ALLEMAGNE.
DE HAMBOURG , le 13 Octobre,
Tous les avis qu'on reçoit de la Pomeranie Citérieure
& en particulier de Stralfund , marquent
que le Feld. Maréchal Urgern de Sternberg eft arrivé
le 8 à Anclam , que les troupes Suédoifes fe
font emparées d'un magafin confidérable dans la
Marche-Uckeraine , petite province limitrophe ,
qu'elles y levent des contributions , & qu'elles fe
raffemblent du côté de Stettin pour en faire le
fége.
L'interruption des lettres de Breflau qui mang
quent ici depuis quelques jours , fait croire que
cette Ville eft bloquée , ou du moins ferrée de
très-près par les Troupes Impériales.
DE BERLIN , le 19 Octobre.
Dès qu'on eut appris que le Général Haddick
Savançoit vers la Sprée avec fon corps de Huffards
, de Croates & de Pandoures , l'allarme fe,
répandit auffitôt partout , & la plupart des habi
tans établis dans les Fauxbourgs , s'enfuirent avec
ce qu'ils purent emporter. Le 16 dans l'après- cinée
, une troupe de Huffards ennemis parut dans
les Fauxbourgs de Strablau & de Copenick. Avants
190 MERCURE DE FRANCE.
hier 17 vers le midi , le Général Haddick lui-même
, à la tête d'un corps d'environ fix mille hommes
de troupes légeres , entra dans la Ville par
la rive gauche de la Sprée . La garnifon prit d'abord
les armes ; mais l'ennemi ayant culbuté
deux bataillons , le refte prit la fuite , & fe renferma
dans la Fortereffe de Spandau , où la Reine
s'étoit retirée pendant le combat . Le Général
Haddick demanda cinq cens mille écus de
contribution : après en avoir reçu une partie , il
fe retira avec fon détachement , & emmena quatre
cens prifonniers .
DE NAUMBOURG , le 26 Octobre.
L'armée combinée , dont le quartier général eft
ici , ſe diſpoſe à pouffer vigoureufement les Pruffiens.
Le 24 , le Prince de Saxe- Hildburghasfen
envoya un Trompette au Major Général Haulfen
, Commandant pour le Roi de Pruffe à Leipfick
, avec une lettre par laquelle il le fommoit
d'évacuer cette Ville. On garda le Trompette cinq
ou fix heures , & la réponſe qu'il rapporta , fut
un refus formel de quitter Léipfick. Deux heures
après , on fit partir un autre Trompette pour rétérer
la fommation . Celui- ci fut renvoyé fur le
champ , avec la confirmation du premier refus.
Le lendemain , le Prince de Sare - Hildburghaufen
envoya fommer pour la troifieme fois le Commandant
Pruffien de lui remettre la Place , aur
offres de laiffer retirer librement fes troupes , &
cette troisieme fommation fut rejettée comme les
deux autres. On apprit de plus que ce même jour
25 au matin , le Maréchal Keith , chargé de la
défenſe de cette Ville , avoit mandé les principaux
Magiftrats , & leur avoit tenu ce difcours : « Je
DECEMBRE . 1757. 191
vous ai fait venir , Meffieurs , pour vous ap
» prendre que M. le Prince de Saxe-Hildburg-
» hauſen , m'a envoyé une fommation de lui re-
>> mettre la Ville , à quoi je ne fuis nullement dif
pofé. Il ménage en cas de refus d'en venir à des
» extrêmités : il me donnera donc l'exemple pour
» en agir de même , & ce fera à lui qu'il faudra
imputer les malheurs auxquels votre Ville fera
» expofée. Si vous voulez les prévenir , je vous
» confeille d'aller le trouver , & de l'engager à
» ménager la Ville par rapport à vous & à vos
» Bourgeois , parce qu'au premier avis que je re
» cevrai que les troupes de l'Empire & de France
» s'avancent ici pour m'attaquer , je commence-
» rai par brûler les Fauxbours , & fi cela ne fuffic
>> pas pour obliger l'ennemi à fe défifter de fon en-
» trepriſe , j'irai plus loin , & la Ville même
ne fera pas égargnée. Je ne m'y porterai qu'a
vec le plus grand regret ; mais ce fera la feule
> extrêmité qui m'aura forcé de prendre ce partia
DE LEIPSICK , le 27 Octobre.
Le Roi de Pruffe , en quittant cette Ville , y a
laiffé le Maréchal Keith avec environ cinq à fix
mille hommes. On a eu avis que ce Prince étoit
le 23 à Krachwitz , terre du Comte de Brulh
fituée fur l'Elfter . Cette terre , ainfi que tous les
lieux où a paffé larmée ennemie , a , dit- on , été
pillée , ravagée , détruite , & ces excès font attribués
principalement aux troupes du Prince
d'Anhalt- Deffau . Plufieurs lettres de la Luface
marquent , que les Pruffiens ont forcé les payfans
du plat pays de leur apporter leurs charrues , leurs
Réaux & les autres inftrumens d'Agriculture , &
qu'ils les ont tous brûlés.
192 MERCURE DE FRANCE.
Suivant la convention du 15 de ce mois , arrêtée
par le Roi de Pruffe en perfonne , les ôtages retenus
à Magdebourg , devoient être renvoyés auffitôt
que les Négocians de cette Ville auroient four.
ni des lettres de change pour la fomme de foixante-
quinze mille écus . On ne veut plus aujour
d'hui rendre ces ôrages , que toute la fomme ne
foit réellement acquittée , & l'éxécution militaire,
qui devoit ceffer , continue arbitrairement dans
les plus riches maifons . Les Négocians ont pris le
parti d'envoyer à Berlin traiter avec le Banquier
de la Cour pour acheter leur tranquillité à quelque
prix que ce foit.
Le 19 , les Pruffiens ont pris tout l'argent qui
a pu fe trouver dans les caiffes.
On a conduit ici les Magiftrats de Naumbourg,
que le Roi de Pruffe a fait enlever , pour s'affurer
le paiement des cent cinquante mille écus qu'il s
Exigés de cette Ville,