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Détail
Liste
701
p. 222-224
PAYS-BAS.
Début :
On mande d'Elseneur, que divers Maîtres de Navires arrivés dans le Sund, [...]
Mots clefs :
Amsterdam, Bruxelles, Armateurs anglais, Mauvais traitements, Capitaine Hendriks, Corneille Bandt, Bataillons, Ordre de marche, Gouverneur de Bruxelles
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texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PATS- BAS.
D'AMSTERDAM , le 16 Septembre.
On mande d'Elfeneur , que divers Maîtres de
Navires arrivés dans le Sund , fe plaignent ex rêmement
des mauvais traitemens qu'ils ont efluyés
de la part des Armateurs Anglois . Les mêmes
nouvelles ajoutent que plufieurs de ces Corfaires
arborent pavillon d'Alger pour caufer plus de
frayeur. Un d'eux a rançonné le Patron Frédéric
Carstens pour la fomme de vingt- deux livres fterlings.
Le Capitaine Hendriks , montant le Navire
le Rotterdamfe Welvaren , a déclaré que
deux facs d'argent qu'il avoit à bord , lui avoient
OCTOBRE . 1756. 223
été enlevés avec fa montre & les hardes par
an Pirate de cette Nation . A la hauteur de
Tervere , le Navire du Capitaine Pierre Sybrand
a été canonné par un Vaiffeau de la
même Nation , & a eu les agrêts conſidérablement
endommagés. Une lettre du Patron Corneille
Bandt porte ce qui fuit . « Le 2 du courant ,
» nous remîmes à la voile de Quillebeuf. Un cal-
» me nous arrêta le 5 , & nous fûmes abordés
> par la Chaloupe d'un Armateur Anglois , dans
» laquelle il y avoit huit hommes. Ils examinerent
nos papiers. Enfuite ils enfoncerent nos
» Ecoutilles ; ils en jetterent les panneaux fur le
» tillac , & ils ouvrirent plufieurs ballots , en les
>> coupant. Parmi nos marchandiſes étoit une
» caiffe de cifeaux , dont ils prirent la moitié , en
» difant , Voilà qui eft fort bon , pour couper les
» oreilles aux Hollandois. Ils battirent trois de nos
» Matelots. Je m'attendois à avoir mon tour ,
» mais j'en fus quitte pour les menaces. Après
» avoir mis tout notre Bâtiment au pillage , &
» m'avoit ôté même les boucles d'argent que j'a-
>> vois à mes fouliers , ils me dirent qu'ils me rendroient
tout , fi je voulois leur donner onze
>> guinées & demie . Comme je les affurai que je
» n'avois pas cette fomme , ils me fouillerent moi
& mon Pilote , & ne nous laifferent que deux
» pieces de deux fols . Non contens de ce qu'ils
avoient pris , ils s'approprierent encore un baril
» d'eau-de- vie , & ils fe retirerent , en nous fou-
» haitant un bon voyage » .
DE BRUXELLES , le 25 Septembre.
Deax Bataillons de chacun des Régimens , qui
font en garnifon dans les Places des Païs -Bas , ont
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
ordre de fe tenir prêts à marcher. Le 18 de ce
mois , le Général Luchefi fe rendit à Mariemont ,
& il y prêta ferment entre les mains du Prince
Charles de Lorraine , en qualité de Gouverneur
de Bruxelles. Ce Général étant revenu ici le lendemain
au matin , reçut les complimens des Magiftrats.
Il dina chez le Comte de Gobenzel , & il
partit enfuite pour la Boheme , où il doit commander
la Cavalerie de l'armée de l'Impératrice
Reine. Le Duc d'Aremberg fe difpofe à y aller
joindre le Régiment dont il eft Colonel.
D'AMSTERDAM , le 16 Septembre.
On mande d'Elfeneur , que divers Maîtres de
Navires arrivés dans le Sund , fe plaignent ex rêmement
des mauvais traitemens qu'ils ont efluyés
de la part des Armateurs Anglois . Les mêmes
nouvelles ajoutent que plufieurs de ces Corfaires
arborent pavillon d'Alger pour caufer plus de
frayeur. Un d'eux a rançonné le Patron Frédéric
Carstens pour la fomme de vingt- deux livres fterlings.
Le Capitaine Hendriks , montant le Navire
le Rotterdamfe Welvaren , a déclaré que
deux facs d'argent qu'il avoit à bord , lui avoient
OCTOBRE . 1756. 223
été enlevés avec fa montre & les hardes par
an Pirate de cette Nation . A la hauteur de
Tervere , le Navire du Capitaine Pierre Sybrand
a été canonné par un Vaiffeau de la
même Nation , & a eu les agrêts conſidérablement
endommagés. Une lettre du Patron Corneille
Bandt porte ce qui fuit . « Le 2 du courant ,
» nous remîmes à la voile de Quillebeuf. Un cal-
» me nous arrêta le 5 , & nous fûmes abordés
> par la Chaloupe d'un Armateur Anglois , dans
» laquelle il y avoit huit hommes. Ils examinerent
nos papiers. Enfuite ils enfoncerent nos
» Ecoutilles ; ils en jetterent les panneaux fur le
» tillac , & ils ouvrirent plufieurs ballots , en les
>> coupant. Parmi nos marchandiſes étoit une
» caiffe de cifeaux , dont ils prirent la moitié , en
» difant , Voilà qui eft fort bon , pour couper les
» oreilles aux Hollandois. Ils battirent trois de nos
» Matelots. Je m'attendois à avoir mon tour ,
» mais j'en fus quitte pour les menaces. Après
» avoir mis tout notre Bâtiment au pillage , &
» m'avoit ôté même les boucles d'argent que j'a-
>> vois à mes fouliers , ils me dirent qu'ils me rendroient
tout , fi je voulois leur donner onze
>> guinées & demie . Comme je les affurai que je
» n'avois pas cette fomme , ils me fouillerent moi
& mon Pilote , & ne nous laifferent que deux
» pieces de deux fols . Non contens de ce qu'ils
avoient pris , ils s'approprierent encore un baril
» d'eau-de- vie , & ils fe retirerent , en nous fou-
» haitant un bon voyage » .
DE BRUXELLES , le 25 Septembre.
Deax Bataillons de chacun des Régimens , qui
font en garnifon dans les Places des Païs -Bas , ont
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
ordre de fe tenir prêts à marcher. Le 18 de ce
mois , le Général Luchefi fe rendit à Mariemont ,
& il y prêta ferment entre les mains du Prince
Charles de Lorraine , en qualité de Gouverneur
de Bruxelles. Ce Général étant revenu ici le lendemain
au matin , reçut les complimens des Magiftrats.
Il dina chez le Comte de Gobenzel , & il
partit enfuite pour la Boheme , où il doit commander
la Cavalerie de l'armée de l'Impératrice
Reine. Le Duc d'Aremberg fe difpofe à y aller
joindre le Régiment dont il eft Colonel.
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Résumé : PAYS-BAS.
En septembre 1756, plusieurs incidents maritimes sont rapportés. À Amsterdam, des maîtres de navires se plaignent des mauvais traitements infligés par des armateurs anglais dans le Sund. Des corsaires anglais utilisent le pavillon algérien pour semer la peur. Un pirate anglais a rançonné Frédéric Carstens pour vingt-deux livres sterling et dérobé des biens au capitaine Hendriks. Le navire du capitaine Pierre Sybrand a été canonné près de Tervere. Corneille Bandt décrit une attaque anglaise près de Quillebeuf, où des marchandises ont été pillées et des matelots battus. Les agresseurs ont exigé onze guinées et demie pour rendre les biens volés. Sur le front terrestre, à Bruxelles, deux bataillons sont prêts à marcher. Le général Luchefi a prêté serment au prince Charles de Lorraine à Mariemont et a rejoint l'armée en Bohême. Le duc d'Aremberg se prépare à rejoindre son régiment.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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702
p. 185
DU NORD.
Début :
Sur la nouvelle des hostilités commises par le Roi de Prusse [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Saxe, Roi de Prusse, Impératrice, Troupes, Livonie
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE PETERSBOURG , le 17 Septembre.
Sur la nouvelle des hoftilités commiſes par le
Roi de Pruffe dans la Saxe , & de l'invaſion dont
ce Prince menace la Boheme , l'Impératrice a ordonné
d'affembler dans la Livonie un Corps con→
fidérable de troupes , deftiné à fecourir l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & le Roi
de Pologne Electeur de Saxe. Le Feld -Maréchal
Apraxin aura le commandement de cette armée.
DE PETERSBOURG , le 17 Septembre.
Sur la nouvelle des hoftilités commiſes par le
Roi de Pruffe dans la Saxe , & de l'invaſion dont
ce Prince menace la Boheme , l'Impératrice a ordonné
d'affembler dans la Livonie un Corps con→
fidérable de troupes , deftiné à fecourir l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & le Roi
de Pologne Electeur de Saxe. Le Feld -Maréchal
Apraxin aura le commandement de cette armée.
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703
p. 185-195
ALLEMAGNE.
Début :
On a fait pendant trois jours dans toutes les Eglises, des prieres [...]
Mots clefs :
Vienne, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Ordonnances, Bratislava, Seigneurs, Maison d'Esterhasi, Régiments, Prince Picolomini, Baron de Buccow, Ratisbonne, Rescrit de l'Empereur, Électeur de Saxe, Violences, Diète, Roi de Prusse, Dresde, Batailles, Officiers, Ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, Déclaration, Berlin, Sieur d'Oppren, États généraux des Provinces-Unies
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 25 Septembre.
On a fait pendant trois jours dans toutes les
Eglifes , des prieres publiques pour la profpérité
des Amesde l'Impératrice keine. Cette Princeffe
a ordonné que les Chambres de fes Finances fourniffent
sing kieutzers par jour pour chacun des
garçons , depuis l'age de huit ans jufqu'à feize ,
qui doivent être transférés de Boheme en Autriche.
Ceux depuis feize ans jufqu'à quarante- cinq ,
formeront un Corps de Milices. Ils auront fept
kreutzers de paie par jour , & on leur donnera
186 MERCURE DE FRANCE.
un uniforme. Lorfque la tranquillité ſera rendue
à l'Allemagne , on les renverra chez eux .
DE PRESBOURG , le 26 Septembre.
En attendant les réfolutions que les Etats de
Hongrie prendront pour fournir à l'Impératrice
Reine les fecours néceffaires dans la conjoncture
préfente , plufieurs Seigneurs ont fait éclater d'avance
le zele dont ils font animés. La Maiſon
d'Efterhafi a donné l'exemple , & elle a offert la
premiere de lever à fes dépens un Régiment.
Quelques autres des Maifons les plus confidérables
de ce Royaume ont fait la même offre . Elles
ont été imitées par divers Evêques & riches Bénéficiers.
Du Quartier Général du Prince Picolemini à
Spalena-Lhotka , le 29 Septembre 1756 .
Le Baron de Buccow , Lieutenant - Feld- Maréchal
, qui étoit en avant pour obferver les monvemens
du Feld- Maréchal de Schwerin , ayant
appris que ce Général s'avançoit en forces , fe
replia fur Slavietin , enfuite à Oberb'eff , & le
21 il fe pofta derriere le pont de Schmirlitz. Le
22 il détacha le Baron Lufinski , Colonel Commandant
du Régiment de Feftetitz , avec quatre
cens Dragons des Régimens de Bathiani & de
Collowrath , & cent cinquante Huffards pour inquiéter
les ennemis. A la pointe du jour , le
Baron Lufinsky découvrit quelques E'cadrons
Pruffiens. Il les fit attaquer par fes Huffards. Les
Dragons de Bathiani & de Collowrath , fans attendre
l'ordre , donnerent de leur côté avec fureur.
Les Escadrons ennemis furent culbutés . Leur
perte monte à trois cens hommes , & on leur a
NOVEMBRE . 1756. 187
fait plufieurs prifonniers . Du côté des Autrichiens,
il eft reſté cent vingt Dragons ou Huffards fur le
champ de bataille. Aujourd'hui les troupes du
-Feld - Maréchal de Schwerin ont fait un grand
fourrage. Le Régiment de Bethléem entra hier
dans notre camp.
DE RATISBONNE , le 7 Octobre.
Voici l'Extrait du Refcrit que l'Empereur a addreffé
au Roi de Pruffe. « Nous François , par la
» grace de Dieu , Empereur des Romains , &c.
» Non feulement il eft notoire à tout l'Empire ,
mais il nous a été repréſenté par S. M. le Roi
» de Pologne Electeur de Saxe , que V. M. Electeur
» de Brandebourg étoit tombée hoftilement , par
» deux endroits , fur les Etats Electoraux de Saxe
avec une armée d'environ foixante mille hom-
» mes ; qu'Elle s'étoit emparée de la plus grande
partie de ces Etats ; que dès que vos troupes y
» furent entrées , elles commencerent par exiger
> du pays une quantité de livraiſons , qui alloit
beaucoup au-delà de fes facultés ; qu'on enleva
» aux Sujets leur bétail , leurs chevaux & leurs Va-
>>lets : qu'on s'empara de Léipfick , ainfi que des
> autres Villes ; qu'on faifit & dépouilla toutes les
caifles; qu'il fut défendu , fous peine de la vie ,
» à tous les Caifliers , Confeillers de Ville ,
» Marchands & autres Sujets , de rien payer dé-
»formais à l'Electeur de Saxe , & qu'ils eurent
>>ordre de remettre à Votre Majefté toutes les rentes
, accifes , tailles , & autres impôts du pays.
» que V. M. a fait prifonniers tous les Militaires
ɔɔde l'Electorat , qui font tombés en votre puif-
» fance ; & que même , contre le droit des gens ,
won a retenu plufieurs jours , comme tel , le
ISS MERCURE DE FRANCE.
» Général Méager que l'Electeur fon Maître avoi
envoyé vers vous avec des lettres : enfin que de
»telles hoftilités ont obligé le Roi de Pologne :
Electeur de Saxe , d'abandonner ſa réfidence ce
»Drefde , & d'aller chercher avec les troupes un
»azyle , qui pût affurer fa liberté d'Etat de l'Emmpire.
De plus, la Déclaration que V. M. a fait
»publier à Berlin , ne nous a pas permis d'igno-
»rer, que fes grands préparatifs de guerre étoient
deftinés contre les Etats Royaux & Electoraнx
» de Boheme , & qu'Elle alloit envahir encore
» d'autres Provinces de l'Empire . V. M. doit
>> reconnoître d'Elle - même que des vexations
>>auffi inouis contre l'Electorat de Saxe , les vio-
»lences & les pillages de vos troupes , leurs mena-
Dces de ravager tout par le fer & par le feu , la
» marche annoncée contre d'autres Etars , font
directement oppofées aux Loix de l'Empire. Ces
»entrepriſes bleffant notre autorité Impériale & la
»dignité de l'Empire , & renverfant toute la Confwtitution
du Corps Germanique , Nous nous
voyons indifpenfablement obligés , en vertu de
»notre Office Impérial , de remplir ce qu'exigent
» de nous l'adminiſtration de l'autorité qui nous
»a été confiée ; les Libertés de l'Allemagne ; la
> fûreté commune de tous les Etats de l'Empire ;
>>la tranquillité publique ; & les fermens folem-
»nels que nous avons faits d'obferver notre Ca-
»pitulation Impériale. A ces Cauſes , & par la
»plénitude de notre Pouvoir , nous commandons
très-férieufement à Votre Majefté , de faire ceffer
>> incontinent toutes violences contraires au repos
»public , & de renoncer à toute invaſion dans l'E-
>>lectorat de Saxe & dans d'autres pays de l'Allemagne.
Nous vous enjoignons de retirer vos
troupes fans aucun délai , & de ceffer des armeNOVEMBRE
. 1756. 189
X
mens dangereux pour la fûreté générale de l'Em-
» pire ; de réparer tous les dommages commis
» de reftituer ce qui a été pris ; & de nous infor-
» mer de l'exactitude avec laquelle vous aurez exécuté
ces ordres. Donné à Vienne , le 13 Septem
» bre 17:56. ”
Le Décret envoyé à la Diete par l'Empereur ,
n'eft pas conçu dans des termes moins forts . Il finit
ainfi . « Comme il ne faut rien négliger pour
>> arrêter le cours du défordre , & que le preflant
» danger où le trouve l'Electeur de Saxe , exige
>> une très prompte affiftance , on rappelle tous les
Habitans ou Naturels de l'Empire , qui font em,
» ployés au fervice & à la préfente expédition du
» Roi de Pruffe Electeur de Brandebourg. On re-
» commande auffi à tous les Cercles de l'Empire
de fecourir promptement la Paitie fouffrante
»comme il eft de leur devoir , & de ne pas per-
»mettre que dans leurs Diftricts il foit fait aucunes
levées pour l'Aggreffeur. S. M. Impériale ne
doute pas que ces Cercles ne voient d'eux mê-
» mes le péril qui menace chaque Etat en parti-
> culier & tout l'Empire en général. Certainement
»ils prévoient les maux qui réfulteroient d'un
bouleverſement total du Corps Germanique . Ils
»conçoivent qu'après la ruine des principaux
Etats , il ne refteroit aux autres que d'éprouver
»le même fort ; & que , l'occaſion le préfentant
Oppreffeur ne manqueroit pas de leur ravir
leurs Poffeffions , leurs Droits , leurs Libertés ,
& ( ce que les Membres de l'Empire ont de plus
»précieux ) , leur indépendance de leurs Co -Etats.
Ainfi S. M Impériale eft perfuadée que , fur des
>conſidérations fi importantes , ils fecoureront
de tout leur pouvoir l'Etat qui a été le premier
Denvahi, afin de prévenir le malheur de l'être eux190
MERCURE DE FRANCE.
» mêmes dans la fuite . Cependant comme d'un côré
les arrangemens concernant ce lecours exi-
» gent une nouvelle Ordonnance de l'Empire , &
» que de l'autre il est néceffaire de prendre des mefures
pour mettre déformais l'Allemagne en fû-
» reté , S. M. Imp. n'a pas voulu différer d'expo-
»fer , ainfi qu'Elle fait par la Préfente , aux Elec-
>> teurs , Princes & Etats , le danger éminent dont
>>l'Empire eft menacé , & ce qu'Elle a fair pour
mécarter l'orage. Elle leur déclare en même temps,
qu'elle défire d'eux qu'ils fe réuniffent inceffa
ment pour contribuer aux fecours qui doivent
Dêtre fournis , & qu'ils faffent part de leur délibé-
>> ration à S. M. Imp. , afin qu'on prenne de con-
» cert une réfolution ferme & Patriotique . Signé à
Vienne , le 14 Septembre 1756. »
la
Dans une nouvelle Déclaration qui paroît de
part du Roi de Pruffe , il eft dit : Que l'état de
profpérité , où la Maifon Electorale de Brandebourg
fe trouve depuis le commencement de ce
fiecle , & le zele de cette Maifon pour le maintien
des droits de l'Empire, & pour l'intérêt de la cauſe
Proteftante , ont excité contre S. M. Pruffienne
les vues de la Cour de Vienne , & ont animé cette
Cour à former des entreprifes pour l'affoiblir ;
que la Cour de Drefde n'a pu diffimuler non plus
fa façon de penfer à cet égard , & les fentimens
de haine qu'elle portoit à S. M. Pruffienne ; que
ces difpofitions des deux Cours ont produit entre
elles un concert de mefures qui tendoient à l'écrafer
, Elle & fa Maiſon Electorale , ou du moins
à la mettre dans un état de médiocrité , qui la
réduisit au rang des Electeurs les moins puiffans
de l'Empire ; qu'on s'étoit proposé de parvenir à
ce but , en commençant par la dépouiller des
acquifitions dont la divine Providence a couronné
NOVEMBRE . 1756 . 191
fon zele pour la gloire & les véritables intérêts
du Corps Germanique . Le Baron de Plotho , Miaiftre
du Roi de Pruffe à la Diete , en remettant
cette Déclaration aux autres Miniftres qui compofent
cette affemblée , a ajouté : « Que comme
on avoit mis le Roi fon Maître dans la néceffité
de ne plus ufer de ménagemens fur les découvertes
qu'il a faites au fujet des intentions des
> Cours de Vienne & de Drefde , S. M. Pruf-
>fienne ne tarderoit pas à mettre au jour les
preuves qu'Elle avoit en main du projet médité
par ces deux Cours pour la fubverfion de la
Maifon Electorale de Brandebourg , & pour
lui faire fubir le joug qui menaçoit en même
temps le reste de l'Empire. »
DE DRESDE , le 4 Octobre.
On reçut avant-hier la nouvelle de la bataille
qui s'eft donnée le premier de ce mois dans la
plaine de Welmina , entre l'armée Autrichienne
commandée par le Feld - Maréchal de Browne , &
celle à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe.
Les troupes de part & d'autre ont combattu avec
une valeur extraordinaire , & l'action a été des
plus fanglantes. Diverfes lettres font monter la
perte des Pruffiens au double de celle des Autri➡
chiens. Les premiers ont commandé quatre cens
charriots , & enlevé de tous côtés des chevaux
pour conduire ici leurs bleffés . Entre les Officiers
de marque qui ont été tués dans l'armée du Roi
de Pruffe , on compte les Généraux de Kleift &
de Forcade , & les ieurs de Luderitz , d'Oertz , de
Driefen & de Quadt , Majors Généraux. La nuit
qui a fuivi l'action , chacune des deux armées a
couché fur le terrein qu'elle occupoit avant le
192 MERCURE DE FRANCE.
combat. Le lendemain , les Pruffiens font revenus
àleur camp près d'Auffig. Le Roi de Prufle s'attribuant
, ainfi que les Autrichiens , l'avantage de
la bataille , fit chanter avant- hier le Te Deum
dans ce camp , au bruit d'une triple falve d'artillerie
& de moufqueterie. Ce Prince fe rendit le
même jour à Gros- Sedlitz , où eft le principal
quartier des troupes qui bloquent le camp de
Pirna. Sa Majefté Prullienne a ordonné de lever
vingt-deux mille hommes de recrues dans cet
Electorat , & tout le pays fe trouve dans un tel
épuifement , que plufieurs Payfans prennent volontairement
le parti du fervice . L'armée Saxonne
a reçu de Boheme par l'Elbe un convoi de vivres.
Le fieur de Groffe , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , communiqua le 23 du
mois dernier aux Miniftres Etrangers qui font en
cette Ville , une Déclaration datée du 4 , & portant
en ſubſtance : « Que comme S. M. Impériale
»de Ruffie dans les préparatifs qu'Elle avoit or
»donné de faire au printemps dernier , n'avoit eu
»pour but que de fe mettre en état de remplir fes
Dengagemens avec les Alliés , fuppofé que quel-
» qu'un d'eux fût attaqué , ces préparatifs de terre
& de mer avoient été fufpendus , auffi- tôt qu'on
avoit pu ſe flatter , que ce cas n'exifteroit pas de
»quelques temps , afin que tout l'Univers pût
Dêtre convaincu que S. M. Imp . Cz. étoit auffi
néloignée de mettre l'Europe en allarme fans une
»néceffité extrême , qu'Elle étoit difpofée à fe-
» courir fes Alliés , lorſqu'ils étoient menacés d'at
taque . Que loin de reconnoître les fentimens de
wcette Princeffe à cet égard , le Roi de Pruffe ,
quoiqu'il fût demeuré tranquille pendant les
»préparatifs de la Ruffie , & même quelque temps
après qu'on les eût ceffés , avoit commencé à
»faire
NOVEMBRE . 1756. 193
faire tout d'un coup de fi puiffans armemens ,
qu'ils avoient donné lieu d'appréhender que le
feu d'une guerre n'éclatât inceffamment . Que
» cependant , pour ne pas multiplier les craintes ,
» & ne pas fournir à S. M. Pr. un prétexte appa-
>> rent de troubler la tranquillité publique, la Ruffie
s'étoit abftenue de faire aucun nouveau mouve-
» ment , dans l'efperance que le Roi de Pruffe ,
imitant cet exemple , ne voudroit pas être auteur
» de la renaiffance des troubles . Mais que ce Prin-
>> ce ayant continué d'armer de toutes les forces ,
» fans le moindre relâche , & fans en alléguer
d'autre raiſon que l'idée qu'il s'étoit formée
» d'avoir une attaque à craindre , il avoit parlà
» donné fuffisamment à connoître qu'il ne cher-
>> choit qu'un prétexte pour troubler le repos de
» l'Europe. Qu'il eft conftant en effet , que lorfque
le Roi de Pruffe a preffé fes armemens avec
» le plus d'ardeur , ceux de la Ruſſie avoient ceffé
» depuis longtems , & que ceux de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme n'ont commencé,
que lorfque les mouvemens fucceffifs
>>des Pruffiens & l'augmentation de leurs forces
» ont donné lieu de craindre pour la Boheme
»& pour la Moravie , d'autant plus qu'on n'igno-
»roit pas le mécontentement que le Roi de Pruffe
» avoit conçu de la conclufion du Traité de Ver
failles , quoique ce Prince , en concluant celui
qu'il a fait avec la Grande-Bretagne , n'eût
guere paru fe metre en peine de ce qu'on pour-
»roit en penfer à la Cour de Vienne. Qu'il eft
» donc évident , comme il le paroît à S. M. Imp.
» Cz. , que le Roi de Pruffe doit être confidéré
>>comme le premier auteur des troubles qui vone
»éclorre , quoiqu'il ait affecté de publier qu'il
n'avoit pris toutes ces mesures que pour fe
IS
194 MERCURE DE FRANCE.
»défendre contre fes ennemis , lefquels n'ont
»exifté que dans la fuppofition qu'il en a faite .
Que c'eft néanmoins fur cette fuppofition qu'il
» s'eft cru en droit de faire demander à l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme une
explication , de même que fur les préparatifs
»de cette Princeffe , en ajoutant à cette demande
que fi la réponſe n'étoit pas à fon gré , il protef-
»toit devant Dieu qu'il ne feroit pas refponfable
des fuites qui en réfulteroient. Qu'attendu tou
»tes ces circonftances , l'Impératrice de Ruffie ne
peut cacher plus long - temps les véritables fentimens
dont Elle eft remplie à cet égard , ni
s'empêcher de déclarer , que comme Elle ne
»peut regarder d'un oeil indifférent toute invafion
» qui feroit faite dans les Etats de fes Alliés , par-
»ticuliérement dans les Etats de l'Impératrice
»Reine de Hongrie , & dans les Etats Electoraux
» de Saxe , Elle fournira un prompt & puiſſant
fecours à la Puiffance injuftement attaquée , &
qu'Elle ne fe croira nullement reſponſable des
»fuites que la conduite préfente & menaçante du
Roi de Pruffe entraînera après elle. »>
D
DE BERLIN , le 6 Octobre.
Le 3 de ce mois au matin , le fieur d'Oppen ,
Aide de Camp du Roi , arriva de Boheme , précédé
de quatorze Poftillons fonnant du Cor . Cet Officier
a remis aux deux Reines des lettres , par
lefquelles Sa Majefté informe ces Princeffes des
principaux détails de la bataille du premier de
ce mois. Le Prince François de Brunfwic vient
d'être fait Major Général .
Cette Cour a fait affurer les Puiffances , dont
les Sujets ont des fonds dans la Steur , qu'ils
NOVEMBRE. 1756. 195
recevront le paiement de leurs arrérages aux
termes de l'échéance , fans qu'il foit rien changé
aux arrangemens pris à cet égard . Sa Majefté
a fait donner en particulier les plus fortes affurances
fur cet article aux Etats Generaux des Provinces-
Unies.
DE VIENNE , le 25 Septembre.
On a fait pendant trois jours dans toutes les
Eglifes , des prieres publiques pour la profpérité
des Amesde l'Impératrice keine. Cette Princeffe
a ordonné que les Chambres de fes Finances fourniffent
sing kieutzers par jour pour chacun des
garçons , depuis l'age de huit ans jufqu'à feize ,
qui doivent être transférés de Boheme en Autriche.
Ceux depuis feize ans jufqu'à quarante- cinq ,
formeront un Corps de Milices. Ils auront fept
kreutzers de paie par jour , & on leur donnera
186 MERCURE DE FRANCE.
un uniforme. Lorfque la tranquillité ſera rendue
à l'Allemagne , on les renverra chez eux .
DE PRESBOURG , le 26 Septembre.
En attendant les réfolutions que les Etats de
Hongrie prendront pour fournir à l'Impératrice
Reine les fecours néceffaires dans la conjoncture
préfente , plufieurs Seigneurs ont fait éclater d'avance
le zele dont ils font animés. La Maiſon
d'Efterhafi a donné l'exemple , & elle a offert la
premiere de lever à fes dépens un Régiment.
Quelques autres des Maifons les plus confidérables
de ce Royaume ont fait la même offre . Elles
ont été imitées par divers Evêques & riches Bénéficiers.
Du Quartier Général du Prince Picolemini à
Spalena-Lhotka , le 29 Septembre 1756 .
Le Baron de Buccow , Lieutenant - Feld- Maréchal
, qui étoit en avant pour obferver les monvemens
du Feld- Maréchal de Schwerin , ayant
appris que ce Général s'avançoit en forces , fe
replia fur Slavietin , enfuite à Oberb'eff , & le
21 il fe pofta derriere le pont de Schmirlitz. Le
22 il détacha le Baron Lufinski , Colonel Commandant
du Régiment de Feftetitz , avec quatre
cens Dragons des Régimens de Bathiani & de
Collowrath , & cent cinquante Huffards pour inquiéter
les ennemis. A la pointe du jour , le
Baron Lufinsky découvrit quelques E'cadrons
Pruffiens. Il les fit attaquer par fes Huffards. Les
Dragons de Bathiani & de Collowrath , fans attendre
l'ordre , donnerent de leur côté avec fureur.
Les Escadrons ennemis furent culbutés . Leur
perte monte à trois cens hommes , & on leur a
NOVEMBRE . 1756. 187
fait plufieurs prifonniers . Du côté des Autrichiens,
il eft reſté cent vingt Dragons ou Huffards fur le
champ de bataille. Aujourd'hui les troupes du
-Feld - Maréchal de Schwerin ont fait un grand
fourrage. Le Régiment de Bethléem entra hier
dans notre camp.
DE RATISBONNE , le 7 Octobre.
Voici l'Extrait du Refcrit que l'Empereur a addreffé
au Roi de Pruffe. « Nous François , par la
» grace de Dieu , Empereur des Romains , &c.
» Non feulement il eft notoire à tout l'Empire ,
mais il nous a été repréſenté par S. M. le Roi
» de Pologne Electeur de Saxe , que V. M. Electeur
» de Brandebourg étoit tombée hoftilement , par
» deux endroits , fur les Etats Electoraux de Saxe
avec une armée d'environ foixante mille hom-
» mes ; qu'Elle s'étoit emparée de la plus grande
partie de ces Etats ; que dès que vos troupes y
» furent entrées , elles commencerent par exiger
> du pays une quantité de livraiſons , qui alloit
beaucoup au-delà de fes facultés ; qu'on enleva
» aux Sujets leur bétail , leurs chevaux & leurs Va-
>>lets : qu'on s'empara de Léipfick , ainfi que des
> autres Villes ; qu'on faifit & dépouilla toutes les
caifles; qu'il fut défendu , fous peine de la vie ,
» à tous les Caifliers , Confeillers de Ville ,
» Marchands & autres Sujets , de rien payer dé-
»formais à l'Electeur de Saxe , & qu'ils eurent
>>ordre de remettre à Votre Majefté toutes les rentes
, accifes , tailles , & autres impôts du pays.
» que V. M. a fait prifonniers tous les Militaires
ɔɔde l'Electorat , qui font tombés en votre puif-
» fance ; & que même , contre le droit des gens ,
won a retenu plufieurs jours , comme tel , le
ISS MERCURE DE FRANCE.
» Général Méager que l'Electeur fon Maître avoi
envoyé vers vous avec des lettres : enfin que de
»telles hoftilités ont obligé le Roi de Pologne :
Electeur de Saxe , d'abandonner ſa réfidence ce
»Drefde , & d'aller chercher avec les troupes un
»azyle , qui pût affurer fa liberté d'Etat de l'Emmpire.
De plus, la Déclaration que V. M. a fait
»publier à Berlin , ne nous a pas permis d'igno-
»rer, que fes grands préparatifs de guerre étoient
deftinés contre les Etats Royaux & Electoraнx
» de Boheme , & qu'Elle alloit envahir encore
» d'autres Provinces de l'Empire . V. M. doit
>> reconnoître d'Elle - même que des vexations
>>auffi inouis contre l'Electorat de Saxe , les vio-
»lences & les pillages de vos troupes , leurs mena-
Dces de ravager tout par le fer & par le feu , la
» marche annoncée contre d'autres Etars , font
directement oppofées aux Loix de l'Empire. Ces
»entrepriſes bleffant notre autorité Impériale & la
»dignité de l'Empire , & renverfant toute la Confwtitution
du Corps Germanique , Nous nous
voyons indifpenfablement obligés , en vertu de
»notre Office Impérial , de remplir ce qu'exigent
» de nous l'adminiſtration de l'autorité qui nous
»a été confiée ; les Libertés de l'Allemagne ; la
> fûreté commune de tous les Etats de l'Empire ;
>>la tranquillité publique ; & les fermens folem-
»nels que nous avons faits d'obferver notre Ca-
»pitulation Impériale. A ces Cauſes , & par la
»plénitude de notre Pouvoir , nous commandons
très-férieufement à Votre Majefté , de faire ceffer
>> incontinent toutes violences contraires au repos
»public , & de renoncer à toute invaſion dans l'E-
>>lectorat de Saxe & dans d'autres pays de l'Allemagne.
Nous vous enjoignons de retirer vos
troupes fans aucun délai , & de ceffer des armeNOVEMBRE
. 1756. 189
X
mens dangereux pour la fûreté générale de l'Em-
» pire ; de réparer tous les dommages commis
» de reftituer ce qui a été pris ; & de nous infor-
» mer de l'exactitude avec laquelle vous aurez exécuté
ces ordres. Donné à Vienne , le 13 Septem
» bre 17:56. ”
Le Décret envoyé à la Diete par l'Empereur ,
n'eft pas conçu dans des termes moins forts . Il finit
ainfi . « Comme il ne faut rien négliger pour
>> arrêter le cours du défordre , & que le preflant
» danger où le trouve l'Electeur de Saxe , exige
>> une très prompte affiftance , on rappelle tous les
Habitans ou Naturels de l'Empire , qui font em,
» ployés au fervice & à la préfente expédition du
» Roi de Pruffe Electeur de Brandebourg. On re-
» commande auffi à tous les Cercles de l'Empire
de fecourir promptement la Paitie fouffrante
»comme il eft de leur devoir , & de ne pas per-
»mettre que dans leurs Diftricts il foit fait aucunes
levées pour l'Aggreffeur. S. M. Impériale ne
doute pas que ces Cercles ne voient d'eux mê-
» mes le péril qui menace chaque Etat en parti-
> culier & tout l'Empire en général. Certainement
»ils prévoient les maux qui réfulteroient d'un
bouleverſement total du Corps Germanique . Ils
»conçoivent qu'après la ruine des principaux
Etats , il ne refteroit aux autres que d'éprouver
»le même fort ; & que , l'occaſion le préfentant
Oppreffeur ne manqueroit pas de leur ravir
leurs Poffeffions , leurs Droits , leurs Libertés ,
& ( ce que les Membres de l'Empire ont de plus
»précieux ) , leur indépendance de leurs Co -Etats.
Ainfi S. M Impériale eft perfuadée que , fur des
>conſidérations fi importantes , ils fecoureront
de tout leur pouvoir l'Etat qui a été le premier
Denvahi, afin de prévenir le malheur de l'être eux190
MERCURE DE FRANCE.
» mêmes dans la fuite . Cependant comme d'un côré
les arrangemens concernant ce lecours exi-
» gent une nouvelle Ordonnance de l'Empire , &
» que de l'autre il est néceffaire de prendre des mefures
pour mettre déformais l'Allemagne en fû-
» reté , S. M. Imp. n'a pas voulu différer d'expo-
»fer , ainfi qu'Elle fait par la Préfente , aux Elec-
>> teurs , Princes & Etats , le danger éminent dont
>>l'Empire eft menacé , & ce qu'Elle a fair pour
mécarter l'orage. Elle leur déclare en même temps,
qu'elle défire d'eux qu'ils fe réuniffent inceffa
ment pour contribuer aux fecours qui doivent
Dêtre fournis , & qu'ils faffent part de leur délibé-
>> ration à S. M. Imp. , afin qu'on prenne de con-
» cert une réfolution ferme & Patriotique . Signé à
Vienne , le 14 Septembre 1756. »
la
Dans une nouvelle Déclaration qui paroît de
part du Roi de Pruffe , il eft dit : Que l'état de
profpérité , où la Maifon Electorale de Brandebourg
fe trouve depuis le commencement de ce
fiecle , & le zele de cette Maifon pour le maintien
des droits de l'Empire, & pour l'intérêt de la cauſe
Proteftante , ont excité contre S. M. Pruffienne
les vues de la Cour de Vienne , & ont animé cette
Cour à former des entreprifes pour l'affoiblir ;
que la Cour de Drefde n'a pu diffimuler non plus
fa façon de penfer à cet égard , & les fentimens
de haine qu'elle portoit à S. M. Pruffienne ; que
ces difpofitions des deux Cours ont produit entre
elles un concert de mefures qui tendoient à l'écrafer
, Elle & fa Maiſon Electorale , ou du moins
à la mettre dans un état de médiocrité , qui la
réduisit au rang des Electeurs les moins puiffans
de l'Empire ; qu'on s'étoit proposé de parvenir à
ce but , en commençant par la dépouiller des
acquifitions dont la divine Providence a couronné
NOVEMBRE . 1756 . 191
fon zele pour la gloire & les véritables intérêts
du Corps Germanique . Le Baron de Plotho , Miaiftre
du Roi de Pruffe à la Diete , en remettant
cette Déclaration aux autres Miniftres qui compofent
cette affemblée , a ajouté : « Que comme
on avoit mis le Roi fon Maître dans la néceffité
de ne plus ufer de ménagemens fur les découvertes
qu'il a faites au fujet des intentions des
> Cours de Vienne & de Drefde , S. M. Pruf-
>fienne ne tarderoit pas à mettre au jour les
preuves qu'Elle avoit en main du projet médité
par ces deux Cours pour la fubverfion de la
Maifon Electorale de Brandebourg , & pour
lui faire fubir le joug qui menaçoit en même
temps le reste de l'Empire. »
DE DRESDE , le 4 Octobre.
On reçut avant-hier la nouvelle de la bataille
qui s'eft donnée le premier de ce mois dans la
plaine de Welmina , entre l'armée Autrichienne
commandée par le Feld - Maréchal de Browne , &
celle à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe.
Les troupes de part & d'autre ont combattu avec
une valeur extraordinaire , & l'action a été des
plus fanglantes. Diverfes lettres font monter la
perte des Pruffiens au double de celle des Autri➡
chiens. Les premiers ont commandé quatre cens
charriots , & enlevé de tous côtés des chevaux
pour conduire ici leurs bleffés . Entre les Officiers
de marque qui ont été tués dans l'armée du Roi
de Pruffe , on compte les Généraux de Kleift &
de Forcade , & les ieurs de Luderitz , d'Oertz , de
Driefen & de Quadt , Majors Généraux. La nuit
qui a fuivi l'action , chacune des deux armées a
couché fur le terrein qu'elle occupoit avant le
192 MERCURE DE FRANCE.
combat. Le lendemain , les Pruffiens font revenus
àleur camp près d'Auffig. Le Roi de Prufle s'attribuant
, ainfi que les Autrichiens , l'avantage de
la bataille , fit chanter avant- hier le Te Deum
dans ce camp , au bruit d'une triple falve d'artillerie
& de moufqueterie. Ce Prince fe rendit le
même jour à Gros- Sedlitz , où eft le principal
quartier des troupes qui bloquent le camp de
Pirna. Sa Majefté Prullienne a ordonné de lever
vingt-deux mille hommes de recrues dans cet
Electorat , & tout le pays fe trouve dans un tel
épuifement , que plufieurs Payfans prennent volontairement
le parti du fervice . L'armée Saxonne
a reçu de Boheme par l'Elbe un convoi de vivres.
Le fieur de Groffe , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , communiqua le 23 du
mois dernier aux Miniftres Etrangers qui font en
cette Ville , une Déclaration datée du 4 , & portant
en ſubſtance : « Que comme S. M. Impériale
»de Ruffie dans les préparatifs qu'Elle avoit or
»donné de faire au printemps dernier , n'avoit eu
»pour but que de fe mettre en état de remplir fes
Dengagemens avec les Alliés , fuppofé que quel-
» qu'un d'eux fût attaqué , ces préparatifs de terre
& de mer avoient été fufpendus , auffi- tôt qu'on
avoit pu ſe flatter , que ce cas n'exifteroit pas de
»quelques temps , afin que tout l'Univers pût
Dêtre convaincu que S. M. Imp . Cz. étoit auffi
néloignée de mettre l'Europe en allarme fans une
»néceffité extrême , qu'Elle étoit difpofée à fe-
» courir fes Alliés , lorſqu'ils étoient menacés d'at
taque . Que loin de reconnoître les fentimens de
wcette Princeffe à cet égard , le Roi de Pruffe ,
quoiqu'il fût demeuré tranquille pendant les
»préparatifs de la Ruffie , & même quelque temps
après qu'on les eût ceffés , avoit commencé à
»faire
NOVEMBRE . 1756. 193
faire tout d'un coup de fi puiffans armemens ,
qu'ils avoient donné lieu d'appréhender que le
feu d'une guerre n'éclatât inceffamment . Que
» cependant , pour ne pas multiplier les craintes ,
» & ne pas fournir à S. M. Pr. un prétexte appa-
>> rent de troubler la tranquillité publique, la Ruffie
s'étoit abftenue de faire aucun nouveau mouve-
» ment , dans l'efperance que le Roi de Pruffe ,
imitant cet exemple , ne voudroit pas être auteur
» de la renaiffance des troubles . Mais que ce Prin-
>> ce ayant continué d'armer de toutes les forces ,
» fans le moindre relâche , & fans en alléguer
d'autre raiſon que l'idée qu'il s'étoit formée
» d'avoir une attaque à craindre , il avoit parlà
» donné fuffisamment à connoître qu'il ne cher-
>> choit qu'un prétexte pour troubler le repos de
» l'Europe. Qu'il eft conftant en effet , que lorfque
le Roi de Pruffe a preffé fes armemens avec
» le plus d'ardeur , ceux de la Ruſſie avoient ceffé
» depuis longtems , & que ceux de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme n'ont commencé,
que lorfque les mouvemens fucceffifs
>>des Pruffiens & l'augmentation de leurs forces
» ont donné lieu de craindre pour la Boheme
»& pour la Moravie , d'autant plus qu'on n'igno-
»roit pas le mécontentement que le Roi de Pruffe
» avoit conçu de la conclufion du Traité de Ver
failles , quoique ce Prince , en concluant celui
qu'il a fait avec la Grande-Bretagne , n'eût
guere paru fe metre en peine de ce qu'on pour-
»roit en penfer à la Cour de Vienne. Qu'il eft
» donc évident , comme il le paroît à S. M. Imp.
» Cz. , que le Roi de Pruffe doit être confidéré
>>comme le premier auteur des troubles qui vone
»éclorre , quoiqu'il ait affecté de publier qu'il
n'avoit pris toutes ces mesures que pour fe
IS
194 MERCURE DE FRANCE.
»défendre contre fes ennemis , lefquels n'ont
»exifté que dans la fuppofition qu'il en a faite .
Que c'eft néanmoins fur cette fuppofition qu'il
» s'eft cru en droit de faire demander à l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme une
explication , de même que fur les préparatifs
»de cette Princeffe , en ajoutant à cette demande
que fi la réponſe n'étoit pas à fon gré , il protef-
»toit devant Dieu qu'il ne feroit pas refponfable
des fuites qui en réfulteroient. Qu'attendu tou
»tes ces circonftances , l'Impératrice de Ruffie ne
peut cacher plus long - temps les véritables fentimens
dont Elle eft remplie à cet égard , ni
s'empêcher de déclarer , que comme Elle ne
»peut regarder d'un oeil indifférent toute invafion
» qui feroit faite dans les Etats de fes Alliés , par-
»ticuliérement dans les Etats de l'Impératrice
»Reine de Hongrie , & dans les Etats Electoraux
» de Saxe , Elle fournira un prompt & puiſſant
fecours à la Puiffance injuftement attaquée , &
qu'Elle ne fe croira nullement reſponſable des
»fuites que la conduite préfente & menaçante du
Roi de Pruffe entraînera après elle. »>
D
DE BERLIN , le 6 Octobre.
Le 3 de ce mois au matin , le fieur d'Oppen ,
Aide de Camp du Roi , arriva de Boheme , précédé
de quatorze Poftillons fonnant du Cor . Cet Officier
a remis aux deux Reines des lettres , par
lefquelles Sa Majefté informe ces Princeffes des
principaux détails de la bataille du premier de
ce mois. Le Prince François de Brunfwic vient
d'être fait Major Général .
Cette Cour a fait affurer les Puiffances , dont
les Sujets ont des fonds dans la Steur , qu'ils
NOVEMBRE. 1756. 195
recevront le paiement de leurs arrérages aux
termes de l'échéance , fans qu'il foit rien changé
aux arrangemens pris à cet égard . Sa Majefté
a fait donner en particulier les plus fortes affurances
fur cet article aux Etats Generaux des Provinces-
Unies.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En Allemagne, des prières publiques ont été organisées pendant trois jours pour la prospérité de l'âme de l'Impératrice Reine. Cette dernière a ordonné aux Chambres des Finances de fournir six kreutzers par jour pour chaque garçon âgé de huit à seize ans, transférés de Bohême en Autriche. Les jeunes âgés de seize à quarante-cinq ans formeront un corps de milices, recevront sept kreutzers de paie par jour et un uniforme, et seront renvoyés chez eux une fois la tranquillité rétablie. À Presbourg, plusieurs seigneurs ont offert de lever des régiments à leurs frais, imités par divers évêques et riches bénéficiaires. Le Baron de Buccow, Lieutenant-Feld-Maréchal, s'est replié face aux forces du Feld-Maréchal de Schwerin. Le Baron Lufinski a attaqué des escadrons prussiens, causant des pertes significatives. L'Empereur a adressé un écrit au Roi de Prusse, dénonçant les hostilités prussiennes en Saxe, les pillages et les exactions. Il a commandé au Roi de Prusse de cesser ces violences, de retirer ses troupes et de réparer les dommages. La Diète impériale a été informée du danger menaçant l'Empire et appelée à secourir l'Électorat de Saxe. Le Roi de Prusse a publié une déclaration accusant les cours de Vienne et de Dresde de conspirer contre la Maison Electorale de Brandebourg. Une bataille a eu lieu entre les armées autrichienne et prussienne, avec des pertes lourdes des deux côtés. Le Roi de Prusse a ordonné de lever des recrues en Saxe, malgré l'épuisement du pays. La Russie a suspendu ses préparatifs militaires, espérant éviter la guerre, mais le Roi de Prusse a continué d'armer. Le texte mentionne également les tensions croissantes en Europe, particulièrement entre le Roi de Prusse et l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Le Roi de Prusse est considéré comme le principal instigateur des troubles, bien qu'il ait prétendu agir en défense contre des ennemis supposés. L'Impératrice de Russie a déclaré qu'elle fournirait un soutien rapide et puissant à toute puissance injustement attaquée, notamment les États de l'Impératrice Reine de Hongrie et les États électoraux de Saxe. Le 3 octobre, le sieur d'Oppen, Aide de Camp du Roi de Prusse, a apporté des lettres aux deux Reines détaillant la bataille du 1er octobre. La Cour de Prusse a également assuré les puissances ayant des fonds dans la Steur qu'ils recevraient le paiement de leurs arrérages aux termes prévus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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704
p. 195-196
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Nous avons appris, par un Paquebot que le Général London a [...]
Mots clefs :
Londres, Français, Fort d'Oswego, Siège, Lac Ontario, Amiral Norris, Vaisseaux de guerre, Emprunt, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 12 Octobre.
Nous avons appris , par un Paquebot que le
Général London a expédié de la Nouvelle Yorck ,
la fàcheufe nouvelle , que les François , ayant affiégé
dans le mois d'Août le Fort d'Ofwego , s'en
font rendus maîtres , après quelques jours d'une vigoureuſe
réſiſtance. Ce Fort eft fitué fur le Lac Ontario.
La Nation n'en poffede point d'autre dans
ces cantons. Ses établiſſemens vont fe trouver déformais
fort éloignés des Lacs ; & cette perte eft
regardée avec railon comme une des plus intéreſ
fantes qu'elle pût faire , tant pour fon commerce,
que relativement aux entrepriſes projettées contre
les François. L'Amiral Norris , avec les quatre
Vaiffeaux de guerre dont il a le commandement
eft arrivé à Plymouth.
Le Knès Gallitzin , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , a déclaré , dit- on , au
Miniftere , que cette Princeffe ne pouvoit fe dif
penfer de fournir à l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme les fecours ftipulés par les Traités
, qui fubfiftent entre les deux Puiances . On
prétend que le Parlement accordera pour l'année
prochaine un Subfide de onze millions fterlings.
Le Gouvernement a commencé de prendre à l'Echiquier
un emprunt de cinq cens mille livres
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
fterlings , à raifon de trois & demi pour cent
d'intérêt,
Si l'on en croit le bruit public , Sa Majefté
a fait payer par le Tréfor de fon Electorat de
Hanovre un million de livres fterlings au Roi
de Pruffe , afin de mettre ce Prince en état de
fuivre le plan concerté entre les deux Puiffances
pour parvenir à l'exécution de leurs vues reſpectives
. Les fommes que cette Cour & celle de Berlin
avoient à répéter l'une fur l'autre , font entièrement
liquidées . On affure que fi les Etats de
Roi en Allemagne font attaqués , Sa Majefté
fera d'abord la réquifition formelle du Corps de
cinquante cinq mille hommes , que l'Impératrice
de Ruffic s'eft engagée par le Traité de l'année
derniere , de faire paffer à la folde de la Grande-
Bretagne.
DE LONDRES , le 12 Octobre.
Nous avons appris , par un Paquebot que le
Général London a expédié de la Nouvelle Yorck ,
la fàcheufe nouvelle , que les François , ayant affiégé
dans le mois d'Août le Fort d'Ofwego , s'en
font rendus maîtres , après quelques jours d'une vigoureuſe
réſiſtance. Ce Fort eft fitué fur le Lac Ontario.
La Nation n'en poffede point d'autre dans
ces cantons. Ses établiſſemens vont fe trouver déformais
fort éloignés des Lacs ; & cette perte eft
regardée avec railon comme une des plus intéreſ
fantes qu'elle pût faire , tant pour fon commerce,
que relativement aux entrepriſes projettées contre
les François. L'Amiral Norris , avec les quatre
Vaiffeaux de guerre dont il a le commandement
eft arrivé à Plymouth.
Le Knès Gallitzin , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , a déclaré , dit- on , au
Miniftere , que cette Princeffe ne pouvoit fe dif
penfer de fournir à l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme les fecours ftipulés par les Traités
, qui fubfiftent entre les deux Puiances . On
prétend que le Parlement accordera pour l'année
prochaine un Subfide de onze millions fterlings.
Le Gouvernement a commencé de prendre à l'Echiquier
un emprunt de cinq cens mille livres
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
fterlings , à raifon de trois & demi pour cent
d'intérêt,
Si l'on en croit le bruit public , Sa Majefté
a fait payer par le Tréfor de fon Electorat de
Hanovre un million de livres fterlings au Roi
de Pruffe , afin de mettre ce Prince en état de
fuivre le plan concerté entre les deux Puiffances
pour parvenir à l'exécution de leurs vues reſpectives
. Les fommes que cette Cour & celle de Berlin
avoient à répéter l'une fur l'autre , font entièrement
liquidées . On affure que fi les Etats de
Roi en Allemagne font attaqués , Sa Majefté
fera d'abord la réquifition formelle du Corps de
cinquante cinq mille hommes , que l'Impératrice
de Ruffic s'eft engagée par le Traité de l'année
derniere , de faire paffer à la folde de la Grande-
Bretagne.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 12 octobre, des nouvelles de New York rapportent que les Français ont conquis le Fort d'Oswego après une résistance vigoureuse en août. Ce fort, situé sur le Lac Ontario, était la seule possession britannique dans la région, isolant ainsi les établissements britanniques des lacs. Cette perte est jugée significative pour le commerce britannique et les projets contre les Français. Par ailleurs, l'Amiral Norris est arrivé à Plymouth avec quatre vaisseaux de guerre. Le Prince Gallitzin, ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, a informé le ministère que l'Impératrice ne pouvait fournir les secours stipulés par les traités à l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Le Parlement britannique prévoit d'accorder un subside de onze millions de sterlings pour l'année prochaine. Le gouvernement a également lancé un emprunt de cinq cents mille livres sterlings à un taux d'intérêt de trois pour cent et demi. Selon des rumeurs, le roi de Grande-Bretagne aurait payé un million de livres sterlings au roi de Prusse pour soutenir un plan concerté entre les deux puissances. Les sommes à rembourser entre les cours de Londres et de Berlin sont entièrement liquidées. En cas d'attaque des États du roi en Allemagne, Sa Majesté britannique fera une requête formelle pour le corps de cinquante-cinq mille hommes que l'Impératrice de Russie s'est engagée à fournir à la Grande-Bretagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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705
p. 196-201
PAYS-BAS.
Début :
Le sieur de Kauderbach, Ministre Résident du Roi de Pologne Electeur de [...]
Mots clefs :
La Haye, Sieur Kauderbach, États généraux , Mémoire, Invasion, Electorat de Saxe, Seigneurs, La Reine, Traité de neutralité, Amsterdam, Tempête, Naufrages, Bruxelles, Bataille, Prussiens, Croates
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 8 Octobre.
Le fieur de Kauderbach , Miniftre Réſident da
Roi de Pologne Electeur de Saxe auprès des
Etats Généraux , leur a préfenté le 30 du mos
dernier le Mémoire fuivant .
« L'Invafion de l'Electorat de Saxe par les trou
»pes Pruffiennes eft un de ces attentats contre les
Loix refpectables des Nations , qui réclame de
»lui-même les fecours de toutes les Puiffances in
téreflées à conferver leur liberté & leur indépen-
>> dance.
» Le Roi , mon augufte Maître , a vu fes Etats
Héréditaires envahis dans le fein de la paix la
plus profonde , quoique S. M. ait évité avec
foin toutes les démarches qui auroient pa don
L
NOVEMBRE
. 1756.
197 . »ner la moindre ombre d'inquiétude
à fes voifins." » Dès les premieres
lueurs de méfintelligence >>entre les Cours de Vienne & de Berlin , S. M. a enjoint expreffément
à fes Miniftres d'annoncer
a toutes les Cours de L'Europe , qu'Elle étoit
d'ob-"
»refolue , dans les conjectures
préfentes , d'oc
»Terver la plus exacte neutralité. 251
297708
» Le fimple expofe des faits fuffira , pour dé- montrer à Vos Hautes Puiffances
, à quels ex- »ces on s'eft porté contre les Etats Héréditaires
du Roi , & de quelle importance
il eft pour tou- tes les Puiflances
d'arrêter un torrent , qui peut » les entraîner
elles- mêmes dans fa courfe . » Sa Majefté , fur le compte que je lui ai rendu »des premieres
impreffions
qu'a faites dans l'Etat »de V. H, P. l'entrée hoftile du Roi de Pruffe dans »fon Electorat , a reconny avec fenfibilité les fen- ntimens de l'ancienne
& conftante
amitié , qui
»lie le Roi avec votre République
. » Vous repréfenter
, Hauts & Puiffans
Seiun
Etat libre , tranquille
& neutre , en- »gneurs , yahi par un ennemi qui fe couvre des dehors de »l'amitié
, qui fans alléguer
le moindre
grief & la moindre
prétention
, mais fondé uniquement »fur la convenance
, s'empare
à main armée da toutes les Villes , & même de la Capitale
, dé- mande
les Places fortes comme Wittemberg
,
>>en fortifie d'autres comme Torgau , ce n'eft que »crayonner
foiblement
l'oppreffion
fous laquelle »gémiffent
les fideles Sujets de Sa Majefte, Les »Bourgeois
défarmés
, les Magiftrats
enlevés pour » fervir de garans des contributions
injuftes & enor- mes en vivres & en fourrages
, les caifles faifies » les revenus
de l'Electorat
confifqués
, les Arfe-
»naux de Drefde, de Léipfick, de Weiffenfels
& de »Zeitz , forcés, l'artillerie
& les armes pillées &
tij
198 MERCURE DE FRANCE.
tranfportées à Magdebourg , tous ces procédés
n'étoient qu'un préliminaire des traitemens
inouis qu'alloit effuyer une Reine , que les vertus
devoient rendre refpectable à fes ennemis
»mêmes. C'eſt d'entre les bras facrés de certe
Augufte Princeffe , qu'ont été enlevées avec
»menace & violence les Archives de l'Etat
malgré la fécurité fous laquelle S. M. croyoit
pouvoir vivre à l'abri des Loix divines & humaines
, & malgré les affurances réitérées qui lui
»avoient été données de la part du Roi de Pruffe ,
»que non feulement fa perfonne & fa réfidence
feroient en fûreté , mais même que la Garniſon
Pruffienne feroit fous fes ordres.
Cette Augufte & tendre Mère de fes fideles
» Sujets , reftés à Dreſde par un facrifice qu'Elle
»faifoit au bonheur des Saxons , comptoit du ſein
»du tumulte régir en fécurité les Etats de fon Augufte
Epoux ; que des foins également impor
tans avoient fait voler à la tête de fon armée ,
pour défendre fon honneur outragé , & rendre
au zele & à l'amour de fes peuples , ce qu'ils
Davoient lieu d'attendre de la valeur & de la fermeté
d'un Prince fi magnanime. Cette Princeffe
❤a vu ôter toute activité au Conſeil Privé , & fubftituer
au légitime Gouvernement un Directoire
arbitraire , qui ne connoît d'autre droit que fa
propre volonté.
Tels font , Hauts & Puiffans Seigneurs , les
premiers exploits d'un Prince , qui annonce
qu'il n'entreprend la guerre uniquement que
pour la défenfe de la liberté du Corps Germanique
, & pour la protection de la Religion Proteftante
, à laquelle il porte un coup d'autant
plus funefte , qu'il commence par écraſer ce même
Etat à qui cette Religion doit ſon établife,
10
1
1
။
NOVEMBRE. 1756: 199
>>ment & la confervation de fes droits les plus précieux
, en même temps qu'il enfreint toutes les
Loix refpectables , qui font l'union du Corps
Germanique , fous prétexte d'une défenfe , dontl'Empire
n'a befoin que contre lui -même.
Un Traité folemnel de Neutralité , offert par
»Sa Majefté , toutes les fûretés compatibles avec fa
>>fouveraineté , n'ont pu arrêter les projets formés
d'envahir & d'écrafer la Saxe. Le Roi , retiré
» dans ſon camp , n'a dû conſulter que fon honneur
& le zele de fes Sujets , pour rejetter , comme
elles le méritoient , les propofitions énor-
>>mes & inouies qu'on lui a faites , d'abandonner"
»durant cette guerre au Roi de Pruffe l'adminiftra-
»tion de ſes États & le commandement de fon ar
» mée.
» La cauſe de la Saxe eft commune à toutes les
Puiffances , puifque fon fort leur annonce celui '
» qu'elles doivent s'attendre d'éprouver , dès que
le Droit de Gens & la foi des Traités ne font plus
wun frein refpecté .
» Vos Hautes Puiffances verront , par la Copie
ci- jointe de la Déclaration que le Roi a fait publier
dans fon camp , que le Roi de Prufſe , en
» proteftant de n'être entré que comme ami en
» Saxe , n'exige pas moins que l'entier facrifice de
cet Electorat que fes prétentions énormes ont
wobligé Sa Majefté de déclarer à ce Prince
squ'Elle eft réfolue de défendre la jufte caufe jufqu'à
la derniere goutte de fon fang , plutôt que
d'accepter des conditions auffi odieufes & auffi
injurieufes à fa gloire.
» Dans la feconde annexe , V. H. P. remarqueront
que le Roi de Pruffe , dans l'expofé de:
fes motifs , qu'il a fait publier fous les yeux d'un '
Prince dont il fe dit ami , ne daigne pas feule--
Iiy
200 MERCURE DE FRANCE.
»ment alléguer de prétexte , pour colorer l'ufur-
»pation du territoire & des revenus de Sa Majeſté .
» Dans ces circonstances , le Roi attend de tou-
»tes les Puiffances , à qui l'honneur eft en recom-
»mandation , & en particulier de V. H. Puiffances
qui ont été de tout temps fi jaloufes de leur
liberté & de leur indépendance , qu'Eiles
»prêteront à Sa Majefté , par l'emploi de leurs
»bons offices & par d'autres moyens plus effica
ces , les fecours que tout Etat doit pour fon pro-
» pre intérêt à un autre Etat opprimé injuftement ,
quand même il ne feroit lié par aucun Traité. »
D'AMSTERDAM , le 11 Octobre.
On effuya le 7 de ce mois fur ces côtes une
affreufe tempête. Elle a caufé un grand nom
bre de naufrages. Quelques Vaiffeaux , entre
Jefquels on compte un Vaiffeau de guerre de
la République , & un Vaiffeau de la Compagnie
des Indes Orientales , ont péri au Texel. Quantité
d'autres ont été jettés fur le fable , ou pouffes
en pleine mer; & l'on n'a aucune nouvelle de
plufieurs de ces derniers.
DE BRUXELLES , le 16.Octobre.
Depuis l'arrivée du Courier , par lequel on a
reça la nouvelle de la bataille donnée en Boheme
le premier de ce mois , on a appris qu'un Détachement
confidérable de Pruffiens ayant paffé
l'Elbe pour enlever des fourrages fur la droite de
cette riviere , il a été attaqué au retour par un
corps de Croates ; que les ennemis ont eu près
de cinq cens hommes tués en cette occafion ; que
les Croates leur ont enlevé foixante - quatorze
NOVEMBRE . 1756. 201
mille rations de fourrage , & que le pont fur lequel
les Pruffiens avoient paffé la riviere , a été
brûlé.
DE LA HAYE , le 8 Octobre.
Le fieur de Kauderbach , Miniftre Réſident da
Roi de Pologne Electeur de Saxe auprès des
Etats Généraux , leur a préfenté le 30 du mos
dernier le Mémoire fuivant .
« L'Invafion de l'Electorat de Saxe par les trou
»pes Pruffiennes eft un de ces attentats contre les
Loix refpectables des Nations , qui réclame de
»lui-même les fecours de toutes les Puiffances in
téreflées à conferver leur liberté & leur indépen-
>> dance.
» Le Roi , mon augufte Maître , a vu fes Etats
Héréditaires envahis dans le fein de la paix la
plus profonde , quoique S. M. ait évité avec
foin toutes les démarches qui auroient pa don
L
NOVEMBRE
. 1756.
197 . »ner la moindre ombre d'inquiétude
à fes voifins." » Dès les premieres
lueurs de méfintelligence >>entre les Cours de Vienne & de Berlin , S. M. a enjoint expreffément
à fes Miniftres d'annoncer
a toutes les Cours de L'Europe , qu'Elle étoit
d'ob-"
»refolue , dans les conjectures
préfentes , d'oc
»Terver la plus exacte neutralité. 251
297708
» Le fimple expofe des faits fuffira , pour dé- montrer à Vos Hautes Puiffances
, à quels ex- »ces on s'eft porté contre les Etats Héréditaires
du Roi , & de quelle importance
il eft pour tou- tes les Puiflances
d'arrêter un torrent , qui peut » les entraîner
elles- mêmes dans fa courfe . » Sa Majefté , fur le compte que je lui ai rendu »des premieres
impreffions
qu'a faites dans l'Etat »de V. H, P. l'entrée hoftile du Roi de Pruffe dans »fon Electorat , a reconny avec fenfibilité les fen- ntimens de l'ancienne
& conftante
amitié , qui
»lie le Roi avec votre République
. » Vous repréfenter
, Hauts & Puiffans
Seiun
Etat libre , tranquille
& neutre , en- »gneurs , yahi par un ennemi qui fe couvre des dehors de »l'amitié
, qui fans alléguer
le moindre
grief & la moindre
prétention
, mais fondé uniquement »fur la convenance
, s'empare
à main armée da toutes les Villes , & même de la Capitale
, dé- mande
les Places fortes comme Wittemberg
,
>>en fortifie d'autres comme Torgau , ce n'eft que »crayonner
foiblement
l'oppreffion
fous laquelle »gémiffent
les fideles Sujets de Sa Majefte, Les »Bourgeois
défarmés
, les Magiftrats
enlevés pour » fervir de garans des contributions
injuftes & enor- mes en vivres & en fourrages
, les caifles faifies » les revenus
de l'Electorat
confifqués
, les Arfe-
»naux de Drefde, de Léipfick, de Weiffenfels
& de »Zeitz , forcés, l'artillerie
& les armes pillées &
tij
198 MERCURE DE FRANCE.
tranfportées à Magdebourg , tous ces procédés
n'étoient qu'un préliminaire des traitemens
inouis qu'alloit effuyer une Reine , que les vertus
devoient rendre refpectable à fes ennemis
»mêmes. C'eſt d'entre les bras facrés de certe
Augufte Princeffe , qu'ont été enlevées avec
»menace & violence les Archives de l'Etat
malgré la fécurité fous laquelle S. M. croyoit
pouvoir vivre à l'abri des Loix divines & humaines
, & malgré les affurances réitérées qui lui
»avoient été données de la part du Roi de Pruffe ,
»que non feulement fa perfonne & fa réfidence
feroient en fûreté , mais même que la Garniſon
Pruffienne feroit fous fes ordres.
Cette Augufte & tendre Mère de fes fideles
» Sujets , reftés à Dreſde par un facrifice qu'Elle
»faifoit au bonheur des Saxons , comptoit du ſein
»du tumulte régir en fécurité les Etats de fon Augufte
Epoux ; que des foins également impor
tans avoient fait voler à la tête de fon armée ,
pour défendre fon honneur outragé , & rendre
au zele & à l'amour de fes peuples , ce qu'ils
Davoient lieu d'attendre de la valeur & de la fermeté
d'un Prince fi magnanime. Cette Princeffe
❤a vu ôter toute activité au Conſeil Privé , & fubftituer
au légitime Gouvernement un Directoire
arbitraire , qui ne connoît d'autre droit que fa
propre volonté.
Tels font , Hauts & Puiffans Seigneurs , les
premiers exploits d'un Prince , qui annonce
qu'il n'entreprend la guerre uniquement que
pour la défenfe de la liberté du Corps Germanique
, & pour la protection de la Religion Proteftante
, à laquelle il porte un coup d'autant
plus funefte , qu'il commence par écraſer ce même
Etat à qui cette Religion doit ſon établife,
10
1
1
။
NOVEMBRE. 1756: 199
>>ment & la confervation de fes droits les plus précieux
, en même temps qu'il enfreint toutes les
Loix refpectables , qui font l'union du Corps
Germanique , fous prétexte d'une défenfe , dontl'Empire
n'a befoin que contre lui -même.
Un Traité folemnel de Neutralité , offert par
»Sa Majefté , toutes les fûretés compatibles avec fa
>>fouveraineté , n'ont pu arrêter les projets formés
d'envahir & d'écrafer la Saxe. Le Roi , retiré
» dans ſon camp , n'a dû conſulter que fon honneur
& le zele de fes Sujets , pour rejetter , comme
elles le méritoient , les propofitions énor-
>>mes & inouies qu'on lui a faites , d'abandonner"
»durant cette guerre au Roi de Pruffe l'adminiftra-
»tion de ſes États & le commandement de fon ar
» mée.
» La cauſe de la Saxe eft commune à toutes les
Puiffances , puifque fon fort leur annonce celui '
» qu'elles doivent s'attendre d'éprouver , dès que
le Droit de Gens & la foi des Traités ne font plus
wun frein refpecté .
» Vos Hautes Puiffances verront , par la Copie
ci- jointe de la Déclaration que le Roi a fait publier
dans fon camp , que le Roi de Prufſe , en
» proteftant de n'être entré que comme ami en
» Saxe , n'exige pas moins que l'entier facrifice de
cet Electorat que fes prétentions énormes ont
wobligé Sa Majefté de déclarer à ce Prince
squ'Elle eft réfolue de défendre la jufte caufe jufqu'à
la derniere goutte de fon fang , plutôt que
d'accepter des conditions auffi odieufes & auffi
injurieufes à fa gloire.
» Dans la feconde annexe , V. H. P. remarqueront
que le Roi de Pruffe , dans l'expofé de:
fes motifs , qu'il a fait publier fous les yeux d'un '
Prince dont il fe dit ami , ne daigne pas feule--
Iiy
200 MERCURE DE FRANCE.
»ment alléguer de prétexte , pour colorer l'ufur-
»pation du territoire & des revenus de Sa Majeſté .
» Dans ces circonstances , le Roi attend de tou-
»tes les Puiffances , à qui l'honneur eft en recom-
»mandation , & en particulier de V. H. Puiffances
qui ont été de tout temps fi jaloufes de leur
liberté & de leur indépendance , qu'Eiles
»prêteront à Sa Majefté , par l'emploi de leurs
»bons offices & par d'autres moyens plus effica
ces , les fecours que tout Etat doit pour fon pro-
» pre intérêt à un autre Etat opprimé injuftement ,
quand même il ne feroit lié par aucun Traité. »
D'AMSTERDAM , le 11 Octobre.
On effuya le 7 de ce mois fur ces côtes une
affreufe tempête. Elle a caufé un grand nom
bre de naufrages. Quelques Vaiffeaux , entre
Jefquels on compte un Vaiffeau de guerre de
la République , & un Vaiffeau de la Compagnie
des Indes Orientales , ont péri au Texel. Quantité
d'autres ont été jettés fur le fable , ou pouffes
en pleine mer; & l'on n'a aucune nouvelle de
plufieurs de ces derniers.
DE BRUXELLES , le 16.Octobre.
Depuis l'arrivée du Courier , par lequel on a
reça la nouvelle de la bataille donnée en Boheme
le premier de ce mois , on a appris qu'un Détachement
confidérable de Pruffiens ayant paffé
l'Elbe pour enlever des fourrages fur la droite de
cette riviere , il a été attaqué au retour par un
corps de Croates ; que les ennemis ont eu près
de cinq cens hommes tués en cette occafion ; que
les Croates leur ont enlevé foixante - quatorze
NOVEMBRE . 1756. 201
mille rations de fourrage , & que le pont fur lequel
les Pruffiens avoient paffé la riviere , a été
brûlé.
Fermer
Résumé : PAYS-BAS.
Le 8 octobre 1756, le ministre résident du roi de Pologne et électeur de Saxe auprès des États Généraux des Pays-Bas a présenté un mémoire relatant l'invasion de l'Électorat de Saxe par les troupes prussiennes. Cette invasion est qualifiée d'atteinte aux lois internationales, justifiant l'intervention des puissances souhaitant préserver leur liberté et indépendance. Le roi de Saxe, bien qu'ayant tenté de maintenir la neutralité, a vu ses États héréditaires envahis sans provocation. Le mémoire met en lumière les violences commises par les Prussiens, incluant l'occupation de villes, la fortification de places fortes et la confiscation des revenus de l'Électorat. La reine de Saxe a été particulièrement affectée, avec les archives de l'État saisies malgré les garanties de sécurité offertes par le roi de Prusse. Un directoire arbitraire a été imposé, remplaçant le gouvernement légitime. Le roi de Saxe a refusé les propositions prussiennes de renoncer à l'administration de ses États et au commandement de son armée. Il appelle les puissances européennes à soutenir la Saxe, affirmant que la défense de cet État est cruciale pour toutes les puissances, car elle protège le droit des gens et la fidélité des traités. Le roi de Prusse, malgré ses déclarations d'amitié, exige la capitulation totale de l'Électorat, ce que le roi de Saxe refuse, prêt à défendre sa cause jusqu'au bout.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
706
p. 203-220
ALLEMAGNE.
Début :
Depuis quelques jours, la Cour a publié sa Réponse à [...]
Mots clefs :
Vienne, Réponse, Exposé des motifs du Roi de Prusse, Attaque, Royaume de Bohême, Déclaration de guerre, Impératrice-Reine, Manifeste, Traité, Impératrice de Russie, Cour de Vienne, Prince Picolomini, Troupes, Détachement de la cavalerie, Lieutenants, Camps militaires, Ratisbonne, Diète, Conseil aulique, Déclaration, Hambourg, Comte de Browne, Combats, Armée saxonne, Obstacles naturels, Roi de Pologne, Capitulation, Leipzig, Conseil de guerre, Dresde, Feld-Maréchal de Browne, Témoignage, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 17 Octobre.
DEpuis quelques jours , la Cour a publié fa
Réponse à l'Expofé des Motifs du Roi de Pruffe.
Cette piece commence ainfi. « L'Electorat de Saxe
ayant été inondé de troupes Prufliennes , & ayant
»été arraché à fon légitime Poffeffeur ; le droit
»des gens y ayant été violé ; tous les égards
»dûs à une keine ayant été foulés aux pieds ;
»un deftin affreux menaçant encore le Roi de
>>Pologne ; l'efprit de domination & d'agrandif
»fement , qui guide le Roi de Prufle , l'a porté
»à attaquer enfuite le Royaume de Boheme , & à
»y ouvrir de nouveau le théâtre de fes hoftilités .
»Les circonftances & les fuites de cette double
infraction de la paix , de la part de la Cour de
>>Berlin , étant tout à fait extraordinaires , le public
impartial n'a pu que fouhaiter avec une impa
>>tience extrême de voir paroître les motifs fonda-
>> mentaux d'un procédé auffi étrange , & a cru de
»voir s'attendre à voir révéler les myfteres les plus
profonds de cabinets . Jamais attente n'a été
plus mal remplie . Le manifefte de la Pruffe n'a
été remplie que d'expreffions qui fe contredi-
»foient palpablement les unes les autres , & l'om
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
n'y a étalé que des motifs qui , malgré toute
» l'étude de l'invention , n'ont pu être revêtus da
moindre air de vraisemblance . Le Roi de Fruffe ,
»dans l'impoffibilité de trouver matiere à motiver
pune Déclaration de Guerre , eft tombé ſur l'idée
stare & finguliere , qu'il pourroit , fon invafion
men Saxe déja faite , déterrer dans les papiers
fecrets , qu'il a fait enlever à Drefde du Cabinet
du Roi de Pologne , des preuves qui pourroient
confirmer ce qu'il avançoit d'un Traité offenfif
entre l'Impératrice Reine & l'Impératrice de
»Ruffie , & démentir ainfi les aſſurances données
par l'Impératrice Reine , que cette imputation
»étoit fauffe & controuvée. La Cour de Vienne ,
obfervant fcrupuleufement les loix de la vérité ,
n'avoit rien à appréhender de toutes ces recher-
»ches. Elle a elle - même les indices les plus
»démonftratifs , que , fi l'on pouvoit expofer auf
»yeux du public ce que renferme le Cabinet de
>>Potſdam , on y découvriroit avec un étonne-
»ment indicible des projets tendans à corrompre
»de fideles ferviteurs , liés à leurs maîtres par la
>>foi du ferment ; à opprimer des Co- Etats confidérables
de l'Empire ; à réchauffer des pré-
»tention illégales fur des Provinces entieres , &
» à ourdir des rébellions affreuſes dans de puiffans
>>Royaumes.»>
Voici plufieurs autres principaux traits de la
Réponse de la Cour. « On a déja vu dans le Ref
»crits de S. M. Imp. & Royale à fes Miniftres
>> dans les Cours Etrangeres , comment le Roi de
>> Pruffe s'eft émancipé à prendre itérativement
» Impératrice Reine à partie fur fes difpofitions
»défenfives........ Dans fon Manifefte , il avane
>>ce également des chofes peu fondées. Il foutient
qu'à peine le Traité de Drefde avoit été conclu ,
Σ
E
2
B
D
Da
DECEMBRE. 1756. 20
>>la Cour de Vienne s'étoit étudié à l'éluder &
»à l'infirmer. Cependant on n'allegue à notre
>> charge que ce feul grief , fçavoir que fept ans
» après la conclufion du Traité , c'est - à-dire en
» 1753 , Pimpôt fur les marchandifes fabriquées
dans la Silefie Pruffienne a été augmenté. Il
» eft étonnant que de la part de la Pruffe on
»faffe quelque reproche fur cet article , com-
>>me fi S. M. Pr. n'avoit pas été la premiere à
»augmenter les droits de douane , & comme fi
Delle n'avoit pas commis diverſes autres contra
»ventions , tant contre ce Traité que contre celui
» de Breflau ; & cela au point que fi S. M. Imp.
»& Royale n'étoit pas en poffeffion de facrifier
»fes plus juftes motifs de reffentiment à fon amour
»pour la paix , Elle auroit été en droit depuis
long- temps , furtout après les repréſentations
Dinutiles qu'Elle avoit faites , de recourir , pour
»fe venger, aux armes dont Elle ne fe fert au-
»jourd'hui que pour fon unique défenſe......
>> Dans le niême Manifefte , on releve encore
»d'autres plaintes contre la Cour de Vienne. Elle
»a conçu , dit- on , des projets d'une extrême
»conféquence ; Elle a des vues dangereufes , &
» du côté de la Pruffe on s'étudie à les dévelop
per.... Mais la Maiſon Archiducale d'Autriche
»ne balance pas à foutenir , que dans toutes les
» Annales de fa Monarchie on ne trouvera pas
»le moindre veftige d'entrepriſes de fa part , ten
»dantes à renverfer les premieres loix de l'Em-
»pire ; à opprimer fes membres ; à s'emparer
de leurs Etats par droits de convenance ; à perfé
cuter par les oppreffions les plus inouies route
»une Famille Royale fous les affurances d'une
pamitié fimulée ; à boulverfer le repos de l'Alle-
»magne ;... à vouloir impoſer à tous le Corps
206 MERCURE DE FRANCE.
»Germanique des loix arbitraires , aux dépens de
»fes Conftitutions ......
Au fujet du Traité que l'Impératrice Reine a
conclu en 1746 avec l'Impératrice de Ruffie ,
la Cour fait les obfervations fuivantes . « Pour
s'affurer de plus en plus contre une quatrieme
winfraction de la paix de la part de la Pruffe ,
>> on conclut entre les deux Cours Impériales ,
Davant le Traité d'Aix - la- Chapelle , un Traité
» d'Amitié & de Défenſe , ne tendant au préjudice
» d'aucune Puiflance . La Cour de Vienne n'a
»pas eu befoin d'exciter la fenfibilité de celle
» de Ruffie fur les procédés méprifans de la Pruffe ,
>>attendu que S. M. Pruf. fe contient ſi peu vis-àvis
de fes voisins , qu'ils comprennent facilement
» qu'il n'y a pas d'autre moyen de le fouftraire
aux défagrémens que la Pruffe caufe continuelle-
» ment , qu'en rompant toute communication avec
elle...... Le public n'aura pas encore oublié ,
>>comment le Comte de Beftuchef, Grand Char-
>> celier de Ruffie , ne balança pas en 1750 d'expo-
>>fer aux yeux de l'Europe , d'une maniere convain-
»cante, les procédés extraordinaires des Pruffiens......
C'eft une nouvelle illufion de la
»part du Roi de Pruffe , de vouloir , par des
vues faciles à deviner , faire paffer nos innocens
Dengagemens défenfifs pour un Traité offenfif
>>contre la Porte. » La Cour ajoute : « Le Roi
»de Pruffe fait affez connoître à la Couronne
>>de France , fans ménagement & par fon infrac-
>tion de paix , que l'Union du Roi T. C. avee
»l'impératrice Reine l'a animé à faire exifter
d'autant plus vite par fon aggreffion ennemie
le Cafus Foederis. Tout ce que S. M. Pruf
permet de mettre à la charge de la Cour
de Vienne & d'autres Cours fur le pied de
>> fe
DECEMBRE. 1756. 207
T
conſpiration , eft une imputation déplacée , qui
»n'a jamais lieu de Souverain à Souverain , &
>>qui ne peut s'appliquer qu'à des Sujets rébelles.
» Ces confpirations doivent être mifes au rang
»des projets de ceux qui dans leur plan d'a-
»grandiffement ne font aucune diftinction des
>>moyens d'affouvir leur ambition. S. M. l'Impéra-
» trice Reine déclare pareillement fauffe & controuvée
l'imputation , qu'elle ait voulu porter
» la Cour d'Angleterre à entrer dans des projets
»qui puffent troubler le repos général . On en
>appelle au propre témoignage de ladite Cour ,
»& l'on ne fera jamais aucune difficulté de ren-
» dre publique la négociation dont il s'eft agi
avec S. M. Brit.... Le Roi de Pruffe accufe la
>>Cour de Vienne , d'avoir voulu puifer dans les
» troubles de l'Amérique les moyens d'allumer
Dune guerre générale . La Cour Britannique peut
»rendre elle - même juftice fur ce point à la vérité,
& dire combien l'Impératrice Reine s'eft
» efforcée d'étouffer ces divifions dès leur naiffan-
» ce. En général tout ce que la Cour de Pruffe
»avance , relativement à celles de France & de
» la Grande - Bretagne , aboutit à infinuer que la
»premiere n'a point affez réfléchi far la nature
»des chofes & fur fes propres intérêts , & que
»la feconde n'a pas approfondi les vues du Minif-
»tere de Vienne , & a manqué de pénétration
» à cet égard , ( expreffions qui ne touchent pas peu
>> l'honneur de ces deux Cours ) . Au refte le Roi
»de Pruffe auroit pu fe paffer de parler de recon-
»noiffance , lui qui a oublié fur cet article
»tout ce qu'il doit à la Maiſon Archiducale d'Autriche
, à qui il eft redevable de fa Dignité
>>Royale ....>>
Selon la lifte que le Feld-Maréchal de Browne
208 MERCURE DE FRANCE.
E
a envoyé de la perte faite par les Autrichiens
dans la bataille du premier de ce mois , il y a
eu dix- neuf Officiers tués & cent cinq de bleffés ;
quatre cens vingt Soldats tués , dix-fept cens vingtneuf
bleffés; & fept cens onze qui ont difparu.
On ne compte que quatre cens foixante -quinze
chevaux tués ou bleffés.
On mande de Conftantinople , que fur la nouvelle
de l'invafion des troupes Pruffiennes en Boheme
, le Grand Vifir a voulu fçavoir du Sr de Schwachenheim
, Miniftres de Leurs Majeftés Impériales
à la Porte , toutes les circonstances de cer
événement. Selon les mêmes lettres , le Grand
Seigneur a fait affurerie fieur de Schwachenheim ,
que fa Hauteffe continueroit d'obſerver religieufement
le Traité conclu par le Sultan fon prédéceffeur
avec la Cour de Vienne , & que fi l'Impératrice
Reine , pour foutenir la guerre contre
le Roi de Pruffe , avoit befoin d'employer les
Troupes qu'Elle avoit en Hongrie , Elle pouvoit
avec confiance les faire marcher , fans craindre
que Sa Hauteffe profitât de leur éloignement ,
pour enfreindre la paix qui fubfifte entre les deux
Puiffances.
Du Quartier Général du Prince Picolomini à
Spalena-Lhotka , le 20 Octobre 1756.
Un Corps de troupes paffa l'Elbe les , fous
les ordres du Général Comte de Trautmansdorff ,
pour empêcher le Feld - Maréchal de Schwerin
d'étendre fi loin fes fourrages . On fit avancer le
7 dans la même vue un Détachement de Cavalerie .
Par- là , le général ennemie eft refferré de plus
en plus , tant fur la droite que fur fa gauche,
& l'on efpere de le gêner confidérablement fur
Particle des fubfiftances. La premiere Colonne des
L
H
R
&
D
T
1
DECEMBRE. 1756. 209
Efclavons entra le 2 de ce mois dans notre camp.
Le Colonel Simbfchon , qui la commande , infor
ma le Prince Picolomini , qu'un Détachement de
Huffards de l'Impératrice Reine avoit enlevé une
des caiffes militaires des Pruffiens , & qu'elle avoit
été conduite à Troppau.
On apprit le 13 de ce mois , que le Comte
Rodolphe de Palfi avoit pénétré jufqu'à Lévin ,
& qu'il avoit tiré des contributions de plufieurs
Diſtricts du Comté de Glatz. Le Capitaine Roskovanny
du Régiment de Spleni a fait une courfe
jufqu'à Franckenftein en Siléfie . Il est revenu
avec beaucoup de butin , & fans avoir perdu un
feul homme. Un Détachement commandé par
le Baron de Gerfdorff , Lieutenant - Colonel du
Régiment de Birckenfeld , en vint aux mains le
16 au matin avec un Détachement Pruffien . Los
ennemis ont été mis en fuite. On leur a tué
un Capitaine de Cavalerie , deux Lieutenans , &
cinquante hommes , & on leur a fait quinze
prifonniers. La veille de cette rencontre , le même
Détachement Pruffien étant dans un bois , il s'éleva
un vent fi furieux , que les chevaux épouvantés
prirent le mors aux dents , & quarantecinq
s'échapperent . La plupart font tombés entre
les mains de nos Huffards.
DE RATISBONNE , le 14 Octobre .
Par une Proteftation que le Roi de Pruffe a
adreffée à la Diette contre le Decret Commifforial
du Confeil Aulique de l'Empire , ce Prince
déclare Que n'ayant fait , en entrant dans l'Electorat
de Saxe & dans le Royaume de Boheme
, que ce qu'il étoit autorifé de faire en
vertu de toutes les Loix , pour repouffer le dan-
:
210 MERCURE DE FRANCE .
ger dont il étoit menacé , il ſe réſerve de pourfuivre
la fatisfaction , qu'il prétend lui être dûe
par rapport à la maniere , dont le Confeil Aulique
s'eft cru en droit d'agir à fon égard. Sa
Majefté Pruffienne dit être en état de prouver ,
que fi le paffage pour l'armée Pruffienne par
P'Electorat de Saxe avoit été accepté fur le pied
que la Cour de Drefde propofoit , à peine
cette armée auroit - elle pénétré dans les Etats
de l'Impératrice Reine , que les Saxons en liberté
d'agir , auroient fait une irruption dans les
Etats de la Maifon de Brandebourg , afin de
s'emparer des dépouilles que les circonftances
lui auroient permis de s'approprier . Elle renouvelle
les affurances données dans fa premiere
Déclaration , que , malgré les fujets qu'Elle
croit avoir de fe plaindre , elle remettra toutes
chofes dans l'Electorat de Saxe fur l'ancien pied ,
dès que l'animofité fera place aux voies de conciliation
, auxquelles Elle fera toujours prête
de donner les mains , lorfqu'on aura lieu d'efpérer
le rétabliffement de la paix fur des fondemens
folides & conftans . Pour combattre les
argumens du Confeil Aulique , & pour montrer
que les hoftilités d'un Etat de l'Empire
contre quelques - uns de fes Co - Etats ne font
point un cas extraordinaire , le Roi de Pruffe
allegue plufieurs exemples antérieurs. Il cite entre
autres la guerre de l'Impératrice Reine contre
le feu Empereur Charles VII , & l'invaſion
des troupes de cette Princeffe dans l'Electorat
de Baviere & dans d'autres Etats de l'Empire ,
avec lefquels Elle étoit en défunion , Ce Prince
ajoute que la conduite tenue dans ces conjonc
tures par l'Impératrice Reine , ne fut point
alors confidérée du même oeil , dont la Cour
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DECEMBRE. 1756. 211
de Vienne voudroit aujourd'hui faire enviſager
les démarches de la Cour de Berlin.
DE HAMBOURG , le 22 Octobre.
Le Feld -Maréchal Comte de Browne , dans
le deffein de dégager l'armée Saxonne , s'étoit
avancé le 12 avec un Corps de troupes jufqu'à
Mitteldorff , à peu de diftance de Schandau. Les
Saxons devoient paffer l'Elbe la nuit du 11 au
12 mais quelque dommage arrivé au pont
que S. M. Polonoife avoit fait jetter près de
Konigstein , les en empêcha. La nuit fuivante , le
dominage étant réparé , ils pafferent la riviere.
Un grand bruit de canon & de moufqueterie ,
qu'on entendit le 13 au matin , & qui paroiffoit
venir du côté de Schandau , fit foupçonner
que le Feld- Maréchal de Browne avoit attaqué
le Corps de Pruffiens , qui fe trouvoit
dans ce pofte. La Garnifon que le koi de
Pruffe a mife dans Drefde , en parut même
fort inquiete. Deux jours s'écoulerent , fans
qu'on eût aucunes nouvelles pofitives de l'armée
Saxonne . Il fe répandoit feulement un bruit
vague qu'elle avoit fait la jonction avec les
Autrichiens. A la fin la vérité le développa.
Le délai , qui avoit fufpendu le départ des Saxons ,
avoit donné le temps aux Pruffiens de fe renforcer
à Schandau , & de faire des abattis d'arbres
dans les défilés . Le Feld- Maréchal de Browne
ne voyant aucun figne de la part des premiers ,
& craignant d'être enveloppé , avoit été dans
la néceffité de quitter Mitteldorff le 13. Pendant
la nuit du 13 au 14 , il étoit tombé une
grande abondance de pluie. Les chemins creux ,
par lefquels l'armée Saxonne devoit paffer près de
212 MERCURE DE FRANCE.
Lilienſtein , étoient entiérement inondés , & ce
contretemps retarda beaucoup la marche des
troupes & le tranſport de l'artillerie . Les Pruffiens
avoient pris poffeffion du camp de Pirna . Ils
attaquerent l'arriere- garde , qui fit une très- belie
défenfe , & qui ne perdit que très - peu de monde
& une vingtaine de charriots . A la pluie fuccéda
un brouillard épais. Lorfque les troupes
Saxonnes voulurent entrer le matin dans les
gorges du défilé qui conduifoit vers Ulletfdorff ,
où elles devoient fe joindre aux Autrichiens ,
elles trouverent ces gorges bouchées , & les Pruf-
Giens Maîtres de toutes les hauteurs. La diftance
à laquelle étoient les Autrichiens , la direction
du vent , un grand ouragan qui s'éleva la nuit ,
& qui continua le lendemain , furent caufe que
les Autrichiens ne purent entendre les coups
de canon , qui devoient leur fervir de fignaux
pour attaquer les Pruffiens. Ainfi la journée du
14 fe paffa fans coup ferir. Les Autrichiens ,
qui avoient attendu l'armée Saxonne deux fois
vingt- quatre heures , & qui n'avoient avec eux
ni tentes , ni provifions fuffifantes de vivres &
de fourrages , furent enfin contraints d'aller rejoindre
le gros de leur armée. Ils avoient fait
trois marches forcées , & il falloit en faire autant
pour exécuter leur retraite , & pour éviter
d'être coupés par le Corps de troupes Pruffiennes
pofté entre Auffig & Lowolis. Le 15 ,
les Saxons tenterent de gagner les fommets
des montagnes , ou de percer à travers les forêts
; mais ils rencontrerent partout des obftacles
infurmontables. Entourés de tous côtés par
les Pruffiens , dénués de fecours & de fubfif-
Lances , privés de toutes reffources , ils étoient
arrêtés entre les rochers inacceffibles , qui bor-
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DECEMBRE , 1756. 213
dent les deux feuls débouchés praticables que
les Pruffiens avoient occupés . Les Saxons ont
paffé trois jours dans cette affreuſe pofition ,
expofés à toutes les injures de la faifon , fans
pain & fans fourrage. Alors le Roi de Pologne
& les Princes Xavier & Charles , obligés de pourvoir
à la fûreté de leurs perfonnes , le font
retirés à Konigstein . En tâchant de fauver leur
liberté , ils ont couru plus d'une fois rifque de
perdre la vie. L'unique defir des Saxons , dans
la fituation déplorable à laquelle ils étoient réduits
, étoit de périr les armes à la main . Ils
n'ont pas même eu cette confolation , & il ne
leur eft refté que la cruelle extrêmité de compofer
avec les Pruffiens. Par la Capitulation ,
les Généraux ont ftipulé pour S. M. Polonoiſe
& pour les Princes fes fils la liberté de fe retirer
où bon leur fembleroit. Les troupes fe
font rendues prifonnieres de guerre . Pendant
deux jours qu'on a employés à convenir des
articles de la Capitulation , toutes les troupes
Saxonnes depuis le Feld- Maréchal jufqu'au
Tambour , déclarerent conftamment qu'elles fe
feroient plutôt hacher en pieces , que de prendre
parti dans l'armée du Roi de Pruffe. Mais
la plupart des foldats n'ont eu enfuite que cette
reffource . A l'égard des Officiers , il a été réglé
qu'ils ne feroient point forcés de prendre
fervice. La Reine de Pologne Electrice de Saxe
étant allée de Drefde joindre le Roi fon époux ,
Leurs Majeftés Polonoifes font parties le 19
pour Warfovie avec les Princes Xavier & Charles
, & avec le Comte de Bruhl . Les Miniftres
Etrangers ont été invités de la part du Roi de
Pologne , de l'y fuivre. S. M. Polonoife n'a
point voulufe mêler de la Capitulation fignée par
1
214 MERCURE DE FRANCE.
fes Généraux. Le Roi de Pruffe occupe à Struppen
le même logement , qu'y occupoit le Roi
de Pologne Il y a de fréquentes allées & venues
de cet endroit à Ko. igſtein , qui par la
capitulation eft tefté aux Saxons , mais dont les
Pruffiens défireroient d'être mis en poffeffion ,
ainfi que de Pirna , & de toutes les Places
des Etats Héréditaires de Saxe , dont S. M.
Pruffienne fe réſerve l'adminiſtration , jufqu'à
ce qu'une paix folide faffe rentrer les chofes
dans leur premier état .
DE LEIPSICK , le 24 Octobre.
Depuis la premiere Relation qu'on a reçue
du malheur des troupes Saxonnes , on a été informé
des particularités fuivantes . Lorsque ces troupes
eurent perdu toute efpérance de forcer les
paffages , le Feld - Maréchal Comte Rutowski
écrivit au Roi , pour lui donner part d'une fi
trifte nouvelle . Sa Majefté fit cette réponfe . « J'ap-
>>prends avec une extrême douleur la déplorable
»fituation , où , par un enchaînement de difgraces
»difficiles à exprimer , vous êtes réduits , vous ,
» mes Généraux & toute mon armée . Il faut fe
>>foumettre à la Divine Providence . Dieu connoit
>>ma droiture. Voilà ma reflource & ma confola-
>>tion. On veut , comme vous me le faites enten-
»dre par le Baron de Dygera , me forcer de
»foufcrire à des conditions que l'on a rendues
»plus dures à mesure que les circonftances font
»devenues plus fâcheufes. Ne me connoît - on
»plus Je fuis toujours Souverain & toujours
»libre. Heureux ou malheureux , je vivrai avec
>>honneur , & je mourrai de même. Je vous aban.
>>donne , Monfieur , le fort de mon armée. Que
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DECEMBRE. 1756. 215
>>votre Confeil de guerre décide lui - même , fi
>>vous devez vous rendre prifonnier , ou s'il vous
>>faut mourir par le fer ou par la difette. Que
l'humanité dicte , s'il eft poffible , vos réfolutions
. Quelles qu'elles puiffent être , elle ne me
>> regardent plus , & je vous déclare que je ne
>> vous tiendrai refponfable que d'une feule chofe ,
fçavoir de porter les armes contre moi & contre
» mes amis. >>
Sur la lettre du Roi le Confeil de guerre s'affembla
, & le réfultat des délibérations fut :
Qu'on tenteroit inutilement de vaincre les obftacles
qui empêchoient l'armée de pénétrer plus
avant ; que quand même on parviendroit à les
furmonter , ce feroit fans fruit , dès qu'on n'étoit
pas à portée de joindre une autre armée qui pût
non feulement aider à repouffer les efforts de
l'ennemi , mais encore fournir aux Saxons toutes
les chofes dont ils manquoient ; qu'ils avoient
été obligés de laiffer la moitié de leur artillerie
& de leurs charriots de munitions à bord de l'Elbe ;
qu'on avoit eu avis que le Feld- Maréchal Comte
de Browne avoit rétrogradé à Lychtenhain ; que
vraifemblablement il étoit retourné encore plus
en arriere , puifqu'il n'avoit point entendu les
coups de canon qu'on avoit tirés pour fignaux ;
que de plus la Cavalerie , vu la foiblefle des
chevaux , ne pouvoit entreprendre de combattre
contre la Cavalerie ennemie ; que dans un tel
concours d'événemens finiftres , il n'y avoit point
d'autre parti à prendre que de capituler , & qu'on
fe foumettoit là- deffus au jugement de tous les
gens de guerre; que toutes les troupes étoient
prêtes à verfer leur fang , fi le Roi l'ordonnoit ;
mais que ce feroit les facrifier gratuitement , &
que leur destruction ne pourroit qu'expofer à de
216 MERCURE DE FRANCE.
juftes reproches d'ignorance & de témérité un
corps d'Officiers Généraux qui croyoient avoir
fervi jufques là avec honneur & avec diſtinction.
Il a été réglé par la Capitulation , que le Roi
demeureroit en poffeffion de Konigstein , & que
les Pruffiens n'inquiéteroient en aucune maniere
la garnifon Saxonne , qui a été laiffée par Sa Majefté
dans cette Fortereffe. On attend avec impatience
la nouvelle de l'arrivée du Roi à Warfovic.
DE DRESDE , le 4 Novembre.
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Par un Mémoire intitulé , Exposé des motifs
de la Capitulation fignée le 15 Octobre 1756 ,
entre l'armée du Roi de Pologne Electeur de
Saxe , & Sa Majesté Pruffienne , on voit le plan ad
des opérations que le Confeil du Roi avoit concertées
avec le Feld- Maréchal de Browne . Une
colonne des troupes Saxonnes devoit marcher
vers Proffen , laiffant la montagne de Lilienf
tein à fa gauche . Une autre Colonne devoit
foutenir fix Bataillons de Grenadiers , deſtinés
à attaquer les abattis du bois de Lilienftein,
Elle auroit enfuite continué fa marche , laif
fant cette montagne à fa droite ; & les fix Ba
taillons de Grenadiers fe feroient portés fur le
Village de Walterdorff. Après l'avoir emporté
ils devoient s'y défendre contre l'ennemi , jufquà
ce que l'armée für engagée dans les défilés.
Ils avoient ordre , lorfqu'elle y feroit entrée
, de faire l'arriere-garde. On étoit convenu
avec le Feld- Maréchal de Browne , que les
Saxons le trouveroient à la tête d'un Corps de
douze mille hommes fur les hauteurs de Ratmanfdorff
& de Schandau. Enfuite ils fe feroient
xéunis avec lui au gros de l'armée Autrichienne
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DECEMBRE. 1756. 217
5
campée à Budin. L'exécution de ce projet avoit
été fixée à la nuit du 11 au 12 du mois dernier ,
pour le plus tard. On fe flattoit avec raifon , que
la conftance & le zele des troupes leur feroient
fupporter patiemment la difette de vivres à laquelle
elles feroient réduites pendant un intervalle
fi confidérable. Les rations de pain furent diminuées
, & l'on mit les chevaux à la pâture . Bien
loin d'être rebutés par ces épreuves , les foldats
n'afpiroient qu'au moment de s'ouvrir généreufement
un paffage à travers l'armée Pruſſienne
qui les tenoit bloqués dans leur camp . Le Feld-
Maréchal de Browne inftruit de ce qu'ils avoient
à fouffrir , voulut avancer de quelques jours le
terme de leur délivrance. Il fe porta du camp de
Budin à Lowofitz , afin de donner de l'inquiétude
au Roi de Pruffe du côté de Brix & de Bylin ,
tandis que les Saxons par de fauffes attaques fur
Hennerfdorff & fur Marckerfbach , feindroient de
vouloir fe dégager par feur gauche . Ce mouvement
engagea le premier Octobre le combat de
Lowofitz ou de Welmina entre l'avant- garde des
Autrichiens & l'armée Pruffienne. Le furlendemain
de cette action , le Feld- Maréchal de Browne
fit affurer le Roi que cette action n'avoit rien
dérangé au projet concerté , & qu'il auroit toujours
lieu la nuit du 11 au 12.
Le même Mémoire détaille enfuite tous les
obftacles qui fe font oppofés à la réuffite de ce
projet. « Divers contretemps , dit - on dans cet
Décrit , empêcherent que le pont ne fût établi
auffi-tôt que l'on s'en étoit flatté , & il ne fut
»pas poffible de décamper avant la nuit du 12 au
13. Cette nuit , la plus cruelle qu'on ait jamais
»paffée , l'armée défila fur le pont par une pluie
» affreufe , qui acheva de mettre fur les dents les
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218 MERCURE DE FRANCE.
»chevaux déja excédés de faim & de fatigue . Le
feul débouché par lequel l'armée pouvoit par-
»venir à la hauteur d'Ebenheit s'étant trouvé
>>engorgé par
le canon que les chevaux n'avoient
»plus la force de traîner , non feulement les
>> Grenadiers & le refte de l'Infanterie , mais même
>>la Cavalerie entreprirent de gravir fucceffive-
»ment contre une montagne preſque inacceffible.
>> Les troupes ne purent arriver fur la hauteur
» d'Ebenheit que vers les quatre heures après-
»midi. Elles s'y formerent fur plufieurs lignes ,
autant que le terrein refferré pouvoit le per-
>>mettre. Le vent prodigieux qu'il faifoit fut cauſe
>>que le Feld-Maréchal de Browne ne put entendre
la violente canonnade & la moufqueterie
>> continuelle dont notre arriere-garde avoit été
»accompagnée depuis dix heures du matin , &
»par cette raifon il n'exécuta point l'attaque qu'il
» s'étoit propofé de faire. Alors nos Généraux
»perfuadés qu'il étoit hors de portée de les fe-
>>courir , ne crurent pas devoir prendre fur eux
>>de facrifier les troupes dans une attaque que
toute la bravoure imaginable ne pouvoit rendre
»utile , dès qu'elle ne fe feroit point en même
>>temps par les Autrichiens & par les Saxons.
»Dans une pofition fi critique , il fut réſolu que
»l'armée demeureroit fous les armes & en état
»de combattre , jufqu'à ce qu'on fçût pofitive-
»ment fi le Feld-Maréchal de Browne avoit pu
wfe porter & fe maintenir fur les hauteurs de
Schandau. Toute la journée du 14 fe paffa dans
>> l'inquiétude & dans le trouble. Malgré les fati-
» gues d'une marche également longue & péni-
»ble , malgré la difette abfolue que le foldat
» éprouvoit depuis quarante-huit heures , le cou-
Drage des troupes n'étoit point ralenti . Elles
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DECEMBRE . 1756. 219
»attendoient avec impatience l'inftant de fe fa-
» crifier fous les yeux d'un Maître qui avoit voulu
»les commander en perfonne , & à qui l'on ne
perfuada qu'avec beaucoup de peine de fe ren-
» fermer dans la Fortereffe de Konigstein , lorfque
» la multiplicité des obftacles nous eût ôté toute
»efpérance de pouvoir nous dégager. »
>>
Ĉe Mémoire finit par ces mots remarquables :
« Le témoignage que l'armée Saxonne fe doit à
» elle- même de fon courage & de fa fidélité , l'o-
» blige d'expofer aux yeux de toute la terre les
>>motifs invincibles qui l'ont déterminée à une
»démarche auffi accablante que celle à laquelle
» elle a été contrainte. Il n'y a aucun Officier ni
»foldat qui ne fcellât de tout fon ſang la vérité
» des faits contenus dans cet expofé. C'eſt à l'uni-
>vers à prononcer fur ce que l'armée Saxonne a
»fait , & fur ce qu'elle a dû faire . »
Les Régimens Saxons qui ont été forcés de fe'
rendre au Roi de Pruffe , n'ont pas été incorporés
dans les troupes de ce Prince. On leur a donné
des Officiers Pruffiens pour les commander , les
Officiers Saxons ayant conftamment refufé de
fervir contre leur Roi & leur Patrie. Deux de ces
Régimens avoient été conduits à Léipfick , pour
être mis en quartiers dans les environs. Ils ont
pris les armes contre les Officiers Pruffiens qui
ont voulu s'opposer à leur deffein , & ils en ont
tué deux. Les autres Officiers fe font retirés' , &
ccs deux Régimens ayant pris la route du Royaume
de Boheme , font arrivés à Prague.
Cent cinquante foldats des mêmes troupes
s'étant réunis après avoir quitté l'armée Pruffien-¨
ne , ont été atteints dans leur marche par trois
cens Cavaliers qu'on avoit envoyés après eux. Ils
fe font mis en état de défenfe , & ils ont forcé les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
trois cens Cavaliers Pruffiens de rendre les armes ,
& de les fuivre en Boheme où ils font auffi arrivés.
Ces actions de courage de la part des troupes
Saxonnes , prouvent bien qu'elles ne fe font rendues
qu'y étant forcées par leur pofition. Tous
les foldats qui peuvent s'échapper volent au fervice
des Alliés de leur Monarque.
DE VIENNE , le 17 Octobre.
DEpuis quelques jours , la Cour a publié fa
Réponse à l'Expofé des Motifs du Roi de Pruffe.
Cette piece commence ainfi. « L'Electorat de Saxe
ayant été inondé de troupes Prufliennes , & ayant
»été arraché à fon légitime Poffeffeur ; le droit
»des gens y ayant été violé ; tous les égards
»dûs à une keine ayant été foulés aux pieds ;
»un deftin affreux menaçant encore le Roi de
>>Pologne ; l'efprit de domination & d'agrandif
»fement , qui guide le Roi de Prufle , l'a porté
»à attaquer enfuite le Royaume de Boheme , & à
»y ouvrir de nouveau le théâtre de fes hoftilités .
»Les circonftances & les fuites de cette double
infraction de la paix , de la part de la Cour de
>>Berlin , étant tout à fait extraordinaires , le public
impartial n'a pu que fouhaiter avec une impa
>>tience extrême de voir paroître les motifs fonda-
>> mentaux d'un procédé auffi étrange , & a cru de
»voir s'attendre à voir révéler les myfteres les plus
profonds de cabinets . Jamais attente n'a été
plus mal remplie . Le manifefte de la Pruffe n'a
été remplie que d'expreffions qui fe contredi-
»foient palpablement les unes les autres , & l'om
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
n'y a étalé que des motifs qui , malgré toute
» l'étude de l'invention , n'ont pu être revêtus da
moindre air de vraisemblance . Le Roi de Fruffe ,
»dans l'impoffibilité de trouver matiere à motiver
pune Déclaration de Guerre , eft tombé ſur l'idée
stare & finguliere , qu'il pourroit , fon invafion
men Saxe déja faite , déterrer dans les papiers
fecrets , qu'il a fait enlever à Drefde du Cabinet
du Roi de Pologne , des preuves qui pourroient
confirmer ce qu'il avançoit d'un Traité offenfif
entre l'Impératrice Reine & l'Impératrice de
»Ruffie , & démentir ainfi les aſſurances données
par l'Impératrice Reine , que cette imputation
»étoit fauffe & controuvée. La Cour de Vienne ,
obfervant fcrupuleufement les loix de la vérité ,
n'avoit rien à appréhender de toutes ces recher-
»ches. Elle a elle - même les indices les plus
»démonftratifs , que , fi l'on pouvoit expofer auf
»yeux du public ce que renferme le Cabinet de
>>Potſdam , on y découvriroit avec un étonne-
»ment indicible des projets tendans à corrompre
»de fideles ferviteurs , liés à leurs maîtres par la
>>foi du ferment ; à opprimer des Co- Etats confidérables
de l'Empire ; à réchauffer des pré-
»tention illégales fur des Provinces entieres , &
» à ourdir des rébellions affreuſes dans de puiffans
>>Royaumes.»>
Voici plufieurs autres principaux traits de la
Réponse de la Cour. « On a déja vu dans le Ref
»crits de S. M. Imp. & Royale à fes Miniftres
>> dans les Cours Etrangeres , comment le Roi de
>> Pruffe s'eft émancipé à prendre itérativement
» Impératrice Reine à partie fur fes difpofitions
»défenfives........ Dans fon Manifefte , il avane
>>ce également des chofes peu fondées. Il foutient
qu'à peine le Traité de Drefde avoit été conclu ,
Σ
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DECEMBRE. 1756. 20
>>la Cour de Vienne s'étoit étudié à l'éluder &
»à l'infirmer. Cependant on n'allegue à notre
>> charge que ce feul grief , fçavoir que fept ans
» après la conclufion du Traité , c'est - à-dire en
» 1753 , Pimpôt fur les marchandifes fabriquées
dans la Silefie Pruffienne a été augmenté. Il
» eft étonnant que de la part de la Pruffe on
»faffe quelque reproche fur cet article , com-
>>me fi S. M. Pr. n'avoit pas été la premiere à
»augmenter les droits de douane , & comme fi
Delle n'avoit pas commis diverſes autres contra
»ventions , tant contre ce Traité que contre celui
» de Breflau ; & cela au point que fi S. M. Imp.
»& Royale n'étoit pas en poffeffion de facrifier
»fes plus juftes motifs de reffentiment à fon amour
»pour la paix , Elle auroit été en droit depuis
long- temps , furtout après les repréſentations
Dinutiles qu'Elle avoit faites , de recourir , pour
»fe venger, aux armes dont Elle ne fe fert au-
»jourd'hui que pour fon unique défenſe......
>> Dans le niême Manifefte , on releve encore
»d'autres plaintes contre la Cour de Vienne. Elle
»a conçu , dit- on , des projets d'une extrême
»conféquence ; Elle a des vues dangereufes , &
» du côté de la Pruffe on s'étudie à les dévelop
per.... Mais la Maiſon Archiducale d'Autriche
»ne balance pas à foutenir , que dans toutes les
» Annales de fa Monarchie on ne trouvera pas
»le moindre veftige d'entrepriſes de fa part , ten
»dantes à renverfer les premieres loix de l'Em-
»pire ; à opprimer fes membres ; à s'emparer
de leurs Etats par droits de convenance ; à perfé
cuter par les oppreffions les plus inouies route
»une Famille Royale fous les affurances d'une
pamitié fimulée ; à boulverfer le repos de l'Alle-
»magne ;... à vouloir impoſer à tous le Corps
206 MERCURE DE FRANCE.
»Germanique des loix arbitraires , aux dépens de
»fes Conftitutions ......
Au fujet du Traité que l'Impératrice Reine a
conclu en 1746 avec l'Impératrice de Ruffie ,
la Cour fait les obfervations fuivantes . « Pour
s'affurer de plus en plus contre une quatrieme
winfraction de la paix de la part de la Pruffe ,
>> on conclut entre les deux Cours Impériales ,
Davant le Traité d'Aix - la- Chapelle , un Traité
» d'Amitié & de Défenſe , ne tendant au préjudice
» d'aucune Puiflance . La Cour de Vienne n'a
»pas eu befoin d'exciter la fenfibilité de celle
» de Ruffie fur les procédés méprifans de la Pruffe ,
>>attendu que S. M. Pruf. fe contient ſi peu vis-àvis
de fes voisins , qu'ils comprennent facilement
» qu'il n'y a pas d'autre moyen de le fouftraire
aux défagrémens que la Pruffe caufe continuelle-
» ment , qu'en rompant toute communication avec
elle...... Le public n'aura pas encore oublié ,
>>comment le Comte de Beftuchef, Grand Char-
>> celier de Ruffie , ne balança pas en 1750 d'expo-
>>fer aux yeux de l'Europe , d'une maniere convain-
»cante, les procédés extraordinaires des Pruffiens......
C'eft une nouvelle illufion de la
»part du Roi de Pruffe , de vouloir , par des
vues faciles à deviner , faire paffer nos innocens
Dengagemens défenfifs pour un Traité offenfif
>>contre la Porte. » La Cour ajoute : « Le Roi
»de Pruffe fait affez connoître à la Couronne
>>de France , fans ménagement & par fon infrac-
>tion de paix , que l'Union du Roi T. C. avee
»l'impératrice Reine l'a animé à faire exifter
d'autant plus vite par fon aggreffion ennemie
le Cafus Foederis. Tout ce que S. M. Pruf
permet de mettre à la charge de la Cour
de Vienne & d'autres Cours fur le pied de
>> fe
DECEMBRE. 1756. 207
T
conſpiration , eft une imputation déplacée , qui
»n'a jamais lieu de Souverain à Souverain , &
>>qui ne peut s'appliquer qu'à des Sujets rébelles.
» Ces confpirations doivent être mifes au rang
»des projets de ceux qui dans leur plan d'a-
»grandiffement ne font aucune diftinction des
>>moyens d'affouvir leur ambition. S. M. l'Impéra-
» trice Reine déclare pareillement fauffe & controuvée
l'imputation , qu'elle ait voulu porter
» la Cour d'Angleterre à entrer dans des projets
»qui puffent troubler le repos général . On en
>appelle au propre témoignage de ladite Cour ,
»& l'on ne fera jamais aucune difficulté de ren-
» dre publique la négociation dont il s'eft agi
avec S. M. Brit.... Le Roi de Pruffe accufe la
>>Cour de Vienne , d'avoir voulu puifer dans les
» troubles de l'Amérique les moyens d'allumer
Dune guerre générale . La Cour Britannique peut
»rendre elle - même juftice fur ce point à la vérité,
& dire combien l'Impératrice Reine s'eft
» efforcée d'étouffer ces divifions dès leur naiffan-
» ce. En général tout ce que la Cour de Pruffe
»avance , relativement à celles de France & de
» la Grande - Bretagne , aboutit à infinuer que la
»premiere n'a point affez réfléchi far la nature
»des chofes & fur fes propres intérêts , & que
»la feconde n'a pas approfondi les vues du Minif-
»tere de Vienne , & a manqué de pénétration
» à cet égard , ( expreffions qui ne touchent pas peu
>> l'honneur de ces deux Cours ) . Au refte le Roi
»de Pruffe auroit pu fe paffer de parler de recon-
»noiffance , lui qui a oublié fur cet article
»tout ce qu'il doit à la Maiſon Archiducale d'Autriche
, à qui il eft redevable de fa Dignité
>>Royale ....>>
Selon la lifte que le Feld-Maréchal de Browne
208 MERCURE DE FRANCE.
E
a envoyé de la perte faite par les Autrichiens
dans la bataille du premier de ce mois , il y a
eu dix- neuf Officiers tués & cent cinq de bleffés ;
quatre cens vingt Soldats tués , dix-fept cens vingtneuf
bleffés; & fept cens onze qui ont difparu.
On ne compte que quatre cens foixante -quinze
chevaux tués ou bleffés.
On mande de Conftantinople , que fur la nouvelle
de l'invafion des troupes Pruffiennes en Boheme
, le Grand Vifir a voulu fçavoir du Sr de Schwachenheim
, Miniftres de Leurs Majeftés Impériales
à la Porte , toutes les circonstances de cer
événement. Selon les mêmes lettres , le Grand
Seigneur a fait affurerie fieur de Schwachenheim ,
que fa Hauteffe continueroit d'obſerver religieufement
le Traité conclu par le Sultan fon prédéceffeur
avec la Cour de Vienne , & que fi l'Impératrice
Reine , pour foutenir la guerre contre
le Roi de Pruffe , avoit befoin d'employer les
Troupes qu'Elle avoit en Hongrie , Elle pouvoit
avec confiance les faire marcher , fans craindre
que Sa Hauteffe profitât de leur éloignement ,
pour enfreindre la paix qui fubfifte entre les deux
Puiffances.
Du Quartier Général du Prince Picolomini à
Spalena-Lhotka , le 20 Octobre 1756.
Un Corps de troupes paffa l'Elbe les , fous
les ordres du Général Comte de Trautmansdorff ,
pour empêcher le Feld - Maréchal de Schwerin
d'étendre fi loin fes fourrages . On fit avancer le
7 dans la même vue un Détachement de Cavalerie .
Par- là , le général ennemie eft refferré de plus
en plus , tant fur la droite que fur fa gauche,
& l'on efpere de le gêner confidérablement fur
Particle des fubfiftances. La premiere Colonne des
L
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&
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T
1
DECEMBRE. 1756. 209
Efclavons entra le 2 de ce mois dans notre camp.
Le Colonel Simbfchon , qui la commande , infor
ma le Prince Picolomini , qu'un Détachement de
Huffards de l'Impératrice Reine avoit enlevé une
des caiffes militaires des Pruffiens , & qu'elle avoit
été conduite à Troppau.
On apprit le 13 de ce mois , que le Comte
Rodolphe de Palfi avoit pénétré jufqu'à Lévin ,
& qu'il avoit tiré des contributions de plufieurs
Diſtricts du Comté de Glatz. Le Capitaine Roskovanny
du Régiment de Spleni a fait une courfe
jufqu'à Franckenftein en Siléfie . Il est revenu
avec beaucoup de butin , & fans avoir perdu un
feul homme. Un Détachement commandé par
le Baron de Gerfdorff , Lieutenant - Colonel du
Régiment de Birckenfeld , en vint aux mains le
16 au matin avec un Détachement Pruffien . Los
ennemis ont été mis en fuite. On leur a tué
un Capitaine de Cavalerie , deux Lieutenans , &
cinquante hommes , & on leur a fait quinze
prifonniers. La veille de cette rencontre , le même
Détachement Pruffien étant dans un bois , il s'éleva
un vent fi furieux , que les chevaux épouvantés
prirent le mors aux dents , & quarantecinq
s'échapperent . La plupart font tombés entre
les mains de nos Huffards.
DE RATISBONNE , le 14 Octobre .
Par une Proteftation que le Roi de Pruffe a
adreffée à la Diette contre le Decret Commifforial
du Confeil Aulique de l'Empire , ce Prince
déclare Que n'ayant fait , en entrant dans l'Electorat
de Saxe & dans le Royaume de Boheme
, que ce qu'il étoit autorifé de faire en
vertu de toutes les Loix , pour repouffer le dan-
:
210 MERCURE DE FRANCE .
ger dont il étoit menacé , il ſe réſerve de pourfuivre
la fatisfaction , qu'il prétend lui être dûe
par rapport à la maniere , dont le Confeil Aulique
s'eft cru en droit d'agir à fon égard. Sa
Majefté Pruffienne dit être en état de prouver ,
que fi le paffage pour l'armée Pruffienne par
P'Electorat de Saxe avoit été accepté fur le pied
que la Cour de Drefde propofoit , à peine
cette armée auroit - elle pénétré dans les Etats
de l'Impératrice Reine , que les Saxons en liberté
d'agir , auroient fait une irruption dans les
Etats de la Maifon de Brandebourg , afin de
s'emparer des dépouilles que les circonftances
lui auroient permis de s'approprier . Elle renouvelle
les affurances données dans fa premiere
Déclaration , que , malgré les fujets qu'Elle
croit avoir de fe plaindre , elle remettra toutes
chofes dans l'Electorat de Saxe fur l'ancien pied ,
dès que l'animofité fera place aux voies de conciliation
, auxquelles Elle fera toujours prête
de donner les mains , lorfqu'on aura lieu d'efpérer
le rétabliffement de la paix fur des fondemens
folides & conftans . Pour combattre les
argumens du Confeil Aulique , & pour montrer
que les hoftilités d'un Etat de l'Empire
contre quelques - uns de fes Co - Etats ne font
point un cas extraordinaire , le Roi de Pruffe
allegue plufieurs exemples antérieurs. Il cite entre
autres la guerre de l'Impératrice Reine contre
le feu Empereur Charles VII , & l'invaſion
des troupes de cette Princeffe dans l'Electorat
de Baviere & dans d'autres Etats de l'Empire ,
avec lefquels Elle étoit en défunion , Ce Prince
ajoute que la conduite tenue dans ces conjonc
tures par l'Impératrice Reine , ne fut point
alors confidérée du même oeil , dont la Cour
29
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DECEMBRE. 1756. 211
de Vienne voudroit aujourd'hui faire enviſager
les démarches de la Cour de Berlin.
DE HAMBOURG , le 22 Octobre.
Le Feld -Maréchal Comte de Browne , dans
le deffein de dégager l'armée Saxonne , s'étoit
avancé le 12 avec un Corps de troupes jufqu'à
Mitteldorff , à peu de diftance de Schandau. Les
Saxons devoient paffer l'Elbe la nuit du 11 au
12 mais quelque dommage arrivé au pont
que S. M. Polonoife avoit fait jetter près de
Konigstein , les en empêcha. La nuit fuivante , le
dominage étant réparé , ils pafferent la riviere.
Un grand bruit de canon & de moufqueterie ,
qu'on entendit le 13 au matin , & qui paroiffoit
venir du côté de Schandau , fit foupçonner
que le Feld- Maréchal de Browne avoit attaqué
le Corps de Pruffiens , qui fe trouvoit
dans ce pofte. La Garnifon que le koi de
Pruffe a mife dans Drefde , en parut même
fort inquiete. Deux jours s'écoulerent , fans
qu'on eût aucunes nouvelles pofitives de l'armée
Saxonne . Il fe répandoit feulement un bruit
vague qu'elle avoit fait la jonction avec les
Autrichiens. A la fin la vérité le développa.
Le délai , qui avoit fufpendu le départ des Saxons ,
avoit donné le temps aux Pruffiens de fe renforcer
à Schandau , & de faire des abattis d'arbres
dans les défilés . Le Feld- Maréchal de Browne
ne voyant aucun figne de la part des premiers ,
& craignant d'être enveloppé , avoit été dans
la néceffité de quitter Mitteldorff le 13. Pendant
la nuit du 13 au 14 , il étoit tombé une
grande abondance de pluie. Les chemins creux ,
par lefquels l'armée Saxonne devoit paffer près de
212 MERCURE DE FRANCE.
Lilienſtein , étoient entiérement inondés , & ce
contretemps retarda beaucoup la marche des
troupes & le tranſport de l'artillerie . Les Pruffiens
avoient pris poffeffion du camp de Pirna . Ils
attaquerent l'arriere- garde , qui fit une très- belie
défenfe , & qui ne perdit que très - peu de monde
& une vingtaine de charriots . A la pluie fuccéda
un brouillard épais. Lorfque les troupes
Saxonnes voulurent entrer le matin dans les
gorges du défilé qui conduifoit vers Ulletfdorff ,
où elles devoient fe joindre aux Autrichiens ,
elles trouverent ces gorges bouchées , & les Pruf-
Giens Maîtres de toutes les hauteurs. La diftance
à laquelle étoient les Autrichiens , la direction
du vent , un grand ouragan qui s'éleva la nuit ,
& qui continua le lendemain , furent caufe que
les Autrichiens ne purent entendre les coups
de canon , qui devoient leur fervir de fignaux
pour attaquer les Pruffiens. Ainfi la journée du
14 fe paffa fans coup ferir. Les Autrichiens ,
qui avoient attendu l'armée Saxonne deux fois
vingt- quatre heures , & qui n'avoient avec eux
ni tentes , ni provifions fuffifantes de vivres &
de fourrages , furent enfin contraints d'aller rejoindre
le gros de leur armée. Ils avoient fait
trois marches forcées , & il falloit en faire autant
pour exécuter leur retraite , & pour éviter
d'être coupés par le Corps de troupes Pruffiennes
pofté entre Auffig & Lowolis. Le 15 ,
les Saxons tenterent de gagner les fommets
des montagnes , ou de percer à travers les forêts
; mais ils rencontrerent partout des obftacles
infurmontables. Entourés de tous côtés par
les Pruffiens , dénués de fecours & de fubfif-
Lances , privés de toutes reffources , ils étoient
arrêtés entre les rochers inacceffibles , qui bor-
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DECEMBRE , 1756. 213
dent les deux feuls débouchés praticables que
les Pruffiens avoient occupés . Les Saxons ont
paffé trois jours dans cette affreuſe pofition ,
expofés à toutes les injures de la faifon , fans
pain & fans fourrage. Alors le Roi de Pologne
& les Princes Xavier & Charles , obligés de pourvoir
à la fûreté de leurs perfonnes , le font
retirés à Konigstein . En tâchant de fauver leur
liberté , ils ont couru plus d'une fois rifque de
perdre la vie. L'unique defir des Saxons , dans
la fituation déplorable à laquelle ils étoient réduits
, étoit de périr les armes à la main . Ils
n'ont pas même eu cette confolation , & il ne
leur eft refté que la cruelle extrêmité de compofer
avec les Pruffiens. Par la Capitulation ,
les Généraux ont ftipulé pour S. M. Polonoiſe
& pour les Princes fes fils la liberté de fe retirer
où bon leur fembleroit. Les troupes fe
font rendues prifonnieres de guerre . Pendant
deux jours qu'on a employés à convenir des
articles de la Capitulation , toutes les troupes
Saxonnes depuis le Feld- Maréchal jufqu'au
Tambour , déclarerent conftamment qu'elles fe
feroient plutôt hacher en pieces , que de prendre
parti dans l'armée du Roi de Pruffe. Mais
la plupart des foldats n'ont eu enfuite que cette
reffource . A l'égard des Officiers , il a été réglé
qu'ils ne feroient point forcés de prendre
fervice. La Reine de Pologne Electrice de Saxe
étant allée de Drefde joindre le Roi fon époux ,
Leurs Majeftés Polonoifes font parties le 19
pour Warfovie avec les Princes Xavier & Charles
, & avec le Comte de Bruhl . Les Miniftres
Etrangers ont été invités de la part du Roi de
Pologne , de l'y fuivre. S. M. Polonoife n'a
point voulufe mêler de la Capitulation fignée par
1
214 MERCURE DE FRANCE.
fes Généraux. Le Roi de Pruffe occupe à Struppen
le même logement , qu'y occupoit le Roi
de Pologne Il y a de fréquentes allées & venues
de cet endroit à Ko. igſtein , qui par la
capitulation eft tefté aux Saxons , mais dont les
Pruffiens défireroient d'être mis en poffeffion ,
ainfi que de Pirna , & de toutes les Places
des Etats Héréditaires de Saxe , dont S. M.
Pruffienne fe réſerve l'adminiſtration , jufqu'à
ce qu'une paix folide faffe rentrer les chofes
dans leur premier état .
DE LEIPSICK , le 24 Octobre.
Depuis la premiere Relation qu'on a reçue
du malheur des troupes Saxonnes , on a été informé
des particularités fuivantes . Lorsque ces troupes
eurent perdu toute efpérance de forcer les
paffages , le Feld - Maréchal Comte Rutowski
écrivit au Roi , pour lui donner part d'une fi
trifte nouvelle . Sa Majefté fit cette réponfe . « J'ap-
>>prends avec une extrême douleur la déplorable
»fituation , où , par un enchaînement de difgraces
»difficiles à exprimer , vous êtes réduits , vous ,
» mes Généraux & toute mon armée . Il faut fe
>>foumettre à la Divine Providence . Dieu connoit
>>ma droiture. Voilà ma reflource & ma confola-
>>tion. On veut , comme vous me le faites enten-
»dre par le Baron de Dygera , me forcer de
»foufcrire à des conditions que l'on a rendues
»plus dures à mesure que les circonftances font
»devenues plus fâcheufes. Ne me connoît - on
»plus Je fuis toujours Souverain & toujours
»libre. Heureux ou malheureux , je vivrai avec
>>honneur , & je mourrai de même. Je vous aban.
>>donne , Monfieur , le fort de mon armée. Que
t
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DECEMBRE. 1756. 215
>>votre Confeil de guerre décide lui - même , fi
>>vous devez vous rendre prifonnier , ou s'il vous
>>faut mourir par le fer ou par la difette. Que
l'humanité dicte , s'il eft poffible , vos réfolutions
. Quelles qu'elles puiffent être , elle ne me
>> regardent plus , & je vous déclare que je ne
>> vous tiendrai refponfable que d'une feule chofe ,
fçavoir de porter les armes contre moi & contre
» mes amis. >>
Sur la lettre du Roi le Confeil de guerre s'affembla
, & le réfultat des délibérations fut :
Qu'on tenteroit inutilement de vaincre les obftacles
qui empêchoient l'armée de pénétrer plus
avant ; que quand même on parviendroit à les
furmonter , ce feroit fans fruit , dès qu'on n'étoit
pas à portée de joindre une autre armée qui pût
non feulement aider à repouffer les efforts de
l'ennemi , mais encore fournir aux Saxons toutes
les chofes dont ils manquoient ; qu'ils avoient
été obligés de laiffer la moitié de leur artillerie
& de leurs charriots de munitions à bord de l'Elbe ;
qu'on avoit eu avis que le Feld- Maréchal Comte
de Browne avoit rétrogradé à Lychtenhain ; que
vraifemblablement il étoit retourné encore plus
en arriere , puifqu'il n'avoit point entendu les
coups de canon qu'on avoit tirés pour fignaux ;
que de plus la Cavalerie , vu la foiblefle des
chevaux , ne pouvoit entreprendre de combattre
contre la Cavalerie ennemie ; que dans un tel
concours d'événemens finiftres , il n'y avoit point
d'autre parti à prendre que de capituler , & qu'on
fe foumettoit là- deffus au jugement de tous les
gens de guerre; que toutes les troupes étoient
prêtes à verfer leur fang , fi le Roi l'ordonnoit ;
mais que ce feroit les facrifier gratuitement , &
que leur destruction ne pourroit qu'expofer à de
216 MERCURE DE FRANCE.
juftes reproches d'ignorance & de témérité un
corps d'Officiers Généraux qui croyoient avoir
fervi jufques là avec honneur & avec diſtinction.
Il a été réglé par la Capitulation , que le Roi
demeureroit en poffeffion de Konigstein , & que
les Pruffiens n'inquiéteroient en aucune maniere
la garnifon Saxonne , qui a été laiffée par Sa Majefté
dans cette Fortereffe. On attend avec impatience
la nouvelle de l'arrivée du Roi à Warfovic.
DE DRESDE , le 4 Novembre.
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Par un Mémoire intitulé , Exposé des motifs
de la Capitulation fignée le 15 Octobre 1756 ,
entre l'armée du Roi de Pologne Electeur de
Saxe , & Sa Majesté Pruffienne , on voit le plan ad
des opérations que le Confeil du Roi avoit concertées
avec le Feld- Maréchal de Browne . Une
colonne des troupes Saxonnes devoit marcher
vers Proffen , laiffant la montagne de Lilienf
tein à fa gauche . Une autre Colonne devoit
foutenir fix Bataillons de Grenadiers , deſtinés
à attaquer les abattis du bois de Lilienftein,
Elle auroit enfuite continué fa marche , laif
fant cette montagne à fa droite ; & les fix Ba
taillons de Grenadiers fe feroient portés fur le
Village de Walterdorff. Après l'avoir emporté
ils devoient s'y défendre contre l'ennemi , jufquà
ce que l'armée für engagée dans les défilés.
Ils avoient ordre , lorfqu'elle y feroit entrée
, de faire l'arriere-garde. On étoit convenu
avec le Feld- Maréchal de Browne , que les
Saxons le trouveroient à la tête d'un Corps de
douze mille hommes fur les hauteurs de Ratmanfdorff
& de Schandau. Enfuite ils fe feroient
xéunis avec lui au gros de l'armée Autrichienne
campće
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DECEMBRE. 1756. 217
5
campée à Budin. L'exécution de ce projet avoit
été fixée à la nuit du 11 au 12 du mois dernier ,
pour le plus tard. On fe flattoit avec raifon , que
la conftance & le zele des troupes leur feroient
fupporter patiemment la difette de vivres à laquelle
elles feroient réduites pendant un intervalle
fi confidérable. Les rations de pain furent diminuées
, & l'on mit les chevaux à la pâture . Bien
loin d'être rebutés par ces épreuves , les foldats
n'afpiroient qu'au moment de s'ouvrir généreufement
un paffage à travers l'armée Pruſſienne
qui les tenoit bloqués dans leur camp . Le Feld-
Maréchal de Browne inftruit de ce qu'ils avoient
à fouffrir , voulut avancer de quelques jours le
terme de leur délivrance. Il fe porta du camp de
Budin à Lowofitz , afin de donner de l'inquiétude
au Roi de Pruffe du côté de Brix & de Bylin ,
tandis que les Saxons par de fauffes attaques fur
Hennerfdorff & fur Marckerfbach , feindroient de
vouloir fe dégager par feur gauche . Ce mouvement
engagea le premier Octobre le combat de
Lowofitz ou de Welmina entre l'avant- garde des
Autrichiens & l'armée Pruffienne. Le furlendemain
de cette action , le Feld- Maréchal de Browne
fit affurer le Roi que cette action n'avoit rien
dérangé au projet concerté , & qu'il auroit toujours
lieu la nuit du 11 au 12.
Le même Mémoire détaille enfuite tous les
obftacles qui fe font oppofés à la réuffite de ce
projet. « Divers contretemps , dit - on dans cet
Décrit , empêcherent que le pont ne fût établi
auffi-tôt que l'on s'en étoit flatté , & il ne fut
»pas poffible de décamper avant la nuit du 12 au
13. Cette nuit , la plus cruelle qu'on ait jamais
»paffée , l'armée défila fur le pont par une pluie
» affreufe , qui acheva de mettre fur les dents les
K
218 MERCURE DE FRANCE.
»chevaux déja excédés de faim & de fatigue . Le
feul débouché par lequel l'armée pouvoit par-
»venir à la hauteur d'Ebenheit s'étant trouvé
>>engorgé par
le canon que les chevaux n'avoient
»plus la force de traîner , non feulement les
>> Grenadiers & le refte de l'Infanterie , mais même
>>la Cavalerie entreprirent de gravir fucceffive-
»ment contre une montagne preſque inacceffible.
>> Les troupes ne purent arriver fur la hauteur
» d'Ebenheit que vers les quatre heures après-
»midi. Elles s'y formerent fur plufieurs lignes ,
autant que le terrein refferré pouvoit le per-
>>mettre. Le vent prodigieux qu'il faifoit fut cauſe
>>que le Feld-Maréchal de Browne ne put entendre
la violente canonnade & la moufqueterie
>> continuelle dont notre arriere-garde avoit été
»accompagnée depuis dix heures du matin , &
»par cette raifon il n'exécuta point l'attaque qu'il
» s'étoit propofé de faire. Alors nos Généraux
»perfuadés qu'il étoit hors de portée de les fe-
>>courir , ne crurent pas devoir prendre fur eux
>>de facrifier les troupes dans une attaque que
toute la bravoure imaginable ne pouvoit rendre
»utile , dès qu'elle ne fe feroit point en même
>>temps par les Autrichiens & par les Saxons.
»Dans une pofition fi critique , il fut réſolu que
»l'armée demeureroit fous les armes & en état
»de combattre , jufqu'à ce qu'on fçût pofitive-
»ment fi le Feld-Maréchal de Browne avoit pu
wfe porter & fe maintenir fur les hauteurs de
Schandau. Toute la journée du 14 fe paffa dans
>> l'inquiétude & dans le trouble. Malgré les fati-
» gues d'une marche également longue & péni-
»ble , malgré la difette abfolue que le foldat
» éprouvoit depuis quarante-huit heures , le cou-
Drage des troupes n'étoit point ralenti . Elles
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DECEMBRE . 1756. 219
»attendoient avec impatience l'inftant de fe fa-
» crifier fous les yeux d'un Maître qui avoit voulu
»les commander en perfonne , & à qui l'on ne
perfuada qu'avec beaucoup de peine de fe ren-
» fermer dans la Fortereffe de Konigstein , lorfque
» la multiplicité des obftacles nous eût ôté toute
»efpérance de pouvoir nous dégager. »
>>
Ĉe Mémoire finit par ces mots remarquables :
« Le témoignage que l'armée Saxonne fe doit à
» elle- même de fon courage & de fa fidélité , l'o-
» blige d'expofer aux yeux de toute la terre les
>>motifs invincibles qui l'ont déterminée à une
»démarche auffi accablante que celle à laquelle
» elle a été contrainte. Il n'y a aucun Officier ni
»foldat qui ne fcellât de tout fon ſang la vérité
» des faits contenus dans cet expofé. C'eſt à l'uni-
>vers à prononcer fur ce que l'armée Saxonne a
»fait , & fur ce qu'elle a dû faire . »
Les Régimens Saxons qui ont été forcés de fe'
rendre au Roi de Pruffe , n'ont pas été incorporés
dans les troupes de ce Prince. On leur a donné
des Officiers Pruffiens pour les commander , les
Officiers Saxons ayant conftamment refufé de
fervir contre leur Roi & leur Patrie. Deux de ces
Régimens avoient été conduits à Léipfick , pour
être mis en quartiers dans les environs. Ils ont
pris les armes contre les Officiers Pruffiens qui
ont voulu s'opposer à leur deffein , & ils en ont
tué deux. Les autres Officiers fe font retirés' , &
ccs deux Régimens ayant pris la route du Royaume
de Boheme , font arrivés à Prague.
Cent cinquante foldats des mêmes troupes
s'étant réunis après avoir quitté l'armée Pruffien-¨
ne , ont été atteints dans leur marche par trois
cens Cavaliers qu'on avoit envoyés après eux. Ils
fe font mis en état de défenfe , & ils ont forcé les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
trois cens Cavaliers Pruffiens de rendre les armes ,
& de les fuivre en Boheme où ils font auffi arrivés.
Ces actions de courage de la part des troupes
Saxonnes , prouvent bien qu'elles ne fe font rendues
qu'y étant forcées par leur pofition. Tous
les foldats qui peuvent s'échapper volent au fervice
des Alliés de leur Monarque.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En 1756, les tensions entre la Prusse et l'Autriche s'intensifièrent. La Cour de Vienne accusa la Prusse d'avoir envahi l'Électorat de Saxe et le Royaume de Bohême, violant ainsi la paix et les droits des peuples. La Prusse justifia son invasion par des accusations de trahison et des allégations de traités secrets entre l'Autriche et la Russie. L'Autriche réfuta ces accusations, affirmant que des recherches dans les archives prussiennes révéleraient des projets de corruption et d'oppression. Les deux parties s'accusèrent mutuellement de violations de traités et de projets d'agrandissement territorial. La Prusse dénonça les projets dangereux de l'Autriche et son désir d'imposer des lois arbitraires, tandis que l'Autriche condamna les agressions prussiennes et les violations des traités. Des combats et des escarmouches entre les troupes autrichiennes et prussiennes furent rapportés, ainsi que des déclarations diplomatiques et des protestations auprès de la Diète de l'Empire. La Prusse affirma agir en légitime défense et se réserva le droit de poursuivre des satisfactions, tout en exprimant sa volonté de rétablir la paix. En octobre 1756, le Feld-Maréchal Comte de Browne tenta de dégager l'armée saxonne près de Schandau, mais des dommages au pont retardèrent les Saxons. Le 13 octobre, un bruit de canon suggéra une attaque contre les Prussiens, mais les Saxons ne reçurent aucune confirmation. Craignant d'être enveloppés, les Saxons quittèrent Mitteldorff. Des conditions météorologiques défavorables retardèrent leur marche. Les Prussiens, ayant renforcé leurs positions, attaquèrent l'arrière-garde saxonne, qui se défendit vaillamment. Bloqués et privés de secours, les Saxons capitulèrent le 15 octobre. La capitulation stipula la liberté du Roi de Pologne et des Princes Xavier et Charles, tandis que les troupes saxonnes furent faites prisonnières de guerre. Les Prussiens occupèrent plusieurs places fortes saxonnes en attendant une paix solide. En décembre 1756, les troupes saxonnes refusèrent de lancer une attaque sans le soutien des Autrichiens. Le 14 décembre, l'armée resta en état de combat, attendant des nouvelles du Feld-Maréchal de Browne. Malgré la fatigue et la disette, les troupes restèrent prêtes à se sacrifier. Le mémoire saxon souligna le courage et la fidélité de l'armée, contrainte à des démarches accablantes. Les régiments saxons, forcés de se rendre au roi de Prusse, refusèrent de servir contre leur roi et leur patrie. Deux régiments se rebellèrent à Leipzig, tuant deux officiers prussiens et se dirigeant vers Prague. Cent cinquante soldats résistèrent à trois cents cavaliers prussiens et les forcèrent à se rendre, rejoignant ensuite la Bohême. Ces actions démontrèrent que les troupes saxonnes ne se rendirent que contraintes par leur situation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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707
p. 220-221
« Les Galeres de Malte ayant été appellées à Tunis par la Régence, [...] »
Début :
Les Galeres de Malte ayant été appellées à Tunis par la Régence, [...]
Mots clefs :
Malte, Galères, Bailli de Fleury, Algériens, Corsaires , Capitaines, Attaque, Cap cartage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Galeres de Malte ayant été appellées à Tunis par la Régence, [...] »
DE MALTE , le 6 Septembre.
Les Galeres de Malte ayant été appellées à Tunis
par la Régence , le Bailli de Fleury , Général
de ces Galeres , fut informé le premier de
ce mois , que les Algériens avoient fait des progrès
confidérables ; & il donna les ordres néceffaires
pour le tenir prêt à attaquer de nuit dix de leurs
Corfaires , qui étoient à la Goulette . Le lendemain
, quatre des principaux Miniftres du Bey ,
que le Bailli de Fleury avoit promis de fauver ,
& qu'il a fauvés en effet , lui apprirent à ſept
heures & demie du matin la défaite totale du parti
de ce Bey , & l'évasion de toute fa Famille . A
cette nouvelle le Général , fans attendre la nuit ,
fit fignal d'envoyer à la Capitane toutes les Chaloupes
, Felouques & Canots de l'Efcadre armés
, & leur or lonna , à mesure qu'ils arriverent ,
d'aller s'emparer des Bâtimens Algériens . Les
Galeres ferperent en même temps , & s'approcherent
, en dépendant , jufqu'à la demi - portée
du canon de la Fortereffe de la Goulette , pour
foutenir la petite Flotille , & pour remorquer en
cas de befoin les prifes qu'elle allait faire. Jamais
attaque ne fut pouffée avec plus de vivacité ,
d'intelligence & de bravoure. A peine les Chevaliers
eurent- ils abordé ces Corfaires , qu'ils s'en
lendirent maîtres. Malgré le feu continuel de
DECEMBRE. 1756. 221
cinq canons de 24 , de la petite Goulette , placés
à fleur d'eau & toute l'artillerie de la grande
Goulette , confiftant en quatre vingts pieces de
48 , de 35 , & de 24 , qui ne ceffoient de tirer
fur les prifes & fur l'Efcadre , tout s'exécuta
avec tant d'ordre & de promptitude , que couper
les cables , fe faifir des Turcs , faire voile , &
arborer le Pavillon de Malte , ne parut qu'une
feule action. Sur les neuf heures & un quart ,
tous les Bâtimens étant hors de la portée du
canon , le Bailli de Fleury fit fignal de ralliement
, & alla mouiller fous le Cap Cartage ,
où on les mit en état de naviguer pour partic
pendant la nuit ; ce qui fut exécuté .
Les Galeres de Malte ayant été appellées à Tunis
par la Régence , le Bailli de Fleury , Général
de ces Galeres , fut informé le premier de
ce mois , que les Algériens avoient fait des progrès
confidérables ; & il donna les ordres néceffaires
pour le tenir prêt à attaquer de nuit dix de leurs
Corfaires , qui étoient à la Goulette . Le lendemain
, quatre des principaux Miniftres du Bey ,
que le Bailli de Fleury avoit promis de fauver ,
& qu'il a fauvés en effet , lui apprirent à ſept
heures & demie du matin la défaite totale du parti
de ce Bey , & l'évasion de toute fa Famille . A
cette nouvelle le Général , fans attendre la nuit ,
fit fignal d'envoyer à la Capitane toutes les Chaloupes
, Felouques & Canots de l'Efcadre armés
, & leur or lonna , à mesure qu'ils arriverent ,
d'aller s'emparer des Bâtimens Algériens . Les
Galeres ferperent en même temps , & s'approcherent
, en dépendant , jufqu'à la demi - portée
du canon de la Fortereffe de la Goulette , pour
foutenir la petite Flotille , & pour remorquer en
cas de befoin les prifes qu'elle allait faire. Jamais
attaque ne fut pouffée avec plus de vivacité ,
d'intelligence & de bravoure. A peine les Chevaliers
eurent- ils abordé ces Corfaires , qu'ils s'en
lendirent maîtres. Malgré le feu continuel de
DECEMBRE. 1756. 221
cinq canons de 24 , de la petite Goulette , placés
à fleur d'eau & toute l'artillerie de la grande
Goulette , confiftant en quatre vingts pieces de
48 , de 35 , & de 24 , qui ne ceffoient de tirer
fur les prifes & fur l'Efcadre , tout s'exécuta
avec tant d'ordre & de promptitude , que couper
les cables , fe faifir des Turcs , faire voile , &
arborer le Pavillon de Malte , ne parut qu'une
feule action. Sur les neuf heures & un quart ,
tous les Bâtimens étant hors de la portée du
canon , le Bailli de Fleury fit fignal de ralliement
, & alla mouiller fous le Cap Cartage ,
où on les mit en état de naviguer pour partic
pendant la nuit ; ce qui fut exécuté .
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Résumé : « Les Galeres de Malte ayant été appellées à Tunis par la Régence, [...] »
Le 6 septembre, les galères de Malte, convoquées à Tunis par la Régence, reçurent l'ordre d'attaquer dix corvettes algériennes à la Goulette. Le Bailli de Fleury, général des galères, apprit la défaite du Bey et l'évasion de sa famille. Sans attendre la nuit, il ordonna à toutes les embarcations de l'escadre de s'emparer des bâtiments algériens. Les galères soutinrent l'attaque en se rapprochant de la forteresse de la Goulette. Malgré un feu intense des canons de la Goulette, les Chevaliers de Malte prirent rapidement contrôle des corvettes. À neuf heures et un quart, tous les bâtiments furent hors de portée des canons. Le Bailli de Fleury ordonna alors le ralliement au Cap Cartage, où les navires furent préparés pour partir pendant la nuit.
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708
p. 207-208
DU NORD.
Début :
Un grand nombre de Seigneur se sont empressés de venir ici, [...]
Mots clefs :
Varsovie, Stockholm, Seigneurs, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Roi de Prusse, Constantinople, Peste, Marche des soldats, Ordonnance, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE WARSOVIE , le 15 Novembre.
Un grand nombre de Seigneurs N fe font empref+
fés de venir ici , pour rendre leurs reſpects au Roi.-
Sur l'avis que les troupes Ruffiennes , qui mar
chent au fecours de l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme , paroiffoient vouloir prendre
leur route par la Pologne , le Roi de Pruffe a requis
la République de ne point leur accorder le
paffage . Sa Majefté Pruffienne , informée qu'on
lai fuppofe des vues préjudiciables aux intérêts des
habitans de Dantzick , les a fait affurer qu'Elle
étoit fort éloignée de penfer à leur donner aucun
fujet d'inquiétude.
On apprend de Conftantinople , que cette Capitale
de la Turquie eft prefque entiérement délivrée
de la pefte , mais que le mal contagieux fait
encore beaucoup de ravages dans quelques parties
de la Grece. Les mêmes lettres marquent que
dans le mois de Septembre il y a eu plufieurs fecouffes
de tremblement de terre en divers endroits
des Etats du Grand Seigneur.
por-
Les avis recus de Courlande & de Livonie
tent que les troupes Ruffiennes , deſtinées à agir
contre le Roi de Pruffe , ont été obligées par la
208 MERCURE DE FRANCE.
rigueur de la faifon , de fufpendre leur marche.
Ces avis ajoutent que le 7 de ce mois le Feld-
Maréchal Apraxin n'étoit pas encore arrivé à Riga.
DE STOCKOLM , le 17 Novembre.
Par une Ordonnance du 4 de ce mois , il eft
défendu de faire entrer en Suede toutes marchandifes
& denrées étrangeres , dont le Royaume,
peut abfolument fe paffer.
4
DE WARSOVIE , le 15 Novembre.
Un grand nombre de Seigneurs N fe font empref+
fés de venir ici , pour rendre leurs reſpects au Roi.-
Sur l'avis que les troupes Ruffiennes , qui mar
chent au fecours de l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme , paroiffoient vouloir prendre
leur route par la Pologne , le Roi de Pruffe a requis
la République de ne point leur accorder le
paffage . Sa Majefté Pruffienne , informée qu'on
lai fuppofe des vues préjudiciables aux intérêts des
habitans de Dantzick , les a fait affurer qu'Elle
étoit fort éloignée de penfer à leur donner aucun
fujet d'inquiétude.
On apprend de Conftantinople , que cette Capitale
de la Turquie eft prefque entiérement délivrée
de la pefte , mais que le mal contagieux fait
encore beaucoup de ravages dans quelques parties
de la Grece. Les mêmes lettres marquent que
dans le mois de Septembre il y a eu plufieurs fecouffes
de tremblement de terre en divers endroits
des Etats du Grand Seigneur.
por-
Les avis recus de Courlande & de Livonie
tent que les troupes Ruffiennes , deſtinées à agir
contre le Roi de Pruffe , ont été obligées par la
208 MERCURE DE FRANCE.
rigueur de la faifon , de fufpendre leur marche.
Ces avis ajoutent que le 7 de ce mois le Feld-
Maréchal Apraxin n'étoit pas encore arrivé à Riga.
DE STOCKOLM , le 17 Novembre.
Par une Ordonnance du 4 de ce mois , il eft
défendu de faire entrer en Suede toutes marchandifes
& denrées étrangeres , dont le Royaume,
peut abfolument fe paffer.
4
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Résumé : DU NORD.
Le 15 novembre, plusieurs seigneurs se sont rendus à Varsovie pour rendre hommage au roi. Le roi de Prusse a demandé à la République de ne pas permettre le passage des troupes russes, qui se dirigeaient vers l'impératrice reine de Hongrie et de Bohême. Il a également rassuré les habitants de Dantzick sur ses intentions pacifiques. À Constantinople, la peste a presque disparu, mais elle continue de sévir en Grèce. En septembre, des secousses sismiques ont été enregistrées dans divers endroits des États turcs. En Courlande et en Livonie, les troupes russes destinées à combattre le roi de Prusse ont suspendu leur marche en raison de l'hiver rigoureux. Le feld-maréchal Apraxin n'était pas encore arrivé à Riga le 7 novembre. Le 17 novembre, une ordonnance suédoise a interdit l'importation de marchandises et denrées étrangères dont la Suède peut se passer.
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709
p. 208-219
ALLEMAGNE.
Début :
Leurs Majestés Impériales ont envoyé au Feld-Maréchal Comte de Browne leurs [...]
Mots clefs :
Vienne, Feld-Maréchal de Browne, Saxons, Roi de Prusse, Prague, Grenadiers, Camp de Budin, Général Haddick, Prisonniers, Occupation militaire, Déplacement des troupes, Attaques, Soldats croates, Prince Piccolomini, Comtes, Comté de Glatz, Litoměřice, Major Manstein, Dresde, Régiments, Ordonnance, Infanterie, Leipzig, Magistrats, Conseillers, Contribution financière, Bautzen, États du cercle, Berlin, Patente, Biens, Francfort, Décret de l'Empereur
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE...
DE VIENNE , le 27 Novembre.
Leurs Majeftés Impériales ont envoyé au Feld-
Maréchal Comte de Browne leurs portraits enrichis
de diamans , & l'on compte que ce Général
fera mis an nombre des Chevaliers de l'Ordre de
la Toifon d'Or , qui font en cette Cour.
Le Comte d'Eftrées , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi Très- Chrétien , arriva ici le 10 de ce
mois. Il eut le 12 fes audiences de Leurs Majeſtés
Impériales.
Près de trois cens Saxons qui ont quitté l'armée
du Roi de Pruffe , font arrivés à Ybbi & à Crem's.
On apprend de Cracovie que les quatre Régimens
d'Infanterie & les deux de Cavalerie de cette Nátion
qui étoient en Pologne , s'avancent du côté
de Bielitz dans la haute Siléfie , pour le joindre aux
troupes de l'Impératrice Reine.
DE PRAGUE , le 14 Novembre.
Quatre Compagnies de Grenadiers des Régimens
que l'Impératrice Reine a fait venir d'Ita
lie , ont été mifes ici en garnifon. On a déposé
JANVIER. 1757. 200
dans l'Arcenal de cette Ville tous les pontons de
l'armée commandée par le Feld- Maréchal de
Browne. Il arrive tous les jours un grand nombre
de Déferteurs Pruffiens. Plufieurs prennent parti
dans les troupes de l'Impératrice Reine.
Depuis quelques jours les troupes qui
étoient dans le camp de Budin , fe font féparées.
Le Feld- Maréchal Comte de Browne a établi fon
quartier général en cette Ville . Il a donné le commandement
de tous les poftes au delà de l'Elbe au
Comte de Maguire. Le Général Haddick commandera
ceux en deçà de cette riviere. Les Huf
fards & les Croates ont formé un cordon le long
des frontieres de la Saxe , & plufieurs Efcadrons
de Cuiraffiers & de dragons font à portée de foutenir
ces troupes irrégulieres.
On doit faire à Carlsbadt l'échange des prifonniers.
Il s'y rendra pour cet effet de chaque côté
un Lieutenant Colonel , un Capitaine , un Auditeur
& un Commiffaire des guerres.
Pendant cet hyver , la Garniſon de cette Ville
fera compofée du Régiment de Jeune Wolfenbu
tel , d'un Bataillon de Wallis , & de vingt- deux
Compagnies de Grenadiers.
Du Camp de Budin , le 7 Novembre.
Le 27 du mois dernier , les Pruffiens ayant
abandonné la Ville d'Auffig , le Feld - Maréchal
Comte de Browne la fit occuper par un Détachement
de Croates. Il fit paffer en même temps
l'Elbe à la plupart des troupes de cette Nation ,
harceler l'arriere- garde de l'armée ennemie.
Le Général Haddick s'avança le 28 avec fon détachement
vers Peterwald. Les Pruffiens s'en re-.
tirerent , & il en prit poffeffion. Le 29 , le Lieute
nant-Colonel Maceligot attaqua un poſte , dans
pour
1
ZIO MERCURE DE FRANCE.
:
lequel un corps d'ennemis étoit retranché avec
huit canons. L'action fut très- vive , & les Pruffiens
fe défendirent long-temps à la faveur de leur
artillerie mais le Colonel Velha étant venu au
fecours du fieur Maceligot , le pofte fut emporté.
Les ennemis y ont laiffé près de deux cens morts
ou bleffés . On eut le 30 des avis certains , que l'ennemi
avoit entiérement évacué la Boheme ; & le
31 , le Feld - Maréchal de Browne rappella les
Détachemens qu'il avoit envoyés dans les Cercles
de Saatz & de Leitmeritz . Sur le bruit qui fe
répandit le premier de ce mois , que les Pruffiens
faifoient de nouveaux mouvemens du côté de Zitau
& de Gabel , ce Général fit avancer le Comte
Lafcy à la tête de quelques Bataillons & d'un
Corps de Huffards vers Jung- Buntzlau , & le Lieutenant-
Colonel Louden vers Bambourg, avec huit
cens Croates. Le Baron de Wolfersdorff , Major
Général , fut détaché le 3 avec fix Bataillons , un
pareil nombre de Compagnies de Grénadiers , fix
cens chevaux , & douze pieces de canon
foutenir le Comte Lafcy . Le s , on apprit que les
ennemis avoient pris des cantonnemens ; qu'il n'y
avoit plus que quatre mille hommes de leurs troupes
qui fuffent campés ; & que ce Corps étoit
retranché derriere Nellendorff.
, pour
Du Quartier Général du Prince Piccolomini
Hollochlau , le 8 Novembre 1756.
Les troupes commandées par le Prince Piccolomini
, ne ſe ſont arrêtées qu'un jour à Jaromitz
, & le 27 du mois dernier elles font venues
camper ici. On fut informé le 29 , qu'un Corps
de Pruffiens qui étoit reſté à Neuſtadt , s'etoit retiré.
Auffitôt le Prince Piccolomini manda au
Comte Spada , de faire prendre poffeffion de ce
JANVIER. 1757. 27F
le
pofte. Sur l'avis qu'on reçut le même jour , que
le Feld- Maréchal de Schwerin décampoit de Skalitz
, & qu'il paroifloit avoir deffein de fe replier
vers Lewin ; les Comtes de Spada , Louis de Starhemberg
& de Rodolphe de Palfy , eurent ordre
de fe porter en avant .En même temps, on détacha
le Colonel Mibaliewich , pour inquiéter
les ennemis dans leur retraite. Le 30 ils fe retirerent
jufqu'à Reinerz dans le Comté de Glatz . Le
fieur Mibaliewich , après les avoir poursuivis ,
eft revenu prendre pofte à Lewin. Le Feld - Maréchal
de Schwerin leva de nouveau fon camp
premier de ce mois. Continuant de retourner
en arriere , il alla fe pofter fous Glatz , & s'eft
replié enfuite jufqu'à Warthe : il n'a laiffé à
Glatz que deux Régimens. Quelques difpofitions.
de ce Général font juger qu'il à même deſſein
d'évacuer entiérement le Comté de Glatz . Les
troupes de l'Impératrice Reine y paient tout ar
gent comptant , excepté le pain & les fourrages ,
qu'elles ne prennent même qu'en donnant des reçus.
Deux Détachemens fe font avancés à Reinerz
& à Gofbubel , pour obferver les mouvemens des
ennemis. Nos Huffards font campés entre Czaftch
& Slany. Les Régimens de Cuiraffiers de Schmerzing
, de Kalckreuter & de Gelhay , & les Régimens
de Huffards de Nadafti & de Kaluocki
font arrivés de Hongrie en Moravie , où ils s'ar
rêteront juſqu'à nouvel ordre.
DE LEITMERITZ , le 2 Novembre.
Quelques jours avant que les Prufſiens abandonnaffent
la Boheme , le fieur de Tallange atta--
qua Salefl , où étoient trois cens hommes d'Infanterie
& quatre-vingts Huffards de leur troupes ,
212 MERCURE DE FRANCE .
avec deux pieces de canon . Il tailla en pieces cent
foixante -dix hommes , & il encloua les deux canons
, ne pouvant les enlever parce que fix cens
Cavaliers ennemis vinrent au fecours du pofte attaqué.
Le Major Manftein , qui y commandoir ,
a perdu la vie. Il n'y a eu que feize hommes tués
& vingt-trois bleffés du côté des Autrichiens . Le
Général Maguire a fait former , par les troupes
qu'il a fous fes ordres , un cordon le long de la
frontiere .
DE DRESDE , le 29 Novembre.
NeufRégimens de l'armée de Sa Majeſté Pruſfienne
devoient traverfer le Cercle de Buntzlau
pour aller joindre l'armée qui eft aux ordres du
Feld-Maréchal de Schwerin . Ils n'ont pu exécuter
ce projet , les Autrichiens ayant occupé les principaux
poftes fitués le long des montagnes de la
Luface. Des lettres de Léipfick avoient marqué ,
que deux Régimens Saxons avoient trouvé le
moyen de fe rendre à Prague. Les mêmes lettres
ajoutoient , que cent cinquante Soldats des mêmes
troupes avoient forcé trois cens Cavaliers
Pruffiens , qui avoient été envoyés à leur pour
fuite , de mettre les armes bas , & qu'il les
avoient emmenés prifonniers en Boheme. Ces
nouvelles ne font pas confirmées. Il eft vrai feule
ment que le Régiment Saxon de Lubomirsky a
refufé de marcher fous les ordres des Officiers
Pruffiens , qui lui avoient été donnés pour commander
qu'il en a tué quelques- uns , & qu'il
s'eft enfuite entiérement difperfé .
Quelques Régimens des troupes Electorales
ayant conftamment refufé de prêter ferment au
Roi de Pruffe , & un grand nombre de Soldats des
JANVIER. 1757. 213
mêmes troupes ayant pris la fuite , le Prince
Maurice d'Anhalt - Deſſau en a porté des plaintes
au Feld- Maréchal Comte de Rutowski , par ordre
de Sa Majesté Pruffienne. Ce Feld- Maréchal a
fait à la lettre du Prince d'Anhalt une réponſe ,
dont voici l'extrait.
« V. A. S. fçait mieux que perfonne , que la plu-
»part des Officiers, après avoir paffé le Pont de Rhuden
,ont été d'abord éloignés de leurs Régimens.
»Comment peut- on exiger d'eux qu'ils répon-
>>dent de leur monde ; & de moi , que je réponde
pour les Officiers ? En vertu de la Capitula-
»tion , il étoit libre à ces derniers de refter au fer-
»vice de S. M. le Roi de Pologne , ou de deman-
» der leur congé. On a convenablement annoncé
»aux Soldats qu'ils feroient prifonniers de guer-
>>re ; mais on ne leur a dit , ni de ma part , ni
>>de celle de qui que ce foit , qu'ils devoient prê-
»ter ferment au Roi de Pruffe , & qu'ils y fe-
Proient forcés. Je me fuis expreffément défendu
»dans la Capitulation , je l'ai fait représenter à S.
>>M. Pruffienne . Malgré cela , perfonne n'eft &
»ne fe croit autorifé à retenir quelques hommes
»de l'Artillerie , de l'Infanterie & de la Cavalerie.
»V. A. S. n'a qu'à nommer ceux des Généraux &
»>Officiers , qu'elle accufe. Notre qualité de prifonniers
de guerre ne nous permet pas de
>>nous éloigner des lieux de notre réfidence , &
chacun de nous eft refponfable de ce qui pourroit
fe faire contre la Capitulation . Mais V. A. S.
>>me permettra de lui dire que l'éloignement des
troupes pour la preftation de ferment qu'on éxi-
»goit d'elles & qu'on leur a fait faire par des
moyens violens , ne devroit point lui paroître
métrange ; & quoi qu'il en foit , il n'eft guere poffible
de rendre refponfables de cet éloignement
214 MERCURE DE FRANCE.
>>leurs Officiers qui font féparés d'elles .... Sur
la Lifte des Grenadiers Gardes du Corps , on a
»mis des hommes qui doivent avoir été auprès des
Ȏquipages des Officiers , & dont une partie s'eft
»perdue avec les bagages , & l'autre a été renvoyée
de Pirna & de Drefde . On a d'ailleurs fpé-
»ciné , comme étant à Drefde , des malades qui
wétoient reftés à Thurmfdorff & à Naumdorff , &
que les troupes Pruffiennes doivent y avoir trou
»vés. Il y a auffi beaucoup de Soldats qui étoient
nabfens par congé . Les Officiers ne fçavent où ils
>>font reftés , ni ce qu'ils font devenus . On a porté
>> pareillement furl'état des troupes plufieurs Ca-
» dets qui ne font encore que des enfans , & qui
»ne font jamais venus au Drapeau , quoique la
>> Cour ait bien voulu leur accorder , comme une
» grace , la paie pour leur entretien....... >>
On publia le premier de ce mois une Ordonnance
, par laquelle S. M. Pruffienne prefcrivoit
aux Cercles de cet Electorat , de fournir neuf
mille foixante -quinze hommes , pour recruter les
Régimens Saxons qu'Elle a pris à ſon ſervice. Par
la répartition qui avoit été faite , ce Prince demandoit
deux mille cent vingt hommes au Cercle
de Mifnie , dix- fept cens trente-cinq au Cercle
de Léipfick , deux cens foixante -un au Cercle
de Neuftadt , quatre cens foixante-onze au Cercle
Electoral , feize cens foixante- cinq au Cercle
des Montagnes , neuf cens cinq au Cercle de
Thuringe , quatre cens foixante - fix au Cercle de
Voigtland , fix cens au Marquifat de la Haute-
Luface , trois cens foixante - huit à la Baffe- Luface
, deux cens trente-e- quatre au Chapitre de Merfebourg
, & deux cens trente au Chapitre de
Naumbourg & de Zeift. Il étoit recommandé aux
Régences de n'enrôler que des hommes qui euf- -
JANVIER. 1757 . 275
>
fent au moins cinq pieds cinq pouces , & qui
n'euffent pas plus de vingt- huit ans ; & de les
choifir principalement parmi les Artifans , particuliérement
parmi les Charrons , Forgerons ,
Charpentiers , Maçons & Serruriers . Toutes ces
recrues devoient être prêtes le 15 & il avoit été
fignifié à chaque Cercle , que , fi elles ne fe trouvoient
pas affemblées pour ce temps , ou fi elles
n'étoient pas telles que S. M. Pruffienne les exigoit,
on procéderoit contre les Membres de la Régence
du Cercle par voie d'éxécution militaire ;
que même ils feroient arrêtés , & que , fans aucune
diftinction de perfonnes , on les condamneroit
aux travaux des fortifications .
Dix Régimens d'Infanterie de l'armée Saxonne
font confervés en entier. S. M. Pruffienne a incorporé
dans les troupes les Grenadiers Gardes du
Corps , le Régiment de la Reine ; celui de la Princeffe,
épouse du Prince Electoral ; fix Régimens de
Cavalerie , & le Corps d'Artillerie . Elle a envoyé
dans fes Etats le Régiment de Dragons de Rutow.
ski , ainfi que les foldats qui ont refufé de prêter
ferment . Plufieurs Officiers , foupçonnés d'avoir
contribué par leurs confeils à ce refus , ont été mis
aux arrêts .
Quelques Soldats Saxons s'étant évadés en paſfant
par Dornau , le détachement Pruffien , qui
les conduifoit , a enlevé les Magiftrats de ce Bourg ,
& les a emmenés prifonniers. On a publié une
Ordonnance du Directoire de Guerre , établi par
le Roi de Pruffe à Torgau . Elle porte que les foldats
qui quitteront les Régimens Saxons que ce
Prince a pris à fon fervice , feront traités comme
déferteurs. Par la même Ordonnance , il eft enjoint
aux Magiftrats de faire arrêter ceux qui le
trouveront dans leurs diftricts , & de les faire conduire
à la garnifon la plus prochaine , fous peine
216 MERCURE DE FRANCE.
d'en répondre en leur propre & privé nom. Il eſt
expreffément défendu de faire tenir aux fugitifs
rien de ce qui peut leur appartenir. Les Magiftrats
auffi-tôt qu'ils feront informés de l'évalion de
quelqu'un , feront obligés de faifir ſes biens meubles
ou immeubles , & ils payeront de leurs
pres fonds les effets qui feront détournés. Toutes
perfonnes qui auront contribué à la fuite d'un
foldat , ou qui , ayant connoiffance de fa fuite , ne
dénonceront pas le fugitif , fubiront la peine prononcée
contre lui .
pro-
Sur les repréſentations des Députés des différens
Cercles de la Saxe , & avec le confentement
du Roi de Pruffe , le Major Général Rezow s'eft
chargé d'acheter la levée des Milices que Sa Majeſté
Pruſſienne a demandées à cet Electorat.
1
On parle diverſement des caufes de la détention
du fieur de Heinecke , Confeiller privé. Le ſcellé
a été mis fur tous les papiers. Le fieur Hibler ,
Major d'un Régiment d'Infanterie des troupes
Saxonnes , a été arrêté en même temps que ce
Magiftrat , pour avoir exhorté des foldats à paffer
chez les Autrichiens.
DE LEIPSICK , le 2 Décembre.
Sur la réquifitión de nos Magiftrats & du Corps
de nos Négocians , le Roi de Pruffe a confenti
d'accorder une diminution fur la contribution de
cinq cens mille écus , qu'il avoit fait demander à
cette Ville. En même temps Sa Majeſté Pruffienne
a recommandé aux habitans de n'entretenir aucune
intelligence avec les Autrichiens , & de ne leur
faire aucune livraiſon , de quelque nature que ce
pût être.
Ce Prince arriva le 24 du mois dernier en cette
Ville , & il prit fon logement chez le fieur Heman
,
JANVIER. 1757. 217
man ,Confeiller des Finances. S.M. Pruffienne vifita
le lendemain matin , les quartiers qu'une partie de
fes troupes occupe dans les environs ; & le foir
Elle retourna à Drefde . Elle a témoigné qu'Elle
auroit défiré de pouvoir accorder une plus grande
diminution fur la contribution qu'Elle a demandée
; mais que les circonftances ne le lui
avoient pas permis . Il y a actuellement ici quatre
mille hommes en garnifon , fans y comprendre
les Gardes du Corps & les Gendarmes du Roi de
Pruffe , qui font logés dans les fauxbourgs . On
compte dans plufieurs maifons jufqu'à huit & dix
foldats . La Bourgeoifie eft obligée de leur céder
les chambres fur le devant , afin qu'ils -foient plus
à portée d'obſerver ce qui fe paffe dans les rues
& d'entendre les fignaux que les Officiers peuvent
avoir befoin de leur donner.
Le Roi de Pruffe , en faiſant la visite des quar
tiers que plufieurs Corps de fes troupes occupent
dans les environs de cette Ville , a employé plus
de deux heures à examiner la plaine de Lutzen ,
où Guftave Adolphe , Roi de Suede , perdit la vie ,
& où fon armée , quoique privée de ce Prince ,
remporta une victoire complette fur les Impériaux
. On obferva que S. M. Pruffienne écrivoit
plufieurs remarques fur les tablettes . Il y a actuellement
ici fix Bataillons en garniſon .
DE BAULZEN , le 22 Novembre.
Depuis quelques jours , le prince de Pruffe a
établi ici fon quartier. Après avoir fait diftribuer
des logemens à quatre Baraillons qu'il a amenés
avec lui , il a adreffé aux Etats du Cercle l'ordre
fuivant.
« S. A. R. difpenfant les habitans de fournir
»la nourriture aux troupes, efpere que les louables
1. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE .
»Etats , de concert avec le Magiftrat & le Cha-
» pitre , régleront les chofes entr'eux de façon que
chaque foldat reçoive journellement fix deniers
& le Bas Officier un gros , & qu'il foit payé
tous les mois dix écus aux Lieutenans , Sous-
>> Lieutenans & Enfeignes , vingt aux Capitaines ,
» quarante aux Lieutenans - Colonels , foixante aux
»Colonels. S. A. R. ne demande rien Elle .
pour
»A l'égard de fes Aides de Camp , Elle laiffe à la
»difcrétion des Etats , de décider de quelle maniere'
>>on doit en ufer. Elle ne penſe pas , que ces
>> Etats faffent la moindre difficulté de remplir fes
>>intentions fur ces différens articles. Au refte , Elle
»promet qu'Elle empêchera l'Officier & le foldat
» d'exiger rien de leurs hôtes au - delà des fommes
»fpécifiées ci -deffus ; bien entendu néanmoins que
» la lumiere & le bois ferontfournis gratuitement
» & que
l'hôte fera tenu de cuire & d'apprêter pour
» le foldat la viande que celui- ci aura achetée . De
» plus , S. A. R. demande qu'on prépare trois cens
>>lits pour établir en cette Ville un Hôpital Mili-
>>> taire. >>>
DE BERLIN , le 28 Novembre.
Il paroît une Patente du Roi , pour rappeller
tous les Vaffaux ou Sujets de Sa Majeſté , qui font
au fervice de l'Impératrice Reine de Hongrie &
de Boheme , ou qui réfident dans les Etats de
cette Princeffe. Le Roi leur ordonne de ſe repréfenter
dans le terme de deux mois , à compter
du jour de la publication de la Patente . Les biens
de ceux qui n'obéiront pas , feront confifqués au
profit des Officiers ou fujets de S. M. qui par
repréfailles pourroient effuyer quelque dommage
de la part de la Cour de Vienne.
C
JANVIER. 1757. 219
DE FRANC FORT , le 6 Décembre.
On afficha ici le 3 de Novembre dans toutes les
Places publiques le Decret de l'Empereur contre
le Roi de Pruffe ; & les Magiftrats ont défendu
de faire , dans cette Ville , & dans fon territoire ,
aucunes levées de foldats pour S. M. Pruffienne .
L'Empereur ayant ordonné la voie d'exécution
contre ce Prince , a déféré cette commiffion au
Duc de Saxe -Gotha en l'abſence du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe . Le Duc de Saxe - Gotha s'eft
excuſé de ſe mêler de cette affaire ; mais les raifons
qu'il allegue pour s'en difpenfer , n'ont pas
fatisfait Sa Majefté Impériale , & Elle lui a adreffé
une nouvelle Admonition.
le Ba-
Les lettres de Ratisbonne marquent que
ron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
Electeur de Saxe à la Diete de l'Empire , a préfenté
un nouveau Mémoire à cette aſſemblée . La
moitié du Bourg de Kupferberg dans l'Evêché de
Bamberg , vient d'être réduite en cendre. Il y a eu
auffi un grand incendie à Wetzlar .
DE VIENNE , le 27 Novembre.
Leurs Majeftés Impériales ont envoyé au Feld-
Maréchal Comte de Browne leurs portraits enrichis
de diamans , & l'on compte que ce Général
fera mis an nombre des Chevaliers de l'Ordre de
la Toifon d'Or , qui font en cette Cour.
Le Comte d'Eftrées , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi Très- Chrétien , arriva ici le 10 de ce
mois. Il eut le 12 fes audiences de Leurs Majeſtés
Impériales.
Près de trois cens Saxons qui ont quitté l'armée
du Roi de Pruffe , font arrivés à Ybbi & à Crem's.
On apprend de Cracovie que les quatre Régimens
d'Infanterie & les deux de Cavalerie de cette Nátion
qui étoient en Pologne , s'avancent du côté
de Bielitz dans la haute Siléfie , pour le joindre aux
troupes de l'Impératrice Reine.
DE PRAGUE , le 14 Novembre.
Quatre Compagnies de Grenadiers des Régimens
que l'Impératrice Reine a fait venir d'Ita
lie , ont été mifes ici en garnifon. On a déposé
JANVIER. 1757. 200
dans l'Arcenal de cette Ville tous les pontons de
l'armée commandée par le Feld- Maréchal de
Browne. Il arrive tous les jours un grand nombre
de Déferteurs Pruffiens. Plufieurs prennent parti
dans les troupes de l'Impératrice Reine.
Depuis quelques jours les troupes qui
étoient dans le camp de Budin , fe font féparées.
Le Feld- Maréchal Comte de Browne a établi fon
quartier général en cette Ville . Il a donné le commandement
de tous les poftes au delà de l'Elbe au
Comte de Maguire. Le Général Haddick commandera
ceux en deçà de cette riviere. Les Huf
fards & les Croates ont formé un cordon le long
des frontieres de la Saxe , & plufieurs Efcadrons
de Cuiraffiers & de dragons font à portée de foutenir
ces troupes irrégulieres.
On doit faire à Carlsbadt l'échange des prifonniers.
Il s'y rendra pour cet effet de chaque côté
un Lieutenant Colonel , un Capitaine , un Auditeur
& un Commiffaire des guerres.
Pendant cet hyver , la Garniſon de cette Ville
fera compofée du Régiment de Jeune Wolfenbu
tel , d'un Bataillon de Wallis , & de vingt- deux
Compagnies de Grenadiers.
Du Camp de Budin , le 7 Novembre.
Le 27 du mois dernier , les Pruffiens ayant
abandonné la Ville d'Auffig , le Feld - Maréchal
Comte de Browne la fit occuper par un Détachement
de Croates. Il fit paffer en même temps
l'Elbe à la plupart des troupes de cette Nation ,
harceler l'arriere- garde de l'armée ennemie.
Le Général Haddick s'avança le 28 avec fon détachement
vers Peterwald. Les Pruffiens s'en re-.
tirerent , & il en prit poffeffion. Le 29 , le Lieute
nant-Colonel Maceligot attaqua un poſte , dans
pour
1
ZIO MERCURE DE FRANCE.
:
lequel un corps d'ennemis étoit retranché avec
huit canons. L'action fut très- vive , & les Pruffiens
fe défendirent long-temps à la faveur de leur
artillerie mais le Colonel Velha étant venu au
fecours du fieur Maceligot , le pofte fut emporté.
Les ennemis y ont laiffé près de deux cens morts
ou bleffés . On eut le 30 des avis certains , que l'ennemi
avoit entiérement évacué la Boheme ; & le
31 , le Feld - Maréchal de Browne rappella les
Détachemens qu'il avoit envoyés dans les Cercles
de Saatz & de Leitmeritz . Sur le bruit qui fe
répandit le premier de ce mois , que les Pruffiens
faifoient de nouveaux mouvemens du côté de Zitau
& de Gabel , ce Général fit avancer le Comte
Lafcy à la tête de quelques Bataillons & d'un
Corps de Huffards vers Jung- Buntzlau , & le Lieutenant-
Colonel Louden vers Bambourg, avec huit
cens Croates. Le Baron de Wolfersdorff , Major
Général , fut détaché le 3 avec fix Bataillons , un
pareil nombre de Compagnies de Grénadiers , fix
cens chevaux , & douze pieces de canon
foutenir le Comte Lafcy . Le s , on apprit que les
ennemis avoient pris des cantonnemens ; qu'il n'y
avoit plus que quatre mille hommes de leurs troupes
qui fuffent campés ; & que ce Corps étoit
retranché derriere Nellendorff.
, pour
Du Quartier Général du Prince Piccolomini
Hollochlau , le 8 Novembre 1756.
Les troupes commandées par le Prince Piccolomini
, ne ſe ſont arrêtées qu'un jour à Jaromitz
, & le 27 du mois dernier elles font venues
camper ici. On fut informé le 29 , qu'un Corps
de Pruffiens qui étoit reſté à Neuſtadt , s'etoit retiré.
Auffitôt le Prince Piccolomini manda au
Comte Spada , de faire prendre poffeffion de ce
JANVIER. 1757. 27F
le
pofte. Sur l'avis qu'on reçut le même jour , que
le Feld- Maréchal de Schwerin décampoit de Skalitz
, & qu'il paroifloit avoir deffein de fe replier
vers Lewin ; les Comtes de Spada , Louis de Starhemberg
& de Rodolphe de Palfy , eurent ordre
de fe porter en avant .En même temps, on détacha
le Colonel Mibaliewich , pour inquiéter
les ennemis dans leur retraite. Le 30 ils fe retirerent
jufqu'à Reinerz dans le Comté de Glatz . Le
fieur Mibaliewich , après les avoir poursuivis ,
eft revenu prendre pofte à Lewin. Le Feld - Maréchal
de Schwerin leva de nouveau fon camp
premier de ce mois. Continuant de retourner
en arriere , il alla fe pofter fous Glatz , & s'eft
replié enfuite jufqu'à Warthe : il n'a laiffé à
Glatz que deux Régimens. Quelques difpofitions.
de ce Général font juger qu'il à même deſſein
d'évacuer entiérement le Comté de Glatz . Les
troupes de l'Impératrice Reine y paient tout ar
gent comptant , excepté le pain & les fourrages ,
qu'elles ne prennent même qu'en donnant des reçus.
Deux Détachemens fe font avancés à Reinerz
& à Gofbubel , pour obferver les mouvemens des
ennemis. Nos Huffards font campés entre Czaftch
& Slany. Les Régimens de Cuiraffiers de Schmerzing
, de Kalckreuter & de Gelhay , & les Régimens
de Huffards de Nadafti & de Kaluocki
font arrivés de Hongrie en Moravie , où ils s'ar
rêteront juſqu'à nouvel ordre.
DE LEITMERITZ , le 2 Novembre.
Quelques jours avant que les Prufſiens abandonnaffent
la Boheme , le fieur de Tallange atta--
qua Salefl , où étoient trois cens hommes d'Infanterie
& quatre-vingts Huffards de leur troupes ,
212 MERCURE DE FRANCE .
avec deux pieces de canon . Il tailla en pieces cent
foixante -dix hommes , & il encloua les deux canons
, ne pouvant les enlever parce que fix cens
Cavaliers ennemis vinrent au fecours du pofte attaqué.
Le Major Manftein , qui y commandoir ,
a perdu la vie. Il n'y a eu que feize hommes tués
& vingt-trois bleffés du côté des Autrichiens . Le
Général Maguire a fait former , par les troupes
qu'il a fous fes ordres , un cordon le long de la
frontiere .
DE DRESDE , le 29 Novembre.
NeufRégimens de l'armée de Sa Majeſté Pruſfienne
devoient traverfer le Cercle de Buntzlau
pour aller joindre l'armée qui eft aux ordres du
Feld-Maréchal de Schwerin . Ils n'ont pu exécuter
ce projet , les Autrichiens ayant occupé les principaux
poftes fitués le long des montagnes de la
Luface. Des lettres de Léipfick avoient marqué ,
que deux Régimens Saxons avoient trouvé le
moyen de fe rendre à Prague. Les mêmes lettres
ajoutoient , que cent cinquante Soldats des mêmes
troupes avoient forcé trois cens Cavaliers
Pruffiens , qui avoient été envoyés à leur pour
fuite , de mettre les armes bas , & qu'il les
avoient emmenés prifonniers en Boheme. Ces
nouvelles ne font pas confirmées. Il eft vrai feule
ment que le Régiment Saxon de Lubomirsky a
refufé de marcher fous les ordres des Officiers
Pruffiens , qui lui avoient été donnés pour commander
qu'il en a tué quelques- uns , & qu'il
s'eft enfuite entiérement difperfé .
Quelques Régimens des troupes Electorales
ayant conftamment refufé de prêter ferment au
Roi de Pruffe , & un grand nombre de Soldats des
JANVIER. 1757. 213
mêmes troupes ayant pris la fuite , le Prince
Maurice d'Anhalt - Deſſau en a porté des plaintes
au Feld- Maréchal Comte de Rutowski , par ordre
de Sa Majesté Pruffienne. Ce Feld- Maréchal a
fait à la lettre du Prince d'Anhalt une réponſe ,
dont voici l'extrait.
« V. A. S. fçait mieux que perfonne , que la plu-
»part des Officiers, après avoir paffé le Pont de Rhuden
,ont été d'abord éloignés de leurs Régimens.
»Comment peut- on exiger d'eux qu'ils répon-
>>dent de leur monde ; & de moi , que je réponde
pour les Officiers ? En vertu de la Capitula-
»tion , il étoit libre à ces derniers de refter au fer-
»vice de S. M. le Roi de Pologne , ou de deman-
» der leur congé. On a convenablement annoncé
»aux Soldats qu'ils feroient prifonniers de guer-
>>re ; mais on ne leur a dit , ni de ma part , ni
>>de celle de qui que ce foit , qu'ils devoient prê-
»ter ferment au Roi de Pruffe , & qu'ils y fe-
Proient forcés. Je me fuis expreffément défendu
»dans la Capitulation , je l'ai fait représenter à S.
>>M. Pruffienne . Malgré cela , perfonne n'eft &
»ne fe croit autorifé à retenir quelques hommes
»de l'Artillerie , de l'Infanterie & de la Cavalerie.
»V. A. S. n'a qu'à nommer ceux des Généraux &
»>Officiers , qu'elle accufe. Notre qualité de prifonniers
de guerre ne nous permet pas de
>>nous éloigner des lieux de notre réfidence , &
chacun de nous eft refponfable de ce qui pourroit
fe faire contre la Capitulation . Mais V. A. S.
>>me permettra de lui dire que l'éloignement des
troupes pour la preftation de ferment qu'on éxi-
»goit d'elles & qu'on leur a fait faire par des
moyens violens , ne devroit point lui paroître
métrange ; & quoi qu'il en foit , il n'eft guere poffible
de rendre refponfables de cet éloignement
214 MERCURE DE FRANCE.
>>leurs Officiers qui font féparés d'elles .... Sur
la Lifte des Grenadiers Gardes du Corps , on a
»mis des hommes qui doivent avoir été auprès des
Ȏquipages des Officiers , & dont une partie s'eft
»perdue avec les bagages , & l'autre a été renvoyée
de Pirna & de Drefde . On a d'ailleurs fpé-
»ciné , comme étant à Drefde , des malades qui
wétoient reftés à Thurmfdorff & à Naumdorff , &
que les troupes Pruffiennes doivent y avoir trou
»vés. Il y a auffi beaucoup de Soldats qui étoient
nabfens par congé . Les Officiers ne fçavent où ils
>>font reftés , ni ce qu'ils font devenus . On a porté
>> pareillement furl'état des troupes plufieurs Ca-
» dets qui ne font encore que des enfans , & qui
»ne font jamais venus au Drapeau , quoique la
>> Cour ait bien voulu leur accorder , comme une
» grace , la paie pour leur entretien....... >>
On publia le premier de ce mois une Ordonnance
, par laquelle S. M. Pruffienne prefcrivoit
aux Cercles de cet Electorat , de fournir neuf
mille foixante -quinze hommes , pour recruter les
Régimens Saxons qu'Elle a pris à ſon ſervice. Par
la répartition qui avoit été faite , ce Prince demandoit
deux mille cent vingt hommes au Cercle
de Mifnie , dix- fept cens trente-cinq au Cercle
de Léipfick , deux cens foixante -un au Cercle
de Neuftadt , quatre cens foixante-onze au Cercle
Electoral , feize cens foixante- cinq au Cercle
des Montagnes , neuf cens cinq au Cercle de
Thuringe , quatre cens foixante - fix au Cercle de
Voigtland , fix cens au Marquifat de la Haute-
Luface , trois cens foixante - huit à la Baffe- Luface
, deux cens trente-e- quatre au Chapitre de Merfebourg
, & deux cens trente au Chapitre de
Naumbourg & de Zeift. Il étoit recommandé aux
Régences de n'enrôler que des hommes qui euf- -
JANVIER. 1757 . 275
>
fent au moins cinq pieds cinq pouces , & qui
n'euffent pas plus de vingt- huit ans ; & de les
choifir principalement parmi les Artifans , particuliérement
parmi les Charrons , Forgerons ,
Charpentiers , Maçons & Serruriers . Toutes ces
recrues devoient être prêtes le 15 & il avoit été
fignifié à chaque Cercle , que , fi elles ne fe trouvoient
pas affemblées pour ce temps , ou fi elles
n'étoient pas telles que S. M. Pruffienne les exigoit,
on procéderoit contre les Membres de la Régence
du Cercle par voie d'éxécution militaire ;
que même ils feroient arrêtés , & que , fans aucune
diftinction de perfonnes , on les condamneroit
aux travaux des fortifications .
Dix Régimens d'Infanterie de l'armée Saxonne
font confervés en entier. S. M. Pruffienne a incorporé
dans les troupes les Grenadiers Gardes du
Corps , le Régiment de la Reine ; celui de la Princeffe,
épouse du Prince Electoral ; fix Régimens de
Cavalerie , & le Corps d'Artillerie . Elle a envoyé
dans fes Etats le Régiment de Dragons de Rutow.
ski , ainfi que les foldats qui ont refufé de prêter
ferment . Plufieurs Officiers , foupçonnés d'avoir
contribué par leurs confeils à ce refus , ont été mis
aux arrêts .
Quelques Soldats Saxons s'étant évadés en paſfant
par Dornau , le détachement Pruffien , qui
les conduifoit , a enlevé les Magiftrats de ce Bourg ,
& les a emmenés prifonniers. On a publié une
Ordonnance du Directoire de Guerre , établi par
le Roi de Pruffe à Torgau . Elle porte que les foldats
qui quitteront les Régimens Saxons que ce
Prince a pris à fon fervice , feront traités comme
déferteurs. Par la même Ordonnance , il eft enjoint
aux Magiftrats de faire arrêter ceux qui le
trouveront dans leurs diftricts , & de les faire conduire
à la garnifon la plus prochaine , fous peine
216 MERCURE DE FRANCE.
d'en répondre en leur propre & privé nom. Il eſt
expreffément défendu de faire tenir aux fugitifs
rien de ce qui peut leur appartenir. Les Magiftrats
auffi-tôt qu'ils feront informés de l'évalion de
quelqu'un , feront obligés de faifir ſes biens meubles
ou immeubles , & ils payeront de leurs
pres fonds les effets qui feront détournés. Toutes
perfonnes qui auront contribué à la fuite d'un
foldat , ou qui , ayant connoiffance de fa fuite , ne
dénonceront pas le fugitif , fubiront la peine prononcée
contre lui .
pro-
Sur les repréſentations des Députés des différens
Cercles de la Saxe , & avec le confentement
du Roi de Pruffe , le Major Général Rezow s'eft
chargé d'acheter la levée des Milices que Sa Majeſté
Pruſſienne a demandées à cet Electorat.
1
On parle diverſement des caufes de la détention
du fieur de Heinecke , Confeiller privé. Le ſcellé
a été mis fur tous les papiers. Le fieur Hibler ,
Major d'un Régiment d'Infanterie des troupes
Saxonnes , a été arrêté en même temps que ce
Magiftrat , pour avoir exhorté des foldats à paffer
chez les Autrichiens.
DE LEIPSICK , le 2 Décembre.
Sur la réquifitión de nos Magiftrats & du Corps
de nos Négocians , le Roi de Pruffe a confenti
d'accorder une diminution fur la contribution de
cinq cens mille écus , qu'il avoit fait demander à
cette Ville. En même temps Sa Majeſté Pruffienne
a recommandé aux habitans de n'entretenir aucune
intelligence avec les Autrichiens , & de ne leur
faire aucune livraiſon , de quelque nature que ce
pût être.
Ce Prince arriva le 24 du mois dernier en cette
Ville , & il prit fon logement chez le fieur Heman
,
JANVIER. 1757. 217
man ,Confeiller des Finances. S.M. Pruffienne vifita
le lendemain matin , les quartiers qu'une partie de
fes troupes occupe dans les environs ; & le foir
Elle retourna à Drefde . Elle a témoigné qu'Elle
auroit défiré de pouvoir accorder une plus grande
diminution fur la contribution qu'Elle a demandée
; mais que les circonftances ne le lui
avoient pas permis . Il y a actuellement ici quatre
mille hommes en garnifon , fans y comprendre
les Gardes du Corps & les Gendarmes du Roi de
Pruffe , qui font logés dans les fauxbourgs . On
compte dans plufieurs maifons jufqu'à huit & dix
foldats . La Bourgeoifie eft obligée de leur céder
les chambres fur le devant , afin qu'ils -foient plus
à portée d'obſerver ce qui fe paffe dans les rues
& d'entendre les fignaux que les Officiers peuvent
avoir befoin de leur donner.
Le Roi de Pruffe , en faiſant la visite des quar
tiers que plufieurs Corps de fes troupes occupent
dans les environs de cette Ville , a employé plus
de deux heures à examiner la plaine de Lutzen ,
où Guftave Adolphe , Roi de Suede , perdit la vie ,
& où fon armée , quoique privée de ce Prince ,
remporta une victoire complette fur les Impériaux
. On obferva que S. M. Pruffienne écrivoit
plufieurs remarques fur les tablettes . Il y a actuellement
ici fix Bataillons en garniſon .
DE BAULZEN , le 22 Novembre.
Depuis quelques jours , le prince de Pruffe a
établi ici fon quartier. Après avoir fait diftribuer
des logemens à quatre Baraillons qu'il a amenés
avec lui , il a adreffé aux Etats du Cercle l'ordre
fuivant.
« S. A. R. difpenfant les habitans de fournir
»la nourriture aux troupes, efpere que les louables
1. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE .
»Etats , de concert avec le Magiftrat & le Cha-
» pitre , régleront les chofes entr'eux de façon que
chaque foldat reçoive journellement fix deniers
& le Bas Officier un gros , & qu'il foit payé
tous les mois dix écus aux Lieutenans , Sous-
>> Lieutenans & Enfeignes , vingt aux Capitaines ,
» quarante aux Lieutenans - Colonels , foixante aux
»Colonels. S. A. R. ne demande rien Elle .
pour
»A l'égard de fes Aides de Camp , Elle laiffe à la
»difcrétion des Etats , de décider de quelle maniere'
>>on doit en ufer. Elle ne penſe pas , que ces
>> Etats faffent la moindre difficulté de remplir fes
>>intentions fur ces différens articles. Au refte , Elle
»promet qu'Elle empêchera l'Officier & le foldat
» d'exiger rien de leurs hôtes au - delà des fommes
»fpécifiées ci -deffus ; bien entendu néanmoins que
» la lumiere & le bois ferontfournis gratuitement
» & que
l'hôte fera tenu de cuire & d'apprêter pour
» le foldat la viande que celui- ci aura achetée . De
» plus , S. A. R. demande qu'on prépare trois cens
>>lits pour établir en cette Ville un Hôpital Mili-
>>> taire. >>>
DE BERLIN , le 28 Novembre.
Il paroît une Patente du Roi , pour rappeller
tous les Vaffaux ou Sujets de Sa Majeſté , qui font
au fervice de l'Impératrice Reine de Hongrie &
de Boheme , ou qui réfident dans les Etats de
cette Princeffe. Le Roi leur ordonne de ſe repréfenter
dans le terme de deux mois , à compter
du jour de la publication de la Patente . Les biens
de ceux qui n'obéiront pas , feront confifqués au
profit des Officiers ou fujets de S. M. qui par
repréfailles pourroient effuyer quelque dommage
de la part de la Cour de Vienne.
C
JANVIER. 1757. 219
DE FRANC FORT , le 6 Décembre.
On afficha ici le 3 de Novembre dans toutes les
Places publiques le Decret de l'Empereur contre
le Roi de Pruffe ; & les Magiftrats ont défendu
de faire , dans cette Ville , & dans fon territoire ,
aucunes levées de foldats pour S. M. Pruffienne .
L'Empereur ayant ordonné la voie d'exécution
contre ce Prince , a déféré cette commiffion au
Duc de Saxe -Gotha en l'abſence du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe . Le Duc de Saxe - Gotha s'eft
excuſé de ſe mêler de cette affaire ; mais les raifons
qu'il allegue pour s'en difpenfer , n'ont pas
fatisfait Sa Majefté Impériale , & Elle lui a adreffé
une nouvelle Admonition.
le Ba-
Les lettres de Ratisbonne marquent que
ron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
Electeur de Saxe à la Diete de l'Empire , a préfenté
un nouveau Mémoire à cette aſſemblée . La
moitié du Bourg de Kupferberg dans l'Evêché de
Bamberg , vient d'être réduite en cendre. Il y a eu
auffi un grand incendie à Wetzlar .
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Résumé : ALLEMAGNE.
En novembre 1756 et janvier 1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Allemagne et l'Europe centrale. À Vienne, les empereurs offrent des portraits enrichis de diamants au Feld-Maréchal Comte de Browne, qui doit être nommé Chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or. Le Comte d'Estrées, ministre plénipotentiaire du roi de France, est reçu en audience par les empereurs. Près de trois cents Saxons désertent l'armée prussienne pour rejoindre les troupes autrichiennes. En Bohême, des régiments italiens sont mis en garnison à Prague, et des déserteurs prussiens continuent d'arriver. Les troupes autrichiennes se réorganisent sous la direction du Feld-Maréchal Comte de Browne, qui établit son quartier général à Prague et nomme des commandants pour les postes de part et d'autre de l'Elbe. Des échanges de prisonniers doivent avoir lieu à Carlsbad. À Budin, les troupes prussiennes abandonnent la ville d'Aussig, permettant aux Autrichiens de prendre plusieurs positions. Le Prince Piccolomini mène des opérations contre les Prussiens, qui se retirent vers Glatz et Warthe. À Dresde, des régiments saxons refusent de prêter serment au roi de Prusse, et des déserteurs saxons sont arrêtés et menacés de sanctions. Le roi de Prusse ordonne le recrutement de neuf mille six cent soixante-quinze hommes pour renforcer les régiments saxons. Des ordonnances sont publiées pour punir les déserteurs et les magistrats complaisants. En décembre 1756 et janvier 1757, des mesures administratives et militaires sont prises en Saxe et en Prusse. Les personnes contribuant à la désertion ou ne dénonçant pas un fugitif subissent la même peine que le déserteur. Sur demande du Roi de Prusse, le Major Général Rezow achète la levée des milices saxonnes. Le conseiller privé Heinecke et le Major Hibler sont arrêtés pour avoir encouragé des soldats à déserter. Le Roi de Prusse accepte de réduire la contribution demandée à Leipzig à la demande des magistrats et des négociants. Il visite Leipzig et les environs, inspectant les troupes et recommandant aux habitants de ne pas collaborer avec les Autrichiens. Les habitants de Leipzig doivent loger les soldats prussiens et fournir des lits pour un hôpital militaire. À Baulzen, le Prince de Prusse ordonne aux États du Cercle de fournir nourriture et logement aux troupes. Le Roi de Prusse publie une patente rappelant ses sujets au service de l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. À Francfort, un décret impérial contre le Roi de Prusse est affiché, interdisant les levées de soldats pour la Prusse. Des incendies détruisent une partie du bourg de Kupferberg et la ville de Wetzlar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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710
p. 219-220
ITALIE.
Début :
Il y eut ici le 22 du mois dernier, à trois heures & demie [...]
Mots clefs :
Naples, Tremblement de terre, Dégâts, Places maritimes, La Bastie, Expédition, Antibes, Bataillons, Maréchal, Marquis, Convois, Rebelles corses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , le 16 Novembre.
Il y eut ici le 22 du mois dernier , à trois heures
& demie de l'après - midi , une violente fecoufle
de tremblement de terre , qui dura près de quatre
minutes. Plufieurs maifons ont été endommagées ,
& un grand nombre de cheminées ont été abattues.
Les voûtes de quelques Eglifes ont confidérablement
fouffert.
Le 20 on effuya aufli un tremblement de terre
des plus violens dans une partie de la Sicile . Les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
mêmes fecouffes fe font fait fentir dans la Morée ,
ainfi que dans les Golfes de Lépante & de Corinthe ,
& elles ont caufé en plufieurs endroits des dommages
confidérables . Il eft forti de la mer quelqués
nouvelles Ifles. Le Roi a donné ordre de mettre
toutes les Places maritimes en état d'être reſpectées
par les forces navales des Puiſſances étrangeres .
DE LA BASTIE , le 14 Novembre.
La premiere divifion du convoi , qui a fait
voile d'Antibes pour tranfporter un corps de troupes
Françoiles dans cette Ifle , arriva le premier de
ce mois à Calvi , fous l'escorte de la Frégate la
Gracieuſe. Les Bâtimens de cette diviſion avoient
à bord les deux Bataillons du Régiment de Montmorin
, le fecond Bataillon du Régiment de Flandre,
& le premier du Régiment Suiffe de Boccard.
Le Marquis de Caftries , Maréchal de Camp ,
& Commandant en chef des troupes Françoifes
débarqua le lendemain au matin. Le même jour
les Grenadiers releverent les principaux poftes ,
qu'occupoient les Gênois . Les quatre Bataillons
furent diftribués le 3 dans la Place & dans le fauxbourg.
Les , le Marquis de Caftries conduifit
deux compagnies de Suiffes à l'Algaiola & à l'Ile
Roffa. On ne rencontra aucun obftacle de la part
des Corfes rebelles. La feconde divifion du convoi ,
efcortée par la Frégate la Topafe , fit le 3 fon
débarquement à San -Fiorenzo . La navigation de
la troifieme divifion , qu'efcortoit la Frégate la
Junon , a été traversée les vents contraires .
Cette divifion n'a pu arriver que le 6 à Ajaccio.
Le Comte de Balbi , Brigadier d'Infanterie au
fervice de Sa Majefté Très-Chrétienne , commande
à San- Fiorenzo , & le Marquis de Ségur à
Ajaccio.
DE NAPLES , le 16 Novembre.
Il y eut ici le 22 du mois dernier , à trois heures
& demie de l'après - midi , une violente fecoufle
de tremblement de terre , qui dura près de quatre
minutes. Plufieurs maifons ont été endommagées ,
& un grand nombre de cheminées ont été abattues.
Les voûtes de quelques Eglifes ont confidérablement
fouffert.
Le 20 on effuya aufli un tremblement de terre
des plus violens dans une partie de la Sicile . Les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
mêmes fecouffes fe font fait fentir dans la Morée ,
ainfi que dans les Golfes de Lépante & de Corinthe ,
& elles ont caufé en plufieurs endroits des dommages
confidérables . Il eft forti de la mer quelqués
nouvelles Ifles. Le Roi a donné ordre de mettre
toutes les Places maritimes en état d'être reſpectées
par les forces navales des Puiſſances étrangeres .
DE LA BASTIE , le 14 Novembre.
La premiere divifion du convoi , qui a fait
voile d'Antibes pour tranfporter un corps de troupes
Françoiles dans cette Ifle , arriva le premier de
ce mois à Calvi , fous l'escorte de la Frégate la
Gracieuſe. Les Bâtimens de cette diviſion avoient
à bord les deux Bataillons du Régiment de Montmorin
, le fecond Bataillon du Régiment de Flandre,
& le premier du Régiment Suiffe de Boccard.
Le Marquis de Caftries , Maréchal de Camp ,
& Commandant en chef des troupes Françoifes
débarqua le lendemain au matin. Le même jour
les Grenadiers releverent les principaux poftes ,
qu'occupoient les Gênois . Les quatre Bataillons
furent diftribués le 3 dans la Place & dans le fauxbourg.
Les , le Marquis de Caftries conduifit
deux compagnies de Suiffes à l'Algaiola & à l'Ile
Roffa. On ne rencontra aucun obftacle de la part
des Corfes rebelles. La feconde divifion du convoi ,
efcortée par la Frégate la Topafe , fit le 3 fon
débarquement à San -Fiorenzo . La navigation de
la troifieme divifion , qu'efcortoit la Frégate la
Junon , a été traversée les vents contraires .
Cette divifion n'a pu arriver que le 6 à Ajaccio.
Le Comte de Balbi , Brigadier d'Infanterie au
fervice de Sa Majefté Très-Chrétienne , commande
à San- Fiorenzo , & le Marquis de Ségur à
Ajaccio.
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Résumé : ITALIE.
Le 22 octobre, Naples a subi un tremblement de terre de quatre minutes endommageant des maisons et des églises. Le 20 octobre, un séisme en Sicile a causé des dommages et fait émerger de nouvelles îles. Le roi a ordonné de renforcer les places maritimes. À La Bastie, le 14 novembre, la première division d'un convoi français est arrivée à Calvi le 1er novembre, escortée par la frégate La Gracieuse. Elle transportait des bataillons des régiments de Montmorin, de Flandre et du Régiment Suisse de Boccard. Le Marquis de Castries, commandant en chef, a débarqué le lendemain et a déployé les troupes. La seconde division a débarqué à San-Fiorenzo le 3 novembre, escortée par La Topaze. La troisième division, escortée par La Junon, est arrivée à Ajaccio le 6 novembre en raison de vents contraires. Le Comte de Balbi commande à San-Fiorenzo et le Marquis de Ségur à Ajaccio.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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711
p. 221-224
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On prépare à Wolwich dix mille bombes, dont le public ignore la destination. [...]
Mots clefs :
Londres, Bombes, Maladies, Amérique, Bataillons, Commerce du blé, Discours du roi, Parlement, Colonies, Chambre des communes, La Haye, Ordonnance, Vaisseaux, Secousses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 7 Décembre.
On prépare à Wolwich dix mille bombes , dont
le public ignore la deſtination . Il n'y a eu aucun
moyen d'engager les habitans des Provinces de
Kent & de Hampſhire , à recevoir dans les Villes ,
même dans les Villages , les troupes de Hanovre
& de Heffe.
Des dépêches qu'on recut le 20 Novembre
de la Nouvelle Yorck , marquent qu'il regne
beaucoup de maladies parmi les troupes que commande
le Lord Loudon. On a été informé par
les mêmes avis , que ce Lord avoit fait marcher
plufieurs détachemens , pour tâcher d'arrêter les
courfes des Sauvages , qui répandent la terreur dans
toutes les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale
.
Les Vaiffeaux de guerre le Kennington & le
Sutherland, partirent le 6 de Corck pour ces Colonies
. Ils ont fous leur convoi quatorze Bâtimens
de tranfport, à bord defquels on a fait embarquer
le Régiment d'Offarel , & les détachemens tirés
des Régimens d'Infanterie fur l'établiſſement d'Irlande.
Quatre Bataillons des troupes Hanoveriennes
s'embarquerent le 24 du mois dernier , pour retourner
en Allemagne. On y fera repaffer fucceffivement
en deux autres divifions le refte de ces troupes
, qui eft encore actuellement campé près de
Maidstone malgré la rigueur de la faifon . Plufieurs
Frégates croiferont cet hyver dans la Manche.L'Amiral
Byng , & le fieur Shirley , ci - devant Gouverneur
de la Nouvelle Angleterre , fubiront dans
peu leurs interrogatoires . Il s'eft tenu ces jours-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
1
ci un grand Confeil à Whitehall , pour délibérer
fur les moyens de faire baiffer le prix du bled.
Conformément aux réfolutions prifes dans ce Confeil
, on publia le 26 une Proclamation , pour
défendre l'exportation des grains. En plufieurs endroits
ils étoient d'une telle rareté , que la populace
, craignant de manquer de pain , s'eft attroupée
tumultueufement , & a commis de grands défordres.
On n'eft parvenu à la calmer , qu'en recherchant
les perfonnes qui avoient fait fécrettement
des magaſins , & en les contraignant de vendre
à un prix modique tout le bled qu'elles y
avoient amaffé . Le 27 , le Roi nomma le Géné–
ral Blakeney Chevalier de l'Ordre du Bain. Sa
Majefté le même jour , créa ce Général Pair d'Irlande
, fous le titre de Vicomte d'Innitkilling .
L'ouverture du Parlement fe fit le 2 Décembre
avec les cérémonies accoutumées .
ע
Le Roi fit ce difcours : « Milord & Meffieurs ,
je vous ai fait affembler dans une conjoncture
qui requiert particuliérement les délibérations ,
» les avis & le fecours du Parlement , & je me
flatte, moyennant la protection de la divine Pro-
>> vidence , que l'union & la fermeté qui regnent
»parmi mes fideles Sujets , me feront fortir avec
>> honneur de toutes les difficultés , & feront triom-
» pher enfin de l'ancien ennemi de ces Royaumes ,
la dignité de ma Couronne & fes droits incon-
>> teftables. Un des principaux objets de mon at-
>>tention & de mon inquiétude , eft la défenſe &
>> la confervation de nos poffeffions en Amérique.
» Le danger éminent , auquel nos Colonies font
exposées , exige des réfolutions auffi promptes
>>que vigoureufes. Le foin de pourvoir à la fûreté
» de ces trois Royaumes n'occupe pas moins mon
efprit. Dans l'occurrence préfente , je n'ai rien
JANVIER. 1757. 223
»tant à coeur que de ne laiffer à mon peuple fur
>> cet article aucun fujet de mécontentement. A
>> cette fin , une Milice nationale , établie propor-
>>tionnellement aux forces & aux befoins de l'Ewtat
, peut devenir une avantageuſe reſſource
»dans le péril général . Je recommande l'établiffe-
>> ment de cette Milice au zele & à la vigilance de
>> mon Parlement. L'alliance peu naturelle que ,
>> contre toute attente , ont contractée des Puiffan-
>> ces étrangeres ; les malheurs qui , en conféquen-
» ce de cette dangereufe alliance , peuvent , par
» l'entrée de troupes étrangeres dans l'Empire ,
>>porter une funefte atteinte aux conftitutions du
»Corps Germanique , renverfer fon fyftême &
Dentrainer l'oppreffion du parti Proteftant , font
» des événemens qui ont fixé les yeux de l'Europe
>> fur cette nouvelle & dangereufe crife , & qui
»doivent affliger fenfiblement tous les Ordres de
>> la Nation Britannique . J'ai ordonné au corps de
»mes troupes Electorales , que j'avois fait venir
à la réquifition de mon Parlement , de retourner
» dans mes Etats d'Allemagne , me repofant avec
plaifir fur l'affection de mon peuple , & fur fon
» zele pour la défenfe de ma perfonne & de mes
>>Royaumes . Meffieurs de la Chambre des Com-
»munes : Je ferai remettre devant vous , lorfqu'il
» en fera temps , l'état des dépenfes . J'attends de
>>votre fageffe que vous préférerez le parti de ne
» rien épargner pour foutenir la guerre avec vi-
»gueur , au parti de vous expofer à la rendre plus
»coûteufe par la fuite , en employant pour le
»préfent des efforts moins efficaces . Je vous ai
>>montré les dangers & les befoins de l'Etat . C'eſt
Ȉ votre prudence de chercher les moyens de
»rendre à mon peuple , les moins onéreux qu'il
»fera poffible , les fardeaux que vous jugerez
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
indifpenfables de lui impofer. Mylords & Meffieurs
, Je ne puis négliger de mettre devant
>vos yeux tout ce que les pauvres fouffrent de la
»cherté des grains , & les inconvéniens qui en
>>peuvent réfulter. Je vous recommande de pren-
>>dre les mesures convenables , pour prévenir à
» cet égard dans la fuite les mauvaiſes mancupvres.
Mes Sujets , à l'occafion du malheureux
»fuccès de nos armes dans la Méditerranée ,
» m'ont donné des preuves éclatantes de l'intérêt
qu'ils prennent à mon honneur & à celui de ma
>> Couronne. Ils éprouveront de ma part un jufle
>> retour par mes foins infatiguables & mes efforts
>> continuels pour la gloire & le bonheur de la
>>>Nation . >>
DE LA HAYE , le 22 Novembre.
Une nouvelle Ordonnance des Etats Généraux
enjoint à tous les Vaiffeaux de guerre & Armateurs
étrangers , qui relâcheront dans les Ports & Rades
de cette République , d'arborer en s'y préfentant
le Pavillon de la Puiffance à laquelle ils
appartiennent ; de ne point y entrer fans une
permiffion de l'Amirauté du lieu , & de n'y donner
ni aux habitans , ni aux étrangers aucun fujet
de fe plaindre. Il eft défendu par la même Ordonnance
aux sujets de la République , d'acheter
aucuns effets des prifes qui feront faites par les
Armateurs , & les contrevenans feront condamnés
à mille florins d'amende.
On apprend de Cologne qu'il y eût le 19 de ce
mois , à trois heures du matin , une fecouffe de
tremblement de terre , qui ne dura qu'environ
trente fecondes , mais qui fut très - violente . Elle
s'eft fait fentir à Bonn , à Limbourg , à Malmedy,
& dans plufieurs autres lieux.
DE LONDRES , le 7 Décembre.
On prépare à Wolwich dix mille bombes , dont
le public ignore la deſtination . Il n'y a eu aucun
moyen d'engager les habitans des Provinces de
Kent & de Hampſhire , à recevoir dans les Villes ,
même dans les Villages , les troupes de Hanovre
& de Heffe.
Des dépêches qu'on recut le 20 Novembre
de la Nouvelle Yorck , marquent qu'il regne
beaucoup de maladies parmi les troupes que commande
le Lord Loudon. On a été informé par
les mêmes avis , que ce Lord avoit fait marcher
plufieurs détachemens , pour tâcher d'arrêter les
courfes des Sauvages , qui répandent la terreur dans
toutes les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale
.
Les Vaiffeaux de guerre le Kennington & le
Sutherland, partirent le 6 de Corck pour ces Colonies
. Ils ont fous leur convoi quatorze Bâtimens
de tranfport, à bord defquels on a fait embarquer
le Régiment d'Offarel , & les détachemens tirés
des Régimens d'Infanterie fur l'établiſſement d'Irlande.
Quatre Bataillons des troupes Hanoveriennes
s'embarquerent le 24 du mois dernier , pour retourner
en Allemagne. On y fera repaffer fucceffivement
en deux autres divifions le refte de ces troupes
, qui eft encore actuellement campé près de
Maidstone malgré la rigueur de la faifon . Plufieurs
Frégates croiferont cet hyver dans la Manche.L'Amiral
Byng , & le fieur Shirley , ci - devant Gouverneur
de la Nouvelle Angleterre , fubiront dans
peu leurs interrogatoires . Il s'eft tenu ces jours-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
1
ci un grand Confeil à Whitehall , pour délibérer
fur les moyens de faire baiffer le prix du bled.
Conformément aux réfolutions prifes dans ce Confeil
, on publia le 26 une Proclamation , pour
défendre l'exportation des grains. En plufieurs endroits
ils étoient d'une telle rareté , que la populace
, craignant de manquer de pain , s'eft attroupée
tumultueufement , & a commis de grands défordres.
On n'eft parvenu à la calmer , qu'en recherchant
les perfonnes qui avoient fait fécrettement
des magaſins , & en les contraignant de vendre
à un prix modique tout le bled qu'elles y
avoient amaffé . Le 27 , le Roi nomma le Géné–
ral Blakeney Chevalier de l'Ordre du Bain. Sa
Majefté le même jour , créa ce Général Pair d'Irlande
, fous le titre de Vicomte d'Innitkilling .
L'ouverture du Parlement fe fit le 2 Décembre
avec les cérémonies accoutumées .
ע
Le Roi fit ce difcours : « Milord & Meffieurs ,
je vous ai fait affembler dans une conjoncture
qui requiert particuliérement les délibérations ,
» les avis & le fecours du Parlement , & je me
flatte, moyennant la protection de la divine Pro-
>> vidence , que l'union & la fermeté qui regnent
»parmi mes fideles Sujets , me feront fortir avec
>> honneur de toutes les difficultés , & feront triom-
» pher enfin de l'ancien ennemi de ces Royaumes ,
la dignité de ma Couronne & fes droits incon-
>> teftables. Un des principaux objets de mon at-
>>tention & de mon inquiétude , eft la défenſe &
>> la confervation de nos poffeffions en Amérique.
» Le danger éminent , auquel nos Colonies font
exposées , exige des réfolutions auffi promptes
>>que vigoureufes. Le foin de pourvoir à la fûreté
» de ces trois Royaumes n'occupe pas moins mon
efprit. Dans l'occurrence préfente , je n'ai rien
JANVIER. 1757. 223
»tant à coeur que de ne laiffer à mon peuple fur
>> cet article aucun fujet de mécontentement. A
>> cette fin , une Milice nationale , établie propor-
>>tionnellement aux forces & aux befoins de l'Ewtat
, peut devenir une avantageuſe reſſource
»dans le péril général . Je recommande l'établiffe-
>> ment de cette Milice au zele & à la vigilance de
>> mon Parlement. L'alliance peu naturelle que ,
>> contre toute attente , ont contractée des Puiffan-
>> ces étrangeres ; les malheurs qui , en conféquen-
» ce de cette dangereufe alliance , peuvent , par
» l'entrée de troupes étrangeres dans l'Empire ,
>>porter une funefte atteinte aux conftitutions du
»Corps Germanique , renverfer fon fyftême &
Dentrainer l'oppreffion du parti Proteftant , font
» des événemens qui ont fixé les yeux de l'Europe
>> fur cette nouvelle & dangereufe crife , & qui
»doivent affliger fenfiblement tous les Ordres de
>> la Nation Britannique . J'ai ordonné au corps de
»mes troupes Electorales , que j'avois fait venir
à la réquifition de mon Parlement , de retourner
» dans mes Etats d'Allemagne , me repofant avec
plaifir fur l'affection de mon peuple , & fur fon
» zele pour la défenfe de ma perfonne & de mes
>>Royaumes . Meffieurs de la Chambre des Com-
»munes : Je ferai remettre devant vous , lorfqu'il
» en fera temps , l'état des dépenfes . J'attends de
>>votre fageffe que vous préférerez le parti de ne
» rien épargner pour foutenir la guerre avec vi-
»gueur , au parti de vous expofer à la rendre plus
»coûteufe par la fuite , en employant pour le
»préfent des efforts moins efficaces . Je vous ai
>>montré les dangers & les befoins de l'Etat . C'eſt
Ȉ votre prudence de chercher les moyens de
»rendre à mon peuple , les moins onéreux qu'il
»fera poffible , les fardeaux que vous jugerez
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
indifpenfables de lui impofer. Mylords & Meffieurs
, Je ne puis négliger de mettre devant
>vos yeux tout ce que les pauvres fouffrent de la
»cherté des grains , & les inconvéniens qui en
>>peuvent réfulter. Je vous recommande de pren-
>>dre les mesures convenables , pour prévenir à
» cet égard dans la fuite les mauvaiſes mancupvres.
Mes Sujets , à l'occafion du malheureux
»fuccès de nos armes dans la Méditerranée ,
» m'ont donné des preuves éclatantes de l'intérêt
qu'ils prennent à mon honneur & à celui de ma
>> Couronne. Ils éprouveront de ma part un jufle
>> retour par mes foins infatiguables & mes efforts
>> continuels pour la gloire & le bonheur de la
>>>Nation . >>
DE LA HAYE , le 22 Novembre.
Une nouvelle Ordonnance des Etats Généraux
enjoint à tous les Vaiffeaux de guerre & Armateurs
étrangers , qui relâcheront dans les Ports & Rades
de cette République , d'arborer en s'y préfentant
le Pavillon de la Puiffance à laquelle ils
appartiennent ; de ne point y entrer fans une
permiffion de l'Amirauté du lieu , & de n'y donner
ni aux habitans , ni aux étrangers aucun fujet
de fe plaindre. Il eft défendu par la même Ordonnance
aux sujets de la République , d'acheter
aucuns effets des prifes qui feront faites par les
Armateurs , & les contrevenans feront condamnés
à mille florins d'amende.
On apprend de Cologne qu'il y eût le 19 de ce
mois , à trois heures du matin , une fecouffe de
tremblement de terre , qui ne dura qu'environ
trente fecondes , mais qui fut très - violente . Elle
s'eft fait fentir à Bonn , à Limbourg , à Malmedy,
& dans plufieurs autres lieux.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En décembre 1756, plusieurs événements marquants se sont produits en Grande-Bretagne et en Europe. À Londres, la préparation de dix mille bombes, dont la destination reste inconnue, est en cours. Dans les provinces de Kent et de Hampshire, les habitants refusent d'accueillir les troupes de Hanovre et de Hesse. En Nouvelle-York, des dépêches signalent des maladies parmi les troupes du Lord Loudon, qui a envoyé des détachements pour contrer les attaques des Amérindiens. Les vaisseaux de guerre Kennington et Sutherland, accompagnés de quatorze bâtiments de transport, ont quitté Cork pour l'Amérique du Nord avec des régiments embarqués. Quatre bataillons de troupes hanovriennes sont rentrés en Allemagne, et d'autres divisions suivront. Plusieurs frégates patrouilleront dans la Manche. L'amiral Byng et l'ancien gouverneur de la Nouvelle-Angleterre, Shirley, doivent subir des interrogatoires. Un grand conseil à Whitehall a délibéré sur la hausse du prix du blé, menant à une proclamation interdisant l'exportation des grains. Des émeutes ont éclaté en raison de la rareté du blé, calmées par la vente forcée des réserves. Le roi a nommé le général Blakeney chevalier de l'Ordre du Bain et pair d'Irlande. Le Parlement a été ouvert le 2 décembre, et le roi a prononcé un discours sur la défense des possessions américaines, la sécurité des royaumes, et la création d'une milice nationale. Il a également mentionné l'alliance dangereuse des puissances étrangères et les menaces pour le Corps Germanique. Le roi a ordonné le retour des troupes électorales en Allemagne, se reposant sur l'affection de son peuple. Il a recommandé au Parlement de soutenir la guerre avec vigueur et de prendre des mesures contre la cherté des grains. À La Haye, une ordonnance des États Généraux régule l'entrée des vaisseaux étrangers dans les ports. Un tremblement de terre a été ressenti à Cologne et dans les environs.
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712
p. 207-210
DU NORD.
Début :
Le temps s'étant remis au beau, on ne doute pas que les troupes [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Mouvements des troupes, Subsistances, Reine de Pologne, Varsovie, Sénateurs, Grand Chancelier de Russie, Lettre circulaire, Roi de Prusse, Souverains, Feld-Maréchal Apraxin, Paix, Comte de Bestuchef, Stockholm, Paix de Westphalie, Suède, Électeurs, Commissaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
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Résumé : DU NORD.
En 1756-1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Europe. En Russie, les troupes commandées par le Feld-Maréchal Apraxin avancent sans rencontrer de maladies ni de désertions, grâce aux subsistances fournies le long de leur trajet. L'Impératrice de Russie a également envoyé des fonds à la Reine de Pologne pour aider les habitants affectés par l'invasion prussienne. À Varsovie, le Comte de Bestuchef, Grand Chancelier de Russie, adresse une lettre circulaire aux Sénateurs polonais, exprimant la compassion de l'Impératrice pour le roi de Pologne et condamnant les actions du roi de Prusse. La Russie prévoit d'envoyer des troupes sous le commandement d'Apraxin pour secourir le roi de Pologne, traversant une partie du territoire polonais. Le Comte de Bestuchef appelle à l'unité et à la tranquillité en Pologne pour soutenir le roi. En Suède, le Comte de Goes et le Baron de Sack réclament des secours pour la Saxe, mais la Suède doit se concerter avec la France avant de prendre une décision. La Suède renouvelle son traité avec la France pour douze ans. Par ailleurs, en Suède, les auteurs d'une conspiration sont condamnés à mort.
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713
p. 210-213
ALLEMAGNE.
Début :
On célébra le 8 de ce mois l'anniversaire de la naissance de l'Empereur, [...]
Mots clefs :
Vienne, Anniversaire de l'Empereur, Fête, Campagnes militaires, Transylvanie, Görlitz, Pillages, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Troupes, Prussiens, Attaque, Dresde, Enrôlement, Baron de Wyllich, Francfort, Levée de soldats
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 18 Décembre.
On célébra le 8 de ce mois l'anniverſaire de la
naiſſance de l'Empereur, qui eft entré dans la quaJANVIER.
1757 . 1
211
rante-neuvieme année de ſon âge. S. M. Impésiale
, après avoir entendu la meſſe à l'égliſe métropolitaine
, alloit ſe mettre à table pour dîner en
public , lorſqu'on annonça que l'Impératrice
Reine reflentoit quelques douleurs. Une heure
après cette Princeſſe accoucha d'un cinquieme
Archiduc , qui fat baptisé le même jour à ſept
heures du ſoir par le ſieur Crivelli , Nonce du
Pape. Le jeune Prince a été tenu ſur les Fonts de
baptême par l'Archiduc Jofeph , & par l'Archiducheſſe
Marie-Anne , au nom de l'Electeur & de
l'Electrice de Baviere , & il a été nommé Maximilien
-François -Xavier- Joſeph-Jean-Antoine-Vinceflas.
Il ſe porte , ainſi que l'Impératrice Reine ,
auſſi bien qu'on puiſſe ledeſirer.
Il ſe tient de fréquentes conférences à la Cour ,
pour régler les opérations de laccaammppagneprochaine.
On prépare à l'arcenal un train confidérable
d'artillerie. Le neuf on fit partir pour la
Moravie un grand nombre de recrues. Les Knès
Galitzin&Perloſeski furent préſentés hier à l'Empereur.
Le Comte d'Aſpremont , Capitaine au
régiment de Linden , a épousé une fille du Comte
de Wolkenstein. Cette cérémonie s'est faite au
château de Wahringen , appartenant à la Comteſſe
de Vaſquez , d'où les nouveaux mariés partirent
le lendemain pour aller paſſer quelque temps
à la terre du Comte de Wolkenstein , dans le
Tirol. A
Dès que les Etats de Tranfilvanie ont été informés
des actes d'hoſtilité du Roi de Pruſſe contre
l'Impératrice Reine , ils ont réſolu de donner à
Sa Majesté des preuves de leur zele& de leur refpectueux
attachement. En conféquence ils ſe ſont
engagés à fournir deux mille hommes de recrues ,
pour compléter les régimens d'infanterie Hon
212 MERCURE DE FRANCE .
groiſe. LaNobleſſe & le Clergé, tant Catholique
que Luthérien , Réformé & Grec de la même
province , ont offert en même temps de lever &
d'entretenir à leurs dépens un régiment de cavalerie
, de quatre cens cinquante maîtres. Les régimens
Saxons , qui viennent de Pologne , ont
employé à leur marche toute la diligence poſſible.
Celui des Cuiraſſiers du Prince Albert est déja entré
en Boheme. Il a pris ſes quartiers entre Hohenmault
& Konigfgratz .
DE GORLITZ , le 12 Décembre.
Sept ou huit cens hommes des troupes irrégu
lieres de l'Impératrice Reine pillerent il y a quel
ques jours pluſieurs villages. Auffitôt que le ſieur
de Leſchevitz , qui commande à Zittau , en fut
averti , il fit marcher un détachement pour couper
la retraite aux Autrichiens. Les Pruſſiens ne purenty
réuffir. Les troupes de l'Impératrice Reine
s'étant partagées en deux corps, l'un fit face tandis
que l'autre ſe retira avec le butin. Celui qui foutint
le chocdes Pruſſiens , ne tint ferme qu'autant
detemps qu'il étoit néceſſaire pour mettre en ſûreté
les effets enlevés. Il ſe diſperſa enſuite , & il
reprit par pelotons la route de Boheme.
Un corps de cinq mille Pruffiens tenta hier de
furprendre le Bourg de Paſberg , ſitué à fix lieues
de Leitmeritz . Ils attaquerent avec une vigueur
extraordinaire ce poſte , qui fut défendu de même
parun bataillon du régiment de Harſch. Les Officiers
de ce bataillon ont montré autant d'habileté
que de valeur. L'action a duré ſept heures , & les
ennemis ſe ſont retirés après avoir perdu cinq cens
vingt-huit hommes. On leur a pris quatre canons.
Du côté des troupes de l'Impératrice Reine, il n'y
JANVIER. 1757 . 213
4.
aeu que quatre-vingt-trois hommes tués ou bleffés
.
DE DRESDE , le 21 Décembre.
Depuis quelques jours le Roi de Pruſſe a ordonnéde
prendre une note de tous les habitans de
cette ville , en état de porter les armes. Les artifans
, à l'exception des maçons , ne ſont pas compris
dans ce dénombrement.
On arrêta derniérement à la porte de cette ville
un courier qui venoit de Warſovie , & on lui ôta
des dépêches qu'il apportoit à la Reine. Sur les
plaintes que cette Princeſſe en a portées, le Baron
de Wyllich a répondu que S. M. Pruffienne ne
vouloit plus permettre d'autre correſpondance entre
Dreſde & Warſovie , que celle de la poſte ordinaire.
DE FRANCFORT , le Is Décembre.
Sur les Monitoires réitérés de l'Empereur , la
Régence s'eſt enfin déterminée à défendre formellement
toutes levées de ſoldats pour le ſervice
du Roi de Pruſſe. Cette ville, pour n'avoir pas fatisfait
plutôt ſur cet article à la réquisition de
S. M. Impériale , & pour avoir différé de publier
les Reſcrits à l'occaſion de l'entrée des Pruffiens
dans la Saxe , a été condamnée à une amende.
DE VIENNE , le 18 Décembre.
On célébra le 8 de ce mois l'anniverſaire de la
naiſſance de l'Empereur, qui eft entré dans la quaJANVIER.
1757 . 1
211
rante-neuvieme année de ſon âge. S. M. Impésiale
, après avoir entendu la meſſe à l'égliſe métropolitaine
, alloit ſe mettre à table pour dîner en
public , lorſqu'on annonça que l'Impératrice
Reine reflentoit quelques douleurs. Une heure
après cette Princeſſe accoucha d'un cinquieme
Archiduc , qui fat baptisé le même jour à ſept
heures du ſoir par le ſieur Crivelli , Nonce du
Pape. Le jeune Prince a été tenu ſur les Fonts de
baptême par l'Archiduc Jofeph , & par l'Archiducheſſe
Marie-Anne , au nom de l'Electeur & de
l'Electrice de Baviere , & il a été nommé Maximilien
-François -Xavier- Joſeph-Jean-Antoine-Vinceflas.
Il ſe porte , ainſi que l'Impératrice Reine ,
auſſi bien qu'on puiſſe ledeſirer.
Il ſe tient de fréquentes conférences à la Cour ,
pour régler les opérations de laccaammppagneprochaine.
On prépare à l'arcenal un train confidérable
d'artillerie. Le neuf on fit partir pour la
Moravie un grand nombre de recrues. Les Knès
Galitzin&Perloſeski furent préſentés hier à l'Empereur.
Le Comte d'Aſpremont , Capitaine au
régiment de Linden , a épousé une fille du Comte
de Wolkenstein. Cette cérémonie s'est faite au
château de Wahringen , appartenant à la Comteſſe
de Vaſquez , d'où les nouveaux mariés partirent
le lendemain pour aller paſſer quelque temps
à la terre du Comte de Wolkenstein , dans le
Tirol. A
Dès que les Etats de Tranfilvanie ont été informés
des actes d'hoſtilité du Roi de Pruſſe contre
l'Impératrice Reine , ils ont réſolu de donner à
Sa Majesté des preuves de leur zele& de leur refpectueux
attachement. En conféquence ils ſe ſont
engagés à fournir deux mille hommes de recrues ,
pour compléter les régimens d'infanterie Hon
212 MERCURE DE FRANCE .
groiſe. LaNobleſſe & le Clergé, tant Catholique
que Luthérien , Réformé & Grec de la même
province , ont offert en même temps de lever &
d'entretenir à leurs dépens un régiment de cavalerie
, de quatre cens cinquante maîtres. Les régimens
Saxons , qui viennent de Pologne , ont
employé à leur marche toute la diligence poſſible.
Celui des Cuiraſſiers du Prince Albert est déja entré
en Boheme. Il a pris ſes quartiers entre Hohenmault
& Konigfgratz .
DE GORLITZ , le 12 Décembre.
Sept ou huit cens hommes des troupes irrégu
lieres de l'Impératrice Reine pillerent il y a quel
ques jours pluſieurs villages. Auffitôt que le ſieur
de Leſchevitz , qui commande à Zittau , en fut
averti , il fit marcher un détachement pour couper
la retraite aux Autrichiens. Les Pruſſiens ne purenty
réuffir. Les troupes de l'Impératrice Reine
s'étant partagées en deux corps, l'un fit face tandis
que l'autre ſe retira avec le butin. Celui qui foutint
le chocdes Pruſſiens , ne tint ferme qu'autant
detemps qu'il étoit néceſſaire pour mettre en ſûreté
les effets enlevés. Il ſe diſperſa enſuite , & il
reprit par pelotons la route de Boheme.
Un corps de cinq mille Pruffiens tenta hier de
furprendre le Bourg de Paſberg , ſitué à fix lieues
de Leitmeritz . Ils attaquerent avec une vigueur
extraordinaire ce poſte , qui fut défendu de même
parun bataillon du régiment de Harſch. Les Officiers
de ce bataillon ont montré autant d'habileté
que de valeur. L'action a duré ſept heures , & les
ennemis ſe ſont retirés après avoir perdu cinq cens
vingt-huit hommes. On leur a pris quatre canons.
Du côté des troupes de l'Impératrice Reine, il n'y
JANVIER. 1757 . 213
4.
aeu que quatre-vingt-trois hommes tués ou bleffés
.
DE DRESDE , le 21 Décembre.
Depuis quelques jours le Roi de Pruſſe a ordonnéde
prendre une note de tous les habitans de
cette ville , en état de porter les armes. Les artifans
, à l'exception des maçons , ne ſont pas compris
dans ce dénombrement.
On arrêta derniérement à la porte de cette ville
un courier qui venoit de Warſovie , & on lui ôta
des dépêches qu'il apportoit à la Reine. Sur les
plaintes que cette Princeſſe en a portées, le Baron
de Wyllich a répondu que S. M. Pruffienne ne
vouloit plus permettre d'autre correſpondance entre
Dreſde & Warſovie , que celle de la poſte ordinaire.
DE FRANCFORT , le Is Décembre.
Sur les Monitoires réitérés de l'Empereur , la
Régence s'eſt enfin déterminée à défendre formellement
toutes levées de ſoldats pour le ſervice
du Roi de Pruſſe. Cette ville, pour n'avoir pas fatisfait
plutôt ſur cet article à la réquisition de
S. M. Impériale , & pour avoir différé de publier
les Reſcrits à l'occaſion de l'entrée des Pruffiens
dans la Saxe , a été condamnée à une amende.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 8 décembre, l'anniversaire de l'Empereur a été célébré à Vienne. Lors de cette journée, l'Empereur a assisté à la messe et s'apprêtait à dîner en public lorsque l'Impératrice Reine a ressenti des douleurs. Elle a donné naissance à un cinquième archiduc, baptisé Maximilien-François-Xavier-Joseph-Jean-Antoine-Vincent, par le Nonce du Pape. Le jeune prince et l'Impératrice se portent bien. Des conférences se tiennent à la Cour pour préparer la campagne prochaine, et des recrues sont envoyées en Moravie. Les États de Transylvanie ont exprimé leur soutien à l'Impératrice Reine en fournissant des recrues et en levant un régiment de cavalerie. Les régiments saxons, venant de Pologne, ont rejoint la Bohême. En Prusse, des troupes irrégulières de l'Impératrice Reine ont pillé des villages, mais ont été repoussées par les Prussiens. Un corps de Prussiens a tenté de surprendre le bourg de Pasberg, mais a été repoussé après une bataille de sept heures. À Dresde, le Roi de Prusse a ordonné un recensement des habitants aptes au combat. Un courrier venant de Varsovie a été arrêté et ses dépêches confisquées. À Francfort, la Régence a été condamnée à une amende pour ne pas avoir défendu les levées de soldats pour le Roi de Prusse.
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714
p. 213-214
ESPAGNE.
Début :
Selon les avis reçus d'Algezire, l'Amiral Hawke a fait enlever [...]
Mots clefs :
Madrid, Amiral Hawke, Bâtiment anglais, Combat naval, Tremblement de terre, Portugal
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
:
DE MADRID , le 21 Décembre.
Selon les avis reçus d'Algezire , l'Amiral Hawke
a fait enlever ſous le canon de cette Place un Bâtiment
Anglois , qu'un Armateur François y avoit
214 MERCURE DE FRANCE.
:
conduit. L'Officier Eſpagnol, qui commande dans
la ville , s'eſt oppofé , autant qu'il étoit en ſon
pouvoir , à cette violence. Il a fait tirer fur les
Anglois , & il y en a eu près de cent cinquante
tués ou bleſſés. Cependant ils n'ont pas laiſſe de
reprendre le Navire dont l'Armateur François s'étoit
rendu maître .
Les ſecoufles de tremblemens de terre continuent
de ſe faire fentir en divers endroits du Portugal.
Sur la fin du mois dernier elles ont été trèsfréquentes
àVireu. Ily eneut une violente le 28
àBarcellos. Depuis le 4juſqu'au 9 de ce mois , on
en aefſuyé pluſieurs à Caſcaës, àCintra, à Colares
&àOcyras. Celle du 8 renverſa pluſieurs maiſons
àSezimbra.
:
DE MADRID , le 21 Décembre.
Selon les avis reçus d'Algezire , l'Amiral Hawke
a fait enlever ſous le canon de cette Place un Bâtiment
Anglois , qu'un Armateur François y avoit
214 MERCURE DE FRANCE.
:
conduit. L'Officier Eſpagnol, qui commande dans
la ville , s'eſt oppofé , autant qu'il étoit en ſon
pouvoir , à cette violence. Il a fait tirer fur les
Anglois , & il y en a eu près de cent cinquante
tués ou bleſſés. Cependant ils n'ont pas laiſſe de
reprendre le Navire dont l'Armateur François s'étoit
rendu maître .
Les ſecoufles de tremblemens de terre continuent
de ſe faire fentir en divers endroits du Portugal.
Sur la fin du mois dernier elles ont été trèsfréquentes
àVireu. Ily eneut une violente le 28
àBarcellos. Depuis le 4juſqu'au 9 de ce mois , on
en aefſuyé pluſieurs à Caſcaës, àCintra, à Colares
&àOcyras. Celle du 8 renverſa pluſieurs maiſons
àSezimbra.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 21 décembre, à Madrid, l'amiral Hawke a saisi un navire anglais sous contrôle français à Algésiras. L'officier espagnol a riposté, causant 150 morts ou blessés. Les Anglais ont repris le navire. Des tremblements de terre ont été ressentis au Portugal, notamment à Vireu, Barcelos, Cascais, Cintra, Colares, Ocyras et Sezimbra.
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715
p. 214-215
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 15 la Chambre des Communes accorda cinquante-cinq mille Matelots pour [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des communes, Equipage, Mines de Redbrook, Ouvriers, Pillages, Financement militaire, Troupes, Amérique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 28 Décembre.
Le 1s la Chambre des Communes accorda cinquante-
cinq mille Matelots pour le ſervice de la
Flotte Royale , en ycomprenant onze mille quatre
cens dix-neufSoldats de Marine, Elle réſolut
enmême temps qu'il ſeroit alloué quatre livres
ſterlings par mois pour chaque homme, ladépenſe
de l'artillerie étant compriſe dans cet article. Le
17 elle décida qu'une taxe de quatre ſchelings par
livre ſterling , ſeroit levée ſur les terres.
Les ouvriers des mines de Redbrook , & les
charbonniers de la forêt de Déan , s'attrouperent
tumultueuſement ily a quinze jours , &pillerent
pluſieurs navires chargés de grains.
Le Baron Théodore de Neuhoff , qui après
avoir tant fait parler de lui , étoit preſque entiérement
oublié , vient de terminer ſes joursdans la
JANVIER. 1757. 215
!
prifondu Fleet , où il a éprouvé , pendant les deux
dernieres années de ſa vie , la plus affreuſe miſere.
La Chambre des Communes accorda le 22 au Roi
douze cens treize mille ſept cens quarante-fix livres
ſterlings pour l'entretien de quarante - neuf mille
ſept cens quarante-neuf hommes de troupes de
terre , en y comprenant quatre mille huit invalides
; quatre cens vingt- trois mille neuf cens
ſoixante-trois livres ſterlings pour les garniſons de
Gibraltar & des Colonies de l'Amérique ; quarante-
ſept mille ſoixante pour les Officiers Genéraux
, & pour l'Etat Major ; vingt-trois mille trois
censtrente- cinq pour les troupes Heſſoiſſes , &
quatre cens trente-trois mille vingt-cinq pour les
troupes Hanovériennes. Les troupes Heſſoiſſes
ont enfin quitté leur camp pour prendre les quartiers
d'hyver que le Parlement leur a aſſigné dans
les villes de Salisbury , de Winchester & de Southampton.
On ſe propoſe de lever inceſſamment
deux nouveaux régimens de Montagnards Ecoffois.
Les nouvelles de l'Amérique continuent d'être
défagréables. On a appris que les Chiroquois ,
qui venoient de renouveller leur alliance avec les
Anglois , s'étoient ſaiſis par ſurpriſe d'un Fort
qu'ils avoient permis de conſtruire ſur leur terri
toire,
DE LONDRES , le 28 Décembre.
Le 1s la Chambre des Communes accorda cinquante-
cinq mille Matelots pour le ſervice de la
Flotte Royale , en ycomprenant onze mille quatre
cens dix-neufSoldats de Marine, Elle réſolut
enmême temps qu'il ſeroit alloué quatre livres
ſterlings par mois pour chaque homme, ladépenſe
de l'artillerie étant compriſe dans cet article. Le
17 elle décida qu'une taxe de quatre ſchelings par
livre ſterling , ſeroit levée ſur les terres.
Les ouvriers des mines de Redbrook , & les
charbonniers de la forêt de Déan , s'attrouperent
tumultueuſement ily a quinze jours , &pillerent
pluſieurs navires chargés de grains.
Le Baron Théodore de Neuhoff , qui après
avoir tant fait parler de lui , étoit preſque entiérement
oublié , vient de terminer ſes joursdans la
JANVIER. 1757. 215
!
prifondu Fleet , où il a éprouvé , pendant les deux
dernieres années de ſa vie , la plus affreuſe miſere.
La Chambre des Communes accorda le 22 au Roi
douze cens treize mille ſept cens quarante-fix livres
ſterlings pour l'entretien de quarante - neuf mille
ſept cens quarante-neuf hommes de troupes de
terre , en y comprenant quatre mille huit invalides
; quatre cens vingt- trois mille neuf cens
ſoixante-trois livres ſterlings pour les garniſons de
Gibraltar & des Colonies de l'Amérique ; quarante-
ſept mille ſoixante pour les Officiers Genéraux
, & pour l'Etat Major ; vingt-trois mille trois
censtrente- cinq pour les troupes Heſſoiſſes , &
quatre cens trente-trois mille vingt-cinq pour les
troupes Hanovériennes. Les troupes Heſſoiſſes
ont enfin quitté leur camp pour prendre les quartiers
d'hyver que le Parlement leur a aſſigné dans
les villes de Salisbury , de Winchester & de Southampton.
On ſe propoſe de lever inceſſamment
deux nouveaux régimens de Montagnards Ecoffois.
Les nouvelles de l'Amérique continuent d'être
défagréables. On a appris que les Chiroquois ,
qui venoient de renouveller leur alliance avec les
Anglois , s'étoient ſaiſis par ſurpriſe d'un Fort
qu'ils avoient permis de conſtruire ſur leur terri
toire,
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En décembre, la Chambre des Communes britannique a approuvé l'allocation de 55 000 matelots pour la Flotte Royale, incluant 11 419 soldats de marine, et a décidé d'allouer quatre livres sterling par mois pour chaque homme, couvrant les dépenses d'artillerie. Le 17 décembre, elle a décidé de lever une taxe de quatre schellings par livre sterling sur les terres. Quinze jours auparavant, des ouvriers des mines de Redbrook et des charbonniers de la forêt de Déan avaient pillé plusieurs navires chargés de grains. Le Baron Théodore de Neuhoff est décédé dans la prison de Fleet après deux années de misère. Le 22 janvier 1757, la Chambre a alloué 1 213 746 livres sterling pour l'entretien de 49 749 hommes de troupes terrestres, incluant 4 008 invalides. Elle a également alloué 423 963 livres pour les garnisons de Gibraltar et des colonies américaines, 47 060 livres pour les officiers généraux, 23 335 livres pour les troupes hessoises, et 433 025 livres pour les troupes hanovriennes. Les troupes hessoises ont pris leurs quartiers d'hiver à Salisbury, Winchester et Southampton. Deux nouveaux régiments de montagnards écossais doivent être levés. Les nouvelles d'Amérique sont défavorables, avec des Chiroquois ayant pris un fort anglais par surprise.
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716
p. 195-198
DU NORD
Début :
Le Roi de Grande-Bretagne ayant demandé que l'Impératrice employât ses bons [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Grande-Bretagne, Comtes, Marquis, Impératrice Reine, Mémoire, Varsovie, Lettre à l'Empereur, Roi de Prusse, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
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Résumé : DU NORD
Le 20 décembre, depuis Pétersbourg, il a été rapporté que le roi de Grande-Bretagne avait demandé à l'impératrice de Russie d'intervenir en tant que médiatrice entre les cours de Vienne, Dresde et Berlin. L'impératrice a refusé cette demande. Le comte Bestuchef, Grand Chancelier, a remis un mémoire au chevalier Hambury-Williams, ambassadeur d'Angleterre, expliquant les motifs du refus. L'impératrice a souligné qu'elle n'avait pas anticipé une telle demande et qu'elle ne changerait pas d'avis. Elle a également mentionné que les menaces de la Prusse, notamment celle d'attaquer ses troupes, ne faisaient que renforcer sa décision. Malgré la guerre, l'impératrice a autorisé l'envoi de soixante mille muids de blé et dix mille tonneaux de farine en Suède, où une disette régnait. Le même jour, depuis Varsovie, une lettre du roi à l'empereur a été diffusée. Le roi exprime sa gratitude pour les décrets envoyés à la Diète générale de l'Empire concernant l'invasion de la Prusse dans ses États héréditaires. Il décrit les hostilités croissantes et les difficultés de son armée, bloquée à Pirna, qui a dû se rendre en raison de la disette. Le roi demande à l'empereur d'intervenir pour stopper les violences et restaurer les constitutions et lois sacrées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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717
p. 198-201
ALLEMAGNE.
Début :
Le Comte de Konigsfeld, envoyé à l'Electeur de Baviere, eut le 27 [...]
Mots clefs :
Vienne, Comte de Konigsfeld, Empereur, Ordonnance, Invasion du roi de Prusse, Impératrice-Reine, Bohême, Prague, Combats, Escadron de dragons, Dresde, Bailliages, Général Retzow, Recrues, Lettre, Menaces, Francfort, Cercle électoral, Conclusum, État de défense, Contingent, Artillerie, Avocatoires impériaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le premier Janvier.
Le Comte de Konigsfeld , envoyé de l'Electeur
de Baviere , eut le 27 du mois dernier une audience
publique de l'Empereur , & il notifia à S. M.
Impériale la mort de l'Impératrice Douairiere de
Charles VII, arrivée le 11. Après-demain, la Cour
prendra pourdeux mois le deuil de cette Princeſſe.
L'Empereur a reçu ce matin , à l'occaſion de cette
mort , les complimens des Miniftres Etrangers &
des Seigneurs . Quoique l'Impératrice Reine ſe
porte auffi-bien qu'on puiffe le defirer , Sa Majefté,
àcauſe de la rigueur du froid, ne ſera relevées de
ſes couches que le 19 de ce mois.
On a publié depuis peu une Ordonnance qui
porte que l'invaſion du Roi de Pruſſe en Boheme
, autoriſoit ſuffisamment Impératrice Reine à
rappeller , ſous les menaces uſitées en pareil cas ,
tous ceux de ſes Vaſſaux & Sujets qui pouvoient
ſe trouver au ſervice de S. M. Pruſſienne ; mais
que cette Princeſſe a été retenue , & par ſa modération
ordinaire, & par la conſidération que des
deux côtés on plongeroit dans la miſere quantité
de Sujets innocens : Que cependant le Roi de
Pruffle ayant donné dès le 2 de Novembre des
avocatoires , par leſquels il a rappellé tous ceux
de ſes Sujets , qui étoient au ſervice de l'Impératrice
Reine , & S. M. Pruffienne les ayant mena
FEVRIER . 1757 . 199
1
1
1
1
cé d'encourir ſon indignation & la perte de leurs
biens , l'Impératrice Reine ſe trouve aujourd'hui
dans l'obligation d'en agir de même : Qu'à ces
causes , elle ordonne par la préſente , à tous ceux
des Vaſſaux ou Sujets , qui font actuellement au
ſervice Militaire ou Civil du Roi de Pruſſe , à la
Cour ou dans les Etats de ce Prince , de s'en retirer
dans le terme de deux mois. Qu'elle les aſſure
de fa faveur royale , & que ſelon leur mérite &
felon leur qualité, elle les employera à ſon ſervice.
Que ceux qui n'obéiront pas à ſes ordres , encoureront
fon indignation , & que leurs biens feront
confifqués au profit des autres Sujets de l'Impératrice
Reine , qui pourroient avoir ſouffert quelquedommage
de la part de l'ennemi. Qu'au reſte,
l'Impératrice Reine étant pouffée à cette démarche
par ce qui s'eſt fait à Berlin , ſuivra exactement
, dans l'affaire dont il s'agit , la conduite
que tiendra S. M. Pruffienne.
DE PRAGUE , le 28 Décembre.
Ces jours derniers , le ſieur d'Etvos , Colonel
Commandant du Régiment de Huſſards de Spleni
, s'avança avec un Détachement vers Guntersdorff.
Il tomba dans ſa route ſur un poſte de cent
cinquante Dragons Pruſſiens , qu'il diſperſa. Les
ennemis perdirent un enſeigne& trenteDragons.
Du côté des Autrichiens , il n'y eut que deux
Huſſards tués& un Maréchaldes Logis de bleffé.
DE DRESDE , le 2 Janvier.
Laplupart des Bailliages de l'Electorat n'ayant
pu fournir le nombre de recrues qui leur a été
demandé , le Général Retzow écrivit le 24 du
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
mois dernier , aux Commiſſaires des différens Cercles
la lettre ſuivante : « Sa Majesté Pruſſienne
>voulant abſolument que les Régimens ci-devant
>Saxons ſoient rendus complets pour le premier
>Janvier de l'année prochaine 1757 , attendu que
>le terme qui vous avoit été fixé au 24 Décem-
>>bre 1756 , & auquel toutes les recrues devoient
>> être livrées , eſt expiré ; je vous avertis que fi
>>>les recrues ne ſont pas livrées le premier Janvier
>>juſqu'au dernier homme , les Commiſſaires &
>>>les Baillis ſeront exécutés militairement. Afin de
>>compléter plutôt les Régimens , S. M. Pruffien-
>>ne conſent de recevoir des hommes qui n'aient
>que cinq pieds quatre ponces de haut , pourvu
>>qu'ils foient ſains & robuſtes. Elle acceptera
>même les adolefcens qui n'auront pas cette tail-
>>le , fi l'on a lieu d'eſpérer qu'ils puiffent y par-
>> venir. » Les menaces contenues dans cette lettre,
ont été déja miſes en exécution dans divers endroits.
Pluſieurs Baillis ont été mis en priſon.
Par ordre du Roi de Pruſſe , il doit ſe rendre ici
des Députés de la Nobleſſe & des Villes de chaque
Cercle. On croit que ce Prince ſe propoſe de leur
demander une ſubvention en argent. Il a accordé
aux habitans de Léipſick une diminution de cent
ving- cinq mille écus ſur la ſomme à laquelle il
les a taxés.
DE FRANCFORT , le 10 Janvier.
Voici le Conclufum que le Cercle Electoral du
Rhin a formé , à l'occaſion de la guerre qui s'eſt
allumée dans l'Empire.
« Pour ſe conformer aux ordres du Chef Suprême
de l'Empire , le Cercle ſe mettra en état
>>de défenſe , ainſi que l'exige plus que jamais la
FEVRIER. 1757 . 201
:
5
anéceſſité où l'on ſe trouve aujourd'hui. A cet
veffet , tous les Etats qui font armés porteront
>>ſans délai au triple , & tiendront prêt à marcher
>>l>eur contingent, tel qu'il eſt fixé en temps de
>>paix par la Matricule de 1687. On préparera
>> auſſi avecdiligence l'artillerie , les autres atti-
>>rails militaires & les munitions , comme il s'eſt
>>fait dans de ſemblables circonstances,Pro tuendâ
>Securitate Imperii publica. A l'égard des Etats
>>qui ne ſont pas armés , ils fourniront à la caiſſe
>>commune le double de leur contingent en ar-
>gent. Les Membres pour leſquels les pactes ont
>>ſtatué autrement , feront cependant exceptés.
>>S'il y a encore quelques Etats du Cercle qui
n'aient pas affiché les Avocatoires Impériaux ,
»ilsferont tenus touss,, ſans aucune exception , de
ſatisfaire à ce devoir. De même , tous ſujets du
>>Cercle , qui ſe trouvent au ſervice Electoral de
>>Brandebourg , feront obligés , après la publica-
>>tion des Préſentes , de le quitter ,&de faire cer-
>>tifier authentiquement au Cercle leur retraite.
>>On donnera part à l'Empereur de la diſpoſition
poù eſt le Cercle de déférer entiérement aux intentions
de S. M. Impériiaallee ,, &l'on notifiera pa-
>>reillement la préſente réſolution aux louables
>>Cercles de Baviere , de Franconie , de Souabe
>>& du Haut Rhin , en les requérant d'entretenir
une fidelle correſpondance avec l'Aſſemblée.>>
DE VIENNE , le premier Janvier.
Le Comte de Konigsfeld , envoyé de l'Electeur
de Baviere , eut le 27 du mois dernier une audience
publique de l'Empereur , & il notifia à S. M.
Impériale la mort de l'Impératrice Douairiere de
Charles VII, arrivée le 11. Après-demain, la Cour
prendra pourdeux mois le deuil de cette Princeſſe.
L'Empereur a reçu ce matin , à l'occaſion de cette
mort , les complimens des Miniftres Etrangers &
des Seigneurs . Quoique l'Impératrice Reine ſe
porte auffi-bien qu'on puiffe le defirer , Sa Majefté,
àcauſe de la rigueur du froid, ne ſera relevées de
ſes couches que le 19 de ce mois.
On a publié depuis peu une Ordonnance qui
porte que l'invaſion du Roi de Pruſſe en Boheme
, autoriſoit ſuffisamment Impératrice Reine à
rappeller , ſous les menaces uſitées en pareil cas ,
tous ceux de ſes Vaſſaux & Sujets qui pouvoient
ſe trouver au ſervice de S. M. Pruſſienne ; mais
que cette Princeſſe a été retenue , & par ſa modération
ordinaire, & par la conſidération que des
deux côtés on plongeroit dans la miſere quantité
de Sujets innocens : Que cependant le Roi de
Pruffle ayant donné dès le 2 de Novembre des
avocatoires , par leſquels il a rappellé tous ceux
de ſes Sujets , qui étoient au ſervice de l'Impératrice
Reine , & S. M. Pruffienne les ayant mena
FEVRIER . 1757 . 199
1
1
1
1
cé d'encourir ſon indignation & la perte de leurs
biens , l'Impératrice Reine ſe trouve aujourd'hui
dans l'obligation d'en agir de même : Qu'à ces
causes , elle ordonne par la préſente , à tous ceux
des Vaſſaux ou Sujets , qui font actuellement au
ſervice Militaire ou Civil du Roi de Pruſſe , à la
Cour ou dans les Etats de ce Prince , de s'en retirer
dans le terme de deux mois. Qu'elle les aſſure
de fa faveur royale , & que ſelon leur mérite &
felon leur qualité, elle les employera à ſon ſervice.
Que ceux qui n'obéiront pas à ſes ordres , encoureront
fon indignation , & que leurs biens feront
confifqués au profit des autres Sujets de l'Impératrice
Reine , qui pourroient avoir ſouffert quelquedommage
de la part de l'ennemi. Qu'au reſte,
l'Impératrice Reine étant pouffée à cette démarche
par ce qui s'eſt fait à Berlin , ſuivra exactement
, dans l'affaire dont il s'agit , la conduite
que tiendra S. M. Pruffienne.
DE PRAGUE , le 28 Décembre.
Ces jours derniers , le ſieur d'Etvos , Colonel
Commandant du Régiment de Huſſards de Spleni
, s'avança avec un Détachement vers Guntersdorff.
Il tomba dans ſa route ſur un poſte de cent
cinquante Dragons Pruſſiens , qu'il diſperſa. Les
ennemis perdirent un enſeigne& trenteDragons.
Du côté des Autrichiens , il n'y eut que deux
Huſſards tués& un Maréchaldes Logis de bleffé.
DE DRESDE , le 2 Janvier.
Laplupart des Bailliages de l'Electorat n'ayant
pu fournir le nombre de recrues qui leur a été
demandé , le Général Retzow écrivit le 24 du
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
mois dernier , aux Commiſſaires des différens Cercles
la lettre ſuivante : « Sa Majesté Pruſſienne
>voulant abſolument que les Régimens ci-devant
>Saxons ſoient rendus complets pour le premier
>Janvier de l'année prochaine 1757 , attendu que
>le terme qui vous avoit été fixé au 24 Décem-
>>bre 1756 , & auquel toutes les recrues devoient
>> être livrées , eſt expiré ; je vous avertis que fi
>>>les recrues ne ſont pas livrées le premier Janvier
>>juſqu'au dernier homme , les Commiſſaires &
>>>les Baillis ſeront exécutés militairement. Afin de
>>compléter plutôt les Régimens , S. M. Pruffien-
>>ne conſent de recevoir des hommes qui n'aient
>que cinq pieds quatre ponces de haut , pourvu
>>qu'ils foient ſains & robuſtes. Elle acceptera
>même les adolefcens qui n'auront pas cette tail-
>>le , fi l'on a lieu d'eſpérer qu'ils puiffent y par-
>> venir. » Les menaces contenues dans cette lettre,
ont été déja miſes en exécution dans divers endroits.
Pluſieurs Baillis ont été mis en priſon.
Par ordre du Roi de Pruſſe , il doit ſe rendre ici
des Députés de la Nobleſſe & des Villes de chaque
Cercle. On croit que ce Prince ſe propoſe de leur
demander une ſubvention en argent. Il a accordé
aux habitans de Léipſick une diminution de cent
ving- cinq mille écus ſur la ſomme à laquelle il
les a taxés.
DE FRANCFORT , le 10 Janvier.
Voici le Conclufum que le Cercle Electoral du
Rhin a formé , à l'occaſion de la guerre qui s'eſt
allumée dans l'Empire.
« Pour ſe conformer aux ordres du Chef Suprême
de l'Empire , le Cercle ſe mettra en état
>>de défenſe , ainſi que l'exige plus que jamais la
FEVRIER. 1757 . 201
:
5
anéceſſité où l'on ſe trouve aujourd'hui. A cet
veffet , tous les Etats qui font armés porteront
>>ſans délai au triple , & tiendront prêt à marcher
>>l>eur contingent, tel qu'il eſt fixé en temps de
>>paix par la Matricule de 1687. On préparera
>> auſſi avecdiligence l'artillerie , les autres atti-
>>rails militaires & les munitions , comme il s'eſt
>>fait dans de ſemblables circonstances,Pro tuendâ
>Securitate Imperii publica. A l'égard des Etats
>>qui ne ſont pas armés , ils fourniront à la caiſſe
>>commune le double de leur contingent en ar-
>gent. Les Membres pour leſquels les pactes ont
>>ſtatué autrement , feront cependant exceptés.
>>S'il y a encore quelques Etats du Cercle qui
n'aient pas affiché les Avocatoires Impériaux ,
»ilsferont tenus touss,, ſans aucune exception , de
ſatisfaire à ce devoir. De même , tous ſujets du
>>Cercle , qui ſe trouvent au ſervice Electoral de
>>Brandebourg , feront obligés , après la publica-
>>tion des Préſentes , de le quitter ,&de faire cer-
>>tifier authentiquement au Cercle leur retraite.
>>On donnera part à l'Empereur de la diſpoſition
poù eſt le Cercle de déférer entiérement aux intentions
de S. M. Impériiaallee ,, &l'on notifiera pa-
>>reillement la préſente réſolution aux louables
>>Cercles de Baviere , de Franconie , de Souabe
>>& du Haut Rhin , en les requérant d'entretenir
une fidelle correſpondance avec l'Aſſemblée.>>
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 27 décembre, le Comte de Konigsfeld, représentant de l'Électeur de Bavière, a informé l'Empereur de la mort de l'Impératrice douairière de Charles VII, survenue le 11 décembre. La cour observera un deuil de deux mois. L'Empereur a reçu les condoléances des ministres étrangers et des seigneurs. L'Impératrice Reine, bien que en bonne santé, ne sera relevée de ses couches que le 19 janvier en raison du froid. Une ordonnance récente autorisait l'Impératrice Reine à rappeler ses vassaux et sujets au service de la Prusse après l'invasion de la Bohême par le Roi de Prusse. Cependant, par modération et pour éviter la misère des sujets innocents, elle n'a pas agi immédiatement. Le Roi de Prusse ayant rappelé ses sujets au service de l'Impératrice Reine, cette dernière ordonne maintenant à ses vassaux et sujets de quitter le service prussien sous deux mois, sous peine de confiscation de leurs biens. À Prague, le colonel d'Etvos a dispersé un poste de dragons prussiens, causant des pertes des deux côtés. À Dresde, le général Retzow a menacé les baillis de l'Électorat de Saxe de les exécuter militairement s'ils ne fournissent pas les recrues demandées. Plusieurs baillis ont déjà été emprisonnés. Le Roi de Prusse prévoit de demander une subvention en argent aux députés de la noblesse et des villes. À Francfort, le Cercle Électoral du Rhin s'est mis en état de défense, augmentant les contingents militaires et préparant les munitions. Les États non armés devront contribuer financièrement. Tous les sujets au service électoral de Brandebourg devront quitter ce service. La résolution sera notifiée à l'Empereur et aux autres cercles électoraux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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718
p. 201-202
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le sieur Aelt, Ministre de Hesse-Cassel ayant informé le Landgrave son Maître [...]
Mots clefs :
Londres, Ministre Hesse-Cassel, Landgrave, Troupes, Irlande, Régiments, Examen de l'Amiral Byng, Portsmouth, Proclamation du roi, Matelots cachés, Amnistie, Dénonciations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 7 Janvier.
Le ſieur Aelt , Miniſtre de Heſſe-Caffel ayant
informé le Landgrave ſon Maître de tout ce que
les troupes Heſſoiſes ont fouffert , le Landgrave
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
a chargé ce Miniſtre de demander que le Roi renvoyat
inceſſamment ces troupes. On ne compte
pas cependant qu'elles puiſſent repaſſer de tout le
mois prochain en Allemagne , & le Parlement a
pourvu à leur ſubſiſtance juſqu'au 24 Février. Le
Gouvernement fait lever en Irlande fix nouveaux
Régimens. Il y aura au printempsun camp de dix
mille hommes dans cette partie de la Grande Bre
tagne , & l'on prépare déja les magaſins néceſſarres
à cet effet. L'examen de l'Amiral Byng a commencé
le 27 à Porſmouth. Cet Officier allegue
pour ſa défenſe les délais apportés à fon départ
d'Angleterre , la foibleſſe de ſon Efcadre lorfqu'elle
mit à la voile , & l'impoffibilité de trouver
àGibraltar les Matelots , les Soldats & les munitions
, dont elle avoit beſoin. L'opinion générale
eſt que cet Amiral ne fera point jugé à la rigueur.
On a remarqué que dans ſon paſſage de Greenwich
àPortsmouth , il n'a éprouvé aucune inſulté
de la part de la populace ; ce qui donne lieu de
préſumer qu'elle est fort revenue de fa prévention
contre lui.
८
Par une Proclamation qu'on a publiée ces
jours - ci , le Roi promet une récompenſe aux
perſonnes qui dénonceront des Matelots cachés ,
&Elle accorde une Amniſtie à ceux qui ayant
déſerté , ſe repréſenteront aux Bureaux d'Amirau
sé de leurs Départemens.
DE LONDRES , le 7 Janvier.
Le ſieur Aelt , Miniſtre de Heſſe-Caffel ayant
informé le Landgrave ſon Maître de tout ce que
les troupes Heſſoiſes ont fouffert , le Landgrave
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
a chargé ce Miniſtre de demander que le Roi renvoyat
inceſſamment ces troupes. On ne compte
pas cependant qu'elles puiſſent repaſſer de tout le
mois prochain en Allemagne , & le Parlement a
pourvu à leur ſubſiſtance juſqu'au 24 Février. Le
Gouvernement fait lever en Irlande fix nouveaux
Régimens. Il y aura au printempsun camp de dix
mille hommes dans cette partie de la Grande Bre
tagne , & l'on prépare déja les magaſins néceſſarres
à cet effet. L'examen de l'Amiral Byng a commencé
le 27 à Porſmouth. Cet Officier allegue
pour ſa défenſe les délais apportés à fon départ
d'Angleterre , la foibleſſe de ſon Efcadre lorfqu'elle
mit à la voile , & l'impoffibilité de trouver
àGibraltar les Matelots , les Soldats & les munitions
, dont elle avoit beſoin. L'opinion générale
eſt que cet Amiral ne fera point jugé à la rigueur.
On a remarqué que dans ſon paſſage de Greenwich
àPortsmouth , il n'a éprouvé aucune inſulté
de la part de la populace ; ce qui donne lieu de
préſumer qu'elle est fort revenue de fa prévention
contre lui.
८
Par une Proclamation qu'on a publiée ces
jours - ci , le Roi promet une récompenſe aux
perſonnes qui dénonceront des Matelots cachés ,
&Elle accorde une Amniſtie à ceux qui ayant
déſerté , ſe repréſenteront aux Bureaux d'Amirau
sé de leurs Départemens.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En 1757, le Ministre de Hesse-Cassel, Sieur Aelt, a informé le Landgrave des difficultés rencontrées par les troupes hessoises en Grande-Bretagne et a sollicité leur rapatriement. Leur retour en Allemagne est prévu après février, le Parlement ayant garanti leur subsistance jusqu'au 24 février. Le gouvernement britannique recrute six nouveaux régiments en Irlande et prépare un camp de dix mille hommes pour le printemps en Grande-Bretagne. Parallèlement, l'examen de l'Amiral Byng a débuté le 27 décembre à Portsmouth. Byng a justifié ses actions par les délais de son départ, la faiblesse de son escadre et l'absence de ressources à Gibraltar. L'opinion publique semble favorable à Byng, comme l'a montré son transfert de Greenwich à Portsmouth sans incidents. Enfin, une proclamation royale propose une récompense pour la dénonciation de déserteurs et une amnistie pour ceux qui se rendront.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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719
p. 202-203
PAYS-BAS.
Début :
Hier, on reçut avis que le Corsaire le Tigre, de Bristol, avoit attaqué [...]
Mots clefs :
Amsterdam, Corsaire anglais, Capitaine Laurens, Attaque, Pillages, Ostende, Armateur français, Combats
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texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS.
D'AMSTERDAM , le 22 Décembre.
Hier , on reçut avis que le Corfaire le Tigre ,
deBristol , avoit attaque à la hauteur du Cap Finiſterre
le Navire Hollandois la Marie Galley ,
FEVRIER. 1757.... 203
هللا
ا
commandé par le Capitaine Laurens ; qu'il avoit
bleſfé pluſieurs perſonnes de l'équipage ; que te
Capitaine Anglois &ſes gens étoient entrés enſuite
le ſabre à la main dans ce Bâtiment ; qu'ils
avoient ouvert les caiſſes , coffres & tonneaux , &
qu'ils avoient enlevé pluſieurs marchandiſes.
Quelques jours auparavant , on avoit appris que
le Navire du Capitaine Jean de Groot , ayant rencontré
le 6 de ce mois , près de Goerée , deux autres
Corſaires Anglois , en avoit reçu le même
traitement.
DOSTENDE , le s Janvier.
i
Un Armateur François , croiſant le longde cet
te côte , apperçut à quelque diſtance quatre Bâtimens
Anglois. Dans la perfuafion que c'étoient
des Navires Marchands , il s'en approcha , & il
en ataqua un. Il ne tarda pas à reconnoître que
c'étoient des Corfaires. Comme ils ſe préparoient
à l'envelopper , il ſe retira à pleines voiles dans
ce Port. Les Anglois l'y ſuivirent , & l'y canonnerent.
Le Commandant de la Place , les ayant
fait avertir inutilement de ceſſer leur feu , ordonna
de tirer ſur eux , & les obligea ainſi de regagner
le large.
D'AMSTERDAM , le 22 Décembre.
Hier , on reçut avis que le Corfaire le Tigre ,
deBristol , avoit attaque à la hauteur du Cap Finiſterre
le Navire Hollandois la Marie Galley ,
FEVRIER. 1757.... 203
هللا
ا
commandé par le Capitaine Laurens ; qu'il avoit
bleſfé pluſieurs perſonnes de l'équipage ; que te
Capitaine Anglois &ſes gens étoient entrés enſuite
le ſabre à la main dans ce Bâtiment ; qu'ils
avoient ouvert les caiſſes , coffres & tonneaux , &
qu'ils avoient enlevé pluſieurs marchandiſes.
Quelques jours auparavant , on avoit appris que
le Navire du Capitaine Jean de Groot , ayant rencontré
le 6 de ce mois , près de Goerée , deux autres
Corſaires Anglois , en avoit reçu le même
traitement.
DOSTENDE , le s Janvier.
i
Un Armateur François , croiſant le longde cet
te côte , apperçut à quelque diſtance quatre Bâtimens
Anglois. Dans la perfuafion que c'étoient
des Navires Marchands , il s'en approcha , & il
en ataqua un. Il ne tarda pas à reconnoître que
c'étoient des Corfaires. Comme ils ſe préparoient
à l'envelopper , il ſe retira à pleines voiles dans
ce Port. Les Anglois l'y ſuivirent , & l'y canonnerent.
Le Commandant de la Place , les ayant
fait avertir inutilement de ceſſer leur feu , ordonna
de tirer ſur eux , & les obligea ainſi de regagner
le large.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 22 décembre à Amsterdam, il a été signalé que le navire corsaire britannique Le Tigre, basé à Bristol, avait attaqué le navire hollandais La Marie Galley, commandé par le Capitaine Laurens, près du Cap Finisterre. Plusieurs membres de l'équipage hollandais ont été blessés, et les Britanniques ont pris possession du navire après avoir ouvert les caisses, coffres et tonneaux pour enlever diverses marchandises. Quelques jours auparavant, le navire du Capitaine Jean de Groot avait également été attaqué par deux corsaires britanniques près de Goerée, subissant le même traitement. Le 1er janvier à Ostende, un armateur français croisant le long de la côte a aperçu quatre navires britanniques. Pensant qu'il s'agissait de navires marchands, il en a attaqué un. Reconnaissant qu'il s'agissait de corsaires, il s'est retiré vers le port d'Ostende. Les Britanniques l'ont suivi et ont canonné le port. Le commandant de la place a ordonné de riposter, forçant les Britanniques à se retirer en mer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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720
p. 195-203
ALLEMAGNE.
Début :
Un Courier, arrivé le 13 Janvier de Versailles ; a apporté l'effrayante [...]
Mots clefs :
Impératrice Reine, Vienne, Prières publiques, Roi de France, Convention sur les déserteurs, Général Lascy, Attaque du poste d'Ostritz, Litoměřice, Dresde, Monnaie, Saxe, Roi de Prusse, Ratisbonne, Écrit, Remarques au sujet des écrits du roi de Prusse, Diète générale de l'Empire, Liège, Surveillance des étrangers, Prières, Discours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 29 Janvier.
UN Courier , arrivé le 13 Janvier de Verfailles ;
a apporté l'effrayante nouvelle du danger auquel
a été exposé le Roi Très - Chrétien. Auffitôt l'Impératrice
Reine manda au Cardinal de Trautſon ,
Archevêque de cette Ville , d'ordonner des prieres
publiques , pour obtenir du Ciel la confervation
d'un Prince , dont les jours font fi précieux à l'Europe
. Les Eglifes font remplies d'une affluence extraordinaire
de perfonnes de tous les Ordres , qui
demandent à Dieu le rétabliſſement de la fanté de
ce Monarque .
Notre Cour vient de conclure avec celle de France
une convention , par laquelle elles s'engagent à
Le rendre réciproquement les déferteurs de leurs
troupes. Cette convention commencera le premier
du mois prochain à avoir ſon effet .
DE LEITMERITZ , le 7 Janvier.
Le premier de ce mois , le Général Lafcy fit attaquer
par cinq cens Croates le poſte d'Óftritz ,
où il y avoit trois cens Pruffiens . Le Major Blumenthal
, qui y commandoit , fut tué. Les enne,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
mis perdirent deux autres Officiers & trente - huit
Soldats. On fit neuf prifonniers. Le refte fut difper.
fé. De notre côté , il y eut un Capitaine tué , un
Lieutenant & fix Soldats bleffés . Le lendemain, les
Pruffiens reprirent ce pofte. Ils l'ont fait occuper
par mille hommes , & ils y ont mis quatre pieces
de canon.
DE DRESDE , le premier Février.
Le fieur Frege , Directeur de la Monnoie de
Leipfick , a eu ordre du Directoire Général de
Guerre du Roi de Pruffe , de délivrer , fous peine
d'être mis aux fers , les coins , les inftrumens néceffaires
à frapper des efpeces , & même les matieres
d'or & d'argent qu'il avoit fous fa garde.
Les exécutions militaires contre les Bailliages
qui n'ont pas fourni le nombre de recrues exigé ,
s'effectuent avec rigueur.
Malgré les circonftances où se trouve la Saxe ,
la Reine , le Prince Royal , la Princeffe fon épouse ,
& les Princes Albert & Clement, envoyerent complimenter
le Roi de Pruffe le jour anniverſaire de
fa naiffance. S. M. Pruffienne fit l'accueil le plus
gracieux aux Seigneurs chargés de s'acquitter de
ce cérémonial. Elle les affura qu'Elle ne defiroit
rien avec plus d'ardeur , que de pouvoir délivrer la
Saxe du Séjour des troupes étrangeres. Le 28 du
mois dernier , ce Prince partit pour la Siléfie.
Plufieurs des Régimens Pruffiens qui font en cette
Ville , ont reçu ordre de fe tenir prêts à marcher.
Plufieurs remifes confidérables , que la Reine a
reçues , ont mis cette Princefle en état , non feulement
d'acquitter une partie des dettes que de
malheureufes circonftances l'ont obligée de contracter
, mais encore de faire fentir les effets de fa
générosité aux Officiers Saxons , qui ont beſoin
MAR S. 1757. 197
de fecours , On a diſtribué ici clandeftinement divers
exemplaires d'un Ecrit anonyme , intitulé ,
Démonftrationfuccincte que le Royaume de Boheme
appartient au Roi de Pruffe. L'Auteur , pour établir
le prétendu droit de S. M. Pruffienne , remonte à
Marguerite , Princeffe de Boheme , qui dans le
quinzieme fiecle fut mariée à Jean III , Margrave
de Brandebourg. Le Roi de Pruffe , indigné qu'on
lui prêtât des vues contraires à celles qu'il a annoncées
dans fes Déclarations , a ordonné que
l'ouvrage fût brûlé par la main du Bourreau . Ce
Prince fait faire d'exactes perquifitions , pour découvrir
l'Auteur & l'Imprimeur.
9
En différens endroits , les Officiers Pruffiens
ont fait ouvrir les prifons , & ont enrôlé toutes les
perfonnes qu'ils y ont trouvées propres à porter
les armes. Depuis quelque temps ils engagent indiftinctement
tous les jeunes gens , foit artifans
foit domeftiques , fans avoir égard ni à la profeffion
, ni à la livrée. Le Roi de Pruffe a fait publier
une Ordonnance , par laquelle il enjoint à tous les
Saxons qui font à fon fervice , & qui poffedent
des biens fonds , de les vendre , & de dépofer à la
caiffe du Directoire militaire les fommes qui pro .
viendront de la vente. S'ils ont quelques préten
tions à faire valoir , les Bailliages refpectifs font
tenus de leur rendre prompte juftice , & les deniers
provenans de ces prétentions feront portés
pareillement à ladite caiffe.
DE RATISBONNE , le 25 Janvier.
On a reçu ici plufieurs exemplaires d'un Ecrit
que la Cour de Vienne vient de faire publier. , &
qui eft intitulé , Remarques fur les Manifeftes , Lettres
Circulaires autres Mémoires , donnés de la
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
part du Roi de Pruffe. Cette Piece contient trentefept
pages in-4° . Voici quelques-uns des principaux
traits qu'elle renferme . « Le Roi de Pruffe
prétend avoir feul le droit de tenir en tout tems
» de grandes armées prêtes à marcher , & d'aug-
» menter fucceffivement , fans aucun danger ap-
» parent , le nombre de fes troupes . Il s'arroge
» même le privilege de faire enlever , tantôt par
» rufe , tantôt par violence , les Sujets aux Souve-
» rains , les Miniftres aux Eglifes , les enfans aux
» peres , les peres aux enfans. En même temps , il
» ne veut pas qu'une Puiffance voifine puiffe le
»foupçonner d'un deffein offenfif, & qu'elle fe
» concerte avec d'autres Puiffances pour Le défen-
» dre en cas d'attaque..... Lorſqu'une Puiffance
» fonge à completter fes troupes , & à pourvoir
» d'artillerie & de munitions fes places frontieres ,
>> il croit pouvoir lui demander fierement , l'épée
» à la main , le motifde telles précautions. Si elle
» ne s'explique pas d'abord dans les termes qu'il
» lui preferit , & fi elle ne promet formellement
» de fufpendre les préparatifs qu'elle a commen-
» cés pour fa défenfe , il va jufqu'à la menacer
» de l'attaquer inceffamment avec une armée for-
» midable...... L'article ſecret du Traité de Pé-
» terfbourg devoit-il caufer quelque ombrage au
» Roi de Prufle ? Au devant de cet article , on avoit
> eu foin de mettre ces paroles remarquables : ( Si
contre toute attente , & contre les voeux communs
» S. M. Pruffienne eft la premiere à fe départir de
les
la Paix de Drefde. ) On avoit ajouté , que
» deux Parties Contractantes mettroient tout en
» ufage pour prévenir un tel inconvénient . Ces clau-
» fes ne prouvoient- elles pas évidemment que , fi
» l'Impératrice Reine fe réfervoit le droit de re-
» vendiquer la Siléfie , & d'employer le fecours
MAR S. 1757. 199
de fes Alliés pour la recouvrer , c'étoit feule-
» ment dans le cas où , malgré les voeux com-
» muns de l'Impératrice Reine & de l'Impératrice
» de Ruffie , & malgré toutes les peines qu'Elles
>> emploieroient pour le maintien de la paix , le
» Roi de Pruffe tenteroit une nouvelle aggref-
» fion ? .... Pour ce qui regarde la découverte de
» cet article , S. M. Pruffienne pouvoit s'épargner
» un expédient auffi illicite que celui de forcer un
» Cabinet Royal dans un pays neutre , puifque la
» Cour de Vienne n'auroit fait aucune difficulté
» difficulté d'avouer qu'elle a porté toujours fa plus
» grande attention fur les préparatifs de guerre
» des Pruffiens & fur leurs vexations , & qu'elle
» s'eft fervie de tous les moyens néceffaires & juf-
» tes , pour donner à l'auteur des troubles , s'il eft
» poffible , lieu de ſe repentir de ſes violences &
» de fes injuftices. >>
Le 17 de ce mois , la Diete générale de l'Empire
donna le Conclufum fuivant. « De la part des
Electeurs , Princes & Etats de l'Empire , on dé-
» clare à M. le Prince de la Tour - Taxis , Princi-
» pal Commiffaire de l'Empereur , qu'on a due-
» ment propofé aux trois Colleges de l'Empire ,
» & mis en délibération les Décrets de Commif-
» fion Impériale , portés les 20 Septembre & 18
» Octobre de l'année derniere , à la Dictature , au
» fujet de l'invaſion hoftile du Roi de Pruffe Elec-
>> teur de Brandebourg , dans la Saxe & dans la
>> Boheme ; ainfi que la Lettre de S. M. l'Impéra-
» trice Reine , du 21 Octobre , & les Mémoires
» préſentés par les Miniftres de Saxe & de Brande-
» bourg les 23 Septembre & 20 Décembre der-
» niers : qu'on a vu , par leur contenu , toutes les
» circonftances de l'irruption faite par les troupes
» Pruffiennes dans les Etats de l'Impératrice Rei-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
>> ne & du Roi de Pologne Electeur de Saxe , la
>> maniere dont l'Electorat de Saxe & autres Etats
» ont été faifis & font encore détenus , & enfin les
» Mandemens émanés du Juge Suprême de l'Em-
» pire contre ces entreprifes : qu'après une mûre
» délibération , telle que l'importance de l'affaire
» l'exigeoit , il a été conclu & arrêté que S. M.
» Impériale feroit très-refpectueufement remer-
» ciée de fes foins paternels pour le rétabliſſement
» de la tranquillité publique : qu'en même temps
» Elle feroit très - humblement requife de conti-
>> nuer d'agir , comme Elle a commencé , fui-
» vant les Loix & Conftitutions de la Patrie , ( en
particulier felon l'ordonnance d'exécution , la
» paix de Weftphalie & la Capitulation Impéria-
» le ) , afin que par les moyens déja mis en oeuvre
» & ceux qu'on emploiera , non feulement S. M.
» le Roi de Pologne foit remis en poffeffion de fes
Etats avec le dédommagement le plus complet ,
>> mais auffi que S. M. l'Impératrice , comme
» Reine & Electrice de Boheme , obtienne la ſatisfaction
qui lui eft dûe : qu'en conféquence
» des Excicatoires de S. M. Impériale , tous les
» Co-Etats de l'Empire , qui ont à coeur le main-
» tien de la Conftitution fondamentale du Corps
» Germanique , concourront de tout leur pou-
» voir aux moyens de parvenir au but propofé par
» Sadite Majefté : que pour fecourir tant les Etats
opprimés que ceux qui pourroient dans la fuite
» éprouver le même fort , tous les Cercles porte-
» ront fans délai leurs contingens au triple , & les
tiendront prêts à marcher avec tout ce qui eft
» néceffaire au fervice. On fe réſerve une expli-
» cation ultérieure fur les autres points des Décrets
de Commiſſion. »
MARS . 1757 . 201
DE LIEGE , le 31 Janvier.
Dès qu'on eut reçu
ici la nouvelle de l'attentat
commis contre la Perfonne de Louis XV , on donna
ordre d'arrêter & d'examiner , fans diſtinction
de rang , tous les étrangers qui arriveroient
en cet-
Ville. Les Etats de l'Evêché , étant actuellement
affemblés , députerent à M. Durand d'Aubigny ,
Réfident de France , pour lui témoigner le vif intérêt
qu'ils prennent àla confervation
de Sa Majefté
Très- Chrétienne. Le 14 , les Chanoines de l'Eglife
Collégiale de Saint Martin , dont le Roi de
France eft protecteur , firent chanter une grande
Meffe en mufique , en action de graces de ce qu'il
a plu à Dieu de fauver les jours de ce Monarque.
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye du Val
des Ecoliers de cette Ville , coururent fe profterner
au pied des Autels , pour obtenir du Ciel la
confervation de ce Monarque. Pendant neufjours,
ils ont continué leurs prieres. Lorsqu'ils eurent
appris la guérifon de S. M. Très - Chrétienne , ils
réfolurent de rendre de folemnelles actions de
graces au Tout-Puiffant. Le 27 de ce mois , jour
fixé pour cette cérémonie , elle fut annoncée le
matin par une falve de boîtes , qui fut répétée à
midi. M. d'Aubigny , Réfident de France , s'étant
rendu à l'Abbaye , l'Abbé à la tête des Chanoines
, & en habits pontificaux , le reçut à la porte
de l'Eglife , & lui adreffa ce difcours : « Mon-
» fieur , effuyons nos larmes , & oublions , s'il
» fe peut , les horreurs qui les ont fait couler ,
» pour ne penfer qu'aux miféricordes de l'Eternel ,
» qui vient d'arracher à la mort un Prince dont la
» perte eût été pour nous le comble des malheurs..
Qu'il vive ce grand Roi , la gloire & les délices
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
» de la France ! Qu'il vive ce Prince Bien- Aimé !
>> Qu'il jouiffe longtemps des douceurs d'un nom
>> plus cher pour lui , que ceux qu'il s'eft acquis
9.
par les victoires ! C'eft en ne laiffant échapper
>> aucune occafion de mériter le nom de Bien-Ai-
» mé, de la part de l'Etranger même , que ce
» Roi pacifique étend chaque jour les bornes de
>> fon Empire au- delà des pays de fa domination .
» Nous en fommes témoins , Monfieur , & nous
» le publions avec joie. Louis eft pour les Voifins
» comme pour les François , Louis le Bien - Aimé.
>> C'eft un hommage & un tribut que la recon-
>> noiffance ne peut refufer à la générofité de ce
>> Prince bienfaifant . Que ne puis - je , Monfieur
» répandre dans le fein du Miniftre d'un fi grand
» Roi tous les fentimens que le devoir & l'amour
» le plus refpectueux m'infpirent ! ... Mais la
» Religion nous appelle dans le Sanctuaire. Al-
» lons , Monfieur , rendre gloire à Dieu du pro-
» dige éclatant qu'il a opéré pour la confervation
» du Fils Aîné de fon Eglife. Demandons en mê-
» me temps que fa main bienfaifante demeure
» étendue fur l'homme de fa droite , pour le protéger
& pour le défendre . Qu'il ajoute long-
» temps des jours à des jours fi précieux ! Le Ciel
attend nos voeux , pour les exaucer , & pour
>> nous prouver que Louis eft autant le Bien-Aimé
» de Dieu que des hommes . >>
On conduifit M. d'Aubigny dans le Choeur , &
le Te Deum fut chanté en Mufique . L'Eglife étoit
ornée avec la plus grande magnificence. Une tenture
, enrichie de fleurs de lys d'or , entouroit le
Choeur , jufqu'à la naiffance de la voute , & le
Chiffre de Louis XV étoit placé d'efpace en efpace
dans des cartouches. Des girandoles chargées de
bougies formoient un triple cordon de lumieres.
MARS. 1757. 203
Plufieurs luftres , qui defcendoient de la voûte ,
augmentoient le brillant de l'illumination . Vis - àvis
du fauteuil du Célébrant , on avoit élevé un
trône où étoit le Portrait de S. M. Très- Chrétienne
, auquel on a rendu les mêmes honneurs
que fi Elle avoit été préfente. Le Portrait étoit
couronné de cette Infcription : Dilectus Deo &
hominibus. On lifoit à la droite du trône ces
rots : Obducam cicatricem tibi , & à vulneribus
tuis fanabo te ; & à la gauche ceux - ci : Sanavi
Ludovicum reduxi , & reddidi confolationes
lugentibus eum. L'illumination de la Nef répondoit
à celle du Choeur. L'architecture de la tribune
dans laquelle eft l'Orgue , étoit deffinée avec.
des pots à feu. Des deux côtés de l'Orgue s'élevoient
deux pyramides de lampions. Un cordon
de flambeaux de cire blanche régnoit tout le long
de la corniche . Le portail de l'Eglife & les bâtimens
qui l'environnent , étoient entiérement illuminés.
DE VIENNE , le 29 Janvier.
UN Courier , arrivé le 13 Janvier de Verfailles ;
a apporté l'effrayante nouvelle du danger auquel
a été exposé le Roi Très - Chrétien. Auffitôt l'Impératrice
Reine manda au Cardinal de Trautſon ,
Archevêque de cette Ville , d'ordonner des prieres
publiques , pour obtenir du Ciel la confervation
d'un Prince , dont les jours font fi précieux à l'Europe
. Les Eglifes font remplies d'une affluence extraordinaire
de perfonnes de tous les Ordres , qui
demandent à Dieu le rétabliſſement de la fanté de
ce Monarque .
Notre Cour vient de conclure avec celle de France
une convention , par laquelle elles s'engagent à
Le rendre réciproquement les déferteurs de leurs
troupes. Cette convention commencera le premier
du mois prochain à avoir ſon effet .
DE LEITMERITZ , le 7 Janvier.
Le premier de ce mois , le Général Lafcy fit attaquer
par cinq cens Croates le poſte d'Óftritz ,
où il y avoit trois cens Pruffiens . Le Major Blumenthal
, qui y commandoit , fut tué. Les enne,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
mis perdirent deux autres Officiers & trente - huit
Soldats. On fit neuf prifonniers. Le refte fut difper.
fé. De notre côté , il y eut un Capitaine tué , un
Lieutenant & fix Soldats bleffés . Le lendemain, les
Pruffiens reprirent ce pofte. Ils l'ont fait occuper
par mille hommes , & ils y ont mis quatre pieces
de canon.
DE DRESDE , le premier Février.
Le fieur Frege , Directeur de la Monnoie de
Leipfick , a eu ordre du Directoire Général de
Guerre du Roi de Pruffe , de délivrer , fous peine
d'être mis aux fers , les coins , les inftrumens néceffaires
à frapper des efpeces , & même les matieres
d'or & d'argent qu'il avoit fous fa garde.
Les exécutions militaires contre les Bailliages
qui n'ont pas fourni le nombre de recrues exigé ,
s'effectuent avec rigueur.
Malgré les circonftances où se trouve la Saxe ,
la Reine , le Prince Royal , la Princeffe fon épouse ,
& les Princes Albert & Clement, envoyerent complimenter
le Roi de Pruffe le jour anniverſaire de
fa naiffance. S. M. Pruffienne fit l'accueil le plus
gracieux aux Seigneurs chargés de s'acquitter de
ce cérémonial. Elle les affura qu'Elle ne defiroit
rien avec plus d'ardeur , que de pouvoir délivrer la
Saxe du Séjour des troupes étrangeres. Le 28 du
mois dernier , ce Prince partit pour la Siléfie.
Plufieurs des Régimens Pruffiens qui font en cette
Ville , ont reçu ordre de fe tenir prêts à marcher.
Plufieurs remifes confidérables , que la Reine a
reçues , ont mis cette Princefle en état , non feulement
d'acquitter une partie des dettes que de
malheureufes circonftances l'ont obligée de contracter
, mais encore de faire fentir les effets de fa
générosité aux Officiers Saxons , qui ont beſoin
MAR S. 1757. 197
de fecours , On a diſtribué ici clandeftinement divers
exemplaires d'un Ecrit anonyme , intitulé ,
Démonftrationfuccincte que le Royaume de Boheme
appartient au Roi de Pruffe. L'Auteur , pour établir
le prétendu droit de S. M. Pruffienne , remonte à
Marguerite , Princeffe de Boheme , qui dans le
quinzieme fiecle fut mariée à Jean III , Margrave
de Brandebourg. Le Roi de Pruffe , indigné qu'on
lui prêtât des vues contraires à celles qu'il a annoncées
dans fes Déclarations , a ordonné que
l'ouvrage fût brûlé par la main du Bourreau . Ce
Prince fait faire d'exactes perquifitions , pour découvrir
l'Auteur & l'Imprimeur.
9
En différens endroits , les Officiers Pruffiens
ont fait ouvrir les prifons , & ont enrôlé toutes les
perfonnes qu'ils y ont trouvées propres à porter
les armes. Depuis quelque temps ils engagent indiftinctement
tous les jeunes gens , foit artifans
foit domeftiques , fans avoir égard ni à la profeffion
, ni à la livrée. Le Roi de Pruffe a fait publier
une Ordonnance , par laquelle il enjoint à tous les
Saxons qui font à fon fervice , & qui poffedent
des biens fonds , de les vendre , & de dépofer à la
caiffe du Directoire militaire les fommes qui pro .
viendront de la vente. S'ils ont quelques préten
tions à faire valoir , les Bailliages refpectifs font
tenus de leur rendre prompte juftice , & les deniers
provenans de ces prétentions feront portés
pareillement à ladite caiffe.
DE RATISBONNE , le 25 Janvier.
On a reçu ici plufieurs exemplaires d'un Ecrit
que la Cour de Vienne vient de faire publier. , &
qui eft intitulé , Remarques fur les Manifeftes , Lettres
Circulaires autres Mémoires , donnés de la
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
part du Roi de Pruffe. Cette Piece contient trentefept
pages in-4° . Voici quelques-uns des principaux
traits qu'elle renferme . « Le Roi de Pruffe
prétend avoir feul le droit de tenir en tout tems
» de grandes armées prêtes à marcher , & d'aug-
» menter fucceffivement , fans aucun danger ap-
» parent , le nombre de fes troupes . Il s'arroge
» même le privilege de faire enlever , tantôt par
» rufe , tantôt par violence , les Sujets aux Souve-
» rains , les Miniftres aux Eglifes , les enfans aux
» peres , les peres aux enfans. En même temps , il
» ne veut pas qu'une Puiffance voifine puiffe le
»foupçonner d'un deffein offenfif, & qu'elle fe
» concerte avec d'autres Puiffances pour Le défen-
» dre en cas d'attaque..... Lorſqu'une Puiffance
» fonge à completter fes troupes , & à pourvoir
» d'artillerie & de munitions fes places frontieres ,
>> il croit pouvoir lui demander fierement , l'épée
» à la main , le motifde telles précautions. Si elle
» ne s'explique pas d'abord dans les termes qu'il
» lui preferit , & fi elle ne promet formellement
» de fufpendre les préparatifs qu'elle a commen-
» cés pour fa défenfe , il va jufqu'à la menacer
» de l'attaquer inceffamment avec une armée for-
» midable...... L'article ſecret du Traité de Pé-
» terfbourg devoit-il caufer quelque ombrage au
» Roi de Prufle ? Au devant de cet article , on avoit
> eu foin de mettre ces paroles remarquables : ( Si
contre toute attente , & contre les voeux communs
» S. M. Pruffienne eft la premiere à fe départir de
les
la Paix de Drefde. ) On avoit ajouté , que
» deux Parties Contractantes mettroient tout en
» ufage pour prévenir un tel inconvénient . Ces clau-
» fes ne prouvoient- elles pas évidemment que , fi
» l'Impératrice Reine fe réfervoit le droit de re-
» vendiquer la Siléfie , & d'employer le fecours
MAR S. 1757. 199
de fes Alliés pour la recouvrer , c'étoit feule-
» ment dans le cas où , malgré les voeux com-
» muns de l'Impératrice Reine & de l'Impératrice
» de Ruffie , & malgré toutes les peines qu'Elles
>> emploieroient pour le maintien de la paix , le
» Roi de Pruffe tenteroit une nouvelle aggref-
» fion ? .... Pour ce qui regarde la découverte de
» cet article , S. M. Pruffienne pouvoit s'épargner
» un expédient auffi illicite que celui de forcer un
» Cabinet Royal dans un pays neutre , puifque la
» Cour de Vienne n'auroit fait aucune difficulté
» difficulté d'avouer qu'elle a porté toujours fa plus
» grande attention fur les préparatifs de guerre
» des Pruffiens & fur leurs vexations , & qu'elle
» s'eft fervie de tous les moyens néceffaires & juf-
» tes , pour donner à l'auteur des troubles , s'il eft
» poffible , lieu de ſe repentir de ſes violences &
» de fes injuftices. >>
Le 17 de ce mois , la Diete générale de l'Empire
donna le Conclufum fuivant. « De la part des
Electeurs , Princes & Etats de l'Empire , on dé-
» clare à M. le Prince de la Tour - Taxis , Princi-
» pal Commiffaire de l'Empereur , qu'on a due-
» ment propofé aux trois Colleges de l'Empire ,
» & mis en délibération les Décrets de Commif-
» fion Impériale , portés les 20 Septembre & 18
» Octobre de l'année derniere , à la Dictature , au
» fujet de l'invaſion hoftile du Roi de Pruffe Elec-
>> teur de Brandebourg , dans la Saxe & dans la
>> Boheme ; ainfi que la Lettre de S. M. l'Impéra-
» trice Reine , du 21 Octobre , & les Mémoires
» préſentés par les Miniftres de Saxe & de Brande-
» bourg les 23 Septembre & 20 Décembre der-
» niers : qu'on a vu , par leur contenu , toutes les
» circonftances de l'irruption faite par les troupes
» Pruffiennes dans les Etats de l'Impératrice Rei-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
>> ne & du Roi de Pologne Electeur de Saxe , la
>> maniere dont l'Electorat de Saxe & autres Etats
» ont été faifis & font encore détenus , & enfin les
» Mandemens émanés du Juge Suprême de l'Em-
» pire contre ces entreprifes : qu'après une mûre
» délibération , telle que l'importance de l'affaire
» l'exigeoit , il a été conclu & arrêté que S. M.
» Impériale feroit très-refpectueufement remer-
» ciée de fes foins paternels pour le rétabliſſement
» de la tranquillité publique : qu'en même temps
» Elle feroit très - humblement requife de conti-
>> nuer d'agir , comme Elle a commencé , fui-
» vant les Loix & Conftitutions de la Patrie , ( en
particulier felon l'ordonnance d'exécution , la
» paix de Weftphalie & la Capitulation Impéria-
» le ) , afin que par les moyens déja mis en oeuvre
» & ceux qu'on emploiera , non feulement S. M.
» le Roi de Pologne foit remis en poffeffion de fes
Etats avec le dédommagement le plus complet ,
>> mais auffi que S. M. l'Impératrice , comme
» Reine & Electrice de Boheme , obtienne la ſatisfaction
qui lui eft dûe : qu'en conféquence
» des Excicatoires de S. M. Impériale , tous les
» Co-Etats de l'Empire , qui ont à coeur le main-
» tien de la Conftitution fondamentale du Corps
» Germanique , concourront de tout leur pou-
» voir aux moyens de parvenir au but propofé par
» Sadite Majefté : que pour fecourir tant les Etats
opprimés que ceux qui pourroient dans la fuite
» éprouver le même fort , tous les Cercles porte-
» ront fans délai leurs contingens au triple , & les
tiendront prêts à marcher avec tout ce qui eft
» néceffaire au fervice. On fe réſerve une expli-
» cation ultérieure fur les autres points des Décrets
de Commiſſion. »
MARS . 1757 . 201
DE LIEGE , le 31 Janvier.
Dès qu'on eut reçu
ici la nouvelle de l'attentat
commis contre la Perfonne de Louis XV , on donna
ordre d'arrêter & d'examiner , fans diſtinction
de rang , tous les étrangers qui arriveroient
en cet-
Ville. Les Etats de l'Evêché , étant actuellement
affemblés , députerent à M. Durand d'Aubigny ,
Réfident de France , pour lui témoigner le vif intérêt
qu'ils prennent àla confervation
de Sa Majefté
Très- Chrétienne. Le 14 , les Chanoines de l'Eglife
Collégiale de Saint Martin , dont le Roi de
France eft protecteur , firent chanter une grande
Meffe en mufique , en action de graces de ce qu'il
a plu à Dieu de fauver les jours de ce Monarque.
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye du Val
des Ecoliers de cette Ville , coururent fe profterner
au pied des Autels , pour obtenir du Ciel la
confervation de ce Monarque. Pendant neufjours,
ils ont continué leurs prieres. Lorsqu'ils eurent
appris la guérifon de S. M. Très - Chrétienne , ils
réfolurent de rendre de folemnelles actions de
graces au Tout-Puiffant. Le 27 de ce mois , jour
fixé pour cette cérémonie , elle fut annoncée le
matin par une falve de boîtes , qui fut répétée à
midi. M. d'Aubigny , Réfident de France , s'étant
rendu à l'Abbaye , l'Abbé à la tête des Chanoines
, & en habits pontificaux , le reçut à la porte
de l'Eglife , & lui adreffa ce difcours : « Mon-
» fieur , effuyons nos larmes , & oublions , s'il
» fe peut , les horreurs qui les ont fait couler ,
» pour ne penfer qu'aux miféricordes de l'Eternel ,
» qui vient d'arracher à la mort un Prince dont la
» perte eût été pour nous le comble des malheurs..
Qu'il vive ce grand Roi , la gloire & les délices
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
» de la France ! Qu'il vive ce Prince Bien- Aimé !
>> Qu'il jouiffe longtemps des douceurs d'un nom
>> plus cher pour lui , que ceux qu'il s'eft acquis
9.
par les victoires ! C'eft en ne laiffant échapper
>> aucune occafion de mériter le nom de Bien-Ai-
» mé, de la part de l'Etranger même , que ce
» Roi pacifique étend chaque jour les bornes de
>> fon Empire au- delà des pays de fa domination .
» Nous en fommes témoins , Monfieur , & nous
» le publions avec joie. Louis eft pour les Voifins
» comme pour les François , Louis le Bien - Aimé.
>> C'eft un hommage & un tribut que la recon-
>> noiffance ne peut refufer à la générofité de ce
>> Prince bienfaifant . Que ne puis - je , Monfieur
» répandre dans le fein du Miniftre d'un fi grand
» Roi tous les fentimens que le devoir & l'amour
» le plus refpectueux m'infpirent ! ... Mais la
» Religion nous appelle dans le Sanctuaire. Al-
» lons , Monfieur , rendre gloire à Dieu du pro-
» dige éclatant qu'il a opéré pour la confervation
» du Fils Aîné de fon Eglife. Demandons en mê-
» me temps que fa main bienfaifante demeure
» étendue fur l'homme de fa droite , pour le protéger
& pour le défendre . Qu'il ajoute long-
» temps des jours à des jours fi précieux ! Le Ciel
attend nos voeux , pour les exaucer , & pour
>> nous prouver que Louis eft autant le Bien-Aimé
» de Dieu que des hommes . >>
On conduifit M. d'Aubigny dans le Choeur , &
le Te Deum fut chanté en Mufique . L'Eglife étoit
ornée avec la plus grande magnificence. Une tenture
, enrichie de fleurs de lys d'or , entouroit le
Choeur , jufqu'à la naiffance de la voute , & le
Chiffre de Louis XV étoit placé d'efpace en efpace
dans des cartouches. Des girandoles chargées de
bougies formoient un triple cordon de lumieres.
MARS. 1757. 203
Plufieurs luftres , qui defcendoient de la voûte ,
augmentoient le brillant de l'illumination . Vis - àvis
du fauteuil du Célébrant , on avoit élevé un
trône où étoit le Portrait de S. M. Très- Chrétienne
, auquel on a rendu les mêmes honneurs
que fi Elle avoit été préfente. Le Portrait étoit
couronné de cette Infcription : Dilectus Deo &
hominibus. On lifoit à la droite du trône ces
rots : Obducam cicatricem tibi , & à vulneribus
tuis fanabo te ; & à la gauche ceux - ci : Sanavi
Ludovicum reduxi , & reddidi confolationes
lugentibus eum. L'illumination de la Nef répondoit
à celle du Choeur. L'architecture de la tribune
dans laquelle eft l'Orgue , étoit deffinée avec.
des pots à feu. Des deux côtés de l'Orgue s'élevoient
deux pyramides de lampions. Un cordon
de flambeaux de cire blanche régnoit tout le long
de la corniche . Le portail de l'Eglife & les bâtimens
qui l'environnent , étoient entiérement illuminés.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En janvier 1757, des rumeurs alarmantes sur la santé du roi de France, Louis XV, ont circulé, incitant l'impératrice reine à ordonner des prières publiques à Vienne pour sa guérison. Les églises se sont remplies de fidèles de tous milieux sociaux. Une convention entre les cours d'Allemagne et de France a été conclue pour échanger les déserteurs de leurs troupes, effective à partir du 1er février. Sur le front militaire, le 1er janvier à Leitmeritz, le général Laffy a attaqué un poste prussien à Óstritz, tuant le major Blumenthal et faisant plusieurs prisonniers. Les Prussiens ont repris le poste le lendemain et l'ont renforcé. À Dresde, le directeur de la monnaie de Leipzig a reçu l'ordre de fournir les outils et matières nécessaires à la frappe des espèces au Directoire Général de Guerre du roi de Prusse. Les exécutions militaires contre les bailliages n'ayant pas fourni le nombre requis de recrues se poursuivaient avec rigueur. Malgré les difficultés, la reine de Saxe et les princes saxons ont complimenté le roi de Prusse à l'occasion de son anniversaire, exprimant leur espoir de voir les troupes étrangères quitter la Saxe. Plusieurs régiments prussiens se préparaient à partir, et la reine de Saxe a distribué des aides financières aux officiers saxons dans le besoin. Un écrit anonyme prétendant que la Bohême appartenait au roi de Prusse a été distribué clandestinement. Le roi de Prusse a ordonné la destruction de cet écrit et a lancé des enquêtes pour identifier l'auteur et l'imprimeur. Les officiers prussiens ont enrôlé de force des prisonniers et des jeunes gens pour renforcer leurs troupes. Une ordonnance prussienne a également contraint les Saxons au service prussien à vendre leurs biens fonciers. À Ratisbonne, la cour de Vienne a publié un document répondant aux manifestes du roi de Prusse, critiquant ses actions militaires et ses exigences. La Diète générale de l'Empire a conclu que l'impératrice reine devait continuer à agir selon les lois et constitutions pour rétablir la tranquillité et aider le roi de Saxe à récupérer ses États. À Liège, après un attentat contre Louis XV, des mesures de sécurité ont été prises pour arrêter et examiner les étrangers arrivants. Les États de l'Évêché ont exprimé leur soutien au roi de France. Des messes et des prières ont été organisées pour sa guérison, suivies de cérémonies de remerciement après sa récupération. Le résident de France a été accueilli à l'abbaye du Val des Écoliers pour une cérémonie de Te Deum en l'honneur du roi. En mars 1757, une illumination somptueuse a été réalisée dans une église. Le chiffre de Louis XV était placé dans des cartouches à intervalles réguliers. Des girandoles chargées de bougies formaient un triple cordon de lumières, et plusieurs lustres descendant de la voûte augmentaient l'éclat de l'illumination. En face du fauteuil du célébrant, un trône accueillait le portrait du roi Louis XV, auquel on rendait les mêmes honneurs qu'à sa présence. Le portrait était couronné de l'inscription 'Dilectus Deo & hominibus'. À droite du trône, on lisait 'Obducam cicatricem tibi, & vulneribus tuis sanabo te', et à gauche 'Sanavi Ludovicum reduxi, & reddidi consolationes lugentibus eum'. L'illumination de la nef répondait à celle du chœur. L'architecture de la tribune de l'orgue était ornée de pots à feu, et deux pyramides de lampions s'élevaient de chaque côté de l'orgue. Un cordon de flambeaux de cire blanche courait le long de la corniche. Le portail de l'église et les bâtiments environnants étaient entièrement illuminés.
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721
p. 203-204
ESPAGNE.
Début :
Les Lettres de Buenos-Ayres marquent que, depuis la victoire remportée par [...]
Mots clefs :
Madrid, Buenos Aires, Victoire contre les Sauvages, Roi Très-Chrétien, Lisbonne, Navires, Marchandises, Danger, Tempête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE MADRID , le 25 Janvier.
Les Lettres de Buenos - Ayres marquent que ,
depuis la victoire remportée par les troupes Efpagnoles
& Portugaifes fur les Indiens voifins de la
riviere d'Urugay , les Vainqueurs ont continué
leur marche ; que malgré tous les obſtacles que
leur oppofoit un pays montueux & couvert de
bois , ils ont foumis tous les peuples de ces cantons
; & que ces peuples fe difpofent à paffer
dans les nouveaux établiffemens , qui leur ont été
affignés.
Un Courier étant arrivé le 20 de Versailles ;
avec la nouvelle que le Roi Très- Chrétien étoit
Ivj
204 MERCURE DE FRANCE.
parfaitement guéri de fa bleffure , le Roi fit chanter
fur le champ le Te Deum dans fa Chapelle
& ordonna qu'on célébrât cet heureux événement
par trois jours de réjouiffances & d'illuminations.
DE LISBONNE , le 4 Janvier.
Il a été annoncé dans les lettres datées du
23 du mois dernier , que deux Navires de la flotte
de la Baie de Tous les Saints étoient en grand
danger. Quelque diligence qu'on ait apportée.
pour les fecourir , ils ont coulé bas dans la Barre.
Ces Bâtimens fe nommoient le Gafparino & la
Sanada. Le premier étoit le Navire le plus riche
de la flotte. Outre fon chargement particulier ,
il avoit une partie de celui du Vaiffeau de retour
de Goa , qui étant arrivé à la Baie de Tous les
Saints , ne fe trouva pas en état de continuer fa
route. Des équipages du Gafparino & de la Sanada
, il n'a péri que deux Matelots. Dans la
même tempête deux Navirės Anglois , qui étoient
à l'ancre dans le Tage , ont eu leurs cables brifés.
Un de ces Bâtimens a échoué contre un banc de
fable ; mais on a fauvé toute la cargaifon. Hier ,
le feu du ciel tomba fur un Vaiffeau de guerre
la même Nation , renverfa le grand mât , & tua
quelques perfonnes de l'équipage.
DE MADRID , le 25 Janvier.
Les Lettres de Buenos - Ayres marquent que ,
depuis la victoire remportée par les troupes Efpagnoles
& Portugaifes fur les Indiens voifins de la
riviere d'Urugay , les Vainqueurs ont continué
leur marche ; que malgré tous les obſtacles que
leur oppofoit un pays montueux & couvert de
bois , ils ont foumis tous les peuples de ces cantons
; & que ces peuples fe difpofent à paffer
dans les nouveaux établiffemens , qui leur ont été
affignés.
Un Courier étant arrivé le 20 de Versailles ;
avec la nouvelle que le Roi Très- Chrétien étoit
Ivj
204 MERCURE DE FRANCE.
parfaitement guéri de fa bleffure , le Roi fit chanter
fur le champ le Te Deum dans fa Chapelle
& ordonna qu'on célébrât cet heureux événement
par trois jours de réjouiffances & d'illuminations.
DE LISBONNE , le 4 Janvier.
Il a été annoncé dans les lettres datées du
23 du mois dernier , que deux Navires de la flotte
de la Baie de Tous les Saints étoient en grand
danger. Quelque diligence qu'on ait apportée.
pour les fecourir , ils ont coulé bas dans la Barre.
Ces Bâtimens fe nommoient le Gafparino & la
Sanada. Le premier étoit le Navire le plus riche
de la flotte. Outre fon chargement particulier ,
il avoit une partie de celui du Vaiffeau de retour
de Goa , qui étant arrivé à la Baie de Tous les
Saints , ne fe trouva pas en état de continuer fa
route. Des équipages du Gafparino & de la Sanada
, il n'a péri que deux Matelots. Dans la
même tempête deux Navirės Anglois , qui étoient
à l'ancre dans le Tage , ont eu leurs cables brifés.
Un de ces Bâtimens a échoué contre un banc de
fable ; mais on a fauvé toute la cargaifon. Hier ,
le feu du ciel tomba fur un Vaiffeau de guerre
la même Nation , renverfa le grand mât , & tua
quelques perfonnes de l'équipage.
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Résumé : ESPAGNE.
Le texte décrit plusieurs événements en Espagne, en France et au Portugal. En Espagne, des lettres de Buenos Aires rapportent la victoire des troupes espagnoles et portugaises contre les Indiens voisins de la rivière d'Uruguay. Les vainqueurs ont soumis les peuples des cantons environnants, qui se préparent à s'installer dans de nouveaux établissements. En France, un courrier arrivé à Versailles le 20 janvier annonce la guérison complète du roi Louis XV d'une blessure. Un Te Deum a été chanté dans la chapelle royale et trois jours de réjouissances ont été ordonnés. Au Portugal, des lettres datées du 23 décembre précédent signalent le naufrage de deux navires de la flotte de la Baie de Tous les Saints, le Gasparino et la Sanada, malgré les efforts de secours. Le Gasparino transportait une partie du chargement d'un vaisseau de retour de Goa. Seuls deux matelots ont péri. Deux navires anglais ont également subi des dommages lors de la même tempête, mais leur cargaison a été sauvée. Enfin, un vaisseau de guerre anglais a été frappé par la foudre, renversant son grand mât et tuant plusieurs membres de l'équipage.
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722
p. 204-205
ITALIE.
Début :
Ces jours derniers, la Nation Françoise fit chanter le Te Deum [...]
Mots clefs :
Rome, Te Deum, Comte de Stainville, Ambassadeur extraordinaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E..
22 +
DE ROME , le 10 Janvier.
de
Ces jours derniers , la Nation Françoife fit
chanter le Te Deum dans l'Eglife de Saint Louis ,
en action de graces du rétabliſſement de la fanté
du Saint Pere, M. le Comte de Stainville , Am➡
MAR S. 1757. 205
baffadeur Extraordinaire du Roi de France auprès
du Saint Siege , fe trouva à cette cérémonie , ainſt
que l'Abbé de Canillac , Prélat - Commandeur de
l'Ordre du Saint- Efprit , & Auditeur de Rote.
22 +
DE ROME , le 10 Janvier.
de
Ces jours derniers , la Nation Françoife fit
chanter le Te Deum dans l'Eglife de Saint Louis ,
en action de graces du rétabliſſement de la fanté
du Saint Pere, M. le Comte de Stainville , Am➡
MAR S. 1757. 205
baffadeur Extraordinaire du Roi de France auprès
du Saint Siege , fe trouva à cette cérémonie , ainſt
que l'Abbé de Canillac , Prélat - Commandeur de
l'Ordre du Saint- Efprit , & Auditeur de Rote.
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723
p. 205
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 4 Janvier la Chambre des Communes résolut d'accorder deux cens [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des communes, Flotte royale, Financement, Amiral Byng, Condamnation , Conseil de guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 8 Février.
Le 14 Janvier la Chambre des Communes réfolut
d'accorder deux cens vingt-trois mille neuf
cens trente-neuf livres pour la dépenſe ordinaire
de la Flotte royale pendant cette année ; cent
foixante-deux mille cinq cens cinquante - fept
pour l'artillerie employée au fervice de terre ;
dix mille pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich
; une pareille fomme pour la conftruction
d'un nouvel Hôpital à Plymouth , & trente mille
pour la Maifon des Enfans trouvés.
A l'exception du Lord Blackeney & d'un petit
nombre d'Officiers , tous les témoins qui ont été
entendus dans l'affaire de l'Amiral Byng , one
dépofé que la conduite de cet Amiral n'étoit
fufceptible d'aucun reproche. Cependant le Confeil
de guerre affemblé à Portſmouth pour juger
cet Amiral , a prononcé que conféquemment à
Particle XII du Code Militaire , il ne pouvoit fe
difpenfer de condamner cet Amiral à perdre la
vie ; mais qu'en même temps il fe croyoit obligé
d'implorer la clémence du Roi en faveur de cet
Officier. On affure que le Vice- Amiral Bofcawen
, qui eft parti en pofte pour Portſmouth , y
porte la grace de l'Amiral Byng , avec des ordres
pour garantir cet Officier de la fureur de la populace
, qui perfifte à vouloir qu'on en faffe une
victime publique.
DE LONDRES , le 8 Février.
Le 14 Janvier la Chambre des Communes réfolut
d'accorder deux cens vingt-trois mille neuf
cens trente-neuf livres pour la dépenſe ordinaire
de la Flotte royale pendant cette année ; cent
foixante-deux mille cinq cens cinquante - fept
pour l'artillerie employée au fervice de terre ;
dix mille pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich
; une pareille fomme pour la conftruction
d'un nouvel Hôpital à Plymouth , & trente mille
pour la Maifon des Enfans trouvés.
A l'exception du Lord Blackeney & d'un petit
nombre d'Officiers , tous les témoins qui ont été
entendus dans l'affaire de l'Amiral Byng , one
dépofé que la conduite de cet Amiral n'étoit
fufceptible d'aucun reproche. Cependant le Confeil
de guerre affemblé à Portſmouth pour juger
cet Amiral , a prononcé que conféquemment à
Particle XII du Code Militaire , il ne pouvoit fe
difpenfer de condamner cet Amiral à perdre la
vie ; mais qu'en même temps il fe croyoit obligé
d'implorer la clémence du Roi en faveur de cet
Officier. On affure que le Vice- Amiral Bofcawen
, qui eft parti en pofte pour Portſmouth , y
porte la grace de l'Amiral Byng , avec des ordres
pour garantir cet Officier de la fureur de la populace
, qui perfifte à vouloir qu'on en faffe une
victime publique.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 14 janvier, la Chambre des Communes a approuvé plusieurs allocations financières : 223 939 livres pour les dépenses de la Flotte royale, 62 557 livres pour l'artillerie terrestre, 10 000 livres pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich, une somme équivalente pour la construction d'un nouvel hôpital à Plymouth, et 30 000 livres pour la Maison des Enfants trouvés. Dans l'affaire de l'Amiral Byng, la plupart des témoins, à l'exception du Lord Blackeney et de quelques officiers, ont déclaré que la conduite de l'Amiral n'était pas répréhensible. Néanmoins, le conseil de guerre à Portsmouth a condamné l'Amiral Byng à mort selon l'Article XII du Code Militaire, tout en sollicitant la clémence du Roi. Le Vice-Amiral Boscawen s'est rendu à Portsmouth avec la grâce de l'Amiral Byng et des instructions pour le protéger de la colère du public.
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724
p. 179
DU LEVANT.
Début :
Sultan Mehemet, héritier présomptif du trône Ottoman, est mort ces [...]
Mots clefs :
Sultan Mehemet, Mort, Opium, Succession
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVANT.
DE CONSTANTINOPLE , le 12 Janvier.
SULTAN Mehemet , héritier préſomptif du trône
Ottoman , eft mort ces jours - ci dans la quarantetroifieme
année de fon âge. On prétend que l'ufage
immoderé de l'opium a contribué beaucoup
à abréger les jours de ce Prince. Quoique la retraite
à laquelle les loix du Sérail le condamnoient
, ne permît qu'à peu de perfonnes de l'approcher
, on fçavoit qu'il poffédoit plufieurs qualités
recommandables , & il eft fort regretté . Il ne
refte plus pour fuccéder au Grand Seigneur que
trois Princes , qui font Sultan . Orchan , âgé de
quarante-un ans ; Sultan Abdallah , âgé de trentefix
, & Sultan Bajazet , âgé de trente-trois . Le
Grand Vifir Muftapha Pacha vient d'être déposé
& relégué dans l'Ile de Rhodes . Rabib Pacha
Gouverneur d'Alep , eft mandé pour le remplacer.
DE CONSTANTINOPLE , le 12 Janvier.
SULTAN Mehemet , héritier préſomptif du trône
Ottoman , eft mort ces jours - ci dans la quarantetroifieme
année de fon âge. On prétend que l'ufage
immoderé de l'opium a contribué beaucoup
à abréger les jours de ce Prince. Quoique la retraite
à laquelle les loix du Sérail le condamnoient
, ne permît qu'à peu de perfonnes de l'approcher
, on fçavoit qu'il poffédoit plufieurs qualités
recommandables , & il eft fort regretté . Il ne
refte plus pour fuccéder au Grand Seigneur que
trois Princes , qui font Sultan . Orchan , âgé de
quarante-un ans ; Sultan Abdallah , âgé de trentefix
, & Sultan Bajazet , âgé de trente-trois . Le
Grand Vifir Muftapha Pacha vient d'être déposé
& relégué dans l'Ile de Rhodes . Rabib Pacha
Gouverneur d'Alep , eft mandé pour le remplacer.
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Résumé : DU LEVANT.
Le sultan Mehmet, héritier ottoman, est décédé à 43 ans. L'abus d'opium est suspecté. Trois princes se disputent la succession : Orchan (41 ans), Abdallah (39 ans) et Bajazet (33 ans). Muftapha Pacha, Grand Vizir, a été démis et exilé. Rabib Pacha, gouverneur d'Alep, est convoqué pour le remplacer.
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725
p. 179-180
DU NORD
Début :
Il se trouvoit dans l'armée destinée à agir contre le Roi de Prusse, [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Prusse, Impératrice de Russie, Officiers russes, Copenhague, Inoculation, Petite vérole, Succès, Norvège, Secousses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
"
Il fe trouvoit dans l'armée deftinée à agir con
tre le Roi de Pruffe , plufieurs Officiers nés fujets
de ce Prince. L'Impératrice n'a point voulu less
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
obliger de porter les armes contre leur Souverain.
Ils ont été remplacés par des Officiers Ruffiens
dans les Régimens où ils étoient employés , &
le Feld-Maréchal Apraxin les ayant renvoyés ici ,
on les fait partir fucceffivement , pour aller remplir
les nouveaux poftes qu'on leur deftine.
DE COPENHAGUE , le 18 Février.
Le Roi dîna les de ce mois chez le Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majefté Très- Chrétienne.
Depuis fix mois , plus de cent perfonnes
ont été inoculées de la petite vérole en cette Ville.
Aucune n'eft morte , ni ne reffent la moindre incommodité.
Selon les lettres écrites de diverfes
Provinces , l'inoculation y a le même fuccès . On
a eu quelque peine à introduire cette méthode en
Norwege , mais elle commence à s'y établir.
On mande de Norwege , que le premier , le
19 , le 22 , le 23 , le 24 & le 25 du mois dernier ,
on a entendu dans la Province d'Aggerhus plufleurs
bruits fouterreins , & que le 4 de ce mois
on y a fenti deux fecouffes de tremblement de:
terre.
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
"
Il fe trouvoit dans l'armée deftinée à agir con
tre le Roi de Pruffe , plufieurs Officiers nés fujets
de ce Prince. L'Impératrice n'a point voulu less
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
obliger de porter les armes contre leur Souverain.
Ils ont été remplacés par des Officiers Ruffiens
dans les Régimens où ils étoient employés , &
le Feld-Maréchal Apraxin les ayant renvoyés ici ,
on les fait partir fucceffivement , pour aller remplir
les nouveaux poftes qu'on leur deftine.
DE COPENHAGUE , le 18 Février.
Le Roi dîna les de ce mois chez le Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majefté Très- Chrétienne.
Depuis fix mois , plus de cent perfonnes
ont été inoculées de la petite vérole en cette Ville.
Aucune n'eft morte , ni ne reffent la moindre incommodité.
Selon les lettres écrites de diverfes
Provinces , l'inoculation y a le même fuccès . On
a eu quelque peine à introduire cette méthode en
Norwege , mais elle commence à s'y établir.
On mande de Norwege , que le premier , le
19 , le 22 , le 23 , le 24 & le 25 du mois dernier ,
on a entendu dans la Province d'Aggerhus plufleurs
bruits fouterreins , & que le 4 de ce mois
on y a fenti deux fecouffes de tremblement de:
terre.
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Résumé : DU NORD
Le texte décrit deux événements distincts. À Saint-Pétersbourg, le 26 février, plusieurs officiers prussiens servaient dans une armée destinée à agir contre leur propre roi. L'impératrice a refusé de les obliger à combattre leur souverain et les a remplacés par des officiers russes. À Copenhague, le 18 février, le roi a dîné chez le président Ogier, ambassadeur de France. Depuis six mois, plus de cent personnes ont été inoculées contre la petite vérole à Copenhague sans complications. Cette méthode a également réussi dans diverses provinces, bien que son introduction en Norvège ait rencontré des difficultés. Par ailleurs, des bruits souterrains et des tremblements de terre ont été signalés dans la province d'Aggerhus en Norvège les 1er, 19, 22, 23, 24 et 25 du mois précédent, ainsi que le 4 du mois en cours.
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726
p. 180-182
ALLEMAGNE.
Début :
Tous les Régimens de Hussards doivent être augmentés chacun de cinq cens [...]
Mots clefs :
Vienne, Régiments, Augmentation des effectifs, Ordonnance, Corps de troupes, Officiers, Dresde, Surveillance, Frontières, Leipzig, Monnaies, Fabrication, Change
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
*
L
DE VIENNE , le 21 Février.
Tous les Régimens de Huffards doivent être
augmentés chacun de cinq cens vingt hommes.
Plufieurs Prélats & Seigneurs Hongrois ont offert
à l'Impératrice Reine , de faire la plus grande
partie de cette augmentation à leurs dépens.
On a reçu la confirmation que le magafin établi à
Glatz par les Pruffiens , a été réduit en cendre ,
&qu'ils ont perdu par cet incendie vingt mille
..
AVRIL 1757. 181
fufils , douze mille uniformes , & dix - huit mille
feptiers de bled.
L'Impératrice Reine , par une Ordonnance
qu'Elle a envoyée à chaque Corps de fes troupes ,
accorde la Nobleffe à tout Officier , foit national ,
foit étranger , qui aura fervi dans les armées pendant
trente ans.
( Un Courier arrivé ces jours - ci de Conftantinople
, a apporté la nouvelle que le Grand Seigneur
avoit accordé la permiffion d'acheter fix
mille boeufs dans la Moldavie & dans la Valachie
pour le compte de l'Impératrice Reine.
DE DRESDE , le 8 Février.
S. M. Pruffienne a fat: publier une Ordonnanee ,
dont voici la teneur : « Il eft enjoint par la pré-
» fente , de la maniere la plus expreffe , aux habi-
> tans des Villes , Bourgs & Villages de la Saxe ,
» fitués le long des frontieres de la Boheme ,
» qu'en cas de mouvemens de la part des troupes
» Autrichiennes ils ne manquent point d'en.
>> donner connoiffance aux poftes avancés , dont
» ils feront le plus près : au défaut de quoi , & fi
» l'ennemi venoit à paffer outre , ils devront s'at-
» tendre immanquablement & fans rémiffion à
» être enlevés de chez eux , & gardés dans une
» détention des plus rigoureufes , auffi long-
» temps que les troupes Pruffiennes demeureront
» dans ce pays. Au contraire ceux qui feront
>> exactes à fe conformer à ce que la préfente leur
prefcrit , en feront récompenfés. On leur don-
» nera depuis trois jufqu'à dix écus , felon la nas
» ture & les circonftances de l'avis » ..
182 MERCURE DE FRANCE.
DE LEIPSICK , le 17 Février.
Depuis que les Pruffiens fe font emparés de l'Hôtel
des Monnoies, on y frappe jour & nuit de nouveaux
gros & de nouvelles pieces de huit gros , à la
marque des années 1753 & 1756 , & avec le nom
de l'ancien Directeur , afin qu'on ne puiffe pas
diftinguer les nouvelles efpeces des anciennes. Ĉependant
la différence entre les unes & les autres
pour la valeur intrinfeque eft confidérable. Suivant
l'évaluation qui a été faite , il y a un déchet
de vingt pour cent fur les gros , & plus de vingtneuf
fur les doubles. Le ducat revient à trois écus
fept gros ; & le louis.d'or à fix écus . Pour pouvoir
fabriquer une plus grande quantité de nouvelles
efpeces , le Juif Ephraim , qui a cette entreprife ,
a obtenu du Directoire de Torgau le renouvellement
des Edits , qui ordonnent de porter tout l'or
& l'argent à la monnoie. Il a obtenu auffi une
permiffion de fe faire remettre fur fes quittances
les deniers qui font dans la Caiffe de la Steur.
*
L
DE VIENNE , le 21 Février.
Tous les Régimens de Huffards doivent être
augmentés chacun de cinq cens vingt hommes.
Plufieurs Prélats & Seigneurs Hongrois ont offert
à l'Impératrice Reine , de faire la plus grande
partie de cette augmentation à leurs dépens.
On a reçu la confirmation que le magafin établi à
Glatz par les Pruffiens , a été réduit en cendre ,
&qu'ils ont perdu par cet incendie vingt mille
..
AVRIL 1757. 181
fufils , douze mille uniformes , & dix - huit mille
feptiers de bled.
L'Impératrice Reine , par une Ordonnance
qu'Elle a envoyée à chaque Corps de fes troupes ,
accorde la Nobleffe à tout Officier , foit national ,
foit étranger , qui aura fervi dans les armées pendant
trente ans.
( Un Courier arrivé ces jours - ci de Conftantinople
, a apporté la nouvelle que le Grand Seigneur
avoit accordé la permiffion d'acheter fix
mille boeufs dans la Moldavie & dans la Valachie
pour le compte de l'Impératrice Reine.
DE DRESDE , le 8 Février.
S. M. Pruffienne a fat: publier une Ordonnanee ,
dont voici la teneur : « Il eft enjoint par la pré-
» fente , de la maniere la plus expreffe , aux habi-
> tans des Villes , Bourgs & Villages de la Saxe ,
» fitués le long des frontieres de la Boheme ,
» qu'en cas de mouvemens de la part des troupes
» Autrichiennes ils ne manquent point d'en.
>> donner connoiffance aux poftes avancés , dont
» ils feront le plus près : au défaut de quoi , & fi
» l'ennemi venoit à paffer outre , ils devront s'at-
» tendre immanquablement & fans rémiffion à
» être enlevés de chez eux , & gardés dans une
» détention des plus rigoureufes , auffi long-
» temps que les troupes Pruffiennes demeureront
» dans ce pays. Au contraire ceux qui feront
>> exactes à fe conformer à ce que la préfente leur
prefcrit , en feront récompenfés. On leur don-
» nera depuis trois jufqu'à dix écus , felon la nas
» ture & les circonftances de l'avis » ..
182 MERCURE DE FRANCE.
DE LEIPSICK , le 17 Février.
Depuis que les Pruffiens fe font emparés de l'Hôtel
des Monnoies, on y frappe jour & nuit de nouveaux
gros & de nouvelles pieces de huit gros , à la
marque des années 1753 & 1756 , & avec le nom
de l'ancien Directeur , afin qu'on ne puiffe pas
diftinguer les nouvelles efpeces des anciennes. Ĉependant
la différence entre les unes & les autres
pour la valeur intrinfeque eft confidérable. Suivant
l'évaluation qui a été faite , il y a un déchet
de vingt pour cent fur les gros , & plus de vingtneuf
fur les doubles. Le ducat revient à trois écus
fept gros ; & le louis.d'or à fix écus . Pour pouvoir
fabriquer une plus grande quantité de nouvelles
efpeces , le Juif Ephraim , qui a cette entreprife ,
a obtenu du Directoire de Torgau le renouvellement
des Edits , qui ordonnent de porter tout l'or
& l'argent à la monnoie. Il a obtenu auffi une
permiffion de fe faire remettre fur fes quittances
les deniers qui font dans la Caiffe de la Steur.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En février 1757, l'Impératrice Reine d'Allemagne a ordonné l'augmentation des régiments de hussards à cinq cent vingt hommes chacun, financée par des prélats et seigneurs hongrois. Les Prussiens ont subi des pertes à Glatz, où un incendie a détruit un magasin contenant vingt mille fusils, douze mille uniformes et dix-huit mille septiers de blé. L'Impératrice Reine a accordé la noblesse aux officiers ayant servi trente ans dans les armées. Un courrier de Constantinople a annoncé l'achat de six mille bœufs en Moldavie et en Valachie pour le compte de l'Impératrice Reine. En Saxe, le roi de Prusse a exigé que les habitants des zones frontalières signalent les mouvements des troupes autrichiennes, sous peine de détention. Les Prussiens ont pris le contrôle de l'hôtel des monnaies à Leipzig et frappent de nouvelles pièces imitant les anciennes, avec une différence de valeur significative. Le Juif Ephraim a obtenu des permis pour la collecte de l'or et de l'argent, ainsi que pour récupérer les fonds de la caisse de la Steur.
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727
p. 182-183
ESPAGNE.
Début :
Un bruit souterrein, semblable à celui d'un coup de canon, se fit entendre la nuit [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Tremblement de terre, Lord Tyrawley, Gibraltar, Négociants étrangers, Consuls étrangers, Expulsion
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
"
DE LISBONNE , le 19 Janvier.
Un bruit fouterrein , femblable à celui d'un
coup de canon , fe fit entendre la nuit du r's au
16 de ce mois. Quelques inftans après , on fentit
une fecoufe de tremblement de terre. Heureufement
, quoiqu'elle fût affez violente , elle ne
caufa aucun dommage.
AVRIL. 1757: 183
DE GIBRALTAR , le 31 Janvier.
Dès le mois de Novembre de l'année derniere ,
le Lord Tyrawley , Gouverneur de cette Place
en avoit fait fortir tous les Négocians étrangers.
Il vient d'en ufer de même pour les Confuls . Celui
de la Nation Hollandoife fe flattoit d'être excepté
; mais il n'a pas été traité plus favorablement
que les autres.
"
DE LISBONNE , le 19 Janvier.
Un bruit fouterrein , femblable à celui d'un
coup de canon , fe fit entendre la nuit du r's au
16 de ce mois. Quelques inftans après , on fentit
une fecoufe de tremblement de terre. Heureufement
, quoiqu'elle fût affez violente , elle ne
caufa aucun dommage.
AVRIL. 1757: 183
DE GIBRALTAR , le 31 Janvier.
Dès le mois de Novembre de l'année derniere ,
le Lord Tyrawley , Gouverneur de cette Place
en avoit fait fortir tous les Négocians étrangers.
Il vient d'en ufer de même pour les Confuls . Celui
de la Nation Hollandoife fe flattoit d'être excepté
; mais il n'a pas été traité plus favorablement
que les autres.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 16 janvier 1757, Lisbonne a subi un tremblement de terre sans dommage. À Gibraltar, dès novembre 1755, le Lord Tyrawley avait expulsé les négociants étrangers. En janvier 1757, il a également expulsé les consuls, dont celui de la Nation Hollandaise, malgré ses espoirs d'exemption.
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728
p. 183-184
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 8 Février, la Chambre des Communes résolut de supplier le Roi de lui [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des communes, Ile de Minorque, Amiral Byng, Enquête , Bureau de la guerre, Régiments, Amérique, Fortifications anglaises, Bill, Parlement
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le premier Mars.
Le 8 Février , la Chambre des Communes ré…
folut de fupplier le Roi de lui faire remettre des
copies des différens avis reçus touchant le deffein
des François contre l'Ifle Minorque ; une lifte des
Vaiffeaux de guerre envoyés au fecours de cette
Ifle fous les ordres de l'Amiral Byng ; la copie des
ordres donnés à cet Amiral ; les lettres qu'on a
reçues de lui , & celles que P'Amirauté lui a écri
tes ; un état de la Garnifon du Fort Saint - Philippe
, & des munitions dont cette Place étoit
pourvue . Afin d'approfondir les caufes de toutes
les difgraces que la Nation a fouffertes l'année
derniere , la Chambre doit demander auffi communication
de toutes les pieces concernant les
fournitures faites aux troupes en Amérique pendant
les années 1755 & 1756.
Le Bureau de la Guerre a ordonné aux Régimens
de Saint- Claire , de Richbell , de Blakeney
, de Kennedy , Murray , de Bragge & de
Perry, d'être rendus le 18 à Cork en Irlande ,
où ils doivent s'embarquer. On prépare avec toute
la diligence poffible l'Eſcadre deſtinée à les con184
MERCURE DE FRANCE.
duire en Amérique , & elle fera commandée par.
le Contre-Amiral Holbourne , qui arborera fon
Pavillon à bord du Vaiffeau le Newark. Trois
cens hommes ont été détachés du Corps de l'Artillerie
, pour accompagner les trente pieces de canon
, que le Gouvernement fe propoſe de faire
tranfporter en Acadie. Suivant divers avis , les
Espagnols ont démoli quelques fortifications que
les Anglois avoient élevées dans les environs du
Golfe de Honduras ; & la Cour de Madrid fait .
exécuter à la rigueur les ordres qu'elle a donnés
contre les Interlopres . Un Vaiffeau Garde - Côte
de Sa Majefté Catholique s'eft emparé de deux
Navires Anglois , qui avoient chargé en fraude
du bois de teinture à la Baye de Campeche.
témoi-
Le 26 , le fieur Pitt , Secrétaire d'Etat , préfenta
un Meffage , par lequel le Roi informoit la
Chambre , qu'un des Membres du Confeil de
Guerre , qui a jugé l'Amiral Byng , ayant
gné avoir quelque déclarations à faire fur le jugement
qui avoit été porté , & demandant pour cet
effet d'être dégagé du ferment du fecret impofé
aux Officiers qui compofent les Confeils de Guer.
re , Sa Majefté avoit cru devoir fufpendre pour
quinze jours l'exécution de la fentence prononcée
contre le fieur Byng. Après plufieurs débats , il
fut ordonné de dreffer un Bill pour difpenfer les
Juges de cet Amiral , du fecret qu'ils avoient juré
d'obferver. Ce Bill fut la pour la premiere & la
feconde fois. La Chambre en fit hier la troifieme
lecture , & il paffa àla pluralité de cent cinquante-
trois voix, contre vingt trois. Le Roi fe rendra
cette ſemaine au Parlement , pour donner fon ар-
probation à ce Bill . On entendra enfuite ce que
les Juges de l'Amiral Byng ont à déclarer , ou
pour infirmer , ou pour juftifier fa condamnation
DE LONDRES , le premier Mars.
Le 8 Février , la Chambre des Communes ré…
folut de fupplier le Roi de lui faire remettre des
copies des différens avis reçus touchant le deffein
des François contre l'Ifle Minorque ; une lifte des
Vaiffeaux de guerre envoyés au fecours de cette
Ifle fous les ordres de l'Amiral Byng ; la copie des
ordres donnés à cet Amiral ; les lettres qu'on a
reçues de lui , & celles que P'Amirauté lui a écri
tes ; un état de la Garnifon du Fort Saint - Philippe
, & des munitions dont cette Place étoit
pourvue . Afin d'approfondir les caufes de toutes
les difgraces que la Nation a fouffertes l'année
derniere , la Chambre doit demander auffi communication
de toutes les pieces concernant les
fournitures faites aux troupes en Amérique pendant
les années 1755 & 1756.
Le Bureau de la Guerre a ordonné aux Régimens
de Saint- Claire , de Richbell , de Blakeney
, de Kennedy , Murray , de Bragge & de
Perry, d'être rendus le 18 à Cork en Irlande ,
où ils doivent s'embarquer. On prépare avec toute
la diligence poffible l'Eſcadre deſtinée à les con184
MERCURE DE FRANCE.
duire en Amérique , & elle fera commandée par.
le Contre-Amiral Holbourne , qui arborera fon
Pavillon à bord du Vaiffeau le Newark. Trois
cens hommes ont été détachés du Corps de l'Artillerie
, pour accompagner les trente pieces de canon
, que le Gouvernement fe propoſe de faire
tranfporter en Acadie. Suivant divers avis , les
Espagnols ont démoli quelques fortifications que
les Anglois avoient élevées dans les environs du
Golfe de Honduras ; & la Cour de Madrid fait .
exécuter à la rigueur les ordres qu'elle a donnés
contre les Interlopres . Un Vaiffeau Garde - Côte
de Sa Majefté Catholique s'eft emparé de deux
Navires Anglois , qui avoient chargé en fraude
du bois de teinture à la Baye de Campeche.
témoi-
Le 26 , le fieur Pitt , Secrétaire d'Etat , préfenta
un Meffage , par lequel le Roi informoit la
Chambre , qu'un des Membres du Confeil de
Guerre , qui a jugé l'Amiral Byng , ayant
gné avoir quelque déclarations à faire fur le jugement
qui avoit été porté , & demandant pour cet
effet d'être dégagé du ferment du fecret impofé
aux Officiers qui compofent les Confeils de Guer.
re , Sa Majefté avoit cru devoir fufpendre pour
quinze jours l'exécution de la fentence prononcée
contre le fieur Byng. Après plufieurs débats , il
fut ordonné de dreffer un Bill pour difpenfer les
Juges de cet Amiral , du fecret qu'ils avoient juré
d'obferver. Ce Bill fut la pour la premiere & la
feconde fois. La Chambre en fit hier la troifieme
lecture , & il paffa àla pluralité de cent cinquante-
trois voix, contre vingt trois. Le Roi fe rendra
cette ſemaine au Parlement , pour donner fon ар-
probation à ce Bill . On entendra enfuite ce que
les Juges de l'Amiral Byng ont à déclarer , ou
pour infirmer , ou pour juftifier fa condamnation
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 8 février, la Chambre des Communes a sollicité des documents concernant les attaques françaises contre l'île de Minorque, les vaisseaux envoyés à son secours, les ordres donnés à l'amiral Byng, et l'état de la garnison et des munitions du Fort Saint-Philippe. Elle a également demandé des informations sur les fournitures aux troupes en Amérique en 1755 et 1756. Le Bureau de la Guerre a ordonné à plusieurs régiments de se rendre en Irlande pour embarquer vers l'Amérique, sous le commandement du contre-amiral Holbourne. Trois cents hommes de l'artillerie et trente pièces de canon doivent être transportés en Acadie. Des rapports signalent des démolitions de fortifications britanniques et des saisies de navires anglais par les Espagnols. Le 26 février, le Secrétaire d'État Pitt a informé la Chambre que l'exécution de la sentence contre l'amiral Byng a été suspendue pour quinze jours. Un Bill pour dispenser les juges de Byng de leur serment de secret a été adopté à la majorité de 153 voix contre 23.
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729
p. 185-186
PAYS-BAS.
Début :
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder le présent [...]
Mots clefs :
La Haye, Comte d'Affry, Mémoire, Armée, Camps militaires, Roi, États électoraux, Protection, Rhin, Düsseldorf
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 4 Mars.
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder
le préfent qu'ils ont reçu du Bey de Tripoli
. Le 28 du mois dernier , le Comte d'Affry ,
Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté Très-
Chrétienne , remit aux Etats Généraux le Mémoire
fuivant : « Hauts & Puiffans Seigneurs ,.
» le Roi mon Maître , indépendamment des en-
» gagemens défenfifs qu'il a contractés avec l'Im-
» pératrice Reine de Hongrie & de Boheme , par
» le traité de Verſailles du premier Mai de l'année
>> derniere , doit en qualité de Garant de la paix
» de Weftphalie , des Conftitutions & des Liber-
» tés Germaniques , fecourir les Princes , qui
» étant injuſtement opprimés , ou ménacés d'une
» oppreffion prochaine , réclament la preftation
» de cette garantie. En conféquence de la réqui-
» fition de plufieurs Etats de l'Empire , Sa Ma-
» jeftéfe propofe d'affembler fur le Bas - Rhin une
» armée qui fera plus ou moins confidérable , & .
>> divifée en un où plufieurs Corps , felon que la
>> fituation & les intérêts de fes Alliés pourront
D
l'exiger. Le Roi ayant pour objet la fûreté &
» la tranquillité de fes Amis & de ſes Voifins , ne
» defire rien plus fincérement que de contribuer
» à rétablir le plutôt qu'il fera poffible le repos
» public fur des fondemens équitables & folides.
» Les troupes de Sa Majefté ſe mettront en mar-
>> che du 14 au 30 du mois prochain , pour cam-
» per entre le Rhin & la Meufe , à la hauteur de
» Duffeldorp . Elles auront attention à ne donner
>> aucun fujet de plainte à quelque Puiffance que
186 MERCURE DE FRANCE.
•
» ce foit , & furtout aux Etats Géneraux . Le Roi
>> comptant fur la fidélité inviolable de Leurs
» Hautes Puiffances à la neutralité qu'Elles ont
>> promis d'obferver , continuera de fon côté à
>> leur donner , dans toutes les occafions , les
» preuves les moins équivoques du véritable inté-
» rêt qu'il prend à leur profpé rité . Les troupes du
>> Roi , bien loin d'entreprendre rien qui puiffe
» être un fujet d'inquiétude pour Leurs Hautes
» Puiffances , feront employées à leur défenſe , ſi
>> en haine de leur neutralité , on attentoit à leur
>> repos , à leur liberté ou à leur commerce. Le
>> Roi mon Maître confiera volontiers aux Etats
» Généraux les réfolutions ultérieures , que les
» conjonctures pourront exiger de fa prévoyance
» & de fes engagemens. Sa Majefté attend de l'é-
>> quité & de l'amitié de Leurs Hautes Puiffances,
» qu'Elles feront en garde contre les fauffes nou-
» velles , par lefquelles on tâchera de leur faire
» illufion , & qu'elles s'en rapporteront avec une
>> confiance entiere aux affurances qu'Elle leur
» donne des fentimens auffi finceres que conftańs
» & évidens de fon eftime & de fon affection pour
leur République. »
Le Roi de la Grande -Bretagne & le Roi de
Pruffe ont auffi informé Leurs Hautes Puiffances ,
qu'ils feront dans la néceffité d'affembler une
armée d'obfervation dans les Provinces de leur
domination , voifines des Etats de la République ,
afin de mettre leurs Etats Electoraux à l'abri des
entrepriſes dont ils font ménacés.
DE LA HAYE , le 4 Mars.
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder
le préfent qu'ils ont reçu du Bey de Tripoli
. Le 28 du mois dernier , le Comte d'Affry ,
Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté Très-
Chrétienne , remit aux Etats Généraux le Mémoire
fuivant : « Hauts & Puiffans Seigneurs ,.
» le Roi mon Maître , indépendamment des en-
» gagemens défenfifs qu'il a contractés avec l'Im-
» pératrice Reine de Hongrie & de Boheme , par
» le traité de Verſailles du premier Mai de l'année
>> derniere , doit en qualité de Garant de la paix
» de Weftphalie , des Conftitutions & des Liber-
» tés Germaniques , fecourir les Princes , qui
» étant injuſtement opprimés , ou ménacés d'une
» oppreffion prochaine , réclament la preftation
» de cette garantie. En conféquence de la réqui-
» fition de plufieurs Etats de l'Empire , Sa Ma-
» jeftéfe propofe d'affembler fur le Bas - Rhin une
» armée qui fera plus ou moins confidérable , & .
>> divifée en un où plufieurs Corps , felon que la
>> fituation & les intérêts de fes Alliés pourront
D
l'exiger. Le Roi ayant pour objet la fûreté &
» la tranquillité de fes Amis & de ſes Voifins , ne
» defire rien plus fincérement que de contribuer
» à rétablir le plutôt qu'il fera poffible le repos
» public fur des fondemens équitables & folides.
» Les troupes de Sa Majefté ſe mettront en mar-
>> che du 14 au 30 du mois prochain , pour cam-
» per entre le Rhin & la Meufe , à la hauteur de
» Duffeldorp . Elles auront attention à ne donner
>> aucun fujet de plainte à quelque Puiffance que
186 MERCURE DE FRANCE.
•
» ce foit , & furtout aux Etats Géneraux . Le Roi
>> comptant fur la fidélité inviolable de Leurs
» Hautes Puiffances à la neutralité qu'Elles ont
>> promis d'obferver , continuera de fon côté à
>> leur donner , dans toutes les occafions , les
» preuves les moins équivoques du véritable inté-
» rêt qu'il prend à leur profpé rité . Les troupes du
>> Roi , bien loin d'entreprendre rien qui puiffe
» être un fujet d'inquiétude pour Leurs Hautes
» Puiffances , feront employées à leur défenſe , ſi
>> en haine de leur neutralité , on attentoit à leur
>> repos , à leur liberté ou à leur commerce. Le
>> Roi mon Maître confiera volontiers aux Etats
» Généraux les réfolutions ultérieures , que les
» conjonctures pourront exiger de fa prévoyance
» & de fes engagemens. Sa Majefté attend de l'é-
>> quité & de l'amitié de Leurs Hautes Puiffances,
» qu'Elles feront en garde contre les fauffes nou-
» velles , par lefquelles on tâchera de leur faire
» illufion , & qu'elles s'en rapporteront avec une
>> confiance entiere aux affurances qu'Elle leur
» donne des fentimens auffi finceres que conftańs
» & évidens de fon eftime & de fon affection pour
leur République. »
Le Roi de la Grande -Bretagne & le Roi de
Pruffe ont auffi informé Leurs Hautes Puiffances ,
qu'ils feront dans la néceffité d'affembler une
armée d'obfervation dans les Provinces de leur
domination , voifines des Etats de la République ,
afin de mettre leurs Etats Electoraux à l'abri des
entrepriſes dont ils font ménacés.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 4 mars, les États Généraux des Pays-Bas ont transmis au Prince Stadhouder un message du Bey de Tripoli. Le 28 février, le Comte d'Affry, ministre plénipotentiaire du roi de France, a remis aux États Généraux un mémoire. Ce document stipule que le roi de France, en tant que garant de la paix de Westphalie et des libertés germaniques, doit secourir les princes injustement opprimés ou menacés. En réponse à des requêtes de plusieurs États de l'Empire, le roi propose de rassembler une armée sur le Bas-Rhin, dont la taille et la division dépendront des besoins des alliés. Cette armée, visant à rétablir la paix, se mettra en marche entre le 14 et le 30 du mois suivant pour camper entre le Rhin et la Meuse, près de Duffeldorp. Le roi assure qu'il respectera la neutralité des États Généraux et que ses troupes seront employées à leur défense si nécessaire. Les rois de Grande-Bretagne et de Prusse ont également informé les États Généraux de leur intention de rassembler des armées d'observation dans leurs provinces voisines des États de la République pour protéger leurs États électoraux contre les menaces.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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730
p. 179-184
DU NORD
Début :
Le 15 de ce mois, le Chevalier Douglas, Ministre du Roi de France, [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Prières pour le Roi de France, Copenhague, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Varsovie, Réponse au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin, Roi de Prusse, Cour de Berlin, Mémoire, Roi
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
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Résumé : DU NORD
Le 15 février, le Chevalier Douglas, ministre du Roi de France, a organisé un Te Deum dans l'église des Missionnaires Catholiques Romains à Saint-Pétersbourg pour célébrer la récupération de la santé du Roi de France. La musique de l'Impératrice a interprété un motet, et presque tous les ministres étrangers et les seigneurs y ont assisté. Le même jour, Douglas a donné une fête somptueuse dans l'hôtel loué pour le Marquis de l'Hôpital, nouvel ambassadeur de France. La cour russe a partagé la joie des Français établis en ville, et plusieurs seigneurs russes ont exprimé leurs sentiments par des repas somptueux et des bals magnifiques. À Copenhague, le gouvernement a établi des lits pour les enfants pauvres dans la maison de Bonftræd afin qu'ils puissent être inoculés contre la petite vérole. Une tempête a jeté sur la côte de Westerhever un poisson inconnu de six pieds de longueur. À Varsovie, un écrit intitulé 'Les preuves évidentes' compare la conduite du Roi de Pologne à celle du Roi de Prusse concernant l'enlèvement de documents du Cabinet de Dresde. Le texte critique la Prusse pour avoir justifié son invasion en Saxe par des soupçons non fondés et des copies de documents. Il souligne l'injustice de déclarer la guerre sans preuve solide et sans tentative de réconciliation. Le Roi de Prusse a reconnu la nécessité de clarifier ses soupçons avant d'agir. Le mémoire est suivi de quarante-quatre pièces justificatives, dont une lettre du Roi de Pologne au Roi de Prusse datée du 12 septembre. Cette lettre propose des garanties pour assurer la libre navigation de l'Elbe et la sécurité des troupes pendant la guerre. Le Roi de Pologne offre également de retirer ses troupes des territoires prussiens en échange de la restitution de ses États et de la sécurité de ses armées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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731
p. 184-185
ALLEMAGNE.
Début :
Le Prince Charles de Lorraine commandera en chef l'armée de Boheme, [...]
Mots clefs :
Vienne, Prince Charles de Lorraine, Armée de Bohême, Comte de Browne, Feld-maréchal, Dresde, Régiments, Lieutenants, Berlin, Electorat de Brandebourg, Subvention
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 7 Mars.
Le Prince Charles de Lorraine commandera en
chef l'armée de Boheme , & il aura fous lui le
Feld-Maréchal Comte de Browne . L'armée de
Moravie aura pour Général le Feld Maréchal ,
Comte de Bathiany. Leurs Majeftés impériales
ont fait préfent d'une Toifon de foixante mille florins
à ce Feld - Maréchal en confidération du
zele.& de l'attachement qu'il a montrés pour la
perfonne de l'Archiduc Jofeph pendant la maladie
de ce Prince . Elles ont fait remettre au Maréchal
d'Eftrées , avant fon départ , leurs portraits enrichis
de diamans.
>
DE DRESDE , le 13 Mars.
Le 26 du mois dernier , le Major Général Ingerfleben
annonça aux Officiers Saxons , qui ont
été faits prifonniers de guerre , qu'avant le 17 de
ce mois ils euffent à fe retirer à Wittemberg , à
Lubben , à Guben & à Eifleben , pour n'en point
fortir fans une permiffion expreffe . Deux Efcadrons
du Régiment de Cuiraffiers de Rochau font
entrés depuis peu dans cette Ville .
S. M. Pruffienne a fait dire aux Officiers Saxons ,
prifonniers de guerre , qu'Elle accordoit donze
écus
par mois aux Capitaines , huit aux LieuteAVRIL.
1757. 185
nans , fix aux Sous-Lieutenans & aux Enfeignes.
Le Roi de Pruffe a ordonné de donner gratuitement
de fes Magafins à tous les Laboureurs de cet
Electorat , les grains dont ils ont besoin pour
enfemencer leurs terres. A la prochaine récolte ,
ils feront tenus de rendre un feizieme en fus de la
quantité de grains , qui leur aura été fournie.
DE BERLIN , le 17 Mars.
Le Roi a demandé à fon Electorat de Brandebourg
une fubvention extraordinaire , en forme
d'emprunt , dont il fera payé un intérêt de cinq
pour cent. Sa Majefté fait faire dans les Etats une
nouvelle levée de vingt-cinq mille hommes.
DE VIENNE , le 7 Mars.
Le Prince Charles de Lorraine commandera en
chef l'armée de Boheme , & il aura fous lui le
Feld-Maréchal Comte de Browne . L'armée de
Moravie aura pour Général le Feld Maréchal ,
Comte de Bathiany. Leurs Majeftés impériales
ont fait préfent d'une Toifon de foixante mille florins
à ce Feld - Maréchal en confidération du
zele.& de l'attachement qu'il a montrés pour la
perfonne de l'Archiduc Jofeph pendant la maladie
de ce Prince . Elles ont fait remettre au Maréchal
d'Eftrées , avant fon départ , leurs portraits enrichis
de diamans.
>
DE DRESDE , le 13 Mars.
Le 26 du mois dernier , le Major Général Ingerfleben
annonça aux Officiers Saxons , qui ont
été faits prifonniers de guerre , qu'avant le 17 de
ce mois ils euffent à fe retirer à Wittemberg , à
Lubben , à Guben & à Eifleben , pour n'en point
fortir fans une permiffion expreffe . Deux Efcadrons
du Régiment de Cuiraffiers de Rochau font
entrés depuis peu dans cette Ville .
S. M. Pruffienne a fait dire aux Officiers Saxons ,
prifonniers de guerre , qu'Elle accordoit donze
écus
par mois aux Capitaines , huit aux LieuteAVRIL.
1757. 185
nans , fix aux Sous-Lieutenans & aux Enfeignes.
Le Roi de Pruffe a ordonné de donner gratuitement
de fes Magafins à tous les Laboureurs de cet
Electorat , les grains dont ils ont besoin pour
enfemencer leurs terres. A la prochaine récolte ,
ils feront tenus de rendre un feizieme en fus de la
quantité de grains , qui leur aura été fournie.
DE BERLIN , le 17 Mars.
Le Roi a demandé à fon Electorat de Brandebourg
une fubvention extraordinaire , en forme
d'emprunt , dont il fera payé un intérêt de cinq
pour cent. Sa Majefté fait faire dans les Etats une
nouvelle levée de vingt-cinq mille hommes.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mars 1757, des événements militaires et politiques marquants se déroulent en Allemagne. À Vienne, le Prince Charles de Lorraine est nommé commandant en chef de l'armée de Bohême, assisté par le Feld-Maréchal Comte de Browne. Le Feld-Maréchal Comte de Bathiany dirige l'armée de Moravie. L'Empereur et l'Impératrice récompensent le Comte de Browne avec soixante mille florins pour son dévouement à l'Archiduc Joseph et offrent des portraits enrichis de diamants au Maréchal d'Estrées avant son départ. À Dresde, le Major Général Ingerfleben ordonne aux officiers saxons prisonniers de se retirer dans plusieurs villes avant le 17 mars. Deux escadrons du Régiment de Cuirassiers de Rochau entrent dans la ville. Le Roi de Prusse accorde une allocation mensuelle aux officiers saxons prisonniers et ordonne de fournir gratuitement des grains aux laboureurs de l'Électorat, avec une obligation de rendre un seizième de la quantité fournie à la prochaine récolte. À Berlin, le Roi demande une subvention extraordinaire sous forme d'emprunt à son Électorat de Brandebourg, avec un intérêt de cinq pour cent, et ordonne une nouvelle levée de vingt-cinq mille hommes dans les États.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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732
p. 185-186
PAYS-BAS.
Début :
Les Députés des Etats Généraux ayant rendu compte à leur assemblée [...]
Mots clefs :
La Haye, Député des États généraux, Déclaration, Comte d'Affry, Conférence, Paix, Sa Majesté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS.
DE LA HAYE , le 10 Mars.
Les Députes des Etats Généraux ayant rendu
compte à leur affemblée de la Déclaration , que
le Comte d'Affry , Miniftre Plénipotentiaire du
Roi de France , leur avoit faite dans une conférence
qu'ils avoient eue avec lui le 28 du mois
dernier , Leurs Hautes Puiflances ont pris le premier
de ce mois une réfolution qu'ils ont fait remettre
au Comte d'Affry par le fieur Van Byemont,
leur Agent & qui contient en fubftance :
« Qu'Elles auroient fouhaité que les chofes ne
>> fuffent
pas venues au point qui oblige le Roi
» Très-Chrétien à faire marcher une armée vers
» le Bas-Rhin ; qu'Elles fouhaitent avec toute
» l'ardeur poffible , qu'une prompte paix pré-
» vienne les fuites de cette guerre , ainfi que Sa
» Majefté affure qu'Elle le défire Elle- même ; que
» Leurs Hautes Puiffances font infiniment redeva-
>
186 MERCURE DE FRANCE.
bles à Sa Majefté des affurances qu'Elle leur
» renouvelle de s'intéreffer à la prospérité de la
» République , & de vouloir en tout temps leur
en donner les preuves les moins équivoques ;
» que Leurs Hautes Puiffances de leur côté ne
» manqueront jamais de prouver par les effets ,
» combien Elles cherchent à conferver l'affection
» & la bienveillance de Sa Majefté , & qu'Elles
>> font fermement réſolues d'obſerver , avec la
plus inviolable fincérité , ce qu'Elles ont dé-
» claré à Sa Majefté par leur réſolution du a§
» Mai de l'année derniere. >>>
DE LA HAYE , le 10 Mars.
Les Députes des Etats Généraux ayant rendu
compte à leur affemblée de la Déclaration , que
le Comte d'Affry , Miniftre Plénipotentiaire du
Roi de France , leur avoit faite dans une conférence
qu'ils avoient eue avec lui le 28 du mois
dernier , Leurs Hautes Puiflances ont pris le premier
de ce mois une réfolution qu'ils ont fait remettre
au Comte d'Affry par le fieur Van Byemont,
leur Agent & qui contient en fubftance :
« Qu'Elles auroient fouhaité que les chofes ne
>> fuffent
pas venues au point qui oblige le Roi
» Très-Chrétien à faire marcher une armée vers
» le Bas-Rhin ; qu'Elles fouhaitent avec toute
» l'ardeur poffible , qu'une prompte paix pré-
» vienne les fuites de cette guerre , ainfi que Sa
» Majefté affure qu'Elle le défire Elle- même ; que
» Leurs Hautes Puiffances font infiniment redeva-
>
186 MERCURE DE FRANCE.
bles à Sa Majefté des affurances qu'Elle leur
» renouvelle de s'intéreffer à la prospérité de la
» République , & de vouloir en tout temps leur
en donner les preuves les moins équivoques ;
» que Leurs Hautes Puiffances de leur côté ne
» manqueront jamais de prouver par les effets ,
» combien Elles cherchent à conferver l'affection
» & la bienveillance de Sa Majefté , & qu'Elles
>> font fermement réſolues d'obſerver , avec la
plus inviolable fincérité , ce qu'Elles ont dé-
» claré à Sa Majefté par leur réſolution du a§
» Mai de l'année derniere. >>>
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 10 mars, les députés des États Généraux des Pays-Bas ont rapporté une déclaration du Comte d'Affry, ministre plénipotentiaire du Roi de France, faite lors d'une conférence du 28 février. En réponse, les Hautes Puissances des Pays-Bas ont adopté une résolution le 1er mars, transmise au Comte d'Affry par le sieur Van Byemont. Cette résolution exprime le regret des événements ayant conduit le Roi de France à envoyer une armée vers le Bas-Rhin. Les Hautes Puissances souhaitent une paix rapide pour éviter les conséquences de la guerre, un désir partagé par le Roi de France. Elles réitèrent leur gratitude pour les assurances de soutien à la prospérité de la République et affirment leur intention de maintenir l'affection et la bienveillance du Roi. Les Hautes Puissances s'engagent à prouver leur fidélité et à observer avec sincérité les déclarations faites au Roi dans leur résolution du 1er mai de l'année précédente.
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733
p. 186-189
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Les efforts, que les amis du sieur Byng ont faits pour le sauver, [...]
Mots clefs :
Londres, Amiral Byng, Exécution, Derniers sentiments, Écrit, Soldats, Mort par balle, Public, État, Jugement, Irlande
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 18 Mars.
•
Les efforts , que les amis du fieur Byng ont
faits le fauver , ayant été fans fuccès ; cet
pour
Amiral , par la fermeté avec laquelle il s'eft préparé
à la mort , a montré qu'on lui avoit reproché
injuftement trop d'attache à la vie. Le 14 jour
fixé pour l'exécution de la fentence prononcée
contre cet Officier , les Chaloupes de la Flotte
remplies par les Officiers des Vaiffeaux de guerre
& par les Soldats de Marine , fe font placées aux
stations , qui leur avoient été indiquées près du
Vaiffeau le Monarque . Sur le midi , le fieur Byng
eft forti de la chambre où il étoit détenu à bord
de ce Bâtiment. Le Chapelain du Vaiffeau , &
deux Officiers , l'accompagnoient . Il les a priés
d'accepter chacun une bourfe de cinquante guinées
: il a fait diftribuer auffi dix guinées à chacun
des neuf Soldats commandés pour l'arquebufer.
Enfuite il a remis un papier au fieur Guillaume
Brough , Maréchal de la Cour d'Amirauté , en
AVRIL. 1757. 187
2
lui difant : Monfieur , voici mes derniers fentimens.
Je vous prie de les rendre publics , afin de détruire
les imputations odieufes dont on m'a noirci . Le
double de cet écrit eft entre les mains d'un de mes
parens. Après avoir pris congé des performes qui
l'environnoient , le malheureux Amiral plus
tranquille que les témoins de ce lugubre fpectacle
, s'eft mis à genoux , & s'eft bandé lui-même
les yeux avec un mouchoir. Il en tenoit un autre ,
& il l'a laiffé tomber. C'étoit le fignal dont il
étoit convenu avec les foldats deftinés pour exécuter
la fentence. Auffi- tôt font partis fix coups
de fufil , tirés par fix de ces foldats . Trois autres
étoient prêts à faire feu : mais une ſeconde décharge
n'a pas été néceffaire ; l'Amiral ayant
reçu cinq balles dans la poitrine , & une dans le
milieu du front , eft tombé roide mort fur le côté
gauche. Ainfi a fini le fieur Byng , dont le nom
fera cité parmi ceux des illuftres infortunés , comme
le nom de fon frere le fera dans la lifte des
modeles de la tendreffe fraternelle. Une foule
innombrable de peuple étoit accourue fur le
rivage pour affifter à cette exécution . La multitude
n'a pu refufer fa fenfibilité à la mort d'un
homme , dont elle avoit pourſuivi la condamnation
avec tant d'ardeur. L'écrit que le fieur Byng
a remis au fieur Brough , contient ce qui fuit :
« Dans quelques inftans , je ferai délivré de la
» violente perfécution de mes ennemis , & je ne
» ferai plus en butte aux traits de leur méchan-
» ceté. Je n'ai garde de leur envier une vie qu'ils
doivent paffer dans les remords inféparables du
» crime. Après ma mort , on me rendra la juftice
» qui m'a été refuſée pendant ma vie. La maniere
>> dont on a excité contre moi les clameurs du
» peuple , & les motifs qu'on a eus de les entre188
MERCURE DE FRANCE.
» tenir , paroîtront dans tout leur jour . Ôn me
» regardera comme une victime deſtinée à détour-
» ner de leur véritable objet l'indignation & le
>> reffentiment d'une Nation offenfee & abuſée.
» Mes ennemis , eux- mêmes intérieurement , ne
>> font pas moins convaincus que mes amis de
» mon innocence . Il eſt heureux pour moi de
≫pouvoir emporter au tombeau cette perfuafion .
» Je ſouhaite de tout mon coeur que le ſacrifice
» de mon ſang puiſſe contribuer au bonheur pu-
» blic. Mais ma confcience ne me reprochant
» aucun des malheurs arrivés à ma patrie , je
>> ne puis me refuſer à moi-même la fatisfaction
» de protefter hautement que j'ai rempli fidéle-
➤ment mon devoir , & que j'ai fait tout l'uſage
» que j'ai pu de mes lumieres & de ma capacité ,
» pour l'honneur du Roi & pour le ſervice de
» l'Etat . Je ſuis mortifié que ma bonne volonté
» n'ait pas été ſuivie d'un fuccès plus heureux , &
» que l'armement , dont le commandement m'a
» été confié , ait été trop foible pour l'importance
» de l'expédition auquel il étoit deftiné . La vérité
» toutefois a triomphé du menſonge & de la ca-
» lomnie , & la juſtice elle- même à lavé la tache
>> ignominieuſe dont on m'avoit couvert , en
» m'imputant malignement d'avoir manqué de
» fidélité ou de courage. Mon coeur me rend té-
» moignagne que je ne fuis point en faute à ces
» deux égards . Mais quel eft l'homme affez pré-
»fomptueux pour le flatter qu'il ne fe trompe
» point dans les jugemens ? Je me crois inno-
» cent , & mes Juges m'ont cru coupable. Si je
» me trompe , on doit excuſer mon erreur , com-
» me étant le partage de l'humanité . Si ce font
» mes Juges qui fe font trompés , que Dieu leur
» pardonne , comme je fais , leur illuſion ! Puiffent
AVRIL 1757. 189
» le trouble & les allarmes qu'ils ont fait paroître
, lorfqu'ils m'ont condamné , fe calmer &
>> ceffer , comme tout reffentiment ceffe actuelle-
» ment de ma part ! Grand Dieu ! Juge ſuprême
de tous les coeurs ! tu as connu le mien : c'eſt à
» toi que je foumets la juftice de ma cauſe. »>
Signé , J. Byng. A bord du Vaiſſeau de guerre le
Monarque , dans le Havre de Portsmouth , le 14
ל כ
Mars
1757.
Le corps du fieur Byng a été tranfporté de
Portſmouth à fa terre de Southill , que cet Amiral
poffédoit dans le Duché de Bedfort.
Selon les avis reçus d'Irlande , cent Bâtimens de
tranſports , ayant à bord les troupes destinées
pour l'Amérique , ont fait voile de Cork , fous
Peſcorte de deux Vaiffeaux de guerre.
DE LONDRES , le 18 Mars.
•
Les efforts , que les amis du fieur Byng ont
faits le fauver , ayant été fans fuccès ; cet
pour
Amiral , par la fermeté avec laquelle il s'eft préparé
à la mort , a montré qu'on lui avoit reproché
injuftement trop d'attache à la vie. Le 14 jour
fixé pour l'exécution de la fentence prononcée
contre cet Officier , les Chaloupes de la Flotte
remplies par les Officiers des Vaiffeaux de guerre
& par les Soldats de Marine , fe font placées aux
stations , qui leur avoient été indiquées près du
Vaiffeau le Monarque . Sur le midi , le fieur Byng
eft forti de la chambre où il étoit détenu à bord
de ce Bâtiment. Le Chapelain du Vaiffeau , &
deux Officiers , l'accompagnoient . Il les a priés
d'accepter chacun une bourfe de cinquante guinées
: il a fait diftribuer auffi dix guinées à chacun
des neuf Soldats commandés pour l'arquebufer.
Enfuite il a remis un papier au fieur Guillaume
Brough , Maréchal de la Cour d'Amirauté , en
AVRIL. 1757. 187
2
lui difant : Monfieur , voici mes derniers fentimens.
Je vous prie de les rendre publics , afin de détruire
les imputations odieufes dont on m'a noirci . Le
double de cet écrit eft entre les mains d'un de mes
parens. Après avoir pris congé des performes qui
l'environnoient , le malheureux Amiral plus
tranquille que les témoins de ce lugubre fpectacle
, s'eft mis à genoux , & s'eft bandé lui-même
les yeux avec un mouchoir. Il en tenoit un autre ,
& il l'a laiffé tomber. C'étoit le fignal dont il
étoit convenu avec les foldats deftinés pour exécuter
la fentence. Auffi- tôt font partis fix coups
de fufil , tirés par fix de ces foldats . Trois autres
étoient prêts à faire feu : mais une ſeconde décharge
n'a pas été néceffaire ; l'Amiral ayant
reçu cinq balles dans la poitrine , & une dans le
milieu du front , eft tombé roide mort fur le côté
gauche. Ainfi a fini le fieur Byng , dont le nom
fera cité parmi ceux des illuftres infortunés , comme
le nom de fon frere le fera dans la lifte des
modeles de la tendreffe fraternelle. Une foule
innombrable de peuple étoit accourue fur le
rivage pour affifter à cette exécution . La multitude
n'a pu refufer fa fenfibilité à la mort d'un
homme , dont elle avoit pourſuivi la condamnation
avec tant d'ardeur. L'écrit que le fieur Byng
a remis au fieur Brough , contient ce qui fuit :
« Dans quelques inftans , je ferai délivré de la
» violente perfécution de mes ennemis , & je ne
» ferai plus en butte aux traits de leur méchan-
» ceté. Je n'ai garde de leur envier une vie qu'ils
doivent paffer dans les remords inféparables du
» crime. Après ma mort , on me rendra la juftice
» qui m'a été refuſée pendant ma vie. La maniere
>> dont on a excité contre moi les clameurs du
» peuple , & les motifs qu'on a eus de les entre188
MERCURE DE FRANCE.
» tenir , paroîtront dans tout leur jour . Ôn me
» regardera comme une victime deſtinée à détour-
» ner de leur véritable objet l'indignation & le
>> reffentiment d'une Nation offenfee & abuſée.
» Mes ennemis , eux- mêmes intérieurement , ne
>> font pas moins convaincus que mes amis de
» mon innocence . Il eſt heureux pour moi de
≫pouvoir emporter au tombeau cette perfuafion .
» Je ſouhaite de tout mon coeur que le ſacrifice
» de mon ſang puiſſe contribuer au bonheur pu-
» blic. Mais ma confcience ne me reprochant
» aucun des malheurs arrivés à ma patrie , je
>> ne puis me refuſer à moi-même la fatisfaction
» de protefter hautement que j'ai rempli fidéle-
➤ment mon devoir , & que j'ai fait tout l'uſage
» que j'ai pu de mes lumieres & de ma capacité ,
» pour l'honneur du Roi & pour le ſervice de
» l'Etat . Je ſuis mortifié que ma bonne volonté
» n'ait pas été ſuivie d'un fuccès plus heureux , &
» que l'armement , dont le commandement m'a
» été confié , ait été trop foible pour l'importance
» de l'expédition auquel il étoit deftiné . La vérité
» toutefois a triomphé du menſonge & de la ca-
» lomnie , & la juſtice elle- même à lavé la tache
>> ignominieuſe dont on m'avoit couvert , en
» m'imputant malignement d'avoir manqué de
» fidélité ou de courage. Mon coeur me rend té-
» moignagne que je ne fuis point en faute à ces
» deux égards . Mais quel eft l'homme affez pré-
»fomptueux pour le flatter qu'il ne fe trompe
» point dans les jugemens ? Je me crois inno-
» cent , & mes Juges m'ont cru coupable. Si je
» me trompe , on doit excuſer mon erreur , com-
» me étant le partage de l'humanité . Si ce font
» mes Juges qui fe font trompés , que Dieu leur
» pardonne , comme je fais , leur illuſion ! Puiffent
AVRIL 1757. 189
» le trouble & les allarmes qu'ils ont fait paroître
, lorfqu'ils m'ont condamné , fe calmer &
>> ceffer , comme tout reffentiment ceffe actuelle-
» ment de ma part ! Grand Dieu ! Juge ſuprême
de tous les coeurs ! tu as connu le mien : c'eſt à
» toi que je foumets la juftice de ma cauſe. »>
Signé , J. Byng. A bord du Vaiſſeau de guerre le
Monarque , dans le Havre de Portsmouth , le 14
ל כ
Mars
1757.
Le corps du fieur Byng a été tranfporté de
Portſmouth à fa terre de Southill , que cet Amiral
poffédoit dans le Duché de Bedfort.
Selon les avis reçus d'Irlande , cent Bâtimens de
tranſports , ayant à bord les troupes destinées
pour l'Amérique , ont fait voile de Cork , fous
Peſcorte de deux Vaiffeaux de guerre.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 14 mars 1757, l'amiral John Byng fut exécuté à bord du vaisseau le Monarque à Portsmouth. Malgré les tentatives de ses partisans pour le sauver, Byng accepta sa sentence avec dignité. Accompagné du chapelain du vaisseau et de deux officiers, il distribua des sommes d'argent aux personnes présentes et remit un écrit à Guillaume Brough, maréchal de la Cour d'Amirauté, dans lequel il exprimait son innocence et sa fidélité à son devoir. L'exécution se déroula en présence d'une foule nombreuse, dont la sensibilité contrastait avec l'ardeur précédente pour sa condamnation. Dans son écrit, Byng souligna son innocence, son dévouement à son pays et sa tristesse face à l'échec de son expédition. Son corps fut ensuite transporté à sa propriété de Southill dans le Duché de Bedford. Par ailleurs, cent bâtiments de transport, escortés par deux vaisseaux de guerre, quittèrent Cork en direction de l'Amérique avec des troupes à bord.
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734
p. 201-203
DU NORD
Début :
Par ordre du Roi, le Comte de Brulh a fait dresser, pour être insérée dans [...]
Mots clefs :
Varsovie, Comte de Brulh, Note, Gazette de Berlin, Monnaies, Frappe, Différentes sortes, Valeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE WARSOVIE , le 22 Mars.
PAR ordre du Roi , le Comte de Brulh a fait
dreffer , pour être inférée dans les papiers publics
, une note dont voici l'extrait. « Cette
» Cour a vu avec étonnement l'article inféré dans
» la Gazette de Berlin , N° 31 , en date du 12,
» Mars , où l'on prétend démentir , comme
❤faux très-calomnieux , les avis donnés d'ici ,
au fujet des monnoies que les Juifs Ephraim
» font frapper actuellement à Leipfick.... La fa-
» çon , dont l'Auteur de cet article s'y prend
» pour éblouir le public , eft des plus fingulieres.
» Il met en queftion ce qui n'y eft pas. Au
» contraire , il paffe fous filence ce dont il s'agit.
Il protefte qu'on ne frappe point à Drefde d'au-
» tres efpeces que fous la date de 1757 , & fur
» le pied ordinaire , & qu'à Leipfick on n'a
point fabriqué de pieces de deux gros , de
» quatre gros , & d'un tiers d'écu. Les avis de
» Saxe n'ont rien dit d'oppofé à ces deux affer-
>> tions. S'ils ont nommé les différentes efpeces,
» ci-deffus mentionnées , ce n'a été qu'en com-
» paraifon avec les feules dont il s'agit , fçavoir
les pieces de huit gros , qu'il ne faut pas con-
Iv
202 MERCURE DE FRANCE:
fondre avec les tiers d'écu & avec les fimples
gros.... On a affirmé feulement , que celles qui
» fe frappoient actuellement à Leipfick , fous les
» dates de 1753 , & des trois années fuivantes ,
» avec les anciens coins extorqués , étoient debeaucoup
inférieures aux mêmes pieces que l'Entre-
» preneur Frege avoit fait battre de fon temps.
» Voilà ce que portent les avis de Saxe ; & l'arti-
» cle de Berlin , fe taifant fur ce point , en fait
» l'aveu tacite ..... Quoique l'Ecrivain Pruffien
» avance en termes généraux , que les efpeces ,
» qui fe frappent actuellement à Leipfick , font
» égales à celles de Frege , fi même elles ne les
» excédent pas en valeur intrinfeque ; il n'en eft
>> pas moins certain ( & c'eft une vérité incon-
» teftable , fondée fur une évaluation faite , dont
>> tous les monnoyeurs impartiaux peuvent at-
»
22
413
tefter l'exactitude ) que les nouveaux gros de la
» fabrique des Juffs Ephraïm à Leipfick , ne va-
» lent que fennins , & leurs nouvelles pieces
» de huit gros , que 6 gros o fennins , c'eft-à-
» dire , que les gros font de 18 écus , is gros ,
69 fennins , & les pieces de huit gros , de 18
» écus , 14 gros , 1 fennins , au marc fin d'ar-
» gent , qui n'étoit auparavant monnoyé en gros
» qu'à 15 écus , & en pieces de huit gros , qu'à
» 14 écus , 2 gros , 25, fennins , ce qui fait
ainfi , pour cent , un déchet de 19 écus , 13
gros , fenpins ', fur les gros , & de 24
écus , gros , 3 fennins , fur les pieces de
» huit gros.... On a cru devoir en avertir le public
, afin que chacun puiffe fe garantir de préjudice
: attendu que les Juifs Ephraïm réfon-
>> dant поп feulement toutes les monnoies de
Saxe , mais encore une partie de celles de
» Pruffe , le dommage , qui en réfulteroit à l'ag
MIA 1.17570 203
» venir , feroit immenfe , fi ces nouvelles efpe-
>> ces continuoient d'avoir un libre cours dans le
» commerce.... »
DE WARSOVIE , le 22 Mars.
PAR ordre du Roi , le Comte de Brulh a fait
dreffer , pour être inférée dans les papiers publics
, une note dont voici l'extrait. « Cette
» Cour a vu avec étonnement l'article inféré dans
» la Gazette de Berlin , N° 31 , en date du 12,
» Mars , où l'on prétend démentir , comme
❤faux très-calomnieux , les avis donnés d'ici ,
au fujet des monnoies que les Juifs Ephraim
» font frapper actuellement à Leipfick.... La fa-
» çon , dont l'Auteur de cet article s'y prend
» pour éblouir le public , eft des plus fingulieres.
» Il met en queftion ce qui n'y eft pas. Au
» contraire , il paffe fous filence ce dont il s'agit.
Il protefte qu'on ne frappe point à Drefde d'au-
» tres efpeces que fous la date de 1757 , & fur
» le pied ordinaire , & qu'à Leipfick on n'a
point fabriqué de pieces de deux gros , de
» quatre gros , & d'un tiers d'écu. Les avis de
» Saxe n'ont rien dit d'oppofé à ces deux affer-
>> tions. S'ils ont nommé les différentes efpeces,
» ci-deffus mentionnées , ce n'a été qu'en com-
» paraifon avec les feules dont il s'agit , fçavoir
les pieces de huit gros , qu'il ne faut pas con-
Iv
202 MERCURE DE FRANCE:
fondre avec les tiers d'écu & avec les fimples
gros.... On a affirmé feulement , que celles qui
» fe frappoient actuellement à Leipfick , fous les
» dates de 1753 , & des trois années fuivantes ,
» avec les anciens coins extorqués , étoient debeaucoup
inférieures aux mêmes pieces que l'Entre-
» preneur Frege avoit fait battre de fon temps.
» Voilà ce que portent les avis de Saxe ; & l'arti-
» cle de Berlin , fe taifant fur ce point , en fait
» l'aveu tacite ..... Quoique l'Ecrivain Pruffien
» avance en termes généraux , que les efpeces ,
» qui fe frappent actuellement à Leipfick , font
» égales à celles de Frege , fi même elles ne les
» excédent pas en valeur intrinfeque ; il n'en eft
>> pas moins certain ( & c'eft une vérité incon-
» teftable , fondée fur une évaluation faite , dont
>> tous les monnoyeurs impartiaux peuvent at-
»
22
413
tefter l'exactitude ) que les nouveaux gros de la
» fabrique des Juffs Ephraïm à Leipfick , ne va-
» lent que fennins , & leurs nouvelles pieces
» de huit gros , que 6 gros o fennins , c'eft-à-
» dire , que les gros font de 18 écus , is gros ,
69 fennins , & les pieces de huit gros , de 18
» écus , 14 gros , 1 fennins , au marc fin d'ar-
» gent , qui n'étoit auparavant monnoyé en gros
» qu'à 15 écus , & en pieces de huit gros , qu'à
» 14 écus , 2 gros , 25, fennins , ce qui fait
ainfi , pour cent , un déchet de 19 écus , 13
gros , fenpins ', fur les gros , & de 24
écus , gros , 3 fennins , fur les pieces de
» huit gros.... On a cru devoir en avertir le public
, afin que chacun puiffe fe garantir de préjudice
: attendu que les Juifs Ephraïm réfon-
>> dant поп feulement toutes les monnoies de
Saxe , mais encore une partie de celles de
» Pruffe , le dommage , qui en réfulteroit à l'ag
MIA 1.17570 203
» venir , feroit immenfe , fi ces nouvelles efpe-
>> ces continuoient d'avoir un libre cours dans le
» commerce.... »
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Résumé : DU NORD
Le 22 mars, le Comte de Brulh, par ordre du Roi, a publié une note en réponse à un article de la Gazette de Berlin. Cet article démentait les informations sur les monnaies frappées par les Juifs Ephraim à Leipzig. La Cour de Saxe exprime son étonnement face à la méthode utilisée par l'auteur de l'article pour éblouir le public, en passant sous silence les faits importants. L'article de Berlin affirme que seules les monnaies datées de 1757 sont frappées à Dresde et que Leipzig n'a pas fabriqué certaines pièces spécifiques. Les avis de Saxe mentionnent uniquement les pièces de huit gros, distinctes des tiers d'écu et des simples gros. Les avis de Saxe affirment que les pièces frappées à Leipzig entre 1753 et 1756, avec les anciens coins, sont de moindre valeur que celles frappées par l'Entrepreneur Frege. L'article de Berlin, en ne contestant pas ce point, en fait tacitement l'aveu. Bien que l'auteur prussien affirme que les nouvelles pièces de Leipzig sont égales ou supérieures à celles de Frege, il est prouvé que les nouveaux gros valent seulement 18 écus, 1 gros, 69 fennins, et les pièces de huit gros, 18 écus, 14 gros, 1 fennin, au marc fin d'argent. Cela représente un déchet de 19 écus, 13 gros, 69 fennins pour les gros, et de 24 écus, 1 gros, 3 fennins pour les pièces de huit gros. La Cour de Saxe avertit le public pour éviter des préjudices, car les Juifs Ephraim résident non seulement en Saxe mais aussi en Prusse, et le dommage serait immense si ces nouvelles pièces continuaient à circuler librement dans le commerce.
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735
p. 203-207
ALLEMAGNE.
Début :
Le 9 de ce mois, le Général Lossewicz, à la tête d'un corps [...]
Mots clefs :
Corps de troupes, Bataillons, Prusse, Mouvement, Fortifications, Attaques, Prague, Dresde, Frontières, Roi de Prusse, Régiment de dragons, Prince, Saxe, Ratisbonne, Diète de l'Empire, Guerre, Traité de Westphalie
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE PRAGUE, le 19 Mars.
Le 9 de ce mois , le Général Loffewicz , à la
tête d'un corps de troupes Pruffiennes , compoſe
de quatorze Bataillons , & de trois Régimens de
Cavalerie , s'avança fur deux colonnes vers Graf
fenftein & vers Grottau , tandis que le Prince de
Bevern, fe porta fur Friedland :avec fix mille
hommes des mêmes troupes. A la nouvelle du
mouvement des ennemis , les détachement de
Croates , qui étoit dans le dernier de ces trois
poftes , fe hâta de fe replier à Reichenberg. Les
Pruffiens fe font emparés de Graffenftein & de
Grottau , mais ils n'ont pu s'y maintenir.: Le
Prince de Bevern a demeuré pendant trois jours
à Friedland , & s'eft enfuite retiré , après avoir
fait démolir les fortifications du château. Le 12 ,
avant d'abandonner ce pofte , il envoya le Co
lonel Putkammer avec un bataillon de grenadiers
, cent dragons & trois cens huffards , pour
reconnoître le terrein entre ce pofte & celui de
Reichenberg. Ce détachement rencontra quatre
cens hommes des troupes Autrichiennes , dont
une partie étoit en bataille devant le village de
Bufch- Ullerdorf , & une autre partie étoit embufquée
derriere des haies . Le fieur Putkammer
les attaqua , & les pouffa à travers le village.
Ils ont eu cinquante hommes tués. On leur a
fait dix prifonniers , & on leur a enlevé trentetrois
chevaux.
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 6 Avril.
<
Un particulier , qui venoit de Boheme , ayant
été arrêté par les Pruffiens , on trouva fur lui
deux lettres adreffées , l'une à la Comteffe d'Ogilvy
, Dame d'Honneur de la Reine ; l'autre au
Baron de Keffel , Chambellan de cette Princeffe.
En conféquence , le Roi de Pruffe leur fit fignifier
les arrêts. Le lendemain , la Reine envoya
demander à ce Prince leur élargiffement , & il
l'accorda. Il fit prier en même temps la Reine ,
d'empêcher qu'à l'avenir aucune perfonne de fa
Cour n'entretînt des correfpondances avec les
Autrichiens.
+
Sa Majesté Pruffienne , frappée de la beauté
d'un tableau , qui eft dans la Galerie du Palais ,'
avoit ordonné qu'on en tirât une copie. Dès
que la Reine en fut informée , Elle fit préfenter
ce tableau à ce Monarque , qui s'eft excufé de
Faccepter , mais qui a témoigné être fort fenfible
à une telle marque d'attention .
En attendant que toutes les troupes foient en
campagne , les Pruffiens fortifient divers poftes
fur la frontiere. Ils ne négligent rien non plus
pour mettre cette ville à l'abri de toute ſurpriſe ,
& ils ont établi, une batterie devant le chemin
de Dippolfwalde , une près du moulin à poudre
, une du côté de l'Elbe , une dans les environs
de la Tuilerie , une dans le grand cimetiere
, une vis-à- vis le chemin de Pirna , une à
l'extrêmité des jardins de Maffinisky , & une fur
la hauteur de Sintzendorff Outre ces précautions ,
ils ont pratiqué des mines en plufieurs endroits .
Ces jours derniers , le Roi de Pruffe écrivit au
Lieutenant-Général Pirfch, Commandant de KoMA
I. 1757: 205
nigstein , la lettre fuivante. « Ayant appris de
» plufieurs endroits que les Autrichiens pen-
» foient à furprendre votre fortereffe , je n'ai
» point voulu différer de vous rappeller le con-
>> tenu de votre capitulation , & ce à quoi votre
» honneur & votre parole vous engagent. Ko-
» nigſtein étant une fortereffe qui ne peut crainqu'un
coup de main , j'ai dû d'autant plus
» vous donner avis du deffein des ennemis , que
s'ils entreprenoient de l'exécuter , je ne pour-
» rois m'empêcher de vous croire d'intelligence
D
» avec eux. >>>
Indépendamment d'un efcadron du Régiment
de dragons de Rutowski qui , fe trouvant dans
la haute Luface , près des frontieres de Boheme ,
a profité de la circonftance pour paffer du côté
des Autrichiens , le Régiment ci - devant du Prince
Frederic- Augufte de Saxe , & maintenant
Loën , a auffi déferté. Au lieu d'aller à Berlin ,
où on lui avoit affigné de nouveaux quartiers ,
il a pris la route de Pologne. On affure qu'il y
a été fuivi par un bataillon du Régiment de
Jeune Bevern , ci- devant du Prince Xavier. La
défertion de ces corps a déterminé Sa Majesté
Pruffienne à incorporer les Gardes du Corps
Saxons dans fes Gardes , ainfi que les cavaliers
& les dragons de la même nation dans les Régimens
de cavalerie & de dragons des troupes
Pruffiennes . A l'égard de l'infanterie , ce Prince"
ne laiffe que dix Saxons par compagnie. Les
autres font diftribués dans les Régimens Pruffiens
, dont on prend un pareil nombre de foldats
, pour remplacer les Saxons dans les corps ,
où ceux-ci fervoient. En même temps , on vient
de publier une Ordonnance , en vertu de laquelle
les biens ou effets des défertears des anciens
206 MERCURE DE FRANCE.
Régimens Saxons feront confifqués , & leurs pas
rens , tenus de bonifier l'uniforme & les armes.
Sa Majefté Pruffienne exige encore de cet Electorat
deux mille cinq cens hommes de nouvel,
les recrues , pour augmenter de vingt hommes
chaque compagnie de ces Régimens . Le Major
Général Rezow en a remis l'ordre par écrit ,
avec la répartition , aux Députés des Etats actuel
lement aflemblés en cette Capitale.
Ce même Major Général , le 31 du mois der
nier , fit fignifier à la Comteffe de Brulh , époufe
du Premier Miniftre , laquelle depuis cinq mois
logeoit au Palais , qu'elle eût à retourner àfon
Hôtel. Quelques momens après qu'elle y fut
arrivée , il s'y tranfporta pour lui annoncer les
arrêts de la part du Roi de Pruffe, Elle y eft gardée
par un Officier , un fergent , un caporal ,
& fix foldats. On croit qu'elle fera obligée de fe
retirer en Pologne , & qu'un détachement l'accompagnera
jufques fur la frontiere.
DE RATISBONNE , le 2 : Avril.
Il a été dicté le 30 Mars, à la Diere de l'Empire,
une Déclaration que les Miniftres de France & de
Suede avoient remife plufieurs jours auparavant aq
nom des Rois leurs Maîtres, en qualité de garans
de la paix de Weftphalie , Comme cette Déclara
tion , quoique remife féparément , eft la même ,
on n'inférera ici que la copie de celle qui a été faite
au nom de S. M.T. C. « Le Roi mon Maître n'a pu
» voir fans un extrême déplaifir, qu'il fe foit élevé
» en Allemagne une guerre , qui tient dans l'oppreffion
, la plus cruelle & la plus inouie , de
» puiffans Etats de l'Empire , en expofe d'autres
» au danger de fubir le même fort , & menace
MAI 1757. 207
» d'un renverſement total les Loix & Conftitu-
» tions Germaniques , les Traités de Weftphalie,
» & le Syſtême de l'Empire . Pour remédier aux
» maux préfens , & prévenir ceux qui pourroient
>> arriver dans la fuite , divers Etats des plus con-
» fidérables de l'Empire ont requis la France &
» la Suede d'exercer la Garantie qu'Elles ont
» donnée des Traités de Weftphalie ; & comme
» ces deux Puiffances fe font trouvé animées .
» du même zele pour la défenſe des Etats de
>> l'Empire , le maintien du Systême Germanique,
» & notamment pour la confervation des droits
» des trois Religions établies en Allemagne
» Elles ont réfolu , d'un commun accord , de
» prendre les mefures les plus promptes & les
plus efficaces , pour fatisfaire à leurs obliga-
» tions fur des objets auffi importans . En conféquence
le Roi déclare , conjointement avec
» le Roi de Suede , à tout l'Empire , que Leurs
» Majeſtés feront , comme Garantes des Traités
>> de Weftphalie , tous les efforts qui font en
>> leur pouvoir , pour contribuer , felon le voeu
» de l'Empire , à arrêter le cours des maux qui
» défolent l'Allemagne , en procurer la répara-
» tion , & maintenir nommément les droits des
» trois Religions établies dans l'Empire ; enfin
» pour affurer la liberté Germanique, fur les
» fondemens des Traités de Weftphalie , contre
» toutes les atteintes que quelque Puiffance que
>> ce foit aura entrepris , ou entreprendra d'y
» porter. Sa Majefté efpere , ainfi que Sa Majef
» té Suédoife , que l'Empire reconnoîtra toute la
» fincérité & l'étendue de leur zele pour le falut
» de l'Allemagne , & Elles ne doutent pas que les
Electeurs , Princes & Etats , ne fecondent de
» tout leur pouvoir une réfolution aufſi légitime,
» auffi falutaire & auffi généreuſe. ».
DE PRAGUE, le 19 Mars.
Le 9 de ce mois , le Général Loffewicz , à la
tête d'un corps de troupes Pruffiennes , compoſe
de quatorze Bataillons , & de trois Régimens de
Cavalerie , s'avança fur deux colonnes vers Graf
fenftein & vers Grottau , tandis que le Prince de
Bevern, fe porta fur Friedland :avec fix mille
hommes des mêmes troupes. A la nouvelle du
mouvement des ennemis , les détachement de
Croates , qui étoit dans le dernier de ces trois
poftes , fe hâta de fe replier à Reichenberg. Les
Pruffiens fe font emparés de Graffenftein & de
Grottau , mais ils n'ont pu s'y maintenir.: Le
Prince de Bevern a demeuré pendant trois jours
à Friedland , & s'eft enfuite retiré , après avoir
fait démolir les fortifications du château. Le 12 ,
avant d'abandonner ce pofte , il envoya le Co
lonel Putkammer avec un bataillon de grenadiers
, cent dragons & trois cens huffards , pour
reconnoître le terrein entre ce pofte & celui de
Reichenberg. Ce détachement rencontra quatre
cens hommes des troupes Autrichiennes , dont
une partie étoit en bataille devant le village de
Bufch- Ullerdorf , & une autre partie étoit embufquée
derriere des haies . Le fieur Putkammer
les attaqua , & les pouffa à travers le village.
Ils ont eu cinquante hommes tués. On leur a
fait dix prifonniers , & on leur a enlevé trentetrois
chevaux.
1 vj
204 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 6 Avril.
<
Un particulier , qui venoit de Boheme , ayant
été arrêté par les Pruffiens , on trouva fur lui
deux lettres adreffées , l'une à la Comteffe d'Ogilvy
, Dame d'Honneur de la Reine ; l'autre au
Baron de Keffel , Chambellan de cette Princeffe.
En conféquence , le Roi de Pruffe leur fit fignifier
les arrêts. Le lendemain , la Reine envoya
demander à ce Prince leur élargiffement , & il
l'accorda. Il fit prier en même temps la Reine ,
d'empêcher qu'à l'avenir aucune perfonne de fa
Cour n'entretînt des correfpondances avec les
Autrichiens.
+
Sa Majesté Pruffienne , frappée de la beauté
d'un tableau , qui eft dans la Galerie du Palais ,'
avoit ordonné qu'on en tirât une copie. Dès
que la Reine en fut informée , Elle fit préfenter
ce tableau à ce Monarque , qui s'eft excufé de
Faccepter , mais qui a témoigné être fort fenfible
à une telle marque d'attention .
En attendant que toutes les troupes foient en
campagne , les Pruffiens fortifient divers poftes
fur la frontiere. Ils ne négligent rien non plus
pour mettre cette ville à l'abri de toute ſurpriſe ,
& ils ont établi, une batterie devant le chemin
de Dippolfwalde , une près du moulin à poudre
, une du côté de l'Elbe , une dans les environs
de la Tuilerie , une dans le grand cimetiere
, une vis-à- vis le chemin de Pirna , une à
l'extrêmité des jardins de Maffinisky , & une fur
la hauteur de Sintzendorff Outre ces précautions ,
ils ont pratiqué des mines en plufieurs endroits .
Ces jours derniers , le Roi de Pruffe écrivit au
Lieutenant-Général Pirfch, Commandant de KoMA
I. 1757: 205
nigstein , la lettre fuivante. « Ayant appris de
» plufieurs endroits que les Autrichiens pen-
» foient à furprendre votre fortereffe , je n'ai
» point voulu différer de vous rappeller le con-
>> tenu de votre capitulation , & ce à quoi votre
» honneur & votre parole vous engagent. Ko-
» nigſtein étant une fortereffe qui ne peut crainqu'un
coup de main , j'ai dû d'autant plus
» vous donner avis du deffein des ennemis , que
s'ils entreprenoient de l'exécuter , je ne pour-
» rois m'empêcher de vous croire d'intelligence
D
» avec eux. >>>
Indépendamment d'un efcadron du Régiment
de dragons de Rutowski qui , fe trouvant dans
la haute Luface , près des frontieres de Boheme ,
a profité de la circonftance pour paffer du côté
des Autrichiens , le Régiment ci - devant du Prince
Frederic- Augufte de Saxe , & maintenant
Loën , a auffi déferté. Au lieu d'aller à Berlin ,
où on lui avoit affigné de nouveaux quartiers ,
il a pris la route de Pologne. On affure qu'il y
a été fuivi par un bataillon du Régiment de
Jeune Bevern , ci- devant du Prince Xavier. La
défertion de ces corps a déterminé Sa Majesté
Pruffienne à incorporer les Gardes du Corps
Saxons dans fes Gardes , ainfi que les cavaliers
& les dragons de la même nation dans les Régimens
de cavalerie & de dragons des troupes
Pruffiennes . A l'égard de l'infanterie , ce Prince"
ne laiffe que dix Saxons par compagnie. Les
autres font diftribués dans les Régimens Pruffiens
, dont on prend un pareil nombre de foldats
, pour remplacer les Saxons dans les corps ,
où ceux-ci fervoient. En même temps , on vient
de publier une Ordonnance , en vertu de laquelle
les biens ou effets des défertears des anciens
206 MERCURE DE FRANCE.
Régimens Saxons feront confifqués , & leurs pas
rens , tenus de bonifier l'uniforme & les armes.
Sa Majefté Pruffienne exige encore de cet Electorat
deux mille cinq cens hommes de nouvel,
les recrues , pour augmenter de vingt hommes
chaque compagnie de ces Régimens . Le Major
Général Rezow en a remis l'ordre par écrit ,
avec la répartition , aux Députés des Etats actuel
lement aflemblés en cette Capitale.
Ce même Major Général , le 31 du mois der
nier , fit fignifier à la Comteffe de Brulh , époufe
du Premier Miniftre , laquelle depuis cinq mois
logeoit au Palais , qu'elle eût à retourner àfon
Hôtel. Quelques momens après qu'elle y fut
arrivée , il s'y tranfporta pour lui annoncer les
arrêts de la part du Roi de Pruffe, Elle y eft gardée
par un Officier , un fergent , un caporal ,
& fix foldats. On croit qu'elle fera obligée de fe
retirer en Pologne , & qu'un détachement l'accompagnera
jufques fur la frontiere.
DE RATISBONNE , le 2 : Avril.
Il a été dicté le 30 Mars, à la Diere de l'Empire,
une Déclaration que les Miniftres de France & de
Suede avoient remife plufieurs jours auparavant aq
nom des Rois leurs Maîtres, en qualité de garans
de la paix de Weftphalie , Comme cette Déclara
tion , quoique remife féparément , eft la même ,
on n'inférera ici que la copie de celle qui a été faite
au nom de S. M.T. C. « Le Roi mon Maître n'a pu
» voir fans un extrême déplaifir, qu'il fe foit élevé
» en Allemagne une guerre , qui tient dans l'oppreffion
, la plus cruelle & la plus inouie , de
» puiffans Etats de l'Empire , en expofe d'autres
» au danger de fubir le même fort , & menace
MAI 1757. 207
» d'un renverſement total les Loix & Conftitu-
» tions Germaniques , les Traités de Weftphalie,
» & le Syſtême de l'Empire . Pour remédier aux
» maux préfens , & prévenir ceux qui pourroient
>> arriver dans la fuite , divers Etats des plus con-
» fidérables de l'Empire ont requis la France &
» la Suede d'exercer la Garantie qu'Elles ont
» donnée des Traités de Weftphalie ; & comme
» ces deux Puiffances fe font trouvé animées .
» du même zele pour la défenſe des Etats de
>> l'Empire , le maintien du Systême Germanique,
» & notamment pour la confervation des droits
» des trois Religions établies en Allemagne
» Elles ont réfolu , d'un commun accord , de
» prendre les mefures les plus promptes & les
plus efficaces , pour fatisfaire à leurs obliga-
» tions fur des objets auffi importans . En conféquence
le Roi déclare , conjointement avec
» le Roi de Suede , à tout l'Empire , que Leurs
» Majeſtés feront , comme Garantes des Traités
>> de Weftphalie , tous les efforts qui font en
>> leur pouvoir , pour contribuer , felon le voeu
» de l'Empire , à arrêter le cours des maux qui
» défolent l'Allemagne , en procurer la répara-
» tion , & maintenir nommément les droits des
» trois Religions établies dans l'Empire ; enfin
» pour affurer la liberté Germanique, fur les
» fondemens des Traités de Weftphalie , contre
» toutes les atteintes que quelque Puiffance que
>> ce foit aura entrepris , ou entreprendra d'y
» porter. Sa Majefté efpere , ainfi que Sa Majef
» té Suédoife , que l'Empire reconnoîtra toute la
» fincérité & l'étendue de leur zele pour le falut
» de l'Allemagne , & Elles ne doutent pas que les
Electeurs , Princes & Etats , ne fecondent de
» tout leur pouvoir une réfolution aufſi légitime,
» auffi falutaire & auffi généreuſe. ».
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mars 1757, les troupes prussiennes, sous les ordres du général Loffewicz et du prince de Bevern, lancèrent des offensives en Bohême. Loffewicz, à la tête de quatorze bataillons et trois régiments de cavalerie, captura Graffenstein et Grottau, mais ne put y maintenir sa position. Bevern, avec six mille hommes, occupa Friedland pendant trois jours avant de se retirer après avoir détruit les fortifications du château. Le 12 mars, le colonel Putkammer affronta des troupes autrichiennes près de Busch-Ullerdorf, les repoussant et capturant des prisonniers ainsi que des chevaux. À Dresde, un particulier arrêté par les Prussiens portait des lettres destinées à la comtesse d'Ogilvy et au baron de Keffel, ce qui entraîna leur arrestation. La reine demanda et obtint leur libération, et le roi de Prusse lui demanda de cesser toute correspondance avec les Autrichiens. Par ailleurs, le roi de Prusse, impressionné par un tableau de la galerie du palais, en demanda une copie, mais la reine lui offrit l'original. Les Prussiens renforcèrent les postes frontaliers et établirent des batteries autour de Dresde pour se protéger des surprises. Le roi de Prusse avertit le lieutenant-général Pirsch de la menace autrichienne sur la forteresse de Konigstein. Des désertions de régiments saxons, dont celui du prince Frédéric-Auguste de Saxe, furent signalées. En réponse, le roi de Prusse incorpora les Gardes du Corps saxons dans ses propres troupes et confisqua les biens des déserteurs. Il exigea également deux mille cinq cents nouvelles recrues de l'Électorat de Saxe. À Ratisbonne, une déclaration des ministres de France et de Suède, en qualité de garants de la paix de Westphalie, fut lue le 30 mars. Cette déclaration exprimait le déplaisir des rois face à la guerre en Allemagne et leur engagement à défendre les États de l'Empire et les droits des trois religions établies en Allemagne.
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736
p. 209-210
GRANDE BRETAGNE.
Début :
La Chambre des Communes, dans la séance du 25 Mars, passa le Bill [...]
Mots clefs :
Chambre des communes, Proclamation du roi, Matelots étrangers, Démissions, Comte, Secrétaire d'État, Vaisseau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 12 Avril.
La Chambre des Communes , dans la féance
du 25 Mars , paffa le Bill pour l'établiſſement
d'une Milice générale dans la Grande-Bretagne ,
après y avoir fait quelques changemens.
Sa Majefté a fait publier une Proclamation ;
par laquelle Elle permet d'employer des matelots
étrangers fur les Corfaires & fur les Navires
Marchands , à condition cependant que la quatrieme
partie de l'équipage de chaque Bâtiment
foit compofée de fujets de la Grande- Bretagne.
Le bruit qui s'étoit répandu que le Duc de
Cumberland ne pafferoit point en Allemagne ,
étoit fans fondement. Ce Prince partit le 9 à fix
heures du matin , pour aller s'embarquer à Warwich.
Il doit prendre le commandement en chef
de l'armée d'obſervation , qui s'affemble fur les
frontieres de l'Electorat de Hanovre.
2
Le fieur Pitt , Secretaire d'Etat ; le fieur Legge ,
Chancelier de l'Echiquier , & le Comte Temple
, premier Commiffaire de l'Amirauté , ont
donné leurs démiffions . Le Lord Mansfield
Juge Suprême d'Angleterre 'exercera par interim
la charge de Chancelier de l'Echiquier. Sa Majefté
a accordé la place de premier Commiflaire
de l'Amirauté au Comte de Winchelſea.
Le Vaiffeau le Pondichery , appartenant à la
Compagnie Françoife des Indes , & qui a été
pris par le Vaiffeau de guerre le Douvres , avoit
été amené à l'embouchure de la Tamife. Des
26
210 MERCURE DE FRANCE.
vents de l'Oueft l'ont écarté de la côte , & l'on
ne fçait ce qu'il eft devenu.
DE LONDRES , le 12 Avril.
La Chambre des Communes , dans la féance
du 25 Mars , paffa le Bill pour l'établiſſement
d'une Milice générale dans la Grande-Bretagne ,
après y avoir fait quelques changemens.
Sa Majefté a fait publier une Proclamation ;
par laquelle Elle permet d'employer des matelots
étrangers fur les Corfaires & fur les Navires
Marchands , à condition cependant que la quatrieme
partie de l'équipage de chaque Bâtiment
foit compofée de fujets de la Grande- Bretagne.
Le bruit qui s'étoit répandu que le Duc de
Cumberland ne pafferoit point en Allemagne ,
étoit fans fondement. Ce Prince partit le 9 à fix
heures du matin , pour aller s'embarquer à Warwich.
Il doit prendre le commandement en chef
de l'armée d'obſervation , qui s'affemble fur les
frontieres de l'Electorat de Hanovre.
2
Le fieur Pitt , Secretaire d'Etat ; le fieur Legge ,
Chancelier de l'Echiquier , & le Comte Temple
, premier Commiffaire de l'Amirauté , ont
donné leurs démiffions . Le Lord Mansfield
Juge Suprême d'Angleterre 'exercera par interim
la charge de Chancelier de l'Echiquier. Sa Majefté
a accordé la place de premier Commiflaire
de l'Amirauté au Comte de Winchelſea.
Le Vaiffeau le Pondichery , appartenant à la
Compagnie Françoife des Indes , & qui a été
pris par le Vaiffeau de guerre le Douvres , avoit
été amené à l'embouchure de la Tamife. Des
26
210 MERCURE DE FRANCE.
vents de l'Oueft l'ont écarté de la côte , & l'on
ne fçait ce qu'il eft devenu.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 25 mars, la Chambre des Communes a adopté un projet de loi créant une milice générale en Grande-Bretagne, après quelques modifications. Le roi a autorisé l'emploi de matelots étrangers sur les navires de commerce et les corsaires, à condition que le quart de l'équipage soit britannique. Le duc de Cumberland a quitté Londres le 9 avril pour commander l'armée d'observation aux frontières de l'Électorat de Hanovre. Plusieurs hauts fonctionnaires ont démissionné, dont Pitt, secrétaire d'État, Legge, chancelier de l'Échiquier, et le comte Temple, premier commissaire de l'Amirauté. Lord Mansfield assurera temporairement les fonctions de chancelier de l'Échiquier, et le comte de Winchelsea a été nommé premier commissaire de l'Amirauté. Le vaisseau Pondichéry, capturé par le Douvres, a été dévié par des vents d'ouest et sa localisation est inconnue.
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737
p. 210
PAYS-BAS.
Début :
On a appris que le Baron de Domballe, Major Général des [...]
Mots clefs :
Bruxelles, Neuss, Baron de Domballe, Prise d'une ville, Prince de Soubise, Chevalier, Capitaine, Clèves, Commissaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PATS - BAS.
DE BRUXELLES , le 15 Avril.
On a appris que le Baron de Domballe , Ma
jor Général des troupes de l'Impératrice Reine ,
étoit entré le 6 dans Cleves avec trois batail
lons, Le 8-, un détachement des mêmes troupes
prit poffeffion , au nom de Sa Majefté , des ville
& citadelle de Wefel. Immédiatement après , ce
détachement y fut joint par un détachement d'in.
fanterie Françoife .
ว
DE NEUSS, le 12 Avril
Le Prince de Soubife, fe rendit le. 28 Mars à
Ruremonde , & étant defcendu chez le fieur de
Muller qui y commande , il figna un ordre au
Chevalier de Gibfon, Capitaine dans le Régiment
de Ligne , d'aller , avec cent hommes de ce Régiment
& quatre cens huffards François , occuper
Je Bailliage de Keffel , dans la Gueldre Pruffien
ne. Le 3 Avril , le Prince de Soubife vint établir
ici fon quartier général, Avant de quitter May
feik , il a mandé les Commiffaires du pays de
Cleves , afin de régler avec eux les livraifons des
vivres & des fourrages pour les troupes Francoifes.
Il a recommandé à ces Commiffaires , de
tranquillifer les habitans , & de faire ceifer les
impôts extraordinaires , dont ils ont été chargés
en dernier lieu . Il a affuré les mêmes Commiffaires
, que tous les Magiftrats & Officiers de la
Gueldre Pruffienne , fans diftinction de religion ,
feroient continués dans leurs emplois , en pactant
ferment de fidélité à l'Impératrice Reine.
DE BRUXELLES , le 15 Avril.
On a appris que le Baron de Domballe , Ma
jor Général des troupes de l'Impératrice Reine ,
étoit entré le 6 dans Cleves avec trois batail
lons, Le 8-, un détachement des mêmes troupes
prit poffeffion , au nom de Sa Majefté , des ville
& citadelle de Wefel. Immédiatement après , ce
détachement y fut joint par un détachement d'in.
fanterie Françoife .
ว
DE NEUSS, le 12 Avril
Le Prince de Soubife, fe rendit le. 28 Mars à
Ruremonde , & étant defcendu chez le fieur de
Muller qui y commande , il figna un ordre au
Chevalier de Gibfon, Capitaine dans le Régiment
de Ligne , d'aller , avec cent hommes de ce Régiment
& quatre cens huffards François , occuper
Je Bailliage de Keffel , dans la Gueldre Pruffien
ne. Le 3 Avril , le Prince de Soubife vint établir
ici fon quartier général, Avant de quitter May
feik , il a mandé les Commiffaires du pays de
Cleves , afin de régler avec eux les livraifons des
vivres & des fourrages pour les troupes Francoifes.
Il a recommandé à ces Commiffaires , de
tranquillifer les habitans , & de faire ceifer les
impôts extraordinaires , dont ils ont été chargés
en dernier lieu . Il a affuré les mêmes Commiffaires
, que tous les Magiftrats & Officiers de la
Gueldre Pruffienne , fans diftinction de religion ,
feroient continués dans leurs emplois , en pactant
ferment de fidélité à l'Impératrice Reine.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le Baron de Domballe, Major Général des troupes de l'Impératrice Reine, a pris possession de Cleves le 6 avril avec trois bataillons. Le 8 avril, un détachement de ces troupes a conquis la ville et la citadelle de Wesel au nom de Sa Majesté, rejoint par un détachement d'infanterie française. Parallèlement, le Prince de Soubise s'est rendu à Ruremonde le 28 mars et a ordonné au Chevalier de Gibson de prendre le Bailliage de Kessel en Gueldre prussienne avec cent hommes du Régiment de Ligne et quatre cents hussards français. Le 3 avril, le Prince de Soubise a établi son quartier général à Neuss. Avant de quitter Maaseik, il a convoqué les Commissaires du pays de Cleves pour organiser les livraisons de vivres et de fourrages pour les troupes françaises. Il leur a recommandé de tranquilliser les habitants et de suspendre les impôts extraordinaires. Il a également assuré que tous les magistrats et officiers de la Gueldre prussienne, sans distinction de religion, seraient maintenus dans leurs fonctions en prêtant serment de fidélité à l'Impératrice Reine.
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738
p. 189-190
DU NORD
Début :
On étoit déjà instruit que le Régiment du Prince Frédéric-Auguste s'étant soustrait [...]
Mots clefs :
Varsovie, Régiment, Prince Frédéric-Auguste, Désertion, Roi de Prusse, Lieutenant, Soldats, Sergent Richter, Escarmouche, Prince Xavier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE WARSOVIE , le 19 Avril.
On étoit déja inftruit que le Régiment du Prin-
N
ce Frédéric- Augufte s'étant fouftrait à l'autorité
des Officiers Prufliens qui lui avoient été donnés
pour le commander , avoit déferté du ſervice du
Roi de Pruffe . On vient de l'être que ce Régiment
étoit arrivé en Pologne. Il eft compofé de
huit cens hommes, Après avoir été mis d'abord
en quartiers par S. M. Pruffienne à Luben & à
Guben , il avoit eu ordre d'aller à Berlin. Pour
être plus fûr de contenir les foldats , le Lieutenant-
Colonel qui les conduifoit les avoit fait défarmer.
En chemin , ils rencontrerent quelques charriots
chargés d'armes & de munitions . Animés
par un Sergent nommé Richter , ils fe faifirent
des charriots , & bientôt ils furent en état de faire
la loi aux Officiers de qui ils la recevoient . Ceuxci
ont en vain appellé des troupes à leur fecours.
Avant qu'elles arrivaffent , les Saxons étoient déja
loin. Ce n'a pas été cependant fans combat qu'ils
font parvenus jufqu'à la frontiere. Ils ont eu à
foutenir plufieurs efcarmouches avec divers détachemens.
Le Roi a gratifié le Sergent Richter
d'un brevet de Capitaine , & d'une penfion. Le
190 MERCURE DE FRANCE.
lendemain du jour qu'on reçut la nouvelle de
l'arrivée du Régiment du Prince Frédéric-Augufte,
on a appris qu'un bataillon du Régiment du Prince
Xavier avoit trouvé auffi moyen d'échapper
aux troupes Pruffiennes qui le pourfuivoient.
Dans le temps qu'il étoit fur le point de gagner la
frontiere , un Corps de Pruffiens , foutenu d'un
grand nombre de Payfans , a entrepris de lui fermer
le paffage. Le Bataillon s'eft fait jour malgré
cet obſtacle , & il eſt entré heureuſement dans ce
Royaume , après avoir tué non feulement une
cinquantaine de payfans , mais encore un Officier
& vingt- fept foldats Pruffiens.
DE WARSOVIE , le 19 Avril.
On étoit déja inftruit que le Régiment du Prin-
N
ce Frédéric- Augufte s'étant fouftrait à l'autorité
des Officiers Prufliens qui lui avoient été donnés
pour le commander , avoit déferté du ſervice du
Roi de Pruffe . On vient de l'être que ce Régiment
étoit arrivé en Pologne. Il eft compofé de
huit cens hommes, Après avoir été mis d'abord
en quartiers par S. M. Pruffienne à Luben & à
Guben , il avoit eu ordre d'aller à Berlin. Pour
être plus fûr de contenir les foldats , le Lieutenant-
Colonel qui les conduifoit les avoit fait défarmer.
En chemin , ils rencontrerent quelques charriots
chargés d'armes & de munitions . Animés
par un Sergent nommé Richter , ils fe faifirent
des charriots , & bientôt ils furent en état de faire
la loi aux Officiers de qui ils la recevoient . Ceuxci
ont en vain appellé des troupes à leur fecours.
Avant qu'elles arrivaffent , les Saxons étoient déja
loin. Ce n'a pas été cependant fans combat qu'ils
font parvenus jufqu'à la frontiere. Ils ont eu à
foutenir plufieurs efcarmouches avec divers détachemens.
Le Roi a gratifié le Sergent Richter
d'un brevet de Capitaine , & d'une penfion. Le
190 MERCURE DE FRANCE.
lendemain du jour qu'on reçut la nouvelle de
l'arrivée du Régiment du Prince Frédéric-Augufte,
on a appris qu'un bataillon du Régiment du Prince
Xavier avoit trouvé auffi moyen d'échapper
aux troupes Pruffiennes qui le pourfuivoient.
Dans le temps qu'il étoit fur le point de gagner la
frontiere , un Corps de Pruffiens , foutenu d'un
grand nombre de Payfans , a entrepris de lui fermer
le paffage. Le Bataillon s'eft fait jour malgré
cet obſtacle , & il eſt entré heureuſement dans ce
Royaume , après avoir tué non feulement une
cinquantaine de payfans , mais encore un Officier
& vingt- fept foldats Pruffiens.
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Résumé : DU NORD
Le 19 avril, le Régiment du Prince Frédéric-Auguste, composé de huit cents hommes, déserta l'autorité prussienne et atteignit la Pologne. Stationné à Luben et Guben, il avait reçu l'ordre de se rendre à Berlin. Désarmés par le lieutenant-colonel, les soldats rencontrèrent des charriots d'armes et de munitions, et sous l'incitation du sergent Richter, ils s'en emparèrent et prirent le contrôle de leurs officiers. Malgré les renforts prussiens, ils atteignirent la frontière après plusieurs escarmouches. Richter fut promu capitaine et reçut une pension. Le lendemain, un bataillon du Régiment du Prince Xavier échappa également aux Prussiens. À la frontière, il affronta un corps prussien soutenu par des paysans, tuant une cinquantaine de civils, un officier et vingt-sept soldats avant d'entrer en Pologne.
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739
p. 190-193
ALLEMAGNE.
Début :
L'armée de Boheme que commandera le Prince Charles de Lorraine, [...]
Mots clefs :
Vienne, Prince Charles de Lorraine, Armées, Bataillons, Prague, Impératrice-Reine, Indemnités, Dresde, Pillages, Berlin, Escadrons, Attaques, Wesel, Régiments
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 10 Avril.
L'armée de Boheme que commandera le Prince
Charles de Lorraine , fera compofée de cinquantetrois
mille hommes d'Infanterie & de vingt mille.
de Cavalerie . Celle de Moravie , fous les ordres
du Feld-Maréchal Comte Léopold de Daun , fera
de foixante-dix mille hommes. Indépendamment
de ces deux armées , il y aura un camp volant
d'environ dix-neuf mille hommes , qui fera commandé
par le Comte de Nadafty. Ainfi l'on
compte cent foixante - deux mille fix cens hommes
de troupes de l'Impératrice Reine , deftinés à
agir contre le Roi de Pruffe. Ces troupes feront
jointes par dix-huit Efcadrons Saxons , qu'on at
tend de Pologne.
DE PRAGUE , les 5 Avril.
L'Impératrice Reine a fait annoncer par le
Feld-Maréchal Comte de Browne , qu'Elle in
JUIN. 1757. 191
demniferoit les habitans de ce Royaume , des
dommages qui pourroient leur être cauſés par
les troupes Pruffiennes.
DE DRESDE , le 18 Avril.
Un détachement de Huffards Pruffiens pénétra
le 13 en Boheme jufqu'à Wildftein . En fe reti◄
rant , il a pillé un château du Baron de Peuff. Il
y a eu une efcarmouche affez vive entre ce détachement
& quelques Compagnies de troupes irrégulieres
de l'armée commandée par le Feld-
Maréchal de Browne.
DE BERLIN , le 27 Avril.
Suivant une Relation publiée ici de l'action
qui s'eft paffée le 21 de ce mois en Boheme près
de Reichenberg , le Prince de Brunſwic- Bevern
dès le 20 s'étoit emparé de Graffenſtein , de
Krottau , de Kratzen & de Machendorf. Le 21 ,
il marcha par Habendorff à Reichenberg , où il y
avoit vingt-huit mille Autrichiens commandés par
le Feld- Maréchal Comte de Konigseg. Auffitôt
que les Pruffiens eurent formé leur ordre de bataille
, ils firent plufieurs décharges d'artillerie fur
la Cavalerie ennemie. Elle étoit composée d'environ
trente efcadrons , & rangée fur trois lignes.
Ses deux aîles étoient appuyées par l'Infanterie
qui à la droite étoit retranchée dans un village
& à la gauche occupoit un bois où elle avoit fait
plufieurs abattis . Le Prince de Beverne, à la tête de
quinze efcadrons de Dragons, chargea la cavalerie.
En même-temps il fit attaquer le bois par les
Grenadiers de Kahlden & de Mollendorff, & par le
Régiment du Prince de Pruffe . Plufieurs redoutes
couvroient Reichenberg , & le Prince de Bevern
192 MERCURE DE FRANCE.
ordonna auffi de les attaquer. Le Lieutenant général
Leftwitz s'en rendit maître. L'attaque du bois
n'eut pas un moindre fuccès , & les Pruffiens ,
après avoir été repouffés jufqu'à trois fois , franchirent
les retranchemens. Alors la Cavalerie ennemie
, qui jufques- là n'avoit pu être ébranlée
par les différens chocs que lui avoit livrès
le Prince de Bevern , céda infenfiblement le
terrein. Autant qu'on a pu le fçavoir , les Autrichiens
ont eu mille hommes tués ou bleffés . L'action
a commencé à fix heures & demie du matin , &
elle a duré environ cinq heures. On prétend que les
troupes du Roi n'ont perdu que fept Officiers &
cent deux Soldats , Le Général Normann , le fieur
de Letow , Colonel- Commandant du Régiment
de Darmstadt , les Majors des Régimens de Platen
, d'Amftel , de Normann , de Bevern & de
Wirtemberg ; fept Capitaines , Lieutenans ou En-
Leignes , & cent cinquante Soldats ont été bleſſés.j
DE VESEL , le 9 Mai.
Le Maréchal d'Eftrées arriva le 27 du mois
dernier en cette Ville . Il y apprit que les Pruffiens
ayant abandonné Lipſtatt & Rittberg , le
Comte de Saint - Germain avoit occupé le 26 la
premiere de ces deux Villes avec les quatre Ba-
Tillons du Régiment de Belfunce. Sur l'avis que
les Pruffiens , foutenus de quelques Régimens
Hanovriens , ont formé un camp à Bielefeld , le
Maréchal d'Eftrées a fait des difpofitions pour
renforcer les troupes déja établies fur la Lippe .
Un Détachement de cinquante hommes du Corps
de Chaffeurs de Fifcher ayant été attaqué par
cent vingt Cuiraffiers Hanovriens , près de Warendorp
, entre Munſter & Lipftatt , en a tué
quinze & fait trente prifonniers. Après les avoir
pourfui vi
་
JUIN. 1757. 193
pourfuivi jufqu'à un pofte d'Infanterie des enne-.
Inis , il eft revenu fans aucune perte. Il a eu feulement
deux Officiers de bleffés.
DE VIENNE , le 10 Avril.
L'armée de Boheme que commandera le Prince
Charles de Lorraine , fera compofée de cinquantetrois
mille hommes d'Infanterie & de vingt mille.
de Cavalerie . Celle de Moravie , fous les ordres
du Feld-Maréchal Comte Léopold de Daun , fera
de foixante-dix mille hommes. Indépendamment
de ces deux armées , il y aura un camp volant
d'environ dix-neuf mille hommes , qui fera commandé
par le Comte de Nadafty. Ainfi l'on
compte cent foixante - deux mille fix cens hommes
de troupes de l'Impératrice Reine , deftinés à
agir contre le Roi de Pruffe. Ces troupes feront
jointes par dix-huit Efcadrons Saxons , qu'on at
tend de Pologne.
DE PRAGUE , les 5 Avril.
L'Impératrice Reine a fait annoncer par le
Feld-Maréchal Comte de Browne , qu'Elle in
JUIN. 1757. 191
demniferoit les habitans de ce Royaume , des
dommages qui pourroient leur être cauſés par
les troupes Pruffiennes.
DE DRESDE , le 18 Avril.
Un détachement de Huffards Pruffiens pénétra
le 13 en Boheme jufqu'à Wildftein . En fe reti◄
rant , il a pillé un château du Baron de Peuff. Il
y a eu une efcarmouche affez vive entre ce détachement
& quelques Compagnies de troupes irrégulieres
de l'armée commandée par le Feld-
Maréchal de Browne.
DE BERLIN , le 27 Avril.
Suivant une Relation publiée ici de l'action
qui s'eft paffée le 21 de ce mois en Boheme près
de Reichenberg , le Prince de Brunſwic- Bevern
dès le 20 s'étoit emparé de Graffenſtein , de
Krottau , de Kratzen & de Machendorf. Le 21 ,
il marcha par Habendorff à Reichenberg , où il y
avoit vingt-huit mille Autrichiens commandés par
le Feld- Maréchal Comte de Konigseg. Auffitôt
que les Pruffiens eurent formé leur ordre de bataille
, ils firent plufieurs décharges d'artillerie fur
la Cavalerie ennemie. Elle étoit composée d'environ
trente efcadrons , & rangée fur trois lignes.
Ses deux aîles étoient appuyées par l'Infanterie
qui à la droite étoit retranchée dans un village
& à la gauche occupoit un bois où elle avoit fait
plufieurs abattis . Le Prince de Beverne, à la tête de
quinze efcadrons de Dragons, chargea la cavalerie.
En même-temps il fit attaquer le bois par les
Grenadiers de Kahlden & de Mollendorff, & par le
Régiment du Prince de Pruffe . Plufieurs redoutes
couvroient Reichenberg , & le Prince de Bevern
192 MERCURE DE FRANCE.
ordonna auffi de les attaquer. Le Lieutenant général
Leftwitz s'en rendit maître. L'attaque du bois
n'eut pas un moindre fuccès , & les Pruffiens ,
après avoir été repouffés jufqu'à trois fois , franchirent
les retranchemens. Alors la Cavalerie ennemie
, qui jufques- là n'avoit pu être ébranlée
par les différens chocs que lui avoit livrès
le Prince de Bevern , céda infenfiblement le
terrein. Autant qu'on a pu le fçavoir , les Autrichiens
ont eu mille hommes tués ou bleffés . L'action
a commencé à fix heures & demie du matin , &
elle a duré environ cinq heures. On prétend que les
troupes du Roi n'ont perdu que fept Officiers &
cent deux Soldats , Le Général Normann , le fieur
de Letow , Colonel- Commandant du Régiment
de Darmstadt , les Majors des Régimens de Platen
, d'Amftel , de Normann , de Bevern & de
Wirtemberg ; fept Capitaines , Lieutenans ou En-
Leignes , & cent cinquante Soldats ont été bleſſés.j
DE VESEL , le 9 Mai.
Le Maréchal d'Eftrées arriva le 27 du mois
dernier en cette Ville . Il y apprit que les Pruffiens
ayant abandonné Lipſtatt & Rittberg , le
Comte de Saint - Germain avoit occupé le 26 la
premiere de ces deux Villes avec les quatre Ba-
Tillons du Régiment de Belfunce. Sur l'avis que
les Pruffiens , foutenus de quelques Régimens
Hanovriens , ont formé un camp à Bielefeld , le
Maréchal d'Eftrées a fait des difpofitions pour
renforcer les troupes déja établies fur la Lippe .
Un Détachement de cinquante hommes du Corps
de Chaffeurs de Fifcher ayant été attaqué par
cent vingt Cuiraffiers Hanovriens , près de Warendorp
, entre Munſter & Lipftatt , en a tué
quinze & fait trente prifonniers. Après les avoir
pourfui vi
་
JUIN. 1757. 193
pourfuivi jufqu'à un pofte d'Infanterie des enne-.
Inis , il eft revenu fans aucune perte. Il a eu feulement
deux Officiers de bleffés.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1757, les forces de l'Impératrice Reine d'Allemagne se préparent à affronter le Roi de Prusse. L'armée de Bohême, dirigée par le Prince Charles de Lorraine, compte 53 000 hommes d'infanterie et 20 000 de cavalerie. L'armée de Moravie, sous les ordres du Feld-Maréchal Comte Léopold de Daun, totalise 60 000 hommes. Un camp volant de 19 000 hommes, commandé par le Comte de Nadasty, complète ces troupes, totalisant 162 600 hommes. Ces forces doivent être renforcées par 18 escadrons saxons en provenance de Pologne. L'Impératrice Reine, par l'intermédiaire du Feld-Maréchal Comte de Browne, annonce qu'elle indemnisera les habitants du Royaume pour les dommages causés par les troupes prussiennes. En Bohême, un détachement de hussards prussiens a pillé un château du Baron de Peuff et a été impliqué dans une escarmouche avec des troupes irrégulières autrichiennes. Le 21 avril, près de Reichenberg, le Prince de Brunswick-Bevern mène une offensive contre 28 000 Autrichiens commandés par le Feld-Maréchal Comte de Königsegg. Les Prussiens réussissent à repousser les Autrichiens après plusieurs heures de combat, infligeant des pertes significatives à l'ennemi. Les Prussiens perdent sept officiers et 102 soldats, tandis que les Autrichiens subissent environ 1 000 pertes. Le Maréchal d'Estrées arrive à Vesel le 27 avril et renforce les troupes sur la Lippe après que les Prussiens aient abandonné Lipstatt et Rittberg. Un détachement français repousse une attaque de cuirassiers hanovriens près de Warendorp, tuant 15 ennemis et en capturant 30.
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740
p. 193-195
ESPAGNE.
Début :
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une violente émeute. [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Porto, Sédition, Émeute, Commerce des vins, Compagnie, Mécontentement du peuple, Saccages, Gouverneur, Tremblement de terre, Corsaire anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 29 Mars.
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une
violente émeute. Entre les neuf & dix heures du
matin , on vit defcendre de la Cordoaria une trou
pe d'hommes , ayant une femme à leur tête , &
criant Vive le Peuple. S'étant rendus chez l'Elu ,
qui étoit malade au lit , ils le contraignirent de
s'habiller , le mirent dans une chaiſe à porteurs ,
& l'emmenerent avec eux. En même temps quelques
féditieux monterent fur les tours de l'Eglife
de la Miféricorde , & fonnerent le tocfin , au bruit
duquel plufieurs milliers d'habitans s'affemblerent.
Cette nouvelle troupe joignit la premiere ,
& elles allerent enfemble demander à l'Intendant
de la Ville la fuppreffion de la Compagnie , qui
vient d'y être établie pour le commerce des vins.
Une autre bande de mutins inveſtit cependant la
maiſon du Provéditeur de la Compagnie. Ilfe mit
en défenſe , & fit tirer plufieurs coups de fufil ,
dont quelques perfonnes furent bleffées. Auffitôt la
populace en fureur força les portes , pénétra dans
les appartemens , brifa les meubles , & déchira
les livres & les papiers. Le Gouverneur d'Oporto
ayant fait prendre les armes à la garniſon , mar
cha vers le lieu où le défordre étoit le plus grand.
L'Intendant de fon côté envoya ordre aux Cordeliers
de commencer la Proceffion qu'ils ont
coutume de faire le Mercredi des Cendres , afin
d'opérer par ce pieux fpectacle une diverfion dans
l'efprit du peuple. Effectivement , dès que la
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Proceffion parut , l'orage fe calma. Il est à re
marquer que pendant toute la fédition il n'échappa
à la plus vile canaille aucun mot contre le
refpect du au Roi & à fes Miniftres. Pendant le
pillage de la maifon du Provéditeur de la Compagnie,
quelques jeunes gens vouloient enlever un
fac , dans lequel il y avoit plus de vingt mille
crufades . Un Grenadier leur dit que cet argent
appartenoit au Roi , & ils fe retirerent , fans y
toucher. Comme il étoit à craindre que le trouble
ne recommençât après la Proceffion , le Gouverneur
, pour fatisfaire les habitans , promit de
leur faire rendre juftice fur les griefs dont ils fe
plaignoient, Ils infifterent pour que la nouvelle
Compagnie fût fupprimée , ou qu'elle achetâr
leurs vins dans les temps fixés , & les payât argent
Comptant , ainfi que faifoient les Anglois. La
Garnifon 'd'Oporto a été renforcée de trois Régimens
, & la Cour y a envoyé un Commiffaire
avec ordre d'informer contre les auteurs de la ré,
volte.
Don Antoine-de Villena s'étant rendu à Oporto
avec le Régiment de Cavalerie de Chaves ,
pour faire arrêter & punir les auteurs de la révolte;
la populace de la Ville s'eft attroupée de nouveau
tumultueufement. Il a fallu charger les mu
tins , pour les difperfer. On en a tué plufieurs ,
& le Régiment de Chaves a perdu auffi quelques
Cavaliers.
Trois fecouffes de tremblement de terre ont
jetté ici de nouveau l'allarme . On fentit la premiere
le 16 à onze heures & demie du foir ; la
feconde à quatre heures après- midi , & la troifeme
le 18 à cinq heures & demie du matin,
Elles ont été accompagnées de plafieurs bruits
fouterreins. La premiere & la troifieme ant agi
JUI N. 1757.
195
par ondulations. Quelques maifons ont été ébranlées
à Caſcaës. On n'a point de nouvelles , qu'il
foit arrivé ailleurs aucun dommage.
Un Corfaire Anglois ayant pillé un Navire qui
portoit Pavillon de Portugal , & qui avoit à bord
une riche cargaifon , le Roi a demandé à Sa Majefté
Britannique une fatisfaction convenable.
DE LISBONNE , le 29 Mars.
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une
violente émeute. Entre les neuf & dix heures du
matin , on vit defcendre de la Cordoaria une trou
pe d'hommes , ayant une femme à leur tête , &
criant Vive le Peuple. S'étant rendus chez l'Elu ,
qui étoit malade au lit , ils le contraignirent de
s'habiller , le mirent dans une chaiſe à porteurs ,
& l'emmenerent avec eux. En même temps quelques
féditieux monterent fur les tours de l'Eglife
de la Miféricorde , & fonnerent le tocfin , au bruit
duquel plufieurs milliers d'habitans s'affemblerent.
Cette nouvelle troupe joignit la premiere ,
& elles allerent enfemble demander à l'Intendant
de la Ville la fuppreffion de la Compagnie , qui
vient d'y être établie pour le commerce des vins.
Une autre bande de mutins inveſtit cependant la
maiſon du Provéditeur de la Compagnie. Ilfe mit
en défenſe , & fit tirer plufieurs coups de fufil ,
dont quelques perfonnes furent bleffées. Auffitôt la
populace en fureur força les portes , pénétra dans
les appartemens , brifa les meubles , & déchira
les livres & les papiers. Le Gouverneur d'Oporto
ayant fait prendre les armes à la garniſon , mar
cha vers le lieu où le défordre étoit le plus grand.
L'Intendant de fon côté envoya ordre aux Cordeliers
de commencer la Proceffion qu'ils ont
coutume de faire le Mercredi des Cendres , afin
d'opérer par ce pieux fpectacle une diverfion dans
l'efprit du peuple. Effectivement , dès que la
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Proceffion parut , l'orage fe calma. Il est à re
marquer que pendant toute la fédition il n'échappa
à la plus vile canaille aucun mot contre le
refpect du au Roi & à fes Miniftres. Pendant le
pillage de la maifon du Provéditeur de la Compagnie,
quelques jeunes gens vouloient enlever un
fac , dans lequel il y avoit plus de vingt mille
crufades . Un Grenadier leur dit que cet argent
appartenoit au Roi , & ils fe retirerent , fans y
toucher. Comme il étoit à craindre que le trouble
ne recommençât après la Proceffion , le Gouverneur
, pour fatisfaire les habitans , promit de
leur faire rendre juftice fur les griefs dont ils fe
plaignoient, Ils infifterent pour que la nouvelle
Compagnie fût fupprimée , ou qu'elle achetâr
leurs vins dans les temps fixés , & les payât argent
Comptant , ainfi que faifoient les Anglois. La
Garnifon 'd'Oporto a été renforcée de trois Régimens
, & la Cour y a envoyé un Commiffaire
avec ordre d'informer contre les auteurs de la ré,
volte.
Don Antoine-de Villena s'étant rendu à Oporto
avec le Régiment de Cavalerie de Chaves ,
pour faire arrêter & punir les auteurs de la révolte;
la populace de la Ville s'eft attroupée de nouveau
tumultueufement. Il a fallu charger les mu
tins , pour les difperfer. On en a tué plufieurs ,
& le Régiment de Chaves a perdu auffi quelques
Cavaliers.
Trois fecouffes de tremblement de terre ont
jetté ici de nouveau l'allarme . On fentit la premiere
le 16 à onze heures & demie du foir ; la
feconde à quatre heures après- midi , & la troifeme
le 18 à cinq heures & demie du matin,
Elles ont été accompagnées de plafieurs bruits
fouterreins. La premiere & la troifieme ant agi
JUI N. 1757.
195
par ondulations. Quelques maifons ont été ébranlées
à Caſcaës. On n'a point de nouvelles , qu'il
foit arrivé ailleurs aucun dommage.
Un Corfaire Anglois ayant pillé un Navire qui
portoit Pavillon de Portugal , & qui avoit à bord
une riche cargaifon , le Roi a demandé à Sa Majefté
Britannique une fatisfaction convenable.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 23 février, une émeute violente a éclaté à Oporto. Vers neuf heures du matin, un groupe d'hommes, dirigé par une femme, a forcé l'Elu, malade, à les suivre. Simultanément, des individus ont sonné le tocsin à l'église de la Miséricorde, rassemblant plusieurs milliers de personnes. Ces groupes ont demandé à l'Intendant de la Ville la suppression d'une nouvelle compagnie de commerce des vins. Une autre bande a attaqué la maison du Provéditeur de la Compagnie, provoquant des échanges de tirs et des pillages. Le Gouverneur d'Oporto a déployé la garnison pour rétablir l'ordre, tandis que l'Intendant a organisé une procession pour apaiser la foule. Pendant l'émeute, aucun mot contre le Roi ou ses ministres n'a été prononcé, et un grenadier a empêché le vol d'une somme d'argent appartenant au Roi. Pour éviter une reprise des troubles, le Gouverneur a promis de traiter les griefs des habitants, notamment la suppression de la compagnie ou l'achat de leurs vins en espèces. La garnison d'Oporto a été renforcée, et un commissaire a été envoyé pour enquêter sur la révolte. Plus tard, la population s'est de nouveau soulevée à l'arrivée de Don Antoine-de Villena avec le Régiment de Cavalerie de Chaves, entraînant des affrontements et des pertes des deux côtés.
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741
p. *195-195
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Des avis reçus d'Antigoa annoncent que les François se sont [...]
Mots clefs :
Londres, Français, Prise d'un fort, Afrique, Gouvernement de Gibraltar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE
BRETAGNE.
DE
LONDRES , le 19 Avril,
Des avis reçus d'Antigoa annoncent que les
François fe font emparés d'un Fort près de la riviete
de Gambie fur la côte d'Afrique. On conjecture
que c'eft l'Efcadre partie de Breſt au mois de Novembre
dernier , qui a été employée à cette expédition.
Sa Majesté a ôté au Lord Tyrawley le Gouver
nement de Gibraltar , pour le donner au Comte
de Humes.
BRETAGNE.
DE
LONDRES , le 19 Avril,
Des avis reçus d'Antigoa annoncent que les
François fe font emparés d'un Fort près de la riviete
de Gambie fur la côte d'Afrique. On conjecture
que c'eft l'Efcadre partie de Breſt au mois de Novembre
dernier , qui a été employée à cette expédition.
Sa Majesté a ôté au Lord Tyrawley le Gouver
nement de Gibraltar , pour le donner au Comte
de Humes.
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742
p. 183-184
ALLEMAGNE.
Début :
Comme on n'a point encore de relation circonstanciée & positive de la [...]
Mots clefs :
Vienne, Bataille, Prince Charles de Lorraine, Corps, Troupes, Ratisbonne, Diète de l'Empire, Soldats, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 18 Mai ,
Comme on n'a point encore de relation circonftanciée
& pofitive de la bataille donnée le
6 de ce mois près de Prague , on attendra , pour
en parler , que l'on foit en état de pouvoir en
donner des détails plus étendus & de plus affurés.
On affure que les troupes , avec lesquelles le
Prince Charles de Lorraine eft à Prague , montent
à quarante-fix mille hommes , en y comprenant
un corps qui campe dans les dehors de la Place.
L'armée que commande le Feld - Maréchal Comte
de Daun , eft campée entre Kollin & Kuttenberg.
Forte déja de plus de cinquante mille hommes ,
elle fera augmentée inceffamment par le corps du
Général Nadafty. On y attend auffi vingt Batail-
Ions , compofés chacun de fix compagnies .
DE RATISBONNE , le 22 Mai.
Le Baron de Mackau , Miniftre de France , remit
le 26 du mois dernier à la Diette de l'Empire
ane nouvelle déclaration de Sa Majeſté Très- Chrérienne
, datée du 20 Mars 1757.
Il arriva le 18 de ce mois à Nabburg huit cens
hommes des troupes Pruffiennes avec quatre canons
& huit mortiers. Auffitôt la Régence d'Am184
MERCURE DE FRANCE.
berg envoya deux Députés , pour conférer avec
le Lieutenant- Colonel , qui commandoit ce détachement.
Ce Lieutenant - Colonel s'eft rendu
avec les deux Députés à Amberg , où il a eu un
entretien d'une heure & demie avec le Vice- Commandant
de la Ville. Les nouvelles du Haut -Palatinat
portent que des troupes légeres du Roi de
Pruffe y font entrées , & qu'elles ont mis à contribution
quelques Bourgs des Etats de l'Electeur
Palatin.
DE VIENNE , le 18 Mai ,
Comme on n'a point encore de relation circonftanciée
& pofitive de la bataille donnée le
6 de ce mois près de Prague , on attendra , pour
en parler , que l'on foit en état de pouvoir en
donner des détails plus étendus & de plus affurés.
On affure que les troupes , avec lesquelles le
Prince Charles de Lorraine eft à Prague , montent
à quarante-fix mille hommes , en y comprenant
un corps qui campe dans les dehors de la Place.
L'armée que commande le Feld - Maréchal Comte
de Daun , eft campée entre Kollin & Kuttenberg.
Forte déja de plus de cinquante mille hommes ,
elle fera augmentée inceffamment par le corps du
Général Nadafty. On y attend auffi vingt Batail-
Ions , compofés chacun de fix compagnies .
DE RATISBONNE , le 22 Mai.
Le Baron de Mackau , Miniftre de France , remit
le 26 du mois dernier à la Diette de l'Empire
ane nouvelle déclaration de Sa Majeſté Très- Chrérienne
, datée du 20 Mars 1757.
Il arriva le 18 de ce mois à Nabburg huit cens
hommes des troupes Pruffiennes avec quatre canons
& huit mortiers. Auffitôt la Régence d'Am184
MERCURE DE FRANCE.
berg envoya deux Députés , pour conférer avec
le Lieutenant- Colonel , qui commandoit ce détachement.
Ce Lieutenant - Colonel s'eft rendu
avec les deux Députés à Amberg , où il a eu un
entretien d'une heure & demie avec le Vice- Commandant
de la Ville. Les nouvelles du Haut -Palatinat
portent que des troupes légeres du Roi de
Pruffe y font entrées , & qu'elles ont mis à contribution
quelques Bourgs des Etats de l'Electeur
Palatin.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mai 1757, des événements militaires et diplomatiques marquent l'Allemagne. À Vienne, le 18 mai, les détails de la bataille près de Prague du 6 mai restent flous. Les troupes du Prince Charles de Lorraine à Prague totalisent 45 000 hommes, tandis que l'armée du Feld-Maréchal Comte de Daun, entre Kollin et Kuttenberg, en compte plus de 50 000 et doit être renforcée par le corps du Général Nadafty et 20 bataillons. À Ratisbonne, le 22 mai, le Baron de Mackau transmet une déclaration du roi de France à la Diète de l'Empire, datée du 26 avril. À Amberg, 800 hommes des troupes prussiennes, avec des canons et des mortiers, arrivent le 18 mai, entraînant une rencontre entre un lieutenant-colonel prussien et des représentants de la régence. Par ailleurs, des troupes légères du roi de Prusse pénètrent dans le Haut-Palatinat, imposant des contributions à certains bourgs des États de l'Électeur Palatin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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743
p. 184-185
ESPAGNE.
Début :
Le sieur du Revest ayant fait voile de Toulon avec les Vaisseaux [...]
Mots clefs :
Málaga, Vaisseaux de guerre, Equipage, Amiral, Attaque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE MALAGA le 9 Mai.
3 ୨
?
Le fieur du Reveft ayant fait voile de Toulon
avec les Vaiffeaux de guerre le Hector , de 74
pieces de canon , l'Achille , le Vaillant & le Sage
, de 64 chacun ; un gros temps l'avoit obligé
de relâcher ici . Le Conful , qui réfide en cette
Ville de la part de la Nation Angloife , en informa
fur le champ l'Amiral Saunders . A cette nouvelle
, cet Amiral leva l'ancre de la Baie de Gibraltar
, avec les Vaiffeaux de guerre le Culloden ,
le Berwick , la Princeffe Louife , le Portland & le
Guernesey. Il y avoit fur chacun de ces Bâtimens
outre l'équipage , cent cinquante homme de troupes
de Marine. Les , le fieur du Reveſt remit à la
voile , pour continuer fa route . Près du Détroit
il rencontra l'Efcadre Angloiſe. L'Amiral Saunders
prit le vent fur les François , & fe mit en ligne
pour les attaquer. Le Sieur du Reveft forma
auffi fa ligne . En même- temps , cherchant à
gagner le vent , il lâcha uue bordée , qui donna
dans les agrêts des Vaiffeaux le Portland & lè
Guernesey mais qui ne leur caufa qu'un lére
dommage. Les deux Efcadres fe canonnerent
"'
JUI N. 1757 .
pendant près de deux heures. La nuit les fépara's
& l'Efcadre Françoife , qui n'avoit d'autre but
que de paffer le détroit , pourfuivit fa navigation,
DE MALAGA le 9 Mai.
3 ୨
?
Le fieur du Reveft ayant fait voile de Toulon
avec les Vaiffeaux de guerre le Hector , de 74
pieces de canon , l'Achille , le Vaillant & le Sage
, de 64 chacun ; un gros temps l'avoit obligé
de relâcher ici . Le Conful , qui réfide en cette
Ville de la part de la Nation Angloife , en informa
fur le champ l'Amiral Saunders . A cette nouvelle
, cet Amiral leva l'ancre de la Baie de Gibraltar
, avec les Vaiffeaux de guerre le Culloden ,
le Berwick , la Princeffe Louife , le Portland & le
Guernesey. Il y avoit fur chacun de ces Bâtimens
outre l'équipage , cent cinquante homme de troupes
de Marine. Les , le fieur du Reveſt remit à la
voile , pour continuer fa route . Près du Détroit
il rencontra l'Efcadre Angloiſe. L'Amiral Saunders
prit le vent fur les François , & fe mit en ligne
pour les attaquer. Le Sieur du Reveft forma
auffi fa ligne . En même- temps , cherchant à
gagner le vent , il lâcha uue bordée , qui donna
dans les agrêts des Vaiffeaux le Portland & lè
Guernesey mais qui ne leur caufa qu'un lére
dommage. Les deux Efcadres fe canonnerent
"'
JUI N. 1757 .
pendant près de deux heures. La nuit les fépara's
& l'Efcadre Françoife , qui n'avoit d'autre but
que de paffer le détroit , pourfuivit fa navigation,
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Résumé : ESPAGNE.
Le 9 mai 1757, le navire français le Revest, accompagné des vaisseaux Hector, Achille, Vaillant et Sage, quitta Toulon mais dut se réfugier à Malaga en raison de mauvaises conditions météorologiques. Le consul britannique à Malaga informa l'amiral Saunders, qui leva l'ancre de la baie de Gibraltar avec les vaisseaux Culloden, Berwick, Princesse Louise, Portland et Guernesey, chacun transportant 150 hommes de troupes de marine. Le Revest reprit la mer et rencontra la flotte anglaise près du détroit de Gibraltar. L'amiral Saunders engagea le combat. Une bordée française causa peu de dommages aux vaisseaux Portland et Guernesey. Les deux escadres s'affrontèrent pendant près de deux heures avant que la nuit ne les sépare. L'escadre française, dont l'objectif était de traverser le détroit, poursuivit sa route.
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744
p. 185-186
ITALIE.
Début :
Plusieurs Tartanes, ayant à bord le Régiment Royal Italien, ont fait voile [...]
Mots clefs :
Naples, Tartanes, Vaisseaux, Combat naval, La Bastie, Rebelles, Paoli, Marta, Affrontements
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , les Mai.
Plufieurs Tartanes , ayant à bord le Régiment
Royal Italien , ont fait voile de Gaete pour Palerme
fous l'escorte d'un Vaiffeau de guerre. Un des
Chabecs du Roi a conduit ici un Corfaire d'Alger ,
de dix canons , & de cent hommes d'équipage.
On a appris que Don Jofeph de Martinez a pris
un Corfaire de Tripoli , fur lequel il y avoit cent
vingt-huit hommes , & qui étoit armé de douze
canons. Ce Bâtiment Barbarefque s'eft défendu
pendant un jour entier. Quatre-vingt- dix- neuf
hommes de fon équipage ont été tuées dans le
combat.
DE LA BASTIE , le 9୨ Mai.
Depuis long- temps , les Rebelles étoient divifés
en deux factions. Celle de Paoli étoit devenue la
plus puiffante ; mais la feconde , à la tête de la
quelle étoit Matra , ne laiffoit pas d'être encore
nombreuſe. Elle tenoit le Fort Aleria , & quelques
autres poftes qu'il étoit difficile de forcer.
Paoli a eurecours à la rufe , pour abattre le parti
qui lui étoit contraire. Il a feint d'être abandonné
de la plupart de fes adhérens , & il s'eft retiré
dans le Couvent de Bofio , comme pour fauver fa
vie. Matra , étant allé l'y attaquer , s'eft trouvé
enveloppé par les troupes que Paoli avoit mifes
en embuscade. Prefque tous les affiégeans ont été
186 MERCURE DE FRANCE.
taillés en pieces. Trois de leurs chefs ont été pris.
Paoli les a fait paffer par les armes. Matra , en
fuyant , a été tué.
DE NAPLES , les Mai.
Plufieurs Tartanes , ayant à bord le Régiment
Royal Italien , ont fait voile de Gaete pour Palerme
fous l'escorte d'un Vaiffeau de guerre. Un des
Chabecs du Roi a conduit ici un Corfaire d'Alger ,
de dix canons , & de cent hommes d'équipage.
On a appris que Don Jofeph de Martinez a pris
un Corfaire de Tripoli , fur lequel il y avoit cent
vingt-huit hommes , & qui étoit armé de douze
canons. Ce Bâtiment Barbarefque s'eft défendu
pendant un jour entier. Quatre-vingt- dix- neuf
hommes de fon équipage ont été tuées dans le
combat.
DE LA BASTIE , le 9୨ Mai.
Depuis long- temps , les Rebelles étoient divifés
en deux factions. Celle de Paoli étoit devenue la
plus puiffante ; mais la feconde , à la tête de la
quelle étoit Matra , ne laiffoit pas d'être encore
nombreuſe. Elle tenoit le Fort Aleria , & quelques
autres poftes qu'il étoit difficile de forcer.
Paoli a eurecours à la rufe , pour abattre le parti
qui lui étoit contraire. Il a feint d'être abandonné
de la plupart de fes adhérens , & il s'eft retiré
dans le Couvent de Bofio , comme pour fauver fa
vie. Matra , étant allé l'y attaquer , s'eft trouvé
enveloppé par les troupes que Paoli avoit mifes
en embuscade. Prefque tous les affiégeans ont été
186 MERCURE DE FRANCE.
taillés en pieces. Trois de leurs chefs ont été pris.
Paoli les a fait paffer par les armes. Matra , en
fuyant , a été tué.
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Résumé : ITALIE.
Le texte décrit deux événements historiques distincts. Premièrement, plusieurs tartanes transportant le Régiment Royal Italien ont quitté Gaète pour Palerme sous l'escorte d'un vaisseau de guerre. Parallèlement, un navire du roi a conduit à Naples un corsaire algérien de dix canons et cent hommes d'équipage. De plus, Don Joseph de Martinez a capturé un corsaire de Tripoli, armé de douze canons et transportant cent vingt-huit hommes. Ce navire s'est défendu pendant un jour entier, entraînant la mort de quatre-vingt-dix-neuf membres de son équipage. Deuxièmement, en Corse, les rebelles étaient divisés en deux factions. La faction de Paoli était la plus puissante, mais celle dirigée par Matra contrôlait le Fort Aleria et d'autres postes stratégiques. Paoli a utilisé une ruse en feignant l'abandon de ses partisans et en se retirant dans le couvent de Boscogna. Matra, tentant de l'attaquer, a été pris en embuscade par les troupes de Paoli. La plupart des assaillants ont été tués, trois de leurs chefs capturés et exécutés, et Matra a été tué en fuyant.
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745
p. 186-187
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Les Vaisseaux du Roi, & nos Armateurs, se sont emparés depuis peu de [...]
Mots clefs :
Londres, Vaisseaux, Navires français, Chambres du parlement, Message du roi, Amérique, Amiral Holbourne
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 24 Mai.
Les Vaiffeaux du Roi , & nos Armateurs , fe
font emparés depuis peu de fept Navires François
partis de Bordeaux . Selon les Lettres de la Jamaïque
, le Chevalier de Bauffremont , avec quatre
Vaiffeaux & trois Frégates , bloque le Port-
Royal. Les mêmes nouvelles ajoutent , que ce
Chef d'Efcadre s'eft rendu maître du Vaiffeau de
guerre le Greenwich , de so canons , qui étoit
employé à eſcorter les Navires Marchands au paſfage
du vent.
•
On remit le 17 de ce mois aux deux Chambres
du Parlement un Meffage du Roi , portant que ,
comme il pourroit furvenir des événemens de la
derniere importance , qui auroient les fuites les plus
funeftes fi l'on ne recouroit promptement aux
moyens de les prévenir ; Sa Majesté défiroit quefon
Parlement la miten état de fournir aux dépenses extraordinaires
, faites ou à faire pour la guerre
pendant cette année , & de prendre toutes les mefures
que les circonstances exigeront pour s'opposer aux
entreprises des ennemis. La Chambre des Communes
prit le lendemain en confidération le Meffage
du Roi , & elle réfolut d'accorder à Sa Majesté un
million fterling. Le 20 , elle décida que ce million
fe leveroit par emprunt ou par des billets de
l'Echiquier , payables fur le fubfide de l'année
1758. On affure que l'Amiral Holbourne eft
chargée de faire , à fon arrivée en Amérique ,
des
JUI N. 1757 .
187
recherches pour découvrir deux Corfaires , l'un
d'Hallifax , l'autre de la nouvelle Angleterre
qui ont exercé diverfes déprédations contre les Efpagnols.
DE LONDRES , le 24 Mai.
Les Vaiffeaux du Roi , & nos Armateurs , fe
font emparés depuis peu de fept Navires François
partis de Bordeaux . Selon les Lettres de la Jamaïque
, le Chevalier de Bauffremont , avec quatre
Vaiffeaux & trois Frégates , bloque le Port-
Royal. Les mêmes nouvelles ajoutent , que ce
Chef d'Efcadre s'eft rendu maître du Vaiffeau de
guerre le Greenwich , de so canons , qui étoit
employé à eſcorter les Navires Marchands au paſfage
du vent.
•
On remit le 17 de ce mois aux deux Chambres
du Parlement un Meffage du Roi , portant que ,
comme il pourroit furvenir des événemens de la
derniere importance , qui auroient les fuites les plus
funeftes fi l'on ne recouroit promptement aux
moyens de les prévenir ; Sa Majesté défiroit quefon
Parlement la miten état de fournir aux dépenses extraordinaires
, faites ou à faire pour la guerre
pendant cette année , & de prendre toutes les mefures
que les circonstances exigeront pour s'opposer aux
entreprises des ennemis. La Chambre des Communes
prit le lendemain en confidération le Meffage
du Roi , & elle réfolut d'accorder à Sa Majesté un
million fterling. Le 20 , elle décida que ce million
fe leveroit par emprunt ou par des billets de
l'Echiquier , payables fur le fubfide de l'année
1758. On affure que l'Amiral Holbourne eft
chargée de faire , à fon arrivée en Amérique ,
des
JUI N. 1757 .
187
recherches pour découvrir deux Corfaires , l'un
d'Hallifax , l'autre de la nouvelle Angleterre
qui ont exercé diverfes déprédations contre les Efpagnols.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 24 mai, des navires britanniques ont capturé sept navires français à Bordeaux. Parallèlement, le Chevalier de Bauffremont, à la tête d'une flotte de quatre vaisseaux et trois frégates, bloque le Port-Royal et s'empare du vaisseau britannique Greenwich, armé de 50 canons. Le 17 mai, le roi a adressé un message aux deux Chambres du Parlement, soulignant la nécessité de prévenir des événements graves et de se préparer à couvrir les dépenses extraordinaires liées à la guerre. La Chambre des Communes a examiné ce message le lendemain et a décidé d'accorder un million de sterling au roi. Le 20 mai, elle a décidé que ce montant serait levé par emprunt ou par des billets de l'Échiquier, payables sur le subside de l'année 1758. Par ailleurs, l'amiral Holbourne est chargé de rechercher deux corsaires, l'un d'Halifax et l'autre de la Nouvelle-Angleterre, ayant commis des déprédations contre les Espagnols.
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746
p. 207-210
ALLEMAGNE.
Début :
L'Impératrice de Russie a envoyé à tous ses Ministres dans les [...]
Mots clefs :
Dantzig, Impératrice de Russie, Ministres, Roi de Prusse, Attaques, Riposte, Vaisseaux, Dresde, Ordonnance, Recrues, Ordonnances du roi de Prusse, Francfort, Haut-Palatinat, Prise de la ville, Fuite des habitants, Warendorf, Maréchal d'Estrées, Camps militaires, Ennemis
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DANTZICK , le 24 Mai.
L'IMPERATRICE de Ruffie a envoyé à tous fes
Miniftres dans les Cours Etrangeres le refcrit fuivant
. « Ayant déja témoigné fuffisamment par
» plufieurs Déclarations à toutes les Cours , com-
» bien Nous fommes mécontente de la maniere
» dont le Roi de Pruffe attaque nos Alliés , & que
» Nous fommes réfolue de faire une puiffante di-
» verfion pour leur fecours ; Nous ne le répéteront
point ici. Mais comme on ne peut aider
» nofdits Alliés ni détourner de chez eux le
» fléau de la guerre , qu'en attaquant pareille-
>> ment le Roi de Pruffe dans fes poffeffions ,
» Nous avons ordonné de bloquer d'abord tous
» les Ports de fon Royaume , afin d'y empêcher
» toute entrée & fortie de provifions , & même
» tout commerce , fuivant Pufage de la guerre.
» Ainfi S. M. Imp. charge tous fes Miniftres dans
» les Cours Etrangeres , de communiquer ceci ,
» en ajoutant que nonn--ffeulement on ne permettra
» à aucun Bâtiment d'entrer dans les Ports Pruf-
» fiens ; mais que même , fi quelque Maître de
Navire fe laiffoit employer pour y tranfporter
» des troupes Pruffiennes , de l'artillerie ou des
munitions de guerre, le Bâtiment fera , felon les
208 MERCURE DE FRANCE.
» loix de la guerre , déclaré de bonne prife , fans
» autre formalité. Et l'on a donné en conféquence
>> une note à tous les Miniftres Etrangers , qui
» réfident à Petersbourg. »
Conformement à ce recit , plufieurs Vaiffaux
de l'Impératrice de Ruffie croifent depuis quelques
jours devant les Ports de Memel & de Pillau
, & dans les environs de l'Ile de Hela , fituée
à l'embouchure de la Viftule. Ils fe font emparés
de quatre Navires Pruffiens , dont deux alloient de
Konifberg à Stettin. Les équipages de quelques
Bâtimens ont rapporté qu'ils avoient rencontré
dix-huit Galeres chargées de troupes Ruffiennes ,
faifant route vers la Poméranie .
DE DRESDE , le 2 Juin.
Par une nouvelle Ordonnance , qui vient d'être
fignifiée aux différens cercles de cet Electorat ,
le Directoire Général de Torgau leur demande
une nouvelle fourniture de recrues , montant à
quatre mille deux cens hommes. Il exige que chaque
homme ait au moins cinq preds cing pouces
de hauteur , & qu'aucun ne foit au-deffous de
vingt ans , ni au-deffus de trente ; & qu'ils foient
tout- prêts à être livrés dans trois ſemaines.
On affure que la nuit du 27 au 28 du mois dernier
les troupes Autrichiennes , qui font dans
Prague , ont fait une feconde fortie. Divers avis
confirment que dans celle du 24 elles ont tué
beaucoup de monde aux Pruffiens.
Il paroît deux nouvelles Ordonnances du Roi
de Pruffe. Par la premiere , ce Prince demande
à la Nobleffe de l'Electorat de Saxe une avance de
fix cens mille écus , qu'il promet de rembourfer
après la guerre. La feconde porte que , fi léshaJUILLET.
1757. 209
bitans de Léipfick ne fourniffent pas fans délai la
fomme qui leur a été impofée , on arrêtera dix
d'entr'eux , pris en partie parmi les Magiftrats ,
en partie dans le Corps des Négocians , & que
ces dix perfonnes feront détenues en priſon jufqu'à
l'entier paiement de cette fomme.
DE FRANC FORT , les Juin .
Par les lettres reçues du haut- Palatinat , on a
appris qu'un Corps de 1500 Pruffiens s'eft emparé
de la petite ville de Scwabach , appartenante au
Margrave d'Anfpach , & qu'enfuite ce Corps s'étant
préfenté aux portes de Nuremberg , il a demandé
que les habitans de cette derniere Ville
euffent à déclarer s'ils étoient amis ou ennemis ,
& au cas qu'ils priffent le premier parti , qu'ils
remiffent toute l'artillerie de la Place , finon
qu'on agiroit hoftilement contr'eux. Les villes
de Bamberg & d'Aichfted font dans la derniere
frayeur. Prefque tous les habitans prennent la
fuite. Cependant le bruit vient de fe répandre que
ce détachement Pruffien s'étoit retiré . pour fe
porter dans la Principauté d'Anſpach.
DE WAREN DORFF , le 7 Juin.
9
Le Maréchal d'Eftrées a porté l'armée du Roi
fur l'Embs où elle eft campée en différens
Corps , dont les mouvemens ont été fucceffifs . Il
a laiffé à Tellight une réſerve de huit Bataillons de
Grenadiers Royaux , & d'un Régiment de Dragons.
L'abondance des pluies a tellement gâté les
chemins , que ce Géneral n'a pu encore être joint
par le Corps féparé , que commande le Prince de
Soubize.
Les ennemis fe font raffemblés à Brackwede . Ils
campent fur deux lignes , ayant devant leur cen210
MERCURE DE FRANCE.
tré ce village , & en avant un ruiffeau & des ma→ :
rais. Le Duc de Cumberland a laiffé douze cens
hommes dans Rittberg , dont les abords font
aufà très marécageux.
DE DANTZICK , le 24 Mai.
L'IMPERATRICE de Ruffie a envoyé à tous fes
Miniftres dans les Cours Etrangeres le refcrit fuivant
. « Ayant déja témoigné fuffisamment par
» plufieurs Déclarations à toutes les Cours , com-
» bien Nous fommes mécontente de la maniere
» dont le Roi de Pruffe attaque nos Alliés , & que
» Nous fommes réfolue de faire une puiffante di-
» verfion pour leur fecours ; Nous ne le répéteront
point ici. Mais comme on ne peut aider
» nofdits Alliés ni détourner de chez eux le
» fléau de la guerre , qu'en attaquant pareille-
>> ment le Roi de Pruffe dans fes poffeffions ,
» Nous avons ordonné de bloquer d'abord tous
» les Ports de fon Royaume , afin d'y empêcher
» toute entrée & fortie de provifions , & même
» tout commerce , fuivant Pufage de la guerre.
» Ainfi S. M. Imp. charge tous fes Miniftres dans
» les Cours Etrangeres , de communiquer ceci ,
» en ajoutant que nonn--ffeulement on ne permettra
» à aucun Bâtiment d'entrer dans les Ports Pruf-
» fiens ; mais que même , fi quelque Maître de
Navire fe laiffoit employer pour y tranfporter
» des troupes Pruffiennes , de l'artillerie ou des
munitions de guerre, le Bâtiment fera , felon les
208 MERCURE DE FRANCE.
» loix de la guerre , déclaré de bonne prife , fans
» autre formalité. Et l'on a donné en conféquence
>> une note à tous les Miniftres Etrangers , qui
» réfident à Petersbourg. »
Conformement à ce recit , plufieurs Vaiffaux
de l'Impératrice de Ruffie croifent depuis quelques
jours devant les Ports de Memel & de Pillau
, & dans les environs de l'Ile de Hela , fituée
à l'embouchure de la Viftule. Ils fe font emparés
de quatre Navires Pruffiens , dont deux alloient de
Konifberg à Stettin. Les équipages de quelques
Bâtimens ont rapporté qu'ils avoient rencontré
dix-huit Galeres chargées de troupes Ruffiennes ,
faifant route vers la Poméranie .
DE DRESDE , le 2 Juin.
Par une nouvelle Ordonnance , qui vient d'être
fignifiée aux différens cercles de cet Electorat ,
le Directoire Général de Torgau leur demande
une nouvelle fourniture de recrues , montant à
quatre mille deux cens hommes. Il exige que chaque
homme ait au moins cinq preds cing pouces
de hauteur , & qu'aucun ne foit au-deffous de
vingt ans , ni au-deffus de trente ; & qu'ils foient
tout- prêts à être livrés dans trois ſemaines.
On affure que la nuit du 27 au 28 du mois dernier
les troupes Autrichiennes , qui font dans
Prague , ont fait une feconde fortie. Divers avis
confirment que dans celle du 24 elles ont tué
beaucoup de monde aux Pruffiens.
Il paroît deux nouvelles Ordonnances du Roi
de Pruffe. Par la premiere , ce Prince demande
à la Nobleffe de l'Electorat de Saxe une avance de
fix cens mille écus , qu'il promet de rembourfer
après la guerre. La feconde porte que , fi léshaJUILLET.
1757. 209
bitans de Léipfick ne fourniffent pas fans délai la
fomme qui leur a été impofée , on arrêtera dix
d'entr'eux , pris en partie parmi les Magiftrats ,
en partie dans le Corps des Négocians , & que
ces dix perfonnes feront détenues en priſon jufqu'à
l'entier paiement de cette fomme.
DE FRANC FORT , les Juin .
Par les lettres reçues du haut- Palatinat , on a
appris qu'un Corps de 1500 Pruffiens s'eft emparé
de la petite ville de Scwabach , appartenante au
Margrave d'Anfpach , & qu'enfuite ce Corps s'étant
préfenté aux portes de Nuremberg , il a demandé
que les habitans de cette derniere Ville
euffent à déclarer s'ils étoient amis ou ennemis ,
& au cas qu'ils priffent le premier parti , qu'ils
remiffent toute l'artillerie de la Place , finon
qu'on agiroit hoftilement contr'eux. Les villes
de Bamberg & d'Aichfted font dans la derniere
frayeur. Prefque tous les habitans prennent la
fuite. Cependant le bruit vient de fe répandre que
ce détachement Pruffien s'étoit retiré . pour fe
porter dans la Principauté d'Anſpach.
DE WAREN DORFF , le 7 Juin.
9
Le Maréchal d'Eftrées a porté l'armée du Roi
fur l'Embs où elle eft campée en différens
Corps , dont les mouvemens ont été fucceffifs . Il
a laiffé à Tellight une réſerve de huit Bataillons de
Grenadiers Royaux , & d'un Régiment de Dragons.
L'abondance des pluies a tellement gâté les
chemins , que ce Géneral n'a pu encore être joint
par le Corps féparé , que commande le Prince de
Soubize.
Les ennemis fe font raffemblés à Brackwede . Ils
campent fur deux lignes , ayant devant leur cen210
MERCURE DE FRANCE.
tré ce village , & en avant un ruiffeau & des ma→ :
rais. Le Duc de Cumberland a laiffé douze cens
hommes dans Rittberg , dont les abords font
aufà très marécageux.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En 1757, l'impératrice de Russie a exprimé son mécontentement face aux attaques du roi de Prusse contre ses alliés. Elle a ordonné le blocus des ports prussiens, empêchant toute entrée ou sortie de provisions et de commerce. Des vaisseaux russes patrouillaient devant Memel, Pillau et l'île de Hela, capturant quatre navires prussiens. Des troupes russes se dirigeaient vers la Poméranie. À Dresde, le Directoire Général de Torgau a réclamé 4 200 nouvelles recrues, âgées de 20 à 30 ans et mesurant au moins cinq pieds cinq pouces. Les troupes autrichiennes à Prague avaient lancé des sorties contre les Prussiens. Le roi de Prusse a exigé des avances financières de la noblesse saxonne et des habitants de Leipzig, menaçant d'arrestations en cas de refus. À Francfort, un corps de 1 500 Prussiens avait pris la ville de Schwabach et menacé Nuremberg, avant de se retirer vers la Principauté d'Anspach. À Waren Dorff, le maréchal d'Estrées a déplacé l'armée du roi sur l'Embs, malgré des conditions météorologiques défavorables. Les ennemis étaient rassemblés à Brackwede, et le duc de Cumberland avait laissé 1 200 hommes à Rittberg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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747
p. 210
ESPAGNE.
Début :
Les habitants d'Oporto, en punition de leur révolte, sont condamnés à avoir chez [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Porto, Punition, Troupes, Emprisonnement, Pendaison, Madrid, Corsaire anglais, Tirs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 7 Mai.
Les habitans d'Oporto , en punition de leur révolte
, font condamnés à avoir chez eux , pendant
un temps illimité , un nombre confidérable de
troupes entretenus à leurs dépens. On a ôté au
peuple la prérogative d'avoir voix dans le Sénat.
Les Procureurs de la Ville , & les Corps de métiers
, font fupprimés à perpétuité . Plus de trois
cens perfonnes de tout rang ont été renfermées
dans diverfes prifons. Quoique le Juge du peuple
n'ait préſenté la requête des Bourgeois , qu'après
y avoir été contraint par les féditieux , la Sentence
prononcée contre lui , porte qu'il fera
amende honorable , la corde au col , & qu'il
fera conduit ainfi dans les principales rues par le
Bourreau.
DE MADRID , le 31 Mai.
Un Corfaire Anglois , ayant rencontré un
Vaiffeau des Caraques , a voulu le vifiter . Sur le
refus que ce dernier Bâtiment a fait d'amener
l'Anglois lui a tiré fa bordée , qui a tué deux Eſpagnols
, & en a bleffé plufieurs.
DE LISBONNE , le 7 Mai.
Les habitans d'Oporto , en punition de leur révolte
, font condamnés à avoir chez eux , pendant
un temps illimité , un nombre confidérable de
troupes entretenus à leurs dépens. On a ôté au
peuple la prérogative d'avoir voix dans le Sénat.
Les Procureurs de la Ville , & les Corps de métiers
, font fupprimés à perpétuité . Plus de trois
cens perfonnes de tout rang ont été renfermées
dans diverfes prifons. Quoique le Juge du peuple
n'ait préſenté la requête des Bourgeois , qu'après
y avoir été contraint par les féditieux , la Sentence
prononcée contre lui , porte qu'il fera
amende honorable , la corde au col , & qu'il
fera conduit ainfi dans les principales rues par le
Bourreau.
DE MADRID , le 31 Mai.
Un Corfaire Anglois , ayant rencontré un
Vaiffeau des Caraques , a voulu le vifiter . Sur le
refus que ce dernier Bâtiment a fait d'amener
l'Anglois lui a tiré fa bordée , qui a tué deux Eſpagnols
, & en a bleffé plufieurs.
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Résumé : ESPAGNE.
En Espagne et au Portugal, des mesures sévères sont prises contre les révoltés. À Oporto, les habitants doivent héberger des troupes à leurs frais, perdent leur droit de vote et voient leurs institutions supprimées. Plus de trois cents personnes sont emprisonnées. À Madrid, un corsaire anglais tue deux Espagnols après un refus de visite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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748
p. 210-211
GRANDE BRETAGNE.
Début :
La Compagnie des Indes vient de recevoir des nouvelles très-facheuses [...]
Mots clefs :
Londres, Compagnie des Indes, Vaisseaux, Conflits, Pillages, Gouverneur, Equipage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 7 Juin.
La Compagnie des Indes vient de recevoir des
nouvelles très-facheufes par fes Vaiffeaux le Portfield
, l'Edgcote & le Chefterfield. Selon le rapport,
JUILLET. 1757. 211
des équipages de ces Bâtimens , qui reviennent
des côtes de Malabar & de Coromandel , Sourajée
Doulah , petit- fils & fucceffeur de feu Aliverdée
Kan , Nabab de Bengale , a demandé des
fommes confidérables aux Anglois établis dans le
voisinage de fes états. Les Anglois n'y ayant point
fatisfait , il a marché dans le mois de Juin de l'année
derniere avec foixante mille hommes à Calécut
, dont il s'eft rendu maître , ainfi que de tous
les autres établiffemens de la compagnie fur la
côte. Il y a exterminé tout ce qu'il y a rencontré
, & il a enlevé l'argent & les marchandiſes de
tous les comtoirs. Les Gouverneurs de Madras &
de Bombay ont fait partir fur l'Eſcadre de l'Amiral
Wafton un Corps de troupes , pour tâcher de
rétablir le Fort Guillaume , que le Nabab a détruit.
On a été informé par les mêmes équipages
que le Vaiffeau le Doddington , appartenant à la
Compagnie , avoit fait naufrage près du Cap de
Bonne-Efperance , & qu'on n'avoit pu fauver que
vingt-fept des perfonnes qui étoient à bord. Un
autre Vaiffeau de la Compagnie nommé le
Protecteur , & armé en courfe , s'eft emparé d'un
Navire François , parti de Pondichery.
DE LONDRES , le 7 Juin.
La Compagnie des Indes vient de recevoir des
nouvelles très-facheufes par fes Vaiffeaux le Portfield
, l'Edgcote & le Chefterfield. Selon le rapport,
JUILLET. 1757. 211
des équipages de ces Bâtimens , qui reviennent
des côtes de Malabar & de Coromandel , Sourajée
Doulah , petit- fils & fucceffeur de feu Aliverdée
Kan , Nabab de Bengale , a demandé des
fommes confidérables aux Anglois établis dans le
voisinage de fes états. Les Anglois n'y ayant point
fatisfait , il a marché dans le mois de Juin de l'année
derniere avec foixante mille hommes à Calécut
, dont il s'eft rendu maître , ainfi que de tous
les autres établiffemens de la compagnie fur la
côte. Il y a exterminé tout ce qu'il y a rencontré
, & il a enlevé l'argent & les marchandiſes de
tous les comtoirs. Les Gouverneurs de Madras &
de Bombay ont fait partir fur l'Eſcadre de l'Amiral
Wafton un Corps de troupes , pour tâcher de
rétablir le Fort Guillaume , que le Nabab a détruit.
On a été informé par les mêmes équipages
que le Vaiffeau le Doddington , appartenant à la
Compagnie , avoit fait naufrage près du Cap de
Bonne-Efperance , & qu'on n'avoit pu fauver que
vingt-fept des perfonnes qui étoient à bord. Un
autre Vaiffeau de la Compagnie nommé le
Protecteur , & armé en courfe , s'eft emparé d'un
Navire François , parti de Pondichery.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
La Compagnie des Indes a reçu des nouvelles alarmantes via les vaisseaux Portfield, Edgcote et Chesterfield. Sourajée Doulah, successeur d'Aliverdi Khan, Nabab de Bengale, a exigé des sommes considérables des Anglais établis près de ses États. Après leur refus, il a attaqué et pris Calicut ainsi que tous les établissements de la compagnie sur les côtes de Malabar et de Coromandel en juin de l'année précédente, exterminant les occupants et pillant les biens. Les gouverneurs de Madras et de Bombay ont envoyé des troupes à bord de l'escadre de l'amiral Waston pour tenter de rétablir le Fort Guillaume, détruit par le Nabab. Par ailleurs, le vaisseau Doddington a fait naufrage près du Cap de Bonne-Espérance, ne sauvant que vingt-sept personnes. Le vaisseau Protecteur a capturé un navire français parti de Pondichéry.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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749
p. 207-213
ALLEMAGNE.
Début :
Le Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le Baron de Vettes [...]
Mots clefs :
Vienne, Feld-maréchal, Bataille, Victoire, Roi de Prusse, Majestés impériales, Récit de la victoire, Régiments, Bravoure, Artillerie, Cavalerie, Comtes, Barons, Prague, Ennemis, Prince Charles de Lorraine, Dresde, Armée, Bielefeld, Officier, Maréchal de camp, Garnison, Capitulation militaire
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 29 Juin.
LE Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le
Baron de Vettes à Leurs Majeftés Impériales , pour
leur annoncer une victoire complette , remportée
le 18 de ce mois fur l'armée d'obfervation des ennemis
. Quelques jours auparavant , le Roi de
Pruffe avoit pris le commandement de cette armée
, qu'il avoit jointe avec douze mille hommes
, & à laquelle le Prince Maurice d'Anhalt-
Deffau en avo t conduit quinze mille autres. Ce
font les Pruffiens , qui ont attaqué les troupes de
l'Impératrice Reine. La bataille a commencé à
deux heures après-midi , & n'a fini qu'à huit
heures du foir. Les ennemis font revenus fept fois
à la charge. Dans leurs fix premieres attaques , ils
ont tourné leurs principaux efforts contre le front
& le flanc de l'aîle droite. Ils ont été repouffés à
chaque attaque avec une perte conſidérable . Sur
les fept heures ils ont fufpendu leur feu. Une
demi -heure après , le Roi de Pruffe a fait une nou
velle tentative , pour enfoncer la même aîle ,
qu'il avoit attaquée déja fix fois fans fuccès. Alors
la Cavalerie Pruffienne , combattant avec beaucoup
de défavantage parce que les troupes de l'Impératrice
Reine étoient poſtées fur des hauteurs ,
208 MERCURE DE FRANCE.
a été entiérement culbutée. Ce dernier échec a
découragé les ennemis. Ils ont pris la fuite , une
partie vers Kollin , une autre partie du côté de
Bomifchbrod.
Lorfque Leurs Majeftés Impériales reçurent la
nouvelle de cette bataille , l'Empereur le rendit
fur le champ à l'appartement de la Maréchale de
Daun , pour la lui annoncer. L'Impératrice Reine
s'y rendit bientôt après. Par cette marque de diftinction
, Leurs Majeftés Impériales ont voulu
témoigner combien Elles étoient fatisfaites de
la conduite du Feld-Maréchal de Daun. La Cour
a fait imprimer une Relation circonftanciée de l'éclatante
victoire , remportée par le Général. Cette
Relation contient plufieurs particularités , qui n'avoient
pas encore été publiées , & dont voici les
plus remarquables.
« Avant l'action , le Feld- Maréchal harangua
» les troupes , & les affura de la victoire , pour-
>> vu qu'elles promiffent de n'avancer , & de ne
» reculer que par fes ordres. Tous les Soldats ju-
>> rerent unanimement de fe conformer à ce qu'il
» leur préſcrivoit. Les Pruffiens , dans leur pre-
» miere attaque , chargerent notre droite avec
» tant de vivacité , qu'ils ébranlerent notre Ca-
» valerie. Elle fe remit cependant , & le combat
» fut rétabli parla fagefle & la valeur du Comte de
» Serbelloni , Général de Cavalerie ; des Comtes
» de Daun & d'Odonel , Lieutenans- Feld- Maré-
» chaux , & des Comtes de Trautmantsdorff &
» d'Afpremont , Majors Généraux. Le Feld- Ma-
» chal , s'étant apperçu que l'aîle droite des en-
» nemis faifoit un mouvement , ordonna à la Ca-
» valerie de notre gauche d'attaquer cette aîle :
» ce qui fut exécuté avec un tel fuccès , que les
Prumens n'oferent plus rien tenter de ce côté.
A O UST. 1757 209
Leur perte eft beaucoup plus confidérable
» qu'on ne l'avoit cru d'abord. Elle monte à près
de vingt mille hommes. On a enterré fur le
» champ de bataille fix mille cinq cens de leurs
» morts. Nous avons fept mille de leurs bleffés.
» Parmi les prifonniers , on compte cent vingt
» Officiers , il eft arrivé à notre armée plus de
trois mille déferteurs , indépendamment de
ceux qui le font répandus de côté & d'autre dans
» la Boheme & dans les Provinces voifines . Il y a
» eu huit mille hommes tués ou bleffés du côté
des troupes de l'Impératrice Reine. Le Baron
» de Luzow , Lieutenant-Feld - Maréchal , eft du
nombre des premiers. Dans la lifte des prin-
» cipaux Officiers bleffés on doit ajouter au
» Comte de Serbelloni , & au Prince Charles de
» Lobckowitz , le Baron de Wolwarth , Lieute-
» nant-Feld- Maréchal & le Major Général ,
Wolff. Le Régiment de Botta s'eft infiniment
diftingué. Après avoir tiré toutes les cartou-
» ches , il a tenu ferme la bayonnette au bout du
» fufil. La bravoure du Prince de Kinsky , Co-
» lonel de ce Régiment , n'a pas peu contribué
» à foutenir l'ardeur de fes Officiers & de fes Soldats.
Les Régimens de Cavalerie de Savoye ,
de Ligne , de Birckenfeld & de Wirtemberg ,
» ont fait des prodiges. Les Grenadiers ont le
plus fouffert. Ils ont été expofés continuelle-
» ment au feu de l'ennemi , & ont combattu fans
» relâche. L'artillerie , que commandoit le Co-
» lonnel Feverftin , a rendu des fervices confidé-
» rables. Elle a tiré avec tant de jufteffe & de pré-
>> cifion , qu'on ne peut lui refufer le glorieux témoignage
d'avoir eu beaucoup de part à la vic-
>>> toire. >>>
>
La premiere lettre du Feld- Maréchal donnoit de
210 MERCURE DE FRANCE.
grands éloges au Comte de Serbelloni , aux Princes
Charles de Lobckowitz & Nicolas d'Efterha
fy, aux Comtes de Wiedt & de Sincere , & au
Baron de Stambach. Ce Général , dans une ſeconde
lettre qu'il a écrite à l'Impératrice Reine
ne loue pas moins le Comte de Kollowrath & le
Baron de Wolwarth , Lieutenans Feld -Maréchaux
; les Comtes de Staremberg, de Schallenberg
& de Ferroni , Majors Généraux ; le Comte d'Odonel
, Colonel- Commandant du Régiment de
Dragons de Modene ; & le fieur d'Ahoricour ,
Major du Régiment de Ligne. Il ajoute que le
Duc de Wirtemberg s'eft comporté en héros ;
que les Chevaux Légers du Roi de Pologne Electeur
de Saxe , ont montré une intrépidité à toute
épreuve ; & que les Carabiniers de la même nation
, commandés par le Général Gefwitz , ne fe
font pas fait moins d'honneur.
Le lendemain de la bataille , les déferteurs rapporterent
qu'une partie de l'armée Pruffienne s'étoit
fauvée en défordre à Nimbourg , & que le
Prince de Bevern s'étoit retiré avec le refte à Bomifchbrod.
Le même matin , le Feld-Maréchal
de Daun fit rentrer l'armée dans le camp de Kriechenau
, parce que la multitude de cadavres ,
dont la terre étoit jonchée , ne permettoit pas de
demeurer fur le champ de bataille. Le Comte de
Nadafty a fuivi pied à pied les ennemis dans leur
fuite. Il a fait en trois jours plus de trois mille
prifonniers.
DE PRAGUE , le 26 Juin.
Immédiatement après la bataille du 18 de ce
mois , le Roi de Pruffe eſcorté feulement de
quinze Huffards , revint à fon camp devant cette
AOUST. 1757. 211
.
>
Ville , & il donna fes ordres pour la levée du fiege.
Le corps de fes troupes , qui occupoit le bord
oriental de la Moldau , décampa le 19 & la nuit
fuivante. Le 20 il ne reftoit plus dans le camp
ennemi qu'environ vingt mille hommes , commandés
par le Maréchal Keith . Ce Général avoit
gardé la même pofition , qu'il avoit tenue pendant
le fiege fur la montagne appellée Weiffenberg. Il
étoit couvert par un retranchement que défendoit
un double foffé garni de chauffe - trappes. De
diftance en diftance , les Pruffiens avoient élevé
des redoutes dont chacune pouvoit contenir
trois à quatre cens hommes . Dès le matin
, la femme d'un Vivandier du Régiment de
Bretlack , ayant trouvé le moyen d'entrer dans la
Ville , y annonça la victoire remportée par le
Feld - Maréchal Comte de Daun. Quoiqu'on n'ajoutât
point une entiere foi à cette nouvelle fur
une fi foible autorité , cependant les mouvemens,
qu'on avoit vu faire la veille aux affiégeans , déterminerent
le Prince Charles de Lorraine à tenter
quelque coup important. Sur les quatre heures
après-midi, ce Prince à la tête de vingt-deux mille
hommes d'Infanterie , & de trois mille de Cavalerie
, fit une fortie par les portes de Reichfthor & de
Carlfthor. Dans le temps qu'il s'avançoit vers les
ennemis , le Capitaine Vanger arriva , & lui confirma
l'avis qu'on avoit reçu le matin. Les troupes
marchoient déja avec beaucoup de réfolution
& de bonne volonté : le rapport du fieur Vanger
y ajouta de la joie & de la confiance. Le Prince
Charles de Lorraine attaqua les lignes du Maréchal
Keith , & les força après un combat de deux
heures , dans lequel notre artillerie nous fervit
très-utilement. L'ennemi fe retira fucceffivement
de fes retranchemens dans fes redoutes , & de- là
212 MERCURE DE FRANCE .
dans le Parc de Thier- Garten , d'où enfin il ga
gna la plaine. On le fuivit pendant l'efpace d'une
lieue ; mais on ne put l'atteindre , tant fa retraite
fut précipitée. Il a laiffé fur le champ de bataille
plus de huit cens morts , & l'on a fait onze cens
prifonniers , indépendamment de deux cens qui
ont été faits pendant l'attaque , & de dix- huit
cens bleffés qu'on a trouvés dans le Parc de Thier-
Garten & dans l'hôpital de Ste- Marguerite. Nous
nous fommes emparé de onze pieces de canon
dont trois font de douze livres de balle . Entre les
munitions & les attirails de guerre que le Maréchal
Keith a été contraint d'abandonner , il y a
une grande quantité de bombes & de boulets , &
quarante-quatre pontons de cuivre.
Toutes les troupes du Roi de Pruffe ont repaffé
l'Elbe , & cette Ville eft actuellement tout à- fait
libre . Elle a été affiégée pendant quarante- deux
jours , & bombardée pendant dix-neuf. Les boulets
rouges
des ennemis y ont mis le feu plus de
cinquante fois. Plufieurs de nos Eglifes & de nos
principaux édifices font détruits , ou confidérablement
endommagés.
Maximilien Uliffe , Comte de Browne-de Camus
, Chevalier de l'Ordre de la Toifon d'or ,
Feld-Maréchal des Armées de l'Impératrice Reine,
& Gouverneur général du Royaume de Boheme ,
eft mort aujourd'hui de la bleffure qu'il avoit
reçue à la bataille du 6 du mois dernier . Il étoit
Irlandois de nation , avoit paffé par tous les grades
militaires , & s'étoit élevé par fon mérite aux
premiers honneurs. On le comptoit au nombre
des grands Capitaines de ce fiecle.
DE DRESDE , le 27 Juin.
Quatre mille bleffés de l'armée Pruffienne ont
A O UST. 1757. 215
été conduits en cette Ville , L'embarras où l'on a
été d'abord de les loger , a été cauſe
que pendant
quelque temps un grand nombre eft demeuré expofé
dans les rues aux injures de l'air . Mais la
Reine ne confultant que fes fentimens d'humanité
& de générofité , a daigné concourir elle- même
au foulagement de ces infortunés . Elle en a fait
placer onze cens dans le Palais & dans les bâtimens
qui en dépendent , & Elle leur procure tous les
fecours dont ils peuvent avoir befoin.
DE BIELEFELDT , le 5 Juillet.
Un Officier , dépêché par M. le Marquis d'Auvet
, Maréchal de Camp , qui avoit été détaché
avec mille hommes pour pénétrer en Ooft- Friſe
vient d'apporter la nouvelle que ce Détachement
eft entré dans Embden . Le Marquis d'Auvet faifoit
fes difpofitions pour emporter cette Place par efcalade
, & il avoit envoyé reconnoîrre différens
points par le Comte de Lillebonne , par le Marquis
de la Chafte & par le Comte de Scey , qui ont
effuyé à cette occafion quelques volées de canon
& plufieurs décharges de moufqueterie. Le 3 à
fept heures du matin , il eut avis par des déferteurs
de la garnifon , qu'il régnoit du défordre
dans la Place. Il profita de la circonstance , pour
faire fommer le Commandant de ſe rendre . L'Officier
, qui fut chargé de cette commiffion , trouva
la Bourgeoifie qui rappelloit. Après une ca
pitulation provifoire , en vertu de laquelle on prit
poffeffion des portes , le Marquis d'Auvet entrá
dans la Ville avec fon détachement. La garnifon
a été faite prifonniere de guerre , & il a été remis
des otages pour la fûreté de la Capitulation ,
DE VIENNE , le 29 Juin.
LE Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le
Baron de Vettes à Leurs Majeftés Impériales , pour
leur annoncer une victoire complette , remportée
le 18 de ce mois fur l'armée d'obfervation des ennemis
. Quelques jours auparavant , le Roi de
Pruffe avoit pris le commandement de cette armée
, qu'il avoit jointe avec douze mille hommes
, & à laquelle le Prince Maurice d'Anhalt-
Deffau en avo t conduit quinze mille autres. Ce
font les Pruffiens , qui ont attaqué les troupes de
l'Impératrice Reine. La bataille a commencé à
deux heures après-midi , & n'a fini qu'à huit
heures du foir. Les ennemis font revenus fept fois
à la charge. Dans leurs fix premieres attaques , ils
ont tourné leurs principaux efforts contre le front
& le flanc de l'aîle droite. Ils ont été repouffés à
chaque attaque avec une perte conſidérable . Sur
les fept heures ils ont fufpendu leur feu. Une
demi -heure après , le Roi de Pruffe a fait une nou
velle tentative , pour enfoncer la même aîle ,
qu'il avoit attaquée déja fix fois fans fuccès. Alors
la Cavalerie Pruffienne , combattant avec beaucoup
de défavantage parce que les troupes de l'Impératrice
Reine étoient poſtées fur des hauteurs ,
208 MERCURE DE FRANCE.
a été entiérement culbutée. Ce dernier échec a
découragé les ennemis. Ils ont pris la fuite , une
partie vers Kollin , une autre partie du côté de
Bomifchbrod.
Lorfque Leurs Majeftés Impériales reçurent la
nouvelle de cette bataille , l'Empereur le rendit
fur le champ à l'appartement de la Maréchale de
Daun , pour la lui annoncer. L'Impératrice Reine
s'y rendit bientôt après. Par cette marque de diftinction
, Leurs Majeftés Impériales ont voulu
témoigner combien Elles étoient fatisfaites de
la conduite du Feld-Maréchal de Daun. La Cour
a fait imprimer une Relation circonftanciée de l'éclatante
victoire , remportée par le Général. Cette
Relation contient plufieurs particularités , qui n'avoient
pas encore été publiées , & dont voici les
plus remarquables.
« Avant l'action , le Feld- Maréchal harangua
» les troupes , & les affura de la victoire , pour-
>> vu qu'elles promiffent de n'avancer , & de ne
» reculer que par fes ordres. Tous les Soldats ju-
>> rerent unanimement de fe conformer à ce qu'il
» leur préſcrivoit. Les Pruffiens , dans leur pre-
» miere attaque , chargerent notre droite avec
» tant de vivacité , qu'ils ébranlerent notre Ca-
» valerie. Elle fe remit cependant , & le combat
» fut rétabli parla fagefle & la valeur du Comte de
» Serbelloni , Général de Cavalerie ; des Comtes
» de Daun & d'Odonel , Lieutenans- Feld- Maré-
» chaux , & des Comtes de Trautmantsdorff &
» d'Afpremont , Majors Généraux. Le Feld- Ma-
» chal , s'étant apperçu que l'aîle droite des en-
» nemis faifoit un mouvement , ordonna à la Ca-
» valerie de notre gauche d'attaquer cette aîle :
» ce qui fut exécuté avec un tel fuccès , que les
Prumens n'oferent plus rien tenter de ce côté.
A O UST. 1757 209
Leur perte eft beaucoup plus confidérable
» qu'on ne l'avoit cru d'abord. Elle monte à près
de vingt mille hommes. On a enterré fur le
» champ de bataille fix mille cinq cens de leurs
» morts. Nous avons fept mille de leurs bleffés.
» Parmi les prifonniers , on compte cent vingt
» Officiers , il eft arrivé à notre armée plus de
trois mille déferteurs , indépendamment de
ceux qui le font répandus de côté & d'autre dans
» la Boheme & dans les Provinces voifines . Il y a
» eu huit mille hommes tués ou bleffés du côté
des troupes de l'Impératrice Reine. Le Baron
» de Luzow , Lieutenant-Feld - Maréchal , eft du
nombre des premiers. Dans la lifte des prin-
» cipaux Officiers bleffés on doit ajouter au
» Comte de Serbelloni , & au Prince Charles de
» Lobckowitz , le Baron de Wolwarth , Lieute-
» nant-Feld- Maréchal & le Major Général ,
Wolff. Le Régiment de Botta s'eft infiniment
diftingué. Après avoir tiré toutes les cartou-
» ches , il a tenu ferme la bayonnette au bout du
» fufil. La bravoure du Prince de Kinsky , Co-
» lonel de ce Régiment , n'a pas peu contribué
» à foutenir l'ardeur de fes Officiers & de fes Soldats.
Les Régimens de Cavalerie de Savoye ,
de Ligne , de Birckenfeld & de Wirtemberg ,
» ont fait des prodiges. Les Grenadiers ont le
plus fouffert. Ils ont été expofés continuelle-
» ment au feu de l'ennemi , & ont combattu fans
» relâche. L'artillerie , que commandoit le Co-
» lonnel Feverftin , a rendu des fervices confidé-
» rables. Elle a tiré avec tant de jufteffe & de pré-
>> cifion , qu'on ne peut lui refufer le glorieux témoignage
d'avoir eu beaucoup de part à la vic-
>>> toire. >>>
>
La premiere lettre du Feld- Maréchal donnoit de
210 MERCURE DE FRANCE.
grands éloges au Comte de Serbelloni , aux Princes
Charles de Lobckowitz & Nicolas d'Efterha
fy, aux Comtes de Wiedt & de Sincere , & au
Baron de Stambach. Ce Général , dans une ſeconde
lettre qu'il a écrite à l'Impératrice Reine
ne loue pas moins le Comte de Kollowrath & le
Baron de Wolwarth , Lieutenans Feld -Maréchaux
; les Comtes de Staremberg, de Schallenberg
& de Ferroni , Majors Généraux ; le Comte d'Odonel
, Colonel- Commandant du Régiment de
Dragons de Modene ; & le fieur d'Ahoricour ,
Major du Régiment de Ligne. Il ajoute que le
Duc de Wirtemberg s'eft comporté en héros ;
que les Chevaux Légers du Roi de Pologne Electeur
de Saxe , ont montré une intrépidité à toute
épreuve ; & que les Carabiniers de la même nation
, commandés par le Général Gefwitz , ne fe
font pas fait moins d'honneur.
Le lendemain de la bataille , les déferteurs rapporterent
qu'une partie de l'armée Pruffienne s'étoit
fauvée en défordre à Nimbourg , & que le
Prince de Bevern s'étoit retiré avec le refte à Bomifchbrod.
Le même matin , le Feld-Maréchal
de Daun fit rentrer l'armée dans le camp de Kriechenau
, parce que la multitude de cadavres ,
dont la terre étoit jonchée , ne permettoit pas de
demeurer fur le champ de bataille. Le Comte de
Nadafty a fuivi pied à pied les ennemis dans leur
fuite. Il a fait en trois jours plus de trois mille
prifonniers.
DE PRAGUE , le 26 Juin.
Immédiatement après la bataille du 18 de ce
mois , le Roi de Pruffe eſcorté feulement de
quinze Huffards , revint à fon camp devant cette
AOUST. 1757. 211
.
>
Ville , & il donna fes ordres pour la levée du fiege.
Le corps de fes troupes , qui occupoit le bord
oriental de la Moldau , décampa le 19 & la nuit
fuivante. Le 20 il ne reftoit plus dans le camp
ennemi qu'environ vingt mille hommes , commandés
par le Maréchal Keith . Ce Général avoit
gardé la même pofition , qu'il avoit tenue pendant
le fiege fur la montagne appellée Weiffenberg. Il
étoit couvert par un retranchement que défendoit
un double foffé garni de chauffe - trappes. De
diftance en diftance , les Pruffiens avoient élevé
des redoutes dont chacune pouvoit contenir
trois à quatre cens hommes . Dès le matin
, la femme d'un Vivandier du Régiment de
Bretlack , ayant trouvé le moyen d'entrer dans la
Ville , y annonça la victoire remportée par le
Feld - Maréchal Comte de Daun. Quoiqu'on n'ajoutât
point une entiere foi à cette nouvelle fur
une fi foible autorité , cependant les mouvemens,
qu'on avoit vu faire la veille aux affiégeans , déterminerent
le Prince Charles de Lorraine à tenter
quelque coup important. Sur les quatre heures
après-midi, ce Prince à la tête de vingt-deux mille
hommes d'Infanterie , & de trois mille de Cavalerie
, fit une fortie par les portes de Reichfthor & de
Carlfthor. Dans le temps qu'il s'avançoit vers les
ennemis , le Capitaine Vanger arriva , & lui confirma
l'avis qu'on avoit reçu le matin. Les troupes
marchoient déja avec beaucoup de réfolution
& de bonne volonté : le rapport du fieur Vanger
y ajouta de la joie & de la confiance. Le Prince
Charles de Lorraine attaqua les lignes du Maréchal
Keith , & les força après un combat de deux
heures , dans lequel notre artillerie nous fervit
très-utilement. L'ennemi fe retira fucceffivement
de fes retranchemens dans fes redoutes , & de- là
212 MERCURE DE FRANCE .
dans le Parc de Thier- Garten , d'où enfin il ga
gna la plaine. On le fuivit pendant l'efpace d'une
lieue ; mais on ne put l'atteindre , tant fa retraite
fut précipitée. Il a laiffé fur le champ de bataille
plus de huit cens morts , & l'on a fait onze cens
prifonniers , indépendamment de deux cens qui
ont été faits pendant l'attaque , & de dix- huit
cens bleffés qu'on a trouvés dans le Parc de Thier-
Garten & dans l'hôpital de Ste- Marguerite. Nous
nous fommes emparé de onze pieces de canon
dont trois font de douze livres de balle . Entre les
munitions & les attirails de guerre que le Maréchal
Keith a été contraint d'abandonner , il y a
une grande quantité de bombes & de boulets , &
quarante-quatre pontons de cuivre.
Toutes les troupes du Roi de Pruffe ont repaffé
l'Elbe , & cette Ville eft actuellement tout à- fait
libre . Elle a été affiégée pendant quarante- deux
jours , & bombardée pendant dix-neuf. Les boulets
rouges
des ennemis y ont mis le feu plus de
cinquante fois. Plufieurs de nos Eglifes & de nos
principaux édifices font détruits , ou confidérablement
endommagés.
Maximilien Uliffe , Comte de Browne-de Camus
, Chevalier de l'Ordre de la Toifon d'or ,
Feld-Maréchal des Armées de l'Impératrice Reine,
& Gouverneur général du Royaume de Boheme ,
eft mort aujourd'hui de la bleffure qu'il avoit
reçue à la bataille du 6 du mois dernier . Il étoit
Irlandois de nation , avoit paffé par tous les grades
militaires , & s'étoit élevé par fon mérite aux
premiers honneurs. On le comptoit au nombre
des grands Capitaines de ce fiecle.
DE DRESDE , le 27 Juin.
Quatre mille bleffés de l'armée Pruffienne ont
A O UST. 1757. 215
été conduits en cette Ville , L'embarras où l'on a
été d'abord de les loger , a été cauſe
que pendant
quelque temps un grand nombre eft demeuré expofé
dans les rues aux injures de l'air . Mais la
Reine ne confultant que fes fentimens d'humanité
& de générofité , a daigné concourir elle- même
au foulagement de ces infortunés . Elle en a fait
placer onze cens dans le Palais & dans les bâtimens
qui en dépendent , & Elle leur procure tous les
fecours dont ils peuvent avoir befoin.
DE BIELEFELDT , le 5 Juillet.
Un Officier , dépêché par M. le Marquis d'Auvet
, Maréchal de Camp , qui avoit été détaché
avec mille hommes pour pénétrer en Ooft- Friſe
vient d'apporter la nouvelle que ce Détachement
eft entré dans Embden . Le Marquis d'Auvet faifoit
fes difpofitions pour emporter cette Place par efcalade
, & il avoit envoyé reconnoîrre différens
points par le Comte de Lillebonne , par le Marquis
de la Chafte & par le Comte de Scey , qui ont
effuyé à cette occafion quelques volées de canon
& plufieurs décharges de moufqueterie. Le 3 à
fept heures du matin , il eut avis par des déferteurs
de la garnifon , qu'il régnoit du défordre
dans la Place. Il profita de la circonstance , pour
faire fommer le Commandant de ſe rendre . L'Officier
, qui fut chargé de cette commiffion , trouva
la Bourgeoifie qui rappelloit. Après une ca
pitulation provifoire , en vertu de laquelle on prit
poffeffion des portes , le Marquis d'Auvet entrá
dans la Ville avec fon détachement. La garnifon
a été faite prifonniere de guerre , & il a été remis
des otages pour la fûreté de la Capitulation ,
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 18 juin, le Feld-Maréchal Comte de Daun a remporté une victoire décisive contre l'armée d'observation ennemie, dirigée par le Roi de Prusse. Cette armée était renforcée par 12 000 hommes prussiens et 15 000 hommes conduits par le Prince Maurice d'Anhalt-Dessau. La bataille, qui a duré de 14 heures à 20 heures, a vu les ennemis lancer sept attaques, principalement contre l'aile droite des troupes de l'Impératrice Reine, toutes repoussées. À 19 heures, une nouvelle tentative prussienne a échoué, et la cavalerie prussienne a été culbutée. Les ennemis ont pris la fuite vers Kollin et Bomischbrod. La victoire a été célébrée par l'Empereur et l'Impératrice Reine, qui ont exprimé leur satisfaction à la Maréchale de Daun. Les pertes ennemies étaient considérables, avec environ 20 000 hommes tués ou blessés, contre 8 000 pertes du côté des troupes de l'Impératrice Reine. Plusieurs officiers et régiments ont été distingués pour leur bravoure. Après la bataille, les Prussiens se sont retirés de Prague, libérant la ville après un siège de 42 jours. Le Comte de Browne-de Camus, Feld-Maréchal, est décédé des suites de ses blessures. À Dresde, la Reine a pris des mesures pour soigner les blessés prussiens. Par ailleurs, un détachement français a pris la ville d'Embden en Ost-Frise. Cette information est succincte et se concentre uniquement sur l'aspect des otages en lien avec la sécurité de la capitulation. Aucun autre détail n'est fourni dans le texte.
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750
p. 214
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On a appris par un Bâtiment, venu de la Nouvelle Yorck, que le 20 [...]
Mots clefs :
Londres, Amérique, New York, Troupe française, Fort Guillaume Henry, Attaque
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , les Juillet.
On a appris par un Bâtiment , venu de la Nouvelle
Yorck , que le 20 du mois de Mars dernier
un Corps de troupes Françoifes , de Canadiens &
de Sauvages , fort d'environ quinze cens hommes,
s'étoit préfenté devant le Fort Guillaume Henry,
qu'il avoit tenté inutilement de l'emporter par ef-
Calade ; mais qu'en fe retirant , il avoit brûlé un
magafin , & plufieurs bateaux qui fe trouvoient
fur le Lac Georges. L'équipage de ce Bâtiment a
ajouté , que le Lord Loudon avoit fait affembler
cent foixante- dix Bateaux , fur lesquels devoient
s'embarquer neuf mille hommes deſtinés pourune
expédition fecrete . Plufieurs Navires confirment
que cinq Vaiffeaux de guerre François , qui croifent
fur les côtes d'Afrique , ont pillé & brûlé
quatre de nos Vaiffeaux ; qu'ils ont détruit quel
ques-uns de nos Forts & de nos établiſſemens , &
qu'ils fe propofent d'en ufer de même à l'égard
de ceux qui fubfiftent encore fur cette côte.
DE LONDRES , les Juillet.
On a appris par un Bâtiment , venu de la Nouvelle
Yorck , que le 20 du mois de Mars dernier
un Corps de troupes Françoifes , de Canadiens &
de Sauvages , fort d'environ quinze cens hommes,
s'étoit préfenté devant le Fort Guillaume Henry,
qu'il avoit tenté inutilement de l'emporter par ef-
Calade ; mais qu'en fe retirant , il avoit brûlé un
magafin , & plufieurs bateaux qui fe trouvoient
fur le Lac Georges. L'équipage de ce Bâtiment a
ajouté , que le Lord Loudon avoit fait affembler
cent foixante- dix Bateaux , fur lesquels devoient
s'embarquer neuf mille hommes deſtinés pourune
expédition fecrete . Plufieurs Navires confirment
que cinq Vaiffeaux de guerre François , qui croifent
fur les côtes d'Afrique , ont pillé & brûlé
quatre de nos Vaiffeaux ; qu'ils ont détruit quel
ques-uns de nos Forts & de nos établiſſemens , &
qu'ils fe propofent d'en ufer de même à l'égard
de ceux qui fubfiftent encore fur cette côte.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 20 mars, environ 1500 soldats français, canadiens et amérindiens ont attaqué le Fort Guillaume Henry sans succès. Ils ont incendié des bâtiments avant de se retirer. Le Lord Loudon a préparé 1610 bateaux pour 9000 hommes. En Afrique, cinq vaisseaux français ont attaqué et détruit des navires et forts britanniques.
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