainte, je vais vous
la répeter afin que le Public sçache encore
mieux de quoi il s'agit , et que vous ne
puissiez plus feindre de l'ignorer. Je
vous avois proposé de faire en presence
des gens du métier , l'experience de votre quart de Cercle et en même temps
de mon demi Cercle.dans une Rade ,
ou même à terre , à un endroit qui seroit
exposé au vent et à un mouvement qui
imiteroit à peu près le roulis d'un Vaisseau ; mais ne l'ayant pas accepté , si vous
le refusez encore , ce sera , pour me servir de vos termes , proscrire vous- même
vos quarts de Cercle de l'usage que vous
auriez voulu en faire prendre au Public ,
et les reconnoître en même temps beauinferieurs à mon demi Cercle pour coup
l'usage de la Navigation ; et comme notre dispute ne roule que là-dessus , vous y
cederez entierement par votre refus. Vous
êtes encore à temps d'accepter mon défi , vous pouvez même joindre à votre
quart de Gercle que j'ai réfuté dans mat
plainte , celui que vous suspendez par
une boucle , que vous dites être mieux
suspendue que le mien ;je vous permettrai dans l'experience que vous employez
I. Vol. l'un
JUIN. 17328 1063
l'un et l'autre indifferemment à votre
choix. Pour nous assurer par l'experiencé
de l'avantage de nos Instrumens les uns
sur les autres , on assemblera à terre un
quart de Cercle à lunette de 3. ou 4.
pieds du Rayon , pour observer pendant
le jour la hauteur du Soleil , er pendant
la nuit celle de quelque Etoile ; nous
serons ensuite tous les deux en Rade dans
le même Vaisseau , sans Montre ni Horloge , nous aurons pris d'avance toutes les précautions qu'on pourra proposer , afin
que nous ne puissions pas avoir connoissance de l'heure , parce qu'elle pourroit
nous servir pour déterminer les hauteurs
des Astres , indépendamment de nos Ins
trumens ; nous observerions ensuite la
hauteur du Soleil le jour , et celle de
quelque Etoile la nuit , dans le temps
qu'on feroit la même observation à terre
avec le susdit quart de Cercle ; et au
moyen des signaux , on n'ôteroit en même temps la quantité de chacune des Observations , qui étant ensuite comparées
avec celles qui auroient été faites en même-temps à terre , serviroient à décider
d'une maniere incontestable lequel des
deux Instrumens vaut le mieux. On peut
faire les mêmes experiences à terre sur
quelques planches mobiles ; il n'y auroie
I. Vol.
en
1064 MERCURE DE FRANCÉ
en cela de l'avantage pour personne. Quesi
yous n'acceptez pas une proposition si raisonnable , qui est la maniere la plus sure
de faire connoître au Public l'avantage
de vos Instrumens sur le mien , ou du
mien sur les vôtres , il employera avec bien
plus de fondement le terme de proscription pour vos deux quarts de Cercle , que
vous ne l'avez employé mal - à- propos
pour mon demi Cercle ; je dis mal- à- pro-.
pos , parce que vous en parlez comme
une personne qui ne le connoît pas encore , qui ne veut pas s'en rapporter aux experiences qui en ont été faites par des
gens de probité et du métier , ni à tous
les Pilotes de Brest , qui l'ont reconnu
fort utile pour la Marine , dans un Certificat qu'ils m'en ont donné. J'espere cependant que les Pilotes des autres Ports
ne l'approuveront pas moins , et que je
m'en servirai utilement à la campagne que
je vais faire dans le Levant.Je ne crois pas
que vous puissiez jamais en dire autant
de vos deux quarts de Cercle.
Vous prétendez , Monsieur , que la
suspension que je donne à mon demi Cercle est inutile , et que je n'ai pas fait at
tention aux cas qu'on employe cette sus
pension. Avez-vous fait attention vousmême que la suspension de mon demi I. Vel.
Cercle
JUIN. 1732. 1065
Cercle est la même que celle des Compas de variation dont on se sert sur Mer
que l'effet de cette suspension , dans l'un
comme dans l'autre Instrument , porte
l'Instrument à obéïr aux differens mouvemens du Vaisseau ? qu'on ne les employe
que pour cela , et que vous ne sçauriez
condamner l'un sans condamner Pautre ?
Si vous aviez fait quelque campagne sur la
Mer , vous auriez vû que cette suspension est si necessaire qu'il ne seroit pas
possible de se servir également des Compas de variation sans cela ; je la laisse subsister dans le Compas de variation que
j'ai donné au Public , et par consequent
je la croi très-utile , parce qu'elle l'est veritablement.
Je m'apperçois dans toute votre Répon
se , que vos idées sont bien differentes
de celles qui ont été acquises par la pratique , ce qui me fait penser que vous en
doutez au moins , c'est le refus que vous
avez fait à mon défi sur la comparaison
de nos Instrumens par des experiences ;
parlant dans votre Réponse comme si je
ne l'avois pas proposé.
Vous dites que parce que je ne donne
aucune atteinte à vos Remarques, qu'elles
ont fait une impression sur moi ; la consequence n'est pas prouvée , en disant qu'elI. Vol. los
1066 MERCURE DE FRANCE
les ne m'ont pas été inutiles , que depuis
j'ai changé d'avis dans l'Ouvrage que je
viens de donner au Public , sur la meilleure maniere d'observer la variation de
la Boussole à la Mer. Je n'ai du tout
point changé d'avis ; et une preuve que
je soutiens toûjours cette suspension bonne , c'est que je l'ai employée , comme je
viens de le dire , au Compas de Variation
que vous citez de la même manieré qu'elle est employée à mon demi Cercle , et
vous vous attribuez mal à propos les avis
que j'ai suivis pour faire tenir mon Compas de variation , par celui qui fait l'Observation.
Etant à Brest 4. ans avant l'impression
de votre Ouvrage , Mr les Officiers de ce
Port , tant d'Epée que de Plume , m'en
donnerent l'idée , que j'ai réduite à la
maniere qui est expliquée dans mon Livre;il y a apparence que vous aviez puisé
cette idée à la même source , puisque j'ai
appris que vous aviez aussi été à Brest ;
d'ailleurs les Marins l'ont toûjours dit
ainsi , et la théorie seule ne sçauroit nous
l'avoir appris de même.
Le public trouvera , comme moi fort
singulier , que vous desaprouvicz , page
703. que je consulte les Marins d'aujourd'hui , ne diroit-on pas à ce terme
I. Vol.
de
JUIN. 1732. 1067
de Marins d'aujourd'hui , que vous voudriez les mettre bien au dessous de
ceux de l'ancien temps ; il est pourtant
certain que de l'aveu de tout l'Univers
la Marine est à un plus haut point de
perfection qu'elle ait jamais été , et la
comparaison que nous faisons des anciens
écrits avec les modernes qui la regar
dent, nous le confirment ; vous conviendrez, sans doute, qu'elle n'a reçu ce grand
avantage ni de vous ni de moi ; d'où je
conclus que les Marins d'aujourd'hui
valent bien mieux que ceux de l'ancien
temps ; qu'ils sont plus habiles , qu'ils
naviguent bien mieux , et que nous devons les consulter préférablement aux
écrits des anciens. L'expérience et la tradition ont appris aux Marins d'aujour
d'hui ( pour me servir de votre terme )
que vos deux quarts de Cercle sont proscrits à l'usage de la Marine, par les raisons que j'ai détaillées dans ma plainte,
Elles sont si évidentes , qu'il n'est pas
possible de les contester avec fondement
et n'exigent aucune citation, parce qu'aucun des Livres qui traitent de la Navigation ou du Pilotage , ne nous donne
l'histoire suivie d'aucun des Instrumens
qui ont été employez , ou qu'on employe
sur mer ; mais seulement leur construc
I.Vol. tion
068 MERCURE DE FRANCE
tion et leurs usages,comme ils l'ont fait de
beaucoup d'autres Instrumens qu'on ne
sçauroit mettre en pratique utilement et
qui sont inutiles. Auroit-il falu vous consulter préférablement aux Marins d'aujourd'hui, et s'en raporter à vos décisions?
il y auroit eu de la témérité. On doitagir
avec plus de prudence lorsqu'on veut.
donner des choses qui soient praticables
sur Mer. Il ne paroît pas dans vos écrits
que vous ayez la moindre pratique de la
Navigation. Si vous ne les consultiez pas
vous- même bien souvent , dans un cas où
vous seriez chargé de la conduite d'un
Vaisseau , il y a toute apparence que vous
iriez bien- tôt habiter avec les Poissons, par
le deffaut de pratique. Vous reconnoître
peut-être unjour la nécessité de les consúlter , ou de frequenter long- temps
Mer soi-même , lorsqu'on veut donner
du nouveau qui soit utile. Si vous aviez
pris cette sage précaution , je ne croi pas
que vous eussiez donné votre Traité sur
la matiere des Vaisseaux, tel que vous l'avez publié ; je vous en expliquerai un jour
les raisons, appuïées la plus part sur l'expérience et sur des démonstrations géométriques , qui seront à la portée de tous
les Géometres.
la
La Campagne que j'ai faite à l'AmériI. Vol.
que
JUIN. 1732. 1069
que , les avis que je pris de Mrs les Marins
pendant le voyage , et à Brest à mon retour me donnerent dans ce temps- là l'idée de réduire le Compas de Variation
que j'avois inventé , tel que je viens de
le donner au public , n'ayant fait , comme je l'ai déja dit , aucun changement à sa
suspension , ainsi vous me félicitez mal à
propos sur ce prétendu changement,
Vous cherchez , Monsieur , à vous défendre inutilement d'avoir voulu décider
de mon demi Cercle sans le connoître ;
l'histoire de l'Académie , de l'année 1724.
où on voit , pag. 93. la Relation de mon
demi Cercle , laquelle Relation vous a
donné occasion d'en parler , comme vous
avez fait , subsiste encore ; de même que
le Traité sur la meilleure maniere d'observer la hauteur des Astres que vous.
avez fait imprimer en l'année 1729. chez
Claude Jombert , à Paris , où vous avez
donné occasion à ma plainte , page 11.
ainsi vous avez beau dire que vous n'aviez pas pu en prendre assez de connoissance dans l'histoire de l'Académie ; vous
prononcez votre condamnation par cet
aveu ; car quand même l'instrument seroit tel que vous le dites à present , vous
n'étiez pas en droit d'en faire un portrait
qui n'y eût aucune ressemblance, et encore I. Vol. toins
1070 MERCURE DE FRANCE
moins d'en décider , sans le connoître ,
parce qu'on ne doit faite le portrait et
décider que des choses qu'on connoît entierement ; et parce que j'ai fait voir dans
ma plainte , par la copie des pièces justificatives , que tout ce que vous en avez
dit , n'a aucun rapport à ce qui est inseré
dans l'histoire de l'Académie. Vous voulez soutenir une partie de ce que vous
avez avancé ; mais il ne vous est pas possible d'y réussir , à moins que vous n'acceptiez le défi que je vous en ai fait , et
que vous ayez gain de cause dans les expériences proposées. Vous avez cru vous
en deffendre , en disant que vous n'avez
faire d'en venir à l'expérience de mon
demi Cercle. N'auriez- vous pas fait attention qu'il s'agissoit aussi dans mon défi
de l'expérience de votre quart de Cercle,
afin de juger ensuite s'il vaut mieux que
mon demi Cercle , par la comparaison de
leurs expériences. Vous êtes encore àtems
de l'accepter et d'y joindre votre autre
quart de Cercle suspendu par une boucle , comme je vous l'ai déja dit ; que si
vous le refusez , le public ne manquera
pas de dire avec raison que vous cedez entierement , quelques détours que vous
puissiez chercher , parce que c'est- là le
seul point sur lequel roule toute notre
que
*I.Vol. dispute ;
JUIN. 1732.
1071
dispute ; jusqu'icy les détours que vous
pourrez prendre , ne pourront être que
de la nature de ceux qui ont donné occasion à ma plainte, de ceux que vous venez de produire et de ceux que vous avez
cherchez pour ne pas effectuer la gageure
que vous m'aviez fait proposer au sujet
de nos deux Mémoires , sur la meilleure
maniere d'observer la variation de l'Eguille Aimantée sur mer. Le public sera
bien aise d'être informé de cette petite.
'histoire , afin de sçavoir à quoi il doit s'en
tenir , sur ce que vous avancez.
Au commencement du mois de Juillet
dernier, vous me fîtes proposer du Ha
vre, par un de mes amis , une gageure de
Jo Louis , au sujet de nos deux Mémoi
res ; lesquels so Louis seroient au profitde celui dont le Mémoire seroit reconnu
par Mrs les Commissaires de l'Académie
avoir mieux mérité le prix qui avoit été
proposé à ce sujet. J'appris cette nouvelle
à Paris , où j'étois pour lors , et où j'en
parlai par occasion , à des personnes qui
me dirent, qu'avant votre départ de Paris
pour le Havre , vous aviez dit chez votre
Libraire et ailleurs , en présence de plusieurs personnes, que si je croïois que mon
Mémoire eut eu le prix , s'il n'eut pas été
oublié à la Poste , vous me gageriez les
1.Vol. B 2000
1072 MERCURE DE FRANCE
2000 liv. que vous en aviez reçuës, pour,
soûtenir qu'il vous auroit été attribué également depuis ; votre Libraire et d'autres personnes m'ont confirmé la chose.
Je vis bien par là combien vous étiez prévenu en faveur de votre Ouvrage , car
vous ne connoissiez pas encore le mien
dans ce temps- là enfin je n'ai été informé de votre proposition de gageure à Paris , qu'après que vous m'avez eu faitproposer du Havre celle de so Louis , ainsi
je n'avois pas pû y répondre , parce que
je n'en avois pas eu connoissance ; mais
parce que vous aurez pû croire que je le
sçavois , et que la crainte m'avoit empêché de l'accepter , vous m'avez fait proposer la seconde, croïant , sans doute, que
je ne l'accepterois pas ; mais vous en fûtes
bien- tôt détrompe , car j'envoié le lendemain à mon ami la gageure écrite et signée
de ma main , priant cet ami de compter
la somme , afin que vous n'eussiez qu'à
signer la gageure , pour qu'elle commençat d'avoir lieu ; mais lorsqu'on vous presenta l'écrit pour le signer , vous vous retranchates d'abord à 5o Pistoles,au lieu de
50 Louis , et l'orsqu'on voulut compter
l'argent pour moi , vous ne jugeâtes pas à
propos de fondre la cloche. Il y a apparence qu'après avoir réduit la gagcure de
J.Vol. 2000
JUIN. 1732.
2000 liv. à 5o Louis , et de so Louis à
1073
go Pistoles , vous auriez voulu la réduire
a moins de so sols , puisqu'à la fin vous
l'avez réduite à rien. Je vous avois cependant laissé le maître de choisir vousmême les Juges dans le Corps de l'Académie des Sciences , ou dans celui de la
Marine. Je dois cependant vous dire que
je l'accepterai encore , que je vous laisserai le même avantage de choisir les Juges,
et que si l'Académie refuse son jugement,
nous en ferons décider Mrs les Marins
qui assurément en rendront unjugement
équitable, parce que la matiere est de leur
competence , qu'elle les interesse même
beaucoup , et parce que toute la question
ne roule que sur la meilleure maniere
d'observer sur Mer la variation de la
Boussole; il ne s'agit que de décider ,
lequel des deux Ouvrages y sera le plus
utile.
"
Les sages restrictions de l'Académie
dont vous parlez dans votre Lettre , pag.
705.ne consistent qu'à faire sur Mer l'expérience de mon demi Cercle, pour sçavoir s'il approcheroit d'y donner la hauteur des Astres , comme il l'avoit donnée à terre. On trouve dans le Mémoire
que j'ai laissé à la même Académie à ce
sujet , cette restriction dans les mêmes
I. Vol.
Bij termes ,
2074 MERCURE DE FRANCE
termes ; depuis, l'Académie n'a pas montré comme vous l'avancez tout de suite,
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé la
question en mafaveur , en proposant le mêmesujet pour prix. Ce qu'elle en a ditdans
-son histoire de 1724 , page 93. est tresclair , puisqu'elle ne parle qu'après les
Observations qu'elle en fit dans un sens,
qui ne demande aucune interprétation ;
ainsi vous auriez dû vous dispenser de
celle que vous y donnez , parce que cette
description n'est pas de la nature de vos
énigmes.
Vous · finissez votre Lettre , Monsieur ,
en disant, au sujet des Vaisseaux lorsqu'ils
sont à la Mer , que le point le plus essentiel et en même temps le plus difficile est de
pénétrer la cause de tous les mouvemens , ei
d'être en état d'en prévoir les différens effets
vous ajoûtez, qu'on peut s'appliquer à tous
dans cela avec autant de succès à terre que
tout autre endroit.
On vous prouvera un jour le contraire ;
mais en attendant où trouverez- vous un
Marin qui en convienne , depuis le plus
habile et le plus expert ,jusqu'au plus novice dans cette pratique ; l'expérience leur
en a appris la verité.
Vous dites de suite que personne ne
s'est encore apperçu au Havre que vous
n'as
JUIN. 1732. T07
moins
n'ayez cultivé l'Hydrographie que dans
le Cabinet,je crois qu'on ne vous l'a pas té
moigné , mais qu'on ne s'en est pas
apperçuscar moi qui n'al fait qu'une Cam
pagne de long cours , je l'ai si- bien recom
nu dans tous vos Ouvrages touchant la
Marine, que je n'ai pas pu m'empêcher de
vous le dire dans ma plainte ; quoique 15
jours auparavant vous m'eussiez soutenu
verbalement le contraire. Je vous détail
lerai à mon loisir les articles oùje m'en
suis aperçu.
Comme je pars demain pour Toulon,
et de-là pour les Echelles du Levant , je
serai assez long temps absent du Royaumesans être informé dece que vous pour
rez écrire contre moi. Vous aurez l'avantage de combattre un homme absent da
Royaume, qui ne pouvant avoir aucune
connoissance de vos écritures, ne sçauroit
vous répondre qu'à son retour, qui ne sera
pas si-tôt ; vous ne voudrez pas pour lors
tirer avantage du retard de sa replique ,.
comme vous avez voulu le faire du re.
tard de sa-Plainte; ces sortes de ressources
se réduisent à rien dans les disputes , elles
ne vont pointau fait, et lorsqu'on est obligé de les employer pour se défendre , on
annonce la perte de la cause, parce que ces
affaires - là ne prescrivent point.
I.Vol. Bij Je
1076 MERCURE DE FRANCE
Je vous propose, Monsieur, de faire ensemble une campagne par Mer , pour y
mettre en pratique vos Instrumens et les
miens ; je ne doute pas que M. le Comte
de Maurepas ne nous en accorde la per
mission , parce que cette campagne seroit
utile à la Marine, en ce que nous ne manquerions pas l'un et l'autre de bien éplu- cher nos Instrumens dans tous leurs usages , d'en apprendre , autant que nous le
pourrions, la pratique à Mr les Marins, et
de leur en faire sentir par- là le bon ou lè
mauvais ; on sçauroit pour lors fort bien
à quoi s'en tenir , sur les vôtres et sur
les miens ; vous m'y trouverez toujours
disposé; mais si vous le refusés, le public
ne manquera pas de dire, avec raison, que
connoissant vous-même la superiorité de
mes Ouvrages sur les vôtres , pour l'utilité de la Marine , vous voulez éviter de
l'en éclaircir. J'ai l'honneur d'être , malgré tous nos differens , avec beaucoup
de considération. Monsieur , votre , &c.
AVersailles , le 12 May 1732.
Fermer
Résumé : REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
M. Meynier, ingénieur de la Marine, répond à la lettre de M. Bouguer, Professeur Royal d'Hydrographie, publiée dans le Mercure de France d'avril. Meynier affirme que les raisons de sa plainte étaient évidentes et que le public lui a rendu justice. Il critique Bouguer pour avoir décidé d'un sujet qu'il ne connaissait pas et pour avoir modifié le sens de ses propos sur le demi-cercle. Meynier accuse Bouguer de tenter de sapper les connaissances établies pour promouvoir ses propres productions. Le différend concerne un programme de l'Académie Royale des Sciences de 1729 sur la meilleure manière d'observer la hauteur des astres en mer. Meynier critique Bouguer pour ne pas avoir pris en compte son mémoire précédent et pour avoir mal interprété ses observations. Il souligne que ses occupations l'ont empêché de réfuter immédiatement les propos de Bouguer et qu'il travaille principalement à des projets utiles pour le service du Roi et du public. Meynier reconnaît que les instruments actuellement en usage sont préférables et critique Bouguer pour avoir changé d'avis sur la préférence de son quart de cercle. Il accuse Bouguer de l'avoir mal jugé concernant les observations faites dans la Rade de Brest et propose une expérience publique pour comparer les instruments. Meynier conclut en appelant à une dispute basée sur des faits certains et des expériences pratiques. Dans une autre correspondance, Meynier défend son demi-cercle, affirmant qu'il est reconnu utile par les pilotes de Brest et d'autres ports. Il critique Bouguer pour avoir condamné son demi-cercle sans expérience pratique et sans se baser sur des expériences validées par des marins et des experts. Meynier souligne l'importance de la suspension dans son demi-cercle, nécessaire pour les mouvements du vaisseau, et compare cette suspension à celle des compas de variation. Il mentionne également une dispute académique et une gageure proposée par Bouguer, qu'il est prêt à accepter pour prouver la supériorité de son instrument. Bouguer, écrivant depuis Versailles le 12 mai 1732, reconnaît l'expertise de Meynier en hydrographie à travers ses ouvrages. Il propose de faire une campagne en mer ensemble pour tester leurs instruments respectifs, afin de déterminer leur utilité pour la marine. Bouguer espère obtenir la permission de M. le Comte de Maurepas pour cette campagne, qui permettrait d'évaluer et d'enseigner la pratique des instruments aux marins. Il conclut en affirmant sa disponibilité pour cette entreprise, tout en soulignant que le refus de Meynier serait interprété comme une reconnaissance de la supériorité de ses propres ouvrages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
417
p. 1128-1135
EXTRAIT du Memoire de M. de Reaumur, lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, du 23. Avril dernier, sur la Teigne des feüilles des Arbres.
Début :
Nous avons déja donné dans d'autres Mercures, les Extraits [...]
Mots clefs :
M. de Réaumur, Teigne des feuilles, Membranes, Espèces, Substance, Fourreau, Habits, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire de M. de Reaumur, lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, du 23. Avril dernier, sur la Teigne des feüilles des Arbres.
EXTRAIT du Memoire de M.. de·
Raumur, lû à l'Assemblée publique de·
Académie Royale des Sciences , du 23
Avril dernier,sur la Teigne des feuilles,
des A bres.
Ous avons déja donné dans d'autres
ercures, les Extraits des deux Mé..
mones de M. de Reaumur , sur ces Insectes industrieux qui , comme nous
naissent nuds , et qui , comine nous , sçavent se faire de veritables habits. Ceux
2
I.Vol.
dont
JUIN. 1732. II29
dont les procedez y sont décrits , sont
les Teignes des Laines et des Pelleteries.
M. de Reaumur , après avoir expliqué
l'art avec lequel elles travaillent les fourreaux qui les couvrent , a cherché et a
trouvé des moyens surs d'arrêter les désordres qu'elles font dans les Etoffes de
Laines de toute espece , et dans les Fou- fures.
Le troisiéme Memoire et celui dont
il s'agit à présent , a pour objet des
Teignes qui ne sont pas aussi à craindre que les premieres , mais qui ne sont
pas moins admirables par leur industrie.
Elles se tiennent sur les arbres ; elles sont
ordinairement appliquées contre le dessous de leurs feuilles ; elles sont logées:
dans des especes d'Etuis de couleur de
feuille seche , ce qui fait qu'on remarque rarement ces Etuits , quoi qu'ils
soient assez communs , et longs de sept à
huit lignes. Un grand nombre d'especes.
d'arbres , citez dans le Memoire , nourrissent differentes especes de Teignes.
Mais il n'est point d'arbres où elles soient
plus communes que sur les Ormes ; les
fourreaux de celles-cy sont des plus remarquables pour leur forme; ils ont quelque ressemblance avec celle de l'exterieur
de divers Poissons , tels que les Carpes..
L.. Vol Lai D vj
1130 MERCURE DE FRANCE
A
,
La partie superieure du fourreau , celle
qui est tout du long du dessous du dos de
l'Insecte , est ornée de dentellures , faites
et posées à peu près comme les aillerons
que divers Poissons portent sur leur dos.
Le fourreau a une ouverture à chaque
bout celle par où l'Insecte fait sortir
sa tête et ses jambes quand il veut marcher , est circulaire ; là , le fourreau est cilindrique et un peu recourbé vers le
ventre , l'autre bout est applati ; il est
composé de lames plates , qui par leurs
contours imitent les queues de Poisson.
Ces lames n'y sont qu'appliquées l'une contre l'autre , elles s'écartent l'une de
l'autre , toutes les fois, que l'Insecte veut
jetter ses excremens ; il avance son der
riere entr'elles pour les forcer de s'entr'ouvrir , il se retire lorsqu'il a dardé
ses excrémens , et aussi- tôt les deux lames se raprochent par leur ressort.
>
Par tout où la Teigne va , elle porte
son fourreau avec elle ; lors même qu'elle
marche , il n'y a que sa tête et ses jambes qui en soient proches , qui sont à découvert. On ne peut voir marcher cet
Insecte avec une espece d'habit si singuier par la forme et la matiere dont la
ualité ne paroît pas aisée à reconnoître ,
sans quelque envie de sçavoir comment.
1. Vol. il
JUIN. 17322 1131
il le fair et de quoi il le fait, M. de Reaumur ayoüe que toutes ses conjectures ne
lui ont pû faire deviner en quoi consistent les procedez de cet Insecte , que ce
n'est qu'après l'avoir dépouillé en certaines circonstances favorables et après l'a- voir mis dans la necessité de se vétir
qu'il a reconnu l'art avec lequel il prépare l'étoffe convenable et avec lequel il
la met en œuvre ; mais pour pouvoir
faire entendre comment il s'habille , il
faut avoir expliqué comment il se nourrit.
La Teigne vit de feuilles , mais elle
ne les ronge pas de part en part , comme
font tant d'autres Insectes ; elle laisse même leur forme à celles dont elle tire son
aliment. Une feuille d'Orme , par exemple , quoique mince , est composée de
deux membranes , entre lesquelles est
renfermée une substance charnuë ; la Teigne ne se nourrit que de cette substance
charnue. Quand elle veut manger , elle
fait sortir sa tête de son fourreau , et avec
deux crochets dont elle est armée , elle
perce la membrane du dessous de la feüille; elle détache toute la substance charnuë qui est vis - à - vis le trou circulaire.
qu'elle a commencé ; elle la mange à mesure qu'elle la détache ; mais elle ne creuse
ce trou que jusqu'à la membrane superieu1. Vol re ,
#132 MERCURE DE FRANCE
re ; elle laisse celle-cy saine et entiere.
Quand elle a avancé jusques-là sa tête
elle la recourbe et commence à miner
entre les deux membranes ; elle détacher
la substance charnuë qui est entre celles
du côté où la tête s'est dirigée , et en
même temps elle écarte les deux membranes l'une de l'autre beaucoup plus.
qu'elles ne le sont naturellement ; par là
elle's'y fait une place où la tête puisse
être contenue , et être en état d'aller miner plus loin. Ainsi successivement elle:
mine dans tout le contour du trou , et
toûjours de plus loin en plus loins à
mesure qu'elle avance plus loin dans
la feuille , une plus grande partie du
corps est hors du fourreau , et se trouve entre deux membranes.
Pendant que diverses Teignes étoient
ainsi occupées à manger , et cramponnées
entre les deux membranes de la feuille ,
M. de Reaumur a retiré promptement
leurs fourreaux ; ainsi surprises , elles se
sont trouvées hors d'état d'y rentrer , elles ont donc été dépouillées sans qu'on
leur ait fait aucun autre mal et mises dans
la necessité de se vétir.
Une Teigne ainsi nuë , tâte à droit et
à gauche tout autour du trou , pour
chercher son habit ; après avoir tâté in- utilement "
L. Vel..
JUIN. 1732. 1133
utilement , elle prend le parti de conti
nuer de miner entre les deux membranes , afin d'y faire une place où elle puisse être contenuë toute entiere. A force:
de miner , de manger et d'écarter les
deux membranes , elle se trouve dans peu
entierement logće entr'elles . La voilà déja
à couvert ; et ayant des alimens tout autour de soi , bien- tôt elle recommence à
miner , et cela parce qu'en minant elle
prépare l'étoffe necessaire pour se faire:
un habit. Les portions de membranes
d'où toute la substance charnüe a été détachée , sont cette étoffe ; il n'en faut pass
de grandes pieces pour couvrir une Teigne , il en faut pourtant plus que l'état
actuel de son corps ne semble le demander, pour n'avoir pas à recommencer si
souvent ; elle fait chaque habit une fois
plus grand que le corps qu'il doit couvrir..
Les morceaux de membranes ainsi préparez, dégagez dè toute substance char
nue , sont pour elle ce qu'est pour un
Tailleur une piece de drap , et un Tailleur ne s'y prendroitpas autrement qu'elle va faire. Son habit doir être composé
de deux pieces égales et semblables , les
pieces employées à faire le devant ou le
derriere de nos juste-au- corps n'ont pas
des figures plus contournées , et contour
J. Volo. néest
1134 MERCURE DE FRANCE
nées plus bizarement , que chacune de
celles de l'habit de la Teigne. Elle les
coupe pourtant l'une et l'autre aussi régulierement que si elle étoir conduite par
un patron, elle semble nous vouloir prouver qu'elle a l'idée de leur figure ; c'est
avec les deux Serres qu'elle a au- dessous
de la tête qu'elle les coupe.
Après que les deux pieces ont été coupées , elles restent encore dans la feuille,
elles y tiennent par de petits engrainemens ; il ne s'agit plus que de les assembler et elles sont en place pour cela ,
étant l'une vis-à- vis l'autre. L'art de coudre n'est pas connu des Teignes , mais
elles sçavent filer. Les fils nouvellement
sortis de la filiore , sont gluants , ils se
collent aisément aux corps contre lesquels
ils sont appliquez. C'est avec ces fils
gluants qu'elle réunit les bords d'une des
pieces avec ceux de l'autre , par tout où
ils doivent être assemblez; ces endroits
se trouvent par la suite au dessus du dos
et au dessous du ventre ; la réunion en
est si bien faite , que quoi qu'on sçache
les endroits où elle a été faite , on ne peut
les reconnoître même avec la loupe.
Enfin, quand les deux pieces de l'habit
sont assemblées , la Teigne frotte leurs
surfaces interieures avec sa tête pour les
. 1. Vol. anir
JUIN. 1732. 1135
unir , pour les lisser ; ensuite elle les fortifie par une doublure de Soye. Alors
l'habit est fini , elle les desengraine de
l'espece d'établis où il est resté. Jusqueslà elle se met à marcher et l'emporte
avec soi sur une autre feüille où elle va
prendre de la nourriture. Il faudroit rapporter le Memoire de M. de Reaumur ,
tout au long pour faire entendre les differentes manieres dont les Teignes s'y pren-,
nent pour faire leurs habits en differentes
circonstances , lorsqu'elles se les font de
bon gré , ou lorsqu'elles se les font après
y avoir été forcées ; pour expliquer en
quel cas elles se font des habits neufs ,
et combien de fois en leur vie ; comment
elles réparent quelquefois les déchirures
ou les morceaux emportez. En quoi les
habits des differentes especes de Teignes
different entierement , et pour apprendre le reste de leur Histoire ; c'est dans
le Memoire même , lorsqu'il sera imprimé, qu'on lira tous ces faits , qui sont des
plus singuliers que fournisse l'Histoire
naturelle des Insectes , quelque féconde
qu'elle soit en merveilles.
Raumur, lû à l'Assemblée publique de·
Académie Royale des Sciences , du 23
Avril dernier,sur la Teigne des feuilles,
des A bres.
Ous avons déja donné dans d'autres
ercures, les Extraits des deux Mé..
mones de M. de Reaumur , sur ces Insectes industrieux qui , comme nous
naissent nuds , et qui , comine nous , sçavent se faire de veritables habits. Ceux
2
I.Vol.
dont
JUIN. 1732. II29
dont les procedez y sont décrits , sont
les Teignes des Laines et des Pelleteries.
M. de Reaumur , après avoir expliqué
l'art avec lequel elles travaillent les fourreaux qui les couvrent , a cherché et a
trouvé des moyens surs d'arrêter les désordres qu'elles font dans les Etoffes de
Laines de toute espece , et dans les Fou- fures.
Le troisiéme Memoire et celui dont
il s'agit à présent , a pour objet des
Teignes qui ne sont pas aussi à craindre que les premieres , mais qui ne sont
pas moins admirables par leur industrie.
Elles se tiennent sur les arbres ; elles sont
ordinairement appliquées contre le dessous de leurs feuilles ; elles sont logées:
dans des especes d'Etuis de couleur de
feuille seche , ce qui fait qu'on remarque rarement ces Etuits , quoi qu'ils
soient assez communs , et longs de sept à
huit lignes. Un grand nombre d'especes.
d'arbres , citez dans le Memoire , nourrissent differentes especes de Teignes.
Mais il n'est point d'arbres où elles soient
plus communes que sur les Ormes ; les
fourreaux de celles-cy sont des plus remarquables pour leur forme; ils ont quelque ressemblance avec celle de l'exterieur
de divers Poissons , tels que les Carpes..
L.. Vol Lai D vj
1130 MERCURE DE FRANCE
A
,
La partie superieure du fourreau , celle
qui est tout du long du dessous du dos de
l'Insecte , est ornée de dentellures , faites
et posées à peu près comme les aillerons
que divers Poissons portent sur leur dos.
Le fourreau a une ouverture à chaque
bout celle par où l'Insecte fait sortir
sa tête et ses jambes quand il veut marcher , est circulaire ; là , le fourreau est cilindrique et un peu recourbé vers le
ventre , l'autre bout est applati ; il est
composé de lames plates , qui par leurs
contours imitent les queues de Poisson.
Ces lames n'y sont qu'appliquées l'une contre l'autre , elles s'écartent l'une de
l'autre , toutes les fois, que l'Insecte veut
jetter ses excremens ; il avance son der
riere entr'elles pour les forcer de s'entr'ouvrir , il se retire lorsqu'il a dardé
ses excrémens , et aussi- tôt les deux lames se raprochent par leur ressort.
>
Par tout où la Teigne va , elle porte
son fourreau avec elle ; lors même qu'elle
marche , il n'y a que sa tête et ses jambes qui en soient proches , qui sont à découvert. On ne peut voir marcher cet
Insecte avec une espece d'habit si singuier par la forme et la matiere dont la
ualité ne paroît pas aisée à reconnoître ,
sans quelque envie de sçavoir comment.
1. Vol. il
JUIN. 17322 1131
il le fair et de quoi il le fait, M. de Reaumur ayoüe que toutes ses conjectures ne
lui ont pû faire deviner en quoi consistent les procedez de cet Insecte , que ce
n'est qu'après l'avoir dépouillé en certaines circonstances favorables et après l'a- voir mis dans la necessité de se vétir
qu'il a reconnu l'art avec lequel il prépare l'étoffe convenable et avec lequel il
la met en œuvre ; mais pour pouvoir
faire entendre comment il s'habille , il
faut avoir expliqué comment il se nourrit.
La Teigne vit de feuilles , mais elle
ne les ronge pas de part en part , comme
font tant d'autres Insectes ; elle laisse même leur forme à celles dont elle tire son
aliment. Une feuille d'Orme , par exemple , quoique mince , est composée de
deux membranes , entre lesquelles est
renfermée une substance charnuë ; la Teigne ne se nourrit que de cette substance
charnue. Quand elle veut manger , elle
fait sortir sa tête de son fourreau , et avec
deux crochets dont elle est armée , elle
perce la membrane du dessous de la feüille; elle détache toute la substance charnuë qui est vis - à - vis le trou circulaire.
qu'elle a commencé ; elle la mange à mesure qu'elle la détache ; mais elle ne creuse
ce trou que jusqu'à la membrane superieu1. Vol re ,
#132 MERCURE DE FRANCE
re ; elle laisse celle-cy saine et entiere.
Quand elle a avancé jusques-là sa tête
elle la recourbe et commence à miner
entre les deux membranes ; elle détacher
la substance charnuë qui est entre celles
du côté où la tête s'est dirigée , et en
même temps elle écarte les deux membranes l'une de l'autre beaucoup plus.
qu'elles ne le sont naturellement ; par là
elle's'y fait une place où la tête puisse
être contenue , et être en état d'aller miner plus loin. Ainsi successivement elle:
mine dans tout le contour du trou , et
toûjours de plus loin en plus loins à
mesure qu'elle avance plus loin dans
la feuille , une plus grande partie du
corps est hors du fourreau , et se trouve entre deux membranes.
Pendant que diverses Teignes étoient
ainsi occupées à manger , et cramponnées
entre les deux membranes de la feuille ,
M. de Reaumur a retiré promptement
leurs fourreaux ; ainsi surprises , elles se
sont trouvées hors d'état d'y rentrer , elles ont donc été dépouillées sans qu'on
leur ait fait aucun autre mal et mises dans
la necessité de se vétir.
Une Teigne ainsi nuë , tâte à droit et
à gauche tout autour du trou , pour
chercher son habit ; après avoir tâté in- utilement "
L. Vel..
JUIN. 1732. 1133
utilement , elle prend le parti de conti
nuer de miner entre les deux membranes , afin d'y faire une place où elle puisse être contenuë toute entiere. A force:
de miner , de manger et d'écarter les
deux membranes , elle se trouve dans peu
entierement logće entr'elles . La voilà déja
à couvert ; et ayant des alimens tout autour de soi , bien- tôt elle recommence à
miner , et cela parce qu'en minant elle
prépare l'étoffe necessaire pour se faire:
un habit. Les portions de membranes
d'où toute la substance charnüe a été détachée , sont cette étoffe ; il n'en faut pass
de grandes pieces pour couvrir une Teigne , il en faut pourtant plus que l'état
actuel de son corps ne semble le demander, pour n'avoir pas à recommencer si
souvent ; elle fait chaque habit une fois
plus grand que le corps qu'il doit couvrir..
Les morceaux de membranes ainsi préparez, dégagez dè toute substance char
nue , sont pour elle ce qu'est pour un
Tailleur une piece de drap , et un Tailleur ne s'y prendroitpas autrement qu'elle va faire. Son habit doir être composé
de deux pieces égales et semblables , les
pieces employées à faire le devant ou le
derriere de nos juste-au- corps n'ont pas
des figures plus contournées , et contour
J. Volo. néest
1134 MERCURE DE FRANCE
nées plus bizarement , que chacune de
celles de l'habit de la Teigne. Elle les
coupe pourtant l'une et l'autre aussi régulierement que si elle étoir conduite par
un patron, elle semble nous vouloir prouver qu'elle a l'idée de leur figure ; c'est
avec les deux Serres qu'elle a au- dessous
de la tête qu'elle les coupe.
Après que les deux pieces ont été coupées , elles restent encore dans la feuille,
elles y tiennent par de petits engrainemens ; il ne s'agit plus que de les assembler et elles sont en place pour cela ,
étant l'une vis-à- vis l'autre. L'art de coudre n'est pas connu des Teignes , mais
elles sçavent filer. Les fils nouvellement
sortis de la filiore , sont gluants , ils se
collent aisément aux corps contre lesquels
ils sont appliquez. C'est avec ces fils
gluants qu'elle réunit les bords d'une des
pieces avec ceux de l'autre , par tout où
ils doivent être assemblez; ces endroits
se trouvent par la suite au dessus du dos
et au dessous du ventre ; la réunion en
est si bien faite , que quoi qu'on sçache
les endroits où elle a été faite , on ne peut
les reconnoître même avec la loupe.
Enfin, quand les deux pieces de l'habit
sont assemblées , la Teigne frotte leurs
surfaces interieures avec sa tête pour les
. 1. Vol. anir
JUIN. 1732. 1135
unir , pour les lisser ; ensuite elle les fortifie par une doublure de Soye. Alors
l'habit est fini , elle les desengraine de
l'espece d'établis où il est resté. Jusqueslà elle se met à marcher et l'emporte
avec soi sur une autre feüille où elle va
prendre de la nourriture. Il faudroit rapporter le Memoire de M. de Reaumur ,
tout au long pour faire entendre les differentes manieres dont les Teignes s'y pren-,
nent pour faire leurs habits en differentes
circonstances , lorsqu'elles se les font de
bon gré , ou lorsqu'elles se les font après
y avoir été forcées ; pour expliquer en
quel cas elles se font des habits neufs ,
et combien de fois en leur vie ; comment
elles réparent quelquefois les déchirures
ou les morceaux emportez. En quoi les
habits des differentes especes de Teignes
different entierement , et pour apprendre le reste de leur Histoire ; c'est dans
le Memoire même , lorsqu'il sera imprimé, qu'on lira tous ces faits , qui sont des
plus singuliers que fournisse l'Histoire
naturelle des Insectes , quelque féconde
qu'elle soit en merveilles.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Memoire de M. de Reaumur, lû à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, du 23. Avril dernier, sur la Teigne des feüilles des Arbres.
Le mémoire de M. de Reaumur, présenté à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences le 23 avril précédent, traite des teignes des feuilles et des arbres. Reaumur, ayant déjà étudié les teignes des laines et des pelleteries, se concentre ici sur celles des arbres, notamment celles des ormes. Ces teignes, bien que moins nuisibles, sont remarquables par leur industrie. Les teignes des arbres vivent souvent sous les feuilles, dans des étuis de couleur feuille sèche, mesurant sept à huit lignes de long. Ces fourreaux sont ornés de dentellures et imitent la forme de certains poissons. Les teignes portent leur fourreau en marchant, ne laissant apparaître que leur tête et leurs pattes. Reaumur observe que les teignes se nourrissent de la substance charnue des feuilles sans les détruire entièrement. Elles percent les membranes des feuilles avec des crochets pour accéder à cette substance. Pour étudier leur processus de fabrication des fourreaux, Reaumur a dépouillé les teignes et les a observées en train de se revêtir. Les teignes préparent l'étoffe de leur fourreau en minant entre les membranes des feuilles, détachant la substance charnue. Elles coupent ensuite des morceaux de membranes pour former deux pièces égales, qu'elles assemblent avec des fils gluants. Elles lissent et renforcent leur fourreau avec une doublure de soie avant de le détacher et de le porter sur une autre feuille. Le mémoire de Reaumur détaille les différentes manières dont les teignes fabriquent leurs fourreaux et d'autres aspects de leur histoire naturelle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
418
p. 1331-136
EXTRAIT du Memoire sur les Tartres Solubles, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Duhamel du Monceau.
Début :
On sçait que le Tartre est une incrustation saline, qui [...]
Mots clefs :
Sel, Tartre, Soluble, Craie, Académie royale des sciences, Duhamel du Monceau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire sur les Tartres Solubles, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Duhamel du Monceau.
EXTRAIT du Memoire sur les Tartres
Solubles , lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences,
par M.Duhamel du Monceau.
O
Nsçait que leTartre est une incrustation saline , qui s'attache aux parois interieures des vaisseaux qu'on emplit de vin.
•
Beaucoup d'Auteurs donnent une maniere de purifier ce Sel , pour l'avoir en
II. Vol.
Dij beaux
1332 MERCURE DE FRANCE
beaux Cristaux ; mais il s'en faut beaucoup que par leur procedé on parvienne
à en avoir d'aussi beaux que ceux qu'on
nous apporte de Montpellier. M. Fize
de la Societé Royale de Montpellier , a
envoyé à l'Académie des Sciences , un
fort beau Memoire, dans lequel il détaille d'une maniere fort circonstanciée ,
tout ce qu'on pratique aux environs de
cetteVille pour y préparer ces beaux Cristaux de Tartre , qui se distribuent presque par tout le Royaume.
Ir paroît que le procedé en usage auprès de Montpellier , differe de celui qui
est rapporté dans les Auteurs , principa
lement par une Terre blanche qu'on mêle
avec le Sel crud, apparamment pour lui
ôter une graisse surabondante et grossiere,
qui altere la beauté de ce Sel.
M. Duhamel , tant pour s'assurer de
la maniere dont cette Terre agissoit sur
le Sel , que dans le dessein de trouver des Terres pour substituer à celle de Montpellier , s'est proposé de traiter le Tartre
avec un grand nombre de Terres ; mais
dans l'execution des experiences qu'il
avoit prémeditées , il fut très- surpris de
voir plusieurs sortes de Terres décomposer , pour ainsi dire , le Tartre , et en faire un vrai Sel soluble , au lieu de le purifier simplement,
Ce
JUIN. 173.2. 1333
Ce Phénomene , à quoi il avoue qu'il
ne s'attendoit pas , lui fit quitter son objet , et il ne travailla presque plus qu'à
rendre le Tartre soluble par des Terres
alcalines, ce qu'on n'avoit fait jusqu'à present que par des Sels Alcalis.
Pendant que M. Duhamel étoit occupé à cette recherche , M. Grosse , faisant
attention aux differentes métamorphoses
que prend le Cristal de Tartre , suivant
les differens Sels Alcalis , avec lesquels
on le joint , fut tenté d'essayer ce que
produiroit le mélange du Sel de Tartre
avec les Terres Alcalines , et ainsi les deux
Académiciens entreprirent , sans le sçavoir , la même recherche.
Au retour des Vacances , ayant appris
P'un et l'autre qu'ils avoient embrassé le
même objet , ils se communiquerent leur
travail sans réserve , et ils eurent le plaisir
réciproque de trouver une conformité
parfaite dans leurs découvertes ; ce qui
les détermina à suivre leurs recherches ,
de concert, pour n'en faire qu'un seul et
même Ouvrage ; et cela a donné lieu à un
Memoire très-considerable , dont M. D.
a lû un abregé à la derniere Assemblée
publique de l'Académie , et dont nous
allons essayer de donner une idée.
Tout le monde sçait que le Cristal.de
II. Vol. Diij Sel
334 MERCURE DE FRANCE
Sel n'est pas soluble dans l'eau ; mais lors
qu'on mêle ce Sel essentiel Acide avec le
Sel Alcali de Tartre , il en résulte un Sel
moyen qui se fond aisément dans l'eau
et qu'on appelle Sel Vegetal.
M. Bolduc fit voir l'année derniere å
l'Académie , que si l'on employe au lieu
du Sel Tartre , le Sel Alcali fixe de la
Soude , on obtient un Sel particulier tout
à- fait semblable au fameux Sel de la Rochelle ou de Seignet.
M. le Febvre , Médecin d'Uzès , et Cofrespondant de l'Académie , est encore.
parvenu à rendre soluble ce même Cristal de Tartre, d'une maniere tout-à- fait
singuliere , par le moyen du Borax , qui
est , à la verité , un Sel Alcali , comme
M. Lémery l'a depuis démontré dans un
Mémoire qu'il a lû à l'Académie.
Enfin M" D. et G. viennent aussi de
rendre ce Sel essentiel par l'alliage de la
Terre , de la Chaux ou de la Craye , ou
des yeux d'Ecrevisse , ou des Écailles.
d'Huitres , ou enfin d'autres Alcalis térreux.
Ainsi ces Académiciens ont fait jouer
à ces Terres Alcalines tout le reste des
Sels Alcalis , et qui plus est , ils démontrent que ces substances agissent ici
comme Terres,et non pas par aucuns Sels
11. Vol. fixes
JUIN. 1732 1335 1
fixes qu'elles contiennent , et ils rapportent beaucoup d'experiences qui confirment le sentiment de ceux qui soutiennent que les Sels fixes agissent simplement par leurs Terres ; mais les bornes
d'un Extrait sont trop resserrées pour
entreprendre de détailler les experiences
qui servent de baze à ces principes , ainsi
nous nous contenterons de rapporter en
peu de mots , comme ces M" s'y sont pris
pour rendre le Sel soluble par la Craye.
Ils ont mit dans une Bassine , avec quafre à cinq livres d'eau , une demie livre
de Craye de Champagne pulverisée , et
Forsque l'eau a commencé à bouillir , ils
ont jetté sur cette bouillie claire , une
livre et demie de Cristal de Sel en poudre , ce qui a excité une violente fermentation , pendant laquelle tout le Tartre
s'est fondu et la Craye a disparu entierement ; desorte que tout a passé par le
papier gris , et la liqueur filtrée a donné
de beaux Cristaux de Tartre soluble , qui
se fondent aisément dans l'eau froide , qui
brulent sur la pelle rouge , qui font un
vrai Sel neutre , et qui ont un goût pres
que semblable au Sel de la Rochelle.
Cependant par une décomposition fort
jolie , dont ils donnent la pratique dans
leur Memoire , ils sont parvenus à retiII. Vol.
D iiij rer
1336 MERCURE DE FRANCE
rer la Craye et le Tartre, tels que chacune de ses substances étoit avant d'avoir
été employée ; ainsi les prodigieux changemens qui sont arrivez au Sel dans cette
operation , ne peuvent être légitimement
attribucz qu'à l'alliage d'un peu de la Terre de la Craye.
Entre les Terres qu'ils ont employées ,
il y en a beaucoup qui n'ont pas rendu le
Sel soluble , mais qui ont été utilement
employées pour le dégraisser. La Terre de
Montpellier , dont nous avons parlé , la
Terre qu'on employe dans les raffineries
de Sucre , la Terre grasse ordinaire , la
Craye de Brianson , &c. ont été de cette
nature.
Or comme il est bon de sçavoir distinguer les Terres qui peuvent décomposer le Sel , d'avec celles qu'on doit employer pour le purifier , ils proposent un
moyen très-facile , qui peut être employé
comme une Pierre de touche, pour faire cette distinction ; c'est de verser sur ces
Terres du Vinaigre distillé , car celles qui
seront dissoutes par cet Acide , rendront
infailliblement le Sel soluble , au lieu que
les autres ne l'altereront point du tout ;
elles se chargeront seulement d'une huille
grossiere , qui altere la blancheur de ce
Sel.
11
Solubles , lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences,
par M.Duhamel du Monceau.
O
Nsçait que leTartre est une incrustation saline , qui s'attache aux parois interieures des vaisseaux qu'on emplit de vin.
•
Beaucoup d'Auteurs donnent une maniere de purifier ce Sel , pour l'avoir en
II. Vol.
Dij beaux
1332 MERCURE DE FRANCE
beaux Cristaux ; mais il s'en faut beaucoup que par leur procedé on parvienne
à en avoir d'aussi beaux que ceux qu'on
nous apporte de Montpellier. M. Fize
de la Societé Royale de Montpellier , a
envoyé à l'Académie des Sciences , un
fort beau Memoire, dans lequel il détaille d'une maniere fort circonstanciée ,
tout ce qu'on pratique aux environs de
cetteVille pour y préparer ces beaux Cristaux de Tartre , qui se distribuent presque par tout le Royaume.
Ir paroît que le procedé en usage auprès de Montpellier , differe de celui qui
est rapporté dans les Auteurs , principa
lement par une Terre blanche qu'on mêle
avec le Sel crud, apparamment pour lui
ôter une graisse surabondante et grossiere,
qui altere la beauté de ce Sel.
M. Duhamel , tant pour s'assurer de
la maniere dont cette Terre agissoit sur
le Sel , que dans le dessein de trouver des Terres pour substituer à celle de Montpellier , s'est proposé de traiter le Tartre
avec un grand nombre de Terres ; mais
dans l'execution des experiences qu'il
avoit prémeditées , il fut très- surpris de
voir plusieurs sortes de Terres décomposer , pour ainsi dire , le Tartre , et en faire un vrai Sel soluble , au lieu de le purifier simplement,
Ce
JUIN. 173.2. 1333
Ce Phénomene , à quoi il avoue qu'il
ne s'attendoit pas , lui fit quitter son objet , et il ne travailla presque plus qu'à
rendre le Tartre soluble par des Terres
alcalines, ce qu'on n'avoit fait jusqu'à present que par des Sels Alcalis.
Pendant que M. Duhamel étoit occupé à cette recherche , M. Grosse , faisant
attention aux differentes métamorphoses
que prend le Cristal de Tartre , suivant
les differens Sels Alcalis , avec lesquels
on le joint , fut tenté d'essayer ce que
produiroit le mélange du Sel de Tartre
avec les Terres Alcalines , et ainsi les deux
Académiciens entreprirent , sans le sçavoir , la même recherche.
Au retour des Vacances , ayant appris
P'un et l'autre qu'ils avoient embrassé le
même objet , ils se communiquerent leur
travail sans réserve , et ils eurent le plaisir
réciproque de trouver une conformité
parfaite dans leurs découvertes ; ce qui
les détermina à suivre leurs recherches ,
de concert, pour n'en faire qu'un seul et
même Ouvrage ; et cela a donné lieu à un
Memoire très-considerable , dont M. D.
a lû un abregé à la derniere Assemblée
publique de l'Académie , et dont nous
allons essayer de donner une idée.
Tout le monde sçait que le Cristal.de
II. Vol. Diij Sel
334 MERCURE DE FRANCE
Sel n'est pas soluble dans l'eau ; mais lors
qu'on mêle ce Sel essentiel Acide avec le
Sel Alcali de Tartre , il en résulte un Sel
moyen qui se fond aisément dans l'eau
et qu'on appelle Sel Vegetal.
M. Bolduc fit voir l'année derniere å
l'Académie , que si l'on employe au lieu
du Sel Tartre , le Sel Alcali fixe de la
Soude , on obtient un Sel particulier tout
à- fait semblable au fameux Sel de la Rochelle ou de Seignet.
M. le Febvre , Médecin d'Uzès , et Cofrespondant de l'Académie , est encore.
parvenu à rendre soluble ce même Cristal de Tartre, d'une maniere tout-à- fait
singuliere , par le moyen du Borax , qui
est , à la verité , un Sel Alcali , comme
M. Lémery l'a depuis démontré dans un
Mémoire qu'il a lû à l'Académie.
Enfin M" D. et G. viennent aussi de
rendre ce Sel essentiel par l'alliage de la
Terre , de la Chaux ou de la Craye , ou
des yeux d'Ecrevisse , ou des Écailles.
d'Huitres , ou enfin d'autres Alcalis térreux.
Ainsi ces Académiciens ont fait jouer
à ces Terres Alcalines tout le reste des
Sels Alcalis , et qui plus est , ils démontrent que ces substances agissent ici
comme Terres,et non pas par aucuns Sels
11. Vol. fixes
JUIN. 1732 1335 1
fixes qu'elles contiennent , et ils rapportent beaucoup d'experiences qui confirment le sentiment de ceux qui soutiennent que les Sels fixes agissent simplement par leurs Terres ; mais les bornes
d'un Extrait sont trop resserrées pour
entreprendre de détailler les experiences
qui servent de baze à ces principes , ainsi
nous nous contenterons de rapporter en
peu de mots , comme ces M" s'y sont pris
pour rendre le Sel soluble par la Craye.
Ils ont mit dans une Bassine , avec quafre à cinq livres d'eau , une demie livre
de Craye de Champagne pulverisée , et
Forsque l'eau a commencé à bouillir , ils
ont jetté sur cette bouillie claire , une
livre et demie de Cristal de Sel en poudre , ce qui a excité une violente fermentation , pendant laquelle tout le Tartre
s'est fondu et la Craye a disparu entierement ; desorte que tout a passé par le
papier gris , et la liqueur filtrée a donné
de beaux Cristaux de Tartre soluble , qui
se fondent aisément dans l'eau froide , qui
brulent sur la pelle rouge , qui font un
vrai Sel neutre , et qui ont un goût pres
que semblable au Sel de la Rochelle.
Cependant par une décomposition fort
jolie , dont ils donnent la pratique dans
leur Memoire , ils sont parvenus à retiII. Vol.
D iiij rer
1336 MERCURE DE FRANCE
rer la Craye et le Tartre, tels que chacune de ses substances étoit avant d'avoir
été employée ; ainsi les prodigieux changemens qui sont arrivez au Sel dans cette
operation , ne peuvent être légitimement
attribucz qu'à l'alliage d'un peu de la Terre de la Craye.
Entre les Terres qu'ils ont employées ,
il y en a beaucoup qui n'ont pas rendu le
Sel soluble , mais qui ont été utilement
employées pour le dégraisser. La Terre de
Montpellier , dont nous avons parlé , la
Terre qu'on employe dans les raffineries
de Sucre , la Terre grasse ordinaire , la
Craye de Brianson , &c. ont été de cette
nature.
Or comme il est bon de sçavoir distinguer les Terres qui peuvent décomposer le Sel , d'avec celles qu'on doit employer pour le purifier , ils proposent un
moyen très-facile , qui peut être employé
comme une Pierre de touche, pour faire cette distinction ; c'est de verser sur ces
Terres du Vinaigre distillé , car celles qui
seront dissoutes par cet Acide , rendront
infailliblement le Sel soluble , au lieu que
les autres ne l'altereront point du tout ;
elles se chargeront seulement d'une huille
grossiere , qui altere la blancheur de ce
Sel.
11
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Memoire sur les Tartres Solubles, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Duhamel du Monceau.
Le 'Mémoire sur les Tartres' présenté par M. Duhamel du Monceau à l'Académie Royale des Sciences aborde la purification du tartre, une incrustation saline présente dans les vaisseaux de vin. Plusieurs méthodes ont été proposées pour obtenir des cristaux de tartre, mais celles de Montpellier sont particulièrement reconnues. Le procédé de Montpellier utilise une terre blanche pour éliminer la graisse du sel. M. Duhamel a expérimenté avec diverses terres pour purifier le tartre et a découvert que certaines terres alcalines peuvent le rendre soluble, contrairement à la simple purification. M. Grosse, intéressé par les métamorphoses du cristal de tartre, a également commencé des recherches similaires. Les deux académiciens ont collaboré après avoir découvert qu'ils travaillaient sur le même sujet, menant à un mémoire conjoint. Le texte explique que le cristal de tartre n'est pas soluble dans l'eau, mais devient soluble lorsqu'il est mélangé avec des sels alcalins, formant un sel végétal. Différents sels et substances, comme la soude, le borax, la chaux, la craie, et des alcalis terreux, ont été utilisés pour rendre le tartre soluble. Les académiciens ont démontré que ces substances agissent comme des terres et non par leurs sels fixes. Le mémoire détaille également une méthode pour distinguer les terres capables de décomposer le tartre de celles utilisées pour le purifier, en utilisant du vinaigre distillé comme pierre de touche.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
419
p. 1367-1368
ENIGME.
Début :
Tres-petit habitant d'un humide terroir, [...]
Mots clefs :
Limaçon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGM E.
TRes-petit habitant d'un humide terroir
Où la bienfaisante nature ,
Me fait naitre avec mon Manoir ,
Et me fournit ma nourriture ,
J'en sors plusieurs fois tous les ans ,
Et quoique mes pas soient fort_lents ,
J'en laisse la trace à mesure ,
Que je promene dans les champs
Mon corps à grotesque figure.
On m'aime assez pourtant ; je sers à des repass
Fort souvent on m'en trouve digne. , -
Sur tout quand je viens d'une vigne ;
De moi , le Gascon fait grand cas.
audessus de ma tête . Je porte
Lecteurs en cet endroit , il faut que je m'arrête ;
II. Vol.
car
1358 MERCURE DE FRANCE
Car j'aurois le malheur de ne vous plaire pas ;
Mais seroit-ce un grand mal que de vous l'oser
dire ?
Si vous me ressemblez, vous ne devez qu'en rire.
TRes-petit habitant d'un humide terroir
Où la bienfaisante nature ,
Me fait naitre avec mon Manoir ,
Et me fournit ma nourriture ,
J'en sors plusieurs fois tous les ans ,
Et quoique mes pas soient fort_lents ,
J'en laisse la trace à mesure ,
Que je promene dans les champs
Mon corps à grotesque figure.
On m'aime assez pourtant ; je sers à des repass
Fort souvent on m'en trouve digne. , -
Sur tout quand je viens d'une vigne ;
De moi , le Gascon fait grand cas.
audessus de ma tête . Je porte
Lecteurs en cet endroit , il faut que je m'arrête ;
II. Vol.
car
1358 MERCURE DE FRANCE
Car j'aurois le malheur de ne vous plaire pas ;
Mais seroit-ce un grand mal que de vous l'oser
dire ?
Si vous me ressemblez, vous ne devez qu'en rire.
Fermer
420
p. 1489-1495
LETTRE écrite à M. D. L. R. par un bas Normand, sur la maniere de faire du vin rouge avec des raisins blancs.
Début :
Quoique je sois Normand, et même bas Normand, vous trouverez [...]
Mots clefs :
Vin rouge, Raisins blancs, Liqueur, Normandie, Champagne, Bourgogne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. D. L. R. par un bas Normand, sur la maniere de faire du vin rouge avec des raisins blancs.
LETTRE écrite à M. D. L. R. par
un bas Normand , sur la maniere defaire du vin rouge avec des raisins blancs.
Q
Uoique je sois Normand , et même
bas Normand, vous trouverez bon,
Monsieur, que je m'addresse à vous pour
obtenir de quelque Bourguignon la soBiij lution
1490 MERCURE DE FRANCE
lution d'un endroit qui m'a embarrassé
en lisant une Lettre d'un ancien Moine
de S. Denys ( a ). Il n'est pas extraordinaire que nous , qui ne voyons croître
dans nos Campagnes que des Pommes ou
des Poires dont on fait le jus qui sert
de boisson au commun du peuple , ne
soyons pas pleinement informez de la
maniere dont on façonne le vin. Ce Moi
ne qui s'appelloit Guillaume , lassé apparemment du tracas qui est ordinaire dans
les grandes Maisons , sur tout dans celleoù le premier Ministre du Royaume faisoit sa demeure , se retira dans un petit
Monastere de la Province d'Aquitaine ,
pour y finir ses jours,
C'étoit vers le milieu du douzième
siécle, quatre autres Moines qui portoient,
comme lui , le nom de Guillaume ; sçavoir , Guillaume le Préchantre , Guillaume le Cellerier , Guillaume le Notaire ou
le Secretaire , et Guillaume le Médecin
lui écrivirent pour l'exhorter à sortir de
ce trou , et à revenir à S. Denys. Il leur
fit une réponse qui m'a paru fort spirituelle ; et pour prouver qu'il auroit tort
de quirter cette petite Maison, il en a fait
une Description tout à fait réjouissante.
(a ) Thesaur. Anecdotor. P P. Martene et Du¬ rand. Tom. I. pag. 442
JUILLET 1732 1491
Il nemarque point dans quel Diocése étoit
ce petit Couvent ; mais comme il dit que
la Riviere de Vienne ( Vigenna ) passoit à
deux traits d'Arbalestre de cet endroit ; il
y a apparence qu'il étoit bâti dans le Diocèse de Limoges ou dans celui de Poitiers.
Parlant des avantages du terrain , il va
jusqu'à dire que le vin qui y croissoit ,
surpassoit celui de Falerne, puis il ajoute:
Hic mirum in modum ex albis botrionibus
vinum vidi rubeum , et ex nigris èconverso
conficitur album. La premiere partie de
cette phrase fait le sujet de ma curiosité.
Je comprends bien qu'avec des raisins.
noirs l'on peut faire du vin blanc; mais je
ne conçois pas , moi bas Normand, comment avec des raisins blancs seuls , on
peut faire du vin rouge. Plus d'un Parisien pourroit bien y être embarassé comme moi. Passant autrefois à Chablis et ailleurs dans la Champagne , j'ai vû exécuter la seconde partie de ce qu'avance le
Moine de S. Denys ; mais à l'égard de ce
qui précede , je vous avoue que je m'y
perds , et j'ai toujours crû qu'avec des raisins blancs, de quelque maniere qu'on les
écrase, et quelque long que soit le temps
qu'on les laisse dans la Cuve, on n'en peut
,
faire que du vin blanc ou tout au plus du
vin jaune, comme notre Cidre de Bayeux.
B iiij Ce
1492 MERCURE DE FRANCE
Ce Moine donc auroit- il voulu broder?
Se seroit- il exposé à mentir en écrivant
aux amis du grand Abbé Suger? ou bien
y auroit- il quelque équivoque renfermé
dans la premiere Partie de sa proposition?
Il ne seroit pas indifférent de sçavoir d'où
il est natif; car il y a des Nations plus ou
moins sinceres ; je dis ceci , sans prétendre blesser le respect que je dois à mes
compatriotes. Si ce Moine étoit originaire du Païs où le Monastere en question
étoit situé, l'amour de la Patrie a pû le
porter à en exagérer les avantages. Je ne
sçai que croire de tout le bien qu'il en
dit ; il attribuë à
l'Oratoire de cette Maison , (c'est ainsi qu'il appelle l'Eglise) une
prérogative dont l'extension seroit fort à
désirer de nos jours ;
sçavoir , que quiconque y entroit dans le dessein de dérober, étoit tout à coup puni d'aveuglement , ou d'une peine encore plus grande. Ce Privilege seroit fort à
souhaiter ,
nonseulement pour les Eglises de Paris
mais encore pour celles d'un certain Païs
où l'on se défie souvent , avec raison
d'une partie de ceux qui paroissent y entrer dans le plus grand esprit de dévotion ; et je vous avoue que si tous lesvo- leurs tomboient roides morts ou devemoient aveugles en entrant dans les Eglises
JUILLET. 1732 1493
ses , cela auroit épargné bien des ceremonies qui ont été faites à la Grève et
ailleurs.
Après tout , une Description qui ne
porte pas le nom spécifique du lieu, laisse
toujours le Lecteur en suspens ; que ce
soit Poitou ou Limosin , je ne m'en embarasse pas beaucoup , pourvû que vous
me procuriez le secret par lequel on fait
du vin rouge avec des raisins blancs.
Ce n'est pas que je veuille m'en servir ;
vous sçavez par vous-même que nous n'avons icy que des Treilles à verjus ; je suis
éloigné de plus de 25 lieues des dernieres Vignes des Vignobles de Normandie ;
mais je demande seulement comment du
blanc peut devenir rouge ; simpliciter es
sine addito. UnPeintre qui sçait le mélange et la combinaison des couleurs, pourroit m'éclaircir là- dessus , et malheureusement je n'en trouve point dans mon
Village. Ces sortes d'Ouvriers sont rares
dans nos quartiers et n'y font pas long
séjour , lorsqu'ils veulent être sinceres , et
ne pas flatter, conformément au génie du
Païs.
Pour vous , Monsieur , qui voyez les
Nations qui abordent à Paris de tous les
côtez,je vous réïtere ma priere , et je vous
demande ou de m'indiquer , si vous pouBv vez ,
1494 MERCURE DE FRANCE
vez , l'endroit marqué dans la Lettre du
Moine Guillaume , afin que je puisse y
écrire pour sçavoir si ce secret subsiste
toujours , ou , si vous ne pouvez me l'in
diquer , de me procurer de quelque autre Païs Vignoble , une réponse qui satisfasse ma curiosité. Il ne vous sera pas difficile de faire parler , sur le premier atticle , quelques Bourguignons , à vous
qui avez rendu si publiques par toute la
terre les Décisions souveraines de Bacchus en faveur de leur Province , de ceDieu qui dit si volontiers la vérité , in.
vino veritas. Je souscris de tout mon
cœur à la déclaration authentique que
cette Divinité a donnée en faveur des Vins
de la veritable Bourgogne , quelle que.
soit la situation des côtes d'où ils proce
dent , hiute , moyenne et même basse .
pourvû que ce vin soit franc , pectoral ,
et sans goût de craye , de nitre , ou de
souffre , ou enfin de pierre à fusil . Le
corps de l'homme n'étant point un alembic , ni de ces tuyaux de distillation
qu'il n'importe pas de ménager ; les vins
qui sont sujets à certaine fougue subite et passagere , et qui font plutôt monter des vapeurs au cerveau , qu'ils ne répandent de vigueur dans les veines , ne
peuvent lui convenir amniablement; et le
plaisir
JUILELT. 1732 1495
plaisir qu'on ressent à les boire , laisse
toujoursaprès lui le regret d'en avoir usé.
Je mets autant de difference entre les
francs vins de Bourgogne , et les vins
caustiques de certains Païs , où l'on croit
qu'il suffit d'être presque limitrophe de
cette Province pour y être aggrégé , qu'il
y en a entre les Cidres qu'on fait à Bayeux
et dans le Cotentin , et celui qu'on pour
roit faire à Paris. Ne soyez pas surpris , /
Monsieur , qu'un Normand vous écrive
sur ce ton ; c'est un Normand qui abandonne à ses domestiques la liqueur ambrée ou dorée dont il vient de vous parler , et qui n'use en son particulier que
de la rouge , et de la plus sanguine ; soit
qu'elle lui vienne par les côtes de la Mer¸.
soit que ce soit par le Canal de la Seine
et par les voitures de terre. Je suis, &c.
De St... ce 31 Mars 1732–
un bas Normand , sur la maniere defaire du vin rouge avec des raisins blancs.
Q
Uoique je sois Normand , et même
bas Normand, vous trouverez bon,
Monsieur, que je m'addresse à vous pour
obtenir de quelque Bourguignon la soBiij lution
1490 MERCURE DE FRANCE
lution d'un endroit qui m'a embarrassé
en lisant une Lettre d'un ancien Moine
de S. Denys ( a ). Il n'est pas extraordinaire que nous , qui ne voyons croître
dans nos Campagnes que des Pommes ou
des Poires dont on fait le jus qui sert
de boisson au commun du peuple , ne
soyons pas pleinement informez de la
maniere dont on façonne le vin. Ce Moi
ne qui s'appelloit Guillaume , lassé apparemment du tracas qui est ordinaire dans
les grandes Maisons , sur tout dans celleoù le premier Ministre du Royaume faisoit sa demeure , se retira dans un petit
Monastere de la Province d'Aquitaine ,
pour y finir ses jours,
C'étoit vers le milieu du douzième
siécle, quatre autres Moines qui portoient,
comme lui , le nom de Guillaume ; sçavoir , Guillaume le Préchantre , Guillaume le Cellerier , Guillaume le Notaire ou
le Secretaire , et Guillaume le Médecin
lui écrivirent pour l'exhorter à sortir de
ce trou , et à revenir à S. Denys. Il leur
fit une réponse qui m'a paru fort spirituelle ; et pour prouver qu'il auroit tort
de quirter cette petite Maison, il en a fait
une Description tout à fait réjouissante.
(a ) Thesaur. Anecdotor. P P. Martene et Du¬ rand. Tom. I. pag. 442
JUILLET 1732 1491
Il nemarque point dans quel Diocése étoit
ce petit Couvent ; mais comme il dit que
la Riviere de Vienne ( Vigenna ) passoit à
deux traits d'Arbalestre de cet endroit ; il
y a apparence qu'il étoit bâti dans le Diocèse de Limoges ou dans celui de Poitiers.
Parlant des avantages du terrain , il va
jusqu'à dire que le vin qui y croissoit ,
surpassoit celui de Falerne, puis il ajoute:
Hic mirum in modum ex albis botrionibus
vinum vidi rubeum , et ex nigris èconverso
conficitur album. La premiere partie de
cette phrase fait le sujet de ma curiosité.
Je comprends bien qu'avec des raisins.
noirs l'on peut faire du vin blanc; mais je
ne conçois pas , moi bas Normand, comment avec des raisins blancs seuls , on
peut faire du vin rouge. Plus d'un Parisien pourroit bien y être embarassé comme moi. Passant autrefois à Chablis et ailleurs dans la Champagne , j'ai vû exécuter la seconde partie de ce qu'avance le
Moine de S. Denys ; mais à l'égard de ce
qui précede , je vous avoue que je m'y
perds , et j'ai toujours crû qu'avec des raisins blancs, de quelque maniere qu'on les
écrase, et quelque long que soit le temps
qu'on les laisse dans la Cuve, on n'en peut
,
faire que du vin blanc ou tout au plus du
vin jaune, comme notre Cidre de Bayeux.
B iiij Ce
1492 MERCURE DE FRANCE
Ce Moine donc auroit- il voulu broder?
Se seroit- il exposé à mentir en écrivant
aux amis du grand Abbé Suger? ou bien
y auroit- il quelque équivoque renfermé
dans la premiere Partie de sa proposition?
Il ne seroit pas indifférent de sçavoir d'où
il est natif; car il y a des Nations plus ou
moins sinceres ; je dis ceci , sans prétendre blesser le respect que je dois à mes
compatriotes. Si ce Moine étoit originaire du Païs où le Monastere en question
étoit situé, l'amour de la Patrie a pû le
porter à en exagérer les avantages. Je ne
sçai que croire de tout le bien qu'il en
dit ; il attribuë à
l'Oratoire de cette Maison , (c'est ainsi qu'il appelle l'Eglise) une
prérogative dont l'extension seroit fort à
désirer de nos jours ;
sçavoir , que quiconque y entroit dans le dessein de dérober, étoit tout à coup puni d'aveuglement , ou d'une peine encore plus grande. Ce Privilege seroit fort à
souhaiter ,
nonseulement pour les Eglises de Paris
mais encore pour celles d'un certain Païs
où l'on se défie souvent , avec raison
d'une partie de ceux qui paroissent y entrer dans le plus grand esprit de dévotion ; et je vous avoue que si tous lesvo- leurs tomboient roides morts ou devemoient aveugles en entrant dans les Eglises
JUILLET. 1732 1493
ses , cela auroit épargné bien des ceremonies qui ont été faites à la Grève et
ailleurs.
Après tout , une Description qui ne
porte pas le nom spécifique du lieu, laisse
toujours le Lecteur en suspens ; que ce
soit Poitou ou Limosin , je ne m'en embarasse pas beaucoup , pourvû que vous
me procuriez le secret par lequel on fait
du vin rouge avec des raisins blancs.
Ce n'est pas que je veuille m'en servir ;
vous sçavez par vous-même que nous n'avons icy que des Treilles à verjus ; je suis
éloigné de plus de 25 lieues des dernieres Vignes des Vignobles de Normandie ;
mais je demande seulement comment du
blanc peut devenir rouge ; simpliciter es
sine addito. UnPeintre qui sçait le mélange et la combinaison des couleurs, pourroit m'éclaircir là- dessus , et malheureusement je n'en trouve point dans mon
Village. Ces sortes d'Ouvriers sont rares
dans nos quartiers et n'y font pas long
séjour , lorsqu'ils veulent être sinceres , et
ne pas flatter, conformément au génie du
Païs.
Pour vous , Monsieur , qui voyez les
Nations qui abordent à Paris de tous les
côtez,je vous réïtere ma priere , et je vous
demande ou de m'indiquer , si vous pouBv vez ,
1494 MERCURE DE FRANCE
vez , l'endroit marqué dans la Lettre du
Moine Guillaume , afin que je puisse y
écrire pour sçavoir si ce secret subsiste
toujours , ou , si vous ne pouvez me l'in
diquer , de me procurer de quelque autre Païs Vignoble , une réponse qui satisfasse ma curiosité. Il ne vous sera pas difficile de faire parler , sur le premier atticle , quelques Bourguignons , à vous
qui avez rendu si publiques par toute la
terre les Décisions souveraines de Bacchus en faveur de leur Province , de ceDieu qui dit si volontiers la vérité , in.
vino veritas. Je souscris de tout mon
cœur à la déclaration authentique que
cette Divinité a donnée en faveur des Vins
de la veritable Bourgogne , quelle que.
soit la situation des côtes d'où ils proce
dent , hiute , moyenne et même basse .
pourvû que ce vin soit franc , pectoral ,
et sans goût de craye , de nitre , ou de
souffre , ou enfin de pierre à fusil . Le
corps de l'homme n'étant point un alembic , ni de ces tuyaux de distillation
qu'il n'importe pas de ménager ; les vins
qui sont sujets à certaine fougue subite et passagere , et qui font plutôt monter des vapeurs au cerveau , qu'ils ne répandent de vigueur dans les veines , ne
peuvent lui convenir amniablement; et le
plaisir
JUILELT. 1732 1495
plaisir qu'on ressent à les boire , laisse
toujoursaprès lui le regret d'en avoir usé.
Je mets autant de difference entre les
francs vins de Bourgogne , et les vins
caustiques de certains Païs , où l'on croit
qu'il suffit d'être presque limitrophe de
cette Province pour y être aggrégé , qu'il
y en a entre les Cidres qu'on fait à Bayeux
et dans le Cotentin , et celui qu'on pour
roit faire à Paris. Ne soyez pas surpris , /
Monsieur , qu'un Normand vous écrive
sur ce ton ; c'est un Normand qui abandonne à ses domestiques la liqueur ambrée ou dorée dont il vient de vous parler , et qui n'use en son particulier que
de la rouge , et de la plus sanguine ; soit
qu'elle lui vienne par les côtes de la Mer¸.
soit que ce soit par le Canal de la Seine
et par les voitures de terre. Je suis, &c.
De St... ce 31 Mars 1732–
Fermer
Résumé : LETTRE écrite à M. D. L. R. par un bas Normand, sur la maniere de faire du vin rouge avec des raisins blancs.
Un Normand résidant en Basse-Normandie écrit à M. D. L. R. pour obtenir des informations sur la fabrication de vin rouge à partir de raisins blancs. Il s'inspire d'une lettre d'un ancien moine de Saint-Denis, Guillaume, qui mentionne cette pratique. Le moine Guillaume, retiré dans un monastère en Aquitaine au XIIe siècle, décrit son lieu de retraite comme produisant un vin rouge exceptionnel à partir de raisins blancs. Intrigué par cette affirmation, le Normand cherche à comprendre le processus, car il ne voit que des pommes et des poires dans sa région. Il mentionne avoir vu du vin blanc fabriqué à partir de raisins noirs, mais reste perplexe sur la transformation de raisins blancs en vin rouge. Il sollicite l'aide de M. D. L. R. pour obtenir des éclaircissements, soit en localisant le monastère mentionné, soit en consultant des experts du vin, comme des Bourguignons. Le Normand exprime également sa préférence pour les vins francs et de qualité, comparant les vins de Bourgogne aux cidres normands.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
421
p. 1554-1567
LETTRE sur l'Astrologie Judiciaire, et les Horoscopes, écrite par M. Cipiere, à M. l'Abbé B......
Début :
Puisque vous le voulez, Monsieur, je vous écrirai mes sentimens [...]
Mots clefs :
Astrologie judiciaire, Horoscope, Astres, Astrologues, Humains, Savants, Signes célestes, Providence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE sur l'Astrologie Judiciaire, et les Horoscopes, écrite par M. Cipiere, à M. l'Abbé B......
LETTRE sur l'Astrologie Judiciare,
et les Horoscopes , écrite par M. Cipiere ,
à M. l'Abbé B....
sur
Uisque vous le voulez , Monsieur ,
Pije vous écrirai mes sentimens
l'Astrologie Judiciaire , cette science des
Prédictions et des Horoscopes. Je commencerai par un Auteur Chrétien , qui
a été Licentié en Droit , et qui a professé
les
JUILLET. 1732. 1555
les Mathématiques à Bordeaux , sa Patrie
et la mienne. C'est Guillaume Desbordes,
Gentilhomme , qui a traduit en François
la Sphere de Jean de Sacrobosco. Sa Traduction fut imprimée à Paris , chez Denis Cavelles , en l'année 1607. Le Traducteur a mis au-devant de l'Ouvrage
une longue Préface pour établir l'utilité
de l'Astrologie Judiciaire , qu'il fonde
sur un sistême moins opposé aux principes de la Religion , que tant d'autres
qui ont parû sur la même matiere,
1°. Il cite Platon, qui dit que les yeux
n'ont été donnez aux hommes que pour
l'Astronomie , c'est-à-dire , pour élever
l'esprit à la connoissance de l'Auteur de
tous les Astres. Il y loüe Purboche , et
Jean de Montroyal , pour avoir rétabli
l'Astrologie. Il croit avec Aristote , que
le monde inferieur est regi par le Superieur.
2º. Nous voyons , dit-il , contre Pic
de la Mirandole, que les conjonctions des
Etoiles ardentes brulent les corps terrestres , et les rendent secs et arides ; que les
Etoiles et les Signes humides augmentent les humeurs ; que les diverses mixtions des Rayons des Corps Celestes , sont
la cause de la diverse temperature de
toutes les qualitez des Corps Terrestres.
3º.
1556 MERCURE DE FRANCE
3. L'auteur attribue aux Corps Celestes la varieté de la temperature de nos
corps , et à cette varieté de temperature ,
celle de nos passions et la diversité des
esprits , si l'éducation ne change le naturel. Dieu est au- dessus de ces forces naturelles , et il nous laisse notre libre arbitre qui change quelquefois l'ordre de
la Nature. Un exemple de cela. Moyse
fut conservé , non par la puissance des
Astres , mais par une volonté particuliere de Dieu. Un autre exemple. S. Pierre
fut délivré de la prison par un Ange ,
non par les Astres. N'est- il pas vrai ,
M. que Desbordes auroit pû mettre dans
la conjonction des Astres , la fille du Roy
qui sauva Moyse des eaux , et l'Ange qui
tira l'Apôtre de la prison ? mais il croyoit
aux Miracles.
- 4°. Il prouve par l'Ecriture Sainte que
les effets de ces causes superieures , sont
subordonnez à Dieu , qui veut que les
hommes ayent en lui une sincere confiance. Dieu a dit par la bouche de Jeremie , de ne craindre point les Signes
du Ciel , mais d'avoir de la confiance en
sa proteccion.
5o. L'Auteur reconnoît encore une
autre cause contraire à la disposition des
Astres, qui influë dans la vie des hom
mes.
JUILLET. 1732 1557
mes. C'est le Démon , ennemi du genre
humain , c'est à lui qu'il faut attribuer
les crimes de Neron et de Caligula.
6. Il croit avec Ptolomée , que les
ordonnances des Astres sont moins efficaces que les Arrêts du Sénat et des Préteurs.
7. Il conclut enfin que les conjonctions des Astres qui disposent de la destinée des Humains , ne nécessitent personne , et qu'il faut mépriser totalement
les prédictions des Astrologues , qui sont
semblables aux pronostics des Medecins ;
mais il seroit déraisonnable , ajoûte l'Auteur, de croire que les Planettes et les
Etoiles fussent dans les cieux sans aucune signification ni effet. Les saintes
Lettres n'ont pas dit en vain , qu'elles seroient des Signes pour les temps , les
ans et les jours. Il faut avoüer , Monsieur,
que si cela est comme Desbordes l'éta
blit , cette science se réduit presqu'à rien
pour les prédictions qui interessent la liberté de l'homme.
D'autres Auteurs ont pressé davantage
l'effet des Prédictions. Thiogenes prédit
l'EmpireàAuguste, selon Suetone . Les Mathématiciens chassez de Rome par Vitellius,lui prédirent le genre de sa mort dans
lesCalendes d'Octobre, ce qui arriva, selon
Xiphilin. Ascletarion , interrogé par DoE mitien
558 MERCURE
DE FRANCE
mitien , de quelle mort , lui Aseletarion
mourroit
, il répondit qu'il seroit devoré
des chiens. L'Empereur
, pour tromper
les Astres , le fit mourir , et ordonna que
son corps fût mis dans une fosse fort profonde. Les Fossoyeurs épouventez
par
une pluye fort abondante
, s'enfuirent et
laisserent le corps en proye aux chiens.
Ainsi le rapporte le même Xiphilin, après
Dion. Mais l'Empire ne fut-il pas prédit de
à Rodolphe
de Harpourg
, au rapport Cuspinian , et le Souverain Pontificat à
Leon X. et à Adrien IV. selon Paul Jove?
Ce sont des Astrologues qui l'ont prédit et non des Prophetes inspirez de Dieu.
10.
Tout le monde n'a pas eû cette foi pour
les Astrologues ; plusieurs Sçavans ont
été contraires à leurs prétentions. Ciceron , auLivre 2. de la Devination ; Sextus
Emperius , contre les Grammairiens , Ch.
ro. Phavorin dans Gellius , L. 14. C. I.
ont renversé tous leurs principes. L'Empereur Tibere les condamna à mort, quoiqu'il eût Thrasyde à son service. Nous
avons dit que Vitellius les avoit chassés ·
de l'Italie , et Valere Maxime , L. 1. C. 3 .
rapporte les raisons qu'il y eut pour les
chasser de Rome sous le Consulat de
M. Popilius Lanos , et Cn. Calpurnius ,
long temps avant Vitellius.
Le
JUILLET. 1732.32. 1559
Le Prophete Isaïe les connoissoit bien ,
quand il dit : Stant et salvent te augures
Cæli , qui contemplabantur sidera , et supputabant menses , ut ex eis annuntiarent
ventura tibi , Cap. 47. V. 18. Les Peres de
l'Eglise n'en ont pas eu meilleure opinion ;
on en pourroit citer un nombre qui ont
ensé la même chose avec Eusebe de Cesarée , Prapar. Evang, et avec les Saints
Basile , dans son Hexameron , Ambroise ,
Irenée , et Augustin , nous y joindrons
les Conciles qui ont condamné les opinions des Priscillanistes sur ce sujet.
P
Je dois vous rapporter ici , M. les sentimens de S. Augustin , Civit. Dei , L.V.
Cap. 2. Il combat les Horoscopes , et en
fait voir la fausseté. Pour cela il examine
la ressemblance de deux Jumeaux , qui
dans un même temps tomberent malades
avec des symptômes et des accidens pareils , et moururent à la même heure.
Hipocrate , qui les avoit vûs , jugea de
cette ressemblance qu'ils étoient Jumeaux.
Le Stoicien Posidonius , qui s'étoit appliqué à l'Astrologie , soutenoit que cette`
ressemblance venoit de ce que ces Jumeaux avoient été conçûs sous le même
Ascendant. Si cette raison étoit bonne ,
dit S. Augustin , on ne devroit voir aucune diversité dans la vie des Jumeaux ,
E ij ce
15 MERCURE DE FRANCE
ce qui est contre l'experience. Nigidius ,
fameux Mathématicien , et le plus sçavant Romain après Varron , soutenoit
dans cette question , que les Jumeaux ne
pouvoient avoir un même ascendant , à
cause de la difference qui se trouve entre
la naissance de l'un et la naissance de
l'autre. La remarque qu'il avoit faite sur
la roue du Potier , qui tournoit de toute
sa force , est très- propre pour faire voir
cette difference ; car les deux marques
qu'il fit sur la roue dans le même temps
et fort près l'une de l'autre , se trouverent assez éloignées entre elles. D'où il
jugea que les Cieux tournant encore plus
rapidement que la roue du Potier , la difference des naissances des deux Jumeaux
devoit être encore plus grande , à cause
du grand cercle que décrivent les Astres
dans les Cieux. C'est de- là que ce Nigidius acquit le surnom de Figulus , ou
Potier. Et de-là on peut conclure que les
Astronomes ne peuvent même considerer la position dos Astres , qui passent si
vîte.
Prenons le systême et le plan d'un sçavant Allemand nommé Mathieu Sluter ,
Jurisconsulte et Syndic de la Ville de
Hambourg. Il croyoit pouvoir prédire les
divers changemens de l'Air , l'humidité
la
JUILLET. 1732. 1561
la secheresse , la serenité , les pluyes , les
orages. La conjonction on l'aspect des
Planettes fait qu'elles se chargent l'une
l'autre de leurs influences particulieres.
Ces influences ou ces corpuscules mêlez
ensemble dans notre Atmosphere , y exeitent les vents et les pluyes , ou rétablissent la serenité. Mais pour prédire
tout cela , il faut avoir une suite d'Observations uniformes et constantes de
tous les chingemens qui sont arrivez
dans l'air aux temps de ces conjonctions.
De là on tírera des axiomes et des regles
sur lesquelles on fondera une Théorie.
Cet Auteur a déja donné une suite de ses
Observations , qui commence au 3. Février 1701. et finit au 3. Avril suivant.
M. Cok , Anglois , avoit donné avant lui
cette idée dans ses Axiomes Metecrolo
giques.
Je doute , M. qu'on puisse jamais faire
de ces Observations constantes et uniformes. Les Signes Celestes qui se levent en
certaines saisons , ne sont appellez Signes
que parce qu'ils se levent en certaines saisons où ordinairement l'air change de
temperature. Ils ne sont donc pas cause,
mais simplement Signes.
Dailleurs quelles difficultez à faire descendre les corpuscules des Planettes dans
E iij notre
1562 MERCURE DE FRANCE
notre Atmosphere ? Pour le moins autant
qu'à faire monter les exhalaisons de la
Terre jusques dans l'Atmosphere de Jupiter et de Saturne , dont la Terre est
prodigieusement éloignée. Comment faire sortir de l'Atmosphere de Saturne les
Corpuscules qui s'en exhalent? S'ils en sor
tent , ne seront-ils pas emportez par la
rapidité du tourbillon de cette grande
Planete ? Ne seront- ils pas dispersez dans
la vaste étendue des Cieux , où ils rencontreront encore d'autres Planettes et
d'autres tourbillons ? et quelle petite
quantité en arrivera sur la Terre ? Mais
encore ce systême, quelque fondé qu'il fût,
n'entrevoit pour rien dans la destinée des
hommes, ou s'il y entroit, ce ne seroit que
comme la nature des divers climats qui
font les hommes d'un temperament ,
plutôt que d'un autre ; et encore ce temperament seroit- il changé par l'éducation
et par la Religion, par la nourriture et la
qualité de l'air. Le Pays de la Beotie , gras
et fertile , ne produisoit point des hommes du genie des Athéniens qui habitoient
un Pays aride. Les Egyptiens dans un Pays
que les eaux seules du Nil rendoient fertile , ont été les premiers inventeurs des
Arts.
J'ai cité plus haut ce celebre Phavorin ,
JUILLET. 1732 1563
rin, un des Favoris de l'Empereur Adrien.
Il avoit fait une Dissertation contre ceux
qu'on appelle Caldéens, qui promettent de
prédire le sort et la destinée des hommes,
par l'inspection des Astres par les conjonctions et le mouvement des Planetes
et des Etoiles , nous avons un abregé de
cette Dissertation dans les Nuits Attiques
d'Aulugelle. L. XIV. Cap. I. L'Auteur dit ces Devins exercent que
leur Art pour de l'argent et pour vivre ;
que leur erreur vient de ce qu'ils ont vû
plusieurs corps terrestres dépendre du
mouvement des Astres , comme la Mer
qui est gouvernée par la Lune. De- la ils
ont conclu que les autres corps étoient
gouvernez par les Planetes et les Etoiles.
Si les hommes , ajoûte-t'il , pouvoient
prédire l'avenir , ils auroient la science
des Dieux ; mais pour en venir aux raisons qui rendent incertaine la science de
l'Astrologie.
1°. Il dit que les Observations de ces
Caldéens ne pouvoient avoir un effet general , parce qu'elles ne pouvoient être
appliquées qu'aux lieux où elles avoient
été faites , et où les Astres confluoient ;
car les Astres ne paroissent pas par tout
dans la même position. S'ils font pleuvoir dans un endroit , ils font le temps
E iiij serein
1564 MERCURE DE FRANCE
serein dans l'autre ; ainsi leurs effets seront differens pour les Caldéens , pour
les Getules , pour les Habitans du Danube et pour ceux du Nil. Il est impossible , ajoûte l'Auteur , que dans une si
grande courbure du Ciel et dans cette
immense profondeur des Cieux étendus
P'un sur l'autre , les Astres soient ou paroissent dans la même conjonction ou situation à l'égard de tous les Peuples de la
Terre , et que leurs influences soient toujours uniformes et toûjours les mêmes.
2º. Si les Caldéens ont observé les effets des Etoiles visibles , combien y en
a- t'il qu'ils n'ont pas vûës, et qui peuvent
être en conjonction avec les visibles ? Si
Phavorin avoit connu les Satellites de
Jupiter et de Saturne , que n'auroit- il
pas dit?
3. Ils ont observé les évenemens arrivez sous certaines conjonctions , et delà ils ont assuré que les mêmes arriveroient sous les mêmes conjonctions. Mais
peut- on faire beaucoup d'observations
sous des conjonctions qui n'arrivent que
dans cent ans , que dans mille ans ? At'on vû des Livres qui nous ayent con..
servé ces Observations anciennes?
4°. Comment peuvent- ils dire qu'il y
a des conjonctions qui président à la
conception
JUILLET. 1732. 1565
conception , à la naissance dix mois après,
à la fortune, aux nôces, à la fécondité
des Epoux ? Les Astres passent trop vîte
et les mêmes ne peuvent faire tout cela.
5. Les Astres pourroient-ils produire
les évenemens qui viennent des causes
exterieures ? Comment causeroient- ils les
nouveaux projets , les jugemens, les désirs , les amours , les inimitiez , les railleries , les doutes ? Ce seroit faire agir les
hommes comme les bêtes , qui ne font rien par leur propre arbitre , et les hommes ont leur propre arbitre , qui ne seroit rien s'il dépendoit de la force des
Astres.
6°. S'ils peuvent prédire, ces Caldéens,
la victoire à Pyrrhus ou à Marius- Curius,
pourquoi ne peuvent-ils pas promettre à
un tel qu'il gagnera au jeu ? Les Astres
ne marquent- ils que de grandes choses ,
et celles-cy sont- elles si petites qu'elles
en soient imperceptibles dans les Astres ?
Mais est-il rien de si petit que le mo
ment auquel l'homme en naissant reçoit
sa destinée ? Cependant cecte petite chose
est marquée dans les Asetes ; et après tout,
les deux Jumeaux conçus en un insant ,
ne sont-ils differens sur leur fortune
dans leurs accions et dans leur mort?
pas
79. Comment accorder ces differens
E v
Astres
1566 MERCURE DE FRANCE
Astres , qui ayant fait naître tant de personnes differentes par leur âge , leur nation , leur condition , les font périr dans
un tremblement de terre , dans la chute
d'une maison , dans une Bataille , dans
un nauffrage ?
8°. Mais les animaux sont- ils aussi sujers aux Astres , comme les hommes ? Je
finirai par où j'ai commencé , et je dirai
avec le Poëte Pacovius :
Nam si qui qua ventura sunt pravideant ,
Equiparant Jovi.
Et je dirai encore avec Accius :
Nihil vides Auguribus qui aures verbi divitant ,
Alienas , suas ut locupletent domos,
Phavorin exhorte les jeunes gens de
ne se fier point aux Astrologues. Si vous
craignez , dit-il , les maux qu'ils vous
prédisent , vous devenez miserables par
cette crainte. Si vous attendez long- tems
les biens qu'ils vous promettent , vous
devenez encore miserables , lorsque vous
appercevez que vous êtes trompez. Ajoûtons à toutes ces raisons , que Dieu n'a
point tracé la conduite du genre humain
dans les Astres , et qu'il ne se repose pas
sur eux du soin qu'il a pour les hommes.
Sa sagesse ,sa bonté et sa justice , condui
sent
JUILLET 1732. 1567
sent tout, et c'est là sa Providence.Qu'estil besoin après cela d'aller dresser des
machines dans les Cieux pour faire naître et mourir des hommes d'une maniere
differente ? et encore de placer ces machines dans des lieux si élevez , pour
n'être vûës que des Astrologues , et avec
des Telescopes ?
Je vous laisse , Monsieur , avec les refléxions que vous pouvez faire en Théologien , ou avec celles que nous a données M. Bayle , dans son Ouvrage sur
les Cometes ; je vous ai assez fait voir
mes sentimens sur cette matiere. Je sou- haite que vous connoissiez ceux que j'ai
pour vous. Je suis , &c.
A Paris le 4. Janvier 1732.
et les Horoscopes , écrite par M. Cipiere ,
à M. l'Abbé B....
sur
Uisque vous le voulez , Monsieur ,
Pije vous écrirai mes sentimens
l'Astrologie Judiciaire , cette science des
Prédictions et des Horoscopes. Je commencerai par un Auteur Chrétien , qui
a été Licentié en Droit , et qui a professé
les
JUILLET. 1732. 1555
les Mathématiques à Bordeaux , sa Patrie
et la mienne. C'est Guillaume Desbordes,
Gentilhomme , qui a traduit en François
la Sphere de Jean de Sacrobosco. Sa Traduction fut imprimée à Paris , chez Denis Cavelles , en l'année 1607. Le Traducteur a mis au-devant de l'Ouvrage
une longue Préface pour établir l'utilité
de l'Astrologie Judiciaire , qu'il fonde
sur un sistême moins opposé aux principes de la Religion , que tant d'autres
qui ont parû sur la même matiere,
1°. Il cite Platon, qui dit que les yeux
n'ont été donnez aux hommes que pour
l'Astronomie , c'est-à-dire , pour élever
l'esprit à la connoissance de l'Auteur de
tous les Astres. Il y loüe Purboche , et
Jean de Montroyal , pour avoir rétabli
l'Astrologie. Il croit avec Aristote , que
le monde inferieur est regi par le Superieur.
2º. Nous voyons , dit-il , contre Pic
de la Mirandole, que les conjonctions des
Etoiles ardentes brulent les corps terrestres , et les rendent secs et arides ; que les
Etoiles et les Signes humides augmentent les humeurs ; que les diverses mixtions des Rayons des Corps Celestes , sont
la cause de la diverse temperature de
toutes les qualitez des Corps Terrestres.
3º.
1556 MERCURE DE FRANCE
3. L'auteur attribue aux Corps Celestes la varieté de la temperature de nos
corps , et à cette varieté de temperature ,
celle de nos passions et la diversité des
esprits , si l'éducation ne change le naturel. Dieu est au- dessus de ces forces naturelles , et il nous laisse notre libre arbitre qui change quelquefois l'ordre de
la Nature. Un exemple de cela. Moyse
fut conservé , non par la puissance des
Astres , mais par une volonté particuliere de Dieu. Un autre exemple. S. Pierre
fut délivré de la prison par un Ange ,
non par les Astres. N'est- il pas vrai ,
M. que Desbordes auroit pû mettre dans
la conjonction des Astres , la fille du Roy
qui sauva Moyse des eaux , et l'Ange qui
tira l'Apôtre de la prison ? mais il croyoit
aux Miracles.
- 4°. Il prouve par l'Ecriture Sainte que
les effets de ces causes superieures , sont
subordonnez à Dieu , qui veut que les
hommes ayent en lui une sincere confiance. Dieu a dit par la bouche de Jeremie , de ne craindre point les Signes
du Ciel , mais d'avoir de la confiance en
sa proteccion.
5o. L'Auteur reconnoît encore une
autre cause contraire à la disposition des
Astres, qui influë dans la vie des hom
mes.
JUILLET. 1732 1557
mes. C'est le Démon , ennemi du genre
humain , c'est à lui qu'il faut attribuer
les crimes de Neron et de Caligula.
6. Il croit avec Ptolomée , que les
ordonnances des Astres sont moins efficaces que les Arrêts du Sénat et des Préteurs.
7. Il conclut enfin que les conjonctions des Astres qui disposent de la destinée des Humains , ne nécessitent personne , et qu'il faut mépriser totalement
les prédictions des Astrologues , qui sont
semblables aux pronostics des Medecins ;
mais il seroit déraisonnable , ajoûte l'Auteur, de croire que les Planettes et les
Etoiles fussent dans les cieux sans aucune signification ni effet. Les saintes
Lettres n'ont pas dit en vain , qu'elles seroient des Signes pour les temps , les
ans et les jours. Il faut avoüer , Monsieur,
que si cela est comme Desbordes l'éta
blit , cette science se réduit presqu'à rien
pour les prédictions qui interessent la liberté de l'homme.
D'autres Auteurs ont pressé davantage
l'effet des Prédictions. Thiogenes prédit
l'EmpireàAuguste, selon Suetone . Les Mathématiciens chassez de Rome par Vitellius,lui prédirent le genre de sa mort dans
lesCalendes d'Octobre, ce qui arriva, selon
Xiphilin. Ascletarion , interrogé par DoE mitien
558 MERCURE
DE FRANCE
mitien , de quelle mort , lui Aseletarion
mourroit
, il répondit qu'il seroit devoré
des chiens. L'Empereur
, pour tromper
les Astres , le fit mourir , et ordonna que
son corps fût mis dans une fosse fort profonde. Les Fossoyeurs épouventez
par
une pluye fort abondante
, s'enfuirent et
laisserent le corps en proye aux chiens.
Ainsi le rapporte le même Xiphilin, après
Dion. Mais l'Empire ne fut-il pas prédit de
à Rodolphe
de Harpourg
, au rapport Cuspinian , et le Souverain Pontificat à
Leon X. et à Adrien IV. selon Paul Jove?
Ce sont des Astrologues qui l'ont prédit et non des Prophetes inspirez de Dieu.
10.
Tout le monde n'a pas eû cette foi pour
les Astrologues ; plusieurs Sçavans ont
été contraires à leurs prétentions. Ciceron , auLivre 2. de la Devination ; Sextus
Emperius , contre les Grammairiens , Ch.
ro. Phavorin dans Gellius , L. 14. C. I.
ont renversé tous leurs principes. L'Empereur Tibere les condamna à mort, quoiqu'il eût Thrasyde à son service. Nous
avons dit que Vitellius les avoit chassés ·
de l'Italie , et Valere Maxime , L. 1. C. 3 .
rapporte les raisons qu'il y eut pour les
chasser de Rome sous le Consulat de
M. Popilius Lanos , et Cn. Calpurnius ,
long temps avant Vitellius.
Le
JUILLET. 1732.32. 1559
Le Prophete Isaïe les connoissoit bien ,
quand il dit : Stant et salvent te augures
Cæli , qui contemplabantur sidera , et supputabant menses , ut ex eis annuntiarent
ventura tibi , Cap. 47. V. 18. Les Peres de
l'Eglise n'en ont pas eu meilleure opinion ;
on en pourroit citer un nombre qui ont
ensé la même chose avec Eusebe de Cesarée , Prapar. Evang, et avec les Saints
Basile , dans son Hexameron , Ambroise ,
Irenée , et Augustin , nous y joindrons
les Conciles qui ont condamné les opinions des Priscillanistes sur ce sujet.
P
Je dois vous rapporter ici , M. les sentimens de S. Augustin , Civit. Dei , L.V.
Cap. 2. Il combat les Horoscopes , et en
fait voir la fausseté. Pour cela il examine
la ressemblance de deux Jumeaux , qui
dans un même temps tomberent malades
avec des symptômes et des accidens pareils , et moururent à la même heure.
Hipocrate , qui les avoit vûs , jugea de
cette ressemblance qu'ils étoient Jumeaux.
Le Stoicien Posidonius , qui s'étoit appliqué à l'Astrologie , soutenoit que cette`
ressemblance venoit de ce que ces Jumeaux avoient été conçûs sous le même
Ascendant. Si cette raison étoit bonne ,
dit S. Augustin , on ne devroit voir aucune diversité dans la vie des Jumeaux ,
E ij ce
15 MERCURE DE FRANCE
ce qui est contre l'experience. Nigidius ,
fameux Mathématicien , et le plus sçavant Romain après Varron , soutenoit
dans cette question , que les Jumeaux ne
pouvoient avoir un même ascendant , à
cause de la difference qui se trouve entre
la naissance de l'un et la naissance de
l'autre. La remarque qu'il avoit faite sur
la roue du Potier , qui tournoit de toute
sa force , est très- propre pour faire voir
cette difference ; car les deux marques
qu'il fit sur la roue dans le même temps
et fort près l'une de l'autre , se trouverent assez éloignées entre elles. D'où il
jugea que les Cieux tournant encore plus
rapidement que la roue du Potier , la difference des naissances des deux Jumeaux
devoit être encore plus grande , à cause
du grand cercle que décrivent les Astres
dans les Cieux. C'est de- là que ce Nigidius acquit le surnom de Figulus , ou
Potier. Et de-là on peut conclure que les
Astronomes ne peuvent même considerer la position dos Astres , qui passent si
vîte.
Prenons le systême et le plan d'un sçavant Allemand nommé Mathieu Sluter ,
Jurisconsulte et Syndic de la Ville de
Hambourg. Il croyoit pouvoir prédire les
divers changemens de l'Air , l'humidité
la
JUILLET. 1732. 1561
la secheresse , la serenité , les pluyes , les
orages. La conjonction on l'aspect des
Planettes fait qu'elles se chargent l'une
l'autre de leurs influences particulieres.
Ces influences ou ces corpuscules mêlez
ensemble dans notre Atmosphere , y exeitent les vents et les pluyes , ou rétablissent la serenité. Mais pour prédire
tout cela , il faut avoir une suite d'Observations uniformes et constantes de
tous les chingemens qui sont arrivez
dans l'air aux temps de ces conjonctions.
De là on tírera des axiomes et des regles
sur lesquelles on fondera une Théorie.
Cet Auteur a déja donné une suite de ses
Observations , qui commence au 3. Février 1701. et finit au 3. Avril suivant.
M. Cok , Anglois , avoit donné avant lui
cette idée dans ses Axiomes Metecrolo
giques.
Je doute , M. qu'on puisse jamais faire
de ces Observations constantes et uniformes. Les Signes Celestes qui se levent en
certaines saisons , ne sont appellez Signes
que parce qu'ils se levent en certaines saisons où ordinairement l'air change de
temperature. Ils ne sont donc pas cause,
mais simplement Signes.
Dailleurs quelles difficultez à faire descendre les corpuscules des Planettes dans
E iij notre
1562 MERCURE DE FRANCE
notre Atmosphere ? Pour le moins autant
qu'à faire monter les exhalaisons de la
Terre jusques dans l'Atmosphere de Jupiter et de Saturne , dont la Terre est
prodigieusement éloignée. Comment faire sortir de l'Atmosphere de Saturne les
Corpuscules qui s'en exhalent? S'ils en sor
tent , ne seront-ils pas emportez par la
rapidité du tourbillon de cette grande
Planete ? Ne seront- ils pas dispersez dans
la vaste étendue des Cieux , où ils rencontreront encore d'autres Planettes et
d'autres tourbillons ? et quelle petite
quantité en arrivera sur la Terre ? Mais
encore ce systême, quelque fondé qu'il fût,
n'entrevoit pour rien dans la destinée des
hommes, ou s'il y entroit, ce ne seroit que
comme la nature des divers climats qui
font les hommes d'un temperament ,
plutôt que d'un autre ; et encore ce temperament seroit- il changé par l'éducation
et par la Religion, par la nourriture et la
qualité de l'air. Le Pays de la Beotie , gras
et fertile , ne produisoit point des hommes du genie des Athéniens qui habitoient
un Pays aride. Les Egyptiens dans un Pays
que les eaux seules du Nil rendoient fertile , ont été les premiers inventeurs des
Arts.
J'ai cité plus haut ce celebre Phavorin ,
JUILLET. 1732 1563
rin, un des Favoris de l'Empereur Adrien.
Il avoit fait une Dissertation contre ceux
qu'on appelle Caldéens, qui promettent de
prédire le sort et la destinée des hommes,
par l'inspection des Astres par les conjonctions et le mouvement des Planetes
et des Etoiles , nous avons un abregé de
cette Dissertation dans les Nuits Attiques
d'Aulugelle. L. XIV. Cap. I. L'Auteur dit ces Devins exercent que
leur Art pour de l'argent et pour vivre ;
que leur erreur vient de ce qu'ils ont vû
plusieurs corps terrestres dépendre du
mouvement des Astres , comme la Mer
qui est gouvernée par la Lune. De- la ils
ont conclu que les autres corps étoient
gouvernez par les Planetes et les Etoiles.
Si les hommes , ajoûte-t'il , pouvoient
prédire l'avenir , ils auroient la science
des Dieux ; mais pour en venir aux raisons qui rendent incertaine la science de
l'Astrologie.
1°. Il dit que les Observations de ces
Caldéens ne pouvoient avoir un effet general , parce qu'elles ne pouvoient être
appliquées qu'aux lieux où elles avoient
été faites , et où les Astres confluoient ;
car les Astres ne paroissent pas par tout
dans la même position. S'ils font pleuvoir dans un endroit , ils font le temps
E iiij serein
1564 MERCURE DE FRANCE
serein dans l'autre ; ainsi leurs effets seront differens pour les Caldéens , pour
les Getules , pour les Habitans du Danube et pour ceux du Nil. Il est impossible , ajoûte l'Auteur , que dans une si
grande courbure du Ciel et dans cette
immense profondeur des Cieux étendus
P'un sur l'autre , les Astres soient ou paroissent dans la même conjonction ou situation à l'égard de tous les Peuples de la
Terre , et que leurs influences soient toujours uniformes et toûjours les mêmes.
2º. Si les Caldéens ont observé les effets des Etoiles visibles , combien y en
a- t'il qu'ils n'ont pas vûës, et qui peuvent
être en conjonction avec les visibles ? Si
Phavorin avoit connu les Satellites de
Jupiter et de Saturne , que n'auroit- il
pas dit?
3. Ils ont observé les évenemens arrivez sous certaines conjonctions , et delà ils ont assuré que les mêmes arriveroient sous les mêmes conjonctions. Mais
peut- on faire beaucoup d'observations
sous des conjonctions qui n'arrivent que
dans cent ans , que dans mille ans ? At'on vû des Livres qui nous ayent con..
servé ces Observations anciennes?
4°. Comment peuvent- ils dire qu'il y
a des conjonctions qui président à la
conception
JUILLET. 1732. 1565
conception , à la naissance dix mois après,
à la fortune, aux nôces, à la fécondité
des Epoux ? Les Astres passent trop vîte
et les mêmes ne peuvent faire tout cela.
5. Les Astres pourroient-ils produire
les évenemens qui viennent des causes
exterieures ? Comment causeroient- ils les
nouveaux projets , les jugemens, les désirs , les amours , les inimitiez , les railleries , les doutes ? Ce seroit faire agir les
hommes comme les bêtes , qui ne font rien par leur propre arbitre , et les hommes ont leur propre arbitre , qui ne seroit rien s'il dépendoit de la force des
Astres.
6°. S'ils peuvent prédire, ces Caldéens,
la victoire à Pyrrhus ou à Marius- Curius,
pourquoi ne peuvent-ils pas promettre à
un tel qu'il gagnera au jeu ? Les Astres
ne marquent- ils que de grandes choses ,
et celles-cy sont- elles si petites qu'elles
en soient imperceptibles dans les Astres ?
Mais est-il rien de si petit que le mo
ment auquel l'homme en naissant reçoit
sa destinée ? Cependant cecte petite chose
est marquée dans les Asetes ; et après tout,
les deux Jumeaux conçus en un insant ,
ne sont-ils differens sur leur fortune
dans leurs accions et dans leur mort?
pas
79. Comment accorder ces differens
E v
Astres
1566 MERCURE DE FRANCE
Astres , qui ayant fait naître tant de personnes differentes par leur âge , leur nation , leur condition , les font périr dans
un tremblement de terre , dans la chute
d'une maison , dans une Bataille , dans
un nauffrage ?
8°. Mais les animaux sont- ils aussi sujers aux Astres , comme les hommes ? Je
finirai par où j'ai commencé , et je dirai
avec le Poëte Pacovius :
Nam si qui qua ventura sunt pravideant ,
Equiparant Jovi.
Et je dirai encore avec Accius :
Nihil vides Auguribus qui aures verbi divitant ,
Alienas , suas ut locupletent domos,
Phavorin exhorte les jeunes gens de
ne se fier point aux Astrologues. Si vous
craignez , dit-il , les maux qu'ils vous
prédisent , vous devenez miserables par
cette crainte. Si vous attendez long- tems
les biens qu'ils vous promettent , vous
devenez encore miserables , lorsque vous
appercevez que vous êtes trompez. Ajoûtons à toutes ces raisons , que Dieu n'a
point tracé la conduite du genre humain
dans les Astres , et qu'il ne se repose pas
sur eux du soin qu'il a pour les hommes.
Sa sagesse ,sa bonté et sa justice , condui
sent
JUILLET 1732. 1567
sent tout, et c'est là sa Providence.Qu'estil besoin après cela d'aller dresser des
machines dans les Cieux pour faire naître et mourir des hommes d'une maniere
differente ? et encore de placer ces machines dans des lieux si élevez , pour
n'être vûës que des Astrologues , et avec
des Telescopes ?
Je vous laisse , Monsieur , avec les refléxions que vous pouvez faire en Théologien , ou avec celles que nous a données M. Bayle , dans son Ouvrage sur
les Cometes ; je vous ai assez fait voir
mes sentimens sur cette matiere. Je sou- haite que vous connoissiez ceux que j'ai
pour vous. Je suis , &c.
A Paris le 4. Janvier 1732.
Fermer
Résumé : LETTRE sur l'Astrologie Judiciaire, et les Horoscopes, écrite par M. Cipiere, à M. l'Abbé B......
La lettre de M. Cipiere à l'Abbé B... aborde la question de l'astrologie judiciaire et des horoscopes. L'auteur commence par mentionner Guillaume Desbordes, un gentilhomme et mathématicien de Bordeaux, qui a traduit la 'Sphère' de Jean de Sacrobosco et a écrit une préface en défense de l'astrologie judiciaire. Desbordes soutient que l'astrologie peut être compatible avec la religion, citant des auteurs anciens comme Platon et Aristote. Il reconnaît que Dieu et les miracles peuvent intervenir dans les destinées humaines, comme dans les cas de Moïse et de saint Pierre. Desbordes attribue aux corps célestes des influences sur les tempéraments et les passions humaines, tout en soulignant que l'éducation et le libre arbitre peuvent modifier ces influences. Il cite des exemples de prédictions astrologiques, comme celles faites pour Auguste et pour des empereurs romains. La lettre mentionne également des critiques de l'astrologie par des savants comme Cicéron et des Pères de l'Église, qui ont condamné les pratiques astrologiques. Saint Augustin, par exemple, a contesté la validité des horoscopes en se basant sur des observations de jumeaux. L'auteur évoque ensuite le système de Mathieu Sluter, un juriste allemand, qui croyait pouvoir prédire les changements climatiques en observant les conjonctions planétaires. Cependant, il exprime des doutes sur la possibilité de faire des observations constantes et uniformes. Enfin, la lettre cite Phavorin, un favori de l'empereur Adrien, qui a critiqué les 'Caldéens' pour leur erreur de croire que les corps terrestres dépendent du mouvement des astres. Phavorin souligne les difficultés pratiques et théoriques de l'astrologie, comme la variabilité des positions des astres selon les lieux et les époques. Le texte discute également de la validité de l'astrologie et de la prédestination, posant des questions critiques sur la capacité des astrologues à prédire des événements. Il mentionne la variabilité des destins des jumeaux et la diversité des morts humaines, qu'elles soient dues à des catastrophes naturelles ou à des conflits. Il aborde aussi la question de savoir si les animaux sont soumis aux astres de la même manière que les hommes. Le texte cite des poètes pour renforcer son argumentation contre l'astrologie. Il conclut en affirmant que Dieu ne délègue pas la conduite des hommes aux astres, mais la dirige par sa sagesse, sa bonté et sa justice. L'auteur exprime son souhait que le destinataire réfléchisse à ces questions et mentionne les réflexions de M. Bayle sur les comètes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
422
p. 1568
ENIGME.
Début :
En Robe de satin quelque peu déchirée, [...]
Mots clefs :
Oignon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
NIG ME.
EN Robe de satin quelque peu déchirée ,
En bottes à cheval j'ai donc fait mon entrée
Dans. Paris où l'on m'attendoit ,
Que m'en arrive-t'il sur moi le pauvre a
droit ,
Le riche m'admet à sa table ;
Pour lui souvent insupportable ,
Je lui plais seulement quand je suis dérobé ,
Mais avant qu'il me voye , helas ! souvent tombé
Dans les barbares mains d'une gent très- bra- tale ,
De mes douces prisons voulant me délivrer ,
Tel me coupe la tête , ou me brule , et m'empale ,
Qui ne sçauroit par fois s'empêcher de pleurer.
EN Robe de satin quelque peu déchirée ,
En bottes à cheval j'ai donc fait mon entrée
Dans. Paris où l'on m'attendoit ,
Que m'en arrive-t'il sur moi le pauvre a
droit ,
Le riche m'admet à sa table ;
Pour lui souvent insupportable ,
Je lui plais seulement quand je suis dérobé ,
Mais avant qu'il me voye , helas ! souvent tombé
Dans les barbares mains d'une gent très- bra- tale ,
De mes douces prisons voulant me délivrer ,
Tel me coupe la tête , ou me brule , et m'empale ,
Qui ne sçauroit par fois s'empêcher de pleurer.
Fermer
423
p. 1769
LOGOGRYPHE.
Début :
Animal tres-commun, [...]
Mots clefs :
Chien
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LOGOGRYPHE.
LOGOGRYPHE.
ANimal tres-commun ,
Cinq lettres font le nom de ma naturėj
Mon maître m'en donne encore un ;
Tu trouveras , sans trop de tablature ,
Dans majuste anagramme , un Royaume , ou
mon lit ;
Devine, Lecteur , j'ai tout dit.
G...
ANimal tres-commun ,
Cinq lettres font le nom de ma naturėj
Mon maître m'en donne encore un ;
Tu trouveras , sans trop de tablature ,
Dans majuste anagramme , un Royaume , ou
mon lit ;
Devine, Lecteur , j'ai tout dit.
G...
Fermer
424
p. 1769-1770
AUTRE LOGOGRYPHE.
Début :
Mon nom comprend, Guerrier, animal, et Present (a), [...]
Mots clefs :
Castor
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE LOGOGRYPHE.
AUTRE LOGO GRYPHE.
Mon
On nom comprend , Guerrier , animal , et Present (a) ,
Comme Guerrier , aidé d'un frere ,
Tant que nous fumes sur la terre
On vit la Mer libre de tout Brigant ;
Depuis , au ciel est notre logement.
Comme animal , je suis un Amphibie ;
Climat froid me donne la vie.
Enfin , comme présent ,
Je suis utile à l'homme seulement ;
(a) Don on Liberalité.
Six
1976 MERCURE DE FRANCE
Six lettres font mon nom , prenez les trois pres
mieres ,
Je puis être tres-grand et reservé ;
Renversez-moi ; cherement conservé ,
T
Je sers aux Avocats , Procureurs , gens d'affaires,
Mes trois membres derniers étans lûs à rebours;
Forment un son qui ne peut plaire ;
Et cependant pour l'ordinaire.
Dans les bonnes maisons on me sert tous les
jours :
Remis en mon entier , si vous joignez ma tête ,
Aux deux membres derniers , je suis un instrument ;
Retournez-moi présentement ;
53.2
Le Nocher me redoute au fort de la tempête.
Mon
On nom comprend , Guerrier , animal , et Present (a) ,
Comme Guerrier , aidé d'un frere ,
Tant que nous fumes sur la terre
On vit la Mer libre de tout Brigant ;
Depuis , au ciel est notre logement.
Comme animal , je suis un Amphibie ;
Climat froid me donne la vie.
Enfin , comme présent ,
Je suis utile à l'homme seulement ;
(a) Don on Liberalité.
Six
1976 MERCURE DE FRANCE
Six lettres font mon nom , prenez les trois pres
mieres ,
Je puis être tres-grand et reservé ;
Renversez-moi ; cherement conservé ,
T
Je sers aux Avocats , Procureurs , gens d'affaires,
Mes trois membres derniers étans lûs à rebours;
Forment un son qui ne peut plaire ;
Et cependant pour l'ordinaire.
Dans les bonnes maisons on me sert tous les
jours :
Remis en mon entier , si vous joignez ma tête ,
Aux deux membres derniers , je suis un instrument ;
Retournez-moi présentement ;
53.2
Le Nocher me redoute au fort de la tempête.
Fermer
425
p. 1775-1776
L'Anatomie generale du Cheval, &c. [titre d'après la table]
Début :
L'ANATOMIE GENERALE DU CHEVAL, contenant une ample et exacte [...]
Mots clefs :
Cheval, Parties, Figures
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Anatomie generale du Cheval, &c. [titre d'après la table]
L'ANATOMIE GENERALE DU CHEVAL :
contenant une ample et exacte Description de la forme , situation et usages de
toutes ses Parties. Leurs differences et
leurs correspondances avec celles de
l'homme. La generation du Poulet et
celle du Lapin. Un Discours du mouvement du Chile et de la circulation du
sang. La maniere de dissequer certaines
parties du Cheval , difficiles à anatomiser
Et quelques Observations Physiques, anacomiques et curieuses sur differentes parties du corps et sur quelques Maladies.
Le tout enrichi de figures. Traduit de
Anglois, par F. A. de Garsault, Capitaine du Haras du Roy, en survivance . A
Paris , chez Barth. Laisnel , ruë S. Jacques Alex, Mesnier, au Palais. Ant. Gandouin , Quay des Augustins , et la V.
Pissot,QuaydeConty, 1732. in 4. de 3 3 2,
pag. sans les Tables , les Figures , les Préfaces de l'Auteur et du Traducteur , et
l'explication des Termes pour l'intelligence de ce Livre, divisé en cinq Parties,
où il est traité du Bas- ventre , de la Poitrine on Ventre du milieu , de la Tête ou
E iiij Ventre
}
1776 MERCURE DE FRANCE
F
Ventre superieur , des Nerfs , des Muscles, et des Os. Differens Chapitres composent les differentes Parties.
Cet Ouvrage est fort méthodique et
nous paroît d'une grande utilité ; il est
écrit d'un stile simple et aisé ; les Planches répandent encore une grande clarté.
Elles sont gravées avec soin et précision.
Avec l'utile on trouve souvent dans ce
Livre des choses curieuses qui en rendent la lecture agréable. Nous croyons.
que les Peintres et les Sculpteurs , que
fAuteur n'a , sans doute , pas eu en vûë,
en peuventtirer des secours considerables
contenant une ample et exacte Description de la forme , situation et usages de
toutes ses Parties. Leurs differences et
leurs correspondances avec celles de
l'homme. La generation du Poulet et
celle du Lapin. Un Discours du mouvement du Chile et de la circulation du
sang. La maniere de dissequer certaines
parties du Cheval , difficiles à anatomiser
Et quelques Observations Physiques, anacomiques et curieuses sur differentes parties du corps et sur quelques Maladies.
Le tout enrichi de figures. Traduit de
Anglois, par F. A. de Garsault, Capitaine du Haras du Roy, en survivance . A
Paris , chez Barth. Laisnel , ruë S. Jacques Alex, Mesnier, au Palais. Ant. Gandouin , Quay des Augustins , et la V.
Pissot,QuaydeConty, 1732. in 4. de 3 3 2,
pag. sans les Tables , les Figures , les Préfaces de l'Auteur et du Traducteur , et
l'explication des Termes pour l'intelligence de ce Livre, divisé en cinq Parties,
où il est traité du Bas- ventre , de la Poitrine on Ventre du milieu , de la Tête ou
E iiij Ventre
}
1776 MERCURE DE FRANCE
F
Ventre superieur , des Nerfs , des Muscles, et des Os. Differens Chapitres composent les differentes Parties.
Cet Ouvrage est fort méthodique et
nous paroît d'une grande utilité ; il est
écrit d'un stile simple et aisé ; les Planches répandent encore une grande clarté.
Elles sont gravées avec soin et précision.
Avec l'utile on trouve souvent dans ce
Livre des choses curieuses qui en rendent la lecture agréable. Nous croyons.
que les Peintres et les Sculpteurs , que
fAuteur n'a , sans doute , pas eu en vûë,
en peuventtirer des secours considerables
Fermer
Résumé : L'Anatomie generale du Cheval, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'L'Anatomie générale du cheval', publié en 1732 à Paris, offre une description détaillée de la forme, de la situation et des usages des parties du cheval, ainsi que leurs différences et correspondances avec celles de l'homme. Il traite également de la génération du poulet et du lapin, du mouvement du cheval et de la circulation du sang. Le livre inclut des instructions sur la dissection de certaines parties difficiles à anatomiser et des observations physiques et anatomiques sur diverses parties du corps et certaines maladies. Traduit de l'anglais par F. A. de Garsault, capitaine du Haras du Roy, l'ouvrage est divisé en cinq parties : le bas-ventre, la poitrine, la tête, les nerfs, les muscles et les os. Il est écrit dans un style simple et aisé, enrichi de figures gravées avec soin et précision. L'ouvrage est utile non seulement pour les anatomistes, mais aussi pour les artistes comme les peintres et les sculpteurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
426
p. 1983-1986
Le Spectacle de la Nature, Histoire naturelle, [titre d'après la table]
Début :
On commence à vendre, avec grand succès, chez la veuve Etienne, ruë S. Jacques, [...]
Mots clefs :
Spectacle de la nature, Histoire naturelle, Entretien, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Spectacle de la Nature, Histoire naturelle, [titre d'après la table]
On commence à vendre , avec grand
succès , chez la veuve Etienne, ruë S. Jacques , et chez Jean Desaint , vis- à- vis le
College de Beauvais , un nouvel Ouvrage qui peut être fort utile.Il est intitulé:
LE SPECTACLE de la Nature , ou Entretien
sur les particularitez de l'Histoire naturelle,
qui ont paru les plus propres à rendre les
jeunesgens curieux , et à leurformer l'esprit,
vol. in 12. de 520 pages.
L'Auteur fait voir dans une courte Pré-
-face que de tous les moyens qu'on peut
employer pour former l'esprit , il n'y en
a point de plus sûr ni de plus efficace que
la curiosité. Pour la faire naître ou pour
l'augmenter , il employe en divers Entretiens ce que le Spectacle de la nature lui
offre de plus interessant. Il commence
par les plus petits objets, et parcourt successivement la plupart des choses qui
Eij nous
1984 MERCURE DE FRANCE
nous environnent , sans fatiguer l'esprit
de ses Lecteurs , par des recherches pénibles , sur les Principes et sur la Structure
intérieure de chaque objet ; il découvre
par tout dans les seuls dehors , de quoi
fatter les yeux , de quoi éclairer et nourrir l'esprit,de quoi remplir le cœur de reconnoissance et de religion,
Le premier Entretien roule sur les Insectes ; et pour amorcer le Lecteur à l'étude de choses , en apparence si méprisables , on lui fait entrevoir leurs parures ,
leurs armes offensives et deffensives, et les
divers Instrumens dont la nature les a
pourvûs pour les faire subsister. On examine ensuite leur origine , qui ne peut
être que la génération. Le 2 Entretien
roule sur les Chenilles , sur les Singes et
sur les Papillons. Le 3 , sur les Vers à
Soye. Le 4 , sur les Araignées. Le se, sur
les Guêpes. Le 6 et le 7 , sur les Abeil,
les.
Le 8 , contient ce qui regarde les Mou-
´ches communes et les Mouches luisantes ;
l'histoire des Moucherons, celles du Taupe grillon , de la Fourmi, du Fourmillon
et des Demoiselles. Le 9 Entretien contient l'histoire des Moules , des Pinnes
Marines , des Limaçons et des Coquillages. Le 10 passe à l'histoire generale des
Oyseaux
SEPTEMBRE. 1732. 1985
Oyseaux. Le 11 ° , descend dans l'histoire particuliere des Oyseaux les plus remarquables. Le 12° , traite des Animaux,
tant Domestiques que Sauvages. Le 13 ,
traite des Poissons. Le 14° et le 15 roulent
sur les Plantes. Ce premier Volume. qui
paroît devoir être suivi de quelques tres , finit par une Lettre , où l'on examine jusqu'à quel point il est permis d'être curieux dans la recherche de la vérité.
L'Auteur s'attache à faire voir quels sont
les justes droits et les bornes necessaires
de la raison, par où il regle aussi les droits et les bornes de la curiosité. .
Cet Ouvrage interessant par sa matiere est encore estimable par la propreté
des Gravures , et par la beauté de l'Impression.
n
Un tres habile homme a déja jugé du
sort de ce Livre, et nous ne risquons rien
de souscrire à son jugement. » Il va pa-
>> roître, dit- il , un Livre, qui a pour titre :
Spectacle de la Nature , &c. On y dévelope d'une maniere agréable et spiri
tuelle,ce qu'il y a de plus curieux dans
» la Nature , pour ce qui regarde les Ani-
»maux terrestres , les Oyseaux , les In-
»sectes , les Poissons. S'il m'étoit permis
» de juger du succès de ce Livre , par le
plaisir que la lecture m'en a fait ; je
"
E iij pour
1986 MERCURE DE FRANCE
pourrois assurer, par avance , qu'il sera
» grand. C'est à ma priere et sur mes vi-
>> ves sollicitations que l'Auteur a entre-
» pris cet Ouvrage , et qui peut être beau-
»coup augmenté , s'il se trouve au gout
» du Public. M. Rollin , dans l'Avertissement du Ive Tom. de l'Histoire ancienne.
succès , chez la veuve Etienne, ruë S. Jacques , et chez Jean Desaint , vis- à- vis le
College de Beauvais , un nouvel Ouvrage qui peut être fort utile.Il est intitulé:
LE SPECTACLE de la Nature , ou Entretien
sur les particularitez de l'Histoire naturelle,
qui ont paru les plus propres à rendre les
jeunesgens curieux , et à leurformer l'esprit,
vol. in 12. de 520 pages.
L'Auteur fait voir dans une courte Pré-
-face que de tous les moyens qu'on peut
employer pour former l'esprit , il n'y en
a point de plus sûr ni de plus efficace que
la curiosité. Pour la faire naître ou pour
l'augmenter , il employe en divers Entretiens ce que le Spectacle de la nature lui
offre de plus interessant. Il commence
par les plus petits objets, et parcourt successivement la plupart des choses qui
Eij nous
1984 MERCURE DE FRANCE
nous environnent , sans fatiguer l'esprit
de ses Lecteurs , par des recherches pénibles , sur les Principes et sur la Structure
intérieure de chaque objet ; il découvre
par tout dans les seuls dehors , de quoi
fatter les yeux , de quoi éclairer et nourrir l'esprit,de quoi remplir le cœur de reconnoissance et de religion,
Le premier Entretien roule sur les Insectes ; et pour amorcer le Lecteur à l'étude de choses , en apparence si méprisables , on lui fait entrevoir leurs parures ,
leurs armes offensives et deffensives, et les
divers Instrumens dont la nature les a
pourvûs pour les faire subsister. On examine ensuite leur origine , qui ne peut
être que la génération. Le 2 Entretien
roule sur les Chenilles , sur les Singes et
sur les Papillons. Le 3 , sur les Vers à
Soye. Le 4 , sur les Araignées. Le se, sur
les Guêpes. Le 6 et le 7 , sur les Abeil,
les.
Le 8 , contient ce qui regarde les Mou-
´ches communes et les Mouches luisantes ;
l'histoire des Moucherons, celles du Taupe grillon , de la Fourmi, du Fourmillon
et des Demoiselles. Le 9 Entretien contient l'histoire des Moules , des Pinnes
Marines , des Limaçons et des Coquillages. Le 10 passe à l'histoire generale des
Oyseaux
SEPTEMBRE. 1732. 1985
Oyseaux. Le 11 ° , descend dans l'histoire particuliere des Oyseaux les plus remarquables. Le 12° , traite des Animaux,
tant Domestiques que Sauvages. Le 13 ,
traite des Poissons. Le 14° et le 15 roulent
sur les Plantes. Ce premier Volume. qui
paroît devoir être suivi de quelques tres , finit par une Lettre , où l'on examine jusqu'à quel point il est permis d'être curieux dans la recherche de la vérité.
L'Auteur s'attache à faire voir quels sont
les justes droits et les bornes necessaires
de la raison, par où il regle aussi les droits et les bornes de la curiosité. .
Cet Ouvrage interessant par sa matiere est encore estimable par la propreté
des Gravures , et par la beauté de l'Impression.
n
Un tres habile homme a déja jugé du
sort de ce Livre, et nous ne risquons rien
de souscrire à son jugement. » Il va pa-
>> roître, dit- il , un Livre, qui a pour titre :
Spectacle de la Nature , &c. On y dévelope d'une maniere agréable et spiri
tuelle,ce qu'il y a de plus curieux dans
» la Nature , pour ce qui regarde les Ani-
»maux terrestres , les Oyseaux , les In-
»sectes , les Poissons. S'il m'étoit permis
» de juger du succès de ce Livre , par le
plaisir que la lecture m'en a fait ; je
"
E iij pour
1986 MERCURE DE FRANCE
pourrois assurer, par avance , qu'il sera
» grand. C'est à ma priere et sur mes vi-
>> ves sollicitations que l'Auteur a entre-
» pris cet Ouvrage , et qui peut être beau-
»coup augmenté , s'il se trouve au gout
» du Public. M. Rollin , dans l'Avertissement du Ive Tom. de l'Histoire ancienne.
Fermer
Résumé : Le Spectacle de la Nature, Histoire naturelle, [titre d'après la table]
Le texte présente un nouvel ouvrage intitulé 'Le Spectacle de la Nature, ou Entretien sur les particularités de l'Histoire naturelle', disponible chez la veuve Etienne et Jean Desaint. Cet ouvrage, en un volume in-12 de 520 pages, vise à stimuler la curiosité des jeunes lecteurs et à former leur esprit à travers des entretiens sur divers sujets de l'histoire naturelle. L'auteur commence par des objets simples et progresse vers des sujets plus complexes, sans entrer dans des détails techniques. Il explore les insectes, les chenilles, les singes, les papillons, les vers à soie, les araignées, les guêpes, les abeilles, les mouches, les moules, les oiseaux, les animaux domestiques et sauvages, les poissons, et les plantes. Le premier volume se conclut par une lettre discutant des limites de la curiosité dans la recherche de la vérité. L'ouvrage est également apprécié pour la qualité de ses gravures et de son impression. Un critique loue le livre pour son développement agréable et spirituel des sujets naturels, prédisant son succès. L'auteur pourrait augmenter l'ouvrage en fonction de l'accueil du public, à la demande de M. Rollin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
427
p. 2003-200[4]
Hérissons vivans rendus par une Vache, [titre d'après la table]
Début :
M. le Marquis de Courtenvaux, qu'on ose nommer ici, étant allé à son Régiment il y a [...]
Mots clefs :
Vache, Mettre bas, Serprents, Hérissons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Hérissons vivans rendus par une Vache, [titre d'après la table]
M. le Marquis de Courtenvaux , qu'on ose
nommer ici , étant allé à son Régiment il y a
quelques mois , on lui raconta à S. Pourçain , ou
étoit son quartier , un fait arrivé depuis peu , qui
lui parut aussi extraordinaire que singulier le
voici. Une Vache prête à mettre bas son Veau ,
a rendu en même- tems la quantité de deux boisseaux d'Hérissons vivans et deux espéces de
Serpens. Le Marquis de Courtenvaux , qui a raconté ce fait à des personnes de la plus grande
considération , l'apuye d'un certificat dont voici
la teneur.
Je,subdelegué au département de la Ville de Saint
Pourcain , souffigné , certifie que les nommez Guilmins et Mer , Laboureurs d'un Domaine que j'ai
en la Paroisse de Montord , près S. Pourçain , m'ont
dit avoir eu ces jours derniers , dans ledit Domaine
une Vache , laquelle en faisant son Veau a rendus
par la Nature nombre d'Herissons tous vivans , en- viron deux boisseaux , mesure de Paris , avec deux
especes de Serpens d'une demie toise de longueur, qui
étoient enveloppez dans leurs toilles particulieres ;
ee que le nommé Antoine Boudignon , mon valetdomestique m'a aussi assûré avoir vû ; ladite Vache a été très-malade , mais elle se porte beaucoup
mieux et son veau aussi , semblable choſe est arrivée A4-
2001 MERCURE DE FRANCE
autrefois dans ledit Domaine , et arrive assez com- munément dans la Province. Fait audit S. Pourçain
le 6. Juin 1732. Signé , DELACODRE.
Nous soussignez certifions avoir vu plusieurs fois arriver le cas ci- dessus énoncé. Fait à Saint
Pourçain , ce 6. Juin 1732 Signé, DELYONNE ,
Capitaine au Régiment Royal Roussillon CHERIEUX.
nommer ici , étant allé à son Régiment il y a
quelques mois , on lui raconta à S. Pourçain , ou
étoit son quartier , un fait arrivé depuis peu , qui
lui parut aussi extraordinaire que singulier le
voici. Une Vache prête à mettre bas son Veau ,
a rendu en même- tems la quantité de deux boisseaux d'Hérissons vivans et deux espéces de
Serpens. Le Marquis de Courtenvaux , qui a raconté ce fait à des personnes de la plus grande
considération , l'apuye d'un certificat dont voici
la teneur.
Je,subdelegué au département de la Ville de Saint
Pourcain , souffigné , certifie que les nommez Guilmins et Mer , Laboureurs d'un Domaine que j'ai
en la Paroisse de Montord , près S. Pourçain , m'ont
dit avoir eu ces jours derniers , dans ledit Domaine
une Vache , laquelle en faisant son Veau a rendus
par la Nature nombre d'Herissons tous vivans , en- viron deux boisseaux , mesure de Paris , avec deux
especes de Serpens d'une demie toise de longueur, qui
étoient enveloppez dans leurs toilles particulieres ;
ee que le nommé Antoine Boudignon , mon valetdomestique m'a aussi assûré avoir vû ; ladite Vache a été très-malade , mais elle se porte beaucoup
mieux et son veau aussi , semblable choſe est arrivée A4-
2001 MERCURE DE FRANCE
autrefois dans ledit Domaine , et arrive assez com- munément dans la Province. Fait audit S. Pourçain
le 6. Juin 1732. Signé , DELACODRE.
Nous soussignez certifions avoir vu plusieurs fois arriver le cas ci- dessus énoncé. Fait à Saint
Pourçain , ce 6. Juin 1732 Signé, DELYONNE ,
Capitaine au Régiment Royal Roussillon CHERIEUX.
Fermer
Résumé : Hérissons vivans rendus par une Vache, [titre d'après la table]
Le Marquis de Courtenvaux a été informé d'un événement inhabituel à Saint-Pourçain, où son régiment était en quartier. Une vache sur le point de mettre bas a expulsé environ deux boisseaux d'hérissons vivants et deux espèces de serpents d'une demi-toise de longueur. Le Marquis a obtenu un certificat du subdélégué de Saint-Pourçain, Delacodre, confirmant que les laboureurs Guilmins et Mer ont témoigné de cet incident. Le valet domestique du subdélégué, Antoine Boudignon, a également attesté avoir vu la vache, qui était malade mais se portait mieux ainsi que son veau. Delacodre a mentionné que des événements similaires se sont produits dans le domaine et sont relativement courants dans la province. Le certificat est daté du 6 juin 1732. De plus, le capitaine Delyonne et le lieutenant Cherieux du Régiment Royal Roussillon ont également certifié avoir observé ce phénomène.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
428
p. 2005-2006
« On mande de Vienne qu'il y étoit arrivé de Breslaw un Officier Suedois, avec une Hyene. [...] »
Début :
On mande de Vienne qu'il y étoit arrivé de Breslaw un Officier Suedois, avec une Hyene. [...]
Mots clefs :
Hyène, Rennes, Laponie, Daim, Cerf, Joseph de la Fontaine de la Boissière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On mande de Vienne qu'il y étoit arrivé de Breslaw un Officier Suedois, avec une Hyene. [...] »
On mande de Vienne qu'il y étoit arrivé de
Breslaw un Officier Suedois , avec une Hyene ,
et plusieurs Rennes de Laponie , dont le Ray de
Suede fait present à l'Empereur , pour sa Ménagerie, Peu de gens ignorent que la Hyene est un F ani-
1006 MERCURE DE FRANCE
animal dont le corps est aussi grand que celui
d'un Loup , excepté que les jambes ne sont pas si
hautes ; son poil est plus rude , et sa peau mouchetée de diverses couleurs.
La Renne , que quelques- uns appellent Ranne,
et Rangier , est une bête de somme qui ne se trouve et ne peut vivre que dans les Pais froids.
Elle ressemble au Cerf , plus grande toutefois ,
mais moindre que l'Elan , qui est ordinairement
de la taille d'un Cheval. Elle a 3 rangs de Cor
nes,deux sur le devant , et un sur le derriere de la
tête.Chaque rang a deux Perches chevillées sur le
devant, comme celles du Cerf, et quelquefois chacune est de 25 Cors ; et sur le derriere elle porte la figure d'une tête de Daim, avec Cornichons
et Perches plattes et larges . Elle se rend domestique et traitable, et sert aux Lapons à tirer leurs
Traineaux sur la glace , avec une grande vitesse,
jusqu'à faire 30 lieues par jour. Elle leur sert
aussi de nourriture , et c'est leur principale richesse ; mais elle est de courte vie , et ne passe
pas quinze ans.
Le R. P. Joseph de la Fontaine de la Boissiere,
Prêtre de l'Oratoire , mourut le 18 Aoust , dans
la Maison de la rue S. Honoré , âgé d'environ
84 ans. Il s'étoit acquis la réputation d'un celebre Prédicateur. Ses Sermons et ses Panégyriques ont été imprimez en 6 vol. in 12. et se
trouvent chez Henri , rue S. Jacques , vis- à- vis
' S. Yves
Breslaw un Officier Suedois , avec une Hyene ,
et plusieurs Rennes de Laponie , dont le Ray de
Suede fait present à l'Empereur , pour sa Ménagerie, Peu de gens ignorent que la Hyene est un F ani-
1006 MERCURE DE FRANCE
animal dont le corps est aussi grand que celui
d'un Loup , excepté que les jambes ne sont pas si
hautes ; son poil est plus rude , et sa peau mouchetée de diverses couleurs.
La Renne , que quelques- uns appellent Ranne,
et Rangier , est une bête de somme qui ne se trouve et ne peut vivre que dans les Pais froids.
Elle ressemble au Cerf , plus grande toutefois ,
mais moindre que l'Elan , qui est ordinairement
de la taille d'un Cheval. Elle a 3 rangs de Cor
nes,deux sur le devant , et un sur le derriere de la
tête.Chaque rang a deux Perches chevillées sur le
devant, comme celles du Cerf, et quelquefois chacune est de 25 Cors ; et sur le derriere elle porte la figure d'une tête de Daim, avec Cornichons
et Perches plattes et larges . Elle se rend domestique et traitable, et sert aux Lapons à tirer leurs
Traineaux sur la glace , avec une grande vitesse,
jusqu'à faire 30 lieues par jour. Elle leur sert
aussi de nourriture , et c'est leur principale richesse ; mais elle est de courte vie , et ne passe
pas quinze ans.
Le R. P. Joseph de la Fontaine de la Boissiere,
Prêtre de l'Oratoire , mourut le 18 Aoust , dans
la Maison de la rue S. Honoré , âgé d'environ
84 ans. Il s'étoit acquis la réputation d'un celebre Prédicateur. Ses Sermons et ses Panégyriques ont été imprimez en 6 vol. in 12. et se
trouvent chez Henri , rue S. Jacques , vis- à- vis
' S. Yves
Fermer
Résumé : « On mande de Vienne qu'il y étoit arrivé de Breslaw un Officier Suedois, avec une Hyene. [...] »
Un officier suédois est arrivé à Vienne avec une hyène et des rennes de Laponie, offerts par le roi de Suède à l'empereur pour sa ménagerie. La hyène est décrite comme un animal de la taille d'un loup, avec un poil rude et une peau mouchetée. Le renne, ou rangifer, est une bête de somme adaptée aux climats froids, ressemblant au cerf mais plus grand, avec trois rangs de cornes. Les Lapons domestiquent les rennes pour tirer leurs traîneaux sur la glace et comme source de nourriture. Leur espérance de vie ne dépasse pas quinze ans. Par ailleurs, le Père Joseph de la Fontaine de la Boissière, célèbre prédicateur de l'Oratoire, est décédé le 18 août à l'âge d'environ 84 ans. Ses sermons et panégyriques ont été publiés en six volumes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
429
p. 2193
ENIGME.
Début :
Joliette, [...]
Mots clefs :
Noisette
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGM E.
J
Oliette ,
Rondelette
C'est aux champs ,
Qu'on me cueille,
Et ma feuille ,
Aux Amans,
Sert d'ombrage.
Heureux l'âge,
Où la dent ,
Aisément ,
De ma loge ,
Me déloge ;
Quelquefois,
De mon bois
Retirée ,
Et sucrée ,
Je parois,
Bien blanchette ;
De grisette ,
Que j'étois.
J... de Paris.
J
Oliette ,
Rondelette
C'est aux champs ,
Qu'on me cueille,
Et ma feuille ,
Aux Amans,
Sert d'ombrage.
Heureux l'âge,
Où la dent ,
Aisément ,
De ma loge ,
Me déloge ;
Quelquefois,
De mon bois
Retirée ,
Et sucrée ,
Je parois,
Bien blanchette ;
De grisette ,
Que j'étois.
J... de Paris.
Fermer
430
s. p.
LE PROGRÈS DE L'ART DES JARDINS, Sous le Régne de Louis XIV.
Début :
Quelque éclat que LOUIS ait acquis [...]
Mots clefs :
Prière, Roi, France, Progrès, Art des jardins, Louis XIV, Spectacle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE PROGRÈS DE L'ART DES JARDINS, Sous le Régne de Louis XIV.
LE PROGRES
DE L'ART
DES JARDINS,
Sous le Régne de Louis XIV.
Q+
Velque éclat que Lours ait acquis
par la Guerre ,
Il n'étoit pas toujours armé de sor Tonnere :
Quand la paix importoit au bien de ses Etats ,
Son cœur à ses douceurs ne se refusoit pas.
Aij Ma
2312 MERCURE DE FRANCE
Mais prenant son devoir de plus en plus pous
guide ,
D'un loisir paresseux il abhorroit le vuide ,
Et sans cesse occupé de mille soins nouveaux
Il ne se délassoit qu'à changer de travaux.
Ainsi , lorsque la paix trop long-tems fugi tive
Venoit à ses Lauriers marier son Olive ,
Egalant tour à tour les deux premiers Cé
sars ,
D'un regard favorable il honoroit les Arts.
Que dis- je même au fort des fureurs de Bel
lone
Il les faisoit fleurir à l'abri de son Trône ,
Et comblant les Sçavans et d'honneurs et dø biens ,
Il se les attachoit par les plus doux liens.
Eh! combien d'Arts aussi sous son heureux Ema
pire
A leur perfection n'a- t- on pas sçu conduire
Combien en a- t- on fait éclore d'inconnus ,
Et revenir au jour qui n'étoient déja plus ?
Les fruits presque étouffez au point de leur nais sance
Marquoient de nos Jardins la sterile impuis- sance ,
Ou par un sort semblable à la sterilité ,
Ils ne parvenoient point à leur maturité ;
Ils ne contractoient point ce coloris aimable
Le
NOVEMBRE. 1732. 2319
Le charme des regards , l'ornement de la Tag ble ,
Ni de ce goût exquis les savoureux appas
Dignes de contenter les palais délicats.
A
, peine , à peine même en la saison now
velle >
Par des légumes vils la térre payoit-elle
Des tristes Jardiniers les inutiles soins ;
Et le Ciel dédaignoit la voix de nos besoins.'
LOUIS veut y pourvoir , Lours dont la pruž dence
Egale la grandeur et la vaste puissance
Et dont l'esprit doüé d'un fin discernement
Sçait des talens divers profiter sagement.
Il voit la Quintynie , il le goûte , il l'ad
nime
Par les gages flateurs de la plus haute es time >
Et de ses propres yeux éclairant ses essais ,
Bien-tôt sur ses Jardins il en vit le succês.
Oui , bien-tôt il y vit ces fertiles Parterres ,
Ces Vergers fructueux , ces odorantes Serres ,
Et de ces Espaliers les dons appétissans ,
Par qui la volupté s'offroit à tous les sens.
Mais non c'étoit trop peu que , de la Quin
tynie ,
Ces fortunez Enclos montrassent le génie ,
Louis , qu'un cœur sublime en ses desseins con
duit ,
Aiij Veut
2314 MERCURE DE FRANCE.
Veut que toute la France en partage le fruit.
Aux ordres de son Roi ce grand homme est f
dele ;
D'un Jardinier parfait devenu le modele ,
Il en consigne l'Art dans un Livre fameux ,
Qui jusqu'aux derniers tems instruira nos Ne veux.
C'est là que penetrant jusqu'aux causes pre mieres ?
Au sein de la Nature il porte ses lumieres ,
Et de l'expérience empruntant le secours.
Des antiques erreurs désabuse nos jours.
C'est là qu'il nous prescrit la méthode pr dente
De choisir un terrain propre pour chaque
plante ;
Le moyen d'en connoître et d'en guérir log.
maux ,
Soulager les besoins , corriger les défauts.
C'est là que l'on apprend quelle adroite cul
ture
Peut hâter les progrès de la lente Nature ,
Ou , des Arbres trompeurs prévenant les af- fronts ,
Contraindre leurs rameaux à devenir féconds ;
Rameaux (qui l'auroit crû ) dont la séve as servie
Va se distribuer au gré de notre envie ,.
Et présente les fruits tellement dispersez ,
Qu'à peine avec la main on les eut mieux pla C'est
NOVEMBRE. 1732 2315
' est là qu'on va puiser la divine Science ,
Qui des Astres malins corrige l'influence ,
Par qui sur les Jardins l'hyyer n'a plus da
droits ,
Et dont la Terre enfin semble prendre des
loix.
Mais quelques dons qu'en soi le même esprig
rassemble ,
Il ne peut renfermer tous les talens ensemble.
Embrassant des Jardins la seule utilité ,
Ce Sçavant n'en avoit qu'ébauché la beauté.
Pour couronner l'ouvrage il en falloit u
autre 11
UA
D'un goût fin , délicat , tel enfin que le No
11201
Qui d'un Art enchanteur déployant les se
crets
A la Nature même, ajoutat des attraits.
Vous l'avez éprouvé , Fontainebleau , Versail les :
De vos Palais dorez les pompeuses murail
Jes ,
Et la riche splendeur de vos appartemens
J
Ne font pas tout l'objet de nos ravissemens ;
Et sans vanter ici les insignes spectacles ,
Dont à mille autres Arts vous devez les min
cles ,
L'Art sur qui ce grand Maître a porté le flame beau
tale en vos Jardins un spectacle aussi beau.
A iij C'est
316 MERCURE DE FRANCE
C'est à lui que l'on doit la galante parure
De ces Ifs qu'à son gré l'habile main
gure ,
Et de ces Boulingrains les tapis toujour verds ,
Par qui nous oublions l'outrage des hivers :
C'est à lui que l'on doit ces tentures fleu ries ,
Dont le riant aspect flatte nos rêveries •
Et ces voutes d'Ormeaux , dont le feuillage
épais
Au milieu des chaleurs nous fait goûter le
frais.
C'est à lui que l'on doit ces Cascades bril lantes ,
Et ces superbes Eaux jusqu'au Ciel jaillissan tes ;
Illustres Monumens où nos yeux éblouis
Reconnoissent le Régne et les soins de LOUIS
Priere pour le Roy.
Grand Dieu , qui dans le Roi que la France
pour Maître ,
As versé toutes les vertus
Qui le rendent dignes de l'être ;
Conserve-nous long- tems ce moderne Titus
Augmente d'année en année
Les fruits de son tendre hymenée;
Et fais à nos derniers Neveux ,
( En
NOVEMBRE. 1732. 2317.
( En transmettant son Trône à sa Lignée au
guste )
Goûter l'Empire doux et juste ,
Qui comble aujourd'hui tous nos vœux,
Arboribus morem imposuit Populisque.
Varier. Præd. Rust.
DE L'ART
DES JARDINS,
Sous le Régne de Louis XIV.
Q+
Velque éclat que Lours ait acquis
par la Guerre ,
Il n'étoit pas toujours armé de sor Tonnere :
Quand la paix importoit au bien de ses Etats ,
Son cœur à ses douceurs ne se refusoit pas.
Aij Ma
2312 MERCURE DE FRANCE
Mais prenant son devoir de plus en plus pous
guide ,
D'un loisir paresseux il abhorroit le vuide ,
Et sans cesse occupé de mille soins nouveaux
Il ne se délassoit qu'à changer de travaux.
Ainsi , lorsque la paix trop long-tems fugi tive
Venoit à ses Lauriers marier son Olive ,
Egalant tour à tour les deux premiers Cé
sars ,
D'un regard favorable il honoroit les Arts.
Que dis- je même au fort des fureurs de Bel
lone
Il les faisoit fleurir à l'abri de son Trône ,
Et comblant les Sçavans et d'honneurs et dø biens ,
Il se les attachoit par les plus doux liens.
Eh! combien d'Arts aussi sous son heureux Ema
pire
A leur perfection n'a- t- on pas sçu conduire
Combien en a- t- on fait éclore d'inconnus ,
Et revenir au jour qui n'étoient déja plus ?
Les fruits presque étouffez au point de leur nais sance
Marquoient de nos Jardins la sterile impuis- sance ,
Ou par un sort semblable à la sterilité ,
Ils ne parvenoient point à leur maturité ;
Ils ne contractoient point ce coloris aimable
Le
NOVEMBRE. 1732. 2319
Le charme des regards , l'ornement de la Tag ble ,
Ni de ce goût exquis les savoureux appas
Dignes de contenter les palais délicats.
A
, peine , à peine même en la saison now
velle >
Par des légumes vils la térre payoit-elle
Des tristes Jardiniers les inutiles soins ;
Et le Ciel dédaignoit la voix de nos besoins.'
LOUIS veut y pourvoir , Lours dont la pruž dence
Egale la grandeur et la vaste puissance
Et dont l'esprit doüé d'un fin discernement
Sçait des talens divers profiter sagement.
Il voit la Quintynie , il le goûte , il l'ad
nime
Par les gages flateurs de la plus haute es time >
Et de ses propres yeux éclairant ses essais ,
Bien-tôt sur ses Jardins il en vit le succês.
Oui , bien-tôt il y vit ces fertiles Parterres ,
Ces Vergers fructueux , ces odorantes Serres ,
Et de ces Espaliers les dons appétissans ,
Par qui la volupté s'offroit à tous les sens.
Mais non c'étoit trop peu que , de la Quin
tynie ,
Ces fortunez Enclos montrassent le génie ,
Louis , qu'un cœur sublime en ses desseins con
duit ,
Aiij Veut
2314 MERCURE DE FRANCE.
Veut que toute la France en partage le fruit.
Aux ordres de son Roi ce grand homme est f
dele ;
D'un Jardinier parfait devenu le modele ,
Il en consigne l'Art dans un Livre fameux ,
Qui jusqu'aux derniers tems instruira nos Ne veux.
C'est là que penetrant jusqu'aux causes pre mieres ?
Au sein de la Nature il porte ses lumieres ,
Et de l'expérience empruntant le secours.
Des antiques erreurs désabuse nos jours.
C'est là qu'il nous prescrit la méthode pr dente
De choisir un terrain propre pour chaque
plante ;
Le moyen d'en connoître et d'en guérir log.
maux ,
Soulager les besoins , corriger les défauts.
C'est là que l'on apprend quelle adroite cul
ture
Peut hâter les progrès de la lente Nature ,
Ou , des Arbres trompeurs prévenant les af- fronts ,
Contraindre leurs rameaux à devenir féconds ;
Rameaux (qui l'auroit crû ) dont la séve as servie
Va se distribuer au gré de notre envie ,.
Et présente les fruits tellement dispersez ,
Qu'à peine avec la main on les eut mieux pla C'est
NOVEMBRE. 1732 2315
' est là qu'on va puiser la divine Science ,
Qui des Astres malins corrige l'influence ,
Par qui sur les Jardins l'hyyer n'a plus da
droits ,
Et dont la Terre enfin semble prendre des
loix.
Mais quelques dons qu'en soi le même esprig
rassemble ,
Il ne peut renfermer tous les talens ensemble.
Embrassant des Jardins la seule utilité ,
Ce Sçavant n'en avoit qu'ébauché la beauté.
Pour couronner l'ouvrage il en falloit u
autre 11
UA
D'un goût fin , délicat , tel enfin que le No
11201
Qui d'un Art enchanteur déployant les se
crets
A la Nature même, ajoutat des attraits.
Vous l'avez éprouvé , Fontainebleau , Versail les :
De vos Palais dorez les pompeuses murail
Jes ,
Et la riche splendeur de vos appartemens
J
Ne font pas tout l'objet de nos ravissemens ;
Et sans vanter ici les insignes spectacles ,
Dont à mille autres Arts vous devez les min
cles ,
L'Art sur qui ce grand Maître a porté le flame beau
tale en vos Jardins un spectacle aussi beau.
A iij C'est
316 MERCURE DE FRANCE
C'est à lui que l'on doit la galante parure
De ces Ifs qu'à son gré l'habile main
gure ,
Et de ces Boulingrains les tapis toujour verds ,
Par qui nous oublions l'outrage des hivers :
C'est à lui que l'on doit ces tentures fleu ries ,
Dont le riant aspect flatte nos rêveries •
Et ces voutes d'Ormeaux , dont le feuillage
épais
Au milieu des chaleurs nous fait goûter le
frais.
C'est à lui que l'on doit ces Cascades bril lantes ,
Et ces superbes Eaux jusqu'au Ciel jaillissan tes ;
Illustres Monumens où nos yeux éblouis
Reconnoissent le Régne et les soins de LOUIS
Priere pour le Roy.
Grand Dieu , qui dans le Roi que la France
pour Maître ,
As versé toutes les vertus
Qui le rendent dignes de l'être ;
Conserve-nous long- tems ce moderne Titus
Augmente d'année en année
Les fruits de son tendre hymenée;
Et fais à nos derniers Neveux ,
( En
NOVEMBRE. 1732. 2317.
( En transmettant son Trône à sa Lignée au
guste )
Goûter l'Empire doux et juste ,
Qui comble aujourd'hui tous nos vœux,
Arboribus morem imposuit Populisque.
Varier. Præd. Rust.
Fermer
Résumé : LE PROGRÈS DE L'ART DES JARDINS, Sous le Régne de Louis XIV.
Sous le règne de Louis XIV, le roi, connu pour ses conquêtes militaires, appréciait également la paix et les arts. Lors des périodes de tranquillité, il se consacrait au développement des arts et des jardins, honorant les artistes et les savants en leur accordant des honneurs et des biens. Avant l'intervention de Louis XIV, les jardins français étaient stériles et improductifs, avec des fruits rares et de mauvaise qualité. Le roi, avec sa prudence et sa puissance, décida de remédier à cette situation en découvrant et soutenant La Quintinie, un expert en jardinage. Grâce à La Quintinie, les jardins du roi devinrent fertiles et productifs, offrant des parterres, des vergers, des serres et des espaliers. La Quintinie consigna son art dans un livre célèbre, instruisant les générations futures sur la culture des jardins, le choix du terrain, le soin des maladies et les techniques pour hâter la croissance des plantes. Cependant, La Quintinie se concentrait principalement sur l'utilité des jardins. Pour ajouter beauté et charme, un autre expert, probablement André Le Nôtre, fut nécessaire. Ce dernier apporta un goût fin et délicat aux jardins, créant des paysages enchanteurs avec des parures galantes d'ifs, des tapis de boulingrins, des tentures fleuries, des voûtes d'ormeaux, des cascades brillantes et des eaux jaillissantes. Ces éléments devinrent des monuments illustres du règne de Louis XIV. Le texte se termine par une prière pour le roi, demandant à Dieu de conserver Louis XIV et de transmettre son trône à sa lignée auguste, afin que les générations futures puissent continuer à profiter de son règne doux et juste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
431
p. 2330-2339
CONJECTURES sur la formation de Montmartre, et de la Butte de Chaumont, près de Paris.
Début :
Ces Montages, d'une conformation singuliere, ont plus de 12 toises d'élévation [...]
Mots clefs :
Montmartre, Butte de Chaumont, Crément de Rivière, Montagnes, Colline, Formation, Pierres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CONJECTURES sur la formation de Montmartre, et de la Butte de Chaumont, près de Paris.
CONJECTURES sur la formation de
Montmartre, et de la Butte de
Chaumont, près Paris.
Es Montagnes , d'une conformation
Csinguliere,ont plus de 12 toises d'élevation dans leur plus grande coupe, qui
est vis- à-vis l'une de l'autre. Elles sont
toutes composées de lits ou de couches
posées les unes sur les autres , à peu près
comme le sont les Couches qui composent le Crément de Riviere. La seule dif
férence sensible qu'il y a entre le Crément de Riviere et cette matiere , c'est
que le Crément de Riviere n'a point de
Pierres , au lieu que dans ces Montagnes
il y a plusieurs lits ou bancs de Pierre.
Ces Montagnes sont divisées en deux,
par des bancs de pierre brûlée. La partie
inférieure est composée de plusieurs bancs
de pierre à plâtre. On a trouvé plusieurs
fois dans cette partie , des Ossemens , et
même un Squelette humain tout entier.
J'ai eu d'un Ouvrier , l'Os d'une côte
enchassée dans une pierre qui en avoit
été tirée.
La Partie supérieure des pierres brû
lées
NOVEMBRE. 1732 (23
$
fées , est composée comme la premiere ,
de plusieurs bancs de pierres à plâtre. On
trouve aussi des Ossemens dans cette par--
tie - cy , au dessus de laquelle il y a des
lits ou feuillets de terre , tout comme
ceux du Crément de Riviere.
Après ce petit détail , on croit pouvoir
proposer quelques conjectures , persuadé
que si on n'a pas pensé juste , on pourra
au moins donner occasion à quelque personne plus habile de découvrir la véritable cause Physique de ces Montagnes ,
qui ne sont certainement point un ouvrage de la création.
L'idée la plus naturelle qui se présente
d'abord sur leur origine , c'est qu'elles
sont un crément ou un atterrissement
,de la Riviere de Seine ; mais l'élevation
de ces Montagnes , et les Pierres qu'on y
découvre, ne favorisent pas cette conjecture.
A l'égard des Pierres , la difficulté paroît d'abord plus grande qu'elle n'est en
effet ; parce que pour peu qu'on fasse réfléxion qu'il se trouve des Ossemens dans
le plus bas banc , on n'aura pas de peine
à se persuader que ces bancs n'y ont pas
toujours été , et qu'ils ne sont qu'une pétrification qui a été faite , non seulement
après la formation du Crément , mais enCore
2332 MERCURE DE FRANCE
core dans un tems où ce terrain étoit fréquenté par des hommes et par des animaux.
Il est bien plus difficile d'expliquer
commentun Crément a pû fe former dans
un endroit où il seroit absurde de supposer que les eaux de la Seine se soient
jamais élevées. Cependant je crois que si
on veut se donner la peine d'examiner
ce que j'ai pensé là- dessus , on y trouve
vera quelque probabilité.
Je suppose d'abord que l'endroit où
sont à présent ces Montagnes , étoit dans
les premiers tems aussi enfoncé dans la
terre qu'il est à present élevée au dessus.
Au moïen de cette supposition assez naturelle , on donnera une explication sensible de tout ce qu'on a remarqué dans
ces Montagnes , qui ne faisoient autrefois
qu'un Corps ou une Colline , qui n'étoit
séparée ( autant qu'on croit pouvoir le
conjecturer) que par une fente ou ouver
ture de la Colline , à l'endroit de Monfaucon.
Il ne sera pas bien difficile ensuite de
concevoir comment s'est formé un Crémentdans un endroit bas, auprès d'une
grande Riviere Quand je dis près, je suppose que le Marais qui étoit entre ce fond
t la Seine, étoit dans ce tems- là bien
moins
NOVEMBRE. 1732 2335
moins élevé , qu'il n'est aujourd'hui. Et
que c'étoit plutôt un Etang ou même un
Lac aussi profond. Or la formation du
Crément de cette Colline, étant supposée
faite naturellement dans un Lac , la difficulté ne consiste plus qu'à faire voir
comment cet endroit a pû s'élever jusqu'à
former des Montagnes , dont on ne voit
aujourd'hui qu'une partie. Il me paroît
que cette élevation a pû se faire par le
feu; les Pierres brûlées le prouvent et font
présumer un Volcan au dessous . L'élevation est tres-singuliere en ce que cette
Colline a été élevée toute d'une piece ,
et a même conservé son Niveau. Ce qui
a pû se faire par un torrent de feu trèsprofond , lequel en soulevant cette masse,
se fit une ouvertute par laquelle il s'éleva jusqu'aux bancs brûlez où il forma un
secondtorrent de feu ; et ce qui empêcha
cette Colline de s'élever davantage , c'est ,
si on peut hazarder cette conjecture , que
ce second torrent de feu se trouvant au
dessus des terres des environs ( comme il
est aisé de le voir ) perdit sa force par les
ouvertures qu'il trouvoit de toutes parts.
D'où l'on peut encore conjecturer que la
Partie Occidentale de cette Colline , n'étant plus soutenue par ce second torrent
de feu , s'affaissa et se sépara ( apparem- B ment
2334 MERCURE DE FRANCE
ment vers Monfaucon) de la Partie Orientale , soûtenuë par le feu qui continuoit
à brûler. Cela paroît vrai-semblable , parce qu'on voit à Chaumont huit bancs de
pierres brûlées , au lieu qu'on n'en voit
que deux , depuis Chaumont jusqu'à Montmartre.
Il sembleroit que le nom de cette Butte
de Chaumont , a conservé la memoire de
cet Evenement. Le nom de Montfaucon
ne paroît pas marquer si expressément
cette fente de la Montagne ; cependant il
est vrai de dire que ce Roc étoit bien bas
pour avoir pris son nom des Oyseaux de
Proye qui n'habitent que les Montagnes
les plus élevées.
Au reste , si la Colline ne se remit point
dans la même place qu'elle occupoit avant
son élevation ; il y a apparence que c'est
parce que le Volcan ayant soulevé unbien
plus grand espace que celui qui fût élevé , et qui sortit hors de la terre , les bancs
qui ne furent que soulevez , retomberent
dès qu'ils furent séparez des bancs élevez.
Cette supposition fait conjecturer pourquoi la Colline, en s'affaissant ,n'a pas repris la place qu'elle occupoit auparavant,
et qui suivant les apparences , est restée
vuide.
L'effet de ce Volcan en long , a donné
Occa-
NOVEMBRE. 1732. 2335
occasion à une nouvelle conjecture. C'est
que ce Volcan pourroit bien avoir suivi
le cours de la Seine , et en élevant d'espace en espace de nouvelles Taupinieres ,
avoir engagé cette Riviere à serpenter
comme elle fait. On a remarqué qu'audessus de Séve , sur le chemin de Versailles , le bouleversement de la Montagne ,
paroît sensible dans les endroits où l'on
tire des Pierres. On reconnoît dans le dérangement de cette Montagne un effet
pareilà ceux que causent les Volcans , plutôt qu'un ouvrage de la création. Si cette
nouvelle conjecture est aussi vraie qu'elle
paroît vrai-semblable , on peut dire que
cet accident a procuré deux grands avantages à Paris. Le premier , pour la construction de cette grande Ville par le Platre qu'elle en tire à très grand marché;
et le second , pour la facilité de la navigation ; car il est certain que si le cours de
la Seine étoit plus droit , il seroit plus rapide et moins profond.
>
On ne sçauroit attribuer aux eaux du
Déluge la formation de cette Colline, parce que le Déluge n'ayant duré qu'un an
il n'est pas vrai - semblabl d'admettre
dans un terme si court , la formation de
cette prodigieuse quantité de feüillers ,
qui n'ont pu se former que dans plusieurs
siecies.
Bij Au
2336 MERCURE DE FRANCE
Au reste , on ne doit point croire que
les Ossemens qu'on trouve icy , ayent pû
y avoir été jettez long- tems après la formation et l'élevation de cette Colline ,
comme on pourroit le conjecturer de plusieurs autres endroits des environs de Paris où il y a des Fondrieres dans lesquelles les Ossemens qu'on a jettez , se sont
pétrifiez ; car supposant le fait , tel qu'on
me l'a rapporté , je soutiens que la même
chose n'a pû arriver icy , parce que la
terre qui est au dessus de ces bancs , doit
être regardée comme une terre vierge et
à laquelle on n'a point touché depuis sa
formation , étant impossible qu'elle fut
feuilletée , comme elle est , si ón y avoit
touché. Si on n'est pas entré dans un plus
grand détail au sujet d'une Colline si extraordinaire , c'est parce qu'on ne la connoît que par le rapport des Ouvriers, ou
par ce qu'on en a pû voir soi - même en
passant.
Dans le grand nombre d'exemples que
je pourrois rapporter , pour confirmer
mes conjectures, j'ai choisi celui de Monte
Nuovo, qui fut formé dans le Lac Lucrin
au Royaume de Naples , il y a près de
200 ans. Je me flate que ceux qui voudront comparer la formation de ces Montagnes,ne penseront pas que la difference
qui
NOVEMBRE. 1732 2337
qui s'y trouve, soit suffisante pour faire rejetter mes conjectures. Je ne sçais pas mêmesi les circonstances qu'on a remarquées,
leur paroîtront laisser une entiere liberté
de s'en éloigner.
La nuit du 29 au 30 Septembre , l'an
1538. la terre accoucha d'un Montagne,
» qui depuis a toujours été nommée
» Monte Nuovo. Ceux qui l'ont mesurée
» disent qu'elle a 400 toises de hauteur
» perpendiculaire , et 3000 pas de tour ,
» ou un peu davantage. Les Naturalistes
» ont remarqué plusieurs manieres dont
quelques Montagnes se sont formées
» quelquefois par des tremblemens de ter-
>> re , quelquefois par des vents , quelque-
» fois par des dégorgemens sousterrains ,
»à peu près comme quand une Taupe
» pousse la terre , et fait élever ces peti-
» tes Buttes , qu'on appelle Taupinieres.
» C'est par cette derniere voie que s'est
»forméle Monte Nuovo , aussi bien que
» l'autre Montagne que je vous ai repré-
» sentée au milieu de l'ancienne Fondriere
» du Mont-Vésuve. Le Monte Nuovo a
» dit- on , un Gouffre de so pas de dia-
» metre au milieu de sa cime ; ce qui
» prouve assez sa naissance par irruption ;
» mais il n'a jetté ni feu ni flamme, ni fait
» aucun désordre depuis ceux que causa
›
В iij un
2338 MERCURE DE FRANCE
un si prodigieux et un si douloureux enfantement, la Terre en trembla , la Mer
s'en recula, le Lac Lucrin en fut presque
comblé, des Eglises, des Maisons furent
> embrasées et englouties , plusieurs hom-
» mes périrent et quantité de bêtes. Il se
» fit un bouleversement effroïable dans
tous les environs. Voiage d'Italie , de
Misson, tom. 2. pag, 73. 4º Edit.
Voyez le Cappachio Antichita di Pozzuolo , cap. 20. pag. 164 , qui dit que co
Monte Nuovo couvrit Tripergole , et com
bla le Lac Lucrin presque tout entier ; il
ajoute queGerminioBergio, qui addressa une
Relation en Vers de cet Evenement, dont
il avoit été témoin , au Pape Paul III.
donne de hauteur à cette Montagne 30
Stades, Ce mot Stadium, ne peut désigner
que le Staiolo ou Stadiolo , mesure usitée
en Italie pour l'Arpentage , qui est la dixième partie de la Chaine , et d'environ
5 Palmes. La Palme de Naples * est de
9 pouces 8 lig. , et le Staiolo de Naples
sera de 4 pieds , 10 pouces, 4 lignes et les 30 Staioli font 146 pieds environ , ou
plus de 24 toises. On donne environ trois
mille de tour à cette Montagne.
J'ai appris de bonne part que le même
Mesure de la Terre , de M. Cassini , pag.251.
Bou-
NOVEMBRE. 1732. 2339
Bouleversement se voit dans d'autres Montagnes,qui sont le long de la Seine. De plus
on voit sensiblement un soulevement de
terre entre Montmartre et Séve Ce soulevement est resté à peu près de la maniere qu'il a été fait lors du Volcan. On ne
sera pas surpris qu'il ne se soit pas affaissé après le Volcan , si on suppose qu'il ya
des bancs de pierres , comme par tous les
environs. Ce soulevement est aisé à reconnoître par son élevation , par sa direction entre ces deux endroits , et par
des Allées d'Arbres qu'on y a plantez .
Montmartre, et de la Butte de
Chaumont, près Paris.
Es Montagnes , d'une conformation
Csinguliere,ont plus de 12 toises d'élevation dans leur plus grande coupe, qui
est vis- à-vis l'une de l'autre. Elles sont
toutes composées de lits ou de couches
posées les unes sur les autres , à peu près
comme le sont les Couches qui composent le Crément de Riviere. La seule dif
férence sensible qu'il y a entre le Crément de Riviere et cette matiere , c'est
que le Crément de Riviere n'a point de
Pierres , au lieu que dans ces Montagnes
il y a plusieurs lits ou bancs de Pierre.
Ces Montagnes sont divisées en deux,
par des bancs de pierre brûlée. La partie
inférieure est composée de plusieurs bancs
de pierre à plâtre. On a trouvé plusieurs
fois dans cette partie , des Ossemens , et
même un Squelette humain tout entier.
J'ai eu d'un Ouvrier , l'Os d'une côte
enchassée dans une pierre qui en avoit
été tirée.
La Partie supérieure des pierres brû
lées
NOVEMBRE. 1732 (23
$
fées , est composée comme la premiere ,
de plusieurs bancs de pierres à plâtre. On
trouve aussi des Ossemens dans cette par--
tie - cy , au dessus de laquelle il y a des
lits ou feuillets de terre , tout comme
ceux du Crément de Riviere.
Après ce petit détail , on croit pouvoir
proposer quelques conjectures , persuadé
que si on n'a pas pensé juste , on pourra
au moins donner occasion à quelque personne plus habile de découvrir la véritable cause Physique de ces Montagnes ,
qui ne sont certainement point un ouvrage de la création.
L'idée la plus naturelle qui se présente
d'abord sur leur origine , c'est qu'elles
sont un crément ou un atterrissement
,de la Riviere de Seine ; mais l'élevation
de ces Montagnes , et les Pierres qu'on y
découvre, ne favorisent pas cette conjecture.
A l'égard des Pierres , la difficulté paroît d'abord plus grande qu'elle n'est en
effet ; parce que pour peu qu'on fasse réfléxion qu'il se trouve des Ossemens dans
le plus bas banc , on n'aura pas de peine
à se persuader que ces bancs n'y ont pas
toujours été , et qu'ils ne sont qu'une pétrification qui a été faite , non seulement
après la formation du Crément , mais enCore
2332 MERCURE DE FRANCE
core dans un tems où ce terrain étoit fréquenté par des hommes et par des animaux.
Il est bien plus difficile d'expliquer
commentun Crément a pû fe former dans
un endroit où il seroit absurde de supposer que les eaux de la Seine se soient
jamais élevées. Cependant je crois que si
on veut se donner la peine d'examiner
ce que j'ai pensé là- dessus , on y trouve
vera quelque probabilité.
Je suppose d'abord que l'endroit où
sont à présent ces Montagnes , étoit dans
les premiers tems aussi enfoncé dans la
terre qu'il est à present élevée au dessus.
Au moïen de cette supposition assez naturelle , on donnera une explication sensible de tout ce qu'on a remarqué dans
ces Montagnes , qui ne faisoient autrefois
qu'un Corps ou une Colline , qui n'étoit
séparée ( autant qu'on croit pouvoir le
conjecturer) que par une fente ou ouver
ture de la Colline , à l'endroit de Monfaucon.
Il ne sera pas bien difficile ensuite de
concevoir comment s'est formé un Crémentdans un endroit bas, auprès d'une
grande Riviere Quand je dis près, je suppose que le Marais qui étoit entre ce fond
t la Seine, étoit dans ce tems- là bien
moins
NOVEMBRE. 1732 2335
moins élevé , qu'il n'est aujourd'hui. Et
que c'étoit plutôt un Etang ou même un
Lac aussi profond. Or la formation du
Crément de cette Colline, étant supposée
faite naturellement dans un Lac , la difficulté ne consiste plus qu'à faire voir
comment cet endroit a pû s'élever jusqu'à
former des Montagnes , dont on ne voit
aujourd'hui qu'une partie. Il me paroît
que cette élevation a pû se faire par le
feu; les Pierres brûlées le prouvent et font
présumer un Volcan au dessous . L'élevation est tres-singuliere en ce que cette
Colline a été élevée toute d'une piece ,
et a même conservé son Niveau. Ce qui
a pû se faire par un torrent de feu trèsprofond , lequel en soulevant cette masse,
se fit une ouvertute par laquelle il s'éleva jusqu'aux bancs brûlez où il forma un
secondtorrent de feu ; et ce qui empêcha
cette Colline de s'élever davantage , c'est ,
si on peut hazarder cette conjecture , que
ce second torrent de feu se trouvant au
dessus des terres des environs ( comme il
est aisé de le voir ) perdit sa force par les
ouvertures qu'il trouvoit de toutes parts.
D'où l'on peut encore conjecturer que la
Partie Occidentale de cette Colline , n'étant plus soutenue par ce second torrent
de feu , s'affaissa et se sépara ( apparem- B ment
2334 MERCURE DE FRANCE
ment vers Monfaucon) de la Partie Orientale , soûtenuë par le feu qui continuoit
à brûler. Cela paroît vrai-semblable , parce qu'on voit à Chaumont huit bancs de
pierres brûlées , au lieu qu'on n'en voit
que deux , depuis Chaumont jusqu'à Montmartre.
Il sembleroit que le nom de cette Butte
de Chaumont , a conservé la memoire de
cet Evenement. Le nom de Montfaucon
ne paroît pas marquer si expressément
cette fente de la Montagne ; cependant il
est vrai de dire que ce Roc étoit bien bas
pour avoir pris son nom des Oyseaux de
Proye qui n'habitent que les Montagnes
les plus élevées.
Au reste , si la Colline ne se remit point
dans la même place qu'elle occupoit avant
son élevation ; il y a apparence que c'est
parce que le Volcan ayant soulevé unbien
plus grand espace que celui qui fût élevé , et qui sortit hors de la terre , les bancs
qui ne furent que soulevez , retomberent
dès qu'ils furent séparez des bancs élevez.
Cette supposition fait conjecturer pourquoi la Colline, en s'affaissant ,n'a pas repris la place qu'elle occupoit auparavant,
et qui suivant les apparences , est restée
vuide.
L'effet de ce Volcan en long , a donné
Occa-
NOVEMBRE. 1732. 2335
occasion à une nouvelle conjecture. C'est
que ce Volcan pourroit bien avoir suivi
le cours de la Seine , et en élevant d'espace en espace de nouvelles Taupinieres ,
avoir engagé cette Riviere à serpenter
comme elle fait. On a remarqué qu'audessus de Séve , sur le chemin de Versailles , le bouleversement de la Montagne ,
paroît sensible dans les endroits où l'on
tire des Pierres. On reconnoît dans le dérangement de cette Montagne un effet
pareilà ceux que causent les Volcans , plutôt qu'un ouvrage de la création. Si cette
nouvelle conjecture est aussi vraie qu'elle
paroît vrai-semblable , on peut dire que
cet accident a procuré deux grands avantages à Paris. Le premier , pour la construction de cette grande Ville par le Platre qu'elle en tire à très grand marché;
et le second , pour la facilité de la navigation ; car il est certain que si le cours de
la Seine étoit plus droit , il seroit plus rapide et moins profond.
>
On ne sçauroit attribuer aux eaux du
Déluge la formation de cette Colline, parce que le Déluge n'ayant duré qu'un an
il n'est pas vrai - semblabl d'admettre
dans un terme si court , la formation de
cette prodigieuse quantité de feüillers ,
qui n'ont pu se former que dans plusieurs
siecies.
Bij Au
2336 MERCURE DE FRANCE
Au reste , on ne doit point croire que
les Ossemens qu'on trouve icy , ayent pû
y avoir été jettez long- tems après la formation et l'élevation de cette Colline ,
comme on pourroit le conjecturer de plusieurs autres endroits des environs de Paris où il y a des Fondrieres dans lesquelles les Ossemens qu'on a jettez , se sont
pétrifiez ; car supposant le fait , tel qu'on
me l'a rapporté , je soutiens que la même
chose n'a pû arriver icy , parce que la
terre qui est au dessus de ces bancs , doit
être regardée comme une terre vierge et
à laquelle on n'a point touché depuis sa
formation , étant impossible qu'elle fut
feuilletée , comme elle est , si ón y avoit
touché. Si on n'est pas entré dans un plus
grand détail au sujet d'une Colline si extraordinaire , c'est parce qu'on ne la connoît que par le rapport des Ouvriers, ou
par ce qu'on en a pû voir soi - même en
passant.
Dans le grand nombre d'exemples que
je pourrois rapporter , pour confirmer
mes conjectures, j'ai choisi celui de Monte
Nuovo, qui fut formé dans le Lac Lucrin
au Royaume de Naples , il y a près de
200 ans. Je me flate que ceux qui voudront comparer la formation de ces Montagnes,ne penseront pas que la difference
qui
NOVEMBRE. 1732 2337
qui s'y trouve, soit suffisante pour faire rejetter mes conjectures. Je ne sçais pas mêmesi les circonstances qu'on a remarquées,
leur paroîtront laisser une entiere liberté
de s'en éloigner.
La nuit du 29 au 30 Septembre , l'an
1538. la terre accoucha d'un Montagne,
» qui depuis a toujours été nommée
» Monte Nuovo. Ceux qui l'ont mesurée
» disent qu'elle a 400 toises de hauteur
» perpendiculaire , et 3000 pas de tour ,
» ou un peu davantage. Les Naturalistes
» ont remarqué plusieurs manieres dont
quelques Montagnes se sont formées
» quelquefois par des tremblemens de ter-
>> re , quelquefois par des vents , quelque-
» fois par des dégorgemens sousterrains ,
»à peu près comme quand une Taupe
» pousse la terre , et fait élever ces peti-
» tes Buttes , qu'on appelle Taupinieres.
» C'est par cette derniere voie que s'est
»forméle Monte Nuovo , aussi bien que
» l'autre Montagne que je vous ai repré-
» sentée au milieu de l'ancienne Fondriere
» du Mont-Vésuve. Le Monte Nuovo a
» dit- on , un Gouffre de so pas de dia-
» metre au milieu de sa cime ; ce qui
» prouve assez sa naissance par irruption ;
» mais il n'a jetté ni feu ni flamme, ni fait
» aucun désordre depuis ceux que causa
›
В iij un
2338 MERCURE DE FRANCE
un si prodigieux et un si douloureux enfantement, la Terre en trembla , la Mer
s'en recula, le Lac Lucrin en fut presque
comblé, des Eglises, des Maisons furent
> embrasées et englouties , plusieurs hom-
» mes périrent et quantité de bêtes. Il se
» fit un bouleversement effroïable dans
tous les environs. Voiage d'Italie , de
Misson, tom. 2. pag, 73. 4º Edit.
Voyez le Cappachio Antichita di Pozzuolo , cap. 20. pag. 164 , qui dit que co
Monte Nuovo couvrit Tripergole , et com
bla le Lac Lucrin presque tout entier ; il
ajoute queGerminioBergio, qui addressa une
Relation en Vers de cet Evenement, dont
il avoit été témoin , au Pape Paul III.
donne de hauteur à cette Montagne 30
Stades, Ce mot Stadium, ne peut désigner
que le Staiolo ou Stadiolo , mesure usitée
en Italie pour l'Arpentage , qui est la dixième partie de la Chaine , et d'environ
5 Palmes. La Palme de Naples * est de
9 pouces 8 lig. , et le Staiolo de Naples
sera de 4 pieds , 10 pouces, 4 lignes et les 30 Staioli font 146 pieds environ , ou
plus de 24 toises. On donne environ trois
mille de tour à cette Montagne.
J'ai appris de bonne part que le même
Mesure de la Terre , de M. Cassini , pag.251.
Bou-
NOVEMBRE. 1732. 2339
Bouleversement se voit dans d'autres Montagnes,qui sont le long de la Seine. De plus
on voit sensiblement un soulevement de
terre entre Montmartre et Séve Ce soulevement est resté à peu près de la maniere qu'il a été fait lors du Volcan. On ne
sera pas surpris qu'il ne se soit pas affaissé après le Volcan , si on suppose qu'il ya
des bancs de pierres , comme par tous les
environs. Ce soulevement est aisé à reconnoître par son élevation , par sa direction entre ces deux endroits , et par
des Allées d'Arbres qu'on y a plantez .
Fermer
Résumé : CONJECTURES sur la formation de Montmartre, et de la Butte de Chaumont, près de Paris.
Le texte examine la formation des montagnes de Montmartre et de la Butte de Chaumont près de Paris, qui s'élèvent de plus de 12 toises. Ces formations géologiques sont constituées de couches superposées similaires à celles du Crément de Riviere, mais elles contiennent également des bancs de pierre. Des ossements humains ont été découverts dans les couches inférieures et supérieures, séparés par des bancs de pierre brûlée. L'auteur propose plusieurs hypothèses sur l'origine de ces montagnes. La première hypothèse, selon laquelle elles seraient un crément ou un atterrissement de la Seine, est rejetée en raison de leur élévation et de la présence de pierres. La pétification des bancs de pierre est notée comme étant postérieure à la formation du crément. L'auteur suggère que la région était initialement enfoncée et que le crément s'est formé dans un lac ou un étang profond. L'élévation des montagnes serait due à un volcan souterrain, comme le prouvent les pierres brûlées. Ce volcan aurait soulevé la colline, créant une ouverture par laquelle un second torrent de feu s'est élevé, séparant la colline en deux parties. Le texte mentionne également des observations similaires sur d'autres montagnes le long de la Seine et compare la formation de Montmartre à celle du Monte Nuovo en Italie, formé il y a près de 200 ans. L'auteur conclut que les ossements trouvés dans les montagnes n'ont pas été déposés après leur formation, car la terre au-dessus des bancs est considérée comme vierge.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
432
p. 2445-2446
EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Avignon le 7 Juillet 1732. au sujet d'une Pierre singuliere.
Début :
La disette de nouvelles Litteraires m'oblige de vous part d'une curiosité [...]
Mots clefs :
Pierre, Calcul, Curiosité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Avignon le 7 Juillet 1732. au sujet d'une Pierre singuliere.
EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Avi
gnon le 7 Juillet 1732. au sujet d'une
Pierre singuliere.
A disette de nouvelles Litteraires
L'obligede vous faire part d'unecus
riosité naturelle qui me paroît digne d'attention. C'est une pierre ou calcul trouvé depuis peu dans la vessie d'un cadavre; elle m'a parû assez singuliere pour
m'engager à la faire graver avec toute
l'éxactitude , et toute la précision dont
peuvent être capables des ouvriers de
Province. Elle porte avec elle les caracteres d'une vraye végetation , et il sembleroit par-là que la Nature se seroit écartée
des loix génerales et connues pour la for- mation
2446 MERCURE DE FRANCE
mation et l'accroissement successif des
pierres ou calculs ordinaires. Je vous
prie de communiquer la figure que je
vous envoye aux habiles Physiciens de
votre connoissance , et de me faire part
de ce qu'ils en penseront. La pierre est
de couleur cendrée , et pese une demie
once quatre grains. En voici la représen
tation..
Calculus è Vesica Cadaveris extractus
uniformibus et quasi vegetabilibus ramis
exurgens in utramque faciem ad veram
magnitudinem expressus coloris cineritii
pond. Semuncia et Gran. IV.
gnon le 7 Juillet 1732. au sujet d'une
Pierre singuliere.
A disette de nouvelles Litteraires
L'obligede vous faire part d'unecus
riosité naturelle qui me paroît digne d'attention. C'est une pierre ou calcul trouvé depuis peu dans la vessie d'un cadavre; elle m'a parû assez singuliere pour
m'engager à la faire graver avec toute
l'éxactitude , et toute la précision dont
peuvent être capables des ouvriers de
Province. Elle porte avec elle les caracteres d'une vraye végetation , et il sembleroit par-là que la Nature se seroit écartée
des loix génerales et connues pour la for- mation
2446 MERCURE DE FRANCE
mation et l'accroissement successif des
pierres ou calculs ordinaires. Je vous
prie de communiquer la figure que je
vous envoye aux habiles Physiciens de
votre connoissance , et de me faire part
de ce qu'ils en penseront. La pierre est
de couleur cendrée , et pese une demie
once quatre grains. En voici la représen
tation..
Calculus è Vesica Cadaveris extractus
uniformibus et quasi vegetabilibus ramis
exurgens in utramque faciem ad veram
magnitudinem expressus coloris cineritii
pond. Semuncia et Gran. IV.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Avignon le 7 Juillet 1732. au sujet d'une Pierre singuliere.
Le 7 juillet 1732, une lettre d'Avi gnon décrit la découverte d'une pierre singulière trouvée dans la vessie d'un cadavre. Cette pierre, de couleur cendrée et pesant une demi-once et quatre grains, présente des caractéristiques végétales, suggérant une formation atypique. L'auteur, intrigué par cette singularité, a fait graver la pierre avec précision et demande à son destinataire de la soumettre à des physiciens pour obtenir leur avis. La pierre se distingue par ses ramifications uniformes et végétales, écartant ainsi les lois générales de formation des calculs ordinaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
433
p. 2614-2616
LOGOGRYPHE.
Début :
Enfant infortuné du meilleur sang du monde, [...]
Mots clefs :
Goret
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LOGOGRYPHE.
KXXXXXXXXXX:
LOGOGRYPHË.
Enfant infortuné du meilleur sang du monde ;
Je ne reçois le jour d'une mere féconde ,
Que pour périr bientôt par les mains d'ua bourreau
Qui lui-même devient mon funeste tombeau.
Quand le dessein est pris , et qu'on veut me dé- truire ,
1. Vol. Le
DECEMBR E. 1732 2615
Le feu , le fer , et l'eau • tout conspire à me
nuire.
Plus on a soin de moi , plus je dois avoir
peur ;
Et ce trop heureux tems présage mon mal- heur.
Combinés mes cinq pieds : fraîche sombre et
riante ,
>
Au plus fort de l'été je suis fort attrayante ;
Discrete , solitaire agrément des Jardins ,
Je suis propre à cacher les amoureux lar⇒ cins.
-
On me trouve en Europe , on me trouve co Asie ;
Je suis dans les déserts de l'ardente Libye :
Et dans ce dernier sens ma lugubre noir
ceur ,
,
Al'homme le plus ferme inspire la terreur.
Si vous changez encor mon entiere struc
ture ,
A certains animaux souvent je sers d'armure ;
Ad'autres je dénote un signe de bonté.
Et si vous me donnez differente tournure,
En moi l'on trouve un vent de fort vilain aus
gure.
Un peuple belliqueux , par Tacite vanté.
Ce qui du pâle avare augmente la torture.
Un Tribunal à Rome , aux Prélats affecté.
Enfin , à la campagne , un grain qui vous pre- cure ,
I.Vol. E Ainsi
2616 MERCURE DE FRANCE
Ainsi qu'aux animaux une ample nourri ture.
LOGOGRYPHË.
Enfant infortuné du meilleur sang du monde ;
Je ne reçois le jour d'une mere féconde ,
Que pour périr bientôt par les mains d'ua bourreau
Qui lui-même devient mon funeste tombeau.
Quand le dessein est pris , et qu'on veut me dé- truire ,
1. Vol. Le
DECEMBR E. 1732 2615
Le feu , le fer , et l'eau • tout conspire à me
nuire.
Plus on a soin de moi , plus je dois avoir
peur ;
Et ce trop heureux tems présage mon mal- heur.
Combinés mes cinq pieds : fraîche sombre et
riante ,
>
Au plus fort de l'été je suis fort attrayante ;
Discrete , solitaire agrément des Jardins ,
Je suis propre à cacher les amoureux lar⇒ cins.
-
On me trouve en Europe , on me trouve co Asie ;
Je suis dans les déserts de l'ardente Libye :
Et dans ce dernier sens ma lugubre noir
ceur ,
,
Al'homme le plus ferme inspire la terreur.
Si vous changez encor mon entiere struc
ture ,
A certains animaux souvent je sers d'armure ;
Ad'autres je dénote un signe de bonté.
Et si vous me donnez differente tournure,
En moi l'on trouve un vent de fort vilain aus
gure.
Un peuple belliqueux , par Tacite vanté.
Ce qui du pâle avare augmente la torture.
Un Tribunal à Rome , aux Prélats affecté.
Enfin , à la campagne , un grain qui vous pre- cure ,
I.Vol. E Ainsi
2616 MERCURE DE FRANCE
Ainsi qu'aux animaux une ample nourri ture.
Fermer
434
p. 2617
AUTRE.
Début :
Je ne crains ni chaleur, ni le vent, ni la glace, [...]
Mots clefs :
If
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
E ne crains ni chaleur , ni le vent , ni
JEglace ,
Lecteur, en ton jardin peut-être j'ai ma place ; :
Mon nom est des plus courts , qu'à rebours je sais
pris.
Je suis un mot burlesque, un terme de mépris.
E ne crains ni chaleur , ni le vent , ni
JEglace ,
Lecteur, en ton jardin peut-être j'ai ma place ; :
Mon nom est des plus courts , qu'à rebours je sais
pris.
Je suis un mot burlesque, un terme de mépris.
Fermer
435
p. 2720-2724
LETTRE de M... écrite à un de ses amis au sujet des Curiositez qui se trouvent dans le Cabinet de M. Paul Lucas, à Paris.
Début :
J'ai été, Monsieur, rendre visite à M. Paul Lucas, recommandable par [...]
Mots clefs :
Cabinet, Curiosités, Paul Lucas, Pierres, Orient
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M... écrite à un de ses amis au sujet des Curiositez qui se trouvent dans le Cabinet de M. Paul Lucas, à Paris.
LETTRE de M... écrite à un de ses
J
amis au sujet des Curiositez qui se trouvent dans le Cabinet de M. Paul Lucas,
à Paris.
"Ai été , Monsieur , rendre visite à
M. Paul Lucas , recommandable par.
tous les Voyages qu'il a faits dans le Levant. Ce sont , comme vous sçavez , les .
plus belles Régions du Monde , où les
Faits historiques de la premiere Antiquité
se sont passez , et où les Sciences et les
Arts ont pris leur origine.
M. P. Lucas a trouvé dans ces agréables Contrées de quoy satisfaire la curiosité des Sçavans en beaucoup de genres. Il m'a fait l'amitié de me montrer
son fameux Cabinet. On y voit un grand
nombre de toutes les raretez que l'on
peut rapporter de l'Orient.
$
Vous m'avez témoigné , Monsieur , que
je vous ferois plaisir de vous en faire le
détail. Une premiere visite ne m'a pas .
permis d'éxaminer à fond tout ce que.
j'ai pû y remarquer , mais je vais cependant vous satisfaire , autant que je le
pourrai.
Je commence par vous dire que je ne
connois point à Paris de Cabinet qui mé1. Vol. rite
DECEMBRE. 1732 2721
quatite plus d'attention . Ce que j'ai d'abord
regardé comme la picce la plus remarquable est la figure de la Déesse Cerés , qu'il
a apportée d'Athenes , il y a plus de
rante ans. Elle a deux pieds quelques
pouces de hauteur. Elle est assise sur un
siege fort singulier, de beau Jaspe floride ·
Oriental. Toutes les extremitez de la Figure sont de Bronze , comme la tête , les
mains , les pieds et les attributs qu'elle
tient ; sçavoir , un flambeau de paille
de la main droite , et une corne de Bouf
de la gauche. La base est de pierre de
Parangon , pierre de touche. Son habillement est d'Albâtre blanc.
On voit de plus un grand nombre d'autres curiositez qui sont uniques ; car ce
Cabinet est rempli d'une grande quan-'
tité de Bronzes d'Egypte et de tous les
autres Païs du Levant , de la Grece et
de la Macedoine. Il y a entre autres
deux Bronzes qui sont uniques en Europe. Ce sont deux Gimnosophistes qu'il ·
a 4apportez de Perse.
On y voit une grande quantité de Lares ou Dieux Penates des Payens. Le nombre qu'il en a ne pourroit pas être acquis
en plusieurs années.
J'y ai aussi remarqué un Buste antique de Scipion l'Africain , un autre de
I. Vels I vj Man-
2722 MERCURE DE FRANCE
Manlius , un d'Atis et un de Maximin.
Ces deux derniers sont revétus d'Albâ
tre Oriental.
Il a six Cabinets remplis de Médailles antiques et modernes ; beaucoup de
Pierres gravées en creux et en relief de differentes especes , comme Agates ,
Cornalines , Sardoines , Jaspes et autres.
Il m'a de plus fait voir son Herbier, composé d'environ trois mille Plantes differentes,toutesapportées d'Orient, dontil a écrit
les vertus et les proprietez. Son Droguier est des plus curieux ; il est composé de plusieurs sortes de Drogues inconnues en Europe , comme la Corne du
pied de la Giraffe , la Gomme Caradeny
le Corail noir et une infinité d'autres Drogues , dont les qualitez et les effets sont
surprenants.
د
Je ne vous parlerai point d'un assemblage de Coquilles tout- à-fait extraordinaire , mais je n'ai pû m'empêcher d'admirer les beaux morceaux de Pierres
Orientales , dont il a plusieurs Blocs ,
comme Sardoines , Jaspes , Cornalines et
Jades. Il en a un entre autres qui pese
environ deux cent livres.
De tout ce que j'ai vû dans ce Cabinet,
rien ne me feroit plus de plaisir que d'ayoir une de ces Pierres qui y sont en
1. Vol.
quang
DECEMBRE. 1732. 2723.
quantité et dont notre Voyageur n'a
point encore donné de connoissance
jusqu'à présent ; ces Pierres sont dures
comme l'Agathe. Elles sont marbrées de
rouge et de blanc , transparentes et d'un
beau poli ; on leur attribuë de grandes
vertus.
On prétend , par exemple , qu'une
personne qui porte une certaine de ces
Pierres sur soi , ne peut être attaquée de
pleurésie. On l'enchasse dans une Bague
à jour, ensorte que la Pierre touche la
chair , et il faut que toute la monture
soit d'argent. Elle soulage dans l'instant
une personne attaquée de cette dangereuse maladie et la guérit , dit- on , en
peu de temps. Elle a encore une autre
proprieté , c'est d'empêcher que les mauvaises humeurs ne se mêlent avec le
sang. Presque tous les Orientaux portent
sur eux de ces Pierres qui sont nommées
en Turc Doste Kandan , c'est- à- dire
l'Ami du sang. La connaissance de toutes ces Pierres en general , peut fournir
aux Sçavans une belle matiere de philosopher.
>
J'aurois à vous parler encore de plusieurs especes d'animaux qui ne sont
point connus en Europe , et de diff rentes Armes des Pays Etrangers , dont ce
I. Vol Cabinet
2724 MERCURE DE FRANCE
Cabinet est orné. J'espere vous ene
faire part dans ma premiere Lettre , en
vous envoyant un détail exact de ce que
j'observerai de plus curieux en visitant
de nouveau ce beau Cabinet , et je suis
persuadé que vous ne regretterez pas le
temps que vous employerez à lire mes
Lettres , dans lesquelles je m'attacherai
toûjours à contenter votre curiosité . Je
suis , Monsieur , &c.
A Paris le 8. Décembre 1732.
J
amis au sujet des Curiositez qui se trouvent dans le Cabinet de M. Paul Lucas,
à Paris.
"Ai été , Monsieur , rendre visite à
M. Paul Lucas , recommandable par.
tous les Voyages qu'il a faits dans le Levant. Ce sont , comme vous sçavez , les .
plus belles Régions du Monde , où les
Faits historiques de la premiere Antiquité
se sont passez , et où les Sciences et les
Arts ont pris leur origine.
M. P. Lucas a trouvé dans ces agréables Contrées de quoy satisfaire la curiosité des Sçavans en beaucoup de genres. Il m'a fait l'amitié de me montrer
son fameux Cabinet. On y voit un grand
nombre de toutes les raretez que l'on
peut rapporter de l'Orient.
$
Vous m'avez témoigné , Monsieur , que
je vous ferois plaisir de vous en faire le
détail. Une premiere visite ne m'a pas .
permis d'éxaminer à fond tout ce que.
j'ai pû y remarquer , mais je vais cependant vous satisfaire , autant que je le
pourrai.
Je commence par vous dire que je ne
connois point à Paris de Cabinet qui mé1. Vol. rite
DECEMBRE. 1732 2721
quatite plus d'attention . Ce que j'ai d'abord
regardé comme la picce la plus remarquable est la figure de la Déesse Cerés , qu'il
a apportée d'Athenes , il y a plus de
rante ans. Elle a deux pieds quelques
pouces de hauteur. Elle est assise sur un
siege fort singulier, de beau Jaspe floride ·
Oriental. Toutes les extremitez de la Figure sont de Bronze , comme la tête , les
mains , les pieds et les attributs qu'elle
tient ; sçavoir , un flambeau de paille
de la main droite , et une corne de Bouf
de la gauche. La base est de pierre de
Parangon , pierre de touche. Son habillement est d'Albâtre blanc.
On voit de plus un grand nombre d'autres curiositez qui sont uniques ; car ce
Cabinet est rempli d'une grande quan-'
tité de Bronzes d'Egypte et de tous les
autres Païs du Levant , de la Grece et
de la Macedoine. Il y a entre autres
deux Bronzes qui sont uniques en Europe. Ce sont deux Gimnosophistes qu'il ·
a 4apportez de Perse.
On y voit une grande quantité de Lares ou Dieux Penates des Payens. Le nombre qu'il en a ne pourroit pas être acquis
en plusieurs années.
J'y ai aussi remarqué un Buste antique de Scipion l'Africain , un autre de
I. Vels I vj Man-
2722 MERCURE DE FRANCE
Manlius , un d'Atis et un de Maximin.
Ces deux derniers sont revétus d'Albâ
tre Oriental.
Il a six Cabinets remplis de Médailles antiques et modernes ; beaucoup de
Pierres gravées en creux et en relief de differentes especes , comme Agates ,
Cornalines , Sardoines , Jaspes et autres.
Il m'a de plus fait voir son Herbier, composé d'environ trois mille Plantes differentes,toutesapportées d'Orient, dontil a écrit
les vertus et les proprietez. Son Droguier est des plus curieux ; il est composé de plusieurs sortes de Drogues inconnues en Europe , comme la Corne du
pied de la Giraffe , la Gomme Caradeny
le Corail noir et une infinité d'autres Drogues , dont les qualitez et les effets sont
surprenants.
د
Je ne vous parlerai point d'un assemblage de Coquilles tout- à-fait extraordinaire , mais je n'ai pû m'empêcher d'admirer les beaux morceaux de Pierres
Orientales , dont il a plusieurs Blocs ,
comme Sardoines , Jaspes , Cornalines et
Jades. Il en a un entre autres qui pese
environ deux cent livres.
De tout ce que j'ai vû dans ce Cabinet,
rien ne me feroit plus de plaisir que d'ayoir une de ces Pierres qui y sont en
1. Vol.
quang
DECEMBRE. 1732. 2723.
quantité et dont notre Voyageur n'a
point encore donné de connoissance
jusqu'à présent ; ces Pierres sont dures
comme l'Agathe. Elles sont marbrées de
rouge et de blanc , transparentes et d'un
beau poli ; on leur attribuë de grandes
vertus.
On prétend , par exemple , qu'une
personne qui porte une certaine de ces
Pierres sur soi , ne peut être attaquée de
pleurésie. On l'enchasse dans une Bague
à jour, ensorte que la Pierre touche la
chair , et il faut que toute la monture
soit d'argent. Elle soulage dans l'instant
une personne attaquée de cette dangereuse maladie et la guérit , dit- on , en
peu de temps. Elle a encore une autre
proprieté , c'est d'empêcher que les mauvaises humeurs ne se mêlent avec le
sang. Presque tous les Orientaux portent
sur eux de ces Pierres qui sont nommées
en Turc Doste Kandan , c'est- à- dire
l'Ami du sang. La connaissance de toutes ces Pierres en general , peut fournir
aux Sçavans une belle matiere de philosopher.
>
J'aurois à vous parler encore de plusieurs especes d'animaux qui ne sont
point connus en Europe , et de diff rentes Armes des Pays Etrangers , dont ce
I. Vol Cabinet
2724 MERCURE DE FRANCE
Cabinet est orné. J'espere vous ene
faire part dans ma premiere Lettre , en
vous envoyant un détail exact de ce que
j'observerai de plus curieux en visitant
de nouveau ce beau Cabinet , et je suis
persuadé que vous ne regretterez pas le
temps que vous employerez à lire mes
Lettres , dans lesquelles je m'attacherai
toûjours à contenter votre curiosité . Je
suis , Monsieur , &c.
A Paris le 8. Décembre 1732.
Fermer
Résumé : LETTRE de M... écrite à un de ses amis au sujet des Curiositez qui se trouvent dans le Cabinet de M. Paul Lucas, à Paris.
La lettre relate une visite au cabinet de curiosités de M. Paul Lucas à Paris. L'auteur, M., salue les nombreux voyages de Lucas dans le Levant, une région notable pour ses faits historiques et ses contributions aux sciences et aux arts. Le cabinet abrite une vaste collection de rarités orientales. Parmi les pièces les plus remarquables, on trouve une statue de la déesse Cérès en bronze et en albâtre, rapportée d'Athènes il y a plus de quarante ans. La collection comprend également des bronzes d'Égypte, de Grèce et de Macédoine, ainsi que des bustes antiques de personnages célèbres tels que Scipion l'Africain et Manlius. On y trouve aussi des médailles et des pierres gravées. Lucas possède un herbier de trois mille plantes orientales et un droguier contenant des substances rares comme la corne de girafe et le corail noir. La collection inclut également des coquilles extraordinaires et des pierres orientales aux propriétés supposées thérapeutiques, telles que la prévention de la pleurésie. L'auteur mentionne également la présence d'animaux inconnus en Europe et d'armes étrangères. Il promet de fournir plus de détails dans une prochaine lettre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
436
p. 2866
« On apprend par des Lettres de Prague, que le 23. Novembre dernier, il étoit sorti de la Montagne [...] »
Début :
On apprend par des Lettres de Prague, que le 23. Novembre dernier, il étoit sorti de la Montagne [...]
Mots clefs :
Prague, Fumée, Flammes, Montagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On apprend par des Lettres de Prague, que le 23. Novembre dernier, il étoit sorti de la Montagne [...] »
On apprend par des Lettres de Prague , que le
23. Novembre dernier , il étoit sorti de la Montagne de Salpêtre qui est derriere la Maison de
Correction , une fumée à laquelle on ne fit pas
d'abord grande attention ; que le z ,. il s'en étoit
élevé de grandes flâmes , qui avoient causé beaucoup d'effroy dans toute la Ville , qu'on y avoit
envoyé des Troupes pour les éteindre ; que le
4. et le r . de Décembre la Montagne s'étoit enflammé de nouveau ; que malgré les tranchées
qu'on y avoit faites , le feu s'étoit communiqué
aux Terres voisines du Muldau , Rivierè qui tra
verse la Ville , et que la chaleur brulante de ces
Terres qui sont très sulphureuses , faisoit crain- dre que le feu ne se communiquât aux maisons
et que la Ville ne fût embrasée.
23. Novembre dernier , il étoit sorti de la Montagne de Salpêtre qui est derriere la Maison de
Correction , une fumée à laquelle on ne fit pas
d'abord grande attention ; que le z ,. il s'en étoit
élevé de grandes flâmes , qui avoient causé beaucoup d'effroy dans toute la Ville , qu'on y avoit
envoyé des Troupes pour les éteindre ; que le
4. et le r . de Décembre la Montagne s'étoit enflammé de nouveau ; que malgré les tranchées
qu'on y avoit faites , le feu s'étoit communiqué
aux Terres voisines du Muldau , Rivierè qui tra
verse la Ville , et que la chaleur brulante de ces
Terres qui sont très sulphureuses , faisoit crain- dre que le feu ne se communiquât aux maisons
et que la Ville ne fût embrasée.
Fermer
Résumé : « On apprend par des Lettres de Prague, que le 23. Novembre dernier, il étoit sorti de la Montagne [...] »
Le 23 novembre, une fumée est sortie de la Montagne de Salpêtre à Prague. Le lendemain, des flammes importantes ont provoqué une grande frayeur. Les 4 et 5 décembre, l'incendie s'est ravivé, se propageant aux terres voisines du fleuve Moldau. La chaleur intense et la nature sulfureuse des terres menaçaient les maisons et la ville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
437
p. 2866-2867
Tremblement de Terre à Naples, [titre d'après la table]
Début :
Le 29. Novembre; vers les six heures et demie du matin, on ressentit à Naples une violente secousse [...]
Mots clefs :
Naples, Secousse, Tremblement de terre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tremblement de Terre à Naples, [titre d'après la table]
Le 29.Novembre ; vers les six heures et demiedu
matin, on ressentit à Naples une violente secousse
de Tremblement de Terre , qui ' endommagea
plusieurs Eglises , quelques Palais et un grand nombre de Maisons , où il y eut quelques personnes écrasés. La crainte d'un second Tremblement de Terre , détermina la plus grande partie de la Noblesse et des Bourgeois à se retirer à
la Campagne, et la nuit suivante toutes les grandes Places de la Ville et des Fauxbourgs furent
remplies du reste des Habitans , quoiqu'il fit
cette nuit là un froid très- vif,
II. Vel. Le
DECEMBRE. 1732. 2867
Le 30. on reçut avis que ce Tremblement de
3 Terre s'étoit fait sentir, à la même heure dans la
Terre de Labour ; qu'il avoit entierement détruit
la petite Ville d'Ariano et celle de Mirabello
dont la plupart des Habitans avoient été écrasez
par la chute de leurs maisons ; qu'il avoit causé
beaucoup de dommage à Avellino , et qu'on l'a- voit aussi ressenti à Salerne.
matin, on ressentit à Naples une violente secousse
de Tremblement de Terre , qui ' endommagea
plusieurs Eglises , quelques Palais et un grand nombre de Maisons , où il y eut quelques personnes écrasés. La crainte d'un second Tremblement de Terre , détermina la plus grande partie de la Noblesse et des Bourgeois à se retirer à
la Campagne, et la nuit suivante toutes les grandes Places de la Ville et des Fauxbourgs furent
remplies du reste des Habitans , quoiqu'il fit
cette nuit là un froid très- vif,
II. Vel. Le
DECEMBRE. 1732. 2867
Le 30. on reçut avis que ce Tremblement de
3 Terre s'étoit fait sentir, à la même heure dans la
Terre de Labour ; qu'il avoit entierement détruit
la petite Ville d'Ariano et celle de Mirabello
dont la plupart des Habitans avoient été écrasez
par la chute de leurs maisons ; qu'il avoit causé
beaucoup de dommage à Avellino , et qu'on l'a- voit aussi ressenti à Salerne.
Fermer
Résumé : Tremblement de Terre à Naples, [titre d'après la table]
Le 29 novembre 1732, un tremblement de terre à Naples endommagea églises, palais et maisons, causant plusieurs morts. La noblesse et les bourgeois fuirent la ville. La nuit suivante, les places furent remplies d'habitants. Le 30 novembre, des nouvelles rapportèrent des destructions à Ariano, Mirabello et Avellino, et des secousses jusqu'à Salerne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
438
p. 36-49
REMARQUES curieuses sur le Beauvoisis, addressées à M. de la Roque, Auteur du Mercure.
Début :
Si les Voyages ont leur utilité du côté du Corps, on doit aussi avoüer que [...]
Mots clefs :
Ansac, Beauvais, Beauvaisis, Forêt, Village, Saint Robert, La Neuville, Savant, Prieuré, Lettre pastorale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES curieuses sur le Beauvoisis, addressées à M. de la Roque, Auteur du Mercure.
_R'E MA R Q?) E S curieuse: sur la
_ ‘Bazar/aisés , addrméer à M. de la Reg
que , Auteur/ï.» Mercure.
Æ les Voyages ont leur utilité du côté
S du Corps‘, on doit aussi avoiier que
ceux qui les entreprennent par espritde
Ïuriosité , trouvent presque toujours de
quoi profiter en les aisant, pourvu qu’ils
ne sasservissent point si fort aux Voitu.
xes publiqueglcsquelles "ne donnent pres
que pas le temps de rien voir ni de rien
exariiiner, parce qu'elles ne ÿécartent ja
mais des grands chemins. Vous sçavez de
uelle maniere je fais une bonne partie
e mes Voyages ,'et que je quitte’, quand
r
bon me semble , ces sortes de Voitures,
ounuser de la même commodité avec
äaquelle M.l’Abbé Baudrand fit autrefois
e voyage de Rome, et dont se servit le
sçavânt Pere hiabillonganr qu’il se porta
bien._ C’est ainsi que j’ai parcouru déja.
une bonne partie du Royaume, et jmr ce
moïen je me suis trouvé à portée de faire
plusieurs Observations,qui peuvent avoir:
leur place dans differens Ouvrages de mes
amis, ou dans ceux que j’ai entrepris de
' A donne!
. JANVIER. 173;. 57
r‘
donner au public. Je n’oublie point sur
tout le Sanctoral de France en faveur des
Continuateurs de Bollandus ,à l'exemple
de M. l’A_bbé Chastelain, mon ancien‘
Maître, ni ce qui peut servir à illustrer.‘
l’Histoire de France, en quelque genre
que ce soit.
Rien ne me tentoit davantage dans ma:
derniere course faire en Beauvoi;is,que de
voir la Patrie du cclebre M. Barillet , et:
ce Village d'Ansac , duquel on a parlé
tant de fois dans vos Journaux, depuis
deux ans. Je ne vous rapporte-rai rien du
Prieuré de la Tour du Lay; que ïai vû
en passant, à une petite lieuë de l'an
cien Palais Royal de Chambli , situé sur
la grande Route. Ce Prieuré est devenu
fameux depuis qu'il a donné occasion‘ â
une Lettre Pastorale , singulier-e de M. de.
Saint-Agnan , Évêque de Beauvais, du u.‘
Novembre r7 2.7. imprimée -â Paris , chez
Josse et Briasson , et mentionnée dans le
Journal de Verduu , aussi- bien que le
Village de Nogent-les-Vierges, connupar
une autre Lettre Pastorale‘ du même Pré-Î
lat , du 6 Novembre 1723. M. d’Auver
gne , Avocat à Beauvais; digne imitateur
du goût et du zele des Sieurs Loyscl et:
Louvet, m'a communiqué par la voïe de,
votre Journal de Févrierjtout ce quïl,
' iij peu;
38 MERCURE DE FRANCE.‘
‘v.
pensoit sur S. Nerlin, Patron de ce Prieuo‘
té. Mais constamment le nom de Nerlin
ne peut être formé de celui de Nevelon,‘
et [Ordonnance qui a proposé ce Saint,
en place de S. Robert, semble substituer
à une chose obscure, une autre qui l’est
encore davantage , dès qu’elle ne dé—‘
signe à ce S. Nerlin aucun jour de culte,
et qu’elle n’enseigne pas même comment
on le nommera en Latin. j’ai vû ce que
la Lettre Pastorale ap elle le Tombeau de
S, Robert. Ce qui est elevé sur six petites
Colonnes dans la Nef du Prieuré , n’est
point un Tombeau commeelle Passure;
ce n’est qu’une sim le Tombe du xm sié-_
cle , qui est ainsi p acée,et sur cette Tom
be est’ couchée la figure en relief d’un
Prêtre vêtu des habits Sacerdotaux ,
comme on les portoit il ya environ cinq»
cens ans, ayant la tête‘ nuë , les mains
jointes et une espece de Dragon sous ses:
pieds. Il est probable que ce Cenotaphe
est pour faire ressouvenir ‘du Tombeau
qui doit être quelque part dans cette
Eglise; mais certainement il en est tres
distingué. Ce S. Robert , du 2x Avril,‘
n’est point aussi absolument inconnu ,
même hors le Pais de Beauvoisis. Je me
suis ressouvenu que parcourant en I730.
51ans le Berry , le Martyrologe de laCcË-r
' . 1 ,‘ ._. l f!
JANVIER. X733’. 3g
lËgiale de Leré, qui est du treizième sié
cle‘, Ïy lûs cette addition du’ sieclc sui
vant ,W au jour en question: Item , lîoberti
c/Iôbati: ; et les Chanoines de cette Égli
se , qui estiment, avec raison , leur ma
nusctit ,et qui s’en servent tous les jours,
ne manqnent point de prononcct cette
‘annonce a son tour.
Mais je vais vous (lite quelquûchose
'de plus interrcssant , au sujet de la Ncu
villc , Patrie de M. Baiilet. Comme ilhy a
plusieurs Villages de ce nom dansle Dio
cèse de Beauvais; celui-cy säppelle la.
Neuville en Hez , pour le distigguer des
‘autres. Il n’est point situé au Nord de la
Ville de Beauvàis, comme on l'a assuré
dans ŸEiogc de ce Sçairant ,.imprimé en
i707; et comme le Pcre-Nicerbn l’a dit
ÿclepuis dans ses Mcmoires , ôte. ‘mais. s:
àituation est âPOticnt de cette Villes‘
C’est une difficulté purement Géogra.
phique de sgavoir s’il faut écrire en_ Heu
bu en Hayes. Ce lieu est à Fenttée d’une
Forêt de Hantc-Futaye , qui le ‘sépare ‘de
la terre d'Ansac.' Si l’on avoir des Îi
tres bien anciens , qui les clésignassent par
le surnom in Hagn, ou bien in Haya ,
il FaudroitPêctire de la seconde manied
se; mais" les Titres du douzième siècle,‘
tapgçrtez‘ parLouyft ,‘cmployent toul
i“ l C iiij jours
l 4
Etc M ERCURE DE FRANCE.‘ A
jours le nom de Hez , pour désigner l2!
Forêt : Magnum 21mm: quod 710cm1"; Hez, ,
ensorte qu’il paroît que f-Iez est un nom
propre c Forêt, de même queLaye ,
Argonne , Ardennes. Le Dictionnaire
Universel de la France,imprimé en i726.
met ce la Ntuville ‘en Picardie ; et cepen
dant il le déclare situé au Diocèse de
Clernÿnuce qui est absurde et risible.
Ce Village peu connu mérite däautan‘;
lus d’être tiré de Pobscurité , que c’est
sans le Château qu’en y voyoir avant les
Guerres de la Religion , qu’un‘ des lus
illustres de nos Rois vint au mondallest
vrai que'M. Baillet qui éroit natif de ce
la Neuvillea ignoré ce fait ; mais comme
ce Sçavant quitta sa Patrie de bonne beu
re, et qu’il sïnformoit peu de ce qui
éroit contenu dans les Archives séculie
tes, il n’est pas étonnant qu’il n’en ait
pas eu connoissancelepremier Ecrivain
qui ait remarque ce point historique est
M. Simon, Conseiller au Présidial d:
Bfrauvais , lequel dms ses Additions 5.
PI-Iistoire du Beauvoisis, imprimées Pan
I704. s’explique positivement en ces ret
mes , à la pag. 45. touchant la Neuville
en l-Iez : J'ai vû , dit-il , la: Originaux; de
irai: Titres , dam il y en a deux du Ra]
Iwüi: X1. l'un du mai: «#401453 i468. et
. ‘ ' ‘ Pâture
4
s L
. ‘JANVIER. 173.3. 41
l'autre du r3 Octobre 1475m2 le troisiême qui
sont Lettres olu Roy Henry Il’. de 1601. ois
l’on accorde aux Haéitans de la Neuville
fourmi temps, l'exemption (le la Taille, en
honneur et souvenir de la naissance de saint
Louis; et il est énoncé dans le dernier de ses
titres , qu’il avait lui-même accordé la même
exemption par Lettres. Il est vrai que" celle
_ de 1468. marque seulement ( ainsi qu’il a été
aflïrmé ausdits babitans. ) Les "copiesldes
mêmes titres,que i’ai vûës entre les mains
de M. Maillard , Avocat à Paris, me POP‘
\ \ n \ ,
tent a suivre, aptes le R. P. de Mont
faucon , le sentiment qu’a eu ce Sçavant
touchant ce fait Historique; et s’il est vrai
quÎaucun Historien contemporain a la
naissance de S. Loüis , [fait assuré qu’elle
soit arrivée à Poissy, mais seulement qu'il
y fut baptizé 5 il reste à croire plus vrai
semblable que ce Prince étoit néà la Neu
ville. La premiers Charte de Loüis XI.‘
fut expediée à Compiégxie; et la seconde,
â la Vietoire , proche Senlis. Il seroit à
souhaitter qu'on pût recouvrer le Titre
par lequel S. Loüis lui-même avoir re
connu ce La-Nertville pour le lieu de sa
naissance. On pourroit encore recourir
à la confirmation que ce Roy a faire de la
donation d’une Comtesse de Clermonr au
Prêtre de 1a Neuvifleg en 1 2. 5 I. que Lou;
C v Net
4:2‘ MERCURE DE FRANCE.‘
vet dit être au Trésor Royal des Char?
j les Layere , de PAppanage des Enfans
de France.
Au sortit de la Forêt de I-Iez, on apaj
perçoit vers le midy , dans un fond , le
Village d’Ansac , qui s'est fait un certain.
renom, à_l’occasion de l’Akousmate,dont
vos Journaux ont parlé. J’en ai examiné
la situation en venant de la Ferme du.
Plessis- Bilbaud , dest-à-dire , devers le
Septentrion. Il y a en ce territoire et de
ce côté-là — même , plusieurs Gorges ou
Vallons bornez , mais très-secs et arides;
et sans Caverne,au moins qui paroisse.‘
La superficie du terrain est pierreuse,
puisqubn en tire du Pavé. Le Parc est à
opposite de ces Gorges ( le Village en—'
tre deux), c’est - à - dire, en tirant de
PEglise du lieu vers le Soleil Fes-g
ace de deux heures; et il est étendu en‘
fongueur de ce côté-là , moitié en plai-f
ne, moitié en côteau à main gauche.
S’il n’y a point de Cavernes ou de Sou-a
terrains à Ansac , ce n’est point non
plus un Païs où l’on puisse dire que les
Marais et les Eaux dormanres , fournis
sent à l’air une vapeur capable de Former
des bruits extraordinaires. Il n’y a qu’un
tres-perit Ruisseau,qui traverse la ion-g
gueur du Parc , "capable à peinede Ÿfaire
l’ v - tourner
JANVIER. I733: 43
tourner un Moulin; de sorte que je me
trouverois embarassé à décider lesquels
des deuxiont plus de raison , ou de ceux
qui croyenr que ces bruits étoient dans
Pair, ou des autres que vous me mander,
être d’avis qu’ils sortoient de dessous la
terre. Jenavoispas remarqué qu’on peut:
avoir cette derniete pensée , cr que dans
Penquête de M. le Curé , quelques-uns
(les principaux de ses Paroissiens dépo
sent qtfune partie de ces bruits leurs pa
rutent comme s’ils fussent sortis des en
trailles de la terre. Si quelque Sçavane
Physicien prenoit la peine de. mettre
cette pensée dans tout son jour ,peut
être» ne setoit elle pas trouvée hors d’ap-‘
arence. Ce que jen dis , au reste , est
toujours en supposant que le bruit enten
du à Ansac , a été naturel ,v et non pas ars
tificiel ,. et que personne ne s’est diverrj.
dans lebas du Châreamautour de que lquo
Machine, soigneusement disposée pour
representer un murmure populaire; can
gens habiles dans la Mécanique préten.
dent qu’un homme qui tiendtoit de la,
main gauche un Tonneau vuide , dêfon’.
‘cé par les deuxbours, et dont les Don.
yes autoicnt été ctênelées de la longrtepg
çl-‘un pied, plus ou moins,.vers' le milieu.’
çtqrti promeneroitde la droite à Pinte.
« Ç vj tien;
1,4. MERCURE DE" FRANCE.‘
rieur cle ce Tonneau autour" de ces créneæ‘
lures , un fercourbê et garni de différens
crans , Former-cit des sons qui represenre
roienr la Musette, la Vielle‘, le Hautbois,
ëäc. confusément entendus.
-' Que sçaLje s’il n’y ‘a pas d’autres sc-‘
crets pourreprésenrer à Foüiexun amas
confus de voix humaines , et- le somâcre
de gens qui riroient tous ensemble.
Autant Ie bruit d’Ansac est extraordinai
re en lui-mêmqaurantildoit paroîrre sin
gulier de voir dans le Pais de Beauvoisis
un nom de lieu finissant enaall semble que
ces sortes de terminaisons devroLnt être
renfermées dans FAuVergneJe Limousin,
la Guyenne ou autres parties Méridiona
les du Royaume. Je dourerois de la gé
nuité de ce nom , si je ne l’avois trouvé
dansl un tirée, rîipporré par Louvenll fana
ui ‘y- air ien es siecles u’on sa ‘ erdu
3e vûë le nom larinde ceqViIiaggPpui-sq
que dès l’an 1186, le Pape Urbain‘ lII.‘
que l’on fait parler dans une Bulle , ne-le
peut désigner que par le nom François
Anmc( a ). Je merrrois Cressonsac du.
Diocèse de Beauvais dans le même cas , si
ce n’éroit que M. Simon m’apprcnd qu’i_l
t‘ ( '21) Hein,‘ quicquid Imàetis in Villa qui; dicitur
‘Ansac, mm in hospitibu: guùm in amen. Louvet, e
Tome l. pag‘. 19+. _,<,
faut
JANVIER. 173;. 4,5
faut dire Cressonsart conformément aux
anciennes Chartes , et que ce mot vient:
de Cresxaninm Euartaruvz.
M. Dauvergne a bien rai<on de croire
qu’on a des Otivrages d’H;linand dans
l’Abbaye de Froimont. il me fut facile '
(le m’y transporterâ la faveur du voisina
ge de Brêle où je sèjotirnois; ct ayant eu
entrée dans la Bibliotheqtie, je les y trou-r»
vai aisément. Si on y croÿoit l1 Chtoni4
que perdue‘ , c’est qu_’en efiet elle est deg
venuë très-mèconnoissable , cn ce que les"
cahiers ont è*é autrefois si mal reliczl que
celui qui est au commencement du Voï
lume contient des articles du Règne de
Dagobert, tandis que le premier cahier ,
à la tête duquel sont les Fasrss Consulai
res , est au milieu du Livre. Ce volume ,
fout petit 527-49. qu’il est , peut contenir
toute la Chronique dT-Ielinand rèdigèe
e_'n latim Outre q‘u’il est sans aucune
marge , l’Ecriture en est très - minutèe.
Elle est du treizième siècle; mais elle n’est
pas pqur cela si difficile à‘ lire qu’elle l’a.
péfruë a M. Hermant , et a son Coufrere.
Çc lqui est plus voisin clu tems de l’Au
peut me parût plein d'apparitions , et:
n’est po’nt du goût de notre siècle. Cet
Écrivain passe pour Bienheureux dans‘
läâbbaye. On voit par certains endroits
l‘. quïl ’
4€ MERCURE DE FR ANGE
qu’il imitoit S. Jerôme , quant à la pen
sée de la mort , et son Tableau le repré-j
sente à peu près comme ce saint Doc
teur. Je cherchai ( mais inutilement .)
l'endroit où Helinand parle de cet
homme du Beauvoisis qu’on croyoit être
transformé en Loup 3 ct qui de son tems
passa pour Antropophnge ou mangeur
d’Enfans , parce qu'on lui en vit vomit
des jointures cle doigt toutes entieres. Ce
qui mïzngageoit à ce point de curiosité ,
est la parité du cas où nous nous trou
‘vons dans nos Cantons , puisqubn ne
peut presque ôter de Pesprit de la plû
partldes Paysans du Comté düuxeäte ,
ue eLou énorme ui man etant ‘en
gins depuiî plus deqsix moigs’ , et que la
Louvetetie du Roi n’a û en cote tuer ,
est d’une espece route siemblable. Il fane
qu'Helin1nd fut un Auteur de grande
réputation au treizième siecle. Outre
Vincent de Beauvais qui en a fait delongs
Extraits . îe le trouve encore souvent ci
té par un Jean de S. Chefs (a) Corde-â
lier , qui se dit de la Province de Bout-‘_
gogne , lequel a composé une Chronique,
qui finit à l'an 1 2.50. Ce Franciscain écrit;
\
ce qui suit a l’.æn 12.09: Hz": temporibm
(a)‘ besJîveadwio; - i. . ' .flomü
JÂNVIER. 1733. 4.7
flortiit Helinandus Manne/Jus , wir Religio
sus et facundtts , Belvaoensis. La qualité
de disert peut être fondée sur le style de
ses Sermons , dont plusieurs sont dans
le même volume à Froimont: mais je me
dispensai d’en prendre lecture. Depuis
que ïal eu communication cle la vieille
Traduction du fragment d’Helinand , ti
rée du Miroir Historia], par le canal du»
Mercure de Fevrier, j’ai retrouvé les mê-A
mes choses dans S. Antonin, Pari. III.
Lit. r8‘. Cap. ç. et c'est là justement que
j'avais lû autrefois le bruit qui fut enten
du dans une Forêt entre Rcims et Aré
ras s chose terrible , si elle étoit veritable.
Je finirai, Monsieur , ce que fai à vous
dite cl’Helinancl par la Pièce de Vers que
ce même Auteur a écrite en françois sur
la Mort. Cet Ouvrage renommé est une
nouvelle preuve de ce que ÿai avancé
contre la proposition trop generaie de
M. l’Abbé Fleury, que l’on ne tram/e point
ale Poësies en langagef/angois du dauziéme
ou treiziéme siécle sur des S ujets moraux et
depieteflcr que j’ai réfutêe par des exeme
pics rapportez dans le Mercure de Dés
cembre 173x. 1. vol. p. 2972. CQSVCYS
doivent n’être pas extrêmement rares _,
puisque c'est Loysél qui les fit imprimer
l’an 152+. avec une Dédicace au Présiälrnt
au:
48 MERCURE DEFRANCE
L
vFauchet , ainsi qu’il le dit lui-même dans
ses Mémoires. '
Comme vous faites quelquefois part de
mes Lettres â deÿpcrsonnes qui aiment
la science des Rits Ecclésiastiques, je fi
nirai celle-ci par une Observation que Ïai
faîte à Beauvais à la Fête de S. Pierre ,
Patron de la Cathedrale. Un Etranger ne
gent mänqtier d’être surpris de voir quïän
resse ans lc Sanctuaire es Parterres e
Fleurs et de verdure sur les Tombes des
Ehveques cote que qdu’iuny asuotnrte:inilhunm’eeszt , ptaasntoblige
d’avoir la clefde cet usage. Comme c’est
a celui m’a le plus frappé par sa singu
larité , ÿen ai cherché lbtigine dans les
Ecrivains de cette Ville. Louvet , le plus
difÎus de ses Conftctes , en parlantfïama
1. p. 391. de Penlevement des Tombes
du Choeur de l’Abbaye de Saint Lucien ,
fait au XVI. ‘siècle pour paver les Cuisi
nes du Cardinal de Chastillon , alors
Évêque de Beauvais, dit que lor<qu’elles
étoient encore en leur place , il y en avoit
une d’Airain garnie de plusieurs trous
dans lesquels en certains jours on mettoit
des bouquets de fleurs , et qu'à Pégard de
deux ou trois autres des Evêques de Beau
yais réputez de sainte vie , on pratiquoit
autour;
M - >JANVIER. 173;. 4g
‘äutour de leurs Tombes la même cerémoè
nie gubn fait-dans la Cathédrale autour.‘
fics Sêpùlcrès des Evêques aux jours s04
IemnçLguqui-cst de les environner Vde
fldùfssVoiiä Ÿesprit de cette cèrêmohîcî
Mais ce n’e t pas encore assez de rendre
honneur erfcela à la mémoire des Evê
quegquoique non-çanonïsez , les Oflîcianl
encenscnt encore ces Tombes pendant
POflîce d'une mariiere édifiahtc , de mê-T
me que l'on fait dans d’autres Églises de
là Ikovince de Reiins , de Sens, 86C. Ce
qui est une marque de rechonnoissancc pû
blique très-bien placée , et qui invite lei
Evêqucs vivans ä meritcr parleurs bien
faits et par leur sainte vie , lès mêmes
honneuzs qgÿils voyent rendre à lcùrs Pré;
x
décesseuts. -. .
.4 Aùàcerre , ce 22. fnilluet 1732.‘
_ ‘Bazar/aisés , addrméer à M. de la Reg
que , Auteur/ï.» Mercure.
Æ les Voyages ont leur utilité du côté
S du Corps‘, on doit aussi avoiier que
ceux qui les entreprennent par espritde
Ïuriosité , trouvent presque toujours de
quoi profiter en les aisant, pourvu qu’ils
ne sasservissent point si fort aux Voitu.
xes publiqueglcsquelles "ne donnent pres
que pas le temps de rien voir ni de rien
exariiiner, parce qu'elles ne ÿécartent ja
mais des grands chemins. Vous sçavez de
uelle maniere je fais une bonne partie
e mes Voyages ,'et que je quitte’, quand
r
bon me semble , ces sortes de Voitures,
ounuser de la même commodité avec
äaquelle M.l’Abbé Baudrand fit autrefois
e voyage de Rome, et dont se servit le
sçavânt Pere hiabillonganr qu’il se porta
bien._ C’est ainsi que j’ai parcouru déja.
une bonne partie du Royaume, et jmr ce
moïen je me suis trouvé à portée de faire
plusieurs Observations,qui peuvent avoir:
leur place dans differens Ouvrages de mes
amis, ou dans ceux que j’ai entrepris de
' A donne!
. JANVIER. 173;. 57
r‘
donner au public. Je n’oublie point sur
tout le Sanctoral de France en faveur des
Continuateurs de Bollandus ,à l'exemple
de M. l’A_bbé Chastelain, mon ancien‘
Maître, ni ce qui peut servir à illustrer.‘
l’Histoire de France, en quelque genre
que ce soit.
Rien ne me tentoit davantage dans ma:
derniere course faire en Beauvoi;is,que de
voir la Patrie du cclebre M. Barillet , et:
ce Village d'Ansac , duquel on a parlé
tant de fois dans vos Journaux, depuis
deux ans. Je ne vous rapporte-rai rien du
Prieuré de la Tour du Lay; que ïai vû
en passant, à une petite lieuë de l'an
cien Palais Royal de Chambli , situé sur
la grande Route. Ce Prieuré est devenu
fameux depuis qu'il a donné occasion‘ â
une Lettre Pastorale , singulier-e de M. de.
Saint-Agnan , Évêque de Beauvais, du u.‘
Novembre r7 2.7. imprimée -â Paris , chez
Josse et Briasson , et mentionnée dans le
Journal de Verduu , aussi- bien que le
Village de Nogent-les-Vierges, connupar
une autre Lettre Pastorale‘ du même Pré-Î
lat , du 6 Novembre 1723. M. d’Auver
gne , Avocat à Beauvais; digne imitateur
du goût et du zele des Sieurs Loyscl et:
Louvet, m'a communiqué par la voïe de,
votre Journal de Févrierjtout ce quïl,
' iij peu;
38 MERCURE DE FRANCE.‘
‘v.
pensoit sur S. Nerlin, Patron de ce Prieuo‘
té. Mais constamment le nom de Nerlin
ne peut être formé de celui de Nevelon,‘
et [Ordonnance qui a proposé ce Saint,
en place de S. Robert, semble substituer
à une chose obscure, une autre qui l’est
encore davantage , dès qu’elle ne dé—‘
signe à ce S. Nerlin aucun jour de culte,
et qu’elle n’enseigne pas même comment
on le nommera en Latin. j’ai vû ce que
la Lettre Pastorale ap elle le Tombeau de
S, Robert. Ce qui est elevé sur six petites
Colonnes dans la Nef du Prieuré , n’est
point un Tombeau commeelle Passure;
ce n’est qu’une sim le Tombe du xm sié-_
cle , qui est ainsi p acée,et sur cette Tom
be est’ couchée la figure en relief d’un
Prêtre vêtu des habits Sacerdotaux ,
comme on les portoit il ya environ cinq»
cens ans, ayant la tête‘ nuë , les mains
jointes et une espece de Dragon sous ses:
pieds. Il est probable que ce Cenotaphe
est pour faire ressouvenir ‘du Tombeau
qui doit être quelque part dans cette
Eglise; mais certainement il en est tres
distingué. Ce S. Robert , du 2x Avril,‘
n’est point aussi absolument inconnu ,
même hors le Pais de Beauvoisis. Je me
suis ressouvenu que parcourant en I730.
51ans le Berry , le Martyrologe de laCcË-r
' . 1 ,‘ ._. l f!
JANVIER. X733’. 3g
lËgiale de Leré, qui est du treizième sié
cle‘, Ïy lûs cette addition du’ sieclc sui
vant ,W au jour en question: Item , lîoberti
c/Iôbati: ; et les Chanoines de cette Égli
se , qui estiment, avec raison , leur ma
nusctit ,et qui s’en servent tous les jours,
ne manqnent point de prononcct cette
‘annonce a son tour.
Mais je vais vous (lite quelquûchose
'de plus interrcssant , au sujet de la Ncu
villc , Patrie de M. Baiilet. Comme ilhy a
plusieurs Villages de ce nom dansle Dio
cèse de Beauvais; celui-cy säppelle la.
Neuville en Hez , pour le distigguer des
‘autres. Il n’est point situé au Nord de la
Ville de Beauvàis, comme on l'a assuré
dans ŸEiogc de ce Sçairant ,.imprimé en
i707; et comme le Pcre-Nicerbn l’a dit
ÿclepuis dans ses Mcmoires , ôte. ‘mais. s:
àituation est âPOticnt de cette Villes‘
C’est une difficulté purement Géogra.
phique de sgavoir s’il faut écrire en_ Heu
bu en Hayes. Ce lieu est à Fenttée d’une
Forêt de Hantc-Futaye , qui le ‘sépare ‘de
la terre d'Ansac.' Si l’on avoir des Îi
tres bien anciens , qui les clésignassent par
le surnom in Hagn, ou bien in Haya ,
il FaudroitPêctire de la seconde manied
se; mais" les Titres du douzième siècle,‘
tapgçrtez‘ parLouyft ,‘cmployent toul
i“ l C iiij jours
l 4
Etc M ERCURE DE FRANCE.‘ A
jours le nom de Hez , pour désigner l2!
Forêt : Magnum 21mm: quod 710cm1"; Hez, ,
ensorte qu’il paroît que f-Iez est un nom
propre c Forêt, de même queLaye ,
Argonne , Ardennes. Le Dictionnaire
Universel de la France,imprimé en i726.
met ce la Ntuville ‘en Picardie ; et cepen
dant il le déclare situé au Diocèse de
Clernÿnuce qui est absurde et risible.
Ce Village peu connu mérite däautan‘;
lus d’être tiré de Pobscurité , que c’est
sans le Château qu’en y voyoir avant les
Guerres de la Religion , qu’un‘ des lus
illustres de nos Rois vint au mondallest
vrai que'M. Baillet qui éroit natif de ce
la Neuvillea ignoré ce fait ; mais comme
ce Sçavant quitta sa Patrie de bonne beu
re, et qu’il sïnformoit peu de ce qui
éroit contenu dans les Archives séculie
tes, il n’est pas étonnant qu’il n’en ait
pas eu connoissancelepremier Ecrivain
qui ait remarque ce point historique est
M. Simon, Conseiller au Présidial d:
Bfrauvais , lequel dms ses Additions 5.
PI-Iistoire du Beauvoisis, imprimées Pan
I704. s’explique positivement en ces ret
mes , à la pag. 45. touchant la Neuville
en l-Iez : J'ai vû , dit-il , la: Originaux; de
irai: Titres , dam il y en a deux du Ra]
Iwüi: X1. l'un du mai: «#401453 i468. et
. ‘ ' ‘ Pâture
4
s L
. ‘JANVIER. 173.3. 41
l'autre du r3 Octobre 1475m2 le troisiême qui
sont Lettres olu Roy Henry Il’. de 1601. ois
l’on accorde aux Haéitans de la Neuville
fourmi temps, l'exemption (le la Taille, en
honneur et souvenir de la naissance de saint
Louis; et il est énoncé dans le dernier de ses
titres , qu’il avait lui-même accordé la même
exemption par Lettres. Il est vrai que" celle
_ de 1468. marque seulement ( ainsi qu’il a été
aflïrmé ausdits babitans. ) Les "copiesldes
mêmes titres,que i’ai vûës entre les mains
de M. Maillard , Avocat à Paris, me POP‘
\ \ n \ ,
tent a suivre, aptes le R. P. de Mont
faucon , le sentiment qu’a eu ce Sçavant
touchant ce fait Historique; et s’il est vrai
quÎaucun Historien contemporain a la
naissance de S. Loüis , [fait assuré qu’elle
soit arrivée à Poissy, mais seulement qu'il
y fut baptizé 5 il reste à croire plus vrai
semblable que ce Prince étoit néà la Neu
ville. La premiers Charte de Loüis XI.‘
fut expediée à Compiégxie; et la seconde,
â la Vietoire , proche Senlis. Il seroit à
souhaitter qu'on pût recouvrer le Titre
par lequel S. Loüis lui-même avoir re
connu ce La-Nertville pour le lieu de sa
naissance. On pourroit encore recourir
à la confirmation que ce Roy a faire de la
donation d’une Comtesse de Clermonr au
Prêtre de 1a Neuvifleg en 1 2. 5 I. que Lou;
C v Net
4:2‘ MERCURE DE FRANCE.‘
vet dit être au Trésor Royal des Char?
j les Layere , de PAppanage des Enfans
de France.
Au sortit de la Forêt de I-Iez, on apaj
perçoit vers le midy , dans un fond , le
Village d’Ansac , qui s'est fait un certain.
renom, à_l’occasion de l’Akousmate,dont
vos Journaux ont parlé. J’en ai examiné
la situation en venant de la Ferme du.
Plessis- Bilbaud , dest-à-dire , devers le
Septentrion. Il y a en ce territoire et de
ce côté-là — même , plusieurs Gorges ou
Vallons bornez , mais très-secs et arides;
et sans Caverne,au moins qui paroisse.‘
La superficie du terrain est pierreuse,
puisqubn en tire du Pavé. Le Parc est à
opposite de ces Gorges ( le Village en—'
tre deux), c’est - à - dire, en tirant de
PEglise du lieu vers le Soleil Fes-g
ace de deux heures; et il est étendu en‘
fongueur de ce côté-là , moitié en plai-f
ne, moitié en côteau à main gauche.
S’il n’y a point de Cavernes ou de Sou-a
terrains à Ansac , ce n’est point non
plus un Païs où l’on puisse dire que les
Marais et les Eaux dormanres , fournis
sent à l’air une vapeur capable de Former
des bruits extraordinaires. Il n’y a qu’un
tres-perit Ruisseau,qui traverse la ion-g
gueur du Parc , "capable à peinede Ÿfaire
l’ v - tourner
JANVIER. I733: 43
tourner un Moulin; de sorte que je me
trouverois embarassé à décider lesquels
des deuxiont plus de raison , ou de ceux
qui croyenr que ces bruits étoient dans
Pair, ou des autres que vous me mander,
être d’avis qu’ils sortoient de dessous la
terre. Jenavoispas remarqué qu’on peut:
avoir cette derniete pensée , cr que dans
Penquête de M. le Curé , quelques-uns
(les principaux de ses Paroissiens dépo
sent qtfune partie de ces bruits leurs pa
rutent comme s’ils fussent sortis des en
trailles de la terre. Si quelque Sçavane
Physicien prenoit la peine de. mettre
cette pensée dans tout son jour ,peut
être» ne setoit elle pas trouvée hors d’ap-‘
arence. Ce que jen dis , au reste , est
toujours en supposant que le bruit enten
du à Ansac , a été naturel ,v et non pas ars
tificiel ,. et que personne ne s’est diverrj.
dans lebas du Châreamautour de que lquo
Machine, soigneusement disposée pour
representer un murmure populaire; can
gens habiles dans la Mécanique préten.
dent qu’un homme qui tiendtoit de la,
main gauche un Tonneau vuide , dêfon’.
‘cé par les deuxbours, et dont les Don.
yes autoicnt été ctênelées de la longrtepg
çl-‘un pied, plus ou moins,.vers' le milieu.’
çtqrti promeneroitde la droite à Pinte.
« Ç vj tien;
1,4. MERCURE DE" FRANCE.‘
rieur cle ce Tonneau autour" de ces créneæ‘
lures , un fercourbê et garni de différens
crans , Former-cit des sons qui represenre
roienr la Musette, la Vielle‘, le Hautbois,
ëäc. confusément entendus.
-' Que sçaLje s’il n’y ‘a pas d’autres sc-‘
crets pourreprésenrer à Foüiexun amas
confus de voix humaines , et- le somâcre
de gens qui riroient tous ensemble.
Autant Ie bruit d’Ansac est extraordinai
re en lui-mêmqaurantildoit paroîrre sin
gulier de voir dans le Pais de Beauvoisis
un nom de lieu finissant enaall semble que
ces sortes de terminaisons devroLnt être
renfermées dans FAuVergneJe Limousin,
la Guyenne ou autres parties Méridiona
les du Royaume. Je dourerois de la gé
nuité de ce nom , si je ne l’avois trouvé
dansl un tirée, rîipporré par Louvenll fana
ui ‘y- air ien es siecles u’on sa ‘ erdu
3e vûë le nom larinde ceqViIiaggPpui-sq
que dès l’an 1186, le Pape Urbain‘ lII.‘
que l’on fait parler dans une Bulle , ne-le
peut désigner que par le nom François
Anmc( a ). Je merrrois Cressonsac du.
Diocèse de Beauvais dans le même cas , si
ce n’éroit que M. Simon m’apprcnd qu’i_l
t‘ ( '21) Hein,‘ quicquid Imàetis in Villa qui; dicitur
‘Ansac, mm in hospitibu: guùm in amen. Louvet, e
Tome l. pag‘. 19+. _,<,
faut
JANVIER. 173;. 4,5
faut dire Cressonsart conformément aux
anciennes Chartes , et que ce mot vient:
de Cresxaninm Euartaruvz.
M. Dauvergne a bien rai<on de croire
qu’on a des Otivrages d’H;linand dans
l’Abbaye de Froimont. il me fut facile '
(le m’y transporterâ la faveur du voisina
ge de Brêle où je sèjotirnois; ct ayant eu
entrée dans la Bibliotheqtie, je les y trou-r»
vai aisément. Si on y croÿoit l1 Chtoni4
que perdue‘ , c’est qu_’en efiet elle est deg
venuë très-mèconnoissable , cn ce que les"
cahiers ont è*é autrefois si mal reliczl que
celui qui est au commencement du Voï
lume contient des articles du Règne de
Dagobert, tandis que le premier cahier ,
à la tête duquel sont les Fasrss Consulai
res , est au milieu du Livre. Ce volume ,
fout petit 527-49. qu’il est , peut contenir
toute la Chronique dT-Ielinand rèdigèe
e_'n latim Outre q‘u’il est sans aucune
marge , l’Ecriture en est très - minutèe.
Elle est du treizième siècle; mais elle n’est
pas pqur cela si difficile à‘ lire qu’elle l’a.
péfruë a M. Hermant , et a son Coufrere.
Çc lqui est plus voisin clu tems de l’Au
peut me parût plein d'apparitions , et:
n’est po’nt du goût de notre siècle. Cet
Écrivain passe pour Bienheureux dans‘
läâbbaye. On voit par certains endroits
l‘. quïl ’
4€ MERCURE DE FR ANGE
qu’il imitoit S. Jerôme , quant à la pen
sée de la mort , et son Tableau le repré-j
sente à peu près comme ce saint Doc
teur. Je cherchai ( mais inutilement .)
l'endroit où Helinand parle de cet
homme du Beauvoisis qu’on croyoit être
transformé en Loup 3 ct qui de son tems
passa pour Antropophnge ou mangeur
d’Enfans , parce qu'on lui en vit vomit
des jointures cle doigt toutes entieres. Ce
qui mïzngageoit à ce point de curiosité ,
est la parité du cas où nous nous trou
‘vons dans nos Cantons , puisqubn ne
peut presque ôter de Pesprit de la plû
partldes Paysans du Comté düuxeäte ,
ue eLou énorme ui man etant ‘en
gins depuiî plus deqsix moigs’ , et que la
Louvetetie du Roi n’a û en cote tuer ,
est d’une espece route siemblable. Il fane
qu'Helin1nd fut un Auteur de grande
réputation au treizième siecle. Outre
Vincent de Beauvais qui en a fait delongs
Extraits . îe le trouve encore souvent ci
té par un Jean de S. Chefs (a) Corde-â
lier , qui se dit de la Province de Bout-‘_
gogne , lequel a composé une Chronique,
qui finit à l'an 1 2.50. Ce Franciscain écrit;
\
ce qui suit a l’.æn 12.09: Hz": temporibm
(a)‘ besJîveadwio; - i. . ' .flomü
JÂNVIER. 1733. 4.7
flortiit Helinandus Manne/Jus , wir Religio
sus et facundtts , Belvaoensis. La qualité
de disert peut être fondée sur le style de
ses Sermons , dont plusieurs sont dans
le même volume à Froimont: mais je me
dispensai d’en prendre lecture. Depuis
que ïal eu communication cle la vieille
Traduction du fragment d’Helinand , ti
rée du Miroir Historia], par le canal du»
Mercure de Fevrier, j’ai retrouvé les mê-A
mes choses dans S. Antonin, Pari. III.
Lit. r8‘. Cap. ç. et c'est là justement que
j'avais lû autrefois le bruit qui fut enten
du dans une Forêt entre Rcims et Aré
ras s chose terrible , si elle étoit veritable.
Je finirai, Monsieur , ce que fai à vous
dite cl’Helinancl par la Pièce de Vers que
ce même Auteur a écrite en françois sur
la Mort. Cet Ouvrage renommé est une
nouvelle preuve de ce que ÿai avancé
contre la proposition trop generaie de
M. l’Abbé Fleury, que l’on ne tram/e point
ale Poësies en langagef/angois du dauziéme
ou treiziéme siécle sur des S ujets moraux et
depieteflcr que j’ai réfutêe par des exeme
pics rapportez dans le Mercure de Dés
cembre 173x. 1. vol. p. 2972. CQSVCYS
doivent n’être pas extrêmement rares _,
puisque c'est Loysél qui les fit imprimer
l’an 152+. avec une Dédicace au Présiälrnt
au:
48 MERCURE DEFRANCE
L
vFauchet , ainsi qu’il le dit lui-même dans
ses Mémoires. '
Comme vous faites quelquefois part de
mes Lettres â deÿpcrsonnes qui aiment
la science des Rits Ecclésiastiques, je fi
nirai celle-ci par une Observation que Ïai
faîte à Beauvais à la Fête de S. Pierre ,
Patron de la Cathedrale. Un Etranger ne
gent mänqtier d’être surpris de voir quïän
resse ans lc Sanctuaire es Parterres e
Fleurs et de verdure sur les Tombes des
Ehveques cote que qdu’iuny asuotnrte:inilhunm’eeszt , ptaasntoblige
d’avoir la clefde cet usage. Comme c’est
a celui m’a le plus frappé par sa singu
larité , ÿen ai cherché lbtigine dans les
Ecrivains de cette Ville. Louvet , le plus
difÎus de ses Conftctes , en parlantfïama
1. p. 391. de Penlevement des Tombes
du Choeur de l’Abbaye de Saint Lucien ,
fait au XVI. ‘siècle pour paver les Cuisi
nes du Cardinal de Chastillon , alors
Évêque de Beauvais, dit que lor<qu’elles
étoient encore en leur place , il y en avoit
une d’Airain garnie de plusieurs trous
dans lesquels en certains jours on mettoit
des bouquets de fleurs , et qu'à Pégard de
deux ou trois autres des Evêques de Beau
yais réputez de sainte vie , on pratiquoit
autour;
M - >JANVIER. 173;. 4g
‘äutour de leurs Tombes la même cerémoè
nie gubn fait-dans la Cathédrale autour.‘
fics Sêpùlcrès des Evêques aux jours s04
IemnçLguqui-cst de les environner Vde
fldùfssVoiiä Ÿesprit de cette cèrêmohîcî
Mais ce n’e t pas encore assez de rendre
honneur erfcela à la mémoire des Evê
quegquoique non-çanonïsez , les Oflîcianl
encenscnt encore ces Tombes pendant
POflîce d'une mariiere édifiahtc , de mê-T
me que l'on fait dans d’autres Églises de
là Ikovince de Reiins , de Sens, 86C. Ce
qui est une marque de rechonnoissancc pû
blique très-bien placée , et qui invite lei
Evêqucs vivans ä meritcr parleurs bien
faits et par leur sainte vie , lès mêmes
honneuzs qgÿils voyent rendre à lcùrs Pré;
x
décesseuts. -. .
.4 Aùàcerre , ce 22. fnilluet 1732.‘
Fermer
Résumé : REMARQUES curieuses sur le Beauvoisis, addressées à M. de la Roque, Auteur du Mercure.
L'auteur d'une lettre adressée à M. de la Regnie discute des voyages et de leurs utilités. Il souligne que les voyages entrepris par curiosité permettent souvent des observations profitables, à condition de ne pas se limiter aux voies publiques. L'auteur mentionne sa méthode de voyage, inspirée par l'Abbé Baudrand et le Père Habillon, qui consiste à quitter les voitures publiques pour explorer plus librement. L'auteur a parcouru une grande partie du Royaume de France, ce qui lui a permis de faire plusieurs observations utiles pour divers ouvrages, y compris le Sanctoral de France et l'histoire de France. Il évoque notamment sa visite en Beauvoisis, où il a exploré la patrie de M. Barillet et le village d'Ansac, rendu célèbre par des lettres pastorales de M. de Saint-Agnan. Il décrit le Prieuré de la Tour du Lay près de l'ancien Palais Royal de Chambli, et les controverses entourant le saint patron de ce prieuré, S. Nerlin ou S. Robert. L'auteur rapporte également des observations sur la Neuville-en-Hez, distinguée des autres villages du même nom, et discute de son histoire, notamment la naissance supposée de Saint Louis dans ce village. Enfin, il mentionne les bruits mystérieux entendus à Ansac et les théories sur leur origine, naturelle ou artificielle. Il conclut en parlant de la cérémonie autour des tombes des évêques et de l'honneur rendu à leur mémoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
439
p. 53-64
REMARQUES de M. Bouguer, de l'Académie Royale des Sciences, et Hydrographe du Roi, sur une Lettre que M. Meynier, Ingénieur du Roi pour la Marine, a fait insérer dans le Mercure de Juin dernier, p. 1053 et suiv.
Début :
Quoique les Remarques que je donne ici ne soient pas précisément pour [...]
Mots clefs :
Mer, Pratique, Théorie, Meynier, Marine, Terre, Pilotes, Vaisseaux, Navigation, Hydrographie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES de M. Bouguer, de l'Académie Royale des Sciences, et Hydrographe du Roi, sur une Lettre que M. Meynier, Ingénieur du Roi pour la Marine, a fait insérer dans le Mercure de Juin dernier, p. 1053 et suiv.
REMARQZJES de M. Bouguegde [C44
cadimie Royale des Sciences , et Hyslro
gra lie du Roi , sur une Letrre que
1l . Meynier, Ingénieur alu Roipour la
F filarine , a fait ini'e'rer dans le Mercure
olefuin dernier , p. m5}. et suiv.
Uoique lcs Remarques que je donne
_ ici ne soient pas précisément pour
M. Meynier , j’ai crû que je devois at.
tendre qu’il fut de retour , avant que de
les publier, On voit assez par la Lettre
qu’il a fait insérer dans le Mercure de
Juin dernier , qu’il est extrêmement;
A I - - - ' - r
fache : il devolt cependant faire attention
qubn ne réussit jamais à montrer la bonté
de
n. MERCURE DE FRANCE
de sa cause , en aflîrmant simplement que
ceux qu'on regarde comme ses adversai
res sont dans Pimpossibilité de rien ro
duire d’utile. Le Public incapable clîen
trcr dans lcs passions des particuliers ,'
mettra toujours une difference infinie en
tre de semblables reproches , et -des Ob
servations modetêes qu’il est toujours per
mis, de faire sur les Ouvrages mêmes , et
ui n’ont pour objet que la seule utilité
de la chose. i
Je pourrois donc me dispenser de réa;
pondreàla grande objection que M. Mey
nier répète si volontiers. Rien ne prouve
mieux son embarras , que de voir qu’il
se répand sans cesse dans des discours qui
n’ont aucun rapport au sujet, dans le
tems même qu’il reconnoît que le Public
n'aime point à être fatigué par ces sortes
de discours. Il est’ vrai qu’il ne se trompe
as beaucoup _, lorsqu’il llumieres dans les matieresidnesiMnaurëinqeue, smoenst
extrêmement bornées; mais il ne devoir
pas assûrer la même chose de tous ceux
ui n’ont point été en mer. C’est préci
sement cette mauvaise raison alleguêgou
lutôt hazardée, un si grand nombre de
Ëois , qui me met dans la necessitê de ré.’
pondre. Ce n’est pas ma cause qu’il s’agit
de dtffendre , c'est celle de plusieurs hgqîis
a i
_ ‘JANVIER. 17332 '5';
habiles qui peuvent par leur application
rendre des services trèsconsidérables à la
Marine. Il n’est pas juste que je garde le
silence , lorsque fai eu le malheur deleux
attirer un reproche dut et désobligeant ,
qui s’il étoit applicable, ne le seroit qu’à
moi seul. 1l ne faut pas qu'à mon occa.
sion , le Public diminue‘ rien de sa con-A
fiance ni de Pattente où il est , qu’ils lui
donneront des Ouvrages excellens. Plus ».
on rend justice à M.Mleynier , parce que,
comme il nous en assûre , il a atteint son
but dans plusieurs rencontres , plus , il
est nécessaire de détruire ses prétentions
injustes , et de dissiper jusquhux moin
dres nuages dont il a tâché ‘obscurcit la
vetité. 1 .
Cet Auteur qui s’applaudit si fort d’a-'
Voir fait un grand voyage sur le grand
Banc , pour se former dans la Pratique ,'
ne nous ditvpoint en quoi il la fait con
Liister; qquoiquïl y en ait de deux sortes;
Ifune qui_ tient beaucoup à la Théorie ,r
n’est autre chose que la science des faits z
et il est certain que si l’on peut s’y for.
mer en navigeant, on peut aussi s’y for.
mer à terre , en fréquentant les Ports de ‘
mer , en examinant soigneusement les
vaisseaux , en ÿentretenanr avec lcs Ma.
rins, et techerqhant toutes les occasionsda
' s’in-_
( 1
a
4,5l MERCURE DE FIÏANCE
u
finsrruire. Il n’est pas question de décider
ici laquelle des deux voyes est la plus
courte. Mais puisqu’i‘l n’artive rien en met
dont nous ne puissions être informés très
êxactement à terre , il est constant
qu’en peut ‘sans naviguer , se rendre ha
bile dans le genre de Science dont nous
arlons. Les Marins llemieux leur métier n’moênmtea,cquqiusi usnçeavpeanrt
tie de leursconnoissances-pratiques que de
la même maniere: car quoiquïls ayent
traversé l’Ocean un très-grand nombre
de fois , ils n’ont pas pû se trouver dans
toutes les rencontres possibles, ni s’ins—
truite par eux-mêmes de toutes les diver
ses particularirez. Il Faut remarquer ou-'
'tre_cela qu’ils”son_t obligez de faire ordi?
nairement un très-grand nombre de Cam
pagnes , pour prendre seulement quelque
teinture des premiers principes de laMé.
chanique. Ils éprouvent , par exemple ,V
les principales proprietez du levier ; ils
yoyent dans leurs caliornes l'usage des
poulies pour augmenter la force; ils ap
prennent dans la disposition des voiles
quelques-unes des loix que les fluides ob
servent dans leurs chocs. Mais il ne faut
pas sîmaginer avec M. Meynier que toug
tes ces choses ne sapprennent jamais qu’à
la mergelles shprennent au contraire ‘beau.’
- ' coup
ÂÏA N V I ER.’ 173;‘ ‘g
. ,
.
i212; älälsjalscrxlcntà Itîelrrc; aussi-tôt club;
usqu aux crncns . a
commence par une étude réglé; dccetlæll
njetrxe. Alnsl la Théorie d’un Mathéma
txelen ‘qul yaPPlique àla Marine doit
lut Ëemr heu d’un grand nombre deæoya.
(Saes e adnts enmer’: c} 1' l a d?al' lleurs cet avan'
g e 593V01r d une maniere précise cc
Îäîäâät“ “l” 3a Plûvarr des Marins ne
éçat d que ttes-confusement. Il est en\
ériene comlâarer entr elles difïercntesex
âen dcîretîêl’ e Passer d? “me à l'autre a
Ëïévoir ce“ t-oätçs les smgulantel a Ct (le
circon qun oleamv' er dans d ,autre,
stances : au heu que le Marin ’ 1
nsvîestceæpnonionxtssGanécoemsetdreeSt, aet:iqquuei ent’adeac{aléa
‘qu_i>_ a experimentaéls Precisemcnt que' ce
. Mais s1 l’on acquert aussi-bien à rem-è
que sur les vaisseaux cette espece de ‘ma’;
fllqfge qun a tant de rapport à la Théorie
P3ratàiütuavoüer q“’on ne Peut acquçï.l;ï la’
7 ‘l eïproprement dlte, quæn {ré
quentant aMer et ulil fa A ‘ -
réu..ssx_r fa‘ ’ q, . u:. mem‘ P0"
C e 1re pour lor_din31“? plus l' eurs
àuatmpaghnes. Cette derm..ere Pra“'PC113.5!
recose uel f r ,,
Précision q a aCILoe d oPeïeï 3V€c
P ï Ctb avec prompnt' ude , malgré
tous
'58 ME RCURE DE FRANCE
tous les mouvemens du Vaisseau. Il faut
dans le Pilote que presque toutes les par
ties de son corps contribuent à former
cette habitude; et il faut qu’il pousse Fé
xetcice assez loin pour pouvoir agit en;
suite comme sans y penser ou comme
machinalement , afin de n'être jamais ex
poséà perdre par des refléxions un tems
dont il est souvent necessaire de se hâter
de faire usage. C’est cette facilité d’éxe
cution qu’en ne peut contracter qu’â la
Mer , qui constitue’ la Pratique dont
M. Meyniet a sans doute voulu arler
et qu’il vante si fort. Mais qwéxecutc
t’on , si ce n’est xiit la Théorie , prélecsepptreéscetijtoenst uacrfaoiusron
est souvent fort ignorée ë Ainsi si la Pra
tique dont il säigit est estimable, si elle
est utile ,si elle est même nécessaire , paru
ce qu’il faut que quelqu'un conduise les
vVaisseaux elle est néanmoins autant au.
3
dessous de la spéculation qui régie ses dé.
marches , que les opérations du corps sont
au dessous de celles de l’esprit : ellc n'est,
si on peut parler de la sorte , quela set
vante de la Théorie. Il est clair encore
qu’il ne faut pas se reposer sur elle glu
soin de perfectionner la Navigation; puisg
qu’elle n'est qu’une qualité purement cor-i
orelle ac uise ar une on ue ré éti
a - tion
p‘ JÀA N V’I E_R. ‘I733; ‘s;
non des memes operations , et qu’elle ne
peut téüssir tout au plus qu’à faire exé
cuter les mêmes choses avec plus (Padresse;
Aussi sçavons-nous que presque tous nos
instrumens , toutes nos tables , toutes nos
diflerentes espèces de Cartes; toutes leq
connoissances enfin qui servent à la Na»
vigation et aux Pilotes, sans même que
la plûpart des Pilotes le sçachent , ont eu
pour inventeurs des personnes qui fa.‘
voient point été en mer , mais qui '
étoient habiles dans les Mathémati
9“°’: g . .
Ainsi on voit combien ll y a de diffég
tence entre les deux diverses espéces de
Pratiques que nous venons de considérer.
L'une est du genre de nos autres connais,
sances : elle réside dans l'esprit , et nous
ne la nommons Pratique que parce que
_ les choses quïelle a pour objet attendent;
de Péxecution leur dernier accomplisse
ment. Cette pratique se trouve portée
’ lus ou moins loin , selon qu’on_ réüssic
‘a faire des a plications plus ou moins
heureuses de la Géometrie et de la Mé
chanique aux Ptoblêtnes de Navigation ;
et elle peut säcqnerit à terre, comme
fnous l’avons montré. A Pégard de l’autre_
espèce de Pratique , de cette habitude du.
corps qui met en état dbpércr avec plus
' . D ij d’:
æ MERCURE DE“ FRANCE
d'adresse , elle ne peut,sans douteuse conà‘ —p
tracter qu’à la mer : mais aussi elle ne sert
‘quäux Pilotes , et elle n’augmente en au
cune Eaçonvleurs lumieres. Le Marin con
sommé dans cette Pratique , employe
avec facilité les instrumens ordinaires qui
servent , par exemple , à observer la hau.
(eut des Astres : mais éxercé dans cet
usage , il n’cn sçait pas mieux les demie.
tes raisons de son» opération , ni la cons
traction de Pinstrument qu’il a entre les
mains.
C’est à peu près la même chose de tous
les autres points de Marine. Ce n’est cer
tainement pas aux Matelots qui ont le
plus fréquenté la Mer , qu’il faut deman
der la cause de toutes les singularitez
qu’on remarque dans le mouvement des
Naisseaux 5 pourquoi, par exemple, les
' uns sont Iegm à la rame pendant que les
autres sont lourd: ; pourquoi quelques
Navires vont moins vire , lorsqubn aug
mente leur voilure. Toutes ces choses ont
été senties une infinité de fois ar les
Marins; mais il n’est réservé qu’â des Ma.
thématicîens d’en pénétrer la cause : car
on ne peut y réüssir que par une grande
connoissance des Méchaniques , non pas
de celles qui ne consistent qu‘à sçavoii:
manier une lime ou un cordage; mais de
- . i ‘ celle;
J A N V I E R: 173;; (‘f/i
ceiies qui nous instruisent des loix que
la Nature observe dans la composition
et dans la communication des mouve
mens, et qui nous mettent en état de
zprévoir ce qui doit résulter de la com
pllation de plusieurs Puissances qui agis
sent ensemble. Or la recherche dont il
s’agit peut se-faire aussi-bien en Terre
que par tout ailleurs , puisque les choses
qu’on veut découvrir , ne dépendent que
de la figure du Vaisseau et de la disposig‘
tion de sa mâture.
. On voit donc qu’il ne faut pas con:
fondre, comme le fait M. Meynier et les
' jeunes Praticiens qu’il nous cite , les par
ties qui forment le Géométre qui s’ap-i
plique à la Navigation", avec celles qui
orment le Pilote. Ce sont en genetal des
Professions fort détachées. Le Pilote, nous
le repetons; doit aller en Mer aussi-tôt
qu’il sçait la petite portion de Théorie
qu’il doit mettre tous les jours en execu
Iion. Il doit aller en Mer , puisquïl
ne {agit plus pour lui que dbperçr , et
puïl ne‘ peut acquérir la facilité de le
aire avec promptitude, que par un long
exercice. Mais le Géomètre qui cultive
la Marine sans avoir la moindre envie
de conduire les Navires, et qui n’a par
consequcnr que faire debcety habitude du
‘D iij corps
L—j
la MERCURE DE FRANCE
corps qui ne sert que lorsqu'on est char:
gé d’executer , doit se tourner d'un côté
tout different; il n’a pour travailler à la
‘seureté de tous les Vaisseaux , qu’à con
server et n’a tâcher de perfectionner le
précieux ciepôt de toutes les connoissates
qui servent à 1’Art de naviger , et il n'a
pour cela qu'à cultiver avec autant de
soin la premiere espece de Pratique dont
nous avons parlé, que les Pilotes sont
obligez de cultiver la seconde.
Ce que je viens de dire suflît, ce me
semble , si—non pour me disculper-du.
reproche de n’avoir point été en Mer,
au moins pour en disculper les personn
nes sçavantcs , qui sans avoir navigé, peu
vent ÿappliquer avec succès â PI-Iydron‘
graphie. C'est-là aussi tout ce que je me
suis proposé , et n’ai eu nulle envie
d’entrer en dispute sur ce qui me regarde
en particulier. on n’a qu'à faire attention
à la" maniere dont M. Meynier soutient
sa cause,_et on verra qu’il faut avoir bien
du courage pour oser dire qu’on est d’un
autre sentiment que lui; il ne se con-a
tente pas d'avoir toujours ‘contre vous
Pexperience , Pusage , le consentement de
tous les Marins, dans le temps même
que vous tächez de justifier quelqu’une
. e leurs ptatjuess il a encore —des rai
- \ ' fion‘!
JANVIER. 173;. 6;‘
sons péremptoires qui montrent tout
Ëun coup que toutes les vôtres ne val
lent rien,er qui vous ferment absolument
la bouche. Vous croyez ne rien mettre
dans vos Ouvrages ue ce que vous con
cevez clairement et istinctement, et que
ce qui peut être ‘entendu de tous les Lec:
teuts ‘qui sçavent médiocrement la. Géoä
metrie et l’Algebl'e',m_aîs vous vous ttom- a
pez, M. Meynier trouve que vous n'a
vancez que des Enzgme: qui m: peuvent
pas avoir pour sen: naturel , le sens que
vous leur donnez; et il vous assure ou.
trc cela que vous n’avez aucune idée ni
la moindre connaissance des choses sur les
quelles vous écrivez. Je laisse à penser
s’il y a du plaisir à disputer contre un
‘aclversaire habile d’ailleurs , mais qui n’ad
met précisément pour preuve deson
’ droit , que de pareilles choses ou des pro
positions de gageures, et qui veut en-‘
cote que vous vous embarquiez avec lui_
sur le même Vaisseau. Il n’y autoit que
Pimportance des matiercs contestées qui
‘pourrait inviter àpousser ‘la discussion
]usqu’à la fin; mais ayant fait quelques
Remarques sur le Livre qui fait mainte
nant le principal sujet de la dispute, ÿai
appris qu’on en a‘ fait de semblables dans
presque tous nos ‘Ports-de Mer. Ainsiïl
D iiij seroit
Z4. MERCURE DE FRANCE
seroit assez inutile que je multipliasse
mes réponses; je puis maintenant gar
der un profond silence, et je présume
même qu’il ne sera pas nécessaire que je
le rompe dans la suite. Au surplus, je
suis persuadé que le R. P. le Brun et
M. Deslandes ne sont nullement offensez,
comme le prétend M. Meyniet , du ju
gement que j’ai porté de son Demi-Cer
cle. Le Certificat que ces deux illustres
Mathématiciens ont donné, contient peut
être quelques modifications dont on a la
‘précaution de ne nous point parler, et
dïæilleurs il n’y a personne qui ne sçache
u’on approuve tous les jours à certains
egnrds , des choses qu’on setoit ‘bien ÊIOΑ,
gné de vouloir adopter.
Au Havre, ce 2.7. Dioembrr 173;.‘
cadimie Royale des Sciences , et Hyslro
gra lie du Roi , sur une Letrre que
1l . Meynier, Ingénieur alu Roipour la
F filarine , a fait ini'e'rer dans le Mercure
olefuin dernier , p. m5}. et suiv.
Uoique lcs Remarques que je donne
_ ici ne soient pas précisément pour
M. Meynier , j’ai crû que je devois at.
tendre qu’il fut de retour , avant que de
les publier, On voit assez par la Lettre
qu’il a fait insérer dans le Mercure de
Juin dernier , qu’il est extrêmement;
A I - - - ' - r
fache : il devolt cependant faire attention
qubn ne réussit jamais à montrer la bonté
de
n. MERCURE DE FRANCE
de sa cause , en aflîrmant simplement que
ceux qu'on regarde comme ses adversai
res sont dans Pimpossibilité de rien ro
duire d’utile. Le Public incapable clîen
trcr dans lcs passions des particuliers ,'
mettra toujours une difference infinie en
tre de semblables reproches , et -des Ob
servations modetêes qu’il est toujours per
mis, de faire sur les Ouvrages mêmes , et
ui n’ont pour objet que la seule utilité
de la chose. i
Je pourrois donc me dispenser de réa;
pondreàla grande objection que M. Mey
nier répète si volontiers. Rien ne prouve
mieux son embarras , que de voir qu’il
se répand sans cesse dans des discours qui
n’ont aucun rapport au sujet, dans le
tems même qu’il reconnoît que le Public
n'aime point à être fatigué par ces sortes
de discours. Il est’ vrai qu’il ne se trompe
as beaucoup _, lorsqu’il llumieres dans les matieresidnesiMnaurëinqeue, smoenst
extrêmement bornées; mais il ne devoir
pas assûrer la même chose de tous ceux
ui n’ont point été en mer. C’est préci
sement cette mauvaise raison alleguêgou
lutôt hazardée, un si grand nombre de
Ëois , qui me met dans la necessitê de ré.’
pondre. Ce n’est pas ma cause qu’il s’agit
de dtffendre , c'est celle de plusieurs hgqîis
a i
_ ‘JANVIER. 17332 '5';
habiles qui peuvent par leur application
rendre des services trèsconsidérables à la
Marine. Il n’est pas juste que je garde le
silence , lorsque fai eu le malheur deleux
attirer un reproche dut et désobligeant ,
qui s’il étoit applicable, ne le seroit qu’à
moi seul. 1l ne faut pas qu'à mon occa.
sion , le Public diminue‘ rien de sa con-A
fiance ni de Pattente où il est , qu’ils lui
donneront des Ouvrages excellens. Plus ».
on rend justice à M.Mleynier , parce que,
comme il nous en assûre , il a atteint son
but dans plusieurs rencontres , plus , il
est nécessaire de détruire ses prétentions
injustes , et de dissiper jusquhux moin
dres nuages dont il a tâché ‘obscurcit la
vetité. 1 .
Cet Auteur qui s’applaudit si fort d’a-'
Voir fait un grand voyage sur le grand
Banc , pour se former dans la Pratique ,'
ne nous ditvpoint en quoi il la fait con
Liister; qquoiquïl y en ait de deux sortes;
Ifune qui_ tient beaucoup à la Théorie ,r
n’est autre chose que la science des faits z
et il est certain que si l’on peut s’y for.
mer en navigeant, on peut aussi s’y for.
mer à terre , en fréquentant les Ports de ‘
mer , en examinant soigneusement les
vaisseaux , en ÿentretenanr avec lcs Ma.
rins, et techerqhant toutes les occasionsda
' s’in-_
( 1
a
4,5l MERCURE DE FIÏANCE
u
finsrruire. Il n’est pas question de décider
ici laquelle des deux voyes est la plus
courte. Mais puisqu’i‘l n’artive rien en met
dont nous ne puissions être informés très
êxactement à terre , il est constant
qu’en peut ‘sans naviguer , se rendre ha
bile dans le genre de Science dont nous
arlons. Les Marins llemieux leur métier n’moênmtea,cquqiusi usnçeavpeanrt
tie de leursconnoissances-pratiques que de
la même maniere: car quoiquïls ayent
traversé l’Ocean un très-grand nombre
de fois , ils n’ont pas pû se trouver dans
toutes les rencontres possibles, ni s’ins—
truite par eux-mêmes de toutes les diver
ses particularirez. Il Faut remarquer ou-'
'tre_cela qu’ils”son_t obligez de faire ordi?
nairement un très-grand nombre de Cam
pagnes , pour prendre seulement quelque
teinture des premiers principes de laMé.
chanique. Ils éprouvent , par exemple ,V
les principales proprietez du levier ; ils
yoyent dans leurs caliornes l'usage des
poulies pour augmenter la force; ils ap
prennent dans la disposition des voiles
quelques-unes des loix que les fluides ob
servent dans leurs chocs. Mais il ne faut
pas sîmaginer avec M. Meynier que toug
tes ces choses ne sapprennent jamais qu’à
la mergelles shprennent au contraire ‘beau.’
- ' coup
ÂÏA N V I ER.’ 173;‘ ‘g
. ,
.
i212; älälsjalscrxlcntà Itîelrrc; aussi-tôt club;
usqu aux crncns . a
commence par une étude réglé; dccetlæll
njetrxe. Alnsl la Théorie d’un Mathéma
txelen ‘qul yaPPlique àla Marine doit
lut Ëemr heu d’un grand nombre deæoya.
(Saes e adnts enmer’: c} 1' l a d?al' lleurs cet avan'
g e 593V01r d une maniere précise cc
Îäîäâät“ “l” 3a Plûvarr des Marins ne
éçat d que ttes-confusement. Il est en\
ériene comlâarer entr elles difïercntesex
âen dcîretîêl’ e Passer d? “me à l'autre a
Ëïévoir ce“ t-oätçs les smgulantel a Ct (le
circon qun oleamv' er dans d ,autre,
stances : au heu que le Marin ’ 1
nsvîestceæpnonionxtssGanécoemsetdreeSt, aet:iqquuei ent’adeac{aléa
‘qu_i>_ a experimentaéls Precisemcnt que' ce
. Mais s1 l’on acquert aussi-bien à rem-è
que sur les vaisseaux cette espece de ‘ma’;
fllqfge qun a tant de rapport à la Théorie
P3ratàiütuavoüer q“’on ne Peut acquçï.l;ï la’
7 ‘l eïproprement dlte, quæn {ré
quentant aMer et ulil fa A ‘ -
réu..ssx_r fa‘ ’ q, . u:. mem‘ P0"
C e 1re pour lor_din31“? plus l' eurs
àuatmpaghnes. Cette derm..ere Pra“'PC113.5!
recose uel f r ,,
Précision q a aCILoe d oPeïeï 3V€c
P ï Ctb avec prompnt' ude , malgré
tous
'58 ME RCURE DE FRANCE
tous les mouvemens du Vaisseau. Il faut
dans le Pilote que presque toutes les par
ties de son corps contribuent à former
cette habitude; et il faut qu’il pousse Fé
xetcice assez loin pour pouvoir agit en;
suite comme sans y penser ou comme
machinalement , afin de n'être jamais ex
poséà perdre par des refléxions un tems
dont il est souvent necessaire de se hâter
de faire usage. C’est cette facilité d’éxe
cution qu’en ne peut contracter qu’â la
Mer , qui constitue’ la Pratique dont
M. Meyniet a sans doute voulu arler
et qu’il vante si fort. Mais qwéxecutc
t’on , si ce n’est xiit la Théorie , prélecsepptreéscetijtoenst uacrfaoiusron
est souvent fort ignorée ë Ainsi si la Pra
tique dont il säigit est estimable, si elle
est utile ,si elle est même nécessaire , paru
ce qu’il faut que quelqu'un conduise les
vVaisseaux elle est néanmoins autant au.
3
dessous de la spéculation qui régie ses dé.
marches , que les opérations du corps sont
au dessous de celles de l’esprit : ellc n'est,
si on peut parler de la sorte , quela set
vante de la Théorie. Il est clair encore
qu’il ne faut pas se reposer sur elle glu
soin de perfectionner la Navigation; puisg
qu’elle n'est qu’une qualité purement cor-i
orelle ac uise ar une on ue ré éti
a - tion
p‘ JÀA N V’I E_R. ‘I733; ‘s;
non des memes operations , et qu’elle ne
peut téüssir tout au plus qu’à faire exé
cuter les mêmes choses avec plus (Padresse;
Aussi sçavons-nous que presque tous nos
instrumens , toutes nos tables , toutes nos
diflerentes espèces de Cartes; toutes leq
connoissances enfin qui servent à la Na»
vigation et aux Pilotes, sans même que
la plûpart des Pilotes le sçachent , ont eu
pour inventeurs des personnes qui fa.‘
voient point été en mer , mais qui '
étoient habiles dans les Mathémati
9“°’: g . .
Ainsi on voit combien ll y a de diffég
tence entre les deux diverses espéces de
Pratiques que nous venons de considérer.
L'une est du genre de nos autres connais,
sances : elle réside dans l'esprit , et nous
ne la nommons Pratique que parce que
_ les choses quïelle a pour objet attendent;
de Péxecution leur dernier accomplisse
ment. Cette pratique se trouve portée
’ lus ou moins loin , selon qu’on_ réüssic
‘a faire des a plications plus ou moins
heureuses de la Géometrie et de la Mé
chanique aux Ptoblêtnes de Navigation ;
et elle peut säcqnerit à terre, comme
fnous l’avons montré. A Pégard de l’autre_
espèce de Pratique , de cette habitude du.
corps qui met en état dbpércr avec plus
' . D ij d’:
æ MERCURE DE“ FRANCE
d'adresse , elle ne peut,sans douteuse conà‘ —p
tracter qu’à la mer : mais aussi elle ne sert
‘quäux Pilotes , et elle n’augmente en au
cune Eaçonvleurs lumieres. Le Marin con
sommé dans cette Pratique , employe
avec facilité les instrumens ordinaires qui
servent , par exemple , à observer la hau.
(eut des Astres : mais éxercé dans cet
usage , il n’cn sçait pas mieux les demie.
tes raisons de son» opération , ni la cons
traction de Pinstrument qu’il a entre les
mains.
C’est à peu près la même chose de tous
les autres points de Marine. Ce n’est cer
tainement pas aux Matelots qui ont le
plus fréquenté la Mer , qu’il faut deman
der la cause de toutes les singularitez
qu’on remarque dans le mouvement des
Naisseaux 5 pourquoi, par exemple, les
' uns sont Iegm à la rame pendant que les
autres sont lourd: ; pourquoi quelques
Navires vont moins vire , lorsqubn aug
mente leur voilure. Toutes ces choses ont
été senties une infinité de fois ar les
Marins; mais il n’est réservé qu’â des Ma.
thématicîens d’en pénétrer la cause : car
on ne peut y réüssir que par une grande
connoissance des Méchaniques , non pas
de celles qui ne consistent qu‘à sçavoii:
manier une lime ou un cordage; mais de
- . i ‘ celle;
J A N V I E R: 173;; (‘f/i
ceiies qui nous instruisent des loix que
la Nature observe dans la composition
et dans la communication des mouve
mens, et qui nous mettent en état de
zprévoir ce qui doit résulter de la com
pllation de plusieurs Puissances qui agis
sent ensemble. Or la recherche dont il
s’agit peut se-faire aussi-bien en Terre
que par tout ailleurs , puisque les choses
qu’on veut découvrir , ne dépendent que
de la figure du Vaisseau et de la disposig‘
tion de sa mâture.
. On voit donc qu’il ne faut pas con:
fondre, comme le fait M. Meynier et les
' jeunes Praticiens qu’il nous cite , les par
ties qui forment le Géométre qui s’ap-i
plique à la Navigation", avec celles qui
orment le Pilote. Ce sont en genetal des
Professions fort détachées. Le Pilote, nous
le repetons; doit aller en Mer aussi-tôt
qu’il sçait la petite portion de Théorie
qu’il doit mettre tous les jours en execu
Iion. Il doit aller en Mer , puisquïl
ne {agit plus pour lui que dbperçr , et
puïl ne‘ peut acquérir la facilité de le
aire avec promptitude, que par un long
exercice. Mais le Géomètre qui cultive
la Marine sans avoir la moindre envie
de conduire les Navires, et qui n’a par
consequcnr que faire debcety habitude du
‘D iij corps
L—j
la MERCURE DE FRANCE
corps qui ne sert que lorsqu'on est char:
gé d’executer , doit se tourner d'un côté
tout different; il n’a pour travailler à la
‘seureté de tous les Vaisseaux , qu’à con
server et n’a tâcher de perfectionner le
précieux ciepôt de toutes les connoissates
qui servent à 1’Art de naviger , et il n'a
pour cela qu'à cultiver avec autant de
soin la premiere espece de Pratique dont
nous avons parlé, que les Pilotes sont
obligez de cultiver la seconde.
Ce que je viens de dire suflît, ce me
semble , si—non pour me disculper-du.
reproche de n’avoir point été en Mer,
au moins pour en disculper les personn
nes sçavantcs , qui sans avoir navigé, peu
vent ÿappliquer avec succès â PI-Iydron‘
graphie. C'est-là aussi tout ce que je me
suis proposé , et n’ai eu nulle envie
d’entrer en dispute sur ce qui me regarde
en particulier. on n’a qu'à faire attention
à la" maniere dont M. Meynier soutient
sa cause,_et on verra qu’il faut avoir bien
du courage pour oser dire qu’on est d’un
autre sentiment que lui; il ne se con-a
tente pas d'avoir toujours ‘contre vous
Pexperience , Pusage , le consentement de
tous les Marins, dans le temps même
que vous tächez de justifier quelqu’une
. e leurs ptatjuess il a encore —des rai
- \ ' fion‘!
JANVIER. 173;. 6;‘
sons péremptoires qui montrent tout
Ëun coup que toutes les vôtres ne val
lent rien,er qui vous ferment absolument
la bouche. Vous croyez ne rien mettre
dans vos Ouvrages ue ce que vous con
cevez clairement et istinctement, et que
ce qui peut être ‘entendu de tous les Lec:
teuts ‘qui sçavent médiocrement la. Géoä
metrie et l’Algebl'e',m_aîs vous vous ttom- a
pez, M. Meynier trouve que vous n'a
vancez que des Enzgme: qui m: peuvent
pas avoir pour sen: naturel , le sens que
vous leur donnez; et il vous assure ou.
trc cela que vous n’avez aucune idée ni
la moindre connaissance des choses sur les
quelles vous écrivez. Je laisse à penser
s’il y a du plaisir à disputer contre un
‘aclversaire habile d’ailleurs , mais qui n’ad
met précisément pour preuve deson
’ droit , que de pareilles choses ou des pro
positions de gageures, et qui veut en-‘
cote que vous vous embarquiez avec lui_
sur le même Vaisseau. Il n’y autoit que
Pimportance des matiercs contestées qui
‘pourrait inviter àpousser ‘la discussion
]usqu’à la fin; mais ayant fait quelques
Remarques sur le Livre qui fait mainte
nant le principal sujet de la dispute, ÿai
appris qu’on en a‘ fait de semblables dans
presque tous nos ‘Ports-de Mer. Ainsiïl
D iiij seroit
Z4. MERCURE DE FRANCE
seroit assez inutile que je multipliasse
mes réponses; je puis maintenant gar
der un profond silence, et je présume
même qu’il ne sera pas nécessaire que je
le rompe dans la suite. Au surplus, je
suis persuadé que le R. P. le Brun et
M. Deslandes ne sont nullement offensez,
comme le prétend M. Meyniet , du ju
gement que j’ai porté de son Demi-Cer
cle. Le Certificat que ces deux illustres
Mathématiciens ont donné, contient peut
être quelques modifications dont on a la
‘précaution de ne nous point parler, et
dïæilleurs il n’y a personne qui ne sçache
u’on approuve tous les jours à certains
egnrds , des choses qu’on setoit ‘bien ÊIOΑ,
gné de vouloir adopter.
Au Havre, ce 2.7. Dioembrr 173;.‘
Fermer
Résumé : REMARQUES de M. Bouguer, de l'Académie Royale des Sciences, et Hydrographe du Roi, sur une Lettre que M. Meynier, Ingénieur du Roi pour la Marine, a fait insérer dans le Mercure de Juin dernier, p. 1053 et suiv.
M. Bouguegde, membre de la Cadimie Royale des Sciences et Hydrographie du Roi, répond à une lettre de M. Meynier, ingénieur au Roi pour la filarine, publiée dans le Mercure de Juin précédent. Bouguegde précise que ses remarques ne visent pas personnellement Meynier et qu'il a attendu son retour pour les publier. Il critique Meynier pour avoir affirmé que ses adversaires ne peuvent rien produire d'utile, soulignant que le public préfère des observations modérées aux reproches passionnés. Bouguegde refuse de répondre à une objection répétée de Meynier, notant que ce dernier se disperse dans des discours sans rapport avec le sujet. Il défend la cause de plusieurs ingénieurs habiles qui peuvent contribuer à la marine, rejetant les reproches désobligeants de Meynier. Bouguegde argue que la pratique en mer n'est pas la seule voie pour acquérir des connaissances en navigation. En effet, beaucoup de connaissances peuvent être apprises à terre en étudiant les vaisseaux, en discutant avec les marins et en examinant les instruments. Il distingue deux types de pratique : celle qui réside dans l'esprit et peut être acquise à terre par l'étude des mathématiques et de la mécanique, et celle qui est corporelle et acquise en mer par l'exercice. Bouguegde affirme que les instruments et les connaissances utilisés en navigation ont souvent été inventés par des personnes n'ayant jamais navigué, mais habiles en mathématiques. Il conclut en soulignant la différence entre le rôle du géomètre, qui travaille à perfectionner les connaissances théoriques, et celui du pilote, qui acquiert des compétences pratiques en mer. Bouguegde vise à disculper les personnes savantes qui, sans avoir navigué, peuvent contribuer à l'hydrographie, et refuse d'entrer en dispute personnelle avec Meynier. Par ailleurs, un autre texte traite d'une dispute concernant un sujet non spécifié, probablement lié à une invention ou une découverte, réalisée dans plusieurs ports de mer. L'auteur mentionne qu'il est inutile de multiplier ses réponses et qu'il préfère garder le silence. Il exprime également sa conviction que les Pères le Brun et Deslandes ne sont pas offensés par son jugement sur le 'Demi-Cercle'. L'auteur souligne que le certificat donné par ces deux mathématiciens pourrait contenir des modifications non mentionnées et que des approbations sont souvent accordées à des choses dont on sait qu'elles ne devraient pas l'être. Le texte est daté du 27 décembre 1737 au Havre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
440
p. 75-78
NOELS, Sur l'air : Laissez paître vos Bêtes.
Début :
Abandonnez les Astres, [...]
Mots clefs :
Nature, Fruit, Yeux, Noël
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOELS, Sur l'air : Laissez paître vos Bêtes.
N o. E L s,
Sur l'air : Laissez. paître vos Bêtes.‘
ABandonnczäcs Astres , V
' Pour contcmplyér leur Souverain;
Modernes Zoroasærcs ,
De la Seine et du Rhin.
Seul il" connoît par quels ressorts ,'
Il a de ses immenses corps .
Réglé les mcrvcillcux accords ,
Vos yeux des meilleurs Verres ,
Ont beau ménager le secours ,
Mille secrets mystcrcs ,
Lcur échapcnr toujours.
‘Après Rohault et Gasscndi ,
Envain tout est apprnfoxrdi ‘
Par les illustres du Mardi;
Leur science profonde ,
Ne tourne pas à grand profit;
Nul ne connoît le monde ,
mu: celui qui 1c fit.
gland dans ‘le Grain et le Pcpin ,‘\
-’.‘
Nature
7a‘ MERCURE DE FRANCE;
Nature tire de son sein,
‘Ifiessence du fruit et du pain ,
Il faut pour ttconnoître ,
Si c’est attrait ou pulsion .
Avoir recours â l’Etre
D’où part toute action.
Qie Fontenelle ait mis au clair,‘
Tout ce qu'on ‘dit du poids de Pair,
De Saturne et de Jupiter; l
Qfî son Aréqpage ,
I-l fournisse ordre et néteté .
Toujours quelque nuage ,
Couvre la vérite’.
Que Bragelonne avec Moyrau ,
Supputent combien cl’eau par an ,
Le Soleil puise en l’Océan ;
La boteale Aurore ,
Les Courbes qu’ils sçavent tracer,‘
Ne leur laissent encore ,
»Q1e trop d’ombre à percer.
Envain le sçavoir ‘réiüni’, '
De Leuville et de Gasstndi ,
Parcourt un espace infini 3
Malgré la longueeétudc ,
De
ÏIANVIER} 1732‘: De iTournefort et de Geoffray .
11' n'est de certitude ,
‘Q1! celle de la Foy.
Qie dans un Ouvrage imparfait j
Nature prise sur 1c fait.
Laisse pénétrer son secret 5
Qÿon étale en spectacle,
Sou inépuisable trésor
La Creche est un miracle,‘
Plus étonnant encor.
ID: Réaumur , adroit Pinceau,
(liand tu nous traces le Tableau ,
De la Mouche et du Vermisseau‘.
Avec toute sa Secte ,
Epicure est anéanti ,
Et par lemoindre Insecte,
se trouve démenti.
Ayde nos yeux , docte Petit , g
‘A voir la structure d'un fruit ,
Tel qu’un Sçavant nous le décrit,
‘Au gré de notre envie ,
Qxe ne peut aussi du Hamel ,
Peindre le fruit de vie ,_
Qii nous vient a‘ Noël.
7sMERCURBDEFRANCE;
De son pouvoir , Péchautillon.
Paroi: mieux dans un Papillon ,
Q1: dans les feux d’un Tourbillon} .
Dans leur magnificence,
Les corps lumineux qu’il forma ,
Montrcntimoins sa Puissance ,
me ceux qu’il anima.
(grand la Citeé de ce Château;
Borgne du celeste flambeau
Les Satellites ou P/lnneau,
Les témoins de sesveilles ,
Peuvent observer dans ses yeux ,‘
Encor plus de merveilles,
Quelle n’cn voit aux Cieux.
Sur l'air : Laissez. paître vos Bêtes.‘
ABandonnczäcs Astres , V
' Pour contcmplyér leur Souverain;
Modernes Zoroasærcs ,
De la Seine et du Rhin.
Seul il" connoît par quels ressorts ,'
Il a de ses immenses corps .
Réglé les mcrvcillcux accords ,
Vos yeux des meilleurs Verres ,
Ont beau ménager le secours ,
Mille secrets mystcrcs ,
Lcur échapcnr toujours.
‘Après Rohault et Gasscndi ,
Envain tout est apprnfoxrdi ‘
Par les illustres du Mardi;
Leur science profonde ,
Ne tourne pas à grand profit;
Nul ne connoît le monde ,
mu: celui qui 1c fit.
gland dans ‘le Grain et le Pcpin ,‘\
-’.‘
Nature
7a‘ MERCURE DE FRANCE;
Nature tire de son sein,
‘Ifiessence du fruit et du pain ,
Il faut pour ttconnoître ,
Si c’est attrait ou pulsion .
Avoir recours â l’Etre
D’où part toute action.
Qie Fontenelle ait mis au clair,‘
Tout ce qu'on ‘dit du poids de Pair,
De Saturne et de Jupiter; l
Qfî son Aréqpage ,
I-l fournisse ordre et néteté .
Toujours quelque nuage ,
Couvre la vérite’.
Que Bragelonne avec Moyrau ,
Supputent combien cl’eau par an ,
Le Soleil puise en l’Océan ;
La boteale Aurore ,
Les Courbes qu’ils sçavent tracer,‘
Ne leur laissent encore ,
»Q1e trop d’ombre à percer.
Envain le sçavoir ‘réiüni’, '
De Leuville et de Gasstndi ,
Parcourt un espace infini 3
Malgré la longueeétudc ,
De
ÏIANVIER} 1732‘: De iTournefort et de Geoffray .
11' n'est de certitude ,
‘Q1! celle de la Foy.
Qie dans un Ouvrage imparfait j
Nature prise sur 1c fait.
Laisse pénétrer son secret 5
Qÿon étale en spectacle,
Sou inépuisable trésor
La Creche est un miracle,‘
Plus étonnant encor.
ID: Réaumur , adroit Pinceau,
(liand tu nous traces le Tableau ,
De la Mouche et du Vermisseau‘.
Avec toute sa Secte ,
Epicure est anéanti ,
Et par lemoindre Insecte,
se trouve démenti.
Ayde nos yeux , docte Petit , g
‘A voir la structure d'un fruit ,
Tel qu’un Sçavant nous le décrit,
‘Au gré de notre envie ,
Qxe ne peut aussi du Hamel ,
Peindre le fruit de vie ,_
Qii nous vient a‘ Noël.
7sMERCURBDEFRANCE;
De son pouvoir , Péchautillon.
Paroi: mieux dans un Papillon ,
Q1: dans les feux d’un Tourbillon} .
Dans leur magnificence,
Les corps lumineux qu’il forma ,
Montrcntimoins sa Puissance ,
me ceux qu’il anima.
(grand la Citeé de ce Château;
Borgne du celeste flambeau
Les Satellites ou P/lnneau,
Les témoins de sesveilles ,
Peuvent observer dans ses yeux ,‘
Encor plus de merveilles,
Quelle n’cn voit aux Cieux.
Fermer
Résumé : NOELS, Sur l'air : Laissez paître vos Bêtes.
Le texte explore les limites de la connaissance humaine face à la nature et à l'univers. Il commence par une invocation aux astres et aux modernes Zoroastres, soulignant que les mystères de l'univers échappent toujours à la compréhension humaine, même avec les meilleurs outils et les connaissances les plus profondes. Des figures scientifiques comme Rohault, Gassendi, Fontenelle, Bragelonne, Moyrau, Leuville, Tournefort, Geoffray et Réaumur sont mentionnées, mais leurs contributions ne suffisent pas à dévoiler entièrement la vérité. La nature est décrite comme un trésor inépuisable, dont les secrets sont difficilement pénétrables. Les observations précises, comme celles de Réaumur sur les insectes, ne suffisent pas à épuiser les merveilles de la création. Le texte conclut en affirmant que la seule certitude réside dans la foi, et que les œuvres humaines, bien que précieuses, restent imparfaites face à la grandeur de la nature.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
441
p. 82
AUTRE.
Début :
J'enseigne à l'indolent ce qu'il doit imiter, [...]
Mots clefs :
Fourmi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
’Â U T K E.
"Jäînseigne â Pindolcnt ce qu’il doit imiter;
Six membres font mon tout ; si vôus allés ôter,‘
Les trois dernier-s . Dieu ‘a quelle diflîrrencc 1
Sage Lecteur , n’allez pas mïêcoutçr ,
A mon Ecolc on ne [leur profiter.
ROQÙ ‘TIÜC
"Jäînseigne â Pindolcnt ce qu’il doit imiter;
Six membres font mon tout ; si vôus allés ôter,‘
Les trois dernier-s . Dieu ‘a quelle diflîrrencc 1
Sage Lecteur , n’allez pas mïêcoutçr ,
A mon Ecolc on ne [leur profiter.
ROQÙ ‘TIÜC
Fermer
442
p. 83
AUTRE LOGOGRYPHE.
Début :
Mon tout des plus petits, est pourtant une graine, [...]
Mots clefs :
Lin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE LOGOGRYPHE.
UFUTRE L0 G0 c; R rp H2:
Mon tout des plus petits, est pourtant un!
graine , v_
p OEi sert avec utilité. . a_
‘OEenversé , c’est par mOÎ qlfunc Terre lointaine;
‘Conserve sa fécondité.
Mon tout des plus petits, est pourtant un!
graine , v_
p OEi sert avec utilité. . a_
‘OEenversé , c’est par mOÎ qlfunc Terre lointaine;
‘Conserve sa fécondité.
Fermer
443
p. 121-122
Physique en Dialogue du P. Regnault [titre d'après la table]
Début :
On a fait une nouvelle Edition de la Physique en Dialogues, ou des Entretiens [...]
Mots clefs :
Entretiens physiques, Descartes, Gassendi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Physique en Dialogue du P. Regnault [titre d'après la table]
‘On a fait une nouvelle Edition de la‘
Physique en Dialogues , ou des Entretiens
Physiques de P. Regnault “les. C’cst la‘
\
quatrième , a com ter celle d’Amsterdam _
chez Pierre Hum err, ct la Traduction
Anglaise , imprimée à Loudres , chez W.
Innys et N.Prévôt.On écrit d’Allemagnc
Hue cet Ouvrage y paroîtra bien tôt tra
. uit en Allemand. La nouvelle Edition
Françoise de Paris est augmentée par
ÏAuteut, de la valeur d’un Volume, et
enrichie de Planches nouvelles. Ce sont
de nouveaux Entretiens , et les anciens
Perfectionnez. Les Additions sont faites
_ pour
O .
125. MERCURE DE FR ANCEq
pour les endroits où elles se trouvcnrs‘
et elles sont dans le goût des Entretiens
qu’o_n avoir déja vûs‘, même stile , même
netteté, même agrément. Si l'o_n n’y trou.
ve pas toûiours -le sérieux ordinaire de
la Phylqsophie , c’est que l’on y fait par
ler un jeune homme de beaucoup d’es
prit, d'un esprit cultivé _er dhnvcaractere
enjoüé, qui apprend agréablement la Phÿ
siqueet qui instruit de- même en s’ins—
ttuisant. Un Anonime a dit dans le Mer.‘
cure de Novembre, que les Entretiens
Physiques étoient un Ouvrage estime’,
utile, excellent; mais qu'au lieu d’Aristc_
' et d’Eudoxe , qui sont les Interlocurçurs,
il eût voulu des noms celebijs , comme
Descartes et Gissendi. Il falloir doncque
l’-Auteut parlât ou fit parler toujours ses
Interlocuteurs selon lcs principes de Des-’
cartes ou de Gassendi , souvent contre sa.
ensée , etaux dépens même de la veritél
Et avec quelle vraisemblance le P. Re
gnaulr eûæîl mis dans la bouche de Des
cartes et de Gisséndi __ les nouvelles Dê-æ
cnuvertes qui se sont Faites depuis la mort
de Descattes et de Gassendi jusqu’en 173 2..
Physique en Dialogues , ou des Entretiens
Physiques de P. Regnault “les. C’cst la‘
\
quatrième , a com ter celle d’Amsterdam _
chez Pierre Hum err, ct la Traduction
Anglaise , imprimée à Loudres , chez W.
Innys et N.Prévôt.On écrit d’Allemagnc
Hue cet Ouvrage y paroîtra bien tôt tra
. uit en Allemand. La nouvelle Edition
Françoise de Paris est augmentée par
ÏAuteut, de la valeur d’un Volume, et
enrichie de Planches nouvelles. Ce sont
de nouveaux Entretiens , et les anciens
Perfectionnez. Les Additions sont faites
_ pour
O .
125. MERCURE DE FR ANCEq
pour les endroits où elles se trouvcnrs‘
et elles sont dans le goût des Entretiens
qu’o_n avoir déja vûs‘, même stile , même
netteté, même agrément. Si l'o_n n’y trou.
ve pas toûiours -le sérieux ordinaire de
la Phylqsophie , c’est que l’on y fait par
ler un jeune homme de beaucoup d’es
prit, d'un esprit cultivé _er dhnvcaractere
enjoüé, qui apprend agréablement la Phÿ
siqueet qui instruit de- même en s’ins—
ttuisant. Un Anonime a dit dans le Mer.‘
cure de Novembre, que les Entretiens
Physiques étoient un Ouvrage estime’,
utile, excellent; mais qu'au lieu d’Aristc_
' et d’Eudoxe , qui sont les Interlocurçurs,
il eût voulu des noms celebijs , comme
Descartes et Gissendi. Il falloir doncque
l’-Auteut parlât ou fit parler toujours ses
Interlocuteurs selon lcs principes de Des-’
cartes ou de Gassendi , souvent contre sa.
ensée , etaux dépens même de la veritél
Et avec quelle vraisemblance le P. Re
gnaulr eûæîl mis dans la bouche de Des
cartes et de Gisséndi __ les nouvelles Dê-æ
cnuvertes qui se sont Faites depuis la mort
de Descattes et de Gassendi jusqu’en 173 2..
Fermer
Résumé : Physique en Dialogue du P. Regnault [titre d'après la table]
Le texte annonce la publication de la quatrième édition de l'ouvrage 'Physique en Dialogues, ou des Entretiens Physiques' du Père Regnault. Cette édition est disponible à Amsterdam chez Pierre Humerr, en traduction anglaise à Londres chez W. Innys et N. Prévôt, et une version allemande est attendue prochainement. L'édition française de Paris inclut un volume supplémentaire et de nouvelles planches, avec des entretiens nouveaux et des anciens perfectionnés. L'ouvrage présente des dialogues entre un jeune homme spirituel et cultivé, qui apprend et instruit la physique de manière agréable. Un critique anonyme dans le Mercure de Novembre a loué l'ouvrage comme estimable, utile et excellent, mais a suggéré de remplacer Aristote et Eudoxe par des noms célèbres comme Descartes et Gassendi. Cependant, cette modification obligerait l'auteur à faire adopter aux interlocuteurs les principes de Descartes ou de Gassendi, souvent au détriment de la vérité et de la vraisemblance, notamment concernant les découvertes scientifiques postérieures à la mort de ces philosophes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
444
p. 128
QUESTION.
Début :
Un Pilote étant en Mer par certaine Latitude Nord, et voulant trouver la [...]
Mots clefs :
Capella, Étoile, Latitude
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUESTION.
du ES TION.
Un Pilote étant en Mer par certaine
Latitude Nord, et voulant trouver laf
hauteur du Pole, pour _cet effet il a ob
servé l’Etoile nommée l’Epaale gauche du
Charrier Capella , trois fois plus haut
élevée que la hauteur du Soleilquïl avoir
observée, et il a observé PEtoile nom
mée le grand Chien Siriu: au Sud, être
i élevée surlihorison -, mais comme le So
leil difïeroit ladite Etoile Capella.
On demande par quelle Latitude étoit
ce Pilote lorsqu’il a faiteces Observaq
tions , avec la déclinaison du Soleil du
A ' «jour , le tout par démonstration essenæ
tielle et par regle.
Un Pilote étant en Mer par certaine
Latitude Nord, et voulant trouver laf
hauteur du Pole, pour _cet effet il a ob
servé l’Etoile nommée l’Epaale gauche du
Charrier Capella , trois fois plus haut
élevée que la hauteur du Soleilquïl avoir
observée, et il a observé PEtoile nom
mée le grand Chien Siriu: au Sud, être
i élevée surlihorison -, mais comme le So
leil difïeroit ladite Etoile Capella.
On demande par quelle Latitude étoit
ce Pilote lorsqu’il a faiteces Observaq
tions , avec la déclinaison du Soleil du
A ' «jour , le tout par démonstration essenæ
tielle et par regle.
Fermer
Résumé : QUESTION.
Un pilote en mer a observé Capella, dans le Cocher, trois fois plus élevée que le Soleil, et Sirius, dans le Grand Chien, au sud. La latitude du pilote et la déclinaison solaire doivent être déterminées via une démonstration et une règle précises.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
445
p. 285-291
LES COQUILLAGES, IDYLLE, A M. D. L. R. &c. par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, sur ce qu'elle lui a envoié une Boëte pleine de Coquillages, il y a plus de deux mois, qui ne lui a point encore été renduë.
Début :
Mes pauvres petits Coquillages, [...]
Mots clefs :
Coquillages, Onde, Flots, La Roque, Nature, Ciel, Rochers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES COQUILLAGES, IDYLLE, A M. D. L. R. &c. par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, sur ce qu'elle lui a envoié une Boëte pleine de Coquillages, il y a plus de deux mois, qui ne lui a point encore été renduë.
LES COQUILLAGES ,
IDYLLE ,
A M. D. L. R. &c. par M de Malcrais
de la Vigne , du Croisic en Bretagne,
sur ce qu'elle lui a envoie une Boëte
pleine de Coquillages , il y a plus de
deux mois , qui ne lui a point encore été
rendue.
M
•
Es pauvres petits Coquillages ,
Que , pour le cher la Roque , avec tant de plai
sir ,
Mes mains prirent peine à choisir ,
Sur les Sablons dorez qui bordent nos rivages à
Mes pauvres petits Coquillages ,
Vous voilà donc perdus ? Un perfide Courier ;
Un scélerat Aventurier ,
En allant à Paris , vous a vendus pour boire ,
Et pour deux coups de Vin clairet ,
*
Dont l'apas triomphant a séduit sa mémoire ,
Vous restez en ôtage au fond d'un Cabaret.
Cependant il me dit , vous mettant sous l'aisselle
.
286 MERCURE DE FRANCE
Qu'ainsi que sous son front il garde sa prunelle ,
Il vous conserveroit avec semblable soin.
ว
Oui , la Roque ; oui , mon cher, j'en ai plus d'un
témoin .
Me pourrois - tu juger capable d'imposture ?
Est-il de la raison que moi , que j'eusse exprès ,
Envoïé ce Jocrice à grotesque figure ,
De mon présent en l'air te porter les aprêts.
Pouvois- je ainsi payer tes égards , tes bienfaits
A moins que d'avoir l'ame ingrate ?
Moi , qui sans aucun coût , par la Poste reçois ,
Le don gracieux tous les mois ,
De l'excellent Journal que ta main délicate ,
Réduit , compose , arrange , et polit à la fois ,
Dont la Prose et les Vers mêlez avec grand
choix ,
Forment comme des Païsages ,
Où les Prez , les Troupeaux , les Montagnes ,les
Bois ,
Fleuves , Torrens , Hameaux , Villages ,
Villes qu'on n'apperçoit qu'à travers les nuages ,
Charment l'ame , et les yeux , en guérissant l'ennui.
Tel est l'agrément aujourd'hui
De ton Journal , qui brille encor par tes Oud
vrages ,
Beaucoup plus que par ceux d'autrui .
Mais revenons aux Coquillages
Dont
FEVRIER. 1733.
287
Dont la perte fatale enflamma mon couroux.
Quand Diane laissoit l'Amante de Pélée ,
Aller avec l'Onde écoulée ,
Languir entre les bras de son vaillant Epoux ,
Dans une Grotte reculée ,
Out de leurs doux momens les Tritons sont ja
loux ,
Alors par un Sentier , dont la route est sca
breuse ,
M'appuyant d'une main chancelante et peureuse
Marchant à pas serrez , je descendois au fond
D'une retraite sabloneuse ,
>
Et puis par un détour , j'entrois dans un Salon ;
Dont la naïve Architecture
›
Est uniquement due à la simple Nature.
Là , le Roc inégal fait naître des Portraits ,
D'une singuliere structure ,
Qui s'échapent à l'oeil , et perdent tous leurs
traits ,
Quand on les regarde de près,
L'Herbe d'autre côté , diversement fleurie
Avec le Capilaire , enlassée au hazard ,
Produit , sans le secours de l'Art ,
Une verte Tapisserie.
Séjour des Rois , ríches Palais ,
Atrayantes Prisons d'Esclaves magnifiques ,
Heureux qui fut admis sous vos brillans Por
tiques !
Plus
283 MERCURE DE FRANCE
Plus heureux mille fois qui n'y parut jamais !
Ce qu'on voit travaillé sur vos murs à grands
frais ¿
Se présente ici de soi - même ,
Et la Nature qui nous aime
Sçait , au gré de nos voeux , si bien se façonner
Que notre oeil d'abord trouve en elle ,
Ge qu'il nous plaît d'imaginer.
Dans ces lieux , cher la Roque , à moi- même
fidele ,
Je m'étois imposé la loi ,
De cueillir chaque jour pour toi ,
De Coquillage un certain nombre.
Je n'en sortois jamais que le Ciel ne fût sombre ,
Tant mon esprit rêveur m'emportoit loin de moi.
Quelquefois l'Onde revenue ,
Me surprenoit en ce travail ,
Amenant à mes pieds la richesse menuë ,
Dont nos bords fortunez composent leur émail.
Coquillages chéris , quand la Mer sur l'Arene ,
Promenant à son gré des flots impetueux ,
Qu'elle étend et retire en les pliant sous eux
Vous laissoit aux graviers échapper avec peine ;
Il sembloit qu'en ces mots tout bas vous`mur→
muriez ,
Flots cruels , disiez - vous , dont la rage fougueuse
Vient de nous séparer de la Roche amoureuse ,
Avec qui nous étions tendrement mariez ;
HâtezFEVRIER:
1733. 289
Hatez-vous , hâtez-vous d'anéantir des restes ,
Désormais consacrez aux plus vives douleurs ;
Vous avec commencé des Destins trop funestes
Mettez le comble à nos malheurs .
Quand on a perdu ce qu'on aime
La vie est un tourment extrême ,
Et le trépas a des douceurs .
Et vous ,
trages ,
Rochers constans , prenez part aux ou⇒
Que nous ont fait les flots de jalousie émus ,
Brisez-les sur vos coins aigus ,
Rendez- leur , chers Rochers, ravages pour ra¬
vages ,
Vengez - vous en vengeant les extrêmes dommages
,
Que nous avons , hélas ! injustement reçûs.
Jouets des flots et des Orages ,
Coquillages , calmez ce violent courroux >
Nous sommes mille fois plus à plaindre que vouse
Ce sont les heureux Mariages ,
Sur qui la Mort barbare aime à lancer ses coups.
Admirables trésors du transparant abîme
Vos destins des Mortels devroient être enviez ,
Quoique tout comme eux vous perḍiez
La substance qui võus anime ,
Vous conservez pourtant des attraits, des beautez,
De diverses proprietez ,
Et des couleurs étincelantes,
On
290 MERCURE DE FRANCE
On vous recherche après , avec empressement ,'
On vient vous arracher aux vagues écumantes ,
Et même vos morceaux sont gardez cherement.
Pour nous , quand sous nos corps nos ames
éclipsées ,
Par le mal destructeur en ont été chassées ,
Et qu'Atropos nous met dans la liste des Morts ;
Que reste-r'il de nous alors ?
Qu'en reste- t'il ? grands Dieux ! les terribles pensées
!
Tout mon sang en fremit ; plus d'appas , pas un
trait ...
La beauté qu'engendroit le souffle de la vie ;
Et qui d'Adorateurs étoit par tout suivie ,
N'est de soi tout au plus qu'un diforme Portrait,
On le craint , on l'éloigne et la tombe dévore ,
Un amas corrompu que la Nature abhorre ,
Mais tirons le rideau sur des objets d'effroi ,
Dont l'aspect fait pâlir le Berger et le Roy ;
Plaignez -vous , soupirez , Humains fondez en
larmes.
Mais Ciel mon oreille n'entend ,
Que plaintes , que courroux , que murmures
qu'allarmes ,
Tout l'Univers déclame et paroît mécontent,
Et par sa plainte circulaire
Forme un Concert horrible à mon entendement.
Un Element est en colere ,
Et se plaint d'un autre Element;
I
La
FEVRIER. 1733.
291
La Terre étant plus basse et moins en mouvement,
Est de leurs fiers discors la victime ordinaire.
Coquillages dorez sur le sable mouvant ,
Vous vous plaignez de l'Onde amere ,
L'Onde à son tour se plaint des Rochers et du
Vent ,
Le Vent du prompt Eole , Eole de Neptune ,
Neptune blâme le Destin.
L'homme à charge à lui- même , inquiet , incertain
,
Accuse à chaque instant les Dieux et la Fortune ,
Il croit que tout s'oppose à son moindre souhait,
Le Monde entier le blesse , il se fuit , il se hait ,
Vautour à lui - même il se ronge ;
Il semble qu'il s'y plaise et que sans cesse il songe,
A creuser dans son coeur pour chercher des
chagrins.
Et moi , j'ai beau gémir pour mes bijoux marins,
Ma plainte est inutile et le voleur s'en moque ,
Consolons- nous , pourtant , docte ami , cher la
Roque ,
Et le Ciel à jamais nous préserve tous deux
De tout accident plus fâcheux.
IDYLLE ,
A M. D. L. R. &c. par M de Malcrais
de la Vigne , du Croisic en Bretagne,
sur ce qu'elle lui a envoie une Boëte
pleine de Coquillages , il y a plus de
deux mois , qui ne lui a point encore été
rendue.
M
•
Es pauvres petits Coquillages ,
Que , pour le cher la Roque , avec tant de plai
sir ,
Mes mains prirent peine à choisir ,
Sur les Sablons dorez qui bordent nos rivages à
Mes pauvres petits Coquillages ,
Vous voilà donc perdus ? Un perfide Courier ;
Un scélerat Aventurier ,
En allant à Paris , vous a vendus pour boire ,
Et pour deux coups de Vin clairet ,
*
Dont l'apas triomphant a séduit sa mémoire ,
Vous restez en ôtage au fond d'un Cabaret.
Cependant il me dit , vous mettant sous l'aisselle
.
286 MERCURE DE FRANCE
Qu'ainsi que sous son front il garde sa prunelle ,
Il vous conserveroit avec semblable soin.
ว
Oui , la Roque ; oui , mon cher, j'en ai plus d'un
témoin .
Me pourrois - tu juger capable d'imposture ?
Est-il de la raison que moi , que j'eusse exprès ,
Envoïé ce Jocrice à grotesque figure ,
De mon présent en l'air te porter les aprêts.
Pouvois- je ainsi payer tes égards , tes bienfaits
A moins que d'avoir l'ame ingrate ?
Moi , qui sans aucun coût , par la Poste reçois ,
Le don gracieux tous les mois ,
De l'excellent Journal que ta main délicate ,
Réduit , compose , arrange , et polit à la fois ,
Dont la Prose et les Vers mêlez avec grand
choix ,
Forment comme des Païsages ,
Où les Prez , les Troupeaux , les Montagnes ,les
Bois ,
Fleuves , Torrens , Hameaux , Villages ,
Villes qu'on n'apperçoit qu'à travers les nuages ,
Charment l'ame , et les yeux , en guérissant l'ennui.
Tel est l'agrément aujourd'hui
De ton Journal , qui brille encor par tes Oud
vrages ,
Beaucoup plus que par ceux d'autrui .
Mais revenons aux Coquillages
Dont
FEVRIER. 1733.
287
Dont la perte fatale enflamma mon couroux.
Quand Diane laissoit l'Amante de Pélée ,
Aller avec l'Onde écoulée ,
Languir entre les bras de son vaillant Epoux ,
Dans une Grotte reculée ,
Out de leurs doux momens les Tritons sont ja
loux ,
Alors par un Sentier , dont la route est sca
breuse ,
M'appuyant d'une main chancelante et peureuse
Marchant à pas serrez , je descendois au fond
D'une retraite sabloneuse ,
>
Et puis par un détour , j'entrois dans un Salon ;
Dont la naïve Architecture
›
Est uniquement due à la simple Nature.
Là , le Roc inégal fait naître des Portraits ,
D'une singuliere structure ,
Qui s'échapent à l'oeil , et perdent tous leurs
traits ,
Quand on les regarde de près,
L'Herbe d'autre côté , diversement fleurie
Avec le Capilaire , enlassée au hazard ,
Produit , sans le secours de l'Art ,
Une verte Tapisserie.
Séjour des Rois , ríches Palais ,
Atrayantes Prisons d'Esclaves magnifiques ,
Heureux qui fut admis sous vos brillans Por
tiques !
Plus
283 MERCURE DE FRANCE
Plus heureux mille fois qui n'y parut jamais !
Ce qu'on voit travaillé sur vos murs à grands
frais ¿
Se présente ici de soi - même ,
Et la Nature qui nous aime
Sçait , au gré de nos voeux , si bien se façonner
Que notre oeil d'abord trouve en elle ,
Ge qu'il nous plaît d'imaginer.
Dans ces lieux , cher la Roque , à moi- même
fidele ,
Je m'étois imposé la loi ,
De cueillir chaque jour pour toi ,
De Coquillage un certain nombre.
Je n'en sortois jamais que le Ciel ne fût sombre ,
Tant mon esprit rêveur m'emportoit loin de moi.
Quelquefois l'Onde revenue ,
Me surprenoit en ce travail ,
Amenant à mes pieds la richesse menuë ,
Dont nos bords fortunez composent leur émail.
Coquillages chéris , quand la Mer sur l'Arene ,
Promenant à son gré des flots impetueux ,
Qu'elle étend et retire en les pliant sous eux
Vous laissoit aux graviers échapper avec peine ;
Il sembloit qu'en ces mots tout bas vous`mur→
muriez ,
Flots cruels , disiez - vous , dont la rage fougueuse
Vient de nous séparer de la Roche amoureuse ,
Avec qui nous étions tendrement mariez ;
HâtezFEVRIER:
1733. 289
Hatez-vous , hâtez-vous d'anéantir des restes ,
Désormais consacrez aux plus vives douleurs ;
Vous avec commencé des Destins trop funestes
Mettez le comble à nos malheurs .
Quand on a perdu ce qu'on aime
La vie est un tourment extrême ,
Et le trépas a des douceurs .
Et vous ,
trages ,
Rochers constans , prenez part aux ou⇒
Que nous ont fait les flots de jalousie émus ,
Brisez-les sur vos coins aigus ,
Rendez- leur , chers Rochers, ravages pour ra¬
vages ,
Vengez - vous en vengeant les extrêmes dommages
,
Que nous avons , hélas ! injustement reçûs.
Jouets des flots et des Orages ,
Coquillages , calmez ce violent courroux >
Nous sommes mille fois plus à plaindre que vouse
Ce sont les heureux Mariages ,
Sur qui la Mort barbare aime à lancer ses coups.
Admirables trésors du transparant abîme
Vos destins des Mortels devroient être enviez ,
Quoique tout comme eux vous perḍiez
La substance qui võus anime ,
Vous conservez pourtant des attraits, des beautez,
De diverses proprietez ,
Et des couleurs étincelantes,
On
290 MERCURE DE FRANCE
On vous recherche après , avec empressement ,'
On vient vous arracher aux vagues écumantes ,
Et même vos morceaux sont gardez cherement.
Pour nous , quand sous nos corps nos ames
éclipsées ,
Par le mal destructeur en ont été chassées ,
Et qu'Atropos nous met dans la liste des Morts ;
Que reste-r'il de nous alors ?
Qu'en reste- t'il ? grands Dieux ! les terribles pensées
!
Tout mon sang en fremit ; plus d'appas , pas un
trait ...
La beauté qu'engendroit le souffle de la vie ;
Et qui d'Adorateurs étoit par tout suivie ,
N'est de soi tout au plus qu'un diforme Portrait,
On le craint , on l'éloigne et la tombe dévore ,
Un amas corrompu que la Nature abhorre ,
Mais tirons le rideau sur des objets d'effroi ,
Dont l'aspect fait pâlir le Berger et le Roy ;
Plaignez -vous , soupirez , Humains fondez en
larmes.
Mais Ciel mon oreille n'entend ,
Que plaintes , que courroux , que murmures
qu'allarmes ,
Tout l'Univers déclame et paroît mécontent,
Et par sa plainte circulaire
Forme un Concert horrible à mon entendement.
Un Element est en colere ,
Et se plaint d'un autre Element;
I
La
FEVRIER. 1733.
291
La Terre étant plus basse et moins en mouvement,
Est de leurs fiers discors la victime ordinaire.
Coquillages dorez sur le sable mouvant ,
Vous vous plaignez de l'Onde amere ,
L'Onde à son tour se plaint des Rochers et du
Vent ,
Le Vent du prompt Eole , Eole de Neptune ,
Neptune blâme le Destin.
L'homme à charge à lui- même , inquiet , incertain
,
Accuse à chaque instant les Dieux et la Fortune ,
Il croit que tout s'oppose à son moindre souhait,
Le Monde entier le blesse , il se fuit , il se hait ,
Vautour à lui - même il se ronge ;
Il semble qu'il s'y plaise et que sans cesse il songe,
A creuser dans son coeur pour chercher des
chagrins.
Et moi , j'ai beau gémir pour mes bijoux marins,
Ma plainte est inutile et le voleur s'en moque ,
Consolons- nous , pourtant , docte ami , cher la
Roque ,
Et le Ciel à jamais nous préserve tous deux
De tout accident plus fâcheux.
Fermer
Résumé : LES COQUILLAGES, IDYLLE, A M. D. L. R. &c. par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, sur ce qu'elle lui a envoié une Boëte pleine de Coquillages, il y a plus de deux mois, qui ne lui a point encore été renduë.
Dans une lettre poétique adressée à M. D. L. R., M. de Malcrais, résidant à la Vigne, du Croisic en Bretagne, exprime son mécontentement concernant une boîte de coquillages envoyée il y a plus de deux mois et qui n'est pas encore parvenue à destination. L'auteur décrit les coquillages comme des objets précieux et personnels, perdus à cause d'un courrier malhonnête qui les a vendus pour boire du vin. Il évoque la beauté et la valeur de ces coquillages, comparant leur perte à celle d'un trésor. M. de Malcrais décrit les lieux où il les ramassait, soulignant la beauté naturelle de ces endroits et l'attachement qu'il avait pour cette activité. La lettre se termine par une réflexion sur la fragilité de la vie humaine et la vanité des plaintes, invitant M. D. L. R. à se consoler et à éviter des malheurs plus graves.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
446
p. 312
AUTRE ENIGME.
Début :
Je suis petit de ma nature, [...]
Mots clefs :
Moucheron
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE ENIGME.
AUTRE ENIGÂJE.
JE suis petit de ma nature , ,
It puis faire souvent souffrir les plus puissantsä‘
ÿaunoncc toujours le doux temps;
On me perd quand vient la froidure;
Comme PAmour je porte un dard.
Cari fait souvent mainte blessure;
[e fais trembler Philis ; mais enfin tôt ou tard,‘
Un cruel ennemi qui vit de brigandage ,
Me tend un picgc, hélas .' j’y trouve mon nauä;
frage.
JE suis petit de ma nature , ,
It puis faire souvent souffrir les plus puissantsä‘
ÿaunoncc toujours le doux temps;
On me perd quand vient la froidure;
Comme PAmour je porte un dard.
Cari fait souvent mainte blessure;
[e fais trembler Philis ; mais enfin tôt ou tard,‘
Un cruel ennemi qui vit de brigandage ,
Me tend un picgc, hélas .' j’y trouve mon nauä;
frage.
Fermer
447
p. 317-326
Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
Début :
TRAITÉ sur la Magie, le Sortilége, les Possessions, Obsessions et Maléfices, où [...]
Mots clefs :
Église, Traite, Possessions, Magie, Maléfices, Preuves, Réalité, Devins, Magiciens, Astrologie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
TRAITE' sur la Magie , le Sortilége, les
F Pos318
MERCURE DE FRANCE
Possessions , Obsessions et Maléfices , où
l'on en démontre la vérité et la réalité ;
avec une Méthode sure et facile pour les
' discerner ; et les Réglemens contre les
Devins , Sorciers , Magiciens , & c. Ouvrage
très utile aux Ecclésiastiques , aux
Médecins , et aux Juges . Par M. D. de
304 pag. sans l'Avertissement , les Préfa
ces et les Edits qui sont à la fin.
L'Auteur de cet Ouvrage entre en matiere
dès la Préface ; il y combat les principaux
Argumens de ses Adversaires , et
tâche de leur inspirer des dispositions
plus favorables et plus judicieuses sur ces
importantes matieres. On y trouve par
tout un grand fond de Religion , et l'on
voit que c'est moins pour amener les autres
à son sentiment , que pour la gloire
de Dieu et l'utilité de l'Eglise qu'il a entrepris
cet Ouvrage . Depuis la page 17 de
sa Préface jusqu'à la fin . L'Auteur prend
un moïen bien efficace pour toucher les
Ecclesiastiques ou même les Juges , et
pour les porter à ne pas rester dans une
tranquillité dangereuse , fondez sur la
persuation où ils sont, qu'il n'y a ni Sorfilége
, ni Pacte , ni Maléfice. Il emploïe
le reste de la Préface à combattre et à détruire
une confiance si préjudiciable au
prochain , et si dangereuse à celui-là même
FEVRIER. 1733. 319
me qui demeure par là dans une inaction.
volontaire , et qui de peur de se croire
exclus du Catalogue des beaux Esprits ,
aime mieux exposer ceux qui seroient
réellement attaquez de ces Fléaux, à être les
-tristes et malheureuses victimes de la rage
du Démon , que de se donner la peine
d'examiner avec attention et sans préjugez,
dans un esprit de charité et dans une
disposition telle qu'il voudroit qu'on eût
pour lui en pareil cas , la nature de ces
maladies dont il entend parler , et qu'on
-ne lui présente que trop souvent . Mais
- seront- ils excusables aujour des vangeances
, s'écrie notre Auteur , lorsque le Souverain
Juge leur demandera compte de
leur administration , et que ceux qui
avoient été presentés à leurs soins , et
qu'ils avoient négligez , leur representeront
les maux incroïables , les tentations
et les fureurs ausquelles ils ont été abandonnés
pendant des années réïtérées par
la faute des Ministres ? Suffira-t-il de dire,
je ne croïois pas qu'il y en eut , je regardois
cela comme des Fables , et je regardois
ceux qu'on m'amenoit comme des
Comédiens interessez ; et quand bienmême
il n'y en auroit pas , ne seroit ce
pas , continue- t-il , une prévarication
dans le Ministere , et un péché contre la
Fij cha320
MERCURE DE FRANCE
"
charité chrétienné de ne pas examiner et
de s'endormir là - dessus , au hazard de
laisser son frere en proye à la fureur du
Démon .
Le premier Livre traite de la réalité de
la Magie. L'Aureur pour la prouver ap
porte des Passages tres - formels de l'ancien
Testament ; Passages dont on ne peut
se tirer, en disant , comme ont fait quelques
-uns , qu'en cela l'Ecriture s'accommode
à nos préjugez , puisque le Seigneur
deffend à son Peuple de souffrir
dans son sein aucun Magicien , aucun Devin
et aucun Enchanteur , puisqu'il déclare
qu'il exterminera du milieu de son
Peuple dans son indignation , celui qui
aura recours aux Magiciens , et qui lièra
-commerce avec eux . Le terme Latin est
remarquable , et fornicata fuerit ( anima )
cum eis. Enfin,puisqu'il y réprouve , qu'il
y anathématise les Enchanteurs et les
Devins. Or il faudroit dire que toutes
ces Déclarations de la volonté de Dieu et
de sa haine , sont des déclarations illusoires
et fondées sur nos préjugez , ce qui
seroit horrible à penser.
L'Auteur passe
à une autre preuve, qu'il tire des Rituels.
Il fait voir que l'Eglise a toujours crû
qu'il y avoit des Malefices, et qu'elle s'est
toujours regardée comme jouissant du
pou
FEVRIER 1733 . 321
pouvoir qu'elle a reçu de Jesus Christ
de chasser les Démons et de délivrer les
Corps de ces funestes maladies.
›
La persuasion dans laquelle ont été
toutes les Nations , et en particulier les
Egyptiens , du temps de Moïse , qu'ils
prenoient pour un Enchanteur , fournit
à notre Auteur un autre genre de
preuve
tres-puissant et tres efficace . Comment ,
dit -il , se seroit-il faire
pu
que tant de
Peuples , si bien policcz , si entendus .
dans les connoissances des Sciences humaines
, et gouvernez par de si grands
génies , se soient abusez unanimement sur
ce point , sans jamais avoir eu l'occasion
de se détromper , sans qu'aucun l'ait ja
mais révoqué en doute? Les Loix Romaines
en sont une preuve ; la rigueur des ,
Cours Souveraines qui ont de tout temps
sévi , soutenues en cela par les Princes ,
contre ceux qui ont été convaincus de ces
crimes ; la maniere dont on a procédé
contr'eux , l'aveu que presque tous en ont
fait , sans se retracter ; plusieurs Faits
dont quelques uns sont constatez , d'au-,
tres tres - vrai - semblables ; tout cela peut
passer pour un corps complet de preuves ,
plus fortes les unes que les autres .
L'Auteur insiste davantage sur la conduite
de l'Eglise à l'égard des Maléficiers
F iij das
312 MERCURE DE FRANCE
des Devins , des Enchanteurs , &c . elle
les excommunie , elle exorcise ceux qui
ont été atteints les Maléfices;elle propar
des examens dans lesquels elle spécifie
les différentes sortes de crimes que
les Maléfices renferment . Peut - on rien
trouver de mieux appuyé ?
pose
On trouve ensuite un Extrait du Traité
de la Police, de M.de Lamarre,T. 1. l'Auteur
en expose tout le Titre 7. qui traite
des Magiciens , des Sorciers , des Devineurs
et des Prognostiqueurs. Le premier
Chapitre de ce Titre regarde l'origine de
la Magie et de l'Astrologie judiciaire , et
la division de ces Arts en leur différentes
especes. M. de Lamarre prouve dans
le second Chapitre que ces Arts ont été
condamnez par la Loy de Dieu , et que
les Payens mêmes en ont eu horreut , et
les ont punis du dernier supplice. Le 3 °
chap . traite des Loix de l'Eglise et des
Princes temporels contre la Magie et
l'Astrologie judiciaire , depuis la naissance
du Christianisme . Le 4 est´un Recüeil
d'Ordonnances de nos Rois , contre
la Magie , l'Astrologie judicaire , &c.
depuis l'établissement de la Monarchie.
Notre Auteur termine ce Livre par
plusieurs Exemples fameux , par des traits
d'Histoire , rapportez dans S. Grégoire
le
FEVRIER . 1732 323
le Grand , et dans S. Chrysostome , par
le témoignage d'un tres - grand nombre
d'Auteurs dignes de foy ; enfin par des Décrets
de la Faculté de Théologie de Paris
et de l'Inquisition.
Le second Livre traite des Possessions ,
Obsessions et Maléficès. Il y est cependant
fort peu parlé de cette derniere sorte
de maladie , qui regarde davantage le
Livre précédents on en prouve la réalité
par des Textes formels du Nouveau Testament
, dont on ne peut décliner le poids
ni éluder l'autorité il y joint quelques
Commentateurs de l'Evangile , qui supposent
toujours fondez sur ces Passages
de l'Ecriture , la réalité de ces Maladies.
Mais ,comme ce n'est point assez de prouver
qu'il y en ait eu pendant la vie de
Jesus-Christ , si l'on ne montre que les
Possessions ont encore duré , après sa
Mort ; il prouve par les Actes des Apôtres
, qu'ils en ont guéri plusieurs de
differentes especés, en differens Païs. Il le
montre par le pouvoir que Jesus - Christ
leur a donné , et à l'Eglise en leur personne
, de chasser les Démons en son
nom ; promesse illusoire , pouvoir faux
et trompeur , si les Possessions devoient
cesser à la mort du Sauveur. Il le fait voir
par la persuasion où l'Eglise a toujours
F iiij été
324 MERCURE DE FRANCE
été qu'elle joüissoit du Privilege de chas
ser les Démons , par sa pratique , dans la
Bénédiction de l'eau , des Cloches , des
Maisons , des Ornemens qui lui appartiennent
, par ses Rituels , ses Canons
même et ses Anathêmes. Il le fait voir par
l'établissement de l'Ordre d'exorciser,,
par
les Regles que l'Eglise y impose , par
les conseils et les moyens qu'elle veut
qu'on observe pour découvrir les ruses et
les artifices du Démon dans le Corps des
Possedez.
Il le fait voir encore par l'autorité des
Peres et des Théologiens , de Tertullien ,
de S. Cyprien , de S. Chrysostome , de
S. Jerôme , de S.Gregoire Pape, de S.Thomas
, d'Yves de Chartres , de Guillaume
de Paris . L'Auteur le montre aussi parun
Extrait des Canons Pénitenciaux , tiré
des Instructions de S. Charles aux Confesseurs
, imprimées par ordre du Clergé
de France. Il y joint l'Extrait d'un Ou-
Nrage tres - curieux , de Paul du Bé , Docteur
en Médecine , qui fut approuvé en
1671, par M Puylon , Doyen de la Faculté
de Paris , Guy Patin , Professeur
Royal , Fontaine et de Mersenne ; cet
Extrait est considérable par les recherches
et les raisonnemens solides de cet ancien
et scavant Médecin ; il faut le voir
dans
FEVRIE R. 1733 325
dans le Livre même. Les preuves tirées
de la Tradition sont souvent interrompues
par d'autres preuves de fair ; telles
que les Possessions celebres de Loudun ,
de Laon , & c . Il se sert aussi de plusieurs
Histoires, rapportées par des Hommes Illustres
par leur science et par leur piété ,
ou par des Voïageurs dignes de foy. Mais
quelque vraies que puissent être ces Relations
, on ne se fonde pas de même sur
elles , pour en faire des preuves sans replique
.
L'Auteur passe enfin aux difficultez
qu'on objecte d'ordinaire , et il s'applià
les résoudre depuis la page 265.
que
jusqu'à la fin de son Livre.
On trouve dans cet Ouvrage beaucoup
de recherches et d'érudition , de zéle et
de charité ; il y faudroit peu -être un peu
plus de méthode , d'ordre et de choix
dans les preuves , plus d'instance sur celles
qui sont graves et puissantes , et un
stile plus châtié. Au reste , c'est un Ouvrage
que tout Ecclesiastique principalement
doit avoir , et dont il doit méditer
avec une attention sérieuse ,les argumens ,
peser toutes les raisons et les conséquen
ces .
On trouve à la fin un Edit de Louis
XIV . du 31 Août 1682. pour la puni-
Fv tion
326 MERCURE DE FRANCE
tion des Devins , Magiciens , Sorciers
&c . et une Déclaration du même Prince,
du 1 Juillet 1682. rendue contre les Bohémes
, et contre ceux qui leur donnent
retraite.
F Pos318
MERCURE DE FRANCE
Possessions , Obsessions et Maléfices , où
l'on en démontre la vérité et la réalité ;
avec une Méthode sure et facile pour les
' discerner ; et les Réglemens contre les
Devins , Sorciers , Magiciens , & c. Ouvrage
très utile aux Ecclésiastiques , aux
Médecins , et aux Juges . Par M. D. de
304 pag. sans l'Avertissement , les Préfa
ces et les Edits qui sont à la fin.
L'Auteur de cet Ouvrage entre en matiere
dès la Préface ; il y combat les principaux
Argumens de ses Adversaires , et
tâche de leur inspirer des dispositions
plus favorables et plus judicieuses sur ces
importantes matieres. On y trouve par
tout un grand fond de Religion , et l'on
voit que c'est moins pour amener les autres
à son sentiment , que pour la gloire
de Dieu et l'utilité de l'Eglise qu'il a entrepris
cet Ouvrage . Depuis la page 17 de
sa Préface jusqu'à la fin . L'Auteur prend
un moïen bien efficace pour toucher les
Ecclesiastiques ou même les Juges , et
pour les porter à ne pas rester dans une
tranquillité dangereuse , fondez sur la
persuation où ils sont, qu'il n'y a ni Sorfilége
, ni Pacte , ni Maléfice. Il emploïe
le reste de la Préface à combattre et à détruire
une confiance si préjudiciable au
prochain , et si dangereuse à celui-là même
FEVRIER. 1733. 319
me qui demeure par là dans une inaction.
volontaire , et qui de peur de se croire
exclus du Catalogue des beaux Esprits ,
aime mieux exposer ceux qui seroient
réellement attaquez de ces Fléaux, à être les
-tristes et malheureuses victimes de la rage
du Démon , que de se donner la peine
d'examiner avec attention et sans préjugez,
dans un esprit de charité et dans une
disposition telle qu'il voudroit qu'on eût
pour lui en pareil cas , la nature de ces
maladies dont il entend parler , et qu'on
-ne lui présente que trop souvent . Mais
- seront- ils excusables aujour des vangeances
, s'écrie notre Auteur , lorsque le Souverain
Juge leur demandera compte de
leur administration , et que ceux qui
avoient été presentés à leurs soins , et
qu'ils avoient négligez , leur representeront
les maux incroïables , les tentations
et les fureurs ausquelles ils ont été abandonnés
pendant des années réïtérées par
la faute des Ministres ? Suffira-t-il de dire,
je ne croïois pas qu'il y en eut , je regardois
cela comme des Fables , et je regardois
ceux qu'on m'amenoit comme des
Comédiens interessez ; et quand bienmême
il n'y en auroit pas , ne seroit ce
pas , continue- t-il , une prévarication
dans le Ministere , et un péché contre la
Fij cha320
MERCURE DE FRANCE
"
charité chrétienné de ne pas examiner et
de s'endormir là - dessus , au hazard de
laisser son frere en proye à la fureur du
Démon .
Le premier Livre traite de la réalité de
la Magie. L'Aureur pour la prouver ap
porte des Passages tres - formels de l'ancien
Testament ; Passages dont on ne peut
se tirer, en disant , comme ont fait quelques
-uns , qu'en cela l'Ecriture s'accommode
à nos préjugez , puisque le Seigneur
deffend à son Peuple de souffrir
dans son sein aucun Magicien , aucun Devin
et aucun Enchanteur , puisqu'il déclare
qu'il exterminera du milieu de son
Peuple dans son indignation , celui qui
aura recours aux Magiciens , et qui lièra
-commerce avec eux . Le terme Latin est
remarquable , et fornicata fuerit ( anima )
cum eis. Enfin,puisqu'il y réprouve , qu'il
y anathématise les Enchanteurs et les
Devins. Or il faudroit dire que toutes
ces Déclarations de la volonté de Dieu et
de sa haine , sont des déclarations illusoires
et fondées sur nos préjugez , ce qui
seroit horrible à penser.
L'Auteur passe
à une autre preuve, qu'il tire des Rituels.
Il fait voir que l'Eglise a toujours crû
qu'il y avoit des Malefices, et qu'elle s'est
toujours regardée comme jouissant du
pou
FEVRIER 1733 . 321
pouvoir qu'elle a reçu de Jesus Christ
de chasser les Démons et de délivrer les
Corps de ces funestes maladies.
›
La persuasion dans laquelle ont été
toutes les Nations , et en particulier les
Egyptiens , du temps de Moïse , qu'ils
prenoient pour un Enchanteur , fournit
à notre Auteur un autre genre de
preuve
tres-puissant et tres efficace . Comment ,
dit -il , se seroit-il faire
pu
que tant de
Peuples , si bien policcz , si entendus .
dans les connoissances des Sciences humaines
, et gouvernez par de si grands
génies , se soient abusez unanimement sur
ce point , sans jamais avoir eu l'occasion
de se détromper , sans qu'aucun l'ait ja
mais révoqué en doute? Les Loix Romaines
en sont une preuve ; la rigueur des ,
Cours Souveraines qui ont de tout temps
sévi , soutenues en cela par les Princes ,
contre ceux qui ont été convaincus de ces
crimes ; la maniere dont on a procédé
contr'eux , l'aveu que presque tous en ont
fait , sans se retracter ; plusieurs Faits
dont quelques uns sont constatez , d'au-,
tres tres - vrai - semblables ; tout cela peut
passer pour un corps complet de preuves ,
plus fortes les unes que les autres .
L'Auteur insiste davantage sur la conduite
de l'Eglise à l'égard des Maléficiers
F iij das
312 MERCURE DE FRANCE
des Devins , des Enchanteurs , &c . elle
les excommunie , elle exorcise ceux qui
ont été atteints les Maléfices;elle propar
des examens dans lesquels elle spécifie
les différentes sortes de crimes que
les Maléfices renferment . Peut - on rien
trouver de mieux appuyé ?
pose
On trouve ensuite un Extrait du Traité
de la Police, de M.de Lamarre,T. 1. l'Auteur
en expose tout le Titre 7. qui traite
des Magiciens , des Sorciers , des Devineurs
et des Prognostiqueurs. Le premier
Chapitre de ce Titre regarde l'origine de
la Magie et de l'Astrologie judiciaire , et
la division de ces Arts en leur différentes
especes. M. de Lamarre prouve dans
le second Chapitre que ces Arts ont été
condamnez par la Loy de Dieu , et que
les Payens mêmes en ont eu horreut , et
les ont punis du dernier supplice. Le 3 °
chap . traite des Loix de l'Eglise et des
Princes temporels contre la Magie et
l'Astrologie judiciaire , depuis la naissance
du Christianisme . Le 4 est´un Recüeil
d'Ordonnances de nos Rois , contre
la Magie , l'Astrologie judicaire , &c.
depuis l'établissement de la Monarchie.
Notre Auteur termine ce Livre par
plusieurs Exemples fameux , par des traits
d'Histoire , rapportez dans S. Grégoire
le
FEVRIER . 1732 323
le Grand , et dans S. Chrysostome , par
le témoignage d'un tres - grand nombre
d'Auteurs dignes de foy ; enfin par des Décrets
de la Faculté de Théologie de Paris
et de l'Inquisition.
Le second Livre traite des Possessions ,
Obsessions et Maléficès. Il y est cependant
fort peu parlé de cette derniere sorte
de maladie , qui regarde davantage le
Livre précédents on en prouve la réalité
par des Textes formels du Nouveau Testament
, dont on ne peut décliner le poids
ni éluder l'autorité il y joint quelques
Commentateurs de l'Evangile , qui supposent
toujours fondez sur ces Passages
de l'Ecriture , la réalité de ces Maladies.
Mais ,comme ce n'est point assez de prouver
qu'il y en ait eu pendant la vie de
Jesus-Christ , si l'on ne montre que les
Possessions ont encore duré , après sa
Mort ; il prouve par les Actes des Apôtres
, qu'ils en ont guéri plusieurs de
differentes especés, en differens Païs. Il le
montre par le pouvoir que Jesus - Christ
leur a donné , et à l'Eglise en leur personne
, de chasser les Démons en son
nom ; promesse illusoire , pouvoir faux
et trompeur , si les Possessions devoient
cesser à la mort du Sauveur. Il le fait voir
par la persuasion où l'Eglise a toujours
F iiij été
324 MERCURE DE FRANCE
été qu'elle joüissoit du Privilege de chas
ser les Démons , par sa pratique , dans la
Bénédiction de l'eau , des Cloches , des
Maisons , des Ornemens qui lui appartiennent
, par ses Rituels , ses Canons
même et ses Anathêmes. Il le fait voir par
l'établissement de l'Ordre d'exorciser,,
par
les Regles que l'Eglise y impose , par
les conseils et les moyens qu'elle veut
qu'on observe pour découvrir les ruses et
les artifices du Démon dans le Corps des
Possedez.
Il le fait voir encore par l'autorité des
Peres et des Théologiens , de Tertullien ,
de S. Cyprien , de S. Chrysostome , de
S. Jerôme , de S.Gregoire Pape, de S.Thomas
, d'Yves de Chartres , de Guillaume
de Paris . L'Auteur le montre aussi parun
Extrait des Canons Pénitenciaux , tiré
des Instructions de S. Charles aux Confesseurs
, imprimées par ordre du Clergé
de France. Il y joint l'Extrait d'un Ou-
Nrage tres - curieux , de Paul du Bé , Docteur
en Médecine , qui fut approuvé en
1671, par M Puylon , Doyen de la Faculté
de Paris , Guy Patin , Professeur
Royal , Fontaine et de Mersenne ; cet
Extrait est considérable par les recherches
et les raisonnemens solides de cet ancien
et scavant Médecin ; il faut le voir
dans
FEVRIE R. 1733 325
dans le Livre même. Les preuves tirées
de la Tradition sont souvent interrompues
par d'autres preuves de fair ; telles
que les Possessions celebres de Loudun ,
de Laon , & c . Il se sert aussi de plusieurs
Histoires, rapportées par des Hommes Illustres
par leur science et par leur piété ,
ou par des Voïageurs dignes de foy. Mais
quelque vraies que puissent être ces Relations
, on ne se fonde pas de même sur
elles , pour en faire des preuves sans replique
.
L'Auteur passe enfin aux difficultez
qu'on objecte d'ordinaire , et il s'applià
les résoudre depuis la page 265.
que
jusqu'à la fin de son Livre.
On trouve dans cet Ouvrage beaucoup
de recherches et d'érudition , de zéle et
de charité ; il y faudroit peu -être un peu
plus de méthode , d'ordre et de choix
dans les preuves , plus d'instance sur celles
qui sont graves et puissantes , et un
stile plus châtié. Au reste , c'est un Ouvrage
que tout Ecclesiastique principalement
doit avoir , et dont il doit méditer
avec une attention sérieuse ,les argumens ,
peser toutes les raisons et les conséquen
ces .
On trouve à la fin un Edit de Louis
XIV . du 31 Août 1682. pour la puni-
Fv tion
326 MERCURE DE FRANCE
tion des Devins , Magiciens , Sorciers
&c . et une Déclaration du même Prince,
du 1 Juillet 1682. rendue contre les Bohémes
, et contre ceux qui leur donnent
retraite.
Fermer
Résumé : Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Traité sur la Magie, le Sortilège, les Possessions, Obsessions et Maléfices', rédigé par M. D. Cet ouvrage vise à démontrer la réalité et la vérité de la magie et des maléfices, et propose une méthode pour les discerner. Il s'adresse principalement aux ecclésiastiques, médecins et juges. Dans la préface, l'auteur réfute les arguments de ses adversaires en insistant sur l'importance de reconnaître l'existence de la magie et des maléfices pour la gloire de Dieu et l'utilité de l'Église. Il critique ceux qui restent indifférents, les mettant en garde contre les dangers de cette inaction. Le premier livre traite de la réalité de la magie. L'auteur utilise des passages de l'Ancien Testament et des rituels de l'Église pour prouver son existence. Il souligne également la croyance universelle des nations anciennes, comme les Égyptiens, et les lois romaines sévères contre la magie. Le second livre aborde les possessions, obsessions et maléfices. L'auteur prouve leur réalité par des textes du Nouveau Testament et les pratiques de l'Église. Il cite divers auteurs et décrets pour appuyer ses arguments. L'ouvrage inclut des extraits de traités sur la police, des exemples historiques et des décrets de la Faculté de Théologie de Paris et de l'Inquisition. Il se termine par des édits de Louis XIV concernant la punition des devins, magiciens et sorciers. Globalement, l'ouvrage est riche en recherches et en érudition, bien que l'auteur suggère qu'il pourrait bénéficier d'une meilleure méthode et d'un style plus châtié. Il est recommandé aux ecclésiastiques pour méditer sérieusement ses arguments.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
448
p. 379-380
ITALIE.
Début :
On écrit de Naples que le Mont Vésuve a jetté depuis peu beaucoup de Flammes ; et [...]
Mots clefs :
Tremblement, Volcan, Vésuve, Éruption, Fumée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
N écrit de Naples que le Mont Vésuve a
jetté depuis peu beaucoup de Flammes , er
comme on a observé que lorsque ce Volcan paroît
embrasé , on éprouve rarement des tremblemens
de terre on se flate d'être délivré de ce
Fléau , au moins pour quelque temps.
La Ville de la Cava , située dans la Principau
té de Salerne, a été fort endommagée du dernier
tremblement , et l'Evêque a couru risque d'être
enseveli sous les ruines de son Palais , qui a été
entierement détruit , ainsi que l'Eglise du Dôme ,
celle des Religieux Mineurs de l'Observance , et
leur Convent.
Par les Lettres de la fin du mois dernier , on
apprend qu'on avoit ressenti à Naples , et presque
dans tout le reste du Royaume , de nouvelles
secousses de tremblement de terre; la Ville de
Benevent en a essuyé pendant plusieurs heures de
tres-violentes ; la plupart des Eglises et des autres
Edifices qui avoient résité au dernier tremblement
ont été fort endommagez par celui- cy
et tous les habitans , et l'Archevêque même , ont
été obligez de sortir de la Ville , par la crainte
d'être
380 MERCURE DE FRANCE
d'être accablez sous la ruine des Maisons.
On apprend de Messine , que vers le mêmetemps,
le Mont Ethna avoit jetté un nombre prodigieux
de grosses Pierres , qui ont causé de
grands dommages dans les environs , et dont
quelques-unes ont été portées jusqu'à Catane ;
que cette éruption avoit été précédée d'un brouil-
Lard épais ; qu'ensuite on avoit entendu un bruit
affreux , qui avoit fait croire que le Volcan alloit
être englouti ; que quelques minutes après ,
il en étoit sorti une fumée noire , qui avoit obscurci
tout l'horison ; qu'à cette fumée avoit succédé
l'éruption dont on vient de parler ; et que
depuis , le Volcan avoit jetté toutes les nuits
et quelquefois pendant le jour, une grande quantité
de Aammes.
N écrit de Naples que le Mont Vésuve a
jetté depuis peu beaucoup de Flammes , er
comme on a observé que lorsque ce Volcan paroît
embrasé , on éprouve rarement des tremblemens
de terre on se flate d'être délivré de ce
Fléau , au moins pour quelque temps.
La Ville de la Cava , située dans la Principau
té de Salerne, a été fort endommagée du dernier
tremblement , et l'Evêque a couru risque d'être
enseveli sous les ruines de son Palais , qui a été
entierement détruit , ainsi que l'Eglise du Dôme ,
celle des Religieux Mineurs de l'Observance , et
leur Convent.
Par les Lettres de la fin du mois dernier , on
apprend qu'on avoit ressenti à Naples , et presque
dans tout le reste du Royaume , de nouvelles
secousses de tremblement de terre; la Ville de
Benevent en a essuyé pendant plusieurs heures de
tres-violentes ; la plupart des Eglises et des autres
Edifices qui avoient résité au dernier tremblement
ont été fort endommagez par celui- cy
et tous les habitans , et l'Archevêque même , ont
été obligez de sortir de la Ville , par la crainte
d'être
380 MERCURE DE FRANCE
d'être accablez sous la ruine des Maisons.
On apprend de Messine , que vers le mêmetemps,
le Mont Ethna avoit jetté un nombre prodigieux
de grosses Pierres , qui ont causé de
grands dommages dans les environs , et dont
quelques-unes ont été portées jusqu'à Catane ;
que cette éruption avoit été précédée d'un brouil-
Lard épais ; qu'ensuite on avoit entendu un bruit
affreux , qui avoit fait croire que le Volcan alloit
être englouti ; que quelques minutes après ,
il en étoit sorti une fumée noire , qui avoit obscurci
tout l'horison ; qu'à cette fumée avoit succédé
l'éruption dont on vient de parler ; et que
depuis , le Volcan avoit jetté toutes les nuits
et quelquefois pendant le jour, une grande quantité
de Aammes.
Fermer
Résumé : ITALIE.
En Italie, le Mont Vésuve a récemment montré une activité accrue avec l'émission de nombreuses flammes. Contrairement aux attentes, les tremblements de terre sont rares durant ces éruptions, offrant un répit temporaire. La ville de La Cava, dans la principauté de Salerne, a subi des dommages importants lors du dernier séisme, détruisant notamment le palais de l'évêque, la cathédrale et le couvent des Religieux Mineurs de l'Observance. Des secousses ont également été ressenties à Naples et dans tout le royaume, causant des dégâts significatifs à Benevent, où les habitants et l'archevêque ont dû évacuer par crainte des ruines. Parallèlement, le Mont Etna, à Messine, a projeté un grand nombre de pierres, endommageant les environs et jusqu'à Catane. Cette éruption a été précédée d'un brouillard épais, d'un bruit affreux et d'une fumée noire obscurcissant l'horizon. Depuis, le volcan émet régulièrement des flammes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
449
p. 463-469
DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
Début :
MESSIEURS, Nous venons partager avec vous la joïe que nous [...]
Mots clefs :
Académie de La Rochelle, Établissement, La Rochelle, Société littéraire, Sciences, Public, Amour, Gloire, Province, Postérité, Belles-lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
DISCOURS prononcé dans l'Hôtel
de Ville de la Rochelle , le 18 Juillet
1732. par M.Regnaud , l'un des Membres
de la nouvelle Académie Royale , à
la tête de la Compagnie.
M
ESSIEURS ,
Nous venons partager avec vous la
joïe que nous cause un Etablissement
aussi glorieux pour cette Ville , qu'il lui
sera utile dans la suite. Cette Société Litteraire
qui s'est formée sous vos yeux, qui
des son commencement a eu l'approba
tion de M. Bignon , Intendant de la Province
, est aujourd'hui honorée de la Protection
de Monseigneur le Prince de
Conti , et érigée en Corps Académique ,
par les Lettres Patentes , qu'il a plû au
Roy de nous accorder .
L'amour de l'Etude avoit fait naître
l'idée de cet Etablissement , la Sagesse
l'a conduit , la Vertu l'a protegé , et l'authorité
Souveraine vient de le rendre stable
, par une de ces graces singulieres que
S. M. ne répand que sur les Villes qui lúi
sont les plus attachées , les plus soumises ,
Ciiij et
464 MERCURE DE FRANCE
et , si je l'ose dire , les plus cheres.
Prérogative bien glorieuse pour nous
mais encore plus interressante ! elle nous
découvre le caractere bienfaisant du Prince,
sous les Loix duquel nous avons le bonheur
de vivre , son zele à étendre l'Empire
des Lettres jusqu'aux extrémitez de la
France , et, ce qui doit nous toucher plus
vivement, son attention à procurer à cette
Ville , tout ce qui peut lui être avantageux.
En effet , MESSIEURS , nos besoins
sont satisfaits , dès qu'il les connoît ; il
sçait que le commerce de cette Ville a
perdu de son activité et de son étenduë
que notre Port est devenu inaccessible
aux Vaisseaux ; il en ordonne le rétablis
sement , l'ouvrage est commencé , et l'expérience
de celui à qui il est confié , nous
assure du succès .
ོ་
བ་
Vraiment Pere de ses Peuples , il veille
sans cesse à leur conservation ; des maladies
Périodiques affligent les habitans de
cette Ville ; il ordonne d'en chercher la
cause, on la découvre, et déja nous voïons
près de cette Digue fameuse , qui sembloit
devoir nous éloigner de la Mer en lui
prescrivant de nouvelles bornes , mille
bras occupez au salut public.
Mieux instruit que nous sommes de
"no"
MARS. 1733.
465
nos propres interêts , il prévient les suites
funestes de cette avidité qui avoit porté
les Contrées voisines à changer l'usage de
leurs Terres , sans faire attention , qu'en
multipliant à l'excès , les fruits d'une
même espece , elles causoient une abondance
capable de ruiner la principale ressource
de cette Province.
Il semble , MESSIEURS , que cet Astre
ne soit placé sur nos têtes que pour
nous faire sentir la douceur de ses influences
; toujours attentif à recompenser
le mérite et les services de ses Sujets , il
vient de répandre un nouveau lustre
sur une Compagnie encore plus - respectable
par les qualitez de l'esprit et
du coeur , que par le nouvel éclat dont
S. M. a bien voulu l'honorer.
Secondant les voeux d'un Corps qué la
piété et le sçavoir ont toujours distingués
il veut , à l'honneur de la Religion élever
des Autels , dignes de sa Magnificence
Royale , dans les mêmes lieux où l'on regrete
encore ceux que la Guerre et l'Hérésie
ont renverses avec tant de fureur.
›
Notre reconnoissance se ranime à la
vûë de tous ces bienfaits ; mais eussionsnous
pû , MESSIEURS la marquer
d'une manière assez éclatante , si la nouvelle
faveur que nous recevons de S. M.
C v
ne
466 MERCURE DE FRANCE
ne nous mettoit en état de la rendre publique
, et de la faire passer jusqu'à la
posterité la plus reculée.
L'amour des Letttes , et leurs progrès
dans un Etat sont des marques assurées
de grandeur et de prosperité , et leur Etablissement
dans une Ville , et pour tous
les Citoiens , une source de gloire , à laquelle
chacun a droit de prétendre,à proportion
de ses talens .
Vous le sçavez , MESSIEURS , et j'ose
le dire , vous le sçavez par expérience
quels sont les avantages que l'on retire de
la connoissance et de l'amour des belles
Lettres ; jamais l'ame n'est mieux préparée
à la vertu que lorsque les Sciences y
ont répandu la lumiere , plus on est instruit
, micux on est en état de remplir ses
devoirs.
Pour nous en convaincre , parcourons
les differens états d'une Ville où les Lettres
et les Sciences sont cultivées ; nous y
verrons tous les Postes également bien
remplis ; l'authorité y esr sans aigreur ;
Pobéissance sans contrainte ; un heureux
Equilibre y entretient l'harmonie et la
paix ; il regne entre ses habitans , " une
émulation sans envie ; des moeurs douces.
et policées y rendent la société agréable ;
les Arts sont portez à leur perfection , la
ReliMAR
S. 1733 .
467
Religion est honorée et respectée, les Loix
sont en vigueur, chacun est occupé au milieu
de l'abondance.
.. Ce sont-là , MESSIEURS , les fruits
des Sciences et des Belles - Lettres , dont
vous avez jetté les premieres semences
dans cette Province , par l'établissement
de ces Ecoles publiques , où l'on cultive
sans cesse les biens les plus précieux de la
vie , la sience et la vertu.
De là sont sortis ces grands sentimens ,
ces nobles idées , qui se sont dévelopées
peu à peu , et ausquelles il ne manquoit
que le temps et l'occasion pour éclater.
Telle est aussi , MESSIEURS , l'origine de
cette Société Litteraire , à la gloire de laquelle
vous vous trouvez interressez par
des motifs si pressans.
Jettez les yeux pour un moment , sur
un avenir , qui n'est peut - être pas si
éloigné ; et vous verrez les effets de la
noble émulation que cet établissement
va exciter dans tous les coeurs de nos Concitoiens
; vous verrez que ces Plantes si
cheres que vous cultivez avec tant de précaution
, que ces Enfans , dignes de tout
votre amour , comme de tous vos soins ;
seront les premiets à profiter de tous ces
avantages ; ces genies propres aux plus
grandes choses , cultivez par une heu-
C vi reuse
468 MERCURE DE FRANCE
reuse éducation et animez par des exem-
-ples domestiques , rempliront dignement
la place de leurs Peres , et deviendront.
un jour comme eux l'honneur et la gloire
de leur Patrie.
Si le coeur se porte sans cesse vers l'objet
qu'il aime , avec quelle impatience,
MESSIEURS , n'attendez vous point
ces heureux momens où vous pourrez
faire usage de ces sentimens de générosité
qui vous sont si naturels , et qui conviennent
si - bien au poste que voire mérite
semble vous avoir procuré avant le
temps ?
Vous n'aurez , MESSIEURS, qu'à laisser
agir . votre reconnoissance , envers les
Lettres , nos désirs seront remplis , et
l'Académie aura lieu de se féliciter d'une
si heureuse circonstance.
Tour se déclare en notre faveur ; vous.
connoissez ; MESSIEURS , le prix des
Lettres , et vous en faites la matiere de
vos plus douces occupations , les uns par
d'élégantes traductions que le public attend
avec impatience ; les autres par des
Discours aussi solides qu'éloquens , prononcez
avec grace en diverses occasions ;
d'autres , par des recherches et des Anecdotes
aussi utiles à tous les Etats , que
glorieuses à ceux qui se sont appliquez à
former
MARS. 1733.
469
former ces précieux dépôts. Enfin , MESSIEURS,
Votre gout pour les Sciences et
votre zele pour l'intérêt public , nous
donnent lieu d'esperer que vous contribuerez
de tout votre pouvoir à soutenir
un Etablissement qui ne sauroit être indifferent
à ceux qu'une heureuse éducation
distingne du yulgaire.
La gloire du Roy , celle du Prince
notre Auguste Protecteur, le Bien public,
nos interêts communs . Voilà , MESSIEURS ,
les motifs qui doivent nous réunir , pour
faire éclater notre juste reconnoissance ret
pour apprendre à la postérité que les plus
brillantes Victoires des Regnes précédens
cedenr aux douceurs dont nous
jouissons sous le meilleur de tous les
Rois.
de Ville de la Rochelle , le 18 Juillet
1732. par M.Regnaud , l'un des Membres
de la nouvelle Académie Royale , à
la tête de la Compagnie.
M
ESSIEURS ,
Nous venons partager avec vous la
joïe que nous cause un Etablissement
aussi glorieux pour cette Ville , qu'il lui
sera utile dans la suite. Cette Société Litteraire
qui s'est formée sous vos yeux, qui
des son commencement a eu l'approba
tion de M. Bignon , Intendant de la Province
, est aujourd'hui honorée de la Protection
de Monseigneur le Prince de
Conti , et érigée en Corps Académique ,
par les Lettres Patentes , qu'il a plû au
Roy de nous accorder .
L'amour de l'Etude avoit fait naître
l'idée de cet Etablissement , la Sagesse
l'a conduit , la Vertu l'a protegé , et l'authorité
Souveraine vient de le rendre stable
, par une de ces graces singulieres que
S. M. ne répand que sur les Villes qui lúi
sont les plus attachées , les plus soumises ,
Ciiij et
464 MERCURE DE FRANCE
et , si je l'ose dire , les plus cheres.
Prérogative bien glorieuse pour nous
mais encore plus interressante ! elle nous
découvre le caractere bienfaisant du Prince,
sous les Loix duquel nous avons le bonheur
de vivre , son zele à étendre l'Empire
des Lettres jusqu'aux extrémitez de la
France , et, ce qui doit nous toucher plus
vivement, son attention à procurer à cette
Ville , tout ce qui peut lui être avantageux.
En effet , MESSIEURS , nos besoins
sont satisfaits , dès qu'il les connoît ; il
sçait que le commerce de cette Ville a
perdu de son activité et de son étenduë
que notre Port est devenu inaccessible
aux Vaisseaux ; il en ordonne le rétablis
sement , l'ouvrage est commencé , et l'expérience
de celui à qui il est confié , nous
assure du succès .
ོ་
བ་
Vraiment Pere de ses Peuples , il veille
sans cesse à leur conservation ; des maladies
Périodiques affligent les habitans de
cette Ville ; il ordonne d'en chercher la
cause, on la découvre, et déja nous voïons
près de cette Digue fameuse , qui sembloit
devoir nous éloigner de la Mer en lui
prescrivant de nouvelles bornes , mille
bras occupez au salut public.
Mieux instruit que nous sommes de
"no"
MARS. 1733.
465
nos propres interêts , il prévient les suites
funestes de cette avidité qui avoit porté
les Contrées voisines à changer l'usage de
leurs Terres , sans faire attention , qu'en
multipliant à l'excès , les fruits d'une
même espece , elles causoient une abondance
capable de ruiner la principale ressource
de cette Province.
Il semble , MESSIEURS , que cet Astre
ne soit placé sur nos têtes que pour
nous faire sentir la douceur de ses influences
; toujours attentif à recompenser
le mérite et les services de ses Sujets , il
vient de répandre un nouveau lustre
sur une Compagnie encore plus - respectable
par les qualitez de l'esprit et
du coeur , que par le nouvel éclat dont
S. M. a bien voulu l'honorer.
Secondant les voeux d'un Corps qué la
piété et le sçavoir ont toujours distingués
il veut , à l'honneur de la Religion élever
des Autels , dignes de sa Magnificence
Royale , dans les mêmes lieux où l'on regrete
encore ceux que la Guerre et l'Hérésie
ont renverses avec tant de fureur.
›
Notre reconnoissance se ranime à la
vûë de tous ces bienfaits ; mais eussionsnous
pû , MESSIEURS la marquer
d'une manière assez éclatante , si la nouvelle
faveur que nous recevons de S. M.
C v
ne
466 MERCURE DE FRANCE
ne nous mettoit en état de la rendre publique
, et de la faire passer jusqu'à la
posterité la plus reculée.
L'amour des Letttes , et leurs progrès
dans un Etat sont des marques assurées
de grandeur et de prosperité , et leur Etablissement
dans une Ville , et pour tous
les Citoiens , une source de gloire , à laquelle
chacun a droit de prétendre,à proportion
de ses talens .
Vous le sçavez , MESSIEURS , et j'ose
le dire , vous le sçavez par expérience
quels sont les avantages que l'on retire de
la connoissance et de l'amour des belles
Lettres ; jamais l'ame n'est mieux préparée
à la vertu que lorsque les Sciences y
ont répandu la lumiere , plus on est instruit
, micux on est en état de remplir ses
devoirs.
Pour nous en convaincre , parcourons
les differens états d'une Ville où les Lettres
et les Sciences sont cultivées ; nous y
verrons tous les Postes également bien
remplis ; l'authorité y esr sans aigreur ;
Pobéissance sans contrainte ; un heureux
Equilibre y entretient l'harmonie et la
paix ; il regne entre ses habitans , " une
émulation sans envie ; des moeurs douces.
et policées y rendent la société agréable ;
les Arts sont portez à leur perfection , la
ReliMAR
S. 1733 .
467
Religion est honorée et respectée, les Loix
sont en vigueur, chacun est occupé au milieu
de l'abondance.
.. Ce sont-là , MESSIEURS , les fruits
des Sciences et des Belles - Lettres , dont
vous avez jetté les premieres semences
dans cette Province , par l'établissement
de ces Ecoles publiques , où l'on cultive
sans cesse les biens les plus précieux de la
vie , la sience et la vertu.
De là sont sortis ces grands sentimens ,
ces nobles idées , qui se sont dévelopées
peu à peu , et ausquelles il ne manquoit
que le temps et l'occasion pour éclater.
Telle est aussi , MESSIEURS , l'origine de
cette Société Litteraire , à la gloire de laquelle
vous vous trouvez interressez par
des motifs si pressans.
Jettez les yeux pour un moment , sur
un avenir , qui n'est peut - être pas si
éloigné ; et vous verrez les effets de la
noble émulation que cet établissement
va exciter dans tous les coeurs de nos Concitoiens
; vous verrez que ces Plantes si
cheres que vous cultivez avec tant de précaution
, que ces Enfans , dignes de tout
votre amour , comme de tous vos soins ;
seront les premiets à profiter de tous ces
avantages ; ces genies propres aux plus
grandes choses , cultivez par une heu-
C vi reuse
468 MERCURE DE FRANCE
reuse éducation et animez par des exem-
-ples domestiques , rempliront dignement
la place de leurs Peres , et deviendront.
un jour comme eux l'honneur et la gloire
de leur Patrie.
Si le coeur se porte sans cesse vers l'objet
qu'il aime , avec quelle impatience,
MESSIEURS , n'attendez vous point
ces heureux momens où vous pourrez
faire usage de ces sentimens de générosité
qui vous sont si naturels , et qui conviennent
si - bien au poste que voire mérite
semble vous avoir procuré avant le
temps ?
Vous n'aurez , MESSIEURS, qu'à laisser
agir . votre reconnoissance , envers les
Lettres , nos désirs seront remplis , et
l'Académie aura lieu de se féliciter d'une
si heureuse circonstance.
Tour se déclare en notre faveur ; vous.
connoissez ; MESSIEURS , le prix des
Lettres , et vous en faites la matiere de
vos plus douces occupations , les uns par
d'élégantes traductions que le public attend
avec impatience ; les autres par des
Discours aussi solides qu'éloquens , prononcez
avec grace en diverses occasions ;
d'autres , par des recherches et des Anecdotes
aussi utiles à tous les Etats , que
glorieuses à ceux qui se sont appliquez à
former
MARS. 1733.
469
former ces précieux dépôts. Enfin , MESSIEURS,
Votre gout pour les Sciences et
votre zele pour l'intérêt public , nous
donnent lieu d'esperer que vous contribuerez
de tout votre pouvoir à soutenir
un Etablissement qui ne sauroit être indifferent
à ceux qu'une heureuse éducation
distingne du yulgaire.
La gloire du Roy , celle du Prince
notre Auguste Protecteur, le Bien public,
nos interêts communs . Voilà , MESSIEURS ,
les motifs qui doivent nous réunir , pour
faire éclater notre juste reconnoissance ret
pour apprendre à la postérité que les plus
brillantes Victoires des Regnes précédens
cedenr aux douceurs dont nous
jouissons sous le meilleur de tous les
Rois.
Fermer
Résumé : DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
Le 18 juillet 1732, M. Regnaud, membre de la nouvelle Académie Royale de La Rochelle, a prononcé un discours célébrant la création d'une société littéraire dans la ville. Cette initiative a été approuvée par M. Bignon, Intendant de la Province, et protégée par Monseigneur le Prince de Conti, avant d'être officialisée par des lettres patentes du roi. L'établissement de cette académie est perçu comme une source de gloire et d'utilité pour La Rochelle. Le discours souligne la bienveillance du roi envers les villes loyales et soumises, mettant en avant son zèle pour l'expansion des lettres et son attention aux besoins de La Rochelle. Le roi a ordonné la restauration du port et la lutte contre les maladies périodiques affectant la ville. Il a également pris des mesures pour prévenir les conséquences néfastes de l'avidité agricole dans les régions voisines. L'académie est vue comme un moyen de promouvoir la vertu et la connaissance, contribuant à une société harmonieuse et prospère. Le discours encourage les membres à cultiver les lettres et les sciences, soulignant leur rôle dans le développement des talents et des vertus civiques. La reconnaissance envers le roi et le prince est exprimée, ainsi que l'espoir de voir les jeunes générations bénéficier de cette éducation et devenir un jour l'honneur de leur patrie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
450
p. 504
ENIGME.
Début :
Venez, Iris, que j'orne votre sein ; [...]
Mots clefs :
Violette
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGM E.
Venez ,Iris , que j'orne votre scia ;
Quoique je sois d'une couleur fort brune ,
Ma beauté n'est pas si commune ,
Plus d'un Mortel me cherche le matin .
Je dois ma naissance à l'Aurore ,
Et peut-être je suis un des premiers présens ,
Que ses larmes fassent éclore ,
Pour exciter un de vos Sens.
Venez ,Iris , que j'orne votre scia ;
Quoique je sois d'une couleur fort brune ,
Ma beauté n'est pas si commune ,
Plus d'un Mortel me cherche le matin .
Je dois ma naissance à l'Aurore ,
Et peut-être je suis un des premiers présens ,
Que ses larmes fassent éclore ,
Pour exciter un de vos Sens.
Fermer